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134041
This book may be kept out TWO WEEKS
ONLY, and is subject to a fine of IPHSS^
CENTS a day thereafter. It is due on the
day indicated below:
APH2
m
NOUVEAUX ÉLÉMENS
DE BOTANIQUE
ET DE
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE.
TROISIÈME ÉDITION,
REVUE, CORRIGÉE ET AUGMENTEE;
Par Achille RICHARD,
Docteur en médecine, Agrégé près la Faculté de Médecine de Paris ;
Membre adjoint de l'Académie royale de Médecine; Membre de la
Société philomatique et de la Société d'histoire naturelle de Paris etc.
AVEC HDIT PLANCHES EN TAILLE-DOUCE, REPRESENTANT LES PRINCIPALES
MODIFICATIONS DES ORGANES DES VEGETAUX.
A PARIS,
CHEZ BÉCHET JEUNE,
LIBRAIRE DE l' ACADÉMIE ROYALE DE MÉDECINE
Place de l'Ecole dp Médecine, N° 4.
1825.
A M. LE BARON
BENJAMIN DELESSERT,
ASSOCIE LIBRE
7 E L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES,
ET DE LA SOCIÉTÉ D'HISTOIRE NATURELLE DE PARIS, etc.
HOMMAGE DU PROFOND RESPECT
ET DE LA RECONNAISSACE DE L'AUTEUR
ACHILLE RICHARD.
134041
AVERTISSEMENT
SUR LA
. TROISIEME EDITION.
JL'accueil favorable dont le public a daigné
honorer les deux précédentes éditions de cet
ouvrage, a été pour nous un motif de plus
pour mettre tous nos soins à faire disparaître
de celle que nous publions aujourd'hui, les
imperfections qui pouvaient se remontrer
dans les autres. Déjà nous avions amélioré
la seconde édition, non- seulement par des
changemens et des additions considérables
à un grand nombre d'articles existans , mais
encore nous l'avions augmentée de chapitres
entièrement nouveaux : tels sont ceux de la
théorie de l'accroissement des végétaux, de
la Greffe , de la Marcotte , de la Bouture , de
la Défoliation , des Nectaires , etc.
Quelques personnes s'étaient plaintes du
peu d'extension desdifférens articles de phy-
V11J AVERTISSEMENT.
siologie végétale. Nous nous sommes em-
pressé de donner à cette partie importante
de la Botanique des développemens suffisans
pour la mettre en harmonie avec le reste de
l'ouvrage.
L'attention que des observateurs exacts ont
portée, en ces derniers temps, sur plusi» Urs
points obscurs delà physiologie et de Fanato-
mie végétales, le succès de leurs résultats, dû
au perfectionnement des instrumens d'opti-
que, nous ont déterminé à présenter, dans
cette troisième édition, l'exposé sommaire de
leurs découvertes. Ainsi nous avons fait des
changemens considérables dans les chapitres
sur les organes élémentaires, la germination,
le Pollen, etc., d'après les expériences et les
observations récentes de MM. Dutrochet,
Amici, etc. Nous avons également ajouté
plusieurs des observations de Duhamel ,
omises dans les précédentes éditions; afin
que les personnes qui suivent le cours de
M. Desfontaines, au Jardin du Roi, puissent
trouver dans notre livre l'exposition complète
des savantes leçons de ce professeur.
Quelques critiques, plutôt dans l'intention
de faire parade de leur érudition que dans
AVERTISSEMENT. IX
le but d'améliorer notre ouvrage, nous ont
reproché d'avoir oublié de donner l'expli-
cation de quelques expressions destinées
à représenter des modifications d'organes
tellement rares que plusieurs nous étaient
presque inconnues. Malgré l'empressement
que nous avons montré, dans toutes les autres
circonstances, à suivre les conseils bienveil-
lans que l'on a daigné nous donner, nous
n'avons pas cru devoir remédier à l'oubli qui
nous a été reproché. En effet notre intention
n'a pas été, en composant cet ouvrage, de
faire un cours complet d'organographie bo-
tanique, de donner la liste et l'interprétation
de tous les mots employés dans la langue
technique de cette science , mais seulement
de présenter avec précision et clarté les bases
fondamentales de la science des végétaux,
ne perdant pas de vue que notre ouvrage a
spécialement été composé pour les jeunes
gens qui se destinent à l'étude de l'art de
guérir.
En terminant cet avertissement nous sai-
sirons cette occasion d'adresser nos remer-
cimens à MM. les professeurs de botanique
qui ont daigné distinguer notre ouvrage , et
X AVERTISSEMENT.
en recommander la lecture à leurs élèves ; et
en particulier à MM. Desfontaines, profes-
seur au Jardin du Roi; Delile, professeur à
la Faculté de médecine de Montpellier; Nest-
ler, professeur à la Faculté de médecine de
Strasbourg; Guiart, professeur au collège de
pharmacie de Paris.
PRÉFACE
DE LA
PREMIÈRE ÉDITION.
JL'ouvrage que nous publions aujourd'hui ,
sous le titre de nouveaux élémens de bota-
nique appliquée à la médecine (i) , était
vivement désiré par les personnes qui se
livrent à l'étude de la Botanique , et surtout
par les nombreux élèves qui suivent les cours
de la Faculté de médecine de Paris. Depuis
long-temps un grand nombre d'entre eux
s'étaient adressés à mon père pour l'enga-
ger à rédiger et à publier les leçons élémen-
taires de Botanique que, depuis vingt-cinq
ans, il faisait à la Faculté de médecine de
Paris. Mais d'autres occupations, et surtout
la direction qu'il avait imprimée à ses tra-
vaux, dont le but principal était le perfec-
(i) Tel était le titre de la première édition: nous avons
cru devoir le changer pour la seconde et la troisième , à
cause des changemens et des additions considérables que
nous y avons faits.
Xij PRÉFACE.
tionnement de la partie philosophique de la
science, l'avaient constamment détourné de
l'exécution de ce projet. C'est donc d'après
ses conseils , et en quelque sorte sous sa di-
rection , que j'ai entrepris le travail que je
livre aujourd'hui au public. Je ne me suis
point dissimulé ses nombreuses difficultés :
la composition d'un livre élémentaire est loin
d'être facile. Cependant je ne suis pastrès-éloi-
gné de croire que, pour présenter les élémens
d'une science avec simplicité , précision et
clarté, il ne faut point encore avoir eu le
temps d'oublier quels sont les obstacles que
l'on a rencontrés soi - même , afin de les
aplanir devant ceux que l'on dirige dans la
même carrière.
Attaché depuis plusieurs années, en qua-
lité de démonstrateur de Botanique, auprès
de la Faculté de médecine de Paris, je me
suis principalement occupé des moyens les
plus convenables pour simplifier les élémens
de cette science. C'est surtout en rédigeant
cet ouvrage, que j'ai voulu élaguer de la Bo-
tanique les inutiles et vagues hypothèses,
les détails fastidieux dont on l'a souvent et
inutilement surchargée. Destinant principa-
PREFACE. X11J
lement ce livre à l'instruction des jeunes gens
qui s'adonnent à l'étude de l'art de guérir,
sachant le nombre et l'importance des con-
naissances qu'ils doivent acquérir, connais-
sances au nombre desquelles la Botanique
occupe un rang distingué, je me suis efforcé
de ne leur présenter que les notions en quel-
que sorte indispensables de cette branche de
leurs études. Je n'ai voulu leur offrir de la
Botanique que les principes les plus géné-
raux et les mieux établis , que ceux enfin à
l'aide desquels ils puissent facilement arri-
ver à la connaissance exacte des plantes of-
ficinales.
Car quel est le but du médecin , en se li-
vrant à l'étude de la Botanique ? Il ne veut
point embrasser l'immense étendue de cette
science : il cherche simplement à connaître
ses principes fondamentaux, et à savoir par
quels moyens il peut parvenir à distinguer
imperturbablement les différens végétaux
utiles à l'homme , pour combattre ses mala-
dies ou satisfaire ses besoins.
En effet la Botanique est une source in-
tarissable de remèdes efficaces pour le méde-
cin qui sait y puiser. Est-il une autre classe
XÎV PREFACE.
de corps naturels qui lui offre autant de mé-
dicamens utiles que celle des végétaux? Or
quel est le médecin instruit, jaloux d'exercer
son art avec la noblesse et la supériorité qui
l'élèvent au-dessus de tous les autres, quel
est le médecin, dis-je, qui peut, sans quelque
honte, prescrire chaque jour à ses malades
des plantes qu'il connaît à peine de nom,
qu'il n'a jamais vues fraîches, et qu'il ne sau-
rait distinguer de celles même avec lesquelles
elles n'ont aucun rapport, parce qu'il n'en a
point étudié les caractères! C'est le chirur-
gien qui, pratiquant une opération, ignore
les organes que divise son instrument. Le
médecin , dans ce cas , se montre non-seule-
ment au-dessous de l'opinion avantageuse
qu'on a pu concevoir de lui, mais par son
inexpérience condamnable , il se met dans le
cas d'approuver les erreurs les plus préjudi-
ciables, et de sanctionner les méprises les
plus funestes à l'humanité souffrante.
Qui n'a point, en effet, entendu parler de
ces empoisonnemens causés par l'ignorance
de quelques herboristes qui, au lieu d'une
plante salutaire , en avaient donné une autre
douée de propriétés vénéneuses ? Si le méde-
PREFACE. XV
cin chargé du soin des malades auxquels un
pareil accident arrive, eût possédé les con-
naissances nécessaires de Botanique, il eût
reconnu l'erreur grossière de l'herboriste, et
en eût prévenu les funestes effets; ou du
moins il eût pu, connaissant l'action délétère
du végétal employé, administrer à temps les
remèdes propres à la neutraliser.
C'est ainsi, pour n'en citer qu'un exemple,
que la ciguë a souvent été prise pour une
autre ombellifère douée de propriétés bien-
faisantes, et avec laquelle elle pouvait avoir
quelque ressemblance par les caractères ex-
térieurs , mais dont elle différait essentielle-
ment par les organes de la fructification.
Un avantage non moins inappréciable que
le médecin trouve dans l'étude de la Bota-
nique , c'est de pouvoir remplacer par d'au-
tres plantes plus communes ou plus à sa
portée, les végétaux que l'on emploie habi-
tuellement, mais qui ne croissent pas dans
le pays qu'il habite , ou qui y sont d'un prix
trop élevé. Il pourra, en effet, opérer facile-
ment ces substitutions, quand l'étude des fa-
milles naturelles sera venu l'éclairer sur les
principes qui doivent le guider dans cette
XVJ PREFACE.
opération. Ainsi il saura que tous les indi-
vidus dune même espèce jouissent essentiel-
lement des mêmes propriétés médicales; que
les espèces d'un même genre possèdent des
vertus analogues, et que souvent tous les
genres d'une même famille naturelle de
plantes participent aux mêmes propriétés.
D'après cette connaissance il substituera in-
distinctement à tel genre de la famille des
Crucifères, tel autre qu'il se procurera plus
facilement, parce que tous les genres de cette
nombreuse famille ont pour principe une
huile essentielle acre et stimulante qui leur
donne une propriété tonique et antiscorbu-
tique qu'on retrouve dans presque toutes les
espèces. Il en sera de même des familles des
Labiées , des Graminées , des Malvacées , et
de beaucoup d'autres encore.
Mais il apprendra également qu'il est cer-
taines familles, tout aussi naturelles sous le
rapport des caractères botaniques , où ces
substitutions ne sont pas praticables , ou du
moins ne peuvent être faites qu'avec la plus
scrupuleuse attention. Ainsi , dans la famille
des Solanées , à côté de la pomme de terre
on trouve la mandragore ; près du bouillon-
PREFACE. XVij
blanc , la jusquiame et la belladone. De
même, dans les Euphorbiacées , il trouvera
des substances si différentes par leurs pro-
priétés, que les unes sont des alimens, ou des
médicamens utiles , les autres dej véritables
poisons. Par exemple , cette famille nous
offre la cascarille, le manioc qui forme la
base delà nourriture des Indiens de la Guyane,
et à côté le genre Euphorbia, le Hurcc , et
d'autres encore dont le suc laiteux, acre et
brûlant peut devenir un poison violent. Ce
que nous venons de dire des Solanées et des
Euphorbiacées est encore vrai pour un grand
nombre de familles. En résumé, l'étude de
la Botanique enseignera au médecin quelles
sont les familles naturelles de plantes où
tous les genres jouissent des mêmes pro-
priétés , quelles sont celles où l'on retrouve
des propriétés analogues dans certains genres;
enfin les familles dans lesquelles chaque genre
jouit de propriétés différentes , et où toutes
' les espèces sont souvent délétères.
On exagère en général les difficultés atta-
chées à l'étude de la Botanique. Les jeunes
gens surtout qui se destinent à l'art de gué-
rir, se rebutent et se découragent aux pre-
b
XV11J PREFACE.
miers obstacles qu'ils rencontrent, sans faire
le moindre effort pour les surmonter. Préve-
nus presque toujours contre cette science, ils
ne se donnent pas la peine de l'étudier, ou
F étudient avec tant de légèreté et si peu de
méthode , qu'ils emploient , pendant plu-
sieurs années , une partie de leur temps pour
n'acquérir que des notions vagues et incer-
taines. Il est facile de démontrer, par l'ex-
périence journalière, que ce peu de réussite
dépend évidemment de l'idée fausse qu'ils
se sont formée de cette science , et de la mau-
vaisemarche qu'ils ont suivie dans son étude.
Les uns, en effet, croyant que toute la
Botanique consiste dans la connaissance pure
et simple du nom des plantes , et surtout de
celles qui sont employées en médecine, ne
s'occupent nullement des caractères propres
à chacune de ces plantes, c'est-à-dire des
signes qui servent à les reconnaître et à les
distinguer. Qu'arrive-t-il -de là ? c'est que
bien qu'ils aient un grand nombre de noms*
dans la tête, ils ne connaissent réellement
aucun des végétaux de manière à pouvoir
le distinguer de tous les autres : semblables
à celui qui , voulant étudier une langue , ap-
PREFACE. XIX
prendrait par cœur un grand nombre de
mots , sans connaître la valeur et le sens at-
taché à chacun d'eux , et qui cependant vou-
drait en faire usage.
D'autres , au contraire , n'ayant pas étudié
les principes fondamentaux avec soin et at-
tention, veulent sur-le-champ reconnaître et
distinguer les différentes plantes, dans les
ouvrages où elles se trouvent décrites. Mais
à chaque pas ils sont arrêtés par des difficul-
tés qu'ils ne peuvent vaincre. En effet, d'où
sont tirés les caractères au moyen desquels
on peut reconnaître et distinguer un végétal
de ceux avec lesquels il a plus ou moins de
rapport? Ne sont -ce pas les organes des
plantes , les nombreuses modifications qu'ils
éprouvent , qui servent au botaniste de signes
propres à caractériser les différens végétaux?
Or il est de toute évidence que pour pouvoir
reconnaître une plante dans une description
quelconque, il faut pouvoir apprécier le sens
et la valeur des expressions employées pour
la décrire. Près de quarante mille espèces de
végétaux sont aujourd'hui counues. Trois ou
quatre mots bien choisis servent souvent à
caractériser une plante, et à la faire distin-
XX PREFACE,
guer dans un nombre aussi considérable. Le
sens attaché à ces mots doit donc être fixe et in-
variable; :et celui qui veut se livrer à l'étude
de la Botanique doit, avant tout, s'être fami-
liarisé avec la valeur des mots employés pour
dépeindre chaque modification d'organes.
Quelle est donc la meilleure méthode d'é-
tudier la Botanique, surtout pour celui qui,
comme le jeune médecin, ne peut y consa-
crer qu'une partie de son temps? Nous allons
indiquer en peu de mots celle que l'expé-
rience nous a démontré être la plus certaine,
et en même temps la plus prompte.
i° Les organes des végétaux ne sont point
en grand nombre, par conséquent les noms
substantifs qui les représentent sont peu
nombreux", et la mémoire la moins heureuse
les retiendra sans efforts. Pénétrez-vous donc
bien d'abord du sens attaché aux mots tige ,
feuille, racine, calice, corolle, etc., avant de
chercher à aller plus avant.
2° Ces organes peuvent éprouver diverses
modifications que le botaniste exprime par
des noms adjectifs, mis à la suite du nom
substantif. Ainsi on ajoute au mot tige, les
adjectifs herbacée, ligneuse, simple, rameuse,
PREFACE. XX]
dressée, couchée, cylindrique, pentagone, etc. ,
suivant que l'on veut exprimer qu'elle est
verte et tendre , ou solide et dure comme du
bois ; qu'elle est sans rameaux ou divisée en
branches, qu'elle est dressée vers le ciel ou
étalée sur la terre , etc. , etc. La plupart des
noms adjectifs employés dans le langage bo-
tanique sont déjà usités pour désigner d'au-
tres objets, et par conséquent connus de tout
le monde. Ainsi" il n'est personne qui ne se
figure la forme d'une tige cjlùidrique, tétra-
gone , pentagone; il en est de même d'un
grand nombre d'autres adjectifs. Mais cepen-
dant il en existe plusieurs qui, étant particu-
liers à la langue botanique, ont besoin d'être
définis pour être bien compris. C'est donc
uniquement ceux-là que l'homme qui veut
étudier la Botanique doit chercher à bien con-
naître et à retenir, puisque sachant déjà la
valeur des autres , il n'a besoin que de les voir
pour en comprendre aussitôt le sens.
3° Celui qui connaît les noms des différens
organes d'un végétal, le sens attaché aux ex-
pressions propres à représenter leurs modi-
fications principales , n'a plus besoin que de
faire choix d'un système et de l'étudier, pour
XX1J PREFACE.
être devenu botaniste. Dès lors, en effet, il
pourra facilement, au moyen d'un ouvrage
où les plantes sont rangées méthodiquement,
trouver le nom de la première qui lui sera
présentée, lors même qu'il ne l'aurait jamais
vue. Or c'est là le but principal de celui qui
étudie la Botanique. Cette science , en effet,
ne consiste point dans la connaissance pure-
ment mécanique du nom des différens végé-
taux; mais le botaniste est celui qui, au
moyen des principes fondamentaux de la
science, principes qui reposent uniquement
sur la structure, la forme, les usages des dif-
férens organes, peut, quand il le désire, trou-
ver le nom d'une plante qu'il ne connaissait
pas auparavant.
Telle est la marche que nous avons suivie
dans l'exposition des principes fondamen-
taux de la Botanique, que nous offrons au-
jourd'hui au public. Notre intention n'a point
été de faire un traité complet de Botanique
générale ni de physique végétale, car il existe
sur ce sujet d'excellens ouvrages qui pour-
raient être cités comme des modèles; mais
nous avons eu pour but principal de présen-
ter à ceux qui se livrent à l'étude de la méde-
PREFACE. XXllj
cine, des élémens simples et faciles d'une
science qui leur est d'une si grande uti-
lité, et qu'ils négligent malheureusement
trop souvent. D'après le plan que nous nous
étions tracé, nous n'avons pas cru devoir
entrer dans les détails les plus minutieux de
la science : nous n'avons voulu que faciliter
aux élèves en médecine l'étude de la Botani-
que , si intimement liée à l'art de guérir.
On est dans l'habitude de placer à la fin de
la plupart des livres élémentaires de Botani-
que , un abrégé des caractères propres aux
différentes familles de plantes et aux genres
qui s'y rapportent. Cependant nous n'avons
pas cru devoir suivre cet exemple. En effet,
un semblable tableau est toujours fort impar-
fait. Les caractères de familles et de genres y
sont donnés en trop peu de mots, et souvent
avec trop peu de soins , pour que le commen-
çant puisse en retirer le moindre avantage.
D'ailleurs, le médecin a-t-il besoin de con-
naître cette foule de genres obscurs, que l'on
entasse ainsi sans choix et sans méthode!
Nous avons pensé, d'après le conseil qui nous
en a été donné par un grand nombre de per-
sonnes éclairées , que cette partie devait être
XXiv PREFACE.
retranchée d'un livre élémentaire. Mais notre
intention est de faire, dans un autre ouvrage,
l'application des principes de Botanique que
nous allons exposer ici , à la connaissance et à
l'histoire de tous les végétaux employés en
médecine.
Cet ouvrage, auquel nous travaillons déjà
depuis long-temps (i), offrira, dans un ordre
méthodique, les caractères botaniques, l'his-
toire et les propriétés médicales des plantes
dont l'usage et l'expérience ont démontré
l'utilité pour combattre les maladies. C'est
dans un semblable livre que nous ferons sen-
tir combien la Botanique est intimement liée
à l'étude de la matière médicale et de la thé-
rapeutique ; c'est là qu'on verra , à chaque
pas, cette science les éclairer de ses lumières,
en faisant mieux connaître les instrumens à
l'aide desquels elles parviennent à dompter
les maladies qui affligent l'espèce humaine.
(i) Cet ouvrage a paru sous le titre suivant :
Botanique médicale, ou Description , histoire et pro-
priétés des médicamens , des alimens et des poisons tirés du
règne végétal , etc. i fort. vol. de 8i5 pages. Paris i823;
Béchet jeune.
NOUVEAUX ELEMENS
DE
BOTANIQUE.
INTRODUCTION.
La Botanique (i) (Botanica, Res herbaria) est
cette partie de l'histoire naturelle qui a pour
objet l'étude des végétaux. Elle nous apprend à
les connaître , à les distinguer et à les classer.
Cette science ne consiste pas, comme on le
croit généralement, dans la connaissance pure et
simple du nom donné aux différentes plantes;
mais elle s'occupe aussi des lois qui président à
leur organisation générale; de la forme, des fonc-
tions de leurs nombreux organes, et des rapports
qui les unissent les uns avec les autres.
La Botanique , envisagée par rapport à ses
applications les plus importantes, nous fait éga-
(i) Dérivé de fio^wit) , herbe, plante.
I
D. H. HILL LIBRARY
North Carolina State Collège
2 INTRODUCTION.
lement connaître les vertus salutaires ou mal-
faisantes dont sont douées les plantes , et les
avantages que nous pouvons en retirer dans l'éco-
nomie domestique , les arts ou la thérapeutique.
Une science aussi vaste a dû nécessairement
être partagée en plusieurs branches distinctes ,
afin d'en faciliter l'étude. C'est ce qui a eu lieu
en effet.
i° Ainsi l'on nomme Botanique proprement
dite cette partie de la science qui considère les
végétaux d'une manière générale et comme des
êtres distincts les uns des autres, qu'il faut con-
naître , décrire et classer. Cette branche de la
science des végétaux se divise elle-même en :
Glossologie(i), ou connaissance des termes pro-
pres à désigner les différens organes des plantes,
et leurs nombreuses modifications; cette partie
forme la langue de la Botanique, langue dont
l'étude est extrêmement importante, et avec la-
quelle on doit commencer par se bien familia-
riser.
Taxonomie (2),. ou application des lois géné-
rales de la classification au règne végétal. Ici se
rapportent les différentes classifications propo-
(1) Dérivé de yXossu, mot, langue ou langage, et de Xoy»t ,
discours.
(2) DeT#|<?, ordre, méUiode, et de No^o?, loi, règle; c'est-
à-dire, règles de la classification.
INTRODUCTION. 3
sées pour disposer méthodiquement les plantes.
Photographie (1), ou art de décrire les plantes.
20 La seconde branche de la Botanique porte
le nom de Physique végétale, ou de Botanique
organique. C'est elle qui considère les végétaux
comme des êtres organisés et vivans, qui nous
décèle leur structure intérieure, le mode d'action
propre à chacun de leurs organes , et les altéra-
tions qu'ils peuvent éprouver, soit dans leur
structure, soit dans leurs fonctions. De là trois
divisions secondaires dans la Physique végétale;
savoir :
VO/ganographie (2), ou la description des or-
ganes , de leur forme , de leur position , de leur
structure et de leurs connexions.
La Physiologie végétale, ou l'étude des fonc-
tions propres à chacun des organes.
La Pathologie végétale, qui nous enseigne les
diverses altérations ou maladies qui peuvent af-
fecter les végétaux.
3° Enfin on a donné le nom de Botanique ap-
pliquée à cette troisième branche de la Botanique
(1) De fbtfjcv, plante, et de rpctÇa , j'écris ou je décris , c'est-
à-dire, art de décrire les plantes.
(2) Dérivé de Oçyavov, organe , et de TçaÇa , je décris, c'est-
à-dire description des organes. Cette partie est aussi appelée
Terminologie , nom impropre, puisqu'il est composé d'un mot
latin et d'un grec.
4 INTRODUCTION.
générale, qui s'occupe des rapports existant entre
l'homme et les végétaux. Elle se subdivise en Bo-
tanique agricole, ou application de la connais-
sance des végétaux à la culture et à l'amélioration
du soi; en Botanique médicale, ou application
des connaissances botaniques à la détermination
des végétaux qui peuvent servir de médicamens ,
et dont le médecin peut tirer avantage dans le
traitement des maladies ; en Botanique écono-
mique et industrielle , ou celle qui a pour objet
de faire connaître l'utilité des plantes dans les
arts ou l'économie domestique.
La Botanique étant la science qui a pour objet
l'étude des végétaux , nous devons nous occuper
d'abord de donner une idée des êtres auxquels
on a réservé ce nom.
Les Végétaux ( en latin vegetabilia , plantœ, et
en grec <ï>uTa,BoT«vca) sont des êtres organisés et
vivans, privés de*jensibilitéetdemouvement volon-
taire (i); mais jouissant d'une sorte d'irritabilité or-
(i) Les végétaux sont dépourvus de mouvement volontaire;
mais quelques-uns cependant exécatent une sorte de locomo-
tion ou de déplacement bien sensible. Tels sont, par exemple,
les orcliis, le colchique. En effet, la racine de la plupart des
orchis offre deux tubercules charnus, situés l'un à côté de
l'autre, à la base de la tige. L'un de ces tubercules, après
avoir donné naissance à la tige , dont il contenait le germe
dans son intérieur, se fane , se resserre sur lui-même , et finit
par se détruire ; mais à mesure qu'il tend à disparaître, il s'en
INTRODUCTION. . 5
ganique (i). Il est extrêmement difficile de tracer
nettement la ligne de démarcation qui sépareles vé-
gétaux des animaux. Linné, dans son style aphoris-
tique, a dit : Les minéraux croissent; les végétaux
croissent et vivent, et les animaux croissent, vivent
et sentent. Cette distinction , qui est en effet bien
tranchée, quand on compare le cristal de roche
à un chêne, et celui-ci à un homme, finit par
disparaître insensiblement, lorsque l'on examine
comparativement les êtres qui occupent les der-
niers degrés de ces trois grandes séries. En effet
développe un troisième auprès de celui qui renferme encore
le rudiment de la tige de l'année suivante , et remplace le pre-
mier, lorsque celui-ci vient à tomber. Ce développement d'un
nouveau tubercule ayant lieu chaque année sur l'un des côtés
de ceux qui exislént, on conçoit que, chaque fois qu'une nou-
velle tige se développe, elle se trouve éloignée d'un certain
espace de terrain de celle qui l'a précédée. Le même phéno-
mène a lieu à peu près de la même manière dans le colchique ,
à l'exception que son bulbe tend continuellement à s'enfoncer
de plus en plus.
(i) Si la raison se refuse à admettre dans les végétaux une
sensibilité active qui les rende susceptibles de sentiment et de
locomotion volontaire, l'expérience démontre chaque jour
que, loin d'être des corps organisés purement passifs , ils exé-
cutent, sous l'influence de certaines causes, des mouvemens
remarquables qu'on doit attribuer à Y irritabilité. Qui ne con-
naît le phénomène de la sensitive , les mouvemens des folioles
de Yheclysarum gyrnns , et de tant d'autres végétaux ? L'irri-
tabilité organique nous paraît seule propre à expliquer les
singuliers phénomènes que ces végétaux présentent.
6 INTRODUCTION.
il est bien difficile de dire en quoi diffèrent essen-
tiellement certaines espèces de Polypes d'avec
quelques Algues; car le caractère essentiel que
l'on a attribué aux animaux, la sensibilité, ou la
conscience de leur existence et la faculté de se
mouvoir, s'affaiblissent et finissent même par
disparaître entièrement dans les dernières classes
du règne animal. De plus, un grand nombre d'ob-
servateurs s'accordent à considérer comme cons-
tante la transformation de certaines plantes en
animaux et vice versa. M. Agardh célèbre algo-
logue , et professeur à ^université de Lund en
Suède , a publié une dissertation curieuse sur
la métamorphose des Algues.
Mais, lorsqu'on néglige un instant les faits qui
servent ainsi d'intermédiaire et de passage entre
les deux grandes divisions des êtres organisés ,
on parvient à trouver des différences marquées
entre les animaux et les végétaux. C'est ainsi, par
exemple, que chez les premiers , qui sont doués
de la faculté de se mouvoir, il existe un système
de fibres contractiles, dont l'état de relâchement
ou de tension détermine les mouvemens de l'ani-
mal, ce sont les fibres musculaires: dans les vé-
gétaux, rien d'analogue ne se présente; toutes les
fibres sont en quelque sorte inertes et impas-
sibles; chez eux encore il n'y a rien de semblable
au système nerveux , quoiqu'un ingénieux expé-
INTRODUCTION. j
rimentateur les ait sous ce rapport assimilés
aux animaux. Dans ceux-ci, les substances
qui doivent servir à la nutrition sont d'abord ab-
sorbées à l'extérieur; elles séjournent pendant
un certain temps dans une cavité particulière ,
où elles éprouvent une élaboration convenable
avant d'être prises par les vaisseaux cbylifères
destinés à les répandre dans le torrent de la cir-
culation; mais dans les végétaux la nutrition se
fait d'une manière plus simple; les substances ab-
sorbées sont directement répandues dans toutes
les parties du végétal, sans éprouver d'altération
préalable , en sorte que chez eux nous ne trou-
vons ni canal intestinal, ni estomac, puisqu'il
n'y a point de digestion.
Il nous serait facile de pousser plus loin cette
comparaison entre les végétaux et les animaux ;
mais nous croyons en avoir dit assez pour faire
connaître les différences principales qui existent
entre eux.
L'anatomie nous montre les végétaux compo-
sés de parties élémentaires simples et similaires ,
qui, en se combinant de différentes manières,
constituent les organes proprement dits. Nous
allons examiner d'abord ces parties élémentaires,
dont l'étude constitue l'anatomie végétale.
« INTRODUCTION.
EXAMEN DES PARTIES ÉLÉMENTAIRES DES VÉGÉTAUX,
OU
ANATOMIE VÉGÉTALE.
Tous les êtres organisés, animaux ou végétaux,
ont pour base de leur organisation un tissu formé
de petites lamelles transparentes, disposées dans
tous les sens, de manière à constituer des aréoles
ou cellules communiquant toutes ensemble, soit
par la contiuuité de leurs cavités intérieures, soit
par des pores ou fentes qu'on observe sur leurs
parois.
Ce tissu cellulaire fondamental sert de base
à tous les organes des végétaux. C'est en se mo-
difiant à l'infini qu'il constitue les différens appa-
reils organiques que nous remarquons dans les
plantes. Nous le voyons presqu'à son état de
pureté et de simplicité primitives dans la moelle
de certains arbres; c'est lui qui forme le bois,
l'écorce et, l'épiderme : les feuilles , les fleurs et
les fruits nous le réprésentent également dans des
états différens. En un mot, il n'est aucun organe
des plantes qui n'oifre du tissu cellulaire dans
sa composition.
La plupart des auteurs ont voulu faire un tissu
élémentaire particulier des vaisseaux que l'on
observe dans les plantes. Mais c'est à tort , selon
INTRODUCTION. g
nous; car il faudrait également en faire un aussi
des membranes, des fibres, etc. Les vaisseaux ne
nous paraissent être, avec M. Mirbel, que des
modifications particulières des lamelles du tissu
cellulaire, qui, au lieu d'être courtes, planes et
entrecroisées , sont longues et roulées diver-
sement sur elles-mêmes pour constituer des
canaux.
Nous ne reconnaissons donc dans les végétaux,
comme dans les animaux, qu'un seul tissu élé-
mentaire et fondamental ; c'est le tissu lamineux ,
qui, par la disposition de ses parties, forme des
aréoles ou cellules , ou bien se roule sur lui-même,
et donne naissance aux vaisseaux. De là, deux
modifications principales du tissu élémentaire :
savoir, le tissu cellulaire et le tissu va:culaire.
DU TISSU CELLULAIRE.
La première modification du tissu élémen-
taire des végétaux, dépendant de l'arrangement
de ses lamelles, est le tissu cellulaire ou arêolaire
( voy. pi. i , fig. 7 ). Il se compose de cellules
contiguës les unes aux autres, et dont la forme
dépend en général des résistances qu'elles éprou-
vent. Quelques auteurs l'ont comparé à la mousse
qui se forme sur l'eau de savon, par l'agitation de
ce liquide. Jusqu'à présent on avait généralement
pensé que les parois des cellules contiguës les unes
10 INTRODUCTION.
aux autres étaient communes aux deux cellules
qui se touchaient ; mais les observations de
M. Dutrochet sont contraires à cette assertion.
11 est parvenu à isoler, les unes des autres, les
cellules, sans aucun déchirement, ce qui prouve
que chaque cellule forme une sorte de petite
vésicule qui a ses parois distinctes, et que, là où
deux cellules se touchent, la membrane qui les
sépare est formée de deux feuillets, qui appar-
tiennent à chacune d'elles. Les recherches du
professeur Amici s'accordent avec cette opinion.
Quand elles n'éprouvent que la résistance oc-
casionée par la présence des cellules adjacentes ,
il n'est pas rare de trouver à ces cellules une
forme à peu près hexagonale, en sorte qu'elles
ressemblent assez bien aux alvéoles construites
par les abeilles. Mais elles peuvent être plus ou
moins allongées, arrondies ou comprimées, sui-
vant les obstacles qui s'opposent à leur libre dé-
veloppement. Il est même fort rare de leur trou-
ver cette forme régulière et hexagonale que
nous venons de signaler tout à l'heure. Leurs
parois sont minces et transparentes; elles com-
muniquent toutes ensemble, soit que leurs ca-
vités s'ouvrent mutuellement l'une dans l'autre ,
soit , comme nous l'avons déjà dit précédem-
ment, qu'il existe sur leurs parois des pores , ou
même des fentes. Ces pores, qui sont à peine vi-
INTRODUCTION. I 1
sibles au moyen des instrumens d'optique les
plus forts, ont été aperçus par Leuwenhoek et
Hill, et dans ces derniers temps, M. Mirbel en a
de nouveau prouvé l'existence.
Dans les parties ligneuses , les cellules du tissu
aérolaire sont fort allongées , et forment des es-
pèces de petits tubes parallèles entre eux. Leurs
parois sont opaques, épaissies, quelquefois même
elles finissent par s'oblitérer entièrement. C'est
à cette modification que M. Link a donné le
nom de tissu allongé.
Ce tissu allongé existe en abondance dans les
végétaux. Il y est beaucoup plus commun que le
tissu cellulaire régulier, et se compose de petits
tubes étranglés de distance en distance. Ceux-ci
ne peuvent se toucher que par les points les plus
gonflés, d'où il résulte des intervalles ou vides.
Ce sont ces espaces vides qu'Hedwig a nommés
Fasa7rvenentia;Tréviranus, Meatus intercellulares;
et Link, Ductus intercellulares. Selon l'opinion du
professeur Amici, ces espaces ne contiennent
jamais de liquide, mais seulement de l'air; car
les grands pores de l'épiderme, qui, ainsi que
nous le verrons prochainement en traitant de
cette membrane, sont des organes qui ne livrent
passage qu'à de l'air, sont toujours placés devant
un de ces espaces. Quand le tissu est trop com-
pacte et les petits tubes trop serrés pour offrir
12 INTRODUCTION.
de ces espaces, on ne trouve pas non plus de
pores corticaux (i).
Le tissu cellulaire, dans son état de pureté na-
tive, a peu de consistance; il se déchire facile-
ment. Aussi trouve-t-on souvent dans certains
végétaux des espaces vides, remplis seulement
par de l'air , et qui résultent de la rupttire des
parois de plusieurs cellules. Ces espaces, aux-
quels on a donné le nom de lacunes, se rencon-
trent surtout dans les végétaux qui vivent dans
l'eau, et dans lesquels ils semblent s'opposer a
la macération que ces plantes subiraient infailli-
blement par leur séjour prolongé dans ce liquide.
M. Àmici a une opinion tout-à-fait différente
de celle que nous venons d'exposer sur les lacu-
nes. Selon lui, elles ne sont pas, comme le
pense M. Mirbel , le résultat du déchirement des
cellules. Ce sont des espaces plus ou moins ré-
guliers, contenant constamment de l'air. Quel-
quefois elles offrent sur leur paroi interne des
poils d'une nature particulière, en forme de
houppe ou de pinceau, qui ont été vus par
MM. Mirbel et Amici. On peut distinguer deux
espèces de lacunes ; les unes ont pour orifice les
(i) Les organes élémentaires que M. du Brochet désigne
sous le nom de clostres, ne nous paraissent pas différer des
petits tubes qui forment le tissu allongé.
INTRODUCTION. 1 3
pores corticaux et communiquent avec l'air exté-
rieur. Les autres n'ont aucune communication
externe, Ces dernières existent surtout dans les
plantes qui manquent de tubes poreux.
DU TISSU VA.SCULA.1RE.
Le tissu vasculaire ou tubulaire est la seconde
modification du tissu élémentaire.
Les vaisseaux, avons-nous dit, ne sont que des
lames de tissu élémentaire roulées sur elles-
mêmes de manière à former des canaux. Les
parois des vaisseaux sont quelquefois assez épais-
ses, peu transparentes, et percées d'un grand
nombre d'ouvertures au moyen desquelles ils ré-
pandent dans les parties latérales une portion des
fluides gazeux ou liquides qu'ils charrient. Ces
vaisseaux ne sont point continus depuis la base
jusqu'au sommet de la plante, mais ils s'anasto-
mosent fréquemment entre eux, et finissent par
se changer en tissu aréolaire.
On connaît sept espèces principales de vais-
seaux, savoir:
i° Les vaisseaux en chapelet ou moniliformes:
'i° les vaisseaux poreux; 3° les vaisseaux fendus
ou fausses trachées; 4° les trachées; 5° les vais-
seaux mixtes; 6° les vaisseaux propres; 70 le»
tubes ou vaisseaux simples.
1 ° Vaisseaux en chavelet { pi. 1 , fig. 1 re ). Ce
l4 INTRODUCTION.
sont des tubes poreux , resserrés de dislance en
distance, et coupés par des diaphragmes percés
de trous à la manière des cribles. On les trouve
principalement au point de jonction de la racine
et de la tige , de la tige et des branches , etc. Ces
vaisseaux pourraient bien, selon nous, être con-
sidérés comme de simples cellules de tissu aréo-
laire, régulièrement disposées par séries ou li-
gnes longitudinales.
a° Vaisseaux poreux (pi. i, fig. 2, 3). Ils re-
présentent des tubes continus , criblés de pores
disposés par lignes transversales M. Tréviranus
les appelle vaisseaux ponctués.
3° Fausses Trachées (pi. 1 , fig. 4» 5). Tubes
coupés de fentes transversales, suivant l'opinion
la plus généralement adoptée. Ce sont, ainsi que
les trachées, les principaux conduits de la sève.
Ils sont désignés par M. de Candolle, sous le nom
de vaisseaux fendus.
4° Les Trachées (pi. 1 , fig. 6), que Malpighi et
Hedwig avaient comparées à l'organe respiratoire
des insectes, sont des vaisseaux formés par une
lame argentine et transparente , roulée sur elle-
même en spirale, et dont les bords se touchent
de manière à ne laisser aucun espace entre eux ,
sans cependant contracter d'adhérence (1). Quel-
(1) Elles ont la plus grande ressemblance a\ec les élastiques
en fil de laiton que l'on met dans les bretelles.
INTRODUCTION. l5
quefois néanmoins les spires des trachées ne se
déroulent pas ; c'est à cette sorte de tube que
Link a donné le nom de vaisseau en spirale
soudée. Dans lesdicotylédons, on les observe au-
tour de la moelle; et dans les monocotylédons,
c'est ordinairement au centre des filets ligneux.
L'écorce et les couches annuelles du bois n'en
contiennent jamais. On en trouve quelquefois
dans les racines.
A leurs extrémités, les trachées ne se terminent
pas en tissu cellulaire; elles finissent par une
sorte de cône plus ou moins aigu.
Hedwig considérait les vaisseaux spiraux ou
trachées, que Grew appelait vaisseaux aériens ,
comme composés de deux parties , savoir d'un
tube droit et central, rempli d'air, et qu'il nom-
mait pour cette raison vaisseau pneumatophore ,
et d'un tube roulé en spirale sur le précédent ,
rempli de fluide aqueux, et auquel il donnait les
noms de vaisseau adducteur , chylifère, etc.
5° Les vaisseaux mixtes, découverts par M. Mir-
bel , participent à la fois de la nature de tous les
autres , c'est à dire qu'ils sont alternativement
poreux, fendus ou roulés en spirale dans diffé-
rens points de leur étendue. Cependant M. Amici,
qui a fait un grand nombre d'observations mi-
croscopiques sur Tanatomie végétale, pense que
jamais les fausses trachées ne deviennent des
l6 INTRODUCTION.
trachées. D'ailleurs, ainsi qu'il le fait remarquer,
ces deux sortes de vaisseaux occupent une place
tout-à-fait différente. ^
6° Les vaisseaux propres que l'on désigne en-
core sous le nom de réservoirs des sucs propres ,
sont des tubes non poreux, contenant un suc
propre, particulier à chaque végétal. Ainsi dans
les Conifères ils contiennent de la résine; dans les
Euphorbes , un suc blanc et laiteux, etc.
On les trouve dans les écorces, la moelle, les
feuilles et les fleurs. Ils sont tantôt solitaires,
tantôt réunis en faisceaux.
70 Les tubes simples sont des vaisseaux d'un
volume variable, souvent ramifiés et anasto-
mosés entre eux, servant au mouvement circula-
toire de la sève, et dont les parois minces, ou
plus ou moins opaques , ne présentent aucun
pore visible.
Ces différentes espèces de vaisseaux, auxquels
on pourrait ajouter un grand nombre d'autres
modifications, se réunissent souvent plusieurs
entre elles, et constituent des faisceaux allongés,
soudés ensemble par du tissu cellulaire ; elles
forment alors les fibres proprement dites. Ce
sont ces fibres ou faisceaux de tubes qui consti-
tuent la trame de la plupart des organes foliacés
des végétaux.
On appelle au contraire parenchyme la partie
INTRODUCTION. J -i
ordinairement molle, composée essentiellement
de tissu cellulaire, que l'on observe dans les
fruits, dans les feuilles, etc. Cette expression
s'emploie par opposition au mot fibre. Toute
partie qui n'est point fibreuse est composée de
parenchyme.
C'est en s'unissant et se combinant de diverses
manières que les tissus parenchymateux et fi-
breux constituent les différens organes des végé-
taux. Dans tous, en effet, nous ne trouvons par
l'analyse que ces deux modifications essentielles
du tissu fondamental.
Les sept modifications principales du tissu
vasculaire diffèrent entre elles non-seulement par
leur organisation, leur position respective, mais
encore suivant la nature des fluides qu'elles ren-
ferment. Sous ce rapport on peut les distinguer
en trois séries, savoir : i° les vaisseaux séveux
ou lymphatiques dans lesquels circule la sève ;
2° les vaisseaux propres ; 3° les vaisseaux aé-
riens, dans lesquels on ne trouve jamais que de
i'air ou d'autres fluides élastiques.
Mais les différens auteurs d'anatomie et de phy-
siologie végétales sont loin d'être d'accord sur la
classe à laquelle on doit rapporter les diverses es-
pèces de vaisseaux que nous avons fait connaître.
Ainsi, par exemple, Malpighi, Hedwig et plu-
sieurs autres botanistes anciens considéraient les
j8 INTRODUCTION.
trachées comme des vaisseaux destinés à lie con-
tenir que de l'air. M. Link a soutenu la même
opinion, qu'il a étendue aux vaisseaux poreux et
aux fausses trachées. Mais, d'après les observa-
tions du professeur Mirbel, l'existence des vais-
seaux aériens avait été révoquée en doute, et
même niée absolument. Ainsi il considérait tous
les tubes des végétaux comme uniquement des-
tinés à la circulation de la sève. Cette opinion,
généralement adoptée de nos jours, vient d'être
combattue par le Professeur Amici. Cet habile
observateur dit positivement qu'il s'est assuré
par l'observation que les trachées , les fausses
trachées, les vaisseaux poreux et en général tous
les organes tubuleux ou cellulaires des végétaux
qui offrent des trous ou fentes visibles, ne con-
tiennent jamais que de l'air. Quand le diamètre
de ces tubes est assez grand, on peut facilement
vérifier cette observation en coupant ces tubes
en travers, et on les trouve constamment vides;
si l'on fait cette section sous l'eau , on voit que
chacun d'eux présente à son orifice une petite
bulle d'air.
Les ouvertures ou pores dont sont percés les
vaisseaux poreux sont très- fréquemment orga-
nisés comme les pores de l'épiderme, c'est-à-dire
qu'ils offrent à leur conto'ur une sorte de bour-
relet circulaire ou de rebord. Cette observation.
INTRODUCTION. 19
due à M. Mirbel, a été confirmée par M. Amici.
Ce dernier tire de cette ressemblance une in-
duction de plus en faveur de son opinion sur la
nature du fluide contenu dans ces vaisseaux. En
effet, ainsi que nous le verrons plus tard, les
grands pores de 1'épiderme ne livrent jamais
passage qu'à des fluides aériformes.
L'air contenu dans les vaisseaux poreux ne
communique pas avec l'air extérieur. M. Amici
pense qu'il est produit dans l'intérieur même du
tissu végétal ; mais sa nature n'est pas encore
parfaitement connue.
Dans les végétaux ligneux, où les vaisseaux
aériens finissent par disparaître, les rayons mé-
dullaires en tiennent lieu et remplissent les
mêmes fonctions. Ils sont, en effet, composés de
petits tubes placés horizontalement, ou de cel-
lules poreuses allongées en transversales, qui,
suivant le professeur de Modène, servent à éta-
blir la communication des parties intérieures du
végétal avec l'extérieur. Ces tubes ou cellules ne
contiennent jamais que de l'air.
D'après ce que nous avons dit précédemment,
on voit qu'il existe deux moyens principaux de
communication entre les diverses parties du tissu
végétal. Dans les cellules ou les tubes aériens,
la communication a lieu par le moyen de pores
ou de fentes extrêmement petites, mais dont ou
ao INTRODUCTION.
peut constater l'existence et reconnaître l'orga-
nisation par le secours du microscope. Ces pores
manquent absolument dans le tissu cellulaire
proprement dit, et dans les vaisseaux que nous
avons désignés sous lé nom de tubes simples ou
vaisseaux séveux. Dans cette partie du tissu des
végétaux, la communication a lieu, soit par une
sorte d'imbibilion, soit par les espaces intermo-
léculaires que les globules qui composent le
tissu laissent entre eux.
Quoique les pores que l'on observe sur les
parois des cellules allongées des vaisseaux mo~
niîiformes et des vaisseaux poreux aient été vus
et décrits avec une exactitude minutieuse par
un grand nombre d'auteurs modernes, et spé-
cialement par MM. Mirbel et Amici, néanmoins
M. Du Trochet, dans son Mémoire sur l'anatomie
de la sensitive, vient tout récemment d'en nier
l'existence. C'est sur cette assertion erronée
qu'il a fondé un système que nous exposerons
ici en peu de mots. Cet observateur prétend que
les organes décrits par M. Mirbel comme des
pores entourés d'un bourrelet saillant ne sont
rien autre chose que de petites cellules globu-
leuses placées dans l'épaisseur des parois des
aréoles du tissu cellulaire ou des vaisseaux, et
remplies d'une matière verte transparente. Ces
cellules, dit l'auteur, en leur qualité de corps
INTRODUCTION. 2 1
sphériques transparens, rassemblant les rayons
lumineux clans un foyer central, doivent paraître
opaques clans leur pourtour et transparens à leur
centre, ce qui les aura fait, croire perforés. Il
n'y a donc pas de pores. Mais il nous semble
évident que M. Du Trochet s'est entièrement
mépris. Les corpuscules qu'il a examinés, et qu'il
a cru être les pores décrits par M. Mirbel, sont
d^s organes tout-à-fait différens de ces derniers :
il n'est donc pas étonnant qu'il ne les ait pas
vus perforés. Ce ne sont autre chose que ces
petits corps glanduleux verdâtres, disséminés en
abondance dans toutes les parties du tissu végé-
tal. La dénégation de M. Du Trochet tombe donc
tout-à-fait d'elle-même, puisque ses observations
ont rapport à un organe tout-à-fait différent.
Croyant que les pores du tissu cellulaire étaient
des cellules pleines d'une substance verdâtre ,
l'habile expérimentateur que nous combattons
ici devait faire l'application de cette observation
aux vaisseaux sur lesquels on avait décrit des
trous ou des fentes. Aussi a-t-il prétendu que les
vaisseaux poreux ne sont que des tubes qui offrent
de ces cellules globuleuses et verdâtres disposées
d'une manière plus ou moins symétrique, et que
les faussestrachées ou vaisseaux fendus présentent
ces cellules rangées par lignes transversales.
L'auteur a examiné ensuite quelle est la nature
•11 INTRODUCTION.
de cette matière verdâtre, et quels sont ses usa-
ges. L'ayant essayée par les réactifs chimiques ,
il a reconnu qu'elle était concrescibie par le
moyen de l'acide nitrique, et qu'ensuite les al-
calis la ramenaient à son état primitif. Or, c'est
absolument de cette manière que la substance
cérébrale des animaux se comporte avec les mê-
mes réactifs. Il arrive donc à cette conséquence,
que cette matière verdâtre est un véritable sys-
tème nerveux, ou plutôt les élémens épars d'un
système nerveux diffus, qui n'est pas réuni en
masse, mais se présente sous l'aspect de petits
points épars ou réunis, qu'il nomme corpuscules
nerveux. Cette considération, dit-il, appuyée sur
l'analogie de la nature chimique des corpuscules
globuleux , est encore fortifiée par l'observation
de la structure intime du système nerveux de
certains animaux. Ainsi, dans les mollusques
gastéropodes, la substance médullaire du cer-
veau est composée de cellules globuleuses ag-
glomérées, sur les parois desquelles il existe une
grande quantité de corpuscules globuleux ou
ovoïdes, qui ne sont que de très-petites cellules
remplies de substance médullaire nerveuse. La si-
militude de cette organisation avec celle que nous
venons d'indiquer dans les végétaux est parfaite,
selon M. Du ïrochet, et force à convenir que les
végétaux sont pourvus d'un système nerveux.
INTRODUCTION. l'5
Nous nous sommes contenté d'exposer ici les
opinions émises récemment par un célèbre phy-
siologiste : nous les examinerons plus en détail
en examinant lamotiiité desvégétaux, après avoir
parlé des fonctions des feuilles.
Pour terminer tout ce qui a rapport à l'exa-
men de Tanatomie des différentes parties consti-
tuantes et élémentaires de l'organisation végétale,
nous devons nous occuper des glandes et des
poils considérés dans leur structure anatomique.
Les Glandes sont des organes particuliers qu'on
observe surpresque toutes les parties des plantes,
et qui sont destinés à séparer de la masse générale
des humeurs un fluide quelconque. Par leurs
usages et leur structure, elles ont la plus grande
analogie avec celles des animaux. Elles paraissent
formées par un tissu cellulaire très-fin, dans le-
quel se ramifient un grand nombre de vaisseaux.
Leur forme et leur structure particulières sont
très-variées, et les ont fait distinguer en plusieurs
espèces. Ainsi il y a des :
i° Glandes miliaires. Elles sont fort petites, et
superficielles. Elles se présentent sous la forme
de petits grains arrondis, disposés par séries ré-
gulières, ou dispersées sans ordre dans toutes les
parties des plantes exposées à l'air.
a° Glandes vésiculaires. Ce sont de petits ré-
servoirs remplis d'huiie essentielle , logés dans
24 INTRODUCTION.
l'enveloppe herbacée des végétaux. Elles sont
très-apparentes dans les feuilles du myrte et de
Y oranger, et se présentent sous l'aspect de petits
points transparens , lorsqu'on place ces feuilles
entre l'œil et la lumière.
3° Glandes globulaires. Leur forme est sphé-
rique; elles n'adhèrent à* i'épiderme que par un
point. On les observe surtout dans les Labiées.
4° Glandes utriculaires ou en ampoules. Elles
sont remplies d'un fluide incolore, comme dans
la glaciale.*
5° Glandes papillaires. Elles forment des es-
pèces de mamelons on de papilles, qu'on a com-
parées à celles de la langue. On les trouve dans
plusieurs Labiées , par exemple, dans la sariette
(Satureia hortensis).
Enfin il- y en a de lenticulaires, de sessiles ,
d'autres qui sont portées sur des poils, etc.
Les Poils sont des organes filamenteux, plus
ou moins déliés, servant à l'absorption et à l'exha-
lation dans les végétaux. Il est peu de plantes
qui en soient dépourvues. On les observe prin-
cipalement sur celles qui vivent dans les lieux
secs et arides. Dans ce cas , ils ont été regardés
par quelques botanistes comme servant à mul-
tiplier et à augmenter l'étendue de la surface
absorbante des végétaux. Aussi n'en voit-on pas
dans les plantes très - succulentes , comme les
INTRODUCTION. 20
plantes grasses, ou celles qui vivent habituelle-
ment clans i'eau.
Les poils paraissent être, dans beaucoup de
cas, les canaux excréteurs des glandes végétales.
En effet, ils. sont fréquemment implantés sur une
glande papiilaire. Ne sait-on pas que les poils de
XUrtica urens et de YUrtica dioïca ne déterminent
la formation d'ampoules sur la peau que parce
qu'en s'y enfonçant, ils y versent en même
temps un fluide irritant, sécrété par les glandes
sur lesquelles ils sont implantés? puisque quand,
par la dessiccation, ce fluide s'est évaporé, les
poils des orties ne produisent plus le même effet.
On distingue les poils en glandulifères, excré-
teurs, et en lymphatiques. Les premiers sont ou
appliqués immédiatement sur une glande , ou
surmontés par un petit corps glandulaire parti-
culier, comme dans la fraxinelle {Dictamnus al-
bus); les seconds sont placés sur des glandes
dont ils paraissent être les canaux excréteurs ,
destinés à verser au dehors les fluides sécrétés;
enfin les troisièmes ne sont qu'un simple prolon-
gement d'un pore cortical.
La forme des poils offre un grand nombre de
variétés. Ainsi il y en a de simples , de rameux ,
de subulès , de capités. D'autres sont creux et
coupés de distance en distance par des diaphrag-
mes horizontaux.
20 INTRODUCTION.
Ils sont quelquefois solitaires, ou bien rassem-
blés en faisceaux, en étoiles, etc.
Quant à leur disposition sur une partie (dispo-
sition que l'on désigne sous le nom de pubes-
cence), nous en parlerons en traitant des modi-
fications de la tige.
Nous venons de considérer la structure anato-
mique des végétaux, de pénétrer dans l'intérieur
de leur tissu , de séparer et d'analyser les rudi-
mens ou parties élémentaires de leur organisa-
tion ; étudions maintenant le végétal considéré
dans son ensemble : voyons quels sont les organes
qui le composent dans son état parfait de déve-
loppement.
Un végétal, dans son dernier degré de dévelop-
pement et de perfection , offre à considérer les
organes suivans :
i° La racine, ou cette partie qui, la termi-
nant inférieurement , s'enfonce ordinairement
dans ia terre, où elle fixe le végétal; flotte dans
l'eau, quand celui-ci nage à la surface de ce li-
quide.
20 La tige, qui, croissant en sens inverse de la
racine, se dirige toujours vers le ciel au moment
où elle commence à se développer, se couvre de
feuilles, de fleurs et de fruits, et se divise en
branches et en rameaux.
j° Les feuilles, ou ces espèces d'appendices
INTRODUCTION. 27
membraneux, insérés sur la tige et ses divisions,
ou bien partant immédiatement du collet de la
racine.
4° Les fleurs, c'est-à-dire des parties très-com-
plexes, renfermant les organes de la reproduction
dans deux enveloppes particulières, destinées à
les contenir et à les protéger: ces organes de la
reproduction sont le pistil et les étamines. Les
enveloppes florales sont la corolle et le calice.
5° he pistil, ou organe sexuel femelle, simple
ou multiple, occupant presque toujours le centre
de la fleur, se compose d'une partie inférieure
creuse, nommée ovaire, propre à contenir les
rudimens des graines, ou les ovules, d'une partie
glanduleuse , située ordinairement au sommet
de l'ovaire, destinée à recevoir l'impression de
l'organe mâle, et que l'on appelle stigmate;
quelquefois d'un style, sorte de prolongement
filiforme du sommet de l'ovaire, qui supporte
alors le stigmate.
6° Les étamines, ou organes sexuels mâles,
composées essentiellement d'une anthère, espèce
de petite poche membraneuse, le plus souvent
à deux loges, renfermant dans son intérieur la
substance propre à déterminer la fécondation ou
le pollen. Le plus ordinairement l'anthère est
portée sur mnJUet plus ou moins long; dans ce
cas Yétamine se trouve formée d'une anthère ou
28 INTRODUCTION.
partie essentielle , d'un Jîlet ou partie acces-
soire.
7° La corolle, ou l'enveloppe la plus intérieure
de la fleur, souvent peinte des plus riches cou-
leurs, quelquefois formée d'une seule pièce et
dite alors corolle monopétale; d'autres fois elle est
polj pétale , c'est-à-dire composée d'un nombre
plus ou moins considérable de pièces distinctes ,
qui portent chacune le nom de pétale.
8° Le calice, ou enveloppe la plus extérieure
de la fleur, de nature foliacée , ordinairement
vert; composé d'une seule pièce, et dans ce cas
nommé monosépale ; ou formé de plusieurs pièces
distinctes, qui sont nommées sépales, il est ap-
pelé alors polysèpale.
t)° Le fruit, c'est-à-dire Y ovaire développé e*t
renfermant les graines fécondées, est formé par
le péricarpe et les graines.
io° Le péricarpe de forme, de consistance très-
variées, est l'ovaire développé et accru, dans
lequel étaient contenus les ovules, qui sont de-
venus les graines. 11 se compose de trois parties,
savoir : de X èpicarpe , ou membrane extérieure
qui définit la forme du fruit; de ^endocarpe, ou
membrane qui revêt sa cavité intérieure simple
ou multiple ; enfin d'une partie parenchyma-
tense située et contenue entre ces deux mem-
branes , et qu'on nomme sarcocarpe.
INTRODUCTION. 2C)
Le sarcocarpe est surtout très-développé dans
les fruits charnus.
ii° Les graines contenues clans un péricarpe
y sont attachées au moyen d'un support parti-
culier, formé des vaisseaux qui leur apportent la
nourriture; ce support est le tropho sperme, ou pla-
centa. Le point de la surface de la graine où s'at-
tache le trophosperme se nomme hile ou ombilic.
Quelquefois le trophosperme , au lieu de cesser
au pourtour du hile, se prolonge plus ou moins
sur la graine, au point de la recouvrir même en-
tièrement. C'est à ce prolongement particulier
qu'on a donné le nom à'arille.
La graine se compose essentiellement de deux
parties distinctes, Yépisperme et Xamande.
ii° Uépisperme est la membrane ou le tégu-
ment propre de la graine. . .
i3° L'amande est le corps contenu dans V épi-
sperme.
L'amande est composée essentiellement de
X embryon, c'est-à-dire de cette partie qui, mise
dans des circonstances convenables, tend à se
développer et à produire un végétal parfaitement
semblable à celui qui lui a donné naissance.
Outre X embryon, Xamande contient encore
quelquefois un corps particulier de nature et de
consistance variées, sur lequel est appliqué X em-
bryon , ou dans l'intérieur duquel i! est entiè-
3o INTRODUCTION.
rement caché ; ce corps a reçu les noms d'endo-
sperme, de périsperme et à* albumen.
1J embryon est la partie essentielle du végétal;
c'est pour concourir à sa formation et à son per-
fectionnement que tous les autres organes des
végétaux paraissent avoir été créés : il est formé
de trois parties; l'une inférieure ou corps radicu-
laire; c'est celle qui, dans la germination, donne
naissance à la racine; l'autre, supérieure, est la
gemmule; c'est elle qui, en se développant, pro-
duit la tige, les feuilles et les autres parties qui
doivent végéter à l'extérieur; enfin une partie
intermédiaire et latérale , qui est le corps coty-
lèdonaire , simple ou divisé en deux parties ,
nommées cotylédons. De là, la division des vé-
gétaux pourvus d'embryon en deux grandes
classes : les Monocotylédons , ou ceux dont X em-
bryon n'a qu'un seul cotylédon; et les Dicoty-
lédons, ou ceux dont X embryon présente deux
cotylédons.
Telle est l'organisation la plus générale et la
plus complète des végétaux. Mais on ne doit pas
s'attendre à trouver toujours réunies sur la même
plante les différentes parties que nous venons
d'énumérer rapidement; plusieurs d'entre elles,
manquent très -souvent sur le même végétal.
C'est ainsi, par exemple, que la tige est quel-
quefois si peu développée , qu'elle paraît ne
INTRODUCTION. 3l
point exister, comme dans le plantain , la pri-
mevère; que les feuilles n'existent pas du tout
dans la cuscute; qu'on ne trouve pas de corolle
dans tous les Monocotjlèdons , c'est-à-dire qu'il
n'existe alors qu'une seule enveloppe autour des
organes sexuels; que cette seule enveloppe dis-
paraît quelquefois comme dans le saule, etc., que
souvent encore la fleur ne renferme que l'un
des deux organes sexuels, comme dans le cou-
drier, où les étamines et les pistils sont contenus
dans des fleurs distinctes; ou enfin que les deux
organes sexuels disparaissent quelquefois entière-
ment, et la fleur alors est dite neutre, comme
dans la boule de neige [Viburnum opulus) , Xhor-
tensia, etc.
Cependant , dans les différens cas que nous
venons de citer, cette absence de certains orga-
nes n'est qu'accidentelle, et n'influe pas d'une
manière marquée sur le reste de l'organisation;
en sorte que ceux de ces végétaux dans lesquels
ces organes manquent ne s'éloignent point sen-
siblement ; ni dans leurs caractères extérieurs ,
ni dans leur mode de végétation et de reproduc-
tion, de ceux qui les possèdent tous.
Mais il est un certain nombre d'autres végé-
taux qui, par la privation constante des orga-
nes sexuels, par leurs formes extérieures , la ma-
3l INTRODUCTION.
nière dont ils végètent et se reproduisent ,
s'éloignent tellement des autres plantes connues,
que de tout temps ils en ont été séparés pour
former une classe à part. C'est à ces végétaux que
Linné a donné le nom de Cryptogames , c'est-à-
dire de plantes à organes sexuels cachés ou in-
visibles, pour les distinguer des autres végétaux
connus, dont les organes sexuels sont apparens,
et qui avaient reçu pour cette raison le nom
de Phanérogames.
Les Cryptogames, qui sont mieux nommées
Agames (i), puisqu'elles sont privées d'organes
sexuels, sont fort nombreuses. Elles constituent,
environ la septième ou huitième partie des cin-
quante mille végétaux connus aujourd'hui.
Comme elles sont dépourvues de graines, et
par conséquent d'embryon et de cotylédon, on
les appelle aussi Inembryonèes ou Acotylèdones.
On arrive donc ainsi à trouver dans les végétaux
trois divisions fondamentales , tirées de l'em-
bryon , savoir :
i° Les Inembvyonés ou A cotylédons, c'est-à-
dire les plantes dans lesquelles on n'observe ni
(i) Voyez à la fin de cet ouvrage les considérations géné-
rales sur l'organisation des Agames.
INTRODUCTION. 33
fleurs proprement dites , ni par conséquent d'em-
bryon et de cotylédons; telles sont les Fougères (i),
les Mousses , les Hépatiques , les Lichens , les
Champignons, etc.
i° Les Embryonés ou Phanérogames , plantes
pourvues de fleurs bien évidentes, de graines et
d'embryon. On les distingue en :
Monocotylèdones , ou celles dont le corps co-
tylédonaire de l'embryon est d'une seule pièce,
et développe une seule feuille par la germina-
tion; telles sont les Graminées , les Palmiers, les
Liliacées , etc.
Et en Dicotylédones, ou celles dont l'embryon
offrant deux cotylédons développe deux feuilles
séminales par la germination ; par exemple : les
Chênes , les Ormes, les Labiées, les Crucifères, etc.
Le nombre de végétaux Dicotylédons est plus
considérable que celui des Acotylèdons et des
Monocotylédons réunis.
Telles sont les grandes divisions fondamentales
(i) Quelques auteurs ont placé, mais à tort, selon nous, les
Fougères parmi les plantes à embryon monocotylédon. En effet
il est de la dernière évidence que ces végétaux ne se repro-
duisent pas au moyen de véritables graines, mais simplement
par des corps particuliers, espèces de bulbilles, qu'on ob-
serve sur d'autres végétaux, et auxquels on donne le nom de
spoTutes.
3/j INTRODUCTION.
établies dans le règne végétal. Nous avons cru
devoir les exposer ici en abrégé , et en donner
une idée succincte et générale, parce que,
dans le cours de cet ouvrage , nous serons
fréquemment obligé d'employer les noms iYJ-
cotylédons r de M ono cotylédons , et de Dico-
tylèdons , qui, s'ils n'eussent point été définis
d'abord , eussent nécessairement arrêté l'ordre na-
ture! des idées. C'est ici que nous sommes forcé
de convenir que la marche des sciences naturelles
n'est point aussi rigoureuse que celle des scien-
ces physiques et mathématiques. On ne peut pas
toujours, dans l'exposition des faits et des notions
fondamentales qui appartiennent à l'histoire na-
turelle, procéder strictement du connu à l'in-
connu. Il est souvent impossible d'éviter de passer
par certaines idées intermédiaires, non encore
définies, et de supposer, dans ceux pour lesquels
on écrit, des connaissances qu'heureusement ils
possèdent presque toujours.
TN"<^us avons, autant que possible, cherché à
remédier à cet inconvénient dans l'exposition
des notions élémentaires de la Botanique que nous
venons de présenter. Nous nous sommes efforcé
d'exposer, ici les faits dans leur dernier degré de
simplicité, afin que ceux même qui n'ont encore
aucune connaissance de cette science puissent
INTRODUCTION. 35
aisément suivre le développement successif dans
lequel nous allons entrer au sujet des différens
organes des végétaux.
Les organes des végétaux sont divisés en deux
classés:
i° Suivant qu'ils servent à leur nutrition, c'est-
à-dire à puiser dans le sein de la terre ou de
l'atmosphère les substances nutritives propres
à 'leur développement : on les appelle alors orga-
nes de la 7iutrilion ou de la végétation. Tels sont
la racine , la tige , les bourgeons et les feuil-
les, etc.
2° Suivant qu'ils servent à la reproduction de
l'espèce , on les nomme organes de la reproduc-
tion ou de la fructification. Tels sont la fleur, ses
différentes parties, et le fruit qui leur succède.
Nous.commencerons d'abord par étudier les
organes de la nutrition ; et nous ferons suivre
cette étude de celle des organes de la fructifi-
cation.
L'ordre le plus naturel des idées eût été sans
doute de commencer par étudier les organes de
la plante dans la graine qui les renferme déjà à
l'état rudimentaire; d'en suivre ensuite les pro-
grès ultérieurs jusqu'à leur état le plus parfait de
développement; mais l'organisation de la graine
étant, sans contredit, le point le plus difficile de
36 INTRODUCTION.
ia Botanique, celui sur lequel il reste encore le
plus de doutes et d'obscurtié, il nous a semblé
qu'il fallait d'abord accoutumer en quelque sorte
nos lecteurs à des idées et des faits plus sim-
ples , afin de les faire arriver ainsi par degrés
aux parties les plus compliquées de l'organisa-
tion végétale.
PREMIÈRE CLASSE •
ORGANES DE LA NUTRITION OU DE LA
VÉGÉTATION.
JNous avons, dans l'Introduction précédente, divisé
les organes des végétaux en deux classes, suivant les
usages qu'ils remplissent. Dans la première classe nous
plaçons les organes de la nutrition ou de la végéta-
tion; dansla seconde, ceux delà reproduction ou de
la fructification.
Les organes de la nutrition ou de la végétation
sont tous ceux auxquels est confié le soin de la conser-
vation individuelle des végétaux. Ce sont les racines,
les tiges, les bourgeons, les feuilles, les stipules, et
quelques-uns de ces organes dégénérés, tels que les
épines, les aiguillons, les vrilles. Ces organes ont un
but commun, l'entretien de la vie dans le végétal. En
effet, la racine, enfouie dans le sein de la terre, ab-
sorbe une partie des fluides nutritifs et réparateurs;
la tige transmet ces fluides dans tous les points de la
plante, tandis que les feuilles étendues au milieu de
l'atmosphère remplissent les mêmes fonctions que les
racines, et servent à la fois d'organes absorbans et
exhalans. On voit par ce court exposé de leurs fonc-
tions que ces différens organes tendent tous à une
même fin; qu'ils nourrissent le végétal et concourent
à sa végétation, c'est-à-dire au développement de
toutes ses parties.
S
38 ORGANES DE LA VÉGÉTATION.
CHAPITRE PREMIER.
DE LA RACINE (i).
On donne le nom de racine à cette partie d'un vé-
gétal qui, occupant son extrémité inférieure, et ca-
chée le plus souvent dans la terre, se dirige et croît
constamment en %ens inverse de la tige, c'est-à-dire
s'enfonce perpendiculairement dans la terre, tandis
que celle-ci s'élève vers le ciel. Un caractère non
moins remarquable de la racine est de ne jamais de-
venir verte (au moins dans son tissu) quand elle est
exposée à l'action de l'air et de la lumière, tandis
que toutes les autres parties des végétaux y prennent
cette couleur.
A l'exception de quelques T remette s et de certaines
Conferves, qui, plongées dans l'eau, ou végétant à
sa surface, absorbent les matériaux de leur nutrition
par les différens points de leur étendue, tous les autres
végétaux sont pourvus de racines, qui servent à les
fixer au sol, et à y puiser une partie de leurs prin-
cipes nutritifs.
Les racines, avons-nous dit, sont le plus souvent
implantées dans la terre. C'est ce qui a lieu, en effet ,
( i) Radie, laL ; P«|«, grec.
D. H. HILL UBRARY
North Carolina Stete Colleg*
racine. 39
pour le plus grand nombre des végétaux. Mais il en
est d'autres qui, vivant à la surface, de l'eau, pré-
sentent des racines flottantes au milieu de ce liquide,
comme on l'observe dans certaines Lentilles d'eau.
La plupart des plantes aquatiques, comme le Trèfle
d'eau, le Nénuphar, VUtriculaire (1), offrent deux,
espèces de racines.Les unes, enfoncées dans la vase,
les fixent au sol; les autres, partant ordinairement
de la base des feuilles, sont libres et flottantes au
milieu de l'eau.
D'autres plantes végétant sur les rochers, comme
les Lichens ; sur les murs, comme la Giroflée com-
mune, le grand Muflier, la Valériane rouge; sur le
tronc ou la racine des autres arbres, comme \eLierre,
certaines Orchidées des tropiques, la plupart des
Mousses, X Orobanche et YHypociste, y implantent
leurs racines, et, véritables parasites, eu absorbent les
matériaux nutritifs, et vivent à leurs dépens.
Le Clusia rosea, arbrisseau sarmenteux de l'Amé-
rique méridionale, le Sempetvwum arboreum, le
Maïs et quelques figuiers exotiques, outre les racines
qui les terminent inférieurement , en produisent
d'autres de différens points de leur tige, qui, d'une
hauteur souvent considérable , descendent et s'en-
foncent dans la terre.
Ne confondons pas avec les racines, comme on l'a
(1) Les parties filamenteuses, que la plupart des botanistes ont
prises pour des feuilles dans l'utriculaire, ne sont que des racines
flottantes.
/[O ORGANES DE LA. VÉGÉTATIOIf.
fait très -souvent, certaines tiges souterraines, qui
rampent horizontalement sous terre, comme dans
Y Iris germanica , le sceau de Salomon, etc. Leur di-
rection seule suffirait presque pour les distinguer, si
d'autres caractères ne venaient point encore nous
éclairer sur leur véritable nature. (Voyez dans le
chapitre suivant ce que nous en disons en parlant de
la Souche ou tige souterraine.)
Différentes parties dans les végétaux sont suscep-
tibles de produire des racines; coupez une branche
de saule, de peuplier; enfoncez- la dans la terre, et
au bout de quelque temps son extrémité inférieure
sera chargée de radicelles. Le même phénomène
aura encore lieu lorsqu'on aura implanté les deux
extrémités de la branche dans la terre : l'une et l'autre
s'y fixent, au moyen de racines qu'elles développent.
Dansle^ Graminées, particulièrement le Mais ou blé
de Turquie, les nœuds inférieurs de la tige poussent
quelquefois des racines qui descendent s'enfoncer
dans la terre. C'est sur cette propriété qu'ont les
tiges, et même les feuilles dans beaucoup de végé-
taux, de donner naissance à de nouvelles racines,
que sont fondées la théorie et la pratique du marco-
tage et de la bouture, moyens de multiplication très-
employés dans l'art de la culture.
Il existe une grande analogie de structure entre
les racines qu'un arbre pousse dans le sein de la terre,
et les rameaux qu'il étale au milieu de l'air. Les
principales différences que l'on observe entre ces
deux organes dépendent principalement de la diffé^
RACIUE. 41
rence(i) des milieux dans lesquels ces organes se
développent.
Les racines de certains arbres poussent de distance
en distance des espèces de cônes ou de bosses d'un
bois mou et lâche, entièrement nus et saillans hors
de terre, et que l'on a désignés sous le nom iïExos-
toses. Le Cyprès chauve de l'Amérique septentrio-
nale ( Taxodium distichum. Rich. ) en offre les
exemples les plus remarquables.
La racine y considérée dans son ensemble et d'une
manière générale, peut être divisée en trois parties :
i° le corps ou partie moyenne, de forme et de con-
sistance variées, quelquefois plus ou moins renflé,
comme dans le navet, la carotte; i° le collet ou
nœud vital : c'est le point ou la ligne de démarca-
tion qui sépare la racine de la tige, et d'où part le
(i) On a dit que, lorsqu'on renversait un jeune arbre de manière
que ses branches fussent enfoncées daas la terre et ses racines étalées
dans l'air, les feuilles se changeaient en racines, et celles-ci en
feuilles ; ce fait est faux, ou du moins l'explication que l'on en donne
n'est pas exacte. En effet, les feuilles ne se changent pas plus en
racines que les racines en feuilles. Mais lorsqu'ils sont cachés sous
la terre , les bourgeons situés à l'aisselle des feuilles , au lieu de
développer de jeunes rameaux ou scions foliacés , s'allongent, s'é-
tiolent , et deviennent des fibres radicales ; tandis que les bour-
geons latens qui existent dans les racines, et qui sont destinés à
renouveler le chevelu chaque année , placés dans un autre milieu ,
se développent en feuilles. On a encore un exemple bien frappant
de cette tendance des bourgeons latens de la racine à se changer en
rameaux foliacés, lorsqu'ils sont exposés au contact de l'air, dans
ces rejets qui poussent autour des arbres à racines rampantes,
comme l'acacia , le peuplier , etc.
4u ORGANES DE LA VÉGÉTATION.
bourgeon de la tige annuelle , dans les racines vivaces ;
3° les radicelles ou le chevelu : ce sont les fibres plus
ou moins déliées qui terminent ordinairement la ra-
cine à sa partie inférieure.
A. Suivant leur durée, les racines ont été distin-
guées en annuelles y bisannuelles, vivaces et li-
gneuses.
Les racines annuelles sont celles des plantes qui,
dans l'espace d'une année, se développent, fructi-
fient et meurent: tels sont le blé, le pied-d'alouette
( Delphinium consolida ) , le coquelicot ( Papaver
Rhœas), etc.
Les racines bisannuelles sont celles des plantes à
qui deux années sont nécessaires pour acquérir leur
parfait développement. Les plantes bisannuelles ne
produisent ordinairement, la première année, que
des feuilles; la seconde année .elles meurent après
avoir fleuri et fructifié, comme la carotte, etc.
On a donné le nom de racines vivaces à celles qui
appartiennent aux plantes ligneuses et à celles qui,
durant un nombre indéterminé d'années, poussent
des tiges herbacées, qui se développent et meurent
tous les ans, tandis que leur racine vit pendant un
grand nombre d'années; telles sont celles des as-
perges, des asphodèles, de la luzerne, etc.
Cette division des végétaux en annuels, bisannuels
et vivaces, suivant la durée de leurs racines, est
sujette à varier, sous l'influence de diverses circons-
tances. Le climat, la température, la situation d'un
pays, la culture même, modifient singulièrement la
RACINE. Z|3
durée dès végétaux. Il n'est pas rare de voir des
plantes annuelles végéter deux a/»s, et même davan-
tage, si elles sont mises dans un terrain qui leur soit
convenable, et abritées contre le froid. Ainsi le réséda
odorant , qui cbez nous est une plante annuelle, de-
vient une plante vivace dans les sables de l'Egypte.
Au contraire, des plantes vivaces et même ligneuses
de l'Afrique et de l'Amérique, transplantées dans les
régions septentrionales, y deviennent annuelles. La
belle de nuit {Nyctago hortensis), le Coàœà, sont vi-
vaces au Pérou , et meurent chaque année dans nos
jardins. Le ricin, qui, en Afrique, forme des arbres
ligneux, est annuel dans notre climat. Cependant il
reprend son caractère ligneux quand il se retrouve
dans une exposition convenable. En herborisant aux
environs de Villefranche, sur les bords de la Médi-
terranée , au mois de septembre 1 8 1 8* j'ai découvert
sur la montagne qui abrite l'arsenal de cette ville,
au couchant, un«petit bois formé de ricins en arbre.
Leur tronc est ligneux, dur. Les plus hauts ont en-
viron vingt-cinq pieds d'élévation, et présentent à peu
près le même aspect que nos platanes. Il est vrai que
la situation de Villefranche, exposée au midi, défen-
due des vents d'ouest par une chaîne de collines
assez élevées , la rapproche singulièrement du climat
de certaines parties de l'Afrique.
Les racines ligneuses ne diffèrent dés racines vi-
vaces que par leur consistance plus solide , et par la
persistance de la tige qu'elles supportent ; telles sont
celles des arbres et des arbrisseaux.
44 ORGANES DE LA VÉGÉTATION.
B. Suivant leur forme et leur structure, lés racines
peuvent se diviser ^n :
Pivotante (radix perpendicularis),
Fibreuse (radix Jibrosa) ,
Tubérifère (radix tuberifera) ,
Bulbifère (radix bidbifera).
i°Les racines picolantes sont celles qui s'enfoncent
perpendiculairement dans la terre. Elles sont simples
et sans divisions sensibles, comme dans la rave, la
carotte ; rameuses, dans le frêne et le peuplier d'Ita-
lie, etc. Elles appartiennent exclusivement aux vé-
gétaux dicotylédons. (Voyez planche 2, fig. 1,2,
3 et 4. )
i° La rdicmejibreuse se compose d'un grand nombre
de fibres, quelquefois simples et grêles, d'autres fois
épaisses et ramifiées. Telle est celle de la plupart des
Palmiers. Elle appartient exclusivement aux plantes
monocotylédones.
3° J'appelle racines tubèriferes ceiles qui présentent
sur différens points de leur étendue, quelquefois à
leur partie supérieure, d'autres fois au milieu ou aux
extrémités de leurs ramifications, des tubercules plus
ou moins nombreux. Ces tubercules ou corps charnus,
que l'on a long-temps, et à tort, regardés comme des
racines, ne sont que des amas de fécule amylacée ,
que la nature a, en quelque sorte, mis en réserve
pour servir à la nutrition du végétal. Aussi n'observe-
t-on jamais de véritables tubercules dans les plantes
annuelles; ils appartiennent exclusivement aux plantes
vivaces; tels sont ceux de la pomme de terré , du
RACINE. 4^
topinambour, des orchidées, des patates, etc. (1)
(Voyez pi. 2, fig. 5 et 6.)
l\° La racine bulbifere est formée par une espèce
de tubercule mince et aplati, qu'on nomme plateau,
produisant, par sa partie inférieure, une racine fi-
breuse, et supportant supérieurement un bulbe ou
ognon, qui n'est rien autre chose qu'un bourgeon
d'une nature particulière, formé d'un grand nombre
d'écaillés ou de tuniques appliquées les unes sur les
autres; par exemple , dans le lis, la jacinthe, l'ail,
et en général les plantes qu'on appelle bulbeuses.
(Voyez pi. 2, fig. 8 et 9.)
Telles sont les modifications principales que pré-
sente la racine relativement à sa structure particu-
lière. Avouons cependant que ces différences ne sont
pas toujours aussi tranchées que nous venons de les
présenter. Ici , comme dans ses autres ouvrages , la
(1) Le point de \ue sous lequel j'examine ici les tubercules dif-
fère de celui sous lequel on les considère communément. Loin
d'être des racines , comme beaucoup d'auteurs l'ont dit , ils ne
nous paraissent être , avec M. Sprengel (Linnœi Philos, bocan.), que
des espèces de bourgeons souterrains des plantes vivaces , aux-
quels la nature a confié le soin et la conservation des rudimens de
la tige. La seule différence que présentent les tubercules ainsi con-
sidérés, c'est que la jeune tige , au lieu d'être protégée par des
écailles nombreuses et serrées , se trouve enveloppée par un corps
dense et charnu qui sert non-seulement à l'abriter pendant l'hiver,
mais qui lui fournit au printemps les premiers matén.iux de son
développement et de sa nutrition.
On pourrait également les considérer comme des tiges souter-
raines, courtes et charnues, et les yeux qui en naissent comme
des bourgeons.
l\(j ORGANES DE LA VÉGÉTATION.
nature ne se prêle pas servilement à nos divisions
systématiques. Elle fait quelquefois disparaître par
des nuances insensibles ces différences, que nous
avions crues d'abord si constantes et si bien établies.
Toutes les racines qui ne peuvent être rapportées
à une des quatre modifications principales que nous
venons d'indiquer conservent le nom générique de
racines.
Le chevelu des racines, ou cette partie formée de
fibres plus ou moins déliées, sera d'autant plus abon-
dant et plus développé, que le végétal vivra dans un
terrain plus meuble. Lorsque par hasard l'extrémité
d'une racine rencontre un filet d'eau, elle s'allonge,
se développe en fibrilles capillaires et ramifiées, et
constitue ce que les jardiniers désignent sous le nom
de queue de renard. Ce phénomène , que l'on peut
produire à volonté, explique pourquoi les plantes
aquatiques ont , en général, deS racines beaucoup
plus développées.
Après ces considérations générales sur la structure
des racines, nous devons présenter ici les principales
modifications que cet organe peut subir, quant à sa
consistance, sa forme et ses autres caractères exté-
rieurs.
C. Relativement à sa consistance , la racine est
charnue, lorsque, étapt manifestement plus grosse et
plus épaisse que la base de la tige , elle est en même
temps plus succulente : telle est celle de la carotte ,
du navet , etc. Elle est ligneuse , au contraire ,
lorsque son parenchyme, plus solide, approche plus
RACINH. 47
ou moins de la dureté du bois. C'est ce que l'on
observe dans la plupart des végétaux ligneux.
D. La racine peut être simple (simplex), c'est-à-
dire formée par un pivot absolument indivis, comme
la betterave, le panais, la rave, etc. D'autres fois,
elle est rameuse (ramosa), ou divisée en ramifica-
tions plus ou moins nombreuses et déliées, toujours
de même nature qu'elle; telle est celle de la plupart
des arbres de nos forêts, du cbêne, de l'orme, etc.
E. Considérée quant à sa direction, la racine peut
être verticale, comme ceile de la carotte , de la rave ;
oblique , par exemple, celle des iris; et enfin située
horizontalement sous la terre, comme dans le Bhus
radicans , l'orme, etc. Assez souvent l'on trouve ces
trois positions réunies dans ies différentes ramifica-
tions d'une même racine.
F. Les variétés de forme Ifs plus remarquables
sont les suivantes :
i° Fusiforme, ou en fuseau (Jiisifbrmis) , lors-
qu'elle est allongée, plus mince à ses deux extré-
mités, plus grosse à sa partie moyenne, comme la
rave. (PI. 2, fig. 3.)
20 Napi/'orme, ou en forme de loupie {iiapiformis)
quand elle est simple, arrondie, et renflée à sa partie
supérieure , amincie et terminée brusquement en
pointe inférieurement : le navet, le radis, etc. (PI. 2,
%• 2.)
3° Conique (conica), celle qui présente la forme
d'un cône renversé; la betterave, le panais, la ca-
rotte. (PI. 2, fig. 4.)
48 ORGANES DE LA VÉGÉTATION.
4° arrondie ou presque ronde (subrolunda),
comme dans le Bunium bulbocastanum , etc.
5° Didyme ou testiculée (î) (didyma, testiculatd),
lorsqu'elle présente un ou deux tubercules arrondis
ou ovoïdes, comme dans YOrchis milâaris, maeu-
lata, etc. (Voy. pi. a, îig. 5 et 6.)
La racine didyme est appelée palmée {palmata),
quand les deux tubercules sont divisés en lobes di-
vergens, comme dans les doigts de la main jusqu'au
milieu environ de leur ép-aisseur. Ex. Orchis macu-
lata. (PI. 2 , fîg. 6. )
Digitée (digitata), quand les tubercules sont di-
visés presque jusqu'à leur base, comme dans le Sa-
tyrium albidum. C'est d'après cette forme de la
racine didyme que Linné a divisé les espèces du genre
Orchis en trois sections.
6° Noueuse ou Jîlipendulèe (nodosa) , lorsque les
ramifications de la racine présentent de distance en
distance des espèces de renflemens ou de nœuds (2)
qui lui donnent quelque ressemblance avec un cha-
pelet ; c'est ce que l'on observe dans la filipendule ,
l 'Avena prœcaloria.
(1) Dans la racine testiculée, l'un des tubercules (pi. 2 , fig. 5. a.)
est ferme, solide, un peu plus gros que l'autre ; c'est lui qui ren-
ferme le rudiment de la tige qui doit se développer l'année sui-
vante ; l'autre, au contraire (pi. 2 , fig. 5. b.) mou,iidé, plus
petit, contenait le germe de la tige qui vient de se développer, et
à l'accroissement de laquelle il a employé la plus grande partie
de la fécule amylacée qu'il renfermait.
(2) Ces nœuds ne doivent pas être confondus avec les véritables
tubercules, qui renferment toujours les rudimens de nouvelles tiges.
RACINE. 49
70 Grenue (granulata). M. de Candolle nomme
ainsi celle qui présente un amas de petits tubercules
renfermant des yeux propres à reproduire la plante,
sans être enveloppés de tissu cellulaire rempli de
fécule amylacée. Par exemple, celle de la saxifrage
grenue.
8° Fasciculée (fasciculata), quand elle est formée
par la réunion d'un grand nombre de radicelles,
épaisses, simples ou peu rameuses, comme celle des
asphodèles, des renoncules (1).
90 Articulée (articulata) , celle qui présente, de
distance en distance , des articulations. Par exemple,
dans la gratiole.
io° Contournée (conforta) quand elle offre plu-
sieurs courbures en differens sens; celle de la bis-
torte.
1 1° On appelle racine capillaire (capillaris), celle
qui est formée de fibres capillaires très-déliées, comme
la plupart des Graminées, le blé, l'orge.
ia° Chevelue (comosa) quand les filets capillaires
sont rameux et très-serrés, comme dans les bruyères.
Quant à la structure anatomique de la racine,
nous n'en ferons l'exposition qu'après celle de la
tige, parce que ces deux organes offrent beaucoup
d'analogie sous ce rapport.
Usages des racines.
Les usages des racines sont relatifs au végétal lui-
(1) Celles des renoncules, formées de fibres plus couries et plus
serrées , portent en général le nom de griffes.
5o ORGANES DE LA VÉGLTATION.
même ou à ses applications à l'économie domestique*
aux arts , à la médecine.
Relativement au végétal lui-même, les racines ser-
vent, i° à le fixer à la terre ou au corps sur lequel il
doit vivre ; i° à y puiser une partie des matériaux
nécessaires à son accroissement.
Les racines de beaucoup de plantes ne paraissent
remplir que la première de ces fonctions. C'est ce que
l'on observe principalement dans lés plantes grasses et
succulentes, qui absorbent par tous les points de leur
surface les substances propres à leur nutrition. Dans
ce cas, leurs racines ne servent qu'a les fixer au sol.
Tout le monde connaît le magnifique cierge du Pérou
[Cactus peruvianus) qui existe dans les serres du Mu-
séum d'histoire naturelle. Ce végétal, qui est d'une hau-
teur extraordinaire, pousse avec une extrême vigueur
des rameaux énormes, et souvent avec une rapidité
surprenante ; ses racines sont renfermées dans une
caisse, qui contient à peine trois à quatre pieds cubes
d'une terre que l'on ne renouvelle et n'arrose jamais.
Les racines des plantes ne sont pas toujours en
proportion avec la force et la grandeur des troncs
qu'elles supportent. Les Palmiers et les Conifères ,
dont le tronc acquiert quelquefois une hauteur de
plus de cent pieds, ont des racines courtes, s'étendant
peu profondément dans la terre, et ne les y fixant que
faiblement. Des plantes herbacées , au contraire , dont
la tige , faible et grêle , meurt chaque année , ont
quelquefois des racines d'une force et d'une longueur
considérable relativement à celle de la tige, comme on
RA.CINE. *I
l'observe clans la réglisse, la luzerne, et dans YOnonis
aivensis (qui, à cause de la ténacité et de la profon-
deur de ses racines, a été appelé arrête-bœiif.)
Les racines ont aussi pour usage d'absorber dans
le sein de la terre les substances qui doivent servir
à l'accroissement du végétal. Mais tous les points de
la racine ne concourent pas à cette fonction. Ce n'est
que par l'extrémité de leurs fibres les plus déliées
que s'exerce cette absorption. Les uns ont dit qu'elles
étaient terminées par de petites* ampoules, d'autres
par des espèces de bouches aspirantes ; quelle que
soit leur structure , il est prouvé que c'est par ces
extrémités seules que s'opère cette fonction.
Il n'est point d'expérience plus facile à faire que
celle au moyen de laquelle on démontre d'une ma-
nière péremptoire la vérité de ce fait. Si l'on prend
un radis ou un navet, qu'on le plonge dans l'eau par
l'extrémité de la radicule qui le termine, il poussera
des feuilles et végétera. Si, au contraire, on le place
dans l'eau de manière à ce que son extrémité infé-
rieure soit hors du liquide, il ne donnera aucun signe
de développement.
Les racines de certaines plantes paraissent excréter
une matière particulière, différente dans les diverses
espèces. Duhamel rapporte qu'ayant fait arracher de
vieux ormes , il trouva la terre qui environnait les
racines d'une couleur plus foncée et plus onctueuse.
Cette matière onctueuse et grasse était le produit d'une
sorte d'excrétion faite par les racines. C'est à cette
matière, qui. comme nous l'avons dit, est différente
52 ORGATYES DE LA VÉGÉTATION.
dans chaque espèce végétale, que l'on a attribué les
sympathies et les antipathies que certains végétaux
ont les uns pour les autres. On sait, en effet, que cer-
taines plantes se recherchent en quelque sorte , et
vivent constamment les unes à côté des autres ; ce
qui forme les plantes sociales ; tandis qu'au contraire
d'à utres semblent ne pouvoir croître clans le même lieu.
On a remarqué que les racines ont une tendance
marquée à se diriger vers les veines de bonnes terres,
et que souvent elles Rallongent considérablement pour
se porter vers les lieux où la terre est plus meuble
et plus substantielle. Elles s'y développent alors avec
plus de force et de rapidité. Duhamel rapporte que.
voulant garantir un champ de bonne terre des ra-
cines d une rangée d'ormes qui s'y étendaient et en
épuisaient une partie , il fit faire le long de cette
rangée d'arbres une tranchée profonde qui coupa
toutes les racines qui s'étendaient dans le champ.
Maisbienlôt les nouvelles racines, arrivées à l'un des
côtés du fossé , se recourbèrent en suivant la pente de
celui-ci jusqu'à la partie inférieure; là elles se portèrent
horizontalement sous le fossé , se relevèrent ensuite
de l'autre côté, en suivant !a pente opposée, et
s'étendirent de nouveau dans le champ.
Les racines, dans tous les arbres, n'ont pas la même
force pour pénétrer dans le tuf. Duhamel a fait l'ob-
servation qu'une racine de vigne avait pénétré pro-
fondément dans un tuf très-dur, tandis qu'une racine
d'orme avait été arrêtée par sa dureté, et avait en
quelque sorte rebroussé chemin.
RACINE. 53
La racine, ainsi que nous l'avons dit précédemment,
a une tendance naturelle et invincible à se diriger
vers le centre de la terre. Cette tendance se remarque
surtout dans cet organe, au moment où il commence
à se prononcer , à l'époque de la germination de
l'embryon ; plus tard elle est moins manifeste quoi-
qu'elle existe toujours , surtout dans les racines qui
sont simples, ou dans le pivot des racines rameuses;
car elle est souvent nulle dans les ramifications laté-
rales de la racine.
Quels que soient les obstacles que l'on cherche à
opposer à cette tendance naturelle de la radicule, elle
sait les surmonter. Ainsi placez une graine germante
de fève ou de pois de manière que les cotylédons
soient placés dans la terre et la radicule en l'air,
vous verrez bientôt cette radicule se recourber vers
la terre pour aller s'y enfoncer. On a donné beaucoup
d'explications diverses de ce phénomène : les uns
ont dit que la racine tendait à descendre, parce que
les fluides qu'elle contenait étaient moins élaborés,
et par conséquent plus lourds que ceux de la tige.
Mais cette explication est contredite par les faits. En
effet, ne voit-on pas dans certains végétaux exotiques,
tels que le Clusia rosea , etc., des racines se déve-
lopper sur la tige à une hauteur très-considérable, et
descendre perpendiculairement pour s'enfoncer dans
la terre. Or, dans ce cas, les fluides contenus dans ces
racines aériennes sont de la même nature que ceux
qui circulent dans la tige, et néanmoins ces racines,
au lieu de s'élever comme elle, descendent au con-
54 ORGANES DE LA VÉGÉTATION.
traire vers la terre. Ce n'est donc pas la différence
de pesanteur des fluides qui leur donne cette ten-
dance vers le centre de la terre.
D'autres ont cru trouver cette cause dans l'avidité
des racines pour l'humidité, humidité qui est plus
grande dans la terre que dans l'atmosphère. Duhamel,
voulant s'assurer de la réalité de cette explication,
fit germer des graines entre deux éponges humides
et suspendues en l'air; les racines, au lieu de se
porter vers l'une ou l'autre des deux éponges bien
imbibées d'humidité, glissèrent entre elles, et vinrent
pendre au-dessous, en tendant ainsi vers la terre. Ce
n'est donc pas l'humidité qui attire les racines vers
le centre de la terre.
Serait-ce la terre elle-même par sa nature et par
sa masse ? L'expérience contredit encore cette expli-
cation. M. Dutrochet remplit de terre une caisse
dont le fond était percé de plusieurs trous ; il plaça
dans ces trous des graines de haricot germantes , et
il suspendit la caisse en plein air à une hauteur de six
mètres. De cette manière, dit-il , les graines, placées
dans les trous pratiqués à la face inférieure de la
caisse, recevaient de bas en haut l'influence de l'at-
mosphère et de la lumière : la terre humide se trouvait
placée au-dessus d'elles. Si la cause de la direction
de cette partie existait dans sa tendance pour la terre
humide, on devait voir la radicule monter dans la
terre placée au-dessus d'elle, et la tige au contraire
descendre vers l'atmosphère placée au-dessous d'elle;
c'est ce qui n'eut point lieu. Les radicules des graines
RACINE. 55
descendirent dans l'atmosphère, où elles ne lardèrent
pas à se dessécher; les plumules au contraire se diri-
gèrent en haut dans la terre.
M. Rnight, célèbre physicien anglais, a voulu s'as-
surer par l'expérience si cette tendance ne serait pas
détruite par le mouvement rapide et circulaire im-
primé à des graines germantes. Il fixa des graines de
haricots dans les augets d'une roue, mue continuel-
lement par un filet d'eau dans un plan vertical, cette
roue faisant cent cinquante révolutions en une mi-
nute. Ces graines placées dans de la mousse sans cesse
humectée, ne tardèrent pas à germer; toutes les ra-
dicules se dirigèrent, vers la circonférence de la roue,
et toutes les gemmules vers son centre. Par chacune
de ces directions les radicules et les gemmules obéis-
saient à leurs tendances naturelles et opposées. Le
même physicien fit une expérience analogue avec
une roue mue horizontalement et faisant deux cent
cinquante révolutions p*r minute; les résultats furent
semblables , c'est-à-dire que toutes les radicules se
portèrent vers la circonférence, et les gemmules vers
le centre, mais avec une inclinaison de dix degrés
des premières vers la terre, et des secondes vers le
ciel. Ces expériences , répétées par M. Dutrochet , ont
eu les mêmes résultats, excepté que dans la seconde
l'inclinaison a été beaucoup plus considérable, et que
les radicules et les gemmules sont devenues presque
horizontales.
Des diverses expériences rapportées ci -dessus il
résulte évidemment que les racines se dirigent vers
56 ORGANES DE LX VEGETATION.
le centre de la terre, non parce qu'elles contiennent
un fluide moins élaboré, ni parce qu'elles y sont at-
tirées par l'humidité ou la nature même de la terre,
mais par un mouvement spontané, une force inté-
rieure, une sorte de soumission aux lois générales de
la gravitation.
Mais, quoiqu'on puisse dire que cette loi de la ten-
dance des racines vers le centre de la terre soit gé-
nérale , néanmoins quelques végétaux semblent s'y
soustraire ; telles sont en général toutes les plantes
parasites , et le gui (Viscuni album) en particulier.
Cette niante singulière pousse, en effet, sa radicule
dans quelque position que le hasard la place; ainsi,
quand la graine, qui est enveloppée d'une glu épaisse
et visqueuse, vient à se coller sur la partie supé-
rieure d'une branche, sa radicule, qui est une sorte
»de tubercule évasé en forme de cor de chasse, se
trouve alors perpendiculaire à l'horizon : si , au con-
traire, la graine est placée à la partie inférieure de
la branche, la radicule se dirige vers le ciel. La graine
est-elle située sur les parties latérales de la branche,
la radicule se dirige latéralement. En un mot, dans
quelque position que la graine soit fixée sur la bran-
che, la radicule se dirige toujours perpendiculaire-
ment à l'axe de la branche.
M. Dutrochet a fait sur la germination de cette
graine un grand nombre d'expériences pour consta-
ter la direction de la radicule. Nous rapporterons ici
les plus intéressantes. Cette graine , qui trouve dans
la glu qui l'enveloppe les premiers matériaux de son
RACINE. 57
accroissement, germe et se développe non-seulement
sur du bois vivant et mort, mais encore sur des
pierres, du verre, et même sur du fer. M. Dutrochet
en a fait germer sur un boulet de canon. Dans tous
ces cas la radicule s'est toujours dirigée vers le centre
de ces corps. Ces faits prouvent, ainsi que le remar-
que l'ingénieux expérimentateur, que ce n'est pas
vers un milieu propre à sa nutrition que l'embryon
du gui dirige sa radicule , mais que celle-ci obéit à
l'attraction des corps sur lesquels la graine est fixée,
quelle que soit leur nature.
Mais cette attraction n'est qu'une cause éloignée
de la tendance de la racine du gui vers les corps. La
véritable cause est un mouvement intérieur et spon-
tané exécuté par l'embryon à l'occasion de l'attrac-
tion exercée sur sa radicule. M. Dutrocbet colle une
graine de gui germée à l'une des extrémités d'une
aiguille de cuivre , semblable à une aiguille de bous-
sole, et placée de même sur un pivot; une petite boule
de cire mise à l'autre extrémité forme le contre-poids
de la graine. Les chosesainsi disposées, M. Dutrochet
approche latéralement de la radicule une petite plan-
che de bois, à environ un millimètre de distance. Cet
appareil est ensuite recouvert d'un récipient de verre,
afin de le garantir de l'action des agens extérieurs.
Au bout de cinq jours la tige de l'embryon s'est flé-
chie et a dirigé la radicule vers la petite planche qui
l'a* voisinait , sans que l'aiguille eût changé de posi-
tion, malgré son extrême mobilité sur le pivot. Deux
jours après, la radicule était dirigée perpendiculai-
58 ORGANES DE LA VÉGÉTATION.
rement vers la planche avec laquelle elle s'était mise
en contact, sans que l'aiguille, qui porlait la graine,
eût éprouvé le moindre dérangement.
La radicule du gui présente encore une autre ten-
dance constante; c'est celle de fuir la lumière. Faites
germer des graines de gui sur la face interne des
vitres d'une croisée d'appartement, et vous verrez
toutes les radicules se diriger vers l'intérieur de l'ap-
partement pour y chercher l'obscurité. Prenez une
de ces graines germées, appliquez-la sur la vitre en
dehors de l'appartement, et sa radicule s'appliquera
contre la vitre, comme si elle tendait vers l'intérieur
de l'appartemeut pour fuir la lumière.
Dans l'économie domestique, beaucoup de racines
sont utilement employées comme alimens. Ainsi les
carottes , les navets , les panais, les salsifis, et beaucoup
d'autres racines , sont trop universellement usitées
pour que nous soyons obligés d'entrer dans des détails
à cet égard.
C'estaveclestuberculesd'un grand nombre d'orchis
convenablement préparés que se fait le salep.
On extrait de la betterave, par des procédés que la
chimie a singulièrement perfectionnés, un sucre qui
peut avantageusement remplacer celui que nous tirons
à grands frais des colonies.
Certaines plantes, ayant la faculté de pousser des
racines qui se ramifient et s'étendent à de grandes dis-
tances, on s'en est servi pour ramifier et consolider les
terrains mouvans. C'est ainsi qu'en Hollande, et aux
environsde Bordeaux, on plante le Carex arenaria sur
RACINE. 59
les dunes et les bords des canaux, afin de consolider
et fixer les terres. Dans plusieurs autres pays on plante,
pour remplir le même objet, V Hippophae rhamnoïdes
ou argousier, le genêt d'Espagne, etc.
Plusieurs racines sont employées avec avantage
dans la teinture. Telles sont celles de garance, d'orca-
nette, de curcuma, etc.
Quant aux usages médicinaux des racines, on sait
que la thérapeutique leur emprunte des médicamens
précieux. Relativement aux principes qui y prédomi-
nent, les racines officinales ont été divisées en :
§ 1. Racines fades: principe muqueux ou amylacé.
Guimauve officinale {Althœa officinalis. L. )
Grande Consolide ( Sjmphjtum officinale. L. )
Chiendent ( Triticum rcpens. L. ) etc. , etc.
§ 2. Racines douces et sucrées.
Réglisse ( Gljcjrrhiza glabra. L. )
Vo\y\>oàe(Polypodiwncommwie. L.) etc.,elc.
§ 3. Racines peu sapides, ou légèrement amères.
Salsepareille (Smilax Salsaparilla. L.)
Squine ( Smilax China, L. )
Bardane (Arclium Lappa. L.)
Patience ( Rwnex Palientia. L. )
§ l\. Racines aromatiques et odorantes.
Valériane ( Valeriana officinalis. L. )
Serpentaire de Virginie [Aristolochia seipen-
iaria. L. )
Angélique {Angelica Archangelica,. L.)
Aunée (Inula Hclenium. L.)
Benoîte ( Geum itrbanuni. L. )
60 ORGA.NES DE LA. VÉGÉTATION.
Raifort ( Cochlearia armoracia. L. )
Ginseng ( Patiax quinquefoliwn. Lamk. )
§ 5. Racines amères.
Grande Gentiane (Gentiana lutea. L.)
Rhubarbe ( Rheum palmatum et R. undula-
twn. L. )
Columbo ( Cocculus palmalus. DC. )
Polygala amer {Polygala amara. L. )
Chicorée sauvage (Cichoriwn lntybus. L.)
§ 6. Racines acerbes.
Bistorte ( Polygonum Bistorta. L. )
ïormentille ( Tormentilla erecta. L. )
§ 7. Racines acres et nauséabondes.
Ipécacuanha annelé (1) ( Cephaelis Ipeca-
cuanha. Rich. )
Ipécacuanha simple ou strié {Psycho tria eme-
tica. L. )
Cabaret [Asarum europœum. L. )
Hellébore noir ( Helleborus niger. )
Hellébore blanc (yVeratrum album. )
r Jalap {Convolvulus Jalappa. £. ), etc., etc.
(1) Voyez mon Mémoiresur les deux espèces à? ipécacuanha tirées
de la famille des Rubiacées, inséré daus les bulletins de la Société
la Faculté pour l'année 1818 , et mon Histoire naturelle et médi-
cale des différentes espèces d'ipécacuanha du commerce. Paris ,
i8ao. Un vol. in-4°, fig- Chez Béchet jeune.
TIGE. 6l
CHAPITRE IL
DE LA TIGE {Caulis, L. ).
Nous venons de voir la racine tendre généralement
à s'enfoncer vers le centre de la terre. La lige, au
contraire, est cette partie de la plante qui, croissant
en sens inverse de la racine, cherche l'air et la lu-
mière, et sert de support aux feuilles, aux fleurs et
aux fruits, lorsque la plante en est pourvue.
Tous les végétaux Phanérogames ont une tige pro-
prement dite. Mais quelquefois cette tige est si peu
développée, elle est tellement courte, qu'elle paraît
ne pas exister. Les plantes qui offrent cette disposition
ont été dites sans tige ou Acaules; telles sont la prime-
vère, la jacinthe, et beaucoup d'autres.
Ne confondons pas avec la véritable tige la Hampe
et le Pédoncule radical. La Hampe (Scapus) est un pé-
doncule floral nu, c'est-à-dire ne portant pas de feuilles,
qui part du collet de la racine, et qui se termine par
une ou plusieurs fleurs, comme dans la jacinthe.
Le Pédoncule radical [Pedunculus radicalis) diffère
de la Hampe en ce qu'au lieu de naître du centre d'un
assemblage de feuilles radicales , il sort de l'aisselle
d'une de ces feuilles; par exemple, dans le plantain
( Plantago média, P. lanceolata, etc. )
On distingue cinq espèces de tiges principales, fon-
dées sur leur organisation et leur mode particulier de
ÔS ORGANES DE LA. VÉGÉTATION.
développement. Ces espèces sont : i° le Tronc, o.° le
Stipe, 3° le Chaume, l\° la Souche, 5° la Tige propre-
ment dite.
i° On appelle Tronc (Truncus), la tige des arbres
de nos forêts, du chêne, du sapin, du frêne, etc. Il a
pour caractères d'être conique, allongé, c'est-à-dire
d'offrir sa plus grande épaisseur à sa base. Il est nu
inférieurement, terminé à son sommet par des divi-
sions successivement plus petites , auxquelles on a
donné le nom de branches, de rameaux et de ramilles
ou ramuscules, et qui portent ordinairement les feuilles
et les organes de la reproduction. Le tronc est propre
aux arbres dicotylédones ; composé intérieurement de
couches concentriques superposées, il croît en lon-
gueur et en épaisseur, par l'addition de nouvelles
couclies à sa circonférence.
i° Le Slipe (Stfpes) est une sorte de tige qu'on
n'observe que dans les arbres monocotylédonés, tels
que les Palmiers, les Dracœna, les Yucca, et dans
certains Dicotylédons, savoir, le Cycas et le Zamia. Il
est formé par une espèce de colonne (i) cylindrique,
c'est-à-dire aussi grosse à son sommet qu'à sa base
(ce qui est le contraire dans le tronc), souvent même
plus renflée à sa partie moyenne qu'à ses deux extré-
mités , rarement ramifiée , couronnée à son sommet
par un bouquet de feuilles entremêlées de fleurs. Son
écorce, lorsqu'il en a une, est ordinairement peu dis-
(i) On le désigne souvent par le nom de tronc ou tige à co-
lonne.
TIGE. 63
tincte du reste de la tige Son accroissement en hau-
teur se fait par le développement du bouton qui le
termine supérieurement; il s'accroît en épaisseur par
la multiplication des filets de sa circonférence.
Nous ferons voir bientôt, en traitant de la struc-
ture anatomique des tiges, que le stipe ne diffère pas
moins du tronc par son organisation intérieure que
par les caractères physiques que nous venons d'in-
diquer.
3° Le Chaume [Culmus) est propre aux Grami-
nées, c'est-à-dire au blé, à l'orge, à l'avoine, etc.,
aux Cypéracées et aux Joncs, etc. C'est une tige
simple, rarement ramifiée, le plus souvent fistu-
leuse (i) (c'est-à-dire creuse dans son intérieur) et
séparée de distance en distance par des espèces de
nœuds ou cloisons desquels partent des feuilles al-
ternes et engainantes.
4° La Souche ou Rhizoma (a). On a donné ce nom
aux tiges souterraines des plantes vivaces , cachées
entièrement ou en partie sous la terre, poussant de
leur extrémité antérieure de nouvelles tiges, à me-
sure que leur extrémité postérieure se détruit. C'est
à cette tige souterraine que l'on donne, en général»
le nom impropre de racine progressive , de racine
succise. Exemple : l'iris, la scabieuse succise, le
(i) Quelquefois cependant elle est pleine intérieurement, comme
dans la canne à sucre, le maïs.
(a) Rhizoma, dérivé de P«|« racine, et de Y.u(<m corps.
D. H. HILL LIBRARY
North Caroline State Collège
64 ORGANES DE LA VÉGÉTATION.
sceau de Salomon(i). Outre sa direction à peu près
horizontale sous la terre, un des caractères princi-
paux de la souche , caractère qui la distingue de la
racine, c'est d'offrir toujours, sur quelques points de
son étendue, les traces des feuilles des années pré-
cédentes, ou des écailles qui en tiennent lieu. (Voy.
pi. 2, fig. 7.)
5° Enfin l'on donne le nom commun et général
de Tiges à celles qui, différentes des quatre espèces
précédentes, ne peuvent être rapportées à aucune
d'elles.
Le nombre des végétaux pourvus d'une tige pro-
prement dite est beaucoup plus considérable que
celui de végétaux qui ont un stipe , un chaume ou
un tronc.
Nous allons maintenant étudier la tige en général,
quant aux modifications qu'elle peut offrir.
A. Sous le rapport de la consistance, on distingue
la tige :
i° Herbacée (herbaceus), celle qui est tendre,
verte, et périt chaque année. Telles sont celles des
plantes annuelles, bisannuelles et vivaces, le mouron
(1) Le nombre des plantes pourvues de souche ou tige souter-
raine est beaucoup plus considérable qu'on ne l'imagine communé-
ment. Un grand nombre de plantes dites sans tige ou acaules , et
des plantes vivaces , sont pourvues d'une souche plus ou moins
développée. C'est ce que l'on observe , par exemple, dans la sylvie
(Anémone nemorosa) , la moschatelline ( Adoxa moschatellina) , le
Paris quadrifojia , etc. La partie de ces plantes, qui a été décrite
comme une racine tubéreuse , est une véritable souche.
TIGK. 65
des champs, la bourrache, la consolide, etc. Toutes
ces plantes prennent le nom général d'Herbes (herbœ).
i° Demi-ligneuse ou sous-ligneuse {suffruticosus),
quand la base est dure et persiste hprs de terre un
grand nombre d'années, tandis que les rameaux et
les extrémités des branches périssent et se renou-
vellent tous les ans. Tels sont, la rue odorante?(/fota!
graveolens), le thym des jardins {Thymus vulgaris),
la sauge officinale {Salvia qfficinalis). Les végétaux
qui offrent une semblable tige portent le nom de
Sous-arbrisseaux \sujjrutices). Ils sont dépourvus de
bourgeons écailleux.
3° Ligneuse [lignosus], quand la tige est persis-
tante, et que sa dureté est semblable à celle que Ton
connaît au bois en général. Les végétaux à tige li-
gneuse se divisent en :
Arbustes ^frutices) quand ils se ramifient dès leur
base et ne portent pas de bourgeons; par exemple ,
les Bruyères.
Arbrisseaux {arbusculœ)^ s'ils sont ramifiés à leur
base et portent des bourgeons, comme le noisetier,
le lilas, etc.
Enfin ils retiennent le nom iï Arbres, proprement
dits, lorsqu'ils présentent un tronc d'abord simple et
nu dans sa partie inférieure, ramifié seulement vers
sa partie supérieure; le chêne, l'orme, le pin, etc.
Cette division est tout-à-fait arbitraire, et n'existe
point dans la nature. En effet, un arbre de la même
espèce peut offrir ces trois modifications, suivant les
expositions auxquelles il est soumis, ou par l'art du
5
66 ORGANES DE LA VÉGÉTATION.
cultivateur. Ainsi l'ormille, le petit buis, dont on fait
des bordures de plate-bandes dans nos jardins, en
ayant soin de les tailler fréquemment, sont absolu-
ment la même espèce que l'orme et le buis ordinaires,
dont les tiges, surtout celle du premier, s'élèvent
ordinairement à une grande hauteur, lorsque ces vé-
gétaux sont abandonnés à eux-mêmes.
4° Solide ou pleine (solidus), quand elle n'offre
aucune cavité intérieure. Par exemple, la canne à
sucre, le tronc de la plupart des arbres. Cette épi-
thète s'emploie toujours par opposition à la suivante.
5° Fistuleuse(Jistulosus) , offrant une cavité inté-
rieure, continue ou séparée par des cloisons hori-
zontales : XArundo donax, l'angélique, XOEnanthe
fislulosa, le bambou, le Cecropia pellata , grand
arbre de l'Amérique méridionale, dont le tronc tou-
jours creux est pour cette raison nommé bois-canoti
par les habitans.
6° Médulleuse (medullosus) , remplie de moelle :
l'hyèble, le sureau, le figuier.
7° Spongieuse (spongiosus) , formée intérieure-
ment d'un tissu élastique, spongieux, compressible,
retenant l'humidité h la manière des éponges. Ex. :
Tjpha latijblia , Scirpus lacustris, etc.
8° Molle {inollis , flaccidus), quand elle ne peut se
soutenir d'elle-même et qu'elle tombe sur la terre: par
exemple, le mouron des champs [Anagallis aivensis).
9° Ferme ou roide (rigidus), lorsqu'elle s'élève
directement , se soutient droite, et résiste à la flexion :
exemple, la bistorte (Poljgonum bistorla).
TIGE. 67
io° Flexible (flexibilis) , quand on peut la plier
ou la fléchir aisément sans qu'elle se rompe : l'osier.
ii° Cassante (fragiles') , quand elle est roide, et
se casse aisément : celle de l'herbe à Robert (Géra-
nium Robertianum); les différentes espèces de cha-
ragnes, etc.
12° Charnue (succulentus), celle qui renferme
une grande quantité de suc ou de substance aqueuse:
par exemple, la borrrache, le pourpier.
Les tiges charnues peuvent être laiteuses, c'est-à-
dire renfermer un suc blanchâtre et lacîiforme ou
jaunâtre, comme les euphorbes, la grande éclaire
(Chelidonium ma/us), le pavot, etc.
B. Quant à sa forme, la tige peut offrir un grand
nombre de modifications; ainsi on l'appelle:
i° Cylindrique (1) (cjlindricus) , quand sa forme
générale approche de celle d'un cylindre, c'est-à-dire
que sa section transversale offre un cercle dont les
différens diamètres sont à peu près égaux. Cette
forme se trouve dans le tronc de la plupart des
arbres de nos forêts , et dans certaines plantes her-
bacées, comme la stramoine (Datura stramonium) ,
le lin, etc.
20 Effilée (virgatus), ou en baguette, celle qui
est grêle, longue, droite, et s'allonge considérable-
(1) Remarquons ici que dans le règne organique les formes
géométriques ne sont jamais aussi régulières, aussi rigoureusement
déterminées que dans les minéraux. Ainsi, quand on dit d'une tige
qu'elle est cylindrique , on exprime seulement par ce mot que c'est
du cylindre que sa forme se rapproche davantage.
68 ORGANES DE LA VÉGÉTATION.
ment en diminuant de la base vers le sommet. Telle
est eelle de la guimauve {Althœa offîci'naîis) de la
gaude (Reseda luteolà), de la salicaire {Lythrum sa-
licaria).
3° Comprimée (compressus) , lorsqu'elle est légè-
rement aplatie sur deux côtés opposés (le Poa com-
pressa).
4 °Ancipitêe (anceps), quand la compression est
portée jusqu'au point de former deux tranchans sem-
blables à ceux d'un glaive.
5° Angulèe (angulatus), lorsqu'elle est marquée
d'angles ou de lignes saillantes longitudinales, dont
le nombre est déterminé.
Selon que ces angles sont aigus ou obtus, on la dit:
Acutangulèe ,
Obtusangulèe.
Suivant le nombre des angles \ et par conséquent
des faces distinctes qu'elle présente , on la nomme :
Triangulaire , tri gone ou triquelre [triangularis ,
trigofiusy triqueter), quand elle offre trois angles.
Tels sont beaucoup de Carex, le Scirpus sjlva-
ticus, etc.
Quadrangulaire, tètragone (quadrangidaris, tetra-
gonus), quand elle a quatre angles et quatre faces.
Si les angles sont égaux ainsi que les faces, elle est
carrée; telles sont la plupart des Labiées, comme la
menthe, la sauge, le marrube,etc.
Pentagone (pentagonus), lorsqu'elle présente cinq
faces.
Hexagone (hexagonus), quand elle en offre six.
TIGE. ' 69
6° On dit de la tige qu'elle est anguleuse ( angu-
losus), lorsque le nombre des angles est très-consi-
dérable, ou que l'on ne veut pas le déterminer avec:
précision.
70 Noueuse (nodosus), offrant des nœuds ou ren-
flemens de distance en distance; les Graminées, le
Géranium Robertianum.
8° Articulée (articulât us), formée d'articulations
superposées et réunies bout à bout : le gui, beau-
coup de Graminées , de Caryophyllées ^ etc.
90 Géniculée (geniculatus); quand les articulations
sont fléchies angulairement : exemple, X Alsine mé-
dia, le Géranium sanguineum.
io° Sarmenteuse [sarmentosus), une tige fruti-
queuse trop faible pour pouvoir se soutenir elle-
même , et s'élevant sur les corps voisins , soit au
moyen d'appendices particuliers, nommés vrilles,
soit par sa simple torsion autour de ces corps: par
exemple , la vigne , le chèvrefeuille.
ii° Grimpante (scandens , radicans), celle qui
s'élève sur les corps environnans et s'y attache au
moyen de racines , comme le lierre {Hedera hélix),
le Bignonia radicans, etc.
ii° Volubile {volubilis), la tige qui s'entortille en
forme de spirale autour des corps voisins. Une chose
bien digne de remarque, c'est que les mêmes plantes
ne commencent point leur spirale indistinctement à
droite ou à gauche. Elles se dirigent constamment
du même côté dans une même espèce. Ainsi , quand
la spirale a lieu de droite à gauche, la tige est dite
70 ORGANES DE LA VÉGÉTATION.
dextrorsum volubilis ■, comme clans le haricot, le do-
lichos , le lizeron. On dit au contraire qu'elle est
sinistrorsîim volubilis, quand elle commence sa spi-
rale de gauche à droite : par exemple , le houblon ,
le chèvrefeuille.
i3° Grêle (gracilis), quand elle est très -longue
en comparaison de sa grosseur : par exemple , le
Stellaria holostea , YOrchis conopseay etc.
i4° Filiforme (Jiliformis) , quand elle est fort
grêle et couchée à terre, comme dans la canneberge
( Vaccinium oxjcoccos ).
C. D'après sa composition, on distingue la tige en:
i° Simple (simplex), lorsqu'elle est sans ramifica-
tions marquées : exemple, le bouillon blanc [Verbas-
cum thapsus ) , la digitale pourprée ( Digitalis pur-
purea ).
20 Rameuse (ramosus) divisée en branches et en
rameaux. La tige peut être rameuse dès sa base (basi
ramosus), comme l'ajonc ou landier (Ulex europœus),
ou seulement vers son sommet (apice ramosus).
'6° Dichotome {dichotomus} , lorsqu'elle se divise
par bifurcations successives ; telle est celle de la
mâche [Falerianella locusta), de la stramoine (Da-
tura stramoniuni).
4° Trichotome ytrichotomus) , se divisant par tri-
furcations, comme dans la belle -de -nuit (JYyctago
hortensis).
Quant à la disposition des rameaux, relativement
à la tige, comme leurs diverses modifications sont
parfaitement analogues à celles que nous observerons
TIGE. 71
dans les feuilles, nous croyons inutile d'en parler ici,
ce que nous dirons bientôt de la position des feuilles
sur la tige pouvant s'appliquer également a celle des
branches et des rameaux.
D. Suivant sa direction , on dit que la tige est :
i° Verticale ou dressée (1) {verticalis , erectus) ,
quand elle est dans une direction verticale relative-
ment à l'horizon; par exemple, celle de la raiponce
{Campanula rapunculus), de la linaire {Anlirrhinum
linaria).
i° Couchée {prostratus , procwnbens {1) humifu-
sus) (3); lorsqu'elle ne s'élève point, mais se couche
sur la terre sans s'y enraciner; par exemple, la
mauve {Malva rolundifolia), le serpolet ( Thymus
serpyllum, etc.).
3° Rampante {repens), quand elle est couchée
sur la terre et qu'elle s'y enracine par tous les points
de son étendue; ex. : la nummulaire ( Lysimachia
nummularia).
[\° Traçante oxxstolonifere {replans s. stohniferus),
poussant du pied principal de petites tiges latérales
grêles , nommées stolems , susceptibles de s'enraciner
(1) Il ne faut pas confondre la tige droite ( redits ) avec la tige
dressée ( erectus ). La première s'élève directement sans former au-
cune courbure, aucune déviation latérale , comme dans le bouillon
blanc , par exemple : la seconde, au contraire, n'exprime que l'op-
position à tige coucbée ( prostratus ). Une tige dressée peut donc ne
point être droite ; de même une tige droite n'est pas nécessaire-
ment dressée.
(2) Prostratus , couchée d'un seul côté.
(3) Humifusus , étalée en tous sens.
72 ORGANES DE LA VEGETATION.
et de reproduire de nouveaux pieds ; par exemple ,
le fraisier ( Fragaria vesca).
5° Oblique (obliquus), s'élevant obliquement à
l'horizon.
6° ascendante (ascendèns), formant à sa base une
courbe dont la convexité regarde à terre , et redressée
dans sa partie supérieure; par exemple, le trèfle des
prés (Trifolium pratense) , la véronique en épi {Ve-
ronica spicata).
7° Réclinée (reclinatus) , dressée , mais réfléchie
brusquement à son sommet, comme, par exemple,
quelques espèces de groseillers.
8° Tortueuse ( lortuosus), formant plusieurs
courbures en différens sens , le Bunias cakile, par
exemple.
9° Spiralèe (spiralis), formant des courbures en
forme de spirale : par exemple, la plupart des Costus.
E. D'après sa vestiture et ses appendices, la tige est :
i ° Feuillèe (foliatus), portant les feuilles ; telles
sont en général la plupart des tiges.
On dit, dans un autre sens, d'une tige, qu'elle est
feuillue (caulis foliosus), quand elle est couverte
d'un nombre très-considérable de feuilles.
i° Aphylleou sans feuilles {aphyllus), dépourvue
de feuilles (la cuscute).
3° Êcailleuse (squamosus), portant des feuilles
en forme d'écaillés; telles sont les orobanches.
4 ° Mïfèe (alatus), garnie longitudinalement d'ap-
pendices membraneux ou foliacés , venant le plus
souvent des feuilles , comme dans ia grande consolide
TIGE. 73
(Symphytum officinale} , le bouillon blanc (Verbas-
cum Thapsus).
F. En considérant la superficie de la tige, celle-ci est :
1 ° Unie (lœvis) , dont la surface n'a aucune sorte
d'aspérités ni d'éminences (Tanins communis).
i° Glabre (glaber), dépourvue de poils; la per-
venche (Vinca major).
3° Lisse (lœvigatus) , glabre et unie.
4° Pulvérulente (pulverulentus) , couverte d'une
sorte de poussière produite par le végétal (Primida
Jarinosa).
5° Glauque (glaucus), quand cette poussière
forme une couche excessivement mince , qu'on en-
lève facilement, et qui est de couleur vert de mer (1);
ex. : le Cucubalus behen , la Chlora perfoliala, etc.
6° Ponctuée (punctatus), offrant des points plus ou
moins saillans et nombreux, comme dans la rue (Ruta
graveolens). Ces points sont ordinairement de petites
glandes vésiculeuses, remplies d'huile essentielle.
70 Maculée (maculatus) , marquée de taches de
couleur variée; par ex., le gouet (A rum maculatum),
la grande ciguë (Conium maculatum), YOrchis macu-
lata, etc.
8° Rude (scaber, asper), dont la surface offre au
doigt une aspérité insensible à la vue, et qui paraît
due à de très-petits poils, rudes et extrêmement
courts, comme dans l'herbe aux perles (Lithosper-
mum aivense).
(1) C'est cette poussière que l'on désigne vulgairement sous le
nom de fleur dans certains fruits , les primes , le raisin, etc.
74 ORGANES DE LA VÉGÉTATION.
90 Verruqueuse [yerrucosus] , offrant de petites ex-
croissances calleuses (appelées gales ou verrues) ; telle
est la tige du fusain galeux {Evonymus verrucosus).
io° Subéreuse (suberosus), celle dont l'écorce est
de la nature du liège , comme le liège proprement
dit ( Quercus suber).
1 1° Crevassée ou fendillée (rimosus), offrant des
fentes inégales et profondes, comme l'orme, le chêne,
et un grand nombre d'autres arbres.
12° Striée (striatus), offrant de petites lignes lon-
gitudinales saillantes , nommées stries , comme l'oseille
(Rumex acelosa).
1 3° Sillonnée \sulcatus) , présentant des sillons lon-
gitudinaux, plus ou moins profonds : la ciguë, le panais.
G. La Pubescence de la tige lui a fait imposer les
dénominations suivantes :
i° Pubescenle (pubens) (i), garnie de poils mous,
très-fins et rapprochés , mais distincts ; par exemple : la
digitale pourprée ( Digitalis purpurea), la saxifrage
grenue ( Saxifraga granulata ) .
2° Poilue (pilosus), couverte de poils longs, mous
(i) C'est à tort que l'on se sert du mot de pubescens pour signifier
une partie couverte de poils. Les Latins , que nous devons imiter
servilement quand nous employons leur langue, se servaient du
verbe pubescere , en parlant des végétaux , pour exprimer leur ac-
croissement. C'est ainsi que Pline dit : Jam pubescit arbor, déjà
l'arbre commence à croître. Tandis qu'il dit dans un autre lieu :
Folia quercus pubentia , pour exprimer la pubescence des feuilles
du cbêne. Il me semble , d'après cela , que nous n'avons rien de
mieux à faire dans ce cas qu'à copier les Latins ; car , à coup sûr,
ils devaient mieux connaître que nous la valeur et la propriété des
mots de leur langue.
TIGE. ^5
et peu nombreux; exemple : l'aigremoine [Agrimonia
eupatorium) , la renoncule acre {Ranunculus acris).
3° Prelue ( villosus ) , quand les poils sont mous ,
longs, très-rapprochés.
4° Laineuse (lanatus), couverte de poils longs,
un peu crépus et rudes, semblables à de la laine; par
ex. : la Ballota lanata.
5° Cotonneuse, quand les poils sont blancs, longs
et doux au toucher comme du coton ; ex : le Stachys
germanica , ÏHieracium eriophorum.
6° Soyeuse (sericeus), quand les poils sont longs,
doux au toucher, luisans et non entremêlés, comme
sont des fils de soie ( Protea argentea ).
70 Tomenteuse ( tomentosus), quand les poils sont
courts, entremêlés, et semblent être tissus comme un
drap; exemple : le bouillon blanc.
8° Ciliée (ciliatus), quand les poils sont disposés
par rangées ou lignes plus ou moins régulières; ex.:
la Veronica chamœdrys.
90 Hispide (hispidus), garnie de poils longs, roides
et à base tuberculée; comme le Galeopsis letrahit, le
Sinapis arvensis.
H. L'Armure, dont la tige est quelquefois revêtue,
l'a fait nommer :
i° Epineuse(spinosus), armée d'épines [\).Genista
anglica, Gleditsia ferox, etc.
i° Aiguillonneuse (aculeatus), offrant des aiguillons
(les Rosiers).
(1) Voyez plus loin la description des épines et des aiguillons.
76 ORGANES DE LA VÉGÉTATION.
3° Inerme ( inermis), se dit par opposition aux deux
expressions précédentes ; c'est-à-dire sans épines ni
aiguillons.
Structure anatomique des tiges.
En parlant précédemment de la distinction du tronc
et du stipe, nous avons dit que ces deux espèces de
tiges, dont l'une appartient à la grande classe des
Dicotjlédons, et l'autre aux Mono cotylédons , diffé-
raient autant par leur structure intérieure, et la dis-
position respective des parties élémentaires qui les
composent, que par leurs caractères extérieurs. C'est,
comme nous l'exposerons bientôt, à M. Desfontaines
que la science doit cette importante découverte. Ce
savant botaniste est le premier qui ait fait connaître
avec exactitude et précision l'organisation intérieure
ou structure anatomique de la tige des végétaux , et
principalement des Monocotylédons. Aussi les notions
que nous allons exposer sur ce sujet sont-elles dues
en grande partie à ce célèbre naturaliste. Mais il con-
vient d'examiner séparément l'organisation des tiges
des Dicotylédons , et ensuite celle des Monocoly-
lédons.
SECTION PREMIÈRE.
ORGANISATION DE LA TIGE DES DICOTYLÉDONS.
Le tronc des arbres dicotylédones est formé de
couches concentriques superposées , de sorte qu'il
représente en quelque manière une suite d'étuis em-
TIGE. 77
boites les uns dans les autres, et augmentant d'étendue
du centre à la circonférence. Coupé transversalement,
il offre à considérer les objets suivans : i° au centre,
le Canal médullaire, formé de Y Etui médullaire, qui
constitue les parois de ce canal , et de la Moelle , qui
en occupe la cavité; i° tout-à-fait à sa circonférence,
on voit YÉcorce, qui se compose de Y Épidémie , ou
de cette pellicule extérieure recouvrant toutes les
parties du végétal ; de V Enveloppe herbacée , des
Couches corticales et du Liber; 3° enfin, entre l'étui
médullaire et l'écorce , se trouvent les Couches li-
gneuses, formées extérieurement par Y aubier ou faux
bois, intérieurement par le Bois proprement dit. Nous
allons étudier successivement ces différentes parties.
§ i. De V Epidémie.
UEpiderme {Epidermis , cuticuld) est une lame
mince, presque diaphane, formé d'un tissu uniforme,
qui paraît composé d'un grand nombre de cellules
d'une forme excessivement variable , et qui présente
un grand nombre de petites ouvertures ou pores, que
quelques auteurs regardent comme des espèces de
bouches aspirantes. Il enveloppe toutes les parties du
végétal; mais il est surtout apparent sur les jeunes
tiges, dont on peut facilement l'isoler avec quelque
précaution. Comme il ne jouit que d'un certain degré
d'extensibilité au delà duquel il ne peut plus s'étendre,
il se déchire et se fendille quand le tronc a acquis
un certain volume, ainsi qu'on l'observe dans le chêne,
78 ORGANES DF LA VÉGÉTATION.
l'orme ; d'autres fois il se détache par lambeaux ou par
plaques, comme dans le bouleau, le platane. Lors-
qu'on l'enlève sur une jeune tige, il se régénère avec
assez de facilité. C'est la partie du végétal qui résiste
le plus long-temps à la décomposition ; la putréfaction
n'exerce sur lui aucune action sensible. La couleur
qu'il présente n'est point inhérente à sa nature; elle
est due à la coloration particulière du tissu sur lequel
il est appliqué.
La nature et l'origine de l'épiderme sont deux
points assez obscurs de l'anatomie végétale. Quelques
auteurs disent que l'épiderme n'est pas une membrane
distincte du reste du tissu végétal. Ils le considèrent
comme formé par la paroi externe des cellules sous-
jacentes, qui appartiennent à l'enveloppe herbacée,
laquelle paroi a été endurcie par l'action prolongée
de l'air et de la lumière. D'autres , au contraire , le
regardent comme une membrane tout-à-fait distincte,
simplement appliquée sur le tissu cellulaire sous-ja-
cent. On doit à M. le professeur Amici des observations
microscopiques de la plus haute importance , qui
jettent le plus grand jour sur cette question, et sem-
blent confirmer la seconde de ces deux opinions.
Selon ce savant, l'épiderme est une membrane tout-
à-fait distincte du tissu cellulaire sur lequel elle est
appliquée. Examinée au microscope , elle se com-
pose d'une couche simple de cellules dont la forme
est excessivement variable , suivant les diverses es-
pèces. C'est cette structure celluleuse qui en a imposé
aux auteurs qui ont cru l'épiderme formé parla paroi
TIGE. 79
externe du tissu cellulaire. Mais, s'il en était ainsi,
les cellules qui constituent l'épidémie devraient avoir
constamment la même forme que le tissu sous-jacent,
ce qui n'a pas lieu. Ainsi, dans l'œillet, les cellules
de l'épidémie ont une forme quadrilatère, tandis que
la couche placée immédiatement dessous , consiste
en une multitude de petits tubes perpendiculaires à
l'épiderme. Il en est de même dans un grand nombre
d'autres végétaux; d'où l'on peut conclure que l'épi-
derme est une membrane celluleuse, entièrement dis-
tincte du tissu sous-jacent sur lequel on la trouve
simplement appliquée.
L'épiderme , ainsi que nous l'avons dit précédem-
ment, offre un grand nombre de petites ouvertures
nommées poires corticaux. Un grand nombre d'au-
teurs en avaient nié l'existence; mais les observations
microscopiques du professeur Amici ne laissent plus
aucun doute à cet égard. Il les a vues dans un grand
nombre de végétaux , et en a donné une description
et des figures extrêmement exactes. Ce sont des
espèces de petites poches placées dans l'épaisseur de
l'épiderme , s'ouvrant à l'extérieur par une fente
ou ouverture ovalaire allongée, bordée d'une sorte
de bourrelet formé par des cellules particulières de
l'épiderme. Ce bourrelet, qui manque très-rarement,
joue l'office d'une sorte de sphincter qui resserre ou
dilate l'ouverture suivant diverses circonstances. Ainsi
l'humidité ou l'eau ferme les pores , tandis que la
sécheresse et l'action des rayons solaires les tiennent
ouvertes et leurs bords écartés. Les inouvemens de
80 ORGANES DE LA VÉGÉTATION.
dilatation et de resserrement s'exécutent non -seule-
ment sur la plante vivante , mais également sur des
fragmens d'épiderme détachés d'un végétal. Par leur
fond, ces pores ou petites pochettes correspondent
toujours à des espaces vides, remplis d'air, et qui
résultent de l'arrangement des cellules ou des tubes
entre eux. Ces espaces intercellulaires communiquent
presque toujours les uns avec les autres , et ser-
vent ainsi de moyen de communication aux fluides
aériformes qui se trouvent dans l'intérieur des vé-
gétaux.
Quel est l'usage de ces pores corticaux? Sont-ils,
dit M. Amici, destinés à l'absorption de l'humidité?
Non : nous avons déjà vu qu'ils correspondent à des
vides intérieurs privés de suc , que l'eau les fait
fermer, que la lumière et la sécheresse les font ouvrir;
en outre ils manquent dans toutes les racines, ainsi
que dans les plantes qui vivent constamment sous
l'eau; ils ne servent donc pas à l'absorption de l'eau.
Servent-ils à l'évaporation ? Pas davantage : si nous
laissons sécher une plante détachée de sa racine ,
quoique les pores se ferment au bout de quelque
temps , Févaporation n'en continue pas moins , tant
qu'il reste des fluides dans son intérieur ; on a ob-
servé en outre que les corolles et les fruits, qui n'ont
pas de pores corticaux , produisent cependant une
évaporation abondante. Ils ne peuvent être mis, ainsi
que M. Link l'avait pensé, au nombre des organes ex-
crétoires, puisqu'ils correspondent toujours à des es-
paces vides. La véritable fonction des pores corticaux
TIGE. Sî
consiste à donner passage à l'air. Mais il n'est pas facile
de déterminer avec certitude s'ils servent à l'inspi-
ration plutôt qu'à l'expiration, ou à ces deux fonctions
également. Si nous considérons que pendant la nuit,
lorsque les grands pores de l'épiderme sont fermés, les
feuilles absorbent le gaz acide carbonique dissous
dans la rosée , lequel pénètre indubitablement dans
les cellules en traversant leur membrane, et si nous
réfléchissons en outre que ces feuilles décomposent
le gaz acide carbonique, lorsque ces pores sont ou-
verts, c'est-à-dire pendant le jour, nous pouvons
conjecturer qu'ils sont uniquement destinés à l'exha-
lation de l'oxygène. Cet usage devient encore plus
probable, si nous ajoutons que les corolles qui, d'après
les observations de M. De Candolle , manquent de
de pores , sont également privées de la propriété de
dégager de l'oxygène.
§ i. De V Enveloppe herbacée.
Au-dessous de l'épiderme, on voit une lame fc
tissu cellulaire, qui l'unit aux couches cortic^'es, et
à laquelle M. Mirbel donne le nom à'en^oppe her-
bacée. Sa couleur est le plus souve^c verte dans les
jeunes tiges. Elle recouvre Je tronc, les branches
et leurs divisions, et remplit les espaces qui existent
entre les ramifications des nervures des feuilles. Sa
nature paraît être glandulaire. M. Dutrochet la
nomme médulle externe, par opposition au nom de
mèdtdle interne qu'il donne à la moelle. Sa couleur
6
82 ORGANES DE LA. VEGETATION.
verte n'est pas propre au tissu cellulaire qui la com-
pose; elle est fermée par des petits grains verts,
placés dans les parois des cellules , et que M. Dutro-
chet considère comme des corpuscules nerveux.
L'enveloppe herbacée , ou médulle externe , ren-
ferme souvent les sucs propres des végétaux. Elle se
répare facilement sur la tige des végétaux ligneux;
mais ce phénomène n'a pas lieu dans les plantes
annuelles. Elle paraît avoir une organisation et des
usages analogues à ceux de la moelle renfermée
dans l'étui médullaire. C'est cette enveloppe herba-
cée qui, ayant acquis une épaisseur considérable et
des qualités physiques particulières , constitue la
partie connue sous le nom de liège dans le Quercus
Suber et dans quelques autres végétaux. L'enveloppe
herbacée est le siège d'un des phénomènes chimiques
les plus remarquables que présente la vie du végé-
tal. En effet, c'est dans son intérieur que, par une
cause difficile à apprécier, s'opère la décomposition
de l'acide carbonique absorbé dans l'air par la plante.
Le carbone reste clans l'intérieur du végétal, l'oxy-
gène mis à nu est rejeté à l'extérieur. Remar-
quons cependant que cette décomposition n'a lieu
que lorsque la plante est exposée aux rayons du so-
leil ; tandis que l'acide carbonique est rejeté indé-
composé , quand le végétal ne se trouve plus sous
l'influence de cet astre. Cette partie se renouvelle
en partie chaque année. Elle joue encore un rôle
très-important dans les phénomènes de la végéta-
tion; c'est elle, en effet, qui, au retour de la belle
TIGE. 83
saison, sollicite la sève à monter jusque vers les
bourgeons , et devient ainsi un des mobiles les plus
puissans de leur élongation aérienne.
Il est très-facile de découvrir l'enveloppe herbacée
sur les jeunes branches d'un arbre ; car c'est elle
que l'on aperçoit lorsque l'on a enlevé Tépiderme.
On trouve en général dans cette partie les vais-
seaux propres ou réservoirs des sucs propres.
§ 3. Des Couches corticales.
Les couches corticales n'existent pas toujours, ou
du moins elles sont parfois si peu développées, si
peu distinctes du Liber, qu'il devient fort difficile
de les reconnaître. Situées au-dessous de l'enveloppe
herbacée, elles sont appliquées sur les couches les
plus extérieures du. Liber, dont on les distingue
avec peine. Nul végétal ne les offre plus apparentes
et plus remarquables, par la disposition singulière
du tissu qui les compose, que le bois dentelle {la-
getto). Ici, en effet, elles forment plusieurs couches
superposées qui, lorsquelles viennent à être éten-
dues , ressemblent parfaitement à une toile tissue ,
ou plutôt à une sorte de dentelle assez régulière.
Mais dans le plus grand nombre des plantes, il est
difficile de distinguer cette partie d'avec le Liber.
§ 4- Du Liber.
Entre les couches corticales , qui sont à l'exté-
rieur, et le corps ligneux , qui est plus intérieure-
84 ORGANES DE LA VÉGÉTATION.
ment, se trouve le Liber. Cet organe est composé
d'un réseau vasculaire , dont les aréoles allongées
sont remplies par du tissu cellulaire. Il est rare que,
comme l'indique son nom , on puisse le séparer fa-
cilement en feuillets distincts, que l'on a comparés à
ceux d'un livre (i). Mais , par la macération, on par-
vient presque toujours à obtenir cet effet.
Les différentes lames qui forment le Liber, et
qui ont été créées successivement, sont séparées les
unes des autres par une couche mince de tissu cel-
lulaire. Lorsqu'on fait macérer !e Liber, c'est ce tissu
cellulaire qui se détruit, 'et qui permet la séparation
des feuilles du Liber.
De même que toutes les autres parties de l'écorce ,
le Liber peut se réparer lorsqu'il a été enlevé. Ce-
pendant il faut, pour que sa régénération ait lieu ,
que la place dont on l'a détaché soit garantie du
contact de l'air. C'est à Duhamel que Ion doit cette
importante découverte. Cet habile naturaliste, à qui
la physiologie végétale doit un si grand nombre de
résultats heureux , enleva une portion d'écorce sur
un arbre vigoureux et en pleine végétation; il ga-
rantit la plaie du contact de Tair, et vit bientôt suin-
ter de la superficie du corps ligneux et des bords de
l'écorce une substance visqueuse qui , s'étendant sur
la plaie, prit de la consistance, devint verte, cellu-
leuse, et reproduisit la partie du Liber qui avait été
enlevée.
(i) On l'appelle indifféremment Liber ou Livret.
TIGE. 85
C'est à cette substance visqueuse qui s'épanche
des parties dénudées pour reformer le Liber que
Grew, et après lui Duhamel, ont donné le nom de
Cambium. Plusieurs auteurs pensent avec quelque
raison que le Cambium n'est autre chose que la sève
descendante et élaborée. Je suis d'autant plus porté
à admettre cette opinion, que ce fluide visqueux
remplit absolument dans l'économie végétale les
mêmes fonctions que celles que Ton attribue géné-
ralement à la sève descendante, et qu'il est charrié
par les mêmes canaux.
Quelle que soit l'origine du Cambium, il n'en
joue pas moins un rôle extrêmement important dans
l'accroissement des tiges. En effet, dans toutes les
hypothèses émises pour expliquer ce phénomène, sa
présence n'est pas moins indispensable, comme nous
le démontrerons prochainement en traitant de l'ac-
croissement des tiges dicotylédones.
Un grand nombre de phénomènes prouvent la
nécessité indispensable du Liber pour la végétation.
Une greffe ne reprendra qu'autant que son Liber
se trouvera en contact avec celui de l'arbre sur le-
quel on l'implante. Une marcotte dont -la partie in-
férieure est "privée de Liber ne s'enracinera pas. Si
l'on enlève sur le tronc d'un arbre une bande circu-
laire de Liber, de manière à laisser le corps ligneux
à nu, non-seulement toute la partie supérieure de
l'arbre ne se développera pas l'année suivante, mais
l'arbre entier finira même par périr.
Chaque année le I /iber s'endurcit ; il se forme à
86 ORGANES DE LA VEGETATION.
son intérieur de nouvelles couches par le moyen du
Cambium.
§ 5. De V Aubier, ou faux Bois.
Les couches ligneuses les plus extérieures , celles
qui touchent le Liber, constituent l'Aubier. Cette
partie n'est point un organe distinct du bois propre-
ment dit, dont les couches sont situées au-dessous;
c'est du bois, mais encore jeune, et qui n'a point
encore acquis toute la dureté ni toute la ténacité
qu'il doit présenter plus tard. Aussi l'Aubier offre-t-il
absolument la même structure que le bois, en obser-
vant toutefois que son tissu est formé de fibres plus
faibles, plus écartées les unes des autres, et en gé-
néral d'une teinte plus claire.
La différence de coloration entre le bois et l'Au-
bier est très-remarquable dans les arbres dont le bois
est très-dur , très-compacte , et particulièrement dans
ceux où il offre une teinte plus ou moins foncée:
ainsi dans les bois d'ébène et de Campêche, le bois
proprement dit est noir ou rouge foncé, tandis que
les couches d'Aubier présentent une teinte grisâtre ,
très-claire ; mais dans les arbres à bois blaïic et à gros
grains , la différence entre les couches ligneuses et
l'Aubier est peu sensible.
INous présenterons, en parlant de l'accroissement
des tiges en diamètre , les opinions très-diverses des
auteurs sur l'origine de l'Aubier.
TIGE. 87
§ 6. Du Bois proprement dil.
Le bois tire son origine des couches les plus inté-
rieures de l'aubier, qui acquièrent successivement une
dureté plus considérable, et finissent par se convertir
en véritable bois. Celui-ci est donc composé de toutes
les couches circulaires situées entre l'aubier et l'étui
médullaire. A une certaine époque de la vie du vé-
gétal , il se forme, chaque année, une couche de bois
et une couche d'aubier, c'est-à-dire que la couche la
plus intérieure de l'aubier se convertit en bois à
mesure qu'il se régénère à l'extérieur une nouvelle
couche d'aubier, en sorte qu'il s'ajoute tous les ans
une nouvelle zone concentrique à celles qui existaient
déjà.
Le bois est, en général, la partie la plus dure du
tronc; mais sa dureté n'est point la même dans toutes
les zones qui le constituent. Dans les arbres dicoty-
lédones, les couches les plus intérieures, qui sont en
même temps les plus anciennes, ont une solidité et
une compacité plus grandes que les extérieures, qui
se rapprochent en général, à cet égard, de l'aubier.
Ordinairement le passage du bois à l'aubier est presque
insensible, parce que le plus souvent leur couleur est
la même. Mais quelquefois la différence est des plus
tranchées, comme nous l'avons fait remarquer pour
l'ébène et le bois de Campêche.
Une différence non moins remarquable entre le
bois et l'aubier , c'est que ce dernier est totalement
privé de vaisseaux, tandis qu'on en aperçoit manifes-
88 ORGANES DE LA VEGETATION.
teinent dans le bois. Les vaisseaux du bois sont des
fausses trachées, des vaisseaux poreux, mais jamais
de véritables trachées. C'est au moyen de ces tubes,
tantôt dispersés sans ordre dans la substance du bois,
tantôt réunis en faisceaux, que la sève est portée dans
l'épaisseur du tronc. Mais il arrive une époque où ,
par les progrès de l'âge, les parois de ces vaisseaux
s'épaississent, leur cavité diminue, finit même par
disparaître, et le cours des liquides est pour toujours
interrompu dans la substance ligneuse.
Duhamel a démontré d'une manière péremptoire
la transformation de l'aubier en bois. 11 fit passer un
fil d'argent dans les couches de l'aubier, il en ramena
les deux bouts au dehors et les noua. Avant coupé
labranche quelques années après, et examiné les fils
qu'il avait passés dans l'aubier, il les trouva engagés
dans le bois ; par conséquent l'aubier était devenu
bois.
§ 7. De l'Étui médullaire.
L'étui médullaire, comme nous l'avons déjà dit,
occupe le centre de la tige ; il tapisse la couche la
plus intérieure du bois, et a pour usage de contenir
la moelle. Ses parois sont formées de vaisseaux très-
longs, parallèles et disposés longitudinalement. Ces
vaisseaux sont des trachées, de fausses trachées et des
vaisseaux poreux. C'est dans l'étui médullaire seule-
ment, et dans quelques racines, qu'on a jusqu'à ce
jour observé les trachées, La forme de l'étui médul-
laire n'est pas la même dans tous les végétaux. Assez
TIGE. 89
souvent elle est arrondie ; quelquefois cependant l'aire
de l'étui médullaire est elliptique comprimée, à trois,
à quatre , à cinq ou à un grand nombre d'angles.
Cette forme, ainsi que l'a prouvé Palisot de Beauvois,
paraît déterminée par la position des feuilles sur les
branches. Ainsi, quand les feuilles sont opposées, la
coupe du canal médullaire est elliptique, comme dans
le frêne, par exemple; si les feuilles sont verticillées
par trois, le canal médullaire sera triangulaire, ainsi
qu'on l'observe dans le laurier rose, et ainsi de suite.
Néanmoins cette loi est loin d'être générale, et l'on
y trouve d'assez nombreuses exceptions. Ainsi, par
exemple, X Hortensia, qui aies feuilles opposées, offre
un canal médullaire régulièrement hexagone.
L'étui médullaire est d'autant plus grand et plus
large, qu'on l'observe sur des végétaux plus jeunes.
Par les progrès du développement de la tige, il se res-
serre sur lui-même, et finit par disparaître presque
entièrement. Cependant M. Du Petit-Thouars pense
qu'une fois formé, l'étui médullaire n'éprouve aucun
changement ni aucune diminution.
J&v
§ 8. De la Moelle.
La moelle ou médulle interne est cette substance
spongieuse, lâche, diaphane et légère, formée, pres-
qu'en totalité, de tissu cellulaire à son état de sim-
plicité, qui remplit l'étui médullaire. Quelques vais-
seaux semblent la parcourir longitudinalement. Les
cellules du tissu cellulaire qui constituent la moelle
QO ORGANES DE LA VÉGÉTATION.
ont en général une grande régularité; comme celles
du tissu cellulaire des autres parties , elles commu-
niquent toutes les unes avec les autres. Quelquefois,
et surtout dans les jeunes branches et les plantes her-
bacées, le tissu cellulaire de la moelle est abreuvé de
fluides et rempli de granulations vertes. C'est ce que
Ton voit, par exemple, en cassant une jeune branche
de sureau d'une année. La moelle paraît être une
substance charnue , verte et très-humide. Mais, par
les progrès de la végétation , toutes ces substances ,
en quelque sorte étrangères à la nature propre de la
moelle, disparaissent, et il ne reste plus dans l'étui
médullaire qu'un tissu diaphane.
La moelle communique avec la couche celluleuse
et herbacée de l'écorce au moyen de prolongemens
particuliers, qu'elle envoie à travers le corps ligneux.
C'est à ces prolongemens , disposés sur une coupe
transversale du tronc, comme des rayons partant en
divergeant du centre à la circonférence, que l'on à
donné le nom & insertions ou de prolongemens mé-
dullaires. Ils servent à établir une communication
directe entre la moelle et le tissu cellulaire extérieur
de la tige.
Les rayons médullaires existent également dans la
plus grande partie de l'épaisseur de l'écorce , puisqu'ils
servent à établir la communication entre la médulle
interne et la médulle externe; mais ceux de l'écorce
n'ont point une communication directe avec ceux des
couches ligneuses.
M. le professeur Amici a reconnu qu'ils sont formés
TIGE. 9]
de petits tubes poreux, placés en travers, qui ne
contiennent jamais que de l'air, et qui établissent la
communication entre les parties internes et externes
de la plante.
Si maintenant nous cherchons à savoir quels sont
les usages de la moelle, nous verrons que les opinions
ont beaucoup varié à cet égard. Ainsi, selon le célèbre
Haies , elle est l'agent essentiel de la végétation. Etant
élastique et dilatable, elle agit, à la manière d'un res-
sort, sur les autres parties, qu'elle sollicite ainsi à
se développer. D'autres, au contraire , la considèrent
comme un corps tout- à -fait inerte. M. Dutrochet
a, dans ces derniers temps, reproduit l'opinion de
Haies, en faisant jouer à la moelle un rôle extrê-
mement important dans les phénomènes de l'accrois-
sement des végétaux. Nous reviendrons prochai-
nement sur cette opinion.
Tels sont les différens organes que l'on trouve en
analysant la tige des végétaux dicotylédons. Cependant
toutes ces parties sont loin d'être toujours réunies et
visibles sur la même plante. Quelquefois elles se con-
fondent tellement les unes avec les autres , qu'il est
presque impossible de les distinguer et de les isoler.
Mais, lorsqu'on connaît bien la structure la plus com-
pliquée d'une partie, il devient facile de se représenter,
dans certains cas , ceux de ses organes qui peuvent y
manquer accidentellement.
Il nous reste maintenant à étudier comparativement
la structure de la tige des Monocotylédons, afin d'ex-
poser ensuite le mode particulier de développement
Ç)2 ORGANES DE LA VEGETATION.
et d'accroissement , propre à chacune de ces deux
grandes divisions du règne végétal.
SECTION II.
ORGANISATION DE LA TIGE DES MONOCOTYLÉDONS.
M. Desfontaines a le premier confirmé la grande
division des végétaux Phanérogames, en Monocoty-
lédons et en Dicotylédons , par la structure anato-
mique de leur tige, si différente dans Tune et l'autre
de ces deux classes.
En général, la tige des monocotylédons "est plus
élancée, plus simple que celle des arhres à deux coty-
lédons. Très-rarement elle se divise en rameaux ,
comme celle que noups venons d'étudier précédemment.
Le stipe d'un arbre monocotylédoné, d'un palmier,
par exemple , coupé en travers , ne présente pas ,
comme le tronc d'un chêne , d'un orme ou de tout
autre arbre de nos forets, un aspect régulier et symé-
trique, des zones circulaires de bois, d'aubier, de liber
et d'écorce, toujours disposées dans le même ordre,
un canal médullaire occupant constamment la partie
centrale de la tige. Ici, toutes ces parties semblent réu-
nies, ou plutôt confondues les unes avec les autres.
La moelle remplit toute l'épaisseur de la lige ; le bois,
disposé par faisceaux longitudinaux , se trouve en quel-
que sorte perdu, et comme dispersé sans ordre, au
milieu de la substance médullaire. L'écorce n'existe
pas toujours; et quand elle ne manque pas, elle est si
peu distincte des autres parties de la tige, qu'on pour.
TIGE. g3
rait croire également qu'elles n'en sont pas recouvertes.
Dans les arbres dicotylédones, la partie la plus dure
est celle qui se rapproche le plus du centre de la lige,
parce qu'elle est formée des couches ligneuses les plus
anciennes. Le contraire a lieu dans les arbres mono-
cotylédonés, où la partie la plus voisine de la circonfé-
rence se trouve avoir la solidité la plus grande. Dans
les premiers, en effet, les couches les plus anciennes
sont au centre; elles occupent, au contraire, .la cir-
conférence dans les seconds. C'est ce que l'on concevra
facilement tout à l'heure, quand nous aurons exposé
le mode particulier suivant lequel se forme et s'accroît
la tige des arbres monocotylédons. Les faisceaux li-
gneux de la tige, qui se réunissent fréquemment en-
semble par leurs parties latérales, de manière à foriE-er
un réseau plus ou moins régulier, sont, comme dans
les dicotylédons , accompagnés de vaisseaux poreux,
de trachées et de fausses trachées, destinées à charrier
la sève et les autres fluides nutritifs dans' tous les
points de la tige.
Ainsi do-nc les arbres monocotylédons se distinguent
des arbres dicotylédons, non-seulement par la structure
de leur embryon, mais encore par celle de leur tige. En
effet leur stipe, qui est en général simple et cylindri-
que, n'offre point, comme le tronc des chênes et des
ormes, des couches de bois emboîtées les unes dans
les autres,et disposées régulièrement autour d'un canal
central renfermant la moelle ; mais la moelle forme,
en quelque sorte, toute l'épaisseur de leur tronc, et
les fibres ligneuses, au lieu d'être réunies et rappro-
1)4 ORGANES DE LA VÉGÉTATION.
chées les unes contre les autres, sont écartées, isolées,
et leurs faisceaux épars au milieu de la substance
spongieuse de la moelle.
SECTION III.
DE L'ORGANISATION DE LA RACINE.
Maintenant que la structure intérieure des diverses
espèces de tiges nous est connue, il nous sera plus
facile d'étudier comparativement celle que présentent
les racines.
Toutes les racines sont généralement organisées
comme les tiges. Ainsi, dans les arbres dicotylédons,
la coupe transversale de la racine offre des zones
concentriques de bois disposées circulairement et
emboîtées les unes dans les autres. On a dit que le
caractère vraiment distinctif entre la tige et la racine,
c'est que cette dernière est dépourvue de canal médul-
laire , et par conséquent de moelle, tandis qu'au
contraire nous savons que cet organe existe constam-
ment dans les arbres dicotylédons. Il suit de là néces-
sairement que les insertions médullaires manquent
aussi dans les racines.
Cependant cette différence nous paraît de peu
d'importance , et même tout-à-fait contraire aux faits.
En effet , nous avons trouvé dans un grand nombre
de végétaux que le canal médullaire de la tige se
prolonge sans aucune interruption dans le corps de
la racine. Si, par exemple, on fend longitudinalement
la tige et la racine d'un jeune marronier d'Inde d'un
TIGE. 95
à deux ans, on verra le canal médullaire de la tige
s'étendre jusqu'à la partie la plus inférieure de la
racine. Il en sera de même si l'on examine une jeune
plantule de sycomore ou d'érable plane. Mais, très-
fréquemment , ce canal qui était très-manifeste dans
la plante peu de temps après sa germination , finit
par diminuer, et même disparaître insensiblement par
les progrès de la végétation, en sorte qu'on ne le re-
trouve plus dans des plantes adultes chez lesquelles
il a d'abord existé. Il résulte de là qu'on ne peut
donner comme un caractère anatomique distinctif
entre la tige et la racine le manque de canal médul-
laire dans cette dernière , puisqu'il existe presque
constamment dans la radicule de la graine germante,
et souvent dans la racine d'un grand nombre de
végétaux, long-temps après cette première époque
de leur vie. Cependant les racines pivotantes ne
l'offrent jamais dans leurs ramifications, même dans
celles qui sont les plus grosses.
Jusqu'en ces derniers temps, on avait donné comme
caractère distinctif entre la structure anatomique de
la racine et celle de la tige le manque de vaisseaux
trachées dans ce premier organe; cependant deux des
savans qui dans le nord de l'Europe se sont occupés de
l'anatomie végétale avec le plus de succès, MM. Link
et Tréviranus sont parvenus à trouver ces vaisseaux
dans la racine de quelques plantes. Plus récemment
encore M. Amici a déroulé des trachées dans les ra-
cines de plusieurs plantes, et entre autres de VAga-
panthus umbellatus et du Crinum erubesàens.
g6 ORGANES DE LA VÉGÉTATION.
La différence que nous avons vu exister dans l'or-
ganisation du tronc des dicotylédons et du stipe des
monocotylédons, se remarque également dans leurs
racines. En effet, jamais dans les plantes monocoty-
lédones on ne trouve de pivot faisant suite à la tige.
Cette disposition est une conséquence du mode de
développement de la graine à l'époque de la germina-
tion, puisque, comme nous le verrons plus en détail
en traitant de cette fonction, la radicule centrale et
principale se détruit toujours peu de temps après la
germination.
Il existe encore une autre différence très-remar-
quable entre les racines et les tiges. Ces dernières,
en général, s'accroissent en hauteur par tous les points
de leur étendue, tandis que les racines ne s'allongent
que par leur extrémité seulement. C'est ce qui a été
prouvé par les expériences de Duhamel. Que l'on
fasse à une jeune tige , au moment de son dévelop-
pement , de petites marques éloignées les unes des
autres, d'un pouce, par exemple, et Ton verra, lorsque
l'accroissement sera terminé , que les espaces situés
entre ces marques se sont considérablement augmen-
tés. Que l'on répète la même expérience sur des
racines, e-t l'on se convaincra que, ces espaces restant
les mêmes, tandis que la racine s'est allongée, l'aug-
mentation en longueur a eu lieu par son extrémité
seulement.
TIGE. ifj
SECTION IV.
CONSIDÉRATIONS GENERALES SUR LACCROISSEMENT
DES VÉGÉTAUX , ET EN PARTICULIER SUR LE DÉ-
VELOPPEMENT DE LA TIGE.
Tous les corps de la nature tendent à s'accroître.
Cette loi est commune aux corps inorganiques aussi
bien qu'aux êtres organisés. Mais l'accroissement
présente des différences très-marquées, suivant qu'on
l'étudié dans ces deux groupes primitifs. Dans les
minéraux, en effet, il n'offre point de limites déter-
minées; ces corps s'accroissent continuellement, jus-
qu'à ce qu'une cause fortuite vienne mettre un terme
à leur développement. Les animaux et les végétaux
ayant en général une existence dont la durée est dé-
terminée, chez eux l'accroissement est toujours en
rapport avec la durée de leur existence. Dans les mi-
néraux ce sont de nouvelles molécules qui s'ajoutent
extérieurement à celles qui existaient déjà et qui en
constituaient le noyau primitif; en sorte que la su-
perficie de ces corps se renouvelle à chaque instant
et à mesure que leur volume augmente. De là la dé-
nomination de juxta- position donnée au mode par-
ticulier de l'accroissement dans les corps bruts. Si
au contraire vous étudiez l'accroissement dans les
êtres doués d'organisation, vous verrez qu'il a lieu
de l'intérieur vers l'extérieur, que ce sont les parties
primitivement existantes qui s'allongent, se déve-
loppent en tous sens, pour augmenter la masse et le
98 ORGANES DF LA VEGETATION.
volume du corps. Aussi a-l-on nommé intus-suscep
(ion cette manière de s'accroître , particulière aux
animaux et aux végétaux.
L'accroissement ne présente pas des différences
moins frappantes lorsque l'on compare entre eux
sous ce rapport les végétaux et les animaux. Dans les
premiers, en effet, l'accroissement n'est pas renfermé
dans des limites aussi rigoureusement déterminées
que dans les seconds. Le volume du corps, aussi-bien
que le nombre de ses parties constituantes, ne sont
point fixes. L art et la culture peuvent exercer sur le
développement des végétaux l'influence la plus mar-
quée. Il suffit, pour s'en convaincre, de comparer
entre eux deux arbres d'une même espèce, dont l'un
vit abandonné dans un terrain sec et rocailleux,
tandis que l'autre est cultive dans un terrain substan-
tiel et profond. Le premier est petit, ses rameaux
courts, et ses feuilles étroites; le second, au con-
îraire, élève majestueusement son tronc couronné de
brandies longues et vigoureuses, et ornées d'un
feuillage épais. Dans les animaux, le volume et la
forme générale, du corps , le nombre des parties qui
doivent le constituer, sont plus fixes, et sujets à moins
de variations; tandis que dans les végétaux, il est
en quelque sorte impossible de trouver deux indi-
vidus de la même espèce qui offrent un nombre égal
de parties.
Si maintenant nous cherchons à étudier les phé-
nomènes de l'accroissement dans les végétaux en par-
ticulier, nous verrons que ces êtres se développent
TIGE. 99
**i deux sens, c'est-à-dire qu'a mesure que leur
hauteur augmente, leur diamètre devient plus consi-
dérable. Nous avons vu, en traitant de l'organisation
de la tige, que les arbres dicotylédons et les arbres
monocotylédons étaient loin d'avoir la même structure
intérieure, et qu'il existait entre eux des différences
extrêmement tranchées. Ces différences dépendent
évidemment du mode particulier suivant lequel les
végétaux de ces deux grandes séries se développent.
Aussi traiterons-nous séparément de l'accroissement
des arbres monocotylédons et des dicotylédons.
Cette partie de la physiologie végétale est sans
•contredit une des plus intéressantes, et cependant
c'est une de celles qui offrent encore le plus d'obs-
curité et d'incertitude. En effet, tous les auteurs,
surtout depuis un certain nombre d'années, sont
ioin d'être d'accord , d'avoir une seule et même opi-
nion sur la manière d'expliquer les phénomènes de
l'accroissement de la tige, particulièrement dans les
arbres dicotylédons. Il existe même sur ce point des
opinions tellement différentes, que nous croyons né-
cessaire de les faire connaître séparément.
§ 1 . Accroissement de la tige des arbres dicotylédons.
A. Accroissement en diamètre.
Tous les végétaux s'accroissent en diamètre. Il
suffit de jeter les yeux sur les arbres qui végètent
autour de nous, pour nous convaincre de cette vé-
IOO ORGANES DE LA VÉGÉTATION.
rite; aussi'personne ne l'a-t-il contesté. Mais par quel
mécanisme cet accroissement a-t-ii lieu? C'est ici que
l'on est loin de s'accorder. Parmi les opinions diverses
qui ont été émises par les physiologistes, nous distin-
guerons particulièrement les trois suivantes : i ° l'ac-
croissement a lieu par la transformation annuelle du
liber en aubier; i° par le développement des bour-
geons; 3° par le cambium, qui forme chaque année
une couche distincte de liber et d'aubier. Nous allons
les exposer ici avec quelques détails.
1 ° L'accroissement en diamètre a lieu dans les
arbres dicotylèdons par la transformation annuelle
du liber en aubier, de l'aubier en bois, et par le
renouvellement successif du liber.
Tel est le fondement de la théorie de Duhamel ,
de celle que cet auteur célèbre a développée
dans sa Physique des arbres. Nous allons la faire
connaître dans tous ses développemens, parce que
c'est elle qui est la plus généralement adoptée, et
presque la seule qui soit publiquement professée, du
moins en France.
Nous prendrons la tige à l'époque de son premier
développement, c'est-à-dire lorsque, par l'effet de la
germination, elle sort de la graine, qui la contenait,
et commence à se montrer à l'extérieur.
Toutes les parties du végétal renfermées dans la
graine, avant la germination, ne sont formées que
par un tissu cellulaire dense et régulier. La tige se
trouve, comme les autres organes, entièrement pri-
vée de vaisseaux. On n'aperçoit, à proprement parier,
TIGE. 101
aucune trace d'écorce, de moelle, de liber, etc. Mais
à peine la germination est-elle commencée, à peine
la tige a-t-elle acquis quelque développement, qu'on
voit des trachées, de fausses trachées et des vais-
seaux poreux se former, pour constituer, en se réu-
nissant, les parois de l'étui médullaire. C'est cette
partie intérieure de la tige qui la première est appa-
rente et s'organise. La moelle se trouve contenue
dans son intérieur; mais elle est encore verte et abreu-
vée d'une grande quantité de fluides aqueux. Bientôt
on voit la surface externe de l'étui médullaire se re-
couvrir d'un tissu cellulaire fluide; c'est la première
couche decambiura, qui d'un côté va former le pre-
mier liber, et de l'autre constituer les couches corti-
cales. Ce liber se convertira bientôt en aubier, à
mesure qu'une nouvelle couche s'organisera pour
remplacer la première. L'année suivante, le nouveau
liber formera une seconde zone d'aubier; et successi-
vement ainsi, tous les ans, une couche d'aubier se
•convertira en véritable bois , tandis que le liber aura
lui-même acquis les propriétés et la nature de l'au-
bier. Ce développement régulier de la tige explique
ta formation des couches ou zones concentriques que
l'on observe sur la coupe transversale de la tige d'un
dicotylcdon. Mais ces couches n'ont pas toutes la
même épaisseur, et celte ép-aisseur n'est souvent pas
égale dans toute leur circonférence. Une observation
attentive explique facilement cette disposition singu-
lière. On a remarqué, en effet, que la^plus grande
épaisseur des couches ligneuses correspondait cons-
LOÀ organes de la végétation.
tamment au côté où se trouvaient les racines les plus
considérables, qui, par conséquent, avaient puisé
dans la terre une nourriture plus abondante. C'est
ainsi, par exemple, que les arbres situés sur la lisière
d'une forêt présentent toujours des couches ligneuses
plus épaisses du côté extérieur, parce qu'en effet leurs
racines, n'y éprouvant pas d'obstacles, s'y étendent
et y acquièrent un développement plus considérable.
Dans cette théorie, on voit que c'est le liber qui
joue le rôle le plus important dans la formation des
couches ligneuses, puisque c'est lui qui chaque an-
née se convertit en une nouvelle zonéWaubier qui
s'ajoute à celles qui existaient déjà.
Le liber étant l'organe essentiel de la végétation,
et changeant chaque année de forme et de consis-
tance, la nature a dû pourvoir aux moyens de le re-
produire aussi chaque année. C'est ce qui a lieu en
effet. Si nous étudions avec attention le développe-
ment successif des divers organes qui composent la
tige des dicotylédons, nous verrons que, la première
année, entre les couches corticales et l'étui médul-
laire, se trouve un liquide gélatineux, auquel Grew
et Duhamel ont donné le nom de cambium. C'est
ce fluide particulier qui contient les premiers rudi-
mens de l'organisation. A mesure que la jeune tige se
développe, la couche la plus intérieure de ce liquide
prend de la consistance, s'organise, se durcit, se change
en liber, qui , à la fin de la première année , se trouve
converti en une substance ligneuse encore molle et
mal formée. L'automne arrive , et la végétation s'ar-
TIGE. lo3
rête en cet état. La couche extérieure du oambium,
qui n'a point encore entièrement changé de nature,
reste stationnaire et comme engourdie. Cependant,
au retour du printemps, quand la chaleur douce du
soleil vient tirer les végétaux de leur sommeil hiver-
nal, le cambium reprend sa force végétative; il dé-
veloppe les bourgeons et les nouvelles racines; et,
lorsqu'il a produit toutes les parties qui doivent ser-
vir à l'entretien de la vie du végétal, il se durcit peu
à peu, devient compacte, en un mot, suit et éprouve
les mêmes changemens que celui qui l'a précédé.
Mais, à mesure que ces changemens s'opèrent, que
le liber se durcit et change de nature, que la couche
qu'il a remplacée acquiert une solidité plus grande ,
il se développe un nouveau liber. De tous les points
de la surface extérieure de celui qui est prêt à se
convertir en bois, suinte une humeur visqueuse,
sous forme de petites gouttelettes qui s'étendent et
se réunissent •: c'est un nouveau cambium , un
nouveau liber, qui va s'organiser, se développer, et
suivre les différentes époques d'accroissement par-
courues par ceux qui l'ont précédé, et dont il a tiré
son origine.
Tels sont les moyens que la nature met en usage
pour renouveler chaque année la partie végétante de
la tige. C'est ici que se présente la grande différence
des tiges ligneuses et làeà tiges herbacées. Dans les
tiges ligneuses, en effet, c'e.ct au développement suc-
cessil d'une nouvelle couche de liber que l'arbre doit
sa durée et la persistance de sa végétation. Dans L-s
I04 ORGANES DE LA VÉGÉTATION.
tiges herbacées , au contraire , tout le cambium se
consume à produire les différens organes de la
plante, et à la fin de l'année se trouve entièrement
converti en une sorte de substance ligniforme, sèche
et aride. Il ne reste donc point, comme dans la tige
ligneuse, une certaine quantité de matière gélati-
neuse, chargée de conserver d'une année à l'autre
les germes d'une nouvelle végétation ; et la plante
meurt nécessairement, faute d'une substance propre
à renouveler son développement.
Après avoir développé avec quelque détail la
théorie de la formation des couches ligneuses au
moyen de la transformation annuelle du liber en
aubier, nous devons faire connaître celle qui a été
émise par M. Du Petit-Thouars , et qui a fait, entre
plusieurs physiologistes, le sujet de tant de contes-
tations.
2° La formation successive des couches ligneuses ,
c 'est-a-dire l'accroissement en diamètre, est produit
par le développement des bourgeons.
Dans la théorie précédente , c'est au liber que l'oa
attribue la plus grande part dans les phénomènes de
l'accroissement en diamètre; ici, au contraire, ce
sont les bourgeons qui jouent le rôle le plus impor-
tant dans cette opération. M. Du Petit-Thouars ayant
remarqué que les bourgeons sont assis sur le paren-
chyme extérieur , et que leurs fibres communiquent
avec celles des scions ou jeunes rameaux qui les sup-
portent, en a tiré les conséquences suivantes, qui
forment la base de sa théorie de l'organisation végétale.
TIGE. Io5
i ° Les bourgeons sont les premiers phénomènes
sensibles de la végétation. En effet, toutes les parties
qui, dans les végétaux , doivent se développer à l'ex-
térieur, sont d'abord renfermées dans des bourgeons.
Il en existe un à l'aisselle de toutes les feuilles.
Mais ce bourgeon n'est apparent que dans les plantes
dicotylédones, et parmi les monocotylédones, dans
la famille des Graminées seulement. Dans les autres
monocotylédones , ce bourgeon est latent , et ne
consiste que dans un point vital, susceptible, dans
certaines circonstances, de se développer à la manière
des bourgeons des dicotylédons.
a0 Par leur développement, les bourgeons donnent
naissance à des scions ou jeunes branches chargées
de feuilles, et le plus souvent de fleurs. Chacun
d'eux a une existence en quelque sorte indépendante
de celles des autres. M. Du Petit-Thouars les regarde
comme analogues dans leur développement et leur
structure aux embryons renfermés dans l'intérieur
des graines, qui, par l'acte de la germination, déve-
loppent une jeune tige que l'on peut comparer, avec
juste raison, au scion produit par l'évolution d'un
bourgeon. Aussi donne- 1- il à ces derniers le nom
ai embryons fixes ou adhérens, par opposition à celui
à' embryons libres, conservé pour ceux renfermés dans
l'intérieur de la graine.
3° Si l'on examine l'intérieur de ces bourgeons
sur un scion ou jeune branche de l'année, on voit
qu'ils communiquent directement avec le parenchyme
intérieur ou la moelle. Or cette moelle, comme nous
lo6 ORGANES DE LA. VÉGÉTATIOiV.
lavons dit, est d'abord verte, et ses cellules sont rem-
plies de fluides aqueux très-abomkns. C'est dans ces
fluides aqueux que les bourgeons puisent les pre-
miers matériaux de leur développement. Us se nour-
rissent donc aux dépens du parenchyme intérieur;
et en absorbant les fluides qu'il contient , ils le des-
sèchent, et le font passer à l'état de moelle propre-
ment dite.
4° Dès que ces bourgeons se manifestent , ils
obéissent à deux mouvemens généraux, l'un mon-
tant ou aérien, l'autre descendant ou terrestre. C'est
ici que M. Du Petit-Thouars rapproche la structure
et les usages des bourgeons de ceux des embryons-
graines. Il considère en quelque sorte les bourgeons
comme des embryons germans. La couche de cam-
bium située entre l'écorce et le bois est, pour le
bourgeon, analogue au sol sur lequel la graine com-
mence à germer. Son évolution aérienne donne nais-
sance à un scion, ou jeune branch«e ; tandis que de
sa base, c'est-à-dire du point par lequel il adhère à
la plante-mère , partent des fibres ( que l'auteur com-
pare à la radicule de l'embryon), et qui , glissant
dans la couche humide de cambium , entre le liber
&t l'aubier, descendent jusqu'à la partie inférieure du
végétal. Or, chemin faisant , ces fibres rencontrent
celles qui descendent des autres bourgeons; elles s'y
réunissent, s'anastomosent entre elles, et forment
ainsi une couche plus ou moins épaisse , qui prend
de la consistance, de la solidité, et constitue chaque
année une nouvelle couche ligneuse. Quant au liber,
TIGE. IO7
une fois formé, il ne change plus de nature et n'é-
prouve aucune transformation.
Cette théorie est extrêmement ingénieuse, et M. Du
Petit -ïhouars s'appuie sur plusieurs faits pour en
prouver l'exactitude. Ainsi, dit-il, lorsque l'on fait
au tronc d'un arbre dieotylédon une forte ligature
circulaire, il se forme au-dessus de l'obstacle un
bourrelet , et l'accroissement en diamètre cesse d'a-
voir lieu au-dessous de la ligature. Ce bourrelet est
formé par les fibres ligneuses qui descendent de la
base des bourgeons en glissant dans le cambium situé
entre le liber et l'aubier. Ces fibres ligneuses ren-
contrant un obstacle qu'elles ne peuvent surmonter,
s'y accumulent et s'y arrêtent. Dès lors il ne peut
plus se former de nouvelles couches ligneuses au-
dessous de la ligature , puisque les fibres qui doivent
les constituer cessent d'y arriver. Telle est l'explica-
tion donnée par M. Du Petit -Thouars du fait de la
ligature et du bourrelet circulaire , que la plupart
des auteurs expliquent d'une manière tout-à-fait dif-
férente.
M. Du Petit-Thouars s'autorise encore des phéno-
mènes de la greffe pour étayer sa théorie. Lorsque
l'on greffe en écussoii , on prend ordinairement un
bourgeon encore s'tationnaire , on applique sa base
sur la couche du cambium que l'on a mise à nu ; dès
lors les radicelles ou fibres qui partent de la base du
bourgeon glistient entre l'écorce et l'aubier, et le
nouveau sujet s'est ainsi identifié à celui sur lequel
on l'a greffe.
Io8 ORGANES DE LA. VÉGÉTATION.
Malgré toutes les raisons alléguées par Tauleur en
faveur de sa théorie, aucun physiologiste ne l'a en-
core entièrement adoptée. Au contraire, presque tous
ceux qui s'occupent de la physique des végétaux
l'ont combattue avec plus ou moins de succès. Les
principaux argumens que l'on peut opposer à la
théorie de M. Du Petit-ïhouars , sont i ° que rien ne
prouve d'une manière irréfragable que les fibres
qui établissent la communication entre les bourgeons
et les tiges qui les supportent descendent ainsi de
ces bourgeons jusque dans les racines; i° que les
phénomènes du bourrelet circulaire , formé à la suite
de la ligature du tronc, peuvent s'expliquer par l'in-
terception et la stase de la sève descendante ; 3° qu'il
est impossible de concevoir comment des fibres aussi
grêles que celles qui unissent les bourgeons aux tiges
peuvent, dans un espace de temps aussi court que
celui durant lequel la tige s'accroît en diamètre, des-
cendre, de leur propre poids, du sommet d'un arbre
de 60 à 80 pieds, jusqu'à sa base; 4° que? puisque
ce sont les fibres qui descendent de la base des bour-
geons qui constituent les couches ligneuses , si dans
la greffe en écusson on greffe un bourgeon d'un arbre
à bois coloré sur un individu à bois blanc, les fibres
qui partent de ces bourgeons devraient conserver leur
couleur , et les nouvelles couches ligjneuses qu'elles
forment en présenter une semblable, ce qui n'a pas
lieu; 5° enfin, si c'est le développement des bour-
geons qui donne lieu à la formation du bois, comment
la première couche ligneuse a-t-e!le pu se former sur le
TIGE. IO9
jeune scion de l'année, puisque aucun des bourgeons
qu'il supporte ne s'est encore développé ?
Les deux théories dont nous venons de faire l'ex-
position ne peuvent donc pas être adoptées dans leur
entier, comme donnant une explication rigoureuse
de tous les phénomènes de l'accroissement en dia-
mètre dans les végétaux dicotylédons. En effet, celle
de Duhamel est essentiellement fondée sur la trans-
formation annuelle du liber en aubier, et sa régéné-
ration au moyen de la couche de cambium. L'expé-
rience par laquelle ce célèbre physicien dit qu'ayant
fait passer un fil d'argent dans le liber , il l'a retrouvé
l'année suivante dans l'aubier, est tout-à-fait inexacte.
En effet , tous ceux qui après Duhamel ont cherché
à la répéter n'ont pu obtenir le môme résultat , et
lorsque le fil d'argent avait été réellement passé à
travers le liber, on l'a toujours retrouvé dans cet
organe, et non dans l'aubier. Cette théorie doit donc
nécessairement s'écrouler , si nous sapons la base sur
laquelle l'auteur l'avait élevée. Quant à celle de
M. Du Petit -Thouars, nous ne répéterons point ici
les puissantes objections que l'on a élevées contre elle.
3° La formation annuelle des couches ligneuses
est produite par le cambium qui chaque année
forme a la fois une nouvelle couche d'aubier et une
nouvelle couche de liber.
Cette opinion est celle qu'en dernier lieu avait pro-
fessée M. Mirbel , et qui nous paraît réunir en sa
faveur le plus de probabilités.
Le liber, que l'on avait jusqu'à présent considéré
IlO ORGANES T>E LA VEGETATION.
comme l'organe le plus essentiel de la végétation ,
comme celui qui opérait chaque année l'augmentation
en diamètre du tronc des arbres dicotylédons, étant
au contraire neutre et passif dans cette opération ,
on doit chercher une autre explication des phéno-
mènes de l'accroissement en diamètre. Or voici celle
qui nous paraît la plus probable et la plus en rapport
avec l'observation rigoureuse des faits. Si l'on exa-
mine une jeune branche à l'époque de la végéta-
tion, c'est-à-dire quand la sève circule abondamment
dans toutes les parties du végétal, voici ce que l'on
observe : entre le liber et l'aubier, on trouve une
couche d'un fluide d'abord clair et limpide, qui
peu à peu s'épaissit, et prend de la consistance;
ce fluide, ou le cambium , est formé par la sève
descendante, mélangée à une partie des sucs propres
des végétaux. A mesure que le cambium s'épaissit,
on voit des fîlamens se former dans son intérieur, et
bientôt il s'organise et prend l'aspect d'un tissu vé-
gétal. Cette transformation est graduelle , et continua
pendant tout le temps du développement des bour-
geons, en sorte que la formation de la couche an-
nuelle a lieu d'une manière lente et progressive.
C'est pour cette raison que les couches nouvelles d'au-
bier présentent très-souvent plusieurs zones concen-
triques qui annoncent que toute leur épaisseur n'a
pas été formée dune seule fois.
Ainsi donc l'aubier n'est pas formé par le liber, qui
s'épaissit et prend plus de consistance , mais par le
cambium, qui s'organise, et devient ainsi l'agent de
TIGE. III
l'accroissement en diamètre. Lorsque Duhamel a re-
trouvé dans l'aubier le fil d'argent qu'il avait cru avoir
engagé dans le liber, c'est que ce fil avait été passé à
travers la couche organique du cambium.
Le liber se sépare et se réorganise en partie cha-
que année par sa face interne. En effet, la couche
de cambium qui baigne sa surface intérieure s'orga-
nise, et s'ajoute à cet organe, en sorte qu'il prend
graduellement plus de développement. C'est pour
cette raison que le liber se trouve formé de plusieurs
lames ou feuillets réunis les uns aux autres par une
couche excessivement mince de tissu cellulaire.
Ainsi donc, pour nous résumer, il se forme chaque
année dans le tronc des arbres dicotylédons une nou-
velle couche ligneuse. Cette nouvelle couche est pro-
duite par une partie du cambium , qui s'organise et
se solidifie. L'aubier formé l'année précédente ac-
quiert plus de densité, et se change en bois. Mais le
liber n'éprouve aucune transformation ; seulement
il se répare et s'accroît par sa face interne au moyen
d'une partie du cambium.
C'est par ce mécanisme qu'a lieu, selon nous,
l'accroissement en épaisseur des tiges des dicotylé-
dons; expliquons île même leur développement en
hauteur.
B. Accroissement en hauteur.
A l'époque de la germination, la radicule s'en-
fonce dans la terre, tandis que le caudex ascendant
s'élève vers le ciel. La première couche du cambium
I T 1 ORGANES DE LA VÉGÉTATION.
s'organise, et obéit à cette impulsion. Vers l'au-
tomne , quand elle est changée en aubier et en li-
ber, son accroissement s'arrête. Quand, au retour du
printemps, la végétation recommence, le tissu vé-
gétal est gorgé de fluides nourriciers qui vivifient
les bourgeons; de la partie supérieure de la tige part
un nouveau centre de végétation d'où s'élève une
jeune pousse qui éprouve dans son développement
les mêmes phénomènes que la première; à cette se-
conde en succède une troisième, qui, l'année d'en-
suite, est surmontée d'une quatrième, etc.
Le tronc se trouve donc formé par une suite de
cônes très-allongés, dont le sommet est en haut, et
qui sont superposés les uns aux autres Mais le som-
met du cône le plus intérieur s'arrête à la base de la
seconde pousse, et ainsi successivement, en sorte
que ce n'est qu'à la base du tronc que le nombre
des couches ligneuses correspond au nombre des
années de la plante. Ainsi, par exemple, une tige de
dix ans offrira à sa base dix couches ligneuses. Elle
n'en présentera que neuf, si on la coupe à la hau-
teur de la seconde pousse, que huit à la troisième ,
et enfin qu'une seule vers son sommet. C'est pour
cette raison que le tronc des arbres dicotylédons est
plus ou moins conique.
Il est des arbres sur lesquels ce développement en
hauteur est des plus manifestes: dans les pins et les
sapins , par exemple. Au bout de la première année,
on voit au sommet de la tige un bourgeon conique ,
d'où part un verticille de jeunes rameaux, au centre
TIGE. Il3
■desquels en est un qui s'élève verticalement; c'est
lui qui est destiné à continuer la tige. A la fin de la
seconde année , de son sommet part également un
semblable bourgeon qui présentera les mêmes phé-,
nomènes dans son développement. Ainsi Ton peut
connaître clans ces arbres le nombre de leurs an-
nées par le nombre des verticilles de rameaux qu'ils
présentent sur leur tige.
§ i. accroissement de la tige des arbres rnonoco-
tjlêdons.
Si nous examinons l'accroissement du stipe d'un
palmier, nous voyons qu'il se développe de la ma-
nière suivante:
Après la germination, les feuilles, ordinairement
plissées sur elles-mêmes, se déroulent et se déploient
en formant un faisceau circulaire, qui naît du collet
de la racine. Du centre de ce faisceau part, la se-
conde année, un autre bouquet de feuilles, qui re-
jettent en debors celles qui existaient déjà. Alors les
plus anciennes se fanent, se dessèchent et tombent.
Mais leurs bases étant intimement adhérentes au
sommet de la racine, restent, persistent, et consti-
tuent, en se soudant , un anneau solide qui devient
la base du stipe. Chaque année un nouveau bour-
geon central venant à se développer, les feuilles les
plus extérieures de celui qui l'a précédé tombent, et
leur base qui persiste forme un nouvel anneau qui
s'ajoute au-dessus de ceux qui existaient déjà.
8
Il4 ORGANES DE LA VÉGÉTATION.
Tel est le développement de la tige des Monoco-
tylédons. Leur stipe , au lieu d'être formé , comme
le tronc des Dicotylédons , de couches concentri-
ques, est composé d'anneaux superposés. D'après
cela, on voit que le tronc des Monocotylédons
ne doit croître que très -peu en épaisseur. En
effet, son développement latéral ne peut avoir lieu
qu'autant que la base persistante des feuilles ne s'est
point encore assez solidifiée et endurcie pour ré-
sister à la pression excentrique que le bourgeon tend
à opérer sur elle. Aussi voyons-nous que les pal-
miers, qui ont quelquefois jusqu'à cent vingt et cent
quarante pieds de hauteur, ont une tige qui a sou-
vent à peine un pied de diamètre.
Dans les arbres dicotylédones c'est le Cambium
qui est l'agent essentiel de l'augmentation de la tige,
puisque c'est lui qui , chaque année , s'organise et
forme une nouvelle couche ligneuse. Ici, au contraire,
c'est le bourgeon terminal couronnant le stipe qui
remplit le même usage. Aussi l'arbre périrait-il in-
failliblement, si l'on retranchait ce centre de végé-
tation.
Si nous comparons d'une manière générale l'ac-
croissement en diamètre de la tige des arbres dico-
tylédons et celui des monocotylédons, qu'il ne dif-
fère pas moins que leur structure anatomique. En
effet, dans les dicotylédons il y a deux systèmes dis-
tincts, le système central, formé de l'étui médul-
laire et des couches ligneuses, et le système cortical,
qui se compose de Pécorce. Ces deux systèmes s'ac-
TIGE. I i J
croissent séparément, en sorte qu'il y a deux sur-
faces d'accroissement dans cette classe de végétaux.
Le système central s'accroît par les nouvelles cou-
ches qui s'ajoutent à sa surface externe , et. le sys-
tème cortical s'accroît au contraire par sa face in-
terne.
Dans les végétaux monocotylédonés, au contraire,
il n'y a qu'une seule surface d'accroissement, et par
conséquent qu'un seul système. M. Them. Lestibou-
dois, professeur à Lille, remarquant , et avec juste
raison , que dans ce système unique qui forme la tige
des monocotylédons, l'accroissement se fait par la
face interne, en tire cette conclusion que ce système
est le cortical, et que le central manque. D'où il suit
que le stipe des palmiers est organisé comme l'écorce
des dicotylédons. Cette opinion ingénieuse ne man-
que pas de probabilité.
Pour terminer ici tout ce qui a rapport à l'accrois-
sement de la tige dans les végétaux , il nous reste à
faire connaître le résultat des observations publiées
récemment par M. Dutrochet. (JIJé/?\ du Muséum,
■vol. vu et yiii. Jusqu'à présent on n'avait admis
l'accroissement en diamètre que comme le résultat
des nouvelles couclies qui s'ajoutent chaque année
entre l'Aubier et l'écorce. M. Dutrochet a le pre-
mier prouvé que les végétaux s'accroissent en dia-
mètre en deux sens, savoir, i° en épaisseur, par
la formation des nouvelles couches entre l'écorce et
l'Aubier; i° en largeur, par le développement latéral
de la nouvelle couche et la formation de nouveaux
Ïl6 ORGANES DE L.4 VÉGÉTATION.
faisceaux de fibres. Cet accroissement, dans le sens
de l'épaisseur et de la largeur, a lieu également dans
les racines et clans les tiges.
C'est d'abord sur la tige de laClématite que M.Du-
trocheta fait ses premiers essais. Lorsque l'on coupe
transversalement l'extrémité d'une jeune branche de
Clématite, on trouve qu'elle se compose de six fais-
ceaux de fibres longitudinales, séparés les uns des
autres ptr des rayons ou espaces médullaires assez
larges. Peu à peu , et par les progrès de la végéta-
tion, il se forme au centre de chaque espace médul-
laire un nouveau faisceau défibres longitudinales qui
acquiert bientôt le même volume que les six faisceaux
primitifs; en sorte qu'à la fin de la première année la
tige se trouve composée de douze faisceaux de fibres,
séparés par autant de rayons médullaires.
Pendant la seconde année, chacun des six fais-
ceaux primitifs se divise en trois par la production
médiane d'un nouveau faisceau de fibres longitudi-
nales séparé des deux autres, au milieu desquels il
s'est développé, par deux rayons médullaires in-
complets, qui n'atteignent pas jusqu'à la moelle cen-
trale. D'un autre côté, les six autres faisceaux se-
condaires de la première année se divisent chacun
en deux par la formation médiane d'un nouveau
rayon médullaire incomplet; d'où il résulte qu'à la
fin de la seconde année il y a trente faisceaux de
fibres distingués les uns des autres par autant de
rayons ou espaces médullaires , dont douze seule-
ment , savoir, ceux qui existaient à la fin de la pre-
TIGE. il n
mière année, sont seuls complets et établissent une
communication directe eutre la médulle externe et
l'interne.
Pour peu qu'on réfléchisse avec quelque attention
à la manière dont les faisceaux de fibres longitudi-
nales se sont multipliés, on verra que l'accroisse-
ment s'est fait latéralement. En effet, la production
médiane de nouveaux faisceaux de fibres au centre
des rayons médullaires, ou celle de nouveaux l'ayons
médullaires au centre des faisceaux de fibres, a dû
nécessairement dilater latéralement, et par consé-
quent augmenter la largeur de la couche circulaire
dans laquelle ce développement s'est opéré. Or ,
c'est cette dilatation latérale qui n'avait point encore
été aperçue avant l'habile expérimentateur dont nous
faisons connaître ici les observations.
L'accroissement en largeur s'arrête dans les par-
ties dès l'instant qu'elles se sont solidifiées. Ainsi il
n'a plus lieu dans les couches ligneuses; mais il se
continue dans l'écorce, et c'est ainsi qu'elle per-
met l'accroissement en épaisseur des couches li-
gneuses.
L'accroissement en largeur a également lieu dans
les racines, ainsi que nous l'avons déjà annoncé. Mais
dans cet organe il commence toujours par la produc-
tion médiane de nouveaux rayons médullaires au
centre tdes faisceaux de fibres. Plus tard ces nou-
veaux espaces médullaires donnent eux-mêmes nais-
sance à d'autres agglomérations de fibres.
D'après ce qui précède , on voit que les élémens-.
J 1 8 ORGANES DE LA VÉGÉTATION.
organiques des végétaux ont une tendance naturelle
à la production médiane. Ainsi les faisceaux de fibres
tendent à produire dans leur partie moyenne de nou-
veaux rayons médullaires. D'un autre côté les rayons
médullaires tendent à produire de nouveaux fais-
ceaux de fibres longitudinales.
Nous venons de faire connaître l'opinion de l'au-
teur relativement à l'accroissement en largeur; expo-
sons aussi ses idées sur le développement en épais-
seur. Les couches ligneuses de nouvelle formation
qui se développent chaque année sont séparées des
anciennes par une couche mince de médulle centrale.
Ces couches de médulle, qui isolent les couches li-
gneuses les unes dés autres, ne sont pas toujours fa-
ciles à apercevoir. Mais elles sont très - visibles ,
par exemple , dans le Rhus tjphinum , ou leur cou-
leur plus foncée les fait distinguer au premier coup
d'œil des cou'ches de bois, qui sont plus claires. Au
printemps l'accroissement en épaisseur commence
toujours par la formation de cette couche mince de
tissu cellulaire, ou de médulle. Bientôt, par sa pro-
priété de donner.naissance à des fibres longitudinales,
cette couche de moelle produit des vaisseaux qui
l'environnent, et constituent ainsi une sorte de canal
médullaire, destinée à devenir plus tard la nouvelle
couche ligneuse.
Dans cette théorie on voit le rôle important que
l'auteur fait jouer à la moelle. C'est elle, en effet,
qui devient l'agent essentiel de l'accroissement en
diamètre, puisque c'est elle qui donne naissance aux
TIGE. IJ9
vaisseaux qui doivent constituer plus tard la nou-
velle couche de bois.
Les mêmes phénomènes ont lieu dans le Liber.
Chacun de ses feuillets est séparé par une couche
mince du tissu cellulaire , qui appartient à la mé-
dulle corticale.
Théorie de quelques procédés pour la multiplication
artificielle des végétaux, expliquée par les lois
de la physiologie végétale.
Le moyen de multiplication le plus naturel et le
plus facile dans les végétaux est sans contredit celui
qui a lieu au moyen des graines et de leur dévelop-
pement. C'est celui par lequel les végétaux dispersés
sur la surface du globe se renouvellent naturelle-
ment. Mais il en est encore d'autres que l'art de la
culture met fréquemment à contribution pour per-
pétuer et multiplier certaines races ou variétés d'ar-
bres que l'on ne pourrait reproduire par le moyen
des graines. Ces procédés sont la marcotte, la bou-
ture et la greffe. Nous allons en peu de mots exposer
la théorie de ces trois opérations, considérées d'une
manière générale, et quant à leurs rapports avec la
physique végétale.
i° La marcotte est une opération par laquelle
on entourre de terre la base d'une jeune branche, et
on lui fait pousser des racines avant de la détacher
du sujet. Tantôt cette opération se pratique sur les
branches inférieures d'un jeune arbuste : on les in-
cline et on les couche légèrement; tantôt c'est sur
120 ORGANES DE LA. VÉGÉTATION,
les branches supérieures , que l'on fait passer à tra-
vers un pot ou une cage de verre remplie de terre
de bruyère.
Pour faciliter le marcottage, on pratique ordinai-
rement, à la base de la jeune branche, une incision
ou une forte ligature, afin de déterminer la forma-
tion des racines. Ces racines sont des bourgeons qui ,
plongés dans ia terre, s'allongent en fibres grêles et
radicellaires, tandis qu'exposés à l'air, ils se seraient
développés en jeunes scions. On emploie la marcotte
pour multiplier un grand nombre de végétaux, tels
que les œillets, les hortensia, les bruyères, les gro-
seillers, etc.
i° La bouture diffère de la marcotte en ce que
Ton sépare la jeune branche du sujet, avant de la.
fixer en terre. Il y a des arbres chez lesquels les-
boutures reprennent avec une grande facilité. En
général, ceux dont le bois est blanc et léger se prê-
tent plus facilement à cette opération. Ainsi une
branche de saule, de peuplier, de tilleul, enfoncée
en terre, s'y enracine au bout de quelque temps, et
ne tarde pas à pousser avec vigueur.
Une bouture réussira d'autant plus sûrement que
le cultivateur aura eu le soin de laisser deux ou trois
jeunes bourgeons au-dessous de la terre, c'est-à-dire
sur la partie inférieure de la jeune branche. Ces bou-
tons s'allongent en racines, et aident singulièrement
la succion qui doit amener le développement des
jeunes scions.
Assez souvent on pratique à la base des boutures.
TIGE. I2Ï
des incisions ou des ligatures, afin d'en assurer la
réussite. Quelquefois même on les fend longitudina-
lement à leur base, et l'on y introduit une petite
éponge imbibée d'eau.
Il est des espèces ligneuses qui reprennent très-
difficilement des boutures, tels -sont les pins, les sa-
pins, les chênes, les bruyères, et en général les
arbres à bois très-dense ou résineux.
3° La gjheffe est une opération par laquelle on
ente sur un individu un bourgeon ou un jeune scion,
qui s'y développe et s'identifie avec le sujet sur le-
quel il a été greffé. .
La greffe ne peut réussir qu'autant qu'elle a lieu
entre des parties végétantes: c'est ainsi , par exemple,
que l'on ne peut greffer le bois, ni même l'Aubier.
C'est dans l'opération et les phénomènes de la greffe
que l'on peut remarquer la grande analogie qui existe
entre les gemmes ou bourgeons et les graines, sur-
tout sous le rapport de leur développement. Ces
deux organes, en effet , sont destinés à donner nais-
sance à de nouveaux individus, dont les uns vivent
aux dépens du sujet sur lequel ils se développent y
tandis que les autres subsistent par eux-mêmes, et
sans avoir besoin de secours étranger.
Remarquons que la greffe ou soudure des parties
ne peut avoir lieu qu'entre des végétaux de la même
espèce, des espèces du même genre, ou enfin des
genres d'une même famille ; mais jamais entre des
individus appartenant à des ordres naturels différèns.
C'est ainsi, par exemple^ que l'on peut greffer le
\11 ORGANES DE LA VÉGÉTATION.
pêcher sur l'amandier, l'abricotier sur le prunier, les
Pavia sur le marronnier d'Inde. Mais cette opération ne
pourrait pas réussir entre ce dernier arbre , par exem-
ple, et l'amandier. Il faut qu'il y ait une sorte de
convenance, d'analogie entre la sève des deux indi-
vidus pour que la soudure d'une greffe puisse s'ef-
fectuer.
C'est au moyen du Cambium, ou suc propre des
végétaux, que s'opère la soudure des greffes. Cette
matière fluide sert de moyen d'union entre l'individu
et la greffe , comme dans les animaux la lymphe coa-
gulable s'interpose entre les deux lèvres d'une plaie
récente qu'elle réunit et rapproche. Lorsque l'on
examine la plaie d'une greffe, environ quinze jours
après l'opération , on voit entre les deux parties rap-
procbées une couche mince de petites granulations
verdâtres dispersées dans un fluide visqueux. Ces pe-
tites granulations, rudimens de l'organisation végé-
tale, sont produites par le Cambium qui se solidifie
et s'organise, phénomène qui se répète toutes les fois
que l'on fait une plaie superficielle à un arbre , et
qu'on la garantit du contact de l'air.
Ce moyen de multiplication procure plusieurs avan-
tages dans l'art de la culture. i° Il sert à conserver et
à multiplier des variétés ou monstruosités remarqua-
bles, qui ne pourraient se reproduire au moyen des
graines; 2° à procurer promptement un grand nom-
bre d'arbres intéressans, qui se multiplient difficile-
ment par tout autre moyen; 3° d'accélérer de plu-
sieurs années la fructification de certains végétaux;
TIGE. 123
4° de bonifier et de propager les variétés d'arbres à
fruits, etc.
Le professeur Thouin , dont les sciences déplo-
rent la perte récente , a publié une excellente Mo-
nographie des greffes , dans laquelle il rapporte
tous les procédés connus aux quatre sections sui-
vantes : i ° greffes par approche; i° greffes par scions ;
3° greffes par gemmes ou bourgeons; 4° enfin gref-
fes des végétaux herbacés. Nous allons faire con-
naître rapidement les procédés mis en usage pour
opérer ces différentes greffes.
SECTION l'<
GREFFES PAR APPROCHE.
Elles s'exécutent entre deux individus enracinés
que l'on veut réunir et souder ensemble par un ou
plusieurs points de leur longueur. Pour cela on fait
aux parties que Ton veut greffer des plaies qui se
correspondent exactement; et, en enlevant des plaques
d'écorce d'égale grandeur, on réunit ces plaies, on
les tient rapprochées, et on les garantit du contact
de l'air.
On peut greffer par ce procédé des tiges, des
branches, des racines entre elles, des fruits, et même
des fleurs avec des feuilles.
SECTION II.
GREFFES PAR SCIONS.
/
On pratique les greffes par scions avec de jeunes
rameaux, ou même avecdes racines que l'on sépare de
1^4 ORGANES DE LA VÉGÉTATION.
leur individu pour les placer sur un autre, afin qu'ils
y vivent et s'y développent à ses dépens. Ordinaire-
ment on sépare les ramilles que l'on veut greffer,
quelques jours, quelquefois même plusieurs mois
avant de pratiquer cette opération, afin qu'ils soient
moins en sève que les sujets sur lesquels ils doivent
être placés. On a soin, dans ce cas, de les conserver,
en plongeant leur extrémité inférieure dans l'eau ou
dans la terre.
Avant d'opérer cette espèce de greffe, on coupe
ordinairement la tête du sujet sur lequel on veut la
pratiquer; quelquefois même cette résection se fait
à fleur de terre, surtout pour les arbres dont la greffe
doit être enterrée, comme la vigne, etc.
Remarquons qu'une condition indispensable pour
la réussite de cette espèce de greffe , c'est qu'il faut
que le liber du rameau coïncide, dans la plus grande
partie de son étendue, avec celui du sujet sur lequel
on l'a implanté.
La greffe par scions se fait de plusieurs manières:
tantôt on fend la tête du sujet en deux, et l'on im-
plante dans cette fente le ramille que l'on veut greffer;
cette espèce est connue sous le nom de greffe en
fente. Tantôt on écarte l'écorce des coucbes ligneuses
sous-jacentes", et l'on insinue entre elles plusieurs pe-
tits rameaux que l'on dispose circulairement; c'est la
greffe en couronne. D'autres foison perfore le tronc
de l'arbre, et l'on y adapte une jeune brandie que
l'on y maintient fixée. Cette greffe, aujourd'liui peu
employée, porte le nom, de greffe en vilebrequin.
TIGE. ïiS
Quelquefois on pratique la greffe par scions avec de
jeunes rameaux chargés de feuilles, de fleurs, et même
de jeunes fruits. Elle s'effectue alors dans le plein de
la première sève. Parce procédé il n'est pas rare, dit
M. Thouin , d'obtenir des fruits d'un arbre quinze
à vingt ans plus tôt qu'il n'en eût donné sans son se-
cours; on est même parvenu, en semant un pépin à
une époque déterminée, à en recueillir avant la fin
de l'année des fruits parfaitement mûrs.
La greffe par scions se pratique encore sans couper
la tête du sujet. On entaille seulement un de ses côtés,
et l'on y applique la greffe. Cette espèce, qui a pour
but principal de regarnir la tête d'un arbre qui a
perdu quelqu'une de ses branches, porte le nom de
greffe de coté.
Enfin on doit rapporter à cette section les greffes
que l'on opère avec un scion sur une racine laissée
en place, ou avec une racine sur la racine d'un autre
sujet.
SECTION III.
GREFFES PAR GEMMES OU BOUTONS.
Ces greffes consistent à transporter sur un autre
individu une plaque d'écorce à laquelle adhèrent un
ou plusieurs bourgeons ou gemmes. À cette section
se rapportent les greffes en écusson, en flûte, en sif-
flet, en chalumeau, etc. Cette espèce de greffe est
la plus employée, surtout pour la multiplication en
grand des arbres fruitiers.
En effet, elle est d'une exécution facile et expé-
I2Ô ORGANES DE LA VÉGÉTATION.
ditive. Elle se pratique , soit au printemps, lors de
l'ascension de la sève, soit à la sève d'août. La forme
à donner à la greffe, et celle de l'incision, varient
singulièrement, suivant le procédé d'après lequel on
opère.
SECTION IV.
GREFFE DES PARTIES HERRACÉES DES VÉGÉTAUX ,
OU GREFFE TSCHOUDY.
La découverte de cette espèce de greffe date d'une
époque assez récente. Il y a peu d'années qu'elle fut
pratiquée pour la première fois par son inventeur
M. le baron Tschoudy. Elle peut s'effectuer avec les
jeunes pousses herbacées des arbres , dans le fort de
la sève ou avec des plantes annuelles.
Pour que cette greffe puisse réussir, il faut l'insé-
rer dans l'aisselle ou dans le voisinage d'une feuille
vivante du sujet. Cette feuille sert à appeler la sève
dans la greffe, et en facilite la reprise et le déve-
loppement.
Les procédés mis en usage sont à peu près les
mêmes que ceux employés pour exécuter les autres
espèces de greffes.
Telles sont les différentes espèces de greffes em-
ployées pour la multiplication des végétaux. Il
n'entre point dans notre sujet de décrire les procé-
dés nombreux et variés mis en usage pour les pra-
tiquer. Nous renvoyons pour cet objet aux traités
d'agriculture , et particulièrement à la Monographie
que le professeur André Tbouin a publiée en 1822
TIGE. I27
De la Hauteur des arbres.
Les arbres sont, en général, d'autant plus forts
et plus élevés, que le sol, le climat et la situation
dans lesquels ils se trouvent sont plus convenables
à leur nature et plus favorables à leur accroissement.
Une certaine humidité, jointe à un degré de chaleur
assez considérable, paraît être la circonstance la plus
propre au développement des arbres. Aussi est-ce
dans les régions qui présentent ces conditions atmo-
sphériques, qu'ils acquièrent la hauteur la plus grande.
Les forêts de l'Amérique méridionale sont peuplées en
général d'arbres qui, par leur port, leur taille élevée,
la beauté de leur feuillage et. de leurs fleurs, l'em-
portent beaucoup sur ceux de nos climats tempérés.
Il est certains arbres qui n'acquièrent que par une
longue suite d'années une hauteur et un diamètre
considérables : tels sont, par exemple, le chêne,
l'orme, le cèdre. D'autres, au contraire, prennent
un accroissement plus rapide dans un temps beaucoup
plus court; ce sont ceux principalement dont le bois
est tendre et léger, comme les peupliers, les sapins,
les acacias, etc. , etc. Enfin il est certaines plantes
qui se développent avec tant de rapidité, qu'on peut,
en quelque sorte, suivre de l'œil les progrès de leur
développement: X Agave americana est de ce nombre.
Cette plante, que j'ai vue tapissant les rochers qui
bordent la Méditerranée dans le golfe de Gênes,
lorsqu'elle fleurit, développe, dans l'espace de trente
à quarante jours, une hampe qui acquiert quelque-
î 20 ORGANES DE LA VEGETATION.
fois trente pieds de hauteur. Croissant ainsi de près
d'un pied par jour, on conçoit, qu'il serait en quelque
façon possible que son développement successif fût
perceptible aux yeux de l'observateur.
En général, le plus grand accroissement en hau-
teur que puissent acquérir les arbres de nos forêts
est de cent vingt à cent trente pieds. En Amérique,
les palmiers et beaucoup d'autres arbres dépassent
souvent cent cinquante pieds.
De la Grosseur des arbres.
La grosseur des arbres n'est pas moins variée que
leur hauteur. Il en est qui acquièrent quelquefois des
dimensions monstrueuses. Nous ne parlerons pas ici
de ce châtaignier si renommé du mont Etna, qui, au
rapport de quelques voyageurs, avait cent soixante
pieds de circonférence, parce qu'on s'accorde à le
considérer comme composé de plusieurs troncs sou-
dés en un seul; mais nous pouvons citer comme
exemples bien avérés d'une grosseur énorme, les
Baobabs observés par Adanson aux îles du Cap -Vert ,
et dont quelques-uns présentaient quatre-vingt-dix
pieds de circonférence ; le Dragonier de Ténériffe.
Dans nos climats, on voit des chênes, des ormes,
des tilleuils, des poiriers et des pommiers acquérir
jusqu'à vingt-cinq et trente pieds de circonférence.
De la Durée des arbres.
Les arbres placés dans des terrains qui leur con-
viennent, dans une situation appropriée à leur na-
TIGE. 1 29
lure, sont susceptibles de vivre pendant des siècles.
Ainsi l'olivier peut exister pendant trois cents ans; le
chêne environ six cents. Les cèdres du Liban pa-
raissent en quelque sorte indestructibles. D'après
des calculs fort ingénieux, Adanson estime que les
baobabs, dont nous venons de parler tout à l'heure,
pouvaient avoir environ six mille ans.
Dans les arbres dicotylédons on peut connaître
l'âge d'un arbre par le nombre des couches ligneuses
qu'il présente sur la coupe transversale de son tronc.
En effet, comme chaque année il se forme une nou-
velle couche de bois , on conçoit qu'un arbre de
vingt ans, par exemple, doit offrir, mais à sa base
seulement, vingt zones concentriques de bois.
Usages des Tiges.
Le bois est employé à tant d'usages variés dans
l'économie domestique et les arts , il est tellement
indispensable à la construction de nos bâtimens de
terre et de mer, de la plupart de nos machines et
de nos instrumens , ^u'il n'est aucune partie des vé-
gétaux qui puisse lui disputer à cet égard la supé-
riorité.
Beaucoup de tiges herbacées sont usitées pour la
nourriture de l'homme et des animaux.
La tige du Saccharum qfficinarum fournit la plus
grande partie du sucre répandu dans le commerce,
et qu'on nomme sucre de cannes.
Beaucoup de bois sont employés dans la teinture:
9
l3o ORGANES DE LA VÉGÉTATION.
tels sont le santal, le bois de Carnpêche, le bois de
Brésil, etc.
C'est avec les écorces du chêne, et en général
avec toutes celles qui renferment une grande quan-
tité de tannin et d'acide gallique, que l'on tanne les
cuirs.
Sous le rapport des propriétés médicales , les tiges,
le bois et les écorces occupent un des premiers rangs
dans la thérapeutique. Qui ne sait, en effet, qu'à cette
classe d'organes se rapportent les quinquinas, la can-
nelle, l'écorce de Winter, le sassafras, le gayac, et
tant d'autres médicamens qui jouissent d'une répu-
tation si bien méritée? Suivant leurs propriétés chi-
miques les plus remarquables , on peut diviser ainsi
les principales écorces et les bois employés en mé-
decine :
i° Ecorces et bois amers.
Le Simarouba (Simarouba Guyanensis).
Le Quassia (Quassia amcira).
i° Amers, astringens et légèrement aromatiques.
L'Angusture ( Cuspariafebrifuga).
Le Quinquina gris [Cinchona Condaminea. Humb.
et Bonpl. Pi. équinox).
Le Quinquina rouge ( Cinchona oblongifolia.
Mutis).
Le Quinquina jaune (Cinchona cordifolia. Mutis).
Le Quinquina orangé ( Cinchona lancifolia,
Mutis ).
TIGE. I 3 i
Le Quinquina blanc [Cinchona ovalifolia. Mutis).
La Cascarille ( Croton Cascarilla).
3° iVstringens.
L'écorce de Chêne ( Quercus robur).
Le Vinaigrier (Rhus coriarid).
Le Marronnier d'Inde (/Esculus hippocastanum.)
4° Aromatiques.
La Cannelle ( Laurus Cinnamomum ).
L'écorce de Winter CDrpnLf JVinleri).
La Cannelle blanche ( Cannella alba ).
Le Sassafras ( Laurus Sassafras ).
5° Acres.
Le Garou [Daphne Mezereum ).
Bois et écorce de Gayac ( Guaiacum officinale ).
l3a ORGANES DE L.A. VÉGÉTÀTrON.
CHAPITRE III.
DES BOURGEONS.
Sous le nom général de bourgeons nous com-
prenons, i° les Bourgeons proprement dits, i° le
Turion, 3° le Bulbe, 4° Ie Tubercule, 5° les Zto/-
billes.
§ . i Ztecf Bourgeons proprement dits.
Les bourgeons proprement dits ( gemmœ) sont
des corps de forme, de nature et d'aspect variés,
généralement formés d'écaillés étroitement imbri-
quées les unes sur les autres, et renfermant dans leur
intérieur les rudimens des tiges, des branches, des
feuilles et des organes de la fructification. Ils se dé-
veloppent toujours sur les branches, dans l'aisselle
des feuilles, ou à l'extrémité des rameaux. Ils sont
ovoïdes , coniques ou arrondis; composés d'écaillés
superposées les unes sur les autres, et imbriquées,
couverts à l'extérieur, dans les arbres de nos cli-
mats, d'un enduit visqueux et résineux, et garnis
à l'intérieur d'un tissu tomenteux, et d'une sorte de
bourre, destinés à garantir les organes qu'ils ren-
ferment des rigueurs de la froide saison. Aussi n'ob-
serve-t-on point d'enveloppes de cette sorte sur les
arbres de la zone torride, ni sur ceux qu'on abrite
dans nos serres. Mais les végétaux qui en sont dé-
BOURGEONS. 1 33
pourvus ne peuvent résister aux froids de nos hivers,
et périraient immanquablement , si on les y laissait
exposés.
Les bourgeons commencent à paraître en été ,
c'est-à-dire à l'époque où la végétation est dans son
plus grand état de vigueur et d'activité; ils portent
alors le nom à' feux. Ils s'accroissent un peu en au-
tomne, constituent les boutons , et restent station-
nâmes pendant l'hiver. Mais, au retour du printemps,
ils suivent l'impulsion générale communiquée aux
autres parties de la plante; ils se dilatent, se gonflent;
leurs écailles s'écartent et laissent sortir les organes
qu'ils protégeaient. C'est alors qu'on les appelle pro-
prement des bourgeons.
Les écailles, qui constituent la partie l'a plus exté-
rieure des bourgeons, n'ont pas toutes une même
nature, une même origine. Le seul point commun de
ressemblance qu'elles aient entre elles, c'est de n'être
jamais que des organes avortés et imparfaits. Ainsi
quelquefois ce sont des feuilles , des pétioles, des
stipules, qui n'ont point acquis leur entier dévelop-
pement, et qui cependant, dans certaines circons-
tances, s'accroissent, se déploient et décèlent ainsi
leur véritable nature.
Les bourgeons sont divisés en nus et ècailleux :
les premiers sont ceux qui n'offrent point d'écaillés
à l'extérieur , c'est-à-dire que toutes les parties qui
les composent poussent et se développent. Tels sont
ceux de la plupart des plantes herbacées.
On appelle , au contraire , bourgeons èeaiJlcux
J 34 ORGANES DE LA VEGETATION.
ceux dont la partie externe est formée d'écaillés plus
ou moins nombreuses, comme on l'observe dans les
arbres de nos climats.
Suivant les organes dont leurs écailles sont for-
mées , on distingue les bourgeons écailleux en :
i° Foliacés (gemmœ foliaceœ) , ceux dont les
écailles ne sont que des feuilles avortées, souvent
susceptibles de se développer, comme dans le bois-
gentil (Daphne Mezereum).
'2° Pétiolacês { gemmœ petiolaceœ ) , quand leurs
écailles sont constituées par la base persistante des
pétioles, comme dans le noyer (Juglans regia).
3° Stipulacés {gemmœ stipulaceœ), lorsque ce sont
les stipules qui , en se réunissant, enveloppent la
jeune pousse, comme on l'observe dans le charme
(Carpinus sylvestris), le tulipier (Lyriodendrwn tuli-
pifera), et surtout certaines espèces de figuiers; par
exemple, dans le Ficus elastica i et d'autres encore.
4° Fidcracés (gemmœ fulcraceœ), quand ils sont
formés par des pétioles garnis de stipules , comme
dans le prunier.
Les bourgeons sont le plus souvent visibles à l'ex-
térieur, long-temps avant leur épanouissement. Il est
certains arbres , au contraire , dans lesquels ils sont
comme engagés dans la substance même du bois, et
ne se montrent qu'au moment où ils commencent à
se développer; tels sont les acacias (Robinia pseudo-
acacia. L. ) et beaucoup d'autres Légumineuses.
Les bourgeons peuvent être simples , c'est-à-dire
ne donner naissance qu'à une seule tige, comme
BOURGEONS. 1 35
clans le lilas , le chêne; ou bien composés , c'est-à-
dire renfermant plusieurs tiges ou rameaux , comme
ceux des pins.
Selon les parties qu'ils renferment , on a encore
distingué les bourgeons en : florifères , foliif ères et
mixtes.
i° Le bourgeon florifère ou fructifère (gemma
florifera seu fructifèra) est celui qui renferme une
ou plusieurs fleurs sans feuilles. Il est en général
assez gros., ovoïde et arrondi, comme dans les poi-
riers , les pommiers , etc.
i° Le bourgeon foliifere [gemma foliifera) ne
renferme que des feuilles ; tel est celui qui termine
la tige du bois-gentil (Daphne Mezereum).
3° Enfin on appelle bourgeon mixte (gemma
fbliif/orifera) celui qui contient à la fois des fleurs
et des feuilles, 'comme dans le lilas.
Les cultivateurs ne se trompent jamais sur la na-
ture d'un bourgeon, qu'ils reconnaissent, en général,
d'après sa forme : ainsi, celui qui porte des fleurs est
conique, gonflé; celui qui ne porte que des feuilles,
au contraire, est effilé, allongé, pointu.
§ 'i. Du Turion.
On donne le nom de turion (turio) au bourgeon
des plantes vivaces; c'est lui qui, en se développant,
produit chaque année les nouvelles tiges. Ainsi la
partie de l'asperge que nous mangeons est le turion
de la plante de ce nom. La différence entre le bour-
I 36 ORGANES DE LA VÉGÉTATION.
geon proprement dit et le iurion, c'est que ce der-
nier naît constamment d'une racine vivace, c'est-à-
dire que son origine est toujours souterraine, tandis
que l'autre naît toujours sur une partie exposée à
Pair et à la lumière.
§ 3. Du Bulbe (i).
Le bulbe (bulbus, i) est une sorte de bourgeon
appartenant à certaines plantes vivaces , et particu-
lièrement aux Monocotyiédons. Nous avons déjà vu,
en parlant des racines bulbifères, qu'il était supporté
par une espèce de plateau solide , horizontal , inter-
médiaire à lui et à la véritable racine. C'est à ce
tubercule aplati que sont fixées par leur base les
écailles charnues qui forment le bulbe à l'extérieur.
L'intérieur renferme les rudimens de hampe et des
feuilles. Ces écailles sont d'autant plus épaisses,
charnues et succulentes, qu'on les observe plus à
l'intérieur du bulbe; les plus extérieures, au con-
traire, sont sèches, minces et comme papyracées.
Tantôt ces écailles sont d'une seule pièce, et s'em-
boîtent les unes dans les autres, c'est-à-dire qu'une
seule embrasse toute la circonférence du bulbe ,
comme dans l'ognon ordinaire [Allium Cepa) , la
jacinthe (Hyacinthus orientalis). On les nomme alors
(i) Bidbus , i, étant masculin en latin , et tiré d'un mot grec
(Bo).ëoç) également masculin, nous avons cru devoir lui conserver,
le même genre en français.
BOURGEONS. î 3*]
bulbes en tuniques {bulbi tunicati). (Voyez pi. î ,
fig. 7, 7 a.)
D'autres fois ces écailles sont plus petites , libres
par leurs cotés, et ne se recouvrent qu'à la manière
des tuiles d'untoît. Par exemple, dans le lis [Lilium
candidum). Ils constituent dans ce cas les bulbes
êcailleux {bulbi squamosi , imbricati). (Voy. pi. a,
fig. 11.)
Enfin quelquefois les tuniques qui constituent le
bulbe sont tellement serrées et confondues , qu'on
ne peut les distinguer, et qu'il paraît formé d'une
substance solide et homogène. Ce bulbe porte alors
le nom de solide {bulbus solidus). Par exemple
dans le safran (Crocus satwus),\e colchique [Colchi-
cum autumnale) , le glayeul [Gladiolus commuais).
C'est ici que nous ferons remarquer le passage
insensible du bulbe proprement dit au véritable tu-
bercule. C'est ici que nous trouverons en même
temps la preuve et la confirmation du principe que
nous avons précédemment énoncé , savoir : que les
tubercules, regardés pendant si long-temps comme
des racines, ne sont que de véritables bourgeons. En
effet, personne ne conteste que l'on ne doive regarder
comme des bourgeons les bulbes à tuniques et les
bulbes êcailleux , même les bulbes solides de la tu-
lipe et du colchique. Or, nous le demandons, quelle
différence y a-t-il entre ces bourgeons solides et les
deux tubercules des Orchidées , ceux de la pomme
de terre? Si, dans un cas, l'on a appliqué un nom à
lundi ces organes, pourquoi en donnerait -on un
l38 OROANFS U!: LA VÉGÉTATION.
autre à une partie absolu ment analogue par sa struc-
ture et ses usages (i)?
Le bulbe est tantôt simple, c'est-à-dire formé Ù un
seul corps, comme la tulipe, la scille.
Ou bien il est multiple, c'est-à-dire que sous une
même enveloppe on trouve plusieurs petits bulbes
réunis, auxquels on donne le nom de cayeux. Par
exemple dans l'ail [Allium sativunî).
Les bulbes, étant les bourgeons de certaines plantes
vivaces, doivent se régénérer chaque année. Mais
cette regénération n'a pas lieu de la même manière
dans toutes les espèces. Quelquefois les nouveaux
bulbes naissent au centre même des anciens, comme
dans Pognon ordinaire {Allium Cepd)', d'autres fois,
de la partie latérale de leur substance, comme dans
le colchique, Y Oriiithogalum minimum, etc.; on bien,
les nouveaux se développent à coté des anciens ,
comme dans la tulipe, la jacinthe; ou au-dessus d'eux,
dans le glayeul, ou au-dessous, dans un grand nombre
d'Ixia, etc.
A mesure qu'un bulbe pousse la tige qu'il renferme,
les écailles extérieures diminuent d'épaisseur, se fanent
et finissent par se dessécher entièrement. Elles pa-
raissent donc, fournir à la jeune tige une partie des
matériaux nécessaires à son développement.
(i) Dans les bulbes solides , le plateau n'est plus distinct du reste
de la substance. Ne pourrait-on pas admettre , dans ce cas , que
c'est la substance du plateau , qu'on regarde comme un véritable
tubercule, qui a pris un accroissement extraordinaire, et a recou-
vert tout le bourgeon ?
BOURGEONS. 1 39
Le bouton central qui occupe la partie supérieure
du stipe des Palmiers, et qui de toules parts est en-
vironné des pétioles persistans des feuilles précé-
dentes, peut en quelque sorte être regardé comme
une sorte de bulbe porté sur une tige plus ou
moins considérable, qui l'élève beaucoup au-dessus
de la racine. Il en est de même de la prétendue tige
des Bananiers.
§ 4- Des Tubercules.
Les tubercules {tuberciiki) sont de véritables bour-
geons souterrains , appartenant à certaines plantes
vivaces. Nous ne reviendrons point ici sur ce que
nous avons déjà dit toucliant la nature des tuber-
cules ; nous ne rapporterons point de nouveau les
faits et les raisons qui nous ont déterminé à regar-
der ces excroissances charnues comme de véritables
bourgeons.
Ils sont tant-it simples, et ne développent qu'une
seule tige, comme dans les Orcbis.
Tantôt multiples, c'est-à-dire plusieurs réunis en-
semble et coanme agglomérés , dont chacun pousse
une tige particulière , comme dans la Saxifrage gre-
nue ( Saxifraga granulata ).
Tantôt, composés , c'est-à-dire que d'un tubercule
simple il sort plusieurs tiges , comme dans la Pomme
de terre.
§ 5. Des Bulbilles.
On nomme bulbilles ( bulbilli des espèces de
J/JO ORGANES DE LA. VÉGÉTATION.
petits bourgeons solides ou écailleux , naissant sur
différentes parties de la plante, et qui peuvent avoir
une végétation à part, c'est-à-dire que, détachés de
la plante-mère , ils se développent et produisent un
végétal parfaitement analogue à celui dont ils tirent
leur origine. Les plantes qui offrent de semblables
bourgeons portent le nom de vivipares (Plcmtœ
■viviparœ ).
Us existent, ou bien dans l'aisselle des feuilles,
comme ceux du Lis bulbifère \JLilium bulbiferum).
Dans ce cas, ils sont dits axillaires.
D'autres fois enfin ils se développent à la place
des fleurs-, comme dans Y Ornithogalum viviparum ,
YAllium carinatum , etc.
On a dit aussi que les bulbilles pouvaient quel-
quefois se développer dans l'intérieur du péricarpe
et occuper la place des graines. Mais nous avons fait
voir i^Ânn. des Sciences nat., 1824) que ces pré-
tendus bulbilles ne sont autre chose que les véritables
graines, qui ont acquis, souvent aux dépens du pé-
ricarpe lui-même, un développement extraordinaire.
Mais leur organisation intérieure reste absolument
la même.
La nature des bulbilles est semblable à celle des
bulbes proprement dits. Tantôt ils sont écailleux,
comme dans le Lilium bulbiferum , tantôt solides et
compactes.
On doit regarder comme de véritables bulbilles
les petits corps qui se développent dans différentes
parties des plantes agames , telles que les Fougères,
fiOURGi-ONS. l/|I
les Lycopodiacées , les Mousses, les Lichens, etc.,
et que Ton a fort improprement nommes des graines.
Quoique ces corps, que nous nommons spondes ,
soient susceptibles de reproduire une plante ana-
logue à celle dont ils se sont détachés , on ne peut
les confondre avec les véritables graines. En effet,
la caractère essentiel de la graine est de renfermer
un embryon, c'est-à-dire un corps complexe de sa
nature , composé d'une radicule ou rudiment des ra-
cines, d'une gemmule ou germe de la tige, et d'un
corps cotvlédonaire. Par l'acte de la germination ,
l'embryon proprement dit ne fait que développer
les parties qui existaient déjà en lui toutes formées.
Ce n'est pas la germination qui leur donne naissance;
elle ne fait que les mettre dans une circonstance
propre à leur accroissement. Dans les bulbilles, au
contraire, et surtout dans les sporules des Agames,
il n'y a pas d'embryon. Il n'y existe nulle trace de
radicule, de cotylédons et de gemmule. C'est la ger-
mination qui crée ces parties. Ce ne sont donc pas
de véritables graines.
Usages des Bourgeons , des Bulbes , etc.
Plusieurs bourgeons sont employés dans l'écono-
mie domestique comme alimens : tels sont , par
exemple , les turions de l'Asperge et de plusieurs
autres plantes de la même famille. Tout le monde
connaît l'emploi journalier que l'on fait des diffé-
rentes espèces du genre Allium, tels que l'Ognon
1^2 ORGANES DE LA VÉGÉTATION.
commun (Allium cepa ) , F Ail {Albuiin satwunï), le
Poireau {^Allium pomun) , rÉchalotte ÇAllùim as-
valonicum) , etc.
La thérapeutique emploie aussi les bourgeons ou
bulbes de quelques végétaux. Ainsi c'est avec les
bourgeons de la Sapinette (Pinus picea), infusés
dans la bière , que se prépare la bière -sapinette.
Les squames du bulbe de la Scille (Scilla maritima
sont un puissant diurétique. On remploie également
comme excitant l'organe pulmonaire. L'Ail, comme
on sait, est un excellent anthelminthique , etc.
CHAPITRE IV.
DES FEUILLES (l).
Avant leur entier développement , les Feuilles
sont toujours renfermées dans des bourgeons. Elles
y sont diversement arrangées les unes à l'égard des
autres , mais toujours de la même manière , dans
toutes les plantes de la même espèce, souvent du
même genre , quelquefois même de toute une famille
naturelle.
Cette disposition des feuilles dans le bourgeon a
reçu le nom de Pré foliation. On peut souvent en
tirer de fort bons caractères pour la coordination des
genres en familles naturelles.
(i) Folia, la t.; cpuXÀa , gr.
FEUILLES. l43
Les modifications principales des feuilles ainsi
disposées sont les suivantes:
i° Elles peuvent êtèe plièes en longueur, moitié
sur moitié, c'est-à-dire que leur partie latérale
gauche est appliquée sur la droite, de manière que
leurs bords se correspondent parfaitement de chaque
coté , comme dans le svringa {Philadelphus corona-
rius )
i° Elles peuvent être plièes de haut en bas, plu-
sieurs fois sur elles-mêmes , comme dans l'aconit {Aco-
nit wn Jiapellus).
3° Elles peuvent être p lissées , suivant leur lon-
gueur, de manière à imiter les plis d'un éventail ,
comme celle des groseillers, de la vigne, etc.
4° Les feuilles peuvent être roulées sur elles-mêmes
en forme de spirale, comme dans certains figuiers,
dans l'abricotier , etc.
5° Leurs bords peuvent être roulés en dehors ou
en dessous : telles sont celles du romarin.
6° D'autres fois ils sont roulés en dedans ou en
dessus, comme celles du peuplier, du poirier, etc.
70 Enfin les feuilles peuvent être roulées en crosse
ou en volute; c'est ce qui a lieu , par exemple, dans
toutes les plantes de la famille des Fougères.
Etudions maintenant les feuilles quand elles se
sont développées.
Les feuilles sont des expansions membraneuses,
ordinairement planes, verdâtres, horizontales, nais-
sant sur la tige et les rameaux, ou partant immédia-
tement du collet de la racine. Par les pores nombreux
l44 ORGANES DE LA VÉGÉTATION.
qu'elles présentent à leurs surfaces, les feuilles
servent à l'absorption et à l'exhalation des gaz
propres ou devenus inutiles à la nutrition du végétal.
Les feuilles semblent formées par l'épanouisse-
ment d'un faisceau de fibres provenant de la tige. Ces
fibres, qui sont des vaisseaux, en se ramifiant diver-
sement, constituent une sorte de réseau, qui repré-
sente en quelque manière le squelette de la feuille,
et dont les mailles sont remplies par un tissu cellu-
laire, plus ou moins abondant, qui tire son origine
de l'enveloppe herbacée de la tige.
Lorsque le faisceau de fibres caulinaires, qui, par
son épanouissement doit constituer la feuille, se di-
vise et se ramifie aussitôt qu'il se sépare de la tige,
la feuille lui est alors attachée sans le secours d'au-
cun support particulier, et est désignée sous le nom
de feuille sessile (Jolium sessile ) , comme dans le
pavot.
Si, au contraire, ce faisceau se prolonge avant de
s'étendre en membrane, il forme alors une espèce
de pédicelle , nommée communément queue de la
feuille, et auquel on donne, en botanique, le nom
de pétiole (petiolus). Dans ce cas, la feuille est dite
pètiolée {folium petiolatum )\ par exemple, dans le
tilleul, le tulipier, le marronnier d'Inde, etc.
Cette disposition étant la plus générale, on peut
considérer la feuille comme formée de deux parties;
savoir, \ç pétiole et le disque ou limbe, c'est-à-dire
cette partie le plus souvent plane et verdâtre, qui
constilue la feuille proprement dite.
FEUILLES. l/j5
On distingue à la feuille une face supérieure or-
dinairement plus lisse, plus verte, couverte d'un
épiderme plus adhérent et offrant moins de pores
corticaux; une face inférieure, d'une couleur moins
foncée, souvent couverte de poils ou de duvet, dont
l'épiderme est plus lâchement uni à la couche her-
bacée, présentant un grand nombre de petits pertuis,
qui sont les orifices des vaisseaux intérieurs du vé-
gétal. Aussi est-ce surtout par leur face inférieure
que les feuilles absorbent les fluides qui s'exhalent de
la terre, ou qui sont répandus et mêlés dans l'atmo-
sphère.
On distingue aussi dans la feuille : sa base, ou la
partie par laquelle elle s'attache à la tige ; son som-
met, ou le point opposé a la base; sa circonférence,
ou la ligne qui détermine extérieurement sa surface.
La face inférieure de la feuille est encore re-
marquable par un grand nombre de prolongemens
saillans disposés en divers sens , qui ne sont que des
divisions au pétiole, et qu'on appelle nervures (nervi).
Parmi les nervures , il en est une qui offre une
disposition presque constante. Elle fait suite au pé-
tiole, offre ordinairement une direction longitudi-
nale, et divise la feuille en deux parties latérales assez
souvent égales entre elles. Elle a reçu le nom de cote
ou nervure médiane. C'est de sa base et de ses par-
ties latérales que partent en différens sens, et en
s'anastomosant fréquemment entre ell-es, les autres
nervures.
Suivant leur épaisseur et la saillie qu'elles forment
1 o
1 4<3 ORGANES DE LA VÉGÉTATION.
à la face inférieure de la feuille, les nervures prennent
différens noms. Elles conservent celui de nervures
proprement dites (nervi) quand elles sont saillantes
et très -prononcées : on les appelle veines (yenœ),
lorsqu'elles le sont moins ; enfin les dernières ramifi-
cations des veines, qui s'anastomosent fréquemment,
et constituent, à proprement parler, le squelette de
la feuille, sont appelées veinules (venulœ).
lues nervures, malgré la ressemblance de leur nom,
n'ont aucune analogie de structure ou d'usage avec
les nerjs des animaux. Ce sont des faisceaux de
vaisseaux poreux, de traclièes et de fausses tra-
chées, enveloppés d'une certaine quantité de tissu
cellulaire.
Quelquefois les nervures se prolongent au delà de
la circonférence du disque de la feuille , et forment
alors, quand elles ont une certaine rigidité, des
épines plus ou moins acérées, comme on le voit, par
exemple, dans le houx (Ilex aquifolium).
La disposition des nervures sur les feuilles mérite
la plus grande attention. En effet, elle peut servira
caractériser certaines divisions des végétaux. Ainsi,
par exemple, dans la plupart des Monocotjlédons ,
les nervures sont presque toujours simples, peu ra-
mifiées, et souvent parallèles entre elles (i). Dans les
Dicolylédons , elles peuvent offrir cette disposition ;
mais elles sont le plus fréquemment très-ramifiées et
anastamosées entre elles.
(1) Les Aroïdées font exception à cette règle presque constante.
FEUILLES. l47
On peut rapporter aux suivantes les variétés les
plus remarquables de la disposition des nervures:
i°Les nervures peuvent partir toutes de la base
de la feuille, et se diriger vers son sommet, sans
éprouver de division sensible : par exemple, dans un
grand nombre de plantes monocotylédonées.
Les feuilles qui présentent une semblable dispo-
sition sont appelées feuilles basinerves ou digili-
nerves {Jblia basinervia , digitinervia).
i° Quand, au contraire, les nervures naissent des
cotés de la nervure médiane, et se dirigent, soit ho-
rizontalement, comme dans le bananier (Musa para-
disiaeà), soit obliquement vers son sommet, comme
dans X Amomum Zerumbet , les feuilles prennent le
nom de latérinerves ou penninerves (Jblia laleri-
nervia , penninervia ) .
3° Enfin , si les nervures naissent à la fois de la
base et des parties latérales de la nervure médiane,
les feuilles sont dites alors mixlinerves {Jblia mix-
tinervia) , comme on l'observe dans beaucoup de
Nerpruns.
Toutes les autres dispositions que les nervures
des feuilles sont susceptibles d'offrir peuvent se
rapporter à quelqu'un des trois types principaux que
nous venons d'établir, ou n'en sont, que de légères
modifications.
Une feuille, sessiie ou pétiolée, peut être fixée
de différentes manières à la tige ou aux branches
qui la supportent. Quelquefois elle y est simplement
articulée , c'est-à-dire qu'elle ne fait pas immédiate-
l/|8 ORGANES DE LA. VEGETATION.
ment corps avec elles par toute sa base , mais y est
simplement fixée par une sorte de rétrécissement ou
d'articulation, comme dans le platane, le marronier
d'Inde. Ces feuilles sont alors caduques, et tombent
de très-bonne heure.
D'autres fois la feuille est tellement unie à la tige,
qu'elle ne peut s'en séparer sans déchirure. Dans ce
cas ces feuilles persistent aussi long-temps que les
branches qui les supportent, comme dans le lierre, etc.
La manière dont les feuilles sessiles sont attachées
à la tige mérite également d'être étudiée.
Ainsi quelquefois la nervure médiane s'élargit, et
embrasse la tige, dans environ la moitié de sa circon~
férencé. Les feuilles sont alors apelées semi-amplexi-
caùles {Jblia semi-amplexicaulia).
On dit au contraire de la feuille qu'elle est am-
plexicaide (Jblium ample xicaule) quand elle em-
brasse la tige dans toute sa circonférence ; par
exemple, dans le salsifis sauvage (T?'agopogon pra-
tensè), le pavot blanc {Papaver somnijerum), etc.
Souvent encore la base de la feuille se pro-
longe en formant une gaine , qui circonscrit entiè-
rement la tige, et l'enveloppe dans une certaine
longueur. Dans ce cas , ces feuilles sont nommées
engainantes [Jblia vaginantia ), comme dans les
Graminées , les Cypéracées , etc. Cette gaine peut
être regardée comme un pétiole très - élargi , dont
les deux bords se sont quelquefois soudés pour for-
mer une espèce de tube. Le point de réunion du
limbe de la feuille et de la gaine a reçu le nom de
EEUÏLL1LS. l/|()
collet. Tantôt il est nu, tantôt garni de poils, comme
clans le Poapilosa, ou d'un petit appendice mem-
braneux nommé ligule ou cailure; c'est ce que Ton
observe principalement dans les Graminées. La forme
de la ligule est très -variée dans les différentes es-
pèces, et fort souvent elle est employée comme un
bon caractère spécifique.
La gaîne est ordinairement entière; d'autres fois
elle est fendue longitudinalement ; ce caractère dis-
tingue, à très-peu d'exceptions près, la famille des
Graminées de celle des Cypéracées ; les premières
ayant en général la gaîne fendue , tandis qu'elle est
entière dans les Cypéracées.
Quelquefois le limbe de la feuille, au lieu de se
terminer à son point d'origine sur la tige , se pro-
longe plus ou moins bas sur cet organe, où il forme
des espèces d'ailes membraneuses. Dans ce cas, les
feuilles sont dites décurrentes {Jblia decurrentia),
et la tige est appelée ailée (caulis alatus), comme
dans le bouillon blanc (Verbascum T/iapsus), la
grande consoude (Symphytum officinale) , etc.
On nomme feuille perfolièe (Jblium perjbliatum)
celle dont le disque est en quelque sorte traversé
par la tige, comme dans le Bupleurum rolundijo-
lium, etc. (Voyez pi. 3, fig. 1 1.)
On a donné le nom de feuilles confiées ou con-
jointes (Jblia connecta , coadnata) aux feuilles op-
posées qui se réunissent ensemble par leur base de
manière que la tige passe au milieu de leurs limbes
soudés. Telles sont les feuilles supérieures du cbèvre-
l5o ORGANES DE LA VEGETATION.
feuille [Lonicera caprifoliurn) , celles du chardon
à foulon [Dipsacus Jiillonurri) , de la saponaire (Sa--
ponaria offîcinalis). (Voy. pi. 3, fi g. 10.)
On appelle feuille simple (Jblium simplex) celle
dont le pétiole n'offre aucune division sensible, et
dont le limbe est formé d'une seule et même pièce;
par exemple, le lilas, le tilleul, l'orme, etc. (Voyez
toutes les fig. de la pi. 3.)
La feuille composée, au contraire {Jblium com-
positum) , résulte de l'assemblage d'un nombre plus
ou moins considérable de petites feuilles isolées et
distinctes les unes des autres , qu'on appelle folioles,
toutes fixées ou réunies sur les parties latérales, ou
au sommet d'un pétiole commun, qui, dans le pre-
mier cas, porte le nom de rachis. Chaque foliole
peut être sessile sur le rachis , c'est-à-dire attachée
par la base seulement de sa nervure moyenne; ou
bien elle peut être portée sur un petit pétiole parti-
culier, qui prend le nom de pétiolule. Telles sont les
feuilles de l'acacia, du marronnier d'Inde, etc. (Voyez
les fig. de la pi. 4-)
On distingue les feuilles composées , en articulées,
et en non articulées. Les premières sont celles dont
les folioles sont fixées au pétiole commun , au
moyen d'une sorte d'articulation, susceptible de mo-
bilité, comme on l'observe dans l'acacia, les casses,
et en général dans la plupart des plantes de la fa-
mille des Légumineuses. Ce sont les seules dans les-
quelles ait lieu le phénomène que Linnœus désigne
sous le nom de sommeil des feuilles , les autres, qui
FEUILLES. j5l
sont privées d'articulations , ne le présentant pas.
Entre la feuille simple et la feuille composée il
existe une série de modifications qui servent en
quelque sorte à établir le passage insensible de Tune
à l'autre. Ainsi il y a d'abord des feuilles déniées ;
d'autres qui sont divisées jusqu'à la moitié de leur
profondeur en lobes distincts; d'autres enfin dont
les incisions parviennent presque jusqu'à la nervure
médiane, et simulent ainsi une feuille composée.
Mais il sera toujours facile de les bien distinguer de
la feuille vraiment composée , en remarquant que
dans celle-ci on pourra détacher chacune des pièces
dont elle est formée sans endommager aucunement
les autres; tandis que dans une feuille simple, quelque
profondément divisée qu'elle soit , la partie foliacée,
ou le limbe de chaque division , se continue à sa base
avec les divisions voisines, en sorte qu'on ne peut en
séparer une sans déchirer les deux autres, entre les-
quelles elle se trouve placée (i).
Toutes les feuilles d'une plante ne présentent pas
toujours une forme parfaitement semblable. Il y a
même à cet égard, dans certains végétaux, une dif-
férence des plus marquées. Ainsi tout le monde a
dû observer que le lierre [Hedera Hélix) offre des
(i) On peut encore reconnaître une feuille composée en ce
que chacune de ses folioles a une base rétrécie , et ne s'attache au
rachis que par sa nervure moyenne ou le pétiole qui le continue ;
tandis qu'une feuille simple, même profondément divisée, s'y at-
tache toujours par une portion plus ou moins large de sa partie
foliacée.
132 ORGANES DE LA VÉGÉTATION.
feuilles entières, et d'autres qui sont profondément
lobées. En général, les plantes qui ont des feuilles
partant immédiatement de la racine, et d'autres nais-
sant des différens points de la tige, les ont rarement
semblables. La valériane phua les feuilles radicales
découpées latéralement, tandisque les feuilles de sa
tige sont entières.
Les feuilles varient encore suivant le milieu dans
lequel elles végètent. Les plantes aquatiques ont or-
dinairement deux epèces de feuilles; les unes nageant
à la surface de l'eau, ou un peu élevées au-dessus de
son niveau; les autres, au contraire, constamment
plongées dans ce liquide. Ainsi, par exemple, la re-
noncule aquatique [Ranunculus aquatilis ) a des
feuilles lobées qui surnagent, etdes feuilles divisées
en lanières extrêmement étroites et très-nombreuses,
plongées dans l'eau. 11 en est de même d'un grand
nombre d'autres plantes analogues.
Nous allons considérei' maintenant les nombreuses
modifications &e forme, de direction, de nature, etc.,
que peuvent présenter la feuille simple et la feuille
composée.
§ i . De la Feuille simple.
A. Relativement au lieu d'où elles naissent, les
feuilles sont :
i° Séminales [folia scminalia); quand elles sont
formées par le développement du corps cotylédo-
naire. D'après cela, on voit qu'il peut en exister une
FKUILLES. 1 53
ou deux, très -rarement un plus grand nombre.
(Voyez pi. 7, fig. i4, bb.)
i° Primordiales (fol. primordialia ); ce sont les
premières qui se développent après les feuilles sémi-
nales. Elles sont formées par les deux folioles exté-
rieures de la gemmule. (Voyez pi. 7, fig. j4> oc.)
3° Radicales (fol. radicalia), celles qui naissent
immédiatement du collet de la racine, comme dans
le plantain (Plantago major), le pissenlit (Taraxa-
cum dens leonis), etc.
4° Caulinaires (fol. caulinaria) , celles qui sont
fixées sur la tige.
5° Ramaires (fol. ramealia , ramea), quand elles
naissent sur les rameaux.
6° Florales {fol. foralia), celles qui accom-
pagnent les fleurs et sont placées à leur base, mais
qui n'ont pas changé de forme ni de nature ; comme
dans le chèvrefeuille. Quand la forme des feuilles
florales diffère beaucoup de celles des autres feuilles,
elles portent alors le nom de bractées. Nous parle-
rons bientôt des bractées, en traitant des organes
floraux.
B. Suivant leur disposition sur la tige ou les ra-
meaux, elles sont :
i° Opposées (fol. opposita), disposées une à une
à la même hauteur sur deux points diamétralement
opposés de la tige ; comme dans la sauge (Salvia
offcinalis) et toutes les Labiées, la véronique (Ve-
ronica officinalis) , etc.
I 54 ORGANES DE LA VEGÉTATIOIY.
On dit des feuilles qu'elles sont opposées en
croix (cruciatîm opposita, s. decussata), quand lés
paires de feuilles superposées se croisent de manière
à former des angles droits, comme dans l'épurge
( Ettphorbia lathyris).
i° Alternes {fol. alterna), naissant, seule à seule,
en échelons et à des distances à peu près égales, sur
différens points de la tige, comme dans le tilleul
( Tllia europœa ).
3° Éparses {fol. sparsa), quand elles n'affectent
aucune disposition régulière , et qu'elles sont en
quelque sorte dispersées sans ordre sur la tige , comme
dans la linaire {Linaria vulgaris), etc.
4° Verticillèes {fol. verticillata ) , lorsqu'elles
naissent plus de deux à la même hauteur autour de
la tige, ou sur les rameaux , comme dans le laurier-
rose {JSerium oleander), la garance {Rubia tlncto-
rum), etc.
Suivant le nombre des feuilles qui forment chaque
verticille, on dit qu'elles sont :
Ternées {fol. tertio) , quand le verticille est formé
de trois feuilles, comme dans la verveine à odeur de
citron {Verbena triphylla); le laurier- rose, etc.
Quaternées {fol. quaterna) , quand le verticille
est composé de quatre feuilles; par exemple, dans
la croisette {Valantia cruciata).
Quittées {fol. quitta), verticille de cinq feuilles:
plusieurs caille-laits, le Myriophyllum verticillatum.
Senées {fol. sena), verticille de six feuilles,
comme dans le Galium ullginosum.
FEUILLES. 1 55
Octonées {fol. octona), verticille de huit feuilles:
par exemple, celle de l'aspérule odorante {Asperula
odorata).
5° Géminées {fol. gemma), naissant deux à deux,
l'une à côté de l'autre, du même point de la tige.
La belladone {Atropa Belladona), l'alkekenge {Phy-
saâ's Alkekengi).
6° Distiques {fol. disticha), disposées sur deux
rangs opposés l'un à l'autre, comme darfs l'orme
(Uhnus campestris), le laurier-cerise {Ccrasus lauro-
cerasus).
7° Unilatérales {fol. unilateralia), quand elles
sont tournées toutes d'un seul et même côté; par
exemple, le Convallaria multiflora ', etc.
8° JScartées (fol. remota), quand elles sont très-
éloignées les unes des autres.
9° Happrochées {fol. approximata , cor fer ta),
naissant aune très-petite distance les unes des autres.
(Ces deux expressions ne s'emploient jamais isolé-
ment; elles servent toujours à exprimer une compa-
raison avec d'autres espèces connues. )
io° Imbriquées {fol. imbricata), quand elles se
recouvrent en partie, à la manière des tuiles d'un
toit, comme dans certaines espèces d'aloës, le
Thuya, etc.
On dit des feuilles imbriquées qu'elles sont bisé-
riées, quand elles sont disposées sur deux lignes lon-
gitudinales.
Trisériées {fol. triseriata), disposées sur trois
rangées longitudinales.
1 56 ORGANl-S DR LA VÉGÉTATION.
Quadrisèrièes ( fol. quadriseriata ) , formant
quatre séries longitudinales ; telles sont celles du
thuya.
Enfin on dit qu'elles sont imbriquées de tous côtés ,
quand elles n'offrent aucun ordre régulier.
1 1 ° Fasciculées (fol.fasciculata), naissant plus
de deux ensemble du même point de la tige, comme
dans le cerisier (Cerasus commitnis), le mélèse
( Larix vulgaris), l'épine vinette (Berberis vulga-
risa, etc.
ii° Couronnantes (fol. coronantia, terminan-
tia), réunies en forme de bouquet, au sommet de
la tige , comme dans les palmiers , le papayer ( Ca-
rica Papaya ).
1 3° Roselèes ou en rosette (fol.rosulatà), alternes
et rapprochées en forme de rosaces, comme dans la
joubarbe (Sempervivum tectorurn) , le pissenlit, etc.
C. Quant à leur direction, relativement à la tige,
les feuilles sont :
i ° Dressées (fol. erecta ), formant un angle très-
aigu avec la partie supérieure de la tige, comme
dans la massette ( Typha latifolia ).
i° opprimées (fol. adpressa), quand le limbe
de la feuille est appliqué sur la tige.
3° Étalées ou ouvertes (patentia), quand elles
forment avec la tige un angle presque droit, comme
dans le lierre terrestre (Glechoma hederacea), l'an-
drosème (Hjpericum androsœmum*), etc.
4° Infléchies (fol. inflexa ) , quand elles sont fié-
FEUILLES. 1 5^
oliies en dedans, comme celles de plusieurs Mal-
vacées.
5° Involutèes {fol. involuta), lorsqu'elles sont
roulées en dedans ; telles sont celles des Fougères.
6° Réfléchies {Jbl. refle.xa) , celles qui sont ra-
battues brusquement en dehors, comme dans VInula
pulicaria , le Dracœna reflexa , etc.
70 Rèvolutèes {fol. revoluta), roulées en dehors.
8° Pendantes {fol. pendentict) , celles qui s'a-
baissent presque perpendiculairement vers la terre,
comme dans le liseron des haies ( Convolvulus se-
pium ), le daphné lauréole {Daphne laureola).
90 Inverses {fol. inversa}, quand le pétiole se
tord de manière que la face inférieure devient su-
périeure, comme dans le Pharus.
io° Hwnifuses {fol. Jtumifusa'), quand elles
sont radicales, molles et étalées sur la terre, comme
dans la pâquerette {Bellis peren/lis).
1 1 ° Nageantes {fol. /latantia) , se soutenant sur
l'eau, le nénuphar [Njmphœa alba).
1 20 Submergées {fol. subînersa, demersa), cachées
sous l'eau; celles de YHottonia palustris.
i3° Emergées {fol. emersa), quand leur point
d'attache est sous l'eau, et que leur pétiole les élève
au-dessus du liquide, comme celles du plantain
d'eau {Alisma Plantago), de la sagittaire {Sagittaria
sagittafolia ).
D. Circonscription, ou figure.
i° Orbiculées {fol. orbiculata) , celles dont la cir-
1 58 ORGANES DE LA VÉGÉTATION.
conférence approche de la ligure d'un cercle, comme
l'écuelle d'eau ( Hydrocotyle vulgaris). ( Voy. pi. 3 ,
H- 9-)
2° Ovales (i) {fol. ovalia), allongées, arrondies
aux deux extrémités, l'extrémité inférieure étant plus
large. Exemples : l'aunée {Initia helenium), le mou-
ron des oiseaux {Alsine média), la grande pervenche
[Finca major). Voy. pi. 3, fîg. i.)
3° Obovales (2) {fol. obovalia), la précédente
renversée , c'est-à-dire que la grosse extrémité est
tournée en haut, comme dans la busserole ( Arbutus
uva ursi\ le Samolus valerandi, etc.
4° Elliptiques (3) {fol. elliptica) , allongées , les
deux bouts arrondis et égaux entre eux, comme
dans le muguet {Convallaria maîalis). (Voy. pi. 3,
fig. 2.)
5° Oblongues {oblonga), elliptiques très-allongées
et étroites.
6° Lancéolées {fol. lanceolata) , oblongues et
finissant insensiblement en pointe vers leur sommet
(Plantago lanceolata), le laurier -rose {Nerium
oleander), le pêcher {A mygdalus persica).
n° Linéaires {fol. linearia), lancéolées, mais très-
étroites ; la plupart des Graminées.
8° Rubanaires ou en ruban {fol.fasciaria, gra-
(1) La figure ovale est celle qu'on obtient par la section oblique
d'un cône.
(a) Obovalia , par abréviation de obversè ovalia.
(3) La figure elliptique est celle que l'on obtient par la section
oblique d'un cylindre.
FEUILLES. 1 5().
minca), un peu plus larges que les précédentes,
mais bien plus allongées, la Vallisneria spiralis , le
Typlia latifolia.
g° Subulèes ou en alêne (fol. subulata), très-
ètroites à leur base, et rétrécies insensiblement en
une pointe aiguë au sommet : le genévrier (Juni-
perus communis).
io° Aciculèes et sêlacées (fol. acicularia, seta-
cea), allongées, roides et aiguës, ayant quelque
ressemblance avec des aiguilles ou des soies de co-
cbon ; par exemple , celles de YAspdragus aculi-
folius, etc.
i i° Capillaires [Jol. capillarid), déliées et flexibles
comme des cbeveux : celles de l'asperge (Asparagus
offzcinalis) , etc.
ii° Filiformes (fol. fïliformia) , minces, grêles,
très -déliées comme un fil. Exemple, la renoncule
aquatique (Ranunculus aquatilis).
i3° Spatulées ou en forme de spatule (fol. spa-
lulatd) , minces, étroites à la base, larges et arron-
dies à leur sommet : la pâquerette (Bellis perennis).
(Voy.pl. 3, fig. 3.)
i4° Cuncaires , ayant la figure d'un coin (fol. eu-
neata), trés-étroites à la base, s'élargissant jusqu'au
sommet, qui est comme tronqué. Exemple : le Saxi-
fraga Iridentata , etc. (Voy. pi. 3, fig. 12.)
1 5 ° Paraboliques (fol. parabolica ) , oblongues ,
arrondies du haut, et comme tronquées du bas.
160 Falquées (fol. falcatd) , ou en fer de faux
( Bupleurum falcatum ) , etc.
iGo ORGANES DE LA VEGETATION.
17 ° lnèquilateres {fol. inœquilatera) , quand la
nervure médiane partage la feuille en deux moitiés
inégales. Par exemple , dans le tilleul , le Bégonia
obliqua, etc.
E. Les feuilles peuvent être diversement échan-
crées à leur base , ce qui leur donne des figures va-
riées. Ainsi on dit qu'elles sont :
1 ° Cordées ou en cœur, ou cordiformes {fol. cor-
data, cordifonnia ) , quand elles sont échancrées à
leur base de manière à représenter deux lobes ar-
rondis, et qu'elles se terminent supérieurement en
s'amincissant, comme dans le Tamus communiste
nénuphar, (ISyniphœa alba), elc. (Voyez pi. 3,
fig.4,5.)
Les feuilles cordiformes peuvent être en même
temps obliques ou lnèquilateres ( oblique cordata),
comme dans le tilleul , etc.
20 Rénalres ou rênif ormes, en forme de rein (re-
niformia), quand elles sont beaucoup plus larges
que hautes , et sont arrondies au sommet , et échan-
crées en cœur à la base; par exemple : l'asaret (Asa-
rum europœwn), le lierre terrestre (Glechoma he-
deracea). (Voy. pi. 3, fig. 6.)
3° Lunulées , ou en croissant (fol. lunata), ar-
rondies et divisées à leur base en deux lobes étroits.
4 ° Saglttées , ou enfer de flèche (fol. sagittatà),
quand elles sont aiguës, et que leur base est pro-
longée en deux lobes pointus , peu divergens. Ex. :
FEUILLES. l6l
la sagittaire ( Sagitlaria sagittœfolia). (Voy. pi. 3,
%• 7-)
5° Hastèes {fol. liastata ), à base prolongée en
deux lobes aigus, très-écartés et rejetés en dehors,
comme dans X Arum maculatum, etc. ( Voy. pi. 3,
fig. 8. ;
F. Les feuilles peuvent être terminées de diverses
manières à leur sommet. De là elles prennent les
noms de :
I ° Aiguës {fol. acuta), quand elles s'amincissent
insensiblement en pointe à leur sommet, comme
celles du laurier-rose. (Voy. pi. 3, fig. 4,7.)
i° Piquantes {fol. pungentia), terminées par
une pointe roide, comme dans le landier ( Ulex eu-
ropceus), le petit houx ( Paiscus aculeatus).
3 ° Acuminêes {fol. acuminata ) , quand , vers le
sommet, leurs deux bords changent de direction, et
se prolongent en se rapprochant, comme dans lecou-
drier {Coiylus Avellana) , le cornouiller ( Cornus
mascula ).
4° Mucronées { fol. mucronata ) , surmontées
d'une petite pointe, grêle et isolée, qui ne paraît pas
faire suite au sommet de la feuille: dans la joubarbe
des toits ( Sempervivum tectorwn).
5° Uncinées {fol. uncinata), terminées par une
pointe recourbée en crochet.
6° Obtuses {fol. oblusa), terme général mis en
opposition à celui de feuilles aiguës : comme celles
du Nymphœa alha, etc. { Voy. pi. 3, fig. 1, 2, 5. )
1 1
iGl ORGANES DE LA VÉGÉTAT[ON.
70 Échancrées {fol. emarginata) , offrant à leur
sommet un sinus rentrant en forme de crénelure ,
comme le buis {Buxus sempervirens^) , l'asaret (Asa-
rum europœum). ( Voy. pi. 3, fig. 6.)
8° Refuses {fol. retusa) , offrant un sinus peu
profond , comme la busserole ( Vaccininm vitis
idœa).
9° Obcordèes {fol. obeordata) (i), en cœur ren-
versé. Les folioles de l'alléluia {Oxalis acetosella).
io° Bifides {fol. apice bifida ), fendues au som-
met en deux lanières aiguës , peu profondes.
ii° Bdobées {fol. apice biloba), quand les deux,
divisions sont séparées par un sinus obtus.
\i° Bipartites {fol. apice bipartita), quand les
deux divisions sont très-profondes et aiguës.
G. Les feuilles peuvent offrir, dans leur contour,
des angles plus ou moins nombreux, plus ou moins
marqués, ce qui leur donne des figures particulières;
ainsi on les appelle :
i ° Rhomboïdales {fol. rhomboidea), quand elles
présentent quatre angles , dont deux opposés plus
aigus. Exemple : Campanula rhomboïdalis , etc.
i° Deltoïdes {fol. deltoïdea) , quand elles ont la
figure d'un rhomboïde, dont l'angle inférieur est très-
court, en sorte qu'elles paraissent comme triangu-
laires, ou approchant de la forme du delta des
(i) Obeordata. Ce mot est employé par abréviation pour obversè
coruata.
FEUTLLES. 1 63
Grecs (aj. Exemple : le Mesembryanthemum del-
toïdes.
3 ° Trapèzoïdes {fol. trapezoïdea ) , ayant la
figure d'un trapèze, c'est-à-dire d'un quadrilatère
dont les quatre côtés sont inégaux. Par exemple,
plusieurs Fougères.
4° Triangidées ( Jol. triangidata) , offrant trois
angles saillans.
5° Quadrangalèes {fol. quadrangulata).
H. Les feuilles simples , comme nous l'avons dit
précédemment, peuvent offrir des incisions plus ou
moins profondes, sans pour cela devoir être con-
sidérées comme composées. Ainsi elles peuvent être:
i° Tri/ides {fol. trifzda),
i° Quadnfides {fol. quadri/ïda) ,
3° Quinquèfides {fol. quinquefda) ,
l\° Sexfides {fol. sexfida ) ,
5° Mullifides {fol. multifida ) ,
quand elles présentent trois, quatre, cinq, six ou un
plus grand nombre de divisions étroites et peu pro-
fondes.
6° Trilobées {fol. trilobata) ,
7° Quadrilobées {fol. quadrïlobata) ,
8° Quinquélobées {fol. quinquelobata),
9° Muhilobées {fol. multilobata) ,
lorsque les divisions son : plus larges , et séparées
par des sinus obtus.
r o° Tripartites [fol. tripartitd). ( Voy. pi. 3, fig. 1 5.)
ii° Quadripartites {fol. quadripartita),
jG4 organes de la végétation.
i i° Quinquêpartites (fol. quinquepartitd). (Voy.
pi. 3, fig. 16.)
1 3° Multipartkes (fol. multipartila ) ,
si les incisions sont assez profondes pour arriver jus-
qu'aux deux tiers au moins du limbe de la feuille.
i4° Lacimées (fol. laciniata), celles dont les
divisions sont profondes et manifestement inégales ,
comme dans beaucoup de Synanthèrèes. (Voy. pi. 3,
%. 14.)
i5° Palmées (fol. palmata), quand toutes les
nervures, partant en rayonnant du sommet du pé-
tiole , se dirigent chacune vers le milieu des divisions,
comme dans le ricin (Ricinus communis). (Voyez
pi. 3, fig. 16.)
i6° Auriculèes (fol. auriculata), offrant à leur
base deux petits appendices qu'on nomme oreillettes,
comme dans la sauge officinale ( Salvia offcina-
lis), la scrofulaire aquatique ( Scrophularia aqua-
tica ) , etc.
in° Pandurèes ou Pandur formes (fol. pandu-
rata, panduriformici) , approchant de la figure d'un
violon, c'est-à-dire allongées, arrondies aux deux
extrémités et présentant deux sinus latéraux ren-
trans ; par exemple , dans le Convolvulus pandura-
tus, le Rumex pulchêr, etc.
i8° Sinuées (fol. sinuata), quand elles présentent
une ou plusieurs échancrures arrondies, ou sinus en
nombre déterminé.
190 Sinueuses (fol. sinuosa), présentant des sinus
arrondis et des saillies également arrondies et con-
FEUILLES. l65
vexes, en nombre intéterminé: dans le chêne (Quer-
eus robur).
20° Pinnatifides (fol. pinnatijîda), divisées laté-
ralement en lobes plus ou moins profonds , comme
dans le Polf podium vulgare, le Coronopus Ruellii.
i\° Interrompues (fol. interrupte- pinnatijîda) ;
ce sont celles dont les divisions supérieures sont con-
fluentes par leur base , tandis que les inférieures sont
entièrement libres ; en sorte que ces feuilles repré-
sentent supérieurement une feuille pinnatifide, et
inférieurement une feuille pinnée. Mais on ne peut
les confondre avec les feuilles vraiment composées.
ii° Pectinées, ou en forme de peigne (fol. pec-
tinata ) , feuilles pinnatifides , dont les divisions
sont étroites, rapprochées et presque parallèles. Par
exemple, dans X Achillœa pectinata.
iZ° Ljrées (fol. If rata), feuilles pinnatifides,
terminées par un lobe arrondi, beaucoup plus consi-
dérable que les autres, comme dans la benoite (Gewn
urbanuin), le radis sauvage (Raphanus Raphanis-
trum), êlc. (Voy. pi. 3 , fig. \l\ .)
'il\° Roncinèes (fol. runcinata) , feuilles pinna-
tifides, dont les lobes latéraux sont aigus et recourbés
en bas. Par exemple, celles du pissenlit ( 7 ^araxacum
dens leonis), du Prenanthes muralis, etc. (Voyez
pi. 3, fig. i3.)
/. Quant à leur contour, ou aux modifications
que présente leur bord même, les feuilles sont :
i ° Entières ( intégra ), quand leur bord se con-
l6Ô ORGANES DE LA VÉGÉTATION.
tinue sans présenter ni dents, ni incisions, ni sinus.
Exemple : la pervenche ( Vinca major), le lilas, etc.
(Voy. pi. 3, fig. 2, 3, 4, 5.)
■2° Erodées (fol. erosa ), présentant de petites
dentelures inégales, en sorte que le bord de la feuille
semble avoir été rongé par un insecte, comme celles
du Sùiapis alba, etc.
3° Crénelées (fol. crenata), dont le bord offre
des crénelures ou petites parties saillantes, arron-
dies, séparées par des angles rentrans. Par exemple,
dans le lierre terrestre (Glechoma heder-acea) , le
marrube blanc (Matrubium vulgare), la betoine
( Betonica officinalis ).
[\ Doublement crénelées (fol. duplicato-crenata),
quand chaque crénelure principale en offre de plus
petites , comme dans le Chrjsosplenium alternifo-
lium, et Y Hjdrocotjle vulgaris . (Voy. pi. 3, fig. 9. )
5° Dentées (fol. dentata), dont le bord est dé-
coupé en petites dents aiguës, ne s'inclinant ni vers
le sommet, ni vers la base de la feuille. Exemple:
l'alliaire (Erysimum Alliaria) le séneçon (Senecio
vulgaris), etc.
6° Serrées on Dentées en scie (fol. serratd), quand
les dents sont inclinées vers le sommet de la feuille,
comme dans la violette ( Viola odorata) , la viorne
(Viburnum Lantana), etc. (Voy. pi. 3, fig. t.)
70 Doublement serrées (fol. duplicalo- serratd),
dont chaque dentelure est elle-même serrée, comme
dans le coudrier (Corjlus Avellanci), l'orme (Ulmus
campes tris).
FEUILLES. 167
8° Épineuses (fol. margine spinosa), bordées
Je dents roides, aiguës et piquantes, comme dans le
houx (1 7e 'X aquifoliwn). beaucoup de chardons.
90 Ciliées (fol. ciliata), ayant le bord garni de
poils disposés en série , comme les cils des pau-
pières; par exemple, dans Y Erica tetralix , laLuzula
vernalis , etc.
K. Expansion.
Les feuilles peuvent être :
t ° Planes (fol. plana) , quand leur surface n'est
ni concave ni convexe : celles de la plupart des
plantes.
20 Convexes (fol. convexa) , quand elles sont
bombées par leur face supérieure.
3° Concaves (fol. concava), bombées par leur
face inférieure , de manière à ce que la supérieure
présente une cavité.
4° Gladiées ou Ensif ormes (fol. ensiformia) ,
comprimées fortement sur leurs parties latérales , en
sorte que leurs faces sont devenues latérales, et leurs
bords postérieur et antérieur , comme dans Y Iris
germanica , etc.
5° Striées (fol. striata), offrant des stries en dif-
férons sens.
6° Onduleuses (fol. undulosa)^ offrant des sail-
lies et des enfoncemens irréguliers, qu'on a comparés
aux ondulations de l'eau agitée. La rhubarbe ondulée
(Rheum undulatum).
l68 ORGANES DE LA VÉG^TT ION.
L. Superficie.
i° Luisantes (fol. lucida) , ayant leur surface
unie et réfléchissant la lumière : le laurier-cerise,
le lierre.
i° Unies (fol. lœvia), n'offrant aucune saillie ni
aspérité : le Nymphœa , etc.
3° Glabres (fol. glabra) , dépourvues de toute
espèce de poils : la petite centaurée (Erythrœa Cen-
taurium), le laurier-rose.
4° Pertuses (fol. pertusà) , percées de trous très-
sensibles : (Dracontium pertusunï).
5° Cancellées (fol. ca/icellata) , quand le paren-
chyme n'existe pas , et qu'elles sont simplement for-
mées par les ramifications des nervures fréquemment
anastomosées , et représentant une sorte de treillage,
comme celles de Y Hjdrogeton fenestralis .
6° Glanduleuses (fol. glandulosa), offrant à leur
surface de petites glandes.
7 ° Scabres (fol. scabva ) , rudes au toucher.
L'orme (Ulmus campes tris) , le grémil (Lithosper-
mum officinale), etc.
8° Glntineuses (fol. glutinosa), offrant, quand
on les touche, une viscosité plus ou moins grande :
Inula viscosa.
M. Pubescence. (Voyez ce que nous en avons dit
précédemment en parlant de la tige , page n^. )
TV. Consistance et tissu.
i ° Membraneuses (fol. membranacea ) , n'ayant
FEUILLES. 1 69
pas d'épaisseur sensible , molles et souples , comme
celles de la grande aristoloche (Arisiolochia Sypho).
i° Scarieuses (fol. scariosa) , minces, sèches,
demi-transparentes.
3° Coriaces (fol. coriacea) , quand elles sont
épaisses et qu'elles ont une certaine consistance :
celles du gui (Viscum album).
4° Molles ( fol. mollïa), ayant peu de solidité, et
douces au toucher: l'épinard (Spinacia oleracea) ,
la guimauve (Jlthœa offîcinalis).
5° Roides (fol. rigida ) , coriaces et résistant à la
flexion : le petit houx (Ruscus aculeatus).
6° Charnues (fol. carnosa) : la joubarbe des toits
(Sempervivum tectorurn), et en général toutes les
plantes grasses.
70 Creuses (fol. fistulosa ) : l'ognon ordinaire
(Allium Cepa).
O. Forme (1) (épaisseur ou solidité notable).
i° Ovèes (fol. ovatd), ayant la forme d'un œuf.
(1) Il ne faut pas confondre, comme on le fait très-souvent, la
forme et la figure d'un corps. La /orme ne s'entend que des corps
solides , c'esl-à-dire de ceux qui présentent l'étendue , la largeur
et l'épaissiur. La partie de la géométrie qui s'en occupe porte le
nom de stéréométrie. Le terme de figure n'est applicable qu'aux
corps plans , c'est-à-dire aux surfaces qui n'offrent que deux di-
mensions , la largeur et la longueur. On donne le nom de plani-
métrie , à la partie de la géométrie qui traite de la figure des corps
plans. Ainsi un œuf a une forme ovée : une feuille plane, repré-
sentant la section longitudinale d'un œuf, a une figure ovale. On
voit donc la nécessité de distinguer les expressions for maires des
expressions figuraires.
170 ORGANES DE LA VÉGÉTATION.
20 Qbovèes (fol. obovata), ayant la forme d'un
œuf renversé.
3° Conoïdales (fol. conoïdea), ayant la forme
d'un cône.
4° Cylindriques (fol. cylindrica, teretia), ayant
la forme d'un cylindre allongé : le Sedum album,
l'ognon.
5° Linguiform.es (fol. linguiformia) , ayant l'é-
paisseur et la forme d'une langue : la joubarbe des
toits (Sempervwum tectorum).
6° Triquèlres (fol. triquetrd), allongées en prisme
à trois faces, le jonc fleuri (Butomus umbellatus).
70 Tètragonèes (fol. tetragona), allongées en
prisme à quatre faces : Gladiolus tristis.
8° Comprimées (fol. compressa ) , épaisses , char-
nues, aplaties latéralement, ayant plus d'épaisseur
que de largeur.
P. Coloration.
i° Vertes (fol. viridia) : la plupart des feuilles.
20 Colorées (fol. colorata), d'une autre couleur
que le vert.
3° Glauques (fol. glauca): Magnolia glauca,
le chou (Brassica oleracea).
4° Discolores (fol. discolora) , quand les deux
faces ne sont pas de la même couleur. Ainsi , dans
la cymbalaire (Antirrhinum cjmbalaria), le cycla-
men (Cyclamin Europeum), la face supérieure est
verte , l'inférieure est pourprée.
5° Tachetées (fol. maculata), offrant des taches
plus ou moins considérables , d'une couleur diffé-
FEUILLES. I 7 F
rente de celle de la feuille: {Arum macula tum).
6° lucanes {fol. incana), d'un blanc pur : {Achil-
lœa incana).
Q. Pétiolation.
i° Sessiles [fol. sessilia) : le buis {Buxus sem-
pervirens), etc.
i° Pétiolées {fol. peliolald) : le platane, le poi-
rier, l'abricotier.
3° Peltées {fol. pellata), quand le pétiole s'in-
sère au centre de la face inférieure des feuilles, et
que les nervures partent de ce point, en rayonnant
vers la circonférence: comme dans la capucine {Tro-
pceolum majus), l'écuelle d'eau [Hydrocolyle vul-
garis). (Voyez pi. 3, fig. 9.)
Quand les feuilles sont pourvues d'un pétiole, il
ne faut pas négliger les caractères qu'on peut tirer
de ces différentes modifications.
Ainsi, il peut être cylindrique, comprimé, triquètre,
filiforme , court, long, etc. Nous n'avons pas besoin
de donner ici l'explication de ces expressions , que
nous avons déjà définies , pour la plupart , dans un
autre lieu.
Le pétiole peut être tordu sur lui-même, comme
dans plusieurs Cucurbitacées , etc.
Claviformc, en forme de massue {p. claviformis),
quand il est renflé d'une manière manifeste à sa
partie supérieure , comme dans la châtaigne d'eau
{Trapa natans).
Canaliculé, ou creusé en gouttière xp. canalicu-
1^2 ORGANES DE LA VÉGÉTATION.
talus), quand il est convexe à sa face externe, con-
cave du côté de la tige ; par exemple, dans beaucoup
d'Ombellfères.
Ailé (p. alatus), quand le limbe de la feuille se
prolonge sur lui de manière à former de chaque
côté un appendice membraneux. Par exemple, dans
l'oranger (Citrus Aurantiuni).
Foliforme, ou en forme de feuille (fbliformis),
quand il est large, mince, et a l'aspect d'une feuille.
Dans ce cas, il remplace fort souvent les véritables
feuilles, qui n'existent que dans les individus encore
jeunes, et tombent à une certaine époque. Ainsi les
prétendues feuilles simples des Minosa de la nou-
velle Hollande ne sont que des pétioles élargis et
foliiformes, etc. On leur a donné le nom AePhjilodes.
R. Suivant leur durée sur la tige, on distingue les
feuilles en :
i° Caduques (fol. caduca), lorsqu'elles tombent
peu de temps après leur apparition , comme celles
de beaucoup de cactus.
i° Décidues (fol. decidua), quand elles tombent
avant une nouvelle foliation : celles du marronnier ,
du tilleul , etc.
3° M arcescentes (fol. marcescenlia) , lorsqu'elles
se dessèchent sur la plante avant de tomber, comme
celles du chêne.
4° Persistantes (fol. persistentia ) , celles qui
restent sur le végétal plus d'une année. Par exemple,
dans les pins, les buis, le laurier- cerise, etc. Ces
FEUILLES. 1-73
arbres portent le nom général d'arbres toujours
verts.
§ 1. Des Feuilles composées .
La feuille vraiment composée, avons-nous dit, est
celle qui, sur un pétiole commun, porte plusieurs
petites folioles qu'on peut isoler les unes des autres.
Ces folioles sont, ou articulées sur le rachis, c'est-à-
dire attachées par un point très-rétréci de la base de
leur petit pétiole , ou continues avec lui par toute
la base de leur pétiole.
Il y a différens degrés de composition dans les
feuilles. Ainsi le pétiole commun peut être simple, ou
bien il peut se ramifier.
Quand le pétiole commun ne se ramifie pas , la
feuille est dite simplement composée. On l'appelle
feuille décomposée , quand il se ramifie.
Nous allons étudier les modifications qu'elle pré-
sente dans ces deux cas.
Les feuilles simplement composées offrent deux
modifications principales , suivant la position qu'af-
fectent les folioles qui les composent. Ainsi tantôt
toutes les folioles partent du sommet même du pé-
tiole commun, comme dans le marronnier dinde, le
trèfle, etc.; tantôt au contraire ces folioles naissent sur
les parties latérales du pétiole commun ou rachis,
comme dans le frêne, le baguenaudier, l'acacia, etc.
On a donné le nom de feuilles digilèes à la première
de ces deux modifications, et celui de pennées à la
seconde.
174 ORGANES DE LA. VÉGÉTATION.
Les feuilles digitées (fol. digitata) sont donc
celles dont toutes les folioles partent en divergeant
du sommet du pétiole commun, à la manière des
doigts de la main lorsqu'ils sont écartés.
Le nombre des folioles qui constituent les feuilles
digitées est très -variable, comme on peut le voir en
comparant ensemble les feuilles du trèfle, qui en
offrent trois, avec celles des Pavia, qui en ont cinq;
celles du marronnier d'Inde, qui en présente sept;
celles des lupins, qui en offrent un grand nombre, etc.
Aussi est-ce d'après ce nombre que l'on a divisé les
feuilles digitées en :
i° Unifoliolèes (fol. unifoliolata^) , quand elles
n'offrent qu'une seule foliole, mais qui est articulée
au sommet du pétiole. Dans ce cas, des raisons d'ana-
logie, et la présence d'une articulation font ranger
cette feuille parmi les composées. Telles sont celles
de l'oranger (Cilrus Aurantiuni) , du Rosa simplici-
folia, etc. (Voy. pi. 4, fig- i-)
i° Trifoliolèes (fol. trifoliolata ), quand elles
ont trois folioles comme le trèfle d'eau (Menyanthes
trifoUata) , l'alleluia (Oxalis acetosella). (Voyez
Pl. 4, «g. 5.)
3° Quadrifoliolèes (fol. quadrifoliolata ), com-
posées de quatre folioles (Marsilea quadrifolia).
4° Quitiquéfoliolèes (fol. quinquefoliolatd): Cis-
sus quinquefolia , Potcntilla repians , etc.
5° Seplemfoliolêes (fol. septenfoliolata), le mar-
ronnier d'Inde; etc. (Voy. pl. 4, fig- 6.)
6° Midtifoliolées [fol. multifoliolata), composées
FEUILLUS. 1^5
d'un grand nombre de folioles , comme le Lupinus
varius.
Les feuilles pennées (fol. pennata), comme nous
l'avons dit, sont celles qui, sur un pétiole commun,
portent un nombre plus ou moins considérable de
folioles, disposées sur des parties latérales à la ma-
nière des barbes d'une plume sur leur tige com-
mune; telles sont celles de l'acacia ( Robinia pseudo-
acacia}, du frêne {Fraxinus excelsior). (Voyez
pl.4,%3.)
Les folioles d'une feuille pennée peuvent être
opposées l'une à l'autre et disposées par paire; dans
ce cas, on dit qu'elles sont oppositi-pennèes ; ou bien
ses folioles sont alternes , et les feuilles sont dites
alternait- pennées.
Les feuilles oppositi-pennèes sont également ap-
pelées conjuguées. On dit qu'elles sont :
i° Unijuguées {fol. unijugata), quand le pétiole
commun porte une seule paire de folioles, comme
dans le Lathjrus latifolius , le Lathyrus sylves-
tris, etc. ( Voy. pi. 4-> fig- 4* )
i° Bij agitées {fol. bijugata), composées de deux
paires de folioles, comme dans certains Mimosa.
(Voy. pi. 4. fig. a.)
3° Trij Baguées (fol. trijugata), composées de trois
paires de folioles, comme celles de VOrobus tube-
rosus.
4° Quadrijuguèes ( fol. quadrijugata ).
5° Quinquèj uguées (fol. quiiiquejugatri) , comme
celles de la casse ( Cassiafist.ula ).
1 -76 ORGANES DE LA VEGETATION.
6° Multij uguées (fol. multijugata) , quand les
paires de folioles sont en nombre indéterminé,
comme celles de la fausse réglisse ( Astragalus gly-
cyphyllos ) , la Vicia cracca, etc.
Les feuilles oppositi - pennées sont dites pari-
pennées ou pennées sans impaire, quand les folioles
sont attachées par paires, et que le sommet du pé-
tiole commun ne présente pas de foliole solitaire ni
de vrille qui en tienne lieu, comme dans le carou-
bier {Ceratonia siliqua), YOrobus tuberosus , etc.
(Voy.pl. 4,fig- 2.)
Elles sont dites au contraire, impari • pennées ou
pennées avec impaire ( impari- pennata ) , quand le
pétiole commun est terminé par une foliole solitaire,
comme dans l'acacia (Robinia pseudo- acacia), le
frêne (Fraxinus excelsior). (Voy. pi. 4, fîg. 3. )
Les feuilles impari -pennées sont appelées tri/olio-
lèes (fol. impari -pennata trifoliolata) , quand, au-
dessus de l'unique paire de folioles dont elles sont
formées, se trouve une foliole solitaire pétiolée,
comme dans les espèces de Dolichos, de Glycine,
de Phaseolus , etc.
On appelle feuilles interruptè- pennées (fol. inte-
rup le -pennata) celles dont les folioles sont alterna-
tivement grandes et petites, comme dans l'aigre-
moine ( Agrimonia Eupatoria).
Quant aux feuilles decursivé-peinêes , c'est-à-dire
celles dont le pétiole commun est ailé par le pro-
longement de la base des folioles, nous ne les ran-
geons pas parmi les feuilles composées, puisque au-
FEUILLES. ï 77
cune foliole ne peut être enlevée sans en déchirer
la partie foliacée. Ce ne sont que des feuilles plus ou
moins profondément pinnatifides.
Les feuilles décomposées (fol. decomposila) sont
le deuxième degré de composition des feuilles; le
pétiole commun est divisé en pétioles secondaires ,
qui portent les folioles. On les appelle :
ï ° Digitèes - pennées (fol. digitato - pennata ) ,
quand les pétioles secondaires représentent des
feuilles pennées partant toutes du sommet du pétiole
commun. Exemple : certains Mimosa.
i° Bigèminèes (fol. decomposito - bigeminata ) ,
quand chacun des pétioles secondaires porte une
seule paire de folioles. Exemple : Mimosa unguis
cati.
3° Bipennées (fol. bipennata, duplicato-pennata),
quand les pétioles secondaires sont autant de feuilles
pennées, partant du pétiole commun, comme dans
le Mimosa Julibrizin, etc. ( Voy. pi. 4, fig. 7. )
On nomme feuilles surdécomposées le troisième
et dernier degré de composition que présentent les
feuilles. Dans ce cas les pétioles secondaires se di-
visent en pétioles tertiaires, portant les folioles. Ainsi
on appelle feuille s urdécomposée- triternèe celle dont:
le pétiole commun se divise en trois pétioles secon-
daires, divisé chacun en trois pétioles tertiaires, por-
tant aussi chacun trois folioles, comme dans XActœa
spicata , Y Epùnedium alpinum. (Voy. pi. 4, %• 8.)
Nous venons d'exposer avec quelques détails les
12
l'jS ORGANES DE LA VÉGÉTATION.
nombreuses variétés de forme, de figure, de consis
tance, de simplicité et de composition, que présentent
les feuilles. INous avons cru devoir donner quelque
développement à cet article, parce que beaucoup
d'autres organes, que nous étudierons successivement,
tels que les stipules, les sépales, les pétales, etc.,
nous offriront des modifications analogues dans leur
figure, leur forme, leur structure, etc., qui, une
fois décrites et définies, n'auront plus besoin que
d'être citées pour être parfaitement comprises.
Structure , usages et Jonctions des Feuilles.
Les feuilles, comme nous l'avons dit précédem-
ment, sont formées par trois organes principaux,
savoir : par un faisceau vasculaire provenant de la
tige; par du parenchyme, prolongement de l'enve-
loppe herbacée de l'écorce, et enfin par une por-
tion d'épiderme qui les recouvre dans toute leur
étendue.
Le faisceau vasculaire constitue le pétiole, quand
celui-ci existe. Ces vaisseaux sont des trachées, des
fausses trachées et des vaisseaux poreux; ils sont,
dans le pétiole, enveloppés à l'extérieur par une couche
de la substance herbacée , qui se prolonge sur eux
au moment où ils sortent de la tige. C'est par leur
épanouissement et leurs ramifications successives
qu'ils constituent le réseau de la feuille. Les mailles
ou espaces vides qu'ils laissent entre eux sont rem-
plis par le tissu parenchymateux venant de l'écorce.
FEUILLES. 1^9
Ce parenchyme manque quelquefois, comme dans
X Hydrogeton ; et alors la feuille, qui n'est composée
que par son réseau vasculaire, offre l'aspect d'une
sorte de treillage ou de dentelle.
L'épiderme qui recouvre les surfaces de la feuille
est en général mince et très -poreux, surtout à la
surface inférieure.
Les feuille-s sont, avec les racines, les organes
principaux de l'absorption et de la nutrition dans les
végétaux. En effet, elles absorbent dans l'atmosphère
les substances nutritives qui peuvent servir à l'ac-
croissement. Aussi quelques auteurs les ont -ils dé-
signées sous le nom de racines aériennes. Elles
remplissent encore d'autres usages d'une haute im-
portance dans l'économie végétale. Elles servent à la
transpiration et à l'exhalation des fluides devenus
inutiles à la végétation, et c'est par elles que la sève
se dépouille des sucs aqueux qu'elle contient, et
qu'elle acquiert toutes ses qualités nutritives.
C'est principalement par les pores situés à la face
inférieure de la feuille des plantes ligneuses que les
fluides vaporeux et les gaz répandus dans l'atmo-
sphère sont absorbés. Cette face inférieure, en
effet, est plus molle, moins lisse, et présente presque
toujours un duvet léger qui favorise cette absorp-
tion; leur face supérieure, au contraire plus lisse,
plus souvent glabre, sert à l'excrétion des fluides
inutiles à la nutrition du végétal; c'est ce qui consti-
tue la transpiration dans les végétaux.
Les feuilles des plantes herbacées, plus rappro-
l8o ORGANES DE LA VÉGÉTATION.
ehées du sol , plongées en quelque sorte dans une at-
mosphère continuellement humide , absorbent égale-
ment parleur face supérieure et leur face inférieure.
C'est au célèbre Bonnet que l'on doit ces connais-
sances. Ce physicien posa des feuilles d'arbre sur
l'eau, par leur face inférieure; elles se conservèrent
fraîches et vertes pendant plusieurs mois. Il en posa
d'autres par leur face supérieure, qui en peu de
jours , ne tardèrent point à se faner. Des feuilles de
plantes herbacées se conservèrent saines pendant fort
long- temps dans les deux positions.
C'est dans le parenchyme . des feuilles , de même
que dans toutes les autres parties vertes et herbacées
du végétal, que s'opère la décomposition de l'acide
carbonique absorbé dans l'air. Lorsqu'elles sont
exposées à l'action du soleil, elles décomposent ce
gaz, retiennent le carbone et dégagent l'oxygène, Le
contraire a lieu quand elles sont soustraites à l'action
de la lumière ; car alors elles prennent dans l'air
une portion de son oxygène, qu'elles remplacent en
dégageant une égale quantité de gaz acide carbo-
nique. On sait que les végétaux privés de l'influence
du soleil s'étiolent, c'est-à-dire qu'ils perdent leur
couleur verte , deviennent mous, aqueux et con-
tiennent une plus grande proportion de principe
sucré.
Mais nous reviendrons tout à l'heure avec plus
de détails sur les phénomènes de l'absorption et de
la transpiration, en traitant de la nutrition dans les
plantes.
FEUILLES. I 8 I
Les feuilles sont susceptibles de certains mouve-
mens qui dépendent évidemment de l'irritabilité dont
elles sont douées. Des faits nombreux et bien cons-
tatés mettent hors de doute l'existence de cette pro-
priété dans les végétaux.
Si l'on place une branche tenant encore à sa tige
de manière que la face inférieure des feuilles regarde
vers le ciel, on verra les feuilles se retourner, peu
à peu, et reprendre leur position naturelle. Ce fait
peut s'observer chaque jour lorsqu'on taille et que
l'on palissade les arbres tenus en espalier , comme le
pêcher, la vigne , etc.
Ce sont surtout les feuilles composées et articu-
lées, c'est-à-dire celles dont les folioles sont attachées
par articulation au pétiole commun , qui présentent
les mouvemens les plus remarquables. Ainsi, pen-
dant la nuit, les folioles d'un grand nombre de Lé-
gumineuses, dont les feuilles sont toutes articu-
lées , ont une position différente de celle qu'elles
occupent pendant le jour. Linnaeus a donné le nom
de sommeil des plantes à ce phénomène singu-
lier. Par exemple, les folioles de Y acacia, au
lever du soleil, sont étendues presque horizontale-
ment. Mais à mesure que cet astre s'élève au-dessus
de l'horizon, ses folioles se redressent de plus en
plus, et deviennent presque verticales; elles com-
mencent au contraire à baisser à mesure que le jour
décline.
D'autres plantes présentent encore des pbéno-
mènes analogues, qui tous paraissent dépendre de
'82 ORGANES DE LA. VÉGÉTATION.
l'influence de la lumière. C'est en effet ce que l'on
peut conclure des expériences ingénieuses de M. De
Candolle. Cet habile botaniste, ayant placé dans un
caveau, à l'abri de la lumière, des plantes à feuilles
composées, est parvenu, en les privant pendant le
jour de la lumière, et les éclairant au contraire forte-
ment la nuit , à changer dans quelques-unes les heures
de leur veille et de leur sommeil.
Mais les feuilles de certains végétaux exécutent
aussi des mouvemens d'irritabilité que l'on ne peut
pas attribuer uniquement à l'influence delà lumière.
La sensitive [Mimosa Sensitiva) est de ce nombre.
La secousse la plus légère, l'air faiblement agité par
le vent, l'ombre d'un nuage ou d'un corps quelcon-
que, l'action du fluide électrique, la chaleur, le froid,
les vapeurs irritantes, telles que celles du chlore, du
gaz nitreux, suffisent pour faire éprouver à ses
folioles les mouvemens les plus singuliers. Si l'on
en touche une seule, elle se redresse contre celle
qui lui est opposée, et bientôt toutes les autres de la
même feuille suivent et exécutent le même mouve-
ment, et se couchent les unes sur les autres, en se
recouvrant à la manière des tuiles d'un toit. La feuille
elle-même tout entière ne tarde pas à se fléchir vers
la terre. Mais peu de temps après, si la cause a cessé
d'exercer son action, toutes ces parties, qui sem-
blaient s'être fanées, reprennent leur aspect et leur
position naturelle.
\JHedysarum gyrans , plante singulière, origi-
naire du Bengale , offre des mouvemens très-remar-
li.liILLl-S. 1 8S
quables. Ses feuilles sont composées de trois folioles
articulées : deux latérales plus petites, une moyenne
plus grande. Les deux latérales sont animées d'un
double mouvement de flexion et de torsion sur elles-
mêmes, qui paraît indépendant dans chacune d'elles.
En effet, l'une se meut quelquefois rapidement, tandis
que l'autre reste en repos. Ce mouvement s'exécute
sans l'intervention d'aucun stimulant extérieur. La
nuit ne le suspend pas. Celui de la foliole médiane,
au contraire, paraît dépendre de l'action de la lu-
mière, et cesse quand la plante n'y est plus exposée.
Les folioles du Porliera se rapprochent et s'ac-
colent aussitôt que le ciel se couvre de nuages.
L,e Dionœa muscipula , plante originaire de l'Amé-
rique septentrionale , présente , à l'extrémité de ses
feuilles, deux lobes réunis par une charnière mé-
diane. Quand un insecte , ou un corps quelconque,
touche et irrite leur face supérieure, ces deux lobes ,
se redressant vivement, se rapprochent, et saisissent
l'insecte qui les irritait. Aussi cette plante porte-t-elle
le nom vulgaire iï ailrape-inoiiche.
M. Dutrochet, que nous avons déjà cité avanta-
geusement dans le cours de cet ouvrage , s'est Beau-
coup occupé des mouvemens des feuilles dans les vé-
gétaux , et plus particulièrement dans la sensitive.
Nous exposerons ici brièvement le résultat de ses
opinions.
À la base du pétiole des feuilles dites articulées,
qui sont les seules dans lesquelles se manifestent les
mouvemens d'irritabilité , on aperçoit un renflement
ï 84 ORGANES DE LA VÉGÉTATION.
ou bourrelet qui se termine ensuite par un rétrécis-
sement manifeste. Jusqu'à présent on avait pensé que
les mouvemens se passaient dans oe point rétréci ,
que Ton regardait comme semblable à l'articulation
des membres chez les animaux. Les expériences de
M. Dutrochet tendent à prouver que tous les mou-
vemens ont lieu dans le bourrelet lui-même, et qu'ils
se réduisent à la flexion et au redressement. Dans le
premier cas il forme une courbe dont la convexité est
tournée vers le ciel ; dans le second cas il est presque
droit. Ce bourrelet est essentiellement composé d'un
tissu cellulaire fin et délicat, garni d'une très-grande
quantité de petits grains verts, qui sont pour M. Du-
trochet autant de corpuscules nerveux. Au centre
se trouve un faisceau de vaisseaux nourriciers. C'est
ce tissu cellulaire du bourrelet, qui est le siège des
mouvemens du pétiole, que l'on peut à volonté
anéantir en enlevant ce tissu cellulaire. Ainsi, quand
on enlève le tissu cellulaire du côté inférieur du
bourrelet , la feuille reste fléchie et ne peut se redres-
ser; si au contraire on ôte la partie supérieure, la
feuille conserve la faculté de se redresser, mais elle
ne peut plus se fléchir. Il résulte évidemment de cette
expérience que la flexion de la feuille est produite
par l'action du bourrelet supérieur, et que son re-
dressement est dû à celle du bourrelet inférieur. Ce
sont en quelque sorte deux ressorts antagonistes,
dont J'un devient alternativement plus fort que
l'autre.
En voulant étudier avec plus de soin l'organisation
FEUILLES. l85
intime du bourrelet, l'habile expérimentateur, dont
nous exposovs ici les idées , est arrivé à une autre dé-
couverte. Si l'on coupe une tranche très -mince du
tissu cellulaire du bourrelet sur le côté supérieur, on
la voit sur-le-champ se ployer en cercle, dont la con-
cavité est constamment tournée vers l'axe du bour-
relet. Si l'on répète la même opération sur le côté in-
férieur, la concavité du cercle regarde également vers
le centre ; en sorte que le bourrelet est composé de
deux ressorts antagonistes, qui tendent à se courber
en sens inverse : le ressort inférieur redresse le pé-
tiole, tandis que le supérieur le fléchit. M. Dutrochet
donne le nom à' incurvation à cette propriété que
possèdent les lames du bourrelet en se roulant dans
un sens ou dans un autre.
La cause immédiate de ces mouvemens d'incurva-
tion, réside, selon notre auteur, dans Y action nerveuse
mise enjeu par les agens du dehors. Il était naturel que
M. Dutrochet, ayant attribué aux plantes un système
nerveux, analogue à celui des animaux, lui fit jouer
dans les phénomènes de la végétation le rôle impor-
tant que ce système remplit dans les actions de la vie
animale. Ainsi donc l'action du système nerveux est
la cause des mouvemens visibles des végétaux comme
dans les animaux. Mais, s'il en est ainsi, ce système
nerveux doit , ainsi que dans ces derniers, être l'or-
gane de transmission de ces mouvemens , ou , en
d'autres termes, la partie qui transmet le stimulus
qui met en jeu l'action de ce système. Or, c'est ce qui
n'a pas lieu, du propre aveu de M. Dutrochel ; car,
l86 ORGANES DE LA VÉGÉTATION.
d'après des expériences extrêmement délicates, il est
parvenu à reconnaître que l'action nerveuse qui dé-
termine les mouvemens des feuilles se transmet uni-
quement par les vaisseaux qui forment l'étui médul-
laire, vaisseaux entièrement privés de tubercules
nerveux. Ainsi donc le système nerveux des végétaux
serait l'agent de la puissance nerveuse, sans être l'or-
gane de la transmission de cette puissance.
D'après ce court exposé, il nous semble que l'im-
portante question de la cause des mouvemens des
feuilles n'est point encore complètement résolue , et
que de nouvelles expériences sont encore nécessaires
pour arriver à une solution satisfaisante.
Défoliation ou chute des Feuilles.
Il arrive chaque année une époque ou la plupart
des végétaux se dépouillent de leurs feuilles. C'est or-
dinairement à la fin de l'été ou au commencement- de
l'automne que les arbres perdent leur feuillage.
Cependant ce phénomène n'a pas lieu à la même
époque pour toutes les plantes. On remarque en gé-
néral que les arbres dont les feuilles se développent de
bonne heure sont aussi ceux qui les perdent les pre-
miers, comme on lobserve pour le tilleul, lemarronier
d'Inde , etc. Le sureau fait exception à cette règle; ses
feuilles paraissent de bonne heure, et ne tombent que
très tard. Le frêne ordinaire présente une autre parti-
cularité ; ses feuilles se montrent très-tard , et tombent
dès la fin de l'été.
FEUILLES. 187
Les feuilles pétiolées , surtout celles qui sont articu-
lées avec la tige , s'en détachent plus tôt que celles qui
sont sessiles, et à plus forte raison que celles qui sont
amplexicaules. En général , dansjes plantes herbacées,
annuelles ou vivaces, les feuilles meurent avec la tige,
sans s'en détacher.
Mais il est des arbres et des arbrisseaux qui restent
en tout temps ornés de leur feuillage. Ce sont en géné-
ral les espèces résineuses, telles que les pins, les sapins,
ou certains végétaux dont les feuilles sont roides et
coriaces, comme les myrtes, lesalaternes, les lauriers-
roses, etc. On leur donne le nom d'arbres verts.
Quoique la chute des feuilles ait généralement lieu
auxapprochesde l'hiver, on ne doit cependant pas regar-
der le froid comme la principale cause de ce phénomène.
Elle doit être bien plus naturellement attribuée à la ces-
sationdela végétation, au manquedeno'urri'turequeles
feuilles éprouvent à cette époque de l'année, où le cours
de la sève est interrompu. Les vaisseaux de la feuille
se resserrent, se dessèchent, et bientôt cet organe se
détache du rameau sur lequel il s'était développé.
Usages économiques et médicinaux des Feuilles.
Un grand nombre de végétaux sont cultivés dans
nos potagers à cause de leurs feuilles, qui sont d'ex-
cellens aiimens. C'est ainsi qu'on emploie fréquem-
ment les choux, les épinards , V oseille , le céleri, les
cardons et beaucoup d'autres espèces. Remarquons ici
que les cultivateurs se servent souvent de la propriété
l88 ORGANES DE LA VEGETATION.
que possèdent les végétaux privés de l'action de la
lumière, de devenir tendres et sucrés, pour les rendre
plus propres à la nourriture de l'homme.
La médecine trouve aussi dans les feuilles un grand
nombre de médicamens utiles, que l'on peut ranger
de la manière suivante :
§ i. Feuilles émollientes.
De guimauve {Althœa officinalis).
De mauve {Malva rolundifolià).
De poirée {Bêla vulgaris).
§ i. Feuilles amères ou toniques.
Trèfle d'eau {Menyanthes trifoliala).
Véronique officinale {Veronica officiiialis).
Beccabunga {Veronica Beccabungà).
Petite centaurée {Eryihrœa Centaurium).
§ 3. Feuilles excitantes.
Oranger (Citrus Aurantium).
Menthe poivrée ( Mentha piperltà).
Menthe crépue {Mentha crispa).
Sauge {Salvia officinalis).
Cresson de fonta.me(SisymbriiimNaslur/in/n).
Cochléaria (Cochlearia officinalis).
Cresson alenois (Lepidium sativum).
§ 4- Feuilles vireuses.
Ciguë (Conium maculalum).
Stramoine {Datnra Stramoninm).
Tabac {Nicoliana Tabacum).
Belladone (Alropa Belladona).
Digitale pourprée (Digitalis purpurea ) , etc.
STIPULE S. 1 89
§ 5. Feuilles purgatives.
Séné d'Italie (Cassia Se/ma).
Séné d'Alexandrie (Cassia lanceolata).
Gratiole (Gratiola ofjîcinalis).
Baguenaudier (Colulea arborescens).
CHAPITRE V.
DES STIPULES (i).
Les stipules sont des organes accessoires des feuilles.
Elles n'existent point dans les végétaux monocotylé-
donés, mais seulement dans les dicotylédones, qui n'en
sont pas tous pourvus. Ce sont de petits appendices
squamiformes ou foliacés , qu'on rencontre au point
d'origine des feuilles sur la tige. Elles sont ordinai-
rement au nombre de deux, une de chaque côté du
pétiole, comme dans le charme, le tilleul; le plus
souvent elles sont libres, c'est-à-dire qu'elles ne sont
pas fixées au pétiole; d'autres fois elles font corps avec
la base de cet organe, comme dans le rosier.
Les stipules fournissent d'excellens caractèrespour
la coordination des plantes. Quand un végétal d'une
famille naturelle en présente, il est extrêmement rare
que tous les autres n'en soient pas pourvus. Ainsi
elles existent dans toutes les plantes de la famille des
Légumineuses , des Rosacées, des Tiliacées.
Comme elles tombent très-facilement quand elles
(1) Stipulée , Fulera.
I0)O ORGANES DE LA VEGETATION.
sont libres, on pourrait quelquefois s'en laisser im-
poser par leur absence, et croire que la plante en est
dépourvue; mais on pourra éviter facilement cette
erreur, en observant qu'elles laissent toujours sur la
tige, au lieu qu'elles occupaient, une petite cicatrice
qui atteste ainsi qu'elles ont existé.
Dans les Rubiacées exotiques, h feuilles opposées,
tel que le Coffœa , le Psychotria , le Cinchona , les sti-
pules sont situées entre les feuilles, et paraissent être
de véritables feuilles avortées. En effet, dans les Ru-
biacées de nos climats, telles que les Galium, les Rubia,
les Asperula, elles sont remplacées par de véritables
feuilles, qui alors forment un verticilie au tour de la tige.
Quelques plantes ne présentent qu'une seule sti-
pule, comme le vinectier (Berberis vulgaris).
Quand il en existe deux, elles sont presque toujours
distinctes l'une de l'autre; mais quelquefois elles se
soudent et sont conjointes ( stipulœ connatœ), comme
dans le houblon (Hwnulus Lupulus).
Leur nature et leur consistance sont très-sujettes
à varier. Ainsi elles peuvent être foliacées , c'est-à-dire
semblables à des feuilles, comme dans Faigremoine
( Agrimonia cupatoria ) ; membraneuses , comme dans
le figuier, les Magnolia ; spinescentes y comme dans le
jujubier (Zizyphus vulgaris)^ le groseiller à maque-
reau ( Ribes grossularia ) .
heuvjîgurene varie pas moins que celle des feuilles.
Ainsi il y en a d'orbiculaires, d'ovales, de sagittées, de
réniformes, etc. Elles peuvent encore être entières,
dentées ou laciniées.
STIPULES. I9I
Quant à leur durée, les unes sont fugaces , c'est-à-
dire tombant avec les feuilles; par exemple, celles du
figuier (Ficus Carica) , du tilleul {Tiliaeuropœd). Les
autressont simplement caduques, quand elles tombent
en même temps que les feuilles. C'est ce qui a lieu pour
le plus grand nombre. Enfin, il en est d'autres qui per-
sistent sur la tige plus ou moins long-temps après la
cbute des feuilles. Telles sont celles du jujubier, du
groseiller à maquereau, etc.
CHAPITRE VI.
DES VRILLES, CIRRHES OU MAINS.
On désigne sous ce nom des appendices ordinaire-
ment filamenteux, d'origines diverses, simples ou ra-
meux, se roulant en spirale autour des corps voisins;
et servant ainsi à soutenir la tige des plantes faibles
et grimpantes.
Les vrilles ne sont jamais que des organes avortés.
Tantôt, en effet, ce sont des pédoncules floraux qui se
sont allongés considérablement, comme dans la vigne:
aussi les voit-on quelquefois porter des fleurs et des
fruits. Tantôt ce sont des pétioles, comme dans beau-
coup de LalhyriiSf de Vicia, etc. D'autres fois, enfin,
ce sont des stipules, ou même des rameaux avortés..
Assez souvent ce sont les feuilles elles -mêmes drbut
l'extrémité se roule ainsi et constitue des espèces de
vrilles , comme dans l'œillet.
JC)2 ORGANES DE LA VÉGÉTATION.
La position relative des vrilles mérite beaucoup
d'être observée ; car elle indique l'organe dont elles
tiennent la place. Ainsi dans la vigne elles sont ,
comme les grappes de fleurs , opposées aux feuilles ,
ce qui fait voir que ce sont des grappes avortées ;
elles sont axillaires dans les passiflores; elles sont
pétioléennes dans le Lathyrus latifolius , la Fumaria
vesicaria ; pédonculéennes dans la vigne ; stipuléennes
dans certains Smilax : enfin elles peuvent être sim-
ples , comme dans la bryone (Bryonia aida), ou
rameuses , comme dans le Cobœa scandens.
On donne le nom particulier de griffes aux racines
que les plantes sarmenteuses et grimpantes enfoncent
dans les corps sur lesquels elles s'élèvent, comme
celles du lierre, du Bignonia radicans. On appelle
suçoirs les filamens très-déliés que l'on rencontre sur
la surface des griffes , et qui paraissent destinés à
absorber les parties nutritives contenues dans le corps
où elles sont implantées.
EPINES ET AIGUILLONS. 10,3
CHAPITRE VIL
DES ÉPINES KT DES AIGUILLONS.
Les épines ( spinœ ) sont des piquans formés par
le prolongement du tissu interne du végétal , tandis
que les aiguillons ( aculei) ne proviennent que de la
partie la plus extérieure de végétaux, c'est-à-dire
de l'épidémie.
L'origine et la nature des épines ne sont pas moins
variées que leur siège. Elles remplacent les feuilles
dans certaines espèces d'asperges de l'Afrique , les
stipules dans le jujubier, le groseiller à maquereau.
Très-souvent elles ne sont que des rameaux avortés;
par exemple , dans le prunier sauvage. Aussi cet
arbre , transplanté dans un bon terrain , change-t-il
ses épines en rameaux. Le tronc de quelques arbres
est hérissé d'épines qui les rendent inabordables; tel
est le Gleditschia Jerox. Les pétioles persistans de
X Astragalus triacanlhos se convertissent en épines.
Suivant leur situation et leur origine , elles sont
caulinaires , quand elles naissent sur la tige , comme
les cierges (Cactus), les Gleditschia.
Elles sont terminales quand elles se développent
à l'extrémité des branches et des rameaux , comme
le prunier sauvage (Prunus spinosa).
i3
Tg4 ORGANES DE LA. VÉGÉTATION.
Âxillaires, quand elles sont situées dans l'aisselle
des feuilles , comme dans le citronnier ( Citrus
meçlica ).
lnfra- âxillaires , lorsqu'elles naissent au-dessous
des feuilles et des rameaux , comme dans le groseil-
1er à maquereau.
Enfin elles peuvent être simples , rameuses , soli-
taires ou fasciculèes :
Les aiguillons ont été regardés par quelques
physiologistes comme des poils endurcis. Ils sont
très-peu adhérens aux parties sur lesquelles on les
observe, et peuvent s'en détacher facilement, comme
on le voit dans les Rosiers.
Les modifications qu'ils présentent quant à leur
situation , leur forme , etc. , sont les mêmes que
celles des épines.
NUTRITION DES VÉGÉTAUX. ig5
DE LA NUTRITION
DANS LES VÉGÉTAUX.
Nous venons d'étudier tous les organes de la vé-
gétation , c'est-à-dire tous ceux qui servent au dé-
veloppement et à la formation du végétal ; voyons
maintenant comment s'opère la nutrition ; quelle
part y prend chacun de ces organes en particulier,
et quelles sont les conditions nécessaires pour qu'elle
ait lieu.
La nutrition est une fonction par laquelle les vé-
gétaux s'assimilent une partie des substances solides ,
liquides ou gazeuses répandues dans le sein de la
terre ou au milieu de l'atmosphère , et qu'Hs y ab-
sorbent, soit par l'extrémité la plus déliée de leurs
radicules , soit au moyen des parties vertes qu'ils
développent dans l'atmosphère.
C'est en vertu d'une force particulière de succion
dont ces diverses parties sont douées que l'on voit
s'effectuer l'absorption de ces matières et leur intro-
duction dans le tissu végétal. Nous ferons d'abord
connaître la succion ou l'absorption exercée par les
racines dans le sein de la terre , par les feuilles
et les autres parties vertes au milieu de l'atmosphère,
puis nous décrirons la marche des sucs nourriciers ,
ou de la sève des racines vers les feuilles. Alors nous
jq6 JNlfTRlTiON
étudierons les phénomènes tlei la transpiration, de
l'expiration et de l'excrétion , et nous suivrons en-
suite la sève dans son cours rétrograde des feuilles
vers les racines.
§ i . De l'absorption ou succion.
Nous avons déjà dit que c'est par les extrémités
de leurs fibrilles les plus déliées que les racines ab-
sorbent dans l'intérieur de la terre les fluides et les
gaz qui s'y trouvent répandus. Mais toutes les parties
vertes des végétaux, telles que les feuilles, les jeunes
branches , etc. , sont également douées d'une force
de succion fort remarquable , et concourent aussi à
cette fonction importante.
Plongées dans le sein de là terre, les radicules ca-
pillaires y pompent , par les espèces de bouches as-
pirantes qui les terminent , l'humidité dont elle est
imprégnée. L'eau est le véhicule nécessaire des
substances nutritives des végétaux. Ce n'est point
elle qui forme la base de l'alimentation du végétal,
comme lé croyaient les anciens physiciens ; mais elle
sert de dissolvant et de menstrue aux corps qu'il doit
s'assimiler. En ^ffet , si Ton fait végéter une plante
dans l'eau distillée , à l'abri de toute influence étran-
gère , elle ne tardera pas à périr. L'eau seule ne
sert donc pas à sa nutrition. Il faut qu'elle contienne
d'autres principes qui lui soient étrangers. D'ailleurs
les végétaux ne renferment-ils point du carbone ,
des gaz , des substances terreuses, des sels, et même
DES VÉGÉTAUX. IQ7
des métaux à l'état d'oxides ou en combinaison avec
les acides? Or, l'eau aurait-elle pu donner naissance
à ces différentes substances ? Voyons donc par quel
moyen elles se sont introduites dans l'intérieur de la
plante, dont elles sont devenues parties constituantes.
Comment le carbone s'est-il introduit dans les
végétaux? Ce ne peut être à l'état de pureté et d'iso-
lement , puisqu'alors il est fort rare dans la nature ,
et n'est pas soluble dans l'eau. Mais tout le monde
connaît la grande affinité du carbone pour l'oxygène ;
on sait que l'acide carbonique, qu'ils forment en se
combinant , est très-abondamment répandu dans la
nature , qu'il se trouve dans le sein de la terre, dans
les engrais, le fumier qu'on y mêle; que, très-soluble
dans l'eau , ce liquide en contient toujours une
certaine quantité. C'est donc à l'état d'acide que le
carbone est porté dans le tissu des végétaux. Or ,
nous avons dit précédemment qu'exposées à l'action
des rayons du soleil, les plantes décomposent l'acide
carbonique, retiennent et s'assimilent le carbone,
tandis qu'elles rejettent la plus grande partie de
l'oxygène au dehors. L'eau ne peut donc servir que
de véhicule à cette substance alimentaire de la vé-
gétation.
L'oxygène fait également partie de la substance
des végétaux. Il nous sera facile d'y expliquer la
présence de ce fluide. En effet, comme le prouvent
les expériences de Théodore de Saussure, les piantes
ne rejettent point tout l'oxygène qui acidifia:! le
carbone; elles en retiennent une certaine quantité,
I98 NUTRITION
L'air atmosphérique qui circule dans les végétaux
leur cède également une portion de l'oxygène qu'il
contient; mais c'est principalement l'eau qui, par
la décomposition qu'elle éprouve dans le tissu vé-
gétal , décomposition dont les lois ordinaires de
la chimie ne peuvent pas plus nous donner une
explication satisfaisante que de celle de l'acid#car-
bonique, lui fournit à la fois la majeure partie de
son oxygène, et l'hydrogène, qu'il renferme aussi en
si grande proportion.
L'azote, que l'on trouve également dans les subs-
tances végétales , tire évidemment son origine de la
décomposition de l'air atmosphérique dans l'intérieur
de la plante.
Telles sont les différentes substances inorganiques
qui entrent essentiellement dans la composition du
tissu végétal ; ce sont elles qui en forment la base.
Mais il en est d'autres encore qui, sans faire partie né-
cessaire de leur organisation , s'y retrouvent toujours
dans des quantités plus ou moins considérables ; tels
sont la chaux, la silice, le carbonate, le phosphate et
le malate de chaux, les carbonates de soude et de po-
tasse , le nitrate de potasse , le fer, etc. Or, il est
prouvé , d'après les expériences de M. Théodore de
Saussure, que ces substances arrivent toutes formées
dans l'intérieur du végétal. Déposées dans le sein de
la terre ou dans l'atmosphère, elles sont dissoutes ou
entraînées par l'eau qui les charrie et les transporte
dans- l'intérieur du tissu végétal.
Ce n'est point l'acte de la végétation qui forme ces
DES VÉGÉTAUX. I gt)
substances, ainsi que quelques botanistes et physi-
ciens l'avaient avancé. C'est la terre ou le milieu dans
lesquels les végétaux se développent qui leur cèdent
les alcalis , les terres , et les substances métalli-
ques que l'analyse chimique y fait découvrir. Ce
fait, déjà prouvé par les nombreux essais de M. Théo-
dore de Saussure , vient d'être mis dans son dernier
degré d'évidence par les expériences récentes de
M. Lassaigne. Ce jeune et habile chimiste répéta de
la manière suivante les expériences de M.Théodore
de Saussure :
« Au i avril dernier, je plaçai , dit-il , dix grammes
de graines de sarrasin (Polygonurn Fagopyrum) dans
une capsule de platine contenant de la fleur de soufre
lavée et que j'avais humectée avec de l'eau distillée,
récemment préparée; je la posai sur une assiette de
porcelaine qui contenait un demi- centimètre d'eau
distillée, et je recouvris le tout avec une cloche de
verre, à la partie supérieure de laquelle il yavait un
robinet, qui, au moyen d'un tube de verre recourbé
en siphon et terminé par un entonnoir , me per-
mettait de verser de l'eau de temps en temps sur le
soufre.
« Au bout de deux ou trois jours les graines avaient
germé pour la plus grande partie ; on continua de
les arroser tous les jours , et dans l'espace d'une
quinzaine elles avaient poussé des tiges de six cen-
timètres de hauteur, surmontées de plusieurs feuiiles.
« On les rassembla avec soin, ainsi que plusieurs
graines qui n'avaient poiut levé, et on les incinéra dans
200 NUTRITION
un creuset de platine ; la cendre qu'on en obtint pe-
sait 0,220 grammes; soumise à l'analyse, elle a donné
190 de phosphate de chaux, i5 de carbonate de
chaux, et 5 de silice.
« Dix grammes de ces mêmes semences incinérées
fournirent la même quantité de cendre , formée
exactement des mêmes principes. »
Il résulte évidemment de cette expérience, qui
fut répétée une seconde fois et qui donna le même
résultat , qu'après leur développement dans l'eau
distillée, les jeunes pieds de sarrasin ne contenaient
pas une quantité considérable de sels alcalins que les
graines dont ils provenaient. D'où l'on peut conclure
avec M. Théodore de Saussure que les alcalis et les
terres que Von trouve dans les plantes ont été ab-
sorbés et tirés du sol.
Mais quelle est la puissance qui détermine la suc-
cion des racines? Les lois de la physique et de la
mécanique sont insuffisantes pour expliquer un sem-
blable phénomène. La force extraordinaire avec la-
quelle s'opère cette absorption ne peut être conçue
d'une manière satisfaisante qu'en admettant une
puissance , une énergie vitale , inhérente au tissu
même des végétaux , et déterminant par son influence,
dant la nature nous est inconnue, les phénomènes
sensibles de la végétation. '
C'est au célèbre physicien Haies que l'on doit
les expériences les plus précises et les plus ingé-
nieuses au moyen desquelles on démontre la force
prodigieuse de succion dont sont douées les racines
DES VÉGÉTAUX. 20 l
et les branches. Il découvrit une des racines d'un
poirier, en coupa la pointe, y adapta l'une des extré-
mités d'un tube rempli d'eau, dont l'autre extrémité
était plongée dans une cuve à mercure, et en six
minutes le mercure s'éleva de huit pouces dans le
tube.
Haïes, pour mesurer la force avec laquelle la vigne
absprbe l'humidité dans le sein de la terre , fit une
expérience dont les résultats paraîtraient inexacts et
exagérés, s'ils n'eussent été vérifiés dans ces derniers
temps par M.Mirbel, qui répéta l'expérience. Le phy-
sicien anglais coupa, le 6 avril, un cep de vigne sans
rameaux , d'environ sept à huit lignes de diamètre,
et trente - trois pouces au - dessus de la terre. Il y
adapta un tube à double courbure, qu'il remplit de
mercure jusqu'auprès de la courbure qui surmontait
la section transversale de la tige. La sève qui en sortit
eut assez de force pour élever en quelques jours la
colonne de mercure à trente -deux pouces et demi
au-dessus de son niveau. Or, le poids d'une colonne
d'air de la hauteur de l'atmosphère est égal à celui
d'une colonne de mercure de vingt-huit pouces , ou
d'une colonne d'eau d'environ trente-trois pieds. Dans
ce cas, la force avec laquelle la sève s'élevait des
racines dans la tige était donc beaucoup plus consi-
dérable que la pression de l'atmosphère.
Un grand nombre de faits et d'expériences démon-
trent la part que les feuilles prennent au phénomène
de la succion et de l'absorption. Ainsi une branche
détachée de l'arbre dont elle faisait partie absorbe
lOI NUTRITION
encore avec une grande force le liquide dans lequel
on plonge son extrémité. Il en est de même si on la
retourne et que son sommet trempe dans l'eau ; sa
puissance absorbante n'en sera pas diminuée.
Pendant l'été nous voyons la chaleur du soleil flé-
trir et faire faner les plantes qui ornent nos parterres ;
mais qu'on les examine pendant la nuit ou dans la
matinée, la rosée que les feuilles ont absorbée leur a
rendu leur force et leur fraîcheur.
Si l'on dépouille entièrement un végétal de ses
feuilles, il ne tardera pas à périr, parce que la succion
exercée par ses racines sera insuffisante pour fournir
tous les matériaux de sa nutrition.
Dans beaucoup de plantes , particulièrement dans
les Cactus et autres plantes grasses , dont les racines
sont très-petites, et qui végètent d'ordinaire sur les
rochers ou dans les sables mouvans des déserts, il est
évident que l'absorption des fluides nutritifs a lieu
presque exclusivement par les feuilles et les autres
parties plongées dans l'atmosphère ; car la petitesse
de leurs racines , l'extrême aridité du sol dans
lequel ils croissent ne suffiraient point pour les faire
végéter.
D'après ce qui vient d'être dit , on voit combien
dans les végétaux la surface absorbante est grande ,
lorsqu'on la compare à leur volume général. Elle est
incomparablement plus considérable que celle des
animaux.
DES VÉGÉTAUX. 2o3
§ i. De la Marche de la Sève.
La sève est ce liquide incolore , essentiellement
aqueux , que les racines puisent et absorbent dans le
sein de la terre, les feuilles dans l'atmosphère, pour
le faire servir à la nutrition du végétal. C'est elle qui ,
contenant en dissolution les véritables principes nutri-
tifs, les dépose dans l'intérieur de la plante à mesure
qu'elle traverse leur tissu.
Les anciens se sont disputés long-temps pour savoir
par quelle partie de la tige l'ascension de la sève avait
lieu. Les uns croyaient que c'était par la moelle; les
autres, au contraire, pensaient que l'écorce était je
siège de ce singulier phénomène. Mais, quand on a
eu recours à des expériences positives, il a été prouvé
que ces deux opinions étaient également erronées.
En effet , la marche de la sève se fait à travers les
couches ligneuses. Ce sont les vaisseaux lymphati-
ques répandus dans le bois de l'aubier qui servent
de canaux pour charrier ce fluide nutritif. Mais c'est
la partie la plus voisine de l'étui médullaire qui pa-
raît être le siège principal de cette ascension. En
effet, si l'on fait tremper une branche ou un jeune
végétal dans une liqueur colorée , on pourra suivre,
surtout dans les vaisseaux qui avoisinent l'étui mé-
dullaire, les traces du fluide absorbé : or, ce fluide
ne se verra ni dans la moelle ni dans l'écorce. L'ex-
périence a encore démontré que la marche de la sève
ne s'est point arrêtée dans des arbres privés de leur
écorce, et dans lesquels la moelle était plus ou moins
•204 NUTRITION
obstruée; tandis que, si l'on enlève sur un arbre
toutes les couches ligneuses, l'ascension de la sève
n'a plus lieu. Cependant elle pourrait encore se faire
s'il restait encore un petit cylindre de couches li-
gneuses; tels sont les arbres creux, et principalement
les saules, dont le tronc est le plus souvent carié à
l'intérieur.
En traversant ainsi les couches du bois dans sa
marche ascendante, la sève communique avec les
parties et branches latérales de la tige , soit directe-
ment par l'anastomose de leurs vaisseaux, soit en se
répandant de proche en proche, par les pores inter-
moîéculaires dont sont percés les canaux qui la char-
rient. L'eau qui en forme la base essentielle, chargée
des principes nourriciers et réparateurs, s'en dé-
pouille chemin faisant, et les dépose dans le tissu
végétal.
En parlant précédemment de la succion des racines,
nous avons rapporté les expériences de Haies qui
prouvent la force avec laquelle a lieu la marche de la
sève dans une tige , même d'un petit diamètre , puisque
cette force agit avec plus de puissance sur le mercure
qu'une colonne d'air égale à la hauteur de l'atmo-
sphère. Bonnet a également expérimenté , pour con-
naître la rapidité avec laquelle la sève peut s'élever.
Ainsi , en plongeant des jeunps pieds de haricots dans
des fluides colorés, il a vu ces derniers s'y élever,
tantôt d'un demi pouce dans une demi-heure, tantôt
de trois pouces en une heure , tantôt enfin de quatre
pouces en trois heures.
DES VÉGÉTAUX. 2o5
Il résulte des observations et des expériences du
professeur Amici de Modène (i) que les fluides ren-
fermés dans les vaisseaux ou dans les aréoles du tissu
cellulaire des plantes se meuvent et circulent d'une
manière tout-à-fait indépendante dans chacune de ces
cellules ou de ces vaisseaux. Chaque cavité, dit-il,
constitue un organe distinct, et c'est dans son inté-
rieur que le fluide se meut en tournoyant , indé-
pendamment de la circulation particulière qui a lieu
dans chacune des cavités adjacentes. C'est principa-
lement sur les Chara vulgaris etjlexilis et sur le Cau-
linia fragilis , plantes aquatiques dont l'organisation
se laisse plus facilement apercevoir, à cause de la
transparence de leurs parties élémentaires , que le pro-
fesseur de Modène a fait ses observations. Ce mou-
vement du fluide dans chaque cavité du tissu cel-
lulaire ou dans chaque vaisseau peut être aperçu,
à cause des particules solides qui nagent dans ce
fluide. On voit ces particules qui sont des globules
d'une ténuité extrême, et quelquefois d'une teinte
verte très-prononcée, remonter le long d'une des pa-
rois de la cavité; arrivées vers le diaphragme hori-
zontal qui sépare cette cellule de celle qui lui est
superposée, elles changent de direction, suivent un
cours horizontal jusqu'à ce qu'atteignant la paroi op-
posée, elles descendent en la suivant jusqu'à la partie
inférieure, où leur cours redevient horizontal, pour
recommencer ensuite la même marche. Il résulte de
(i)Jtti délia Societ. italiana , t. xvm et xix ; et Ami. des sciences
naturelles, t. n.
200 NUTRITION
là que dans un même vaisseau il y a constamment
quatre courans différens , savoir un ascendant , et
deux horizontaux en sens opposés.
Une chose bien remarquable, c'est que la direction
du mouvement dans chaque vaisseau ne semble avoir
aucun rapport avec celle qui s'exécute dans les tubes
circonvoisins. Ainsi quelquefois deux vaisseaux qui
se touchent offriront le même mouvement , tandis que
ceux qui les environnent auront dans le mouvement
de leurs fluides une direction tout-à-fait opposée.
Le même observateur fait également remarquer
qu'on ne voit aucun globule mobile passer d'une ca-
vité dans une autre. «Cependant, dit-il, je ne prétends
pas établir que le suc renfermé dans un vaisseau ne
pénètre pas, quand les circonstances l'exigent, dans
les vaisseaux voisins. Je me suis même persuadé que
cette tranfusicn est nécessaire pour le développement
de la plante; mais la partie la plus fluide et îa plus
subtile du suc est la seule qui puisse pénétrer invi-
siblement à travers la membrane , en traversant des
trous que l'œil armé du microscope ne saurait aper-
cevoir. »
Quelle est la cause de ce mouvement indépendant
du fluide clans chaque partie organique du végétal?
Quelques-uns l'ont attribuée à l'irritabilité dont est
douée la membrane qui forme ces tubes. Le profes-
seur Amici ne partage pas cette opinion. Il croit re-
connaître la force motrice du fluide dans des espèces
de petits grains verts ou transparens tapissant les pa-
rois des tubes où ils sont disposés par rangées ou
DES VÉGÉTAUX. lO']
chapelets, et qui, par une action analogue à celle
des piles voltaïques, impriment au fluide son mou-
vement. Ces grains verts sont évidemment les mêmes
que ceux que M. Dutrochet considère comme le sys-
tème nerveux des végétaux.
Mais quelle est la cause de cette ascension de la
sève? Comment ce fluide peut-il s'élever des racines
vers la partie supérieure des tiges? On pense bien que
dans les temps anciens chaque auteur a dû avoir une
opinion différente pour expliquer cet étonnant phé-
nomène.
Grew en trouvait la cause dans le jeu des utricules.
Cet auteur, qui considérait le tissu végétal comme
formé de petites utricules juxtaposées les unes au-
dessous des autres , et communiquant toutes entre
elles, pensait que la sève, une fois entrée dans les
utricules inférieures, celles-ci se contractaient sur
elles-mêmes, la poussaient dans celles qui leur étaient
immédiatement supérieures; et que par ce mécanisme
la sève parvenait ainsi jusqu'au sommet du végétal.
Malpighi, au contraire, l'attribuait à la -raréfac-
tion et à la condensation alternatives de la sève par la
chaleur.
De LaHire, qui croyait les vaisseaux se veux garnis
de valvules comme les veines des animaux, pensait
qu'elle dépendait de cette disposition.
Pérault la croyait produite par une sorte de fer-
mentation.
D'autres enfin, et ceux-là sont en grand nombre,
ont comparé la marche de la sève, dans le tissu végé-
208 NUTRITION
tal , à l'ascension des liquides dans les tubes capillaires.
Mais on sent combien de semblables hypothèses sont
insuffisantes pour expliquer les phénomènes dont il
s'agit. Si, en effet, ils étaient dus à la capillarité des
vaisseaux séveux, leur action devrait être indépen-
dante des circonstances extérieures, et même de la vie
du végétal. Or, c'est ce qui n'a pas lieu. Personne n'i-
gnore que la sève ne circule plus dans un végétal privé
de la vie. La vie a donc une action directe et puissante
sur l'exercice de cette fonction. De même que pour
la succion opérée par les racines dans le sein de la
terre, nous avons admis une force vitale particulière
d'où dépendent tous les phénomènes de la végétation ,
force qui fait le caractère distinctif des êtres vivans,
qui les soustrait à l'empire des causes physiques et chi-
miques; de même aussi nous sommes forcés de re-
courir encore à elle pour expliquer la marche de la
sève. En effet, si tous les phénomènes de la végétation
n'étaient produits que par l'action des agens méca-
niques ou chimiques , par quels caractères distingue-
rions-nous les végétaux des êtres inorganiques? Nous
devons donc admettre dans les végétaux comme dans
les animaux une force vitale qui préside à toutes leurs
fonctions.
Mais quoique cette force vitale soit le véritableagent
de la marche ascensionnelle de la sève, cependant
certaines causes externes et internes peuvent faciliter
l'exercice de ce phénomène.
Parmi les causes externes on doit placer la tempéra-
ture, l'influence de la lumière et du fluide électrique.
DES V^GÉTAIIX. 209
On sait généralement qu'une température chaude
favorise singulièrement le cours de la sève. En effet,
pendant l'hiver, l'arbre en est gorgé, mais elle est
épaisse et stagnante; le printemps, en ramenant la
chaleur, détermine aussi 1 ascension des sucs , dans les
vaisseaux de la tige qui semblaient être obstrués.
La lumière et le fluide électrique ont aussi une in-
fluence marquée sur les phénomènes de la marche de
la sève. On sait que, quand l'atmosphère reste long-
temps chargée d'électricité, les végétaux acquièrent
un développement considérable, ce qui annonce né-
cessairement que la sève a un cours plus rapide et
plus puissant.
Certaines causes internes, c'est-à-dire inhérentes au
végétal lui-même , paraissent agir aussi sur l'ascension
de ki sève. Telle est la quantité plus ou moins grande
de pores corticaux que présente le végétal, et l'étendue
plus considérable de sa surface. Ces deux circons-
tances favorisent évidemment la rapidité et la force
de la marche du fluide séveux.
Nous venons de voir par quelle force et par quels
organes la sève s'élève des racines jusque vers l'ex-
trémité de toutes les branches du végétal. Ici s'opèrent
de nouveaux phénomènes, ici va commencer une
nouvelle circulation.
En effet , lorsque lasèveestparvenue vers les extré-
mités des branches, elle se répand dans leurs feuilles.
Là elle perd une partie des principes qu'elle contenait ,
et en acquiert de nouveaux. Les feuiiles et les parties
vertes sont le siège de la transpiration, de l'expiration
i4
210 KUTRITIÔJN
et de l'excrétion végétales. La sève s'y dépouille de l'air
atmosphérique qu'elle contient encore , de sa quantité
surabondante de principes aqueux, et des substances
qui sont devenues étrangères ou inutiles à sa nutrition.
Mais en même temps qu'elle perd ainsi une partie des
principes qui la constituaient auparavant , elle éprouve
une élaboration particulière; elle acquiert des qualités
nouvelles, et, suivant une route inverse de celle qu'elle
vient de parcourir , elle redescend des feuilles vers les
racines, à travers le liber ou la partie végétante des
couches corticales.
Examinons en particulier tous les phénomènes qui
s'opèrent dans les feuilles par l'effet de l'ascension
de la sève.
§ 3. De la Transpiration.
La transpiration ou émanation aqueuse des végé-
taux est cette fonction par laquelle la sève , parve-
nue dans les organes foliacés , perd et laisse échapper
la quantité surabondante d'eau qu'elle contenait.
C'est en général sous forme de vapeur que cette
eau s'exhale dans l'atmosphère. Quand la transpira-
tion est peu considérable , cette vapeur est absorbée
par l'air à mesure qu'elle se forme. Mais si la quan-
tité augmente , et si la température de l'atmosphère
est peu élevée, on voit alors ce liquide transpirer
sous forme de gouttelettes extrêmement petites, qui
souvent se réunissent plusieurs ensemble et devien-
nent alors d'un volume remarquable. Ainsi on trouve
fréquemment, au lever du soleil, des gouttelettes lim-
DES VÉGÉTAUX. 2 ! 1
pides qui pendent de la pointe des feuilles d'un grand
nombre de graminées. Les feuilles du chou en pré-
sentent aussi de très -apparentes. On avait cru long-
temps qu'elles étaient produites par la rosée; mais
Musschenbroek prouva le premier, par des expérien-
ces concluantes, qu'elles provenaient de la transpira-
tion végétale , condensée par la fraîcheur de la nuit.
En effet, il intercepta toute communication à une
tige de pavot avec l'air ambiant, en la recouvrant
d'une cloche, et avec la surface de la terre, en recou-
vrant le vase dans lequel il était d'une plaque de
plomb , et le lendemain matin les gouttelettes s'y trou-
vèrent comme auparavant.
Halfs fit également des expériences pour évaluer
le rapport existant entre la quantité des fluides ab-
sorbés par les racines, et celui que ces feuilles exha-
lent. Il mit dans un vase vernissé un pied de YHe-
lianlhus annuus (grand soleil), recouvrit le vase d'une
lame de plomb percée de deux ouvertures, l'une par
laquelle passait la tige, l'autre destinée à pouvoir l'ar-
roser. Il pesa exactement cet appareil pendant quinze
jours de suite , et vit que pour terme moyen la quan-
tité d'eau expirée pendant les douze heures de jour
était de vingt once<, environ. Un temps sec et chaud
favorisait singulièrement cette transpiration, qui s'é-
leva à trente onces dans une circonstance semblable.
Une atmosphère chargée d'humidité diminuait au con-
traire sensiblement cette quantité; aussi la transpira-
tion n'était-elle au plus que de trois onces pendant la
nuit, et même quelquefois la quantité de liquide ex-
1 1 1 NUTRITION
pirée devenait insensible quand la nuit était fraîche
et humide.
Ces expériencesontétédepuis répétées parMM.Des-
fontaines et Mirbel, qui ont encore eu occasion d'ad-
mirer l'exactitude et la sagacité du physicien anglais.
Sénebier a prouvé par des expériences multi-
pliées que la quantité d'eau expirée était à celle
absorbée par le végétal dans le rapport de 2 : 3; ce
qai démontre encore qu'une partie de ce liquide est
fixée ou décomposée dans l'intérieur du végétal.
Ces faits prouvent d'une manière incontestable ,
i°queles végétaux transpirent par leurs feuilles, c'est-
à-dire qu'ils rejettent une certaine quantité de fluides
aqueux;
20 Que cette transpiration est d'autant plus grande
que l'atmosphère est plus cbaude et plus sèche ;
tandis que, quand le temps est humide, et surtout
pendant la nuit , la transpiration est presque nulle;
3° Que cette fonction s'exécute avec d'autant plus
d'activité que la plante est plus jeune et plus vigou-
reuse ;
4° Que la nutrition se fait d'autant mieux que la
transpiration est en rapport avec l'absorption. Car,
lorsque l'une de ces deux fonctions se fait avec une
force supérieure à celle de l'autre, le végétal languit.
C'est ce que l'on observe, par exemple, pour les
plantes qui, exposées aux ardeurs du soleil, se fanent
et perdent leur vigueur, parce que la transpiration
n'est plus en équilibre avec la succion exercée par
les racines.
DKS VÉGÉTAUX. 2 l 3
§ 4- De F Expiration.
Nous avons dit et prouvé précédemment que les
végétaux absorbent ou inspirent une certaine quan-
tité d'air ou d'autres fluides aériformes, soit directe-
ment, soit mélangés avec la sève , c'est-à-dire tout à
la fois par le moyen de leurs racines et de leurs
feuilles : or , c'est la portion de ces fluides qui n'a
point été décomposée pour servir à l'alimentation
qui forme la matière de l'expiration. Les plantes sont
donc, comme les animaux, douées d'une sorte de
respiration, qui se compose également des deux phé-
nomènes, de l'inspiration et de l'expiration, toutefois
avec cette différence très -notable qu'il n'y a point
ici développement de calorique. Cette fonction de-
vient très- manifeste si l'on plonge une branche
d'arbre ou une jeune plante dans une cloche de verre
remplie d'eau, et qu'elle soit exposée à l'action de la
lumière; en effet, on verra s'élever de sa surface un
grand nombre de petites bulles qiu sont formées par
un air très -pur, et presque entièrement composé
de gaz oxygène. Si, au contraire, cette expérience
était faite dans un lieu obscur, les feuilles expire-
raient de 1 acide carbonique et du gaz azote, et non
du gaz oxygène. Il faut noter ici soigneusement que
toutes les autres parties du végétal qui n'offrent pas
la couleur verte, telles que les racines, l'écorce, les
fleurs, les fruits, soumis aux mêmes expériences, re-
jetteront toujours au dehors de l'acide carbonique, et
jamais de l'oxygène. Par conséquent l'expiration du
2l4 JVUTRITIOJV
gaz oxygène dépend non- seulement de l'influence
directe des rayons lumineux, mais encore de la co-
loration verte des parties.
Nous savons que les végétaux absorbent une grande
quantité d'acide carbonique qu'ils décomposent dans
l'intérieur de leur tissu, quand ils sont exposés à
l'action du soleil, et rejettent à l'extérieur la plus
grande partie de l'oxygène qui était combiné avec le
carbone. Or ce phénomène est encore une véritable
expiration.
Lorsqu'une plante est morte ou languissante, ou
bien l'expiration cesse entièrement, ou bien le fluide
expiré est constamment du gaz azcte. Il est certains
végétaux qui, même exposés à l'influence des rayons
du soleil, n'expirent que de l'azote; tels sont la sen-
sitive, le houx, le laurier-cerise, et quelques autres.
Il nous paraît difficile d'indiquer la véritable cause
d'une pareille anomalie.
§ 5. De V Excrétion.
Les déjections végétales sont des fluides plus ou
moins épais, susceptibles de se condenser et de se
solidifier. Leur nature est très- variée. Ce sont tantôt
des résines , de la cire , des huiles volatiles ; tantôt des
matières sucrées, de la manne, des huiles fixes, etc.
Toutes ces substances sont rejetées à l'extérieur par
la force de la végétation. Ainsi le Fraxinus Ornus
laisse suinter, en Calabre, un liquide épais et sucré
qui, par l'action de l'air, se concrète et forme la
manne. Les pins, les sapins, et en général tous les
DES VÉGÉTAUX. 2 I £>
arbres de la famille des Conifères, fournissent des
quantités considérables de matières résineuses. Beau-
coup de végétaux, tels que le Ceroxylon andicola ,
superbe espèce de palmier, décrite par MM. de
Humboldt et Bonpland , le Mjrica cerifera de l'Amé-
rique septentrionale, fournissent une grande quan-
tité de cire utilement «mployée dans la patrie de ces
végétaux.
Les racines excrètent aussi par leurs extrémités
les plus déliées certains fluides qui nuisent ou sont
utiles aux plantes qui végètent dans leur voisinage.
C'est de cette manière que Ton peut expliquer les
convenances ou les antipathies de certains végétaux.
Ainsi l'on sait que le chardon hémorrhoïdal nuit à
l'avoine, XErigevon acre au froment, la scabieuse
au lin, etc.
Tels sont les différens phénomènes qui dépendent
de la présence de la sève, quand elle est parvenue à
la partie supérieure des végétaux. Suivons -la main-
tenant dans son cours rétrograde, des feuilles vers
les racines.
§ 6. De la Sève descendante.
Ce point a été l'objet d'un grand nombre de dis-
cussions parmi les physiologistes. Plusieurs, en effet,
ont long-temps nié l'existence d'une sève descen-
dante. Mais les phénomènes sensibles de la végéta-
tion, et les expériences les plus précises ont démon-
tré qu'il existe une seconde sève , qui suit une marche
inverse de celle que nous avons précédemment exa-
2l6 NUTIUTION
minée. : En effet, si l'on fait au tronc d'un arbre
dicotylédon une forte ligature, il se formera au-
dessus d'elle un bourrelet circulaire qui deviendra
de plus en plus saillant. Or ce bourrelet pourrait-il
être formé par la sève qui des racines monte vers les
feuilles ? On conçoit qu'alors il devrait se présenter
au-dessous de la ligature, et non au-dessus. Mais le
contraire a lieu; ce bourrelet ne peut donc dépendre
que de l'obstacle éprouvé par les sucs qui descendent
de la partie supérieure vers l'inférieure, à travers
les couches corticales. Donc il existe une sève des-
cendante.
La sève descendante, dépouillée de la plus grande
partie de ses principes aqueux , beaucoup plus éla-
borée , contenant plus de principes nutritifs que la
première, concourt essentiellement à la nutrition du
végétal. Circulant dans la partie végétante de la tige.,
dans celle qui est seule susceptible d'accroissement,
ses usages ne peuvent paraître équivoques.
En effet, examinons encore de plus près les phéno-
mènes qui résultent de la ligature circulaire faite au
tronc d'un arbre dicotylédon, et nous verrons que
non-seulement il se forme un bourrelet au-dessus de
cette ligature , mais que la partie du tronc située
au-dessous d'elle cesse de s'accroître, et qu'aucune
couche circulaire nouvelle ne s'ajoute à celles qui
existaient déjà. Or ne voyons-nous point ici , de la
manière la plus évidente, l'usage de la sève descen-
dante? C'est elle qui renouvelle et entretient conti-
nuellement le liber et le cambium : c'est donc elle
DES VÉGÉTAUX. 2 17
qui concourt essentiellement à l'accroissement et au
développement des arbres dicotylédones.
Mais cette seconde sève n'est point de la même
nature dans tous les végétaux. Il en est dans lesquels
elle forme un suc blanc et laiteux, comme dans les
Euphorbes; dans d'autres (les Papavéracées), c'est
un suc jaunâtre ou brunâtre ; dans les Conifères ,
elle est plus ou moins résineuse, etc.
Nous venons de passer successivement en revue
les différens phénomènes qui ont rapport ou con-
courent à la nutrition des végétaux. Nous avons vu
les sucs puisés par les racines dans le sein de la terre
portés par une force particulière., dépendante de la
vie du végétal , arriver jusqu'aux parties les plus
élevées des dernières ramifications de la tige; là, en
se mêlant avec les fluides absorbés, en se dépouillant
des principes aqueux et aériformes inutiles à la nutri-
tion, acquérir des propriétés nouvelles; et, suivant
une marche rétrograde, devenir les véritables alimens
du végétal.
On voit par-là que la nutrition dans les plantes,
quoique ayant de grands rapports avec la même fonc-
tion dans les animaux, en diffère essentiellement.
En effet , c'est par leur bouche que les animaux
introduisent dans leur intérieur les diverses subs-
tances qui doivent servir à leur nutrition. C'est au
moyen des bouches aspirantes qui terminent leurs
racines que les végétaux absorbent, dans l'intérieur
2l8 NUTRITION DES VÉGÉTAUX.
de la terre , l'eau mélangée des matières nécessaires
ou inutiles à leur développement.
Dans les animaux, les matières absorbées suivent
un seul et même canal , depuis la bouche jusqu'à
l'endroit où la substance vraiment nutritive (Je chyle)
doit être séparée des matières inutiles ou excrémen-
titielles.
Dans les végétaux, le même phénomène a lieu :
les fluides absorbés parcourent un certain trajet
avant d'arriver jusqu'aux feuilies , où s'opère la sé-
paration des parties nécessaires ou inutiles à la nu-
trition.
Les animaux et les végétaux rejettent au dehors
les substances impropres à leur développement.
Le chyle, ou la partie nutritive et alimentaire des
animaux se mêle au sang, qu'il entretient et répare
continuellement , parcourt toutes les parties du
corps , et sert au développement et à la nutrition
des organes.
La sève des végétaux , après avoir éprouvé l'in-
fluence de l'atmosphère dans les feuilles , après avoir
acquis une nature et des propriétés nouvelles, redes-
cend dans toutes les parties du végétal pour y porter
les matériaux de leur accroissement et servir au dé-
veloppement de toutes leurs parties.
Se.»» »«!».^.>.&.î»».»>»>'S>»*»î»'*'»-8'G5'<'<e-sî*3 •«•«•«•«•< -S •«•<«««•«
DEUXIEME CLASSE.
DES ORGANES DE LA REPRODUCTION.
Les organes de la reproduction, que nous désignons
encore sous le nom d'organes de la fructification,
sont ceux qui servent à la conservation de l'espèce
et à la propagation des races. Leur rôle n'est pas
moins important que celui des organes dont nous
venons d'étudier la structure et les usages. En effet,
si les premiers sont nécessaires à l'existence de l'in-
dividu, au développement de toutes ses parties, les
seconds sont indispensables pour que cet individu
puisse devenir apte à procréer d'autres êtres sem-
blables à lui, qui puissent renouveler et perpétuer
son espèce.
Dans les plantes, ce sont la fleur, le fruit et les
différentes parties dont ils sont formés, qui com-
posent les organes de la reproduction. Aussi les avous-
nous distingués en deux sections, savoir: les organes
de la floraison et les organes de la fructification.
220 ORGANES DE LA REPRODUCTION.
SECTION PREMIERE.
DES ORGANES DE LA FLORA.1SON.
Considérations générales sur la Fleur.
Nous connaissons déjà les parties qui servent à fixer
la plante au sol, à absorber clans le sein de la terre,
ou au milieu de l'atmosphère , les fluides aqueux et
aériformes, nécessaires à la nutrition et au dévelop-
pement du végétal; nous venons d'étudier la série
d'organes qui concourent à l'entretien de la vie in-
dividuelle : occupons-nous maintenant des organes ,
non moins essentiels, dont l'action tend à renouveler
et à perpétuer l'espèce.
Ici se présente une grande ressemblance entre les
végétaux et les animaux. Les uns et les autres, en effet,
sont pourvus d'organes particuliers , qui, par leur
influence réciproque , concourent à la fonction la
plus importante de leur vie. La génération est le but
final pour lequel la nature a créé les différens or-
ganes des végétaux et des animaux. L'analogie la plus
parfaite existe entre eux dans cette grande fonction.
C'est de l'action que l'organe mâle exerce sur l'or-
gane femelle que résulte la fécondation , ou ce phé-
nomène par lequel l'embryon , encore à l'état rudi-
mentaire , reçoit et conserve le principe animateur
de la vie. Cependant remarquons ici les modifica-
DE LA. FLEUR EN GÉNÉRAL 221
tions que la nature a imprimées à ces deux grandes
classes d'êtres organisés. La plupart des animaux
apportent en naissant les organes qui doivent servir
un jour à les reproduire ; ces organes restent en-
gourdis jusqu'à l'époque où la nature, dirigeant sur
eux une nouvelle énergie, les rend capables de rem-
plir les usages pour lesquels elle les a créés. Les vé-
gétaux, au contraire, sont à leur naissance dépourvus
d'organes sexuels. La nature ne les y développe qu'au
moment où ils doivent servir à la fécondation. Une
autre grande dissemblance entre les animaux et les
végétaux, c'est que, dans les premiers, les organes
sexuels peuvent servir plusieurs fois à la même fonc-
tion, naissent et meurent avec l'être qui les porte;
tandis que dans les végétaux, dont le tissu est mol et
délicat, ces organes n'ont qu'une existence passagère:
ils paraissent' pour accomplir le vœu de la na-
ture , se fanent et se détruisent aussitôt qu'ils l'ont
rempli.
Admirons la prévoyance de la nature dans la dis-
tribution des sexes parmi les êtres organisés. Les
végétaux fixés invariablement au lieu qui les a vus
naître, privés de la faculté locomotive, portent,
le plus souvent, sur le même individu, les deux
organes dont l'action mutuelle doit produire la fé-
condation. Les animaux, au contraire, qui, doués
de la volonté et de la faculté de se mouvoir, peu-
vent se diriger dans tous les sens, ont en général
les sexes séparés sur des individus distincts. C'est
pour cette raison que l'hermaphroditisme est aussi
111 ORGAJVES DE LA REPRODUCTION.
commun chez les végétaux qu'il est rare parmi les
animaux.
La fleur est essentiellement constituée par la pré-
sence d'un des deux organes sexuels, ou des deux
réunis sur un support commun , avec ou sans enve-
loppes extérieures destinées à les protéger.
La fleur, réduite à son dernier degré de simpli-
cité, peut donc n'être formée que par un seul organe
sexuel, mâle ou femelle, c'est-à-dire par une ètamine
ou un pistil.
Ainsi , dans les saules , dont les fleurs sont uni-
sexuées , les fleurs mâles consistent simplement en
une, deux ou trois étamines, attachées sur une petite
écaille. Les fleurs Jemelles sont formées par un
pistil , également accompagné d'une écaille , sans
autres organes accessoires. Dans ce cas, comme dans
un grand nombre d'autres , la fleur est aussi simple
que possible. Elle prend alors le nom de fleur mâle
ou de fleur femelle , suivant les organes qui la
composent.
La fleur hermaphrodite est celle , au contraire ,
qui présente réunis sur un même support commun
les deux organes sexuels, mâle et femelle.
Mais les différentes fleurs que nous venons d'exa-
miner ne sont pas complètes . En effet, quoique l'es-
sence de la fleur consiste dans les organes sexuels ,
pour être parfaite , il faut encore qu'elle présente
d'autres organes qui, bien qu'accessoires, ne lui ap-
partiennent pas moins, et servent à favoriser ses
fonctions. Ces organes sont les enveloppes florales ,
DE LA FLEDR EN GÉNÉRAL. 2^3
c'est-à-dire le calice et la corolle. La fleur complète
sera donc celle qui présentera les deux organes sexuels
entourés d'une corolle et d'un calice.
Il est important d'examiner ici dans quel ordre
symétrique sont disposés entre eux les différens
organes constituant une fleur complète.
En allant du centre à la circonférence , nous
verrons : le pistil, ou organe sexuel femelle, occuper
toujours la partie centrale de la fleur. Il se com-
pose de X ovaire, du style et du stigmate. Plus en
dehors, sont les organej sexuels mâles, ou les.éta-
mines , ordinairement en nombre plus considérable
que les pistils , et composées d'un filet et d'une
anthère.
A l'extérieur des étamines, se trouve la plus inté-
rieure des deux enveloppes florales , ou la corolle :
on l'appelle monopétale , quand elle est formée d'une
seule pièce; polf pétale , quand elle est formée de
plusieurs pièces , nommées pétales : enfin la plus
extérieure des deux enveloppes florales est le calice,
qui est monosépale ou polysèpale , suivant qu'il est
composé d'une ou de plusieurs pièces nommées
sépales. Tout ce qui est en dehors du calice n'appar-
tient plus en propre à la fleur; telles sont lesfeidlles
florales ou les bractées qui les accompagnent fort
souvent , et qui doivent en être considérées comme
des parties accessoires.
Prenons dans la nature quelques exemples de fleurs
dans lesquelles nous chercherons à reconnaître et à
dénommer les différentes parties que nous venons
1ll\ ORGANES DE LA REPRODUCTION.
d'énumérer. La giroflée jaune ( Cheiranthus Cheiri)
va nous servir d'exemple. >
Nous verrons le centre de la fleur occupé par un
petit corps allongé, un peu comprimé d'avant en
arrière, présentant, lorsqu'on le fend longitudina-
lement dans ses deux tiers inférieurs , deux cavités
dans lesquelles sont renfermés les ovules : ce corps
est le pistil. Il se compose d'un ovaire ou partie in-
férieure , d'un style , prolongement filiforme du
sommet de l'ovaire , terminé par un petit corps vis-
queux , glandulaire et bilobé : c'est le stigmate. En
dehors du pistil nous trouvons six organes de même
forme, de même structure, disposés circulairement
autour de l'organe femelle , composés chacun d'une
partie inférieure filamentiforme , que surmonte une
espèce de petit sac ovoïde , à deux loges , remplis
d'une poussière jaunâtre. A leur position et à leur
structure , nous reconnaîtrons ces corps pour les
étamineSy ou organes sexuels mâles. Leur partie in-
férieure filamentiforme est le filet; leur partie supé-
rieure est Y anthère; la poussière qu'ils renferment
est le pollen. En examinant ce qui reste au dehors
des organes sexuels, nous apercevons huit appendices
membraneux , disposés par deux séries, quatre plus
intérieurs, et quatre occupant la partie externe de la
fleur. Les quatre intérieurs, plus grands, d'une cou-
leur jaune, parfaitement semblables entre eux, cons-
tituent un seul et même organe ; c'est la corolle, qui
dans ce cas est composée de quatre pièces distinctes
ou de quatre pétales. Il nous sera très-facile main-
DE LA FLEUR EN GÉNÉRAL. fiS
tenant de dénommer !es quatre pièces verdâtres, plus
petites, situées en dehors de la corolle. En effet, nous
savons déjà que la plus externe des deux enveloppes
florales est le calice. Ici le calice est donc formé de
quatre pièces ou sépales.
Telle est la structure et la position respective des
différens organes qui constituent une fleur complète.
Examinons maintenant quelques fleurs dans lesquelles
tous les organes que nous venons d'énumérer ne se
rencontrent pas. Dans la tulipe , par exemple, nous
trouvons au centre de la fleur \e pistil, composé d'un
ovaire prismatique et à trois faces , dont le sommet est
couronné par un corps glandulaire, qui est le stigmate:
il n'y a point de style. En dehors nous voyons six éta-
mines, dont la structure n'a rien de remarquable.
Voilà donc les deux organes sexuels; mais à leur exté-
rieur nous trouvons six pièces, ou segmens membra-
neux, parfaitement semblables entre eux , ne formant
évidemment qu'un seul et même organe. Dans cette
fleur il manque donc une des deux enveloppes flo-
rales; mais quelle est celle qui manque? Cette ques-
tion a beaucoup occupé les botanistes,, qui tous ne
sont pas encore d'accord à ce sujet. Les uns en effet,
avec Linnaeus, veulent que, lorsqu'il n'existe qu'une
seule enveloppe florale autour des organes sexuels,
on la nomme corolle, quand elle offre des couleurs
vives; calice, quand elle est verte. On voit combien
cette distinction est fondée sur des caractères peu
fixes. Les autres, au contraire, avec M. de Jussieu,
conduits par les lois de l'analogie, la regardent ,
ï5
1l6 ORGANES DE LA. REPRODUCTION.
comme un calice, quelles que soient sa couleur et
sa consistance. Nous partagerons cette opinion , et
nous appellerons calice l'enveloppe florale unique
qui se trouve autour des organes sexuels. D'autres
auteurs, voulant remédier à cette diversité d'opi-
nions, et concilier en quelque sorte les deux partis»
donnent le nom de périgone à l'enveloppe florale
unique qui entoure les organes sexuels. La tulipe,
que nous examinons, a donc un calice formé de six
sépales, ou un périgone composé de six pièces dis-
tinctes.
Enfin, comme nous l'avons vu précédemment, il
est des fleurs dans lesquelles les deux enveloppes flo-
rales manquent en même temps. On les a appelées
fleurs nues, pour les distinguer de celles qui sont
munies d'enveloppes florales.
CHAPITRE PREMIER.
DU PÉDONCULE ET DES BRACTÉES.
La fleur peut être fixée de diverses manières aux
branches ou aux rameaux qui la supportent. Ainsi
tantôt elle y est immédiatement attachée par sa base,
sans le secours d'aucune partie accessoire ou intermé-
diaire; dans ce cas elle est àhesessile (Jlos sessilis). On
la nomme au contrairp fleur pédonculée {Jlos pedwz-
culatus), quand elle y est fixée au moyen d'un pro-
longement particulier, nommé vulgairement queue de
PÉDONCULES ET BRACTÉES. 1ZJ
la fleur, et désigné en botanique sous le nom de pé-
doncule. Le pédoncule de la fleur, de même que le
pétiole de la feuille, peut être simple ou ramifié.
Quand il est ramifié, chacune de ses divisions, por-
tant une seule fleur, prend le nom de pédicelle, et
les fleurs sont dites pèdicellèes [flores pedicellatï).
Ainsi la fleur de l'œillet ordinaire est pédonculée, et
chacune des fleurs qui composent la grappe du Iilas
ou de la vigne est pédiceilée.
Il arrive fréquemment qu'autour d une ou de plu-
sieurs fleurs réunies on trouve un certain nombre de
petites feuilles tout-à-fait différentes des autres par
leur couleur, leur forme, leur consistance, etc. On
leur a donné le nom de bractées (àracteœ). INCe con-
fondez pas les bractées avec \esjeuilles florales pro-
prementdites. Celles-ci, en effet, ne diffèrent point
notablement des autres feuilles de la même plante;
mais elles sont seulement plus petites, et plus rappro-
chées des fleurs. Ainsi, dans le Salvia horminum et le
Salvia sclarœa, les bractées sont très-apparentes , et
fort distinctes des feuilles; elles sont colorées en bleu.
Quand les bractées ou les feuilles florales sont dis-
posées symétriquement autour d'une ou de plusieurs
fleurs , de manière à leur former une sorte d'enveloppe
accessoire, on donneà leur réunion Xewoxn^ involucre.
Ainsi, dans Insylvie, on trouve au-dessous de ia fleur
trois bractées disposées symétriquement, qui consti-
tuent un involucre triphylle. L Hnvoluere est dit tètra-
phylle ,pentaphylle , hexaphylle , polyphylle , suivant
qu'il est formé de quatre, cinq, six, ou d'un grand
llH ORGANES DE LA REPRODUCTION.
nombre de bractées. Quand le pédoncule est divisé,
et qu'à la base de chaque pédicelle , se trouve un
petit involucre, on nomme celui-ci involucelle : par
exemple, dans la carotte, à la base des pédoncules,
on observe un involucre polyphylle , et à la base des
pédicelles, un involucelle également polyphyUe.
Les bractées sont le plus souvent libres de toute
adhérence ; d'autres fois elles adhèrent avec le pédon-
cule de lafleur , comme dans le tilleul (Tilia europœa).
Elles ont ordinairement une structure et une con-
sistance foliacées; quelquefois cependant ce sont de
petites écailles, plus ou moins nombreuses et serrées
autour de la fleur. Dans ce cas, si elles sont persis-
tantes, et qu'elles entourent la base du fruit, ou l'en-
veloppent entièrement, à l'époque de sa maturité,
elles forment ce que les botanistes nomment une cu-
pule (^cupida^, comme dans les chênes, etc.
La cupule peut être squamacée, c'est-à-dire formée
de petites écailles très-serrées, comme dans le chêne
(Quercus Robur).
Elle peut être foliacée, c'est-à-dire formée par de
petites folioles, plus ou moins libres et distinctes,
comme dans le noisetier (Coryt 'us Avel la na).
Enfin elle est quelquefois pericarpoïde , c'est-à-dire
formée d'une seule pièce, recouvrant et cachant en-
tièrement les fruits, s'ouvrant quelquefois régulière-
ment, nour les laisser s'échapper, à l'époque de ieur
maturité, comme dans le châtaignier, le hêtre, etc.
Quand Xinvolucre entoure une seule fleur, qu'il en
est très-rapproché, et semblable au calice, on l'ap-
PÉDONCULES KT BRACTÉES. 229
pelle çalicule ou calice extérieur, comme dans la
mauve, la guimauve; les fleurs qui ontuw calitule&oni
dites caliculèes {flores caliculati).
La spathe {spalhci) est un involucre membra-
neux, renfermant une ou plusieurs fleurs, qu'il
recouvre entièrement avant leur épanouissement, et
qui ne se montrent à l'extérieur qu'après son dérou-
lement ou son déchirement. Par exemple, dans les
narcisses, les différentes espèces à'Allium, telles que
1'ognon commun, etc.
La spathe est monophjlle , c'est-à-dire composée
, d'une seule pièce, comme dans le gouet {Arum ma-
culatum); composée de deux pièces, ou diphylle ,
dans l'ail, l'ognon, etc.
Elle est cuculliforme {s. cucullata), ou roulée en
cornet , dans l'Arum.
Ruptile, c'est-à-dire se déchirant irrégulièrement
pour laisser sortir les fleurs, comme dans les nar-
cisses.
Biflore ou multiflore , suivant qu'elle renferme
deux ou un grand nombre de fleurs.
Membraneuse , quand elle est mince et demi-
transparente, comme dans les narcisses, les Allium.
Ligneuse, quand elle offre la consistance et le tissu
du bois, comme dans plusieurs palmiers. Par exem-
ple, le dattier {Phœnix dactylifera) , etc.
Pélaloïde, quand elle est molle et colorée comme
la corolle. Exemple : le Calla œlhiopica , etc.
Quelquefois les fleurs contenues dans une spathe
sont enveloppées chacune dans une petite spathe
23o ORGANES DE LA REPRODUCTION.
particulière, qui porte le nom de spathille , comme
la plupart des Iridées.
Les Graminées et les Cypéracées, qui s'éloignent
tant des autres familles de plantes par leur aspect
général et la structure de leurs organes, n'ont ni
calice ni corolle proprement dits. Les parties aux-
quelles on avait donné ce nom diffèrent essentielle-
ment de ces mêmes organes dans les autres végé-
taux phanérogames. Ce ne sont que de véritables
involucres, mais qui affectent une disposition parti-
culière, qu'on ne retrouve pas clans les autres végé-
taux; aussi leur a-t-on donné des noms particuliers.
Ainsi on appelle glume {gluma) les deux écailles,
de forme très-variée , qui sont les plus voisines des
organes sexuels. (Voy. pi. 6, fîg. i/i5 b b.) Quelque-
fois ces deux paillettes sont soudées en una seule,
qui alors est bifide, comme dans YAiopecuru\, le
Cornucopiœ. Toutes les autres paillettes qui sont en
dehors de la glume constituent la lépicène [lepicenct).
Leur nombre est très-variable. Ainsi il y en a une
dans XAgrostis canina, L. ; deux dans le plus grand
nombre des autres Àgrostis, le Cynodon, etc. (Voy.
pi. 6, fig. i4? # a.) Souvent, en dehors des organes
sexuels, on trouve un ou deux petits corps de forme
très-variable ; ils portent le nom de palêoles , et leur
ensemble constitue la. gàimclle (glumella). (Voy. pi. G,
fig. i5, a a.)
Lorsque, dans les Graminées, deux ou un plus
grand nombre de fleurs sont réunies de manière à
former une sorte de petit épi nommé èpiet {spiculd)
PÉDONCULES ET BRACTÉES. l'5l
ou lodicule, leur enveloppe commune reçoit égale-
ment le nom de lépicene; elle peut être unipaléacée,
-comme dans le Lolium, ou bipalèacèe, comme dans
le Paa; ou multipaléacêe , comme dans quelques
espèces à'CJniola. 11 résulte de là que chaque petite
fleur en particulier est dépourvue de lépicene propre,
et n'est entourée que d'une glume, qui, dans ce cas,
est toujours bipaléacée. On dit alors que Yépiet ou
la lépicene est biflore , triflore , etc. , suivant le
nombre des fleurs qu'ils renferment.
Revenons encore à quelques considérations sur le
pédoncule.
Le Pédoncule , ou support particulier des fleurs,
affecte différentes modifications qu'il est utile de faire
connaître.
Ainsi, suivant sa situation, il est radical, quand
il part de l'aisselle d'une feuille radicale, comme dans
le pissenlit {Taraxacam dens leonis), la primevère
(Primula veris).
On lui donne le nom spécial de hampe (scapus),
quand il part immédiatement d'un assemblage de
feuilles radicales, comme dans la jacinthe, les nar-
cisses, etc.
Il est caulinaire ou ramaire, suivant qu'il naît de
la tige ou des rameaux; ce qui est la disposition la
plus ordinaire.
Il est pétiolaire quand il fait corps, dans une
partie de sa longueur, avec le pétiole.
Epiphylle, lorsqu'au lieu de naître sur la tige ou
les rameaux, il prend origine sur la surface même
!i3a ORGAIV.ES DE LA REPRODUCTION.
des feuilles; tel est celui du petit houx [Ruscus
aculeatas).
Axillaire, lorsqu'il naît sur la tige ou les rameaux
dans l'aisselle des feuilles.
Extraxillaire ou latéral, quand il prend naissance
sur les parties latérales du point d'insertion de la
feuille, comme dans les Solanées.
Terminal, quand il termine le sommet de la tige,
dont il ne paraît être que la continuation.
Le Pédoncule est unif/ore, biflorey triflore, mul-
tiflore , suivant le nombre des fleurs qu'il supporte.
Ii est quelquefois roulé en spirale ou en tire-bou-
chon, comme dans le Vallisneria spiralis; le pain de
pourceau {Cyclamen europœum) offre aussi cette
singulière disposition , lorsque son fruit approche de
la maturité.
CHAPITRE II.
DE L'INFLORESCENCE.
On donne le nom à? mjlorescence à la disposition
générale ou à l'arrangement que les fleurs affectent
sur la tige ou les autres organes qui les supportent.
Les fleurs sont dites solitaires , toutes les fois
qu'elles naissent seule à seule de différens points
de la tige, à des distances plus ou moins grandes les
unes des autres; par exemple, dans la tulipe, le
rosier à cent feuilles.
INFLORESCENCE. 2 33
Elles sont terminales, quand* elles sont solitaires
et situées au sommet de la tige , comme dans la
tulipe.
Latérales, quand elles se développent sur les
côtés des tiges ou des rameaux.
On appelle fleurs géminées {flores gemini) celles
qui naissent deux à deux d'un même point de la tige,
comme dans le Viola biflora.
Ternées {flores ternati), celles qui naissent trois à
trois d'un même point de la tige; par exemple, celles
du Teucriumflavum.
Fasciculées ou en faisceau {flores fasciculali) ,
quand elles sortent plus de trois ensemble d'un même
point de la tige ou des rameaux , comme dans le ceri-
sier {Cerasus communis).
Examinons les espèces d'inflorescence qui ont reçu
des noms particuliers.
i° Lorsque les fleurs sont disposées sur un axe
commun, simple et non ramifie, qu'elles soient ses-
siles ou pédonculées, que le pédoncule soit droit ou
penché, elles forment un épi (spica, flores spicati);
exemple : le cassis {Pdbes nigrum), Tépine-vinette
(Berberis vulgaris), les orchis, etc.
La base de chaque fleur est souvent accompagnée
d'une écaille ou bractée; l'épi alors est dit squa-
mifère ou bractéolé; par exemple, dans V Orchis mili-
tarisa
Quelquefois les fleurs sont disposées en spirale au-
tour du rachis, comme dans YOphrys cestivalisel YO.
Autxmmalis ( Spiranthes , R ich . \
234 ORGA3VES DE LA REPRODUCTION.
D'autrefois les fleurs sont très-serrées, l'épi est court
et globuleux (spica globosa) , comme dans YOrckis
globosa^ plusieurs espèces de scille, etc.
2° Si le pédoncule commun se ramifie plusieurs
fois et d'une manière irrégulière, cette disposition
prend le nom de grappe [racemus , flores racemosi) ,
comme dans la vis:ne.
3° Quand Taxe commun est dressé, les pédoncules
irrégulièrementdivisés en pédicelles portant les fleurs,
si cet assemblage a une forme à peu près pyramidale,
on lui donne le nom de thyrse i^thyrsus ', flores thyr-
soïdei). Te\s sont le lilas ( Syringa vulgaris ) , le troëne
(Ligustrum vulgare\ le marronnier d'Inde {/Esculus
Hippocastanuni). Cette espèce d'inflorescence se dis-
tingue à peine de la grappe.
4° On dit que les fleurs sont disposées en panicule
{^flores paniculati), quand l'axe commun se ramifie, et
que ses divisions secondaires sont très-allongées et
écartées les unes des autres. Cette espèce d'inflores-
cence appartient presque exclusivement aux Grami-
nées; telles sont, par exemple, les fleurs mâles du
blé de Turquie (Zea Mays), X Agrostis spica venti,
la canne [Arundo Donax), etc.
5° Les fleurs sont disposées en corymbe (flores
corymbosi), quand les pédoncules et les pédicelles
partent de points différens de la partie supérieure de
la tige , mais arrivent tous à peu près à la même
hauteur, comme on le remarqua dans la millefeuille
( Àchillœa Millefoliiim ).
6° La disposition en ryme (flores cymosi) est celle
INFLORESCENCE. 2 35
dans laquelle les pédoncules partent d'un même point ,
les pédicelles étant inégaux , et partant de points diffé-
rens, mais élevant toutes les fleurs à la même hauteur,
comme on le remarque dans le sureau noir (Sambucus
nïgra), le cornouiller (Cornus sanguinea), etc.
70 Les fleurs sont dites en ombelle [flores umbellatî),
quand tous les pédoncules, égaux entre eux, partent
d'un même point de la tige, divergent, se ramifient
en pédiceiles, qui partent également tous de la même
hauteur, en sorte que l'ensemble des fleurs repré-
sente une surface bombée, comme un parasol étendu
(umbella). Cette disposition se rencontre dans toute
une famille très -naturelle de plantes, les Ombelli-
fères ; telles sont la carotte [Daucus Carotta), la ciguë
[Conium maculatum) , l'opoponax (Pastinaca Opo-
ponax), etc.
L'ensembledespédoBculesréunis forme une ombelle;
chaque groupe de pédicelles constitue une ombeîlule.
Très-souvent, à la base de l'ombelle, on trouve un
involucre, et à la base de chaque ombeîlule un in vol u-
celle , commedans la carotte. D'autres fois l'involucre
manque, et il existe des involucelles, comme dans le
cerfeuil {Chœrophyllwn sativum). Enfin l'involu-
cre et les involucelles peuvent ne pas exister du tout,
comme dans le Pimpinella SaxiJ'raga , Pimpinella
magna, etc.
8° Les fleurs sont disposées en sertule {flores serin-
lati), quand les pédoncules sont simples , partant tous
du même point, et arrivant à peu près à la même
hauteur, comme dans le jonc fleuri ( Buto/nus umbcl-
236 ORGANES DE LA REPRODUCTION.
latus), la plupart des espèces du genre Alliwn, les
primevères, etc.
Cette espèce d'inflorescence avait été réunie à l'om-
belle; mais elle en est trop différente pour ne pat
mériter un nom particulier.
90 Les flears sont en verticille ou verticillêes (Jïores
verticillati) , quand elles forment un anneau autour
d'un même point de la tige. Presque toutes les Labiées
ont leurs fleurs disposées en verticilles. Exemple : le
serpolet {^Thymus Serpylium) , le petit chêne ( Teu-
crium Chamœdrys) , la Monarda coccinea; certaines
plantes d'autres familles , comme le genre Myriophyl-
lum, Y Hippuris vulgaris , etc.
io° On nomme spadice [s padix, flores spadicei)
une espèce d'inflorescence dans laquelle le pédon-
cule commun est couvert de fleurs unisexuées nues,
c'est-à-dire sans calice propre„ordinairement distinc-
tes et séparées les unes des autres, comme dans X A-
ruin maculatum, le Callapaluslris, etc. Quelquefois
cependant on trouve des écailles qui entrecoupent les
différentes fleurs; mais elles ne peuvent être regar-
dées comme des calices, puisqu'elles naissent de la
substance même du pédoncule, dont elles paraissent
être des appendices, et sont toujours situées au-des-
sous du point qui donne attache aux fleurs, comme
dans certaines espèces de poivrier.
Le spadice est propre aux plantes monocotylédo-
nées. Quelquefois il est nu, c'est-à-dire sans enve-
loppe destinée à le recouvrir, comme dans les poivriers.
D autrefois il est enveloppé d'une spathe, comme
INFLORESCENCE. <j37
dans les Àroïdes et certaines espèces de Palmiers.
ii° Le chaton ( amentum , flores amentacei) est
une disposition dans laquelle des fleurs unisexuées
sont insérées sur des écailles qui leur servent en quel-
que sorte de pédoncule ; telles sont les fleurs mâles du
noyer {Juglans regïa) , du noisetier (Corylus Avel-
lana , les fleurs mâles et femelles des saules , etc.
Cette espèce d'inflorescence se rencontre dans toute
une famille de végétaux, composée d'arbres plus ou
moins élevés, et que l'on a nommée A inenlacées (t).
Tels sont les saules, les peupliers, les aunes, le bou-
leau, le charme, le chêne, le hêtre, etc.
12° On donne le nom de capitule (capitulum) à la
disposition des fleurs que les anciens nommaient im-
propre m en \ fleurs composées . C'est ce que Ton remar-
que dans les chardons, l'artichaut, la scorzonère, la
scabieuse, etc. Le capitule est formé par un nombre
plus ou moins considérable de petites fleurs, réunies
sur un réceptacle commun, manifestement plus renflé
et plus large que le sommet du pédoncule qui le sup-
| >rfrè , que l'on nomme phoranthe ; et entourées d'un
involucre particulier, qu'on désignait autrefois sous le
nom U£ calice commun. Ainsi , par exemple , dans l'ar-
tichaut {Cinara Scolymus) , les feuilles vertes dont on
mange la base appartiennent à l'involucre : la partie
(i ) La famille des Amentacées de Jussieu a été partagée, d'après
les observations récentes de quelques botanistes, en plusieurs
groupes ou familles très-distinctes parla structure des différentes
parties de IpuYs fleurs et de leurs fruits ; telles sont les Cupulifères,
les Bétulinées , les Stdicinces, les Ulmacées, etc.
a38 ORGANES DE LA REPRODUCTION.
inférieure, large et charnue, est \ephoranthe. Les fleurs
sont au centre des folioles de l'involucre. Elles sont
très-petites, et entremêlées de soies roides et dressées.
Le phovanthe n'a pas toujours la même disposition.
Quelquefois il est légèrement concave, comme dans
l'artichaut; d'autrefois très - convexe , proéminent
et comme cylindrique, dans quelques Anthémis, le
Rudbeckia, etc.
Il est plus souvent lisse ; d'autrefois cependant
il offre des espèces d'alvéoles dans lesquelles la base
des petites fleurs est contenue , comme dans YOuopor-
clum. Tantôt il est nu , c'est-à-dire qu'il ne porte que les
fleurs; d'autres fois les fleurs sont accompagnées d'é-
cailles ou de poils plus ou moins roides et acérés.
L'involucre ne varie pas moins. Tantôt, en effet,
il est formé d'un seul rang de folioles , comme dans le
salsifix. (Tragopogoiï) ; quelquefois ces écailles sont
très-nombreuses, imbriquées, et formant plusieurs ran-
gées, comme dans les centaurées, les chardons, etc.
CHAPITRE III.
DE LA. PRÉFLEUR AI SON.
On entend par le mot de préfleuraison (prœflo-
ratio , œstivalïo) la manière d'être des différentes
parties d'une fleur avant leur épanouissement. On
voit, d'après cette définition, que nous comprenons
ici les positions variées que les diverses parties d'une
fleur affectent dans le bouton.
PRiiFLEURAISOW. 23()
Cette considération a été long-temps négligée , et
mérite cependant la plus grande attention de la part
des botanistes; car la préfleurais on est en général la
même dans toutes les plantes d'une même famille na-
turelle. Jusqu'ici on n'a étudié que la préfleuraison de
la corolle; mais celle du calice et des organes sexuels
n'est pas moins importante à connaître :
i° Les pétales ou les divisions de la corolle
peuvent être imbriqués (pctala imbricata , prœflo-
ratio imbrication), quand ils se recouvrent latéra-
lement les uns les autres par une petite portion de
leur largeur, comme dans le genre Bosa, les pom-
miers , les cerisiers , le lin , etc.
2° La corolle monopétale peut être pliée sur elle-
même à la manière des filtres de papier ( corolla
plicata , prœfloratio plicativa ) , comme dans les
Convolvulacées, plusieurs Solanées.
3° Les pétales, ou les divisions de la corolle mo-
nopétale sont quelquefois rapprochés et roulés en
spirale (pela/a spiraliter contorta , prœfloratio
torswa), comme dans les Oxalis, les Apocifiées, etc.
4° Les pétales sont souvent chiffonnés (petala
corrugata, prœfloratio comigaliva) , c'est-à-dire
plies en tous sens; comme dans les pavots, le gre-
nadier, les cistes, etc.
5° Les pétales peuvent être rapprochés bords à
bords comme les valves d'une capsule {prœfloratio
valvaris); dans les Araliacées, par exemple.
6° Quand les pétales sont au nombre de cinq, qu'il
y en a deux extérieurs et deux intérieurs, et un
a4o ORGANES DE LA REPRODUCTION.
qui recouvre les intérieurs par un de ses côtés , et
est recouvert de l'autre par les extérieurs, M. De-
candolle nomme cette disposition, préfloraison quin-
conciale ; par exemple, dans l'œillet.
Il existe encore plusieurs autres modes de pré-
fleuraison, mais moins importans à connaître, parce
qu'ils se rencontrent moins fréquemment.
Ces différentes modifications sont également ap-
plicables au calice.
Dans les Ombellifères , les Urlicées, les étamines
sont infléchies vers le centre de la fleur; elles se re-
dressent, quelquefois même se rabattent en dehors,
lors de son épanouissement.
CHAPITRE IV.
DES ENVELOPPES FLORALES EN GÉNÉRAL.
Nous avons déjà vu précédemment que les en-
veloppes florales n'étaient point des organes essentiels
de la fleur, puisque beaucoup de plantes en étaient
entièrement dépourvues. Ainsi donc nous ne serons
point étonnés quand nous verrons des fleurs dans
lesquelles le calice et la corolle manquent , et qui
cependant sont remplacées par des fruits parfaits.
Linnaeus donnait le nom général de périanthe (pe-
riantkium)h l'ensemble des enveloppes florales qui
entourent les organes sexuels.
Le périanthe est simple ou double.
ENVELOPPES FLORALES. 2^1
Quand il est simple , on lui donne le nom de
calice, quelles que soient sa couleur , sa consistance,
sa forme, comme dans la tulipe, le lis, les Thy-
mélées, etc.
Toutes les plantes monocotylédonées n'ont jamais
de corolle; leur périanthe est toujours simple ; elles
n'ont qu'un calice.
Quand le périanthe est double , l'enveloppe la
plus intérieure, c'est-à-dire celle qui est la plus
voisine des organes sexuels, prend le nom de corolle.
On nomme calice l'enveloppe la plus extérieure. On
a dit encore que le calice faisait suite à l'écorce du
pédoncule, la corolle au corps ligneux, ou à la partie
située entre la moelle et l'écorce, dans les plantes
annuelles.
Telle est l'opinion généralement admise par les au-
teurs qui s'occupent des rapports naturels des plantes.
Et, en effet, elle paraît, dans le plus grand nombre
des cas, conforme à la nature. Mais remarquons ce-
pendant ici, à l'égard des Monocotylédons, que dans
beaucoup de circonstances, surtout quand le périanthe
se compose de segmens séparés , on pourrait croire a
l'existence de deux enveloppes autour des organes
sexuels. En effet, les six pièces qui forment le périanthe
simple d'un grawd nombre de Monocotylédons sont
le plus souvent disposées comme sur deux rangs; en
sorte que trois paraissent plus intérieures, et trois
plus extérieures. Si nous ajoutons à cela que les trois
intérieures sont souvent colorées et pétaloïdes, tandis
que les trois externes sont vertes et semblables au
16
l[\1 ORGANES DE LA. REPRODUCTION.
calice, nous pourrons concevoir comment on a pu
admettre dans ces plantes un périanthe double, c'est-
à-dire une corolle et un calice. Cette disposition est
surtout remarquable clans l'éphémère de Virginie
( Tradescantia virginica ) : son périanthe simple
est à six divisions, trois intérieures plus grandes,
minces, délicates, d'une belle couleur bleue; trois
extérieures plus petites, vertes, et tout à-fait diffé-
rentes des premières. Il en est de même dans X Alisma
Plantage-, la sagittaire, etc., qui ont toujours les
trois divisions intérieures de leur périanthe colorées
et pétaloïdes, tandis que les trois extérieures sont
vertes et caliciformes.
Mais ces exceptions n'existent qu'en apparence :
elles s'évanouissent devant une observation plus
exacte. Car, bien que les six segmens du périanthe
d'un grand nombre de Monocotylédons soient disposés
sur deux rangs, cependant ils ne forment, sur le
sommet du pédoncule qui les supporte, qu'un seul et
même cercle, c'est-à-dire qu'ils n'ont qu'un point
d'origine commun, et se constituent manifestement
tous les six avec la partie la plus extérieure du pé-
doncule. Ils ne forment donc qu'un seul et même
organe, c'est-à-dire un calice. En effet, s'ils consti-
tuaient deux enveloppes distinctes, un calice et une
corolle, le point d'insertion de la corolle serait plus
intérieur que celui du calice , puisqu'elle se continue
avec la substance ligneuse de la tige ou la partie qui
la représente, tandis que le calice est une suite de
l'épidermc ou de la partie la plus extérieure du pé-
ENVELOPPES FLORALES. ^43
doncule. De tout jceci nous pouvons conclure que
dans les Monocotylédons, il n'y a jamais de corolle
mais seulement un calice , quelles que soient la
coloration et la disposition des parties qui le cons-
tituent.
La vaste et intéressante famille des Orchidées, qui
s'éloigne autant des autres plantes monocotylédonées
par la forme et l'apparence extérieure de ses fleurs que
par leur organisation intérieure, nous présente éga-
lement un périanthe simple à six divisions, mais qui
subit des modifications particulières qu'il est impor-
tant de noter ici. De ces divisions, trois sont plus
intérieures, trois plus extérieures que les précé-
dentes. Les trois externes sont fort souvent réunies
ensemble, avec deux des intérieures, à la partie
supérieure de la fleur, et constituent, en se rappro-
chant intimement les unes contre les autres, une
espèce de voûte ou de casque qui recouvre et protège
les organes sexuels. De là le calice est dit en casque
[calyx ga/eattis). Des trois divisions intérieures,
l'une est moyenne et inférieure, d'une forme et d'une
couleur ordinairement différentes de celles des deux
autres. Elle a reçu le nom particulier de labelle
{labelluni}. C'est cette troisième partie qui, dans un
grand nombre d'espèces , offre des formes si variées
et si extraordinaires. Tantôt, en effet, vous croiriez
apercevoir une abeille-bourdon se reposant sur la
\>\w\\.e (Ophrys apifera), tantôt une araignée (Ophrys
aranifera); d'autres fois un singe dont les parties
inférieures sont écartées (Orchis zoophora, Ophrys
l[\[\ ORGANES DE LA. REPRODUCTION.
anthropophora). Dans plusieurs genres de eette fa-
mille, le labelle présente à sa partie inférieure un
prolongement creux, en forme de cornet, auquel on
a donné le nom èH éperon i^caïcar^). Dans ce cas il est
dit éperonné {labellum calcaratum). La présence,
l'absence ou la longueur respective de l'éperon ser-
vent de caractère distinctif à certains genres d'Or-
chidées.
Les enveloppes florales, malgré la délicatesse de
leur tissu et les couleurs variées dont elles sont fort
souvent embellies, ne sont en général que des feuilles
légèrement modifiées. C'est surtout pour le calice
que cette analogie, cette identité même de structure
est plus frappante. En effet, il est des fleurs dans
lesquelles les sépales ou folioles du calice ont tant de
ressemblance avec les feuilles, qu'il est difficile de
ne pas les considérer comme un seul et même organe.
Cependant, pour faciliter l'établissement des carac-
tères génériques des plantes, les botanistes sont con-
venus de regarder comme tout-à-fait distincts des
organes dont la structure est identiquement la même.
Nous allons maintenant étudier séparément les -
deux enveloppes florales qui composent le périanthe
double , c'est-à-dire le calice et la corolle.
CALICE. 245
CHAPITRE V.
DU CALICE. •
Le calice est l'enveloppe la plus extérieure du
périanthe double, ou ce pèrianthe lui-même, quand
il est simple.
Il est facile de prouver par l'analogie que le
pèrianthe simple est un calice , et non point une
corolle, comme Linnœus le nommait souvent.
En effet, un principe général , sanctionné par tous
les botanistes, c'est que l'ovaire est appelé infère
{ovarium inferum) toutes les fois qu'il fait corps,
ou qu'il est soudé avec le tube du calice par tous les
points de sa périphérie. Or l'ovaire est infère dans un
grand nombre de Monocotylédons qui n'ont qu'un
périanthe simple, tels que dans les Iridées, les
Narcisses, les Orchidées, etc. On doit donc conclure
de laque cette enveloppe unique, entièrement sou-
dée par sa base avec l'ovaire, est un véritable calice.
Le calice est monosépale ( calyx monosepalus )
toutes les fois qu'il est d'une seule pièce, comme
clans la stramoine et toutes les autres Solanées , dans
1-a sauge et toutes les autres Labiées. (Voy. pi. 5,
fig. 1, 2, 3. )
Il est polysépale {calyx polysepalus) quand il est
formé d'un nombre plus ou moins considérable de
pièces distinctes, qu'on peut isoler les unes des autres
2^6 ORGANJiS DE LA. REPRODUCTION.
sans aucune déchirure de leur substance, et aux-
quelles on donne le nom de sépales, comme dans la
giroflée, le cresson, etc.
Toutes les fois que le calice fait corps avec l'ovaire,
ou, ce qui est la même chose, toutes les fois que
l'ovaire est infère, le calice est nécessairement mono-
sépale.
Le calice monosépale persiste presque toujours
après la fécondation. Très-souvent il accompagne le
fruit jusqu'à l'époque de sa maturité. Quelquefois
même il prend de l'accroissement à mesure que le
fruit approche delà maturité, comme on le remarque
dans l'Alkékenge (Phjsalis Alkekengi), etc.
Le calice poljsépale est généralement caduc; il
tombe le plus souvent à l'époque de la fécondation,
quelquefois même aussitôt que la fleur s'épanouit ,
comme dans les pavots.
On distingue dans le calice monosépale le tube, ou
la partie inférieure, ordinairement allongée et rétré-
cie; le limbe ou la partie supérieure, plus ou moins
ouverte et étalée; la gorge {faux), ou la ligne qui
sépare le tube du limbe.
Le limbe du calice monosépale peut être plus ou
moins profondément divisé. Ainsi il est simple-
ment :
i° Denté {caljx dentatus), quand il offre des den-
telures aiguës. II peut être tridenlè (c. tridentalus) ,
comme dans la camelée [Cneorum tricoccum); qua-
dridentè (c. quadritenlatus)^ comme dans le troëne ,
le lilas (voy. pi. 5, fig. i ); quinquêdentè (c. quin-
CALICE. 2^7
quedentatus), dans un grand nombre de Labiées et
de Caryophjllèes , etc., suivant qu'il présente trois,
quatre ou cinq dents. Ces dents elles-mêmes peuvent
offrir différentes dispositions. Ainsi elles sont égales
ou inégales, dressées, étalées ou réfléchies. Ces di-
verses expressions s'entendent d'elles - mêmes , et
n'ont pas besoin d'être définies plus longuement.
i° Le calice monosépale peut être fendu (c.fissus) ,
quand les incisions atteignent environ la moitié de la
hauteur totale tlu calice. De là on dit qu'il est :
Bifide (c. bi/zdus), comme dans la pédiculaire des
marais (Pedicularis palustris) ;
Trifide ( c. trijldus) ;
Quadrijîde (c. quadrifidus) , comme dans le Rham-
thns cris ta galli, etc.;
Quinquéflde (c. quinquefidus) , dans la jusquiame
{Hjosciamus niger), le tabac ( voy. pi. 5, fig. u);
Multijîde (multifîdus), etc.;
3° Quand les divisions sont très-profondes, et par-
viennent presque jusqu'à sa base, on dit alors du
calice qu'il est :
Biparti (c. bipartitus) , comme dans le genre Oro-
banche ;
Triparti (c. tripartitus) , comme dans X Anonatri-
loba ;
Quadriparii (c. quadripartites), dans la véronique
officinale {Veronica officinalis) ;
Quinquèparti (c. quinqueparlitus) , dans la bour-
rache ( Borrago offîcinalis), Xa digitale pourprée (Di-
gitalis purpurea ) , etc. ;
Q.l\8 ORGANES DE LA REPRODUCTION.
Multiparti ( c. multipartitus ) , etc.
Enfin , par opposition à toutes ces expressions , on
dit du calice qu'il est entier {^calyx integer), quand
son limbe ne présente ni dentelures ni incisions; par
exemple, dans beaucoup de genres d'Ombeîlifères.
Le calice monosépale peut être régulier ou irré-
gulier.
Il est régulier (c. regularis ) quand toutes ses inci-
sions sont parfaitement égales entre elles , quelles
que soient d'ailleurs leur figure ou leur forme ; par
exemple, celui de la bourrache, de l'œillet, etc.
Il est irrégulier y au contraire (c. irregularis), quand
les parties correspondantes n'ont point une même
figure ni une grandeur égale , comme dans la capu-
cine [Tiopœolum majui).
Quant à sa forme , le calice est tubuleux (c. tubu-
losus), quand il est étroit, très -allongé, et que son
limbe n'est point étalé, comme dans la primevère
(Pri/nula veris) l'œillet, etc. ( voy. pi. 5, fig. 10);
Turbiné (c. turbinatus) , ayant la forme d'une
poire ou d'une toupie ; par exemple , dans la bour-
gène;
Urcéolé (c. urceolalus , ■ventricosus) , renflé à sa
base, resserré à la gorge, le limbe étant dilaté, comme
dans le genre Rosa, la jusquiame (ffyosciamus niger);
Enflé ou vésiculeux (c. inflatus , vesiculosus),
quand il est mince , membraneux, dilaté comme une
vessie, beaucoup plus large que la base de la corolle
qu'il entoure, comme dans le Cucubalus Behen, le
Bhinanthus cn'sta galli , etc.;
CALICE. 249
Campanule ou en cloche (c. campanidalus), dilaté
de la base vers l'orifice , qui est très-ouvert , comme
dans la fausse mélisse {MeUuis melissophyllurn) , la
molucelle, etc.;
Cupule (c. cupulifbrmis), aplati ou légèrement
concave, comme dans le citronnier [Citrus medicd)\
Cylindrique (c. cylindricus ) , lorsque, de sa base
jusqu'à sa partie supérieure, il forme un tube dont
tous les diamètres sont à peu près égaux , comme
dans l'œillet (voy. pi. 5, fig. 10);
Clavi forme ou en massue (c. clavatus , clavifor-
mis), quand le tube est légèrement renflé à son
sommet, comme dans le Silène armeria;
Comprimé (c. compressas), large et aplati latéra-
lement, comme dans la pédiculaire des marais {Pe-
dicularis palus tris) ;
Prismatique (c. prismalicus), ayant des angles et
des faces bien marqués, comme dans la pulmonaire
( Pulmonaria ojjicinalis) ;
Anguleux{c. angulosus), offrant un grand nombre
d'angles saillans et longitudinaux ;
Sillonné (c. sulcaius), offrant des lignes rentrantes
longitudinales;
Bilabié (c. bilabiatus) , ayant ses divisions dispo-
sées de manière à offrir une lèvre supérieure et une
inférieure, écartées Tune de l'autre; par exemple,
dans la sauge (Salvia officinalis) et un grand nombre
d'autres Labiées ;
Éperonné (c. calcaratus), présentant un prolon-
2DO ORGANES DE LA REPRODUCTION.
gement creux à sa base , comme dans la capucine
( Tropœolum majus) ;
Diptère (c. dipterus), présentant deux appendices
latéraux et membraneux, en forme d'ailes;
Triptére (c. tripterus), offrant trois appendices
latéraux, membraneux, en forme d'ailes.
Le caiice est souvent coloré assez vivement, sur-
tout quand il n'existe pas de corolle; dans ce cas
il est dit pètaloïde ou corolli forme ( c. petaloï-
deus , corolliformis) , comme dans le bois gentil
( Daphne Mezereum ) , les narcisses , les Orchi-
dées, etc.
Il est important de mentionner les proportions re-
latives du calice et de la corolle. Ainsi, ordinaire-
ment, le calice est plus court que la corolle (calyx
corolld brevior). D'autres fois il est plus long (calyx
corolld longior), comme dans la nielle des blés
[Agroslemma Gilhago). Enfin il peut être égal à la
corolle (calyx corollœ œqualis).
Le calice peut être libre de toute adhérence , ou
bien il peut être soudé et faire corps , en tout ou
en partie, avec l'ovaire: dans ce cas, le calice est
dit adhèrent {calyx ovario adhœrens), et l'ovaire
est nécessairement infère.
Le calice polysépale peut être composé d'un
nombre plus ou moins considérable de sépales , ou
pièces distinctes; ainsi il est :
Disépale(c.disepalus), quand il est formé de deux
sépales , comme dans le pavot (Papaver somirijé-
rum)y la fumeterre {Fumaria ofjîcinalis);
calice. a5i
Trisépale (c. trisepalus), formé de trois sépales ,
comme dans la ficaire {Ficaria ranunculoïdes) ;
Tétrasépale (c. tetrasepalus) , offrant quatre sé-
pales , comme dans le chou , la rave , le cresson et
les autres Crucifères (voy. pi. 5, fig. 9);
Penlasèpale {c. pentasepalus) , quand il est com-
posé de cinq sépales, comme celui du lin (Liruun
usitatissimum), etc.
Quant aux sépales , leur figure ou leur forme doit
être étudiée et considérée comme celles des feuilles
ou des divisions du calice monosépale ; ainsi ils
peuvent être lancéolés, aigus, obtus, cordi/ormes,etc.
Un calice polysépale peut aussi présenter diffé-
rentes formes par l'arrangement que les sépales
prennent entre eux; ainsi il est tabulaire (c. tubu-
laris), quand les sépales sont longs, dressés, rap-
prochés de manière à former un tube. Beaucoup
de Crucifères sont clans ce cas. (Voy. pi. 5, fig. 9.)
Il peut être campanulaire (c. campanularis);
En étoile (c. stellaris), quand il est formé de
cinq sépales égalés et égaux , comme dans plusieurs
Caryophyllées.
ORGANES DE LA REPRODUCTION.
CHAPITRE VI.
DE LA COROLLE.
La corolle n'existe jamais que lorsqu'il y a un pe-
rianthe double ; c'en est l'enveloppe la plus inté-
rieure. Elle entoure immédiatement les organes de
la reproduction ; quoique faisant suite à la partie
ligneuse de la tige, son tissu est mou et délicat. Sou-
vent peinte des plus riches couleurs, elle attire prin-
cipalement les regards du vulgaire , qui ne voit des
fleurs que là où il y a de grandes et brillantes co-
rolles , ou des périanlhes colorés. Le botaniste, au
contraire, ne considère cet organe que comme ac-
cessoire à l'essence de la fleur; tandis qu'un pistil
ou une étamine quelquefois à peine visibles consti-
tuent pour lui une véritable fleur.
La corolle peut être monopétale (corolla tnonope-
tala), c'est-à-dire formée d'une seule pièce, comme
dans la digitale pourprée (Dïgïtalîs purpurea), le
liseron {Convolvulus arvensis), la belladone (Atropa
belladond). (Voyez pi. 5, fig. i, 2,3, 4-)
Elle peut être composée d'un nombre plus ou moins
considérable de segmens isolés, qu'on nomme pétales
(petala) : dans ce cas, elle est appelée poljpétale
{cor. poljpetalà) , comme dans la rose , l'œillet , le
chou, la giroflée. (Voyez pi. 5, fig. 9, 10, i 1.)
Toutpétale offre à considérer, 1 ° Y onglet (imguis) ,
ou la partie inférieure rétrécie, plus ou moins allon-
COROLLE. -i 5 3
gée, par laquelle il est attaché; 2° la lame [lamina)
ou la partie élargie, de forme variée , qui surmonte
'onglet.
La figure des pétales varie singulièrement, et peut
être, en général, rapportée aux différentes modifica-
tions que nous avons indiquées pour les feuilles;
ainsi il y en a qui sont arrondis , d'autres allongés,
aigus , obtus, dentés, entiers, etc. , etc.
De même que le calice, la corolle peut être régu-
lière ou irrégulière.
Elle est régulière toutes les fois que ses incisions
et ses divisions sont égales entre elles, ou que ses
parties paraissent être disposées régulièrement au-
tour d'un axe commun. Par exemple, celle de la
campanule raiponce [Campanula Rapunculus), de la
giroflée jaune {Cheiranthus Ckeirïj. (Voyez pi. 5 , fig.
î, 2, 3, 9, etc.)
Elle est irrégulière, au contraire, quand ses inci-
sions sont inégales , ou que les différentes parties
qui la composent ne paraissent pas disposées symé-
triquement autour d'un axe commun fictif, comme
dans le muflier (Antirrhinum majus), l'utricuîaire
[Utricularia vulgaris), la capucine [Tropœolum
majus), etc. (Voyez pi. 5, fig. 7, 8, 12.)
La corolle monopétale tombe d'une seule pièce en
se fanant. Quelquefois sa base persiste , comme dans
la belle-de-nuil {Nyctago hortensis).
Dans la corolle polypêtale , au contraire, chacun
des pétales tombe isolément. Cependant il peut ar-
river que, dans une corolle polypêtale , les segmens
•254 ORGANES DE LA REPRODUCTION.
ou pétales tombent tous ensemble et réunis par leur
base, comme dans la mauve, [MaLva rotundifolid) ,
la guimauve {Althœa officinalis) . Dans ce cas, la
corolle n'en est pas moins polypétale; mais les pé-
tales sont réunis accidentellement à leur base par
un prolongement de la substance des filets des éta-
mines. On pourrait citer encore plusieurs autres
exemples analogues.
On dit d'une corolle monopétale qu'elle est épe-
i-onhée (c. calcarala), quand elle offre à sa base un
prolongement creux, en forme de cornet, comme
dans la linaire (Linariavulgaris). (Voy. pi. 5, fig. 7.)
La corolle monopétale offre à considérer trois par-
ties, i° une inférieure, ordinairement Cylindrique
et tubulifonne, plus ou moins allongée, qu'on ap-
pelle tube (tubus)', i° une partie supérieure au
tube, plus ou moins évasée, quelquefois étalée et
même réflécbie : on la nomme limbe (/imbus). Enfin
la ligne circulaire qui sépare le tube du limbe prend
le nom de gorge (Jaux , palatum). Ces trois parties
sont essentielles à considérer; en effet, leurs formes
variées, leurs proportions relatives fournissent au
botaniste des caractères propres à distinguer certains
genres de plantes. ("Voyez pi. 5, fig. r, 2, etc.)
En général la corolle monopétale donne attacbe
aux é lamines.
Nous allons maintenant passer en revue les diffé-
rentes modifications que présentent la corolle mono-
pétale et la corolle polypétale, quand elles sont ré-
gulières ou irrégulières.
COROLLE. a 55
§ i . Corolle monopétale régulière.
La corolle monopétale régulière offre des formes
très-variées:
i° Ainsi elle est tubulèe (tubulata) quand son
tube est très-allongé, comme dans la belle-de-nuit
(Nyctago hortensis), le lilas (Syringa vulgaris).
(Voyez pi. 5, fig. i, 2.)
Le tube est quelquefois capillaire ou filiforme ,
comme dans certaines Synanthérées.
2° La corolle est en cloche ou campanulèe {cor.
campanulata) , lorsqu'elle ne présente pas de tube
manifeste, mais qu'elle va en s'évasant, de la base
vers la partie supérieure, comme dans la raiponce
Campanula Rapuncidus), le liseron des haies ( Convol-
vulus sepium ), le jalap {Convolvulus Jalappa), etc.
(Voyez pi. 5, fig. 3.)
3° Elle est injundibuliforme ou en entonnoir {cor.
infundibulij ormis) , quand le tube est d'abord étroit
à sa partie inférieure, puis se dilate insensiblement,
de manière que le limbe est campanule. Par exemple,
le tabac {JSicotiana Tabacum) , etc. (Voyez pi. 5,
fig. 2.)
4° On la dit hjpocratériforme (cor. lijpocrateri-
formis), quand son tube est long, étroit, non dilaté
à sa parlie supérieure, que le limbe est étalé à plat,
de sorte qu'elle représente la forme d'une coupe an-
tique , comme le lilas (Syringa vulgaris) , le jasmin
{Jasminum officinale), etc. (Voyrz pi. 5, fig. i.)
5° La corolle est rotacèe ou en roue {corolla ro-
2 56 ORGANES DE LA REPRODUCTION.
tata), quand le tube est très-court et le limbe étalé
et presque plane, comme dans la bourrache (Bor-
rago officinalis') et la plupart des Solanum.
On dit que la corolle est étoilée ( cor. stellata ),
quand elle est très -petite, son tube fort court, et
les divisions de son limbe aiguës et allongées : par
exemple , dans les caille-laits ( Galium),\es aspérules
(Jsperula), etc.
6° Elle est urcèolèe (cor. urceolata), renflée
comme une petite outre à sa base , rétrécie vers
l'orifice, comme dans beaucoup de bruyères (Erica),
de Vaccinium, etc. ( Voy. pi. 5, fig. 4»)
7° On l'appelle scutellèe (cor. scutellata, scutelli-
/ormis), quand elle a la forme d'une écuelle, c'est-à-
dire qu'elle, est étalée et légèrement concave.
§ i. Corolle monopétale irréguliere.
i° La corolle monopétale irrégulière est dite bila-
biée (cor. bilabiata ), quand le tube est plus ou
moins allongé, la gorge ouverte et dilatée, le limbe
partagé transversalement en deux divisions, l'une
supérieure, l'autre inférieure, qu'on a comparées à
deux lèvres écartées. Cette forme de la corolle carac-
térise spécialement toute une famille de plantes, l'une
des plus naturelles du règne végétal : ce sont les
Labiées (voy. pi. 5, fig. 8); par exemple, le thym
{Thymus vulgaris) , la mélisse (Melissa officinalis) ,
la sauge (Salvia officinale), le romarin ( Bosma-
rinus officinalis) , etc.
COROLLK. 5.57
Ces deux lèvres peuvent offrir une foule de 'mo-
difications, sur lesquelles reposent les caractères
propres à distinguer les genres nombreux de cette
famille. Ainsi la lèvre supérieure est tantôt plane ,
tantôt redressée , ou en voûte, ou en fer de faux.
Elle peut être entière et sans incisions; échancrée ,
bidentée y bilobée , bifide , etc.
La lèvre inférieure est ordinairement réfléchie;
quelquefois elle est concave et plissèe sur les bords,
comme dans le genre Nepeta. Elle peut également
être trifide , trilobée ou tripartie.
Quelquefois la lèvre supérieure semble ne pas
exister, ou du moins est si peu développée , qu'on la
distingue difficilement, comme dans les genres Teu-
crium et Ajuga.
i° On appelle corolle personnée (1) ( corolla per-
sonatd) celle dont le tube est plus ou moins allongé,
la gorge très -dilatée et close supérieurement par le
rapprocbement du limbe, qui esta deux lèvres iné-
gales, de manière à représenter grossièrement le
mufle d'un animal, ou certains masques antiques.
Telles sont celles de XAntirrhinum ma/ us , de la li-
naire ( Linaria vulgaris), etc. ( Voy. pi. 5 , fig. 7.)
Enfin on a réuni sous le nom de corolles monopé-
(t) Des nuances insensibles rapprochent les corolles labiées des
personnées. Au9«i est- il très -difficile de les bien caractériser. On
est obligé d'employer un caractère auxiliaire tiré de la forme et de
la structure de l'ovaire. Dans les Labiées , en effet , l'ovaire est pro-
fondément quadrilobé ; il est simple au contraire dans toutes les
véritables Personnées.
l7
2.58 ORGANES DK LA REPRODUCTION.
taies irrégulières anomales toutes celles qui, par leur
forme extraordinaire , l'impossibilité où l'on est de
les comparer à aucune autre forme connue, s'éloi-
gnent des différent types que nous venons d'établir,
et ne peuvent être rapportées à aucun d'eux. Ainsi
la corolle de la digitale pourprée [Digitalispurpured)
qui offre à peu près la forme d'un doigt de gant (i);
les corolles de l'utriculaire (Utricijjaria) , de la gras-
sette ( Pinguicula) , etc. sont également des corolles
irrégulières et anomales.
Dans les diverses formes de corolles monopétales
régulière et irrégulière que nous venons d'examiner,
les trois parties qui composent ces corolles, c'est-à-
dire le tube, le limbe et la gorge, présentent des mo-
difications qu'il est utile d'indiquer.
Ainsi le tube peut être :
Cylindrique ^cylindricus) , comme dans le îilas
(Syringa vulgaris) , la belle de nuit (IVjctago hor-
tensis), etc. (Voy. pi. 5, fig. i.)
11 peut être long ou court, relativement au calice
ou au limbe.
Ventru ou enflé [yentricosus aut inflatus) , soit dans
sa partie inférieure, soit vers son sommet; dans ce
cas il est dit :
Claviforme ou en massue {claviformis^), comme
dans le Spigelia marylandica.
Enfin il peut être lisse , strié, anguleux, pris-
(i) Aussi cette plante porte-t-elle le nom vulgaire de gantelée..
COROLLE. a5q
matique , etc. Nous avons déjà plusieurs fois donné
la valeur de ces expressions.
La gorge (faux ) peut être :
Close (clausa), quand elle est entièrement fer-
mée, comme dans le grand muflier ( Antirrhinum
majus).
Ouverte et dilatée ( aperta , patens) , comme dans
la digitale pourprée , certaines Labiées , etc.
Elle peut être garnie de poils, comme dans le
thym , l'origan , etc.
Ciliée (ciliata) , garnie de cils, comme dans la
Gentiana amarella , etc.
Couronnée par des appendices saillans de forme
variée , comme dans la bourrache ( Borrago offici-
nalis), la consoude (Symphytum consolida), la
buglosse ( Anchusa italica ) , et beaucoup d'autres
Borraginées.
Enfin on dit, par opposition. aux expressions pré-
cédentes, qu'elle est nue, quand elle n'offre ni poils,
ni bosses, ni appendices.
Le limbe, ou la partie de la corolle qui surmonte
la gorge peut être :
Dressé (erectus). comme dans lacynoglosse (Cyno-
glossum officinale ).
Etalé, ouvert (patens), lorsqu'il forme un angle
droit avec le' tube, comme dans le laurier -rose
( Nerium Oleander).
Réfléchi on renversé en dehors (reflexus ), comme
celui de la douce-amère (Solanum dulcamara), de
)a canneberge ( Vaccinium oxycoccos), etc.
a6o ORGANES DE LA REPRODUCTION.
Le limbe peut être aussi plus ou moins profondé-
ment incisé. Ainsi il est quelquefois simplement
denté sur son bord.
Il est également irifiak, quadrijîde y quinquéfîde,
ou quadriparti, quinquêparli , etc., suivant la pro-
fondeur de ses incisions.
La forme de ces différentes divisions d'un limbe
incisé offre un grand nombre de variétés qui peu-
vent être rapportées à celles des pétales et des feuilles.j
Remarquons ici, en terminant ce qui a rapport à la
corolle monopétale , que sa forme n'est point un ca-
ractère essentiel dans la coordination des genres en
familles naturelles. En effet, on trouve souvent plu-
sieurs formes réunies ensemble, dans des groupes
essentiellement naturels. Ainsi, dans lesSolanées, on
voit réunies des corolles rotacées, comme celles des
Verbascum, des Solanum ; des corolles infundibuli-
formes (le tabac); des corolles hippocratériformes,
commecertains Cestrum, etdes corolles campanulées,
comme dans la jusquiame,.la belladone. Nous pour-
rions encore faire un rapprochement semblable dans
beaucoup d'autres familles toutes aussi naturelles.
Corolle polypétale.
Le nombre des pétales varie singulièrement dans
les différentes corolles polypétales. Ainsi il y a des co-
rolles formées de deux pétales, comme dans la circée
(Circœa luteliana). Dans ce cas elle est dite dipétale
(corolla dipetala).
COROLLE. -201
Tripètale (cor. tripetala), composée de trois pé-
tales, comme celle de la camélée (Cneorum tricoc-
cum), etc.
Tètrapèlale [cor. tetrapelald) , composée de quatre
pétales. Par exemple, toutes les Crucifères, telles que
le cresson de fontaine (Sisjmbrium IVaslurtium) , le
raifort (Cochlearia Armoracia) , lapasserage (Lepi-
diiun latifoliurn), etc. (Voy. pi. 5, fig. 9.)
Peniapétale (cor. pe/itapetala) , formée de cinq pé-
tales, comme toutes lesOmbellifères, les Rosacées.*Par
exemple, \epan<\\s(Pastinacasativa), le persil (Apium
Petroseli/iu7n), la ciguë (Coniwn maculatum), le
fraisier. (Voy. pi. 5, fig. 10, 11.)
Hexapètale ( cor. hexapetala), ayant six pétales,
comme l'épine- vinette (Berberis vulgaris, etc. ).
Les pétales ou segmens d'une corolle polyp étale,
peuvent être onguiculés , c'est-à-dire munis d'un oti-
glet très-apparent, comme dans l'œillet, la giroflée
jaune. (Voy. pi. 5, fig. 9, a. ) Ou bien ils peuvent
être sessiles , c'est-à-dire sans onglet ou inonguiculés
comme dans la vigne (Fuis vinifèra), la gypsophile
( Gypsophila muralis ) , etc.
La longueur et la proportion de V onglet, relative-
ment au calice, mérite aussi d'être notée. En effet,
Y onglet est souvent plus court que le calice (un guis
calice brevior^) ; d'autres fois, au contraire , il est plus
long que lui et le dépasse (unguis caljce longior)-
Les* pétales sont souvent dressés (pet a la erecta),
c'est-à-dire qu'ils suivent une direction parallèle à
l'axe de la fleur , comme dans le Geum rivale.
2Ô2 ORGANES DL LA REPRODUCTION.
Ils sont quelquefois infléchis [petala inflexa ) ,
courbés vers le centre de la fleur, comme dans beau-
coup d'Ombellifères.
Etalés {petala patentia), comme dans le fraisier
[Fragaria vesca), la benoîte [Geum urbanum) , etc.
(Voy.pl. 5,fig. il.)
Réfléchis [pet. reflexa), se renversant en dehors.
La figure des pétales est extrêmement variable; ses
principales modifications peuvent être rapportées à
celîes déjà établies précédemment pour les feuilles ou
les sépales. Cependant ils offrent quelquefois des for-
mes singulières que nous allons faire connaître.
Les pétales sont concaves [pet. concava), dans le
tilleul [Tiliaeuropœd) , la rue [Ru ta graveolens), etc.
Galéif ormes ou en casque [pet. galeiformia), lors-
qu'ils sont voûtés, creux, et qu'ilsressemblent à un cas-
que, comme dans l'aconit [Aconitum Napellus), etc.
Cucullif ormes [pet. cuculliformia ) , ayant la forme
d'un capuchon ou d'un cornet de papier, comme dans
l'ancolie [Aquilegia vulgaris), le pied d'alouelte
( Delphinium consolida ).
Eperonnès [ pet. calcarata ) , munis à leur base d'un
éperon , comme dans la violette, le pied d'alouette , elc.
La corolle poly pétale peut être régulière ou irrégu-
lière, suivant que les parties qui la composent sont
disposées ou non avec symétrie autour de l'axe de la
fleur. Dans l'un et l'autre cas, les pétales, par leur
forme, leur nombre et leur disposition respective,
donnent à la corolle un aspect , une forme particulière ,
qui ont servi à la diviser en plusieurs groupes.
COROLLK. 263
§ i . Corolle polype taie régulière.
La corolle polypètale régulière peut offrir trois mo-
difications principales. Elle peut être :
i° Cruciforme {cor. cruciformis) , composée de
quatre pétales onguiculés, disposés en croix. Les plan-
tes dont la corolle présente une semblable disposition ,
constituent un des groupes les plus naturels du règne
végétal. Elles ont reçu le nom de Crucifères. Tels
sont le chou, la giroflée, le cresson, etc. (Voy. pi. 5 ,
"g-9-)
Les quatre pétales d'une corolle cruciforme ne sont
pas toujours égaux et semblables entre eux; il y en a
souvent plusieurs qui sont ou pluspetits ou plus grands.
x\insi, dans le genre Iberis, deux des pétales sont cons-
tamment plus grands.
2° Rosacée ou roselée (cor. rosacea), celle qui
est Composée de trois à cinq pétales, rarement d'un
plus grand nombre, dont l'onglet est très-court, et
qui sont étalés et disposés en rosace. Telles sont tou-
tes les Rosacées, comme la rose simple, l'amandier,
l'abricotier, le prunier, etc., la chélidoine, et des
plantes d'autres familles. (Voy. pi. 5, fig. il.)
3° Caiyophyllèe{cor.caiyophyllata), corolle for-
mée de cinq pétales dont les onglets sont fort allongés,
et cachés par le calice, qui est très - long et dressé,
comme dans l'œillet [Dianthus), les Silène, les Cu-
çubalus, etc. (Voy. pi. -5, fig. io.^
264 ORGANES DR LA REPRODUCTION.
§ a. Corolle polype taie irrégulière.
i° Papilionacèe (cor. papilionaceà). Cette corolle
est composée de cinq pétales très-irréguliers, qui ont
chacun une forme particulière; ce qui leur a fait
donner des noms propres. De ces cinq pétales, l'un
est supérieur, deux latéraux, et deux inférieurs. Le
supérieur porte le nom à? étendard ou de pavillon
(yexil/um) ("Voy. pi. 5, fig. ri : a); il est ordinai-
rement redressé, d'une figure très-variée , et recouvre
les quatre autres avant l'épanouissement de la fleur.
Les deux inférieurs, le plus souvent réunis et soudés
l'un à l'autre par leur bord inférieur, forment la
carène ( carina ) ( fig. 1 1 , c ). Les deux latéraux
constituent les ailes (alœ) (fig. 1 1 , b b).
C'est par la ressemblance que l'on a cru trouver à
cette fleur avec un papillon dont les ailes sont éta-
lées, qu'on lui a donné le nom de papilionacèe.
La corolle vraiment papilionacèe appartient exclu-
sivement à la vaste famille des Légumineuses : tels
sont les pois (Pisum), les haricots (Phaseolus) ,
l'acacia { Robinia pseudo-acacia) , les astragales, etc.
i° On nomme corolle anomale (cor. anomala)
celle qui est formée de pétales irréguliers, qu'on ne
peut rapporter à la corolle papilionacèe. Telles sont
celles des aconits, des pieds d'alouette, de la vio-
lette, de la balsamine, de la capucine, etc.
La position des pétales ou des divisions de la co-
rolle monopétale, relativement aux sépales ou aux
COROLLE. 'j65
divisions du calice monosépale, présente les deux
modifications suivantes :
Les pétales peuvent être opposés aux divisions du
calice, c'est-à-dire placés de manière à se corres-
pondre par leurs faces, comme dans l'épine-vinette
(Berberis vulgaris), VEpimediuin alpinum, etc.
Ils peuvent être alternes avec les divisions du
calice, c'est-à-dire qu'ils correspondent aux incisions
du calice, et non à ses divisions. Cette disposition est
bien plus fréquente que la précédente, qui est très-
rare. Les pétales sont alternes aux sépales dans les
Crucifères, etc., etc.
La grandeur relative de la corolle et du calice
mérite également d'être bien observée; car on peut
souvent en tirer de fort bons caractères distinctifs.
Suivant sa durée, la corolle est fugace ou caduque
{caduca , fugax) , quand elle tombe aussitôt qu'elle
s'épanouit, comme dans le Papaver Argemoiie, plu-
sieurs cistes, etc.
Décidue (c. decidua), tombant après la féconda-
tion. La plupart des corolles sont dans ce cas.
Marcescente (c. marcescens y, persistant après la
fécondation, et se fanant dans la fleur avant de s'en
détacher, comme dans les Bruyères et certaines
Cucurbitacées.
La corolle est ordinairement la partie la plus bril-
lante de la fleur. La délicatesse de son tissu, l'éclat et
la fraîcheur de ses couleurs, le parfum suave qu elle
exhale souvent, en font une des plus agréables pro-
ductions de la nature. Ses usages, de même que ceux
266 ORGANES DE LA. REPRODUCTION.
du calice, paraissent être de protéger les organes
sexuels avant leur parfait développement, et défavo-
riser, à l'époque de la fécondation, l'action mutuelle
que deux organes exercent l'un sur l'autre.
CHAPITRE VII.
DES ORGANES SEXUELS.
La découverte des organes sexuels dans les plantes
ne remonte point à une époque très- éloignée. Jus-
qu'au seizième siècle, on n'avait vu dans les fleurs
qui* couvrent les végétaux qu'un simple ornement
dont la nature s'était plue à les parer. Camérarius et
Grew, à cette époque , démontrèrent par l'expérience
l'utilité des différentes parties delà fleur dans la pro-
duction de la graine , l'entretien et la succession des
espèces. Ils firent voir que le pistil , qui occupe le
centre de la fleur, devait être comparé, pour sa struc-
ture et surtout ses usages, aux organes générateurs
de la femelle dans les animaux. En effet, nous y trou-
vons également les rudimens imparfaits de l'embryon
{ o vides) ; une cavité destinée à les contenir et à les
protéger pendant leur développement (ovaire); un
organe particulier propre à recevoir l'impression fé-
condante du mâle (stigmate); un autre organe encore
par lequel cette impression est transmise jusqu'aux em-
bryons (style). Ils prouvèrent également que Yétamiiic
devait être assimilée aux organes qui sont l'apanage
ORGANES SEXUELS. 267
du mâle dans les animaux. Car elle contient dans
une cavité spéciale (anthère), une substance parti-
culière dont les usages sont de féconder les ovules
[pollen).
Dès lors il fut prouvé que les plantes , de même-
que les animaux, sont pourvues d'organes sexuels,
destinés à leur reproduction. L'organe sexuel mâle
est constitué par Yétamine ; le pistil forme l'organe
sexuel femelle.
Presque toujours dans les végétaux les deux
organes de la reproduction sont réunis dans une
même fleur, ce qui constitue l'hermaphroditisme , et
la fleur est dite hermaphrodite. D'autres fois , au
contraire, on n'y rencontre qu'un serl des deux
organes sexuels, et la fleur est dite unisexuêe.
La fleur unisexuêe peut être mâle ou femelle ,
suivant qu'elle renferme des étamines ou un pistil.
Les fleurs mâles et les fleurs femelles sont quel-
quefois réunies sur la même plante ; c'est ce qui
constitue les végétaux monoïques. Le châtaignier
(Castanea vulgaris), le coudrier (Corjlus Avel-
lana) , sont de ce nombre.
D'autres fois, au contraire, les fleurs mâles et les
fleurs femelles se trouvent séparées les unes des
autres sur des pieds différens ; les plantes qui pré-
sentent une semblable disposition sont appelées
dioïques. Telles sont la mercuriale ( Mercurialis
annua), le mûrier à papier (Broussonetia papy ri -
fera), le dattier ( Phœuix dactylifera).
Enfin quelquefois on trouve mêlées ensemble sur
a68 ORGANES DU LA REPRODUCTION.
le même pied, ou sur des pieds différens, des fleurs
mâles, des fleurs femelles, et des fleurs hermaphro-
dites; c'est aux végétaux qui offrent ce mélange
irrégulier des trois sortes de fleurs qu'on a donné le
nom de polygames. Telles sont la pariétaire (Parie-
taria ojfîcinalis), la* croisette {Valantia crucia-
ta ) , etc.
Ces trois divisions fondées sur la séparation, la
réunion ou le mélange des sexes, ont servi de base
à Linnœus pour établir les trois dernières classes des
plantes phanérogames de son système.
CHAPITRE VIII.
DEL'éTAMINE OU ORGANE SEXUEL MALE.
I/étamine dans les végétaux remplit absolument
les mêmes usages que les organes mâles dans les ani-
maux , c'est-à-dire quelle renferme la substance qui
opère la fécondation des germes.
Uétamine est ordinairement composée de trois
parties; savoir : i° Y anthère (anthera), espèce de
petit sac membraneux dont la cavité intérieure est
double, c'est-à-dire formée de deux loges soudées
ensemble ; i° du pollen {pollen)-, substance ordi-
nairement de petits grains vésiculeux, qui contiennent
les. parties nécessaires à la fécondation ; 3° l'anthère
est souvent portée sur un appendice filiforme auquel
on donne le nom de filet (filamentum ).
EXAMINES. ^69
Telles sont les trois parties qui composent ordinai*
rement l'étarnine. Mais remarquons ici que deux seu-
lement lui sont nécessaires; ce sont l'anthère et le
pollen. Le filet, en effet, n'est qu'une partie accessoire
de Tétainine; aussi manque-t-il souvent, c'est-à-dire
que l'anthère est immédiatement attachée au corps
sur lequel elle est insérée, sans le secours d'un filet.
Dans ce cas l'étainine est appelée sessile ( stamen
sessile), comme dans beaucoup de Thymélées.
L'essence et la perfection de l'étamine résident
donc dans la présence de V anthère. Mais une condi-
tion indispensable pour que cet organe soit apte à
remplir les fonctions que la nature lui a confiées ,
c'est qu'il faut que non-seulement il contienne du
pollen, mais encore qu'il s'ouvre, pour que cette
substance soit mise en contact avec le stigmate ; car,
sans cette circonstance, la fécondation ne pourrait pas
avoir lieu.
Le nombre des étamines varie singulièrement dans
les différentes plantes. C'est même d'après cette con-
sidération du nombre des organes sexuels mâles con-
tenus dans chaque fleur, que Linnaeus a établi les
premières classes de son système.
Ainsi il y a des fleurs qui ne renferment qu'une
seule étamine; on leur donne le nom de fleurs mo-
nanclres [flores monandri). Tels sont X Hippuris
vulgaris , la valériane rouge [Centranthus ruher), le
Blilum virgatum, etc.
On les appelle fleurs diandres {flores diandri),
quand elles contiennent deux étamines. Par exemple,
l'JO ORG/UVES DE LA REPRODUCTION.
le lilas ( Syringa vulgaris), le troëne ( Ligustrum
vidgare), la véronique officinale (Veronica offici-
nalis) , la sauge (Salvia of/îcinalis) , etc.
Fleurs Triandres {Jlores triandri) : la plupart des
Graminées, des Cypéracées, des Iridées, etc.
Fleurs Tètrandres {Jlores tetrandri), le caille-lait
( Galium verum ) , la garance (Rubia tinctorurri), la
plupart des Labiées, des Antirrhinèes , des Dfpsa-
cées , etc.
Fleurs pentandres (Jlores pentandri) , le bouillon
blanc (Verbascum Thapseis), et la plupart des Sola-
nées; la cynoglosse (Cynoglossum officinale), et la
plupart desBorraginées; la carotte (Daucus Carotta),
et toutes les Ombellifères, etc.
Fleurs hexandres {Jlores hexandri); le lis (Lilium
candidum), la tulipe (Tulipa gesneriana), et la
plupart des Liliacées, des Asphodèles, le riz (Oryza
sativa).
Fleurs heptandres [Jlores heptandri), le marron-
nier d'Inde (Msculus Hippocasianum).
Fleurs octandres (Jlores octandri), celles des
bruyères, des Vaccinium , desDaphne, des Polygo-
num , etc.
Fleurs ennèandres (Jlores enneandri) , comme
celles du jonc fleuri (Butomus umbellatus).
Fleurs dècandres (Jlores decandri), comme dans
l'œillet, la saponaire (Saponaria oJJicinalis),eV\di
plus grande partie des Caryopbyllées; la ruè(Ruta
graveolcns) , la pyrole (Pyrola rotundifolia), les
saxifrages, etc.
ETAMINES. 27 f
Passé clix, le nombre des étainines n'est plus fixe
dans les fleurs; ainsi, on dit qu'elles sont :
Dodècandres {flores dodecandri sj , quand elles
contiennent de douze à vingt étainines, comme dans
la gaude (Reseda luteold) , l'aigremoine [Agrimonia
Eupatoria ).
Polyandres ( flores polyandri ) , quand elles con-
tiennent plus de vingt étamines, comme le pavot
Papaver somaiferum), les renoncules, etc.
Les étamines peuvent être toutes égales entre elles,
comme dans le lis, la tulipe, etc.
Elles peuvent être inégales, c'est-à-dire les unes
plus grandes, les autres plus petites dans la même
(leur.
Tantôt cette disproportion se fait avec symétrie,
tantôt elle a lieu sans aucune espèce d'ordre. Dans
les Géranium , les Oxalis, il y a dix étamines, cinq
grandes et cinq plus petites, disposées alternative-
ment, en sorte qu'une grande se trouve entre deux
petites, et réciproquement.
Quand une fleur renferme quatre étamines, dont
deux sont constamment plus courtes, ces étamines
prennent le nom de didynames{staniinadidynama)\
la plupart des Labiées, le marrube {Marrubium
vidgare), le thym, etc. ; la plupart des Antirrhi-
nées, comme lalinaire [hirtària vulgaris) , le grand
mufle de veaw (Antirrhinum majus), ont les éta-
mines didynames .
Lorsqu'au contraire elles sont au nombre de six
dans une fleur, et que quatre d'entre elles sont plus
■l'J-X ORGANES DE LA REPRODUCTION.
grandes que les deux autres, elles sont appelées
tétradynames (stamina tetradynama). Cette dispo-
sition existe dans toute la famille des Crucifères,
comme da,ns le cochléaria (Cochlearia officinalis)y
le radis (Brassica Napus), etc.
La situation des étamines, relativement aux divi-
sions de la corolle et du calice, mérite aussi d'être
soigneusement observée. Ordinairement chaque éta-
mine répond aux incisions de la corolle, c'est-à-dire
que les étamines sont alternes avec les divisions de
la corolle ou les pétales, lorsqu'elles sont en nombre
égal à ces divisions, comme dans la bourrache et les
autres Borraginées.
Quelquefois cependant chaque étamine, au lieu
de correspondre aux incisions, est située vis-à-vis
chaque division ou chaque pétale; dans ce cas, les
étamines sont dites opposées aux pétales, comme on
l'observe dans la primevère, la vigne, etc.
Quand le nombre des étamines est double de celui
des divisions de la corolle, la moitié de ces étamines
sont alternes, l'autre moitié opposées aux divisions
de la corolle.
Les étamines sont, dans le plus grand nombre des
cas, opposées aux sépales ou aux divisions du calice,
excepté dans les cas rares où elles sont opposées aux
pétales.
Dans le lis," la tulipe, les six étammes sont oppo-
sées aux six segmens du périanthe simple.
Quelquefois les étamines sont plus courtes que la
corolle ou le calice, de manière qu'elles ne sont pas
Staminés. 278
saillantes à l'extérieur; on les nomme alors incluses
( stamina inclusa), comme dans la primevère, les
narcisses, les daphnés, etc.
On les nomme, au contraire, exertes (stamina
exerta), lorsqu'elles dépassent la hauteur de la co-
rolle ou du calice, comme dans le jasminoïde (Lycium
europœiun) , les menthes, le plantain, etc.
Suivant leur direction, les étarnines sont :
Dressées (stam. erecta), comme dans la tulipe, le
lis, le tabac (Nicotiaua Tabacuni) , etc.
Iivflèchies (stam. inflexa), quand elles sont pliées
en arc, et que leur sommet se courbe vers le centre
de la fleur, comme dans les sauges, la fraxinelle
Dictamnus Fraxinella).
Réfléchies {stam. reflexa) , quand elles sont recour-
bées en dehors, comme dans la pariétaire (Parietaria
officinales) , le mûrier à papier (Broussonetia papy-
ti/èra), etc.
Étalées {stam. patentia) , lorsqu'elles s'étendent
horizontalement, comme dans le lierre (Hedera
Hélix).
Pendantes (stam. pendentia) y quand leur filet est
très-grêle et trop faible pour soutenir l'anthère,
comme dans la plupart des Graminées.
Ascendantes (stam. ascendentid) , quand elles se
portent toutes vers la partie supérieure de la fleur,
comme dans la sauge.
Déclinées ou décombantes (stam. declinata, de-
cumbentia), quand elles se portent toutes vers la
partie inférieure- de la fleur, comme dans le marron-
18
2^4 ORGANES DE LA REPRODUCTION.
nier d'Inde (jEscuIus hippocastanuni), la fraxinelle,
Les étamines sont quelquefois réunies par leurs
filets ou par leurs anthères; d'autres fois elles sont
réunies et comme confondues avec le pistil : nous
parlerons de ces diverses modifications en traitant
du filet et de l'anthère considérés en particulier.
Dans certaines fleurs on voit un nombre déter-
miné d'étamines avorter constamment. Le plus sou-
vent, les étamines qui manquent sont remplacées par
des appendices de forme très -variée, auxquels on
donne le nom de slaminodes (sjaminodia), comme
dans l'éphémère de Virginie {Tradescantia virgi-
nica), la plupart des Orchidées, etc.
Une seule étamine avorte constamment dans XAn-
tirrhinum, et beaucoup de Personnées; deux dans la
sauge , le Ljcopus, le romarin , etc. , et dans toutes les
Labiées diandres, ainsi que dans toutes 1|^> Orchi-
dées, à l'exception du Cjpripedium ; trois dans le
Bigiionia, la gratiole; cinq dans YErodium, etc.
§ t. Du Filet.
Le filet y comme nous l'avons déjà vu , n'est point
une partie essentielle et indispensable de l'étamine,
puisque assez souvent il manque entièrement.
Le plus généralement sa forme correspond à son
nom , c'est-à-dire qu'il est allongé, étroit et filiforme.
Il est aplati ( fil. planum , compressum ) dans
XAlliumfragrans, la pervenche, etc.
Cwiéaire {fil. cunéiforme}, ayant la forme d'un
coin, dans le Thalictrum petaloïdeum.
ÉTA MINES. ayS
Subulè (Jîl. subulatum) , ou en forme d'alêne,
quand il est allongé et va en s'amincissant vers le
sommet, comme dans la tulipe, etc.
Capillaire (Jîl. capillaré), quand il est grêle comme
un cheveu; par exemple, dans le blé, l'orge et la
plupart des Graminées.
Il est pélaloïde (fîl petaloîdeum ) , quand il est
large , mince et coloré à la manière des pétales ,
comme dans le Nymphœaalba, les Amomées, etc.
Quelquefois il est dilaté à sa base, comme dans
X Ornithogalum pyrendicum.
D'autres fois il est comme voûté {JîL basi for-
nication ) , comme dans l'asphodèle , les campa-
nules, etc.
Le sommet du filet est ordinairement aigu, comme
dans la tulipe, le lis, etc.
D'autres fois il est obtus, et même renflé entête
ou capitulé, comme dans le Cephalctus , etc.
C'est, dans le plus grand nombre des cas, au som-
met du filet que s'attache l'anthère. Cependant il
arrive quelquefois qu'il se prolonge au - dessus du
point d'insertion de cet organe; dans ce cas il est dit
proéminent {JzL prominens) comme dans le Paris
quadrifolia , etc.
Les étamines sont, le plus souvent, libres de toute
adhérence, et isolées les unes des autres. Mais il
arrive quelquefois qu'elles sont réunies par leurs
filets en un ou plusieurs corps, que nous désignerons
avec M. Mirbel , sous le nom à1 androphore ( Andro-
phorum).
2^6 ORGANES DE LA. REPRODUCTION.
Quand tous les filets sont réunis ensemble en un
seul androphore, les étarnines prennent le nom de
monadelphes {^stamina monadelplia) , comme dans
la mauve, la guimauve, etc. (Voy. pi. 6, fig. 10.)
Dans ce cas, l'androphore forme un tube plus ou
moins complet. Quelquefois cependant l'union des
filets n'a lieu que par leur base, en sorte qu'ils sont
libres dans la plus grande partie de leur étendue ,
comme dans le Géranium, X Erodium.
D'autres fois ils sont soudés jusqu'à la moitié de
leur hauteur, comme dans plusieurs. Oxalis (Voyez
pi. 6, fig. 10.)
Enfin ils sont soudés en tube à peu près complet ,
dans la plupart des Malvacées. A sa partie supé-
rieure, X androphore tubuleux se divise en autant de
petits filets courts et distincts qu'il y a d'anthères.
Lorsque toutes les étarnines sont réunies en deux
androphores, c'est-à-dire que leurs filets se soudent
en deux corps distincts, on les nomme eliadelphes
(yStamina diade/pha). Par exemple, la fumeterre
(Fumaria q/ficinalis) , les haricots -7 les acacias, etc. ,
et la plus grande partie des Légumineuses. (Voyez
pi. 6, fig. 11.)
Quand les filets sont réunis en trois ou en un
nombre plus considérable d'androphores, les étarnines
sont dites alors poljadelphes ( stamïaa polyadel-
plt(t). Il y a trois androphores dans YHypericum
cegyptiacum , cinq et un plus grand nombre dans les
Melaleuca.
La nature et la structure organique du filet des
Staminés. 27-7
étamines paraissent être entièrement analogues à
celles de la corolle. En effet, l'on voit très-souvent
ces deux organes se changer l'un clans l'autre. Ainsi,
par exemple, dans le nénuphar (Nymphœa alba^),
on aperçoit successivement les filets staminaux, à
partir du centre vers la circonférence de la fleur,
devenir de plus en plus larges et s'amincir; l'anthère,
au contraire , diminuer et finir par disparaître entière-
ment quand les filets se sont tout-à-fait changés en
pétales. C'est cette dégradation insensible des filets
des étamines en pétales qui a fait penser à quelques
botanistes que la corolle et les segmens qui la com-
posent n'étaient que des étamines avortées , dont
les filets avaient acquis un développement extraor-
dinaire.
Cette opinion, que nous ne voulons ni admettre,
ni rejeter entièrement, semble encore trouver un
appui dans la formation des fleurs nommées doubles
et pleines. La rose, en effet, dans son état primitif
et sauvage, n'a que cinq pétales, mais un nombre
très-considérable d'étamines. Dans nos jardins, par
les soins du cultivateur, nous voyons les étamines
de la rose se changer en pétales, et la fleur devenir
stérile. Ici la transformation des étamines en pétales
est manifeste , et paraît confirmer l'opinion des bota-
nistes qui regardent la corolle comme de véritables,
étamines avortées.
•2'jS ORGANES DE LA REPRODUCTION.
§ 2. De V Anthère.
L'anthère (anthera) est cette partie essentielle de
l'étamine qui renferme le pollen ou poussière fécon-
dante avant l'acte de la fécondation. Le plus géné-
ralement elle est formée par deux petites poches
membraneuses , adossées immédiatement l'une à
l'autre par un de leurs côtés ( voy. pi. 6, fig. 6, 7,
8), ou réunies par un corps intermédiaire particu-
lier, auquel on a donné le nom de connectif. (PI. 6,
fig. 9... a).
Chacun de ces petits sacs membraneux, nommés
loges de l'anthère , est partagé intérieurement en
deux parties par une cloison longitudinale, et s'ou-
vrent à l'époque de la fécondation, pour laisser sortir
le pollen.
Les anthères sont donc le plus communément bilo-
culaires (untherœ biloculares) , c'est-à dire formées
de deux loges, comme dans le lis, la jacinthe, etc.
Quelquefois elles ne sont formées que d'une seule
loge; dans ce cas, elles sont dites uniloculaires [an-
therœ uniloculares), comme dans les Conifères, les
Epacridées, les Malvacées, le coudrier, etc.
Plus rarement encore l'anthère est composée de
quatre loges, et on la nomme quadriloculaire (anthera
quadrilocularis), comme dans le Butomus umbclla-
tus, etc.
Chaque loge d'une anthère offre ordinairement sur
Tune de ses faces un sillon longitudinal, par lequel
elle s'ouvre, dans le plus grand nombre des cas. La
EXAMINES. 279
partie de l'anthère du côté de laquelle sont les sil-
lons porte le nom de face proprement dite; la partie
opposée à celle-ci, et par laquelle l'anthère s'attache
au filet, est nommée le dos de l'anthère.
L'anthère est communément fixée au sommet du
filet staminal. Cette insertion, qui fournit de très-
bons caractères, peut se faire de trois manières dif-
férentes :
i° L'anthère peut être attachée au sommet du filet
par sabare même, comme dans l'Iris, le glayeul, etc.
Elle porte le nom de basifîxe (anthera basifïxa).
2°Elle peut être fixée par la partie moyenne de son
dos, comme dans le lis. Dans ce cas, elle a été appelée
médi/îxe ( anthera medifixa. )
3° Assez souvent elle est attachée par son sommet;
dans ce cas, elle est mobile et vacillante. On l'appelle
alors apicifixe (anlhera apicifixa).
Lorsque la face des anthères est tournée vers le
centre de la fleur, elles sont dites introrses {aniherœ
introrsœ) , comme cela a lieu dans la plupart des
plantes.
On les appelle, au contraire, extrorses i^antherœ
extrorsœ), quand leur face regarde la circonférence
de la fleur, comme, par exemple, dans les Iridées,
le concombre, etc. Cette disposition est plus rare que
la précédente.
La forme des anthères présente un grand nombre
de variétés. Ainsi on dit qu'elles sont :
Sphèr oublies (anlk, spheroidales , subghbosœ\
280 ORGANES DE LA REPRODUCTION.
quand elles se rapprochent de la forme ronde, comme
celles de la mercuriale (Mercurialis annua).
Didymes (anth. didymœ), offrant deux lobes sphé-
roïdaux, réunis par un point de leur circonférence,
comme dans l'épinard (Spinacia oleracea), les eu-
phorbes, etc.
Ovoïdales (anth. ovo:ideœ\ Cette forme est une
des plus fréquentes.
Oblongues [anth. oblongce) , comme dans le lis
( Lilium candidurn) , etc.
Linéaires (anth. lineares), quand elles sont très-
allongées et très-étroites, comme celles des campa-
nules, des Magnolia, etc.
Sagittèes (anth. sagitiatœ), ou en fer de flèche :
par exemple, celles du laurier -rose (JS erium olean-
def), du safran (Crocus sativus), etc.
Cordiformes (anth. cordiformes) , comme dans le
basilic (Ocymwn basilicum), etc.
Réniformes (anth. reniformes), ou en forme de
rein; dans la digitale pourprée (Digitalis purpured),
un grand nombre de Mimosa, etc.
Tétragones (anth. tetragonœ), ayant la forme
d'un prisme à quatre faces, comme celles de la tulipe
( Tulipa gessneriand).
A son sommet, l'anthère peut être terminée de
différentes manières; ainsi elle est:
Aiguè ( anth. apice acutd) dans la bourrache
(Borrago officinalis).
Bifide (anth. bifide), fendue à son sommet ( ou à
Staminés. 281
sa base) en deux lobes étroits et écartés, comme
dans un grand nombre de Graminées.
Bicorne i^anth. bicornis), terminée à son sommet
par deux cornes allongées, comme dans l'airelle
myrtille (Vaccinium myrtillus), la pyrole (Pjrola
rotundifolia).
Appendicidèe (anth. appendiculaia ) , couronnée
d'appendices,. dont la forme est très- variable, comme
dans l'aunée ( Jnula heleniwii) ; le laurier-rose (TVe-
rium oleandef).
Les deux loges qui composent une anthère bilo-
culaire y peuvent être soudées l'une à l'autre de dif-
férentes manières.
i° Elles peuvent être réunies immédiatement l'une
à l'autre sans le secours d'aucun autre corps intermé-
diaire, comme dans les Graminées. (Voyez pi. 6,
«g. 6, 7, 8.)
Quand les deux loges sont réunies immédiate-
ment , elles peuvent offrir deux modifications diffé-
rentes. En effet, tantôt leur union a lieu par l'un de
leurs côtés, de manière que les deux sillons se trou-
vent encore sur la même face et comme parallèles;
les loges sont dites alors apposées [loculis appositis),
comme dans le lis , etc.
D'autres fois, au contraire, elles sont soudées par
la face opposée à leur sillon , en sorte que les deux
sillons se trouvent situés de chaque coté de l'anthère;
les deux loges sont alors appelées opposées ( loculis
opposais ). Mais cette disposition est moins fré-
quente que la première.
l8l ORGANES DE LA REPRODUCTION.
i° Elles peuvent être réunies médiatement par la
partie supérieure du filet qui se prolonge entre elles,
comme dans un grand nombre de renoncules.
3° Enfin elles peuvent être éloignées plus ou
moins l'une de l'autre par un corps intermédiaire,
manifestement distinct du sommet du filet ; c'est à ce
corps qu'on a donné le nom de connectij \connecti-
vum)y parce qu'il sert de moyen d'union entre les
deux loges. (Voy. pi. 6, fig. 9, a. )
Le conneclif' n'est quelquefois apparent qu'au dos
de l'anthère ; alors il est appelé dorsal, comme on
l'observe dans le lis, etc.
D'autres fois il est apparent sur les deux faces de
l'anthère, dont il écarte assez manifestement les deux
loges, comme dans le Melissa grandiflora , l'éphé-
mère de Virginie, etc. (Voy.pl. 6, fig. 9.)
Enfin quelquefois le connectif est tellement grand,
tellement développé, que ce n'est que par analogie
qu'on fë reconnaît; dans ce cas, il a reçu le nom de
connectij distractile. Ainsi, par exemple, dans la
sauge, ce conneclif est sous forme d'un long filament
recourbé , posé transversalement sur le sommet du
filet; à l'une de ses extrémités, on voit une des loges
de l'anthère remplie de pollen; à l'autre extrémité
se trouve la seconde loge , mais presque constam-
ment avortée et à l'état rudimentaire.
Cette singulière conformation se retrouve égale-
ment dans les Mélastomes, et plusieurs espèces de
Labiées, et de Scrophularinées.
Chacune des loges d'une anthère peut s'ouvrir de
ET AMI NES, 283
différentes manières , dans les divers genres de
plantes, et les caractères tirés de cette déhiscence
servent , dans quelques cas , à distinguer certains
genres.
Le plus souvent cette déhiscence a lieu par la
suture du sillon longitudinal qui règne sur la surface
de chaque loge ; dans ce cas, on dit que les loges
sont : longitudinaliter déhiscentes , comme dans le
lis, la tulipe et un grand nombre d'autre plantes.
La déhiscence peut avoir lieu par des pores ou
des fentes situées dans différens points.
Ainsi, dans les Erica, les Solanwn , etc. , chaque
loge s'ouvre par un petit trou placé à son sommet
{locul. apice déhiscentes.) (Voy. pi. 6, fig. 7, a a.)
Dans la pjrole , ce trou est placé à la partie infé-
rieure [locul. basi déhiscentes).
D'autres fois ce sont des espèces de petites val-
vules , qui se soulèvent de la partie inférieure vers
la supérieure , comme dans les lauriers , l'épine-
vinette , XEpimedium alpinum , etc. (Voy. pi. 6,
fig. 8.)
Nous venons d'examiner jusqu'ici les anthères ,
libres de toute adhérence ; mais , aussi-bien que les
filets staminaux, elles peuvent se rapprocher et se
souder entre elles de manière à former une sorte de
tube. Cette disposition remarquable se rencontre dans
toute la vaste famille des Synanthérées, auxquelles
on donnait autrefois le nom de plantes h/leurs com-
posées ; tels sont les chardons, les artichauts, les
soucis, etc. Linnaeus a donné le nom de sjngénéste
284 ORGANES DE LA REPRODUCTION.
à la classe de son système dans laquelle sont réunies
toutes les plantes à anthères soudées latéralement,
qu:il désignait aussi sous le nom de syngénèses.
(Voy.pl. 6, fig. i3.)
Il existe un grand nombre de plantes dans les-
quelles les étamines , au lieu d'être libres , ou sim-
plement réunies ensemble par leurs filets ou leurs
anthères, font corps avec le pistil, c'est-à-dire
qu'elles sont intimement soudées avec le style et le
stigmate. C'est à ces plantes qu'on a donné le nom
de gynandres. (Voy. pi. 6, fig. i/j.)
La coalescence des étamines n'a jamais lieu avec
l'ovaire. Ce ne sont que les filets et le style qui
s'unissent, en sorte que les anthères et le stigmate
sont portés par un support commun, avec lequel ils
se confondent. C'est ce que l'on observe dans les
Aristoloches, les Orchidées, les Zingibéracées, etc.
Dans les Orchidées , on donne le nom de gynos-
teme (gynostemium) au support commun du stig-
mate et des anthères.
§ 3. Du Pollen.
Le pollen , ou la substance contenue dans l'organe
mâle , et qui sert à la fécondation , se présente ordi-
nairement sous l'apparence d'une poussière composée
de petits grains d'une extrême ténuité ; quelquefois
il est en masses solides plus ou moins considérables.
Cette dernière forme , étant restreinte à un petit
nombre de végétaux , ne fixera notre attention qu'a-
ÉTAMIIŒS. 285
près que nous aurons examiné avec détail la struc-
ture du pollen sous forme pulvérulente.
Avant le perfectionnement des instrumens d'op-
tique, les renseignemens que l'on possédait sur les
formes»variées des grains polliniques et surtout sur
leur structure intime, étaient extrêmement vagues.
On avait bien aperçu une grande diversité dans ceux
que l'on avait examinés avec de fortes loupes ; mai3
ces différences avaient été indiquées, sans en tirer
d'utiles conséquences pour l'avancement de la science.
La structure du grain pollinique avait aussi été un
objet de recherches de la part des anciens botanistes
qui, faute de moyens rigoureux d'observation , «s'é-
taient long-tempsdisputés, mais sans tomber d'accord,
sur la composition intérieure de corps aussi élémen-
taires. L'étude microscopique du pollen était donc un
sujet digne de révision , et ne pouvait manquer de
fixer l'attention des observateurs modernes. M. Amici,
que nous avons eu occasion de citer si avantageuse-
ment dans cet ouvrage, a publié, dans les Actes de
la société italienne, vol. xviii, un chapitre sur le
pollen , où il a fait connaître des circonstances très-
intéressantes et que nous mentionnerons plus bas. A
l'aide du microscope achromatique de M.Selligue ( j),
notre ami M. Guillemin a fait, dans le cours de l'été
de 1824? des observations nombreuses sur le pollen,
observations dont il nous a communiqué les princi-
paux résultats.
(r) Voyez la description et la figure de cet instrument dans
les annales des sciences naturelles. Nov. 181$, t. 3, p. 345, et tab. 18.
•286 ORGANES DR LA. REPRODUCTION.
Les grain* polliniques sont des utricules de formes
variées , sans adhérence dans l'anthère à l'époque de
la maturité, et renfermant une multitude de granules
d'une extrême ténuité.
La membrane utriculaire'est tantôt lisse ,• tantôt
inarquée d'éminences ou d'aspérités ; quelquefois
elle offre de simples facettes ou des bosses disposées
entre elles symétriquement. Lorsque le pollen est
parfaitement lisse dans sa superficie, il n'est en même
temps recouvert d'aucun enduit visqueux, tandis
que les moindres éminences sont des indices de vis-
cosité. Les papilles, les éminences mamelonnées, etc.,
qui recouvrent certains grains polliniques , sont de
véritables organes sécréteurs, et l'enduit visqueux or-
dinairement coloré qui les recouvre en est le produit.
Parmi les pollens pulvérulens, on peut donc établir
deux ordres principaux , savoir, les pollens visqueux
et ies pollens non visqueux. Les considérations tirées
de la forme générale sont moins importantes , c'est-
à-dire que la différence est moins grande entre les
pollens sphériques , elliptiques , cycloïdes , polyé-
driques , etc.
M. Guillemin s'est convaincu par un grand nombre
d'observations que la nature des grains polliniques
était la même dans chaque famille naturelle de
plantes ; ou , en d'autres termes , que dans une de
ces familles on ne rencontrait point en même temps
des pollens visqueux et des pollens non visqueux. Il
a vu de pi is que tous les genres d'une même fa-
mille n'offrent que des modifications dans les for-
ÉTAMlîfliS. 287
mes de leurs grains polliniques ; mais que des fa-
milles très - éloignées par d'autres caractères , se
rapprochaient néanmoins par une identité dans leurs
pollens. Nous nous contenterons d'énumérer la na-
ture et la forme de cet organe dans quelques familles
remarquables.
Le pollen des Malvacées et des Convolvulacées
est formé de grains sphériques papHIaires et d'un
blanc argentin. Dans les Cucurbitacées, ils sont sphé-
riques, papillaires et d'un beau jaune doré. Ceux de la
tribu des Hèlianthèes, de la famille des Synanthèrèesy
sont également sphériques papillaires, et d'un beau
jaune orangé. La tribu ou plutôt l'ordre des Chico-
racées nous présente des grains sphériques visqueux,
mais dont la superficie est taillée à facettes. Un poilenà
grains couverts d-'éminences mamelonnées, surmontés
chacun d'un point brillant, s'observe dans le Cobœa
scandens. Celui des Phlox est très- analogue à ce
dernie«r > circonstance qui appuie l'opinion de ceux
qui considèrent ces deux genres comme étant de la
même famille. Enfin, pour ne pas pousser trop loin
cette énuméïBtion des pollens visqueux, les grains
dans les Onagraires ont une forme trigone très-ma-
nifeste,-avec une dépression considérable dans leur
centre.
Les famillesoù l'on trouve des grains non visqueux,
sont en très -grand nombre. Il nous suffira de citer
les Solanées , Scrophularinèes , Gentianèes , Garyo-
phjilées, Graminées , Euphorbiacèes , etc.Ces grains
ont toujours une forme elliptique, et sont marqués
288 ORGANES DE LA REPRODUCTION.
d'une rainure longitudinale; le plus souvent ils sont
colorés en jaune, quelquefois en rouge , comme dans
les Verbascum. Dans les Légumineuses papiliona-
cées , le pollen est bien d'une nature non visqueuse,
mais il a une forme cylindroïde très-prononcée.
Lorsqu'on soumet les grains non visqueux à l'action
de l'eau, ils changent de forme à l'instant même;
d'elliptiques qu'ils étaient, ils deviennent parfaite-
ment sphériques. Les grains visqueux se dépouillent
d'abord de leur enduit; puis ils éclatent plus ou moins
promptement , et lancent au dehors un liquide plus
dense ^ue l'eau , et dans lequel se meuvent des
myriades de petits grains que leur couleur ver-
dâtre rend perceptibles à la vue, par un grossissement
de plusieurs centaines de fois- leur diamètre. M. Amici
a vu un grain pollinique de Portulaca oleracea en
contact avec un poil du stigmate, se rompre, lancer
au dehors une sorte de boyau dans lequel les gra-
nules ont circulé pendant plus de quatre heures.
Gleichen, qui avait déjà observé les granules conte-
nus dans les grains polliniques , les avaient consi-
dérés comme jouant le principal rôle dans l'acte de
la fécondation, et M. Guillemin, raisonnant d'-après
l'analogie de ces organes avec les animalcules sper-
matiques des animaux , n'est pas éloigné d'adopter
cette opinion.
Nous parlerons maintenant du pollen des Asclé-
piadées et des Orchidées, qui présente des modifica-
tions très- remarquables.
Dans plusieurs genres de ces deux familles, tout
Staminés. 289
le pollen contenu dans une loge est réuni en un corps
qui a la même forme que la loge dans l'intérieur de
laquelle il est contenu. On donne à ce pollen ainsi
réuni le nom de masse pollinique [massa pollinicà).
Quand ces masses sont partagées en plusieurs autres
masses plus petites , on appelle ces dernières des
massettes (niassulœ). Les masses polliniques des
Orchidées sont tantôt formées de grains solides réunis
ensemble par une sorte de réseau élastique; on les
appelle alors masses sectiles ( massœ sectiles ) ,
comme dans les genres Orchis, Ophrys. D'autres fois,
elles sont tout- à- fait granuleuses ( massœ granu-
losœ); telles sont celles des genres Epipactis, Loro-
glossum, etc. Enfin elles sont quelquefois d'une
substance solide et compacte {massœ solidœ), comme
dans les genres Coraïlorhiza , Malaxis. Ces trois
formes ne se trouvent jamais réunies ni confondues
dans un même genre.
Le pollen , projeté sur des charbons ardens, brûle et
s'enflamme avec rapidité. Dans beaucoup de plantes,
il répand une odeur qui a l'analogie la plus frap-
pante avec la substance à laquelle on le compare
dans les animaux, comme on l'observe très-bien dans
le châtaignier, l'épine-vinette, etc.
Q.gO ORGANES DE LA REPRODUCTION.
CHAPITRE IX.
DU PISTIL OU ORGANE SEXUEL FEMELLE.
Le pistil , comme nous l'avons déjà vu précé-
demment, est l'organe sexuel femelle dans les vé-
gétaux. Il occupe presque constamment le centre de
la fleur, et se compose de trois parties, savoir: i°de
Y ovaire , i° du style , 3° du stigmate.
Ordinairement on ne rencontre qu'un seul pistil
dans une fleur, comme dans le lis, la jacinthe, le'
pavot, etc.
D'autres fois il y en a plusieurs dans la même
fleur, comme dans la rose , les renoncules, etc.
Le pistil ou les pistils, lorsqu'il y en a plusieurs,
sont souvent attachés à un prolongement particulier
du réceptacle , auquel on donne le nom de gy-
nophore,
Il ne faut pas confondre le gynophore avec le po~
dogyne , amincissement de la base de l'ovaire qui
élève un peu le pistil au-dessus du fond de la fleur.
Le gynophore , en effet, n'appartient pas essentielle-
ment au pistil ; il reste au fond de la fleur , quand
celui-ci vient à s'en détacher. Le podogyne au con-
traire, qui fait partie du pistil, l'accompagne dans
toutes les époques de son développement. Il y a un
gynophore dans le fraisier, le framboisier, et un po-
dogyne dans le câprier, le pavot, etc.
PISTIL. 2g 1
Lorsqu'il y a plusieurs pistils dans une fleur, il
n'est pas rare de voir le gynophore devenir épais et
charnu : c'est ce qu'on observe d'une manière très-
manifeste dans le framboisier, et surtout le fraisier.
La partie de la fraise qui est pulpeuse, sucrée, et
que nous mangeons , n'.pst qu'un gynophore très-
développé : les petits grains brillans qui la recouvrent
sont autant de pistils. II est facile de reconnaître la
nature de ces différentes parties , et d'en suivre les
développemens successifs dans la fleur.
La base du pistil est toujours représentée par le
point au moyen duquel il s'attache au réceptacle.
Le sommet , au contraire, correspond toujours au
point où les styles ou bien le stigmate sont insérés
sur l'ovaire. Comme quelquefois cette insertion a
lieu latéralement , on conçoit que le sommet orga-
nique de l'ovaire ne répond pas toujours à son som-
met géométrique. Ce dernier, en effet, est le point
le plus élevé par lequel passe une ligne qui traverse
l'ovaire dans sa partie centrale.
§ i . De V ovaire.
L 'ovaire (ovarium) occupe presque toujours la
partie inférieure du pistil. Son caractère essentiel est
de présenter , quand on le coupe longitudinaîement
ou en travers, une ou plusieurs cavités, nommées
loges, dans lesquelles sont contenus les rudimens des
graines ou les ovules. C'est dans l'intérieur de l'ovaire
que les ovules acquièrent tout leur développement
et se changent en graines. Cet organe peut donc être
1Q1 ORGANES DE LA REPRODUCTION.
considéré, sous le rapport de ces fonctions, comme
l'analogue de l'ovaire et de l'utérus dans les animaux.
La forme la plus générale et la plus habituelle
de l'ovaire, est d'être ovoïde; cependant il est plus
ou moins comprimé et allongé dans certaines familles
de plantes, comme dans les^Crucifères, les Légumi-
neuses , etc.
Ylovaire est le plus souvent libre au fond de la
fleur; cest-à*dire que sa base correspond au point du
réceptacle, où s'insèrent également les étamines et
les enveloppes florales , comme on le voit dans la
jacinthe , le lis, la tulipe , etc. (Voyez planche 6 ,
fig.i,3.)
Mais quelquefois on ne rencontre pas l'ovaire dans
le fond de la fleur ; il est placé entièrement au-des-
sous du point d'insertion des autres parties ; c'est-à- •
dire que , faisant corps par tous les points de sa péri-
phérie avec le tube du calice , son sommet seul se
trouve libre au fond de la fleur. Dans ce cas , l'ovaire
a été appelé infère [ovarium ùiferum), pour le
distinguer de celui où, étant libre, il porte le nom
d'ovaire supere [ovarium mperimi) ; les Iris, les
Narcisses, les Myrtes, les Groseillers ont un ovaire
infère. (Voy. pi. 6, fig. 40
Lors donc qu'au fond d'une fleur on ne trouvera
pas l'ovaire , mais que le centre en sera occupé par
un style et un stigmate , on devra examiner si au-
dessous du fond de cette fleur on ne voit pas un
renflement particulier, distinct du sommet du pé-
doncule. $i ce renflement, coupé en travers, offre
PISTIL. 293
une ou plusieurs cavités , contenant des ovules , on
sera dans la certitude qu'il existe un ovaire infère.
La position de l'ovaire infère ou superô fournit
les caractères les plus précieux pour le groupement
des genres en familles naturelles*
Toutes les fois que l'ovaire est infère , le calice
est nécessairement monosépale, puisque son tube est
intimement uni avec la périphérie de l'ovaire.
Quelquefois l'ovaire n'est pas entièrement infère,
c'est-à-dire qu'il est libre par son tiers, sa moitié ou
ses deux tiers supérieurs. Le genre Saxifrage offre
ces différentes nuances.
Mais il est une position de l'ovaire qui , presque
toujours confondue avec l'ovaire infère , mérite ce-
pendant d'en être distinguée. C'est le cas où plu-
sieurs pistils réunis dans une fleur sont attachés à
la paroi interne d'un calice très -resserré à sa partie
supérieure, en sorte qu'au premier coup d'œil il re-
présente un ovaire infère. Ces ovaires reçoivent alors
le nom de pariétaux ( ovaria parietalia ) , comme
dans la rose, et un grand nombre d'autres Rosacées.
(Voy.pl. 6,fig. 2.)
L'ovaire infère étant celui qui fait corps par tous
les points de sa périphérie avec le tube du calice, il
découle de là une loi générale à laquelle on n'a ooint
fait attention : c'est que la position infère de l'ovaire
exclut nécessairement la multiplicité des pistils dans
la même fleur. En effet , dans le cas d'ovaires parié-
taux, on voit qu'ils ne touchent au calice que par un
seul point : il est de toute impossibilité que cet or-
^94 ORGANES DE LA REPRODUCTION.
gane en enveloppe plusieurs par toute leur périphérie.
Il suit donc de là que ces ovaires ne sont pas infères,
mais seulement pariétaux , puisqu'ils ne font pas
corps par tous les points de leur périphérie avec le
tube du calice. Cette modification mérite d'être si-
gnalée.
L'ovaire est sessile au fond de la fleur ( ovarium
sessilé) , quand il n'est élevé sur aucun support par-
ticulier, comme dans le lis, la jacinthe, etc. ( Voy.
pi. 6, fig. 1 et 3.)
Il peut être stipitè {ovarium stipitatum^), quand
il est porté sur un gynophore très-allongé , comme
dans le câprier ( Capparis spinosa. )
Coupé transversalement, l'ovaire offre souvent une
seule cavité intérieure ou loge , contenant les ovules.
Il est dit alors uniloculaire {ovarium uniloculare) ,
comme celui de l'amandier, du cerisier, de l'œil-
let , etc.
On Tappelle biloculaire ( ovarium blloculare ) ,
quand il est composé de deux loges ; par exemple ,
dans le lilas, la linaire, la digitale, etc.
Triloculaire {ovarium triloculare) ; tel est celui
du lis, de l'iris, de la tulipe , etc. (Voy. pi. 6, fig. 5.)
Quadriloculaire ( ovarium quadriloculare ) ,
comme dans le Sagina prvcumbens.
Quinquéloculaire ( ovarium quinqueloculare ) ,
comme dans le lierre {Hedera jFJelix).
Multiloculaire ( ovarium multiloculare ) , quand
il présente un grand nombre de loges : Ex. le né-
nuphar.
PISTIL. aQS
Mais chaque loge peut contenir un nombre d'o-
vules plus ou moins considérable. Ainsi il y a des
loges qui ne renferment jamais qu'un seul ovule : on
les appelle uniovulècs {locula uniovulata) , comme
dans les Graminées, les Synanthérées , les Labiées,
les Ombellifères, etc.
D'autres fois chaque loge contient deux ovules,
«est-à-dire qu'elle est biovulée {locula biovulata).
Dans le cas où chaque loge d'un ovaire renferme
deux ovules seulement , il est très-important d'étu-
dier leur leur position respective. Tantôt en effet,
les deux ovules naissent d'un même point et à la
même hauteur ; dans ce cas , ils sont dits apposés
[ovulis appositis), comme dans les Euphorbiacées.
D'autres fois , au contraire , ils naissent l'un au-
dessus de l'autre, on les appelle alors superposés (ovu-
lis superpositis), comme dans le Tamus communis.
On dit au contraire qu'ils sont alternes {ovulis
altcrnis), lorsque les points d'attache des ovules ne
sont pas sur le même plan , quoique les ovules se
touchent latéralement : par exemple , dans le pom-
mier, le poirier, etc.
Nous reviendrons plus en détail sur les différentes
positions des ovules entre eux , et relativement à l'o-
vaire en parlant de la graine.
Quelquefois enfin, chaque loge d'un ovaire ren-
ferme un nombre très-considérable d'ovules, comme
dans le tabac, le pavot , etc. ; mais ces ovules peuvent
ctre disposés de diverses manières. Ils sont assez
souvent superposés régulièrement les uns au-dessus
20,6 ORGANES DE LA REPRODUCTION.
des autres, sur une ligne longitudinale, comme dans
l'aristoloche {Aristolochia Sypho). On les appelle
unisériés (ovulis uniserialis). D'autres fois ils sont
disposés sur deux lignes longitudinales : ils sont bi-
sériés , comme dans les iris, le lis, la tulipe, etc.
Quelquefois ils sont épars et sans ordre, comme
dans le nénuphar, {JSymphcea albà). D'autres fois
ils sont conglobés, ou réunis et serrés les uns contre
les autres , de manière à former un globe , comme
dans un grand nombre de Caryophyllées.
Les ovules fécondés deviennent des graines: mais
il arrive fréquemment qu'un certain nombre d'ovules
avortent constamment dans le fruit. Quelquefois
même plusieurs cloisons se détruisent et disparaissent.
Il est donc essentiel de rechercher dans l'ovaire la
véritable structure du fruit. C'est par ce moyen seul
qu'on peut rapprocher les uns des autres, dans la série
des ordres naturels, certains genres qui , au premier
coup d'œil, s'éloignent beaucoup par la structure de
leurs fruits, à la disposition de leurs graines.
§ 1. Du Style.
Le style ( stylus) est ce prolongement filiforme du
sommet de l'ovaire qui supporte le stigmate. (Voyez
pi. 6,fig. 1,3). Quelquefois il manque entièrement;
et alors le stigmate est sessile, comme dans le pavot,
la tulipe, etc.
L'ovaire peut être surmonté d'un seul style ,
comme dans le lis, les Légumineuses ; de deux styles ,
comme dans les Ombellifères; de trois styles, comme
PISTIL. 297
dans la viorne ( Viburnum lantana ) , etc. Il y a
quatre styles sur l'ovaire, dans le Parnassia; cinq
dans le Statice, le lin, etc.
Dans d'autres cas, au contraire, il n'y a qu'un
seul style pour plusieurs ovaires, comme dans les
Apocynées, etc.
Presque toujours le style occupe la partie la plus
élevée, c'est-à-dire le sommet géométrique de l'ovaire,
comme dans les Crucifères, les Liliacées, etc. On
l'appelle alors style terminal (stylus terminalis).
On le nomme latéral (stylus latérales), quand il
naît des parties latérales de l'ovaire, comme dans la
plupart des Rosacées , le Daphne, etc. Il indique alors
le sommet organique de l'ovaire, qui, dans ce cas,
est différent du sommet géométrique.
Dans quelques circonstances beaucoup plus rares,
le style paraît naître de la base de l'ovaire. On lui a
donné le nom de style basilaire (stylus basilaris),
comme dans l'alchimille {Alchimilla vulgaris), l'arbre
à pain [Artocarpus incisa).
Quelquefois encore le style, au lieu de naître sur
l'ovaire, semble partir du réceptacle, comme dans les
Labiées, certaines Borraginées, etc.
Le style peut être inclus (stylus inclusus), c'est-
à-dire renfermé dans la fleur, de manière à n'être
pas visible à l'extérieur, comme dans le lilas (Syringa
vulgaris), le jasmin {Jasminiun officinale), etc.
Il peut être saillant (stylus exsertus) , comme dans
la valériane rouge (Centrantkus ruber).
Les formes du style ne sont pas moins nombreuses
30,8 ORGANES DE LA REPRODUCTION.
que celles des autres organes que nous avons étudiés
jusqu'ici. En effet, quoique le plus généralement il
soit grêle et filiforme, cependant il offre, dans cer-
tains végétaux, une apparence tout-à-fait différente.
Ainsi il est trigone (stylus trigonus) dans YOrnitho-
galum luteum, le Lilium bulbiferum, etc.
Il est claviforme , ou en massue (stylus claviformis)
dans le Leucoium œstivum.
Il est creux ( stylus fistulosus) dans le lis (Lilium
candidum ).
Pétaloïde ( stylus petaloîdeus), large, mince,
membraneux, coloré à la manière des pétales, dans
les Iris, etc, etc.
Suivant sa direction, relativement à l'ovaire, il
est vertical, dans le lis;
Ascendant (stylus ascendens) , formant un arc
dont la convexité est tournée vers le haut de la
fleur, comme dans la sauge et plusieurs autres
Labiées ;
Décliné (stylus declinatus) (i), lorsqu'il s'abaisse
vers la partie inférieure de la fleur, comme dans îe
dictame blanc (Dictamnus albus), certaines Labiées
et Légumineuses.
Le style peut être simple (stylus simplex), et sans
aucune division, comme dans la pervenche, le lis.
Il est bifide dans le groseiller rouge ( Ribes
ruùrum), trifide dans le glayeul (Gladiolus conimu-
(i) Assez souvent les étamines et le pistil sont déclinés dans la
même fleur : on dit alors que les organes sexuels sont déclinés
' geniialia dec'inata), comme dans la fraxinelle.
PISTIL. 29g
nis) ; quinquéfide , dans l' Hibiscus; multifide, comme
clans la mauve, suivant qu'il est fendu en deux, trois,
cinq, ou un grand nombre de divisions peu pro-
fondes.
Si , au contraire, ces divisions sont très-pro fondes ,
et atteignent jusqu'au-dessous de son milieu, il est dit
alors biparti, comme dans le groseiller à maquereau
( Ribes grossularia) (voy. pi. 6, fig. 4) ; triparti,
quinquèparti ', multiparti, etc. , suivant le nombre de
ses divisions.
Le style est quelquefois comme articulé avec le
sommet <le l'ovaire, en sorte qu'il tombe après la
fécondation; on lui donne le nom de caduc (stjlus
caducus) : dans .ce cas, il n'en reste aucune trace sur
l'ovaire, comme dans la cerise, la prune, etc. D'autres
fois, au contraire, il est persistant {stylus persistens),
quand il survit à la fécondation : ainsi, dans les Cru-
cifères, le buis, les Anémones, les Clématites, le
style persiste et fait partie du fruit.
Enfin, quelquefois non-seulement il persiste, mais
il prend encore de l'accroissement après la féconda-
tion, comme dans les Pulsatilles, les Clématites, la
benoite, etc.
§ 3. Du Stigmate.
Le stigmate {sligmd) est cette partie du pistil ordi-
nairement glandulaire, placée au sommet de l'ovaire
ou du style, qui est destinée à recevoir l'impression
4e la substance fécondante. Sa surface est en général
inégale et plus ou moins visqueuse.
300 ORGANES DE LA. REPRODUCTION.
Le nombre des stigmates est déterminé par celui
des styles et des divisions du style. En effet, il y a
toujours autant de stigmates que de styles distincts
ou de divisions manifestes dans le style.
Le stigmate est sessile, c'est-à-dire immédiate-
ment attaché au sommet de l'ovaire , quand le style
manque, comme dans le pavot, la tulipe.
Il n'y a qu'un seul stigmate dans les Crucifères, les
Légumineuses, les Primulacées, etc.
Il y en a deux dans les Ombellifères et un grand
nombre de Graminées.
On en trouve trois dans les Iridées, les Silène, la
rhubarbe, les Rumex, etc.
Il y en a cinq dans le lin; six et même un nombre
plus considérable dans beaucoup d'autres plantes,
telle que la mauve.
Le stigmate est le plus souvent terminal (stigma
terminale) y c'est-à-dire situé au sonjmet du style ou
de l'ovaire, comme dans le lis, le pavot, etc. (Voyez
pi. 6, fig. i, 3.)
Il est latéral [stigma latérale), quand il occupe
les cotés du style ou de l'ovaire, quand le style
n'existe pas, comme dans les Renonculacées, le pla-
tane, etc.
Selon la substance qui le constitue , il est charnu
{stigma carnosum), quand il est épais, ferme et suc-
culent, comme celui du lis.
Glandulaire (stigma glandulare), quand il est
évidemment formé de petites glandes plus ou moins
rapprochées.
PISTIL. 3oi
Membraneux [stigma membranaceum) , quand il
est aplati et mince.
Pétaloïde, quand il est mince, membraneux et
coloré à la manière des pétales, comme dans les
Iris, etc.
Suivant sa forme, le stigmate peut être globuleux
ou cupitè [globosum , capitatum ) , arrondi en forme
de petite tête : la primevère [Primula veris), la
belladone [Atropa belladona), la belle - de -nuit
( Nfctago hortensis).
Hémisphérique [stigma hemisphœricum), présen-
tant la forme d'une demi - sphère , comme dans la
jusquiame jaune [Hyosciamus aureus).
Discoïde [ stigma discoïdeum ) aplati , large et en
forme de bouclier, comme dans le pavot, le coque-
licot, etc.
Claviforme ou en massue (stigma clavatwn), dans
le Jasione montana, etc.
Capillaire ow. filiforme [stigma capillare , fili-
forme), grêle et très-allongé, comme dans le maïs
ou blé de Turquie.
Linéaire [stigma lineare), étroit et allongé,
comme dans les campanules et beaucoup de Caryo-
phyllées.
Trigone [stigma trigonum) , ayant la forme d'un
prisme à trois faces, comme dans la tulipe sauvage
[Tulipa sylvestris).
Trilobé [stigma trilobum), formé de trois lobes
arrondis, comme dans le lis. (Voy. pi. 6, fig. i.)
Étoile [stigma stellatum), plane et découpé en
3o2 ORGANES DE LA. REPRODUCTION".
lobes à la manière d'une étoile, comme dans lesÉri-
cinées, la pyrole, etc.
Ombiliquè ( stigma umbilicatum ) , offrant dans
son centre une dépression plus ou moins profonde,
comme dans le lis, la Viola rothomagensis , etc.
Sémilunè ou en croissant {stigma semilunatum) i
comme dans la fumeterre jaune (Corydalis lutea).
De même que le style, le stigmate peut être simple
et indivis , comme dans la bourrache (Borrago ojfi-
cinalis), la primevère, etc.
Bifide (stigma bi/zdum) , partagé en, deux divisions
étroites, comme dans la sauge, et le plus grand
nombre des Labiées, des Synanthérées, etc.
Trifide (stigma trifzdum), dans la camélée (Cneo-
rum Iricoccum) , les narcisses, etc.
Quadrijîde (stigma quadrifiduiri) , dans la dente-
laire (Plumbago europœa), etc.
Midti/zde (stigma multifidwrt) , quand le nombre
de ses divisions est plus considérable.
Il est biïamellè (stigma bilamellatum) , formé de
deux lames mobiles l'une sur l'autre, dans le Mimulus.
(Voy.pl. 6,%. 3.)
Suivant sa direction, on dit du stigmate qu'il est :
Dressé (stigma erectum), lorsqu'il est allongé et
dirigé suivant l'axe de la fleur.
Oblique (stigma obliquum) , quand il se dirige
obliquement par rapport h l'axe de la fleur.
Tors, roulé en tire-bourre, comme dans la Nigella
hispanica, etc.
La superficie du stigmate est tantôt glabre , tantôt
pistil. 3o3
veloutée, comme dans le Chelidonium Glaucium , le
Mimulus aurantiacus , etc. Elle est pubescente dans
le platane.
Le stigmate est plumeux (stîgma plumosum),
quand il est filiforme, et que de chaque coté il offre
une rangée de poils disposés comme les barbes d'une
plume; exemple, beaucoup de Graminées.
Pénicelliforme (stigma penicelliforma) , ou en
forme de pinceau, quand les poils sont rassemblés
par petites touffes ou bouquets, et constituent des
espèces de houppes ou de pinceaux, comme dans le
Triglochin marilimum , etc.
Nous venons d'examiner et de faire connaître les
organes de la floraison , savoir : le pistil, les étamines,
et les ewveloppes florales. Nous avons remarqué que
l'essence de la fkiar ïéside uniquement dans la pré-
sence des organes sexuels, et que le calice et la
corolle ne doivent être considérés que? comme pure-
ment accessoires, c'est-à-dire servant seulement à
favoriser l'exercice des fonctions que la nature a
confiées à la fleur, mais n'y concourant qu'indirec-
tement. Aussi les voit-on manquer assez fréquem-
ment , sans que leur absence paraisse avoir aucune
influence sur les phénomènes et l'action réciproque
des organes sexuels.
Les enveloppes florales semblent donc avoir powr
principal usage de protéger les organes de la géné-
ration jusqu'à leur parfait accroissement, c'est-à-
3o4 ORGANES DE LA. REPRODUCTION.
dire jusqu'à l'époque où ils sont propres à \a fécon-
dation.
Avant d'exposer les phénomènes curieux et inté-
ressans de cette importante fonction, revenons en-
core à quelques considérations générales sur la fleur.
On a donné le nom à'anthèse à l'ensemble des
phénomènes qui se manifestent au moment où toutes
les parties d'une fleur, ayant acquis leur entier déve-
loppement, s'ouvrent , s'écartent et s'épanouissent.
Toutes les plantes ne fleurissent pas à la même
époque de Tannée. Il existe à cet égard des diffé-
rences extrêmement remarquables, qui tiennent à la
nature même de la plante, à l'influence plus ou
moins vive du calorique et de la lumière, et enfin à
la position géographique du végétal.
Les fleurs sont un des plus beaux ornemens de la
nature. Si elles s'étaient montrées toutes dans la
même saison et à la même époque, elles eussent
disparu trop tôt, et les végétaux seraient restés trop
long-temps sans parure.
L'hiver même, malgré ses frimas, voit éclore des
fleurs. Les Galanthus nivalis , les Leucoium, les
hellébores, les Daphne, poussent et dévelop'pent
leurs fleurs quand la terre est encore couverte de
neige. Mais ces exemples ne sont en quelque sorte
que des exceptions. Le froid, en effet, paraît s'op-
poser au développement et à l'épanouissement des
fleurs, tandis qu'une chaleur douce et modérée les
favorise et les entretient. Aussi voyons -nous régner
en quelque sorte un printemps perpétuel, et la terre
PISTIL. iO.)
se couvrir toujours de fleurs nouvelles, clans les
pays où la température se maintient toute Tannée
dans un terme moyen.
Dans nos climats tempérés, c'est au printemps,
quand une chaleur douce et vivifiante a remplacé les
rigueurs de l'hiver, qu'écartant insensiblement leurs
enveloppes, les fleurs se montrent et s'épanouissent
à nos yeux. Les mois de mai et de juin, dans nos
climats, sont ceux qui voient éclore le plus de fleurs.
Suivant la saison durant laquelle elles développent
leurs fleurs, les plantes ont été distinguées en quatre
classes , savoir en :
i° Printanieres (plantée vcrnales , vernee), celles
qui fleurissent pendant les mois de mars , avril et
mai : telles sont les violettes, les primevères, etc.
i° Estivales (plantée œstivales), celles qui fleu-
rissent depuis le mois de juin jusqu'à la fin d'août:
la plupart des plante» sont dans ce cas.
3° automnales (plantée aulumnales)t celles qui
poussent et développent leurs fleurs depuis le mois
de septembre jusqu'en décembre. Tels sont beaucoup
& Aster, le colchique ( Colchicum autumnale, le
le Chrysantliemum inclicum , etc. )
4° Hibernales (pi. hibernales , hiberna?), toutes
celles qui fleurissent depuis le milieu de décembre
environ jusqu'à la fin de février. Telles sont un
grand nombre de Mousses, de Jungermanes, le Ga-
lanthus nivalis, YHelleborus niger, etc.
C'est d'après la considération de l'époque à laquelle
les différentes plantes produisent leurs fleurs que
20
3o6 ORGANES DE LA. REPRODUCTION.
Linnœus a établi son Calendrier de Flore (i). En"
effet , il y a un grand nombre de végétaux dont les
fleurs paraissent toujours à la même époque de
l'année , et d'une manière réglée. Ainsi, sous le cli-
mat de Paris, l'hellébore noir fleurit en janvier; le
coudrier, le Daphne mezereum en février; l'aman-
dier, le pêcher, l'abricotier, en mars; les poiriers,
les tulipes, les jacinthes , en avril; le lilas , les pom-
miers en mai , etc.
Non-seulement les fleurs se montrent à des épo-
ques différentes de l'année, dans les divers végétaux,
mais il en est encore un grand nombre qui s'ouvrent
et se ferment à des heures déterminées de la journée ;
quelques-unes même ne s'épanouissent que pendant
la nuit. De là on distingue les fleurs en diurnes et en
nocturnes. Ces dernières sont bien moins nombreuses
que les premières. Ainsi la belle-de-nuit ( Njctago
hortensis^) n'ouvre ses fleurs que quand le soleil s'est
caché derrière l'horizon.
Certaines fleurs même ont l'habitude de s'ouvrir
et de se fermer à des heures assez fixes de ia jour-
née pour pouvoir annoncer d'après elles à quelle
heure à peu près on se trouve. Linnaeus, si ingénieux
à saisir tous les points de vue inîéressans sous les-
quels on pouvait considérer les fleurs, s'est servi de
ces époques bien connues de l'épanouissement de
quelques espèces pour former un tableau auquel il
(i) Voyez, à la fin de cet ouvrage , le tableau de floraison sous
le climat de Paris , d'après M. De Lamark.
PISTIL. 3t>7
a donné le nom à' Horloge de Flore ( i ). Les plantes ,
en effet, y sont rangées suivant l'heure à laquelle
leurs fleurs s'épanouissent.
Les différens météores atmosphériques paraissent
avoir une influence marquée sur les fleurs de certains
végétaux. Ainsi le Calendula phwialis ferme sa fleur
quand le ciel se couvre de nuages, ou qu'un orage
menace d'éclater. Le Sonchus sibiricus , au contraire,
ne s'ouvre et ne s'épanouit que quand le temps est
brumeux, et l'atmosphère chargée de nuages.
La lumière plus ou moins vive du soleil paraît
çtre une des causes qui agissent le plus efficacement
sur l'épanouissement des fleurs. En effet , son ab-
sence détermine dans les fleurs, comme dans les
feuilles des plantes de la famille des Légumineuses,
une sorte de sommeil. Par des expériences extrême-
ment ingénieuses, mon ami Bory de Saint-Vincent
est parvenu à faire fleurir certaines espèces A'Oxa/is,
dont les fleurs ne s'étaient jamais épanouies naturel-
lement, en les éclairant vivement pendant la nuit,
et réunissant sur elles les rayons lumineux au moyen
d'une lentille.
La durée des fleurs présente encore des diffé-
rences très -notables.. Quelques-unes s'épanouissent
le matin, et sont fanées avant la fin de la journée;
on leur a donné le nom à' éphémères . Tels sont la
plupart des Cistes, le Tradescenlia virginica, quel-
ques Cactus y etc. D'autres, au contraire, brillent
(i) Voyez ce tableau à la fin ée l'ouvrage.
3o8 ORGANES DE LA REPRODUCTION.
du même éclat pendant plusieurs jours , et souvent
même pendant plusieurs semaines.
Enfin il est quelques fleurs dont la couleur varie
aux différentes époques de leur développement. Ainsi
X Hortensia commence par avoir des fleurs vertes;
petit à petit elles prennent une belle couleur rose ,
qui , avant qu'elles ne soient entièrement fanées ,
deviennent d'une teinte bleue , plus ou moins in-
tense.
CHAPITRE X.
DES NECTAIRES.
Sous la dénomination générale de nectaires (nec-
taria), Lînnœus a désigné non-seulement les corps
glanduleux que l'on observe dans certaines fleurs,
où ils sécrètent une humeur mielleuse et nectarée ,
mais encore toutes les parties de la fleur qui, pré-
sentant des formes irrégulières et insolites, rui sem-
blaient ne point appartenir aux organes floraux pro-
prement dits, c'est-à-dire ni au-pistil, niauxétamines,
ni aux enveloppes florales.
On conçoit facilement combien l'extension consi-
dérable donnée à ce mot a dû jeter de vague sur sa
véritable signification, à tel point, qu'il est tout-à-
fait impossible de donner une définition rigoureuse
du mot nectaire, tel que Linnaeus l'a entendu. Quel-
NECTAIRES. 3oq
ques exemples viendront à l'appui de notre asser-
tion.
Toutes les fois qu'un des organes eonstituans de la
fleur offrait quelque irrégularité dans sa forme, dans
sou développement, ou quelque altération de sa phy-
sionomie habituelle, Linnœus lui donnait le nom de
nectaire. On pense bien qu'il a dû décorer de ce
nom une foule d'organes tres-différens les uns des
autres.
Ainsi, dans l'ancolie, Linnaeus décrit cinq nectaires
en forme d'éperons recourbés et pendans entre les
cinq sépales; dans les Delphinium il en existe deux
qui se prolongent en pointe à leur partie postérieure,
et sont contenus dans l'éperon que l'on observe à la
base du sépale supérieur; dans les hellébores on en
trouve un grand nombre qui sonttubuleux et comme
à deux lèvres. Or ces prétendus nectaires des hellé-
bores, des ancolies, et en général de tous les autres
genres de la famille des Renonculacées, ne sont rien
autre chose que les pétales.
Dans la capucine, le nectaire est un éperon qui part
de la base du calice; dans les linaires, ce nectaire ou
éperon est un prolongement de la base de la corolle.
11 en est de même dans la violette, la balsamine, etc.
• Linnaeus a aussi donné le nom de nectaires à des
amas de glandes placés dans différentes parties de
la fleur. Auss'i a-t-il confondu sous ce nom les disques
comme dans les Crucifères , les Orr.bellifères, les Ro-
sacées , etc. Dans le lis , le nectaire est sous la forme
d'un sillon glanduleux placé à la base interne des
3lO ORGANES DE LA REPRODUCTION.
divisions du calice; dans les iris, c'est un bouquet de
poils glanduleux qui règne sur le milieu des divisions
externes du calice.
Dans les Graminées, le nectaire se compose de deux
petites écailles de forme très-variée, situées d'un coté
de la base de l'ovaire. Ces deux écailles ou paléoles
forment la glumelle , organe qui n'effectue aucune
sécrétion. Dans les Orchidées, on a appelé nectaire
!a division inférieure et interne du calice, que d'au-
tres botanistes , et Linnœus lui-même ont désignée
sous le nom de labelle.
Nous pourrions encore multiplier le nombre des
exemples de genres où l'on a fait mention du nectaire.
Mais ceux que nous avons cités suffisent pour faire
voir combien ce mot est vague et peu défini dans la
langue botanique, puisqu'on l'a appliqué tour à tour
à des pétales, à des calices, à desétamines, à des
pistils avortés et difformes, à des disques hypogynes
périgynes et épigynes.
Si l'on voulait conserver cette expression de nec-
taire , nous pensons qu'il faudrait exclusivement la
réserver pour les amas de glandes situées sur les dif-
férentes parties èe la plante, et destinées à sécréter un
liquide mielleux etnectaré,en ayant soin toutefois de
ne pas confondre ce corps avec les différentes espèces
de disque, qui ne sont jamais des organes sécréteurs.
Par ce moyen on ferait cesser le vague et la confu-
sion que ce mot entraîne avec lui , et on le rendrait
à sa véritable signification.
FÉCONDATION. 3lï
CHAPITRE XL
DE LA FÉCONDATION.
La découverte de l'organe mâle et de l'organe
feineile dans les végétaux a ouvert un nouveau
champ à l'observation, en faisant étudier les phéno-
mènes de l'action qu'ils exercent l'un sur l'autre. Ce
n'est que depuis cette époque que l'on a bien connu
le mécanisme de la fécondation. Cependant remar-
quons ici que les grandes vérités utiles à l'homme
ont de tout temps été pressenties, en quelque sorte,
par un instinct particulier, par ceux même qui n'au-
raient pu en donner aucune explication. Ainsi, quoi-
que la découverte des sexes dans les végétaux ne re-
monte point à plus de deux siècles, cependant, de
temps immémorial, les habitans de l'Arabie avaient
remarqué que , pour que le dattier et le pistachier
pussent fructifier, il était nécessaire qu'ils se trou-
vassent rapprochés des individus sur lesquels ils
n'avaient jamais vu de fruits. Aussi allaient -ils sou-
vent chercher à de grandes distances des rameaux
de fleurs mâles pour les secouer sur les fleurs fe-
melles, qui alors se convertissaient en fruits parfaits.
Mais ils ignoraient entièrement la cause de ces phé-
nomènes, n'ayant aucune idée de la présence des
sexes dans les végétaux.
11 nous est aussi impossible de connaître le mèca-
3 11 ORGANES DE LA REPRODUCTION.
nisme de la fécondation dans les plantes que dans
les animaux. Nous savons seulement que l'organe
femelle est fécondé ; que les ovules ou rudimens des
graines renfermés dans l'intérieur de l'ovaire de-
viennent aptes à se développer et à reproduire plus
tard des individus parfaitement semblables, toutes
les fois que le pollen, renfermé dans les loges de
l'étamine, a exercé son influence sur le stigmate.
Mais de quelle nature est cette influence? comment
le pollen agit -il pour féconder les ovules? L'état
actuel de nos connaissances ne nous a pas encore
fourni les moyens de pouvoir résoudre ces questions.
La fécondation, comme toutes les fonctions qui dé-
pendent de l'action vitale, est couverte d'un voile
que l'homme n'est point encore parvenu à soulever
entièrement; son mécanisme échappe à nos moyens
d'investigation. Il nous est impossible de la suivre
dans sa marche ; et nous ne la connaissons que par
les effets qu'elle produit.
Ici, comme dans ses autres ouvrages, nous avons
lieu d'admirer la prévoyance de la nature et la per-
fection qu'elle sait donner aux instrumens qu'elle
emploie. Les animaux, doués de la faculté de se
mouvoir, pouvant se porter à volonté d'un lieu dans
un autre, ont en général les organes Je la génération
séparés sur deux individus. Le mâle, à des époques
déterminées, excité par un sentiment intérieur, re-
cherche sa femelle et s'en rapproche.
Les végétaux, au contraire, privés de cette faculté
locomotrice, attachés irrévocablement au lieu qui les
FÉCONDATION. 3 l 3
a vus naître , devant y croître et y mourir , ont en
général les deux organes sexuels réunis, non-seule-
ment sur le même individu, mais le plus souvent
encore dans la même fleur. Aussi l'hermaphroditisme
est-il très-commun dans les végétaux.
Cependant il en est quelques-uns qui, au premier
coup d'œil, sembleraient ne pas se trouver dans des
circonstances aussi favorables , et dans lesquels la
fécondation paraîtrait avoir été abandonnée par la
nature aux chances du hasard. On voit que je veux
parler des végétaux monoïques et dioïques. Ici, en
effet, les deux organes sexuels sont élcignés l'un de
l'autre, et souvent à des distances considérables. Mais
admirons encore la nature au lieu de l'accuser. Les ani-
maux ayant la substance fécondante liquide, l'organe
mâle doit agir directement sur l'organe femelle pour
pouvoir le féconder. Si, dans les végétaux, cette
substance eût été de même nature que dans les ani-
maux, nul doute que la fécondation n'eût éprouvé
les plus grands obstacles dans les plantes monoïques
et dioïques. Mais chez eux le pollen est sous forme
d'une .poussière dont les molécules, légères et pres-
que imperceptibles, sont transportées, par l'air atmo-
sphéri^ie et les vents, à des distances souvent incon-
cevables. •
Remarquons encore que le plus souvent, dans les
plantes monoïques, les fleurs mâles sont situées
vers la partie supérieure du végétal, en sorte que
le pollen, en s'échappant des loges de l'anthère,
tombe naturellement et par son propre poids sur les
3l 4 ORGANES DE LA REPRODUCTION.
fleurs femelles, placées au-dessous des premières.
Les fleurs hermaphrodites sont, sans contredit,
celles dans lesquelles toutes les circonstances acces-
soires sont les plus favorables à la fécondation. Les
deux organes sexuels, en effet, se trouvent réunis
dans la même fleur. Cette fonction commence à l'ins-
tant où les loges de l'anthère s'ouvrent pour mettre
le pollen en liberté. Il est des plantes dans lesquelles
la déhiscence des anthères, et par conséquent la
fécondation, s'opère avant le parfait épanouisse-
ment de la fleur. Mais, dans le plus grand nombre des
végétaux, ce phénomène n'a lieu qu'après que les
enveloppes florales se sont ouvertes et épanouies.
Dans certaines fleurs hermaphrodites, la longueur
ou la brièveté des étamines, par rapport au pistil ,
semblerait d'abord un obstacle à la fécondation. IVÊais,
comme le remarque ingénieusement Linnœus, quand
les étamines sont plus longues que le pistil, les fleurs
sont en général dressées. Elles sont au contraire ren-
versées dans celles où les étamines sont plus courtes
que le pistil. Nous n'avons pas besoin de faire remar-
quer combien une semblable disposition est favorable
à l'acte de la fécondation. Quand les étamines sont
aussi longues que les pistils, les fleurs sont i*listinc-
tement dressées ou pendantes. •
Pour favoriser l'émission du pollen et le mettre en
contact avec le stigmate, les organes sexuels d'un
grand nombre de plantes exécutent des mouvemens
très-sensibles.
A l'époque de la fécondation, les huit ou dix éta-
FÉCONDATION. 3 1 5
mines qui composent les fleurs de la rue ( Buta
graveolens} se redressent alternativement vers le
stigmate, y déposent une partie de leur pollen , et se
déjettent ensuite en dehors.
Les étaminés du Sparmannia af ricana, de l'épine-
vinette , lorsqu'on les irrite avec la pointe d'une
aiguille, se resserrent et se rapprochent les unes
contre les autres.
Dans plusieurs genres de la famille des Urticèes ,
dans la pariétaire, le mûrier à papier, etc., les exa-
mines sont infléchies vers le centre de la fleur et au-
dessous du stigmate. A une certaine époque, elles se
redressent avec élasticité, comme autant de ressorts,
et lancent leur pollen sur l'organe femelle.
Dans le genre Kalinia, les dix étaminés sont situées
horizontalement au fond de la fleur, en sorte que
leurs anthères sont renfermées dans autant de petites
fossettes qu'on aperçoit à la base de la corolle. Pour
opérer la fécondation, chacune des étaminés se courbe
légèrement sur elle-même, afin de dégager son an-
thère de la petite fossette qui la contient. Elle se
redresse alors au-dessus du pistil, et verse sur lui son
pollen.
Les organes femelles de certaines plantes paraissent
également doués de mouvemens qui dépendent d'une
irritabilité plus développée pendant la fécondation.
Ainsi le stigmate de la tulipe et de plusieurs autres
Liliacées se gonfle et paraît plus humide à cette
époque.
Les deux lames qui forment le stigmate du Mi/nu-
3l6 ORGANES DE LA REPRODUCTION.
lus se rapprochent et se resserrent toutes les fois
u'une petite masse de pollen ou un corps étranger
quelconque vient à les toucher.
11 paraît même, d'après lesobservationsdeMM.de
Lamarck et Bory Saint-Vincent, que plusieurs plantes
développent à cette époque une chaleur extrême-
ment manifeste; ainsi, dans \Arutn italicum et quel-
ques autres plantes de la même famille, le spadice
qui supporte les fleurs dégage une assez grande
quantité de calorique pour qu'elle soit appréciable à
la main qui le touche.
Un grand nombre de plantes aquatiques, telles que
les Njmphœa , les Villarsia, les Menyanthes , etc. ,
ont d'abord les boutons de leurs fleurs cachés sous
l'eau ; peu à peu on les voit se rapprocher de sa
surface, s'y montrer, s'y épanouir, et quand la fécon-
dation s'est opérée, redescendre au-dessous de l'eau
pour y mûrir leurs fruits.
Mais cependant la fécondation peut s'opérer dans
les plantes entièrement submergées. Ainsi M.Ramond
a trouvé dans le fond d'un lac des Pyrénées le Ranun-
culus aquatilis recouvert de plusieurs pieds d'eau ,
et portant cependant des fleurs et des fruits parfaite-
ment mûrs. La fécondation s'était donc opérée au
milieu du liquide. Mon ami M. Bâtard ,# auteur de la
Flore de Maine-et-Loire, eut occasion de retrouver
la même plante dans une circonstance analogue. 11 fit la
curieuse remarque que chaque fleur, ainsi submer-
gée , contenait entre ses membranes et avant son
épanouissement une certaine quantité d'air, et que
• FÉCONDATION. 3 I 7
c'était par l'intermède de ce fluide que la féconda-
tion avait lieu. L'air qu'il trouva ainsi renfermé dans
les enveloppes florabes , encore closes , provenait
évidemment de l'expiration végétale dont nous avons
précédemment étudie les phénomènes.
Cette observation , dont l'exactitude a été plusieurs
fois vérifiée depuis cette époque, nous explique par-
faitement le mode de fécondation des plantes sub-
mergées, quand elles sont pourvues d'enveloppes
florales. Mais il devient impossible d'en faire l'appli-
cation aux végétaux dépourvus de calice et de corolle.
Tels sont le Ruppia, le Zostera, le Z anichellia, et
d'autres encore, dont la fécondation s'opère, bien
que leurs fleurs soient entièrement plongées dans
l'eau.
Mais quel est le mode d'action du pollen sur le
stigmate? L'opinion la plus généralement répandue
parmi les botanistes, c'est que chaque grain de pollen
représente une sorte de petite vésicule remplie d'un
liquide dans lequel existe une foule de petits grains
que l'on regarde comme la véritable substance propre
à la fécondation. Aussitôt que ces grains de pollen
s'échappent des anthères , ils se fixent sur le stigmate ,
dont la surface est en général inégale , visqueuse ou
couverte de poils. Là ils se renflent, se gonflent,
s'ouvrent; la Hqueur qu'ils contiennent se répand
sur le stigmate , et la fécondation a lieu.
Geite explication paraît conforme à la nature, dans
le plus grand nombre des cas. Mais il est d'autres
circonstances dans lesquelles les phénomènes de la
3l8 ORGANES DE LA REPiltfbUCTION.
fécondation ne s'opèrent pas de la même manière.
Dans les plantes qui vivent constamment submergées,
il est évident que les grains polliniques ne viennent
pas se fixer et se rompre sur le stigmate; et cepen-
dant la fécondation n'en a pas moins lieu. La surface
du stigmate d'un grand nombre de plantes est extrê-
mement lisse, nullement visqueuse; celle du châtai-
gnier est dure et coriace : le pollen ne peut y adhérer.
Dans un grand nombre d'Orchidées et d'Apocynées,
le pollen, au lieu d'offrir une matière pulvérulente,
composée d'une multitude innombrable de molécules
fines et légères, forme une masse entièrement solide.
L'anthère s'ouvre; la masse pollinique ne change
nullement de place, reste parfaitement entière, et la
fécondation s'opère. Or, dans ce cas, le pollen n'a
pas quitté l'intérieur de l'anthère pour aller sur le
stigmate verser son fluide fécondant. Par la déhis-
cence de l'anthère, il s'est trouvé simplement en
contact avec l'air atmosphérique; et cependant la
plante a été fécondée.
De ces faits, et d'un grand nombre d'autres que
nous pourrions ajouter encore ici, on peut, je crois,
conclure que, pour que la fécondation s'opère dans
les végétaux, il n'est pas toujours indispensable que
le pollen soit en contact immédiat avec le stigmate,
puisque nous voyons dans un grand nombre de plantes
cette fonction avoir lieu , bien que le pollen n'ait tou-
ché en aucune manière la surface du stigmate.
Ne peut-cn pas admettre, dans cette circonstance,
que la fécondation a été opérée par une espèce d'éma-
FÉCONDATION. 3l9
nation particulière, de volatilisation de la liqueur
fécondante renfermée dans le pollen ? C'est à cet
aura pollinaris , à ce principe volatil émané de la
substance pollinique que Ton doit attribuer , d;ms
beaucoup de végétaux , les mêmes fonctions qu'au
pollen lui-même.
Il résulte de ce que nous avons dit jusqu'à présent
que la fécondation dans les plantes peut s'opérer de
deux manières différentes : i° par contact immédiat
entre les grains du pollen et la surface du stigmate;
20 par une sorte (Y aura pollinaris, ou d'une émana-
tion particulière de la substance pollinique.
Dans les plantes monoïques et dioïques, malgré la
séparation, et souvent l'éioignement des deux sexes,
la fécondation n'en a pas moins lieu.
L'air, pour les plantes dioïques, est le véhicule
qui se charge de transporter, souvent à de grandes
distances, le pollen ou Y aura pollinaris qui doit les
féconder. Les insectes et les papillons, en volant de
fleur en fleur, servent aussi à la transmission du pollen.
Dans les plantes dioïques, les Dattiers, on peut
opérer- artificiellement la fécondation. Il existait de-
puis long-temps au jardin botanique de Berlin un
individu femelle du Chamœrops humllls, qui tous
les ans fleurissait , mais ne donnait pas de fruits.
Gleditsch fit venir de Carlsruhe, des panicules de fleurs
mâles, les secoua sur les fleurs femelles, qui don-
nèrent des fruits parfaits. Cette expérience fut répétée
plusieurs fois.
Ce mode de fécondation artificielle est mis en pra-
3lO ORGANES DE LA REPRODUCTION.
tique, depuis un temps immémorial, en Egypte et
dans les autres parties de l'Afrique* où le dattier est
cultivé en abondance. A l'époque où les fleurs s'épa-
nouissent on monte au sommet des individus femelles,
et on secoue au-dessus des grappes de fleurs, des
régimes de fleurs mâles qui y répandent leur pollen.
M. Delile rapporte que pendant la campagne d'Egypte,
cette pratique n'ayant pu être mise en usage à cause
des hostilités continuelles entre les deux parties, la
récolte des dattiers manqua entièrement.
Liunaeus même prétend que non - seulement on
peut, par ce procédé, féconder artificiellement une
seule fleur d'une plante, mais qu'il est même pos-
sible de ne féconder qu'une seule loge d'un ovaire
multiloculaire, en ne mettant le pollen en contact
qu'avec une des divisions du stigmate. Mais cepen-
dant il a été prouvé que, bien que le pollen ne tou-
chât qu'un seul des lobes d'un stigmate, toutes les
loges c'.e l'ovaire étaient également fécondées.
L'expérience a encore prouvé que la fécondation,
dans les plantes dioïques, peut avoir lieu à des dis-
tances souvent fort considérables. Nous possédons
un grand nombre d'exemples avérés, propres à dé-
montrer ce fait. On cultivait déjà depuis long-temps,
au Jardin des Plantes de Paris, deux pieds de pista-
chiers femelles qui, chaque année, se chargeaient
de fleurs , mais ne produisaient jamais de fruits. Quel
fut Tétonnement du célèbre Bernard de Jussieu ,
quand, une année, il vit ces deux arbres nouer et
mûrir parfaitement leurs fruits! Dès lors il conjec-
FECONDATION. 321
tura qu'il devait exister dans Paris, ou aux environs,
quelque individu mâle portant des fleurs. Il fit des
recherches à cet égard , et apprit qu'à la même
époque , à la pépinière des Chartreux , près le Luxem-
bourg, un pied de pistachier mâle avait fleuri. Dans
ce cas, comme dans les précédens, est-ce le pollen
ou simplement Y aura pollinaris qui , porté par le
vent, sera venu, par-dessus les édifices d'une partie
de Paris , féconder les individus femelles.
Le Vallisneria spiralis , plante dioïque, que j'ai
eu occasion d'observer abondamment dans le canal
de Languedoc et les ruisseaux des environs de Beau-
caire , offre un phénomène des plus admirables à
l'époque de la fécondation. Cette plante est attachée
au fond de l'eau et entièrement submergée. Les indi-
vidus mâles et femelles naissent pêle-mêle. Les fleurs
femelles, portées sur des pédoncules longs d'environ
deux ou trois pieds, et roulés en spirale ou tire-
bouchon , se présentent à la surface de l'eau pour
s'épanouir. Les fleurs mâles, au contraire, sont ren-
fermées plusieurs ensemble dans une spathe mem-
braneuse portée sur un pédoncule très-court. Lorsque
le temps de la fécondation arrive , elles font effort
contre cette spathe, la déchirent, se détachent de
leur support et de la plante à laquelle elles appar-
tenaient, et viennent à la surface de l'eau s'épanouir
et féconder les fleurs femelles. Bientôt celles-ci, par
le retrait des spirales qui les supportent, redescen-
dent au-dessous de l'eau, où leurs fruits parviennent
à une parfaite maturité.
21
3>-2 ORGANES DE LA REPRODUCTION.
Mais , quelle que soit la manière dont s'est opérée
la fécondation , elle annonce toujours son influence
pur des phénomènes visibles et apparens. La fleur,
fraîche jusque alors, et ornée souvent des couleurs les
plus vives, ne tarde point à perdre son riant coloris
et son éclat passager. La corolle se fane ; les pétales
se dessèchent et tombent. Les étamines, ayant rempli
les fonctions pour lesquelles la nature les avait créés,
éprouvent la même dégradation. Le pistil reste bien-
tôt seul au centre de la fleur. Le stigmate et le style
étant devenus inutiles à la plante , tombent égale-
ment. L'ovaire seul persiste, puisque c'est dans son
sein que la nature a déposé, pour y croître et s'y
perfectionner, les rudimens des générations futures.
C'est l'ovaire qui, par son développement, doit
former le fruit. Il n'est pas rare de voir le calice per-
sister avec cet organe, et l'accompagner jusqu'à son
entière maturité. Or il est à remarquer que cette
circonstance a lieu principalement quand le calice
est monosépale : si I ovaire est infère ou pariétal , le
calice alors persiste nécessairement, puisqu'il lui est
intimement uni.
Dans Y Alkékenge (Phjsalis Alkekengi), le calice
survit à la fécondation, se colore en rouge, et forme
une coque vésiculeuse, dans laquelle le fruit se trouve
contenu. Dans les narcisses, les pommiers, les poi-
riers, en un mot, dans toutes les plantes à ovaire
infère ou pariétal, le calice persistant forme la paroi
la plus extérieure du fruit.
Peu de temps après que la fécondation a eu lieu ,
FÉCONDATION. 3a3
l'ovaire commence à s'accroître ; les ovules qu'il ren-
ferme, d'abord d'une substance aqueuse, et en quel-
que sorte inorganique , acquièrent peu à peu plus
de consistance; la partie qui doit constituer la graine
parfaite, c'est-à-dire l'embryon , se développe succes-
sivement; tous ses organes se prononcent, et bientôt
l'ovaire a acquis les caractères propres à constituer
un fruit.
Nous terminons ici tout ce qui a rapport à la fleur
proprement dite, considérée dans son ensemble et
dans les différentes parties qui la composent. Avant
de passer au fruit , il nous reste à faire connaître un
organe accessoire de la fleur, qui manque quelque-
fois, mais qui, lorsqu'il existe, joue le plus grand
rôle dans la coordination des plantes en familles natu-
relles. Cet organe est le disque. Nous nous occupe-
rons ensuite à&X insertion , c'est-à-dire de la position
respective des diverses parties de la fleur, et princi-
palement des organes sexuels.
DU DISQUE.
Le disque est un corps charnu , de nature glan-
duleuse, ordinairement jaunâtre, plus rarement vert,
placé soit sous l'ovaire, soit sur son sommet, soit
sur la paroi interne du calice.
On distingue le disque en kypogyne , périgyns et
épigyne. g
i° Le disque hypogyne porte le nom de podogyne
lorsqu'il forme un corps charnu , distinct du récep-
3a4 ORGANES DE LA REPRODUCTION.
tacle , et qui élève l'ovaire au-dessus du fond de la
fleur, comme dans la rue, et les autres plantes de la
famille des Rutacées ; celui de pleurogyne , quand il
naît sous l'ovaire et qu'il se redresse sur une de ses
parties latérales , comme , par exemple , dans la per-
venche. On l'appelle épîpode , lorsqu'il est formé de
plusieurs tubercules qui naissent sur le support de
l'ovaire. Cette variété de disque se remarque surtout
dans les plantes de la famille des Crucifères.
2° Le disque périgyne est formé par une substance
charnue plus ou moins épaisse, épanchée sur la paroi
interne du calice, comme dans le cerisier, l'aman-
dier, et dans certaines espèces de Diosma qui s'éloi-
gnent ainsi des autres espèces du même genre.
3° Le disque épigyne est celui que l'on observe
sur le sommet de l'ovaire quand ce dernier est infère,
c'est-à-dire quand il est soudé par tous les points de
sa surface externe avec le tube du calice , comme
dans les Ombellifères , les Rubiacées, etc.
DE L INSERTION.
L'insertion des étamines se disiingue en absolue
et en relative. La première s'entend de la position
des étamines , abstraction faite du pistil ; c'est ainsi
que l'on dit : étamines insérées à la corolle, au ca-
lice , etc. La seconde fait connaître la position des
étamines ou de la corolle monopétale staminifère ,
relativement au pistil. Ainsi l'on dit dans ce sens :
étamines insérées sous l'ovaire , autour de l'ovaire ou
sur l'ovaire.
FECONDATION. 3^5
On distingue trois espèces d'insertion qui portent
les noms & hypogynique , pèrigy nique et épigynique.
L'insertion hypogynique est celle dans laquelle
les étamines ou la corolle monopétale portant les
étamines sont insérées sous l'ovaire. Par exemple ,
dans les Crucifères , les Labiées , etc.
L'insertion périgynique est celle qui se fait au ca-
lice, comme par exemple dans les Rosacées. Enfin
dans l'insertion épigynique, qui a lieu toutes les fois
que l'ovaire est infère , les étamines sont insérées sur
le sommet de l'ovaire. Les Ombellifères, les Rubia-
cées, etc., en offrent des exemples.
La position du disque détermine en général l'in-
sertion. Ainsi , toutes les fois qu'il y a un disque
hypogyne , l'insertion est hypogynique ; elle est pé-
rigynique, quand le disque est périgyue. Enfin elle
est épigynique, toutes les fois qu'il y a un disque
épigyne sur le sommet de l'ovaire.
326 ORGANES DE LA FRUCTIFICATION.
SECONDE SECTION.
DU FRUIT, OU DES ORGANES DE LA FRUCTIFICATION
PROPREMENT DITS.
La fécondation s'est opérée , les enveloppes flo-
rales se sont fanées et détruites, les étamines sont
tombées, le stigmate et le style ont abandonné l'ovaire
qui seul a reçu , par l'influence de cette fonction ,
une vie nouvelle qu'il doit parcourir. Cette nouvelle
époque du végétal commence depuis l'instant où
l'ovaire a été fécondé , et finit à celui de la dissémi-
nation des graines. On lui a donné le nom de Fruc-
tification.
"Le fruit n'est donc que l'ovaire fécondé et accru.
Il se compose essentiellement de deux parties; savoir :
le péricarpe et la graine.
CHAPITRE PREMIER.
DU PÉRICARPE.
Le péricarpe est cette partie d'un fruit mûr et
parfait, formé par les parois mêmes de l'ovaire fé-
condé , et contenant dans son intérieur une ou plu-
sieurs graines. C'est lui qui détermine la forme du
fruit.
PÉRICARPE 3iy
Le péricarpe existe constamment. Mais quelque-
fois il est si mince ou tellement uni avec la graine ,
qu'on le distingue avec peine dans le fruit mûr. Dans
ce cas, plusieurs auteurs pensant qu'il n'existait pas,
ont dit que les graines étaient nues , comme dans les
Labiées, les Ombeiliferes , les Synanthèrées , etc.
Mais il est prouvé aujourd'hui qu'il n'y pas de
graines nues, et que le péricarpe ne manque jamais.
Le péricarpe offre ordinairement sur un des points
de sa surface extérieure , le plus souvent vers sa partie
la plus élevée, les restes du style ou au stigmate , les-
quels indiquent le sommet organique du péricarpe,
et par conséquent au fruit.
Le péricarpe est toujours formé de trois parties;
savoir: i° d'une membrane extérieure, mince, sorte
d'épiderme qui détermine sa forme et le recouvre
extérieurement, on l'appelle épicarpe; -i° d'une autre
membrane intérieure qui revêt sa cavité séminifère ,
elle a reçu le nom & endocarpe ; 3° entre ces deux
membranes se trouve une partie parenchymateuse
et charnue qu'on appelle sarcocarpe. Ces trois par-
ties réunies et soudées intimement, constituent le
péricarpe.
Lorsque l'ovaire est infère, c'est-à-dire toutes les
fois qu'il est soudé avec le tube du calice , Yépicarpe
est formé par le tube même ou calice , dont le paren-
chyme se confond avec celui du sarcocarpe. Dans ce
cas il est toujours facile de reconnaître l'origine de
V épicarpe, car à sa partie supérieure il doit offrir ,
à une distance variable du point d'origine du style
3^8 ORGANES DE LA FRUCTIFICATION.
et du stigmate, un rebord plus ou moins saillant,
formé par les restes du limbe calycinal, qui s'est dé-
truit après la fécondation.
Le sarcocarpe est la partie parenehymateuse dans
laquelle se trouvent réunis tous les vaisseaux du
fruit. Il est extrêmement développé dans les fruits
charnus, tels que les pêches, les pommes, les me-
lons , les potirons , etc. En effet toute la chair de
ces fruits est formée par le sarcocarpe.
\J endocarpe, ou membrane pariétale, interne du
fruit, est celle qui tapisse sa cavité séminifère. Presque
toujours il est mince et membraneux. Mais il arrive
quelquefois qu'il est épaissi extérieurement par une
portion plus ou moins grande du sarcocarpe. Quand
cette partie du sarcocarpe devient dure et osseuse ,
elle enveloppe la graine , et constitue ce que Ton ap-
pelle une noix ou noyau , quand il n'y a qu'une
seule graine dans le fruit, et des nucules , quand il
y en a plusieurs.
Lorsque le péricarpe es^see et mince, il semble
au premier abord que le sarcocarpe n'existe point.
Nul doute que si l'on devait toujours entendre , par
ce mot, une partie épaisse, charnue et succulente,
il ne manquât fort souvent. Mais le caractère propre
et distinctif du sarcocarpe est d'être le corps vrai-
ment vasculaire du péricarpe, c'est-à-dire d'être
formé par les vaisseaux qui nourrissent le fruit tout
entier; or, comme le péricarpe en contient toujours,
le sarcocarpe existe constamment; mais quelquefois
il est réduit à une très -petite épaisseur, lorsque le
PÉRICARPE. 329
fruit étant parvenu à sa parfaite maturité , s'est déjà
desséché. Cependant si Ton examine le péricarpe
avec attention, on verra , entre Yépicarpe et Y endo-
carpe, des vaisseaux rompus qui servaient à les
unir l'un à l'autre , et qui sont les vestiges du sarco-
carpe. Car, comme cette partie est toujours abreuvée
de sucs aqueux avant la maturité du fruit , le fluide
qu'elle renferme s étant évaporé, elle semble, au
premier abord, avoir disparu et ne plus exister.
La cavité intérieure du péricarpe , ou celle qui
renferme les graines , peut être simple; dans ce cas ,
le péricarpe est dit uniloculaire {pericarpium uni-
loculare) ou à une seule loge ; comme par exemple
dans le pavot {Papaver somniferurn). D'autres fois
il y a un nombre plus ou moins considérable de
loges ou cavités partielles ; de là les noms de bilo-
culaire, Iriloculaire , quinquéloculaire , mullilocu-
laire, donnés au péricarpe , suivant qu'il présente
deux, trois, cinq ou un grand nombre de loges dis-
tinctes.
Les loges d'un péricarpe sont séparées les unes
des autres par autant de lames verticales qui prennent
le nom de cloisons (dissepimenta).
Toutes les véritables cloisons n'ont qu'une seule
manière de se former : Vendocarpe se prolonge dans
l'intérieur de la cavité péricarpienne , sous forme de
deux processus lamelleux, adossés l'un à l'autre , et
sont réunis ensemble par un prolongement ordinai-
rement fort mince du sarcocarpe. Tel est le mode
de formation de toutes les cloisons vraies. Celles qui
33o ORGAN1.S DE LA FRUCTIFICATION.
ne sont pas formées de cette manière , doivent être
considérées comme de fausses cloisons.
Il arrive quelquefois, dans certaines cloisons , que
la partie parenchymateuse du sarcocarpe , qui unit
les deux feuillets de X endocarpe, se dessèche; alors
ces deux laines se dessoudent et s'écartent sensible-
ment l'une de l'autre, en sorte qu'elles paraissent au
premier coup d'œil augmenter le nombre des loges
du péricarpe. Mais on reconnaîtra facilement cette
désunion , en observant que les deux feuillets de
X endocarpe offrent un de leurs côtés parsemé de
vaisseaux rompus.
Outre leur mode d'origine et de formation, un
autre caractère distinclif des cloisons vraies , c'est
qu'elles alternent constamment avec les stigmates ou
leurs divisions.
Certains fruits, au contraire, présentent de fausses
cloisons dans leur cavité intérieure. Tels sont ceux
de quelques Crucifères , de beaucoup de Cucurbila-
cées , du pavot , etc. On distinguera les fausses cloi-
sons des vraies, i° en ce qu'elles ne sont pas for-
mées par une duplicature de Xendocarpe proprement
dit; 2° parce que le plus souvent elles répondent à
chaque stigmate ou à chacune de ses divisions, au
lieu de leur être alternes, comme les véritables
cloisons.
Les cloisons sont distinguées encore en complètes
et en incomplètes. Les premières sont celles qui
s'étendent intérieurement depuis le haut de la cavité
du péricarpe jusqu'à sa base , sans nulle interruption.
PÉRICARPE. 33 r
Les secondes , au contraire , ne sont pas continues de
la base au sommet, en sorte que les deux loges voi-
sines communiquent entre elles. Le Datura stramo-
nium nous offre un exemple de ces deux espèces
de cloisons réunies dans le même fruit. Si on le
coupe transversalement, il offre quatre loges et par
conséquent quatre cloisons. Mais de ces cloisons ,
deux seulement sont complètes; les deux autres n'at-
teignent pas le sommet de la cavité intérieure du
péricarpe ; elles ne s'élèvent que jusqu'aux deux tiers
de sa hauteur, et laissent communiquer ensemble,
par leur partie supérieure, les deux loges qu'elles
séparent inférieurement.
Pour arriver facilement à reconnaître et à dénom-
mer avec exactitude les différentes parties qui com-
posent le péricarpe, et les distinguer de celles qui
appartiennent à la graine, il est très - important
d'établir la juste limite entre ces deux organes. Toute
graine devant recevoir sa nourriture du péricarpe, il
suit de là nécessairement qu'elle doit communiquer
avec lui par quelqu'un des points de sa surface. Ce
point a été nommé hile ou ombilic par les botanistes.
Le hile doit donc être considéré comme la limite
précise entre le péricarpe et la graine; c'est-à-dire
que toutes les parties qui se trouvent en dehors et
au-dessus du hile appartiennent au péricarpe , et qu'au
contraire on doit regarder comme faisant partie de
la graine , toutes celles qui sont situées au-dessous
du hile.
Les graines sont attachées au péricarpe, sur un
33a ORGANES DE LA FRUCTIFICATION.
corps charnu particulier, de grandeur et de forme
variables , auquel on donne le nom de trophos-
perme (i). Dans le point intérieur du péricarpe, où
une graine est attachée à un tropho sperme , Xendo-
carpe est toujours percé, parce que le sarcocarpe,
étant la seule partie vasculaire du péricarpe, et pou-
vant seul fournir les matériaux nécessaires à la nutri-
tion de la graine, il faut que X endocarpe offre une
ouverture , pour laisser passer les vaisseaux qui arri-
vent à cet organe.
Le trophosperme ne porte quelquefois qu'une seule
graine; d'autres fois il en porte un grand nombre.
Quand sa surface offre des prolongemens manifestes ,
dont chacun soutient une graine; on appelle ces pro-
longemens podospermes ; comme , par exemple ,
dans les Légumineuses , les Caryophyllées , les Por-
tulacées , etc.
Le trophosperme , ou le podosperme , s'arrêtent
ordinairement au contour du hile de la graine. Lors-
qu'ils se prolongent au delà de ce point, de manière
à recouvrir la graine dans une étendue plus ou
moins considérable, ce prolongement' prend le nom
iïarille.
Uaril/e n'étant qu'une expansion au trophosperme,
appartient, non point à la graine, comme on le dit
généralement, mais au péricarpe.
Examinons successivement les différentes parties
internes du péricarpe ; savoir : les cloisons, le trophos-
perme, X aride.
(i) Placenta des auteurs
PÉRICARPE. 333
§ i. Des Cloisons.
Nous avons déjà dit précédemment qu'on a donné
le nom de cloisons à des parties très-différentes les
unes des autres; mais nous avons indiqué en même-
temps la manière dont les vraies cloisons sont formées.
Toutes celles donc qui ne présenteront point une
semblable organisation , c'est-à-dire qui ne seront pas
constituées par deux feuillets saillans de X endocarpe,
réunis par un prolongement du sarcocarpe, devront
être considérées comme de fausses cloisons.
Les cloisons sont le plus souvent longitudinales,
en sorte qu'elles s'étendent de la base vers le som-
met de la cavité péricarpienne.
Dans quelques cas très-rares, comme dans la casse
{^Cassia fîstula) ,et quelques autres Légumineuses,
elles sont transversales.
Les cloisons , comme nous l'avons déjà dit , ont été
distinguées encore en complètes et en incomplètes.
Nous ne reviendrons point sur cette distinction , que
nous avons suffisamment définie.
L'origine des cloisons fausses est extrêmement
variable. Tantôt , en effet , elles sont formées par
une saillie plus ou moins considérable du trophos-
perme , comme dans le pavot; tantôt, au contraire,
elles sont produites par les bords rentrans des valves
du péricarpe, etc.
§ i. Du Trophosperme.
Le trophosperme est cette partie du péricarpe à
334 ORGANES DE LA FRUCTIFICATION.
laquelle les graines sont attachées. Quelquefois il
offre à sa surface un nombre plus ou moins grand
de petits mamelons saillans , portant chacun une
seule graine, et auxquels on donne le nom àepodos*
penne.
Lorsqu'un péricarpe est pluriloculaire , le trophos-
perme occupe ordinairement son centre, et. alors on
l'appelle central; dans ce cas, il est formé par la ren-
contre et la soudure des cloisons , et présente dans
l'angle rentrant de chaque loge, une saillie plus ou
moins considérable.
La. forme du trophosperme est très-variée. Il est
sphérique et presque globuleux dans beaucoup de
Primulacées , dans X Anagallis aivensis , par exem-
ple, etc.
Cylindrique, dans plusieurs Caryophyllèes , tels
que le Silène armeria, le Cerastium arvense, etc.
Trigone, dans le Polemonium cœruleum.
Rayonnant {^radiatum^ , comme dant les Cucur-
bitacées, etc.
Suivant sa consistance , le trophosperme peut
être :
Charnu; tel est celui de la rue [Ruta graveolens\
du Saxifraga granulata. Il est quelquefois coriace
et dur, comme dans le pavot.
Subéreux, ou ayant la consistance du liège, comme
dans la stramoine ( Datura siramonium), le tabac
( TSicoiiana tabacum ) , etc.
Suivant sa position , on dit qu'il est central ou
axillaire, quand il occupe le centre ou l'axe du péri-
PÉRICARPE. 335
carpe. Par exemple, dans les Campanules, la digi-
tale , etc.
Pariétal, attaché aux parois des loges du péri-
carpe. Dans ce cas, il est appelé unilatéral, quand il
est attaché d'un seul côté du péricarpe, comme dans
la plupart des Légumineuses et des Apocinèes.
Bilatéral, attaché à deux des cotés de la cavité
intérieure du péricarpe, comme dans les Groseil-
lers , etc.
hepodosperme offre aussi des formes très-variables;
quelquefois il est grêle et filiforme , comme dans la
giroflée, le groseiller à maquereau, le frêne, etc.
Unciforme, ou en forme de crochet, dans X Acan-
thus mollis , etc.
D'autres fois, au contraire , il est plus épais et plus
gros que la graine.
§ 3. De rjrille.
Uarille, avons-nous dit, appartient essentielle-
ment au péricarpe, puisqu'il n'est qu'un prolonge-
ment du trophosperme. C'est donc à tort qu'un grand
nombre de botanistes le considèrent comme faisant
partie de la graine , sur laquelle il est simplement
appliqué sans y adhérer aucunement, excepté parle
contour du hile.
Peu de parties, dans les végétaux, offrent autant
de variétés d-ans leur forme et leur nature, que
Yarille. Aussi , est-il très-difficile d'en donner une
définition rigoureuse, et qui soit applicable à tous
les cas.
336 ORGANES DE LA FRUCTIFICATION.
Dans le muscadier ( Mjristica qfficinalis) , Xarille
forme une lame charnue, d'un rouge clair, découpée
en lanières étroites et inégales : c'est cette partie qui
est usitée en pharmacie , et connue sous le nom de
macis. Le Polygala vulgaiis a un arille trilobé, peu
développé , formant une sorte de petite couronne à
la base de la graine. Dans le fusain ordinaire ( Eve-
nymus européens ) , et le fusain à larges feuilles
( Evonymus latifolius ), Xarille , de couleur orangée,
enveloppe et cache la graine de toutes parts; dans le
fusain à bois galeux ( Evonymus verrucosus ) , il
forme une cupule irrégulière , ouverte supérieure-
ment.
D'après le petit nombre d'exemples que nous ve-
nons de citer, on voit que cet organe est extrême-
ment variable, tant dans sa couleur que dans sa
forme et sa consistance. Mais son point d'origine
étant le même dans tous les cas, il sera toujours
facile de le reconnaître, malgré les nombreuses
formes sous lesquelles il peut se présenter.
Plusieurs parties ont été souvent prises pour des
arilles. Ainsi, i° la partie extérieure manifestement
charnue, du tégument propre de la graine, dans le
jasmin, le Tabernœmontana , etc.; i° l'endocarpe,
comme dans le café (Coffœa arabica) , les Ruta-
cées, tic.
Une loi , jusqu'à présent reconnue générale, c'est-à-
dire à laquelle il ne s'est point encore présenté d'ex-
ception , c'est que Y arille ne se rencontre jamais dans
des plantes dont la corolle est monopélale. Le Taber-
PERICARPE. j37
nœmontana semblait en quelque sorte contredire cette
loi; mais, mieux examiné, son prétendu arillenest
que la partie extérieure du tégument propre de sa
raine , qui est molle et charnue.
&
Nous venons d'étudier les parties constituantes du
péricarpe ; savoir : les cloisons, les loges, le tropho-
sperme et l'arille ; revenons maintenant à d'autres
considérations sur le péricarpe en général.
On distingue dans le péricarpe, comme dans l'o-
vaire, i° sa base, ou le point par lequel il est fixé
au réceptacle ou au pédoncule; 20 son sommet, qui
est indiqué par la place qu'occupait le siyle ou le
stigmate ses-sile ; 3° enfin, son axe. Quelquefois cet
axe est matériel, et existe réellement : on lui donne
le nom de columeUe. D'autres fois, au contraire, il
est fictif et rationnel, c'est-à-dire qu'il est représenté
par une ligne imaginaire, dirigée de la base vers le
sommet du péricarpe , qui passerait par son centre.
La columelle forme une sorte de petite colonne,
sur laquelle s'appuient, les différentes pièces du fruit,
et qui persiste au centre du péricarpe , quand celles-
ci viennent à tomber : par exemple, dans les Eu-
phorbes, les Ombelliferes , etc.
Les graines étant renfermées dans le péricarpe ,
il faut, pour qu'à l'époque de leur maturité elles
puissent en sortir, que celui-ci s'ouvre d'une ma-
nière quelconque. On donne le nom de déhiscence
à l'action par laquelle un péricarpe s'ouvre naturel-
10.
338 ORGANES DE LA. FRUCTIFICATION.
lement. Cependant, il est des péricarpes qui ne
s'ouvrent pas. On leur a donné le nom (ïindéhiscens;
tels sont ceux des Sjnanthérées , des Labiées, des
Graminées , etc.
Parmi les péricarpes qui s'ouvrent naturellement à
l'époque de la maturité, on distingue, i° ceux qui se
rompent en pièces irrégulières , dont le nombre et la
forme sont très- variables. On les appelle péricarpes
ruptiles; i° ceux qui ne s'ouvrent que par des trous
pratiqués à leur partie supérieure, comme dans les
Antirrhinum ; 3° ceux qui s'ouvrent à leur sommet
par des dents d'abord rapprochées, qui s'écartent les
uns des autres, telles sont beaucoup de Carjophjl-
lées; 4° enfin ceux qui se partagent en un nombre
déterminé de pièces distinctes ou panneaux qu'on
appelle valves, sont les péricarpes vraiment déhis-
cens. Le nombre des valves d'un péricarpe est tou-
jours annoncé par le nombre de sutures longitudi-
nales, que l'on remarque sur sa surface extérieure.
Les véritables valves sont toujours en nombre égal
aux loges du péricarpe. Ainsi, un fruit déhiscent,
qui est quadriloculaire , sera également à quatre
valves. Cependant il y a quelques exceptions. La cap-
sule de la violette est à une seule loge et s'ouvre en
trois valves.
Mais, dans quelques fruits, chacune des valves se
partage en deux pièces, en sorte que leur nombre
paraît double de celui qui devrait naturellement
exister.
Un péricarpe est appelé bivalve ( pericarpiwn bi-
péricarpe. 33g
valve), quand il se partage de lui-même en deux
valves égales et régulières , comme dans le lilas ( Sy-
ringa vulgaris ) les véroniques , etc.
Trivalve (pericarpium trivalvè), celui qui s'ouvre
en trois valves. Tels sont ceux de la tulipe, du lis,
des violettes, etc.
Quadrwalve, ou à quatre valves (pericarpium
quadrivalvè), comme dans les épilobes.
Qirinquèvalve (pericarpium quinquevalvè) , celui
qui s'ouvre en cinq valves.
Mullivalve {pericarpium multivalve) , quand il se
partage en un nombre plus considérable de valves ou
segmens distincts.
La déhiscence valvaire peut se faire de différentes
manières , relativement à la position respective des
valves avec les cloisons. De là on a distingué trois es-
pèces de déhiscence volvaire.
i° Ou bien cette déhiscence se fait par le milieu
des loges, c'est-à-dire entre les cloisons qui répondent
alors à la partie moyenne des valves (valvis medio
septiferis) ; on l'appelle loculicide, comme dans la
plupart des Éricinées.
i° D'autres fois la déhiscence a lieu vis-à-vis les
cloisons, iqu'elle partage le plus souvent en deux
lames. On la nomme alors seplïcide, comme, par
exemple , dans les Scrophularinées , les Rhodora-
cées, etc.
3° Enfin, elle a reçu le nom de déhiscence septi-
frage , quand la rupture a lieu vers la cloison , qui
reste libre et entière au moment où les valves se
3^0 ORGANES DE LA FRUCTIFICATION.
séparent , comme dans les Bigiwnia , le Callwia
i^Erica vulgaris).
Le péricarpe, ou le fruit considéré dans son en-
semble, est un des organes dont les formes sont les
plus nombreuses et les plus variées. Ainsi, il est
souvent Sphéroïdal et arrondi, comme dans la pêche,
l'abricot, l'orange, etc.
Ovê, comme celui d'un grand nombre de chênes, etc.
Lenticulaùv , c'est-à-dire approchant de la forme
d'une lentille, comme dans un grand nombre iïOm-
belliferes.
Prismatique, c'est- «à-dire ayant la forme d'un
prisme à plusieurs faces, comme dans XOxalis.
Son sommet peut être aigu ou obtus; quelquefois
le style persiste et forme sur le fruit une pointe plus
ou moins remarquable. D'autres fois, c'est le stigmate
qui acquiert un développement plus grand, comme
dans la plupart des clématites, et beaucoup d'ané-
mones, où. il forme des espèces d'appendices plu-
meux au sommet du fruit.
Le fruit peut être couronné par les dents du calice,
quand l'ovaire est infère ou pariétal, comme dans la
grenade (Punica Granaluni), la pomme, la poire, etc.
D'autres fois, il est surmonté par une aigrette
(pappus), petite touffe de poils soyeux, qui doit être
regardée comme un véritable calice. C'est ce que l'on
observe dans presque toutes les espèces de la nom-
breuse tribu des Synanthêrèes . On tire de la forme
et de la structure de ïaigrette de fort bons carac-
tères génériques.
P&IICA.RPE. 34 1
Ainsi, cette aigrette peut être sessile (pappus ses-
silis), c'est-à-dire immédiatement appliquée sur le
sommet de l'ovaire, sans le secours d'aucun corps
intermédiaire, comme dans les genres Hieracium ,
Sonchus , Prenanthes , etc. (Voy. pi. 8, fig. 12.)
Dans d'autres genres, au contraire, elle est portée
sur une espèce de petit pivot ou support particulier
qu'on appelle stipes , et X aigrette est dite stipitée
(pappus stipitaius), comme dans les genres Lac-
tuca, Tragopogon , etc. (Voy. pi. 8, fig. i3.)
Les poils qui composent Yaigrette peuvent être
simples et non divisés; dans ce cas, Yaigrette est dite
simplement poilue (pappus pilosus), comme dans
le Lactuca , le Prenanthes ( Voy. pi. 8 , fig. i3.)
D'autres fois ils sont plumeux, c'est-à-dire offrant
sur leurs parties latérales d'autres petits poils plus
fins , plus déliés et plus courts , de manière à res-
sembler aux barbes d'une plume. YJaigrette alors
est appelée pluvieuse (pappus plumosus), comme
dans les genres Leontodon , Tragopogon, Picris ,
Ciriàra, etc. (Voy. pi. 8, fig. lia.)
Dans les valérianes, Yaigrette , qui n'est manifes-
tement que le limbe du calice , est d'abord roulée
en dedans de la fleur, et se montre sous la forme
d'Un petit bourrelet circulaire à la partie supé-
rieure de l'ovaire; mais quelque temps après la
fécondation on voit ce calice se dérouler , s'allonger
et former une véritable aigrette plumeuse.
Le péricarpe présente encore assez souvent des
espèces d'appendices membraneux en forme d'ailes,
342 OHGAJNES DE LA FRUCTIFICATION.
comme dans l'orme, les érables. ( Voyez pi. 8,
fïg. 6). D'après le nombre de ces appendices, il
est dit : diptère, triptere, tètraptère , etc. Beaucoup
de genres de la famille des Sapindacées et des Acéri-
nées offrent des exemples de ces différentes espèces
de fruits.
D'autres fois il est couvert de poils longs et rudes?
ressemblant à une sorte de filasse, comme dans le
Lontarus; ou même il est hérissé d'épines , comme
le marronier d'Inde, la pomme épineuse (Datura
stramonium) , etc.
L'organisation du péricarpe et de la graine étant
une des parties les plus difficiles de la botanique,
afin de bien faire concevoir les différens organes que
nous venons de décrire dans ce chapitre, nous allons
faire l'analyse de quelques fruits très-connus, et dé-
nommer les différentes parties qui les composent;
après quoi nous résumerons en peu de mots les objets
que nous aurons successivement étudiés.
Prenons le fruit du pêcher {Amygdalus persica)
pour exemple. (Voy. pi. 8, fig. 8.)
Le fruit étant essentiellement composé de deux
parties, savoir: An péricarpe et de la graine , il s'agit
d'abord de distinguer ces deux parties l'une de l'au-
tre. Nous savons que la graine est toujours contenue
dans l'intérieur du péricarpe ; cherchons donc à la
trouver au centre de cet organe. Si nous coupons
une pêche en deux, nous verrons son centre occupé
par une cavité ou loge, renfermant une seule graine,
rarement deux. La graine une fois reconnue , tout
PÉRICARPE. 343
te qui est en dehors d'elle appartient au péricarpe.
Voyons à dénommer ses différentes parties. Nous
trouvons d'abord, tout-à-fait à l'extérieur, une pelli-
cule mince, colorée, couverte d'un duvet très-court
qu'on enlève facilement : c'est Xèpicarpe. La cavité
intérieure du péricarpe est tapissée par une autre
membrane lisse, intimement unie et confondue avec
la partie dure qui forme le noyau, c'est X endocarpe.
Toute la partie épaisse, charnue, parenchymateuse,
renfermée entre cette dernière membrane et Xépicar*
pe , forme le sarcocarpe. Mais à laquelle de ces trois
parties appartient le noyau osseux qu'on trouve à
l'intérieur? Est-ce, comme on l'a cru long-temps,
un tégument propre de la graine, un endocarpe
épais et ligneux, ou bien fait-il partie du sarcocarpe ?
11 nous sera très-facile de résoudre ces questions. En
effet, examinons comment s'est formée cette partie
osseuse. Si nous prenons une jeune pêche , long-temps
avant l'époque de sa maturité, que nous la coupions
en travers, nous n'éprouverons aucune résistance; il
n'y aura point encore de noyau solide. Or, à cette
époque , les trois parties du péricarpe sont extrême-
ment distinctes les unes des autres, et Xendocarpe est
évidemment ici sous forme d'une simple membrane
appliquée sur le sarcocarpe. Mais peu de temps après
on voit la partie du sarcocarpe la plus voisine de cette
membrane intérieure devenir successivement plus
blanche , plus serrée, et passer graduellement par
tous les degrés intermédiaires, avant d'acquérir la
solidité osseuse qu'elle offre à l'époque de sa màtu-
344 ORGANES DE LA. FRUCTIFICATION.
rite. Or, dans ce cas, quoique cette portion du sar-
cocarpe se soit intimement unie et confondue avec
Y endocarpe, elle ne doit cependant être rapportée en
aucune manière à ce dernier, mais bien au sarco-
carpe, puisque réellement elle est formée par lui. Le
noyau , ou la partie osseuse que l'on trouve au cen-
tre de la pêche, est donc formé par Yendocarpe,
auquel s'est jointe une portion ossifiée du sarcocarpe.
Ge que nous venons de dire de la pêche est éga-
lement applicable à j'abricot, la prune, la cerise,
l'amande, etc. , etc.
Si nous prenons le fruit du pois ordinaire (Pisum
sativimi) ( voy. pi. 8 , fig. 3 ) , connu sous le nom de
gousse, et que nous l'analysions, nous trouverons
d'abord :
Que ce fruit est allongé et comprimé de manière
à présenter deux bords tranchans , sur lesquels
régnent deux sulures longitudinales ; ce qui nous
indique qu'il s'ouvrira à la parfaite maturité, en deux
segmens ou valves ; c'est donc un péricarpe bivalve.
Si nous le coupons longitudinaîement, nous n'y ver-
rons qu'une seule cavité intérieure, renfermant huit
à dix graines, c'est-à-dire, qu'il est uniloculaire,
polysperme. Les graines sont toutes fixées , du coté
de la suture supérieure, à une espèce de petit rebord
épais , régnant tout le long de cette suture , et offrant
un petit prolongement distinct pour chaque graine.
Tout ce qui est en dehors de la graine fait partie du
péricarpe. Dénommons ces parties. Tout- à-fait à
l'extérieur se trouve une membrane mince, très-
PliRIC/VRPE. 345
adhérente à la partie sous-jacente; c'est Yépicarpe.
La cavité intérieure est tapissée par une autre mem-
brane, un peu moins intimement adhérente; c'est
V endocarpe. La partie charnue, verte, vasculeuse
qui se trouve entre ces deux membranes, quoique
peu épaisse, constitue le sarcocarpe. Le petit bour-
relet longitudinal, qui descend le long de la suture,
et auquel sont attachées les graines, est le tropho-
spei'ine. Chaque prolongement de ce corps, particu-
lier à chaque graine, est un podosperme.
En résumé, nous voyons que le péricarpe est cette
partie du fruit qui forme les parois de la cavité simple
ou multiple dans laquelle sont contenues les graines;
qu'il se compose constamment de trois parties; savoir:
i ° de Yépicarpe , ou membrane qui le recouvre exté-
rieurement; 20 de Y endocarpe , ou membrane parié-
tale interne tapissant sa cavité intérieure; 3° d'une
partie plus ou moins épaisse et charnue , quelque-
fois cependant mince et peu apparente , mais toujours
vasculaire , que l'on nomme sarcocarpe : que sou-
vent le péricarpe est partagé intérieurement par des
cloisons en un nombre plus ou moins considérable
de loges, nombre d'après lequel il est appelé bilocu-
laire, quadrdoculaire , mulliloculaire, etc.1,e point
de la cavité péricarpienne, auquel sont attachées les
graines , offre un renflement charnu plus ou moins
développé, provenant du sarcocarpe, qui a reçu le
nom de trophosperme : on appelle, au contraire,
podosperme chaque petit mamelon du trophosperme
portant une seule graine. Quand le trophosperme ou
3/|6 ORGANES DE LA FRUCTIFICATION.
\e podosperme recouvrent la graine de manière à l'em-
brasser dans une étendue plus ou moins grande , ce
prolongement particulier porte le nom à'arille.
Toiles sont toutes les parties qui entrent dans la
composition du péricarpe. Étudions maintenant la
graine.
CHAPITRE IL
DE LA GRAINE.
Nous venons de voir que le fruit est essentielle-
ment formé de deux parties , le péricarpe et la graine.
La graine est cette partie d'un fruit parfait, qui se
trouve contenue dans la cavité intérieure dq péri-
carpe , et qui renferme le corps qui doit reproduire
un nouveau végétal. Il n'existe pas de graines nues
proprement dites , c'est-à-dire qui ne soient pas re-
couvertes par le péricarpe. Mais ce dernier est quel-
quefois si mince ou si adhérent à la graine , qu'on
l'en distingue difficilement à l'époque de la maturité
du fruit, parce qu'ils se sont soudés et confondus
ensemble. Cependant ces deux parties étaient bien
distinctes dans l'ovaire après la fécondation. De là
l'impérieuse nécessité d'étudier avec soin la structure
de l'ovaire , pour reconnaître celle que doit avoir le
fruit.
Ainsi, dans les Graminées, les Synanthérées , le
péricarpe est très-mince et collé intimement avec ta
GRAINE. 347
graine dont il est très - difficile de le distinguer. 11
en est de même encore dans beaucoup iïOmbelli-
fères, etc. ; tandis que sion les examine dans l'ovaire,
ces deux parties sont fort distinctes l'une de l'autre.
Toute graine provient d'un ovule fécondé. Son
caractère essentiel est de renfermer un corps orga-
nisé , qui, mis dans des circonstances favorables, se
développe et devient un être parfaitement semblable
à celui dont il a tiré son origine. Ce corps est Tem-
bryon. L'essence de la graine consiste donc dans
l'embryon.
C'est à tort , selon nous, que l'on a donné le nom
de graines aux corpuscules reproductifs des Fougères,
des Mousses , des Champignons et de toutes les autres
plantes agames. En effet , rien dans leur intérieur ne
ressemble à un embryon. Il est vrai cependant qu'ils
forment en se développant un végétal semblable en
tout à celui dont ils proviennent. Mais il n'y a pas
que l'embryon qui soit susceptible d'un pareil déve-
loppement; les bourgeons des plantes vivaces , et
surtout les bulbilles qui se développent sur diffé-
rentes parties des végétaux , souvent même jusque
dans l'intérieur du péricarpe, à la place des graines,
peuvent également donner naissance à un végétal
complet. Or personne n'a jamais été tenté , malgré
cette grande analogie de fonctions, de regarder les
bulbilles et les bourgeons comme de véritables grai-
nes : les corpuscules reproductifs des agames , leur
étant parfaitement analogues , ne doivent pas plus
qu'eux porter le nom de graines.
348 ORGANES DE LA. FRUCTIFICATION.
La graine est formée de deux parties : i° de Yé-
pisperme ou tégument propre ; a° de Yamande, con-
tenue dans Pépisperme.
Nous étudierons séparément ces deux parties quand
nous aurons parié, d'une manière générale, de la di-
rection et de la position des graines, relativement
au péricarpe.
Le point de la graine, par lequel elle est fixée au
péricarpe, se nomme l'ombilic ou le hile (kilus ).
Le hile est toujours marqué, sur le tégument propre,
par un point ou espèce de cicatrice plus ou moins
grande qui n'occupe jamais qu'une partie de sa sur-
face, et au moyen de laquelle les vaisseaux du
trophosperme communiquaient avec ceux du tégu-
ment propre de la graine.
Le centre du hile représente toujours la base de
la graine. Son sommet est indiqué par le point dia-
métralement opposé au hile.
Lorsqu'une graine est comprimée, celle de ses
deux faces qui regarde l'axe du péricarpe porte le
nom àeface proprement dite; l'autre, qui est tournée
du côté des parois du péricarpe , est appelée le dos
( dorsum ). Le bord de la graine est représenté par
le point de jonction de la face et du dos.
Quand \ehile est situe sur un des points du bord
de la graine, elle est dite comprimée ( semen com-
pressum ). On dit, au contraire, qu'elle est déprimée
( semen depresswn ) , quand le hile se trouve sur sa
face ou son dos. Cette distinction est très-importante
à faire.
GRAINE. 349
La position des graines et surtout leur direction
relativement à l'axe du péricarpe est importante à
considérer, lorsque ces graines sont en nombre dé-
terminé. Elles fournissent alors d'excellens caractères
dans la coordination naturelle des plantes.
Ainsi toute graine fixée par son extrémité même
au fond du péricarpe ou d'une de ses loges, quand il
est mulliloculaire, et dont elle suit plus ou moins
bien la direction, est dite dressée ( senien erectwri),
comme dans toutes les Synanthérées , etc.
On l'appelle au contraire renversée {scmen inver-
911111 ), quand elle est attachée de la même manière
au sommet de la loge du péricarpe ; par exemple,
dans les Dipsacées. Dans ces deux cas, le tropho-
sperme occupe la base ou le sommet de la loge.
Si, au contraire, le trophosperme étant axillaire
ou pariétal , la graine dirige son sommet ( ou la partie
diamétralement opposée à son point d'attache ) vers
la partie supérieure de la loge, elle est appelée
ascendante ( semen ascendens ) , comme dans la
pomme , la poire , etc. ( Voy. pi. 8 , fig. 9 ).
On la dit, par opposition , suspendue ( s. appen-
sum) , quand son sommet regarde la base de la loge,
comme dans lesJasminées,beaucoupd'Apocinées,etc.
On donne à la graine, le nom de pèritrope (s.
peiitropum) , quand son axe rationnel, ou la ligne
qui est censée passer par sa base et son sommet , est
transversale, relativement aux parois du péricarpe.
35o ORGANES DE LA FRUCTIFICATION.
§ i . De V Épisperme.
Yl épisperme , ou tégument propre de la graine, est
presque toujours simple et unique autour de l'a-
mande. Cependant quelquefois , comme il présente
une épaisseur assez notable , et qu'il est légèrement
charnu à son intérieur , sa paroi interne se détache
et s'isole, en sorte qu'il paraît composé de deux tu-
niques, l'une extérieure, plus épaisse, quelquefois
dure et solide, à laquelle Gœrtner a donnéle nom de
testa; l'autre extérieure, plus mince, que l'on nomme
tegmen. Cette disposition se remarque très-bien dans
la graine du ricin ( Ricinus communis ) ; mais ces
deux membranes ne sont pas plus distinctes l'une
de l'autre que les trois parties qui composent le pé-
ricarpe.
Le hile est toujours situé sur l'épisperme. Il offre
un aspect et une étendue variables. Quelquefois il se
présente sous la forme d'un simple point , à peine
visible. D'autres fois au contraire il est très-large,
comme dans le marronier d'Inde, par exemple, où
sa couleur blanchâtre le fait distinguer facilement du
reste de Y épisperme, qui est d'un brun foncé.
Vers la partie centrale du hile, quelquefois sur
un de ses côtés, on voit une ouverture fort petite, à
laquelle M. Turpin a donné le nom à'omphalode, et
qui livre passage aux vaisseaux nourriciers qui, du
trophosperme , s'introduisent dans le tissu de ï épi-
sperme. Lorsque ce faisceau vascnlaire se continue
quelque temps avant de se ramifier, il forme une
GRAINE. 35 1
ligne saillante , à laquelle on a donné le nom de vasi-
ducte ou de raphé. Le point intérieur où se termine
le vasiducte porte le nom de chalaze ou d'ombilic
interne. Le vasiducte est souvent peu apparent à
l'extérieur : on ne le découvre alors que par le secours
de la dissection , comme dans beaucoup d'Euphor-
biacées. D'autre fois il est très-saillant et visible ,
comme dans les Orangers , où il s'allonge d'un bout
à l'autre de Yépisperme.
Dans beaucoup de graines on trouve près du hile
un organe perforé, toujours dirigé du coté du stig-
mate, et que les botanistes désignent avec M. Turpin
sous le nom de micropile. Plusieurs auteurs pensent
que c'est par cette ouverture , à laquelle aboutissent
les vaisseaux que M. de Corréa de Serra a nommés
cordons pis tillaires, que ie fluide fécondant est ap-
porté au jeune embryon.
On remarque quelquefois, plus ou inoins loin du
hile de quelques graines, une sorte de corps renflé
eu forme de calotte , auquel Gœrtner a donné le nom
eVembryotége , comme dans le dattier, l'asperge, la
comméline, etc. Pendant la germination, ce corps se
détache et livre passage à l'embryon.
\] épisperme est le plus souvent simplement appli-
qué sur Y amande, dont on le sépare avec facilité.
Mais il arrive quelquefois qu'il contracte avec elle
une adhérence si intime, qu'on ne peut l'enlever qu'en
le grattant.
Mèpisperme n'offre jamais de loges ni de cloisons
à son intérieur. Sa cavité est toujours simple. Cepen-
35^ OBGANES DE LA FRUCTIFICATION.
<lant il peut , dans quelques cas rares, renfermer plu-
sieurs embryons à la fois. Mais cette superfétation
est une anomalie, une sorte de jeu de la nature, qui
n'a rien de fixe ni de constant.
§ i. De l'Amande.
L'amande est toute la partie d'une graine mûre et
parfaite, contenue dans la cavité de l'épisperme. Elle
n'a aucune espèce de communication vasculaïre avec
lui, à moins que ces deux organes ne soient soudés et
confondus ; car dans ce cas il devient difficile de dé-
terminer, s'il n'existe point quelque communication
vasculaire entre eux.
L'amande tout entière peut être formée par Yem-
bryon, comme clans le haricot, la lentille, la fève de
marais, etc.; c'est-à-dire qu'il remplit à lui seul toute
la cavité intérieure de l'épisperme. fVoy. pi. 7, fig.
3, 7-)
D'autres fois , outre l'embryon , l'amande ren-
ferme un autre corps accessoire, qu'on appelle endo-
sperme (1), comme dans le ricin, le blé, etc. (Voy.
pi. 7, fig. 3;c)
La structure de ces deux organes est tellement dif-
férente, qu'il sera facile de les distinguer au premier
coup d'œil. Veinbryon , en effet, est un être essen-
tiellement organisé qui, par la germination, doit
s'accroître et se développer. IJendosperme, au con-
traire, est une masse de tissu cellulaire, quelquefois
(1) Périsperme de Jussieu ; albumen de Gœrtner.
GRAINE. 353
dure et comme cornée, d'autres fois charnue et molle
qui, par la germination, se fane et diminue ordinai-
rement de volume, au lieu d'en acquérir. Ainsi donc
la germination lèvera tous les doutes, pour détermi-
ner la nature des deux corps renfermés dans l'épis-
perme , quand on n'y sera pas parvenu au moyen de
l'analyse et de la dissection.
§ 3. De VEndosperme.
L'endosperme est cette partie de l'amande qui
forme autour ou à côté de l'embryon , un corps ac-
cessoire , lequel n'a avec lui aucune continuité de vais-
seaux ou de tissu. Le plus souvent il est formé de
tissu cellulaire dans les mailles duquel se trouve ren-
fermée de la fécule amylacée, ou un mucilage épais.
Cette substance sert de nourriture au jeune em-
bryon. Avant la germination , elle est tout-à-fait inso-
luble dans l'eau; mais à cette première époque de la
vie végétale , elle change de nature, devient soluble,
et sert en partie à la nourriture et au développement
de l'embryon.
Il est toujours assez facile de séparer l'endosperme
de l'embryon, parce qu'il ne lui est aucunement ad-
hérent.
Sa couleur est le plus souvent blanche ou blanchâ-
tre; il est Vert dans le gui (viscum album).
La substance qui le forme est en général très-va-
riable; ainsi il est :
Sec çXfaiineux dans un grand nombre de Gra-
minées, le blé, l'avoine, l'orge, etc.;
^3
354 ORGANES DE LA FRUCTIFICATION.
Coriace et comme cartilagineux dans un grand
nombre d'Ombeliifères ;
Oléagineux et charnu, c'est-à-dire épais et gras
au toucher, comme dans le ricin et beaucoup d'autres
Euphorbiacées;
Corné, tenace, dur, élastique comme de la corne,
dans le café et beaucoup d'autres Rubiacées, la plu-
part des Palmiers, etc.;
Mince et membraneux, comme celui d'un grand
nombre de Labiées, etc.
La présence ou l'absence de l'endosperme est un
très-bon caractère générique , surtout dans les Mo-
nocotylédons. Cet organe doit donc jouer un grand
rôle dans l'arrangement des familles naturelles des
plantes.
L'endosperme peut exister dans une graine, quoi-
que son embryon ait avorté, ou manque entièrement.
Il est toujours unique, même dans les cas où il y
a plusieurs embryons réunis dans la même graine.
§ 4- De V Embryon.
L' embryon est ce corps déjà organisé, existant dans
une graine parfaite après la fécondation, et qui cons-
titue le rudiment composé d'une nouvelle plante.
C'est lui, en effet, qui, placé dans des circonstances
favorables, va, par l'acte de la germination, devenir
un végétal parfaitement semblable en tout à celui
dont il tire son origine.
Quand l'embryon existe seul dans la graine, c'est-
GRAINE. '355
à-dire qu'il est immédiatement recouvert par Yépis-
perme ou tégument propre , on l'appelle êpispermique
(emb/yo epispermicus) , comme dans le haricot. (V.
pi. 7,fig. 3, 4,5,6.)
Si, au contraire, il est accompagné d'un endosperme,
il prend le nom à'endospermique (^embryo endosper-
micus), comme dans les Graminées, le ricin, etc.
(Voy.pl. 6, fig. 3,4- )
L'embryon endospermiquepeutoffv'ir des positions
différentes relativement à Yendosperme. Ainsi quel-
quefois il est simplement appliqué sur un point de
sa surface, et logé dans une petite fossette superfi-
cielle que celle-ci lui présente , comme dans les Gra-
minées; il a reçu dans ce cas le nom d 'extraire (em-
bryo extrarius). (Voy. pi. 7, fig. 8.)
D'autres fois il est totalement renfermé dans l'in-
térieur de Yendosperme qui l'enveloppe de toutes
parts ; il porte alors le nom ai intraire (embryo intra-
rius), comme dans le ricin, etc. (Voy. pi. 7, fig. 3, 4.)
U Embryon étant un végétal déjà formé , toutes les
parties qu'il doit un jour développer y existent déjà,
mais seulement à l'état rudimentaire. C'est, comme
nous l'avons dit, la véritable différence de l'embryon
et des corpuscules reproductifs des plantes agames.
U Embryon est essentiellement formé de quatre
parties; savoir: i° du corps radiculaire ; i° du corps
colylêdonaire ; 3° de la gemmule; 4° de la ligelle.
i° Le corps radiculaire ou la Radicule constitue
une des extrémités de l'embryon. C'est lui qui , par
la germination , doit donner naissance à la racine ou
356 PRGA.NES DE LA FRUCTIFICATION.
la former par son développement. (Voy. pi. 7, fîg.
5,«, 7, a.)
Dans l'embryon à l'état de repos , c'est-à-dire avant
la germination , l'extrémité radieulaire est toujours
simple et indivise. Lorsqu'elle se développe , elle
pousse souvent plusieurs petits mamelons qui cons-
tituent autant de fdets radiculaires, comme dans les
Graminées.
Si, dans quelques cas, il est difficile avant la ger-
mination de reconnaître et de distinguer la radicule ,
cette distinction devient aisé^ lorsque l'embryon com-
mence à se développer. En effet, le corps radieulaire
tend continuellement à se diriger vers le centre de la
terre , quels que soient les obstacles qu'on lui oppose ,
et se change en racine , tandis que les autres parties
de l'embryon prennent une direction contraire.
Dans un certain nombre de végétaux le corps ra-
dieulaire lui-même s'allonge et se change en racine
par l'effet du développement que la germination lui
fait acquérir. C'est ce qiue l'on observe dans un grand
nombre de Dicoiylédons; dans le cas où la radicule
est extérieure et à nu, les végétaux prennent le nom
iYExorhizes. Tels sont les Labiées, les Crucifères,
les Borraginées, les Svnanthérées, etc., et la plupart
des plantes dicotylédonées. (Voy. pi. 7, fîg. 5, 6, 7, a.)
Dans d'autres végétaux, au contraire, la radicule
est recouverte et cachée entièrement par une enve-
loppe particulière qui se rompt à l'époque de la ger-
mination pour lui donner issue; ce corps a reçu le
nom de CoJêorhizc: dans ce cas la radicule est inté-
GRAINE. 35.
'7
rieure ou coléorhizée, et les plantes qui offrent eette
disposition ont reçu le nom de Endorhizes. À cette
division se rapporte la plus grande partie des vrais
Monocotylédons, tels que les Palmiers , les Grami-
nées, les Liliacées, etc. (Voy. pi. 7, fig. 10.)
Enfin dans quelques cas plus rares, la radicule est
soudée et fait corps avec l'endosperme : on appelle
Sjnorhizes les plantes dans lesquelles on observe
cette organisation. Tels sont les Pins, les Sapins , tou-
tes les autres Conifères, les Cycadées, etc.
Toutes les plantes phanérogames connues viennent
se ranger dans ces trois divisions. Aussi peut-on subs-
tituer avec avantage ces trois grandes classes, à celles
des Monocotylédons et des Dicotylédons , sujettes à
d'assez nombreuses exceptions, comme nous le ferons
voir tout à l'heure.
i° Du corps colylédonaire. Le corps cotylédonaire
peut être simple et parfaitement indivis; dans ce cas
il est formé par un seul cotylédon, et l'embryon est
appelé Monocotylèdonéiembryo monocotyledoneus),
comme dans le riz, l'orge, l'avoine, le lis, le jonc,
etc. (Voy. pi. 7 , fig. 7,8.) D'autres fois il est formé
de deux corps réunis base à base, que l'on noinm-j
Cotylédons , et l'embryon est dit alors dicotyUdotié
(embryo dicolyledoneus). comme dans le ricin, la
fève , etc. (Voy. pi. 7 , fig. 3,5,6.)
Toutes les plantes dont l'embryon offre un seul
cotylédon portent le nom île Monocolylédonèes ;
toutes celles qui ont deux cotylédons sont appelées
Dicotylédonées.
358 ORGANES DE LA FRUCTIFICATION.
Les cotylédons sont quelquefois au nombre de plus
de deux dans le même embryon; ainsi il y en a trois
dans le Cupressus pendilla ; quatre dans le Pinus
inops et le Ceratophyllum demersum; cinq dans le
Pinus laricio\ six dans le cyprès ebauve {Taxodium
distichum^)\ huit dans le Pinus strobus; enfin on en
trouve quelquefois dix et même douze dans le Pinus
pinea.
On voit donc que le nombre des cotylédons n'est
point le même dans tous les végétaux , et que la di-
vision en Monocotylédons .et en Dicotylédons, rigou-
reusement observée, ne peut pas comprendre tous
les végétaux connus ; d'ailleurs il arrive assez souvent
que les deux cotylédons se réunissent et se soudent,
en sorte qu'au premier coup d'œil il est difficile de
décider si un embryon est Monocotylédoné ou Dico-
tylédoné, comme, par exemple, on l'observe dans
le marronier d'Inde.
Ce sont ces motrfs qui ont engagé mon père à
prendre dans un autre organe que dans les cotylé-
dons , la base des divisions primordiales du règne
végétal. La radicule nue ou contenue dans une co-
léorhize, ou enfin soudée à Pendosperme , offrant des
caractères plus fixes, plus invariables, il s'en est servi
pour former trois grandes classes dans les plantes
embryonées ou Phanérogames, qui sont :
i° Les Endorhizes, ou celles dont l'extrémité ra-
diculaire de l'embrvon présente une coléorhize, sous
laquelle sont un ou plusieurs tubercules radicel-
laires qui la déchirent, lors de la germination , et se
GRAINE. 35f)
changent en racines. Ce sont les véritables Monoco-
tylédons.
2° Les Exorhizes, ou celles dont l'extrémité radi-
culaire de l'embryon estime , et devient elle-même la
racine de la nouvelle plante; tels sont la plupart des
Dicotylédons.
3° Les Synorhizes, ou plantes dans lesquelles l'ex-
trémité radiculaire de l'embryon est intimement sou-
dée à l'endosperme. Celte classe , moins nombreuse
que les deux précédentes, renferme les Conifères et les
Cycadées , qui s'éloignent des autres végétaux par
des caractères si remarquables, et que le nombre de
leurs cotylédons exclut également de la classe des
Monocotylédonés et des Dicotylédones.
Les cotylédons paraissent être destinés par la na-
ture à favoriser le développement de la jeune plante,
en lui fournissant les premiers matériaux de sa nu-
trition. En effet, les cotylédons sont presque constam-
ment très-épais et charnus , dans les plantes qui n'ont
pas <¥ endosperme , tandis qu'ils sont minces et comme
foliacés dans celles où cet organe existe. C'est ce que
l'on peut voir facilement, en comparant l'épaisseur
des cotylédons du haricot et du ricin.
A l'époque de la germination, quelquefois les co-
tylédons restent cachés sous la terre, sans se montrer
à l'extérieur ; dans ce cas ils portent le nom de coty-
lédons hypcgês ( cotyledones hjpogei) , comme dans
le marronier d'Inde.
D'autres fois ils sortent hors de terre, par l'allon-
gement du collet qui les sépare de la radicule ; on
36o ORGANES DE LA. FRUCTIFICATION.
leur donne alors le nom à'épigés (cotyled. epigei),
comme dans le haricot et la plupart des Dicotylé-
dones. Quand les deux cotylédons sont épigés, et
qu'ils s'élèvent au-des.sus du sol, ils forment les deux
feuilles séminales (folia seminalia). fVoy. pi. 7,
fig. 7, c, c.)
3° De la gemmule. On donne le nom de gemmule
(gemmula) au petit corps, simple ou composé, qui
naît entre les cotylédons , ou dans la cavité même
du cotylédon, quand l'embryon n'en présente qu'un.
On lui donnait autrefois le nom de plumule {plu-
mula). Comme cet organe n'a le plus souvent aucune
ressemblance avec le corps auquel on le comparait ,
mais qu'au contraire il forme toujours le premier
bourgeon {gemma) de la jeune plante qui va se dé-
velopper , le nom de gemmule est infiniment plus con-
venable, et mérite d'être préféré.
La gemmule est le rudiment de toutes les parties
qui doivent se développer à l'air extérieur. Elle est
formée par plusieurs petites feuilles plissées diverse-
ment sur elles-mêmes, qui, en se développant par la
germination, deviennent les feuilles primordiales
( fol. pnmordialia). (Voy. pi. 7, fig. 7, d, d.)
Quelquefois elle est libre et visible à l'extérieur,
avant la germination; d'autres fois au contraire elle
ne devient apparente que lorsque celle-ci a com-
mencé; enfin, dans quelques cas rares, elle est ca-
chée sous une sorte d'enveloppe analogue, en quelque
façon , à celle qui recouvre la radicule des endorhizes ,
que Ton appelle coléopële, et alors la gemmule
GRAINE. 36 1
est dite coléoptilée. Cette eoléoptile ne doit être le
plus souvent considérée que comme un cotylédon
mince, recouvrant la gemmule à la manière d'un
étui.
4° De la tigelle (cauUcuïus). Cet organe n'existe
pas toujours d'une manière bien manifeste. Il se con-
fond, d'une part, avec la base du corps cotylédo-
naire, et de l'autre, avec la radicule, dont il est une
sorte de prolongement. C'est par l'accroissement ac-
quis par la tigelle, lors de la germination, que les
cotylédons sont, dans quelques plantes, soulevés hors
de terre et deviennent èpigés.
Après avoir ainsi étudié successivement les quatre
parties qui composent un embryon; savoir : i° le
corps radiculaire; 2° le corps cotylédonaire; 3° la
gemmule; l\° la tigelle, voyons quelles sont les diffé-
rentes positions que l'embryon peut affecter relati-
vement à la graine qui le contient, ou au péricarpe
lui-même.
Nous avons déjà vu que l'embryon pouvait être
endospermique ou épispermique, suivant qu'il était
accompagné d'un endospenne, ou qu'il formait à lui
seul la masse de l'amande; que dans le cas où il était
endospermique, il pouvait être intraire ou extraire,
quand il était contenu et renfermé dans l'intérieur
de l'endosperme, ou simplement appliqué sur un des
points de sa surface.
C'est par le moyen de ces deux extrémités de l'em-
bryon, que l'on peut déterminer sa direction propre
et sa direction relative. L'extrémité radiculaire forme
362 ORGANES DE LA FRUCTIFICATION.
toujours la base de l'embryon. D'après cela on dit
de l'embryon qu'il est :
Homotrope {emb. h&motropus), quand il a la
même direction que la graine, c'est-à-dire que sa
radicule répond au bile, comme cela s'observe dans
beaucoup de Légumineuses, de Solàuées et un grand
nombre de Monocotylédons. L'embryon homotrope
peut être plus ou moins courbé. Quand il est recti-
ligne , on lui donne le nom cYorthotrope ( emb.
orthotropus) , comme dans les Rubiacées, les Synan-
tbérées, les Ombilifères, etc.
On appelle embryon antitrope {emb. antitropus),
celui dont la direction est opposée à celle de la
graine, c'est-à-dire que son extrémité cotylédonaire
correspond au bile. C'est ce que l'on peut obser-
ver dans les ThymêUes , les Fluviales, le Melam-
pyrum, etc.
On donne le nom d'embryon amphjtrope {emb.
amphflropus) à celui qui est tellement recourbé sur
lui même, que ses deux extrémités se trouvent rap-
procbées et se dirigent vers le bile, comme on le
voit dans les Caryophyllées, les Crucifères, plusieurs
Atriplicées, etc.
Comme l'embryon monocotylédoné et l'embryon
dicotylédoné diffèrent beaucoup l'un de l'autre, dans
le nombre, dans la forme et l'arrangement des par-
ties qui les composent, nous allons exposer isolément
les caractères propres à chacun d'eux.
GRAINE.
363
§ 5. Embryon dicotylédoné.
L'embryon dicotylédoné, ou celui dont le corps
cotylédonaire présente deux lobes bien distincts,
offre les caractères suivans : sa radicule est cylin-
drique ou conique, nue, saillante, elle s'allonge lors
de la germination et devient la véritable racine de la
plante. Ses deux cotylédons sont attachés à la même
hauteur sur la tigelle; ils ont, dans beaucoup de cas,
une épaisseur d'autant plus grande, que l'endosperme
est plus mince, ou qu'il n'existe point du tout. La
gemmule est renfermée entre les deux cotylédons
qui la recouvrent et la cachent en grande partie. La
tigelle est plus ou moins développée.
Tels sont les caractères communs aux embryons
dicotylédones en général. Cependant quelques-uns
offrent des anomalies qui sembleraient d'abord les
éloigner de cette classe; ainsi, quelquefois les deux
cotylédons sont tellement unis et soudés ensemble,
qu'ils semblent n'en plus former qu'un seul, comme
dans le marronier d'Inde, et ordinairement le châ-
taignier. Mais on remarquera que cette soudure n'est
qu'accidentelle, car il arrive quelquefois qu'elle n'a
pas lieu. C'est ce que l'on observe eii effet pour le
marronier d'Inde, et ce qui le fait rentrer dans
l'organisation générale des embryons dicotylédones.
D'ailleurs on doit regarder comme véritablement di-
cotylédoné, tout embryon dont la base du corps co-
tylédonaire est fendue entièrement ou partagée en
364 ORGANES DE LA FRUCTIFICATION.
deux, quoique lui-même paraisse simple et indivis
à son sommet.
§ i. De V Embryon monocotylédoné.
L'Embryon monocotylédoné est celui qui, avant
la germination, est parfaitement indivis, et ne pré-
sente aucune fente ni incision.
Si, dans le plus grand nombre des cas, il est assez
facile de reconnaître dans l'embryon dicotylédoné
les différentes parties qui le composent, il n'en est
pas toujours de même dans l'embryon monocotylé-
doné, où, fréquemment, toutes ces parties sont tel-
lement unies et confondues, qu'elles ne forment plus
qu'une masse, dans laquelle la germination seule
peut faire distinguer quelque cbose. Aussi l'organi-
sation de l'embryon des monocotylédonés est-elle
bien moins parfaitement connue, que celle des vé-
gétaux à deux cotylédons.
Dans l'embryon monocotylédoné, le corps radi-
culaire occupe une des extrémités; il est plus ou
moins arrondi, souvent très-peu saillant; formant
comme une sorte de mamelon peu apparent. D'autres
fois, au contraire, il est extrêmement large et aplati,
et forme la masse la plus considérable de l'embryon,
comme dans la plupart des Graminées. L'embryon
est alors appelé macropode ( emb. macropodus ).
(Voy. pi. 7, fig. 8,9.)
La radicule est renfermée dans une coééorhize
qu'elle rompt à lépoque de la germination. Cette radi-
cule n'est pas toujours simple*, comme dans les Dico-
GRA.INE. 365
tylédonés ; elle est le plus souvent formée de plusieurs
filets radiculaires, qui percent quelquefois, chacun
isolément, la coléorhize qui les renferme, comme
cela s'observe principalement dans les Graminées.
Le corps cotylédonaire est simple, et ne présente
aucune incision ni fente. Sa forme est extrêmement
variable. Il est toujours latéral , relativement à la
masse totale de l'embryon. Le plus souvent, la gem-
mule est renfermée dans l'intérieur du cotylédon qui
l'enveloppe de toutes parts, et lui forme une espèce
de colèoptile. ("Voy. pi. 7, fig. 9, b, 10, b.) Elle se
compose de petites feuilles emboîtées les unes dans
les autres. La plus extérieure forme ordinairement
une espèce d'étui clos de toutes parts, embrassant et
recouvrant les autres. M. Mirbel lui a donné le nom
de piléole.
La tigeUe n'existe pas le plus souvent, ou elle se
confond intimement avec le cotylédon ou la radicule.
Telle estrorganisation la plusordinaire desembryons
monocotylédonés; mais, dans beaucoup de circonstan-
ces on trouve des modifications propres à plusieurs vé-
gétaux. C'est ainsi, par exemple, que la famille des Gra-
minées présente quelques particularités dans la struc-
ture de son embryon. En effet il est composé , 1 ° d'un
corps charnu, épais, discoïde en général, appliqué sur
l'endosperme; ce corps a reçu le nom cYhrpoblaste(i).
(1) C'est à ce corps que Gœrtner donne le nom de vitellus. La
plupart des auteurs le regardent comme le cotylédon. Mais l'ana-
logie se refuse à cette supposition.
Voyez le mémoire de mon père sur les embryons endorhizes ,
inséré dans le 17e volume des Annales du Muséum , année 181 1.
366 ORGANES DE LA FRUCTIFICATION.
Cette partie ne prend aucun accroissement par la
germination. Elle peut être assimilée au corps radi-
culaire. (Voyez pi. 7, fig. 9); i° du blaste (pi. 7,
fig. 8, d, e, c), ou de la partie de l'embryon qui
doit se développer. Il est appliqué sur Xhypoblaste,
et est formé de la tigelle , de la gemmule , renfer-
mée dans le cotylédon , constituant une sorte de
graine ou d'étui qui les enveloppe de toutes parts.
L'extrémité inférieure du blaste , par laquelle doi-
vent sortir un ou plusieurs tubercules radicellaires,
porte le nom de radicidode.
Enfin on appelle épiblaste un appendice antérieur
du blaste, qui le recouvre quelquefois en partie, et
qui semble n'en être qu'un simple prolongement.
CHAPITRE III.
DE LA GERMINATION.
On donne le nom de germination à la série de
phénomènes par lesquels passe une graine qui, par-
venue à son état de maturité, et mise dans des con-
ditions favorables, se gonfle, rompt ses enveloppes,
et tend à développer les organes qu'elle renferme
dans son intérieur.
Pour qu'une graine germe, il faut le concours de
certaines circonstances dépendant de la graine elle-
même , ou qui lui sont accessoires et étrangères,
mais qui n'exercent pas moins une influence inccn-
GERMINATION. 367
testable sur les phénomènes de son développement.
La graine doit être à son état de maturité : elle
doit avoir été fécondée et renfermer un embryon
parfait dans toutes ses parties. Il faut de plus que la
graine ne soit pas trop ancienne ; car elle aurait perdu,
par le temps, sa faculté germinative. Cependant il
est certaines graines qui la conservent pendant un
nombre d'années considérable : ce sont principale-
ment celles qui appartiennent à la famille des Légu-
mineuses. Ainsi l'on est parvenu à faire germer des
haricots conservés depuis soixante ans; on cite même
des graines de sensitive °qui se sont parfaitement
développées cent ans environ après avoir été récol-
tées. Mais il faut qu'elles aient été préservées du
contact de l'air, de la lumière et de l'humidité.
Les agens extérieurs indispensables à la germina-
tion sont : i° l'eau, 2° la chaleur, 3° l'air.
i° JJeau, comme nous l'avons déjà vu précédem-
ment, est indispensable à la végétation et aux phé-
nomènes de la nutrition dans les végétaux. Ce n'est
point seulement comme substance alimentaire qu'elle
agit dans ce cas; mais c'est encore par sa faculté dis-
solvante et sa fluidité quelle sert alors de menstrue
et de véhicule aux substances vraiment alibiles du
végétal.
Elle a , dans la germination , une manière d'agir
parfaitement analogue. C'est elle , en effet , qui , en
pénétrant dans la substance de la graine, ramol-
lit ses enveloppes, fait gonfler l'embryon, déter-
mine , dans la nature même de l'endosperme ou des
368 ORGA.NES DE LA. FRUCTIFICATION.
cotylédons, des changemens qui les rendent souvent
propres à fournir au jeune végétal les premiers ma-
tériaux de sa nutrition. C'est elle encore qui se charge
des substances gazeuses ou solides qui doivent servir
d'alimens à la jeune plante qui commence à croître.
Elle fournit aussi à son développement par la décom-
position qu'elle éprouve; ses élémens désunis se com-
binent avec le carbone , et donnent naissance aux
différens principes immédiats des végétaux.
Cependant, il ne faut pas que la quantité d'eau
soit trop considérable; car alors les graines éprou-
veraient une sorte de macération qui détruirait leur
faculté germinative, et s'opposerait à leur dévelop-
pement. Nous parlons ici des graines qui appartien-
nent aux plantes terrestres; car celles des végétaux
aquatiques germent étant plongées entièrement dans
l'eau, Quelques-unes, néanmoins, quoiqu'en très-
petit nombre , montent à sa surface pour y germer à
l'air , et ne pourraient se développer si elles restaient
submergées.
L'eau a donc évidemment deux modes d'action
dans la germination : i° elle ramollit l'enveloppe
séminale et favorise sa rupture; -i° elle sert de dis-
solvant et de véhicule aux véritables alimens du
jeune végétal.
i° La chaleur n'est pas moins nécessaire à la
germination que l'eau. Son influence est, en effet,
très-marquée sur tous les phénomènes de la végé-
tation. Une graine mise dans un lieu dont la tempé-
rature est au-dessous de zéro, n'éprouve aucun mou-
GEUMINATION. $69
vement de développement, reste inactive comme en-
gourdie, tandis qu'une chaleur douce et tempérée
accélère singulièrement la germination. Mais cepen-
dant il ne faut pas que cette chaleur dépasse certai-
nes limites; sans quoi, loin de favoriser le dévelop-
pement des germes, elle les dessécherait et y dé-
truirait le principe de la vie. Ainsi une chaleur de
45° a 5o° s'oppose à la germination, tandis que celle
qui ne s'élève pas au-dessus de a5° à 3o°, surtout si
elle est jointe à une certaine humidité, accélère l'évo-
lution des différentes parties de l'embryon.
3o L'air est aussi utile aux végétaux, pour germer
et s'accroître, qu'il est indispensable aux animaux
pour respirer et pour vivre. Une graine que l'on
priverait totalement du contact de ce fluide, n'acquer-
rait aucune espèce de développement. Cependant
Homberg dit être parvenu à faire germer quelques
graines dans le vide de la machine pneumatique.
Mais quoiqu'on ait, depuis lui, souvent répété cette
expérience, on n'a jamais pu obtenir les mêmes ré-
sultats. L'on peut donc assurer que l'air est indis-
pensable à la germination. M. Théodore de Saus-
sure, dont le témoignage est d'un si haut poids dans
la partie expérimentale de la physiologie des végé-
taux, pense que les expériences de Homberg ne doi-
vent nullement infirmer cette vérité, et que les con-
clusions qu'il en a tirées doivent être considérées
comme des résultats imparfaits et peu exacts.
Des graines enfoncées trop profondément dans la
terre, et soustraites ainsi à l'action de l'air ahnosphé-
*4
O'jO ORGANES DE LA FRUCTIFICATION.
rique, sont souvent restées pendant un temps fort
long, sansdonner aucun signe de vie. Lorsque, par une
cause quelconque, elles se sont trouvées ramenées plus
près de la su perficie de la terre, de manière à être en con-
tact avec l'air ambiant, leur germination s'est effectuée.
L'air n'étant point un corps simple, mais étant
au contraire formé d'oxygène et d'azote, doit-il son
action au mélange de ces deux gaz? Ou bien est-ce
l'un d'eux seulement qui détermine l'influence qu'il
exerce sur les phénomènes de la germination?
L'action de l'air sur les végétaux, à cette première
époque de leur développement, présente les mêmes
circonstances que pour la respiration dans les ani
maux. En effet, c'est l'oxygène de l'air qui agit prin-
cipalement dans l'acte de la respiration pour donner
au sang les qualités qui doivent le rendre propre au
développement de tous les organes; c'est encore cet
oxygène qui aide et favorise la germination des végé-
taux. Des graines placées dans du gaz azote ou du gaz
acide carbonique ne peuvent se développer, et ne
tardent point à y périr entièrement. Nous savons
qu'il en serait de même des animaux que nous sou-
mettrions à de semblables influences. Mais ce n'est
point à l'état de pureté et d'isolement que l'oxygène a
une action aussi favorable à l'évolution des germes ;
car il l'accélère d'abord , mais bientôt la détruit par
l'activité trop puissante qu'il lui communique. Aussi
les graines, les plantes et les animaux ne peuvent-ils,
ni se développer, ni respirer, ni vivre dans du gaz
oxygène pur. Il faut qu'une autre substance mélan-
GERMINATION. ^ I
gée avec lui tempère sa trop grande activité pour
qu'il devienne propre à la respiration et à la végéta-
tion. On a remarqué que son mélange avec l'hydro-
gène ou l'azote le rendait plus propre à remplir cette
fonction; et que les proportions les plus convenables
dek ce mélange étaient une partie d'oxygène pour
trois parties d'azote ou d'hydrogène.
L'oxygène, absorbé pendant la germination, se com-
bine avec l'excès de carbone que contient le jeune
végétal , «et forme de l'acide carbonique , qui est rejeté
au dehors. C'est par cette combinaison nouvelle que,
les principes de l'endosperme n'étant plus les mêmes,
la fécule qui le compose, d'insoluble qu'elle était
avant cette époque, devient soluble, et souvent est
en partie absorbée, pour servir de première nourri-
ture à l'embryon.
Certaines substances paraissent avoir une influence
bien manifeste pour accélérer la germination des
végétaux. C'est ce qui résulte des expériences de
M. deHumboldt. Cet illustre naturaliste, à qui presque
toutes les branches des connaissances humaines doi-
vent quelques-uns de leurs progrès, et souvent la
perfection où nous les voyons arrivées aujourd'hui ,
a démontré que les graines du cresson alénois (Lepi-
dium satwum) mises dans une dissolution de chlore,
germaient en cinq ou six heures; tandis que dans
l'eau pure ces mêmes graines avaient besoin de
trente-six heures pour arriver au même résultat.
Certaines graines exotiques, qui jusqu'alors avaient
résisté à tous les moyens employés pour les faire
/
372 ORGANES DE LA FRUCTIFICATION.
germer, se sont parfaitement développées dans une
dissolution de cette même substance. Il a de plus
fait remarquer que toutes les substances qui pouvaient
céder facilement une partie de leur oxygène à l'eau,
tels que beaucoup d'oxydes métalliques, les acides
nitrique et sulfurique suffisamment étendus, hâ-
taient le développement des graines, mais produi-
saient en même temps l'effet que nous avons signalé
pour le gaz oxygène pur, c'est-à-dire qu'ils épuisaient
le jeune embryon et ne tardaient pas à le faire périr.
La terre dans laquelle on place en général les
graines, pour déterminer leur germination,, n'est pas
une condition indispensable de leur développement,
puisque tous les jours nous voyons des graines ger-
mer très-bien et avec beaucoup de rapidité sur des
éponges fines, ou d'autres corps que l'on a soin d'im-
biber d'eau. Mais cependant qu'on ne croie pas que
la terre soit tout-à-fait inutile à la végétation ; la
plante y puise par ses racines des substances qu'elle
sait s'assimiler, après les avoir converties en élémens
nutritifs.
La lumière , loin de hâter le développement des
organes de l'embryon, le ralentit d'une manière ma-
nifeste. En effet, il est constant que les graines ger-
ment beaucoup plus rapidement à l'obscurité que
lorsqu'elles sont exposées à la lumière du soleil.
Toutes les graines n'emploient pas un espace de
temps égal pour commencer à germer. Il y a même
à cet égard les différences les plus tranchées ; ainsi
il en est qui germent dans un temps très-court. Le
GERMINATION. 373
cresson alénois en deux jours; répinard, le navet ,
les haricots en trois jours; la laitue en quatre jours;
les melons, les courges en cinq jours; la plupart
des Graminées en une semaine; l'hysope au bout
d'un mois; Pognon après cinquante ou soixante jours.
D'autres emploient un temps fort considérable avant
de donner aucun signe de développement ; ce sont
principalement celles dont l'épisperme est très-dur,
ou qui sont .environnées d'un endocarpe ligneux ,
comme celles du pêcher, de l'amandier, qui ne ger-
ment qu'au bout d'un an; les graines du noisetier,
du rosier, du cornouiller, et d'autres encore, ne se
développent que deux années après avoir été mises
en terre.
Après avoir passé rapidement en revue les circons-
tances accessoires qui déterminent ou favorisent la
germination , éludions les phénomènes généraux de
celle fonction , après quoi nous donnerons quelques
détails relatifs aux particularités qu'elle présente
dans les plantes monocotylédonées, et dans les dico-
tylédonées.
Le premier effet apparent de la germination est le
gonflement de la graine, et le ramollissement des en-
veloppes qui la recouvrent. Ces enveloppes se rom-
vent au bout d'un temps plus ou moins long, varia-
ble dans les différens végétaux. Cette rupture de
l'episperrae se fait quelquefois d'une manière tout-à-
fait irrégulière, comme dans les haricots, les fèves :
d'autres fois, au contraire, elle présente une unifor-
mité et une régularité qui se reproduisent de la même
3y4 ORGANES J>K LA FRUCTIFICATION.
manière dans tous ies individus de la même espèce.
C'est ce que l'on observe principalement dans les
graines pourvues d'un embryotège , sorte d'opercule,
qui se détache de l'épisperme pour livrer passage à
l'embryon; comme, par exemple, dans X éphémère
de virginie ( Tradescantia virgim'ca), la comméline
(Commelina commuais), le dattier (Phœnix dactili-
fera), et plusieurs autres Monocotylédons.
L'embryon, dès le moment où il commence à se
développer, prend le nom de plantule. On lui dis-
tingue deux extrémités, croissant constamment en
sens inverse : l'une , formée par la. gemmule , tend à
se diriger vers la région de l'air et de la lumière;
on l'appelle caudex ascendant. L'autre, au contraire,
s'enfonçant dans la terre, et suivant par conséquent
une direction tout-à-fait opposée à celle de la précé-
dente, porte le nom de caudex descendant. Elle est
formée par le corps radiculaire.
Dans le plus grand nombre des cas, c'est le cau-
dex descendant ou la radicule qui , la première ,
éprouve les effets de la germination. On voit cette
extrémité devenir de plus en plus saillante, s'allonger
et constituer la racine dans les exorhizes. Dans les
endorhizes , au contraire, la colèorhize , poussée
par les tubercules radicellaiies qu'elle renferme, s'al-
longe quelquefois, et se prête à une distension assez
considérable avant de se rompre ; d'autres fois elle
cède sur-le-champ, et laisse sortir les tubercules radi-
cellaires qu'elle recouvrait.
Pendant ce temps la gemmule ne reste pas inerte
GERMINA.TION. 3 7 />
et stationnaire. D'abord cachée entre les cotylédons ,
elle se redresse, s'allonge, et cherche à se porter
vers la superficie de la terre, quand elle y a été en-
fouie. S'il y a une coléoptile, elle s'allonge, se dilate;
mais, plus rapide dans son accroissement, la gemmule
presse sur elle, la perce à sa partie supérieure et la-
térale et se montre à l'extérieur.
Quand le caudex ascendant commence à se déve-
lopper au-dessous du point d'insertion des cotylé-
dons, il les soulève, les porte hors de la terre. Ceux
qui offrent ce phénomène sont alors appelés cotylé-
dons èpigès{\)\ ils se développent, quelquefois même
s'amincissent, deviennent comme foliacés et portent
alors le nom de feuilles séminales.
Si , au contraire , le caudex ascendant ne com-
mence qu'au-dessus des cotylédons, ceux-ci restent
cachés sous la terre , et, loin d'acquérir aucun accrois-
sement, ils diminuent de volume, se flétrissent et
finissent par disparaître entièrement. On les nomme
alors cotylédons hypogès (2).
Quand une fois la gemmule est parvenue à l'air
libre, les folioles qui la composent se déroulent, se
déploient, s'étalent, et acquièrent bientôt tous les ca-
ractères des feuilles, dont elles ne tardent point à
remplir les fonctions.
Mais quels sont les usages des parties accessoires
(1) Dérivé de ziti, sur, au-dessus, et de -pi , lerre, c'est-à-dire
s'élevant au-dessus de la surface de la terre.
(2) De 'jtvo au-dessous, et de pi, c'est-à-dire restant caché sous
la terre.
3^C org'anf.s de la fructification.
de la graine, c'est-à-dire de l'épisperme, et de l'en-
dosperme?
L'épisperme ou le tégument propre de la graine
a pour usage d'empêcher l'eau ou les autres matières
dans lesquelles une graine est soumise à la germi-
nation d'agir trop directement sur la substance même
de l'embryon ; il remplit en quelque sorte l'office
d'un crible , à travers lequel ne peuvent passer que
des molécules terreuses, fines et très-divisées. Du-
hamel, en effet, a remarqué que les graines que l'on
dépouille de leur tégument propre se développent
rarement, ou donnent naissance à des végétaux grêles
et mal conformés.
L'endosperme, qui n'existe pas toujours n'est que
le résidu de l'eau contenue dans la cavité de l'ovule
où s'est développé l'embryon. Cette liqueur , que
Malpighi a comparée à l'eau de l'amnios , quand elle
n'a point été absorbée entièrement pendant la for-
mation et l'accroissement de l'embryon , prend peu
à peu de la consistance, s'épaissit et finit par former
une masse solide, dans laquelle l'embryon se trouve
renfermé , ou sur la surface de laquelle il est sim-
plement appliqué. Cette masse est Xcnclospermc. C'est
pour cette raison que ce corps offre toujours un as-
pect inorganique. Quelquefois tout le liquide ren-
fermé dans l'intérieur de l'ovule, et qui n'a point
servi à la nutrition de l'embryon , ne se solidifie pas;
une partie reste encore fluide. C'est ce que l'on ob-
serve très-bien dans le fruit du cocotier, par exem-
ple, qui renferme dans l'intérieur de son noyau une
GERMItf ATIOIV. '^rJr]
quantité plus ou moins considérable d'une sorte d'é-
mulsion blanchâtre et douce , connue sous le nom
de lait de coco.
L'origine et les premiers usages de l'endosperme
nous indiquent d'avance #ceux que la nature lui a
confiés lors de la germination. En effet, c'est lui qui
fournit à la jeune plante sa première nourriture. Les
changemcns qu'il éprouve alors dans sa composition
chimique et la nature de ses élémens le rendent très-
propre à cet usage.
Cependant l'endosperme, dans quelques végétaux,
est tellement dure et compacte, qu'il lui faut un long
espace de temps pour se ramollir et se résoudre en
une substance plus ou mokis fluide, qui puisse être
absorbée par l'embryon. Mais ce phénomène a tou-
jours lieu.
Si l'on prive ou isole un embryon de l'endosperme
qui l'accompagne, il ne se développera aucunement.
Il est donc évident que cet organe est intimement lié
à son accroissement.
Les Cotylédons, dans beaucoup de circonstances ,
paraissent remplir des fonctions analogues à celles
de l'endosperme ; aussi est-ce pour cette raison que
le célèbre physicien, Charles Bonnet , les appelait les
mamelles végétales. Si Ton retranche les deux coty-
lédons d'un embryon , il se flétrira et ne donnera
aucun signe de développement. Si l'on n'en enlève
qu'un , il pourra encore végéter, mais d'une manière
faible et languissante, comme un être malade et mu-
tilé. Mais un fait des plus remarquables, c'est que
378 ORGANES DE LA. FRUCTIFICATION.
Ton peut impunément fendre et séparer en deux
parties latérales un embryon dicotylédoné, celui du
haricot, par exemple; si chaque partie contient un
cotylédon parfaitement entier, elle se développera
aussi bien qu'un embryon tout entier, et donnera
naissance à un végétal aussi fort et aussi vigou-
reux.
t
Enfin , comme le prouvent les expériences de
MM. Desfontaines, Thouin , Labiïlardière et Vastel ,
il suffit d'arroser les cotylédons pour voir tout l'em-
bryon s'accroître et développer ses parties.
La grande différence de structure qui existe entre
les embryons monocotylédonés et les embryons pour-
vus de deux cotylédons influe d'une manière notable
sur le mode de germination qui leur est propre. Aussi
croyons-nous nécessaire d'en étudier séparément les
phénomènes, afin de faire mieux connaître le méca-
nisme de cette fonction dans ces deux grandes classes.
Nous commencerons par des embryons exorhizes ou
dicotylédones, parce que c'est en eux qu'il est plus
facile d'observer le développement successif des dif-
férens organes qui les composent.
§ 1 . Germination des Embryons exorhizes ou dico-
tylédones.
Dans l'embryon dicotylédoné la radicule est , en
général, conique et saillante. La tigelle est ordinai-
rement cylindrique; la gemmule est nue et cachée
entre la base de deux cotylédons , qui sont placés
GERMINATJON. 3^9
face à face et immédiatement appliqués l'un contre
l'autre (i).
Telle est la disposition des parties constituantes de
l'embryon avant la germination. Voyons les change-
mens qu'elles éprouvent quand cette fonction com-
mence à s'exécuter. Pour mieux faire entendre ce
que nous allons dire, prenons pour exemple le ha-
ricot, et suivons-le dans toutes les époques de son
accroissement. ( Voyez planche 7, figures 1 , 2,3,
4, etc. ) Nous verrons d'abord toute la masse de la
graine s'imprégner d'humidité , se gonfler, l'epi-
sperme se déchirer d'une manière irrégulière. Bientôt
la radicule, qui formait un petit mamelon conique,
commence à s'allonger; elle pénètre dans la terre,
donne naissance à de petites ramifications latérales
extrêmement déliées. Peu de temps après, la gem-
mule, qui jusqu'alors était restée cachée entre iesdeux
cotylédons, se redresse, se montre à l'extérieur. La
tigelle s'allonge , soulève les cotylédons hors de terre ,
à mesure que la radicule s'y enfonce et s'y ramifie.
Alors les deux cotylédons s'écartent; la gemmule est
tout-à-fait libre et découverte ; les petites folioles
qui la composent s'étalent, s'agrandissent, devien-
nent vertes et commencent déjà à puiser dans le sein
de l'atmosphère une partie des fluides qui doivent
(1) Dans quelques cas fort rares , les deux cotylédons, au heu
d'être immédiatement appliqués face à face, sont manifestement
écartés , et plus ou moins divergens. C'est ce que l'on observe par
exemple dans les genres Monimia et Ruizia ou Boldea de la famille
desMonimiées.
38o ORGANES DE LA FRUCTIFICATION.
être employés à l'accroissement de la jeune plante.
Dès lors la germination est terminée, et la seconde
époque de la vie du végétal commence.
Quand l'embryon est endospermique , c'est-à-dire
lorsqu'il est accompagné d'un endosperme , les phéno-
mènes se passent de la même manière; mais l'endo-
sperme n'acquiert aucun accroissement; on le voit au
contraire se ramollir et disparaître insensiblement.
Quelques végétaux dicotylédones ont un mode par-
ticulier de germination. Ainsi, par exemple, on
trouve fort souvent des embryons déjà germes dans
l'intérieur de certains fruits, parfaitement clos de
toutes parts. C'est ce que l'on observe assez fréquem-
ment dans les fruits du citronnier, où il n'est pas
rare de rencontrer plusieurs graines déjà en état de
germination.
Le manglier ( Rhizophora mangle), arbre qui
habite les marécages et les rivages de la mer dans les
régions équinoxiales, offre un genre particulier de
germination qui n'est pas moins remarquable. Son
embryon commence à se développer, tandis que la
graine est encore contenue dans le péricarpe. La ra-
dicule presse contre le péricarpe, qu'elle use et finit
par percer. Elle s'allonge à l'extérieur, quelquefois
de plus d'un pied. Alors l'embryon se détache, en
abandonnant le corps cotylédonaire dans la graine,
il tombe; la radicule la première, s'enfonce dans la
vase et continue de s'y développer.
Dans le marronnier d'Inde ou hippocastane , dans
le châtaignier, et quelques autres végétaux dicotylé-
GERMINATION. 38 I
clones, les deux cotylédons, qui sont très-gros et très-
épais , sont le plus souvent immédiatement soudés
l'un avec l'autre. Voici alors comment s'opère la ger-
mination : la radicule, en s'enfonçant dans la terre,
allonge la base des deux cotylédons et dégage ainsi
la gemmule, qui ne tarde point à se montrer au-
dessus de la terre; mais les deux cotylédons ne sont
pas entraînés par la gemmule, ils restent hjpogés.
§ 2. Germination des Embryons endorhizes ou
monocotjlèdonés.
Les embryons monocotylédonés éprouvent en
général. moins de changemens, pendant la germina-
tion , que ceux des plantes dicotylédonées , à cause
de l'uniformité de leur structure intérieure. En effet,
ils se présentent fort souvent sous l'apparence d'un
corps cbarnu, dans lequel on distingue avec peine
les organes qui le constituent. Aussi est-on obligé de
soumettre à la germination les embryons endorhizes
dont on veut bien connaître la structure.
C'est ordinairement , comme dans les Dicotylé-
dons , l'extrémité radiculaire qui se développe la
première. Elle s'allonge et sa coléorhize se rompt
pour laisser sortir le tubercule radicellaire qui se
développe et s'enfonce dans la terre. Ordinairement
plusieurs radicelles naissent des parties latérales et
inférieures de la tigelle. Quand elles ont acquis un
certain développement, la radicule principale se dé-
truit et disparaît. Aussi les plantes monocotylé-
38a ORGANES DE LA FRUCTIFICATION.
donées n'offrent - elles jamais de racine pivotante
comme les végétaux dicotylédons.
Le cotylédon, qui renferme la gemmule, s'accroît
toujours plus ou moins avant d'être perforé par celle-
ci. C'est le plus souvent par la partie latérale du
cotylédon, presque jamais par son sommet, que sort
la gemmule. En effet, elle est toujours plus rappro-
chée de l'un de ses côtés , et son sommet est cons-
tamment oblique. Lorsque la gemmule a perforé le
cotylédon, celui-ci se change en une sorte de graine
qui embrasse la gemmule à sa base. (Voyez pi. 7,
fîg. 10, b, d.) C'est à cette graine que l'on a donné
le nom de coléoptile.
Mais il arrive assez souvent qu'une partie du coty-
lédon reste engagée , soit dans l'intérieur de l'endo-
sperme , soit dans l'épisperme ; en sorte qu'il n'y a que
la partie la plus voisine de la radicule qui soit en-
traînée au dehors par le développement de celle-ci.
(Voy. pi. 7, fîg. 10, c.)
CHAPITRE IV.
CLASSIFICATION DES DIFFÉRENTES ESPÈCES DE FRUITS.
Dans les deux chapitres précédens , nous avons
étudié avec quelques détails les différens organes
qui entrent dans la composition d'un fruit mûr et
parfait. Nous avons fait voir qu'il était toujours com-
posé de deux parties, le péricarpe et la graine.
CLASSIFICATION DES FRUITS. 383
Nous devons maintenant faire connaître les diverses
modifications que peut offrir le fruit, considéré dans
son ensemble, c'est-à-dire dans la réunion des diffé-
rentes parties qui le constituent.
On conçoit qu'il doit exister un grand nombre
d'espèces de fruits, toutes plus ou moins distinctes
les unes des autres, quand on considère les variétés
de forme, de structure, de consistance, le nombre
variable et la position respective des graines, etc.,
que présentent les fruits. Aussi leur classification
est-elle un des points les plus difficiles de la bota-
nique. Malgré les efforts et les travaux d'un grand
nombre de botanistes célèbres qui s'en sont spécia-
lement occupés , la classification carpologique est
encore loin d'être parvenue à ce degré d'exactitude
et de précision auquel sont arrivées la plupart des
autres branches de la botanique. Quelques auteurs
ont voulu réunir sous une dénomination commune
des espèces essentiellement différentes par leur forme
et leur structure; d'autres, au contraire, en multi-
pliant à l'infini le nombre des divisions, et les éta-
blissant sur des caractères trop minutieux ou trop
peu constans, ont également nui aux progrès de
cette partie de la carpologie. Aussi ne ferons -nous
connaître dans cet ouvrage que les espèces de fruits
bien distinctes et bien caractérisées, que celles, en
un mot , qui ont été consacrées par l'usage, ou adop-
tées par la plupart des botanistes.
Les fruits, considérés en général, ont été divisés
de plusieurs manières, et ont reçu des noms particu-
384 ORGANES DE LA FRUCTIFICATION.
liers. Ainsi on appelle fruit simple celui qui pro-
vient d'un pistil unique , renfermé dans une fleur ;
tel est celui de la pêche, de la cerise, etc. On ap-
pelle, au contraire, fruit multiple celui qui provient
de plusieurs pistils renfermés dans une même fleur;
par exemple, la fraise, laframbroise, celui des renon-
cules, des clématites, etc.; enfin on donne le nom
de fruit composé à celui qui résulte d'un nombre
plus ou moins considérable de pistils réunis , et sou-
vent soudés ensemble, mais provenant tous de fleurs
distinctes, très - rapprochées les unes des autres,
comme celui du mûrier.
Suivant la nature de leur péricarpe, on a distingué
les fruits en secs et en charnus. Les premiers sont
ceux dont le péricarpe est mince, ou formé d'une
substance généralement peu fournie de sucs ; les
seconds, au contraire, ont un péricarpe épais et suc-
culent, et leur sarcocarpe est surtout très -déve-
loppé; tels sont les melons, les pêches, les abri-
cots, etc.
Les fruits peuvent rester parfaitement clos de
toutes parts, ou s'ouvrir en un nombre plus ou moins
grand de pièces nommées valves; de là la distinction
des fruits indèhiscens et des fruits dèhiscens. Ces
derniers, quand ils sont secs, portent également le
nom de fruits capsulaires.
Selon le nombre des graines- qu'ils renferment,
les fruits sont divisés en oligospermes et polyspermes.
Les fruits oligospermes sont ceux qui ne contiennent
qu'un nombre peu considérable de graines, nombre
CLASSIFICATION DES FRUITS. 385
qui est le plus souvent exactement déterminé. De là
les épithètes de monosperme , disperme, trisperme,
télrasperme , pentasperme , données au fruit, pour
exprimer que le nombre de ses graines est un, deux,
trois, quatre, cinq, etc. Les fruits poîyspermes sont
tous ceux qui renferment un nombre considérable
de graines que Ton ne veut pas déterminer.
Il y a des fruits dans lesquels le péricarpe a si peu
d'épaisseur, et contracte une telle adhérence avec
la graine, qu'il se soude et se confond avec elle.
Linnœus regardait ces fruits comme des graines nues :
on leur a donné le nom de pseudospermes. Tels
sont ceux des Graminées, des Labiées, des Synan-
thérées.
Il est très-important de bien connaître et de pou-
voir distinguer les différentes espèces de fruits. En
effet, cet organe sert fort souvent de base à la dispo-
sition des plantes en familles naturelles; et les ca-
ractères que l'on retire de son examen approfondi
conduisent en général aux résultats les plus heureux
dans la classification méthodique des végétaux.
Pour simplifier l'étude de la nomenclature des
fruits, nous les diviserons en trois classes; dans la
première nous réunirons tous les fruits simples , c'est-
à-dire tous ceux qui proviennent d'un seul pistil
renfermé dans une fleur. Nous subdiviserons cette
classe en deux sections, dans l'une desquelles seront
placés les fruits secs, et dans la seconde les fruits
charnus. La seconde classe renfermera les fruits pro-
duits par la réunion de plusieurs pistils dans une
25
386 ORGANES DE LA FRUCTIFICATION.
même fleur, c'est-à-dire les fruits multiples. Enfin
dans la troisième classe nous traiterons des fruits
composés ou de ceux qui sont formés par plusieurs
fleurs d'abord distinctes qui se sont soudées de ma-
nière à ne constituer par la réunion qu'un même
fruit.
PREMIERE CLASSE.
DES FRUITS SIMPLES.
SECTION PREMIERE.
FRUITS SECS.
§ i . Fruits secs et indéhiscens.
Les fruits secs et indéhiscens sont ordinairement
oligospermes, c'est-à-dire qu'ils renferment un très-
petit nombre de graines. Leur péricarpe est en géné-
ral assez mince, ou adhérent avec le tégument propre
de la graine; ce qui a porté les anciens à les consi-
dérer comme des graines nues ou dépourvues de pé-
ricarpe. Ce sont les véritables pseudospermes.
i° La cariopse (caiiopsis , Rich.), fruit mono-
sperme, indéhiscent, dont le péricarpe, très-mince,
est intimement confondu avec la graine, et ne peut
en être distingué. Cette espèce appartient à presque
toute la famille des Graminées, tels que le blé, l'orge,
le riz, etc.
CLASSIFICATION DES FRUITS. 387
Sa forme est assez variable. Elle est ovoïde dans
le blé (triticum), allongée et plus étroite dans
Y avoine (avena); irrégulièrement sphéroïdaie dans
le blé de Turquie (zea). Elle ne contient jamais
qu'une seule graine, dont l'amande est formée d'un
endosperme farineux, très-considérable, et d'un em-
bryon extraire.
20 Y? akène (akenium, Rich.), fruit monosperme,
indéhiscent, dont le péricarpe est distinct du tégu-
ment propre de la graine; comme dans les Synan-
thérées, le grand soleil {Helianthus annuus), les
chardons, etc.
Assez souvent l'akène est couronné par des soies,
des paillettes, qui constituent ce que nous avons dé-
signé par le nom d'aigrette (pappus). ( Voy. pi. 8,
flg. 12, l3.)
Quelquefois cette aigrette forme une simple petite
couronne membraneuse, qui borde circulairement la
partie supérieure du fruit (pappus niargiualis).
D'autres fois l'aigrette est plumeuse ou soyeuse,
selon la nature des poils qui la composent.
3° Le > polakène ( polakenium. Rich.). On appelle
ainsi un fruit simple, qui, à sa parfaite maturité, se
sépare en deux ou un plus grand nombre de loges,
que l'on peut regarder chacune comme éîant un
akène. De là l.es noms de dia/îène, triakène , penta-
kène, suivant le nombre de ces pièces. Exemple ■ les
Ombellifères, le panais, le persil, la ciguë, les
Araliacées, etc.
Dans les Ombellifères, c'est un diakène; dans la
388 ORGAKIiS DE LA. FRUCTIFICATION.
capucine, c'est un triakène; c'est un pantakène ou
polakène proprement dit, dans les Araliacées.
4° La samare {samara. Gœrtner), fruit oligo»
sperme, coriace, membraneux, très-comprimé, of-
frant une ou deux loges indéhiscentes, souvent pro-
longées latéralement en ailes ou appendices élargis.
Par exemple, le fruit de l'orme {JJlmus campestris),
des érables, etc. (Voy. pi. 8, fig. 6).
5° Le gland (glans), fruit uniloculaire, indéhis-
cent, monosperme ( par l'avortement constant de plu-
sieurs ovules), provenant constamment d'un ovaire
infère, pluriloculaire et polysperme, dont le péri-
carpe, uni intimement à la graine, présente toujours
à son sommet les dents excessivement petites du
limbe du calice, et est renfermé en partie, rarement
en totalité, dans une sorte jd'involucre écailleux. où
foliacé, nommé cupule. Par exemple, le fruit des
chênes, du noisetier, etc. (Voy. pi. 8, fig. 7.)
La forme des glands est en général très-variable.
Il y en a d'allongés, d'autres qui sont arrondis et
comme sphériques; dans les uns, la cupule est squa-
macée et très -courte; dans d'autres, elle est fort
développée et recouvre presque entièrement le
fruit.
6° Le carcèrule [carcerulus , Des vaux), fruit sec,
pluriloculaire, polysperme, indéhiscent; tel est celui
du tilleul.
On a appelé fruits gynobasiques ceux-.dont les
' loges sont tellement écartées les unes des autres ,
qu'elles semblent constituer autant de fruits séparés.
CLASSIFICATION DES FRUITS. 389
Tel est le fruit des Labiées, qui est formé de quatre
akènes réunis à leur base sur un réceptable commun.
§ 1. Fruits secs et déhiscens.
Les fruits secs et déhiscens sont le plus souvent
polyspermes; le nombre des valves et des loges qui
les composent est très-variable. On les désigne, en
général, par le nom de fruits capsulaires.
i° Le follicule (follictdus) , fruit géminé ou soli-
taire par avortement, ordinairement membraneux,
uniloculaire, univalve , s'ouvrant par une suture
longitudinale, à laquelle s'attache intérieurement un
trophosperme suturai , qui devient libre par la dé-
hiscence du péricarpe. Rarement les graines sont
attachées aux deux bords de la suture. Cette espèce
de fruit est propre à la famille des Apocynées, tels
qu'au laurier rose ( TSerium oleander ) , à X Asclepias
syriaca, au dompte venin [Asclepias vincetoxicuin) ,
etc. (Voy. pi. 8, fig. j i.)
i° La silique (siliqua) , fruit sec, allongé, bi-
valve , dont les graines sont attachées à deux tropho-
spermes suturaux. Elle est ordinairement séparée en
deux loges par une fausse cloison parallèle aux
valves, qui n'est qu'un prolongement des tropho-
spermes, et qui persiste souvent après la chute des
valves. Ce fruit appartient aux Crucifères; exemple :
la giroflée, le choux, etc. (Voy. pi. 8 , fig. i.)
3° La silicule (silicula) diffère à peine de la pré-
cédente. On donne ce nom à une silique dont la
39(J ORGANES DE LA FRUCTIFICATION.
hauteur n'est pas quatre fois plus considérable que
la largeur. La silicule ne contient quelquefois qu'une
ou deux graines. Tels sont les fruits des Thlaspi,
des Lepidium, des Isatis, etc. ( Voy. pï. 8, fig. 1. )
Elle appartient également aux plantes Crucifères.
4° La gousse , ou légume (_ Icgumen ) , est un
fruit sec , bivalve, dont les graines sont attachées à
un seul trophosperme, qui suit la direction de l'une
des sutures. Ce fruit appartient à toute la famille
des Légumineuses, dont il forme le principal carac-
tère : par exemple, dans le pois, les fèves, les hari-
cots, etc. (Voy. pi. 8, fig. 3. )
La gousse est naturellement uniloculaire ; mais
quelquefois elle est partagée en deux ou un plus
grand nombre de loges par de fausses cloisons. Ainsi
elle est biloculaire dans l'astragale.
Dans les casses, la gousse est cylindracée et sépa-
rée en un nombre considérable de loges par des dia-
phragmes ou fausses cloisons transversales. Ce carac-
tère appartient à tout le genre Cassia.
Quelquefois la gousse semble être formée de pièces
articulées; on dit alors qu'elle est lomentacée, comme
dans les genres Hippocrepis , Hedysarum, etc.
D'autres fois la gousse est enflée, vésiculeuse, à pa-
rois minces et demi-i;rnnsparentes , comme dans les
baguenaudiers ( Colutea).
Le nombre des graines que renferme la gousse
varie beaucoup. Ainsi il y en a une seule dans le
Medicago lupulina , deux dans les véritables Ervum^
etc.
CLASSIFICATION DES FRUITS. 3o,ï
Quelquefois la gousse est tout-à-fait indéhiscente ,
comme dans le Cassia Jîstula et d'autres espèces ;
mais ces variétés sont rares et ne détruisent pas les
caractères propres à cette espèce de fruit.
5° La pjxide (pyxidïum , Erh.), est un fruit cap-
sulaire, sec, ordinairement globuleux, s'ouvrantpar
une scissure transversale, en deux valves hémisphé-
riques superposées. C'est ce que l'on observe dans le
pourpier, le mouron, la jusquiame, etc. Les auteurs
la désignent communément par le nom de boîte à
savonnette {Capsula circumscissa , L.) (Voy. pi. 10,
fig.8.)
6° Uélatén'e [elaterium. Rich), fruit souvent re-
levé de côtes, se partageant naturellement à sa ma-
turité en autant de coques distinctes s'ouvrant longi-
tudinalement, qu'il présente des loges, comme dans
les Euphorbiacées. De là les expressions de tricoque,
multicoque , données à ce fruit.
Ordinairement ces coques sont réunies par une
columelle centrale qui persiste après leur chute.
70 La capsule (capsula); on donne ce nom géné-
ral à tous les fruits secs et déhiscens, qui ne peuvent
être rapportés à aucune des espèces précédentes. On
conçoit d'après cela que les capsules doivent être ex-
trêmement variables.
Ainsi il y a des capsules qui s'ouvrent par des pores
ou ouvertures pratiquées à leur partie supérieure :
telles sont celles des pavots , des Anthrhiiium . D'au-
tres fois ces pores sont situés vers la base de la cnp-
suie. Plusieurs ne sont déhiscentes que par leur soin-
392 ORGANES DE LA FRUCTIFICATION.
met , fermé par des dents rapprochées , qui s'écartent
lors de la parfaite maturité. C'est ce que Ion remarque
dans beaucoup de genres de la famille des Cariophyl-
lées. (Voy. pi. 8, fig. 4-)
SECTION IL
FRUITS CHARNUS.
Les fruits charnus sont indéhiscens. Leur péricarpe
est épais et pulpeux; ils renferment un nombre de
graines variable.
i° La drupe (drupa^) est un fruit charnu qui ren-
ferme un noyau dans son intérieur. Ce noyau est for-,
mé par l'endocarpe endurci et ossifié, auquel s'est
joint une partie plus ou moins épaisse du sarcocarpe,
comme par exemple, dans la pêche, la prune, la
cerise, etc. (Voy. pi. 8, fig. 8.)
i° La noix (nux) ne diffère de la drupe que par
l'épaisseur moins considérable de son sarcocarpe,
qui porte alors le nom de brou ( naucum ). Tel est le
fruit de l'amandier {Amygdalus communis), le fruit
du noyer (Juglans regia), que l'on désigne même
par le nom de noix proprement dite.
3° Le nuculaine (nucidanium , Rich.) est un fruit
charnu provenant d'un ovaire libre, c'est-à-dire non
couronné par les lobes du calice adhérent, et ren-
fermant dans son intérieur plusieurs petits noyaux ,
qui portent alors le nom de nucides ( nuculœ Rich.)
Tels sont les fruits du sureau, du lierre, des Rham-
mées, du sapotilier (Achras Sapota).
4° La mélonide ( melonida :, Rich.) est un fruit
CLASSIFICATION DES FRUITS. 3o,3
charnu, provenant de plusieurs ovaires pariétaux
réunis et soudés avec le tube du calice, qui, souvent
très-épais et charnu, se confond avec eux, comme
dans la poire, la pomme, la nèfle , le rosier , etc. (i).
(Voy. pl.8,fig. 9.)
Dans la mélonide, la partie réellement charnue
du fruit n'est pas formée par le péricarpe lui-même;
elle est due à un épaississement considérable du ca-
lice : c'est ce que l'on peut voir facilement quand on
suit avec attention le développement de ce fruit.
L'endocarpe qui revêt chaque loge d'une mélo-
nide est cartilagineux ou osseux; dans ce dernier cas
il y a autant de nucules qu'il y a d'ovaires, comme
dans la nèfle; ce qui fait qu'on a distingué la mélo-
nide en deux variétés ; savoir :
(1) Cette espèce de fruit a jusqu'ici été fort mal définie dans les
auteurs, puisqu'on la décrit comme provenant d'un ovaire infère,
multiloculaire , à loges distinctes. Mais nous avons déjà démontré
précédemment la grande différence qui existe entre l'ovaire vrai-
ment infère et l'ovaire simplement pariétal. L'inférité de l'ovaire
en exclut toujours la pluralité dans la même fleur. Or , dans la plu-
part des vraies Rosacées, il y a constamment plusieurs pislifs, dont
on peut suivre graduellement les dilférens degrés d'adhérence laté-
rale avec la paroi interne du calice. Ainsi , par exemple, dans le
genre Rosa , les pistils , qui sont au nombre de douze à quinze, ne
tiennent aux parois du tube calicinal que par un petit pédicule
de la base de leur ovaire. Dans les genres Cratœgus et Mespilus, les
ovaires sont soudés avec le calice par tout leur côté externe. Dans
les genres Pyrus , Malus , etc. , ces ovaires sont non-seulement unis
par leur côté extérieur avec le calice , mais se soudent entre eux
par tous les autres points. Cependant il arrive quelquefois dans
certaines poires que les ovaires restent distincts par leur côté in-
terne , en sorte qu'on trouve au centre du fruit une cavité plus ou
moins grande.
3g4 ORGANES DE LA FRUCTIFICATION.
i° Mèlonide à nucules, celle dont l'endocarpe est
osseux, comme dans le Mespilus, le Cralœgus.
i° Mèlonide à pépins, celle dont l'endocarpe est
simplement cartilagineux, comme dans la poire i la*
pomme , etc.
La mèlonide appartient exclusivement à la famille
des Rosacées, dans laquelle elle est associée à quel-
ques autres espèces de fruits, qui n'en sont souvent
que des variétés.
5° La balauste ( balausta ), fruit pluriloculaire,
polysperme, provenant toujours d'un ovaire vérita-
blement infère et couronné par les dents du calice,
comme celui du grenadier et de toutes les véritables
Myrtées.
6° Lapéponide (peponida, Rich.), fruit charnu,
indéhiscent ou ruptile , à plusieurs loges éparses dans
la pulpe, renfermant chacune une graine qui est
tellement soudée avec la membrane pariétale interne
de chaque loge, qu'on parvient difficilement à l'en
séparer. Ce fruit se remarque dans le melon, le po-
tiron et les autres Cucurbitacées , les Nymphéacées
et les Hydrocharidées.
Il arrive quelquefois que le parenchyme charnu
qui occupe le centre de la péponide se rompt et se
déchire par l'accroissement rapide du péricarpe. Dans
ce cas la partie centrale est occupée par une cavité
irrégulière, que l'on a, mais à tort , regardée comme-
une véritable loge. C'est ce que l'on observe surtout
dans le potiron (Pepo macrocarpus). Mais si l'on y
fait quelque attention , on verra que cette prétendue
CLASSIFICATION DES FRUITS. 3o,5
loge n'est nullement tapissée par une membrane pa-
riétale interne, c'est-à-dire un endocarpe; ce qui
démontre évidemment que cette cavité n'est qu'acci-
dentelle et ne constitue point une véritable loge. En
effet, elle n'existe point dans toutes les espèces; et
quand elle s'y montre, ce n'est que vers l'époque de
leur maturité.
On peut voir dans la pastèque ou melon d'eau,
( Cucurbita citrullus , L. ) la véritable organisation
de la péponide. Dans cette espèce, la partie cen-
trale reste constamment pleine et charnue à toutes
les époques de son développement. Chaque graine
est renfermée dans une loge particulière, avec les
parois de laquelle elle ne contracte d'autre adhérence
que par son point d'attache ou son bile. Il semble,
dans ce cas, que la nature, qui, dans presque toutes
les autres espèces de cette famille altère et modifie
plus ou moins la véritable structure de ce fruit , ait
voulu, en quelque sorte, en ménager un qui pût faire
connaître le type naturel et primitif des autres.
70 Uhespéridie { hespericlium , Des vaux), fruit
charnu , dont l'enveloppe est très-épaisse, divisé in-
térieurement en plusieurs loges par des cloisons
membraneuses, qu'on peut séparer sans aucun déchi-
rement, comme dans l'orge, le citron, etc.
8° \jA.baie{bacca). Sous ce nom général on com-
prend tous les fruits charnus, dépourvus de noyau,
qui ne font pas partie des espèces précédentes Tels
sont, par exemple, les fruits du raisin , les groseilles x
les tomates, etc.
3g6 ORGANES DE LA FRUCTIFICATION.
DEUXIEME CLASSE.
DES FRUITS MULTIPLES (i).
Les fruits multiples sont ceux qui résultent de la
réunion de plusieurs pistils renfermés dans une même
fleur.
Le sjncarpe (syncarpium , Rich.), fruit multiple,
provenant de plusieurs ovaires appartenant à une
même fleur, soudés et réunis ensemble, même avant
la fécondation; par exemple, ceux des Magnolia, des
Anona , etc. J
Le fruit du fraisier, du framboisier, est formé
d'un nombre plus ou moins considérable de vérita-
bles petites drupes, dont le sarcocarpe est très-mince,
mais cependant très-manifeste dans la framboise, réu-
nies sur un gynophore cbarnu , plus ou moins dé-
veloppé.
Plusieurs petits akènes réunis constituent le fruit
des renoncules , etc.
(i) C'est à cette classe qu'appartient réellement la mélonide,
que nous n'avons laissée dans la précédente que pour nous con-
former à l'usage généralement adopté.
CLASSIFICATION DES FRUITS. 3o/7
TROISIEME CLASSE.
DES FRUITS AGRÉGÉS OU COMPOSÉS.
On donne ce nom à ceux qui sont formés d'un
nombre plus ou moins considérable de petits fruits
rapprochés, et souvent réunis et soudés ensemble,
provenant tous de fleurs d'abord distinctes les unes
des autres, mais qui ont fini par se réunir et se sou-
der. Telles sont :
i° Le cône ou strobile {conus, strobilus) , fruit com-
posé d'un grand nombre d'utricules membraneuses,
cachées dans l'aisselle de bractées très-développées,
sèches et disposées en forme de cône. Tel est le fruit
des pins, des sapins, de l'aune, du bouleau, etc.
i° Le sorose. M. Mirbel donne ce nom à la réu-
nion de plusieurs fruits soudés en un seul corps par
l'intermédiaire de leurs enveloppes florales, charnues,
très-dé vcloppées et entregreffées, de manière à res-
sembler à une baie mamelonnée. Tel est le fruit du
mûrier, de l'ananas, etc.
3° Le sjcone. Sous ce nom M. Mirbel désigne le
fruit du figuier, de X Ambora, et du Dorstenia. Il est
formé par un involucre monophylle , charnu à son
intérieur, ayant la forme aplatie, ou ovoïde et fermée,
et contenant un grand nombre de petites drupes, qui
proviennent d'autant de fleurs femelles.
3q8 organes de la fructification.
Dans les vingt-cinq espèces de fruits dont nous
venons de donner les caractères abrégés se trouvent
à peu près réunis tous les types auxquels on' peut
rapporter les nombreuses variétés que cet organe
peut offrir dans les végétaux. Ce tableau est loin
d'être complet. Cette partie de la botanique exige
encore de longs et de pénibles travaux , une analyse
soignée et scrupuleuse avant d'arriver à un état tout-
à-fait satisfaisant. Notre intention n'a été ici que de
présenter les espèces les mieux connues et les mieux
déterminées, afin de point jeter du vague ni de l'obs-
curité sur un sujet déjà si difficile par lui-même.
Pour terminer tout ce qui a rapport aux organes
de la fructification, il nous reste encore à parler de
la dissémination et des différens avantages que la mé-
decine, les arts et l'économie domestique peuvent
retirer des fruits et des différentes parties qui les
composent.
CHAPITRE V.
DE LA DISSÉMINATION.
Lorsqu'un fruit est parvenu à son dernier degré
de maturité, il s'ouvre; les différentes parties qui !e
composent se désunissent, et les graines qu'il renfer-
me rompent bientôt les liens qui les retenaient en-
core dans la cavité où elles se sont accrues. On donne
le nom de dissémination h cette action par laquelle
DISSÉMINATION. 3o,0,
les graines sont naturellement dispersées à la surface
de la terre, à l'époque de leur développement.
La dissémination naturelle des graines est , dans
l'état sauvage des végétaux, l'agent le plus puissant de
leur reproduction. En effet, si les graines contenues
dans un fruit n'en sortaient point pour être disper-
sées sur la terre et s'y développer, on verrait bientôt
des espèces ne plus se reproduire, des races entières
disparaître; et, comme tous les végétaux, ont une
durée déterminée, il devrait nécessairement arriver
une époque où tous auraient cesse de vivre, et où la
végétation aurait pour jamais disparu de la surface du
globe.
Le moment de la dissémination marque le terme
de la vie des plantes annuelles. En effet, pour qu'elle
ait lieu , il est nécessaire que le fruit soit parvenu à
sa maturité, et qu'il se soit plus ou moins desséché.
Or, ce phénomène n'arrive, dans les herbes annuelles,
qu'à l'époque où la végétation s'est entièrement ar-
rêtée chez elles. Dans les plantes ligneuses , la dissé-
mination a toujours lieu pendant la période du repos
que ces végétaux éprouvent lorsque leur liber s'est
épuisé à donner naissance aux feuilles et aux organes
de la fructification.
La fécondité des plantes, c'est-à-dire le nombre
étonnant de germes ou de graines qu'elles produisent,
n'est point une des causes les moins puissantes de
leur facile reproduction et de leur étonnante multi-
plication. Rai a compté 32,ooo graines sur un pied
de pavot, et jusqu'à 36o,ooo sur un pied de tabac,
4ûO ORGANES DE LA FRUCTIFICATION.
Or, qu'on se figure la progression toujours croissante
de ce nombre , seulement à la dixième génération de
ces végétaux , et l'on concevra avec peine que toute
la surface de la terre n'en soit point recouverte.
Mais plusieurs causes tendent à neutraliser en
partie les effets de cette surprenante fécondité qui
bientôt nuirait, par son excès même, à la reproduc-
tion des plantes. En effet , il s'en faut que toutes les
graines soient mises par la nature dans des circons-
tances favorables pour se développer et croître; D'ail-
leurs un grand nombre d'animaux, et l'homme lui-
même , trouvant leur principale nourriture dans les
fruits et les graines , en détruisent une innombrable
quantité.
Plusieurs circonstances favorisent la dissémination
naturelle des graines. Les unes sont inhérentes au
péricarpe, les autres dépendent des graines elles-
mêmes.
Ainsi il y a des péricarpes qui s'ouvrent naturelle-
ment avec une sorte d'élasticité, au moyen de laquelle
les graines qu'ils renferment sont lancées à des dis-
tances plus ou moins considérables. Les fruits du sa-
blier, par exemple {^Hura crepitans), du Dionœa
muscipala , de la fraxinelle , de la balsamine, dis-
joignent leurs valves rapidement et par une sorte de
ressort, en projetant leurs graines h quelque dis-
tance. Le fruit de XEcballium elateriwn , à l'époque
de sa maturité, se détache du pédoncule qui le sup-
portait, et, par la cicatrice de son point d'attache*
lance ses graines avec une rapidité étonnante.
DISSÉMINATION. 4°*
Il y a un grand nombre de graines qui sont minces
et légères , et peuvent être facilement entraînées par
les vents. D'autres sont pourvues d'appendices parti-
culiers en forme d'ailes ou de couronnes, qui les
rendent plus légères en augmentant par ce moyen
leur surface. Ainsi les érables, les ormes, un grand
nombre de Conifères ont leurs fruits garnis d.'ailes
membraneuses, qui servent à les faire transporter par
les vents à des distances considérables.
La plupart des fruits de la vaste famille des Sy-
nanthérées sont couronnés* d'aigrettes, dont les soies
fines et délicates , venant à s'écarter par la dessicca-
tion , leur servent en quelque sorte de parachute
pour les soutenir dans les airs. Il en est de même des
valérianes.
Les vents transportent quelquefois à des distances
qui paraissent inconcevables les graines de certaines
plantes. UErigeron canadense inonde et désole tous
les champs de l'Europe. Linnaeus pensait que cette
plante avait été transportée d'Amérique par les vents.
Les fleuves et les eaux de la mer servent aussi à
l'émigration lointaine de certains végétaux. Ainsi
l'on trouve quelquefois sur les côtes de la Norwége
et de la Finlande des fruits du Nouveau-Monde ap-
portés par les eaux.
L'homme et les différens animaux sont encore des
moyens de dissémination pour les graines ; les unes
s'attachent à leurs vêtemens ou à leurs toisons , au
moyen des crochets dont elles sont armées, telles que
celles des graterons, desaigremoines; les autres, leur
16
402 ORGANES DE LA FRUCTIFICATION.
servant de nourriture, sont transportées dans les lieux
qu'ils habitent, et s'y développent lorsqu'elles y ont
été abandonnées et qu'elles se trouvent dans des cir-
constances favorables.
Usages des Fruits et des Graines.
C'est dans les fruits, et surtout dans les grainesd'un
grand nombre de végétaux, que sont contenues les
substances alimentaires les plus riches en principes
nutritifs, et souvent des médicamens doués de vertus
très-énergiques. La famille des Graminées est sans
contredit une de celles dans lesquelles l'homme
trouve la nourriture la plus abondante, et les animaux
herbivores leur pâture la plus habituelle. Qui ne
connaît, en effet, l'usage général que toutes les na-
tions civilisées de l'Europe et des autres parties du
monde font du pain? Or, cet aliment par excellence
n'est-il point fabriqué avecl'endosperme farineux du
blé, de l'orge et d'un grand nombre d'autres Gra-
minées ? A ce seul titre , cette famille naturelle des
plantes n'est-elle point pour l'homme une des plus
intéressantes du règne végétal ?
Les péricarpes d'un grand nombre de fruits sont
des alimens aussi agréables qu'utiles. Tout le monde
connaît les usages économiques auxquels on em-
ploie un grand nombre de fruits charnus , tels que
les pêches, les 'pommes, les melons , les fraises , les
groseilles , etc.
Le péricarpe charnu de l'olivier ( Olœaeuropœa),
fournit l'huile la plus pure et la plus estimée.
DISSÉMINATION. ^03
C'est avec le suc que l'on retire par expression des
fruits de la vigne, soumis à la fermentation spiri-
tueuse, que l'on fait le vin, cette boisson si utile à
l'homme, quand il en sait faire un usage modéré.
Plusieurs autres fruits, tels que les pommes, les
poires , les sorbes , etc. , fournissent encore des li-
queurs ferrnentées qui servent de boisson habituelle
à des provinces et à des nations entières.
Dans l'intérieur de plusieurs péricarpes de la fa-
mille des Légumineuses on trouve une substance
acidulé ou douceâtre, quelquefois nauséabonde, qui
jouit de propriétés laxatives, comme on l'observe
dans la casse, le tamarin, les caroubes, les follicules
du séné, etc.
Les dattes, les figues, les jujubes, les raisins secs
sont des substances alimentaires, remarquables parla
grande quantité de principe sucré qu'elles renferment.
Les fruits du citronnier et de l'oranger contien-
nent de l'acide citrique presqu'à l'état de pureté.
Les petits nuculaines de nerprun (Rhamnus ca-
tharticus) sont très-purgatifs.
Les graines ne sont pas moins riches en princi-
pes nutritifs que les péricarpes. En effet, celles des
plantes Céréales ou Graminées , d'un grand nombre
de Légumineuses, etc., contiennent une quantité con-
sidérable de fécule amylacée, qui leur donne une
qualité nutritive très-prononcée.
Les graines du lin, du coignassier, du psyllium ,
renferment aussi un principe mucilagineux très-abon-
dant. Aussi sont-elles essentiellement émollientes.
4o4 ORGANES DE LA FRUCTIFICATION.
Un grand nombre de graines se distinguent par un
principe stimukmt très-aromatique. Telles sont celles
d'anis {Pimpinella anisum), de fenouil {Anethum
Jœniculuni) de coriandre {Coriandrum sativum), de
carvi (Carum carvï), qui ont reçu le nom de se-
mences carminatives . D'autres au contraire sont appe-
lées semences froides , à cause de l'action émolliente
et sédative qu'elles exercent sur l'économie animale.
Telles sont celles de la calebasse {Cucurbita lage-
naria), du concombre {Cucumis sativus) , du melon
{Cucumis melo), de la citrouille {Cucurbita citrullus).
Les semences carminatives appartiennent toutes à
la famille des Ombellifères. C'est la famille des Cu-
curbitacées qui fournit les semences froides.
Qui ne connaît l'usage habituel que font tous les
peuples civilisés des graines torréfiées du café, du
cacao, etc.?
On retire des graines de l'amandier, du noyer,
du hêtre, du ricin, du chenevis, du pavot, du
colza, etc., une huile abondante qui jouitde proprié-
tés modifiées dans chacun de ces végétaux par son
mélange avec d'autres substances.
Les graines du rocou ( Bixa orellana ) servent à
teindre en rouge brun.
Nous ne finirions pas si nous voulions énumérer
ici tous les avantages que l'homme peut retirer des
fruits en général ou des parties qui les composent.
Mais un pareil travail nous éloignerait trop de notre
objet. Nous avons seulement voulu indiquer, quoi-
que bien incomplètement , les usages nombreux des
DISSÉMINATION. 4o5
fruits et des graines , soit dans l'économie domesti-
que , soit dans la thérapeutique.
Ici se termine tout ce qui a rapport à la partie de
la botanique que nous avons désignée par le nom
iï organographie. Nous y avons donné la description
de tous les organes des végétaux phanérogames, et
des fonctions qu'ils remplissent. Nous allons mainte-
nant faire connaître les diverses méthodes de classifi-
cation qui ont été proposées pour ranger et coor-
donner la quantité innombrable de plantes déjà
connues et décrites par les différens auteurs. C'est à
cette partie de la botanique que l'on a donné le nom
de taxonomie.
DE L'A TAXONOMIE,
ou
DES MÉTHODES BOTANIQUES
EN GÉNÉRAL.
Nous avons déjà vu que sous le nom de taxono-
mie on désigne cette partie de la botanique générale,
qui a pour objet l'application des lois de la classifica-
tion au règne végétal.
A l'époque où les sciences n'étaient encore qu'à
leur enfance, c'est-à-dire quand un petit nombre de
faits en composait tout le domaine, ceux qui se livraient
à l'étude de ces sciences n'avaient besoin que de fort
peu d'efforts, et seulement d'une mémoire assez heu-
reuse pour embrasser la connaissance parfaite , et
retenir les noms de tous les êtres à l'étude desquels
ils s'étaient livrés. Aussi les premiers philosophes
qui s'occupèrent de la botanique parlent-ils des plan-
tes sans adopter aucun ordre, aucune méthode d'ar-
rangement. Du temps de Théophraste , par exemple,
qui le premier écrivit spécialement sur les végétaux ,
les fonctions des organes étaient méconnues, les gen-
res, les espèces entièrement confondus, leurs carac-
tères distinctifs ignorés; en un mot, quoiqu'on puisse
dire que ce philosophe ait commencé à écrire sur la
MÉTHODES EN GÉNÉRAL. /{O7
botanique, on peut également assurer que cette
science n'existait point encore de son temps. Les ca-
ractères des plantes ne reposaient que sur des con-
naissances empiriques ou de simples traditions; car
le nombre en était alors si borné, qu'il était facile de
les connaître toutes individuellement, sans qu'il fût
nécessaire de les distinguer autrement que par un
nom particulier à chacune d'elles, mais auquel ne se
rattachait aucune idée de caractère ou de comparai-
son. Tel fut l'état de la botanique pendant un grand
nombre de siècles où, intimement unie à la méde-
cine, elle ne trouvait place que dans les ouvrages de
ceux qui écrivaient sur l'art de guérir.
Mais quand, par des recherches mieux dirigées et
des voyages lointains, le nombre des êtres dont s'oc-
cupe l'histoire naturelle devint plus grand, on sentit
la nécessité de mettre plus de précision dans le nom
de ces différens objets , de les distinguer par quelques
caractères, afin de pouvoir les reconnaître. Bientôt
la mémoire ne put retenir seule les noms d'un si
grand nombre d'êtres, pour la plupart nouveaux et
inconnus jusqu'alors. •
Ce fut dès cette époque que l'on commença à sentir
la nécessité de disposer les objets dans un ordre quel-
conque qui pût en faciliter la recherche, en donnant
les moyens d'arriver plus promptement et avec plus
de sûreté aux noms qui avaient été donnés à chacun
d'e-ux.
Mais ces arrangemens, d'abord purement empi-
riques, ne doivent point ^tre regardés comme de
4o8 TAXONOMIE.
véritables méthodes. En effet, ils n'étaient nullement
fondés sur des connaissances tirées des caractères
propres à chacun de ces êtres, et qui puissent servir
à les distinguer les uns des autres, mais appuyés
seulement sur quelques circonstances extérieures, et
souvent étrangères à la nature même de l'objet.
Ainsi l'ordre alphabétique suivant lequel on rangea
les végétaux ne pouvait avoir d'avantage que pour
ceux qui les connaissaient déjà, mais qui voulaient
se livrer à des recherches particulières sur quelques-
uns d'entre eux. Il en est de même de l'arrangement
fondé sur les propriétés économiques ou médicales
des plantes, qui supposent toujours la connaissance
préalable des vertus de la plante dont on veut trou-
ver le nom.
On pense bien que de semblables bases ne devaient
s'élever que des classifications aussi fautives qu'im-
parfaites, puisqu'elles reposaient, en général, sur des
connaissances étrangères à la nature et à l'organisa-
tion des végétaux. Elles ne pouvaient donc en donner
aucune idée satisfaisante.
L'expérience fit bientôt sentir la nécessité de tirer
de l'organisation même des plantes et des parties qui
les composent les caractères propres à les faire con-
naître et à les distinguer. Ce fut dès cette époque
que la botanique devint réellement une science; car
ce fut alors que l'on commença à étudier l'organisa-
tion des végétaux pour pouvoir en tirer les carac-
tères propres à les faire connaître et à les distinguer.
Dès lors les méthodes furent réellement créées.
MÉTHODES EN GÉNÉRAL. 4°9
Mais comme le nombre des organes des végétaux est
assez considérable, le nombre des méthodes fut éga-
lement très-grand, parce que chaque auteur crut
reconnaître dans l'un d'eux les bases les plus solides
d'une bonne classification. Ainsi les uns fondèrent
leur méthode sur la considération des racines et de
toutes les modifications qu'elles peuvent offrir; les
autres sur les tiges, ceux-ci sur les feuilles, tel que
Sauvages, ceux-là sur l'inflorescence, etc.
Dans le seizième siècle, Gessner, né à Zurich, fut
le premier qui démontra que les caractères«tirés de
la fleur et du fruit étaient les plus certains et les plus
importans pour arriver à une bonne classification des
végétaux. Il fit de plus entrevoir qu'il existe dans les
plantes des groupes composés de plusieurs espèces
réunies par des caractères communs. Cette première
idée de la réunion des végétaux en genres eut la
plus grande influence sur les progrès ultérieurs de
la botanique.
Peu de temps après, Csesalpin, né en i5i9, à
Arezzo en Toscane, donna le modèle de la première
méthode botanique. En effet toutes les espèces y sont
rangées d'après la considération des caractères que
l'on peut tirer de la plupart des organes des végé-
taux, tels que leur durée, la présence ou l'absence
des fleurs, la position des graines, leur adhérence
avec le calice, le nombre et la situation des cotylé-
dons, etc. L'invention d'une semblable méthode, tout
imparfaite qu'elle est, doit être considérée comme
le premier aperçu d'une classification naturelle, /
4lO TAXONOMIE.
Cependant les découvertes nouvelles allaient tou-
jours augmentant le nombre des végétaux connus, et
chaque jour les ouvrages existans devenaient de plus
en plus insuffisans. Plusieurs auteurs, parmi lesquels
on doit citer avec éloge les deux frères Bauhin, Rai,
Magnol et Rivin, donnèrent successivement dans
leurs écrits des preuves d'un mérite rare. Plusieurs
d'entre eux créèrent même des méthodes nouvelles,
mais qui toutes furent éclipsées par celle que Joseph
Pitton de Tournefort publia vers la fin du dix-sep-
tième siècle.
Ce botaniste célèbre, l'un de ceux dont les écrits
ont fait le plus d'honneur à la France, était né «à Àix
en Provence, le 5 juin i656. Il fut professeur de
botanique au jardin des plantes de Paris, sous le
règne de Loui&XIV, qui en 1700 lui donna une
mission importante pour le Levant. Tournefort par-
courut alors la Grèce, les bords de la mer Noire et
les îles de l'Archipel. Il revint à Paris, et publia la
relation de son voyage, que l'on peut citer comme
un des modèles les plus parfaits en ce genre. Avant
son départ, il avait déjà fait connaître, dans son ou-
vrage intitulé Institutiones rei hcrbarice, sa nou-
velle méthode, dans laquelle se trouvaient décrites
dix mille cent quarante-six espèces rapportées à six
cent quatre-vingt-dix-huit genres.
Le mérite de Tournefort n'est pas seulement
d'avoir créé une méthode ingénieuse, dans- laquelle
se trouvent décrites et rangées toutcs«les plantes
connues jusqu'à lui ; mais son principal titre de gloire
MÉTHODES EN GFNÉRA.L. 41*
est d'avoir, le premier, distingué d'une manière plus
précise et plus rigoureuse qu'on ne l'avait fait jus-
qu'alors les genres, les espèces et les variétés qui
peuvent s'y rapporter.
Avant lui, en effet, la science n'était encore que
confusion et désordre ; chaque espèce n'était pas
nettement distinguée de celles donc elle se rappro-
chait. Ce fut lui qui débrouilla ce chaos, sépara les
genres et les espèces par des phrases caractéristiques,
et, au moyen de son système ingénieux, rangea mé-
thodiquement les plantes connues à cette époque.
Après Tournefort , parurent encore un grand
nombre de botanistes qui ont joui d'une certaine
réputation. Quelques-uns d'entre eux proposèrent
des méthodes nouvelles ; mais aucune n'avait porté la
moindre atteinte à celle de Tournefort. Cette gloire
semblait réservée à l'immortel Linnœus.Son système,
qu'il publia en 1734, eut la vogue la plus surpre-
nante, à cause de son extrême simplicité, et de la
facilité singulière qu'il offre pour parvenir à la con-
naissance du nom des végétaux.
Linnaeus eut de plus la gbirp de réformer, ou
plutôt de créer la nomenclature et la synonymie
botaniques, encore si peu avancées par ses prédé-
cesseurs. Tournefort lui en avait tracé la route, sans
cependant en faire disparaître tous les obstacles.
Chaque espèce , en effet , était encore dénommée
par une phrase caractéristique, dans laquelle on ne
trouvait souvent pas les caractères propres à la dis-
tinguer. Or, ces phrases étant fort longues , il était
4 12; TAXOJNOMIE.
très-difficile d'en retenir un grand nombre. Linnaeus
donna à chaque groupe ou genre un nom propre ou
générique, imitant en cela l'exemple de Tournefort;
mais de plus il désigna chaque espèce de ces
genres par un nom adjectif ou spécifique ajouté à la
suite du nom générique. Par ce moyen ingénieux ,
il simplifia considérablement l'étude déjà fort éten-
due de la botanique.
Le système sexuel de Linnaeus, séduisant par son
extrême simplicité , excita une révolution subite
dans la science, et fut accueilli partout avec un en-
thousiasme difficile à décrire.
Quand le premier mouvement d'admiration qu'ins-
pire toujours une grande découverte fut un peu
calmé, on ne tarda point à s'apercevoir que ce sys-
tème si ingénieux présentait cependant quelques
inconvéniens, et n'était point à l'abri de toute espèce
de reproches. En effet , fondé uniquement sur la
considération absolue d!un seul organe, il éloignait
souvent des plantes que tous les airtres caractères
semblaient réunir trop étroitement pour que l'on
pût jamais les isoler avec succès : car déjà l'on avait
commencé à entrevoir que certains genres de végé-
taux ont entre eux tant de points de contact et de
ressemblance, que, réunis par l'ensemble général de
leurs caractères, ils paraissent en quelque sorte être
tous membres d'une même famille. C'est ainsi, par
exemple, qu'on avait déjà • rapproché en tribus dis-
tinctes les Graminées, les Labiées , les Ombellifères,
les Légumineuses, les Crucifères, etc. , et plusieurs
MÉTHODES EN GÉNÉRAL. ^l'$
autres groupes tout aussi naturels. Or, un grand dé-
faut du système artificiel de Linnseus était donc de
séparer ces plantes qui paraissaient devoir être pour
toujours réunies. Ainsi les Graminées s'y trouvaient
dispersées dans la première, la seconde, la troisième,
la sixième, la vingt -unième et la vingt -troisième
classe de soja système. Les Labiées étaient en partie
dans la seconde classe , et en partie dans la quator-
zième. Il en était de même de la plupart des tribus
naturelles déjà reconnues et conservées par un grand
nombre de botanistes. Linnaeus , obligé de suivre
rigoureusement son système, s'était ainsi vu forcé de
les séparer et de les disperser.
Une nouvelle méthode qui, en conservant les affi-
nités déjà reconnues de certaines plantes, aurait offert
l'ensemble de leurs caractères distinctifs , eftt donc
été préférable à ce système si ingénieux, mais qui
péchait par un des points les plus essentiels.
Adanson avait donné la première esquisse de cette
méthode. Bernard de Jussieu médita pendant qua-
rante ans afin de trouver les caractères les plus solides
et les plus constans qui pussent lui servir de base.
Il étudia avec un soin extrême l'affinité réciproque
des diverses espèces et des différens genres entre
eux. Mais ce fut son neveu, Antoine Laurent de
Jussieu qui , rassemblant les riches matériaux re-
cueillis par ses oncles, y joignant les nombreuses
observations qu'il avait lui-même amassées, créa
réellement la méthode des familles naturelles, telle
que nous l'exposerons bientôt. Ce fut dans son Gênera.
4 14 TAXONOMIE.
plahtarum, ouvrage marqué du sceau du génie, et
l'un des plus beaux monumens des progrès de la bota-
nique, qu'il posa les fondemens d'une méthode qui
doit un jour être la seule suivie et adoptée par' tous
les bons esprits. Car elle est, sans contredit, de toutes
les autres publiées jusqu'à ce jour, celle qui mérite
la préférence.
En effet, elle n'a point pour base la considération
d'un seul organe; mais elle étudie l'ensemble des
caractères fournis par chacune des parties d'un végé-
tal, et rapproche les uns des autres tous ceux qui se
touchent par le plus grand nombre de points de con-
tact et de ressemblance. C'est cette -méthode qui,
depuis plus de trente ans, a fait faire à la botanique
de si rapides progrès, et l'a placée au premier rang
parmi ^es sciences naturelles.
Nous avons cru devoir entrer dans quelques détails
sur les méthodes en général , avant de faire l'exposi-
tion particulière d'aucune d'elles. Il nous a semblé
utile de jeter rapidement un coup d'œil sur les prin-
cipales époques de la botanique, afin de faire mieux
connaître l'impulsion et la face nouvelle que les trois
classifications de Tournefort , de Linnœus et de Jussieu
ont, chacune en particulier, données à la botanique.
En terminant ces considérations générales, nous
devons faire remarquer qu'il existe deux espèces
bien distinctes de classifications en histoire naturelle.
Dans l'une, en effet, on ne prend pour base que la
considération d'un seul organe. Ainsi Tournefort s'est
servi de la corolle , Linnaeus des étatnines, pour éta-
MÉTHODES EN GÉNÉRAL. 4*5
blir leurs principales divisions. On a donné le nom
de systèmes à ces arrangemens purement artificiels.
On conçoit qu'un système n'ayant uniquement pour
but que de faire arriver avec facilité au nom d'une
plante ne donne aucune idée de son organisation.
Ainsi quand nous avons trouvé qu'une plante est
de la première classe du système de Linnœus ou de
celui de Tournefort , nous savons seulement, dans le
premier cas, qu'elle a une étamine ; dans le second
cas, que sa corolle est monopétale, régulière et cam-
paniforme : mais ces systèmes ne nous aprennent
rien touchant les autres parties qui composent la
plante dont ils nous ont seulement appris le nom.
Dans la seconde espèce de classification , qui a reçu
le nom de méthode proprement dite, comme les bases
de chaque classe reposent sur la somme totale de tous
les caractères tirés des différentes parties du végétal,
lorsque l'on est arrivé à l'une de ces classes , on con-
naît déjà les points les plus saillans de l'organisation
de la plante dont on désire connaître le nom. Si ,
par exemple, au moyen de l'analyse nous sommes
arrivés à savoir que telle plante est, je suppose, de
la quatrième classe de M. de Jussieu , cette connais-
sance nous apprendra que cette plante est une pha-
nérogame , que son embryon n'a qu'un seul cotylé-
don , qu'elle n'a qu'une seule enveloppe florale ,
c'est-à-dire qu'un calice monosépale adhèrent avec
un ovaire infère , que ses étamines sont insérées sur
l'ovaire , etc. , etc. On voit combien l'étude de la
méthode des familles naturelles donne des idées plus
4l6 TA.XONOMIE.
précises et plus philosophiques sur la structure et
l'organisation des différens végétaux. Elle mérite donc
à juste titre la préférence sur toutes celles qui ont
été inventées jusqu'à ce jour.
Il serait aussi long qu'inutile de faire ici l'exposi-
tion de toutes les méthodes qui ont été proposées par
les différens botanistes pour grouper et coordonner
en classes tous les végétaux connus. Le nombre de
ces méthodes est d'ailleurs si considérable, que leur
exposition ne peut être faite, même d.'une manière
abrégée , que dans un ouvrage spécialement destiné
à cet objet. Aussi nous contenterons-nous d'exposer
ici seulement les trois classifications les plus impor-
tantes, qui sont celles de Tournefort, de Linnœus et
de Jussieu.
DE LA MÉTHODE DE TOURNEFORT.
Le système de Tournefort , généralement connu
sous le nom de méthode de Tournefort , est basé prin-
cipalement sur la considération des différentes formes
de la corolle. Un reproche généralement fait à Tour-
nefort est de n'avoir pas suivi l'exemple déjà donné
par Rivin, et d'avoir encore séparé les uns des au-
tres les végétaux herbacés et les végétaux à tige
ligneuse. Cet inconvénient est très-grand, puisque
souvent dans le même genre on trouve réunies ces
MÉTHODE DE TOURNÈFORT. 4 1 7
deux modifications de la tige; et que même quelque-
fois, comme nous l'avons prouvé précédemment,
certaines circonstances peuvent agir assez directement
sur une même espèce pour la rendre tantôt ligneuse,
tantôt herbacée. C'est ce que nous avons fait remar-
quer pour le ricin, la belle de nuit, etc.
Ce système est composé de vingt-deux classes, dont
les caractères sont tirés : i° de la consistance et. de la
grandeur de la tige ; 2° de la présence ou de l'ab-
sence de la corolle ; 3° de l'isolement de chaque fleur
ou de leur réunion dans un involucre commun ; ce
qui constitue les fleurs composées; 4° de l'intégrité
de la corolle, ou de sa division en segmens isolés,
c'est-à-dire de la considération de la corolle monopé-
tale ou polypétale; 5° de sa régularité ou de son ir-
régularité.
i° Sous le rapport de la consistance et de la durée
de leur tige , Tournefort divise les végétaux en
herbes et sous-arbrisseaux, arbrisseaux et arbres. Les
herbes et le^ sous-arbrisseaux réunis sont renfermés
dans les dix-sept premières classes; les cinq dernières
classes contiennent les arbrisseaux et les arbrçs.
a° D'après la présence ou l'absence de la corolle,
les herbes sont distinguées en pétalées et apétalées.
Les quatorze premières classes des herbes renferment
toutes celles qui sont pourvues d'une corolle; les
trois autres , celles qui en sont dépourvues.
3° Les herbes qui ont une corolle ont leurs fleurs
isolées et distinctes ou réunies pour constituer des
fleurs composées. Les onze premières classes renfer-
27
4 I 8 TAXONOMIE.
ment les herbes à fleftrs simples ; les trois suivantes ,
celles qui offrent des fleurs composées.
4° Parmi les plantes herbacées à fleurs simples ,
les unes ont une corolle monopétale; dans les autres,
au contraire, elle est polypétale. Dans les quatre
premières classes, Tournefort a réuni les plantes à
corolle monopétale; dans les cinq qui suivent, celles
dont la corolle est polypétale.
5° Mais cette corolle monopétale ou polypétale
peut être régulière ou irrégulière; ce qui a servi à
subdiviser encore chacune de ces sections.
Les plantes à tige ligneuse, avons-nous dit, sont
renfermées dans les cinq dernières classes du système.
Tournefort les a divisées d'après les mêmes considé-
rations que les herbes. Ainsi elles sont apétalées ou
pétalées ; leur corolle est monopétale ou polypétale,
régulière ou irrégulière.
Il est important de faire remarquer que Tourne-
fort appelait corolle les périanthes simples et colo-
rés, comme dans la tulipe, le lis, quionf, selon lui,
une corolle polypétale régulière.
Tels sont les principes qui ont dirigé Tournefort
dans la formation des classes de son système , dont
nous allons présenter sommairement les caractères.
METHODE DE TOURNEFORT.
PREMIÈRE DIVISION.
4«9
HERBES.
§ I. A. FLEURS SIMPLES.
Corolle
monopétale
régulière.
Première Classe.
Campaniformes. Herbes à corolle mo-
nopétale régulière, imitant une cloche,
comme dans la campanule , le liseron, etc.,
ou un grelot, comme dans le muguet,
la bruyère, etc. (Voy. pi. 5, fig. 3, 4-)
Seconde Classe.
Infundiruliformes. Herbes à corolle
monopétale régulière, imitant la forme
d'un entonnoir, comme le tabac, celle
d'une coupe antique, c'est-à-dire hypo-
cratériforme, le jasmin , le lilas , ou d'une
roue ( cor. rotacée) , comme la bour-
rache. (Voy. pi. 5, fig. 1,2.)
Troisième Classe.
• Personnées. Corolle inonopétale irré-
gulière imitant la forme d'un mufle de
Corolle 1 veau QU (j'un maSqUe antique , comme
tnonopetale < * * • „
irrégulière. 1 celle des Antirrhinum, de la hnaire, etc.,
ou ayant le limbe plus ou moins ouvert,
\ comme dans la digitale, la scrophulaire:
420
Suite.
Corolle
monopétale
irrégulière.
Corolle
polypétale
régulière.
TAXONOMIE.
les plantes de cette classe présentent tou-
jours un ovaire simple au fond de leur
calice. (Voy. pi. 5, fig. 7.)
Quatrième Classe.
Labiées. Corolle monopétale irrégu-
lière , dont le limbe est comme divisé en
deux lèvres ; plantes offrant un ovaire
partagé en quatre lobes très - distkicts ,
regardés comme des graines nues. Telles
sont la sauge, le romarin, la bétoine,
le thym , etc. (Voy. pi. 5, fig. 8.)
Cinquième Classe.
Cruciformes. Corolle polypétale ré-
gulière, composée de quatre pétales dis-
posés en croix. Le fruit est une silique ou
une silicule. Ex. : la giroflée , le choux,
le thlaspi, etc. (Voy. pi. 5, fig. 9.)
Sixième Classe.
Rosacées. Corolle polypétale régu-
lière, composée de trois cà dix pétales
disposés en rose, comme dans le poirier,
le pommier, le rosier sauvage, la fraise ,
la framboise, les cistes, etc.«( Voy. pî. 5,
fig. 11.)
Septième Classe.
Ombellifères. Corolle polypétale ré-
gulière, composée de cinq pétales souvent
Suite.
Corolle
polypétale
régulière.
Corolle
polypétale
irrégulière.
METHODE 1>E TOURNEFORT. /i21
inégaux, fleurs disposées eîi ombelle ; ex. :
l'angélique, le panais* le fenouil, etc.
Huitième Classe.
Caryophtllées. Corolle polypétale
régulière, formée de cinq pétales longue-
ment onguiculés , réunis dans un calice
monosépale; limbe étalé comme dans les
Rosacées; par exemple, l'œillet , la sapo-
naire , XAgrostemma Gùhago, etc. (Voy.
pi. 5, fig. 10.)
Neuvième Classe.
Liliacées. Fleurs à corolle le plus
souvent polypétale , composée de six ou
simplement de trois pétales ; quelquefois
monopétale , à six divisions ; le fruit est
une capsule ou une baie triloculaire. Ex. :
le lis, la tulipe, la jacinthe, etc.
Dixième Classe.
Papjliojntacées, ou Légumineuses.
Corolle polypétale irrégulière, composée,
de cinq pétales, l'un supérieur, nommé
étendard , deux latéraux , appelés les
ailes , deux inférieurs, quelquefois réunis
et soudés, constituant la carène. Ex. : le
pois , le haricot , la luzerne , etc. Le fruit
est toujours une goasse. ( Voyez pi. 5 ,
422
Suite.
Corolle
polypétale
irrégulière.
Composées.
TAXONOM1E.
Onzième Classe.
Anomales. Cette classe renferme tou-
tes les plantes herbacées dont la corolle
est polypétale irrégulière et non papilio-
nacée; telles sont la violette, la capu-
cine , etc.
§ 2. A FLEURS COMPOSÉES.
Douzième Classe.
Flosculeuses. Fleurs composées de
petites corolles monopétales régulières
infundibuliformes, à limbe découpé en
cinq divisions. On donne à chacune de
ces petites fleurs le nom de fleurons. Tels
sont les chardons , les artichauts , les cen-
taurées, etc. ( Voy. pi. 5, fig. 5.)
Treizième Classe.
Semi-Flosculeuses. Fleurs composées
d'un grand nombre de petites corolles
monopétales irrégulières , dont le limbe
est déjeté d'un côté, et auxquelles on a
donné le nom de demi -fleuron s. Par
exemple, la laitue , le salsifis, le pissen-
lit , etc. (Voy. pi. 5 , fig. 6. )
Quatorzième Classe.
Radiées. Fleurs composées de fleu-
rons au centre et de demi-fleurons à la
circonférence , comme dans le grand
soleil , la reine-marguerite , etc.
METHODE DE TOURNEFORT.
4*3
Apétales.
§ 3. PLANTES APÉTALES.
Quinzième Classe.
Apétales- Plantes dont les fleurs
n'ont point de véritable corolle , comme
les Graminées, l'orge, le -riz, l'avoine,
le blé, etc. Dans quelques-unes, on
trouve autour des organes sexuels un
périanthe simple ou calice , qui souvent
subsiste après la floraison , et s'accroît
avec le fruit, comme dans les Rumex.
Seizième Classe.
Apétales sans fleurs. Plantes qui sont
dépourvues d'organes sexuels et d'enve-
loppes florales proprement dites , mais
qui ont des feuilles. Ce sont les Fougères,
tels que le polypode , le cétérach, I'os-
monde , etc.
Dix-septième Classe.
Apétales , sans fleurs ni fruits appa-
rens, comme les Champignons, les Mous-
ses , les Lichens, etc.
Apétales.
4^4 TAXONOMIE.
DEUXIÈME DIVISION.
ARBRES.
Dix-huitième Classe.
Arbres ou arbrisseaux apétales, c'est-
à-dire dont les fleurs sont dépourvues
de corolle. Ces arbres sont ou herma-
phrodites , ou monoïques , comme le
buis, beaucoup de Conifères, etc.; ou
dioïques, comme le pistachier, le len-
tisque.
Dix-neuv Cerne Classe.
Amentacés. Arbres apétales , dont
les fleurs sont disposées en chaton. Ils
sont monoïques, comme le chêne, le
\ noyer , etc. ; dioïques , comme les sau-
\ les, etc.
Vingtième Classe.
Arbres à corolle monopétale régulière
i irrégulière, tels que le lilas , le sureau,
\ le catalpa, l'arbousier, etc.
Vingt-unième Classe.
Arbres ou abrisseaux à corolle poîy-
pétale rosacée , comme le pommier , le
poirier, l'oranger, le cerisier, etc.
Vingt-deuxième Classe.
Arbres ou arbrisseaux dont la corolle
est papilionacée , comme dans l'acacia, le
faux ébénier, l'arbre de Judée, etc., etc.
Monopé-
tales.
Polypétales
réguliers.
Polypétales
irréguliers.
MÉTHODE DE TOURNEFORT. '/&&
Telles sont les vingt -deux classes établies par
Tournefort pour disposer tous les végétaux connus.
Quoiqu'au premier abord , ce système paraisse simple
et d'une exécution facile , cependant il offre , dans
plus d'un cas , des difficultés qu'il n'est pas aisé de
faire disparaître. En effet , la forme de la corolle
n'est pas toujours si bien tranchée, que l'on puisse
sur-le-champ décider à quelle classe elle appartient
réellement ; car où est le point juste de séparation
entre une corolle hypocratériforme , et une corolie
infundibuliforme ; entre cette dernière et la corolle
campanulée ?
Le reproche le mieux fondé que l'on puisse faire
à ce système , c'est la séparation des plantes herba-
cées des ligneuses. En effet, les rapports les plus na-
turels sont par-là méconnus, et les végétaux qui ont
entre eux la plus grande analogie sont souvent éloi-
gnés et rejetés à de très - grandes distances les uns
des autres , à cause de cette seule différence.
Chacune de ces classes a été divisée en un nombre
plus ou moins considérable de sections ou ordres,
dont les caractères ont été tirés des modifications
particulières que la forme de la corolle peut subir,
de la consistance , de la composition et de l'origine
du fruit, de la forme, de la disposition et de la com-
position des feuilles, etc., etc.
Enfin chacune de ces sections renferme un nombre
plus ou moins considérable de genres , auxquels sont
rapportées toutes les espèces connues jusqu'à l'époque
où Tournefort écrivit.
4a6
TAXONOMIE.
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SYSTÈME SEXUEL DE LIIVNjEUS. [\1"J
DU SYSTÈME SEXUEL DE LINN/EUS.
Les bases principales du système sexuel de Lin-
nœus reposent presque entièrement sur les différens
caractères que l'on peut tirer des organes sexuels
mâles, c'est-à-dire, des étamines ; de même que
celui de Tournefort est fondé sur les formes diverses
que peut offrir la corolle : ce système est partagé en
vingt-quatre classes.
Linnœus divise d'abord tous les végétaux connus
en deux grandes sections. Dans la première il range
tous ceux qui ont des organes sexuels, et par consé-
quent des fleurs apparentes. Ce sont les phanérogames
ou phénogames. La seconde section comprend les
végétaux dans lesquels les organes sexuels sont ca-
chés, ou plutôt qui en sont totalement dépourvus;
on les nomme cryptogames. De là, deux premières
grandes sections dans le règne végétal :
i° Les phanérogames.
■2° Les cryptogames.
Mais, comme le nombre des végétaux de la pre-
mière section est infiniment plus considérable que
celui de la seconde , les phanérogames ont été divisés
en vingt-trois classes ; les cryptogames an contraire
ne forment que la vingt-quatrième et dernière classe
de ce svstème.
4a8 TA.XONOMIE.
Parmi les plantes phanérogames, les unes ont des
ileurs hermaphrodites, c'est-à-dire pourvues des deux
sexes réunis ; les autres sont unisexuées.
Les vingt premières classes du système sexuel ren-
ferment les végétaux phanérogames à fleurs herma-
phrodites ou monoclines; dans les trois suivantes sont
placées les plantes diclines ou à fleurs unisexuées.
/ monoclines.
3° Phanérogames ]
( diclines.
Les plantes monoclines ont les étamines lihres et
détachées du pistil ; ou bien ces étamines sont sou-
dées avec lui.
[ à étamines libres.
4° Monoclines J
( à étamines soudées au pistil.
Les étamines dégagées de toute espèce de soudure
avec le pistil peuvent être libres et distinctes les unes
des autres ; elles peuvent être réunies et soudées
entre elles.
5° Etamines non ( libres et distinctes,
soudées au pistil. | réunies entre elles.
Les étamines libres et distinctes sont égales ou
inégales entre elles.
Celles qui sont libres et égales sont en nombre
déterminé ou indéterminé.
6° Etamines libres ( nombre déterminé.
et égales en : ( nombre indéterminé.
C'est par des considérations de cette nature que
Linnœus est parvenu à former les bases de son sys^
* SYSTÈME DE LWNyEUS. 429
tème. On voit d'après cela qu'il est fondé, i° sur
le nombre des étamines (les treize premières classes);
i° sur leur proportion respective (quatorzième et
quinzième); 3° sur leur réunion parles filets (sei-
zième , dix-septième et dix-huitième); 4° sur leur
soudure par les anthères (dix-neuvième) ; 5° sur leur
soudure avec le pistil (vingtième) ; 6° sur la sépara-
tion des sexes (vingt-unième , vingt-deuxième, vingt-
troisième); 70 enfin sur l'absence des organes sexuels
(la vingt-quatrième et dernière).
Nous allons successivement étudier les caractères
de ces différentes classes, qui chacune ont reçu des
noms particuliers.
i ° E famines en nombre déterminé et égales entre
elles.
ire. Classe. Monandrie. Elle renferme toutes les
plantes dont les fleurs n'ont qu'une seule étamine:
YHippuris vulgaris, leBlitnm, le Canna indica, etc.
2e. 'Classe. Diandrie. Deux étamines : le jasmin,
le Hlas , les véroniques, la sauge, le romarin, etc.
3e. Classe. Triandrte. Trois étamines < la plupart
des Graminées, les iris, etc.
4e. Classe, Tetrandrie. Quatre étamines: la ga-
rance, le caille-lait, les aspérules , les scabieuses , etc.
5e. Classe. Pentandrie. Cinq étamines : Les Bor-
raginées , telles que la bourrache, la pulmonaire; les
Solanées, telles que la douce-amère, la belladone, la
pomme de terre, l'alkékenge, etc.; les Rubiacées
exotiques, tels que les Cinchona, les Psj'chofria, etc.-,
/j3o TAXONOM1E.
les ombellifères, tels que le panais, la ciguë, l'opo-
ponax, la coriandre, etc.
6e. Classe. Hexa.ndrie. Six étamines: Telles sont
la plupart des Liliacées, le lis, la tulipe, la jacinthe;
beaucoup dWsparaginées, comme l'Asperge, le mu-
guet, etc. ; le riz.
7e. Classe. Heptandrie. Sept étamines. Cette
classe est très-peu nombreuse: on y trouve le mar-
ronnier d'Inde, le Saururus , etc.
8e. Classe. Octandrie. Huit étamines: les Rumex,
les Polygonum, les bruyères.
ne. Classe. Enféaivdrie. Neuf étamines. A cette
classe se rapportent les différentes espèces de lauriers,
de rhubarbes; le Butomus umbellatus , etc.
10e. Classe. Décandrie. Dix étamirîes. Nous trou-
vons ici presque toutes les Caryophyllées, telles que
l'œillet, les Ljchnîs , les Silène; la rue, le Plijrto-
lacca decandra , etc.
i°. Etamines en nombre non rigoureusement
déterminé.
11e. Classe. DoDÉciNDRiE. De onze à vingt éta-
mines. Exemples : X Asarum europœum , le réséda ,
l'aigremoine, le Sempervivum teclorum, etc.
12e. Classe. Icosandrie. Plus de vingt étamines
insérées sur le calice. Ici se rapportent toutes les
vraies Rosacées; le prunier, l'amandier, le rosier, le
fraisier, etc.; les myrtes, les grenadiers, etc.
i3e. Classe. Polyandrie. De vingt à cent étami-
SYSTÈME DE LINNjEUS. 4^1
nés, insérées sous l'ovaire. Dans cette classe sont
réunies les véritables Renonculacées, telles que les
anémones, les clématites, les renoncules, les hellé-
bores, etc.; la plupart des Papavéracées, tels que
le coquelicot, le pavot, la chélidoine, etc.
3°. Proportion des étamines entre elles.
i4e. Classe. Didynamie. Quatre étamines, dont
deux constamment plus petites, et deux plus longues,
toutes insérées sur une corolle monopétale irrégulière.
Cette classe renferme les Labiées et les Personnées
de Tournefort; telles sont le thym, la lavande, la
bugle, la bétoine, les Antirrhinum , la digitale, la
scrophulaire, le catalpa, etc.
i5e. Classe. Tétradynamie. Six étamines, dont
deux constamment plus petites que les quatre autres.
Corolle polypétale ; fruit, une silique ou une silicule.
Cette classe correspond parfaitement aux Crucifères
de Tournefort.
4°. Soudure des étamines par leurs Jilets.
16e. Classe. Monadelphie. Etamines eji nombre
variable, réunies et soudées ensemble en seul corps
par leurs filets. Exemple: la mauve, la guimauve, etc.
17e. Classe. Diadelphie. Etamines en nombre
variable, soudées par leurs filets en deux corps dis-
tincts. Tels sont la fumeterre, le polygala, et la plu-
part des Légumineuses, comme l'acacia, le cytise T
la réglisse , le mélilot , etc.
18e. Classe. Polyadelphie. Etamines réunies par
43'2 TAXONOMIE.
leurs filets en trois ou un plus grand nombre de fais-
ceaux. Par exemple, les Hypcricutn , l'oranger, les
Melaleuca, etc., etc.
•
5°. Soudure des ètainj.nes réunies par les anthères.
iqe. Classe. Syngénésie. Cinq étamines réunies
et soudées par les anthères; fleurs ordinairement
composées, rarement simples. Cette classe renferme
îesFlosculeuses, les Sémi-flosculeuses et les Radiées
de Tournefort; elle contient aussi certaines autres
plantes, telles que les Lobelia, les violettes, etc.
6°. Soudure du pistil et des étamines.
20e. Glasse. Gynandrie. Étamines soudées en un
seul corps avec le pistil; telles sont toutes les Orchi-
dées, l'aristoloche, etc.
n°. Fleurs uni sexuées.
21e. Classe. Mofoecie. Fleurs mâles et fleurs fe-
melles distinctes, mais réunies sur le même individu.
Exemple: le chêne, le buis, le maïs, la sagittaire, le
ricin , etc.
22e. Classe. Dioecie. Fleurs mâles et fleurs fe-
melles existant sur deux individus séparés: la mer-
curiale, le dattier, le gui, les saules, le pista-
chier, etc.
23e. Classe. Polygamie. Fleurs hermaphrodites,
fleurs mâles et fleurs femelles réunies sur un même
individu ou sur des pieds différens. Par exemple :
SYSTÈME DE ZJNI^EES. 4^3
le frêne, la pariétaire, la croisette, le micoucou-
lier, etc.
8° Fleurs invisibles.
i[f Classe. Oi yptog amie. Plantes dont les fleurs
sont invisibles ou très* peu distinctes. Cette classe
renferme les Fougères , telles que le polypode ,
l'osmonde, etc., les Mousses, les Lichens, les Prêles,
les Algues, les Champignons, etc., etc.
INous venons d'exposer en peu de mots les carac-
tères propres à chacune des vingt-quatre classes éta-
blies par Linnaeus dans le règne végétal. On voit que
la marche de ce système est simple et facile à suivre.
En effet, il semble au premier abord qu'il ne faille
que savoir compter le nombre des étamines d'une
fleur, pour connaître à quelle classe elle appartient.
Mais cependant nous ferons remarquer que, dans plu-
sieurs cas, cette détermination n'est point aussi aisée
qu'on le suppose d'abord , et que fort souvent on
reste dans le doute, surtout lorsque la plante pré-
sente quelque anomalie insolite.
Occupons-nous maintenant de faire connaître les
considérations d'après lesquelles ont été établis les
ordres particuliers à chaque classe.
Dans les treize premières classes, dont les carac-
tères sont tirés du nombre des étamines, ceux des
ordres ont été puisés dans le nombre des styles ou des
stigmates distincts. Ainsi une plante de la Pentandric,
telle que le panais ou tout autre Ombellifère qui
aura deux styles ou deux stigmates distincts sera du
28
434 TAXONOMIE.
second ordre. Elle serait du troisième ordre, si elle
en présentait trois, etc. Voyons les noms qui ont été
donnés à ces différens ordres :
Ier ordre. Monogynie , un seul style.
2e ordre. Digynie, deux styles.
3e ordre. T/ïgynie, trois styles.
4e ordre. Tètragynie , quatre styles.
5e ordre. Pentagynie, cinq styles.
6e ordre. Hexagjnie , six styles.
7« ordre. Heptagynie , sept styles.
8e ordre. Décagynie, dix styles.
oe ordre. Polygynie , un grand nombre de styles.
Remarquons qu'il y a des classes dans lesquelles
on n'observe point cette série tout entière d'ordres.
Dans la Monandrie, par exemple, on ne trouve que
deux ordres, la Monogynie , comme daws Y Hippwïs ,
et la Digynie, comme* dans le Blitum.
Dans la ïétrandrie, il y a trois ordres, savoir : la
Monogynie , la Digynie et la Tétragynie. Il y en a
six dans la Pentandrie, etc., etc.
Dans la quatorzième classe, ou la Didynamie,
Linnœus a fondé les caractères des deux ordres qu'il
y a établis d'après la structure de l'ovaire. En effet,
le fruit est tantôt formé de quatre petits akènes situés
au fond du calice, et qu'il regardait comme quatre
graines nues; tantôt, au contraire, c'est une capsule
qui renferme un nombre plus ou moins considérable
de graines. Le premier de ces ordres porte le nom
SYSTÈME DE LINNjEUS. Z|35
de Gymnospermie ( graines nues ) ; il contient toutes
les véritables Labiées, telles que le Marrube , les
Phlomis , les IVepeta, le Scutellaria , etc.
Le second ordre , que l'on appelle Angiospermie
(graines enveloppées), et qui a pour caractère d'avoir
un fruit capsulaire, réunit toutes les Personnées.de
Tournefort , telles que les Rhinanthus , les Linaires ,
les Melampyrum, les Orobanches , etc.
La Tétradynamie , ou la quinzième elasse, offre
également deux ordres, tirés de la forme du fruit,
qui est une silique ou une silicule. De là on distingue
la Tétradynamie en siliculeuse , ou celle qui renferme
les plantes dont le fruit est une silicule, telles que le
pastel, le cocbléaria, le thlaspi, etc., et en sili'qiteuse,
c'est-à-dire celle dans laquelle sont rangés les végé-
taux ayant une silique pour fruit , comme la giroflée ,
le choux, les cressons, etc.
Les seizième, dix-septième et dix-huitième classes,
c'est-à-dire la Monadelphie, la Diadelphie et la
Polyadelphie, ont été établies, d'après la réunion des
filets staminaux , en un, deux, ou un plus grand
nombre de faisceaux distincts, abstraction faite du
nombre des étamines qui les composent. Linnœus a ,
dans ce cas, employé les caractères tirés du nombre
des étamines pour former les ordres de ces trois
classes. Ainsi on dit des plantes Monadelphes qu'elles
sont triandres, tétrandres , pentandres, décandres,
polyandres, suivant qu'elles renferment trois, quatre,
cinq, dix ou un grand nombre d'étamines soudées
et réunies par leurs filets en un seul corps. Il en est
4^6 TAXONOM1E.
de même dans la diadelphie et la polyadelphie, c'est-
à-dire que le nom des ordres est le même que celui
des premières classes du système.
La Syngénésie, ou la dix -neuvième classe du
système sexuel, est une de celles qui renferment le
plus grand nombre d'espèces. En effet, les Synan-
thérées forment à peu près la douzième partie de
tous les végétaux connus. Il était donc très-important
d'y multiplier les ordres, afin de faciliter la recherche
des différentes espèces. C'est ce que Linnœus a taché
de faire en partageant cette classe en six ordres.
Mais ici, comme le nombre presque constant des
étamines est cinq, ce nombre n'a pu offrir assez de
caractères pour devenir la base de ces divisions ;
Linnœus Ta prise dans la structure même de chacune
des petites fleurs qui constituent les assemblages
connus sous le nom de fleurs composées. En effet,
par suite d'avortemens constans, on trouve avec les
fleurs hermaphrodites des fleurs mâles et des fleurs
femelles, souvent même des fleurs entièrement neu-
tres. Linnseus , dont le génie poétique se faisait
remarquer dans tous les noms qu'il donnait aux dif-
férentes classes et aux différens ordres de son sys-
tème, voyait dans ces réunions et ces mélanges de
fleurs une sorte de polygamie. Aussi est-ce le nom
qu'il a donné à chacun des six ordres de la syngé-
nésie , en leur ajoutant à chacun une épithète parti-
culière. Voici leurs caractères :
Ier Ordre. Polygamie égale. Toutes les fleurs
sont hermaphrodites, et par conséquent toutes éga-
SYSTÈME DE LINJT.EUS. l\Z"j
Iement fécondes, comme on le voit dans les chardons,
les salsifis, etc.
2e Ordre. Polygamie superflue. Les fleurs du
disqua sont hermaphrodites; celles de la circonfé-
rence sont femelles; mais les unes et les autres don-
nent de honnes graines. Par exemple , l'armoise ,
l'absinthe.
3e Ordre. Polygamie frustranèe. Les fleurs du
disque sont hermaphrodites et fécondes; celles de la
circonférence sont neutres ou femelles, mais stériles
par l'imperfection de leur stigmate : elles sont donc
tout-à- fait inutiles; dans l'ordre précédent elles étaient
seulement superflues. Exemple : les centaurées, les
Helianthus, etc.
4e Ordre. Polygamie nécessaire Les fleurs du
disque sont hermaphrodites, mais stériles par un
vice de conformation du stigmate; celles de la cir-
conférence sont femelles, et fécondées par le pollen
des premières : dans ce cas elles sont donc nécessaires
pour la conservation de l'espèce, comme dans le
souci, etc.
5e Ordre. Polygamie séparée. Toutes les fleurs
sont hermaphrodites, rapprochées les unes des autres ,
mais cependant contenues chacune dans un petit in-
volucre particulier, comme dans V'Echinops.
6e Ordre. Polygamie monogamie. Les fleurs sont
toutes hermaphrodites; mais elles sont simples *et
isolées les unes des autres, comme dans la violette,
les Lobelia, la balsamine, etc.
Ce dernier ordre, comme il est facile de le voir,
438 TAXONOMFE.
n'a aucune affinité avec les précédens. Il n'a de com-
mun avec eux que la réunion des étaminës par les
anthères.
Dans la Gynandrie, ou la vingtième classe du sys-
tème sexuel, il y a quatre ordres qui sont tirés du
nombre des étaminës. Ainsi on dit : Gynandrie-mo-
nandrie, comme dans Y Orchïs, YOphrjs; Gynandrie-
diandrie, comme dans le Cypripedium ; Gynandrie-
hexandrie, comme dans l'aristoloche, etc.
La Monœcie et la Diœcie présentent en quelque
sorte réunies toutes les modifications que nous avons
remarquées dans les autres classes. Ainsi la Monœcie
renferme des plantes monandres, triandres, décan-
dres, polyandres, monadelphes et gynandres. Cha-
cune de ces variétés sert à établir autant d'ordres
distincts dans cette classe.
La Diœcie en renferme encore un plus grand
nombre de variétés, qui toutes, se rapportant déjà à
quelqu'une des classes précédemment établies, sont
employées comme caractères d'ordres.
La vingt -troisième classe ou la Polygamie, qui
contient les plantes à fleurs hermaphrodites et à fleurs
unisexuées mélangées, soit sur le même individu,
soit sur deux ou trois individus distincts, a été pour
cette raison divisée en trois ordres : i° la Monœcie,
dans laquelle le même individu-porte des fleurs mo-
noclines et des fleurs diclines; 2° la Diœcie, dans
laquelle on trouve sur un individu des fleurs herma-
phrodites, et sur l'autre des fleurs unisexuées; 3° en-
fin la Triœcie, dans laquelle l'espèce se compose de
SYSTÈME DE LINN./EUS. {\3c)
trois individus; un portant des fleurs hermaphro-
dites; un second des fleurs maies, et le troisième
des fleurs femelles.
La Cryptogamie, qui forme la vingt-quatrième et
dernière classe, est partagée en quatre ordres : i° les
Fougères; i° les Mousses; 3° les Algues; 4° les
Champignons. Nous en exposerons bientôt les ca-
ractères avec détail.
Après avoir fait connaître les bases du système
sexuel , nous avons donné une esquisse des vingt-
quatre classes et des ordres nombreux qui s'y rap-
portent, tels qu'ils ont été établis par Linnaeus.
Lorsque l'on étudie ce système, on est frappé de son
extrême simplicité et de la facilité avec laquelle on
arrive avec lui à la connaissance du nom d'une plante.
Les classes, en effet, sont, pour la plupart, nettement
tranchées et définies, surtout dans celles où. les éta-
mines sont en nombre déterminé. Non-seulement ce
système contient toutes les plantes déjà connues,
mais il peut encore comprendre toutes celles que
l'on pourrait découvrir; aussi a-t-il été universelle-
ment adopté à l'époque où il a paru.
Mais il faut avouer cependant qu'il présente plus
d'un inconvénient grave. En effet, il n'est pas tou-
jours aisé de déterminer si une plante appartient
positivement à certaines classes. Ainsi, par exemple,
la rue (Ruta graveolens) a presque toutes ses fleurs
munies de huit étamines; une seule au centre de
chaque assemblage de fleurs en présente dix. L'élève,
dans ce cas, éprouverait quelque embarras et serait
44° TA.XONOMIE.
tenté de placer cette plante dans la huitième classe
du système, c'est-à-dire dans "Octandrie. Cependant
Linnœus la range dans la D' andrie, parce qu'il re-
garde la fleur à dix étammes comme étant la plus
parfaite.
La Dodécandrie n'est pas non plus caractérisée
assez rigoureusement. On y place toutes les plantes
qui ont de douze à vingt étamines. Mais l'aigremoine,
que l'on y range, a souvent plus de vingt étamines.
Certaines Labiées ou Personnées qui appartiennent
à la didynamie ont leurs quatre étamines égales entre
elles, et souvent l'irrégularité de la corolle est à
peine sensible.
Les ordres de la Syngénésie sont très-souvent d'une
difficulté rebutante pour pouvoir être reconnus avec
certitude. D'ailleurs le mélange des fleurs mâles, des
fleurs femelles et des fleurs hermaphrodites en re-
jette plusieurs dans la diœcie et la polygamie.
Le sixième de ces ordres, la polygamie monoga-
mie, rapproche des Composées des plantes qui n'ont
aucune analogie avec elles, telles que les violettes,
la Lobe/ia, les balsamines, etc.
La vingt-troisième classe, c'est-à-dire la polyga-
mie, est un mélange confus de plantes qui appar-
tiennent presque toutes aux différentes autres classes.
Si maintenant nous examinons les plantes rassem-
blées dans chacune de ces classes, nous verrons que
le plus souvent les affinités naturelles et reconnues
depuis si long -temps ont été entièrement rompues.
Ainsi une des familles les plus naturelles, les Gra-
SYSTÈME DE LIWÏŒUS. 44 *
minées, se trouve dispersée dans la Monandrie, la
Diandrie, la Trîandrie, l'Hexandrie, la Monœcie,
la Diœcie et la Polygamie. Les Labiées sont en partie
dans la Diandrie, en partie dans la Didynamie. Il
en est de même d'un grand nombre de familles tout
aussi naturelles. Mais comme la classification établie
par Linnœus est un système, c'est-à-dire un arran-
gement méthodique, mais purement artificiel, des-
tiné seulement à faire arriver avec facilité au nom
d'une plante que l'on désire connaître, on ne saurait
lui faire un reproche fondé d'avoir ainsi éloigné les
unes des autres les plantes qui avaient entre elles
beaucoup de rapports et d'affinité. Ce n'est donc pas
ce système qu'il faut étudier lorsque l'on désire
connaître les rapports naturels des différens végé-
taux entre eux, tandis que parmi tous les systèmes
artificiels il mérite sans contredit la préférence pour
arriver aisément au nom d'une plante.
Désirant faire disparaître de cet ingénieux système
une partie des inconvéniens que nous avons signalés,
et rendre son application plus facile dans certains
points, feu mon père y a fait quelques modifications
importantes que nous allons faire connaître. C'est
d'après le système de Linnœus modifié que sont
rangées les plantes du jardin de la faculté de médecine
de Paris.
SYSTÈME SEXUEL MODIFIA.
Les dix premières classes sont conservées sans
auctîn changement :
l\[\1 TAXONOM1E.
La i Ie classe ou la Polyandrie est ainsi carac-
térisée : plus de dix étamines insérées sous le pistil
simple ou multiple, c'est-à-dire dont l'insertion est
hypogynique. Cette classe, qui remplace la Dodé-
candrie, correspond parfaitement à la Polyandrie de
Linnœus.
La 12e classe est la Calycandrie, ainsi carac-
térisée: plus de dix étamines insérées sur le calice,
l'ovaire étant libre ou pariétal ; insertion périgynique.
Cette classe correspond en partie à la Dodécandrie,
en partie à l'Icosandrie.On y trouve toutes les vraies
Rosacées.
La i3e classe est I'Hystérandrie. Elle a pour
caractère d'avoir plus de dix étamines insérées sur
l'ovaire tout-à-fait infère, par conséquent à insertion
épigynique. Cette classe correspond à une partie de
l'Icosandrie. Elle renferme les myrtes, les Punica,
Philadelphus , Psidium, etc.
Ces trois classes ainsi caractérisées sont beau-
coup plus précises, et conservent mieux en même
temps les rapports naturels que celles primitive-
ment adoptées par Linnœus, dont les caractères, pris
dans le nombre des étamines, pouvaient, dans beau-
coup de circonstances , induire l'élève en erreur.
La i4e classe est la Didynamie, dont les ordres dé-
signés par Linnœus sous les noms de Gymnosper-
mie (graines fines) et d'Angiospermîe (graines en-
veloppées^, donnaient une idée fausse (puisqu'il
n'existe pas de graines nues); ils ont été remplacés
par les suivans :
SYSTÈME DE LINN^EUS. f[l\?>
i° Tomogynie (ovaire fendu et partagé). Ovaire
profondément partagé en lobes distincts; style nais-
sant d'un enfoncement central de l'ovaire; fruit mur,
tètrakene. Cet ordre renferme toutes les labiées.
'2° A tomogynie ( ovaire indivis). Fruit capsulaire,
polysperme. Dans cette classe sont les Antirrhinées,
les Bignoniacées, etc.
19e Classe. Synanthérie , remplaçant la Syn-
génésie, ainsi caractérisée : étamines réunies par les
anthères seulement, de manière à former une espèce
de petit tube; ovaire monosperme.
D'après ce caractère, on voit que cette classe ne
doit renfermer que les véritables plantes à flei*rs dites
composées, c'est-à-dire les Flosculeuses, les Sémi-
flosculemes et les Radiées de Tourneforl.
Les ordres de la Syngénésie de Linnœus étant ti-
rés de caractères trop minutieux, très-difficiles «à
reconnaître, et souvent variables dans le même genre,
ont été changés en ceux qui suivent, très-faciles à
distinguer:
Ier Ordre. Carduacèes : capitule composé de fleu-
rons indifféremment hermaphrodites, mâles ou fe-
melles; phoranthe garni desoies très-nombreuses,
style offrant un léger renflement au dessous du
stigmate; connectif se continuant quelquefois au-
dessus des anthères pour former un tube à cinq dents;
tels sont les chardons, les centaurées, etc.
ic Ordre. Corymbifères : capitule llosculeux ou
radié ; phorante nu ou garni de paillettes dont cha-
cune accompagne une fleur. (Dans Tordre précédent.
444 TAXOKOMIE.
eljes étaient plusieurs à la base de chaque fleur. )
Exemple: le tussilage, les Gnaphalium, les Erige-
rony etc.
3e Ordre. Chicoracèes : capitule composé de demi-
fleurons. Ex : la laitue, la chicorée, la scorzonère, etc.
20e Classe. Symphysandrie. Cette classe est for-
mée du sixième ordre de la Syngénésie de Linnœus»
la Polygamie-monogamie: elle a pour caractères:
des étamines souciées ensemble par leurs anthères,
quelquefois même aussi parleurs filets,, un ovaire
pluriloculaire, des fleurs simples; par exemple, les
Lobéliacées, les Violettes.
La Gynandrie, la Monœcie et la Diœcie sont con-
servées sans changemens.
24e Classe. Anomaloecie. Fleurs hermaphrodites
ou fleurs unisexuées sur le même ou» sur des indivi-
dus différens. Cette classe correspond à la Polygamie
de Linnœus.
a5e Classe. Agamie. Végétaux dépourvus d'organes
sexuels et se reproduisant au moyen de petits cor-
puscules particuliers, analogues aux bulbilles de cer-
taines plantes et qu'on nomme sporules.
Tels sont les changemens que mon père a cru
convenable de faire au système sexuel de Linnœus,
afin d'en faire disparaître, autant que possible, les
points qui pouvaient présenter des difficultés dans
sen emploi.
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SYSTEME DE LÏNNAUS.
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446 TAXONOMIK.
MÉTHODE DE M. DE JUSSIEU,
ou
DES FAMILLES NATURELLES.
La méthode des familles naturelles diffère essen-
tiellement , dans sa marche et ses caractères , des
deux systèmes de Tournefort et de Linnaeus , dont
nous venons de donner l'explication. Dans cette mé-
thode, en effet, les classes ne sont point fondées
d'après la considération d'un seul organe, mais les
caractères offerts par toutes les parties des végétaux
concourent à les former. Aussi les plantes qui se
trouvent ainsi rapprochées sont -elles disposées de
manière qu'elles ont avec celle qui les précède ou les
suit immédiatement plus de rapport et de ressem-
blance qu'avec aucune autre.
Cette classification est donc bien supérieure et
préférable à toutes celles qui l'ont précédée, par les
idées générales et philosophiques d'ensemble et
d'harmonie qu'elle nous donne sur toutes les produc-
tions du règne végétal. En effet, elle ne considère
plus les êtres isolément, mais elle les réunit et les
coordonne en groupes ou familles, d'après le plus
grand nombre de leurs caractères communs.
La nature, en imprimant sur la physionomie de
certains végétaux un caractère particulier en rap-
port avec leur organisation intérieure , semble avoir
MÉTHODE DE JUSSIEtJ. 447
voulu éclairer, aider le botaniste dans la recherche
des affinités qui existent entre toutes les productions
végétales. En effet , il y a un grand nombre de plantes
qui ont entre elles tant de ressemblance dans la
structure et la conformation de toutes leurs parties,
que de tout temps cette analogie a été aperçue, et
que l'on a regardé ces différens végétaux comme
"faisant en quelque sorte partie d'une même famille.
Ainsi les Graminées, les Labiées , les Crucifères, les
Synanthérées ont toujours été réunies, quand on n'a
pas sacrifié les caractères d'analogie et de ressem-
blance aux bases d'un système artificiel.
Lors donc que l'on s'occupa de réunir et de ras-
sembler tous les végétaux en familles, c'est-à-dire
en groupes ou séries de genres se ressemblant par
le plus grand nombre de caractères, on n'eut qu'à
imiter la nature, qui avait en quelque sorte créé,
comme pour servir de modèles, des types de familles
essentiellement naturelles. Ainsi les Légumineuses ,
les Crucifères, les Graminées, les Ombeliifères, les
Labiées, etc., vinrent d'elles-mêmes se montrer au
botaniste comme autant d'exemples dont il devait
tacher de se rapprocher.
Mais tous les végétaux n'ayant point , comme
ceux que nous venons de nommer, des caractères
extérieurs assez nets ni assez tranchés pour faire
connaître à l'instant leur analogie avec certains au-
tres, on eut recours à l'analyse , et l'on chercha dans
tous leurs organes des modifications qui puissent
servir de caractères.
44^ TAXONOMIE.
C'est dans le Gênera plantarum de M. de Jussieu ,
véritable inventeur de la méthode des familles natu-
relles , qu'il faut étudier les principes de cette mé-
thode, dont il est impossible de faire saisir l'esprit
dans un exposé aussi succinct que celui que nous
sommes forcés d'en donner.
Nous allons seulement tacher de faire connaître
la manière dont les caractères ont été envisagés par
cet auteur, et les principes sur lesquels reposent les
bases de cette admirable classification.
Les caractères doivent être considérés quant à leur
valeur, quant à leur nombre , quant à leur affinité.
Sous le rapport de la valeur des caractères, on
conçoit qu'ils doivent être d'autant plus fixes e^plus
importans, qu'ils sont tirés des organes les plus essen-
tiels des végétaux. Or, nous savons que ceux qui
concourent à la reproduction jouent le rôle le plus
impartant dans la vie végétale; et que parmi eux
encore, l'embryon, qui est en quelque sorte le but
commun vers lequel sont dirigées toutes les fonc-
tions de la plante, est celui que son importance place
au premier degré. C'est donc dans l'embryon que
M. de Jussieu a cherché les premières bases de
ses divisions. Les étamines et le pistil occu-
pent le second rang, et fournissent des caractères
plus constans et plus précieux que les enveloppes
florales. Ces caractères ont d'autant plus de valeur
qu'ils sont tirés, non du nombre et de la structure
de ces organes, qui sont fort sujets à varier, mais de
leur position relative, qui est fixe. Après l'embryon,
MÉTHODE DE JUSSIEU. 44g
la position relative des organes sexuels, ou leur in-
sertion, fournit les caractères les plus importans'pour
la coordination des végétaux. Enfin les tiges, les
feuilles et les. racines ne peuvent jamais être em-
ployées que comme caractères accessoires.
Quant à leur nombre, les caractères se réunissent,
se groupent et se coordonnent; et de l'agrégation
des caractères simples résultent les caractères géné-
raux , qui servent à réunir sous une dénomination
commune un certain nombre de végétaux.
Plusieurs caractères sont entre eux dans une dépen-
dance réciproque, et semblent inséparables les uns des
autres. Ceux que l'on tire de la fleur et du fruit sont
principalement dans ce cas. C'est ainsi , par exemple ,
que l'ovaire infère nécessite constamment un calice
Tnonosépale , et une insertion épigynique. La corolle
monopétale indique presque constamment que les
étamines sont insérées sur elle, et qu'elles sont en
nombre déterminé , etc.
D'après la valeur et l'importance donr'jsuissenl
les différens caractères , il est facile de prévoir que
les plus fixes, les plus constans , ont dû être employés
pour les divisions fondamentales du règne végétal.
Ainsi l'embryon a servi à former dans les végétaux
les trois premières grandes divisions. Les étamines et
les enveloppes florales ont ensuite été employées
pour subdiviser les trois premières sections, établies
d'après la considération de l'embryon.
Cherchons maintenant à faire connaître par quels
moyens on est. parvenu à réunir les végétaux en
29
45o TAXONOMIE.
familles ou groupes naturels. Et commençons par
donner une idée des mots : espèce, variété , genre ,
ordre et famille.
Les plantes disséminées sur la surface du globe
forment les individus du règne végétal : quand on
les examine avec attention , on ne tarde point à
s'apercevoir qu'il en existe un grand nombre, s'of-
frant toujours à nos regards sous le même aspect,
avec les mêmes caractères extérieurs et intérieurs,
et se reproduisant constamment sous la même forme.
C'est à cette réunion d'êtres parfaitement semblables,
considérés abstractivement, que l'on a donné le nom
d'espèce. L'espèce est donc l'ensemble des individus
qui se reproduisent constamment de la même ma-
nière. Une graine provenue d'une espèce quelconque
reproduit toujours un individu qui lui est parfaite-**
ment semblable. Les caractères sur lesquels est
fondée la distinction des différentes espèces entre
elles sont en général tirés des organes de la végéta-
tion , «-esL-à-dhe des feuilles, de la tige et des racines.
Les espèces, qui présentent quelques différences sous
le rapport de la couleur de leurs fleurs, du lieu
qu'elles habitent, de leur hauteur plus ou moins
considérable, constituent les variétés, qui se distin-
guent des espèces proprement dites, en ce que, dans
l'état de nature, elles ne se reproduisent point de
graine avec tous leurs caractères (i). Ainsi, par
exemple, le lilas a habituellement les fleurs d'une
(i) Nous avons eu soin de mettre dans l'état de nature , car
dans les plantes cultivées plusieurs variétés se conservent de graine
MÉTHODE DE JUSSIEU. 4^1
teinte violette tendre; mais quelquefois ses fleurs
sont blanches ,• sans que pour cela aucun de ses
autres caractères ait. changé; le lilas blanc n'est donc
qu'une variété de celui à fleurs violettes. En effet, si
l'on sème des graines récoltées sur le lilas à fleurs
blanches, elles donneront naissance à des individus
dont les fleurs seront indifféremment violettes ou
blanches; ce qui prouve que les variétés ne se con-
servent pas toujours par le moyen des graines.
Le genre se compose d'un nombre plus ou moins
considérable d'espèces , réunies par des caractères
communs tirés des organes de la fructification, mais
toutes distinctes les unes des autres par des caractères
spécifiques, particuliers à chacune d'elles, et fournis
par les organes de la végétation. Ainsi le genre Jlna-
gallis a pour caractères une corolle monopétale ro-
tacée, cinq étamines, et pour fruit une pjxide,
c'est-à-dire une capsule globuleuse s'ouvrant circu-
lairement par une sorte d'opercule. Toutes les espèces
de ce genre devront offrir ces différens caractères;
mais elles se distingueront les unes des autres par
la forme de leur tige et de leurs feuilles, etc. Il en
est de même des autres genres.
En réunissant ensemble les genres de la même
manière que les espèces, c'est-à-dire en rapprochant
tous ceux qui ont des caractères communs et ana-
logues, on forme simplement des ordres proprement
dits, si l'on n'a égard qu'à un seul caractère, tel que
le nombre des stigmates ou de la forme du fruit , etc. ,
et des familles ou ordres naturels, si l'on fait con-
452 TA.XONOMIE.
courir à cette réunion toutes les considérations que
l'on peut tirer de la forme, de la structure et de la dis-
position respective de tous les organes des végétaux
que l'on classe.
On doit donc entendre par ordre ou famille natu-
relle de plantes une série ou réunion de genres plus
ou moins nombreux, qui offrent tous les mêmes ca-
ractères dans les organes de la fructification.
Ainsi la famille des Crucifères a pour caractères
un embryon dicotylédoné, un fruit siliqueux ou sili-
culeux, ordinairement quatre pétales opposés deux
à deux, des étamines en nombre déterminé, etc., etc.
Tous les genres de cette famille devront offrir les
mêmes caractères, mais seulement avec quelques
légères modifications, qui n'en altéreront point le
type primitif, et qui serviront à établir les différences
des genres dont la réunion constitue cette famille.
C'est en suivant une marche semblable que 1 on
est parvenu à rassembler les végétaux en groupes ou
familles naturelles. Mais, comme ces familles sont
en assez grand nombre, il a fallu les distribuer en
différentes classes plus ou moins nombreuses, en
tâchant de conserver entre elles la même analogie et
la même affinité. C'est à cette classification des fa-
milles que l'on a donné le nom de Méthode de
Jussieu, ou méthode des familles naturelles. Nous
allons voir quels sont les caractères que cet auteur
célèbre a employés pour former ces différentes classes.
Cette méthode a été divisée en quinze classes. Les
premières divisions reposent sur les caractères que
MÉTHODE DE JUSSIEU. 4^3
l'on peut tirer de la présence ou de l'absence de
l'embryon : de là les embrjonès et les inembryonés.
Les plantes embryonées sont distinguées, d'après
le nombre de leurs cotylédons, l° en monocotylé-
donées, i° en dicotylédonées. Tous les végétaux sont
rangés dans ces trois grandes divisions primordiales :
Les Acotylédonés,
Les Monocotylédonés,
Les Dicotylédones.
La seconde considération, celle qui sert vraiment
à établir les classes proprement dites , est fondée sur
l'insertion relative des étamines ou de la corolle mo-
notépale staminifère. Or, nous avons vu qu'il existe
trois espèces d'insertion :
i° Insertion hjpogynique , ou celle dans laquelle
l'ovaire étant entièrement libre , les étamines ou la
corolle staminifère sont insérées au pourtour même
de sa base.
i° Insertion pèrigy nique , ou celle dans laquelle
l'ovaire étant libre ou pariétal, les étamines ou la co-
rolle monopétale staminifère s'insèrent au calice à une
certaine distance du pourtour de la base de l'ovaire.
3° Insertion épi gy nique , ou celle dans laquelle
l'ovaire est toujours infère, et où les étamines ou la
corolle staminifère sont insérées sur la partie supé-
rieure de l'ovaire.
Ces trois sortes d'insertion servent à établir autant
de classes.
Les Acotylédonés étant dépourvus d'embryons , et
par conséquent de fleurs et de fruits, n'ont pu se prê-
Zj54 TAXO]\OMIl'\
ter à cette division. Ils constituent la première classe.
Les Monocotylédonés , pouvant offrir ces trois
modes d'insertion, ont été partagés en trois classes :
i° Monocotylédonés à étamines hypogynes; i° Mo-
nocotylédonés à étamines périgynes; 3° Monocoty-
lédonés à étamines épigynes.
Les Acotylédonés et les Monocotylédonés forment
donc quatre classes, savoir :
Acotylédonés Ie
/ étamines hypogynes. . ie
Monocotylédonés < étamines périgynes. . . 3e
( étamines épigynes .... 4e
Les Dicotylédones étant beaucoup plus nombreux
que les Acotylédonés et les Monocotylédonés réunis,
on a dû chercher à y multiplier le nombre des divisions.
Sans abandonner l'insertion, elle n'est plus devenue
qu'un caractère secondaire. Ainsi l'on a remarqué que
ces plantes sont dépourvues de corolle ou apétales,
ou qu'elles ont une corolle monopétale staminifère,
ou bien que leur corolle est polypétale. Cette distinc-
tion a servi de base aux trois divisions que l'on a
établies d'abord dans les Dicotylédones, savoir :
r° Dicotylédones apétales;
2° ! — monopétales;
3° polypétales.
On s'est ensuite servi de l'insertion comme carac-
tère secondaire pour subdiviser ces trois sections en
classes. Ainsi les Apétales forment trois classes dans
lesquelles l'insertion est èpigynique^ pèiigynique et
hypogjnique.
MÉTHODE DE JTJSSTEU. 4^5
Les Monopétales, dont la corolle porte toujours
les étamines, constituent également trois classes, sui-
vant que leur corolle staminifère est liypogynique ,
périgynique ou épigyniqne. Cette troisième classe
des Monopétales a été encore subdivisée, suivant que
les étamines sont libres ou réunies par leurs anthères,
ce qui porte à quatre le nombre des classes dans les
corolles monopétales, savoir :
! étamines hypogynes i
étamines pérrgynes i
l anth. soudées. 3
étamines épigynes l
[ anth. libres.... 4
Ces quatre classes réunies aux trois des Dicotylé-
dones apétales, et aux quatre des Monocotylédonés
et Acotylédonés, forment déjà onze classes.
Les Poîypétales ont également été divisés en trois
crasses, d'après leur mode d'insertion, qui est épigy-
nique, périgynique ou liypogynique.
Enfin dans la quinzième et dernière classe sont
rangées toutes les plantes dicotylédonées, dont les
fleurs sont essentiellement unisexuées, et séparées
sur des individus distincts. On leur a donné le nom
de diclines irrégulières.
Telles sont les quinze classes que M. de Jussieu a
établies dans le règne végétal, afin de pouvoir dispo-
ser méthodiquement les différentes familles de plan-
tes, qu'il avait auparavant créées.
Chacune de ces classes, en effet, renferme un nom-
bre plus ou moins considérable de familles naturelles
456 TAXOJNX)MIE.
toutes réunies par le caractère commun qui consti-
tue la classe. Le nombre de ces familles n'est point
définitivement arrêté, et ne peut pas l'être en effet.
De nouvelles découvertes, des observations plus préci-
ses et plus exactes, en faisant connaître desobjets nou-
veaux, ou en démontrant les différences qui existent
entre des végétaux auparavant réunis et confondus ,
augmenteront continuellement le nombre des familles
de plantes. Lorsqu'en 1789, M. de Jussieu (1) publia
son Gênera plantarum;\\ décrivit 100 familles; au-
jourd'hui la liste que nous en allons donner en con-
tient plus de 160 , et encore ce nombre est-ii suscep-
tible d'augmentation. M. de Candolle % également
publié une série de familles rangées dans un ordre
particulier, presque inverse de celui adopté par M. de
Jussieu. Sans vouloir nullement prononcer sur la su-
périorité de l'une ou de l'autre de ces classifications,
nous exposerons celle de M. de Jussieu, comme étant
la plus généralement adoptée, et comme étant d'ail-
leurs conforme aux classes que nous venons d'indiquer.
(1) On avait reproché à M. de Jussieu de n'avoir point donné de
nom propre à chacune de ces quinze classes , comme Linnœus
l'avait fait pour celles de son système. Ce célèbre botaniste a trop
bien senti la justesse de cette observation pour ne point y remé-
dier. Il a donc donné à chacune de ces classes un nom particulier.
C'est dans une note qu'il a eu la bonté de nous communiquer
que nous avons puisé ces noms , que l'on trouvera en tête de
chaque classe dans la liste suivante. Le seul changement que nous
nous soyons permis , c'est de leur donner une terminaison subs-
tantive. Ainsi nous avons dit Monohypogynie au lieu de Monohy-
pogynes , Peristaminie au lieu de Peristaminées , etc. , etc.
MÉTHODE DE JUSSIEU. 4^7
LISTE
Des familles nouvelles des plantes rangées suivant
la méthode ^'Antoine-Laurent de JUSSIEU.
PREMIÈRE SECTION.
PLANTES ACOTYLÉDONES.
PREMIÈRE CLASSE.
Acotylédonie.
i . Les Algues ; exemple : Fucus,
i. Les Champignons; ex. Agaricus.
3. Les Htpoxylées; ex. Ferrucaria.
4. Les Lichens ; ex. Usnea.
5. Les Hépatiques ; ex. Marchanda.
6. Les Mousses; ex. Polytrichum.
7. Les Lycopodaciées ; ex. Lycopodium.
8. Les Fougères; ex. Pteris.
9. Les Chajiacées ; ex. Chara.
10. Les Equisétacées ; ex. Equisetum.
\ 1. Les Salviniées ; ex. Salvinia.
DEUXIÈME SECTION.
PLANTES MONOCOTYLÉDONES.
DEUXIÈME CLASSE. I
Monohjpogynie.
12. Les Fluviales; ex. Potamogeton.
458 TAXONOMIE.
i3. Les Saururées; ex. Saururus.
i4- Les Pipéritées; ex. Piper.
1 5. Les Aroïdées ; ex. Arum.
16. Les Typhinées ; ex. Tjpha.
17. Les Cypéracées; ex. Cyperus.
18. Les Graminées; ex. Triticum.
TROISIEME CLASSE.
Monopérigjnie .
19. Les Palmiers; éx. Phœnix.
20. Les Asparaginées; ex. Asparagus.
ai. Les Restiacées ; ex. Restio.
22. Les Joncées; ex. Juncus.
23. Les Comméllnées; ex. Commelina.
i[\. Les Alismacées ; ex. Alisma.
2 5. Les Butomées ; ex. Butomus.
26. Les .Juncaginées; ex. Scheuchzeria.
27. Les Colchicées; ex. Colchicum.
28. Les Liliacées ; ex. Lilium.
2g. Les Broméliacées; ex. Bromelia.
30. Les Asphodélées; ex. Asphodelus. .
3 1 . Les Hémérocallidées ; ex. Hemerocallis.
QUATRIÈME CLASSE.
Monoèpigynie.
32. Les Dioscorées ; ex. Dioscorea.
33. Les Narcissées; ex. Narcissus.
34- Les Iridées; ex. Iris.
35. Les HiEMODORACÉEs; ex. Hœmodorwu.
MÉTHODE DE JUSSIEU. 4%
36. Les Musacées; ex. Musa.
37. Les Amomées ; ex: Amomum.
38. Les Orchidées ; ex. Orchis.
39. Les Nympkéacées \ ex. Nymphœa.
40. Les Hydrocharidées ; ex. Hydrocharis.
4^. Les Balawophorées; ex. Cynomorium.
TROISIÈME SECTION.
PLANTES DICOTYLÉDONES.
§ I. APÉTALES.
CINQUIÈME CLASSE.
Epistaminie.
42. Les Aristolochiées; ex. Aristolochia.
SIXIÈME CLASSE.
Peristaminie.
43. Les Osyridées ; ex. Osyris.
44- Les Myrobolawées ; ex. Terminalia.
45. Les Eléagnées; ex. Elœagnus.
46. Les Thymélées ; ex. Daphne.
47. Les Protéacées; ex. Protea.
48. Les Laurinées ; ex. Laurus.
4g. Les Polygonées ; ex. Polygonum.
5o. Les Bégoniacées ; ex. Bégonia.
5j. Les Atriplicées ; ex. A triplex.
SEPTIÈME CLASSE.
Hyposiaminie.
5i. Les Amaranthacées; ex. Amaranthus .
53. Les Plantaginées ; 'ex. Plantago.
46<> TAXONOMIE.
54. Les Nyctaginées ; ex. Nyctago.
55. Les Pltjmbaginées; ex. Statice.
§ 1. MONOPÉTALES.
HUITIÈME CLASSE.
Hypocorollie.
56 Les Primulacées ; ex. Pfimula.
57. Les Lentibulariées ; ex. Ulïicularia.
58. Les Rhinanthacées ; ex. Rhinanthus.
5g. Les Oboranchées; ex. Orobanche.
60. Les Acanthacées: ex. Acanthus.
61. Les Jasmlnées ; ex. Jasminum.
61. Les Pédalinées ; ex. Pedalium.
63. Les Verbenacées; ex. Verbena.
64. Les Myoporltées ; ex. Myoporum.
65. Les Labiées; ex. Salvia.
66. Les Personnées; ex. Antirrhinum'.
67. Les Solanées; ex. Solanum.
68. Les Borraginées ; ex. Borrago.
69. Les Convolvulacées; ex. Convolvulus .
70. Les Polémoniacées; ex. Polemonium.
71. Les Bignoniacées; ex. Bignonia.
72. Les Gentianées ; ex. Gentiana.
73. Les Apocinées ; ex. Apocinum.
74. Les Sapotées ; ex. Sapota.
75. Les Ardisiacées ; ex. Ardisia.
NEUVIÈME CLASSE.
Péricorollie.
76. Les Ebénacées; ex. Diospyros.
MÉTHODE DE JUSSIEÛ. /|6l
77. Les Chlénacées; ex. Sarcolœna.
78. Les Rhodoracées ; ex. Rhododendrum.
79. Les Epacridées; ex. Epacris.
80. Les Éricinées; ex. Erica.
81. Les C amp anu lacées ; ex. Campanula.
82. Les Lobéliacées; ex. Lobelia.
83. Les Gessnériacées ; ex. Gessneria.
84. Les Stylidiées; ex. Slylidium.
85. Les Goodenoviées ; ex. Goodenia.
DIXIÈME CLASSE.
Epicorollie. — Synanthèrie.
86. Les Chicoracées; ex. Cichorium.
87. Les Cijyarocéphales ; ex. Carduus.
88. Les Corymbifères ; ex. Aster.
89. Les Calycérées ; ex. Calycera.
ONZIÈME CLASSE.
Epicorollie. — Corisanthèrie.
90. Les Dipsacées ; ex. Dipsacus.
91. Les Valériajvées ; ex. Valeriana.
92. Le^ Rubiacées; ex. Rubia.
93. Les Caprifoliacées ; ex. Caprifolium.
94. Les Loranthées ; ex. Loranthus.
§ 3. POL Y PÉTALES.
DOUZIÈME CLASSE.
Epipétalie.
95. Les Araliacées; ex. Aralia.
4Ô2 TAXONOMIE.
96. Les Ombellifères ; ex. Daucus.
TREIZIÈME CLASSE.
Hjpopétalie.
97. Les Rénonculacées ; ex. Ranunciilus.
98. Les Papavé" racées ; ex. Papaver.
99. Les Fumariacées ; ex. Fwnaria.
100. Les Crucifères; ex. Brassica.
10 1. Les Capparidées; ex. Capparis.
102. Les Saplndacées ; ex. Sapindus.
io3. Les Acérinées ; ex. Acer.
104. Les HjppocraTées ; ex. Hippocratea.
io5. Les Malpighiacées ; ex. Malpigkia. j
106. Les Hypéricées ; ex. Hypericum.
107. Les Guttifères; ex. Cambogia.
108. Les Olacinées; ex. Olax.
109. Les Aurantiacées ; ex. Citrus.
110. Les Ternstromiées ; ex. Ternstromia.
iii. Les Théacées ; ex. Thea.
112. Les Méliacées ; ex. Melia.
11 3. Les VmiFÈREs; ex. Fuis.
ii4- Les Gérakiacées ; ex. Géranium.
11 5. Les Malvacées; ex. Malva.
) 16. Les Buttneriacées; ex. Bultneria.
117. Les Magnoliacées; ex. Magnolia.
118. Les Dilléniacées; ex. Dillenia.
119. Les Ochnacées ; ex. Ochna.
120. Les Simaroubées ; ex. Quassia.
121. Les Anonacéf.s; ex. Anona.
MÉTHODE DE JtSSIEU. 463
122. Les Ménispermées ; ex. Menispermum.
123. Les Berbéridées ; ex. Berberis.
\i[\. Les Hermanniées ; ex. Hermannia.
125. Les Tiliacées ; ex. Tilia.
1 26. Les Cistées ; ex. Cistus.
127. Les ViOLARiÉEs; ex. Viola.
128. Les Polygalées ; ex. Polygala.
129. Les Diosmées; ex. Diosma.
i3o. Les Rutacées; ex. Ruta.
i3i. Les Caryophyllées ; ex. Dianthus.
t32. Les Trémandrées ; ex. Tremandra.
1 33. Les Linacées; ex. Linum.
1 34- Les TAMARisciNÉEs;ex. Tamarix.
QUATORZIÈME CLASSE.
Péripétalie.
i35. Les Paronychiées ; ex. Paronychia.
i3ô. Les Portulacées; ex. Porlulaca.
137. Les Saxifragées; ex. Saxifraga.
1 38. Les Cunoniacées: e*x. Cunonia.
i3g. Les Crassulées; ex. Crassula.
i4o. Les Opuntiacées ; ex. Cactus.
1 4 1 . Les Ribésiées; ex. Ribes.
i(\i. Les Loasées; ex. Loasa.
i43. Les Ficoïdées ; ex. Mesembryanthemum.
i44» Les Cercodienes ; ex. Cercodea.
1^5. Les Onagraires ; ex. OEnothera.
i46. Les Myrtées ; ex. Myrtus.
147. Les Mélastomées ; ex. Melastoma.
148. Les Lythraires; ex. Lythrum.
464 TAXONOMIE.
149. Les Rosacées; ex. (ï)Rosa.
i5o. Les Caltcanthées ; ex. Calycanthus.
i5i. Les Blackwelliacées ; ex. Blackwellia.
i52. Les Légumineuses; ex. Pisum.
1 53. Les Térébinthacées ; ex. Terebinthus.
1 54. Les Pittosporées ; ex. Pittosporum.
1 55. Les Rhamnées ; ex. Rhamnus.
QUINZIÈME CLASSE.
Diclinie,
1 56. Les Euphorbiacées ; ex. Euphorbia.
157. Les Cucurbitacées; ex. Cucurbita.
t 58. Les Passiflorées; ex. Passiflora.
1 5g. Les Myristicées ; ex. Mjristica.
160. Les Urticées ; ex. Urtica.
161. Les Monimiées; ex. Monimia,
162. Les Amentacées; (2) ex. Salix.
i63. Les Conifères; ex. Pinus.
164. Les Cycadées; ex. Cjcas.
' (1) La famille des Rosacées de M. de Jussieu a été divisée en
cinq sections, que l'on peut regarder comme autant de familles
distinctes , savoir : les Spiréacées , les Sangnisorbées , les Prunacées ,
les Pomacées, et les Rosacées vraies.
(2) Les botanistes modernes ont , et avec raison, divisé la famille
des Amentacées en plusieurs autres familles très-distinctes , telles
que les Cupulifères , ex. : le chêne , le noisetier ; les Salicinées , ex. :
le saule ; les Bètulinées , ex. : le bouleau ; les Celtidées ou Ulmacécs ,
ex. : l'orme ; les Mjricées ou Casuarinées , ex. : le myrica, etc.
METHODE DE JUSSIEU.
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466 PLANTES AGAMES.
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES
SUR L ORGANISATION
DES PLANTES AGAMES.
Nous comprenons sous le nom de plantes agames
toutes les plantes acotylédonées de M. de Jussieu,
c'est-à-dire toutes celles qui ont été rangées parLin-
neeus dans la Cryptogamie ou dernière classe de son
système.
Plusieurs auteurs les ont divisées en deux classes,
savoir : les cryptogames et les agames proprement
dites. Au nombre des premières ils rangent les Sal-
viniées,\es Equisètacèes , les Mousses, les Hépa-
tiques, les Ljcopodiacées , et les Fougères, qu'ils
regardent comme pourvues d'organes sexuels, mais
très-petits et peu distincts. Dans la seconde classe se
trouvent les plantes véritablement agames, selon eux,
telles que les Algues, les Lichens , les Hypoœylées
et les Champignons , dans lesquels on ne distingue
rien qu'on puisse comparer à des étamines ou à des
pistils. Mais nous n'admettons point cette distinction.
L'organisation de tous ces végétaux est trop manifes-
tement différente de celle des Phanérogames pour
qu'on y retrouve les mêmes organes, ou seulement leurs
analogues; nous pensons donc, comme Necker, que
PLANTES AGAMES. 4^7
les plantes désignées par le nom de cryptogames sont
entièrementdépourvuesd'organessexuels;querienen
elles ne peut-être raisonnablement assimilé à ces
mêmes parties dans les phanérogames.
Plus d'une fois, dans le cours de cet ouvrage , nous
avons montré l'extrême différence qui existe entre
toutes les parties de ces végétaux et celles des plan-
tes phanérogames. Nous avons fait voir que les cor-
puscules regardés par les auteurs comme des graines
n'en sont point réellement, puisqu'ils ne contiennent
pas d'embryon. Ils donnent cependant naissance à
des êtres parfaitement semblables à ceux dont ils se
sont détachés. Mais, comme nous l'avons dit plusieurs
fois, les bulbilles de certaines plantes vivaces, un
grand nombre de bourgeons produisent le même phé-
nomène, sans que pour cette raison on puisse les as-
similer aux véritables graines. D'ailleurs, comment
s'opère cette prétendue germination des plantes aga-
mes? Peut -on la comparer à celle des végétaux
pourvus d'embryon? Un corpuscule reproductif d'une
Fougère, d'un Champignon, etc., placé sur la terre,
s'y développera, mais ce ne seront point, comme
dans l'embryon d'une plante phanérogame, des par-
ties déjà formées, seulement réduites en quelque
sorte à leur état rudimenlaire, qui acquerront suc-
cessivement un plus grand développement; mais au
contraire des parties entièrement nouvelles seront
produites. Ce ne sera point un accroissement d'or-
ganes déjà existans, mais le tissu même de la sporule
ou corpuscule reproductif, s'allongeant d'un côté
468 PLANTES AGAMES.
pour s'enfoncer dans la terre et former une racine,
lorsque le végétal doit en avoir une, formera de
l'autre côté une tige en s'allongeant en sens inverse.
Dans quelque position qu'une sporule soit placée, le
point en contact avec la terre s'allongera constam-
ment pour former la racine, et le point opposé de-
viendra la tige. Ces deux organes n'existaient donc
point encore avant ce développement; elles se créent
par l'influence decertaines circonstances, qui parais-
sent comme fortuites et étrangères à la nature même
du corps qui les produit.
Si nous passons à l'examen des parties regardées
comme les fleurs par les différens auteurs, nous ver-
rons la diversité la plus grande régner dans leurs
opinions. Les uns, en effet, appellent fleurs mâles ce
que les autres décrivent comme des fleurs femelles.
Ainsi dans les Mousses, Linnœus regarde l'urne com-
me une fleur mâle, Hedwig comme une fleur femelle,
Palisot-Beauvois comme une fleur hermaphrodite.
Toutes les fois queyces végétaux présentent, com-
me les Mousses , par exemple, deux sortes bien
distinctes d'organes particuliers, regardés comme
ceux de la fructification, les auteurs n'ont dû être
embarrassés que surle choix, et la fonction qu'ils de-
vaient attribuer à chacun d'eux. Mais dans les Jon-
germanes, où l'on trouve trois ou quatre sortes de
fructifications différentes entre elles par leur forme
extérieure, comme il n'existe que deux espèces d'or-
ganes sexuels, les organes mâles et. les organes te-
melles, on serait donc ici forcé d'en admettre quatre.
PLANTES AGIMES. 4^9
Car si l'on a donné le nom d'organes sexuels à deux
de ces parties, pourquoi le refuser aux deux autres,
dont la structure intérieure est la même, mais qui
diffèrent seulement par leurs formes extérieures ou
leur disposition ?
Dans les Fougères, au contraire, où il n'existe
évidemment qu'une seule espèce de fructification
entièrement formée par de petits grains, ordinaire-
ment renfermés dans des espèces de petites poches
membraneuses, et que l'on a regardés comme des
séminules, où sont les étamines? où est le stigmate
qui a reçu l'influence du pollen? où sont les cordons
pistillaires qui l'ont transmis aux ovules? Est-ce
répondre à cette question d'une manière satisfaSmte
pour la raison que de dire, comme Micheli etHedwig,
que les poils que l'on observe sur les jeunes feuilles
sont les étamines; comme Hill et Sehmidel, que les
fleurs mâles sont les anneaux qui entourent les récep-
tacles où sont contenus les sétninules^etc. , etc.?
Il faut en convenir, des opinions aussi diverses et
même tout- à-fait opposées sur le même sujet, con-
duisent à une conséquence qui nous paraît néces-
saire. C'est que les prétendues fleurs des plantes
agames, tantôt regardées comme renfermant des éta-
mines, tantôt comme contenant des pistils, ne sont
point réellement des fleurs. Ce sont des organes par-
ticuliers , des espèces de bourgeons , auxquels la
nature a confié le soin de la reproduction de ces singu-
liers végétaux. Pourquoi, en effet, voudrions-nous res-
treindre dans les bornes étroites de nos conceptions
47O PLANTES AGAMES.
la puissance de la nature? Ses moyens sont aussi
variés que son pouvoir est grand. Et si elle a donné
aux plantes agames une physionomie si différente de
celle des plantes phanérogames, des organes exté-
rieurs qui n'ont souvent rien de comparable aux
leurs, pourquoi ne leur aurait- elle point accordé
aussi un mode particulier de reproduction, qui n'ait
d'analogues avec celui des végétaux phanérogames
que les effets qu'il produit, c'est-à-dire la formation
des organes qui doivent servir à perpétuer l'espèce?
Ce n'est point dans un ouvrage comme celui-ci;
consacré seulement à donner une idée générale, mais
succincte, de l'organisation de toutes les productions
vénales, que nous pouvons entrer dans toutes les
discussions nécessaires pour appuyer une seirtblable
opinion. Nous nous contenterons de présenter en
abrégé une description des organes propres aux
plantes agames, telles qu'elles ont été décrites par
leurs auteurs#n général. L'élève, en voyant la diver-
sité et même l'opposition totale qui régnent entre
les différens auteurs à ce sujet, pourra alors porter
le même jugement que nous.
DES SALVINIÉES.
Quatre genres, que l'on trouve en France, com-
posent cette famille. Ce sont la Piluiaire, le Marsi-
léa, le Salvinia et l'Isoëtes. Tous quatre croissent
dans l'eau.
La prlulaire {Pilularia pilulifera) , dont Bernard
de Jussieu a le premier tait connaître l'organisation.
SA.LVINIÉES. 47 x
est une petite plante dont la tige est rampante, pro-
duisant des feuilles subulées et cylindriques, d'abord
roulées en volute à la manière de celles des Fougères;
à leur base on voit de petits corps sphéroïdaux et
globuleux , sorte d'involucre qui se partage en quatre
pièces, et qui contient les organes que l'on a regardés
comme des étamines et des pistils.
Le Marsiléa ( Marsilea . quadrifolia ) habite les
étangs; sa tige est rampante, ses feuilles sont formées
de quatre folioles disposées en croix au sommet d'un
long pétiole, qui les soulève jusqu'à la surface de
l'eau. Les involucres sont ovoïdes allongés , et situés
au nombre de deux ou trois à la base des pétioles. Ils
ne s'ouvrent point. Leur cavité intérieure semble
biloculaire et subdivisée en petites loges incomplètes,
dans lesquelles sont confondus les petits corpuscules
que les botanistes considèrent comme les pistds et
les étamines. De ces corpuscules ou sporanges, les
uns sont plus gros, au nombre de trois à quatre
dans une même loge, ovoïdes et comme réticulés en
dehors, renfermant à leur intérieur une sorte de
noyau opaque, d'une substance charnue et comme
grumeleuse ; on les regarde généralement comme les
étamines : les autres, plus petits, en plus grand
nombre, entremêlés avec les précédens, courtement
pédicellés, et comme pyriformes, sont remplis d'un
assez grand nombre de globules opaques, irréguliers,
engagés et comme nichés dans les cellules du tissu
général; ce sont les pistils pour la plupart des au-
teurs. Mais nous ne saurions partager cette opinion;
472 PLANTES AGA.MES.
et même, si nous avions à nous prononcer dans cette
circonstance, et à trouver de l'analogie entre ces
corps et les organes sexuels des plantes phanérogames,
nous serions -beaucoup plus tentés, à l'exemple de
quelques auteurs, de considérer les plus gros de ces
corpuscules , qui ne renferment qu'un seul noyau
compacte, comme les- ovaires ou pistils; et les plus
petits comme les étamines , en regardant les globules
qu'ils renferment comme des grains de pollen.
Le Salvinia nage à la surface des étangs; sa tige
porte des feuilles ovales et opposées, parsemées de
petites glandes, sur lesquelles sont implantés quatre
poils roulés en spirale. Les involucres sont globuleux
etindéliiscens. Ils naissent réunis plusieurs ensemble
au-dessous de chaque paire de folioles. Un seul de
ces involucres renferme des fleurs femelles; tous les
autres contiennent des fleurs mâles.
Ulsoëles habite le fond des ruisseaux et des eaux
stagnantes. Il forme une espèce de faisceau de feuilles
étroites et allongées. C'est dans l'intérieur de la base
même des feuilles que sont renfermés, dans un
involucre membraneux et cloisonné, deux sortes de
corpuscules reproductifs ; les uns sous forme de
globules chagrines, transparens; les autres sous celle
de poussière anguleuse. Mais quels sont ceux de ces
corpuscules qui porteront le nom de pistils et d'éta-
mines?
D'après ce court exposé des organes propres à la
reproduction des Salviniées, on peut, je crois, con-
clure que les corpuscules reproductifs des plantes de
FOUGÈRES. * 473
cette famille sont renfermés dans des espèces d'invo-
lucres situés à la base même des feuilles; que la
forme un peu variable de leurs s pondes les a fait
regarder tantôt comme des étamines, tantôt comme
des pistils.
DES FOUGÈRES.
Si l'on s'en rapportait uniquement aux «caractères
extérieurs , ou même à ceux qui sont tirés de l'orga-
nisation anatomique des tiges , nul doute que les
Fougères, surtout celles qui habitent les régions
équatoriales , ne dussent être rapprochées et même
réunies aux Monocotylédonés. En effet plusieurs
Fougères d'Amérique et d'Afrique ont un tronc li-
gneux de plusieurs pieds d'élévation , en sorte qu'elles
ressemblent parfaitement à de petits Palmiers. Si
vous ajoutez à cela que l'organisation intérieure de
leur tige est presque tout-à-fait semblable, l'analogie
vous paraîtra encore plus grande.
Mais, si nous voulons étudier les organes de la
fructification, nous ne trouverons plus dans les Fou-
gères , ni fleurs ni fruits proprement dits. Ces organes
sont ordinairement situés sur la face inférieure des
feuilles, le long des nervures ou à leur extrémité.
Ils se présentent sous la forme de petits tubercules
peu proéminens, sessiles ou stipités, qu'on appelle
sores (sori), et qui se réunissent ensemble et se
groupent de diverses manières dans les différens
genres. Dans \esPleris, ils occupent le bord marginal
de chaque foliole , safns interruption ; dans les Adian-
474 PLANTES AGAMES.
thurn, ils forment de petites plaques saillantes sur le
bord replié des feuilles. Dans certains genres, ils
sont isolés les uns des autres; dans d'autres, au con-
traire, ils sont réunis par plaques ou lignes plus ou
moins larges et étendues. 'Les sores commencent à
se développer soùs l'épiderme, qu'ils soulèvent de ma-
nière à en être recouverts. On donne le nom à'indu-
sies (indusia), aux portions d'épiderme qui servent
ainsi d'involucre aux sores.
Quelquefois les conceptacles sont nus ; d'autres
fois ils sont recouverts d'un invplucre qui le plus
souvent s'ouvre en deux valv.es; enfin ils sont assez
souvent entourés d'un anneau élastique , sorte de
bourrelet circulaire, ou semi-circulaire, qui, à l'épo-
que de lamaturité, en se détendant avec force, lance
les corpuscules renfermés dans les conceptacles.
Dans quelques Fougères, telles que les Osmunda,
les Botryclrium , les Ophioglosses , etc. , les fructifi-
cations sont disposées en grappes ou en épis.
Les Fougères de nos climats, lorsqu'elles ne sont
point annuelles, ont toutes une tige souterraine ou
rhizome plus ou moins développée ; c'est ce que Ton
peut très-bien observer dans les Po Ij podium, les As-
pidium : c'est cette souche qui s'allonge et se déve-
loppe à l'air dans les Fougères des tropiques, et
leur forme un troue souvent d'une hauteur assez
considérable.
Hedwig appelait étamines, dans les Fougères, de
petites écailles fines et déliées, diversement figurées,
éparses sur les nervures des feuilles à l'époque de
LYCOPO IMAGÉES. ^ 5
leur enroulement, et il considérait les sores ou spo-
ranges comme les organes femelles, et les corpus-
cules pulvérulens renfermés dans leur intérieur
comme les graines. Mais ces prétendues étamines
n'existent pas constamment, ou du moins ne sont
pas toujours apparentes; en second lieu, leur forme,
leur structure ne nous semblent avoir aucune analo-
gie avec les étamines des Phanérogames. Enfin , si
les sores sont les fleurs femeltes, les graines sont nues
dans un grand nombre de genres comme les Acro-
slichum , par exemple ; et dans ce cas comment les
graines ont-elles pu être fécondées ?
DES LYCOPODIA.CÉES.
Les Lycopodiacées ont été long-temps réunies
aux Mousses à cause de leur port et d'une ressem-
blance extérieure très- frappante; mais elles en diffè-
rent par la disposition de leurs organes repro-
ducteurs.
Elles ont des racines et des tiges à la manière des
Fougères , tantôt rampantes à la surface de la terre
et s'y enracinant, tantôt s'élevant et se soutenant
droites et sans appui. Comme les Mousses, elles re-
cherchent l'ombre et l'humidité, et se plaisent dans
les forets fraîches et sombres.
Leurs fructifications consistent en des espèces
d'involucres ordinairement à deux ou trois loges,
situés dans les aisselles des feuilles, et disposés en
épis simples ou rameux. Dans leur cavité, qui s'ouvre
naturellement à la maturité, on trouve des sporules
47^ PLANTES AGAMES.
lisses ou hérissées de pointes, de forme et de couleur
variées. Ces sporules, qui sont extrêmement fines,
jetées sur des charbons ardens, s'enflamment avec
rapidité.
On trouve encore sur certaines Lycopodiacées
des conceptacles plus petits. Ils contiennent plusieurs
petites sporules globuleuses.
DES MOUSSES.
De toutes les plantes agames, les Mousses sont,
sans contredit, celles sur lesquelles on a fait le plus
d'observations et d'expériences, et ce sont peut-être
aussi celles qui partagent encore le plus l'opinion
des botanistes* à l'égard de leurs organes repro-
ducteurs.
Les Mousses sont de petites plantes qui aiment les
lieux humides et ombragés; elles croissent à terre,
sur le tronc des arbres, ou sur les murs et les vieilles
habitations; par leur port, elles* ressemblent à de
petites plantes phanérogames en miniature; leurs
racines sont très-fines et touffues; leur tige est simple
oui rameuse; elles sont couvertes de feuilles très-
petites, de forme variée, mais ordinairement étroites
et subulées.
Beaucoup d'auteurs ont fait des Mousses l'objet
spécial de leurs études et de leurs recherches : Dille-
nius, Hill, Hedwig, Necker, Bridel, Beauvois, Schwaë-
grichen , se sont particulièrement occupés de cette
partie intéressante de la botanique ; mais presque
tous ont un système particulier, souvent même des
MOUSSES. 477
opinions entièrement opposées sur les fonctions des
différens tfrganes de ces plantés, et surles noms qu'on
devait leur imposer. Nous allons exposer ici la théo-
rie d'Hedwig sur la structure des organes de la repro-
duction des Mousses, comme étant la plus répandue
et la plus généralement adoptée; nous ferons en-
suite connaître les opinions différentes des auteurs
les plus remarquables sur cette famille de plantes.
Hedwig regarde les Mousses comme pourvues de
fleurs unisexuées, tantôt réunies sur le même indi-
vidu, tantôt séparées sur deux pieds différens. Les
Mousses sont donc monoïques; rarement elles sont
dioïques; ces fleurs sont situées ou à l'extrémité des
tiges, et des rameaux; ou bien elles occupent l'ais-
selle des feuilles : elles sont portées sur une sorte
de clinanthe, et entourées d'un involucre polyphylle
nommé pèrichece ^perichœtiuni).
Plusieurs fleurs sont souvent réunies dans le même
périclïèce; le plus souvent ces fleurs sont toutes mâles
ou toutes femelles; rarement sont-elles mélangées;
quelquefois elles sont entremêlées de poils articulés
et fistuleux, qu'on a nommés paraphyses. .
Dans chaque fleur femelle on a cru reconnaître
un ovaire, une espèce de style et un stigmate évasé
à sa partie supérieure; l'ovaire est de forme globu-
leuse; le style est grêle et court.
Les fleurs mâles se composent d'un seul grain de
pollen oblong, porté sur un filet très-court; cette
espèce de vésicule se rompt à une certaine époque,
et la fécondation s'opère; alors on voit l'ovaire gros-
47^ PLANTES AGAMES.
sir; le style et le stigmate se flétrissent, l'épidémie
extérieur de l'ovaire se" fend circulairement en deux
parties; la supérieure, qui porte encore les restes
du style et du stigmate, prend le nom de coiffe
(calyplra); l'inférieure reçoit le nom de vaginule
( vaginula ).
De l'intérieur de la vaginule part un petit pédi-
cule qui élève' -l'ovaire recouvert de la coiffe, à
mesure qu'il se développe. Ce pédicule très-grêle et
filiforme se nomme soie (seta).
L'ovaire, parvenu à son état de maturité où trans-
formé en fruit, prend le nom àhirne (theca). Sa
forme est assez variable; cependant Y urne est ordi-
nairement ovoïde, allongée. Sa cavité intérieure est
occupée à son centre par une sorte de petite colonne
charnue, autour de laquelle sont rangées les sémi-
nules; on l'appelle columelle {^columella). Sa partie
supérieure est recouverte par un opercule, sorte de
petit couvercle circulaire, qui se détache de lui-
même à l'époque de la maturité des séminules. On a
admis dans l'urne une double paroi, dont l'une em-
boîte l'autre; en sorte que cet organe semble formé
de rleux vases, dont l'un contiendrait l'autre. Le plus
extérieur a reçu le nom de sporaiigium; le plus in-
térieur est appelé sporangidium. Le bord circulaire
de l'orifice de l'urne a reçu le nom de péristonw
{perisloma). Il est quelquefois garni de lanières qui
portent le nom de dents, quand elles sont des pro-
longemens externes du sporaiigium, et de cils quand
elles sont formées par des membranes attachées sur
MOUSSES. 479
le bord interne du sporangium. Quelquefois ce-
pendant le péristome est nu, c'est-à-dire dépourvu
de dents et de cils, comme dans les genres Gymno-
stomum, Sphagnum. Dans quelques genres, l'orifice
est bouché par une sorte de membrane mince, étendue
transversalement, et qui a reçu le nom à'épiphragme
(epïphragma), comme dans les Polytrichum.
En résumé, on voit qu'en adoptant la théorie
d'Hedwig, les Mousses ont des fleurs mâles et des
fleurs femelles; qu'elles sont monoïques ou dioïques;
que les fleurs femelles sont formées d'un ovaire,
d'un sfyle et d'un stigmate ; qu'un 'seul grain de pol-
len pédicule compose une fleur mâle ; que l'ovaire
fécondé se change en un fruit qui porte le nom
à' unie.
Palisot de Beauvois au contraire considérait l'urne
comme une fleur hermaphrodite. Il voyait dans la
columelle centrale de l'unie un pistil, et autant de
grains«de pollen dans les séminules qui l'entourent.
Ce célèbre botaniste regardait comme de simples
bourgeons les prétendues fleurs mâles d'Hedwig.
Dillenius au contraire décrit Yurne comme une
fleur mâle. Hill y voit une fleur hermaphrodite dont
les séminules seraient les ovules, et les cils du péri-
stome les étamines, etc., etc.
Chacune de ces théories et un grand nombre
d'autres, qu'il n'est pas de mon but de faire connaître
ici, se combattent mutuellement et se détruisent en
quelque- sorte l'une par l'autre. Il s'élève en effet
une foule d'objections contre chacune d'elles. Quant
48o PLANTLS AGAMES.
à l'opinion d'Hedwig, si l'urne n'est qu'un fruit pro-
venant d'un ovaire fécondé, pourquoi le fruit est-il
souvent déjà parvenu à son état de maturité, quand
les prétendues étamines qui doivent les féconder
commencent à peine à paraître? Comment s'opère la
fécondation dans les espèces où l'on n'a point pu
découvrir de fleurs mâles? etc., etc.
Si l'urne est une fleur hermaphrodite, que la co-
lumelle soit le pistil , et les séminules des grains de
pollen, pourquoi, dans certains genres, cette colu-
melle est - elle entièrement solide , et formée d'une
substance dure et parfaitement homogène?
Si, comme le pense Hill, les dents du péristome
en sont les étamines, où sont ces étamines dans les
genres dont le péristome est nu? etc., etc.
DES HÉPATIQUES.
Nous remarquerons une très-grande analogie entre
les plantes de cette famille et les Mousses. Leur port,
surtout clans les Jongermannes, ressemble beaucoup
à celui des plantes de la famille précédente, et leur
fructification a aussi beaucoup de rapports avec elles.
Les Hépatiques ont quelquefois des feuilles et des
tiges à la manière des Mousses; c'est ce que l'on
observe dans la plupart des Jongermannes; d'autres
fois elles en sont privées, et n'ont que des expansions
vertes et planes, que Ton a désignées sous le nom
de /rondes, comme on l'observe dans les Marchan-
tia, etc. ; en général ces frondes sont grasses et
succulentes.
HÉPATIQUES. 4# T
' Les Hépatiques ont des fleurs mâles et des fleurs
femelles; les premières sont formées par de petites
bourses membraneuses, qu'Hedwig a comparées aux
étamines des Mousses. Les fleurs femelles sont, en-
tourées d'un périclièce comme dans les Mousses; elles
sont formées d'un ovaire, d'un style et d'un sligmate;
après la fécondation, la membrane extérieure qui
recouvrait l'ovaire, el^que quelques auteurs désignent
sous le nom de calice, s'entr'ouvre à son sommet,
pour laisser sortir la capsule, qui est portée sur un
pédicule plus ou moins allongé ; dans les Jonger-
mannes, cette capsule s'ouvre en quatre valves ré-
gulières, d'où s'échappent un grand nombre de spo-
rules; dans les Marchantia, cette capsule se rompt
irrégulièrement.
Nous venons d'exposer l'opinion d'Hedwig sur la
fructification des Hépatiques; celles de Micheli et de
LinnaBus sont diamétralement opposées, c'est-a-dire
qu'ils voient une fleur mâle dans la capsule, dont les
séminules sont pour eux des grains de pollen; et un
pistil dans la bourse pollinique, regardée comme
une fleur mâle par Hedwig.
DES ALGUES.
Cette famille est# toute composée de plantes qui
végètent dans l'eau des marais, des ruisseaux ou
des mers.
M. Lamouroux les divise en deux grandes sec-
tions; savoir : les Thalassiophjùes ou celles qui habi-
3i
/\&-2 PLANTES AGAMES.
tent les eaux salées et saumâtres; et les Confe/ves, que
l'on trouve dans les eaux douces. Mais cette division,
fondée principalement sur l'habitation particulière
de ces végétaux, est loin d'être rigoureuse. En effet,
les espèces d'Ulves qui habitent les eaux salées ne
nous paraissent point différer essentiellement de
celles qui vivent clans les eaux douces. La classifica-
tion proposée par M. Agardh {Synopsis Algarum
Scandinaviœ. Lund., 1817 ) nous semble préfé-
rable, étant particulièrement établie sur les modifi-
cations de la structure des Algues.
Ce célèbre botaniste partage cette famille en cinq
sections, qu'il désigne sous les noms de : i°Fucoïdées;
i° Fioridées ; 3° Ulvoïdées ; 4° Confervoïdées ;
5° Trémellinées.
I. Les Facoïdèes ont les organes de la fructifica-
tion plongés immédiatement dans la substance des
feuilles ou frondes, quelquefois renfermés dans des
espèces de capsules contenues dans des conceptacles
particuliers. Les frondes sont sans articulations, for-
mées de fibres longitudinales entrecroisées; leur
substance est coriace ou cartilagineuse; leur couleur-
est olivâtre, et noircit lorsqu'elle est en contact avec
l'air extérieur. A cette section se rapporte le genre
Fucus et ses nombreuses divisions, telles que les La-
minaires, les Furcellaires, etc.
IL Les Fioridées nous sembleraient devoir être
réunies auxFucoïdées,dont elles ne diffèrent que par
les fructifications, qui s'offrent constamment sous
deux formes, par leur couleur toujours purpurine
ALGUES. 483
ou rose. Les genres Delesseria et Lamourouxia ap-
partiennent à cette section.
III. Les Ulvoïdèes se présentent sous la forme de
lames membraneuses, planes ou tubulées, sans arti-
culations; elles sont minces, celluleuses, de couleur
verte. Leurs fructifications sont engagées dans le pa-
renchyme des frondes ou renfermées dans des cap-
sules. Le genre Ulva de Linnœus constitue cette
section.
IV. Les Confervoïdèes sont faciles à reconnaître à
leurs frondes filamentiformes et articulées, d'une
substance membraneuse; leurs fructifications sont ou
renfermées dans l'intérieur du tissu des frondes , ou
dans des espèces de coques ou capsules : telles sont
les espèces du genre Conferve, les Ceramium, les
oscillatoires, etc.
V. Enfin les Trémellinèes ont des frondes gélati-
neuses d'une figure souvent régulièrement détermi-
née, renfermant dans leur intérieur des filamens
semblables à ceux des conferves; telles sont les Tré-
melles, etc.
Les organes sexuels des Algues, malgré les tra-
vaux de MM. Lamouroux, Dawson-Turner, Mertens,
Agardh, etc., n'ont pu encore être découverts; leur
fructification consiste simplement en des sporulcs
contenues dans des réceptacles particuliers groupés
ou distincts les uns des autres: ces réceptacles sont
quelquefois percés à leur sdmmet d'une ouverture
que l'on nomme ostiole, par laquelle s'échappent les
sporules à l'époque de leur maturité; d'autres fois ils
484 PLANTES AGAMF.S.
se rompent irrégulièrement. Ils sont ordinairement en-
châssés dans l'épaisseur même du tissu de la fronde,
ou représentent une sorte d'épi , plus ou moins
distinct de la fronde. Les séminules renfermées dans
ces conceptacles nagent dans une liqueur gélatineuse,
que plusieurs auteurs regardent comme propre à les
féconder ; ces séminules, sorties de leurs concepta-
cles, se développent souvent sur la fronde même du
pied dont elles se sont détachées. .
tes Coiiferves ou algues d'eau douce sent ordinai-
rement libres et étendues à la surface de l'eau; leur
aspect est extrêmement varié. Tantôt ce sont des fi-
lamens déliés comme des cheveux, tantôt des lames
membraneuses plus ou moins étendues. C'est princi-
palement aux travaux de Vaucher, de Dillwyn, etc.,
que l'on doit la connaissance de l'organisation de ces
singuliers végétaux. Elles se reproduisent également
au moyen de séminules qui se développent dans
l'épaisseur de leur tissu.
DES LICHENS.
La forme et le port des lichens offrent les varié-
tés les plus singulières et les plus nombreuses. Le
plus souvent ce sont des expansions planes et co-
riaces, recouvrant le tronc des arbres ou la surface
de la terre; d'autres fois ils représentent de petits
troncs rameux, quelquefois tellement fins et déliés,
qu'ils ressemblent à de longues barbes, comme dans
les usnées; enfin ils s'offrent encore sous l'aspect
d'une poussière fine, formant une espèce de couche
LICHENS. 4^5
farineuse, qui s'attache aux colonnes, aux statues et
aux autres mô*numens des arts.
On a donné le nom de thalle {thallûs) à la fronde
des Lichens. 11 est fixé à la terre ou aux autres
corps solides, au moyen de fibrilles grêles qui, éva-
sées à leur partie inférieure, s'y appliquent intime-
ment, sans toutefois s'y enfoncer.
La fructification des Lichens consiste en des ré-
ceptacles qui, affectant des formes diverses, ont
reçu des noms particuliers. Les principaux sont :
i° La pelte (pelta) se développe sur le bord même
de la fronde. Elle est orbiculaire, recouverte d'une
membrane mince, n'ayant point de bourrelet saillant
à son contour; comme dans le genre Peltidea (Achar.)
i° La scu telle (scutella) paraît sur la surface
même du thalle, d'abord sous la forme d'un point,
qui s'élargit insensiblement; elle est bordée par la
substance même du thalle. Exemple : les Lecanora
(Achar.), dans lesquelles rentre la quatrième section
des patellaires de la Flore française.
3° \Jorbdle ( orb.dla ) est une scutelle dont les
bords sont frangés et ciliés , comme dans les usnées
(Usnea).
4° La patellule (patellula) se distingue de la scu-
telle par un bourrelet Saillant, formé par sa propre
substance , et non par celie du thalle. Exemple :
le genre Lecidea (Achar.), qui comprend les trois
premières sections des patellaires de la Flore fran-
çaise.
5° Le cêphalodc ( vrpJialodium ) , concept ;u le
486 PLANTES AGAMES.
bombé, sans bordure ni bourrelet, tantôt sessile,
tantôt porté sur une sorte de petite "tige nommée
podecium, qui naît du thalle. Exemple : les Stereo-
caulon et Cœnomyce.
6° La gyrôme {jgyroma) forme une protubérance
orbiculaire sur laquelle sont des lignes saillantes ,
disposées en spirales, et s'ouvrant longitudinalement
pour laisser sortir les séminules ; comme , par exemple,
dans le genre Gyropliora (Achar.) ou Umbilicaria
(D.C.).
70 Le globule (globulus), conceptacle globuleux,
porté sur un prolongement du thalle, et dans le
sommet duquel il est enchâssé , comme dans le genre
Isidium.
Enfin il est encore quelques autres variétés de
réceptacles, mais qui, étant beaucoup plus rares
que les précédentes , méritent moins de fixer notre
attention.
Tous ces réceptacles renferment des séminules
plus ou moins fines, qui servent à la régénération de
l'espèce. Quelques Lichens se reproduisent au moyen
de propagules , et sont dépourvus de conceptacles,
ou du moins on n'est point encore parvenu à leur
en reconnaître. Tel est le genre Variolaria.
DES CHAMPIGNONS.
Les Champignons affectent des formes extrême-
ment variées. Ce sont tantôt des corps globuleux ou
clavîformes; tantôt ils ressemblent à des chapeaux,
CHAMPIGNONS. 4^7
à des parasols , à des coupes , à des branches de
corail , etc. , etc.
Leur consistance est plus ou moins molle ; ils
végètent sur la terre, le tronc des arbres morts ou
vivans, la surface des eaux, dans l'intérieur même
de la terre, et sur les substances animales ou végé-
tales en état de décomposition.
Toute la plante, avant son parfait développement,
est souvent renfermée dans une enveloppe générale
qui la recouvre entièrement et se déchire pour la
laisser sortir; on l'appelle volva ou bourse.
Les conceptacles, dans lesquels sont renfermés les
séminules , affectent des formes très - variées. On
donne le nom de pèridium à un conceptacle creux ou
en forme de sac membraneux , renfermant les spo-
rules à son intérieur, et constituant à lui seul tout
le champignon , comme , par exemple , dans les
Ljcoperdon: D'autres fois ces sporules sont étendues
sous forme d'une poussière fine et délicate sur une
lame mince qui porte le nom iïhymenium.
On nomme chapeau, dans les Champignons, leur
partie supérieure, souvent large et circulaire, tantôt
convexe, tantôt concave. Il est quelquefois soutenu
sur une sorte de tige qu'on appelle pédicule {jiedi-
culus). En dessous, le chapeau est garni de lames
rayonnantes comme dans les Agarics , de tubes ,
comme dans les Bolets, ou même de pointes ou de
pores sur lesquels sont attachées les séminules.
Les «hampignons microscopiques , tels que les
Uredo , les JEcidium , les Puccinia, ont encore une
488 PLAJNTES AGAMKS.
organisation plus simple. Ils se développent d'abord
sous l'épiderme, qu'ils soulèvent, et finissent par se
montrer au dehors sous l'aspect de points à peine
imperceptibles.
On a voulu aussi admettre des fleurs, et par con-
séquent des organes sexuels dans les champignons.
Micheli regarde comme des étamines les rebords
frangés qu'on observe quelquefois, sur les lames ou
les pores de certaines espèces., .Hedwig, au con-
traire , appelle ces corps des stigmates ; il donne
le nom d'étamines à des espèces de filets succulcns
chargés de petits grains. Les pistils sont renfermés
entre les lames. Bulliard dit, au contraire, que les
graines sont en contact immédiat avec le fluide fécon-
dant, comme dans beaucoup de fucus et d'autres
Thalassiophytes.
La famille des Champignons, surtout d'après les
recherches et les travaux, récens d'un geand nombre
de botanistes du nord de l'Europe, s'es't enrichie
d'un nombre considérable d'espèces et de genres
nouveaux. Les ouvrages de Micheli, de Paulet , deBa-
tarra, deTodde, de Liuk, de Bulliard, de Persoon,
de Nées d'Essenbeck, d'Ehrenberg, de Fries, etc.,
ont puissamment contribué aux progrès de cette par-
tie de la botanique. Dans un ouvrage comme celui-
ci , il nous est impossible d'entrer dans de plus
grands détails sur l'organisation de ces êtres sin-
guliers.
Nous venons d'exposer d'une manière trpp abré-
gée, sans doute, pour en donner une idée complète,
CHAMPIGNONS. 489
l'organisation des plantes agames. Il ne nous a pas
été possible d'entrer dans de plus grands développe-
nens, parce que notre intention était seulement de
donner une idée générale de leur structure, afin de
faire voir l'extrême différence qui existe entre elles
et les végétaux phanérogames. C'est aux ouvrages
des Dillenius, des Hedwig, des Bridcl, des Persoon ,
des Hoffmann, des Vaucher , des Beauvois, des
Agardh , des Hooker, de^Lamouroux , et de tant
d'autres auteurs célèbres qui s'en sont occupés spé-
cialement , qu'il faut recourir pour prendre une
idée complète de la structure et de l'organisation
de ces végétaux, aussi intéressans que difficiles à
étudier.
ft H HILL UBRARY
N°rth Carolba Sfafe Coileq-
HORLOGE DE FLORE,
TABLEAU* DE l'hEURE DE L'ÉPANOUISSEMENT DE CER-
TAINES FLEURS , A UPSAL , PAR 6o° DE LATITUDE
BORÉALE.
HEURES
du lever ,
c'est-à-dire
de
l'épanouis-
sement
des fleurs.
MATIN
3 à 5.
4 à 5.
4 à 5.
4 à 5.
4 à 5.
4 à 6.
5
5. . . .
5
5 à 6.
5 à 6.
5 à 6.
6. . . .
6. . . .
6 à y.
6 à 7.
6 à 7.
6 à 7.
6 à 8.
7. . . .
7. . . .
7. . . .
7. . . .
7. . . .
NOMS
des
PLANTES OBSERVÉES.
Tragopogon pratense.
Leontodon tuberosum.
Picris hieracioïdes. . .
Cichorium intybus. . '.
Crépis tectorum. . . .
Picridium tingitanum.
Sonchus oleraceus. . .
Papaver nudicaule. . .
Hemerocallis fulva. .
Leontodon taraxacum.
Crépis alpina. ....
Rhagadiolus edulis. . .
Hypochœris maculata.
Hieracium umbellatum.
Hieracium raurorum. .
Hieracium pilosella. .
Crépis rubra ,
Sonchus arvensis. . .
Alyssum utriculatum. .
Leontodon hastile. . .
Sonchus lapponicus. .
Lactuca sauva
Calendula pluvialis. . .
Nymphaea alba
HEURES
du coucher ,
c'est-à-dire
où se ferment
ces mêmes
fleurs.
MATIN.
9 à IO
IO
10 à 12
10
11 à 12
13
io
$ à 5
3à 4
1 à 2
3 à/,
5
HORLOGE DE FLORE.
49 l
HEURES
du lever,
c'est-à-dire
de
l'épanouis-
sement
des fleurs.
9-
9-
9
9
io
io.
IO.
IO.
IO.
NOMS
des
PI.AHTES OBSERVÉES.
Anthericum ramosum
Mesembryanthemum barbatum. .
Mesembryanth. linguiforme. . . .
Hieracium auricula
Anagallis arver~is
Dianthus prolifer
Hieracium chondrilloïdes
Calendula arvensis
Arenaria rubra
Mesembryanthemum crystallinum
Mesembryanthemum nodiflorum.
Nyctago hortensis. .
Géranium triste. . .
Silène noctiflora. . .
Cactus grandiflorus.
HEURES
du coucher ,
c'est-à-dire
où se ferment
ces mêmes
fleurs.
SOIR.
3à 4
3
a à 3
a à 4
3
Selon la remarque d'Adanson, le tableau de Linnseus pour le climat
d'Upsal diffère d'une heure de celui qu'on pourrait faire pour le
climat de Paris.
CALENDRIER DE FLORE,
EPOQUES DE LA FLORAISON DE QUELQUES PLANTES SOUS L«
CLIMAT DE PARIS, DAPRES M. DE LAMARCK.
JANVIER.
L'Hellébore noir ( Helleborus niger)
FEVRIER.
L'aune ( finies viscosa ).
Le Saule marceau (Salix caprœa).
Le Noisetie'r ( Corjlus avellana).
Le Bois-Gentil (Daphtie mezereum).
•Le Galanthus nivalis.
m A RS.
Le Cornouiller mâle ( Cornus mas. ).
L'Anémone hépatique ( Hepatica triloba ).
L ' Androsace carnea.
La Soldanelle [Solda/iella alpina}.
Le Buis ( Buxus sempervirens ).
La Thuya ( Thuya orientalis ).
L'If ( Taxus baccata).
\lArabls alpina.
La Renoncule ficaire (Ficaria Ranunculoïdes).
L'Hellébore d'hiver ( Helleborus hietnalis).
■ i wi \ n.A/zan
CALENDRIER DE FLORE. 493
L'Amandier {^Amygdalus commuais).
Le Pêcher ( Amygdalus persica ).
L'Abricotier [Armeniaca sativa).
Le Groseiller à maquereau ( Ribes Grossularia).
Le Pétasite ( Tussilage- Petasites ).
Le Pas-d'Ane ( Tussilage- Far/ara).
Le Ranunculus auricomus.
La Giroflée jaune ( Cheiranthus cheiri ).
La Primevère (Primula veris).
La Fumeterre bulbeuse (Corydalis bulbosa).
Le Narcissus pseudo-Narcissus.
L' Anémone Ranunculoïdes.
Le Safran printanier ( Crocus vernus).
Le Saxifraga crassifolia.
L'Alaterne [Rhamnus alaternus).
AVRIL.
Le Prunier épineux ( Prunus spinosa ).
Le llhodora de Canada (Rhodora Canadensis).
La Tulipe précoce ( Tulipa suaveolens).
Le Draba verna.
Le Draba aizoïdes.
L e Saxifraga gra n nia ta .
Le Saxifraga tridactylites.
Le Cardamine pratensis.
L'Asarum europœuni.
Le Paris quadrifolia.
Le Pissenlit ( Taraxacum Dens-Lecnis).
La Jacinthe ( Hyacinthus orientalis):
4p4 CALENDRIER DE FLORE.
L'Ortie blanche ( Larnium album ).
Le Prunier ( Prunus domestica).
La Sylvie ( Anémone nemorosa ).
L'Orobe printanier ( Orobus vernus).
La petite Pervenche ( P'inca minor).
Le Frêne commun ( Fraxinus excelsior ).
Le Charme ( Carpinus betulus ).
L'Orme ( Ulmus campestris ).
L'Impériale (Fritillaria Imperialis).
Le Lierre terrestre ( Glecoma hederacea ).
Le Juncus sylvaticus.
La Luzula campes-tris.
Le Cerastium arvense.
Les Érables.
Le Prunier mahaleb ( Prunus mahaleb ).
Les Poiriers.
MAI.
Les Pommiers.
Le Lilas (Syringa uulgaris ).
Le Marronnier d'Inde [JEsculus Hippocastanum.)
Le Bois de Judée ( Cercis siliquastrum ).
Le Cerisier ( Cerasus commuais).
Le Faux Ebénier ( Citysus Laburnum ).
La Filipendule ( Spirœa Filipendula ).
La Pivoine ( Pœonia officinalis ).
\J Erysimum alliaria.
La Coriandre ( Coriandrum sativum ).
La Bugle (Ajuga reptans).
CALENDRIER DE FLORE. 4^5
L'Aspérule odorante ( Asperula odorata ).
La Bryone (Brjonia dioïca ).
Le Muguet ( Convallaria maïalîs ).
L Epine-Vinette ( Berberis vulgarh ).
La Bourrache (Borrago qfficinalis).
Le Fraisier ( Fragaria ■vesca).
L'Argentine ( Potentilla argentea").
Le Chêne ( Quercus robur).
Les Iris , etc., et en général le plus grand nombre
des plantes.
JUIN.
Les Sauges.
L'Alkékenge (Physalis Alkekengi).
Le Coquelicot ( Papaver rhœas ).
La Cardiaire ( Leonorus cardiaca).
La Ciguë ( Conium maculatum ).
Le Tilleul ( Tilia europœa).
La Vigne ( Vitis vinifera ).
Les Nigelles.
Yl hleracleum sphondylium.
Les Nénuphars.
La Prunelle ( Brunella vulgaris ).
Le Lin ( Lùium usitatissimum ).
Le Cresson de fontaine (Sisjmbnum Nasturtium).
Le Seigle ( Secale céréale).
L'Avoine ( Avena sativa ).
Le Froment ( Triticum sativum ).
Les Digitales.
49^
CALENDRIER DE FLORE.
Le Pied-d'alouette ( Delphiniwn consolida ).
Les Hypericum.
Le Bleuet ( Centaurea Cyanus).
\1 Amorpha fruticosa.
Le Melia Azedarach.
JUILLET.
L'Hysope ( Hyssopus officinalis ).
Les Menthes.
L'Origan ( Origanum vulgare ).
La Carotte ( Daucus Carotta ).
La Tanaisie ( Tanacetum vulgare ).
Les OEillets.
La petite Centaurée {Erythrœa Centaurium ),
Le Monotropa hypopithys.
Les Laitues.
Plusieurs inules.
La Salicaire ( Lythrum Sallcaria )•
La Chicorée sauvage ( Cichorium Intybus ).
La Verge d'or ( Solidago f^irga anrea ).
Le Catalpa [Bignonia Catalpa}.
Le CephalantJuis .
Le Houblon ( Humulus Lupulus ).
Le Chanvre ( Cannabis sativa, etc. , etc.
AOUT.
La Scabiosa succisa.
Le Parnassia palustris.
CALENDRIER DE FLORE. 4Q7
La Gratiole ( Gratiola officinalis').
La Balsamine des jardins ( Bahamina hortensis ).
L'Euphraise jaune ( Euphrasia lutea ).
Plusieurs Asters.
Le Laurier-Tin ( Viburnum Tinus).
Les Coreopsis.
Les Rudbeckia.
Les Sylphium.
SEPTEMBRE.
Le Ruscus racemosus.
\1 Aralia spinosa.
Le Lierre (Hedera hélix).
Le Cyclamen ( Cyclamen europœum ).
\1 Amaryllis lutea.
Le Colchique ( Colchicum autumnale ).
Le Safran ( Crocus sativus).
L'OEillet d'Inde ( Tagetes erecta ).
OCTOBRE.
L 'Aster grandiflorus.
Le Topinambour ( Helianthus tuberosus ).
U Aster miser.
\j Anthémis grandiflora , etc.
Le Chrysanthemum indicum.
TABLE ANALYTIQUE
DES MATIÈRES.
DÉDiCAcfe Page v
Avertissement sur la troisième édition vij
Préface de la première édition xj
Introduction. Définition de la Botanique et objets dont elle
s'occupe, i. — Sa division en trois branches, la Botanique
proprement dite , la Physique végétale , et la Botanique
appliquée; Subdivisions de ces branches, 2. — Ce qu'on
entend par un végétal , 4- — Différence entre les végétaux
et les animaux, 5.
Parties élémentaires des végétaux ou An atomie végétale ,
8. — Tissu aréolaire ,9. — ■ Nouvelles observations de
MM. Dutrochet et Amici sur les cellules, 10. — Tissu
vasculaire ou tubulaire, i3. — Différentes espèces de
vaisseaux , ibid. — Leurs combinaisons , d'où résultent
les fibres et le parenchyme qui, diversement combinés
eux-mêmes, constituent les organes, 17. — Distinciion des
vaisseaux en vaisseaux séveux ou lymphatiques , en vais-
seaux propres et en vaisseaux aériens, 17. — Observations
de M. Amici sur les vaisseaux poreux, 18. — Système de
M. Dutrochet sur les pores des parois cellulaires , 20. —
Des glandes , 23. — Différentes espèces de glandes , ibid.
— Des poils, 24- — Distinction des poils en glandulifères,
excréteurs ou lymphatiques, 25. — Leurs formes, ibid.
— Organes des végétaux. Définition de ces organes ,
savoir: de la racine, de la tige , des feuilles , des fleurs,
du pistil , des étatnines , 26 — de la corolle , du calice ,
du fruit , du péricarpe , 28. — Des graip ?9 , de l'épisperrne,
5ûO TABLE ANALYTIQUE ,
de l'amande, 29. — L'amande contient l'endosperme , et
l'embryon , qui est formé lui-même du corps radiculaire ,
de la gemmule et du corps cotylédcmaire simple ou divisé ,
3o. — Grande division des plantes en inembryonées ( cryp-
togames , agames , acotylédones ) et en embryonées (pha-
nérogames ) , fondée sur l'absence ou la présence de l'em-
bryon, 3i. — Division des embryonés en monocotylédons
et dicotylédons , suivant que le corps cotylédonaire est
simple ou divisé , ibid. — Division des organes des végé-
taux en deux classes , suivant qu'ils servent à la nutrition
ou à la reproduction , 35.
Ire. CLASSE. Organes de la nutrition ou de la végétation.
Chapitre Ier. De la racine; définition et caractères de la
racine , 38. — Il ne faut pas la confondre avec les tiges
souterraines , 40. — Différentes parties sont susceptibles
de produire des racines , ibid. — Analogie des racines et
des tiges, ibid. — Elle est formée de trois parties, 41. —
Division des racines suivant leur durée , en annuelles ,
bisannuelles, vivaces et ligneuses, 42- — Suivant leur
structure , en pivotantes , fibreuses , tubérifères et bulbi-
fères, 44- — Suivant leur consistance, 46- — Leur di-
vision ,47- — Leur direclion , ibid. — Leurs formes , ibid.
— Usages des racines, 49- — Leur division fondée sur
leurs usages en médecine , 59.
Chap. II. De la tige. Caractères de.la tige, 61. — Il ne faut
pas la confondre avec la hampe et le pédoncule radical ,
ibid. — Cinq espèces de tiges, le tronc, le stipe, le chaume,
la souche , la tige proprement dite, ibid. — Distinction des
tiges suivant leur consistance, 64. — Leurs formes , 67. —
Leur composition , 70. — Leur direction, 71. — Leur
vestiture et leurs appendices, 72. — Leur superficie , 73.
Leur pubescence , 74. — Leur armure, 75. — Structure
anatomique des tiges, 76. — Sect. I. Organisation de la
DES MATIÈRES. 5o I
tig* des dicotylédons, ibid. — De l'épiderme , 77. — Ob-
servations microscopiques de M. Araici sur l'épiderme et
les pores corticaux, 78. — De l'enveloppe herbacée, 81.
— Des couches corlicales , 83. — Du liber, ibid. — - De
l'aubier, ou faux bois, 86. — Du bois proprement Hit, 87.
— De l'étui médullaire , 88. — De la moelle , 8g. —
Sect. II. Organisation de la tige des monocotylédons, 92.
— Sect. III. Organisation de la racine, 94. — Sect. IV.
Considérations générales sur l'accroissement des végétaux ,
et en particulier sur le développement de la tige , 97.
— §1. Accroissement de la tige des arbres dicotylédo-
n^s, 99- — ^.Accroissement en diamètre, ibid. — Théorie
de Duhamel, ibid. — Théorie de M. Dupetit- Thouars ,
104. — Théorie de M. Mirbel , 109. — B. Accroissement
en hauteur, ni. — §2. Accroissement de la tige des
arbres monocotylédons, n3. — Nouvelles observations
de M. Dutrochet sur l'accroissement de la tige, n5. —
Théorie de quelques procédés pour la multiplication arti-
ficielle des végétaux , expliqués par les lois de la physio-
logie végétale, 119. — Marcotte, ibid. — Bouture, 120.
— Greffe, 121. — Sect. I. Greffes par approches, ia3.
— Secr. II. Greffes par scions, ibid. — Sect. III. Greffes
par gemmes ou boutons, 120. — Sect. IV. Greffes des
parties herbacées des végétaux, 126.* — De la hauteur
des arbres, 127. — De la grosseur des arbres , 128. — De
la durée des arbres, ibid. — Usage des tiges , 129. — Leur
division suivant leurs usages en médecine, io3.
Chap. III. Des bourgeons, i32. — Des bourgeons propre-
ment dits, ibid. — Leur division en nus etécailleux, i33.
— Subdivision des seconds, i34- — Suivant les parties
qu'ils renferment, i35. — Du turion , ibid. — Du bulbe,
i36. — Des tubercules , iZg. — Des bulbilles , ibid. —
Usages des bourgeons et des bulbes, 141.
Gh a p. IV. Des feuilles, 142. — Leurs différentes dispositions
avant leur entier développement , ibid. — Considérations
5oa TABLE ANALYTIQUE
sur la feuille après ce1 développement; sa définition ; son
origine , i43. — Ses deux parties , le pétiole et le limbe ,
144. Faces du limbe. L'inférieure présente les nervures
dont les dispositions variables ont une grande importance
et peuvent être rapportées à trois principales, i45 et suiv.
— Diverses manières dont la feuille est unie à la tige ,
147. — Division des feuilles en simples et composées , i5o.
§ I. Des feuilles simples. Leur distinction suivant leur point
de départ, i5a. — Leur disposition sur la tige ou les ra-
meaux , i53. — Leur direction relativement à la tige, i56.
— Leur circonscription ou figure , 157. — Les échancrures
de leur base , 160. — Leur mode de terminaison à leur
sommet, 161. — Leur contour, 162. — Leurs incisions
plus ou moins profondes , i63. — Les modifications de
leur bord, i65. — Leur expansion, 167. — Leur super-
ficie, 168. — Leur pubescence, ibid. — Leur consistance
et leur tissu, ibid. — Leur forme, 169. — Leur colora-
tion, 170. Leur pétiolation , 171. — Leur durée , 172.
§ IL Des feuilles composées , 173. — Leur division en com-
posées proprement dites et décomposées , ibid. — Sub-
division des unes , ibid. — Et des autres, 177.
Structure, usages et fonctions des feuilles, 178. — ' Opi-
nions de M. Dutrochet sur les mouvemens des feuilles,
i83. — Défoliation ou chute des feuilles, 186. — Leurs
usages économiques et médicaux , 187,
Chap. V. Des stipules: leur définition, 189. — Importance
des caractères qu'elles fournissent, ibid. — Variétés dç leur
connexion , de leur consistance , de leur figure, de leur
durée , 190.
Chap. VI. Des vrilles , cirrhes ou mains , 191.
Chap. VIL Des épines et des aiguillons, 193.
De la nutrition dans les végétaux , 195. — De l'absorp-
tion ou succion, 19Ô — De la marche de la sève, 2o3. —
DES MATIÈRES. 5o3
Observations nouvelles de M. Amici sur la circulation du
suc dans les Chara et le Caulinia fragilis , 2o5. — Diverses
hypothèses relativement à la cause qui détermine la marche
de la sève, 207. — De la transpiration , 210. — De l'ex-
piration , 2i3. — De l'excrétion, 214. — De la sève des-
cendante , 21 5.
IIe CLASSE. Des organes de la reproduction ou de la
fructification.
Section Ire. Des organes de la floraison.
Considérations générales sur la fleur, 220.
Chap. Ier Du pédoncule et des bractées, 226. — Ce que sont
les pédoncules, ibid. — Ce que sont les bractées, 227. —
Leurs diverses dispositions, 228. — Unies, elles forment
ou une cupule , ou un involucre , qui prend , suivant le cas ,
le nom de calicule ou de spathe, ibid. — De ces parties
dans les Graminées , 23o. — Modifications du pédon-
cule, 23 1.
Chap. II. De l'inflorescence. Définition , 232. — Divers
modes d'inflorescence. L'épi, 233. — La grappe, 234. —
Le thyrse, ibid. — La panicule, ibid. — Le corymbe. La
cyme, ibid. — L'ombelle, 235. — Le sertule. Le verticille,
236. — Le spadice, ibid. Le chaton, 237. — Le capitule,
ibid.
Chap. III. De la préfleuraison , a38.
Chap. IV. Des enveloppes florales en général , 240.
Chap. V. Du calice. Définition et caractères, 245. — 5 Dis-
tinction des calices en monosépales et polysépales , ibid. —
Caractères des premiers, 246. — Leur distinction établie
d'après leurs divisions plus ou moins profondes, 247- —
D'après leur régularité ou irrégularité et leurs formes
diverses, 248. — Nombre variable des sépales dans les
calices polysépales, a5o.
5o4 TABLE ANALYTIQUE
Chap. VI. De la corolle. Définition et caractères, 252. —
Division des corolles en monopétales et polypétales , ibid.
— Ce que c'est qu'un pétale, ibid. — Ses parties, ibid. —
Différences des corolles monopétales et polypétales, 253.
— Des parties que présentent les premières, le tube, le
limbe et la gorge, 25/(. — Corolle monopétale régulière,
255. — Irrégulière, 256. — • Corolle polypétale , 260. —
Corolles polypétales régulières qui peuvent être cruci-
formes, rosacées, caryophyllées, 263. — Corolles polypé-
tales irrégulières qui sont papilionacées ou anomales, 26/»-
— Situation relative des sépales et des pétales, ibid.
Chap. VII. Des organes sexuels. Histoire de leur découverte ,
266. — Des parties qui concourent à les former , ibid.
Chap. VIII. De l'étamine ou organe sexuel mâle, 268. — Des
parties qui la composent , ibid. — Nombre variable des
étamines, 269. — Leur grandeur relative, 271. — Leur
situation relativement aux divisions du calice et de la
corolle , 272. — Leur direction , 273. — Elles sont libres
ou réunies, 274.
§ I. Du filet; ses différentes formes, 274. — Les filets sont
ou libres ou soudés soit en partie, soit en totalité, 275. —
Leur nature et leur structure organique, 276.
§ IL De l'anthère. Des parties qui concourent à la former,
278. — De ses loges et de leur nombre, ibid. — Points
d'attache des anthères, 27g. — Leurs formes, ibid. — Les
loges des anthères biloculaires peuvent être soudées de
différentes manières, 281. — Peuvent être réunies par un
connectif, 282. — Modes de déhiscence des anthères, 283.
— Les anthères peuvent être adhérentes entre elles, ibid.
§ III. Du pollen, 284. — Structure , nature de la superficie,
et forme des grains polliniques, 286.
Chap. IX. Du pistil ou organe sexuel femelle. Parties qui le
composent, 290. — Du gynophore, ibid.
DES MATIÈRES. 5o5
§ I. De l'ovaire. Ses caractères, 291. — Son adhérence ou
non-adhérence avec le calice ; importance de ce caractère,
292. — Cavités intérieures ou loges de l'ovaire variables
en nombre, 29/4- — Des ovules qu'elles contiennent, 2g5.
§ IL Du style. Le nombre des styles et leur position relati-
vement à l'ovaire, 296. — Leurs formes, 297.
§ III. Du stigmale. Définition, 299. — Nombre des stig-
mates, 3oo. — Leur position sur le style, ibid. — Leur
différence de substance , ibid. — Leurs formes , 3oi .
Nouvelles considérations générales sur la fleur, 3o4. —
De l'anthère, ibid.
Division des plantes suivant la saison de leur florai-
son, 3o5.
Influence des météores atmosphériques sur certaines
fleurs , 307.
Chap. X. Des nectaires , 3o8.
Chap. XI. De la fécondation. Considérations générales sur
son mécanisme et la manière dont la nature la favorise
dans les divers végétaux, 3n et suiv.
Chap. XII. Du disque. Définition , 323. — Sa distinction en
hypogyne , périgyne et épigyne , ibid.
Chap. XIII. De l'insertion. Ce qu'on entend par ce mot ,
324. — Distinction des insertions en absolue et relative,
ibid. — Trois sortes d'insertion relative, 325.
Section IIe. Du fruit ou des organes de la fructification
proprement dits, 326.
Chap. Ier Du péricarpe, 326. — Définition, ibid. — Des
trois parties qui le forment, l'épicarpe, le sarcocarpe ,
l'endocarpe , 327. — Des organes accessoires du péri-
carpe. De sa cavité intérieure simple ou offrant plusieurs,
loges, 329.
5û6 TABLE ANALYTIQUE
§ I. Des cloisons qui séparent ces loges, 329 et 333.
§ IL Du trophosperrae , 333.
§ III. De l'arille, 335. — De la columelle, 337. — Déhis-
cence du péricarpe, 337. — Péricarpes rupîiles, 338. —
Péricarpes déhiscens , ïbid. — Nombre des -valves, ibid.
— La déhiscence valvaire peut être, i° loculicide ; 20 sep-
ticide; 3° seplifrage, 33g. — Formes du péricarpe dans
son ensemble , 34o. — Le fruit est quelquefois couronné
d'une aigrette, ibid. — Cette aigrette est sessile ou stipi-
tée , 3/, 1. — Elle est poilue ou plumeuse, ibid. — Ailes ou
appendices membraneux du péricarpe, ibid. — Exemples
d'analyse de fruits propres à mieux faire connaître l'orga-
nisation du péricarpe, 342. — Analyse du fruit du pêcher,
ibid. — Analyse du fruit du pois ordinaire, 344- — Ré-
sumé présentant toules les parties qui constituent le péri-
carpe , 345.
Chap. IL De la graiue, 346. — Définition de la graine, ibid.
— Il n'existe pas de graines nues, c'est-à-dire sans péri-
carpe , ibid. — Nécessité d'étudier la structure de l'ovaire
pour connaître celle du fruit, ibid. — L'essence et la per-
fection de la graine consistent dans l'embryon, 347. —
Dissemblance des véritables graines d'avec les corpuscules
reproductifs des plantes agames , ibid. — La graine est for-
mée de deux parties, i° de l'épisperme ou tégument pro-
pre; 20 de l'amande, ibid. — Du bile ou point d'attache de
la graine, 348. — Sommet, face , bords de la graine, ibid.
— Graine comprimée, graine déprimée, ibid. — Position
des graines, 34g. — Dressées, ibid. — Renversées , ibid. —
Ascendantes, suspendues, péritropes , ibid.
§ I. De l'épisperme , 35o. — Testa et tegmen , ibid. — Hile ,
omphalode, vasiducte, etchalaze, ibid. — Micropile, em-
bryotége, 35i.
DES MATIÈRES. 5o^
§ II. De l'amande, 35î. — Elle est formée par l'embryon
seul ou uni à un endosperme , ibid.
§ III. De l'endosperme , 353. — Sa'couleur, sa substance,
ibid.
§ IV. De l'embryon, 354. — Embryon épisperraique, 355.
— Embryon endospermique , ibid. — Embryon extraire
et intraire , ibid. — L'embryon est formé de quatre par-
ties : i° le corps radiculaire ou la radicule ; 2° le corps
cotylédonaire; 3° la gemmule; 4° la tigelle. La radicule
peut être nue ou coléorhizée, c'est-à-dire renfermée dans
une coléorhize, ibid. — Le corps cotylédonaire est à un
seul, à deux ou à un grand nombre de cotylédons, 357-
— Embryon monocotylédoné et dicotylédoné , ibid. —
Nouvelle division des végétaux en tendorhizes , exorhizes
et sjnorhizes, 358. — Usages des cotylédons, 359- —
Cotylédons hypogés et épigés, ibid. — Feuilles séminales,
36o. — De la gemmule ou plumule, ibid. — Feuilles pri-
mordiales , ibid. — De la coléoptile , ibid. — De la tigelle,
36i. — Direction de l'embryon relativement au péricarpe,
ibid. — Embryon homotrope, anlitrope, ortbotrope et
amphitrope , 3Ô2.
§ V. De l'embryon dicotylédoné, 363. — Caractères que
présentent en général sa radicule, ses deux cotylédons ,
sa gemmule, sa tigelle, ibid. — Ses anomalies, ibid. —
Soudure des deux cotylédons en un seul ; le marronnier
d'Inde , ibid.
§ VI. De l'embryon monocotylédoné, 364- — Souvent on
ne peut bien reconnaître ses différentes parties que par la
germination , ibid. — Corps radiculaire , embryon macro-
pode , ibid. — Radicule enfermée dans une coléorhize;
elle n'est pas toujours simple, ibid. — Corps cotylédo-
naire , 365. — Il est simple , indivis , ibid. — Gemmule
renfermée dans le cotylédon , composée de petites feuilles
5û8 TABLE ANALYTIQUE
emboîtées les unes dans les autres, ibid. — Piléole, tigelle,
se confond ordinairement avec le cotylédon ou la radicule
ibid. — Structure de l'embryon des graminées , ibid. — De
l'hypoblaste , 365. — Du hlaste, ibid. — De la Radicu-
lode, ibid. — De l'épiblaste , ibid.
Chap. III. De la germination, 366. — Définition de la ger-
mination , ibid. — Circonstances nécessaires à la germina-
tion : les unes dépendent de la graine , les autres lui sont
accessoires ou étrangères , ibid. — État où doit être la
graine, 367. — Agens extérieurs indispensables à la ger-
mination , ibid. — De l'eau, ibid. — Elle sert de véhicule
aux substances alimentaires du végétal , ibid. — Sa trop
grande quantité est nuisible aux graines , 368. — Elle
ramollit l'enveloppe séminale , et favorise sa rupture ,
ibid. — De la chaleur, 368. — Elle est aussi nécessaire
que l'eau, mais ne doit pas passer certains degrés, 369.
— Une chaleur de 25 à 3o degrés est la plus convenable ,
ibid. — De l'air, ibid. — Il est aussi utile aux végétaux
pour germer et croître qu'aux animaux pour respirer et
vivre , ibid. — Expériences de Homberg, qui dit avoir
vu germer des graines dans le vide de la machine pneuma-
tique , peu exactes, ibid. — Action de l'oxygène, 370,
— Il aide et favorise la germination, ibid. — Pur, il l'ac-
célère d'abord , mais il ne tarde pas à l'arrêter par l'acti-
vité trop puissante qu'il lui commuuique , ibid. — Son
action tempérée par sa réunion au gaz azote ou au gaz hy-
drogène, 371. — Proportions les plus convenables de ce
mélange, ibid. — L'oxygène , absorbé pendant la germi-
nation, se combine avec l'excès de carbone que contient
le jeune végétal, et forme de l'acide carbonique qui est
rejeté au dehors , ibid. — Influence de cette combinaison
sur l'endosperme , ibid. — Expériences de M. de Hum-
boldtavec le chlore , ibid. Influence du sol et de la lumière
sur la germination, 372. — Phénomènes généraux de la
DES MATIÈRES. 5(X)
germination, 373. — La radicule paraît la première, 374.
— La gemmule paraît peu de temps après , ibid. — Usages
de l'épispermé, 376. — 'Il sert à empêcher l'eau d'agir
trop directement sur l'embryon , ibid. — Origine de l'en-
dosperme, qui n'est que le résidu des eaux de l'amnios,
ibid. — Usage de l'endosperme , qui fournit les premiers
matériaux de sa nutrition au jeune végétal, 377. — Les
cotylédons remplissent souvent les mêmes usages que l'en-
dosperme , ibid.
% I. Germination des embryons exorhizes ou dicotylédones,
378 et suiv.
§ IL Germination des embryons endorhizes ou monocotylé-
donés, 379 et suiv.
Chap. IV. Classification des différentes espèces de fruits,
382. — Considérés en général, les fruits sont distingués
en simples , multiples et composés, 383. — Suivant la na-
ture du péricarpe, les fruits sont secs ou charnus, 384. —
Les fruits secs sont déhiscens ou indéhiscens, ibid. — Selon
le nombre des graines qu'ils renferment , on distingue les
fruits en oligospermes et en polyspermes , ibid. — Fruits
pseudospermes , 385.
Première classe. Des Fruits simples.
Section première. Fruits secs.
§ I. Fruits secs et indéhiscens, 386.
i° Le Caryopse , ibid.
20 L'Akène , 387. — Akène avec aigrette , ibid.
3° Le Polakène , — Diakène , — Tétrakène , etc. , ibid.
4° La Samare, 388.
5° Le Gland , ibid.
6° Le Carcérule , ibid.
5lQ TABLE ANALYTIQUE
§ IL Fruits secs et déhiscens , 389.
i° Le Follicule, ibid.
2° La Silique , ibid.
3° La Silicule, ibid.
4° La Gousse. Gousse uni-biloculaire, lomentacée , 390,
5° La Pyxide, 3gi.
6° L'Élatérie, ibid.
70 La Capsule, ibid.
Section II. Des Fruits charnus , 392.
i° La Drupe, ibid.
2° La Noix , ibid.
3° Le Nuculaine, ibid.
4° La Mélonide , ibid. — Note sur celte espèce de fruits ,
393. — Mélonide à nucules, et Mélonide à noyaux,
394-
5° La Balauste, ibid.
6° La Péponide, ibid.
70 L'Hespéridie , 395.
8° La Baie , ibid.
Deuxième classe. Des Fruits multiples.
Du Syncarpe, 3g6.
Troisième classe. Des Fruits agrégés ou composés.
i° Le Cône ou Strobile, 397. «
20 Le Sorose , ibid.
3° Le Sycone, ibid.
Chap. V. De la Dissémination , 3g8. — Ce que l'on doit en-
tendre par ce mot, 399. — C'est le moyen le plus puissant
de la reproduction des espèces, ibid. — Circonstances qui
la favorisent , 4oo. — Péricarpes qui se rompent avec élas-
DES MATIERES. 5ll
ticité , et lancent leurs graines, ibid. — Appendices divers
des graines qui augmentent leur surface et les rendent plus
légères , 4oi. — Les vents, les fleuves, les eaux de la mer
sont les agens de la dissémination , ibid. — Usages des
fruits et des graines , 4°2 et suiv.
De la Taxonomie , ou des Méthodes botaniques , 4o5. —
Coup d'œil sur l'histoire de la Botanique , ibid. — Théo-
phraste , ibid. — Gesner, 409. — Cœsalpin , ibid. — Les
frères Bauhin , Rai, Magnol et Rivin , 410. — Tourne-
fort, ibid. Linnseus, 41 i. — Adanson , Bernard de Jussieu,
Antoine-Laurent de Jussieu, 4i3.
Méthode de Tournefort , 416 et suiv. — Clef de la méthode
de Tournefort, 426.
Système sexuel de Linnaeus, 4^7*
Système sexuel de Linnseus, modifié par M. Richard père, 441.
Clef du système sexuel de Linnaeus , 445.
Clef du système sexuel modifié, ibid.
Méthode de M. de Jussieu , ou des familles naturelles , 446.
Liste des familles des plantes rangées suivant la méthode de
M. Antoine-Laurent de Jussieu , 4^7.
Clef de la Méthode des familles naturelles de M. de Jussieu ,
465.
Considérations générales sur l'organisation des plantes Aga-
mes, 466.
Des Salviniées , 47°-
Des Fougères , 473.
Des Lycopodiacées , 475.
Des Mousses, 476.
Des Hépatiques , 480.
Des Algues, 481.
5l2 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES.
Des Lichens, 484.
Des Champignons, 486.
Horloge de Flore, 490-
Calendrier de Flore , 492.
FIN DE LA TABLE ANALYTIQUE.
EXPLICATION DES PLANCHES (i).
PIANCHE PREMIÈRE. Anatomie végétale.
Fig. i. Vaisseaux moniliformes ou en chapelet.
Fig. 2. Vaisseaux poreux.
Fig. 3. Portion de vaisseau poreux plus grossie,
Fig. ll. Vaisseau fendu ou fausse trachée.
Fig. 5. Le même, plus grossi.
Fig. 7. Vaisseau en spirale ou Trachée.
Fig. 8. Tissu cellulaire régulier.
Fig. 9. Portion d'épiderme pour faire voir les pores cor-
ticaux.
Fig. 6. Portion du tronc d'un arbre dicotylédoné, composé
de couches concentriques : on voit en a l'écorce;
en b l'aubier ou faux bois; en c le bois propre-
ment dit; en cl le canal médullaire.
Fig. 10. Portion de stipe d'un arbre monocotjrédoné, formé
de faisceaux de fibres ligneuses, épars au milieu de
la substance médullaire.
PLANCHE DEUXIÈME : Racines , Souche , Bulbe.
Fig. 1. Racine rameuse, pivotante.
Fig. 2. Racine du radis [Brasica Napus), Elle est pivotante ,
simple et napiforme.
Fig. 3. Racine de la rave (variété de l'espèce précédente).
Elle est simple, charnue ,fusiforme et pivotante.
Fig. /(. Racine delà carotte. (Daucus Carota, L.) Elle est
simple, charnue, pivotante, conique.
Fig. 5. Racine lubérifère ( Orchis rnititaris, L.) Elle est di-
(1) Nous avons emprunté plusieurs de nos figures aux Elémeus de Phy-
siologie de M. Mirbel et à l'Iconographie de M. Turpin. Il était impossible
de puiser à de meilleures sources.
33
5l/f EXPLICATION
dyme , à tubercules ovoïdes entiers : a est le tuber-
cule qui doit pousser la nouvelle tige ; b est celui qui
a fourni la tige c.
Fig. 6. Racine tubérifère (Orchis maculata , L.) à tuber-
cules palmés.
Fig. 7. Souche, rhizome , ou tige souterraine du sceau de Sa-
lomon (Polygonatum vulgare, Desf.) On voit de
distance en distance des empreintes circulaires qui
proviennent des pousses des années précédentes.
C'est à eetle espèce de tige que l'on a donné les
noms de racine progressive, sigillée, succise, etc.
C'est une véritable tige et non point une racine.
Fig. 8. Bulbeàtuniquesderognoncommun.(^fZZ/w/«Cfy?«,L.)
Fig. g. Bulbe écailleux du Hs. (Lilium candidum, L.) Il est
composé d'écaillés charnues, et imbriquées à la ma-
nière des tuiles d'un toit.
PLA.NCHE TROISIÈME : Feuilles simples.
Fig. 1. Foliole du rosier. [Rosa centifolia, L.) Elle est ovale,
obtuse , dentée en scie ou serrée.
Fig. 1. Feuille elliptique, obtuse, entière.
Fig. 3. Feuille de la pâquerette (Bellis perennis , L. ) Elle
est spatulée.
Fig. 4- Feuille du sceau de Notre-Dame ou Tamisier. ( Ta-
nins commuais , L. ) Elle est cordiforme, aiguë, en-
tière, basinerve.
Fig. 5. Feuille du nénuphar. (Nymphœa alba , L. ) Elle est
cordiforme , obtuse.
Fig. 6. Feuille de l'asaret. (Jsarum europœum , L.) Elle est
réniforme , obtuse et émarginée au sommet.
Fig. 7. Feuille sagittée ou en fer de flèche.
Fig. 8. Feuille hastée.
Fig. 9. Feuille de l'écuelle d'eau (Hydrocoty le vulgaris , L.)
Elle est orbiculaire , doublement crénelée etpeltée.
DES PLANCHES. 5l5
Fig. 10. Feuilles supérieures du chèvre- feuille. (Lonicera
Caprifolium. ) Elles sont connées.
Fig. 1 1 . Feuille du Buplevrum rotundifolium , L. Elle est
ovale, aiguë , pei foliée.
Fig. 12. Feuille de YHjdrocotyle tripartita, Thunb. Elle
est cunéiforme , quinqué-dentée.
Fig. i3. Feuille du pissenlit. ( Taraxacuin clens leonis.) Elle
est pinnalifide et roncinée.
Fig. 24. Feuille du séneçon vulgaire. [Senecio vulgaris, L.)
Elle est pinnatifide, Ijrée.
Fig. i5. Feuille de la passiflore glauque. (Passijlora glauca ,
Jacq.) Elle est tripartite à lobes lancéolés aigus ,
dentés en scie.
Fig. 16. Feuille de la passiflore bleue. {Passijlora cœrulea,
Jacq.) Elle est quinqué-partite digitée , à lobes lan-
céolés, sinueux.
PLANCHE QUATRIÈME : Feuilles composées.
Fig. 1. Feuille de l'oranger. {Citrus Aurantium , L.) Elle est
composée, unifoliée.
Fig. 2. Feuille paripennée ou pennée sans impaire, biju-
guée.
Fig. 3. Feuille du frêne. (Fraxinus excelsior,h.) Elle est
imparipennée , ou pennée avec impaire.
Fig. 4- Feuille unijuguée.
Fig. 5. Feuille digitée et trifoliée.
Fig. 6. Feuille du marronier dTnde. {/Esculus hipocasta-
num, L. ) Elle est digitée, septemfoliolée ; à fo-
lioles obovales, aiguës, dentées.
Fig. 7. Feuille du Mimosa Julibrizin, L. Elle est décom-
posée , bipennée.
Fig. 8. Feuille décomposée, triternée. (Epimedium alpi-
num , L . )
5i6
EXPLICATION
PLANCHE V. — Fleurs.
Fig. i. Lilas. (Syringa vulgaris , L.) Corolle monopétale
régul ière , hypocratériforme .
Fig. 2. Tabac ( Nicotiana Tabacum , L.) Corolle monopé-
tale régulière , infundibuliforme.
Fig. 3. Campanule. Corolle monopétale régulière, campa-
nulée.
Fig. 4- Arbousier. Corolle monopétale régulière, en grelot.
Fig. 5. Fleuron d'un chardon.
Fig. 6. Demi-fleuron.
Fig. 7. Corolle monopétale irrégulière personnée de la li-
naire. {Antirrhinum Linaria , L.)
Fig. 8. Corolle monopétale irrégulière bilablée.
Fig. 9. Giroflée rouge. [Cheiranthus anriuus.) Corolle po-
lypétale régulière, cruciforme : a, un des pétales.
Fig. 10. OEillet ( D ianthus caiyophyllus.) Corolle polypé-
tale régulière , cariophyllée.
Fig. 11. Fraisier. [Fragaria vesca , L. ) Corolle polypé-
tale régulière , rosacée.
Fig. 12. Corolle polypétale irrégulière , papilionacée.
PLANCHE VI. — Étamines et pistils.
Fig. 1. Lis. [Lilium candidum, L. ) Ovaire libre à trois
côtes, style élargi au sommet, et terminé par un
stigmate trilobé.
Fig. 2. Rosier des haies. [Rosa canina , L») Plusieurs
ovaires pariétaux attachés aux parois d'un calice
monosépale urcéolé.
Fig. 3. Gratiole {Gratiola officinalis , L.) Ovaire libre,
style très-long , stigmate bilamellé.
Fig. 4- Groseiller épineux. (Ribes Grossularia , L.) Ovaire
infère surmonté d'un style biparti.
DES PLANCHES. 5 I 7
Fig. 5. Ovaire à trois loges , triloculaire.
Fig. 6. Étamine dont l'anthère est biloculaire, cordiforme.
Fig. 7. Anthère d'un Solarium s'ouvrant par un petit trou
au sommet de chaque loge.
Fig. 8. Laurier. ( Laurus nobilis , L. ) Anthère biloculaire ,
dont les loges s'ouvrent au moyen de petits pan-
neaux : a, a' ouvertures des loges , b, b' panneaux.
Fig. 9. Ephémère de Virginie. (Tradescantia Virginica.)
Étamines dont le filet est chargé de poils articulés ;
l'anthère est biloculaire didyme ; les deux loges bb
sont écartées l'une de l'autre par un connectif a.
Fig. 10. Dix étamines monadelphes.
Fig. 11. Dix étamines diadelphes.
Fig. i3. Cinq étamines synanthères.
Fig. 14. Aristoloche clématite. [Arislolochia Clematitis.)
Ovaire infère, relevé de côtes; étamines soudées
avec le style et le stigmate , c'est-à-dire gynandres.
Fig. i5. Graminée. Épillet uniflore : a a les deux valves de
la lépicène ; b b celles de la glume embrassant le
pistil et les trois étamines.
Fig. 16. Le même , dépouillé de la lépicène et de la glume :
a a les deux écailles de la glumelie.
PLANCHE VIL — Graines et Germination.
Fig. 1. Graine de haricot : a hile , b micropile.
Fig. 2. La même, dépouillée de son tégument propre ou
épisperme , c'est-à-dire embryon seul : a radicule ,
b b les deux cotylédons.
Fig. 3. La même , dont on a séparé un des cotylédons : a la
radicule , b la gemmule, c le second cotylédon.
Fig. 4« La même, dont on a détaché les deux cotylédons:
a radicule , b tigelle , ce la gemmule.
Fig. 5. Haricot germant. On voit sortir la radicule.
Fig. 6. Ricin. {Ricinus commuais, L.) a caroncule arilli-
forme.
5l8 EXPLICATION
Fig. 7. L;i même , coupée longitudinaleruent : a caron-
cule , b endosperme , c embryon.
Fig. 8. Embryon séparé de l'intérieur de Pendosperme :
a radicule , bb cotylédons, c gemmule.
Fig. 9. La même graine, coupée transversalement.
Fig. 1 o. Graine de balisier [Canna indica , L.), coupée longi-
tudinalement : a son épisperme , b son endosperme ,
c son embryon, qui est monocotylédon.
Fig. n. L'embryon monocotylédon de la graine précédente
séparé : a le cotylédon, b la gemmule renfermée
dans le cotylédon, qui en s'allongeant percera le
cotylédon latéralement, et deviendra b'; c' la radi-
cule renfermée dans une coléorhize, qu'elle doit
percer en c' pour s'enfoncer dans la terre.
Fig. 12. Le blé [Triticum sativurn) dont on a mis à nu l'em-
bryon qui est monocotylédoné.
Fig. 1 3. Haricot déjà germé : a la radicule , b b les deux co-
tylédons , qui sont devenus les feuilles séminales,
c la tige , dd les follioles de la gemmule, formant
les deux feuilles primordiales.
Fig. 14. Graine de maïs [Zea Maïs, L.) germant : a le corps
de la graine formé par l'endosperme farineux , b le
cotylédon qui s'est allongé, et contenait dans son
intérieur la gemmule qui l'a percé à sa partie supé-
rieure et latérale (c); d la coléorhize qui renfermait
la radicule principale , e point où la radicule f a
percé la coléorhize , ggg radicelles.
PLANCHE VIII. — Fruits.
Fig. 1. Silique.
Fig. 2. Silicule.
Fig. 3. Gousse ou légume du pois.
Fig. 4. Capsule d'un Lychnis s' ouvrant par des dents à sa
partie supérieure.
DES PLANCHES. i>19
Fig. 5. Capsule biloculaire polysperme.
Fig. 6. Samare.
Fig. 7. Gland d'un chêne.
Fig. 8. Drupe du pêcher.
Fig. g. Mélonide ou pomme.
Fig. 10. «Pyxide ou capsule en boîte à savonnette.
Fig. 11. Follicule.
Fig. 12. Akène couronné d'une aigrette sessîle plumeuse :
a un des poils détachés.
Fig. i3. Akène couronné par une aigrette stipitée , poilue.
FIN.
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ANATOMIE TE GE TALE
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RACINES, SOUCHE, BULBES .
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FLEURS
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EXAMINES et PISTILS
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GUMNES et GERMINATION
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FRUITS .
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