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Full text of "Nouveaux élémens de botanique et de physiologie végétale"

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Sty*  M.  Bill  ffitbrarg 


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134041 

This  book  may  be  kept  out  TWO  WEEKS 
ONLY,    and   is    subject   to    a    fine   of  IPHSS^ 
CENTS    a   day  thereafter.    It  is   due   on   the 
day  indicated  below: 


APH2 


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NOUVEAUX  ÉLÉMENS 

DE  BOTANIQUE 

ET   DE 

PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE. 

TROISIÈME  ÉDITION, 

REVUE,    CORRIGÉE    ET    AUGMENTEE; 

Par  Achille  RICHARD, 

Docteur  en  médecine,  Agrégé  près  la  Faculté  de  Médecine  de  Paris  ; 
Membre  adjoint  de  l'Académie  royale  de  Médecine;  Membre  de  la 
Société  philomatique  et  de  la  Société  d'histoire  naturelle  de  Paris    etc. 


AVEC  HDIT   PLANCHES  EN  TAILLE-DOUCE,   REPRESENTANT  LES  PRINCIPALES 
MODIFICATIONS    DES  ORGANES   DES  VEGETAUX. 


A  PARIS, 

CHEZ   BÉCHET   JEUNE, 

LIBRAIRE    DE    l'  ACADÉMIE    ROYALE    DE    MÉDECINE 

Place  de  l'Ecole  dp  Médecine,  N°  4. 

1825. 


A  M.  LE  BARON 

BENJAMIN  DELESSERT, 


ASSOCIE   LIBRE 


7  E  L'ACADÉMIE  ROYALE  DES  SCIENCES, 
ET  DE  LA  SOCIÉTÉ  D'HISTOIRE  NATURELLE  DE  PARIS,  etc. 


HOMMAGE    DU    PROFOND    RESPECT 
ET   DE    LA    RECONNAISSACE    DE    L'AUTEUR 


ACHILLE   RICHARD. 


134041 


AVERTISSEMENT 


SUR     LA 


.    TROISIEME  EDITION. 


JL'accueil  favorable  dont  le  public  a  daigné 
honorer  les  deux  précédentes  éditions  de  cet 
ouvrage,  a  été  pour  nous  un  motif  de  plus 
pour  mettre  tous  nos  soins  à  faire  disparaître 
de  celle  que  nous  publions  aujourd'hui,  les 
imperfections  qui  pouvaient  se  remontrer 
dans  les  autres.  Déjà  nous  avions  amélioré 
la  seconde  édition,  non- seulement  par  des 
changemens  et  des  additions  considérables 
à  un  grand  nombre  d'articles  existans ,  mais 
encore  nous  l'avions  augmentée  de  chapitres 
entièrement  nouveaux  :  tels  sont  ceux  de  la 
théorie  de  l'accroissement  des  végétaux,  de 
la  Greffe ,  de  la  Marcotte ,  de  la  Bouture ,  de 
la  Défoliation ,  des  Nectaires ,  etc. 

Quelques  personnes  s'étaient  plaintes  du 
peu  d'extension  desdifférens  articles  de  phy- 


V11J  AVERTISSEMENT. 

siologie  végétale.  Nous  nous  sommes  em- 
pressé de  donner  à  cette  partie  importante 
de  la  Botanique  des  développemens  suffisans 
pour  la  mettre  en  harmonie  avec  le  reste  de 
l'ouvrage. 

L'attention  que  des  observateurs  exacts  ont 
portée,  en  ces  derniers  temps,  sur  plusi»  Urs 
points  obscurs  delà  physiologie  et  de  Fanato- 
mie  végétales,  le  succès  de  leurs  résultats,  dû 
au  perfectionnement  des  instrumens  d'opti- 
que, nous  ont  déterminé  à  présenter,  dans 
cette  troisième  édition,  l'exposé  sommaire  de 
leurs  découvertes.  Ainsi  nous  avons  fait  des 
changemens  considérables  dans  les  chapitres 
sur  les  organes  élémentaires,  la  germination, 
le  Pollen,  etc.,  d'après  les  expériences  et  les 
observations  récentes  de  MM.  Dutrochet, 
Amici,  etc.  Nous  avons  également  ajouté 
plusieurs  des  observations  de  Duhamel  , 
omises  dans  les  précédentes  éditions;  afin 
que  les  personnes  qui  suivent  le  cours  de 
M.  Desfontaines,  au  Jardin  du  Roi,  puissent 
trouver  dans  notre  livre  l'exposition  complète 
des  savantes  leçons  de  ce  professeur. 

Quelques  critiques,  plutôt  dans  l'intention 
de  faire  parade  de  leur  érudition  que  dans 


AVERTISSEMENT.  IX 

le  but  d'améliorer  notre  ouvrage,  nous  ont 
reproché  d'avoir  oublié  de  donner  l'expli- 
cation de  quelques  expressions  destinées 
à  représenter  des  modifications  d'organes 
tellement  rares  que  plusieurs  nous  étaient 
presque  inconnues.  Malgré  l'empressement 
que  nous  avons  montré,  dans  toutes  les  autres 
circonstances,  à  suivre  les  conseils  bienveil- 
lans  que  l'on  a  daigné  nous  donner,  nous 
n'avons  pas  cru  devoir  remédier  à  l'oubli  qui 
nous  a  été  reproché.  En  effet  notre  intention 
n'a  pas  été,  en  composant  cet  ouvrage,  de 
faire  un  cours  complet  d'organographie  bo- 
tanique, de  donner  la  liste  et  l'interprétation 
de  tous  les  mots  employés  dans  la  langue 
technique  de  cette  science  ,  mais  seulement 
de  présenter  avec  précision  et  clarté  les  bases 
fondamentales  de  la  science  des  végétaux, 
ne  perdant  pas  de  vue  que  notre  ouvrage  a 
spécialement  été  composé  pour  les  jeunes 
gens  qui  se  destinent  à  l'étude  de  l'art  de 
guérir. 

En  terminant  cet  avertissement  nous  sai- 
sirons cette  occasion  d'adresser  nos  remer- 
cimens  à  MM.  les  professeurs  de  botanique 
qui  ont  daigné  distinguer  notre  ouvrage ,  et 


X  AVERTISSEMENT. 

en  recommander  la  lecture  à  leurs  élèves  ;  et 
en  particulier  à  MM.  Desfontaines,  profes- 
seur au  Jardin  du  Roi;  Delile,  professeur  à 
la  Faculté  de  médecine  de  Montpellier;  Nest- 
ler,  professeur  à  la  Faculté  de  médecine  de 
Strasbourg;  Guiart,  professeur  au  collège  de 
pharmacie  de  Paris. 


PRÉFACE 

DE    LA 

PREMIÈRE  ÉDITION. 


JL'ouvrage  que  nous  publions  aujourd'hui , 
sous  le  titre  de  nouveaux  élémens  de  bota- 
nique appliquée  à  la  médecine  (i)  ,  était 
vivement  désiré  par  les  personnes  qui  se 
livrent  à  l'étude  de  la  Botanique ,  et  surtout 
par  les  nombreux  élèves  qui  suivent  les  cours 
de  la  Faculté  de  médecine  de  Paris.  Depuis 
long-temps  un  grand  nombre  d'entre  eux 
s'étaient  adressés  à  mon  père  pour  l'enga- 
ger à  rédiger  et  à  publier  les  leçons  élémen- 
taires de  Botanique  que,  depuis  vingt-cinq 
ans,  il  faisait  à  la  Faculté  de  médecine  de 
Paris.  Mais  d'autres  occupations,  et  surtout 
la  direction  qu'il  avait  imprimée  à  ses  tra- 
vaux, dont  le  but  principal  était  le  perfec- 

(i)  Tel  était  le  titre  de  la  première  édition:  nous  avons 
cru  devoir  le  changer  pour  la  seconde  et  la  troisième ,  à 
cause  des  changemens  et  des  additions  considérables  que 
nous  y  avons  faits. 


Xij  PRÉFACE. 

tionnement  de  la  partie  philosophique  de  la 
science,  l'avaient  constamment  détourné  de 
l'exécution  de  ce  projet.  C'est  donc  d'après 
ses  conseils ,  et  en  quelque  sorte  sous  sa  di- 
rection ,  que  j'ai  entrepris  le  travail  que  je 
livre  aujourd'hui  au  public.  Je  ne  me  suis 
point  dissimulé  ses  nombreuses  difficultés  : 
la  composition  d'un  livre  élémentaire  est  loin 
d'être  facile.  Cependant  je  ne  suis  pastrès-éloi- 
gné  de  croire  que,  pour  présenter  les  élémens 
d'une  science  avec  simplicité ,  précision  et 
clarté,  il  ne  faut  point  encore  avoir  eu  le 
temps  d'oublier  quels  sont  les  obstacles  que 
l'on  a  rencontrés  soi  -  même ,  afin  de  les 
aplanir  devant  ceux  que  l'on  dirige  dans  la 
même  carrière. 

Attaché  depuis  plusieurs  années,  en  qua- 
lité de  démonstrateur  de  Botanique,  auprès 
de  la  Faculté  de  médecine  de  Paris,  je  me 
suis  principalement  occupé  des  moyens  les 
plus  convenables  pour  simplifier  les  élémens 
de  cette  science.  C'est  surtout  en  rédigeant 
cet  ouvrage,  que  j'ai  voulu  élaguer  de  la  Bo- 
tanique les  inutiles  et  vagues  hypothèses, 
les  détails  fastidieux  dont  on  l'a  souvent  et 
inutilement  surchargée.  Destinant  principa- 


PREFACE.  X11J 

lement  ce  livre  à  l'instruction  des  jeunes  gens 
qui  s'adonnent  à  l'étude  de  l'art  de  guérir, 
sachant  le  nombre  et  l'importance  des  con- 
naissances qu'ils  doivent  acquérir,  connais- 
sances au  nombre  desquelles  la  Botanique 
occupe  un  rang  distingué,  je  me  suis  efforcé 
de  ne  leur  présenter  que  les  notions  en  quel- 
que sorte  indispensables  de  cette  branche  de 
leurs  études.  Je  n'ai  voulu  leur  offrir  de  la 
Botanique  que  les  principes  les  plus  géné- 
raux et  les  mieux  établis ,  que  ceux  enfin  à 
l'aide  desquels  ils  puissent  facilement  arri- 
ver à  la  connaissance  exacte  des  plantes  of- 
ficinales. 

Car  quel  est  le  but  du  médecin ,  en  se  li- 
vrant à  l'étude  de  la  Botanique  ?  Il  ne  veut 
point  embrasser  l'immense  étendue  de  cette 
science  :  il  cherche  simplement  à  connaître 
ses  principes  fondamentaux,  et  à  savoir  par 
quels  moyens  il  peut  parvenir  à  distinguer 
imperturbablement  les  différens  végétaux 
utiles  à  l'homme ,  pour  combattre  ses  mala- 
dies ou  satisfaire  ses  besoins. 

En  effet  la  Botanique  est  une  source  in- 
tarissable de  remèdes  efficaces  pour  le  méde- 
cin qui  sait  y  puiser.  Est-il  une  autre  classe 


XÎV  PREFACE. 

de  corps  naturels  qui  lui  offre  autant  de  mé- 
dicamens  utiles  que  celle  des  végétaux?  Or 
quel  est  le  médecin  instruit,  jaloux  d'exercer 
son  art  avec  la  noblesse  et  la  supériorité  qui 
l'élèvent  au-dessus  de  tous  les  autres,  quel 
est  le  médecin,  dis-je,  qui  peut,  sans  quelque 
honte,  prescrire  chaque  jour  à  ses  malades 
des  plantes  qu'il  connaît  à  peine  de  nom, 
qu'il  n'a  jamais  vues  fraîches,  et  qu'il  ne  sau- 
rait distinguer  de  celles  même  avec  lesquelles 
elles  n'ont  aucun  rapport,  parce  qu'il  n'en  a 
point  étudié  les  caractères!  C'est  le  chirur- 
gien qui,  pratiquant  une  opération,  ignore 
les  organes  que  divise  son  instrument.  Le 
médecin ,  dans  ce  cas ,  se  montre  non-seule- 
ment au-dessous  de  l'opinion  avantageuse 
qu'on  a  pu  concevoir  de  lui,  mais  par  son 
inexpérience  condamnable ,  il  se  met  dans  le 
cas  d'approuver  les  erreurs  les  plus  préjudi- 
ciables, et  de  sanctionner  les  méprises  les 
plus  funestes  à  l'humanité  souffrante. 

Qui  n'a  point,  en  effet,  entendu  parler  de 
ces  empoisonnemens  causés  par  l'ignorance 
de  quelques  herboristes  qui,  au  lieu  d'une 
plante  salutaire ,  en  avaient  donné  une  autre 
douée  de  propriétés  vénéneuses  ?  Si  le  méde- 


PREFACE.  XV 

cin  chargé  du  soin  des  malades  auxquels  un 
pareil  accident  arrive,  eût  possédé  les  con- 
naissances nécessaires  de  Botanique,  il  eût 
reconnu  l'erreur  grossière  de  l'herboriste,  et 
en  eût  prévenu  les  funestes  effets;  ou  du 
moins  il  eût  pu,  connaissant  l'action  délétère 
du  végétal  employé,  administrer  à  temps  les 
remèdes  propres  à  la  neutraliser. 

C'est  ainsi,  pour  n'en  citer  qu'un  exemple, 
que  la  ciguë  a  souvent  été  prise  pour  une 
autre  ombellifère  douée  de  propriétés  bien- 
faisantes, et  avec  laquelle  elle  pouvait  avoir 
quelque  ressemblance  par  les  caractères  ex- 
térieurs ,  mais  dont  elle  différait  essentielle- 
ment par  les  organes  de  la  fructification. 

Un  avantage  non  moins  inappréciable  que 
le  médecin  trouve  dans  l'étude  de  la  Bota- 
nique ,  c'est  de  pouvoir  remplacer  par  d'au- 
tres plantes  plus  communes  ou  plus  à  sa 
portée,  les  végétaux  que  l'on  emploie  habi- 
tuellement, mais  qui  ne  croissent  pas  dans 
le  pays  qu'il  habite ,  ou  qui  y  sont  d'un  prix 
trop  élevé.  Il  pourra,  en  effet,  opérer  facile- 
ment ces  substitutions,  quand  l'étude  des  fa- 
milles naturelles  sera  venu  l'éclairer  sur  les 
principes  qui   doivent  le  guider  dans  cette 


XVJ  PREFACE. 

opération.  Ainsi  il  saura  que  tous  les  indi- 
vidus dune  même  espèce  jouissent  essentiel- 
lement des  mêmes  propriétés  médicales;  que 
les  espèces  d'un  même  genre  possèdent  des 
vertus  analogues,  et  que  souvent  tous  les 
genres  d'une  même  famille  naturelle  de 
plantes  participent  aux  mêmes  propriétés. 
D'après  cette  connaissance  il  substituera  in- 
distinctement à  tel  genre  de  la  famille  des 
Crucifères,  tel  autre  qu'il  se  procurera  plus 
facilement,  parce  que  tous  les  genres  de  cette 
nombreuse  famille  ont  pour  principe  une 
huile  essentielle  acre  et  stimulante  qui  leur 
donne  une  propriété  tonique  et  antiscorbu- 
tique qu'on  retrouve  dans  presque  toutes  les 
espèces.  Il  en  sera  de  même  des  familles  des 
Labiées ,  des  Graminées  ,  des  Malvacées  ,  et 
de  beaucoup  d'autres  encore. 

Mais  il  apprendra  également  qu'il  est  cer- 
taines familles,  tout  aussi  naturelles  sous  le 
rapport  des  caractères  botaniques ,  où  ces 
substitutions  ne  sont  pas  praticables ,  ou  du 
moins  ne  peuvent  être  faites  qu'avec  la  plus 
scrupuleuse  attention.  Ainsi ,  dans  la  famille 
des  Solanées ,  à  côté  de  la  pomme  de  terre 
on  trouve  la  mandragore  ;  près  du  bouillon- 


PREFACE.  XVij 

blanc ,  la  jusquiame  et  la  belladone.  De 
même,  dans  les  Euphorbiacées ,  il  trouvera 
des  substances  si  différentes  par  leurs  pro- 
priétés, que  les  unes  sont  des  alimens,  ou  des 
médicamens  utiles ,  les  autres  dej  véritables 
poisons.  Par  exemple  ,  cette  famille  nous 
offre  la  cascarille,  le  manioc  qui  forme  la 
base  delà  nourriture  des  Indiens  de  la  Guyane, 
et  à  côté  le  genre  Euphorbia,  le  Hurcc ,  et 
d'autres  encore  dont  le  suc  laiteux,  acre  et 
brûlant  peut  devenir  un  poison  violent.  Ce 
que  nous  venons  de  dire  des  Solanées  et  des 
Euphorbiacées  est  encore  vrai  pour  un  grand 
nombre  de  familles.  En  résumé,  l'étude  de 
la  Botanique  enseignera  au  médecin  quelles 
sont  les  familles  naturelles  de  plantes  où 
tous  les  genres  jouissent  des  mêmes  pro- 
priétés ,  quelles  sont  celles  où  l'on  retrouve 
des  propriétés  analogues  dans  certains  genres; 
enfin  les  familles  dans  lesquelles  chaque  genre 
jouit  de  propriétés  différentes ,  et  où  toutes 
'  les  espèces  sont  souvent  délétères. 

On  exagère  en  général  les  difficultés  atta- 
chées à  l'étude  de  la  Botanique.  Les  jeunes 
gens  surtout  qui  se  destinent  à  l'art  de  gué- 
rir, se  rebutent  et  se  découragent  aux  pre- 

b 


XV11J  PREFACE. 

miers  obstacles  qu'ils  rencontrent,  sans  faire 
le  moindre  effort  pour  les  surmonter.  Préve- 
nus presque  toujours  contre  cette  science,  ils 
ne  se  donnent  pas  la  peine  de  l'étudier,  ou 
F  étudient  avec  tant  de  légèreté  et  si  peu  de 
méthode ,  qu'ils  emploient  ,  pendant  plu- 
sieurs années  ,  une  partie  de  leur  temps  pour 
n'acquérir  que  des  notions  vagues  et  incer- 
taines. Il  est  facile  de  démontrer,  par  l'ex- 
périence journalière,  que  ce  peu  de  réussite 
dépend  évidemment  de  l'idée  fausse  qu'ils 
se  sont  formée  de  cette  science ,  et  de  la  mau- 
vaisemarche  qu'ils  ont  suivie  dans  son  étude. 
Les  uns,  en  effet,  croyant  que  toute  la 
Botanique  consiste  dans  la  connaissance  pure 
et  simple  du  nom  des  plantes ,  et  surtout  de 
celles  qui  sont  employées  en  médecine,  ne 
s'occupent  nullement  des  caractères  propres 
à  chacune  de  ces  plantes,  c'est-à-dire  des 
signes  qui  servent  à  les  reconnaître  et  à  les 
distinguer.  Qu'arrive-t-il  -de  là  ?  c'est  que 
bien  qu'ils  aient  un  grand  nombre  de  noms* 
dans  la  tête,  ils  ne  connaissent  réellement 
aucun  des  végétaux  de  manière  à  pouvoir 
le  distinguer  de  tous  les  autres  :  semblables 
à  celui  qui ,  voulant  étudier  une  langue ,  ap- 


PREFACE.  XIX 

prendrait  par  cœur  un  grand  nombre  de 
mots  ,  sans  connaître  la  valeur  et  le  sens  at- 
taché à  chacun  d'eux ,  et  qui  cependant  vou- 
drait en  faire  usage. 

D'autres ,  au  contraire ,  n'ayant  pas  étudié 
les  principes  fondamentaux  avec  soin  et  at- 
tention, veulent  sur-le-champ  reconnaître  et 
distinguer  les  différentes  plantes,  dans  les 
ouvrages  où  elles  se  trouvent  décrites.  Mais 
à  chaque  pas  ils  sont  arrêtés  par  des  difficul- 
tés qu'ils  ne  peuvent  vaincre.  En  effet,  d'où 
sont  tirés  les  caractères  au  moyen  desquels 
on  peut  reconnaître  et  distinguer  un  végétal 
de  ceux  avec  lesquels  il  a  plus  ou  moins  de 
rapport?  Ne  sont -ce  pas  les  organes  des 
plantes ,  les  nombreuses  modifications  qu'ils 
éprouvent ,  qui  servent  au  botaniste  de  signes 
propres  à  caractériser  les  différens  végétaux? 
Or  il  est  de  toute  évidence  que  pour  pouvoir 
reconnaître  une  plante  dans  une  description 
quelconque,  il  faut  pouvoir  apprécier  le  sens 
et  la  valeur  des  expressions  employées  pour 
la  décrire.  Près  de  quarante  mille  espèces  de 
végétaux  sont  aujourd'hui  counues.  Trois  ou 
quatre  mots  bien  choisis  servent  souvent  à 
caractériser  une  plante,  et  à  la  faire  distin- 


XX  PREFACE, 

guer  dans  un  nombre  aussi  considérable.  Le 
sens  attaché  à  ces  mots  doit  donc  être  fixe  et  in- 
variable; :et  celui  qui  veut  se  livrer  à  l'étude 
de  la  Botanique  doit,  avant  tout,  s'être  fami- 
liarisé avec  la  valeur  des  mots  employés  pour 
dépeindre  chaque  modification  d'organes. 

Quelle  est  donc  la  meilleure  méthode  d'é- 
tudier la  Botanique,  surtout  pour  celui  qui, 
comme  le  jeune  médecin,  ne  peut  y  consa- 
crer qu'une  partie  de  son  temps?  Nous  allons 
indiquer  en  peu  de  mots  celle  que  l'expé- 
rience nous  a  démontré  être  la  plus  certaine, 
et  en  même  temps  la  plus  prompte. 

i°  Les  organes  des  végétaux  ne  sont  point 
en  grand  nombre,  par  conséquent  les  noms 
substantifs  qui  les  représentent  sont  peu 
nombreux",  et  la  mémoire  la  moins  heureuse 
les  retiendra  sans  efforts.  Pénétrez-vous  donc 
bien  d'abord  du  sens  attaché  aux  mots  tige  , 
feuille,  racine,  calice,  corolle,  etc.,  avant  de 
chercher  à  aller  plus  avant. 

2°  Ces  organes  peuvent  éprouver  diverses 
modifications  que  le  botaniste  exprime  par 
des  noms  adjectifs,  mis  à  la  suite  du  nom 
substantif.  Ainsi  on  ajoute  au  mot  tige,  les 
adjectifs  herbacée,  ligneuse,  simple,  rameuse, 


PREFACE.  XX] 

dressée,  couchée,  cylindrique,  pentagone,  etc. , 
suivant  que  l'on  veut  exprimer  qu'elle  est 
verte  et  tendre ,  ou  solide  et  dure  comme  du 
bois  ;  qu'elle  est  sans  rameaux  ou  divisée  en 
branches,  qu'elle  est  dressée  vers  le  ciel  ou 
étalée  sur  la  terre ,  etc. ,  etc.  La  plupart  des 
noms  adjectifs  employés  dans  le  langage  bo- 
tanique sont  déjà  usités  pour  désigner  d'au- 
tres objets,  et  par  conséquent  connus  de  tout 
le  monde.  Ainsi"  il  n'est  personne  qui  ne  se 
figure  la  forme  d'une  tige  cjlùidrique,  tétra- 
gone ,  pentagone;  il  en  est  de  même  d'un 
grand  nombre  d'autres  adjectifs.  Mais  cepen- 
dant il  en  existe  plusieurs  qui,  étant  particu- 
liers à  la  langue  botanique,  ont  besoin  d'être 
définis  pour  être  bien  compris.  C'est  donc 
uniquement  ceux-là  que  l'homme  qui  veut 
étudier  la  Botanique  doit  chercher  à  bien  con- 
naître et  à  retenir,  puisque  sachant  déjà  la 
valeur  des  autres ,  il  n'a  besoin  que  de  les  voir 
pour  en  comprendre  aussitôt  le  sens. 

3°  Celui  qui  connaît  les  noms  des  différens 
organes  d'un  végétal,  le  sens  attaché  aux  ex- 
pressions propres  à  représenter  leurs  modi- 
fications principales ,  n'a  plus  besoin  que  de 
faire  choix  d'un  système  et  de  l'étudier,  pour 


XX1J  PREFACE. 

être  devenu  botaniste.  Dès  lors,  en  effet,  il 
pourra  facilement,  au  moyen  d'un  ouvrage 
où  les  plantes  sont  rangées  méthodiquement, 
trouver  le  nom  de  la  première  qui  lui  sera 
présentée,  lors  même  qu'il  ne  l'aurait  jamais 
vue.  Or  c'est  là  le  but  principal  de  celui  qui 
étudie  la  Botanique.  Cette  science ,  en  effet, 
ne  consiste  point  dans  la  connaissance  pure- 
ment mécanique  du  nom  des  différens  végé- 
taux; mais  le  botaniste  est  celui  qui,  au 
moyen  des  principes  fondamentaux  de  la 
science,  principes  qui  reposent  uniquement 
sur  la  structure,  la  forme,  les  usages  des  dif- 
férens organes,  peut,  quand  il  le  désire,  trou- 
ver le  nom  d'une  plante  qu'il  ne  connaissait 
pas  auparavant. 

Telle  est  la  marche  que  nous  avons  suivie 
dans  l'exposition  des  principes  fondamen- 
taux de  la  Botanique,  que  nous  offrons  au- 
jourd'hui au  public.  Notre  intention  n'a  point 
été  de  faire  un  traité  complet  de  Botanique 
générale  ni  de  physique  végétale,  car  il  existe 
sur  ce  sujet  d'excellens  ouvrages  qui  pour- 
raient être  cités  comme  des  modèles;  mais 
nous  avons  eu  pour  but  principal  de  présen- 
ter à  ceux  qui  se  livrent  à  l'étude  de  la  méde- 


PREFACE.  XXllj 

cine,  des  élémens  simples  et  faciles  d'une 
science  qui  leur  est  d'une  si  grande  uti- 
lité, et  qu'ils  négligent  malheureusement 
trop  souvent.  D'après  le  plan  que  nous  nous 
étions  tracé,  nous  n'avons  pas  cru  devoir 
entrer  dans  les  détails  les  plus  minutieux  de 
la  science  :  nous  n'avons  voulu  que  faciliter 
aux  élèves  en  médecine  l'étude  de  la  Botani- 
que ,  si  intimement  liée  à  l'art  de  guérir. 

On  est  dans  l'habitude  de  placer  à  la  fin  de 
la  plupart  des  livres  élémentaires  de  Botani- 
que ,  un  abrégé  des  caractères  propres  aux 
différentes  familles  de  plantes  et  aux  genres 
qui  s'y  rapportent.  Cependant  nous  n'avons 
pas  cru  devoir  suivre  cet  exemple.  En  effet, 
un  semblable  tableau  est  toujours  fort  impar- 
fait. Les  caractères  de  familles  et  de  genres  y 
sont  donnés  en  trop  peu  de  mots,  et  souvent 
avec  trop  peu  de  soins ,  pour  que  le  commen- 
çant puisse  en  retirer  le  moindre  avantage. 
D'ailleurs,  le  médecin  a-t-il  besoin  de  con- 
naître cette  foule  de  genres  obscurs,  que  l'on 
entasse  ainsi  sans  choix  et  sans  méthode! 
Nous  avons  pensé,  d'après  le  conseil  qui  nous 
en  a  été  donné  par  un  grand  nombre  de  per- 
sonnes éclairées ,  que  cette  partie  devait  être 


XXiv  PREFACE. 

retranchée  d'un  livre  élémentaire.  Mais  notre 
intention  est  de  faire,  dans  un  autre  ouvrage, 
l'application  des  principes  de  Botanique  que 
nous  allons  exposer  ici ,  à  la  connaissance  et  à 
l'histoire  de  tous  les  végétaux  employés  en 
médecine. 

Cet  ouvrage,  auquel  nous  travaillons  déjà 
depuis  long-temps  (i),  offrira,  dans  un  ordre 
méthodique,  les  caractères  botaniques, l'his- 
toire et  les  propriétés  médicales  des  plantes 
dont  l'usage  et  l'expérience  ont  démontré 
l'utilité  pour  combattre  les  maladies.  C'est 
dans  un  semblable  livre  que  nous  ferons  sen- 
tir combien  la  Botanique  est  intimement  liée 
à  l'étude  de  la  matière  médicale  et  de  la  thé- 
rapeutique  ;  c'est  là  qu'on  verra ,  à  chaque 
pas,  cette  science  les  éclairer  de  ses  lumières, 
en  faisant  mieux  connaître  les  instrumens  à 
l'aide  desquels  elles  parviennent  à  dompter 
les  maladies  qui  affligent  l'espèce  humaine. 

(i)  Cet  ouvrage  a  paru  sous  le  titre  suivant  : 
Botanique   médicale,  ou  Description  ,  histoire   et  pro- 
priétés des  médicamens  ,  des  alimens  et  des  poisons  tirés  du 
règne  végétal ,  etc.   i  fort.  vol.  de  8i5  pages.  Paris  i823; 
Béchet  jeune. 


NOUVEAUX  ELEMENS 


DE 


BOTANIQUE. 


INTRODUCTION. 


La  Botanique  (i)  (Botanica,  Res  herbaria) est 
cette  partie  de  l'histoire  naturelle  qui  a  pour 
objet  l'étude  des  végétaux.  Elle  nous  apprend  à 
les  connaître ,  à  les  distinguer  et  à  les  classer. 

Cette  science  ne  consiste  pas,  comme  on  le 
croit  généralement,  dans  la  connaissance  pure  et 
simple  du  nom  donné  aux  différentes  plantes; 
mais  elle  s'occupe  aussi  des  lois  qui  président  à 
leur  organisation  générale;  de  la  forme,  des  fonc- 
tions de  leurs  nombreux  organes,  et  des  rapports 
qui  les  unissent  les  uns  avec  les  autres. 

La  Botanique ,  envisagée  par  rapport  à  ses 
applications  les  plus  importantes,  nous  fait  éga- 

(i)  Dérivé  de  fio^wit) ,  herbe,  plante. 

I 

D.  H.  HILL  LIBRARY 
North  Carolina  State  Collège 


2  INTRODUCTION. 

lement  connaître  les  vertus  salutaires  ou  mal- 
faisantes dont  sont  douées  les  plantes ,  et  les 
avantages  que  nous  pouvons  en  retirer  dans  l'éco- 
nomie domestique  ,  les  arts  ou  la  thérapeutique. 

Une  science  aussi  vaste  a  dû  nécessairement 
être  partagée  en  plusieurs  branches  distinctes , 
afin  d'en  faciliter  l'étude.  C'est  ce  qui  a  eu  lieu 
en  effet. 

i°  Ainsi  l'on  nomme  Botanique  proprement 
dite  cette  partie  de  la  science  qui  considère  les 
végétaux  d'une  manière  générale  et  comme  des 
êtres  distincts  les  uns  des  autres,  qu'il  faut  con- 
naître ,  décrire  et  classer.  Cette  branche  de  la 
science  des  végétaux  se  divise  elle-même  en  : 

Glossologie(i),  ou  connaissance  des  termes  pro- 
pres à  désigner  les  différens  organes  des  plantes, 
et  leurs  nombreuses  modifications;  cette  partie 
forme  la  langue  de  la  Botanique,  langue  dont 
l'étude  est  extrêmement  importante,  et  avec  la- 
quelle on  doit  commencer  par  se  bien  familia- 
riser. 

Taxonomie  (2),.  ou  application  des  lois  géné- 
rales de  la  classification  au  règne  végétal.  Ici  se 
rapportent  les  différentes  classifications  propo- 

(1)  Dérivé  de  yXossu,  mot,  langue  ou  langage,  et  de Xoy»t , 
discours. 

(2)  DeT#|<?,  ordre,  méUiode,  et  de  No^o?,  loi,  règle;  c'est- 
à-dire,  règles  de  la  classification. 


INTRODUCTION.  3 

sées  pour  disposer  méthodiquement  les  plantes. 

Photographie  (1),  ou  art  de  décrire  les  plantes. 

20  La  seconde  branche  de  la  Botanique  porte 
le  nom  de  Physique  végétale,  ou  de  Botanique 
organique.  C'est  elle  qui  considère  les  végétaux 
comme  des  êtres  organisés  et  vivans,  qui  nous 
décèle  leur  structure  intérieure,  le  mode  d'action 
propre  à  chacun  de  leurs  organes ,  et  les  altéra- 
tions qu'ils  peuvent  éprouver,  soit  dans  leur 
structure,  soit  dans  leurs  fonctions.  De  là  trois 
divisions  secondaires  dans  la  Physique  végétale; 
savoir  : 

VO/ganographie  (2),  ou  la  description  des  or- 
ganes ,  de  leur  forme  ,  de  leur  position  ,  de  leur 
structure  et  de  leurs  connexions. 

La  Physiologie  végétale,  ou  l'étude  des  fonc- 
tions propres  à  chacun  des  organes. 

La  Pathologie  végétale,  qui  nous  enseigne  les 
diverses  altérations  ou  maladies  qui  peuvent  af- 
fecter les  végétaux. 

3°  Enfin  on  a  donné  le  nom  de  Botanique  ap- 
pliquée à  cette  troisième  branche  de  la  Botanique 


(1)  De  fbtfjcv,  plante,  et  de  rpctÇa ,  j'écris  ou  je  décris ,  c'est- 
à-dire,  art  de  décrire  les  plantes. 

(2)  Dérivé  de  Oçyavov,  organe ,  et  de  TçaÇa ,  je  décris,  c'est- 
à-dire  description  des  organes.  Cette  partie  est  aussi  appelée 
Terminologie ,  nom  impropre,  puisqu'il  est  composé  d'un  mot 
latin  et  d'un  grec. 


4  INTRODUCTION. 

générale,  qui  s'occupe  des  rapports  existant  entre 
l'homme  et  les  végétaux.  Elle  se  subdivise  en  Bo- 
tanique agricole,  ou  application  de  la  connais- 
sance des  végétaux  à  la  culture  et  à  l'amélioration 
du  soi;  en  Botanique  médicale,  ou  application 
des  connaissances  botaniques  à  la  détermination 
des  végétaux  qui  peuvent  servir  de  médicamens  , 
et  dont  le  médecin  peut  tirer  avantage  dans  le 
traitement  des  maladies  ;  en  Botanique  écono- 
mique et  industrielle ,  ou  celle  qui  a  pour  objet 
de  faire  connaître  l'utilité  des  plantes  dans  les 
arts  ou  l'économie  domestique. 

La  Botanique  étant  la  science  qui  a  pour  objet 
l'étude  des  végétaux ,  nous  devons  nous  occuper 
d'abord  de  donner  une  idée  des  êtres  auxquels 
on  a  réservé  ce  nom. 

Les  Végétaux  (  en  latin  vegetabilia ,  plantœ,  et 
en  grec  <ï>uTa,BoT«vca)  sont  des  êtres  organisés  et 
vivans,  privés  de*jensibilitéetdemouvement  volon- 
taire (i);  mais  jouissant  d'une  sorte  d'irritabilité  or- 

(i)  Les  végétaux  sont  dépourvus  de  mouvement  volontaire; 
mais  quelques-uns  cependant  exécatent  une  sorte  de  locomo- 
tion ou  de  déplacement  bien  sensible.  Tels  sont,  par  exemple, 
les  orcliis,  le  colchique.  En  effet,  la  racine  de  la  plupart  des 
orchis  offre  deux  tubercules  charnus,  situés  l'un  à  côté  de 
l'autre,  à  la  base  de  la  tige.  L'un  de  ces  tubercules,  après 
avoir  donné  naissance  à  la  tige  ,  dont  il  contenait  le  germe 
dans  son  intérieur,  se  fane ,  se  resserre  sur  lui-même ,  et  finit 
par  se  détruire  ;  mais  à  mesure  qu'il  tend  à  disparaître,  il  s'en 


INTRODUCTION.  .         5 

ganique  (i).  Il  est  extrêmement  difficile  de  tracer 
nettement  la  ligne  de  démarcation  qui  sépareles  vé- 
gétaux des  animaux.  Linné,  dans  son  style  aphoris- 
tique,  a  dit  :  Les  minéraux  croissent;  les  végétaux 
croissent  et  vivent,  et  les  animaux  croissent,  vivent 
et  sentent.  Cette  distinction  ,  qui  est  en  effet  bien 
tranchée,  quand  on  compare  le  cristal  de  roche 
à  un  chêne,  et  celui-ci  à  un  homme,  finit  par 
disparaître  insensiblement,  lorsque  l'on  examine 
comparativement  les  êtres  qui  occupent  les  der- 
niers degrés  de  ces  trois  grandes  séries.  En  effet 

développe  un  troisième  auprès  de  celui  qui  renferme  encore 
le  rudiment  de  la  tige  de  l'année  suivante ,  et  remplace  le  pre- 
mier, lorsque  celui-ci  vient  à  tomber.  Ce  développement  d'un 
nouveau  tubercule  ayant  lieu  chaque  année  sur  l'un  des  côtés 
de  ceux  qui  exislént,  on  conçoit  que,  chaque  fois  qu'une  nou- 
velle tige  se  développe,  elle  se  trouve  éloignée  d'un  certain 
espace  de  terrain  de  celle  qui  l'a  précédée.  Le  même  phéno- 
mène a  lieu  à  peu  près  de  la  même  manière  dans  le  colchique  , 
à  l'exception  que  son  bulbe  tend  continuellement  à  s'enfoncer 
de  plus  en  plus. 

(i)  Si  la  raison  se  refuse  à  admettre  dans  les  végétaux  une 
sensibilité  active  qui  les  rende  susceptibles  de  sentiment  et  de 
locomotion  volontaire,  l'expérience  démontre  chaque  jour 
que,  loin  d'être  des  corps  organisés  purement  passifs ,  ils  exé- 
cutent, sous  l'influence  de  certaines  causes,  des  mouvemens 
remarquables  qu'on  doit  attribuer  à  Y  irritabilité.  Qui  ne  con- 
naît le  phénomène  de  la  sensitive ,  les  mouvemens  des  folioles 
de  Yheclysarum  gyrnns ,  et  de  tant  d'autres  végétaux  ?  L'irri- 
tabilité organique  nous  paraît  seule  propre  à  expliquer  les 
singuliers  phénomènes  que  ces  végétaux  présentent. 


6  INTRODUCTION. 

il  est  bien  difficile  de  dire  en  quoi  diffèrent  essen- 
tiellement certaines  espèces  de  Polypes  d'avec 
quelques  Algues;  car  le  caractère  essentiel  que 
l'on  a  attribué  aux  animaux,  la  sensibilité,  ou  la 
conscience  de  leur  existence  et  la  faculté  de  se 
mouvoir,  s'affaiblissent  et  finissent  même  par 
disparaître  entièrement  dans  les  dernières  classes 
du  règne  animal.  De  plus,  un  grand  nombre  d'ob- 
servateurs s'accordent  à  considérer  comme  cons- 
tante la  transformation  de  certaines  plantes  en 
animaux  et  vice  versa.  M.  Agardh  célèbre  algo- 
logue  ,  et  professeur  à  ^université  de  Lund  en 
Suède ,  a  publié  une  dissertation  curieuse  sur 
la  métamorphose  des  Algues. 

Mais,  lorsqu'on  néglige  un  instant  les  faits  qui 
servent  ainsi  d'intermédiaire  et  de  passage  entre 
les  deux  grandes  divisions  des  êtres  organisés , 
on  parvient  à  trouver  des  différences  marquées 
entre  les  animaux  et  les  végétaux.  C'est  ainsi,  par 
exemple,  que  chez  les  premiers  ,  qui  sont  doués 
de  la  faculté  de  se  mouvoir,  il  existe  un  système 
de  fibres  contractiles,  dont  l'état  de  relâchement 
ou  de  tension  détermine  les  mouvemens  de  l'ani- 
mal, ce  sont  les  fibres  musculaires:  dans  les  vé- 
gétaux, rien  d'analogue  ne  se  présente;  toutes  les 
fibres  sont  en  quelque  sorte  inertes  et  impas- 
sibles; chez  eux  encore  il  n'y  a  rien  de  semblable 
au  système  nerveux ,  quoiqu'un  ingénieux  expé- 


INTRODUCTION.  j 

rimentateur  les  ait  sous  ce  rapport  assimilés 
aux  animaux.  Dans  ceux-ci,  les  substances 
qui  doivent  servir  à  la  nutrition  sont  d'abord  ab- 
sorbées à  l'extérieur;  elles  séjournent  pendant 
un  certain  temps  dans  une  cavité  particulière , 
où  elles  éprouvent  une  élaboration  convenable 
avant  d'être  prises  par  les  vaisseaux  cbylifères 
destinés  à  les  répandre  dans  le  torrent  de  la  cir- 
culation; mais  dans  les  végétaux  la  nutrition  se 
fait  d'une  manière  plus  simple;  les  substances  ab- 
sorbées sont  directement  répandues  dans  toutes 
les  parties  du  végétal,  sans  éprouver  d'altération 
préalable ,  en  sorte  que  chez  eux  nous  ne  trou- 
vons ni  canal  intestinal,  ni  estomac,  puisqu'il 
n'y  a  point  de  digestion. 

Il  nous  serait  facile  de  pousser  plus  loin  cette 
comparaison  entre  les  végétaux  et  les  animaux  ; 
mais  nous  croyons  en  avoir  dit  assez  pour  faire 
connaître  les  différences  principales  qui  existent 
entre  eux. 

L'anatomie  nous  montre  les  végétaux  compo- 
sés de  parties  élémentaires  simples  et  similaires  , 
qui,  en  se  combinant  de  différentes  manières, 
constituent  les  organes  proprement  dits.  Nous 
allons  examiner  d'abord  ces  parties  élémentaires, 
dont  l'étude  constitue  l'anatomie  végétale. 


«  INTRODUCTION. 

EXAMEN  DES  PARTIES  ÉLÉMENTAIRES  DES  VÉGÉTAUX, 

OU 

ANATOMIE    VÉGÉTALE. 

Tous  les  êtres  organisés,  animaux  ou  végétaux, 
ont  pour  base  de  leur  organisation  un  tissu  formé 
de  petites  lamelles  transparentes,  disposées  dans 
tous  les  sens,  de  manière  à  constituer  des  aréoles 
ou  cellules  communiquant  toutes  ensemble,  soit 
par  la  contiuuité  de  leurs  cavités  intérieures,  soit 
par  des  pores  ou  fentes  qu'on  observe  sur  leurs 
parois. 

Ce  tissu  cellulaire  fondamental  sert  de  base 
à  tous  les  organes  des  végétaux.  C'est  en  se  mo- 
difiant à  l'infini  qu'il  constitue  les  différens  appa- 
reils organiques  que  nous  remarquons  dans  les 
plantes.  Nous  le  voyons  presqu'à  son  état  de 
pureté  et  de  simplicité  primitives  dans  la  moelle 
de  certains  arbres;  c'est  lui  qui  forme  le  bois, 
l'écorce  et,  l'épiderme  :  les  feuilles ,  les  fleurs  et 
les  fruits  nous  le  réprésentent  également  dans  des 
états  différens.  En  un  mot,  il  n'est  aucun  organe 
des  plantes  qui  n'oifre  du  tissu  cellulaire  dans 
sa  composition. 

La  plupart  des  auteurs  ont  voulu  faire  un  tissu 
élémentaire  particulier  des  vaisseaux  que  l'on 
observe  dans  les  plantes.  Mais  c'est  à  tort ,  selon 


INTRODUCTION.  g 

nous;  car  il  faudrait  également  en  faire  un  aussi 
des  membranes,  des  fibres,  etc.  Les  vaisseaux  ne 
nous  paraissent  être,  avec  M.  Mirbel,  que  des 
modifications  particulières  des  lamelles  du  tissu 
cellulaire,  qui,  au  lieu  d'être  courtes,  planes  et 
entrecroisées  ,  sont  longues  et  roulées  diver- 
sement sur  elles-mêmes  pour  constituer  des 
canaux. 

Nous  ne  reconnaissons  donc  dans  les  végétaux, 
comme  dans  les  animaux,  qu'un  seul  tissu  élé- 
mentaire et  fondamental  ;  c'est  le  tissu  lamineux , 
qui,  par  la  disposition  de  ses  parties,  forme  des 
aréoles  ou  cellules ,  ou  bien  se  roule  sur  lui-même, 
et  donne  naissance  aux  vaisseaux.  De  là,  deux 
modifications  principales  du  tissu  élémentaire  : 
savoir,  le  tissu  cellulaire  et  le  tissu  va:culaire. 

DU    TISSU    CELLULAIRE. 

La  première  modification  du  tissu  élémen- 
taire des  végétaux,  dépendant  de  l'arrangement 
de  ses  lamelles,  est  le  tissu  cellulaire  ou  arêolaire 
(  voy.  pi.  i  ,  fig.  7  ).  Il  se  compose  de  cellules 
contiguës  les  unes  aux  autres,  et  dont  la  forme 
dépend  en  général  des  résistances  qu'elles  éprou- 
vent. Quelques  auteurs  l'ont  comparé  à  la  mousse 
qui  se  forme  sur  l'eau  de  savon,  par  l'agitation  de 
ce  liquide.  Jusqu'à  présent  on  avait  généralement 
pensé  que  les  parois  des  cellules  contiguës  les  unes 


10  INTRODUCTION. 

aux  autres  étaient  communes  aux  deux  cellules 
qui  se  touchaient  ;  mais  les  observations  de 
M.  Dutrochet  sont  contraires  à  cette  assertion. 

11  est  parvenu  à  isoler,  les  unes  des  autres,  les 
cellules,  sans  aucun  déchirement,  ce  qui  prouve 
que  chaque  cellule  forme  une  sorte  de  petite 
vésicule  qui  a  ses  parois  distinctes,  et  que,  là  où 
deux  cellules  se  touchent,  la  membrane  qui  les 
sépare  est  formée  de  deux  feuillets,  qui  appar- 
tiennent à  chacune  d'elles.  Les  recherches  du 
professeur  Amici  s'accordent  avec  cette  opinion. 

Quand  elles  n'éprouvent  que  la  résistance  oc- 
casionée  par  la  présence  des  cellules  adjacentes , 
il  n'est  pas  rare  de  trouver  à  ces  cellules  une 
forme  à  peu  près  hexagonale,  en  sorte  qu'elles 
ressemblent  assez  bien  aux  alvéoles  construites 
par  les  abeilles.  Mais  elles  peuvent  être  plus  ou 
moins  allongées,  arrondies  ou  comprimées,  sui- 
vant les  obstacles  qui  s'opposent  à  leur  libre  dé- 
veloppement. Il  est  même  fort  rare  de  leur  trou- 
ver cette  forme  régulière  et  hexagonale  que 
nous  venons  de  signaler  tout  à  l'heure.  Leurs 
parois  sont  minces  et  transparentes;  elles  com- 
muniquent toutes  ensemble,  soit  que  leurs  ca- 
vités s'ouvrent  mutuellement  l'une  dans  l'autre , 
soit ,  comme  nous  l'avons  déjà  dit  précédem- 
ment, qu'il  existe  sur  leurs  parois  des  pores ,  ou 
même  des  fentes.  Ces  pores,  qui  sont  à  peine  vi- 


INTRODUCTION.  I  1 

sibles  au  moyen  des  instrumens  d'optique  les 
plus  forts,  ont  été  aperçus  par  Leuwenhoek  et 
Hill,  et  dans  ces  derniers  temps,  M.  Mirbel  en  a 
de  nouveau  prouvé  l'existence. 

Dans  les  parties  ligneuses  ,  les  cellules  du  tissu 
aérolaire  sont  fort  allongées ,  et  forment  des  es- 
pèces de  petits  tubes  parallèles  entre  eux.  Leurs 
parois  sont  opaques,  épaissies,  quelquefois  même 
elles  finissent  par  s'oblitérer  entièrement.  C'est 
à  cette  modification  que  M.  Link  a  donné  le 
nom  de  tissu  allongé. 

Ce  tissu  allongé  existe  en  abondance  dans  les 
végétaux.  Il  y  est  beaucoup  plus  commun  que  le 
tissu  cellulaire  régulier,  et  se  compose  de  petits 
tubes  étranglés  de  distance  en  distance.  Ceux-ci 
ne  peuvent  se  toucher  que  par  les  points  les  plus 
gonflés,  d'où  il  résulte  des  intervalles  ou  vides. 
Ce  sont  ces  espaces  vides  qu'Hedwig  a  nommés 
Fasa7rvenentia;Tréviranus,  Meatus  intercellulares; 
et  Link,  Ductus  intercellulares.  Selon  l'opinion  du 
professeur  Amici,  ces  espaces  ne  contiennent 
jamais  de  liquide,  mais  seulement  de  l'air;  car 
les  grands  pores  de  l'épiderme,  qui,  ainsi  que 
nous  le  verrons  prochainement  en  traitant  de 
cette  membrane,  sont  des  organes  qui  ne  livrent 
passage  qu'à  de  l'air,  sont  toujours  placés  devant 
un  de  ces  espaces.  Quand  le  tissu  est  trop  com- 
pacte et  les  petits  tubes  trop  serrés  pour  offrir 


12  INTRODUCTION. 

de  ces  espaces,  on  ne  trouve  pas  non  plus  de 
pores  corticaux  (i). 

Le  tissu  cellulaire,  dans  son  état  de  pureté  na- 
tive, a  peu  de  consistance;  il  se  déchire  facile- 
ment. Aussi  trouve-t-on  souvent  dans  certains 
végétaux  des  espaces  vides,  remplis  seulement 
par  de  l'air ,  et  qui  résultent  de  la  rupttire  des 
parois  de  plusieurs  cellules.  Ces  espaces,  aux- 
quels on  a  donné  le  nom  de  lacunes,  se  rencon- 
trent surtout  dans  les  végétaux  qui  vivent  dans 
l'eau,  et  dans  lesquels  ils  semblent  s'opposer  a 
la  macération  que  ces  plantes  subiraient  infailli- 
blement par  leur  séjour  prolongé  dans  ce  liquide. 

M.  Àmici  a  une  opinion  tout-à-fait  différente 
de  celle  que  nous  venons  d'exposer  sur  les  lacu- 
nes. Selon  lui,  elles  ne  sont  pas,  comme  le 
pense  M.  Mirbel ,  le  résultat  du  déchirement  des 
cellules.  Ce  sont  des  espaces  plus  ou  moins  ré- 
guliers, contenant  constamment  de  l'air.  Quel- 
quefois elles  offrent  sur  leur  paroi  interne  des 
poils  d'une  nature  particulière,  en  forme  de 
houppe  ou  de  pinceau,  qui  ont  été  vus  par 
MM.  Mirbel  et  Amici.  On  peut  distinguer  deux 
espèces  de  lacunes  ;  les  unes  ont  pour  orifice  les 

(i)  Les  organes  élémentaires  que  M.  du  Brochet  désigne 
sous  le  nom  de  clostres,  ne  nous  paraissent  pas  différer  des 
petits  tubes  qui  forment  le  tissu  allongé. 


INTRODUCTION.  1  3 

pores  corticaux  et  communiquent  avec  l'air  exté- 
rieur. Les  autres  n'ont  aucune  communication 
externe,  Ces  dernières  existent  surtout  dans  les 
plantes  qui  manquent  de  tubes  poreux. 

DU    TISSU   VA.SCULA.1RE. 

Le  tissu  vasculaire  ou  tubulaire  est  la  seconde 
modification  du  tissu  élémentaire. 

Les  vaisseaux,  avons-nous  dit,  ne  sont  que  des 
lames  de  tissu  élémentaire  roulées  sur  elles- 
mêmes  de  manière  à  former  des  canaux.  Les 
parois  des  vaisseaux  sont  quelquefois  assez  épais- 
ses, peu  transparentes,  et  percées  d'un  grand 
nombre  d'ouvertures  au  moyen  desquelles  ils  ré- 
pandent dans  les  parties  latérales  une  portion  des 
fluides  gazeux  ou  liquides  qu'ils  charrient.  Ces 
vaisseaux  ne  sont  point  continus  depuis  la  base 
jusqu'au  sommet  de  la  plante,  mais  ils  s'anasto- 
mosent fréquemment  entre  eux,  et  finissent  par 
se  changer  en  tissu  aréolaire. 

On  connaît  sept  espèces  principales  de  vais- 
seaux, savoir: 

i°  Les  vaisseaux  en  chapelet  ou  moniliformes: 
'i°  les  vaisseaux  poreux;  3°  les  vaisseaux  fendus 
ou  fausses  trachées;  4°  les  trachées;  5°  les  vais- 
seaux mixtes;  6°  les  vaisseaux  propres;  70  le» 
tubes  ou  vaisseaux  simples. 

1  °  Vaisseaux  en  chavelet  {  pi.  1 ,  fig.   1 re  ).  Ce 


l4  INTRODUCTION. 

sont  des  tubes  poreux ,  resserrés  de  dislance  en 
distance,  et  coupés  par  des  diaphragmes  percés 
de  trous  à  la  manière  des  cribles.  On  les  trouve 
principalement  au  point  de  jonction  de  la  racine 
et  de  la  tige ,  de  la  tige  et  des  branches ,  etc.  Ces 
vaisseaux  pourraient  bien,  selon  nous,  être  con- 
sidérés comme  de  simples  cellules  de  tissu  aréo- 
laire,  régulièrement  disposées  par  séries  ou  li- 
gnes longitudinales. 

a°  Vaisseaux  poreux  (pi.  i,  fig.  2,  3).  Ils  re- 
présentent des  tubes  continus ,  criblés  de  pores 
disposés  par  lignes  transversales  M.  Tréviranus 
les  appelle  vaisseaux  ponctués. 

3°  Fausses  Trachées  (pi.  1  ,  fig.  4»  5).  Tubes 
coupés  de  fentes  transversales,  suivant  l'opinion 
la  plus  généralement  adoptée.  Ce  sont,  ainsi  que 
les  trachées,  les  principaux  conduits  de  la  sève. 
Ils  sont  désignés  par  M.  de  Candolle,  sous  le  nom 
de  vaisseaux  fendus. 

4°  Les  Trachées  (pi.  1 ,  fig.  6),  que  Malpighi  et 
Hedwig  avaient  comparées  à  l'organe  respiratoire 
des  insectes,  sont  des  vaisseaux  formés  par  une 
lame  argentine  et  transparente ,  roulée  sur  elle- 
même  en  spirale,  et  dont  les  bords  se  touchent 
de  manière  à  ne  laisser  aucun  espace  entre  eux  , 
sans  cependant  contracter  d'adhérence  (1).  Quel- 

(1)  Elles  ont  la  plus  grande  ressemblance  a\ec  les  élastiques 
en  fil  de  laiton  que  l'on  met  dans  les  bretelles. 


INTRODUCTION.  l5 

quefois  néanmoins  les  spires  des  trachées  ne  se 
déroulent  pas  ;  c'est  à  cette  sorte  de  tube  que 
Link  a  donné  le  nom  de  vaisseau  en  spirale 
soudée.  Dans  lesdicotylédons,  on  les  observe  au- 
tour de  la  moelle;  et  dans  les  monocotylédons, 
c'est  ordinairement  au  centre  des  filets  ligneux. 
L'écorce  et  les  couches  annuelles  du  bois  n'en 
contiennent  jamais.  On  en  trouve  quelquefois 
dans  les  racines. 

A  leurs  extrémités,  les  trachées  ne  se  terminent 
pas  en  tissu  cellulaire;  elles  finissent  par  une 
sorte  de  cône  plus  ou  moins  aigu. 

Hedwig  considérait  les  vaisseaux  spiraux  ou 
trachées,  que  Grew  appelait  vaisseaux  aériens , 
comme  composés  de  deux  parties  ,  savoir  d'un 
tube  droit  et  central,  rempli  d'air,  et  qu'il  nom- 
mait pour  cette  raison  vaisseau  pneumatophore , 
et  d'un  tube  roulé  en  spirale  sur  le  précédent , 
rempli  de  fluide  aqueux,  et  auquel  il  donnait  les 
noms  de  vaisseau  adducteur ,  chylifère,  etc. 

5°  Les  vaisseaux  mixtes,  découverts  par  M.  Mir- 
bel ,  participent  à  la  fois  de  la  nature  de  tous  les 
autres  ,  c'est  à  dire  qu'ils  sont  alternativement 
poreux,  fendus  ou  roulés  en  spirale  dans  diffé- 
rens  points  de  leur  étendue.  Cependant  M.  Amici, 
qui  a  fait  un  grand  nombre  d'observations  mi- 
croscopiques sur  Tanatomie  végétale,  pense  que 
jamais  les  fausses    trachées  ne   deviennent  des 


l6  INTRODUCTION. 

trachées.  D'ailleurs,  ainsi  qu'il  le  fait  remarquer, 
ces  deux  sortes  de  vaisseaux  occupent  une  place 
tout-à-fait  différente.  ^ 

6°  Les  vaisseaux  propres  que  l'on  désigne  en- 
core sous  le  nom  de  réservoirs  des  sucs  propres , 
sont  des  tubes  non  poreux,  contenant  un  suc 
propre,  particulier  à  chaque  végétal.  Ainsi  dans 
les  Conifères  ils  contiennent  de  la  résine;  dans  les 
Euphorbes ,  un  suc  blanc  et  laiteux,  etc. 

On  les  trouve  dans  les  écorces,  la  moelle,  les 
feuilles  et  les  fleurs.  Ils  sont  tantôt  solitaires, 
tantôt  réunis  en  faisceaux. 

70  Les  tubes  simples  sont  des  vaisseaux  d'un 
volume  variable,  souvent  ramifiés  et  anasto- 
mosés entre  eux,  servant  au  mouvement  circula- 
toire de  la  sève,  et  dont  les  parois  minces,  ou 
plus  ou  moins  opaques ,  ne  présentent  aucun 
pore  visible. 

Ces  différentes  espèces  de  vaisseaux,  auxquels 
on  pourrait  ajouter  un  grand  nombre  d'autres 
modifications,  se  réunissent  souvent  plusieurs 
entre  elles,  et  constituent  des  faisceaux  allongés, 
soudés  ensemble  par  du  tissu  cellulaire  ;  elles 
forment  alors  les  fibres  proprement  dites.  Ce 
sont  ces  fibres  ou  faisceaux  de  tubes  qui  consti- 
tuent la  trame  de  la  plupart  des  organes  foliacés 
des  végétaux. 

On  appelle  au  contraire  parenchyme  la  partie 


INTRODUCTION.  J  -i 

ordinairement  molle,  composée  essentiellement 
de  tissu  cellulaire,  que  l'on  observe  dans  les 
fruits,  dans  les  feuilles,  etc.  Cette  expression 
s'emploie  par  opposition  au  mot  fibre.  Toute 
partie  qui  n'est  point  fibreuse  est  composée  de 
parenchyme. 

C'est  en  s'unissant  et  se  combinant  de  diverses 
manières  que  les  tissus  parenchymateux  et  fi- 
breux constituent  les  différens  organes  des  végé- 
taux. Dans  tous,  en  effet,  nous  ne  trouvons  par 
l'analyse  que  ces  deux  modifications  essentielles 
du  tissu  fondamental. 

Les  sept  modifications  principales  du  tissu 
vasculaire  diffèrent  entre  elles  non-seulement  par 
leur  organisation,  leur  position  respective,  mais 
encore  suivant  la  nature  des  fluides  qu'elles  ren- 
ferment. Sous  ce  rapport  on  peut  les  distinguer 
en  trois  séries,  savoir  :  i°  les  vaisseaux  séveux 
ou  lymphatiques  dans  lesquels  circule  la  sève  ; 
2°  les  vaisseaux  propres  ;  3°  les  vaisseaux  aé- 
riens, dans  lesquels  on  ne  trouve  jamais  que  de 
i'air  ou  d'autres  fluides  élastiques. 

Mais  les  différens  auteurs  d'anatomie  et  de  phy- 
siologie végétales  sont  loin  d'être  d'accord  sur  la 
classe  à  laquelle  on  doit  rapporter  les  diverses  es- 
pèces de  vaisseaux  que  nous  avons  fait  connaître. 
Ainsi,  par  exemple,  Malpighi,  Hedwig  et  plu- 
sieurs autres  botanistes  anciens  considéraient  les 


j8  INTRODUCTION. 

trachées  comme  des  vaisseaux  destinés  à  lie  con- 
tenir que  de  l'air.  M.  Link  a  soutenu  la  même 
opinion,  qu'il  a  étendue  aux  vaisseaux  poreux  et 
aux  fausses  trachées.  Mais,  d'après  les  observa- 
tions du  professeur  Mirbel,  l'existence  des  vais- 
seaux aériens  avait  été  révoquée  en  doute,  et 
même  niée  absolument.  Ainsi  il  considérait  tous 
les  tubes  des  végétaux  comme  uniquement  des- 
tinés à  la  circulation  de  la  sève.  Cette  opinion, 
généralement  adoptée  de  nos  jours,  vient  d'être 
combattue  par  le  Professeur  Amici.  Cet  habile 
observateur  dit  positivement  qu'il  s'est  assuré 
par  l'observation  que  les  trachées ,  les  fausses 
trachées,  les  vaisseaux  poreux  et  en  général  tous 
les  organes  tubuleux  ou  cellulaires  des  végétaux 
qui  offrent  des  trous  ou  fentes  visibles,  ne  con- 
tiennent jamais  que  de  l'air.  Quand  le  diamètre 
de  ces  tubes  est  assez  grand,  on  peut  facilement 
vérifier  cette  observation  en  coupant  ces  tubes 
en  travers,  et  on  les  trouve  constamment  vides; 
si  l'on  fait  cette  section  sous  l'eau  ,  on  voit  que 
chacun  d'eux  présente  à  son  orifice  une  petite 
bulle  d'air. 

Les  ouvertures  ou  pores  dont  sont  percés  les 
vaisseaux  poreux  sont  très- fréquemment  orga- 
nisés comme  les  pores  de  l'épiderme,  c'est-à-dire 
qu'ils  offrent  à  leur  conto'ur  une  sorte  de  bour- 
relet circulaire  ou  de  rebord.  Cette  observation. 


INTRODUCTION.  19 

due  à  M.  Mirbel,  a  été  confirmée  par  M.  Amici. 
Ce  dernier  tire  de  cette  ressemblance  une  in- 
duction de  plus  en  faveur  de  son  opinion  sur  la 
nature  du  fluide  contenu  dans  ces  vaisseaux.  En 
effet,  ainsi  que  nous  le  verrons  plus  tard,  les 
grands  pores  de  1'épiderme  ne  livrent  jamais 
passage  qu'à  des  fluides  aériformes. 

L'air  contenu  dans  les  vaisseaux  poreux  ne 
communique  pas  avec  l'air  extérieur.  M.  Amici 
pense  qu'il  est  produit  dans  l'intérieur  même  du 
tissu  végétal  ;  mais  sa  nature  n'est  pas  encore 
parfaitement  connue. 

Dans  les  végétaux  ligneux,  où  les  vaisseaux 
aériens  finissent  par  disparaître,  les  rayons  mé- 
dullaires en  tiennent  lieu  et  remplissent  les 
mêmes  fonctions.  Ils  sont,  en  effet,  composés  de 
petits  tubes  placés  horizontalement,  ou  de  cel- 
lules poreuses  allongées  en  transversales,  qui, 
suivant  le  professeur  de  Modène,  servent  à  éta- 
blir la  communication  des  parties  intérieures  du 
végétal  avec  l'extérieur.  Ces  tubes  ou  cellules  ne 
contiennent  jamais  que  de  l'air. 

D'après  ce  que  nous  avons  dit  précédemment, 
on  voit  qu'il  existe  deux  moyens  principaux  de 
communication  entre  les  diverses  parties  du  tissu 
végétal.  Dans  les  cellules  ou  les  tubes  aériens, 
la  communication  a  lieu  par  le  moyen  de  pores 
ou  de  fentes  extrêmement  petites,  mais  dont  ou 


ao  INTRODUCTION. 

peut  constater  l'existence  et  reconnaître  l'orga- 
nisation par  le  secours  du  microscope.  Ces  pores 
manquent  absolument  dans  le  tissu  cellulaire 
proprement  dit,  et  dans  les  vaisseaux  que  nous 
avons  désignés  sous  lé  nom  de  tubes  simples  ou 
vaisseaux  séveux.  Dans  cette  partie  du  tissu  des 
végétaux,  la  communication  a  lieu,  soit  par  une 
sorte  d'imbibilion,  soit  par  les  espaces  intermo- 
léculaires que  les  globules  qui  composent  le 
tissu  laissent  entre  eux. 

Quoique  les  pores  que  l'on  observe  sur  les 
parois  des  cellules  allongées  des  vaisseaux  mo~ 
niîiformes  et  des  vaisseaux  poreux  aient  été  vus 
et  décrits  avec  une  exactitude  minutieuse  par 
un  grand  nombre  d'auteurs  modernes,  et  spé- 
cialement par  MM.  Mirbel  et  Amici,  néanmoins 
M.  Du  Trochet,  dans  son  Mémoire  sur  l'anatomie 
de  la  sensitive,  vient  tout  récemment  d'en  nier 
l'existence.  C'est  sur  cette  assertion  erronée 
qu'il  a  fondé  un  système  que  nous  exposerons 
ici  en  peu  de  mots.  Cet  observateur  prétend  que 
les  organes  décrits  par  M.  Mirbel  comme  des 
pores  entourés  d'un  bourrelet  saillant  ne  sont 
rien  autre  chose  que  de  petites  cellules  globu- 
leuses placées  dans  l'épaisseur  des  parois  des 
aréoles  du  tissu  cellulaire  ou  des  vaisseaux,  et 
remplies  d'une  matière  verte  transparente.  Ces 
cellules,  dit  l'auteur,   en  leur  qualité  de  corps 


INTRODUCTION.  2  1 

sphériques  transparens,  rassemblant  les  rayons 
lumineux  clans  un  foyer  central,  doivent  paraître 
opaques  clans  leur  pourtour  et  transparens  à  leur 
centre,  ce  qui  les  aura  fait,  croire  perforés.  Il 
n'y  a  donc  pas  de  pores.  Mais  il  nous  semble 
évident  que  M.  Du  Trochet  s'est  entièrement 
mépris. Les  corpuscules  qu'il  a  examinés,  et  qu'il 
a  cru  être  les  pores  décrits  par  M.  Mirbel,  sont 
d^s  organes  tout-à-fait  différens  de  ces  derniers  : 
il  n'est  donc  pas  étonnant  qu'il  ne  les  ait  pas 
vus  perforés.  Ce  ne  sont  autre  chose  que  ces 
petits  corps  glanduleux  verdâtres,  disséminés  en 
abondance  dans  toutes  les  parties  du  tissu  végé- 
tal. La  dénégation  de  M.  Du  Trochet  tombe  donc 
tout-à-fait  d'elle-même,  puisque  ses  observations 
ont  rapport  à  un  organe  tout-à-fait  différent. 

Croyant  que  les  pores  du  tissu  cellulaire  étaient 
des  cellules  pleines  d'une  substance  verdâtre , 
l'habile  expérimentateur  que  nous  combattons 
ici  devait  faire  l'application  de  cette  observation 
aux  vaisseaux  sur  lesquels  on  avait  décrit  des 
trous  ou  des  fentes.  Aussi  a-t-il  prétendu  que  les 
vaisseaux  poreux  ne  sont  que  des  tubes  qui  offrent 
de  ces  cellules  globuleuses  et  verdâtres  disposées 
d'une  manière  plus  ou  moins  symétrique,  et  que 
les  faussestrachées  ou  vaisseaux  fendus  présentent 
ces  cellules  rangées  par  lignes  transversales. 

L'auteur  a  examiné  ensuite  quelle  est  la  nature 


•11  INTRODUCTION. 

de  cette  matière  verdâtre,  et  quels  sont  ses  usa- 
ges. L'ayant  essayée  par  les  réactifs  chimiques , 
il  a  reconnu  qu'elle  était  concrescibie  par  le 
moyen  de  l'acide  nitrique,  et  qu'ensuite  les  al- 
calis la  ramenaient  à  son  état  primitif.  Or,  c'est 
absolument  de  cette  manière  que  la  substance 
cérébrale  des  animaux  se  comporte  avec  les  mê- 
mes réactifs.  Il  arrive  donc  à  cette  conséquence, 
que  cette  matière  verdâtre  est  un  véritable  sys- 
tème nerveux,  ou  plutôt  les  élémens  épars  d'un 
système  nerveux  diffus,  qui  n'est  pas  réuni  en 
masse,  mais  se  présente  sous  l'aspect  de  petits 
points  épars  ou  réunis,  qu'il  nomme  corpuscules 
nerveux.  Cette  considération,  dit-il,  appuyée  sur 
l'analogie  de  la  nature  chimique  des  corpuscules 
globuleux ,  est  encore  fortifiée  par  l'observation 
de  la  structure  intime  du  système  nerveux  de 
certains  animaux.  Ainsi,  dans  les  mollusques 
gastéropodes,  la  substance  médullaire  du  cer- 
veau est  composée  de  cellules  globuleuses  ag- 
glomérées, sur  les  parois  desquelles  il  existe  une 
grande  quantité  de  corpuscules  globuleux  ou 
ovoïdes,  qui  ne  sont  que  de  très-petites  cellules 
remplies  de  substance  médullaire  nerveuse.  La  si- 
militude de  cette  organisation  avec  celle  que  nous 
venons  d'indiquer  dans  les  végétaux  est  parfaite, 
selon  M.  Du  ïrochet,  et  force  à  convenir  que  les 
végétaux  sont  pourvus  d'un  système  nerveux. 


INTRODUCTION.  l'5 

Nous  nous  sommes  contenté  d'exposer  ici  les 
opinions  émises  récemment  par  un  célèbre  phy- 
siologiste :  nous  les  examinerons  plus  en  détail 
en  examinant  lamotiiité  desvégétaux,  après  avoir 
parlé  des  fonctions  des  feuilles. 

Pour  terminer  tout  ce  qui  a  rapport  à  l'exa- 
men de  Tanatomie  des  différentes  parties  consti- 
tuantes et  élémentaires  de  l'organisation  végétale, 
nous  devons  nous  occuper  des  glandes  et  des 
poils  considérés  dans  leur  structure  anatomique. 

Les  Glandes  sont  des  organes  particuliers  qu'on 
observe  surpresque  toutes  les  parties  des  plantes, 
et  qui  sont  destinés  à  séparer  de  la  masse  générale 
des  humeurs  un  fluide  quelconque.  Par  leurs 
usages  et  leur  structure,  elles  ont  la  plus  grande 
analogie  avec  celles  des  animaux.  Elles  paraissent 
formées  par  un  tissu  cellulaire  très-fin,  dans  le- 
quel se  ramifient  un  grand  nombre  de  vaisseaux. 

Leur  forme  et  leur  structure  particulières  sont 
très-variées,  et  les  ont  fait  distinguer  en  plusieurs 
espèces.  Ainsi  il  y  a  des  : 

i°  Glandes  miliaires.  Elles  sont  fort  petites,  et 
superficielles.  Elles  se  présentent  sous  la  forme 
de  petits  grains  arrondis,  disposés  par  séries  ré- 
gulières, ou  dispersées  sans  ordre  dans  toutes  les 
parties  des  plantes  exposées  à  l'air. 

a°  Glandes  vésiculaires.  Ce  sont  de  petits  ré- 
servoirs remplis  d'huiie  essentielle ,  logés  dans 


24  INTRODUCTION. 

l'enveloppe  herbacée  des  végétaux.  Elles  sont 
très-apparentes  dans  les  feuilles  du  myrte  et  de 
Y  oranger,  et  se  présentent  sous  l'aspect  de  petits 
points  transparens ,  lorsqu'on  place  ces  feuilles 
entre  l'œil  et  la  lumière. 

3°  Glandes  globulaires.  Leur  forme  est  sphé- 
rique;  elles  n'adhèrent  à*  i'épiderme  que  par  un 
point.  On  les  observe  surtout  dans  les  Labiées. 

4°  Glandes  utriculaires  ou  en  ampoules.  Elles 
sont  remplies  d'un  fluide  incolore,  comme  dans 
la  glaciale.* 

5°  Glandes  papillaires.  Elles  forment  des  es- 
pèces de  mamelons  on  de  papilles,  qu'on  a  com- 
parées à  celles  de  la  langue.  On  les  trouve  dans 
plusieurs  Labiées ,  par  exemple,  dans  la  sariette 
(Satureia  hortensis). 

Enfin  il- y  en  a  de  lenticulaires,  de  sessiles , 
d'autres  qui  sont  portées  sur  des  poils,  etc. 

Les  Poils  sont  des  organes  filamenteux,  plus 
ou  moins  déliés,  servant  à  l'absorption  et  à  l'exha- 
lation dans  les  végétaux.  Il  est  peu  de  plantes 
qui  en  soient  dépourvues.  On  les  observe  prin- 
cipalement sur  celles  qui  vivent  dans  les  lieux 
secs  et  arides.  Dans  ce  cas ,  ils  ont  été  regardés 
par  quelques  botanistes  comme  servant  à  mul- 
tiplier et  à  augmenter  l'étendue  de  la  surface 
absorbante  des  végétaux.  Aussi  n'en  voit-on  pas 
dans  les  plantes  très  -  succulentes  ,   comme   les 


INTRODUCTION.  20 

plantes  grasses,  ou  celles  qui  vivent  habituelle- 
ment clans  i'eau. 

Les  poils  paraissent  être,  dans  beaucoup  de 
cas,  les  canaux  excréteurs  des  glandes  végétales. 
En  effet,  ils. sont  fréquemment  implantés  sur  une 
glande  papiilaire.  Ne  sait-on  pas  que  les  poils  de 
XUrtica  urens  et  de  YUrtica  dioïca  ne  déterminent 
la  formation  d'ampoules  sur  la  peau  que  parce 
qu'en  s'y  enfonçant,  ils  y  versent  en  même 
temps  un  fluide  irritant,  sécrété  par  les  glandes 
sur  lesquelles  ils  sont  implantés?  puisque  quand, 
par  la  dessiccation,  ce  fluide  s'est  évaporé,  les 
poils  des  orties  ne  produisent  plus  le  même  effet. 

On  distingue  les  poils  en  glandulifères,  excré- 
teurs, et  en  lymphatiques.  Les  premiers  sont  ou 
appliqués  immédiatement  sur  une  glande ,  ou 
surmontés  par  un  petit  corps  glandulaire  parti- 
culier, comme  dans  la  fraxinelle  {Dictamnus  al- 
bus);  les  seconds  sont  placés  sur  des  glandes 
dont  ils  paraissent  être  les  canaux  excréteurs , 
destinés  à  verser  au  dehors  les  fluides  sécrétés; 
enfin  les  troisièmes  ne  sont  qu'un  simple  prolon- 
gement d'un  pore  cortical. 

La  forme  des  poils  offre  un  grand  nombre  de 
variétés.  Ainsi  il  y  en  a  de  simples ,  de  rameux , 
de  subulès ,  de  capités.  D'autres  sont  creux  et 
coupés  de  distance  en  distance  par  des  diaphrag- 
mes horizontaux. 


20  INTRODUCTION. 

Ils  sont  quelquefois  solitaires,  ou  bien  rassem- 
blés en  faisceaux,  en  étoiles,  etc. 

Quant  à  leur  disposition  sur  une  partie  (dispo- 
sition que  l'on  désigne  sous  le  nom  de  pubes- 
cence),  nous  en  parlerons  en  traitant  des  modi- 
fications de  la  tige. 

Nous  venons  de  considérer  la  structure  anato- 
mique  des  végétaux,  de  pénétrer  dans  l'intérieur 
de  leur  tissu ,  de  séparer  et  d'analyser  les  rudi- 
mens  ou  parties  élémentaires  de  leur  organisa- 
tion ;  étudions  maintenant  le  végétal  considéré 
dans  son  ensemble  :  voyons  quels  sont  les  organes 
qui  le  composent  dans  son  état  parfait  de  déve- 
loppement. 

Un  végétal,  dans  son  dernier  degré  de  dévelop- 
pement et  de  perfection ,  offre  à  considérer  les 
organes  suivans  : 

i°  La  racine,  ou  cette  partie  qui,  la  termi- 
nant inférieurement ,  s'enfonce  ordinairement 
dans  ia  terre,  où  elle  fixe  le  végétal;  flotte  dans 
l'eau,  quand  celui-ci  nage  à  la  surface  de  ce  li- 
quide. 

20  La  tige,  qui,  croissant  en  sens  inverse  de  la 
racine,  se  dirige  toujours  vers  le  ciel  au  moment 
où  elle  commence  à  se  développer,  se  couvre  de 
feuilles,  de  fleurs  et  de  fruits,  et  se  divise  en 
branches  et  en  rameaux. 

j°  Les  feuilles,  ou  ces  espèces  d'appendices 


INTRODUCTION.  27 

membraneux,  insérés  sur  la  tige  et  ses  divisions, 
ou  bien  partant  immédiatement  du  collet  de  la 
racine. 

4°  Les  fleurs,  c'est-à-dire  des  parties  très-com- 
plexes, renfermant  les  organes  de  la  reproduction 
dans  deux  enveloppes  particulières,  destinées  à 
les  contenir  et  à  les  protéger:  ces  organes  de  la 
reproduction  sont  le  pistil  et  les  étamines.  Les 
enveloppes  florales  sont  la  corolle  et  le  calice. 

5°  he  pistil,  ou  organe  sexuel  femelle,  simple 
ou  multiple,  occupant  presque  toujours  le  centre 
de  la  fleur,  se  compose  d'une  partie  inférieure 
creuse,  nommée  ovaire,  propre  à  contenir  les 
rudimens  des  graines,  ou  les  ovules,  d'une  partie 
glanduleuse ,  située  ordinairement  au  sommet 
de  l'ovaire,  destinée  à  recevoir  l'impression  de 
l'organe  mâle,  et  que  l'on  appelle  stigmate; 
quelquefois  d'un  style,  sorte  de  prolongement 
filiforme  du  sommet  de  l'ovaire,  qui  supporte 
alors  le  stigmate. 

6°  Les  étamines,  ou  organes  sexuels  mâles, 
composées  essentiellement  d'une  anthère,  espèce 
de  petite  poche  membraneuse,  le  plus  souvent 
à  deux  loges,  renfermant  dans  son  intérieur  la 
substance  propre  à  déterminer  la  fécondation  ou 
le  pollen.  Le  plus  ordinairement  l'anthère  est 
portée  sur  mnJUet  plus  ou  moins  long;  dans  ce 
cas  Yétamine  se  trouve  formée  d'une  anthère  ou 


28  INTRODUCTION. 

partie   essentielle  ,   d'un  Jîlet  ou    partie  acces- 
soire. 

7°  La  corolle,  ou  l'enveloppe  la  plus  intérieure 
de  la  fleur,  souvent  peinte  des  plus  riches  cou- 
leurs, quelquefois  formée  d'une  seule  pièce  et 
dite  alors  corolle  monopétale;  d'autres  fois  elle  est 
polj pétale ,  c'est-à-dire  composée  d'un  nombre 
plus  ou  moins  considérable  de  pièces  distinctes , 
qui  portent  chacune  le  nom  de  pétale. 

8°  Le  calice,  ou  enveloppe  la  plus  extérieure 
de  la  fleur,  de  nature  foliacée  ,  ordinairement 
vert;  composé  d'une  seule  pièce,  et  dans  ce  cas 
nommé  monosépale  ;  ou  formé  de  plusieurs  pièces 
distinctes,  qui  sont  nommées  sépales,  il  est  ap- 
pelé alors  polysèpale. 

t)°  Le  fruit,  c'est-à-dire  Y  ovaire  développé  e*t 
renfermant  les  graines  fécondées,  est  formé  par 
le  péricarpe  et  les  graines. 

io°  Le  péricarpe  de  forme,  de  consistance  très- 
variées,  est  l'ovaire  développé  et  accru,  dans 
lequel  étaient  contenus  les  ovules,  qui  sont  de- 
venus les  graines.  11  se  compose  de  trois  parties, 
savoir  :  de  X èpicarpe ,  ou  membrane  extérieure 
qui  définit  la  forme  du  fruit;  de  ^endocarpe,  ou 
membrane  qui  revêt  sa  cavité  intérieure  simple 
ou  multiple  ;  enfin  d'une  partie  parenchyma- 
tense  située  et  contenue  entre  ces  deux  mem- 
branes ,  et  qu'on  nomme  sarcocarpe. 


INTRODUCTION.  2C) 

Le  sarcocarpe  est  surtout  très-développé  dans 
les  fruits  charnus. 

ii°  Les  graines  contenues  clans  un  péricarpe 
y  sont  attachées  au  moyen  d'un  support  parti- 
culier, formé  des  vaisseaux  qui  leur  apportent  la 
nourriture;  ce  support  est  le  tropho  sperme,  ou  pla- 
centa. Le  point  de  la  surface  de  la  graine  où  s'at- 
tache le  trophosperme  se  nomme  hile  ou  ombilic. 

Quelquefois  le  trophosperme ,  au  lieu  de  cesser 
au  pourtour  du  hile,  se  prolonge  plus  ou  moins 
sur  la  graine,  au  point  de  la  recouvrir  même  en- 
tièrement. C'est  à  ce  prolongement  particulier 
qu'on  a  donné  le  nom  à'arille. 

La  graine  se  compose  essentiellement  de  deux 
parties  distinctes,  Yépisperme  et  Xamande. 

ii°  Uépisperme  est  la  membrane  ou  le  tégu- 
ment propre  de  la  graine.  .  . 

i3°  L'amande  est  le  corps  contenu  dans  V épi- 
sperme. 

L'amande  est  composée  essentiellement  de 
X embryon,  c'est-à-dire  de  cette  partie  qui,  mise 
dans  des  circonstances  convenables,  tend  à  se 
développer  et  à  produire  un  végétal  parfaitement 
semblable  à  celui  qui  lui  a  donné  naissance. 

Outre  X embryon,  Xamande  contient  encore 
quelquefois  un  corps  particulier  de  nature  et  de 
consistance  variées,  sur  lequel  est  appliqué  X em- 
bryon ,  ou   dans  l'intérieur  duquel  i!  est  entiè- 


3o  INTRODUCTION. 

rement  caché  ;  ce  corps  a  reçu  les  noms  d'endo- 
sperme,  de  périsperme  et  à* albumen. 

1J  embryon  est  la  partie  essentielle  du  végétal; 
c'est  pour  concourir  à  sa  formation  et  à  son  per- 
fectionnement que  tous  les  autres  organes  des 
végétaux  paraissent  avoir  été  créés  :  il  est  formé 
de  trois  parties;  l'une  inférieure  ou  corps  radicu- 
laire;  c'est  celle  qui,  dans  la  germination,  donne 
naissance  à  la  racine;  l'autre,  supérieure,  est  la 
gemmule;  c'est  elle  qui,  en  se  développant,  pro- 
duit la  tige,  les  feuilles  et  les  autres  parties  qui 
doivent  végéter  à  l'extérieur;  enfin  une  partie 
intermédiaire  et  latérale ,  qui  est  le  corps  coty- 
lèdonaire ,  simple  ou  divisé  en  deux  parties  , 
nommées  cotylédons.  De  là,  la  division  des  vé- 
gétaux pourvus  d'embryon  en  deux  grandes 
classes  :  les  Monocotylédons ,  ou  ceux  dont  X em- 
bryon n'a  qu'un  seul  cotylédon;  et  les  Dicoty- 
lédons,  ou  ceux  dont  X embryon  présente  deux 
cotylédons. 

Telle  est  l'organisation  la  plus  générale  et  la 
plus  complète  des  végétaux.  Mais  on  ne  doit  pas 
s'attendre  à  trouver  toujours  réunies  sur  la  même 
plante  les  différentes  parties  que  nous  venons 
d'énumérer  rapidement;  plusieurs  d'entre  elles, 
manquent  très -souvent  sur  le  même  végétal. 
C'est  ainsi,  par  exemple,  que  la  tige  est  quel- 
quefois   si    peu    développée ,    qu'elle  paraît  ne 


INTRODUCTION.  3l 

point  exister,  comme  dans  le  plantain ,  la  pri- 
mevère; que  les  feuilles  n'existent  pas  du  tout 
dans  la  cuscute;  qu'on  ne  trouve  pas  de  corolle 
dans  tous  les  Monocotjlèdons ,  c'est-à-dire  qu'il 
n'existe  alors  qu'une  seule  enveloppe  autour  des 
organes  sexuels;  que  cette  seule  enveloppe  dis- 
paraît quelquefois  comme  dans  le  saule,  etc.,  que 
souvent  encore  la  fleur  ne  renferme  que  l'un 
des  deux  organes  sexuels,  comme  dans  le  cou- 
drier, où  les  étamines  et  les  pistils  sont  contenus 
dans  des  fleurs  distinctes;  ou  enfin  que  les  deux 
organes  sexuels  disparaissent  quelquefois  entière- 
ment,  et  la  fleur  alors  est  dite  neutre,  comme 
dans  la  boule  de  neige  [Viburnum  opulus) ,  Xhor- 
tensia,  etc. 

Cependant ,  dans  les  différens  cas  que  nous 
venons  de  citer,  cette  absence  de  certains  orga- 
nes n'est  qu'accidentelle,  et  n'influe  pas  d'une 
manière  marquée  sur  le  reste  de  l'organisation; 
en  sorte  que  ceux  de  ces  végétaux  dans  lesquels 
ces  organes  manquent  ne  s'éloignent  point  sen- 
siblement ;  ni  dans  leurs  caractères  extérieurs , 
ni  dans  leur  mode  de  végétation  et  de  reproduc- 
tion, de  ceux  qui  les  possèdent  tous. 

Mais  il  est  un  certain  nombre  d'autres  végé- 
taux qui,  par  la  privation  constante  des  orga- 
nes sexuels,  par  leurs  formes  extérieures  ,  la  ma- 


3l  INTRODUCTION. 

nière  dont  ils  végètent  et  se  reproduisent , 
s'éloignent  tellement  des  autres  plantes  connues, 
que  de  tout  temps  ils  en  ont  été  séparés  pour 
former  une  classe  à  part.  C'est  à  ces  végétaux  que 
Linné  a  donné  le  nom  de  Cryptogames ,  c'est-à- 
dire  de  plantes  à  organes  sexuels  cachés  ou  in- 
visibles, pour  les  distinguer  des  autres  végétaux 
connus,  dont  les  organes  sexuels  sont  apparens, 
et  qui  avaient  reçu  pour  cette  raison  le  nom 
de  Phanérogames. 

Les  Cryptogames,  qui  sont  mieux  nommées 
Agames  (i),  puisqu'elles  sont  privées  d'organes 
sexuels,  sont  fort  nombreuses.  Elles  constituent, 
environ  la  septième  ou  huitième  partie  des  cin- 
quante mille  végétaux  connus  aujourd'hui. 

Comme  elles  sont  dépourvues  de  graines,  et 
par  conséquent  d'embryon  et  de  cotylédon,  on 
les  appelle  aussi  Inembryonèes  ou  Acotylèdones. 
On  arrive  donc  ainsi  à  trouver  dans  les  végétaux 
trois  divisions  fondamentales ,  tirées  de  l'em- 
bryon ,  savoir  : 

i°  Les  Inembvyonés  ou  A  cotylédons,  c'est-à- 
dire  les  plantes  dans  lesquelles  on  n'observe  ni 


(i)  Voyez  à  la  fin  de  cet  ouvrage  les  considérations  géné- 
rales sur  l'organisation  des  Agames. 


INTRODUCTION.  33 

fleurs  proprement  dites ,  ni  par  conséquent  d'em- 
bryon et  de  cotylédons;  telles  sont  les  Fougères  (i), 
les  Mousses  ,  les  Hépatiques ,  les  Lichens ,  les 
Champignons,  etc. 

i°  Les  Embryonés  ou  Phanérogames ,  plantes 
pourvues  de  fleurs  bien  évidentes,  de  graines  et 
d'embryon.  On  les  distingue  en  : 

Monocotylèdones ,  ou  celles  dont  le  corps  co- 
tylédonaire  de  l'embryon  est  d'une  seule  pièce, 
et  développe  une  seule  feuille  par  la  germina- 
tion; telles  sont  les  Graminées ,  les  Palmiers,  les 
Liliacées ,  etc. 

Et  en  Dicotylédones,  ou  celles  dont  l'embryon 
offrant  deux  cotylédons  développe  deux  feuilles 
séminales  par  la  germination  ;  par  exemple  :  les 
Chênes ,  les  Ormes,  les  Labiées,  les  Crucifères,  etc. 
Le  nombre  de  végétaux  Dicotylédons  est  plus 
considérable  que  celui  des  Acotylèdons  et  des 
Monocotylédons  réunis. 

Telles  sont  les  grandes  divisions  fondamentales 


(i)  Quelques  auteurs  ont  placé,  mais  à  tort,  selon  nous,  les 
Fougères  parmi  les  plantes  à  embryon  monocotylédon.  En  effet 
il  est  de  la  dernière  évidence  que  ces  végétaux  ne  se  repro- 
duisent pas  au  moyen  de  véritables  graines,  mais  simplement 
par  des  corps  particuliers,  espèces  de  bulbilles,  qu'on  ob- 
serve sur  d'autres  végétaux,  et  auxquels  on  donne  le  nom  de 
spoTutes. 


3/j  INTRODUCTION. 

établies  dans  le  règne  végétal.  Nous  avons  cru 
devoir  les  exposer  ici  en  abrégé ,  et  en  donner 
une  idée  succincte  et  générale,  parce  que, 
dans  le  cours  de  cet  ouvrage ,  nous  serons 
fréquemment  obligé  d'employer  les  noms  iYJ- 
cotylédons  r  de  M  ono  cotylédons ,  et  de  Dico- 
tylèdons ,  qui,  s'ils  n'eussent  point  été  définis 
d'abord ,  eussent  nécessairement  arrêté  l'ordre  na- 
ture! des  idées.  C'est  ici  que  nous  sommes  forcé 
de  convenir  que  la  marche  des  sciences  naturelles 
n'est  point  aussi  rigoureuse  que  celle  des  scien- 
ces physiques  et  mathématiques.  On  ne  peut  pas 
toujours, dans  l'exposition  des  faits  et  des  notions 
fondamentales  qui  appartiennent  à  l'histoire  na- 
turelle, procéder  strictement  du  connu  à  l'in- 
connu. Il  est  souvent  impossible  d'éviter  de  passer 
par  certaines  idées  intermédiaires,  non  encore 
définies,  et  de  supposer,  dans  ceux  pour  lesquels 
on  écrit,  des  connaissances  qu'heureusement  ils 
possèdent  presque  toujours. 

TN"<^us  avons,  autant  que  possible,  cherché  à 
remédier  à  cet  inconvénient  dans  l'exposition 
des  notions  élémentaires  de  la  Botanique  que  nous 
venons  de  présenter.  Nous  nous  sommes  efforcé 
d'exposer,  ici  les  faits  dans  leur  dernier  degré  de 
simplicité,  afin  que  ceux  même  qui  n'ont  encore 
aucune  connaissance  de  cette  science  puissent 


INTRODUCTION.  35 

aisément  suivre  le  développement  successif  dans 
lequel  nous  allons  entrer  au  sujet  des  différens 
organes  des  végétaux. 

Les  organes  des  végétaux  sont  divisés  en  deux 
classés: 

i°  Suivant  qu'ils  servent  à  leur  nutrition,  c'est- 
à-dire  à  puiser  dans  le  sein  de  la  terre  ou  de 
l'atmosphère  les  substances  nutritives  propres 
à 'leur  développement  :  on  les  appelle  alors  orga- 
nes de  la  7iutrilion  ou  de  la  végétation.  Tels  sont 
la  racine  ,  la  tige ,  les  bourgeons  et  les  feuil- 
les, etc. 

2°  Suivant  qu'ils  servent  à  la  reproduction  de 
l'espèce ,  on  les  nomme  organes  de  la  reproduc- 
tion ou  de  la  fructification.  Tels  sont  la  fleur,  ses 
différentes  parties,  et  le  fruit  qui  leur  succède. 

Nous.commencerons  d'abord  par  étudier  les 
organes  de  la  nutrition  ;  et  nous  ferons  suivre 
cette  étude  de  celle  des  organes  de  la  fructifi- 
cation. 

L'ordre  le  plus  naturel  des  idées  eût  été  sans 
doute  de  commencer  par  étudier  les  organes  de 
la  plante  dans  la  graine  qui  les  renferme  déjà  à 
l'état  rudimentaire;  d'en  suivre  ensuite  les  pro- 
grès ultérieurs  jusqu'à  leur  état  le  plus  parfait  de 
développement;  mais  l'organisation  de  la  graine 
étant,  sans  contredit,  le  point  le  plus  difficile  de 


36  INTRODUCTION. 

ia  Botanique,  celui  sur  lequel  il  reste  encore  le 
plus  de  doutes  et  d'obscurtié,  il  nous  a  semblé 
qu'il  fallait  d'abord  accoutumer  en  quelque  sorte 
nos  lecteurs  à  des  idées  et  des  faits  plus  sim- 
ples ,  afin  de  les  faire  arriver  ainsi  par  degrés 
aux  parties  les  plus  compliquées  de  l'organisa- 
tion végétale. 


PREMIÈRE    CLASSE     • 

ORGANES    DE    LA   NUTRITION    OU    DE    LA 
VÉGÉTATION. 


JNous  avons,  dans  l'Introduction  précédente,  divisé 
les  organes  des  végétaux  en  deux  classes,  suivant  les 
usages  qu'ils  remplissent.  Dans  la  première  classe  nous 
plaçons  les  organes  de  la  nutrition  ou  de  la  végéta- 
tion; dansla  seconde,  ceux  delà  reproduction  ou  de 
la  fructification. 

Les  organes  de  la  nutrition  ou  de  la  végétation 
sont  tous  ceux  auxquels  est  confié  le  soin  de  la  conser- 
vation individuelle  des  végétaux.  Ce  sont  les  racines, 
les  tiges,  les  bourgeons,  les  feuilles,  les  stipules,  et 
quelques-uns  de  ces  organes  dégénérés,  tels  que  les 
épines,  les  aiguillons,  les  vrilles.  Ces  organes  ont  un 
but  commun,  l'entretien  de  la  vie  dans  le  végétal.  En 
effet, la  racine,  enfouie  dans  le  sein  de  la  terre,  ab- 
sorbe une  partie  des  fluides  nutritifs  et  réparateurs; 
la  tige  transmet  ces  fluides  dans  tous  les  points  de  la 
plante,  tandis  que  les  feuilles  étendues  au  milieu  de 
l'atmosphère  remplissent  les  mêmes  fonctions  que  les 
racines,  et  servent  à  la  fois  d'organes  absorbans  et 
exhalans.  On  voit  par  ce  court  exposé  de  leurs  fonc- 
tions que  ces  différens  organes  tendent  tous  à  une 
même  fin; qu'ils  nourrissent  le  végétal  et  concourent 
à  sa  végétation,  c'est-à-dire  au  développement  de 
toutes  ses  parties. 


S 


38  ORGANES    DE    LA    VÉGÉTATION. 


CHAPITRE   PREMIER. 

DE    LA    RACINE  (i). 

On  donne  le  nom  de  racine  à  cette  partie  d'un  vé- 
gétal qui,  occupant  son  extrémité  inférieure,  et  ca- 
chée le  plus  souvent  dans  la  terre,  se  dirige  et  croît 
constamment  en  %ens  inverse  de  la  tige,  c'est-à-dire 
s'enfonce  perpendiculairement  dans  la  terre,  tandis 
que  celle-ci  s'élève  vers  le  ciel.  Un  caractère  non 
moins  remarquable  de  la  racine  est  de  ne  jamais  de- 
venir verte  (au  moins  dans  son  tissu)  quand  elle  est 
exposée  à  l'action  de  l'air  et  de  la  lumière,  tandis 
que  toutes  les  autres  parties  des  végétaux  y  prennent 
cette  couleur. 

A  l'exception  de  quelques  T remette  s  et  de  certaines 
Conferves,  qui,  plongées  dans  l'eau,  ou  végétant  à 
sa  surface,  absorbent  les  matériaux  de  leur  nutrition 
par  les  différens  points  de  leur  étendue,  tous  les  autres 
végétaux  sont  pourvus  de  racines,  qui  servent  à  les 
fixer  au  sol,  et  à  y  puiser  une  partie  de  leurs  prin- 
cipes nutritifs. 

Les  racines,  avons-nous  dit,  sont  le  plus  souvent 
implantées  dans  la  terre.  C'est  ce  qui  a  lieu,  en  effet , 


(  i)  Radie,  laL  ;  P«|«,  grec. 


D.  H.  HILL  UBRARY 
North  Carolina  Stete  Colleg* 


racine.  39 

pour  le  plus  grand  nombre  des  végétaux.  Mais  il  en 
est  d'autres  qui,  vivant  à  la  surface,  de  l'eau,  pré- 
sentent des  racines  flottantes  au  milieu  de  ce  liquide, 
comme  on  l'observe  dans  certaines  Lentilles  d'eau. 
La  plupart  des  plantes  aquatiques,  comme  le  Trèfle 
d'eau,  le  Nénuphar,  VUtriculaire  (1),  offrent  deux, 
espèces  de  racines.Les  unes,  enfoncées  dans  la  vase, 
les  fixent  au  sol;  les  autres,  partant  ordinairement 
de  la  base  des  feuilles,  sont  libres  et  flottantes  au 
milieu  de  l'eau. 

D'autres  plantes  végétant  sur  les  rochers,  comme 
les  Lichens  ;  sur  les  murs,  comme  la  Giroflée  com- 
mune, le  grand  Muflier,  la  Valériane  rouge;  sur  le 
tronc  ou  la  racine  des  autres  arbres,  comme  \eLierre, 
certaines  Orchidées  des  tropiques,  la  plupart  des 
Mousses,  X Orobanche  et  YHypociste,  y  implantent 
leurs  racines,  et,  véritables  parasites,  eu  absorbent  les 
matériaux  nutritifs,  et  vivent  à  leurs  dépens. 

Le  Clusia  rosea,  arbrisseau  sarmenteux  de  l'Amé- 
rique méridionale,  le  Sempetvwum  arboreum,  le 
Maïs  et  quelques  figuiers  exotiques,  outre  les  racines 
qui  les  terminent  inférieurement ,  en  produisent 
d'autres  de  différens  points  de  leur  tige,  qui,  d'une 
hauteur  souvent  considérable  ,  descendent  et  s'en- 
foncent dans  la  terre. 

Ne  confondons  pas  avec  les  racines,  comme  on  l'a 


(1)  Les  parties  filamenteuses,  que  la  plupart  des  botanistes  ont 
prises  pour  des  feuilles  dans  l'utriculaire,  ne  sont  que  des  racines 
flottantes. 


/[O  ORGANES    DE    LA.    VÉGÉTATIOIf. 

fait  très -souvent,  certaines  tiges  souterraines,  qui 
rampent  horizontalement  sous  terre,  comme  dans 
Y  Iris  germanica ,  le  sceau  de  Salomon,  etc.  Leur  di- 
rection seule  suffirait  presque  pour  les  distinguer,  si 
d'autres  caractères  ne  venaient  point  encore  nous 
éclairer  sur  leur  véritable  nature.  (Voyez  dans  le 
chapitre  suivant  ce  que  nous  en  disons  en  parlant  de 
la  Souche  ou  tige  souterraine.) 

Différentes  parties  dans  les  végétaux  sont  suscep- 
tibles de  produire  des  racines;  coupez  une  branche 
de  saule,  de  peuplier;  enfoncez- la  dans  la  terre,  et 
au  bout  de  quelque  temps  son  extrémité  inférieure 
sera  chargée  de  radicelles.  Le  même  phénomène 
aura  encore  lieu  lorsqu'on  aura  implanté  les  deux 
extrémités  de  la  branche  dans  la  terre  :  l'une  et  l'autre 
s'y  fixent,  au  moyen  de  racines  qu'elles  développent. 
Dansle^  Graminées,  particulièrement  le  Mais  ou  blé 
de  Turquie,  les  nœuds  inférieurs  de  la  tige  poussent 
quelquefois  des  racines  qui  descendent  s'enfoncer 
dans  la  terre.  C'est  sur  cette  propriété  qu'ont  les 
tiges,  et  même  les  feuilles  dans  beaucoup  de  végé- 
taux, de  donner  naissance  à  de  nouvelles  racines, 
que  sont  fondées  la  théorie  et  la  pratique  du  marco- 
tage  et  de  la  bouture,  moyens  de  multiplication  très- 
employés  dans  l'art  de  la  culture. 

Il  existe  une  grande  analogie  de  structure  entre 
les  racines  qu'un  arbre  pousse  dans  le  sein  de  la  terre, 
et  les  rameaux  qu'il  étale  au  milieu  de  l'air.  Les 
principales  différences  que  l'on  observe  entre  ces 
deux  organes  dépendent  principalement  de  la  diffé^ 


RACIUE.  41 

rence(i)  des  milieux  dans  lesquels  ces  organes  se 
développent. 

Les  racines  de  certains  arbres  poussent  de  distance 
en  distance  des  espèces  de  cônes  ou  de  bosses  d'un 
bois  mou  et  lâche,  entièrement  nus  et  saillans  hors 
de  terre,  et  que  l'on  a  désignés  sous  le  nom  iïExos- 
toses.  Le  Cyprès  chauve  de  l'Amérique  septentrio- 
nale (  Taxodium  distichum.  Rich.  )  en  offre  les 
exemples  les  plus  remarquables. 

La  racine y  considérée  dans  son  ensemble  et  d'une 
manière  générale,  peut  être  divisée  en  trois  parties  : 
i°  le  corps  ou  partie  moyenne,  de  forme  et  de  con- 
sistance variées,  quelquefois  plus  ou  moins  renflé, 
comme  dans  le  navet,  la  carotte;  i°  le  collet  ou 
nœud  vital  :  c'est  le  point  ou  la  ligne  de  démarca- 
tion qui  sépare  la  racine  de  la  tige,  et  d'où  part  le 


(i)  On  a  dit  que,  lorsqu'on  renversait  un  jeune  arbre  de  manière 
que  ses  branches  fussent  enfoncées  daas  la  terre  et  ses  racines  étalées 
dans  l'air,  les  feuilles  se  changeaient  en  racines,  et  celles-ci  en 
feuilles  ;  ce  fait  est  faux,  ou  du  moins  l'explication  que  l'on  en  donne 
n'est  pas  exacte.  En  effet,  les  feuilles  ne  se  changent  pas  plus  en 
racines  que  les  racines  en  feuilles.  Mais  lorsqu'ils  sont  cachés  sous 
la  terre  ,  les  bourgeons  situés  à  l'aisselle  des  feuilles ,  au  lieu  de 
développer  de  jeunes  rameaux  ou  scions  foliacés  ,  s'allongent,  s'é- 
tiolent ,  et  deviennent  des  fibres  radicales  ;  tandis  que  les  bour- 
geons latens  qui  existent  dans  les  racines,  et  qui  sont  destinés  à 
renouveler  le  chevelu  chaque  année  ,  placés  dans  un  autre  milieu  , 
se  développent  en  feuilles.  On  a  encore  un  exemple  bien  frappant 
de  cette  tendance  des  bourgeons  latens  de  la  racine  à  se  changer  en 
rameaux  foliacés,  lorsqu'ils  sont  exposés  au  contact  de  l'air,  dans 
ces  rejets  qui  poussent  autour  des  arbres  à  racines  rampantes, 
comme  l'acacia  ,  le  peuplier  ,  etc. 


4u  ORGANES    DE    LA    VÉGÉTATION. 

bourgeon  de  la  tige  annuelle ,  dans  les  racines  vivaces  ; 
3°  les  radicelles  ou  le  chevelu  :  ce  sont  les  fibres  plus 
ou  moins  déliées  qui  terminent  ordinairement  la  ra- 
cine à  sa  partie  inférieure. 

A.  Suivant  leur  durée,  les  racines  ont  été  distin- 
guées  en    annuelles y   bisannuelles,   vivaces  et    li- 


gneuses. 


Les  racines  annuelles  sont  celles  des  plantes  qui, 
dans  l'espace  d'une  année,  se  développent,  fructi- 
fient et  meurent:  tels  sont  le  blé,  le  pied-d'alouette 
(  Delphinium  consolida  ) ,  le  coquelicot  (  Papaver 
Rhœas),  etc. 

Les  racines  bisannuelles  sont  celles  des  plantes  à 
qui  deux  années  sont  nécessaires  pour  acquérir  leur 
parfait  développement.  Les  plantes  bisannuelles  ne 
produisent  ordinairement,  la  première  année,  que 
des  feuilles;  la  seconde  année  .elles  meurent  après 
avoir  fleuri  et  fructifié,  comme  la  carotte,  etc. 

On  a  donné  le  nom  de  racines  vivaces  à  celles  qui 
appartiennent  aux  plantes  ligneuses  et  à  celles  qui, 
durant  un  nombre  indéterminé  d'années,  poussent 
des  tiges  herbacées,  qui  se  développent  et  meurent 
tous  les  ans,  tandis  que  leur  racine  vit  pendant  un 
grand  nombre  d'années;  telles  sont  celles  des  as- 
perges, des  asphodèles,  de  la  luzerne,  etc. 

Cette  division  des  végétaux  en  annuels,  bisannuels 
et  vivaces,  suivant  la  durée  de  leurs  racines,  est 
sujette  à  varier,  sous  l'influence  de  diverses  circons- 
tances. Le  climat,  la  température,  la  situation  d'un 
pays,  la  culture  même,  modifient  singulièrement  la 


RACINE.  Z|3 

durée  dès  végétaux.    Il    n'est  pas  rare  de  voir  des 
plantes  annuelles  végéter  deux  a/»s,  et  même  davan- 
tage, si  elles  sont  mises  dans  un  terrain  qui  leur  soit 
convenable,  et  abritées  contre  le  froid.  Ainsi  le  réséda 
odorant ,  qui  cbez  nous  est  une  plante  annuelle,  de- 
vient une  plante  vivace  dans  les  sables  de  l'Egypte. 
Au  contraire,  des  plantes  vivaces  et  même  ligneuses 
de  l'Afrique  et  de  l'Amérique,  transplantées  dans  les 
régions  septentrionales,  y  deviennent  annuelles.  La 
belle  de  nuit  {Nyctago  hortensis),  le  Coàœà,  sont  vi- 
vaces au  Pérou  ,  et  meurent  chaque  année  dans  nos 
jardins.  Le  ricin,  qui,  en  Afrique,  forme  des  arbres 
ligneux,  est  annuel  dans  notre  climat.  Cependant  il 
reprend  son  caractère  ligneux  quand    il  se  retrouve 
dans  une  exposition  convenable.  En  herborisant  aux 
environs  de  Villefranche,  sur  les  bords  de  la  Médi- 
terranée ,  au  mois  de  septembre  1 8 1 8*  j'ai  découvert 
sur  la  montagne  qui  abrite  l'arsenal  de  cette  ville, 
au  couchant,  un«petit  bois  formé  de  ricins  en  arbre. 
Leur  tronc  est  ligneux,  dur.  Les  plus  hauts  ont  en- 
viron vingt-cinq  pieds  d'élévation,  et  présentent  à  peu 
près  le  même  aspect  que  nos  platanes.  Il  est  vrai  que 
la  situation  de  Villefranche,  exposée  au  midi,  défen- 
due des  vents  d'ouest  par  une    chaîne  de   collines 
assez  élevées  ,  la  rapproche  singulièrement  du  climat 
de  certaines  parties  de  l'Afrique. 

Les  racines  ligneuses  ne  diffèrent  dés  racines  vi- 
vaces que  par  leur  consistance  plus  solide ,  et  par  la 
persistance  de  la  tige  qu'elles  supportent  ;  telles  sont 
celles  des  arbres  et  des  arbrisseaux. 


44  ORGANES    DE    LA    VÉGÉTATION. 

B.  Suivant  leur  forme  et  leur  structure,  lés  racines 
peuvent  se  diviser ^n  : 

Pivotante  (radix  perpendicularis), 

Fibreuse  (radix Jibrosa) , 

Tubérifère  (radix   tuberifera) , 

Bulbifère  (radix  bidbifera). 
i°Les  racines  picolantes  sont  celles  qui  s'enfoncent 
perpendiculairement  dans  la  terre.  Elles  sont  simples 
et  sans  divisions  sensibles,  comme  dans  la  rave,  la 
carotte  ;  rameuses,  dans  le  frêne  et  le  peuplier  d'Ita- 
lie, etc.  Elles  appartiennent  exclusivement  aux  vé- 
gétaux dicotylédons.  (Voyez  planche  2,  fig.  1,2, 
3  et  4.  ) 

i°  La  rdicmejibreuse  se  compose  d'un  grand  nombre 
de  fibres,  quelquefois  simples  et  grêles,  d'autres  fois 
épaisses  et  ramifiées.  Telle  est  celle  de  la  plupart  des 
Palmiers.  Elle  appartient  exclusivement  aux  plantes 
monocotylédones. 

3°  J'appelle  racines  tubèriferes  ceiles  qui  présentent 
sur  différens  points  de  leur  étendue,  quelquefois  à 
leur  partie  supérieure,  d'autres  fois  au  milieu  ou  aux 
extrémités  de  leurs  ramifications,  des  tubercules  plus 
ou  moins  nombreux.  Ces  tubercules  ou  corps  charnus, 
que  l'on  a  long-temps,  et  à  tort,  regardés  comme  des 
racines,  ne  sont  que  des  amas  de  fécule  amylacée  , 
que  la  nature  a,  en  quelque  sorte,  mis  en  réserve 
pour  servir  à  la  nutrition  du  végétal.  Aussi  n'observe- 
t-on  jamais  de  véritables  tubercules  dans  les  plantes 
annuelles;  ils  appartiennent  exclusivement  aux  plantes 
vivaces;  tels  sont  ceux  de  la  pomme  de  terré  ,  du 


RACINE.  4^ 

topinambour,  des  orchidées,  des  patates,  etc.  (1) 
(Voyez  pi.  2,  fig.  5  et  6.) 

l\°  La  racine  bulbifere  est  formée  par  une  espèce 
de  tubercule  mince  et  aplati,  qu'on  nomme  plateau, 
produisant,  par  sa  partie  inférieure,  une  racine  fi- 
breuse, et  supportant  supérieurement  un  bulbe  ou 
ognon,  qui  n'est  rien  autre  chose  qu'un  bourgeon 
d'une  nature  particulière,  formé  d'un  grand  nombre 
d'écaillés  ou  de  tuniques  appliquées  les  unes  sur  les 
autres;  par  exemple  ,  dans  le  lis,  la  jacinthe,  l'ail, 
et  en  général  les  plantes  qu'on  appelle  bulbeuses. 
(Voyez  pi.  2,  fig.  8  et  9.) 

Telles  sont  les  modifications  principales  que  pré- 
sente la  racine  relativement  à  sa  structure  particu- 
lière. Avouons  cependant  que  ces  différences  ne  sont 
pas  toujours  aussi  tranchées  que  nous  venons  de  les 
présenter.  Ici ,  comme  dans  ses  autres  ouvrages ,  la 


(1)  Le  point  de  \ue  sous  lequel  j'examine  ici  les  tubercules  dif- 
fère de  celui  sous  lequel  on  les  considère  communément.  Loin 
d'être  des  racines ,  comme  beaucoup  d'auteurs  l'ont  dit ,  ils  ne 
nous  paraissent  être ,  avec  M.  Sprengel  (Linnœi  Philos,  bocan.),  que 
des  espèces  de  bourgeons  souterrains  des  plantes  vivaces ,  aux- 
quels la  nature  a  confié  le  soin  et  la  conservation  des  rudimens  de 
la  tige.  La  seule  différence  que  présentent  les  tubercules  ainsi  con- 
sidérés, c'est  que  la  jeune  tige  ,  au  lieu  d'être  protégée  par  des 
écailles  nombreuses  et  serrées  ,  se  trouve  enveloppée  par  un  corps 
dense  et  charnu  qui  sert  non-seulement  à  l'abriter  pendant  l'hiver, 
mais  qui  lui  fournit  au  printemps  les  premiers  matén.iux  de  son 
développement  et  de  sa  nutrition. 

On  pourrait  également  les  considérer  comme  des  tiges  souter- 
raines, courtes  et  charnues,  et  les  yeux  qui  en  naissent  comme 
des  bourgeons. 


l\(j  ORGANES    DE    LA     VÉGÉTATION. 

nature  ne  se  prêle  pas  servilement  à  nos  divisions 
systématiques.  Elle  fait  quelquefois  disparaître  par 
des  nuances  insensibles  ces  différences,  que  nous 
avions  crues  d'abord  si  constantes  et  si  bien  établies. 

Toutes  les  racines  qui  ne  peuvent  être  rapportées 
à  une  des  quatre  modifications  principales  que  nous 
venons  d'indiquer  conservent  le  nom  générique  de 
racines. 

Le  chevelu  des  racines,  ou  cette  partie  formée  de 
fibres  plus  ou  moins  déliées,  sera  d'autant  plus  abon- 
dant et  plus  développé,  que  le  végétal  vivra  dans  un 
terrain  plus  meuble.  Lorsque  par  hasard  l'extrémité 
d'une  racine  rencontre  un  filet  d'eau,  elle  s'allonge, 
se  développe  en  fibrilles  capillaires  et  ramifiées,  et 
constitue  ce  que  les  jardiniers  désignent  sous  le  nom 
de  queue  de  renard.  Ce  phénomène  ,  que  l'on  peut 
produire  à  volonté,  explique  pourquoi  les  plantes 
aquatiques  ont  ,  en  général,  deS  racines  beaucoup 
plus  développées. 

Après  ces  considérations  générales  sur  la  structure 
des  racines,  nous  devons  présenter  ici  les  principales 
modifications  que  cet  organe  peut  subir,  quant  à  sa 
consistance,  sa  forme  et  ses  autres  caractères  exté- 
rieurs. 

C.  Relativement  à  sa  consistance ,  la  racine  est 
charnue,  lorsque,  étapt  manifestement  plus  grosse  et 
plus  épaisse  que  la  base  de  la  tige ,  elle  est  en  même 
temps  plus  succulente  :  telle  est  celle  de  la  carotte , 
du  navet ,  etc.  Elle  est  ligneuse ,  au  contraire , 
lorsque  son  parenchyme,  plus  solide,  approche  plus 


RACINH.  47 

ou  moins  de  la  dureté  du  bois.   C'est  ce  que  l'on 
observe  dans  la  plupart  des  végétaux  ligneux. 

D.  La  racine  peut  être  simple  (simplex),  c'est-à- 
dire  formée  par  un  pivot  absolument  indivis,  comme 
la  betterave,  le  panais,  la  rave,  etc.  D'autres  fois, 
elle  est  rameuse  (ramosa),  ou  divisée  en  ramifica- 
tions plus  ou  moins  nombreuses  et  déliées,  toujours 
de  même  nature  qu'elle;  telle  est  celle  de  la  plupart 
des  arbres  de  nos  forêts,  du  cbêne,  de  l'orme,  etc. 

E.  Considérée  quant  à  sa  direction,  la  racine  peut 
être  verticale,  comme  ceile  de  la  carotte  ,  de  la  rave  ; 
oblique ,  par  exemple,  celle  des  iris;  et  enfin  située 
horizontalement  sous  la  terre,  comme  dans  le  Bhus 
radicans ,  l'orme,  etc.  Assez  souvent  l'on  trouve  ces 
trois  positions  réunies  dans  ies  différentes  ramifica- 
tions d'une  même  racine. 

F.  Les  variétés  de  forme  Ifs  plus  remarquables 
sont  les  suivantes  : 

i°  Fusiforme,  ou  en  fuseau  (Jiisifbrmis) ,  lors- 
qu'elle est  allongée,  plus  mince  à  ses  deux  extré- 
mités, plus  grosse  à  sa  partie  moyenne,  comme  la 
rave.  (PI.  2,  fig.  3.) 

20  Napi/'orme,  ou  en  forme  de  loupie  {iiapiformis) 
quand  elle  est  simple,  arrondie,  et  renflée  à  sa  partie 
supérieure ,  amincie  et  terminée  brusquement  en 
pointe  inférieurement  :  le  navet,  le  radis,  etc.  (PI.  2, 
%•  2.) 

3°  Conique  (conica),  celle  qui  présente  la  forme 
d'un  cône  renversé;  la  betterave,  le  panais,  la  ca- 
rotte. (PI.  2,  fig.  4.) 


48  ORGANES    DE    LA    VÉGÉTATION. 

4°  arrondie  ou  presque  ronde  (subrolunda), 
comme  dans  le  Bunium  bulbocastanum ,  etc. 

5°  Didyme  ou  testiculée (î)  (didyma,  testiculatd), 
lorsqu'elle  présente  un  ou  deux  tubercules  arrondis 
ou  ovoïdes,  comme  dans  YOrchis  milâaris,  maeu- 
lata,  etc.  (Voy.  pi.  a,  îig.  5  et  6.) 

La  racine  didyme  est  appelée  palmée  {palmata), 
quand  les  deux  tubercules  sont  divisés  en  lobes  di- 
vergens,  comme  dans  les  doigts  de  la  main  jusqu'au 
milieu  environ  de  leur  ép-aisseur.  Ex.  Orchis  macu- 
lata.  (PI.  2  ,  fîg.  6. ) 

Digitée  (digitata),  quand  les  tubercules  sont  di- 
visés presque  jusqu'à  leur  base,  comme  dans  le  Sa- 
tyrium  albidum.  C'est  d'après  cette  forme  de  la 
racine  didyme  que  Linné  a  divisé  les  espèces  du  genre 
Orchis  en  trois  sections. 

6°  Noueuse  ou  Jîlipendulèe  (nodosa) ,  lorsque  les 
ramifications  de  la  racine  présentent  de  distance  en 
distance  des  espèces  de  renflemens  ou  de  nœuds  (2) 
qui  lui  donnent  quelque  ressemblance  avec  un  cha- 
pelet ;  c'est  ce  que  l'on  observe  dans  la  filipendule , 
l 'Avena  prœcaloria. 


(1)  Dans  la  racine  testiculée,  l'un  des  tubercules  (pi.  2  ,  fig.  5.  a.) 
est  ferme,  solide,  un  peu  plus  gros  que  l'autre  ;  c'est  lui  qui  ren- 
ferme le  rudiment  de  la  tige  qui  doit  se  développer  l'année  sui- 
vante ;  l'autre,  au  contraire  (pi.  2  ,  fig.  5.  b.)  mou,iidé,  plus 
petit,  contenait  le  germe  de  la  tige  qui  vient  de  se  développer,  et 
à  l'accroissement  de  laquelle  il  a  employé  la  plus  grande  partie 
de  la  fécule  amylacée  qu'il  renfermait. 

(2)  Ces  nœuds  ne  doivent  pas  être  confondus  avec  les  véritables 
tubercules,  qui  renferment  toujours  les  rudimens  de  nouvelles  tiges. 


RACINE.  49 

70  Grenue  (granulata).  M.  de  Candolle  nomme 
ainsi  celle  qui  présente  un  amas  de  petits  tubercules 
renfermant  des  yeux  propres  à  reproduire  la  plante, 
sans  être  enveloppés  de  tissu  cellulaire  rempli  de 
fécule  amylacée.  Par  exemple,  celle  de  la  saxifrage 
grenue. 

8°  Fasciculée  (fasciculata),  quand  elle  est  formée 
par  la  réunion  d'un  grand  nombre  de  radicelles, 
épaisses,  simples  ou  peu  rameuses,  comme  celle  des 
asphodèles,  des  renoncules  (1). 

90  Articulée  (articulata) ,  celle  qui  présente,  de 
distance  en  distance  ,  des  articulations.  Par  exemple, 
dans  la  gratiole. 

io°  Contournée  (conforta)  quand  elle  offre  plu- 
sieurs courbures  en  differens  sens;  celle  de  la  bis- 
torte. 

1 1°  On  appelle  racine  capillaire  (capillaris),  celle 
qui  est  formée  de  fibres  capillaires  très-déliées,  comme 
la  plupart  des  Graminées,  le  blé,  l'orge. 

ia°  Chevelue  (comosa)  quand  les  filets  capillaires 
sont  rameux  et  très-serrés,  comme  dans  les  bruyères. 
Quant  à  la  structure  anatomique  de  la  racine, 
nous  n'en  ferons  l'exposition  qu'après  celle  de  la 
tige,  parce  que  ces  deux  organes  offrent  beaucoup 
d'analogie  sous  ce  rapport. 

Usages  des  racines. 
Les  usages  des  racines  sont  relatifs  au  végétal  lui- 

(1)  Celles  des  renoncules,  formées  de  fibres  plus  couries  et  plus 
serrées  ,  portent  en  général  le  nom  de  griffes. 


5o  ORGANES    DE    LA    VÉGLTATION. 

même  ou  à  ses  applications  à  l'économie  domestique* 
aux  arts  ,  à  la  médecine. 

Relativement  au  végétal  lui-même,  les  racines  ser- 
vent, i°  à  le  fixer  à  la  terre  ou  au  corps  sur  lequel  il 
doit  vivre  ;  i°  à  y  puiser  une  partie  des  matériaux 
nécessaires  à  son  accroissement. 

Les  racines  de  beaucoup  de  plantes  ne  paraissent 
remplir  que  la  première  de  ces  fonctions.  C'est  ce  que 
l'on  observe  principalement  dans  lés  plantes  grasses  et 
succulentes,  qui  absorbent  par  tous  les  points  de  leur 
surface  les  substances  propres  à  leur  nutrition.  Dans 
ce  cas,  leurs  racines  ne  servent  qu'a  les  fixer  au  sol. 
Tout  le  monde  connaît  le  magnifique  cierge  du  Pérou 
[Cactus peruvianus)  qui  existe  dans  les  serres  du  Mu- 
séum d'histoire  naturelle. Ce  végétal,  qui  est  d'une  hau- 
teur extraordinaire,  pousse  avec  une  extrême  vigueur 
des  rameaux  énormes,  et  souvent  avec  une  rapidité 
surprenante  ;  ses  racines  sont  renfermées  dans  une 
caisse,  qui  contient  à  peine  trois  à  quatre  pieds  cubes 
d'une  terre  que  l'on  ne  renouvelle  et  n'arrose  jamais. 

Les  racines  des  plantes  ne  sont  pas  toujours  en 
proportion  avec  la  force  et  la  grandeur  des  troncs 
qu'elles  supportent.  Les  Palmiers  et  les  Conifères  , 
dont  le  tronc  acquiert  quelquefois  une  hauteur  de 
plus  de  cent  pieds,  ont  des  racines  courtes,  s'étendant 
peu  profondément  dans  la  terre,  et  ne  les  y  fixant  que 
faiblement.  Des  plantes  herbacées ,  au  contraire ,  dont 
la  tige  ,  faible  et  grêle  ,  meurt  chaque  année  ,  ont 
quelquefois  des  racines  d'une  force  et  d'une  longueur 
considérable  relativement  à  celle  de  la  tige,  comme  on 


RA.CINE.  *I 

l'observe  clans  la  réglisse,  la  luzerne,  et  dans  YOnonis 
aivensis  (qui,  à  cause  de  la  ténacité  et  de  la  profon- 
deur de  ses  racines,  a  été  appelé  arrête-bœiif.) 

Les  racines  ont  aussi  pour  usage  d'absorber  dans 
le  sein  de  la  terre  les  substances  qui  doivent  servir 
à  l'accroissement  du  végétal.  Mais  tous  les  points  de 
la  racine  ne  concourent  pas  à  cette  fonction.  Ce  n'est 
que  par  l'extrémité  de  leurs  fibres  les  plus  déliées 
que  s'exerce  cette  absorption.  Les  uns  ont  dit  qu'elles 
étaient  terminées  par  de  petites* ampoules,  d'autres 
par  des  espèces  de  bouches  aspirantes  ;  quelle  que 
soit  leur  structure  ,  il  est  prouvé  que  c'est  par  ces 
extrémités  seules  que  s'opère  cette  fonction. 

Il  n'est  point  d'expérience  plus  facile  à  faire  que 
celle  au  moyen  de  laquelle  on  démontre  d'une  ma- 
nière péremptoire  la  vérité  de  ce  fait.  Si  l'on  prend 
un  radis  ou  un  navet,  qu'on  le  plonge  dans  l'eau  par 
l'extrémité  de  la  radicule  qui  le  termine,  il  poussera 
des  feuilles  et  végétera.  Si,  au  contraire,  on  le  place 
dans  l'eau  de  manière  à  ce  que  son  extrémité  infé- 
rieure soit  hors  du  liquide,  il  ne  donnera  aucun  signe 
de  développement. 

Les  racines  de  certaines  plantes  paraissent  excréter 
une  matière  particulière,  différente  dans  les  diverses 
espèces.  Duhamel  rapporte  qu'ayant  fait  arracher  de 
vieux  ormes ,  il  trouva  la  terre  qui  environnait  les 
racines  d'une  couleur  plus  foncée  et  plus  onctueuse. 
Cette  matière  onctueuse  et  grasse  était  le  produit  d'une 
sorte  d'excrétion  faite  par  les  racines.  C'est  à  cette 
matière,  qui.  comme  nous  l'avons  dit,  est  différente 


52  ORGATYES    DE    LA    VÉGÉTATION. 

dans  chaque  espèce  végétale,  que  l'on  a  attribué  les 
sympathies  et  les  antipathies  que  certains  végétaux 
ont  les  uns  pour  les  autres.  On  sait,  en  effet,  que  cer- 
taines plantes  se  recherchent  en  quelque  sorte ,  et 
vivent  constamment  les  unes  à  côté  des  autres  ;  ce 
qui  forme  les  plantes  sociales  ;  tandis  qu'au  contraire 
d'à  utres  semblent  ne  pouvoir  croître  clans  le  même  lieu. 

On  a  remarqué  que  les  racines  ont  une  tendance 
marquée  à  se  diriger  vers  les  veines  de  bonnes  terres, 
et  que  souvent  elles  Rallongent  considérablement  pour 
se  porter  vers  les  lieux  où  la  terre  est  plus  meuble 
et  plus  substantielle.  Elles  s'y  développent  alors  avec 
plus  de  force  et  de  rapidité.  Duhamel  rapporte  que. 
voulant  garantir  un  champ  de  bonne  terre  des  ra- 
cines d  une  rangée  d'ormes  qui  s'y  étendaient  et  en 
épuisaient  une  partie ,  il  fit  faire  le  long  de  cette 
rangée  d'arbres  une  tranchée  profonde  qui  coupa 
toutes  les  racines  qui  s'étendaient  dans  le  champ. 
Maisbienlôt  les  nouvelles  racines,  arrivées  à  l'un  des 
côtés  du  fossé  ,  se  recourbèrent  en  suivant  la  pente  de 
celui-ci  jusqu'à  la  partie  inférieure;  là  elles  se  portèrent 
horizontalement  sous  le  fossé ,  se  relevèrent  ensuite 
de  l'autre  côté,  en  suivant  !a  pente  opposée,  et 
s'étendirent  de  nouveau  dans  le  champ. 

Les  racines,  dans  tous  les  arbres,  n'ont  pas  la  même 
force  pour  pénétrer  dans  le  tuf.  Duhamel  a  fait  l'ob- 
servation qu'une  racine  de  vigne  avait  pénétré  pro- 
fondément dans  un  tuf  très-dur,  tandis  qu'une  racine 
d'orme  avait  été  arrêtée  par  sa  dureté,  et  avait  en 
quelque  sorte  rebroussé  chemin. 


RACINE.  53 

La  racine,  ainsi  que  nous  l'avons  dit  précédemment, 
a  une  tendance  naturelle  et  invincible  à  se  diriger 
vers  le  centre  de  la  terre.  Cette  tendance  se  remarque 
surtout  dans  cet  organe,  au  moment  où  il  commence 
à  se  prononcer ,  à  l'époque  de  la  germination  de 
l'embryon  ;  plus  tard  elle  est  moins  manifeste  quoi- 
qu'elle existe  toujours ,  surtout  dans  les  racines  qui 
sont  simples,  ou  dans  le  pivot  des  racines  rameuses; 
car  elle  est  souvent  nulle  dans  les  ramifications  laté- 
rales de  la  racine. 

Quels  que  soient  les  obstacles  que  l'on  cherche  à 
opposer  à  cette  tendance  naturelle  de  la  radicule,  elle 
sait  les  surmonter.  Ainsi  placez  une  graine  germante 
de  fève  ou  de  pois  de  manière  que  les  cotylédons 
soient  placés  dans  la  terre  et  la  radicule  en  l'air, 
vous  verrez  bientôt  cette  radicule  se  recourber  vers 
la  terre  pour  aller  s'y  enfoncer.  On  a  donné  beaucoup 
d'explications  diverses  de  ce  phénomène  :  les  uns 
ont  dit  que  la  racine  tendait  à  descendre,  parce  que 
les  fluides  qu'elle  contenait  étaient  moins  élaborés, 
et  par  conséquent  plus  lourds  que  ceux  de  la  tige. 
Mais  cette  explication  est  contredite  par  les  faits.  En 
effet,  ne  voit-on  pas  dans  certains  végétaux  exotiques, 
tels  que  le  Clusia  rosea ,  etc.,  des  racines  se  déve- 
lopper sur  la  tige  à  une  hauteur  très-considérable,  et 
descendre  perpendiculairement  pour  s'enfoncer  dans 
la  terre.  Or,  dans  ce  cas,  les  fluides  contenus  dans  ces 
racines  aériennes  sont  de  la  même  nature  que  ceux 
qui  circulent  dans  la  tige,  et  néanmoins  ces  racines, 
au  lieu  de  s'élever  comme  elle,  descendent  au  con- 


54  ORGANES   DE    LA    VÉGÉTATION. 

traire  vers  la  terre.  Ce  n'est  donc  pas  la  différence 
de  pesanteur  des  fluides  qui  leur  donne  cette  ten- 
dance vers  le  centre  de  la  terre. 

D'autres  ont  cru  trouver  cette  cause  dans  l'avidité 
des  racines  pour  l'humidité,  humidité  qui  est  plus 
grande  dans  la  terre  que  dans  l'atmosphère.  Duhamel, 
voulant  s'assurer  de  la  réalité  de  cette  explication, 
fit  germer  des  graines  entre  deux  éponges  humides 
et  suspendues  en  l'air;  les  racines,  au  lieu  de  se 
porter  vers  l'une  ou  l'autre  des  deux  éponges  bien 
imbibées  d'humidité,  glissèrent  entre  elles,  et  vinrent 
pendre  au-dessous, en  tendant  ainsi  vers  la  terre.  Ce 
n'est  donc  pas  l'humidité  qui  attire  les  racines  vers 
le  centre  de  la  terre. 

Serait-ce  la  terre  elle-même  par  sa  nature  et  par 
sa  masse  ?  L'expérience  contredit  encore  cette  expli- 
cation. M.  Dutrochet  remplit  de  terre  une  caisse 
dont  le  fond  était  percé  de  plusieurs  trous  ;  il  plaça 
dans  ces  trous  des  graines  de  haricot  germantes ,  et 
il  suspendit  la  caisse  en  plein  air  à  une  hauteur  de  six 
mètres.  De  cette  manière,  dit-il ,  les  graines,  placées 
dans  les  trous  pratiqués  à  la  face  inférieure  de  la 
caisse,  recevaient  de  bas  en  haut  l'influence  de  l'at- 
mosphère et  de  la  lumière  :  la  terre  humide  se  trouvait 
placée  au-dessus  d'elles.  Si  la  cause  de  la  direction 
de  cette  partie  existait  dans  sa  tendance  pour  la  terre 
humide,  on  devait  voir  la  radicule  monter  dans  la 
terre  placée  au-dessus  d'elle,  et  la  tige  au  contraire 
descendre  vers  l'atmosphère  placée  au-dessous  d'elle; 
c'est  ce  qui  n'eut  point  lieu.  Les  radicules  des  graines 


RACINE.  55 

descendirent  dans  l'atmosphère, où  elles  ne  lardèrent 
pas  à  se  dessécher;  les  plumules  au  contraire  se  diri- 
gèrent en  haut  dans  la  terre. 

M.  Rnight,  célèbre  physicien  anglais,  a  voulu  s'as- 
surer par  l'expérience  si  cette  tendance  ne  serait  pas 
détruite  par  le  mouvement  rapide  et  circulaire  im- 
primé à  des  graines  germantes.  Il  fixa  des  graines  de 
haricots  dans  les  augets  d'une  roue,  mue  continuel- 
lement par  un  filet  d'eau  dans  un  plan  vertical, cette 
roue  faisant  cent  cinquante  révolutions  en  une  mi- 
nute. Ces  graines  placées  dans  de  la  mousse  sans  cesse 
humectée,  ne  tardèrent  pas  à  germer;  toutes  les  ra- 
dicules se  dirigèrent,  vers  la  circonférence  de  la  roue, 
et  toutes  les  gemmules  vers  son  centre.  Par  chacune 
de  ces  directions  les  radicules  et  les  gemmules  obéis- 
saient à  leurs  tendances  naturelles  et  opposées.  Le 
même  physicien  fit  une  expérience  analogue  avec 
une  roue  mue  horizontalement  et  faisant  deux  cent 
cinquante  révolutions  p*r  minute;  les  résultats  furent 
semblables  ,  c'est-à-dire  que  toutes  les  radicules  se 
portèrent  vers  la  circonférence,  et  les  gemmules  vers 
le  centre,  mais  avec  une  inclinaison  de  dix  degrés 
des  premières  vers  la  terre,  et  des  secondes  vers  le 
ciel.  Ces  expériences ,  répétées  par  M.  Dutrochet ,  ont 
eu  les  mêmes  résultats,  excepté  que  dans  la  seconde 
l'inclinaison  a  été  beaucoup  plus  considérable,  et  que 
les  radicules  et  les  gemmules  sont  devenues  presque 
horizontales. 

Des  diverses  expériences  rapportées  ci -dessus  il 
résulte  évidemment  que  les  racines  se  dirigent  vers 


56  ORGANES    DE    LX    VEGETATION. 

le  centre  de  la  terre,  non  parce  qu'elles  contiennent 
un  fluide  moins  élaboré,  ni  parce  qu'elles  y  sont  at- 
tirées par  l'humidité  ou  la  nature  même  de  la  terre, 
mais  par  un  mouvement  spontané,  une  force  inté- 
rieure, une  sorte  de  soumission  aux  lois  générales  de 
la  gravitation. 

Mais,  quoiqu'on  puisse  dire  que  cette  loi  de  la  ten- 
dance des  racines  vers  le  centre  de  la  terre  soit  gé- 
nérale ,  néanmoins  quelques  végétaux  semblent  s'y 
soustraire  ;  telles  sont  en  général  toutes  les  plantes 
parasites ,  et  le  gui  (Viscuni  album)  en  particulier. 
Cette  niante  singulière  pousse,  en  effet,  sa  radicule 
dans  quelque  position  que  le  hasard  la  place;  ainsi, 
quand  la  graine,  qui  est  enveloppée  d'une  glu  épaisse 
et  visqueuse,  vient  à  se  coller  sur  la  partie  supé- 
rieure d'une  branche,  sa  radicule,  qui  est  une  sorte 
»de  tubercule  évasé  en  forme  de  cor  de  chasse,  se 
trouve  alors  perpendiculaire  à  l'horizon  :  si ,  au  con- 
traire, la  graine  est  placée  à  la  partie  inférieure  de 
la  branche,  la  radicule  se  dirige  vers  le  ciel.  La  graine 
est-elle  située  sur  les  parties  latérales  de  la  branche, 
la  radicule  se  dirige  latéralement.  En  un  mot,  dans 
quelque  position  que  la  graine  soit  fixée  sur  la  bran- 
che, la  radicule  se  dirige  toujours  perpendiculaire- 
ment à  l'axe  de  la  branche. 

M.  Dutrochet  a  fait  sur  la  germination  de  cette 
graine  un  grand  nombre  d'expériences  pour  consta- 
ter la  direction  de  la  radicule.  Nous  rapporterons  ici 
les  plus  intéressantes.  Cette  graine ,  qui  trouve  dans 
la  glu  qui  l'enveloppe  les  premiers  matériaux  de  son 


RACINE.  57 

accroissement,  germe  et  se  développe  non-seulement 
sur  du  bois  vivant  et  mort,  mais  encore  sur  des 
pierres,  du  verre,  et  même  sur  du  fer.  M.  Dutrochet 
en  a  fait  germer  sur  un  boulet  de  canon.  Dans  tous 
ces  cas  la  radicule  s'est  toujours  dirigée  vers  le  centre 
de  ces  corps.  Ces  faits  prouvent,  ainsi  que  le  remar- 
que l'ingénieux  expérimentateur,  que  ce  n'est  pas 
vers  un  milieu  propre  à  sa  nutrition  que  l'embryon 
du  gui  dirige  sa  radicule  ,  mais  que  celle-ci  obéit  à 
l'attraction  des  corps  sur  lesquels  la  graine  est  fixée, 
quelle  que  soit  leur  nature. 

Mais  cette  attraction  n'est  qu'une  cause  éloignée 
de  la  tendance  de  la  racine  du  gui  vers  les  corps.  La 
véritable  cause  est  un  mouvement  intérieur  et  spon- 
tané exécuté  par  l'embryon  à  l'occasion  de  l'attrac- 
tion exercée  sur  sa  radicule.  M.  Dutrocbet  colle  une 
graine  de  gui  germée  à  l'une  des  extrémités  d'une 
aiguille  de  cuivre  ,  semblable  à  une  aiguille  de  bous- 
sole, et  placée  de  même  sur  un  pivot;  une  petite  boule 
de  cire  mise  à  l'autre  extrémité  forme  le  contre-poids 
de  la  graine.  Les  chosesainsi  disposées,  M.  Dutrochet 
approche  latéralement  de  la  radicule  une  petite  plan- 
che de  bois,  à  environ  un  millimètre  de  distance.  Cet 
appareil  est  ensuite  recouvert  d'un  récipient  de  verre, 
afin  de  le  garantir  de  l'action  des  agens  extérieurs. 
Au  bout  de  cinq  jours  la  tige  de  l'embryon  s'est  flé- 
chie et  a  dirigé  la  radicule  vers  la  petite  planche  qui 
l'a* voisinait ,  sans  que  l'aiguille  eût  changé  de  posi- 
tion, malgré  son  extrême  mobilité  sur  le  pivot.  Deux 
jours  après,  la  radicule  était  dirigée  perpendiculai- 


58  ORGANES    DE    LA    VÉGÉTATION. 

rement  vers  la  planche  avec  laquelle  elle  s'était  mise 
en  contact,  sans  que  l'aiguille,  qui  porlait  la  graine, 
eût  éprouvé  le  moindre  dérangement. 

La  radicule  du  gui  présente  encore  une  autre  ten- 
dance constante;  c'est  celle  de  fuir  la  lumière.  Faites 
germer  des  graines  de  gui  sur  la  face  interne  des 
vitres  d'une  croisée  d'appartement,  et  vous  verrez 
toutes  les  radicules  se  diriger  vers  l'intérieur  de  l'ap- 
partement pour  y  chercher  l'obscurité.  Prenez  une 
de  ces  graines  germées,  appliquez-la  sur  la  vitre  en 
dehors  de  l'appartement,  et  sa  radicule  s'appliquera 
contre  la  vitre,  comme  si  elle  tendait  vers  l'intérieur 
de  l'appartemeut  pour  fuir  la  lumière. 

Dans  l'économie  domestique,  beaucoup  de  racines 
sont  utilement  employées  comme  alimens.  Ainsi  les 
carottes ,  les  navets ,  les  panais,  les  salsifis,  et  beaucoup 
d'autres  racines  ,  sont  trop  universellement  usitées 
pour  que  nous  soyons  obligés  d'entrer  dans  des  détails 
à  cet  égard. 

C'estaveclestuberculesd'un  grand  nombre  d'orchis 
convenablement  préparés  que  se  fait  le  salep. 

On  extrait  de  la  betterave,  par  des  procédés  que  la 
chimie  a  singulièrement  perfectionnés,  un  sucre  qui 
peut  avantageusement  remplacer  celui  que  nous  tirons 
à  grands  frais  des  colonies. 

Certaines  plantes,  ayant  la  faculté  de  pousser  des 
racines  qui  se  ramifient  et  s'étendent  à  de  grandes  dis- 
tances, on  s'en  est  servi  pour  ramifier  et  consolider  les 
terrains  mouvans.  C'est  ainsi  qu'en  Hollande,  et  aux 
environsde  Bordeaux, on  plante  le  Carex arenaria sur 


RACINE.  59 

les  dunes  et  les  bords  des  canaux,  afin  de  consolider 
et  fixer  les  terres.  Dans  plusieurs  autres  pays  on  plante, 
pour  remplir  le  même  objet,  V Hippophae  rhamnoïdes 
ou  argousier,  le  genêt  d'Espagne,  etc. 

Plusieurs  racines  sont  employées  avec  avantage 
dans  la  teinture.  Telles  sont  celles  de  garance,  d'orca- 
nette,  de  curcuma,  etc. 

Quant  aux  usages  médicinaux  des  racines,  on  sait 
que  la  thérapeutique  leur  emprunte  des  médicamens 
précieux.  Relativement  aux  principes  qui  y  prédomi- 
nent, les  racines  officinales  ont  été  divisées  en  : 
§  1.  Racines  fades:  principe  muqueux  ou  amylacé. 
Guimauve  officinale  {Althœa  officinalis.  L.  ) 
Grande  Consolide  (  Sjmphjtum  officinale.  L.  ) 
Chiendent  (  Triticum  rcpens.  L.  )  etc. ,  etc. 
§  2.  Racines  douces  et  sucrées. 

Réglisse  (  Gljcjrrhiza  glabra.  L.  ) 
Vo\y\>oàe(Polypodiwncommwie.  L.)  etc.,elc. 
§  3.  Racines  peu  sapides,  ou  légèrement  amères. 
Salsepareille  (Smilax  Salsaparilla.  L.) 
Squine  (  Smilax  China,  L.  ) 
Bardane  (Arclium  Lappa.  L.) 
Patience  (  Rwnex  Palientia.  L.  ) 
§  l\.  Racines  aromatiques  et  odorantes. 

Valériane  (  Valeriana  officinalis.  L.  ) 
Serpentaire  de  Virginie  [Aristolochia  seipen- 

iaria.  L.  ) 
Angélique  {Angelica  Archangelica,.  L.) 
Aunée  (Inula  Hclenium.  L.) 
Benoîte  (  Geum  itrbanuni.  L.  ) 


60  ORGA.NES    DE    LA.    VÉGÉTATION. 

Raifort  (  Cochlearia  armoracia.  L.  ) 
Ginseng  (  Patiax  quinquefoliwn.  Lamk.  ) 

§  5.  Racines  amères. 

Grande  Gentiane  (Gentiana  lutea.  L.) 
Rhubarbe  (  Rheum  palmatum  et  R.  undula- 

twn.  L.  ) 
Columbo  (  Cocculus  palmalus.  DC.  ) 
Polygala  amer  {Polygala  amara.  L.  ) 
Chicorée  sauvage  (Cichoriwn  lntybus.  L.) 

§  6.  Racines  acerbes. 

Bistorte  (  Polygonum  Bistorta.  L.  ) 
ïormentille  (  Tormentilla  erecta.  L.  ) 

§  7.  Racines  acres  et  nauséabondes. 

Ipécacuanha  annelé  (1)  (  Cephaelis  Ipeca- 

cuanha.  Rich.  ) 
Ipécacuanha  simple  ou  strié  {Psycho tria  eme- 

tica.  L.  ) 
Cabaret  [Asarum  europœum.  L.  ) 
Hellébore  noir  (  Helleborus  niger.  ) 
Hellébore  blanc  (yVeratrum  album.  ) 
r     Jalap  {Convolvulus  Jalappa.  £.  ),  etc.,  etc. 


(1)  Voyez  mon  Mémoiresur  les  deux  espèces  à? ipécacuanha  tirées 
de  la  famille  des  Rubiacées,  inséré  daus  les  bulletins  de  la  Société 
la  Faculté  pour  l'année  1818  ,  et  mon  Histoire  naturelle  et  médi- 
cale des  différentes  espèces  d'ipécacuanha  du  commerce.  Paris  , 
i8ao.  Un  vol.  in-4°,  fig-  Chez  Béchet  jeune. 


TIGE.  6l 


CHAPITRE    IL 

DE    LA  TIGE    {Caulis,  L.  ). 

Nous  venons  de  voir  la  racine  tendre  généralement 
à  s'enfoncer  vers  le  centre  de  la  terre.  La  lige,  au 
contraire,  est  cette  partie  de  la  plante  qui,  croissant 
en  sens  inverse  de  la  racine,  cherche  l'air  et  la  lu- 
mière, et  sert  de  support  aux  feuilles,  aux  fleurs  et 
aux  fruits,  lorsque  la  plante  en  est  pourvue. 

Tous  les  végétaux  Phanérogames  ont  une  tige  pro- 
prement dite.  Mais  quelquefois  cette  tige  est  si  peu 
développée,  elle  est  tellement  courte,  qu'elle  paraît 
ne  pas  exister.  Les  plantes  qui  offrent  cette  disposition 
ont  été  dites  sans  tige  ou  Acaules;  telles  sont  la  prime- 
vère, la  jacinthe,  et  beaucoup  d'autres. 

Ne  confondons  pas  avec  la  véritable  tige  la  Hampe 
et  le  Pédoncule  radical.  La  Hampe  (Scapus)  est  un  pé- 
doncule floral  nu,  c'est-à-dire  ne  portant  pas  de  feuilles, 
qui  part  du  collet  de  la  racine,  et  qui  se  termine  par 
une  ou  plusieurs  fleurs,  comme  dans  la  jacinthe. 

Le  Pédoncule  radical  [Pedunculus  radicalis)  diffère 
de  la  Hampe  en  ce  qu'au  lieu  de  naître  du  centre  d'un 
assemblage  de  feuilles  radicales ,  il  sort  de  l'aisselle 
d'une  de  ces  feuilles;  par  exemple,  dans  le  plantain 
(  Plantago  média,  P.  lanceolata,  etc.  ) 

On  distingue  cinq  espèces  de  tiges  principales,  fon- 
dées sur  leur  organisation  et  leur  mode  particulier  de 


ÔS  ORGANES    DE    LA.    VÉGÉTATION. 

développement.  Ces  espèces  sont  :  i°  le  Tronc,  o.°  le 
Stipe,  3°  le  Chaume,  l\°  la  Souche,  5°  la  Tige  propre- 
ment dite. 

i°  On  appelle  Tronc  (Truncus),  la  tige  des  arbres 
de  nos  forêts,  du  chêne,  du  sapin,  du  frêne,  etc.  Il  a 
pour  caractères  d'être  conique,  allongé,  c'est-à-dire 
d'offrir  sa  plus  grande  épaisseur  à  sa  base.  Il  est  nu 
inférieurement,  terminé  à  son  sommet  par  des  divi- 
sions successivement  plus  petites  ,  auxquelles  on  a 
donné  le  nom  de  branches,  de  rameaux  et  de  ramilles 
ou  ramuscules,  et  qui  portent  ordinairement  les  feuilles 
et  les  organes  de  la  reproduction.  Le  tronc  est  propre 
aux  arbres  dicotylédones  ;  composé  intérieurement  de 
couches  concentriques  superposées,  il  croît  en  lon- 
gueur et  en  épaisseur,  par  l'addition  de  nouvelles 
couclies  à  sa  circonférence. 

i°  Le  Slipe  (Stfpes)  est  une  sorte  de  tige  qu'on 
n'observe  que  dans  les  arbres  monocotylédonés,  tels 
que  les  Palmiers,  les  Dracœna,  les  Yucca,  et  dans 
certains  Dicotylédons,  savoir,  le  Cycas  et  le  Zamia.  Il 
est  formé  par  une  espèce  de  colonne  (i)  cylindrique, 
c'est-à-dire  aussi  grosse  à  son  sommet  qu'à  sa  base 
(ce  qui  est  le  contraire  dans  le  tronc),  souvent  même 
plus  renflée  à  sa  partie  moyenne  qu'à  ses  deux  extré- 
mités ,  rarement  ramifiée ,  couronnée  à  son  sommet 
par  un  bouquet  de  feuilles  entremêlées  de  fleurs.  Son 
écorce,  lorsqu'il  en  a  une,  est  ordinairement  peu  dis- 


(i)  On  le  désigne  souvent  par   le  nom  de  tronc  ou  tige  à  co- 
lonne. 


TIGE.  63 

tincte  du  reste  de  la  tige  Son  accroissement  en  hau- 
teur se  fait  par  le  développement  du  bouton  qui  le 
termine  supérieurement;  il  s'accroît  en  épaisseur  par 
la  multiplication  des  filets  de  sa  circonférence. 

Nous  ferons  voir  bientôt,  en  traitant  de  la  struc- 
ture anatomique  des  tiges,  que  le  stipe  ne  diffère  pas 
moins  du  tronc  par  son  organisation  intérieure  que 
par  les  caractères  physiques  que  nous  venons  d'in- 
diquer. 

3°  Le  Chaume  [Culmus)  est  propre  aux  Grami- 
nées, c'est-à-dire  au  blé,  à  l'orge,  à  l'avoine,  etc., 
aux  Cypéracées  et  aux  Joncs,  etc.  C'est  une  tige 
simple,  rarement  ramifiée,  le  plus  souvent  fistu- 
leuse  (i)  (c'est-à-dire  creuse  dans  son  intérieur)  et 
séparée  de  distance  en  distance  par  des  espèces  de 
nœuds  ou  cloisons  desquels  partent  des  feuilles  al- 
ternes et  engainantes. 

4°  La  Souche  ou  Rhizoma  (a).  On  a  donné  ce  nom 
aux  tiges  souterraines  des  plantes  vivaces ,  cachées 
entièrement  ou  en  partie  sous  la  terre,  poussant  de 
leur  extrémité  antérieure  de  nouvelles  tiges,  à  me- 
sure que  leur  extrémité  postérieure  se  détruit.  C'est 
à  cette  tige  souterraine  que  l'on  donne,  en  général» 
le  nom  impropre  de  racine  progressive ,  de  racine 
succise.  Exemple  :   l'iris,    la   scabieuse   succise,  le 


(i)  Quelquefois  cependant  elle  est  pleine  intérieurement,  comme 
dans  la  canne  à  sucre,  le  maïs. 

(a)  Rhizoma,    dérivé  de  P«|«  racine,  et  de  Y.u(<m  corps. 


D.  H.  HILL  LIBRARY 
North  Caroline  State  Collège 


64  ORGANES    DE    LA    VÉGÉTATION. 

sceau  de  Salomon(i).  Outre  sa  direction  à  peu  près 
horizontale  sous  la  terre,  un  des  caractères  princi- 
paux de  la  souche ,  caractère  qui  la  distingue  de  la 
racine,  c'est  d'offrir  toujours,  sur  quelques  points  de 
son  étendue,  les  traces  des  feuilles  des  années  pré- 
cédentes, ou  des  écailles  qui  en  tiennent  lieu.  (Voy. 
pi.  2,  fig.  7.) 

5°  Enfin  l'on  donne  le  nom  commun  et  général 
de  Tiges  à  celles  qui,  différentes  des  quatre  espèces 
précédentes,  ne  peuvent  être  rapportées  à  aucune 
d'elles. 

Le  nombre  des  végétaux  pourvus  d'une  tige  pro- 
prement dite  est  beaucoup  plus  considérable  que 
celui  de  végétaux  qui  ont  un  stipe ,  un  chaume  ou 
un  tronc. 

Nous  allons  maintenant  étudier  la  tige  en  général, 
quant  aux  modifications  qu'elle  peut  offrir. 

A.  Sous  le  rapport  de  la  consistance,  on  distingue 
la  tige  : 

i°  Herbacée  (herbaceus),  celle  qui  est  tendre, 
verte,  et  périt  chaque  année.  Telles  sont  celles  des 
plantes  annuelles,  bisannuelles  et  vivaces,  le  mouron 


(1)  Le  nombre  des  plantes  pourvues  de  souche  ou  tige  souter- 
raine est  beaucoup  plus  considérable  qu'on  ne  l'imagine  communé- 
ment. Un  grand  nombre  de  plantes  dites  sans  tige  ou  acaules ,  et 
des  plantes  vivaces  ,  sont  pourvues  d'une  souche  plus  ou  moins 
développée.  C'est  ce  que  l'on  observe  ,  par  exemple,  dans  la  sylvie 
(Anémone  nemorosa)  ,  la  moschatelline  (  Adoxa  moschatellina)  ,  le 
Paris  quadrifojia ,  etc.  La  partie  de  ces  plantes,  qui  a  été  décrite 
comme  une  racine  tubéreuse  ,  est  une  véritable  souche. 


TIGK.  65 

des  champs,  la  bourrache,  la  consolide,  etc.  Toutes 
ces  plantes  prennent  le  nom  général  d'Herbes  (herbœ). 

i°  Demi-ligneuse  ou  sous-ligneuse  {suffruticosus), 
quand  la  base  est  dure  et  persiste  hprs  de  terre  un 
grand  nombre  d'années,  tandis  que  les  rameaux  et 
les  extrémités  des  branches  périssent  et  se  renou- 
vellent tous  les  ans.  Tels  sont,  la  rue  odorante?(/fota! 
graveolens),  le  thym  des  jardins  {Thymus  vulgaris), 
la  sauge  officinale  {Salvia  qfficinalis).  Les  végétaux 
qui  offrent  une  semblable  tige  portent  le  nom  de 
Sous-arbrisseaux \sujjrutices).  Ils  sont  dépourvus  de 
bourgeons  écailleux. 

3°  Ligneuse  [lignosus],  quand  la  tige  est  persis- 
tante, et  que  sa  dureté  est  semblable  à  celle  que  Ton 
connaît  au  bois  en  général.  Les  végétaux  à  tige  li- 
gneuse se  divisent  en  : 

Arbustes  ^frutices)  quand  ils  se  ramifient  dès  leur 
base  et  ne  portent  pas  de  bourgeons;  par  exemple  , 
les  Bruyères. 

Arbrisseaux  {arbusculœ)^  s'ils  sont  ramifiés  à  leur 
base  et  portent  des  bourgeons,  comme  le  noisetier, 
le  lilas,  etc. 

Enfin  ils  retiennent  le  nom  iï  Arbres,  proprement 
dits,  lorsqu'ils  présentent  un  tronc  d'abord  simple  et 
nu  dans  sa  partie  inférieure,  ramifié  seulement  vers 
sa  partie  supérieure;  le  chêne,  l'orme,  le  pin,  etc. 

Cette  division  est  tout-à-fait  arbitraire,  et  n'existe 
point  dans  la  nature.  En  effet,  un  arbre  de  la  même 
espèce  peut  offrir  ces  trois  modifications,  suivant  les 
expositions  auxquelles  il  est  soumis,  ou  par  l'art  du 

5 


66  ORGANES    DE    LA    VÉGÉTATION. 

cultivateur.  Ainsi  l'ormille,  le  petit  buis,  dont  on  fait 
des  bordures  de  plate-bandes  dans  nos  jardins,  en 
ayant  soin  de  les  tailler  fréquemment,  sont  absolu- 
ment la  même  espèce  que  l'orme  et  le  buis  ordinaires, 
dont  les  tiges,  surtout  celle  du  premier,  s'élèvent 
ordinairement  à  une  grande  hauteur,  lorsque  ces  vé- 
gétaux sont  abandonnés  à  eux-mêmes. 

4°  Solide  ou  pleine  (solidus),  quand  elle  n'offre 
aucune  cavité  intérieure.  Par  exemple,  la  canne  à 
sucre,  le  tronc  de  la  plupart  des  arbres.  Cette  épi- 
thète  s'emploie  toujours  par  opposition  à  la  suivante. 

5°  Fistuleuse(Jistulosus) ,  offrant  une  cavité  inté- 
rieure, continue  ou  séparée  par  des  cloisons  hori- 
zontales :  XArundo  donax,  l'angélique,  XOEnanthe 
fislulosa,  le  bambou,  le  Cecropia  pellata ,  grand 
arbre  de  l'Amérique  méridionale,  dont  le  tronc  tou- 
jours creux  est  pour  cette  raison  nommé  bois-canoti 
par  les  habitans. 

6°  Médulleuse  (medullosus) ,  remplie  de  moelle  : 
l'hyèble,  le  sureau,  le  figuier. 

7°  Spongieuse  (spongiosus) ,  formée  intérieure- 
ment d'un  tissu  élastique,  spongieux,  compressible, 
retenant  l'humidité  h  la  manière  des  éponges.  Ex.  : 
Tjpha  latijblia ,  Scirpus  lacustris,  etc. 

8°  Molle  {inollis ,  flaccidus),  quand  elle  ne  peut  se 
soutenir  d'elle-même  et  qu'elle  tombe  sur  la  terre:  par 
exemple,  le  mouron  des  champs  [Anagallis  aivensis). 

9°  Ferme  ou  roide  (rigidus),  lorsqu'elle  s'élève 
directement ,  se  soutient  droite,  et  résiste  à  la  flexion  : 
exemple,  la  bistorte  (Poljgonum  bistorla). 


TIGE.  67 

io°  Flexible  (flexibilis) ,  quand  on  peut  la  plier 
ou  la  fléchir  aisément  sans  qu'elle  se  rompe  :  l'osier. 

ii°  Cassante  (fragiles') ,  quand  elle  est  roide,  et 
se  casse  aisément  :  celle  de  l'herbe  à  Robert  (Géra- 
nium Robertianum);  les  différentes  espèces  de  cha- 
ragnes,  etc. 

12°  Charnue  (succulentus),  celle  qui  renferme 
une  grande  quantité  de  suc  ou  de  substance  aqueuse: 
par  exemple,  la  borrrache,  le  pourpier. 

Les  tiges  charnues  peuvent  être  laiteuses,  c'est-à- 
dire  renfermer  un  suc  blanchâtre  et  lacîiforme  ou 
jaunâtre,  comme  les  euphorbes,  la  grande  éclaire 
(Chelidonium  ma/us),  le  pavot,  etc. 

B.  Quant  à  sa  forme,  la  tige  peut  offrir  un  grand 
nombre  de  modifications;  ainsi  on  l'appelle: 

i°  Cylindrique  (1)  (cjlindricus) ,  quand  sa  forme 
générale  approche  de  celle  d'un  cylindre,  c'est-à-dire 
que  sa  section  transversale  offre  un  cercle  dont  les 
différens  diamètres  sont  à  peu  près  égaux.  Cette 
forme  se  trouve  dans  le  tronc  de  la  plupart  des 
arbres  de  nos  forêts ,  et  dans  certaines  plantes  her- 
bacées, comme  la  stramoine  (Datura  stramonium) , 
le  lin,  etc. 

20  Effilée  (virgatus),  ou  en  baguette,  celle  qui 
est  grêle,  longue,  droite,  et  s'allonge  considérable- 


(1)  Remarquons  ici  que  dans  le  règne  organique  les  formes 
géométriques  ne  sont  jamais  aussi  régulières,  aussi  rigoureusement 
déterminées  que  dans  les  minéraux.  Ainsi, quand  on  dit  d'une  tige 
qu'elle  est  cylindrique  ,  on  exprime  seulement  par  ce  mot  que  c'est 
du  cylindre  que  sa  forme  se  rapproche  davantage. 


68  ORGANES    DE    LA    VÉGÉTATION. 

ment  en  diminuant  de  la  base  vers  le  sommet.  Telle 
est  eelle  de  la  guimauve  {Althœa  offîci'naîis)  de  la 
gaude  (Reseda  luteolà),  de  la  salicaire  {Lythrum  sa- 
licaria). 

3°  Comprimée  (compressus) ,  lorsqu'elle  est  légè- 
rement aplatie  sur  deux  côtés  opposés  (le  Poa  com- 
pressa). 

4  °Ancipitêe  (anceps),  quand  la  compression  est 
portée  jusqu'au  point  de  former  deux  tranchans  sem- 
blables à  ceux  d'un  glaive. 

5°  Angulèe  (angulatus),  lorsqu'elle  est  marquée 
d'angles  ou  de  lignes  saillantes  longitudinales,  dont 
le  nombre  est  déterminé. 

Selon  que  ces  angles  sont  aigus  ou  obtus,  on  la  dit: 
Acutangulèe , 
Obtusangulèe. 
Suivant  le  nombre  des  angles  \  et  par  conséquent 
des  faces  distinctes  qu'elle  présente ,  on  la  nomme  : 
Triangulaire ,  tri gone  ou  triquelre  [triangularis , 
trigofiusy  triqueter),  quand  elle  offre  trois  angles. 
Tels   sont  beaucoup   de  Carex,   le  Scirpus  sjlva- 
ticus,  etc. 

Quadrangulaire,  tètragone  (quadrangidaris,  tetra- 
gonus),  quand  elle  a  quatre  angles  et  quatre  faces. 
Si  les  angles  sont  égaux  ainsi  que  les  faces,  elle  est 
carrée;  telles  sont  la  plupart  des  Labiées,  comme  la 
menthe,  la  sauge,  le  marrube,etc. 

Pentagone  (pentagonus),  lorsqu'elle  présente  cinq 

faces. 

Hexagone  (hexagonus),  quand  elle  en  offre  six. 


TIGE.  '      69 

6°  On  dit  de  la  tige  qu'elle  est  anguleuse  (  angu- 
losus),  lorsque  le  nombre  des  angles  est  très-consi- 
dérable, ou  que  l'on  ne  veut  pas  le  déterminer  avec: 
précision. 

70  Noueuse  (nodosus),  offrant  des  nœuds  ou  ren- 
flemens  de  distance  en  distance;  les  Graminées,  le 
Géranium  Robertianum. 

8°  Articulée  (articulât us),  formée  d'articulations 
superposées  et  réunies  bout  à  bout  :  le  gui,  beau- 
coup de  Graminées ,  de  Caryophyllées  ^  etc. 

90  Géniculée  (geniculatus);  quand  les  articulations 
sont  fléchies  angulairement  :  exemple,  X Alsine  mé- 
dia, le  Géranium  sanguineum. 

io°  Sarmenteuse  [sarmentosus),  une  tige  fruti- 
queuse  trop  faible  pour  pouvoir  se  soutenir  elle- 
même  ,  et  s'élevant  sur  les  corps  voisins ,  soit  au 
moyen  d'appendices  particuliers,  nommés  vrilles, 
soit  par  sa  simple  torsion  autour  de  ces  corps:  par 
exemple ,  la  vigne ,   le  chèvrefeuille. 

ii°  Grimpante  (scandens ,  radicans),  celle  qui 
s'élève  sur  les  corps  environnans  et  s'y  attache  au 
moyen  de  racines ,  comme  le  lierre  {Hedera  hélix), 
le  Bignonia  radicans,  etc. 

ii°  Volubile  {volubilis),  la  tige  qui  s'entortille  en 
forme  de  spirale  autour  des  corps  voisins.  Une  chose 
bien  digne  de  remarque,  c'est  que  les  mêmes  plantes 
ne  commencent  point  leur  spirale  indistinctement  à 
droite  ou  à  gauche.  Elles  se  dirigent  constamment 
du  même  côté  dans  une  même  espèce.  Ainsi ,  quand 
la  spirale  a  lieu  de  droite  à  gauche,  la  tige  est  dite 


70  ORGANES    DE    LA    VÉGÉTATION. 

dextrorsum  volubilis ■,  comme  clans  le  haricot,  le  do- 
lichos ,  le  lizeron.  On  dit  au  contraire  qu'elle  est 
sinistrorsîim  volubilis,  quand  elle  commence  sa  spi- 
rale de  gauche  à  droite  :  par  exemple ,  le  houblon  , 
le  chèvrefeuille. 

i3°  Grêle  (gracilis),  quand  elle  est  très -longue 
en  comparaison  de  sa  grosseur  :  par  exemple ,  le 
Stellaria  holostea ,  YOrchis  conopseay  etc. 

i4°  Filiforme  (Jiliformis) ,  quand  elle  est  fort 
grêle  et  couchée  à  terre,  comme  dans  la  canneberge 
(  Vaccinium  oxjcoccos  ). 

C.  D'après  sa  composition,  on  distingue  la  tige  en: 

i°  Simple  (simplex),  lorsqu'elle  est  sans  ramifica- 
tions marquées  :  exemple,  le  bouillon  blanc  [Verbas- 
cum  thapsus  ) ,  la  digitale  pourprée  (  Digitalis  pur- 
purea  ). 

20  Rameuse  (ramosus)  divisée  en  branches  et  en 
rameaux.  La  tige  peut  être  rameuse  dès  sa  base  (basi 
ramosus),  comme  l'ajonc  ou  landier  (Ulex  europœus), 
ou  seulement  vers  son  sommet  (apice  ramosus). 

'6°  Dichotome  {dichotomus} ,  lorsqu'elle  se  divise 
par  bifurcations  successives  ;  telle  est  celle  de  la 
mâche  [Falerianella  locusta),  de  la  stramoine  (Da- 
tura  stramoniuni). 

4°  Trichotome  ytrichotomus) ,  se  divisant  par  tri- 
furcations,  comme  dans  la  belle -de -nuit  (JYyctago 
hortensis). 

Quant  à  la  disposition  des  rameaux,  relativement 
à  la  tige,  comme  leurs  diverses  modifications  sont 
parfaitement  analogues  à  celles  que  nous  observerons 


TIGE.  71 

dans  les  feuilles,  nous  croyons  inutile  d'en  parler  ici, 
ce  que  nous  dirons  bientôt  de  la  position  des  feuilles 
sur  la  tige  pouvant  s'appliquer  également  a  celle  des 
branches  et  des  rameaux. 

D.  Suivant  sa  direction ,  on  dit  que  la  tige  est  : 

i°  Verticale  ou  dressée  (1)  {verticalis ,  erectus) , 
quand  elle  est  dans  une  direction  verticale  relative- 
ment à  l'horizon;  par  exemple,  celle  de  la  raiponce 
{Campanula  rapunculus),  de  la  linaire  {Anlirrhinum 
linaria). 

i°  Couchée  {prostratus ,  procwnbens  {1)  humifu- 
sus)  (3);  lorsqu'elle  ne  s'élève  point,  mais  se  couche 
sur  la  terre  sans  s'y  enraciner;  par  exemple,  la 
mauve  {Malva  rolundifolia),  le  serpolet  (  Thymus 
serpyllum,  etc.). 

3°  Rampante  {repens),  quand  elle  est  couchée 
sur  la  terre  et  qu'elle  s'y  enracine  par  tous  les  points 
de  son  étendue;  ex.  :  la  nummulaire  ( Lysimachia 
nummularia). 

[\°  Traçante  oxxstolonifere  {replans  s.  stohniferus), 
poussant  du  pied  principal  de  petites  tiges  latérales 
grêles ,  nommées stolems ,  susceptibles  de  s'enraciner 

(1)  Il  ne  faut  pas  confondre  la  tige  droite  (  redits  )  avec  la  tige 
dressée  (  erectus  ).  La  première  s'élève  directement  sans  former  au- 
cune courbure,  aucune  déviation  latérale ,  comme  dans  le  bouillon 
blanc  ,  par  exemple  :  la  seconde,  au  contraire,  n'exprime  que  l'op- 
position à  tige  coucbée  (  prostratus  ).  Une  tige  dressée  peut  donc  ne 
point  être  droite  ;  de  même  une  tige  droite  n'est  pas  nécessaire- 
ment dressée. 

(2)  Prostratus ,  couchée  d'un  seul  côté. 

(3)  Humifusus ,  étalée  en  tous  sens. 


72  ORGANES    DE    LA    VEGETATION. 

et  de  reproduire  de  nouveaux  pieds  ;  par  exemple , 
le  fraisier  (  Fragaria  vesca). 

5°  Oblique  (obliquus),  s'élevant  obliquement  à 
l'horizon. 

6°  ascendante  (ascendèns),  formant  à  sa  base  une 
courbe  dont  la  convexité  regarde  à  terre ,  et  redressée 
dans  sa  partie  supérieure;  par  exemple,  le  trèfle  des 
prés  (Trifolium pratense) ,  la  véronique  en  épi  {Ve- 
ronica  spicata). 

7°  Réclinée  (reclinatus) ,  dressée  ,  mais  réfléchie 
brusquement  à  son  sommet,  comme,  par  exemple, 
quelques  espèces  de  groseillers. 

8°  Tortueuse  (  lortuosus),  formant  plusieurs 
courbures  en  différens  sens ,  le  Bunias  cakile,  par 
exemple. 

9°  Spiralèe  (spiralis),  formant  des  courbures  en 
forme  de  spirale  :  par  exemple,  la  plupart  des  Costus. 

E.  D'après  sa  vestiture  et  ses  appendices,  la  tige  est  : 

i  °  Feuillèe  (foliatus),  portant  les  feuilles  ;  telles 
sont  en  général  la  plupart  des  tiges. 

On  dit,  dans  un  autre  sens,  d'une  tige,  qu'elle  est 
feuillue  (caulis  foliosus),  quand  elle  est  couverte 
d'un  nombre  très-considérable  de  feuilles. 

i°  Aphylleou  sans  feuilles  {aphyllus),  dépourvue 
de  feuilles  (la  cuscute). 

3°  Êcailleuse  (squamosus),  portant  des  feuilles 
en  forme  d'écaillés;  telles  sont  les  orobanches. 

4  °  Mïfèe  (alatus),  garnie  longitudinalement  d'ap- 
pendices membraneux  ou  foliacés  ,  venant  le  plus 
souvent  des  feuilles  ,  comme  dans  ia  grande  consolide 


TIGE.  73 

(Symphytum  officinale} ,  le  bouillon  blanc  (Verbas- 
cum  Thapsus). 

F.  En  considérant  la  superficie  de  la  tige,  celle-ci  est  : 

1  °  Unie  (lœvis) ,  dont  la  surface  n'a  aucune  sorte 
d'aspérités  ni  d'éminences  (Tanins  communis). 

i°  Glabre  (glaber),  dépourvue  de  poils;  la  per- 
venche (Vinca  major). 

3°  Lisse  (lœvigatus) ,  glabre  et  unie. 

4°  Pulvérulente  (pulverulentus) ,  couverte  d'une 
sorte  de  poussière  produite  par  le  végétal  (Primida 
Jarinosa). 

5°  Glauque  (glaucus),  quand  cette  poussière 
forme  une  couche  excessivement  mince  ,  qu'on  en- 
lève facilement,  et  qui  est  de  couleur  vert  de  mer  (1); 
ex.  :  le  Cucubalus  behen ,  la  Chlora  perfoliala,  etc. 

6°  Ponctuée  (punctatus),  offrant  des  points  plus  ou 
moins  saillans  et  nombreux,  comme  dans  la  rue  (Ruta 
graveolens).  Ces  points  sont  ordinairement  de  petites 
glandes  vésiculeuses,  remplies  d'huile  essentielle. 

70  Maculée  (maculatus) ,  marquée  de  taches  de 
couleur  variée;  par  ex.,  le  gouet  (A rum  maculatum), 
la  grande  ciguë  (Conium  maculatum),  YOrchis  macu- 
lata,  etc. 

8°  Rude  (scaber,  asper),  dont  la  surface  offre  au 
doigt  une  aspérité  insensible  à  la  vue,  et  qui  paraît 
due  à  de  très-petits  poils,  rudes  et  extrêmement 
courts,  comme  dans  l'herbe  aux  perles  (Lithosper- 
mum  aivense). 

(1)  C'est  cette  poussière  que  l'on  désigne  vulgairement  sous  le 
nom  de  fleur  dans  certains  fruits  ,  les  primes  ,  le  raisin,  etc. 


74  ORGANES    DE    LA    VÉGÉTATION. 

90 Verruqueuse  [yerrucosus] ,  offrant  de  petites  ex- 
croissances calleuses  (appelées  gales  ou  verrues)  ;  telle 
est  la  tige  du  fusain  galeux  {Evonymus  verrucosus). 

io°  Subéreuse  (suberosus),  celle  dont  l'écorce  est 
de  la  nature  du  liège ,  comme  le  liège  proprement 
dit  (  Quercus  suber). 

1 1°  Crevassée  ou  fendillée  (rimosus),  offrant  des 
fentes  inégales  et  profondes,  comme  l'orme,  le  chêne, 
et  un  grand  nombre  d'autres  arbres. 

12°  Striée  (striatus),  offrant  de  petites  lignes  lon- 
gitudinales saillantes ,  nommées  stries ,  comme  l'oseille 
(Rumex  acelosa). 

1 3°  Sillonnée \sulcatus) ,  présentant  des  sillons  lon- 
gitudinaux, plus  ou  moins  profonds  :  la  ciguë,  le  panais. 

G.  La  Pubescence  de  la  tige  lui  a  fait  imposer  les 
dénominations  suivantes  : 

i°  Pubescenle  (pubens)  (i),  garnie  de  poils  mous, 
très-fins  et  rapprochés ,  mais  distincts  ;  par  exemple  :  la 
digitale  pourprée  (  Digitalis purpurea),  la  saxifrage 
grenue  (  Saxifraga  granulata  ) . 

2°  Poilue  (pilosus),  couverte  de  poils  longs,  mous 

(i)  C'est  à  tort  que  l'on  se  sert  du  mot  de  pubescens  pour  signifier 
une  partie  couverte  de  poils.  Les  Latins  ,  que  nous  devons  imiter 
servilement  quand  nous  employons  leur  langue,  se  servaient  du 
verbe  pubescere ,  en  parlant  des  végétaux  ,  pour  exprimer  leur  ac- 
croissement. C'est  ainsi  que  Pline  dit  :  Jam  pubescit  arbor,  déjà 
l'arbre  commence  à  croître.  Tandis  qu'il  dit  dans  un  autre  lieu  : 
Folia  quercus  pubentia ,  pour  exprimer  la  pubescence  des  feuilles 
du  cbêne.  Il  me  semble ,  d'après  cela ,  que  nous  n'avons  rien  de 
mieux  à  faire  dans  ce  cas  qu'à  copier  les  Latins  ;  car ,  à  coup  sûr, 
ils  devaient  mieux  connaître  que  nous  la  valeur  et  la  propriété  des 
mots  de  leur  langue. 


TIGE.  ^5 

et  peu  nombreux;  exemple  :  l'aigremoine  [Agrimonia 
eupatorium) ,  la  renoncule  acre  {Ranunculus  acris). 

3°  Prelue  (  villosus  )  ,  quand  les  poils  sont  mous  , 
longs,  très-rapprochés. 

4°  Laineuse  (lanatus),  couverte  de  poils  longs, 
un  peu  crépus  et  rudes,  semblables  à  de  la  laine;  par 
ex.  :  la  Ballota  lanata. 

5°  Cotonneuse,  quand  les  poils  sont  blancs,  longs 
et  doux  au  toucher  comme  du  coton  ;  ex  :  le  Stachys 
germanica ,  ÏHieracium  eriophorum. 

6°  Soyeuse  (sericeus),  quand  les  poils  sont  longs, 
doux  au  toucher,  luisans  et  non  entremêlés,  comme 
sont  des  fils  de  soie  (  Protea  argentea  ). 

70  Tomenteuse  (  tomentosus),  quand  les  poils  sont 
courts,  entremêlés,  et  semblent  être  tissus  comme  un 
drap;  exemple  :  le  bouillon  blanc. 

8°  Ciliée  (ciliatus),  quand  les  poils  sont  disposés 
par  rangées  ou  lignes  plus  ou  moins  régulières;  ex.: 
la  Veronica  chamœdrys. 

90  Hispide  (hispidus),  garnie  de  poils  longs,  roides 
et  à  base  tuberculée;  comme  le  Galeopsis  letrahit,  le 
Sinapis  arvensis. 

H.  L'Armure,  dont  la  tige  est  quelquefois  revêtue, 
l'a  fait  nommer  : 

i°  Epineuse(spinosus),  armée  d'épines [\).Genista 
anglica,  Gleditsia  ferox,  etc. 

i°  Aiguillonneuse  (aculeatus),  offrant  des  aiguillons 
(les  Rosiers). 

(1)  Voyez  plus  loin  la  description  des  épines  et  des  aiguillons. 


76  ORGANES    DE    LA     VÉGÉTATION. 

3°  Inerme  (  inermis),  se  dit  par  opposition  aux  deux 
expressions  précédentes  ;  c'est-à-dire  sans  épines  ni 


aiguillons. 

Structure  anatomique  des  tiges. 

En  parlant  précédemment  de  la  distinction  du  tronc 
et  du  stipe,  nous  avons  dit  que  ces  deux  espèces  de 
tiges,  dont  l'une  appartient  à  la  grande  classe  des 
Dicotjlédons,  et  l'autre  aux  Mono  cotylédons ,  diffé- 
raient autant  par  leur  structure  intérieure,  et  la  dis- 
position respective  des  parties  élémentaires  qui  les 
composent,  que  par  leurs  caractères  extérieurs.  C'est, 
comme  nous  l'exposerons  bientôt,  à  M.  Desfontaines 
que  la  science  doit  cette  importante  découverte.  Ce 
savant  botaniste  est  le  premier  qui  ait  fait  connaître 
avec  exactitude  et  précision  l'organisation  intérieure 
ou  structure  anatomique  de  la  tige  des  végétaux  ,  et 
principalement  des  Monocotylédons.  Aussi  les  notions 
que  nous  allons  exposer  sur  ce  sujet  sont-elles  dues 
en  grande  partie  à  ce  célèbre  naturaliste.  Mais  il  con- 
vient d'examiner  séparément  l'organisation  des  tiges 
des  Dicotylédons  ,  et  ensuite  celle  des  Monocoly- 
lédons. 

SECTION    PREMIÈRE. 
ORGANISATION  DE   LA  TIGE  DES  DICOTYLÉDONS. 

Le  tronc  des  arbres  dicotylédones  est  formé  de 
couches  concentriques  superposées ,  de  sorte  qu'il 
représente  en  quelque  manière  une  suite  d'étuis  em- 


TIGE.  77 

boites  les  uns  dans  les  autres,  et  augmentant  d'étendue 
du  centre  à  la  circonférence.  Coupé  transversalement, 
il  offre  à  considérer  les  objets  suivans  :  i°  au  centre, 
le  Canal  médullaire,  formé  de  Y  Etui  médullaire,  qui 
constitue  les  parois  de  ce  canal ,  et  de  la  Moelle ,  qui 
en  occupe  la  cavité;  i°  tout-à-fait  à  sa  circonférence, 
on  voit  YÉcorce,  qui  se  compose  de  Y  Épidémie ,  ou 
de  cette  pellicule  extérieure  recouvrant  toutes  les 
parties  du  végétal  ;  de  V Enveloppe  herbacée ,  des 
Couches  corticales  et  du  Liber;  3°  enfin,  entre  l'étui 
médullaire  et  l'écorce ,  se  trouvent  les  Couches  li- 
gneuses, formées  extérieurement  par  Y aubier  ou  faux 
bois,  intérieurement  par  le  Bois  proprement  dit.  Nous 
allons  étudier  successivement  ces  différentes  parties. 

§  i.  De  V Epidémie. 

UEpiderme  {Epidermis ,  cuticuld)  est  une  lame 
mince,  presque  diaphane,  formé  d'un  tissu  uniforme, 
qui  paraît  composé  d'un  grand  nombre  de  cellules 
d'une  forme  excessivement  variable ,  et  qui  présente 
un  grand  nombre  de  petites  ouvertures  ou  pores,  que 
quelques  auteurs  regardent  comme  des  espèces  de 
bouches  aspirantes.  Il  enveloppe  toutes  les  parties  du 
végétal;  mais  il  est  surtout  apparent  sur  les  jeunes 
tiges,  dont  on  peut  facilement  l'isoler  avec  quelque 
précaution.  Comme  il  ne  jouit  que  d'un  certain  degré 
d'extensibilité  au  delà  duquel  il  ne  peut  plus  s'étendre, 
il  se  déchire  et  se  fendille  quand  le  tronc  a  acquis 
un  certain  volume,  ainsi  qu'on  l'observe  dans  le  chêne, 


78  ORGANES    DF    LA    VÉGÉTATION. 

l'orme  ;  d'autres  fois  il  se  détache  par  lambeaux  ou  par 
plaques,  comme  dans  le  bouleau,  le  platane.  Lors- 
qu'on l'enlève  sur  une  jeune  tige,  il  se  régénère  avec 
assez  de  facilité.  C'est  la  partie  du  végétal  qui  résiste 
le  plus  long-temps  à  la  décomposition  ;  la  putréfaction 
n'exerce  sur  lui  aucune  action  sensible.  La  couleur 
qu'il  présente  n'est  point  inhérente  à  sa  nature;  elle 
est  due  à  la  coloration  particulière  du  tissu  sur  lequel 
il  est  appliqué. 

La  nature  et  l'origine  de  l'épiderme  sont  deux 
points  assez  obscurs  de  l'anatomie  végétale.  Quelques 
auteurs  disent  que  l'épiderme  n'est  pas  une  membrane 
distincte  du  reste  du  tissu  végétal.  Ils  le  considèrent 
comme  formé  par  la  paroi  externe  des  cellules  sous- 
jacentes,  qui  appartiennent  à  l'enveloppe  herbacée, 
laquelle  paroi  a  été  endurcie  par  l'action  prolongée 
de  l'air  et  de  la  lumière.  D'autres ,  au  contraire ,  le 
regardent  comme  une  membrane  tout-à-fait  distincte, 
simplement  appliquée  sur  le  tissu  cellulaire  sous-ja- 
cent.  On  doit  à  M.  le  professeur  Amici  des  observations 
microscopiques  de  la  plus  haute  importance  ,  qui 
jettent  le  plus  grand  jour  sur  cette  question,  et  sem- 
blent confirmer  la  seconde  de  ces  deux  opinions. 
Selon  ce  savant,  l'épiderme  est  une  membrane  tout- 
à-fait  distincte  du  tissu  cellulaire  sur  lequel  elle  est 
appliquée.  Examinée  au  microscope ,  elle  se  com- 
pose d'une  couche  simple  de  cellules  dont  la  forme 
est  excessivement  variable ,  suivant  les  diverses  es- 
pèces. C'est  cette  structure  celluleuse  qui  en  a  imposé 
aux  auteurs  qui  ont  cru  l'épiderme  formé  parla  paroi 


TIGE.  79 

externe  du  tissu  cellulaire.  Mais,  s'il  en  était  ainsi, 
les  cellules  qui  constituent  l'épidémie  devraient  avoir 
constamment  la  même  forme  que  le  tissu  sous-jacent, 
ce  qui  n'a  pas  lieu.  Ainsi,  dans  l'œillet,  les  cellules 
de  l'épidémie  ont  une  forme  quadrilatère,  tandis  que 
la  couche  placée  immédiatement  dessous  ,  consiste 
en  une  multitude  de  petits  tubes  perpendiculaires  à 
l'épiderme.  Il  en  est  de  même  dans  un  grand  nombre 
d'autres  végétaux;  d'où  l'on  peut  conclure  que  l'épi- 
derme est  une  membrane  celluleuse,  entièrement  dis- 
tincte du  tissu  sous-jacent  sur  lequel  on  la  trouve 
simplement  appliquée. 

L'épiderme ,  ainsi  que  nous  l'avons  dit  précédem- 
ment, offre  un  grand  nombre  de  petites  ouvertures 
nommées  poires  corticaux.  Un  grand  nombre  d'au- 
teurs en  avaient  nié  l'existence;  mais  les  observations 
microscopiques  du  professeur  Amici  ne  laissent  plus 
aucun  doute  à  cet  égard.  Il  les  a  vues  dans  un  grand 
nombre  de  végétaux ,  et  en  a  donné  une  description 
et  des  figures  extrêmement  exactes.  Ce  sont  des 
espèces  de  petites  poches  placées  dans  l'épaisseur  de 
l'épiderme  ,  s'ouvrant  à  l'extérieur  par  une  fente 
ou  ouverture  ovalaire  allongée,  bordée  d'une  sorte 
de  bourrelet  formé  par  des  cellules  particulières  de 
l'épiderme.  Ce  bourrelet,  qui  manque  très-rarement, 
joue  l'office  d'une  sorte  de  sphincter  qui  resserre  ou 
dilate  l'ouverture  suivant  diverses  circonstances.  Ainsi 
l'humidité  ou  l'eau  ferme  les  pores ,  tandis  que  la 
sécheresse  et  l'action  des  rayons  solaires  les  tiennent 
ouvertes  et  leurs  bords  écartés.  Les  inouvemens  de 


80  ORGANES    DE    LA    VÉGÉTATION. 

dilatation  et  de  resserrement  s'exécutent  non -seule- 
ment sur  la  plante  vivante ,  mais  également  sur  des 
fragmens  d'épiderme  détachés  d'un  végétal.  Par  leur 
fond,  ces  pores  ou  petites  pochettes  correspondent 
toujours  à  des  espaces  vides,  remplis  d'air,  et  qui 
résultent  de  l'arrangement  des  cellules  ou  des  tubes 
entre  eux.  Ces  espaces  intercellulaires  communiquent 
presque  toujours  les  uns  avec  les  autres  ,  et  ser- 
vent ainsi  de  moyen  de  communication  aux  fluides 
aériformes  qui  se  trouvent  dans  l'intérieur  des  vé- 
gétaux. 

Quel  est  l'usage  de  ces  pores  corticaux?  Sont-ils, 
dit  M.  Amici,  destinés  à  l'absorption  de  l'humidité? 
Non  :  nous  avons  déjà  vu  qu'ils  correspondent  à  des 
vides  intérieurs  privés  de  suc  ,  que  l'eau  les  fait 
fermer,  que  la  lumière  et  la  sécheresse  les  font  ouvrir; 
en  outre  ils  manquent  dans  toutes  les  racines,  ainsi 
que  dans  les  plantes  qui  vivent  constamment  sous 
l'eau;  ils  ne  servent  donc  pas  à  l'absorption  de  l'eau. 
Servent-ils  à  l'évaporation  ?  Pas  davantage  :  si  nous 
laissons  sécher  une  plante  détachée  de  sa  racine , 
quoique  les  pores  se  ferment  au  bout  de  quelque 
temps ,  Févaporation  n'en  continue  pas  moins ,  tant 
qu'il  reste  des  fluides  dans  son  intérieur  ;  on  a  ob- 
servé en  outre  que  les  corolles  et  les  fruits,  qui  n'ont 
pas  de  pores  corticaux  ,  produisent  cependant  une 
évaporation  abondante.  Ils  ne  peuvent  être  mis,  ainsi 
que  M.  Link  l'avait  pensé,  au  nombre  des  organes  ex- 
crétoires, puisqu'ils  correspondent  toujours  à  des  es- 
paces vides.  La  véritable  fonction  des  pores  corticaux 


TIGE.  Sî 

consiste  à  donner  passage  à  l'air.  Mais  il  n'est  pas  facile 
de  déterminer  avec  certitude  s'ils  servent  à  l'inspi- 
ration plutôt  qu'à  l'expiration,  ou  à  ces  deux  fonctions 
également.  Si  nous  considérons  que  pendant  la  nuit, 
lorsque  les  grands  pores  de  l'épiderme  sont  fermés,  les 
feuilles  absorbent  le  gaz  acide  carbonique  dissous 
dans  la  rosée ,  lequel  pénètre  indubitablement  dans 
les  cellules  en  traversant  leur  membrane,  et  si  nous 
réfléchissons  en  outre  que  ces  feuilles  décomposent 
le  gaz  acide  carbonique,  lorsque  ces  pores  sont  ou- 
verts, c'est-à-dire  pendant  le  jour,  nous  pouvons 
conjecturer  qu'ils  sont  uniquement  destinés  à  l'exha- 
lation de  l'oxygène.  Cet  usage  devient  encore  plus 
probable,  si  nous  ajoutons  que  les  corolles  qui,  d'après 
les  observations  de  M.  De  Candolle  ,  manquent  de 
de  pores ,  sont  également  privées  de  la  propriété  de 
dégager  de  l'oxygène. 

§  i.  De  V Enveloppe  herbacée. 

Au-dessous  de  l'épiderme,  on  voit  une  lame  fc 
tissu  cellulaire,  qui  l'unit  aux  couches  cortic^'es,  et 
à  laquelle  M.  Mirbel  donne  le  nom  à'en^oppe  her- 
bacée. Sa  couleur  est  le  plus  souve^c  verte  dans  les 
jeunes  tiges.  Elle  recouvre  Je  tronc,  les  branches 
et  leurs  divisions,  et  remplit  les  espaces  qui  existent 
entre  les  ramifications  des  nervures  des  feuilles.  Sa 
nature  paraît  être  glandulaire.  M.  Dutrochet  la 
nomme  médulle  externe,  par  opposition  au  nom  de 
mèdtdle  interne  qu'il  donne  à  la  moelle.  Sa  couleur 

6 


82  ORGANES    DE    LA.    VEGETATION. 

verte  n'est  pas  propre  au  tissu  cellulaire  qui  la  com- 
pose; elle  est  fermée  par  des  petits  grains  verts, 
placés  dans  les  parois  des  cellules ,  et  que  M.  Dutro- 
chet  considère  comme  des  corpuscules  nerveux. 

L'enveloppe  herbacée ,  ou  médulle  externe ,  ren- 
ferme souvent  les  sucs  propres  des  végétaux.  Elle  se 
répare  facilement  sur  la  tige  des  végétaux  ligneux; 
mais  ce  phénomène  n'a  pas  lieu  dans  les  plantes 
annuelles.  Elle  paraît  avoir  une  organisation  et  des 
usages  analogues  à  ceux  de  la  moelle  renfermée 
dans  l'étui  médullaire.  C'est  cette  enveloppe  herba- 
cée qui,  ayant  acquis  une  épaisseur  considérable  et 
des  qualités  physiques  particulières ,  constitue  la 
partie  connue  sous  le  nom  de  liège  dans  le  Quercus 
Suber  et  dans  quelques  autres  végétaux.  L'enveloppe 
herbacée  est  le  siège  d'un  des  phénomènes  chimiques 
les  plus  remarquables  que  présente  la  vie  du  végé- 
tal. En  effet,  c'est  dans  son  intérieur  que,  par  une 
cause  difficile  à  apprécier,  s'opère  la  décomposition 
de  l'acide  carbonique  absorbé  dans  l'air  par  la  plante. 
Le  carbone  reste  clans  l'intérieur  du  végétal,  l'oxy- 
gène mis  à  nu  est  rejeté  à  l'extérieur.  Remar- 
quons cependant  que  cette  décomposition  n'a  lieu 
que  lorsque  la  plante  est  exposée  aux  rayons  du  so- 
leil ;  tandis  que  l'acide  carbonique  est  rejeté  indé- 
composé ,  quand  le  végétal  ne  se  trouve  plus  sous 
l'influence  de  cet  astre.  Cette  partie  se  renouvelle 
en  partie  chaque  année.  Elle  joue  encore  un  rôle 
très-important  dans  les  phénomènes  de  la  végéta- 
tion; c'est  elle,  en  effet,  qui,  au  retour  de  la  belle 


TIGE.  83 

saison,  sollicite  la  sève  à  monter  jusque  vers  les 
bourgeons  ,  et  devient  ainsi  un  des  mobiles  les  plus 
puissans  de  leur  élongation  aérienne. 

Il  est  très-facile  de  découvrir  l'enveloppe  herbacée 
sur  les  jeunes  branches  d'un  arbre  ;  car  c'est  elle 
que  l'on  aperçoit  lorsque  l'on  a  enlevé  Tépiderme. 

On  trouve  en  général  dans  cette  partie  les  vais- 
seaux propres  ou  réservoirs  des  sucs  propres. 

§  3.  Des  Couches  corticales. 

Les  couches  corticales  n'existent  pas  toujours,  ou 
du  moins  elles  sont  parfois  si  peu  développées,  si 
peu  distinctes  du  Liber,  qu'il  devient  fort  difficile 
de  les  reconnaître.  Situées  au-dessous  de  l'enveloppe 
herbacée,  elles  sont  appliquées  sur  les  couches  les 
plus  extérieures  du.  Liber,  dont  on  les  distingue 
avec  peine.  Nul  végétal  ne  les  offre  plus  apparentes 
et  plus  remarquables,  par  la  disposition  singulière 
du  tissu  qui  les  compose,  que  le  bois  dentelle  {la- 
getto).  Ici,  en  effet,  elles  forment  plusieurs  couches 
superposées  qui,  lorsquelles  viennent  à  être  éten- 
dues ,  ressemblent  parfaitement  à  une  toile  tissue  , 
ou  plutôt  à  une  sorte  de  dentelle  assez  régulière. 
Mais  dans  le  plus  grand  nombre  des  plantes,  il  est 
difficile  de  distinguer  cette  partie  d'avec  le  Liber. 

§  4-  Du  Liber. 

Entre  les  couches  corticales  ,  qui  sont  à  l'exté- 
rieur, et  le  corps  ligneux  ,  qui  est  plus  intérieure- 


84  ORGANES    DE    LA    VÉGÉTATION. 

ment,  se  trouve  le  Liber.  Cet  organe  est  composé 
d'un  réseau  vasculaire ,  dont  les  aréoles  allongées 
sont  remplies  par  du  tissu  cellulaire.  Il  est  rare  que, 
comme  l'indique  son  nom  ,  on  puisse  le  séparer  fa- 
cilement en  feuillets  distincts,  que  l'on  a  comparés  à 
ceux  d'un  livre  (i).  Mais ,  par  la  macération,  on  par- 
vient presque  toujours  à  obtenir  cet  effet. 

Les  différentes  lames  qui  forment  le  Liber,  et 
qui  ont  été  créées  successivement,  sont  séparées  les 
unes  des  autres  par  une  couche  mince  de  tissu  cel- 
lulaire. Lorsqu'on  fait  macérer  !e  Liber,  c'est  ce  tissu 
cellulaire  qui  se  détruit, 'et  qui  permet  la  séparation 
des  feuilles  du  Liber. 

De  même  que  toutes  les  autres  parties  de  l'écorce  , 
le  Liber  peut  se  réparer  lorsqu'il  a  été  enlevé.  Ce- 
pendant il  faut,  pour  que  sa  régénération  ait  lieu  , 
que  la  place  dont  on  l'a  détaché  soit  garantie  du 
contact  de  l'air.  C'est  à  Duhamel  que  Ion  doit  cette 
importante  découverte.  Cet  habile  naturaliste,  à  qui 
la  physiologie  végétale  doit  un  si  grand  nombre  de 
résultats  heureux  ,  enleva  une  portion  d'écorce  sur 
un  arbre  vigoureux  et  en  pleine  végétation;  il  ga- 
rantit la  plaie  du  contact  de  Tair,  et  vit  bientôt  suin- 
ter de  la  superficie  du  corps  ligneux  et  des  bords  de 
l'écorce  une  substance  visqueuse  qui ,  s'étendant  sur 
la  plaie,  prit  de  la  consistance,  devint  verte,  cellu- 
leuse,  et  reproduisit  la  partie  du  Liber  qui  avait  été 
enlevée. 

(i)  On  l'appelle  indifféremment  Liber  ou  Livret. 


TIGE.  85 

C'est  à  cette  substance  visqueuse  qui  s'épanche 
des  parties  dénudées  pour  reformer  le  Liber  que 
Grew,  et  après  lui  Duhamel,  ont  donné  le  nom  de 
Cambium.  Plusieurs  auteurs  pensent  avec  quelque 
raison  que  le  Cambium  n'est  autre  chose  que  la  sève 
descendante  et  élaborée.  Je  suis  d'autant  plus  porté 
à  admettre  cette  opinion,  que  ce  fluide  visqueux 
remplit  absolument  dans  l'économie  végétale  les 
mêmes  fonctions  que  celles  que  Ton  attribue  géné- 
ralement à  la  sève  descendante,  et  qu'il  est  charrié 
par  les  mêmes  canaux. 

Quelle  que  soit  l'origine  du  Cambium,  il  n'en 
joue  pas  moins  un  rôle  extrêmement  important  dans 
l'accroissement  des  tiges.  En  effet,  dans  toutes  les 
hypothèses  émises  pour  expliquer  ce  phénomène,  sa 
présence  n'est  pas  moins  indispensable,  comme  nous 
le  démontrerons  prochainement  en  traitant  de  l'ac- 
croissement des  tiges  dicotylédones. 

Un  grand  nombre  de  phénomènes  prouvent  la 
nécessité  indispensable  du  Liber  pour  la  végétation. 
Une  greffe  ne  reprendra  qu'autant  que  son  Liber 
se  trouvera  en  contact  avec  celui  de  l'arbre  sur  le- 
quel on  l'implante.  Une  marcotte  dont  -la  partie  in- 
férieure est  "privée  de  Liber  ne  s'enracinera  pas.  Si 
l'on  enlève  sur  le  tronc  d'un  arbre  une  bande  circu- 
laire de  Liber,  de  manière  à  laisser  le  corps  ligneux 
à  nu,  non-seulement  toute  la  partie  supérieure  de 
l'arbre  ne  se  développera  pas  l'année  suivante,  mais 
l'arbre  entier  finira  même  par  périr. 

Chaque  année  le  I /iber  s'endurcit  ;  il  se  forme  à 


86  ORGANES    DE    LA    VEGETATION. 

son  intérieur  de  nouvelles  couches  par  le  moyen  du 
Cambium. 

§  5.  De  V  Aubier,  ou  faux  Bois. 

Les  couches  ligneuses  les  plus  extérieures ,  celles 
qui  touchent  le  Liber,  constituent  l'Aubier.  Cette 
partie  n'est  point  un  organe  distinct  du  bois  propre- 
ment dit,  dont  les  couches  sont  situées  au-dessous; 
c'est  du  bois,  mais  encore  jeune,  et  qui  n'a  point 
encore  acquis  toute  la  dureté  ni  toute  la  ténacité 
qu'il  doit  présenter  plus  tard.  Aussi  l'Aubier  offre-t-il 
absolument  la  même  structure  que  le  bois,  en  obser- 
vant toutefois  que  son  tissu  est  formé  de  fibres  plus 
faibles,  plus  écartées  les  unes  des  autres,  et  en  gé- 
néral d'une  teinte  plus  claire. 

La  différence  de  coloration  entre  le  bois  et  l'Au- 
bier est  très-remarquable  dans  les  arbres  dont  le  bois 
est  très-dur ,  très-compacte ,  et  particulièrement  dans 
ceux  où  il  offre  une  teinte  plus  ou  moins  foncée: 
ainsi  dans  les  bois  d'ébène  et  de  Campêche,  le  bois 
proprement  dit  est  noir  ou  rouge  foncé,  tandis  que 
les  couches  d'Aubier  présentent  une  teinte  grisâtre , 
très-claire  ;  mais  dans  les  arbres  à  bois  blaïic  et  à  gros 
grains ,  la  différence  entre  les  couches  ligneuses  et 
l'Aubier  est  peu  sensible. 

INous  présenterons,  en  parlant  de  l'accroissement 
des  tiges  en  diamètre ,  les  opinions  très-diverses  des 
auteurs  sur  l'origine  de  l'Aubier. 


TIGE.  87 

§  6.  Du  Bois  proprement  dil. 

Le  bois  tire  son  origine  des  couches  les  plus  inté- 
rieures de  l'aubier,  qui  acquièrent  successivement  une 
dureté  plus  considérable,  et  finissent  par  se  convertir 
en  véritable  bois.  Celui-ci  est  donc  composé  de  toutes 
les  couches  circulaires  situées  entre  l'aubier  et  l'étui 
médullaire.  A  une  certaine  époque  de  la  vie  du  vé- 
gétal ,  il  se  forme,  chaque  année,  une  couche  de  bois 
et  une  couche  d'aubier,  c'est-à-dire  que  la  couche  la 
plus  intérieure  de  l'aubier  se  convertit  en  bois  à 
mesure  qu'il  se  régénère  à  l'extérieur  une  nouvelle 
couche  d'aubier,  en  sorte  qu'il  s'ajoute  tous  les  ans 
une  nouvelle  zone  concentrique  à  celles  qui  existaient 
déjà. 

Le  bois  est,  en  général,  la  partie  la  plus  dure  du 
tronc;  mais  sa  dureté  n'est  point  la  même  dans  toutes 
les  zones  qui  le  constituent.  Dans  les  arbres  dicoty- 
lédones, les  couches  les  plus  intérieures,  qui  sont  en 
même  temps  les  plus  anciennes,  ont  une  solidité  et 
une  compacité  plus  grandes  que  les  extérieures,  qui 
se  rapprochent  en  général,  à  cet  égard,  de  l'aubier. 
Ordinairement  le  passage  du  bois  à  l'aubier  est  presque 
insensible,  parce  que  le  plus  souvent  leur  couleur  est 
la  même.  Mais  quelquefois  la  différence  est  des  plus 
tranchées,  comme  nous  l'avons  fait  remarquer  pour 
l'ébène  et  le  bois  de  Campêche. 

Une  différence  non  moins  remarquable  entre  le 
bois  et  l'aubier ,  c'est  que  ce  dernier  est  totalement 
privé  de  vaisseaux,  tandis  qu'on  en  aperçoit  manifes- 


88  ORGANES    DE    LA    VEGETATION. 

teinent  dans  le  bois.  Les  vaisseaux  du  bois  sont  des 
fausses  trachées,  des  vaisseaux  poreux,  mais  jamais 
de  véritables  trachées.  C'est  au  moyen  de  ces  tubes, 
tantôt  dispersés  sans  ordre  dans  la  substance  du  bois, 
tantôt  réunis  en  faisceaux,  que  la  sève  est  portée  dans 
l'épaisseur  du  tronc.  Mais  il  arrive  une  époque  où , 
par  les  progrès  de  l'âge,  les  parois  de  ces  vaisseaux 
s'épaississent,  leur  cavité  diminue,  finit  même  par 
disparaître,  et  le  cours  des  liquides  est  pour  toujours 
interrompu  dans  la  substance  ligneuse. 

Duhamel  a  démontré  d'une  manière  péremptoire 
la  transformation  de  l'aubier  en  bois.  11  fit  passer  un 
fil  d'argent  dans  les  couches  de  l'aubier,  il  en  ramena 
les  deux  bouts  au  dehors  et  les  noua.  Avant  coupé 
labranche  quelques  années  après,  et  examiné  les  fils 
qu'il  avait  passés  dans  l'aubier,  il  les  trouva  engagés 
dans  le  bois  ;  par  conséquent  l'aubier  était  devenu 
bois. 

§  7.  De  l'Étui  médullaire. 

L'étui  médullaire,  comme  nous  l'avons  déjà  dit, 
occupe  le  centre  de  la  tige  ;  il  tapisse  la  couche  la 
plus  intérieure  du  bois,  et  a  pour  usage  de  contenir 
la  moelle.  Ses  parois  sont  formées  de  vaisseaux  très- 
longs,  parallèles  et  disposés  longitudinalement.  Ces 
vaisseaux  sont  des  trachées,  de  fausses  trachées  et  des 
vaisseaux  poreux.  C'est  dans  l'étui  médullaire  seule- 
ment, et  dans  quelques  racines,  qu'on  a  jusqu'à  ce 
jour  observé  les  trachées,  La  forme  de  l'étui  médul- 
laire n'est  pas  la  même  dans  tous  les  végétaux.  Assez 


TIGE.  89 

souvent  elle  est  arrondie  ;  quelquefois  cependant  l'aire 
de  l'étui  médullaire  est  elliptique  comprimée,  à  trois, 
à  quatre  ,  à  cinq  ou  à  un  grand  nombre  d'angles. 
Cette  forme,  ainsi  que  l'a  prouvé  Palisot  de  Beauvois, 
paraît  déterminée  par  la  position  des  feuilles  sur  les 
branches.  Ainsi,  quand  les  feuilles  sont  opposées,  la 
coupe  du  canal  médullaire  est  elliptique,  comme  dans 
le  frêne,  par  exemple;  si  les  feuilles  sont  verticillées 
par  trois,  le  canal  médullaire  sera  triangulaire,  ainsi 
qu'on  l'observe  dans  le  laurier  rose,  et  ainsi  de  suite. 
Néanmoins  cette  loi  est  loin  d'être  générale,  et  l'on 
y  trouve  d'assez  nombreuses  exceptions.  Ainsi,  par 
exemple, X Hortensia,  qui  aies  feuilles  opposées, offre 
un  canal  médullaire  régulièrement  hexagone. 

L'étui  médullaire  est  d'autant  plus  grand  et  plus 
large,  qu'on  l'observe  sur  des  végétaux  plus  jeunes. 
Par  les  progrès  du  développement  de  la  tige,  il  se  res- 
serre sur  lui-même,  et  finit  par  disparaître  presque 
entièrement.  Cependant  M.  Du  Petit-Thouars  pense 
qu'une  fois  formé,  l'étui  médullaire  n'éprouve  aucun 
changement  ni  aucune  diminution. 


J&v 


§  8.  De  la  Moelle. 

La  moelle  ou  médulle  interne  est  cette  substance 
spongieuse,  lâche,  diaphane  et  légère,  formée,  pres- 
qu'en  totalité,  de  tissu  cellulaire  à  son  état  de  sim- 
plicité, qui  remplit  l'étui  médullaire.  Quelques  vais- 
seaux semblent  la  parcourir  longitudinalement.  Les 
cellules  du  tissu  cellulaire  qui  constituent  la  moelle 


QO  ORGANES    DE    LA    VÉGÉTATION. 

ont  en  général  une  grande  régularité;  comme  celles 
du  tissu  cellulaire  des  autres  parties ,  elles  commu- 
niquent toutes  les  unes  avec  les  autres.  Quelquefois, 
et  surtout  dans  les  jeunes  branches  et  les  plantes  her- 
bacées, le  tissu  cellulaire  de  la  moelle  est  abreuvé  de 
fluides  et  rempli  de  granulations  vertes.  C'est  ce  que 
Ton  voit,  par  exemple,  en  cassant  une  jeune  branche 
de  sureau  d'une  année.  La  moelle  paraît  être  une 
substance  charnue  ,  verte  et  très-humide.  Mais,  par 
les  progrès  de  la  végétation  ,  toutes  ces  substances , 
en  quelque  sorte  étrangères  à  la  nature  propre  de  la 
moelle,  disparaissent,  et  il  ne  reste  plus  dans  l'étui 
médullaire  qu'un  tissu  diaphane. 

La  moelle  communique  avec  la  couche  celluleuse 
et  herbacée  de  l'écorce  au  moyen  de  prolongemens 
particuliers,  qu'elle  envoie  à  travers  le  corps  ligneux. 
C'est  à  ces  prolongemens ,  disposés  sur  une  coupe 
transversale  du  tronc,  comme  des  rayons  partant  en 
divergeant  du  centre  à  la  circonférence,  que  l'on  à 
donné  le  nom  &  insertions  ou  de  prolongemens  mé- 
dullaires. Ils  servent  à  établir  une  communication 
directe  entre  la  moelle  et  le  tissu  cellulaire  extérieur 
de  la  tige. 

Les  rayons  médullaires  existent  également  dans  la 
plus  grande  partie  de  l'épaisseur  de  l'écorce ,  puisqu'ils 
servent  à  établir  la  communication  entre  la  médulle 
interne  et  la  médulle  externe;  mais  ceux  de  l'écorce 
n'ont  point  une  communication  directe  avec  ceux  des 
couches  ligneuses. 

M.  le  professeur  Amici  a  reconnu  qu'ils  sont  formés 


TIGE.  9] 

de  petits  tubes  poreux,  placés  en  travers,  qui  ne 
contiennent  jamais  que  de  l'air,  et  qui  établissent  la 
communication  entre  les  parties  internes  et  externes 
de  la  plante. 

Si  maintenant  nous  cherchons  à  savoir  quels  sont 
les  usages  de  la  moelle,  nous  verrons  que  les  opinions 
ont  beaucoup  varié  à  cet  égard.  Ainsi,  selon  le  célèbre 
Haies  ,  elle  est  l'agent  essentiel  de  la  végétation.  Etant 
élastique  et  dilatable,  elle  agit,  à  la  manière  d'un  res- 
sort, sur  les  autres  parties,  qu'elle  sollicite  ainsi  à 
se  développer.  D'autres,  au  contraire ,  la  considèrent 
comme  un  corps  tout- à -fait  inerte.  M.  Dutrochet 
a,  dans  ces  derniers  temps,  reproduit  l'opinion  de 
Haies,  en  faisant  jouer  à  la  moelle  un  rôle  extrê- 
mement important  dans  les  phénomènes  de  l'accrois- 
sement des  végétaux.  Nous  reviendrons  prochai- 
nement sur  cette  opinion. 

Tels  sont  les  différens  organes  que  l'on  trouve  en 
analysant  la  tige  des  végétaux  dicotylédons.  Cependant 
toutes  ces  parties  sont  loin  d'être  toujours  réunies  et 
visibles  sur  la  même  plante.  Quelquefois  elles  se  con- 
fondent tellement  les  unes  avec  les  autres ,  qu'il  est 
presque  impossible  de  les  distinguer  et  de  les  isoler. 
Mais,  lorsqu'on  connaît  bien  la  structure  la  plus  com- 
pliquée d'une  partie,  il  devient  facile  de  se  représenter, 
dans  certains  cas ,  ceux  de  ses  organes  qui  peuvent  y 
manquer  accidentellement. 

Il  nous  reste  maintenant  à  étudier  comparativement 
la  structure  de  la  tige  des  Monocotylédons,  afin  d'ex- 
poser ensuite  le  mode  particulier  de  développement 


Ç)2  ORGANES    DE    LA    VEGETATION. 

et  d'accroissement ,  propre  à  chacune  de  ces  deux 
grandes  divisions  du  règne  végétal. 

SECTION   II. 

ORGANISATION  DE  LA  TIGE  DES  MONOCOTYLÉDONS. 

M.  Desfontaines  a  le  premier  confirmé  la  grande 
division  des  végétaux  Phanérogames,  en  Monocoty- 
lédons et  en  Dicotylédons  ,  par  la  structure  anato- 
mique  de  leur  tige,  si  différente  dans  Tune  et  l'autre 
de  ces  deux  classes. 

En  général,  la  tige  des  monocotylédons  "est  plus 
élancée,  plus  simple  que  celle  des  arhres  à  deux  coty- 
lédons. Très-rarement  elle  se  divise  en  rameaux  , 
comme  celle  que noups  venons  d'étudier  précédemment. 

Le  stipe  d'un  arbre  monocotylédoné,  d'un  palmier, 
par  exemple ,  coupé  en  travers  ,  ne  présente  pas  , 
comme  le  tronc  d'un  chêne ,  d'un  orme  ou  de  tout 
autre  arbre  de  nos  forets,  un  aspect  régulier  et  symé- 
trique, des  zones  circulaires  de  bois,  d'aubier, de  liber 
et  d'écorce,  toujours  disposées  dans  le  même  ordre, 
un  canal  médullaire  occupant  constamment  la  partie 
centrale  de  la  tige.  Ici,  toutes  ces  parties  semblent  réu- 
nies, ou  plutôt  confondues  les  unes  avec  les  autres. 
La  moelle  remplit  toute  l'épaisseur  de  la  lige  ;  le  bois, 
disposé  par  faisceaux  longitudinaux ,  se  trouve  en  quel- 
que sorte  perdu,  et  comme  dispersé  sans  ordre,  au 
milieu  de  la  substance  médullaire.  L'écorce  n'existe 
pas  toujours;  et  quand  elle  ne  manque  pas,  elle  est  si 
peu  distincte  des  autres  parties  de  la  tige,  qu'on  pour. 


TIGE.  g3 

rait  croire  également  qu'elles  n'en  sont  pas  recouvertes. 
Dans  les  arbres  dicotylédones,  la  partie  la  plus  dure 
est  celle  qui  se  rapproche  le  plus  du  centre  de  la  lige, 
parce  qu'elle  est  formée  des  couches  ligneuses  les  plus 
anciennes.  Le  contraire  a  lieu  dans  les  arbres  mono- 
cotylédonés,  où  la  partie  la  plus  voisine  de  la  circonfé- 
rence se  trouve  avoir  la  solidité  la  plus  grande.  Dans 
les  premiers,  en  effet,  les  couches  les  plus  anciennes 
sont  au  centre;  elles  occupent,  au  contraire, .la  cir- 
conférence dans  les  seconds.  C'est  ce  que  l'on  concevra 
facilement  tout  à  l'heure,  quand  nous  aurons  exposé 
le  mode  particulier  suivant  lequel  se  forme  et  s'accroît 
la  tige  des  arbres  monocotylédons.  Les  faisceaux  li- 
gneux de  la  tige,  qui  se  réunissent  fréquemment  en- 
semble par  leurs  parties  latérales,  de  manière  à  foriE-er 
un  réseau  plus  ou  moins  régulier,  sont,  comme  dans 
les  dicotylédons ,  accompagnés  de  vaisseaux  poreux, 
de  trachées  et  de  fausses  trachées,  destinées  à  charrier 
la  sève  et  les  autres  fluides  nutritifs  dans'  tous  les 
points  de  la  tige. 

Ainsi  do-nc  les  arbres  monocotylédons  se  distinguent 
des  arbres  dicotylédons,  non-seulement  par  la  structure 
de  leur  embryon,  mais  encore  par  celle  de  leur  tige.  En 
effet  leur  stipe,  qui  est  en  général  simple  et  cylindri- 
que, n'offre  point,  comme  le  tronc  des  chênes  et  des 
ormes,  des  couches  de  bois  emboîtées  les  unes  dans 
les  autres,et  disposées  régulièrement  autour  d'un  canal 
central  renfermant  la  moelle  ;  mais  la  moelle  forme, 
en  quelque  sorte,  toute  l'épaisseur  de  leur  tronc,  et 
les  fibres  ligneuses,  au  lieu  d'être  réunies  et  rappro- 


1)4  ORGANES    DE    LA    VÉGÉTATION. 

chées  les  unes  contre  les  autres,  sont  écartées,  isolées, 
et  leurs  faisceaux  épars  au  milieu  de  la  substance 
spongieuse  de  la  moelle. 

SECTION   III. 

DE  L'ORGANISATION  DE  LA   RACINE. 

Maintenant  que  la  structure  intérieure  des  diverses 
espèces  de  tiges  nous  est  connue,  il  nous  sera  plus 
facile  d'étudier  comparativement  celle  que  présentent 
les  racines. 

Toutes  les  racines  sont  généralement  organisées 
comme  les  tiges.  Ainsi,  dans  les  arbres  dicotylédons, 
la  coupe  transversale  de  la  racine  offre  des  zones 
concentriques  de  bois  disposées  circulairement  et 
emboîtées  les  unes  dans  les  autres.  On  a  dit  que  le 
caractère  vraiment  distinctif  entre  la  tige  et  la  racine, 
c'est  que  cette  dernière  est  dépourvue  de  canal  médul- 
laire ,  et  par  conséquent  de  moelle,  tandis  qu'au 
contraire  nous  savons  que  cet  organe  existe  constam- 
ment dans  les  arbres  dicotylédons.  Il  suit  de  là  néces- 
sairement que  les  insertions  médullaires  manquent 
aussi  dans  les  racines. 

Cependant  cette  différence  nous  paraît  de  peu 
d'importance ,  et  même  tout-à-fait  contraire  aux  faits. 
En  effet ,  nous  avons  trouvé  dans  un  grand  nombre 
de  végétaux  que  le  canal  médullaire  de  la  tige  se 
prolonge  sans  aucune  interruption  dans  le  corps  de 
la  racine.  Si, par  exemple,  on  fend  longitudinalement 
la  tige  et  la  racine  d'un  jeune  marronier  d'Inde  d'un 


TIGE.  95 

à  deux  ans,  on  verra  le  canal  médullaire  de  la  tige 
s'étendre  jusqu'à  la  partie  la  plus  inférieure  de  la 
racine.  Il  en  sera  de  même  si  l'on  examine  une  jeune 
plantule  de  sycomore  ou  d'érable  plane.  Mais,  très- 
fréquemment  ,  ce  canal  qui  était  très-manifeste  dans 
la  plante  peu  de  temps  après  sa  germination  ,  finit 
par  diminuer,  et  même  disparaître  insensiblement  par 
les  progrès  de  la  végétation,  en  sorte  qu'on  ne  le  re- 
trouve plus  dans  des  plantes  adultes  chez  lesquelles 
il  a  d'abord  existé.  Il  résulte  de  là  qu'on  ne  peut 
donner  comme  un  caractère  anatomique  distinctif 
entre  la  tige  et  la  racine  le  manque  de  canal  médul- 
laire dans  cette  dernière  ,  puisqu'il  existe  presque 
constamment  dans  la  radicule  de  la  graine  germante, 
et  souvent  dans  la  racine  d'un  grand  nombre  de 
végétaux,  long-temps  après  cette  première  époque 
de  leur  vie.  Cependant  les  racines  pivotantes  ne 
l'offrent  jamais  dans  leurs  ramifications,  même  dans 
celles  qui  sont  les  plus  grosses. 

Jusqu'en  ces  derniers  temps,  on  avait  donné  comme 
caractère  distinctif  entre  la  structure  anatomique  de 
la  racine  et  celle  de  la  tige  le  manque  de  vaisseaux 
trachées  dans  ce  premier  organe;  cependant  deux  des 
savans  qui  dans  le  nord  de  l'Europe  se  sont  occupés  de 
l'anatomie  végétale  avec  le  plus  de  succès,  MM.  Link 
et  Tréviranus  sont  parvenus  à  trouver  ces  vaisseaux 
dans  la  racine  de  quelques  plantes.  Plus  récemment 
encore  M.  Amici  a  déroulé  des  trachées  dans  les  ra- 
cines de  plusieurs  plantes,  et  entre  autres  de  VAga- 
panthus  umbellatus  et  du  Crinum  erubesàens. 


g6  ORGANES    DE    LA    VÉGÉTATION. 

La  différence  que  nous  avons  vu  exister  dans  l'or- 
ganisation du  tronc  des  dicotylédons  et  du  stipe  des 
monocotylédons,  se  remarque  également  dans  leurs 
racines.  En  effet,  jamais  dans  les  plantes  monocoty- 
lédones  on  ne  trouve  de  pivot  faisant  suite  à  la  tige. 
Cette  disposition  est  une  conséquence  du  mode  de 
développement  de  la  graine  à  l'époque  de  la  germina- 
tion, puisque,  comme  nous  le  verrons  plus  en  détail 
en  traitant  de  cette  fonction,  la  radicule  centrale  et 
principale  se  détruit  toujours  peu  de  temps  après  la 
germination. 

Il  existe  encore  une  autre  différence  très-remar- 
quable entre  les  racines  et  les  tiges.  Ces  dernières, 
en  général,  s'accroissent  en  hauteur  par  tous  les  points 
de  leur  étendue,  tandis  que  les  racines  ne  s'allongent 
que  par  leur  extrémité  seulement.  C'est  ce  qui  a  été 
prouvé  par  les  expériences  de  Duhamel.  Que  l'on 
fasse  à  une  jeune  tige ,  au  moment  de  son  dévelop- 
pement ,  de  petites  marques  éloignées  les  unes  des 
autres,  d'un  pouce,  par  exemple,  et  Ton  verra,  lorsque 
l'accroissement  sera  terminé ,  que  les  espaces  situés 
entre  ces  marques  se  sont  considérablement  augmen- 
tés. Que  l'on  répète  la  même  expérience  sur  des 
racines,  e-t  l'on  se  convaincra  que,  ces  espaces  restant 
les  mêmes,  tandis  que  la  racine  s'est  allongée,  l'aug- 
mentation en  longueur  a  eu  lieu  par  son  extrémité 
seulement. 


TIGE.  ifj 

SECTION    IV. 

CONSIDÉRATIONS  GENERALES  SUR  LACCROISSEMENT 
DES  VÉGÉTAUX  ,  ET  EN  PARTICULIER  SUR  LE  DÉ- 
VELOPPEMENT   DE    LA    TIGE. 

Tous  les  corps  de  la  nature  tendent  à  s'accroître. 
Cette  loi  est  commune  aux  corps  inorganiques  aussi 
bien  qu'aux  êtres  organisés.  Mais  l'accroissement 
présente  des  différences  très-marquées,  suivant  qu'on 
l'étudié  dans  ces  deux  groupes  primitifs.  Dans  les 
minéraux,  en  effet,  il  n'offre  point  de  limites  déter- 
minées; ces  corps  s'accroissent  continuellement,  jus- 
qu'à ce  qu'une  cause  fortuite  vienne  mettre  un  terme 
à  leur  développement.  Les  animaux  et  les  végétaux 
ayant  en  général  une  existence  dont  la  durée  est  dé- 
terminée, chez  eux  l'accroissement  est  toujours  en 
rapport  avec  la  durée  de  leur  existence.  Dans  les  mi- 
néraux ce  sont  de  nouvelles  molécules  qui  s'ajoutent 
extérieurement  à  celles  qui  existaient  déjà  et  qui  en 
constituaient  le  noyau  primitif;  en  sorte  que  la  su- 
perficie de  ces  corps  se  renouvelle  à  chaque  instant 
et  à  mesure  que  leur  volume  augmente.  De  là  la  dé- 
nomination de  juxta- position  donnée  au  mode  par- 
ticulier de  l'accroissement  dans  les  corps  bruts.  Si 
au  contraire  vous  étudiez  l'accroissement  dans  les 
êtres  doués  d'organisation,  vous  verrez  qu'il  a  lieu 
de  l'intérieur  vers  l'extérieur,  que  ce  sont  les  parties 
primitivement  existantes  qui  s'allongent,  se  déve- 
loppent en  tous  sens,  pour  augmenter  la  masse  et  le 


98  ORGANES    DF    LA    VEGETATION. 

volume  du  corps.  Aussi  a-l-on  nommé intus-suscep 
(ion  cette  manière  de  s'accroître ,  particulière  aux 
animaux  et  aux  végétaux. 

L'accroissement  ne  présente  pas  des  différences 
moins  frappantes  lorsque  l'on  compare  entre  eux 
sous  ce  rapport  les  végétaux  et  les  animaux.  Dans  les 
premiers, en  effet,  l'accroissement  n'est  pas  renfermé 
dans  des  limites  aussi  rigoureusement  déterminées 
que  dans  les  seconds.  Le  volume  du  corps,  aussi-bien 
que  le  nombre  de  ses  parties  constituantes,  ne  sont 
point  fixes.  L  art  et  la  culture  peuvent  exercer  sur  le 
développement  des  végétaux  l'influence  la  plus  mar- 
quée. Il  suffit,  pour  s'en  convaincre,  de  comparer 
entre  eux  deux  arbres  d'une  même  espèce,  dont  l'un 
vit  abandonné  dans  un  terrain  sec  et  rocailleux, 
tandis  que  l'autre  est  cultive  dans  un  terrain  substan- 
tiel et  profond.  Le  premier  est  petit,  ses  rameaux 
courts,  et  ses  feuilles  étroites;  le  second,  au  con- 
îraire,  élève  majestueusement  son  tronc  couronné  de 
brandies  longues  et  vigoureuses,  et  ornées  d'un 
feuillage  épais.  Dans  les  animaux,  le  volume  et  la 
forme  générale,  du  corps ,  le  nombre  des  parties  qui 
doivent  le  constituer, sont  plus  fixes,  et  sujets  à  moins 
de  variations;  tandis  que  dans  les  végétaux,  il  est 
en  quelque  sorte  impossible  de  trouver  deux  indi- 
vidus de  la  même  espèce  qui  offrent  un  nombre  égal 
de  parties. 

Si  maintenant  nous  cherchons  à  étudier  les  phé- 
nomènes de  l'accroissement  dans  les  végétaux  en  par- 
ticulier, nous  verrons  que  ces  êtres  se  développent 


TIGE.  99 

**i  deux  sens,  c'est-à-dire  qu'a  mesure  que  leur 
hauteur  augmente,  leur  diamètre  devient  plus  consi- 
dérable. Nous  avons  vu,  en  traitant  de  l'organisation 
de  la  tige,  que  les  arbres  dicotylédons  et  les  arbres 
monocotylédons  étaient  loin  d'avoir  la  même  structure 
intérieure,  et  qu'il  existait  entre  eux  des  différences 
extrêmement  tranchées.  Ces  différences  dépendent 
évidemment  du  mode  particulier  suivant  lequel  les 
végétaux  de  ces  deux  grandes  séries  se  développent. 
Aussi  traiterons-nous  séparément  de  l'accroissement 
des  arbres  monocotylédons  et  des  dicotylédons. 

Cette  partie  de  la  physiologie  végétale  est  sans 
•contredit  une  des  plus  intéressantes,  et  cependant 
c'est  une  de  celles  qui  offrent  encore  le  plus  d'obs- 
curité et  d'incertitude.  En  effet,  tous  les  auteurs, 
surtout  depuis  un  certain  nombre  d'années,  sont 
ioin  d'être  d'accord ,  d'avoir  une  seule  et  même  opi- 
nion sur  la  manière  d'expliquer  les  phénomènes  de 
l'accroissement  de  la  tige,  particulièrement  dans  les 
arbres  dicotylédons.  Il  existe  même  sur  ce  point  des 
opinions  tellement  différentes,  que  nous  croyons  né- 
cessaire de  les  faire  connaître  séparément. 

§  1 .  Accroissement  de  la  tige  des  arbres  dicotylédons. 

A.  Accroissement  en  diamètre. 

Tous  les  végétaux  s'accroissent  en  diamètre.  Il 
suffit  de  jeter  les  yeux  sur  les  arbres  qui  végètent 
autour  de  nous,  pour  nous  convaincre  de  cette  vé- 


IOO  ORGANES    DE    LA    VÉGÉTATION. 

rite;  aussi'personne  ne  l'a-t-il  contesté.  Mais  par  quel 
mécanisme  cet  accroissement  a-t-ii  lieu? C'est  ici  que 
l'on  est  loin  de  s'accorder.  Parmi  les  opinions  diverses 
qui  ont  été  émises  par  les  physiologistes,  nous  distin- 
guerons particulièrement  les  trois  suivantes  :  i  °  l'ac- 
croissement a  lieu  par  la  transformation  annuelle  du 
liber  en  aubier;  i°  par  le  développement  des  bour- 
geons; 3°  par  le  cambium,  qui  forme  chaque  année 
une  couche  distincte  de  liber  et  d'aubier.  Nous  allons 
les  exposer  ici  avec  quelques  détails. 

1  °  L'accroissement  en  diamètre  a  lieu  dans  les 
arbres  dicotylèdons  par  la  transformation  annuelle 
du  liber  en  aubier,  de  l'aubier  en  bois,  et  par  le 
renouvellement  successif  du  liber. 

Tel  est  le  fondement  de  la  théorie  de  Duhamel , 
de  celle  que  cet  auteur  célèbre  a  développée 
dans  sa  Physique  des  arbres.  Nous  allons  la  faire 
connaître  dans  tous  ses  développemens,  parce  que 
c'est  elle  qui  est  la  plus  généralement  adoptée,  et 
presque  la  seule  qui  soit  publiquement  professée,  du 
moins  en  France. 

Nous  prendrons  la  tige  à  l'époque  de  son  premier 
développement,  c'est-à-dire  lorsque,  par  l'effet  de  la 
germination,  elle  sort  de  la  graine,  qui  la  contenait, 
et  commence  à  se  montrer  à  l'extérieur. 

Toutes  les  parties  du  végétal  renfermées  dans  la 
graine,  avant  la  germination,  ne  sont  formées  que 
par  un  tissu  cellulaire  dense  et  régulier.  La  tige  se 
trouve,  comme  les  autres  organes,  entièrement  pri- 
vée de  vaisseaux.  On  n'aperçoit,  à  proprement  parier, 


TIGE.  101 

aucune  trace  d'écorce,  de  moelle,  de  liber,  etc.  Mais 
à  peine  la  germination  est-elle  commencée,  à  peine 
la  tige  a-t-elle acquis  quelque  développement,  qu'on 
voit  des  trachées,  de  fausses  trachées  et  des  vais- 
seaux poreux  se  former,  pour  constituer,  en  se  réu- 
nissant, les  parois  de  l'étui  médullaire.  C'est  cette 
partie  intérieure  de  la  tige  qui  la  première  est  appa- 
rente et  s'organise.   La  moelle   se  trouve  contenue 
dans  son  intérieur;  mais  elle  est  encore  verte  et  abreu- 
vée d'une  grande  quantité  de  fluides  aqueux.  Bientôt 
on  voit  la  surface  externe  de  l'étui  médullaire  se  re- 
couvrir d'un  tissu  cellulaire  fluide;  c'est  la  première 
couche  decambiura,  qui  d'un  côté  va  former  le  pre- 
mier liber,  et  de  l'autre  constituer  les  couches  corti- 
cales.  Ce  liber  se  convertira  bientôt   en  aubier,  à 
mesure   qu'une  nouvelle   couche  s'organisera  pour 
remplacer  la  première.  L'année  suivante,  le  nouveau 
liber  formera  une  seconde  zone  d'aubier;  et  successi- 
vement ainsi,  tous  les  ans,  une  couche  d'aubier  se 
•convertira  en  véritable  bois ,  tandis  que  le  liber  aura 
lui-même  acquis  les  propriétés  et  la  nature  de  l'au- 
bier. Ce  développement  régulier  de  la  tige  explique 
ta  formation  des  couches  ou  zones  concentriques  que 
l'on  observe  sur  la  coupe  transversale  de  la  tige  d'un 
dicotylcdon.  Mais  ces  couches  n'ont  pas  toutes   la 
même  épaisseur,  et  celte  ép-aisseur  n'est  souvent  pas 
égale  dans  toute  leur  circonférence.  Une  observation 
attentive  explique  facilement  cette  disposition  singu- 
lière. On  a  remarqué,  en  effet,  que  la^plus  grande 
épaisseur  des  couches  ligneuses  correspondait  cons- 


LOÀ  organes  de  la  végétation. 

tamment  au  côté  où  se  trouvaient  les  racines  les  plus 
considérables,  qui,  par  conséquent,  avaient  puisé 
dans  la  terre  une  nourriture  plus  abondante.  C'est 
ainsi,  par  exemple,  que  les  arbres  situés  sur  la  lisière 
d'une  forêt  présentent  toujours  des  couches  ligneuses 
plus  épaisses  du  côté  extérieur,  parce  qu'en  effet  leurs 
racines,  n'y  éprouvant  pas  d'obstacles,  s'y  étendent 
et  y  acquièrent  un  développement  plus  considérable. 

Dans  cette  théorie,  on  voit  que  c'est  le  liber  qui 
joue  le  rôle  le  plus  important  dans  la  formation  des 
couches  ligneuses,  puisque  c'est  lui  qui  chaque  an- 
née se  convertit  en  une  nouvelle  zonéWaubier  qui 
s'ajoute  à  celles  qui  existaient  déjà. 

Le  liber  étant  l'organe  essentiel  de  la  végétation, 
et  changeant  chaque  année  de  forme  et  de  consis- 
tance, la  nature  a  dû  pourvoir  aux  moyens  de  le  re- 
produire aussi  chaque  année.  C'est  ce  qui  a  lieu  en 
effet.  Si  nous  étudions  avec  attention  le  développe- 
ment successif  des  divers  organes  qui  composent  la 
tige  des  dicotylédons,  nous  verrons  que,  la  première 
année,  entre  les  couches  corticales  et  l'étui  médul- 
laire, se  trouve  un  liquide  gélatineux,  auquel  Grew 
et  Duhamel  ont  donné  le  nom  de  cambium.  C'est 
ce  fluide  particulier  qui  contient  les  premiers  rudi- 
mens  de  l'organisation.  A  mesure  que  la  jeune  tige  se 
développe,  la  couche  la  plus  intérieure  de  ce  liquide 
prend  de  la  consistance,  s'organise,  se  durcit,  se  change 
en  liber,  qui ,  à  la  fin  de  la  première  année ,  se  trouve 
converti  en  une  substance  ligneuse  encore  molle  et 
mal  formée.  L'automne  arrive ,  et  la  végétation  s'ar- 


TIGE.  lo3 

rête  en  cet  état.  La  couche  extérieure  du  oambium, 
qui  n'a  point  encore  entièrement  changé  de  nature, 
reste  stationnaire  et  comme  engourdie.  Cependant, 
au  retour  du  printemps,  quand  la  chaleur  douce  du 
soleil  vient  tirer  les  végétaux  de  leur  sommeil  hiver- 
nal, le  cambium  reprend  sa  force  végétative;  il  dé- 
veloppe les  bourgeons  et  les  nouvelles  racines;  et, 
lorsqu'il  a  produit  toutes  les  parties  qui  doivent  ser- 
vir à  l'entretien  de  la  vie  du  végétal,  il  se  durcit  peu 
à  peu,  devient  compacte,  en  un  mot,  suit  et  éprouve 
les  mêmes  changemens  que  celui  qui  l'a  précédé. 
Mais,  à  mesure  que  ces  changemens  s'opèrent,  que 
le  liber  se  durcit  et  change  de  nature,  que  la  couche 
qu'il  a  remplacée  acquiert  une  solidité  plus  grande  , 
il  se  développe  un  nouveau  liber.  De  tous  les  points 
de  la  surface  extérieure  de  celui  qui  est  prêt  à  se 
convertir  en  bois,  suinte  une  humeur  visqueuse, 
sous  forme  de  petites  gouttelettes  qui  s'étendent  et 
se  réunissent  •:  c'est  un  nouveau  cambium ,  un 
nouveau  liber,  qui  va  s'organiser,  se  développer,  et 
suivre  les  différentes  époques  d'accroissement  par- 
courues par  ceux  qui  l'ont  précédé,  et  dont  il  a  tiré 
son  origine. 

Tels  sont  les  moyens  que  la  nature  met  en  usage 
pour  renouveler  chaque  année  la  partie  végétante  de 
la  tige.  C'est  ici  que  se  présente  la  grande  différence 
des  tiges  ligneuses  et  làeà  tiges  herbacées.  Dans  les 
tiges  ligneuses,  en  effet,  c'e.ct  au  développement  suc- 
cessil  d'une  nouvelle  couche  de  liber  que  l'arbre  doit 
sa  durée  et  la  persistance  de  sa  végétation.  Dans  L-s 


I04       ORGANES  DE  LA  VÉGÉTATION. 

tiges  herbacées ,  au  contraire ,  tout  le  cambium  se 
consume  à  produire  les  différens  organes  de  la 
plante,  et  à  la  fin  de  l'année  se  trouve  entièrement 
converti  en  une  sorte  de  substance  ligniforme,  sèche 
et  aride.  Il  ne  reste  donc  point,  comme  dans  la  tige 
ligneuse,  une  certaine  quantité  de  matière  gélati- 
neuse, chargée  de  conserver  d'une  année  à  l'autre 
les  germes  d'une  nouvelle  végétation  ;  et  la  plante 
meurt  nécessairement,  faute  d'une  substance  propre 
à  renouveler  son  développement. 

Après  avoir  développé  avec  quelque  détail  la 
théorie  de  la  formation  des  couches  ligneuses  au 
moyen  de  la  transformation  annuelle  du  liber  en 
aubier,  nous  devons  faire  connaître  celle  qui  a  été 
émise  par  M.  Du  Petit-Thouars ,  et  qui  a  fait,  entre 
plusieurs  physiologistes,  le  sujet  de  tant  de  contes- 
tations. 

2°  La  formation  successive  des  couches  ligneuses , 
c 'est-a-dire  l'accroissement  en  diamètre,  est  produit 
par  le  développement  des  bourgeons. 

Dans  la  théorie  précédente ,  c'est  au  liber  que  l'oa 
attribue  la  plus  grande  part  dans  les  phénomènes  de 
l'accroissement  en  diamètre;  ici,  au  contraire,  ce 
sont  les  bourgeons  qui  jouent  le  rôle  le  plus  impor- 
tant dans  cette  opération.  M.  Du  Petit-Thouars  ayant 
remarqué  que  les  bourgeons  sont  assis  sur  le  paren- 
chyme extérieur ,  et  que  leurs  fibres  communiquent 
avec  celles  des  scions  ou  jeunes  rameaux  qui  les  sup- 
portent, en  a  tiré  les  conséquences  suivantes,  qui 
forment  la  base  de  sa  théorie  de  l'organisation  végétale. 


TIGE.  Io5 

i  °  Les  bourgeons  sont  les  premiers  phénomènes 
sensibles  de  la  végétation.  En  effet,  toutes  les  parties 
qui,  dans  les  végétaux  ,  doivent  se  développer  à  l'ex- 
térieur, sont  d'abord  renfermées  dans  des  bourgeons. 

Il  en  existe  un  à  l'aisselle  de  toutes  les  feuilles. 
Mais  ce  bourgeon  n'est  apparent  que  dans  les  plantes 
dicotylédones,  et  parmi  les  monocotylédones,  dans 
la  famille  des  Graminées  seulement.  Dans  les  autres 
monocotylédones  ,  ce  bourgeon  est  latent ,  et  ne 
consiste  que  dans  un  point  vital,  susceptible,  dans 
certaines  circonstances,  de  se  développer  à  la  manière 
des  bourgeons  des  dicotylédons. 

a0  Par  leur  développement,  les  bourgeons  donnent 
naissance  à  des  scions  ou  jeunes  branches  chargées 
de  feuilles,  et  le  plus  souvent  de  fleurs.  Chacun 
d'eux  a  une  existence  en  quelque  sorte  indépendante 
de  celles  des  autres.  M.  Du  Petit-Thouars  les  regarde 
comme  analogues  dans  leur  développement  et  leur 
structure  aux  embryons  renfermés  dans  l'intérieur 
des  graines,  qui,  par  l'acte  de  la  germination,  déve- 
loppent une  jeune  tige  que  l'on  peut  comparer,  avec 
juste  raison,  au  scion  produit  par  l'évolution  d'un 
bourgeon.  Aussi  donne- 1- il  à  ces  derniers  le  nom 
ai  embryons  fixes  ou  adhérens,  par  opposition  à  celui 
à' embryons  libres,  conservé  pour  ceux  renfermés  dans 
l'intérieur  de  la  graine. 

3°  Si  l'on  examine  l'intérieur  de  ces  bourgeons 
sur  un  scion  ou  jeune  branche  de  l'année,  on  voit 
qu'ils  communiquent  directement  avec  le  parenchyme 
intérieur  ou  la  moelle.  Or  cette  moelle,  comme  nous 


lo6  ORGANES    DE    LA.    VÉGÉTATIOiV. 

lavons  dit,  est  d'abord  verte,  et  ses  cellules  sont  rem- 
plies de  fluides  aqueux  très-abomkns.  C'est  dans  ces 
fluides  aqueux  que  les  bourgeons  puisent  les  pre- 
miers matériaux  de  leur  développement.  Us  se  nour- 
rissent donc  aux  dépens  du  parenchyme  intérieur; 
et  en  absorbant  les  fluides  qu'il  contient ,  ils  le  des- 
sèchent, et  le  font  passer  à  l'état  de  moelle  propre- 
ment dite. 

4°  Dès  que  ces  bourgeons  se  manifestent ,  ils 
obéissent  à  deux  mouvemens  généraux,  l'un  mon- 
tant ou  aérien,  l'autre  descendant  ou  terrestre.  C'est 
ici  que  M.  Du  Petit-Thouars  rapproche  la  structure 
et  les  usages  des  bourgeons  de  ceux  des  embryons- 
graines.  Il  considère  en  quelque  sorte  les  bourgeons 
comme  des  embryons  germans.  La  couche  de  cam- 
bium  située  entre  l'écorce  et  le  bois  est,  pour  le 
bourgeon,  analogue  au  sol  sur  lequel  la  graine  com- 
mence à  germer.  Son  évolution  aérienne  donne  nais- 
sance à  un  scion,  ou  jeune  branch«e  ;  tandis  que  de 
sa  base,  c'est-à-dire  du  point  par  lequel  il  adhère  à 
la  plante-mère ,  partent  des  fibres  (  que  l'auteur  com- 
pare à  la  radicule  de  l'embryon),  et  qui  ,  glissant 
dans  la  couche  humide  de  cambium  ,  entre  le  liber 
&t  l'aubier,  descendent  jusqu'à  la  partie  inférieure  du 
végétal.  Or,  chemin  faisant ,  ces  fibres  rencontrent 
celles  qui  descendent  des  autres  bourgeons;  elles  s'y 
réunissent,  s'anastomosent  entre  elles,  et  forment 
ainsi  une  couche  plus  ou  moins  épaisse  ,  qui  prend 
de  la  consistance,  de  la  solidité,  et  constitue  chaque 
année  une  nouvelle  couche  ligneuse.  Quant  au  liber, 


TIGE.  IO7 

une  fois  formé,  il  ne  change  plus  de  nature  et  n'é- 
prouve aucune  transformation. 

Cette  théorie  est  extrêmement  ingénieuse,  et  M.  Du 
Petit -ïhouars  s'appuie  sur  plusieurs  faits  pour  en 
prouver  l'exactitude.  Ainsi,  dit-il,  lorsque  l'on  fait 
au  tronc  d'un  arbre  dieotylédon  une  forte  ligature 
circulaire,  il  se  forme  au-dessus  de  l'obstacle  un 
bourrelet ,  et  l'accroissement  en  diamètre  cesse  d'a- 
voir lieu  au-dessous  de  la  ligature.  Ce  bourrelet  est 
formé  par  les  fibres  ligneuses  qui  descendent  de  la 
base  des  bourgeons  en  glissant  dans  le  cambium  situé 
entre  le  liber  et  l'aubier.  Ces  fibres  ligneuses  ren- 
contrant un  obstacle  qu'elles  ne  peuvent  surmonter, 
s'y  accumulent  et  s'y  arrêtent.  Dès  lors  il  ne  peut 
plus  se  former  de  nouvelles  couches  ligneuses  au- 
dessous  de  la  ligature  ,  puisque  les  fibres  qui  doivent 
les  constituer  cessent  d'y  arriver.  Telle  est  l'explica- 
tion donnée  par  M.  Du  Petit -Thouars  du  fait  de  la 
ligature  et  du  bourrelet  circulaire  ,  que  la  plupart 
des  auteurs  expliquent  d'une  manière  tout-à-fait  dif- 
férente. 

M.  Du  Petit-Thouars  s'autorise  encore  des  phéno- 
mènes de  la  greffe  pour  étayer  sa  théorie.  Lorsque 
l'on  greffe  en  écussoii ,  on  prend  ordinairement  un 
bourgeon  encore  s'tationnaire ,  on  applique  sa  base 
sur  la  couche  du  cambium  que  l'on  a  mise  à  nu  ;  dès 
lors  les  radicelles  ou  fibres  qui  partent  de  la  base  du 
bourgeon  glistient  entre  l'écorce  et  l'aubier,  et  le 
nouveau  sujet  s'est  ainsi  identifié  à  celui  sur  lequel 
on  l'a  greffe. 


Io8  ORGANES    DE    LA.    VÉGÉTATION. 

Malgré  toutes  les  raisons  alléguées  par  Tauleur  en 
faveur  de  sa  théorie,  aucun  physiologiste  ne  l'a  en- 
core entièrement  adoptée.  Au  contraire,  presque  tous 
ceux  qui  s'occupent  de  la  physique  des  végétaux 
l'ont  combattue  avec  plus  ou  moins  de  succès.  Les 
principaux  argumens  que  l'on  peut  opposer  à  la 
théorie  de  M.  Du  Petit-ïhouars ,  sont  i  °  que  rien  ne 
prouve  d'une  manière  irréfragable  que  les  fibres 
qui  établissent  la  communication  entre  les  bourgeons 
et  les  tiges  qui  les  supportent  descendent  ainsi  de 
ces  bourgeons  jusque  dans  les  racines;  i°  que  les 
phénomènes  du  bourrelet  circulaire ,  formé  à  la  suite 
de  la  ligature  du  tronc,  peuvent  s'expliquer  par  l'in- 
terception et  la  stase  de  la  sève  descendante  ;  3°  qu'il 
est  impossible  de  concevoir  comment  des  fibres  aussi 
grêles  que  celles  qui  unissent  les  bourgeons  aux  tiges 
peuvent,  dans  un  espace  de  temps  aussi  court  que 
celui  durant  lequel  la  tige  s'accroît  en  diamètre,  des- 
cendre, de  leur  propre  poids,  du  sommet  d'un  arbre 
de  60  à  80  pieds,  jusqu'à  sa  base;  4°  que?  puisque 
ce  sont  les  fibres  qui  descendent  de  la  base  des  bour- 
geons qui  constituent  les  couches  ligneuses ,  si  dans 
la  greffe  en  écusson  on  greffe  un  bourgeon  d'un  arbre 
à  bois  coloré  sur  un  individu  à  bois  blanc,  les  fibres 
qui  partent  de  ces  bourgeons  devraient  conserver  leur 
couleur ,  et  les  nouvelles  couches  ligjneuses  qu'elles 
forment  en  présenter  une  semblable,  ce  qui  n'a  pas 
lieu;  5°  enfin,  si  c'est  le  développement  des  bour- 
geons qui  donne  lieu  à  la  formation  du  bois,  comment 
la  première  couche  ligneuse  a-t-e!le  pu  se  former  sur  le 


TIGE.  IO9 

jeune  scion  de  l'année,  puisque  aucun  des  bourgeons 
qu'il  supporte  ne  s'est  encore  développé  ? 

Les  deux  théories  dont  nous  venons  de  faire  l'ex- 
position ne  peuvent  donc  pas  être  adoptées  dans  leur 
entier,  comme  donnant  une  explication  rigoureuse 
de  tous  les  phénomènes  de  l'accroissement  en  dia- 
mètre dans  les  végétaux  dicotylédons.  En  effet,  celle 
de  Duhamel  est  essentiellement  fondée  sur  la  trans- 
formation annuelle  du  liber  en  aubier,  et  sa  régéné- 
ration au  moyen  de  la  couche  de  cambium.  L'expé- 
rience par  laquelle  ce  célèbre  physicien  dit  qu'ayant 
fait  passer  un  fil  d'argent  dans  le  liber ,  il  l'a  retrouvé 
l'année  suivante  dans  l'aubier,  est  tout-à-fait  inexacte. 
En  effet ,  tous  ceux  qui  après  Duhamel  ont  cherché 
à  la  répéter  n'ont  pu  obtenir  le  môme  résultat ,  et 
lorsque  le  fil  d'argent  avait  été  réellement  passé  à 
travers  le  liber,  on  l'a  toujours  retrouvé  dans  cet 
organe,  et  non  dans  l'aubier.  Cette  théorie  doit  donc 
nécessairement  s'écrouler ,  si  nous  sapons  la  base  sur 
laquelle  l'auteur  l'avait  élevée.  Quant  à  celle  de 
M.  Du  Petit -Thouars,  nous  ne  répéterons  point  ici 
les  puissantes  objections  que  l'on  a  élevées  contre  elle. 

3°  La  formation  annuelle  des  couches  ligneuses 
est  produite  par  le  cambium  qui  chaque  année 
forme  a  la  fois  une  nouvelle  couche  d'aubier  et  une 
nouvelle  couche  de  liber. 

Cette  opinion  est  celle  qu'en  dernier  lieu  avait  pro- 
fessée M.  Mirbel ,  et  qui  nous  paraît  réunir  en  sa 
faveur  le  plus  de  probabilités. 

Le  liber,  que  l'on  avait  jusqu'à  présent  considéré 


IlO  ORGANES   T>E    LA    VEGETATION. 

comme  l'organe  le  plus  essentiel  de  la  végétation  , 
comme  celui  qui  opérait  chaque  année  l'augmentation 
en  diamètre  du  tronc  des  arbres  dicotylédons,  étant 
au  contraire  neutre  et  passif  dans  cette  opération , 
on  doit  chercher  une  autre  explication  des  phéno- 
mènes de  l'accroissement  en  diamètre.  Or  voici  celle 
qui  nous  paraît  la  plus  probable  et  la  plus  en  rapport 
avec  l'observation  rigoureuse  des  faits.  Si  l'on  exa- 
mine une  jeune  branche  à  l'époque  de  la  végéta- 
tion, c'est-à-dire  quand  la  sève  circule  abondamment 
dans  toutes  les  parties  du  végétal,  voici  ce  que  l'on 
observe  :  entre  le  liber  et  l'aubier,  on  trouve  une 
couche  d'un  fluide  d'abord  clair  et  limpide,  qui 
peu  à  peu  s'épaissit,  et  prend  de  la  consistance; 
ce  fluide,  ou  le  cambium  ,  est  formé  par  la  sève 
descendante,  mélangée  à  une  partie  des  sucs  propres 
des  végétaux.  A  mesure  que  le  cambium  s'épaissit, 
on  voit  des  fîlamens  se  former  dans  son  intérieur,  et 
bientôt  il  s'organise  et  prend  l'aspect  d'un  tissu  vé- 
gétal. Cette  transformation  est  graduelle  ,  et  continua 
pendant  tout  le  temps  du  développement  des  bour- 
geons, en  sorte  que  la  formation  de  la  couche  an- 
nuelle a  lieu  d'une  manière  lente  et  progressive. 
C'est  pour  cette  raison  que  les  couches  nouvelles  d'au- 
bier présentent  très-souvent  plusieurs  zones  concen- 
triques qui  annoncent  que  toute  leur  épaisseur  n'a 
pas  été  formée  dune  seule  fois. 

Ainsi  donc  l'aubier  n'est  pas  formé  par  le  liber,  qui 
s'épaissit  et  prend  plus  de  consistance  ,  mais  par  le 
cambium,  qui  s'organise,  et  devient  ainsi  l'agent  de 


TIGE.  III 

l'accroissement  en  diamètre.  Lorsque  Duhamel  a  re- 
trouvé dans  l'aubier  le  fil  d'argent  qu'il  avait  cru  avoir 
engagé  dans  le  liber,  c'est  que  ce  fil  avait  été  passé  à 
travers  la  couche  organique  du  cambium. 

Le  liber  se  sépare  et  se  réorganise  en  partie  cha- 
que année  par  sa  face  interne.  En  effet,  la  couche 
de  cambium  qui  baigne  sa  surface  intérieure  s'orga- 
nise, et  s'ajoute  à  cet  organe,  en  sorte  qu'il  prend 
graduellement  plus  de  développement.  C'est  pour 
cette  raison  que  le  liber  se  trouve  formé  de  plusieurs 
lames  ou  feuillets  réunis  les  uns  aux  autres  par  une 
couche  excessivement  mince  de  tissu  cellulaire. 

Ainsi  donc,  pour  nous  résumer,  il  se  forme  chaque 
année  dans  le  tronc  des  arbres  dicotylédons  une  nou- 
velle couche  ligneuse.  Cette  nouvelle  couche  est  pro- 
duite par  une  partie  du  cambium  ,  qui  s'organise  et 
se  solidifie.  L'aubier  formé  l'année  précédente  ac- 
quiert plus  de  densité,  et  se  change  en  bois.  Mais  le 
liber  n'éprouve  aucune  transformation  ;  seulement 
il  se  répare  et  s'accroît  par  sa  face  interne  au  moyen 
d'une  partie  du  cambium. 

C'est  par  ce  mécanisme  qu'a  lieu,  selon  nous, 
l'accroissement  en  épaisseur  des  tiges  des  dicotylé- 
dons; expliquons  île  même  leur  développement  en 
hauteur. 

B.  Accroissement  en  hauteur. 

A  l'époque  de  la  germination,  la  radicule  s'en- 
fonce dans  la  terre,  tandis  que  le  caudex  ascendant 
s'élève  vers  le  ciel.  La  première  couche  du  cambium 


I  T 1  ORGANES    DE    LA    VÉGÉTATION. 

s'organise,  et  obéit  à  cette  impulsion.  Vers  l'au- 
tomne ,  quand  elle  est  changée  en  aubier  et  en  li- 
ber, son  accroissement  s'arrête.  Quand,  au  retour  du 
printemps,  la  végétation  recommence,  le  tissu  vé- 
gétal est  gorgé  de  fluides  nourriciers  qui  vivifient 
les  bourgeons;  de  la  partie  supérieure  de  la  tige  part 
un  nouveau  centre  de  végétation  d'où  s'élève  une 
jeune  pousse  qui  éprouve  dans  son  développement 
les  mêmes  phénomènes  que  la  première;  à  cette  se- 
conde en  succède  une  troisième,  qui,  l'année  d'en- 
suite, est  surmontée  d'une  quatrième,  etc. 

Le  tronc  se  trouve  donc  formé  par  une  suite  de 
cônes  très-allongés,  dont  le  sommet  est  en  haut,  et 
qui  sont  superposés  les  uns  aux  autres  Mais  le  som- 
met du  cône  le  plus  intérieur  s'arrête  à  la  base  de  la 
seconde  pousse,  et  ainsi  successivement,  en  sorte 
que  ce  n'est  qu'à  la  base  du  tronc  que  le  nombre 
des  couches  ligneuses  correspond  au  nombre  des 
années  de  la  plante.  Ainsi,  par  exemple,  une  tige  de 
dix  ans  offrira  à  sa  base  dix  couches  ligneuses.  Elle 
n'en  présentera  que  neuf,  si  on  la  coupe  à  la  hau- 
teur de  la  seconde  pousse,  que  huit  à  la  troisième  , 
et  enfin  qu'une  seule  vers  son  sommet.  C'est  pour 
cette  raison  que  le  tronc  des  arbres  dicotylédons  est 
plus  ou  moins  conique. 

Il  est  des  arbres  sur  lesquels  ce  développement  en 
hauteur  est  des  plus  manifestes:  dans  les  pins  et  les 
sapins  ,  par  exemple.  Au  bout  de  la  première  année, 
on  voit  au  sommet  de  la  tige  un  bourgeon  conique  , 
d'où  part  un  verticille  de  jeunes  rameaux,  au  centre 


TIGE.  Il3 

■desquels  en  est  un  qui  s'élève  verticalement;  c'est 
lui  qui  est  destiné  à  continuer  la  tige.  A  la  fin  de  la 
seconde  année ,  de  son  sommet  part  également  un 
semblable  bourgeon  qui  présentera  les  mêmes  phé-, 
nomènes  dans  son  développement.  Ainsi  Ton  peut 
connaître  clans  ces  arbres  le  nombre  de  leurs  an- 
nées par  le  nombre  des  verticilles  de  rameaux  qu'ils 
présentent  sur  leur  tige. 

§  i.  accroissement  de  la  tige  des  arbres  rnonoco- 
tjlêdons. 

Si  nous  examinons  l'accroissement  du  stipe  d'un 
palmier,  nous  voyons  qu'il  se  développe  de  la  ma- 
nière suivante: 

Après  la  germination,  les  feuilles,  ordinairement 
plissées  sur  elles-mêmes,  se  déroulent  et  se  déploient 
en  formant  un  faisceau  circulaire,  qui  naît  du  collet 
de  la  racine.  Du  centre  de  ce  faisceau  part,  la  se- 
conde année,  un  autre  bouquet  de  feuilles,  qui  re- 
jettent en  debors  celles  qui  existaient  déjà.  Alors  les 
plus  anciennes  se  fanent,  se  dessèchent  et  tombent. 
Mais  leurs  bases  étant  intimement  adhérentes  au 
sommet  de  la  racine,  restent,  persistent,  et  consti- 
tuent, en  se  soudant ,  un  anneau  solide  qui  devient 
la  base  du  stipe.  Chaque  année  un  nouveau  bour- 
geon central  venant  à  se  développer,  les  feuilles  les 
plus  extérieures  de  celui  qui  l'a  précédé  tombent,  et 
leur  base  qui  persiste  forme  un  nouvel  anneau  qui 
s'ajoute  au-dessus  de  ceux  qui  existaient  déjà. 

8 


Il4       ORGANES  DE  LA  VÉGÉTATION. 

Tel  est  le  développement  de  la  tige  des  Monoco- 
tylédons. Leur  stipe ,  au  lieu  d'être  formé ,  comme 
le  tronc  des  Dicotylédons ,  de  couches  concentri- 
ques, est  composé  d'anneaux  superposés.  D'après 
cela,  on  voit  que  le  tronc  des  Monocotylédons 
ne  doit  croître  que  très -peu  en  épaisseur.  En 
effet,  son  développement  latéral  ne  peut  avoir  lieu 
qu'autant  que  la  base  persistante  des  feuilles  ne  s'est 
point  encore  assez  solidifiée  et  endurcie  pour  ré- 
sister à  la  pression  excentrique  que  le  bourgeon  tend 
à  opérer  sur  elle.  Aussi  voyons-nous  que  les  pal- 
miers, qui  ont  quelquefois  jusqu'à  cent  vingt  et  cent 
quarante  pieds  de  hauteur,  ont  une  tige  qui  a  sou- 
vent à  peine  un  pied  de  diamètre. 

Dans  les  arbres  dicotylédones  c'est  le  Cambium 
qui  est  l'agent  essentiel  de  l'augmentation  de  la  tige, 
puisque  c'est  lui  qui ,  chaque  année ,  s'organise  et 
forme  une  nouvelle  couche  ligneuse.  Ici, au  contraire, 
c'est  le  bourgeon  terminal  couronnant  le  stipe  qui 
remplit  le  même  usage.  Aussi  l'arbre  périrait-il  in- 
failliblement, si  l'on  retranchait  ce  centre  de  végé- 
tation. 

Si  nous  comparons  d'une  manière  générale  l'ac- 
croissement en  diamètre  de  la  tige  des  arbres  dico- 
tylédons et  celui  des  monocotylédons,  qu'il  ne  dif- 
fère pas  moins  que  leur  structure  anatomique.  En 
effet,  dans  les  dicotylédons  il  y  a  deux  systèmes  dis- 
tincts, le  système  central,  formé  de  l'étui  médul- 
laire et  des  couches  ligneuses,  et  le  système  cortical, 
qui  se  compose  de  Pécorce.  Ces  deux  systèmes  s'ac- 


TIGE.  I  i  J 

croissent  séparément,  en  sorte  qu'il  y  a  deux  sur- 
faces d'accroissement  dans  cette  classe  de  végétaux. 
Le  système  central  s'accroît  par  les  nouvelles  cou- 
ches qui  s'ajoutent  à  sa  surface  externe ,  et.  le  sys- 
tème cortical  s'accroît  au  contraire  par  sa  face  in- 
terne. 

Dans  les  végétaux  monocotylédonés,  au  contraire, 
il  n'y  a  qu'une  seule  surface  d'accroissement,  et  par 
conséquent  qu'un  seul  système.  M.  Them.  Lestibou- 
dois,  professeur  à  Lille,  remarquant  ,  et  avec  juste 
raison  ,  que  dans  ce  système  unique  qui  forme  la  tige 
des  monocotylédons,  l'accroissement  se  fait  par  la 
face  interne,  en  tire  cette  conclusion  que  ce  système 
est  le  cortical,  et  que  le  central  manque.  D'où  il  suit 
que  le  stipe  des  palmiers  est  organisé  comme  l'écorce 
des  dicotylédons.  Cette  opinion  ingénieuse  ne  man- 
que pas  de  probabilité. 

Pour  terminer  ici  tout  ce  qui  a  rapport  à  l'accrois- 
sement de  la  tige  dans  les  végétaux  ,  il  nous  reste  à 
faire  connaître  le  résultat  des  observations  publiées 
récemment  par  M.  Dutrochet.  (JIJé/?\  du  Muséum, 
■vol.  vu  et  yiii.  Jusqu'à  présent  on  n'avait  admis 
l'accroissement  en  diamètre  que  comme  le  résultat 
des  nouvelles  couclies  qui  s'ajoutent  chaque  année 
entre  l'Aubier  et  l'écorce.  M.  Dutrochet  a  le  pre- 
mier prouvé  que  les  végétaux  s'accroissent  en  dia- 
mètre en  deux  sens,  savoir,  i°  en  épaisseur,  par 
la  formation  des  nouvelles  couches  entre  l'écorce  et 
l'Aubier;  i°  en  largeur,  par  le  développement  latéral 
de  la  nouvelle  couche  et  la   formation  de  nouveaux 


Ïl6  ORGANES    DE    L.4    VÉGÉTATION. 

faisceaux  de  fibres.  Cet  accroissement,  dans  le  sens 
de  l'épaisseur  et  de  la  largeur,  a  lieu  également  dans 
les  racines  et  clans  les  tiges. 

C'est  d'abord  sur  la  tige  de  laClématite  que  M.Du- 
trocheta  fait  ses  premiers  essais.  Lorsque  l'on  coupe 
transversalement  l'extrémité  d'une  jeune  branche  de 
Clématite,  on  trouve  qu'elle  se  compose  de  six  fais- 
ceaux de  fibres  longitudinales,  séparés  les  uns  des 
autres  ptr  des  rayons  ou  espaces  médullaires  assez 
larges.  Peu  à  peu  ,  et  par  les  progrès  de  la  végéta- 
tion, il  se  forme  au  centre  de  chaque  espace  médul- 
laire un  nouveau  faisceau  défibres  longitudinales  qui 
acquiert  bientôt  le  même  volume  que  les  six  faisceaux 
primitifs;  en  sorte  qu'à  la  fin  de  la  première  année  la 
tige  se  trouve  composée  de  douze  faisceaux  de  fibres, 
séparés  par  autant  de  rayons  médullaires. 

Pendant  la  seconde  année,  chacun  des  six  fais- 
ceaux primitifs  se  divise  en  trois  par  la  production 
médiane  d'un  nouveau  faisceau  de  fibres  longitudi- 
nales séparé  des  deux  autres,  au  milieu  desquels  il 
s'est  développé,  par  deux  rayons  médullaires  in- 
complets, qui  n'atteignent  pas  jusqu'à  la  moelle  cen- 
trale. D'un  autre  côté,  les  six  autres  faisceaux  se- 
condaires de  la  première  année  se  divisent  chacun 
en  deux  par  la  formation  médiane  d'un  nouveau 
rayon  médullaire  incomplet;  d'où  il  résulte  qu'à  la 
fin  de  la  seconde  année  il  y  a  trente  faisceaux  de 
fibres  distingués  les  uns  des  autres  par  autant  de 
rayons  ou  espaces  médullaires  ,  dont  douze  seule- 
ment ,  savoir,  ceux  qui  existaient  à  la  fin  de  la  pre- 


TIGE.  il  n 

mière  année,  sont  seuls  complets  et  établissent  une 
communication  directe  eutre  la  médulle  externe  et 
l'interne. 

Pour  peu  qu'on  réfléchisse  avec  quelque  attention 
à  la  manière  dont  les  faisceaux  de  fibres  longitudi- 
nales se  sont  multipliés,  on  verra  que  l'accroisse- 
ment s'est  fait  latéralement.  En  effet,  la  production 
médiane  de  nouveaux  faisceaux  de  fibres  au  centre 
des  rayons  médullaires,  ou  celle  de  nouveaux  l'ayons 
médullaires  au  centre  des  faisceaux  de  fibres,  a  dû 
nécessairement  dilater  latéralement,  et  par  consé- 
quent augmenter  la  largeur  de  la  couche  circulaire 
dans  laquelle  ce  développement  s'est  opéré.  Or  , 
c'est  cette  dilatation  latérale  qui  n'avait  point  encore 
été  aperçue  avant  l'habile  expérimentateur  dont  nous 
faisons  connaître  ici  les  observations. 

L'accroissement  en  largeur  s'arrête  dans  les  par- 
ties dès  l'instant  qu'elles  se  sont  solidifiées.  Ainsi  il 
n'a  plus  lieu  dans  les  couches  ligneuses;  mais  il  se 
continue  dans  l'écorce,  et  c'est  ainsi  qu'elle  per- 
met l'accroissement  en  épaisseur  des  couches  li- 
gneuses. 

L'accroissement  en  largeur  a  également  lieu  dans 
les  racines,  ainsi  que  nous  l'avons  déjà  annoncé.  Mais 
dans  cet  organe  il  commence  toujours  par  la  produc- 
tion médiane  de  nouveaux  rayons  médullaires  au 
centre  tdes  faisceaux  de  fibres.  Plus  tard  ces  nou- 
veaux espaces  médullaires  donnent  eux-mêmes  nais- 
sance à  d'autres  agglomérations  de  fibres. 

D'après  ce  qui  précède ,  on  voit  que  les  élémens-. 


J  1 8  ORGANES    DE    LA    VÉGÉTATION. 

organiques  des  végétaux  ont  une  tendance  naturelle 
à  la  production  médiane.  Ainsi  les  faisceaux  de  fibres 
tendent  à  produire  dans  leur  partie  moyenne  de  nou- 
veaux rayons  médullaires.  D'un  autre  côté  les  rayons 
médullaires  tendent  à  produire  de  nouveaux  fais- 
ceaux de  fibres  longitudinales. 

Nous  venons  de  faire  connaître  l'opinion  de  l'au- 
teur relativement  à  l'accroissement  en  largeur;  expo- 
sons aussi  ses  idées  sur  le  développement  en  épais- 
seur. Les  couches  ligneuses  de  nouvelle  formation 
qui  se  développent  chaque  année  sont  séparées  des 
anciennes  par  une  couche  mince  de  médulle  centrale. 
Ces  couches  de  médulle,  qui  isolent  les  couches  li- 
gneuses les  unes  dés  autres,  ne  sont  pas  toujours  fa- 
ciles  à    apercevoir.   Mais    elles   sont   très  -  visibles  , 
par  exemple ,  dans  le  Rhus  tjphinum ,  ou  leur  cou- 
leur plus  foncée  les  fait  distinguer  au  premier  coup 
d'œil  des  cou'ches  de  bois,  qui  sont  plus  claires.  Au 
printemps    l'accroissement  en    épaisseur  commence 
toujours  par  la  formation  de  cette  couche  mince  de 
tissu  cellulaire,  ou  de  médulle.  Bientôt,  par  sa  pro- 
priété de  donner.naissance  à  des  fibres  longitudinales, 
cette  couche  de  moelle   produit  des   vaisseaux  qui 
l'environnent,  et  constituent  ainsi  une  sorte  de  canal 
médullaire,  destinée  à  devenir  plus  tard  la  nouvelle 
couche  ligneuse. 

Dans  cette  théorie  on  voit  le  rôle  important  que 
l'auteur  fait  jouer  à  la  moelle.  C'est  elle,  en  effet, 
qui  devient  l'agent  essentiel  de  l'accroissement  en 
diamètre,  puisque  c'est  elle  qui  donne  naissance  aux 


TIGE.  IJ9 

vaisseaux  qui  doivent   constituer  plus  tard   la  nou- 
velle couche  de  bois. 

Les  mêmes  phénomènes  ont  lieu  dans  le  Liber. 
Chacun  de  ses  feuillets  est  séparé  par  une  couche 
mince  du  tissu  cellulaire ,  qui  appartient  à  la  mé- 
dulle  corticale. 

Théorie  de  quelques  procédés  pour  la  multiplication 
artificielle  des  végétaux,  expliquée  par  les  lois 
de  la  physiologie  végétale. 

Le  moyen  de  multiplication  le  plus  naturel  et  le 
plus  facile  dans  les  végétaux  est  sans  contredit  celui 
qui  a  lieu  au  moyen  des  graines  et  de  leur  dévelop- 
pement. C'est  celui  par  lequel  les  végétaux  dispersés 
sur  la  surface  du  globe  se  renouvellent  naturelle- 
ment. Mais  il  en  est  encore  d'autres  que  l'art  de  la 
culture  met  fréquemment  à  contribution  pour  per- 
pétuer et  multiplier  certaines  races  ou  variétés  d'ar- 
bres que  l'on  ne  pourrait  reproduire  par  le  moyen 
des  graines.  Ces  procédés  sont  la  marcotte,  la  bou- 
ture et  la  greffe.  Nous  allons  en  peu  de  mots  exposer 
la  théorie  de  ces  trois  opérations,  considérées  d'une 
manière  générale,  et  quant  à  leurs  rapports  avec  la 
physique  végétale. 

i°  La  marcotte  est  une  opération  par  laquelle 
on  entourre  de  terre  la  base  d'une  jeune  branche,  et 
on  lui  fait  pousser  des  racines  avant  de  la  détacher 
du  sujet.  Tantôt  cette  opération  se  pratique  sur  les 
branches  inférieures  d'un  jeune  arbuste  :  on  les  in- 
cline et  on  les  couche  légèrement;  tantôt  c'est  sur 


120  ORGANES    DE    LA.    VÉGÉTATION, 

les  branches  supérieures ,  que  l'on  fait  passer  à  tra- 
vers un  pot  ou  une  cage  de  verre  remplie  de  terre 
de  bruyère. 

Pour  faciliter  le  marcottage,  on  pratique  ordinai- 
rement, à  la  base  de  la  jeune  branche,  une  incision 
ou  une  forte  ligature,  afin  de  déterminer  la  forma- 
tion des  racines.  Ces  racines  sont  des  bourgeons  qui , 
plongés  dans  ia  terre,  s'allongent  en  fibres  grêles  et 
radicellaires,  tandis  qu'exposés  à  l'air,  ils  se  seraient 
développés  en  jeunes  scions.  On  emploie  la  marcotte 
pour  multiplier  un  grand  nombre  de  végétaux,  tels 
que  les  œillets,  les  hortensia,  les  bruyères,  les  gro- 
seillers,  etc. 

i°  La  bouture  diffère  de  la  marcotte  en  ce  que 
Ton  sépare  la  jeune  branche  du  sujet,  avant  de  la. 
fixer  en  terre.  Il  y  a  des  arbres  chez  lesquels  les- 
boutures  reprennent  avec  une  grande  facilité.  En 
général,  ceux  dont  le  bois  est  blanc  et  léger  se  prê- 
tent plus  facilement  à  cette  opération.  Ainsi  une 
branche  de  saule,  de  peuplier,  de  tilleul,  enfoncée 
en  terre,  s'y  enracine  au  bout  de  quelque  temps,  et 
ne  tarde  pas  à  pousser  avec  vigueur. 

Une  bouture  réussira  d'autant  plus  sûrement  que 
le  cultivateur  aura  eu  le  soin  de  laisser  deux  ou  trois 
jeunes  bourgeons  au-dessous  de  la  terre,  c'est-à-dire 
sur  la  partie  inférieure  de  la  jeune  branche.  Ces  bou- 
tons s'allongent  en  racines,  et  aident  singulièrement 
la  succion  qui  doit  amener  le  développement  des 
jeunes  scions. 

Assez  souvent  on  pratique  à  la  base  des  boutures. 


TIGE.  I2Ï 

des  incisions  ou  des  ligatures,  afin  d'en  assurer  la 
réussite.  Quelquefois  même  on  les  fend  longitudina- 
lement  à  leur  base,  et  l'on  y  introduit  une  petite 
éponge  imbibée  d'eau. 

Il  est  des  espèces  ligneuses  qui  reprennent  très- 
difficilement  des  boutures,  tels -sont  les  pins,  les  sa- 
pins, les  chênes,  les  bruyères,  et  en  général  les 
arbres  à  bois  très-dense  ou  résineux. 

3°  La  gjheffe  est  une  opération  par  laquelle  on 
ente  sur  un  individu  un  bourgeon  ou  un  jeune  scion, 
qui  s'y  développe  et  s'identifie  avec  le  sujet  sur  le- 
quel il  a  été  greffé.  . 

La  greffe  ne  peut  réussir  qu'autant  qu'elle  a  lieu 
entre  des  parties  végétantes: c'est  ainsi ,  par  exemple, 
que  l'on  ne  peut  greffer  le  bois,  ni  même  l'Aubier. 
C'est  dans  l'opération  et  les  phénomènes  de  la  greffe 
que  l'on  peut  remarquer  la  grande  analogie  qui  existe 
entre  les  gemmes  ou  bourgeons  et  les  graines,  sur- 
tout sous  le  rapport  de  leur  développement.  Ces 
deux  organes,  en  effet ,  sont  destinés  à  donner  nais- 
sance à  de  nouveaux  individus,  dont  les  uns  vivent 
aux  dépens  du  sujet  sur  lequel  ils  se  développent  y 
tandis  que  les  autres  subsistent  par  eux-mêmes,  et 
sans  avoir  besoin  de  secours  étranger. 

Remarquons  que  la  greffe  ou  soudure  des  parties 
ne  peut  avoir  lieu  qu'entre  des  végétaux  de  la  même 
espèce,  des  espèces  du  même  genre,  ou  enfin  des 
genres  d'une  même  famille  ;  mais  jamais  entre  des 
individus  appartenant  à  des  ordres  naturels  différèns. 
C'est  ainsi,  par  exemple^  que  l'on  peut  greffer   le 


\11  ORGANES  DE  LA  VÉGÉTATION. 

pêcher  sur  l'amandier,  l'abricotier  sur  le  prunier,  les 
Pavia  sur  le  marronnier  d'Inde.  Mais  cette  opération  ne 
pourrait  pas  réussir  entre  ce  dernier  arbre ,  par  exem- 
ple, et  l'amandier.  Il  faut  qu'il  y  ait  une  sorte  de 
convenance,  d'analogie  entre  la  sève  des  deux  indi- 
vidus pour  que  la  soudure  d'une  greffe  puisse  s'ef- 
fectuer. 

C'est  au  moyen  du  Cambium,  ou  suc  propre  des 
végétaux,  que  s'opère  la  soudure  des  greffes.  Cette 
matière  fluide  sert  de  moyen  d'union  entre  l'individu 
et  la  greffe ,  comme  dans  les  animaux  la  lymphe  coa- 
gulable  s'interpose  entre  les  deux  lèvres  d'une  plaie 
récente  qu'elle  réunit  et  rapproche.  Lorsque  l'on 
examine  la  plaie  d'une  greffe,  environ  quinze  jours 
après  l'opération  ,  on  voit  entre  les  deux  parties  rap- 
procbées  une  couche  mince  de  petites  granulations 
verdâtres  dispersées  dans  un  fluide  visqueux.  Ces  pe- 
tites granulations,  rudimens  de  l'organisation  végé- 
tale, sont  produites  par  le  Cambium  qui  se  solidifie 
et  s'organise,  phénomène  qui  se  répète  toutes  les  fois 
que  l'on  fait  une  plaie  superficielle  à  un  arbre ,  et 
qu'on  la  garantit  du  contact  de  l'air. 

Ce  moyen  de  multiplication  procure  plusieurs  avan- 
tages dans  l'art  de  la  culture.  i°  Il  sert  à  conserver  et 
à  multiplier  des  variétés  ou  monstruosités  remarqua- 
bles, qui  ne  pourraient  se  reproduire  au  moyen  des 
graines;  2°  à  procurer  promptement  un  grand  nom- 
bre d'arbres  intéressans,  qui  se  multiplient  difficile- 
ment par  tout  autre  moyen;  3°  d'accélérer  de  plu- 
sieurs années  la  fructification  de  certains  végétaux; 


TIGE.  123 

4°  de  bonifier  et  de  propager  les  variétés  d'arbres  à 
fruits,  etc. 

Le  professeur  Thouin ,  dont  les  sciences  déplo- 
rent la  perte  récente ,  a  publié  une  excellente  Mo- 
nographie des  greffes  ,  dans  laquelle  il  rapporte 
tous  les  procédés  connus  aux  quatre  sections  sui- 
vantes :  i  °  greffes  par  approche;  i°  greffes  par  scions  ; 
3°  greffes  par  gemmes  ou  bourgeons;  4°  enfin  gref- 
fes des  végétaux  herbacés.  Nous  allons  faire  con- 
naître rapidement  les  procédés  mis  en  usage  pour 
opérer  ces  différentes  greffes. 

SECTION   l'< 

GREFFES    PAR    APPROCHE. 

Elles  s'exécutent  entre  deux  individus  enracinés 
que  l'on  veut  réunir  et  souder  ensemble  par  un  ou 
plusieurs  points  de  leur  longueur.  Pour  cela  on  fait 
aux  parties  que  Ton  veut  greffer  des  plaies  qui  se 
correspondent  exactement;  et,  en  enlevant  des  plaques 
d'écorce  d'égale  grandeur,  on  réunit  ces  plaies,  on 
les  tient  rapprochées,  et  on  les  garantit  du  contact 
de  l'air. 

On  peut  greffer  par  ce  procédé  des  tiges,  des 
branches,  des  racines  entre  elles,  des  fruits,  et  même 
des  fleurs  avec  des  feuilles. 

SECTION    II. 

GREFFES    PAR    SCIONS. 

/ 

On  pratique  les  greffes  par  scions  avec  de  jeunes 
rameaux,  ou  même  avecdes  racines  que  l'on  sépare  de 


1^4  ORGANES    DE    LA    VÉGÉTATION. 

leur  individu  pour  les  placer  sur  un  autre,  afin  qu'ils 
y  vivent  et  s'y  développent  à  ses  dépens.  Ordinaire- 
ment on  sépare  les  ramilles  que  l'on  veut  greffer, 
quelques  jours,  quelquefois  même  plusieurs  mois 
avant  de  pratiquer  cette  opération,  afin  qu'ils  soient 
moins  en  sève  que  les  sujets  sur  lesquels  ils  doivent 
être  placés.  On  a  soin,  dans  ce  cas,  de  les  conserver, 
en  plongeant  leur  extrémité  inférieure  dans  l'eau  ou 
dans  la  terre. 

Avant  d'opérer  cette  espèce  de  greffe,  on  coupe 
ordinairement  la  tête  du  sujet  sur  lequel  on  veut  la 
pratiquer;  quelquefois  même  cette  résection  se  fait 
à  fleur  de  terre,  surtout  pour  les  arbres  dont  la  greffe 
doit  être  enterrée,  comme  la  vigne,  etc. 

Remarquons  qu'une  condition  indispensable  pour 
la  réussite  de  cette  espèce  de  greffe ,  c'est  qu'il  faut 
que  le  liber  du  rameau  coïncide,  dans  la  plus  grande 
partie  de  son  étendue,  avec  celui  du  sujet  sur  lequel 
on  l'a  implanté. 

La  greffe  par  scions  se  fait  de  plusieurs  manières: 
tantôt  on  fend  la  tête  du  sujet  en  deux,  et  l'on  im- 
plante dans  cette  fente  le  ramille  que  l'on  veut  greffer; 
cette  espèce  est  connue  sous  le  nom  de  greffe  en 
fente.  Tantôt  on  écarte  l'écorce  des  coucbes  ligneuses 
sous-jacentes",  et  l'on  insinue  entre  elles  plusieurs  pe- 
tits rameaux  que  l'on  dispose  circulairement;  c'est  la 
greffe  en  couronne.  D'autres  foison  perfore  le  tronc 
de  l'arbre,  et  l'on  y  adapte  une  jeune  brandie  que 
l'on  y  maintient  fixée.  Cette  greffe,  aujourd'liui  peu 
employée,  porte  le  nom, de  greffe  en  vilebrequin. 


TIGE.  ïiS 

Quelquefois  on  pratique  la  greffe  par  scions  avec  de 
jeunes  rameaux  chargés  de  feuilles,  de  fleurs,  et  même 
de  jeunes  fruits.  Elle  s'effectue  alors  dans  le  plein  de 
la  première  sève.  Parce  procédé  il  n'est  pas  rare,  dit 
M.  Thouin ,  d'obtenir  des  fruits  d'un  arbre  quinze 
à  vingt  ans  plus  tôt  qu'il  n'en  eût  donné  sans  son  se- 
cours; on  est  même  parvenu,  en  semant  un  pépin  à 
une  époque  déterminée,  à  en  recueillir  avant  la  fin 
de  l'année  des  fruits  parfaitement  mûrs. 

La  greffe  par  scions  se  pratique  encore  sans  couper 
la  tête  du  sujet.  On  entaille  seulement  un  de  ses  côtés, 
et  l'on  y  applique  la  greffe.  Cette  espèce,  qui  a  pour 
but  principal  de  regarnir  la  tête  d'un  arbre  qui  a 
perdu  quelqu'une  de  ses  branches,  porte  le  nom  de 
greffe  de  coté. 

Enfin  on  doit  rapporter  à  cette  section  les  greffes 
que  l'on  opère  avec  un  scion  sur  une  racine  laissée 
en  place,  ou  avec  une  racine  sur  la  racine  d'un  autre 
sujet. 

SECTION  III. 

GREFFES    PAR    GEMMES    OU    BOUTONS. 

Ces  greffes  consistent  à  transporter  sur  un  autre 
individu  une  plaque  d'écorce  à  laquelle  adhèrent  un 
ou  plusieurs  bourgeons  ou  gemmes.  À  cette  section 
se  rapportent  les  greffes  en  écusson,  en  flûte,  en  sif- 
flet, en  chalumeau,  etc.  Cette  espèce  de  greffe  est 
la  plus  employée,  surtout  pour  la  multiplication  en 
grand  des  arbres  fruitiers. 

En  effet,  elle  est  d'une  exécution  facile  et  expé- 


I2Ô       ORGANES  DE  LA  VÉGÉTATION. 

ditive.  Elle  se  pratique  ,  soit  au  printemps,  lors  de 

l'ascension  de  la  sève,  soit  à  la  sève  d'août.  La  forme 

à  donner  à  la  greffe,  et  celle  de  l'incision,  varient 

singulièrement,  suivant  le  procédé  d'après  lequel  on 

opère. 

SECTION   IV. 

GREFFE    DES    PARTIES    HERRACÉES    DES    VÉGÉTAUX  , 
OU    GREFFE    TSCHOUDY. 

La  découverte  de  cette  espèce  de  greffe  date  d'une 
époque  assez  récente.  Il  y  a  peu  d'années  qu'elle  fut 
pratiquée  pour  la  première  fois  par  son  inventeur 
M.  le  baron  Tschoudy.  Elle  peut  s'effectuer  avec  les 
jeunes  pousses  herbacées  des  arbres ,  dans  le  fort  de 
la  sève  ou  avec  des  plantes  annuelles. 

Pour  que  cette  greffe  puisse  réussir,  il  faut  l'insé- 
rer dans  l'aisselle  ou  dans  le  voisinage  d'une  feuille 
vivante  du  sujet.  Cette  feuille  sert  à  appeler  la  sève 
dans  la  greffe,  et  en  facilite  la  reprise  et  le  déve- 
loppement. 

Les  procédés  mis  en  usage  sont  à  peu  près  les 
mêmes  que  ceux  employés  pour  exécuter  les  autres 
espèces  de  greffes. 

Telles  sont  les  différentes  espèces  de  greffes  em- 
ployées pour  la  multiplication  des  végétaux.  Il 
n'entre  point  dans  notre  sujet  de  décrire  les  procé- 
dés nombreux  et  variés  mis  en  usage  pour  les  pra- 
tiquer. Nous  renvoyons  pour  cet  objet  aux  traités 
d'agriculture ,  et  particulièrement  à  la  Monographie 
que  le  professeur  André  Tbouin  a  publiée  en  1822 


TIGE.  I27 

De  la  Hauteur  des  arbres. 

Les  arbres  sont,  en  général,  d'autant  plus  forts 
et  plus  élevés,  que  le  sol,  le  climat  et  la  situation 
dans  lesquels  ils  se  trouvent  sont  plus  convenables 
à  leur  nature  et  plus  favorables  à  leur  accroissement. 
Une  certaine  humidité,  jointe  à  un  degré  de  chaleur 
assez  considérable,  paraît  être  la  circonstance  la  plus 
propre  au  développement  des  arbres.  Aussi  est-ce 
dans  les  régions  qui  présentent  ces  conditions  atmo- 
sphériques, qu'ils  acquièrent  la  hauteur  la  plus  grande. 
Les  forêts  de  l'Amérique  méridionale  sont  peuplées  en 
général  d'arbres  qui,  par  leur  port,  leur  taille  élevée, 
la  beauté  de  leur  feuillage  et.  de  leurs  fleurs,  l'em- 
portent beaucoup  sur  ceux  de  nos  climats  tempérés. 

Il  est  certains  arbres  qui  n'acquièrent  que  par  une 
longue  suite  d'années  une  hauteur  et  un  diamètre 
considérables  :  tels  sont,  par  exemple,  le  chêne, 
l'orme,  le  cèdre.  D'autres,  au  contraire,  prennent 
un  accroissement  plus  rapide  dans  un  temps  beaucoup 
plus  court;  ce  sont  ceux  principalement  dont  le  bois 
est  tendre  et  léger,  comme  les  peupliers,  les  sapins, 
les  acacias,  etc. ,  etc.  Enfin  il  est  certaines  plantes 
qui  se  développent  avec  tant  de  rapidité,  qu'on  peut, 
en  quelque  sorte,  suivre  de  l'œil  les  progrès  de  leur 
développement:  X Agave americana  est  de  ce  nombre. 
Cette  plante,  que  j'ai  vue  tapissant  les  rochers  qui 
bordent  la  Méditerranée  dans  le  golfe  de  Gênes, 
lorsqu'elle  fleurit,  développe,  dans  l'espace  de  trente 
à  quarante  jours,  une  hampe  qui  acquiert  quelque- 


î  20  ORGANES    DE    LA    VEGETATION. 

fois  trente  pieds  de  hauteur.  Croissant  ainsi  de  près 
d'un  pied  par  jour,  on  conçoit,  qu'il  serait  en  quelque 
façon  possible  que  son  développement  successif  fût 
perceptible  aux  yeux  de  l'observateur. 

En  général,  le  plus  grand  accroissement  en  hau- 
teur que  puissent  acquérir  les  arbres  de  nos  forêts 
est  de  cent  vingt  à  cent  trente  pieds.  En  Amérique, 
les  palmiers  et  beaucoup  d'autres  arbres  dépassent 
souvent  cent  cinquante  pieds. 

De  la  Grosseur  des  arbres. 

La  grosseur  des  arbres  n'est  pas  moins  variée  que 
leur  hauteur.  Il  en  est  qui  acquièrent  quelquefois  des 
dimensions  monstrueuses.  Nous  ne  parlerons  pas  ici 
de  ce  châtaignier  si  renommé  du  mont  Etna,  qui,  au 
rapport  de  quelques  voyageurs,  avait  cent  soixante 
pieds  de  circonférence,  parce  qu'on  s'accorde  à  le 
considérer  comme  composé  de  plusieurs  troncs  sou- 
dés en  un  seul;  mais  nous  pouvons  citer  comme 
exemples  bien  avérés  d'une  grosseur  énorme,  les 
Baobabs  observés  par  Adanson  aux  îles  du  Cap -Vert , 
et  dont  quelques-uns  présentaient  quatre-vingt-dix 
pieds  de  circonférence  ;  le  Dragonier  de  Ténériffe. 

Dans  nos  climats,  on  voit  des  chênes,  des  ormes, 
des  tilleuils,  des  poiriers  et  des  pommiers  acquérir 
jusqu'à  vingt-cinq  et  trente  pieds  de  circonférence. 

De  la  Durée  des  arbres. 

Les  arbres  placés  dans  des  terrains  qui  leur  con- 
viennent,  dans  une  situation  appropriée  à  leur  na- 


TIGE.  1 29 

lure,  sont  susceptibles  de  vivre  pendant  des  siècles. 
Ainsi  l'olivier  peut  exister  pendant  trois  cents  ans;  le 
chêne  environ  six  cents.  Les  cèdres  du  Liban  pa- 
raissent en  quelque  sorte  indestructibles.  D'après 
des  calculs  fort  ingénieux,  Adanson  estime  que  les 
baobabs,  dont  nous  venons  de  parler  tout  à  l'heure, 
pouvaient  avoir  environ  six  mille  ans. 

Dans  les  arbres  dicotylédons  on  peut  connaître 
l'âge  d'un  arbre  par  le  nombre  des  couches  ligneuses 
qu'il  présente  sur  la  coupe  transversale  de  son  tronc. 
En  effet,  comme  chaque  année  il  se  forme  une  nou- 
velle couche  de  bois ,  on  conçoit  qu'un  arbre  de 
vingt  ans,  par  exemple,  doit  offrir,  mais  à  sa  base 
seulement,  vingt  zones  concentriques  de  bois. 


Usages  des  Tiges. 

Le  bois  est  employé  à  tant  d'usages  variés  dans 
l'économie  domestique  et  les  arts ,  il  est  tellement 
indispensable  à  la  construction  de  nos  bâtimens  de 
terre  et  de  mer,  de  la  plupart  de  nos  machines  et 
de  nos  instrumens ,  ^u'il  n'est  aucune  partie  des  vé- 
gétaux qui  puisse  lui  disputer  à  cet  égard  la  supé- 
riorité. 

Beaucoup  de  tiges  herbacées  sont  usitées  pour  la 
nourriture  de  l'homme  et  des  animaux. 

La  tige  du  Saccharum  qfficinarum  fournit  la  plus 
grande  partie  du  sucre  répandu  dans  le  commerce, 
et  qu'on  nomme  sucre  de  cannes. 

Beaucoup  de  bois  sont  employés  dans  la  teinture: 

9 


l3o       ORGANES  DE  LA  VÉGÉTATION. 

tels  sont  le  santal,  le  bois  de  Carnpêche,  le  bois  de 
Brésil,  etc. 

C'est  avec  les  écorces  du  chêne,  et  en  général 
avec  toutes  celles  qui  renferment  une  grande  quan- 
tité de  tannin  et  d'acide  gallique,  que  l'on  tanne  les 
cuirs. 

Sous  le  rapport  des  propriétés  médicales ,  les  tiges, 
le  bois  et  les  écorces  occupent  un  des  premiers  rangs 
dans  la  thérapeutique.  Qui  ne  sait,  en  effet,  qu'à  cette 
classe  d'organes  se  rapportent  les  quinquinas,  la  can- 
nelle, l'écorce  de  Winter,  le  sassafras,  le  gayac,  et 
tant  d'autres  médicamens  qui  jouissent  d'une  répu- 
tation si  bien  méritée?  Suivant  leurs  propriétés  chi- 
miques les  plus  remarquables  ,  on  peut  diviser  ainsi 
les  principales  écorces  et  les  bois  employés  en  mé- 
decine : 

i°  Ecorces  et  bois  amers. 

Le  Simarouba  (Simarouba  Guyanensis). 
Le  Quassia  (Quassia  amcira). 

i°  Amers,  astringens  et  légèrement  aromatiques. 

L'Angusture  (  Cuspariafebrifuga). 

Le  Quinquina  gris  [Cinchona  Condaminea.  Humb. 
et  Bonpl.  Pi.  équinox). 

Le  Quinquina  rouge  (  Cinchona  oblongifolia. 
Mutis). 

Le  Quinquina  jaune  (Cinchona  cordifolia.  Mutis). 

Le  Quinquina  orangé  (  Cinchona  lancifolia, 
Mutis  ). 


TIGE.  I  3  i 

Le  Quinquina  blanc  [Cinchona  ovalifolia.  Mutis). 
La  Cascarille  (  Croton  Cascarilla). 

3°  iVstringens. 

L'écorce  de  Chêne  (  Quercus  robur). 

Le  Vinaigrier  (Rhus  coriarid). 

Le  Marronnier  d'Inde  (/Esculus  hippocastanum.) 

4°  Aromatiques. 

La  Cannelle  (  Laurus  Cinnamomum  ). 
L'écorce  de  Winter  CDrpnLf  JVinleri). 
La  Cannelle  blanche  (  Cannella  alba  ). 
Le  Sassafras  (  Laurus  Sassafras  ). 

5°  Acres. 

Le  Garou  [Daphne  Mezereum ). 

Bois  et  écorce  de  Gayac  (  Guaiacum  officinale  ). 


l3a  ORGANES    DE    L.A.    VÉGÉTÀTrON. 


CHAPITRE    III. 

DES  BOURGEONS. 

Sous  le  nom  général  de  bourgeons  nous  com- 
prenons, i°  les  Bourgeons  proprement  dits,  i°  le 
Turion,  3°  le  Bulbe,  4°  Ie  Tubercule,  5°  les  Zto/- 
billes. 

§  .  i  Ztecf  Bourgeons  proprement  dits. 

Les  bourgeons  proprement  dits  (  gemmœ)  sont 
des  corps  de  forme,  de  nature  et  d'aspect  variés, 
généralement  formés  d'écaillés  étroitement  imbri- 
quées les  unes  sur  les  autres,  et  renfermant  dans  leur 
intérieur  les  rudimens  des  tiges,  des  branches,  des 
feuilles  et  des  organes  de  la  fructification.  Ils  se  dé- 
veloppent toujours  sur  les  branches,  dans  l'aisselle 
des  feuilles,  ou  à  l'extrémité  des  rameaux.  Ils  sont 
ovoïdes  ,  coniques  ou  arrondis;  composés  d'écaillés 
superposées  les  unes  sur  les  autres,  et  imbriquées, 
couverts  à  l'extérieur,  dans  les  arbres  de  nos  cli- 
mats, d'un  enduit  visqueux  et  résineux,  et  garnis 
à  l'intérieur  d'un  tissu  tomenteux,  et  d'une  sorte  de 
bourre,  destinés  à  garantir  les  organes  qu'ils  ren- 
ferment des  rigueurs  de  la  froide  saison.  Aussi  n'ob- 
serve-t-on  point  d'enveloppes  de  cette  sorte  sur  les 
arbres  de  la  zone  torride,  ni  sur  ceux  qu'on  abrite 
dans  nos  serres.  Mais  les  végétaux  qui  en  sont  dé- 


BOURGEONS.  1 33 

pourvus  ne  peuvent  résister  aux  froids  de  nos  hivers, 
et  périraient  immanquablement ,  si  on  les  y  laissait 
exposés. 

Les  bourgeons  commencent  à  paraître  en  été , 
c'est-à-dire  à  l'époque  où  la  végétation  est  dans  son 
plus  grand  état  de  vigueur  et  d'activité;  ils  portent 
alors  le  nom  à' feux.  Ils  s'accroissent  un  peu  en  au- 
tomne, constituent  les  boutons ,  et  restent  station- 
nâmes pendant  l'hiver.  Mais,  au  retour  du  printemps, 
ils  suivent  l'impulsion  générale  communiquée  aux 
autres  parties  de  la  plante;  ils  se  dilatent,  se  gonflent; 
leurs  écailles  s'écartent  et  laissent  sortir  les  organes 
qu'ils  protégeaient.  C'est  alors  qu'on  les  appelle  pro- 
prement des  bourgeons. 

Les  écailles,  qui  constituent  la  partie  l'a  plus  exté- 
rieure des  bourgeons,  n'ont  pas  toutes  une  même 
nature,  une  même  origine.  Le  seul  point  commun  de 
ressemblance  qu'elles  aient  entre  elles,  c'est  de  n'être 
jamais  que  des  organes  avortés  et  imparfaits.  Ainsi 
quelquefois  ce  sont  des  feuilles ,  des  pétioles,  des 
stipules,  qui  n'ont  point  acquis  leur  entier  dévelop- 
pement, et  qui  cependant,  dans  certaines  circons- 
tances, s'accroissent,  se  déploient  et  décèlent  ainsi 
leur  véritable  nature. 

Les  bourgeons  sont  divisés  en  nus  et  ècailleux  : 
les  premiers  sont  ceux  qui  n'offrent  point  d'écaillés 
à  l'extérieur ,  c'est-à-dire  que  toutes  les  parties  qui 
les  composent  poussent  et  se  développent.  Tels  sont 
ceux  de  la  plupart  des  plantes  herbacées. 

On  appelle ,  au  contraire ,  bourgeons  èeaiJlcux 


J  34  ORGANES    DE    LA    VEGETATION. 

ceux  dont  la  partie  externe  est  formée  d'écaillés  plus 
ou  moins  nombreuses,  comme  on  l'observe  dans  les 
arbres  de  nos  climats. 

Suivant  les  organes  dont  leurs  écailles  sont  for- 
mées ,  on  distingue  les  bourgeons  écailleux  en  : 

i°  Foliacés  (gemmœ  foliaceœ) ,  ceux  dont  les 
écailles  ne  sont  que  des  feuilles  avortées,  souvent 
susceptibles  de  se  développer,  comme  dans  le  bois- 
gentil  (Daphne  Mezereum). 

'2°  Pétiolacês  { gemmœ  petiolaceœ  ) ,  quand  leurs 
écailles  sont  constituées  par  la  base  persistante  des 
pétioles,  comme  dans  le  noyer  (Juglans  regia). 

3°  Stipulacés  {gemmœ  stipulaceœ),  lorsque  ce  sont 
les  stipules  qui ,  en  se  réunissant,  enveloppent  la 
jeune  pousse,  comme  on  l'observe  dans  le  charme 
(Carpinus  sylvestris),  le  tulipier  (Lyriodendrwn  tuli- 
pifera),  et  surtout  certaines  espèces  de  figuiers;  par 
exemple,  dans  le  Ficus  elastica i  et  d'autres  encore. 
4°  Fidcracés  (gemmœ  fulcraceœ),  quand  ils  sont 
formés  par  des  pétioles  garnis  de  stipules  ,  comme 
dans  le  prunier. 

Les  bourgeons  sont  le  plus  souvent  visibles  à  l'ex- 
térieur, long-temps  avant  leur  épanouissement.  Il  est 
certains  arbres  ,  au  contraire  ,  dans  lesquels  ils  sont 
comme  engagés  dans  la  substance  même  du  bois,  et 
ne  se  montrent  qu'au  moment  où  ils  commencent  à 
se  développer;  tels  sont  les  acacias  (Robinia pseudo- 
acacia.  L.  )  et  beaucoup  d'autres  Légumineuses. 

Les  bourgeons  peuvent  être  simples ,  c'est-à-dire 
ne    donner  naissance    qu'à   une  seule  tige,  comme 


BOURGEONS.  1  35 

clans  le  lilas  ,  le  chêne;  ou  bien  composés ,  c'est-à- 
dire  renfermant  plusieurs  tiges  ou  rameaux  ,  comme 
ceux  des  pins. 

Selon  les  parties  qu'ils  renferment ,  on  a  encore 
distingué  les  bourgeons  en  :  florifères ,  foliif  ères  et 
mixtes. 

i°  Le  bourgeon  florifère  ou  fructifère  (gemma 
florifera  seu  fructifèra)  est  celui  qui  renferme  une 
ou  plusieurs  fleurs  sans  feuilles.  Il  est  en  général 
assez  gros.,  ovoïde  et  arrondi,  comme  dans  les  poi- 
riers ,  les  pommiers ,  etc. 

i°  Le  bourgeon  foliifere  [gemma  foliifera)  ne 
renferme  que  des  feuilles  ;  tel  est  celui  qui  termine 
la  tige  du  bois-gentil  (Daphne  Mezereum). 

3°  Enfin  on  appelle  bourgeon  mixte  (gemma 
fbliif/orifera)  celui  qui  contient  à  la  fois  des  fleurs 
et  des  feuilles, 'comme  dans  le  lilas. 

Les  cultivateurs  ne  se  trompent  jamais  sur  la  na- 
ture d'un  bourgeon,  qu'ils  reconnaissent,  en  général, 
d'après  sa  forme  :  ainsi,  celui  qui  porte  des  fleurs  est 
conique,  gonflé;  celui  qui  ne  porte  que  des  feuilles, 
au  contraire,  est  effilé,  allongé,  pointu. 

§  'i.   Du  Turion. 

On  donne  le  nom  de  turion  (turio)  au  bourgeon 
des  plantes  vivaces;  c'est  lui  qui,  en  se  développant, 
produit  chaque  année  les  nouvelles  tiges.  Ainsi  la 
partie  de  l'asperge  que  nous  mangeons  est  le  turion 
de  la  plante  de  ce  nom.  La  différence  entre  le  bour- 


I  36  ORGANES    DE    LA    VÉGÉTATION. 

geon  proprement  dit  et  le  iurion,  c'est  que  ce  der- 
nier naît  constamment  d'une  racine  vivace,  c'est-à- 
dire  que  son  origine  est  toujours  souterraine,  tandis 
que  l'autre  naît  toujours  sur  une  partie  exposée  à 
Pair  et  à  la  lumière. 


§  3.  Du  Bulbe  (i). 

Le  bulbe  (bulbus,  i)  est  une  sorte  de  bourgeon 
appartenant  à  certaines  plantes  vivaces ,  et  particu- 
lièrement aux  Monocotyiédons.  Nous  avons  déjà  vu, 
en  parlant  des  racines  bulbifères,  qu'il  était  supporté 
par  une  espèce  de  plateau  solide ,  horizontal ,  inter- 
médiaire à  lui  et  à  la  véritable  racine.  C'est  à  ce 
tubercule  aplati  que  sont  fixées  par  leur  base  les 
écailles  charnues  qui  forment  le  bulbe  à  l'extérieur. 
L'intérieur  renferme  les  rudimens  de  hampe  et  des 
feuilles.  Ces  écailles  sont  d'autant  plus  épaisses, 
charnues  et  succulentes,  qu'on  les  observe  plus  à 
l'intérieur  du  bulbe;  les  plus  extérieures,  au  con- 
traire, sont  sèches,  minces  et  comme  papyracées. 

Tantôt  ces  écailles  sont  d'une  seule  pièce,  et  s'em- 
boîtent les  unes  dans  les  autres,  c'est-à-dire  qu'une 
seule  embrasse  toute  la  circonférence  du  bulbe  , 
comme  dans  l'ognon  ordinaire  [Allium  Cepa) ,  la 
jacinthe  (Hyacinthus  orientalis).  On  les  nomme  alors 


(i)  Bidbus ,  i,  étant  masculin  en  latin  ,  et  tiré  d'un  mot  grec 
(Bo).ëoç)  également  masculin,  nous  avons  cru  devoir  lui  conserver, 
le  même  genre  en  français. 


BOURGEONS.  î  3*] 

bulbes  en  tuniques  {bulbi  tunicati).  (Voyez  pi.  î , 
fig.  7,  7  a.) 

D'autres  fois  ces  écailles  sont  plus  petites ,  libres 
par  leurs  cotés,  et  ne  se  recouvrent  qu'à  la  manière 
des  tuiles  d'untoît.  Par  exemple,  dans  le  lis  [Lilium 
candidum).  Ils  constituent  dans  ce  cas  les  bulbes 
êcailleux  {bulbi  squamosi ,  imbricati).  (Voy.  pi.  a, 
fig.  11.) 

Enfin  quelquefois  les  tuniques  qui  constituent  le 
bulbe  sont  tellement  serrées  et  confondues ,  qu'on 
ne  peut  les  distinguer,  et  qu'il  paraît  formé  d'une 
substance  solide  et  homogène.  Ce  bulbe  porte  alors 
le  nom  de  solide  {bulbus  solidus).  Par  exemple 
dans  le  safran  (Crocus  satwus),\e  colchique  [Colchi- 
cum  autumnale) ,  le  glayeul  [Gladiolus  commuais). 

C'est  ici  que  nous  ferons  remarquer  le  passage 
insensible  du  bulbe  proprement  dit  au  véritable  tu- 
bercule. C'est  ici  que  nous  trouverons  en  même 
temps  la  preuve  et  la  confirmation  du  principe  que 
nous  avons  précédemment  énoncé ,  savoir  :  que  les 
tubercules,  regardés  pendant  si  long-temps  comme 
des  racines,  ne  sont  que  de  véritables  bourgeons.  En 
effet,  personne  ne  conteste  que  l'on  ne  doive  regarder 
comme  des  bourgeons  les  bulbes  à  tuniques  et  les 
bulbes  êcailleux ,  même  les  bulbes  solides  de  la  tu- 
lipe et  du  colchique.  Or,  nous  le  demandons,  quelle 
différence  y  a-t-il  entre  ces  bourgeons  solides  et  les 
deux  tubercules  des  Orchidées ,  ceux  de  la  pomme 
de  terre?  Si,  dans  un  cas,  l'on  a  appliqué  un  nom  à 
lundi  ces  organes,   pourquoi  en  donnerait -on  un 


l38  OROANFS     U!:     LA    VÉGÉTATION. 

autre  à  une  partie  absolu  ment  analogue  par  sa  struc- 
ture et  ses  usages  (i)? 

Le  bulbe  est  tantôt  simple,  c'est-à-dire  formé  Ù  un 
seul  corps,  comme  la  tulipe,  la  scille. 

Ou  bien  il  est  multiple,  c'est-à-dire  que  sous  une 
même  enveloppe  on  trouve  plusieurs  petits  bulbes 
réunis,  auxquels  on  donne  le  nom  de  cayeux.  Par 
exemple  dans  l'ail  [Allium  sativunî). 

Les  bulbes, étant  les  bourgeons  de  certaines  plantes 
vivaces,  doivent  se  régénérer  chaque  année.  Mais 
cette  regénération  n'a  pas  lieu  de  la  même  manière 
dans  toutes  les  espèces.  Quelquefois  les  nouveaux 
bulbes  naissent  au  centre  même  des  anciens,  comme 
dans  Pognon  ordinaire  {Allium  Cepd)',  d'autres  fois, 
de  la  partie  latérale  de  leur  substance,  comme  dans 
le  colchique,  Y Oriiithogalum  minimum,  etc.; on  bien, 
les  nouveaux  se  développent  à  coté  des  anciens  , 
comme  dans  la  tulipe,  la  jacinthe;  ou  au-dessus  d'eux, 
dans  le  glayeul,  ou  au-dessous,  dans  un  grand  nombre 
d'Ixia,  etc. 

A  mesure  qu'un  bulbe  pousse  la  tige  qu'il  renferme, 
les  écailles  extérieures  diminuent  d'épaisseur,  se  fanent 
et  finissent  par  se  dessécher  entièrement.  Elles  pa- 
raissent donc,  fournir  à  la  jeune  tige  une  partie  des 
matériaux  nécessaires  à  son  développement. 


(i)  Dans  les  bulbes  solides  ,  le  plateau  n'est  plus  distinct  du  reste 
de  la  substance.  Ne  pourrait-on  pas  admettre ,  dans  ce  cas  ,  que 
c'est  la  substance  du  plateau ,  qu'on  regarde  comme  un  véritable 
tubercule,  qui  a  pris  un  accroissement  extraordinaire,  et  a  recou- 
vert tout  le  bourgeon  ? 


BOURGEONS.  1 39 

Le  bouton  central  qui  occupe  la  partie  supérieure 
du  stipe  des  Palmiers,  et  qui  de  toules  parts  est  en- 
vironné des  pétioles  persistans  des  feuilles  précé- 
dentes, peut  en  quelque  sorte  être  regardé  comme 
une  sorte  de  bulbe  porté  sur  une  tige  plus  ou 
moins  considérable,  qui  l'élève  beaucoup  au-dessus 
de  la  racine.  Il  en  est  de  même  de  la  prétendue  tige 
des  Bananiers. 

§  4-  Des  Tubercules. 

Les  tubercules  {tuberciiki)  sont  de  véritables  bour- 
geons souterrains  ,  appartenant  à  certaines  plantes 
vivaces.  Nous  ne  reviendrons  point  ici  sur  ce  que 
nous  avons  déjà  dit  toucliant  la  nature  des  tuber- 
cules ;  nous  ne  rapporterons  point  de  nouveau  les 
faits  et  les  raisons  qui  nous  ont  déterminé  à  regar- 
der ces  excroissances  charnues  comme  de  véritables 
bourgeons. 

Ils  sont  tant-it  simples,  et  ne  développent  qu'une 
seule  tige,  comme  dans  les  Orcbis. 

Tantôt  multiples,  c'est-à-dire  plusieurs  réunis  en- 
semble et  coanme  agglomérés ,  dont  chacun  pousse 
une  tige  particulière ,  comme  dans  la  Saxifrage  gre- 
nue (  Saxifraga  granulata  ). 

Tantôt,  composés  ,  c'est-à-dire  que  d'un  tubercule 
simple  il  sort  plusieurs  tiges  ,  comme  dans  la  Pomme 
de  terre. 

§  5.  Des  Bulbilles. 

On   nomme    bulbilles    (  bulbilli      des    espèces  de 


J/JO  ORGANES    DE    LA.    VÉGÉTATION. 

petits  bourgeons  solides  ou  écailleux ,  naissant  sur 
différentes  parties  de  la  plante,  et  qui  peuvent  avoir 
une  végétation  à  part,  c'est-à-dire  que,  détachés  de 
la  plante-mère ,  ils  se  développent  et  produisent  un 
végétal  parfaitement  analogue  à  celui  dont  ils  tirent 
leur  origine.  Les  plantes  qui  offrent  de  semblables 
bourgeons  portent  le  nom  de  vivipares  (Plcmtœ 
■viviparœ  ). 

Us  existent,  ou  bien  dans  l'aisselle  des  feuilles, 
comme  ceux  du  Lis  bulbifère  \JLilium  bulbiferum). 
Dans  ce  cas,  ils  sont  dits  axillaires. 

D'autres  fois  enfin  ils  se  développent  à  la  place 
des  fleurs-,  comme  dans  Y Ornithogalum  viviparum , 
YAllium  carinatum  ,  etc. 

On  a  dit  aussi  que  les  bulbilles  pouvaient  quel- 
quefois se  développer  dans  l'intérieur  du  péricarpe 
et  occuper  la  place  des  graines.  Mais  nous  avons  fait 
voir  i^Ânn.  des  Sciences  nat.,  1824)  que  ces  pré- 
tendus bulbilles  ne  sont  autre  chose  que  les  véritables 
graines,  qui  ont  acquis,  souvent  aux  dépens  du  pé- 
ricarpe lui-même,  un  développement  extraordinaire. 
Mais  leur  organisation  intérieure  reste  absolument 
la  même. 

La  nature  des  bulbilles  est  semblable  à  celle  des 
bulbes  proprement  dits.  Tantôt  ils  sont  écailleux, 
comme  dans  le  Lilium  bulbiferum  ,  tantôt  solides  et 
compactes. 

On  doit  regarder  comme  de  véritables  bulbilles 
les  petits  corps  qui  se  développent  dans  différentes 
parties  des  plantes  agames ,  telles  que  les  Fougères, 


fiOURGi-ONS.  l/|I 

les  Lycopodiacées  ,  les  Mousses,  les  Lichens,  etc., 
et  que  Ton  a  fort  improprement  nommes  des  graines. 
Quoique  ces  corps,  que  nous  nommons  spondes , 
soient  susceptibles  de  reproduire  une  plante  ana- 
logue à  celle  dont  ils  se  sont  détachés  ,  on  ne  peut 
les  confondre  avec  les  véritables  graines.  En  effet, 
la  caractère  essentiel  de  la  graine  est  de  renfermer 
un  embryon,  c'est-à-dire  un  corps  complexe  de  sa 
nature ,  composé  d'une  radicule  ou  rudiment  des  ra- 
cines, d'une  gemmule  ou  germe  de  la  tige,  et  d'un 
corps  cotvlédonaire.  Par  l'acte  de  la  germination  , 
l'embryon  proprement  dit  ne  fait  que  développer 
les  parties  qui  existaient  déjà  en  lui  toutes  formées. 
Ce  n'est  pas  la  germination  qui  leur  donne  naissance; 
elle  ne  fait  que  les  mettre  dans  une  circonstance 
propre  à  leur  accroissement.  Dans  les  bulbilles,  au 
contraire,  et  surtout  dans  les  sporules  des  Agames, 
il  n'y  a  pas  d'embryon.  Il  n'y  existe  nulle  trace  de 
radicule,  de  cotylédons  et  de  gemmule.  C'est  la  ger- 
mination qui  crée  ces  parties.  Ce  ne  sont  donc  pas 
de  véritables  graines. 

Usages  des  Bourgeons ,  des  Bulbes ,  etc. 

Plusieurs  bourgeons  sont  employés  dans  l'écono- 
mie domestique  comme  alimens  :  tels  sont ,  par 
exemple ,  les  turions  de  l'Asperge  et  de  plusieurs 
autres  plantes  de  la  même  famille.  Tout  le  monde 
connaît  l'emploi  journalier  que  l'on  fait  des  diffé- 
rentes  espèces  du  genre  Allium,  tels  que  l'Ognon 


1^2  ORGANES    DE    LA    VÉGÉTATION. 

commun  (Allium  cepa  ) ,  F  Ail  {Albuiin  satwunï),  le 
Poireau  {^Allium  pomun) ,  rÉchalotte  ÇAllùim  as- 
valonicum) ,  etc. 

La  thérapeutique  emploie  aussi  les  bourgeons  ou 
bulbes  de  quelques  végétaux.  Ainsi  c'est  avec  les 
bourgeons  de  la  Sapinette  (Pinus  picea),  infusés 
dans  la  bière  ,  que  se  prépare  la  bière -sapinette. 
Les  squames  du  bulbe  de  la  Scille  (Scilla  maritima 
sont  un  puissant  diurétique.  On  remploie  également 
comme  excitant  l'organe  pulmonaire.  L'Ail,  comme 
on  sait,  est  un  excellent  anthelminthique  ,  etc. 


CHAPITRE    IV. 

DES  FEUILLES  (l). 

Avant  leur  entier  développement ,  les  Feuilles 
sont  toujours  renfermées  dans  des  bourgeons.  Elles 
y  sont  diversement  arrangées  les  unes  à  l'égard  des 
autres ,  mais  toujours  de  la  même  manière  ,  dans 
toutes  les  plantes  de  la  même  espèce,  souvent  du 
même  genre  ,  quelquefois  même  de  toute  une  famille 
naturelle. 

Cette  disposition  des  feuilles  dans  le  bourgeon  a 
reçu  le  nom  de  Pré  foliation.  On  peut  souvent  en 
tirer  de  fort  bons  caractères  pour  la  coordination  des 
genres  en  familles  naturelles. 

(i)  Folia,  la  t.;  cpuXÀa  ,  gr. 


FEUILLES.  l43 

Les  modifications  principales  des  feuilles  ainsi 
disposées  sont  les  suivantes: 

i°  Elles  peuvent  êtèe plièes  en  longueur,  moitié 
sur  moitié,  c'est-à-dire  que  leur  partie  latérale 
gauche  est  appliquée  sur  la  droite,  de  manière  que 
leurs  bords  se  correspondent  parfaitement  de  chaque 
coté ,  comme  dans  le  svringa  {Philadelphus  corona- 
rius  ) 

i°  Elles  peuvent  être  plièes  de  haut  en  bas,  plu- 
sieurs fois  sur  elles-mêmes ,  comme  dans  l'aconit  {Aco- 
nit wn  Jiapellus). 

3°  Elles  peuvent  être  p lissées ,  suivant  leur  lon- 
gueur, de  manière  à  imiter  les  plis  d'un  éventail  , 
comme  celle  des  groseillers,  de  la  vigne,  etc. 

4°  Les  feuilles  peuvent  être  roulées  sur  elles-mêmes 
en  forme  de  spirale,  comme  dans  certains  figuiers, 
dans  l'abricotier ,  etc. 

5°  Leurs  bords  peuvent  être  roulés  en  dehors  ou 
en  dessous  :  telles  sont  celles  du  romarin. 

6°  D'autres  fois  ils  sont  roulés  en  dedans  ou  en 
dessus,  comme  celles  du  peuplier,  du  poirier,  etc. 

70  Enfin  les  feuilles  peuvent  être  roulées  en  crosse 
ou  en  volute;  c'est  ce  qui  a  lieu  ,  par  exemple,  dans 
toutes  les  plantes  de  la  famille  des  Fougères. 

Etudions  maintenant  les  feuilles  quand  elles  se 
sont  développées. 

Les  feuilles  sont  des  expansions  membraneuses, 
ordinairement  planes,  verdâtres,  horizontales,  nais- 
sant sur  la  tige  et  les  rameaux,  ou  partant  immédia- 
tement du  collet  de  la  racine.  Par  les  pores  nombreux 


l44        ORGANES  DE  LA  VÉGÉTATION. 

qu'elles  présentent  à  leurs  surfaces,  les  feuilles 
servent  à  l'absorption  et  à  l'exhalation  des  gaz 
propres  ou  devenus  inutiles  à  la  nutrition  du  végétal. 

Les  feuilles  semblent  formées  par  l'épanouisse- 
ment d'un  faisceau  de  fibres  provenant  de  la  tige.  Ces 
fibres,  qui  sont  des  vaisseaux,  en  se  ramifiant  diver- 
sement, constituent  une  sorte  de  réseau,  qui  repré- 
sente en  quelque  manière  le  squelette  de  la  feuille, 
et  dont  les  mailles  sont  remplies  par  un  tissu  cellu- 
laire, plus  ou  moins  abondant,  qui  tire  son  origine 
de  l'enveloppe  herbacée  de  la  tige. 

Lorsque  le  faisceau  de  fibres  caulinaires,  qui,  par 
son  épanouissement  doit  constituer  la  feuille,  se  di- 
vise et  se  ramifie  aussitôt  qu'il  se  sépare  de  la  tige, 
la  feuille  lui  est  alors  attachée  sans  le  secours  d'au- 
cun support  particulier,  et  est  désignée  sous  le  nom 
de  feuille  sessile  (Jolium  sessile  ) ,  comme  dans  le 
pavot. 

Si,  au  contraire,  ce  faisceau  se  prolonge  avant  de 
s'étendre  en  membrane,  il  forme  alors  une  espèce 
de  pédicelle  ,  nommée  communément  queue  de  la 
feuille,  et  auquel  on  donne,  en  botanique,  le  nom 
de  pétiole  (petiolus).  Dans  ce  cas,  la  feuille  est  dite 
pètiolée  {folium petiolatum  )\  par  exemple,  dans  le 
tilleul,  le  tulipier,  le  marronnier  d'Inde,  etc. 

Cette  disposition  étant  la  plus  générale,  on  peut 
considérer  la  feuille  comme  formée  de  deux  parties; 
savoir,  \ç  pétiole  et  le  disque  ou  limbe,  c'est-à-dire 
cette  partie  le  plus  souvent  plane  et  verdâtre,  qui 
constilue  la  feuille  proprement  dite. 


FEUILLES.  l/j5 

On  distingue  à  la  feuille  une  face  supérieure  or- 
dinairement plus  lisse,  plus  verte,  couverte  d'un 
épiderme  plus  adhérent  et  offrant  moins  de  pores 
corticaux;  une  face  inférieure,  d'une  couleur  moins 
foncée,  souvent  couverte  de  poils  ou  de  duvet,  dont 
l'épiderme  est  plus  lâchement  uni  à  la  couche  her- 
bacée, présentant  un  grand  nombre  de  petits  pertuis, 
qui  sont  les  orifices  des  vaisseaux  intérieurs  du  vé- 
gétal. Aussi  est-ce  surtout  par  leur  face  inférieure 
que  les  feuilles  absorbent  les  fluides  qui  s'exhalent  de 
la  terre,  ou  qui  sont  répandus  et  mêlés  dans  l'atmo- 
sphère. 

On  distingue  aussi  dans  la  feuille  :  sa  base,  ou  la 
partie  par  laquelle  elle  s'attache  à  la  tige  ;  son  som- 
met, ou  le  point  opposé  a  la  base;  sa  circonférence, 
ou  la  ligne  qui  détermine  extérieurement  sa  surface. 

La  face  inférieure  de  la  feuille  est  encore  re- 
marquable par  un  grand  nombre  de  prolongemens 
saillans  disposés  en  divers  sens ,  qui  ne  sont  que  des 
divisions  au  pétiole,  et  qu'on  appelle  nervures (nervi). 

Parmi  les  nervures ,  il  en  est  une  qui  offre  une 
disposition  presque  constante.  Elle  fait  suite  au  pé- 
tiole,  offre  ordinairement  une  direction  longitudi- 
nale, et  divise  la  feuille  en  deux  parties  latérales  assez 
souvent  égales  entre  elles.  Elle  a  reçu  le  nom  de  cote 
ou  nervure  médiane.  C'est  de  sa  base  et  de  ses  par- 
ties latérales  que  partent  en  différens  sens,  et  en 
s'anastomosant  fréquemment  entre  ell-es,  les  autres 
nervures. 

Suivant  leur  épaisseur  et  la  saillie  qu'elles  forment 

1  o 


1 4<3  ORGANES    DE    LA    VÉGÉTATION. 

à  la  face  inférieure  de  la  feuille,  les  nervures  prennent 
différens  noms.  Elles  conservent  celui  de  nervures 
proprement  dites  (nervi)  quand  elles  sont  saillantes 
et  très -prononcées  :  on  les  appelle  veines  (yenœ), 
lorsqu'elles  le  sont  moins  ;  enfin  les  dernières  ramifi- 
cations des  veines,  qui  s'anastomosent  fréquemment, 
et  constituent,  à  proprement  parler,  le  squelette  de 
la  feuille,  sont  appelées  veinules  (venulœ). 

lues  nervures,  malgré  la  ressemblance  de  leur  nom, 
n'ont  aucune  analogie  de  structure  ou  d'usage  avec 
les  nerjs  des  animaux.  Ce  sont  des  faisceaux  de 
vaisseaux  poreux,  de  traclièes  et  de  fausses  tra- 
chées,  enveloppés  d'une  certaine  quantité  de  tissu 
cellulaire. 

Quelquefois  les  nervures  se  prolongent  au  delà  de 
la  circonférence  du  disque  de  la  feuille  ,  et  forment 
alors,  quand  elles  ont  une  certaine  rigidité,  des 
épines  plus  ou  moins  acérées,  comme  on  le  voit,  par 
exemple,  dans  le  houx  (Ilex  aquifolium). 

La  disposition  des  nervures  sur  les  feuilles  mérite 
la  plus  grande  attention.  En  effet,  elle  peut  servira 
caractériser  certaines  divisions  des  végétaux.  Ainsi, 
par  exemple,  dans  la  plupart  des  Monocotjlédons , 
les  nervures  sont  presque  toujours  simples,  peu  ra- 
mifiées, et  souvent  parallèles  entre  elles  (i).  Dans  les 
Dicolylédons ,  elles  peuvent  offrir  cette  disposition  ; 
mais  elles  sont  le  plus  fréquemment  très-ramifiées  et 
anastamosées  entre  elles. 

(1)  Les  Aroïdées  font  exception  à  cette  règle  presque  constante. 


FEUILLES.  l47 

On  peut  rapporter  aux  suivantes  les  variétés  les 
plus  remarquables  de  la  disposition  des  nervures: 

i°Les  nervures  peuvent  partir  toutes  de  la  base 
de  la  feuille,  et  se  diriger  vers  son  sommet,  sans 
éprouver  de  division  sensible  :  par  exemple,  dans  un 
grand  nombre  de  plantes  monocotylédonées. 

Les  feuilles  qui  présentent  une  semblable  dispo- 
sition sont  appelées  feuilles  basinerves  ou  digili- 
nerves  {Jblia  basinervia ,  digitinervia). 

i°  Quand,  au  contraire,  les  nervures  naissent  des 
cotés  de  la  nervure  médiane,  et  se  dirigent,  soit  ho- 
rizontalement, comme  dans  le  bananier  (Musa  para- 
disiaeà),  soit  obliquement  vers  son  sommet,  comme 
dans  X Amomum  Zerumbet ,  les  feuilles  prennent  le 
nom  de  latérinerves  ou  penninerves  (Jblia  laleri- 
nervia ,  penninervia  ) . 

3°  Enfin ,  si  les  nervures  naissent  à  la  fois  de  la 
base  et  des  parties  latérales  de  la  nervure  médiane, 
les  feuilles  sont  dites  alors  mixlinerves  {Jblia  mix- 
tinervia) ,  comme  on  l'observe  dans  beaucoup  de 
Nerpruns. 

Toutes  les  autres  dispositions  que  les  nervures 
des  feuilles  sont  susceptibles  d'offrir  peuvent  se 
rapporter  à  quelqu'un  des  trois  types  principaux  que 
nous  venons  d'établir,  ou  n'en  sont,  que  de  légères 
modifications. 

Une  feuille,  sessiie  ou  pétiolée,  peut  être  fixée 
de  différentes  manières  à  la  tige  ou  aux  branches 
qui  la  supportent.  Quelquefois  elle  y  est  simplement 
articulée ,  c'est-à-dire  qu'elle  ne  fait  pas  immédiate- 


l/|8  ORGANES    DE    LA.    VEGETATION. 

ment  corps  avec  elles  par  toute  sa  base ,  mais  y  est 
simplement  fixée  par  une  sorte  de  rétrécissement  ou 
d'articulation,  comme  dans  le  platane,  le  marronier 
d'Inde.  Ces  feuilles  sont  alors  caduques,  et  tombent 
de  très-bonne  heure. 

D'autres  fois  la  feuille  est  tellement  unie  à  la  tige, 
qu'elle  ne  peut  s'en  séparer  sans  déchirure.  Dans  ce 
cas  ces  feuilles  persistent  aussi  long-temps  que  les 
branches  qui  les  supportent,  comme  dans  le  lierre,  etc. 

La  manière  dont  les  feuilles  sessiles  sont  attachées 
à  la  tige  mérite  également  d'être  étudiée. 

Ainsi  quelquefois  la  nervure  médiane  s'élargit,  et 
embrasse  la  tige,  dans  environ  la  moitié  de  sa  circon~ 
férencé.  Les  feuilles  sont  alors  apelées  semi-amplexi- 
caùles  {Jblia  semi-amplexicaulia). 

On  dit  au  contraire  de  la  feuille  qu'elle  est  am- 
plexicaide  (Jblium  ample xicaule)  quand  elle  em- 
brasse la  tige  dans  toute  sa  circonférence  ;  par 
exemple,  dans  le  salsifis  sauvage  (T?'agopogon pra- 
tensè),  le  pavot  blanc  {Papaver  somnijerum),  etc. 
Souvent  encore  la  base  de  la  feuille  se  pro- 
longe en  formant  une  gaine  ,  qui  circonscrit  entiè- 
rement la  tige,  et  l'enveloppe  dans  une  certaine 
longueur.  Dans  ce  cas ,  ces  feuilles  sont  nommées 
engainantes  [Jblia  vaginantia  ),  comme  dans  les 
Graminées ,  les  Cypéracées ,  etc.  Cette  gaine  peut 
être  regardée  comme  un  pétiole  très  -  élargi ,  dont 
les  deux  bords  se  sont  quelquefois  soudés  pour  for- 
mer une  espèce  de  tube.  Le  point  de  réunion  du 
limbe  de  la  feuille  et  de  la  gaine  a  reçu  le  nom  de 


EEUÏLL1LS.  l/|() 

collet.  Tantôt  il  est  nu,  tantôt  garni  de  poils,  comme 
clans  le  Poapilosa,  ou  d'un  petit  appendice  mem- 
braneux nommé  ligule  ou  cailure;  c'est  ce  que  Ton 
observe  principalement  dans  les  Graminées.  La  forme 
de  la  ligule  est  très -variée  dans  les  différentes  es- 
pèces, et  fort  souvent  elle  est  employée  comme  un 
bon  caractère  spécifique. 

La  gaîne  est  ordinairement  entière;  d'autres  fois 
elle  est  fendue  longitudinalement  ;  ce  caractère  dis- 
tingue, à  très-peu  d'exceptions  près,  la  famille  des 
Graminées  de  celle  des  Cypéracées  ;  les  premières 
ayant  en  général  la  gaîne  fendue  ,  tandis  qu'elle  est 
entière  dans  les  Cypéracées. 

Quelquefois  le  limbe  de  la  feuille,  au  lieu  de  se 
terminer  à  son  point  d'origine  sur  la  tige  ,  se  pro- 
longe plus  ou  moins  bas  sur  cet  organe,  où  il  forme 
des  espèces  d'ailes  membraneuses.  Dans  ce  cas,  les 
feuilles  sont  dites  décurrentes  {Jblia  decurrentia), 
et  la  tige  est  appelée  ailée  (caulis  alatus),  comme 
dans  le  bouillon  blanc  (Verbascum  T/iapsus),  la 
grande  consoude  (Symphytum  officinale) ,  etc. 

On  nomme  feuille perfolièe  (Jblium perjbliatum) 
celle  dont  le  disque  est  en  quelque  sorte  traversé 
par  la  tige,  comme  dans  le  Bupleurum  rolundijo- 
lium,  etc.  (Voyez  pi.  3,  fig.  1 1.) 

On  a  donné  le  nom  de  feuilles  confiées  ou  con- 
jointes (Jblia  connecta ,  coadnata)  aux  feuilles  op- 
posées qui  se  réunissent  ensemble  par  leur  base  de 
manière  que  la  tige  passe  au  milieu  de  leurs  limbes 
soudés.  Telles  sont  les  feuilles  supérieures  du  cbèvre- 


l5o  ORGANES    DE    LA    VEGETATION. 

feuille  [Lonicera  caprifoliurn) ,  celles  du  chardon 
à  foulon  [Dipsacus  Jiillonurri) ,  de  la  saponaire  (Sa-- 
ponaria  offîcinalis).  (Voy.  pi.  3,  fi  g.  10.) 

On  appelle  feuille  simple  (Jblium  simplex)  celle 
dont  le  pétiole  n'offre  aucune  division  sensible,  et 
dont  le  limbe  est  formé  d'une  seule  et  même  pièce; 
par  exemple,  le  lilas,  le  tilleul,  l'orme,  etc.  (Voyez 
toutes  les  fig.  de  la  pi.  3.) 

La  feuille  composée,  au  contraire  {Jblium  com- 
positum) ,  résulte  de  l'assemblage  d'un  nombre  plus 
ou  moins  considérable  de  petites  feuilles  isolées  et 
distinctes  les  unes  des  autres  ,  qu'on  appelle  folioles, 
toutes  fixées  ou  réunies  sur  les  parties  latérales,  ou 
au  sommet  d'un  pétiole  commun,  qui,  dans  le  pre- 
mier cas,  porte  le  nom  de  rachis.  Chaque  foliole 
peut  être  sessile  sur  le  rachis ,  c'est-à-dire  attachée 
par  la  base  seulement  de  sa  nervure  moyenne;  ou 
bien  elle  peut  être  portée  sur  un  petit  pétiole  parti- 
culier, qui  prend  le  nom  de  pétiolule.  Telles  sont  les 
feuilles  de  l'acacia,  du  marronnier  d'Inde,  etc.  (Voyez 
les  fig.  de  la  pi.  4-) 

On  distingue  les  feuilles  composées ,  en  articulées, 
et  en  non  articulées.  Les  premières  sont  celles  dont 
les  folioles  sont  fixées  au  pétiole  commun ,  au 
moyen  d'une  sorte  d'articulation,  susceptible  de  mo- 
bilité, comme  on  l'observe  dans  l'acacia,  les  casses, 
et  en  général  dans  la  plupart  des  plantes  de  la  fa- 
mille des  Légumineuses.  Ce  sont  les  seules  dans  les- 
quelles ait  lieu  le  phénomène  que  Linnœus  désigne 
sous  le  nom  de  sommeil  des  feuilles ,  les  autres,  qui 


FEUILLES.  j5l 

sont  privées  d'articulations  ,    ne  le  présentant  pas. 

Entre  la  feuille  simple  et  la  feuille  composée  il 
existe  une  série  de  modifications  qui  servent  en 
quelque  sorte  à  établir  le  passage  insensible  de  Tune 
à  l'autre.  Ainsi  il  y  a  d'abord  des  feuilles  déniées  ; 
d'autres  qui  sont  divisées  jusqu'à  la  moitié  de  leur 
profondeur  en  lobes  distincts;  d'autres  enfin  dont 
les  incisions  parviennent  presque  jusqu'à  la  nervure 
médiane,  et  simulent  ainsi  une  feuille  composée. 
Mais  il  sera  toujours  facile  de  les  bien  distinguer  de 
la  feuille  vraiment  composée ,  en  remarquant  que 
dans  celle-ci  on  pourra  détacher  chacune  des  pièces 
dont  elle  est  formée  sans  endommager  aucunement 
les  autres;  tandis  que  dans  une  feuille  simple,  quelque 
profondément  divisée  qu'elle  soit ,  la  partie  foliacée, 
ou  le  limbe  de  chaque  division  ,  se  continue  à  sa  base 
avec  les  divisions  voisines,  en  sorte  qu'on  ne  peut  en 
séparer  une  sans  déchirer  les  deux  autres,  entre  les- 
quelles elle  se  trouve  placée  (i). 

Toutes  les  feuilles  d'une  plante  ne  présentent  pas 
toujours  une  forme  parfaitement  semblable.  Il  y  a 
même  à  cet  égard,  dans  certains  végétaux,  une  dif- 
férence des  plus  marquées.  Ainsi  tout  le  monde  a 
dû  observer  que  le  lierre  [Hedera  Hélix)  offre  des 


(i)  On  peut  encore  reconnaître  une  feuille  composée  en  ce 
que  chacune  de  ses  folioles  a  une  base  rétrécie ,  et  ne  s'attache  au 
rachis  que  par  sa  nervure  moyenne  ou  le  pétiole  qui  le  continue  ; 
tandis  qu'une  feuille  simple,  même  profondément  divisée,  s'y  at- 
tache toujours  par  une  portion  plus  ou  moins  large  de  sa  partie 
foliacée. 


132  ORGANES    DE    LA    VÉGÉTATION. 

feuilles  entières,  et  d'autres  qui  sont  profondément 
lobées.  En  général,  les  plantes  qui  ont  des  feuilles 
partant  immédiatement  de  la  racine,  et  d'autres  nais- 
sant des  différens  points  de  la  tige,  les  ont  rarement 
semblables.  La  valériane  phua  les  feuilles  radicales 
découpées  latéralement,  tandisque  les  feuilles  de  sa 
tige  sont  entières. 

Les  feuilles  varient  encore  suivant  le  milieu  dans 
lequel  elles  végètent.  Les  plantes  aquatiques  ont  or- 
dinairement deux  epèces  de  feuilles;  les  unes  nageant 
à  la  surface  de  l'eau,  ou  un  peu  élevées  au-dessus  de 
son  niveau;  les  autres,  au  contraire,  constamment 
plongées  dans  ce  liquide.  Ainsi,  par  exemple,  la  re- 
noncule aquatique  [Ranunculus  aquatilis  )  a  des 
feuilles  lobées  qui  surnagent,  etdes  feuilles  divisées 
en  lanières  extrêmement  étroites  et  très-nombreuses, 
plongées  dans  l'eau.  11  en  est  de  même  d'un  grand 
nombre  d'autres  plantes  analogues. 

Nous  allons  considérei' maintenant  les  nombreuses 
modifications  &e forme,  de  direction,  de  nature,  etc., 
que  peuvent  présenter  la  feuille  simple  et  la  feuille 
composée. 

§  i .  De  la  Feuille  simple. 

A.  Relativement  au  lieu  d'où  elles  naissent,  les 
feuilles  sont  : 

i°  Séminales  [folia  scminalia);  quand  elles  sont 
formées  par  le  développement  du  corps  cotylédo- 
naire.  D'après  cela,  on  voit  qu'il  peut  en  exister  une 


FKUILLES.  1  53 

ou  deux,  très -rarement  un  plus  grand  nombre. 
(Voyez  pi.  7,  fig.  i4,  bb.) 

i°  Primordiales  (fol.  primordialia  );  ce  sont  les 
premières  qui  se  développent  après  les  feuilles  sémi- 
nales. Elles  sont  formées  par  les  deux  folioles  exté- 
rieures de  la  gemmule.  (Voyez  pi.  7,  fig.  j4>  oc.) 

3° Radicales  (fol.  radicalia),  celles  qui  naissent 
immédiatement  du  collet  de  la  racine,  comme  dans 
le  plantain  (Plantago  major),  le  pissenlit  (Taraxa- 
cum  dens  leonis),  etc. 

4°  Caulinaires  (fol.  caulinaria) ,  celles  qui  sont 
fixées  sur  la  tige. 

5° Ramaires  (fol. ramealia ,  ramea),  quand  elles 
naissent  sur  les  rameaux. 

6°  Florales  {fol.  foralia),  celles  qui  accom- 
pagnent les  fleurs  et  sont  placées  à  leur  base,  mais 
qui  n'ont  pas  changé  de  forme  ni  de  nature  ;  comme 
dans  le  chèvrefeuille.  Quand  la  forme  des  feuilles 
florales  diffère  beaucoup  de  celles  des  autres  feuilles, 
elles  portent  alors  le  nom  de  bractées.  Nous  parle- 
rons bientôt  des  bractées,  en  traitant  des  organes 
floraux. 

B.  Suivant  leur  disposition  sur  la  tige  ou  les  ra- 
meaux, elles  sont  : 

i°  Opposées  (fol.  opposita),  disposées  une  à  une 
à  la  même  hauteur  sur  deux  points  diamétralement 
opposés  de  la  tige  ;  comme  dans  la  sauge  (Salvia 
offcinalis)  et  toutes  les  Labiées,  la  véronique  (Ve- 
ronica  officinalis) ,  etc. 


I  54  ORGANES    DE    LA    VEGÉTATIOIY. 

On  dit  des  feuilles  qu'elles  sont  opposées  en 
croix  (cruciatîm  opposita,  s.  decussata),  quand  lés 
paires  de  feuilles  superposées  se  croisent  de  manière 
à  former  des  angles  droits,  comme  dans  l'épurge 
( Ettphorbia  lathyris). 

i°  Alternes  {fol.  alterna),  naissant,  seule  à  seule, 
en  échelons  et  à  des  distances  à  peu  près  égales,  sur 
différens  points  de  la  tige,  comme  dans  le  tilleul 
(  Tllia  europœa  ). 

3°  Éparses  {fol.  sparsa),  quand  elles  n'affectent 
aucune  disposition  régulière  ,  et  qu'elles  sont  en 
quelque  sorte  dispersées  sans  ordre  sur  la  tige ,  comme 
dans  la  linaire  {Linaria  vulgaris),  etc. 

4°  Verticillèes  {fol.  verticillata  )  ,  lorsqu'elles 
naissent  plus  de  deux  à  la  même  hauteur  autour  de 
la  tige,  ou  sur  les  rameaux ,  comme  dans  le  laurier- 
rose  {JSerium  oleander),  la  garance  {Rubia  tlncto- 
rum),  etc. 

Suivant  le  nombre  des  feuilles  qui  forment  chaque 
verticille,  on  dit  qu'elles  sont  : 

Ternées {fol.  tertio) ,  quand  le  verticille  est  formé 
de  trois  feuilles,  comme  dans  la  verveine  à  odeur  de 
citron  {Verbena  triphylla);  le  laurier- rose,  etc. 

Quaternées  {fol.  quaterna) ,  quand  le  verticille 
est  composé  de  quatre  feuilles;  par  exemple,  dans 
la  croisette  {Valantia  cruciata). 

Quittées  {fol.  quitta),  verticille  de  cinq  feuilles: 
plusieurs  caille-laits,  le Myriophyllum  verticillatum. 

Senées  {fol.  sena),  verticille  de  six  feuilles, 
comme  dans  le  Galium  ullginosum. 


FEUILLES.  1 55 

Octonées  {fol.  octona),  verticille  de  huit  feuilles: 
par  exemple,  celle  de  l'aspérule  odorante  {Asperula 
odorata). 

5°  Géminées  {fol.  gemma),  naissant  deux  à  deux, 
l'une  à  côté  de  l'autre,  du  même  point  de  la  tige. 
La  belladone  {Atropa  Belladona),  l'alkekenge  {Phy- 
saâ's  Alkekengi). 

6°  Distiques  {fol.  disticha),  disposées  sur  deux 
rangs  opposés  l'un  à  l'autre,  comme  darfs  l'orme 
(Uhnus  campestris),  le  laurier-cerise  {Ccrasus  lauro- 
cerasus). 

7°  Unilatérales  {fol.  unilateralia),  quand  elles 
sont  tournées  toutes  d'un  seul  et  même  côté;  par 
exemple,  le  Convallaria  multiflora ',  etc. 

8°  JScartées  (fol.  remota),  quand  elles  sont  très- 
éloignées  les  unes  des  autres. 

9°  Happrochées  {fol.  approximata ,  cor  fer  ta), 
naissant  aune  très-petite  distance  les  unes  des  autres. 

(Ces  deux  expressions  ne  s'emploient  jamais  isolé- 
ment; elles  servent  toujours  à  exprimer  une  compa- 
raison avec  d'autres  espèces  connues.  ) 

io°  Imbriquées  {fol.  imbricata),  quand  elles  se 
recouvrent  en  partie,  à  la  manière  des  tuiles  d'un 
toit,  comme  dans  certaines  espèces  d'aloës,  le 
Thuya,  etc. 

On  dit  des  feuilles  imbriquées  qu'elles  sont  bisé- 
riées,  quand  elles  sont  disposées  sur  deux  lignes  lon- 
gitudinales. 

Trisériées  {fol.  triseriata),  disposées  sur  trois 
rangées  longitudinales. 


1  56  ORGANl-S   DR    LA    VÉGÉTATION. 

Quadrisèrièes  (  fol.  quadriseriata  )  ,  formant 
quatre  séries  longitudinales  ;  telles  sont  celles  du 
thuya. 

Enfin  on  dit  qu'elles  sont  imbriquées  de  tous  côtés , 
quand  elles  n'offrent  aucun  ordre  régulier. 

1 1  °  Fasciculées  (fol.fasciculata),  naissant  plus 
de  deux  ensemble  du  même  point  de  la  tige,  comme 
dans  le  cerisier  (Cerasus  commitnis),  le  mélèse 
( Larix  vulgaris),  l'épine  vinette  (Berberis  vulga- 
risa, etc. 

ii°  Couronnantes  (fol.  coronantia,  terminan- 
tia),  réunies  en  forme  de  bouquet,  au  sommet  de 
la  tige ,  comme  dans  les  palmiers  ,  le  papayer  (  Ca- 
rica  Papaya  ). 

1 3°  Roselèes  ou  en  rosette  (fol.rosulatà),  alternes 
et  rapprochées  en  forme  de  rosaces,  comme  dans  la 
joubarbe  (Sempervivum  tectorurn) ,  le  pissenlit,  etc. 

C.  Quant  à  leur  direction,  relativement  à  la  tige, 
les  feuilles  sont  : 

i  °  Dressées  (fol.  erecta  ),  formant  un  angle  très- 
aigu  avec  la  partie  supérieure  de  la  tige,  comme 
dans  la  massette  (  Typha  latifolia  ). 

i°  opprimées  (fol.  adpressa),  quand  le  limbe 
de  la  feuille  est  appliqué  sur  la  tige. 

3°  Étalées  ou  ouvertes  (patentia),  quand  elles 
forment  avec  la  tige  un  angle  presque  droit,  comme 
dans  le  lierre  terrestre  (Glechoma  hederacea),  l'an- 
drosème  (Hjpericum  androsœmum*),  etc. 

4°  Infléchies  (fol.  inflexa  ) ,  quand  elles  sont  fié- 


FEUILLES.  1 5^ 

oliies  en  dedans,    comme   celles  de  plusieurs  Mal- 
vacées. 

5°  Involutèes  {fol.  involuta),  lorsqu'elles  sont 
roulées  en  dedans  ;  telles  sont  celles  des  Fougères. 

6°  Réfléchies  {Jbl.  refle.xa)  ,  celles  qui  sont  ra- 
battues brusquement  en  dehors,  comme  dans  VInula 
pulicaria ,  le  Dracœna  reflexa ,  etc. 

70  Rèvolutèes  {fol.  revoluta),  roulées  en  dehors. 

8°  Pendantes  {fol.  pendentict) ,  celles  qui  s'a- 
baissent presque  perpendiculairement  vers  la  terre, 
comme  dans  le  liseron  des  haies  (  Convolvulus  se- 
pium  ),  le  daphné  lauréole  {Daphne  laureola). 

90  Inverses  {fol.  inversa},  quand  le  pétiole  se 
tord  de  manière  que  la  face  inférieure  devient  su- 
périeure, comme  dans  le  Pharus. 

io°  Hwnifuses  {fol.  Jtumifusa'),  quand  elles 
sont  radicales,  molles  et  étalées  sur  la  terre,  comme 
dans  la  pâquerette  {Bellis  peren/lis). 

1 1  °  Nageantes  {fol.  /latantia) ,  se  soutenant  sur 
l'eau,  le  nénuphar  [Njmphœa  alba). 

1 20  Submergées  {fol.  subînersa,  demersa),  cachées 
sous  l'eau;  celles  de  YHottonia palustris. 

i3°  Emergées  {fol.  emersa),  quand  leur  point 
d'attache  est  sous  l'eau,  et  que  leur  pétiole  les  élève 
au-dessus  du  liquide,  comme  celles  du  plantain 
d'eau  {Alisma  Plantago),  de  la  sagittaire  {Sagittaria 
sagittafolia  ). 

D.  Circonscription,  ou  figure. 

i°  Orbiculées  {fol.  orbiculata) ,  celles  dont  la  cir- 


1 58  ORGANES    DE    LA    VÉGÉTATION. 

conférence  approche  de  la  ligure  d'un  cercle,  comme 
l'écuelle  d'eau  ( Hydrocotyle  vulgaris).  ( Voy.  pi.  3  , 

H- 9-) 

2°  Ovales  (i)  {fol.  ovalia),  allongées,  arrondies 

aux  deux  extrémités,  l'extrémité  inférieure  étant  plus 
large.  Exemples  :  l'aunée  {Initia  helenium),  le  mou- 
ron des  oiseaux  {Alsine  média),  la  grande  pervenche 
[Finca  major).  Voy.  pi.  3,  fîg.  i.) 

3°  Obovales  (2)  {fol.  obovalia),  la  précédente 
renversée ,  c'est-à-dire  que  la  grosse  extrémité  est 
tournée  en  haut,  comme  dans  la  busserole (  Arbutus 
uva  ursi\  le  Samolus  valerandi,  etc. 

4°  Elliptiques  (3)  {fol.  elliptica) ,  allongées  ,  les 
deux  bouts  arrondis  et  égaux  entre  eux,  comme 
dans  le  muguet  {Convallaria  maîalis).  (Voy.  pi.  3, 
fig.  2.) 

5°  Oblongues  {oblonga),  elliptiques  très-allongées 
et  étroites. 

6°  Lancéolées  {fol.  lanceolata) ,  oblongues  et 
finissant  insensiblement  en  pointe  vers  leur  sommet 
(Plantago  lanceolata),  le  laurier -rose  {Nerium 
oleander),  le  pêcher  {A mygdalus  persica). 

n°  Linéaires  {fol.  linearia),  lancéolées,  mais  très- 
étroites  ;  la  plupart  des  Graminées. 

8°  Rubanaires  ou  en  ruban  {fol.fasciaria,  gra- 

(1)  La  figure  ovale  est  celle  qu'on  obtient  par  la  section  oblique 
d'un  cône. 

(a)   Obovalia  ,  par  abréviation  de  obversè  ovalia. 

(3)  La  figure  elliptique  est  celle  que  l'on  obtient  par  la  section 
oblique  d'un  cylindre. 


FEUILLES.  1 5(). 

minca),  un  peu  plus  larges  que  les  précédentes, 
mais  bien  plus  allongées,  la  Vallisneria  spiralis ,  le 
Typlia  latifolia. 

g°  Subulèes  ou  en  alêne  (fol.  subulata),  très- 
ètroites  à  leur  base,  et  rétrécies   insensiblement  en 
une  pointe  aiguë  au  sommet  :  le  genévrier  (Juni- 
perus  communis). 

io°  Aciculèes  et  sêlacées  (fol.  acicularia,  seta- 

cea),   allongées,   roides  et   aiguës,   ayant  quelque 

ressemblance  avec  des  aiguilles  ou  des  soies  de  co- 

cbon  ;  par  exemple  ,  celles  de  YAspdragus  aculi- 

folius,  etc. 

i  i° Capillaires  [Jol.  capillarid),  déliées  et  flexibles 
comme  des  cbeveux  :  celles  de  l'asperge  (Asparagus 
offzcinalis) ,  etc. 

ii°  Filiformes  (fol.  fïliformia) ,  minces,  grêles, 
très -déliées  comme  un  fil.  Exemple,  la  renoncule 
aquatique  (Ranunculus  aquatilis). 

i3°  Spatulées  ou  en  forme  de  spatule  (fol.  spa- 
lulatd) ,  minces,  étroites  à  la  base,  larges  et  arron- 
dies à  leur  sommet  :  la  pâquerette  (Bellis perennis). 
(Voy.pl.  3,  fig.  3.) 

i4°  Cuncaires ,  ayant  la  figure  d'un  coin  (fol.  eu- 
neata),  trés-étroites à  la  base,  s'élargissant  jusqu'au 
sommet,  qui  est  comme  tronqué.  Exemple  :  le  Saxi- 
fraga  Iridentata ,  etc.  (Voy.  pi.  3,  fig.  12.) 

1 5  °  Paraboliques  (fol.  parabolica  ) ,  oblongues , 
arrondies  du  haut,  et  comme  tronquées  du  bas. 

160  Falquées  (fol.  falcatd) ,  ou  en  fer  de  faux 
(  Bupleurum  falcatum  ) ,  etc. 


iGo  ORGANES    DE    LA    VEGETATION. 

17 °  lnèquilateres  {fol.  inœquilatera) ,  quand  la 
nervure  médiane  partage  la  feuille  en  deux  moitiés 
inégales.  Par  exemple ,  dans  le  tilleul  ,  le  Bégonia 
obliqua,  etc. 

E.  Les  feuilles  peuvent  être  diversement  échan- 
crées  à  leur  base ,  ce  qui  leur  donne  des  figures  va- 
riées. Ainsi  on  dit  qu'elles  sont  : 

1  °  Cordées  ou  en  cœur,  ou  cordiformes  {fol.  cor- 
data,  cordifonnia  )  ,  quand  elles  sont  échancrées  à 
leur  base  de  manière  à  représenter  deux  lobes  ar- 
rondis, et  qu'elles  se  terminent  supérieurement  en 
s'amincissant,  comme  dans  le  Tamus  communiste 
nénuphar,  (ISyniphœa  alba),  elc.  (Voyez  pi.  3, 
fig.4,5.) 

Les  feuilles  cordiformes  peuvent  être  en  même 
temps  obliques  ou  lnèquilateres  (  oblique  cordata), 
comme  dans  le  tilleul ,  etc. 

20  Rénalres  ou  rênif ormes,  en  forme  de  rein  (re- 
niformia),  quand  elles  sont  beaucoup  plus  larges 
que  hautes ,  et  sont  arrondies  au  sommet ,  et  échan- 
crées en  cœur  à  la  base;  par  exemple  :  l'asaret  (Asa- 
rum  europœwn),  le  lierre  terrestre  (Glechoma  he- 
deracea).  (Voy.  pi.  3,  fig.  6.) 

3°  Lunulées ,  ou  en  croissant  (fol.  lunata),  ar- 
rondies et  divisées  à  leur  base  en  deux  lobes  étroits. 

4  °  Saglttées ,  ou  enfer  de  flèche  (fol.  sagittatà), 
quand  elles  sont  aiguës,  et  que  leur  base  est  pro- 
longée en  deux  lobes  pointus ,  peu  divergens.  Ex.  : 


FEUILLES.  l6l 

la  sagittaire  (  Sagitlaria  sagittœfolia).  (Voy.  pi.  3, 

%•  7-) 

5°  Hastèes  {fol.  liastata  ),  à  base  prolongée  en 

deux  lobes  aigus,  très-écartés  et  rejetés  en  dehors, 

comme  dans  X Arum  maculatum,  etc.  (  Voy.  pi.  3, 

fig.  8.  ; 

F.  Les  feuilles  peuvent  être  terminées  de  diverses 
manières  à  leur  sommet.  De  là  elles  prennent  les 
noms  de  : 

I  °  Aiguës  {fol.  acuta),  quand  elles  s'amincissent 
insensiblement  en  pointe  à  leur  sommet,  comme 
celles  du  laurier-rose.  (Voy.  pi.  3,  fig.  4,7.) 

i°  Piquantes  {fol.  pungentia),  terminées  par 
une  pointe  roide,  comme  dans  le  landier  (  Ulex  eu- 
ropceus),  le  petit  houx  (  Paiscus  aculeatus). 

3  °  Acuminêes  {fol.  acuminata  ) ,  quand ,  vers  le 
sommet,  leurs  deux  bords  changent  de  direction,  et 
se  prolongent  en  se  rapprochant, comme  dans  lecou- 
drier  {Coiylus  Avellana) ,  le  cornouiller  (  Cornus 
mascula  ). 

4°  Mucronées  {  fol.  mucronata  )  ,  surmontées 
d'une  petite  pointe,  grêle  et  isolée,  qui  ne  paraît  pas 
faire  suite  au  sommet  de  la  feuille:  dans  la  joubarbe 
des  toits  ( Sempervivum  tectorwn). 

5°  Uncinées  {fol.  uncinata),  terminées  par  une 
pointe  recourbée  en  crochet. 

6°  Obtuses  {fol.  oblusa),  terme  général  mis  en 
opposition  à  celui  de  feuilles  aiguës  :  comme  celles 
du  Nymphœa  alha,  etc.  {  Voy.  pi.  3,  fig.  1,  2,  5.  ) 

1 1 


iGl  ORGANES    DE    LA    VÉGÉTAT[ON. 

70  Échancrées  {fol.  emarginata) ,  offrant  à  leur 
sommet  un  sinus  rentrant  en  forme  de  crénelure  , 
comme  le  buis  {Buxus sempervirens^) ,  l'asaret  (Asa- 
rum  europœum).  (  Voy.  pi.  3,  fig.  6.) 

8°  Refuses  {fol.  retusa) ,  offrant  un  sinus  peu 
profond  ,  comme  la  busserole  (  Vaccininm  vitis 
idœa). 

9°  Obcordèes  {fol.  obeordata)  (i),  en  cœur  ren- 
versé. Les  folioles  de  l'alléluia  {Oxalis  acetosella). 

io°  Bifides  {fol.  apice  bifida  ),  fendues  au  som- 
met en  deux  lanières  aiguës  ,  peu  profondes. 

ii°  Bdobées  {fol.  apice  biloba),  quand  les  deux, 
divisions  sont  séparées  par  un  sinus  obtus. 

\i°  Bipartites  {fol.  apice  bipartita),  quand  les 
deux  divisions  sont  très-profondes  et  aiguës. 

G.  Les  feuilles  peuvent  offrir,  dans  leur  contour, 
des  angles  plus  ou  moins  nombreux,  plus  ou  moins 
marqués,  ce  qui  leur  donne  des  figures  particulières; 
ainsi  on  les  appelle  : 

i  °  Rhomboïdales  {fol.  rhomboidea),  quand  elles 
présentent  quatre  angles  ,  dont  deux  opposés  plus 
aigus.  Exemple  :  Campanula  rhomboïdalis ,  etc. 

i°  Deltoïdes  {fol.  deltoïdea) ,  quand  elles  ont  la 
figure  d'un  rhomboïde,  dont  l'angle  inférieur  est  très- 
court,  en  sorte  qu'elles  paraissent  comme  triangu- 
laires, ou    approchant  de    la    forme    du    delta  des 


(i)   Obeordata.  Ce  mot  est  employé  par  abréviation  pour  obversè 
coruata. 


FEUTLLES.  1 63 

Grecs  (aj.  Exemple  :  le  Mesembryanthemum  del- 
toïdes. 

3  °  Trapèzoïdes  {fol.  trapezoïdea  ) ,  ayant  la 
figure  d'un  trapèze,  c'est-à-dire  d'un  quadrilatère 
dont  les  quatre  côtés  sont  inégaux.  Par  exemple, 
plusieurs  Fougères. 

4°  Triangidées  (  Jol.  triangidata) ,  offrant  trois 
angles  saillans. 

5°  Quadrangalèes  {fol.  quadrangulata). 

H.  Les  feuilles  simples ,  comme  nous  l'avons  dit 
précédemment,  peuvent  offrir  des  incisions  plus  ou 
moins  profondes,  sans  pour  cela  devoir  être  con- 
sidérées comme  composées.  Ainsi  elles  peuvent  être: 

i°    Tri/ides  {fol.  trifzda), 
i°  Quadnfides  {fol.  quadri/ïda) , 
3°   Quinquèfides  {fol.  quinquefda) , 
l\°  Sexfides  {fol.  sexfida  ) , 
5°  Mullifides  {fol.  multifida  )  , 
quand  elles  présentent  trois,  quatre,  cinq,  six  ou  un 
plus  grand  nombre  de  divisions  étroites  et  peu  pro- 
fondes. 

6°   Trilobées  {fol.  trilobata) , 
7°   Quadrilobées  {fol.  quadrïlobata) , 
8°   Quinquélobées  {fol.  quinquelobata), 
9°  Muhilobées  {fol.  multilobata) , 
lorsque  les  divisions  son  :  plus  larges ,   et  séparées 
par  des  sinus  obtus. 

r o°  Tripartites  [fol.  tripartitd).  ( Voy.  pi. 3, fig.  1 5.) 
ii°   Quadripartites  {fol.  quadripartita), 


jG4  organes  de  la  végétation. 

i  i°  Quinquêpartites  (fol.  quinquepartitd).  (Voy. 
pi.  3,  fig.  16.) 

1 3°  Multipartkes  (fol.  multipartila  ) , 
si  les  incisions  sont  assez  profondes  pour  arriver  jus- 
qu'aux deux  tiers  au  moins  du  limbe  de  la  feuille. 

i4°  Lacimées  (fol.  laciniata),  celles  dont  les 
divisions  sont  profondes  et  manifestement  inégales , 
comme  dans  beaucoup  de  Synanthèrèes.  (Voy.  pi.  3, 

%.  14.) 

i5°  Palmées  (fol.  palmata),  quand  toutes  les 
nervures,  partant  en  rayonnant  du  sommet  du  pé- 
tiole ,  se  dirigent  chacune  vers  le  milieu  des  divisions, 
comme  dans  le  ricin  (Ricinus  communis).  (Voyez 
pi.  3,  fig.  16.) 

i6°  Auriculèes  (fol.  auriculata),  offrant  à  leur 
base  deux  petits  appendices  qu'on  nomme  oreillettes, 
comme  dans  la  sauge  officinale  (  Salvia  offcina- 
lis),  la  scrofulaire  aquatique  (  Scrophularia  aqua- 
tica  ) ,  etc. 

in°  Pandurèes  ou  Pandur formes  (fol.  pandu- 
rata,  panduriformici) ,  approchant  de  la  figure  d'un 
violon,  c'est-à-dire  allongées,  arrondies  aux  deux 
extrémités  et  présentant  deux  sinus  latéraux  ren- 
trans  ;  par  exemple  ,  dans  le  Convolvulus  pandura- 
tus,  le  Rumex  pulchêr,  etc. 

i8°  Sinuées  (fol.  sinuata),  quand  elles  présentent 
une  ou  plusieurs  échancrures  arrondies,  ou  sinus  en 
nombre  déterminé. 

190  Sinueuses  (fol.  sinuosa),  présentant  des  sinus 
arrondis  et  des  saillies  également  arrondies  et  con- 


FEUILLES.  l65 

vexes,  en  nombre  intéterminé:  dans  le  chêne  (Quer- 
eus  robur). 

20°  Pinnatifides  (fol. pinnatijîda),  divisées  laté- 
ralement en  lobes  plus  ou  moins  profonds ,  comme 
dans  le  Polf podium  vulgare,  le  Coronopus  Ruellii. 

i\°  Interrompues  (fol.  interrupte- pinnatijîda)  ; 
ce  sont  celles  dont  les  divisions  supérieures  sont  con- 
fluentes  par  leur  base  ,  tandis  que  les  inférieures  sont 
entièrement  libres  ;  en  sorte  que  ces  feuilles  repré- 
sentent supérieurement  une  feuille  pinnatifide,  et 
inférieurement  une  feuille  pinnée.  Mais  on  ne  peut 
les  confondre  avec  les  feuilles  vraiment  composées. 

ii°  Pectinées,  ou  en  forme  de  peigne  (fol.  pec- 
tinata  )  ,  feuilles  pinnatifides  ,  dont  les  divisions 
sont  étroites,  rapprochées  et  presque  parallèles.  Par 
exemple,  dans  X Achillœa  pectinata. 

iZ°  Ljrées  (fol.  If  rata),  feuilles  pinnatifides, 
terminées  par  un  lobe  arrondi,  beaucoup  plus  consi- 
dérable que  les  autres,  comme  dans  la  benoite  (Gewn 
urbanuin),  le  radis  sauvage  (Raphanus  Raphanis- 
trum),  êlc.  (Voy.  pi.  3 ,  fig.  \l\  .) 

'il\°  Roncinèes  (fol.  runcinata) ,  feuilles  pinna- 
tifides, dont  les  lobes  latéraux  sont  aigus  et  recourbés 
en  bas.  Par  exemple,  celles  du  pissenlit  ( 7 ^araxacum 
dens  leonis),  du  Prenanthes  muralis,  etc.  (Voyez 
pi.  3,  fig.  i3.) 

/.  Quant  à  leur  contour,  ou  aux  modifications 
que  présente  leur  bord  même,  les  feuilles  sont  : 

i  °  Entières  (  intégra  ),  quand  leur   bord  se  con- 


l6Ô  ORGANES    DE    LA    VÉGÉTATION. 

tinue  sans  présenter  ni  dents,  ni  incisions,  ni  sinus. 
Exemple  :  la  pervenche  (  Vinca  major),  le  lilas,  etc. 
(Voy.  pi.  3,  fig.  2,  3,  4,  5.) 

■2°  Erodées  (fol.  erosa  ),  présentant  de  petites 
dentelures  inégales,  en  sorte  que  le  bord  de  la  feuille 
semble  avoir  été  rongé  par  un  insecte,  comme  celles 
du  Sùiapis  alba,  etc. 

3°  Crénelées  (fol.  crenata),  dont  le  bord  offre 
des  crénelures  ou  petites  parties  saillantes,  arron- 
dies, séparées  par  des  angles  rentrans.  Par  exemple, 
dans  le  lierre  terrestre  (Glechoma  heder-acea) ,  le 
marrube  blanc  (Matrubium  vulgare),  la  betoine 
(  Betonica  officinalis  ). 

[\  Doublement  crénelées  (fol.  duplicato-crenata), 
quand  chaque  crénelure  principale  en  offre  de  plus 
petites ,  comme  dans  le  Chrjsosplenium  alternifo- 
lium,  et  Y  Hjdrocotjle  vulgaris .  (Voy.  pi.  3,  fig.  9.  ) 

5°  Dentées  (fol.  dentata),  dont  le  bord  est  dé- 
coupé en  petites  dents  aiguës,  ne  s'inclinant  ni  vers 
le  sommet,  ni  vers  la  base  de  la  feuille.  Exemple: 
l'alliaire  (Erysimum  Alliaria)  le  séneçon  (Senecio 
vulgaris),  etc. 

6°  Serrées  on  Dentées  en  scie  (fol.  serratd),  quand 
les  dents  sont  inclinées  vers  le  sommet  de  la  feuille, 
comme  dans  la  violette  (  Viola  odorata) ,  la  viorne 
(Viburnum  Lantana),  etc.  (Voy.  pi.  3,  fig.  t.) 

70  Doublement  serrées  (fol.  duplicalo- serratd), 
dont  chaque  dentelure  est  elle-même  serrée,  comme 
dans  le  coudrier  (Corjlus  Avellanci),  l'orme  (Ulmus 
campes  tris). 


FEUILLES.  167 

8°  Épineuses  (fol.  margine  spinosa),  bordées 
Je  dents  roides,  aiguës  et  piquantes,  comme  dans  le 
houx  (1 7e 'X  aquifoliwn).  beaucoup  de  chardons. 

90  Ciliées  (fol.  ciliata),  ayant  le  bord  garni  de 
poils  disposés  en  série  ,  comme  les  cils  des  pau- 
pières; par  exemple,  dans  Y  Erica  tetralix ,  laLuzula 
vernalis ,  etc. 

K.  Expansion. 

Les  feuilles  peuvent  être  : 

t  °  Planes  (fol. plana) ,  quand  leur  surface  n'est 
ni  concave  ni  convexe  :  celles  de  la  plupart  des 
plantes. 

20  Convexes  (fol.  convexa) ,  quand  elles  sont 
bombées  par  leur  face  supérieure. 

3°  Concaves  (fol.  concava),  bombées  par  leur 
face  inférieure  ,  de  manière  à  ce  que  la  supérieure 
présente  une  cavité. 

4°  Gladiées  ou  Ensif ormes  (fol.  ensiformia) , 
comprimées  fortement  sur  leurs  parties  latérales  ,  en 
sorte  que  leurs  faces  sont  devenues  latérales,  et  leurs 
bords  postérieur  et  antérieur  ,  comme  dans  Y  Iris 
germanica ,  etc. 

5°  Striées  (fol.  striata),  offrant  des  stries  en  dif- 
férons sens. 

6°  Onduleuses  (fol.  undulosa)^  offrant  des  sail- 
lies et  des  enfoncemens  irréguliers,  qu'on  a  comparés 
aux  ondulations  de  l'eau  agitée.  La  rhubarbe  ondulée 
(Rheum  undulatum). 


l68  ORGANES    DE    LA    VÉG^TT    ION. 

L.  Superficie. 

i°  Luisantes  (fol.  lucida) ,  ayant  leur  surface 
unie  et  réfléchissant  la  lumière  :  le  laurier-cerise, 
le  lierre. 

i°  Unies  (fol.  lœvia),  n'offrant  aucune  saillie  ni 
aspérité  :  le  Nymphœa ,  etc. 

3°  Glabres  (fol.  glabra) ,  dépourvues  de  toute 
espèce  de  poils  :  la  petite  centaurée  (Erythrœa  Cen- 
taurium),  le  laurier-rose. 

4°  Pertuses  (fol.  pertusà) ,  percées  de  trous  très- 
sensibles  :  (Dracontium  pertusunï). 

5°  Cancellées  (fol.  ca/icellata) ,  quand  le  paren- 
chyme n'existe  pas ,  et  qu'elles  sont  simplement  for- 
mées par  les  ramifications  des  nervures  fréquemment 
anastomosées  ,  et  représentant  une  sorte  de  treillage, 
comme  celles  de  Y  Hjdrogeton  fenestralis . 

6°  Glanduleuses  (fol.  glandulosa),  offrant  à  leur 
surface  de  petites  glandes. 

7  °  Scabres  (fol.  scabva  )  ,  rudes  au  toucher. 
L'orme  (Ulmus  campes tris) ,  le  grémil  (Lithosper- 
mum  officinale),  etc. 

8°  Glntineuses  (fol.  glutinosa),  offrant,  quand 
on  les  touche,  une  viscosité  plus  ou  moins  grande  : 
Inula  viscosa. 

M.  Pubescence.  (Voyez  ce  que  nous  en  avons  dit 
précédemment  en  parlant  de  la  tige ,  page  n^.  ) 

TV.  Consistance  et  tissu. 

i  °  Membraneuses  (fol.  membranacea  ) ,  n'ayant 


FEUILLES.  1 69 

pas  d'épaisseur  sensible  ,  molles  et  souples  ,  comme 
celles  de  la  grande  aristoloche  (Arisiolochia  Sypho). 

i°  Scarieuses  (fol.  scariosa) ,  minces,  sèches, 
demi-transparentes. 

3°  Coriaces  (fol.  coriacea) ,  quand  elles  sont 
épaisses  et  qu'elles  ont  une  certaine  consistance  : 
celles  du  gui  (Viscum  album). 

4°  Molles  ( fol.  mollïa),  ayant  peu  de  solidité,  et 
douces  au  toucher:  l'épinard  (Spinacia  oleracea) , 
la  guimauve  (Jlthœa  offîcinalis). 

5°  Roides  (fol.  rigida  ) ,  coriaces  et  résistant  à  la 
flexion  :  le  petit  houx  (Ruscus  aculeatus). 

6°  Charnues  (fol.  carnosa)  :  la  joubarbe  des  toits 
(Sempervivum  tectorurn),  et  en  général  toutes  les 
plantes  grasses. 

70  Creuses  (fol.  fistulosa  )  :  l'ognon  ordinaire 
(Allium  Cepa). 

O.  Forme  (1)  (épaisseur  ou  solidité  notable). 

i°  Ovèes  (fol.  ovatd),  ayant  la  forme  d'un  œuf. 

(1)  Il  ne  faut  pas  confondre,  comme  on  le  fait  très-souvent,  la 
forme  et  la  figure  d'un  corps.  La  /orme  ne  s'entend  que  des  corps 
solides  ,  c'esl-à-dire  de  ceux  qui  présentent  l'étendue  ,  la  largeur 
et  l'épaissiur.  La  partie  de  la  géométrie  qui  s'en  occupe  porte  le 
nom  de  stéréométrie.  Le  terme  de  figure  n'est  applicable  qu'aux 
corps  plans  ,  c'est-à-dire  aux  surfaces  qui  n'offrent  que  deux  di- 
mensions ,  la  largeur  et  la  longueur.  On  donne  le  nom  de  plani- 
métrie ,  à  la  partie  de  la  géométrie  qui  traite  de  la  figure  des  corps 
plans.  Ainsi  un  œuf  a  une  forme  ovée  :  une  feuille  plane,  repré- 
sentant la  section  longitudinale  d'un  œuf,  a  une  figure  ovale.  On 
voit  donc  la  nécessité  de  distinguer  les  expressions  for  maires  des 
expressions  figuraires. 


170       ORGANES  DE  LA  VÉGÉTATION. 

20  Qbovèes  (fol.  obovata),  ayant  la  forme  d'un 
œuf  renversé. 

3°  Conoïdales  (fol.  conoïdea),  ayant  la  forme 
d'un  cône. 

4°  Cylindriques  (fol.  cylindrica,  teretia),  ayant 
la  forme  d'un  cylindre  allongé  :  le  Sedum  album, 
l'ognon. 

5°  Linguiform.es  (fol.  linguiformia) ,  ayant  l'é- 
paisseur et  la  forme  d'une  langue  :  la  joubarbe  des 
toits  (Sempervwum  tectorum). 

6°  Triquèlres  (fol.  triquetrd),  allongées  en  prisme 
à  trois  faces,  le  jonc  fleuri  (Butomus  umbellatus). 

70  Tètragonèes  (fol.  tetragona),  allongées  en 
prisme  à  quatre  faces  :  Gladiolus  tristis. 

8°  Comprimées  (fol.  compressa  ) ,  épaisses ,  char- 
nues, aplaties  latéralement,  ayant  plus  d'épaisseur 
que  de  largeur. 

P.  Coloration. 

i°   Vertes  (fol.  viridia)  :  la  plupart  des  feuilles. 

20  Colorées  (fol.  colorata),  d'une  autre  couleur 
que  le  vert. 

3°  Glauques  (fol.  glauca):  Magnolia  glauca, 
le  chou  (Brassica  oleracea). 

4°  Discolores  (fol.  discolora) ,  quand  les  deux 
faces  ne  sont  pas  de  la  même  couleur.  Ainsi  ,  dans 
la  cymbalaire  (Antirrhinum  cjmbalaria),  le  cycla- 
men (Cyclamin  Europeum),  la  face  supérieure  est 
verte  ,  l'inférieure  est  pourprée. 

5°  Tachetées  (fol.  maculata),  offrant  des  taches 
plus  ou  moins  considérables  ,  d'une  couleur   diffé- 


FEUILLES.  I  7  F 

rente  de  celle  de  la  feuille:  {Arum  macula tum). 
6°  lucanes  {fol.  incana),  d'un  blanc  pur  :  {Achil- 
lœa  incana). 

Q.  Pétiolation. 

i°  Sessiles  [fol.  sessilia)  :  le  buis  {Buxus  sem- 
pervirens),  etc. 

i°  Pétiolées  {fol.  peliolald)  :  le  platane,  le  poi- 
rier, l'abricotier. 

3°  Peltées  {fol. pellata),  quand  le  pétiole  s'in- 
sère au  centre  de  la  face  inférieure  des  feuilles,  et 
que  les  nervures  partent  de  ce  point,  en  rayonnant 
vers  la  circonférence: comme  dans  la  capucine  {Tro- 
pceolum  majus),  l'écuelle  d'eau  [Hydrocolyle  vul- 
garis).  (Voyez  pi.  3,  fig.  9.) 

Quand  les  feuilles  sont  pourvues  d'un  pétiole,  il 
ne  faut  pas  négliger  les  caractères  qu'on  peut  tirer 
de  ces  différentes  modifications. 

Ainsi,  il  peut  être  cylindrique,  comprimé,  triquètre, 

filiforme ,  court,  long,  etc.  Nous  n'avons  pas  besoin 

de  donner  ici  l'explication  de  ces  expressions ,  que 

nous  avons  déjà  définies  ,  pour  la  plupart ,  dans  un 

autre  lieu. 

Le  pétiole  peut  être  tordu  sur  lui-même,  comme 
dans  plusieurs  Cucurbitacées  ,  etc. 

Claviformc,  en  forme  de  massue  {p.  claviformis), 
quand  il  est  renflé  d'une  manière  manifeste  à  sa 
partie  supérieure  ,  comme  dans  la  châtaigne  d'eau 
{Trapa  natans). 

Canaliculé,  ou  creusé  en  gouttière  xp.  canalicu- 


1^2  ORGANES    DE    LA    VÉGÉTATION. 

talus),  quand  il  est  convexe  à  sa  face  externe,  con- 
cave du  côté  de  la  tige  ;  par  exemple,  dans  beaucoup 
d'Ombellfères. 

Ailé  (p.  alatus),  quand  le  limbe  de  la  feuille  se 
prolonge  sur  lui  de  manière  à  former  de  chaque 
côté  un  appendice  membraneux.  Par  exemple,  dans 
l'oranger  (Citrus  Aurantiuni). 

Foliforme,  ou  en  forme  de  feuille  (fbliformis), 
quand  il  est  large,  mince,  et  a  l'aspect  d'une  feuille. 
Dans  ce  cas,  il  remplace  fort  souvent  les  véritables 
feuilles,  qui  n'existent  que  dans  les  individus  encore 
jeunes,  et  tombent  à  une  certaine  époque.  Ainsi  les 
prétendues  feuilles  simples  des  Minosa  de  la  nou- 
velle Hollande  ne  sont  que  des  pétioles  élargis  et 
foliiformes,  etc.  On  leur  a  donné  le  nom  AePhjilodes. 

R.  Suivant  leur  durée  sur  la  tige,  on  distingue  les 
feuilles  en  : 

i°  Caduques  (fol.  caduca),  lorsqu'elles  tombent 
peu  de  temps  après  leur  apparition ,  comme  celles 
de  beaucoup  de  cactus. 

i°  Décidues  (fol.  decidua),  quand  elles  tombent 
avant  une  nouvelle  foliation  :  celles  du  marronnier , 
du  tilleul ,  etc. 

3°  M arcescentes  (fol.  marcescenlia) ,  lorsqu'elles 
se  dessèchent  sur  la  plante  avant  de  tomber,  comme 
celles  du  chêne. 

4°  Persistantes  (fol.  persistentia  ) ,  celles  qui 
restent  sur  le  végétal  plus  d'une  année.  Par  exemple, 
dans  les  pins,  les  buis,  le  laurier- cerise,  etc.  Ces 


FEUILLES.  1-73 

arbres  portent   le    nom    général   d'arbres   toujours 
verts. 

§  1.  Des  Feuilles  composées . 

La  feuille  vraiment  composée,  avons-nous  dit,  est 
celle  qui,  sur  un  pétiole  commun,  porte  plusieurs 
petites  folioles  qu'on  peut  isoler  les  unes  des  autres. 
Ces  folioles  sont,  ou  articulées  sur  le  rachis,  c'est-à- 
dire  attachées  par  un  point  très-rétréci  de  la  base  de 
leur  petit  pétiole ,  ou  continues  avec  lui  par  toute 
la  base  de  leur  pétiole. 

Il  y  a  différens  degrés  de  composition  dans  les 
feuilles.  Ainsi  le  pétiole  commun  peut  être  simple,  ou 
bien  il  peut  se  ramifier. 

Quand  le  pétiole  commun  ne  se  ramifie  pas ,  la 
feuille  est  dite  simplement  composée.  On  l'appelle 
feuille  décomposée ,  quand  il  se  ramifie. 

Nous  allons  étudier  les  modifications  qu'elle  pré- 
sente dans  ces  deux  cas. 

Les  feuilles  simplement  composées  offrent  deux 
modifications  principales ,  suivant  la  position  qu'af- 
fectent les  folioles  qui  les  composent.  Ainsi  tantôt 
toutes  les  folioles  partent  du  sommet  même  du  pé- 
tiole commun,  comme  dans  le  marronnier  dinde,  le 
trèfle,  etc.;  tantôt  au  contraire  ces  folioles  naissent  sur 
les  parties  latérales  du  pétiole  commun  ou  rachis, 
comme  dans  le  frêne,  le  baguenaudier,  l'acacia,  etc. 
On  a  donné  le  nom  de  feuilles  digilèes  à  la  première 
de  ces  deux  modifications,  et  celui  de  pennées  à  la 
seconde. 


174  ORGANES    DE    LA.    VÉGÉTATION. 

Les  feuilles  digitées  (fol.  digitata)  sont  donc 
celles  dont  toutes  les  folioles  partent  en  divergeant 
du  sommet  du  pétiole  commun,  à  la  manière  des 
doigts  de  la  main  lorsqu'ils  sont  écartés. 

Le  nombre  des  folioles  qui  constituent  les  feuilles 
digitées  est  très -variable,  comme  on  peut  le  voir  en 
comparant  ensemble  les  feuilles  du  trèfle,  qui  en 
offrent  trois,  avec  celles  des  Pavia,  qui  en  ont  cinq; 
celles  du  marronnier  d'Inde,  qui  en  présente  sept; 
celles  des  lupins,  qui  en  offrent  un  grand  nombre,  etc. 
Aussi  est-ce  d'après  ce  nombre  que  l'on  a  divisé  les 
feuilles  digitées  en  : 

i°  Unifoliolèes  (fol.  unifoliolata^) ,  quand  elles 
n'offrent  qu'une  seule  foliole,  mais  qui  est  articulée 
au  sommet  du  pétiole.  Dans  ce  cas,  des  raisons  d'ana- 
logie, et  la  présence  d'une  articulation  font  ranger 
cette  feuille  parmi  les  composées.  Telles  sont  celles 
de  l'oranger  (Cilrus  Aurantiuni) ,  du  Rosa  simplici- 
folia,  etc.  (Voy.  pi.  4,  fig-  i-) 

i°  Trifoliolèes  (fol.  trifoliolata  ),  quand  elles 
ont  trois  folioles  comme  le  trèfle  d'eau  (Menyanthes 
trifoUata) ,  l'alleluia  (Oxalis  acetosella).  (Voyez 

Pl.  4,  «g.  5.) 

3°  Quadrifoliolèes  (fol.  quadrifoliolata  ),  com- 
posées de  quatre  folioles  (Marsilea  quadrifolia). 

4°  Quitiquéfoliolèes  (fol.  quinquefoliolatd):  Cis- 
sus  quinquefolia ,  Potcntilla  repians ,  etc. 

5°  Seplemfoliolêes  (fol.  septenfoliolata),  le  mar- 
ronnier d'Inde;  etc.  (Voy.  pl.  4,  fig-  6.) 

6°  Midtifoliolées  [fol.  multifoliolata),  composées 


FEUILLUS.  1^5 

d'un  grand  nombre  de  folioles ,  comme  le  Lupinus 
varius. 

Les  feuilles  pennées  (fol.  pennata),  comme  nous 
l'avons  dit,  sont  celles  qui,  sur  un  pétiole  commun, 
portent  un  nombre  plus  ou  moins  considérable  de 
folioles,  disposées  sur  des  parties  latérales  à  la  ma- 
nière des  barbes  d'une  plume  sur  leur  tige  com- 
mune; telles  sont  celles  de  l'acacia  ( Robinia  pseudo- 
acacia}, du  frêne  {Fraxinus  excelsior).   (Voyez 

pl.4,%3.) 

Les  folioles  d'une  feuille  pennée  peuvent  être 
opposées  l'une  à  l'autre  et  disposées  par  paire;  dans 
ce  cas,  on  dit  qu'elles  sont  oppositi-pennèes ;  ou  bien 
ses  folioles  sont  alternes ,  et  les  feuilles  sont  dites 
alternait- pennées. 

Les  feuilles  oppositi-pennèes  sont  également  ap- 
pelées conjuguées.  On  dit  qu'elles  sont  : 

i°  Unijuguées  {fol.  unijugata),  quand  le  pétiole 
commun  porte  une  seule  paire  de  folioles,  comme 
dans  le  Lathjrus  latifolius ,  le  Lathyrus  sylves- 
tris,  etc.  (  Voy.  pi.  4->  fig-  4*  ) 

i°  Bij agitées  {fol.  bijugata),  composées  de  deux 
paires  de  folioles,  comme  dans  certains  Mimosa. 
(Voy.  pi.  4.  fig.  a.) 

3°  Trij Baguées  (fol.  trijugata),  composées  de  trois 
paires  de  folioles,  comme  celles  de  VOrobus  tube- 
rosus. 

4°  Quadrijuguèes  (  fol.  quadrijugata  ). 

5°  Quinquèj uguées  (fol.  quiiiquejugatri) ,  comme 
celles  de  la  casse  (  Cassiafist.ula  ). 


1  -76  ORGANES    DE    LA    VEGETATION. 

6°  Multij uguées  (fol.  multijugata) ,  quand  les 
paires  de  folioles  sont  en  nombre  indéterminé, 
comme  celles  de  la  fausse  réglisse  (  Astragalus  gly- 
cyphyllos  ) ,  la  Vicia  cracca,  etc. 

Les  feuilles  oppositi  -  pennées  sont  dites  pari- 
pennées  ou  pennées  sans  impaire,  quand  les  folioles 
sont  attachées  par  paires,  et  que  le  sommet  du  pé- 
tiole commun  ne  présente  pas  de  foliole  solitaire  ni 
de  vrille  qui  en  tienne  lieu,  comme  dans  le  carou- 
bier {Ceratonia  siliqua),  YOrobus  tuberosus ,  etc. 
(Voy.pl.  4,fig-  2.) 

Elles  sont  dites  au  contraire,  impari •  pennées  ou 
pennées  avec  impaire  (  impari- pennata  ) ,  quand  le 
pétiole  commun  est  terminé  par  une  foliole  solitaire, 
comme  dans  l'acacia  (Robinia  pseudo- acacia),  le 
frêne  (Fraxinus  excelsior).  (Voy.  pi.  4,  fîg.  3. ) 

Les  feuilles  impari -pennées  sont  appelées  tri/olio- 
lèes  (fol.  impari -pennata  trifoliolata) ,  quand,  au- 
dessus  de  l'unique  paire  de  folioles  dont  elles  sont 
formées,  se  trouve  une  foliole  solitaire  pétiolée, 
comme  dans  les  espèces  de  Dolichos,  de  Glycine, 
de  Phaseolus ,  etc. 

On  appelle  feuilles  interruptè- pennées  (fol.  inte- 
rup  le -pennata)  celles  dont  les  folioles  sont  alterna- 
tivement grandes  et  petites,  comme  dans  l'aigre- 
moine  (  Agrimonia  Eupatoria). 

Quant  aux  feuilles  decursivé-peinêes ,  c'est-à-dire 
celles  dont  le  pétiole  commun  est  ailé  par  le  pro- 
longement de  la  base  des  folioles,  nous  ne  les  ran- 
geons pas  parmi  les  feuilles  composées,  puisque  au- 


FEUILLES.  ï  77 

cune  foliole  ne  peut  être  enlevée  sans  en  déchirer 
la  partie  foliacée.  Ce  ne  sont  que  des  feuilles  plus  ou 
moins  profondément  pinnatifides. 

Les  feuilles  décomposées  (fol. decomposila)  sont 
le  deuxième  degré  de  composition  des  feuilles;  le 
pétiole  commun  est  divisé  en  pétioles  secondaires , 
qui  portent  les  folioles.  On  les  appelle  : 

ï  °  Digitèes  -  pennées  (fol.  digitato  -  pennata  ) , 
quand  les  pétioles  secondaires  représentent  des 
feuilles  pennées  partant  toutes  du  sommet  du  pétiole 
commun.  Exemple  :  certains  Mimosa. 

i°  Bigèminèes  (fol.  decomposito  -  bigeminata  ) , 
quand  chacun  des  pétioles  secondaires  porte  une 
seule  paire  de  folioles.  Exemple  :  Mimosa  unguis 
cati. 

3°  Bipennées  (fol.  bipennata,  duplicato-pennata), 
quand  les  pétioles  secondaires  sont  autant  de  feuilles 
pennées,  partant  du  pétiole  commun,  comme  dans 
le  Mimosa  Julibrizin,  etc.  (  Voy.  pi.  4,  fig.  7.  ) 

On  nomme  feuilles  surdécomposées  le  troisième 
et  dernier  degré  de  composition  que  présentent  les 
feuilles.  Dans  ce  cas  les  pétioles  secondaires  se  di- 
visent en  pétioles  tertiaires,  portant  les  folioles.  Ainsi 
on  appelle  feuille  s urdécomposée-  triternèe  celle  dont: 
le  pétiole  commun  se  divise  en  trois  pétioles  secon- 
daires, divisé  chacun  en  trois  pétioles  tertiaires,  por- 
tant aussi  chacun  trois  folioles,  comme  dans  XActœa 
spicata ,  Y Epùnedium  alpinum.  (Voy.  pi.  4,  %•  8.) 


Nous  venons  d'exposer  avec  quelques  détails  les 


12 


l'jS  ORGANES    DE    LA    VÉGÉTATION. 

nombreuses  variétés  de  forme,  de  figure,  de  consis 
tance,  de  simplicité  et  de  composition,  que  présentent 
les  feuilles.  INous  avons  cru  devoir  donner  quelque 
développement  à  cet  article,  parce  que  beaucoup 
d'autres  organes,  que  nous  étudierons  successivement, 
tels  que  les  stipules,  les  sépales,  les  pétales,  etc., 
nous  offriront  des  modifications  analogues  dans  leur 
figure,  leur  forme,  leur  structure,  etc.,  qui,  une 
fois  décrites  et  définies,  n'auront  plus  besoin  que 
d'être  citées  pour  être  parfaitement  comprises. 

Structure ,  usages  et  Jonctions  des  Feuilles. 

Les  feuilles,  comme  nous  l'avons  dit  précédem- 
ment, sont  formées  par  trois  organes  principaux, 
savoir  :  par  un  faisceau  vasculaire  provenant  de  la 
tige;  par  du  parenchyme,  prolongement  de  l'enve- 
loppe herbacée  de  l'écorce,  et  enfin  par  une  por- 
tion d'épiderme  qui  les  recouvre  dans  toute  leur 
étendue. 

Le  faisceau  vasculaire  constitue  le  pétiole,  quand 
celui-ci  existe.  Ces  vaisseaux  sont  des  trachées,  des 
fausses  trachées  et  des  vaisseaux  poreux;  ils  sont, 
dans  le  pétiole,  enveloppés  à  l'extérieur  par  une  couche 
de  la  substance  herbacée  ,  qui  se  prolonge  sur  eux 
au  moment  où  ils  sortent  de  la  tige.  C'est  par  leur 
épanouissement  et  leurs  ramifications  successives 
qu'ils  constituent  le  réseau  de  la  feuille.  Les  mailles 
ou  espaces  vides  qu'ils  laissent  entre  eux  sont  rem- 
plis par  le  tissu  parenchymateux  venant  de  l'écorce. 


FEUILLES.  1^9 

Ce  parenchyme  manque  quelquefois,  comme  dans 
X  Hydrogeton  ;  et  alors  la  feuille,  qui  n'est  composée 
que  par  son  réseau  vasculaire,  offre  l'aspect  d'une 
sorte  de  treillage  ou  de  dentelle. 

L'épiderme  qui  recouvre  les  surfaces  de  la  feuille 
est  en  général  mince  et  très -poreux,  surtout  à  la 
surface  inférieure. 

Les  feuille-s  sont,  avec  les  racines,  les  organes 
principaux  de  l'absorption  et  de  la  nutrition  dans  les 
végétaux.  En  effet,  elles  absorbent  dans  l'atmosphère 
les  substances  nutritives  qui  peuvent  servir  à  l'ac- 
croissement. Aussi  quelques  auteurs  les  ont -ils  dé- 
signées sous  le  nom  de  racines  aériennes.  Elles 
remplissent  encore  d'autres  usages  d'une  haute  im- 
portance dans  l'économie  végétale.  Elles  servent  à  la 
transpiration  et  à  l'exhalation  des  fluides  devenus 
inutiles  à  la  végétation,  et  c'est  par  elles  que  la  sève 
se  dépouille  des  sucs  aqueux  qu'elle  contient,  et 
qu'elle  acquiert  toutes  ses  qualités  nutritives. 

C'est  principalement  par  les  pores  situés  à  la  face 
inférieure  de  la  feuille  des  plantes  ligneuses  que  les 
fluides  vaporeux  et  les  gaz  répandus  dans  l'atmo- 
sphère sont  absorbés.  Cette  face  inférieure,  en 
effet,  est  plus  molle,  moins  lisse,  et  présente  presque 
toujours  un  duvet  léger  qui  favorise  cette  absorp- 
tion; leur  face  supérieure,  au  contraire  plus  lisse, 
plus  souvent  glabre,  sert  à  l'excrétion  des  fluides 
inutiles  à  la  nutrition  du  végétal;  c'est  ce  qui  consti- 
tue la  transpiration  dans  les  végétaux. 

Les  feuilles  des  plantes  herbacées,    plus  rappro- 


l8o       ORGANES  DE  LA  VÉGÉTATION. 

ehées  du  sol ,  plongées  en  quelque  sorte  dans  une  at- 
mosphère continuellement  humide ,  absorbent  égale- 
ment parleur  face  supérieure  et  leur  face  inférieure. 
C'est  au  célèbre  Bonnet  que  l'on  doit  ces  connais- 
sances. Ce  physicien  posa  des  feuilles  d'arbre  sur 
l'eau,  par  leur  face  inférieure;  elles  se  conservèrent 
fraîches  et  vertes  pendant  plusieurs  mois.  Il  en  posa 
d'autres  par  leur  face  supérieure,  qui  en  peu  de 
jours  ,  ne  tardèrent  point  à  se  faner.  Des  feuilles  de 
plantes  herbacées  se  conservèrent  saines  pendant  fort 
long- temps  dans  les  deux  positions. 

C'est  dans  le  parenchyme .  des  feuilles  ,  de  même 
que  dans  toutes  les  autres  parties  vertes  et  herbacées 
du  végétal,  que  s'opère  la  décomposition  de  l'acide 
carbonique  absorbé  dans  l'air.  Lorsqu'elles  sont 
exposées  à  l'action  du  soleil,  elles  décomposent  ce 
gaz, retiennent  le  carbone  et  dégagent  l'oxygène,  Le 
contraire  a  lieu  quand  elles  sont  soustraites  à  l'action 
de  la  lumière  ;  car  alors  elles  prennent  dans  l'air 
une  portion  de  son  oxygène,  qu'elles  remplacent  en 
dégageant  une  égale  quantité  de  gaz  acide  carbo- 
nique. On  sait  que  les  végétaux  privés  de  l'influence 
du  soleil  s'étiolent,  c'est-à-dire  qu'ils  perdent  leur 
couleur  verte ,  deviennent  mous,  aqueux  et  con- 
tiennent une  plus  grande  proportion  de  principe 
sucré. 

Mais  nous  reviendrons  tout  à  l'heure  avec  plus 
de  détails  sur  les  phénomènes  de  l'absorption  et  de 
la  transpiration,  en  traitant  de  la  nutrition  dans  les 
plantes. 


FEUILLES.  I  8  I 

Les  feuilles  sont  susceptibles  de  certains  mouve- 
mens  qui  dépendent  évidemment  de  l'irritabilité  dont 
elles  sont  douées.  Des  faits  nombreux  et  bien  cons- 
tatés mettent  hors  de  doute  l'existence  de  cette  pro- 
priété dans  les  végétaux. 

Si  l'on  place  une  branche  tenant  encore  à  sa  tige 
de  manière  que  la  face  inférieure  des  feuilles  regarde 
vers  le  ciel,  on  verra  les  feuilles  se  retourner,  peu 
à  peu,  et  reprendre  leur  position  naturelle.  Ce  fait 
peut  s'observer  chaque  jour  lorsqu'on  taille  et  que 
l'on  palissade  les  arbres  tenus  en  espalier  ,  comme  le 
pêcher,  la  vigne ,  etc. 

Ce  sont  surtout  les  feuilles  composées  et  articu- 
lées, c'est-à-dire  celles  dont  les  folioles  sont  attachées 
par  articulation  au  pétiole  commun  ,  qui  présentent 
les  mouvemens  les  plus  remarquables.  Ainsi,  pen- 
dant la  nuit,  les  folioles  d'un  grand  nombre  de  Lé- 
gumineuses, dont  les  feuilles  sont  toutes  articu- 
lées ,  ont  une  position  différente  de  celle  qu'elles 
occupent  pendant  le  jour.  Linnaeus  a  donné  le  nom 
de  sommeil  des  plantes  à  ce  phénomène  singu- 
lier. Par  exemple,  les  folioles  de  Y  acacia,  au 
lever  du  soleil,  sont  étendues  presque  horizontale- 
ment. Mais  à  mesure  que  cet  astre  s'élève  au-dessus 
de  l'horizon,  ses  folioles  se  redressent  de  plus  en 
plus,  et  deviennent  presque  verticales;  elles  com- 
mencent au  contraire  à  baisser  à  mesure  que  le  jour 
décline. 

D'autres  plantes  présentent    encore  des   pbéno- 
mènes  analogues,  qui  tous  paraissent   dépendre  de 


'82  ORGANES    DE    LA.    VÉGÉTATION. 

l'influence  de  la  lumière.  C'est  en  effet  ce  que  l'on 
peut  conclure  des  expériences  ingénieuses  de  M.  De 
Candolle.  Cet  habile  botaniste,  ayant  placé  dans  un 
caveau,  à  l'abri  de  la  lumière,  des  plantes  à  feuilles 
composées,  est  parvenu,  en  les  privant  pendant  le 
jour  de  la  lumière,  et  les  éclairant  au  contraire  forte- 
ment la  nuit ,  à  changer  dans  quelques-unes  les  heures 
de  leur  veille  et  de  leur  sommeil. 

Mais  les  feuilles  de  certains  végétaux  exécutent 
aussi  des  mouvemens  d'irritabilité  que  l'on  ne  peut 
pas  attribuer  uniquement  à  l'influence  delà  lumière. 
La  sensitive  [Mimosa  Sensitiva)  est  de  ce  nombre. 
La  secousse  la  plus  légère,  l'air  faiblement  agité  par 
le  vent,  l'ombre  d'un  nuage  ou  d'un  corps  quelcon- 
que, l'action  du  fluide  électrique,  la  chaleur,  le  froid, 
les  vapeurs  irritantes,  telles  que  celles  du  chlore,  du 
gaz  nitreux,  suffisent  pour  faire  éprouver  à  ses 
folioles  les  mouvemens  les  plus  singuliers.  Si  l'on 
en  touche  une  seule,  elle  se  redresse  contre  celle 
qui  lui  est  opposée,  et  bientôt  toutes  les  autres  de  la 
même  feuille  suivent  et  exécutent  le  même  mouve- 
ment, et  se  couchent  les  unes  sur  les  autres,  en  se 
recouvrant  à  la  manière  des  tuiles  d'un  toit.  La  feuille 
elle-même  tout  entière  ne  tarde  pas  à  se  fléchir  vers 
la  terre.  Mais  peu  de  temps  après,  si  la  cause  a  cessé 
d'exercer  son  action,  toutes  ces  parties,  qui  sem- 
blaient s'être  fanées,  reprennent  leur  aspect  et  leur 
position  naturelle. 

\JHedysarum  gyrans ,  plante  singulière,  origi- 
naire du  Bengale  ,  offre  des  mouvemens  très-remar- 


li.liILLl-S.  1  8S 

quables.  Ses  feuilles  sont  composées  de  trois  folioles 
articulées  :  deux  latérales  plus  petites,  une  moyenne 
plus  grande.  Les  deux  latérales  sont  animées  d'un 
double  mouvement  de  flexion  et  de  torsion  sur  elles- 
mêmes,  qui  paraît  indépendant  dans  chacune  d'elles. 
En  effet,  l'une  se  meut  quelquefois  rapidement,  tandis 
que  l'autre  reste  en  repos.  Ce  mouvement  s'exécute 
sans  l'intervention  d'aucun  stimulant  extérieur.  La 
nuit  ne  le  suspend  pas.  Celui  de  la  foliole  médiane, 
au  contraire,  paraît  dépendre  de  l'action  de  la  lu- 
mière, et  cesse  quand  la  plante  n'y  est  plus  exposée. 

Les  folioles  du  Porliera  se  rapprochent  et  s'ac- 
colent aussitôt  que  le  ciel  se  couvre  de  nuages. 

L,e  Dionœa  muscipula ,  plante  originaire  de  l'Amé- 
rique septentrionale  ,  présente ,  à  l'extrémité  de  ses 
feuilles,  deux  lobes  réunis  par  une  charnière  mé- 
diane. Quand  un  insecte  ,  ou  un  corps  quelconque, 
touche  et  irrite  leur  face  supérieure,  ces  deux  lobes  , 
se  redressant  vivement,  se  rapprochent,  et  saisissent 
l'insecte  qui  les  irritait.  Aussi  cette  plante  porte-t-elle 
le  nom  vulgaire  iï  ailrape-inoiiche. 

M.  Dutrochet,  que  nous  avons  déjà  cité  avanta- 
geusement dans  le  cours  de  cet  ouvrage  ,  s'est  Beau- 
coup occupé  des  mouvemens  des  feuilles  dans  les  vé- 
gétaux ,  et  plus  particulièrement  dans  la  sensitive. 
Nous  exposerons  ici  brièvement  le  résultat  de  ses 
opinions. 

À  la  base  du  pétiole  des  feuilles  dites  articulées, 
qui  sont  les  seules  dans  lesquelles  se  manifestent  les 
mouvemens  d'irritabilité ,  on  aperçoit  un  renflement 


ï  84  ORGANES    DE    LA    VÉGÉTATION. 

ou  bourrelet  qui  se  termine  ensuite  par  un  rétrécis- 
sement manifeste.  Jusqu'à  présent  on  avait  pensé  que 
les  mouvemens  se  passaient  dans  oe  point  rétréci , 
que  Ton  regardait  comme  semblable  à  l'articulation 
des  membres  chez  les  animaux.  Les  expériences  de 
M.  Dutrochet  tendent  à  prouver  que  tous  les  mou- 
vemens ont  lieu  dans  le  bourrelet  lui-même,  et  qu'ils 
se  réduisent  à  la  flexion  et  au  redressement.  Dans  le 
premier  cas  il  forme  une  courbe  dont  la  convexité  est 
tournée  vers  le  ciel  ;  dans  le  second  cas  il  est  presque 
droit.  Ce  bourrelet  est  essentiellement  composé  d'un 
tissu  cellulaire  fin  et  délicat,  garni  d'une  très-grande 
quantité  de  petits  grains  verts,  qui  sont  pour  M.  Du- 
trochet autant  de  corpuscules  nerveux.  Au  centre 
se  trouve  un  faisceau  de  vaisseaux  nourriciers.  C'est 
ce  tissu  cellulaire  du  bourrelet,  qui  est  le  siège  des 
mouvemens  du  pétiole,  que  l'on  peut  à  volonté 
anéantir  en  enlevant  ce  tissu  cellulaire.  Ainsi,  quand 
on  enlève  le  tissu  cellulaire  du  côté  inférieur  du 
bourrelet ,  la  feuille  reste  fléchie  et  ne  peut  se  redres- 
ser; si  au  contraire  on  ôte  la  partie  supérieure,  la 
feuille  conserve  la  faculté  de  se  redresser,  mais  elle 
ne  peut  plus  se  fléchir.  Il  résulte  évidemment  de  cette 
expérience  que  la  flexion  de  la  feuille  est  produite 
par  l'action  du  bourrelet  supérieur,  et  que  son  re- 
dressement est  dû  à  celle  du  bourrelet  inférieur.  Ce 
sont  en  quelque  sorte  deux  ressorts  antagonistes, 
dont  J'un  devient  alternativement  plus  fort  que 
l'autre. 

En  voulant  étudier  avec  plus  de  soin  l'organisation 


FEUILLES.  l85 

intime  du  bourrelet,  l'habile  expérimentateur,  dont 
nous  exposovs  ici  les  idées  ,  est  arrivé  à  une  autre  dé- 
couverte. Si  l'on  coupe  une  tranche  très -mince  du 
tissu  cellulaire  du  bourrelet  sur  le  côté  supérieur,  on 
la  voit  sur-le-champ  se  ployer  en  cercle,  dont  la  con- 
cavité est  constamment  tournée  vers  l'axe  du  bour- 
relet. Si  l'on  répète  la  même  opération  sur  le  côté  in- 
férieur, la  concavité  du  cercle  regarde  également  vers 
le  centre  ;  en  sorte  que  le  bourrelet  est  composé  de 
deux  ressorts  antagonistes,  qui  tendent  à  se  courber 
en  sens  inverse  :  le  ressort  inférieur  redresse  le  pé- 
tiole, tandis  que  le  supérieur  le  fléchit.  M.  Dutrochet 
donne  le  nom  à' incurvation  à  cette  propriété  que 
possèdent  les  lames  du  bourrelet  en  se  roulant  dans 
un  sens  ou  dans  un  autre. 

La  cause  immédiate  de  ces  mouvemens  d'incurva- 
tion, réside,  selon  notre  auteur,  dans  Y  action  nerveuse 
mise  enjeu  par  les  agens  du  dehors.  Il  était  naturel  que 
M.  Dutrochet,  ayant  attribué  aux  plantes  un  système 
nerveux,  analogue  à  celui  des  animaux,  lui  fit  jouer 
dans  les  phénomènes  de  la  végétation  le  rôle  impor- 
tant que  ce  système  remplit  dans  les  actions  de  la  vie 
animale.  Ainsi  donc  l'action  du  système  nerveux  est 
la  cause  des  mouvemens  visibles  des  végétaux  comme 
dans  les  animaux.  Mais,  s'il  en  est  ainsi,  ce  système 
nerveux  doit ,  ainsi  que  dans  ces  derniers,  être  l'or- 
gane de  transmission  de  ces  mouvemens ,  ou  ,  en 
d'autres  termes,  la  partie  qui  transmet  le  stimulus 
qui  met  en  jeu  l'action  de  ce  système.  Or,  c'est  ce  qui 
n'a  pas  lieu,  du  propre  aveu  de  M.  Dutrochel  ;  car, 


l86      ORGANES  DE  LA  VÉGÉTATION. 

d'après  des  expériences  extrêmement  délicates,  il  est 
parvenu  à  reconnaître  que  l'action  nerveuse  qui  dé- 
termine les  mouvemens  des  feuilles  se  transmet  uni- 
quement par  les  vaisseaux  qui  forment  l'étui  médul- 
laire, vaisseaux  entièrement  privés  de  tubercules 
nerveux.  Ainsi  donc  le  système  nerveux  des  végétaux 
serait  l'agent  de  la  puissance  nerveuse,  sans  être  l'or- 
gane de  la  transmission  de  cette  puissance. 

D'après  ce  court  exposé,  il  nous  semble  que  l'im- 
portante question  de  la  cause  des  mouvemens  des 
feuilles  n'est  point  encore  complètement  résolue ,  et 
que  de  nouvelles  expériences  sont  encore  nécessaires 
pour  arriver  à  une  solution  satisfaisante. 

Défoliation  ou  chute  des  Feuilles. 

Il  arrive  chaque  année  une  époque  ou  la  plupart 
des  végétaux  se  dépouillent  de  leurs  feuilles.  C'est  or- 
dinairement à  la  fin  de  l'été  ou  au  commencement- de 
l'automne  que  les  arbres  perdent  leur  feuillage. 

Cependant  ce  phénomène  n'a  pas  lieu  à  la  même 
époque  pour  toutes  les  plantes.  On  remarque  en  gé- 
néral que  les  arbres  dont  les  feuilles  se  développent  de 
bonne  heure  sont  aussi  ceux  qui  les  perdent  les  pre- 
miers, comme  on  lobserve  pour  le  tilleul,  lemarronier 
d'Inde ,  etc.  Le  sureau  fait  exception  à  cette  règle;  ses 
feuilles  paraissent  de  bonne  heure,  et  ne  tombent  que 
très  tard.  Le  frêne  ordinaire  présente  une  autre  parti- 
cularité ;  ses  feuilles  se  montrent  très-tard ,  et  tombent 
dès  la  fin  de  l'été. 


FEUILLES.  187 

Les  feuilles  pétiolées ,  surtout  celles  qui  sont  articu- 
lées avec  la  tige ,  s'en  détachent  plus  tôt  que  celles  qui 
sont  sessiles,  et  à  plus  forte  raison  que  celles  qui  sont 
amplexicaules.  En  général ,  dansjes  plantes  herbacées, 
annuelles  ou  vivaces,  les  feuilles  meurent  avec  la  tige, 
sans  s'en  détacher. 

Mais  il  est  des  arbres  et  des  arbrisseaux  qui  restent 
en  tout  temps  ornés  de  leur  feuillage.  Ce  sont  en  géné- 
ral les  espèces  résineuses,  telles  que  les  pins,  les  sapins, 
ou  certains  végétaux  dont  les  feuilles  sont  roides  et 
coriaces,  comme  les  myrtes,  lesalaternes,  les  lauriers- 
roses,  etc.  On  leur  donne  le  nom  d'arbres  verts. 

Quoique  la  chute  des  feuilles  ait  généralement  lieu 
auxapprochesde  l'hiver,  on  ne  doit  cependant  pas  regar- 
der le  froid  comme  la  principale  cause  de  ce  phénomène. 
Elle  doit  être  bien  plus  naturellement  attribuée  à  la  ces- 
sationdela  végétation, au  manquedeno'urri'turequeles 
feuilles  éprouvent  à  cette  époque  de  l'année,  où  le  cours 
de  la  sève  est  interrompu.  Les  vaisseaux  de  la  feuille 
se  resserrent,  se  dessèchent,  et  bientôt  cet  organe  se 
détache  du  rameau  sur  lequel  il  s'était  développé. 

Usages  économiques  et  médicinaux  des  Feuilles. 

Un  grand  nombre  de  végétaux  sont  cultivés  dans 
nos  potagers  à  cause  de  leurs  feuilles,  qui  sont  d'ex- 
cellens  aiimens.  C'est  ainsi  qu'on  emploie  fréquem- 
ment les  choux,  les  épinards ,  V oseille ,  le  céleri,  les 
cardons  et  beaucoup  d'autres  espèces.  Remarquons  ici 
que  les  cultivateurs  se  servent  souvent  de  la  propriété 


l88       ORGANES  DE  LA  VEGETATION. 

que  possèdent  les  végétaux  privés  de  l'action  de  la 
lumière,  de  devenir  tendres  et  sucrés,  pour  les  rendre 
plus  propres  à  la  nourriture  de  l'homme. 

La  médecine  trouve  aussi  dans  les  feuilles  un  grand 
nombre  de  médicamens  utiles,  que  l'on  peut  ranger 
de  la  manière  suivante  : 

§   i.  Feuilles  émollientes. 

De  guimauve  {Althœa  officinalis). 
De  mauve  {Malva  rolundifolià). 
De  poirée  {Bêla  vulgaris). 

§  i.  Feuilles  amères  ou  toniques. 

Trèfle  d'eau  {Menyanthes  trifoliala). 
Véronique  officinale  {Veronica  officiiialis). 
Beccabunga  {Veronica  Beccabungà). 
Petite  centaurée  {Eryihrœa  Centaurium). 

§  3.  Feuilles  excitantes. 

Oranger  (Citrus  Aurantium). 

Menthe  poivrée  (  Mentha  piperltà). 

Menthe  crépue  {Mentha  crispa). 

Sauge  {Salvia  officinalis). 

Cresson  de  fonta.me(SisymbriiimNaslur/in/n). 

Cochléaria  (Cochlearia  officinalis). 

Cresson  alenois  (Lepidium  sativum). 
§  4-  Feuilles  vireuses. 

Ciguë  (Conium  maculalum). 

Stramoine  {Datnra  Stramoninm). 

Tabac  {Nicoliana  Tabacum). 

Belladone  (Alropa  Belladona). 

Digitale  pourprée  (Digitalis purpurea ) ,  etc. 


STIPULE  S.  1  89 

§   5.   Feuilles  purgatives. 

Séné  d'Italie  (Cassia  Se/ma). 
Séné  d'Alexandrie  (Cassia  lanceolata). 
Gratiole  (Gratiola  ofjîcinalis). 
Baguenaudier  (Colulea  arborescens). 


CHAPITRE    V. 

DES     STIPULES    (i). 

Les  stipules  sont  des  organes  accessoires  des  feuilles. 
Elles  n'existent  point  dans  les  végétaux  monocotylé- 
donés,  mais  seulement  dans  les  dicotylédones,  qui  n'en 
sont  pas  tous  pourvus.  Ce  sont  de  petits  appendices 
squamiformes  ou  foliacés ,  qu'on  rencontre  au  point 
d'origine  des  feuilles  sur  la  tige.  Elles  sont  ordinai- 
rement au  nombre  de  deux,  une  de  chaque  côté  du 
pétiole,  comme  dans  le  charme,  le  tilleul;  le  plus 
souvent  elles  sont  libres,  c'est-à-dire  qu'elles  ne  sont 
pas  fixées  au  pétiole;  d'autres  fois  elles  font  corps  avec 
la  base  de  cet  organe,  comme  dans  le  rosier. 

Les  stipules  fournissent  d'excellens  caractèrespour 
la  coordination  des  plantes.  Quand  un  végétal  d'une 
famille  naturelle  en  présente,  il  est  extrêmement  rare 
que  tous  les  autres  n'en  soient  pas  pourvus.  Ainsi 
elles  existent  dans  toutes  les  plantes  de  la  famille  des 
Légumineuses ,  des  Rosacées,  des  Tiliacées. 

Comme  elles  tombent  très-facilement  quand  elles 

(1)  Stipulée  ,  Fulera. 


I0)O  ORGANES    DE    LA    VEGETATION. 

sont  libres,  on  pourrait  quelquefois  s'en  laisser  im- 
poser par  leur  absence,  et  croire  que  la  plante  en  est 
dépourvue;  mais  on  pourra  éviter  facilement  cette 
erreur,  en  observant  qu'elles  laissent  toujours  sur  la 
tige,  au  lieu  qu'elles  occupaient,  une  petite  cicatrice 
qui  atteste  ainsi  qu'elles  ont  existé. 

Dans  les  Rubiacées  exotiques,  h  feuilles  opposées, 
tel  que  le  Coffœa ,  le  Psychotria ,  le  Cinchona ,  les  sti- 
pules sont  situées  entre  les  feuilles,  et  paraissent  être 
de  véritables  feuilles  avortées.  En  effet,  dans  les  Ru- 
biacées de  nos  climats,  telles  que  les  Galium,  les  Rubia, 
les  Asperula,  elles  sont  remplacées  par  de  véritables 
feuilles,  qui  alors  forment  un  verticilie  au  tour  de  la  tige. 

Quelques  plantes  ne  présentent  qu'une  seule  sti- 
pule, comme  le  vinectier  (Berberis  vulgaris). 

Quand  il  en  existe  deux,  elles  sont  presque  toujours 
distinctes  l'une  de  l'autre;  mais  quelquefois  elles  se 
soudent  et  sont  conjointes  (  stipulœ  connatœ),  comme 
dans  le  houblon  (Hwnulus  Lupulus). 

Leur  nature  et  leur  consistance  sont  très-sujettes 
à  varier.  Ainsi  elles  peuvent  être  foliacées ,  c'est-à-dire 
semblables  à  des  feuilles,  comme  dans  Faigremoine 
(  Agrimonia  cupatoria  )  ;  membraneuses ,  comme  dans 
le  figuier,  les  Magnolia  ;  spinescentes  y  comme  dans  le 
jujubier  (Zizyphus  vulgaris)^  le  groseiller  à  maque- 
reau (  Ribes  grossularia  ) . 

heuvjîgurene  varie  pas  moins  que  celle  des  feuilles. 
Ainsi  il  y  en  a  d'orbiculaires,  d'ovales,  de  sagittées,  de 
réniformes,  etc.  Elles  peuvent  encore  être  entières, 
dentées  ou  laciniées. 


STIPULES.  I9I 

Quant  à  leur  durée,  les  unes  sont  fugaces ,  c'est-à- 
dire  tombant  avec  les  feuilles;  par  exemple,  celles  du 
figuier  (Ficus  Carica) ,  du  tilleul  {Tiliaeuropœd).  Les 
autressont  simplement  caduques,  quand  elles  tombent 
en  même  temps  que  les  feuilles.  C'est  ce  qui  a  lieu  pour 
le  plus  grand  nombre.  Enfin, il  en  est  d'autres  qui  per- 
sistent sur  la  tige  plus  ou  moins  long-temps  après  la 
cbute  des  feuilles.  Telles  sont  celles  du  jujubier,  du 
groseiller  à  maquereau,  etc. 


CHAPITRE   VI. 

DES    VRILLES,    CIRRHES    OU    MAINS. 

On  désigne  sous  ce  nom  des  appendices  ordinaire- 
ment filamenteux,  d'origines  diverses,  simples  ou  ra- 
meux,  se  roulant  en  spirale  autour  des  corps  voisins; 
et  servant  ainsi  à  soutenir  la  tige  des  plantes  faibles 
et  grimpantes. 

Les  vrilles  ne  sont  jamais  que  des  organes  avortés. 
Tantôt,  en  effet,  ce  sont  des  pédoncules  floraux  qui  se 
sont  allongés  considérablement,  comme  dans  la  vigne: 
aussi  les  voit-on  quelquefois  porter  des  fleurs  et  des 
fruits.  Tantôt  ce  sont  des  pétioles,  comme  dans  beau- 
coup  de LalhyriiSf  de  Vicia,  etc.  D'autres  fois,  enfin, 
ce  sont  des  stipules,  ou  même  des  rameaux  avortés.. 
Assez  souvent  ce  sont  les  feuilles  elles  -mêmes  drbut 
l'extrémité  se  roule  ainsi  et  constitue  des  espèces  de 
vrilles  ,  comme  dans  l'œillet. 


JC)2  ORGANES    DE    LA    VÉGÉTATION. 

La  position  relative  des  vrilles  mérite  beaucoup 
d'être  observée  ;  car  elle  indique  l'organe  dont  elles 
tiennent  la  place.  Ainsi  dans  la  vigne  elles  sont , 
comme  les  grappes  de  fleurs ,  opposées  aux  feuilles , 
ce  qui  fait  voir  que  ce  sont  des  grappes  avortées  ; 
elles  sont  axillaires  dans  les  passiflores;  elles  sont 
pétioléennes  dans  le  Lathyrus  latifolius ,  la  Fumaria 
vesicaria  ;  pédonculéennes  dans  la  vigne  ;  stipuléennes 
dans  certains  Smilax  :  enfin  elles  peuvent  être  sim- 
ples ,  comme  dans  la  bryone  (Bryonia  aida),  ou 
rameuses ,  comme  dans  le  Cobœa  scandens. 

On  donne  le  nom  particulier  de  griffes  aux  racines 
que  les  plantes  sarmenteuses  et  grimpantes  enfoncent 
dans  les  corps  sur  lesquels  elles  s'élèvent,  comme 
celles  du  lierre,  du  Bignonia  radicans.  On  appelle 
suçoirs  les  filamens  très-déliés  que  l'on  rencontre  sur 
la  surface  des  griffes  ,  et  qui  paraissent  destinés  à 
absorber  les  parties  nutritives  contenues  dans  le  corps 
où  elles  sont  implantées. 


EPINES    ET    AIGUILLONS.  10,3 


CHAPITRE   VIL 

DES    ÉPINES     KT    DES    AIGUILLONS. 

Les  épines  (  spinœ  )  sont  des  piquans  formés  par 
le  prolongement  du  tissu  interne  du  végétal ,  tandis 
que  les  aiguillons  (  aculei)  ne  proviennent  que  de  la 
partie  la  plus  extérieure  de  végétaux,  c'est-à-dire 
de  l'épidémie. 

L'origine  et  la  nature  des  épines  ne  sont  pas  moins 
variées  que  leur  siège.  Elles  remplacent  les  feuilles 
dans  certaines  espèces  d'asperges  de  l'Afrique  ,  les 
stipules  dans  le  jujubier,  le  groseiller  à  maquereau. 
Très-souvent  elles  ne  sont  que  des  rameaux  avortés; 
par  exemple ,  dans  le  prunier  sauvage.  Aussi  cet 
arbre  ,  transplanté  dans  un  bon  terrain  ,  change-t-il 
ses  épines  en  rameaux.  Le  tronc  de  quelques  arbres 
est  hérissé  d'épines  qui  les  rendent  inabordables;  tel 
est  le  Gleditschia  Jerox.  Les  pétioles  persistans  de 
X  Astragalus  triacanlhos  se  convertissent  en  épines. 

Suivant  leur  situation  et  leur  origine  ,  elles  sont 
caulinaires ,  quand  elles  naissent  sur  la  tige  ,  comme 
les  cierges  (Cactus),  les  Gleditschia. 

Elles  sont  terminales  quand  elles  se  développent 
à  l'extrémité  des  branches  et  des  rameaux ,  comme 
le  prunier  sauvage  (Prunus  spinosa). 

i3 


Tg4  ORGANES    DE    LA.    VÉGÉTATION. 

Âxillaires,  quand  elles  sont  situées  dans  l'aisselle 
des  feuilles  ,  comme  dans  le  citronnier  (  Citrus 
meçlica  ). 

lnfra- âxillaires ,  lorsqu'elles  naissent  au-dessous 
des  feuilles  et  des  rameaux  ,  comme  dans  le  groseil- 
1er  à  maquereau. 

Enfin  elles  peuvent  être  simples  ,  rameuses ,  soli- 
taires ou  fasciculèes : 

Les  aiguillons  ont  été  regardés  par  quelques 
physiologistes  comme  des  poils  endurcis.  Ils  sont 
très-peu  adhérens  aux  parties  sur  lesquelles  on  les 
observe,  et  peuvent  s'en  détacher  facilement,  comme 
on  le  voit  dans  les  Rosiers. 

Les  modifications  qu'ils  présentent  quant  à  leur 
situation ,  leur  forme  ,  etc. ,  sont  les  mêmes  que 
celles  des  épines. 


NUTRITION    DES    VÉGÉTAUX.  ig5 

DE   LA  NUTRITION 

DANS  LES  VÉGÉTAUX. 

Nous  venons  d'étudier  tous  les  organes  de  la  vé- 
gétation ,  c'est-à-dire  tous  ceux  qui  servent  au  dé- 
veloppement et  à  la  formation  du  végétal  ;  voyons 
maintenant  comment  s'opère  la  nutrition  ;  quelle 
part  y  prend  chacun  de  ces  organes  en  particulier, 
et  quelles  sont  les  conditions  nécessaires  pour  qu'elle 
ait  lieu. 

La  nutrition  est  une  fonction  par  laquelle  les  vé- 
gétaux s'assimilent  une  partie  des  substances  solides  , 
liquides  ou  gazeuses  répandues  dans  le  sein  de  la 
terre  ou  au  milieu  de  l'atmosphère  ,  et  qu'Hs  y  ab- 
sorbent, soit  par  l'extrémité  la  plus  déliée  de  leurs 
radicules ,  soit  au  moyen  des  parties  vertes  qu'ils 
développent  dans  l'atmosphère. 

C'est  en  vertu  d'une  force  particulière  de  succion 
dont  ces  diverses  parties  sont  douées  que  l'on  voit 
s'effectuer  l'absorption  de  ces  matières  et  leur  intro- 
duction dans  le  tissu  végétal.  Nous  ferons  d'abord 
connaître  la  succion  ou  l'absorption  exercée  par  les 
racines  dans  le  sein  de  la  terre  ,  par  les  feuilles 
et  les  autres  parties  vertes  au  milieu  de  l'atmosphère, 
puis  nous  décrirons  la  marche  des  sucs  nourriciers , 
ou  de  la  sève  des  racines  vers  les  feuilles.  Alors  nous 


jq6  JNlfTRlTiON 

étudierons  les  phénomènes  tlei  la  transpiration,  de 
l'expiration  et  de  l'excrétion ,  et  nous  suivrons  en- 
suite la  sève  dans  son  cours  rétrograde  des  feuilles 
vers  les  racines. 

§   i .  De  l'absorption  ou  succion. 

Nous  avons  déjà  dit  que  c'est  par  les  extrémités 
de  leurs  fibrilles  les  plus  déliées  que  les  racines  ab- 
sorbent dans  l'intérieur  de  la  terre  les  fluides  et  les 
gaz  qui  s'y  trouvent  répandus.  Mais  toutes  les  parties 
vertes  des  végétaux,  telles  que  les  feuilles,  les  jeunes 
branches  ,  etc.  ,  sont  également  douées  d'une  force 
de  succion  fort  remarquable  ,  et  concourent  aussi  à 
cette  fonction  importante. 

Plongées  dans  le  sein  de  là  terre,  les  radicules  ca- 
pillaires y  pompent ,  par  les  espèces  de  bouches  as- 
pirantes qui  les  terminent ,  l'humidité  dont  elle  est 
imprégnée.  L'eau  est  le  véhicule  nécessaire  des 
substances  nutritives  des  végétaux.  Ce  n'est  point 
elle  qui  forme  la  base  de  l'alimentation  du  végétal, 
comme  lé  croyaient  les  anciens  physiciens  ;  mais  elle 
sert  de  dissolvant  et  de  menstrue  aux  corps  qu'il  doit 
s'assimiler.  En  ^ffet ,  si  Ton  fait  végéter  une  plante 
dans  l'eau  distillée ,  à  l'abri  de  toute  influence  étran- 
gère ,  elle  ne  tardera  pas  à  périr.  L'eau  seule  ne 
sert  donc  pas  à  sa  nutrition.  Il  faut  qu'elle  contienne 
d'autres  principes  qui  lui  soient  étrangers.  D'ailleurs 
les  végétaux  ne  renferment-ils  point  du  carbone  , 
des  gaz  ,  des  substances  terreuses,  des  sels,  et  même 


DES    VÉGÉTAUX.  IQ7 

des  métaux  à  l'état  d'oxides  ou  en  combinaison  avec 
les  acides?  Or,  l'eau  aurait-elle  pu  donner  naissance 
à  ces  différentes  substances  ?  Voyons  donc  par  quel 
moyen  elles  se  sont  introduites  dans  l'intérieur  de  la 
plante, dont  elles  sont  devenues  parties  constituantes. 

Comment  le  carbone  s'est-il  introduit  dans  les 
végétaux?  Ce  ne  peut  être  à  l'état  de  pureté  et  d'iso- 
lement ,  puisqu'alors  il  est  fort  rare  dans  la  nature  , 
et  n'est  pas  soluble  dans  l'eau.  Mais  tout  le  monde 
connaît  la  grande  affinité  du  carbone  pour  l'oxygène  ; 
on  sait  que  l'acide  carbonique,  qu'ils  forment  en  se 
combinant  ,  est  très-abondamment  répandu  dans  la 
nature  ,  qu'il  se  trouve  dans  le  sein  de  la  terre,  dans 
les  engrais,  le  fumier  qu'on  y  mêle;  que,  très-soluble 
dans  l'eau ,  ce  liquide  en  contient  toujours  une 
certaine  quantité.  C'est  donc  à  l'état  d'acide  que  le 
carbone  est  porté  dans  le  tissu  des  végétaux.  Or  , 
nous  avons  dit  précédemment  qu'exposées  à  l'action 
des  rayons  du  soleil,  les  plantes  décomposent  l'acide 
carbonique,  retiennent  et  s'assimilent  le  carbone, 
tandis  qu'elles  rejettent  la  plus  grande  partie  de 
l'oxygène  au  dehors.  L'eau  ne  peut  donc  servir  que 
de  véhicule  à  cette  substance  alimentaire  de  la  vé- 
gétation. 

L'oxygène  fait  également  partie  de  la  substance 
des  végétaux.  Il  nous  sera  facile  d'y  expliquer  la 
présence  de  ce  fluide.  En  effet,  comme  le  prouvent 
les  expériences  de  Théodore  de  Saussure,  les  piantes 
ne  rejettent  point  tout  l'oxygène  qui  acidifia:!  le 
carbone;  elles  en  retiennent  une  certaine  quantité, 


I98  NUTRITION 

L'air  atmosphérique  qui  circule  dans  les  végétaux 
leur  cède  également  une  portion  de  l'oxygène  qu'il 
contient;  mais  c'est  principalement  l'eau  qui,  par 
la  décomposition  qu'elle  éprouve  dans  le  tissu  vé- 
gétal ,  décomposition  dont  les  lois  ordinaires  de 
la  chimie  ne  peuvent  pas  plus  nous  donner  une 
explication  satisfaisante  que  de  celle  de  l'acid#car- 
bonique,  lui  fournit  à  la  fois  la  majeure  partie  de 
son  oxygène,  et  l'hydrogène,  qu'il  renferme  aussi  en 
si  grande  proportion. 

L'azote,  que  l'on  trouve  également  dans  les  subs- 
tances végétales ,  tire  évidemment  son  origine  de  la 
décomposition  de  l'air  atmosphérique  dans  l'intérieur 
de  la  plante. 

Telles  sont  les  différentes  substances  inorganiques 
qui  entrent  essentiellement  dans  la  composition  du 
tissu  végétal  ;  ce  sont  elles  qui  en  forment  la  base. 
Mais  il  en  est  d'autres  encore  qui,  sans  faire  partie  né- 
cessaire de  leur  organisation  ,  s'y  retrouvent  toujours 
dans  des  quantités  plus  ou  moins  considérables  ;  tels 
sont  la  chaux,  la  silice,  le  carbonate, le  phosphate  et 
le  malate  de  chaux,  les  carbonates  de  soude  et  de  po- 
tasse ,  le  nitrate  de  potasse  ,  le  fer,  etc.  Or,  il  est 
prouvé ,  d'après  les  expériences  de  M.  Théodore  de 
Saussure,  que  ces  substances  arrivent  toutes  formées 
dans  l'intérieur  du  végétal.  Déposées  dans  le  sein  de 
la  terre  ou  dans  l'atmosphère,  elles  sont  dissoutes  ou 
entraînées  par  l'eau  qui  les  charrie  et  les  transporte 
dans-  l'intérieur  du  tissu  végétal. 

Ce  n'est  point  l'acte  de  la  végétation  qui  forme  ces 


DES    VÉGÉTAUX.  I  gt) 

substances,  ainsi  que  quelques  botanistes  et  physi- 
ciens l'avaient  avancé.  C'est  la  terre  ou  le  milieu  dans 
lesquels  les  végétaux  se  développent  qui  leur  cèdent 
les  alcalis  ,  les  terres  ,  et  les  substances  métalli- 
ques que  l'analyse  chimique  y  fait  découvrir.  Ce 
fait, déjà  prouvé  par  les  nombreux  essais  de  M.  Théo- 
dore de  Saussure ,  vient  d'être  mis  dans  son  dernier 
degré  d'évidence  par  les  expériences  récentes  de 
M.  Lassaigne.  Ce  jeune  et  habile  chimiste  répéta  de 
la  manière  suivante  les  expériences  de  M.Théodore 
de  Saussure  : 

«  Au  i  avril  dernier,  je  plaçai ,  dit-il ,  dix  grammes 
de  graines  de  sarrasin  (Polygonurn  Fagopyrum)  dans 
une  capsule  de  platine  contenant  de  la  fleur  de  soufre 
lavée  et  que  j'avais  humectée  avec  de  l'eau  distillée, 
récemment  préparée;  je  la  posai  sur  une  assiette  de 
porcelaine  qui  contenait  un  demi- centimètre  d'eau 
distillée,  et  je  recouvris  le  tout  avec  une  cloche  de 
verre,  à  la  partie  supérieure  de  laquelle  il  yavait  un 
robinet,  qui,  au  moyen  d'un  tube  de  verre  recourbé 
en  siphon  et  terminé  par  un  entonnoir ,  me  per- 
mettait de  verser  de  l'eau  de  temps  en  temps  sur  le 
soufre. 

«  Au  bout  de  deux  ou  trois  jours  les  graines  avaient 
germé  pour  la  plus  grande  partie  ;  on  continua  de 
les  arroser  tous  les  jours  ,  et  dans  l'espace  d'une 
quinzaine  elles  avaient  poussé  des  tiges  de  six  cen- 
timètres de  hauteur,  surmontées  de  plusieurs  feuiiles. 

«  On  les  rassembla  avec  soin,  ainsi  que  plusieurs 
graines  qui  n'avaient  poiut  levé,  et  on  les  incinéra  dans 


200  NUTRITION 

un  creuset  de  platine  ;  la  cendre  qu'on  en  obtint  pe- 
sait 0,220  grammes;  soumise  à  l'analyse,  elle  a  donné 
190  de  phosphate  de  chaux,  i5  de  carbonate  de 
chaux,  et  5  de  silice. 

«  Dix  grammes  de  ces  mêmes  semences  incinérées 
fournirent  la  même  quantité  de  cendre ,  formée 
exactement  des  mêmes  principes.  » 

Il  résulte  évidemment  de  cette  expérience,  qui 
fut  répétée  une  seconde  fois  et  qui  donna  le  même 
résultat ,  qu'après  leur  développement  dans  l'eau 
distillée,  les  jeunes  pieds  de  sarrasin  ne  contenaient 
pas  une  quantité  considérable  de  sels  alcalins  que  les 
graines  dont  ils  provenaient.  D'où  l'on  peut  conclure 
avec  M.  Théodore  de  Saussure  que  les  alcalis  et  les 
terres  que  Von  trouve  dans  les  plantes  ont  été  ab- 
sorbés et  tirés  du  sol. 

Mais  quelle  est  la  puissance  qui  détermine  la  suc- 
cion des  racines?  Les  lois  de  la  physique  et  de  la 
mécanique  sont  insuffisantes  pour  expliquer  un  sem- 
blable phénomène.  La  force  extraordinaire  avec  la- 
quelle s'opère  cette  absorption  ne  peut  être  conçue 
d'une  manière  satisfaisante  qu'en  admettant  une 
puissance  ,  une  énergie  vitale  ,  inhérente  au  tissu 
même  des  végétaux ,  et  déterminant  par  son  influence, 
dant  la  nature  nous  est  inconnue,  les  phénomènes 
sensibles  de  la  végétation.  ' 

C'est  au  célèbre  physicien  Haies  que  l'on  doit 
les  expériences  les  plus  précises  et  les  plus  ingé- 
nieuses au  moyen  desquelles  on  démontre  la  force 
prodigieuse  de  succion  dont  sont  douées  les  racines 


DES    VÉGÉTAUX.  20  l 

et  les  branches.  Il  découvrit  une  des  racines  d'un 
poirier,  en  coupa  la  pointe,  y  adapta  l'une  des  extré- 
mités d'un  tube  rempli  d'eau,  dont  l'autre  extrémité 
était  plongée  dans  une  cuve  à  mercure,  et  en  six 
minutes  le  mercure  s'éleva  de  huit  pouces  dans  le 
tube. 

Haïes,  pour  mesurer  la  force  avec  laquelle  la  vigne 
absprbe  l'humidité  dans  le  sein  de  la  terre  ,  fit  une 
expérience  dont  les  résultats  paraîtraient  inexacts  et 
exagérés,  s'ils  n'eussent  été  vérifiés  dans  ces  derniers 
temps  par  M.Mirbel,  qui  répéta  l'expérience.  Le  phy- 
sicien anglais  coupa,  le  6  avril,  un  cep  de  vigne  sans 
rameaux  ,  d'environ  sept  à  huit  lignes  de  diamètre, 
et  trente  -  trois  pouces  au  -  dessus  de  la  terre.  Il  y 
adapta  un  tube  à  double  courbure,  qu'il  remplit  de 
mercure  jusqu'auprès  de  la  courbure  qui  surmontait 
la  section  transversale  de  la  tige.  La  sève  qui  en  sortit 
eut  assez  de  force  pour  élever  en  quelques  jours  la 
colonne  de  mercure  à  trente -deux  pouces  et  demi 
au-dessus  de  son  niveau.  Or,  le  poids  d'une  colonne 
d'air  de  la  hauteur  de  l'atmosphère  est  égal  à  celui 
d'une  colonne  de  mercure  de  vingt-huit  pouces  ,  ou 
d'une  colonne  d'eau  d'environ  trente-trois  pieds.  Dans 
ce  cas,  la  force  avec  laquelle  la  sève  s'élevait  des 
racines  dans  la  tige  était  donc  beaucoup  plus  consi- 
dérable que  la  pression  de  l'atmosphère. 

Un  grand  nombre  de  faits  et  d'expériences  démon- 
trent la  part  que  les  feuilles  prennent  au  phénomène 
de  la  succion  et  de  l'absorption.  Ainsi  une  branche 
détachée  de  l'arbre  dont  elle  faisait  partie   absorbe 


lOI  NUTRITION 

encore  avec  une  grande  force  le  liquide  dans  lequel 
on  plonge  son  extrémité.  Il  en  est  de  même  si  on  la 
retourne  et  que  son  sommet  trempe  dans  l'eau  ;  sa 
puissance  absorbante  n'en  sera  pas  diminuée. 

Pendant  l'été  nous  voyons  la  chaleur  du  soleil  flé- 
trir et  faire  faner  les  plantes  qui  ornent  nos  parterres  ; 
mais  qu'on  les  examine  pendant  la  nuit  ou  dans  la 
matinée,  la  rosée  que  les  feuilles  ont  absorbée  leur  a 
rendu  leur  force  et  leur  fraîcheur. 

Si  l'on  dépouille  entièrement  un  végétal  de  ses 
feuilles,  il  ne  tardera  pas  à  périr,  parce  que  la  succion 
exercée  par  ses  racines  sera  insuffisante  pour  fournir 
tous  les  matériaux  de  sa  nutrition. 

Dans  beaucoup  de  plantes ,  particulièrement  dans 
les  Cactus  et  autres  plantes  grasses  ,  dont  les  racines 
sont  très-petites,  et  qui  végètent  d'ordinaire  sur  les 
rochers  ou  dans  les  sables  mouvans  des  déserts,  il  est 
évident  que  l'absorption  des  fluides  nutritifs  a  lieu 
presque  exclusivement  par  les  feuilles  et  les  autres 
parties  plongées  dans  l'atmosphère  ;  car  la  petitesse 
de  leurs  racines  ,  l'extrême  aridité  du  sol  dans 
lequel  ils  croissent  ne  suffiraient  point  pour  les  faire 
végéter. 

D'après  ce  qui  vient  d'être  dit ,  on  voit  combien 
dans  les  végétaux  la  surface  absorbante  est  grande  , 
lorsqu'on  la  compare  à  leur  volume  général.  Elle  est 
incomparablement  plus  considérable  que  celle  des 
animaux. 


DES    VÉGÉTAUX.  2o3 

§  i.  De  la  Marche  de  la  Sève. 

La  sève  est  ce  liquide  incolore ,  essentiellement 
aqueux ,  que  les  racines  puisent  et  absorbent  dans  le 
sein  de  la  terre,  les  feuilles  dans  l'atmosphère,  pour 
le  faire  servir  à  la  nutrition  du  végétal.  C'est  elle  qui , 
contenant  en  dissolution  les  véritables  principes  nutri- 
tifs, les  dépose  dans  l'intérieur  de  la  plante  à  mesure 
qu'elle  traverse  leur  tissu. 

Les  anciens  se  sont  disputés  long-temps  pour  savoir 
par  quelle  partie  de  la  tige  l'ascension  de  la  sève  avait 
lieu.  Les  uns  croyaient  que  c'était  par  la  moelle;  les 
autres,  au  contraire,  pensaient  que  l'écorce  était  je 
siège  de  ce  singulier  phénomène.  Mais,  quand  on  a 
eu  recours  à  des  expériences  positives,  il  a  été  prouvé 
que  ces  deux  opinions  étaient  également  erronées. 
En  effet ,  la  marche  de  la  sève  se  fait  à  travers  les 
couches  ligneuses.  Ce  sont  les  vaisseaux  lymphati- 
ques répandus  dans  le  bois  de  l'aubier  qui  servent 
de  canaux  pour  charrier  ce  fluide  nutritif.  Mais  c'est 
la  partie  la  plus  voisine  de  l'étui  médullaire  qui  pa- 
raît être  le  siège  principal  de  cette  ascension.  En 
effet,  si  l'on  fait  tremper  une  branche  ou  un  jeune 
végétal  dans  une  liqueur  colorée  ,  on  pourra  suivre, 
surtout  dans  les  vaisseaux  qui  avoisinent  l'étui  mé- 
dullaire, les  traces  du  fluide  absorbé  :  or,  ce  fluide 
ne  se  verra  ni  dans  la  moelle  ni  dans  l'écorce.  L'ex- 
périence a  encore  démontré  que  la  marche  de  la  sève 
ne  s'est  point  arrêtée  dans  des  arbres  privés  de  leur 
écorce,  et  dans  lesquels  la  moelle  était  plus  ou  moins 


•204  NUTRITION 

obstruée;  tandis  que,  si  l'on  enlève  sur  un  arbre 
toutes  les  couches  ligneuses,  l'ascension  de  la  sève 
n'a  plus  lieu.  Cependant  elle  pourrait  encore  se  faire 
s'il  restait  encore  un  petit  cylindre  de  couches  li- 
gneuses; tels  sont  les  arbres  creux,  et  principalement 
les  saules,  dont  le  tronc  est  le  plus  souvent  carié  à 
l'intérieur. 

En  traversant  ainsi  les  couches  du  bois  dans  sa 
marche  ascendante,  la  sève  communique  avec  les 
parties  et  branches  latérales  de  la  tige ,  soit  directe- 
ment par  l'anastomose  de  leurs  vaisseaux,  soit  en  se 
répandant  de  proche  en  proche,  par  les  pores  inter- 
moîéculaires  dont  sont  percés  les  canaux  qui  la  char- 
rient. L'eau  qui  en  forme  la  base  essentielle,  chargée 
des  principes  nourriciers  et  réparateurs,  s'en  dé- 
pouille chemin  faisant,  et  les  dépose  dans  le  tissu 
végétal. 

En  parlant  précédemment  de  la  succion  des  racines, 
nous  avons  rapporté  les  expériences  de  Haies  qui 
prouvent  la  force  avec  laquelle  a  lieu  la  marche  de  la 
sève  dans  une  tige ,  même  d'un  petit  diamètre ,  puisque 
cette  force  agit  avec  plus  de  puissance  sur  le  mercure 
qu'une  colonne  d'air  égale  à  la  hauteur  de  l'atmo- 
sphère. Bonnet  a  également  expérimenté ,  pour  con- 
naître la  rapidité  avec  laquelle  la  sève  peut  s'élever. 
Ainsi ,  en  plongeant  des  jeunps  pieds  de  haricots  dans 
des  fluides  colorés,  il  a  vu  ces  derniers  s'y  élever, 
tantôt  d'un  demi  pouce  dans  une  demi-heure,  tantôt 
de  trois  pouces  en  une  heure ,  tantôt  enfin  de  quatre 
pouces  en  trois  heures. 


DES    VÉGÉTAUX.  2o5 

Il  résulte  des  observations  et  des  expériences  du 
professeur  Amici  de  Modène  (i)  que  les  fluides  ren- 
fermés dans  les  vaisseaux  ou  dans  les  aréoles  du  tissu 
cellulaire  des  plantes  se  meuvent  et  circulent  d'une 
manière  tout-à-fait  indépendante  dans  chacune  de  ces 
cellules  ou  de  ces  vaisseaux.  Chaque  cavité,  dit-il, 
constitue  un  organe  distinct,  et  c'est  dans  son  inté- 
rieur que  le  fluide  se  meut  en  tournoyant ,  indé- 
pendamment de  la  circulation  particulière  qui  a  lieu 
dans  chacune  des  cavités  adjacentes.  C'est  principa- 
lement sur  les  Chara  vulgaris  etjlexilis  et  sur  le  Cau- 
linia  fragilis ,  plantes  aquatiques  dont  l'organisation 
se  laisse  plus  facilement  apercevoir,  à  cause  de  la 
transparence  de  leurs  parties  élémentaires ,  que  le  pro- 
fesseur de  Modène  a  fait  ses  observations.  Ce  mou- 
vement du  fluide  dans  chaque  cavité  du  tissu  cel- 
lulaire ou  dans  chaque  vaisseau  peut  être  aperçu, 
à  cause  des  particules  solides  qui  nagent  dans  ce 
fluide.  On  voit  ces  particules  qui  sont  des  globules 
d'une  ténuité  extrême,  et  quelquefois  d'une  teinte 
verte  très-prononcée,  remonter  le  long  d'une  des  pa- 
rois de  la  cavité;  arrivées  vers  le  diaphragme  hori- 
zontal qui  sépare  cette  cellule  de  celle  qui  lui  est 
superposée,  elles  changent  de  direction,  suivent  un 
cours  horizontal  jusqu'à  ce  qu'atteignant  la  paroi  op- 
posée, elles  descendent  en  la  suivant  jusqu'à  la  partie 
inférieure,  où  leur  cours  redevient  horizontal,  pour 
recommencer  ensuite  la  même  marche.  Il  résulte  de 

(i)Jtti  délia  Societ.  italiana  ,  t.  xvm  et  xix  ;  et  Ami.  des  sciences 
naturelles,  t.  n. 


200  NUTRITION 

là  que  dans  un  même  vaisseau  il  y  a  constamment 
quatre  courans  différens ,  savoir  un  ascendant ,  et 
deux  horizontaux  en  sens  opposés. 

Une  chose  bien  remarquable,  c'est  que  la  direction 
du  mouvement  dans  chaque  vaisseau  ne  semble  avoir 
aucun  rapport  avec  celle  qui  s'exécute  dans  les  tubes 
circonvoisins.  Ainsi  quelquefois  deux  vaisseaux  qui 
se  touchent  offriront  le  même  mouvement ,  tandis  que 
ceux  qui  les  environnent  auront  dans  le  mouvement 
de  leurs  fluides  une  direction  tout-à-fait  opposée. 

Le  même  observateur  fait  également  remarquer 
qu'on  ne  voit  aucun  globule  mobile  passer  d'une  ca- 
vité dans  une  autre.  «Cependant,  dit-il,  je  ne  prétends 
pas  établir  que  le  suc  renfermé  dans  un  vaisseau  ne 
pénètre  pas,  quand  les  circonstances  l'exigent,  dans 
les  vaisseaux  voisins.  Je  me  suis  même  persuadé  que 
cette  tranfusicn  est  nécessaire  pour  le  développement 
de  la  plante;  mais  la  partie  la  plus  fluide  et  îa  plus 
subtile  du  suc  est  la  seule  qui  puisse  pénétrer  invi- 
siblement  à  travers  la  membrane ,  en  traversant  des 
trous  que  l'œil  armé  du  microscope  ne  saurait  aper- 
cevoir. » 

Quelle  est  la  cause  de  ce  mouvement  indépendant 
du  fluide  clans  chaque  partie  organique  du  végétal? 
Quelques-uns  l'ont  attribuée  à  l'irritabilité  dont  est 
douée  la  membrane  qui  forme  ces  tubes.  Le  profes- 
seur Amici  ne  partage  pas  cette  opinion.  Il  croit  re- 
connaître la  force  motrice  du  fluide  dans  des  espèces 
de  petits  grains  verts  ou  transparens  tapissant  les  pa- 
rois des  tubes  où  ils  sont  disposés  par  rangées  ou 


DES    VÉGÉTAUX.  lO'] 

chapelets,  et  qui,  par  une  action  analogue  à  celle 
des  piles  voltaïques,  impriment  au  fluide  son  mou- 
vement. Ces  grains  verts  sont  évidemment  les  mêmes 
que  ceux  que  M.  Dutrochet  considère  comme  le  sys- 
tème nerveux  des  végétaux. 

Mais  quelle  est  la  cause  de  cette  ascension  de  la 
sève?  Comment  ce  fluide  peut-il  s'élever  des  racines 
vers  la  partie  supérieure  des  tiges?  On  pense  bien  que 
dans  les  temps  anciens  chaque  auteur  a  dû  avoir  une 
opinion  différente  pour  expliquer  cet  étonnant  phé- 
nomène. 

Grew  en  trouvait  la  cause  dans  le  jeu  des  utricules. 
Cet  auteur,  qui  considérait  le  tissu  végétal  comme 
formé  de  petites  utricules  juxtaposées  les  unes  au- 
dessous  des  autres ,  et  communiquant  toutes  entre 
elles,  pensait  que  la  sève,  une  fois  entrée  dans  les 
utricules  inférieures,  celles-ci  se  contractaient  sur 
elles-mêmes,  la  poussaient  dans  celles  qui  leur  étaient 
immédiatement  supérieures;  et  que  par  ce  mécanisme 
la  sève  parvenait  ainsi  jusqu'au  sommet  du  végétal. 

Malpighi,  au  contraire,  l'attribuait  à  la -raréfac- 
tion et  à  la  condensation  alternatives  de  la  sève  par  la 
chaleur. 

De  LaHire,  qui  croyait  les  vaisseaux  se  veux  garnis 
de  valvules  comme  les  veines  des  animaux,  pensait 
qu'elle  dépendait  de  cette  disposition. 

Pérault  la  croyait  produite  par  une  sorte  de  fer- 
mentation. 

D'autres  enfin,  et  ceux-là  sont  en  grand  nombre, 
ont  comparé  la  marche  de  la  sève,  dans  le  tissu  végé- 


208  NUTRITION 

tal ,  à  l'ascension  des  liquides  dans  les  tubes  capillaires. 
Mais  on  sent  combien  de  semblables  hypothèses  sont 
insuffisantes  pour  expliquer  les  phénomènes  dont  il 
s'agit.  Si,  en  effet,  ils  étaient  dus  à  la  capillarité  des 
vaisseaux  séveux,  leur  action  devrait  être  indépen- 
dante des  circonstances  extérieures,  et  même  de  la  vie 
du  végétal.  Or,  c'est  ce  qui  n'a  pas  lieu.  Personne  n'i- 
gnore que  la  sève  ne  circule  plus  dans  un  végétal  privé 
de  la  vie.  La  vie  a  donc  une  action  directe  et  puissante 
sur  l'exercice  de  cette  fonction.  De  même  que  pour 
la  succion  opérée  par  les  racines  dans  le  sein  de  la 
terre,  nous  avons  admis  une  force  vitale  particulière 
d'où  dépendent  tous  les  phénomènes  de  la  végétation , 
force  qui  fait  le  caractère  distinctif  des  êtres  vivans, 
qui  les  soustrait  à  l'empire  des  causes  physiques  et  chi- 
miques; de  même  aussi  nous  sommes  forcés  de  re- 
courir encore  à  elle  pour  expliquer  la  marche  de  la 
sève.  En  effet,  si  tous  les  phénomènes  de  la  végétation 
n'étaient  produits  que  par  l'action  des  agens  méca- 
niques ou  chimiques ,  par  quels  caractères  distingue- 
rions-nous les  végétaux  des  êtres  inorganiques? Nous 
devons  donc  admettre  dans  les  végétaux  comme  dans 
les  animaux  une  force  vitale  qui  préside  à  toutes  leurs 
fonctions. 

Mais  quoique  cette  force  vitale  soit  le  véritableagent 
de  la  marche  ascensionnelle  de  la  sève,  cependant 
certaines  causes  externes  et  internes  peuvent  faciliter 
l'exercice  de  ce  phénomène. 

Parmi  les  causes  externes  on  doit  placer  la  tempéra- 
ture, l'influence  de  la  lumière  et  du  fluide  électrique. 


DES    V^GÉTAIIX.  209 

On  sait  généralement  qu'une  température  chaude 
favorise  singulièrement  le  cours  de  la  sève.  En  effet, 
pendant  l'hiver,  l'arbre  en  est  gorgé,  mais  elle  est 
épaisse  et  stagnante;  le  printemps,  en  ramenant  la 
chaleur,  détermine  aussi  1  ascension  des  sucs ,  dans  les 
vaisseaux  de  la  tige  qui  semblaient  être  obstrués. 

La  lumière  et  le  fluide  électrique  ont  aussi  une  in- 
fluence marquée  sur  les  phénomènes  de  la  marche  de 
la  sève.  On  sait  que,  quand  l'atmosphère  reste  long- 
temps chargée  d'électricité,  les  végétaux  acquièrent 
un  développement  considérable,  ce  qui  annonce  né- 
cessairement que  la  sève  a  un  cours  plus  rapide  et 
plus  puissant. 

Certaines  causes  internes,  c'est-à-dire  inhérentes  au 
végétal  lui-même ,  paraissent  agir  aussi  sur  l'ascension 
de  ki  sève.  Telle  est  la  quantité  plus  ou  moins  grande 
de  pores  corticaux  que  présente  le  végétal,  et  l'étendue 
plus  considérable  de  sa  surface.  Ces  deux  circons- 
tances favorisent  évidemment  la  rapidité  et  la  force 
de  la  marche  du  fluide  séveux. 

Nous  venons  de  voir  par  quelle  force  et  par  quels 
organes  la  sève  s'élève  des  racines  jusque  vers  l'ex- 
trémité de  toutes  les  branches  du  végétal.  Ici  s'opèrent 
de  nouveaux  phénomènes,  ici  va  commencer  une 
nouvelle  circulation. 

En  effet ,  lorsque  lasèveestparvenue  vers  les  extré- 
mités des  branches,  elle  se  répand  dans  leurs  feuilles. 
Là  elle  perd  une  partie  des  principes  qu'elle  contenait , 
et  en  acquiert  de  nouveaux.  Les  feuiiles  et  les  parties 
vertes  sont  le  siège  de  la  transpiration,  de  l'expiration 

i4 


210  KUTRITIÔJN 

et  de  l'excrétion  végétales.  La  sève  s'y  dépouille  de  l'air 
atmosphérique  qu'elle  contient  encore  ,  de  sa  quantité 
surabondante  de  principes  aqueux,  et  des  substances 
qui  sont  devenues  étrangères  ou  inutiles  à  sa  nutrition. 
Mais  en  même  temps  qu'elle  perd  ainsi  une  partie  des 
principes  qui  la  constituaient  auparavant ,  elle  éprouve 
une  élaboration  particulière;  elle  acquiert  des  qualités 
nouvelles,  et,  suivant  une  route  inverse  de  celle  qu'elle 
vient  de  parcourir ,  elle  redescend  des  feuilles  vers  les 
racines,  à  travers  le  liber  ou  la  partie  végétante  des 
couches  corticales. 

Examinons  en  particulier  tous  les  phénomènes  qui 
s'opèrent  dans  les  feuilles  par  l'effet  de  l'ascension 
de  la  sève. 

§  3.  De  la  Transpiration. 

La  transpiration  ou  émanation  aqueuse  des  végé- 
taux est  cette  fonction  par  laquelle  la  sève ,  parve- 
nue dans  les  organes  foliacés ,  perd  et  laisse  échapper 
la  quantité  surabondante  d'eau  qu'elle  contenait. 

C'est  en  général  sous  forme  de  vapeur  que  cette 
eau  s'exhale  dans  l'atmosphère.  Quand  la  transpira- 
tion est  peu  considérable ,  cette  vapeur  est  absorbée 
par  l'air  à  mesure  qu'elle  se  forme.  Mais  si  la  quan- 
tité augmente ,  et  si  la  température  de  l'atmosphère 
est  peu  élevée,  on  voit  alors  ce  liquide  transpirer 
sous  forme  de  gouttelettes  extrêmement  petites,  qui 
souvent  se  réunissent  plusieurs  ensemble  et  devien- 
nent alors  d'un  volume  remarquable.  Ainsi  on  trouve 
fréquemment,  au  lever  du  soleil,  des  gouttelettes  lim- 


DES    VÉGÉTAUX.  2  !  1 

pides  qui  pendent  de  la  pointe  des  feuilles  d'un  grand 
nombre  de  graminées.  Les  feuilles  du  chou  en  pré- 
sentent aussi  de  très -apparentes.  On  avait  cru  long- 
temps qu'elles  étaient  produites  par  la  rosée;  mais 
Musschenbroek  prouva  le  premier,  par  des  expérien- 
ces concluantes,  qu'elles  provenaient  de  la  transpira- 
tion végétale ,  condensée  par  la  fraîcheur  de  la  nuit. 
En  effet,  il  intercepta  toute  communication  à  une 
tige  de  pavot  avec  l'air  ambiant,  en  la  recouvrant 
d'une  cloche, et  avec  la  surface  de  la  terre,  en  recou- 
vrant le  vase  dans  lequel  il  était  d'une  plaque  de 
plomb ,  et  le  lendemain  matin  les  gouttelettes  s'y  trou- 
vèrent comme  auparavant. 

Halfs  fit  également  des  expériences  pour  évaluer 
le  rapport  existant  entre  la  quantité  des  fluides  ab- 
sorbés par  les  racines,  et  celui  que  ces  feuilles  exha- 
lent. Il  mit  dans  un  vase  vernissé  un  pied  de  YHe- 
lianlhus  annuus  (grand  soleil),  recouvrit  le  vase  d'une 
lame  de  plomb  percée  de  deux  ouvertures,  l'une  par 
laquelle  passait  la  tige,  l'autre  destinée  à  pouvoir  l'ar- 
roser. Il  pesa  exactement  cet  appareil  pendant  quinze 
jours  de  suite ,  et  vit  que  pour  terme  moyen  la  quan- 
tité d'eau  expirée  pendant  les  douze  heures  de  jour 
était  de  vingt  once<,  environ.  Un  temps  sec  et  chaud 
favorisait  singulièrement  cette  transpiration,  qui  s'é- 
leva à  trente  onces  dans  une  circonstance  semblable. 
Une  atmosphère  chargée  d'humidité  diminuait  au  con- 
traire sensiblement  cette  quantité;  aussi  la  transpira- 
tion n'était-elle  au  plus  que  de  trois  onces  pendant  la 
nuit,  et  même  quelquefois  la  quantité  de  liquide  ex- 


1 1 1  NUTRITION 

pirée  devenait  insensible  quand  la  nuit  était  fraîche 
et  humide. 

Ces  expériencesontétédepuis  répétées  parMM.Des- 
fontaines  et  Mirbel,  qui  ont  encore  eu  occasion  d'ad- 
mirer l'exactitude  et  la  sagacité  du  physicien  anglais. 

Sénebier  a  prouvé  par  des  expériences  multi- 
pliées que  la  quantité  d'eau  expirée  était  à  celle 
absorbée  par  le  végétal  dans  le  rapport  de  2  :  3;  ce 
qai  démontre  encore  qu'une  partie  de  ce  liquide  est 
fixée  ou  décomposée  dans  l'intérieur  du  végétal. 

Ces  faits  prouvent  d'une  manière  incontestable , 
i°queles  végétaux  transpirent  par  leurs  feuilles,  c'est- 
à-dire  qu'ils  rejettent  une  certaine  quantité  de  fluides 
aqueux; 

20  Que  cette  transpiration  est  d'autant  plus  grande 
que  l'atmosphère  est  plus  cbaude  et  plus  sèche  ; 
tandis  que,  quand  le  temps  est  humide,  et  surtout 
pendant  la  nuit ,  la  transpiration  est  presque  nulle; 

3°  Que  cette  fonction  s'exécute  avec  d'autant  plus 
d'activité  que  la  plante  est  plus  jeune  et  plus  vigou- 
reuse ; 

4°  Que  la  nutrition  se  fait  d'autant  mieux  que  la 
transpiration  est  en  rapport  avec  l'absorption.  Car, 
lorsque  l'une  de  ces  deux  fonctions  se  fait  avec  une 
force  supérieure  à  celle  de  l'autre,  le  végétal  languit. 
C'est  ce  que  l'on  observe,  par  exemple,  pour  les 
plantes  qui,  exposées  aux  ardeurs  du  soleil,  se  fanent 
et  perdent  leur  vigueur,  parce  que  la  transpiration 
n'est  plus  en  équilibre  avec  la  succion  exercée  par 
les  racines. 


DKS    VÉGÉTAUX.  2  l  3 

§  4-  De  F  Expiration. 

Nous  avons  dit  et  prouvé  précédemment  que  les 
végétaux  absorbent  ou  inspirent  une  certaine  quan- 
tité d'air  ou  d'autres  fluides  aériformes,  soit  directe- 
ment, soit  mélangés  avec  la  sève ,  c'est-à-dire  tout  à 
la  fois  par  le  moyen  de  leurs  racines  et  de  leurs 
feuilles  :  or ,  c'est  la  portion  de  ces  fluides  qui  n'a 
point  été  décomposée  pour  servir  à  l'alimentation 
qui  forme  la  matière  de  l'expiration.  Les  plantes  sont 
donc,  comme  les  animaux,  douées  d'une  sorte  de 
respiration,  qui  se  compose  également  des  deux  phé- 
nomènes, de  l'inspiration  et  de  l'expiration,  toutefois 
avec  cette  différence  très -notable  qu'il  n'y  a  point 
ici  développement  de  calorique.  Cette  fonction  de- 
vient très- manifeste  si  l'on  plonge  une  branche 
d'arbre  ou  une  jeune  plante  dans  une  cloche  de  verre 
remplie  d'eau,  et  qu'elle  soit  exposée  à  l'action  de  la 
lumière;  en  effet,  on  verra  s'élever  de  sa  surface  un 
grand  nombre  de  petites  bulles  qiu  sont  formées  par 
un  air  très -pur,  et  presque  entièrement  composé 
de  gaz  oxygène.  Si,  au  contraire,  cette  expérience 
était  faite  dans  un  lieu  obscur,  les  feuilles  expire- 
raient de  1  acide  carbonique  et  du  gaz  azote,  et  non 
du  gaz  oxygène.  Il  faut  noter  ici  soigneusement  que 
toutes  les  autres  parties  du  végétal  qui  n'offrent  pas 
la  couleur  verte,  telles  que  les  racines,  l'écorce,  les 
fleurs,  les  fruits,  soumis  aux  mêmes  expériences,  re- 
jetteront toujours  au  dehors  de  l'acide  carbonique,  et 
jamais  de  l'oxygène.  Par  conséquent  l'expiration  du 


2l4  JVUTRITIOJV 

gaz  oxygène  dépend  non- seulement  de  l'influence 
directe  des  rayons  lumineux,  mais  encore  de  la  co- 
loration verte  des  parties. 

Nous  savons  que  les  végétaux  absorbent  une  grande 
quantité  d'acide  carbonique  qu'ils  décomposent  dans 
l'intérieur  de  leur  tissu,  quand  ils  sont  exposés  à 
l'action  du  soleil,  et  rejettent  à  l'extérieur  la  plus 
grande  partie  de  l'oxygène  qui  était  combiné  avec  le 
carbone.  Or  ce  phénomène  est  encore  une  véritable 
expiration. 

Lorsqu'une  plante  est  morte  ou  languissante,  ou 
bien  l'expiration  cesse  entièrement,  ou  bien  le  fluide 
expiré  est  constamment  du  gaz  azcte.  Il  est  certains 
végétaux  qui,  même  exposés  à  l'influence  des  rayons 
du  soleil,  n'expirent  que  de  l'azote;  tels  sont  la  sen- 
sitive,  le  houx,  le  laurier-cerise,  et  quelques  autres. 
Il  nous  paraît  difficile  d'indiquer  la  véritable  cause 
d'une  pareille  anomalie. 

§  5.  De  V Excrétion. 

Les  déjections  végétales  sont  des  fluides  plus  ou 
moins  épais,  susceptibles  de  se  condenser  et  de  se 
solidifier.  Leur  nature  est  très- variée.  Ce  sont  tantôt 
des  résines ,  de  la  cire ,  des  huiles  volatiles  ;  tantôt  des 
matières  sucrées,  de  la  manne,  des  huiles  fixes,  etc. 
Toutes  ces  substances  sont  rejetées  à  l'extérieur  par 
la  force  de  la  végétation.  Ainsi  le  Fraxinus  Ornus 
laisse  suinter,  en  Calabre,  un  liquide  épais  et  sucré 
qui,  par  l'action  de  l'air,  se  concrète  et  forme  la 
manne.  Les  pins,  les  sapins,  et  en  général  tous  les 


DES    VÉGÉTAUX.  2  I  £> 

arbres  de  la  famille  des  Conifères,  fournissent  des 
quantités  considérables  de  matières  résineuses.  Beau- 
coup de  végétaux,  tels  que  le  Ceroxylon  andicola , 
superbe  espèce  de  palmier,  décrite  par  MM.  de 
Humboldt  et  Bonpland  ,  le  Mjrica  cerifera  de  l'Amé- 
rique septentrionale,  fournissent  une  grande  quan- 
tité de  cire  utilement  «mployée  dans  la  patrie  de  ces 
végétaux. 

Les  racines  excrètent  aussi  par  leurs  extrémités 
les  plus  déliées  certains  fluides  qui  nuisent  ou  sont 
utiles  aux  plantes  qui  végètent  dans  leur  voisinage. 
C'est  de  cette  manière  que  Ton  peut  expliquer  les 
convenances  ou  les  antipathies  de  certains  végétaux. 
Ainsi  l'on  sait  que  le  chardon  hémorrhoïdal  nuit  à 
l'avoine,  XErigevon  acre  au  froment,  la  scabieuse 
au  lin,  etc. 

Tels  sont  les  différens  phénomènes  qui  dépendent 
de  la  présence  de  la  sève,  quand  elle  est  parvenue  à 
la  partie  supérieure  des  végétaux.  Suivons -la  main- 
tenant dans  son  cours  rétrograde,  des  feuilles  vers 
les  racines. 

§  6.  De  la  Sève  descendante. 

Ce  point  a  été  l'objet  d'un  grand  nombre  de  dis- 
cussions parmi  les  physiologistes.  Plusieurs,  en  effet, 
ont  long-temps  nié  l'existence  d'une  sève  descen- 
dante. Mais  les  phénomènes  sensibles  de  la  végéta- 
tion, et  les  expériences  les  plus  précises  ont  démon- 
tré qu'il  existe  une  seconde  sève ,  qui  suit  une  marche 
inverse  de  celle  que  nous  avons  précédemment  exa- 


2l6  NUTIUTION 

minée.  :  En  effet,  si  l'on  fait  au  tronc  d'un  arbre 
dicotylédon  une  forte  ligature,  il  se  formera  au- 
dessus  d'elle  un  bourrelet  circulaire  qui  deviendra 
de  plus  en  plus  saillant.  Or  ce  bourrelet  pourrait-il 
être  formé  par  la  sève  qui  des  racines  monte  vers  les 
feuilles  ?  On  conçoit  qu'alors  il  devrait  se  présenter 
au-dessous  de  la  ligature,  et  non  au-dessus.  Mais  le 
contraire  a  lieu;  ce  bourrelet  ne  peut  donc  dépendre 
que  de  l'obstacle  éprouvé  par  les  sucs  qui  descendent 
de  la  partie  supérieure  vers  l'inférieure,  à  travers 
les  couches  corticales.  Donc  il  existe  une  sève  des- 
cendante. 

La  sève  descendante,  dépouillée  de  la  plus  grande 
partie  de  ses  principes  aqueux  ,  beaucoup  plus  éla- 
borée ,  contenant  plus  de  principes  nutritifs  que  la 
première,  concourt  essentiellement  à  la  nutrition  du 
végétal.  Circulant  dans  la  partie  végétante  de  la  tige., 
dans  celle  qui  est  seule  susceptible  d'accroissement, 
ses  usages  ne  peuvent  paraître  équivoques. 

En  effet,  examinons  encore  de  plus  près  les  phéno- 
mènes qui  résultent  de  la  ligature  circulaire  faite  au 
tronc  d'un  arbre  dicotylédon,  et  nous  verrons  que 
non-seulement  il  se  forme  un  bourrelet  au-dessus  de 
cette  ligature ,  mais  que  la  partie  du  tronc  située 
au-dessous  d'elle  cesse  de  s'accroître,  et  qu'aucune 
couche  circulaire  nouvelle  ne  s'ajoute  à  celles  qui 
existaient  déjà.  Or  ne  voyons-nous  point  ici  ,  de  la 
manière  la  plus  évidente,  l'usage  de  la  sève  descen- 
dante? C'est  elle  qui  renouvelle  et  entretient  conti- 
nuellement le  liber  et  le  cambium  :  c'est  donc  elle 


DES    VÉGÉTAUX.  2  17 

qui  concourt  essentiellement  à  l'accroissement  et  au 
développement  des  arbres  dicotylédones. 

Mais  cette  seconde  sève  n'est  point  de  la  même 
nature  dans  tous  les  végétaux.  Il  en  est  dans  lesquels 
elle  forme  un  suc  blanc  et  laiteux,  comme  dans  les 
Euphorbes;  dans  d'autres  (les  Papavéracées),  c'est 
un  suc  jaunâtre  ou  brunâtre  ;  dans  les  Conifères , 
elle  est  plus  ou  moins  résineuse,  etc. 


Nous  venons  de  passer  successivement  en  revue 
les  différens  phénomènes  qui  ont  rapport  ou  con- 
courent à  la  nutrition  des  végétaux.  Nous  avons  vu 
les  sucs  puisés  par  les  racines  dans  le  sein  de  la  terre 
portés  par  une  force  particulière.,  dépendante  de  la 
vie  du  végétal ,  arriver  jusqu'aux  parties  les  plus 
élevées  des  dernières  ramifications  de  la  tige;  là,  en 
se  mêlant  avec  les  fluides  absorbés,  en  se  dépouillant 
des  principes  aqueux  et  aériformes  inutiles  à  la  nutri- 
tion,  acquérir  des  propriétés  nouvelles;  et,  suivant 
une  marche  rétrograde,  devenir  les  véritables  alimens 
du  végétal. 

On  voit  par-là  que  la  nutrition  dans  les  plantes, 
quoique  ayant  de  grands  rapports  avec  la  même  fonc- 
tion dans  les  animaux,  en  diffère  essentiellement. 

En  effet ,  c'est  par  leur  bouche  que  les  animaux 
introduisent  dans  leur  intérieur  les  diverses  subs- 
tances qui  doivent  servir  à  leur  nutrition.  C'est  au 
moyen  des  bouches  aspirantes  qui  terminent  leurs 
racines  que  les  végétaux  absorbent,  dans  l'intérieur 


2l8  NUTRITION    DES    VÉGÉTAUX. 

de  la  terre ,  l'eau  mélangée  des  matières  nécessaires 
ou  inutiles  à  leur  développement. 

Dans  les  animaux,  les  matières  absorbées  suivent 
un  seul  et  même  canal ,  depuis  la  bouche  jusqu'à 
l'endroit  où  la  substance  vraiment  nutritive  (Je  chyle) 
doit  être  séparée  des  matières  inutiles  ou  excrémen- 
titielles. 

Dans  les  végétaux,  le  même  phénomène  a  lieu  : 
les  fluides  absorbés  parcourent  un  certain  trajet 
avant  d'arriver  jusqu'aux  feuilies ,  où  s'opère  la  sé- 
paration des  parties  nécessaires  ou  inutiles  à  la  nu- 
trition. 

Les  animaux  et  les  végétaux  rejettent  au  dehors 
les  substances  impropres  à  leur  développement. 

Le  chyle,  ou  la  partie  nutritive  et  alimentaire  des 
animaux  se  mêle  au  sang,  qu'il  entretient  et  répare 
continuellement  ,  parcourt  toutes  les  parties  du 
corps ,  et  sert  au  développement  et  à  la  nutrition 
des  organes. 

La  sève  des  végétaux ,  après  avoir  éprouvé  l'in- 
fluence de  l'atmosphère  dans  les  feuilles  ,  après  avoir 
acquis  une  nature  et  des  propriétés  nouvelles,  redes- 
cend dans  toutes  les  parties  du  végétal  pour  y  porter 
les  matériaux  de  leur  accroissement  et  servir  au  dé- 
veloppement de  toutes  leurs  parties. 


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DEUXIEME    CLASSE. 


DES  ORGANES  DE  LA  REPRODUCTION. 


Les  organes  de  la  reproduction,  que  nous  désignons 
encore  sous  le  nom  d'organes  de  la  fructification, 
sont  ceux  qui  servent  à  la  conservation  de  l'espèce 
et  à  la  propagation  des  races.  Leur  rôle  n'est  pas 
moins  important  que  celui  des  organes  dont  nous 
venons  d'étudier  la  structure  et  les  usages.  En  effet, 
si  les  premiers  sont  nécessaires  à  l'existence  de  l'in- 
dividu, au  développement  de  toutes  ses  parties,  les 
seconds  sont  indispensables  pour  que  cet  individu 
puisse  devenir  apte  à  procréer  d'autres  êtres  sem- 
blables à  lui,  qui  puissent  renouveler  et  perpétuer 
son  espèce. 

Dans  les  plantes,  ce  sont  la  fleur,  le  fruit  et  les 
différentes  parties  dont  ils  sont  formés,  qui  com- 
posent les  organes  de  la  reproduction.  Aussi  les  avous- 
nous  distingués  en  deux  sections,  savoir:  les  organes 
de  la  floraison  et  les  organes  de  la  fructification. 


220      ORGANES  DE  LA  REPRODUCTION. 


SECTION   PREMIERE. 


DES  ORGANES  DE  LA  FLORA.1SON. 

Considérations  générales  sur  la  Fleur. 

Nous  connaissons  déjà  les  parties  qui  servent  à  fixer 
la  plante  au  sol,  à  absorber  clans  le  sein  de  la  terre, 
ou  au  milieu  de  l'atmosphère ,  les  fluides  aqueux  et 
aériformes,  nécessaires  à  la  nutrition  et  au  dévelop- 
pement du  végétal;  nous  venons  d'étudier  la  série 
d'organes  qui  concourent  à  l'entretien  de  la  vie  in- 
dividuelle :  occupons-nous  maintenant  des  organes , 
non  moins  essentiels,  dont  l'action  tend  à  renouveler 
et  à  perpétuer  l'espèce. 

Ici  se  présente  une  grande  ressemblance  entre  les 
végétaux  et  les  animaux.  Les  uns  et  les  autres,  en  effet, 
sont  pourvus  d'organes  particuliers  ,  qui,  par  leur 
influence  réciproque ,  concourent  à  la  fonction  la 
plus  importante  de  leur  vie.  La  génération  est  le  but 
final  pour  lequel  la  nature  a  créé  les  différens  or- 
ganes des  végétaux  et  des  animaux.  L'analogie  la  plus 
parfaite  existe  entre  eux  dans  cette  grande  fonction. 
C'est  de  l'action  que  l'organe  mâle  exerce  sur  l'or- 
gane femelle  que  résulte  la  fécondation ,  ou  ce  phé- 
nomène par  lequel  l'embryon ,  encore  à  l'état  rudi- 
mentaire ,  reçoit  et  conserve  le  principe  animateur 
de  la  vie.  Cependant  remarquons  ici   les  modifica- 


DE    LA.    FLEUR    EN    GÉNÉRAL  221 

tions  que  la  nature  a  imprimées  à  ces  deux  grandes 
classes  d'êtres  organisés.  La  plupart  des  animaux 
apportent  en  naissant  les  organes  qui  doivent  servir 
un  jour  à  les  reproduire  ;  ces  organes  restent  en- 
gourdis jusqu'à  l'époque  où  la  nature,  dirigeant  sur 
eux  une  nouvelle  énergie,  les  rend  capables  de  rem- 
plir les  usages  pour  lesquels  elle  les  a  créés.  Les  vé- 
gétaux, au  contraire,  sont  à  leur  naissance  dépourvus 
d'organes  sexuels.  La  nature  ne  les  y  développe  qu'au 
moment  où  ils  doivent  servir  à  la  fécondation.  Une 
autre  grande  dissemblance  entre  les  animaux  et  les 
végétaux,  c'est  que,  dans  les  premiers,  les  organes 
sexuels  peuvent  servir  plusieurs  fois  à  la  même  fonc- 
tion, naissent  et  meurent  avec  l'être  qui  les  porte; 
tandis  que  dans  les  végétaux,  dont  le  tissu  est  mol  et 
délicat,  ces  organes  n'ont  qu'une  existence  passagère: 
ils  paraissent'  pour  accomplir  le  vœu  de  la  na- 
ture ,  se  fanent  et  se  détruisent  aussitôt  qu'ils  l'ont 
rempli. 

Admirons  la  prévoyance  de  la  nature  dans  la  dis- 
tribution des  sexes  parmi  les  êtres  organisés.  Les 
végétaux  fixés  invariablement  au  lieu  qui  les  a  vus 
naître,  privés  de  la  faculté  locomotive,  portent, 
le  plus  souvent,  sur  le  même  individu,  les  deux 
organes  dont  l'action  mutuelle  doit  produire  la  fé- 
condation. Les  animaux,  au  contraire,  qui,  doués 
de  la  volonté  et  de  la  faculté  de  se  mouvoir,  peu- 
vent se  diriger  dans  tous  les  sens,  ont  en  général 
les  sexes  séparés  sur  des  individus  distincts.  C'est 
pour  cette  raison  que  l'hermaphroditisme  est  aussi 


111  ORGAJVES    DE    LA    REPRODUCTION. 

commun  chez  les  végétaux  qu'il  est  rare  parmi  les 
animaux. 

La  fleur  est  essentiellement  constituée  par  la  pré- 
sence d'un  des  deux  organes  sexuels,  ou  des  deux 
réunis  sur  un  support  commun ,  avec  ou  sans  enve- 
loppes extérieures  destinées  à  les  protéger. 

La  fleur,  réduite  à  son  dernier  degré  de  simpli- 
cité, peut  donc  n'être  formée  que  par  un  seul  organe 
sexuel,  mâle  ou  femelle,  c'est-à-dire  par  une  ètamine 
ou  un  pistil. 

Ainsi ,  dans  les  saules ,  dont  les  fleurs  sont  uni- 
sexuées ,  les  fleurs  mâles  consistent  simplement  en 
une,  deux  ou  trois  étamines,  attachées  sur  une  petite 
écaille.  Les  fleurs  Jemelles  sont  formées  par  un 
pistil ,  également  accompagné  d'une  écaille  ,  sans 
autres  organes  accessoires.  Dans  ce  cas,  comme  dans 
un  grand  nombre  d'autres ,  la  fleur  est  aussi  simple 
que  possible.  Elle  prend  alors  le  nom  de  fleur mâle 
ou  de  fleur  femelle ,  suivant  les  organes  qui  la 
composent. 

La  fleur  hermaphrodite  est  celle  ,  au  contraire , 
qui  présente  réunis  sur  un  même  support  commun 
les  deux  organes  sexuels,  mâle  et  femelle. 

Mais  les  différentes  fleurs  que  nous  venons  d'exa- 
miner ne  sont  pas  complètes .  En  effet,  quoique  l'es- 
sence de  la  fleur  consiste  dans  les  organes  sexuels , 
pour  être  parfaite ,  il  faut  encore  qu'elle  présente 
d'autres  organes  qui,  bien  qu'accessoires,  ne  lui  ap- 
partiennent pas  moins,  et  servent  à  favoriser  ses 
fonctions.  Ces  organes  sont  les  enveloppes  florales  , 


DE    LA    FLEDR    EN    GÉNÉRAL.  2^3 

c'est-à-dire  le  calice  et  la  corolle.  La  fleur  complète 
sera  donc  celle  qui  présentera  les  deux  organes  sexuels 
entourés  d'une  corolle  et  d'un  calice. 

Il  est  important  d'examiner  ici  dans  quel  ordre 
symétrique  sont  disposés  entre  eux  les  différens 
organes  constituant  une  fleur  complète. 

En  allant  du  centre  à  la  circonférence  ,  nous 
verrons  :  le  pistil,  ou  organe  sexuel  femelle,  occuper 
toujours  la  partie  centrale  de  la  fleur.  Il  se  com- 
pose de  X ovaire,  du  style  et  du  stigmate.  Plus  en 
dehors,  sont  les  organej  sexuels  mâles,  ou  les.éta- 
mines ,  ordinairement  en  nombre  plus  considérable 
que  les  pistils  ,  et  composées  d'un  filet  et  d'une 
anthère. 

A  l'extérieur  des  étamines,  se  trouve  la  plus  inté- 
rieure des  deux  enveloppes  florales ,  ou  la  corolle  : 
on  l'appelle  monopétale ,  quand  elle  est  formée  d'une 
seule  pièce;  polf pétale ,  quand  elle  est  formée  de 
plusieurs  pièces ,  nommées  pétales  :  enfin  la  plus 
extérieure  des  deux  enveloppes  florales  est  le  calice, 
qui  est  monosépale  ou  polysèpale ,  suivant  qu'il  est 
composé  d'une  ou  de  plusieurs  pièces  nommées 
sépales.  Tout  ce  qui  est  en  dehors  du  calice  n'appar- 
tient plus  en  propre  à  la  fleur;  telles  sont  lesfeidlles 
florales  ou  les  bractées  qui  les  accompagnent  fort 
souvent ,  et  qui  doivent  en  être  considérées  comme 
des  parties  accessoires. 

Prenons  dans  la  nature  quelques  exemples  de  fleurs 
dans  lesquelles  nous  chercherons  à  reconnaître  et  à 
dénommer  les  différentes  parties  que  nous  venons 


1ll\  ORGANES    DE    LA    REPRODUCTION. 

d'énumérer.  La  giroflée  jaune  (  Cheiranthus  Cheiri) 
va  nous  servir  d'exemple.  > 

Nous  verrons  le  centre  de  la  fleur  occupé  par  un 
petit  corps  allongé,  un  peu  comprimé  d'avant  en 
arrière,  présentant,  lorsqu'on  le  fend  longitudina- 
lement  dans  ses  deux  tiers  inférieurs ,  deux  cavités 
dans  lesquelles  sont  renfermés  les  ovules  :  ce  corps 
est  le  pistil.  Il  se  compose  d'un  ovaire  ou  partie  in- 
férieure ,  d'un  style  ,  prolongement  filiforme  du 
sommet  de  l'ovaire ,  terminé  par  un  petit  corps  vis- 
queux ,  glandulaire  et  bilobé  :  c'est  le  stigmate.  En 
dehors  du  pistil  nous  trouvons  six  organes  de  même 
forme,  de  même  structure,  disposés  circulairement 
autour  de  l'organe  femelle ,  composés  chacun  d'une 
partie  inférieure  filamentiforme ,  que  surmonte  une 
espèce  de  petit  sac  ovoïde ,  à  deux  loges ,  remplis 
d'une  poussière  jaunâtre.  A  leur  position  et  à  leur 
structure ,  nous  reconnaîtrons  ces  corps  pour  les 
étamineSy  ou  organes  sexuels  mâles.  Leur  partie  in- 
férieure filamentiforme  est  le  filet;  leur  partie  supé- 
rieure est  Y  anthère;  la  poussière  qu'ils  renferment 
est  le  pollen.  En  examinant  ce  qui  reste  au  dehors 
des  organes  sexuels,  nous  apercevons  huit  appendices 
membraneux  ,  disposés  par  deux  séries,  quatre  plus 
intérieurs,  et  quatre  occupant  la  partie  externe  de  la 
fleur.  Les  quatre  intérieurs,  plus  grands,  d'une  cou- 
leur jaune,  parfaitement  semblables  entre  eux,  cons- 
tituent un  seul  et  même  organe  ;  c'est  la  corolle,  qui 
dans  ce  cas  est  composée  de  quatre  pièces  distinctes 
ou  de  quatre  pétales.  Il  nous  sera  très-facile  main- 


DE    LA    FLEUR    EN    GÉNÉRAL.  fiS 

tenant  de  dénommer  !es  quatre  pièces  verdâtres,  plus 
petites, situées  en  dehors  de  la  corolle. En  effet,  nous 
savons  déjà  que  la  plus  externe  des  deux  enveloppes 
florales  est  le  calice.  Ici  le  calice  est  donc  formé  de 
quatre  pièces  ou  sépales. 

Telle  est  la  structure  et  la  position  respective  des 
différens  organes  qui  constituent  une  fleur  complète. 
Examinons  maintenant  quelques  fleurs  dans  lesquelles 
tous  les  organes  que  nous  venons  d'énumérer  ne  se 
rencontrent  pas.  Dans  la  tulipe ,  par  exemple,  nous 
trouvons  au  centre  de  la  fleur  \e  pistil,  composé  d'un 
ovaire  prismatique  et  à  trois  faces ,  dont  le  sommet  est 
couronné  par  un  corps  glandulaire,  qui  est  le  stigmate: 
il  n'y  a  point  de  style.  En  dehors  nous  voyons  six  éta- 
mines,  dont  la  structure  n'a  rien  de  remarquable. 
Voilà  donc  les  deux  organes  sexuels;  mais  à  leur  exté- 
rieur nous  trouvons  six  pièces,  ou  segmens  membra- 
neux, parfaitement  semblables  entre  eux ,  ne  formant 
évidemment  qu'un  seul  et  même  organe.  Dans  cette 
fleur  il  manque  donc  une  des  deux  enveloppes  flo- 
rales; mais  quelle  est  celle  qui  manque?  Cette  ques- 
tion a  beaucoup  occupé  les  botanistes,,  qui  tous  ne 
sont  pas  encore  d'accord  à  ce  sujet.  Les  uns  en  effet, 
avec  Linnaeus,  veulent  que,  lorsqu'il  n'existe  qu'une 
seule  enveloppe  florale  autour  des  organes  sexuels, 
on  la  nomme  corolle,  quand  elle  offre  des  couleurs 
vives;  calice,  quand  elle  est  verte.  On  voit  combien 
cette  distinction  est  fondée  sur  des  caractères  peu 
fixes.  Les  autres,  au  contraire,  avec  M.  de  Jussieu, 
conduits   par  les   lois  de  l'analogie,  la   regardent  , 

ï5 


1l6  ORGANES    DE    LA.    REPRODUCTION. 

comme  un  calice,  quelles  que  soient  sa  couleur  et 
sa  consistance.  Nous  partagerons  cette  opinion ,  et 
nous  appellerons  calice  l'enveloppe  florale  unique 
qui  se  trouve  autour  des  organes  sexuels.  D'autres 
auteurs,  voulant  remédier  à  cette  diversité  d'opi- 
nions, et  concilier  en  quelque  sorte  les  deux  partis» 
donnent  le  nom  de  périgone  à  l'enveloppe  florale 
unique  qui  entoure  les  organes  sexuels.  La  tulipe, 
que  nous  examinons,  a  donc  un  calice  formé  de  six 
sépales,  ou  un  périgone  composé  de  six  pièces  dis- 
tinctes. 

Enfin,  comme  nous  l'avons  vu  précédemment,  il 
est  des  fleurs  dans  lesquelles  les  deux  enveloppes  flo- 
rales manquent  en  même  temps.  On  les  a  appelées 
fleurs  nues,  pour  les  distinguer  de  celles  qui  sont 
munies  d'enveloppes  florales. 


CHAPITRE   PREMIER. 

DU    PÉDONCULE    ET    DES    BRACTÉES. 

La  fleur  peut  être  fixée  de  diverses  manières  aux 
branches  ou  aux  rameaux  qui  la  supportent.  Ainsi 
tantôt  elle  y  est  immédiatement  attachée  par  sa  base, 
sans  le  secours  d'aucune  partie  accessoire  ou  intermé- 
diaire; dans  ce  cas  elle  est  àhesessile  (Jlos  sessilis).  On 
la  nomme  au  contrairp  fleur pédonculée  {Jlos pedwz- 
culatus),  quand  elle  y  est  fixée  au  moyen  d'un  pro- 
longement particulier,  nommé  vulgairement  queue  de 


PÉDONCULES    ET    BRACTÉES.  1ZJ 

la  fleur,  et  désigné  en  botanique  sous  le  nom  de  pé- 
doncule. Le  pédoncule  de  la  fleur,  de  même  que  le 
pétiole  de  la  feuille,  peut  être  simple  ou  ramifié. 
Quand  il  est  ramifié,  chacune  de  ses  divisions,  por- 
tant une  seule  fleur,  prend  le  nom  de  pédicelle,  et 
les  fleurs  sont  dites  pèdicellèes  [flores  pedicellatï). 
Ainsi  la  fleur  de  l'œillet  ordinaire  est  pédonculée,  et 
chacune  des  fleurs  qui  composent  la  grappe  du  Iilas 
ou  de  la  vigne  est  pédiceilée. 

Il  arrive  fréquemment  qu'autour  d  une  ou  de  plu- 
sieurs fleurs  réunies  on  trouve  un  certain  nombre  de 
petites  feuilles  tout-à-fait  différentes  des  autres  par 
leur  couleur,  leur  forme,  leur  consistance,  etc.  On 
leur  a  donné  le  nom  de  bractées  (àracteœ).  INCe  con- 
fondez pas  les  bractées  avec  \esjeuilles florales  pro- 
prementdites.  Celles-ci,  en  effet,  ne  diffèrent  point 
notablement  des  autres  feuilles  de  la  même  plante; 
mais  elles  sont  seulement  plus  petites,  et  plus  rappro- 
chées des  fleurs.  Ainsi, dans  le  Salvia  horminum  et  le 
Salvia  sclarœa,  les  bractées  sont  très-apparentes ,  et 
fort  distinctes  des  feuilles;  elles  sont  colorées  en  bleu. 

Quand  les  bractées  ou  les  feuilles  florales  sont  dis- 
posées symétriquement  autour  d'une  ou  de  plusieurs 
fleurs ,  de  manière  à  leur  former  une  sorte  d'enveloppe 
accessoire,  on  donneà  leur  réunion  Xewoxn^ involucre. 
Ainsi,  dans  Insylvie,  on  trouve  au-dessous  de  ia  fleur 
trois  bractées  disposées  symétriquement,  qui  consti- 
tuent un  involucre  triphylle.  L Hnvoluere  est  dit  tètra- 
phylle  ,pentaphylle ,  hexaphylle , polyphylle ,  suivant 
qu'il  est  formé  de  quatre,  cinq,  six,  ou  d'un  grand 


llH  ORGANES    DE    LA    REPRODUCTION. 

nombre  de  bractées.  Quand  le  pédoncule  est  divisé, 
et  qu'à  la  base  de  chaque  pédicelle ,  se  trouve  un 
petit  involucre,  on  nomme  celui-ci  involucelle  :  par 
exemple,  dans  la  carotte,  à  la  base  des  pédoncules, 
on  observe  un  involucre  polyphylle ,  et  à  la  base  des 
pédicelles,  un  involucelle  également  polyphyUe. 

Les  bractées  sont  le  plus  souvent  libres  de  toute 
adhérence  ;  d'autres  fois  elles  adhèrent  avec  le  pédon- 
cule de  lafleur ,  comme  dans  le  tilleul  (Tilia  europœa). 

Elles  ont  ordinairement  une  structure  et  une  con- 
sistance foliacées;  quelquefois  cependant  ce  sont  de 
petites  écailles,  plus  ou  moins  nombreuses  et  serrées 
autour  de  la  fleur.  Dans  ce  cas,  si  elles  sont  persis- 
tantes, et  qu'elles  entourent  la  base  du  fruit,  ou  l'en- 
veloppent entièrement,  à  l'époque  de  sa  maturité, 
elles  forment  ce  que  les  botanistes  nomment  une  cu- 
pule (^cupida^,  comme  dans  les  chênes,  etc. 

La  cupule  peut  être  squamacée,  c'est-à-dire  formée 
de  petites  écailles  très-serrées,  comme  dans  le  chêne 
(Quercus  Robur). 

Elle  peut  être  foliacée,  c'est-à-dire  formée  par  de 
petites  folioles,  plus  ou  moins  libres  et  distinctes, 
comme  dans  le  noisetier  (Coryt 'us  Avel la na). 

Enfin  elle  est  quelquefois pericarpoïde ,  c'est-à-dire 
formée  d'une  seule  pièce,  recouvrant  et  cachant  en- 
tièrement les  fruits,  s'ouvrant  quelquefois  régulière- 
ment, nour  les  laisser  s'échapper,  à  l'époque  de  ieur 
maturité,  comme  dans  le  châtaignier,  le  hêtre,  etc. 

Quand  Xinvolucre  entoure  une  seule  fleur,  qu'il  en 
est  très-rapproché,  et  semblable  au  calice,  on  l'ap- 


PÉDONCULES    KT    BRACTÉES.  229 

pelle  çalicule  ou  calice  extérieur,  comme  dans  la 
mauve, la  guimauve; les  fleurs  qui  ontuw  calitule&oni 
dites  caliculèes  {flores  caliculati). 

La  spathe  {spalhci)  est  un  involucre  membra- 
neux, renfermant  une  ou  plusieurs  fleurs,  qu'il 
recouvre  entièrement  avant  leur  épanouissement,  et 
qui  ne  se  montrent  à  l'extérieur  qu'après  son  dérou- 
lement ou  son  déchirement.  Par  exemple,  dans  les 
narcisses,  les  différentes  espèces  à'Allium,  telles  que 
1'ognon  commun,  etc. 

La  spathe  est  monophjlle ,  c'est-à-dire  composée 
,  d'une  seule  pièce,  comme  dans  le  gouet  {Arum  ma- 
culatum);  composée  de  deux  pièces,  ou  diphylle , 
dans  l'ail,  l'ognon,  etc. 

Elle  est  cuculliforme  {s.  cucullata),  ou  roulée  en 
cornet ,  dans  l'Arum. 

Ruptile,  c'est-à-dire  se  déchirant  irrégulièrement 
pour  laisser  sortir  les  fleurs,  comme  dans  les  nar- 
cisses. 

Biflore  ou  multiflore ,  suivant  qu'elle  renferme 
deux  ou  un  grand  nombre  de  fleurs. 

Membraneuse ,  quand  elle  est  mince  et  demi- 
transparente,  comme  dans  les  narcisses,  les  Allium. 

Ligneuse, quand  elle  offre  la  consistance  et  le  tissu 
du  bois,  comme  dans  plusieurs  palmiers.  Par  exem- 
ple, le  dattier  {Phœnix  dactylifera) ,  etc. 

Pélaloïde,  quand  elle  est  molle  et  colorée  comme 
la  corolle.  Exemple  :  le  Calla  œlhiopica ,  etc. 

Quelquefois  les  fleurs  contenues  dans  une  spathe 
sont  enveloppées  chacune   dans  une   petite  spathe 


23o  ORGANES    DE    LA    REPRODUCTION. 

particulière,  qui  porte  le  nom  de  spathille ,  comme 
la  plupart  des  Iridées. 

Les  Graminées  et  les  Cypéracées,  qui  s'éloignent 
tant  des  autres  familles  de  plantes  par  leur  aspect 
général  et  la  structure  de  leurs  organes,  n'ont  ni 
calice  ni  corolle  proprement  dits.  Les  parties  aux- 
quelles on  avait  donné  ce  nom  diffèrent  essentielle- 
ment de  ces  mêmes  organes  dans  les  autres  végé- 
taux phanérogames.  Ce  ne  sont  que  de  véritables 
involucres,  mais  qui  affectent  une  disposition  parti- 
culière, qu'on  ne  retrouve  pas  clans  les  autres  végé- 
taux; aussi  leur  a-t-on  donné  des  noms  particuliers. 

Ainsi  on  appelle  glume {gluma)  les  deux  écailles, 
de  forme  très-variée  ,  qui  sont  les  plus  voisines  des 
organes  sexuels.  (Voy.  pi.  6,  fîg.  i/i5  b  b.)  Quelque- 
fois ces  deux  paillettes  sont  soudées  en  una  seule, 
qui  alors  est  bifide,  comme  dans  YAiopecuru\,  le 
Cornucopiœ.  Toutes  les  autres  paillettes  qui  sont  en 
dehors  de  la  glume  constituent  la  lépicène  [lepicenct). 
Leur  nombre  est  très-variable.  Ainsi  il  y  en  a  une 
dans  XAgrostis  canina,  L.  ;  deux  dans  le  plus  grand 
nombre  des  autres  Àgrostis,  le  Cynodon,  etc.  (Voy. 
pi.  6,  fig.  i4?  #  a.)  Souvent,  en  dehors  des  organes 
sexuels,  on  trouve  un  ou  deux  petits  corps  de  forme 
très-variable  ;  ils  portent  le  nom  de  palêoles ,  et  leur 
ensemble  constitue  la.  gàimclle  (glumella).  (Voy.  pi.  G, 
fig.  i5,  a  a.) 

Lorsque,  dans  les  Graminées,  deux  ou  un  plus 
grand  nombre  de  fleurs  sont  réunies  de  manière  à 
former  une  sorte  de  petit  épi  nommé  èpiet  {spiculd) 


PÉDONCULES    ET    BRACTÉES.  l'5l 

ou  lodicule,  leur  enveloppe  commune  reçoit  égale- 
ment le  nom  de  lépicene;  elle  peut  être  unipaléacée, 
-comme  dans  le  Lolium,  ou  bipalèacèe,  comme  dans 
le  Paa;  ou  multipaléacêe ,  comme  dans  quelques 
espèces  à'CJniola.  11  résulte  de  là  que  chaque  petite 
fleur  en  particulier  est  dépourvue  de  lépicene  propre, 
et  n'est  entourée  que  d'une  glume,  qui,  dans  ce  cas, 
est  toujours  bipaléacée.  On  dit  alors  que  Yépiet  ou 
la  lépicene  est  biflore  ,  triflore  ,  etc.  ,  suivant  le 
nombre  des  fleurs  qu'ils  renferment. 

Revenons  encore  à  quelques  considérations  sur  le 
pédoncule. 

Le  Pédoncule ,  ou  support  particulier  des  fleurs, 
affecte  différentes  modifications  qu'il  est  utile  de  faire 
connaître. 

Ainsi,  suivant  sa  situation,  il  est  radical,  quand 
il  part  de  l'aisselle  d'une  feuille  radicale,  comme  dans 
le  pissenlit  {Taraxacam  dens  leonis),  la  primevère 
(Primula  veris). 

On  lui  donne  le  nom  spécial  de  hampe  (scapus), 
quand  il  part  immédiatement  d'un  assemblage  de 
feuilles  radicales,  comme  dans  la  jacinthe,  les  nar- 
cisses, etc. 

Il  est  caulinaire  ou  ramaire,  suivant  qu'il  naît  de 
la  tige  ou  des  rameaux;  ce  qui  est  la  disposition  la 
plus  ordinaire. 

Il  est  pétiolaire  quand  il  fait  corps,  dans  une 
partie  de  sa  longueur,  avec  le  pétiole. 

Epiphylle,  lorsqu'au  lieu  de  naître  sur  la  tige  ou 
les  rameaux,  il  prend  origine  sur  la  surface  même 


!i3a  ORGAIV.ES    DE    LA    REPRODUCTION. 

des  feuilles;  tel  est  celui  du  petit  houx  [Ruscus 
aculeatas). 

Axillaire,  lorsqu'il  naît  sur  la  tige  ou  les  rameaux 
dans  l'aisselle  des  feuilles. 

Extraxillaire  ou  latéral,  quand  il  prend  naissance 
sur  les  parties  latérales  du  point  d'insertion  de  la 
feuille,  comme  dans  les  Solanées. 

Terminal,  quand  il  termine  le  sommet  de  la  tige, 
dont  il  ne  paraît  être  que  la  continuation. 

Le  Pédoncule  est  unif/ore,  biflorey  triflore,  mul- 
tiflore ,  suivant  le  nombre  des  fleurs  qu'il  supporte. 

Ii  est  quelquefois  roulé  en  spirale  ou  en  tire-bou- 
chon, comme  dans  le  Vallisneria  spiralis;  le  pain  de 
pourceau  {Cyclamen  europœum)  offre  aussi  cette 
singulière  disposition ,  lorsque  son  fruit  approche  de 
la  maturité. 


CHAPITRE   II. 

DE     L'INFLORESCENCE. 

On  donne  le  nom  à?  mjlorescence  à  la  disposition 
générale  ou  à  l'arrangement  que  les  fleurs  affectent 
sur  la  tige  ou  les  autres  organes  qui  les  supportent. 

Les  fleurs  sont  dites  solitaires ,  toutes  les  fois 
qu'elles  naissent  seule  à  seule  de  différens  points 
de  la  tige,  à  des  distances  plus  ou  moins  grandes  les 
unes  des  autres;  par  exemple,  dans  la  tulipe,  le 
rosier  à  cent  feuilles. 


INFLORESCENCE.  2  33 

Elles  sont  terminales,  quand* elles  sont  solitaires 
et  situées  au  sommet  de  la  tige  ,  comme  dans  la 
tulipe. 

Latérales,  quand  elles  se  développent  sur  les 
côtés  des  tiges  ou  des  rameaux. 

On  appelle  fleurs  géminées  {flores  gemini)  celles 
qui  naissent  deux  à  deux  d'un  même  point  de  la  tige, 
comme  dans  le  Viola  biflora. 

Ternées  {flores  ternati),  celles  qui  naissent  trois  à 
trois  d'un  même  point  de  la  tige;  par  exemple,  celles 
du  Teucriumflavum. 

Fasciculées  ou  en  faisceau  {flores  fasciculali) , 
quand  elles  sortent  plus  de  trois  ensemble  d'un  même 
point  de  la  tige  ou  des  rameaux ,  comme  dans  le  ceri- 
sier {Cerasus  communis). 

Examinons  les  espèces  d'inflorescence  qui  ont  reçu 
des  noms  particuliers. 

i°  Lorsque  les  fleurs  sont  disposées  sur  un  axe 
commun,  simple  et  non  ramifie,  qu'elles  soient  ses- 
siles  ou  pédonculées,  que  le  pédoncule  soit  droit  ou 
penché,  elles  forment  un  épi  (spica,  flores  spicati); 
exemple  :  le  cassis  {Pdbes  nigrum),  Tépine-vinette 
(Berberis  vulgaris),  les  orchis,  etc. 

La  base  de  chaque  fleur  est  souvent  accompagnée 
d'une  écaille  ou  bractée;  l'épi  alors  est  dit  squa- 
mifère  ou  bractéolé;  par  exemple, dans  V Orchis  mili- 
tarisa 

Quelquefois  les  fleurs  sont  disposées  en  spirale  au- 
tour du  rachis,  comme  dans  YOphrys  cestivalisel  YO. 
Autxmmalis  (  Spiranthes ,  R  ich .  \ 


234  ORGA3VES    DE    LA    REPRODUCTION. 

D'autrefois  les  fleurs  sont  très-serrées,  l'épi  est  court 
et  globuleux  (spica  globosa) ,  comme  dans  YOrckis 
globosa^  plusieurs  espèces  de  scille,  etc. 

2°  Si  le  pédoncule  commun  se  ramifie  plusieurs 
fois  et  d'une  manière  irrégulière,  cette  disposition 
prend  le  nom  de  grappe  [racemus ,  flores  racemosi) , 
comme  dans  la  vis:ne. 

3°  Quand  Taxe  commun  est  dressé,  les  pédoncules 
irrégulièrementdivisés  en  pédicelles  portant  les  fleurs, 
si  cet  assemblage  a  une  forme  à  peu  près  pyramidale, 
on  lui  donne  le  nom  de  thyrse  i^thyrsus ',  flores  thyr- 
soïdei).  Te\s  sont  le  lilas  ( Syringa  vulgaris ) ,  le  troëne 
(Ligustrum  vulgare\  le  marronnier  d'Inde  {/Esculus 
Hippocastanuni).  Cette  espèce  d'inflorescence  se  dis- 
tingue à  peine  de  la  grappe. 

4°  On  dit  que  les  fleurs  sont  disposées  en  panicule 
{^flores paniculati),  quand  l'axe  commun  se  ramifie,  et 
que  ses  divisions  secondaires  sont  très-allongées  et 
écartées  les  unes  des  autres.  Cette  espèce  d'inflores- 
cence appartient  presque  exclusivement  aux  Grami- 
nées; telles  sont,  par  exemple,  les  fleurs  mâles  du 
blé  de  Turquie  (Zea  Mays),  X Agrostis  spica  venti, 
la  canne  [Arundo  Donax),  etc. 

5°  Les  fleurs  sont  disposées  en  corymbe  (flores 
corymbosi),  quand  les  pédoncules  et  les  pédicelles 
partent  de  points  différens  de  la  partie  supérieure  de 
la  tige  ,  mais  arrivent  tous  à  peu  près  à  la  même 
hauteur,  comme  on  le  remarqua  dans  la  millefeuille 
(  Àchillœa  Millefoliiim  ). 

6°  La  disposition  en  ryme  (flores  cymosi)  est  celle 


INFLORESCENCE.  2  35 

dans  laquelle  les  pédoncules  partent  d'un  même  point , 
les  pédicelles  étant  inégaux ,  et  partant  de  points  diffé- 
rens,  mais  élevant  toutes  les  fleurs  à  la  même  hauteur, 
comme  on  le  remarque  dans  le  sureau  noir  (Sambucus 
nïgra),  le  cornouiller  (Cornus  sanguinea),  etc. 

70  Les  fleurs  sont  dites  en  ombelle  [flores  umbellatî), 
quand  tous  les  pédoncules,  égaux  entre  eux,  partent 
d'un  même  point  de  la  tige,  divergent,  se  ramifient 
en  pédiceiles,  qui  partent  également  tous  de  la  même 
hauteur,  en  sorte  que  l'ensemble  des  fleurs  repré- 
sente une  surface  bombée,  comme  un  parasol  étendu 
(umbella).  Cette  disposition  se  rencontre  dans  toute 
une  famille  très -naturelle  de  plantes,  les  Ombelli- 
fères  ;  telles  sont  la  carotte  [Daucus  Carotta),  la  ciguë 
[Conium  maculatum) ,  l'opoponax  (Pastinaca  Opo- 
ponax),  etc. 

L'ensembledespédoBculesréunis  forme  une  ombelle; 
chaque  groupe  de  pédicelles  constitue  une  ombeîlule. 

Très-souvent,  à  la  base  de  l'ombelle,  on  trouve  un 
involucre,  et  à  la  base  de  chaque  ombeîlule  un  in  vol  u- 
celle  ,  commedans  la  carotte.  D'autres  fois  l'involucre 
manque,  et  il  existe  des  involucelles,  comme  dans  le 
cerfeuil  {Chœrophyllwn  sativum).  Enfin  l'involu- 
cre et  les  involucelles  peuvent  ne  pas  exister  du  tout, 
comme  dans  le  Pimpinella  SaxiJ'raga ,  Pimpinella 
magna,  etc. 

8°  Les  fleurs  sont  disposées  en  sertule  {flores  serin- 
lati),  quand  les  pédoncules  sont  simples ,  partant  tous 
du  même  point,  et  arrivant  à  peu  près  à  la  même 
hauteur,  comme  dans  le  jonc  fleuri  (  Buto/nus  umbcl- 


236      ORGANES  DE  LA  REPRODUCTION. 

latus),  la  plupart  des  espèces  du  genre  Alliwn,  les 
primevères,  etc. 

Cette  espèce  d'inflorescence  avait  été  réunie  à  l'om- 
belle; mais  elle  en  est  trop  différente  pour  ne  pat 
mériter  un  nom  particulier. 

90  Les  flears  sont  en  verticille  ou  verticillêes  (Jïores 
verticillati) ,  quand  elles  forment  un  anneau  autour 
d'un  même  point  de  la  tige.  Presque  toutes  les  Labiées 
ont  leurs  fleurs  disposées  en  verticilles.  Exemple  :  le 
serpolet  {^Thymus  Serpylium) ,  le  petit  chêne  (  Teu- 
crium  Chamœdrys) ,  la  Monarda  coccinea;  certaines 
plantes  d'autres  familles ,  comme  le  genre  Myriophyl- 
lum,  Y Hippuris  vulgaris ,  etc. 

io°  On  nomme  spadice  [s padix,  flores  spadicei) 
une  espèce  d'inflorescence  dans  laquelle  le  pédon- 
cule commun  est  couvert  de  fleurs  unisexuées  nues, 
c'est-à-dire  sans  calice  propre„ordinairement  distinc- 
tes et  séparées  les  unes  des  autres,  comme  dans  X A- 
ruin  maculatum,  le  Callapaluslris,  etc.  Quelquefois 
cependant  on  trouve  des  écailles  qui  entrecoupent  les 
différentes  fleurs;  mais  elles  ne  peuvent  être  regar- 
dées comme  des  calices,  puisqu'elles  naissent  de  la 
substance  même  du  pédoncule,  dont  elles  paraissent 
être  des  appendices,  et  sont  toujours  situées  au-des- 
sous du  point  qui  donne  attache  aux  fleurs,  comme 
dans  certaines  espèces  de  poivrier. 

Le  spadice  est  propre  aux  plantes  monocotylédo- 
nées.  Quelquefois  il  est  nu,  c'est-à-dire  sans  enve- 
loppe destinée  à  le  recouvrir,  comme  dans  les  poivriers. 
D  autrefois  il  est  enveloppé  d'une   spathe,  comme 


INFLORESCENCE.  <j37 

dans  les  Àroïdes  et  certaines  espèces  de  Palmiers. 

ii°  Le  chaton  ( amentum ,  flores  amentacei)  est 
une  disposition  dans  laquelle  des  fleurs  unisexuées 
sont  insérées  sur  des  écailles  qui  leur  servent  en  quel- 
que sorte  de  pédoncule  ;  telles  sont  les  fleurs  mâles  du 
noyer  {Juglans  regïa) ,  du  noisetier  (Corylus  Avel- 
lana ,  les  fleurs  mâles  et  femelles  des  saules  ,  etc. 
Cette  espèce  d'inflorescence  se  rencontre  dans  toute 
une  famille  de  végétaux,  composée  d'arbres  plus  ou 
moins  élevés,  et  que  l'on  a  nommée  A  inenlacées  (t). 
Tels  sont  les  saules,  les  peupliers,  les  aunes,  le  bou- 
leau, le  charme,  le  chêne,  le  hêtre,  etc. 

12°  On  donne  le  nom  de  capitule  (capitulum)  à  la 
disposition  des  fleurs  que  les  anciens  nommaient  im- 
propre m  en  \ fleurs  composées .  C'est  ce  que  Ton  remar- 
que dans  les  chardons,  l'artichaut,  la  scorzonère,  la 
scabieuse,  etc.  Le  capitule  est  formé  par  un  nombre 
plus  ou  moins  considérable  de  petites  fleurs,  réunies 
sur  un  réceptacle  commun,  manifestement  plus  renflé 
et  plus  large  que  le  sommet  du  pédoncule  qui  le  sup- 
|  >rfrè  ,  que  l'on  nomme phoranthe ;  et  entourées  d'un 
involucre  particulier,  qu'on  désignait  autrefois  sous  le 
nom  U£  calice  commun.  Ainsi ,  par  exemple  ,  dans  l'ar- 
tichaut {Cinara  Scolymus) ,  les  feuilles  vertes  dont  on 
mange  la  base  appartiennent  à  l'involucre  :  la  partie 


(i  )  La  famille  des  Amentacées  de  Jussieu  a  été  partagée,  d'après 
les  observations  récentes  de  quelques  botanistes,  en  plusieurs 
groupes  ou  familles  très-distinctes  parla  structure  des  différentes 
parties  de  IpuYs  fleurs  et  de  leurs  fruits  ;  telles  sont  les  Cupulifères, 
les  Bétulinées  ,  les  Stdicinces,  les  Ulmacées,  etc. 


a38  ORGANES    DE    LA    REPRODUCTION. 

inférieure,  large  et  charnue,  est  \ephoranthe.  Les  fleurs 
sont  au  centre  des  folioles  de  l'involucre.  Elles  sont 
très-petites,  et  entremêlées  de  soies  roides  et  dressées. 

Le phovanthe  n'a  pas  toujours  la  même  disposition. 
Quelquefois  il  est  légèrement  concave,  comme  dans 
l'artichaut;  d'autrefois  très  -  convexe  ,  proéminent 
et  comme  cylindrique,  dans  quelques  Anthémis,  le 
Rudbeckia,  etc. 

Il  est  plus  souvent  lisse  ;  d'autrefois  cependant 
il  offre  des  espèces  d'alvéoles  dans  lesquelles  la  base 
des  petites  fleurs  est  contenue ,  comme  dans  YOuopor- 
clum.  Tantôt  il  est  nu ,  c'est-à-dire  qu'il  ne  porte  que  les 
fleurs;  d'autres  fois  les  fleurs  sont  accompagnées  d'é- 
cailles  ou  de  poils  plus  ou  moins  roides  et  acérés. 

L'involucre  ne  varie  pas  moins.  Tantôt,  en  effet, 
il  est  formé  d'un  seul  rang  de  folioles ,  comme  dans  le 
salsifix.  (Tragopogoiï)  ;  quelquefois  ces  écailles  sont 
très-nombreuses,  imbriquées,  et  formant  plusieurs  ran- 
gées, comme  dans  les  centaurées,  les  chardons,  etc. 


CHAPITRE    III. 

DE    LA.    PRÉFLEUR  AI  SON. 

On  entend  par  le  mot  de  préfleuraison  (prœflo- 
ratio ,  œstivalïo)  la  manière  d'être  des  différentes 
parties  d'une  fleur  avant  leur  épanouissement.  On 
voit,  d'après  cette  définition,  que  nous  comprenons 
ici  les  positions  variées  que  les  diverses  parties  d'une 
fleur  affectent  dans  le  bouton. 


PRiiFLEURAISOW.  23() 

Cette  considération  a  été  long-temps  négligée  ,  et 
mérite  cependant  la  plus  grande  attention  de  la  part 
des  botanistes;  car  la  préfleurais on  est  en  général  la 
même  dans  toutes  les  plantes  d'une  même  famille  na- 
turelle. Jusqu'ici  on  n'a  étudié  que  la  préfleuraison  de 
la  corolle;  mais  celle  du  calice  et  des  organes  sexuels 
n'est  pas  moins  importante  à  connaître  : 

i°  Les  pétales  ou  les  divisions  de  la  corolle 
peuvent  être  imbriqués  (pctala  imbricata ,  prœflo- 
ratio  imbrication),  quand  ils  se  recouvrent  latéra- 
lement les  uns  les  autres  par  une  petite  portion  de 
leur  largeur,  comme  dans  le  genre  Bosa,  les  pom- 
miers ,  les  cerisiers ,  le  lin ,  etc. 

2°  La  corolle  monopétale  peut  être  pliée  sur  elle- 
même  à  la  manière  des  filtres  de  papier  (  corolla 
plicata ,  prœfloratio  plicativa  )  ,  comme  dans  les 
Convolvulacées,  plusieurs  Solanées. 

3°  Les  pétales,  ou  les  divisions  de  la  corolle  mo- 
nopétale sont  quelquefois  rapprochés  et  roulés  en 
spirale  (pela/a  spiraliter  contorta  ,  prœfloratio 
torswa),  comme  dans  les  Oxalis,  les  Apocifiées,  etc. 

4°  Les  pétales  sont  souvent  chiffonnés  (petala 
corrugata,  prœfloratio  comigaliva) ,  c'est-à-dire 
plies  en  tous  sens;  comme  dans  les  pavots,  le  gre- 
nadier, les  cistes,  etc. 

5°  Les  pétales  peuvent  être  rapprochés  bords  à 
bords  comme  les  valves  d'une  capsule  {prœfloratio 
valvaris);  dans  les  Araliacées,  par  exemple. 

6°  Quand  les  pétales  sont  au  nombre  de  cinq,  qu'il 
y  en  a  deux   extérieurs  et  deux  intérieurs,    et   un 


a4o  ORGANES    DE    LA    REPRODUCTION. 

qui  recouvre  les  intérieurs  par  un  de  ses  côtés ,  et 
est  recouvert  de  l'autre  par  les  extérieurs,  M.  De- 
candolle  nomme  cette  disposition, préfloraison  quin- 
conciale  ;  par  exemple,  dans  l'œillet. 

Il  existe  encore  plusieurs  autres  modes  de  pré- 
fleuraison,  mais  moins  importans  à  connaître,  parce 
qu'ils  se  rencontrent  moins  fréquemment. 

Ces  différentes  modifications  sont  également  ap- 
plicables au  calice. 

Dans  les  Ombellifères ,  les  Urlicées,  les  étamines 
sont  infléchies  vers  le  centre  de  la  fleur;  elles  se  re- 
dressent, quelquefois  même  se  rabattent  en  dehors, 
lors  de  son  épanouissement. 


CHAPITRE    IV. 

DES    ENVELOPPES    FLORALES    EN    GÉNÉRAL. 

Nous  avons  déjà  vu  précédemment  que  les  en- 
veloppes florales  n'étaient  point  des  organes  essentiels 
de  la  fleur,  puisque  beaucoup  de  plantes  en  étaient 
entièrement  dépourvues.  Ainsi  donc  nous  ne  serons 
point  étonnés  quand  nous  verrons  des  fleurs  dans 
lesquelles  le  calice  et  la  corolle  manquent  ,  et  qui 
cependant  sont  remplacées  par  des  fruits  parfaits. 

Linnaeus  donnait  le  nom  général  de  périanthe  (pe- 
riantkium)h  l'ensemble  des  enveloppes  florales  qui 
entourent  les  organes  sexuels. 

Le  périanthe  est  simple  ou  double. 


ENVELOPPES    FLORALES.  2^1 

Quand  il  est  simple  ,  on  lui  donne  le  nom  de 
calice,  quelles  que  soient  sa  couleur  ,  sa  consistance, 
sa  forme,  comme  dans  la  tulipe,  le  lis,  les  Thy- 
mélées,  etc. 

Toutes  les  plantes  monocotylédonées  n'ont  jamais 
de  corolle;  leur  périanthe  est  toujours  simple  ;  elles 
n'ont  qu'un  calice. 

Quand  le  périanthe  est  double ,  l'enveloppe  la 
plus  intérieure,  c'est-à-dire  celle  qui  est  la  plus 
voisine  des  organes  sexuels,  prend  le  nom  de  corolle. 
On  nomme  calice  l'enveloppe  la  plus  extérieure.  On 
a  dit  encore  que  le  calice  faisait  suite  à  l'écorce  du 
pédoncule,  la  corolle  au  corps  ligneux,  ou  à  la  partie 
située  entre  la  moelle  et  l'écorce,  dans  les  plantes 
annuelles. 

Telle  est  l'opinion  généralement  admise  par  les  au- 
teurs qui  s'occupent  des  rapports  naturels  des  plantes. 
Et,  en  effet,  elle  paraît,  dans  le  plus  grand  nombre 
des  cas,  conforme  à  la  nature.  Mais  remarquons  ce- 
pendant ici,  à  l'égard  des  Monocotylédons,  que  dans 
beaucoup  de  circonstances,  surtout  quand  le  périanthe 
se  compose  de  segmens  séparés ,  on  pourrait  croire  a 
l'existence  de  deux  enveloppes  autour  des  organes 
sexuels.  En  effet,  les  six  pièces  qui  forment  le  périanthe 
simple  d'un  grawd  nombre  de  Monocotylédons  sont 
le  plus  souvent  disposées  comme  sur  deux  rangs;  en 
sorte  que  trois  paraissent  plus  intérieures,  et  trois 
plus  extérieures.  Si  nous  ajoutons  à  cela  que  les  trois 
intérieures  sont  souvent  colorées  et  pétaloïdes,  tandis 
que  les  trois  externes  sont  vertes  et  semblables  au 

16 


l[\1  ORGANES    DE    LA.    REPRODUCTION. 

calice,  nous  pourrons  concevoir  comment  on  a  pu 
admettre  dans  ces  plantes  un  périanthe  double,  c'est- 
à-dire  une  corolle  et  un  calice.  Cette  disposition  est 
surtout  remarquable  clans  l'éphémère  de  Virginie 
(  Tradescantia  virginica  )  :  son  périanthe  simple 
est  à  six  divisions,  trois  intérieures  plus  grandes, 
minces,  délicates,  d'une  belle  couleur  bleue;  trois 
extérieures  plus  petites,  vertes,  et  tout  à-fait  diffé- 
rentes des  premières.  Il  en  est  de  même  dans  X Alisma 
Plantage-,  la  sagittaire,  etc.,  qui  ont  toujours  les 
trois  divisions  intérieures  de  leur  périanthe  colorées 
et  pétaloïdes,  tandis  que  les  trois  extérieures  sont 
vertes  et  caliciformes. 

Mais  ces  exceptions  n'existent  qu'en  apparence  : 
elles  s'évanouissent  devant  une  observation  plus 
exacte.  Car,  bien  que  les  six  segmens  du  périanthe 
d'un  grand  nombre  de  Monocotylédons  soient  disposés 
sur  deux  rangs,  cependant  ils  ne  forment,  sur  le 
sommet  du  pédoncule  qui  les  supporte,  qu'un  seul  et 
même  cercle,  c'est-à-dire  qu'ils  n'ont  qu'un  point 
d'origine  commun,  et  se  constituent  manifestement 
tous  les  six  avec  la  partie  la  plus  extérieure  du  pé- 
doncule. Ils  ne  forment  donc  qu'un  seul  et  même 
organe,  c'est-à-dire  un  calice.  En  effet,  s'ils  consti- 
tuaient deux  enveloppes  distinctes,  un  calice  et  une 
corolle,  le  point  d'insertion  de  la  corolle  serait  plus 
intérieur  que  celui  du  calice  ,  puisqu'elle  se  continue 
avec  la  substance  ligneuse  de  la  tige  ou  la  partie  qui 
la  représente,  tandis  que  le  calice  est  une  suite  de 
l'épidermc  ou  de  la  partie  la  plus  extérieure  du  pé- 


ENVELOPPES    FLORALES.  ^43 

doncule.  De  tout  jceci  nous  pouvons  conclure  que 
dans  les  Monocotylédons,  il  n'y  a  jamais  de  corolle 
mais  seulement  un  calice  ,  quelles  que  soient  la 
coloration  et  la  disposition  des  parties  qui  le  cons- 
tituent. 

La  vaste  et  intéressante  famille  des  Orchidées,  qui 
s'éloigne  autant  des  autres  plantes  monocotylédonées 
par  la  forme  et  l'apparence  extérieure  de  ses  fleurs  que 
par  leur  organisation  intérieure,  nous  présente  éga- 
lement un  périanthe  simple  à  six  divisions,  mais  qui 
subit  des  modifications  particulières  qu'il  est  impor- 
tant de  noter  ici.  De  ces  divisions,  trois  sont  plus 
intérieures,  trois  plus  extérieures  que  les  précé- 
dentes. Les  trois  externes  sont  fort  souvent  réunies 
ensemble,  avec  deux  des  intérieures,  à  la  partie 
supérieure  de  la  fleur,  et  constituent,  en  se  rappro- 
chant intimement  les  unes  contre  les  autres,  une 
espèce  de  voûte  ou  de  casque  qui  recouvre  et  protège 
les  organes  sexuels.  De  là  le  calice  est  dit  en  casque 
[calyx  ga/eattis).  Des  trois  divisions  intérieures, 
l'une  est  moyenne  et  inférieure,  d'une  forme  et  d'une 
couleur  ordinairement  différentes  de  celles  des  deux 
autres.  Elle  a  reçu  le  nom  particulier  de  labelle 
{labelluni}.  C'est  cette  troisième  partie  qui,  dans  un 
grand  nombre  d'espèces ,  offre  des  formes  si  variées 
et  si  extraordinaires.  Tantôt,  en  effet,  vous  croiriez 
apercevoir  une  abeille-bourdon  se  reposant  sur  la 
\>\w\\.e  (Ophrys  apifera),  tantôt  une  araignée  (Ophrys 
aranifera);  d'autres  fois  un  singe  dont  les  parties 
inférieures  sont  écartées  (Orchis  zoophora,  Ophrys 


l[\[\  ORGANES    DE    LA.    REPRODUCTION. 

anthropophora).  Dans  plusieurs  genres  de  eette  fa- 
mille, le  labelle  présente  à  sa  partie  inférieure  un 
prolongement  creux,  en  forme  de  cornet,  auquel  on 
a  donné  le  nom  èH  éperon  i^caïcar^).  Dans  ce  cas  il  est 
dit  éperonné  {labellum  calcaratum).  La  présence, 
l'absence  ou  la  longueur  respective  de  l'éperon  ser- 
vent de  caractère  distinctif  à  certains  genres  d'Or- 
chidées. 

Les  enveloppes  florales,  malgré  la  délicatesse  de 
leur  tissu  et  les  couleurs  variées  dont  elles  sont  fort 
souvent  embellies,  ne  sont  en  général  que  des  feuilles 
légèrement  modifiées.  C'est  surtout  pour  le  calice 
que  cette  analogie,  cette  identité  même  de  structure 
est  plus  frappante.  En  effet,  il  est  des  fleurs  dans 
lesquelles  les  sépales  ou  folioles  du  calice  ont  tant  de 
ressemblance  avec  les  feuilles,  qu'il  est  difficile  de 
ne  pas  les  considérer  comme  un  seul  et  même  organe. 
Cependant,  pour  faciliter  l'établissement  des  carac- 
tères génériques  des  plantes,  les  botanistes  sont  con- 
venus de  regarder  comme  tout-à-fait  distincts  des 
organes  dont  la  structure  est  identiquement  la  même. 

Nous  allons  maintenant   étudier   séparément  les  - 
deux  enveloppes  florales  qui  composent  le  périanthe 
double ,  c'est-à-dire  le  calice  et  la  corolle. 


CALICE.  245 


CHAPITRE   V. 

DU    CALICE.     • 

Le  calice  est  l'enveloppe  la  plus  extérieure  du 
périanthe  double,  ou  ce  pèrianthe  lui-même,  quand 
il  est  simple. 

Il  est  facile  de  prouver  par  l'analogie  que  le 
pèrianthe  simple  est  un  calice ,  et  non  point  une 
corolle,  comme  Linnœus  le  nommait  souvent. 

En  effet,  un  principe  général ,  sanctionné  par  tous 
les  botanistes,  c'est  que  l'ovaire  est  appelé  infère 
{ovarium  inferum)  toutes  les  fois  qu'il  fait  corps, 
ou  qu'il  est  soudé  avec  le  tube  du  calice  par  tous  les 
points  de  sa  périphérie.  Or  l'ovaire  est  infère  dans  un 
grand  nombre  de  Monocotylédons  qui  n'ont  qu'un 
périanthe  simple,  tels  que  dans  les  Iridées,  les 
Narcisses,  les  Orchidées,  etc.  On  doit  donc  conclure 
de  laque  cette  enveloppe  unique,  entièrement  sou- 
dée par  sa  base  avec  l'ovaire,  est  un  véritable  calice. 

Le  calice  est  monosépale  (  calyx  monosepalus  ) 
toutes  les  fois  qu'il  est  d'une  seule  pièce,  comme 
clans  la  stramoine  et  toutes  les  autres  Solanées ,  dans 
1-a  sauge  et  toutes  les  autres  Labiées.  (Voy.  pi.  5, 
fig.  1,  2,  3.  ) 

Il  est polysépale  {calyx  polysepalus)  quand  il  est 
formé  d'un  nombre  plus  ou  moins  considérable  de 
pièces  distinctes,  qu'on  peut  isoler  les  unes  des  autres 


2^6  ORGANJiS   DE    LA.    REPRODUCTION. 

sans  aucune  déchirure  de  leur  substance,  et  aux- 
quelles on  donne  le  nom  de  sépales,  comme  dans  la 
giroflée,  le  cresson,  etc. 

Toutes  les  fois  que  le  calice  fait  corps  avec  l'ovaire, 
ou,  ce  qui  est  la  même  chose,  toutes  les  fois  que 
l'ovaire  est  infère,  le  calice  est  nécessairement  mono- 
sépale. 

Le  calice  monosépale  persiste  presque  toujours 
après  la  fécondation.  Très-souvent  il  accompagne  le 
fruit  jusqu'à  l'époque  de  sa  maturité.  Quelquefois 
même  il  prend  de  l'accroissement  à  mesure  que  le 
fruit  approche  delà  maturité,  comme  on  le  remarque 
dans  l'Alkékenge  (Phjsalis  Alkekengi),  etc. 

Le  calice  poljsépale  est  généralement  caduc;  il 
tombe  le  plus  souvent  à  l'époque  de  la  fécondation, 
quelquefois  même  aussitôt  que  la  fleur  s'épanouit , 
comme  dans  les  pavots. 

On  distingue  dans  le  calice  monosépale  le  tube,  ou 
la  partie  inférieure,  ordinairement  allongée  et  rétré- 
cie;  le  limbe  ou  la  partie  supérieure,  plus  ou  moins 
ouverte  et  étalée;  la  gorge  {faux),  ou  la  ligne  qui 
sépare  le  tube  du  limbe. 

Le  limbe  du  calice  monosépale  peut  être  plus  ou 
moins  profondément  divisé.  Ainsi  il  est  simple- 
ment : 

i°  Denté  {caljx dentatus),  quand  il  offre  des  den- 
telures aiguës.  II  peut  être  tridenlè  (c.  tridentalus) , 
comme  dans  la  camelée  [Cneorum  tricoccum);  qua- 
dridentè  (c.  quadritenlatus)^  comme  dans  le  troëne  , 
le  lilas  (voy.  pi.  5,  fig.  i  );  quinquêdentè  (c.  quin- 


CALICE.  2^7 

quedentatus),  dans  un  grand  nombre  de  Labiées  et 
de  Caryophjllèes ,  etc.,  suivant  qu'il  présente  trois, 
quatre  ou  cinq  dents.  Ces  dents  elles-mêmes  peuvent 
offrir  différentes  dispositions.  Ainsi  elles  sont  égales 
ou  inégales,  dressées,  étalées  ou  réfléchies.  Ces  di- 
verses expressions  s'entendent  d'elles  -  mêmes  ,  et 
n'ont  pas  besoin  d'être  définies  plus  longuement. 

i°  Le  calice  monosépale  peut  être  fendu  (c.fissus) , 
quand  les  incisions  atteignent  environ  la  moitié  de  la 
hauteur  totale tlu  calice.  De  là  on  dit  qu'il  est  : 

Bifide  (c.  bi/zdus),  comme  dans  la  pédiculaire  des 
marais  (Pedicularis palustris)  ; 

Trifide  (  c.  trijldus)  ; 

Quadrijîde  (c.  quadrifidus) ,  comme  dans  le  Rham- 
thns  cris  ta  galli,  etc.; 

Quinquéflde  (c.  quinquefidus) ,  dans  la  jusquiame 
{Hjosciamus  niger),  le  tabac  (  voy.  pi.  5,  fig.  u); 

Multijîde  (multifîdus),  etc.; 

3°  Quand  les  divisions  sont  très-profondes,  et  par- 
viennent presque  jusqu'à  sa  base,  on  dit  alors  du 
calice  qu'il  est  : 

Biparti  (c.  bipartitus) ,  comme  dans  le  genre  Oro- 
banche ; 

Triparti  (c.  tripartitus) ,  comme  dans  X Anonatri- 
loba  ; 

Quadriparii  (c.  quadripartites),  dans  la  véronique 
officinale  {Veronica  officinalis)  ; 

Quinquèparti  (c.  quinqueparlitus) ,  dans  la  bour- 
rache ( Borrago  offîcinalis),  Xa  digitale  pourprée  (Di- 
gitalis  purpurea  )  ,  etc.  ; 


Q.l\8  ORGANES    DE    LA    REPRODUCTION. 

Multiparti  (  c.  multipartitus  ) ,  etc. 
Enfin  ,  par  opposition  à  toutes  ces  expressions ,  on 
dit  du  calice  qu'il  est  entier  {^calyx  integer),  quand 
son  limbe  ne  présente  ni  dentelures  ni  incisions;  par 
exemple,  dans  beaucoup  de  genres  d'Ombeîlifères. 
Le  calice  monosépale  peut  être  régulier  ou  irré- 
gulier. 

Il  est  régulier  (c.  regularis  )  quand  toutes  ses  inci- 
sions sont  parfaitement  égales  entre  elles  ,  quelles 
que  soient  d'ailleurs  leur  figure  ou  leur  forme  ;  par 
exemple,  celui  de  la  bourrache,  de  l'œillet,  etc. 

Il  est  irrégulier y  au  contraire  (c.  irregularis),  quand 
les  parties  correspondantes  n'ont  point  une  même 
figure  ni  une  grandeur  égale  ,  comme  dans  la  capu- 
cine [Tiopœolum  majui). 

Quant  à  sa  forme ,  le  calice  est  tubuleux  (c.  tubu- 
losus),  quand  il  est  étroit,  très -allongé,  et  que  son 
limbe  n'est  point  étalé,  comme  dans  la  primevère 
(Pri/nula  veris)  l'œillet,  etc.  (  voy.  pi.  5,  fig.  10); 
Turbiné  (c.  turbinatus)  ,  ayant  la  forme  d'une 
poire  ou  d'une  toupie  ;  par  exemple ,  dans  la  bour- 
gène; 

Urcéolé  (c.  urceolalus ,  ■ventricosus) ,  renflé  à  sa 
base,  resserré  à  la  gorge,  le  limbe  étant  dilaté,  comme 
dans  le  genre Rosa,  la  jusquiame  (ffyosciamus  niger); 
Enflé  ou  vésiculeux  (c.  inflatus ,  vesiculosus), 
quand  il  est  mince  ,  membraneux,  dilaté  comme  une 
vessie,  beaucoup  plus  large  que  la  base  de  la  corolle 
qu'il  entoure,  comme  dans  le  Cucubalus  Behen,  le 
Bhinanthus  cn'sta  galli ,  etc.; 


CALICE.  249 

Campanule  ou  en  cloche  (c.  campanidalus),  dilaté 
de  la  base  vers  l'orifice ,  qui  est  très-ouvert ,  comme 
dans  la  fausse  mélisse {MeUuis  melissophyllurn) ,  la 
molucelle,  etc.; 

Cupule  (c.  cupulifbrmis),  aplati  ou  légèrement 
concave,  comme  dans  le  citronnier  [Citrus  medicd)\ 

Cylindrique  (c.  cylindricus ) ,  lorsque,  de  sa  base 
jusqu'à  sa  partie  supérieure,  il  forme  un  tube  dont 
tous  les  diamètres  sont  à  peu  près  égaux ,  comme 
dans  l'œillet  (voy.  pi.  5,  fig.  10); 

Clavi forme  ou  en  massue  (c.  clavatus ,  clavifor- 
mis),  quand  le  tube  est  légèrement  renflé  à  son 
sommet,  comme  dans  le  Silène  armeria; 

Comprimé  (c.  compressas),  large  et  aplati  latéra- 
lement, comme  dans  la  pédiculaire  des  marais  {Pe- 
dicularis  palus  tris)  ; 

Prismatique  (c.  prismalicus),  ayant  des  angles  et 
des  faces  bien  marqués,  comme  dans  la  pulmonaire 
(  Pulmonaria  ojjicinalis)  ; 

Anguleux{c.  angulosus),  offrant  un  grand  nombre 
d'angles  saillans  et  longitudinaux  ; 

Sillonné  (c.  sulcaius),  offrant  des  lignes  rentrantes 
longitudinales; 

Bilabié  (c.  bilabiatus) ,  ayant  ses  divisions  dispo- 
sées de  manière  à  offrir  une  lèvre  supérieure  et  une 
inférieure,  écartées  Tune  de  l'autre;  par  exemple, 
dans  la  sauge  (Salvia  officinalis)  et  un  grand  nombre 
d'autres  Labiées  ; 

Éperonné  (c.  calcaratus),  présentant  un  prolon- 


2DO  ORGANES    DE    LA    REPRODUCTION. 

gement  creux  à  sa  base  ,  comme  dans  la  capucine 
(  Tropœolum  majus)  ; 

Diptère  (c.  dipterus),  présentant  deux  appendices 
latéraux  et  membraneux,  en  forme  d'ailes; 

Triptére  (c.  tripterus),  offrant  trois  appendices 
latéraux,  membraneux,  en  forme  d'ailes. 

Le  caiice  est  souvent  coloré  assez  vivement,  sur- 
tout quand  il  n'existe  pas  de  corolle;  dans  ce  cas 
il  est  dit  pètaloïde  ou  corolli forme  (  c.  petaloï- 
deus ,  corolliformis) ,  comme  dans  le  bois  gentil 
(  Daphne  Mezereum  )  ,  les  narcisses  ,  les  Orchi- 
dées, etc. 

Il  est  important  de  mentionner  les  proportions  re- 
latives du  calice  et  de  la  corolle.  Ainsi,  ordinaire- 
ment, le  calice  est  plus  court  que  la  corolle  (calyx 
corolld  brevior).  D'autres  fois  il  est  plus  long  (calyx 
corolld  longior),  comme  dans  la  nielle  des  blés 
[Agroslemma  Gilhago).  Enfin  il  peut  être  égal  à  la 
corolle  (calyx  corollœ  œqualis). 

Le  calice  peut  être  libre  de  toute  adhérence ,  ou 
bien  il  peut  être  soudé  et  faire  corps ,  en  tout  ou 
en  partie,  avec  l'ovaire:  dans  ce  cas,  le  calice  est 
dit  adhèrent  {calyx  ovario  adhœrens),  et  l'ovaire 
est  nécessairement  infère. 

Le  calice  polysépale  peut  être  composé  d'un 
nombre  plus  ou  moins  considérable  de  sépales ,  ou 
pièces  distinctes;  ainsi  il  est  : 

Disépale(c.disepalus),  quand  il  est  formé  de  deux 
sépales ,  comme  dans  le  pavot  (Papaver  somirijé- 
rum)y  la  fumeterre  {Fumaria  ofjîcinalis); 


calice.  a5i 

Trisépale  (c.  trisepalus),  formé  de  trois  sépales , 
comme  dans  la  ficaire  {Ficaria  ranunculoïdes)  ; 

Tétrasépale  (c.  tetrasepalus) ,  offrant  quatre  sé- 
pales ,  comme  dans  le  chou ,  la  rave ,  le  cresson  et 
les  autres  Crucifères  (voy.  pi.  5,  fig.  9); 

Penlasèpale  {c.  pentasepalus) ,  quand  il  est  com- 
posé de  cinq  sépales,  comme  celui  du  lin  (Liruun 
usitatissimum),  etc. 

Quant  aux  sépales ,  leur  figure  ou  leur  forme  doit 
être  étudiée  et  considérée  comme  celles  des  feuilles 
ou  des  divisions  du  calice  monosépale  ;  ainsi  ils 
peuvent  être  lancéolés,  aigus,  obtus,  cordi/ormes,etc. 

Un  calice  polysépale  peut  aussi  présenter  diffé- 
rentes formes  par  l'arrangement  que  les  sépales 
prennent  entre  eux;  ainsi  il  est  tabulaire  (c.  tubu- 
laris),  quand  les  sépales  sont  longs,  dressés,  rap- 
prochés de  manière  à  former  un  tube.  Beaucoup 
de  Crucifères  sont  clans  ce  cas.  (Voy.  pi.  5,  fig.  9.) 

Il  peut  être  campanulaire  (c.  campanularis); 

En  étoile  (c.  stellaris),  quand  il  est  formé  de 
cinq  sépales  égalés  et  égaux  ,  comme  dans  plusieurs 
Caryophyllées. 


ORGANES    DE    LA    REPRODUCTION. 


CHAPITRE   VI. 

DE    LA    COROLLE. 

La  corolle  n'existe  jamais  que  lorsqu'il  y  a  un  pe- 
rianthe  double  ;  c'en  est  l'enveloppe  la  plus  inté- 
rieure. Elle  entoure  immédiatement  les  organes  de 
la  reproduction  ;  quoique  faisant  suite  à  la  partie 
ligneuse  de  la  tige,  son  tissu  est  mou  et  délicat.  Sou- 
vent peinte  des  plus  riches  couleurs,  elle  attire  prin- 
cipalement les  regards  du  vulgaire ,  qui  ne  voit  des 
fleurs  que  là  où  il  y  a  de  grandes  et  brillantes  co- 
rolles ,  ou  des  périanlhes  colorés.  Le  botaniste,  au 
contraire,  ne  considère  cet  organe  que  comme  ac- 
cessoire à  l'essence  de  la  fleur;  tandis  qu'un  pistil 
ou  une  étamine  quelquefois  à  peine  visibles  consti- 
tuent pour  lui  une  véritable  fleur. 

La  corolle  peut  être  monopétale  (corolla  tnonope- 
tala),  c'est-à-dire  formée  d'une  seule  pièce,  comme 
dans  la  digitale  pourprée  (Dïgïtalîs  purpurea),  le 
liseron  {Convolvulus  arvensis),  la  belladone  (Atropa 
belladond).  (Voyez  pi.  5,  fig.  i,  2,3,  4-) 

Elle  peut  être  composée  d'un  nombre  plus  ou  moins 
considérable  de  segmens  isolés,  qu'on  nomme  pétales 
(petala)  :  dans  ce  cas,  elle  est  appelée  poljpétale 
{cor.  poljpetalà) ,  comme  dans  la  rose ,  l'œillet ,  le 
chou,  la  giroflée.  (Voyez  pi.  5,  fig.  9,  10,  i  1.) 

Toutpétale  offre  à  considérer,  1  °  Y  onglet  (imguis) , 
ou  la  partie  inférieure  rétrécie,  plus  ou  moins  allon- 


COROLLE.  -i  5  3 

gée,  par  laquelle  il  est  attaché;  2°  la  lame  [lamina) 
ou  la  partie  élargie,   de  forme  variée  ,  qui  surmonte 


'onglet. 


La  figure  des  pétales  varie  singulièrement,  et  peut 
être,  en  général,  rapportée  aux  différentes  modifica- 
tions que  nous  avons  indiquées  pour  les  feuilles; 
ainsi  il  y  en  a  qui  sont  arrondis ,  d'autres  allongés, 
aigus ,  obtus,  dentés,  entiers,  etc. ,  etc. 

De  même  que  le  calice,  la  corolle  peut  être  régu- 
lière ou  irrégulière. 

Elle  est  régulière  toutes  les  fois  que  ses  incisions 
et  ses  divisions  sont  égales  entre  elles,  ou  que  ses 
parties  paraissent  être  disposées  régulièrement  au- 
tour d'un  axe  commun.  Par  exemple,  celle  de  la 
campanule  raiponce  [Campanula Rapunculus),  de  la 
giroflée  jaune  {Cheiranthus  Ckeirïj.  (Voyez  pi.  5 ,  fig. 
î,  2,  3,  9,  etc.) 

Elle  est  irrégulière,  au  contraire,  quand  ses  inci- 
sions sont  inégales  ,  ou  que  les  différentes  parties 
qui  la  composent  ne  paraissent  pas  disposées  symé- 
triquement autour  d'un  axe  commun  fictif,  comme 
dans  le  muflier  (Antirrhinum  majus),  l'utricuîaire 
[Utricularia  vulgaris),  la  capucine  [Tropœolum 
majus),  etc.  (Voyez  pi.  5,  fig.  7,  8,  12.) 

La  corolle  monopétale  tombe  d'une  seule  pièce  en 
se  fanant.  Quelquefois  sa  base  persiste ,  comme  dans 
la  belle-de-nuil  {Nyctago  hortensis). 

Dans  la  corolle  polypêtale ,  au  contraire,  chacun 
des  pétales  tombe  isolément.  Cependant  il  peut  ar- 
river que,  dans  une  corolle  polypêtale  ,  les  segmens 


•254  ORGANES    DE    LA    REPRODUCTION. 

ou  pétales  tombent  tous  ensemble  et  réunis  par  leur 
base,  comme  dans  la  mauve,  [MaLva  rotundifolid) , 
la  guimauve  {Althœa  officinalis) .  Dans  ce  cas,  la 
corolle  n'en  est  pas  moins  polypétale;  mais  les  pé- 
tales sont  réunis  accidentellement  à  leur  base  par 
un  prolongement  de  la  substance  des  filets  des  éta- 
mines.  On  pourrait  citer  encore  plusieurs  autres 
exemples  analogues. 

On  dit  d'une  corolle  monopétale  qu'elle  est  épe- 
i-onhée  (c.  calcarala),  quand  elle  offre  à  sa  base  un 
prolongement  creux,  en  forme  de  cornet,  comme 
dans  la  linaire  (Linariavulgaris).  (Voy.  pi.  5,  fig.  7.) 

La  corolle  monopétale  offre  à  considérer  trois  par- 
ties, i°  une  inférieure,  ordinairement  Cylindrique 
et  tubulifonne,  plus  ou  moins  allongée,  qu'on  ap- 
pelle tube  (tubus)',  i°  une  partie  supérieure  au 
tube,  plus  ou  moins  évasée,  quelquefois  étalée  et 
même  réflécbie  :  on  la  nomme  limbe  (/imbus).  Enfin 
la  ligne  circulaire  qui  sépare  le  tube  du  limbe  prend 
le  nom  de  gorge (Jaux ,  palatum).  Ces  trois  parties 
sont  essentielles  à  considérer;  en  effet,  leurs  formes 
variées,  leurs  proportions  relatives  fournissent  au 
botaniste  des  caractères  propres  à  distinguer  certains 
genres  de  plantes.  ("Voyez  pi.  5,  fig.  r,  2,  etc.) 

En  général  la  corolle  monopétale  donne  attacbe 
aux  é lamines. 

Nous  allons  maintenant  passer  en  revue  les  diffé- 
rentes modifications  que  présentent  la  corolle  mono- 
pétale  et  la  corolle  polypétale,  quand  elles  sont  ré- 
gulières ou  irrégulières. 


COROLLE.  a  55 

§  i .  Corolle  monopétale  régulière. 

La  corolle  monopétale  régulière  offre  des  formes 
très-variées: 

i°  Ainsi  elle  est  tubulèe  (tubulata)  quand  son 
tube  est  très-allongé,  comme  dans  la  belle-de-nuit 
(Nyctago  hortensis),  le  lilas  (Syringa  vulgaris). 
(Voyez  pi.  5,  fig.  i,  2.) 

Le  tube  est  quelquefois  capillaire  ou  filiforme , 
comme  dans  certaines  Synanthérées. 

2°  La  corolle  est  en  cloche  ou  campanulèe  {cor. 
campanulata) ,  lorsqu'elle  ne  présente  pas  de  tube 
manifeste,  mais  qu'elle  va  en  s'évasant,  de  la  base 
vers  la  partie  supérieure,  comme  dans  la  raiponce 
Campanula Rapuncidus),  le  liseron  des  haies ( Convol- 
vulus  sepium  ),  le  jalap  {Convolvulus  Jalappa),  etc. 
(Voyez  pi.  5,  fig.  3.) 

3°  Elle  est  injundibuliforme  ou  en  entonnoir  {cor. 
infundibulij ormis) ,  quand  le  tube  est  d'abord  étroit 
à  sa  partie  inférieure,  puis  se  dilate  insensiblement, 
de  manière  que  le  limbe  est  campanule.  Par  exemple, 
le  tabac  {JSicotiana  Tabacum) ,  etc.  (Voyez  pi.  5, 
fig.  2.) 

4°  On  la  dit  hjpocratériforme  (cor.  lijpocrateri- 
formis),  quand  son  tube  est  long,  étroit,  non  dilaté 
à  sa  parlie  supérieure,  que  le  limbe  est  étalé  à  plat, 
de  sorte  qu'elle  représente  la  forme  d'une  coupe  an- 
tique ,  comme  le  lilas  (Syringa  vulgaris) ,  le  jasmin 
{Jasminum  officinale),  etc.  (Voyrz  pi.  5,  fig.  i.) 

5°  La  corolle  est  rotacèe  ou  en  roue  {corolla  ro- 


2  56  ORGANES    DE    LA    REPRODUCTION. 

tata),  quand  le  tube  est  très-court  et  le  limbe  étalé 
et  presque  plane,  comme  dans  la  bourrache  (Bor- 
rago  officinalis')  et  la  plupart  des  Solanum. 

On  dit  que  la  corolle  est  étoilée  (  cor.  stellata  ), 
quand  elle  est  très -petite,  son  tube  fort  court,  et 
les  divisions  de  son  limbe  aiguës  et  allongées  :  par 
exemple  ,  dans  les  caille-laits  (  Galium),\es  aspérules 
(Jsperula),  etc. 

6°  Elle  est  urcèolèe  (cor.  urceolata),  renflée 
comme  une  petite  outre  à  sa  base  ,  rétrécie  vers 
l'orifice,  comme  dans  beaucoup  de  bruyères  (Erica), 
de  Vaccinium,  etc.  (  Voy.  pi.  5,  fig.  4») 

7°  On  l'appelle  scutellèe  (cor.  scutellata,  scutelli- 
/ormis),  quand  elle  a  la  forme  d'une  écuelle,  c'est-à- 
dire  qu'elle,  est  étalée  et  légèrement  concave. 

§  i.  Corolle  monopétale  irréguliere. 

i°  La  corolle  monopétale  irrégulière  est  dite  bila- 
biée  (cor.  bilabiata  ),  quand  le  tube  est  plus  ou 
moins  allongé,  la  gorge  ouverte  et  dilatée,  le  limbe 
partagé  transversalement  en  deux  divisions,  l'une 
supérieure,  l'autre  inférieure,  qu'on  a  comparées  à 
deux  lèvres  écartées.  Cette  forme  de  la  corolle  carac- 
térise spécialement  toute  une  famille  de  plantes,  l'une 
des  plus  naturelles  du  règne  végétal  :  ce  sont  les 
Labiées  (voy.  pi.  5,  fig.  8);  par  exemple,  le  thym 
{Thymus  vulgaris) ,  la  mélisse (Melissa officinalis) , 
la  sauge  (Salvia  officinale),  le  romarin  (  Bosma- 
rinus  officinalis) ,  etc. 


COROLLK.  5.57 

Ces  deux  lèvres  peuvent  offrir  une  foule  de 'mo- 
difications, sur  lesquelles  reposent  les  caractères 
propres  à  distinguer  les  genres  nombreux  de  cette 
famille.  Ainsi  la  lèvre  supérieure  est  tantôt  plane , 
tantôt  redressée  ,  ou  en  voûte,  ou  en  fer  de  faux. 
Elle  peut  être  entière  et  sans  incisions;  échancrée , 
bidentée  y  bilobée  ,  bifide ,  etc. 

La  lèvre  inférieure  est  ordinairement  réfléchie; 
quelquefois  elle  est  concave  et  plissèe  sur  les  bords, 
comme  dans  le  genre  Nepeta.  Elle  peut  également 
être  trifide ,  trilobée  ou  tripartie. 

Quelquefois  la  lèvre  supérieure  semble  ne  pas 
exister,  ou  du  moins  est  si  peu  développée  ,  qu'on  la 
distingue  difficilement,  comme  dans  les  genres  Teu- 
crium  et  Ajuga. 

i°  On  appelle  corolle personnée  (1)  (  corolla  per- 
sonatd)  celle  dont  le  tube  est  plus  ou  moins  allongé, 
la  gorge  très -dilatée  et  close  supérieurement  par  le 
rapprocbement  du  limbe,  qui  esta  deux  lèvres  iné- 
gales, de  manière  à  représenter  grossièrement  le 
mufle  d'un  animal,  ou  certains  masques  antiques. 
Telles  sont  celles  de  XAntirrhinum  ma/ us  ,  de  la  li- 
naire  (  Linaria  vulgaris),  etc.  (  Voy.  pi.  5  ,  fig.  7.) 

Enfin  on  a  réuni  sous  le  nom  de  corolles  monopé- 


(t)  Des  nuances  insensibles  rapprochent  les  corolles  labiées  des 
personnées.  Au9«i  est- il  très -difficile  de  les  bien  caractériser.  On 
est  obligé  d'employer  un  caractère  auxiliaire  tiré  de  la  forme  et  de 
la  structure  de  l'ovaire.  Dans  les  Labiées  ,  en  effet ,  l'ovaire  est  pro- 
fondément quadrilobé  ;  il  est  simple  au  contraire  dans  toutes  les 
véritables  Personnées. 

l7 


2.58  ORGANES    DK    LA    REPRODUCTION. 

taies  irrégulières  anomales  toutes  celles  qui,  par  leur 
forme  extraordinaire ,  l'impossibilité  où  l'on  est  de 
les  comparer  à  aucune  autre  forme  connue,  s'éloi- 
gnent des  différent  types  que  nous  venons  d'établir, 
et  ne  peuvent  être  rapportées  à  aucun  d'eux.  Ainsi 
la  corolle  de  la  digitale  pourprée  [Digitalispurpured) 
qui  offre  à  peu  près  la  forme  d'un  doigt  de  gant  (i); 
les  corolles  de  l'utriculaire  (Utricijjaria) ,  de  la  gras- 
sette  (  Pinguicula) ,  etc.  sont  également  des  corolles 
irrégulières  et  anomales. 

Dans  les  diverses  formes  de  corolles  monopétales 
régulière  et  irrégulière  que  nous  venons  d'examiner, 
les  trois  parties  qui  composent  ces  corolles,  c'est-à- 
dire  le  tube,  le  limbe  et  la  gorge,  présentent  des  mo- 
difications qu'il  est  utile  d'indiquer. 

Ainsi  le  tube  peut  être  : 

Cylindrique  ^cylindricus) ,  comme  dans  le  îilas 
(Syringa vulgaris) ,  la  belle  de  nuit  (IVjctago  hor- 
tensis),  etc.  (Voy.  pi.  5,  fig.  i.) 

11  peut  être  long  ou  court,  relativement  au  calice 
ou  au  limbe. 

Ventru  ou  enflé  [yentricosus  aut  inflatus) ,  soit  dans 
sa  partie  inférieure,  soit  vers  son  sommet;  dans  ce 
cas  il  est  dit  : 

Claviforme  ou  en  massue  {claviformis^),  comme 
dans  le  Spigelia  marylandica. 

Enfin  il  peut  être  lisse  ,   strié,   anguleux,  pris- 

(i)  Aussi  cette  plante  porte-t-elle  le  nom  vulgaire  de  gantelée.. 


COROLLE.  a5q 

matique ,  etc.  Nous  avons  déjà  plusieurs  fois  donné 
la  valeur  de  ces  expressions. 
La  gorge  (faux  )  peut  être  : 
Close  (clausa),  quand  elle   est  entièrement  fer- 
mée, comme  dans  le  grand  muflier  (  Antirrhinum 
majus). 

Ouverte  et  dilatée  (  aperta ,  patens) ,  comme  dans 
la  digitale  pourprée  ,  certaines  Labiées ,  etc. 

Elle  peut  être  garnie  de  poils,  comme  dans  le 
thym ,  l'origan ,  etc. 

Ciliée  (ciliata) ,  garnie  de  cils,  comme  dans  la 
Gentiana  amarella ,  etc. 

Couronnée  par  des  appendices  saillans  de  forme 
variée  ,  comme  dans  la  bourrache  (  Borrago  offici- 
nalis),  la  consoude  (Symphytum  consolida),  la 
buglosse  (  Anchusa  italica  ) ,  et  beaucoup  d'autres 
Borraginées. 

Enfin  on  dit,  par  opposition. aux  expressions  pré- 
cédentes, qu'elle  est  nue,  quand  elle  n'offre  ni  poils, 
ni  bosses,  ni  appendices. 

Le  limbe,  ou  la  partie  de  la  corolle  qui  surmonte 
la  gorge  peut  être  : 

Dressé  (erectus).  comme  dans  lacynoglosse  (Cyno- 
glossum  officinale  ). 

Etalé,  ouvert  (patens),  lorsqu'il  forme  un  angle 
droit  avec  le' tube,  comme  dans  le  laurier -rose 
(  Nerium  Oleander). 

Réfléchi  on  renversé  en  dehors  (reflexus  ),  comme 
celui  de  la  douce-amère  (Solanum  dulcamara),  de 
)a  canneberge  (  Vaccinium  oxycoccos),  etc. 


a6o  ORGANES    DE    LA    REPRODUCTION. 

Le  limbe  peut  être  aussi  plus  ou  moins  profondé- 
ment incisé.  Ainsi  il  est  quelquefois  simplement 
denté  sur  son  bord. 

Il  est  également  irifiak,  quadrijîde  y  quinquéfîde, 
ou  quadriparti,  quinquêparli ,  etc.,  suivant  la  pro- 
fondeur de  ses  incisions. 

La  forme  de  ces  différentes  divisions  d'un  limbe 
incisé  offre  un  grand  nombre  de  variétés  qui  peu- 
vent être  rapportées  à  celles  des  pétales  et  des  feuilles.j 

Remarquons  ici,  en  terminant  ce  qui  a  rapport  à  la 
corolle  monopétale ,  que  sa  forme  n'est  point  un  ca- 
ractère essentiel  dans  la  coordination  des  genres  en 
familles  naturelles.  En  effet,  on  trouve  souvent  plu- 
sieurs formes  réunies  ensemble,  dans  des  groupes 
essentiellement  naturels.  Ainsi,  dans  lesSolanées,  on 
voit  réunies  des  corolles  rotacées,  comme  celles  des 
Verbascum,  des  Solanum  ;  des  corolles  infundibuli- 
formes  (le  tabac);  des  corolles  hippocratériformes, 
commecertains  Cestrum,  etdes  corolles  campanulées, 
comme  dans  la  jusquiame,.la  belladone.  Nous  pour- 
rions encore  faire  un  rapprochement  semblable  dans 
beaucoup  d'autres  familles  toutes  aussi  naturelles. 

Corolle  polypétale. 

Le  nombre  des  pétales  varie  singulièrement  dans 
les  différentes  corolles  polypétales.  Ainsi  il  y  a  des  co- 
rolles formées  de  deux  pétales,  comme  dans  la  circée 
(Circœa  luteliana).  Dans  ce  cas  elle  est  dite  dipétale 
(corolla  dipetala). 


COROLLE.  -201 

Tripètale  (cor.  tripetala),  composée  de  trois  pé- 
tales, comme  celle  de  la  camélée  (Cneorum  tricoc- 
cum),  etc. 

Tètrapèlale  [cor.  tetrapelald) ,  composée  de  quatre 
pétales.  Par  exemple,  toutes  les  Crucifères,  telles  que 
le  cresson  de  fontaine  (Sisjmbrium IVaslurtium) ,  le 
raifort  (Cochlearia Armoracia) ,  lapasserage  (Lepi- 
diiun  latifoliurn),  etc.  (Voy.  pi.  5,  fig.  9.) 

Peniapétale  (cor.  pe/itapetala) ,  formée  de  cinq  pé- 
tales, comme  toutes lesOmbellifères,  les  Rosacées.*Par 
exemple,  \epan<\\s(Pastinacasativa),  le  persil  (Apium 
Petroseli/iu7n),  la  ciguë  (Coniwn  maculatum),  le 
fraisier.  (Voy.  pi.  5,  fig.  10,  11.) 

Hexapètale  (  cor.  hexapetala),  ayant  six  pétales, 
comme  l'épine- vinette  (Berberis  vulgaris,  etc.  ). 

Les  pétales  ou  segmens  d'une  corolle  polyp étale, 
peuvent  être  onguiculés ,  c'est-à-dire  munis  d'un  oti- 
glet  très-apparent,  comme  dans  l'œillet,  la  giroflée 
jaune.  (Voy.  pi.  5,  fig.  9,  a.  )  Ou  bien  ils  peuvent 
être  sessiles ,  c'est-à-dire  sans  onglet  ou  inonguiculés 
comme  dans  la  vigne  (Fuis  vinifèra),  la  gypsophile 
(  Gypsophila  muralis  ) ,  etc. 

La  longueur  et  la  proportion  de  V onglet,  relative- 
ment au  calice,  mérite  aussi  d'être  notée.  En  effet, 
Y  onglet  est  souvent  plus  court  que  le  calice  (un  guis 
calice brevior^)  ;  d'autres  fois,  au  contraire  ,  il  est  plus 
long  que  lui  et  le  dépasse  (unguis  caljce  longior)- 

Les*  pétales  sont  souvent  dressés  (pet  a  la  erecta), 
c'est-à-dire  qu'ils  suivent  une  direction  parallèle  à 
l'axe  de  la  fleur ,  comme  dans  le  Geum  rivale. 


2Ô2  ORGANES    DL    LA    REPRODUCTION. 

Ils  sont  quelquefois  infléchis  [petala  inflexa  ) , 
courbés  vers  le  centre  de  la  fleur,  comme  dans  beau- 
coup d'Ombellifères. 

Etalés  {petala patentia),  comme  dans  le  fraisier 
[Fragaria  vesca),  la  benoîte  [Geum  urbanum) ,  etc. 
(Voy.pl.  5,fig.  il.) 

Réfléchis  [pet.  reflexa),  se  renversant  en  dehors. 

La  figure  des  pétales  est  extrêmement  variable;  ses 
principales  modifications  peuvent  être  rapportées  à 
celîes  déjà  établies  précédemment  pour  les  feuilles  ou 
les  sépales.  Cependant  ils  offrent  quelquefois  des  for- 
mes singulières  que  nous  allons  faire  connaître. 

Les  pétales  sont  concaves  [pet.  concava),  dans  le 
tilleul  [Tiliaeuropœd) ,  la  rue  [Ru ta graveolens),  etc. 

Galéif ormes  ou  en  casque  [pet.  galeiformia),  lors- 
qu'ils sont  voûtés,  creux,  et  qu'ilsressemblent  à  un  cas- 
que, comme  dans  l'aconit  [Aconitum  Napellus),  etc. 

Cucullif ormes  [pet.  cuculliformia  ) ,  ayant  la  forme 
d'un  capuchon  ou  d'un  cornet  de  papier,  comme  dans 
l'ancolie  [Aquilegia  vulgaris),  le  pied  d'alouelte 
(  Delphinium  consolida  ). 

Eperonnès  [  pet.  calcarata  ) ,  munis  à  leur  base  d'un 
éperon ,  comme  dans  la  violette,  le  pied  d'alouette ,  elc. 

La  corolle poly  pétale  peut  être  régulière  ou  irrégu- 
lière,  suivant  que  les  parties  qui  la  composent  sont 
disposées  ou  non  avec  symétrie  autour  de  l'axe  de  la 
fleur.  Dans  l'un  et  l'autre  cas,  les  pétales,  par  leur 
forme,  leur  nombre  et  leur  disposition  respective, 
donnent  à  la  corolle  un  aspect ,  une  forme  particulière  , 
qui  ont  servi  à  la  diviser  en  plusieurs  groupes. 


COROLLK.  263 

§  i .  Corolle  polype  taie  régulière. 

La  corolle  polypètale  régulière  peut  offrir  trois  mo- 
difications principales.  Elle  peut  être  : 

i°  Cruciforme  {cor.  cruciformis) ,  composée  de 
quatre  pétales  onguiculés,  disposés  en  croix.  Les  plan- 
tes dont  la  corolle  présente  une  semblable  disposition , 
constituent  un  des  groupes  les  plus  naturels  du  règne 
végétal.  Elles  ont  reçu  le  nom  de  Crucifères.  Tels 
sont  le  chou,  la  giroflée,  le  cresson,  etc.  (Voy.  pi.  5 , 

"g-9-) 

Les  quatre  pétales  d'une  corolle  cruciforme  ne  sont 

pas  toujours  égaux  et  semblables  entre  eux;  il  y  en  a 
souvent  plusieurs  qui  sont  ou  pluspetits  ou  plus  grands. 
x\insi,  dans  le  genre  Iberis,  deux  des  pétales  sont  cons- 
tamment plus  grands. 

2°  Rosacée  ou  roselée  (cor.  rosacea),  celle  qui 
est  Composée  de  trois  à  cinq  pétales,  rarement  d'un 
plus  grand  nombre,  dont  l'onglet  est  très-court,  et 
qui  sont  étalés  et  disposés  en  rosace.  Telles  sont  tou- 
tes les  Rosacées,  comme  la  rose  simple,  l'amandier, 
l'abricotier,  le  prunier,  etc.,  la  chélidoine,  et  des 
plantes  d'autres  familles.  (Voy.  pi.  5,  fig.  il.) 

3°  Caiyophyllèe{cor.caiyophyllata),  corolle  for- 
mée de  cinq  pétales  dont  les  onglets  sont  fort  allongés, 
et  cachés  par  le  calice,  qui  est  très  -  long  et  dressé, 
comme  dans  l'œillet  [Dianthus),  les  Silène,  les  Cu- 
çubalus,  etc.  (Voy.  pi.  -5,  fig.  io.^ 


264      ORGANES  DR    LA  REPRODUCTION. 

§  a.  Corolle  polype  taie  irrégulière. 

i°  Papilionacèe  (cor.  papilionaceà).  Cette  corolle 
est  composée  de  cinq  pétales  très-irréguliers,  qui  ont 
chacun  une  forme  particulière;  ce  qui  leur  a  fait 
donner  des  noms  propres.  De  ces  cinq  pétales,  l'un 
est  supérieur,  deux  latéraux,  et  deux  inférieurs.  Le 
supérieur  porte  le  nom  à? étendard  ou  de  pavillon 
(yexil/um)  ("Voy.  pi.  5,  fig.  ri  :  a);  il  est  ordinai- 
rement redressé,  d'une  figure  très-variée ,  et  recouvre 
les  quatre  autres  avant  l'épanouissement  de  la  fleur. 
Les  deux  inférieurs,  le  plus  souvent  réunis  et  soudés 
l'un  à  l'autre  par  leur  bord  inférieur,  forment  la 
carène  (  carina  )  (  fig.  1 1  ,  c  ).  Les  deux  latéraux 
constituent  les  ailes  (alœ)  (fig.  1 1 ,  b  b). 

C'est  par  la  ressemblance  que  l'on  a  cru  trouver  à 
cette  fleur  avec  un  papillon  dont  les  ailes  sont  éta- 
lées, qu'on  lui  a  donné  le  nom  de  papilionacèe. 

La  corolle  vraiment  papilionacèe  appartient  exclu- 
sivement à  la  vaste  famille  des  Légumineuses  :  tels 
sont  les  pois  (Pisum),  les  haricots  (Phaseolus) , 
l'acacia  { Robinia pseudo-acacia) ,  les  astragales,  etc. 

i°  On  nomme  corolle  anomale  (cor.  anomala) 
celle  qui  est  formée  de  pétales  irréguliers,  qu'on  ne 
peut  rapporter  à  la  corolle  papilionacèe.  Telles  sont 
celles  des  aconits,  des  pieds  d'alouette,  de  la  vio- 
lette, de  la  balsamine,  de  la  capucine,  etc. 

La  position  des  pétales  ou  des  divisions  de  la  co- 
rolle monopétale,  relativement  aux  sépales  ou  aux 


COROLLE.  'j65 

divisions  du  calice  monosépale,  présente  les  deux 
modifications  suivantes  : 

Les  pétales  peuvent  être  opposés  aux  divisions  du 
calice,  c'est-à-dire  placés  de  manière  à  se  corres- 
pondre par  leurs  faces,  comme  dans  l'épine-vinette 
(Berberis  vulgaris),  VEpimediuin  alpinum,  etc. 

Ils  peuvent  être  alternes  avec  les  divisions  du 
calice,  c'est-à-dire  qu'ils  correspondent  aux  incisions 
du  calice,  et  non  à  ses  divisions.  Cette  disposition  est 
bien  plus  fréquente  que  la  précédente,  qui  est  très- 
rare.  Les  pétales  sont  alternes  aux  sépales  dans  les 
Crucifères,  etc.,  etc. 

La  grandeur  relative  de  la  corolle  et  du  calice 
mérite  également  d'être  bien  observée;  car  on  peut 
souvent  en  tirer  de  fort  bons  caractères  distinctifs. 

Suivant  sa  durée,  la  corolle  est  fugace  ou  caduque 
{caduca ,  fugax) ,  quand  elle  tombe  aussitôt  qu'elle 
s'épanouit,  comme  dans  le  Papaver  Argemoiie,  plu- 
sieurs cistes,  etc. 

Décidue  (c.  decidua),  tombant  après  la  féconda- 
tion. La  plupart  des  corolles  sont  dans  ce  cas. 

Marcescente  (c.  marcescens y,  persistant  après  la 
fécondation,  et  se  fanant  dans  la  fleur  avant  de  s'en 
détacher,  comme  dans  les  Bruyères  et  certaines 
Cucurbitacées. 

La  corolle  est  ordinairement  la  partie  la  plus  bril- 
lante de  la  fleur.  La  délicatesse  de  son  tissu,  l'éclat  et 
la  fraîcheur  de  ses  couleurs,  le  parfum  suave  qu  elle 
exhale  souvent,  en  font  une  des  plus  agréables  pro- 
ductions de  la  nature.  Ses  usages,  de  même  que  ceux 


266  ORGANES    DE    LA.    REPRODUCTION. 

du  calice,  paraissent  être  de  protéger  les  organes 
sexuels  avant  leur  parfait  développement,  et  défavo- 
riser, à  l'époque  de  la  fécondation,  l'action  mutuelle 
que  deux  organes  exercent  l'un  sur  l'autre. 


CHAPITRE   VII. 

DES    ORGANES    SEXUELS. 

La  découverte  des  organes  sexuels  dans  les  plantes 
ne  remonte  point  à  une  époque  très- éloignée.  Jus- 
qu'au seizième  siècle,  on  n'avait  vu  dans  les  fleurs 
qui*  couvrent  les  végétaux  qu'un  simple  ornement 
dont  la  nature  s'était  plue  à  les  parer.  Camérarius  et 
Grew,  à  cette  époque ,  démontrèrent  par  l'expérience 
l'utilité  des  différentes  parties  delà  fleur  dans  la  pro- 
duction de  la  graine ,  l'entretien  et  la  succession  des 
espèces.  Ils  firent  voir  que  le  pistil ,  qui  occupe  le 
centre  de  la  fleur,  devait  être  comparé,  pour  sa  struc- 
ture et  surtout  ses  usages,  aux  organes  générateurs 
de  la  femelle  dans  les  animaux.  En  effet,  nous  y  trou- 
vons également  les  rudimens  imparfaits  de  l'embryon 
{ o  vides)  ;  une  cavité  destinée  à  les  contenir  et  à  les 
protéger  pendant  leur  développement  (ovaire);  un 
organe  particulier  propre  à  recevoir  l'impression  fé- 
condante du  mâle  (stigmate);  un  autre  organe  encore 
par  lequel  cette  impression  est  transmise  jusqu'aux  em- 
bryons (style).  Ils  prouvèrent  également  que  Yétamiiic 
devait  être  assimilée  aux  organes  qui  sont  l'apanage 


ORGANES    SEXUELS.  267 

du  mâle  dans  les  animaux.  Car  elle  contient  dans 
une  cavité  spéciale  (anthère),  une  substance  parti- 
culière dont  les  usages  sont  de  féconder  les  ovules 
[pollen). 

Dès  lors  il  fut  prouvé  que  les  plantes ,  de  même- 
que  les  animaux,  sont  pourvues  d'organes  sexuels, 
destinés  à  leur  reproduction.  L'organe  sexuel  mâle 
est  constitué  par  Yétamine  ;  le  pistil  forme  l'organe 
sexuel  femelle. 

Presque  toujours  dans  les  végétaux  les  deux 
organes  de  la  reproduction  sont  réunis  dans  une 
même  fleur,  ce  qui  constitue  l'hermaphroditisme ,  et 
la  fleur  est  dite  hermaphrodite.  D'autres  fois  ,  au 
contraire,  on  n'y  rencontre  qu'un  serl  des  deux 
organes  sexuels,  et  la  fleur  est  dite  unisexuêe. 

La  fleur  unisexuêe  peut  être  mâle  ou  femelle , 
suivant  qu'elle  renferme  des  étamines  ou  un  pistil. 

Les  fleurs  mâles  et  les  fleurs  femelles  sont  quel- 
quefois réunies  sur  la  même  plante  ;  c'est  ce  qui 
constitue  les  végétaux  monoïques.  Le  châtaignier 
(Castanea  vulgaris),  le  coudrier  (Corjlus  Avel- 
lana) ,  sont  de  ce  nombre. 

D'autres  fois,  au  contraire,  les  fleurs  mâles  et  les 
fleurs  femelles  se  trouvent  séparées  les  unes  des 
autres  sur  des  pieds  différens  ;  les  plantes  qui  pré- 
sentent une  semblable  disposition  sont  appelées 
dioïques.  Telles  sont  la  mercuriale  (  Mercurialis 
annua),  le  mûrier  à  papier  (Broussonetia  papy  ri - 
fera),  le  dattier  ( Phœuix  dactylifera). 

Enfin  quelquefois  on  trouve  mêlées  ensemble  sur 


a68  ORGANES    DU    LA    REPRODUCTION. 

le  même  pied,  ou  sur  des  pieds  différens,  des  fleurs 
mâles,  des  fleurs  femelles,  et  des  fleurs  hermaphro- 
dites; c'est  aux  végétaux  qui  offrent  ce  mélange 
irrégulier  des  trois  sortes  de  fleurs  qu'on  a  donné  le 
nom  de  polygames.  Telles  sont  la  pariétaire  (Parie- 
taria  ojfîcinalis),  la*  croisette  {Valantia  crucia- 
ta  ) ,  etc. 

Ces  trois  divisions  fondées  sur  la  séparation,  la 
réunion  ou  le  mélange  des  sexes,  ont  servi  de  base 
à  Linnœus  pour  établir  les  trois  dernières  classes  des 
plantes  phanérogames  de  son  système. 


CHAPITRE    VIII. 

DEL'éTAMINE    OU    ORGANE    SEXUEL    MALE. 

I/étamine  dans  les  végétaux  remplit  absolument 
les  mêmes  usages  que  les  organes  mâles  dans  les  ani- 
maux ,  c'est-à-dire  quelle  renferme  la  substance  qui 
opère  la  fécondation  des  germes. 

Uétamine  est  ordinairement  composée  de  trois 
parties;  savoir  :  i°  Y  anthère  (anthera),  espèce  de 
petit  sac  membraneux  dont  la  cavité  intérieure  est 
double,  c'est-à-dire  formée  de  deux  loges  soudées 
ensemble  ;  i°  du  pollen  {pollen)-,  substance  ordi- 
nairement de  petits  grains  vésiculeux,  qui  contiennent 
les.  parties  nécessaires  à  la  fécondation  ;  3°  l'anthère 
est  souvent  portée  sur  un  appendice  filiforme  auquel 
on  donne  le  nom  de  filet  (filamentum  ). 


EXAMINES.  ^69 

Telles  sont  les  trois  parties  qui  composent  ordinai* 
rement  l'étarnine.  Mais  remarquons  ici  que  deux  seu- 
lement lui  sont  nécessaires;  ce  sont  l'anthère  et  le 
pollen.  Le  filet,  en  effet,  n'est  qu'une  partie  accessoire 
de  Tétainine;  aussi  manque-t-il  souvent,  c'est-à-dire 
que  l'anthère  est  immédiatement  attachée  au  corps 
sur  lequel  elle  est  insérée,  sans  le  secours  d'un  filet. 
Dans  ce  cas  l'étainine  est  appelée  sessile  (  stamen 
sessile),  comme  dans  beaucoup  de  Thymélées. 

L'essence  et  la  perfection  de  l'étamine  résident 
donc  dans  la  présence  de  V anthère.  Mais  une  condi- 
tion indispensable  pour  que  cet  organe  soit  apte  à 
remplir  les  fonctions  que  la  nature  lui  a  confiées  , 
c'est  qu'il  faut  que  non-seulement  il  contienne  du 
pollen,  mais  encore  qu'il  s'ouvre,  pour  que  cette 
substance  soit  mise  en  contact  avec  le  stigmate  ;  car, 
sans  cette  circonstance,  la  fécondation  ne  pourrait  pas 
avoir  lieu. 

Le  nombre  des  étamines  varie  singulièrement  dans 
les  différentes  plantes.  C'est  même  d'après  cette  con- 
sidération du  nombre  des  organes  sexuels  mâles  con- 
tenus dans  chaque  fleur,  que  Linnaeus  a  établi  les 
premières  classes  de  son  système. 

Ainsi  il  y  a  des  fleurs  qui  ne  renferment  qu'une 
seule  étamine;  on  leur  donne  le  nom  de  fleurs  mo- 
nanclres  [flores  monandri).  Tels  sont  X Hippuris 
vulgaris ,  la  valériane  rouge  [Centranthus  ruher),  le 
Blilum  virgatum,  etc. 

On  les  appelle  fleurs  diandres  {flores  diandri), 
quand  elles  contiennent  deux  étamines.  Par  exemple, 


l'JO  ORG/UVES    DE    LA    REPRODUCTION. 

le  lilas  (  Syringa  vulgaris),  le  troëne  (  Ligustrum 
vidgare),  la  véronique  officinale  (Veronica  offici- 
nalis)  ,  la  sauge  (Salvia  of/îcinalis) ,  etc. 

Fleurs  Triandres  {Jlores  triandri)  :  la  plupart  des 
Graminées,  des  Cypéracées,  des  Iridées,  etc. 

Fleurs  Tètrandres  {Jlores  tetrandri),  le  caille-lait 
(  Galium  verum  ) ,  la  garance  (Rubia  tinctorurri),  la 
plupart  des  Labiées,  des  Antirrhinèes ,  des  Dfpsa- 
cées ,  etc. 

Fleurs  pentandres  (Jlores pentandri) ,  le  bouillon 
blanc  (Verbascum  Thapseis),  et  la  plupart  des  Sola- 
nées;  la  cynoglosse  (Cynoglossum  officinale),  et  la 
plupart  desBorraginées;  la  carotte  (Daucus  Carotta), 
et  toutes  les  Ombellifères,  etc. 

Fleurs  hexandres  {Jlores  hexandri);  le  lis  (Lilium 
candidum),  la  tulipe  (Tulipa  gesneriana),  et  la 
plupart  des  Liliacées,  des  Asphodèles,  le  riz  (Oryza 
sativa). 

Fleurs  heptandres  [Jlores  heptandri),  le  marron- 
nier d'Inde  (Msculus  Hippocasianum). 

Fleurs  octandres  (Jlores  octandri),  celles  des 
bruyères,  des  Vaccinium ,  desDaphne,  des  Polygo- 
num ,  etc. 

Fleurs  ennèandres  (Jlores  enneandri) ,  comme 
celles  du  jonc  fleuri  (Butomus  umbellatus). 

Fleurs  dècandres  (Jlores  decandri),  comme  dans 
l'œillet,  la  saponaire  (Saponaria  oJJicinalis),eV\di 
plus  grande  partie  des  Caryopbyllées;  la  ruè(Ruta 
graveolcns)  ,  la  pyrole  (Pyrola  rotundifolia),  les 
saxifrages,  etc. 


ETAMINES.  27  f 

Passé  clix,  le  nombre  des  étainines  n'est  plus  fixe 
dans  les  fleurs;  ainsi,  on  dit  qu'elles  sont  : 

Dodècandres  {flores  dodecandri  sj ,  quand  elles 
contiennent  de  douze  à  vingt  étainines,  comme  dans 
la  gaude  (Reseda  luteold) ,  l'aigremoine  [Agrimonia 
Eupatoria  ). 

Polyandres  (  flores polyandri ) ,  quand  elles  con- 
tiennent plus  de  vingt  étamines,  comme  le  pavot 
Papaver somaiferum),  les  renoncules,  etc. 

Les  étamines  peuvent  être  toutes  égales  entre  elles, 
comme  dans  le  lis,  la  tulipe,  etc. 

Elles  peuvent  être  inégales,  c'est-à-dire  les  unes 
plus  grandes,  les  autres  plus  petites  dans  la  même 
(leur. 

Tantôt  cette  disproportion  se  fait  avec  symétrie, 
tantôt  elle  a  lieu  sans  aucune  espèce  d'ordre.  Dans 
les  Géranium ,  les  Oxalis,  il  y  a  dix  étamines,  cinq 
grandes  et  cinq  plus  petites,  disposées  alternative- 
ment, en  sorte  qu'une  grande  se  trouve  entre  deux 
petites,  et  réciproquement. 

Quand  une  fleur  renferme  quatre  étamines,  dont 
deux  sont  constamment  plus  courtes,  ces  étamines 
prennent  le  nom  de  didynames{staniinadidynama)\ 
la  plupart  des  Labiées,  le  marrube  {Marrubium 
vidgare),  le  thym,  etc.  ;  la  plupart  des  Antirrhi- 
nées,  comme  lalinaire  [hirtària  vulgaris) ,  le  grand 
mufle  de  veaw  (Antirrhinum  majus),  ont  les  éta- 
mines didynames . 

Lorsqu'au  contraire  elles  sont  au  nombre  de  six 
dans  une  fleur,  et  que  quatre  d'entre  elles  sont  plus 


■l'J-X  ORGANES    DE    LA    REPRODUCTION. 

grandes  que  les  deux  autres,  elles  sont  appelées 
tétradynames  (stamina  tetradynama).  Cette  dispo- 
sition existe  dans  toute  la  famille  des  Crucifères, 
comme  da,ns  le  cochléaria  (Cochlearia  officinalis)y 
le  radis  (Brassica  Napus),  etc. 

La  situation  des  étamines,  relativement  aux  divi- 
sions de  la  corolle  et  du  calice,  mérite  aussi  d'être 
soigneusement  observée.  Ordinairement  chaque  éta- 
mine  répond  aux  incisions  de  la  corolle,  c'est-à-dire 
que  les  étamines  sont  alternes  avec  les  divisions  de 
la  corolle  ou  les  pétales,  lorsqu'elles  sont  en  nombre 
égal  à  ces  divisions,  comme  dans  la  bourrache  et  les 
autres  Borraginées. 

Quelquefois  cependant  chaque  étamine,  au  lieu 
de  correspondre  aux  incisions,  est  située  vis-à-vis 
chaque  division  ou  chaque  pétale;  dans  ce  cas,  les 
étamines  sont  dites  opposées  aux  pétales,  comme  on 
l'observe  dans  la  primevère,  la  vigne,  etc. 

Quand  le  nombre  des  étamines  est  double  de  celui 
des  divisions  de  la  corolle,  la  moitié  de  ces  étamines 
sont  alternes,  l'autre  moitié  opposées  aux  divisions 
de  la  corolle. 

Les  étamines  sont,  dans  le  plus  grand  nombre  des 
cas,  opposées  aux  sépales  ou  aux  divisions  du  calice, 
excepté  dans  les  cas  rares  où  elles  sont  opposées  aux 
pétales. 

Dans  le  lis,"  la  tulipe,  les  six  étammes  sont  oppo- 
sées aux  six  segmens  du  périanthe  simple. 

Quelquefois  les  étamines  sont  plus  courtes  que  la 
corolle  ou  le  calice,  de  manière  qu'elles  ne  sont  pas 


Staminés.  278 

saillantes  à  l'extérieur;  on  les  nomme  alors  incluses 
( stamina  inclusa),  comme  dans  la  primevère,  les 
narcisses,  les  daphnés,  etc. 

On  les  nomme,  au  contraire,  exertes  (stamina 
exerta),  lorsqu'elles  dépassent  la  hauteur  de  la  co- 
rolle ou  du  calice,  comme  dans  le  jasminoïde  (Lycium 
europœiun) ,  les  menthes,  le  plantain,  etc. 

Suivant  leur  direction,  les  étarnines  sont  : 

Dressées  (stam.  erecta),  comme  dans  la  tulipe,  le 
lis,  le  tabac  (Nicotiaua  Tabacuni) ,  etc. 

Iivflèchies  (stam.  inflexa),  quand  elles  sont  pliées 
en  arc,  et  que  leur  sommet  se  courbe  vers  le  centre 
de  la  fleur,  comme  dans  les  sauges,  la  fraxinelle 
Dictamnus  Fraxinella). 

Réfléchies  {stam.  reflexa) ,  quand  elles  sont  recour- 
bées en  dehors,  comme  dans  la  pariétaire  (Parietaria 
officinales) ,  le  mûrier  à  papier  (Broussonetia  papy- 
ti/èra),  etc. 

Étalées  {stam.  patentia) ,  lorsqu'elles  s'étendent 
horizontalement,  comme  dans  le  lierre  (Hedera 
Hélix). 

Pendantes  (stam.  pendentia)  y  quand  leur  filet  est 
très-grêle  et  trop  faible  pour  soutenir  l'anthère, 
comme  dans  la  plupart  des  Graminées. 

Ascendantes  (stam.  ascendentid) ,  quand  elles  se 
portent  toutes  vers  la  partie  supérieure  de  la  fleur, 
comme  dans  la  sauge. 

Déclinées  ou  décombantes  (stam.  declinata,  de- 
cumbentia),  quand  elles  se  portent  toutes  vers  la 
partie  inférieure-  de  la  fleur,  comme  dans  le  marron- 

18 


2^4  ORGANES    DE    LA    REPRODUCTION. 

nier  d'Inde  (jEscuIus  hippocastanuni),  la  fraxinelle, 
Les  étamines  sont  quelquefois  réunies  par  leurs 
filets  ou  par  leurs  anthères;  d'autres  fois  elles  sont 
réunies  et  comme  confondues  avec  le  pistil  :  nous 
parlerons  de  ces  diverses  modifications  en  traitant 
du  filet  et  de  l'anthère  considérés  en  particulier. 

Dans  certaines  fleurs  on  voit  un  nombre  déter- 
miné d'étamines  avorter  constamment.  Le  plus  sou- 
vent, les  étamines  qui  manquent  sont  remplacées  par 
des  appendices  de  forme  très -variée,  auxquels  on 
donne  le  nom  de  slaminodes  (sjaminodia),  comme 
dans  l'éphémère  de  Virginie  {Tradescantia  virgi- 
nica),  la  plupart  des  Orchidées,  etc. 

Une  seule  étamine  avorte  constamment  dans  XAn- 
tirrhinum,  et  beaucoup  de  Personnées;  deux  dans  la 
sauge ,  le  Ljcopus,  le  romarin ,  etc. ,  et  dans  toutes  les 
Labiées  diandres,  ainsi  que  dans  toutes  1|^>  Orchi- 
dées, à  l'exception  du  Cjpripedium  ;  trois  dans  le 
Bigiionia,  la  gratiole;  cinq  dans  YErodium,  etc. 

§  t.  Du  Filet. 

Le  filet y  comme  nous  l'avons  déjà  vu  ,  n'est  point 
une  partie  essentielle  et  indispensable  de  l'étamine, 
puisque  assez  souvent  il  manque  entièrement. 

Le  plus  généralement  sa  forme  correspond  à  son 
nom  ,  c'est-à-dire  qu'il  est  allongé,  étroit  et  filiforme. 

Il  est  aplati  (  fil.  planum ,  compressum  )  dans 
XAlliumfragrans,  la  pervenche,  etc. 

Cwiéaire  {fil.  cunéiforme},  ayant  la  forme  d'un 
coin,  dans  le  Thalictrum  petaloïdeum. 


ÉTA  MINES.  ayS 

Subulè  (Jîl.  subulatum) ,  ou  en  forme  d'alêne, 
quand  il  est  allongé  et  va  en  s'amincissant  vers  le 
sommet,  comme  dans  la  tulipe,  etc. 

Capillaire  (Jîl.  capillaré),  quand  il  est  grêle  comme 
un  cheveu;  par  exemple,  dans  le  blé,  l'orge  et  la 
plupart  des  Graminées. 

Il  est  pélaloïde  (fîl  petaloîdeum  ) ,  quand  il  est 
large  ,  mince  et  coloré  à  la  manière  des  pétales , 
comme  dans  le  Nymphœaalba,  les  Amomées,  etc. 

Quelquefois  il  est  dilaté  à  sa  base,  comme  dans 
X  Ornithogalum  pyrendicum. 

D'autres  fois  il  est  comme  voûté  {JîL  basi  for- 
nication ) ,  comme  dans  l'asphodèle ,  les  campa- 
nules, etc. 

Le  sommet  du  filet  est  ordinairement  aigu,  comme 
dans  la  tulipe,  le  lis,  etc. 

D'autres  fois  il  est  obtus,  et  même  renflé  entête 
ou  capitulé,  comme  dans  le  Cephalctus ,  etc. 

C'est,  dans  le  plus  grand  nombre  des  cas,  au  som- 
met du  filet  que  s'attache  l'anthère.  Cependant  il 
arrive  quelquefois  qu'il  se  prolonge  au  -  dessus  du 
point  d'insertion  de  cet  organe;  dans  ce  cas  il  est  dit 
proéminent  {JzL  prominens)  comme  dans  le  Paris 
quadrifolia ,  etc. 

Les  étamines  sont,  le  plus  souvent,  libres  de  toute 
adhérence,  et  isolées  les  unes  des  autres.  Mais  il 
arrive  quelquefois  qu'elles  sont  réunies  par  leurs 
filets  en  un  ou  plusieurs  corps,  que  nous  désignerons 
avec  M.  Mirbel ,  sous  le  nom  à1  androphore  (  Andro- 
phorum). 


2^6  ORGANES    DE    LA.    REPRODUCTION. 

Quand  tous  les  filets  sont  réunis  ensemble  en  un 
seul  androphore,  les  étarnines  prennent  le  nom  de 
monadelphes  {^stamina  monadelplia) ,  comme  dans 
la  mauve,  la  guimauve,  etc.  (Voy.  pi.  6,  fig.  10.) 

Dans  ce  cas,  l'androphore  forme  un  tube  plus  ou 
moins  complet.  Quelquefois  cependant  l'union  des 
filets  n'a  lieu  que  par  leur  base,  en  sorte  qu'ils  sont 
libres  dans  la  plus  grande  partie  de  leur  étendue , 
comme  dans  le  Géranium,  X Erodium. 

D'autres  fois  ils  sont  soudés  jusqu'à  la  moitié  de 
leur  hauteur,  comme  dans  plusieurs.  Oxalis  (Voyez 
pi.  6,  fig.  10.) 

Enfin  ils  sont  soudés  en  tube  à  peu  près  complet , 
dans  la  plupart  des  Malvacées.  A  sa  partie  supé- 
rieure, X androphore  tubuleux  se  divise  en  autant  de 
petits  filets  courts  et  distincts  qu'il  y  a  d'anthères. 

Lorsque  toutes  les  étarnines  sont  réunies  en  deux 
androphores,  c'est-à-dire  que  leurs  filets  se  soudent 
en  deux  corps  distincts,  on  les  nomme  eliadelphes 
(yStamina  diade/pha).  Par  exemple,  la  fumeterre 
(Fumaria  q/ficinalis) ,  les  haricots -7  les  acacias,  etc. , 
et  la  plus  grande  partie  des  Légumineuses.  (Voyez 
pi.  6,  fig.  11.) 

Quand  les  filets  sont  réunis  en  trois  ou  en  un 
nombre  plus  considérable  d'androphores,  les  étarnines 
sont  dites  alors  poljadelphes  (  stamïaa  polyadel- 
plt(t).  Il  y  a  trois  androphores  dans  YHypericum 
cegyptiacum ,  cinq  et  un  plus  grand  nombre  dans  les 
Melaleuca. 

La  nature  et  la  structure  organique  du  filet  des 


Staminés.  27-7 

étamines  paraissent  être  entièrement  analogues  à 
celles  de  la  corolle.  En  effet,  l'on  voit  très-souvent 
ces  deux  organes  se  changer  l'un  clans  l'autre.  Ainsi, 
par  exemple,  dans  le  nénuphar  (Nymphœa  alba^), 
on  aperçoit  successivement  les  filets  staminaux,  à 
partir  du  centre  vers  la  circonférence  de  la  fleur, 
devenir  de  plus  en  plus  larges  et  s'amincir;  l'anthère, 
au  contraire ,  diminuer  et  finir  par  disparaître  entière- 
ment quand  les  filets  se  sont  tout-à-fait  changés  en 
pétales.  C'est  cette  dégradation  insensible  des  filets 
des  étamines  en  pétales  qui  a  fait  penser  à  quelques 
botanistes  que  la  corolle  et  les  segmens  qui  la  com- 
posent n'étaient  que  des  étamines  avortées ,  dont 
les  filets  avaient  acquis  un  développement  extraor- 
dinaire. 

Cette  opinion,  que  nous  ne  voulons  ni  admettre, 
ni  rejeter  entièrement,  semble  encore  trouver  un 
appui  dans  la  formation  des  fleurs  nommées  doubles 
et  pleines.  La  rose,  en  effet,  dans  son  état  primitif 
et  sauvage,  n'a  que  cinq  pétales,  mais  un  nombre 
très-considérable  d'étamines.  Dans  nos  jardins,  par 
les  soins  du  cultivateur,  nous  voyons  les  étamines 
de  la  rose  se  changer  en  pétales,  et  la  fleur  devenir 
stérile.  Ici  la  transformation  des  étamines  en  pétales 
est  manifeste ,  et  paraît  confirmer  l'opinion  des  bota- 
nistes qui  regardent  la  corolle  comme  de  véritables, 
étamines  avortées. 


•2'jS  ORGANES    DE    LA    REPRODUCTION. 

§  2.  De  V Anthère. 

L'anthère  (anthera)  est  cette  partie  essentielle  de 
l'étamine  qui  renferme  le  pollen  ou  poussière  fécon- 
dante avant  l'acte  de  la  fécondation.  Le  plus  géné- 
ralement elle  est  formée  par  deux  petites  poches 
membraneuses ,  adossées  immédiatement  l'une  à 
l'autre  par  un  de  leurs  côtés  (  voy.  pi.  6,  fig.  6,  7, 
8),  ou  réunies  par  un  corps  intermédiaire  particu- 
lier, auquel  on  a  donné  le  nom  de  connectif.  (PI.  6, 
fig.  9...  a). 

Chacun  de  ces  petits  sacs  membraneux,  nommés 
loges  de  l'anthère ,  est  partagé  intérieurement  en 
deux  parties  par  une  cloison  longitudinale,  et  s'ou- 
vrent à  l'époque  de  la  fécondation,  pour  laisser  sortir 
le  pollen. 

Les  anthères  sont  donc  le  plus  communément  bilo- 
culaires  (untherœ  biloculares) ,  c'est-à  dire  formées 
de  deux  loges,  comme  dans  le  lis,  la  jacinthe,  etc. 

Quelquefois  elles  ne  sont  formées  que  d'une  seule 
loge;  dans  ce  cas,  elles  sont  dites  uniloculaires  [an- 
therœ  uniloculares),  comme  dans  les  Conifères,  les 
Epacridées,  les  Malvacées,  le  coudrier,  etc. 

Plus  rarement  encore  l'anthère  est  composée  de 
quatre  loges,  et  on  la  nomme  quadriloculaire  (anthera 
quadrilocularis),  comme  dans  le  Butomus  umbclla- 
tus,  etc. 

Chaque  loge  d'une  anthère  offre  ordinairement  sur 
Tune  de  ses  faces  un  sillon  longitudinal,  par  lequel 
elle  s'ouvre,  dans  le  plus  grand  nombre  des  cas.  La 


EXAMINES.  279 

partie  de  l'anthère  du  côté  de  laquelle  sont  les  sil- 
lons porte  le  nom  de  face  proprement  dite;  la  partie 
opposée  à  celle-ci,  et  par  laquelle  l'anthère  s'attache 
au  filet,  est  nommée  le  dos  de  l'anthère. 

L'anthère  est  communément  fixée  au  sommet  du 
filet  staminal.  Cette  insertion,  qui  fournit  de  très- 
bons  caractères,  peut  se  faire  de  trois  manières  dif- 
férentes : 

i°  L'anthère  peut  être  attachée  au  sommet  du  filet 
par  sabare  même,  comme  dans  l'Iris,  le  glayeul,  etc. 
Elle  porte  le  nom  de  basifîxe  (anthera  basifïxa). 

2°Elle  peut  être  fixée  par  la  partie  moyenne  de  son 
dos,  comme  dans  le  lis.  Dans  ce  cas,  elle  a  été  appelée 
médi/îxe  (  anthera  medifixa.  ) 

3°  Assez  souvent  elle  est  attachée  par  son  sommet; 
dans  ce  cas,  elle  est  mobile  et  vacillante.  On  l'appelle 
alors  apicifixe  (anlhera  apicifixa). 

Lorsque  la  face  des  anthères  est  tournée  vers  le 
centre  de  la  fleur,  elles  sont  dites  introrses  {aniherœ 
introrsœ)  ,  comme  cela  a  lieu  dans  la  plupart  des 
plantes. 

On  les  appelle,  au  contraire,  extrorses  i^antherœ 
extrorsœ),  quand  leur  face  regarde  la  circonférence 
de  la  fleur,  comme,  par  exemple,  dans  les  Iridées, 
le  concombre,  etc.  Cette  disposition  est  plus  rare  que 
la  précédente. 

La  forme  des  anthères  présente  un  grand  nombre 
de  variétés.  Ainsi  on  dit  qu'elles  sont  : 

Sphèr oublies  (anlk,  spheroidales ,  subghbosœ\ 


280  ORGANES    DE    LA    REPRODUCTION. 

quand  elles  se  rapprochent  de  la  forme  ronde,  comme 
celles  de  la  mercuriale  (Mercurialis  annua). 

Didymes  (anth.  didymœ),  offrant  deux  lobes  sphé- 
roïdaux,  réunis  par  un  point  de  leur  circonférence, 
comme  dans  l'épinard  (Spinacia  oleracea),  les  eu- 
phorbes, etc. 

Ovoïdales  (anth.  ovo:ideœ\  Cette  forme  est  une 
des  plus  fréquentes. 

Oblongues  [anth.  oblongce) ,  comme  dans  le  lis 
(  Lilium  candidurn) ,  etc. 

Linéaires  (anth.  lineares),  quand  elles  sont  très- 
allongées  et  très-étroites,  comme  celles  des  campa- 
nules, des  Magnolia,  etc. 

Sagittèes  (anth.  sagitiatœ),  ou  en  fer  de  flèche  : 
par  exemple,  celles  du  laurier -rose  (JS erium  olean- 
def),  du  safran  (Crocus  sativus),  etc. 

Cordiformes  (anth.  cordiformes) ,  comme  dans  le 
basilic  (Ocymwn  basilicum),  etc. 

Réniformes  (anth.  reniformes),  ou  en  forme  de 
rein;  dans  la  digitale  pourprée  (Digitalis  purpured), 
un  grand  nombre  de  Mimosa,  etc. 

Tétragones  (anth.  tetragonœ),  ayant  la  forme 
d'un  prisme  à  quatre  faces,  comme  celles  de  la  tulipe 
(  Tulipa  gessneriand). 

A  son  sommet,  l'anthère  peut  être  terminée  de 
différentes  manières;  ainsi  elle  est: 

Aiguè  (  anth.  apice  acutd)  dans  la  bourrache 
(Borrago  officinalis). 

Bifide  (anth.  bifide),  fendue  à  son  sommet  (  ou  à 


Staminés.  281 

sa  base)  en  deux  lobes  étroits  et   écartés,  comme 
dans  un  grand  nombre  de  Graminées. 

Bicorne  i^anth.  bicornis),  terminée  à  son  sommet 
par  deux  cornes  allongées,  comme  dans  l'airelle 
myrtille  (Vaccinium  myrtillus),  la  pyrole  (Pjrola 
rotundifolia). 

Appendicidèe  (anth.  appendiculaia ) ,  couronnée 
d'appendices,. dont  la  forme  est  très- variable, comme 
dans  l'aunée  (  Jnula  heleniwii) ;  le  laurier-rose  (TVe- 
rium  oleandef). 

Les  deux  loges  qui  composent  une  anthère  bilo- 
culaire y  peuvent  être  soudées  l'une  à  l'autre  de  dif- 
férentes manières. 

i°  Elles  peuvent  être  réunies  immédiatement  l'une 
à  l'autre  sans  le  secours  d'aucun  autre  corps  intermé- 
diaire, comme  dans  les  Graminées.  (Voyez  pi.  6, 

«g.  6,  7,  8.) 

Quand  les  deux  loges  sont  réunies  immédiate- 
ment ,  elles  peuvent  offrir  deux  modifications  diffé- 
rentes. En  effet,  tantôt  leur  union  a  lieu  par  l'un  de 
leurs  côtés,  de  manière  que  les  deux  sillons  se  trou- 
vent encore  sur  la  même  face  et  comme  parallèles; 
les  loges  sont  dites  alors  apposées  [loculis  appositis), 
comme  dans  le  lis ,  etc. 

D'autres  fois,  au  contraire,  elles  sont  soudées  par 
la  face  opposée  à  leur  sillon ,  en  sorte  que  les  deux 
sillons  se  trouvent  situés  de  chaque  coté  de  l'anthère; 
les  deux  loges  sont  alors  appelées  opposées  (  loculis 
opposais  ).  Mais  cette  disposition  est  moins  fré- 
quente que  la  première. 


l8l  ORGANES  DE  LA  REPRODUCTION. 

i°  Elles  peuvent  être  réunies  médiatement  par  la 
partie  supérieure  du  filet  qui  se  prolonge  entre  elles, 
comme  dans  un  grand  nombre  de  renoncules. 

3°  Enfin  elles  peuvent  être  éloignées  plus  ou 
moins  l'une  de  l'autre  par  un  corps  intermédiaire, 
manifestement  distinct  du  sommet  du  filet  ;  c'est  à  ce 
corps  qu'on  a  donné  le  nom  de  connectij \connecti- 
vum)y  parce  qu'il  sert  de  moyen  d'union  entre  les 
deux  loges.  (Voy.  pi.  6,  fig.  9,  a.  ) 

Le  conneclif' n'est  quelquefois  apparent  qu'au  dos 
de  l'anthère  ;  alors  il  est  appelé  dorsal,  comme  on 
l'observe  dans  le  lis,  etc. 

D'autres  fois  il  est  apparent  sur  les  deux  faces  de 
l'anthère,  dont  il  écarte  assez  manifestement  les  deux 
loges,  comme  dans  le  Melissa  grandiflora ,  l'éphé- 
mère de  Virginie,  etc.  (Voy.pl.  6,  fig.  9.) 

Enfin  quelquefois  le  connectif  est  tellement  grand, 
tellement  développé,  que  ce  n'est  que  par  analogie 
qu'on  fë  reconnaît;  dans  ce  cas,  il  a  reçu  le  nom  de 
connectij  distractile.  Ainsi,  par  exemple,  dans  la 
sauge,  ce  conneclif  est  sous  forme  d'un  long  filament 
recourbé ,  posé  transversalement  sur  le  sommet  du 
filet;  à  l'une  de  ses  extrémités,  on  voit  une  des  loges 
de  l'anthère  remplie  de  pollen;  à  l'autre  extrémité 
se  trouve  la  seconde  loge ,  mais  presque  constam- 
ment avortée  et  à  l'état  rudimentaire. 

Cette  singulière  conformation  se  retrouve  égale- 
ment dans  les  Mélastomes,  et  plusieurs  espèces  de 
Labiées,  et  de  Scrophularinées. 

Chacune  des  loges  d'une  anthère  peut  s'ouvrir  de 


ET  AMI  NES,  283 

différentes  manières ,  dans  les  divers  genres  de 
plantes,  et  les  caractères  tirés  de  cette  déhiscence 
servent ,  dans  quelques  cas ,  à  distinguer  certains 
genres. 

Le  plus  souvent  cette  déhiscence  a  lieu  par  la 
suture  du  sillon  longitudinal  qui  règne  sur  la  surface 
de  chaque  loge  ;  dans  ce  cas,  on  dit  que  les  loges 
sont  :  longitudinaliter  déhiscentes ,  comme  dans  le 
lis,  la  tulipe  et  un  grand  nombre  d'autre  plantes. 

La  déhiscence  peut  avoir  lieu  par  des  pores  ou 
des  fentes  situées  dans  différens  points. 

Ainsi,  dans  les  Erica,  les  Solanwn ,  etc. ,  chaque 
loge  s'ouvre  par  un  petit  trou  placé  à  son  sommet 
{locul.  apice  déhiscentes.)  (Voy.  pi.  6,  fig.  7,  a  a.) 

Dans  la  pjrole ,  ce  trou  est  placé  à  la  partie  infé- 
rieure [locul.  basi  déhiscentes). 

D'autres  fois  ce  sont  des  espèces  de  petites  val- 
vules ,  qui  se  soulèvent  de  la  partie  inférieure  vers 
la  supérieure  ,  comme  dans  les  lauriers ,  l'épine- 
vinette  ,  XEpimedium  alpinum ,  etc.  (Voy.  pi.  6, 
fig.  8.) 

Nous  venons  d'examiner  jusqu'ici  les  anthères , 
libres  de  toute  adhérence  ;  mais ,  aussi-bien  que  les 
filets  staminaux,  elles  peuvent  se  rapprocher  et  se 
souder  entre  elles  de  manière  à  former  une  sorte  de 
tube.  Cette  disposition  remarquable  se  rencontre  dans 
toute  la  vaste  famille  des  Synanthérées,  auxquelles 
on  donnait  autrefois  le  nom  de  plantes  h/leurs  com- 
posées ;  tels  sont  les  chardons,  les  artichauts,  les 
soucis,  etc.  Linnaeus  a  donné  le  nom  de  sjngénéste 


284  ORGANES    DE    LA    REPRODUCTION. 

à  la  classe  de  son  système  dans  laquelle  sont  réunies 
toutes  les  plantes  à  anthères  soudées  latéralement, 
qu:il  désignait  aussi  sous  le  nom  de  syngénèses. 
(Voy.pl.  6,  fig.  i3.) 

Il  existe  un  grand  nombre  de  plantes  dans  les- 
quelles les  étamines  ,  au  lieu  d'être  libres ,  ou  sim- 
plement réunies  ensemble  par  leurs  filets  ou  leurs 
anthères,  font  corps  avec  le  pistil,  c'est-à-dire 
qu'elles  sont  intimement  soudées  avec  le  style  et  le 
stigmate.  C'est  à  ces  plantes  qu'on  a  donné  le  nom 
de  gynandres.  (Voy.  pi.  6,  fig.  i/j.) 

La  coalescence  des  étamines  n'a  jamais  lieu  avec 
l'ovaire.  Ce  ne  sont  que  les  filets  et  le  style  qui 
s'unissent,  en  sorte  que  les  anthères  et  le  stigmate 
sont  portés  par  un  support  commun,  avec  lequel  ils 
se  confondent.  C'est  ce  que  l'on  observe  dans  les 
Aristoloches,  les  Orchidées,  les  Zingibéracées,  etc. 

Dans  les  Orchidées ,  on  donne  le  nom  de  gynos- 
teme  (gynostemium)  au  support  commun  du  stig- 
mate et  des  anthères. 

§  3.  Du  Pollen. 

Le  pollen ,  ou  la  substance  contenue  dans  l'organe 
mâle  ,  et  qui  sert  à  la  fécondation ,  se  présente  ordi- 
nairement sous  l'apparence  d'une  poussière  composée 
de  petits  grains  d'une  extrême  ténuité  ;  quelquefois 
il  est  en  masses  solides  plus  ou  moins  considérables. 
Cette  dernière  forme  ,  étant  restreinte  à  un  petit 
nombre  de  végétaux ,  ne  fixera  notre  attention  qu'a- 


ÉTAMIIŒS.  285 

près  que  nous  aurons  examiné  avec  détail  la  struc- 
ture du  pollen  sous  forme  pulvérulente. 

Avant  le  perfectionnement  des  instrumens  d'op- 
tique, les  renseignemens  que  l'on  possédait  sur  les 
formes»variées  des  grains  polliniques  et  surtout  sur 
leur  structure  intime,  étaient  extrêmement  vagues. 
On  avait  bien  aperçu  une  grande  diversité  dans  ceux 
que  l'on  avait  examinés  avec  de  fortes  loupes  ;  mai3 
ces  différences  avaient  été  indiquées,  sans  en  tirer 
d'utiles  conséquences  pour  l'avancement  de  la  science. 
La  structure  du  grain  pollinique  avait  aussi  été  un 
objet  de  recherches  de  la  part  des  anciens  botanistes 
qui,  faute  de  moyens  rigoureux  d'observation  , «s'é- 
taient long-tempsdisputés,  mais  sans  tomber  d'accord, 
sur  la  composition  intérieure  de  corps  aussi  élémen- 
taires. L'étude  microscopique  du  pollen  était  donc  un 
sujet  digne  de  révision ,  et  ne  pouvait  manquer  de 
fixer  l'attention  des  observateurs  modernes.  M.  Amici, 
que  nous  avons  eu  occasion  de  citer  si  avantageuse- 
ment dans  cet  ouvrage,  a  publié,  dans  les  Actes  de 
la  société  italienne,  vol.  xviii,  un  chapitre  sur  le 
pollen  ,  où  il  a  fait  connaître  des  circonstances  très- 
intéressantes  et  que  nous  mentionnerons  plus  bas.  A 
l'aide  du  microscope  achromatique  de  M.Selligue  (  j), 
notre  ami  M.  Guillemin  a  fait,  dans  le  cours  de  l'été 
de  1824?  des  observations  nombreuses  sur  le  pollen, 
observations  dont  il  nous  a  communiqué  les  princi- 
paux résultats. 

(r)  Voyez  la  description  et  la  figure  de   cet  instrument   dans 
les  annales  des  sciences  naturelles.  Nov.  181$,  t.  3,  p.  345,  et  tab.  18. 


•286  ORGANES    DR    LA.    REPRODUCTION. 

Les  grain*  polliniques  sont  des  utricules  de  formes 
variées ,  sans  adhérence  dans  l'anthère  à  l'époque  de 
la  maturité,  et  renfermant  une  multitude  de  granules 
d'une  extrême  ténuité. 

La  membrane  utriculaire'est  tantôt  lisse  ,•  tantôt 
inarquée  d'éminences  ou  d'aspérités  ;  quelquefois 
elle  offre  de  simples  facettes  ou  des  bosses  disposées 
entre  elles  symétriquement.  Lorsque  le  pollen  est 
parfaitement  lisse  dans  sa  superficie,  il  n'est  en  même 
temps  recouvert  d'aucun  enduit  visqueux,  tandis 
que  les  moindres  éminences  sont  des  indices  de  vis- 
cosité. Les  papilles,  les  éminences  mamelonnées,  etc., 
qui  recouvrent  certains  grains  polliniques ,  sont  de 
véritables  organes  sécréteurs,  et  l'enduit  visqueux  or- 
dinairement coloré  qui  les  recouvre  en  est  le  produit. 
Parmi  les  pollens  pulvérulens,  on  peut  donc  établir 
deux  ordres  principaux  ,  savoir,  les  pollens  visqueux 
et  ies  pollens  non  visqueux.  Les  considérations  tirées 
de  la  forme  générale  sont  moins  importantes ,  c'est- 
à-dire  que  la  différence  est  moins  grande  entre  les 
pollens  sphériques  ,  elliptiques  ,  cycloïdes ,  polyé- 
driques ,  etc. 

M.  Guillemin  s'est  convaincu  par  un  grand  nombre 
d'observations  que  la  nature  des  grains  polliniques 
était  la  même  dans  chaque  famille  naturelle  de 
plantes  ;  ou ,  en  d'autres  termes  ,  que  dans  une  de 
ces  familles  on  ne  rencontrait  point  en  même  temps 
des  pollens  visqueux  et  des  pollens  non  visqueux.  Il 
a  vu  de  pi  is  que  tous  les  genres  d'une  même  fa- 
mille n'offrent    que  des  modifications  dans  les  for- 


ÉTAMlîfliS.  287 

mes  de  leurs  grains  polliniques  ;  mais  que  des  fa- 
milles très  -  éloignées  par  d'autres  caractères  ,  se 
rapprochaient  néanmoins  par  une  identité  dans  leurs 
pollens.  Nous  nous  contenterons  d'énumérer  la  na- 
ture et  la  forme  de  cet  organe  dans  quelques  familles 
remarquables. 

Le  pollen  des  Malvacées  et  des  Convolvulacées 
est  formé  de  grains  sphériques  papHIaires  et  d'un 
blanc  argentin.  Dans  les  Cucurbitacées,  ils  sont  sphé- 
riques, papillaires  et  d'un  beau  jaune  doré.  Ceux  de  la 
tribu  des  Hèlianthèes,  de  la  famille  des  Synanthèrèesy 
sont  également  sphériques  papillaires,  et  d'un  beau 
jaune  orangé.  La  tribu  ou  plutôt  l'ordre  des  Chico- 
racées  nous  présente  des  grains  sphériques  visqueux, 
mais  dont  la  superficie  est  taillée  à  facettes. Un  poilenà 
grains  couverts  d-'éminences  mamelonnées,  surmontés 
chacun  d'un  point  brillant,  s'observe  dans  le  Cobœa 
scandens.  Celui  des  Phlox  est  très- analogue  à  ce 
dernie«r  >  circonstance  qui  appuie  l'opinion  de  ceux 
qui  considèrent  ces  deux  genres  comme  étant  de  la 
même  famille.  Enfin,  pour  ne  pas  pousser  trop  loin 
cette  énuméïBtion  des  pollens  visqueux,  les  grains 
dans  les  Onagraires  ont  une  forme  trigone  très-ma- 
nifeste,-avec  une  dépression  considérable  dans  leur 
centre. 

Les  famillesoù  l'on  trouve  des  grains  non  visqueux, 
sont  en  très -grand  nombre.  Il  nous  suffira  de  citer 
les  Solanées ,  Scrophularinèes ,  Gentianèes ,  Garyo- 
phjilées,  Graminées ,  Euphorbiacèes ,  etc.Ces  grains 
ont  toujours  une  forme  elliptique,  et  sont  marqués 


288  ORGANES    DE    LA    REPRODUCTION. 

d'une  rainure  longitudinale;  le  plus  souvent  ils  sont 
colorés  en  jaune,  quelquefois  en  rouge ,  comme  dans 
les  Verbascum.  Dans  les  Légumineuses  papiliona- 
cées ,  le  pollen  est  bien  d'une  nature  non  visqueuse, 
mais  il  a  une  forme  cylindroïde  très-prononcée. 

Lorsqu'on  soumet  les  grains  non  visqueux  à  l'action 
de  l'eau,  ils  changent  de  forme  à  l'instant  même; 
d'elliptiques  qu'ils  étaient,  ils  deviennent  parfaite- 
ment sphériques.  Les  grains  visqueux  se  dépouillent 
d'abord  de  leur  enduit;  puis  ils  éclatent  plus  ou  moins 
promptement ,  et  lancent  au  dehors  un  liquide  plus 
dense  ^ue  l'eau ,  et  dans  lequel  se  meuvent  des 
myriades  de  petits  grains  que  leur  couleur  ver- 
dâtre  rend  perceptibles  à  la  vue,  par  un  grossissement 
de  plusieurs  centaines  de  fois- leur  diamètre.  M.  Amici 
a  vu  un  grain  pollinique  de  Portulaca  oleracea  en 
contact  avec  un  poil  du  stigmate,  se  rompre,  lancer 
au  dehors  une  sorte  de  boyau  dans  lequel  les  gra- 
nules ont  circulé  pendant  plus  de  quatre  heures. 
Gleichen,  qui  avait  déjà  observé  les  granules  conte- 
nus dans  les  grains  polliniques ,  les  avaient  consi- 
dérés comme  jouant  le  principal  rôle  dans  l'acte  de 
la  fécondation,  et  M.  Guillemin,  raisonnant  d'-après 
l'analogie  de  ces  organes  avec  les  animalcules  sper- 
matiques  des  animaux ,  n'est  pas  éloigné  d'adopter 
cette  opinion. 

Nous  parlerons  maintenant  du  pollen  des  Asclé- 
piadées  et  des  Orchidées,  qui  présente  des  modifica- 
tions très- remarquables. 

Dans  plusieurs  genres  de  ces  deux  familles,   tout 


Staminés.  289 

le  pollen  contenu  dans  une  loge  est  réuni  en  un  corps 
qui  a  la  même  forme  que  la  loge  dans  l'intérieur  de 
laquelle  il  est  contenu.  On  donne  à  ce  pollen  ainsi 
réuni  le  nom  de  masse  pollinique  [massa pollinicà). 
Quand  ces  masses  sont  partagées  en  plusieurs  autres 
masses  plus  petites ,  on  appelle  ces  dernières  des 
massettes  (niassulœ).  Les  masses  polliniques  des 
Orchidées  sont  tantôt  formées  de  grains  solides  réunis 
ensemble  par  une  sorte  de  réseau  élastique;  on  les 
appelle  alors  masses  sectiles  (  massœ  sectiles  )  , 
comme  dans  les  genres  Orchis,  Ophrys.  D'autres  fois, 
elles  sont  tout- à- fait  granuleuses  (  massœ  granu- 
losœ);  telles  sont  celles  des  genres  Epipactis,  Loro- 
glossum,  etc.  Enfin  elles  sont  quelquefois  d'une 
substance  solide  et  compacte  {massœ  solidœ),  comme 
dans  les  genres  Coraïlorhiza ,  Malaxis.  Ces  trois 
formes  ne  se  trouvent  jamais  réunies  ni  confondues 
dans  un  même  genre. 

Le  pollen ,  projeté  sur  des  charbons  ardens,  brûle  et 
s'enflamme  avec  rapidité.  Dans  beaucoup  de  plantes, 
il  répand  une  odeur  qui  a  l'analogie  la  plus  frap- 
pante avec  la  substance  à  laquelle  on  le  compare 
dans  les  animaux,  comme  on  l'observe  très-bien  dans 
le  châtaignier,  l'épine-vinette,  etc. 


Q.gO  ORGANES    DE    LA    REPRODUCTION. 

CHAPITRE  IX. 

DU  PISTIL  OU  ORGANE  SEXUEL  FEMELLE. 

Le  pistil ,  comme  nous  l'avons  déjà  vu  précé- 
demment, est  l'organe  sexuel  femelle  dans  les  vé- 
gétaux. Il  occupe  presque  constamment  le  centre  de 
la  fleur,  et  se  compose  de  trois  parties,  savoir:  i°de 
Y  ovaire ,  i°  du  style ,  3°  du  stigmate. 

Ordinairement  on  ne  rencontre  qu'un  seul  pistil 
dans  une  fleur,  comme  dans  le  lis,  la  jacinthe,  le' 
pavot,  etc. 

D'autres  fois  il  y  en  a  plusieurs  dans  la  même 
fleur,  comme  dans  la  rose  ,  les  renoncules,  etc. 

Le  pistil  ou  les  pistils,  lorsqu'il  y  en  a  plusieurs, 
sont  souvent  attachés  à  un  prolongement  particulier 
du  réceptacle ,  auquel  on  donne  le  nom  de  gy- 
nophore, 

Il  ne  faut  pas  confondre  le  gynophore  avec  le  po~ 
dogyne ,  amincissement  de  la  base  de  l'ovaire  qui 
élève  un  peu  le  pistil  au-dessus  du  fond  de  la  fleur. 
Le  gynophore ,  en  effet,  n'appartient  pas  essentielle- 
ment au  pistil  ;  il  reste  au  fond  de  la  fleur ,  quand 
celui-ci  vient  à  s'en  détacher.  Le  podogyne  au  con- 
traire, qui  fait  partie  du  pistil,  l'accompagne  dans 
toutes  les  époques  de  son  développement.  Il  y  a  un 
gynophore  dans  le  fraisier,  le  framboisier,  et  un  po- 
dogyne dans  le  câprier,  le  pavot,  etc. 


PISTIL.  2g  1 

Lorsqu'il  y  a  plusieurs  pistils  dans  une  fleur,  il 
n'est  pas  rare  de  voir  le  gynophore  devenir  épais  et 
charnu  :  c'est  ce  qu'on  observe  d'une  manière  très- 
manifeste  dans  le  framboisier,  et  surtout  le  fraisier. 
La  partie  de  la  fraise  qui  est  pulpeuse,  sucrée,  et 
que  nous  mangeons ,  n'.pst  qu'un  gynophore  très- 
développé  :  les  petits  grains  brillans  qui  la  recouvrent 
sont  autant  de  pistils.  II  est  facile  de  reconnaître  la 
nature  de  ces  différentes  parties ,  et  d'en  suivre  les 
développemens  successifs  dans  la  fleur. 

La  base  du  pistil  est  toujours  représentée  par  le 
point  au  moyen  duquel  il  s'attache  au  réceptacle. 
Le  sommet ,  au  contraire,  correspond  toujours  au 
point  où  les  styles  ou  bien  le  stigmate  sont  insérés 
sur  l'ovaire.  Comme  quelquefois  cette  insertion  a 
lieu  latéralement ,  on  conçoit  que  le  sommet  orga- 
nique de  l'ovaire  ne  répond  pas  toujours  à  son  som- 
met géométrique.  Ce  dernier,  en  effet,  est  le  point 
le  plus  élevé  par  lequel  passe  une  ligne  qui  traverse 
l'ovaire  dans  sa  partie  centrale. 

§  i .  De  V ovaire. 

L 'ovaire  (ovarium)  occupe  presque  toujours  la 
partie  inférieure  du  pistil.  Son  caractère  essentiel  est 
de  présenter ,  quand  on  le  coupe  longitudinaîement 
ou  en  travers,  une  ou  plusieurs  cavités,  nommées 
loges,  dans  lesquelles  sont  contenus  les  rudimens  des 
graines  ou  les  ovules.  C'est  dans  l'intérieur  de  l'ovaire 
que  les  ovules  acquièrent  tout  leur  développement 
et  se  changent  en  graines.  Cet  organe  peut  donc  être 


1Q1  ORGANES    DE    LA    REPRODUCTION. 

considéré,  sous  le  rapport  de  ces  fonctions,  comme 
l'analogue  de  l'ovaire  et  de  l'utérus  dans  les  animaux. 

La  forme  la  plus  générale  et  la  plus  habituelle 
de  l'ovaire,  est  d'être  ovoïde;  cependant  il  est  plus 
ou  moins  comprimé  et  allongé  dans  certaines  familles 
de  plantes,  comme  dans  les^Crucifères,  les  Légumi- 
neuses ,  etc. 

Ylovaire  est  le  plus  souvent  libre  au  fond  de  la 
fleur;  cest-à*dire  que  sa  base  correspond  au  point  du 
réceptacle,  où  s'insèrent  également  les  étamines  et 
les  enveloppes  florales ,  comme  on  le  voit  dans  la 
jacinthe  ,  le  lis,  la  tulipe  ,  etc.  (Voyez  planche  6  , 
fig.i,3.) 

Mais  quelquefois  on  ne  rencontre  pas  l'ovaire  dans 
le  fond  de  la  fleur  ;  il  est  placé  entièrement  au-des- 
sous du  point  d'insertion  des  autres  parties  ;  c'est-à-  • 
dire  que  ,  faisant  corps  par  tous  les  points  de  sa  péri- 
phérie avec  le  tube  du  calice ,  son  sommet  seul  se 
trouve  libre  au  fond  de  la  fleur.  Dans  ce  cas ,  l'ovaire 
a  été  appelé  infère  [ovarium  ùiferum),  pour  le 
distinguer  de  celui  où,  étant  libre,  il  porte  le  nom 
d'ovaire  supere  [ovarium  mperimi)  ;  les  Iris,  les 
Narcisses,  les  Myrtes,  les  Groseillers  ont  un  ovaire 
infère.  (Voy.  pi.  6,  fig.  40 

Lors  donc  qu'au  fond  d'une  fleur  on  ne  trouvera 
pas  l'ovaire ,  mais  que  le  centre  en  sera  occupé  par 
un  style  et  un  stigmate ,  on  devra  examiner  si  au- 
dessous  du  fond  de  cette  fleur  on  ne  voit  pas  un 
renflement  particulier,  distinct  du  sommet  du  pé- 
doncule. $i  ce  renflement,  coupé  en    travers,  offre 


PISTIL.  293 

une  ou  plusieurs  cavités  ,  contenant  des  ovules ,  on 
sera  dans  la  certitude  qu'il  existe  un  ovaire  infère. 

La  position  de  l'ovaire  infère  ou  superô  fournit 
les  caractères  les  plus  précieux  pour  le  groupement 
des  genres  en  familles  naturelles* 

Toutes  les  fois  que  l'ovaire  est  infère  ,  le  calice 
est  nécessairement  monosépale,  puisque  son  tube  est 
intimement  uni  avec  la  périphérie  de  l'ovaire. 

Quelquefois  l'ovaire  n'est  pas  entièrement  infère, 
c'est-à-dire  qu'il  est  libre  par  son  tiers,  sa  moitié  ou 
ses  deux  tiers  supérieurs.  Le  genre  Saxifrage  offre 
ces  différentes  nuances. 

Mais  il  est  une  position  de  l'ovaire  qui ,  presque 
toujours  confondue  avec  l'ovaire  infère ,  mérite  ce- 
pendant d'en  être  distinguée.  C'est  le  cas  où  plu- 
sieurs pistils  réunis  dans  une  fleur  sont  attachés  à 
la  paroi  interne  d'un  calice  très -resserré  à  sa  partie 
supérieure,  en  sorte  qu'au  premier  coup  d'œil  il  re- 
présente un  ovaire  infère.  Ces  ovaires  reçoivent  alors 
le  nom  de  pariétaux  (  ovaria  parietalia  ) ,  comme 
dans  la  rose,  et  un  grand  nombre  d'autres  Rosacées. 
(Voy.pl.  6,fig.  2.) 

L'ovaire  infère  étant  celui  qui  fait  corps  par  tous 
les  points  de  sa  périphérie  avec  le  tube  du  calice,  il 
découle  de  là  une  loi  générale  à  laquelle  on  n'a  ooint 
fait  attention  :  c'est  que  la  position  infère  de  l'ovaire 
exclut  nécessairement  la  multiplicité  des  pistils  dans 
la  même  fleur.  En  effet ,  dans  le  cas  d'ovaires  parié- 
taux, on  voit  qu'ils  ne  touchent  au  calice  que  par  un 
seul  point  :  il  est  de  toute  impossibilité  que  cet  or- 


^94  ORGANES    DE    LA    REPRODUCTION. 

gane  en  enveloppe  plusieurs  par  toute  leur  périphérie. 
Il  suit  donc  de  là  que  ces  ovaires  ne  sont  pas  infères, 
mais  seulement  pariétaux  ,  puisqu'ils  ne  font  pas 
corps  par  tous  les  points  de  leur  périphérie  avec  le 
tube  du  calice.  Cette  modification  mérite  d'être  si- 
gnalée. 

L'ovaire  est  sessile  au  fond  de  la  fleur  (  ovarium 
sessilé) ,  quand  il  n'est  élevé  sur  aucun  support  par- 
ticulier, comme  dans  le  lis,  la  jacinthe,  etc.  (  Voy. 
pi.  6,  fig.  1  et  3.) 

Il  peut  être  stipitè  {ovarium  stipitatum^),  quand 
il  est  porté  sur  un  gynophore  très-allongé ,  comme 
dans  le  câprier  (  Capparis  spinosa.  ) 

Coupé  transversalement,  l'ovaire  offre  souvent  une 
seule  cavité  intérieure  ou  loge ,  contenant  les  ovules. 
Il  est  dit  alors  uniloculaire  {ovarium  uniloculare) , 
comme  celui  de  l'amandier,  du  cerisier,  de  l'œil- 
let ,  etc. 

On  Tappelle  biloculaire  (  ovarium  blloculare  ) , 
quand  il  est  composé  de  deux  loges  ;  par  exemple  , 
dans  le  lilas,  la  linaire,  la  digitale,  etc. 

Triloculaire  {ovarium  triloculare) ;  tel  est  celui 
du  lis,  de  l'iris,  de  la  tulipe ,  etc.  (Voy.  pi.  6,  fig.  5.) 
Quadriloculaire    (  ovarium    quadriloculare  )  , 
comme  dans  le  Sagina  prvcumbens. 

Quinquéloculaire  (  ovarium  quinqueloculare  )  , 
comme  dans  le  lierre  {Hedera  jFJelix). 

Multiloculaire  (  ovarium  multiloculare  )  ,  quand 
il  présente  un  grand  nombre  de  loges  :  Ex.  le  né- 
nuphar. 


PISTIL.  aQS 

Mais  chaque  loge  peut  contenir  un  nombre  d'o- 
vules plus  ou  moins  considérable.  Ainsi  il  y  a  des 
loges  qui  ne  renferment  jamais  qu'un  seul  ovule  :  on 
les  appelle  uniovulècs  {locula  uniovulata) ,  comme 
dans  les  Graminées,  les  Synanthérées ,  les  Labiées, 
les  Ombellifères,  etc. 

D'autres  fois  chaque  loge  contient  deux  ovules, 
«est-à-dire  qu'elle  est  biovulée  {locula  biovulata). 
Dans  le  cas  où  chaque  loge  d'un  ovaire  renferme 
deux  ovules  seulement ,  il  est  très-important  d'étu- 
dier leur  leur  position  respective.  Tantôt  en  effet, 
les  deux  ovules  naissent  d'un  même  point  et  à  la 
même  hauteur  ;  dans  ce  cas  ,  ils  sont  dits  apposés 
[ovulis  appositis),  comme  dans  les  Euphorbiacées. 
D'autres  fois  ,  au  contraire ,  ils  naissent  l'un  au- 
dessus  de  l'autre,  on  les  appelle  alors  superposés  (ovu- 
lis  superpositis),  comme  dans  le  Tamus  communis. 

On  dit  au  contraire  qu'ils  sont  alternes  {ovulis 
altcrnis),  lorsque  les  points  d'attache  des  ovules  ne 
sont  pas  sur  le  même  plan  ,  quoique  les  ovules  se 
touchent  latéralement  :  par  exemple ,  dans  le  pom- 
mier, le  poirier,  etc. 

Nous  reviendrons  plus  en  détail  sur  les  différentes 
positions  des  ovules  entre  eux  ,  et  relativement  à  l'o- 
vaire en  parlant  de  la  graine. 

Quelquefois  enfin,  chaque  loge  d'un  ovaire  ren- 
ferme un  nombre  très-considérable  d'ovules,  comme 
dans  le  tabac,  le  pavot ,  etc.  ;  mais  ces  ovules  peuvent 
ctre  disposés  de  diverses  manières.  Ils  sont  assez 
souvent  superposés  régulièrement  les  uns  au-dessus 


20,6  ORGANES    DE    LA    REPRODUCTION. 

des  autres,  sur  une  ligne  longitudinale,  comme  dans 
l'aristoloche  {Aristolochia  Sypho).  On  les  appelle 
unisériés  (ovulis  uniserialis).  D'autres  fois  ils  sont 
disposés  sur  deux  lignes  longitudinales  :  ils  sont  bi- 
sériés ,  comme  dans  les  iris,  le  lis,  la  tulipe,  etc. 

Quelquefois  ils  sont  épars  et  sans  ordre,  comme 
dans  le  nénuphar,  {JSymphcea  albà).  D'autres  fois 
ils  sont  conglobés,  ou  réunis  et  serrés  les  uns  contre 
les  autres ,  de  manière  à  former  un  globe  ,  comme 
dans  un  grand  nombre  de  Caryophyllées. 

Les  ovules  fécondés  deviennent  des  graines:  mais 
il  arrive  fréquemment  qu'un  certain  nombre  d'ovules 
avortent  constamment  dans  le  fruit.  Quelquefois 
même  plusieurs  cloisons  se  détruisent  et  disparaissent. 
Il  est  donc  essentiel  de  rechercher  dans  l'ovaire  la 
véritable  structure  du  fruit.  C'est  par  ce  moyen  seul 
qu'on  peut  rapprocher  les  uns  des  autres,  dans  la  série 
des  ordres  naturels,  certains  genres  qui ,  au  premier 
coup  d'œil,  s'éloignent  beaucoup  par  la  structure  de 
leurs  fruits,  à  la  disposition  de  leurs  graines. 

§  1.  Du  Style. 

Le  style  ( stylus)  est  ce  prolongement  filiforme  du 
sommet  de  l'ovaire  qui  supporte  le  stigmate.  (Voyez 
pi.  6,fig.  1,3).  Quelquefois  il  manque  entièrement; 
et  alors  le  stigmate  est  sessile,  comme  dans  le  pavot, 
la  tulipe,  etc. 

L'ovaire  peut  être  surmonté  d'un  seul  style , 
comme  dans  le  lis,  les  Légumineuses  ;  de  deux  styles , 
comme  dans  les  Ombellifères;  de  trois  styles,  comme 


PISTIL.  297 

dans  la  viorne  (  Viburnum  lantana  ) ,  etc.  Il  y  a 
quatre  styles  sur  l'ovaire,  dans  le  Parnassia;  cinq 
dans  le  Statice,  le  lin,  etc. 

Dans  d'autres  cas,  au  contraire,  il  n'y  a  qu'un 
seul  style  pour  plusieurs  ovaires,  comme  dans  les 
Apocynées,  etc. 

Presque  toujours  le  style  occupe  la  partie  la  plus 
élevée,  c'est-à-dire  le  sommet  géométrique  de  l'ovaire, 
comme  dans  les  Crucifères,  les  Liliacées,  etc.  On 
l'appelle  alors  style  terminal  (stylus  terminalis). 

On  le  nomme  latéral  (stylus  latérales),  quand  il 
naît  des  parties  latérales  de  l'ovaire,  comme  dans  la 
plupart  des  Rosacées ,  le  Daphne,  etc.  Il  indique  alors 
le  sommet  organique  de  l'ovaire,  qui,  dans  ce  cas, 
est  différent  du  sommet  géométrique. 

Dans  quelques  circonstances  beaucoup  plus  rares, 
le  style  paraît  naître  de  la  base  de  l'ovaire.  On  lui  a 
donné  le  nom  de  style  basilaire  (stylus  basilaris), 
comme  dans  l'alchimille  {Alchimilla  vulgaris),  l'arbre 
à  pain  [Artocarpus  incisa). 

Quelquefois  encore  le  style,  au  lieu  de  naître  sur 
l'ovaire,  semble  partir  du  réceptacle,  comme  dans  les 
Labiées,  certaines  Borraginées,  etc. 

Le  style  peut  être  inclus  (stylus  inclusus),  c'est- 
à-dire  renfermé  dans  la  fleur,  de  manière  à  n'être 
pas  visible  à  l'extérieur,  comme  dans  le  lilas  (Syringa 
vulgaris),  le  jasmin  {Jasminiun  officinale),  etc. 

Il  peut  être  saillant  (stylus  exsertus) ,  comme  dans 
la  valériane  rouge  (Centrantkus  ruber). 

Les  formes  du  style  ne  sont  pas  moins  nombreuses 


30,8  ORGANES    DE    LA    REPRODUCTION. 

que  celles  des  autres  organes  que  nous  avons  étudiés 
jusqu'ici.  En  effet,  quoique  le  plus  généralement  il 
soit  grêle  et  filiforme,  cependant  il  offre,  dans  cer- 
tains végétaux,  une  apparence  tout-à-fait  différente. 
Ainsi  il  est  trigone  (stylus  trigonus)  dans  YOrnitho- 
galum  luteum,  le  Lilium  bulbiferum,  etc. 

Il  est  claviforme ,  ou  en  massue  (stylus  claviformis) 
dans  le  Leucoium  œstivum. 

Il  est  creux  ( stylus fistulosus)  dans  le  lis  (Lilium 
candidum  ). 

Pétaloïde  (  stylus  petaloîdeus),  large,  mince, 
membraneux,  coloré  à  la  manière  des  pétales,  dans 
les  Iris,  etc,  etc. 

Suivant  sa  direction,  relativement  à  l'ovaire,  il 
est  vertical,  dans  le  lis; 

Ascendant  (stylus  ascendens) ,  formant  un  arc 
dont  la  convexité  est  tournée  vers  le  haut  de  la 
fleur,  comme  dans  la  sauge  et  plusieurs  autres 
Labiées  ; 

Décliné  (stylus  declinatus)  (i),  lorsqu'il  s'abaisse 
vers  la  partie  inférieure  de  la  fleur,  comme  dans  îe 
dictame  blanc  (Dictamnus  albus),  certaines  Labiées 
et  Légumineuses. 

Le  style  peut  être  simple  (stylus  simplex),  et  sans 
aucune  division,  comme  dans  la  pervenche,  le  lis. 

Il  est  bifide  dans  le  groseiller  rouge  (  Ribes 
ruùrum),  trifide  dans  le  glayeul  (Gladiolus conimu- 

(i)  Assez  souvent  les  étamines  et  le  pistil  sont  déclinés  dans  la 
même  fleur  :  on  dit  alors  que  les  organes  sexuels  sont  déclinés 
' geniialia  dec'inata),  comme  dans  la  fraxinelle. 


PISTIL.  29g 

nis)  ; quinquéfide ,  dans  l' Hibiscus;  multifide,  comme 
clans  la  mauve,  suivant  qu'il  est  fendu  en  deux,  trois, 
cinq,  ou  un  grand  nombre  de  divisions  peu  pro- 
fondes. 

Si ,  au  contraire,  ces  divisions  sont  très-pro fondes , 
et  atteignent  jusqu'au-dessous  de  son  milieu,  il  est  dit 
alors  biparti,  comme  dans  le  groseiller  à  maquereau 
( Ribes  grossularia)  (voy.  pi.  6,  fig.  4)  ;  triparti, 
quinquèparti ',  multiparti,  etc. ,  suivant  le  nombre  de 
ses  divisions. 

Le  style  est  quelquefois  comme  articulé  avec  le 
sommet  <le  l'ovaire,  en  sorte  qu'il  tombe  après  la 
fécondation;  on  lui  donne  le  nom  de  caduc  (stjlus 
caducus)  :  dans  .ce  cas,  il  n'en  reste  aucune  trace  sur 
l'ovaire,  comme  dans  la  cerise,  la  prune,  etc.  D'autres 
fois,  au  contraire,  il  est  persistant  {stylus  persistens), 
quand  il  survit  à  la  fécondation  :  ainsi,  dans  les  Cru- 
cifères, le  buis,  les  Anémones,  les  Clématites,  le 
style  persiste  et  fait  partie  du  fruit. 

Enfin,  quelquefois  non-seulement  il  persiste,  mais 
il  prend  encore  de  l'accroissement  après  la  féconda- 
tion, comme  dans  les  Pulsatilles,  les  Clématites,  la 
benoite,  etc. 

§  3.  Du  Stigmate. 

Le  stigmate  {sligmd)  est  cette  partie  du  pistil  ordi- 
nairement glandulaire,  placée  au  sommet  de  l'ovaire 
ou  du  style,  qui  est  destinée  à  recevoir  l'impression 
4e  la  substance  fécondante.  Sa  surface  est  en  général 
inégale  et  plus  ou  moins  visqueuse. 


300  ORGANES    DE    LA.    REPRODUCTION. 

Le  nombre  des  stigmates  est  déterminé  par  celui 
des  styles  et  des  divisions  du  style.  En  effet,  il  y  a 
toujours  autant  de  stigmates  que  de  styles  distincts 
ou  de  divisions  manifestes  dans  le  style. 

Le  stigmate  est  sessile,  c'est-à-dire  immédiate- 
ment attaché  au  sommet  de  l'ovaire ,  quand  le  style 
manque,  comme  dans  le  pavot,  la  tulipe. 

Il  n'y  a  qu'un  seul  stigmate  dans  les  Crucifères,  les 
Légumineuses,  les  Primulacées,  etc. 

Il  y  en  a  deux  dans  les  Ombellifères  et  un  grand 
nombre  de  Graminées. 

On  en  trouve  trois  dans  les  Iridées,  les  Silène,  la 
rhubarbe,  les  Rumex,  etc. 

Il  y  en  a  cinq  dans  le  lin;  six  et  même  un  nombre 
plus  considérable  dans  beaucoup  d'autres  plantes, 
telle  que  la  mauve. 

Le  stigmate  est  le  plus  souvent  terminal  (stigma 
terminale) y  c'est-à-dire  situé  au  sonjmet  du  style  ou 
de  l'ovaire,  comme  dans  le  lis,  le  pavot,  etc.  (Voyez 
pi.  6,  fig.  i,  3.) 

Il  est  latéral  [stigma  latérale),  quand  il  occupe 
les  cotés  du  style  ou  de  l'ovaire,  quand  le  style 
n'existe  pas,  comme  dans  les  Renonculacées,  le  pla- 
tane, etc. 

Selon  la  substance  qui  le  constitue ,  il  est  charnu 
{stigma  carnosum),  quand  il  est  épais,  ferme  et  suc- 
culent, comme  celui  du  lis. 

Glandulaire  (stigma  glandulare),  quand  il  est 
évidemment  formé  de  petites  glandes  plus  ou  moins 
rapprochées. 


PISTIL.  3oi 

Membraneux  [stigma  membranaceum) ,  quand  il 
est  aplati  et  mince. 

Pétaloïde,  quand  il  est  mince,  membraneux  et 
coloré  à  la  manière  des  pétales,  comme  dans  les 
Iris,  etc. 

Suivant  sa  forme,  le  stigmate  peut  être  globuleux 
ou  cupitè  [globosum ,  capitatum  ) ,  arrondi  en  forme 
de  petite  tête  :  la  primevère  [Primula  veris),  la 
belladone  [Atropa  belladona),  la  belle  -  de -nuit 
(  Nfctago  hortensis). 

Hémisphérique  [stigma  hemisphœricum),  présen- 
tant la  forme  d'une  demi  -  sphère ,  comme  dans  la 
jusquiame  jaune  [Hyosciamus  aureus). 

Discoïde  [  stigma  discoïdeum  )  aplati ,  large  et  en 
forme  de  bouclier,  comme  dans  le  pavot,  le  coque- 
licot, etc. 

Claviforme  ou  en  massue  (stigma  clavatwn),  dans 
le  Jasione  montana,  etc. 

Capillaire  ow.  filiforme  [stigma  capillare ,  fili- 
forme), grêle  et  très-allongé,  comme  dans  le  maïs 
ou  blé  de  Turquie. 

Linéaire  [stigma  lineare),  étroit  et  allongé, 
comme  dans  les  campanules  et  beaucoup  de  Caryo- 
phyllées. 

Trigone  [stigma  trigonum) ,  ayant  la  forme  d'un 
prisme  à  trois  faces,  comme  dans  la  tulipe  sauvage 
[Tulipa  sylvestris). 

Trilobé  [stigma  trilobum),  formé  de  trois  lobes 
arrondis,  comme  dans  le  lis.  (Voy.  pi.  6,  fig.  i.) 

Étoile  [stigma  stellatum),  plane  et  découpé  en 


3o2  ORGANES    DE    LA.    REPRODUCTION". 

lobes  à  la  manière  d'une  étoile,  comme  dans  lesÉri- 
cinées,  la  pyrole,  etc. 

Ombiliquè  (  stigma  umbilicatum  ) ,  offrant  dans 
son  centre  une  dépression  plus  ou  moins  profonde, 
comme  dans  le  lis,  la  Viola  rothomagensis ,  etc. 

Sémilunè  ou  en  croissant  {stigma  semilunatum) i 
comme  dans  la  fumeterre  jaune  (Corydalis  lutea). 

De  même  que  le  style,  le  stigmate  peut  être  simple 
et  indivis ,  comme  dans  la  bourrache  (Borrago  ojfi- 
cinalis),  la  primevère,  etc. 

Bifide  (stigma  bi/zdum) ,  partagé  en,  deux  divisions 
étroites,  comme  dans  la  sauge,  et  le  plus  grand 
nombre  des  Labiées,  des  Synanthérées,  etc. 

Trifide  (stigma  trifzdum),  dans  la  camélée  (Cneo- 
rum  Iricoccum) ,  les  narcisses,  etc. 

Quadrijîde  (stigma  quadrifiduiri) ,  dans  la  dente- 
laire  (Plumbago  europœa),  etc. 

Midti/zde  (stigma  multifidwrt) ,  quand  le  nombre 
de  ses  divisions  est  plus  considérable. 

Il  est  biïamellè  (stigma  bilamellatum) ,  formé  de 
deux  lames  mobiles  l'une  sur  l'autre,  dans  le  Mimulus. 
(Voy.pl.  6,%.  3.) 

Suivant  sa  direction,  on  dit  du  stigmate  qu'il  est  : 

Dressé  (stigma  erectum),  lorsqu'il  est  allongé  et 
dirigé  suivant  l'axe  de  la  fleur. 

Oblique  (stigma  obliquum) ,  quand  il  se  dirige 
obliquement  par  rapport  h  l'axe  de  la  fleur. 

Tors,  roulé  en  tire-bourre,  comme  dans  la  Nigella 
hispanica,  etc. 

La  superficie  du  stigmate  est  tantôt  glabre ,  tantôt 


pistil.  3o3 

veloutée,  comme  dans  le  Chelidonium  Glaucium ,  le 
Mimulus  aurantiacus ,  etc.  Elle  est  pubescente  dans 
le  platane. 

Le  stigmate  est  plumeux  (stîgma plumosum), 
quand  il  est  filiforme,  et  que  de  chaque  coté  il  offre 
une  rangée  de  poils  disposés  comme  les  barbes  d'une 
plume;  exemple,  beaucoup  de  Graminées. 

Pénicelliforme  (stigma  penicelliforma)  ,  ou  en 
forme  de  pinceau,  quand  les  poils  sont  rassemblés 
par  petites  touffes  ou  bouquets,  et  constituent  des 
espèces  de  houppes  ou  de  pinceaux,  comme  dans  le 
Triglochin  marilimum ,  etc. 


Nous  venons  d'examiner  et  de  faire  connaître  les 
organes  de  la  floraison ,  savoir  :  le  pistil,  les  étamines, 
et  les  ewveloppes  florales.  Nous  avons  remarqué  que 
l'essence  de  la  fkiar  ïéside  uniquement  dans  la  pré- 
sence des  organes  sexuels,  et  que  le  calice  et  la 
corolle  ne  doivent  être  considérés  que?  comme  pure- 
ment accessoires,  c'est-à-dire  servant  seulement  à 
favoriser  l'exercice  des  fonctions  que  la  nature  a 
confiées  à  la  fleur,  mais  n'y  concourant  qu'indirec- 
tement. Aussi  les  voit-on  manquer  assez  fréquem- 
ment ,  sans  que  leur  absence  paraisse  avoir  aucune 
influence  sur  les  phénomènes  et  l'action  réciproque 
des  organes  sexuels. 

Les  enveloppes  florales  semblent  donc  avoir  powr 
principal  usage  de  protéger  les  organes  de  la  géné- 
ration jusqu'à   leur  parfait  accroissement,  c'est-à- 


3o4  ORGANES    DE    LA.    REPRODUCTION. 

dire  jusqu'à  l'époque  où  ils  sont  propres  à  \a  fécon- 
dation. 

Avant  d'exposer  les  phénomènes  curieux  et  inté- 
ressans  de  cette  importante  fonction,  revenons  en- 
core à  quelques  considérations  générales  sur  la  fleur. 

On  a  donné  le  nom  à'anthèse  à  l'ensemble  des 
phénomènes  qui  se  manifestent  au  moment  où  toutes 
les  parties  d'une  fleur,  ayant  acquis  leur  entier  déve- 
loppement, s'ouvrent ,  s'écartent  et  s'épanouissent. 

Toutes  les  plantes  ne  fleurissent  pas  à  la  même 
époque  de  Tannée.  Il  existe  à  cet  égard  des  diffé- 
rences extrêmement  remarquables,  qui  tiennent  à  la 
nature  même  de  la  plante,  à  l'influence  plus  ou 
moins  vive  du  calorique  et  de  la  lumière,  et  enfin  à 
la  position  géographique  du  végétal. 

Les  fleurs  sont  un  des  plus  beaux  ornemens  de  la 
nature.  Si  elles  s'étaient  montrées  toutes  dans  la 
même  saison  et  à  la  même  époque,  elles  eussent 
disparu  trop  tôt,  et  les  végétaux  seraient  restés  trop 
long-temps  sans  parure. 

L'hiver  même,  malgré  ses  frimas,  voit  éclore  des 
fleurs.  Les  Galanthus  nivalis ,  les  Leucoium,  les 
hellébores,  les  Daphne,  poussent  et  dévelop'pent 
leurs  fleurs  quand  la  terre  est  encore  couverte  de 
neige.  Mais  ces  exemples  ne  sont  en  quelque  sorte 
que  des  exceptions.  Le  froid,  en  effet,  paraît  s'op- 
poser au  développement  et  à  l'épanouissement  des 
fleurs,  tandis  qu'une  chaleur  douce  et  modérée  les 
favorise  et  les  entretient.  Aussi  voyons -nous  régner 
en  quelque  sorte  un  printemps  perpétuel,  et  la  terre 


PISTIL.  iO.) 

se  couvrir  toujours  de  fleurs  nouvelles,  clans  les 
pays  où  la  température  se  maintient  toute  Tannée 
dans  un  terme  moyen. 

Dans  nos  climats  tempérés,  c'est  au  printemps, 
quand  une  chaleur  douce  et  vivifiante  a  remplacé  les 
rigueurs  de  l'hiver,  qu'écartant  insensiblement  leurs 
enveloppes,  les  fleurs  se  montrent  et  s'épanouissent 
à  nos  yeux.  Les  mois  de  mai  et  de  juin,  dans  nos 
climats,  sont  ceux  qui  voient  éclore  le  plus  de  fleurs. 

Suivant  la  saison  durant  laquelle  elles  développent 
leurs  fleurs,  les  plantes  ont  été  distinguées  en  quatre 
classes ,  savoir  en  : 

i°  Printanieres  (plantée  vcrnales ,  vernee),  celles 
qui  fleurissent  pendant  les  mois  de  mars ,  avril  et 
mai  :  telles  sont  les  violettes,  les  primevères,  etc. 

i°  Estivales  (plantée  œstivales),  celles  qui  fleu- 
rissent depuis  le  mois  de  juin  jusqu'à  la  fin  d'août: 
la  plupart  des  plante»  sont  dans  ce  cas. 

3° automnales  (plantée  aulumnales)t  celles  qui 
poussent  et  développent  leurs  fleurs  depuis  le  mois 
de  septembre  jusqu'en  décembre.  Tels  sont  beaucoup 
&  Aster,  le  colchique  (  Colchicum  autumnale,  le 
le  Chrysantliemum  inclicum ,  etc.  ) 

4°  Hibernales  (pi.  hibernales ,  hiberna?),  toutes 
celles  qui  fleurissent  depuis  le  milieu  de  décembre 
environ  jusqu'à  la  fin  de  février.  Telles  sont  un 
grand  nombre  de  Mousses,  de  Jungermanes,  le  Ga- 
lanthus  nivalis,  YHelleborus  niger,  etc. 

C'est  d'après  la  considération  de  l'époque  à  laquelle 
les  différentes  plantes  produisent  leurs  fleurs  que 

20 


3o6  ORGANES    DE    LA.    REPRODUCTION. 

Linnœus  a  établi  son  Calendrier  de  Flore  (i).  En" 
effet ,  il  y  a  un  grand  nombre  de  végétaux  dont  les 
fleurs  paraissent  toujours  à  la  même  époque  de 
l'année  ,  et  d'une  manière  réglée.  Ainsi,  sous  le  cli- 
mat de  Paris,  l'hellébore  noir  fleurit  en  janvier;  le 
coudrier,  le  Daphne  mezereum  en  février;  l'aman- 
dier, le  pêcher,  l'abricotier,  en  mars;  les  poiriers, 
les  tulipes,  les  jacinthes  ,  en  avril;  le  lilas  ,  les  pom- 
miers en  mai ,  etc. 

Non-seulement  les  fleurs  se  montrent  à  des  épo- 
ques différentes  de  l'année,  dans  les  divers  végétaux, 
mais  il  en  est  encore  un  grand  nombre  qui  s'ouvrent 
et  se  ferment  à  des  heures  déterminées  de  la  journée  ; 
quelques-unes  même  ne  s'épanouissent  que  pendant 
la  nuit.  De  là  on  distingue  les  fleurs  en  diurnes  et  en 
nocturnes.  Ces  dernières  sont  bien  moins  nombreuses 
que  les  premières.  Ainsi  la  belle-de-nuit  (  Njctago 
hortensis^)  n'ouvre  ses  fleurs  que  quand  le  soleil  s'est 
caché  derrière  l'horizon. 

Certaines  fleurs  même  ont  l'habitude  de  s'ouvrir 
et  de  se  fermer  à  des  heures  assez  fixes  de  ia  jour- 
née pour  pouvoir  annoncer  d'après  elles  à  quelle 
heure  à  peu  près  on  se  trouve.  Linnaeus,  si  ingénieux 
à  saisir  tous  les  points  de  vue  inîéressans  sous  les- 
quels on  pouvait  considérer  les  fleurs,  s'est  servi  de 
ces  époques  bien  connues  de  l'épanouissement  de 
quelques  espèces  pour  former  un  tableau   auquel  il 


(i)  Voyez,  à  la  fin  de  cet  ouvrage  ,  le  tableau  de  floraison  sous 
le  climat  de  Paris  ,  d'après  M.  De  Lamark. 


PISTIL.  3t>7 

a  donné  le  nom  à' Horloge  de  Flore  (  i  ).  Les  plantes , 
en  effet,  y  sont  rangées  suivant  l'heure  à  laquelle 
leurs  fleurs  s'épanouissent. 

Les  différens  météores  atmosphériques  paraissent 
avoir  une  influence  marquée  sur  les  fleurs  de  certains 
végétaux.  Ainsi  le  Calendula phwialis  ferme  sa  fleur 
quand  le  ciel  se  couvre  de  nuages,  ou  qu'un  orage 
menace  d'éclater.  Le  Sonchus  sibiricus ,  au  contraire, 
ne  s'ouvre  et  ne  s'épanouit  que  quand  le  temps  est 
brumeux,  et  l'atmosphère  chargée  de  nuages. 

La  lumière  plus  ou  moins  vive  du  soleil  paraît 
çtre  une  des  causes  qui  agissent  le  plus  efficacement 
sur  l'épanouissement  des  fleurs.  En  effet ,  son  ab- 
sence détermine  dans  les  fleurs,  comme  dans  les 
feuilles  des  plantes  de  la  famille  des  Légumineuses, 
une  sorte  de  sommeil.  Par  des  expériences  extrême- 
ment ingénieuses,  mon  ami  Bory  de  Saint-Vincent 
est  parvenu  à  faire  fleurir  certaines  espèces  A'Oxa/is, 
dont  les  fleurs  ne  s'étaient  jamais  épanouies  naturel- 
lement, en  les  éclairant  vivement  pendant  la  nuit, 
et  réunissant  sur  elles  les  rayons  lumineux  au  moyen 
d'une  lentille. 

La  durée  des  fleurs  présente  encore  des  diffé- 
rences très -notables..  Quelques-unes  s'épanouissent 
le  matin,  et  sont  fanées  avant  la  fin  de  la  journée; 
on  leur  a  donné  le  nom  à' éphémères .  Tels  sont  la 
plupart  des  Cistes,  le  Tradescenlia  virginica,  quel- 
ques Cactus y   etc.   D'autres,  au  contraire,  brillent 

(i)  Voyez  ce  tableau  à  la  fin  ée  l'ouvrage. 


3o8  ORGANES    DE    LA    REPRODUCTION. 

du  même  éclat  pendant  plusieurs  jours ,  et  souvent 
même  pendant  plusieurs  semaines. 

Enfin  il  est  quelques  fleurs  dont  la  couleur  varie 
aux  différentes  époques  de  leur  développement.  Ainsi 
X Hortensia  commence  par  avoir  des  fleurs  vertes; 
petit  à  petit  elles  prennent  une  belle  couleur  rose  , 
qui  ,  avant  qu'elles  ne  soient  entièrement  fanées , 
deviennent  d'une  teinte  bleue ,  plus  ou  moins  in- 
tense. 


CHAPITRE   X. 

DES    NECTAIRES. 

Sous  la  dénomination  générale  de  nectaires  (nec- 
taria),  Lînnœus  a  désigné  non-seulement  les  corps 
glanduleux  que  l'on  observe  dans  certaines  fleurs, 
où  ils  sécrètent  une  humeur  mielleuse  et  nectarée , 
mais  encore  toutes  les  parties  de  la  fleur  qui,  pré- 
sentant des  formes  irrégulières  et  insolites,  rui  sem- 
blaient ne  point  appartenir  aux  organes  floraux  pro- 
prement dits,  c'est-à-dire  ni  au-pistil,  niauxétamines, 
ni  aux  enveloppes  florales. 

On  conçoit  facilement  combien  l'extension  consi- 
dérable donnée  à  ce  mot  a  dû  jeter  de  vague  sur  sa 
véritable  signification,  à  tel  point,  qu'il  est  tout-à- 
fait  impossible  de  donner  une  définition  rigoureuse 
du  mot  nectaire,  tel  que  Linnaeus  l'a  entendu.  Quel- 


NECTAIRES.  3oq 

ques  exemples  viendront  à  l'appui  de  notre  asser- 
tion. 

Toutes  les  fois  qu'un  des  organes  eonstituans  de  la 
fleur  offrait  quelque  irrégularité  dans  sa  forme,  dans 
sou  développement,  ou  quelque  altération  de  sa  phy- 
sionomie habituelle,  Linnœus  lui  donnait  le  nom  de 
nectaire.  On  pense  bien  qu'il  a  dû  décorer  de  ce 
nom  une  foule  d'organes  tres-différens  les  uns  des 
autres. 

Ainsi,  dans  l'ancolie,  Linnaeus décrit  cinq  nectaires 
en  forme  d'éperons  recourbés  et  pendans  entre  les 
cinq  sépales;  dans  les  Delphinium  il  en  existe  deux 
qui  se  prolongent  en  pointe  à  leur  partie  postérieure, 
et  sont  contenus  dans  l'éperon  que  l'on  observe  à  la 
base  du  sépale  supérieur;  dans  les  hellébores  on  en 
trouve  un  grand  nombre  qui  sonttubuleux  et  comme 
à  deux  lèvres.  Or  ces  prétendus  nectaires  des  hellé- 
bores, des  ancolies,  et  en  général  de  tous  les  autres 
genres  de  la  famille  des  Renonculacées,  ne  sont  rien 
autre  chose  que  les  pétales. 

Dans  la  capucine,  le  nectaire  est  un  éperon  qui  part 
de  la  base  du  calice;  dans  les  linaires,  ce  nectaire  ou 
éperon  est  un  prolongement  de  la  base  de  la  corolle. 
11  en  est  de  même  dans  la  violette,  la  balsamine,  etc. 

•  Linnaeus  a  aussi  donné  le  nom  de  nectaires  à  des 
amas  de  glandes  placés  dans  différentes  parties  de 
la  fleur.  Auss'i  a-t-il  confondu  sous  ce  nom  les  disques 
comme  dans  les  Crucifères  ,  les  Orr.bellifères,  les  Ro- 
sacées ,  etc.  Dans  le  lis  ,  le  nectaire  est  sous  la  forme 
d'un   sillon   glanduleux  placé  à  la  base  interne  des 


3lO      ORGANES  DE  LA  REPRODUCTION. 

divisions  du  calice;  dans  les  iris,  c'est  un  bouquet  de 
poils  glanduleux  qui  règne  sur  le  milieu  des  divisions 
externes  du  calice. 

Dans  les  Graminées,  le  nectaire  se  compose  de  deux 
petites  écailles  de  forme  très-variée,  situées  d'un  coté 
de  la  base  de  l'ovaire.  Ces  deux  écailles  ou  paléoles 
forment  la  glumelle ,  organe  qui  n'effectue  aucune 
sécrétion.  Dans  les  Orchidées,  on  a  appelé  nectaire 
!a  division  inférieure  et  interne  du  calice,  que  d'au- 
tres botanistes ,  et  Linnœus  lui-même  ont  désignée 
sous  le  nom  de  labelle. 

Nous  pourrions  encore  multiplier  le  nombre  des 
exemples  de  genres  où  l'on  a  fait  mention  du  nectaire. 
Mais  ceux  que  nous  avons  cités  suffisent  pour  faire 
voir  combien  ce  mot  est  vague  et  peu  défini  dans  la 
langue  botanique,  puisqu'on  l'a  appliqué  tour  à  tour 
à  des  pétales,  à  des  calices,  à  desétamines,  à  des 
pistils  avortés  et  difformes,  à  des  disques  hypogynes 
périgynes  et  épigynes. 

Si  l'on  voulait  conserver  cette  expression  de  nec- 
taire ,  nous  pensons  qu'il  faudrait  exclusivement  la 
réserver  pour  les  amas  de  glandes  situées  sur  les  dif- 
férentes parties  èe  la  plante,  et  destinées  à  sécréter  un 
liquide  mielleux  etnectaré,en  ayant  soin  toutefois  de 
ne  pas  confondre  ce  corps  avec  les  différentes  espèces 
de  disque,  qui  ne  sont  jamais  des  organes  sécréteurs. 
Par  ce  moyen  on  ferait  cesser  le  vague  et  la  confu- 
sion que  ce  mot  entraîne  avec  lui  ,  et  on  le  rendrait 
à  sa  véritable  signification. 


FÉCONDATION.  3lï 

CHAPITRE    XL 

DE    LA    FÉCONDATION. 

La  découverte  de  l'organe  mâle  et  de  l'organe 
feineile  dans  les  végétaux  a  ouvert  un  nouveau 
champ  à  l'observation,  en  faisant  étudier  les  phéno- 
mènes de  l'action  qu'ils  exercent  l'un  sur  l'autre.  Ce 
n'est  que  depuis  cette  époque  que  l'on  a  bien  connu 
le  mécanisme  de  la  fécondation.  Cependant  remar- 
quons ici  que  les  grandes  vérités  utiles  à  l'homme 
ont  de  tout  temps  été  pressenties,  en  quelque  sorte, 
par  un  instinct  particulier,  par  ceux  même  qui  n'au- 
raient pu  en  donner  aucune  explication.  Ainsi,  quoi- 
que la  découverte  des  sexes  dans  les  végétaux  ne  re- 
monte point  à  plus  de  deux  siècles,  cependant,  de 
temps  immémorial,  les  habitans  de  l'Arabie  avaient 
remarqué  que ,  pour  que  le  dattier  et  le  pistachier 
pussent  fructifier,  il  était  nécessaire  qu'ils  se  trou- 
vassent rapprochés  des  individus  sur  lesquels  ils 
n'avaient  jamais  vu  de  fruits.  Aussi  allaient -ils  sou- 
vent chercher  à  de  grandes  distances  des  rameaux 
de  fleurs  mâles  pour  les  secouer  sur  les  fleurs  fe- 
melles, qui  alors  se  convertissaient  en  fruits  parfaits. 
Mais  ils  ignoraient  entièrement  la  cause  de  ces  phé- 
nomènes, n'ayant  aucune  idée  de  la  présence  des 
sexes  dans  les  végétaux. 

11  nous  est  aussi  impossible  de  connaître  le  mèca- 


3 11  ORGANES    DE    LA    REPRODUCTION. 

nisme  de  la  fécondation  dans  les  plantes  que  dans 
les  animaux.  Nous  savons  seulement  que  l'organe 
femelle  est  fécondé  ;  que  les  ovules  ou  rudimens  des 
graines  renfermés  dans  l'intérieur  de  l'ovaire  de- 
viennent aptes  à  se  développer  et  à  reproduire  plus 
tard  des  individus  parfaitement  semblables,  toutes 
les  fois  que  le  pollen,  renfermé  dans  les  loges  de 
l'étamine,  a  exercé  son  influence  sur  le  stigmate. 
Mais  de  quelle  nature  est  cette  influence?  comment 
le  pollen  agit -il  pour  féconder  les  ovules?  L'état 
actuel  de  nos  connaissances  ne  nous  a  pas  encore 
fourni  les  moyens  de  pouvoir  résoudre  ces  questions. 
La  fécondation,  comme  toutes  les  fonctions  qui  dé- 
pendent de  l'action  vitale,  est  couverte  d'un  voile 
que  l'homme  n'est  point  encore  parvenu  à  soulever 
entièrement;  son  mécanisme  échappe  à  nos  moyens 
d'investigation.  Il  nous  est  impossible  de  la  suivre 
dans  sa  marche  ;  et  nous  ne  la  connaissons  que  par 
les  effets  qu'elle  produit. 

Ici,  comme  dans  ses  autres  ouvrages,  nous  avons 
lieu  d'admirer  la  prévoyance  de  la  nature  et  la  per- 
fection qu'elle  sait  donner  aux  instrumens  qu'elle 
emploie.  Les  animaux,  doués  de  la  faculté  de  se 
mouvoir,  pouvant  se  porter  à  volonté  d'un  lieu  dans 
un  autre,  ont  en  général  les  organes  Je  la  génération 
séparés  sur  deux  individus.  Le  mâle,  à  des  époques 
déterminées,  excité  par  un  sentiment  intérieur,  re- 
cherche sa  femelle  et  s'en  rapproche. 

Les  végétaux,  au  contraire,  privés  de  cette  faculté 
locomotrice,  attachés  irrévocablement  au  lieu  qui  les 


FÉCONDATION.  3  l  3 

a  vus  naître ,  devant  y  croître  et  y  mourir ,  ont  en 
général  les  deux  organes  sexuels  réunis,  non-seule- 
ment sur  le  même  individu,  mais  le  plus  souvent 
encore  dans  la  même  fleur.  Aussi  l'hermaphroditisme 
est-il  très-commun  dans  les  végétaux. 

Cependant  il  en  est  quelques-uns  qui,  au  premier 
coup  d'œil,  sembleraient  ne  pas  se  trouver  dans  des 
circonstances  aussi  favorables ,  et  dans  lesquels  la 
fécondation  paraîtrait  avoir  été  abandonnée  par  la 
nature  aux  chances  du  hasard.  On  voit  que  je  veux 
parler  des  végétaux  monoïques  et  dioïques.  Ici,  en 
effet,  les  deux  organes  sexuels  sont  élcignés  l'un  de 
l'autre,  et  souvent  à  des  distances  considérables.  Mais 
admirons  encore  la  nature  au  lieu  de  l'accuser.  Les  ani- 
maux ayant  la  substance  fécondante  liquide,  l'organe 
mâle  doit  agir  directement  sur  l'organe  femelle  pour 
pouvoir  le  féconder.  Si,  dans  les  végétaux,  cette 
substance  eût  été  de  même  nature  que  dans  les  ani- 
maux, nul  doute  que  la  fécondation  n'eût  éprouvé 
les  plus  grands  obstacles  dans  les  plantes  monoïques 
et  dioïques.  Mais  chez  eux  le  pollen  est  sous  forme 
d'une  .poussière  dont  les  molécules,  légères  et  pres- 
que imperceptibles,  sont  transportées,  par  l'air  atmo- 
sphéri^ie  et  les  vents,  à  des  distances  souvent  incon- 
cevables. • 

Remarquons  encore  que  le  plus  souvent,  dans  les 
plantes  monoïques,  les  fleurs  mâles  sont  situées 
vers  la  partie  supérieure  du  végétal,  en  sorte  que 
le  pollen,  en  s'échappant  des  loges  de  l'anthère, 
tombe  naturellement  et  par  son  propre  poids  sur  les 


3l  4  ORGANES    DE    LA    REPRODUCTION. 

fleurs  femelles,   placées  au-dessous  des  premières. 

Les  fleurs  hermaphrodites  sont,  sans  contredit, 
celles  dans  lesquelles  toutes  les  circonstances  acces- 
soires sont  les  plus  favorables  à  la  fécondation.  Les 
deux  organes  sexuels,  en  effet,  se  trouvent  réunis 
dans  la  même  fleur.  Cette  fonction  commence  à  l'ins- 
tant où  les  loges  de  l'anthère  s'ouvrent  pour  mettre 
le  pollen  en  liberté.  Il  est  des  plantes  dans  lesquelles 
la  déhiscence  des  anthères,  et  par  conséquent  la 
fécondation,  s'opère  avant  le  parfait  épanouisse- 
ment de  la  fleur.  Mais,  dans  le  plus  grand  nombre  des 
végétaux,  ce  phénomène  n'a  lieu  qu'après  que  les 
enveloppes  florales  se  sont  ouvertes  et  épanouies. 
Dans  certaines  fleurs  hermaphrodites,  la  longueur 
ou  la  brièveté  des  étamines,  par  rapport  au  pistil  , 
semblerait  d'abord  un  obstacle  à  la  fécondation.  IVÊais, 
comme  le  remarque  ingénieusement  Linnœus,  quand 
les  étamines  sont  plus  longues  que  le  pistil,  les  fleurs 
sont  en  général  dressées.  Elles  sont  au  contraire  ren- 
versées dans  celles  où  les  étamines  sont  plus  courtes 
que  le  pistil.  Nous  n'avons  pas  besoin  de  faire  remar- 
quer combien  une  semblable  disposition  est  favorable 
à  l'acte  de  la  fécondation.  Quand  les  étamines  sont 
aussi  longues  que  les  pistils,  les  fleurs  sont  i*listinc- 
tement  dressées  ou  pendantes.     • 

Pour  favoriser  l'émission  du  pollen  et  le  mettre  en 
contact  avec  le  stigmate,  les  organes  sexuels  d'un 
grand  nombre  de  plantes  exécutent  des  mouvemens 
très-sensibles. 

A  l'époque  de  la  fécondation,  les  huit  ou  dix  éta- 


FÉCONDATION.  3 1  5 

mines  qui  composent  les  fleurs  de  la  rue  (  Buta 
graveolens}  se  redressent  alternativement  vers  le 
stigmate,  y  déposent  une  partie  de  leur  pollen  ,  et  se 
déjettent  ensuite  en  dehors. 

Les  étaminés du  Sparmannia af ricana,  de  l'épine- 
vinette ,  lorsqu'on  les  irrite  avec  la  pointe  d'une 
aiguille,  se  resserrent  et  se  rapprochent  les  unes 
contre  les  autres. 

Dans  plusieurs  genres  de  la  famille  des  Urticèes , 
dans  la  pariétaire,  le  mûrier  à  papier,  etc.,  les  exa- 
mines sont  infléchies  vers  le  centre  de  la  fleur  et  au- 
dessous  du  stigmate.  A  une  certaine  époque,  elles  se 
redressent  avec  élasticité,  comme  autant  de  ressorts, 
et  lancent  leur  pollen  sur  l'organe  femelle. 

Dans  le  genre  Kalinia,  les  dix  étaminés  sont  situées 
horizontalement  au  fond  de  la  fleur,  en  sorte  que 
leurs  anthères  sont  renfermées  dans  autant  de  petites 
fossettes  qu'on  aperçoit  à  la  base  de  la  corolle.  Pour 
opérer  la  fécondation,  chacune  des  étaminés  se  courbe 
légèrement  sur  elle-même,  afin  de  dégager  son  an- 
thère de  la  petite  fossette  qui  la  contient.  Elle  se 
redresse  alors  au-dessus  du  pistil,  et  verse  sur  lui  son 
pollen. 

Les  organes  femelles  de  certaines  plantes  paraissent 
également  doués  de  mouvemens  qui  dépendent  d'une 
irritabilité  plus  développée  pendant  la  fécondation. 

Ainsi  le  stigmate  de  la  tulipe  et  de  plusieurs  autres 
Liliacées  se  gonfle  et  paraît  plus  humide  à  cette 
époque. 

Les  deux  lames  qui  forment  le  stigmate  du  Mi/nu- 


3l6      ORGANES  DE  LA  REPRODUCTION. 

lus  se  rapprochent  et  se  resserrent    toutes  les  fois 


u'une  petite  masse  de  pollen  ou  un  corps  étranger 
quelconque  vient  à  les  toucher. 

11  paraît  même,  d'après  lesobservationsdeMM.de 
Lamarck  et  Bory  Saint-Vincent,  que  plusieurs  plantes 
développent  à  cette  époque  une  chaleur  extrême- 
ment manifeste;  ainsi,  dans  \Arutn  italicum  et  quel- 
ques autres  plantes  de  la  même  famille,  le  spadice 
qui  supporte  les  fleurs  dégage  une  assez  grande 
quantité  de  calorique  pour  qu'elle  soit  appréciable  à 
la  main  qui  le  touche. 

Un  grand  nombre  de  plantes  aquatiques,  telles  que 
les  Njmphœa ,  les  Villarsia,  les  Menyanthes ,  etc. , 
ont  d'abord  les  boutons  de  leurs  fleurs  cachés  sous 
l'eau  ;  peu  à  peu  on  les  voit  se  rapprocher  de  sa 
surface,  s'y  montrer,  s'y  épanouir,  et  quand  la  fécon- 
dation s'est  opérée,  redescendre  au-dessous  de  l'eau 
pour  y  mûrir  leurs  fruits. 

Mais  cependant  la  fécondation  peut  s'opérer  dans 
les  plantes  entièrement  submergées.  Ainsi  M.Ramond 
a  trouvé  dans  le  fond  d'un  lac  des  Pyrénées  le  Ranun- 
culus  aquatilis  recouvert  de  plusieurs  pieds  d'eau , 
et  portant  cependant  des  fleurs  et  des  fruits  parfaite- 
ment mûrs.  La  fécondation  s'était  donc  opérée  au 
milieu  du  liquide.  Mon  ami  M.  Bâtard  ,#  auteur  de  la 
Flore  de  Maine-et-Loire,  eut  occasion  de  retrouver 
la  même  plante  dans  une  circonstance  analogue.  11  fit  la 
curieuse  remarque  que  chaque  fleur,  ainsi  submer- 
gée ,  contenait  entre  ses  membranes  et  avant  son 
épanouissement  une  certaine  quantité  d'air,  et   que 


•  FÉCONDATION.  3  I  7 

c'était  par  l'intermède  de  ce  fluide  que  la  féconda- 
tion avait  lieu.  L'air  qu'il  trouva  ainsi  renfermé  dans 
les  enveloppes  florabes ,  encore  closes ,  provenait 
évidemment  de  l'expiration  végétale  dont  nous  avons 
précédemment  étudie  les  phénomènes. 

Cette  observation ,  dont  l'exactitude  a  été  plusieurs 
fois  vérifiée  depuis  cette  époque,  nous  explique  par- 
faitement le  mode  de  fécondation  des  plantes  sub- 
mergées, quand  elles  sont  pourvues  d'enveloppes 
florales.  Mais  il  devient  impossible  d'en  faire  l'appli- 
cation aux  végétaux  dépourvus  de  calice  et  de  corolle. 
Tels  sont  le  Ruppia,  le  Zostera,  le  Z anichellia,  et 
d'autres  encore,  dont  la  fécondation  s'opère,  bien 
que  leurs  fleurs  soient  entièrement  plongées  dans 
l'eau. 

Mais  quel  est  le  mode  d'action  du  pollen  sur  le 
stigmate?  L'opinion  la  plus  généralement  répandue 
parmi  les  botanistes,  c'est  que  chaque  grain  de  pollen 
représente  une  sorte  de  petite  vésicule  remplie  d'un 
liquide  dans  lequel  existe  une  foule  de  petits  grains 
que  l'on  regarde  comme  la  véritable  substance  propre 
à  la  fécondation.  Aussitôt  que  ces  grains  de  pollen 
s'échappent  des  anthères ,  ils  se  fixent  sur  le  stigmate , 
dont  la  surface  est  en  général  inégale  ,  visqueuse  ou 
couverte  de  poils.  Là  ils  se  renflent,  se  gonflent, 
s'ouvrent;  la  Hqueur  qu'ils  contiennent  se  répand 
sur  le  stigmate ,  et  la  fécondation  a  lieu. 

Geite  explication  paraît  conforme  à  la  nature,  dans 
le  plus  grand  nombre  des  cas.  Mais  il  est  d'autres 
circonstances  dans  lesquelles  les  phénomènes  de  la 


3l8  ORGANES    DE    LA    REPiltfbUCTION. 

fécondation  ne  s'opèrent  pas  de  la  même  manière. 
Dans  les  plantes  qui  vivent  constamment  submergées, 
il  est  évident  que  les  grains  polliniques  ne  viennent 
pas  se  fixer  et  se  rompre  sur  le  stigmate;  et  cepen- 
dant la  fécondation  n'en  a  pas  moins  lieu.  La  surface 
du  stigmate  d'un  grand  nombre  de  plantes  est  extrê- 
mement lisse,  nullement  visqueuse;  celle  du  châtai- 
gnier est  dure  et  coriace  :  le  pollen  ne  peut  y  adhérer. 
Dans  un  grand  nombre  d'Orchidées  et  d'Apocynées, 
le  pollen,  au  lieu  d'offrir  une  matière  pulvérulente, 
composée  d'une  multitude  innombrable  de  molécules 
fines  et  légères,  forme  une  masse  entièrement  solide. 
L'anthère  s'ouvre;  la  masse  pollinique  ne  change 
nullement  de  place,  reste  parfaitement  entière,  et  la 
fécondation  s'opère.  Or,  dans  ce  cas,  le  pollen  n'a 
pas  quitté  l'intérieur  de  l'anthère  pour  aller  sur  le 
stigmate  verser  son  fluide  fécondant.  Par  la  déhis- 
cence  de  l'anthère,  il  s'est  trouvé  simplement  en 
contact  avec  l'air  atmosphérique;  et  cependant  la 
plante  a  été  fécondée. 

De  ces  faits,  et  d'un  grand  nombre  d'autres  que 
nous  pourrions  ajouter  encore  ici,  on  peut,  je  crois, 
conclure  que,  pour  que  la  fécondation  s'opère  dans 
les  végétaux,  il  n'est  pas  toujours  indispensable  que 
le  pollen  soit  en  contact  immédiat  avec  le  stigmate, 
puisque  nous  voyons  dans  un  grand  nombre  de  plantes 
cette  fonction  avoir  lieu  ,  bien  que  le  pollen  n'ait  tou- 
ché en  aucune  manière  la  surface  du  stigmate. 

Ne  peut-cn  pas  admettre,  dans  cette  circonstance, 
que  la  fécondation  a  été  opérée  par  une  espèce  d'éma- 


FÉCONDATION.  3l9 

nation  particulière,  de  volatilisation  de  la  liqueur 
fécondante  renfermée  dans  le  pollen  ?  C'est  à  cet 
aura  pollinaris ,  à  ce  principe  volatil  émané  de  la 
substance  pollinique  que  Ton  doit  attribuer  ,  d;ms 
beaucoup  de  végétaux  ,  les  mêmes  fonctions  qu'au 
pollen  lui-même. 

Il  résulte  de  ce  que  nous  avons  dit  jusqu'à  présent 
que  la  fécondation  dans  les  plantes  peut  s'opérer  de 
deux  manières  différentes  :  i°  par  contact  immédiat 
entre  les  grains  du  pollen  et  la  surface  du  stigmate; 
20  par  une  sorte  (Y aura  pollinaris,  ou  d'une  émana- 
tion particulière  de  la  substance  pollinique. 

Dans  les  plantes  monoïques  et  dioïques,  malgré  la 
séparation,  et  souvent  l'éioignement  des  deux  sexes, 
la  fécondation  n'en  a  pas  moins  lieu. 

L'air,  pour  les  plantes  dioïques,  est  le  véhicule 
qui  se  charge  de  transporter,  souvent  à  de  grandes 
distances,  le  pollen  ou  Y  aura  pollinaris  qui  doit  les 
féconder.  Les  insectes  et  les  papillons,  en  volant  de 
fleur  en  fleur,  servent  aussi  à  la  transmission  du  pollen. 

Dans  les  plantes  dioïques,  les  Dattiers,  on  peut 
opérer- artificiellement  la  fécondation.  Il  existait  de- 
puis long-temps  au  jardin  botanique  de  Berlin  un 
individu  femelle  du  Chamœrops  humllls,  qui  tous 
les  ans  fleurissait ,  mais  ne  donnait  pas  de  fruits. 
Gleditsch  fit  venir  de  Carlsruhe,  des  panicules  de  fleurs 
mâles,  les  secoua  sur  les  fleurs  femelles,  qui  don- 
nèrent des  fruits  parfaits.  Cette  expérience  fut  répétée 
plusieurs  fois. 

Ce  mode  de  fécondation  artificielle  est  mis  en  pra- 


3lO  ORGANES  DE  LA  REPRODUCTION. 

tique,  depuis  un  temps  immémorial,  en  Egypte  et 
dans  les  autres  parties  de  l'Afrique*  où  le  dattier  est 
cultivé  en  abondance.  A  l'époque  où  les  fleurs  s'épa- 
nouissent on  monte  au  sommet  des  individus  femelles, 
et  on  secoue  au-dessus  des  grappes  de  fleurs,  des 
régimes  de  fleurs  mâles  qui  y  répandent  leur  pollen. 
M.  Delile  rapporte  que  pendant  la  campagne  d'Egypte, 
cette  pratique  n'ayant  pu  être  mise  en  usage  à  cause 
des  hostilités  continuelles  entre  les  deux  parties,  la 
récolte  des  dattiers  manqua  entièrement. 

Liunaeus  même  prétend  que  non  -  seulement  on 
peut,  par  ce  procédé,  féconder  artificiellement  une 
seule  fleur  d'une  plante,  mais  qu'il  est  même  pos- 
sible de  ne  féconder  qu'une  seule  loge  d'un  ovaire 
multiloculaire,  en  ne  mettant  le  pollen  en  contact 
qu'avec  une  des  divisions  du  stigmate.  Mais  cepen- 
dant il  a  été  prouvé  que,  bien  que  le  pollen  ne  tou- 
chât qu'un  seul  des  lobes  d'un  stigmate,  toutes  les 
loges  c'.e  l'ovaire  étaient  également  fécondées. 

L'expérience  a  encore  prouvé  que  la  fécondation, 
dans  les  plantes  dioïques,  peut  avoir  lieu  à  des  dis- 
tances souvent  fort  considérables.  Nous  possédons 
un  grand  nombre  d'exemples  avérés,  propres  à  dé- 
montrer ce  fait.  On  cultivait  déjà  depuis  long-temps, 
au  Jardin  des  Plantes  de  Paris,  deux  pieds  de  pista- 
chiers femelles  qui,  chaque  année,  se  chargeaient 
de  fleurs ,  mais  ne  produisaient  jamais  de  fruits.  Quel 
fut  Tétonnement  du  célèbre  Bernard  de  Jussieu  , 
quand,  une  année,  il  vit  ces  deux  arbres  nouer  et 
mûrir  parfaitement  leurs  fruits!  Dès  lors  il  conjec- 


FECONDATION.  321 

tura  qu'il  devait  exister  dans  Paris,  ou  aux  environs, 
quelque  individu  mâle  portant  des  fleurs.  Il  fit  des 
recherches  à  cet  égard  ,  et  apprit  qu'à  la  même 
époque ,  à  la  pépinière  des  Chartreux  ,  près  le  Luxem- 
bourg, un  pied  de  pistachier  mâle  avait  fleuri.  Dans 
ce  cas,  comme  dans  les  précédens,  est-ce  le  pollen 
ou  simplement  Y  aura  pollinaris  qui ,  porté  par  le 
vent,  sera  venu,  par-dessus  les  édifices  d'une  partie 
de  Paris ,  féconder  les  individus  femelles. 

Le  Vallisneria  spiralis ,  plante  dioïque,  que  j'ai 
eu  occasion  d'observer  abondamment  dans  le  canal 
de  Languedoc  et  les  ruisseaux  des  environs  de  Beau- 
caire ,  offre  un  phénomène  des  plus  admirables  à 
l'époque  de  la  fécondation.  Cette  plante  est  attachée 
au  fond  de  l'eau  et  entièrement  submergée.  Les  indi- 
vidus mâles  et  femelles  naissent  pêle-mêle.  Les  fleurs 
femelles,  portées  sur  des  pédoncules  longs  d'environ 
deux  ou  trois  pieds,  et  roulés  en  spirale  ou  tire- 
bouchon  ,  se  présentent  à  la  surface  de  l'eau  pour 
s'épanouir.  Les  fleurs  mâles,  au  contraire,  sont  ren- 
fermées plusieurs  ensemble  dans  une  spathe  mem- 
braneuse portée  sur  un  pédoncule  très-court.  Lorsque 
le  temps  de  la  fécondation  arrive ,  elles  font  effort 
contre  cette  spathe,  la  déchirent,  se  détachent  de 
leur  support  et  de  la  plante  à  laquelle  elles  appar- 
tenaient, et  viennent  à  la  surface  de  l'eau  s'épanouir 
et  féconder  les  fleurs  femelles.  Bientôt  celles-ci,  par 
le  retrait  des  spirales  qui  les  supportent,  redescen- 
dent au-dessous  de  l'eau,  où  leurs  fruits  parviennent 
à  une  parfaite  maturité. 

21 


3>-2  ORGANES    DE    LA    REPRODUCTION. 

Mais  ,  quelle  que  soit  la  manière  dont  s'est  opérée 
la  fécondation ,  elle  annonce  toujours  son  influence 
pur  des  phénomènes  visibles  et  apparens.  La  fleur, 
fraîche  jusque  alors,  et  ornée  souvent  des  couleurs  les 
plus  vives,  ne  tarde  point  à  perdre  son  riant  coloris 
et  son  éclat  passager.  La  corolle  se  fane  ;  les  pétales 
se  dessèchent  et  tombent.  Les  étamines,  ayant  rempli 
les  fonctions  pour  lesquelles  la  nature  les  avait  créés, 
éprouvent  la  même  dégradation.  Le  pistil  reste  bien- 
tôt seul  au  centre  de  la  fleur.  Le  stigmate  et  le  style 
étant  devenus  inutiles  à  la  plante ,  tombent  égale- 
ment. L'ovaire  seul  persiste,  puisque  c'est  dans  son 
sein  que  la  nature  a  déposé,  pour  y  croître  et  s'y 
perfectionner,  les  rudimens  des  générations  futures. 

C'est  l'ovaire  qui,  par  son  développement,  doit 
former  le  fruit.  Il  n'est  pas  rare  de  voir  le  calice  per- 
sister avec  cet  organe,  et  l'accompagner  jusqu'à  son 
entière  maturité.  Or  il  est  à  remarquer  que  cette 
circonstance  a  lieu  principalement  quand  le  calice 
est  monosépale  :  si  I  ovaire  est  infère  ou  pariétal ,  le 
calice  alors  persiste  nécessairement,  puisqu'il  lui  est 
intimement  uni. 

Dans  Y  Alkékenge  (Phjsalis  Alkekengi),  le  calice 
survit  à  la  fécondation,  se  colore  en  rouge,  et  forme 
une  coque  vésiculeuse,  dans  laquelle  le  fruit  se  trouve 
contenu.  Dans  les  narcisses,  les  pommiers,  les  poi- 
riers, en  un  mot,  dans  toutes  les  plantes  à  ovaire 
infère  ou  pariétal,  le  calice  persistant  forme  la  paroi 
la  plus  extérieure  du  fruit. 

Peu  de  temps  après  que  la  fécondation  a  eu  lieu , 


FÉCONDATION.  3a3 

l'ovaire  commence  à  s'accroître  ;  les  ovules  qu'il  ren- 
ferme, d'abord  d'une  substance  aqueuse,  et  en  quel- 
que sorte  inorganique  ,  acquièrent  peu  à  peu  plus 
de  consistance;  la  partie  qui  doit  constituer  la  graine 
parfaite,  c'est-à-dire  l'embryon  ,  se  développe  succes- 
sivement; tous  ses  organes  se  prononcent,  et  bientôt 
l'ovaire  a  acquis  les  caractères  propres  à  constituer 
un  fruit. 

Nous  terminons  ici  tout  ce  qui  a  rapport  à  la  fleur 
proprement  dite,  considérée  dans  son  ensemble  et 
dans  les  différentes  parties  qui  la  composent.  Avant 
de  passer  au  fruit ,  il  nous  reste  à  faire  connaître  un 
organe  accessoire  de  la  fleur,  qui  manque  quelque- 
fois, mais  qui,  lorsqu'il  existe,  joue  le  plus  grand 
rôle  dans  la  coordination  des  plantes  en  familles  natu- 
relles. Cet  organe  est  le  disque.  Nous  nous  occupe- 
rons ensuite  à&X  insertion ,  c'est-à-dire  de  la  position 
respective  des  diverses  parties  de  la  fleur,  et  princi- 
palement des  organes  sexuels. 

DU   DISQUE. 

Le  disque  est  un  corps  charnu ,  de  nature  glan- 
duleuse, ordinairement  jaunâtre,  plus  rarement  vert, 
placé  soit  sous  l'ovaire,  soit  sur  son  sommet,  soit 
sur  la  paroi  interne  du  calice. 

On  distingue  le  disque  en  kypogyne ,  périgyns  et 
épigyne.  g 

i°  Le  disque  hypogyne  porte  le  nom  de podogyne 
lorsqu'il  forme  un  corps  charnu ,  distinct  du  récep- 


3a4  ORGANES    DE    LA    REPRODUCTION. 

tacle ,  et  qui  élève  l'ovaire  au-dessus  du  fond  de  la 
fleur,  comme  dans  la  rue,  et  les  autres  plantes  de  la 
famille  des  Rutacées  ;  celui  de pleurogyne ,  quand  il 
naît  sous  l'ovaire  et  qu'il  se  redresse  sur  une  de  ses 
parties  latérales ,  comme  ,  par  exemple ,  dans  la  per- 
venche. On  l'appelle  épîpode ,  lorsqu'il  est  formé  de 
plusieurs  tubercules  qui  naissent  sur  le  support  de 
l'ovaire.  Cette  variété  de  disque  se  remarque  surtout 
dans  les  plantes  de  la  famille  des  Crucifères. 

2°  Le  disque  périgyne  est  formé  par  une  substance 
charnue  plus  ou  moins  épaisse,  épanchée  sur  la  paroi 
interne  du  calice,  comme  dans  le  cerisier,  l'aman- 
dier, et  dans  certaines  espèces  de  Diosma  qui  s'éloi- 
gnent ainsi  des  autres  espèces  du  même  genre. 

3°  Le  disque  épigyne  est  celui  que  l'on  observe 
sur  le  sommet  de  l'ovaire  quand  ce  dernier  est  infère, 
c'est-à-dire  quand  il  est  soudé  par  tous  les  points  de 
sa  surface  externe  avec  le  tube  du  calice ,  comme 
dans  les  Ombellifères ,  les  Rubiacées,  etc. 


DE    L  INSERTION. 


L'insertion  des  étamines  se  disiingue  en  absolue 
et  en  relative.  La  première  s'entend  de  la  position 
des  étamines ,  abstraction  faite  du  pistil  ;  c'est  ainsi 
que  l'on  dit  :  étamines  insérées  à  la  corolle,  au  ca- 
lice ,  etc.  La  seconde  fait  connaître  la  position  des 
étamines  ou  de  la  corolle  monopétale  staminifère  , 
relativement  au  pistil.  Ainsi  l'on  dit  dans  ce  sens  : 
étamines  insérées  sous  l'ovaire ,  autour  de  l'ovaire  ou 
sur  l'ovaire. 


FECONDATION.  3^5 

On  distingue  trois  espèces  d'insertion  qui  portent 
les  noms  &  hypogynique ,  pèrigy nique  et  épigynique. 

L'insertion  hypogynique  est  celle  dans  laquelle 
les  étamines  ou  la  corolle  monopétale  portant  les 
étamines  sont  insérées  sous  l'ovaire.  Par  exemple , 
dans  les  Crucifères ,  les  Labiées  ,    etc. 

L'insertion  périgynique  est  celle  qui  se  fait  au  ca- 
lice, comme  par  exemple  dans  les  Rosacées.  Enfin 
dans  l'insertion  épigynique,  qui  a  lieu  toutes  les  fois 
que  l'ovaire  est  infère  ,  les  étamines  sont  insérées  sur 
le  sommet  de  l'ovaire.  Les  Ombellifères,  les  Rubia- 
cées,  etc.,  en  offrent  des  exemples. 

La  position  du  disque  détermine  en  général  l'in- 
sertion. Ainsi ,  toutes  les  fois  qu'il  y  a  un  disque 
hypogyne  ,  l'insertion  est  hypogynique  ;  elle  est  pé- 
rigynique, quand  le  disque  est  périgyue.  Enfin  elle 
est  épigynique,  toutes  les  fois  qu'il  y  a  un  disque 
épigyne  sur  le  sommet  de  l'ovaire. 


326  ORGANES    DE    LA    FRUCTIFICATION. 


SECONDE   SECTION. 

DU  FRUIT,  OU  DES  ORGANES  DE  LA  FRUCTIFICATION 
PROPREMENT  DITS. 

La  fécondation  s'est  opérée ,  les  enveloppes  flo- 
rales se  sont  fanées  et  détruites,  les  étamines  sont 
tombées,  le  stigmate  et  le  style  ont  abandonné  l'ovaire 
qui  seul  a  reçu ,  par  l'influence  de  cette  fonction , 
une  vie  nouvelle  qu'il  doit  parcourir.  Cette  nouvelle 
époque  du  végétal  commence  depuis  l'instant  où 
l'ovaire  a  été  fécondé ,  et  finit  à  celui  de  la  dissémi- 
nation des  graines.  On  lui  a  donné  le  nom  de  Fruc- 
tification. 

"Le  fruit  n'est  donc  que  l'ovaire  fécondé  et  accru. 
Il  se  compose  essentiellement  de  deux  parties;  savoir  : 
le  péricarpe  et  la  graine. 


CHAPITRE   PREMIER. 

DU    PÉRICARPE. 

Le  péricarpe  est  cette  partie  d'un  fruit  mûr  et 
parfait,  formé  par  les  parois  mêmes  de  l'ovaire  fé- 
condé ,  et  contenant  dans  son  intérieur  une  ou  plu- 
sieurs graines.  C'est  lui  qui  détermine  la  forme  du 
fruit. 


PÉRICARPE  3iy 

Le  péricarpe  existe  constamment.  Mais  quelque- 
fois il  est  si  mince  ou  tellement  uni  avec  la  graine , 
qu'on  le  distingue  avec  peine  dans  le  fruit  mûr.  Dans 
ce  cas,  plusieurs  auteurs  pensant  qu'il  n'existait  pas, 
ont  dit  que  les  graines  étaient  nues ,  comme  dans  les 
Labiées,  les  Ombeiliferes ,  les  Synanthèrées ,  etc. 
Mais  il  est  prouvé  aujourd'hui  qu'il  n'y  pas  de 
graines  nues,  et  que  le  péricarpe  ne  manque  jamais. 

Le  péricarpe  offre  ordinairement  sur  un  des  points 
de  sa  surface  extérieure  ,  le  plus  souvent  vers  sa  partie 
la  plus  élevée,  les  restes  du  style  ou  au  stigmate ,  les- 
quels indiquent  le  sommet  organique  du  péricarpe, 
et  par  conséquent  au  fruit. 

Le  péricarpe  est  toujours  formé  de  trois  parties; 
savoir:  i°  d'une  membrane  extérieure,  mince,  sorte 
d'épiderme  qui  détermine  sa  forme  et  le  recouvre 
extérieurement,  on  l'appelle  épicarpe;  -i°  d'une  autre 
membrane  intérieure  qui  revêt  sa  cavité  séminifère  , 
elle  a  reçu  le  nom  &  endocarpe  ;  3°  entre  ces  deux 
membranes  se  trouve  une  partie  parenchymateuse 
et  charnue  qu'on  appelle  sarcocarpe.  Ces  trois  par- 
ties réunies  et  soudées  intimement,  constituent  le 
péricarpe. 

Lorsque  l'ovaire  est  infère,  c'est-à-dire  toutes  les 
fois  qu'il  est  soudé  avec  le  tube  du  calice ,  Yépicarpe 
est  formé  par  le  tube  même  ou  calice  ,  dont  le  paren- 
chyme se  confond  avec  celui  du  sarcocarpe.  Dans  ce 
cas  il  est  toujours  facile  de  reconnaître  l'origine  de 
V épicarpe,  car  à  sa  partie  supérieure  il  doit  offrir , 
à  une  distance  variable  du  point  d'origine  du  style 


3^8  ORGANES    DE    LA    FRUCTIFICATION. 

et  du  stigmate,  un  rebord  plus  ou  moins  saillant, 
formé  par  les  restes  du  limbe  calycinal,  qui  s'est  dé- 
truit après  la  fécondation. 

Le  sarcocarpe  est  la  partie  parenehymateuse  dans 
laquelle  se  trouvent  réunis  tous  les  vaisseaux  du 
fruit.  Il  est  extrêmement  développé  dans  les  fruits 
charnus,  tels  que  les  pêches,  les  pommes,  les  me- 
lons ,  les  potirons ,  etc.  En  effet  toute  la  chair  de 
ces  fruits  est  formée  par  le  sarcocarpe. 

\J  endocarpe,  ou  membrane  pariétale,  interne  du 
fruit,  est  celle  qui  tapisse  sa  cavité  séminifère.  Presque 
toujours  il  est  mince  et  membraneux.  Mais  il  arrive 
quelquefois  qu'il  est  épaissi  extérieurement  par  une 
portion  plus  ou  moins  grande  du  sarcocarpe.  Quand 
cette  partie  du  sarcocarpe  devient  dure  et  osseuse  , 
elle  enveloppe  la  graine ,  et  constitue  ce  que  Ton  ap- 
pelle une  noix  ou  noyau ,  quand  il  n'y  a  qu'une 
seule  graine  dans  le  fruit,  et  des  nucules ,  quand  il 
y  en  a  plusieurs. 

Lorsque  le  péricarpe  es^see  et  mince,  il  semble 
au  premier  abord  que  le  sarcocarpe  n'existe  point. 
Nul  doute  que  si  l'on  devait  toujours  entendre ,  par 
ce  mot,  une  partie  épaisse,  charnue  et  succulente, 
il  ne  manquât  fort  souvent.  Mais  le  caractère  propre 
et  distinctif  du  sarcocarpe  est  d'être  le  corps  vrai- 
ment vasculaire  du  péricarpe,  c'est-à-dire  d'être 
formé  par  les  vaisseaux  qui  nourrissent  le  fruit  tout 
entier;  or,  comme  le  péricarpe  en  contient  toujours, 
le  sarcocarpe  existe  constamment;  mais  quelquefois 
il  est  réduit  à  une   très -petite  épaisseur,  lorsque  le 


PÉRICARPE.  329 

fruit  étant  parvenu  à  sa  parfaite  maturité  ,  s'est  déjà 
desséché.  Cependant  si  Ton  examine  le  péricarpe 
avec  attention,  on  verra  ,  entre  Yépicarpe  et  Y  endo- 
carpe, des  vaisseaux  rompus  qui  servaient  à  les 
unir  l'un  à  l'autre ,  et  qui  sont  les  vestiges  du  sarco- 
carpe.  Car,  comme  cette  partie  est  toujours  abreuvée 
de  sucs  aqueux  avant  la  maturité  du  fruit ,  le  fluide 
qu'elle  renferme  s  étant  évaporé,  elle  semble,  au 
premier  abord,  avoir  disparu  et  ne  plus  exister. 

La  cavité  intérieure  du  péricarpe  ,  ou  celle  qui 
renferme  les  graines ,  peut  être  simple;  dans  ce  cas , 
le  péricarpe  est  dit  uniloculaire  {pericarpium  uni- 
loculare)  ou  à  une  seule  loge  ;  comme  par  exemple 
dans  le  pavot  {Papaver  somniferurn).  D'autres  fois 
il  y  a  un  nombre  plus  ou  moins  considérable  de 
loges  ou  cavités  partielles  ;  de  là  les  noms  de  bilo- 
culaire,  Iriloculaire ,  quinquéloculaire ,  mullilocu- 
laire,  donnés  au  péricarpe  ,  suivant  qu'il  présente 
deux,  trois,  cinq  ou  un  grand  nombre  de  loges  dis- 
tinctes. 

Les  loges  d'un  péricarpe  sont  séparées  les  unes 
des  autres  par  autant  de  lames  verticales  qui  prennent 
le  nom  de  cloisons  (dissepimenta). 

Toutes  les  véritables  cloisons  n'ont  qu'une  seule 
manière  de  se  former  :  Vendocarpe  se  prolonge  dans 
l'intérieur  de  la  cavité  péricarpienne  ,  sous  forme  de 
deux  processus  lamelleux,  adossés  l'un  à  l'autre  ,  et 
sont  réunis  ensemble  par  un  prolongement  ordinai- 
rement fort  mince  du  sarcocarpe.  Tel  est  le  mode 
de  formation  de  toutes  les  cloisons  vraies.  Celles  qui 


33o  ORGAN1.S    DE    LA    FRUCTIFICATION. 

ne  sont  pas  formées  de  cette  manière ,   doivent  être 
considérées  comme  de  fausses  cloisons. 

Il  arrive  quelquefois,  dans  certaines  cloisons ,  que 
la  partie  parenchymateuse  du  sarcocarpe ,  qui  unit 
les  deux  feuillets  de  X endocarpe,  se  dessèche;  alors 
ces  deux  laines  se  dessoudent  et  s'écartent  sensible- 
ment l'une  de  l'autre,  en  sorte  qu'elles  paraissent  au 
premier  coup  d'œil  augmenter  le  nombre  des  loges 
du  péricarpe.  Mais  on  reconnaîtra  facilement  cette 
désunion ,  en  observant  que  les  deux  feuillets  de 
X endocarpe  offrent  un  de  leurs  côtés  parsemé  de 
vaisseaux  rompus. 

Outre  leur  mode  d'origine  et  de  formation,  un 
autre  caractère  distinclif  des  cloisons  vraies ,  c'est 
qu'elles  alternent  constamment  avec  les  stigmates  ou 
leurs  divisions. 

Certains  fruits,  au  contraire,  présentent  de  fausses 
cloisons  dans  leur  cavité  intérieure.  Tels  sont  ceux 
de  quelques  Crucifères ,  de  beaucoup  de  Cucurbila- 
cées ,  du  pavot ,  etc.  On  distinguera  les  fausses  cloi- 
sons des  vraies,  i°  en  ce  qu'elles  ne  sont  pas  for- 
mées par  une  duplicature  de  Xendocarpe  proprement 
dit;  2°  parce  que  le  plus  souvent  elles  répondent  à 
chaque  stigmate  ou  à  chacune  de  ses  divisions,  au 
lieu  de  leur  être  alternes,  comme  les  véritables 
cloisons. 

Les  cloisons  sont  distinguées  encore  en  complètes 
et  en  incomplètes.  Les  premières  sont  celles  qui 
s'étendent  intérieurement  depuis  le  haut  de  la  cavité 
du  péricarpe  jusqu'à  sa  base  ,  sans  nulle  interruption. 


PÉRICARPE.  33  r 

Les  secondes ,  au  contraire ,  ne  sont  pas  continues  de 
la  base  au  sommet,  en  sorte  que  les  deux  loges  voi- 
sines communiquent  entre  elles.  Le  Datura  stramo- 
nium  nous  offre  un  exemple  de  ces  deux  espèces 
de  cloisons  réunies  dans  le  même  fruit.  Si  on  le 
coupe  transversalement,  il  offre  quatre  loges  et  par 
conséquent  quatre  cloisons.  Mais  de  ces  cloisons  , 
deux  seulement  sont  complètes;  les  deux  autres  n'at- 
teignent pas  le  sommet  de  la  cavité  intérieure  du 
péricarpe  ;  elles  ne  s'élèvent  que  jusqu'aux  deux  tiers 
de  sa  hauteur,  et  laissent  communiquer  ensemble, 
par  leur  partie  supérieure,  les  deux  loges  qu'elles 
séparent  inférieurement. 

Pour  arriver  facilement  à  reconnaître  et  à  dénom- 
mer avec  exactitude  les  différentes  parties  qui  com- 
posent le  péricarpe,  et  les  distinguer  de  celles  qui 
appartiennent  à  la  graine,  il  est  très  -  important 
d'établir  la  juste  limite  entre  ces  deux  organes.  Toute 
graine  devant  recevoir  sa  nourriture  du  péricarpe,  il 
suit  de  là  nécessairement  qu'elle  doit  communiquer 
avec  lui  par  quelqu'un  des  points  de  sa  surface.  Ce 
point  a  été  nommé  hile  ou  ombilic  par  les  botanistes. 
Le  hile  doit  donc  être  considéré  comme  la  limite 
précise  entre  le  péricarpe  et  la  graine;  c'est-à-dire 
que  toutes  les  parties  qui  se  trouvent  en  dehors  et 
au-dessus  du  hile  appartiennent  au  péricarpe ,  et  qu'au 
contraire  on  doit  regarder  comme  faisant  partie  de 
la  graine ,  toutes  celles  qui  sont  situées  au-dessous 
du  hile. 

Les  graines  sont  attachées  au  péricarpe,  sur  un 


33a  ORGANES    DE    LA    FRUCTIFICATION. 

corps  charnu  particulier,  de  grandeur  et  de  forme 
variables ,  auquel  on  donne  le  nom  de  trophos- 
perme  (i).  Dans  le  point  intérieur  du  péricarpe,  où 
une  graine  est  attachée  à  un  tropho sperme ,  Xendo- 
carpe  est  toujours  percé,  parce  que  le  sarcocarpe, 
étant  la  seule  partie  vasculaire  du  péricarpe,  et  pou- 
vant seul  fournir  les  matériaux  nécessaires  à  la  nutri- 
tion de  la  graine,  il  faut  que  X endocarpe  offre  une 
ouverture ,  pour  laisser  passer  les  vaisseaux  qui  arri- 
vent à  cet  organe. 

Le  trophosperme  ne  porte  quelquefois  qu'une  seule 
graine;  d'autres  fois  il  en  porte  un  grand  nombre. 
Quand  sa  surface  offre  des  prolongemens  manifestes , 
dont  chacun  soutient  une  graine;  on  appelle  ces  pro- 
longemens podospermes  ;  comme ,  par  exemple  , 
dans  les  Légumineuses ,  les  Caryophyllées ,  les  Por- 
tulacées ,  etc. 

Le  trophosperme ,  ou  le  podosperme  ,  s'arrêtent 
ordinairement  au  contour  du  hile  de  la  graine.  Lors- 
qu'ils se  prolongent  au  delà  de  ce  point,  de  manière 
à  recouvrir  la  graine  dans  une  étendue  plus  ou 
moins  considérable,  ce  prolongement' prend  le  nom 
iïarille. 

Uaril/e  n'étant  qu'une  expansion  au  trophosperme, 
appartient,  non  point  à  la  graine,  comme  on  le  dit 
généralement,  mais  au  péricarpe. 

Examinons  successivement  les  différentes  parties 
internes  du  péricarpe  ;  savoir  :  les  cloisons,  le  trophos- 
perme, X  aride. 

(i)  Placenta  des  auteurs 


PÉRICARPE.  333 

§   i.  Des  Cloisons. 

Nous  avons  déjà  dit  précédemment  qu'on  a  donné 
le  nom  de  cloisons  à  des  parties  très-différentes  les 
unes  des  autres;  mais  nous  avons  indiqué  en  même- 
temps  la  manière  dont  les  vraies  cloisons  sont  formées. 
Toutes  celles  donc  qui  ne  présenteront  point  une 
semblable  organisation ,  c'est-à-dire  qui  ne  seront  pas 
constituées  par  deux  feuillets  saillans  de  X endocarpe, 
réunis  par  un  prolongement  du  sarcocarpe,  devront 
être  considérées  comme  de  fausses  cloisons. 

Les  cloisons  sont  le  plus  souvent  longitudinales, 
en  sorte  qu'elles  s'étendent  de  la  base  vers  le  som- 
met de  la  cavité  péricarpienne. 

Dans  quelques  cas  très-rares,  comme  dans  la  casse 
{^Cassia fîstula)  ,et  quelques  autres  Légumineuses, 
elles  sont  transversales. 

Les  cloisons ,  comme  nous  l'avons  déjà  dit ,  ont  été 
distinguées  encore  en  complètes  et  en  incomplètes. 
Nous  ne  reviendrons  point  sur  cette  distinction ,  que 
nous  avons  suffisamment  définie. 

L'origine  des  cloisons  fausses  est  extrêmement 
variable.  Tantôt ,  en  effet ,  elles  sont  formées  par 
une  saillie  plus  ou  moins  considérable  du  trophos- 
perme ,  comme  dans  le  pavot;  tantôt,  au  contraire, 
elles  sont  produites  par  les  bords  rentrans  des  valves 
du  péricarpe,  etc. 

§   i.   Du   Trophosperme. 

Le  trophosperme  est  cette  partie  du  péricarpe  à 


334  ORGANES    DE    LA    FRUCTIFICATION. 

laquelle  les  graines  sont  attachées.  Quelquefois  il 
offre  à  sa  surface  un  nombre  plus  ou  moins  grand 
de  petits  mamelons  saillans  ,  portant  chacun  une 
seule  graine,  et  auxquels  on  donne  le  nom  àepodos* 
penne. 

Lorsqu'un  péricarpe  est pluriloculaire ,  le  trophos- 
perme  occupe  ordinairement  son  centre,  et. alors  on 
l'appelle  central;  dans  ce  cas,  il  est  formé  par  la  ren- 
contre et  la  soudure  des  cloisons ,  et  présente  dans 
l'angle  rentrant  de  chaque  loge,  une  saillie  plus  ou 
moins  considérable. 

La.  forme  du  trophosperme  est  très-variée.  Il  est 
sphérique  et  presque  globuleux  dans  beaucoup  de 
Primulacées ,  dans  X  Anagallis  aivensis ,  par  exem- 
ple, etc. 

Cylindrique,  dans  plusieurs  Caryophyllèes ,  tels 
que  le  Silène  armeria,  le  Cerastium  arvense,  etc. 

Trigone,  dans  le  Polemonium  cœruleum. 

Rayonnant  {^radiatum^ ,  comme  dant  les  Cucur- 
bitacées,  etc. 

Suivant  sa  consistance ,  le  trophosperme  peut 
être  : 

Charnu;  tel  est  celui  de  la  rue  [Ruta  graveolens\ 
du  Saxifraga  granulata.  Il  est  quelquefois  coriace 
et  dur,  comme  dans  le  pavot. 

Subéreux,  ou  ayant  la  consistance  du  liège,  comme 
dans  la  stramoine  (  Datura  siramonium),  le  tabac 
(  TSicoiiana  tabacum  ) ,  etc. 

Suivant  sa  position ,  on  dit  qu'il  est  central  ou 
axillaire,  quand  il  occupe  le  centre  ou  l'axe  du  péri- 


PÉRICARPE.  335 

carpe.  Par  exemple,  dans  les  Campanules,  la  digi- 
tale ,  etc. 

Pariétal,  attaché  aux  parois  des  loges  du  péri- 
carpe. Dans  ce  cas,  il  est  appelé  unilatéral,  quand  il 
est  attaché  d'un  seul  côté  du  péricarpe,  comme  dans 
la  plupart  des  Légumineuses  et  des  Apocinèes. 

Bilatéral,  attaché  à  deux  des  cotés  de  la  cavité 
intérieure  du  péricarpe,  comme  dans  les  Groseil- 
lers  ,  etc. 

hepodosperme  offre  aussi  des  formes  très-variables; 
quelquefois  il  est  grêle  et  filiforme ,  comme  dans  la 
giroflée,  le  groseiller  à  maquereau,  le  frêne,  etc. 

Unciforme,  ou  en  forme  de  crochet,  dans  X Acan- 
thus  mollis ,  etc. 

D'autres  fois,  au  contraire ,  il  est  plus  épais  et  plus 
gros  que  la  graine. 

§  3.  De  rjrille. 

Uarille,  avons-nous  dit,  appartient  essentielle- 
ment au  péricarpe,  puisqu'il  n'est  qu'un  prolonge- 
ment du  trophosperme.  C'est  donc  à  tort  qu'un  grand 
nombre  de  botanistes  le  considèrent  comme  faisant 
partie  de  la  graine  ,  sur  laquelle  il  est  simplement 
appliqué  sans  y  adhérer  aucunement,  excepté  parle 
contour  du  hile. 

Peu  de  parties,  dans  les  végétaux,  offrent  autant 
de  variétés  d-ans  leur  forme  et  leur  nature,  que 
Yarille.  Aussi ,  est-il  très-difficile  d'en  donner  une 
définition  rigoureuse,  et  qui  soit  applicable  à  tous 
les  cas. 


336  ORGANES    DE    LA    FRUCTIFICATION. 

Dans  le  muscadier  (  Mjristica  qfficinalis) ,  Xarille 
forme  une  lame  charnue,  d'un  rouge  clair,  découpée 
en  lanières  étroites  et  inégales  :  c'est  cette  partie  qui 
est  usitée  en  pharmacie ,  et  connue  sous  le  nom  de 
macis.  Le  Polygala  vulgaiis  a  un  arille  trilobé,  peu 
développé ,  formant  une  sorte  de  petite  couronne  à 
la  base  de  la  graine.  Dans  le  fusain  ordinaire  (  Eve- 
nymus  européens  ) ,  et  le  fusain  à  larges  feuilles 
(  Evonymus  latifolius  ),  Xarille ,  de  couleur  orangée, 
enveloppe  et  cache  la  graine  de  toutes  parts;  dans  le 
fusain  à  bois  galeux  (  Evonymus  verrucosus  ) ,  il 
forme  une  cupule  irrégulière ,  ouverte  supérieure- 
ment. 

D'après  le  petit  nombre  d'exemples  que  nous  ve- 
nons de  citer,  on  voit  que  cet  organe  est  extrême- 
ment variable,  tant  dans  sa  couleur  que  dans  sa 
forme  et  sa  consistance.  Mais  son  point  d'origine 
étant  le  même  dans  tous  les  cas,  il  sera  toujours 
facile  de  le  reconnaître,  malgré  les  nombreuses 
formes  sous  lesquelles  il  peut  se  présenter. 

Plusieurs  parties  ont  été  souvent  prises  pour  des 
arilles.  Ainsi,  i°  la  partie  extérieure  manifestement 
charnue,  du  tégument  propre  de  la  graine,  dans  le 
jasmin,  le  Tabernœmontana ,  etc.;  i°  l'endocarpe, 
comme  dans  le  café  (Coffœa  arabica) ,  les  Ruta- 
cées,  tic. 

Une  loi ,  jusqu'à  présent  reconnue  générale,  c'est-à- 
dire  à  laquelle  il  ne  s'est  point  encore  présenté  d'ex- 
ception ,  c'est  que  Y  arille  ne  se  rencontre  jamais  dans 
des  plantes  dont  la  corolle  est  monopélale.  Le  Taber- 


PERICARPE.  j37 

nœmontana  semblait  en  quelque  sorte  contredire  cette 
loi;  mais,  mieux  examiné,  son  prétendu  arillenest 
que  la  partie  extérieure  du  tégument  propre  de  sa 
raine ,  qui  est  molle  et  charnue. 


& 


Nous  venons  d'étudier  les  parties  constituantes  du 
péricarpe  ;  savoir  :  les  cloisons,  les  loges,  le  tropho- 
sperme  et  l'arille  ;  revenons  maintenant  à  d'autres 
considérations  sur  le  péricarpe  en  général. 

On  distingue  dans  le  péricarpe,  comme  dans  l'o- 
vaire, i°  sa  base,  ou  le  point  par  lequel  il  est  fixé 
au  réceptacle  ou  au  pédoncule;  20  son  sommet,  qui 
est  indiqué  par  la  place  qu'occupait  le  siyle  ou  le 
stigmate  ses-sile  ;  3°  enfin,  son  axe.  Quelquefois  cet 
axe  est  matériel,  et  existe  réellement  :  on  lui  donne 
le  nom  de  columeUe.  D'autres  fois,  au  contraire,  il 
est  fictif  et  rationnel,  c'est-à-dire  qu'il  est  représenté 
par  une  ligne  imaginaire,  dirigée  de  la  base  vers  le 
sommet  du  péricarpe  ,  qui  passerait  par  son  centre. 
La  columelle  forme  une  sorte  de  petite  colonne, 
sur  laquelle  s'appuient,  les  différentes  pièces  du  fruit, 
et  qui  persiste  au  centre  du  péricarpe  ,  quand  celles- 
ci  viennent  à  tomber  :  par  exemple,  dans  les  Eu- 
phorbes, les  Ombelliferes ,  etc. 

Les  graines  étant  renfermées  dans  le  péricarpe  , 
il  faut,  pour  qu'à  l'époque  de  leur  maturité  elles 
puissent  en  sortir,  que  celui-ci  s'ouvre  d'une  ma- 
nière quelconque.  On  donne  le  nom  de  déhiscence 
à  l'action  par  laquelle  un  péricarpe  s'ouvre  naturel- 

10. 


338  ORGANES    DE    LA.    FRUCTIFICATION. 

lement.  Cependant,  il  est  des  péricarpes  qui  ne 
s'ouvrent  pas.  On  leur  a  donné  le  nom  (ïindéhiscens; 
tels  sont  ceux  des  Sjnanthérées ,  des  Labiées,  des 
Graminées  ,  etc. 

Parmi  les  péricarpes  qui  s'ouvrent  naturellement  à 
l'époque  de  la  maturité,  on  distingue,  i°  ceux  qui  se 
rompent  en  pièces  irrégulières  ,  dont  le  nombre  et  la 
forme  sont  très- variables.  On  les  appelle  péricarpes 
ruptiles;  i°  ceux  qui  ne  s'ouvrent  que  par  des  trous 
pratiqués  à  leur  partie  supérieure,  comme  dans  les 
Antirrhinum  ;  3°  ceux  qui  s'ouvrent  à  leur  sommet 
par  des  dents  d'abord  rapprochées,  qui  s'écartent  les 
uns  des  autres,  telles  sont  beaucoup  de  Carjophjl- 
lées;  4°  enfin  ceux  qui  se  partagent  en  un  nombre 
déterminé  de  pièces  distinctes  ou  panneaux  qu'on 
appelle  valves,  sont  les  péricarpes  vraiment  déhis- 
cens.  Le  nombre  des  valves  d'un  péricarpe  est  tou- 
jours annoncé  par  le  nombre  de  sutures  longitudi- 
nales, que  l'on  remarque  sur  sa  surface  extérieure. 
Les  véritables  valves  sont  toujours  en  nombre  égal 
aux  loges  du  péricarpe.  Ainsi,  un  fruit  déhiscent, 
qui  est  quadriloculaire  ,  sera  également  à  quatre 
valves.  Cependant  il  y  a  quelques  exceptions.  La  cap- 
sule de  la  violette  est  à  une  seule  loge  et  s'ouvre  en 
trois  valves. 

Mais,  dans  quelques  fruits,  chacune  des  valves  se 
partage  en  deux  pièces,  en  sorte  que  leur  nombre 
paraît  double  de  celui  qui  devrait  naturellement 
exister. 

Un  péricarpe  est  appelé  bivalve  (  pericarpiwn  bi- 


péricarpe.  33g 

valve),  quand  il  se  partage  de  lui-même  en  deux 
valves  égales  et  régulières  ,  comme  dans  le  lilas  ( Sy- 
ringa  vulgaris  )  les  véroniques ,  etc. 

Trivalve  (pericarpium  trivalvè),  celui  qui  s'ouvre 
en  trois  valves.  Tels  sont  ceux  de  la  tulipe,  du  lis, 
des  violettes,  etc. 

Quadrwalve,  ou  à  quatre  valves  (pericarpium 
quadrivalvè),  comme  dans  les  épilobes. 

Qirinquèvalve  (pericarpium  quinquevalvè) ,  celui 
qui  s'ouvre  en  cinq  valves. 

Mullivalve  {pericarpium  multivalve) ,  quand  il  se 
partage  en  un  nombre  plus  considérable  de  valves  ou 
segmens  distincts. 

La  déhiscence  valvaire  peut  se  faire  de  différentes 
manières ,  relativement  à  la  position  respective  des 
valves  avec  les  cloisons.  De  là  on  a  distingué  trois  es- 
pèces de  déhiscence  volvaire. 

i°  Ou  bien  cette  déhiscence  se  fait  par  le  milieu 
des  loges,  c'est-à-dire  entre  les  cloisons  qui  répondent 
alors  à  la  partie  moyenne  des  valves  (valvis  medio 
septiferis)  ;  on  l'appelle  loculicide,  comme  dans  la 
plupart  des  Éricinées. 

i°  D'autres  fois  la  déhiscence  a  lieu  vis-à-vis  les 
cloisons,  iqu'elle  partage  le  plus  souvent  en  deux 
lames.  On  la  nomme  alors  seplïcide,  comme,  par 
exemple  ,  dans  les  Scrophularinées  ,  les  Rhodora- 
cées,  etc. 

3°  Enfin,  elle  a  reçu  le  nom  de  déhiscence  septi- 
frage ,  quand  la  rupture  a  lieu  vers  la  cloison  ,  qui 
reste    libre  et    entière  au  moment  où  les  valves  se 


3^0  ORGANES    DE    LA    FRUCTIFICATION. 

séparent ,   comme    dans    les  Bigiwnia ,  le  Callwia 
i^Erica  vulgaris). 

Le  péricarpe,  ou  le  fruit  considéré  dans  son  en- 
semble, est  un  des  organes  dont  les  formes  sont  les 
plus  nombreuses  et  les  plus  variées.  Ainsi,  il  est 
souvent  Sphéroïdal  et  arrondi, comme  dans  la  pêche, 
l'abricot,  l'orange,  etc. 

Ovê,  comme  celui  d'un  grand  nombre  de  chênes,  etc. 

Lenticulaùv ,  c'est-à-dire  approchant  de  la  forme 
d'une  lentille,  comme  dans  un  grand  nombre  iïOm- 
belliferes. 

Prismatique,  c'est- «à-dire  ayant  la  forme  d'un 
prisme  à  plusieurs  faces,  comme  dans  XOxalis. 

Son  sommet  peut  être  aigu  ou  obtus;  quelquefois 
le  style  persiste  et  forme  sur  le  fruit  une  pointe  plus 
ou  moins  remarquable.  D'autres  fois,  c'est  le  stigmate 
qui  acquiert  un  développement  plus  grand,  comme 
dans  la  plupart  des  clématites,  et  beaucoup  d'ané- 
mones, où.  il  forme  des  espèces  d'appendices  plu- 
meux  au  sommet  du  fruit. 

Le  fruit  peut  être  couronné  par  les  dents  du  calice, 
quand  l'ovaire  est  infère  ou  pariétal,  comme  dans  la 
grenade  (Punica  Granaluni),  la  pomme,  la  poire,  etc. 

D'autres  fois,  il  est  surmonté  par  une  aigrette 
(pappus),  petite  touffe  de  poils  soyeux,  qui  doit  être 
regardée  comme  un  véritable  calice.  C'est  ce  que  l'on 
observe  dans  presque  toutes  les  espèces  de  la  nom- 
breuse tribu  des  Synanthêrèes .  On  tire  de  la  forme 
et  de  la  structure  de  ïaigrette  de  fort  bons  carac- 
tères génériques. 


P&IICA.RPE.  34 1 

Ainsi,  cette  aigrette  peut  être  sessile (pappus  ses- 
silis),  c'est-à-dire  immédiatement  appliquée  sur  le 
sommet  de  l'ovaire,  sans  le  secours  d'aucun  corps 
intermédiaire,  comme  dans  les  genres  Hieracium , 
Sonchus ,  Prenanthes ,  etc.  (Voy.  pi.  8,  fig.  12.) 

Dans  d'autres  genres,  au  contraire,  elle  est  portée 
sur  une  espèce  de  petit  pivot  ou  support  particulier 
qu'on  appelle  stipes ,  et  X aigrette  est  dite  stipitée 
(pappus  stipitaius),  comme  dans  les  genres  Lac- 
tuca,  Tragopogon ,  etc.  (Voy.  pi.  8,  fig.  i3.) 

Les  poils  qui  composent  Yaigrette  peuvent  être 
simples  et  non  divisés;  dans  ce  cas,  Yaigrette  est  dite 
simplement  poilue  (pappus  pilosus),  comme  dans 
le  Lactuca ,  le  Prenanthes  (  Voy.  pi.  8  ,  fig.  i3.) 

D'autres  fois  ils  sont  plumeux,  c'est-à-dire  offrant 
sur  leurs  parties  latérales  d'autres  petits  poils  plus 
fins  ,  plus  déliés  et  plus  courts  ,  de  manière  à  res- 
sembler aux  barbes  d'une  plume.  YJaigrette  alors 
est  appelée  pluvieuse  (pappus plumosus),  comme 
dans  les  genres  Leontodon ,  Tragopogon,  Picris , 
Ciriàra,  etc.  (Voy.  pi.  8,  fig.  lia.) 

Dans  les  valérianes,  Yaigrette ,  qui  n'est  manifes- 
tement que  le  limbe  du  calice ,  est  d'abord  roulée 
en  dedans  de  la  fleur,  et  se  montre  sous  la  forme 
d'Un  petit  bourrelet  circulaire  à  la  partie  supé- 
rieure de  l'ovaire;  mais  quelque  temps  après  la 
fécondation  on  voit  ce  calice  se  dérouler  ,  s'allonger 
et  former  une  véritable  aigrette  plumeuse. 

Le  péricarpe  présente  encore  assez  souvent  des 
espèces  d'appendices  membraneux  en  forme  d'ailes, 


342  OHGAJNES    DE    LA    FRUCTIFICATION. 

comme  dans  l'orme,  les  érables.  (  Voyez  pi.  8, 
fïg.  6).  D'après  le  nombre  de  ces  appendices,  il 
est  dit  :  diptère,  triptere,  tètraptère ,  etc.  Beaucoup 
de  genres  de  la  famille  des  Sapindacées  et  des  Acéri- 
nées  offrent  des  exemples  de  ces  différentes  espèces 
de  fruits. 

D'autres  fois  il  est  couvert  de  poils  longs  et  rudes? 
ressemblant  à  une  sorte  de  filasse,  comme  dans  le 
Lontarus;  ou  même  il  est  hérissé  d'épines ,  comme 
le  marronier  d'Inde,  la  pomme  épineuse  (Datura 
stramonium) ,  etc. 

L'organisation  du  péricarpe  et  de  la  graine  étant 
une  des  parties  les  plus  difficiles  de  la  botanique, 
afin  de  bien  faire  concevoir  les  différens  organes  que 
nous  venons  de  décrire  dans  ce  chapitre,  nous  allons 
faire  l'analyse  de  quelques  fruits  très-connus,  et  dé- 
nommer les  différentes  parties  qui  les  composent; 
après  quoi  nous  résumerons  en  peu  de  mots  les  objets 
que  nous  aurons  successivement  étudiés. 

Prenons  le  fruit  du  pêcher  {Amygdalus persica) 
pour  exemple.  (Voy.  pi.  8,  fig.  8.) 

Le  fruit  étant  essentiellement  composé  de  deux 
parties,  savoir:  An  péricarpe  et  de  la  graine ,  il  s'agit 
d'abord  de  distinguer  ces  deux  parties  l'une  de  l'au- 
tre. Nous  savons  que  la  graine  est  toujours  contenue 
dans  l'intérieur  du  péricarpe  ;  cherchons  donc  à  la 
trouver  au  centre  de  cet  organe.  Si  nous  coupons 
une  pêche  en  deux,  nous  verrons  son  centre  occupé 
par  une  cavité  ou  loge,  renfermant  une  seule  graine, 
rarement  deux.  La  graine  une  fois  reconnue ,  tout 


PÉRICARPE.  343 

te  qui  est  en  dehors  d'elle  appartient  au  péricarpe. 
Voyons  à   dénommer  ses  différentes  parties.   Nous 
trouvons  d'abord,  tout-à-fait  à  l'extérieur,  une  pelli- 
cule mince,  colorée,  couverte  d'un  duvet  très-court 
qu'on  enlève  facilement  :  c'est  Xèpicarpe.  La  cavité 
intérieure  du  péricarpe  est  tapissée  par  une  autre 
membrane  lisse,  intimement  unie  et  confondue  avec 
la  partie  dure  qui  forme  le  noyau,  c'est  X endocarpe. 
Toute  la  partie  épaisse,  charnue,  parenchymateuse, 
renfermée  entre  cette  dernière  membrane  et  Xépicar* 
pe ,  forme  le  sarcocarpe.  Mais  à  laquelle  de  ces  trois 
parties  appartient  le  noyau   osseux  qu'on  trouve  à 
l'intérieur?  Est-ce,   comme  on  l'a  cru  long-temps, 
un   tégument  propre   de  la   graine,    un   endocarpe 
épais  et  ligneux,  ou  bien  fait-il  partie  du  sarcocarpe  ? 
11  nous  sera  très-facile  de  résoudre  ces  questions.  En 
effet,  examinons  comment  s'est  formée  cette  partie 
osseuse.  Si  nous  prenons  une  jeune  pêche ,  long-temps 
avant  l'époque  de  sa  maturité,  que  nous  la  coupions 
en  travers,  nous  n'éprouverons  aucune  résistance;  il 
n'y  aura  point  encore  de  noyau  solide.  Or,  à  cette 
époque ,  les  trois  parties  du  péricarpe  sont  extrême- 
ment distinctes  les  unes  des  autres,  et  Xendocarpe  est 
évidemment  ici  sous  forme  d'une  simple  membrane 
appliquée  sur  le  sarcocarpe.  Mais  peu  de  temps  après 
on  voit  la  partie  du  sarcocarpe  la  plus  voisine  de  cette 
membrane   intérieure    devenir    successivement  plus 
blanche  ,  plus  serrée,  et   passer  graduellement  par 
tous  les  degrés  intermédiaires,   avant  d'acquérir  la 
solidité  osseuse  qu'elle  offre  à  l'époque  de  sa  màtu- 


344  ORGANES    DE    LA.    FRUCTIFICATION. 

rite.  Or,  dans  ce  cas,  quoique  cette  portion  du  sar- 
cocarpe  se  soit  intimement  unie  et  confondue  avec 
Y  endocarpe,  elle  ne  doit  cependant  être  rapportée  en 
aucune  manière  à  ce  dernier,  mais  bien  au  sarco- 
carpe,  puisque  réellement  elle  est  formée  par  lui.  Le 
noyau ,  ou  la  partie  osseuse  que  l'on  trouve  au  cen- 
tre de  la  pêche,  est  donc  formé  par  Yendocarpe, 
auquel  s'est  jointe  une  portion  ossifiée  du  sarcocarpe. 
Ge  que  nous  venons  de  dire  de  la  pêche  est  éga- 
lement applicable  à  j'abricot,  la  prune,  la  cerise, 
l'amande,  etc. ,  etc. 

Si  nous  prenons  le  fruit  du  pois  ordinaire  (Pisum 
sativimi)  (  voy.  pi.  8  ,  fig.  3  ) ,  connu  sous  le  nom  de 
gousse,  et  que  nous  l'analysions,  nous  trouverons 
d'abord  : 

Que  ce  fruit  est  allongé  et  comprimé  de  manière 
à  présenter  deux  bords  tranchans ,  sur  lesquels 
régnent  deux  sulures  longitudinales  ;  ce  qui  nous 
indique  qu'il  s'ouvrira  à  la  parfaite  maturité,  en  deux 
segmens  ou  valves  ;  c'est  donc  un  péricarpe  bivalve. 
Si  nous  le  coupons  longitudinaîement,  nous  n'y  ver- 
rons qu'une  seule  cavité  intérieure,  renfermant  huit 
à  dix  graines,  c'est-à-dire,  qu'il  est  uniloculaire, 
polysperme.  Les  graines  sont  toutes  fixées ,  du  coté 
de  la  suture  supérieure,  à  une  espèce  de  petit  rebord 
épais ,  régnant  tout  le  long  de  cette  suture ,  et  offrant 
un  petit  prolongement  distinct  pour  chaque  graine. 
Tout  ce  qui  est  en  dehors  de  la  graine  fait  partie  du 
péricarpe.  Dénommons  ces  parties.  Tout- à-fait  à 
l'extérieur  se   trouve   une  membrane  mince,    très- 


PliRIC/VRPE.  345 

adhérente  à  la  partie  sous-jacente;  c'est  Yépicarpe. 
La  cavité  intérieure  est  tapissée  par  une  autre  mem- 
brane, un  peu  moins  intimement  adhérente;  c'est 
V endocarpe.  La  partie  charnue,  verte,  vasculeuse 
qui  se  trouve  entre  ces  deux  membranes,  quoique 
peu  épaisse,  constitue  le  sarcocarpe.  Le  petit  bour- 
relet longitudinal,  qui  descend  le  long  de  la  suture, 
et  auquel  sont  attachées  les  graines,  est  le  tropho- 
spei'ine.  Chaque  prolongement  de  ce  corps,  particu- 
lier à  chaque  graine,  est  un podosperme. 

En  résumé,  nous  voyons  que  le  péricarpe  est  cette 
partie  du  fruit  qui  forme  les  parois  de  la  cavité  simple 
ou  multiple  dans  laquelle  sont  contenues  les  graines; 
qu'il  se  compose  constamment  de  trois  parties;  savoir: 
i  °  de  Yépicarpe  ,  ou  membrane  qui  le  recouvre  exté- 
rieurement; 20  de  Y endocarpe ,  ou  membrane  parié- 
tale interne  tapissant  sa  cavité  intérieure;  3°  d'une 
partie  plus  ou  moins  épaisse  et  charnue  ,  quelque- 
fois cependant  mince  et  peu  apparente  ,  mais  toujours 
vasculaire  ,  que  l'on  nomme  sarcocarpe  :  que  sou- 
vent le  péricarpe  est  partagé  intérieurement  par  des 
cloisons  en  un  nombre  plus  ou  moins  considérable 
de  loges,  nombre  d'après  lequel  il  est  appelé  bilocu- 
laire,  quadrdoculaire ,  mulliloculaire,  etc.1,e  point 
de  la  cavité  péricarpienne,  auquel  sont  attachées  les 
graines  ,  offre  un  renflement  charnu  plus  ou  moins 
développé,  provenant  du  sarcocarpe,  qui  a  reçu  le 
nom  de  trophosperme :  on  appelle,  au  contraire, 
podosperme  chaque  petit  mamelon  du  trophosperme 
portant  une  seule  graine.  Quand  le  trophosperme  ou 


3/|6  ORGANES    DE    LA    FRUCTIFICATION. 

\e  podosperme  recouvrent  la  graine  de  manière  à  l'em- 
brasser dans  une  étendue  plus  ou  moins  grande  ,  ce 
prolongement  particulier  porte  le  nom  à'arille. 

Toiles  sont  toutes  les  parties  qui  entrent  dans  la 
composition  du  péricarpe.  Étudions  maintenant  la 
graine. 


CHAPITRE   IL 

DE    LA    GRAINE. 

Nous  venons  de  voir  que  le  fruit  est  essentielle- 
ment formé  de  deux  parties ,  le  péricarpe  et  la  graine. 

La  graine  est  cette  partie  d'un  fruit  parfait,  qui  se 
trouve  contenue  dans  la  cavité  intérieure  dq  péri- 
carpe ,  et  qui  renferme  le  corps  qui  doit  reproduire 
un  nouveau  végétal.  Il  n'existe  pas  de  graines  nues 
proprement  dites ,  c'est-à-dire  qui  ne  soient  pas  re- 
couvertes par  le  péricarpe.  Mais  ce  dernier  est  quel- 
quefois si  mince  ou  si  adhérent  à  la  graine ,  qu'on 
l'en  distingue  difficilement  à  l'époque  de  la  maturité 
du  fruit,  parce  qu'ils  se  sont  soudés  et  confondus 
ensemble.  Cependant  ces  deux  parties  étaient  bien 
distinctes  dans  l'ovaire  après  la  fécondation.  De  là 
l'impérieuse  nécessité  d'étudier  avec  soin  la  structure 
de  l'ovaire  ,  pour  reconnaître  celle  que  doit  avoir  le 
fruit. 

Ainsi,  dans  les  Graminées,  les  Synanthérées ,  le 
péricarpe  est  très-mince  et  collé  intimement  avec  ta 


GRAINE.  347 

graine  dont  il  est  très  -  difficile  de  le  distinguer.  11 
en  est  de  même  encore  dans  beaucoup  iïOmbelli- 
fères,  etc.  ;  tandis  que  sion  les  examine  dans  l'ovaire, 
ces  deux  parties  sont  fort  distinctes  l'une  de  l'autre. 
Toute  graine  provient  d'un  ovule  fécondé.  Son 
caractère  essentiel  est  de  renfermer  un  corps  orga- 
nisé ,  qui,  mis  dans  des  circonstances  favorables,  se 
développe  et  devient  un  être  parfaitement  semblable 
à  celui  dont  il  a  tiré  son  origine.  Ce  corps  est  Tem- 
bryon.  L'essence  de  la  graine  consiste  donc  dans 
l'embryon. 

C'est  à  tort ,  selon  nous,  que  l'on  a  donné  le  nom 
de  graines  aux  corpuscules  reproductifs  des  Fougères, 
des  Mousses ,  des  Champignons  et  de  toutes  les  autres 
plantes  agames.  En  effet ,  rien  dans  leur  intérieur  ne 
ressemble  à  un  embryon.  Il  est  vrai  cependant  qu'ils 
forment  en  se  développant  un  végétal  semblable  en 
tout  à  celui  dont  ils  proviennent.  Mais  il  n'y  a  pas 
que  l'embryon  qui  soit  susceptible  d'un  pareil  déve- 
loppement; les  bourgeons  des  plantes  vivaces  ,  et 
surtout  les  bulbilles  qui  se  développent  sur  diffé- 
rentes parties  des  végétaux  ,  souvent  même  jusque 
dans  l'intérieur  du  péricarpe,  à  la  place  des  graines, 
peuvent  également  donner  naissance  à  un  végétal 
complet.  Or  personne  n'a  jamais  été  tenté  ,  malgré 
cette  grande  analogie  de  fonctions,  de  regarder  les 
bulbilles  et  les  bourgeons  comme  de  véritables  grai- 
nes :  les  corpuscules  reproductifs  des  agames  ,  leur 
étant  parfaitement  analogues  ,  ne  doivent  pas  plus 
qu'eux  porter  le  nom  de  graines. 


348  ORGANES    DE    LA.    FRUCTIFICATION. 

La  graine  est  formée  de  deux  parties  :  i°  de  Yé- 
pisperme  ou  tégument  propre  ;  a°  de  Yamande,  con- 
tenue dans  Pépisperme. 

Nous  étudierons  séparément  ces  deux  parties  quand 
nous  aurons  parié,  d'une  manière  générale,  de  la  di- 
rection et  de  la  position  des  graines,  relativement 
au  péricarpe. 

Le  point  de  la  graine,  par  lequel  elle  est  fixée  au 
péricarpe,  se  nomme  l'ombilic  ou  le  hile  (kilus  ). 
Le  hile  est  toujours  marqué,  sur  le  tégument  propre, 
par  un  point  ou  espèce  de  cicatrice  plus  ou  moins 
grande  qui  n'occupe  jamais  qu'une  partie  de  sa  sur- 
face,  et  au  moyen  de  laquelle  les  vaisseaux  du 
trophosperme  communiquaient  avec  ceux  du  tégu- 
ment propre  de  la  graine. 

Le  centre  du  hile  représente  toujours  la  base  de 
la  graine.  Son  sommet  est  indiqué  par  le  point  dia- 
métralement opposé  au  hile. 

Lorsqu'une  graine  est  comprimée,  celle  de  ses 
deux  faces  qui  regarde  l'axe  du  péricarpe  porte  le 
nom  àeface  proprement  dite;  l'autre, qui  est  tournée 
du  côté  des  parois  du  péricarpe  ,  est  appelée  le  dos 
(  dorsum  ).  Le  bord  de  la  graine  est  représenté  par 
le  point  de  jonction  de  la  face  et  du  dos. 

Quand  \ehile  est  situe  sur  un  des  points  du  bord 
de  la  graine,  elle  est  dite  comprimée  (  semen  com- 
pressum  ).  On  dit,  au  contraire,  qu'elle  est  déprimée 
(  semen  depresswn  ) ,  quand  le  hile  se  trouve  sur  sa 
face  ou  son  dos.  Cette  distinction  est  très-importante 
à  faire. 


GRAINE.  349 

La  position  des  graines  et  surtout  leur  direction 
relativement  à  l'axe  du  péricarpe  est  importante  à 
considérer,  lorsque  ces  graines  sont  en  nombre  dé- 
terminé. Elles  fournissent  alors  d'excellens  caractères 
dans  la  coordination  naturelle  des  plantes. 

Ainsi  toute  graine  fixée  par  son  extrémité  même 
au  fond  du  péricarpe  ou  d'une  de  ses  loges,  quand  il 
est  mulliloculaire,  et  dont  elle  suit  plus  ou  moins 
bien  la  direction,  est  dite  dressée  (  senien  erectwri), 
comme  dans  toutes  les  Synanthérées  ,  etc. 

On  l'appelle  au  contraire  renversée  {scmen  inver- 
911111  ),  quand  elle  est  attachée  de  la  même  manière 
au  sommet  de  la  loge  du  péricarpe  ;  par  exemple, 
dans  les  Dipsacées.  Dans  ces  deux  cas,  le  tropho- 
sperme  occupe  la  base  ou  le  sommet  de  la  loge. 

Si,  au  contraire,  le  trophosperme  étant  axillaire 
ou  pariétal ,  la  graine  dirige  son  sommet  (  ou  la  partie 
diamétralement  opposée  à  son  point  d'attache  )  vers 
la  partie  supérieure  de  la  loge,  elle  est  appelée 
ascendante  (  semen  ascendens  ) ,  comme  dans  la 
pomme  ,  la  poire  ,  etc.  (  Voy.  pi.  8  ,  fig.  9  ). 

On  la  dit,  par  opposition  ,  suspendue  (  s.  appen- 
sum)  ,  quand  son  sommet  regarde  la  base  de  la  loge, 
comme  dans  lesJasminées,beaucoupd'Apocinées,etc. 
On  donne  à  la  graine,  le  nom  de  pèritrope  (s. 
peiitropum) ,  quand  son  axe  rationnel,  ou  la  ligne 
qui  est  censée  passer  par  sa  base  et  son  sommet ,  est 
transversale,  relativement  aux  parois  du  péricarpe. 


35o  ORGANES    DE    LA    FRUCTIFICATION. 

§  i .  De  V  Épisperme. 

Yl  épisperme ,  ou  tégument  propre  de  la  graine,  est 
presque  toujours  simple  et  unique  autour  de  l'a- 
mande. Cependant  quelquefois ,  comme  il  présente 
une  épaisseur  assez  notable ,  et  qu'il  est  légèrement 
charnu  à  son  intérieur ,  sa  paroi  interne  se  détache 
et  s'isole,  en  sorte  qu'il  paraît  composé  de  deux  tu- 
niques, l'une  extérieure,  plus  épaisse,  quelquefois 
dure  et  solide,  à  laquelle  Gœrtner  a  donnéle  nom  de 
testa;  l'autre  extérieure,  plus  mince,  que  l'on  nomme 
tegmen.  Cette  disposition  se  remarque  très-bien  dans 
la  graine  du  ricin  (  Ricinus  communis  )  ;  mais  ces 
deux  membranes  ne  sont  pas  plus  distinctes  l'une 
de  l'autre  que  les  trois  parties  qui  composent  le  pé- 
ricarpe. 

Le  hile  est  toujours  situé  sur  l'épisperme.  Il  offre 
un  aspect  et  une  étendue  variables.  Quelquefois  il  se 
présente  sous  la  forme  d'un  simple  point ,  à  peine 
visible.  D'autres  fois  au  contraire  il  est  très-large, 
comme  dans  le  marronier  d'Inde,  par  exemple,  où 
sa  couleur  blanchâtre  le  fait  distinguer  facilement  du 
reste  de  Y  épisperme,  qui  est  d'un  brun  foncé. 

Vers  la  partie  centrale  du  hile,  quelquefois  sur 
un  de  ses  côtés,  on  voit  une  ouverture  fort  petite,  à 
laquelle  M.  Turpin  a  donné  le  nom  à'omphalode,  et 
qui  livre  passage  aux  vaisseaux  nourriciers  qui,  du 
trophosperme  ,  s'introduisent  dans  le  tissu  de  ï épi- 
sperme.  Lorsque  ce  faisceau  vascnlaire  se  continue 
quelque  temps  avant  de  se  ramifier,  il  forme  une 


GRAINE.  35 1 

ligne  saillante ,  à  laquelle  on  a  donné  le  nom  de  vasi- 
ducte  ou  de  raphé.  Le  point  intérieur  où  se  termine 
le  vasiducte  porte  le  nom  de  chalaze  ou  d'ombilic 
interne.  Le  vasiducte  est  souvent  peu  apparent  à 
l'extérieur  :  on  ne  le  découvre  alors  que  par  le  secours 
de  la  dissection ,  comme  dans  beaucoup  d'Euphor- 
biacées.  D'autre  fois  il  est  très-saillant  et  visible  , 
comme  dans  les  Orangers ,  où  il  s'allonge  d'un  bout 
à  l'autre  de  Yépisperme. 

Dans  beaucoup  de  graines  on  trouve  près  du  hile 
un  organe  perforé,  toujours  dirigé  du  coté  du  stig- 
mate, et  que  les  botanistes  désignent  avec  M.  Turpin 
sous  le  nom  de  micropile.  Plusieurs  auteurs  pensent 
que  c'est  par  cette  ouverture ,  à  laquelle  aboutissent 
les  vaisseaux  que  M.  de  Corréa  de  Serra  a  nommés 
cordons  pis tillaires,  que  ie  fluide  fécondant  est  ap- 
porté au  jeune  embryon. 

On  remarque  quelquefois,  plus  ou  inoins  loin  du 
hile  de  quelques  graines,  une  sorte  de  corps  renflé 
eu  forme  de  calotte  ,  auquel  Gœrtner  a  donné  le  nom 
eVembryotége ,  comme  dans  le  dattier,  l'asperge,  la 
comméline,  etc.  Pendant  la  germination,  ce  corps  se 
détache  et  livre  passage  à  l'embryon. 

\] épisperme  est  le  plus  souvent  simplement  appli- 
qué sur  Y  amande,  dont  on  le  sépare  avec  facilité. 
Mais  il  arrive  quelquefois  qu'il  contracte  avec  elle 
une  adhérence  si  intime,  qu'on  ne  peut  l'enlever  qu'en 
le  grattant. 

Mèpisperme  n'offre  jamais  de  loges  ni  de  cloisons 
à  son  intérieur.  Sa  cavité  est  toujours  simple.  Cepen- 


35^  OBGANES    DE    LA    FRUCTIFICATION. 

<lant  il  peut ,  dans  quelques  cas  rares,  renfermer  plu- 
sieurs embryons  à  la  fois.  Mais  cette  superfétation 
est  une  anomalie,  une  sorte  de  jeu  de  la  nature,  qui 
n'a  rien  de  fixe  ni  de  constant. 

§  i.  De  l'Amande. 

L'amande  est  toute  la  partie  d'une  graine  mûre  et 
parfaite,  contenue  dans  la  cavité  de  l'épisperme.  Elle 
n'a  aucune  espèce  de  communication  vasculaïre  avec 
lui,  à  moins  que  ces  deux  organes  ne  soient  soudés  et 
confondus  ;  car  dans  ce  cas  il  devient  difficile  de  dé- 
terminer, s'il  n'existe  point  quelque  communication 
vasculaire  entre  eux. 

L'amande  tout  entière  peut  être  formée  par  Yem- 
bryon,  comme  clans  le  haricot,  la  lentille,  la  fève  de 
marais,  etc.;  c'est-à-dire  qu'il  remplit  à  lui  seul  toute 
la  cavité  intérieure  de  l'épisperme.  fVoy.  pi.  7,  fig. 

3,  7-) 

D'autres  fois ,  outre  l'embryon  ,  l'amande  ren- 
ferme un  autre  corps  accessoire,  qu'on  appelle  endo- 
sperme (1),  comme  dans  le  ricin,  le  blé,  etc.  (Voy. 
pi.  7,  fig.  3;c) 

La  structure  de  ces  deux  organes  est  tellement  dif- 
férente, qu'il  sera  facile  de  les  distinguer  au  premier 
coup  d'œil.  Veinbryon ,  en  effet,  est  un  être  essen- 
tiellement organisé  qui,  par  la  germination,  doit 
s'accroître  et  se  développer.  IJendosperme,  au  con- 
traire, est  une  masse  de  tissu  cellulaire,  quelquefois 

(1)  Périsperme  de  Jussieu  ;  albumen  de  Gœrtner. 


GRAINE.  353 

dure  et  comme  cornée,  d'autres  fois  charnue  et  molle 
qui,  par  la  germination,  se  fane  et  diminue  ordinai- 
rement de  volume,  au  lieu  d'en  acquérir.  Ainsi  donc 
la  germination  lèvera  tous  les  doutes,  pour  détermi- 
ner la  nature  des  deux  corps  renfermés  dans  l'épis- 
perme  ,  quand  on  n'y  sera  pas  parvenu  au  moyen  de 
l'analyse  et  de  la  dissection. 

§  3.  De  VEndosperme. 

L'endosperme  est  cette  partie  de  l'amande  qui 
forme  autour  ou  à  côté  de  l'embryon ,  un  corps  ac- 
cessoire ,  lequel  n'a  avec  lui  aucune  continuité  de  vais- 
seaux ou  de  tissu.  Le  plus  souvent  il  est  formé  de 
tissu  cellulaire  dans  les  mailles  duquel  se  trouve  ren- 
fermée de  la  fécule  amylacée,  ou  un  mucilage  épais. 

Cette  substance  sert  de  nourriture  au  jeune  em- 
bryon. Avant  la  germination ,  elle  est  tout-à-fait  inso- 
luble dans  l'eau;  mais  à  cette  première  époque  de  la 
vie  végétale  ,  elle  change  de  nature,  devient  soluble, 
et  sert  en  partie  à  la  nourriture  et  au  développement 
de  l'embryon. 

Il  est  toujours  assez  facile  de  séparer  l'endosperme 
de  l'embryon,  parce  qu'il  ne  lui  est  aucunement  ad- 
hérent. 

Sa  couleur  est  le  plus  souvent  blanche  ou  blanchâ- 
tre; il  est  Vert  dans  le  gui  (viscum  album). 

La  substance  qui  le  forme  est  en  général  très-va- 
riable; ainsi  il  est  : 

Sec  çXfaiineux  dans  un  grand  nombre  de  Gra- 
minées,  le  blé,  l'avoine,  l'orge,  etc.; 

^3 


354  ORGANES    DE    LA    FRUCTIFICATION. 

Coriace  et  comme  cartilagineux  dans  un  grand 
nombre  d'Ombeliifères  ; 

Oléagineux  et  charnu,  c'est-à-dire  épais  et  gras 
au  toucher,  comme  dans  le  ricin  et  beaucoup  d'autres 
Euphorbiacées; 

Corné,  tenace,  dur,  élastique  comme  de  la  corne, 
dans  le  café  et  beaucoup  d'autres  Rubiacées,  la  plu- 
part des  Palmiers,  etc.; 

Mince  et  membraneux,  comme  celui  d'un  grand 
nombre  de  Labiées,  etc. 

La  présence  ou  l'absence  de  l'endosperme  est  un 
très-bon  caractère  générique ,  surtout  dans  les  Mo- 
nocotylédons. Cet  organe  doit  donc  jouer  un  grand 
rôle  dans  l'arrangement  des  familles  naturelles  des 
plantes. 

L'endosperme  peut  exister  dans  une  graine,  quoi- 
que son  embryon  ait  avorté,  ou  manque  entièrement. 

Il  est  toujours  unique,  même  dans  les  cas  où  il  y 
a  plusieurs  embryons  réunis  dans  la  même  graine. 

§  4-  De  V Embryon. 

L' embryon  est  ce  corps  déjà  organisé,  existant  dans 
une  graine  parfaite  après  la  fécondation,  et  qui  cons- 
titue le  rudiment  composé  d'une  nouvelle  plante. 
C'est  lui,  en  effet,  qui,  placé  dans  des  circonstances 
favorables,  va,  par  l'acte  de  la  germination,  devenir 
un  végétal  parfaitement  semblable  en  tout  à  celui 
dont  il  tire  son  origine. 

Quand  l'embryon  existe  seul  dans  la  graine,  c'est- 


GRAINE.  '355 

à-dire  qu'il  est  immédiatement  recouvert  par  Yépis- 
perme  ou  tégument  propre ,  on  l'appelle  êpispermique 
(emb/yo  epispermicus) ,  comme  dans  le  haricot.  (V. 
pi.  7,fig.  3,  4,5,6.) 

Si,  au  contraire,  il  est  accompagné  d'un  endosperme, 
il  prend  le  nom  à'endospermique  (^embryo  endosper- 
micus),  comme  dans  les  Graminées,  le  ricin,  etc. 
(Voy.pl.  6,  fig.  3,4-  ) 

L'embryon  endospermiquepeutoffv'ir  des  positions 
différentes  relativement  à  Yendosperme.  Ainsi  quel- 
quefois il  est  simplement  appliqué  sur  un  point  de 
sa  surface,  et  logé  dans  une  petite  fossette  superfi- 
cielle que  celle-ci  lui  présente  ,  comme  dans  les  Gra- 
minées; il  a  reçu  dans  ce  cas  le  nom  d 'extraire  (em- 
bryo  extrarius).  (Voy.  pi.  7,  fig.  8.) 

D'autres  fois  il  est  totalement  renfermé  dans  l'in- 
térieur de  Yendosperme  qui  l'enveloppe  de  toutes 
parts  ;  il  porte  alors  le  nom  ai  intraire  (embryo  intra- 
rius),  comme  dans  le  ricin,  etc.  (Voy.  pi.  7,  fig.  3,  4.) 

U  Embryon  étant  un  végétal  déjà  formé ,  toutes  les 
parties  qu'il  doit  un  jour  développer  y  existent  déjà, 
mais  seulement  à  l'état  rudimentaire.  C'est,  comme 
nous  l'avons  dit,  la  véritable  différence  de  l'embryon 
et  des  corpuscules  reproductifs  des  plantes  agames. 

U  Embryon  est  essentiellement  formé  de  quatre 
parties;  savoir:  i°  du  corps  radiculaire ;  i°  du  corps 
colylêdonaire ;  3°  de  la  gemmule;  4°  de  la  ligelle. 

i°  Le  corps  radiculaire  ou  la  Radicule  constitue 
une  des  extrémités  de  l'embryon.  C'est  lui  qui ,  par 
la  germination  ,  doit  donner  naissance  à  la  racine  ou 


356  PRGA.NES    DE    LA    FRUCTIFICATION. 

la  former  par  son  développement.  (Voy.  pi.  7,  fîg. 
5,«,  7,  a.) 

Dans  l'embryon  à  l'état  de  repos  ,  c'est-à-dire  avant 
la  germination ,  l'extrémité  radieulaire  est  toujours 
simple  et  indivise.  Lorsqu'elle  se  développe ,  elle 
pousse  souvent  plusieurs  petits  mamelons  qui  cons- 
tituent autant  de  fdets  radiculaires,  comme  dans  les 
Graminées. 

Si,  dans  quelques  cas,  il  est  difficile  avant  la  ger- 
mination de  reconnaître  et  de  distinguer  la  radicule  , 
cette  distinction  devient  aisé^  lorsque  l'embryon  com- 
mence  à  se  développer.  En  effet,  le  corps  radieulaire 
tend  continuellement  à  se  diriger  vers  le  centre  de  la 
terre ,  quels  que  soient  les  obstacles  qu'on  lui  oppose , 
et  se  change  en  racine ,  tandis  que  les  autres  parties 
de  l'embryon  prennent  une  direction  contraire. 

Dans  un  certain  nombre  de  végétaux  le  corps  ra- 
dieulaire lui-même  s'allonge  et  se  change  en  racine 
par  l'effet  du  développement  que  la  germination  lui 
fait  acquérir.  C'est  ce  qiue  l'on  observe  dans  un  grand 
nombre  de  Dicoiylédons;  dans  le  cas  où  la  radicule 
est  extérieure  et  à  nu,  les  végétaux  prennent  le  nom 
iYExorhizes.  Tels  sont  les  Labiées,  les  Crucifères, 
les  Borraginées,  les  Svnanthérées,  etc.,  et  la  plupart 
des  plantes  dicotylédonées.  (Voy.  pi.  7,  fîg.  5,  6,  7,  a.) 

Dans  d'autres  végétaux,  au  contraire,  la  radicule 
est  recouverte  et  cachée  entièrement  par  une  enve- 
loppe particulière  qui  se  rompt  à  l'époque  de  la  ger- 
mination pour  lui  donner  issue;  ce  corps  a  reçu  le 
nom  de  CoJêorhizc:  dans  ce  cas  la  radicule  est  inté- 


GRAINE.  35. 


'7 

rieure  ou  coléorhizée,  et  les  plantes  qui  offrent  eette 
disposition  ont  reçu  le  nom  de  Endorhizes.  À  cette 
division  se  rapporte  la  plus  grande  partie  des  vrais 
Monocotylédons,  tels  que  les  Palmiers ,  les  Grami- 
nées,  les  Liliacées,  etc.  (Voy.  pi.  7,  fig.  10.) 

Enfin  dans  quelques  cas  plus  rares,  la  radicule  est 
soudée  et  fait  corps  avec  l'endosperme  :  on  appelle 
Sjnorhizes  les  plantes  dans  lesquelles  on  observe 
cette  organisation.  Tels  sont  les  Pins,  les  Sapins ,  tou- 
tes les  autres  Conifères,  les  Cycadées,  etc. 

Toutes  les  plantes  phanérogames  connues  viennent 
se  ranger  dans  ces  trois  divisions.  Aussi  peut-on  subs- 
tituer avec  avantage  ces  trois  grandes  classes,  à  celles 
des  Monocotylédons  et  des  Dicotylédons ,  sujettes  à 
d'assez  nombreuses  exceptions,  comme  nous  le  ferons 
voir  tout  à  l'heure. 

i°  Du  corps  colylédonaire.  Le  corps  cotylédonaire 
peut  être  simple  et  parfaitement  indivis;  dans  ce  cas 
il  est  formé  par  un  seul  cotylédon,  et  l'embryon  est 
appelé  Monocotylèdonéiembryo  monocotyledoneus), 
comme  dans  le  riz,  l'orge,  l'avoine,  le  lis,  le  jonc, 
etc.  (Voy.  pi.  7  ,  fig.  7,8.)  D'autres  fois  il  est  formé 
de  deux  corps  réunis  base  à  base,  que  l'on  noinm-j 
Cotylédons ,  et  l'embryon  est  dit  alors  dicotyUdotié 
(embryo  dicolyledoneus).  comme  dans  le  ricin,  la 
fève  ,  etc.  (Voy.  pi.  7  ,  fig.  3,5,6.) 

Toutes  les  plantes  dont  l'embryon  offre  un  seul 
cotylédon  portent  le  nom  île  Monocolylédonèes  ; 
toutes  celles  qui  ont  deux  cotylédons  sont  appelées 
Dicotylédonées. 


358  ORGANES    DE    LA    FRUCTIFICATION. 

Les  cotylédons  sont  quelquefois  au  nombre  de  plus 
de  deux  dans  le  même  embryon;  ainsi  il  y  en  a  trois 
dans  le  Cupressus  pendilla  ;  quatre  dans  le  Pinus 
inops  et  le  Ceratophyllum  demersum;  cinq  dans  le 
Pinus  laricio\  six  dans  le  cyprès  ebauve  {Taxodium 
distichum^)\  huit  dans  le  Pinus  strobus;  enfin  on  en 
trouve  quelquefois  dix  et  même  douze  dans  le  Pinus 
pinea. 

On  voit  donc  que  le  nombre  des  cotylédons  n'est 
point  le  même  dans  tous  les  végétaux ,  et  que  la  di- 
vision en  Monocotylédons  .et  en  Dicotylédons,  rigou- 
reusement observée,  ne  peut  pas  comprendre  tous 
les  végétaux  connus  ;  d'ailleurs  il  arrive  assez  souvent 
que  les  deux  cotylédons  se  réunissent  et  se  soudent, 
en  sorte  qu'au  premier  coup  d'œil  il  est  difficile  de 
décider  si  un  embryon  est  Monocotylédoné  ou  Dico- 
tylédoné,  comme,  par  exemple,  on  l'observe  dans 
le  marronier  d'Inde. 

Ce  sont  ces  motrfs  qui  ont  engagé  mon  père  à 
prendre  dans  un  autre  organe  que  dans  les  cotylé- 
dons ,  la  base  des  divisions  primordiales  du  règne 
végétal.  La  radicule  nue  ou  contenue  dans  une  co- 
léorhize,  ou  enfin  soudée  à  Pendosperme  ,  offrant  des 
caractères  plus  fixes,  plus  invariables,  il  s'en  est  servi 
pour  former  trois  grandes  classes  dans  les  plantes 
embryonées  ou  Phanérogames,  qui  sont  : 

i°  Les  Endorhizes,  ou  celles  dont  l'extrémité  ra- 
diculaire  de  l'embrvon  présente  une  coléorhize,  sous 
laquelle  sont  un  ou  plusieurs  tubercules  radicel- 
laires  qui  la  déchirent,  lors  de  la  germination  ,  et  se 


GRAINE.  35f) 

changent  en  racines.  Ce  sont  les  véritables  Monoco- 
tylédons. 

2°  Les  Exorhizes,  ou  celles  dont  l'extrémité  radi- 
culaire  de  l'embryon  estime  ,  et  devient  elle-même  la 
racine  de  la  nouvelle  plante;  tels  sont  la  plupart  des 
Dicotylédons. 

3°  Les  Synorhizes,  ou  plantes  dans  lesquelles  l'ex- 
trémité radiculaire  de  l'embryon  est  intimement  sou- 
dée à  l'endosperme.  Celte  classe  ,  moins  nombreuse 
que  les  deux  précédentes,  renferme  les  Conifères  et  les 
Cycadées ,  qui  s'éloignent  des  autres  végétaux  par 
des  caractères  si  remarquables,  et  que  le  nombre  de 
leurs  cotylédons  exclut  également  de  la  classe  des 
Monocotylédonés  et  des  Dicotylédones. 

Les  cotylédons  paraissent  être  destinés  par  la  na- 
ture à  favoriser  le  développement  de  la  jeune  plante, 
en  lui  fournissant  les  premiers  matériaux  de  sa  nu- 
trition. En  effet,  les  cotylédons  sont  presque  constam- 
ment très-épais  et  charnus  ,  dans  les  plantes  qui  n'ont 
pas  <¥ endosperme ,  tandis  qu'ils  sont  minces  et  comme 
foliacés  dans  celles  où  cet  organe  existe.  C'est  ce  que 
l'on  peut  voir  facilement,  en  comparant  l'épaisseur 
des  cotylédons  du  haricot  et  du  ricin. 

A  l'époque  de  la  germination,  quelquefois  les  co- 
tylédons restent  cachés  sous  la  terre,  sans  se  montrer 
à  l'extérieur  ;  dans  ce  cas  ils  portent  le  nom  de  coty- 
lédons hypcgês  (  cotyledones  hjpogei) ,  comme  dans 
le  marronier  d'Inde. 

D'autres  fois  ils  sortent  hors  de  terre,  par  l'allon- 
gement du  collet  qui  les  sépare  de  la  radicule  ;  on 


36o  ORGANES   DE    LA.    FRUCTIFICATION. 

leur  donne  alors  le  nom  à'épigés  (cotyled.  epigei), 
comme  dans  le  haricot  et  la  plupart  des  Dicotylé- 
dones. Quand  les  deux  cotylédons  sont  épigés,  et 
qu'ils  s'élèvent  au-des.sus  du  sol,  ils  forment  les  deux 
feuilles  séminales  (folia  seminalia).  fVoy.  pi.  7, 
fig.  7,  c,  c.) 

3°  De  la  gemmule.  On  donne  le  nom  de  gemmule 
(gemmula)  au  petit  corps,  simple  ou  composé,  qui 
naît  entre  les  cotylédons  ,  ou  dans  la  cavité  même 
du  cotylédon,  quand  l'embryon  n'en  présente  qu'un. 
On  lui  donnait  autrefois  le  nom  de  plumule  {plu- 
mula).  Comme  cet  organe  n'a  le  plus  souvent  aucune 
ressemblance  avec  le  corps  auquel  on  le  comparait , 
mais  qu'au  contraire  il  forme  toujours  le  premier 
bourgeon  {gemma)  de  la  jeune  plante  qui  va  se  dé- 
velopper ,  le  nom  de  gemmule  est  infiniment  plus  con- 
venable, et  mérite  d'être  préféré. 

La  gemmule  est  le  rudiment  de  toutes  les  parties 
qui  doivent  se  développer  à  l'air  extérieur.  Elle  est 
formée  par  plusieurs  petites  feuilles  plissées  diverse- 
ment sur  elles-mêmes,  qui,  en  se  développant  par  la 
germination,  deviennent  les  feuilles  primordiales 
(  fol. pnmordialia).  (Voy.  pi.  7,  fig.  7,  d,  d.) 

Quelquefois  elle  est  libre  et  visible  à  l'extérieur, 
avant  la  germination;  d'autres  fois  au  contraire  elle 
ne  devient  apparente  que  lorsque  celle-ci  a  com- 
mencé; enfin,  dans  quelques  cas  rares,  elle  est  ca- 
chée sous  une  sorte  d'enveloppe  analogue,  en  quelque 
façon ,  à  celle  qui  recouvre  la  radicule  des  endorhizes , 
que    Ton   appelle  coléopële,    et  alors    la    gemmule 


GRAINE.  36 1 

est  dite  coléoptilée.  Cette  eoléoptile  ne  doit  être  le 
plus  souvent  considérée  que  comme  un  cotylédon 
mince,  recouvrant  la  gemmule  à  la  manière  d'un 
étui. 

4°  De  la  tigelle  (cauUcuïus).  Cet  organe  n'existe 
pas  toujours  d'une  manière  bien  manifeste.  Il  se  con- 
fond, d'une  part,  avec  la  base  du  corps  cotylédo- 
naire,  et  de  l'autre,  avec  la  radicule,  dont  il  est  une 
sorte  de  prolongement.  C'est  par  l'accroissement  ac- 
quis par  la  tigelle,  lors  de  la  germination,  que  les 
cotylédons  sont,  dans  quelques  plantes,  soulevés  hors 
de  terre  et  deviennent  èpigés. 

Après  avoir  ainsi  étudié  successivement  les  quatre 
parties  qui  composent  un  embryon;  savoir  :  i°  le 
corps  radiculaire;  2°  le  corps  cotylédonaire;  3°  la 
gemmule;  l\°  la  tigelle,  voyons  quelles  sont  les  diffé- 
rentes positions  que  l'embryon  peut  affecter  relati- 
vement à  la  graine  qui  le  contient,  ou  au  péricarpe 
lui-même. 

Nous  avons  déjà  vu  que  l'embryon  pouvait  être 
endospermique  ou  épispermique,  suivant  qu'il  était 
accompagné  d'un  endospenne,  ou  qu'il  formait  à  lui 
seul  la  masse  de  l'amande;  que  dans  le  cas  où  il  était 
endospermique,  il  pouvait  être  intraire  ou  extraire, 
quand  il  était  contenu  et  renfermé  dans  l'intérieur 
de  l'endosperme,  ou  simplement  appliqué  sur  un  des 
points  de  sa  surface. 

C'est  par  le  moyen  de  ces  deux  extrémités  de  l'em- 
bryon, que  l'on  peut  déterminer  sa  direction  propre 
et  sa  direction  relative.  L'extrémité  radiculaire  forme 


362  ORGANES    DE    LA    FRUCTIFICATION. 

toujours  la  base  de  l'embryon.  D'après  cela  on  dit 
de  l'embryon  qu'il  est  : 

Homotrope  {emb.  h&motropus),  quand  il  a  la 
même  direction  que  la  graine,  c'est-à-dire  que  sa 
radicule  répond  au  bile,  comme  cela  s'observe  dans 
beaucoup  de  Légumineuses,  de  Solàuées  et  un  grand 
nombre  de  Monocotylédons.  L'embryon  homotrope 
peut  être  plus  ou  moins  courbé.  Quand  il  est  recti- 
ligne  ,  on  lui  donne  le  nom  cYorthotrope  (  emb. 
orthotropus) ,  comme  dans  les  Rubiacées,  les  Synan- 
tbérées,  les  Ombilifères,  etc. 

On  appelle  embryon  antitrope  {emb.  antitropus), 
celui  dont  la  direction  est  opposée  à  celle  de  la 
graine,  c'est-à-dire  que  son  extrémité  cotylédonaire 
correspond  au  bile.  C'est  ce  que  l'on  peut  obser- 
ver dans  les  ThymêUes ,  les  Fluviales,  le  Melam- 
pyrum,  etc. 

On  donne  le  nom  d'embryon  amphjtrope  {emb. 
amphflropus)  à  celui  qui  est  tellement  recourbé  sur 
lui  même,  que  ses  deux  extrémités  se  trouvent  rap- 
procbées  et  se  dirigent  vers  le  bile,  comme  on  le 
voit  dans  les  Caryophyllées,  les  Crucifères,  plusieurs 
Atriplicées,  etc. 

Comme  l'embryon  monocotylédoné  et  l'embryon 
dicotylédoné  diffèrent  beaucoup  l'un  de  l'autre,  dans 
le  nombre,  dans  la  forme  et  l'arrangement  des  par- 
ties qui  les  composent,  nous  allons  exposer  isolément 
les  caractères  propres  à  chacun  d'eux. 


GRAINE. 


363 


§  5.  Embryon  dicotylédoné. 


L'embryon  dicotylédoné,  ou  celui  dont  le  corps 
cotylédonaire  présente  deux  lobes  bien  distincts, 
offre  les  caractères  suivans  :  sa  radicule  est  cylin- 
drique ou  conique,  nue,  saillante,  elle  s'allonge  lors 
de  la  germination  et  devient  la  véritable  racine  de  la 
plante.  Ses  deux  cotylédons  sont  attachés  à  la  même 
hauteur  sur  la  tigelle;  ils  ont,  dans  beaucoup  de  cas, 
une  épaisseur  d'autant  plus  grande,  que  l'endosperme 
est  plus  mince,  ou  qu'il  n'existe  point  du  tout.  La 
gemmule  est  renfermée  entre  les  deux  cotylédons 
qui  la  recouvrent  et  la  cachent  en  grande  partie.  La 
tigelle  est  plus  ou  moins  développée. 

Tels  sont  les  caractères  communs  aux  embryons 
dicotylédones  en  général.  Cependant  quelques-uns 
offrent  des  anomalies  qui  sembleraient  d'abord  les 
éloigner  de  cette  classe;  ainsi,  quelquefois  les  deux 
cotylédons  sont  tellement  unis  et  soudés  ensemble, 
qu'ils  semblent  n'en  plus  former  qu'un  seul,  comme 
dans  le  marronier  d'Inde,  et  ordinairement  le  châ- 
taignier. Mais  on  remarquera  que  cette  soudure  n'est 
qu'accidentelle,  car  il  arrive  quelquefois  qu'elle  n'a 
pas  lieu.  C'est  ce  que  l'on  observe  eii  effet  pour  le 
marronier  d'Inde,  et  ce  qui  le  fait  rentrer  dans 
l'organisation  générale  des  embryons  dicotylédones. 
D'ailleurs  on  doit  regarder  comme  véritablement  di- 
cotylédoné, tout  embryon  dont  la  base  du  corps  co- 
tylédonaire est  fendue  entièrement  ou  partagée  en 


364  ORGANES    DE    LA    FRUCTIFICATION. 

deux,  quoique  lui-même  paraisse  simple  et  indivis 
à  son  sommet. 

§  i.  De  V Embryon  monocotylédoné. 

L'Embryon  monocotylédoné  est  celui  qui,  avant 
la  germination,  est  parfaitement  indivis,  et  ne  pré- 
sente aucune  fente  ni  incision. 

Si,  dans  le  plus  grand  nombre  des  cas,  il  est  assez 
facile  de  reconnaître  dans  l'embryon  dicotylédoné 
les  différentes  parties  qui  le  composent,  il  n'en  est 
pas  toujours  de  même  dans  l'embryon  monocotylé- 
doné, où,  fréquemment,  toutes  ces  parties  sont  tel- 
lement unies  et  confondues,  qu'elles  ne  forment  plus 
qu'une  masse,  dans  laquelle  la  germination  seule 
peut  faire  distinguer  quelque  cbose.  Aussi  l'organi- 
sation de  l'embryon  des  monocotylédonés  est-elle 
bien  moins  parfaitement  connue,  que  celle  des  vé- 
gétaux à  deux  cotylédons. 

Dans  l'embryon  monocotylédoné,  le  corps  radi- 
culaire  occupe  une  des  extrémités;  il  est  plus  ou 
moins  arrondi,  souvent  très-peu  saillant;  formant 
comme  une  sorte  de  mamelon  peu  apparent.  D'autres 
fois,  au  contraire,  il  est  extrêmement  large  et  aplati, 
et  forme  la  masse  la  plus  considérable  de  l'embryon, 
comme  dans  la  plupart  des  Graminées.  L'embryon 
est  alors  appelé  macropode  (  emb.  macropodus  ). 
(Voy.  pi.  7,  fig.  8,9.) 

La  radicule  est  renfermée  dans  une  coééorhize 
qu'elle  rompt  à  lépoque  de  la  germination.  Cette  radi- 
cule n'est  pas  toujours  simple*,  comme  dans  les  Dico- 


GRA.INE.  365 

tylédonés  ;  elle  est  le  plus  souvent  formée  de  plusieurs 
filets  radiculaires,  qui  percent  quelquefois,  chacun 
isolément,  la  coléorhize  qui  les  renferme,  comme 
cela  s'observe  principalement  dans  les  Graminées. 

Le  corps  cotylédonaire  est  simple,  et  ne  présente 
aucune  incision  ni  fente.  Sa  forme  est  extrêmement 
variable.  Il  est  toujours  latéral  ,  relativement  à  la 
masse  totale  de  l'embryon.  Le  plus  souvent,  la  gem- 
mule est  renfermée  dans  l'intérieur  du  cotylédon  qui 
l'enveloppe  de  toutes  parts,  et  lui  forme  une  espèce 
de  colèoptile.  ("Voy.  pi.  7,  fig.  9,  b,  10,  b.)  Elle  se 
compose  de  petites  feuilles  emboîtées  les  unes  dans 
les  autres.  La  plus  extérieure  forme  ordinairement 
une  espèce  d'étui  clos  de  toutes  parts,  embrassant  et 
recouvrant  les  autres.  M.  Mirbel  lui  a  donné  le  nom 
de  piléole. 

La  tigeUe  n'existe  pas  le  plus  souvent,  ou  elle  se 
confond  intimement  avec  le  cotylédon  ou  la  radicule. 
Telle  estrorganisation  la  plusordinaire  desembryons 
monocotylédonés;  mais,  dans  beaucoup  de  circonstan- 
ces on  trouve  des  modifications  propres  à  plusieurs  vé- 
gétaux. C'est  ainsi,  par  exemple,  que  la  famille  des  Gra- 
minées présente  quelques  particularités  dans  la  struc- 
ture de  son  embryon.  En  effet  il  est  composé ,  1  °  d'un 
corps  charnu,  épais,  discoïde  en  général,  appliqué  sur 
l'endosperme;  ce  corps  a  reçu  le  nom  cYhrpoblaste(i). 

(1)  C'est  à  ce  corps  que  Gœrtner  donne  le  nom  de  vitellus.  La 
plupart  des  auteurs  le  regardent  comme  le  cotylédon.  Mais  l'ana- 
logie se  refuse  à  cette  supposition. 

Voyez  le  mémoire  de  mon  père  sur  les  embryons  endorhizes  , 
inséré  dans  le  17e  volume  des  Annales  du  Muséum  ,  année  181 1. 


366  ORGANES    DE    LA    FRUCTIFICATION. 

Cette  partie  ne  prend  aucun  accroissement  par  la 
germination.  Elle  peut  être  assimilée  au  corps  radi- 
culaire.  (Voyez  pi.  7,  fig.  9);  i°  du  blaste  (pi.  7, 
fig.  8,  d,  e,  c),  ou  de  la  partie  de  l'embryon  qui 
doit  se  développer.  Il  est  appliqué  sur  Xhypoblaste, 
et  est  formé  de  la  tigelle ,  de  la  gemmule ,  renfer- 
mée dans  le  cotylédon ,  constituant  une  sorte  de 
graine  ou  d'étui  qui  les  enveloppe  de  toutes  parts. 
L'extrémité  inférieure  du  blaste ,  par  laquelle  doi- 
vent sortir  un  ou  plusieurs  tubercules  radicellaires, 
porte  le  nom  de  radicidode. 

Enfin  on  appelle  épiblaste  un  appendice  antérieur 
du  blaste,  qui  le  recouvre  quelquefois  en  partie,  et 
qui  semble  n'en  être  qu'un  simple  prolongement. 


CHAPITRE    III. 

DE    LA    GERMINATION. 

On  donne  le  nom  de  germination  à  la  série  de 
phénomènes  par  lesquels  passe  une  graine  qui,  par- 
venue à  son  état  de  maturité,  et  mise  dans  des  con- 
ditions favorables,  se  gonfle,  rompt  ses  enveloppes, 
et  tend  à  développer  les  organes  qu'elle  renferme 
dans  son  intérieur. 

Pour  qu'une  graine  germe,  il  faut  le  concours  de 
certaines  circonstances  dépendant  de  la  graine  elle- 
même ,  ou  qui  lui  sont  accessoires  et  étrangères, 
mais  qui  n'exercent  pas  moins  une  influence  inccn- 


GERMINATION.  367 

testable  sur  les  phénomènes  de  son  développement. 

La  graine  doit  être  à  son  état  de  maturité  :  elle 
doit  avoir  été  fécondée  et  renfermer  un  embryon 
parfait  dans  toutes  ses  parties.  Il  faut  de  plus  que  la 
graine  ne  soit  pas  trop  ancienne  ;  car  elle  aurait  perdu, 
par  le  temps,  sa  faculté  germinative.  Cependant  il 
est  certaines  graines  qui  la  conservent  pendant  un 
nombre  d'années  considérable  :  ce  sont  principale- 
ment celles  qui  appartiennent  à  la  famille  des  Légu- 
mineuses. Ainsi  l'on  est  parvenu  à  faire  germer  des 
haricots  conservés  depuis  soixante  ans;  on  cite  même 
des  graines  de  sensitive  °qui  se  sont  parfaitement 
développées  cent  ans  environ  après  avoir  été  récol- 
tées. Mais  il  faut  qu'elles  aient  été  préservées  du 
contact  de  l'air,  de  la  lumière  et  de  l'humidité. 

Les  agens  extérieurs  indispensables  à  la  germina- 
tion sont  :  i°  l'eau,  2°  la  chaleur,  3°  l'air. 

i°  JJeau,  comme  nous  l'avons  déjà  vu  précédem- 
ment, est  indispensable  à  la  végétation  et  aux  phé- 
nomènes de  la  nutrition  dans  les  végétaux.  Ce  n'est 
point  seulement  comme  substance  alimentaire  qu'elle 
agit  dans  ce  cas;  mais  c'est  encore  par  sa  faculté  dis- 
solvante et  sa  fluidité  quelle  sert  alors  de  menstrue 
et  de  véhicule  aux  substances  vraiment  alibiles  du 
végétal. 

Elle  a ,  dans  la  germination  ,  une  manière  d'agir 
parfaitement  analogue.  C'est  elle  ,  en  effet ,  qui ,  en 
pénétrant  dans  la  substance  de  la  graine,  ramol- 
lit ses  enveloppes,  fait  gonfler  l'embryon,  déter- 
mine ,  dans  la  nature  même  de  l'endosperme  ou  des 


368  ORGA.NES    DE    LA.    FRUCTIFICATION. 

cotylédons,  des  changemens  qui  les  rendent  souvent 
propres  à  fournir  au  jeune  végétal  les  premiers  ma- 
tériaux de  sa  nutrition.  C'est  elle  encore  qui  se  charge 
des  substances  gazeuses  ou  solides  qui  doivent  servir 
d'alimens  à  la  jeune  plante  qui  commence  à  croître. 
Elle  fournit  aussi  à  son  développement  par  la  décom- 
position qu'elle  éprouve;  ses  élémens  désunis  se  com- 
binent avec  le  carbone  ,  et  donnent  naissance  aux 
différens  principes  immédiats  des  végétaux. 

Cependant,  il  ne  faut  pas  que  la  quantité  d'eau 
soit  trop  considérable;  car  alors  les  graines  éprou- 
veraient une  sorte  de  macération  qui  détruirait  leur 
faculté  germinative,  et  s'opposerait  à  leur  dévelop- 
pement. Nous  parlons  ici  des  graines  qui  appartien- 
nent aux  plantes  terrestres;  car  celles  des  végétaux 
aquatiques  germent  étant  plongées  entièrement  dans 
l'eau,  Quelques-unes,  néanmoins,  quoiqu'en  très- 
petit  nombre  ,  montent  à  sa  surface  pour  y  germer  à 
l'air ,  et  ne  pourraient  se  développer  si  elles  restaient 
submergées. 

L'eau  a  donc  évidemment  deux  modes  d'action 
dans  la  germination  :  i°  elle  ramollit  l'enveloppe 
séminale  et  favorise  sa  rupture;  -i°  elle  sert  de  dis- 
solvant et  de  véhicule  aux  véritables  alimens  du 
jeune  végétal. 

i°  La  chaleur  n'est  pas  moins  nécessaire  à  la 
germination  que  l'eau.  Son  influence  est,  en  effet, 
très-marquée  sur  tous  les  phénomènes  de  la  végé- 
tation. Une  graine  mise  dans  un  lieu  dont  la  tempé- 
rature est  au-dessous  de  zéro,  n'éprouve  aucun  mou- 


GEUMINATION.  $69 

vement  de  développement,  reste  inactive  comme  en- 
gourdie, tandis  qu'une  chaleur  douce  et  tempérée 
accélère  singulièrement  la  germination.  Mais  cepen- 
dant il  ne  faut  pas  que  cette  chaleur  dépasse  certai- 
nes limites;  sans  quoi,  loin  de  favoriser  le  dévelop- 
pement des  germes,  elle  les  dessécherait  et  y  dé- 
truirait le  principe  de  la  vie.  Ainsi  une  chaleur  de 
45°  a  5o°  s'oppose  à  la  germination,  tandis  que  celle 
qui  ne  s'élève  pas  au-dessus  de  a5°  à  3o°,  surtout  si 
elle  est  jointe  à  une  certaine  humidité,  accélère  l'évo- 
lution des  différentes  parties  de  l'embryon. 

3o  L'air  est  aussi  utile  aux  végétaux,  pour  germer 
et  s'accroître,  qu'il  est  indispensable  aux  animaux 
pour  respirer  et  pour  vivre.  Une  graine  que  l'on 
priverait  totalement  du  contact  de  ce  fluide,  n'acquer- 
rait aucune  espèce  de  développement.  Cependant 
Homberg  dit  être  parvenu  à  faire  germer  quelques 
graines  dans  le  vide  de  la  machine  pneumatique. 
Mais  quoiqu'on  ait,  depuis  lui,  souvent  répété  cette 
expérience,  on  n'a  jamais  pu  obtenir  les  mêmes  ré- 
sultats. L'on  peut  donc  assurer  que  l'air  est  indis- 
pensable à  la  germination.  M.  Théodore  de  Saus- 
sure, dont  le  témoignage  est  d'un  si  haut  poids  dans 
la  partie  expérimentale  de  la  physiologie  des  végé- 
taux, pense  que  les  expériences  de  Homberg  ne  doi- 
vent nullement  infirmer  cette  vérité,  et  que  les  con- 
clusions qu'il  en  a  tirées  doivent  être  considérées 
comme  des  résultats  imparfaits  et  peu  exacts. 

Des  graines  enfoncées  trop  profondément  dans  la 
terre,  et  soustraites  ainsi  à  l'action  de  l'air  ahnosphé- 

*4 


O'jO  ORGANES    DE    LA    FRUCTIFICATION. 

rique,  sont  souvent  restées  pendant  un  temps  fort 
long,  sansdonner  aucun  signe  de  vie.  Lorsque,  par  une 
cause  quelconque,  elles  se  sont  trouvées  ramenées  plus 
près  de  la  su  perficie  de  la  terre,  de  manière  à  être  en  con- 
tact avec  l'air  ambiant,  leur  germination  s'est  effectuée. 

L'air  n'étant  point  un  corps  simple,  mais  étant 
au  contraire  formé  d'oxygène  et  d'azote,  doit-il  son 
action  au  mélange  de  ces  deux  gaz?  Ou  bien  est-ce 
l'un  d'eux  seulement  qui  détermine  l'influence  qu'il 
exerce  sur  les  phénomènes  de  la  germination? 

L'action  de  l'air  sur  les  végétaux,  à  cette  première 
époque  de  leur  développement,  présente  les  mêmes 
circonstances  que  pour  la  respiration  dans  les  ani 
maux.  En  effet,  c'est  l'oxygène  de  l'air  qui  agit  prin- 
cipalement dans  l'acte  de  la  respiration  pour  donner 
au  sang  les  qualités  qui  doivent  le  rendre  propre  au 
développement  de  tous  les  organes;  c'est  encore  cet 
oxygène  qui  aide  et  favorise  la  germination  des  végé- 
taux. Des  graines  placées  dans  du  gaz  azote  ou  du  gaz 
acide  carbonique  ne  peuvent  se  développer,  et  ne 
tardent  point  à  y  périr  entièrement.  Nous  savons 
qu'il  en  serait  de  même  des  animaux  que  nous  sou- 
mettrions à  de  semblables  influences.  Mais  ce  n'est 
point  à  l'état  de  pureté  et  d'isolement  que  l'oxygène  a 
une  action  aussi  favorable  à  l'évolution  des  germes  ; 
car  il  l'accélère  d'abord ,  mais  bientôt  la  détruit  par 
l'activité  trop  puissante  qu'il  lui  communique.  Aussi 
les  graines,  les  plantes  et  les  animaux  ne  peuvent-ils, 
ni  se  développer,  ni  respirer,  ni  vivre  dans  du  gaz 
oxygène  pur.  Il  faut  qu'une  autre  substance  mélan- 


GERMINATION.  ^  I 

gée  avec  lui  tempère  sa  trop  grande  activité  pour 
qu'il  devienne  propre  à  la  respiration  et  à  la  végéta- 
tion. On  a  remarqué  que  son  mélange  avec  l'hydro- 
gène ou  l'azote  le  rendait  plus  propre  à  remplir  cette 
fonction;  et  que  les  proportions  les  plus  convenables 
dek  ce  mélange  étaient  une  partie  d'oxygène  pour 
trois  parties  d'azote  ou  d'hydrogène. 

L'oxygène,  absorbé  pendant  la  germination,  se  com- 
bine avec  l'excès  de  carbone  que  contient  le  jeune 
végétal ,  «et  forme  de  l'acide  carbonique ,  qui  est  rejeté 
au  dehors.  C'est  par  cette  combinaison  nouvelle  que, 
les  principes  de  l'endosperme  n'étant  plus  les  mêmes, 
la  fécule  qui  le  compose,  d'insoluble  qu'elle  était 
avant  cette  époque,  devient  soluble,  et  souvent  est 
en  partie  absorbée,  pour  servir  de  première  nourri- 
ture à  l'embryon. 

Certaines  substances  paraissent  avoir  une  influence 
bien  manifeste  pour  accélérer  la  germination  des 
végétaux.  C'est  ce  qui  résulte  des  expériences  de 
M.  deHumboldt.  Cet  illustre  naturaliste,  à  qui  presque 
toutes  les  branches  des  connaissances  humaines  doi- 
vent quelques-uns  de  leurs  progrès,  et  souvent  la 
perfection  où  nous  les  voyons  arrivées  aujourd'hui , 
a  démontré  que  les  graines  du  cresson  alénois  (Lepi- 
dium  satwum)  mises  dans  une  dissolution  de  chlore, 
germaient  en  cinq  ou  six  heures;  tandis  que  dans 
l'eau  pure  ces  mêmes  graines  avaient  besoin  de 
trente-six  heures  pour  arriver  au  même  résultat. 
Certaines  graines  exotiques,  qui  jusqu'alors  avaient 
résisté  à  tous  les  moyens  employés   pour  les  faire 


/ 


372  ORGANES    DE    LA    FRUCTIFICATION. 

germer,  se  sont  parfaitement  développées  dans  une 
dissolution  de  cette  même  substance.  Il  a  de  plus 
fait  remarquer  que  toutes  les  substances  qui  pouvaient 
céder  facilement  une  partie  de  leur  oxygène  à  l'eau, 
tels  que  beaucoup  d'oxydes  métalliques,  les  acides 
nitrique  et  sulfurique  suffisamment  étendus,  hâ- 
taient le  développement  des  graines,  mais  produi- 
saient en  même  temps  l'effet  que  nous  avons  signalé 
pour  le  gaz  oxygène  pur,  c'est-à-dire  qu'ils  épuisaient 
le  jeune  embryon  et  ne  tardaient  pas  à  le  faire  périr. 

La  terre  dans  laquelle  on  place  en  général  les 
graines,  pour  déterminer  leur  germination,, n'est  pas 
une  condition  indispensable  de  leur  développement, 
puisque  tous  les  jours  nous  voyons  des  graines  ger- 
mer très-bien  et  avec  beaucoup  de  rapidité  sur  des 
éponges  fines,  ou  d'autres  corps  que  l'on  a  soin  d'im- 
biber d'eau.  Mais  cependant  qu'on  ne  croie  pas  que 
la  terre  soit  tout-à-fait  inutile  à  la  végétation  ;  la 
plante  y  puise  par  ses  racines  des  substances  qu'elle 
sait  s'assimiler,  après  les  avoir  converties  en  élémens 
nutritifs. 

La  lumière ,  loin  de  hâter  le  développement  des 
organes  de  l'embryon,  le  ralentit  d'une  manière  ma- 
nifeste. En  effet,  il  est  constant  que  les  graines  ger- 
ment beaucoup  plus  rapidement  à  l'obscurité  que 
lorsqu'elles  sont  exposées  à  la  lumière  du  soleil. 

Toutes  les  graines  n'emploient  pas  un  espace  de 
temps  égal  pour  commencer  à  germer.  Il  y  a  même 
à  cet  égard  les  différences  les  plus  tranchées  ;  ainsi 
il  en  est  qui  germent  dans  un  temps  très-court.  Le 


GERMINATION.  373 

cresson  alénois  en  deux  jours;  répinard,  le  navet  , 
les  haricots  en  trois  jours;  la  laitue  en  quatre  jours; 
les  melons,  les  courges  en  cinq  jours;  la  plupart 
des  Graminées  en  une  semaine;  l'hysope  au  bout 
d'un  mois;  Pognon  après  cinquante  ou  soixante  jours. 
D'autres  emploient  un  temps  fort  considérable  avant 
de  donner  aucun  signe  de  développement  ;  ce  sont 
principalement  celles  dont  l'épisperme  est  très-dur, 
ou  qui  sont  .environnées  d'un  endocarpe  ligneux  , 
comme  celles  du  pêcher,  de  l'amandier,  qui  ne  ger- 
ment qu'au  bout  d'un  an;  les  graines  du  noisetier, 
du  rosier,  du  cornouiller,  et  d'autres  encore,  ne  se 
développent  que  deux  années  après  avoir  été  mises 
en  terre. 

Après  avoir  passé  rapidement  en  revue  les  circons- 
tances accessoires  qui  déterminent  ou  favorisent  la 
germination ,  éludions  les  phénomènes  généraux  de 
celle  fonction  ,  après  quoi  nous  donnerons  quelques 
détails  relatifs  aux  particularités  qu'elle  présente 
dans  les  plantes  monocotylédonées,  et  dans  les  dico- 
tylédonées. 

Le  premier  effet  apparent  de  la  germination  est  le 
gonflement  de  la  graine,  et  le  ramollissement  des  en- 
veloppes qui  la  recouvrent.  Ces  enveloppes  se  rom- 
vent  au  bout  d'un  temps  plus  ou  moins  long,  varia- 
ble dans  les  différens  végétaux.  Cette  rupture  de 
l'episperrae  se  fait  quelquefois  d'une  manière  tout-à- 
fait  irrégulière,  comme  dans  les  haricots,  les  fèves  : 
d'autres  fois,  au  contraire,  elle  présente  une  unifor- 
mité et  une  régularité  qui  se  reproduisent  de  la  même 


3y4  ORGANES    J>K    LA    FRUCTIFICATION. 

manière  dans  tous  ies  individus  de  la  même  espèce. 
C'est  ce  que  l'on  observe  principalement  dans  les 
graines  pourvues  d'un  embryotège ,  sorte  d'opercule, 
qui  se  détache  de  l'épisperme  pour  livrer  passage  à 
l'embryon;  comme,  par  exemple,  dans  X éphémère 
de  virginie  (  Tradescantia  virgim'ca),  la  comméline 
(Commelina  commuais),  le  dattier  (Phœnix  dactili- 
fera),  et  plusieurs  autres  Monocotylédons. 

L'embryon,  dès  le  moment  où  il  commence  à  se 
développer,  prend  le  nom  de  plantule.  On  lui  dis- 
tingue deux  extrémités,  croissant  constamment  en 
sens  inverse  :  l'une ,  formée  par  la.  gemmule ,  tend  à 
se  diriger  vers  la  région  de  l'air  et  de  la  lumière; 
on  l'appelle caudex ascendant.  L'autre,  au  contraire, 
s'enfonçant  dans  la  terre,  et  suivant  par  conséquent 
une  direction  tout-à-fait  opposée  à  celle  de  la  précé- 
dente, porte  le  nom  de  caudex  descendant.  Elle  est 
formée  par  le  corps  radiculaire. 

Dans  le  plus  grand  nombre  des  cas,  c'est  le  cau- 
dex descendant  ou  la  radicule  qui ,  la  première , 
éprouve  les  effets  de  la  germination.  On  voit  cette 
extrémité  devenir  de  plus  en  plus  saillante,  s'allonger 
et  constituer  la  racine  dans  les  exorhizes.  Dans  les 
endorhizes  ,  au  contraire,  la  colèorhize ,  poussée 
par  les  tubercules  radicellaiies  qu'elle  renferme,  s'al- 
longe quelquefois,  et  se  prête  à  une  distension  assez 
considérable  avant  de  se  rompre  ;  d'autres  fois  elle 
cède  sur-le-champ,  et  laisse  sortir  les  tubercules  radi- 
cellaires  qu'elle  recouvrait. 

Pendant  ce  temps  la  gemmule  ne  reste  pas  inerte 


GERMINA.TION.  3  7  /> 

et  stationnaire.  D'abord  cachée  entre  les  cotylédons , 
elle  se  redresse,  s'allonge,  et  cherche  à  se  porter 
vers  la  superficie  de  la  terre,  quand  elle  y  a  été  en- 
fouie. S'il  y  a  une  coléoptile,  elle  s'allonge,  se  dilate; 
mais,  plus  rapide  dans  son  accroissement,  la  gemmule 
presse  sur  elle,  la  perce  à  sa  partie  supérieure  et  la- 
térale et  se  montre  à  l'extérieur. 

Quand  le  caudex  ascendant  commence  à  se  déve- 
lopper au-dessous  du  point  d'insertion  des  cotylé- 
dons, il  les  soulève,  les  porte  hors  de  la  terre.  Ceux 
qui  offrent  ce  phénomène  sont  alors  appelés  cotylé- 
dons èpigès{\)\  ils  se  développent,  quelquefois  même 
s'amincissent,  deviennent  comme  foliacés  et  portent 
alors  le  nom  de  feuilles  séminales. 

Si ,  au  contraire ,  le  caudex  ascendant  ne  com- 
mence qu'au-dessus  des  cotylédons,  ceux-ci  restent 
cachés  sous  la  terre ,  et,  loin  d'acquérir  aucun  accrois- 
sement, ils  diminuent  de  volume,  se  flétrissent  et 
finissent  par  disparaître  entièrement.  On  les  nomme 
alors  cotylédons  hypogès  (2). 

Quand  une  fois  la  gemmule  est  parvenue  à  l'air 
libre,  les  folioles  qui  la  composent  se  déroulent,  se 
déploient,  s'étalent,  et  acquièrent  bientôt  tous  les  ca- 
ractères des  feuilles,  dont  elles  ne  tardent  point  à 
remplir  les  fonctions. 

Mais  quels  sont  les  usages  des  parties  accessoires 

(1)  Dérivé  de  ziti,  sur,  au-dessus,  et  de  -pi  ,  lerre,  c'est-à-dire 
s'élevant  au-dessus  de  la  surface  de  la  terre. 

(2)  De  'jtvo  au-dessous,  et  de  pi,  c'est-à-dire  restant  caché  sous 
la  terre. 


3^C         org'anf.s  de  la  fructification. 

de  la  graine,  c'est-à-dire  de  l'épisperme,  et  de  l'en- 

dosperme? 

L'épisperme  ou  le  tégument  propre  de  la  graine 
a  pour  usage  d'empêcher  l'eau  ou  les  autres  matières 
dans  lesquelles  une  graine  est  soumise  à  la  germi- 
nation d'agir  trop  directement  sur  la  substance  même 
de  l'embryon  ;  il  remplit  en  quelque  sorte  l'office 
d'un  crible  ,  à  travers  lequel  ne  peuvent  passer  que 
des  molécules  terreuses,  fines  et  très-divisées.  Du- 
hamel, en  effet,  a  remarqué  que  les  graines  que  l'on 
dépouille  de  leur  tégument  propre  se  développent 
rarement,  ou  donnent  naissance  à  des  végétaux  grêles 
et  mal  conformés. 

L'endosperme,  qui  n'existe  pas  toujours  n'est  que 
le  résidu  de  l'eau  contenue  dans  la  cavité  de  l'ovule 
où  s'est  développé  l'embryon.  Cette  liqueur  ,  que 
Malpighi  a  comparée  à  l'eau  de  l'amnios ,  quand  elle 
n'a  point  été  absorbée  entièrement  pendant  la  for- 
mation et  l'accroissement  de  l'embryon ,  prend  peu 
à  peu  de  la  consistance,  s'épaissit  et  finit  par  former 
une  masse  solide,  dans  laquelle  l'embryon  se  trouve 
renfermé  ,  ou  sur  la  surface  de  laquelle  il  est  sim- 
plement appliqué.  Cette  masse  est  Xcnclospermc.  C'est 
pour  cette  raison  que  ce  corps  offre  toujours  un  as- 
pect inorganique.  Quelquefois  tout  le  liquide  ren- 
fermé dans  l'intérieur  de  l'ovule,  et  qui  n'a  point 
servi  à  la  nutrition  de  l'embryon  ,  ne  se  solidifie  pas; 
une  partie  reste  encore  fluide.  C'est  ce  que  l'on  ob- 
serve très-bien  dans  le  fruit  du  cocotier,  par  exem- 
ple, qui  renferme  dans  l'intérieur  de  son  noyau  une 


GERMItf  ATIOIV.  '^rJr] 

quantité  plus  ou  moins  considérable  d'une  sorte  d'é- 
mulsion  blanchâtre  et  douce ,  connue  sous  le  nom 
de  lait  de  coco. 

L'origine  et  les  premiers  usages  de  l'endosperme 
nous  indiquent  d'avance  #ceux  que  la  nature  lui  a 
confiés  lors  de  la  germination.  En  effet,  c'est  lui  qui 
fournit  à  la  jeune  plante  sa  première  nourriture.  Les 
changemcns  qu'il  éprouve  alors  dans  sa  composition 
chimique  et  la  nature  de  ses  élémens  le  rendent  très- 
propre  à  cet  usage. 

Cependant  l'endosperme, dans  quelques  végétaux, 
est  tellement  dure  et  compacte,  qu'il  lui  faut  un  long 
espace  de  temps  pour  se  ramollir  et  se  résoudre  en 
une  substance  plus  ou  mokis  fluide,  qui  puisse  être 
absorbée  par  l'embryon.  Mais  ce  phénomène  a  tou- 
jours lieu. 

Si  l'on  prive  ou  isole  un  embryon  de  l'endosperme 
qui  l'accompagne,  il  ne  se  développera  aucunement. 
Il  est  donc  évident  que  cet  organe  est  intimement  lié 
à  son  accroissement. 

Les  Cotylédons,  dans  beaucoup  de  circonstances  , 
paraissent  remplir  des  fonctions  analogues  à  celles 
de  l'endosperme  ;  aussi  est-ce  pour  cette  raison  que 
le  célèbre  physicien,  Charles  Bonnet ,  les  appelait  les 
mamelles  végétales.  Si  Ton  retranche  les  deux  coty- 
lédons d'un  embryon  ,  il  se  flétrira  et  ne  donnera 
aucun  signe  de  développement.  Si  l'on  n'en  enlève 
qu'un  ,  il  pourra  encore  végéter,  mais  d'une  manière 
faible  et  languissante,  comme  un  être  malade  et  mu- 
tilé. Mais  un  fait  des  plus   remarquables,  c'est  que 


378  ORGANES    DE    LA.    FRUCTIFICATION. 

Ton  peut  impunément  fendre  et  séparer  en  deux 
parties  latérales  un  embryon  dicotylédoné,  celui  du 
haricot,  par  exemple;  si  chaque  partie  contient  un 
cotylédon  parfaitement  entier,  elle  se  développera 
aussi  bien  qu'un  embryon  tout  entier,  et  donnera 
naissance  à  un  végétal  aussi  fort  et  aussi  vigou- 
reux. 

t 

Enfin ,  comme  le  prouvent  les  expériences  de 
MM.  Desfontaines,  Thouin ,  Labiïlardière  et  Vastel , 
il  suffit  d'arroser  les  cotylédons  pour  voir  tout  l'em- 
bryon s'accroître  et  développer  ses  parties. 

La  grande  différence  de  structure  qui  existe  entre 
les  embryons  monocotylédonés  et  les  embryons  pour- 
vus de  deux  cotylédons  influe  d'une  manière  notable 
sur  le  mode  de  germination  qui  leur  est  propre.  Aussi 
croyons-nous  nécessaire  d'en  étudier  séparément  les 
phénomènes,  afin  de  faire  mieux  connaître  le  méca- 
nisme de  cette  fonction  dans  ces  deux  grandes  classes. 
Nous  commencerons  par  des  embryons  exorhizes  ou 
dicotylédones,  parce  que  c'est  en  eux  qu'il  est  plus 
facile  d'observer  le  développement  successif  des  dif- 
férens  organes  qui  les  composent. 

§  1 .  Germination  des  Embryons  exorhizes  ou  dico- 
tylédones. 

Dans  l'embryon  dicotylédoné  la  radicule  est ,  en 
général,  conique  et  saillante.  La  tigelle  est  ordinai- 
rement cylindrique;  la  gemmule  est  nue  et  cachée 
entre   la  base  de   deux  cotylédons  ,  qui  sont  placés 


GERMINATJON.  3^9 

face  à  face  et  immédiatement  appliqués  l'un  contre 
l'autre  (i). 

Telle  est  la  disposition  des  parties  constituantes  de 
l'embryon  avant  la  germination.  Voyons  les  change- 
mens  qu'elles  éprouvent  quand  cette  fonction  com- 
mence  à   s'exécuter.  Pour  mieux  faire  entendre  ce 
que  nous  allons  dire,  prenons  pour  exemple  le  ha- 
ricot, et  suivons-le  dans  toutes  les  époques  de  son 
accroissement.  (  Voyez  planche  7,  figures  1  ,  2,3, 
4,  etc.  )  Nous  verrons  d'abord  toute  la  masse  de  la 
graine  s'imprégner   d'humidité  ,  se  gonfler,   l'epi- 
sperme  se  déchirer  d'une  manière  irrégulière.  Bientôt 
la  radicule,  qui  formait  un  petit  mamelon  conique, 
commence  à  s'allonger;  elle  pénètre  dans  la  terre, 
donne  naissance  à  de  petites  ramifications  latérales 
extrêmement  déliées.  Peu  de  temps  après,  la  gem- 
mule, qui  jusqu'alors  était  restée  cachée  entre  iesdeux 
cotylédons,  se  redresse,  se  montre  à  l'extérieur.  La 
tigelle  s'allonge ,  soulève  les  cotylédons  hors  de  terre , 
à  mesure  que  la  radicule  s'y  enfonce  et  s'y  ramifie. 
Alors  les  deux  cotylédons  s'écartent;  la  gemmule  est 
tout-à-fait  libre   et  découverte  ;   les  petites  folioles 
qui  la  composent  s'étalent,  s'agrandissent,   devien- 
nent vertes  et  commencent  déjà  à  puiser  dans  le  sein 
de  l'atmosphère  une  partie  des  fluides  qui   doivent 


(1)  Dans  quelques  cas  fort  rares  ,  les  deux  cotylédons,  au  heu 
d'être  immédiatement  appliqués  face  à  face,  sont  manifestement 
écartés ,  et  plus  ou  moins  divergens.  C'est  ce  que  l'on  observe  par 
exemple  dans  les  genres  Monimia  et  Ruizia  ou  Boldea  de  la  famille 
desMonimiées. 


38o  ORGANES    DE    LA    FRUCTIFICATION. 

être   employés  à  l'accroissement  de  la  jeune  plante. 

Dès  lors  la  germination  est  terminée,  et  la  seconde 
époque  de  la  vie  du  végétal  commence. 

Quand  l'embryon  est  endospermique ,  c'est-à-dire 
lorsqu'il  est  accompagné  d'un  endosperme  ,  les  phéno- 
mènes se  passent  de  la  même  manière;  mais  l'endo- 
sperme  n'acquiert  aucun  accroissement;  on  le  voit  au 
contraire  se  ramollir  et  disparaître  insensiblement. 

Quelques  végétaux  dicotylédones  ont  un  mode  par- 
ticulier de  germination.  Ainsi,  par  exemple,  on 
trouve  fort  souvent  des  embryons  déjà  germes  dans 
l'intérieur  de  certains  fruits,  parfaitement  clos  de 
toutes  parts.  C'est  ce  que  l'on  observe  assez  fréquem- 
ment dans  les  fruits  du  citronnier,  où  il  n'est  pas 
rare  de  rencontrer  plusieurs  graines  déjà  en  état  de 
germination. 

Le  manglier  (  Rhizophora  mangle),  arbre  qui 
habite  les  marécages  et  les  rivages  de  la  mer  dans  les 
régions  équinoxiales,  offre  un  genre  particulier  de 
germination  qui  n'est  pas  moins  remarquable.  Son 
embryon  commence  à  se  développer,  tandis  que  la 
graine  est  encore  contenue  dans  le  péricarpe.  La  ra- 
dicule presse  contre  le  péricarpe,  qu'elle  use  et  finit 
par  percer.  Elle  s'allonge  à  l'extérieur,  quelquefois 
de  plus  d'un  pied.  Alors  l'embryon  se  détache,  en 
abandonnant  le  corps  cotylédonaire  dans  la  graine, 
il  tombe;  la  radicule  la  première,  s'enfonce  dans  la 
vase  et  continue  de  s'y  développer. 

Dans  le  marronnier  d'Inde  ou  hippocastane  ,  dans 
le  châtaignier,  et  quelques  autres  végétaux  dicotylé- 


GERMINATION.  38  I 

clones,  les  deux  cotylédons,  qui  sont  très-gros  et  très- 
épais  ,  sont  le  plus  souvent  immédiatement  soudés 
l'un  avec  l'autre.  Voici  alors  comment  s'opère  la  ger- 
mination :  la  radicule,  en  s'enfonçant  dans  la  terre, 
allonge  la  base  des  deux  cotylédons  et  dégage  ainsi 
la  gemmule,  qui  ne  tarde  point  à  se  montrer  au- 
dessus  de  la  terre;  mais  les  deux  cotylédons  ne  sont 
pas  entraînés  par  la  gemmule,  ils  restent  hjpogés. 

§  2.  Germination  des  Embryons  endorhizes  ou 
monocotjlèdonés. 

Les  embryons  monocotylédonés  éprouvent  en 
général. moins  de  changemens,  pendant  la  germina- 
tion ,  que  ceux  des  plantes  dicotylédonées ,  à  cause 
de  l'uniformité  de  leur  structure  intérieure.  En  effet, 
ils  se  présentent  fort  souvent  sous  l'apparence  d'un 
corps  cbarnu,  dans  lequel  on  distingue  avec  peine 
les  organes  qui  le  constituent.  Aussi  est-on  obligé  de 
soumettre  à  la  germination  les  embryons  endorhizes 
dont  on  veut  bien  connaître  la  structure. 

C'est  ordinairement ,  comme  dans  les  Dicotylé- 
dons ,  l'extrémité  radiculaire  qui  se  développe  la 
première.  Elle  s'allonge  et  sa  coléorhize  se  rompt 
pour  laisser  sortir  le  tubercule  radicellaire  qui  se 
développe  et  s'enfonce  dans  la  terre.  Ordinairement 
plusieurs  radicelles  naissent  des  parties  latérales  et 
inférieures  de  la  tigelle.  Quand  elles  ont  acquis  un 
certain  développement, la  radicule  principale  se  dé- 
truit   et  disparaît.    Aussi    les    plantes   monocotylé- 


38a  ORGANES    DE    LA    FRUCTIFICATION. 

donées  n'offrent  -  elles  jamais  de  racine  pivotante 
comme  les  végétaux  dicotylédons. 

Le  cotylédon,  qui  renferme  la  gemmule,  s'accroît 
toujours  plus  ou  moins  avant  d'être  perforé  par  celle- 
ci.  C'est  le  plus  souvent  par  la  partie  latérale  du 
cotylédon,  presque  jamais  par  son  sommet,  que  sort 
la  gemmule.  En  effet,  elle  est  toujours  plus  rappro- 
chée de  l'un  de  ses  côtés ,  et  son  sommet  est  cons- 
tamment oblique.  Lorsque  la  gemmule  a  perforé  le 
cotylédon,  celui-ci  se  change  en  une  sorte  de  graine 
qui  embrasse  la  gemmule  à  sa  base.  (Voyez  pi.  7, 
fîg.  10,  b,  d.)  C'est  à  cette  graine  que  l'on  a  donné 
le  nom  de  coléoptile. 

Mais  il  arrive  assez  souvent  qu'une  partie  du  coty- 
lédon reste  engagée  ,  soit  dans  l'intérieur  de  l'endo- 
sperme ,  soit  dans  l'épisperme  ;  en  sorte  qu'il  n'y  a  que 
la  partie  la  plus  voisine  de  la  radicule  qui  soit  en- 
traînée au  dehors  par  le  développement  de  celle-ci. 
(Voy.  pi.  7,  fîg.  10,  c.) 


CHAPITRE    IV. 

CLASSIFICATION  DES  DIFFÉRENTES  ESPÈCES  DE  FRUITS. 

Dans  les  deux  chapitres  précédens  ,  nous  avons 
étudié  avec  quelques  détails  les  différens  organes 
qui  entrent  dans  la  composition  d'un  fruit  mûr  et 
parfait.  Nous  avons  fait  voir  qu'il  était  toujours  com- 
posé de  deux  parties,  le  péricarpe  et  la  graine. 


CLASSIFICATION    DES    FRUITS.  383 

Nous  devons  maintenant  faire  connaître  les  diverses 
modifications  que  peut  offrir  le  fruit,  considéré  dans 
son  ensemble,  c'est-à-dire  dans  la  réunion  des  diffé- 
rentes parties  qui  le  constituent. 

On  conçoit  qu'il  doit  exister  un  grand  nombre 
d'espèces  de  fruits,  toutes  plus  ou  moins  distinctes 
les  unes  des  autres,  quand  on  considère  les  variétés 
de  forme,  de  structure,  de  consistance,  le  nombre 
variable  et  la  position  respective  des  graines,  etc., 
que  présentent  les  fruits.  Aussi  leur  classification 
est-elle  un  des  points  les  plus  difficiles  de  la  bota- 
nique. Malgré  les  efforts  et  les  travaux  d'un  grand 
nombre  de  botanistes  célèbres  qui  s'en  sont  spécia- 
lement occupés  ,  la  classification  carpologique  est 
encore  loin  d'être  parvenue  à  ce  degré  d'exactitude 
et  de  précision  auquel  sont  arrivées  la  plupart  des 
autres  branches  de  la  botanique.  Quelques  auteurs 
ont  voulu  réunir  sous  une  dénomination  commune 
des  espèces  essentiellement  différentes  par  leur  forme 
et  leur  structure;  d'autres,  au  contraire,  en  multi- 
pliant à  l'infini  le  nombre  des  divisions,  et  les  éta- 
blissant sur  des  caractères  trop  minutieux  ou  trop 
peu  constans,  ont  également  nui  aux  progrès  de 
cette  partie  de  la  carpologie.  Aussi  ne  ferons -nous 
connaître  dans  cet  ouvrage  que  les  espèces  de  fruits 
bien  distinctes  et  bien  caractérisées,  que  celles,  en 
un  mot ,  qui  ont  été  consacrées  par  l'usage,  ou  adop- 
tées par  la  plupart  des  botanistes. 

Les  fruits,  considérés  en  général,  ont  été  divisés 
de  plusieurs  manières,  et  ont  reçu  des  noms  particu- 


384  ORGANES    DE    LA    FRUCTIFICATION. 

liers.  Ainsi  on  appelle  fruit  simple  celui  qui  pro- 
vient d'un  pistil  unique ,  renfermé  dans  une  fleur  ; 
tel  est  celui  de  la  pêche,  de  la  cerise,  etc.  On  ap- 
pelle, au  contraire,  fruit  multiple  celui  qui  provient 
de  plusieurs  pistils  renfermés  dans  une  même  fleur; 
par  exemple,  la  fraise,  laframbroise,  celui  des  renon- 
cules, des  clématites,  etc.;  enfin  on  donne  le  nom 
de  fruit  composé  à  celui  qui  résulte  d'un  nombre 
plus  ou  moins  considérable  de  pistils  réunis ,  et  sou- 
vent soudés  ensemble,  mais  provenant  tous  de  fleurs 
distinctes,  très  -  rapprochées  les  unes  des  autres, 
comme  celui  du  mûrier. 

Suivant  la  nature  de  leur  péricarpe,  on  a  distingué 
les  fruits  en  secs  et  en  charnus.  Les  premiers  sont 
ceux  dont  le  péricarpe  est  mince,  ou  formé  d'une 
substance  généralement  peu  fournie  de  sucs  ;  les 
seconds,  au  contraire,  ont  un  péricarpe  épais  et  suc- 
culent, et  leur  sarcocarpe  est  surtout  très -déve- 
loppé; tels  sont  les  melons,  les  pêches,  les  abri- 
cots, etc. 

Les  fruits  peuvent  rester  parfaitement  clos  de 
toutes  parts,  ou  s'ouvrir  en  un  nombre  plus  ou  moins 
grand  de  pièces  nommées  valves;  de  là  la  distinction 
des  fruits  indèhiscens  et  des  fruits  dèhiscens.  Ces 
derniers,  quand  ils  sont  secs,  portent  également  le 
nom  de  fruits  capsulaires. 

Selon  le  nombre  des  graines- qu'ils  renferment, 
les  fruits  sont  divisés  en  oligospermes  et polyspermes. 
Les  fruits  oligospermes  sont  ceux  qui  ne  contiennent 
qu'un  nombre  peu  considérable  de  graines,  nombre 


CLASSIFICATION    DES    FRUITS.  385 

qui  est  le  plus  souvent  exactement  déterminé.  De  là 
les  épithètes  de  monosperme ,  disperme,  trisperme, 
télrasperme ,  pentasperme ,  données  au  fruit,  pour 
exprimer  que  le  nombre  de  ses  graines  est  un,  deux, 
trois,  quatre,  cinq,  etc.  Les  fruits  poîyspermes  sont 
tous  ceux  qui  renferment  un  nombre  considérable 
de  graines  que  Ton  ne  veut  pas  déterminer. 

Il  y  a  des  fruits  dans  lesquels  le  péricarpe  a  si  peu 
d'épaisseur,  et  contracte  une  telle  adhérence  avec 
la  graine,  qu'il  se  soude  et  se  confond  avec  elle. 
Linnœus  regardait  ces  fruits  comme  des  graines  nues  : 
on  leur  a  donné  le  nom  de  pseudospermes.  Tels 
sont  ceux  des  Graminées,  des  Labiées,  des  Synan- 
thérées. 

Il  est  très-important  de  bien  connaître  et  de  pou- 
voir distinguer  les  différentes  espèces  de  fruits.  En 
effet,  cet  organe  sert  fort  souvent  de  base  à  la  dispo- 
sition des  plantes  en  familles  naturelles;  et  les  ca- 
ractères que  l'on  retire  de  son  examen  approfondi 
conduisent  en  général  aux  résultats  les  plus  heureux 
dans  la  classification  méthodique  des  végétaux. 

Pour  simplifier  l'étude  de  la  nomenclature  des 
fruits,  nous  les  diviserons  en  trois  classes;  dans  la 
première  nous  réunirons  tous  les  fruits  simples ,  c'est- 
à-dire  tous  ceux  qui  proviennent  d'un  seul  pistil 
renfermé  dans  une  fleur.  Nous  subdiviserons  cette 
classe  en  deux  sections,  dans  l'une  desquelles  seront 
placés  les  fruits  secs,  et  dans  la  seconde  les  fruits 
charnus.  La  seconde  classe  renfermera  les  fruits  pro- 
duits par  la  réunion  de  plusieurs  pistils  dans  une 

25 


386  ORGANES    DE    LA    FRUCTIFICATION. 

même  fleur,  c'est-à-dire  les  fruits  multiples.  Enfin 
dans  la  troisième  classe  nous  traiterons  des  fruits 
composés  ou  de  ceux  qui  sont  formés  par  plusieurs 
fleurs  d'abord  distinctes  qui  se  sont  soudées  de  ma- 
nière à  ne  constituer  par  la  réunion  qu'un  même 
fruit. 


PREMIERE    CLASSE. 


DES    FRUITS    SIMPLES. 


SECTION    PREMIERE. 


FRUITS     SECS. 


§  i .  Fruits  secs  et  indéhiscens. 

Les  fruits  secs  et  indéhiscens  sont  ordinairement 
oligospermes,  c'est-à-dire  qu'ils  renferment  un  très- 
petit  nombre  de  graines.  Leur  péricarpe  est  en  géné- 
ral assez  mince,  ou  adhérent  avec  le  tégument  propre 
de  la  graine;  ce  qui  a  porté  les  anciens  à  les  consi- 
dérer comme  des  graines  nues  ou  dépourvues  de  pé- 
ricarpe. Ce  sont  les  véritables  pseudospermes. 

i°  La  cariopse  (caiiopsis ,  Rich.),  fruit  mono- 
sperme, indéhiscent,  dont  le  péricarpe,  très-mince, 
est  intimement  confondu  avec  la  graine,  et  ne  peut 
en  être  distingué.  Cette  espèce  appartient  à  presque 
toute  la  famille  des  Graminées,  tels  que  le  blé,  l'orge, 
le  riz,  etc. 


CLASSIFICATION    DES   FRUITS.  387 

Sa  forme  est  assez  variable.  Elle  est  ovoïde  dans 
le  blé  (triticum),  allongée  et  plus  étroite  dans 
Y  avoine  (avena);  irrégulièrement  sphéroïdaie  dans 
le  blé  de  Turquie  (zea).  Elle  ne  contient  jamais 
qu'une  seule  graine,  dont  l'amande  est  formée  d'un 
endosperme  farineux,  très-considérable,  et  d'un  em- 
bryon extraire. 

20  Y? akène  (akenium,  Rich.),  fruit  monosperme, 
indéhiscent,  dont  le  péricarpe  est  distinct  du  tégu- 
ment propre  de  la  graine;  comme  dans  les  Synan- 
thérées,  le  grand  soleil  {Helianthus  annuus),  les 
chardons,  etc. 

Assez  souvent  l'akène  est  couronné  par  des  soies, 
des  paillettes,  qui  constituent  ce  que  nous  avons  dé- 
signé par  le  nom  d'aigrette  (pappus).  (  Voy.  pi.  8, 

flg.  12,    l3.) 

Quelquefois  cette  aigrette  forme  une  simple  petite 
couronne  membraneuse,  qui  borde  circulairement  la 
partie  supérieure  du  fruit  (pappus  niargiualis). 

D'autres  fois  l'aigrette  est  plumeuse  ou  soyeuse, 
selon  la  nature  des  poils  qui  la  composent. 

3°  Le >  polakène  ( polakenium.  Rich.).  On  appelle 
ainsi  un  fruit  simple,  qui,  à  sa  parfaite  maturité,  se 
sépare  en  deux  ou  un  plus  grand  nombre  de  loges, 
que  l'on  peut  regarder  chacune  comme  éîant  un 
akène.  De  là  l.es  noms  de  dia/îène,  triakène , penta- 
kène,  suivant  le  nombre  de  ces  pièces.  Exemple  ■  les 
Ombellifères,  le  panais,  le  persil,  la  ciguë,  les 
Araliacées,  etc. 

Dans  les  Ombellifères,  c'est  un  diakène;  dans  la 


388  ORGAKIiS    DE    LA.    FRUCTIFICATION. 

capucine,  c'est  un  triakène;  c'est  un  pantakène  ou 
polakène  proprement  dit,  dans  les  Araliacées. 

4°  La  samare  {samara.  Gœrtner),  fruit  oligo» 
sperme,  coriace,  membraneux,  très-comprimé,  of- 
frant une  ou  deux  loges  indéhiscentes,  souvent  pro- 
longées latéralement  en  ailes  ou  appendices  élargis. 
Par  exemple,  le  fruit  de  l'orme  {JJlmus  campestris), 
des  érables,  etc.  (Voy.  pi.  8,  fig.  6). 

5°  Le  gland  (glans),  fruit  uniloculaire,  indéhis- 
cent, monosperme  (  par  l'avortement  constant  de  plu- 
sieurs ovules),  provenant  constamment  d'un  ovaire 
infère,  pluriloculaire  et  polysperme,  dont  le  péri- 
carpe, uni  intimement  à  la  graine,  présente  toujours 
à  son  sommet  les  dents  excessivement  petites  du 
limbe  du  calice,  et  est  renfermé  en  partie,  rarement 
en  totalité,  dans  une  sorte  jd'involucre  écailleux.  où 
foliacé,  nommé  cupule.  Par  exemple,  le  fruit  des 
chênes,  du  noisetier,  etc.  (Voy.  pi.  8,  fig.  7.) 

La  forme  des  glands  est  en  général  très-variable. 
Il  y  en  a  d'allongés,  d'autres  qui  sont  arrondis  et 
comme  sphériques;  dans  les  uns,  la  cupule  est  squa- 
macée  et  très -courte;  dans  d'autres,  elle  est  fort 
développée  et  recouvre  presque  entièrement  le 
fruit. 

6°  Le  carcèrule  [carcerulus ,  Des  vaux),  fruit  sec, 
pluriloculaire,  polysperme,  indéhiscent;  tel  est  celui 
du  tilleul. 

On  a  appelé  fruits  gynobasiques  ceux-.dont  les 

'  loges  sont  tellement  écartées  les  unes  des  autres , 

qu'elles  semblent  constituer  autant  de  fruits  séparés. 


CLASSIFICATION    DES    FRUITS.  389 

Tel  est  le  fruit  des  Labiées,  qui  est  formé  de  quatre 
akènes  réunis  à  leur  base  sur  un  réceptable  commun. 

§  1.  Fruits  secs  et  déhiscens. 

Les  fruits  secs  et  déhiscens  sont  le  plus  souvent 
polyspermes;  le  nombre  des  valves  et  des  loges  qui 
les  composent  est  très-variable.  On  les  désigne,  en 
général,  par  le  nom  de  fruits  capsulaires. 

i°  Le  follicule  (follictdus) ,  fruit  géminé  ou  soli- 
taire par  avortement,  ordinairement  membraneux, 
uniloculaire,  univalve  ,  s'ouvrant  par  une  suture 
longitudinale,  à  laquelle  s'attache  intérieurement  un 
trophosperme  suturai ,  qui  devient  libre  par  la  dé- 
hiscence  du  péricarpe.  Rarement  les  graines  sont 
attachées  aux  deux  bords  de  la  suture.  Cette  espèce 
de  fruit  est  propre  à  la  famille  des  Apocynées,  tels 
qu'au  laurier  rose  (  TSerium  oleander  ) ,  à  X  Asclepias 
syriaca,  au  dompte  venin  [Asclepias  vincetoxicuin) , 
etc.  (Voy.  pi.  8,  fig.  j  i.) 

i°  La  silique  (siliqua) ,  fruit  sec,  allongé,  bi- 
valve ,  dont  les  graines  sont  attachées  à  deux  tropho- 
spermes  suturaux.  Elle  est  ordinairement  séparée  en 
deux  loges  par  une  fausse  cloison  parallèle  aux 
valves,  qui  n'est  qu'un  prolongement  des  tropho- 
spermes,  et  qui  persiste  souvent  après  la  chute  des 
valves.  Ce  fruit  appartient  aux  Crucifères;  exemple  : 
la  giroflée,  le  choux,  etc.  (Voy.  pi.  8  ,  fig.  i.) 

3°  La  silicule  (silicula)  diffère  à  peine  de  la  pré- 
cédente.   On  donne  ce  nom  à  une  silique    dont  la 


39(J  ORGANES    DE    LA    FRUCTIFICATION. 

hauteur  n'est  pas  quatre  fois  plus  considérable  que 
la  largeur.  La  silicule  ne  contient  quelquefois  qu'une 
ou  deux  graines.  Tels  sont  les  fruits  des  Thlaspi, 
des  Lepidium,  des  Isatis,  etc.  (  Voy.  pï.  8,  fig.  1.  ) 

Elle  appartient  également  aux  plantes  Crucifères. 

4°  La  gousse  ,  ou  légume  (_  Icgumen  ) ,  est  un 
fruit  sec  ,  bivalve,  dont  les  graines  sont  attachées  à 
un  seul  trophosperme,  qui  suit  la  direction  de  l'une 
des  sutures.  Ce  fruit  appartient  à  toute  la  famille 
des  Légumineuses,  dont  il  forme  le  principal  carac- 
tère :  par  exemple,  dans  le  pois,  les  fèves,  les  hari- 
cots, etc.  (Voy.  pi.  8,  fig.  3.  ) 

La  gousse  est  naturellement  uniloculaire  ;  mais 
quelquefois  elle  est  partagée  en  deux  ou  un  plus 
grand  nombre  de  loges  par  de  fausses  cloisons.  Ainsi 
elle  est  biloculaire  dans  l'astragale. 

Dans  les  casses,  la  gousse  est  cylindracée  et  sépa- 
rée en  un  nombre  considérable  de  loges  par  des  dia- 
phragmes ou  fausses  cloisons  transversales.  Ce  carac- 
tère appartient  à  tout  le  genre  Cassia. 

Quelquefois  la  gousse  semble  être  formée  de  pièces 
articulées;  on  dit  alors  qu'elle  est  lomentacée,  comme 
dans  les  genres  Hippocrepis ,  Hedysarum,  etc. 

D'autres  fois  la  gousse  est  enflée,  vésiculeuse,  à  pa- 
rois minces  et  demi-i;rnnsparentes ,  comme  dans  les 
baguenaudiers  (  Colutea). 

Le  nombre  des  graines  que  renferme  la  gousse 
varie  beaucoup.  Ainsi  il  y  en  a  une  seule  dans  le 
Medicago  lupulina ,  deux  dans  les  véritables  Ervum^ 
etc. 


CLASSIFICATION    DES    FRUITS.  3o,ï 

Quelquefois  la  gousse  est  tout-à-fait  indéhiscente , 
comme  dans  le  Cassia  Jîstula  et  d'autres  espèces  ; 
mais  ces  variétés  sont  rares  et  ne  détruisent  pas  les 
caractères  propres  à  cette  espèce  de  fruit. 

5°  La pjxide  (pyxidïum ,  Erh.),  est  un  fruit  cap- 
sulaire,  sec,  ordinairement  globuleux,  s'ouvrantpar 
une  scissure  transversale,  en  deux  valves  hémisphé- 
riques superposées.  C'est  ce  que  l'on  observe  dans  le 
pourpier,  le  mouron,  la  jusquiame,  etc.  Les  auteurs 
la  désignent  communément  par  le  nom  de  boîte  à 
savonnette  {Capsula  circumscissa ,  L.)  (Voy.  pi.  10, 
fig.8.) 

6°  Uélatén'e  [elaterium.  Rich),  fruit  souvent  re- 
levé de  côtes,  se  partageant  naturellement  à  sa  ma- 
turité en  autant  de  coques  distinctes  s'ouvrant  longi- 
tudinalement,  qu'il  présente  des  loges,  comme  dans 
les  Euphorbiacées.  De  là  les  expressions  de  tricoque, 
multicoque ,  données  à  ce  fruit. 

Ordinairement  ces  coques  sont  réunies  par  une 
columelle  centrale  qui  persiste  après  leur  chute. 

70  La  capsule  (capsula);  on  donne  ce  nom  géné- 
ral à  tous  les  fruits  secs  et  déhiscens,  qui  ne  peuvent 
être  rapportés  à  aucune  des  espèces  précédentes.  On 
conçoit  d'après  cela  que  les  capsules  doivent  être  ex- 
trêmement variables. 

Ainsi  il  y  a  des  capsules  qui  s'ouvrent  par  des  pores 
ou  ouvertures  pratiquées  à  leur  partie  supérieure  : 
telles  sont  celles  des  pavots  ,  des  Anthrhiiium .  D'au- 
tres fois  ces  pores  sont  situés  vers  la  base  de  la  cnp- 
suie.  Plusieurs  ne  sont  déhiscentes  que  par  leur  soin- 


392  ORGANES    DE    LA    FRUCTIFICATION. 

met ,  fermé  par  des  dents  rapprochées ,  qui  s'écartent 
lors  de  la  parfaite  maturité.  C'est  ce  que  Ion  remarque 
dans  beaucoup  de  genres  de  la  famille  des  Cariophyl- 
lées.  (Voy.  pi.  8,  fig.  4-) 


SECTION   IL 

FRUITS      CHARNUS. 


Les  fruits  charnus  sont  indéhiscens.  Leur  péricarpe 
est  épais  et  pulpeux;  ils  renferment  un  nombre  de 
graines  variable. 

i°  La  drupe  (drupa^)  est  un  fruit  charnu  qui  ren- 
ferme un  noyau  dans  son  intérieur.  Ce  noyau  est  for-, 
mé  par  l'endocarpe  endurci  et  ossifié,  auquel  s'est 
joint  une  partie  plus  ou  moins  épaisse  du  sarcocarpe, 
comme  par  exemple,  dans  la  pêche,  la  prune,  la 
cerise,  etc.  (Voy.  pi.  8,  fig.  8.) 

i°  La  noix  (nux)  ne  diffère  de  la  drupe  que  par 
l'épaisseur  moins  considérable  de  son  sarcocarpe, 
qui  porte  alors  le  nom  de  brou  (  naucum  ).  Tel  est  le 
fruit  de  l'amandier  {Amygdalus  communis),  le  fruit 
du  noyer  (Juglans  regia),  que  l'on  désigne  même 
par  le  nom  de  noix  proprement  dite. 

3°  Le  nuculaine  (nucidanium ,  Rich.)  est  un  fruit 
charnu  provenant  d'un  ovaire  libre,  c'est-à-dire  non 
couronné  par  les  lobes  du  calice  adhérent,  et  ren- 
fermant dans  son  intérieur  plusieurs  petits  noyaux , 
qui  portent  alors  le  nom  de  nucides  (  nuculœ  Rich.) 
Tels  sont  les  fruits  du  sureau,  du  lierre,  des  Rham- 
mées,  du  sapotilier  (Achras  Sapota). 

4°  La  mélonide  (  melonida :,  Rich.)  est  un  fruit 


CLASSIFICATION    DES    FRUITS.  3o,3 

charnu,  provenant  de  plusieurs  ovaires  pariétaux 
réunis  et  soudés  avec  le  tube  du  calice,  qui,  souvent 
très-épais  et  charnu,  se  confond  avec  eux,  comme 
dans  la  poire,  la  pomme,  la  nèfle  ,  le  rosier ,  etc.  (i). 
(Voy.  pl.8,fig.  9.) 

Dans  la  mélonide,  la  partie  réellement  charnue 
du  fruit  n'est  pas  formée  par  le  péricarpe  lui-même; 
elle  est  due  à  un  épaississement  considérable  du  ca- 
lice :  c'est  ce  que  l'on  peut  voir  facilement  quand  on 
suit  avec  attention  le  développement  de  ce  fruit. 

L'endocarpe  qui  revêt  chaque  loge  d'une  mélo- 
nide est  cartilagineux  ou  osseux;  dans  ce  dernier  cas 
il  y  a  autant  de  nucules  qu'il  y  a  d'ovaires,  comme 
dans  la  nèfle;  ce  qui  fait  qu'on  a  distingué  la  mélo- 
nide en  deux  variétés  ;  savoir  : 


(1)  Cette  espèce  de  fruit  a  jusqu'ici  été  fort  mal  définie  dans  les 
auteurs,  puisqu'on  la  décrit  comme  provenant  d'un  ovaire  infère, 
multiloculaire  ,  à  loges  distinctes.  Mais  nous  avons  déjà  démontré 
précédemment  la  grande  différence  qui  existe  entre  l'ovaire  vrai- 
ment infère  et  l'ovaire  simplement  pariétal.  L'inférité  de  l'ovaire 
en  exclut  toujours  la  pluralité  dans  la  même  fleur.  Or  ,  dans  la  plu- 
part des  vraies  Rosacées,  il  y  a  constamment  plusieurs  pislifs,  dont 
on  peut  suivre  graduellement  les  dilférens  degrés  d'adhérence  laté- 
rale avec  la  paroi  interne  du  calice.  Ainsi  ,  par  exemple,  dans  le 
genre  Rosa  ,  les  pistils  ,  qui  sont  au  nombre  de  douze  à  quinze,  ne 
tiennent  aux  parois  du  tube  calicinal  que  par  un  petit  pédicule 
de  la  base  de  leur  ovaire.  Dans  les  genres  Cratœgus  et  Mespilus,  les 
ovaires  sont  soudés  avec  le  calice  par  tout  leur  côté  externe.  Dans 
les  genres  Pyrus  ,  Malus  ,  etc. ,  ces  ovaires  sont  non-seulement  unis 
par  leur  côté  extérieur  avec  le  calice ,  mais  se  soudent  entre  eux 
par  tous  les  autres  points.  Cependant  il  arrive  quelquefois  dans 
certaines  poires  que  les  ovaires  restent  distincts  par  leur  côté  in- 
terne ,  en  sorte  qu'on  trouve  au  centre  du  fruit  une  cavité  plus  ou 
moins  grande. 


3g4  ORGANES    DE    LA    FRUCTIFICATION. 

i°  Mèlonide  à  nucules,  celle  dont  l'endocarpe  est 
osseux,  comme  dans  le  Mespilus,  le  Cralœgus. 

i°  Mèlonide  à  pépins,  celle  dont  l'endocarpe  est 
simplement  cartilagineux,  comme  dans  la  poire i  la* 
pomme ,  etc. 

La  mèlonide  appartient  exclusivement  à  la  famille 
des  Rosacées,  dans  laquelle  elle  est  associée  à  quel- 
ques autres  espèces  de  fruits,  qui  n'en  sont  souvent 
que  des  variétés. 

5°  La  balauste  (  balausta  ),  fruit  pluriloculaire, 
polysperme,  provenant  toujours  d'un  ovaire  vérita- 
blement infère  et  couronné  par  les  dents  du  calice, 
comme  celui  du  grenadier  et  de  toutes  les  véritables 
Myrtées. 

6°  Lapéponide  (peponida,  Rich.),  fruit  charnu, 
indéhiscent  ou  ruptile ,  à  plusieurs  loges  éparses  dans 
la  pulpe,  renfermant  chacune  une  graine  qui  est 
tellement  soudée  avec  la  membrane  pariétale  interne 
de  chaque  loge,  qu'on  parvient  difficilement  à  l'en 
séparer.  Ce  fruit  se  remarque  dans  le  melon,  le  po- 
tiron et  les  autres  Cucurbitacées ,  les  Nymphéacées 
et  les  Hydrocharidées. 

Il  arrive  quelquefois  que  le  parenchyme  charnu 
qui  occupe  le  centre  de  la  péponide  se  rompt  et  se 
déchire  par  l'accroissement  rapide  du  péricarpe.  Dans 
ce  cas  la  partie  centrale  est  occupée  par  une  cavité 
irrégulière,  que  l'on  a,  mais  à  tort ,  regardée  comme- 
une  véritable  loge.  C'est  ce  que  l'on  observe  surtout 
dans  le  potiron  (Pepo  macrocarpus).  Mais  si  l'on  y 
fait  quelque  attention ,  on  verra  que  cette  prétendue 


CLASSIFICATION    DES    FRUITS.  3o,5 

loge  n'est  nullement  tapissée  par  une  membrane  pa- 
riétale interne,  c'est-à-dire  un  endocarpe;  ce  qui 
démontre  évidemment  que  cette  cavité  n'est  qu'acci- 
dentelle et  ne  constitue  point  une  véritable  loge.  En 
effet,  elle  n'existe  point  dans  toutes  les  espèces;  et 
quand  elle  s'y  montre,  ce  n'est  que  vers  l'époque  de 
leur  maturité. 

On  peut  voir  dans  la  pastèque  ou  melon  d'eau, 
(  Cucurbita  citrullus  ,  L.  )  la  véritable  organisation 
de  la  péponide.  Dans  cette  espèce,  la  partie  cen- 
trale reste  constamment  pleine  et  charnue  à  toutes 
les  époques  de  son  développement.  Chaque  graine 
est  renfermée  dans  une  loge  particulière,  avec  les 
parois  de  laquelle  elle  ne  contracte  d'autre  adhérence 
que  par  son  point  d'attache  ou  son  bile.  Il  semble, 
dans  ce  cas,  que  la  nature,  qui,  dans  presque  toutes 
les  autres  espèces  de  cette  famille  altère  et  modifie 
plus  ou  moins  la  véritable  structure  de  ce  fruit ,  ait 
voulu,  en  quelque  sorte,  en  ménager  un  qui  pût  faire 
connaître  le  type  naturel  et  primitif  des  autres. 

70  Uhespéridie  { hespericlium  ,  Des  vaux),  fruit 
charnu ,  dont  l'enveloppe  est  très-épaisse,  divisé  in- 
térieurement en  plusieurs  loges  par  des  cloisons 
membraneuses,  qu'on  peut  séparer  sans  aucun  déchi- 
rement, comme  dans  l'orge,  le  citron,  etc. 

8°  \jA.baie{bacca).  Sous  ce  nom  général  on  com- 
prend tous  les  fruits  charnus,  dépourvus  de  noyau, 
qui  ne  font  pas  partie  des  espèces  précédentes  Tels 
sont,  par  exemple,  les  fruits  du  raisin  ,  les  groseilles  x 
les  tomates,  etc. 


3g6  ORGANES    DE    LA    FRUCTIFICATION. 


DEUXIEME  CLASSE. 

DES    FRUITS    MULTIPLES    (i). 

Les  fruits  multiples  sont  ceux  qui  résultent  de  la 
réunion  de  plusieurs  pistils  renfermés  dans  une  même 
fleur. 

Le  sjncarpe  (syncarpium ,  Rich.),  fruit  multiple, 
provenant  de  plusieurs  ovaires  appartenant  à  une 
même  fleur,  soudés  et  réunis  ensemble,  même  avant 
la  fécondation;  par  exemple,  ceux  des  Magnolia,  des 
Anona ,  etc.    J 

Le  fruit  du  fraisier,  du  framboisier,  est  formé 
d'un  nombre  plus  ou  moins  considérable  de  vérita- 
bles petites  drupes,  dont  le  sarcocarpe  est  très-mince, 
mais  cependant  très-manifeste  dans  la  framboise,  réu- 
nies sur  un  gynophore  cbarnu ,  plus  ou  moins  dé- 
veloppé. 

Plusieurs  petits  akènes  réunis  constituent  le  fruit 
des  renoncules ,  etc. 


(i)  C'est  à  cette  classe  qu'appartient  réellement  la  mélonide, 
que  nous  n'avons  laissée  dans  la  précédente  que  pour  nous  con- 
former à  l'usage  généralement  adopté. 


CLASSIFICATION    DES    FRUITS.  3o/7 


TROISIEME   CLASSE. 

DES    FRUITS    AGRÉGÉS  OU    COMPOSÉS. 

On  donne  ce  nom  à  ceux  qui  sont  formés  d'un 
nombre  plus  ou  moins  considérable  de  petits  fruits 
rapprochés,  et  souvent  réunis  et  soudés  ensemble, 
provenant  tous  de  fleurs  d'abord  distinctes  les  unes 
des  autres,  mais  qui  ont  fini  par  se  réunir  et  se  sou- 
der. Telles  sont  : 

i°  Le  cône  ou  strobile  {conus,  strobilus) ,  fruit  com- 
posé d'un  grand  nombre  d'utricules  membraneuses, 
cachées  dans  l'aisselle  de  bractées  très-développées, 
sèches  et  disposées  en  forme  de  cône.  Tel  est  le  fruit 
des  pins,  des  sapins,  de  l'aune,  du  bouleau,  etc. 

i°  Le  sorose.  M.  Mirbel  donne  ce  nom  à  la  réu- 
nion de  plusieurs  fruits  soudés  en  un  seul  corps  par 
l'intermédiaire  de  leurs  enveloppes  florales,  charnues, 
très-dé vcloppées  et  entregreffées,  de  manière  à  res- 
sembler à  une  baie  mamelonnée.  Tel  est  le  fruit  du 
mûrier,  de  l'ananas,  etc. 

3°  Le  sjcone.  Sous  ce  nom  M.  Mirbel  désigne  le 
fruit  du  figuier,  de  X Ambora,  et  du  Dorstenia.  Il  est 
formé  par  un  involucre  monophylle ,  charnu  à  son 
intérieur,  ayant  la  forme  aplatie,  ou  ovoïde  et  fermée, 
et  contenant  un  grand  nombre  de  petites  drupes,  qui 
proviennent  d'autant  de  fleurs  femelles. 


3q8         organes  de  la  fructification. 

Dans  les  vingt-cinq  espèces  de  fruits  dont  nous 
venons  de  donner  les  caractères  abrégés  se  trouvent 
à  peu  près  réunis  tous  les  types  auxquels  on' peut 
rapporter  les  nombreuses  variétés  que  cet  organe 
peut  offrir  dans  les  végétaux.  Ce  tableau  est  loin 
d'être  complet.  Cette  partie  de  la  botanique  exige 
encore  de  longs  et  de  pénibles  travaux ,  une  analyse 
soignée  et  scrupuleuse  avant  d'arriver  à  un  état  tout- 
à-fait  satisfaisant.  Notre  intention  n'a  été  ici  que  de 
présenter  les  espèces  les  mieux  connues  et  les  mieux 
déterminées,  afin  de  point  jeter  du  vague  ni  de  l'obs- 
curité sur  un  sujet  déjà  si  difficile  par  lui-même. 

Pour  terminer  tout  ce  qui  a  rapport  aux  organes 
de  la  fructification,  il  nous  reste  encore  à  parler  de 
la  dissémination  et  des  différens  avantages  que  la  mé- 
decine, les  arts  et  l'économie  domestique  peuvent 
retirer  des  fruits  et  des  différentes  parties  qui  les 
composent. 


CHAPITRE    V. 

DE    LA    DISSÉMINATION. 

Lorsqu'un  fruit  est  parvenu  à  son  dernier  degré 
de  maturité,  il  s'ouvre;  les  différentes  parties  qui  !e 
composent  se  désunissent,  et  les  graines  qu'il  renfer- 
me rompent  bientôt  les  liens  qui  les  retenaient  en- 
core dans  la  cavité  où  elles  se  sont  accrues.  On  donne 
le  nom  de  dissémination  h  cette  action  par  laquelle 


DISSÉMINATION.  3o,0, 

les  graines  sont  naturellement  dispersées  à  la  surface 
de  la  terre,  à  l'époque  de  leur  développement. 

La  dissémination  naturelle  des  graines  est ,  dans 
l'état  sauvage  des  végétaux,  l'agent  le  plus  puissant  de 
leur  reproduction.  En  effet,  si  les  graines  contenues 
dans  un  fruit  n'en  sortaient  point  pour  être  disper- 
sées sur  la  terre  et  s'y  développer,  on  verrait  bientôt 
des  espèces  ne  plus  se  reproduire,  des  races  entières 
disparaître;  et,  comme  tous  les  végétaux,  ont  une 
durée  déterminée,  il  devrait  nécessairement  arriver 
une  époque  où  tous  auraient  cesse  de  vivre,  et  où  la 
végétation  aurait  pour  jamais  disparu  de  la  surface  du 
globe. 

Le  moment  de  la  dissémination  marque  le  terme 
de  la  vie  des  plantes  annuelles.  En  effet,  pour  qu'elle 
ait  lieu ,  il  est  nécessaire  que  le  fruit  soit  parvenu  à 
sa  maturité,  et  qu'il  se  soit  plus  ou  moins  desséché. 
Or,  ce  phénomène  n'arrive,  dans  les  herbes  annuelles, 
qu'à  l'époque  où  la  végétation  s'est  entièrement  ar- 
rêtée chez  elles.  Dans  les  plantes  ligneuses ,  la  dissé- 
mination a  toujours  lieu  pendant  la  période  du  repos 
que  ces  végétaux  éprouvent  lorsque  leur  liber  s'est 
épuisé  à  donner  naissance  aux  feuilles  et  aux  organes 
de  la  fructification. 

La  fécondité  des  plantes,  c'est-à-dire  le  nombre 
étonnant  de  germes  ou  de  graines  qu'elles  produisent, 
n'est  point  une  des  causes  les  moins  puissantes  de 
leur  facile  reproduction  et  de  leur  étonnante  multi- 
plication. Rai  a  compté  32,ooo  graines  sur  un  pied 
de  pavot,  et  jusqu'à  36o,ooo  sur  un  pied  de  tabac, 


4ûO  ORGANES    DE    LA    FRUCTIFICATION. 

Or,  qu'on  se  figure  la  progression  toujours  croissante 
de  ce  nombre  ,  seulement  à  la  dixième  génération  de 
ces  végétaux  ,  et  l'on  concevra  avec  peine  que  toute 
la  surface  de  la  terre  n'en  soit  point  recouverte. 

Mais  plusieurs  causes  tendent  à  neutraliser  en 
partie  les  effets  de  cette  surprenante  fécondité  qui 
bientôt  nuirait,  par  son  excès  même,  à  la  reproduc- 
tion des  plantes.  En  effet ,  il  s'en  faut  que  toutes  les 
graines  soient  mises  par  la  nature  dans  des  circons- 
tances favorables  pour  se  développer  et  croître;  D'ail- 
leurs un  grand  nombre  d'animaux,  et  l'homme  lui- 
même  ,  trouvant  leur  principale  nourriture  dans  les 
fruits  et  les  graines  ,  en  détruisent  une  innombrable 
quantité. 

Plusieurs  circonstances  favorisent  la  dissémination 
naturelle  des  graines.  Les  unes  sont  inhérentes  au 
péricarpe,  les  autres  dépendent  des  graines  elles- 
mêmes. 

Ainsi  il  y  a  des  péricarpes  qui  s'ouvrent  naturelle- 
ment avec  une  sorte  d'élasticité,  au  moyen  de  laquelle 
les  graines  qu'ils  renferment  sont  lancées  à  des  dis- 
tances plus  ou  moins  considérables.  Les  fruits  du  sa- 
blier, par  exemple  {^Hura  crepitans),  du  Dionœa 
muscipala ,  de  la  fraxinelle  ,  de  la  balsamine,  dis- 
joignent leurs  valves  rapidement  et  par  une  sorte  de 
ressort,  en  projetant  leurs  graines  h  quelque  dis- 
tance. Le  fruit  de  XEcballium  elateriwn ,  à  l'époque 
de  sa  maturité,  se  détache  du  pédoncule  qui  le  sup- 
portait, et,  par  la  cicatrice  de  son  point  d'attache* 
lance  ses  graines  avec  une  rapidité  étonnante. 


DISSÉMINATION.  4°* 

Il  y  a  un  grand  nombre  de  graines  qui  sont  minces 
et  légères ,  et  peuvent  être  facilement  entraînées  par 
les  vents.  D'autres  sont  pourvues  d'appendices  parti- 
culiers en  forme  d'ailes  ou  de  couronnes,  qui  les 
rendent  plus  légères  en  augmentant  par  ce  moyen 
leur  surface.  Ainsi  les  érables,  les  ormes,  un  grand 
nombre  de  Conifères  ont  leurs  fruits  garnis  d.'ailes 
membraneuses,  qui  servent  à  les  faire  transporter  par 
les  vents  à  des  distances  considérables. 

La  plupart  des  fruits  de  la  vaste  famille  des  Sy- 
nanthérées  sont  couronnés* d'aigrettes,  dont  les  soies 
fines  et  délicates  ,  venant  à  s'écarter  par  la  dessicca- 
tion ,  leur  servent  en  quelque  sorte  de  parachute 
pour  les  soutenir  dans  les  airs.  Il  en  est  de  même  des 
valérianes. 

Les  vents  transportent  quelquefois  à  des  distances 
qui  paraissent  inconcevables  les  graines  de  certaines 
plantes.  UErigeron  canadense  inonde  et  désole  tous 
les  champs  de  l'Europe.  Linnaeus  pensait  que  cette 
plante  avait  été  transportée  d'Amérique  par  les  vents. 

Les  fleuves  et  les  eaux  de  la  mer  servent  aussi  à 
l'émigration  lointaine  de  certains  végétaux.  Ainsi 
l'on  trouve  quelquefois  sur  les  côtes  de  la  Norwége 
et  de  la  Finlande  des  fruits  du  Nouveau-Monde  ap- 
portés par  les  eaux. 

L'homme  et  les  différens  animaux  sont  encore  des 
moyens  de  dissémination  pour  les  graines  ;  les  unes 
s'attachent  à  leurs  vêtemens  ou  à  leurs  toisons  ,  au 
moyen  des  crochets  dont  elles  sont  armées,  telles  que 
celles  des  graterons,  desaigremoines;  les  autres,  leur 

16 


402  ORGANES    DE    LA    FRUCTIFICATION. 

servant  de  nourriture,  sont  transportées  dans  les  lieux 
qu'ils  habitent,  et  s'y  développent  lorsqu'elles  y  ont 
été  abandonnées  et  qu'elles  se  trouvent  dans  des  cir- 
constances favorables. 

Usages  des  Fruits  et  des  Graines. 

C'est  dans  les  fruits,  et  surtout  dans  les  grainesd'un 
grand  nombre  de  végétaux,  que  sont  contenues  les 
substances  alimentaires  les  plus  riches  en  principes 
nutritifs,  et  souvent  des  médicamens  doués  de  vertus 
très-énergiques.  La  famille  des  Graminées  est  sans 
contredit  une  de  celles  dans  lesquelles  l'homme 
trouve  la  nourriture  la  plus  abondante,  et  les  animaux 
herbivores  leur  pâture  la  plus  habituelle.  Qui  ne 
connaît,  en  effet,  l'usage  général  que  toutes  les  na- 
tions civilisées  de  l'Europe  et  des  autres  parties  du 
monde  font  du  pain?  Or,  cet  aliment  par  excellence 
n'est-il  point  fabriqué  avecl'endosperme  farineux  du 
blé,  de  l'orge  et  d'un  grand  nombre  d'autres  Gra- 
minées ?  A  ce  seul  titre ,  cette  famille  naturelle  des 
plantes  n'est-elle  point  pour  l'homme  une  des  plus 
intéressantes  du  règne  végétal  ? 

Les  péricarpes  d'un  grand  nombre  de  fruits  sont 
des  alimens  aussi  agréables  qu'utiles.  Tout  le  monde 
connaît  les  usages  économiques  auxquels  on  em- 
ploie un  grand  nombre  de  fruits  charnus ,  tels  que 
les  pêches,  les 'pommes,  les  melons  ,  les  fraises  ,  les 
groseilles  ,  etc. 

Le  péricarpe  charnu  de  l'olivier (  Olœaeuropœa), 
fournit  l'huile  la  plus  pure  et  la  plus  estimée. 


DISSÉMINATION.  ^03 

C'est  avec  le  suc  que  l'on  retire  par  expression  des 
fruits  de  la  vigne,  soumis  à  la  fermentation  spiri- 
tueuse,  que  l'on  fait  le  vin,  cette  boisson  si  utile  à 
l'homme,  quand  il  en  sait  faire  un  usage  modéré. 
Plusieurs  autres  fruits,  tels  que  les  pommes,  les 
poires ,  les  sorbes ,  etc. ,  fournissent  encore  des  li- 
queurs ferrnentées  qui  servent  de  boisson  habituelle 
à  des  provinces  et  à  des  nations  entières. 

Dans  l'intérieur  de  plusieurs  péricarpes  de  la  fa- 
mille des  Légumineuses  on  trouve  une  substance 
acidulé  ou  douceâtre,  quelquefois  nauséabonde,  qui 
jouit  de  propriétés  laxatives,  comme  on  l'observe 
dans  la  casse,  le  tamarin,  les  caroubes,  les  follicules 
du  séné,  etc. 

Les  dattes,  les  figues,  les  jujubes,  les  raisins  secs 
sont  des  substances  alimentaires,  remarquables  parla 
grande  quantité  de  principe  sucré  qu'elles  renferment. 
Les  fruits  du  citronnier  et  de  l'oranger  contien- 
nent de  l'acide  citrique  presqu'à  l'état  de  pureté. 

Les  petits  nuculaines  de  nerprun  (Rhamnus  ca- 
tharticus)  sont  très-purgatifs. 

Les  graines  ne  sont  pas  moins  riches  en  princi- 
pes nutritifs  que  les  péricarpes.  En  effet,  celles  des 
plantes  Céréales  ou  Graminées ,  d'un  grand  nombre 
de  Légumineuses,  etc.,  contiennent  une  quantité  con- 
sidérable de  fécule  amylacée,  qui  leur  donne  une 
qualité  nutritive  très-prononcée. 

Les  graines  du  lin,  du  coignassier,  du  psyllium  , 
renferment  aussi  un  principe  mucilagineux  très-abon- 
dant. Aussi  sont-elles  essentiellement  émollientes. 


4o4  ORGANES    DE    LA    FRUCTIFICATION. 

Un  grand  nombre  de  graines  se  distinguent  par  un 
principe  stimukmt  très-aromatique.  Telles  sont  celles 
d'anis  {Pimpinella  anisum),  de  fenouil  {Anethum 
Jœniculuni)  de  coriandre  {Coriandrum  sativum),  de 
carvi  (Carum  carvï),  qui  ont  reçu  le  nom  de  se- 
mences carminatives .  D'autres  au  contraire  sont  appe- 
lées semences  froides ,  à  cause  de  l'action  émolliente 
et  sédative  qu'elles  exercent  sur  l'économie  animale. 
Telles  sont  celles  de  la  calebasse  {Cucurbita  lage- 
naria),  du  concombre  {Cucumis sativus) ,  du  melon 
{Cucumis  melo),  de  la  citrouille  {Cucurbita  citrullus). 

Les  semences  carminatives  appartiennent  toutes  à 
la  famille  des  Ombellifères.  C'est  la  famille  des  Cu- 
curbitacées  qui  fournit  les  semences  froides. 

Qui  ne  connaît  l'usage  habituel  que  font  tous  les 
peuples  civilisés  des  graines  torréfiées  du  café,  du 
cacao,  etc.? 

On  retire  des  graines  de  l'amandier,  du  noyer, 
du  hêtre,  du  ricin,  du  chenevis,  du  pavot,  du 
colza,  etc.,  une  huile  abondante  qui  jouitde  proprié- 
tés modifiées  dans  chacun  de  ces  végétaux  par  son 
mélange  avec  d'autres  substances. 

Les  graines  du  rocou  (  Bixa  orellana  )  servent  à 
teindre  en  rouge  brun. 

Nous  ne  finirions  pas  si  nous  voulions  énumérer 
ici  tous  les  avantages  que  l'homme  peut  retirer  des 
fruits  en  général  ou  des  parties  qui  les  composent. 
Mais  un  pareil  travail  nous  éloignerait  trop  de  notre 
objet.  Nous  avons  seulement  voulu  indiquer,  quoi- 
que bien  incomplètement ,  les  usages  nombreux  des 


DISSÉMINATION.  4o5 

fruits  et  des  graines ,  soit  dans  l'économie  domesti- 
que ,  soit  dans  la  thérapeutique. 

Ici  se  termine  tout  ce  qui  a  rapport  à  la  partie  de 
la  botanique  que  nous  avons  désignée  par  le  nom 
iï  organographie.  Nous  y  avons  donné  la  description 
de  tous  les  organes  des  végétaux  phanérogames,  et 
des  fonctions  qu'ils  remplissent.  Nous  allons  mainte- 
nant faire  connaître  les  diverses  méthodes  de  classifi- 
cation qui  ont  été  proposées  pour  ranger  et  coor- 
donner la  quantité  innombrable  de  plantes  déjà 
connues  et  décrites  par  les  différens  auteurs.  C'est  à 
cette  partie  de  la  botanique  que  l'on  a  donné  le  nom 
de  taxonomie. 


DE  L'A  TAXONOMIE, 

ou 

DES   MÉTHODES   BOTANIQUES 

EN    GÉNÉRAL. 


Nous  avons  déjà  vu  que  sous  le  nom  de  taxono- 
mie  on  désigne  cette  partie  de  la  botanique  générale, 
qui  a  pour  objet  l'application  des  lois  de  la  classifica- 
tion au  règne  végétal. 

A  l'époque  où  les  sciences  n'étaient  encore  qu'à 
leur  enfance,  c'est-à-dire  quand  un  petit  nombre  de 
faits  en  composait  tout  le  domaine,  ceux  qui  se  livraient 
à  l'étude  de  ces  sciences  n'avaient  besoin  que  de  fort 
peu  d'efforts,  et  seulement  d'une  mémoire  assez  heu- 
reuse pour  embrasser  la  connaissance  parfaite  ,  et 
retenir  les  noms  de  tous  les  êtres  à  l'étude  desquels 
ils  s'étaient  livrés.  Aussi  les  premiers  philosophes 
qui  s'occupèrent  de  la  botanique  parlent-ils  des  plan- 
tes sans  adopter  aucun  ordre,  aucune  méthode  d'ar- 
rangement. Du  temps  de  Théophraste ,  par  exemple, 
qui  le  premier  écrivit  spécialement  sur  les  végétaux , 
les  fonctions  des  organes  étaient  méconnues,  les  gen- 
res, les  espèces  entièrement  confondus,  leurs  carac- 
tères distinctifs  ignorés;  en  un  mot,  quoiqu'on  puisse 
dire  que  ce  philosophe  ait  commencé  à  écrire  sur  la 


MÉTHODES    EN    GÉNÉRAL.  /{O7 

botanique,  on  peut  également  assurer  que  cette 
science  n'existait  point  encore  de  son  temps.  Les  ca- 
ractères des  plantes  ne  reposaient  que  sur  des  con- 
naissances empiriques  ou  de  simples  traditions;  car 
le  nombre  en  était  alors  si  borné,  qu'il  était  facile  de 
les  connaître  toutes  individuellement,  sans  qu'il  fût 
nécessaire  de  les  distinguer  autrement  que  par  un 
nom  particulier  à  chacune  d'elles,  mais  auquel  ne  se 
rattachait  aucune  idée  de  caractère  ou  de  comparai- 
son. Tel  fut  l'état  de  la  botanique  pendant  un  grand 
nombre  de  siècles  où,  intimement  unie  à  la  méde- 
cine, elle  ne  trouvait  place  que  dans  les  ouvrages  de 
ceux  qui  écrivaient  sur  l'art  de  guérir. 

Mais  quand,  par  des  recherches  mieux  dirigées  et 
des  voyages  lointains,  le  nombre  des  êtres  dont  s'oc- 
cupe l'histoire  naturelle  devint  plus  grand,  on  sentit 
la  nécessité  de  mettre  plus  de  précision  dans  le  nom 
de  ces  différens  objets ,  de  les  distinguer  par  quelques 
caractères,  afin  de  pouvoir  les  reconnaître.  Bientôt 
la  mémoire  ne  put  retenir  seule  les  noms  d'un  si 
grand  nombre  d'êtres,  pour  la  plupart  nouveaux  et 
inconnus  jusqu'alors.  • 

Ce  fut  dès  cette  époque  que  l'on  commença  à  sentir 
la  nécessité  de  disposer  les  objets  dans  un  ordre  quel- 
conque qui  pût  en  faciliter  la  recherche,  en  donnant 
les  moyens  d'arriver  plus  promptement  et  avec  plus 
de  sûreté  aux  noms  qui  avaient  été  donnés  à  chacun 
d'e-ux. 

Mais  ces  arrangemens,  d'abord  purement  empi- 
riques,  ne  doivent  point  ^tre  regardés  comme  de 


4o8  TAXONOMIE. 

véritables  méthodes.  En  effet,  ils  n'étaient  nullement 
fondés  sur  des  connaissances  tirées  des  caractères 
propres  à  chacun  de  ces  êtres,  et  qui  puissent  servir 
à  les  distinguer  les  uns  des  autres,  mais  appuyés 
seulement  sur  quelques  circonstances  extérieures,  et 
souvent  étrangères  à  la  nature  même  de  l'objet. 
Ainsi  l'ordre  alphabétique  suivant  lequel  on  rangea 
les  végétaux  ne  pouvait  avoir  d'avantage  que  pour 
ceux  qui  les  connaissaient  déjà,  mais  qui  voulaient 
se  livrer  à  des  recherches  particulières  sur  quelques- 
uns  d'entre  eux.  Il  en  est  de  même  de  l'arrangement 
fondé  sur  les  propriétés  économiques  ou  médicales 
des  plantes,  qui  supposent  toujours  la  connaissance 
préalable  des  vertus  de  la  plante  dont  on  veut  trou- 
ver le  nom. 

On  pense  bien  que  de  semblables  bases  ne  devaient 
s'élever  que  des  classifications  aussi  fautives  qu'im- 
parfaites, puisqu'elles  reposaient,  en  général,  sur  des 
connaissances  étrangères  à  la  nature  et  à  l'organisa- 
tion des  végétaux.  Elles  ne  pouvaient  donc  en  donner 
aucune  idée  satisfaisante. 

L'expérience  fit  bientôt  sentir  la  nécessité  de  tirer 
de  l'organisation  même  des  plantes  et  des  parties  qui 
les  composent  les  caractères  propres  à  les  faire  con- 
naître et  à  les  distinguer.  Ce  fut  dès  cette  époque 
que  la  botanique  devint  réellement  une  science;  car 
ce  fut  alors  que  l'on  commença  à  étudier  l'organisa- 
tion des  végétaux  pour  pouvoir  en  tirer  les  carac- 
tères propres  à  les  faire  connaître  et  à  les  distinguer. 

Dès  lors  les  méthodes  furent  réellement  créées. 


MÉTHODES    EN    GÉNÉRAL.  4°9 

Mais  comme  le  nombre  des  organes  des  végétaux  est 
assez  considérable,  le  nombre  des  méthodes  fut  éga- 
lement très-grand,  parce  que  chaque  auteur  crut 
reconnaître  dans  l'un  d'eux  les  bases  les  plus  solides 
d'une  bonne  classification.  Ainsi  les  uns  fondèrent 
leur  méthode  sur  la  considération  des  racines  et  de 
toutes  les  modifications  qu'elles  peuvent  offrir;  les 
autres  sur  les  tiges,  ceux-ci  sur  les  feuilles,  tel  que 
Sauvages,  ceux-là  sur  l'inflorescence,  etc. 

Dans  le  seizième  siècle,  Gessner,  né  à  Zurich,  fut 
le  premier  qui  démontra  que  les  caractères«tirés  de 
la  fleur  et  du  fruit  étaient  les  plus  certains  et  les  plus 
importans  pour  arriver  à  une  bonne  classification  des 
végétaux.  Il  fit  de  plus  entrevoir  qu'il  existe  dans  les 
plantes  des  groupes  composés  de  plusieurs  espèces 
réunies  par  des  caractères  communs.  Cette  première 
idée  de  la  réunion  des  végétaux  en  genres  eut  la 
plus  grande  influence  sur  les  progrès  ultérieurs  de 
la  botanique. 

Peu  de  temps  après,  Csesalpin,  né  en  i5i9,  à 
Arezzo  en  Toscane,  donna  le  modèle  de  la  première 
méthode  botanique.  En  effet  toutes  les  espèces  y  sont 
rangées  d'après  la  considération  des  caractères  que 
l'on  peut  tirer  de  la  plupart  des  organes  des  végé- 
taux, tels  que  leur  durée,  la  présence  ou  l'absence 
des  fleurs,  la  position  des  graines,  leur  adhérence 
avec  le  calice,  le  nombre  et  la  situation  des  cotylé- 
dons, etc.  L'invention  d'une  semblable  méthode,  tout 
imparfaite  qu'elle  est,  doit  être  considérée  comme 
le  premier  aperçu  d'une  classification  naturelle,     / 


4lO  TAXONOMIE. 

Cependant  les  découvertes  nouvelles  allaient  tou- 
jours augmentant  le  nombre  des  végétaux  connus,  et 
chaque  jour  les  ouvrages  existans  devenaient  de  plus 
en  plus  insuffisans.  Plusieurs  auteurs,  parmi  lesquels 
on  doit  citer  avec  éloge  les  deux  frères  Bauhin,  Rai, 
Magnol  et  Rivin,  donnèrent  successivement  dans 
leurs  écrits  des  preuves  d'un  mérite  rare.  Plusieurs 
d'entre  eux  créèrent  même  des  méthodes  nouvelles, 
mais  qui  toutes  furent  éclipsées  par  celle  que  Joseph 
Pitton  de  Tournefort  publia  vers  la  fin  du  dix-sep- 
tième siècle. 

Ce  botaniste  célèbre,  l'un  de  ceux  dont  les  écrits 
ont  fait  le  plus  d'honneur  à  la  France,  était  né  «à  Àix 
en  Provence,  le  5  juin  i656.  Il  fut  professeur  de 
botanique  au  jardin  des  plantes  de  Paris,  sous  le 
règne  de  Loui&XIV,  qui  en  1700  lui  donna  une 
mission  importante  pour  le  Levant.  Tournefort  par- 
courut alors  la  Grèce,  les  bords  de  la  mer  Noire  et 
les  îles  de  l'Archipel.  Il  revint  à  Paris,  et  publia  la 
relation  de  son  voyage,  que  l'on  peut  citer  comme 
un  des  modèles  les  plus  parfaits  en  ce  genre.  Avant 
son  départ,  il  avait  déjà  fait  connaître,  dans  son  ou- 
vrage intitulé  Institutiones  rei  hcrbarice,  sa  nou- 
velle méthode,  dans  laquelle  se  trouvaient  décrites 
dix  mille  cent  quarante-six  espèces  rapportées  à  six 
cent  quatre-vingt-dix-huit  genres. 

Le  mérite  de  Tournefort  n'est  pas  seulement 
d'avoir  créé  une  méthode  ingénieuse,  dans- laquelle 
se  trouvent  décrites  et  rangées  toutcs«les  plantes 
connues  jusqu'à  lui  ;  mais  son  principal  titre  de  gloire 


MÉTHODES    EN    GFNÉRA.L.  41* 

est  d'avoir,  le  premier,  distingué  d'une  manière  plus 
précise  et  plus  rigoureuse  qu'on  ne  l'avait  fait  jus- 
qu'alors les  genres,  les  espèces  et  les  variétés  qui 
peuvent  s'y  rapporter. 

Avant  lui,  en  effet,  la  science  n'était  encore  que 
confusion  et  désordre  ;  chaque  espèce  n'était  pas 
nettement  distinguée  de  celles  donc  elle  se  rappro- 
chait. Ce  fut  lui  qui  débrouilla  ce  chaos,  sépara  les 
genres  et  les  espèces  par  des  phrases  caractéristiques, 
et,  au  moyen  de  son  système  ingénieux,  rangea  mé- 
thodiquement les  plantes  connues  à  cette  époque. 

Après  Tournefort ,  parurent  encore  un  grand 
nombre  de  botanistes  qui  ont  joui  d'une  certaine 
réputation.  Quelques-uns  d'entre  eux  proposèrent 
des  méthodes  nouvelles  ;  mais  aucune  n'avait  porté  la 
moindre  atteinte  à  celle  de  Tournefort.  Cette  gloire 
semblait  réservée  à  l'immortel  Linnœus.Son  système, 
qu'il  publia  en  1734,  eut  la  vogue  la  plus  surpre- 
nante, à  cause  de  son  extrême  simplicité,  et  de  la 
facilité  singulière  qu'il  offre  pour  parvenir  à  la  con- 
naissance du  nom  des  végétaux. 

Linnaeus  eut  de  plus  la  gbirp  de  réformer,  ou 
plutôt  de  créer  la  nomenclature  et  la  synonymie 
botaniques,  encore  si  peu  avancées  par  ses  prédé- 
cesseurs. Tournefort  lui  en  avait  tracé  la  route,  sans 
cependant  en  faire  disparaître  tous  les  obstacles. 
Chaque  espèce ,  en  effet ,  était  encore  dénommée 
par  une  phrase  caractéristique,  dans  laquelle  on  ne 
trouvait  souvent  pas  les  caractères  propres  à  la  dis- 
tinguer. Or,  ces  phrases  étant  fort  longues ,  il  était 


4 12;  TAXOJNOMIE. 

très-difficile  d'en  retenir  un  grand  nombre.  Linnaeus 
donna  à  chaque  groupe  ou  genre  un  nom  propre  ou 
générique,  imitant  en  cela  l'exemple  de  Tournefort; 
mais  de  plus  il  désigna  chaque  espèce  de  ces 
genres  par  un  nom  adjectif  ou  spécifique  ajouté  à  la 
suite  du  nom  générique.  Par  ce  moyen  ingénieux , 
il  simplifia  considérablement  l'étude  déjà  fort  éten- 
due de  la  botanique. 

Le  système  sexuel  de  Linnaeus,  séduisant  par  son 
extrême  simplicité  ,  excita  une  révolution  subite 
dans  la  science,  et  fut  accueilli  partout  avec  un  en- 
thousiasme difficile  à  décrire. 

Quand  le  premier  mouvement  d'admiration  qu'ins- 
pire toujours  une  grande  découverte  fut  un  peu 
calmé,  on  ne  tarda  point  à  s'apercevoir  que  ce  sys- 
tème si  ingénieux  présentait  cependant  quelques 
inconvéniens,  et  n'était  point  à  l'abri  de  toute  espèce 
de  reproches.  En  effet ,  fondé  uniquement  sur  la 
considération  absolue  d!un  seul  organe,  il  éloignait 
souvent  des  plantes  que  tous  les  airtres  caractères 
semblaient  réunir  trop  étroitement  pour  que  l'on 
pût  jamais  les  isoler  avec  succès  :  car  déjà  l'on  avait 
commencé  à  entrevoir  que  certains  genres  de  végé- 
taux ont  entre  eux  tant  de  points  de  contact  et  de 
ressemblance,  que,  réunis  par  l'ensemble  général  de 
leurs  caractères,  ils  paraissent  en  quelque  sorte  être 
tous  membres  d'une  même  famille.  C'est  ainsi,  par 
exemple,  qu'on  avait  déjà •  rapproché  en  tribus  dis- 
tinctes les  Graminées,  les  Labiées  ,  les  Ombellifères, 
les  Légumineuses,  les  Crucifères,  etc.  ,  et  plusieurs 


MÉTHODES    EN    GÉNÉRAL.  ^l'$ 

autres  groupes  tout  aussi  naturels.  Or,  un  grand  dé- 
faut du  système  artificiel  de  Linnseus  était  donc  de 
séparer  ces  plantes  qui  paraissaient  devoir  être  pour 
toujours  réunies.  Ainsi  les  Graminées  s'y  trouvaient 
dispersées  dans  la  première,  la  seconde,  la  troisième, 
la  sixième,  la  vingt -unième  et  la  vingt -troisième 
classe  de  soja  système.  Les  Labiées  étaient  en  partie 
dans  la  seconde  classe ,  et  en  partie  dans  la  quator- 
zième. Il  en  était  de  même  de  la  plupart  des  tribus 
naturelles  déjà  reconnues  et  conservées  par  un  grand 
nombre  de  botanistes.  Linnaeus  ,  obligé  de  suivre 
rigoureusement  son  système,  s'était  ainsi  vu  forcé  de 
les  séparer  et  de  les  disperser. 

Une  nouvelle  méthode  qui,  en  conservant  les  affi- 
nités déjà  reconnues  de  certaines  plantes,  aurait  offert 
l'ensemble  de  leurs  caractères  distinctifs ,  eftt  donc 
été  préférable  à  ce  système  si  ingénieux,  mais  qui 
péchait  par  un  des  points  les  plus  essentiels. 

Adanson  avait  donné  la  première  esquisse  de  cette 
méthode.  Bernard  de  Jussieu  médita  pendant  qua- 
rante ans  afin  de  trouver  les  caractères  les  plus  solides 
et  les  plus  constans  qui  pussent  lui  servir  de  base. 
Il  étudia  avec  un  soin  extrême  l'affinité  réciproque 
des  diverses  espèces  et  des  différens  genres  entre 
eux.  Mais  ce  fut  son  neveu,  Antoine  Laurent  de 
Jussieu  qui ,  rassemblant  les  riches  matériaux  re- 
cueillis par  ses  oncles,  y  joignant  les  nombreuses 
observations  qu'il  avait  lui-même  amassées,  créa 
réellement  la  méthode  des  familles  naturelles,  telle 
que  nous  l'exposerons  bientôt.  Ce  fut  dans  son  Gênera. 


4 14  TAXONOMIE. 

plahtarum,  ouvrage  marqué  du  sceau  du  génie,  et 
l'un  des  plus  beaux  monumens  des  progrès  de  la  bota- 
nique, qu'il  posa  les  fondemens  d'une  méthode  qui 
doit  un  jour  être  la  seule  suivie  et  adoptée  par' tous 
les  bons  esprits.  Car  elle  est,  sans  contredit,  de  toutes 
les  autres  publiées  jusqu'à  ce  jour,  celle  qui  mérite 
la  préférence. 

En  effet,  elle  n'a  point  pour  base  la  considération 
d'un  seul  organe;  mais  elle  étudie  l'ensemble  des 
caractères  fournis  par  chacune  des  parties  d'un  végé- 
tal, et  rapproche  les  uns  des  autres  tous  ceux  qui  se 
touchent  par  le  plus  grand  nombre  de  points  de  con- 
tact et  de  ressemblance.  C'est  cette -méthode  qui, 
depuis  plus  de  trente  ans,  a  fait  faire  à  la  botanique 
de  si  rapides  progrès,  et  l'a  placée  au  premier  rang 
parmi  ^es  sciences  naturelles. 

Nous  avons  cru  devoir  entrer  dans  quelques  détails 
sur  les  méthodes  en  général ,  avant  de  faire  l'exposi- 
tion particulière  d'aucune  d'elles.  Il  nous  a  semblé 
utile  de  jeter  rapidement  un  coup  d'œil  sur  les  prin- 
cipales époques  de  la  botanique,  afin  de  faire  mieux 
connaître  l'impulsion  et  la  face  nouvelle  que  les  trois 
classifications  de  Tournefort ,  de  Linnœus  et  de  Jussieu 
ont,  chacune  en  particulier,  données  à  la  botanique. 

En  terminant  ces  considérations  générales,  nous 
devons  faire  remarquer  qu'il  existe  deux  espèces 
bien  distinctes  de  classifications  en  histoire  naturelle. 
Dans  l'une,  en  effet,  on  ne  prend  pour  base  que  la 
considération  d'un  seul  organe.  Ainsi  Tournefort  s'est 
servi  de  la  corolle ,  Linnaeus  des  étatnines,  pour  éta- 


MÉTHODES    EN    GÉNÉRAL.  4*5 

blir  leurs  principales  divisions.  On  a  donné  le  nom 
de  systèmes  à  ces  arrangemens  purement  artificiels. 
On  conçoit  qu'un  système  n'ayant  uniquement  pour 
but  que  de  faire  arriver  avec  facilité  au  nom  d'une 
plante  ne  donne  aucune  idée  de  son  organisation. 
Ainsi  quand  nous  avons  trouvé  qu'une  plante  est 
de  la  première  classe  du  système  de  Linnœus  ou  de 
celui  de  Tournefort ,  nous  savons  seulement,  dans  le 
premier  cas,  qu'elle  a  une  étamine  ;  dans  le  second 
cas,  que  sa  corolle  est  monopétale,  régulière  et  cam- 
paniforme  :  mais  ces  systèmes  ne  nous  aprennent 
rien  touchant  les  autres  parties  qui  composent  la 
plante  dont  ils  nous  ont  seulement  appris  le  nom. 
Dans  la  seconde  espèce  de  classification  ,  qui  a  reçu 
le  nom  de  méthode  proprement  dite,  comme  les  bases 
de  chaque  classe  reposent  sur  la  somme  totale  de  tous 
les  caractères  tirés  des  différentes  parties  du  végétal, 
lorsque  l'on  est  arrivé  à  l'une  de  ces  classes  ,  on  con- 
naît déjà  les  points  les  plus  saillans  de  l'organisation 
de  la  plante  dont  on  désire  connaître  le  nom.  Si , 
par  exemple,  au  moyen  de  l'analyse  nous  sommes 
arrivés  à  savoir  que  telle  plante  est,  je  suppose,  de 
la  quatrième  classe  de  M.  de  Jussieu ,  cette  connais- 
sance nous  apprendra  que  cette  plante  est  une  pha- 
nérogame ,  que  son  embryon  n'a  qu'un  seul  cotylé- 
don ,  qu'elle  n'a  qu'une  seule  enveloppe  florale , 
c'est-à-dire  qu'un  calice  monosépale  adhèrent  avec 
un  ovaire  infère  ,  que  ses  étamines  sont  insérées  sur 
l'ovaire  ,  etc. ,  etc.  On  voit  combien  l'étude  de  la 
méthode  des  familles  naturelles  donne  des  idées  plus 


4l6  TA.XONOMIE. 

précises  et  plus  philosophiques  sur  la  structure  et 
l'organisation  des  différens  végétaux.  Elle  mérite  donc 
à  juste  titre  la  préférence  sur  toutes  celles  qui  ont 
été  inventées  jusqu'à  ce  jour. 

Il  serait  aussi  long  qu'inutile  de  faire  ici  l'exposi- 
tion de  toutes  les  méthodes  qui  ont  été  proposées  par 
les  différens  botanistes  pour  grouper  et  coordonner 
en  classes  tous  les  végétaux  connus.  Le  nombre  de 
ces  méthodes  est  d'ailleurs  si  considérable,  que  leur 
exposition  ne  peut  être  faite,  même  d.'une  manière 
abrégée ,  que  dans  un  ouvrage  spécialement  destiné 
à  cet  objet.  Aussi  nous  contenterons-nous  d'exposer 
ici  seulement  les  trois  classifications  les  plus  impor- 
tantes, qui  sont  celles  de  Tournefort,  de  Linnœus  et 
de  Jussieu. 


DE  LA  MÉTHODE  DE  TOURNEFORT. 


Le  système  de  Tournefort ,  généralement  connu 
sous  le  nom  de  méthode  de  Tournefort ,  est  basé  prin- 
cipalement sur  la  considération  des  différentes  formes 
de  la  corolle.  Un  reproche  généralement  fait  à  Tour- 
nefort est  de  n'avoir  pas  suivi  l'exemple  déjà  donné 
par  Rivin,  et  d'avoir  encore  séparé  les  uns  des  au- 
tres les  végétaux  herbacés  et  les  végétaux  à  tige 
ligneuse.  Cet  inconvénient  est  très-grand,  puisque 
souvent  dans  le  même  genre  on  trouve  réunies  ces 


MÉTHODE    DE    TOURNÈFORT.  4  1  7 

deux  modifications  de  la  tige;  et  que  même  quelque- 
fois, comme  nous  l'avons  prouvé  précédemment, 
certaines  circonstances  peuvent  agir  assez  directement 
sur  une  même  espèce  pour  la  rendre  tantôt  ligneuse, 
tantôt  herbacée.  C'est  ce  que  nous  avons  fait  remar- 
quer pour  le  ricin,  la  belle  de  nuit,  etc. 

Ce  système  est  composé  de  vingt-deux  classes,  dont 
les  caractères  sont  tirés  :  i°  de  la  consistance  et.  de  la 
grandeur  de  la  tige  ;  2°  de  la  présence  ou  de  l'ab- 
sence de  la  corolle  ;  3°  de  l'isolement  de  chaque  fleur 
ou  de  leur  réunion  dans  un  involucre  commun  ;  ce 
qui  constitue  les  fleurs  composées;  4°  de  l'intégrité 
de  la  corolle,  ou  de  sa  division  en  segmens  isolés, 
c'est-à-dire  de  la  considération  de  la  corolle  monopé- 
tale ou  polypétale;  5°  de  sa  régularité  ou  de  son  ir- 
régularité. 

i°  Sous  le  rapport  de  la  consistance  et  de  la  durée 
de  leur  tige ,  Tournefort  divise  les  végétaux  en 
herbes  et  sous-arbrisseaux,  arbrisseaux  et  arbres.  Les 
herbes  et  le^  sous-arbrisseaux  réunis  sont  renfermés 
dans  les  dix-sept  premières  classes;  les  cinq  dernières 
classes  contiennent  les  arbrisseaux  et  les  arbrçs. 

a°  D'après  la  présence  ou  l'absence  de  la  corolle, 
les  herbes  sont  distinguées  en  pétalées  et  apétalées. 
Les  quatorze  premières  classes  des  herbes  renferment 
toutes  celles  qui  sont  pourvues  d'une  corolle;  les 
trois  autres ,  celles  qui  en  sont  dépourvues. 

3°  Les  herbes  qui  ont  une  corolle  ont  leurs  fleurs 
isolées  et  distinctes  ou  réunies  pour  constituer  des 
fleurs  composées.  Les  onze  premières  classes  renfer- 

27 


4  I  8  TAXONOMIE. 

ment  les  herbes  à  fleftrs  simples  ;  les  trois  suivantes  , 
celles  qui  offrent  des  fleurs  composées. 

4°  Parmi  les  plantes  herbacées  à  fleurs  simples  , 
les  unes  ont  une  corolle  monopétale;  dans  les  autres, 
au  contraire,  elle  est  polypétale.  Dans  les  quatre 
premières  classes,  Tournefort  a  réuni  les  plantes  à 
corolle  monopétale;  dans  les  cinq  qui  suivent,  celles 
dont  la  corolle  est  polypétale. 

5°  Mais  cette  corolle  monopétale  ou  polypétale 
peut  être  régulière  ou  irrégulière;  ce  qui  a  servi  à 
subdiviser  encore  chacune  de  ces  sections. 

Les  plantes  à  tige  ligneuse,  avons-nous  dit,  sont 
renfermées  dans  les  cinq  dernières  classes  du  système. 
Tournefort  les  a  divisées  d'après  les  mêmes  considé- 
rations que  les  herbes.  Ainsi  elles  sont  apétalées  ou 
pétalées  ;  leur  corolle  est  monopétale  ou  polypétale, 
régulière  ou  irrégulière. 

Il  est  important  de  faire  remarquer  que  Tourne- 
fort appelait  corolle  les  périanthes  simples  et  colo- 
rés, comme  dans  la  tulipe,  le  lis,  quionf,  selon  lui, 
une  corolle  polypétale  régulière. 

Tels  sont  les  principes  qui  ont  dirigé  Tournefort 
dans  la  formation  des  classes  de  son  système ,  dont 
nous  allons  présenter  sommairement  les  caractères. 


METHODE    DE    TOURNEFORT. 

PREMIÈRE  DIVISION. 


4«9 


HERBES. 

§    I.    A.    FLEURS    SIMPLES. 


Corolle 

monopétale 

régulière. 


Première  Classe. 

Campaniformes.  Herbes  à  corolle  mo- 
nopétale régulière,  imitant  une  cloche, 
comme  dans  la  campanule ,  le  liseron,  etc., 
ou  un  grelot,  comme  dans  le  muguet, 
la  bruyère,  etc.  (Voy.  pi.  5,  fig.  3,  4-) 

Seconde  Classe. 

Infundiruliformes.  Herbes  à  corolle 
monopétale  régulière,  imitant  la  forme 
d'un  entonnoir,  comme  le  tabac,  celle 
d'une  coupe  antique,  c'est-à-dire  hypo- 
cratériforme,  le  jasmin ,  le  lilas ,  ou  d'une 
roue  (  cor.  rotacée)  ,  comme  la  bour- 
rache. (Voy.  pi.  5,  fig.  1,2.) 

Troisième  Classe. 

•    Personnées.  Corolle  inonopétale  irré- 

gulière  imitant  la  forme  d'un  mufle  de 

Corolle     1  veau  QU  (j'un   maSqUe  antique  ,  comme 

tnonopetale  <  *  *    •     „ 

irrégulière.   1  celle  des  Antirrhinum,  de  la  hnaire,  etc., 
ou  ayant  le  limbe  plus  ou  moins  ouvert, 
\  comme  dans  la  digitale,  la  scrophulaire: 


420 


Suite. 

Corolle 

monopétale 

irrégulière. 


Corolle 
polypétale 
régulière. 


TAXONOMIE. 

les  plantes  de  cette  classe  présentent  tou- 
jours un  ovaire  simple  au  fond  de  leur 

calice.  (Voy.  pi.  5,  fig.  7.) 

Quatrième  Classe. 

Labiées.  Corolle  monopétale  irrégu- 
lière ,  dont  le  limbe  est  comme  divisé  en 
deux  lèvres  ;  plantes  offrant  un  ovaire 
partagé  en  quatre  lobes  très  -  distkicts , 
regardés  comme  des  graines  nues.  Telles 
sont  la  sauge,  le  romarin,  la  bétoine, 
le  thym ,  etc.  (Voy.  pi.  5,  fig.  8.) 

Cinquième  Classe. 

Cruciformes.  Corolle  polypétale  ré- 
gulière, composée  de  quatre  pétales  dis- 
posés en  croix.  Le  fruit  est  une  silique  ou 
une  silicule.  Ex.  :  la  giroflée  ,  le  choux, 
le  thlaspi,  etc.  (Voy.  pi.  5,  fig.  9.) 

Sixième  Classe. 

Rosacées.  Corolle  polypétale  régu- 
lière, composée  de  trois  cà  dix  pétales 
disposés  en  rose,  comme  dans  le  poirier, 
le  pommier,  le  rosier  sauvage,  la  fraise  , 
la  framboise,  les  cistes,  etc.«(  Voy.  pî.  5, 
fig.  11.) 

Septième  Classe. 

Ombellifères.  Corolle  polypétale  ré- 
gulière, composée  de  cinq  pétales  souvent 


Suite. 

Corolle 
polypétale 
régulière. 


Corolle 
polypétale 
irrégulière. 


METHODE    1>E    TOURNEFORT.  /i21 

inégaux,  fleurs  disposées  eîi  ombelle  ;  ex.  : 
l'angélique,  le  panais*  le  fenouil,  etc. 

Huitième  Classe. 

Caryophtllées.  Corolle  polypétale 
régulière,  formée  de  cinq  pétales  longue- 
ment onguiculés  ,  réunis  dans  un  calice 
monosépale;  limbe  étalé  comme  dans  les 
Rosacées;  par  exemple,  l'œillet ,  la  sapo- 
naire ,  XAgrostemma  Gùhago,  etc.  (Voy. 
pi.  5,  fig.  10.) 

Neuvième  Classe. 

Liliacées.  Fleurs  à  corolle  le  plus 
souvent  polypétale ,  composée  de  six  ou 
simplement  de  trois  pétales  ;  quelquefois 
monopétale ,  à  six  divisions  ;  le  fruit  est 
une  capsule  ou  une  baie  triloculaire.  Ex.  : 
le  lis,  la  tulipe,  la  jacinthe,  etc. 

Dixième  Classe. 

Papjliojntacées,  ou  Légumineuses. 
Corolle  polypétale  irrégulière,  composée, 
de  cinq  pétales,  l'un  supérieur,  nommé 
étendard  ,  deux  latéraux  ,  appelés  les 
ailes  ,  deux  inférieurs,  quelquefois  réunis 
et  soudés,  constituant  la  carène.  Ex.  :  le 
pois ,  le  haricot ,  la  luzerne ,  etc.  Le  fruit 
est  toujours  une  goasse.  (  Voyez  pi.  5 , 


422 


Suite. 

Corolle 

polypétale 

irrégulière. 


Composées. 


TAXONOM1E. 

Onzième  Classe. 

Anomales.  Cette  classe  renferme  tou- 
tes les  plantes  herbacées  dont  la  corolle 
est  polypétale  irrégulière  et  non  papilio- 
nacée;  telles  sont  la  violette,  la  capu- 
cine ,  etc. 

§  2.  A  FLEURS  COMPOSÉES. 

Douzième  Classe. 

Flosculeuses.  Fleurs  composées  de 
petites  corolles  monopétales  régulières 
infundibuliformes,  à  limbe  découpé  en 
cinq  divisions.  On  donne  à  chacune  de 
ces  petites  fleurs  le  nom  de  fleurons.  Tels 
sont  les  chardons ,  les  artichauts  ,  les  cen- 
taurées, etc.  (  Voy.  pi.  5,  fig.  5.) 

Treizième  Classe. 

Semi-Flosculeuses.  Fleurs  composées 
d'un  grand  nombre  de  petites  corolles 
monopétales  irrégulières  ,  dont  le  limbe 
est  déjeté  d'un  côté,  et  auxquelles  on  a 
donné  le  nom  de  demi -fleuron s.  Par 
exemple,  la  laitue  ,  le  salsifis,  le  pissen- 
lit ,  etc.  (Voy.  pi.  5 ,  fig.  6.  ) 

Quatorzième  Classe. 

Radiées.  Fleurs  composées  de  fleu- 
rons au  centre  et  de  demi-fleurons  à  la 
circonférence ,  comme  dans  le  grand 
soleil ,  la  reine-marguerite  ,  etc. 


METHODE    DE    TOURNEFORT. 


4*3 


Apétales. 


§   3.   PLANTES    APÉTALES. 

Quinzième  Classe. 

Apétales-  Plantes  dont  les  fleurs 
n'ont  point  de  véritable  corolle  ,  comme 
les  Graminées,  l'orge,  le -riz,  l'avoine, 
le  blé,  etc.  Dans  quelques-unes,  on 
trouve  autour  des  organes  sexuels  un 
périanthe  simple  ou  calice  ,  qui  souvent 
subsiste  après  la  floraison  ,  et  s'accroît 
avec  le  fruit,  comme  dans  les  Rumex. 

Seizième  Classe. 

Apétales  sans  fleurs.  Plantes  qui  sont 
dépourvues  d'organes  sexuels  et  d'enve- 
loppes florales  proprement  dites ,  mais 
qui  ont  des  feuilles.  Ce  sont  les  Fougères, 
tels  que  le  polypode  ,  le  cétérach,  I'os- 
monde ,  etc. 

Dix-septième  Classe. 

Apétales  ,  sans  fleurs  ni  fruits  appa- 
rens,  comme  les  Champignons,  les  Mous- 
ses ,  les  Lichens,  etc. 


Apétales. 


4^4  TAXONOMIE. 

DEUXIÈME   DIVISION. 

ARBRES. 

Dix-huitième  Classe. 

Arbres  ou  arbrisseaux  apétales,  c'est- 
à-dire  dont  les  fleurs  sont  dépourvues 
de  corolle.  Ces  arbres  sont  ou  herma- 
phrodites ,  ou  monoïques  ,  comme  le 
buis,  beaucoup  de  Conifères,  etc.;  ou 
dioïques,  comme  le  pistachier,  le  len- 
tisque. 

Dix-neuv  Cerne  Classe. 

Amentacés.  Arbres  apétales  ,  dont 
les  fleurs  sont  disposées  en  chaton.  Ils 
sont  monoïques,   comme   le   chêne,  le 

\  noyer  ,  etc.  ;   dioïques  ,  comme  les  sau- 

\ les,  etc. 

Vingtième  Classe. 

Arbres  à  corolle  monopétale  régulière 
i  irrégulière,  tels  que  le  lilas ,  le  sureau, 
\  le  catalpa,  l'arbousier,  etc. 

Vingt-unième  Classe. 

Arbres  ou  abrisseaux  à  corolle  poîy- 
pétale  rosacée ,  comme  le  pommier ,  le 
poirier,  l'oranger,  le  cerisier,  etc. 

Vingt-deuxième  Classe. 

Arbres  ou  arbrisseaux  dont  la  corolle 
est  papilionacée ,  comme  dans  l'acacia,  le 
faux  ébénier,  l'arbre  de  Judée,  etc.,  etc. 


Monopé- 
tales. 


Polypétales 
réguliers. 


Polypétales 
irréguliers. 


MÉTHODE    DE    TOURNEFORT.  '/&& 

Telles  sont  les  vingt -deux  classes  établies  par 
Tournefort  pour  disposer  tous  les  végétaux  connus. 
Quoiqu'au  premier  abord ,  ce  système  paraisse  simple 
et  d'une  exécution  facile  ,  cependant  il  offre ,  dans 
plus  d'un  cas  ,  des  difficultés  qu'il  n'est  pas  aisé  de 
faire  disparaître.  En  effet ,  la  forme  de  la  corolle 
n'est  pas  toujours  si  bien  tranchée,  que  l'on  puisse 
sur-le-champ  décider  à  quelle  classe  elle  appartient 
réellement  ;  car  où  est  le  point  juste  de  séparation 
entre  une  corolle  hypocratériforme ,  et  une  corolie 
infundibuliforme  ;  entre  cette  dernière  et  la  corolle 
campanulée  ? 

Le  reproche  le  mieux  fondé  que  l'on  puisse  faire 
à  ce  système ,  c'est  la  séparation  des  plantes  herba- 
cées des  ligneuses.  En  effet,  les  rapports  les  plus  na- 
turels sont  par-là  méconnus,  et  les  végétaux  qui  ont 
entre  eux  la  plus  grande  analogie  sont  souvent  éloi- 
gnés et  rejetés  à  de  très  -  grandes  distances  les  uns 
des  autres  ,  à  cause  de  cette  seule  différence. 

Chacune  de  ces  classes  a  été  divisée  en  un  nombre 
plus  ou  moins  considérable  de  sections  ou  ordres, 
dont  les  caractères  ont  été  tirés  des  modifications 
particulières  que  la  forme  de  la  corolle  peut  subir, 
de  la  consistance ,  de  la  composition  et  de  l'origine 
du  fruit,  de  la  forme,  de  la  disposition  et  de  la  com- 
position des  feuilles,  etc.,  etc. 

Enfin  chacune  de  ces  sections  renferme  un  nombre 
plus  ou  moins  considérable  de  genres  ,  auxquels  sont 
rapportées  toutes  les  espèces  connues  jusqu'à  l'époque 
où  Tournefort  écrivit. 


4a6 


TAXONOMIE. 


>  33 

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SYSTÈME    SEXUEL    DE    LIIVNjEUS.  [\1"J 


DU  SYSTÈME  SEXUEL  DE  LINN/EUS. 


Les  bases  principales  du  système  sexuel  de  Lin- 
nœus  reposent  presque  entièrement  sur  les  différens 
caractères  que  l'on  peut  tirer  des  organes  sexuels 
mâles,  c'est-à-dire,  des  étamines  ;  de  même  que 
celui  de  Tournefort  est  fondé  sur  les  formes  diverses 
que  peut  offrir  la  corolle  :  ce  système  est  partagé  en 
vingt-quatre  classes. 

Linnœus  divise  d'abord  tous  les  végétaux  connus 
en  deux  grandes  sections.  Dans  la  première  il  range 
tous  ceux  qui  ont  des  organes  sexuels,  et  par  consé- 
quent des  fleurs  apparentes. Ce  sont  les  phanérogames 
ou  phénogames.  La  seconde  section  comprend  les 
végétaux  dans  lesquels  les  organes  sexuels  sont  ca- 
chés, ou  plutôt  qui  en  sont  totalement  dépourvus; 
on  les  nomme  cryptogames.  De  là,  deux  premières 
grandes  sections  dans  le  règne  végétal  : 

i°  Les  phanérogames. 

■2°  Les  cryptogames. 

Mais,  comme  le  nombre  des  végétaux  de  la  pre- 
mière section  est  infiniment  plus  considérable  que 
celui  de  la  seconde  ,  les  phanérogames  ont  été  divisés 
en  vingt-trois  classes  ;  les  cryptogames  an  contraire 
ne  forment  que  la  vingt-quatrième  et  dernière  classe 
de  ce  svstème. 


4a8  TA.XONOMIE. 

Parmi  les  plantes  phanérogames,  les  unes  ont  des 
ileurs  hermaphrodites,  c'est-à-dire  pourvues  des  deux 
sexes  réunis  ;  les  autres  sont  unisexuées. 

Les  vingt  premières  classes  du  système  sexuel  ren- 
ferment les  végétaux  phanérogames  à  fleurs  herma- 
phrodites ou  monoclines;  dans  les  trois  suivantes  sont 
placées  les  plantes  diclines  ou  à  fleurs  unisexuées. 

/   monoclines. 
3°  Phanérogames  ] 

(    diclines. 

Les  plantes  monoclines  ont  les  étamines  lihres  et 
détachées  du  pistil  ;  ou  bien  ces  étamines  sont  sou- 
dées avec  lui. 

[   à  étamines  libres. 
4°  Monoclines   J 

(    à  étamines  soudées  au  pistil. 

Les  étamines  dégagées  de  toute  espèce  de  soudure 
avec  le  pistil  peuvent  être  libres  et  distinctes  les  unes 
des  autres  ;  elles  peuvent  être  réunies  et  soudées 
entre  elles. 

5°  Etamines  non  (  libres  et  distinctes, 
soudées  au  pistil.       |  réunies  entre  elles. 

Les  étamines  libres  et  distinctes  sont  égales  ou 
inégales  entre  elles. 

Celles  qui  sont  libres  et  égales  sont  en  nombre 
déterminé  ou  indéterminé. 

6°  Etamines  libres    (  nombre  déterminé. 


et  égales  en  :  (  nombre  indéterminé. 

C'est  par  des  considérations  de    cette  nature  que 
Linnœus  est  parvenu  à  former  les  bases  de  son  sys^ 


*  SYSTÈME    DE    LWNyEUS.  429 

tème.  On  voit  d'après  cela  qu'il  est  fondé,  i°  sur 
le  nombre  des  étamines  (les  treize  premières  classes); 
i°  sur  leur  proportion  respective  (quatorzième  et 
quinzième);  3°  sur  leur  réunion  parles  filets  (sei- 
zième ,  dix-septième  et  dix-huitième);  4°  sur  leur 
soudure  par  les  anthères  (dix-neuvième)  ;  5°  sur  leur 
soudure  avec  le  pistil  (vingtième)  ;  6°  sur  la  sépara- 
tion des  sexes  (vingt-unième  ,  vingt-deuxième,  vingt- 
troisième);  70  enfin  sur  l'absence  des  organes  sexuels 
(la  vingt-quatrième  et  dernière). 

Nous  allons  successivement  étudier  les  caractères 
de  ces  différentes  classes,  qui  chacune  ont  reçu  des 
noms  particuliers. 

i  °  E famines  en  nombre  déterminé  et  égales  entre 
elles. 

ire.  Classe.  Monandrie.  Elle  renferme  toutes  les 
plantes  dont  les  fleurs  n'ont  qu'une  seule  étamine: 
YHippuris  vulgaris,  leBlitnm,  le  Canna  indica,  etc. 

2e. 'Classe.  Diandrie.  Deux  étamines  :  le  jasmin, 
le  Hlas ,  les  véroniques,  la  sauge,  le  romarin,  etc. 

3e.  Classe.  Triandrte.  Trois  étamines  <  la  plupart 
des  Graminées,  les  iris,  etc. 

4e.  Classe,  Tetrandrie.  Quatre  étamines:  la  ga- 
rance, le  caille-lait,  les  aspérules ,  les  scabieuses ,  etc. 

5e.  Classe.  Pentandrie.  Cinq  étamines  :  Les  Bor- 
raginées  ,  telles  que  la  bourrache,  la  pulmonaire;  les 
Solanées,  telles  que  la  douce-amère,  la  belladone,  la 
pomme  de  terre,  l'alkékenge,  etc.;  les  Rubiacées 
exotiques,  tels  que  les  Cinchona,  les  Psj'chofria,  etc.-, 


/j3o  TAXONOM1E. 

les  ombellifères,  tels  que  le  panais,  la  ciguë,  l'opo- 
ponax,  la  coriandre,  etc. 

6e.  Classe.  Hexa.ndrie.  Six  étamines:  Telles  sont 
la  plupart  des  Liliacées,  le  lis,  la  tulipe,  la  jacinthe; 
beaucoup  dWsparaginées,  comme  l'Asperge,  le  mu- 
guet, etc. ;  le  riz. 

7e.  Classe.  Heptandrie.  Sept  étamines.  Cette 
classe  est  très-peu  nombreuse:  on  y  trouve  le  mar- 
ronnier d'Inde,  le  Saururus ,  etc. 

8e.  Classe.  Octandrie.  Huit  étamines:  les  Rumex, 
les  Polygonum,  les  bruyères. 

ne.  Classe.  Enféaivdrie.  Neuf  étamines.  A  cette 
classe  se  rapportent  les  différentes  espèces  de  lauriers, 
de  rhubarbes;  le  Butomus  umbellatus ,  etc. 

10e.  Classe.  Décandrie.  Dix  étamirîes.  Nous  trou- 
vons ici  presque  toutes  les  Caryophyllées,  telles  que 
l'œillet,  les  Ljchnîs ,  les  Silène;  la  rue,  le  Plijrto- 
lacca  decandra ,  etc. 

i°.  Etamines  en  nombre  non  rigoureusement 
déterminé. 

11e.  Classe.  DoDÉciNDRiE.  De  onze  à  vingt  éta- 
mines. Exemples  :  X Asarum  europœum ,  le  réséda , 
l'aigremoine,  le  Sempervivum  teclorum,  etc. 

12e.  Classe.  Icosandrie.  Plus  de  vingt  étamines 
insérées  sur  le  calice.  Ici  se  rapportent  toutes  les 
vraies  Rosacées;  le  prunier,  l'amandier,  le  rosier,  le 
fraisier,  etc.;  les  myrtes,  les  grenadiers,  etc. 

i3e.  Classe.  Polyandrie.  De  vingt  à  cent  étami- 


SYSTÈME    DE    LINNjEUS.  4^1 

nés,  insérées  sous  l'ovaire.  Dans  cette  classe  sont 
réunies  les  véritables  Renonculacées,  telles  que  les 
anémones,  les  clématites,  les  renoncules,  les  hellé- 
bores,  etc.;  la  plupart  des  Papavéracées,  tels  que 
le  coquelicot,  le  pavot,  la  chélidoine,  etc. 

3°.  Proportion  des  étamines  entre  elles. 

i4e.  Classe.  Didynamie.  Quatre  étamines,  dont 
deux  constamment  plus  petites,  et  deux  plus  longues, 
toutes  insérées  sur  une  corolle  monopétale  irrégulière. 
Cette  classe  renferme  les  Labiées  et  les  Personnées 
de  Tournefort;  telles  sont  le  thym,  la  lavande,  la 
bugle,  la  bétoine,  les  Antirrhinum ,  la  digitale,  la 
scrophulaire,  le  catalpa,  etc. 

i5e.  Classe.  Tétradynamie.  Six  étamines,  dont 
deux  constamment  plus  petites  que  les  quatre  autres. 
Corolle  polypétale  ;  fruit,  une  silique  ou  une  silicule. 
Cette  classe  correspond  parfaitement  aux  Crucifères 
de  Tournefort. 

4°.  Soudure  des  étamines  par  leurs  Jilets. 

16e.  Classe.  Monadelphie.  Etamines  eji  nombre 
variable,  réunies  et  soudées  ensemble  en  seul  corps 
par  leurs  filets.  Exemple:  la  mauve,  la  guimauve,  etc. 

17e.  Classe.  Diadelphie.  Etamines  en  nombre 
variable,  soudées  par  leurs  filets  en  deux  corps  dis- 
tincts. Tels  sont  la  fumeterre,  le  polygala,  et  la  plu- 
part des  Légumineuses,  comme  l'acacia,  le  cytise T 
la  réglisse ,  le  mélilot ,  etc. 

18e.  Classe.  Polyadelphie.  Etamines  réunies  par 


43'2  TAXONOMIE. 

leurs  filets  en  trois  ou  un  plus  grand  nombre  de  fais- 
ceaux. Par  exemple,  les  Hypcricutn ,  l'oranger,  les 
Melaleuca,  etc.,  etc. 


• 


5°.  Soudure  des  ètainj.nes  réunies  par  les  anthères. 

iqe.  Classe.  Syngénésie.  Cinq  étamines  réunies 
et  soudées  par  les  anthères;  fleurs  ordinairement 
composées,  rarement  simples.  Cette  classe  renferme 
îesFlosculeuses,  les  Sémi-flosculeuses  et  les  Radiées 
de  Tournefort;  elle  contient  aussi  certaines  autres 
plantes,  telles  que  les  Lobelia,  les  violettes,  etc. 

6°.  Soudure  du  pistil  et  des  étamines. 

20e.  Glasse.  Gynandrie.  Étamines  soudées  en  un 
seul  corps  avec  le  pistil;  telles  sont  toutes  les  Orchi- 
dées, l'aristoloche,  etc. 

n°.  Fleurs  uni  sexuées. 

21e.  Classe.  Mofoecie.  Fleurs  mâles  et  fleurs  fe- 
melles distinctes,  mais  réunies  sur  le  même  individu. 
Exemple:  le  chêne,  le  buis,  le  maïs,  la  sagittaire,  le 
ricin ,  etc. 

22e.  Classe.  Dioecie.  Fleurs  mâles  et  fleurs  fe- 
melles existant  sur  deux  individus  séparés:  la  mer- 
curiale, le  dattier,  le  gui,  les  saules,  le  pista- 
chier, etc. 

23e.  Classe.  Polygamie.  Fleurs  hermaphrodites, 
fleurs  mâles  et  fleurs  femelles  réunies  sur  un  même 
individu  ou  sur  des  pieds  différens.  Par  exemple  : 


SYSTÈME    DE    ZJNI^EES.  4^3 

le   frêne,  la  pariétaire,  la  croisette,    le  micoucou- 
lier,  etc. 

8°  Fleurs  invisibles. 

i[f  Classe.  Oi yptog amie.  Plantes  dont  les  fleurs 
sont  invisibles  ou  très*  peu  distinctes.  Cette  classe 
renferme  les  Fougères ,  telles  que  le  polypode , 
l'osmonde,  etc.,  les  Mousses,  les  Lichens,  les  Prêles, 
les  Algues,  les  Champignons,  etc.,  etc. 

INous  venons  d'exposer  en  peu  de  mots  les  carac- 
tères propres  à  chacune  des  vingt-quatre  classes  éta- 
blies par  Linnaeus  dans  le  règne  végétal.  On  voit  que 
la  marche  de  ce  système  est  simple  et  facile  à  suivre. 
En  effet,  il  semble  au  premier  abord  qu'il  ne  faille 
que  savoir  compter  le  nombre  des  étamines  d'une 
fleur,  pour  connaître  à  quelle  classe  elle  appartient. 
Mais  cependant  nous  ferons  remarquer  que, dans  plu- 
sieurs cas,  cette  détermination  n'est  point  aussi  aisée 
qu'on  le  suppose  d'abord ,  et  que  fort  souvent  on 
reste  dans  le  doute,  surtout  lorsque  la  plante  pré- 
sente quelque  anomalie  insolite. 

Occupons-nous  maintenant  de  faire  connaître  les 
considérations  d'après  lesquelles  ont  été  établis  les 
ordres  particuliers  à  chaque  classe. 

Dans  les  treize  premières  classes,  dont  les  carac- 
tères sont  tirés  du  nombre  des  étamines,  ceux  des 
ordres  ont  été  puisés  dans  le  nombre  des  styles  ou  des 
stigmates  distincts.  Ainsi  une  plante  de  la  Pentandric, 
telle  que  le  panais  ou  tout  autre  Ombellifère  qui 
aura  deux  styles  ou  deux  stigmates  distincts  sera  du 

28 


434  TAXONOMIE. 

second  ordre.  Elle  serait  du  troisième  ordre,  si  elle 
en  présentait  trois,  etc.  Voyons  les  noms  qui  ont  été 
donnés  à  ces  différens  ordres  : 

Ier  ordre.  Monogynie ,  un  seul  style. 

2e  ordre.  Digynie,  deux  styles. 

3e  ordre.  T/ïgynie,  trois  styles. 

4e  ordre.  Tètragynie ,  quatre  styles. 

5e  ordre.  Pentagynie,  cinq  styles. 

6e  ordre.  Hexagjnie ,  six  styles. 

7«  ordre.  Heptagynie ,  sept  styles. 

8e  ordre.  Décagynie,  dix  styles. 

oe  ordre.  Polygynie ,  un  grand  nombre  de  styles. 

Remarquons  qu'il  y  a  des  classes  dans  lesquelles 
on  n'observe  point  cette  série  tout  entière  d'ordres. 
Dans  la  Monandrie,  par  exemple,  on  ne  trouve  que 
deux  ordres,  la  Monogynie ,  comme  daws  Y  Hippwïs , 
et  la  Digynie,  comme*  dans  le  Blitum. 

Dans  la  ïétrandrie,  il  y  a  trois  ordres,  savoir  :  la 
Monogynie ,  la  Digynie  et  la  Tétragynie.  Il  y  en  a 
six  dans  la  Pentandrie,  etc.,  etc. 

Dans  la  quatorzième  classe,  ou  la  Didynamie, 
Linnœus  a  fondé  les  caractères  des  deux  ordres  qu'il 
y  a  établis  d'après  la  structure  de  l'ovaire.  En  effet, 
le  fruit  est  tantôt  formé  de  quatre  petits  akènes  situés 
au  fond  du  calice,  et  qu'il  regardait  comme  quatre 
graines  nues;  tantôt,  au  contraire,  c'est  une  capsule 
qui  renferme  un  nombre  plus  ou  moins  considérable 
de  graines.  Le  premier  de  ces  ordres  porte  le  nom 


SYSTÈME    DE    LINNjEUS.  Z|35 

de  Gymnospermie  (  graines  nues  )  ;  il  contient  toutes 
les  véritables  Labiées,  telles  que  le  Marrube  ,  les 
Phlomis ,  les  IVepeta,  le  Scutellaria ,  etc. 

Le  second  ordre ,  que  l'on  appelle  Angiospermie 
(graines  enveloppées),  et  qui  a  pour  caractère  d'avoir 
un  fruit  capsulaire,  réunit  toutes  les  Personnées.de 
Tournefort ,  telles  que  les  Rhinanthus ,  les  Linaires , 
les  Melampyrum,  les  Orobanches ,  etc. 

La  Tétradynamie ,  ou  la  quinzième  elasse,  offre 
également  deux  ordres,  tirés  de  la  forme  du  fruit, 
qui  est  une  silique  ou  une  silicule.  De  là  on  distingue 
la  Tétradynamie  en  siliculeuse ,  ou  celle  qui  renferme 
les  plantes  dont  le  fruit  est  une  silicule,  telles  que  le 
pastel,  le  cocbléaria,  le  thlaspi,  etc.,  et  en  sili'qiteuse, 
c'est-à-dire  celle  dans  laquelle  sont  rangés  les  végé- 
taux ayant  une  silique  pour  fruit ,  comme  la  giroflée , 
le  choux,  les  cressons,  etc. 

Les  seizième,  dix-septième  et  dix-huitième  classes, 
c'est-à-dire  la  Monadelphie,  la  Diadelphie  et  la 
Polyadelphie,  ont  été  établies,  d'après  la  réunion  des 
filets  staminaux ,  en  un,  deux,  ou  un  plus  grand 
nombre  de  faisceaux  distincts,  abstraction  faite  du 
nombre  des  étamines  qui  les  composent.  Linnœus  a , 
dans  ce  cas,  employé  les  caractères  tirés  du  nombre 
des  étamines  pour  former  les  ordres  de  ces  trois 
classes.  Ainsi  on  dit  des  plantes  Monadelphes  qu'elles 
sont  triandres,  tétrandres ,  pentandres,  décandres, 
polyandres,  suivant  qu'elles  renferment  trois,  quatre, 
cinq,  dix  ou  un  grand  nombre  d'étamines  soudées 
et  réunies  par  leurs  filets  en  un  seul  corps.  Il  en  est 


4^6  TAXONOM1E. 

de  même  dans  la  diadelphie  et  la  polyadelphie,  c'est- 
à-dire  que  le  nom  des  ordres  est  le  même  que  celui 
des  premières  classes  du  système. 

La  Syngénésie,  ou  la  dix -neuvième  classe  du 
système  sexuel,  est  une  de  celles  qui  renferment  le 
plus  grand  nombre  d'espèces.  En  effet,  les  Synan- 
thérées  forment  à  peu  près  la  douzième  partie  de 
tous  les  végétaux  connus.  Il  était  donc  très-important 
d'y  multiplier  les  ordres,  afin  de  faciliter  la  recherche 
des  différentes  espèces.  C'est  ce  que  Linnœus  a  taché 
de  faire  en  partageant  cette  classe  en  six  ordres. 
Mais  ici,  comme  le  nombre  presque  constant  des 
étamines  est  cinq,  ce  nombre  n'a  pu  offrir  assez  de 
caractères  pour  devenir  la  base  de  ces  divisions  ; 
Linnœus  Ta  prise  dans  la  structure  même  de  chacune 
des  petites  fleurs  qui  constituent  les  assemblages 
connus  sous  le  nom  de  fleurs  composées.  En  effet, 
par  suite  d'avortemens  constans,  on  trouve  avec  les 
fleurs  hermaphrodites  des  fleurs  mâles  et  des  fleurs 
femelles,  souvent  même  des  fleurs  entièrement  neu- 
tres. Linnseus ,  dont  le  génie  poétique  se  faisait 
remarquer  dans  tous  les  noms  qu'il  donnait  aux  dif- 
férentes classes  et  aux  différens  ordres  de  son  sys- 
tème, voyait  dans  ces  réunions  et  ces  mélanges  de 
fleurs  une  sorte  de  polygamie.  Aussi  est-ce  le  nom 
qu'il  a  donné  à  chacun  des  six  ordres  de  la  syngé- 
nésie  ,  en  leur  ajoutant  à  chacun  une  épithète  parti- 
culière. Voici  leurs  caractères  : 

Ier  Ordre.  Polygamie  égale.  Toutes  les  fleurs 
sont  hermaphrodites,  et  par  conséquent  toutes  éga- 


SYSTÈME    DE    LINJT.EUS.  l\Z"j 

Iement  fécondes,  comme  on  le  voit  dans  les  chardons, 
les  salsifis,  etc. 

2e  Ordre.  Polygamie  superflue.  Les  fleurs  du 
disqua  sont  hermaphrodites;  celles  de  la  circonfé- 
rence sont  femelles;  mais  les  unes  et  les  autres  don- 
nent de  honnes  graines.  Par  exemple ,  l'armoise  , 
l'absinthe. 

3e  Ordre.  Polygamie  frustranèe.  Les  fleurs  du 
disque  sont  hermaphrodites  et  fécondes;  celles  de  la 
circonférence  sont  neutres  ou  femelles,  mais  stériles 
par  l'imperfection  de  leur  stigmate  :  elles  sont  donc 
tout-à- fait  inutiles;  dans  l'ordre  précédent  elles  étaient 
seulement  superflues.  Exemple  :  les  centaurées,  les 
Helianthus,  etc. 

4e  Ordre.  Polygamie  nécessaire  Les  fleurs  du 
disque  sont  hermaphrodites,  mais  stériles  par  un 
vice  de  conformation  du  stigmate;  celles  de  la  cir- 
conférence sont  femelles,  et  fécondées  par  le  pollen 
des  premières  :  dans  ce  cas  elles  sont  donc  nécessaires 
pour  la  conservation  de  l'espèce,  comme  dans  le 
souci,  etc. 

5e  Ordre.  Polygamie  séparée.  Toutes  les  fleurs 
sont  hermaphrodites,  rapprochées  les  unes  des  autres , 
mais  cependant  contenues  chacune  dans  un  petit  in- 
volucre  particulier,  comme  dans  V'Echinops. 

6e  Ordre.  Polygamie  monogamie.  Les  fleurs  sont 
toutes  hermaphrodites;  mais  elles  sont  simples  *et 
isolées  les  unes  des  autres,  comme  dans  la  violette, 
les  Lobelia,  la  balsamine,  etc. 

Ce  dernier  ordre,  comme  il  est  facile  de  le  voir, 


438  TAXONOMFE. 

n'a  aucune  affinité  avec  les  précédens.  Il  n'a  de  com- 
mun avec  eux  que  la  réunion  des  étaminës  par  les 
anthères. 

Dans  la  Gynandrie,  ou  la  vingtième  classe  du  sys- 
tème sexuel,  il  y  a  quatre  ordres  qui  sont  tirés  du 
nombre  des  étaminës.  Ainsi  on  dit  :  Gynandrie-mo- 
nandrie,  comme  dans  Y Orchïs,  YOphrjs;  Gynandrie- 
diandrie,  comme  dans  le  Cypripedium ;  Gynandrie- 
hexandrie,  comme  dans  l'aristoloche,  etc. 

La  Monœcie  et  la  Diœcie  présentent  en  quelque 
sorte  réunies  toutes  les  modifications  que  nous  avons 
remarquées  dans  les  autres  classes.  Ainsi  la  Monœcie 
renferme  des  plantes  monandres,  triandres,  décan- 
dres,  polyandres,  monadelphes  et  gynandres.  Cha- 
cune de  ces  variétés  sert  à  établir  autant  d'ordres 
distincts  dans  cette  classe. 

La  Diœcie  en  renferme  encore  un  plus  grand 
nombre  de  variétés,  qui  toutes,  se  rapportant  déjà  à 
quelqu'une  des  classes  précédemment  établies,  sont 
employées  comme  caractères  d'ordres. 

La  vingt -troisième  classe  ou  la  Polygamie,  qui 
contient  les  plantes  à  fleurs  hermaphrodites  et  à  fleurs 
unisexuées  mélangées,  soit  sur  le  même  individu, 
soit  sur  deux  ou  trois  individus  distincts,  a  été  pour 
cette  raison  divisée  en  trois  ordres  :  i°  la  Monœcie, 
dans  laquelle  le  même  individu-porte  des  fleurs  mo- 
noclines  et  des  fleurs  diclines;  2°  la  Diœcie,  dans 
laquelle  on  trouve  sur  un  individu  des  fleurs  herma- 
phrodites, et  sur  l'autre  des  fleurs  unisexuées;  3°  en- 
fin la  Triœcie,  dans  laquelle  l'espèce  se  compose  de 


SYSTÈME    DE    LINN./EUS.  {\3c) 

trois  individus;  un  portant  des  fleurs  hermaphro- 
dites; un  second  des  fleurs  maies,  et  le  troisième 
des  fleurs  femelles. 

La  Cryptogamie,  qui  forme  la  vingt-quatrième  et 
dernière  classe,  est  partagée  en  quatre  ordres  :  i°  les 
Fougères;  i°  les  Mousses;  3°  les  Algues;  4°  les 
Champignons.  Nous  en  exposerons  bientôt  les  ca- 
ractères avec  détail. 

Après  avoir  fait  connaître  les  bases  du  système 
sexuel ,  nous  avons  donné  une  esquisse  des  vingt- 
quatre  classes  et  des  ordres  nombreux  qui  s'y  rap- 
portent, tels  qu'ils  ont  été  établis  par  Linnaeus. 
Lorsque  l'on  étudie  ce  système,  on  est  frappé  de  son 
extrême  simplicité  et  de  la  facilité  avec  laquelle  on 
arrive  avec  lui  à  la  connaissance  du  nom  d'une  plante. 
Les  classes,  en  effet,  sont,  pour  la  plupart,  nettement 
tranchées  et  définies,  surtout  dans  celles  où.  les  éta- 
mines  sont  en  nombre  déterminé.  Non-seulement  ce 
système  contient  toutes  les  plantes  déjà  connues, 
mais  il  peut  encore  comprendre  toutes  celles  que 
l'on  pourrait  découvrir;  aussi  a-t-il  été  universelle- 
ment adopté  à  l'époque  où  il  a  paru. 

Mais  il  faut  avouer  cependant  qu'il  présente  plus 
d'un  inconvénient  grave.  En  effet,  il  n'est  pas  tou- 
jours aisé  de  déterminer  si  une  plante  appartient 
positivement  à  certaines  classes.  Ainsi,  par  exemple, 
la  rue  (Ruta  graveolens)  a  presque  toutes  ses  fleurs 
munies  de  huit  étamines;  une  seule  au  centre  de 
chaque  assemblage  de  fleurs  en  présente  dix.  L'élève, 
dans  ce  cas,  éprouverait  quelque  embarras  et  serait 


44°  TA.XONOMIE. 

tenté  de  placer  cette  plante  dans  la  huitième  classe 
du  système,  c'est-à-dire  dans  "Octandrie.  Cependant 
Linnœus  la  range  dans  la  D'  andrie,  parce  qu'il  re- 
garde la  fleur  à  dix  étammes  comme  étant  la  plus 
parfaite. 

La  Dodécandrie  n'est  pas  non  plus  caractérisée 
assez  rigoureusement.  On  y  place  toutes  les  plantes 
qui  ont  de  douze  à  vingt  étamines.  Mais  l'aigremoine, 
que  l'on  y  range,  a  souvent  plus  de  vingt  étamines. 

Certaines  Labiées  ou  Personnées  qui  appartiennent 
à  la  didynamie  ont  leurs  quatre  étamines  égales  entre 
elles,  et  souvent  l'irrégularité  de  la  corolle  est  à 
peine  sensible. 

Les  ordres  de  la  Syngénésie  sont  très-souvent  d'une 
difficulté  rebutante  pour  pouvoir  être  reconnus  avec 
certitude.  D'ailleurs  le  mélange  des  fleurs  mâles,  des 
fleurs  femelles  et  des  fleurs  hermaphrodites  en  re- 
jette plusieurs  dans  la  diœcie  et  la  polygamie. 

Le  sixième  de  ces  ordres,  la  polygamie  monoga- 
mie, rapproche  des  Composées  des  plantes  qui  n'ont 
aucune  analogie  avec  elles,  telles  que  les  violettes, 
la  Lobe/ia,  les  balsamines,  etc. 

La  vingt-troisième  classe,  c'est-à-dire  la  polyga- 
mie, est  un  mélange  confus  de  plantes  qui  appar- 
tiennent presque  toutes  aux  différentes  autres  classes. 
Si  maintenant  nous  examinons  les  plantes  rassem- 
blées dans  chacune  de  ces  classes,  nous  verrons  que 
le  plus  souvent  les  affinités  naturelles  et  reconnues 
depuis  si  long -temps  ont  été  entièrement  rompues. 
Ainsi  une  des  familles  les  plus  naturelles,  les  Gra- 


SYSTÈME    DE    LIWÏŒUS.  44 * 

minées,  se  trouve  dispersée  dans  la  Monandrie,  la 
Diandrie,  la  Trîandrie,  l'Hexandrie,  la  Monœcie, 
la  Diœcie  et  la  Polygamie.  Les  Labiées  sont  en  partie 
dans  la  Diandrie,  en  partie  dans  la  Didynamie.  Il 
en  est  de  même  d'un  grand  nombre  de  familles  tout 
aussi  naturelles.  Mais  comme  la  classification  établie 
par  Linnœus  est  un  système,  c'est-à-dire  un  arran- 
gement méthodique,  mais  purement  artificiel,  des- 
tiné seulement  à  faire  arriver  avec  facilité  au  nom 
d'une  plante  que  l'on  désire  connaître,  on  ne  saurait 
lui  faire  un  reproche  fondé  d'avoir  ainsi  éloigné  les 
unes  des  autres  les  plantes  qui  avaient  entre  elles 
beaucoup  de  rapports  et  d'affinité.  Ce  n'est  donc  pas 
ce  système  qu'il  faut  étudier  lorsque  l'on  désire 
connaître  les  rapports  naturels  des  différens  végé- 
taux entre  eux,  tandis  que  parmi  tous  les  systèmes 
artificiels  il  mérite  sans  contredit  la  préférence  pour 
arriver  aisément  au  nom  d'une  plante. 

Désirant  faire  disparaître  de  cet  ingénieux  système 
une  partie  des  inconvéniens  que  nous  avons  signalés, 
et  rendre  son  application  plus  facile  dans  certains 
points,  feu  mon  père  y  a  fait  quelques  modifications 
importantes  que  nous  allons  faire  connaître.  C'est 
d'après  le  système  de  Linnœus  modifié  que  sont 
rangées  les  plantes  du  jardin  de  la  faculté  de  médecine 
de  Paris. 

SYSTÈME  SEXUEL  MODIFIA. 

Les  dix  premières  classes  sont  conservées  sans 
auctîn  changement  : 


l\[\1  TAXONOM1E. 

La  i  Ie  classe  ou  la  Polyandrie  est  ainsi  carac- 
térisée :  plus  de  dix  étamines  insérées  sous  le  pistil 
simple  ou  multiple,  c'est-à-dire  dont  l'insertion  est 
hypogynique.  Cette  classe,  qui  remplace  la  Dodé- 
candrie,  correspond  parfaitement  à  la  Polyandrie  de 
Linnœus. 

La  12e  classe  est  la  Calycandrie,  ainsi  carac- 
térisée: plus  de  dix  étamines  insérées  sur  le  calice, 
l'ovaire  étant  libre  ou  pariétal  ;  insertion  périgynique. 
Cette  classe  correspond  en  partie  à  la  Dodécandrie, 
en  partie  à  l'Icosandrie.On  y  trouve  toutes  les  vraies 
Rosacées. 

La  i3e  classe  est  I'Hystérandrie.  Elle  a  pour 
caractère  d'avoir  plus  de  dix  étamines  insérées  sur 
l'ovaire  tout-à-fait  infère,  par  conséquent  à  insertion 
épigynique.  Cette  classe  correspond  à  une  partie  de 
l'Icosandrie.  Elle  renferme  les  myrtes,  les  Punica, 
Philadelphus ,  Psidium,  etc. 

Ces  trois  classes  ainsi  caractérisées  sont  beau- 
coup plus  précises,  et  conservent  mieux  en  même 
temps  les  rapports  naturels  que  celles  primitive- 
ment adoptées  par  Linnœus,  dont  les  caractères,  pris 
dans  le  nombre  des  étamines,  pouvaient,  dans  beau- 
coup de  circonstances ,  induire  l'élève  en  erreur. 

La  i4e  classe  est  la  Didynamie,  dont  les  ordres  dé- 
signés par  Linnœus  sous  les  noms  de  Gymnosper- 
mie  (graines  fines)  et  d'Angiospermîe  (graines  en- 
veloppées^, donnaient  une  idée  fausse  (puisqu'il 
n'existe  pas  de  graines  nues);  ils  ont  été  remplacés 
par  les  suivans  : 


SYSTÈME    DE    LINN^EUS.  f[l\?> 

i°  Tomogynie  (ovaire  fendu  et  partagé).  Ovaire 
profondément  partagé  en  lobes  distincts;  style  nais- 
sant d'un  enfoncement  central  de  l'ovaire;  fruit  mur, 
tètrakene.  Cet  ordre  renferme  toutes  les  labiées. 

'2°  A  tomogynie  (  ovaire  indivis).  Fruit  capsulaire, 
polysperme.  Dans  cette  classe  sont  les  Antirrhinées, 
les  Bignoniacées,  etc. 

19e  Classe.  Synanthérie  ,  remplaçant  la  Syn- 
génésie,  ainsi  caractérisée  :  étamines  réunies  par  les 
anthères  seulement,  de  manière  à  former  une  espèce 
de  petit  tube;  ovaire  monosperme. 

D'après  ce  caractère,  on  voit  que  cette  classe  ne 
doit  renfermer  que  les  véritables  plantes  à  flei*rs  dites 
composées,  c'est-à-dire  les  Flosculeuses,  les  Sémi- 
flosculemes  et  les  Radiées  de  Tourneforl. 

Les  ordres  de  la  Syngénésie  de  Linnœus  étant  ti- 
rés de  caractères  trop  minutieux,  très-difficiles  «à 
reconnaître,  et  souvent  variables  dans  le  même  genre, 
ont  été  changés  en  ceux  qui  suivent,  très-faciles  à 
distinguer: 

Ier  Ordre.  Carduacèes  :  capitule  composé  de  fleu- 
rons indifféremment  hermaphrodites,  mâles  ou  fe- 
melles; phoranthe  garni  desoies  très-nombreuses, 
style  offrant  un  léger  renflement  au  dessous  du 
stigmate;  connectif  se  continuant  quelquefois  au- 
dessus  des  anthères  pour  former  un  tube  à  cinq  dents; 
tels  sont  les  chardons,  les  centaurées,  etc. 

ic  Ordre.  Corymbifères  :  capitule  llosculeux  ou 
radié  ;  phorante  nu  ou  garni  de  paillettes  dont  cha- 
cune accompagne  une  fleur.  (Dans  Tordre  précédent. 


444  TAXOKOMIE. 

eljes  étaient  plusieurs  à  la  base  de  chaque  fleur.  ) 
Exemple:  le  tussilage,  les  Gnaphalium,  les  Erige- 
rony  etc. 

3e  Ordre.  Chicoracèes  :  capitule  composé  de  demi- 
fleurons.  Ex  :  la  laitue,  la  chicorée,  la  scorzonère,  etc. 

20e  Classe.  Symphysandrie.  Cette  classe  est  for- 
mée du  sixième  ordre  de  la  Syngénésie  de  Linnœus» 
la  Polygamie-monogamie:  elle  a  pour  caractères: 
des  étamines  souciées  ensemble  par  leurs  anthères, 
quelquefois  même  aussi  parleurs  filets,,  un  ovaire 
pluriloculaire,  des  fleurs  simples;  par  exemple,  les 
Lobéliacées,  les  Violettes. 

La  Gynandrie,  la  Monœcie  et  la  Diœcie  sont  con- 
servées sans  changemens. 

24e  Classe.  Anomaloecie.  Fleurs  hermaphrodites 
ou  fleurs  unisexuées  sur  le  même  ou» sur  des  indivi- 
dus différens.  Cette  classe  correspond  à  la  Polygamie 
de  Linnœus. 

a5e  Classe.  Agamie. Végétaux  dépourvus  d'organes 
sexuels  et  se  reproduisant  au  moyen  de  petits  cor- 
puscules particuliers,  analogues  aux  bulbilles  de  cer- 
taines plantes  et  qu'on  nomme  sporules. 

Tels  sont  les  changemens  que  mon  père  a  cru 
convenable  de  faire  au  système  sexuel  de  Linnœus, 
afin  d'en  faire  disparaître,  autant  que  possible,  les 
points  qui  pouvaient  présenter  des  difficultés  dans 
sen  emploi. 


INSERT  FOLDOUT  HERE 


SYSTEME    DE    LÏNNAUS. 


445 


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446  TAXONOMIK. 

MÉTHODE   DE   M.    DE  JUSSIEU, 

ou 
DES  FAMILLES  NATURELLES. 

La  méthode  des  familles  naturelles  diffère  essen- 
tiellement ,  dans  sa  marche  et  ses  caractères ,  des 
deux  systèmes  de  Tournefort  et  de  Linnaeus ,  dont 
nous  venons  de  donner  l'explication.  Dans  cette  mé- 
thode, en  effet,  les  classes  ne  sont  point  fondées 
d'après  la  considération  d'un  seul  organe,  mais  les 
caractères  offerts  par  toutes  les  parties  des  végétaux 
concourent  à  les  former.  Aussi  les  plantes  qui  se 
trouvent  ainsi  rapprochées  sont -elles  disposées  de 
manière  qu'elles  ont  avec  celle  qui  les  précède  ou  les 
suit  immédiatement  plus  de  rapport  et  de  ressem- 
blance qu'avec  aucune  autre. 

Cette  classification  est  donc  bien  supérieure  et 
préférable  à  toutes  celles  qui  l'ont  précédée,  par  les 
idées  générales  et  philosophiques  d'ensemble  et 
d'harmonie  qu'elle  nous  donne  sur  toutes  les  produc- 
tions du  règne  végétal.  En  effet,  elle  ne  considère 
plus  les  êtres  isolément,  mais  elle  les  réunit  et  les 
coordonne  en  groupes  ou  familles,  d'après  le  plus 
grand  nombre  de  leurs  caractères  communs. 

La  nature,  en  imprimant  sur  la  physionomie  de 
certains  végétaux  un  caractère  particulier  en  rap- 
port avec  leur  organisation  intérieure  ,  semble  avoir 


MÉTHODE    DE    JUSSIEtJ.  447 

voulu  éclairer,  aider  le  botaniste  dans  la  recherche 
des  affinités  qui  existent  entre  toutes  les  productions 
végétales.  En  effet ,  il  y  a  un  grand  nombre  de  plantes 
qui  ont  entre  elles  tant  de  ressemblance  dans  la 
structure  et  la  conformation  de  toutes  leurs  parties, 
que  de  tout  temps  cette  analogie  a  été  aperçue,  et 
que  l'on  a  regardé  ces  différens  végétaux  comme 
"faisant  en  quelque  sorte  partie  d'une  même  famille. 
Ainsi  les  Graminées,  les  Labiées  ,  les  Crucifères,  les 
Synanthérées  ont  toujours  été  réunies,  quand  on  n'a 
pas  sacrifié  les  caractères  d'analogie  et  de  ressem- 
blance aux  bases  d'un  système  artificiel. 

Lors  donc  que  l'on  s'occupa  de  réunir  et  de  ras- 
sembler tous  les  végétaux  en  familles,  c'est-à-dire 
en  groupes  ou  séries  de  genres  se  ressemblant  par 
le  plus  grand  nombre  de  caractères,  on  n'eut  qu'à 
imiter  la  nature,  qui  avait  en  quelque  sorte  créé, 
comme  pour  servir  de  modèles,  des  types  de  familles 
essentiellement  naturelles.  Ainsi  les  Légumineuses , 
les  Crucifères,  les  Graminées,  les  Ombeliifères,  les 
Labiées,  etc.,  vinrent  d'elles-mêmes  se  montrer  au 
botaniste  comme  autant  d'exemples  dont  il  devait 
tacher  de  se  rapprocher. 

Mais  tous  les  végétaux  n'ayant  point ,  comme 
ceux  que  nous  venons  de  nommer,  des  caractères 
extérieurs  assez  nets  ni  assez  tranchés  pour  faire 
connaître  à  l'instant  leur  analogie  avec  certains  au- 
tres, on  eut  recours  à  l'analyse  ,  et  l'on  chercha  dans 
tous  leurs  organes  des  modifications  qui  puissent 
servir  de  caractères. 


44^  TAXONOMIE. 

C'est  dans  le  Gênera  plantarum  de  M.  de  Jussieu  , 
véritable  inventeur  de  la  méthode  des  familles  natu- 
relles ,  qu'il  faut  étudier  les  principes  de  cette  mé- 
thode, dont  il  est  impossible  de  faire  saisir  l'esprit 
dans  un  exposé  aussi  succinct  que  celui  que  nous 
sommes  forcés  d'en  donner. 

Nous  allons  seulement  tacher  de  faire  connaître 
la  manière  dont  les  caractères  ont  été  envisagés  par 
cet  auteur,  et  les  principes  sur  lesquels  reposent  les 
bases  de  cette  admirable  classification. 

Les  caractères  doivent  être  considérés  quant  à  leur 
valeur,  quant  à  leur  nombre  ,  quant  à  leur  affinité. 

Sous  le  rapport  de  la  valeur  des  caractères,  on 
conçoit  qu'ils  doivent  être  d'autant  plus  fixes  e^plus 
importans,  qu'ils  sont  tirés  des  organes  les  plus  essen- 
tiels des  végétaux.  Or,  nous  savons  que  ceux  qui 
concourent  à  la  reproduction  jouent  le  rôle  le  plus 
impartant  dans  la  vie  végétale;  et  que  parmi  eux 
encore,  l'embryon,  qui  est  en  quelque  sorte  le  but 
commun  vers  lequel  sont  dirigées  toutes  les  fonc- 
tions de  la  plante,  est  celui  que  son  importance  place 
au  premier  degré.  C'est  donc  dans  l'embryon  que 
M.  de  Jussieu  a  cherché  les  premières  bases  de 
ses  divisions.  Les  étamines  et  le  pistil  occu- 
pent le  second  rang,  et  fournissent  des  caractères 
plus  constans  et  plus  précieux  que  les  enveloppes 
florales.  Ces  caractères  ont  d'autant  plus  de  valeur 
qu'ils  sont  tirés,  non  du  nombre  et  de  la  structure 
de  ces  organes,  qui  sont  fort  sujets  à  varier,  mais  de 
leur  position  relative,  qui  est  fixe.  Après  l'embryon, 


MÉTHODE    DE    JUSSIEU.  44g 

la  position  relative  des  organes  sexuels,  ou  leur  in- 
sertion, fournit  les  caractères  les  plus  importans'pour 
la  coordination  des  végétaux.  Enfin  les  tiges,  les 
feuilles  et  les.  racines  ne  peuvent  jamais  être  em- 
ployées que  comme  caractères  accessoires. 

Quant  à  leur  nombre,  les  caractères  se  réunissent, 
se  groupent  et  se  coordonnent;  et  de  l'agrégation 
des  caractères  simples  résultent  les  caractères  géné- 
raux ,  qui  servent  à  réunir  sous  une  dénomination 
commune  un  certain  nombre  de  végétaux. 

Plusieurs  caractères  sont  entre  eux  dans  une  dépen- 
dance réciproque,  et  semblent  inséparables  les  uns  des 
autres.  Ceux  que  l'on  tire  de  la  fleur  et  du  fruit  sont 
principalement  dans  ce  cas.  C'est  ainsi ,  par  exemple , 
que  l'ovaire  infère  nécessite  constamment  un  calice 
Tnonosépale ,  et  une  insertion  épigynique.  La  corolle 
monopétale  indique  presque  constamment  que  les 
étamines  sont  insérées  sur  elle,  et  qu'elles  sont  en 
nombre  déterminé ,  etc. 

D'après  la  valeur  et  l'importance  donr'jsuissenl 
les  différens  caractères ,  il  est  facile  de  prévoir  que 
les  plus  fixes,  les  plus  constans ,  ont  dû  être  employés 
pour  les  divisions  fondamentales  du  règne  végétal. 
Ainsi  l'embryon  a  servi  à  former  dans  les  végétaux 
les  trois  premières  grandes  divisions.  Les  étamines  et 
les  enveloppes  florales  ont  ensuite  été  employées 
pour  subdiviser  les  trois  premières  sections,  établies 
d'après  la  considération  de  l'embryon. 

Cherchons  maintenant  à  faire  connaître  par  quels 
moyens  on  est.  parvenu  à   réunir  les  végétaux  en 

29 


45o  TAXONOMIE. 

familles  ou  groupes  naturels.  Et  commençons  par 
donner  une  idée  des  mots  :  espèce,  variété ,  genre , 
ordre  et  famille. 

Les    plantes   disséminées  sur  la  surface  du  globe 
forment  les  individus  du  règne  végétal  :  quand  on 
les  examine   avec  attention ,  on  ne  tarde  point  à 
s'apercevoir  qu'il  en  existe  un  grand  nombre,  s'of- 
frant  toujours  à  nos  regards  sous  le  même  aspect, 
avec  les  mêmes  caractères  extérieurs  et  intérieurs, 
et  se  reproduisant  constamment  sous  la  même  forme. 
C'est  à  cette  réunion  d'êtres  parfaitement  semblables, 
considérés  abstractivement,  que  l'on  a  donné  le  nom 
d'espèce.  L'espèce  est  donc  l'ensemble  des  individus 
qui  se  reproduisent  constamment  de  la  même  ma- 
nière. Une  graine  provenue  d'une  espèce  quelconque 
reproduit  toujours  un  individu  qui  lui  est  parfaite-** 
ment    semblable.    Les  caractères   sur    lesquels  est 
fondée  la  distinction  des  différentes  espèces  entre 
elles  sont  en  général  tirés  des  organes  de  la  végéta- 
tion ,  «-esL-à-dhe  des  feuilles,  de  la  tige  et  des  racines. 
Les  espèces,  qui  présentent  quelques  différences  sous 
le  rapport  de   la   couleur  de  leurs  fleurs,  du  lieu 
qu'elles  habitent,   de  leur  hauteur  plus  ou  moins 
considérable,  constituent  les  variétés,  qui  se  distin- 
guent des  espèces  proprement  dites,  en  ce  que,  dans 
l'état  de  nature,  elles  ne  se  reproduisent  point  de 
graine  avec  tous   leurs  caractères  (i).   Ainsi,  par 
exemple,  le  lilas  a  habituellement  les  fleurs  d'une 

(i)  Nous  avons  eu   soin  de   mettre  dans  l'état   de   nature  ,    car 
dans  les  plantes  cultivées  plusieurs  variétés  se  conservent  de  graine 


MÉTHODE    DE    JUSSIEU.  4^1 

teinte  violette  tendre;  mais  quelquefois  ses  fleurs 
sont  blanches  ,•  sans  que  pour  cela  aucun  de  ses 
autres  caractères  ait.  changé;  le  lilas  blanc  n'est  donc 
qu'une  variété  de  celui  à  fleurs  violettes.  En  effet,  si 
l'on  sème  des  graines  récoltées  sur  le  lilas  à  fleurs 
blanches,  elles  donneront  naissance  à  des  individus 
dont  les  fleurs  seront  indifféremment  violettes  ou 
blanches;  ce  qui  prouve  que  les  variétés  ne  se  con- 
servent pas  toujours  par  le  moyen  des  graines. 

Le  genre  se  compose  d'un  nombre  plus  ou  moins 
considérable  d'espèces  ,  réunies  par  des  caractères 
communs  tirés  des  organes  de  la  fructification,  mais 
toutes  distinctes  les  unes  des  autres  par  des  caractères 
spécifiques,  particuliers  à  chacune  d'elles,  et  fournis 
par  les  organes  de  la  végétation.  Ainsi  le  genre  Jlna- 
gallis  a  pour  caractères  une  corolle  monopétale  ro- 
tacée,  cinq  étamines,  et  pour  fruit  une  pjxide, 
c'est-à-dire  une  capsule  globuleuse  s'ouvrant  circu- 
lairement  par  une  sorte  d'opercule.  Toutes  les  espèces 
de  ce  genre  devront  offrir  ces  différens  caractères; 
mais  elles  se  distingueront  les  unes  des  autres  par 
la  forme  de  leur  tige  et  de  leurs  feuilles,  etc.  Il  en 
est  de  même  des  autres  genres. 

En  réunissant  ensemble  les  genres  de  la  même 
manière  que  les  espèces,  c'est-à-dire  en  rapprochant 
tous  ceux  qui  ont  des  caractères  communs  et  ana- 
logues, on  forme  simplement  des  ordres  proprement 
dits,  si  l'on  n'a  égard  qu'à  un  seul  caractère,  tel  que 
le  nombre  des  stigmates  ou  de  la  forme  du  fruit ,  etc. , 
et  des  familles  ou  ordres  naturels,  si  l'on  fait  con- 


452  TA.XONOMIE. 

courir  à  cette  réunion  toutes  les  considérations  que 
l'on  peut  tirer  de  la  forme,  de  la  structure  et  de  la  dis- 
position respective  de  tous  les  organes  des  végétaux 
que  l'on  classe. 

On  doit  donc  entendre  par  ordre  ou  famille  natu- 
relle de  plantes  une  série  ou  réunion  de  genres  plus 
ou  moins  nombreux,  qui  offrent  tous  les  mêmes  ca- 
ractères dans  les  organes  de  la  fructification. 

Ainsi  la  famille  des  Crucifères  a  pour  caractères 
un  embryon  dicotylédoné,  un  fruit  siliqueux  ou  sili- 
culeux,  ordinairement  quatre  pétales  opposés  deux 
à  deux,  des  étamines  en  nombre  déterminé,  etc.,  etc. 
Tous  les  genres  de  cette  famille  devront  offrir  les 
mêmes  caractères,  mais  seulement  avec  quelques 
légères  modifications,  qui  n'en  altéreront  point  le 
type  primitif,  et  qui  serviront  à  établir  les  différences 
des  genres  dont  la  réunion  constitue  cette  famille. 

C'est  en  suivant  une  marche  semblable  que  1  on 
est  parvenu  à  rassembler  les  végétaux  en  groupes  ou 
familles  naturelles.  Mais,  comme  ces  familles  sont 
en  assez  grand  nombre,  il  a  fallu  les  distribuer  en 
différentes  classes  plus  ou  moins  nombreuses,  en 
tâchant  de  conserver  entre  elles  la  même  analogie  et 
la  même  affinité.  C'est  à  cette  classification  des  fa- 
milles que  l'on  a  donné  le  nom  de  Méthode  de 
Jussieu,  ou  méthode  des  familles  naturelles.  Nous 
allons  voir  quels  sont  les  caractères  que  cet  auteur 
célèbre  a  employés  pour  former  ces  différentes  classes. 

Cette  méthode  a  été  divisée  en  quinze  classes.  Les 
premières  divisions  reposent  sur  les  caractères  que 


MÉTHODE    DE    JUSSIEU.  4^3 

l'on  peut  tirer  de  la  présence  ou  de  l'absence  de 
l'embryon  :  de  là  les  embrjonès  et  les  inembryonés. 

Les  plantes  embryonées  sont  distinguées,  d'après 
le  nombre  de  leurs  cotylédons,  l°  en  monocotylé- 
donées,  i°  en  dicotylédonées.  Tous  les  végétaux  sont 
rangés  dans  ces  trois  grandes  divisions  primordiales  : 

Les  Acotylédonés, 

Les  Monocotylédonés, 

Les  Dicotylédones. 

La  seconde  considération,  celle  qui  sert  vraiment 
à  établir  les  classes  proprement  dites ,  est  fondée  sur 
l'insertion  relative  des  étamines  ou  de  la  corolle  mo- 
notépale  staminifère.  Or,  nous  avons  vu  qu'il  existe 
trois  espèces  d'insertion  : 

i°  Insertion  hjpogynique ,  ou  celle  dans  laquelle 
l'ovaire  étant  entièrement  libre ,  les  étamines  ou  la 
corolle  staminifère  sont  insérées  au  pourtour  même 
de  sa  base. 

i°  Insertion  pèrigy nique ,  ou  celle  dans  laquelle 
l'ovaire  étant  libre  ou  pariétal,  les  étamines  ou  la  co- 
rolle monopétale  staminifère  s'insèrent  au  calice  à  une 
certaine  distance  du  pourtour  de  la  base  de  l'ovaire. 

3°  Insertion  épi gy nique ,  ou  celle  dans  laquelle 
l'ovaire  est  toujours  infère,  et  où  les  étamines  ou  la 
corolle  staminifère  sont  insérées  sur  la  partie  supé- 
rieure de  l'ovaire. 

Ces  trois  sortes  d'insertion  servent  à  établir  autant 
de  classes. 

Les  Acotylédonés  étant  dépourvus  d'embryons  ,  et 
par  conséquent  de  fleurs  et  de  fruits, n'ont  pu  se  prê- 


Zj54  TAXO]\OMIl'\ 

ter  à  cette  division.  Ils  constituent  la  première  classe. 

Les  Monocotylédonés ,  pouvant  offrir  ces  trois 
modes  d'insertion,  ont  été  partagés  en  trois  classes  : 
i°  Monocotylédonés  à  étamines  hypogynes;  i°  Mo- 
nocotylédonés à  étamines  périgynes;  3°  Monocoty- 
lédonés à  étamines  épigynes. 

Les  Acotylédonés  et  les  Monocotylédonés  forment 
donc  quatre  classes,  savoir  : 

Acotylédonés Ie 

/    étamines  hypogynes.  .   ie 

Monocotylédonés  <    étamines  périgynes.  .  .  3e 
(    étamines  épigynes ....  4e 

Les  Dicotylédones  étant  beaucoup  plus  nombreux 
que  les  Acotylédonés  et  les  Monocotylédonés  réunis, 
on  a  dû  chercher  à  y  multiplier  le  nombre  des  divisions. 
Sans  abandonner  l'insertion,  elle  n'est  plus  devenue 
qu'un  caractère  secondaire.  Ainsi  l'on  a  remarqué  que 
ces  plantes  sont  dépourvues  de  corolle  ou  apétales, 
ou  qu'elles  ont  une  corolle  monopétale  staminifère, 
ou  bien  que  leur  corolle  est  polypétale.  Cette  distinc- 
tion a  servi  de  base  aux  trois  divisions  que  l'on  a 
établies  d'abord  dans  les  Dicotylédones,  savoir  : 

r°  Dicotylédones  apétales; 

2° ! —  monopétales; 

3° polypétales. 

On  s'est  ensuite  servi  de  l'insertion  comme  carac- 
tère secondaire  pour  subdiviser  ces  trois  sections  en 
classes.  Ainsi  les  Apétales  forment  trois  classes  dans 
lesquelles  l'insertion  est  èpigynique^  pèiigynique  et 
hypogjnique. 


MÉTHODE    DE    JTJSSTEU.  4^5 

Les  Monopétales,  dont  la  corolle  porte  toujours 
les  étamines,  constituent  également  trois  classes,  sui- 
vant que  leur  corolle  staminifère  est  liypogynique , 
périgynique  ou  épigyniqne.  Cette  troisième  classe 
des  Monopétales  a  été  encore  subdivisée,  suivant  que 
les  étamines  sont  libres  ou  réunies  par  leurs  anthères, 
ce  qui  porte  à  quatre  le  nombre  des  classes  dans  les 
corolles  monopétales,  savoir  : 

!  étamines  hypogynes i 
étamines  pérrgynes i 
l    anth.  soudées.  3 
étamines  épigynes  l 
[    anth.  libres....  4 
Ces  quatre  classes  réunies  aux  trois  des  Dicotylé- 
dones apétales,  et  aux  quatre  des  Monocotylédonés 
et  Acotylédonés,  forment  déjà  onze  classes. 

Les  Poîypétales  ont  également  été  divisés  en  trois 
crasses,  d'après  leur  mode  d'insertion,  qui  est  épigy- 
nique,  périgynique  ou  liypogynique. 

Enfin  dans  la  quinzième  et  dernière  classe  sont 
rangées  toutes  les  plantes  dicotylédonées,  dont  les 
fleurs  sont  essentiellement  unisexuées,  et  séparées 
sur  des  individus  distincts.  On  leur  a  donné  le  nom 
de  diclines  irrégulières. 

Telles  sont  les  quinze  classes  que  M.  de  Jussieu  a 
établies  dans  le  règne  végétal,  afin  de  pouvoir  dispo- 
ser méthodiquement  les  différentes  familles  de  plan- 
tes, qu'il  avait  auparavant  créées. 

Chacune  de  ces  classes,  en  effet,  renferme  un  nom- 
bre plus  ou  moins  considérable  de  familles  naturelles 


456  TAXOJNX)MIE. 

toutes  réunies  par  le  caractère  commun  qui  consti- 
tue la  classe.  Le  nombre  de  ces  familles  n'est  point 
définitivement  arrêté,  et  ne  peut  pas  l'être  en  effet. 
De  nouvelles  découvertes,  des  observations  plus  préci- 
ses et  plus  exactes,  en  faisant  connaître  desobjets  nou- 
veaux, ou  en  démontrant  les  différences  qui  existent 
entre  des  végétaux  auparavant  réunis  et  confondus , 
augmenteront  continuellement  le  nombre  des  familles 
de  plantes.  Lorsqu'en  1789,  M.  de  Jussieu  (1)  publia 
son  Gênera  plantarum;\\  décrivit  100  familles;  au- 
jourd'hui la  liste  que  nous  en  allons  donner  en  con- 
tient plus  de  160 ,  et  encore  ce  nombre  est-ii  suscep- 
tible d'augmentation.  M.  de  Candolle  %  également 
publié  une  série  de  familles  rangées  dans  un  ordre 
particulier,  presque  inverse  de  celui  adopté  par  M.  de 
Jussieu.  Sans  vouloir  nullement  prononcer  sur  la  su- 
périorité de  l'une  ou  de  l'autre  de  ces  classifications, 
nous  exposerons  celle  de  M.  de  Jussieu,  comme  étant 
la  plus  généralement  adoptée,  et  comme  étant  d'ail- 
leurs conforme  aux  classes  que  nous  venons  d'indiquer. 


(1)  On  avait  reproché  à  M.  de  Jussieu  de  n'avoir  point  donné  de 
nom  propre  à  chacune  de  ces  quinze  classes  ,  comme  Linnœus 
l'avait  fait  pour  celles  de  son  système.  Ce  célèbre  botaniste  a  trop 
bien  senti  la  justesse  de  cette  observation  pour  ne  point  y  remé- 
dier. Il  a  donc  donné  à  chacune  de  ces  classes  un  nom  particulier. 
C'est  dans  une  note  qu'il  a  eu  la  bonté  de  nous  communiquer 
que  nous  avons  puisé  ces  noms ,  que  l'on  trouvera  en  tête  de 
chaque  classe  dans  la  liste  suivante.  Le  seul  changement  que  nous 
nous  soyons  permis ,  c'est  de  leur  donner  une  terminaison  subs- 
tantive.  Ainsi  nous  avons  dit  Monohypogynie  au  lieu  de  Monohy- 
pogynes  ,  Peristaminie  au  lieu  de  Peristaminées ,  etc.  ,  etc. 


MÉTHODE    DE    JUSSIEU.  4^7 

LISTE 

Des  familles  nouvelles  des  plantes  rangées  suivant 
la  méthode  ^'Antoine-Laurent  de  JUSSIEU. 

PREMIÈRE  SECTION. 
PLANTES   ACOTYLÉDONES. 

PREMIÈRE  CLASSE. 

Acotylédonie. 

i .  Les  Algues  ;  exemple  :  Fucus, 
i.  Les  Champignons;  ex.  Agaricus. 

3.  Les  Htpoxylées;  ex.  Ferrucaria. 

4.  Les  Lichens  ;  ex.  Usnea. 

5.  Les  Hépatiques  ;  ex.  Marchanda. 

6.  Les  Mousses;  ex.  Polytrichum. 

7.  Les  Lycopodaciées  ;  ex.  Lycopodium. 

8.  Les  Fougères;  ex.  Pteris. 

9.  Les  Chajiacées  ;  ex.  Chara. 

10.  Les  Equisétacées  ;  ex.  Equisetum. 
\  1.  Les  Salviniées  ;  ex.  Salvinia. 

DEUXIÈME   SECTION. 

PLANTES  MONOCOTYLÉDONES. 

DEUXIÈME    CLASSE.    I 

Monohjpogynie. 
12.  Les  Fluviales;  ex.  Potamogeton. 


458  TAXONOMIE. 

i3.  Les  Saururées;  ex.  Saururus. 

i4-  Les  Pipéritées;  ex.  Piper. 

1 5.  Les  Aroïdées  ;  ex.  Arum. 

16.  Les  Typhinées  ;  ex.  Tjpha. 

17.  Les  Cypéracées;  ex.  Cyperus. 

18.  Les  Graminées;  ex.  Triticum. 


TROISIEME    CLASSE. 


Monopérigjnie . 

19.  Les  Palmiers;  éx.  Phœnix. 

20.  Les  Asparaginées;  ex.  Asparagus. 
ai.  Les  Restiacées  ;  ex.  Restio. 

22.  Les  Joncées;  ex.  Juncus. 

23.  Les  Comméllnées;  ex.  Commelina. 
i[\.  Les  Alismacées  ;  ex.  Alisma. 

2 5.  Les  Butomées  ;  ex.  Butomus. 

26.  Les  .Juncaginées;  ex.  Scheuchzeria. 

27.  Les  Colchicées;  ex.  Colchicum. 

28.  Les  Liliacées  ;  ex.  Lilium. 

2g.  Les  Broméliacées;  ex.  Bromelia. 

30.  Les  Asphodélées;  ex.  Asphodelus.  . 

3 1 .  Les  Hémérocallidées  ;  ex.  Hemerocallis. 

QUATRIÈME    CLASSE. 

Monoèpigynie. 

32.  Les  Dioscorées  ;  ex.  Dioscorea. 

33.  Les  Narcissées;  ex.  Narcissus. 
34-  Les  Iridées;  ex.  Iris. 

35.  Les  HiEMODORACÉEs;  ex.  Hœmodorwu. 


MÉTHODE    DE    JUSSIEU.  4% 

36.  Les  Musacées;  ex.  Musa. 

37.  Les  Amomées  ;  ex:  Amomum. 

38.  Les  Orchidées  ;  ex.  Orchis. 

39.  Les  Nympkéacées  \  ex.  Nymphœa. 

40.  Les  Hydrocharidées  ;  ex.  Hydrocharis. 
4^.  Les  Balawophorées;  ex.  Cynomorium. 

TROISIÈME  SECTION. 
PLANTES  DICOTYLÉDONES. 

§    I.    APÉTALES. 

CINQUIÈME    CLASSE. 

Epistaminie. 

42.  Les  Aristolochiées;  ex.  Aristolochia. 

SIXIÈME    CLASSE. 

Peristaminie. 

43.  Les  Osyridées  ;  ex.  Osyris. 

44-  Les  Myrobolawées  ;  ex.  Terminalia. 

45.  Les  Eléagnées;  ex.  Elœagnus. 

46.  Les  Thymélées  ;  ex.  Daphne. 

47.  Les  Protéacées;  ex.  Protea. 

48.  Les  Laurinées  ;  ex.  Laurus. 

4g.  Les  Polygonées  ;  ex.  Polygonum. 
5o.  Les  Bégoniacées  ;  ex.  Bégonia. 
5j.  Les  Atriplicées  ;  ex.  A  triplex. 

SEPTIÈME   CLASSE. 

Hyposiaminie. 

5i.  Les  Amaranthacées;  ex.  Amaranthus . 
53.  Les  Plantaginées  ;  'ex.  Plantago. 


46<>  TAXONOMIE. 

54.  Les  Nyctaginées  ;  ex.  Nyctago. 

55.  Les  Pltjmbaginées;  ex.  Statice. 

§  1.    MONOPÉTALES. 
HUITIÈME    CLASSE. 

Hypocorollie. 

56    Les  Primulacées  ;  ex.  Pfimula. 

57.  Les  Lentibulariées  ;  ex.  Ulïicularia. 

58.  Les  Rhinanthacées  ;  ex.  Rhinanthus. 
5g.  Les  Oboranchées;  ex.  Orobanche. 

60.  Les  Acanthacées:  ex.  Acanthus. 

61.  Les  Jasmlnées  ;  ex.  Jasminum. 
61.  Les  Pédalinées  ;  ex.  Pedalium. 

63.  Les  Verbenacées;  ex.  Verbena. 

64.  Les  Myoporltées  ;  ex.  Myoporum. 

65.  Les  Labiées;  ex.  Salvia. 

66.  Les  Personnées;  ex.  Antirrhinum'. 

67.  Les  Solanées;  ex.  Solanum. 

68.  Les  Borraginées  ;  ex.  Borrago. 

69.  Les  Convolvulacées;  ex.  Convolvulus . 

70.  Les  Polémoniacées;  ex.  Polemonium. 

71.  Les  Bignoniacées;  ex.  Bignonia. 

72.  Les  Gentianées  ;  ex.  Gentiana. 

73.  Les  Apocinées  ;  ex.  Apocinum. 

74.  Les  Sapotées  ;  ex.  Sapota. 

75.  Les  Ardisiacées  ;  ex.  Ardisia. 

NEUVIÈME    CLASSE. 

Péricorollie. 

76.  Les  Ebénacées;  ex.  Diospyros. 


MÉTHODE    DE    JUSSIEÛ.  /|6l 

77.  Les  Chlénacées;  ex.  Sarcolœna. 

78.  Les  Rhodoracées  ;  ex.  Rhododendrum. 

79.  Les  Epacridées;  ex.  Epacris. 

80.  Les  Éricinées;  ex.  Erica. 

81.  Les  C amp anu lacées  ;  ex.  Campanula. 

82.  Les  Lobéliacées;  ex.  Lobelia. 

83.  Les  Gessnériacées  ;  ex.  Gessneria. 

84.  Les  Stylidiées;  ex.  Slylidium. 

85.  Les  Goodenoviées ;  ex.  Goodenia. 

DIXIÈME    CLASSE. 

Epicorollie.  —  Synanthèrie. 

86.  Les  Chicoracées;  ex.  Cichorium. 

87.  Les  Cijyarocéphales  ;  ex.  Carduus. 

88.  Les  Corymbifères  ;  ex.  Aster. 

89.  Les  Calycérées  ;  ex.  Calycera. 

ONZIÈME     CLASSE. 

Epicorollie.  —  Corisanthèrie. 

90.  Les  Dipsacées  ;  ex.  Dipsacus. 

91.  Les  Valériajvées  ;  ex.  Valeriana. 

92.  Le^  Rubiacées;  ex.  Rubia. 

93.  Les  Caprifoliacées  ;  ex.  Caprifolium. 

94.  Les  Loranthées  ;  ex.  Loranthus. 

§    3.    POL  Y  PÉTALES. 
DOUZIÈME    CLASSE. 

Epipétalie. 

95.  Les  Araliacées;  ex.  Aralia. 


4Ô2  TAXONOMIE. 

96.  Les  Ombellifères  ;  ex.  Daucus. 

TREIZIÈME    CLASSE. 

Hjpopétalie. 

97.  Les  Rénonculacées  ;  ex.  Ranunciilus. 

98.  Les  Papavé" racées  ;  ex.  Papaver. 

99.  Les  Fumariacées  ;  ex.  Fwnaria. 

100.  Les  Crucifères;  ex.  Brassica. 

10 1.  Les  Capparidées;  ex.  Capparis. 

102.  Les  Saplndacées  ;  ex.  Sapindus. 
io3.  Les  Acérinées ;  ex.  Acer. 

104.  Les  HjppocraTées  ;  ex.  Hippocratea. 

io5.  Les  Malpighiacées  ;  ex.  Malpigkia.  j 

106.  Les  Hypéricées  ;  ex.  Hypericum. 

107.  Les  Guttifères;  ex.  Cambogia. 

108.  Les  Olacinées;  ex.  Olax. 

109.  Les  Aurantiacées  ;  ex.  Citrus. 

110.  Les  Ternstromiées  ;  ex.  Ternstromia. 
iii.  Les  Théacées  ;  ex.  Thea. 

112.  Les  Méliacées  ;  ex.  Melia. 

11 3.  Les  VmiFÈREs;  ex.  Fuis. 

ii4-  Les  Gérakiacées  ;  ex.  Géranium. 

11 5.  Les  Malvacées;  ex.  Malva. 

)  16.  Les  Buttneriacées;  ex.  Bultneria. 

117.  Les  Magnoliacées;  ex.  Magnolia. 

118.  Les  Dilléniacées;  ex.  Dillenia. 

119.  Les  Ochnacées  ;  ex.  Ochna. 

120.  Les  Simaroubées  ;  ex.  Quassia. 

121.  Les  Anonacéf.s;  ex.  Anona. 


MÉTHODE    DE    JtSSIEU.  463 

122.  Les  Ménispermées  ;  ex.  Menispermum. 

123.  Les  Berbéridées  ;  ex.  Berberis. 
\i[\.  Les  Hermanniées  ;  ex.  Hermannia. 

125.  Les  Tiliacées  ;  ex.  Tilia. 

1 26.  Les  Cistées  ;  ex.  Cistus. 

127.  Les  ViOLARiÉEs;  ex.  Viola. 

128.  Les  Polygalées  ;  ex.  Polygala. 

129.  Les  Diosmées;  ex.  Diosma. 
i3o.  Les  Rutacées;  ex.  Ruta. 

i3i.  Les  Caryophyllées ;  ex.  Dianthus. 
t32.  Les  Trémandrées  ;  ex.  Tremandra. 
1 33.  Les  Linacées;  ex.  Linum. 
1 34-  Les  TAMARisciNÉEs;ex.  Tamarix. 

QUATORZIÈME     CLASSE. 

Péripétalie. 

i35.  Les  Paronychiées  ;  ex.  Paronychia. 
i3ô.  Les  Portulacées;  ex.  Porlulaca. 

137.  Les  Saxifragées;  ex.  Saxifraga. 

1 38.  Les  Cunoniacées:  e*x.  Cunonia. 
i3g.  Les  Crassulées;  ex.  Crassula. 
i4o.  Les  Opuntiacées  ;  ex.  Cactus. 

1 4 1 .  Les  Ribésiées;  ex.  Ribes. 

i(\i.  Les  Loasées;  ex.  Loasa. 

i43.  Les  Ficoïdées  ;  ex.  Mesembryanthemum. 

i44»  Les  Cercodienes  ;  ex.  Cercodea. 

1^5.  Les  Onagraires  ;  ex.  OEnothera. 

i46.  Les  Myrtées  ;  ex.  Myrtus. 

147.  Les  Mélastomées  ;  ex.  Melastoma. 

148.  Les  Lythraires;  ex.  Lythrum. 


464  TAXONOMIE. 

149.  Les  Rosacées;  ex.  (ï)Rosa. 
i5o.  Les  Caltcanthées  ;  ex.  Calycanthus. 
i5i.  Les  Blackwelliacées ;  ex.  Blackwellia. 
i52.  Les  Légumineuses;  ex.  Pisum. 

1 53.  Les  Térébinthacées  ;  ex.  Terebinthus. 

1 54.  Les  Pittosporées  ;  ex.  Pittosporum. 

1 55.  Les  Rhamnées  ;  ex.  Rhamnus. 

QUINZIÈME    CLASSE. 

Diclinie, 

1 56.  Les  Euphorbiacées  ;  ex.  Euphorbia. 

157.  Les  Cucurbitacées;  ex.  Cucurbita. 
t  58.  Les  Passiflorées;  ex.  Passiflora. 

1 5g.  Les  Myristicées  ;  ex.  Mjristica. 

160.  Les   Urticées  ;  ex.  Urtica. 

161.  Les  Monimiées;  ex.  Monimia, 

162.  Les  Amentacées;  (2)  ex.  Salix. 
i63.  Les  Conifères;  ex.  Pinus. 
164.  Les  Cycadées;  ex.  Cjcas. 


'  (1)  La  famille  des  Rosacées  de  M.  de  Jussieu  a  été  divisée  en 
cinq  sections,  que  l'on  peut  regarder  comme  autant  de  familles 
distinctes  ,  savoir  :  les  Spiréacées  ,  les  Sangnisorbées ,  les  Prunacées  , 
les  Pomacées,  et  les  Rosacées  vraies. 

(2)  Les  botanistes  modernes  ont ,  et  avec  raison,  divisé  la  famille 
des  Amentacées  en  plusieurs  autres  familles  très-distinctes  ,  telles 
que  les  Cupulifères  ,  ex.  :  le  chêne  ,  le  noisetier  ;  les  Salicinées ,  ex.  : 
le  saule  ;  les  Bètulinées ,  ex.  :  le  bouleau  ;  les  Celtidées  ou  Ulmacécs  , 
ex.  :  l'orme  ;  les  Mjricées  ou  Casuarinées ,  ex.  :  le  myrica,  etc. 


METHODE    DE    JUSSIEU. 


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466  PLANTES    AGAMES. 


CONSIDÉRATIONS    GÉNÉRALES 


SUR    L  ORGANISATION 


DES  PLANTES  AGAMES. 


Nous  comprenons  sous  le  nom  de  plantes  agames 
toutes  les  plantes  acotylédonées  de  M.  de  Jussieu, 
c'est-à-dire  toutes  celles  qui  ont  été  rangées  parLin- 
neeus  dans  la  Cryptogamie  ou  dernière  classe  de  son 
système. 

Plusieurs  auteurs  les  ont  divisées  en  deux  classes, 
savoir  :  les  cryptogames  et  les  agames  proprement 
dites.  Au  nombre  des  premières  ils  rangent  les  Sal- 
viniées,\es  Equisètacèes ,  les  Mousses,  les  Hépa- 
tiques, les  Ljcopodiacées ,  et  les  Fougères,  qu'ils 
regardent  comme  pourvues  d'organes  sexuels,  mais 
très-petits  et  peu  distincts.  Dans  la  seconde  classe  se 
trouvent  les  plantes  véritablement  agames,  selon  eux, 
telles  que  les  Algues,  les  Lichens ,  les  Hypoœylées 
et  les  Champignons ,  dans  lesquels  on  ne  distingue 
rien  qu'on  puisse  comparer  à  des  étamines  ou  à  des 
pistils.  Mais  nous  n'admettons  point  cette  distinction. 
L'organisation  de  tous  ces  végétaux  est  trop  manifes- 
tement différente  de  celle  des  Phanérogames  pour 
qu'on  y  retrouve  les  mêmes  organes,  ou  seulement  leurs 
analogues;  nous  pensons  donc,  comme  Necker,  que 


PLANTES    AGAMES.  4^7 

les  plantes  désignées  par  le  nom  de  cryptogames  sont 
entièrementdépourvuesd'organessexuels;querienen 
elles  ne  peut-être  raisonnablement  assimilé  à  ces 
mêmes  parties  dans  les  phanérogames. 

Plus  d'une  fois,  dans  le  cours  de  cet  ouvrage ,  nous 
avons  montré  l'extrême  différence  qui  existe  entre 
toutes  les  parties  de  ces  végétaux  et  celles  des  plan- 
tes phanérogames.  Nous  avons  fait  voir  que  les  cor- 
puscules regardés  par  les  auteurs  comme  des  graines 
n'en  sont  point  réellement,  puisqu'ils  ne  contiennent 
pas  d'embryon.  Ils  donnent  cependant  naissance  à 
des  êtres  parfaitement  semblables  à  ceux  dont  ils  se 
sont  détachés.  Mais,  comme  nous  l'avons  dit  plusieurs 
fois,  les  bulbilles  de  certaines  plantes  vivaces,  un 
grand  nombre  de  bourgeons  produisent  le  même  phé- 
nomène, sans  que  pour  cette  raison  on  puisse  les  as- 
similer aux  véritables  graines.  D'ailleurs,  comment 
s'opère  cette  prétendue  germination  des  plantes  aga- 
mes?  Peut -on  la  comparer  à  celle  des  végétaux 
pourvus  d'embryon?  Un  corpuscule  reproductif  d'une 
Fougère,  d'un  Champignon,  etc.,  placé  sur  la  terre, 
s'y  développera,  mais  ce  ne  seront  point,  comme 
dans  l'embryon  d'une  plante  phanérogame,  des  par- 
ties déjà  formées,  seulement  réduites  en  quelque 
sorte  à  leur  état  rudimenlaire,  qui  acquerront  suc- 
cessivement un  plus  grand  développement;  mais  au 
contraire  des  parties  entièrement  nouvelles  seront 
produites.  Ce  ne  sera  point  un  accroissement  d'or- 
ganes déjà  existans,  mais  le  tissu  même  de  la  sporule 
ou  corpuscule    reproductif,   s'allongeant  d'un    côté 


468  PLANTES    AGAMES. 

pour  s'enfoncer  dans  la  terre  et  former  une  racine, 
lorsque  le  végétal  doit  en  avoir  une,  formera  de 
l'autre  côté  une  tige  en  s'allongeant  en  sens  inverse. 
Dans  quelque  position  qu'une  sporule  soit  placée,  le 
point  en  contact  avec  la  terre  s'allongera  constam- 
ment pour  former  la  racine,  et  le  point  opposé  de- 
viendra la  tige.  Ces  deux  organes  n'existaient  donc 
point  encore  avant  ce  développement;  elles  se  créent 
par  l'influence  decertaines  circonstances,  qui  parais- 
sent comme  fortuites  et  étrangères  à  la  nature  même 
du  corps  qui  les  produit. 

Si  nous  passons  à  l'examen  des  parties  regardées 
comme  les  fleurs  par  les  différens  auteurs,  nous  ver- 
rons la  diversité  la  plus  grande  régner  dans  leurs 
opinions.  Les  uns,  en  effet,  appellent  fleurs  mâles  ce 
que  les  autres  décrivent  comme  des  fleurs  femelles. 
Ainsi  dans  les  Mousses,  Linnœus  regarde  l'urne  com- 
me une  fleur  mâle,  Hedwig  comme  une  fleur  femelle, 
Palisot-Beauvois  comme  une  fleur  hermaphrodite. 

Toutes  les  fois  queyces  végétaux  présentent,  com- 
me les  Mousses  ,  par  exemple,  deux  sortes  bien 
distinctes  d'organes  particuliers,  regardés  comme 
ceux  de  la  fructification,  les  auteurs  n'ont  dû  être 
embarrassés  que  surle  choix,  et  la  fonction  qu'ils  de- 
vaient attribuer  à  chacun  d'eux.  Mais  dans  les  Jon- 
germanes,  où  l'on  trouve  trois  ou  quatre  sortes  de 
fructifications  différentes  entre  elles  par  leur  forme 
extérieure,  comme  il  n'existe  que  deux  espèces  d'or- 
ganes sexuels,  les  organes  mâles  et. les  organes  te- 
melles,  on  serait  donc  ici  forcé  d'en  admettre  quatre. 


PLANTES    AGIMES.  4^9 

Car  si  l'on  a  donné  le  nom  d'organes  sexuels  à  deux 
de  ces  parties,  pourquoi  le  refuser  aux  deux  autres, 
dont  la  structure  intérieure  est  la  même,  mais  qui 
diffèrent  seulement  par  leurs  formes  extérieures  ou 
leur  disposition  ? 

Dans  les  Fougères,  au  contraire,  où  il  n'existe 
évidemment  qu'une  seule  espèce  de  fructification 
entièrement  formée  par  de  petits  grains,  ordinaire- 
ment renfermés  dans  des  espèces  de  petites  poches 
membraneuses,  et  que  l'on  a  regardés  comme  des 
séminules,  où  sont  les  étamines?  où  est  le  stigmate 
qui  a  reçu  l'influence  du  pollen?  où  sont  les  cordons 
pistillaires  qui  l'ont  transmis  aux  ovules?  Est-ce 
répondre  à  cette  question  d'une  manière  satisfaSmte 
pour  la  raison  que  de  dire,  comme  Micheli  etHedwig, 
que  les  poils  que  l'on  observe  sur  les  jeunes  feuilles 
sont  les  étamines;  comme  Hill  et  Sehmidel,  que  les 
fleurs  mâles  sont  les  anneaux  qui  entourent  les  récep- 
tacles où  sont  contenus  les  sétninules^etc. ,  etc.? 

Il  faut  en  convenir,  des  opinions  aussi  diverses  et 
même  tout- à-fait  opposées  sur  le  même  sujet,  con- 
duisent à  une  conséquence  qui  nous  paraît  néces- 
saire. C'est  que  les  prétendues  fleurs  des  plantes 
agames,  tantôt  regardées  comme  renfermant  des  éta- 
mines, tantôt  comme  contenant  des  pistils,  ne  sont 
point  réellement  des  fleurs.  Ce  sont  des  organes  par- 
ticuliers ,  des  espèces  de  bourgeons  ,  auxquels  la 
nature  a  confié  le  soin  de  la  reproduction  de  ces  singu- 
liers végétaux.  Pourquoi,  en  effet,  voudrions-nous  res- 
treindre dans  les  bornes  étroites  de  nos  conceptions 


47O  PLANTES    AGAMES. 

la  puissance  de  la  nature?  Ses  moyens  sont  aussi 
variés  que  son  pouvoir  est  grand.  Et  si  elle  a  donné 
aux  plantes  agames  une  physionomie  si  différente  de 
celle  des  plantes  phanérogames,  des  organes  exté- 
rieurs qui  n'ont  souvent  rien  de  comparable  aux 
leurs,  pourquoi  ne  leur  aurait- elle  point  accordé 
aussi  un  mode  particulier  de  reproduction,  qui  n'ait 
d'analogues  avec  celui  des  végétaux  phanérogames 
que  les  effets  qu'il  produit,  c'est-à-dire  la  formation 
des  organes  qui  doivent  servir  à  perpétuer  l'espèce? 
Ce  n'est  point  dans  un  ouvrage  comme  celui-ci; 
consacré  seulement  à  donner  une  idée  générale,  mais 
succincte,  de  l'organisation  de  toutes  les  productions 
vénales,  que  nous  pouvons  entrer  dans  toutes  les 
discussions  nécessaires  pour  appuyer  une  seirtblable 
opinion.  Nous  nous  contenterons  de  présenter  en 
abrégé  une  description  des  organes  propres  aux 
plantes  agames,  telles  qu'elles  ont  été  décrites  par 
leurs  auteurs#n  général.  L'élève,  en  voyant  la  diver- 
sité et  même  l'opposition  totale  qui  régnent  entre 
les  différens  auteurs  à  ce  sujet,  pourra  alors  porter 
le  même  jugement  que  nous. 

DES  SALVINIÉES. 

Quatre  genres,  que  l'on  trouve  en  France,  com- 
posent cette  famille.  Ce  sont  la  Piluiaire,  le  Marsi- 
léa,  le  Salvinia  et  l'Isoëtes.  Tous  quatre  croissent 
dans  l'eau. 

La  prlulaire  {Pilularia pilulifera) ,  dont  Bernard 
de  Jussieu  a  le  premier  tait  connaître  l'organisation. 


SA.LVINIÉES.  47 x 

est  une  petite  plante  dont  la  tige  est  rampante,  pro- 
duisant des  feuilles  subulées  et  cylindriques,  d'abord 
roulées  en  volute  à  la  manière  de  celles  des  Fougères; 
à  leur  base  on  voit  de  petits  corps  sphéroïdaux  et 
globuleux ,  sorte  d'involucre  qui  se  partage  en  quatre 
pièces,  et  qui  contient  les  organes  que  l'on  a  regardés 
comme  des  étamines  et  des  pistils. 

Le  Marsiléa  (  Marsilea  .  quadrifolia  )  habite  les 
étangs;  sa  tige  est  rampante,  ses  feuilles  sont  formées 
de  quatre  folioles  disposées  en  croix  au  sommet  d'un 
long  pétiole,  qui  les  soulève  jusqu'à  la  surface  de 
l'eau.  Les  involucres  sont  ovoïdes  allongés  ,  et  situés 
au  nombre  de  deux  ou  trois  à  la  base  des  pétioles.  Ils 
ne  s'ouvrent  point.  Leur  cavité  intérieure  semble 
biloculaire  et  subdivisée  en  petites  loges  incomplètes, 
dans  lesquelles  sont  confondus  les  petits  corpuscules 
que  les  botanistes  considèrent  comme  les  pistds  et 
les  étamines.  De  ces  corpuscules  ou  sporanges,  les 
uns  sont  plus  gros,  au  nombre  de  trois  à  quatre 
dans  une  même  loge,  ovoïdes  et  comme  réticulés  en 
dehors,  renfermant  à  leur  intérieur  une  sorte  de 
noyau  opaque,  d'une  substance  charnue  et  comme 
grumeleuse  ;  on  les  regarde  généralement  comme  les 
étamines  :  les  autres,  plus  petits,  en  plus  grand 
nombre,  entremêlés  avec  les  précédens,  courtement 
pédicellés,  et  comme  pyriformes,  sont  remplis  d'un 
assez  grand  nombre  de  globules  opaques,  irréguliers, 
engagés  et  comme  nichés  dans  les  cellules  du  tissu 
général;  ce  sont  les  pistils  pour  la  plupart  des  au- 
teurs. Mais  nous  ne  saurions  partager  cette  opinion; 


472  PLANTES    AGA.MES. 

et  même,  si  nous  avions  à  nous  prononcer  dans  cette 
circonstance,  et  à  trouver  de  l'analogie  entre  ces 
corps  et  les  organes  sexuels  des  plantes  phanérogames, 
nous  serions -beaucoup  plus  tentés,  à  l'exemple  de 
quelques  auteurs,  de  considérer  les  plus  gros  de  ces 
corpuscules  ,  qui  ne  renferment  qu'un  seul  noyau 
compacte,  comme  les- ovaires  ou  pistils;  et  les  plus 
petits  comme  les  étamines ,  en  regardant  les  globules 
qu'ils  renferment  comme  des  grains  de  pollen. 

Le  Salvinia  nage  à  la  surface  des  étangs;  sa  tige 
porte  des  feuilles  ovales  et  opposées,  parsemées  de 
petites  glandes,  sur  lesquelles  sont  implantés  quatre 
poils  roulés  en  spirale.  Les  involucres  sont  globuleux 
etindéliiscens.  Ils  naissent  réunis  plusieurs  ensemble 
au-dessous  de  chaque  paire  de  folioles.  Un  seul  de 
ces  involucres  renferme  des  fleurs  femelles;  tous  les 
autres  contiennent  des  fleurs  mâles. 

Ulsoëles  habite  le  fond  des  ruisseaux  et  des  eaux 
stagnantes.  Il  forme  une  espèce  de  faisceau  de  feuilles 
étroites  et  allongées.  C'est  dans  l'intérieur  de  la  base 
même  des  feuilles  que  sont  renfermés,  dans  un 
involucre  membraneux  et  cloisonné,  deux  sortes  de 
corpuscules  reproductifs  ;  les  uns  sous  forme  de 
globules  chagrines,  transparens;  les  autres  sous  celle 
de  poussière  anguleuse.  Mais  quels  sont  ceux  de  ces 
corpuscules  qui  porteront  le  nom  de  pistils  et  d'éta- 
mines? 

D'après  ce  court  exposé  des  organes  propres  à  la 
reproduction  des  Salviniées,  on  peut,  je  crois,  con- 
clure que  les  corpuscules  reproductifs  des  plantes  de 


FOUGÈRES.  *      473 

cette  famille  sont  renfermés  dans  des  espèces  d'invo- 
lucres  situés  à  la  base  même  des  feuilles;  que  la 
forme  un  peu  variable  de  leurs  s  pondes  les  a  fait 
regarder  tantôt  comme  des  étamines,  tantôt  comme 
des  pistils. 

DES    FOUGÈRES. 

Si  l'on  s'en  rapportait  uniquement  aux  «caractères 
extérieurs ,  ou  même  à  ceux  qui  sont  tirés  de  l'orga- 
nisation anatomique  des  tiges ,  nul  doute  que  les 
Fougères,  surtout  celles  qui  habitent  les  régions 
équatoriales ,  ne  dussent  être  rapprochées  et  même 
réunies  aux  Monocotylédonés.  En  effet  plusieurs 
Fougères  d'Amérique  et  d'Afrique  ont  un  tronc  li- 
gneux de  plusieurs  pieds  d'élévation ,  en  sorte  qu'elles 
ressemblent  parfaitement  à  de  petits  Palmiers.  Si 
vous  ajoutez  à  cela  que  l'organisation  intérieure  de 
leur  tige  est  presque  tout-à-fait  semblable,  l'analogie 
vous  paraîtra  encore  plus  grande. 

Mais,  si  nous  voulons  étudier  les  organes  de  la 
fructification,  nous  ne  trouverons  plus  dans  les  Fou- 
gères ,  ni  fleurs  ni  fruits  proprement  dits.  Ces  organes 
sont  ordinairement  situés  sur  la  face  inférieure  des 
feuilles,  le  long  des  nervures  ou  à  leur  extrémité. 
Ils  se  présentent  sous  la  forme  de  petits  tubercules 
peu  proéminens,  sessiles  ou  stipités,  qu'on  appelle 
sores  (sori),  et  qui  se  réunissent  ensemble  et  se 
groupent  de  diverses  manières  dans  les  différens 
genres.  Dans  \esPleris,  ils  occupent  le  bord  marginal 
de  chaque  foliole  ,  safns  interruption  ;  dans  les  Adian- 


474  PLANTES    AGAMES. 

thurn,  ils  forment  de  petites  plaques  saillantes  sur  le 
bord  replié  des  feuilles.  Dans  certains  genres,  ils 
sont  isolés  les  uns  des  autres;  dans  d'autres,  au  con- 
traire, ils  sont  réunis  par  plaques  ou  lignes  plus  ou 
moins  larges  et  étendues.  'Les  sores  commencent  à 
se  développer  soùs  l'épiderme,  qu'ils  soulèvent  de  ma- 
nière à  en  être  recouverts.  On  donne  le  nom  à'indu- 
sies  (indusia),  aux  portions  d'épiderme  qui  servent 
ainsi  d'involucre  aux  sores. 

Quelquefois  les  conceptacles  sont  nus  ;  d'autres 
fois  ils  sont  recouverts  d'un  invplucre  qui  le  plus 
souvent  s'ouvre  en  deux  valv.es;  enfin  ils  sont  assez 
souvent  entourés  d'un  anneau  élastique ,  sorte  de 
bourrelet  circulaire,  ou  semi-circulaire,  qui,  à  l'épo- 
que de  lamaturité,  en  se  détendant  avec  force,  lance 
les  corpuscules  renfermés  dans  les  conceptacles. 

Dans  quelques  Fougères,  telles  que  les  Osmunda, 
les  Botryclrium ,  les  Ophioglosses ,  etc. ,  les  fructifi- 
cations sont  disposées  en  grappes  ou  en  épis. 

Les  Fougères  de  nos  climats,  lorsqu'elles  ne  sont 
point  annuelles,  ont  toutes  une  tige  souterraine  ou 
rhizome  plus  ou  moins  développée  ;  c'est  ce  que  Ton 
peut  très-bien  observer  dans  les  Po Ij podium,  les  As- 
pidium  :  c'est  cette  souche  qui  s'allonge  et  se  déve- 
loppe à  l'air  dans  les  Fougères  des  tropiques,  et 
leur  forme  un  troue  souvent  d'une  hauteur  assez 
considérable. 

Hedwig  appelait  étamines,  dans  les  Fougères,  de 
petites  écailles  fines  et  déliées,  diversement  figurées, 
éparses  sur  les  nervures    des  feuilles  à  l'époque  de 


LYCOPO  IMAGÉES.  ^  5 

leur  enroulement,  et  il  considérait  les  sores  ou  spo- 
ranges comme  les  organes  femelles,  et  les  corpus- 
cules pulvérulens  renfermés  dans  leur  intérieur 
comme  les  graines.  Mais  ces  prétendues  étamines 
n'existent  pas  constamment,  ou  du  moins  ne  sont 
pas  toujours  apparentes;  en  second  lieu,  leur  forme, 
leur  structure  ne  nous  semblent  avoir  aucune  analo- 
gie avec  les  étamines  des  Phanérogames.  Enfin ,  si 
les  sores  sont  les  fleurs  femeltes,  les  graines  sont  nues 
dans  un  grand  nombre  de  genres  comme  les  Acro- 
slichum ,  par  exemple  ;  et  dans  ce  cas  comment  les 
graines  ont-elles  pu  être  fécondées  ? 

DES   LYCOPODIA.CÉES. 

Les  Lycopodiacées  ont  été  long-temps  réunies 
aux  Mousses  à  cause  de  leur  port  et  d'une  ressem- 
blance extérieure  très- frappante;  mais  elles  en  diffè- 
rent par  la  disposition  de  leurs  organes  repro- 
ducteurs. 

Elles  ont  des  racines  et  des  tiges  à  la  manière  des 
Fougères ,  tantôt  rampantes  à  la  surface  de  la  terre 
et  s'y  enracinant,  tantôt  s'élevant  et  se  soutenant 
droites  et  sans  appui.  Comme  les  Mousses,  elles  re- 
cherchent l'ombre  et  l'humidité,  et  se  plaisent  dans 
les  forets  fraîches  et  sombres. 

Leurs  fructifications  consistent  en  des  espèces 
d'involucres  ordinairement  à  deux  ou  trois  loges, 
situés  dans  les  aisselles  des  feuilles,  et  disposés  en 
épis  simples  ou  rameux.  Dans  leur  cavité,  qui  s'ouvre 
naturellement  à  la  maturité,  on  trouve  des  sporules 


47^  PLANTES    AGAMES. 

lisses  ou  hérissées  de  pointes,  de  forme  et  de  couleur 
variées.  Ces  sporules,  qui  sont  extrêmement  fines, 
jetées  sur  des  charbons  ardens,  s'enflamment  avec 
rapidité. 

On  trouve  encore  sur  certaines  Lycopodiacées 
des  conceptacles  plus  petits.  Ils  contiennent  plusieurs 
petites  sporules  globuleuses. 

DES  MOUSSES. 

De  toutes  les  plantes  agames,  les  Mousses  sont, 
sans  contredit,  celles  sur  lesquelles  on  a  fait  le  plus 
d'observations  et  d'expériences,  et  ce  sont  peut-être 
aussi  celles  qui  partagent  encore  le  plus  l'opinion 
des  botanistes*  à  l'égard  de  leurs  organes  repro- 
ducteurs. 

Les  Mousses  sont  de  petites  plantes  qui  aiment  les 
lieux  humides  et  ombragés;  elles  croissent  à  terre, 
sur  le  tronc  des  arbres,  ou  sur  les  murs  et  les  vieilles 
habitations;  par  leur  port,  elles*  ressemblent  à  de 
petites  plantes  phanérogames  en  miniature;  leurs 
racines  sont  très-fines  et  touffues;  leur  tige  est  simple 
oui  rameuse;  elles  sont  couvertes  de  feuilles  très- 
petites,  de  forme  variée,  mais  ordinairement  étroites 
et  subulées. 

Beaucoup  d'auteurs  ont  fait  des  Mousses  l'objet 
spécial  de  leurs  études  et  de  leurs  recherches  :  Dille- 
nius,  Hill,  Hedwig,  Necker,  Bridel,  Beauvois,  Schwaë- 
grichen ,  se  sont  particulièrement  occupés  de  cette 
partie  intéressante  de  la  botanique  ;  mais  presque 
tous  ont  un  système  particulier,  souvent  même  des 


MOUSSES.  477 

opinions  entièrement  opposées  sur  les  fonctions  des 
différens  tfrganes  de  ces  plantés,  et  surles  noms  qu'on 
devait  leur  imposer.  Nous  allons  exposer  ici  la  théo- 
rie d'Hedwig  sur  la  structure  des  organes  de  la  repro- 
duction des  Mousses,  comme  étant  la  plus  répandue 
et  la  plus  généralement  adoptée;  nous  ferons  en- 
suite connaître  les  opinions  différentes  des  auteurs 
les  plus  remarquables  sur  cette  famille  de  plantes. 

Hedwig  regarde  les  Mousses  comme  pourvues  de 
fleurs  unisexuées,  tantôt  réunies  sur  le  même  indi- 
vidu, tantôt  séparées  sur  deux  pieds  différens.  Les 
Mousses  sont  donc  monoïques;  rarement  elles  sont 
dioïques;  ces  fleurs  sont  situées  ou  à  l'extrémité  des 
tiges,  et  des  rameaux;  ou  bien  elles  occupent  l'ais- 
selle des  feuilles  :  elles  sont  portées  sur  une  sorte 
de  clinanthe,  et  entourées  d'un  involucre  polyphylle 
nommé pèrichece  ^perichœtiuni). 

Plusieurs  fleurs  sont  souvent  réunies  dans  le  même 
périclïèce;  le  plus  souvent  ces  fleurs  sont  toutes  mâles 
ou  toutes  femelles;  rarement  sont-elles  mélangées; 
quelquefois  elles  sont  entremêlées  de  poils  articulés 
et  fistuleux,  qu'on  a  nommés  paraphyses.     . 

Dans  chaque  fleur  femelle  on  a  cru  reconnaître 
un  ovaire,  une  espèce  de  style  et  un  stigmate  évasé 
à  sa  partie  supérieure;  l'ovaire  est  de  forme  globu- 
leuse; le  style  est  grêle  et  court. 

Les  fleurs  mâles  se  composent  d'un  seul  grain  de 
pollen  oblong,  porté  sur  un  filet  très-court;  cette 
espèce  de  vésicule  se  rompt  à  une  certaine  époque, 
et  la  fécondation  s'opère;  alors  on  voit  l'ovaire  gros- 


47^  PLANTES    AGAMES. 

sir;  le  style  et  le  stigmate  se  flétrissent,  l'épidémie 
extérieur  de  l'ovaire  se" fend  circulairement  en  deux 
parties;  la  supérieure,  qui  porte  encore  les  restes 
du  style  et  du  stigmate,  prend  le  nom  de  coiffe 
(calyplra);  l'inférieure  reçoit  le  nom  de  vaginule 
(  vaginula  ). 

De  l'intérieur  de  la  vaginule  part  un  petit  pédi- 
cule qui  élève' -l'ovaire  recouvert  de  la  coiffe,  à 
mesure  qu'il  se  développe.  Ce  pédicule  très-grêle  et 
filiforme  se  nomme  soie  (seta). 

L'ovaire,  parvenu  à  son  état  de  maturité  où  trans- 
formé en  fruit,  prend  le  nom  àhirne  (theca).  Sa 
forme  est  assez  variable;  cependant  Y  urne  est  ordi- 
nairement ovoïde,  allongée.  Sa  cavité  intérieure  est 
occupée  à  son  centre  par  une  sorte  de  petite  colonne 
charnue,  autour  de  laquelle  sont  rangées  les  sémi- 
nules;  on  l'appelle  columelle  {^columella).  Sa  partie 
supérieure  est  recouverte  par  un  opercule,  sorte  de 
petit  couvercle  circulaire,  qui  se  détache  de  lui- 
même  à  l'époque  de  la  maturité  des  séminules.  On  a 
admis  dans  l'urne  une  double  paroi,  dont  l'une  em- 
boîte l'autre;  en  sorte  que  cet  organe  semble  formé 
de  rleux  vases,  dont  l'un  contiendrait  l'autre.  Le  plus 
extérieur  a  reçu  le  nom  de  sporaiigium;  le  plus  in- 
térieur est  appelé  sporangidium.  Le  bord  circulaire 
de  l'orifice  de  l'urne  a  reçu  le  nom  de  péristonw 
{perisloma).  Il  est  quelquefois  garni  de  lanières  qui 
portent  le  nom  de  dents,  quand  elles  sont  des  pro- 
longemens  externes  du  sporaiigium,  et  de  cils  quand 
elles  sont  formées  par  des  membranes  attachées  sur 


MOUSSES.  479 

le  bord  interne  du  sporangium.  Quelquefois  ce- 
pendant le  péristome  est  nu,  c'est-à-dire  dépourvu 
de  dents  et  de  cils,  comme  dans  les  genres  Gymno- 
stomum,  Sphagnum.  Dans  quelques  genres,  l'orifice 
est  bouché  par  une  sorte  de  membrane  mince,  étendue 
transversalement,  et  qui  a  reçu  le  nom  à'épiphragme 
(epïphragma),  comme  dans  les  Polytrichum. 

En  résumé,  on  voit  qu'en  adoptant  la  théorie 
d'Hedwig,  les  Mousses  ont  des  fleurs  mâles  et  des 
fleurs  femelles;  qu'elles  sont  monoïques  ou  dioïques; 
que  les  fleurs  femelles  sont  formées  d'un  ovaire, 
d'un  sfyle  et  d'un  stigmate  ;  qu'un  'seul  grain  de  pol- 
len pédicule  compose  une  fleur  mâle  ;  que  l'ovaire 
fécondé  se  change  en  un  fruit  qui  porte  le  nom 
à' unie. 

Palisot  de  Beauvois  au  contraire  considérait  l'urne 
comme  une  fleur  hermaphrodite.  Il  voyait  dans  la 
columelle  centrale  de  l'unie  un  pistil,  et  autant  de 
grains«de  pollen  dans  les  séminules  qui  l'entourent. 
Ce  célèbre  botaniste  regardait  comme  de  simples 
bourgeons  les  prétendues  fleurs  mâles  d'Hedwig. 

Dillenius  au  contraire  décrit  Yurne  comme  une 
fleur  mâle.  Hill  y  voit  une  fleur  hermaphrodite  dont 
les  séminules  seraient  les  ovules,  et  les  cils  du  péri- 
stome les  étamines,  etc.,  etc. 

Chacune  de  ces  théories  et  un  grand  nombre 
d'autres,  qu'il  n'est  pas  de  mon  but  de  faire  connaître 
ici,  se  combattent  mutuellement  et  se  détruisent  en 
quelque-  sorte  l'une  par  l'autre.  Il  s'élève  en  effet 
une  foule  d'objections  contre  chacune  d'elles.  Quant 


48o  PLANTLS    AGAMES. 

à  l'opinion  d'Hedwig,  si  l'urne  n'est  qu'un  fruit  pro- 
venant d'un  ovaire  fécondé,  pourquoi  le  fruit  est-il 
souvent  déjà  parvenu  à  son  état  de  maturité,  quand 
les  prétendues  étamines  qui  doivent  les  féconder 
commencent  à  peine  à  paraître?  Comment  s'opère  la 
fécondation  dans  les  espèces  où  l'on  n'a  point  pu 
découvrir  de  fleurs  mâles?  etc.,  etc. 

Si  l'urne  est  une  fleur  hermaphrodite,  que  la  co- 
lumelle  soit  le  pistil ,  et  les  séminules  des  grains  de 
pollen,  pourquoi,  dans  certains  genres,  cette  colu- 
melle  est  -  elle  entièrement  solide ,  et  formée  d'une 
substance  dure  et  parfaitement  homogène? 

Si,  comme  le  pense  Hill,  les  dents  du  péristome 
en  sont  les  étamines,  où  sont  ces  étamines  dans  les 
genres  dont  le  péristome  est  nu?  etc.,  etc. 

DES    HÉPATIQUES. 

Nous  remarquerons  une  très-grande  analogie  entre 
les  plantes  de  cette  famille  et  les  Mousses.  Leur  port, 
surtout  clans  les  Jongermannes,  ressemble  beaucoup 
à  celui  des  plantes  de  la  famille  précédente,  et  leur 
fructification  a  aussi  beaucoup  de  rapports  avec  elles. 

Les  Hépatiques  ont  quelquefois  des  feuilles  et  des 
tiges  à  la  manière  des  Mousses;  c'est  ce  que  l'on 
observe  dans  la  plupart  des  Jongermannes;  d'autres 
fois  elles  en  sont  privées,  et  n'ont  que  des  expansions 
vertes  et  planes,  que  Ton  a  désignées  sous  le  nom 
de  /rondes,  comme  on  l'observe  dans  les  Marchan- 
tia,  etc.  ;  en  général  ces  frondes  sont  grasses  et 
succulentes. 


HÉPATIQUES.  4# T 

'  Les  Hépatiques  ont  des  fleurs  mâles  et  des  fleurs 
femelles;  les  premières  sont  formées  par  de  petites 
bourses  membraneuses,  qu'Hedwig  a  comparées  aux 
étamines  des  Mousses.  Les  fleurs  femelles  sont,  en- 
tourées d'un  périclièce  comme  dans  les  Mousses;  elles 
sont  formées  d'un  ovaire,  d'un  style  et  d'un  sligmate; 
après  la  fécondation,  la  membrane  extérieure  qui 
recouvrait  l'ovaire,  el^que  quelques  auteurs  désignent 
sous  le  nom  de  calice,  s'entr'ouvre  à  son  sommet, 
pour  laisser  sortir  la  capsule,  qui  est  portée  sur  un 
pédicule  plus  ou  moins  allongé  ;  dans  les  Jonger- 
mannes,  cette  capsule  s'ouvre  en  quatre  valves  ré- 
gulières, d'où  s'échappent  un  grand  nombre  de  spo- 
rules;  dans  les  Marchantia,  cette  capsule  se  rompt 
irrégulièrement. 

Nous  venons  d'exposer  l'opinion  d'Hedwig  sur  la 
fructification  des  Hépatiques;  celles  de  Micheli  et  de 
LinnaBus  sont  diamétralement  opposées,  c'est-a-dire 
qu'ils  voient  une  fleur  mâle  dans  la  capsule,  dont  les 
séminules  sont  pour  eux  des  grains  de  pollen;  et  un 
pistil  dans  la  bourse  pollinique,  regardée  comme 
une  fleur  mâle  par  Hedwig. 

DES  ALGUES. 

Cette  famille  est#  toute  composée  de  plantes  qui 
végètent  dans  l'eau  des  marais,  des  ruisseaux  ou 
des  mers. 

M.  Lamouroux  les  divise  en  deux  grandes  sec- 
tions; savoir  :  les  Thalassiophjùes  ou  celles  qui  habi- 

3i 


/\&-2  PLANTES    AGAMES. 

tent  les  eaux  salées  et  saumâtres;  et  les  Confe/ves,  que 
l'on  trouve  dans  les  eaux  douces.  Mais  cette  division, 
fondée  principalement  sur  l'habitation  particulière 
de  ces  végétaux,  est  loin  d'être  rigoureuse.  En  effet, 
les  espèces  d'Ulves  qui  habitent  les  eaux  salées  ne 
nous  paraissent  point  différer  essentiellement  de 
celles  qui  vivent  clans  les  eaux  douces.  La  classifica- 
tion proposée  par  M.  Agardh  {Synopsis  Algarum 
Scandinaviœ.  Lund.,  1817  )  nous  semble  préfé- 
rable, étant  particulièrement  établie  sur  les  modifi- 
cations de  la  structure  des  Algues. 

Ce  célèbre  botaniste  partage  cette  famille  en  cinq 
sections, qu'il  désigne  sous  les  noms  de  :  i°Fucoïdées; 
i°  Fioridées  ;  3°  Ulvoïdées  ;  4°  Confervoïdées  ; 
5°  Trémellinées. 

I.  Les  Facoïdèes  ont  les  organes  de  la  fructifica- 
tion plongés  immédiatement  dans  la  substance  des 
feuilles  ou  frondes,  quelquefois  renfermés  dans  des 
espèces  de  capsules  contenues  dans  des  conceptacles 
particuliers.  Les  frondes  sont  sans  articulations,  for- 
mées de  fibres  longitudinales  entrecroisées;  leur 
substance  est  coriace  ou  cartilagineuse;  leur  couleur- 
est  olivâtre,  et  noircit  lorsqu'elle  est  en  contact  avec 
l'air  extérieur.  A  cette  section  se  rapporte  le  genre 
Fucus  et  ses  nombreuses  divisions,  telles  que  les  La- 
minaires, les  Furcellaires,  etc. 

IL  Les  Fioridées  nous  sembleraient  devoir  être 
réunies  auxFucoïdées,dont  elles  ne  diffèrent  que  par 
les  fructifications,  qui  s'offrent  constamment  sous 
deux   formes,  par  leur  couleur  toujours  purpurine 


ALGUES.  483 

ou  rose.  Les  genres  Delesseria  et  Lamourouxia  ap- 
partiennent à  cette  section. 

III.  Les  Ulvoïdèes  se  présentent  sous  la  forme  de 
lames  membraneuses,  planes  ou  tubulées,  sans  arti- 
culations; elles  sont  minces,  celluleuses,  de  couleur 
verte.  Leurs  fructifications  sont  engagées  dans  le  pa- 
renchyme des  frondes  ou  renfermées  dans  des  cap- 
sules. Le  genre  Ulva  de  Linnœus  constitue  cette 
section. 

IV.  Les  Confervoïdèes  sont  faciles  à  reconnaître  à 
leurs  frondes  filamentiformes  et  articulées,  d'une 
substance  membraneuse;  leurs  fructifications  sont  ou 
renfermées  dans  l'intérieur  du  tissu  des  frondes  ,  ou 
dans  des  espèces  de  coques  ou  capsules  :  telles  sont 
les  espèces  du  genre  Conferve,  les  Ceramium,  les 
oscillatoires,  etc. 

V.  Enfin  les  Trémellinèes  ont  des  frondes  gélati- 
neuses d'une  figure  souvent  régulièrement  détermi- 
née, renfermant  dans  leur  intérieur  des  filamens 
semblables  à  ceux  des  conferves;  telles  sont  les  Tré- 
melles,  etc. 

Les  organes  sexuels  des  Algues,  malgré  les  tra- 
vaux de  MM.  Lamouroux,  Dawson-Turner,  Mertens, 
Agardh,  etc.,  n'ont  pu  encore  être  découverts;  leur 
fructification  consiste  simplement  en  des  sporulcs 
contenues  dans  des  réceptacles  particuliers  groupés 
ou  distincts  les  uns  des  autres:  ces  réceptacles  sont 
quelquefois  percés  à  leur  sdmmet  d'une  ouverture 
que  l'on  nomme  ostiole,  par  laquelle  s'échappent  les 
sporules  à  l'époque  de  leur  maturité;  d'autres  fois  ils 


484  PLANTES    AGAMF.S. 

se  rompent  irrégulièrement.  Ils  sont  ordinairement  en- 
châssés dans  l'épaisseur  même  du  tissu  de  la  fronde, 
ou  représentent  une  sorte  d'épi  ,  plus  ou  moins 
distinct  de  la  fronde.  Les  séminules  renfermées  dans 
ces  conceptacles  nagent  dans  une  liqueur  gélatineuse, 
que  plusieurs  auteurs  regardent  comme  propre  à  les 
féconder  ;  ces  séminules,  sorties  de  leurs  concepta- 
cles, se  développent  souvent  sur  la  fronde  même  du 
pied  dont  elles  se  sont  détachées.    . 

tes  Coiiferves  ou  algues  d'eau  douce  sent  ordinai- 
rement libres  et  étendues  à  la  surface  de  l'eau;  leur 
aspect  est  extrêmement  varié.  Tantôt  ce  sont  des  fi- 
lamens déliés  comme  des  cheveux,  tantôt  des  lames 
membraneuses  plus  ou  moins  étendues.  C'est  princi- 
palement aux  travaux  de  Vaucher,  de  Dillwyn,  etc., 
que  l'on  doit  la  connaissance  de  l'organisation  de  ces 
singuliers  végétaux.  Elles  se  reproduisent  également 
au  moyen  de  séminules  qui  se  développent  dans 
l'épaisseur  de  leur  tissu. 

DES  LICHENS. 

La  forme  et  le  port  des  lichens  offrent  les  varié- 
tés les  plus  singulières  et  les  plus  nombreuses.  Le 
plus  souvent  ce  sont  des  expansions  planes  et  co- 
riaces, recouvrant  le  tronc  des  arbres  ou  la  surface 
de  la  terre;  d'autres  fois  ils  représentent  de  petits 
troncs  rameux,  quelquefois  tellement  fins  et  déliés, 
qu'ils  ressemblent  à  de  longues  barbes,  comme  dans 
les  usnées;  enfin  ils  s'offrent  encore  sous  l'aspect 
d'une  poussière  fine,  formant  une  espèce  de  couche 


LICHENS.  4^5 

farineuse,  qui  s'attache  aux  colonnes,  aux  statues  et 
aux  autres  mô*numens  des  arts. 

On  a  donné  le  nom  de  thalle  {thallûs)  à  la  fronde 
des  Lichens.  11  est  fixé  à  la  terre  ou  aux  autres 
corps  solides,  au  moyen  de  fibrilles  grêles  qui,  éva- 
sées à  leur  partie  inférieure,  s'y  appliquent  intime- 
ment, sans  toutefois  s'y  enfoncer. 

La  fructification  des  Lichens  consiste  en  des  ré- 
ceptacles qui,  affectant  des  formes  diverses,  ont 
reçu  des  noms  particuliers.  Les  principaux  sont  : 

i°  La  pelte  (pelta)  se  développe  sur  le  bord  même 
de  la  fronde.  Elle  est  orbiculaire,  recouverte  d'une 
membrane  mince,  n'ayant  point  de  bourrelet  saillant 
à  son  contour;  comme  dans  le  genre  Peltidea  (Achar.) 

i°  La  scu telle  (scutella)  paraît  sur  la  surface 
même  du  thalle,  d'abord  sous  la  forme  d'un  point, 
qui  s'élargit  insensiblement;  elle  est  bordée  par  la 
substance  même  du  thalle.  Exemple  :  les  Lecanora 
(Achar.),  dans  lesquelles  rentre  la  quatrième  section 
des  patellaires  de  la  Flore  française. 

3°  \Jorbdle  (  orb.dla  )  est  une  scutelle  dont  les 
bords  sont  frangés  et  ciliés ,  comme  dans  les  usnées 
(Usnea). 

4°  La  patellule  (patellula)  se  distingue  de  la  scu- 
telle par  un  bourrelet  Saillant,  formé  par  sa  propre 
substance  ,  et  non  par  celie  du  thalle.  Exemple  : 
le  genre  Lecidea  (Achar.),  qui  comprend  les  trois 
premières  sections  des  patellaires  de  la  Flore  fran- 
çaise. 

5°   Le    cêphalodc   (  vrpJialodium  )  ,    concept ;u  le 


486  PLANTES    AGAMES. 

bombé,  sans  bordure  ni  bourrelet,  tantôt  sessile, 
tantôt  porté  sur  une  sorte  de  petite  "tige  nommée 
podecium,  qui  naît  du  thalle.  Exemple  :  les  Stereo- 
caulon  et  Cœnomyce. 

6°  La  gyrôme  {jgyroma)  forme  une  protubérance 
orbiculaire  sur  laquelle  sont  des  lignes  saillantes , 
disposées  en  spirales,  et  s'ouvrant  longitudinalement 
pour  laisser  sortir  les  séminules  ;  comme ,  par  exemple, 
dans  le  genre  Gyropliora  (Achar.)  ou  Umbilicaria 
(D.C.). 

70  Le  globule  (globulus),  conceptacle  globuleux, 
porté  sur  un  prolongement  du  thalle,  et  dans  le 
sommet  duquel  il  est  enchâssé ,  comme  dans  le  genre 
Isidium. 

Enfin  il  est  encore  quelques  autres  variétés  de 
réceptacles,  mais  qui,  étant  beaucoup  plus  rares 
que  les  précédentes ,  méritent  moins  de  fixer  notre 
attention. 

Tous  ces  réceptacles  renferment  des  séminules 
plus  ou  moins  fines,  qui  servent  à  la  régénération  de 
l'espèce.  Quelques  Lichens  se  reproduisent  au  moyen 
de  propagules ,  et  sont  dépourvus  de  conceptacles, 
ou  du  moins  on  n'est  point  encore  parvenu  à  leur 
en  reconnaître.  Tel  est  le  genre  Variolaria. 

DES    CHAMPIGNONS. 

Les  Champignons  affectent  des  formes  extrême- 
ment variées.  Ce  sont  tantôt  des  corps  globuleux  ou 
clavîformes;  tantôt  ils  ressemblent  à  des  chapeaux, 


CHAMPIGNONS.  4^7 

à  des  parasols ,    à   des  coupes ,  à  des  branches   de 
corail ,  etc.  ,  etc. 

Leur  consistance  est  plus  ou  moins  molle  ;  ils 
végètent  sur  la  terre,  le  tronc  des  arbres  morts  ou 
vivans,  la  surface  des  eaux,  dans  l'intérieur  même 
de  la  terre,  et  sur  les  substances  animales  ou  végé- 
tales en  état  de  décomposition. 

Toute  la  plante,  avant  son  parfait  développement, 
est  souvent  renfermée  dans  une  enveloppe  générale 
qui  la  recouvre  entièrement  et  se  déchire  pour  la 
laisser  sortir;  on  l'appelle  volva  ou  bourse. 

Les  conceptacles,  dans  lesquels  sont  renfermés  les 
séminules ,  affectent  des  formes  très  -  variées.  On 
donne  le  nom  de  pèridium  à  un  conceptacle  creux  ou 
en  forme  de  sac  membraneux ,  renfermant  les  spo- 
rules  à  son  intérieur,  et  constituant  à  lui  seul  tout 
le  champignon  ,  comme  ,  par  exemple ,  dans  les 
Ljcoperdon:  D'autres  fois  ces  sporules  sont  étendues 
sous  forme  d'une  poussière  fine  et  délicate  sur  une 
lame  mince  qui  porte  le  nom  iïhymenium. 

On  nomme  chapeau,  dans  les  Champignons,  leur 
partie  supérieure,  souvent  large  et  circulaire,  tantôt 
convexe,  tantôt  concave.  Il  est  quelquefois  soutenu 
sur  une  sorte  de  tige  qu'on  appelle  pédicule  {jiedi- 
culus).  En  dessous,  le  chapeau  est  garni  de  lames 
rayonnantes  comme  dans  les  Agarics  ,  de  tubes  , 
comme  dans  les  Bolets,  ou  même  de  pointes  ou  de 
pores  sur  lesquels  sont  attachées  les  séminules. 

Les  «hampignons  microscopiques  ,  tels  que  les 
Uredo ,  les  JEcidium ,  les  Puccinia,  ont  encore  une 


488  PLAJNTES    AGAMKS. 

organisation  plus  simple.  Ils  se  développent  d'abord 
sous  l'épiderme,  qu'ils  soulèvent,  et  finissent  par  se 
montrer  au  dehors  sous  l'aspect  de  points  à  peine 
imperceptibles. 

On  a  voulu  aussi  admettre  des  fleurs,  et  par  con- 
séquent des  organes  sexuels  dans  les  champignons. 
Micheli  regarde  comme  des  étamines  les  rebords 
frangés  qu'on  observe  quelquefois,  sur  les  lames  ou 
les  pores  de  certaines  espèces., .Hedwig,  au  con- 
traire ,  appelle  ces  corps  des  stigmates  ;  il  donne 
le  nom  d'étamines  à  des  espèces  de  filets  succulcns 
chargés  de  petits  grains.  Les  pistils  sont  renfermés 
entre  les  lames.  Bulliard  dit,  au  contraire,  que  les 
graines  sont  en  contact  immédiat  avec  le  fluide  fécon- 
dant, comme  dans  beaucoup  de  fucus  et  d'autres 
Thalassiophytes. 

La  famille  des  Champignons,  surtout  d'après  les 
recherches  et  les  travaux,  récens  d'un  geand  nombre 
de  botanistes  du  nord  de  l'Europe,  s'es't  enrichie 
d'un  nombre  considérable  d'espèces  et  de  genres 
nouveaux.  Les  ouvrages  de  Micheli,  de  Paulet ,  deBa- 
tarra,  deTodde,  de  Liuk,  de  Bulliard,  de  Persoon, 
de  Nées  d'Essenbeck,  d'Ehrenberg,  de  Fries,  etc., 
ont  puissamment  contribué  aux  progrès  de  cette  par- 
tie de  la  botanique.  Dans  un  ouvrage  comme  celui- 
ci ,  il  nous  est  impossible  d'entrer  dans  de  plus 
grands  détails  sur  l'organisation  de  ces  êtres  sin- 
guliers. 

Nous  venons  d'exposer  d'une  manière  trpp  abré- 
gée, sans  doute,  pour  en  donner  une  idée  complète, 


CHAMPIGNONS.  489 

l'organisation  des  plantes  agames.  Il  ne  nous  a  pas 
été  possible  d'entrer  dans  de  plus  grands  développe- 
nens,  parce  que  notre  intention  était  seulement  de 
donner  une  idée  générale  de  leur  structure,  afin  de 
faire  voir  l'extrême  différence  qui  existe  entre  elles 
et  les  végétaux  phanérogames.  C'est  aux  ouvrages 
des  Dillenius,  des  Hedwig,  des  Bridcl,  des  Persoon  , 
des  Hoffmann,  des  Vaucher ,  des  Beauvois,  des 
Agardh  ,  des  Hooker,  de^Lamouroux ,  et  de  tant 
d'autres  auteurs  célèbres  qui  s'en  sont  occupés  spé- 
cialement ,  qu'il  faut  recourir  pour  prendre  une 
idée  complète  de  la  structure  et  de  l'organisation 
de  ces  végétaux,  aussi  intéressans  que  difficiles  à 
étudier. 


ft  H  HILL  UBRARY 
N°rth  Carolba  Sfafe  Coileq- 


HORLOGE  DE  FLORE, 


TABLEAU*  DE  l'hEURE  DE  L'ÉPANOUISSEMENT  DE  CER- 
TAINES FLEURS  ,  A  UPSAL  ,  PAR  6o°  DE  LATITUDE 
BORÉALE. 


HEURES 

du   lever , 
c'est-à-dire 

de 
l'épanouis- 
sement 
des  fleurs. 


MATIN 

3  à  5. 

4  à  5. 
4  à  5. 
4  à  5. 
4  à  5. 

4  à  6. 
5 

5.  .  .  . 
5 

5  à  6. 
5  à  6. 

5  à  6. 

6.  .  .  . 

6.  .  .  . 

6  à  y. 
6  à  7. 
6  à  7. 
6  à  7. 
6  à  8. 

7.  .  .  . 
7.  .  .  . 
7.  .  .  . 
7.  .  .  . 
7.  .  .  . 


NOMS 
des 

PLANTES    OBSERVÉES. 


Tragopogon  pratense. 
Leontodon  tuberosum. 
Picris  hieracioïdes.    .   . 
Cichorium  intybus.  .    '. 
Crépis  tectorum.   .    .    . 
Picridium  tingitanum. 
Sonchus  oleraceus.  .  . 
Papaver  nudicaule.   .    . 
Hemerocallis  fulva.   . 
Leontodon  taraxacum. 
Crépis  alpina.   .... 
Rhagadiolus  edulis.   .    . 
Hypochœris  maculata. 
Hieracium  umbellatum. 
Hieracium  raurorum.   . 
Hieracium  pilosella.    . 

Crépis  rubra , 

Sonchus  arvensis.  .   . 
Alyssum  utriculatum.  . 
Leontodon  hastile.   .   . 
Sonchus  lapponicus.    . 

Lactuca  sauva 

Calendula  pluvialis.  .    . 
Nymphaea  alba 


HEURES 

du  coucher , 

c'est-à-dire 

où    se    ferment 

ces  mêmes 

fleurs. 


MATIN. 
9  à  IO 


IO 

10  à  12 
10 

11  à  12 


13 
io 


$  à  5 


3à  4 
1  à  2 


3  à/, 

5 


HORLOGE    DE    FLORE. 


49 l 


HEURES 

du  lever, 
c'est-à-dire 

de 
l'épanouis- 
sement 
des  fleurs. 


9- 
9- 
9 
9 
io 


io. 

IO. 


IO. 
IO. 


NOMS 
des 

PI.AHTES    OBSERVÉES. 


Anthericum  ramosum 

Mesembryanthemum  barbatum.  . 
Mesembryanth.  linguiforme.   .   .  . 

Hieracium  auricula 

Anagallis  arver~is 

Dianthus  prolifer 

Hieracium  chondrilloïdes 

Calendula  arvensis 

Arenaria  rubra 

Mesembryanthemum  crystallinum 
Mesembryanthemum  nodiflorum. 


Nyctago  hortensis.  . 
Géranium  triste.  .  . 
Silène  noctiflora.  .  . 
Cactus  grandiflorus. 


HEURES 

du  coucher , 

c'est-à-dire 

où    se    ferment 

ces  mêmes 

fleurs. 


SOIR. 

3à  4 


3 

a  à  3 
a  à  4 
3 


Selon  la  remarque  d'Adanson,  le  tableau  de  Linnseus  pour  le  climat 
d'Upsal  diffère  d'une  heure  de  celui  qu'on  pourrait  faire  pour  le 
climat  de  Paris. 


CALENDRIER   DE  FLORE, 


EPOQUES  DE  LA   FLORAISON  DE  QUELQUES  PLANTES  SOUS  L« 
CLIMAT    DE  PARIS,   DAPRES   M.  DE   LAMARCK. 


JANVIER. 


L'Hellébore  noir  (  Helleborus  niger) 


FEVRIER. 


L'aune  (  finies  viscosa  ). 
Le  Saule  marceau  (Salix  caprœa). 
Le  Noisetie'r  (  Corjlus  avellana). 
Le  Bois-Gentil  (Daphtie  mezereum). 
•Le  Galanthus  nivalis. 

m  A  RS. 

Le  Cornouiller  mâle  (  Cornus  mas.  ). 

L'Anémone  hépatique  (  Hepatica  triloba  ). 

L ' Androsace  carnea. 

La  Soldanelle  [Solda/iella  alpina}. 

Le  Buis  (  Buxus  sempervirens  ). 

La  Thuya  (  Thuya  orientalis  ). 

L'If  (  Taxus  baccata). 

\lArabls  alpina. 

La  Renoncule  ficaire  (Ficaria  Ranunculoïdes). 

L'Hellébore  d'hiver  (  Helleborus  hietnalis). 


■  i  wi  \  n.A/zan 


CALENDRIER    DE    FLORE.  493 


L'Amandier  {^Amygdalus  commuais). 

Le  Pêcher  (  Amygdalus  persica  ). 

L'Abricotier  [Armeniaca  sativa). 

Le  Groseiller  à  maquereau  (  Ribes  Grossularia). 

Le  Pétasite  (  Tussilage-  Petasites  ). 

Le  Pas-d'Ane  (  Tussilage-  Far/ara). 

Le  Ranunculus  auricomus. 

La  Giroflée  jaune  (  Cheiranthus  cheiri  ). 

La  Primevère  (Primula  veris). 

La  Fumeterre  bulbeuse  (Corydalis  bulbosa). 

Le  Narcissus pseudo-Narcissus. 

L' Anémone  Ranunculoïdes. 

Le  Safran  printanier  (  Crocus  vernus). 

Le  Saxifraga  crassifolia. 

L'Alaterne  [Rhamnus  alaternus). 

AVRIL. 

Le  Prunier  épineux  (  Prunus  spinosa  ). 

Le  llhodora  de  Canada  (Rhodora  Canadensis). 

La  Tulipe  précoce  (  Tulipa  suaveolens). 

Le  Draba  verna. 

Le  Draba  aizoïdes. 

L  e  Saxifraga  gra  n  nia  ta . 

Le  Saxifraga  tridactylites. 

Le  Cardamine  pratensis. 

L'Asarum  europœuni. 

Le  Paris  quadrifolia. 

Le  Pissenlit  (  Taraxacum  Dens-Lecnis). 

La  Jacinthe  (  Hyacinthus  orientalis): 


4p4  CALENDRIER    DE    FLORE. 


L'Ortie  blanche  (  Larnium  album  ). 

Le  Prunier  (  Prunus  domestica). 

La  Sylvie  (  Anémone  nemorosa  ). 

L'Orobe  printanier  (  Orobus  vernus). 

La  petite  Pervenche  (  P'inca  minor). 

Le  Frêne  commun  (  Fraxinus  excelsior  ). 

Le  Charme  (  Carpinus  betulus  ). 

L'Orme  (  Ulmus  campestris  ). 

L'Impériale  (Fritillaria  Imperialis). 

Le  Lierre  terrestre  (  Glecoma  hederacea  ). 

Le  Juncus  sylvaticus. 

La  Luzula  campes-tris. 

Le  Cerastium  arvense. 

Les  Érables. 

Le  Prunier  mahaleb  (  Prunus  mahaleb  ). 

Les  Poiriers. 

MAI. 

Les  Pommiers. 

Le  Lilas  (Syringa  uulgaris  ). 

Le  Marronnier  d'Inde  [JEsculus  Hippocastanum.) 

Le  Bois  de  Judée  (  Cercis  siliquastrum  ). 

Le  Cerisier  (  Cerasus  commuais). 

Le  Faux  Ebénier  (  Citysus  Laburnum  ). 

La  Filipendule  (  Spirœa  Filipendula  ). 

La  Pivoine  (  Pœonia  officinalis  ). 

\J Erysimum  alliaria. 

La  Coriandre  (  Coriandrum  sativum  ). 

La  Bugle  (Ajuga  reptans). 


CALENDRIER    DE    FLORE.  4^5 


L'Aspérule  odorante  (  Asperula  odorata  ). 
La  Bryone  (Brjonia  dioïca  ). 
Le  Muguet  (  Convallaria  maïalîs  ). 
L  Epine-Vinette  (  Berberis  vulgarh  ). 
La  Bourrache  (Borrago  qfficinalis). 
Le  Fraisier  (  Fragaria  ■vesca). 
L'Argentine  (  Potentilla  argentea"). 
Le  Chêne  (  Quercus  robur). 

Les  Iris  ,  etc.,  et  en  général  le  plus  grand  nombre 
des  plantes. 

JUIN. 

Les  Sauges. 

L'Alkékenge  (Physalis  Alkekengi). 

Le  Coquelicot  (  Papaver  rhœas  ). 

La  Cardiaire  (  Leonorus  cardiaca). 

La  Ciguë  (  Conium  maculatum  ). 

Le  Tilleul  (  Tilia  europœa). 

La  Vigne  (  Vitis  vinifera  ). 

Les  Nigelles. 

Yl  hleracleum  sphondylium. 

Les  Nénuphars. 

La  Prunelle  (  Brunella  vulgaris  ). 

Le  Lin  (  Lùium  usitatissimum  ). 

Le  Cresson  de  fontaine  (Sisjmbnum  Nasturtium). 

Le  Seigle  (  Secale  céréale). 

L'Avoine  (  Avena  sativa  ). 

Le  Froment  (  Triticum  sativum  ). 

Les  Digitales. 


49^ 


CALENDRIER    DE    FLORE. 


Le  Pied-d'alouette  (  Delphiniwn  consolida  ). 

Les  Hypericum. 

Le  Bleuet  (  Centaurea  Cyanus). 

\1  Amorpha  fruticosa. 

Le  Melia  Azedarach. 

JUILLET. 

L'Hysope  (  Hyssopus  officinalis  ). 

Les  Menthes. 

L'Origan  (  Origanum  vulgare  ). 

La  Carotte  (  Daucus  Carotta  ). 

La  Tanaisie  (  Tanacetum  vulgare  ). 

Les  OEillets. 

La  petite  Centaurée  {Erythrœa  Centaurium  ), 

Le  Monotropa  hypopithys. 

Les  Laitues. 

Plusieurs  inules. 

La  Salicaire  (  Lythrum  Sallcaria  )• 

La  Chicorée  sauvage  (  Cichorium  Intybus  ). 

La  Verge  d'or  (  Solidago  f^irga  anrea  ). 

Le  Catalpa  [Bignonia  Catalpa}. 

Le  CephalantJuis . 

Le  Houblon  (  Humulus  Lupulus  ). 

Le  Chanvre  (  Cannabis  sativa,  etc. ,  etc. 

AOUT. 


La  Scabiosa  succisa. 
Le  Parnassia  palustris. 


CALENDRIER    DE    FLORE.  4Q7 


La  Gratiole  (  Gratiola  officinalis'). 

La  Balsamine  des  jardins  (  Bahamina  hortensis  ). 

L'Euphraise  jaune  (  Euphrasia  lutea  ). 

Plusieurs  Asters. 

Le  Laurier-Tin  (  Viburnum  Tinus). 

Les  Coreopsis. 

Les  Rudbeckia. 

Les  Sylphium. 

SEPTEMBRE. 

Le  Ruscus  racemosus. 

\1  Aralia  spinosa. 

Le  Lierre  (Hedera  hélix). 

Le  Cyclamen  (  Cyclamen  europœum  ). 

\1  Amaryllis  lutea. 

Le  Colchique  (  Colchicum  autumnale  ). 

Le  Safran  (  Crocus  sativus). 

L'OEillet  d'Inde  (  Tagetes  erecta  ). 

OCTOBRE. 

L 'Aster  grandiflorus. 

Le  Topinambour  (  Helianthus  tuberosus  ). 

U Aster  miser. 

\j Anthémis  grandiflora ,  etc. 

Le  Chrysanthemum  indicum. 


TABLE  ANALYTIQUE 

DES   MATIÈRES. 


DÉDiCAcfe Page      v 

Avertissement  sur  la  troisième  édition vij 

Préface  de  la  première  édition xj 

Introduction.  Définition  de  la  Botanique  et  objets  dont  elle 
s'occupe,  i.  —  Sa  division  en  trois  branches,  la  Botanique 
proprement  dite  ,  la  Physique  végétale  ,  et  la  Botanique 
appliquée;  Subdivisions  de  ces  branches,  2. —  Ce  qu'on 
entend  par  un  végétal ,  4-  —  Différence  entre  les  végétaux 
et  les  animaux,  5. 

Parties  élémentaires  des  végétaux  ou  An atomie  végétale  , 
8.  —  Tissu  aréolaire  ,9.  — ■  Nouvelles  observations  de 
MM.  Dutrochet  et  Amici  sur  les  cellules,  10.  — Tissu 
vasculaire  ou  tubulaire,  i3.  —  Différentes  espèces  de 
vaisseaux  ,  ibid.  —  Leurs  combinaisons  ,  d'où  résultent 
les  fibres  et  le  parenchyme  qui,  diversement  combinés 
eux-mêmes,  constituent  les  organes,  17.  —  Distinciion  des 
vaisseaux  en  vaisseaux  séveux  ou  lymphatiques  ,  en  vais- 
seaux propres  et  en  vaisseaux  aériens,  17.  —  Observations 
de  M.  Amici  sur  les  vaisseaux  poreux,  18.  —  Système  de 
M.  Dutrochet  sur  les  pores  des  parois  cellulaires  ,  20.  — 
Des  glandes  ,  23.  —  Différentes  espèces  de  glandes ,  ibid. 

—  Des  poils,  24-  —  Distinction  des  poils  en  glandulifères, 
excréteurs   ou  lymphatiques,  25.  —  Leurs  formes,  ibid. 

—  Organes  des  végétaux.  Définition  de  ces  organes , 
savoir:  de  la  racine,  de  la  tige  ,  des  feuilles ,  des  fleurs, 
du  pistil ,  des  étatnines  ,  26  —  de  la  corolle  ,  du  calice  , 
du  fruit ,  du  péricarpe  ,  28.  —  Des  graip  ?9  ,  de  l'épisperrne, 


5ûO  TABLE    ANALYTIQUE  , 

de  l'amande,  29.  —  L'amande  contient  l'endosperme  ,  et 
l'embryon  ,  qui  est  formé  lui-même  du  corps  radiculaire  , 
de  la  gemmule  et  du  corps  cotylédcmaire  simple  ou  divisé  , 
3o.  —  Grande  division  des  plantes  en  inembryonées  (  cryp- 
togames ,  agames  ,  acotylédones  )  et  en  embryonées  (pha- 
nérogames ) ,  fondée  sur  l'absence  ou  la  présence  de  l'em- 
bryon, 3i. —  Division  des  embryonés  en  monocotylédons 
et  dicotylédons ,  suivant  que  le  corps  cotylédonaire  est 
simple  ou  divisé ,  ibid.  —  Division  des  organes  des  végé- 
taux en  deux  classes  ,  suivant  qu'ils  servent  à  la  nutrition 
ou  à  la  reproduction  ,  35. 

Ire.  CLASSE.    Organes  de  la  nutrition  ou  de  la  végétation. 

Chapitre  Ier.  De  la  racine;  définition  et  caractères  de  la 
racine  ,  38.  —  Il  ne  faut  pas  la  confondre  avec  les  tiges 
souterraines  ,  40.  —  Différentes  parties  sont  susceptibles 
de  produire  des  racines  ,  ibid.  —  Analogie  des  racines  et 
des  tiges,  ibid.  —  Elle  est  formée  de  trois  parties,  41.  — 
Division  des  racines  suivant  leur  durée  ,  en  annuelles  , 
bisannuelles,  vivaces  et  ligneuses,  42-  —  Suivant  leur 
structure  ,  en  pivotantes  ,  fibreuses  ,  tubérifères  et  bulbi- 
fères,  44-  —  Suivant  leur  consistance,  46- —  Leur  di- 
vision ,47-  —  Leur  direclion ,  ibid.  —  Leurs  formes  ,  ibid. 
—  Usages  des  racines,  49-  —  Leur  division  fondée  sur 
leurs  usages  en  médecine  ,  59. 

Chap.  II.  De  la  tige.  Caractères  de.la  tige,  61.  —  Il  ne  faut 
pas  la  confondre  avec  la  hampe  et  le  pédoncule  radical  , 
ibid.  —  Cinq  espèces  de  tiges,  le  tronc,  le  stipe,  le  chaume, 
la  souche  ,  la  tige  proprement  dite,  ibid.  —  Distinction  des 
tiges  suivant  leur  consistance,  64. —  Leurs  formes  ,  67. — 
Leur  composition  ,  70.  —  Leur  direction,  71.  —  Leur 
vestiture  et  leurs  appendices,  72.  —  Leur  superficie  ,  73. 
Leur  pubescence  ,  74. —  Leur  armure,  75.  —  Structure 
anatomique  des  tiges,  76.  —  Sect.  I.   Organisation  de  la 


DES    MATIÈRES.  5o  I 

tig*  des  dicotylédons,  ibid.  —  De  l'épiderme  ,  77.  —  Ob- 
servations microscopiques  de  M.  Araici  sur  l'épiderme  et 
les  pores  corticaux,  78.  —  De  l'enveloppe  herbacée,  81. 

—  Des  couches  corlicales  ,  83.  —  Du  liber,  ibid.  — -  De 
l'aubier,  ou  faux  bois,  86. —  Du  bois  proprement  Hit,  87. 

—  De  l'étui  médullaire  ,  88.  —  De  la  moelle  ,  8g.  — 
Sect.  II.  Organisation  de  la  tige  des  monocotylédons,  92. 

—  Sect.  III.  Organisation  de  la  racine,  94.  —  Sect.  IV. 
Considérations  générales  sur  l'accroissement  des  végétaux , 
et  en  particulier  sur   le  développement  de  la    tige  ,  97. 

—  §1.  Accroissement  de  la  tige  des  arbres  dicotylédo- 
n^s,  99- — ^.Accroissement  en  diamètre,  ibid.  — Théorie 
de  Duhamel,  ibid.  —  Théorie  de  M.  Dupetit-  Thouars  , 
104.  —  Théorie  de  M.  Mirbel ,  109.  —  B.  Accroissement 
en  hauteur,  ni.  —  §2.  Accroissement  de  la  tige  des 
arbres  monocotylédons,  n3.  —  Nouvelles  observations 
de  M.  Dutrochet  sur  l'accroissement  de  la  tige,  n5. — 
Théorie  de  quelques  procédés  pour  la  multiplication  arti- 
ficielle des  végétaux ,  expliqués  par  les  lois  de  la  physio- 
logie végétale,  119.  — Marcotte,  ibid.  — Bouture,  120. 

—  Greffe,  121. — Sect.  I.   Greffes  par  approches,  ia3. 

—  Secr.  II.  Greffes  par  scions,  ibid.  —  Sect.  III.  Greffes 
par  gemmes  ou  boutons,  120.  — Sect.  IV.  Greffes  des 
parties  herbacées  des  végétaux,  126.* —  De  la  hauteur 
des  arbres,  127.  —  De  la  grosseur  des  arbres  ,  128.  —  De 
la  durée  des  arbres,  ibid.  —  Usage  des  tiges  ,  129.  — Leur 
division  suivant  leurs  usages  en  médecine,  io3. 

Chap.  III.  Des  bourgeons,  i32.  —  Des  bourgeons  propre- 
ment dits,  ibid.  —  Leur  division  en  nus  etécailleux,  i33. 

—  Subdivision  des  seconds,  i34-  —  Suivant  les  parties 
qu'ils  renferment,  i35.  —  Du  turion  ,  ibid.  —  Du  bulbe, 
i36.  —  Des  tubercules  ,  iZg.  —  Des  bulbilles  ,  ibid.  — 
Usages  des  bourgeons  et  des  bulbes,  141. 

Gh  a  p.  IV.  Des  feuilles,  142.  —  Leurs  différentes  dispositions 
avant  leur  entier  développement ,  ibid.  —  Considérations 


5oa  TABLE    ANALYTIQUE 

sur  la  feuille  après  ce1  développement;  sa  définition  ;  son 
origine  ,  i43.  —  Ses  deux  parties  ,  le  pétiole  et  le  limbe  , 
144.  Faces  du  limbe.  L'inférieure  présente  les  nervures 
dont  les  dispositions  variables  ont  une  grande  importance 
et  peuvent  être  rapportées  à  trois  principales,  i45  et  suiv. 

—  Diverses  manières  dont  la  feuille  est  unie  à  la  tige  , 
147.  —  Division  des  feuilles  en  simples  et  composées  ,  i5o. 

§  I.  Des  feuilles  simples.  Leur  distinction  suivant  leur  point 
de  départ,  i5a.  —  Leur  disposition  sur  la  tige  ou  les  ra- 
meaux ,  i53.  —  Leur  direction  relativement  à  la  tige,  i56. 

—  Leur  circonscription  ou  figure ,  157.  —  Les  échancrures 
de  leur  base  ,  160.  —  Leur  mode  de  terminaison  à  leur 
sommet,  161.  —  Leur  contour,  162.  —  Leurs  incisions 
plus  ou  moins  profondes  ,  i63.  —  Les  modifications  de 
leur  bord,  i65. — Leur  expansion,  167.  —  Leur  super- 
ficie, 168.  —  Leur  pubescence,  ibid.  —  Leur  consistance 
et  leur  tissu,  ibid.  —  Leur  forme,  169.  —  Leur  colora- 
tion, 170.  Leur  pétiolation  ,    171.  —  Leur  durée  ,  172. 

§  IL  Des  feuilles  composées  ,  173.  —  Leur  division  en  com- 
posées proprement  dites  et  décomposées ,  ibid.  —  Sub- 
division des  unes  ,  ibid.  —  Et  des  autres,  177. 

Structure,  usages  et  fonctions  des  feuilles,  178.  — ' Opi- 
nions de  M.  Dutrochet  sur  les  mouvemens  des  feuilles, 
i83.  —  Défoliation  ou  chute  des  feuilles,  186.  —  Leurs 
usages  économiques  et  médicaux  ,  187, 

Chap.  V.  Des  stipules:  leur  définition,  189.  —  Importance 
des  caractères  qu'elles  fournissent,  ibid.  —  Variétés  dç  leur 
connexion  ,  de  leur  consistance  ,  de  leur  figure,  de  leur 
durée ,  190. 

Chap.  VI.  Des  vrilles  ,  cirrhes  ou  mains  ,  191. 

Chap.  VIL  Des  épines  et  des  aiguillons,  193. 

De  la  nutrition  dans  les  végétaux  ,  195.  —  De  l'absorp- 
tion ou  succion,  19Ô — De  la  marche  de  la  sève,  2o3. — 


DES    MATIÈRES.  5o3 

Observations  nouvelles  de  M.  Amici  sur  la  circulation  du 
suc  dans  les  Chara  et  le  Caulinia  fragilis  ,  2o5. —  Diverses 
hypothèses  relativement  à  la  cause  qui  détermine  la  marche 
de  la  sève,  207.  —  De  la  transpiration  ,  210.  —  De  l'ex- 
piration ,  2i3. —  De  l'excrétion,  214. —  De  la  sève  des- 
cendante ,  21 5. 

IIe  CLASSE.  Des  organes  de  la  reproduction  ou  de  la 
fructification. 

Section  Ire.   Des  organes  de  la  floraison. 

Considérations  générales  sur  la  fleur,  220. 

Chap.  Ier  Du  pédoncule  et  des  bractées,  226.  —  Ce  que  sont 
les  pédoncules,  ibid.  —  Ce  que  sont  les  bractées,  227.  — 
Leurs  diverses  dispositions,  228.  —  Unies,  elles  forment 
ou  une  cupule ,  ou  un  involucre ,  qui  prend ,  suivant  le  cas , 
le  nom  de  calicule  ou  de  spathe,  ibid.  —  De  ces  parties 
dans  les  Graminées ,  23o.  —  Modifications  du  pédon- 
cule, 23  1. 

Chap.  II.  De  l'inflorescence.  Définition  ,  232.  —  Divers 
modes  d'inflorescence.  L'épi,  233.  —  La  grappe,  234. — 
Le  thyrse,  ibid.  —  La  panicule,  ibid.  —  Le  corymbe.  La 
cyme,  ibid.  —  L'ombelle,  235.  —  Le  sertule.  Le  verticille, 
236.  — Le  spadice,  ibid.  Le  chaton,  237.  — Le  capitule, 
ibid. 

Chap.  III.  De  la  préfleuraison ,  a38. 

Chap.  IV.  Des  enveloppes  florales  en  général ,  240. 

Chap.  V.  Du  calice.  Définition  et  caractères,  245.  — 5  Dis- 
tinction des  calices  en  monosépales  et  polysépales ,  ibid.  — 
Caractères  des  premiers,  246.  —  Leur  distinction  établie 
d'après  leurs  divisions  plus  ou  moins  profondes,  247-  — 
D'après  leur  régularité  ou  irrégularité  et  leurs  formes 
diverses,  248.  —  Nombre  variable  des  sépales  dans  les 
calices  polysépales,  a5o. 


5o4  TABLE    ANALYTIQUE 

Chap.  VI.  De  la  corolle.  Définition  et  caractères,  252.  — 
Division  des  corolles  en  monopétales  et  polypétales ,  ibid. 

—  Ce  que  c'est  qu'un  pétale,  ibid.  —  Ses  parties,  ibid. — 
Différences  des  corolles  monopétales  et  polypétales,  253. 

—  Des  parties  que  présentent  les  premières,  le  tube,  le 
limbe  et  la  gorge,  25/(.  —  Corolle  monopétale  régulière, 
255.  —  Irrégulière,  256.  — •  Corolle  polypétale  ,  260. — 
Corolles  polypétales  régulières  qui  peuvent  être  cruci- 
formes, rosacées,  caryophyllées,  263. —  Corolles  polypé- 
tales irrégulières  qui  sont  papilionacées  ou  anomales,  26/»- 

—  Situation  relative  des  sépales  et  des  pétales,  ibid. 

Chap.  VII.  Des  organes  sexuels.  Histoire  de  leur  découverte  , 
266.  —  Des  parties  qui  concourent  à  les  former  ,  ibid. 

Chap.  VIII.  De  l'étamine  ou  organe  sexuel  mâle,  268.  —  Des 
parties  qui  la  composent  ,  ibid.  — Nombre  variable  des 
étamines,  269.  —  Leur  grandeur  relative,  271. — Leur 
situation  relativement  aux  divisions  du  calice  et  de  la 
corolle  ,  272.  —  Leur  direction  ,  273.  —  Elles  sont  libres 
ou  réunies,  274. 

§  I.  Du  filet;  ses  différentes  formes,  274.  —  Les  filets  sont 
ou  libres  ou  soudés  soit  en  partie,  soit  en  totalité,  275. — 
Leur  nature  et  leur  structure  organique,  276. 

§  IL  De  l'anthère.  Des  parties  qui  concourent  à  la  former, 
278.  —  De  ses  loges  et  de  leur  nombre,  ibid.  — Points 
d'attache  des  anthères,  27g.  —  Leurs  formes,  ibid.  —  Les 
loges  des  anthères  biloculaires  peuvent  être  soudées  de 
différentes  manières,  281.  —  Peuvent  être  réunies  par  un 
connectif,  282.  — Modes  de  déhiscence  des  anthères,  283. 

—  Les  anthères  peuvent  être  adhérentes  entre  elles,  ibid. 
§  III.  Du  pollen,  284.  —  Structure  ,  nature  de  la  superficie, 

et  forme  des  grains  polliniques,  286. 

Chap.  IX.  Du  pistil  ou  organe  sexuel  femelle.  Parties  qui  le 
composent,  290.  —  Du  gynophore,  ibid. 


DES    MATIÈRES.  5o5 

§  I.  De  l'ovaire.  Ses  caractères,  291.  —  Son  adhérence  ou 
non-adhérence  avec  le  calice  ;  importance  de  ce  caractère, 
292.  —  Cavités  intérieures  ou  loges  de  l'ovaire  variables 
en  nombre,  29/4-  —  Des  ovules  qu'elles  contiennent,  2g5. 

§  IL  Du  style.  Le  nombre  des  styles  et  leur  position  relati- 
vement à  l'ovaire,  296.  —  Leurs  formes,  297. 

§  III.  Du  stigmale.  Définition,  299.  —  Nombre  des  stig- 
mates, 3oo.  —  Leur  position  sur  le  style,  ibid. —  Leur 
différence  de  substance ,  ibid.  —  Leurs  formes  ,  3oi . 

Nouvelles  considérations  générales  sur  la  fleur,  3o4.  — 
De  l'anthère,  ibid. 

Division  des  plantes  suivant  la  saison  de  leur  florai- 
son, 3o5. 

Influence  des  météores  atmosphériques  sur  certaines 
fleurs  ,  307. 

Chap.  X.  Des  nectaires ,  3o8. 

Chap.  XI.  De  la  fécondation.  Considérations  générales  sur 
son  mécanisme  et  la  manière  dont  la  nature  la  favorise 
dans  les  divers  végétaux,  3n  et  suiv. 

Chap.  XII.  Du  disque.  Définition  ,  323.  —  Sa  distinction  en 
hypogyne  ,  périgyne  et  épigyne ,  ibid. 

Chap.  XIII.  De  l'insertion.  Ce  qu'on  entend  par  ce  mot , 
324. — Distinction  des  insertions  en  absolue  et  relative, 
ibid. — Trois  sortes  d'insertion  relative,  325. 

Section  IIe.  Du  fruit  ou  des  organes  de  la  fructification 
proprement  dits,  326. 

Chap.  Ier  Du  péricarpe,  326.  —  Définition,  ibid. —  Des 
trois  parties  qui  le  forment,  l'épicarpe,  le  sarcocarpe , 
l'endocarpe  ,  327.  —  Des  organes  accessoires  du  péri- 
carpe. De  sa  cavité  intérieure  simple  ou  offrant  plusieurs, 
loges,  329. 


5û6  TABLE    ANALYTIQUE 

§  I.  Des  cloisons  qui  séparent  ces  loges,  329  et  333. 

§  IL  Du  trophosperrae ,  333. 

§  III.  De  l'arille,  335.  —  De  la  columelle,  337.  —  Déhis- 
cence  du  péricarpe,  337.  —  Péricarpes  rupîiles,  338. — 
Péricarpes   déhiscens ,   ïbid.  —  Nombre  des  -valves,   ibid. 

—  La  déhiscence  valvaire  peut  être,  i°  loculicide  ;  20  sep- 
ticide;  3°  seplifrage,  33g. — Formes  du  péricarpe  dans 
son  ensemble  ,  34o.  —  Le  fruit  est  quelquefois  couronné 
d'une  aigrette,  ibid.  —  Cette  aigrette  est  sessile  ou  stipi- 
tée  ,  3/,  1.  —  Elle  est  poilue  ou  plumeuse,  ibid.  —  Ailes  ou 
appendices  membraneux  du  péricarpe,  ibid.  — Exemples 
d'analyse  de  fruits  propres  à  mieux  faire  connaître  l'orga- 
nisation du  péricarpe,  342.  —  Analyse  du  fruit  du  pêcher, 
ibid.  —  Analyse  du  fruit  du  pois  ordinaire,  344-  —  Ré- 
sumé présentant  toules  les  parties  qui  constituent  le  péri- 
carpe ,  345. 

Chap.  IL  De  la  graiue,  346.  —  Définition  de  la  graine,  ibid. 

—  Il  n'existe  pas  de  graines  nues,  c'est-à-dire  sans  péri- 
carpe ,  ibid.  —  Nécessité  d'étudier  la  structure  de  l'ovaire 
pour  connaître  celle  du  fruit,  ibid.  —  L'essence  et  la  per- 
fection de  la  graine  consistent  dans  l'embryon,  347. — 
Dissemblance  des  véritables  graines  d'avec  les  corpuscules 
reproductifs  des  plantes  agames ,  ibid.  —  La  graine  est  for- 
mée de  deux  parties,  i°  de  l'épisperme  ou  tégument  pro- 
pre; 20  de  l'amande,  ibid.  —  Du  bile  ou  point  d'attache  de 
la  graine,  348.  — Sommet,  face  ,  bords  de  la  graine,  ibid. 

—  Graine  comprimée,  graine  déprimée,  ibid.  —  Position 
des  graines,  34g.  —  Dressées,  ibid.  —  Renversées ,  ibid.  — 
Ascendantes,  suspendues,  péritropes  ,  ibid. 

§  I.  De  l'épisperme  ,  35o.  —  Testa  et  tegmen ,  ibid.  —  Hile  , 
omphalode,  vasiducte,  etchalaze,  ibid. — Micropile,  em- 
bryotége,  35i. 


DES    MATIÈRES.  5o^ 

§  II.  De  l'amande,  35î.  —  Elle  est  formée  par  l'embryon 
seul  ou  uni  à  un  endosperme  ,  ibid. 

§  III.  De  l'endosperme  ,  353.  —  Sa'couleur,  sa  substance, 
ibid. 

§  IV.  De  l'embryon,  354.  —  Embryon  épisperraique,  355. 

—  Embryon  endospermique  ,  ibid.  —  Embryon  extraire 
et  intraire ,  ibid.  —  L'embryon  est  formé  de  quatre  par- 
ties :  i°  le  corps  radiculaire  ou  la  radicule  ;  2°  le  corps 
cotylédonaire;  3°  la  gemmule;  4°  la  tigelle.  La  radicule 
peut  être  nue  ou  coléorhizée,  c'est-à-dire  renfermée  dans 
une  coléorhize,  ibid.  —  Le  corps  cotylédonaire  est  à  un 
seul,  à  deux  ou  à  un  grand  nombre  de  cotylédons,  357- 

—  Embryon  monocotylédoné  et  dicotylédoné ,  ibid.  — 
Nouvelle  division  des  végétaux  en  tendorhizes  ,  exorhizes 
et  sjnorhizes,  358.  —  Usages  des  cotylédons,  359-  — 
Cotylédons  hypogés  et  épigés,  ibid.  —  Feuilles  séminales, 
36o.  —  De  la  gemmule  ou  plumule,  ibid.  —  Feuilles  pri- 
mordiales ,  ibid.  —  De  la  coléoptile  ,  ibid.  —  De  la  tigelle, 
36i.  —  Direction  de  l'embryon  relativement  au  péricarpe, 
ibid.  —  Embryon  homotrope,  anlitrope,  ortbotrope  et 
amphitrope ,  3Ô2. 

§  V.  De  l'embryon  dicotylédoné,  363.  —  Caractères  que 
présentent  en  général  sa  radicule,  ses  deux  cotylédons  , 
sa  gemmule,  sa  tigelle,  ibid.  —  Ses  anomalies,  ibid.  — 
Soudure  des  deux  cotylédons  en  un  seul  ;  le  marronnier 
d'Inde ,  ibid. 

§  VI.  De  l'embryon  monocotylédoné,  364-  —  Souvent  on 
ne  peut  bien  reconnaître  ses  différentes  parties  que  par  la 
germination  ,  ibid.  —  Corps  radiculaire  ,  embryon  macro- 
pode ,  ibid.  —  Radicule  enfermée  dans  une  coléorhize; 
elle  n'est  pas  toujours  simple,  ibid.  —  Corps  cotylédo- 
naire ,  365.  —  Il  est  simple  ,  indivis ,  ibid.  —  Gemmule 
renfermée  dans  le  cotylédon ,  composée  de  petites  feuilles 


5û8  TABLE    ANALYTIQUE 

emboîtées  les  unes  dans  les  autres,  ibid.  —  Piléole,  tigelle, 
se  confond  ordinairement  avec  le  cotylédon  ou  la  radicule 
ibid.  —  Structure  de  l'embryon  des  graminées ,  ibid.  —  De 
l'hypoblaste ,  365.  —  Du  hlaste,  ibid.  — De  la  Radicu- 
lode,  ibid.  —  De  l'épiblaste  ,  ibid. 

Chap.  III.  De  la  germination,  366.  —  Définition  de  la  ger- 
mination ,  ibid.  —  Circonstances  nécessaires  à  la  germina- 
tion :  les  unes  dépendent  de  la  graine  ,  les  autres  lui  sont 
accessoires  ou  étrangères  ,  ibid.  —  État  où  doit  être  la 
graine,  367.  —  Agens  extérieurs  indispensables  à  la  ger- 
mination ,  ibid.  —  De  l'eau,  ibid.  —  Elle  sert  de  véhicule 
aux  substances  alimentaires  du  végétal ,  ibid.  —  Sa  trop 
grande  quantité  est  nuisible  aux  graines  ,  368.  —  Elle 
ramollit  l'enveloppe  séminale ,  et  favorise  sa  rupture  , 
ibid.  —  De  la  chaleur,  368.  —  Elle  est  aussi  nécessaire 
que  l'eau,  mais  ne  doit  pas  passer  certains  degrés,  369. 

—  Une  chaleur  de  25  à  3o  degrés  est  la  plus  convenable , 
ibid.  —  De  l'air,  ibid.  —  Il  est  aussi  utile  aux  végétaux 
pour  germer  et  croître  qu'aux  animaux  pour  respirer  et 
vivre ,  ibid.  —  Expériences  de  Homberg,  qui  dit  avoir 
vu  germer  des  graines  dans  le  vide  de  la  machine  pneuma- 
tique ,  peu  exactes,    ibid.  —  Action  de  l'oxygène,   370, 

—  Il  aide  et  favorise  la  germination,  ibid.  —  Pur,  il  l'ac- 
célère d'abord ,  mais  il  ne  tarde  pas  à  l'arrêter  par  l'acti- 
vité trop  puissante  qu'il  lui  commuuique ,  ibid.  —  Son 
action  tempérée  par  sa  réunion  au  gaz  azote  ou  au  gaz  hy- 
drogène, 371.  —  Proportions  les  plus  convenables  de  ce 
mélange,  ibid.  —  L'oxygène  ,  absorbé  pendant  la  germi- 
nation, se  combine  avec  l'excès  de  carbone  que  contient 
le  jeune  végétal,  et  forme  de  l'acide  carbonique  qui  est 
rejeté  au  dehors ,  ibid.  —  Influence  de  cette  combinaison 
sur  l'endosperme ,  ibid.  —  Expériences  de  M.  de  Hum- 
boldtavec  le  chlore  ,  ibid.  Influence  du  sol  et  de  la  lumière 
sur  la  germination,  372.  —  Phénomènes  généraux  de  la 


DES    MATIÈRES.  5(X) 

germination,  373.  — La  radicule  paraît  la  première,  374. 
—  La  gemmule  paraît  peu  de  temps  après  ,  ibid.  —  Usages 
de  l'épispermé,  376. — 'Il  sert  à  empêcher  l'eau  d'agir 
trop  directement  sur  l'embryon  ,  ibid.  —  Origine  de  l'en- 
dosperme,  qui  n'est  que  le  résidu  des  eaux  de  l'amnios, 
ibid.  —  Usage  de  l'endosperme ,  qui  fournit  les  premiers 
matériaux  de  sa  nutrition  au  jeune  végétal,  377.  —  Les 
cotylédons  remplissent  souvent  les  mêmes  usages  que  l'en- 
dosperme ,  ibid. 

%  I.  Germination  des  embryons  exorhizes  ou  dicotylédones, 
378  et  suiv. 

§  IL  Germination  des  embryons  endorhizes  ou  monocotylé- 
donés,  379  et  suiv. 

Chap.  IV.  Classification  des  différentes  espèces  de  fruits, 
382.  —  Considérés  en  général,  les  fruits  sont  distingués 
en  simples  ,  multiples  et  composés,  383.  — Suivant  la  na- 
ture du  péricarpe,  les  fruits  sont  secs  ou  charnus,  384.  — 
Les  fruits  secs  sont  déhiscens  ou  indéhiscens,  ibid.  —  Selon 
le  nombre  des  graines  qu'ils  renferment ,  on  distingue  les 
fruits  en  oligospermes  et  en  polyspermes  ,  ibid.  —  Fruits 
pseudospermes  ,  385. 

Première   classe.  Des  Fruits  simples. 

Section  première.  Fruits  secs. 
§  I.  Fruits  secs  et  indéhiscens,  386. 

i°  Le  Caryopse  ,  ibid. 

20  L'Akène ,  387.  —  Akène  avec  aigrette  ,  ibid. 

3°  Le  Polakène  ,  —  Diakène ,  —  Tétrakène  ,  etc. ,  ibid. 

4°  La  Samare,  388. 

5°  Le  Gland  ,  ibid. 

6°  Le  Carcérule ,  ibid. 


5lQ  TABLE    ANALYTIQUE 

§  IL  Fruits  secs  et  déhiscens  ,  389. 

i°  Le  Follicule,  ibid. 

2°  La  Silique  ,  ibid. 

3°  La  Silicule,  ibid. 

4°  La  Gousse.  Gousse  uni-biloculaire,  lomentacée  ,  390, 

5°  La  Pyxide,  3gi. 

6°  L'Élatérie,  ibid. 

70  La  Capsule,  ibid. 

Section  II.  Des  Fruits  charnus ,  392. 

i°  La  Drupe,  ibid. 

2°  La  Noix  ,  ibid. 

3°  Le  Nuculaine,  ibid. 

4°  La  Mélonide  ,  ibid.  —  Note  sur  celte  espèce  de  fruits  , 

393.  —  Mélonide  à  nucules,   et  Mélonide  à  noyaux, 

394- 
5°  La  Balauste,  ibid. 
6°  La  Péponide,  ibid. 
70  L'Hespéridie ,  395. 
8°  La  Baie ,  ibid. 

Deuxième  classe.  Des  Fruits  multiples. 

Du  Syncarpe,  3g6. 

Troisième  classe.  Des  Fruits  agrégés  ou  composés. 

i°  Le  Cône  ou  Strobile,  397.  « 

20  Le  Sorose  ,  ibid. 
3°  Le  Sycone,  ibid. 

Chap.  V.  De  la  Dissémination  ,  3g8.  —  Ce  que  l'on  doit  en- 
tendre par  ce  mot,  399.  —  C'est  le  moyen  le  plus  puissant 
de  la  reproduction  des  espèces,  ibid.  —  Circonstances  qui 
la  favorisent ,  4oo.  —  Péricarpes  qui  se  rompent  avec  élas- 


DES    MATIERES.  5ll 

ticité  ,  et  lancent  leurs  graines,  ibid.  —  Appendices  divers 
des  graines  qui  augmentent  leur  surface  et  les  rendent  plus 
légères  ,  4oi.  —  Les  vents,  les  fleuves,  les  eaux  de  la  mer 
sont  les  agens  de  la  dissémination  ,  ibid.  —  Usages  des 
fruits  et  des  graines ,  4°2  et  suiv. 

De  la  Taxonomie  ,  ou  des  Méthodes  botaniques ,  4o5.  — 
Coup  d'œil  sur  l'histoire  de  la  Botanique  ,  ibid.  —  Théo- 
phraste  ,  ibid.  —  Gesner,  409.  —  Cœsalpin  ,  ibid.  —  Les 
frères  Bauhin ,  Rai,  Magnol  et  Rivin ,  410.  —  Tourne- 
fort,  ibid.  Linnseus,  41 i.  — Adanson  ,  Bernard  de  Jussieu, 
Antoine-Laurent  de  Jussieu,  4i3. 

Méthode  de  Tournefort ,  416  et  suiv.  —  Clef  de  la  méthode 
de  Tournefort,  426. 

Système  sexuel  de  Linnaeus,  4^7* 

Système  sexuel  de  Linnseus,  modifié  par  M.  Richard  père,  441. 

Clef  du  système  sexuel  de  Linnaeus ,  445. 

Clef  du  système  sexuel  modifié,  ibid. 

Méthode  de  M.  de  Jussieu  ,  ou  des  familles  naturelles  ,  446. 

Liste  des  familles  des  plantes  rangées  suivant  la  méthode  de 
M.  Antoine-Laurent  de  Jussieu  ,  4^7. 

Clef  de  la  Méthode  des  familles  naturelles  de  M.  de  Jussieu  , 
465. 

Considérations  générales  sur  l'organisation  des  plantes  Aga- 
mes,  466. 
Des  Salviniées  ,  47°- 
Des  Fougères ,  473. 
Des  Lycopodiacées ,  475. 
Des  Mousses,  476. 
Des  Hépatiques ,  480. 
Des  Algues,  481. 


5l2  TABLE    ANALYTIQUE    DES    MATIÈRES. 

Des  Lichens,  484. 

Des  Champignons,  486. 

Horloge  de  Flore,  490- 

Calendrier  de  Flore  ,  492. 


FIN     DE    LA    TABLE    ANALYTIQUE. 


EXPLICATION  DES  PLANCHES  (i). 


PIANCHE  PREMIÈRE.  Anatomie  végétale. 

Fig.     i.  Vaisseaux  moniliformes  ou  en  chapelet. 

Fig.     2.  Vaisseaux  poreux. 

Fig.     3.  Portion  de  vaisseau  poreux  plus  grossie, 

Fig.     ll.  Vaisseau  fendu  ou  fausse  trachée. 

Fig.     5.  Le  même,  plus  grossi. 

Fig.     7.  Vaisseau  en  spirale  ou  Trachée. 

Fig.     8.  Tissu  cellulaire  régulier. 

Fig.  9.  Portion  d'épiderme  pour  faire  voir  les  pores  cor- 
ticaux. 

Fig.  6.  Portion  du  tronc  d'un  arbre  dicotylédoné,  composé 
de  couches  concentriques  :  on  voit  en  a  l'écorce; 
en  b  l'aubier  ou  faux  bois;  en  c  le  bois  propre- 
ment dit;  en  cl  le  canal  médullaire. 

Fig.  10.  Portion  de  stipe  d'un  arbre  monocotjrédoné,  formé 
de  faisceaux  de  fibres  ligneuses,  épars  au  milieu  de 
la  substance  médullaire. 

PLANCHE  DEUXIÈME  :  Racines  ,  Souche  ,  Bulbe. 

Fig.   1.  Racine  rameuse,  pivotante. 

Fig.   2.  Racine  du  radis  [Brasica  Napus),  Elle  est  pivotante  , 

simple  et  napiforme. 
Fig.  3.  Racine  de  la  rave  (variété  de  l'espèce  précédente). 

Elle  est  simple,  charnue  ,fusiforme  et  pivotante. 
Fig.   /(.  Racine   delà  carotte.  (Daucus   Carota,  L.)  Elle  est 

simple,  charnue,  pivotante,  conique. 
Fig.   5.  Racine  lubérifère  (  Orchis  rnititaris,  L.)  Elle  est  di- 

(1)  Nous  avons  emprunté  plusieurs  de  nos  figures  aux  Elémeus  de  Phy- 
siologie de  M.  Mirbel  et  à  l'Iconographie  de  M.  Turpin.  Il  était  impossible 
de  puiser  à  de  meilleures  sources. 

33 


5l/f  EXPLICATION 

dyme ,  à  tubercules  ovoïdes  entiers  :  a  est  le  tuber- 
cule qui  doit  pousser  la  nouvelle  tige  ;  b  est  celui  qui 
a  fourni  la  tige  c. 

Fig.  6.  Racine  tubérifère  (Orchis  maculata  ,  L.)  à  tuber- 
cules palmés. 

Fig.  7.  Souche,  rhizome  ,  ou  tige  souterraine  du  sceau  de  Sa- 
lomon  (Polygonatum  vulgare,  Desf.)  On  voit  de 
distance  en  distance  des  empreintes  circulaires  qui 
proviennent  des  pousses  des  années  précédentes. 
C'est  à  eetle  espèce  de  tige  que  l'on  a  donné  les 
noms  de  racine  progressive,  sigillée,  succise,  etc. 
C'est  une  véritable  tige  et  non  point  une  racine. 

Fig.  8.  Bulbeàtuniquesderognoncommun.(^fZZ/w/«Cfy?«,L.) 

Fig.  g.  Bulbe  écailleux  du  Hs.  (Lilium  candidum,  L.)  Il  est 
composé  d'écaillés  charnues,  et  imbriquées  à  la  ma- 
nière des  tuiles  d'un  toit. 

PLA.NCHE  TROISIÈME  :  Feuilles  simples. 

Fig.  1.  Foliole  du  rosier.  [Rosa  centifolia,  L.)  Elle  est  ovale, 
obtuse ,  dentée  en  scie  ou  serrée. 

Fig.  1.  Feuille  elliptique,  obtuse,  entière. 

Fig.  3.  Feuille  de  la  pâquerette  (Bellis  perennis ,  L.  )  Elle 
est  spatulée. 

Fig.  4-  Feuille  du  sceau  de  Notre-Dame  ou  Tamisier.  (  Ta- 
nins commuais ,  L. )  Elle  est  cordiforme,  aiguë,  en- 
tière, basinerve. 

Fig.  5.  Feuille  du  nénuphar.  (Nymphœa  alba ,  L. )  Elle  est 
cordiforme ,  obtuse. 

Fig.  6.  Feuille  de  l'asaret.  (Jsarum  europœum ,  L.)  Elle  est 
réniforme ,  obtuse  et  émarginée  au  sommet. 

Fig.   7.  Feuille  sagittée  ou  en  fer  de  flèche. 

Fig.  8.  Feuille  hastée. 

Fig.  9.  Feuille  de  l'écuelle  d'eau  (Hydrocoty le  vulgaris ,  L.) 
Elle  est  orbiculaire ,  doublement  crénelée  etpeltée. 


DES    PLANCHES.  5l5 

Fig.   10.    Feuilles  supérieures   du  chèvre-  feuille.  (Lonicera 

Caprifolium.  )  Elles  sont  connées. 
Fig.   1 1 .    Feuille  du  Buplevrum  rotundifolium ,  L.  Elle  est 

ovale,  aiguë ,  pei foliée. 
Fig.   12.    Feuille   de   YHjdrocotyle  tripartita,   Thunb.    Elle 

est  cunéiforme ,  quinqué-dentée. 
Fig.    i3.    Feuille  du  pissenlit.  (  Taraxacuin  clens  leonis.)  Elle 

est  pinnalifide  et  roncinée. 
Fig.  24.    Feuille  du  séneçon  vulgaire.  [Senecio  vulgaris,  L.) 

Elle  est  pinnatifide,  Ijrée. 
Fig.   i5.  Feuille  de  la  passiflore  glauque.  (Passijlora  glauca , 

Jacq.)  Elle  est  tripartite  à  lobes  lancéolés  aigus , 

dentés  en  scie. 
Fig.   16.  Feuille  de  la  passiflore  bleue.  {Passijlora  cœrulea, 

Jacq.)  Elle  est  quinqué-partite  digitée ,  à  lobes  lan- 
céolés, sinueux. 

PLANCHE  QUATRIÈME  :  Feuilles  composées. 

Fig.  1.  Feuille  de  l'oranger.  {Citrus  Aurantium ,  L.)  Elle  est 
composée,  unifoliée. 

Fig.  2.  Feuille  paripennée  ou  pennée  sans  impaire,  biju- 
guée. 

Fig.  3.  Feuille  du  frêne.  (Fraxinus  excelsior,h.)  Elle  est 
imparipennée ,  ou  pennée  avec  impaire. 

Fig.     4-    Feuille  unijuguée. 

Fig.     5.    Feuille  digitée  et  trifoliée. 

Fig.  6.  Feuille  du  marronier  dTnde.  {/Esculus  hipocasta- 
num,  L. )  Elle  est  digitée,  septemfoliolée  ;  à  fo- 
lioles obovales,  aiguës,  dentées. 

Fig.  7.  Feuille  du  Mimosa  Julibrizin,  L.  Elle  est  décom- 
posée ,  bipennée. 

Fig.  8.  Feuille  décomposée,  triternée.  (Epimedium  alpi- 
num  ,  L .  ) 


5i6 


EXPLICATION 


PLANCHE  V.  — Fleurs. 


Fig.     i.   Lilas.  (Syringa  vulgaris ,  L.)  Corolle  monopétale 

régul  ière ,  hypocratériforme . 
Fig.      2.  Tabac  (  Nicotiana  Tabacum ,  L.)  Corolle  monopé- 
tale régulière ,  infundibuliforme. 
Fig.     3.    Campanule.  Corolle  monopétale  régulière,  campa- 

nulée. 
Fig.     4-    Arbousier.  Corolle  monopétale  régulière,  en  grelot. 
Fig.     5.    Fleuron  d'un  chardon. 
Fig.     6.   Demi-fleuron. 
Fig.     7.    Corolle  monopétale  irrégulière  personnée  de  la  li- 

naire.  {Antirrhinum  Linaria ,  L.) 
Fig.     8.   Corolle  monopétale  irrégulière  bilablée. 
Fig.     9.    Giroflée  rouge.  [Cheiranthus  anriuus.)  Corolle  po- 

lypétale  régulière,  cruciforme  :  a,  un  des  pétales. 
Fig.   10.    OEillet  (  D ianthus  caiyophyllus.)  Corolle  polypé- 

tale  régulière ,  cariophyllée. 
Fig.   11.   Fraisier.    [Fragaria  vesca ,  L.  )    Corolle  polypé- 

tale  régulière  ,  rosacée. 
Fig.   12.    Corolle  polypétale  irrégulière  ,  papilionacée. 

PLANCHE  VI.  — Étamines  et  pistils. 

Fig.     1.   Lis.  [Lilium  candidum,  L.  )  Ovaire  libre  à  trois 

côtes,  style  élargi  au  sommet,   et  terminé  par  un 

stigmate  trilobé. 
Fig.     2.    Rosier    des   haies.   [Rosa   canina ,    L»)    Plusieurs 

ovaires  pariétaux  attachés  aux  parois  d'un  calice 

monosépale  urcéolé. 
Fig.     3.   Gratiole  {Gratiola  officinalis ,  L.)  Ovaire  libre, 

style  très-long  ,  stigmate  bilamellé. 
Fig.     4-    Groseiller  épineux.  (Ribes  Grossularia  ,  L.)  Ovaire 

infère  surmonté  d'un  style  biparti. 


DES    PLANCHES.  5  I  7 

Fig.     5.   Ovaire  à  trois  loges ,  triloculaire. 

Fig.     6.   Étamine  dont  l'anthère  est  biloculaire,  cordiforme. 

Fig.  7.  Anthère  d'un  Solarium  s'ouvrant  par  un  petit  trou 
au  sommet  de  chaque  loge. 

Fig.  8.  Laurier.  (  Laurus  nobilis ,  L.  )  Anthère  biloculaire  , 
dont  les  loges  s'ouvrent  au  moyen  de  petits  pan- 
neaux :  a,  a'  ouvertures  des  loges ,  b,  b'  panneaux. 

Fig.  9.  Ephémère  de  Virginie.  (Tradescantia  Virginica.) 
Étamines  dont  le  filet  est  chargé  de  poils  articulés  ; 
l'anthère  est  biloculaire  didyme  ;  les  deux  loges  bb 
sont  écartées  l'une  de  l'autre  par  un  connectif  a. 

Fig.    10.    Dix  étamines  monadelphes. 

Fig.    11.    Dix  étamines  diadelphes. 

Fig.   i3.    Cinq  étamines  synanthères. 

Fig.   14.    Aristoloche  clématite.  [Arislolochia  Clematitis.) 

Ovaire  infère,  relevé  de  côtes;  étamines   soudées 
avec  le  style  et  le  stigmate  ,  c'est-à-dire  gynandres. 

Fig.  i5.  Graminée.  Épillet  uniflore  :  a  a  les  deux  valves  de 
la  lépicène  ;  b  b  celles  de  la  glume  embrassant  le 
pistil  et  les  trois  étamines. 

Fig.  16.  Le  même  ,  dépouillé  de  la  lépicène  et  de  la  glume  : 
a  a  les  deux  écailles  de  la  glumelie. 

PLANCHE  VIL  —  Graines  et  Germination. 

Fig.     1.    Graine  de  haricot  :  a  hile ,  b  micropile. 

Fig.     2.   La  même,  dépouillée  de  son  tégument  propre  ou 

épisperme ,  c'est-à-dire  embryon  seul  :  a  radicule  , 

b  b  les  deux  cotylédons. 
Fig.     3.   La  même  ,  dont  on  a  séparé  un  des  cotylédons  :  a  la 

radicule  ,  b  la  gemmule,  c  le  second  cotylédon. 
Fig.     4«   La  même,  dont  on  a  détaché  les  deux  cotylédons: 

a  radicule  ,  b  tigelle  ,  ce  la  gemmule. 
Fig.     5.  Haricot  germant.  On  voit  sortir  la  radicule. 
Fig.     6.   Ricin.  {Ricinus  commuais,  L.)  a  caroncule  arilli- 

forme. 


5l8  EXPLICATION 

Fig.  7.  L;i  même  ,  coupée  longitudinaleruent  :  a  caron- 
cule ,  b  endosperme ,  c  embryon. 

Fig.  8.  Embryon  séparé  de  l'intérieur  de  Pendosperme  : 
a  radicule  ,  bb  cotylédons,  c  gemmule. 

Fig.     9.    La  même  graine,  coupée  transversalement. 

Fig.  1  o.  Graine  de  balisier  [Canna  indica ,  L.),  coupée  longi- 
tudinalement  :  a  son  épisperme  ,  b  son  endosperme  , 
c  son  embryon,  qui  est  monocotylédon. 

Fig.  n.  L'embryon  monocotylédon  de  la  graine  précédente 
séparé  :  a  le  cotylédon,  b  la  gemmule  renfermée 
dans  le  cotylédon,  qui  en  s'allongeant  percera  le 
cotylédon  latéralement,  et  deviendra  b';  c'  la  radi- 
cule renfermée  dans  une  coléorhize,  qu'elle  doit 
percer  en  c'  pour  s'enfoncer  dans  la  terre. 

Fig.  12.  Le  blé  [Triticum  sativurn)  dont  on  a  mis  à  nu  l'em- 
bryon qui  est  monocotylédoné. 

Fig.  1 3.  Haricot  déjà  germé  :  a  la  radicule ,  b  b  les  deux  co- 
tylédons ,  qui  sont  devenus  les  feuilles  séminales, 
c  la  tige  ,  dd  les  follioles  de  la  gemmule,  formant 
les  deux  feuilles  primordiales. 

Fig.  14.  Graine  de  maïs  [Zea  Maïs,  L.)  germant  :  a  le  corps 
de  la  graine  formé  par  l'endosperme  farineux ,  b  le 
cotylédon  qui  s'est  allongé,  et  contenait  dans  son 
intérieur  la  gemmule  qui  l'a  percé  à  sa  partie  supé- 
rieure et  latérale  (c);  d  la  coléorhize  qui  renfermait 
la  radicule  principale ,  e  point  où  la  radicule  f  a 
percé  la  coléorhize  ,  ggg  radicelles. 

PLANCHE  VIII.  —  Fruits. 

Fig.      1.    Silique. 
Fig.     2.    Silicule. 

Fig.     3.    Gousse  ou  légume  du  pois. 

Fig.  4.  Capsule  d'un  Lychnis  s' ouvrant  par  des  dents  à  sa 
partie  supérieure. 


DES    PLANCHES.  i>19 

Fig.      5.    Capsule  biloculaire  polysperme. 

Fig.     6.    Samare. 

Fig.      7.    Gland  d'un  chêne. 

Fig.      8.    Drupe  du  pêcher. 

Fig.      g.    Mélonide  ou  pomme. 

Fig.   10.  «Pyxide  ou  capsule  en  boîte  à  savonnette. 

Fig.   11.    Follicule. 

Fig.    12.    Akène  couronné  d'une  aigrette  sessîle  plumeuse  : 

a  un  des  poils  détachés. 
Fig.    i3.    Akène  couronné  par  une  aigrette  stipitée  ,  poilue. 


FIN. 


A.H.  Je/. 


J^lee  père   Je  , 


ANATOMIE       TE  GE  TALE 


JP1..2,. 


A  R.   cUl.  Flei>  fere    Jb<. 

RACINES,  SOUCHE,  BULBES  . 


7Y.  .  3. 


&.  4 


j1.1L.    Jel 


PETJILI.es      COMPOSEES 


M.  S. 


JlR.   Jel 


J'/ée  vere   Se . 


FLEURS 


1*1.6. 


^  R    <fel, 


J*le&  père     Je  . 


EXAMINES     et  PISTILS 


/'*' 


A.Jt-    Jet.  -Pfee  Pere   l'<  • 

GUMNES     et    GERMINATION 


Pl.8. 


A.  R  .  Jet 


Plée  r«r*  Je., 


FRUITS  . 


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