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NO UVEA U X
li E
DE L'ACAD£MIE DE DIJON,
POUR LA P ARTIE DES SCIENCES ET ARTS;,
PREMIER SEMESTRE, 1784.
A DIJON,
^H^r CaUSSE, Imprimeur-Libraire de TAcademie des Sciences;
(place St. Etienne.
" M. Dec. L X X X I V. ^
Jivsc approbation & privilege du Roi,
TABLE
DES CHAPITRES.
o
B S ERVATIONS fur teUBricitc mid'icah ,
par M\ CarmoY , Docieur en Medccine a
Paray-U-Monial. Pag. 1'^.
D ESC Ri PTION des Grottes d"" Arcy-fur-Cure ,
fuivic d'obfcrvatlons phyjiques , &c. par M\
Pazumot. 33.
MeTHODE facile pour mefurer la quanthe de gas
acide mephitique contenue dans les eaux , par
M'. DE MORVEAU. 85.
Ta BLE baro-thermomltrique univerfelle , &c. par
M\ BUISSARD. 89.
Observation fur la guirifon d'une IpiUpfie ,
par M. MaRET. 1 49.
Observation fur la luxation des as du bafjln ,
par Mr. Enaux. 151.
Seconde panic du MeMOIRE fur les operations
faites pour parvenir au projet du Canal de
communication de la Saonc a la Loire , par M''.
Gauthey. ' 159.
Hi ST O I re meteor ologique pour tannic tyS^ ,
premiere partie , par M. Maret. 190,
EXPLI C ATI ON
Des figures des Grottes d'Arcy,
PLAN D E CES GROTTES.
1. Veftibule convert par le bois.
2. La porte ou entree des Grottes;
3. Second veftibule,
4. Premiere falle.
5. La gallerie.
6. Le Trou-Madame;
7. La laiterie.
8. Le precipice.
9. La vierge ou le petit pults;
10. Les trophees.
11. La coquille.
12. Deux magnifiques grouppes.
13. Les deux trous.
14. Les deux piliers;
15. La falle du bal.
i^. La falle des orguesi
17. Les orgues.
18. Le pilier fufpendu.
19. La fontaine.
20. Le bourbier.
21. Le calvaire.
22. Le pain de fucre,
23. Plufieurs belles ilalagmites.
24. Le pilier dii Prince.
25. La grotte blanche.
26. Bloc ifole.
27. Stalagmite haute de fept pleds.
28. Le c^notaphe.
29. Le berceaii ou le parterre.
30. Le goulot.
31. Salle de la cafcade.
32- Le lavoir.
33. Le Trcii-Monfieur.
34, L'etang.
COVFE oe ces grottes.
1. Entree dans le roc.
2. Porte des grottes.
3. Defcente fort rapide.
4. Entree de la falle de l'etang;
5.^ Le Troii-Madame;
6. Petit puits au deffoiis cle la vierge."
7. La coquille.
8. L'un des deux trous qui font pleins d'eau.
9. Les deux piliers.
10. La falle du bal.
11. Les orgues.
12. Le pilier fufpendu avec le coeur de
boeuf.
13. Pilier pres la Fontaine.
14. Paffage has & ferre.
ly. Le calvaire.
16. Le pain de lucre
17- Le pilier du Prince.
18. La grotte banche.
IP. Stalag^^te ifolee & plac^e au milieu de
20. Les berceaux ou le'parterre.
21. Troii^^qui communique i la derniere
22. Riviere de Cure.
Figure Premiere, coupe en travers de k
P^ece appellee la gallerie. *
^^G^'ii^2, ilalaaitesdelalaiterie.
^Figure j; coupe du plafond de la. piece qui
fuit la falle du bal.
Figure 4 , les orgues & le pilier fufpendu.
Figure 6 , grouppe de ftalaftites formant
baflin , vis-a-vis le pain de fucre.
Figure 6", entree de la caverne nommee la.
Roche creufc pres les entonnoirs, a 2OO
toifes des Grottes, Voyci k Memoire ,
pag. 6y.
ERRATA
Pour U fccond Semejlre de tannee iyS;^l
Pag. 192 J lign. 7, fubftance Hqueufe , /i/e^f , ligneufe;
Pag. 194, lign, II , affez developpes, /i/e{, enve-
loppes.
£ M O I R E S
D E
rACAD^MIE DE DIJON;
ANNEE 1784,
PREMIER StMESTRE.
OBSERVATIONS
SU R LEL E CT RI C I T E MEDICAL Ek
Par M, Camoy.
E faeces de I'eledtricite relative .1
I'economie animale , eft encore im
!> ^ r^J|probleme. Plufieiirs dedaignent ce
^^^^ noiiveau moyen dont Te fert la me-
decine; d'autres partifans outres eri
font iin remede univetfel. Si les premiers font
iniuftes,il faiit avoiier aiiffi que renthotifiafme
A
2 ACADEMIE
des feconds, Texageration de leur flicces, lat
fauffetejOu au moins le rapport plus qu'e-
quivoque du moyen a I'efFet , Infpirent en
general beaucoup de defiance fur la verite
des guerifons eleftriques.
II eft cependant des ohfervations qu'on ne
J)eiit revoquer en doute ; & quelques expe-
tiences , ou fauftes , ou peu probantes , ne
peuvent pas detruire les confequences qui
refultent de certains faits bien averf^s.
Les tentatives font fouvent infrutiucufes,
mais elles ne doivent pas decourager. Nous
fommes peu inftruits fur les caufes & le fiege
des maladies. La marche, I'adion de la ma-
tiere eledlrique fur le corps humain , font en-
core tres-obfcures. Comment decouvrira-t-on
des regies fixes,, fur le genre, Tefpece, & les
circonftances des maladies qui peuvent etre
du refTort de Teleftricite , fi Ton ne fait d'im-
menfes recherches.
On a deja fait des decouvertes utiles ; ce-
pendant on ne doit point adopter indifferem-
ment tout ce qu'on a public de Tadlion elec-
trique fur le corps humain. .^
On a annonce que Teleftricite augmentoit
Je nombre des battemens dupouls, on en a
meme fixe la difference a un feptieme. Le
contraire neanmoins eft aife a demontrer. On
a attribue a Feledricite une acceleration qui
€n eft tout-a-fait independante. Le pouls efl
fubordonne a une multitude de caufes phy-
fiques & morales, qui en changent a tout inf-
|ant la facon d'etre.
Etant a jeun^ mon pouls battoit par minute
b E Dijon; 'iy^4^. ^
63 fois ; les inftans fuivans 62 , 64, 66; iin
autre fujet 80, 85 , 82; un troifieme 94 , &
la minute fuivante 105. Je pourrois multiplier
ces exemples a I'infini ; je fais abftradion de
toute caufe fenfible , de tout mouvement ac-
ceffoire capable d'augmenter plus ou moins
le cours du fang; il n'eft pas meme n^ceffaire
que ce mouvement foit grand pour produire
beaucoup d'effet, la limple attitude, etre dc~
bout ou ajjls ^ en produit un confiderable.
Etant aflis, mon pouls battoit 60, 64, 66
fois par m.inute , & auffi-tot apres debcut pen-
dant autant de temps, 72, 74, 76;une autre
fois affis ^66 ,%L debout 79 , & auffi-tot apres
afiis , 66. K)ne autre perfonne affife, 80, ^"^ j
& debout pendant deux autres minutes, 98,
99. Une autre affife , 87 , & debout 94. Autre,
affife , 74 , & debout 86. Autre, affife , en deux
minutes confecutives , 56, 60 , & debout 67,
68. Autre, affife, 88 , & debout 108. Le fait
eft general , & foufFre peu d'exception.
Le pouls varie done tres-naturellem-^nt ; &:
pourquoi en attribuer les changemens a I'elec-
triciie ? Le pouls s'accelere, ou diminue ega-
lement avec ou fans Teleftricite. Parmi un
grand nombre d'experiences , j'en ai note k
peu pres au hazard 1 5 , en comparant le pouls
(^ledrife avec celui qui ne Tetoit pas. 5 ont
donne egalite, 5 autres augmentation, & les
autres 5 une diminution dans le nombre des.
pulfations.
Mais fi Teleftricite n'augmente pas le nombre
des pulfations ; fi les mouvemens de Tarter®
A ij
4 ACADEMIE
font a tous egards entierement les m^nie^
que dans I'etat non eleftrique , comment
pourra-t-on recorder cet effet avec I'accele-
ration des llquides qui s'ecoulent par des
tubes cajjillaires ? Le corps humain n'a-t-il
pas une infinite de capillaires ? L'ele6l:ricite
ne doit-elle pas y produire un exc^s de vi-
teffe ? Le fang devroit done retourner au coeur
en moins de temps, fes mouvemens, & con-
fequemment ceux des arteres, devroient done
€tre multiplies.
J'ai repete bien des fols Tecoulement eleC'^
trique des tubes capillaires , jamais je n'ai pu
obtenir de refultats conflans. Les memes va-
riations fe rencontroient dans les tubes non
eleftrifes. Dans les deux cas, j'ai trouve ega-
lement de I'acceleration , de la diminution ,
ainli que de I'egalite. Les engorgemens fe
font aifement dans les tuyaux de ce calibre.
L'air, ainfi que les niatieres etrangeres qu'il
contient, font bien propres a les y produire.
L'adion eledrique fur les liquides ne pent
cependant fe revoquer en doute. Un tube
qui, fans etre ele£l:rife, ne laifle tomber que
goutte a goutte le liquide, fait un jet con-
tinu & divergent lorfqu'il eft eledrife ; mais
il eft vrai que la goutte eft groffe & maftive,
& que le jet refultant de I'operation eledri-
qus eft tres-menu. La diminution de mafle
tompenferoit-elle Texces de vitefl"e ?
Si la pefanteur n'eft point affez forte pour
faire tomber une goutte de liqueur qui ad-
here a un corps, I'eledricite en procure la
chute, ou au moins cette goutte s'allonge en
D E Dijon; 77^^: 5
fjorme de cone renverfe , & tremoiifie tant
que dure Toperation. Eft-ce aux corps voi-
fins , au milieu ambiant charge de corpuf-
cules deferens qui exercent une attraction ,
(i) ou bien eft-ce a I'iinpulfion du lluide
eledlrique, ou enfin a cette pretendue repul-
fion des parties eledrifees d'une meme fajon,
qu'eft du I'effet dont il s'agit ? Si cette re-
puHion eft reelle , comment fe peut-il que
les diverles & oppofees diredions qui en r^-
fultent, ne diminuent pas le mouvement pro-
greffif de tout ie Jiquide qui s'ecoule? Ce-
pendant il eft certain qu'il eft le mcme dans
ies tubes non capillaires, & qu'oii afiure qu'il
eft accelere dans les capillaires. Quoi qu'il
en foit de ce dernier , il paroit certain qu'il
ne pent pas avoir lieu clans les capillaires
humains , puifque le pouls n'eft point acce-
lere , a moins qu'on ne veuille que Taccele-
( I ) Si Ton fait ecouler de I'eau paf un fiphcn d'uii
tres-petlt diametie , Feau , malgre releclrlfation , ne
tombe que goutte a goutte , a la verite plus rapprochees
que quand elles tombent fans le fecours de I'eleftricite ;
mais en meme temps on obferve que les gouttes font
pioins groffes. Si on approche d'elles un corps metal-
lique fur - tout , il fe fait un jet continu , mais qui
quitte fa direftion naturelle pour s'approcher du corps
metallique dont il s'agit ; rattra«3:ion eft vifible , ainfi
que le jet qui en r^fulte.
Et fi I'ecoulement total en eft accelere , le voifinaga
du corps metallique en queftion n'y eft-il pas au mcins;
pour la principale caufe ? ne feroit-ce pas meme-la la
circonftance qui accelere uniquement les ecoulemen^.
Cfipillaires , fi reellement cette acceleration a lieu ?
A iij
6 ACADEMIE
ration ait lieu dans des capillaires d'lin cePr
tain diametre, & la diminution dans certains
aurres , au moyen de quoi I'exces des pre-
miers feroit compenfe par le retardement des
autre.s. Cette idee ne feroit pent etre pas de-
nuce de fondement , puifqu'un grand Phyii-
cien a obferve que les capillaires d'une demir
ligne retardoient recoulement eledrique des
liqueurs.
L'eleftricit^ qui n'augmente point les bat-
• temens du pouls , eft celle qu'on nomine par
hain. Si on Tadminiftre par commotion ^Ye^et
eft different , le pouls augmente reellement de
yiteffe.
Le pouls battant naturellement par minute
88 fois , bat par commotion 99 fois ; cette
regie n'eft pas fixe , & doit varier comme le
pouls naturel ; mais Tacceleration eft gene-
rale , & a peu pr^s dans la proportion ci-
defifus. Les battemens deviennent plus nom-t
breux de huit, dix , & meme treize. Deux
fois , mais fur tin tres-grand nombre d'expe-
rientes, j'ai trouve de la diminution dans le
nombre des battemens, ce qui s'accorde tou-
jours avcc la variation naturelle du pouls.
Mais doitron attribuer cette acceleration
a Tel ftricite comme telle, ou bien a la fe-
couffe douloureufe qu'elle produit ?
Si Tcledricite n'augmente pas \qs pulfa-
tions , aufii n'augmente-t-elle pas la chaleur.
. (i) De 18 experiences fur cet objet , 15
( I ) Ce n'eft pas qu'on puiiTe toujoiirs conclure de
^'augmentation du mouvement, a la chaleur, & vice
D E D I T o N ; /7<?4; J
donnent egalite, & 2 de raugmentation , i
de la diminution. II paroit qu'il en eft de la
chaleur humaine comme des pulfations ; elle
n'eft pas toujours la meme, quoiqu'en appa-
rence dans les memes circonftances. J'ai place
un thermometre dans la main pendant line
heiire. La main etoit dans un manchon ferme
des deux cotes , il n'y avoit d'ouverture que
pour laiffer paffer le tube. La liqueur monta
a 29 degres. Le degre etoit le meme 20 mi-
nutes apres. Les circonftances apparentes ref-
tant les memes , la temperature de Tapparte-
ment pareil , &c. la perfonne n'appercevant
aucun changement en elle , le thermometre
demi-heure apres etoit defcendu d'un demi-
degre. Dix minutes enfuite il etoit peu au
deffous de 29 degres , & continua de varier
tantot en plus & tantot en moins , pendant
plus d'une heure.
Quand on eleftrife par commotion , il en
arrive de la chaleur comme du pouls , elle
augmente ; mais il paroit que c'eft plutot a
verfd ; les obfervations de Hacn prouvent qu'il peut y
avoir accroifTement de mouvement fans augmentation
de chaleur , & vice verfd.
Je connois une tille de 24 ans , mal reglee , a qui il
eft impoffible de trouver de pouls , ni aucune forte de
pulfarion dans aucune artere. Get etat a toujours ete le
meme. Quoique d'un temperam.ent delicat, elle fe porte
aflez bien. La chaleur eft au degre ordinaire. Peut-on
douter neanmolns qu'il n'y ait chez elle autant de mou-
vement, autant de frottement , que fi les arteres avoient
leurs mouvemens , leurs battemens prdinaires.
A iv
^ A C A D E M I E
I'accroiffement du mouvemcnt qu'elle eft diiey
<ju'a reledricite comme telle.
Un efFet important que les eleftrlciens at-
tribuent a I'eleftricite, eft de divifer le fang.
Cette qualite fournit trcs-bicn a I'explication
<les cures eledriques. L'epaiftiffement , les
engorgemens font les lleux cornmuns des pa-
thologiftes. Un remede fondant doit jouer un
grand role.
Cependant on a Seau eledrlfer du fang,
conferv^ fluide en Tagitant jufqu'a ce qu'il
foit refroidi, fa tenacite refte parfaitement
la meme. La corruption agit egalement fur le
fang elcftrife & non eledrife ; Tareometre
s'enfonce davantage a mefure que le fang fe
pourrit; mais le meme efFet a lieu dans celui
qui eft eledrife, comme dans celui qui lui
fert de comparaifon , & qui ne I'eft pas. J'ai
repete plufieurs fois Texperience , & le re-
fultat a toujours ete le meme.
• On attribue a I'eledricite divers autres
efFets, comme de provoquer les regies, les
hemorrhoides : je crois avoir vu ce dernier
efFet arriver deux fois a la fuite de rcledri-
{'dt'ion.
11 ra'a paru que le fommeil fuit afFez vo~
lontiers Toperation eleclrique : la plupart de
ceux que j'ai eleftrifes, ont pafFe de meilleure
nuit.
L'augmentation de tranfpiration ne paroit
pas fouftVir de difficulte. II y a des expe-
riences fans replique. II femble qu'il doive
jfuivre 4e dela que i'humeur perfpiratoire, ou
D E D 1 J O N, iyS4: ^
Jfille autre arretee a la peau, on dans le voi-
linage , fera entrainee au dehors par le moyeii
de I'eleclricite.
J'ai vu nil enfant de 4 ans qui, pen apres
la naiffance, prit des galles a la tete, enfuite
derriere les oreilles. Elles difparurent, il fur-
vint alors une rongeur a Toeil droit, les pan-
pieres fe tumeiierent, & I'inferieure fe ren-
verfa. Tons les matins elles etoient collees
par une chaffie fort tenace : cet etat duroit
depuis deux ans.
J'eledrifai la jeune fiUe dont il s'agit; les
larmes conlerent abondamment de I'oeil ma-
lade pendant Toperation. Le lendemain Toeil
ne fe trouva point ferme par la chaffie ordi-
naire. Les paupieres etoient moins gonflees,
& rinferienre moins renverf^e. Apres fept on
huit feances eleftriques, tons les accidens ont
entierement difparn. Ne femble-t-il pas qu'il
foit arrive dans cette circonftance ce qu'on
obferve lorfqn'on eleftrife un corps anquel
adhere une goutte d'eau , & qui tombe au
moment meme?
La guerifon de la petite malade n'eft pas
la feule chofe qui interefle, les accidens qui
lui font furvenus , confirment la verite des
metaftafes.
La fource de Thumeur qui fe jetoit fur les
paupieres , ne fnt pas tarie par I'eledrifation,
elle vnida fenlement I'exces qui y fejournoit.
Les parties plus libres recouvrerent leurs
refforts , & ne fe preterent plus a un nouvel
abord d'humeurs , qui ne trouvant plus fon
10 A C A D E M I E
€mon£toire accoutume , chercha line autre
iffue ; elle fe porta au cerveau , caufa , apres
«n acccs de fievre, des vertiges qui auroient
renverfe la petite malade , fi Ton ne Teut fou-
tenue.
Je fis aufli-tot appliquer un cautere, qui,
aide des nouvelles galles qui reparurent a la
tete , diffipa les accidens , & confirma la
fante.
Une autre fille, de lO ans , avoit depuls
5 ou 6 ans une ophtalmie confiderable ; la
fenfibilite etoit telle, qu il lui etoit impoflible
de foufFrir la lumiere. La malade avoit con-
tinuelJement, ou ies mains, ou un bandeau
devant fes yeux. Tous les matins les pau-
pieres etoient fortement collees entr'elles.
Le lendemain de la premiere eled^rifation , ;
les paupieres ne fe trouverent point agglu-^
tinees. L'enflure, la rougeur ont fucceflive-
ment diminue. La petite malade ouvrit aife-
ment les yeux a la lumiere ; & apres fix mois
d'eleftrifation , tous les accidens ont difparu.
Elle avoit une tache fur la cornee , qui s'eft
prefqu'entierement effacee. II ne refte a la
malade qu'un clignotement que I'habitude de
5 ou 6 ans lui a rendu neceflaire. Quoiqu'il
n'y ait pas eu d'evacuation fenfible , le de-
gorgement des parties prouve aflez qu'il y
€n a eu.
Aucun accident n'eft furvenu. II eft vrai
que j'avois eu la precaution de faire ouvrir
un cautere. Le fujet dont il s'agit eft atteint
dun yice ^croueileux. Les glandes du col
DE Dijon, 17^4: it
font tiimefiees & dures. Je les ai fortement
eleftrifees , mais fans aucun fucces. Get effai
inutile ne m'empechera pas de le repeter iur
d'autres fujets. Ce genre de maladies eft tres-
commun dans ce pays-ci , & il eft tres-aife
de s'affurer de ce que pent a ce fujet Telec-
tricite. Quoiqu'il paroifle , par I'experience
rapportee plus haut , que I'eledricite ne di-
minue point la tenacite du fang , on ne doit
pas precipiter la conclufion. Qui fait d'ail-
leurs toute Tetendue des affinites de la ma-
tiere eleftrique avec les difFerentes fubftan-
ces , & les changemens qui doivent s'enfui-
vre ? On obferve que I'eledricite change la
couleur violette en rouge , il doit done fe
faire une grande mutation de forme , une
combinaifon nouvelle , en un mot, une fagoti
d'etre difFerente d^s certaines circonftances.
D'ailleurs , le fang anime pent avec la ma-
tiere eleftrique operer des refultats differens.
En outre , I'aftion fimultanee du fluide elec-
trique fur les parties folides & fluides du
corps humain , ne peut-elle pas , dans cer-
taines difpolitions , produire des effets qu'on
ne pourra faifir qua force d'experiences &
d'obfervations.
La nature de la matiere eledrique eft trop
peu connue , fa marche , fes rapports font
trop obfcurs pour que les raifonnemens qu'on
pourroit faire fur fes effets medicinaux, ne
fufl'ent bien hazardes.
On fait cependant que tous les corps ne
traqfmettent pas egalement releftricite i que
11 A C A D E M I E
ie fliiide eleftrique fuit volontiers les fiirfa-*
ces; que les condudeurs ont plus ou moins
d'energie a ralfon de leur furtace, plutot qn'a
celle Je Icur mafTe, & plus particulierement
encore dans la dimenlion ales longueurs. Ne
pourroit-on pas foup^onner d'apres cela, que
telle partie de notre corps, ou moins con-
duclrice, ou trop eloignee de la furface, partie
neanmoins qui peut contenir ou conftituer un
etat morbitique , & par ce moyen incapable
de recevoir , de s'impregner du fluide ^lec-
trique, fera fouftraite a I'empire du remede,
tandis qu'une autre plus analogue, ou plus a
portee, en eprouvera les changemens les plus
heureux. Ne feroit-ce pas-la une des caufes
des cures & des infucces eleftriques?
Plulieurs eledriciens n'admettent I'eledri-
cite que par bains. Cette merhode n'eft-elle
pas trop /oible , lorfque la caufe qu'on veut
combattie eft loin de la furface du corps ?
Introduit-on aflez de matiere, lui donne-t-on
affez de mouvement? On redoute les com-
motions ; mais n'eft-on pas maitre de les mi-
tiger? Je n'en ai jamais vu fuivre le moindre
accident. J'en ai donne fouvent plus de cent
a chaque feance. Elles produifent feulemenfe
a la peau , dans Tendroit oii entre & fort la
matiere commouvante , de la rougeur , &
quelquefois , lorfque I'etincelle fulminante a
€te vive, des phlidaines pareilles a celles de
la brulure , quand elles fe deffechent.
Le celebre deHaen,qui a eu tant de fuc-
!Ces, ^leftrifoit par cqmmQtion : je crois e^
t) E Dijon, 77^4; i|
«?evoir aufli a cette methode. J'ai evite, au-
tant que cela fe pouvoit, de faire pafler la
commotion a travers les vifceres. J'ai toujours
refpede le cerveau. Je me perfuade cepen-
dant qu'avec de la prudence on pourroit les
y faire paffer fans danger & avec fucces.
j'eledrife adtuellement (en Fevrier 1784) iin
foldat epileptique. Je le place fous le con-
dufteur avee lequel il communique par le
moyen d'une petite chaine qui defcend a un
demi-pouce de fa tete. II part d'affez fortes
etincelles , & il s'etablit un courant rapide
qui traverfe le cerveau, & fe diffipe auffi-tot^
parce que le malade n'eft pas ifole , & que
fas pieds communiquent avec des pointes
Tn6talliques qui foutirent promptement la ma-
tiere introduite dans la tete par la chaine qui
pend deffus. Quoique cette methode foit
moins adive que la commotion, elle en ap-
proche neanmoins. II eft vrai auffi que le
malade dont il eft queftion , prend mal a la
tete apres un certain temps. Je cefl'e aufti-tot
I'operation, & la douleur fe diffipe. Je m'abf-
tiens de donner I'hiftoire de cette maladie,
ies chofes font encore trop peu avancees pour
meriter la moindre confideration. Je vais en.
rapporter d'autres , dans lefquelles , quoique
la cure ne foit pas fatisfaifante, il me parolt
qu'il ne lailTe pas d'y avoir quelqu'interet.
EPILEPSIE,
J'ai ^leftrife quatre epileptiques par bains
fculenjenti
14 ACADEMIE
Le premier eft iin homme de 45 ans, epi-
leptique de has age, eprouvant chaque mois
trois oil quatre acces, & quelqiiefois plus. 11
eft iflii de parens fains , mais a ete allaite
par line nonrrice ^pileptlque. Des fes pre-
mieres annees il refTentit les premieres at-
teintes des convulfions qui lui ont deforme,
paralyfe , atrophic tout le cote gauche. Le
paroxifme s'annonce par une fenfation dans
I'eftomac, que le malade compare a celle que
feroit un charbon ardent. I) iouit du refte
d'une bonne fante , malgre beaucoup d'exces
qu'il fait dans le regime.
L'eleftrifation a commence le 4 IVIai 1782;
il avoit eu trois acces le mois precedent. II
en eut un le 20. Depuis ce temps jufqu'aii
30 Juillet, il n'en a point eu , ce qui fait un
intervalle de 70 jours : apres ce temps les
acces fe font rapproches , le malade ayant
neglige & enfuite abandonne I'eleftricite.
La feconde eft une fille de 23 ans, epilep-
tique depuis I'age de 8. Ses attaques revien-
nent trois & quatre fois la femaine , & da
temps en temps , & meme fouvent , trois &
quatre paroxifmes par jour. II eft cependant
arrive, quoique trcs-rarement, que la malade
a paffe 5 on 6 jours fans en eprouver. La
frequence des acces a aliene depuis quelques
annees la tete de la malade. EUe eft tombee
dans I'imbecillite. Elle jouit d'ailleurs d'une
bonne fante. Elle eft bien reglee. Elle a une
fraicheur dans le teint & un air d'enfance, que
fon age & la continuite de {&s accidens fern-
D E Dijon; 1^84. 15
bleroient ne devoir pas comporter. Ses atta-
ques font precedees d'agitation,d'inquietiide,
& d'une grande loquacite. Elles font fuivies
de la plus profonde trifteffe ; elle eft aiitant
taciturne alors qu'elle I'etoit peu aiiparavant.
L'eledrifation a commence le 25 Janvier
1782; la veille elle avoit eu iin acces. De-
puis ce temps jufqu'au 15 Mai, elle a eu 35
attaques. En fuivant la progrefTion ancienne,
elle auroit du en avoir au moins 80. Au rap-
port des parens , ceux qu'elle a eus depuis
Teleftrifation , ont ete, & moins longs, &
moins forts. Depuis le 1 5 Mai jufqu'au 24
Juin qu'on a ceffe I'eleftrifation , il y a eii
23 acces , dont plufieurs tres-forts. Dans la
premiere epoque, il y a eu environ 16 acces
par mois; & dans la feconde, 23. Depuis ce
temps ils n'ont ceffe de fe rapprocher, & ac-
tuellement ils font ce qu'ils etoient aupara-
vant.
La troifieme eft une fille de 20 ans , epl-
leptique de bas age. Dans le commencement,
& pendant plufieurs annees , la malade ne
perdoit pas connoiffance ; elle etoit agitee
de divers mouvem.ens ccnvulfifs , ou tomboit
dans un etat extatique. Chaque femaine elle
. eprouve un paroxifme marque par les fymp-
tomes ordinaires de I'epilepfte. Son tempe-
rament eft bon & robufte. Ses facidt^s in-
telletluelles fort faines. Elle eft iffue de pa-
tens mal fains. Plufieurs de fa famille ont le
meme mal. D'autres font atteints de furdite^
de mutite* Les uns font boiteux, d'autres
*l6 A C A D E M I E
iioffus , & d'aiitres nains. L'eledrifation a
commence le 4 Mai 1782, a continue jufqu'au
30 Aoiit. Elle a eii pendant ce temps aiitant
d'acces a pen pres qu'elle avoit courume d'en
avoir avant I'^lectrifation , dans line egale
duree de temps.
La quatrieme malade eft une fiUe de 40
ans , ^galement epileptique de bas age. Les
^cces ne font ni aufli frdquens , ni aiiffi re-
guliers. Apres fix niois d'eledrifation , il n'a
pas parii y avoir de changement. Cependant
il eft arrive une chofe remarquable. La ma-
lade avoit coutume d'eprouver frequemment
dans la journee , des mouvemens convulfifs
au vifage , a la commifl'ure des levres du
cote gauche , la tete s'y tournoit involon-
tairement. Elle avoit des palpitations , un mal-
€tre dont la violence lui annongoit le retour
de I'acces epileptique. Des les premieres elec-
trifations , ces fymptomes out fenfiblement
diminue. La malade s'en appercevoit a peine,
Du refte elle n'a pas retire d'autre foulage-
ment de I'eleftricite. J'avois forme des efpe-
rances fur fa guerilon , ainft que fur celle du
premier malade , Tevenement ne les a pas
juftiiiees.
L'operation duroit chaque jour une heure.
On affure que M. Comus a une methode
particuliere d'eledrifer les malades de ce
genre , & qui eft couronn6 de beaucoup de
fucces : il eft a defirer qu'ells foit bientot
j)ublique.
L'eledricite a ete adminiftree heureufe-*-
ment
b £ Dijon; i^^4, 1^
fement dans plufieurs maladies. Quelques ob-
fervations qui me font propres , confirment
cette verlt6 , quoiqiie toutes ne foient pas
egalement fatisfaifantes.
Rhumatismes,
1. Une femme agee de foixante ans ( Ma^»
Zoizeau) eprouvoit , depuis plufieurs annees,
des douleurs vagues de rhumatifmes , qui ,
revenant p^riodiquement tous les hivers,
ceffoient regulierement au printemps. Elles
occupoient principalement les parties infe-
rieures, & redoubloient dans les temps de
pluie & d'orage. Ueledrifation a commence
les premiers jours deJuin 1782. Les douleurs,
centre Fufage des autres annees , s'etoienir
prolongees , Sz; tourmentoient la malade plus
que jamais. Les douleurs , dans le temps de
I'operation, devinrent infupportables ; elles
changeoient a chaque inftant de fituation;
elles occupoient fucceffivement toutes les
parties du corps ; la tete en devenoit fre-
quemment le fiege. Ces variations ont eu lieii
conftamment pendant tout le mois de Juin.
Alors les douleurs devinrent moindres; & fi
la malade avoit mal a la tete avant I'opera-
tion, elle ceffoit aufli-tot que I'eledrifatiori
eommengoit. Le 10 Juillet, la maladie fut
entierement terminee. Je ne me fuis apper^it
d'aucune crile.
Je ne pretends pas donner cette obferva-
iion en preuve n^ceffaire de reledricite,
i
l8 A C A D E M I E
Je fenS bie^n qu'on pent raifonnablement ob-
jeder que les douleurs en queftion ayant
coutume de finlr au printemps , ont pu nean-
moins etre prolong^es, & ceffer un pen plus
tard , mais naturellement, & fans aucun rap-
port a I'eleftricite.
Elle prefente au moins un fait int^reflant;
le danger des metaftafes y eft clairement
demontre, & celle qui fe faifoit au cerveau,
m'afouvent donneles plus vives inquietudes:
iin cautere auroit pu etre convenable.
Mais fi Ton ne peut pas demontrer que la
guerifon prefente foit due a Teledrifation ,
au moins ne femble-t-il pas qu'on puifTe lui
refufer une cure qu'elle a operee dans le meme
fujet.
Depuis dix ans la ntalade en queftion ne
Voyoit rien de I'oeil droit; aucun vice ex-
terieur ne paroifl'oit. Elle ne diftinguoit point
d'objets. II lui fembloit voir continuellement
des brouillards , des figures bizarres , des
fpeftres, des ferpens, &c. fe mouvoir autour
de fon deil. J'ignorois Tetat de la malade
quand je commengai reledlrifation : je n'en
fus inftruit que le 10 Juin , dans le cours
de I'operation, par un cri de joie de la malade,
qui me fit lui en demander le fujet. Elle me
repondit qu'elle diftinguoit quelquechofe que
je tenois pour lors a la main , & m'apprit
que depuis dix ans, & a la fuite d'une ma-
ladie dont je n'ai pu , fur fon rapport , faifii*
le caraftere, elle ne voyoit rien de diftinft
de fon oeil droit, Cst ev^nement imprevu
D E D I T o ^ , 1-784: i^
me foutint centre la frayeiir que m'infpiroit
le retour des douleurs de tete dont j'ai parle.
Je continual I'eleftrifation jufqu'au 14 Aoiit.
A cette epoque , la malade voyoit aufllbien
de (on oeil droit que de I'autre. Cette cure
fe foutenoit parfaitement en Juin 1783.
J'ai eu tout nouvellement , en Janvier
1784 , occafion de revoir la malade. Elle
demande a revenir a I'eledricite : Ion oeil
droit, depuis quelque temps, n'eft plus aufll
bon qu'il I'etoit precedemment.
L'eledrifation n'a ete faite que par bains*
Une feule fois je lui donnai une commotion
qui I'agita beaucoup : la nuit fuivante elle
reffentit des picotemens par tout le corps,
& de temps en temps des elancemens ap-
prochant de ceux de la commotion.
J'ai ele£lrife une autre Dame ( Mad^. Ma-
lard ) qui eft privee de la vue de Toeil gau-
che , par une goutte fereine. Pluiieurs fois ,
pendant le cours de Toperation, qui n'a ete
repetee que lept ou huit fois , elle apperce-
voit les objets , & etoit en etat de diftinguer
les couleurs de fon oeil malade.
II. Mad^. Peltoh, agee de cinquante-cinq
ans , eprouvoit depuis fept ans une douleur
fciatique tres-vive. Depuis un an {es fouf-
frances etoient fans interruption , & elle etoit
entierement privee du fommeii. L'eleftrifation
commen9a le 4 Janvier 1782. Avant la feance
les douleurs etoient tres-fortes ; a peine fut-
elle commencee qu'elles difparurent. Get effet
ao Academic
s'ell renouvelle prefque tons les jours ; mak
ces douleurs , quoique moindres , (e renou-
velloient apres Toperation. Elles ont changd
tie fiege , & fe font tres-etendnes : la cuiffe,
•la jambe , & meme celles du cote ancienne-
ment fain , ont ete fucceffivement & par fois
en meme temps attaquees. Cependant en
total rintenlite eft moindre. Le fommeil ,
dont la malade avoit ete privee depuis long-
temps , revint apres la premiere eledrifation ,
•& a continue conftamment. L'etat de la ma-
lade , quoiqu'imparfdit , ne laiffe pas d'etre
fupportable ; fes douleurs ne font ni aufli
vives , ni aufli continues. J'aurois defire que
la malade eiit voulu fe faire ouvrir un cau-
tere. L'eledlrifation qui a ete continuee juf*
qu'au mois d'Aoiit , a ete faite par bain &
par commotion.
ROI D EU R D E M E M B R E S.
1. La nommee Jeanneton , agee de cin-
iQuante ans , a la fulte de vives douleurs rhu-
matifmales qui la tourmentent depuis plus
de vingt ans , eprouve una roideur 5c une
inflexibility dans les extrcmites inferieures.
Ses genoux font fortement rapproches Tun
jde I'autre ; le pied & la jambe droite fe
portent involontairement fur la gauche ; ellq
lent , a I'attache Aes mufcles , une gene qui
cmpeche les os de fe mouvoir dans leurs
articulations. EUe ne peut avoir de fituatioil
faverabie tjuegoujheeji ou entieretngnt droits*
D E Dijon, 77^4^ 'li;
^uand elle s'aflied , elle eft obligee d'avoir
^ine chaife tres-haute , le tronc en arriere ,
& ies extremites en avant. II lui eft impof-
fible, dans cette fttuation , de retirer fes
jambes, & deles mettre a Ta-plomb du genou;
A la premiere eledrifation, qui fut le 14
Mai 1782, par bain & par commotion lo-
cale , il lembla a la malade qu'elle eprouvoit
du foulagement. La feconde feance fut plus
fenfible. Aftife fur un fiege ordinaire , Ies
jambes en avant , & le tronc renverfe en
arriere, elle put retirer fes jambes , non-feu-
lement a Ta-plomb du genou, mais encore
toucher avec fes talons Ies barreaux de la
chaife fur laquelle elle ^toit affife. Apres
Toperation , elle pouvoit faire d'aft'ez pro-
fondes reverences. Elle s'en retourna chez
elle beaucoup plus commodement : le mieux
fubfifta tout le refte du jour , molndre ce-
pendant a mefure qu'on s'eloignoit du temps
de Toperation. La nuit difTipa tout le bien
<le la veille. Les memes effets fe font re-r
gulierement renouvelles pendant un mois
iqu'a dure Topdration eledrique. La malade
I'a ceffee apres cette courte duree;& malgre
lesplus vives foUicitations, Je n'ai pu obtenir
d'elle qu'elle continuat un remede , dont
I'efFet , a la verite , n'avoit pas ete jufques-
la bien durable , mais qui promettoit a une
conftance mieux fouteniie , des fucces plus
deciftfs.
JL J'ai YU un autxefujet ( M. Pacaud ag^
Biii
1% A C A D E M I E
de douze ans ) a qui il eft furvenu , a lei
fuite de la roiigeole , line multitude d'acci-
dens, & en particulier une roid^ur a Tarticula-
tion dela cuifle avec le baffin , qui I'empeche
de marcher feul, ou fansle fecours d'un baton.
A la fuite de reledrilation par bain , etin-
celles & pommotion locale, il pouvoit mar-
cher feul & lans fon baton. II eft vrai que
le bien ne fe foutenoit pas , & que quelques
heures apres il n'en reftoit rien. Je I'ai elec-
trife pendant plulieurs mois , & n'ai rien
©btenu de plus. Je foup^onne au refte un
tres-grand delabrement dans I'articulaiion.
P^RALYSIE.
I. Lazare Camus , age de trente ans , d'un
bon temperament , apres aVoir pafle une
partie du jour, au mois d'Aoiit 178 1 , dans
un mar ais , eut la nuit qui fuivit , un acces
de iievre , a la fuite de laquelle il fe trouva
perclus des extremites inferieures. Le mou-
vementfiitentierementaboli, &le fentiment
fubfiftoit. Teletoit fon etat en Janvier 1782 ,
excepte un peu de mouvement qu'il avoit re-
couvre a la jambe & a la cuiffe gauche. Cette
derniere partie eft fpecialement affeftee;car
iorfqu'on la foutient , la jambe eft en etat
.^e faire paffablement fes divers mouvemenSo
L'eleftrifation a commence en Janvier
I1782 , & a continue , avec quelques inter-
ruptions, jufqu'en Juin 1783. Le cote gauche
|. fait quelques progres , le droit tres-peu.
D E Dijon, iy^4: %f
Le gros doigt du pied de ce cote a com-
mence par fe mouvoir, cnfuite les autres ,
& enfin le pied , mais le tout tres-legere-
ment. L'ele£lrifation s'eft faite au moins une
heure par jour , par bain , par etincelles &
par commotion. On a joint divers autres re-
medes qui n'ont produit aucun foulagement,
II. La nommee Jeanne Proft, agee de
vingt-cinqans, eut, 4 huit , une hemiplegie,
Apres plufieurs remedes , & notamment les
eaux de Bourbon, le mouvement & le fen-
timent fe retablirent en partie. Depuis le
9oude jufqu'au poignet , le fentiment refta
aneanti. Le mouvement du bras en general ,
ainfi que fa force , etoient tres-foibles. La
malade ne pouvoit pas porter fa main fur fa
tete , ni en foutenir aucun fardeau. Deux
doigts de fa main , le pouce & I'index , etoient
toujours tendus , & ne pouvoient fe flechir,
& a peine ils pouvoient faire le plus leger
mouvement. Tel etoit fon etat depuis dix-
fept ans.
A la premiere eleftrifation , & a la fuite
de plufieurs commotions locales , le fentiment
de Tavant-bras fut retabli : la malade put
porter fa main fur fa tete , lever par le bout
une petite verge de fer groffe comme le
doigt , & longue de quatre pieds. Les doigts
de la main toujours tendus , purent fe flechir ,
quoiqu'incompletement. L'eledlrifation a et6
continuee jufqu'au mois d'Aoiit, & elle avoit
eommence en Juin 1782.. Le mieux s'eft accru
Biy,
fjf, A C A D fe M I E
fiiccefTivement ; le bras a rcpris aflez de forc^
pour permeitre a la malade de I'oulever des
fardeaux tort pei'ans , &: tourner la roue du
inetier de Ion pere , auquel elle eft deveniie
tres-iitile. La langue, dont le moavement
h'etoit pas partaitement libre,n'a eprouv^
aucun ibiilagement , non plus que deux doigts
du pied qui n'ont ni lentiment , ni mouve-
inent. Ceux de la main , quoiquils fe ferment
^ntierement , n"ont cependant pas Tailance
des autrcs , & I'index a beloin d'un peu d'aide
pour ie il^chir promptement ; il refte , ainh
que le pouce , naturellement tendu , a moins
cjue la malade ne falTe une attention parti-
culiere pour leur donner la lituation des
autres. ( Cette cure ie ibutenoit en Mars
1784 ).
111. Mil*. Laplace, du mont St.- Vincent ;
figee de trente ans, a "la luite dune violente
compr>dlionqu'eIlerouitritaunemain,eprouva
de renfuire , de rinrlammation , d^ la iup-
puration, &c.
' Ces'accidens diiripes,la main relT:a para-
h'fee; il etoit impolfible a la malade de la
ferrrier , les doigts n'ayant aucun mouvement ,
ou du moins exrrcraement toible , iSc reliant
touiours tendus. Le lenriment lublliloit. Tel
etoit Ion etat depuis trois mois.
L'elec'^rifation a commence par bain S: par
coramoiica locale , le 7 Juillet 17S2. Apres
quelques commotions , il lembla a la malade
cue certe premiere leance Tavcit ibulagee 3,
D E Dijon; 1^94: 2^
& qu'elle remuoit mieux (es doigts. La fe-
conde feance fat marquee a n'avoir aucim
doute. Les doigts fe flechiflbient prefqu'en
entier ; & au bout de huit jours , la main fe
ferma parfaitement, & la malade fut en eiat
de travailler de fon metier, qui eft tailleufe
de robes. Elle continua neanmoins Teleftri-
fation jufqu'a la fin du mois , apres quoi elle
retourna chez elle , oil a peine arriv^e , elle
prit une pleurefie dont elle mourut,
IV. M. Poyet , Cure de Trades, eut une
paralyfie a la langue , a la fuite d'une fup-
preflion hemorrhoidale. Plulieurs remedes ,
& en particulier les eaux de Bourbon, lui
furent inutiles. Le mal fubfiftoit depuis fix
tnois. L'eleftrifation a commence le 7 Janvier
1782. Le 10, les hemorrhoides fuinterent &
difparurent. Le 17 elles revinrent tres-abon-
damment, & ont continue de couler regu-
lierement tous les mois , comme elles avoient
coutume anciennement.
La langue s'eft deliee ; & apres trois mois
d'eleftrifation , la fante a ete parfaitement
confirmee.
Leleftricit^ , a la v^rite , n'a pas ete le
feul moyen employ^. J'ai fait ufer au malade
pendant le mcme t&mps , de bols de favon ,
de mars & dalocs , de lavemens, de bains
de vapeurs,& enfuite de fuppofitoirs acres.
Je concois qu'on pent raifonnablement for-
mer des doutes fur I'attribution de la cure i^
I'ele^trjcit^. J'ai iin fecond fait analogue.
p6 A C A D E M I E
M. Qaget, Procureur a Charolles, a Toe*
cafion d'une fuppreffion d'hemorrhoide ,
effuya une multitude d'accidens , & particu-
lierementune hemiplegie. Les memesmoyens
combines avec Teleftricite , ont rappelle
le flux hemorrhoidal ; mais Tecoulement n'a
pas fait ceflfer le mal dont la fupprefllon
etoit originairement caufe ; il en a cepen-
dant refulte du mieux. Le malade peut ,
avec le fecours d'un baton, marcher & fe
promener , &c.
Le meme embarras d'etablir le rapport de
I'eledricite au retabliflement du flux hemor-
rhoidal, fubfifte danscefecond cas.Cependant
les fairs que Tobfervation medicale a plufieurs
fois annonces , donnent de la vraifemblance
a cette attribution. D'ailleuis , fi Ton fait at-
tention a la propriete de Teleftricite , d'agir
fpecialement a la furface , a celle de procurer
I'ecoulement d'un liquide , qui fans eile adhe-
reroit ; il ne fera pas fans fondement de
penfer que dans quelques circonftances, la
matiere ele£trique ne foit capable de pro-
voquer les hemorrhoides.
L'eleftricite pourroit fans doute produire
bien des merveilles , fi une theorie afl"uree
pouvoit diriger les experiences. L'etude re-
flechie de (es phenomenes , les tentatives ,
les applications prudentes qu'on en fera fur
le corps humain, peuvent fournir quelques
jours les plus grandes lumieres , & beaucoup
4e reflfources a la medecine. II faudroit que
des M^decins puflfent prendre fur leurs 0091^:-
D E Dijon, lyB^: 2f
pations journalieres , affez de temps pour fe
livrer aux effais neceffaires; mais on eft cl'or-
dinaire trop diftraitpour faire fes experiences
avec line fiiite qonvenable. D'ailleurs , les
prejuges dii public ferment des obftacles dif-
ficiles a vaincre. Les tentatives fouvent inu-
tiies decouragent. Les malades font rebutes
de la longueur du remede. On efTuie des
contradidions ; & il eft honteux que ce foit ,
le plus fouvent, de la part des Medecins,
qui s'eftorcent de jeter des doutes fur les
faits les niieux averes ; qui faififfent toutes
les occafions de calomnier ce remede, & de
lui attribuer tons les accidens poflibles , &
les plus independans. Un Medecin , dont je
tairai le nom , a voulu rendre I'eledricite
coupable de la pleurefie dont eft morte la
perfonne qui a eii une des paralyses rap-
portees ci-deffus. Le public eft aufH foible que
loupconneux. Les propos indifcrets d'une
perfonne de I'Art fur-tout, font faits pour
intimider. On craint en confequence de ten-
ter ce remede : on eft prive du fruit qu'il
auroit pu produire,& on perd Toccafion de
multiplier les obfervations , & peut-etre de
decouvrir des verites.
P. S. Quelque peu avancee que foit Tob-
fervation fuivante , je ne laifl'e pas d'en faire
part. La fingularite de la maladie,& Tempire
que releftricite a fur elle , ont quelque chofe
qui pent intereft"er.
|-a noramee Etiennette Livet , de la Pa-
jt^ A C A D E M I E
roiffe de LIgny en Maconnois , agee de dix-j
neuf ou vingt ans , a la fuite d'une fievre
tierce qu'elle a ene pendant iin an & demi,
eprouve , depuis plus de quatre ans, des
borborygmes, dont la violence, I'ordre & le
retoLir periodiqae, rempliffent le public d'e-
tonnement , & caufent a la malade des
{"ouffrances enormes.
Le bruit que les vents occafionnent , part
de rhypocondre gauche , & fe dirige traiif-
verfalement au droit , retourne de ce dernier
a Tautre avec un ordre & une precifion qui
imitent la regularite des mouvemens d'un ba-
lancier, a cela pres toutefois que le bruit n'efl
pas toujours egal dans ion intenfite. Le flux
eft de temps en temps plus fonore que le re-
flux , & revient comme par boufFees. La ma-
lade ne rend point de vents ni par le haut ni
par le bas. II paroit que toute la fcene fe paiTe
dans line partie du colon. Tout le ventre de
la malade eft fortgros , le foir il I'eft davan-
tage & fort dur. Les fouffrances de la malade
font exceffives dans tout le ventre , mais prin-
cipalement dans Teftomac, la zone que parcou-
rent les borborygmes & les lombes. La malade
fent auffi des tiraillemens dans tons les mem-
bres , & principalementaux extremites fupe-
rieures & a la tete. Ses regies ont paru , mais
n'ont apporte aucun changement a la maladie ;
elles coulent pen ,& ne reviennent pas regu-
lierement.
La malade , malgre Vexchs de fes foufFranr
S|s, a de Tappetij, fait bien fes fongig"! ^
Conferve un air de fraicheur que fon etat fern-
bleroit ne devoir pas comporter.
Le bruit dont il s'agit n'eil point continirJ
!1 a commence dans Torigine atourmenter la
malade pendant huit jours de fuite , alors il
s'eft fixe , a paru regulierement a huit heures
du matin, pour finir vers fix heures de I'apres
midi. L'access'annoncepar un trouble aucer-
veau , une forte d'eblouiffement , & la fin par
un fourmillement au bout des doigts , & quel-
ques bouffees plus vives & plus brufques.
Tant que dure I'acces , la malade ne peut
etre ni affife ni couchee , elle efl obligee de
refter debout. Au moment oii il cefTe, elle
fent que les vents fe diftribuent dans tout le
trajet inteftinal , elle peut alors s'afTeoir oil
fe coucher. II ne lui refle plus qu'une fatigue
extreme , luie courbature generale , & de
temps en temps des elancemens en diiferentes
parties du corps.
Depuls quatre ans que fubfifle cet etat, la
malade a eii, etant a Lyon en 1781 , & a las
fuite de quelquesremedes , trois jours de re-
pit ; mais elle n'y gagna rien , car les bruits
qui avoient cefle le jour revinrent la nuit.
Au mois de Decembre dernier il y a eu tout
naturellement & fans le fecours d'aucun re-
mede , trois jours entiers de la plus parfaite
interruption.
L'etat dont il s'agit occupe fingulierement
tout le public, qui fe perfuade que la malade
aun animal dans le ventre, il va jufqu'a en
determiner I'efpe^e, La reffemblanq? du brui^
avec le cri dii cochon , lui fait augurer que
e'en eft un. J'eus occafion de voir la malade
chez elle dans le cours dliftiois de Decembre
dernier, & Tengageai a venir ici pour faire
des remedes : elle y viht effetlivement au
mois de Janvier.
La r^gularit^ periodique de fes acces , la
fievre intermittente a laquelle ils avoient fuc-
c^de , me firent concevoir I'efperance que le
kina pourroit lui etre utile. Dans Tefpace de
douze jours je lui en ai fait prendre au moins
fix onces en fubftance. 11 n'eft pas arrive le
plus petit changement. J'abandonnai ce re-
mede , & fis prendre a la malade une potion
antihyfterique & anodine. J'empechai Tacces
pendant un jour entier ; rrfais la malade n'en
fut que plus mal , elle eut des foufFrances
pires que celles que les vents & fes fpafmes
lui occafionnoient. Elle fouffrit des maux in-
Croyables dans toutes les parties du corpse
des vomiffemens & les plus grandes anxietes.
Le poulx etoit foible & tres-irregulier. Son
etat enfin fut tel que je n'ofai pas recourir da-
vantage a ce moyen. Les bruits revinrent le
lendemain a Theure accoutumee , & parcou-
rurent leur temps fans aucune interruption ,
ainfi que cela ell toujours arrive.
J'ai enfin employe I'eledricite qui a com-
mence le 3 Fevrier 1784.
A peine I'operation par bains fut-elle com-
mencee , que les bruits fe ralentirent, & en
moins de quatre minutes cefferent entiere-
inent pendant demi-heure ; ils revinrent en-
D E Dijon, iyS4, ^f
fuite & ceflerent quelque temps apres : mais
rinterruptiort fut plus coiirte que la premiere
fois. L'operation pendant tout ce temps n'a-
voit point ete difcontinuee : le lendemain elle
eut lieu foir & matin ; les bruits & les fouf-
frances ceflerent auffi-tot , ainfi qu'il en ^toit
arrive la veille. Mais les intervalles ^toient
moins longs , les cefl"ations n'etoient que de
3 , 4 ou 5 minutes , & les bruits de 1 5 , 20 on
meme 30 minutes. L'operation , tant dans la
matinee que dans I'apres midi, a dure au moins
4 heures. Depuis ce temps jufqu'au 5 Mars
1784 , les intervalles fe prolongent de plus en
plus. En commengant I'eledrifation avant le
retour des bruits , ou ils ne reviennent point
du tout , ou a peine y en a-t-il un demi-quar{
d'heure ou un quart. L'apres midi Toperation
ne manque jamais d'apporter le calme defire
en peu de minutes , & quelquefois au premier
inftant ; & lorfque reledrifation par bain ne
produit pas bien promptement fon efFet, j'ad-
miniftre quelque commotion que je fais pafl'er
tantot depuis les vertebres du col jufqu'a I'hy-
pocondre gauche ; d'autres fois tout le long
de I'epine du dos, au meme hypocondre ; &
d'autres fois de I'un a I'autre hypocondre : les
bruits cefl'ent aufli-tot pendant un quart
d'heure , demi-heure ^ une heure , & quelque-
fois plus. L'eledrifation par bain ne procure
pas l'apres midi une cefl'ation, ni aufli prompte,
ni aufli long-temps prolongee que les commo»
tions; celles-ci en une demi- minute ou un$
minute la produifent furemeJit,
|i 'A C A D 6 M I R
Dans le commencement des feances ^Iec~
trlques , quoiqiril y eiit de frequentes inter-
ruptions des accidens , la malade n'y gagnoit
pas beaucoup : car li la duree en etoit moin-
dre dans le jour , les bruits , au lieu de ceffer
a fept heures , comme cela arrivoit ancien-
nement, duroientjufqu'a 8 , 10 heures, & me-
me minuit. Depuis 7 ou 8 jours il y a une di-
jninution notable dans leur duree totale. Au
lieu de fubfifter pendant lO heures, comme
cela etoit avant leledlrifation ^ ils n'ont plus
lieu que pendant 6 ou 7 heures. D'ailleursils
ont beaucoup moins d'intenfite. Ils s'arretent
meme a prefent de temps en temps , naturel-
lement & fans operation ele61:rique , a difFe-
rentes heures de la journee , mais toujours a
fept heures du foir, temps oil ils avoientcou-
tume de ceffer anciennement.
Quelle fera enfin I'iffue de cette finguliere
maladie ? quel fucces definitif aura I'eleftri-
cite ? Malgre les apparences tres-favorables ,•
il ne feroit peut-etre pas fage de prononcer
encore. C'efl du temps qu'il faut attendre lat
t^ponfe a cette queflion embarraffante.
DESCRIPTION
D E Dijon; ^7^4; 3^
DESCRIPTION
t) E s Grottes d'Arcy-fur-Cure ^ fuivie
d'obfervations phyfiques.
Av E c les mvellement , plans , coup6
& figures*
Par M. P a s u m o t.
PREMIERE P A R T I E.
Section premiere.
Jl_v ES defcriptions des Grottes d'Arcy , que
j'ai confultees (i) , different tellement les
unes des autres, qu'il ell impofiible de pou-
(i) Defcription de M. Perrault , en fon Traite de
I'origine des fontaines , & imprimee dans le Diftion-
naire de Morery.
Defcription de M. de Clugny, Lieutenant General
du Bailliage de Dijon , faite fur les lieux par ordre de
M. Colbert , inferee dans le fecond volume des Me-
moires de Litterature & d'Hifloire Naturelle , recueiJlis
par le P. Defmolets de I'Oratoire , & imprimee mot
pour mot dans le DiiSionnaire encyclopedique.
Defcription de M. Morand , de la Societe Royale de
Lyon, inferee, en 1752., dans les Obfervations fuf
I'Hiftoire Naturelle , la Phyfique & la Peinture , torn.
J , 3=. partie,
Defcription de M, Jobineau, inferee dans un Mi^
C
34 ACADEMiE
voir les concilier. Auciine ne m'a paru avoir
exadement rempli fon objet. A chaque def-
cription Ton fe reprefente differemment ces
antresfouterreins , & toujoiirs tout autrement
qu'ils ne font. La difficulte de pouvoir fe
former une idee iin pen exafl:e de ces Grottes ,
& de ce que Ton y voit, m'a engage a en-
treprendre a ce fujet un nouveau travail.
J'ai tache dene rien negliger de ce qu'il m'a
paru important de remarquer & d'indiquer.
J'ai cru qu'il feroit a propos de faire con-
noitre , par les mefures topographiques , &
par un nivellement, le giffement de ces Grottes,
leur etendue , TabailTement ainfi que I'ele-
vation de leur fol & de leurs voutes; & je
rne fuis perfuade qu'en joignant a cette def-
inoire de M. Guettard , de rAcademie Royale des
Sciences, 1754.
Memoire fur les Grottes d'Arcy, dans les Tablettes
fle Bourgogne , de i7<;9, & imprime dans I'Almanach
d'Aiixerre, de 1760. Ce Memoire eft un abrege de la
Defcription de M. Perrault.
Les Memoires de Trevoux ont attrlbue la Defcription
imprimee dans le Didtionnaire de Morery , a M. Jacques
Martineau de Soleine , Confeilicr Honoraire au Pre-
fidial d'Auxerre fa Patrie. Mais il eft aife de voir que
cette DeTcription appartient a M. Perrault, qui I'avoit
fait imprlmer en I674, dans fon livre de I'origine des
fontaines.il paroit qu'en 1716, M. Martineau a fourni
des Memoires fur les Grottes d'Arcy, parordre de M«
le Regent ; qu'il vifita ces Grottes le 30 Decembre de
Ja meme annee, par un nouvel ordre de M. le Re^^ent ,
& qu'il fit enlever alors piufieurs ftaladites qui turent
envoyees a Paris.
t) E Dijon, v^^^; 3^
ctiption les plans neceffaires pour repr^fenter
Tenfemble total , ainfi que le detail le plus
effentiel , mon Ouvrage porteroit avec lui
un interet particuiier , & pourroit reunir les
avantages defirables pour toutes deCcriptions
locales.
Avant d'entrer dans quelque detail , ja
crois qu'il eft a propos de dire quelque chofe
du lieu oil les Grottes font fituees , & du
terrein de ce canton.
Arcy eft un affet gros Village de TAu-
xerrois , fitue a fix lieues & demie d'Auxerre 4
quatre d'Avalon, & une & demie de la petite
Ville de Vermanton. La riviere de Cure par-
tage ce lieu en deux parties principales , qui
communiquent par un fort beau pont re-
conftruit depuis environ vingt-cinq ans. La
plus confiderable eft a droite de la riviere ,
tout-a-fait dans la valine. L'autre , qui com-
prend TEglife Paroiffiale,, le chateau d'Arcy
& celui de Chatenay , eft fituee le Ion" de
la Cure , fur une hauteur qui eft I'extenfion ;
& meme le pied d'un coteau , dont la pente
afl"ez douce, & longue d'un grand tiers de
lieue , s'etend de Toueft a Teft. Le noyau de
ce coteau eft forme par une maft^ederoches
cdlcaires qui font d^couvertes d'efpace en
efpace , fpecialement fur les bords de la
vallee dans laquelle la riviere coule. A peu
de diftance des Grottes , ces roches font ele-
vees d'environ qiiinze a vingt toifes , & cou-
tJees perpendiculairement. La furface du
^6te<iu eft couverte d'une terre vegetale,
C ij
3^ A C A D E M 1 E
rougeatre , affez maigre dans la fuperficle ^
■marneufe dans le fond , & qui a pen de
profondeur. On y a plante quelques vignes,
fur-tout furi'endroit oil font les Grottes. Le
refte ert en terres labourables ; & quand on
a creule trois pieds , fouvent moins , on
trouve la pierre qui fe detache en tables pen
epaiffes, nommees vulgairement laves. Certe
pierre en general n'eil qu'une el'pece de cos
imparfait tres-groffier h affez poreux. On y
trouve beaucoup de cryllallifations fpatiques,
& plufieurs noyaux de coquiiJages , fur-tout
des cornes d'ammon , des cammes & des bou-
cardes. Une autre efpece de roc fitue vers
le fommet du coteau , implante par deffus
ces premieres roches , & duquel on a tire la
pierre de taille qu'on a employee a la conf-
truftion du pont, eft une pierre blanche qui
n'eft qii'une craie groiliere durcie. Elle con-
tient beaucoup de petrifications , de madre-
pores & decoquillages de differentes efpeces.
Toutes les terres en culture abondent en
fragmens de pierres que Ton ramaffe avec
foin , & dont on forme de petits monceaux
d'efpace en efpace. Cette menue pierre n'eft
qu'un debris des premieres laves des roches.
Le quartz & \& filex font fort tares dans tout
ce canton.
Vmtrce. des Groties eft fttuee au fud-eft
d'Arcy, a environ trois cents toifes du cha-
teau de Chatenay, du fief duquel ces Grottes
dependent. On fuit ordinairement , pour y
wiver, la pente circulaire du coteau , dans
D E Dijon, 77^4; ^37
I'efpace de fept cents toifes. La profonde val-
lee dans laqiielle coule la Cure, qui, dans cet
endroit olcille de I'oueft a I'eil , en decrivant
un demi-ccrcle par un trcs-long circuit; Jes bois
tapiilenr differens endroits des collines ; les
roches , dont la chaine pen interr'ompue forme
tantot une pente affez douce , & dans d'au-
tres endroits prefente un front efcarpe &
perpendiculaire , ou compofe de pics qui
s'elevent les uns au deffus des autres; les ca-
vites qui fe trouvent dans ces roches; les
tapis verds formes par des pres ou des pe-
loufes; le lit de la Cure, dont les bords
paralleles forment un canal, qui paroit avoir
6te conduit & recherche avec precaution;
les chantiers de bois a bruler, & le travail
des Flotteurs; enfin , les vignes & la culture
variee des terres , font de cette vallee une
peripeilive agreable , & un payfage des plus
pittorefques.
C'efl: dans Fendroitoii la chaine des roches
paroit fe terminer par une pente infenfible ,
que fe trouve Tentree des Grottes^ Elle eil
fituee a mi-c6te de la pente , & on y monte
par un petit fentier d'environ foixante pas ,
a travers un bofquet qui la couvre entiere-
ment. On arrive a une efpece de veftibule,
quj n'eft qu'une cavite ordinaire dans ces
roches. La forme de ce vtftihuU eft a pen
pres circulaire. II a cinq toifes & dfemie de
1 oueft a Teft , & un peu moins dans I'autr^
diametre. Le fol eft incline du fud au nord.
La voiite egalement inclinee, & neanmoins
^S A C A D ^ M I E
tin peu concave, eft ^levee a I'entr^e d^
fix pieds , qui, dans le fond, fe reduifent a
deux & demi. Ejlc merite d'etre examinee
avec attention. On y trouve beaucoup de
petits trous peu profonds , qui tous font
tapiffes de pryftallifations fpatiques affez
tranfparentes. Ces cryftaux font longs d'en-
viron fix a huit lignes , & termines par une
pyramide triedre , dont chaque face eft un
triangle prefqif equilateral. lis font grouppes
& engages tous enfemble. Leur abondance
forme affez communement , fur toutes les
parois de ces petits trous , des drufm plus ou
moins gros (i). Leur cryftallifation eft celle
du parallepipede romboidal.
Ce yeftibule eft fepare de la falle qui le
fuit, par un mur conftruit au nord-eft, dans
Jequel on a menage une petite poru baffe
ferniant a clef, &: qui n'a que deux pieds de
large fur trois & demi de hauteur.
On entre tout courbe dans une cavernc
ovale qui a fix toifes en long fur quatre
& demie de large. La voiite plate fuit la
meme inclinaifon que celle du veftibule , ainft
que le fol , & Ton ne commence a fe re-
dreffer qu'a Textremite oil la voiite paroit
s'appuyer a terre. Alors il faut defcendre,
jpar une pente roide , a travers un monceau
(i) r rnfen eft un mot allemand employe en Hiiloire
J^aturelie , & qui fignifie un grouppe , ou maffe de
''jcry^laux.
D E Dijon; 77^4: J5J
(de fort gros quartiers de pierres qui ont ete
naturellement detachees de la roche. Elles
forment iin exhauflement de dix-huit pieds
de perpendicule an deifus du niveau de I'en-
droit le plus bas de la faile qui fuit , & que
je nomme premiere fulle.
Cette premiere falk eft encore ovale , & elle
a quinze toifes en long fur treize de large.
Ce n'eft encore qu'une vafte caverne , dont
le fol en decombres prefente , fur-tout du
cote droit , des mines de pierres detachees
du haut, & eparfes ^a & la. La voute elevee
de quinze pieds dans le milieu , toujours in-
clinee vers le nord, eft belle, & forme une
efpece de plafond en calotte. Le fol eft ega-
lement incline ; & dans la partie la plus baffe
au nord-eft, il y a de I'eau qui empeche d'a-
vancer jufqu'au pied du rocher. Dans ce
fond , Tinciinaifon du fol & de la voiite
change , & fur la gauche on trouve une vafte
gallerie dont le marcher eft tres-uni, excepts
vers le milieu oil il y a eu un eboulemens
d'une partie de la voute.
Cette gallerie a vingt toifes en long fur
douze pieds de largeur moyenne , qui dimi-
nue a mefure que Ton s'avance vers le fond.
A I'entree Ton trouve , fur la droite , deux
reduits bas , dont I'un eft un pafTage qui
communique a ce qu'on appelle CEtang^ &
par lequel on revient ordinayrement. L'autre
n'eft qu'un petit enfoncement du rocher qui
ne communique a rien,
Jufqu'iciles Grottes i)'ont prefente que de?
Civ
5fO ACADEMIE
cavernes qui n'ont rien que de tres-ordinaire."
Mais notre gallcrh commence a beaucoup
jntereffer. Le lol & la voute s'elevent infen-
iiblement jufqu'au fond. La voute n'eft ni
plate , ni en ceintre parfait , ni en ogive. Ella
eft formee par les lits durocherqui, furdes
parois perpendiculaires , s'avancent enliiite
en faillie les uns fur les autres , en tendant
a fe reunir par un angle dont le fommet eft
line fente qui regne d'un bout a Tautre de la
gallerie. Cette forme offre une coupe qui
approche de la figure ordinaire d'un pignon
de maifon. ( V. fig. r^. ) La fente qui con-
tinue dans plufieurs autres falles, merite,
dans celle-ci , d'etre examinee avec grand
foin. Sa largeur moyenne eft d'environ
dix-huit pouces , de meme que fa profondeur.
En plufieurs endroits elle eft terminee par
line forme arrondie , & vers le milieu de la
gallerie , on remarque un tres-grand canon
(i) incline, dont le diametre a Torifice eft
de plus d'un pied , & qui paroit n'etre que
le tuyau d'un entonnoir.
Apres avoir rencontre le paffnge bas qui
conduit a I'etang, on commence a trouver
a droite , quelques petites ftalaftites a la
voute. La paroi , de ce cote la, en eft aflez
garnle jufqu'au fond de la gallerie. La hau-
teur de la voiite eft de douze pieds a I'entree.
A I'extremite elle eft plate , & n'a plus que
(i) Canal rond qui a peu de longueur,
D E Dijon, lyS^, 4%
(fix pieds d'elevation. Cette extremite eft
meublee , a droite & a gauche , de ftalatiites
qui tapiffent les deux murs, & qui rendent
cet endroit affez curisux ; mais ce qui com-
mence a piquer davantage lacuriofite, c'eft
ce qu'on appellele /WM-iWdi/iJwe, qui eftiitue
pres Tangle , a droite de Textremite de la
falle.
Ce trou eft eleve de trois pieds au deftiis
du fol. II a feize pieds de long , quatre de
large <k trois de haut. II eft forme par une
multiplicite de ftaladites & de ftalagmites ,
qui rendent ce paffage tres-intereffant & tres-
curieux, mais fort pen commode, IL faut y
marcher tout courbe , & avoir la precaution
de ne pas trop lever la tete pour ne pas
heurter les ftala^tltes. La paroi a gauche ,
prefente une colonnade de ftiries, dont la
prodigieufe quantite obftrue tons Iqs jours
cet endroit de plus en plus (i).
L'extremite de ce trou s'evafe iin peu ,
& Ton entre dans une ialle fuperbcment meu-
(i) Les (lalaclites font les concretions adherentes a
]a voute , & pour I'ordinaire terminees en pointe comma
les gla^ons qui , apres iin dcgel interrompu , font {w(-
pendus aux gouttieres. Les flalagmites font d'auties con-
cretions qui fe forment a terre 'en s'elevant en pointe,
& qui repondent prefque toujours a une ftalaftite. Sou-
vent elles font toutes mamelonnees, & faites en forme
de choux-fleurs. Elles afleflent auflV- differentes autres
figures. Enfin, j'appelle flirie la ftalaftite & la flalag-
imite , lorfque par leur reunion a leurs fommets , elles
font unies, 6c forment une efpece de cojonng,
4* A C A D E M I E
blee par tant de ftaladites , qu'elles ne laifTent
prefque d'intervalle entre elles que celui qui
ie trouve menage par leurs pointes. Elles
font afiez inegales dans leur longueur. Ce
font comme difFeretis grouppes auxquels
elles font adherentes. Tous ces grouppes ref-
femblent tellement a des pis pleins de lait
( /^. 2 ) , que Ton a donne a cette falle Ie
nora de la Laiteile. D'autres lanomment auffi
lafalLe. dcs Fraifcs , parce qu'il y a fur les murs
quelques tapis d'incruftations blanches , qui ,
par leur configuration , reffemblent affez a
des fraifes de veau. Cette falle a onze toifes
de long fur trois & demie de large. La voute
en ceintre eft elevee de neuf pieds. On y
retrouve la fente comme dans la falle pre-
cedente , & elle tres-chargee de ftalaftites.
Sur la gauche , au fortir du troii-Madame ,
on remarque une groffe ftalagmite conique ,
haute d'environ quatre pieds, & d'autant de
diametre. Elle eft furmoniee d'un dome ex-
cave dans la voute , & qui eft curieux par
la quantite de petites ftaladites qui y font
adherentes. Le long du mur, auffi a gauche,
la voiite paroit foutenue par des ftiries hautes
de fept a huit pieds , fans y comprendre le
pedicule ou empattement de la ftalaftite , ni
le piedeftal de la ftalagmite. Ces ftiries fituees
en file , laift'ent entre elles des efpcces de
portes d'environ trois pieds de haut fur deux
pu deux & demi de large. Ces efpaces ofFrent
des efpeces de petits cabinets, ou plutot de§
lanternes fornixes par descolonnes. La parol.
D E Dijon; 77^4. 41
a droite , prefente a pen pres la meme fm-
gularite , mais en ii petite quantite , qu'on ne
pent faire comparaifon avec I'ai.ire cote.
Vers Textremite cle cette falle, a gauche,
onvoit a la voiite une forme cle liJlon arrondi
qui prefente fa partie concave. II a plus de
dix pieds de long fur dix-huit pouces de
diametre. II prend fa naiffance dans un trou
lateral naturellement creufe dans le rocher,
& litue au haut de la paroi. Cell un demi-
canon pareil a celui que Ton remarque dans
ia voute de la gallerie precedente.
Cette falle efl terminee par cinq piliers
enormes, qui tiennent du haut de la voute en
has. lis font a peu pres ronds. lis ont neuf
pieds de haut , & environ autant de diametre.
lis font fepares les uns des autres , difpofes
circulairement , & par leur enceinte, ils de-
fendent un precipice qui n'eft qu'un trou pen
profond , dans leqnel il n'eft pas tout-a-fait
facile de defcendre. La furabondance de la
matiere qui a forme ces piliers , a convert
la paroi & le fol d'une incrullation gliffante
comme la glace , & a fait de ce trou une
efpece de citerne qui , dans Tendroit le plus
profond , raffemble le peu d'eau qui degoute
perpetuellement de la voute. Autour des
bafes de ces piliers , on voit des petits baffins
avec des bords guilloches , qui font fitues en
pente les uns au delTous des autres. La cryf-
tallifation , ou plutot le depot de la matiere
incruftante , les a formes tons. Mais les der-
niers paroiffent ne Tavoir ete qu'apres les
'44 A C A D E M I E
premiers , par la fiirabondance de la matierei
Je nommerai bafjins cfincmjladon progrc(Jive y
ceux de la meme efpece dont j'aurai a faire
mention.
Vis-a-vis le plus gros de ces piliers, il y
a line ftalagmite haute d'environ quatrepieds,
fjui eft affez fale & toute unie comme ime
borne. On la nomme la fcmme de Loth. A cote
de celle-la il y en a une autre plus petite,
Elles meritent toutes les deux pen d'atten-
tion , mais elles terminent cet efpace , & ler-
vent d'appui dans un paffage fort gliffant.
On entre alors dans une vafte falie ovale ,
qui reunit quatre branches qui partagent ces
Grottcs. Cette Calle a onze toifes dans ion
petit diametre , & quatorze dans fon plus
grand. Le fol eft en pente de tous les cotes,
& convert d'une incruftation gliffante qui
prefente une infinite de baflins d'incruftation
progreffive. lis font difpofes en gradins comme
un amphitheatre circulaire. Leiir enfemble
forme une efpece de grand baflin tres-evafe.
La voute eft plate. C'eft moins une voute
qu'un plafond de trente pieds de hauteur ,
en mefurant du milieu. II eft trcs-richcment
orne de ftaladHtCo dans la partie a I'oueft.
L'autre cote n'en prefente aucune. La fente
qui partage la voiite des premieres falles ,
ne fe retrouve pas dans celle-ci. Elle eft plus
elevee d"un pied que la precedente. On a
nomme cette falle. La falh dela Flergc , parce
que fur la paroi a Toueft , il y a un rebord
^e la roche qui ports u^e ftalagniite fort;
D E Dijon, {^^4: 4^
blanche, haute de fix pieds, d'environ huit
ponces de diametre , & que Ton nomme la
Fiergc ; parce qu'une forme de tete au haut j
& quelqu'autre irregularite , hii ont donne a
peu pres I'air d'une ftatue de la Sainte Vierge.
La ftalatlite qui y correfpond , n'a pas plus
de quatre pouces de long fur un de dia-
metre.
C'eft au has de cette ftalagmlte qu'eft Ten-
droit le plus profond de cette efpece de
grand baffin evafe , forme par la pente cir-
culaire du fol. On y remarque un petit puits
d'environ deux pieds de diametre , de trois
de profondeur en apparence , mais qui enfuite
eft evafe & incline fous le rocher. On ne
pent en fonder la profondeur. 11 y a de I'eau
dans ce piiits. Ce n'eft pas feulement le re-
ceptacle des eaux furabondantes qui s'egout-
tent de la votite ; j'ai remarque que I'eau
foufHoit dans cette petite cavite , & confe-
Cjuemment elle y vient de I'exterieur, &:
entraine de I'air avec elle.
Contre la ftalagmite de la Vierge , on voit
entre les lits du rocher une couche de deux
pieds d'epaiffeur d'un gros gravier mcle de
beaucoup de Mica & de pank. Ce lit de
gravier fe retrouve en d'autres endroits de
la Grotte.
A droite, vis-a-vis la Vierge, Tangle du
rocher ell orne d'un beau grouppe de con-
cretions blanches qui decorent a merveille
cet angle faillant.
De cette falie on monte dans une nouveMc
46 A C A D ]fe M I E
qui a onze toifes de long fur fix de large.
Le fol en eft tres-uni. La voiite eft plate &
tres-riche en ftalaftites. On y retrouve la
fente qui la partage en deux, & ce milieu
eft afl'ez chari^e de ftalaftites courtes , mais
tres-belles. A ce milieu correfporident plu-
fieurs grouppesde ftalagmites, dont plufieurs
ont plus de fix pieds de haut. Toutes font
tres-blanches , rangees fur une feule ligrie ,
& difpofees a quelque diftance les une's des
autres. On pent comparer leur forme a celle
de ces anciennes armures militaires. Je les
appelle Us trophies. Le fecond de ces grouppes
eft une fort belle ftirie qui tient du haut en
has de la voute , qui a neuf pieds d'eleva-
tion. La parol de cette falle , a df oite , eft
tiche & magnifique. Elle eft toute tapift'ee:
de ftaladites & de ftiries. L'autre cote eft
beaucoup moins beau ,&nofFre prefque rien
Cn comparaifon du premier; mais a Textre-
jnite , entre la parol & un tres-gros bloc
de differens groupes qui terminent cette falle ,
il y a uri petit cul-de-fac enfonce qui le ter-
mine en pointe , & qui eit tr^s richement
orne. On y voit un petit monticule a hauteur
d'appui , furmonte d'une voute peu clevee ,
qui paroit portee par beaucoup de trcs-jolies
petites colonnes , entremelees de culs-de-
lampe. Ce reduit fait naitre Tidee de ces
petits ouVrages gothiques dont nous admirons
la delicatefl"e, & qu'on ne refpefte fouvent
point aff^ez.
De cette falle on defcend dans la voifine.
b E Dijon, 1^84. 47
dont la decoration augmente beaucoup. Le
premier objet qui fixe Tattention , eft ce
qu'on appelle la Coquille. C/eft line efpece de
baldaquin de deux toifes de diametre , epais
fur les bords d'environ deux pieds , & iiif-
pendu en partie a un tres-gros grouppe qui
forme une portion de colonne longue de fix
pieds, & au moins cinq de diametre. Toute
cette enorme maffe eft engagee par derriere
dans le maftif , & porte a terre par une de
fes extremites qui touche au gros bloc qui
tesmine la falle precedente. L'autre extremity
& le milieu font fufpendus & eleves de ftx
pieds au deftus du fol qui eft en pente. On
a beaucoup trop vante ce grouppe. II n'en
merite cependant pas moins d'etre examine
avec attention. L'interieur de ce baldaquin
n'eft point ftrie on ondule , commele difent
quelques defcriptions ; il s'en faut meme beau-
coup , puifqu'il contient une partie du lit
de gravier mele de mica & de granit qui fe
trouve dans la falle de la Vierge. Cette par-
ticiilarite prouve que ce grouppe portoit pri-
mitivement tout entier fur le fol , & que s'il
eft aujourd'hiii fufpendu en partie , ce n'eil
que par accident , & parce que tres-proba-
blement le terrein a ete emporte ou s'eft
atfaifl'e. II portoit fans doute fur la couche
de gravier. L'incruftation qui y avoit pe-
netre , avoit englobe tout ce qui eft encore
a prefent adherent a la partie concave de cette
efpece de baldaquin ou coquille.
Au devant de cette coquille eft une bell^
48 A C A D ]& M I E
ilirie de fix ponces de diametre. Elle forme
line tres-jolie colonne qui tient du fol a la
voiiie , & qui a environ deux toifes de haut.
La voiite, dans cet endroit, forme le cein-
tre , & porte afTez bon nombre de flaladlites
de deux , trois , & meme quatre pieds de
long. Depuis la coquille le fol eft en pente
du cote du nord , & continue de meme dans
I'efpace de fix toiles au dela.
Toute cette partie eft magnifiquement
decoree, fur-toiit par deux tres-beaux groupes
adherens a la paroi a gauche. lis forment
en maffe , une efpece de rocaille. Le haut
prefente une partie faillante comme le bord
d'un baffin , d'oii il paroit fortir de I'eau &
des rofeaux qui , dans leur chiite , fe replient
par deflbus le baffin. La blancheur admirable
de ces deux beaux groupes en rehaufl"e infi-
niment la beaute. L'un eft afl"ez voifin de la
coquille , & f autre eft un peu plus eloigne.
La paroi a droite prefente auffi quelques
beautes , mais on les neglige pour admirer
les premieres.
Le marcher de cet endroit eft tres-incom-
inode a caufe de la pente du fol & d'une
glaife jaune, fine, tenace & gliflante qui le
couvre. Cette pente conduit dans un fond
oil Ton voit deux trous pleins d'eau , & de
forme a peu pres ovale. L'un eft a droite &
I'autre a gauche. lis ont plus de fix pieds de
diametre , & un peu moins de profondeur.
Tous deux paroilTent un peu enfonces fous
la roche. L'eau qu'ils contiennent eft tres-
limpide^
D E Dijon; 77^4; ^4^
limpide , & laiffe appercevoir le fond forme
par line glaife iinie. Le trou a gauche eft
celui ail deffus duquel domine le fecond de
ces beaux grouppes dont je viens de faire
mention. Les gens du pays affurent ( ce qui
n'eft pas diiScile a croire ) que lors des
grandes eaux , celle du trou a gauche coule
dans le trou a droite. Dans cet endroit has,
la voute a trente pieds d'elevation. EUe eft
plus haute de deux pieds que la precedente.
EUe eft plate & n'a point de ftalatlites.
Seconds section.
On remonte de ce fond par une autre;
pente egalement couverte de glaife tres-
gliffante. On entre dans une falle longue de
dix toifes, & large d'environ quatre. Cette
falle eft pen curieufe : elle n'ofFre rien qui
fixe beaucoup I'attention. La voute affez
plate , s'abaiffe un peu. Elle n'a que dix pieds
d elevation, & on retrouve dans le milieu
la continuation de la fente , le long de laquelle
il y a quelques ftalaftites naiftantes. Mais
cette falle eft terminee par deux tres-belles
ftiries , hautes de dix pieds, que Ton nomme
tes deux Piliers. L'un a trois pieds de dia-
tnetre, & I'autre dix-huit pouces. lis font
adherens au milieu dans un point de contad,
lis reprefentent deux colonnes torfes can-
helees. Ellesfont ifolees de tout autre objetj,
&: placees prefqu a egale diftance des deux
fiiursi
5© A C A O E M I E
C'eft a ces deux colonnes accoiiplees que
commence l^fallediiBal, alnfi nommee parce
que les gens du pays y danfent. La voiite
s'eleve d'un pied plus que la precedente ; &
dansle milieu de la falle , elle s'eleve encore
de fix pouces plus qu'auparavant. Cette falle
a treize toifes de longueur fur cinq de large.
Le fol en eft tres-uni. La voiite a douze pieds
d'elevation , & eft toute plate. Elle forme
im plafond d\m travail fingulier , qui , fur
iin fond jaunatre , prefente un vermicule
noir en relief de deux ou trois lignes an
plus. Cette efpece de broderie n'eft point
folide. Ce n'eft qu'une pate de terre ainfi
arrangee par I'ecoulement des gouttes d'eau
qui fuintent a travers du roc, & fe pro-
menent fur la furface jufqu'a ce qu'elles tom-
bent. Cette pate n'acquiert aucune folidit^.
Le doigt detruit aifement ce relief. Cette
voute porte , dans le milieu & a droite ,
quelques ftalaftites en affez petite quantite.
A gauche on voit , dans cette meme voiite ,
une excavation en forme de dome ovale ,
long de cinq toifes, large de neuf pieds,
& profond d'environ trois.
L'extremite de cette falle eft orn^e fur la
paroi a gauche , d'un tres-beau rocher de
flaladites groupees& tres-blanches. La partie
correfpondante a droite , a auffi quelques
tapis d'incruftations.
Ce grouppe de ftalaftites paroit changer la
decoration. Le fol devient raboteux : c'eft
une nouyelle (alle longuc d^ yingt toifes fuj
b K Dijon; TyS4. 51
Sx de large, an milieu de laquelle il y a
des pierres eboulees qui rendent le marcher
difficile & afl'ez incommode. La voiite eft
plate; elle a douze pieds d'elevation , &
n'ell que Textenfion de la precedente, dans
la longueur de neuf toifes. Mais a ce terme
elle fe releve tout d'un coup d'environ huit
pieds , & prefente la forme d'une gondole
renverfee, dont les bords font comme on-
dules par les lits du roc qui s'avancent les
uns fur les autres. ( F.fig- 3- ) Cette voiite
n'a point du tout de flalaciites dans toute
la longueur de la falle , non plus que la pa-
roi a gauche; mais a droite, le mur en eft
tres-bien garni dans toute fa longueur , &■ au
milieu on voit un tres-beau grouppe detache
& fitue en avant du mur. II reprefente a
merveille un jeu d'orgue. Le pied du grouppe
paroit tres-artiftement rocaille. II prefente
line forme de buffet haut d'environ cinq
pieds , & a peu pres de meme longueur. II
porte huit ou dix ftalaftites accolees, hautes
d'environ fix a fept pieds , & de trois , qua-
tre & fix pouces de diametre. Ces ftaladites
placees les unes a cote des autres , imitent
parfaitementbi^ndes tuyaux d'orgue. Quand
on les frappe elles rendent un fon plus ou
moins fort. Ce fon accidentel n'a rien qui
puiffe etonner : ces llaladlites font creufes
enpartie, peu epaiffes , & leur longueur les
rend fonores jufqu'a un certain point. Ce
grouppe a fait donnera cette falle le nom de
falle des Or^ues, On remarque aux environs
Dij
52 A C A D £ M I E
de ce grouppe , que les lits du rocher laiffent
entre eux de longues couches horizontales
vuides & aiTez profondes , de fa^on que le
lit fuperieur du roc paroit n'ctre porte nulle
part.
Centre le meme grouppe , on voit un tas
prodigieux deplus de cinquante tombereaux
d'une urre noire & fans confiftance. C'efl, dit-
on, le fumier des chauve-iouris qui autrefois
etoient en prodigieufe quantite dans ces
Grottes, &fe ramaffoient par pelotons dans
cet endroit. Ce fumier eft une terre tres-
legere, fans prefqu'aucune liaifon , & com-
pofee de la deftru£lion d'une infinite d'in-
ieftes differens , dont les etuis font encore
conferves en fragmens. On trouve de cette
terre en pluficurs endroits des Grottes; mais
c'eft le feul endroit oil il y en ait en fi prodi-
gieufe quantite.
A la hauteur des orgues la voiite de la
falle fe releve encore d'environ dix pieds ,
& la decoration change. On fe trouve dans
ime vafte falle de forme ovale ; elle ell cou-
ronnee par un inimenfe plafond jaune, hori-
2ontal , parfaitement plat, liffe , avec des
rebords onduIes,& d'une couleur blanchiitre
qui tranche fur le fond. Cell la plus belle
de toutes les voiites des Grottes. EUe a an
jnoins trente pieds d'elevation. On peut
nommei" cet endroit la falU des Spectacles,
Le fond de cette falle oiFre wn theatre
tnagniiique , elevd de douze pieds an deflus
du fol. ( f^'fiS' 4' ) Une fuperbe flalaelite
D E Dijon, 77^4: ^^f
placee en devant, & qui reprefente une co-
lonne cannelee d'environ doiize pieds de
hauteur lur un de diametre , partage le mi-,
iieu de la decoration. Deux'trcs-beaux &ma-
gnifiques grouppes de concretions, en forme
de piiallres places centre Ics parois a droite
§1 a gauche , ornent le devant de ce theatre.
D'autres grouppes iitues en arriere, fur les
cotes , mais en faillie les uns fur les autres ,
refferrent le fond fucceffivement & forment
les couliffes. La voute qui s'abaiffe a mefure
que Ton avance vers I'extremite, acheve de
perfeftionner I'eiFet. Le tout prefente une
fculpture''indeterm_inee qui ofFre un travail iin-
gulier. La blancheur eclatante de pluiieurs
de ces morceaux , varie & augmente la ri-
cheffe de la perfpective.- C'eft la plus belle
qui foit dans ces Grottes. La belle llaladite
placee en de vant paroit portee fur un piedeflal
qui s'eleve de quatre pieds au dcffus du
maffif qui femble former la hauteur du plan
de theatre : en 1762 il s'en falloit environ
trois pouces qu'elle n'y portat. Vers 1777
elle a commence a y etre appuyee par le
cote gauche feulement, oil il fe fait une
addition de concretion qui augmente par un
fuintement d'eau,qui n'a pas eu lieu pendant
plufieurs annees. Comme cette flaladite eft
adherente Sc fufpendue a la voiite , on la
nomme k Pi/ier fujpe/idu, A droite, & pres
de cette ftaladite , on en remarque une
autre longue d'environ fix a fept pieds , &
de trois pouces au plus de diametre. Elle ef|
D il]
^54 A C A D fe M I E
iin pen contournde vers fa pointe ; & comme
fa groffeur eft affez egale dans toute fa lon-
gueur, on la nomme CAuguille.
L'interieur de ce theatre , qui a cinq toifes
de longueur , merite beaucoup d'attention
dans le detail. La voiite rabaiffee d'environ
huit pieds , eft tres-chargee de beaucoup de
groffes ftaladtites. On en remarque une que
Ton nomme le cxur de Bxiif. Elle eft longue
deneuf pieds. Elle porte a Ion extremite une
forme d'un tres-gros coeur, ou plutot d'un
tres gros artichaut lerme & renverfe , dont
la pointe eft elevee de neuf pieds an defliis
du fol.
Sur la gauche, entre des ftiries grouppees,
Ton trouve I'entree d'un petit reduit tres-
riche en ftaladtites. II n'a pas fix pieds de
haut, & il a moins encore de large. Le fol
eft d'environ un pied plus eleve que le plan
du theatre. On trouve dans ce reduit, le
long de la paroi gauche, un bafiin naturel-
lement evcave dans le roc : il a environ
deux toifes de long fur trois a quatre pieds
de large , & huit pouces de profondeur. Les
gouttes continuellesqui tombentde la voiite,
entretiennent toujours dans ce baflin une
eau tres-limpide , au fond de laquelle il fe
forme de petits grouppes de ftalagmites de-
licates & mamelonnees qui reffemblenta des
choux-fleurs. Get endroit fe nomme la Fon-
taine. II s'eleve du milieu de ce baffin une
efpece de colonne haute de quatre pieds fur
cinq pouces de diameire i c'eft une ftirie^
b E Dijon, ^/y.?^: Yf
Le pied epate eft garni tout autour, a fleur
d'eau , d'un petit cordon d'une cryftallifation
tres-blanche. La multiplicite des ftalaftites
& ftalagmites obftriie le fond de ce reduit ,
oil Ton trouve cependant un paffage ^ peu fa-
cile , a la verite , mais qui , par un circuit ,
rentre dans le theatre. On peut , dans cet
endroit, remarquer & examiner les bafiins
progrefiifs. L'entree de cette fontaine com-
munique , a gauche , dans quelques autres
reduits fitues derriere les gros grouppes qui
avoifment le coeur de BceufSi le Pilicrfufpcndu,
Je crois que c'eft dans quelqu'un de ces
efpeces de cabinets , que M. Perrault trouva
quelque chofe qui lui parut former une table
& un (iege. A peu de diftance de Tentree de
la fontaine, & du meme cote, Ton voitune
ftirie ifolee qui reprefente unegroffecolonne
d'environ trois pieds de diametre , haute
de douze. EUe tient au fol & a la voute
qui eft rabaifl'ee d'environ trois pieds,
A neuf pieds au dela de cette colonne
la voiite fe rabaiffe encore de plus de quatre
pieds. Le fol inegal , & qui fe releve in-*
fenfiblement depuis l'entree de la fontaine ,
concourt, avec le rabaifl'ement progreffif de
la voiite, a rendre cet endroit peu commode.
On y retrouve lafente du milieu de la voute
qui eft affei chargee de ftaladlites grouppees.
On arrive a un pafl'age ferre , long d'environ
dix toifes , & dans le milieu duquel la voiite
ji'a que quatre pieds & demi d'elevation.
Pres de Tentree de ce paffa^e , il y a un
P iy
56 A C A D E M I e'
bourbier pen large & pen profond , que Von
evite en paiTant fur une crete de roc qui le
partage en deux parties. Une ftalagmite qui
n'a rien de beau , mais qui fe trouve placee
tres-a propos a portee de cette crete de
roc , aide a traverfer ce bourbier plus faci-
lement.
Au fortir du paffage ferre, dans lequel on
peut remarquer le travail de Teau qui a
fillonne & excave la roche , la voiite fe
releve. On entre dans une falle longue de
yingt-une toifes & large de cinq. Elle n'offre
a I'entree qu'un grouppe de ftaladites place h
gauche. Le marcher eft d'abord aflez facile.
La yoiite, dans I'efpace de fept toifes, eft
plate, horizontale, & a quatorze pieds d'e-
levation. Mais tout a coup elle le releve de
douze pieds , & elle prefente encore le fond
d'une gondole ornee de petites ftalaftites
naiffantes. Ce rehauffement de la voiite vient
de ce qu'il s'en eft detache de grolTes fta-
laftites qui ont entraine avec elles beau-
coup de pierres fort groftes. Le fol couvert
de cet eboulement eft tres-inegal, & d\m •
jnarcher tres-incommode. Vers le milieu, la
voute fe releve encore de trois a quatre
pieds , & Ton voit 9 droite un trou ovale ,
long de plus de quatre toifes fur fix oufept
pieds de large , & autant de profondeur.
Cette cavite eft aufli garnie de quelques
ftaludites. Les decombres fortis de ce trou \
forment un monticule, au haut duquel il y
a deux on trois ftalagmites fort blanches j
D E Dijon, 1^84: 57
Bautes de deux, trois & quatre pieds. Cet
enfemble pent etre compare a im Calvaire^
C'eft Fobjet principal qu'on pent confiderer
dans cette falle. La paroi a gauche , corref-
pondante a ce Calvaire , prefente du haut
en has, dans la longueur de dix a douze
toifes , un tres-joli guillochis blanc & ver-
tical , interrompu quelquefois par les lits du
rocher , & qui imite tres-bien une draperie
antique , adherente au mur.
De cette vafte falle, on paffe dans une autre
beaucoup moins grand e , qui n'a que fept
toifes de long , mais qui eft infiniment plus
riche par la beaute , la groffeur , la multi-
plicite & la variete des objets. Ce qui frappe
davantage eft ce qu'on appelle ic pain de
Sucre. C'eft une ftalagmite parfaitement co-
nique , haute de neuf pieds , & de cinq pieds
de diametre a la bafe. EUe eft placee fur un
piedeftal eleve au moins de trois pieds. Ce
cone n'a pas une furface unie commeun pain
de fucre ordinaire , mais il eft guilloche a
peu pres comme une pomme de pin qui ne
feroit pas epanouie. Cette ftalagmite eft en~
vironnee de plufieurs autres. A droite on
remarque un tres-gros bloc grouppe & engage
dans le mur. Une ftirie placee derriere ce
grouppe , merite attention. Elle a neuf pieds
de haut , & ftx ou fept pouces de diametre.
Elle pent etre coniparee a une etaie fculptee
de haut en has. On remarque encore trois
autres groffes ftalagmites qui font pofees fur
im tres-grand focle commun a toutes , ainli '
5& A C A D E M I E
qu a la ftirie. Elles ont qiiatre a cinq pieds
de haut. Deux reprefentent des ifs bien
failles , & la troifieme a la forme d'une ftatiie
ebauchee , a genou , & vetue d'une draperie
qiii la coiivre entierement. La voute ra-
baiflee dans cet endroit de quatre pieds plus
que la falle precedente, eft ornee de beau-
coup de fort belles ftaladites. Au cote gau-
che il y a plufieurs tres-beaux grouppes. Tous
reprefentent des rocailles qui portent plu-
fieurs belles & groffes flalagmites qui paroif-
lent implantees fur ces grouppes , & foutenir
enfuite la voiite. L'enfemble , ainfi que le
detail , excite ici une admiration naturelle.
Le grouppe qui eft place vis-a-vis du pain
de fucre , merite une attention particuliere.
Le haut prefente un reduit dans lequel on
voit une ouverture horizontale , ovale comme
la coupe d'une lentille, & longue d'environ
quatre pieds. Le bord inferieur eft en faillie.
II reprefente le rebord d'un baflin , duquel
il paroit decouler une belle nappe d'eau qui
forme des ondulations verticales. ( F. fig. 6. )
Ce morceau fe fait remarquer encore par
fa blancheur, qui furpaffede beaucoup celle
de la rocaille qui le porte. Tous ces differens
grouppes, fepar^s les uns des autres ,laifrent
voir dans les intervalles , des reduits affez
garnis de ftaladites & ftalagmites qui font
iin fort bel effet. Un peu plus loin, parmi
un grand nombre de belles ftaladites adhe-
rentes a la voute , on remarque vers I'ex-
tremit^ , un c(Kur dc Bxuf pareil au premier?
1) E Dijon; ry84. y|
dont j'ai fait la defcriptlon , mais d'lin moin-'
dre volume.
Ce magnifique endroit eft termine par ce
que Ton nomme k pilier du Prince. C'eft une
ftirie haute de feize pieds , qui reprefente
un fufeau de quenouille. Le gros bout a
quinze pouces de diametre & huit pieds de
haut : il porte fur une petite eminence qui
forme une efpece de focle. La queue de ce
fufeau a egalement huit pieds de haut, &
quatre pouces feulement de diametre. Le nora
de pilier du Prince donne a cette ftirie , vient
de ce qu'elle merita une admiration parti-
culiere de feu Mg''. Armand-Jules de Bourbon ,
Prince de Conde , qui vifita ces Grottes a
la fin du dernier fiecle , ou au commencement
de celui-ci (i).
La Grotte s'elargit alors. On paffe dans
une nouvelle falle large de fept toifes , & de
quarante-quatre de longueur. A I'entree , la
voiite fe releve d'environ fix pieds , & pre-
fente le fond plat d'une jatte ovale. Le mur
a droite eft charge de beaucoup de ftaladites ;
la paroi a gauche n'en a aucune. Environ
au tiers de la falle, a droite, on voit deux
fort beaux grouppes qui laiffent entre eux
un efpace large d'environ deux toifes , d'au-
tant de hauteur , & qui s'enfonce par der-
(i) Ce Prince , bifaieul de Louis-Jofeph de Bourbon I
Prince de Conde , Gouverneur aduel de la Province
de Bourgogne , mourut en 1709,
60 A C A D E M I E
riere. L'enfemble forme nne tres-jolie grotts
meublee d'une rocallle ucs-blanchc , & dans
laquelle les ftal;'.£lites abondent. II eflfacheux
que le marcher de cette falle foit tres-in-
commode par la prodigieiife quantite de
groffes pierres & de llalaftites qui fe font
detachees de la voiite , & qui s'ecroulent
encore affez fouvent.
A peu de diflance dela , on trouve au mi-
lieu de la falle une flalagmite ifolee , haute
de fept pieds & tres-blanche. Tout pres eft
im affez beau grouppe de flalagmites. Alors
le fol s'elevei la largeur de la falle com-
mence a diminucr infenfiblement , & un peu
au dela du milieu Ton voit , a droite , un
autre gros grouppe en faillie , appuye fur la
paroi : c'ell une maffe blanchatre parallelo-
grammatique , haute d'environ fix pieds ,
longue de dix au moins, & furmontee de
plufieurs belles ftalagmites qui appuient la
voute , & dont une ne reffemble pas mal
a un faifceau de palmes epanouies par le
haut. Je donne a cet enfemble le nom de
Cenotaphe.
Ici la voute commence a former tres-bieti
le ceintre ; & a cinq toifes de diilance , elle
ie forme encore beaucoup plus reguliere-
ment. Depuis ce point la falle prefente une
nouvelle decoration. La voute n'a plus que
huit pieds d'elevation dans le milieu. Elle
porte a droite & a gauche , fur le fol qui
s'eleve jufqu'^ I'extrcmite par une pente
^nfenfible. La largeur de la falle diminue de
D E D I T o N, i;;S4: 6f
meme infenfiblement. Cette extremlte, qui
a encore phis de douze toifes de longueur,
s'appelle ies Berceaux , ou le Parterre. Le fol
forme par le roc a nu , eft orne d'un com-
partiment blanc en relief, & affez fingulier,
D'abord ce n'eft qu'une efpece de pellicule
ou lame blanche qui forme une legere on-
dulation. Plus loin Tondulation s'eleve en
Crete de coq ; & a mefure qile Ton avance ,
ces ondulations croiffent de plus en plus eii
groffeur & en hauteur. Elles forment enfin,
a Fextremite de la falle, dQs baffins fort
grands , dont les bords ont plus d'un pied de
hauteur & d'epaiffeur. lis font tellement dif-
pofes , que Ton pent les comparer a line
quantite prodigieufe d'immenfes coquilles,,
a bords guilloches , arrangees les unes contre
les autres , & qui ne laiffent entre elles aucun
efpace vuide. La voute porte dans fon mi-
lieu beaucoup de petites ftalaftites. Son ele-
vation eft reduite a deux pieds & demi ou
trois au plus. Sa naiffance , a droite , paroit
foutenue de diftance en diftance par quel-
ques petites colonnes blanches dont la hau-
teur diminue a mefure que le plan s'eleve^
Enfin, Textremite de cette falle paroit etre
celle des Grottes.
Mais ce n'eft point encore la leur terme ,
com me le dit la Defcription de M. de Clugny ;
car on trouve a gauche un trou de douze
pieds de long & de deux de diametre, dans
iequel il faut prefque ramper. Ce trou pre-
l^ente a merveille le travail de I'eau qui Ta^
<6± A C A D £ M 1 E
forme. C'eft im vrai goulot par lequel on
penetre dans une nouvelle falle qui a vingt
toifes de longueur fur fix de largeur moyenne.
Le iol de cette derniere falle s'eleve confi-
derablement. II ne prefente d'abord a Ten-
tree qu'un eboulement prodigieux de groffes
pierres; mais il offre enfuite un amphitheatre
magnifique , d'une blancheur dont I'^clat eft
tr^s-refplendiffant. La falle, dans fon total,
ne le cede en beaute a aucune autre , & ce
feroit n'avoir vu toutes ces Grottes qu'affez
imparfaitement , fi on n'avoit penetre dans
cette extremite. Quoique M. Jobineau affure
qu'elle ne contient rien de curieux & d'in-
tereffant , cependant c'eft dans cette falle ,
que je crois pouvoir nommer Salle de la caf-
cade, que Ton pent obferver mieuxqu'ailleurs,
& etudier davantage les efFets des operations
de la nature. Derriere le maffif de I'eboule-
ment qui fe prefente a I'entree , le fol en
amphitheatre , comme je viens de le dire ,
eft une cafcade continue, formee par difFerens
baffins guilloches , difpofes en gradins entre
tleux files de ftalagmites. Le haut de I'am-
phitheatre prefente un roc horizontal a
hauteur d'appui , qui porte un nouveau bafTm
qui re^oit continuellement plufieurs gouttes
d'eau qui tombent de la voute toutes a la
fois. La furabondance de la matiere dont
les ftalagmites paroifl"ent enduites, a forme
a leur pied , & dans difFerens endroits de la
meme falle , des incruftations etendues &
tres-blanches. La voute eft orn^e d'une iu-
D E Dijon; iyS4: 6f
fnlte de petites ftaladites naiffantes, dont
la plupart n'ont que la groffeur , la longueur.
& I'epaiffeur d'un tuyau de plume a ^crire.
Le fond de cette falle au dela de Tamphi-
theatre , eft un reduit de trois toifes de pro-
fondeur, d'environ deux pieds &: demi d'ele-
vation , & qui s'eleve auffi en pente : ce
reduit n'a rien de curieux, & ne communi-,
que a rien. II forme, fur la droite , un en-
foncement dans lequel on peut fe gliffer fur
le ventre , & Ton trouve que ce n'eft plus
la continuite du roc, mais que ce n'^ft qu'une
efpece de decombres de terre & de pierres
fufpendues. Cette particularitefaitfoupgonner
qu'il n'y a alors que quelques toifes de
terrein qui couvrent cette extremite.
II faut alors revenir fur fes pas : on revolt
avec plaifir tous les differens objets que Ton
a deja confideres. On y remarque de nou-
velles beautes ; & quand on eft de retour
dans la grande falle ovale de la Vierge , il faut
detourner en remontant fur la gauche.
Dans le fond au nord-eft , on trouve une
cavite qui defcend en pente fous la roche,
Elle a environ cinq toifes de large." L'entree
paroit defendue par une efpece de digue for-
mee par de tres-grofles & tres-longues pierres
plates , qui fe font detachees naturellement
de la voute. Elles forment un plan incline du
cote du trou , & paroiffent avoir ete artifte-
xnent difpofees pour former un glacis. L'ar-
rangement particulier de ces pierres a fait
Rummer cette cavite,, U Lavoir* C'eftune gal-
64 *ACADEMIE
lerie affez longue", dont Textremite eft tou»
jours remplie d'eaii. Je n'ai pu y avancer
qu'environ Tefpace de dix toifes , & examiner
a pen pres la direftion de cet enfoncement ,
dont le fol & la voute forment une pente pa-
rallele qui baiffe a mefure que Ton avance
davantage vers rextremite.
En fortant de cette gallerie. Ton voit fur
la gauche un petit entbncement du rocher ,
qui forme un reduit affez orne de ftaladites;
& a quelques pas plus loin , on trouve un
paffage long de fix pieds , large de trois &
haut de quatre : on I'appelle le Trou-Monfimr.
Ce trou n'offre aucunes curiofites. Mais il
communique a \\r\Q falle ovale ^ longue de 14
toifes , & large d'environ trois & demie. Cette
falle eft affez richement ornee de beaucoup
de blocs de ftalagmites hautes de trois, quatre
& cinq pieds, & de plufteurs fort beaux group-
pes de ftiries , qui portent la voiite du cote
de left. Elles font tres-blanches , & d'un tra-
vail fort curieux & tres - varie. La voiite ,
elevee de fix pieds, eft affez plate & chargee
de beaucoup de ftalaftites peu longues, mais
qui font wn. tres-bel effet. Le fol de cette
falle eft peu uni, & forme par des blocs de
pierres eboulees de la voute. Un peu au deffus
du niveau de ce fol, on retrouve, a droite,
la couche de gravier que Ton voit pres de la
Vler^c & fous la coquilk. A gauche, derriere
les blocs de ftalagmites , il y a une cavite
perpendigulaire d'environ 18 a 20 pieds de
profondeur j.
D E Dijon, ly?.^: 6$
profondeur, au fond de laquelle il y a tou-
jours de Teau.
A mefnre que Ton avance dans cette falle,
en fe rapprochant dii cote de I'entree des
Grottes, le fol baifTe, la voiite s'abaiffe aufli
toj.t-a-coup, & Ton defcend dans la fulle de.
tEuing. C'eft une vafte caverne de figure
ovale & longue de vingt toifes. La voute,
haute de douze pieds , forme une calotte qui
paroit porter a terre dans tout le pourtour.
Ce qui frappe davantage dans cette fpacieufe
caverne, eft ce qu'on appelle VEtang. C'eft
moins un etang qu'un lac , de figure ellipti-
que, large d'environ quinze toifes, qui paroit
fuir & s'enfoncer fous le roc du cote de Tefl.
L'eau efl dormante comme par-tout ailleurs
dans ces Grottes ( excepte dans le petit puits
au bas de la Vierge) , & elle efl fi claire &
li limpide, qu'on y entreroit fans s'en apper-
cevoir. Le fol, en pente du cote du lac, efl
convert d'une glaife detremp6e & fort tenace.
On retrouve , du cote de I'ouefl, la couche
de gravier qui efl elevee de 8 pieds au deffus
du fol de la falle , & de neuf au deffus du
niveau de l'eau du lac. Au pied du roc on
voit un rebord 61eve , en forme de petite ban-
quette, forme de la matiere incruflante or-
dinaire dans toutes les parties des Grottes,
& qui , dans les endroits oil il efl rompu ,
montre que c'efl une longue couche d'albatre
calcaire, epaiffe de quelques pouces. Au pied
de ce rebord, on remarque que le roc efl perce
de plufieurs trous,d'un pied ou dix-huit pou-
E
66 ACADEMIE
ces de dlametre, & obliques dans leur pro-
fondeur. Selon le temoignage des gens du
lieu , ce font des canaux par lefquels I'eaii
penetre lors des crues de la riviere, & couvre
toute la falle. On ne peut alors y pen^trer.
Elle ne pr^fente aucunes llaladites ni ftalag-
mites. On n'y voit que quelques filets d'une
incruftation tres-blanche, fur un angle faillant
que le roc forme vers le milieu de Tetang.
On fort de cette falle par un paffage etroit,
long de trois toi(es, haut de quatre pieds &
demi , large de trois environ , & Ton rentre
dans la grande gallerie qui conduit au Trow
Madame , pour abandonner avec plaifir ces
antres fouterreins, & revenir jouir de la lu-
miere.
Au fortir des Grottes , il faut remonter le
long de la Cun, environ deux cents toifes,
pour voir ce qu'on appelle Us Entonnoirs. Ce
font deux petites cavernes naturellement for-
mees dans le roc, diftantes d'environ douze
toifes Tune de I'autre, & dans chacune def-
quelles un petit ruiffeau , naturellement de-
rive de la Cure, vient fe perdre. Le premier
de ces ruiffeaux paffe de fa propre caverne
dans la feconde, oil il entre par le fond &.
vient fe joindre au fecond ruifleau. Celui-ci,
groffi par cette jonftion, fait un petit coude
a droite , & entre dans un trou fous la ro-
che. Cette caverne etoit tres-degagee , il y
a peu d'annecs : un (^boulement moderne en
a ferme I'enrree. M. d'Eftud d'Affe, Seigneur
du lieu J m'a affur^ qu'un homme s'etoit en-
D E Dijon, 77^4: 67
fence dans le coiirs de ce ruifleau fouterrein,
qull avoit avanc6 affez loin; & qu'ayant en-
fin trouv6 un terme oil Teau rempliffoit toute
la cavite , il etoit revenii fur (es pas. Ce cours
fouterrein , qu'on nomme gui des Entonnohs ^
parcourt fous la montagne un efpace de 400
toifes. II paffe fous les Grottes , & vient re-
paroitre de Tautre cote du coteau. II fort de
la roche par une ouverture horizontale plus
longue que large , & il eft affez confiderable
pour faire tourner un moulin nomme Pichc-
B.ochc. On a doute que ce fut ce cours fou-
terrein qui reparut pour faire tourner ce mou-
lin ; mais on s'eft affure du fait , en jetant
dans les Entonnoirs du fon qui a reparu de
I'autre c6te. Une autre preuve encore, c'eft:
que quand on veut empecher le moulin de
tourner, on barre les ruiffeaux des Enton-
noirs , & Teau manque. On a voulu elever
cette eau pour la faire tomber fur la roue
du moulin. Mais comme elle s'arretoit a pen
pres a deux pieds & demi an deffus de fon
niveau ordinaire, il en refulte qu'elle n'a que
trente pouces de pente pour toute letendue
de fon cours fouterrein , & confequemment
environ une ligne par toife.
A cote du premier de ces Entonnoirs , on
voit dans la roche une efpece de porte fort
large & fort haute , aufli grande que celle
d'une ville,& terminee en ogive dans le haut.
( V. fig. 6".) C'eft I'entree d'une caverne affez
etendue, nommee la Rocke-Creufe.' Le fol eft
un depot terreux, eleve d'environ fept a huit
E ij
€8 ACADiMIE
pleds au deffiis du niveau de la Cure. On
trouve a Tentree une efpece de gros pilier
iemblable a ceux que Ton referve dans les
galleries des mines & des carrieres. Cette
caverne a d'abord environ douze toifes de
profondeur fur 8 & 9 de largeur. La voute
irr^guliere dans fa furface & fendue en diffe-
rens endroits, prefente des trous & des finuo-
iit^s par lefquelles il a coule beaucoup d'eau.
La caverne fe retrecit au fond, & forme une
gallerie longue d'environ vingt-quatre toifes,
large de trois, haute de deux, & dont le toit
eft un plafond tres-plat. Elle fe refferre a fon
extremite , & Ton entre dans une autre gal-
lerie de meme largeur & hauteur , & longue
de fix toifes. Pres de cette entree , Ton voit
fur la paroi a gauche une incruftation blan-
che. A Textremit^ oil la gallerie fe retrecit
encore & paroit finir, on trouve a gauche un
trou , peu large , au moyen duquel on fe glifle
dans un boyau long de deux toifes & de quatre
pieds de large : on tourne alors encore fur
la gauche, dans une tranchee de neuf pieds
de large & douze de longueur. Elle paroit
termin^e par un gros tas de terre glaiie qui
fe prefente comme un mur de fept pieds de
hauteur. Entre le haut de cet amas de terre
& la voute , il y a un efpace de fix pieds
de large & d'environ deux & demi de hau-
teur. On n'y eft d'abord pas trop a I'aife : mais
apres s'etre avance environ douze pieds, Ton
peut fe redrefler. La voute excav*^e offre alors
Xin petit dome d'un tres-beau travail. C'eft un
6 E D I T O N, lyS^, JS§
cone evuide , haiit d'envlron cinq pieds , &
qui en a «;nviron trois & demi de diametre a
la bale. Tout Tinterieur de ce cone eft fillonn6"
verticalement , & guilloche comme fi on eut
pris plailir a Touvrager.
On pent s'avancer encore environ deux
toifes au dela de ce dome, & Ton trouve un
cul-de-fac qui n'ofFre rien de curieux. Sur la
gauche , la paroi eft un pen tapiffee d'une
incruftation blanche. La roche eft perc6e, &
le trou qui pent avoir un pied de diametre,
communique dans la gallerie , & r^pond a
Tendroit oil Ton remarque une incruftation
blanche , pareille a celle dont on vient de
parler.
SECONDE PARTIE,
Quoique j'aie diftingue plufteurs falles dans
les Grottes, on- remarque neanmoins, qu'ex-
cepte lafalk de. fEtang^ celle du Trou-Monjieur^
& le Lavoir^ ce n'eft proprement qu^une lon-
gue gallerie continue , decoree de differens
objets tres-varies dans leur travail & dans leur
configuration, & qui invitent naturellement a
diftinguer les falles a mefure que la decora-
tion varle.
ir y auroit du ridicule a penfer que ces
antres fouterreins font I'ouvrage des hommes
(l). On n'y apper9oit nulle part la trace du
( I ) Piganiol de la Force , dans fa Dercription de la
France , torn. 2 , infinue que ces ^ayernes ont ete ori;
E iij
•yO ACADEMIE
pic ni celle dii cifeaii. Leiir origine primitive
eft due a des afFaiffemens de terres inferieu-
res , on tout fimplement a des vuides naturels
qui exiftent louvent dans I'interieur des ro-
ches. On en rencontre frequemment de pa-
reils dans les carrieres de certains cantons,
oil on les troave ordinairement remplis &
combles de terres. Mais, comme il eft aife de
voir par la defcription que je viens de faire,
que le fol , les voiites & les parois portent
I'empreinte du travail & de I'adion de Teau,
je ne craindrai point d'avancer que la for-
mation fecoodaire de ces cavernes eft I'eiFet
de ce liquide & de fes efforts reunis en dif-
ferens fens.
L'eau , foit qu'elle ait pu etre ramaffee
comme en depot , ou qu'elle foit tout fim-
plement provenue des hauteurs fuperieures
aux voiites des Grottes , s'eft d'abord filtree
petit a petit a travers toutes les fentes qu'elle
a pu trouver. Son poids & fon aftion natu-
relle ont fuffi pour qu'elle put s'ouvrir d'abord
de petites iffues- Elle s'eft ainfi formee des
aqueducs aux depens des rochers qu'elle a
traverfes. Elle s'en forme de meme tons les
jours en penetrant les terres , & en degradant
les pierres dans les toits des carrieres. Ces
ginairement une carriere. On dit qu'on en a tire les
pierres dont on a conftrult la Cathedrale d'Auxerre :
inais il eft aife de voir que cellcs que Ton a employees
0 la conftruftion de cetie Eglite , font d'une eipece &
-jd'un grain di^rens.
D E Dijon; 77^4: Jf
canaiix , qui d'abord ne font prefque rien,
s'agrandiffent fucceflivement , & deviennent
enfuite confiderables. Dela la fente longitu-
dinale que Ton remarque dans la voute de la
plupart des falles de ces grottes. Cetoit Te-
gout nature! des eaux fuperieures , & voil4
la folution de ce canon incline , ou tuyaii
d'entonnoir, que Ton remarque dans la fente
de la gallerie qui precede le Trcu-Madame.
Le fol des Grottes eft en pente depuis I'ex-
tremite de la cafcade jufqu'aux deux trous,
( Voyci^ ^^ coupe des Grottes. ) II n'eft pas
douteux que cette extremite n'ait fervi de
refervoir a une quantite d'eau qui d'abord a
excave ce trou rond ou goulot, long de 12
pieds , par lequel il faut tamper pour pene-
trer dans cette derniere falle. L'efFort du meme
liquide a perce enfuite ce paffage ferre &
difficile qui fe trouve entre le theatre & la
falle du calvaire. Les couches vuides que Yon
remarque aux environs des orgues, entre les
lits du roc , prouvent encore la meme aftion
de I'eau qui a entralne les terres interpofees.
Les cavites , les fentes , & plufieurs des
accidens que Ton remarque dans les voiites,
ainfi que dans la Roche - Creufe ^ s'expliquent
naturellement par les degradations que cau-
fent les eaux par-tout ou elles coulent. En
examinant ces paffages li peu commodes ,
dont j'ai fait mention , on y voit fans peine
I'empreinte de Tagent qui les a ouverts. Mais,
comme ce que je viens de dire ne prouve
qu une chiite perpendiculaire & incllnee des
Eiv
7i A C A D fe M I g
eaux fuperieures , line autre chiite on pre/Hort
laterale , concourant en mcme temps , a reiini
d'autres efforts , qui , d'accord avec les pre-
miers, ont creufe ces cavernes.
La Cure n'a pas toujours coule dans foa
lit aduel. Cette riviere plus elevee autrefois
qu'elle ne I'efl: aujourd'hui , parce que fon
canal etoit aJors moins approfondi , a frappe
direftement les roches dans lefquelles les
Grottes font fituees. Les efforts reiteres de
cette maffe d'eau , qui exer^oit une adion
continue & dircde , ont fait des excavations
& des ruptures. Les cavernes des Entonnoirs
& beaucoup d'autres cavites dans ces roches
qui prefentent a I'exterieur une infinite de
carafteres de degradations caufees par I'eau,
font des preuves des efforts qu'elle a exerces
dans la diredion horizontale. Une rupture
particuliere a penetre fans doute jufques dans
I'interieur des Grottes. On en trouve la preuve
dans ce canon prefque horizontal que Xon.
remarque a la voiite , a Textremitd de la falle
de la Luiterie , & qui part d'un trou lateral.
Mais ce qui prouve davantage encore ,
j'ofe dire ce qui fait la demonllration, c'efl
la couche de gros gravier mele de mica & de
granit, qui fe trouve pres la flalagmite nom-
inee la Fierge ^ fous la Coquilh^ clans la falle
du Trou'MonJieur, & dans celle de CEtang. Ce
gravier etranger a la nature des roches dans
lefquelles les Grottes exiflent , n'a pu etre
amen6 dans ces cavernes, que par la riviere
gvii rentrainoit dans iin canal fouterrein, 6f,
D E Dijon, iy^4' ff
qui rouloit ces plerres , peut-etre depuls le
fond dii Morvand oil le granit & le mica
font des pierres tr^s-communes & tout-a-fait
naturelles. Ce gravier accumule , par la fiiite
des temps, a comble non-feulement fon ca-
nal , mais meme la rupture laterale par la-
quelle il a penetre dans ies Grottes. II les
a traverfees , car ce depot fe retrouve au
dehors de Tautre cote des Grottes, dans la
vallee , un peu au deffous de la pointe dii
plan incline. On le traverfe en allant des
Grottes au moulin de P3chc-Roche. II differe
fl fort du terrein du canton , qu'il eft impof-
lible de s'y meprendre & de ne le pas recon-
noitre. Son entree dans les Grottes , exifte fans
doute encore a I'exterieur : mais, comme elle
eft couverte par les derniers depots de la ri-
viere, en quelqu'endroit dubofquet quiregne
le long du coteau , au pied des roches , il eft
prefque impoftible de pouvoir en fixer pre-
cifement la place.
La fituation & la rupture des deux trousy
rinclinaifon du Lavoir & du fol de la falle
de TEtang , ajoutent encore a toutes ces
preuves d'une preffion exercee lateralement.
Elles achevent en quelque fa^on de com-
pleter la demonftration : ainfi Ton convien-
dra facilement que Texcavation de ces Grottes
eft I'efFet du travail & de I'aftion des eaux.
Ces eaux ainfi introduites dans le fein
de ces rochers, fe font ^coulees par quel-
qu'ifliie obftruee aujourd'hui. Si celle dii
depot du gravier granitique ne fuffit pas.
74 ACAD^MIE
il a pu en exifter quelqu'autre encore, on
a I'extremite du Lavoir , ou dans tEtang ,
oil dans Tendroit le plus has de la premiere
falle oil il y a de I'eau. Peut-etre y a-t-il
eu des iffues dans les trois endroits a la fois,
& meme I'un des deux trous pouvoit en
faire une qudtrieme. 11 n'eft pas etonnant
^ue les terres , s'il y en a eu primitivement ,
aient ete entrainees. Celles qui couvrent a
prefent le fol des Grottes font des terres
nouvelles, excepte cette glaife gliffante &
tenace dont j'ai fait mention.
Toutes les belles concretions que Ton
admire aujourd'hui dans ces cavites , font
nn ouvrage rnoderne , pour ainfi dire , &
pofterieur a I'excavation primitive. Ces con-
cretions font, comme tout le monde fait,
line regeneration dont voici la theorie. Les
parties calcaires mifes endiffolution par I'eau,
font entrainees par Teau meme qui s'en
charge en traverfant les terres & les lits
des rochers. Separees les unes des autres
pendant qu'elles font ftagnantes dans le
fiuide , elles commencent a fe depofer lorf-
qud Teaii devient un pen tranquille. Elles
fereuniffent alors par la cryftallilation. Elles
forment d'abord un atome pierreux qui aug-
mente petit a petit par la jondion de plu-
ileurs autres ; & par fucceffion de temps &
de cryftallifation , ilfe forme une maffe qui
eft ou une incruftation , ou bien une ftalac-
tite , ou bien une ftalagmite , ou enfin une
ftirie. Si i'eau fejourne dans quelque cavite.
D E Dijon, lyS^l 75
la cryftailifation s'opere dans Teau meme,
EJle fe forme en guiliochis on en Crete de
coq, fi Teaii n'elt pas toiit-afait tranquille,
& {\ elle a qiielque mouvement d'ondulation.
C'efl ainfi qu'ont ete formes \qs baffins dii
Parterre, on antrement les Berceaux, & c'eft:
ainfi qne fe forment les cryftallifations ma-
melonnees de/a Fontaine. La couche d'albarre
de la falle de fEtang, prouve un firaple depot
fait dans line eau dont rien n'a trouble la
tranquillite.
J'ai examine avec attention la nature de
ces concretions : toutes font un albatre cal-
caire plus ou moins perfeclionne. Les unes
font , a I'exterieur , d'un bianc tres-clair &
tres-net ; d'autres font d'un blanc cendre,
fale ou jaunatre. Les unes font d'un grain
fort ferre & tranfparentes ; d'autres font
d'un grain plus lache , & tout-a-fait opaques.
Dans ces dernieres on voit les couches cir-
culaires concentriques , qui , par leur fuper-
addition, grofliflent & augmentent ces re-
produdions. Quelques-unes de ces couches,
moins compares que d'autres, font com-
pofees d'une infinite de petits cryftaux dif-
pofes horizontalement comme des portions
de rayons qui partent d'un centre. Dans la
plupart des flaladites , on voit le trou du
milieu qui a ete le premier couloir ; dans
celles dont le grain eft fort ferre , on ne voit
ni couche concentrique , ni veftige de trou.
Les variations de couleur parojfTent pro-
yenir du degre de purete de la diiioiution
76 ACADiMIE
calcaire. Elle pent contenlr des parties ter- ^
reufes on m^talliques. Les variations dans
la cryftallifation peiivent etre occafionnees
par la raaniere plus ou moins prompte dont
elle s'opere , 011 par quelqu'autre accident,
tel qu'une evaporation trop precipitee ou
trop lente , qui pent produire, ou la fepa-
Kition des cryftaux qui fait une contexture
lache, oil I'exade juxtapodtion de ces memes
cryftaux qui forme un grain ttes-ferre. Le
plus ou le moins de matiere pent auffi etre
eaufe de plufieurs de ces variations.
J'ai remarque qu'en general plus la ftalag-
mite eft groffe , plus la ftala£l:ite correfpon-
dante eft petite , & que reciproquement la
ftalagmite eft d'autant plus petite & moins
formee, que la ftala£l:ite eft plus groffe &
plus proportionnee.
Prefque toutes portent a leur extremite
line goutte d'eau, qui donne aux unes de
Taccroiffement en longueur par le bout , a
d'autres en groffeur en augmentant leur vo-
lume , & qui ne fait rien du tout a d^autres;
Quand cette eau abonde & degoutte de la
voute continuellement, ou avec peu d'in-
terruption , elle excave le roc , meme Tin-
cruftation dont il pent etre revetu , & il ne ;
fe forme point de ftalagmites. II paroit par- "^
la que les ftaladites , ftalagmites & ftiries,
ne doivent leur formation qu'aux gouttes
d'eau dont Tecoulement prefqu'infenfible eft
lent , tranquille & peu precipite. Une partie
de la diffolution calcaire que ces gouttes
J
D E Dijon, /j^^: 77
contlennent , pent facilement adherer au
roc pour y former la ftalaftite. Ce depot
etant fait , I'eau furabondante tombe avec
un refte de diffolution qui produit la ftalag-
mite. En croiffant Tune & I'autre , elles for-
ment la ftirie : mais fi, lorfque le depot eft
fait a la voute , Teau fe difTipe par Teva-
poratlon , ou fi elle tombe fans contenir
aucune partie calcaire , alors il n'y a qu'une
Haladite fans ftalagmite ; & fi au contraire
une chute trop libre ou quelqu'autre caufe
nuit a la formation du depot calcaire fupe-
rieur , dans ce dernier cas il n'y a qu'une
ilalagmite fans ftaladite.
Ce que j'ai dit du Pilierfufpendu , prouve
qu'il peut fe faire qu'un couloir s'obftrue.
Alors la ftaiadite & la ftalagmite reftent
fixees fans augmenter davantage. Mais fi ce
couloir fe rouvre de nouveau , alors ces
concretions , qui etoient comme fixees , re-
solvent de nouveaux accroiffemens , foit en
longueur , foit en largeur , & leur forme
change.
Au pied de la plupart des gros blocs
grouppes , la matiere furabondante a forme
fur le fol une incruftation en lame ondulee
& guillochee en crete de coq. On en re-
marque en beaucoup d'endroits , fur - tout
autour des blocs du precipice , au defl'ous
de la partie fufpendue de la coqullle ; au pied
des blocs qui decorent I'interieur du theatre;
au pied de la petite colonne qui s'eleve du
lailieu du baifin de la fontaine ', autour des
78 ACADEMIE
blocs qui environnent le pain de fucre ; aii-
toiir des grouppes qui formtnt la grotte
blanche , & au pied des ftalagmites de la
falle de la Cafcade. C'eft de cette efpece
que fontles premieres cretes guillochees que
I'on voit a Tentree de la falle des Berceaux.
L'explication de ces incruftations fuit na-
turellement de ce qui vient d'etre dit. Quand
I'eau eft abondante & coule trop vite , elle
ne laiffe point aux parties calcaires le temps
de fe depofer & de fe reunir : elle les en-
tralne a mefure quVlle fe repand. Cependant
elles fe depofent lorfqu'elles s'accrochent a
quelque chofe , ou a mefure que I'ecoule-
ment fe ralentlffant , la lame d'eau qui coule
eft moins epaifle. La cryftallifation les fixe
alors en plus ou moins grande quantite.
Ce n'eft d'abord qu'une pellicule legere : elle
fe recouvre bientot d'une autre pellicule ,
& enfuite de plufieurs autres dont la fomme
forme une epaiffeur. Si les cryftaux fe group-
pent , il en refulte la crete de coq. Si fans
fe groupper ils fe joignent feulement & s'e-
tendent avec I'eau , il ne fe forme qu'une
lame qui, quand elle eft epailTe , forme ce
qu'on appelle couche. Enfin , fi le plan fur
lequel cette eau calcaire s'ecoule, eft etendu ,
I'incruftation s'etend de meme & tapiffe un
grand efpace.
Ce qui a ete dit jufqu'ici doit faire pref-
fentir d'a Vance comment ont pufe former les
bajjins d'incriijiation progreffive dont il a ete parle.
L'irregularite du terrein a fervi d'abord a
D E Dijon, 1^84^, j^
accfocher les cryftaux qui ont forme les
premieres incruftations. Les lames ont ne-
reffairement pris une furface irreguliere. II
s'ell: forme des creux & des eminences. Les
creux ont fervi de refervoirs a la furabon-
dance de Teau. A mefure qu'il en eft revenu
de nouvelle , foit par les gouttes qui font
tombees, foit par quelqu'autre ecoulement,
les refervoirs fe font accrus par les bords ou
les parties calcaires fe font d^pofees Sr cryf-
tallifees plutot qu'ailleurs. Le mouvement
d'ondulation a pu les y porter; & de plus
lescryftallifations s'operent, pour lordinairCp
plutot fur les parois des vaiiTeaux qu'au
centre. II s'ell ainfi forme un petit baffin,
qui enfuite eft devenu de plus en plus grand,
Ce qui s'eft ainfi arrange dans la partie la
plus haute du terrein , s'eft egalement difpofe
au deffous dans la pente. Quand ces baftins
ont ^te trop pleins, ils ont verfe fucceftive-
ment les uns dans les autres , ou bien ils
nont retenu I'eau que jufqu'a ce qu'elle ait
ete diffipee par I'evaporation. Ce que j'ai
ditci-defl'us au fujet de la formation des
grands baftins des Berceaux, n'a fait que
montrer la theorie que je viens de deve-
lopper. II me paroit en eft'et que ces grands
& hauts baftins doivent leur formation aux
memes caufes qui ont produit \qs bafftns plus
petits.
^ II feroit inutile & fuperflu d'entreprendre
d'expliquer beaucoup d'autres fingularites
^ue Ton remarque dans ces difterentes con-
8o A c A D i: M I E
cretlons; il me fuffit de Tavoir fait pour ce
qui eft le plus effentiel. Je reprends ia iuite
des obfervations.
Les parois des Grottes ne prefentent au-
jcunes fentes perpendiculaires , li ce n'eft celle
qui partage la voute dans plufieurs falles.
On ne doit pas cependant la reputer abfo-
lument perpendiculaire , parce que dans les
endroits oii elle a fa plus grande largeur ,
elle montre des finuoiites.
Dans la Roche Cnufe on ne voit aucun lit
horizontal ; mais tout y eft rempli de fentes
& de cavites fmueufes , qui tiennent plus
de la perpendicule que d'aucune autre di-
redion.
On croit commun^ment qnele gue des En-
tonnoirs pafl'e fous la falle des Orgues. Un
certain bruit fouterrein , que Ton entend
quand on frappe du pied fur le tas de terre
animale , fait foup^onner qu'il y a une ca-
vite fous cette falle ; mais cette obfervation
eft fort equivoque. II n'eft pas etonnant
qu'un tas affez confiderable de terreau qui
a peu de liaifon , & qui d'ailleurs porte fur
des pierres eboulees de la voute , rende un
certain fon quand il eft frappe , fur-tout a
plat. II me paroitroit plutot que ce cours
fouterrein pafl'e fous la falle des Trophies ,
entre celle de U Vierge & la CoquiUe. Le fouffie-
ment de I'eau que j'ai obferve dans le petit
puits au bas de la ftalagmite de la Vierge;^
I'eau des deux trous , celle du Lavoir , & celle
de CEtangi tout cela pourroit concourir a
confirmer
confirmer cette idee. II eft plus iimple d'a"
vouer qu'on n'en fait rien du tout, & qu'il
paroit feulement fort probable que ce cours
d'eau fouterreine ne paffe pas loin de la falle
de la Vierge. Mais je remarquerai que toutes
CCS eaux , dans I'interieur des Grottes , ne
Confervent pas toujours le meme niveau. Elles
croiffent & decroiflent en meme proportion
que la Cure. Les gens du pays affurtnt qu'en
hiver , ou dans les faifons pluvieufes , ils
trouvent le creux de la falle de la Vierge
rempli d'eau. lis ne peuvent quelquefois avan-
cer que jufqu'aux deux trous ou Teau barre
le paflage. Quelquefois ils paffent encore , &
alors ils peuvent arriver jufqu'aux Berceaux:
qu'ils trouvent inondes. D'autres fois ils ne
peuvent pa? aller au dela du Pain de Sucre,
ou meme au dela du theatre. Dans ce temps
le Lavoir eft rempli d'eau, la falle de I'Etang
I'eft egalement; & pour la traverfer, ils font
obliges de paff'er fur le rebord qui , dans {es
fradures , montre la couche d'albatre dont
j'ai fait mention. Comme j'ai vifite ces Grottes
en differentes annees & en des faifons diffe-
rentes , j'ai toujours trouv^ de la difference
dans le niveau de ces eaux. Au mois d'Aoiit,
en 1772 , il n'y avoit prefque point d'eau
dans le petit puits au bas de la Vierge.
On eprouve dans ces Grottes une tempe-
rature toujours conftante. J'ai expofe dans le
milieu un thermometre, a I'efprit-de-vin, de
M. de Reaumur. Apres I'avoir laiffe repofer
pendant environ une heure , j'ai trouv^ di:s,
F
2Z A C A D E M I E
degres nn quart au deffiis de la congelation.
Cell: a pen pres la temperature des caves de
rObfervatoire Royal.
(^uoique Ton loit affure d'avance que les
eaux de ces fouterreins font calcaires, & qu'il
eft affez inutile d'en faire Tepreuve , nean-
moins j'ai eprouve I'eau de la fontaine en y
verfant de I'huile de tartre par defaillance,
I'eau s'eft troublee; elle n'a tait aucun pre-
cipite bien marque ; mais apres quelque terns,
environ une heure & demie , elle a depofe
des petits, graviers blancs , dont j'ai neglige
d'obferver la nature , parce qu'ils etoient trop
petits. Comme rien n'a pu me faire prefumer
que ces eaux fuffent minerales , & qu'il m'a
paru aflfez indifferent d'etre affure qu'elles
euffent quelques proprietes particulieres, que
rien d'ailleurs n'a pu faire (oupgonner , je
n'ai pas pouffe plus loin I'experience.
Une derniere reflexion fur ces Grottes ,
c'eft qu'elles s'etendent dans leur longueur
fous la partie la moins elevee du coteau , &
prefque fous le pied du plan incline.
On ne fait rien du tout fur Thiftoire de la
decouverte de ces Grottes. II n'en eft fait
aucune mention dans les archives de la terre
d'Arcy. Les payfnns fe perdent bien vite dans
line antiquite qui leur eft abfolument incon-
nue. lis attribuent le tout aux Fees.
Pour faire le plan des Grottes , j'ai fait
placer des lumieres dans les plus grandes di-
redions que j'ai pu prendre. En plulieurs en-
droits les ftalagmites m'ont fervi de fignauxi
D E Dijon, i^f4: g^'
J'ai obferve Ics angles, & j'ai merure toutcs
les dillances. J'ai trouve 247 toiCes' tlepuis la
premiere entree de la roche jul'qira I'extre-
mite la plus reculee. La largeur moyenne eft
d'environ quatre a cinq toifes. J'ai oblerve,
dans le veftibule , raiguille aimantee , afin de
determiner une mendienne , & j'ai trouve
que les Grottes s'etendent dans la diredion
du fud-lud-eil au nord-nord-oueft.
Apres m'etre affure que les lits de la roche
ctoient horizontaux, je n'ai fait que fuivre
line couche pour avoir interieurement les
differences du niveau, & j'ai nivelle enluite
au dehors ( i ) jufqu'a la riviere de Cure.
Voici ie ref^ultat de cette operation.
L'entree des Grottes efl de quatre toifes
quatre pieds au defTous de la principale ligne
de niveau que j'ai etablie dans le goidot on
paffage ditHcile qui communique a la derniere
falle.
Le niveau de la Cure qui pent avoir au
plus cinq pieds d'eau moyenne, efl dc quatre
toifes un pied au defTous de cette entree, &
confequemment de huit toifes cinq pieds au
defTous de la ligne de niveau.
L'eau du petit puits , au bas de la flalagmite
de /a Fierge, efl de huit toifes cinq pieds au
defTous de la ligne de niveau , de nieme que
la Cure.
L'eau des Deux - Trous efl de neuf toifes
(i) Le 3 Mai 1763,
^4 ACADEMIE
trois pieds an deffous de la ligne de niveau,'
& confequemment quatre pieds plus has que
la Cure & que le petit puits.
L'extremite des Grottes eft de cinq toifes
au dcffus de la ligne de niveau.
La couche de gravier que Ton voit au
deffus du petit puits pr^s la Fierge , eft de
fept toifes au deffous de la ligne de niveau,
& elle eft de deux pieds d'epaiffeur.
Comme cette couche fe retrouve dans la
falle de I'Etang, & eft elevee de neuf pieds
au deffus de Teau de Tetang , ce lac eft
confequemment encore de niveau avec la
Cure, c'eft-a-dire, huit toifes cinq pieds au
deflbus de la ligne de niveau.
II fuit dela que I'endroit le plus bas des
Grottes [aux Deux-Trous] eftde quatre toifes
cinq pieds au deffous de I'entree ; que cette
entree eft de neuf toifes quatre pieds au deffous
de l'extremite des Grottes ; & que cette ex-
tremite eft confequemment de treize toifes
cinq pieds plus haute que le niveau des eaux
moyennes de la Cure.
II fuit encore que depuis que la Cure a
d^pofe la couche de gravier dans les Grottes,
le lit de cette riviere s'eft approfondi de deux
toifes quatre pieds.
J'ai determine les deux Entonnoirs & la
diredion des ruiffeaux qui s'y perdent. J'ai
egalement determine la pofition du moulin
de Pcche- Roche , & celle du trou qui donne
iffue au cours fouterrein du giU des Enton~
noirSt
D E D I T o n; yyS4. 85
Qiiant a la Roche- Creufe^ je me fuis con-
tente d'en determiner ^eulement I'entree , ainft
que la diredion de cette caverne , pour en
donner non un plan exaft, mais feulement un
plan figure. La defcription que j'en ai faite,
paroit afTez prouvcr qu'elle a ete originaire-
ment une carriere , au moins quant a la pre-
miere caverne & la gallerie qui la iuit. On
en exploite de temps en temps le fol terreux
pour en retirer du falpetre en affez petite
quantite.
Voyez rexpllcation des figures.
METHODE FACILE
Pour mefurer la quantite de gas acids
mephitiqiie contenu dans les eaux.
c
PAR M. DE MORVEAU,
ETTE methode eft fondee fur la pro-
priete bien connue de I'eau chargee d'acide
mephitique , de troubler d'abord I'eau de
chaux, & de rediffoudre enfuite le precipite
lorfqu'on ajoute une quantite fufEfante d'eaii
mephitifee ; parce que la terre calcaire re-
generee , ainii que les fpaths de cette claffe
& tons les mephites calcaires , font des fels
infolubles dans I'eau, mais folubles dans I'ex-
ces de leur acide. D'oii il refulte que plus
I'eau fera chargee, moins il en faudra pour
F ilj
86 ACADEMIE
redifToudre ce precipite & reciproqiiement ?
comme il arrive avec tous les aiitres acides,
fuivant leur de£;re de concentration.
Cette vue theorique a ete confirmee par
les eflais que j'ai faits pour graduer un inf-
trument propre a indiqucr fur le champ ce
degre de concentration de I'acide mephitique^
aqueux, & que Ton pent nommtr gajo- metre.
Get inrtrument eft compole d'un tube de
verre cylindrique, fur lequel on a colle en
dehors un papier portant des diviiions qui
repondent a la capacite d'une tres- petite
fiole qui fert de mefure : on met d'abord
dans le cylindre deux mefures de bonne eau
de chaux , & on y verfe enfuite trois fois
autant, ou fix mefures d'eau faturee d'acide
mephitique a la temperature de dix degres
du thermometre de Reaumur, c'eft-a-dire,
qui tienne a tres-peu pres un volume egal
de cet acide. La premiere mefure rendra le
melange iaitcux, & a mefure qu'on en ajou-
tera , la couleur blanche s'affoiblira jufqu^a
ce que la 6^. la faffe enfin difparoitre entie-
rement.
En fuivant cette proportion , il femble qu'il
faudroit par confequent douze mefures d'eau
chargee a moitie de fon volume , 24 d'eau
chargee au ^, & 48 d'eau chargee au j, pour
rendre au melange toute fa lirapidite , en y
portant reellement la mcme quantite de dif-
jolvant ; majs a mefure que Tacide eft plus
(^elaye , la nuance laiteufe s'afFoiblit par la
clifperfion proportionnelle des molecules ter-*
D E Dijon," TyS4, S7
reufes; de forte que I'efFet qui doit fervir de
regie , ne feroit plus fenlible a Tosil Ig plus
exerce, ii les divifions etoient tracees d'apres
ce calcul.
J'ai pris le parti de dreffer I'echelle par
Texperience meme , & j'ai trouve qu'en s'ar-
retant au point qui pent faire juger fans er-
reur la liqueur fulfifamment limpide,
il fallolt 6 mefures d'eau faturee , ou a
48 po. par pinte,
9 d'eau mephitique a
15 d'eau mephitique a
12
ci 24 d'eau mephitique a
6
A defaut de cet inftrument, toute fiole
peut en fervir, en prenant feulement une
autre fiole plus petite qui fert de mefure pour
I'eau de chaux & la quantite d'eau neceffaire
pour redifioudre le precipite ; de forte que
le nombre de ces mefures indique le nombre
des degres ou de pouces cubiques.
On doit cependant obferver qu'il y a des
eaux gafeufes qui tiennent deja naturellement
de la terre calcaire en diffolution , cette por-
tion fe precipitant en meme temps que celle
qui eft contenue dans I'eau de chaux , la
quantite de matiere terreufe qui trouble le
melange , fe trouve augmentee ; il faudroit
par confequent ajouter beaucoup phis d'eau
F iv
$8 ACADEMIE
mephitlfee pour rediffoiidre & retablir ainfi
ia llmpidite de la liqueur : d'oii refulteroit
line erreur fenfible dans reftimation du gas
acide contenu dans une pareille eau ; mais il
fera aiie de s'en garantir en effayant d'abord
Teau avec Tacide faccharin ; fi ce reaftif la
trouble , on en prendra une quantlte deter-
jninee que Ton precipitera completement ,
^vec rattentlon neanmoins de ne pas y verfer
de Tacide furabondant ; car il reprendroit line
partie du fel , qui fans cela eft infoluble dans
I'sau. Les Chymiftes favent prefentement
qu'un quintal de faccharte calcaire tient 46 de
chaux pure, il fera done facile de determiner
la quantite de chaux pure tenue en diffolu-
tion par I'eau gafeufe. Cette quantite deter-
minee , une fimple operation de calcul indi-
quera la portion d'acide mephitique qui fera
neceffaire pour rediffoudre cette chaux etran-
gere a I'eftimation qu'on cherche , en par-
tant de ces donnees : que Teau de chaux
contient ^- de terre calcaire, &qu'ilfaut,
Gomme nous I'avons vu , 3 pouces cubes de
gas acide mephitique , ou 3 pouces cubes
d'eau faturee de ce fluide , pour rendre la
iimpidit^ a i pouce cube d'eau de chaux.
Ainfi Ton aura la facilite d'eftimer fur le
ehamp la quantite d'acide mephitique con-
tenu dans les eaux , fans embarras , fans etre
pblige de degager & de recueillir feparement
ce fluide; operation qui exige tant d'appa-
iceils , qui eft fujette a tant d'accidens , foit
par Tabforption , foit par rcvaporation 5 foit
D E D I J O N,^ '7^4' 89
par la compreflion , foit par le melange avec
I'air commiin, que rapproximation qu'elle
donne eft toujours fort eloignee de la pre-
cifion d'lin calcul etabli fur le jeu conftant
des readtifs.
TABLE
BARO -THERMO METRIQUE
U N I V E R S E L L E,
Avec une methode tres-facile pour cor-
riger les obferyations baromhriques
ancietines.
Par M. Buissard.
,11, I - -
PREMIERE PART IE.
Conjiderations fur le Barometre.
T
-* OUS les inftrumens dePhyfiquequeron
a imagines , n'ont pas ete portes d'abord a
iin bien grand degre de perfedion ; le temps
& les recherches des Savans y ont ajoute
infenfiblement ce qu'ils laifToient defirer. II
n'en eft pas ainft du barometre. Get inftru-
ment tres-fimple , dont la conftriiftion con-
;6fte dans iin tube de verre rempli de mer-
pO ACADEMIE
cure , & plonge dans line cuvette , fat , d^s
{"on origine , prefque porte au degre de per-
fedion, Toutes les formes qu'on lui a don-
nees depuis lors , foit pour le rendre plus
commode , foit pour augmenter fa marche ,
I'ont, pour ainli dire, fait degenerer de fon
premier etat. Cependant I'agreable ne fa
jamais emporte fur I'utile. Le barometre re-
courbe , le barometre double, le barometre
en equerre , le barometre a roue, le baro-
metre a cadran , &c. n'ont pas fait oublier le
barometre trempe. Celui-ci a toujours ete
accueilli par les Mdteorologiiles; ils lui ont
accorde , dans leurs obfervations , la pre-
ference qu'il merite fur tous les autres , par
fa fimplicite & fon exactitude :enfin, tous
les Savans n'ont ceffe d'en faire le fujet de
leurs meditations & de leurs foins. Graces a
leurs iVavaux , cet inftrument jouit mainte-
nant d'un degre de perfeftion fatisfaifant.
D'abord on s'eft appercu que la plus ou
moins grande elevation du mercure dans le f
barometre, dependoit du plus ou moins d'e-
xaditude qu'on apportoit a purger d'air , non-
feulement la partie fuperieure du tube, mais
encore la maffe meme du mercure. On a
remedie a cet inconvenient, en chargeant ces
inftrumens au feu; cette premiere manipu-
lation a donne de nouvelles connoiffances.
On a reconnu qu'elle ne fuffifoit pas pour
amener la fufpenfion du mercure au meme
point : on a foup^onne que cette difference ■ J
^toit occafxonnee par les diverfes efpeces de ^
D E Dijon, iy^4: ^t
merciire. Qaelques Phyficiens ont indique
des moyens furs pour purifier parfaitement
ce fluicle, & lui donner toujours la meme
pefanteur fpecifique.
Lorfqu'on eut fait cette decouverte , on
fe mit a conftruire des barometres avec dii
mercure bien purifie. La colonne de cet
inftrument montroit encore quelques diffe-
rences dans Ton elevation; on les attribua
aux differens diametres des tubes. Mors pour
remedier a ce nouvel inconvenient, on fe
determina a fixer le diametre que doit avoir
un tube de barometre.
Cet inflrument etoit dans cet etat depuis
plufieurs annees ; on I'obfervoit avec plaifir.
II fe formoit , lorfqu'il devoit monter , un
petit bouton a la partie fuperieure de la co-
lonne de mercure, & cette colonne devenoit
creufe lorfqu'il devoit defcendre. Ce pro-
noflic parut tres-intereffant pendant quelque
temps. Neanmoins on s'en lafTa, parce que
les Meteorologifles continuoient d'employer
des tubes de differens diametres , & aiors on
inventa le barometre a furface plane. Voila
les differens degres de perfetHon qu'a eprouve
jufqu'a prefent le barometre fimple.
II etoit fans doute bien effentiel pour la
juflefTe &raccord des obfervations meteoro-
logiques, de trouver le moyen d'amener le
mercure a une furface entierement plane.
Ce barometre a ete imagine par M. Legaux ,
ou Dom Casbois,{cL\3ut Benedidin , & execute
par le fieur Mojy , Conflrudeur d'inftrumens
^2 A C A D i M 1 £
a Paris. II a meme ete prefente a Taflembl^e
ordinaire des Savans , chez M. de la BLan-
ckcric. ( V. la Republique des Lettres & des
Arts, du mercredi 18 Jiiillet 178 1. )
L'Auteiir de cette feuille periodique s'ex-
prime ainli : ♦* On a remarque dans le baro-
» metre a furface plane de M. Lcgaux ,
9* deux mechanifmes neceffaires pour pren-
^ dre la veritable hauteur de cet inllrument.
„ L'un eft un levier deftine a mettre fans
» fecouffe la colonne mercurielle en equi-
» libre avec I'air , en faifant monter & def-
» cendre le mercureavec une marche douce
M & egale , & par-la il fait difparoitre , pour
» le moment de I'obfervation , Tadherence
» que le mercure a ordinairement aiix parois
» du verre : telle eft la premiere operation
» que Ton doit faire avant de prendre la
» hauteur de cet inftrument. L'autre me-
» chanifme extremement utile a la feconde
» operation, qui eft d'une necefiite indif-
» penfable , fert a rappeller la furface du
» mercure dans le refervoir , a un niveau
>♦ conftant , fans qu'on puiffe craindre Terreur
w meme d'un millieme de ligne. Ce mecha-
» nifme reunit la double propriete , de pre-
» ferver la furface du mercure dans le re-
» fervoir, de la pouffiere , & de la plus
» forte humidite.
» M. Ligaux a 6te plus loin : il s'eft occupe
» du foin de redifierles erreurs que pouvoit
» introduire , dans le calcul de la veritable
» hauteur du barometre, I'influence de la
D E Dijon, lyS^', pj
» dilatation ou de la condenfation du mer-
» cure par le chaud & le froid. II a meme
» conftniit , d'apres fes experiences , une
M table de corredlion a ce fiijet , qui eft re-
» lative aux differens degres du thermometre
» de Reaumur , & cette table peut fe placer
» fur la planche du barometre. »
J'avois imagine depuis long-temps une pa-
reille table ; mais elle m'a paru infuififante
pour toutes les obfervations du barometre ;
c'eft ce qui m'a engage a travailler a la.
grande Table ci-apres : je I'appelle , TabU
baro-thermomitrique univerJclU, parce qu'elle
eft applicable a toutes les hauteurs & a toutes
les mefures du barometre. II importe fort
peu que Techelle de cet inftrument foit faite
avec le pied anglois , le pied du Rhin, le
pied de Caftille , ou le pied de France , &c.
Cette Table univerfelle donne la correftion
fuivant ces differentes mefures , quelle que
foit la hauteur du barometre. Mais avant de
nous occuper de cette Table , paffons a
Tobjet qui en fait la bafe , & voyons quels
font les veritables effets thermometriques
du mercure dans une colonne de barometre.
PREMIERE SECTION.
Effets thermometriques du mercure dans
le barometre,
Une differtation de M. Cigna de TAcademie
de Turin , qui eft inleree dans le Journal de
94 A C A D E M I £
Phyfiqiie pour I'annee 1772, fait mention
de quelqucs tentatives employees pourcor-
riger les erreurs du barometre , produites
par le chaiid & le froid. « Les Phyliciens
» favent depiiis long-temps, y lit- on , que les
» changemens du barometre viennent, non-
» feulement de la preffion de rathmofphere ,
» mais encore des divers degres de chaleur
» qui rarefient le mercure : en confequence,
» ils fe font appliques, depuis ce temps, a
» diftinguer les effets de la chaleur de ceux
» de la gravite.
« Les corredions propofees jufqua pre-
» fent exigent des experiences particulieres
» pour chaque obfervation du barometre,
» ou des calculs tres-penibles. La premiere
» methode eft difficile, & la 2^". incommode.
» M. EudclffTi propofe un moyen, infere dans
» les Memoires de I'Academie des Sciences
» de Berlin, (luvant lequel on connoit en tout
» temps la veritable preflion de Tathmof-
» phere, fans experience, fans calculs, par
« la fimple infpedion de Techelle; mais cette
» correftion a encore un inconvenient; I'e-
» chelle propofee par ce Savant ne paroit
» pas trop aifee ^ & demande a chaque inf-
» tant la comparaifon du thermometre.
« Comme je fongeois, continue M. Cigna^
M a corriger ce defaut , je fis part de mes i
» idees a M. de la Grange. Ce Phyficien re- [
» folut ce probleme par une feule obferva- {
»> tion, & d'une maniere fi fatisfaifante , qu'il
l> n'y a plus rien a dsfirer. L'augmentation
D E Dijon, /7<?4: 95
)) de I'elevatlon dii mercure , me dlfoit-il ,
n produite dans le barometre par un degre
n de chaleur donne, eft pareille a relevation
» d'une colonne de mercure expofee dans le
» thermometre an meme degre de chaleur :
,) par confequent , ft nous faiftjns deux baro-
>, metres d'un feul tuyau recourbe , de ma-
» niere que dans Tune de fes branches le
» mercure ne foit pas a plus d'un ou de deux
« pouces de hauteur , la rarefadion ou la
» condenfation du mercure produiront une
» difterence ft imperceptible dans fon eleva-
.» tion , qu'on pourra fans crainte la compter
» pour rien. II n'eft done plus queftion, ajou-
» toit-il , que d'appliquer une echelle d'ele-
» vation a la branche la plus courte ; & Ton
» pourra attribuer Tafcenfion ou rabaiftement
^> du mercure a la gravite de I'air, puifque
»> les changemens caufes par la chaleur, ne
i> fauroient caufer une erreur fenftble. **
M. Cigna, pouT fatisfaire les gens les plus
difficiles , a propofe une echelle qui fait dif-
paroltre cette erreur; & cette graduation a
ete adoptee par M. Deluc dans la conftruc-
tion de fon barometre portatif , avec lequel
il mefure la hauteur des montagnes : mais ce
barometre recourbe ne reunit pas le fuffrage
de tous les Savans , a caufe d'un inconve-
nient attache a Tetendue de fa marche , qui
eft diminuee de moitie. En effet, cet inftru-
ment ne fait qu'une demi-Iigne de variation,
lorfque le barometre ftmple varie d'une ligne.
Cette diminution dans la fenftbilite de la co-
^6 ACADEMIE
lonne de mercure , ofFre plus de difficultepoui'
eftimer avec precillon la marche du baro-
metre , ou le point de fa fufpenfion ; d'ailleurs
il ell fujet a prendre de I'air avec le temps.
( Foye^ le Traitc de Meteorologie du Pere Cone ,
liv. 2., art. 6 ). II eft neceffaire de le com-
parer quelquefois avec des barometres fixes,
& meme de faire rebouillir le mercure; il taut
auffi netoyer de temps en temps la furtace du
mercure avec une eponge pour oter la vif-
cofite, la pellicule & la poufliere qui s'y at-
tachent.
Toutes ces confid^rations ont fait,en quel-
que forte^oublier I'avantage du barometre re-
courb^ , relativement a la corredion des efFets
thermometriques. On avoit fait des recher-
ches pour en debarrader le barometre fimple.
M. Chrijlin a trouve, par des experiences faites
avec art & precifion, que le volume de mer-
cure condenfe par le froid de la glace , ell
au volume du mercure rarefie par la chaleur
de Teau bouillante , comme 66 eft a 67 ; c'eft-
a-dire, que Taugmentation du volume de
mercure , ou , ce qui revient au meme , la
diminution de fa pefanteur fpecifique,eft d'un
foixante-fixieme , a compter depuis le terme
de la glace jufqu'a celui de I'eau bouillante :
done un barometre qui palTeroit du froid de
la glace a la chaleur de Teau bouillante hauf-
feroit d'une quantite egale a la foixante-
fixieme partie de fa hauteur , fans qu'il fut
fiirvenu aucun changement dans la preffion |
de ■
D E D I J O Ni iy§4l p^
cle Tathmofphere. (F. U Diclionn. Encyclopi
au mot barometre),
Ainfi dans les lieiix ovi la hauteur moyenne
du barometre eft de 27 pouces & demi , ou
de 350 lignes , la chaleur, depuis la glace
jufqu'a I'eau bouillante , fera monter le|nier-
cure de 5 lignes , & par confequent d'un fei-
zieme de ligne pour chaque degre de dilata-^
tion au thermometre de Reaumur.
On pourra faire , nous difent les R6dac-;
teurs de TEncyclopedie , la meme correftion
fur un barometre dont la hauteur fera de 27
ou 28 pouces , parce qu'un pouce de plus ou
de moins ne peut faire fur le total qu'une er-
reur infenfible ; mais fi Ton tranfportoit le ba-i
rometre fur des hautes montagnes, & que le
mercure defcendit a 25 , 200U 15 pouces , if
faudroit retrancher de cette hauteur pour le
chaud, ou y ajouter pour le froid , moins
qu'un feizieme de ligne par chaque degre du
thermometre. Ginq tables inferees dans ce
Didionnaire , donnent quelques eclairciffe-
mens a ce fujet. Mais on verra par la fuite^
que ces tables font infuffifantes pour les dif-i
ferens ufages auxquels le barometre eft def^
tin6.
L'exp^rience avoit appris , comme on vient
dele voir, qu'une colonne du barometre,
longue de 27 pouces & demi , varioit de Ji
lignes du point de glace a celui de I'eait
bouillante : dela on imagina que la reduftion
de la hauteur du barometre pourroit fe faire
par le moyen d'un thermometre gradue, §5
G
98 A C A D E M I 1
ce moyeneft encore indique dans le Di^llon*
naire Encyclopedique , au mot baromeire.
■ Marquez fur la planche dii thermometre les
deux termes de la glace & de I'eau bouillante ;
divifez cet efpace en cinq parties ^gales pour
marquer les 5 Jignes dont un cylindre de mer-
ture de 27 a 28 pouces de hauteur fe rare-
tie; divifez chacune de ces parties en douze
autres parties, pour repr^fenter les points
"qui compofent une ligne;portez les memes
divisions & les memes lubdivifions au defTous
du terme de la glace : vous aurez un ther-
mometre qui , marquant ce qu'il faudra re-
trancher de la hauteur du barometre, ou ce
qu'il faudra y ajouter , pourra etre appell6
reciificateur du baromctrc. Lorfque ce thermo-
metre, place aupres d'un barometre , mar-
quera 2 lignes 3 points au deffus du terme
de la glace, cefera 2 lignes & 3 points qu'il
faudra fouflraire de la hauteur du barometre:
lorfqu'il marquera I ligne 5 points au deffous
du meme terme , ce fera i ligne 5 points qu'il
faudra ajouter.
L'echelle que Ton vient de donner au ther-
mometre reciificateur , fuppofe que la hauteur
naoyenne du barometre eft de 27 a 28 pou-
ces. Veut-on des echelles pour des hauteurs
differentes ? On fera cette regie de propor-
tion : comme 6(^ eft a 67, ainli 27, 20, 15
&c. pouces de hauteur de mercure au terme
d6 la glace , font a la hauteur de ce meme
mercure au terme de I'eau bouillante. La dif-
ference du quatrieme au troifieme terme en
D E Dijon, z^^^; (^
iignes & en points, fera le nombre des par-
ties qui doivent compofer I'echelle demandee
depuis le terme de la glace jufqu'a celiii de
Teau bouillante.
Voici un autre thermometre reftificateur,
du barometre ( indique par Dom Casbois ) ,
qui exige encore moins de preparation &
d'attention ; c'eft un tube de verre bien cy-
lindrique, longde 30 pouces environ, fcell6
par fon extremite inferieure , & charge de
mercure jufqu'a la hauteur moyenne du ba-
rometre. Apres avoir marque fur cette efpeqe
de thermometre le terme de la glace , on
Tapplique fur la planche du barometre , de
maniere que le point qui marque le terme de
la glace , fe trouve fur une des Iignes de la;
divifion du barometre. Lorfque le mercure
de ce thermometre , rarefie par la chaleur ,
hau^Te d'une , de deux,6'f:. Iignes au deffus de
la glace, on retranche la meme quantite de
la hauteur du barometre ; lorfqu'il baifle d'unf*
ou de deux Iignes , on ajoute cette quantite
a la hauteur du barometre.
Ce thermometre n'exige , dit-on, aucun
calcul ; il ne demande pas meme d'etre regie
a I'eau bouillante , & il a I'avantage de mon-
trer , de la maniere la plus fimple & la plus
fure , ce qu'il faut retrancher a la hauteur,
du barometre , ou ce qu'il faut y a j outer.
Cette affertion doit etre vraie , lorfque ce
thermometre reclificateur eft conftruit avec le
meme mercure & le meme verre que le ba-
romun s mais s'il en eft aU|f rement , cette aij;
"^ "^"" " '■ " 9n
r.00 ACADEMll
fertion ne peut plus etre la meme , parce que
les verres de difFerentes efpeces font diffel-
remment dilatables , & cette difference eft
affez ienfible pour y avoir egard dans la cor-
redion de cette caufe phyfique.
SECONDE SECTION.
Les differences efphces de verre font differemment
dilatables.
La preuve de cette verite va devenir ^vl-
dente , non-feulement par les experiences qui
ont ete faites a ce fujet par plufieurs Phy-
ficiens , mais encore par la conftruftion des
thermometres de M". Delijle & Suiter.
M. Chrijlin , Secretaire perpetuel de la So-
ciete Royale de Lyon, eft, a ce qu'il paroit,
le premier qui ait fait des experiences pour
connoltre I'influence de la chaleur & du froid
fur la colonne de mercure renfermee dans le
barometre ; il a trouve , comme nous I'avons
dit ci-devant, que, du terme de la glace a
celui de. Teau bouillante, cette colonne s'al-
longeoit ou fe dilatoit d'un 66^. lorfque le
barometre etoit a 27 pouces 6 lignes : done
un barometre qui pafferoit du froid de la
glace a la chaleur de I'eau bouillante , hauf-
feroit de 5 lignes fans qu'il fiit furvenu au-
cnn changement dans la preftion de I'athmof-
phere.
Dom Casbois^ Benediftin , Principal du Col-
lege de Meti, & Membre de la Societe Royale.
D E Dijon, iyS4. loi
des Sciences & Arts de la meme Vllle , s'eft
occupe de. la meme experience que M. Chrifi'm^
& les affiches de Metz & de la Lorraine nous
apprennent qu'il a obtenu le meme refultat.
M. Z>e/«c, Membre de la Societe Roy ale
de Londres , dans fon excellent ouvrage fur
\qs modifications d& t athmofphcn ^ fixe cette di-
latation a 6 lignes, lorfque le barometre eft
a 27 pouces.
M. de Rocheblave s'eft exerce fur le meme
fujet : Voy. U Journal de Phyjique ^ Mil lySt ,
pa^. zSz. J'ai cru , nous dit cet Auteur, de-
voir m'afliirer par moi-meme de la quantite
de dilatation qu'occafionne fur le mercure la
chaleiir de I'eau bouillarite , comparativement
au volume de ce fluide , foumis a la tempe-
rature de la glace , afin de faire fur le baro-
metre la correction qu'indique M. Dduc. Ce
celebre Phyficien I'a determin^e de 6 lignes ,
le barometre etant a 27 pouces. J'ai cru de-
voir repeter fon experience d'une autre ma-
niere , afin d'en comparer les refultats. J'ai
trouv6 6 lignes & une demie pour la dilata-
tion d'une colonne de 27 pouces. Le refultat
de M. de Rocheblave difFere done d'une demi-
ligne de celui de M. Deluc,
M. Legaux , apres avoir fait voir dans les
affiches de Metz & de la Lorraine, les avan-
tages que Ton pourroit retirer de cette rec-
tification du barometre, a fait aufti des ex-
periences pour la connoitre. Tons les Phy-
iiciens, y dlt-il , conviennent de la neceflite
de cette re^ifieation. Mais, 1°. ils ne font
' G ii]
tOl ACADJ&MIE
pas d'accord fur I'intenfite de cct effet ; l^. la
plupart negligent cette corredion. Ces deux
inconv^niens , fi Ton n'y fait attention , ren-
dront impofTible la comparaifon des obferva-
tions du barometrc.
M. Legaux en donne les raifons , & indique
en meme temps I'experience dont il a fait
iifage pour s'affurer de la dilata tion du mer-
cure ; elle eft la meme que celle employee
par M. de Rocheblave. M. Legaux a fait conftruire
line cruche de fer blanc de 34 pouces ; il Ta
remplie d'eau la plus pure qu'il a fait bouillir;
les barometres etant alors a 27 pouces 6 li-
gnes ( hauteur moyenne de ce pays ) , & le ther-
mometre de M. de Reaumur etant a zero.
Mais auparavant il avoit foude au refervoir
de (es barometres , tant a furface plane que
lumineux ou phofphoriques & ordinaires, \\n
tube ouvert a fon extremite fuperieure, de
la meme hauteur que celui qui contenoit le
jnercure, pour empecher la preffion de I'eau
fur la furface inferieure du mercure dans le
refervoir ; il a marque fur chacun de fes ba-
rometres, avec des curfeurs, leurs hauteurs
de 27 pouces & 6 lignes, le thermometre
^tant toujours a zero : puis il les a plong^s
daus I'eau bouillante. Cette experience rei-
t^ree differentes fois avec les memes circonf-
tantes & les memes precautions , lui a donne
conftamment 3 lignes de dilatation : ayant
eu foin d'obferver pendant ce temps s'il n'ar-
rivoit aucun changement dans Ja prefllon de
I'athmofphere , auquel cas il en auroit tenu
compte,
D E Dijon, 1^84. 103
Le refultat de cette experience s'accorde
parfaitement avec ceiix des experiences de
Dom Casbois & de M. Chnflln ; mais il difFere
fenfiblement de ceux qu'ont obtenii M^*. Dduc
& de Rocheblave; & cette difference , quoi qu'on
en dife , doit etre attribuee,moins aux differens
precedes des experiences , qifa la differente
dilatabilite Aes verres des barometres. La
preuve de cette verite va devenir fenlible par
le coup d'oeil que nous allonsjeter fur la conf-
trudion des thermometres de M". Ddljlc &
On fait que ces deux inftrumens ne font
pas auffi exads que celui de M. de Reaumur.
La conftruftion de ce dernier, depuis qu'elle
aete perf^eftionnee par M. Deluc^eH etablie
de maniere a n'avoir rien a craindre de 'la
differente dilatabilite du verre. Mais celles
de M". Delijlc & Sul:;er n'ont aucun egard a
cette caufe phyfique , elles font etablies fur
le volume du mercure contenu dans le ther-
mometre : c'eftpourquoi dans Tun deces deux
inftrumens /e urme de la glace ^ & dans Tautre
celui de teau bouillanu , ne font pas des termes
fixes & invariables.
En efFet , les degr^s du thermometre de M.
Delijlc font les parties d'une echelle qui expri-
ment laquantite dont un volume quelconque
de mercure, coniider6 dans I'eau bouillante
(le barometre etant a 28 pouces), eft con-
tinuellement condenfe dans I'air que nous
refpirons , ou plutot par le froid de la glace
fondante. Ces parties doivent etre egales , fi_
le tuyau eft bien cylindrique i elles doivent
104 A C A D E M I E
etre anfli toiijours les memes, fi la dilatahi-
lit6 n'eft pas plus grande dans une efpece de
verre que dans toute autre. Mais cette der-
niere confideration a ete mife en evidence
par plufieurs Phyliciens tres-habiles. lis ont
reconnu que le point de la congelation de
M. Ddijle. n'etoit pas un terme fixe & inva-
riable; les uns I'ont trouve a 148, 149, &
jneme a I50degres de fon echelle, d'autres
a 150, 151,152, &c. Enfin, cette variabilite,
qui a pour caufe la difF^rente dilatabilite des
differentes efpeces de verre , a mis les Phy-
ficiens dans la necefTite de prendre un urme.
Ttioym, celui de I50degr^s, pour determiner
le point de la congelation, & rendre par-la
la conftrudion du thermometre de M. Delijlc
plus commode.
La graduation de celui de M. Suiter , eft
rinverfe de celle de M. Ddijle,. Les degres
du thermometre de M. >5'«/^er, font les parties
d'une echelle qui expriment la quantite dont
un volume quelconque de mercure , confi-
dere dans la temperature de la glace fon-
dante, eft continuellement dilate dans I'air
que nous refpirons , ou plutot , par la chaleur
de I'eau bouillante, le barometre etant a
28 pouces.
Le terme de I'eau bouillante du thermo-
metre de M. Sutler, a prefente la meme
variabilite que le terme de la glace de M,
Delifle. Les Phyficiens, pour le fixer par
approximation , ont 6te obliges d'avoir aufli
^ecours k un medium ; & ceci eft encQie ui\g
b E Dijon, 'iyS4. 105
preuve que les differentes efpeces de verre
ne jouiffent pas de la meme dilatabilite :
d'ailleurs , ce point de phyiique a 6te de-
montre evidemment par les experiences de
plufieurs Savans , & line plus longue difcuf-
iion a ce fujet feroit inutile. ( V. la Dijfer-
tation du Docieur Mardnc ^ fur la conjl ruction des
thermometres» )
Les differentes efpeces de verre font done
differemment dilatables. Cela une fois pofe
& reconnu, voyons maintenant comment il
faut proceder a la reftification dubarometre,
pour prendre comparativement !a veritable
hauteur du mercure, relativement aux diffe-
rens degres de temperature.
Nous penfons qu'il faut diftnguer les ba-
rometres que Ton a faits jufqu'a prefent , de
ceux que Ton pourra faire ci-apres. Confe-
quemment cette diftinftion exige deux arti-
ticles fepares , li Ton veut rendre poffible la
comparaifon des obfervations du barometre.
Nous appellons barometns anciens , tous les
barometres aftuellement conftruits ; & baro-
metres nouveaux , tous ceux que Ton conftruira
dans la fuite.
TROISIEME SECTION.
Barometres nouveaux.
Nous fuppofons que tous les Meteorolo-
gilles font dans I'intention de corriger fur le
barometre , les erreurs produites par Tin-
fluence du chaud & du froid, parce que cettcj
'lo6 A C A D E M I E
corredion eft jugee indifpenfable. Dans cette
hypothefe , que doit faire im Phyficien qui
a congu le deffein de rediger des obferva-
tions barometriques exaftes ? II doit , avant
de les commencer, faire les experiences ne-
ceffaires pour connoitre la dilatabilite du tube
de verre dans lequel le mercure de fon ba-
rometre eft renferm^ ; la Phyfique lui pre-
fente trois moyens pour parvenir a ce but.
Le premier eft de foumettre fon inftrument
aux temperatures de la glace fondante & de
I'eau bouillante,en obfervant les conditions
recommandees par M. Legaux. Ce procede
lui donnera les connoiffances qu'il defire ; il
faura quelle eft I'etendue de la dilatation du
mercure de fon barometre , du point de la
glace a celui de I'eau bouillante. En confe-
quence il drefl'era pour fon ufage ( s'il ne
veut pas fe contenter de notre Table baro-
thermometrique ) une echelle ou une table
particuliere , a I'aide de laquelle il pourra
faire , a chaque obfervation du barometre ,
la correftion qu'exige la temperature fur la
hauteur de la colonne du mercure.
Le fecond moyen n'exige aucune expe-
rience. II confifte a placer a cote du baro-
metre , un tkermometre rcclificateur femblable a
celui indique ci-devant par Dom Casbois. 11
fuffit de marquer fur cet inftrument le terme
de la glace , & de le conftruire avec le meme
yerre & le meme mercure que le barometre.
Un thermometre ordinaire , fans reunir ces
conditions , pourroit procurer le meme avan»;
u E Dijon, 1^84. 107
tage, s'il etoit attach^ fur la pianche du ba-
rometre : d'un cote il porteroit Techeile de
Reaumur; & de I'autre , Techelle thermom6-
trique du barometre fur lequel il feroit pofe.
Ce troifieme moyen feroit meme preferable
au fecond, pourvu que I'echelle thermome-
trique fiit executee d'apres les difFerentes
hauteurs journalieres du barometre : raais ces
trois moyens ne peuvent etre compares a.
notre Table baro-thermometrique , qui eft
infiniment plus commode , comme il fera aife
de le remarquer.
QUATRIEME SECTION.
Barometres anc'uns.
Les obfervations faites fur les barometres
anciens, qui exijient encore, ne peuvent etre
corrigees qu'apres avoir foumis ces inftrO'-
mens a la methode tracee par M. Legaux. Ou
connoitra alors I'etendue de leurs variations:
mais cette connoiffance eft infuffifante , &
ne mene a rien , ft Ton ignore les degres de
chaleur & de froid qui ont regne pendant le
temps des obfervations. Nous ferons voir ci--
apr^s le parti quil faut prendre dans ce cas,
pour rendre ces obfervations utiles & com-
parables.
Nous paflbns a celles qui ont ete faites fur
des barometres qui n exijient plus , parce qu'ils
font brifes. Que faire pour reduire ces ob-
4^ervations a leur jufte valeur } II faut fans
fl08 A C A D E M I E
doiite en faire la reduftion, i°. d'apres line
Table dreffee fur le terme moyen de la dilata-
tion du mercure dans le barometre : 1°. d'apres
le terme moyen de la variation du thermome-
tre interieur pour chaque mois de Tannee.
Ces deux confiderations font effentielles,
ii Ton fouhaite apporter une exaditude fatis-
faifante dans la comparaifon des obfervations
barometriques , tant anciennes que modernes.
En efFet , comment comparer les anciennes
obfervations avec les modernes , fi Ton ne
fait dans celles-la la correftion que Ton fe
propofe de faire dans celles-ci. D'ailleurs,
li les uns la faifoient fuivant une certaine
€chelle , & les autres fuivant une autre , il en
refulteroit encore une autre bigarrure mal
entendue. II faut done que tous les Meteo-
rologiftes s'accordent a la faire fuivant une
echelle commune. Voila la feule reffource
qui leur refte pour apprecier a fa jufte va-
leur , ou a peu pres , le langage des inftrii-
xnens anciens.
SECONDE PAR TIE.
^Methodes pour debarrajfer de t influence
thermometrique les obfervations du ba^
rometre , tant celles que ton a faites
jufqua prefent^ que celles qui fe feront
dans la fuite,
|Les details dans lefquels nous fommeM^
iD E Dijon, 77^4. lo^i
entr^s ci-devant, ont fait fentir affez com-
bien la reftification du barometre eft indif-
penfable pour prendre la veritable hauteur
du mercure. On fe rappelle que la chaleur
rarefie ce fluide , & que le froid le condenfej
& qu'a mefure que Tun ou I'autre en change
le volume, ils en font varier la pefanteuc
fpecifique. Tous les Phyficiens, en convenant
de I'exiftence de cette variation , conviennent
en meme temps de la neceUit^ de la redi-
fication. Voyons maintenant de quelle ma-
niere il faut operer pour la faire correfte-
ment fur I'obfervation journaliere ; nous
parlerons enfuite des obfervations anciennes,
PREMIERE SECTION.
Obfervations journallens ou aciudles.
Le Meteorologifte qui veut faire des ob-
fervations exaftes , ne neglige pas, avant de
les commencer, d'employer tous les moyens
convenables pour fe procurer des inftrumens
conftruits avec precifion, & felon les prin-
cipes recommandes par les Phyficiens. 11
fait que I'importance & I'utilite de fon tra-
vail dependent en quelque forte de cette
petite attention , s'il ne veut pas fe donner
la peine de les faire lui-mcme : ce qui eft
une befogne dont on n'eft pas toujours a,
portee de s'occuper ; mais befogne bien fatis-
faifante , parce qu'elle nous donne un degre
de conviction que rien ne pent egaler.
.Ainfinous imaginons que le Meteorolcgift©
no ACADiMIE
eft perfuade de la.bonte de (es inftmmens,
foit quil les ait conftruits lui-meme, loit
qu'il les ait verifies. Son barometre a furface
plane eft monte fur une echelle gradiiee avec
loin; il en eft de meme de fes thermometres.
Je dis fes thermometres ^ parce qu'il en faut
plufieurs lorfque Ton vent faire la re£lifica-
tion du barometre. Le thermometre fufpendu
a I'exterieur & dans la rue, ne pent fervir
a cette operation. Le barometre eft ordinai-
rement attache dans nos appartemens : il
n'a pas befoin , pour faire fes fonftions , d'etre
place a Texterieur. Ceft pourquoi on fixe
fur la planche de cet inftrument, un fecond'
thermometre qui indique, a chaque obferva-
tion, la temperature de I'appartement ; celui
qui eft a I'exterieur indique la temperature
de Tathmofphere. Ilyatoujours entre I'une,
& Tautre temperature une difference , foit
en plus, foit en moins.
Le Meteorologifte fait, par la verificatioa
on I'experience qu'il a faite, que fon baro-
metre etant a 27 pouces & 6 lignes , fait ,
du point de la glace a celui de I'eau bouil-
lante , une variation de 5 lignes. II drefle
une Echelle on une table d'apres cette va-
riation : elle auroit pu etre plus etendue
(parexemple de 6 lignes) pour les raifons
que nous avons expofees ci-devant. Dans
ce cas, on conftruit la table ou I'^chelle de
corredion fur une dilatation de 6 lignes : mais
nous fuppoferons ici qu'elle n'eft que de
5 , parce que le barometre ne I'a donnee
que de cette etendue.
D E Dijon; 17^4. 11 i
Or , pour faire une table de correftion fur
une variation de cinq lignes , voici comme
il faut proceder. Vous divifez d'abord les
5 lignes en 500 parties egales. Le zero re-
prefente le point de la glace , & 500 celui
de Teau bouillante ; confequemment 250 &
125 reprefenteront , le premier 40 degres au
deffus de la glace, & le fecond 20 ; le tout
au thermometre de Reaumur. Le premier
chifFre a gauche indique les lignes , & les
deux autres , qui fuivent, indiquent les cen-
tiemes de ligne. Ainfi lorfque le barometre
fe foutient a 27 pouces & demi, le ther-
mometre de Reaumur etant a 20 ou 40 de-
gres au deffus de la glace , la table vous
apprend qu'il faut, dans ce dernier cas, re-
trancher de la hauteur de la colonne de
mercure 2 lignes & 50 centiemes ( ou deux
lignes & demie ) ; & dans le premier cas , une
ligne & 23 centiemes ( ou une ligne & un
quart ).
Vous pouffez plus loin la divifion de votre
table ; & vous voyez que lorfque le baro-
metre eft au meme point , & le thermometre
a dix degres dilatation , la correftion eft
de 62 centiemes, c'eft-a-dire de 6 dixiemes
de ligne. Vous prenez la moitie de cette
fomme , qui eft 31, & vou s favez que le
thermometre etant a 5 degres de dilatation,
la correftion doit etre de trois dixiemes de
ligne. Vous divifez 31 en 5 , & cette fub-
divifion vous fait voir quHin degre de dila-
tation avi thermometre de^ Reaumur , aug-
112 A C A D ^ M I E
mente de 6 centiemes de ligne la hauteur
d'une colonne barometrique de 27 pouces &
demi.
D'un autre c6t6 , cette {ubdivifion vous
apprend qu'un degre de condenfation au
meme thermometre , diminue de la meme
quantite la hauteur de la colonne : dela
vous tirez la conf^quence , que lorfque le
barometre eft a 27 pouces & demi, & le
thermometre a 20 ou 40 degres au deflbus
de la glace, il faut, dans le premier cas,
ajouter a la hauteur barometrique une ligne
& un quart, & dans le fecond, deux lignes
& demie , ainli du refte pour les difFerens
degres de condenfation. ( V. la Table, baro-
thermometrique ci-apres. )
Si la temperature reftant toujours la meme,
par exemple , a 20 degres de dilatation du
thermometre de Reaumur ) , le barometre
varioit de 6 lignes, & montoit a 28 pouces,
alors il faudroit retrancher fur la colonne
une ligne & 27 centiemes , & non pas une
ligne & 25 centiemes comme ci-deffus.
Si le barometre au contraire defcendoit a
27 pouces , il ne faudroit retrancher qu'une
ligne & 23 centiemes. Ces differences , comme
il eft aife de s'en appercevoir , font pen
feniibles : neanmoins on doit en tenir compte
dans I'obfervation , & retrancher , dans le
premier cas , une ligne & trois dixiemes,
& dans le fecond, une ligne & deux dixiemes.
Si la variation thermometrique du bare-
metre etoit plus ^tendue , c'eft-a-dire , de 6
lignes
t) E D I J o Ni 'iyS4: 113
lignes ou de 600 parties egales dii point de
la glace a I'eau bouillante , le barometre
etant a 27 polices & demi; on imagine biea
que, fiiivant les differens cas exprimes- ci-
deffus, il faiidroit , I'ur la hauteur du mer-
cure, faire une plus grande fouftradion pour
la dilatation occalionnee par la chaleur, &
line plus grande addition pour la condenfa-
tion produite par le froid : cela feroit in-
diqiie par la table que Ton auroit dreffee a
ce fujet.
Ces details fur la conftrudion & I'ufage
des tables, ont fans doute donne une idee
fatisfaifante des avantages qui peuvent re-
fiilter de la corredlion du barometre pour la
comparaifon de ces inllrumens dans les dif-
ferens pays. On fait que la chaleur n'eft pas
dans le meme temps par-tout la meme. Ainli
deux barometres conftruits enfemble par le
meme Artifte , & qui s'accordent parfaite-
mAt, rnais dont Tun a ete tranfporte a Rome,
& I'autre aParis^ pourroient tres-bien le meme
jour & ail meme inftant fe trouver a la meme
hauteur, fans cependant donner la meme in-
dication; ils pourroient auffi fe trouver dans
la meme Ville , & ne pas s'accorder , quoique
places au meme niveau, parce que I'un fe-
roit dans iin lieu expofe an midi , & Tautre
dans un lieu expofe an nord. Ces exemples
fe generalifent fuffifamment.
Paffons maintenant a la maniere de rediger
I'obfervation journaliere , en rendant compte,
avant tout , de I'emplacement de notre ther^
H
114 A C A D E M I E
mometre & de notre barometre. lis font tons
deux dans line chambre expofee au nord, &
attaches fur la muraille qui regarde ce point:
la variation thermometrique du barometre
eft de 5 lignes ou de 500 parties egales du
point de la glace a celui de I'eau bouillante.
Le I°^ Juin 1781, a 5 heures du matin,
le barometre fe foutenoit a Arras a 28 pou-
ces, le thermometre interieur etant a 16 de-
gres & 2 dixiemes de dilatation : confequem-
ment , dedudion faite de la variation ther-
mometrique qui eft de 10 dixiemes de ligne
ou d'une ligne , la veritable hauteur du ba-
rometre etoit de 27 pouces & 1 1 lignes.
Le meme jour a 3 heures de Tapres midi,
le barometre fe foutenoit a 28 pouces & 3
dixiemes de ligne, le thermometre interieur
etant a 20 degr^s & 7 dixiemes de dilatation :
confequemment, deduftion faite de la va-
riation thermometrique qui eft d'une ligne &
30 centiemes ou 3 dixiemes, la veritable hau-
teur du barometre etoit encore de 27 pouces
& II lignes.
Le 2 du meme mois , a 5 heures du ma-
tin , le barometre fe foutenoit a 27 pouces
II lignes & 6 dixiemes, le thermometre in-
terieur etant a 16 degres & 6 dixiemes de di-
latation : confequemment, dedudion faite de
la variation thermometrique , qui eft d'une
ligne & un dixieme, la veritable hauteur du
barometre etoit de 27 pouces lo lignes & 5
dixiemes.
La table fuivante donne pour chaque jour
n F D r J o N ; / vRa:
Tt*
Pag. 114.
BaRO METRE,
CA^on corricrei Corn<ys,
P. L. D.
28 O 3
27 10 7
27 10 2
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P. L. D.
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^:ic;ftae=ie*=3?*=ft=«?=s?^^
Juin lySi.
Thermom.
Barometre.
/wi« /^i?/
Matin.
intirimr.
Non corrlge
Cornge.
Apres midi.
Hemes.
Deg. Dix.
P. L. D.
P. L. D.
Heures.
5 heures.
l6 . . 2
28 0 0
27 II 0
3 heures
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Termemoyen.
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27 9 8
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Thermom.
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Dcg. Dlx.
20
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27
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28
3 4
28
2 I
i7
9 9
i p. L. D.
27 H O
27
27
27
27
27
27
27
27
27
9 4
9 2
9 3
8 3
6 I
5 Z
5 8
7 9
8 3
27 8 6
27 8 o
27
27
27
27
9 I
7 9
8 I
8 5
27 9 7
27 10 2
27 8 9
27 8 3
27 6 6
27 6 5
27 8 2
27 8 I
27
27
27
28
28
_28
27
8 4
9 5
9 7
o 2
2 3
89
I
D E Dijon; iyS4: 115
du moIs,robfervation barometrique corrlgee.'
La premiere colonne verticale de cette table
indique I'heiire de Tobrervation que Ton a
faite dans la matinee ; la feconde indique le
degre du thermometre interieur; la troijiemcy
la hauteur du barometre non corrige; la qua-
trieme, la hauteur du barometre corrige; la
cinquieme indique Theure de robfervation pour
I'apres midi ; \-a. Jixienu , le degre du thermo-
metre interieur; \a. feptieme , la hauteur du ba-
romettre non corrige ; & la hu'uiemc , la hau-
teur du barometre corrige.
La derniere colonne horizontale donne le
terme moyen, tant du thermometre que du
barometre corrige & non corrige. On y voit
que le degre moyen du thermometre inte-
rieur, d'apres la fomme du mois , eft pour le
matin de 14 degres & 2 dixiemes , & qu'il eft,
pour Taprcs midi, de 16 degres & 8 dixiemes.
On remarque que la hauteur moyenne du ba-
rometre non corrige , d'apres la fomme du
mois , eft , pour le matin , de 27 pouces 9
lignes & 8 dixiemes; & pour Tapres midi, de
27 pouces 9 lignes & 9 dixiemes; mais cette
hauteur eft fautive , puifque le barometre
corrige ne la donne pour le matin & Fapres
midi , que de 27 pouces 8 lignes & 9 di-
xiemes; ce qui fait pour I'apres midi une er-
reur d'une ligne dans I'obfervation , & le
matin une erreur de 9 dixiemes de ligne.
Ainfi, en reftifiant chaque jour I'influence
de la temperature fur la colonne du barome-
tre, on connoit la veritable hauteur moienne
Hi;
Il6 A C A D E M I E
de cet inftrument , non-feulement pour cha-
que mois de I'annee , mais encore pour chaque
annee : tel eft le but de la methode que nous
venons de tracer. Mais il en eft une autre qui
doit lui etre preferee, parce qu'elle reunit a
I'avantage d'etre plus courte, celui d'etre aufti
fure. Elle n'exige que lix operations a la fin
de chaque mois ; trois pour les obfervations
du barometre faites le matin , & trois pour
les obfervations de I'apres midi ; en fuppo-
fant neanmoins que les obfervations baro-
metriques fe bornent a deux par chaque jour.
La table precedente va nous donner lapreuve
de cette verite.
La plus grande elevation du barometre le
matin, eft de 28 pouces & 3 lignes ; elle a
eu lieu le 30 du mois , lorfque le thermo-
jnetre interieur etoit a 13 degri^s & 6 dixie-
■mes : confequemment la plus grande hauteur
du barometre a ete, d'apres la correftion, de
28 pouces 2 lignes & un dixieme.
La moindre elevation eft arriv^e le 8
du mois, le thermometre 6tant a 15 degres
& un dixieme : confequemment la moindre
hauteur du barometre, felon la reftification ,
a ete de 27 pouces 5 lignes & 3 dixiemes.
Toutes les obfervations du thermometre
interieur & du barometre non corrige, etant
fommees & divifees par le nombre des jours
du mois , on voit que le terme moyen du
thermometre, pour I'obfervation du matin,
eft de 14 degres & 2 dixiemes, & que le
tcrme moyen du barometre non corrige eft
D E Dijon, TyS4: 117
tie 27 ponces 9 lignes & 8 dixiemes. Si Ton
retire cle !a hauteur moyenne du barometre
non corrige, I'influence indiqu^e par le terme
moyen du thermometre interieur, laquelle
eft de 9 dixiemes de ligne , on trouvera que
la veritable hauteur moyenne du barometre
ell de 27 pouces huit lignes & 9 dixiemes ,
c'eft-a-dire, femblable a celle donnee par la
table prec^dente.
Les trois operations, que nous venons de
faire pour corriger les obiervations barome-
triques de la matinee , pourront s'executer
facilement fur les obfervations de I'apres midi:
c'eft pourquoi nous n'entrons pas dans un
jjlus grand detail a ce fujet ; ce que nous
avons dit fuffit pour mettre au fait les per-
fonnes les moins intelligentes. Nous ajoute-f
rons feulement que cette methode eft necef-
faire aux Meteorologiftes qui cherchent a
decouvrir y? /e barometre eji fujet on non a une
variation diurne periodicjue. S'ils negligeoient
d'en faire ufage , ils pourroient tomber faci'
lement dans Terreur ; mais il eft temps de
nous occuper des obfervations barometriques
anciennes.
SECONDE SECTION.
Obfervations anciennes,
Les Phyficiens ayant reconnu la neceffite
de corriger les obfervations barometriques
journalieres, il paroit indifpenfable , fi Ton
H iij
Jl8 A C A D E M I E
veut comparer celles-ci avec les anciennes,
d'appliquer la meme correclion a ces der-
nieres. Mais pour faire cette corredion d'une
maniere avantageufe, il faiit d'abord ,comme
nous I'avons annonce , dillinguer Ics obfer-
vations anciennes qui ont ete faites avec des
barometres qui exijlent encore , d'avec les ob-
fervations anciennes qui ont ^te faites avec
des barometres qui nexifientplm ^ parce qu'ils
font brifes.
Quant aux obfervations anciennes dont les
barometres exijlent encore, v'len n'eft plus aife
que d'en faire la reftifi cation, fi dies ont ete
accompagnees de I'obfervation du thermo-
metre interieur; il s'agit dans ce cas (nous le
repetons ) de mettre le baromettre a I'epreuve
de la glace & de Teau bouillante, pour con-
noitre I'etendue de fa variation thermome-
trique. Cette connoiffance une fois acquife,
on pent au moyen du thermometre interieur,
procedcr comme nous I'avons fait ci-devant
pour Tobfervation journaliere.
Si les obfervations anciennes dont les ba-
rometres exifient encore, n'ont pas ete accom-
pagnees de I'obfervation du thermometre in-
terieur, on concoit fans peine que cela exige
plus d'embarras : que faire en pareille cir-
conftance, pour fe procurer la corredion que
Ton defire ? Nous penfons qu'il faut avoir re-
cours aux obfervations du thermometre in-
terieur que Ton a faites depuis quelque temps
dans chaque pays, ou que Ton fera. Nous
imaginons qu'en mettant ces obfervations eh
D E Dijon, iy^4''. 115
comparaifon avec celles du thermometre ex-
terieur , il en relultera pour le terme moyen
de chaque mois , une difference utile a notre
deffein. Nous allons developper Tidee qui
nous eft venue a ce fujet.
On fe rappelle que , fuivant notre table
precedente , le terme moyen du thermometre
interieur a ete a Arras ^ d'apres la Tomme des.
obfervations du mois de /;//«, de 14 degres
& 2 dixiemes le matin, & de 16 degres & 8
dixiemes Tapres midi. J'ajoute ces deux fom-
mes enfemble, & j'en prends enfuite la moitie;
cela me donne 15 degres & 5 dixiemes pour
Tobfervation moyenne du mois, prife le matin
& Tapres midi. Je luppofe qu'on a fait la
meme operation pendant dix ans , & qu'on a
trouve que le terme moyen du mois de Juin
eft de 16 degres; ce r^fultat du thermometre
interieur, s'il eft compare avec le refultat
du thermometre exterieur qui eft de 15 de-
gres pour Arras , donne une difference dun
degre en plus. On fait done, par cette com-
paraifon, que dans le mois de Juin, le terme
moyen du thermometre interieur excede a
Arras d'un quinzieme celui .du thermometre
exterieur. Cette connoiflance qui pent etre
acquife fur tous les mois , & dans chaque
pays , fuffit , comme on le verra a I'inftant ,
pour corriger par approximation , & d'une
maniere fatisfaifante , les obfervations baro-
metriques anciennes , qui ont ete faites fur
les barometres qui exijlmt encore , mais qui
n'ont pas ete accompagnees de robferyatiojj
du thermometre interieur.
110 A C A D E M I E
Exemple. Au mois de Juin i76o,Ie degr6
moyen dii thermometre exterieur a ete a
Arras de 14 degres &7 dlxiemes , & la hau-
teur moyenne du barometre de 28 pouces.
Je veux rectifier cette hauteur, & la debar-
raffer de I'influence thermometrique. Je fais
cette proportion, 15,0: 16,0 : : 14,7 :x=i5,7,
Confequement la veritable hauteurmoienne
du barometre eft de 27 pouces & 1 1 lignes ,
puifque d'un cote il eft reconnu par la regie
de proportion que le degre moyen du ther-
mometre interieur a dii etre a Arras ^ en Juin
1760, de 15 degres & 7 dixiemes ; & de
I'autre , que la variation thermometrique du
barometre eft de 5 lignes du point de la glace
a celui de I'eau bouillante.
Quant aux obfervations barometriqucs an-
ciennes qui n'ont pas ete accompagnees de
I'obfervation du thermometre interieur &
exterieur , & dont les barometres cxlflcnt
encore , ou riexijlent plus , il faut prendre une
autre route pour arriver au meme but. Les
barometres qui cxijlent encore feront affujettis
aux experiences de M. Legaux , recomman-
dees ci-devant : ceux qui nexijlent plus , ne
pouvant etrefoumis a cette epreuve, exigent
im autre expedient.
Nous avons remarque que les differentes
cfpeces de verre font plus ou moins dilatables;
qiie I'influence thermometrique, fur une co^
ionne de barometre elevee a 27 pouces
& 6 lignes, a ete trouvee , par quelques
j^hyiiciens > de 5 lignes , & par d'aiitres , dgt
D E Dijon, iy^4. iii
6 lignes , plus oil moins, du point de la glace
a celui de I'eaii bouillante. Nous avons ajoute
que la meme difference a ete obfervee dans
la conftruftion du thermometre de M. Dclifle,
& dans celui de M. Suiter. Cette variabilite
dans la dilatation du verre , impofe done
I'obligation de prendre iin medium pour trou-
ver, par approximation , Tinfluence thermo-
metrique du barometre, lorlque le tube eft
brife. Ced ce que nous avons fait ; & d'apres
nos calculs , il refulte que la variation
nioyenne thermometrique du barometre, eft
de cinq lignes & un quart, ou de 500 &
24 parties du point de la glace a celui de
I'eau bouillante. Nous avons en consequence
dreffe une Table a ce fujet , a qui nous
avons donne le nom de Table haro-thermome'
tiique jiniverfdlc , parce qu'ellc pent fervir,
comme on le verra ci-apres , tant pour \qs
obfervations anciennes du barometre , que
pour \q^ nouvelles.
Cette Table offre done im moyen facile
pour determiner , par une approximation fa-
tisfaifante, Tetendue de I'influence thermo'
metrique fur la hauteur du barometre , lorf-
qiie le tube de cet inftrument nexijle plus:
mais cette connoiffance ne fuffitpas, fi on
ignore les degres de chaud & de froidqui ont
regn^dans Tair. Eneffet, comment retrancher
de I'obfervation barometrique ancienne , ce
qui appartient a la chaleur , fi rien ne nous in-
dique la temperature qui a eu lieu alors ? II
jfaut done encore lever cet obftacle j en met-"
W2 A C A D E M I E
tant en ufege , pour chaqiie pays , qiielqii'ap-
proximation fatisfailante fur cet objet.
Les obfervations que Ton fait en France
depuis plufieurs annees , fur le thermometre
de Reaumur y nous ont appris le terme moyen
de cet inftrument , non - feulement pour
I'annee , mais encore pour chaque mois de
Tani ej. Nous favons , d'un cote ( par h
Traitc di Mcuorologie da pere Cone ) , qu'a
Montmorenci , ou plutot en France , le degre
moyen de I'annee commune eft an thermo-
metre de ReauTjiuT ^ expofe A Fair libre, de
8 degres & 9 dixiemes ; & de I'autre , que
ie degre moyen de cet inftrument eft,
Pour le mois de Janvier, £un degre &
daix dixiemes.
Pour celui de Fevrier, de trois degres &
deux dixiemes.
Pour celui de Mars , de quatrc degres &
Jix dixiemes.
Pour celui d'Avril , de huh degres &
fix dixiemes.
Pour celui de Mai , de doti7;e degres Si
quatrc dixiemes.
Pour celui de Juin , de quin:ic degres &
cinq dixiemes.
Pour celui de Juillet, de yei^e degres &
cinq dixiemes.
Pour celui d'Aoiit , Ae. felic degres.
Pour celui deSeptembre , de trciic. degres &
fept dixiemes.
Pour celui d'Odlobre , de huh degres &
huU dixiemes.
I
D E D 1 J o N , ryS4: 123
Pour celui de Novembre, de quatre de^vQS
& ci/2q dixiemes.
Pour celui de Decembre , de deux degres
& un dixieme.
Cette connoiffance du terme moyen du
thermometre exterieur, pour chaque mois
de Fannee , nous offre une approximation
fatisfaifante de la temperature qui regne com-
munement en France. Les obfervations du
thermometre interieur vont nous en ofFrir
une autre qui n'ell pas moins utile : elles
nous apprennent qu'a Montmorenci le degre
moyen du thermometre interieur efl.
Pour le mois de Janvier , de deux degres &
neiif dixiemes.
Pour celui de Fevrier, de quatre degres &
hui( dixiemes.
Pour celui de Mars , de fept degres &
^ew/' dixiemes.
Pour celui d'Avril , de neuf degres &
huit dixiemes.
Pour celui de Mai, de /m^e degres.
Pour celui de Juin, de ^uinie degtes &
un dixieme.
Pour celui de Juillet , de feiie degres &
huii dixiemes.
Pour celui d'Aout , de dix-fept degres &
yZr dixiemes.
Pour celui de Septembre , de quator^e degres
& neuf dixiemes.
Pour celui d'Odobre , de on^e degres &.
quatrc dixiemes.
Pour celui de Novembre , de huit degree
& quatrc dixiemes.
124 A C A D E M I E
Pour celui de Decembre , de quatre degrcs
& ncnf dixiemes.
Ces trois approximations ( 1°. la Table
biro-thermometriqiie univeri'elle , 2°. le terme
nioyen du thermometre exterieur pour cha-
que mois de Tannee , 3*'. celui du thermo-
metre interieur ) nous donnent la facilite
de corriger les oblervatlons barometriques
anciennes, quel que fbit le jour & le mois
de I'annee ; cela va devenir fenlible par
Texemple fuivant.
On I'ait , par des obfervations du baro-
metre , faites dans le mois de Juin 1758 ,
a Arras , fur un barometre qui ncxifte p^s ;
cbfervations qui n'ont pas eteaccompagnees
de celles du thermometre exterieur & in-
terieur : on fait , dis-je , que la hauteur
moyeni>e du barometre , pendant ce mois ,
a ^te de 27 pouces 1 1 lignes & 2 dixiemes.
Voici comme je procede pour degager,par
approximation, cette hauteur moyenne de
I'influence thermometrique.
Je me rappelle d'abord que la variation
ihermometrique d\m pareil barometre , eft
5xee par ma Table baro-thermometriquc unl-
■vcrfdlc , a 5 lignes & 24 centiemes de ligne ,
iu point de la glace a celui de I'eau bouil-
"ante : je vois enfuite que le terme moycn
Ju mois de Juin, eft pour le thermometre
exterieur, de 15 degr«Js 3 dixiemes, & pour
le thermometre interieur, de 15 degres & i
dixieme : je prends la moitie de ces deux
ibiumes, laquelle eft de 15 degres & deux:
D E Dijon, i^S^. 12 j
tllxiemes. Cetteconnoiflance qui m'apprend ',
a tres-peu de chofe pres, le terme moyen
de la temperature dumois de Juin en France,
& dans les autres pays qui font (bus les
memes paralleles on degies de latitude, me
fuffit pour me procurer une approximation
fatisfaifante. Je retire de la hauteur moyenne
du barometre (qui eft de 27 pouces 1 1 lignes
& 2 dixiemes ) les 15 degres & 2 dixiemes
de dilatation; ce qui produit fur la colonne
de mercure , un retranchement de 98 cen-
tiemes de ligne , ou d'une ligne. Alors je
fais que la veritable hauteur moyenne du
barometre, pendant le mois de Juin 1758,
a ete a ^rras de 27 pouces 10 lignes & 2
dixiemes.
Get exemple fe generalife fuffifamment.
On operera pour un jour, &c. comme pour
un mois ; &. I'on voit fans peine que cette
operation peut fe pratiquer fur un baro-
metre qui exijie encore , comme fur un baro-
metre qui n exijie plus , quoique les obferva-
tions faites fur ce premier n'aient pas et^
accompagnees de Tindication du thermometre
interieur & exterieur.
Nous allons nous occuper maintenant de
Futilite de notre Table baro-thermometrique
univerfelle : nous croyons quelle fera d'un
grand fecours aux M^teorologiftes , par les
avantages qu'ils en pourront retirer , comme
il fera aife de le remarquer a I'inftant,
126 A C A D E M I E
TROISIEME PARTIE.
Table baro-thermomltrlque unlvcrfelU,
Nous avons donne le nom ^univtrfdU a
cette Table; l". parce qu'elle pent etre utile,
non-feulement pour toutes les obfervations
anciennes du barometre , mais encore pour
les nouvelles : 2°. parce que fon ufage s'etend
a toutes les mefures connues, au pied d'An-
gleterre , d'Allemagne, de Vienne , &c. comma
au pied de France : 3*^. parce qu'elle^peut
fervir pour toutes les hauteurs du barometre ,
depuis I pouce jufqu'a 30 , & plus. Ce qui
eft fort commode lorfqu'il s'agit d'apprecier
Televationd'une montagne, oula profondeur
d'une mine.
Ce font ces avantages multiplies qui nous
ont engage ala publier; nous ne I'avions faite
que pour notre ufage particulier.
PREMIERE SECTION.
Tabic baro-thermometrique univerfdlz ^ applicable,
aiix objervations nouvelles du barometre , comme
aux anciennes.
Nous n'avons encore donne aucun de-
tail fur la conftruftion de cette Table. La
premiere colonne verticale , ainii que la der~ .
niere , indique les degres du thermometre de
Reaumur; la premiere depuis le point de la
glace jufqu'au point de I'eau bouillante i &
D E Dijon, /7<?4: ny
la feconde , depuis le point de congelation
juTqifa 80 degres au deffous de ce point.
Ainli, Tune marque les degres de dilatation,
& I'autre les degres de condenfation.
La feconde colonne horl^ontak indique la
hauteur du barometre en pouces & lignes ;
& les chifFres qui font au deffous, dans la
colonne ■ verticale , donnent les lignes & les
centiemes de lignes qu'il faut retrancher
ou ajouter a la hauteur du barometre, fui-
vant les differens degres de temperature.
Exemplc. Le barometre eff a 28 pouces , &
le thermometre interieur a 12 degres de di-
latation. Je parcours la feconde colonne ho-
rizontale, & a Tendroit oil fe trouve 28
pouces , je vois, fur la ligne parallele a 12
degres de dilatation , qu'il faut de la hauteur
du barometre, retrancher 78 centiemes ,ce
qui fait 8 dixiemes de ligne.
Autre exemple. Le barometre eft a 27 pouces,
& le thermometre interieur a 23 degres de
dilatation. La Table m'apprend qu'il faut re-
trancher de la colonne de mercure une ligne
& 4 dixiemes. S'il y avoit 146 au lieu de
145, il faudroit alors retrancher une ligne
& 5 dixiemes.
Troljieme exemple. Le barometre eft a 28
pouces 6 lignes, 5r le thermometre interieur
eft a 1 1 degres de condenfation , ou au deffous
du terme de la glace : dans ce cas, je vois ,
par la Table, qu'il faut ajouter a la hauteur
du barometre, 73 centiemes ou 7 dixiemes
file ligne.
IlS A C A D E M I fe
Cet expofe fuffit pour rendre facile Turage
de cette Table. Nous n'y avons place la
hauteur da barometre , que de demi-pouce
en demi-pouce , parce que cette diviiion nous
a paru fuffifante.
Quant au thermometre de Reaumur , il
s'y trouve de degre en degre. Nous ne fommes
pas entres dans les fractions , parce que les
perfonnes les plus fcrupuleufes peuvent fe
les procurer facilcment, a la feule infpe6tion
de la Table* Je fuppofe que le thermometre
eft a 12 degres & demi de dilatation, & le
barometre a 27 pouces & 9 lignes. Je vois ,
a la vue limple , & fans aucun calcul, qu'il
faut retrancher de la colonne de mercure
80 centiemes , ou 8 dixiemes de ligne.
Cette Table, malgre la difFerente dilata-
bilite des verres de differentes efpeces , pent
etre employee a la correftion d'un baro-
metre quelconque,fans4eter dans une erreur
bien fenfible. Les tubes les moins dilatables
font monter de 6 lignes le mercure , du point
de la glace a celui de I'eau bouillante; ceux
qui font les plus dilatables , ne le laiffent
monter qu'a 5 lignes, Cette difference, dans
leur dilatabilite , eft peu confequente; 1°.
lorfqu'elle eft comparee a celle de notre
Table ; 1°. lorfque Ton fait attention que le
degre moyen du thermometre interieur dans
le cceur de I'ete , neft que de 16 degres &
demi de dilatation.
En effet , les tubes de barometre les moins
dilatables , lorfque cet inftrument eft a 28
pouces.
D E Dijon, /7<?4. 129
pouces, exlgeroient pour 16 dcgres & demi,
line reftification d'une ligne & 22 centiemes :
les plus dilatables n'auroient befoin que d'une
redification d'une ligne & 3 centiemes; &
notre Table la donne d'une ligne & 8 cen-
tiemes, c'efl-a-dire , d'une ligne & un di-
xieme. Mais fans examiner ici fi les expe-
riences qui fixent a fix lignes, & meme a
fix lignes & demie , la variation thermome-
trique du barometre , du point de la glace
a celui de I'eau bouillante, ont ete bien ou
mal faites , nous nous bornerons A faire voir
que notre Table eil applicable a toutes les
variations quelconques. II ne faut , pour lui
donner cet avantage, que changer I'expreffion
de la feconde colonne horizontale, & mettre
idealement ou reellement 28 pouces a la
place de 32, lorfque le barometre dont on,
fe fert , fait , etant a 28 pouces, une varia-
tion thermometrique de fix lignes : alors on
s'appercoit , au premier coup d'ceil , que cet
inftrument ( le thermometre marquant, comme
ci-devant, 16 degres & demi ) exige une
reftification d'une ligne & 22 centiemes, on
2 dixiemes : ce qui s'accorde parfaitement
avec celle que nous avons trouvee prece-
demment.
Si le barometre , au lieu de faire une va-
riation thermometrique de 6 lignes, n'en fart
qu'une de 5 , du point de la glace a I'eau
bouillante, lorfqu'il eft a 28 pouces, dans
ce cas on place idealement 28 pouces a la
place de 27 , & I'on trouve avec la meme
I
IJO A C A D E M I E
precirion , dans cette derniere colonne, toutes
les variations thermometriques du barometre,
fuivant les difFerens degres de dilatation ou
de condenfation indiques par le thermometre
de Reaumur.
On m'objeclera peut-etre que ce procede
n'ofFre plus im accord parfait, lorfque les
barometres font au deffus ou au deffous de
28 pouces ; par exemple , a 26 pouces^ Je prie
les perfonnes qui ont quelques doutes a ce
fujet, de faire elles-memes la verification de
cet article : elles verront , d'apres leurs re-
fultats , que lorfque la temperature n'excede
pas 20 ou 25 degres de condenfation ou de
dilatation, ce qui eft la temperature ordi-
naire de tous les climats , notre Table pre-
fente la corredion barometrique rarement a
iin dixieme de ligne de difference de la ve-
ritable. Ainfi on pent avec confiance faire
ufagede notre procede, & mettreidealement,
dans le premier cas, 26 pouces a la place
de 30 ; & dans le fecond, 26 a la place de
25. Get arrangement donnera une approxi-
mation tres-fatisfaifante , & fera la preuve
que notre Table peut etre utile, non-feule-
ment pour les anciennes obfervations baro-
metriques , mais encore pour les nouvelles.
D'un autre cote , on fait que la marche
du barometre la plus etendue, n'eft que de
trois pouces , encore n'eft-ce que dans les
pays les plus feptentrionnaux; car ailleurs
cette marche eft renfermee dans des bornes
plus etroites. Au refte, comme on va le re^
D E D I J O N , IJB4. 131
inarquer , cette confideration eft peu impor-
tante.
SECONDE SECTION.
Table baro-thcnnometrique univerfdU , applkabU
a tonus les hauteurs du barometre , depuis urt
pouce jufqiia 306* plus.
La belle regie que M. Deluc a imaginee
pour mefurer la hauteur des mines , la hau-
teur des tours & des montagnes , par le fe-
cours du barometre, a rendu cet inftrument
plus recommandable. « On a deux barometres,
^ ( nous dit le Fere Cotte , dans fon Traite d&
» Meteorologic, llv. x , art. (?) dont la marche
w eft egale. Une peribnne plac6e au has da
» la montagne ou de la tour qu*on veut
» mefurer , obferve Tun de ces barometres
» pour tenir compte des variations qui peu-
» vent furvenir pendant Texperience. Un
» autre obfervateur porte le fecond baro-
» metre fur le fommet de la montagne ou
» de la tour, & marque oil le mercure s'ar-
» rete. II compare fon obfervation avec
w celle qui a ete faite au bas,& il en con-
» chit la hauteur de la montagne ou de la
» tour. S'il y a , par exemple , 3 lignes de
» difference, il.comptera 13 toifes d'^leva-
„ tion ( ou 78 pieds ) pour chaque ligne
» d'abaiffement du mercure dans le fecond
» barometre : ainfi il conclura la hauteur
» de 39 toifes ou de 234 pieds. >>
1^2 ACADiMIE
Cet ufage du barometre eft fonde fur la
loi des denfites de i'air , trouvee par MM.
Mariotu & Boyle. Toutes les fois qu'on eleve
le barometre de 78 pieds, il baiffe d'une
ligne : le contraire arrive lorfqu'on le def-
cend de la meme quantite. Mais qu'on tranf-
porte cet inftrument dans le fond d'une mine ,
ou fur le fommet d'une montagne ; qu'il fe
foutienne dans le fond de la mine, a 30 ou
32 pouces , & fur le fommet de la montagne ,
a 200U25 pouces, notre Table en indiquera
toujours avec jufteffe la correftion thermo-
metrique , parce que la temperature , dans
le fond des mines , eft ordinairement de 9
a 10 degres au deffus de la glace, & fur le
haut des montagnes , tres-fouvent au deffous
de ce point.
Ainfi , notre Table baro-thermometrique
peut etre utile a la mefure des montagnes
& des mines. A la vue fimple , on diftingue
affez facilement , a un dixieme de ligne ,^ la
hauteur du barometre , fur-tout lorfque Ton
eft exerc6 depuis quelque temps dans les
obfervations meteorologiques. Cependant on
peut eftimer la hauteur du barometre juf-
qu'au centieme de ligne , a I'aide d'un nonius
& d'une loupe : c'eft ce que Ton fait a I'Ob-
fervatoire royal d'Angleterre ; & M. Dcluc a
fujvi cette methode, en mefurant la tour de
Saint Pierre a Geneve.
Son barometre place au pied de la tour,
ie thermometre marquant huit degres & demi ,
D E Dijon, 1^84. 133
^toita 26 polices 11 lignes & 87 centiemes;
ce qui fait 323 lignes & 87 centiemes.
Son barometre tranfporte an haut de la
tour , oil le thermometre marqiroit fans doute
auffi huit degres & demi , etoit a 26 pouces
9 lignes & 18 centiemes; ce qui eft egal a
321 lignes & 18 centiemes.
La difference des deux inftrumens etoit
done de 2 lignes & 69 centiemes.
M. Deluc a trouve , d'apres fes calculs ,
que cette difference , dedudion faite des
effets thermometriques, donnoit une eleva-
tion de 210 pieds : elevation qui ne s'eft
trouvee differer que de 5 pouces de la hau-
teur mefuree par d'autres operations.
Appliquons maintenant la corredion in-
diquee par notre Table , a Tobfervation de
M. Deluc. EUe nous apprend que pour huit
degres & demi de dilatation, le barometre
fe foutenant entre 27 pouces & 26 pouces
& 6 lignes , il faiit retrancher de la colonne
de mercure 53 centiemes de ligne ; c'eft ce
que je fais d'abord fur les 323 lignes & 87
centiemes : il refle alors 323 lignes 34
centiemes. Je fais la meme operation fur les
321 lignes & 18 centiemes, ilrefte 320 lignes
& 65 centiemes : la difference de ces deux
refultats eft de 2 lignes & 69 centiemes ,
que je multiplie par 78 pieds ; & le produit
me donne 209,82 , c'eft-a-dire , deux cent
neuf pieds & quatre-vingt-deux centiemes de
pied , pour la hauteur de la tour de Saint
Pierre de Geneve : ce qui s'accorde avec I'ob^
I n,
J 54 ACADEMIE
fervatlon de M. Dduc y a tres-peu de chofe
pres.
Notre Table etant calculee de deml-pouce
en demi-pouce , depuls 21 polices jufqu'a
40 , pent done fervir a la corredion du ba-
rometre , quelle que foit la hauteur de la
jnontagne & la profondeur de la mine. Elle
fera aufli tres-utile depuis 21 pouces jufqu'a
3 , aux experiences que Ton fait dans le
recipient de la machine pneumati<^ue avec
le barometre tronque, pour eftimer les de-
gres de la rarefadion de Tair. Nous n'in-
iiflons pas fur cet avantage , il eft affez fen-
fiblc.
TROISIEME SECTION.
iSufagc dc cute Tabic pent skendn a toutes Its I
mefures comiues ; au phd d^Angletern , d^Allc- |
magne^de Vunne ^ commc au phd de, France,
Chaque Royaume afa mefure particuliere,
c'eft pourquoi I'echelle du barometre varie
dans chaque pays. La graduation de Cet
inftrument eft etablie chez les Anglois , fur
la mefure d'Angleterre ; chez les Suedois ,
fur celle de Suede ; chez les Frangois , fur le
pied-de-roi , &c, Cette difference en pro-
duit une apparente fur la hauteur du baro-
tnetre. En effet, lorfque Techelle de cet
inftrument eft divifee fur le pied-de-roi,
il montre 28 pouces , tandisque le barometre
anglois , fuivant la mefure du pays , indique
pres dje 30 pouces.
D E Dijon, i;r§4. 135
Les fciences qui ont etabli une commu-
nication entre tons les pays , ont fait evanouir
cette diverfite apparente , en s'occupant dii
rapport que les mefures ont entre elles :
les Anglois les ont reduites au pied d'An-
gleterre; les Francois a celui de France, &c.
On peut voir dans le Didionnaire encyclo-
pedique , au mot pied, la redudion des nie-
fiires ^trangeres au pied-de-roi. Get article
ne laiffe rien a defirer : on y voit, par une
table dreffee a ce fujet , que le pied-de-roi
eft a celui d'Angleterre, comme 1440 eil a
1350; c'eft-a-dire , que le pied Anglois efl
plus court de 9 lignes que celui de France :
on y voit que le pied de Roi eft a celui de
Suede, comme 1440 eft a 13 16, c'eft-a-dire,
que le pied Suedois eft plus court de 24
lignes que celui de France, &c.
Pafl'ons maintenant'a I'ufage de notre Table
baro- thermometrique , relativement a cet
objet. On s'appercevra aufii-tot que pour
la rendre utile, il n'eft pas neceffaire de re-
duire la mefure angloife , ou toute autre , a
la mefure de France. Le barometre anglois
fe foutient , par exemple, a 30 pouces , lorf-
que le thermometre de Reaumur marque 14
degres de dilatation , & lorfque le barometre
de France, le thermometre etant au meme
degre , fe trouve a ^8 pouces. Ma Table
apprend , au premier coup d'ceil, que pour
debarraffer de la corredion thermometrique
le barometre anglois & le thermometre
frangois , il faut , fur le premier , retrancher
liv
136 ACADEMIE
de la colonne de mercure 98 centiemes de
ligne , & fiir le fecond 91. Get example
fuffit pour demontrer que notre Table eft
applicable aubarometre conftruit fur le pied
anglois , comme a toute autre mefure qui
feroit plus courte ou plus longue que le pied
de France.
Si I'obfervation du thermometre , au lieu
d'etre faite fur I'echelle de Reaumur^ avoit
ete indiquee d'apres I'echelle de Fahrenheity
qui eft celle que Ton fuit en Angleterre,
cette circonftancen'empecheroit pas que I'oa
ne piit faire la correftion barometrique avec
la meme facilite. On reduit, dans ce cas ,
I'echelle de Fahrenheit a celle de Reaumur ;
on voit , par cette redudion , que lorfque le
thermometre de Fahrenheit eft a 60 degres,
celui de Reaumur eft a 14 : confequemment
on fait la corredion barometrique d'apres
14 degres. Le Pere Cotte , dans fon Traite de
Miteorologie (pag. 141 & 142), a drefl"e une
Table de comparaifon des degres des ther-
mometres les plus connus, avec chaque degr6
du thermometre de Reaumur. On pourra
confulter cet Ouvrage , lorfque les obferva-
tions thermometriques feront indiquees fur
d'autres echelles que celles que Ton fuit en
France.
D'autres Auteurs que le Pere Cotte , ont
public aufti des Tables de comparaifon des
differens thermometres connus. ( Foye^ ce qui
a it^ fait a ce fujet par M. Van-fwinden &
D E Dijon, t^^4. 137
par M. Gouben : ce dernier vend line gravure
ou tableau uniquement deftine a cet ufage. )
Tout ce qui precede a fans doute donne
line grande idee de I'utilite de notre Table
baro-thermometrique:ce n'eil pas fans rail'oa
11 nous lui avons accorde le titre d'linivcrfdU.
EUe nous apprend a connoitre,quelle que foit
la mefure qui a fervi de bafe a la graduation
du barometre , la veritable denfite ou^ la
preffion de Tair qui nous tnvironne : dun
autre cote , cette redtification rend le baro-
metre plus parfait. II nous paroit que cet
inftrument pourroit encore acquerir un nou-
veau degre de perfeftion , fi Ton cherchoit a
debarraffer de I'influence thermometrique,
le tube de verre qui le compofe , & dans
lequel eft renfermee la colonne mercurielle.
11 eft vrai que cette influence eft peu de
chofe ; mais rien n'eft minutieux lorfqu'ii
s'agit d'apprecier avec exaditude la valcur
d'une caufe phyfique. La mefure invariable
& univerfelle que nous venons d'imaginer,
donnera des moyens faciles a ce fujet,8i:
nous nous engageons de les indiquer , lorf-
que notre decouverte fera publiee.
L'ufage des Meteorologiftes qui obfervent
a I'obfervatoire d'Angleterre , eft de tenir
note de la hauteur du barometre par pouces,
lignes & centiemes de ligne ; c'eft ce que nous
avons annonce precedemment. Cette me-
thode , adoptee depuis peu par le Pere Cotte,
devroit etre fuivie par les Meteorologiftes des
difFerens pays : fa grande exaftitude rendroi^
13$ ACADEMIE
notre Ta^le baro-thermometrlque plus int^-
reflante. M. Blondeau, Auteur dii Journal de
la Marine, paroit s'y etre deja affujetti. Cette
remarque eft tiree d'une lettre oil il recom-
mande aux Marins I'ufage du barometre naii-
tiqut, relativement aux coups de vent. Foy,
Jtefprit dcs Journ. Fcv. iy8 1 , pag. J37.
« Les obfervations journalieres , dit cet
» Auteur, que je fais depuis long-temps, me
yt mettent en etat de faire voir comment le
)^ coup de vent du 8 au 9 Odobre 1780 , a
» ^te annonce par le barometre; & le voici.
» Le barometre qui, quelques jours avant
\i le 8 Odtobre , s'etoit foutenu au deffus de
» 28 pouces, n'etoit deja plus le 7 a dix
» heures du foir qu'a 27 pouces 1 1 lignes &
» 42 centiemes , ciel affez ferein , petit frais
w du nord. Le 8 a huit heures & demi du
w matin, 27 pouces 7 lignes 94 centiemes, ciel
» tout convert, joli frais du fud-eft; a 10
M heures du foir du meme jour, 26 pouces
»> II lignes 56 centiemes, ciel tout convert,
» grande pluie & grande tourmente de roueft
w ou a pen pres ; a 11 heures , 27 pouces 1 1
» lignes 36 centiemes, &c. On ne pent, ce me
^> femble ; continue M. Blondeau, une annonce
» plus formelle , plus decilive , & donnee plus
» a temps. Par quelle fatalite ne s'eft-on pas
» mis en etat d'en profiter ? Les Marins au-
>* roient evite bien des malheurs.
D'apres les experiences , les exemples & les
details rapportes ci-deflus , nous avons lieu
ide croire qu'il ne refte rien a defirer pour
D E Dijon, /7<?4. 139
rintelllgence de notre Table, & meme pour
en conftriiire une foi-meme, fuivant le degre
de la dilatation dii barometre dont on fe fert.
Cette Table doit fatisfaire les gens qui aiment
la precifion la plus fcrupuleufe.
Nous aurions pu ajouter a cet ouvrage un
tableau qui auroit montre , a la premiere inf-
pedion, les differences de toutes les echelles
barometriques, comparees avec Fechelle du
barometre de France. Mais il regne encore ,
jnalgre le favant Traite de Metrologie par M.
Pauclon , trop d'incertitudes dans le rapport
exad de nos mefures, comme il fera facile
de s'eti convaincre par la lefture de notre
Memoire fur une mefure invariable & univer-
fdU : c'eft pourquoi nous n'avons pas cru
devoir nous occuper aduellement de ce tra-
vail.
TABLE
D £ D I J o N , iy<i4.
141
rhermom.
BARO METRE.
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D E Dijon, 17^4. 149
OBSERVATIONS
SUR LA GU ERISON d'uNE EPILEPSIE,
Par M. M a r e t.
U.
N jeune homme tres-robufte, ag^ d'en-
viron 25 ans , eut le doigt index pris entre
les roues d'une machine qui tournoit avec
line grande viteffe. Son doigt fut arrache, &
avec lui une portion confiderable du tendon
ilechiffeur. Sa guerifon fut tres-longue, mais
complette. Son bras qui avoit ete tr^s-gonfle,
& dans leqiiel il s'etoit fait des depots con-
iiderables, etoit gueri & avoit repris fon pre-
mier etat. II fentit long-temps une douleur
interne qui s'etendolt dans tout le bras &
I'avant-bras. Elle s'afFoiblit pen a peu , mais
a cette douleur fuccederent des acces epilep-
tiques, qui, toujours irreguliers,pour Theure
d6 leur retour, revenoient d'abord cinq a fix
fois par mois , puis toutes les femaines , puis
tons les jours, enfin plulieurs fois par jour.
II etoit attaque de cette maladie depuis
trois ans, & avoit fait tous les remedes ima-
ginablesjlorfqu'il vint me confulter. J'appris,
par Jes reponfes aux differentes queftions que
je lui fis, que les acces ^toient toujours pre-
cedes d'un leger fentiment douloureux du
bras dans la partie moyenne du corps du
K iij
>50 A C A D E M 1 E
biceps; que de ce point partoit line efpece
de {u(ec qui s'etendoit au con , & qu'alors il
perdoit connoiffance. J'en conclus qu'il etoit
poffible qu'a la fuite des depots dont fon bras
iivoit ite le iiege, line portion humorale trop
pen confiderable pour former iin depot Ten-
lible, & exciter line douleiir conftante, fe fut
arretee dans le tifl\i cellulaire qui enveloppe
le nerf brachial, & que cette humeur, quel-
que peu confiderable qii'elle fut, occafionna
le fpafme qui precedoit les convulfions ^pi-
leptiques. Dans cette idee j'engageai le ma-
lade a fe faire ex.nminer par un Chirurgien.
M. Enaux fut celui auquel il s'adrefia. Nous
proccdames avec toute I'attention pofllble a
I'examen du bras. Nous ne decouvrimes rien,
Mais I'inutilite des remedes eiV;ployes, le
fucces qu'ont eu dans des circonftances ana-
logues a celles-ci , des cauteres, des veiica-
toires , des incifions faites fur de pareils
foyers de fpafmes, me determinerent a pro-
pofer un feton pratique fur le point d'oii
partoit la fufee qui precedoit les convulfions
epileptiques. M. Enaux approuva ma propo-
fition, & fit le feton. Des que la fuppuratioa
fut etablie , les accidens cefl"erent ; je conr-
feillai de I'entretenir pendant pluficurs mois.
On laiffa la plaie fe cicatrifer au bout de fix
femaines. J'ai revu le malade fix mois apres
dans un nouveau voyage qu'il fit en cette
Ville ; il n'avoit eu aucun accident d'epilep-
fie ; & comme je n'ai pas entendu parler de
lui depuis plus d'un an , j'augure que fa m^^
Jadie n'a pas eu de recidive,
D E Dijon, 1^84. 151
^■ji ;■■ m I .ii. — ».— ■■■■ S=a
OBSERVATION
SuR la luxation des os du bajjin.
T.
Par M. E n a u X.
OUS ceux qui ont ecrit fur les maladies
des OS , font entres daus de tres-grands de-
tails fur la fradure des os du baffin; mais
leur filence fur la luxation de ces parties ,
prouve que la folidite des liens qui les unif-
fent , a fait croire aux Auteurs que cette lu-
xation ne pouvoit avoir lieu. On eft d'autant
plus fonde a le prefumer , que Tecartement
accidentel des os du bafTm , apres Taccou-
chement laborieux , a ^te pendant long-temps
un objet de difpute dans les Ecoles,
Le deplacement des os du baffin, produit
par une caufe externe, a ete jufqu'alors peu
connu. Comme cette maladie n'a point ete
decrite dans les livres de I'Art , j'ai cru in-
tereffant d'expofer les fignes auxquels on peut
les reconnoitre ; mais je ne peux rendre
compte que d'un feul fait que j'ai eu occa-
fion d'obferver ; & comme un feul example
ne peut pas prdfenter tons les fymptomes ,
c'eft dans cette vue que j'ai penfe que je de-
vois faire ufage de deux obfervations analo-
gues a mon fujet, & que j'ai tirdes du Me-
jnoire de M. Louis, au fujet de I'ecartement
K iv
IJi ACADEMIE
des OS du baffin : Tune & Taiitre prouvent lit
pofTibilite de ce deplacement par caufe ex-^
terne.
La premiere efl de BaiTius. Un jeiine homme
fort affoibli , dit cet Auteur, fit un moiive-
rnent violent en tirant des arn\es ; il fcntit
auffi-tot line douleur vive a rendroit oil
I'os des ifles s'linit an facrum , c'eft-a-dire ,
a la fymphife I'acro -iliaque. Baflius vit le
jnalade le troilieme jour , & il reconnut un
deplacement de Tos facrum. La jambe ctoit
dans un erat de retradlion. Baffius fit des ten^^
tatives pour la redudion ; mais ces moyens
^tant inuriles , il fe contenta de remedes for-?
tifians , dont il recouvrit la partie. Le ma-
lade fut conduit a une heiireufe guerifon ,
fans incommodite.
La feconde eft donn^e par M. Philippe, qui
fait mention d'un deplacement du facrum ,
occafionne par la chute violente d'un fac de
bled fur le cote droit du croupion. Les ac-
ci 'ens furent legers dans le principe , & ils
permirent pu malade de vaquer a (gs affaires
pendant trois jours. Apres ce temps , les dou-
leurs fe firent fentlr de fagon a le determiner
a conlulter, le quinzieme jour, le C hirurgien
Dupuys , qui le faigna plufieurs fois. Mais
comme les accidens devinrent plus graves ,
M. Philippe fut appelle le 25^. jour, & Texa-
men fcrupuleux que fit ce Chirurgiende I'etat
du malade , ne lui fit decouvrir aucun depla-
cement des pieces de la colonne vertebrale;
jnais la tenfion du ventre lui fit foupgonner
|in epanchement , d'autant plus dangereux ^
D E Dijon, iy84. 153
qu'il liii parut incurable. Le bleffe mourut
cinq jours apres. M. Philippe voulant pro-
ceder a I'ouverture du corps, appercut una
-faillie de I'os dcs ifles , qui etoit dillant ctu
facrumde pres de trois pouces. Le Baffin con:^
tenoit line matiere fanieule & abondante.
Ces deux obfervations confirment la pof-
fibilite du deplacement des os du baffin par
line caufe externe ; cependant la premiere
prefente plutot un diaftafis qu'une luxation
ordinaire; diaftafis neanmoins determine par
I'efFort que fit un malade afFoibli, auffi les
remedes fortifians contribuerent-ils a fa gue^
rifon.
On ne voit pas la meme chofe dans I'ob-
fervation donnee par M. Philippe. La caufe
du deplacement de I'os fut violente. Un fac
de bled , du poids de plus de trois cents li-
vres , eft bien capable de deranger des par-
ties , quoique fortement unies entre elles ;
mais plus la caufe produit un efFet violent,
plus les parties qui Teprouvent , font expo-
fees a la commotion , a la contulion & au
dechirement ; accidens fouvent moins fenli-
bles dans le principe que par la fuite , S: Ton
en trouve la preuve dans cette obfervation.
On y voit que le malade continua de vaquer
a {es affaires pendant trois jours; ainfi les
accidens confecutifs eurent fucceffivement
lieu, & determinerent une fuppuration qui
mit en fonte les ligamens articulaires difpofes
a cet etat par la contufion ; & c'eft plus a
cette fuppuration que Ton peut attribuer ua
154 A t A D E M I E
ccartement fi fenfible , qu'au deplacement'
arrive des les premiers momens.
Les circonftances de Time & de I'autre ob-
forvation mettent line grafide difference entre
tUes & celle que je vais prefenter; mals les
fairs que renferment ces obfervations , n'en
^toient pas moins intereffans a rapprocher'
pour former un enfemble de tous les fym-
ptomes qui peuvent accompagner & carade-
rifer les luxations des os du ba/Tin.
Le deplacement que j'ai eu lieu de recon-
noitre , & dont je vais rendre compte , etoit
une luxation complette de I'os innomine par
une caufe externe. J'appelle luxation com-
;^Iette une defarticulation de cet os dune
iymphife a I'autre.
Un Couvreur de cette Ville, age de trente
ans, d'une conftitution forte, fit, Thiver der-
nier , une chiite de quarante pieds de hau-
teur. Le malade fut tranfporte fur le champ
a Thopital general de cette Ville ; je m'y
rendis peu de temps apres. Je trouvai ce
bleffe couche, fe plaignant de douleurs tres-
vives qui s'etendoient de I'aine a la fymphife
facro-iliaque, en traverfant Tintericur du baf-
fin. La jambe etoit dans un etat de retradion
& la pointe du pied tournee en dehors; toute
la face interne de la cuifTe etoit ^chymofee.
La plupart des accidens me prefenterent
les fignes d'un deplacement de I'os de la cuiffe ,
& fur-tout de la fradure de fon col. Je me
crus autorife a le penfer , lorfque faififfant
rextremite inferieure par le pied, je fis aveq
D E Dijon, i;^94, 15 j
aifance la conformation, qui fut accompagnee
d'une crepitation occafionnee par le frotte-
ment & Finegalite des pieces offeufes. M"".
ChaiifTier qui avoit accompagne le malade a
riiopital, 6: qui avoit bien voulu fe charger
du loin de maintenir le baffin dans le temps
de la redudion , s'apper9ut , ainfs que moi ,
de ce frottement.
Je ne perfiftai pas long-temps dans cette
opinion fur I'efpece de la maladie; car dans la
fradure du col du femur, la jambe fe retablit
pea a peu dans I'etat de retradion, des que
rextenfion ceffe, & dans cette occafion efle
ne fe ht point, quolque j'eufie abandonne la
jambe; bien au contraire le membre refla dans
la bonne conformation oil il avoit ete place
'parune auffilegere extenfion; & je m'en ferois
tenu la , fi je n'eufle pas craint d'affujettir le
malade a une iituation que la nature du mal
pouvoit ne pas exiger. Je crus devoir m'af-
fufer par un examen fcrupuleux , de I'etat de
I'articulation de la cuiffe ; & tandis que j'y
procedois , le malade , par un mouvement
involontaire, determina la retradion de la
jambe ; ce fut alors que je m'affurai qu'il n'y
avoit aucune efpece de deplacement a la
jointure.
La crepitation avoit 6te trop fenfible pour
qu'il n'y cut pas de frafture, & toutes ces
confiderations m'engagerent a porter mon
examen fur I'etendue du baffin. La folidit^
de cet OS ne fit d'abord rien d^couvrIr;mars
je trouvai le pubis du cote gauche excedant
I'yS AcADEMil
celui du coti droit de deux travers de doigt
an moins , & de has en haut , ce que je fis
obferver a M^. Chauflier; mais la douleur dans
le baffin devfenant plus forte , un friffon con-
^derable qui laifit le malade, me fit remettre
reparation de la redu<5lion a un autre temps:
je me contentai de recouvrir les parties d'lm
defenfif. Des que la faigree put etre prati-
quee , elle fut repetee felon le befoin ; une
diete auftere , des lavemens laxatifs pour en-
tretenir la liberte du ventre , une bonne fitua-
tion , furent les premiers moyens employes
dans le traitement de cette maladie.
Je n'ai pu faire de nouvelles recherches
que le quatrieme jour , oil tout etoit dans
wn etat de remiflion. Le pubis confervoit la
jneme elevation ; je tentai inutilement d'en
faire la redudion, & alors je le croyois frac-
ture; je n'avois pas le plus leger foupcon de
luxation; je n'en dus la decouverte qu'au ha-
fard. Ce fut en faifant flechir la cuiffe rap-
prochee dn ventre, la jambe etant egalement
dans la flexion , que le pubis defcendit de
fa^on a fe mettre de niveau; mais la douleur
a la fymphife facro-iliaque devint fi aigue ,
que je fus oblige de faire ceffer cette pofi-
tion de la cuiffe. Cependant , repetant la
meme manoeuvre, je portal une main fur la
fymphife facro-iliaque , & une autre fur le
pubis, tandis que je faifois flechir de nou-
veau la cuiffe. Ce fut a cette epoque que je
fentis vifiblement le mouvement communiqu6
d'une fymphife a Tautre par chaque extremite
D E Dijon, iyS4: rj7
de I'os. Je fis obferver ce deplacement, par
la meme manoeuvre , a M'^ Chauffier&Hoia
qui fe trouverent a I'hopital. De plus, la fo-
iidite de la tuberofite de rifchion , Tegalite
de la Crete de I'os des ifles, eloignerent tous
fignes de fradure.
Forc6 par les circonftances d'abandonner
le projet de la redudion de la piece depla-
cee, j'ai voulii la tenter dans un temps plus
eloigne; mais mes nouvelles tentatives ayant
caufe , comme les premieres , une douleur
vive a la fymphife facro-iliaque, je crus de-
voir m'en tenir aux moyens que j'avois d'a-
bord mis en ul'age , & abandonner le refte
aux foins de la nature.
Malgre le peu de docilite du malade,qui
^'eft leve a mon inf^u, la branche du pubis
eft defcendue de moiti^ au moins, les parties
fe font afFermies , & le malade qui eft forti
de I'hopital apres fept femaines de traite-
ment, s'eft tres-bien retabli. II boite tres-peu,
& continue de fe fervir de fon metier de
Couvreur.
Si un effort violent, fi la chute d'un fac de
bled, ont produit un deplacement des os du
baflin , une chute de quarante pieds de hau-
teur etoit encore plus propre a le determi-
ner. Cependant la fradure doit etre plus fre-
qitente, parce que I'os des ifles, prefentant
plus de (urface , eft plus expofe a etre frac-
ture. Ce deplacement doit etre mis au nom-
bre des chofes rares & extraordinaires ; & il
a fallu , pour produire un pareil derange-
158 A C A D i M I E
ment , que la tuberofit^ de Tifchion ait (up*
porte tout I'efFort de bas en haut pour fou-
lever cet os & le defarticuler ; ce qui n'a pu
s'operer fans une commotion & un dechire-
ment dans le pourtour de ces articulations*
L'echymofe qui parut fur le champ au c6t6
interne de la cuiffe*, etoit la fuite de Fepan-
chement dans I'interieur du baflin. En reu-*
niffant tous \ek fignes qui m'en ont impol^
pour une autre fradure, j'ai cherche a pre-
munir contre une pareille erreur oil j'avois
ete expofe a tomber ; tant il eft vrai que
la verite , quoique fous nos yeux, n'eft pas
toujours apper^ue , lorfqu'on ne la cherche
pas.
Ces trois obfervations donneni affez de
fignes fur le deplacement des os du baflin,
par caufe externe ; toutes trois font carade^
rifees par la douleur dans I'interieur du baffin
& a la fymphife facro-iliaque. Deux prefen-
tent les mcmes fymptomes , c'eft-a-dire la
retraction de la jambe; & les memes prou-
vent que la reduftion des parties n'etant pas
toujours poffible , les moyens palliatifs de-
viennent les feuls auxquels on doive avoir
recours pour ne pas expofer le malade a un
danger plus Evident.
Les circonftances oil je me fuis trouve dans
le traitement du malade , ne m'ont point per-
mis de faire ufage d'autre bandage que de
celui qui eft connu fous le nom de bandage
de corps; mais fi j'eufle cru devoir en em-
ployer un pour maintenir les parties reduites.
D E Dijon; /7^4. 159
j'aurois prefere line ceinture molle 8c aiies
large, faite fur le modele des brayers ordi-
naires, avec des fous-cuiffes pour maintenir
la ceinture; ce qui m'auroit donne la facility
de changer I'appareil a mon gre , fans derangei
la lituation du malade.
SECONDE PARTIE
D U M E M O I R E
D E M^ G A U T H E y ,
S U R Us operations Jaites pour parvenir
au projet du Caiial de communication
de la Saone a la Loire.
J
'A I fix6 , danS la premiere partie de ce
Memoire, la quantite moyenne des eauxque
Fon peut conduire au point de partage de
Long-Pendu : mais pour connoitre exade-
ment celle dont on pourra difpofer pour la
navigation du Canal , il en faut deduire ce
qui s'en perd par les evaporations & par les
filtrations,foit dans le terrein, foit a travers
des portes des eclufes.
M. Halley a trouve , par plufieurs expe-
riences, qu'il s'evaporoit moyennementy- de
pouce de hauteur fur une furface d'eau ex-
l6o A C A D E M i E
pofee a Tair en et6 pendant une heure , &
qu'en general la quantite d'eau qui s'evapore,
eft a celle qui tombe dans le rapport de 5 a
3. Puifqu'il tombe 16 pouces d'eau en Bour^
gogne , on pourra done compter que I'eva-
poration qui fe fait principalement fur les
etangs , canaux, ou autres eaux dormantes,
eft de 43 pouces j. Elle eft un peu moindre
fur I'eau courante des rigoles , par cette rai-
fon je la fuppoferai par-tout de 42 pouces.
Les etangs que Ton fera a la pril'e d'eau
des rigoles, contiennent 263384 toifes; je ne
compte pas ceux de Long-Pendu & autres
qui exiftent adluellement, attendu que Ton a
eu egard a cette evaporation , en fixant leurs
jauges. Le Canal , depuis le pre Brulard juf-
qu'a I'etang de la Motte , ne re^oit dans cette
partie que Teau du point de partage ; il a ^
non compris I'^tang de Montchanin , 4462
toifes de longueur, & contient 33465 toifes
quarrees , les rigoles ont 26458 toifes : ainfi
la fuperficie totale de Teau qui doit fervir au
point de partage, & qui s'evaporera, eft de
323,307 toifes quarrees : en comptant I'eva-
poration fur 42 pouces , on aura un cube de
188,692 toifes, qui equivaut a 194 pouces
d'eau, attendu qu'un pouce d'eau fournit par
an 973 toifes j. Cette quantite n'eft guere
que la 45^. partie de I'eau que foumifl'ent les
rigoles , & n'eft pas bien confiderable. A I'e-
gard des evaporations des autres parties du
Canal , comme on a pris le parti de faire 'j
€ntrer dans ce Canal, de diftance a autre,
les
t) E D I JO N, ty^4. i6r
eaiix claires de quelques foiuces , on celles
de quelques etangs que Ton conllruira a cet
efFet , on ne doit pas mettre en confideration
celles- ci.
Les tranfpirations feroient un objet beau-
coup plus confiderables , li Ton ne prenoit
pas les moyens convenables pour les eviter,
& fi la qualite du terrein pres le point de
partage n'etoit pas fur -tout propre a tenir
I'eau ; ce qui fe remarque par la quantite
d'etangs que Ton a conftruits dans le payso
Les rigoles feront creufees fur le penchant
des coteaux dont le terrein eft effedlivement
mele de fable & de glaife ; mais environ deux
pieds au plus au deffous de la fuperficie du
terrein , on trouve une efpece de rocher
tendre ou un fable condenfe , qui tient par-
faitement i'eau, & il y aura au plus deux
pieds de conroi a faire fur le bord oppofe
au coteau , dans quelques parties de ces ri-
goles. Les coteaux au refte font rarement
rapides,& Ton s'apper^oit aifement qu'apres
les pluies , I'eau ne s'imbibe pas profonde-*
m^t , car alors on enfonce dans les terres
labourees comme dans de la boue claire ;
Teau coule fur ce fable condenfe , & forme
les fources.
La partie du Canal qui ne regoit fes eaux
que du point de partage, eft placee fur la
meme efpece de terrein, fur 1500 toifes de
longueur environ , il faudra auffi quelques
conrois dans les levees oppofees au coteau,
mais le fond ne perd pas I'eau. Les parties
L
l6l A C A D E M I E
qui fe trouvent ; ou dans I'etang de Mont-
chanin , on dans Tetang de Long-Pendu, ou
a la fiiite de cet etang, ne font point fujettes
aiix tranfpiratlons; parce que le terrein eft
gras, & que le canal fera a I'abri de ces tranf-
pirations , puifqu'il fe trouve dans le fond
du vallon dans cette partie , & que chaque
eclufe eft accompagnee d'une levee pareille
a celle des etangs.
Les autres parties fe trouvent dans un ter-
rein affez gras , & il y faudra peu de conroi.
Mais comme il eft effentiel d'ecarter ces fil-
trations a travers les terres dans toute la
partie qui ne re^oit les eaux que du point
de partage , on aura attention de ne pas ne-
gliger les conrois , qui au refte font abondans
dans ce canton.
A regard des autres parties du Canal ,
comme on pourra difpofer d'une affez grande
quantity d'eau courante pour fubvenir aux
filtrations ; on n'aura pas befoin de former
autant de conroi que dans celle-ci ; au refte
le terrein eft d'affez bonne qualite prefque
par-tout, excepte en s'approchant de la Loire
oil il eft fort fablonneux.
Pour caver au plus fort , j'eftimerai la perte
provenant de ces tranfpirations , a 200 pou-
ces comme M. de Chezy I'a eftimee pour
le canal de la Saone a la Seine , quoique Ton
eut pu les reduire au 5^, puifque la partie
de ce Canal , qui ne doit recevoir les eaux
que du point de partage, eft de 20,144101-
fes, qui eft prefque le quadruple de la Ion-
D E Dijon, iy^4. 163
gueur dii point de partage de Long-Pendu,dont
plus du tiers eft compris dans les etangs de
Montchanin & de Long-Pendu, qui n'en fouf-
friront aucune filtration a travers les terres.
M. de Chezy a auffi eftime les filtrations
i travers les portes des echifes, a ^opoucesi
cette quantite eft deja coniiderable , parce
qu'il ne faut reellement confiderer que la perte
qui ie fait aux deux premieres portes qui
joignent le point de partage ; cependant comme
il eft difficile qu'il ne s'en perde pas a tra-
vers les ventelles pratiquees dans les portes,
& que je n'en ai guere vu perdre ailleurs ,
j'ai evite cet inconvenient en prenant un
autre moyen beaucoup plus expeditif que
celui des petites vannes , & qui ne pei'd
prefque point d'eau ; cependant je compterai
encore fur 50 pouces pour la perte de I'eau
relativement a cet objet.
Ainft on pent croire que les deductions k,
faire confiftent pour les evaporations ,
194 pouces;
Pour les tranfpirations a travers
les terres, 20O
Et pour les tranfpirations dans
les joints des portes, 50
^■■M ■■ .1 I.I ■!! .iim
Ce qui produit en total 444 pouces d'eau,
ou 432,160 toifes cubes a deduire ffir les
8784 pouces que Ton a trouvees par les
jauges pour la totalite des eaux qui fourni-
ront a la navigation ; il reftera par confe-
quent ^^40 pouces equivalant a 8. 117. 600
L ij
164 A C A D E M I E
toifes cubes qui pourront etre employees
iiniquement a I'ufagc du Canal.
Si Ton fait le calcul pour les jauges d'ete
qui font beaucoup plus foibles , tandis que
les evaporations font plus fortes , on trou-
vera qu'il faudra defalquer 341 pouces de
3795 , & par confequent qu'il ne reftera que
I zj/f. pouces d'eau pour le Canal. En hiver,
au contraire il ne faudra defalquer que 65
pouces pour les evaporations , & en total
315 pontes de 14584 po. que donnent les
jauges d'hiver : ainfi il reftera pour cette fai-
ibn 14269 pouces.
Pour connoitre combien avec cette quan-
tite d'eau on peut faire palTer de bateaux dans
chaque faifon , il faut connoitre quelle eft la
grandeur des eclufes & la quantite d'eclufees
<5u'il faut pour chaque bateau. A I'egard de
la grandeur des eclufes, on a cru qu'il etoit
convenable de leur donner a pen pres la lon-
gueur de celles du canal de Briarre , qui eft:
de 106 pieds entre les portes , & 16 pieds de
largeur, afin que les memes bateaux puiflent
paffer dans I'un & Tautre Canal ; & Ton a
donne a ces eclufes huit pieds de chute, de
forte qu'elles contiennent chacune 61 toifes
5 pieds.
J'ai determine , dans un Memoire particu-
Jier fur la theorie des eclufes , la quantite
d'eclufees que depenfent les bateaux dans leur
traverfee , que j'ai demontre etre de trois
eclufees pour deux bateaux a tres-peu de
phofe pres, & par confequent chaque bateau
*D E Dijon, iyS4. 165
depenfera 94 to. ~. Ainfi, en divifant 8. 117.
600 toifes cubes d'eau que fourniront toutes
les fources par 94 toifes, on trouvera qu'il
pourroit pafler moyennement 86128 bateaux
par an par ce Canal, ou 235 bateaux par
jour. II paffe 6000 bateaux par an fur le canal
de Briarre , ainfi celui-ci pourroit fournir a.
line navigation quatorze fois plus confide-
rable.
On trouve encore qu'en ete oil les eaux
fourniront environ 1254 pouces pendant trois .
mois, cette qaantite fourniroit pour 3240
bateaux ou 36 par jour, fans avoir befoin
d'aucun etan^ ou refervoir, & en fe fervant
des eaux feules des fources : ainfi , quand
merae on n'auroit pendant toute Tannee que
la quantite d'eau que Ton aura en ete , la
navigation pourroit encore etre double de
celle du canal de Briarre.
On a vu afTez clairement que cet avan-
tage ne pent etre attribue qu'a la pofition oil
fe trouve ce point de partage , qui efl aufli
favorable qu'elle puifTe etre pour y raflem-
bler line grande quantite d'eau.
Comme cette quantite d'eau efl tres-con-
fiderable, & que Ton en aura de refle, on
pourroit fe difpenfer peut-etre de I'une des
rigoles , ou bien on mettroit cette eaii a profit
pour des ufines que Ton pent etablir en grand
nombre , fur-tout du cote de Torcy, par rap-
port au charbon de terre de la mine de Mont-
cenis qui n'efl qu'a une demi-lieue du com-
mencement de certe rigole. Comme ce char-
L ii;
\
l66 A C A D E M I E
bon eft propre a fondre la mine de fer , on
pourroit y etciblir des fourneaux & des for-
ges , dont le debit feroit bien affur^ par la
facilite dii tranfport fur le Canal, & dont la
fabrication feroit des plus aifees , la mine
erant proche, & ay ant de Teau & du charbon
a difcretion.
L'on pourroit encore ^tablir, comme a St.-
Etienne , des manufaftures de ferrures de ba-
timens & autres , des fenderies , clouteries ,
& generalement toutes celles qui demandent
du feu & de Teau pour faire mouvoir les
machines. Comme la plupart des coteaux oil
pafTent ces rigoles ne font pas fort rapides,
on tirera encore grand profit de Teau de ces
rigoles, en les employant en arrofages pour
former des pres dans toute la partie comprife
entre la rigole & la riviere , qui a une aflez
grande etendue , fur-tout du cote de la Bour-
binfe : cette confideration fiiffiroit feule pour
engager a faire toutes les rigoles poflibles,
puifqu'elles ferviront de canaux d'arrofage,
au moyen defquels Ton feroit des pres avec
des terres de mediocre qualite, dont on re-
tire peu de profit aduellement , tandis que
les pres font chers par-tout.
La plus grande partie des grands ouvrages
que Ton a entrepris dans ce genre , dans
ritalie & le Piemont , n'ont eu d'autres ob-
jets que des arrof^iges , & l'on a rendu par
ce moyen des pays tres-fertiles, qui autrefois
ne produifoient rien : il en feroit de meme
3UX environs de Loiig-Pendu , qui ell a pre-
D E Dijon; iyS4. 167
fent iin affez mauvais pays , & qui devien-
droit d'autant meiileur par i'dtabliffement des
pres , que le commerce principal du pays fe
fait en betail.
La prife d'eau du Canal au Vilet ne fe
trouve qu'a une demi-lieue de la mine de
charbonde Montcenis : cette rigole peut tres-
bien fervir de canal de navigation pour ame-
ner au point de partage ce charbon par de
petites barques; ce qui produiroit un profit
des plus coniiderables , lequel leroit feul lufE-
fant pour faire entreprendre la navigation du
Canal. Le Canal de Monlieur en Anjou &
celui de Givord, ont ete faits par des Com-
pagnies qui n'ont pas d'autre produit a ef-
perer que le debit des charbons de terre; ils
ont coute cependant I'un & I'autre plus d'un
million pour ce feul objet. Celui-ci auroit un
avantage bien plus confiderable que ceux-ia,
puil'que le charbon pourroit fe tranfporter
indifferemment du cote de Lyon & du cote
de Paris; & quoique Ton ait a Lyon le char-
bon duForez plus proche que celui de Mont-
cenis, cependant celui-ci foutient la concur-
rence par rapport a fon excellente qualite,
qui a ete reconnue fuperieure a tous autres.
La rigole ayant fix pieds de largeur dans
le fond , & deux pouces de pente par cent
tolfes , feroit navigable fans avoir befoin d'au-
cune eclufe : afin d'avoir une quantite d eau
fuffifante pour la navigation, on auroit at-
tention de referver Teau dans les etangs 9
fans la laiffer couler continueilement , mais
Liy
'l68 A C A D E M I E
feulement lorfque Ton feroit marcher le con-
voi de bateaux ; ce qui pourroit fe faire tons
les jours ou tons les deux jours , & a pro-
portion de la quantite de charbon que Ton
auroit a voiturer. Par ce moyen, I'eau des
rigoles auroit une profondeur de deux a trois
pieds environ, & pourroit porter dus bateaux
iin peu eleves. Comme ces bateaux feroient
plus petits que ceux du Canal , on les d^-
chargeroit au point de partage dans de plus
grands bateaux , & Ton pourroit , fans rien
changer aux dimendons des rigoles qui au-
ront fix pieds de largeur dans le fond fur trois
pieds de profondeur, fe fervir de bateaux de
iix pieds de largeur par le deffus, fur quinze
3 vingt pieds de long.
L'on a vu par I'etat des jauges , qu^il y
avoit une difference coniiderable entre celles
d'hiver & celles d'ete , qui ne font guere que
la 8^. partie des premieres : par confequent
Ton aura en hiver beaucoup plus d'eau que
Ton n'en aura befoin, & Ton pourroit peut-
€tre en manquer en ete , fur-tout li Ton en
emploie ime partie pour Tarrofage des pres.
Pour eviter cet inconvenient , on formera de
grands etangs a la prife d'eau des ruiffeaux
dans tons les endroits oil les vallons feront
propres a les etablir. Le premier & le fecond
de ces etangs au deffus des moulins du Vilet
& le Due, font faits; le fecond lur-tout eft
fort coniiderable. On exaucera la chauffee du
premier, de fix pieds, pour lui donner plus
4 etendue ; Ton en fera wn troifieme daas Iq,
D E Dijon, 1^84. 169
vallon de Torcy , qui recevra les eaux de
Champliau & duBreinl;celiu-ci pent etre tres-
confiderable , parce que dans I'endroit on Ton
doit faire la chauffee, le vallon eft etroit, &
que I'etang s'etendra dans deux vallons affez
plats pour avoir dans chacun environ 700
toifes de longueur. L'on fera encore a la prife
d'eau des ruiffeaux de Panneceau, de Marigny
& du petit Montchanin, trois grands etangs,
en ^levant leurs chauffees. L'on ne pent pas
faire de pareilles retenues pour la rigole de
Saint-Julien , parce que les vallons font trop
rapides ; mais Ton pent les remplacer par
Te'tang de depot a Bondilly , qui pent etre
fort confiderable , & dont la chaufiee doit
etre placee dans un endroit oil les coteaux
font tres-ferres , & oti elle ne fera point lon-
gue. Je donne ici le nom , la fuperficie & le
cube de I'eau de tous les etangs qui ferviront
pour le Canal.
170
A C A D i M I E
tTANG S. Superficie. Cubes.
Journaux. loijes.
'Bordeaux 27^ 25000.
Ravarde 40 36000.
iDe la Tullerie. .... 17 ^ 16000.
Etanss )^^^ ^ Guillemettes. . . 11 } 6900.
/flzV^. \duCoudrai&duPorchet. 57 2090.
^Montchanin fur 3 pieds
de haut 77 ^ 34R90.
Jean-Diibled 15 ^ 6900.
Etang-Neuf 3 i f 33350.
Saint-Pierre 9 y 8800.
Long-Pendu-Neuf. . . 92 130OCO.
A cot^ de Long-Pendu. 19 215,00.
A cotedeMontchanin. 20 14500.
jLa Sourde 297 23000.
iBerlaud 36 | 28500.
Sondilly 50 48600.
£-wn^5<' Petit Montchanin . . 22 ^ 6500.
afaire. |Le Vilet 25 20000.
Le Due 23 -J 15000.
Torcy 967 175000.
Les Panneceaux ... 19 f 25000.
Marigny 36 { 78000.
La Queue-de-Boeuf . 19 52000.
Total 724JI807530.
D E Dijon, iyS4. 17 r
L'on voit par cet etat, que le cube do I'eau
contenue dans les etangs , monte a 807,530
soifes : cette quantite feule pouvant fe re-
nouveller an moins quatre fois par an , pro-
duiroit 3230120 toifes , & fiiffiroit pour four-
nir a toute !a navigation , puifque , diminu-
tion faite pour les iiltrations & evaporation,
il reilera 2797960 toifes cubes d'eau qui four-
niroient au paffage de 29458 bateaux, qui eft
plus du quadruple de ce qu'il en paffe uu ca-
nal de Briarre.
Le principal avantage que Ton trouvera a
condruire ces grands relervoirs , eft qu'ils
donneront le moyen de faire .depofer I'eau
des pluies, & d'eviter que Ton en faffe ja-
mais entrer de trouble dans le point de par-
tage ; mais il eft neceffaire de faire enforte
que I'eau forte de ces refervoirs fuivant que
Ton en aura befoin , & en quantite egaie ,
foit que le refervoir foit plein , foit que les
eaux en foient baffes , afin qu'il n'en arrive
au point de partage que la quantite necefl"aire
pour la navigation. Pour cet efFet, j'ai ima-
gine une efpece de foupape qui pent fe placer
devant I'ouverture de la vanne , & dont le
mouvement eft regie par la hauteur de Teau
de telle forte, que Teau s'elevant dans I'e-
tang , Touverture de la vanne diminue dans
la proportion fuivant laquelle la vitefle de
Teau qui fort par cette ouverture, augmente,
& qu'elle augmente d'autant plus que I'eaii
baiffe davantage , & que fa vitefl'e eft pai^
confequent plus diminuee.
172 ACADEMIE
Cette foiipape eft compofee d'une platlne
de fonte , en forme de fedeiir fixe a une tige
verticale , a I'extreirate de laquelle eft iin
toiirilloii fur lequel elle fe meut : a ce meme
toiirillon eft fixee une branche a pen pres
horizontale , I'lir Textremite de laquelle ap-
puie une piece de bois verticale , en forme
de perche , beaucoup plus groffe a fon ex-
tremite inferieure qu'a la fuperieure , & qui
fera entierement noyee dans lean lorfque
Tetang fera plein; alors la perche ne pedant
rien , la foupape fe ferme entierement , & fon
centre de gravite etant fous Taxe , fon bras
de levier eft nul : mais lorfqne I'eau baiflera,
la partie de la perche qui eft hors de I'eau,
pefera fur la branche horizontale , & fera
ouvrir la foupape , d'autant plus que cette
perche aura une plus grande partie de fa hau-
teur hors de I'eau. II ne s'agit done que de
proportionner les parties de cette piece de
bois qui feront hors de Teau , de telle forte
que leur poids fafl'e ouvrir la foupape en
proportion de la viteffe qu'aura I'eau qui y
paffera , relativement a la hauteur qu'elle aura
dans I'etang au defl'us de cette foupape.
Pour cet effet il faut favoir quelle eft la
quantite d'eau que fournift"ent moyennement
les fources dont les eaux font tenues en re-
ferve dans I'etang; enfuite fi Ton veut donner
«n pied de largeur a la vanne, il faut regler
!a hauteur dont on la levera , de telle forte
que lorfque I'eau fera bafl"e & au niveau ieu-
lement du deffus du pertuis, cette ouverture
foit exaftement de la grandeur neceffaire
D E Dijon, i^p4. 173
pour que toute I'eau y paffe fans s'elever ni
i'e baiffer. Je fuppofe ici qu'il foit queflion
de Tetang de Torcy , oii les fources four-
niffent 1406 pouces d'eau en hiver, 183 en
ete, 8l moyennement 768. II eft queftion de
regler la hauteur d'un pertuis d'un pied de
largeur, pour que I'eau etant au niveau dii
defais de ce pertuis , il s'en echappe 76S
pouces, & Ton trouve que la hauteur de ce
pertuis doit etre de 12 pouces environ ; car
multipliant un pouce par la viteffe repon-
dant aux ^ de la hauteur de ce pertuis , qui
ell 5 pouces 2 lignes , on a 5 po. -| cube par
feconde , 310 pieds par minute, i860 pieds
cubes par heure , ce qui equivaut a 775
pouces , a raifon de 24 pieds cubes pour un
pouce d'eau par heure.
Apres avoir regie la hauteur de ce pertuis ,
il faipt (avoir quelle fera la largeur qu'il doit
avoir relativement a la hauteur de I'eau de
I'etang , & dela en deduire le diametre que
doit avoir la piece de bois dans les diffe-
rentes parties de fa longueur.
Pour cet efFet il faut conllruire la table
fuivante.
La premiere colonne marque les differentes
hauteurs de I'eau de I'etang au deffus du bas
du pertuis.
La feconde colonne marque la viteffe que
Teau doit avoir en paffant par le pertuis , fui-
vant les differentes hauteurs au deffus du
milieu de ce pertuis. L'on obfervera que dans
cette colonne & les fuivantes , on a employe
les fractions degiijiales.
174
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D E Dijon, /7<?^. 175
L'on trouvera les chiffres de la trolfieme
colonne , en confiderant que les difFerentes
largeurs des pertuis de meme. htinteur, qui
doivent depenfer une meme quantite d'eau,
font en railbn i-nverfe de la viteffe de I'eau ;
& fachant qiravec une viteffe de 5 pi. 7'^, il
faut une ouverture de 12 pouces de largeur
fur I 2 pouces de hauteur , pour depenfer 768
pouces d'eau , on fera une regie de propor-
tion , dont le premier terme fera la viteffe
de I'eau qui doit paffer par I'ouverture cher-
chee; le fecond, la viteffe 5 pieds ~; & le
troifieme , Touverture 12 pouces : de forte
que dans routes les regies de trois , le produit
des moyens etant le meme , il fuffira de di-
vifer le nombre 61 7— par chacun des chiffres
de la I'econde colonne.
Pour connoitre le poids que doit avoir la
partie qui eft hors de I'eau dans la piece de
bois qui appuie lur le bras de levier hori-
zontal, relativement aux differentes ouver-
tures du pertuis ; je fuppofe que la foupape
de fonte pefe dans I'eau 144 livres, & que le
bras de levier horizontal foit de 2 pi. 7; le
poids que Ton cherche, fera le quatrieme
terme d'une proportion, dont le premier fera
le bras de levier horizontal , le fecond la lar-
geur de I'ouverture , & le troifieme , le poids
de la foupape dans I'eau : d'oii Ton voit que
Ton calculera cette quatrieme colonne , en
multipliant —7 par les chiffres de la troifieme
colonne : Ton aura enfuite le^oids de chaqiie
176 A C A D E M I 1
pied courant dii pilon , en prenant la difFe-
rence de chacun de ces nombres , ce qui for*
mera la cinquieme colonne.
Pour avoir le cube de chaque pied cou-
rant , il faut ctre prevenu qu'un morceau de
bois d'un pouce d'equarriffage fur i pied de
hauteur, pefe 7 onces : ainli en multipliant
les chiffres de la cinquieme colonne par ~ ,
on aura le nombre de pouces de pied cube
que doit avoir chaque pied courant de la
perche , ce qui compofera la lixieme colonne.
La feptieme colonne fe trouvera en pre-
nant la racine quarree des chiffres de la fixieme
colonne.
La huitieme colonne marque le diametre
de la perche en pouces. Pour avoir ce dia-
metre , il faut multiplier chaque chiffre par
14, & le divifer par 11. Ce diametre doit
former la groffeur de la perche environ au
milieu de chaque pied : moyennant cette
derniere colonne, il fera aife de trouver le
profil de la perche. Pour cet effet, il faut
divifer fa longueur de pied en pied , & apres
avoir tire des perpendiculaires fur chacune
de ces divilions , marquer fur ces divifions
la moitie des longueurs indiquees dans la
huitieme colonne. Si la perche a 10 pieds
de longueur comme dans cet exemple , elle
aura , a 6 pouces de fon gros bout, 9 pou-
ces ; a I pied plus haut , 5 pouces
— - ; a 2 pi, & 1^ de ce gros bout, 3 po. — -
100 i- a D 7 ^ r jQQ
D E Dijon, 'ty^4, 177
&d. Dans le refte la diminution eft aififaz iini-
forme jufqii'a 6 ponces de fon petit bout, oil
le diametre n'eft que de i ponces -y~.
On obfervera qu'en fixant la perche a 10
pieds , il faut la charger a fon extremite fa-
perieure d'un poids de 12 livres -—- pour la
faire enfoncer entierement dans Teau ; ce
poids ne doit etre autre chofe qu'un boulon
de fer qui entrera dans un anneau , & qui
fervira a guider la perche ; il y en aura un
pareil par le has qui compenfera la groffeur
qu'il feroit difficile de donner, conformement
au calcul ; fur quoi il faut obferver que lorf-
que I'eau defcend plus bas que le deffus dii
pertuis , cette groffeur n'a plus befoin d'etre
reglee , puifque la depenfe fera moindre que
la depenfe moyenne.
Lorfque la depenfe de Teau eft plus oil
moins grande que celle fui laquelle on a fait
le calcul precedent , on pent fe fervir de la.
meme perche, en augmentant ou diminuant
la hauteur du pertuis ou fa largeur, en di-
minuant aulli ou augmentant le bras de levier
du poids dans la meme proportion.
La plus grande depenfe que Ton ait a faire
pour I'entretien des Canaux, eft TenJevement
des boues, vafes ou fables qu'entrainent les
ruiffeaux que Ton eft oblige d'amener au point
de partage , & encore davantage ceux que
Ton fait entrer dans le Canal en differens
endroits de fon coiirs , I'eau d'un canal etant
toujours dormante. Si Ton n'a pas le foin d^
M
178 A C A D E M I E
n'y lalffer entrer que les eaux les plus clai-
res, le depot qui le fait clu limon dont elles
font melees, lorfqu'elles n'ont pas ete de-
pofees un certain temps , a biefttot eleve le
lit <lu Canal, & il faut faire des depenfes fort
confidersbles pour le recreufer. Ce defaut
etoit fi grand au Canal de Languedoc, que
peu d'annees apres fa conftrudion il etoit
prefque comble ; il falloit y faire conrinuel-
lem.ent des recreufemens qui ne faifoient que
pallier le mal fans I'arrerer; on avoit bien
fait quelques aqueducs fous le canal pour
faire paffer les eaux fauvages , mais il s'en
falloit de beaucoup que Ton en eiit affez fait;
& quoiqu'on les ait beaucoup multiplies de-
puis , il en refte encore plufieurs a faire. Pour
obvier en partie a cet inconvenient, Ton a
fait une quantite d'epanchoirs , de dever-
foirs , & fur-tout un nombre confiderable de
cales ; mais celles-ci introduifent toujours
dans le canal des eaux etrangeres, &ne font
que pallier legerement le mal.
L'entretien le plus confiderable des Canaux
de Briarre & de Loing , ne provient que du
depot que laiffent les eaux que Ton y in-
troduit , fur-tout a celui de Loing oil la ri-
viere fert de canal en plufieurs parties. II
etoit peut-etre difficile d'eviter tout -a -fait
cet inconvenient aux Canaux de Languedoc
& de Briarre , en ce que le premier recoit
plufieurs rivieres qui font tres-confiderables,
& ont jufqu'a 10 a 15 lieues de longueur de
D E Dijon, iy84. 179
cours avant que d'en etre traverfees : & dans
le fecopd , on avoit befoin des eaux d'une
riviere pour aiimenter un Canal, & Ton ne
s'en eft meme avife qu'apres avoir cherche-
tous les moyens de rendre cette riviere na-
vigable par differens ouvrages , dont on a
enfin fenti I'infuffifance.
En exaniimint attentivement Templacement
du Canal du Charolois , on reconnoitra qu'il
eft poffible d'eviter tous ces inconveniens, &
de faire enforte qu'il n'y entre abfolument
aucune eau fauvage, en faifant des aque-
ducs dans tous les endroits oil il s'y trouve.
quelques ruifl'eaux, parce que aucun de ces
ruifl'eaux n'eft bien confiderable : par le moiea
de ces aqueducs. Ton n'aura befoin, ni de
dechargeoirs, ni d'epanchoirs ou deverfoirs,
ni de cales qui forraent les principaux obf-
tacles des canaux executes ; Ton ne recevra
dans le Canal que les eaux feules qui feront
necefl'aires pour la navigation , & pour fub-
venir aux evaporations & filtrations.
On remarquera qu'en pla^ant le Canal fur
la gduche de la Bourbinfe & fur la droite de
la Dheune , on n'a aucune grande riviere a
traverfer , comme il y en auroit eu ft oa
I'avoit place de I'autre cote oil fe trouve
rOudrache qui a 7 lieues de cours , la Sorme
qui en a trois , & les rivieres de Vielle & de
Cozanne qui en ont deux ; au lieu que ducote
oil Ton doit le placer , il n'y a aucune ri-
viere qui ait feulement deux iieues de cours*
M I)
iSo ACADEW:iE
excepte celles qui doivent etre condiiites au
point de partage , & il eft conftant que les
cinq rivieres que Ton peut conduire a ce
point de partage, du cote de la Bourbinfe,
fur deux lieues de longueur du Canal , font
beaucoup plus conliderables que toutes celles
qui doivent paffer fous le Canal jufqu'a la
Loire du meme cotd. De plus , I'etendue du
terrein qui fournit les fources de ces rivieres
qui fe rendent au point de partage, n'eft pas
la moitie de I'etendue du terrein qui fournit
celles qui doivent paffer fous le Canal. Enfin,
lalargeurmoyenne du terreinqui fournit a ces
ruiffeaux , eft d'environ une lieue au plus ,
excepte celle qui fournit les eaux au point
de partage qui eft d'environ deux lieues. On
voit par toutes ces remarques , que les ruif-
feaux qui font traverfes par le Canal, ne font
pas bien confiderables , & que leurs fources
n'etant pas eloignees , ils ne pourront y caufer
aucune inondation.
Moyens cTempecher T Intro duciion des eaux
bourbeufes dans les refervoirs,
L'on a vu que Ton conftruifoit vers I'ex-
tremite de chaque rigole des etangs ou re-
fervoirs, pour faire depofer les eaux, & em-
pecher qu'elles n'entrent troubles dans le
Canal ; mais comme ces rigoles pourroient
amener, pendant ces orages, dans ces refer-
•voirs des fables, & fur-tout des vafes qui les
rerapliroient , ainfi qu'il eft arrive pour le
D E Dijon, 1-784. i^i
" Canal de Languedoc , an grand baffin de Nau-
rouze , qui a ete comble , & n'eft d'aucun
ufage depuis long-temps. Pour empecher cet
inconvenient , Ton placera a I'entree des ri-
goles , dans ces refervoirs, des efpeces de
clapets qui fe fermeront par le moyen de
Teau , lorfqu elle viendra en trop grande
abondance , ce qui n'arrive que pendant le
temps des orages & des grandes pluies , qui
rendent les eaux troubles. Ces clapets refte-
ront ouverts & inclines , pour laiffer paiTer
I'eau fur une certaine hauteur, qui fera celle
des eaux ordinaires; ils auront cinq pieds en
quarre ; leur effieu qui fera horizontal, fera
place a 3 pieds 7 du fond du ruiffeau ; de
forte que la partie inferieure de ces clapets
au deflbus de I'efTieu, aura 3 pieds ^ , & la
partie fuperieure i pied 7. Cette partie fu-
perieure fera chargee , du cote oppofe au
courant, d'une piece de bois de neuf pouces
d'equarriffage environ , mais qui fera d'une
pefanteur telle que le clapet relle incline ,
enforte qu'il y ait environ un pied de paffage
au deffous pour les ruiffeaux qui prendront
cette profondeur. Lorfque Teau n'aura qu'un
pied de hauteur , elle paffera fous ce clapet
fans le frapper; mais lorfqu'elle s'elevera da-
vantage , alors elle le choquera & le fera
fermer; & pour faire evacuer I'eau qui n'aura
plus fon ifliie ordinaire, on conftruira a cote
de la rigole & a quelques toifes en avant du
clapet, un dechargeoir ; mais comme il y
giiroit a craindre que les fables ne s'anion-
Miij
'iSl ACADEMIE
celaffent au devant dii clapet , & qu'ils ne
rempechaffent de s'ouvrir, lorfque Teau des
orages feroit evacuee , on tera ce dechargeoir
de maniere que Teau puiffe couler par le fond
meme de la rigole , & entrainer par ce moyen
dans la riviere tous les fables que les eaux
charieront. Pour cet effrt, on fera une autre
efpece de clapet , different du pr(^cedent; ce-
lui-ci rertera ordinairement ferme; fa largeur
fera aulfi de 5 pieds , fa hauteur de 3 pieds
6 pouccs , & fon centre de mouvement fera
place a 15 pouces du fovA^ du ruilTeau; mais
pour qu'il fe tienne ferm^ ordinairement &
dans line fituation verticale , il fera charge,
d'une bande de fer coule , fixee a fon extre-
mite inferieure. Lorfque Teau s'elevera devant
ce clapet , & qu'elle furmontera de beaucoup
le centre de mouvement , alors , comme ia
partie fuperieiure a 2 pieds ^ de hauteur ,
tandis que la partie inferieure n'en aura que
1 pied ^ , Teffort de Teau cootre la _partie
inferieure fera cxprimee par i j X ;/3i po.
= 6. 95 , & fadion de I'eau centre la^rtie
fuperieure fera exprimee par 2^ X /^i2=7,
78 ; par confequent cette aftion etant plus
forte que la precedente, i'eau fera ouvrir le
clapet, & elle s'^chappera tant par fa partie
fuperieure , que par fa partie inferieure.
L'on pourra aufli meftre de pareils clapets
a la queue des etangs que Ton conftruira a
la tete des rigoles, afin d'empecber les eaux
des orages d'y entrer , & de les remplir de
fable & de limoni & a cet ©fjet il faudra faire
D E Dijon, iyiS4. 183
a cote des etangs, des rigoles par oil s'^chap-
peront ces eaux : mais ii Ton veut recevoir
ces ediizi des orages, qui deviennent fouvent
neceiTaires, on fera le fond de ces etangs
plus has que les rigoles , & le niveau de i eaii
a 6 pieds feulement au deffus ; par ce moyen ,
lorfque Ton aura employe toute I'eau qui
{"era au deffus des rigoles , le reile fervira pour
le poifTon qui ne le pecke qu'a I'entree de
I'hiver , & ies depots qui s'y feront dans le
fond, n'empech^^ront pas I'eau de paffer par
la bonde a clapet ; & s'il arrivoit que ces
depots dcvinffent affez, confiderables pour
parvenir jufqu'a cette bonde , alors on feroit
d'autres petits etangs a la queue de ceux-ci,
& on les feroit feulement aiTez grands pour
recevoir ies eaux des pluies les plus abon-
dantes ; elles filtreroient atraversla chauffee
oil Ton ne mettroit point de conroi , ou bieii
elles pafferoient par un trou de peu d'ouver-
ture , afin que la plus grande partie de I'eau
ne s'echappat que lorfqu elle feroit dechargee
de fon limon.
II eft d'autant plus effentiel de cliercher a
fe procurer les eaux des etes , que c'eft le
temps oil elles tombent en plus grande abon-
dance; & Ton a reconnu , par les experiences
faites a Dijon pendant quinze aos , que la
quantite d'eau qui tomboit en et6 pendant les
mois de Juin & Juillei, etoit movennement
de 55 lignes de hauteur, tandis que pendant
les mois de Janvier & Fevrier , elle n'etoit
que de 41 lignes, ainfi que Ton pent le voir
M iv
184 ACADEMIE
par le refultat de ces experiences , que je
rapporte ci-deffous, oil je marque la hauteur
moyenne de Teau qui eft tombee dans les
diff^rens mois de Tannee.
Savoir, en Janvier 20 lignes y, en Fevrier
21 lign. -^ , en Mars 20 lign. ~o
En Avril 25 lign. }, en Mai 23 lign. j, en
Juin 3 I lign. f-
En Juillet 23 li^. j, en Aout 22 lign. j, en
Septembre 28 lign. ~.
En Oftobre 9 lignes, en Novembre 16 li. j,
en Decembre 24 lign. |.
L'on remarquera que les mois de Janvier
& M?rs font les moins pluvieux, tandis que
ce font les mois de Juin & Juillet on il pleut
<lavantage ; ce qui paroit contraire aTopinion
commune , & meme a I'experience , qui fait
voir que les fources font environ huit fois
plus abondantes en hiver qu'en ete ; mais on
doit obfervekque pendant Teteja plus grande
partie de i'eau qui tombe, eft evaporee avant
que d'etre parvenue aux fources, & qu'il en
entre encore une partie confiderable dans les
ruiffeaux , peu de temps apres la pluie ; ce a
quoi je n'ai pas eu egard dans les jauges, ne
les ayant jamais faites que plufieurs jours
apres les pluies,
Tracement du Canal,
Apr^s avoir fait toutes les operations ne-
ceffaires pour m'affurer de la quantite d'ean
que Ton pourra conduire an baffin de par^ ||
D E Dijon, 'iy^4^ 185
tage , & des moyens qui m'ont paru les plus
propres pour la menager , & eviter les in-
conveniens d'un entretien difpendieux ; j'ai
cherche a tracer remplacement du Canal le
long des rivieres de Bourbinfe & de Dheune,
& a cet efFet j'en ai jalonne toutes les lignes,
en les plagant toujours au dela de Tinonda-
tion , autant que cela a ete poflible , afin que
les eaux des rivieres ne puiflent y porter
aucun prejudice ; ii s'eil trouve cependant
pluiieurs endroits le long de la Bourbinfe , oCi
cette riviere joint des cdteaux un peu elcar-
pes, & oil il a fallu placer le Canal dans la
riviere meme ; dans ce cas Ton a projete de
faire des levees le long du nouveau lit avec
les terres que Ton deblaiera pour le former,
& Ton garantira par ce moyen le Canal, le
long duquel on formera toujours les levees
ordinaires & les chemins de tirage.
L'on a eu attention de traverfer les vallons
oil coulent desruiffeaux un peu confiderables ,
fur des levees qui auront une affez grande
hauteur pour y placer des aqueducs fufRfam-
ment grands pour donner paffage a toutes les
eaux que fourniffent les ruiffeaux dans les
debordemens. Pour regler la grandeur de ces
aqueducs , on a mefure la furface du terrein
qui re^oit les eaux de pluie qui coulent dans
chaque ruiffeau. L'on a enfuite mefure la
iargeur & la hauteur oil I'eau s'elevoit fous
les ponts des grands chemins voifins , dans
les plus grandes pluies d'orage; & apres avoir
auili mefure i'e.tendue du terrein qui receypii.t
l86 ACADEMiE
les eaux de pliile qui fe rendolent daws les
rulffeaux qui paffent fous ces ponts, on en
a deduit la largeur des aqueducs qui doivent
paffer fous le Canal, en ne leur donnant que
334 pieds de hauteur au plus , & reglant
les largeurs de telle forte que Teau des ora-
ges ne furmonte pas les clefs : lorfqu on a
pu donner une hauteur plus grande aux aque-
ducs , on a diminue la largeur a proportion
de la hauteur que Ton donn'oit de plus : I'on
a un peu augmente ces proportions, lorlque
les ruiffeaux viennent des montagnes rapides.
En jalonnant les lignes , on en a fait un
nivellement exa61 dans toute la longueur du
Canal, en prenant des profils en travers dans
tous les endroits oil le terrein n etoit pas a
peu pres de niveau ; & apres avoir rapporte
ce nivellement fur le papier; on y a place
Templacement des eclufes, des ponts & des
aqueducs. Lorfque Ton a vu qu'il fe trouvoit
des parties oii le deblai auroit ete trop con-
fiderable, en pla^ant le Canal fuivant les
alignemens qui ont ete jalonnes, on a vu par
les profils en travers , de combien Ton pou-
voit rapprocher ces alignemens de la riviere,
afin que le total des deblais fut fuffifant pour
former les chemins de tirage & les levees ,
fans que Ton foit oblige de tranfporter ces
deblais au loin : au contraire , lorfque Ton a
vu que ces deblais ne fuffiroient pas pour
former des levees folides , & que Ton ne pou-
vbit que peu s'enfoncer dans le terrein , on
a rapproche dans le projet marque fur les
D E Dijon, iyS4. 187
plans , le Canal du coteau , afin qu il y ait
prefque par-tout 4 pieds de profondeur du
Canal creufe dans le terrein aaturelj autant
du mcins que Ton a pu le faire, fans former
de trop grandes iinuofit^s.
II y a quelques parties oil il s'efl prefent^
differens pro jets , qui au premier coup d'oeil
paroiffojent egalement avantageux; on a fait
\es plans, profils, devis & details eftimatifs
des uns & des autres , & Ton s'eft decide ,
d aprc? ces operations , pour celui qui etoi\p
]c plus avantageux. Les deux principaux pro-
jets qu'on a fait doubles, font le pafl'age de
Genfiprds Sz la diredion du Canal de Chagny
a Chsuvort, ou de Chagn^pa Chalon. Dans
le premier, Ton a trouve qu'il n'en couteroit
pas plus pour faire une tranchee dans le ro-
cher , que pour faire un detour confiderable
pour reconflruire un moulin qu'il falloit de-
truire, & pour faire quelques arches au pon|
de Genelards ; par confequent il n'y a pas
eu a balancer a fuivre le premier parti qui
eft le plus court. Quant a la direction du
Canal de Chagny a Chauvort ou a Chalon,
on a d'abord fait le premier pro jet en fuivant
les bords de la Dheune dans tout fon cours,
parce que ce projet paroit le plus naturel ,
& qu'il eft le plus facile; mais comme il eft
beaucoup plus long que I'autre , & que la na-
vigation fe trouve retardee de pres d'une jour-
nee, cette confideration a engage a adopter
le projet de faire aboutir le Canal direde-
ment a Chalon, quoique Ton eut trouve qu^
celui-ci couteroit plus de 400000liv. deplus
lS8 A C A D E M I E
que I'autre projet, parce que Ton ^pargne
line journee fur chaque bateau qui revient
moyennement a 1 5 liv. de frais , fur-tout en
remontant. En comptant qu'il paffera 6000
bateaux par an par le Canal, ce benefice de
15 1. fur chaque bateau produiroit 90000 1.
de benefice pour le commerce , equivalant
a un fonds de i,8oo,000 liv. qui eft plus du
quadruple de la depenfe que ce projet oc-
cafionne de plus que le premier. Enfin , une
diminution de 7 lieues , qui refulte fur la
longueur totale de la navigation de Lyon a
Paris , laiffe peu de difference entre cette
route & celle du Canal de Dijon, qui de-
viendra meme ^us longue pour le temps que
Ton mettra a faire le voyage , parce qu'il y
aura plus d'eclufes dans ce Canal feul que
dans ceux de Long-Pendu & de Briarre joints
cnfemble.
Pour manager la quantite d'eau du point
de partage & fubvenir aux evaporations , &
fur-tout aux filtrations qui pourront fe faire
dans la longueur du Canal , on a projete ,
comme on I'a dit ci-devant , d'y faire entrer
les eaux de plufieurs fources qui ne tariffent
jamais, & qui font toujours claires ; & lorf-
que Ton n'a pas pu avoir cette refTource,
on a forme des ^ tangs pour rece voir les eaux
des ruifTeaux qui s'y depofent ; & en laifTant
ecouler une quantite egale dans le Canal,
au moyen des clapets qui ont ete decrits
ci-devant , Ton a compte que fur une lieue
de longueur du Canal, il s'evaporoit moyen-
nement 8 pouces d eau , & dans les plus
D E Dijon, i;;S4, 189
grandes chaleurs , 14 a 15 peaces ; en
mettant le double pour les filtrations , on a
compte quilfalioit 45 poucesd'eau par lieue
. pour fubvenir a la perte des eaux qui fe fait
moyennement dans le Canal. Cette quan-
tite fera un peu plus petite en hiver , oil les
evaporations font beaucoup moindres : elle
pourra etre plus grande dans les terreins qui
laifferont perdre une partie de I'eau ; ce que
Ton connoitra par I'experience , & on levera
en confequence la vanne du clapet, pour
donner au pertuis la largeur convenable pour
fournir les eaux alimentaires , de telle forte
qu'elles entretiennent la partie de Canal qui
eft au deffous , jufqu'a I'etang le plus proche.
L'eau paffera pardefTus les portes, qui , par
• ce moyen , feront toujours mouillees ; ce qui
eft plutot un avant^ge qu'un inconvenient.
Quant a la partie qui joint le point de par-
tage , elle s'entretiendra avec les eaux de ce
point de partage , jufqu'a Tendroit oil Ton
pourra faire entrer de nouvelles eaux dans
le Canal. Mais comme il y a des circonf-
tances oii les eaux de ce point de partage
pourront baiffer jufqu'a trois pieds fans in-
terrompre la navigation , & qu'alors l'eau
ne pourra pas pafl^er fur les premieres portes
des eclufes , on aura attention de donner
un peu plus de hauteur aux portes qui font
pres du point de partage , qu'aux autres , dont
la hauteur diminuera a proportion qu'elles
feront plus proche du premier endroit oil
Ton recevra les eaux alimentaires ; & cette
hautQur fera reglee de maniere que Ton puifTe
IpO ACADEMIE
foiirnir 45 pouces d'eaii pour une lieiie de
longueur de canal.
Comme il fe forme aiTcz ordinairement
des enl'ablemens a rembouchure des canaux
dans les rivieres, pour y remedier Ton a
place a chaque embouchure une ecJufe ; &
lorfque Ton s'appercevra que ces enfablemens
commenceront a gener la navigation , on
lachera I'eau de ces ^clufes, qui ,lortant avec
viteffe, emmenera tons les depots ,& rendra
I'entree , dans la Saone & dans la Loire, fiire
& commode.
HIS T O I R E
]S0S0-M£T£0R0-L0GIQUE
pour lannee 1 7 8 4,
Par M. M a r e t.
c
ETTE Hiftoire etant faite fur le meme
plan que celies des 'annees precedentes , je
crois devoir me borner a rappeller ici les
(ignes fous loquels, dans les tableaux qui la ,
compoferont, feront indiqu^s les meteores , |
& leurs degres d'intenlit4. Le defir de rendre ces "
tableaux intelligibles , fans forcer a recourir
aux volumes precedens, m'en a faitun devoir.
Les vents feront cara£ierifes par les lettres
majufcules qui font d'ufaire.
LeslignesX indiqueront au'ils etoientvifs.
Le ^ qu'ils etoient tres-vifs.
Le ^ qu'ils; Etoient impetueuy,
D E Dijon, iy§4, 191
pi Pluie.
pin. . , . . . . Pluie la nnit.
or Orage.
orT. ...... Avec tonnerre.
eel. Eclairs.
gr. - Grefil.
GR Grele.
7ie Neige.
nef, Neige fondante.
B Brouillard.
va Air vaporeiix.
bm Brouillard mouillant*
Ro Rofee.
fr. Frimas.
ve Verglas.
]^ ha Halo.
'■' Jr Arc-en-ciel.
au Aurore boreale.
gg. Gelee a glace.
gb Gelee a blanc.
de Degel.
fe. Serein.
nic Nuageux.
CO. ...... Couvert.
Le figne + place devant les lettres indi-
catives rapportees, a I'exception de celles
qui caraderifent les vents , indiqueront
I'intenlite des m^teores. Le figne — mar-
quera , dans les memes circonftances , leur
peu d'intenfit6.
II eft a propos de faire reraarquer que I'en-
droit oil fe font les obfervations, eft d\in degre
moinsfroid qu'en rafe campagne, & qu'on doit
y avoir egard en evaluant Tinteniit^ de la
froidvure.
I9i
A C A D E M I E
i OBSERyjTlONS METEOROLOGIQUES.
JANVIER.
T HERMOMETRE.
J°-| Matin.
.du'-^
' ide'o. 12.
m.
ij-3
-I ^'
3 3-
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lOi — I.
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deg. 12.
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deg. 12.
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I.
— I.
-3.
7.
BARO METR E.
M AT I N
po. 1. I :
27. I. 6
27. 5
6
5
3- 9
S- S
5
3
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5- ^
5- 9
5
5
5
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2. 7
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I
7- 3
10
10. c
7- 3
II
27. I. 6
3- 9
5.6
, 3
26. 10. 6
10. 6
27. 3. 9
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Mi
D I.
po.
26.
^7"
1. 12.
17-
2. 0
4- 3
4
5.6
4- 3
2. 9
4- 3
5- 9
5- 3
4. 6
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5- '
4. 6
9- 3
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7- 3
10
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2. 6
4- 3
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I- S
6. c.
II. 6
5.6
6. 6
S O 1 R.
po.
-7-
27.
z6.
26.
27.
D E Dijon, /7^j.
193
VENTS ET tTAT DU C I E L.
JANVIER.
R.
I
2
3
4
5
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8
9
o
1
2
3
4
5
6
7
8
19
20
21
22
23
24
^5
26
27
28
29
30
31
SSEjCO.o^o'. dc.-br.
S , CO. br. pi.
O , CO. br. pi.
N , CO. -br.
N , CO. -br.
N , CO. -^r.
N, CO.
N , -^r.
NNE, -nu. -^r.
N X , fe.
N X > fe. va.
Nx, fe. va.
SO X 5 CO. br.fri.
SX 5 CO. ir. fri.
S X , CO. ^r.
osoXi,+nu.o^g-. -tie.
NO ^ , CO. Jie.
Ox, -l-ru. ^g-.
Ox, +nu. gg.
ONOx, CO. ne.
Nx, CO. br.
SO X , CO. ne.
SSO , CO.
OSOx,fe.
01^0, CO. br.fri.
Ox, CO.
NNOx,co./7/.ve.
N X , CO. +/2e.
Nx, fe. /zc.+gg,
.Nx,fe.-^r.+^^,
SSE, CO. br. de, pi.
E , CO. br, pi.
Ox, nu.
N X 5 nu-
N, CO. pi.
N X , CO.
N, CO.
N, nu.
NNE, -nu. va.
NXj -nu.
NNEx, fe.
N , -f fe. vd.
Nx, fe.
SOx, CO. ^r./r.
SOx , CO. br. nf.
S X , -f-nu- /'''•
SO:^, +nu.
NO^,-f-nu.
SEx , CO. ne.
Ox , CO. ne.
NOX, co.-ne.
Nx, -nu.
SSO X 5 CO. ne.
SO X , nu. de.
SX , CO. -br.
NNOx, CO. br.fr.
ONOx, CO. -^de.
N X , CO. pi. de.
Nx, CO. -f«e.
Nx,-nu. -hgg.
Nx, fe. +g^.
S, CO. -j-^r. de.pl.
NE, CO. ^r.
N, 4-nu.
NNEx, CO.
Nx, co.pl.gg.br
^ ^, CO. -nef
NNEx, CO. -br.
Nx, nu.
Nx. fe.
Nx, fe.
N X , fe,
N X , fe.
N X , CO. -3rbr.
SO X , CO. br. fr.
so^,co.^^,«e/:
O :^ , nu. pi.
SSO^,co.4-/,e
NOx, CO.
Ex, CO.
NOx, CO. ■\-ne.
NO X , CO. -ne.
N X , nu.
S .. CO.
SO X , 4-nt].
S X , CO. -br.
NNO, CO.
ONOx, CO.
N , CO. pi. glacie.
N ^, CO. -{-ne.
NX, +<•«.+#.-
NX,co. ~£g.
N
»*-l
194 ACADEMIE
RECAPITULATION.
L'air a prefquetoujourseupeude pefanteiir
6 d'elaiticite. Le mercures'eft rarement eleve
dans le barometre au deffus de 27 p. 3 I.
II n'eft monte qu'une feiile fois a 27 p. 8 1. 3 ' ***
II eft defcendu jufqu'a ... 26 I
Chute que je n'ai jamais
obfervee & qui donne iin
balancement de ip.71. 3"e.
Sa hauteur moyenne dans le
cours du mois a et6 , . . . . 27p.1l.10'**.
Le froid a 6te tres-vif pendant toutle cours
du mois, fur-tout fur la fin. Le mercure
dans le thermometre , ne s'eft elev^ au deffus
de o que dans les cinq premiers jours , & fa
plus grande elevation a 6te +41.9'"^.
7 andis qu'il eft defcendu plu-
fieurs fois a -6 & une fois a — lO
Ce qui donne un exces de con- '
denfation de — 5 1. 3 '*^.
Et la temperature moyenne du
mois a ete au tempere I *. — i, 10 "^ '. +10.
L'humidite a ete conftante & tres-fouvent
exceffive.
Le ciel a prefque toujours ete couvert.
Les brouillards & les frimas ont ete tres-
frequens.
11 n'eft prefque point tombe de pluie, mais
1 p. 2 p. 2 1. de neige en differentes fois ,
I
D E Dijon, iyS4. 195
qui eft reflee long-temps fur terre. La neige
& la pluie ont donne en eau l p. 1 1 1. 23 ^^^.
II y a eii un degel imparfait dans les pre-
miers jours du mois ; un plus confiderable
le 24, qui s'eft annonce par du verglas ,
& a ete fuivi d'une inondation. La gelee a
reprisfurle champ, & eft devenue tres-forte.
Les vents du N ont domine prefque pendant
tout le mois , & quelquefois ont ete tres-vifs.
Ceux du S & de TO ont rarement fouffle,
mais fouvent avec impetuofite.
La nature a ete engourdie pendant tout
ce mois.
La neige a force le gibier , notamment les
perdrix & les lievres , a fe refugier dans les
lieux habites. Ceux-ci ont mange Tecorce des
arbres. La faim & la chafl'e ont prefque detruit
les lievres & les perdrix.
La conftitution a ete catharrale , & Ton a
obferve toutes les maladies de cette confti-
tution. La rougeole a ete tres-commune ; les
fievres catharrales participoient fouvent du
caradere de cette maladie, & fe terminoient
par des Eruptions miliaires. II y a eu auffi
des eruptions fans fievre, & Ton a obferve
quelques fievres puerperales.Mais en general
il y a eu peu de malades.
1^6
A C A D E M I
OBSER VA TIONS Ut TtOROLOGlQUES.
F 6 V R I E R.
(
THERMOMETRE.
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12
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deg. 12.
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I
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6
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6
9
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MATIN.
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4. 6
3- 9
7- 9
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5- 9
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4-
II
II
9-
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ii.
27- .
Midi.
po.
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26.
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S O I R.
po. 1. T2.
V-
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5- 9
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7-
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ii
10. 6
9
ii
27.
3
• • 3
.. 6
I. 6
I. 3
3-
I.
2.
3-
6.9
6.
A-
2.
4
a.
3-
D E
Dijon, i-;S4. 197^
VENTS ET tTAT DU C 1 E L. \
F 6 V R I E R.
jo.
du
Matin.
Midi.
S 0 I R.
m.
1
Nx, CO.
Nx , fe.
NX, fe.
2
Nx, CO. br.fr.
SE , CO. br. fr.
SO X J CO. ne.
3
NOx, CO.
NOx, nu.
NO^, fe. i
4
Nx, fe.
Nx,fe.
N X . fe. 1
5
Nx, fe.
SX , fe.
Sx , -nu. ha. |
6
SXj CO. ne.
Sx, CO. ne.
^^' +""• ^^- i
7
S X , nu.
SOx , nu. de.
S X, CO.
SO, -f-nu.
8
SOx , nu. m.
SOx, nu. de.
9
Ox , CO. ne.
Sx, CO. 4-«e.
S^, CO. -\-ne.
lO
SO X , -}-nu. «e.
NO,mi.
NOx, CO. ne. 1
S , CO.
11
S , CO. ne.
S , CO. ne.
12
S X , CO. ;ze.
S X , CO.
NOx,fe.
^3
NOx, CO. -hr.
N X , CO.
Nx, CO.
tM
SOx, CO.
Sx, +nu.
Sx, nu. ne. |
M
SE X , CO. -^-br.
Nx, fe. -de.
Nx, fe. 1
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N, fe.
N , fe. ^e.
N , fe. i
I?
0, CO.
SSOx, CO. </e.
SSOx, CO. 1
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N X , fe. v<z.
N X , fe. de.
Nx,fe.
19
Nx, CO.
NEx , CO.
NEx, CO.
20
Ex,co.-gg:.
Ex , CO. de.
Ex, co.-jr^.
2ii
S , CO. ve.
S , CO. -\-de.
S, CO. ~va.
22'
S, CO. de.
SSO X , nu. di.
SSO, CO. de.
23
SO X , nu. di.
SOx, fe. ^e.
0 , -f-nu. de.
24
SO , fe. de.
SSE , fe. d4.
SSE , CO. di.
25
S , -}-nu. ^e.
S , -|-nu. <fe.
S, -{-ma. de.
26
SE , nu. di. -pi.
S, CO,
S, CO.
27
SOx, nu.
SSO , 4-nu.
S, CO.
28
NNE , CO.
Nx, nu.
Nx, co:
29
—
Nx,fe.-g-^.
Nx,fe.
Nx,fe-
15)8 ACADEMIE
RtCAPITULATION.
L*air a eu une elafticite & iine pefanteur
au deffus du terme moyen, dans les premiers
jours du mois, un peu moins du 17 a la fin,
6 tres-peu du 6 au 16.
La plus grande elevation du mercure dans
le barometre , a ete de . . . . 27 p. 8 1. 3 '*^.
La moindre de 26 3 9
Ce qui donne un balance-
ment de '. 1 p. a 1. 6 "^
Plus confiderable que rorciin>ur.i , qui eft
de I p. 2 I. 6 "'^. mais moins grand que celui
du mois precedent.
La temperature a ete extremement froide
dans les fix premiers jours, tres-froide juf-
qu*au 21 , feulement fraiche dans le refte du
znois.
Le mercure dans le thermometre eft def-
cendu jufqu'a — p''. 9'**,
Le plus haut point oil il fe foit
eleve a et6 de +7
Ce qui donne un exces de con- _
denfation de — 2'*.9 '**'.
L'elevation moyenne du mois a ete— o
7 '**. & la temperature du mois a celle que
marque le tempere '. t — 0,7*. + 10.
La gelee a dure jufques dans la matinee
du 21. II y a eu de faux degels dans quel-
ques apres midi , notamment depuis le 15;
maisle degel complet n'a co/nmence que dans
'D E Dijon, /;r<?4. ipp
la joiirnee dii 2i , & a ete annonce par un
verglas.
II efl tombe i p. 4 p. 2 I. de neige, &
une feule fois de la pluie , encore pen abon-
dante, qui ont donne en eau 11 1. 27^^%
La fonte des neiges a caiife une inondation
qui a commence le 24, a ete tres-confidera-
ble le 27 , mais le 29 les eaux ont baifle.
L'humidite a ete conftante , mais rarement
avec exces ; il y a meme eu quelques jours
oil I'air etoit un peu fee.
Les vents des differens rhumbs ont a peu
pres egalement regne. Ceux de TO & du S,
un peu plus frequemment que ceux du N &
de I'E. Ceux-ci ont ete toujours vifs , & les
autres fouventimpetueux.
Le ciel a ete prefque toujours couvert ou
nuageux , & rarement ferein.
La nature eft reftee engourdie jufques fur
la fin du mois.
La continuity des neiges a acheve de de-
truire le gibier.
Les corbeaux ont ete vendus en grand nom-
bre dans les marches : on les a vus partir en
troupes, dirigeant leur route au couchant;&
ces troupes etoient remplacees par d'autres
qui venoient du levant.
La conftitutioncatharrale a continue a etre
la dominante, & Ton a encore vu regner toutes
les maladies de cette conftitution. La rougeole
eft moins commune. On a commence a ob-
ferver des fievres tierces, qui ont c^de aife-
ment aux evacuans & au regime. Le norabre
des malades a ete peu confiderable.
200
ACADEMIE
OBSERyATlONS
METE0R0L0GJqi7ES\
M
A R S.
THERMOMETRE.
BAROMETRE.
jo.
Matin.
Midi.
SOIR.
Matin.
Midi.
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2. 6
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18
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s
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26. 10. 3
26. 9. 9
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s
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II. 9
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3
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10. 9
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I
' 11. 9
^7- »• 9
27. I. 6
D E Dijon, 1^84.
201
wvimtmiiMi*iv^
FENTS ET tTAT DU C I E L.
MARS.
Matin.
Midi.
O , +nu. gb. gg.
Nx, /e.
Nx,re.
SE X , -nu. ~br.
S, nu. br.
S^5 4-nu.
ESEx , CO. br.
Sx, -nu.
S X , CO. br.
NOx, co.pl. ne.
Ox, fe. gg,
S , ie. br. -]rgg.
SSOX, nu. pi.
S X , nu. br. pi.
Nx, CO. pi.
NNEx,fe.-.
NNOx , nu. ■
SE X , CO. br. pi.
NOX, xm.ne.gg.
'Ox.k. gb.gg.
^ N , 90. ne. gg.
S , CO. br.
SE X, nu.
S , -|-nu. -pi.
SSE , -j-nu.
S X i CO.
! Ex , CO. -\-pl.
) NNEx , +nu.
30|OSO^,co.-;;/.
31 |Ox, CO. ne.
S O I R.
NEx, fe.
NX , fe.
Ex, ie.
Sx , -|-nu.
S , nu.
Sx, CO. A,-pl.
SE X , H-nu.
SO , -nu. -pi.
^^' nu.
SSO^ , nu. -pi
OMO, nu.
NEx, fe.
Sx, +""•
SOx, CO. -pi.
N X , +ni'.
N X , nu.
NE>X,-nu.
SSE^ , -f nu.
O X . CO. pi.
ONOX, nu.
N X , -nn.
NNO , nu. ne.
SO, -[-"u-
S ^^ , nu.
S}j^\+nu.T.pl.
SO^ , nu. T. -pi.
SO ,^ , nu.
SS6^, -nu.
O ^ , nu.
O'^, CO.
Ox, CO. nef.
bo
NE^, fe
Nx, fe. ha
E , fe. -br.
S , CO. pi.
S , CO. ha.
S^, CO. -pi.
S^ , -nu.
S , -fnu.
S :^ , CO.
S X , CO.
Nx, Te.
Ex,4-rc.
S ^ , CO.
Sx , CO. -^rpL
N X , CO.
N/X. ^^■
NEx, -nu.
SSE , CO. br. -pi.
,NO^, CO. ne.
Nx, -fie.
N X , fe.
S, CO.
s^:,fe.
S:^ , +nu. -pi
S:^ , CO. ;;/.
O, fe.
sse;5<;, fe.
^O^, CO. pi. fine
NO X . CO.
NO^, CO. nc.
o
202 A C A D £ M I E
Ri^CJPITULJTlON.
L'air a eu tres-peu de pefanteur & d'elaf-
ticite pendant tout ]e mois. Le merciire dans
Je barometre , a ete 21 jours an dcflbus de
27 p. tres-rarement au dcffus de 27 p. 2 1. &
line feule fois a 27 p. 6 1. Ce qui merite
d'etre remarque, eft que les changemens ont
dte frequens & de peu de duree, mais point
brufques , & par des gradations rnoderees.
La plus grande elevation du mercure a ^te
de 27 p. 6 1.
Lamoindre de .... 26 66''"'.
Lebalancementfeulement de i j 1. 6 """.
L'elevation moyenne dans
le cours du mois , a 6te de 27 p. i 1.
La temperature a eu beaucoup de variet^s,
tantot fraiche , tantot tres-froide , approchant
du tempere fur la fin du mois , & elle a ete
: : + 4^. 2'^^'.+ 10.
II a gele a glace neuf fois dans la matindeJ
La plus grande elevation du mercure dans
le thermometre,a ete . . . . + 10
Lamoindre — 2 9'*°.
Ce qui a donn6 un exces
de dilatation de . . . 7'^' 3 '"'•
L'elevation moyenne du
mois a ete + 4 • ^ * ,
II y a eu quelques geleesa b'anc , & hult
fois du brouillard. II eft tombe environ im
pouce de neige. II a plu tres-fouvent , & deux
fois par orage avec tonnerre. La neige & la
pluie ont donne i p. 2 1. 20 ^'^ . d'eau.
L'humidite a ete en general moyenne ; il y
a eu trois jours tres-humides, & onze fees.
Les vents de TO & du S ont domine Se
D E Dijon, iyS4. 203
regnd prefque pendant les deux tiers dii
mois , ceax dii N & de TE pendant lerefte;
tousont ete toujours vifs , fouvent tres-vifs,
& les premiers tres-fouvent impetiieux.
Le ciel a ete quelq^iiefois lerein , mais
foavent nuageux , & tres-fouvent couvert.
On avoit tente de labourer dans les pre-
miers jours, mais les gelees ont oblige d'y
renoncer , & ce n'eft qu'aux environs du
2<f qu'on a recommence.
On s'eft apper^u que les gelees ont con-
fiderablement gate les navettes.
Les premieres feuilles du grofelier, qui
paroiflent ordinairemen,t en Fevrier, ne fe
ioiit montrees qu'aux environs du 26. Les
pechers en ei'paliers ont commence a fleurir,
& les lilacs a boutonner a peu pres a la
meme epoque.
Le joli bois a fleuri dans les derniers jours
du mois , & il a paru quelques hirondelles.
La conftitution continue a etre catharrale,
& Ton a obferve les memes maladies que dans
ie mois precedent. Les rhumes & les erelipelles
font plus frequens. On voit encore quelques
rougeoles. Quelques iievres tierces gueries
dans le mois precedent , ont des rechutes &
cedent au quinquina.
J'ai vu une fievre quarte qui s'eft termin^e
par la rougeole.
II y a eu dans le commencement du mois
quelques dyfenteries qui n'ont pas ete opi-
niatres , & fur la iin quelques apoplexies,
Quelques fievres catharrales , a la meme
epoque, ont degenere en fievres malignes.
Lc nombre des malades a ete iin peu plus gi^nd que
dans les mois precedens,mais en general peu coniiderable,
204
A C A D F INI I E
OBSERVa TIONS ME TEOROLOGIQUES.
A V R I L.
T HERMOMETRE.
■ |MATl>.iMl DI.
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FENTS £T J^TJT DU C I E L.
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N X , fe.
Nx, fe.
Ox, CO. -pi.
S , nu.
Ox, nu.
SSO X , nu.
SSOx, -nu.
O X , -nu. ha.
Nx , fe.
Ex, fe.
S X , nu.
Sx, CO. -pi.
Ex, nu.
206 ACADEMIE
RECAPITULA T I O N.
L'air n'a eu en general dans le coiirs dit
fnois , qu'une elafticite & une pelanteur
moyenne ; mais plus lur la fin que dans les
quinze premiers jours.
La plus grande elevation dn mercure dans
le barometre,a ete de . . lyp. 61, 9'*^
Lamoindrede .... 26 8
Le balancement de . . 10 I. 9 '*^
Son elevation moyenne
dans le mois , de . . . lyp. 2I. 9'^%
Les changemens n'ont pas ete brufques ,
fii tres-frequens.
La temperature a ete en general froide ,
mais beaucoup plus dans les dix-huit premiers
jours que fur la fin.
La plus grande elevation du mercure dans
le thermometre a ete de . . + li''. 6 "'*.
La moindre de . . . . — 3 3
L'exces en dilatation de + y''. 3 '"^.
La temperature du mois a
ete a la moyenne *. *. + 5. 11 *. + lO.
II a gele a glace dans les 4 premiers jours;
& les 16 & 17; & il y a eu des gelees a
blanc les 14 & 18.
II eft tombe neuf fois de la pluie , mais
elle a ete pen abondante.
II y a eu un orage le 13 avec tonnerre,
neige pelotonnee & grefil , de la rofee les
lept derniers jours. \jn. peu de neige dans
D E Dijon, z/^^. 207
les premiers jours , & environ 5 lignes. La
neige & la pluie ont donne 7 I. 23 ^^^. d'eau,
& il y a eii une legere inondation le 22.
La conftitiition a toujoiirs ete feche, &
fouvent tres-feche.
Les vents du N & de I'E ont regne nn pen
moins fouvent que ceux de TO & du S,
mais ils ont toujours ete vifs^ quelquefois
tres-vifs ; le N,impetueuxle premier du mois.
On n'a commence les femailles des mars
qu'aux environs du 10.
_ Les faules ont poufle des feuilles aux en-
virons du 22. Les abricotiers ont fleuri a la
meme epoque; les maronniers vers le 25.
La vigne & tons les arbres a fruits bou-
tonnent. Les noyers donnent leur chaton fur
la fin du mois. Tons les arbres fruitiers
etoient en fleurs le 29.
Les hirondelles etoient en grand nombre
le 20. Le coucou n'a chante qu'aux environs
du 29.
La conftitution continue a etre catharrale.
I] y a eu beaucoup de fluxions, & Ton ob-
ferve plufieurs maladies catharralss. 11 y a
quelques apoplexies ; mais la fievre tierce
eft la maladie la plus frequente. Elle fe ter-
mine fouvent par des eruptions fous le nez,
& autour de la bouche. Le nombre des ma-
Jades eft peu conftderable.
208
ACADEMIE
OBSER VA TIONS ME Tt:0R0L0GI<2.UES.
MAI.
THERMOMETRE.
BAROMETRE.
"T
MATIN.
Ml DI. .'
J 0 I R.
MAT I N.
Midi.
i> 0 1 R.
1
jeg. 12. <
deg. 12.
leg. 12.
po. 1. 12;
)0. 1. I 2 J
-7- ^- 3
)0. 1. ) 2.
1
II. 3
12
9
27. I. 3
;• 3- ('
2
6
9. 9
6. 9
4. 6
5- ■:
6
3
6. 9
10
7
6
5- 9
5- 9
4
5- 9
10
8
5- 9
6
6. 6
5
7
12
9
7- 3
7- 3
7. 3{
6
8. 3
13. 9
12
7- 3
6. <
6. 9
7
10
15. 6
13
6. 9
6. 0
6. 6
8
II
17
M
6. 3
6
6. ^
9
12
19
14
6. 6
6
6
lO
14
19
1$
5. 6
4. 9
4. ^:
ii
14
17
14
4- 3
4- 3
4. ';
12
12
14
10
5- 9
6., '
7. :•
13
10
13. 9
10
7. 6
7- ^
7- s
M
10. 6
15
12
7- 9
7. f
7. I
i-i
12
16. 6
12
7- 9
7- 3
7. ^
i6
n- 3
18
M
7- ^'
7. 9
7-
i;
14. ^
20
16,
7. 6
7
6. ^
li:
16. 3
21
16. 9
6. ^
6. 6
5 s
Ii
16
21. c
17- 3
6
5. 6
5- ','
2C
16. s
iO
26
6
6
^T
21
1-6
21
18. 6
7- 3
7. ^
7- ^'
2-
17
21. S
18. 6
7- '
7
6. -
17
22
18. 9
6. ^
6
S- 3
24
18
21. 3
t9
5- <
5. 6
5. 6
- c
18. (
22
17. s
5- ^
5- ^
> 5
2^
16
21. ;
18
4. ^
3- ^
> 4
2/
16. :
20
10
4
4- '
^ 6
,2^
T2. '
5 16
12
7
6. (
) 6. 9
^^
) 10. <
S 16
13
6. <
) 6. '
t 6
3^
5 13 1 18.
9 15
5- '
5 5
4. r.
31I 14. c| t8.
? 1^
4
/I /
1 r
^
D E Dijon, iy84.
209
FENTS ET ETAT DU C I E L.
MAI.
Matin.
S^ , +nu. -pi.
O , fe. Ro.
N O , fe. RO. gb.
N X 5 -nu. RQ,
MX , le. '
N ^ , re.
NX, fe.
bX 5 fe. RO.
S, fe. «o.
N X , -nu^
Sx > nu.
Ox, +nu. pin,
N^, nu.
NX, fe.
N X , fe.
N X , fe.
NNO X , fe.
!^X, fe.
NO, fe.
Ex,fe.
E, fe.
N X , fe.
NX, fe.
S^, fe.
SSO X , fe.
S^ , fe.
S^, nu.
'^Oi^, nu.
Ox, fe. RO.
30jNE, fe.
I31 |Nx, fe. RO.
Midi.
nu.
SO, -f"'^"'
O , -nu.
NO^,
Nx, Ce.
^X,fe. ,
Ex, fe.
Sx , fe.
SOx, -nu.
SOx, fe.
SE , -nu.
Sx, +nu.
ONOX, +nu.
Nx, -nu.
Nx,fe.
N X , -nu.
Nx, fe.
NEx, fe.
Ex, fe.
Ex , -nu.
Sx , -}-nu,
NNEx, -nu.
NNEX, -nu.
Sx, -nu.
S^, -f-nu.
S^,fe.
S^, -fnu.
s:^,-fnu.
^Ej^,nu.
NE^,-nu.
NNEx , -nu.
NNEx , fe.
S O I R.
O^, CO.
O, fe.
N^, -nu.
Nx, fe.
Ex , le.
S, fe.
SO X , fe.
SOx, H-fe.
SOx, -1-nii.
Sx, CO. pL
Nx, fe.
NNO,X,fe.
N ^, fe.
NEx, fe.
NEx, fe.
Ex, fe.
Ex, fe.
E X , fe.
O ^ . fe.
Nx, fe.
E X , -f-fe.
s:^, fe.
S ^ , nu.
S ^ J-fe
S ^ , -j-nu.
O^ , CO.
Ox,fe.
NE^, fe.
NEx , -nu,
Nx, fe.
210 ACADEMIE
RtCAPITULATION,
L'air a toujours eu dans ce mois beaucoup
de pefanteur & d'elafticite.
Le mercure s'eft prefque toujours foutenu
dans le barometre a une grande hauteur ,
eft defcendu une feule fois a 27 p. 1 1. 3 '*%
& jamais au deffous de 27 p.
Sa plus grande Elevation a
ete de 27p. 7I. 9"^.
Sa moindre de ... 27 i 3
Ce qui donne de balancement 61. 6 "^^.
Son elevation moyenne
dansle cours du moisaete de 27 p. 6 I.
La temperature a ete fraiche , & meme u«
peu froide dans les premiers jours , tres-
chaude dans fon milieu , un peu fraiche fur
la fin.
La plus grande elevation du mercure dans
le thermometre, a 6te de +2i<^. 9'*%
La moindre + 6
Latitude de dilatation difFerente 1 5 «*. 9 ' *^
Ce qui donne de balancement + 15^. 9 "'^.
La moyenne elevation du
mois entier de . . . . +14^. 9'***
De forte que la temperature de ce mois a ete
a celledudegremoyen*. *. + 14. 9 '*^ *. + lO.
La conftitution a ete extremement feche,
excepte dans les fept premiers jours oil il y
a eu un peu de rofee.
II n'a phi que quatrefois , & il n'^fl: tombe
qiie 4 1. 6 ^^^ d'eau. Les rivieres font extre-
mement baffes.
Le ciel a prefque toujours ete fereln, & il
n'y a eu que la valeur de fix a fept jours
de couverts ou nuageux.
D E Dijon, iy^4. 211
Lss vents du N & de I'E ont ete les dominans ; ce-
pendant ceux de I'O & du S ont I'ouffle pendant la va-
ieur de treize jours & un pen plus.
La vegetation retardce a fait beaucoup de piogres. Les
navettes ibnt entrees en lieurs des les premiers jours dn
mois.
La vigne jette beaucoup , mais celle des raifms blancs
plus que celle des rouges. On a appert^u des boutons
a fruits developpes des le 8 ^ ui. elle eft entree en fleurs
l'ur*la fin du mois.
Tous les arbres font fleuris & garnis de feuilles.
Les feigles font en epis des le 9, & font entres en fleurs
aux environs du 18.
Les fraifes , les cerifes & les petits pois ont ete mis
€n vente des le milieu du mois.
On a commence , dans les preniiers jours , la femaille
du chenevis , du mais & des legumes ; mais la fecherelTe
ies a en grande partie empeche de germer.
Les caiiles font arrivees , mais en petit nombre.
Les oifeaux font en fi petit nombre , qu'on en volt
tres-peii , & que les campagnes font raremem egayees
par leur ramage.
Les hannetons font (ortis de terre des les premiers
jours du mois ; ils etoient en fi grande quantite aux
environs du 15 , qu'ils fatiguoient les voyageurs. Ces
infeftes ontdevore les feuilles de la plupart des arbres ,
& les fleurs de tous les fruits qui n'ctoient pas noues.
Les pruniers & les pomm.iers font les arbres qui ont
le plus fouiTert.
Les herbes des prairies ibnt treS'Courtes.
La confiitution a continue a etre catharrale , & fur
la fin du mois s'efl compliquee avec la bilieufe.
On a vu toutes fortes de miladies catharrales , no-
tamment des rhumatifmes goutteux. Plufieurs fievres
avec eruptions rouges. La nevre tierce eft la maladie
la plus commune ; elle prend un caraiftere mixte bilieux
& catharral , eft fouvent accompagnee d'eruptions ur-
ticaires , & fe termine par des eruptions de puftules
fuppurantes autour de la bouche & fous le nez.
II y a quelques vertiges , quelques depots laiteux
aigus , & plufieurs fievres puerperales.
Le nombre des malades n'eft , cependant pas bien
confiderable.
212
A C A D E M I E
OBSER VA TIONS ME TEOROLOGIQUES.
J U I N.
THERMOMETRE.
9- MATH
deg. i:
I
2
3
4
5
6
7
8
5
ic
II
15
19
;120
2,1
22
'24
i 26
[■28
6.
4
6.
S
2.
2.
4.
4.
3-
2.
I.
I.
4-
3
3-
3-
7. 6
Mid I. S o I r
deg.
12
lb
18
18.
19.
20.
20.
i8.
18
20.
19.
17.
17-
19
17.
19.
21.
21.
15-
17
19.
20.
16
16.
15
14-
17
19
15-
18.
18.
deg. 12.
4.
S
4-
6.
/■
O.
^•
3
6. 3
4- 9
3. 6
5
5
5. 6
6
4
3-
5-
7-
4.
3
2.
> 3
5
4. 3
BAR O MET R E.
MATIN.
po. 1.
27.
Midi.
po.
3. 6
4- 3
5
6. 3
5. 6
4-
5
6
5-
4
4.
5-
4
6.
7-
7-
5-
5
6.
6
5
3. 6
2
3
4-
5-
4-
4-
5-
4-
1. I
27.
3- ^'
4. 6
5- <
6. 3
4. 6
4- 3
5. 0
6
4. 9
4. 6
5
5- 3
4. 6
7
8. 3
6. 9
5
5.6
6.
5-
3-
2.
3-
2.
9
4.
5-
3-
4-
5-
3- 3
S O I R.
o. 1. i;
;;•
4
5
6
6
4-
4-
6.
6
4-
4-
6
4-
5- 3
7
8
4-
6
6.
3t
3
3
9
6
6i
3
6
6
9
3
3
3- 9
5. 6
5- 3
3- 9
S- 3
9
9
D E Dijon, iyS4,
215
VENTS ET tTAT DU CIEL.
J U I N.
10.
lu
ill.
1
2
3
4
5
6
7
I ^
9
10
[ I
12
■3
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
26
^7
18
29
30
Matin.
N^, fe. Ro.
NE:§^, fe.
NEx, fe.
NEx, -nu.
Ox, nu.
SO X , fe.
Ox , -hnu.
Ox, fe.
NOX , nu.
SO, nu. --pi.
SO X , -nu. -pL
SO , fe.
S, fe.
SOx, nu.
SOx, CO.
Ex, fe.
0^,fe.
NOX, CO. p/,
NNEx , fe.
O, fe.
O, fe.
Sx, CO. pi.
SSO, CO.
Sx, CO. -pi.
SSO X , CO. pi.
SOx, nu.
S X , +nu.
SOx , CO.
SO , -j-nu.
NOx, +nu.
Midi.
NEx, nu.
NE^, fe.
SE X , nu.
ESEx , -nu.
SO X , nu.
O:^, -l-nu.
Ox, nu.
NOx , -nu.
SE^, +nu. r.-pl.
so ^,j;nu.or.T. pi
SSOx , +nu.
SEx, fe.
SOx, nu. -pi.
SO ^ , -f-nu.
OSO^ , nu.
SEx. fe.
SO^,-nu.
Ox, nu.
Nx, -nu.
SSEx, fe.
Sx, -nu.
so^^,co.-T.+pi.
SOx , -f nu.
SO:^,+nu.4-/;/.
SOx, -|-nu.
SSOx J +nu.
SO^, nu.
OSOx, -|-nu.
OSO X , -nu.
SSO^, nu.
S O I R.
NE, nu.
N X , fe.
Nx, -nu.
S X , fe.
SSOx,fe.
O^, CO. -pi.
ONOx, fe.
Nx, fe.
Ox, nu.
Sx, nu.
SO X , fe.
Ex, +fe.
SOx , CO. pi.
SO^,co.
Ox, fe.
Sx, fe.
Ox , -}-mi.
Ox, CO.
E, fe.
O X . fe.
Sx, co.pl.
SO^,co.
SSEx , CO. -pi.
OSOx, CO.
OSOx , nu. pi.
SO, CO.
SO^,co.
OSO, CO.
O, nu.
pi.
N, fe.
•214 A C A D E M I E
RtCAPlTULATION.
L'air a toiijours eii une pefanteur & une
elafticite an deffus de la moyenne , & fou-
vent tres-forte fans aucun paffage bruCque.
La plus grande elevation du merciire dans
le barometre a ete de . . . 27 p. 8 1. 3 '*''.
La moindre de .... 27 i 3
Ce qui n'a donne de balan-
cement que 61.
La moyenne dans le mois
a ete de 27 p. 4 1. i '**.
La temperature a ete chaude , & prefque
au meme degre dans tout le cours du mois ,
fans paffage brufque. II y a eu une fraicheur
peu fenilble fur la fin, & il n'y a point eu
de chaleur exceffive.
La plus grande elevation du mercure dans
le thermometre a ete de +2i«'. 9'"%
La moindre de , . . . + 12 3
Ce qui donne de difference
€n latitude de dilatation , + 9^. 6 ''^
Son elevation moyenne
dans le mois entier a ete de + 15^*. il '^^
Et la temperature moyenne de ce mois a ete
au degre dutempere ordinaire*. *. + 15 ^* li'^*'
: + io. ,
La fechereffe a ete tres-fort^ , I'ouvent
exceffive , & Tevaporation tou}(»urs grande
a ete fouvent de 3 lignes par joiur, & une
fois de 4 lignes.
II a cependant plu huit fois , & une con-
liderablement. II y a eu deux orages avec de
grands coups de tonnerre , & il eft tombe
.1 p. ,2.1. 12' ^^ d'eau.
D E Dijon, 1^34, nj
Les vents de TO & dii S ont ^te les do-
minans , & ont regne en difFerens temps pen-
dant plus de 22 jours, fouvent avec impe-
tuofit^. Ceux duN & de I'E ont ete fouvent
tres-vifs.
Le froment n'eft entre en fleurs que vers
le milieu du mois. Sqs tiges n'ont point ete
genees, dans leur developpement,par de mau-
vaifes herbes , mais elles i'e font pen elevees,
Les mars font tres-clairs & s'elevent peu.
On s'efl vu force de femer de nouveau le
chenevis. On a fait la femaille des navettes
d'ete ; mais tous ces grains ne germent que
difficilement.
Aux hannetons qui ont difparu vers le
milieu du mois , ont fuccede des chenilles &
des fauterelles en tres-grande quantite. Les
degats enormes que faifoient celles-ei dans
les prairies , ont force a commencer la fau-
chaifon aux environs du 20, quoique Ther-.
bage en fiit tres-court.
Les mulots & les rats ont fait beaucoup de
ravages dans les champs & dans les granges.
La conflitution a continue a etre cathar-
rale , & un peu plus bilieufe que dans le mois
precedent.
On a vu encore des fluxions de difFerens
genres , & quelques fauffes pleurefies.
La fievre tierce s'eft encore montree. II y
a eu quelques doubles tierces , quelques
fievresardentes, quelques coliques bilieufes,
quelques dyfenteries inflammatoires & bi-
lieufes. Mais il y a eu en general peu de
malades, FIN.
fittt^
r,.^i
PLAIN"
aai Cjr/~a//cu 2iArr2/ Stir C't.
ActJ. J, ]j,i„„ l/.S.„.^», „-4.
mi
COUPK JJKS GKO'i i'K.S J)AR(.^ /«/• Tw,'
N O U V E A U
D E
VACAD&MIE DE DIJONj
t»OUR LA PARTI E
BES SCIENCES ET ARTSi
SECOND SEMESTRE I7840
'A VIS.
X-'ACAD^MIE s'etolt propofee de falre reim-
primer le fecond Cahiar Semeftre de 1782 , fi les de-
jnandes I'y determinoient. Elles Yy ont decidee ; mais
on n'en a tire que peu d'exemplaires au deffus du
liombre de ceux qui ont ete demandes. On en trouvera
qhQi M, Baroi^ le jeune , & ghe^M. CROuLLEftoiSa
TABLE
Des ouvrages contenus dans le fecond
Semeftre de 1784.
J,wJl em 01 re fur la qualitc contagieufe de
qudqucs Jluxions dc poitrinc , par M. MaRET.
Pag. U
Nov VEA U moyen de multiplier les arbres stran-
gers, par M. DURANDE. 7*
Qb s E RVAT I 0 IT fur unc colique billcufe
compUquee de fciatique^ par le meme. 10.
Mem 01 RE fur le Nojlock , par le R. P,
Vernisy. 13.
Memoirs fur tepalffeur quon doit donner
aux murs de foutenerncnt ^ pour refifler a la
poujfee des terres , premiere partie. Par M,
Gauthey. 28.
Me moire fur le brouillard qui a regne en.
Juin & Juillet /y^j , par M. Maret. 66.
P B S E R VA T ION s fur les precedes employes
pour fairs perir la chryfalid& du ver'a-foie ,
par M. Chaussier. 80-
Reflexions, botanlques & mUklnalcs j
fur la nature 6* hs propr'uus de t agaric de
chincy par M. ViLLEMET. pag. 85.
S SA i d^ anatomic , fur la Jlruciurc & Us
ufages des epiploons, parM. CllAUSSIER, 95.
£s
E S SAI fur cette quejlion : Vor que prend tacide
nitreux bouillant , eji-il vsritablement dijfous.^
par M. D£ MoRVEAU. 133;
^Analyse de teau du lac de Cherchidio y
pres de Monte-Rotondo en Tofcane , par M,
Maret. 151.
Memo I RE fur la glace qui fc forme a la fu-
perficie de la terre , en aiguilles ou filets per-
pendiculaires , par M. RiBOUD. 1 63.
Me M O t R E fur toriglne des glaces que les
fieuves & les grandes rivieres charient dans
le temps des fortes gelees , par M. GODART.
178.
O B S E K. VA T I O N fur une cataracie compli"
quee avec la diffolution du corps vitrl , par
M. Chaussier. 202.
Suite de thijloirc meteoro-nofo-logique dc
tannie //^4, par M. MaRET. a07«
m£moires
D E
EACADEMIE DE DIJON,
ANNEE 1784.
S
SECOND SEMESTRE.
M E M O I R E
SuR la qualitc contagieufe de quelquei
efpeces de fluxions dc poitrine^
Par M. Maret.
ES reflexions fuf difFi^rens ev6-
nements que la pratique de la
Medecine m^avoit mis dans le cas
de faire , m'avoient fait foupgon-
ner que certaines efpeces de flu-
xions de poitrine pouvolent fe communiquer
par contagion, Mais n'ayant point encore
2 ACADiMIE
t^uni affez de faits pour prononcer fans re-
ferve fur lent qualite contagieufe, je ne me
hafardai a prefenter cette trifle verite que
comnie une conjefture qui me paroiffoit me-
riter attention. Des obfervations recentes &
tres-multipliees, m'autorifent a prendre au-
jourd'hui un ton plus affirmatif, & a aflurer
qu'il eft des fluxions de poitrine contagieufes,
& qui, caufees par I'intemperie de rathmof-
phere , fe propagent par la communication
des gens fains avec les malades.
II eft poffible , je le fais , que des caufes
aufli generales que celles auxquelles on doit
attribuer les fluxions de poitrine', afferent
dans le meme temps , dans le meme lieu , plu-
iieurs perfonnes, puifque toutes font expo-
fees a leur aftion. Mais lorfque Ton voit un
grand nombre de maifons du meme village ,
placees dans les memes rues , dans les memes
circonftances locales, exemptes de ces ma-
ladies; quand on voit conftamment, dans les
maifons oil cette maladie s'eft declaree, plu-
lieurs perfonnes en etre fucceftivement atta-
quees ; quand on voit les membres d'une
meme famille , ceux fur-tout qui communi-
quent le plus entre eux , frappes du meme
fleau , & les parens , qui des villages voifins
volent a leur fecours, remporter la meme ma-
ladie avec eux, & la communiquer a leurs
femmes , a leurs enfans , a leurs domeftiques :
peut-on meconnoitre le caraftere contagieux
des maladies qui fe propagent d'une maniere
aufll frappahte.
D E Dijon, /t^^; ^
0\ J I'epidemie qui a regne a Gemeaiix
dans le mois dernier, a tellement multipli^
les faits de ce genre, que ces faits forment
la preuve la plus complette de la contagion
de quelques efpeces de flilxions de poitrinej
& que pour en convaincre , il fuffit d'en faire
Fenumeration.
Cette maladie , dont les ravages ont engage
le Gouvernement a m'envoyer au fecours des
malades, etoit une fauffe pleurefie putride*
Parmi ceux qui en ont ete attaqu6s,on compte t
Quatre maris & leurs femmes.
Un mari, une femme, leur frere & leuf
beau-frere.
Une femme , fon pere , fa foeur & fon frere*
Une autre femme , fa fille & fa belle-fille*
Une autre femme & (es deux domefliques*
Une autre femme , fa fille & fa belle-fille*
Un pere & fon fils*
Deux loeurs*
Une veuve & fon domeftique*
Une mere & fa fille.
Une mere & fa fille*
Un frere & une foeuf*
Un oncle & fon neveu.
II ell fans doute inutile de joitidte aitciirtes
Ireflexions a une lifle aufTi concluante , il
cfl evident qu'a fa lefture feule on recon°
noitra la contagion de la maladie. Mais d'aii-^
tres faits la demontrent encore.
Le chateau eft ifole du village, & dans Urt©
fituation qui etablit une grande difference
entre ces differentes habitations, relativet»erj|
Aii
I
^ A C A D E M I E
anx caufes locales. Un domeftique a reniii
des foins a plufieurs de fes parens, il a ea
la maladie , & trois autres I'ont eu fuccefli-
vement.
Le nomme Brocard, Habitant de Flacey,"
& fa femme , font venus a Gemeaux vifiter
& foigner le nomme Jean-Baptifte Brocard
& fa foeur , qui ont ^te des premiers attaques
de la maladie regnante , & en font morts. Ce
Brocard de retour chez lui , a prls la meme
maladie , & y a fuccombe. Sa femme , fon
fiis & fa fille I'ont eu egalement,& font gu^ris.
A Piffange & a Is-fur-Tille , dont le voi-
finage de Gemeaux rend les communications
frequentes; on a vu aufli quelques perfonnes
attaquees de la meme maladie, & ces per-
fonnes avoient foign^ des malades de Ge-
meaux.
A ces faits je vais en ajouter dont j'ai 6t6
plus particulierement I'obfervateur.
La femme du nomme Mariglier , Jardinier
demeurant au fauxbourg St. Pierre , eut une
fauffe pleur^fie du meme genre que celle qui
regnoit a Gemeaux , & en a gueri. EUe etoit
au fixieme jour de fa maladie , lorfque fon
mari la contrafta.
Le frere de celui-ci , demeurant au meme
fauxbourg , etoit fouvent venu voir ces mala-
des , les avoit foigne & veille, il prit la meme
maladie.
Le nomme Girard , demeurant egalement
dans le fauxbourg Saint Pierre, fut attaque
d'une pleurefie de la meme efpece, le ii;
D E Dijon, iyS4. 5
Janvier, & en eft gueri. Sa femme , qui
I'avoit veille plufieurs nuits & I'avolt fervi
conftamment, tomba malade de la meme ma-
ladie le 19.
Le cocher de M. de Martenay tombe ma-
lade le 24 Janvier. Sa femme chez laquelle
il eft conduit & qui le fert , prend la meme
maladie le 6 Fevrier : treizieme jour de celle
de fon mari , cclui-ci eft en pleine conva-
lefcence , & fa femme fur le point de fa gue-
irifon.
On a perdu I'annee derniere en cette Ville
M^ TAbbe Courtepee , qui perit d'une ma-
ladie de la meme efpece. La garde qui I'avoit
fervi , fut attaquee de la meme maladie.
Tons ces faits me femblent prouver , fans
equivoque, la contagion de la maladie ( i),
& les derniers me paroiflent etablir que , de
meme que toutes les autres maladies conta-
gieufes , les fluxions de poitrine de I'efpece
putride , ne le font qu'a I'epoque oil la crife
s'eft faite ; puifqu'on y voit la maladie fe
declarer a des termes oil elle a coutume de
fe faire , ou en bien , ou en mal. II eft a pre-
fumer que ft j'avois pu avoir des details plus
circonftancies fur les evenemens de la ma-
ladie de Gemeaux , Tobfervation auroit donne
lieu a la meme confequence.
( 1 ) Depuis le temps oil j'ai donne ce Memoire , j'ai
ete dans le cas de traiter plufieurs dfpidemies du meme
genre, & les evenemens m'ontde plus en plus demontre
jEette trifte verite, ;
6 ACAD^MIE
Cette verite qui me paroit bien etabllej
paffe pour demontree en Iflande. M. de Croit,
Eveque de I'lnkoepeng , dans la relation du
voyage qu il y a fait , & qui a ete traduite
du fuedois en francais, a Paris, 1781 , in-S°.
parlant des maladies auxquelles les habitans
font fujets , cite la pleurefie ( taek) qui quel-
quefois , dit-il, eft contagieufe , & prend alors
le nom de (land farfot). EUe feroit bien de-
fefperante & bien decourageante , cette ter-
rible verite, s'il n'etoit pas facile de fe pre-
ferver de la contagion , & H Ton n avoit pas
lieu de croire qu'il faut qu'elle foit imme-
diate pour operer fon effet.
Mais le petit nombre de ceux qui I'ont
contradee, comparativement a celui des per-
fonnes qui y ont ete expofees , autorife a
croire que I'air ne fe charge point des miaf-
mes contagieux, ou du moins ne les porte
pas au loin. Et pour s'en prcferver , il fuffit
de ne pas refpirer direitement Thaleine des
malades , de ne point avaler fa falive tant
qu'on eft pres d'eux , de ne point manger
dans leur chambre, & de fe laver la bouche
& les mains avant de prendre fes repas , afin
que les miafmes contagieux ne s'introduifent
ni dans les poumons, ni dans I'eftomac, voies
frequentes des contagions les plus terribles,
D'ailleurs , il eft neceftTaire , & prefque tou-
jours facile d'aerer les chambres & de les
ien'iT propres.
II ne faut point alarmer le peuple , en lui
^nnon^ant la quality contagieufe de la ma-*
D E Dijon, iy^4, j
ladle ; mais il faut lui faire un devoir des
precautions que je viens d'expofer, I'ans lui
en confier le motif. II fuffit que les Paf-
teurs zeles qui vifitent les malades , que les
Medecins, les Chirurgiens & les autres per-
fonnes qui leur donnent des foins, en foient
inftruits , afin qu'ils ne fe compromettent
point, & prefcrivent aux autres les precau-
tions qu'ils doivent prendre.
NOUVEAU MOYEN
JDe multiplier les arbres hrangers,
PAR M. DURANDE.
L
A nature paroit s'etre beaucoup attach^e
a la multiplication des plantes. Non-feulement
elle accorde an plus grand nombre d'entre
elles , une enorme quantite de femences ; mais
de plus , en etabliffant la vie dans chaque
partie des vegetaux , elle permet a I'homme
de la feconder pour leur multiplication. Ce-
pendant , quoique I'art des Jardiniers fe foit
beaucoup perfedionne, il exifte des arbres
etrangers , qui , s'ils ne fourniffent des fe-
mences qui parviennent a une maturite par-
faite, fe refufent a tous les autres moyens de
reprodudion.
Je crois pouvoir mettre de ce nombre Ta-
cacia de la Chine. Cet arbre qui n'a fleuri
A iv
8 ACADfMiE
qu'apres plus de trente ans dans les jardins
de Trianon, oil il a enfin ete reconnu pour
etre le fophora fynka^ exifte depuis pluiieurs
ann6es dans le jardin de I'Academie, oii Ton
ne doit pas etre furpris d'apprendre qu'il n'a
point fourni de femences. J'ai effaye inuti-
lement de le multiplier par bouture, en cou-
pant una de fes branches , & la mettant en
ferre fouS chaffis , par drageons , en faifant
Tamper fes branches fous terre , en faifant
pafler ces memes branches a travers un en-
tonnoir rempli de terre , elles n'ont point
fourni de racine. La grefFe fur I'acacia ordi-
naire, robinia-pfiudo' acacia y n'a pas eu plus
de fucces : mais une methode bien plus firaple
a reufli completement ; en coupant une ra-
cine , la pla^ant fous un chaffis dans une
bonne terre de couche , elle a pouffe une
tige; car les racines font pourvues de germes
propres a produire des branches & des tiges.
Le fevier gleditjia- triacantkos , qui veritable-
ment fournit fouvent des graines apres plu-
fienrs ann6es , mais qui a paru fe refufer dans
C€ jardin a la multiplication par bouture, par
marcotte & par drageons , a r^uffi en ufant
de la meme methode. Le chicot ( guilandina
dioica ) a ete multipli^ de meme. M. Dau-
benton avoit r^uffi a multiplier ce dernier
arbre , en decouvrant feulement quelques-unes
de fes racines. En efFet , le plus g^neralement
|a partie d'une plante qui refte expof^e a
I'air , produit des branches , tandis que celle
gui fe trouve en terre, produit des racines ^^
D E Dijon; 17^4: ^
fcomme on I'a fouvent obferv6 fur le faule ,
mais il paroit que cela n'a lieu que pour cer-
tains arbres ; que generalement la feve eft
plus afcendante que defcendante , qu'ainfi il
y a plus de vie dans les racines que dans les
branches ; ce qui fait que lorfque la bouture
n'a point reuffi a pouffer des racines, la ra-
cine a pu pouffer des branches ; que proba-
blement I'acacia de la Chine eft un arbre ou
la feve eft des plus afcendante , vu que non-
feulement la bouture ne reuffit point, mais
qu'il faut que le cours de la feve foit inter-
cepte dans la racine pour qu'elle pouffe des
branches , fans cela elle ne fait que fe deffe-
cher a Tair. On doit meme obferver que le
chicot qui fe multiplie en decouvrant ies ra-
cines , pouffe encore bien plus aifement des
branches, lorfque la racine eft coupee. II eft
inutile d'ajouter que dans cette experience
on doit tenir les racines fous chaffis , pour
empecherque I'air ne les deffeche trop promp-
tement; qu'il n'eft pas molns effentiel de les
garantir du grand foleil, & de les placer dans
line couche bien 6chauffee & preparee avec
un bon terreau, ce qui facilite Tafcenfion de
la feve. Ce moyen fimple de multiplier un
grand nombre d'arbres etrangers qui ne four-
niffent leurs graines que tres-tard, ou meme
n'en fourniffent point , eft fait pour nous in-
tereffer : car on fait combien TEurope doit au-
jourd'hui aux vegetaux etrangers qui I'em-
belliffent & I'enrichiffent, & qui par des expe-
riences bien dirigees , fe font fucceffivement
fiaturalifes dans nos climats.
lO ACADI^MIE
OBSERVATIONS
SUR unc coUquc hepatique compliquie dc
fciatique , & guerie par Ic dijfolvant des
pierres biliaires.
Par le Mi me.
V^UELS que foient Ics fiicc^s d'un retnccle
dans line malaclie limple , on pent toujours
objeder avcc plus ou moins de vraifemblance,
que la gu^rifon eft due aux efforts de la na-
ture ; il n'en eft pas de mcme dans les ma-
ladies compliquees. Le mercure pafl"e avec
raifon pour le Ip^cifique de la verole, parce
que dans les maladies venerienncs , foit firti-
ples, foit compliquees, il eft toujours em-
ploye utilement , pourvii que ce foit avec
les precautions que la maladie fecondaire
exlge. D'ailleurs , il eft d'autant plus n^cef-
faire de prefenter la gucrifon des maladies
compliqudes , qu'autrement le defaut de fuc-
ccs pourroit nuire a la reputation d'un re-
niedc publie pour conferver la vie des ma-
ladcs , & les garantir des douleurs les plus
cruelles. Le melange d'ether & d'efprit de
terebenthine reuffit aujourd'huiaParis comma
a Dijon : cependant il faut que les obferva-
lions publiees dans les Semeftres de TAca-
DE Dijon, /y^^. ii
d^mie ne foient pas encore affez concluantes ,
puifqu'on cherche a retablir la reputation de
remedes qui ni'ont paru infuffifans , parmi lef-
quels je dois compter la terre foUee de tar-
tre. On fait neanmoins que Mad^. de Q**.
en a pris environ un baril , & qu'elle eft
morte de coliques hepatiques; que Mad^. fa
niece , apres avoir ufe du meme remede ,
voyant fes maux s'aggraver de jour en jour,
a fait ufage du melange d'ether & d'efprit de
terebenthine, & qu'aujourd'hui elle jouit d'une
bonne fante.
M. D**, apres plufleurs acces de colique
hepatiqu"^ , vint a Dijon. Je le vis dans les
fouffrances. La region epigailrique droite etoit
elevee, tendue& douloureufe, le pouls ferre
& lent , la peau briilante , jaune & feche ,
I'agitation extreme. ^1 fut faigne deux fois ,
le fang parut tres-coeneux ; il prit des bains,
de Teau de veau, des fucs d'herbes ; il ufa
de lavemens , de fomentations , enfuite il fit
iifage des extraits des plantes favonneufes ,
des jaunes d'oeufs delayes dans I'eau avec
quelques gouttes de liqueur minerale d'Hof-
man; enfin, du melange d'ether & d'efprit de
terebenthine. Mais a peine commen^oit-il ce
remede , que fes affaires le rappellerent a la
campagne,lieu de fa refidence. La il eutune
fciatique , pour laquelle il fit ufage de de-
codion de tige de morelle grimpante & de
fumigations de fuccin. L'annee fuivante il eut
plufieurs retours de colique j il fut faigne ,
|1 prit des bains , il fit ufage des eaux de
!i2 Academic
Vichi : le foulagement fiit de pen de diiree.'
Un Medecin de cette Province, qui jouit de
beaucoup de reputation , fe perfuada que ces
coliques , quoique fuivies conftamment de
|aunifle , etoient uniquement rhumatifmales ,
al mit en ufage , pour combattre ce rhuma-
tifme, toutes les reffources que la pratique
de la Medecine put lui fuggerer. Apres un
long & inutile traitement, le malade revint
a Dijon, oil, malgr6 la fciatique, il eut un
violent acces de colique. II ne put fupporter
les bains, il fit ufage du diffolvant des pierres
biliaires , & fut faigne du pied. La douleur
de fciatique etoit tres-aigue, elle empechoit
!e malade de marcher & de dormir. On ap-
pliqua des fang-fues fur la cuifle,on fit ufage
^es caimans combines avec les preparations
d'antimoine, enfin on eut recours a la dou-
che d'eau fulphureufe artificielle , qui calma
les douleurs de fciatique ; mais bientot la co-
lique revint. Je fis r^it^rer la faignee dupied,
& Ton appliqua fur la cuifTe une large v^fi-
catoire , dont la fuppuration fut entretenue
afTez long-temps. On continuoit toujours le
melange d'^ther & d'efprit de terebenthine.
Enfin , les douleurs de la cuifTe etant appai-
fees & le veficatoire feche, M. D. ufa des dou-
ches, mais feulement fur Thypocondre droit.
L'ufage du diffolvant des pierres biliaires a
^te continue tres-long-temps ; on n'a pas re-
connu de calculs dans les dejeftions , qui n'ont
peut-etre pas et6 examinees afTez attentive-
gient i mais le malady a fouvent refTenti ce%
b E D I ir o n; ■/7^^: if
^ouleurs de la veficule qui annoncent ordi-
nairement le paffage des pierres biliaires dans
les inteftins. Enfin, M. D**. a repris de rem-
bonpoint ; il n'a plus ni coliques, ni fciati-
que , il fe porte ires-bien. Ainii, en attaquant
feulement le rhumatifme , on n'a obtenu au-
cun fucces ; tandis qu'en traitant cette ma-
ladie , & diffolvant en meme temps les pierres
biliaires, on a retabli la fante.
M £ M O I R E
SU R LE NO S T O C K.
Par le R. P. Vernisy, Dominicain.
L
E regne vegetal prefente aux recherches
du Botanifte un fi grand nombre d'objets ,
qu'il paroit plus a propos d'en relTerrer les
bornes , que de les etendre fans neceffite ; noa
feulement en y admettant des varietes qui
ne font occafionees que par la culture ou par
la nature du terrein , mais encore en y in-
troduifant , comme I'ont fait quelques Au-
teurs , des fubftances equivoques , ou qui n'ap-
partiennent point du tout a cet ordre de pro-
duQions. Si Ton fait attention que quoique
Ton compte environ vingt-cinq mille plantes
iie nos jours , il en refte peut-etre un beaur
14 A C A D £ M I E
coup plus grand nombre a decouvrir : cette"
perfpedive eft plus que fuffifante pour inte-
reffer la curiofite la plus avide. Indeoendam-
ment des terres fituees du cote du pole auf-
tral, qui menagent probablement a nos fuc-
ceffeurs la decouverte d'une cinquieme partie
dti monde,aufIi graiide qu'aucune des quatre
que nous connoiffons : que de trefors en ve-
getaux inconnus dans les vaftes provinces de
I'Afie. La difficulte d'herborifer dans des con*
ttees oil Ton ne pent voyager qu'en cara-
vannes , oil le moindre pas a I'ecart peut ex-
pofer la forturie & la vie ; les vilions ridi-^
cules d'un peuple ignorant , fuperftitieux ,
defiant , qui tourne toujours du cote de la
cupidite les eftets les plus louables du deffein
de s'inftruire , & qui croit que Ton en veut
a fes trefors , ou foup^onne des operations
magiques dans les demarches les plus limples
d'un Naturalifte, eloignent pour long-temps
I'efperance de reuflir a cet egard. On fait
neanmoins de quelle importance feroit une
connoiffance exade des productions de ces
pays , qui etant le berceau du monde , le
plus anciennement habite , la patrie d'un fi
grand nombre de Savans , donneroit la clef
des defcriptions que nous ont laiflees les an-
ciens , qui, trop laconiques, trop vagiies &
trop obfcures, ne nous offrent rien fur qupi
Ton puiffe fiirement fe decider, par I'impof-
fibilite de les comparer avec les originaux
dont probablement i!s ont parl6. D'un autre
cote, tout rinterieur de I'Afrique, dont on
D e Dijon, 1^84, tj
ne connoit meme qu'imparfaitement les cotes,
les ifles Maldives, les Philippines; que dis-
je , la plus grande partie de I'Amerique, of-
frent aux obfervateurs le plus vafte champ,
& un objet bien plus digne de leur curiofite,
que ce tas d'ordures qui par leur inutilite
feule devroient etre mifes a I'ecart, & don£
on a neanmoins furcharge la Botanique ibus
les noms AQ'byjfus, mucor , tremella, lichen^ &C.
ou , pour parler plus intelligiblement , ces
differentes efpeces de moififfures qui paroif-
fent n'etre autre chofe que des efFervefcences
occafionnees par la fermentation dans laquelle
fe trouvent les corps qui tournent a la pu-
trefadHon , ou quelque portion meme des
corps a demi-detruits. La fubflance dont j'ai
rhonneur de vous entretenir , merite plus
d'attention par la lingularite de fa figure &
de fon ojigine, par la variete des fentimens
fur la maniere dont elle eft prodiiite , 0: par
les proprietes vraifemblablement exagerees
que lui attrihuent certains Auteurs. J'emprun-
terai de nos Botaniftes modernes , & cle M.
Bomar fur-tout qui les reunit,les principaux
traits qui la caraderifent, & je me permettrai
enfuite de difcuter fi c'eft avec quelque fon-
dement qu'on la decore du rom de vegetal,
Le Noftock de Paracelfe eft nomme par Linne,
tremella plicata undulata : par Micheli , linkia
tern (iris gelatinofi membranacea vulp^atifjima ; par
Tournefort , no floe cinlflonum^ &c. MM. Magnol
& Tournefort etoient d'abord les feuls qui
reuffent range au nombre des glantes , mais
t6 A C A D i M i £
ils ont ^te fuivis par la plupart des Natit-
raliftes de nos jours. Cette produdion, a la-
quelie les Allemands ont donne le nom de
Noftock , eft comme line efpece de gelee
flottante & prefque toujours entortillee, fans
faveur , de couleur verte , qui s'eclaircit a
mefure que la membrane fe developpe fur la
terre : lorfque le temps eft humide , cette
pretendue plante fe conferve en etat , mais
elle fe fane 8f difparoit affez promptement
lorfqu'elle eft frappee des rayons du foleil.
Les Botaniftes font partages de fentiment fur
la nature de cette produftion : quelques-uns
veulent qu'elle tombe du ciel comme une
efpece de rofee , & la nomment en confe-
quence call fios , coeli folium : nous verrons
dans peu que leur fentiment n'eft peut-etre
pas le plus mal- fonde , quoiqu'il ne foit pas
aujourd'hui le plus generalement adopte. Les
autres pr^tendent qu'elle eft une produftion
de la terre, a laquelle, felon eux , elle tient
par des racines fort deliees. L'embryon reel
ou imaginaire, ne paroit que comme un petit
tubercule charnu , molaffe , garni d'inegalites
comme on en remarque fur les fraifes : cette
fubftance ne paroit qu'entre Tequinoxe du
printemps & celui de I'automne.Ce fait nean-
moins fouffre quelques exceptions ; il m'eft
arrive d'en appercevoir au commencement de
Novem.bre, il eft vrai que la temperature de
Tair 6toit extraordinaire pour la faifon , &
telle a peu pres qu'on I'eprouve dans certains
jours de T^te , precifeinent la meme qui fem-
ble
D E Dijon, 17^4; 17
ble favorifer rapparition dii Noftock. II fe
diffout prefqu'entit^rement dans i'eau , & sy
corrompt en peu de temps ; fi on le laiffe
fermenter dans un vaiffeau ferme , ii pourrit
& i'e refout en une liqueur affez fetide ,
laquelle rouge d'abord , enfuite bleue, don-
ne , ^tant analyfee , du fel volatil concret
& beaucoup d'huile. Les Alchymiftes a qui
nous devons la connoiffance du Noftock ,
en racontent des chol'es merveilleufes , le
decorant de noms c^leftes, & le regardant
comme le prlncipe & la racine de toute la
nature vegetale ; leurs Merits font a ce fujet
remplis de fables & d'obfcurite. Pour ce qui
concerne ies propri^tes , M^. Geoffrey qui
paroit en parler avec moins d'enthoiifiafme,
dans un M^moire prefente a I'Academie des
Sciences en 1708 , ne laiffe pas de lui en at-
tribuer d'affez confiderables : il ecrit que i'eau
diftillee du Noftock a la feule chaleur du
foleil, prife interieurement , calme les dou-
leurs , & guerit les ulceres les plus rebelles,
meme les cancers & les fiftules , fi Ton en
imbibe des linges ou des flanelles, & qu'ora
les applique fur ces maux ; en general elie
paffe pour un diffolvant fort doux.
II s'agit d'examiner a prefent ii cette pro-
duftion eft un vegetal ou non : les Auteurs,
comme nous Tavons vu , font partages de
fentiment a cet egard ; les uns tenant pour
Taffirmative , les autres le niant, &preten-
dant qu'elle tombe de Tair toute formee*
Je ferois affez de Tavis de ces derniers, fan^
B
l8 ACADEMIE
pretendre pour cela qu'elle en fut d'une na-
ture plus celefte, & je me garde bien de
donner dans Ics vifions des Alchymift;es,dont
quelques-uns la font defcendre des etoiles
meme. Le peu d'accord qui fe trouve entre
les Auteurs , qui la regardent comme un
vegetal , eft d'abord une preuve qu'ils ne
I'ont pas fuffifamment examinee. Les uns , k
ce qu'ils pretendent, lui ont vu des racines :
M. de Reaumur au contraire , Tun de ceux
qui Tont fuivie avec plus d'exaditude , fou-
tient qu'elle n'en a point , & il a raifon.
D'autre c6t6 , cet habile Naturalifte croit y
avoir entrevu des parties de fruftification ;
& il y a apparence qu'il s'eft trompe. Son
Memoire fur le Noftock , compris dans les
Recueils de I'Academie des Sciences , pour
I'annee 1722 , quoiqu'ecrit demain de maitre,
ne nous oflFre qu'incertitude. Tantot I'Auteur
croit qu'il n'y a qu'une ieule efpece de
Noftock , & c'eft le fentiment fur lequel il
infifte le plus ; tantot il paroit en diftinguer
deux , dont I'une plus applatie & ^tendue
comme une feuille , ne porte jamais de
graine; I'autre frifee & comme gaudronnee
par les bords , en eft quelquefois entierement
couverte au commencement du printemps,
Ces pretendues graines font entr'elles d'une
tr^s-grande inegalit^ ; les unes ayant a peine
la groffeur d'une tete d'epingle , tandis que
les autres font incomparablement plus grofl"es.
Cette circonftance feule commence d'abord
^ les rendre tres-fufpeftes , puifque dans toutes
If
D E Dijon, i^^^l 19
les plantes , les graines en pleine maturite
font a pen pr^s de meme forme & de meme
groffeiir, amoins que par accident, quelques-
unes d'entr'elles n'aient profile aux depens
deleurs voifines , qui avortent par la fituation
gen^e qu'elles ^prouvent quelquefois dans
la capfule qui les renferme. M. de Reaumur
ne nous apprend point oil font placees ces
graines que je carad^riferai par la fuite,
Ce qui paroitroit plus decifif en faveur de
fon fentiment , ce font les experiences qu'il
dit avoir faites en femant dans des vafes ce
qu'il a pris pour des graines : il convient que
ce qui en a refulte n'avoit point de racines,
que ce n'etoit, pour ainfi dire, qu'un d^ve-
loppement de ces petits embryons qui pre-
noient leur accroiffement a peu pres comme
les plantes marines ; d'oii ii conclut que le
Nofiock a une maniere de fe reproduire fort
finguliere , & tout-a-fait differente de celle
que fuivent les autres vegetaux. Mais ce qui
demontre Tincertitude de ces pretendues de-
couvertes , c'eft que M. de Reaumur termine
fon Memoire en avouant de bonne foi que
quelqu'accident arriv6 aux vafes qui fervoient
a fes experiences , ne lui a pas permis de
les pouffer aufli loin qu'il auroit defir^ pour
les conftater ; qu'au refte , rien n'eft plus
aife que de fe fatisfaire en les renouveliant,
Neanmoins, malgre cette facilite fi grande ,
il n'a pas juge a propos de les reiterer lui-
meme ; ou s'il I'a fait , il n'a pas it6 aflez
content du refultat pour en faire part ai\
Bij
20 ACADEMIE
public ; & depuis plus de cinquante ans >
auGun Naturalise ne s'eil occupe a eclaircir
ce fait, qui jufqira prefent eft demeure dans
le meme point d'incertitude.
La production reellement momentanee du
Noftock , qui furpafle de beaucoup la promp-
titude de celle des champignons, puifqu'il
eft dans im clin d'ceil & tout-a-coup dans
fon etatparfait, fans autre accroiffement que
le renflement ocoafionnel de (es parties par
I'humidite qui lui furvient ; fa deftruftion
aufti fubite & prefqu'abfolue , fans qu'il en
refte aucun veftige , des qu'il a ete expofe
quelque temps aux ardeurs du foleil; les
epoques difFerentes de (es apparitions , depuis
I'equinoxe du printemps jufques & au dela
de I'equinoxe d'automne , fans aucune regu-
larite , contraires a la marche invariable de
tous les vegetaux qui ont des faifons regimes
pour naitre , prendre leur accroiffement fnc-
ceffif , porter fleur & fruit , & enfin difpa-
roitre fuivant leur conftitution plus ou moins
vivace : toutes ces circonftances r^unies an-
noncent une fubftance differente du veritable
vegetal. Ce que j'avance n'eft point le re-
fultat d'un coup d'oeil paffager, mais le fruit
d'un examen exad , conftant , & tres-fouvent
reitere , de cette production finguliere. La
premiere occafion qui me la fit remarquer ,
fe prefenta a la fuite d'une de ces pluies
chaudes qui tombent a groffes gouttes , mais
peu ferries , telles que Ton en eprouve dans
les clialeurs etouifantes des temps bas St,
D E Dijon, 1^84. it
converts de Tdte; j'en ramaffai dans les allies
de mon jardin, oil tres-affurement elle etoit
tombee avec la pluie, plufieurs flocons tous
bien formes, de difFerente grofleur : il n'y en
avoit auciin de naifTant ou de plus* avance
que les autres ; tous etoient refl'emblans a
line gelee verdatre & tranfparente , compofee
de plufieurs couches comme crifpees & en-
tortillees les unes dans les autres. Aucune de
ees pretendues plantes n'avoit de racines ni
de difpofition a en avoir , toutes ne portoient
que fur un fable pierreux d'une groffeur me-
diocre , qui n'etoit point du tout propre a
favorifer leur vegetation ; elles n'avoient
meme d'autre liaifon avec ce fable qti'une
iegere adherence occafionnee par la vifcofite
propre a cette fubftance. Je ne me contentai
point de I'examiner a la vue fimple, quoique
je la viffe affez parfaitement pour etre bien
affure qu'elle n'avoit ni fibres ni racines; mais
comme je voulois auflx tacher de decouvrir
i\ je n'y appercevrois par quelque veflige de
fructification, je la confiderai attentivement,
non-feulement avec une loupe , mais meme
a I'aide d'un tres-bon microfcope : je n'y de-
couvris ni racines , ni apparence de fibres
naifTantes, ni rien que Ton put prendre pour
des fleurs ou pour des graines. II y avoit
peu de corps Strangers qui n'etoient meme
que quelques legers atomes de fable ou de
poufliere qui y avoient ete portes par le vent
dont la pluie etoit accompagnee. Au refle ,
cette gelee me parut parfaitement homo-
B iij
12 ACADiMIE
gene , telle a peu pvhs qu'on la decouvre 4
Toeil limple , excepte qu'elle ^toit en partie
depouill^e de fa couleur verdatre & plus
tranfparente : j'y apper^us int^rieurement line
mulritude de petites nervnres entrelac^es ,
qui reffembloient beaucoup an parenchyme
des fewilles; j'ai trouve de plus fur certains
andividus, a leur furface, de perils tubercules
arrcndis de difFerente groffeur, & ce font pro-
babJement les graines ou embryons pretendus
de M. de Reaumur : mais ces tubercules ad-
herens & parfaitement homogenes a la fubf-
tance meme du Noftock , etoient de. meme
I. »...reque les finuofites qujle rendent comme
gaudronne dans fon contour. Je ne puis mieux
les comparer qu'a ces efpeces de verrues que
Fon appergoit fur les feuilles de quelques ar-
brt'S , & qui fe rencontrent, entr'autres, fort
freqiiemment fur celles du tilleul , foit qu'elles
provicnnent d'un fuc trop abondant , ou de
la piquure de quelqu'infede : les tubercules
d:. Noilock ne font point de cette nature,
n'^tant proprement qu'une difFerente configu-
ration de cette gelee. Ces decouvertes , jointes
a toures les autres circonftances que j'ai ex-
pofees ci-deffus, me convainquirent que le
Noftcck etoit bien moins un vegetal parti-
culicr qu'une decompofition de vegetaux. Je
crus d'abord qu'il pourroit bien n'etre qu'un
debris de feuilles enlev^es par le vent dans
les nuages , qui s'y Etoient macerees par
rhumidit^ de ce fejour , & par I'agitation
qu'^Ues y avoient eprouv^e, & qui retom-
D E Dijon, ijg4. 2 j
boient enfuite avec la pluie lorfque les nuages
s'entr'ouvrent. Mais comme dans I'obferva-
tion des phenomenes de la nature , il faut etre
de bonne foi , chercher la verite fans detour,
& ne pas s'accoutumer a ne conliderer les
objets que relativement a (es prejuges ou au
fyfleme que Ton s'eil forme; un pen de re-
flexion me fit bientot appercevoir que cette
idee ne pouvoit fe foutenir , & qu'il falioit
de toute neceffite qu'une pareille metamor-
phofe eiit ete menagee depuis long -temps,
& ailleurs que dans les nuages meme. Ce qui
me fit naitre des doutes bien fond^s fur mes
premieres conjeftures , ce fut Tuniformite
parfaite qui fe trouve conflamment dans tous
les flocons du Noflock; ils tombent toujours
en gelee bien formee , fans que Ton apper-
9oive , meme au microfcope , aucun veftige
ni des p^dicules des feuilles, ni de leurs prin-
cipals nervures. Or, I'inegalite de la duree
des nuages , & par confequent du fejour qu'y
font les corps legers qui pourroient y avoir
ete tranfportes,devroit naturellement en oc-
cafionner dans leur decompofition qui feroit
plus ou moins parfaite ; enforte que Ton de-
couvriroit au moins dans quelques - uns des
velliges de leur ancienne conformation plus
ou moins apparens , fuivant la difference du
temps qu'auroient eu ces corps pour s'y ma-
cerer. D'ailleurs , il eQ. peu vraifemblable
que leur (ejour dans les nuages foit affez pro-
longe, I'agitation de I'air affez vive,ra<3:ion
des particules nitreufes & fulphureufes qui
Biv
24 ACADEMIE
peuvent s'y reunir, aflez puiflante, pour les
decompofer fi completement qu'on les trou-
vat toujours reduits foiis cette forme & cette
confiftance de gelee que nous voyons conC-
tamment au Noftock. Voici done ce que je
conjedhire de plus vraifemblable a cet egard.
Tout le monde fait qu'independamment des
plantes aquatiques qui couvrent la furfdce
des eaux, on appercoit encore une forte
d'ecume verdatre , fort abondante, fur-tout
dans celles qui font dormantes & croupiflan-
tes , telles que celles des marres, des fofles
& des etangs : cette ecume n'eft autre chofe
qu'une decompofition de plulieurs plantes
aquatiques, qui, long-temps macer^es dans
les eaux , s'y reduifent en une efpece de
bouillie. Les parties les plus fubtiles de cette
ecume peuvent etre enlevees par Tadion des
rayons du foleil , comme les autres vapeurs
qui forment la plule & les difFerens meteo-
res : une grande partie de ces gouttes retombe
'vraifemblablemeni avec la pluie & fous la
meme forme, tandis que le refte, par le me-
lange de particules heterogenes , fe coagule
en difFerens lieux des nuages , s'y forme en
flocons plus ou moins confid^rables , mais
toujours affez legers pour s'y foutenir quel-
que temps , jufqu'a ce qu'ils retombent avec
la pluie fous cette forme de gelee qui con-
iervc , & fa couleur verdatre , & la faveur
fierbeufe un peu alteree qu'elle avoit prece-
demment. Si le Noftock a, comme Taffiirent
plufieurs Auteurs, quelques proprietes, il ne.
D E Dijon, 1^84. 15
ks doit apparemment qu'a celles des diff^-
rentes plantes dont il eil comme un extrait,
& aiix qualites noiivelles qu'il a pu contrader
dans les nuages par le melange des autres
particules de matiere heterogene qui s'y font
rencontrees.
Quoi qu'il en foit, le refultat de tout ce
que j'ai avance ci-defliis, c'eft qu'il paroit
certain & comme demontre, que le Noftock
n'eft point une plante • quel etrange vegetal
feroit-ce en efFet qu'une produdion qui n'a
ni racines, ni tige, ni feuilles, ni calice, ni
corolle , ni fruit, ni femences , c'eft-A-dire,
aucune d^s parties qui conftituent effentiel-
lement le vegetal ? D'ailleurs, les deux prin-
cipes les plus adifs de la vegetation, la cha-
leur & I'humidite, detruifent cette fubftance,
loin d'en favorifer I'accroifl'ement , puifque
dans I'eau elle fe refoud affez promptement
en une liqueur fetide , & que les premieres
atteintes des rayons du foleil la deffechent
a un point qu'elle difparoit dans peu fans que
Ton en apper^oive aucune trace. II n'eft guere
tnoins certain que le Noftock tombe tout
form^ des nuages. J'en ai trouve fur toute
forte de corps en un meme jour : fur le fable
des allees de mon jardin, fur le ciment & la
craffe de fer qui en colorent les comparti-
mens, fur les buis qui en forment les deffins,
fur la terre des plate-bandes, fur des pierres
merae. J'en ai affez fr^quemment dans le cou/-
lant de I'ete , ce qui vient encore a I'appui
fie moa fyfteme j car je ne doute pas que j^
l6 ACADEMIE
ne (o'ls redevable de cette abondance an vol-
finage des foffes du chateau , dont les eaux
croupiffantes font,comme Ton fait, toujours
couvertes de cette ecume verdatre a laquelle
je crois que le Noltock doit fon origine.
Quoique )e ne puiffe point avancer que je
Taie vu tomber fous mes yeux , parce qu'il
tombe prefque toujours durant la nuit, & que
d'ailleurs la pluie dont fa chute eft accom-
pagnee , n'invite pas a fe promener dans les
iardins ; je ne crains pas d'affurer que non-
feulement il ne nait point fur les lieux ou on
le rencontre, mais meme qu'il n'y prend au-
cune nourriture ni aucun accroiflement fen-
fible : j'en ai vu quelquefois fejourner I'ef-
pace d'une femaine, lorfque Tair eft humide,
le ciel couvert, & que le foleil n'a point ac-
celere fa deftruftion. Chaque flocon eft de-
meure precifement dans I'etat oil il etoit
tombe ; les plus petits n'ont pris aucun ac-
croiffement , les plus gros n'ont donne aucun
figne de difpofition a fruftifier : tous n'ont
eprouve qu'une forte de gonflement occa-
fionne par I'humiditd , tel a pen pres qu'en
^prouveroit une eponge ; ceux meme qui fe
font rencontres par hazard fur la terre , n'ont
pas pris dans tout cet intervalle la moindre
apparence de racines. Je penfe done que les
perfonnes qui ont cru en appercevoir dans
des pres humides & marecageux, oii le Nof-
tock eft affez frequent, ont ete trompees par
des apparences; il eft peut-etre arrive que
cett& fubftance y ayant fejourn6 un temps
D E Dijon, 77^4. 27
affez confiderable , favorif^e par la tempd-
ratiire-aftuelle de I'air, ou par rhumidite na-
turelle a ces terreins affez fouvent baignes
d'eau, des plantes voifines auront eu la fa-
cilite d'y entrelacer quelques fibres dellcates
de letirs racines qui Taiiront un peu fixee a
laterre, & fait illufion aux obfervateurs. Le
Noflock n'appartient done pas plus au regne
vegetal que toutes les autres decompofitions
de cet ordre, telles que les bois pourris, les
feuilles tombees & macerdes , &c. Je crois
meme que plufieurs efpeces de lichen , parmi
ceux que Ton nomme fugitifs a caufe de leuc
peu de duree , doivent peut-etre leur ori-
gine a la premiere ^corce ou ^piderme des
arbres , qui , maceres dans quelques eaux
dormantes, auront pris a peu pres la meme
conformation que le Noftock , jointe a une
confiftance un peu plus coriace & plus li-
gneufe. Au refle, je ne me flatte point d'avoir
conduit raes reflexions a un degr6 d'^vidence
qui porta avec foi la convidion , fur - tout
pour I'origine que j'attribue au Noftock, &
que je ne prefente que comme une conjec-
ture.
, Na. Une obfervation femble etayer ropinlon du P.
Vernify. Francois Bartolotius ramafla du Noftock, le
conferva dans un flacon bien bouche, ou, apres plufieurs
jnois , il vit naitre des champignons. ( Marfili , de ge~
neratione fun^orum f p. ^7, tab. ap.) M. de Necker ayant
ramafle des feuilles tombees naturellement de I'erable ,
les fit ecrafer mediocrement , & arrofer avec I'eau or-
^naire. 11 les renfernu enfuite dant un vafe bcuch^ , oi)
28 A C A D E M I E
plufieurs mois apres 11 trouva un champignon fpherique.
( MycUhologie , p. 4p. ) Ainfi , le Noftock & les feuilles
d'arbres , lorfqu'elles commenceni a fe pourrir , donnent
a peu pres dans le meme temps des produftions fem-
blables , ce qui paroit etablir entre ces fubftances une
certaine analogic. ( M. Durande. )
M £ M O I R E
SuR Cepaijfeur que ton doit donner aux
murs de foutenement pour rejijler a la
poujfee des terres.
Par M. Gauthey.
P
PREMIERE PARTIE.
LUSIEURS Auteurs ont deja cherch6
a determiner repaiffeur que I'on doit donner
aux murs de revetement , pour qu'ils puiiTent
refifter a la pouffee des terres; Ton a meme
applique avec beaucoup de fagacit^ les prin-
cipes de la mechanique a connoitre le rap-
port des puiffances agiffantes produites par
cette pouffee , & des puiffances refiftantes
produites fiar le poids des murs : mais per-
fonne n'a cherche, a ce que je penfe, a faire
fervir le poids meme des terres a empecher
les murs d'etre renverf^s. Je tacherai dans ce
Memoire de d^velopper cette idee , en mei
D E Dijon, i^^^. 29
fervant des memes principes que Ton a deja
employes ; mais j'ai cm neceffaire de les eta-
blir fur diverfes experiences pour les rendre
plus certains; cependant , avant que de rap-
porter ces experiences, )e commencerai par
difcuter fuccinftement les hypothefes des dif-
ferens Auteurs , parce qu'en les examinant
avec attention , il m'a paru qu'il 6toit diffi-
cile que Ton put les appliquer a la pratique,
& qu'il eft convenable de les connoitre pour
voir la maniere dont on doit faire les expe-
riences qui font la bafe de toute cette theorie.
» II eft vrai , dit a ce fujet M. de Fonte-
» nelle ( i ) , qu'ici les principes font affez
» difficiles a decouvrir; on poffedera biea
» toute la mechanique fpeculative, & on fe
» trouvera embarraffe dans I'application qu'oti
» en voudra faire a un fujet particulier> oil
^J les differentes puifl'ances , leurs aftions ,
» leurs direftions ne fe montrent pas a de-
V convert comme dans les figures que Ton
» trace, & font au contraire tres-envelop-
» pees. «
2. M. Bullet , Archltefte du Roi , eft le
premier qui ait travaille fur ce fujet ; il a
entrevu les principes , mais il n'en a pas tire
de juftes confequences.
II examine d'abord quel eft le talus que
prennent ordinairement les terres lorfqu'elles
ont ete remu^es , & en les comparant a un
{i) Memoire de I'Academie, 1726, pag. 79.
JO ACA^EMIE
amas de petites boules (7%. /.) parfaltement
mobiles pour choifir le cas oil la pouffee de
ces terres eft la plus grande, il trouve que
ce talus devroit etre de 60 degres ; cepen-
dant comme I'experience fait voir qu il eft
ordinairement beaucoup plus grand , il aban-
donne bientot fon raifonnement, pour fup-
poTer ce talus moitie de Tangle droit.
3. 11 remarque enfuite qu'une puiffance qui
foutiendroit une boule fur un pareil talus ,
feroit au poids de la boule , comme le cote
d'un quarre eft a la diagonale , ou environ
comme 5 eft a 7; & en confequence il croit
que le profil du mur qui doit foutenir des
terres , doit etre au profil du triangle de terre
qui s'ebouleroit, fi ce mur etoit ote dans la
meme proportion , que ce mur foit a plomb
ou qu'il foit en talus.
4. Get Auteur n'a pas fait attention d'a-
bord , que fi une boule etoit foutenue fur un
plan incline par un plan vertical , alors la
direftion de Timpreftion de cette boule contre
ce plan fe faifant horizontalement , la puif-
fance qui foutiendroit ce plan, feroit au poids
de la boule comme la hauteur du plan in-
cline eft a fa bafe, & non pas a fa longueur.
En fecond lieu , rien ne prouve que par cette
raifon le profil du mur doive etre avec le
profil de terre , qui tend a le renverfer, dans
le meme rapport , quand meme la terre pe-
feroit autant que la ma^onnerie ; & enfin ,
loin d'eprouver que Ton peut, fans diminuer
le cube , changer le profil dun mur , en lui
D E Dijon, iyS4. 31
tlonnant le talus que Ton voudra , & ne pas
changer la force qu'il a pour refifler , il
eft bien evident qu'un mur en talus , dont
la furface du profil fera la meme que celle
d'un mur a plomb Aqs deux cotes , aura
bien plus de force que le premier pour re-
fifter a la pouffee, & en aura d'autant plus
que fon talus fera plus grand; parce que la
bafe augmentant avec le talus, & le centre
de gravite de ce mur s'eloignant auffi dans
la meme proportion d'un point d'appui qui
fe fait neceflairement a Textremite exterieure
de la bafe , s'il venoit a fe renverfer, le poids
agiroit par confequent a Textremite d'un le-
vier d'autant plus grand que le mur auroit
plus de talus, & feroit par-la beaucoup plus
fufceptiblede refifler efficacement a la pouffee.
5. M. Couplet, de I'Academie des Scien-
ces , a traite amplement cette queflion dans
trois Memoires inferes dans ceux de cette
Academie, ann^es 1726, 1727 & 1728. 11
etablit a cet efFet difFerentes hypothefes, dQi-
quellesi 1 deduit, par les prlncipes de la me-
chanique & a I'aide du calcul alg^brique , \qs
^paiffeurs que doivent avoir les murs de re-
vetement , foit lorfqu'ils font a plomb des
deux cotes , foit lorfqu'ils ont un talus , on
meme lorfque le profil de ces murs efl ua
triangle, attendu que, dans la theorie exade,
le triangle eft la figure que devroient avoir
ces fortes de murs pour refifter egalement k
la pouffee des terres dans toutes les parties
de leur hauteur : mais la diverfue de fes hy-
32 ACademie
pothefes donnant des refultats tres-differens
les uns des autres ; celles meme qui paroif-
fent donner le plus d'avantages a la pouffee
des terres, exigeant des (^paiffeurs moindres
que celles qui en donnent moins , on doit
naturellement avoir quelques doutes fur I'ap-
plication de fes principes a la pratique.
6. M Couplet , 4«infi que tons ceux qui
ont traite de la pouffee des terres , convien-
ncnt que lorfqu'elles ont et6 amaffees der-
riere un mur, ce mur ne doit foutenir que
le triangle de terre qui s'^bouleroit s'il ve-
noit a tomber. lis conliderent cette mafle
triangulaire comme une infinite de lames ver-
ticales egales au profil de ce triangle , & le
revetement comme une infinite d'autres lames
Egales au profil du mur. Par confequent, afin
que le mur foit en equilibre avec les terres,
il fuffit que I'energie de chaque lame du profil
des terres qui tendent a s'eboulerj foit egale
a Tenergie de chaque lame du mur , c'eft
pourquoi on ne doit conlidererque cesprofils.
7. M. Couplet nomme energie ce que Von
appelle plus communement momentum en me-
chanique , quand deux puiffances appliquees
a un levier , font en Equilibre ; il appelle
Energie le produit de chacune de ces puif-
fances par la longueur du bras de levier oil
elles font appliquees.
Je me fervirai de fes memes exprefllons.
8. Cet Auteur penfe avec M. Bullet, que
les terres qui prennent le plus grand talus,
font celles qui ont le plus de force pour ren-
yerfeg
D E Dijon; v^J'^? 33
veffer les murs , & que ce font celles dont le^
parties detachees les unes des antres font leS
plus roulantes ; telles que feroient les grains
d'un fable rond 8z: bien egal ; & pour rendre
la chofe plus fenlible , il compare ce fable
a un amas de boulets de canon tous egaux
& places les uns fur les autres, de maniere
qu'ils occupent le moins d'efpace poiJible. II
remarque que , dans cette hypothefe , le ta-
lus, au lieu d'etre de 60 degres, feroit celui
des faces du tetraedre qui eft de 70 degres '
on verra dans la note ( I ) , que la bafe de
ee talus eft a fa hauteur comme i eft a i/§^
Si Ton fuppofe que ces boulets' s'appuietit
d'un cote centre un mur , il arrivera que ceux
qui toucheront le mur, ou ne feront plus
(i) Soit le tetraedre ACBD {fig. 2.) fornle avec
des llgnes tirees au centre de quatre boules qui fe tou-*
chent, en formant le parallelogramme DG, & tirane
la ligne DK perpendiculaire a CB, & la ligne A J
qui eft la hauteur du tetraedre; il eft evident que ft AJi
exprime le poids , AG exprimera la force avec laquelle
k boulet agira centre le mur ; ft Ton fait Vii ■=: t
{fig. 4,) , on aura JD — 2,AK = KD-=3, AJ=zs
^ak^-kJ^ f^fi = /^r, & AD z= ^Td^^^^^Taj^
= ^4 +\/8 x'v/8 = ^ JTS" = -^71 : par confe-
quent la bafe du talus des faces du tetraedre eft a fa
hauteur *. '. KJ. A J ou *. '. i. v/"8, & la bafe du talus
des aretes du tetra.edre eft a fa hauteur * * JD. AJ 1 *
5* __..
54 ACADEMIE
port^s qiie par iin boiilet {fig. a.), on feront
encore portes par deux {fig. j.) Dans le pre-
mier cas , il eft alfe de voir , en formant le
parall^logramme GD, que I'efFort que chaque
boulet fera horizontalement pour pouffer le
inur , fera au poids de ce boulet comme AG
ou JD eft a JA, ou, comme on le verra par
la note , comme 2 eft a \/'2'.
Dans le fecond cas, apr^s avoir forme le
pnrallelogramme GK, on verra que cet effort
eft au poids du boulet comme AG ou JK eft
AJ, ou comme i \/ 8.
9. II remarque d'abord , que quoique ces
deux cas paroifl"ent donner des refultats fort
differens, ils reviennent cependant au meme;
parce que ft, dans le premier cas, la force
eft double de ce qu'elle eft dans le fecond ,
d'un autre cote , le nombre de boulets qui
agiroient, feroit moitie moindre, & par cette
raifon il s'en tient a la premiere hypothefe.
10. II dit enfuite que chaque grain de terre
compris dans le triangle, pouvant etre con-
fidere comme un boulet , fera contre le re-
vetement un effort horizontal qui fera a la
pefanteur comme 2 eft a \/T, & par confe-
quent que tous les grains de terre pris en-
femble , feront horizontalement un effort total
qui fera a leur pefanteur dans le meme rap-
port.
11. II conclut dela que la maffe entiere
du triangle de terre ^tant cenfee reunie a fon
centre de gravite , toute la pefanteur de ce
-triangle agira contre le mur , fuivant une di-
D E Dijon, 'iy84l ^
reftion horizontale, avec uii effort qui fera
au poids de ce triangle comme 2 eft a ^/T,
& que cet effort lera applique aux deux tiers
de la hauteur du mur, attendu que la ligna
horizontale, tiree uu centre de gravite de ce
triangle, aboutit aux deux tiers de cette hau-
teur : en multipliant cet effort par ce levier,
il en refulte un produit qu'il prend pour Te-
nergie de la puiflance agilfante , apres I'avoir
tnultiplie par le poids d'un pied cube de
terre.
La puiiTance refiftante eft le profil du mur
qu'il fait d'abod triangulaire, il le multiplie
par le poids dun pied cube de ma^onnerie;
& comme le centre de gravite eft a plomb
des deux tiers de la bale du triangle, il prend
pour bras de levier de la puiffance refiftante,
les deux tiers de la bafe du mur.
En formant une equation de ces deux ener-
gies (i), qui doivent etre egales pour que
( I ) Soit ABC (^fig 6. ) le triangle de terra qui poufTe
les murs BCQ, nommant h la hauteur <lu mur, a le
poids d'un pied cube de terre , & b celui d'un pied
cube de ma^onnerie , Ton aura A B :=: .-— , parce
que , fuivant riiypothefe , A B eft la bafe du talus des
faces du tetraedre dont BC eft la hauteur , & cue Ton
a AB. BC (//) *. ; I. v/g, ce qui donnera AB =5
Ji_
La fuiface du triangle ABC f$ra done -7^ X
^6 A C A D t M I E
le tout foit en eauilibre, il parvlent a trou-
ver que cette bale eft a peu pr^s les f de la
hauteur du mur ( i ).
s: — 7= . fon poids fera — >^ , fon effort centre le
mur fera a ce poids *. *, 2. \/8 '> ain^i cet effort fera
. ^r= — — Trr = —5— : Ic brss de levier de cette puif^
Ty^fxvS 8
fance eft F Q = f A ; ainfi I'energie de la puiffance
a hh i h a P
agiffante lera —^ ^ "T — "12"*
h X
La puiffance refiftante eft le mur B C Q = — , fon
b hx
poids eft , fon bras de levier SQ =: | * , ainfi
./• i^* , b h XX . r A>
fon energie fera y, \ x =. : ainli 1 on aura
I'equaticn = ; d ou] 1 on tu-e xx z=. -— , &
M. Couplet fuppofe que la pefanteur fpecifique de
la terre eft 3 celle de la ma^onnerie t 1 ^ • 3 * ^in^
^=:-, & I'on auT» xz^- y _= = -X
b 3 ^32 100 ^ 10.00
;^ ^ V ^^ ■ A ; ce qui fait voir que dans le cas
10.00 $
de I'equilibre , la bafe d'un revetement triangulaire doit
Stre les f« de fa hauteur, {^fig. 7.)
Si le mur eft a plomb des deux cotes, II trouve*=:
()) On obfexvera encore que le talu$ que prennem
D E D I J o N , iyS4. 37
li. Je ne ferai centre cette hypoth^fe
qu'une obfervation pour prouver qu'elle ne
pent pas s'appliquer a la pratique. M. Cou-
plet fuppofe que chaque grain de fable fera
centre le revetement fon effort fuivant une
diredion horizontale , & que le centre d'im-
preffion de tons ces grains de fable eft aux
deux tiers de la hauteur : mais pour que cela
flit , il faudroit que chaque boulet qui tou-
che le mur, fut pouffe horizontalement par
chaque rang horizontal de boulets qui le joint,
ce qui n^anmoins ne pent pas arriver ; car
TefFort de la boule B {Jig. 6. ) ne fe commu-
nique nullement fur la boule A , elle s'ap-
puie fur la boule K qui s'appuie fur la boule
E; de meme le poids de la boule C ne fe
communique qu'a la boule F, & celui de la
boule D a la boule G & a celles qui I'avoi-
finent; d'ou il fuit ^videmment que les boules
les plus baffes pouffent davantage que celles
qui font au deffus , ce qui feroit tout le con-
traire dans Thypothefe de M. Couplet.
Suppofant que les boulets du premier rang
pefent trois livres , chacun d'eux s'appuiera
fur trois de ceux du fecond rang, & comine
ceux-ci en portent aufTi chacun trois , leur
preflion fera augment^e de trois livres cha-
des boules pof^es les unes furies autres^eft beaucoup
plus confiderable que celui des faces dansle tetraedre;
il a environ deux pieds de bafe fur un pied de hau«
fear , ce qui forme un angle trois fois plus {petit.
C iij
jg A C A D E M I E
cun, ainfi des aiitrcs ; par oii il eft Evident
que le- centre cl'imprv-'llion eft beaucoup plus
has que le tiers de la hauteur , puifqu'a ce
point , il y a environ autant de boulets en
liaut qu'en has , & que ceux du deftus pouf-
fent beaucoup moins que les autres ; & de
plus , qu'il n'y a guere que le neuvieme de
ceux -ex qui dingent leur effort contre la
partie fuperieure du mur, les |. reftant di-
rjgeant le leur contre la partie infericure.
J 3. Dans cette premiere hypothefe de M.
Couplet, il faut fuppofer le parement inte-
rieur du mur parfaitement poli; mais comme
il arrive au contraire que ces murs font tres-
graveleux,alors les petites boules s'appuyant
contre les inegalites du mur, n'agiront plus
{"uivant une dire<^ion horizontale , mais fui-
vant une autre que M. Couplet fuppofe pa-
rallele au talus que prennent les terres, c'eft
conformement a cette remarque qu'il etablit
une lecondc hypothefe , tres-eloignee de la
premiere.
Comme 11 a remarque que les boulets pou-
voisnt prendre deux difterens talus. Tun fui-
vant rinclinaifon d(is faces du tctraedre , &;
I'autrc fuivant celle des aretes de ce tetra-
edre , il forme deux hypothefes , & meme
trois, dans la fuppofition du parement gra-
veleux.
14, Dans le premier cas , oh. il fuppofe
que les terres prennent le talus des faces du
tetraedre , ii tire , par Textremite de la bafe
dii mur {^fg, S & ^.) qu'il fait toujours trian-
D E Dijon, 77^4. 39
gulalre, une parallele au talus des terres , &
confidere que la partie des terres AOFD,
comprife entre cette ligne & le talus, ne con-
tribue en rien a renverfer le mur, puifqu'elle
fe foutiendra fur la partie D F B du revete-
ment de la meme maniere qu'elle fe foutieii-
droit fur des terres mifes a fa place; par con-
fcquent il n'y aura que le triangle OFH qui
fera effort pour renverfer le mur. II remar-
que enfuite, que pour le mettre dans le cas
oil le revetement feroit le plus facile a ren-
verfer, il faut fuppofer qu'il le cafferoit fui-
vant la ligne inclinee FB. II fuppofe ici que
Teffort fe fait.parallelement au talus, & en
tirant encore du centre de gravite du triangle
OFH, un autre parallele PV a ce talus, &
de Textremite B de la bafe du mur, une per-
pendiculaire BV fur cette ligne; cette per-
pendiculaire fera la levier de la puiiTance
agiffante.
La puiiTance refiilante eft le triangle HF3,
en abaiffant une perpendiculaire Q C du
centre de gravite de ce triangle fur la bale
du mur , la partie BC = I BD fera le bras
du levier de cette puiffance refiftante.
Apres avoir refolu I'equation que Ton tire
de cet expofe , apres un calcul aflez compli-
que , & en fuppofant que la pefanteur fpe-
cifique des terres foit les - de celle de la
ma^onnerie , il trouve que Tepaiffeur du mur
k la bafe doit etre les de la hauteur on
1000
C iv,
i^O A C A D E M I E
environ -; ce qui donne ime ^paifleur beau«.
coup moindre que par la premiere hypo-
thefe, oil il avoir trouve - ou ^~( 1 1 ).
15. Dans le fecond cas (Jig. ^.), ou il
fuppofe que les terres prennent le talus des
aretes du tetraedre, il trouve Tepaiffeur de
r— ■ — ; ae la hauteur ou environ .;
,JOQ uO ^e
II fuppofe encore , en troifieme lieu , que
chaque boulef eft porte fur qiiatre autres ,
& il en cieduit que repaiffeur du mur a la
bafe doit —-^ de fa hauteur ou environ -
1000 5*.
16. Je remarquerai d'abord , que quoique
dans ces trois dernieres hypothefes , oil il
femble que par Tengrenement des parties de
Ja terre dans le parement interieur du mur,
on doiine beaucoup d'avantages a la puiffance
agiffante , il refulte cependant que repaiffeur
que Ton trouve eft beaucoup moins forte que
par la premiere hypothefe; elle n'eft guere
que le quart dans le premier cas , moins de
Ja moitie dans le fecond , & la moiti^ dans
le troifieme. Cette efpece de contradidion
provient de plufieurs fuppofitions que fait
I'Auteur, qui donnent beaucoup plus d'avan-
tages a la puiffance agiffante que dans fa
premiere hypothefe, & d'ailleurs ces fuppo-
fitions ne peuvent que difficilement avoir lieu
dans la pratique.
^ fuppofe d'abord que le mur fe rompe^
D E Dijon, iyS4: 41
roit fuivant line ligne inclin^e FB (^fig. 8 &
£).) , parallele an talus, parce que, dit-il,
Je revetement feroit plus facile a caffer fui-
vant cette ligne inclinee,qii'horizontalement
fur la bafe B D , attendu que les terres A O
ED feront effort pour retenir fa partie FDB,
au cas que I'autre partie H.FB voulut Ten-
trainer : mais il ne fait pas attention que la
tenacite des mortiers eft beaucoup plus dif-
ficile a vaincre que la pouffee des terres
qui ne peuvent nullement empecher , la
partie baffe du mur, de verfer; cette rup-
ture ne pent fans contredit fe faire que dans
Tendroit oii la tenacite des mortiers eft la
rrkoindre ; & comme cette tenacite eft en rai-
fon de la furface de la rupture , & que la
furface inclinee eft triple de la bafe dans le
premier cas , & environ comme 7 eft a 4 dans
le fecond cas, il eft Evident qu'il eft impof-
iible que cette rupture fe faffe fuivant cette
inclinaifon, plutot que fur la bafe, d'autant
plus qifil eft rare que cette bafe foit liee
^vec les fondemens, a moins qu'ils ne foient
de rocher; car la terre , on une plate-forme
de charpente recouverte de plateaux, ne pent
pas fe lier avec la ma^onnerie. II eft encore
aife de voir que quand le mur fe renverfe-
roit en prenant Tinclinaifon D E , il ne fou-
leveroit point les terres du trapeze OFDA
qui s'appuient fur la partie FD, mais qui ne
la foutiennent pas : d'ailleiixs , ft le mur 6to'it
rompii fuivant le plan incline BE, il ne pour-
roit pas mcme fe foutenir de lui-meme fur ce
plan.
J^l A C A D E M I E
17. II y a grande apparence que M. Cou-
plet comptoit bien peu fur fa propre theorie,
puifque Taugmentation qu'il ajoute a fes murs,
pour les mettre au deffus de I'equiiibre , eft,
dans tous les cas d'ufage, beaucoup plus con-
fiderable que ces murs meme : il fait aufli a
cet 6gard , pour diminuer TefFet de la puif-
fance agifTante, des fuppofitions tout- a -fait
gratiiites , & qui ne peuvent aucunement
avoir lieu. i°. Au lieu de mettre le point
d'appui a I'extrcmite B du mur , il le fup-
pofe au tiers X de la ligne inclinee BF, oil
il fuppofe que la rupture fe feroit; cette fup-
pofition de placer le point d'appui en dedans
du mur, peut avoir lieu lorfque les fonde-
mens nc font pas incomprefTibles : mais ici
oil on prend pour appui une partie du mur,
il eft certain que comme on s'appuie fur de
la maconnerie, le point d'appui ne peut etre
qu'a I'extremite de la rupture. 2°. 11 fuppofe
qirindependamment de la pouffee des terres,
les murs de revetement peuvent encore ef-
fuyer des efforts accidentels , tels que le mou-
vement des voitures ou des depots de mate-
riaux que Ton feroit fur le terre plein ; & ,
pour tenir lieu des efforts de ces efforts ac-
cidentels , il fuppofe que le terre plein eft
charge d'une maffe de terre HJKO (fig. 8
6- ^.) de dix pieds de hauteur; mais il n'eft
pas naturel de fuppofer cette charge au/Ii
forte , fur-tout pour les petits revetemens ;
cette furcharge, pour un revetement de dix
pieds de hauteur, feroit fix fois plus grande
D E Dijon, iy?4. 43
que celle du triangle de terre que M. Couplet
contidere comma ttant feul employe a ren-
verler le mur dans I'hypotheie du talus d^s
faces du tetraedre, & ce n'eil: que pour des
revetcmens de 40 pieds que cette maile de
terre ell egale a celle du triangle.
11 reiulte de ces iuppolitions , que M. Cou-
plet ajoute derriere le revetement triangu-
laire , une partie re<51:angulaire qui ell beau-
coup plus forte que cette partie en triangle,
qui iuffiroit pour taire equilibre ; elle eit le
double pour des murs de 15 a 16 pieds de
hauteur , elle ell ^gale pour des murs de 45
a 46 pieds , & elle ell les deux tiers pour des
murs de lOO pieds.
La iuppolition qu'il fait de placer ce point
d'appui au tiers de Tepaiffeur du mur lur la
ligne i'uivant laquelle le mur doit le fendre,
ron-l"?lilement diminue d'un tiers I'energie de
la puillance reiillante , mais encore il arrive
qu'une partie du mur etant de i'autre c6t6
<iu point d'appui & en balcule , devient une
puiflance agifTante : c'eft cependant d'apres
ces fuppohtions que M. Couplet a conllruit
trois tables pour regler les epailTeurs & les
talus des murs ; leurs rekiltats lont relatifs
aux trois Iuppolitions qu'il a faites pour le
talus que prennent les terres; mais il ell aile
de voir que routes ces rixations arbitraires
de levier , de mallit de terre, de point rixe,
ne peuvent pas donner grande allurance dans
^es regies qu'il eft vilible que Ton n'a ^ta-
tlies que pour chercher a s'accorder a peu
'44 A C A D E M I E
pres a celles qui avoient ete propof^es par
des Praticiens , mais qu'ils n'avoient fondees
fur .iucunes demonftrations. Je dpnne par les
figures 10, II, 12, les profils des murs fui-
vant les differentes hypotheles de M. Couplet.
Je ne parle pas de fon hypothefe de la
pyramide quarree, ni d'un troifieme Memoire
fur les contre-forts , j'en ai affez dit fur cet
objet.
1 8. M. Belidor a aufll traite amplement,
dans le premier livre de la Science des Inge-
nieurs, la queftion de determiner Tepaiffeur
des murs de revetement. 11 y a apparence
qu'il travailloit en meme temps que M. Cou-
plet, puifque le livre de M. Belidor eft im-
prime en 1729, & que les Memoires de I'Aca-
demie , oil font ceux de M. Couplet , n'ont
^te imprimis que dans ce temps; ce qu'il y
a de certain , c'eft que ces deux Auteurs ,
quoique agiffant par les memes principes,ont
pris des routes fort differentes.
19. M. Belidor fuppofe que les terres pren-
nent le plus ordinairement un talus de 45
degres ; qu'une puiffance qui oppoferoit ver-
ticalement a la pouffee du triangle de terre
qui tend a s'^bouler, une furface plane de-
vroit etre ^gale au poids de ce triangle, s'il
gliffoit fur un plan incline fort lifTe ; mais il
penfe que la tenacity des terres fait que cette
puiffance ne peut etre comptee au plus que
pour moitie. II fuppofe enfuite que toute la
hauteur A B du mur {fig. /j. ) eft divifee en
5iiUtant de parties qu'il y a de pieds dans cette
D E Dijon, 77^^, 45
hauteur , & qu'une puiffance appliquee a cha-
cune de ces parties du mur,foutient la pouffee
des terres qui lui repond; la premiere dans
le haut foutient un triangle, & chacune des
autres en defcendant foutient des trape-
zes , dont les furfaces augmentent en raifon
des nombres impairs I. 3. 5. Chacune de ces
puiffances agit a I'extremite d'un bras de le-
vier, & tous ces leviers diminuent fuivant la
progreffion des nombres naturels 3. 2. I. En
multipliant chacun de ces bras de levier par
TefFort que fait centre le mur'le trapeze qui
lui repond,- on aura, dit-il, les difFerentes
energies de la pouffee des terres contre les
differentes parties du revetement, & la fomme
totale de ces energies fera I'energie de la
pouffee totale des terres. L'energie de la
puiffance refiftante eft le produit du profit
du mur A J par la moitie de fon epaiffeur
KB,lorfqu'il eft aplomb des deux cotes (!)•
( 1 ) Pour donner un exemple de la methode de M;
Belidor : foit un mur AB de 3 pieds de hauteur , la
furface db premier triangle fera | qu'il multipHe par le
levier AB =: 3 ; le trapeze enfuite eft |- qu'il multiplie
par DB =: 2 ; le trapeze fuivant eft | qu'il multiplie par
BE=i ; de forte que Ton aura I X 3+i X 2+| X 1=7,
dont il ne prend que la moitid, 3^, a caufe de la te-
nacite des terres ; & comme il veut reunir la fomme de
ces energies au fommet du mur, il divife cette quan-
tite 3 I par A B =: 3 , & il a 1 j qui eft I'energie des
puilTances agifTantes reunies au point A.
46 A C A D E M I E
i<*. Cette hypothefe de M. Belidor efl: plus
naturelle que celles de M. Couplet, mais elle
laifle encore beaucoup a defirer. L'on ne voir
pas d'abord pourquoi Ton ne doit prendre
que la moitie du poids des terres pour avoir
la poufiee , & il n'y a rien de demontre fur
cette affertion. Les bras de levier ne devroient
pas etre pris depuis le point d'appui jufques
au deffus des trapezes ou des triangles , mais
fculement julques au point oil I'impreffion
moyenne de ces trapezes &: triangles ie fait
centre le mur : de plus, rien ne prouve que
la pouffee des terres agiffe liorizontalement.
Mais ce qu'il y a de phis extraordinaire, c'eft
que M. Belidor s'eft embarraffe dans de longs
calculs pour conftruire des tables , afin de
fixer Tepaifleur des murs de revetement,fans
prendre garde qu'en fuivant fes formuies,les
difterentes epaiffeurs , relativement a la hau-
teur des murs , fuivoient une progreflion
arithmetique ; & par confequent , qu'ayant
calcule Tepaiffeiir des murs pour deux hau-
teurs feulement , toutes les autres fe trou-
voient , en ajoutant feulement la difference
trouvee entre les premiers termes. Je donne
ici les differens profils de M. Belidor (/g. 14),
depuis 10 pi. jufqu'a lOO pi. de hauteur.
21. M*". le Marechal de Vauban a aufli
donne im proiil gen(^ral pour tous les murs
de revetement des fortifications ; il a fuivi
dans ce profil une pratique fondee fur une
experience qu'il croyoit d'autant plus cer-;
D E Dijon, fy^4: 47
talne, quelle lui avoit rduffi fur plus de cent
cinquante places qu'il avoit fait fortifier par
les ordres du Roi.
II etablit, pour regie generale, de donner
depuis 4 pi. jufqu a 6 depailleur au f6mmet
des murs , & ce a proportion que la macon-
nerie eft bonne ou mauvaife , & enfuite oe
donner un cinquisme de talus , ce qui aug-
mente leur epaiffeur fur la bafe a proportion
de leur hauteur. Je donnc {fg. i5.) le profil
general de M'. de Vauban.
Cette regie pent etre tres-bonne pour des
murs de fortifications , qui doivent non-feu-
lement refifter a la pouifee des terres des
remparts, mais qui doivent auffi oppofer une
certaine reliftance au canon, & donner plus
de difficulte a faire la breche; mais pour des
murs ordinaires qui doivent foutenir des
chauflees & des quais , & qui ne doivent
point etre attaques par le canon , le proiil
de M^. de Vauban leur donneroit beaucoup
trop d'epalfleur au fommet : d'ailleurs, rien
ne demontre que le talus d'un cinquieme foit
line proportion neceffaire. L'on a au(Ti pre-
fume que fi les revetemens d'nne petite hau-
teur etoient beaucoup trop confiderables pour
refifter a la pouffee des terres , cette epaif-
feur ne fufFiroit pent -etre pas, lorfque les
revetemens feroient tres -confiderables. La
pratique qui avoit guide ce grand Homm.e
pour des iruirs d'une hauteur mediocre , ne
lui ayant ete d'aucune utiiite pour ceux qui
auroient eu plus de cinquante pieds de liau-
'4S A C A D ^ M I E
leur, parce que les experiences de cette e{-
pece font fort rares , nous verrons par la fuite
fi ce doute eft fonde.
22. L'experience doit etre neceffairement
la bafe des*principes que Ton cherche a eta-
blir dans toutes fortes de matieres de prati-
que ; mais cette pratique doit etre guidee
par la theorie , parce qu'il eft difficile que
l'experience la plus confommee puifl"e s'ap-
pliquer a tous les cas poftibles.
N'ayant rien trouv^ de fatisfaifant & de
demontr^ dans les difFerentes regies qui ont
ete donn^es jufqu'ici, j'ai cherche s'il ne fe-
roit pas poffible de fonder la theorie de la
poufl'^e des terres fur une pratique raifonnee;
il eft vrai qu'il faudroit pour cet objet faire
beaucoup d'experiences fur differentes fortes
de terres, & fur des murs affez eleves pour
que les petits accidens, inevitables dans ces
fortes d'epreuvef ne puiffent pas influer beau-
coup fur les refuitats; il faudroit fur- tout
examiner attentivement des murs qui auroient
ete renverfes, & en chercher les caufes.
Mais comme il feroit difficile que les ex-
periences de cette derniere efp^ce fuffent
affez multipliees pour etablir une theorie fo-
lide, au defaut de la multiplicite de ces ex-
periences que le hafard feul peut donner ,
j'ai pris le parti d'en faire quelques-unes affez
en grand fur des terrtfs de differentes efp^-
ces ; & quoique la manoeuvre de ces expe-
riences paroiffe bien fimple, puifqu'il ne s'agit
qu^
D E Dijon; (^^4: 49
que d'oppofer une furface verticale a la poiiffea
des terres,& de connoitre le poids qui peut
retenir cette furface : ce qui paroit aife dans
la fp^culation, devient cependant affez diffi-
cile dans la pratique. En faifant ces expe-
riences fur des furfaces de 6 a 7 pieds de
hauteur &de trois pieds delargeur, on s'ap-
per^oit que les terres de cote etant liees avec
celles qui font derriere ie plan vertical, il
ny en a qu'une partie de celles-ci qui agif-
fent. II en eft de meme fi on contient ces
terres entre des plans perpendiculaires au plan
vertical oppofe a la pouffee : d'ailleurs, des
terres nouvellement remuees font long-temps
a fe taffer , & ce n^ pourroit etre qu'a la
longue que Ton pourroit connoitre la force
capable de refifter a cette pouffee , qui agic
probablement d'autant plus efficacement ,
quelle eft un temps plus long a agir.
23. L'on croit communement que les ter-
res qui ont le plus de pouffee , font celles
dont les parties font les plus mobiles, & qui
prennent naturellement un plus grand talus ;
mais rien n'eft moins prouve que ce fenti-
ment : fouvent des terres graffes & compac-
tes , qui ne prennent que peu de talus , font
plus lourdes que des graviers qui laiffent en-
tr'eux beaucoup de vuides , & il n'eft point
demontr^ que la pouffee foit proportionn^e
au talus que prennent les terres ; il y a meme
tout lieu de croire que les terres les plus
dangereufes pour les murs de foutenement,
i"ont celles qui font fufceptibks de fe gonfle?
50 ACADEMIE
par rhnmidit6 & de fe fecher enfuite; la force
qu'exercent ces terres, en prenant plus d'ex-
tenfion lorfqu'elles font mouillees,eft enorme
& comparable a celle qui agit fur de« coins
de bois fees que Ton mouille pour faire de-
tacher les pierres dans les carrieres; il feroit
meme impraticable d'oppofer a cette force
des murs aflez 6pais pour lui refifter , quoi-
qu'll n'y eut gueres que les terres pres de la
furface & fur quelques pieds de hauteur qui
foient fujettes a ces variations , celles qui font
iin pen profondes pouvant difficilement etre
penetrees par la pluie : il faut fe contenter,
dans ce cas , d'eloigner ces terres graffes des
revetements , en mettant de la pierraille on
d'autres terres legeres entre celles -ci & le
mur. On pent voir fur ce fujet un Memoire
<le M^ de Reaumur dans les Memoires de
I'Academie des Sciences , de I'annee 1730.
Les experiences fur des terres un pen com-
pares etant tres-difficiles a faire, a caufe de
ieur peu de mobilite qui empeche qu'elles ne
puiffent agir, fi ce n'eH a la longue, je me
fuis fervi, pour mes experiences, d'un fable
aflez fin & peu roulant, qui peut tenir le
milieu entre le fable roulant & la terre or-
dinaire.
24. J'ai fait faire une efpece de caifTe {fig,
iC) de 30 pouces de longueur fur autant de
hauteur & fur un pied de largeur, ouverte
par le devant & par le defliis ; j'ai mis devant
cette caiiTe im plan vertical d'un pied de lar-
geur fur 30 pouces de hauteur, mobile dans
D E Dijon; 1^94: 5 1
jk has fur line charniere, & fixant au tiers
de fa hauteur deux cordes, qui, apres avoir
paffe fur deux poulies , etoient attachees k
un plateau , fur lequel on pouvoit placec
differens poids; j'ai fait remplir la caiffe de
fable , & j'ai trouve qu'un poids de 3 5 livres
empeehoit le plan vertical de fe renverfer ,
quoique le fable qui s'ebouloit lorfque le plaa
etoit totalement renverf^ , pefat 320 livres,
ce fable prenoit un talus un peu plus petit
que Tangle de 45 degres.
25. Quoique j'euffe pu faire toutes les ex-
periences avec cette caiffe , je me fuis ap-
pergu cependant que fouvent le fable ne pre-
noit que peu de talus, qu'il sechappoit par
les inrervalles qui refloient entre I'interieur
de la caiffe & le plan vertical, ou que s'y
arretant , il le retenoit ; j'ai pris le parti ,
pour faire plus commodement ces experien-
ces, de faire faire une caiffe pareille a celle
que j'ai decrite , mais plus petite , & dont
toutes les dimeniions etoient du quart de la
pr^cedente j & au lieu de fable , je me fuis
fervi de grenaille de fer fondu , que Ton
nomme communement fonte agiboyer; cette
grenaille etant un peu groffe , ne pouvoit s'in-
finuer entre le plan vertical & les cotes de
la boite, & laiffoit le mouvement abfolument
libre; & comme cette grenaille pefe plus que
de la terre, au lien de me fervir de prifmes
de pierres pour lui oppofer , j'ai forme avec
des petites planchettes minces , des prifmes
creux que je rempliffois de petit plomb a
Dij
52 A C A D t M I E
giboyer & de fonte, tellement melangee, que
la pefanteur fpecifique du prilme ainfi rem-
pli, fut avec la grenaille de fonte en meme
proportion que la maconnerie eft avec la
terre. Je rapporterai principalement ces der-
nieres experiences qui ont ete faites avec la
plus grande exaditude , & toutes r^petees
quatre a cinq fois ; & pour donner differens
talus a la grenaille , qui naturellement pre-
noit un pied de bafe fur un demi-pied de
hauteur , j'ai place dans la petite caiffe un
plan diagonal a qui Ton donnoit difF^rentes
inclinaifons , & principalement celle de 45
degres , & celle qui partage cet angle en 2
€galement , foit avec la verticale , foit avec
i'horizontale.
26. II eft affez nature! de penfer que la
pouffee des terres agiffe d'autant plus effica-
cement qu'elles font a une phis grande pro-
fondeur; cependant comme celles du bas font
preffees par toutes les terres fuperieures, on
pourroit croire que leur adion eft diminuee
par ce poids , & que leur poufl"ee n'eft pas
exaftement proportlonnee aux trapezes qui
leur repondent. Ainfi , la premiere queftion
a examiner, eft de fa voir fi toutes les parties
de la hauteur d'un mur font pouffees avec des
forces relatives aux diiT^rens trapezes de terre
qui s'appuient contre ces parties.
27. Pour m'en afliirer par experience , j'ai
mis devant la caiffe , dont on ne prefente ici
que le profil {fi§. ly- ) , cinq petite plans vet;
D E Dijon, 7-^4. 53
ticaux d'un pouce & demi de hauteur , qui
pouvoient tons gliffer entre des couliffes fans
fe toucher les uns les autres , chacun etoit
tire par deux cordes paffant iur deux pou-
lies qui foutenoient un plateau oii Ton met-
toit difFerens poids; & apres avoir rempli la
caiffe de grenaille , j'ai eilaye a differentes
fois Iqs poids qu'il falloit mettre pour que
ces plans verticaux s'ecartaffent egalement
tous un peu de la caiffe ; en gliffant horizon-
talement , j'ai trouve que celui qui retenoit
|e plan fuperieur etoit d'une once & demie ,
le fecond de quatre onces , le troifieme de
fix onces , le quatrieme de huit onces , & le
cinquieme de dix onces ; ce qui approche
beaucoup de la fuite des nombres impairs i.
3. 5. 7. 9; & comme le triangle A & les tra-
pezes BCOE font dans la proportion de ces
nombres, il eft certain que cette experience
demontre que les murs font pouffes dans les
differentes parties de leur hauteur , dans la
proportion des trapezes de terre qui leur font
oppofes.
iS. 11 fuit encore de cette experience, que
£1 on vouloit placer une puiffance refiftante
pour foutenir les murs de revetement dans
iin point de leur hauteur , ce point devroit
etre au tiers de la hauteur de ces murs , afin
que la pouffee de la partie inferieure fiit egale
a celle de la partie fuperieure, & que Tune
foit en ^quilibre avec I'autre, attendu que
ce point eft vis-a-vis le centre de gravite du
triangle de terre qui exerce la pouffee ; S^
D iij
54 A C A D E M I E
que pour foutenir ce triangle finvant la di-
redion la plus avantageufe a la puiiTance, il
faudroit que cette direction fut une ligne tiree
du centre de gravite parallelement au plan
incline, & il eft evident que cette ligne abou-
tiroit au tiers de la hauteur du mur.
29. Mais pour m'afTurer encore davantage
de ce fait qui eft tr6s-important , j.'ai place
devant la caifl'e un plan vertical que j'ai re-
tenu par deux points d'appui places au tiers
de i"a hauteur, j'ai verfe de la grenaille dans
la caifte, & lorfqu'elle a et6 pieine, le plan
eft refte en equilibre. (/%. 18. )
J'ai enfuite fixe le point d'appui plus has,
& apres que la caifte a ete remplie , la gre-
iiaiile a fait verfer le plan vertical par le
deffus, & il a pris la pofition CF; apres avoir
fixe encore le point d'appui plus haut que
le tiers , le plan vertical s'eft incline & a pris
Ja pofttion BE, ce qui prouve evidemment
que le centre d'impreftion de la pouffee des
terres eft vis-a-vis le centre de gravite du
triangle qui exerce la pouffee.
30. 11 fuit deli que le centre d'impreftion
de la poufl'ee des differentes parties de la terra
qui eft derriere un mur, fe trouve vis-a-vis
le centre de gravite des difterens trapezes qui
partagent le profil des terres qui tendent a
s'ebouler, ce que je ne m'arreterai pas a de-
jBontrer : il eft queftion a prefent de cher-
cher quelle eft la force de la pouffee , &
comment elle agit contre un mur fuivant les
diiFerens talus que prennent les terres.
D E Dijon, iyS4. 5^
31. J'ai place, comme dans Texperlence
precedente, un plan vertical devantla caiffe;
& apres I'avoir retenii au tiers de fa hau-
teur par deux cordes, je les ai fait paffer fur
des poulies pour foutenir un plateau place
fous la' caiffe , afin de pouvoir charger ce
plateau de difFerens poids. {fig. 18,)
J'ai rempli la caiffe de grenaille dont le
talus naturel etoit d'un pouce de hauteur fur
deux ponces de bafe, & j'ai trouve que le
poids qu'il falloit placer fur le plateau etoit
de 3 livres ; j'ai enfuite place dans la caiffe
un plan incline FG fous Tangle de 45 degres ;
& apres avoir rempli la capacite BFG de
grenaille , j'ai trouve que le poids qu'il fallojt
placer fur le plateau n'etoit encore que de
3 livres; en variant I'inclinaifon du plan pour
avoir un talus double de 4? livres comme FP,
ou un talus qui n'en fiit que la moitie comme
FQ, j'ai toujours trouve qu'il falloit mettre
le meme poids fur le plateau pour foutenir
la furface verticale oppofee a I'adion de la
grenaille, quoique fous Tangle de45 degres,
il y eut 13 livres de grenaille dans la caiffe;
que fous un talus double , il n'y eut que 6
liv. -J , & que fous un talus moitie moindre,
il y en eut 26 livres.
Cette experience eft abfolument contraire
au principe de M. Belidor fur la pouffee des
terres; car, fuivant lui , fi les terres prenoient
un talus moindre de 45 ''. , la puiffance de-
vroit toujours etre proportionneeala furface
du triangle qui glifferoit fur le talus que pren-
D lY
56 A C A D E MI t
nent les terres ; & comtne ce triangle feroit
double de celui fur lequel il a fait fon calcul,
si auroit trouvd une epaiffeur beaucoup plus
grande que celle qu'il a fixee(i).
32. II eft neanmoins aife de voir que fi le
triangle de terre qui gliffe fur un plan incline
de 45 degr^s, a plus de poids qu'un autre
triangle qui glifferoit fur un talus moindre ,
!e plus grand talus en porte aufli une plus
grande partie qu'un talus plus petit ; qu'ainii
la partie de fon poids qu'il emploie a agir
centre le mur , "doit etre aufli moindre , &
qu'il peut fe faire que la rapidite du plan
incline compenfe le moindre volume des
terres.
33. On doit encore remarquer que lorfque
la pouffee des terres fait deverfer ou reculer j
iin mur, alors les terres defcendent & gliffent
contre le mur , ainfi que contre le talus de
celles qui reftent; par confequent que Ton
ddit confiderer le triangle de terre qui pouffe
plutot comme un coin que comme un plan
( I ) Dans I'exemple que donne M. Belidor pour un
rnnr de 15 pi. de hauteur , dont ies terres qui poufTent, (
prennent naturellement un talus de 45 degres , le triangle j
qu'il prend pour I'unite cube ^ pied , & il trouve 1 e-
paifleur au Ibmmet du mur avec ^ de talus de 2 pieds
6 po. 2 lign.
Si le talus etoit double , le triangle qu'il prend pour
I'unite feroit i pi. & I'epaiffeur du mur au fommet Teroit
alors de 4 pi. 6 po. : en fuppofant que le talus ne fut que
fie la moitie de celui de 45 degres , cette epaiffeur nt
i«rpjt plvis que i pi. i po.
D E Dijon, iy^4. 57
incline , ce qui apportera qiielque diiFerence
dans le calcul , mais feulement par rapport
aux frottemens.
II eft queftion a prefent de demontrer fi
efFeftivement les ditterens talus des terres
donnent toujoufs la meme pouff^e; pour cet
effet il faut faire attention, i°. que, dans le
cas prefent, I'experience & le raifonnement
•demontrent que le centre d'impreffion fe fait
au tiers de la hauteur des terres , par la raifon
que le coin eft compof^ de parties mobiles,
dont le poids des fuperieures fe porte fur les
inferieures; au lieu que fi le coin etoit d'une
feule maffe, ce centre d'impreffion feroit beau-
coup plus pees de fa partie fuperieure.
2°. Que quel que foit I'efFort de cette pouffee
au tiers de la hauteur du mur, il peut tou-
jours etre divife en deux eff'orts , I'un hori-
zontal & I'autre vertical. 3°. Qu'en faifant
abftradion des frottemens, & fuppofant le
parement interieur du mur tres-uni , I'effort
vertical ne fera aucun effort, foit pour ren-
verfer le mur , foit pour le retenir. 4'^. Que
le poids des terres agit toujours verticale-
jnent, & qu'ainfi la direftion eft determinee.
50. Le plan incline foutenant une partie de
ce poids, la diredion de cette force doit etre
perpendiculaire au plan. Ainfi , en prenant
im point J {fig. icf.) dans I'horizontale JK,
placee au tiers de la hauteur du mur, abaif-
fant la verticale JM & la perpendiculaire JL
au plan incline, on formera le parallelogramme
dQS terres KJLM, oil JM exprime le poids
58 A C A D E M I E
& KJ TefFort horizontal des terres centre le
mur; nommant la hauteur du plan incline /z,
la largeur /, on aura JM. JKj:: Lh , Ton a aufli
JM -- dont '-- JK • : /./z, & JK= '-^C^,
oil Ton volt que dans rexprefTion de cette
puifTance JK , il n'ell queftion que de la hau-
leur des terres , & que par confequent I'in-
cllnaifon qu'elles prennent , eft indifferente
pour leur pouffee , parce que plus leur in-
clinail'on eft petite , & plus leur adion eft
grande, relativement a leur poids.
Si dans la figure 19, oil le talus eft de 45
degres, le poids du triangle ABC eft exprime
par JM dans ia figure 20, oil le triangle EFG
eft de moitie plus petit que le -premier , la
ligne ///z fera la moitie de la ligne JM, mais
3a ligne ik fera neanmoins toujours egale a
3K , car Ton a ik. im : : GF. EF, & par la fup-
pofition GF eft double de FE; done ki fera
double de JM , mais im =-\ JM, done KJnz
3M de plus a caufe de Tangle de 45 ^. JM =
JK , done ik-]K C. Q. F. D.
34. L'on a vu dans la derniere experience,
que le poids qu'il a fallu pour retenir le plan
vertical avant qu'il ne gliftat ou qu'il ne fe
Tenverfat, etoit toujours de 3 livres ; cepen-
dant lorfque I'inclinaifon etoit de 45 ^. , le
poids qui agiffoit contre ce mur etoit de 13
liv. !1 paroit que la puiffance qui devoit re-
tenir ce poids , auroit auffi dii etre de 1 3 1. ,
puifque KJ qui exprime ce.tte puiffari£e= JxM
tr[ui exprime le poids.
D E Dijon, lyS^. 5*9^
Pour chercher les caiifes du pen d'efFet que
produit en apparence la pouffee de la gre-
nailie dans le cas dont il s'agit (^fig. 21), il
faut conlid^rer, l°. que le poids ablolu du
triangle ABC n'agit pas a beaucoup pres en
entier centre le mur, une partie eft foutenue
fur le plan incline , la diredion de la pouffee
fe fait meme luivant cette inclinaifon, comme
on doit Tinferer de la premiere experience ,
alors le poids abfoiu fera a la puiftance agif-
fante '. *. DF. DE, ou *. '. 7. 5 , lorfque le plan
eft incline de 45 ^. ainfi Ton aura 7. J 1 ^ 13.
7 7
2". Le frottement eft ici tres-confiderable,
parce qu'il fe fait contre les deux cotes AC,
BC du triangle : quoique les furfaces frottantes
foient tres-raboteufes, je ne fuppoierai ce-
pendant ce frottement que du tiers de la pref-
iion qui fe fait contre ces furfaces; Ton voit
aifement que ces frottemens feroient le meme
cffet que deux puifl"ances dont Tune = -j GD
tireroit de D en E , & Fautre = y ED tireroit
de H en B; & comme nous avons vu que DE
=:DG = 9|, chacune de ces puifl'ances fera
~ 3?7» ^6 poids ne produifant contre le mur
qu'une adion de 9y, elle fe divife en deux
autres , HK. HL , chacune ^^HJ^fXpi
= -y-+— = 6}; ainft la preffion horizontale
de la pouflee contre le mur n'eft que 6 }, dont
le tiers pour le frottement eft 1 j : ainfi, il
faut confiderer qu'au point H il y a une puif-
^ance agifl'ante HK & trois refiftantes, fund
09 ACADEMIE
tirant de H en D = 7 DE = 3 -'-, la feconde
tirant de H en B = 2 }; mais comme celle-ci
tire dans un fens oppofe a la puiffance HL
= 6 y, celle-ci fe reduira k6j — ij=4j;
celle JH = DE = 9y tirant auffi dans un fens
different que HD = 3 ^. La premiere fe re-
duira a9f— 3^ = 677; mais en rempla^ant
cette puiffance HJ par la puiflance horizon-
tale HK, on aura 7. 5::HJ (677) HK = i
La puiffance HL= 6|— 2^ = 4^ eft en-
cere une puiffance refiftante qui diminueroit
I'adion de la puiffance HK=4| , ff la fiirface
BC n'etoit pas unie; mais dans I'experience
cette puiffance ne devoir faire que peu d'effet;
de plus , il fe fait encore un frottement centre
les cotes verticaux de la caiffe, qui diminue
encore le poids abfolu du coin. II eft vrai
qu'il y a aufli un peu de frottement fur les
poulies, mais il n'eft pas a comparer au frot-
tement de la grenaille , qui eft d'autant plus
confiderable , que fes parties font toujours
pretes a entrer dans les moindres inegalites
des furfaces contre lefquelles elles frottent.
Ainfi Ton voit que le refultat de la puiffance
agiffante qui a 6t6 reduit a 4 1. y, doit etre
encore diminue, & qu'il doit bien approcher
<ie 3 1. que donne I'experience.
35* J'ai forme un prifme de 7 p*'. 7 de hau-
jteur, 2 po. de largeur, & 3 p°. de longueur;
i
D E Dijon; #7^4. 6r
je I'ai rempli de petit plotnb , enforte qu il
pefoit en tout 10 1. Sa bafe etoit iin pen ra-
bouteufe , ainfi que le plan du devant de la
caiffe , ou etoit place ce prifme. J'ai enfuite
verfe de la grenaille dans la caiffe, & lorf-
qu'elle a ete remplie , le prifme ne verfoit
pas, mais il gliffoit fur fa bafe; ayant en-
fuite ote la grenaille & attache au tiers de
la hauteur du prifme une corde qui, paffant
fous une poulie^ foutenoit un plateau fur le-
quel on pla^oit differens poids, & j'ai trouve
qu'il falloit 3 1. pour le faire gliffer, ce qui
eft un peu moins que le tiers du poids ; mais
ici la furface qui frottoit, etoit un peu pe-
tite.
36. J'ai pris un prifme de 7 p°. 7 de hau-
teur, 2 po. 10 lig. de long & i po. lolign. de
large, pefant en tout 8 livres; je I'ai mis de-
vant I'ouverture de la caiffe , oii ayant verfe
de la grenaille , il a gliffe , lorfqu'elle etoit
a 6 po.de hauteur; j'ai enfuite mis un point
d'appui derriere le prifme pour I'empecher
de gliffer; & ayant rempli totalement la
caiffe, le prifme n'a point verfe : I'ayant en-
fuite ifole & fait tirer par un poids , il a fallu
2\.~ pour le faire gliffer etant ifole.
37. J'ai pris un autre prifme de 7 po. |-de
haut, 2 p^. 10 lign. de long & I po. 6 li. de
large , pefant en tout 7 1. II a gliffe lorfque
la grenaille etoit a i po. i- du haut ; apres avoir
mis un point d'appui , il a ver(6 lorfque
la grenaille ^toit a un demi-pouce du haut;
& I'ayant fait tirer par un poids , il a fallu
a 1. ^ pour le faire gliffer etant ifolf .
6l A C A D E M I t
38. On voit- par ces trois experiences, que
le prifme a toujours gliffe lur fa bafe plutot
que de fe renveri'er, des qu'il n'y a pas eii
de point d'appui pour le retenir par le has.
J'ai \'U cet eftet arriver deux fois a des murs
nouvellement conftruits, derriere lefquels on
avoit mis des terres & des ouvriers , m'ont
affure qu'ils Tavoient fouvent obferve. Cette
remarque fait prefumer que la force necef-
faire pour faire reculer les murs de revete-
ment en glifTant fur leur bafe , eft moins forte
que celle qui eft neceffaire pour les faire
renverfer , fur-tout lorfque les fondations ne
peuvent pas former liaifon avec les fonde-
mens , comme lorfqu'elles font aflifes fur la
terre glaife, on fur une plate-forme de ma-
driers : il eft par confequent convenable d'exa-
miner la poufl'ee des terres (uivant cette vue,
qui doit avoir fon application plus fouvent
peut-etre que lorfque les murs font renverfes.
T H E O R E M E.
39. Soit le parallelipipede AB {fig. 22.)
qui eft tire horizontalement par une puifl'ance
p, appliquee au point D qui eft au tiers de
la hauteur AH, je dis que, 1°. fi la partie DA
tie la hauteur du mur oil la puifl'ance p ell
appliquee , eft le triple de la moitie AG de
la bafe du parallelipipede, 8r que cette puif-
fance p foit le tiers du poids q de ce paralle-
lipipede , alors ell'e fera en equilibre avec le
poids , & par confequent ne le f^ra ni gliffei:
Tii renverfer.
I
D E Dijon, lyS^: 65
2°. Si on place cette puliTance p = j q an
deffus dii point D, elie fera gliffer le prifme
fans le renverfer.
3°. Si on le place un pen au deffus du point
D , elle le fera plutot renverfer que gliffer.
viMONSTR^TlON.
Pour que les puiffances p , q. foient en
equilibre au tour du point A , il faut que /-
q : : AG. AD ; car il faut regarder les lignes
DAG comme un levier recourbe , & qu'a Tune
de fes extremites D foit placee la puiffance
/? , & a I'autre G la puiffance ^ ; & comme
A G = - & AD = i , on aura p. g : : _._ & —
'a 3 133
Dans le premier cas , on a par I'hypothefe
h 1
-=z'^X -Sip= jq, &,mettant dans Tequation
3 ^
h y * ha
3 - a la place de _ & i a la place de ^, on '
aura ? x — = ^ ; par confequent \qs produits
des puiffances par leurs bras de levier etant
,egaux, les puiffances font en equilibre.
Dans le fecond cas, puifque dans letat de
rdquilihre o - = i_ f , 11 eff evident que li
'3^X3
h 1 1
- < ~ alors /» > - ; c'eff-A-dire , que fi le centre
64 A C A D E M I E
d'impreflion fe fait au deffous du point D,
alors la puiffance p doit etre plus grande que
le tiers du poicis q pour le tenir en ^quilibre,
& a plus forte raifon pour le faire renverfer
a I'entour du point A ; mais Ton fait qu'elle
ne doit etre que le tiers du poids pour le
faire gliffer, par confeqnent elie auroit done
plus d'avantage pour le fairof glifler que pour
le faire renverfer.
Dans le troifieme cas , il eft encore evi- ,
dent, par la meme raifon , que fi - eft >— ,
alors p fera < ^; c'eft-a-dire, que fi le centre
2
d'impreflion tfe la puifl'ance p fe trouve au
deflus du point D, alors cette puiflance p,
pour faire renverfer le parallelipipede , pour-
roit etre plus petite que le tiers de fon poids;
mais comme il faut qu'elle en foit le tiers
pour le faire glifl'er , U s'enfuit done qu'elle
auroit plus d'avantage a le renverfer qua le
faire gliffer C. Q. F. D.
REMARQUE.
40. On remarquera que dans I'hypothefe
oil les puiffances font en equilibre , on a
~ = ll, ce qui donne / = f A ; c'eft-a^-dire ,
3 '^
que dans ce cas la largeur du mur doit etre
les I de fa hauteur. 2". Lorfque la puiffance
agiffante a plus d'avantage pour faire gliffer
un mur que pour le faire renverfer, alors
on
D E Dijon; i;;^4l 6$
ona -<^& /< -/^; dans ce ca5 la largeur
32 9
du mur doit etre plus grande que les - de fa
hauteur. 3°. Lorfque la puiffance agiffante a
plus d'avantage pour faire renverfer un muir
que pour le faire gliffer , alors on a i-
h 1
<- & iy~h. Dans ce cas , la largeur du
3 ^
mur doit etre plus petite que les | de fa hau-
teur.
Par confequent lorfqu'un mur a plomb des
deux cotes efl oppofe a la pouffee des terres ,
fi la puilfance agiffante eft le tiers du poids
du mur , le mur reftefa en equilibre , fi la
bafe eft le ^ de fa hauteur , il gliffera fi elie
eft plus grande, & fera renverfe fi eile eft
plus petite.
REMARQ_UE 2.\
41. L'on a vu par les experiences que la
puiffance agiffante reunie au tiers de la hau-
teur du mur, n'etoit pas le quart du poids
du triangle de terre qui forme la pouffee ,
lorfque le plan incline fur lequel il doit gliffer,
eft de 45 degres , & j'ai prouve par le rai-
fonnement qu'elle ne devoit pas en etre le
tiers. Comme les experiences ont ete faites
avec des furfaces polies & une matiere qui
caufoit le moins de frcttcraent poffible , il
E
66 ACADEMIE
s'enfuit que dans I'ufage oii les frottemens
font bien plus conficlerables , on pourroit
prendre fans crainte pour puiflance agiffante
le quart du poids du triangle redangle de
terre , dont les cotes font egaux a la hauteur
du mur, quelque talus que prennent les ter-
res , puifque Ton a vu que ce talus etoit in-
different : je fuppoferai cependant toujours
que cete puifTance eft le tiers du triangle,
pour donner beaucoup d'avantage a la puif-
fance agiffante , & etre plus affure que les
murs ne feront pas renverfes. Je paffe a pre-
fent a la recherche de repaiffeur des murs
pour refifter a la poufTee.
M £ M O IRE
SuR le hrouillard qui a regni en Juin &
Juillet lySj,
J
PA R M. M A R E T.
E me fuis deja occupe du broulllard ex-
traordinaire des mois de Juin & Juillet , de
Vannee 1783, dans le refume general des ob-
fervations meteorologiques de cette annee
memorable. Mais je me fuis contente d'y
noter le moment oil ce meteore commen^a
d'etre obferve , & ceffa de paroitre. Je m'y
fuis borne a decrire les principaux pheno;
S. . h A p a:, -t"
DCS V n c JB
j^. i(r.
1 i
^ I ' F.21. F. 20
D E Dijon, iy84. 67
menes qui le carafteriferent ; je m'y fuis per-
mis pen de details relatifs a fon effence , pen
de conjeftures fur fon origine. Jetois gen6
par la crainte de paffer les bornes dans lef-
quelles les hiftoires meteorologiques doivent
etre circonfcrites.
La Societe Eleftorale Palatine m^teorolo-
gique, a laquelle j'ai Thonneur d'etre aifocie,
qui a re^u de plufieurs de fes Academiciens
etrangers des Memoires fur ce brouillard , m'a
engage a lui en envoyer un fur le meme fu-
jet , pour I'inierer dans le Recueil de Memoires
qu'elle publie. J'ai repondu a Tinvitation de
cette celebre Societe , & Taccueil qu'elle a
daigne faire a cet opufcule ecrit en latin , m'a
decide a en prefenter ici la tradudion.
Le brouillard dont je vais donner rhiftoire,
a ete fi extraordinaire , qu'il eft intereffant
d'en coniigner la defcription dans les faftes
meteorologiques. Je dirai , premierement, a
quelle epoque il a commence a paroitre , a
quelle date il a ceffe de fe montrer, & quels
phenomencs il a ofFert aux Obfervateurs. J'ex-
poferai enfuite les differens moyens que j'ai
employes pour decoiivrir fa nature , & je
terminerai ce Memoire par hazarder quelques
conjedures fur fon origine.
Le 14 Juin, fur les dix heures du matin,
je m'appergus que du cote des montagnes
fitu(^es au couchant de cette Ville , I'air etoit
obfcurci par une vapeur fi pen opaque, qu'en
6S ACAD^MIE
confignant fon apparition fur mon Journal
nieteorologique , je defignai feulement ce
phenomene par ces mots , air vaponiix. Ce
leger brouillard difparut un peu auparavant
midi.
Ce met^ore reparut le matin & le foir dit
18 pendant environ deux heures a chaque
fois,mais il etoit un peu plus epais que celui
du 14. Comme il plut fouvent \^s jours fui-
vans & qu'il y eut un orage , ce brouillard
ne fe remontra point avant le 22 , & ce iwt
peu de temps avant le coucher du foleil qu'il
fe leva & commenga a etre tres-^pais.
De ce jour-la jufqu'au 5 Juillet inclufive-
ment, le brouillard regna & fut tres-denfe.
II parut encore pendant environ deux heures
le matin du 6, & ne reparut que le 12.
II commenca a la pointe du jour & dura
toute la journee , fut fort epais le matin &
le foir, & tres-peu aux environs de midi.
Depuis ce jour jufqu'au 19 inclufivement ,
ce brouillard fut fort epais la matinee & la
foiree, mais toujcurs s'afFoibliflbit aux ap-
proches de midi & dans I'apres-dine, de ma-
niere que Tair etoit alors fimplement vapo-
ifeux.
Le 19 fut le dernier jour de Tapparition de
ce meteore , & on ne I'obferva plus que le
foir du 20 & du 21.
Tant que ce brouillard a ombrage le ciel,
le foleil , fur-tout lorfqu'il approchoit du me-
xidien, ou en etoit peu eloigne , etoit rou-
geatre, & fon difque d^pouillg de fes rayons.
D E Dijon, i;;^4. 69
paroiffoit termine comme celui de la liine,
par une ligne circulaire bien prononcee. La
lune etoit de meme coloree en rouge.
Ce brouillard etoit fee pendant le jour,
mais il devenoit humide a proportion que la
nuit avan^oit, & finiffoit par mouiiler les
plantes & les feuilles des arbres , & par dif-
paroitre apres minuit.
Cette circonftance & la difparition de ce
m^teore etoient ii intereffantes a conftater ,
que je crus devoir prendre a ce fujet les in-
formations les plus exaftes.
Une Dame refpeftable ( 1 ) qui a beaucoup
de goiit pour Tetude de la Phyfique & de
rHifloire naturelle, & qui a I'epoque du regne
de ce brouillard fe trouvoit a fa maifon de
campagne fituee dans nos montagnes au NO;
le Cure d'un village peu di/Unt de notreVille,
fitue dans la plaine a VE(^i), tres-eclaire
en Phyfique & en Hiftoire naturelle , furent
les perfonnes defquelles je re^us les eclair-
ciffemens les plus dignes de confiance. J'en
tirai auffi de plufieurs Officiers des troupes
qui, dans le meme temps, traverfoient la Bour-
gogne , & marchoient de nuit pour eviter la
grande chaleur du jour.
Tous fe reunirent a dire qu'aux environs
( I ) Mad®. Gouget-Deflandres dont la maifon de
campagne eft a Moloy.
(a) M'. Picardet , Prieur de Nsuilly, penGonnaue
de I'Academie.
E iijf
70 A C A D E M I E
de mlniiit le broiiillard devenoit humlde, fe
diflipoit pen de temps apres , & ne fe formoit
de nouveau qu'aii lever du foleil; que meme,
ce que j'avois deja remarque , dans les pre-
miers inltans de fon apparition, le foleil dar-
doit (es rayons de maniere a en colorer un
peu les objets, & que le meme phenomene
ie faifoit obferver lorfque le foleil a fon cou-
cher commen^oit a s'abaiffer fous I'horizon,
J'ajouterai que les memes obfervateurs ont
remarque , comme moi , que ce brouillard
n'avoit ni odeur, ni faveur. J'ai vu cepen-
dant , dans les fcuilles periodiques & dans
differens ouvrages publics fur ce brouillard,
ou envoyes a I'Academie, que parmi les ob-
fervateurs, les uns I'ont trouve acide, les au-
tres y ont reconnu une odeur hepatique. II
ell poffible que la difFerente nature du fol des
pays oil ces obfervations ont ete faites , lui
alt donne ces qualites. Mais je n'hefite point
a affirmerque dans nos cantons, ce brouillard
etoit inodore & infipide ; & je I'affure avec
d'autant plus de confiance , qu'ayant foumis
I'air qui en etoit charge, a des experiences
faites pour en apprecier les qualites phyfiques
& chymiques, j'ai reconnu qu'il ne differoit
en rien des meteores du meme genre qui fou-
vent ombragent notre ciel en automne , en
hiver & au printemps.
J'avois prie, la Dame & le Cure que j'ai
deja defignes, de recueillir dans des bouteilles
bien propres, de I'air charge de ce brouillard,
& de me les envoyer. J'avois auffi pris le parti
de m'en procurer par le meme precede.
I
D E Dijon, lyS^. 71
C'^loit un pays montueux qu'habltoit la
Dame obligeante a laquelle je m'etois adreffe,
& la refidence dn Cure que j'ai cite , etoit
dans une plaine naturellement un peu humide
& un peu marecageufe. La Dame avoit pris , a
ma priere, de I'air du fommet d'une montagne
elevee , & de celui d'un vallon profond &
un peu refferre. C'etoit dans Ion jardin, &
depuis le clocher de (on Eglife , que le Cure
avoit recueilli celui qu'il m'avoit envoye.
J'efperois que Tair nebuleux pris en des can-
tons auffi difFerens , & a des hauteurs egale-
ment trcs - difFerentes , produiroit des effets
capables de m'eclairer fur fon effence & fur
les varietes dont il etoit fufceptible , & je
les ai tons eprouves par les memes precedes,
par des reaftifs, & a I'aide de I'eudiometre a
gas nitreux.
i"^^. experience. J'ai mele une portion de
tous ces airs nebuleux avec de I'eau de chaux,
& il n'y a eu aucune precipitation , Teau n'a
pas blanchi , & n'a perdu ni fa limpidite , ni
fa tranfparence.
2^^. Une teinture de tournefol tr^s-de-
layee , a ete fubftituee a I'eau de chaux , &
fa couleur violette n'a pas ete alteree , n'a
pas fait appercevoir la plus legere nuance de
rouge.
3«. J'ai place dans une petite capfule, fous
une cloche de verre remplie d'eau,une dif-
folution d'alkali fixe, & j'y ai fait pafTer de
Fair a eprouver , & apres plufieurs jours , j'ai.
pbferve la capfule, & j'ai vu qu'il ne s'y etoit
F iv
72 ACADEMIE
fait aiicune cryftalliiation. J'ai fait evaporer
la liqueur de la capfule , & je n'ai retrouve
que de Talkali deliquefcent.
4*^. J'ai expofe dans un femblable appareil ,
au contaft de Tair des brouillnrds, un pr^ci-
pite recent & humide de nitre lunaire par
I'acide muriatique , & ce precipite n'a pas
noirci , quoiqiie tenu pendant plulieurs jours
en experience.
5^. J'ai rempli des cloches de verre, a peu
pres d'egale capacite, avec I'air des diffe-
rentes bouteilles, & j'ai introduit fous cha-
cune im morceau de bougie allumee, toutes
ces bougies etoient d'egale grofleur. J'en ai
auffi introduit une fous une cloche qui con-
tenoit de Fair coniniun, mais ferein. Toutes
ont brul(§ a peu de chofe pres avec la meme
yivacite & pendant le meme temps.
6^. J'ai pris un tube de verre dans lequel
deux mefures d'air athmofpherique occupoit
cinq pouces & demi. J'y ai fucceffivement
fait pafler une mefure de gas nitreux & une
de I'air du brouillard , & j'ai obferve avec
foin les phenomenes du melange , & note
Tabforption qui a eu lieu.
Le melange de I'air recueilli fur la mon-
tagne rougit fenfiblement , il n'occupa que
deux pouces neuf lignes & demie, il y eut
ime abforption de deux pouces huit lignes &
demie.
L'air, pris dans le vallon , foumis a la meme
epreuve , n'occaiionna qu'une foible rongeur,
& il n'y eut qu'un pouce & dix lignes d'ab^-
forption.
D E Dijon, iyS4, 7|
Le meme eudiometre proiiva que I'air du
iardin de M"". le Prieur de Neuilly ne difFe-
roit prefque pas de celui du vallon de Moloy,
& que la qualite de celui qu'on avoit pris
depuis le clocher, fe rapprochoit infiniment
de celle de I'air de la montagne de Moloy.
Enfin , ayant dans un jour ferein precede
de la meme maniere avec I'air de Tathmof-
phere , j'ai vii que celui de la montagne de
Moloy, que j'avois eprouve, etoit tres-pur,
puifque la rougeur produite dans cette ex-
perience , avoit et^ un peu plus grande que
dans celle qui avoit ete faite avec I'air com-
mun , mais ferein, & que I'abforption du gas
nitreux avoit ete moindre de demi-ligne avec
celui-ci qu'avec I'autre.
On doit tirer de ces experiences les con-
fequences fuivantes.
De la premiere & de la troifieme , que les
airs charges du broulllard ne contenoit point
d'acide mephitique , du moins en quantite
fenfible.
De la feconde , qu'ils ne tenoient en dif-
folution aucun autre acide.
De la quatrieme, qu'ils ne receloient point
de phlogiftique libre.
De la cinquieme , qu'ils ne difFeroient pref-
que pas de I'air athmofpherique ordinaire ;
confequence qu'autorife encore la fixieme ,
puifque les differences obfervees n'ont ete
que relatives a I'elevation a laquelle les airs
pnt ete recueillis.
Je dois a) outer que le 21 Oftobre fuivant^
74 ACADEMIE
je fis les memes experiences avec I'alr d'lin
brouillard qui dura une partie de la matinee,
& qu'elles m'offrirent les memes refultats.
II me femble qu'on pent conclure de tons
ces faits , que le brouillard des mois de Juin
& de Juillet 1783 ne differoit pas efl'cntielle-
ment des meteores du meme genre.
lis etoient cependant accompagnes de phe-
nomenes particuliers, & qui fembleht etablir
entre eux & les brouillards ordinaires, une
difFerence notable. Mais je prefume que le
developpement des caufes de ce phenomene
fera evanouir cette apparente difparite ; &
avant d'entreprendre ce developpement , je
crois devoir hafarder quelques conjeftures
fur I'origine & la nature de ce brouillard-ci.
^ Perfonne n'ignore que la terre eft un ample
refervoir de fluide eledrique , que ce fluide
s'en exhale fans ceffe dans I'athmofphere, mais
n'entre en combinaifon avec I'air , qu'autant
que celui-ci eft humide , & que le fluide
eleftrique eft rendu a la terre par les pluies.
Tous les Phyficiens favent que de la terre,
de tous les corps qui en compofent la couche
cxterieure jufqua une certaine profondeur,
& de tous ceux qui y tiennent par leurs ra-
cines, ou vivent fur la furface du globe, il
fe fait des emanations qui , a raifon de leur
affinite avec Fair, fe di/Tolvent dans ce fluide,
ou y reftent feulement fufpendiies enquelque
forte delayees, par Fextreme divifion de leurs
parties int^grantes.
Ces emanations font d'autant plus abon-
D E Dijon, 1^84. 75
dantes , d'autant plus denfes , que les corps
d'oii elles s'elancent, font plus humides & en
nieme temps plus penetres de chaleur , 8c
d'autant moins que la conftitution eil plus
feche & plus froide.
Elles ne font pas fenfibles a la vue quand
I'air eft tres-pur, mis en mouvement & dou^
de fa propriete diffolvante , mais tres-vifibles
lorfqu'il eft calme & fature > & que fa con-
denfation oar le froid a confiderablement di-
i.
minue fa propriete diffolvante.
Toutes ces verites font inconteftables ; &
fi d'apres elles on confidere quel a ete I'^tat
de I'athmofphere avant I'apparition du brouil-
lard de Juin , quel il etoit lorfque ce meteore
s'eft forme & tant qu'il a dure , fon origine
& fon effence ne feront plus des myfteres im-
penetrables.
II etoit tombe dans les mois qui ont pre-
cede Juin , & fur-tout en Mai , une quantite
d'eau extraordinaire. A la conftitution hu-
mide de I'air qui en avoit ete I'effet, fucceda
brufquement dans les premiers jours de Juin,
une extreme fecherefte qui s'eft foutenue juf-
qu'a la fin de Juillet , & n'a eprouve que de
legeres interruptions par quelques orages. La
chaleur a ete tres-forte pendant le meme ef-
pace de temps.
Ainft, lorfque le brouillard commenga a
paroitre , la terre qui avoit ete humedee a
line tres-grande profondeur , fe trouvoit de-
puis quelques jours couverte d'une croiate
tres-feche , quoique tres-humide encore fous
76 ACADEMIE
cette croCite : I'air etoit ll fee, qu'il dtolt de-
venu ifolant , & non condudeur de la ma-
tiere eleftrique ; & rintenfite de la chaleur
avoit miilnpl,^ les emanations terreftres.
Relies ci principalement compofees d'eau
& de matiere eledrique, faifoient effort pour
seiancer dans I'athmofphere ; & genees par
ia iechereffe de la coiiche exterieure, elles
n y penetroient qu'extrcmement divife-es , at-
tenuees. '
Leurs molecules aqneufes , tr.^-rardfiees
par Ja chaleur, combnees avec beaucoup de
matiere elednque que I'air ifolant ne pouvoit
pas leur enlever , formant des veficules &
ayant acquis de la legerete, s'elevoient a une
hauteur moyenne dans Fair oii elles reftoient
lulpendues, troubloient la diaphaneite de ce
tliiide , & compofoient le brouillard obferve
en Juin.
n eft tr^s-poffible que cette explication de
fon ongine & de fa formation , ne paroiffe
pas fatisfaifante a tout le monde; je ne pre-
tends pas qu'on I'admette comme faite pour
entrainer tous les fuffrages , je la hafarde
comme une conjedure qui n eft pas depour-
vue de vraifemblance ; & je demande qu'on
me permette d'expliquer , d'apr^s cette fup-
pohtion , les phenomenes qui ont accomparae
ce meteore. ^
Les plus remarquables etoient le denuement
ablolu de rayons qu eprouvoit en apparence
le loleil, la couleur d'un jaune rouge, dite
kac^^geon, dont le difque de cet aftre & celur
D E Dijon; lyS^. 77
de la lime paroiffoient teints. Ce font de
ceux-la dont je vais d'abord m'occuper. Mais
comme pour en rendre raifon je me fers des
notions phyfiques les plus revues fur la lii-
miere, je commencerai paries rappeller.
Quoique M. Marat ait oppofe au fyiltme
de Neuton fur les couieurs , des experiences
qui meritent de Tattention, je crois pouvoir
partir des principes du celebre I'hilofophe
Anglois pour expliquer ces phenomenes.
Chaque rayon clu foleil eil compofe de
fept autres rayons colores, dont la lefrangi-
bilite eft differente. Le blanc eft fcrme du
melange de ces fept rayons , & les couieurs
font le produit de la combinaifon , de la re-
flexion, de la refraftion , de I'abforpticn de
quelques-uns d'entre eux. Le rayon rouge eft:
le moins refrangible de tons.
L'athmofphere , pendant que le brouillard
en troubloit la diaphan^it^, n'etoit pas afl'ez
denfe pour interdire le pafl'age a tous les
rayons lumineux, mais elle Tetoit trop pour
leur laifler a tous une egale liberte de la tra-
verfer , & fans etre confiderablement devils
de leur route. Le feul rayon rouge, comme
moins refrangible , pouvoit la penetrer plus
aifement & arriver a nous; des-lors il etoit
naturel que le foleil nous parut rouge. On
pent donner la meme raifon de la couieur du
difque de la lune , & Ton voic pourquoi le
foleil nous paroiffbit depouille de ravons.
La continuite , la duree du brouillard, fa
fechereffe pendant le jour , fa diilipation la
78 A C A D E M I E
nuit, fon hiimidite lors de fa refoliition, &
les phafes de fon apparition font beaucoup
moins difficiles a expliquer.
II a dii s'elever & durer tant que la terre,
interieurement humide, avoit fa furface tres-
aride & deffechee, que la temperature tres-
chaude follicitoit des Emanations abondan-
tes , & les foutenoit dans une grande rare-
faftion.
II a dii etre fee tant que la matiere elec-
trique , dont abondoient les veficules qui le
formoient , n'a pas pu etre reprife par Tair, a
raifon de fa propriete ifolante , & que les mo-
lecules aqueufes qui entroient dans la com-
pofition de ces veficules rarefiees par la ma-
tiere ignee & eleftrique, ont perdu par leur
combinaifon la pefanteur qui les eiit pr6ci-
pitees fur les vegctaux & Iqs autres corps en
contad avec Tair.
Mais des que la temperature eft devcnue
moins chaude par la defcente du foleil fous
riiorizon , la condenfation graduelle qui a
fuccede a la rarefaction , a du decompofer les
veficules compofantes du brouillard ; Fair ,
diffolvant une partie des molecules aqueufes,
a du devenir condudeur, le brouillard a dii
fe difTiper , une portion de I'eau qui le for-- •
moit, a du fe precipiter & hume6ter les herbes
& les feuillcs des arbres.
Si cette difparition du brouillard, cette hu-
meftation des vegetaux & des autres corps
en contaft avec Fair, n'ont eu lieu qu'apres
minuit , c'eft qu'a I'epoque du regne de ce
D E Dijon, iyS4: 79
jneteore, les jours etant longs, & le folei!
etant refte long-temps I'ur rhoriron, il a falla
qu'il s'ecoula plufieurs heures avant que la
condenfation eiit ete portee au point necef-
faire pour op^rer la defunion des parties conf-
tituantes du brouillard & leur precipitation.
On n'a point eu ce brouillard les jours de
pluie & d'orage, & pendant ceux qui les ont
fuivis, parce que Fair, dans ces circonftan-
ces, eft redevenu condufteur, parce que la
furface de la tarre hume£lee a rendu aux va-
peurs leur forme ordinaire , & que ces va-
peurs diffoutes par I'air au moment de leur
eruption, font reftees invifibles.
Enfin , ce brouillard n'a plus ete appercii
que deux fois , au lever & au coucher du
foleil , & a difparu fans retour, parce que
rhumidite interieure epuifee , la fechereffe
de la furface de la terre redevenue moderee,
tout eft rentre dans I'ordre accoutume.
II eft a prefumer qu'en confiderant ce me-
teore extraordinaire, fous cet afpeft, on con-
viendra que les circonftances feules I'ont fait
differer des brouillards ordinaires , & que fa
produdion n'a eu aucun rapport avec les
tremblemens de terre de la Sicile & de la
Calabre, comme Tont pr^tendu pluiieurs Ob-
fervatenrs.
80 ACADEMIE
OBSERVATIONS
Sl/R Us procides employes pour f aire perir
la chryfalide du ver-a-foie.
L
PAR M. Chaussier.
ORSQU'oN a conduit avec fiicces line
education de vers-a-foie a fon dernier pe-
riode , lorfque ces infeftes precieux a nos arts
& a nos manufadures, ont perfedionne leurs
cocons; il refte, pour jouir completement du
fruit de fes foins , une nouvelle operation
bien importante, c'eft le devidage des cocons
& le tirage de la foie. Sans doute il feroit fort
avantageux , comme le remarquent , d'apres
I'experience, tous ceux qui ont ecrit fur cet
objet, de devider les cocons frais ; ils fe de-
veloppent facilement, completement, & la
foie en eft plus nette & plus luftree : mais
ce moyen eft impraticable , meme dans une
Education mediocre. L'infede, renferme dans
fon cocon, jouit encore de la vie, & apres
quinze ou vingt jours, fuivant la chaleur de
la faifon, la chryfalide fe change en papillou
& ne tarde pas a percer fa coque. Pour tirer
le parti le plus avantageux de I'education des
vers-a-foie, il ne faut pas attendre cette der-
niere metamorphofe de Tinfecte , car les co-
cons perces ne peuvent plus etre files, & font
mis
D E Dijon, Vy^^i Sr
mis de cote pour faire une foie de molndre
quality. Pour prevenir cette perte , il fau-
droit , en confervant les cocons dans leusf
fraicheur naturelle , pouvoir retarder a vo^
lonte le developpement de Tinfede, mais ce
raoyen eft inconnu, & peut-etre n'a pas etd
cherche ; on y a fupplee par differens pro-
ceues qui font perir la chryfalide avant fort
developpement en papillon.
II paroit que dans les premiers temps oil
Ton s'occupa en Europe de Teducation des
vers-a-foie , on fe bornoit , pour etoaiTer les
chryfalides , a expofer les cocons a Taideiu'
du foleil pendant cinq ou fix jours. Mais ce
procede eft long; impraticable dans les cli^
mats temperas & dans les temps couverts ^
infidele , lorfque les rayons du foleil font foi-
bles ; minutieux 6l embarraffantj parce qu'il
faut de temps en temps retourner & epar-
piller les cocons , aiin que chacun foit ^ga^
lement frappe par le foleil , car fans cette
attention une partie des chryfalides ne feroit
pas etoufFee ; enfin , la foie devient matte &
perd de fon litftre. L'experience fit bientot
connoitre ces inconvenietis ; on chercha ai,
y remedier , en portant les cocons dans wn
four, peu apres la cuite du pain : cette me-
thode qui eft generalemerr adoptee , eft efFec-
tirement plus expeditive, plus fimple & plusi
affuree, mais il fnit de I'habitude 8i bien des
attentions pour failir le jufte degre de cha*
leur , car trop fort , la foie eft alteree ; trop
foible , une partie des chryfalides fur^it 5
^2 ACADEMIE
pei-ce le cocon , & diminue ainii le prodnit
de la rccolte. Enfin , lorfqu'on a le mieux
r^ufn , le cocon eft delVeche, les fucs gom-
nieiix qui unilTent chaque brin de foie,font
concrets, durcis , & le tirage devient plus
difficile , & par confequent plus difpendieux.
Dans la Provence & une panic du Langue-
doc , on prefere d'expofer les cocons fur un
tamis de toile claire , a la vapeur de I'eau
houillante : par ce moyen on fait pc^rir tres-
fiirement la chryfalide , & on ne rifque pas
de bruler la foie , mais on detrempe , on
amollit ce-tte glu Icgere qui unit chaque con-
tour du filament, & lorfqu'elle fe feche en-
fuite, elle empate toute la furface du cocon,
& rend le tirage plus difficile : d'ailleurs, il
faut un fourneau , un appareil particulier; les
cocons humedes s'alterenr,fe moififfent meme
li on n'a pas le foin de les remuer fouvent &
de les expofer a I'air; enfin, les chryfalides
s'y pourrifTent promptement, & cette pour-
rlrure repand une odeur defagreable, attire
dcs infeiles qui percent le cocon pour fe
nourrir de la chryfalide.
En J776, M. Arnauld du Bouiffon prefenta
aux Etats, de Languedoc un Memoire (i),dans
lequel il confeilloit d'expofer les cocons aux
emanations du camphre; on pent efperer que
par ce moyen la foie ne fera point alteree ,
(i ) Ce Memoicie eft inl'ere dans le Journal de Phyr
fique , torn. xi.
I
D E Dixon, 17^^: 85
qii'elle confervera fa ftaichewr , ion luftre ,
&que les fucs gommeiix n'etant point durcis
par leur Evaporation forcee, le tirage doit
etre plus facile , moins couteux ; enfin , que
la pnanteur ordinaire des filatures doit etre
diminuee. Cependant, malgre les avantages
que femble promettre cette nouvelle methode,
elle n'eft point ufitee dans le Languedoc,parce
qu'aux yeux des particuliers elle a deux grands
inconveniens. l". Elle n'efl pas bien affuree;
car fi la faifon eft froide, le camphre ne fe
vaporife point, & les chryfalides no font pas
attaquees. M. Champy en a eu la preuve dans
un effai qu'il fit en 1778. 2°. Elle eft difpen-
dieufe ; car , outre le prix du camphre , il faut,
pour la plusgrande efficacite, faire conftruire
des armoires fermant exadement , des tiroirs
avec un grillage; enfin, il faut un liomme
pour remuer & changer de temps en temps
les tiroirs.
Comme cette methode rae parut promettre
quelques avantages particuliers, j'ai cherche
a rem^dier a (es inconveniens, & je crois y
etre parvenu par un procede bien fimple. Au
lieu de camphre, j'emploie Thuile efientielle
de terebenthine , fi commune dans le, com-
merce , qui eft en meme temps aufii anii-
feptique que le camphre, mais plus volatile,
plus penetrante, & coiite quinze fois moins :
fon ufage d'ailleurs n'exige ni armoires , nt
appareil , & ne demande aucun foin particu-
lier. La premiere caifTe que I'on trouve, des
vieux tonnsaux fufHfent & font ^galement
F ij
84 A C A D fe M I E
bons. Apr^s avoir choiii & nettoy^ iin vieiix
tonneau, on frotte tout fon interieur avec
xm pinceau tremp^ dans rhiiile de tereben-
thine,on garnit le fond avec quelqiies feuilles
de papier imbibe de la meme huile ; alors
on place un rang de coCons de fept a huit
ponces d'^paifleur. Sur cette premiere cou-
che de cocons, on ^tend quelques fcuilles de
papier egalement imbibe d'huile de tereben-
thine; on ajoute ainli alternativement lit par
lit des cocons & des feuilles de papier , juf-
qu'a ce que le tonneau foit rempli , & Ton
£nit par le recouvrir le plus exaftement pof-
fible, foit avec des planches, foit avec de la
paille ou du vieux linge , pour retenir & con-
centrer les vapeurs de Thuile etheree : on
pourroit avec fecurite laifler ainli les co-
cons deux ou trois jours, mais 12 ou 24
heures au plus fuffifent pour etoufFer com-
pletement les chryfalides. Apres ce temps on
iretire les cocons du tonneau , on les etend
a I'air ou dans un grand hangard , & on pent
les garder tres- long -temps fans craindre la
piqiiure des infeftes. Je conferve depuis plu-
fieurs annees des cocons prepares de cette
maniere. lis ont toute leur fraicheur , toute
'leur confiftance. Apres dix-huit mois j'en ai
fait devider une certaine quantite , la foie
etoit belle , nerveufe, fans alteration , & ce
tirage a paru plus prompt, plus facile, & exi-
ger moins de feu.
Je finis, en avertiflant que pour cmpecher
qiie le contaft immediat des papiers imbibes
D E Dijon, lyS^. 85
d'hu'ile de terebenthine faliffe les cocons &
altere la foie , on doit pofer fur le papier
huile qiielques feuilles de papier fee & pro-
pre : I'efFet n'en eft ni moins prompt, ni moins
certain.
REFLE XIO NS
BOTANIQUES ET MEDICINALES
SuR la nature & les proprUus de I' agaric
de chine.
L
PA R M. W I L L E M E T.
ES fyftemes, femblables aux vagues de
Tocean , fe forment les uns des autres
lis s'entre-detruifent reciproquement, s'^le-
vent a leur tour, diiparoiffent quelque temps,
pour ceder a d'autres I'eclat de la furface ,
& les remplacer enfuite. La vafte & majef-
tueufe etendue des eaux, conftante dans fes
variations meme , obeit aux loix eternelles
du flux & du reflux , qui lui furent impofees
par le Createur. C'eft ainfi que la nature dans
les combinaifons infinies des elemens premiers
& fecondaires , eft afl"ujettie aux grandes regies
du fyfteme phyfique & a fes loix g^nerales.
Mais la premiere de celles que fon auteur lui
afligna , fut la variete la plus etendue. I!
I'etablit en figne de fa toute-puiflance , & femr
F iij
86 A C A D i M I E
bleroit I'avolr epuifee par elle, fi elle etolt
de nature a poiivoir I'etre.
De tous ces ouvrages admirables,il en eft
peu dans lefquels la magnificence du Cr^a-
teur eclate d'une maniere plus particuliere ,
que dans cetf e immenfite de plantes de toutes
les formes & de toutes les grandeurs qui cou-
vrent notre globe , & qui font deftin^es non
fc ulement a en maintenir Tequilibre & a Tem-
bellir, mais encore aux befoins les plus n6-
ceffaires des hommes , a leur former des re-
traites contre linjure des faifons , a orner
leurs demeures, a fervir a leur nourrlture, a
prevenir les maux dont ils font menaces, a
guerir ceux qui les attaquent.
C'cft fous ce dernier point de vue preci-
fernent que la botanique a ^te d'abord cul-
tivee par les Medecins. Difons mieux avec
Celfe ; la m^decine elle-meme ne fut d'abord
que la fcience de quelques herbes , dont les
lines arretoient les hemorragies , dont les au-
tres f;rvoient a cicatrifer les plaies. Les pre-
miers effais furent fuivis d'experiences heu-
reufes qui les juftifierent, & elles donnerent
naiffance a Tart de guerir; art purement du
a I'obfervation & a Fempirifme , dont Tor-
gueilleufe & mediocre capacite des Dofteurs
Philofophes , CJiymiftes & Savans de toute
efpice, cherche en vain a meconnoitre I'al-
liance , tandis qu'elie ne cefle d'en tirer des
fecours & des lecons.
Ces epreuves reiterees font le feul moyen
de rendre la connoiffance dQS plantes utile,
jnedicinalement parlant.
D E Dijon, ly.^^. 87
Je vais clonner clans ce Memoire fiiccin^t,
un exemple lur la difficuke de ranger les
plantes dune maniere i\ precife & fi abfoliie,
quelle ne laiffe place a de fortes objedions.
PREMIERE PART IE.
Les Botaniftes diftlnguent , fous le nom
d'amadouvier, d'agark de chene(i), une fubf-
tance regardee par queiques-uns comme im
fungus paralite, dont la i'emence fe depofe
fur les arbres aux depens defquels il vit &
prend fon accroiffement. II fe trouve dans
les forets de prefque tons les pays du monde.
Les arbres de haute futaie les plus antiques,
les plus caducs,ceux enfin qui ont I'ecorce
gercee & ridee, donnent ordinairement naif-
fance a ce vegetal trcs-imparfait & incoin-
plet. C'eft veritablement entre les gercures
& les rugofites de ces anciens habitans des
deferts , que ce pretendu principe germinant
de cet agaric trouve a fe developper. N'eil-
ce pas bien veritablement au moins le cas
de douter que les fucs nourriciers , neceffaires
tant pour fa naiffance , que pour fon deve-
loppement , fon accroiffement '6c fa forma-
tion, ne foient inlierens au chene, au bou-
leau , au hetre , a I'orme , au charme , au
frene , 8r a quelques autres arbres , qui fer-
(1) Boletas igmarius. L. 1647.
^garicus pedis equini facie. T. 562.
F iv
88 A C A D i M I E
viroient Indiftindement de matrice a ce fun-
gus , dont les leniences font extremement
Conteftees. L'illuftre Baron de Haller les prof-
crit , ainii que bien des favans Naturalises
jnodernes.
Mais , independamment de leur autorire ,
quelle demonftration en apportent ceux qui
en foutlennent Texiftence ? pourquoi ces ie-
mcnces fe depoferoient- elles conftamment
fur des arbres qui ont entr'eux une analogic
particuliere ? comment enfuite concevoir que
<lc'S tegumens durcis & calleux , foient une
matrice bien favorable a I'expanfion des prin-
cipes premiers de ct pfiudo-phite ^ & n'apporte
aucun obftacle invincible a la communication
& a la tranfmiffion des fucs que le parafite
doit tirer de fon bote ; mais je vais donner
une defcription plus circonftanciee.
Ce pfeudo-phitc eft abfolument fans tige; il
a la forme d'un gros ongle de cheval , on
d'une courbe ovoide cerclee , plus ou moins
allongee. 11 eft dur , pefant, a pores blancs
tres-fins; fa fuperficie eft rude, raboteufe ,
calleufe, brunatre & blanchatre; la fubftance
interne eft filreufe , folide, compade , lig-
neufe , difficile a divifer , coloree diverf^-
mcnt , amere & acre, a un degre eminent.
M. Gerard, Botanifte Provencal, pretend ,
dans fa Flore des plantes de Provence , que
I'agaric blanc des boutiques, qui croit commu-
nement fur le melefe , n'eft qu'une variete de
celui-ci. Breyne donne la defcription d'un
9g?.ric qui reflemble parfaitement a du cuir
I
D E Dijon, iyS4. 89
epais, oil a une peau de chevre paffee , d'lme
coniiftance un pen lache : on le trouve dans
le centre du chene & de pluiieurs autres ar-
bres. Get Auteur aflure qu'il doit fa naiffance
a une alteration quelconque qui furvient en-
tre I'ecorce interieure & Taubier de I'arbre.
Voila probablement comment Tamadouvier
prend fon exiftence , & il y a apparence qu'il
la doit a la feve ou aux lues des arbres fur
lefquels on le ramaffe. Eft-il du a une fura-
bondance de fuc louable & liiin ? oil ell-i!
I'efFet d'un etat morbifique d'une cacochymie
particuliere aux arbres qui le produifent >
Celt ce que nous laifferons en probleme juf-
qu'a ce que des obfervations plus precifes
nous permettent de hafarder des conjeftures
plus prononcees & plus hardies. L'agaric ne
prefente que des lignes vagues de vegetabi-
lite, Ce feroit done une alTertion qui ne pour-
roit pafler pour temeraire, celle qui ne le
conlidereroit feulement que comme une ex-
croilTance vegetale , analogue aux tumeurs
qu'on obferve dans differens animaux. Les
lines viennent du fang, de la plethore, la plu-
part d'une limphe,ou furabondante, ou epaif-
lie , ou viciee de toute autre maniere , qui
vient a s'accumuler, a fe durcir.
N'ell-il pas plus que vraifemblable que
I'ag^ric neft autre chofe que le produit d'un
fuc vegetal, qui exifte avec exces dans I'arbre
qui s'encouvre , ou d'une matiere morbifique
qui fe depure. Mors il faudroit eloigner ce
fungus du fylleme fexuel des plantes. Si j'exa^
ipO A C A D E M I 1
mine en effet attentlvement la contexture de
I'agaric, je n'y rencontre qu'iine fuhllance ,
calleufe, aucun figne carafteriftique de iemi- |
nalite. Sa duree perennelle, fa figure, fa for-
mation .... rien n'annonce qu'une fuperve-
g^tation. On ne voit rien €n hii qui prouve
le moindre trait d'analogie , la moindre ref-
femblance avec aucun genre de plantes con-
nues , pour TafTocier ou claffer avec elles.
D'ailleurs , oblervons que le charme , le
bouleau , le hetre , &c. donnent I'agaric de
meme , & je n'ai pas befoin de recourir a
aucunes femences , a aucuns germes , pour
en expliquer la naiflance ; voyez la nature
des arbres qui le portent, ils font tous fees,
ils abondent en princlpes terreux & falins ,
Thuile y entre pour peu. Vous ne voyez ni
rdivier, ni Toranger, ni le citronnier, atta-
ques de cette maladie , plus propres aux ar- |
bres froids : ce font leurs loupes. II eft d'au-
tant moins deraifonnable de les comparer a
celles qui fe produifent chez les nnimaux ,
que nous obfervons dans ceux-ci , que la
plupart de ces tumeiirs font froides; qu'avant
d'etre mifes en mouvement par les remedes
©u par les accidens , elles prefentent diffe-
rens follicules peu communicans les uns avec
les autres d'une maniere directe , mais feule-
ment a la fagon des voies d'un labyrinthe;
ce qui annonce moins une organifation fpe-
ciale , s'il eft permis de parler ainfi, qu'une
•addition fortuite & morbifique des princlpes
lurabondans on vicies, & fepares par la na-
D E D I / o N , lyB^. 9 r
tiire, de la miffe des humeurs ordinalres. Ces
fungus paroilTent done des excroiffances mor-
bifiques vegetales, pour la formation def-
queiies il feroit auffi inutile , auffi ridicule
rieme de recourir a des femences , qu'il le
feroit de voir un phyliologifte afligner une
claffe de fecretions a laquelle les tumeurs
froides aniraales donneroient le nom. ( I )
S E C O N D E PART IE.
Rappellons ici en pen de mots i'hiftoire
de la decouverte diQ^ qualites precieufes de
I'agaric pour les hemorragies. C'efl le fecond
objet de cet article; & s'il paroit moins neuf,
je ne le confidere pas comme le moins in-
tereffant.
Sur la fin de 1750, M. Broffard, Chirurgien
de la Chatre en Berry, annonga que la partie
moUe de cette excroiffance fongueufe etoit
le meilleur ftyptique dont on put fe fervir, &
feul capable de fuppleer a la ligature qi^'on
eft oblisfe de faire aux arteres dans les am-
putations & dans les operations de I'ane-
vrifme. II eft egalement d'un grand fecours
(i) M. le Marquis de Migieux a envoye a rAcademie
un agaric applati , epais de demi-ligne, d'un blanc jau-
natre, ayant la coniiftance d'une p^eau molle feuilletee.
Cet agaric a ete trouve entre des planches de chene ,
couchees les unes fur les autres , dans une piece voutee
^ humide. Sa formation paroit favorable a ropinion d«
M. Wiliemet.
92 A C A D E M I E
<lans celles dii cancer & de la taille laterale :
ies effais qu'on en fit a THopital de la Cha-
rite , aiix Invalides & chez plufieurs particu-
liers , conflaterent \es avantages qu'on en
poiivoit retirer. Les plus grands Chirurgiens
I'adopterent. Cette decouverte fit alors 6po-
que en chirurgie. L'Academie confacree a cet
art, en orna fes Memoires; & le feu Roi , fur
le coeur de qui ces fervices rendus a Thuma-
nite avoient tous leurs djroits , fe hata de re-
compenfer TAuteur.
Quelque temps apres on repeta les memes
experiences fur les animaux , qui toutes de-
montrerent le pouvoir qu'a cet agaric pour
arreter toutes fortes d'hemorragies. Je I'ai
employe bien des fois dans les faignemens de
nez opiniatres, il a toujours reuffi , nonobf-
tant le fentiment de M. Chomel, qui pretend
que cet aftringent occafionne des irritations
& des eternuemens confiderables ; ce qui em-
peche, dit cet Ecrivain , la reunion des vaif-
fe|ux ouverts : faits que je n'ai jamais ren-
contres.
C'eft un fait bien conftant que I'agaric ar-
rete tous les jours des hemorragies mortelles
de leur nature. II les arrete bien plus fiire-
ment que le cautere aduel, pratiqu^ par les
anciens, dont Tapplication etoit bien plus
cruelle & le fucces bien moins certain.
Ce moyen a encore nombre d'avantages fur
la ligature des vaiffeaux , propofee & mife en
iifage par Ambroife Pare , mais qui eft fou-
yent impraticable, toujours doujoureufe, &,
D E D I J O N> iy^4, 95
n'eft pas fans danger dans tons les cas. Combien
meme I'agaric ne prevaut-il pas fur les eaux
flyptiques propofees de nos jours , prefque
fans fucces meme apparent, & qui lors meme
qu'elles en auroient ete fuivies comme ftyp-
tique,ne pourroient encore etre confiderees
comme un remede innocent, puifqu'il n'agi-
roit que comme un corps irritant , qui fol-
licite le calibre des vaiffeaux a fe retrecir, a
diminuer de diametre , en meme temps qu'il
coagule les humeurs par une operation chy-
mique ; coagulation forcee par un agent dont
Taftion ne peut etre born^e a cette premiere,
& qui devenant un principe de fermentation
dans la tumeur fanguine refultante du caillot,
expofe la partie a tons les accidens qui peu-
vent etre la fuite de la degenerefcence des
humsurs.
L'agaric agit d'une fagon bien plus deuce,
bien moins redoutable ; il prefente a I'impe-
tuofite du fang un obftacle , mais c'eft une
barriere douce qui ne force point le liquide
de la rompre. C'eft une fubftance qui femble
d'abord c^der a fon impulfion , on liii donnec
paffage; mais bientot fes premiers pores rem-
plis , la tortuofite des autres ofFre des obf-
tacles qui pour etre en apparence moins ener-
giques , n'en font pas moins efficaces , & qui
engagent feulement le fang a fe portef vers
les branches collaterales, oil il eprouve moins
de refiftance.
On aime le merveilleux, & fur- tout les
explications. Des que M. Broffard eut parli
94 ACADEMIE
de I'agaric, on imagina qu'il agiffoit en re-
trecifi'ant le diametre des vaiffeaux, & cela
par une vertu ftyptique , qui lui etoit com-
mune avec le chene , lur lequel on le recueille
communemcnt, & a qui on I'attribue ; ce n'eft
uniqnement qa'en confequence de la confi-
guration de les pores : pourquoi done dans
I'explication de la maniere d'agir de Tagaric,
recourir a une llypticite , fans laquelle i'es
heureux effets ne s'expliquent pas moins.
M. Broffard veutqa'on choiliffe I'agaric qui
vient fur les vieux chcnes qui ont ete ebran-
ches , qu'on le cueille dans le mois d'Aoiit
ou de Septembre , qu'on le tienne dans un
lieu fee. Pour rempioyer, il le prepare de
la maniere fuivante. On emporte avec im
couteau I'ecorce blanche & dure, jufqu'a una
fubftance fongueufe qui prete fous le doigt
comme une peau de chamois ; on la fepare
de la partie fifluleufe & plus dure de I'agaric,
& Ton en foime des m.orceaux plus ou moins
epais. On les bat avec un marteau , pour
amollir la fubftance fongueufe, au point d'etre
aifement depecee avec les doigts. Au befoin
on applique, fur I'ouverture de I'artere, un
morceau ainfi prepare , plus grand que Li
plaie , & pn^fent^ du cote oppole a I'ecorce,
pardeffus ce morceau , un autre plus grand ,
& enfuite pnrdeffus le tout un appareil co»-
venable.
C'eft cet agaric qui fert a faire I'amadou ,
dont I'ufage familier eil etendu & connu de
tout le mondc.
D E Dijon, ij?^. py
Je pourrois ajouter ici bien des phrafes
inutiles fur les grandes vertus que les anciens
Medecins attribuoient a ce medicament , qui
etoit leur cephalagogue en titre & de pre-
diledion : j'ai cru mieux entrer dans les vues
de I'Academie, a qui ces reflexions font of-
fertes, en etabliffant des conjedhires proba-
bles fur lu nature de cette produdion , &
rappellant des verites utiles que Texperience
la moins equivoque juftifie relativement a.
fes proprietes.
E S S A I
D'A N A TO M I E,
S u R la flruclure & les ufages das
Epiploons ( I ).
PAR M. Chaussier.
T,
OUTE la capacite de I'abdomen eft
tapiff^e par une membrane mince, blanche,
tranfpirable, connue des Anatomiftes fous le
nom de PERiTOiNE. Cette membrane, formee
prefqu'entierement par un tiffu cellulaire fin
^ ferr^ , s'etend fur prefque tous les vifceres
( I ) Ce Memoire a ete lu en 1776. .
9<5 AcADiMiE
de rabdomen, s'y attache, les borne, les fe-
pare , les maintient dans la fituation que la
nature leur a afTignee , &: enfin forme des
plis , des duplicatures , des prolongemens ,
des ligamens, &c. Mais en couvrant tant d'or-
ganes fi difterens par leur forme , leur flruc-
ture & leur ufage , le peritoine fe prete a
tous leurs contours , & fe modifie auffi de
mille manieres difFerentes ; ici d'une tenuite
exceflive, la beaucoup plus epais , il s'etend
par-tout, & n'eft nulle part le meme. Tantot
attache par un tiflu cellulaire court & ro-
bufte , il adhere intimement a Torgane qu'il
recouvre, & paroit en quelque forte exade-
ment tendu a fa furface : tantot pofe d une
maniere plus lache, maintenu feulement par
des filamens fouples & abondans , il forme
des rides a la fiiperficie du vifcere , & des
replis a fes environs: Dans d'autres endroits
on le voit uni etroitement dans une partie
de I'organe , devenir par degres plus lache,
moins adherent; & de meme qu'une draperie
legere pofee negligemment , ne fe modele
pas ftridement fur le corps qu'elle couvre ,
mais flotte , & s'etend au dela ; tel le peri-
toine, en couvrant certains organes, fe pro-
longe,8: devient flottant au dela de I'organe
meme. Ce font ces prolongemens , ces fur-
croits, ces EXCESSUS membraneux, qui, tou-
joiirs parfemes de vaifleaux fanguins , tou-
joiirs formes de deux lames du peritoine ,
font connus foiis le terme generique d'EPi-
PLOON
o E Dijon; v^^^^ 97.
PiOON ( I ) ou d'oMENTUM. Car les Anato-
miftes modernes diftinguent trois fortes d'EPi*
PLOON : un grand, connu dans toils les tempsji
& que Ton nomme encore, par rapport a les
attaches principales, Gastro-Colique ; im
petit y que d'apres Riolan, le celebre Winllow.
( I ) Epiploon , ou d'apres Hippocrate , EPIPloa ail
pluriel ; mot entierement grec, & conferve par les Ana-
tomiftes de tous les pays. L'etymologie de ce terms
h'eft point equivoque ; mais la fa^on de rinterpretec
nous paroit meriter que^que dilcuffion. Tous les Auteurs
s'accordent a dire : epipioon ab iTriTiAtiv , qua^ mem-
brana natans fuptr inteftina ; mais YiTTi des Grecs fa
rend quelquefois par ultra. Ne fcroit il pas plus raifon-
nab!e,& enmeme temps plus conforme a la vraie dil-
poiition de cette partie, a la connoiilance de fes ufages ,
& a t'obfervation anatomique , d'interpreter ce inot ,
fTTiTrAoo^ en difant : membrana natans ant extenfa ultrd
flomjchum , &.c= membrane qui excede , qui s'etend au
dela de Teftomac , du colon, &c. En effet , fi on {^
bornoit a Tancienne interpretation, cette denomination
■ne conviendroit point au petit & au moyen epiploon ,
car ces parties ne font point du tout flottantes. Outre
plufieurs autres raitons qu'il feroit facile d'alleguer en
faveur de notre interpretation etymologique , on peut
voir dans les anciens Grecs , & fur-tout dans Hippo-
crate , ce mot & fes derives tres-fouvent employes pour
defigner une furabondance , un exces .... cjuod ultr^
redundat in vtntr'iculo . ... In venis .... 8ic, Voy.'
Fafius in Hippocratem. V. aufli Riolan , Antrhopoirraphia ,
lib. X , cap. XIII , & lib. 3 , cap. iv, on y trouve les
differentes explications de ce terme; ti Ton voit que les
Grecs n'entendoient pas defigner par ce mot une mein-
btane flottante , comme Font reppte par la fuite tous lea
Anatomises : /feroiof«j vafcula ^ repojitoria i'TTi'JrKotA
voeat»
<)S ACADfMIE
a fait connoitre (ous le nom d'HEPATO-GAS-
TRIQUE; enfin, un moym remarque clcpuis
peu(i), appercu d'abotd par M. Lieutaiid,
niais prefque dans le meme temps decrit avec
exaditude par M. de Haller , & defigne fous
le nom de colique.
II eft enfin d'autres prolongemens membra-
neux fort petits , connus fous le nom d'AP-
PENDICES, ADIPEUSES OU EPIPLOIQUES, qui
fe rencontrent uniquement fur les gros intef-
tins , & dont le celebre Vefale a le premier
donne la defcription.
Toutes ces produdions epiplo'iques ne dif-
ferent que par la figure , la grandeur, la fitua-
tion & les attaches; car d'ailleurs elles ont la
meme ftrufture & les memes ufages ; toutes
font formees par deux lames minces prove-
nantes du peritoine , adoffees & appliquees
Tune contre I'autre, feparees par un tiffu cel-
lulaire fin , delicat, plus ou moins ferre , plus
ou moins rempli de graiife , mais tou jours
parfeme d'un grand nombre de vaifTeaux fan-
guins.
Le grand epiploon , connu du vulgaire fous
le nom de coeffe , fe prefente fans aucune
preparation a I'ouverture de Tabdomen. On
voit ce prolongement membraneux defcendre
de I'eftomac, de la rate & du colon, flotter
en quelque forte fur les inteftins, gliffer f^ur
leur furface , s'infinuer meme entre leurs cir-
( I ) En 1741.
D E D I J o N , iyS4, C)Cf
convolutions : on le voit parfeme d'lin grand
nombre de vaiffeaux fanguins , dont les rami-
fications & les anartomofes frequentes , for-
nient des aires de miile figures difFerentes;
enfin, dans cette tranie membrano-vafculaire,
on voit des bandeiettes graifleufes accompag-
ner , environner les vaiffeaux fanguins , les
fuivre dans leur diftribution , & par confe-
quent laiffer des efpaces uniquement mem-
braneux en forme de Rhombes , de triangles,
d'ovales allonges , & ainfi avoir une forte de
reffemblance avee un filet dont les mailles
in^gales & irregulieres n'auroient aucune
forme determinee ( i ).
L'etendue & la difpofition du grand epi-
ploon varient fuivant les difFerentes circonf-
tances. Quelquefois on le trouve defcendii
jufqu'au petit baflin, & on I'a vu contraclei:
des adherences avec les vifceres de cette re-
gion, en gener Taftion (2), fouvcnt on ie
( 1 ) Cii conftance qui a engage quelques Auteurs at
comparer Tepiploon a iin (ilet de pecheur. EJi rets veL
reticulum , dit Bauhin , &c.
(a) On en trouve plufieurs exemples dans les Ob-
fervateurs ; j'en citerai deux qui me font particuliers ,
& qui prefentent quelques ciiconftances remarquables.
En Mai 177^ , la femme Molard, fur la fin de fe
troirteme groffeffe , fe plaignit d'une tenfion avec une
douleur profonde dans tout Tabdomen; bientot la fievre
furvint , la tenfion du ventre augmenta , & devint plus
douloureufe , &c. Dans le cours de cette maladie, les
douleurs de raccouchement fe declarerent; & qucique
I'enfant fut bien fitue , la femme bicn conformse , les
G ij
JOO A C A D i M I 1
voit gllffer par les anneaux, & produire des
hernies; d'autres fois on le rencontre ramaiT^
douleurs vives , I'accouchement fut long. Les douleurs
avoient un cara6)ere particulier que je n'avois point en-
core obferv^. Chaque contradion de la matrice etoit
entrecoupee & arretee tout-a-coup par des hoquets , des
tiraillemens douloureux k I'epigaftre, la malade epioiiva
nieme quelques foiblefies , &ilfembloit, fuivant Ion ex-
preflion, que chaque douleur lui arrachat le coeur; enfin,
apres plufieurs heures du travail le plus fatigant^ I'enfant
vit le jour. Quelque temps apres, portant ma main fuf
le ventre je fus fort furpris de trouver la matrice prefque
aufli elevee qu'avant Taccouchement ; au lieu de prendre
fa forme & fa fituation ordinaire , ce vifcere s'allongeolt
6c formoit, en fe contraftant , une tumeur dure, reni-
tente & oblongue. D'apres les accidens que la malade
avoir eprouves , je prefumai des-lors que la matrice avoit
contraile une adherence avec quelque vifcere qui I'em-i
pechoit de reprendre fa forme naturelle. J'attendis de la
nature I'expulfion du placenta , & elle fe fit fans aucun
accident apres trois quarts d'heure. II n'y eut ni perte,
ni aucun accident dependant de I'accouchement; mais la
fievre & I'inflammation du ventre qui perfifterent, firent
perir la malade le feptieme jour. A I'ouverture du ca-
<lavre je trcuvai I'epiploon dur , compatH: , adherent au
fond de la matrice , & ce vifcere etoit allonge & s'e-
lendoit jufqu'a la hauteur de Tombilic.
Pendant mon Cours d'Anatomie de 1771 , je dilTe-
quai le cadavre d'une vieille fcmme ; je trouvai egale-
ment Tepiploon adherent au fond de la matrice , a fes
Jigamens lateraux & aux ovaires. Le colon , I'eftomac
etoient abaiffes , mais la matrice etoit dans fa fituation
naturelle. L'epiploon n'etolt pas , comme dans le cas pre-
cedent, compaft & ramalTe en corde , il etoit epanoui ,
<k confervoit fa tnollefre & fa tenuite naturelles , feu-
Jement fes deux feuillets etoient colles enfemble : & un
p8u au deffous de I'ombilic, oi> y voyoit plufieurs fcif-
D E/ D I J o N, ijS^. rot
en peloton compaft, entre I'epigaftre & I'om-
bilic ; il y forme une tumeur oblongue , mo-
bile , indolente, qii'il eft bien effentiel de dif-
tinguer des obftrucHons & autres affedions
morbifiques ( I ). Mais dans I'enfant il eft
^tendu d'une maniere lache & uniforme dans
la partie fuperieure de Tabdomen, feulement
il eft plus porte a gauche , & il eft bien an
deffiis de I'ombilic. Dans I'adulte , fa fitiia-
tion eft moins oblique, il paroit plus long,
& defcend un pen au deffous de Tombilic.
Ces differences, comme I'a fort bien indique
M^ Portal (2), dependent uniquement dii
changement de pofition que les principaux
vifceres de Tabdomen eprouvent avec I'age-.
fures d'une grandeur & d'une forme differentes ; il fem-
bloit que le tid'u membraneux de I'epiploon avoir ete
rompu ou dechire en differens endroits, foil par un mou-
vemeut violent & fubit , ou un exces de tenfion , foit
par I'effort gradue & fouvent repete des vifceres qu'il
recouvroir. Les bords de ces differentes ouvertures etoient
lifTes , compafts , foutenus feulement par les ramifica-
tions des vaiffeaux de I'epiploon & de la graifTe qui les
environne : on remarquoit fur-tout deux ouvertures plus
confiderables , d'environ trois pouces de diametre , 6c a
travers lefquelles paffoit un paquet des inteflins greles ; ce
qui formoit une efpece de hernie interieuj-e dont je ne
connois aucun exemple. Quelques Peintres qui fuivoient
mes lemons , deffinerent fur le champ cetie difpofition
extraordinaire.
(i ) M^ Portal, Obfervations fur les tumeurs & en-
gorgemens de I'epiploon. Acad, des Sci. 1771.
(2) Idem y dans fes notes fur I'anatomie c^e Lieptaud ,'
& Academie des Sciences , 1771,
G iij
102 A C A D E M I E
La region epigalhique etant dans Tenfant plus
^levee & plus large, Tepiploon defcend moins
fcas ; & le foie qui a cet age eft d'un volume -
& dune etendue tres-confiderable, en dejet-
tant Teftomac fur le cote gauche, determine
ainfi la fituation obliqiie de Tepiploon. Outre
ces differences occafionnees par Taccroifte-
ment du corps & le developpement des or-
ganes, on obferve encore que I'etendue & la
Situation de I'epiploon varient journellement
fuivant Tetat des vifceres epigaftriques ; on
en fera couvaincu., fi Ton fait attention qu'il
tient principalement a des organes contrac-
tiles , capables de fe mouvoir , & fujets a fe
deplacer. Auffi remarque fort judicieufement
le celebre M. Sabatier (i), «quand on ouvre
» desanimaux immediatement apresqu'ils ont
» mange, I'epiploon fe trouve plus ramaffe,
» & defcend a mefure que I'eftomac fe vuide,
» & que les inteftins fe rempliffent. « Cette
obfcrvation eft encore plus frappante dans
rhomme , parce que I'epiploon n'eft pas ,
comme dans la plupart des animaux, attache
uniquement a I'eftomac & a la rate , mais il
tient encore a toute la convexite de Tare du
colon. Ainfi que I'eftomac ,que le colon foit
diftendu , I'epiploon eft entraine vers le haut,
& paroit plus court; au contraire il defcend
& paroit plus long, lorfque ces vifceres font
dans un etat de vacuite ou de conftridion.
Inerte par lui-raeme ^ incapable d'une adion
(i) Traite complet d'Anatomie,
D E Dijon, fy^4. 103
qui lui foit propre, repiploon n'oppofe au-
cune reliilance , il fe prere au developpement
des vifceres auxquels il eft attache , il cede a
leiir expanfion, en fuit tons les mouvemens.
Bien plus , Tadion I'eule des vil'ceres fur lef-
quels il eft appofe, ra^pliation d'un organe
voilin , changent fa forme & (on etendue.
D'apres ces obfervations journalieres & fa-
ciles a verifier fur les cadavres par la fitnple
infufflation de I'eftomac & des inteftins, nous
concevons facilement les caufes de cette
grande variete remarquee dans I'etendue &
la figure ( I ) de cette partie. L'eftomac eft-il
contrade , repoufTe vers le diaphragme ? repi-
ploon fera releve & defcendra moins bas. Ce
vifcere eft-il dejette fur un cote ? la fituation
de I'epiploon fera oblique. Enfin , ft le me-
focolon eft relache par un etat de maladie ,
ou bien ft le fejour & Faccumulation des ma-
tieres dans Tare du colon ont allonge fes li-
gamens & deplace cet inteftin , alors I'epi-
ploon defcend tres-bas & s'etend quelquefois
jufqu'au baftin.
Depu'is ¥ahr ice d' aqua pendente , la fotme de
Fepiploon a ete comparee a une grande bourfe
ou a une gibeciere de chafl'eur vuide & ap-
platie , dont le fommet taille d'une maniere
( I ) Quelques Anatomiftes ont voulu determiner la
figure de I'epiploon ; les uns ont dit qu'il etoit trian-
gulaire , d'autres conique ; mais Ton fent combien cette
ijgure eft variable fuivant I'etat des vifceres.
G iv
t04 A C A D E M I E
jn^gale feroit en haut & attache a diff^rentes
parties, dont le fond arrondi feroit libre &
fiottant en has , & dont les parois feroient
jfimplement affnifles ou appliques Tun fur Tau-
tre , fans avoir entre eiix auciine adherence.
Ainfi d'apres c«tte comparaifon generale-
ment adoptee, les Anatomiftes ont diftingue
au grand Epiploon deux ailes ou feuiliets, dont
I'un eft anterieur ou externe, Tautre pofterieur
ou interne. Le premier que Ton nomme en-
core GASTRIQUE, defcend de la grande cour-
bure 4« feftomac ; le fecond , connu encora
fous le nom de colique ' i), tient au bord
convexe du colon; ce font-la les principales
attaches des deux feuiliets de Tepiploon ;
niais il faut ajouter, pour plus grande exac-
titude , que le feuillet anterieur a quclques
autres points de connexion : favoir, du cote
droit au ligament membraneux qui fixe le
duodenum, & du cote gauche a toute la fclf-
fure de la rate & au grand cul-de-fac de I'ef-
tomac.
Jufqu'a prefent les Anatomiftes, meme les
plus exadts , fe font contentes de dire que
( I ) Dans les differens animaux qiiadrupedes que j'ai
eu occafion de diffequer , le feuillet pofterieur de I'epi-
ploon n'a aucune connexion avec les gros inteftins ; il
fe termine , ou au mefentere , ou un peu au deffus de
I'origine de ce lien commun des inteftins ; & 1 epiploon
eft plus ou moins long, fuivant les difFerentes efpecQs
d'animaux : dans quelques-uns il eft fi coutt , qu'on
pourroit croire au premier coup d'oeil qu'il n'exifte pas;
ce qui fans doute en a iippofe a quelques Anatomiftes
dans Ja defpription des animauxn
D £ Dijon, i;^^^: 105
Tepiploon eft attache a route la grande cour-
bure de Teftomac , fans defigner Tendroit
precis de (on implantation. D'apres cette in-
dication vague , il fembleroit que cet objet eft
pen important, ou bien on pourroit croire que
I'eftomac eft partage par I'origine de I'epiploon
a fa grande courbure, en deux furfaces egales ;
mais ce feroit fe tromper etrangement ; I'inf-
.pedion fouvent repetee nous a toujours fait
voir qu'en partant de I'origine de Tepiploon
a la grande courbure de I'eftomac , la furface
pofterieure de ce vifcere a dans tous les fens
beaucoup moins d'etendue que la furface an-
terieure; cette obfervation eft fur-tout tres-
frappante au grand cul-de-fac de Teftomac,
La rate , fituee profond^ment dans I'hypo-
condre gauche , tient a ce vifcere par une
portion particuiiere de I'epiploon, & (es at-
taches font prefqu'entierement pofterieures;
auffi dans Fouverture des cadavres eft -on
oblige de foulever I'eftomac pour demontrer
la fituation de la rate. Ainft , pour parler
avec exaditude, il faut dire que le grand epi-
ploon a (es attaches principales a la partie
pofterieure & inferieure de la grande cour-
bure de I'eftomac ; difpofttion remarquable ,
qui en permettant la dilatation du ventricule
fur la partie anterieure & laterale, empeche
la compreiTion des nerfs & des vaifl'eaux fitues
pofterieurement : Texperience ne laifle aucun
doute a ce fujet. Si on fait fouffleir I'eftomac
fur un cddavre , & fi obferve attentivement
^ <jui fe paffe a mefiire que Tair diftend ce
I06 A C A D E M I E
vifcere , on voit que rampliation fe fait pref-
qu'cntierement en devant , en haut & a gau-
che; on voit que la portion fplenique de I'epi-
ploon s'efFace pen a peu , la rate devient plus
pollerieure , s'approche de refl:omac,& femble
s'y coUer. Cette portion fplenique de Tepi-
ploon merite encore quelqucs confiderations.
Ce n'eft point une limple membrane fine &
fans reiiltance, parfemee de vaifleaux & gar-
nie de graiffe , mais fon tiflu d plus de force,
plus de conliftance : elle forme, aux environs
du grand cul-de-fac de Teflomac , des replis
particuliers qui s'etendent obliquement juf-
qu'au cardia, font en quelque forte Foffice de
ligamens , qui empechent encore par leur dif-
pofition & leur refiftance , la dilatation de
I'eftomac fur la partie pofterieure. Enfin, pour
ne rien omettre d'effentiel,nous devons ajou-
ter que dans les perfonnes dont Teflomac eft
contradle , on a trouve quelquefois fur le
grand cul-de-fac de Teftomac & dans le voi-
linage de la portion fplenique de I'epiploon,
des allongemens membraneux flottans , que
Ton pent comparer aux appendices graifleufes
du colon. Lieutaud en avoit dcja fait une
mention expreffe. «La partie ia plus convexe
9> de I'eftomac , dit-il , porte encore quelques
» pEoduclions epiploiques, dont les cavites ne
9»communiquent point avec la grande bourfe.
» Ces parties , ajoute-t-il, meriteroient peut-
w etre le nom de petit epiploon ( I )• » Mais
( i) Effais anatomiq^ues , art, a. Quoique robfeivatloa
D E Dijon, lyS^, 107
comme elles m'ont paru avoir la memeflrt^c-
tiire > les memes ui'ages que les appendices
graiffeufes du colon , j'aimerois mieux les
nommer appendices gaflriques.
Quoique d'apres tons les Anatomiftes nous
ayons diiUngue deux feuillets a I'epiploon ,
il ne faut pas croire qu'il y ait une ligne de
reparation marquee par la nature, ou un de-
faut de continuite entre I'un & I'autre. On
diroit au coniraire » que le feuillet anterieur,
» apres etre defcendu jufqu'a la hauteur de
„ Tombilic , fe replie fur lui-meme pour for-
>, mer le feuillet pofterieur, & remonter ainfi
,» jufqu'a la partie tranfverfale du colon (i )».
Ou , fi Ton veut encore , pour rendre cette
ilrudure plus fenfible , on pent , d'apres le
celebre Gliffon, comparer I'epiploon au ta-
blier que portent les femmes , & dont I'ex-
tremite inferieure feroit relev^e , repliee en
de M. Lieutaud foit tres-precife , il femble qu'on y a
fait peu d'attention. Haller en fait mention ( Phyfiologicy
torn. K/), mais il ajoute : milii ignotas. Le jugement
d'un Anatomifte fi exaft , a fans dome empeche de ve-
rifier I'afTertion de M. Lieutaud. Affurement on ne ren-
contre pas fur tous les fujets, ces appendices gaftriques,
de meme que Ton ne rencontre pas toujours la meme
forme^la meme etendue dans I'epiploon ; quelquefois les
appendices gaftriques font confondues avec la portion
fplenique de I'epiploon , mais auffi d'autres fois elles en
font tres-diftindies, & je croirois volontiers qu'elles ne
font jamais que des replis, des prolongemens particu-
^iers & accidentels de la portion fplenique de I'epiloon.
( I ) Sabatier , anatomic du corps humain.
f08 A C A D E M I E
devant, & attachee par iine ceinture. Par ce
moyenon con^oit ailement que chacune des
extrcmitds eft attachee fuperleurement, tan-
dis que la partie moyenne qui eft redoublee,
flotte librement ; & de meme que dans un ta-
•blier , dont le bas eft ainft releve , il exifte
un intervalle entre les deux parois ; ainfi la
duplicature de ces feuiUets membraneux laiffe
un efpace intermediaire que Ton nomme le
fac ou la cavite epiploique. « Cette compa-
» railbn, ajoute rAuteur(l), montre nette-
» ment rorigine du feuillet pofterieur, & fa
» continuation non interrompue avec le pa-
a* roi anterieur qui s'attache au ventricule. «
Dans les endroits oii I'epiploon n'eft pas
garni de vaiff'eaux & de bandes graifl'eufes,
fon tiffu eft ft mince & ft delicat, que dans
le corps de I'animal on trouve peu de mem-
branes aufli fines; fon extreme tenuite Ta fait
comparer a une toile d'araignee ; & ft on le
touche fans precautions , il s'en detache des
parcelles , il refte comme crible de plu-
fteurs petits trous qui n'exiftoient pas dans
Tetat naturel, & qui font uniquement I'eftet
du contaft des doigts trop arides , comme
Font fort bien demontre les celebres Ruifch ,
"NVinflow , &c. Cependant quelque mince que
foit Fepiploon , chacun de fes feuillets eft
compofe de deux lames membraneufes appli-
quees Tune fur I'autre , & feparees par un
(i) GlifTon, dc ytntriculo & intejlinis.
D E D 1 J O N, iyS4, 109
tlffii celhilaire. L'infpeftion anatomlque ne
laiffe aucun doute a ce fujet. Non-feulement,
avec de la patience & de I'adreffe , on pent
Ibulever & feparer ces deux lames , mais en-
core on pent, avec iin tube, introduire de
I'air dans le tiffu celiulaire qui fe trouve entre
elles. 11 ell meme des endroits oil ces deux
lames font naturellement ecartees. Ainfi, dans
toute I'etendue de I'attache de I'epiploon a
I'eftoraac, les deux lames font ecartees pres
de la grande courbure au moins de quatre a
cinq lignes. Get ecartement qui forme une
efpace de triangle dont la bafe fe trouve dii
cote de Teftomac, eft encore plus manifefte,
lorfque ce vifcere eft dans un etat parfait de
vacuite; alors on fouleve, on ecarte avec la
plus grande aifance ces deux lames epipioi-
ques ; I'efpace intermediaire eft occupe par
des vaiffeaux & par un tiffu celiulaire lache
& tres-fouple : mais a proportion que ces
deux lames defcendent de I'eftomac , elles fe
rapprochent par degres, elles s'uniffent, elles
deviennent plus minces, & le tiffu celiulaire
qui les joint , devient auffi par degres plus
fin & plus ferre. 11 en eft de meme par rap-
port aux attaches du feuillet pofterieur au
colon , il s'y trouve egalement un efpace in-
termediaire (i).
( I ) Nous avons un grand nombre de figures ana-
tomiques , mais aucune n'exprime d'une manieie fatif-
faifante I'origine, la dilpofition de I'epiploon & fa grande
cavite ; aucune n'iodique les ecartemens triangulaires dont
no A C A D E M I E
Cette difpofition qui fe trouve dans tons
les ages , dans toules les circonftances de la
\ie, & fur tous les animaux pourvus d'epi-
ploon , fervira a nous eclairer fur quelques-
unes des vues de la nature dans la conftruc-
tion de ces parties.
Le petit Epiploon, nomme encore HEPA-
TOGRASTIQUE , n'cft point une membrane
je viens de parler. Quelque compliquee que foit cette
difpodtion , on Fa rend ties-fenfible fur le cadavre par
la preparation fuivante. Apres avoir tait Touvertiire de
Tabdomen , il faut remplir la cavite de I'eftomac , dii
duodenum & du colon , avec un melange de cire , de
fuif & de terebenthine. Cette injcftion doit fe faire fans
cftorc , affez pour foutenir eleves les parois de ces vif-
ceres, mais trop peu pour les diftendre. Lorfque I'in-
jeftion eft refroidie , il convient , pour plus grande fa-
cilite, d'emporter le mefentere. On Tait enfuite une fec-
tion perpendiculaire depuis la fymphife du pubis iufqu'au
fternum , de maniere que la cclonne epiniere foit par-
tagee fur fa longueur en deux portions egales : ainfi on
a une coupe de la moitie du tronc. On y voit ai(ement
toute I'etendue , les replis & le developpement du p^-
ritoine ; on le voit , apres avoir reouvert le paroi ante-
rieur de I'abdomen , gagner le diaphragme , fe replisr
pour former le petit epiploon , s'etendre fur I'eftomr.c, Uu
donner fa premieie tunique ; on le voit fe prolonger au
dela de ce vifcere , defcendre jufqu'a I'ombilic, remontcr
.enfuite pour gagner le colon, & former ainfi le grand
epiploon ; on y voit aulti la feparation des lames epi-
plo'iques pres des courbures de I'eftomac & de la con-
vexita du colon : enfin, on prend une idee jufte & pre-
cife de la cavit^ epiploique. Cette difpofition peut tres-
bien s'exprimer dans une planche , meme au fimple
trait, &je me propofe de la faire graver dans quelque
temps.
D E Dijon, tyS^. 1 1 1
flottante (i). II efl compo{'(^ d'un feul feuillet
membraneux, dont les lames font fort min-
ces, & qui a tres-peu d'etendue. Ses attaches
font fuperieurement au col de la veficule dii
fiel, a la fciffure tranfverfe du foie, aiix vaif-
feaux qui s'y infirtuent,& au diaphragme; pr.is
dela gagnant I'orifice fuperieur de i'eilomac,
il defcend & fe termine bientot a toute la
petite courbure de ce vifccre , & a une petite
portion du duodenum. Nous ne terminerons
pas Particle de ce petit epiploon , fans ob-
ferver qu'en approchant de fon attache a
Teftomac , fes deux lames font ecartees de
pres d'un pouce , & que Tefpace intermediaire
eft garni d'un tiffu graifleux fort mol.
\Vinilow eft le premier qui ait donne (ij)
une bonne defcription du petit epiploon; ou,
pour parler plus jufte, il eft le premier qui
Fait difVingue du grand epiploon ; car certe
produdion membraneufe n'etoit point incon-
nue aux Anatomiftes anciens ; feulement les
uns la regardoient comme une continuation,
les autres comme le principe de I'epiploon,
qui , difoient-ils , forme par le peritoine, def-
cend du diaphragme , & donne en paffant une
premiere tunique a Teftomac : telle etoit fur-
tout I'opinion de Mundinus, le reftaurateurde
( I ) Ainfi , en fe bornant a I'interpretation ordinaire
de Tetymologie , ce prolongement du peritcine ne ir.e-
riteroit pas le nom d'epiploon.
(2) Academie de$ Sciences , 1715.
Ill A C A D i M I 1
Tanatomie au commencement du [4*. fiecle.
Le zirbiis, dit cet Anatomilie, nait jouxte le
diaphragme (l). Fabrice cC aqua pcndtnu ^ Glif-
fon, MarcUettis , 6-^ ne meconnoifloient pas
cette production epiploique. Spigel dit expref-
fement que le petit lobe du foie eil recouvert
par I'epiploon. Riolan eft encore bien plus
exadl ( 2, ) ; il ne conlidere Tepiploon que
comnie une feule production vafculo-mem-
braneufe & continue : mais il le divife en
quatre portions. La premiere, dit-il, flotte
fur les inteftins ; il la nomme portion intef-
tinale de I'epiploon. La fgconde , lituee entre
I'eftornac & la rate, eft appellee portion fple-
nique. La troifieme eft defignee fous le nom .
d'hepatique,& c'eft exadement le petit epi-
ploon de Winflow. Enfin, il indique une qua-
trieme portion qu'il nomme la mefent^rique ,
&; c'eft du mefocolon dont il veut parler. C'eft
iin abus fans doute de prendre le mefocolon
pour une portion epiploique ; la difference
de ftrudure exige une denomination particu-
liere , M. de Haller Ta bien fait fentir (3).
Mais, en rejetant cette diftindion vicieufe ,
la methode de nos anciens merite peut-etre
encore quelqu'attention ; elle eft fans doute
plus conforme a la difpofition des parties ;
( I ) Traduction munufcrite dc Mundinus par Pi^fre
Gerard, Chlrurgien a Autiin , en 1545.
( 2 ) Anthropograp/iia , lib. ii.
( 3 ) Iconum ifnatomicarnm fafmulus primus,
nog
D £ Dijon; 1^84: n|
nos defcriptions feroient peut-etre pllis fim-*
pies, plus claires , & I'enfemble' plus facile
a faifir. Quoi qu'il en foit, les deux epiploons
que nous avons decrits , font difpofes de fa-
9on que le ventricule fe trouve fitue entre
I'un & Tautre , & qu'il en refuke un grand
fac vuide , dont les parois font afFaiffes Tun
fur I'autre , mais que Ton peut facilement
foulever &r demontrer, en y infinuant de I'aic
ou quelqu'autre liquide. L'^tat de maladie
rend quelquefois cette cavite epiploique tres«
evidente; plus d'une fois on a vu des eaux,
des vents s'y amaffer ( i ) : enfin , pour ne
rien echapper, obfervons que ce fac mem-
braneux a une ouverture fituee pofterieure-
ment & a droite , fous les vaiffeaux qui fe
portent au foie.
Les gros inteftins ont dans touts leur ^ten"^
due , d'efpace en efpace , un grand nombre
de petites portions membraneufes, flottantes,
d'une forme irreguliere , contenant dans leur
epaiffeur un tiiTu graiffeux , parfeme de vaif-
feaux,& n'excedant jamais un pouce & demi
de longueur. Ces appendices adipeufes font a
jufte titre regardees par^yin(low comme desi
efpeces de petits epiploons , ou des fupple-
mens epiploiques : en effct , elles prefentent
la meme ftrudlure des epiploons que nous
avons deja decrits. On les trouve plus lon«
gues & en plus grand nombre dans les en-
(i) Portal, Academie des Sciences, i77i«
H
114 A C A D i M 1 E
tlroits cle ces inteftlns qui ne donnent pas
attache au grand epiploon, & elles font ma-
nifeftement produites par des replis on des
prolongemens du p6ritoine qui recouvre ces
inteftins. Elles forment ^n quelque forte un
fefton membraneux & fTange,irr6guli^rement
difpofe fur letendue du colon & du rectum.
L'epiploon-Colique peut en quelque
forte etre regard^ comme la premiere & la
plus grande de ces appendices adipeufes(l).
On le trouve fitue fur la partie droite & in-
ferieure du coecum & du colon , dans I'en-
droit oil le grand epiploon n'eft pas attache;
fa figure eft irreguliere , & fon etendue varie
dans les differens fujets ; fouvent meme il eft
peu fenfible , & ft le coecum eft fort diftendu ,
il eft entierement efface ; mais dans Tetat de
vacuite de cet inteftin , c'eft une appendice
creufe & conique , collee fur le colon , &
qui, dit M. Sabatier, « paroit formee dans le
» plus grand nombre des fujets p^ir la feule
» tunique membraneufe du colon & du coe-
w cum qui s'eleve de ces inteftins , fur deux
» lignes paralleles ; de forte que I'alr eft in-
» tercepte entre ces lames , & qu'en foufflant
» dans leurs interftices , on forme un cone
» qui s'eleve en tubercules. »
Tous les epiploons pr^fentent dans leur
ftrufture une circonftance bien remarquable.
( I ) Ceft meme I'opinion de plufieUrs Anatomiflea
velcbies.
D E D I / O N, 'iy$-4: ti^
Tons lis font parfemes d'lin grand iiohibra
de vaiffeaux fanguins qui forment entre elix
de frequentes anaftomofes. Une autre fcir-
conftance non moins frappante eft Torigin^
de ces memes vaiffeaux. Ceux qui fe diftri-
buent au feuillet anterieurdu grand epiploon^
viennent principalement, mais conftamment^
des vaifteaux de reltomac ; c'eft meme par
rapport a cette origine qu on les a nomrnes
GASTRO-EPIPLOIQUES i CeilX qui f(5
voient au petit epiploon , viennent aliffi eii
grange partie des arteres & des veines co-
ronaires ftomachiques. Enfin, I'epiploon co-^
lique,Ies appendices adipcufes,& le feuillet
pofterieur du grand epipiotn, re^oivent des
vaiffeaux qui toujours leur font coninuns
avec les inteftins fur lefquels ces partits font
attachees;&. \qs rechrrches anatomiquts les
plus exaftes n'ont jamais montre aucune va-
riete dans I'origine cie ces vaiffeaux. Mais fi
Ton voit dans les epiploons un fi grand nom-
bre de vaiffeaux fanguins ^ a peine auffi y
appergolt-on quelques filets nerveux ; ceux:
que Ton y rencontre, font fi petits & li pen
etendus, qu'iis ne peuvent avoir d'autre ufage
que d'entretenir & de propager le principe
vital & la force circulatoire ; aufft les epi-
ploons ont-ils , dans I'etat naturcl , tres-peu
de fenfibilite ; & les experiences ont appris
que Ton pouvoit piquer ^ couper ces parties
fans caufer de la douleur , &c.
La graiffe qui fe trouve dans le tiffii desi
Epiploons, ne paroit pas entrer effentiellet;
Hij
il6 A C A D i M I E
ment dans leur compofition ; elle y eft en
quelque forte acceffoire , & fe depoie dans
les mailles de I'epiploon, comme elle le fait
dans le tiffu cellulaire; car toijjours elle eft
relative a I'embonpoint dii fujet;& dansceux
qui font emacies par de longues maladies,
les epiploons font entierement fans graiffe.
Telle eft la defcription exade d'une p-artie
{i fimple par fa ftrufture, mais fi compliquee
par fon etendue, les varietes qu'elle prefente
& la multiplicite de (es connexions. Nous
rep^terons a ce fujet ce que difoit le c^l^bre
de Haller ( ( ) : » quce de ommto & in cadaverc
» ojienfu difficilia junt y & alum agre verbis ex-
» ponuntuu «
Sans doute la nature ne fait rien en vain;
& les epiploons doivent etre deftines a quel-
qu'ufage bien effentiel , puifque ces parties
formees avec tant de foins, fe trouvent conf-
tamment dans tous les hommes fans aucune
variete effentielle, puifqu'a quelques legeres
differences pres, elles fe trouvent egalement
dans tous les animaux qui ont un eftomac
fnembraneux(2 .
f Cette premiere obfervation femble d'abord
nous indiquer que les Epiploons doivent avoir
quelques ufages relatifs a Teftomac & aux
parties qui. leur donnent origine.
(i) Phyjiologia, torn. vi.
( s ) Hailer , Daubenton,
b E Dijon, iyS4. 117
Nous ne nous arreterons pas a rappeller &
a clifcuter les clifFerens fentimens propof^s
fur I'ufage des Epiploons ; tour a tour com-
battus & oubli^s, aucun ne fatisfait, aucun
ce paroit entrer dans les vues de la nature
fur la fituation & la ftrudure conftante de ces
parties; tous fe bornent a indiquer des ula-
ges acceffoires & communs a d'autres parties.
Les uns ne voient dans I'^piploon qu'un
moyen d'entretenir la chaleur de reftomac ;
les autres ne le confiderent que comme line
maire graiffeufe capable de lubrefier la fur-
face des inteftins & de pr^venir leur adhe-
rence centre nature : ceux-ci croient que cet
appareil membrano-vafculaire eft uniquement
deftine pour la preparation de la bile , en
fourniffunt au fang des molecules huiledfes :
ceux-la penfent qu'il ne fert qu'a rendre plus
douce , plus uniforme la compreffion alter-
native des mufcles du bas-ventre ; c'eft , di-
fent-ils , un corps folide qui fait la fondion
d'un fluide , en rempliffant les vuides que
I'eftomac & les inteftins laifTent entre eux a
la partie anterieure du ventre ; & telle eft
encore Topinion des Anatomiftes & des Phy-
iiologiftes modernes les plus cel^bres. Mais
pourquoi I'epiploon ne s'etend-il pas fur tous
les vifceres de I'abdomen , puifque tous laif-
fent des vuides entre eux , puifque tous font
egalement expofes a la compreffion des muf-
cles ? D'ailleurs , la fituation , la ftrudure de
I'epiploon , fes attaches conftantes , le grand
j?ombre de vaiffeaux fanguins dont il eft par^
H iij
IlS A C A D E M I E
feme; & leur origine, toujours invariable,
femble demancler quelque chofe de plus par-
ticulier , & indiquer un ufage plus important.
Eflayons de prcfenter quelques reflexions
fondees fur I'infpeiftion anatomique , & qui
nous paroiffent confirmees par I'experience:
& I'obfervation de la marche ordinaire de la
nature.
Nous {avons , a n'en point douter , que
Tefiomac eft deftine a recevoir les alimcns ,
a les conferver pendant un certain temps
poup en faire la digeftion, & enluite a les
expulfer en les faiiant paffer dans le canal in-
teftinal. II falloit done que ce vifcere fut
dirpofe de fa^on a exercer toutes ces atHons,
de fa9on a permettre avec aifance Taccumu-
Jation & le fejour des alimens , & enfuite les
expulfer avec force ; c'eft f;ins doute dans ces
vues que la nature a compofe I'eftomac de
plufieurs tuniques. L'une eft mufculaire , &
par confequent compofee de fibres irritables
qui ont toujours une tendance a fe refferrer,
^ fe contrader , des que rien ne s'y oppofe :
les autres purement membraneufes & vafcu-
laires, n'ont par elles-memes aucune adion ,
^galement incapables de s'etendre & de fe
refTijrrer ; elles donnent en quelque forte la
forme & la confiftance a Torgane ; elles ce-
dent au poids , au volume des alimens qui
penetrent dans I'eftomac ; elles obeiffent ega-
lement a la force contraftile de la tunique
charnue. Pour bien fentir de quelle maniere
j'eilgm^Q pevu k dilater , il faut kivQ atten-
D E Dijon, t^S^.. 119
tion que les differentes fibres miifculaires qui
entrent dans la compofition de ce vifcere-, ne
font point continues : mais , comme le re-
marque fi bien M. Sabatier, « elles font in-
» terrompues dans leur longueur & comme
» compofees de plufieurs fibres courtes dont
» les extreraites fe logent dans les intervalles
» de celles qui font voifines. <* Les fibres que
i'on nomme ordinairement circulaires ne de-
crivent pas , comme on pourroit le croire ,
des cercles entiers , mais, de meme que les
fibres longitudinales & obliques , elles font
interrompues & paroifTent manifeilement com-
pofees de plufieurs fegmens approches I'un
centre I'autre , & maintenus enfemble par im
tifTu cellulaire. Ce n'efl pas tout encore, la
nature a donne aux tuniques membraneufes
beaucoup d'etendue ; de forte que quand
I'eflomac efl dans un etat de vacuite , fes tu-
niques internes, inertes par elles -memes,
obeifTant a la force contractile de la tunique
mufculaire , fe plifTent , fe rident de mille
manieres differentes; mais a mefure que ce
vifcere re^oit des alimens, I'extenfion fe fait
par degres, chaque fibrille charnue fe prete
& s'ecarte fucceffivement , les rides membra-
neufes diminuent & s'effacent meme entiere-
ment : & ainfi la dilatation n'efl qu'un de-
veloppement, qu'un epanouiffement des mem-
branes, & non pas un tiraillement & une ten-
sion des fibres. D'apres cet expofe , on con-
ceit facilement comment I'eflomac peut-&tre
dilate de fa^on a contenir une quantite pro-
H iv
120 ACADEMIE
digieufe d'alimens , comment auffi il pent fe
relferrer de fa^on a ne pas exceder le volume
d'un inteftin grcle- enfin, comment dans tons
les cas ce vifcere s'accommode a la quantite
des alimens qu'll recoit.
Le grand & le petit epiploon font preci-
femenr a la face externe de Teflomac, ce que
les plis Si. les rides des tuniques membraneufes
font a fa face intericure; ce ioat cies fupple-
mens membraneux deftin^s par la nature a
permettre Tampliation & la libre dilatation
de ce vifcere ; plufieurs raifons fervent a nous
en convaincre. *
i<>. L'infpedlon anatomique nous demontre
que Iqs deux lames qui compofent les Epi-
ploons, font toujours ecartees Tunede I'autre
dans les endroits voifins de leurs attaches a
Tcftomac ; que cet ecartement intermediaire
efl occupe par des vaiffeaux fanguins, & par
iin tiffu cellulaire, epais, tres-fouple, & par
confequent capable de ceder facilement a
I'extenfion. Elle demontre encore que le pe-
ritoine, en recouvrant I'eftomac, en lui for-
jnant fa premiere tunique ,. nVmbrade pas
exaftement la furface de ce vifcere, mais que
dans I'endroit oil il fe prolonge pour former
les epiploons , il eft line grande partie de
Teftomac qui n'eft point recouverte de cette
premiere tunique ; que cet efpace eft plus
grand a la petite courbure qu'a la grande.
EUe montre aufti que c'eft dans ces endroits
que Ton remarque en plus grande quantite
Ips plis & les jides d^s tuniques internes d«5
D E Dijon, 'i^^4. 121
Teftomac, de forte que rampliation de ce
vifcere eft, par cette difpofition, rendiie plus
libre & plus facile du cote de la petite & de
k grande courbure. Monro ( I ) faifoit a peu
pres la meme remarque au fiijet des inteftins
greles; 11 obferve « que le p6ritoine, en re-
» couvrant les inteftins , laifl"oit toujours a
» rendroit oil le mefentere eft attache, un
» efpace qui n'etoit reconvert que par le tiffu
» cellulaire , & par confdquent , difoit cet
y, ilhiftre Anatomifte , le conduit inteftinal
» r^fiftera moins de ce c6t6-la aux agens qui
» le diftendent ; ce qui eft d'une grande utir
» lite, en permettant aux inteftins de s'^ten-
» dre plus qu'ils ne le pourroient fans cette
♦> difpofition, & fans que leurs vaifl"eaux fouf-
» frent de tiraillemens tr^s-confiderables. a
20. II eft bien certain, comme nous I'avons
expofe plus haut , que I'^piploon fuit les
mouvemens de Teftomac & du colon , qu'il
defcend moins has lorfque ces vifceres font
dans un etat de diftenfion; mais nous devons
ajotiter qu'il n'eft pas, comme on pourroit le
croire d'abord,fimplement entrain^ par Tele-
vation des vifceres auxquels il eft attache.
Son accourcifl'ement depend d'un mecanifme
particulier; & on le reconnoitra aifement, fi
Ton fouffle I'eftomac fans etre deplace , & fi
on obferve avec foin tout ce qui fe parte
pendant la dilatation de ce vifcere. On verra
( I ) Eflajs d'Edimbourg.
122 A C A D E M I E
manifeftement ies lames du feuillet epiplo'i-
que fe foulever, s'ecarter pres des courbures,
pour permettre rampliation de reftomac ; on
verra des vaiffeaux qui aiiparavant etoient
eloignes d'un pouce, s'approcher pardegres,
fe trouver enfuite coUes a la furface du ven-
tricule ; enfin , on verra que la dilatation ne
fe fait pas egalement dans tons Ies points de
reftomac , qu'elle eil plus faillante en haut
& en devant qu'en has & en arriere, ce qui
depend eiTentiellemeni de la difpofition & de
I'origine de Tepiploon : precaution admirable
de la nature, qui , en determinant la dilata-
tion fur la partie anterieure , empeche que
I'aorte , Ies gros vaiffeaux & Ies nerfs qui
font fitues poilerieurement, foient expofes a
la compreffion pendant le fejour des alimens
dans I'eflomac ; & c'eft dans cette vue que
Tepiploon ne partage pas I'effomac en deux
furfaces egales ; car , comme nous I'avons ob-
ferve , la face externe & anterieure de I'ef-
tomac a beaucoup plus d'etendue que la face
pofterieure & inferieure.
3°. La demonftration fera plus frappante
encore, fi on examine Tcftomac dans un etat
de vacuite & de refferrement confiderable ;
Ies epiploons, comme on le fait, ont alors
beaucoup d'etendue; mais li on Ies coupe en
fuivant Ies contours de I'eftomac , & li on
diftend ce vifcere en y pouffant de I'air ou
quelqu'autre fluide , alors on verra qu'en fe
dilatant la tunique mufculaire eft a nu , re-
couverte uniquement de quelques filamens
D E Dijon, 1^54, 125
celluletix : il eft done bien manifefte qu'en
I'e diiatant , Teftomac emprunte en quelque
forte line tiiniqiie exterieure des epiploons,
♦ Ces experiences varices & rt'.'petees plii-
iieiirs fois fur le cadavre , nous ont toujours
fourni les memes relliltats , & nous paroiffent
devoir ne laiffer aucun doute fur les vues de
Ja nature dans la conftrudion des Epiploons,
fur leurs attaches conftantes aux vifceres di-
latabies. Ce que nous venons de dire de ref-*
tomac , doit egalement s'appliquer aux gros
inteftins deftines a raccumulation des ma-
tieres excrementielles ; on y reconnoit le
tneme mechanifme & le merae ufage dans la
ftrudlure des parties epiploiques. Aufli quand
ces inteftins font dans I'etat de vacuite , les
appendices adipeufes & I'^piploon-colique
font-ils tres-apparens; mais s'ils font diften-
dus , alors toutes ces parties epiploiques di-
minuent & s'efFacent meme entierement : cir-
conftance qui concilie les defcriptions va-
rices que Ton troiive dans les Auteurs , &
qui nous explique pourquoi ces parties epi-
ploiques fe troiivent dans le cadavre, tantot
plus, tantot moins apparentes; ce qui, ob-
ferv^ avec foin , eft toujours relatif a I'etat
oil fe trouvent les inteftins.
4°. Si nous jetons un coup d'oeil fur la
ftrufture des autres organes deftines par la
nature a permettre des dilatations , nous y
reconnoitrons , finon le meme mechanifme ,
fdu moins quelque difpofition analogue ; nous
y verrons des replis de membrane formes j.
124 A C A D E M I E
foit a leur furf<ice , foit a leiir circonference ;
nous obferverons enrin qu'aucune partie delH-
neeachangorde forme&de volume, n'eft jamais
ftridement environnee par une membrane^:
ainii Toefophage eft limplement plonge dans
iin tiffa cellnlaire fort lache ; le duodenum ,
qui dans Thomme fait en quelque forte fonc-
tion d'un fecond ventricule , en permettant
raccumulation des alimeus , n'eft point em-
brace par le peritoine, & une partie de I'in-
tellin redum , comme I'obferve fort bien
Bromfield ( l), eft {implement enfoncee dans
un tiffu graifteux. La veffie prefente a peu
pres la meme ftrudure , plongee dans un tiffu
mol & flexible , elle n'eft recouverte qu'en
partie par le peritoine , qui forme encore a
fa partie pofterieure deyx replis particuliers
que Ton nomme ordinairement ligamens pof-
tirieurs. La matrice femble d'abord faire une
exception & offrir une difpofttion differente.
Mais outre que la dilatation de cet organe
fe fait d'une maniere tres-lente & graduee,
{\ Ton fait attention combien dans toute la
partie inferieure de I'abdomen le tiffu cellu-
laire eft abondant & fouple , combien le pe-
ritoine y forme de duplicatures & de replis,
on y reconnoitra cependant le meme mecha-
jiifme ; on verra que tous ces ligamens dif-
pofes avec tant de regularite autour de la
( I ) Cafes and obfervations of furgery by. W. Brom-
i^ld.
D E Dijon, iy84, 12^
matrice, doivent etre confideres moins comme
des moyens de fixer cet organe , que comme
des i'uppl^mens membraneux prepares par la
nature pour permettre fon ampliation , & cette
verite iera plus fenfible encore fi on obierve
cet organe dans fes difFerents etats. Enfin, dans
les animaux dont I'appendice vermiforme efl
tr^s-confiderable, & permet I'accumulation &
le fejour des matieres alimenreufes , on re-
marque a cette partie un prolongement dii
peritoine , une efpece d'epiploon,
5°. La pathologic nous fournira encore de
nouveaux faits propres a confirmer notre opi-
nion. Affez fouvent a la fuite des afledions
chroniques de I'el^omac, on trouve ce vifcere
accru a un point tel qu'il s'etend quelquefois
jufqu'au petit baffin & occupe toute la fur-
face de I'abdomen : cette ampliation morbi-
fique de Teftomac depend pour Fordinaire
d'un engorgement au pylore qui arrete les
alimens & en neceffite Taccumulation, D'au-
tres fois elle paroit dependre principalement
d'une inertie totale, d'un relachement abfolu
plus ou moins prompt des parois de ce vif-
cere (i). Mais quelle qu'en foit la caufe, cette
( 1 ) On pourroit comparer cette extenfion morhlfiqiie
de reftomac au relachement du fcrotumque Ton obferve
dans certjins fiijets, & il me femble que Ton pourroit
avec jufte raifon Hefigner cette afFeftion fous le nom de
UACOsis de Teftomac : terme deja adopte pour expri-
mer la maladie du fcrotuin. Mon intention n'eil pas
d'expofer ici les fignes qui font prevoir 5c reconnoitre
n6 A C A D E M ! E
extenfion morbifique fe fait toujours aux de-»
pens de T^piploon; auffi a i'ouverture des ca-
cette aftedion de Teftomac , mais je ne puis m'empe-
cher de citer un fait tres-fingulier dont j'ai ete temorni
En 1767 je frequentois afiiduement un hopital avec
un de mes compatriotes, M^ Brujley aduellement Chi-
rurgien a Selongey : on y amena fur le foir un homme
ioe d'environ 50 ans , infirme depuis long temps , dont
les jambes etoient redemateufes , le ventre tres-diftendu.
Le malade ne ptat nous afTigner la caufe & I'origine de
fon mal ; feulement il nous apprit que depuis long-temps ,
fur-tcut apres le repas, il etoit fujet a des douleurs d'ef-
tomac , contre lefquelles il avoit fait beaucoup de re-
medes fans fucces ; mais que depuis cinq mois les dou-
leurs avoient change de nature ^ fon ventre s'etoit gonfle
peu a peu , qu'il eprouvoit nne conftipation opiniatre^
un degout extreme , & que tous les cinq ou fix jours
il rendoit par le vomiirement une quantite enorme de
matieres plus ou moins fluides & colorees , fuivant les
alimens & la boiffon qu'il avoit pris ; il nous ajouta
qu'apres cette evacuation , fon ventre etoit moins tendu
& qu'il fe trouvoit foulage ; mais que depuis fix jours
il n'avoit point vomi & peu urine , quoiqu'il eut pris
beaucoup de tifane aperitive qui lui avoit ete confeillee
comme un excellent remede contre fon hydropifie : on
examina le ventre, on crut y reconnoitre une fluftuation,
enfin on affura que ce n'etoit qu'une hydropifie ; &
d'apres cette idee , on lui fit fur le champ la ponOion
avec un trois-quarts (il eft inutile, je penfe , d'avertir
que cet examen, cette decifion & cette operation n'ont
point ete faites par un homme de I'art), II fortit d'abord
par la canuUe du trois-quarts, des vents & quelques Ji-
vres d'une liqueur legerement muqueufe , ecumeufe &
d'une couleur brunatre ; fur la fin !e fluide etoit audi
epais qu'une bouillie & mele de filamens noiratres ; le
ventre diminua par cette evacuation ; le malade parut
d'abord foulage , mais bientct il eptouva des anxietes ,
D E Dijon, iy^4, ny
davres , ce prolongement membraneiix fe
trouve toujours plus ou moins efface , &:
qiielqiiefois meme a peine en trouve-t-on des
veftiges. Au contraire , H I'epiploon devient
compad fquirreux, s'il s'y forme line tumeur
dans le voilinage des courbures de reflomac,
alors la dilatation de ce vifcere eft genee, fa
capacite fe retrecit, & fa forme naturelle eft
alteree.
Un autre objet non moins remarquable dans
la flrudure des epiploons, & auqiiel tons les
Auteurs paroiffent avoir fait pen d'attention,
eft le grand nombre de vaiffeaux dont ils font
parfemes,& leiir origine toujours invariable.
Sans des vues particulieres , & effentielles
fans doute a la confervation des corps , la
nature n'auroit pas prodigue un tel apparei!
de vaiffeaux fanguins fur une fimple mem-
brane jouiffant a peine de la fenfibilite, & qui
ne fournit aucune fecretion.
N6us avons deja obferve que les vaiffeaus
des foibleffes , 85 il mourut dans le courant de la nuit.
Le cadavre fut p'orte a I'amphitheatre , & a I'ouverture
on ne trouva auciin epanchement de (evofiti dans le bas-
ventre , feulement quelques goiittes de fang & d'une mu-
cofite brunatre dans I'endroit de la ponftion ; mals on
vit que reftomac etoit prodiglcufement diftendu & s'e-
tendoit jufques dans le petit bariin , on vlt que ce vif-
cere avoit ^te perce par le trois-quarts , le pylore etoit
fquirreux, meme cartilagineux dans que'ques endroits :
enfin , en ouvrant I'eftomac , on y trouva un fluide fem-
tlable a celui qui etoit forti par la ponQ.ion. H i n c
JEDISCANT ChiRURGI !
128 ACADEMIE
du grand & du petit epiploon etoient ton-
jours des branches qui partoient diredtement
des valffeaux de reiiomac. II en eft de meme
par rapport a repiploon-colique & aux appen-
dices adipeufes ; leurs vaifTeaux Ibnt egala-
irient des branches qui leur font communes
avec les gros inteftins.
L'eftomac eft garni d'un tres-grand nombre
de vaiff^eaux fanguins. Lor(que ce vifcere eft
dans I'etat de vacuite , fes membranes conf-
tituantes , comme nous Tavons demontre ,
font necefTairement refferrees , ridees & plif-
f^es, & par confequent les vaiffeaux fanguins
participent a cet etat d'affaiffement & de ref-
ferrement; ils forment plufieurs replis & con-
tours qui diminuent en meme temps leur cali-
bre, leur reftitude , & par une autre confe-
quence egalement certaine , la quantite & la
velocity du fang qui devroit les parcourir ;
ainfi les liqueurs retardees dans leur cours ,
cngorgeroient facilement les parois de l'efto-
mac , & s'y alteretoient bientot , fi les parties
voifmes ne leur prefentoient des vaifleaux
flexibles , toujours prets a les recevoir. II etoit
done neceffaire que Feftomac eutdes vaifl'caux
collateraux; & c'eft fans doute dans cette vue
que les vaifl"eaux du grand & du petit epiploon
communiquent toujours avec ceux de I'efto-
mac. Ainfi dans I'^tat de vacuite de ce vifcere,
le fang pafte plus abondamment dans les vail-
feaux de Tepiploon ; ce qui previent un trop
grand engorgement dans le tifl'u d^licatde l'ef-
tomac :peut-ctre mgme c'eft cet etat d'afiaiffe-
ment
" D E Dijon; 1^84, 129
ment des vaiffeaux , cet itat de gene dans la
circulation, qui, en ebranlant les nerfs, de-
vient pour nous le ftimulant mechanique, la
caufe de la faim & de la foif, qui nous avertit
du befoin que nous avons de reparer nos for-
ces , en prenant des alimens. Mais a mefure
que Teftomac fe dilate, (qs vaiffeaux perdent
par degr^s leur tortuofite ; le fang y circule
plus rapidement, & en plus grande quantite,
il fe fait en meme temps dans fa cavite une
exhalation, une perfpiration plus grande des
fucs gaftriques deftines a fe meler avec les
alimens, & a en faciliter la digeftion. C'eft
ainfi que la nature par un mechanifme aufH
limple qu'admirable , vient a bout de remplir
pludeurs objets; c'eft ainli que nous pouvons
expliquer,pourquoi les Epiploons font garnis
d'un fi grand nombre de vaiffeaux; pourquoi
ces vaiffeaux font toujours des branches de
ceux de Teftomac , &c.
Ces remarques ne font point diil^es par
I'imagination, elles font fondees fur I'infpec-
tion anatomique , & Ton peut en demontrec
la certitude par un procede fort limple. Veut-
on faire une injedion des vaiffeaux de I'ef-
tomac? il faut n^ceffairement que ce vifcere
foit dans un etat mediocre de dilatation ; fans
cette precaution, I'injedion r^uffit mal pour
les vaiffeaux de I'eftomac ; mais au contraire
ceux de I'epiploon font parfaitement rem-
plis ; ce qui prouve bien evidemment que
dans cet etat d affaiffement de I'eftomac , i&s
vaiffeaux devisnngnt tortueux , perdent de
I
ijO ACADEMIE
Icur calibre, & qu'ainfi les vaiffeaux de Tepi-
ploonprefentent iin diverticulum (i) dans
lequel le fang circule avec aifance , lorfqu'il
trouve quelqu'obftacle dii cote de reftomac.
(2) Ceil ainfi que les vaiffeaux du mefen-
•( I ) Fred. Hoffmann avoit entrevu cet iilage des
vaifleaiix de repiploon , & 1' avoit deja indique quoique
d'une maniere un peu vague. » Varii funt ufus qui af-
j> fignantur omento. Secundum noftram fentemiam, eft
5> diverticulum nimiaB fanguinis copise in plethoricis, qui
37 valde tarde movetur in his per abdominis vifcera. <e
Hijloria corporis humani anatomica, to. vi de fes (Euvres
in-folio.
( 2 ) D'apres cette difpofition , cette aflion reciproque
des vaiffeaux de rcftomac & de Tepiploon, on con^oit
aifement comment les maladies de I'epiploon influent
fur I'eftomac & la digeftion , pourquoi les hernies epi-
ploiques confiderables rendent fi frequemment la digef-
tion laborierfe & penible ; pourquoi les ligatures d'une
f^rande portion d'epiploon occafionnent la tenfion du
ventre , la fenfibilite de I'epigaftre , Vine irritation a I'ef-
tomac , des inflammations , des fuppuration , quelquefois
des efcarres gangreneufes au delTus des ligatures , &c.
En eiTet , il eft evident que le fang arrete dans les vaif-
feaux par I'etranglement lierniaire ou par les ligatures ,
enforce les parties voifmes , reflue vers I'eftomac , en
irrite les parois ; & cos eftets font encore plus prompts
& plus tacheux , ft la portion d'epiploon fur laquelle on
applique la ligature , eft deja dans un etat d'inflamma-
tion ; peut-etre feroit-il convenable , avant de ferrer les
ligatures , de laifler couler des vaiffeaux de I'epiploon ,
meme une certaine quantite de fang ? Cette evacuation
locale feroit fans doute plus efficace que plufieurs faig-
nees du bras, mais elle doit ctre faite avec precaution ;
elle previendroit peut-etre les fultes facheufes & fre-
quentes dans ces cas : la raifon I'indique , mais I'expe-
fience dcit le connrmer. Oc verra de rneme que I'opi-
D E D I J *0 N, iyS4: 131
tere & des inteftins greles ont entre eiix de
frequentes anoftomofes.
Nous trouverions dans le corps bien d'au-
tres organes dans lefquels la circulation change
fuivant I'etat de vacuite, ou de dilatation.
Jufqua prefent nous n'avons confidere que
le jeu & I'adion mechanique des parties telles
qu'on pent les demontrer fur le cadavre; mais
dans r^tat de vie , combien ces efFets font
plus frappans encore ! chaque fibre jouit d'un
mouvement qui lui eil propre; elle eprouve
une forte d'ereftion que la fenfibilite ner-
veufe augmente ou diminue fuivant les cir-
conftances. Par cette force vitale , les vaif-
feaux fe redreffent , leur calibre augmente ,
les liqueurs affluent en plus grande quantite
dans la partie , & la chaleur fenible s'y de-
velopper davantage. Ainfi , quand i'eftomac
nion de nos ancieris fur I'ufage de I'epiploon , n'etoic
pas fans quelque fondement. lis penfoient que I'epiploon
iavorifoit beaucoup la digeftion ; & comme ils etoient
perfuades que cette fon6lion s'operoit par la chaleur , ils
difoient que I'epiploon entretenoit la chaleur de I'efto-
niac : mais , en rejetant toute cette partie hypotlietique ,
on ne peut difconvenir que I'etat de I'epiploon n'influe
beaucoup fur Teftomac. Bianchi foutenoit cette opinion ,
& il s'appuyoit fur des experiences plus concluantes en-
core que Fobfervation du gladiateur rapportee par Gatien.
II alTure qu'ayant enleve I'epiploon a un chien , il avoit
remarque que cet animal avoit la digeftion difficile, qu'il
^prouvoit fouvent la diarrliee ; enfin , qu'apres deux mois
il mourut d'atrophie , &c. ( Bianchi , hiftoria hepatica ,
torn, 2 , pag. iij8). Ces faits & beaucoup d'autres que
news aurions pu rapporter , fe concilient tres-bien avec
ce que nous avons expofe fur la difpolltion 6c les ufages
cITentiels de I'epiploan,
131 A C A D E M I E
fe remplit, outre le d^veloppement purement
mechanique de fes vaiffeaux , Taftion vitale
i^n releve les parois, en redrefle les orifices;
ainfi le fang afflue avec rapidit^ , il eft en
qnelque forte attire , exprime des vaiffeaux
de r^piploon; les fucs gaftriques coulent avec
abondance , la digeftion fe fait , & tous les
organes femblent y concourir ; mais a rae-
fure que cette fondion importante fe per-
fedionne , les fibres de Teftomac fe contrac-
tent peu a pen, elles perdent cet etat d'erec-
tion qui leur avoit et6 imprime , les vaiffeaux
fe replient , & le fang devenu moins neceffaire
a I'eftomac, repaffe dans les vaiffeaux de Tepi-
ploon , fe porte davantage au foie, a la rate,
pour fervir a de nouveaux befoins de la na-
ture. Combien d'autres confiderations nous
aurions a ajouter, mais il nous fuffit d'avoir
expofe les faits princlpaux ; & il nous paroit
que nous fommes en droit de conclure que
les ufages effentiels des epiploons font, l". de
permettre & de favorifer la dilatation des vif-
ceres auxquels ils font attaches ; i^. de fervir
de diverticulum au fang qui fe porteroit naturel-
lementacesvifceresjlorfqu'ils fontenvacuite.
Apres ceci , que Ton ajoute que les Epi-
ploons fervent a lubcefier les inteftins , a pre-
venir leur adherence, a rendre la compreffion
des mufcles du bas-ventre plus douce & plus
uniforme , a aider la preparation de la bile ,
&c. On le veut, j'y foufcris; mais ce ne font
tout au plus que des ufages fecondaires,& qui
leur font communs avec bien d'autres parties.
D E D I J O N, 77^4. 133
E S S A I
SuR CETTE QUESTION : Z'or quc prend
taclde nitreux houillant ejl-il veritable-
ment dijjous .^
PAR M. DE MORVEAU.
I
L y a pen d'annees que les Chymlftes
etoient d'accord que I'acide nitreux feul n'a-
voit aucune aftion fur tor en ^tat de metal
complet. En 1748, M. Brandt failant le de-
part d'un alliage de trente marcs dans la pro-
portion de 16 parties d'argent & 3 d'or, s'ap-
percut que Tacide nitreux concentre qu'il
avoit employe fur la fin, & qu'il avoit fait
bouillir fu.r Tor precedemment d^pouille d'ar-
gent par une eau-forte plus foible , avoit pris,
wne couleur jaune ; que lorfqu'on lui prefen-
toit de I'argent , il s'y formoit un pr^cipite
en flocons , qui , edulcore & rougi , etoit de
Tor. Cette experience fut repetee le 5 Mars
de cette annee, en prefence du Roi de Suede
& de I'Academie de Stockolm.
Un proces-verbal auffi authentique paroif-
foit ne devoir laiffer aucun doute fur la ve-
rite du fait ; MM. Scheffer & Bergman le con-
fignerent dans leurs Merits , & la publicite que
M. Sage lui donna en France , excita Tatten:;
I iij
134 A C A D E M I E
tion du Gouvernement, qui chargea I'Aca-
demie Royale des Sciences d'examiner jufqu'a
quel point il pouvoit influer fur la ("lirete de
I'operation du depart. II eft certain que les
circonftances neceflaires a la produdion de
ce phenomene, font abfolument etrangeres a
I'operation ^es effais , ainfi que les fix Com-
miffaires le conclureni apres les experiences
les plus fcrupuleufes. Je ne m'en occupe ici
que pour determiner les diffolutions qui peu-
yent s'operer par I'acide nitreux.
M. Tillet s'etoit deja occupe a repeter I'ex-
perience de M. Brandt, & le Memoire qu'il
avoit redige fur cette matiere , le mettoit en
etat de repondre aux queftions propofees par
Tadminiftration, fi fon importance n'eiit en-
gage ce Savant a demander lui-meme que
I'Academie fut confultee; c'eft dans ce Me-
moire ( qui fait partie du recueil de I'Aca-
demie pour 1780) que fe trouvent les ob-
fervations qui font naitre cette queftion, de-
venue tres-interefl'ante pour la theorie chy-
mique, independamment de fes rapports avec
I'art de I'effayeur.
Ce Savant Academicien rapporte qu'ayant
fait un depart aux affinages de la monnoie
dont les matieres etoient 398 marcs d'argent
& 46 marcs d'or, lorfqu'on eut decante Teau-
forte chargee d'argent , on verfa fur les 46
marcs de chaux d'or^ceii ainfique Ton nomme
en termes de I'art , Tor qui fe precipite dans
fcs operatipnsy quoijj^ii'il ne foit pas calcine),
D E Dijon, lyR.^. 13^
16 livres d'acide nitreux concentre a 45 dc-
gres de rareometre de M. Baumc ( a peu pres
1,4525 de pefanteur fpecifique).On fitboiiillir
cet acide pendant 16 a 18 heures,il fe trouva
alors rediiit a 4 1. 5 one. igros; apres I'avoir
laiffe quatre jours en repos, on prit 1 liv. de
cet acide, on y fit diffoudre 4 gros d'argent,
en placant le matras lur des charbons un peu
eteints; Tor ne tarda pas a fe raflembler, il
le forma un flocon qui fe precipita au fond
du matras , lorfque Tebullition eut ceffe.
Apres avoir decant^ Tacide nitreux ainft
depouille de I'or qu'il receloit , on verfa de
nouvel acide tres- concentre fur le flocon
d'or; malgre la grande ebullition , il refta in-
taft, conferva fa forme, & aucune partie ne
s'en fepara.
Ce flocon d'or etoit d'un volume tres-con-
fiderable, relativement a fon poids; lorfqu'il
eut ete recuit, il pefa environ 5 grains; de
forte qu'en fuppofant que le fiirplus de I'acide
nitreux en recelat dans la meme proportion,
il en refulteroit que la totalite de Tacide n'au-
roit pris que la 9216^. partie des 46 marcs
d'or fur lefquels il avoit bouilli.
Urie circondance que M. Tillet a remar-
quee , c'efl qu'apres un fimple recuit , qui
n'avoit pu que rapprocher les parties juxta-
pofees fans les reunir par la fufion, ce flocon
etoit duftile & s'etendoit fous le marteau fans
eprouver de gerfures; tandis que les cornets
d'effais & la mafTe de chaux d'or des affinages
ibnt tres-friables , fe reduifent en poudre &'
136 'A C A D E M I 1
ne reprennent leur clu<f^ilite que lorfqu'ils ont
ete fondus. II a fait la meme obfervation fur
tous les flocons d'or , precipit6s de I'eau-forte
de la meme maniere.
Si Ton fe contente de deflecher ces flocons
d'or dans un creufetj & qu'on les examine
au microfcope , ils paroiffent comppfes de
feuillets comme I'ardoife.
Une autre experience de M. Tillet preCente
des faits qui ne meritent pas moins d'atten-
<ion.
Ayant mis dans un flacon une certaine
quantite d'acide nitreiix concentre , qui ,
quoique tres-clair & tres-tranfparent , con-
tenoit certainement de Tor, il divifa en par-
ties egales la liqueur de ce flacon ; il verfa
Tune dans un matras, y fit difl"oudre un peu
d'argent fin , & obtint un flocon d'or. Avant
que de faire la meme operation fur I'autre
partie , il la filtra fans I'etendre dans I'eau ,
a travers un papier gris plie en quatre, &
propre par-la a rendre la filtration plus lente.
Lorfqu'elle fut achev^e, il remarqua que la
premiere feuille du filtre etoit teinte (Tune,
■belle couUur de pourpre ; que les trois autres
feuilles tenoient de la meme couleur , mais
un peu moins que la premiere , & propor-
tionnellement au rang qu'elles avoient oc-
cupe. II fit diffoudre de I'argent dans I'acide
nitreux ainii filtre ; lorfque Tebullition eut
ceffe, il n'apper^ut point de flocon d'or , la
liqueur etoit feulement un peu trouble &
^voit une teinte nojratre occafionnee par un
D E D I j O N , 77^4. 137
pen <3e cuivre tr^s-divife qui fe depofa apres
le refroidiffement. Le papier du filtre fut re-
diiit en cendres , la cendre coupellee avec
le plomb , le bouton de la coupelle foumis
a Toperation du depart pour en feparer I'ar-
gent qui s'etoit arrete fur le filtre en etat de
lei , & il fe retrouva a la fin la meme quan-
tite d'or en poids que le flocon precipite
dans I'autre portion d'acide.
M. Tillet a encore efl'ay6 de faire eva-
porer lentement I'acide nitreux tenant or,il
a vu les particules d'or recouvrir de petits
filets ifoles de nitre d'argent ; il a apper^u
di/linftement quelques-unes de ces particules
ay ant tout Veclat metalliqiie, & reffemblant a
des parcelles de feuilles d'or battu , voltiger
long-temps dans la liqueur, fe rapprocher les
lines des autres , contrafter une certaine ad-
herence , former un flocon , & fe depofer
enfin au fond du matras fans fe divifer.
En laiffant repofer pendant quelque temps
dans un flacon de I'acide nitreux qui a bouilli,
& s'eft beaucoup reduit fur la chaux d'or des
affinages, une partie de For que contient cet
acide fe precipite au fond du vafe , & une autre
plus legere furnage la liqueur; cet or eft dans
fon etat metallique , & il a la couleur du
tabac d'efpagne , comme la chaux d'or des
affinages.
En mettant fur le porte-objet de la glace;
une goutte de cette liqueur , on voit diftinc-
tement , a I'aide du microfcope , des parti-^
cules d'or qui ont I'eclat metallique.
138 A C A D E M 1 E
Si Ton fait bouillir de I'acide nitreux con-
centre dans une cornue fur un 011 plufieurs
cornets d'orfin, jufqu'a ce qu'il ne refte qu^ine
petite portion de liqueur , & qu'on la verfe
dans un flacon , quoiqu'il fpit bien bouche
& en repos, les particules d'or dont il peut
€tre charge, fe precipitent en partie & s'ele-
vent en partie a la furface : ces dernieres ont
le plus grand eclat , & reffemblent exafte-
ment a des parcelles de feuilles d'or battu ;
an lieu que celles qui flottent au deffus de
I'acide nitreux bouilli fur la chaux d'or font
rarement auffi brillantes.
Si on pouffe cette diftiHation de I'acide
nitreux fur des cornets d'or k ficcite. Tor qui en
eft detache, refte adherent en forme de pel-
licule , & fouvent en petites portions fepa-
rees au fond de la cornue; quelques-unes
jnemes font adherentes aux cornets, & toutes
confervent apres I'operation leur eclat me-
tallique.
Toutes les particules enlevees a ces cornets
d'or , foit celles depofees dans les flacons ,
foit celles trouvees dans la cornue apres la
diftillation a ficcite , font enfuite inattaqua-
Hes par I'acide nitreux le plus concentre &
avec la plus forte ebullition , tout de mcme
que les flocons d'or precipites par I'argent
dans I'acide nitreux bouilli fur la chaux d'or ;
■de forte qu'il faut employer I'eau regale pour
enleve.r 1^^, pellicules qui adherent aux fla-
cons. '^oj, ■
Tels font les faits obferves par M. Tillety
D E Dijon, i;;^4. 139
dont le rapprochement m'a paru neceffaire
pour circonfcrire & determiner les conditions
de ce phenomene important. Ce favant Aca-
demicien en tire cette conclufion : « il eft
» certain que Tor pur en lame & dudile, pent
» etre attaque julqu'a un certain point pair
j> Tacide nitreux concentre dans une opera-
» tion forcee & tres -long -temps foutenue ,
» mais quil nejl jamais dijjous veritabLement , ni
» en tout , ni en partie par ce meme acide
» feul , quelque concentre qu'on le fuppofe,.«
Ainfi le favant Academicien etablit une dif-
tinftion neuve entre attaque & dijfous , & il
diftingue encore pour le premier efFet deux
cas differens ; Tun qu'il nomme fufp&njlon , qui
n'exige pas a beauc(3up pres une ebullition
i\ forte , quand les particules detachees de
la chaux d'or dans I'operation du depart, de-
meurent fufpendues dans le fluide a caufe de
leur extreme tenuite & de la refiftance qu'e-
prouve leur precipitation , comme il arrive
quelquefois dans les lavages des chaux d'or
dont on voit des parcelles furnager meme
I'eau de riviere : I'autre qu'il nomme erofion ,
& qui a lieu quand Tor eft expof^ en cornets
on en lames a Tebullition violente & long-
temps continuee de Tacide nitreux.
hl'y a-t-il redlement id qiiune action mechanic
que ? Tons Us jaits fe pretent-ils a cette fuppoji-
iion ? N y a-t-il pas de moyen de les concUier ?
iVoila des queftions qui intereffent trop eflen-
tiellement la theorie chymique pour ne pas
«;hercher a les approfondir. Je m'engagerai
140 A C A D E M I E
(I'aittant plus volontiers dans cet examen j
que loin de rien diminuer de I'eftime due au
celebre Auteur du Memoire dont on vient
de lire Textrait, on verra que je ne marcherai
clans cette route difficile , qu'a la faveur de
la lumiere que fes oblcrvatlons y ont portee»
autant par la fagacite avec laquelle il a varie
Jes moyens d'interroger I'experience , que par
cette candeur rare avec laquelle il a decrit
les refultats.
On ne peut , a mon avis , regarder le de-
chet de Tor comme Teffet d'une fimple adion
mechanique. 1°. Si cela etoit , I'ebullition
violente tk long-temps continuee d'un autre
fluide auffi denfe , produiroit le meme dechet
fur les cornets d'or, ou du molns fur la chaux
d'or des effayeurs ; c'eft ce qui n'arrive pas.
Quelquenergic que M. Tillet ait tdche dc donncr
a tacidc vitriolique , . . . . i/ na appcrgu aucun
effetfenfible. Cependant I'eroiioii & la fufpen-
^on devoient etre bien plus confiderables ,
& en proportion de la plus grande denlite
de cet acide , & de celle qu'il acquiert par
I'ebullition a caufe de fa fixite. A la verite
MM. Tillet & d'Arcet ont reconnu qu'en em-
ployant une partie d'acide vitriolique avec
deux parties d'acide nitreux , Terofion deve-
noit plus marquee & fourniffoit une limaille\
d'or que Ton diftinguoit a I'oeil fimple fur les
cornets , portatit toujours le meme caraftere
metallique avec fon eclat naturel ; mais jej
ne penfe pas qu'on puiffe en tirer d'autrej
ponfequence que celle que ces Savans on«
\
\
D E Dijon; /j,?^. 141
exprlmee en ces termes : qiu taddc nltrmx
acquiroit plus de force par fa combinaifon avec
facidc vhriolique. Or , s'il faut toujonrs de
I'acide nitreux, fi c'eft toujours lui qui agit,
s'il eft jufques dans ce melange le feul inf-
triiment, il ne pent etre un pur inftrument
mechanique, cette condition appartiendroit
indivifiblement a tout le fluide.
X°. Si c'etoit une iimple ad:ion mechani-
que, elle feroit conftante toutes les fois que
Tor prefenteroit la meme furface, que I'acide
feroit auffi concentre , auffi bouillant ; c'eft
ce qui ne s'accorde pas encore avec I'obfer-
vation : nous avons vu que les flocons d'or
precipites de I'acide nitreux par I'argent, &
les pellicules depofees fpontanement , ne fe
laiffoient plus entamer par cet acide, meme
a Taide de la plus forte ebullition. On pent
imaginer que la forme lamelleufe que pren-
nent ces precipites & la duftilite dont ils fe
trouvent pourvus avant toute fufion , annon-
cent un etat d'aggregation plus folide , plus
difficile a rompre, & que c'eft pour cela qu'ils
ne font pas attaques; mais voici d'autres faits
qui n'^tant pas fufceptibles de cette explica-
tion , laifl'ent I'argument dans toute fa force,
M. Tillet imagina de faire fervir plufieurs
fois le meme acide nitreux; il en mit d'abord
fix onces dans un petit alambic de verre fur
un cornet d'or fin , tres-mince , du poids de
24 grains ~ ; il diftilla lentement au feu de
fable, ayant foin cependant d'entretenir tou-
jours I'acide dans une legere ebullition ; lorf-
14^ A C A D i M I E
qifil n'en refta plus que quelques gros, il arrets
I'operation : la nunc un peu jaune de la liqueur
do Talambic annon^a que I'or avoit ete af-
taqu^ , il avoit en eifet perdu quelques trente-
denxiemes.
L'acide nitreux qui avoit paffe dans le re-
cipient, fut remis fur le meme cornet, & Tat-
taqua de nouveau , mais plus foiblement; il
fervit de cette maniere jufqu'a huit fois, &
le poids du cornet , verifie a chaque epreu-
ve , fit voir que \qs alterations devenoient
plus foibles , a mefure que les diftillations
fe multiplioient. A la feptieme operation la
perte fe reduifit a — de grain ; elle fut in-
fenfible a la huitieme , au/Ii le refidu de cette
derniere diftillation fe trouva-t-il blanc comme
de Teau diftillee.
Enfin , M. Cornette ayant remis a M. Tillet
de Tacide nitreux provenant d'un travail en-
trepris pour Tobtenir dans toute fa purete ,
il n'a point attaque Tor, quoiqu'il eut bouilli
long-temps fur un cornet, & qu'il s'y fiit re-
duit a une tres-petite quantite de liqueur.
La conf^quence immediate de ces faits, du
dernier fur- tout , n'a point echapp^ a M.
Tillet, je ne puis mieux la rendre que dans
i^s propres expreffions. Si la fucultl d\ntanur
tor etoit inhermte a ca acidc , elU ne. s Ivanoidroit
point par de fimples reclifications , . . , . elk ne
je p adroit pas entierement tandis que Cacide con-
ferveroit toute fa. force La pojfibilite de
priver tacide dc cette faculte , paroit fouver qiiil
a'^it dans cette circonjlance par une force a laquelk
b E Dijon; 1^84: 143
contribiie une fubjiance qui ejl etrangcre a tacide.
Je ne ferai que prevenir le jugement du lec-
teur, en ajoutant : ce n'eft done pas I'efFet
d'line fimple aftion mechanique.
3°. La couleui* pourpre que laifle fur le
flltre I'acide nitreux bouilli fur Tor, & qui
penetre les quatre plis du papier, & celle
dont fe charge la feuille d'etain qu'on y
plonge avant la filtration , me paroiffent en-
core des indices certains d'une vraie diffolu-
tion, car cette couleur eft propre a la chiaux
d'or , c'eft-a-dire , a Tor prive de partie de
fon phlogiftique. Je ne connois aucune ob-
fervation qui prouve qu'il puiffe paffer a cet
6tat fans rien perdre du principe metallifant ;
tandis que tons les ph^nomenes les mieux
conftates concourent a etablir qu'il ne perd
le brillant metallique que par I'adion de
quelqiie fubftance qui exerce fur ce principe
line affinite quelconque. Je ne rappellerai ici
qu'un feul fait qui me paroit decifif. II n'y a
fans doute point de divifion mechanique qut
approche de celle que Tor eprouve lorfqu'il
eft eleve en vapeur par la violence de la
chaleur au foyer du verre ardent , & cepen-
dant cette vapeur qui , comme le dit I'illuftre
Macquer, eft precif^ment la portion qui eckapps.
a La. calcination , . . . . qui neji cowpcfse q:iz
dis panicuUs infiniment divifees de ce metal non
altlre , ne donne aucune trace de couleur
pourpre ; elle s'attache a une lame d'argent
ious forme de poiifjiire jaundtre £une jinefje ex'
treme, qui n'a aucv.n brillant metallique, mcme
144 A C A D £ M I E
vu a la loupe , mais qui le recouvre fur le
champ a Taide du bruniflbir.
4°. Une derniere circonftance qui vient a
I'appui de cette opinion, ell la teinte jaune
que prend Tacide nitreux charge d'or , qu'il
perd quand ce metal en eft fepar6 par la
filtration , ou par tout autre moyen. Cette
teinte uniforme ne peut refiilter que d'une
divilion chymique, de I'equiponderance des
parties , de I'attraftion qui les unit chacune a
chaeune. II n'y a jufqu'a prelent aucun phe-
nomene connii qui puilTe nous faire conce-
voir , fans ces conditions & par TefFet de la
feule fufpenfion , le paffage d'un fluide a une
couleur fimple, tranfparente, homogene dan5
toute fa maffe , & qui fubfifte aufli long-temps
dans le repos.
Si ces faits rapproches paroiffent ne laiffer
aucun doute fur I'exiftence d'un vrai dilTol-
vant , je ne me diflimule pas qu'i/ y en a £au-
tres qu'il ejl dijfficile de conciiur avec cette opinion.
Je ne parle pas de la petite quantity du m^tal
diffous , ni de la neceflite d'une ebullition
violente;la plus petite quantite eft un effot,
il y a bien d'autres exemples oil I'aftion du
diffolvant eft aufti bornee, oil elle exige le
fecours de la chaleur , & oil la diffolution
eft certaine.
Je mets de meme au rang des objeftions
dont la folution n'eft pas impoflible , celle
que M. Tillet a fondee fur ce que Tether
yitriolique, qui tient du mercurg a la faveui
d'un
D E Dijon; -iy^4: 14^
d'un exces d'acide nitreux , n'attaque pas Tor,
tandis qu'il attaque le cuivre : la facilit^ avec
laqiielle ce dernier cede fon phlogiftique, (on
affinite avec cet acide plus grande ^ue celle
du mercure, beaucoup plus grande que celle
de Tor ; en un mot , I'etat de combinaifon
aftuelle plus ou moins avancee dans lequel
fe trouve I'acide , puifqu'il eft intermede ne-
ceffaire, conftituent autant de differences,
dont une feule fuffiroit pour ^carter toute
confequence de la comparaifon des refultats^
La diminution progreffive de radion de
cet acide, lorfqu'il eft cohob^ plulieurs fois
de fuite fur le meme cornet d*or, ceft^e d'e-
tonner lorfqu'on fe prete k la fuppofition
vraifemblable qu'il faut une tres-grande quan-
tite de ce diflblvant pour dlfToudre une tres-
petite partie de ce m6tal ; ft on ne juge pas
cette raifon fatisfaifante , oil peut ifuppofer
qu'a chaque diftillation I'acide perd une por-
tion de quelque principe qui ajoutoit a fon
energie ; mais il eft evident que cette cir-
conftance eft plus contraire que favorable a
rhypothefe de I'aclion mechanique.
Ne peut-on pas en dire aiirant de la dtrc-
tilite extraordinaire que Tor fepare de cet
acide acquiert par un fimple recuit , de la
propriete qu'il manifefte apres cette fepara-
tion d'eluder toute adion du meme acide ?
11 n'eft pas plus facile d'expliquer ces phe-
nomenes dans Tid^e d'une divifton purement
mechanique que dans celle d'une vraie dif-
folution , I'effet ne prouve rien que confe^
K
146 A C A D £ M 1 E
quemment a la caiife qui le determine im-
inediatement ; cette caufe reftant inconnue ,
en ne peut tirer aiicune indu£tion fiire.
Les faits qui combattent le fyfteme de la
diflblution, fe reduifent done a la feparation
du metal par le filtre , a fa precipitation
fpontanee en etat metallique ; mais on ne
doit Ics regarder comme faits contraires ,
qu'autant qu'ils s'excluent abfolument & dans
tous les temps fucceflifs, qu'autant qu'ils fe
correfpondent dans des degres egaux d'efFet
ou de produit, qu'autant qu'ils ne peuvent
fe concilier dans aucune fuppofitionpoflible;
encore n'efl-ce bien fouvent que par defaut
de connoiffances que nous fommes conduits
a nier la poflibilite de les rapprocher; fou-
vent auffi I'habitude de confiderer ks efFets
comme abfolus , nous trompe. On ne foup-
^onnoit pas , il y a peu d'annees , qu'une
meme quantite de metal put etre tenue en
diffolution de deux manieres differentes dans
le meme acide , qu'il y eut un degre de dif-
folution au dela de celui qui rend la terre
metallique fufceptible de paffer par le filtre,
que le metal put retenir dans fes diffolutions
plus ou m.oins de phlogiftique , &c. On fait
aujourd'hui que la chaux de manganele , qui
colore fon diflblvant, n'eft point dans unetat
de difTolution parfaite;que la diffolution ni-
treufe de cuivre qui eft bleue , retient plus
4e phlogiftique que celle qui eft- veiic*, &£.
Appuyes de ces exemples , abandonnons un
nipment I'habitude de cherchei toujours ks
<
D E Dijon, 1^84: 147
effets les plus familiers , de ne vouloir jiiger
que d'apres eux, & peut-etre decouvrirons-
nous la vraie caufe du phenomene dans quel-
ques-unes des hypotheses qui peuvent fcrvic;
a en concilier toutes les circonftances.
L'acide nitreux ne diffout pas Tor, paice
qu'il ne peut lui enlever le phlogiftique , &c
que c'eft une condition effentielie d toute
diflblution metallique. Avant les experiences
de rilluflre Macquer , on doutoit que la cha-
leur put dephlogiftiquer Tor, avec le concours
de I'air ; un degr^ plus conliderable, produic
par la reunion des rayons folaires , en a d^-
montr^ la poflibilite : pourquoi n'admettrions-
nous pas ici ce que nous voyons en tant d'au-
tres occalions, un efFet inefpere produit par
le concours de plulieurs forces par elles-
memes impuiffantes ? Si un m6tal ne devient
foluble que lorfqu'il a fait ecliange d'une por-
tion de fon phlogiftique pour une portioa
d'air vital , & fans doute bien plutot a raifoa
de ce qu'il acquiert, que de ce qu'il peid ,
les circonftances de notre operation ne peu-
vent manquer d'etre tr^s - favorables a cet
echange ; car on ne peut tenir l'acide nitreux:
a un certain degre de chaleur , qu'il ne fe
forme un peu de gas nitreux , & ce gas ni-
treux ne peut fe former que par la deconi-
pofition d'une portion de l'acide meme qui
met en liberte une quantite proportionnelle
d'air vital : voila done une troilierae i'uhf-
tance & la plus n<^ceffaire a la dephlogilli-
cation, qui, agiflant pour ainfi dire plus en
K ij
148 ACADEMIE
mafle que clans la calcination ordinaire i peut
feconder Tadion des deux autres fluides , &
Ja rendre a iin certain point efficace.
Je dis a iin certain point , & de cette con-
dition que Ton ne peut plus regarder comme
impoflible,puifque nous connoiffons deja des
diffolutions plus ou moins avancees vers I'etat
de diffolution parfaite , dependront les phe-
nomenes de la decompofition par le filtre, &
de la precipitation fpontan^e. II ne fera pas
difficile de rendre raifon de i'etat metallique
de ces precipites ; la chaleur ceffant de fa-
vorifer I'aftion de I'acide , Tor en vertu de fa
plus grande affinite lui reprendra infenfible-
ment le phlogiftique dont 11 fe fera charge
pendant I'ebullition : comme il le reprend in-
ienfiblement a Tarfeniate de potaffe ou fel
neutre arfenical , & a I'acide gallique oil
principe aftringent, lorfqu'il a ete precipite
de I'eau regale par ces fels , quoiqu'il ait ete
bien certainement en etat de chaux au mo-
ment du melange des liqueurs.
M. Deyeux a annonce des experiences qui
prouvent que c'eft le gas de I'acide nitreux
qui favorife la diffolution de I'or par cet
acide, & qu'il n'en diffout rie« lorfqu'il eft
pur & prive de ce gas. Je ne connois {e^
obfervations que par ce qui en a €te dit dans
le Journal de Paris , 1781 , N°s. 21 & 24, &
qui eft beaucoup trop fuccind pour me mettre
a portee de juger de la folidite de fes preu-
ves. J'obferverai feulement qu'il eft difficile
de croire que ce foit un gas phlogiftique qui
D E D I T O N; rji'4. I4£?
augmente ici I'energie du diffolvant, puifque
le premier efFet de la diffolution doit etre de
dephlogilliquer Tor, puifque I'acide muria-
tique ne devient affez puiffant pour operer
cette diffolution que lorfqu'il a ete au con-
traire prive de fon phlogiftique. D'ailleurs ,
fi cela ^toit, il femble que,vu la facilite avec
laquelle I'acide nitreux reprend du phlogif-
tique par la feule impreffion de la chaleur ,
& la quantite de gas nitreux qui fe forme n6-
ceffairement pendant qu'il attaque I'argent,
I'adion de cet acide fur Tor devroit etre plus
conftante, beaucoup plus marquee, & meme
qu'il feroit tres-difficile de produire les cir-
conllances oii il devroit ceffer d'agir abfolu-
ment.
Au refte, que ce folt ou le gas nitreux, oil
Taccumulation de la chaleur, ou I'abondance
d'air vital, ou plufieurs de ces fluides reunis
& agiffant fimultanement , qui augmentent la
puiffance de I'acide nitreux, il n'en eft pas
moins certain que cet acide qui ne pent rien
fur Tor, lorfqu'il eft feul, lorfqu'il eft pur,
& dans les conditions oil nous jugeons ordi-
nairement qu'un acide diffout un metal, fe
trouve dans ces circonftances en etat de dif-
folvant compofe , capable de diffoudre une
foible portion d'or, de lui faire eprouver a
im certain point la calcination neceffaire a
cet effet , de la tenir non pas feulement di-
vifee & fufpendue, mais veritablement dif-
jToute par attraction & ^quiponderance ac-
K iij
I JO A C A D E M r E
tnelle , a la maniere de tons les dlffolvans
chymiques.
Cette conclufion ne s'eloigne niiUement ,
comme Ton voit, de celle de M. Tillet , pour
tout ce qui a rapport a Tart & a la pratique
des affinages, & fur-tout des effais; elle ne
s'en ^carte que par quelques expreflions qui
n'intereffent que la theorie generale des dif-
folutions ; mais cette theorie eft le flambeau
de la fcience , un feul ph^nomene qui exi-
geroit reellement d'autres principes, fuffiroit
pour obfcurcir cette lumiere : d'apres cette
reflexion, on ne trouverapas fans doute que
j'aie donne trop d'attention a celui de la fuf-
penfion d'un metal dans un acide , fans dif-
folution.
b E Dijon, ly^jj.. 151
ANALYSE
De teau du Lac dc Cherchiaio ptes de
MonU'Rotondo en Tofcane,
M
Pa R M. M A R E T.
• Hosfer, Chymlfte celebre a Florence,
avoit annonce que I'eau du lac de Cherchiaio
pres Mdnte-Rotondo, contenoit un gros d'a-
cide boracin ou fel f^datif par livre.
Ce phenomene , inconnu jufqu'a prefent ;
etoit fait pour infpirer la curiofite des Na-
turaliftes , pour faire naitre le defir de juger
par foi-meme de ce fait important.
M. de Morveau partageoit ce fentlment
avec tous ceux qui aiment a connoitre toutes
ies richeffes de la nature , & je fouhaitois ,
ainfi que lui, I'occafion d'analyfer cette eau
minerale , peut-etre unique en fon genre. L'en-
voi de quelques bouteilles qui en a ete fait
a M. de Morveau par M. le Chevalier Lan-
driani ( I ), m'a procure cette fatisfadion : j'ai
(i) Ce celebre Phyfi«en , dans la lettre dont ces
touteilles etoisnt accompagnees , annon^oit a M. de
Morveau que I'eau qu'elles contenoient, avoit etc puiice
a la fource meme par Ies foins de M. le Comte de Thuru,
Grand-Maitre de la Maifon de S. A. R. le Graad Due
de Tofcane,
K iy-
1)2 A C A D E M I E
pu analyfer cette ean pendant les feances du
Cours, & j'ai cru que I'Academie entendroit
avec interet la lediire de cette Analyfe.
La bouteille qui m'a ete remife, contenoit
quatre livres & demi-once d'eau , il y avoit
un d^pot qui deffeche peloit trois gros vingt
grains.
11 n'y eut aucune explofion a Touverture
de la bouteille , & une bougie allumee ap-
prochee de fon goulot, ne donna aiicun ligne
de la prefence d'un air inflammable.
Cette eau n'avoit aucune odeur; elle etoit
tres-limpide , meme apres avoir ete filtree ;
fa faveur etoit legerement acidule , auflere
& un peu amere ; fa pefanteur etoit a celle
de I'eau difiillee : : 1,00125 : i.
Apres avoir obferve & note fes qualites
phyiiques , que ma pofition me permettoit
d'apprecier, j'effayai de prejuger fes qualites
chymiques par le raoyen des reaftifs , & , a
cette efpece d'analyfe , je fis fucceder celle
par evaporation a I'aide du feu.
Je pris de cette eau avant de I'avoir fil-
tree, & feulement a la fuite d'un long repos
pour que I'evaporation , a laquelle la filtra-
tion I'auroit expofee , ne lui eut enleve au-
cun de fes principes , n'en eut pas diminue
oil augment^ la quantite , & que le depot,
par fon melange , ne piit pas en alterer la
purete.
J'en remplls un petit flacon, dans lequel
je mis un cryflal de vitriol de fer bien net,
§c je le laiffai en experience pendant vingt-
D E Dijon, iyS4. 153
quatre beures. Ce fel fe fondit, & pariit s'etre
transforme en entier en chaux ferrugineufe ;
ce qui me proiiva que cette eau contenoit
beaucoup d'air pur. Je n'aurois pu en eva-
luer la quantite qu'en diftillant I'eau a I'ap-
pareil pneumato-chynrique avec du mercure ,
fnivant la methode de M. Bergman , mais je
n'en avois pas fuffifamment pour faire cette
experience d'une maniere tres-probante»
Je mis de la meme eau dans un verre , &
je verfai deffus de I'eau de chaux ; ce me-
lange ne produilit aucune nuance blanche; il
n'y eut aucun precipite, d'oii je conclus que
cette eau ne tenoit ni acide mephitique , ni
magneiie en diffolution.
J'avois fait ces epreuves fur I'eau avant
de Tavoir filtree , dans la crainte que, pen-
dant la dur^e de la filtration, une partie de
I'acide mephitique ne s'evaporat, fi cette eau
en contenoit, & qu'elle ne prit de I'air, fi
elie n'en receloit point.
Mais le plus leger melange de parties ^tr^n-
geres a I'eau pouvoit rendre errones les re-
fultats des experiences que je projetois de
faire avec d'autres readifs, & je filtrai avec
foin celle que je foumis a leur aftion.
Je plongeai dans cette eau du papier telnt
par le tournefol , & ce papier fut colore fen-
iiblement en rouge : il etoit done evident
qu'il y avoit dans cette eau un acide non
combine*; il falloit tacher de decouvrir quel
^toit cet acide , & s'il n'y en avoit point d'au-
tre engage dans quelque bafe , foit alkaline ^
(oit terreufe , Soit m^tallique.
1J4 Academic
Pour y parvenir, je mis de I'eau dans quatre
verres. Je verfai dans I'lm du muriate baro-
tique, dans Tautre de la foude cryftallifee,
dans un troifieme du nitre mercuriel , &
dans un quatrieme du nitre d'argent.
L'addition de la foade ne produifit aucun
changement dans I'eau ; elle refta claire fans
aucun nuage ni depot.
Le muriate barotique y occafionna un pre-
cipice tres-abondant. L'eau, oii la diffolution
de nitre mercuriel avoit ete verfee , blanchit
fenfiblement , mais le precipite fut peu con-
iiderable & tres - pulverulent ; le nitre d'ar-
gent donna aufli tres -peu de precipite, d'a-
bord blanc , mais qui brunlt promptement.
Le refultat des experiences avec le mu-
riate barotique & le nitre mercuriel , me fur-
prit : celui de la premiere annongoit la pre-
fence de I'acide vitriolique , & celui de la
feconde prouvoit qu'il n'y avoit point d'acide
de ce.tte efpece. Cette contradiftion me met-
toit dans le cas de fufpendre mon jugement
jufqu'a la fin de I'analyfe par le feu : c'efl le
parti que je pris : mais la fuite de mon tra-
vail m'ayant prouve que cette eau ne con-
tenoit d'autre acide que le boracin, ]e revins
fur mes pas, je trouvai le mot de cette ef-
pece d'enigme , & je vais le donner ici.
Je verfai , dans de l'eau a eprouver , de
Tacete de plomb; il fe fit fur le champ un
precipite. Je favois que cela devoit avoir
lieu, dans le cas oil il y auroit de I'acide
yitriolique ; mais je favois aufii que cette
D £ Dijon, iyS4. 155
combinaifon reiifteroit a tons les aiitres aci-
des , fi ce fel ^toit un vitriol de plomb. Je
fis tomber dans cette eaii precipitee quelques
gouttes d'acide nitreiix : le precipite fut dif-
ious , & fa diffolution me proiiva qu'il n'etoit
pas un fel vitriolique , qu'ainfi I'eau n'en con-
tenoit pas.
J'aurois pu me borner a cette preuve , mais
je cms devoir y en ajouter une autre aufli
decifive , & d'oii il refulta que Tacide bora-
cin enleve reellement le barote a I'acide mu-
riatique , & forme avec lui un fel peu fo-
liible.
Je pris une diffolution d'acide boracin fu-
blim^, & j'y ajoutai de la diffolution de mu-
riate barotiqiie ; il y eut fur le champ un
precipit^ femblable a celui qu'avoit doftn6
la diffolution de ce fel avec i'eau de Cher-
chiaio.
L'acide de cette eau n'etoit done ni le
mephitique , puifque I'eau de chaux ne I'avoit
pas blanchie ; ni le vitriolique , puifque le
precipite de barote avoit ete r^diffous par
i'acide nitreux , & que le precipite du nitre
mercuriel n'etoit pas jaune ; ni le nitreux,
puifque le mercure avoit ^t6 enleve a cet
acide ; ni le muriatique , puifque le precipit6
de mercure n'avoit pas ^t^ caz6eux; il reftoit
a le carafterifer par de nouvelles experien-
ces, & je les refervai pour les faire a la fuite
de I'analyfe par le feu.
Quoique la foude , en n'op^rant aucun
changeraent dans cette eau , m'eiit autorife a
156 A CA D E M I E
croire qu'il n'y avoit point de fels moyensj;
terreux ou metalliques, je cms devoir m'en
affurer encore par quatre r^adifs , par I'acide
du fiicre , par la teinture dii favon , par la
teinture des noix de galle , & par le priiffite
de potaffe.
L'acide du fucre occafionna iin pr^cipite
tres-blanc , lent a fe former, tres-peu conli-
derable , & adherent au parois du verre.
Le fecond blanchit Teau, & il y eut a la
longue un precipite peu abondant, & un peu
grummele.
Le troifieme & le quatrieme ne donnerent
a I'eau que la nuance afFoiblie de la couleur
qui leur eft propre ; d'oii je me crus en droit
de conclure que cette eau ne contenoit rien
de metallique, & tres-peu d'un fel calcaire.
L'objet,que je devois avoir en procedant
a Texamen de cette eau par le feu , etoit done
feulement de connoitre fi elle ne tenoit pas
en diffolution quelques fels neutres a bafe
alkaline, quelle etoit la nature de l'acide dont
les experiences precedentes avoient manifefte
la prefence , quelle en etoit la proportion ,
& quelle etoit enfin celle de la terre calcaire,
decelee par l'acide du fucre, & par la tein-
ture de favon.
Jeprocedai en confequence a Tevaporation
de deux livres d'eau dans une capfule de por-
celaine recouverte d'un tamis de foie; I'eau
fut tenue au degre de I'ebuUition pendant les
premiers inftans, & jufqu'a ce qu'elle fut re-
duite a environ quatre onces.
Je iiltrai I'eau ainfi reduitei il refta fur le
D E Dijon, i;;^^. 157
filtre environ trois grains d'une terre blan-
che, que je refervai pour la foumettre a quel-
ques epreuves.
Je continual I'^vaporation de Teau dans
line petite capfule de verre; & m'apperce-
vant qu'elle s'epaiflifibit , je retirai le vaiffeau
du feu, il fe cryftallifa un fel que j'enlevai,
& qui deffeche pefoit 61 grains ; fes cryftaux
^toient en ecailles & en tout femblables a
ceux du fel fedatif : je pouffai a rexficcation
le reftant de la diffolution, & j'obtins encore
32 grains 7 d'un fel abfolument femblable an
premier.
La forme des cryftaux de ce fel , fa faveur,'
qui etoit legerement acide & nullement falee,
fuffifoient pour me perfuader qu'il n'y avoit
nul melange d'autre fel, mais pour m'en con-
vaincre, je fis digerer le tout dans de I'eaii
froide : comme a cette temperature I'eau dif-
fout tres-peu de fel fedatif, je pouvois etre
afliire qu'il y en auroit tres-peu de diffous,
& feulement les fels neutres a bafe alkaline;
je filtrai cette eau, je retrouvai fur le filtre
a peu pres la meme quantite d'acide boracin.
Je fis evaporer Teau , j'eflTayai de la faire
cryftallifer a froid & a chaud, & je trouvai,
apres I'avoir pouffee a ficcite, quelques grains
du meme acide boracin.
Pour achever la demonftratlon de la na-
ture de ce fel , j'en fis diffoudre dans de I'ef-
prit-de-vin & dans de I'eau diiiillee ; j'en-
ilammai la diffolution fpiritueufe, & elle bruJA
avec ime flamme verte.
I5S A C A D fe M I E
Je melai la diflToIntion aqueiife avec de la:
foude diifoute; je fis evaporer & cryilallifer
cette liqueur, & j'eas des cryftaux odaedres,
bouiiionnant & ie boiidbuffiant fur la pelle
rougie au feu, fe comportant comme le bo-
rax, en un mot un veritable borax.
La terre, que j'avois obtenue fur le filtre,
arrofee d'acide aceteux , fit eftervefcence , &
donna par I'evaporation un fel foyeux, non
deliquefcent , un acete calcaire tres-carade •
rife.
11 refulte de cette analyfe, que Teau du
Lac de Cherchiaio contient reellement &
prefque uniquement de I'acide boracin; qu'il
y a une quantite affez grande d'air pur,mais •
point d'acide mephitique,ni aucun autre aclde,
ni fels moyens , ni fels a bafe alkaline , ou
metaliique, ni magnefie , & feulement envi-
ron 3 grains de terre calcaire par pinte, &
que I'acide boracin y eft a la quantite de 47
grains ^ par livre , & d'un gros 22 grains j
par pinte , mefure de Paris.
Ce refultat , en ce qui concerne la quan-
tite de I'acide boracin, differe, de plus d'un
fcrupule , d'avec celui qu'a obtenu M. Koefer :
cette difference eft affez confiderablc pour
meriter attention; mais les principes ces eaux
minerales ne s'y trouvent pas toujours en
mcme proportion ; la circonftance dans la-
quelle a ete puifee I'eau que j'ai analyfee ,
peut n'avoir pas ete une de celles cii cette
eau etoit ie plus chargee d'acide boracin ;&.
il eft probable que M. Hoefcr, qui a fait
D E Dijon, 1^84. 159
I'analyfe fur les lieux memes, a faifi le mo-
ment le plus favorable.
11 reftoit, pour completer I'analyfe , a con-
noitre la nature du depot qui s'etoit trouv6
dans la bouteille. Ce depot etoit d'un blanc
jaunatre , & tres-doux an toucher.
J'en pris 10 grains que je fis bouillir dans
de Teau diftillee ; je filtrai la diffolution prtf-
que bouillante; je la laiffai refroidir, je la iis
evaporer, puis I'expofai au froid pendant trois
jours, iln'y eutaucun pr^cipit^, aucune cryf-
tallifation; cette diffolution pouff^e a ficcitd
laifla un refidu a peine fenfible; d'oii il fuit
que I'eau n'avoit rien enleve a ce depot.
Je verfai de I'acide vitriolique fur dix au-
tres grains de ce meme depot , il n'y eut ni
effervefcence , ni diffolution; la chaleur, por-
t6e jufqu'a rebullition,n'apporta aucun chan-
gement , I'acide ne changea pas de couleur.
J'etendis ce melange avec de Teau diftillee ,
& la filtration me rendit a peu de cliofe pres
la meme quantite du depot fur lequel j'avois
opere. La liqueur filtree etoit limpide.
Je reunis les deux portions de ce depot
que j'avois retrouvees fur le filtre ^ je les
projetai fur une pelle rougie au feu , elks
s'enflammerent , brulerent avec flamme b!eu©
& odeur fulphureufe , & ne laifferent que ttis-
peu de refidu.
II etoit demontre par ces experiences, que
ce depot etoit en grande partie du foufre,
mais il pouvoit etre mele a quelques terres-;
il falloit s'en affurer; je pris en coufequence
l60 A C A D £ M I E
un demi-gros de ce depot & deux gros de
leflive de favonier tres-caiiftiqiie , j'y ajoutai
line once d'eau difllllee. Je fis bouillir ce me-
lange; & apres refroidiffement , je fis filtrer
la liqueur , & j'edulcorai le refidu avec de
I'eau diftillee. Ce refidu deffeche a peie 19
grains & demi.
La diflblution a ^t^ precipit^e par Tacide
aceteux, elle a donne una odeur hepatique
tr^s-forte. II y a eu un magiftere de foufre
tres-blanc,qai, jete fur les charbons ardens,
a briile fans laiffer de refidu.
Comme la liqueur reftoit blanchatre &
avoit une odeur tres-hepatique , j'ai acheve
de precipiter le foufre par I'acide nitre ux.
Les 19 ^ grains de terre reflee fur le filtre
ont enfuite ete I'objet de mon examen. L'ebul-
lition du depot dont cette terre fciifoit partie ,
d'abord dans I'eau diftillee , puis dans Tacide
vitriolique,m'avoit prouve que cette terre ne
contenoit point de felenite, ni de fubftance
terreufe , telle que le cake ou la magnefie.
Je pouvois prefumer quelle ^toit argilleufe;
& pour verifier ou detruire ma conjecture , je
la foumis aux epreuves fuivantes.
J'en mis fur ma langue , elle y adhera; je
la detrempai avec un peu d'eau , elle forma
line pate que je fis fecher, & qu'enfuite j'ex-
pofai au feu. Elle s'y durcit & prit de la re-
traite. Ces phenomenes etant les cara£leres
propres de I'argille , il eft evident que la terre
du depot que j'examinois , eft argilleufe.
Ainli
D E D I I o N, />^4^ J6i
'Alnfi les eaux dii Lac de Cherchiaio depo-
fent par pinte, lorfqu elles font tranfportees.
Soufre ,51. 792 de grains.
Argille ,6l. 208 de grains.
Elles tiennent en diffolution par pinte, me-;
fare de Paris ,
Beaucoup d'air pur.
Du calce , un peu plus de 3 grains;
De Tacide boracin , 94 grains & derai.
La pr^l'ence de cet acide dans I'eau du Lac
de Cherchiaio , en fait une reffoufce bieii
precieufe. La Medecine, il eft vrai,ne trouve
pas dans cet acide toutes les proptietes que
lui attribuoit Homberg. Mais on ne pent pas
lui refufer quelque vertu ; & il eft a prefumec
que prepare par les mains de la nature , Sc
diffous dans une eau thermale , cet acide pro-
cureroit des avantages marques dans les ma*,
ladies hifteriques & hypocondriaques.
11 eft encore un point de vue fous lequel
on pent regarder ces eaux comme tres-inte-',
reffantes. Le depot qu'elles font dans les bou-*
teilles , eft ft attenue , qu'au plus leger mou-*
vement communique a I'eau, il la blanchit
en s'elevant, s'y repand uniformement, s'y,
foutient delay^ , & ne fe precipite que tres-
lentement. II eft probable qu'a la fource, lur-
tout a I'aide de la temperature de I'eau, le
foufre & I'argille doivent y etre prefque dif-
fous. D^s-lors on fent que prifes fur les lieux^'
elles doivent etre utiles dans tons les cas
d'obftruftions muqueufes &: lymphatiques ;
dans les flux de ventre chroniques & glaireux ^
JJ-52 ACADEMI^
dans les pertes en rouge & en blanc entfete-
nues par le vice de reftpmac & par I'engor-
gement muqueux , meme laiteux , des vaif-
feaux de la matrice , dans les phthifies tn-
berculeiifes , dan« les afthmes humldes pitui-
feux, dans la diffolution humorale, efFet de
Tiifage indifcret du mercure , enfin , dans les
maladies cutanees centre lefquelles on les
donneroit en boiffon ou en bain.
Toutes ces conjeftures ne font appiiy^es
que fur les propriet^s connues des principes
de cette eau & de fon depot ; mais proprietes
dependantes d'une divifion difficile a pro-
duire, & que la nature a operee.
L'experience doit avoir appris a MM. les
Medecins de Tofcane les avantages qn'on pent
retirer de I'ufage de ces eaux, & Ton peut
efperer que ces Meflieurs ne tarderont pas k
publier leurs obfervations.
Quelle que foit leur efficacite , on peut
craindre qu'elles n'en perdent beaucoup par
le tranfport : mais la bienfaifance connue du
Grand Due , doit faire efperer que , s'll faut
abfolum€nt prendre ces eaux pres de la fource
meme , on y trouvera bientot tout ce qui
pourra en faciliter I'ufage , meme a ceux que
I'etat de leur fortune oblige a la plus grande
economie.
DE Dijon; /j^'^: i6^
M £ M O I R E
SUR la Glace qui fc forme a la fuperficU
de la ttrre en aiguilles oujikts perpen-^
diculaires.
U:
Par M. Rib o u d.
N Obfervateur ^claire vient de decrJre^
d'lme maniere tres-intereffante , la glace qui
fe forme a la fuperficie de la terre , en ai-
guilles ou filets perpendiculaires (-'"" ). Nous
avons fouvent ce phenomene fous les yeux
fans le remarquer, & j'avoue qu'il r/attira
p6ur la premiere fois mon attention , qu'au
mois de Novembre 1782 : il m'infpira des re-
flexions que je me propofois de rediger, lorf-
que le Journal de Phylique du mois de Mars
dernier m'ofFrit les obfervations de M. Def-
mareft fur le meme fajet. Je ne m'o(^cuperois
point de le traiter apres ce Ph3^ficicn , li la
nature ne nous avoit prefente a Fun & a Tau",
tre cette glace avec quelque variete : d'ail-;
leurs M. Defmarefl s'etant ])orne a une def-
( I ) » Obfervations fur la glace qui fe forme a la
5) fuperficie de la terre vi?getale dans les pays de granir;
>> par M. Defraareft. ■>■> Journal de Phyfique de Mai|,
?783.
L I)
il64 XCADiMIE
cription, j'ai cm qu'il ne feroit peut-etre pas
inutile de configner dans iin Memoire mes
idees fur la caufe de cette congellation lin^
guliere.
Ceil a Chatenai en Breffe que je Tai ob-
fervee , a la fin du mols de Novembre der-
nier. Apres des pluies afTez confid^rables,le
mercure etoit defcendu dans le thermometre
de Reaumur a 3 ou 4 degres au deffous de
zero pendant les matinees ; mais au milieu
du jour il s'^levoit jufqu'a un degr^ au deffus
du point de la glace. Quelques rayons de
foleil qui s'echappoient a travers des nuages,
operoient une efp^ce de d^gel momentan^,
auquel fuccedoit bientot une gelee plus forte,
& cette temperature eut lieu pendant trois
pu quatre jours.
La terre paroiflbit couverte d'un verglas
ordinaire, mais je m'apper^us avec beaucoup
de furprife que le fol que je voulois fouler
n'avoit point la force de me foutenir, & qu'il
s'afFaifToit des que j'y voulois pofer les pieds.
Xa furface de la terre avoit ete foulevee en
entier par une multitude de petites colonnes
de glace perpendiculaires au plan du local.
La hauteur de ces colonnes n'etoit point
egale, mais elles avoient dans certains en-
droits fix a fept pouces d'elevaticn.
Elles etoient difpofees par couches paral-
leles , placees les unes fur les autres , an
nombre de trois ou quatre ; & chacune de
ces couches etoient compofees d'une foule
d'aiguilles yerticales ou de pyramides tr^s-
D E Dijon; iyS4. 165
algues dans la partie fiiperieure. L'epalfleur
des couches etoit differente ; les inferieures
etoient formees d'aiguilles minces & tres-
rapprochees ; mais dans les fuperieiires , les
pyramides etoient plus groffes & moins fer-
rees entre elles. Ces aiguilles ou pyramides
ne tenoient fouvent que par leurs pointes a
la couche fous laquelle elles etoient placees,
& elles fembloknt s'y etre elancees comme
des fleches : quelquefois elles egaloient la
fineffe d'un cheveu^plus fouvent elles etoient
reunies en faifceaux, & formoient des co-
lonnes par leur affemblage.
Apres avoir detruit une partie de I'edifice
dans I'endroit oil je le confiderois, j'en vis
alors la coupe ; & m'etant couche la face
contre terre, je jouis d'un fpedacle auffi fin-
gulier que nouveau : la croute ou furface de
la terre formoit une voiite brillante , foutc-
nue fur une multitude de colonnes d'une cryf-
tallifation bien prononcee, & d'une tranfpa-
rence qui ajoutoit a leur beaute.
Ce qui m'etonnoit le plus, c'eft que cettQ
congellation n'etoit ni uniforme, ni g^nerale
dans ce canton. En certains endroits la co-
lonnade etoit plus elevee, les couches d'ai-
guilles plus nombreufes qu'en d'autres ; ail-
leurs on n'en voyoit aucune trace, car je fis
pres de quatre lieues depuis Chatenai jufqu'a
Bourg , fans que la furface de la terre m'offrit
le meme ph^nomene, quoique le froid fe fiit
foutenu au meme degr^.
La glace que M. Defmareft decrit dans fe|
L iij
l66 ACADEMIE
obfervations , etoit egalement compofde de
diverfes couches paralleles , & formees d'un
amas de filets perpendiculaires au plan du fol ;
mais il ne paroit pas que ces filets fuffent
ciyftallifes 4'une maniere aufli frappante que
ceux de Chatenai. Simplement portes d'une
couche a I'autre , ils n'etoient point, comme
ces derniers, divifes en aiguilles pyramidales
dont un grand nombre adheroit par la pointe
a la couche fuperieure , fans toucher a celle
du deffous. La croute exterieure dont parle
M. Defmareft , prefentoit une furface de glace
iinie & blanche , qui foutenoit a la verit6
quelques petits cailloux, mais celle de Cha-
tenai en ^toit couverte; les colonnes glacees
avoient fouleve uniformement les pierres , la
terre , les plantesmeme; elles fupportoient
des cailloux de plus de deux a trois livres ;
la fiiperficie de la terre paroiffoit s'etre gon-
flee , & ii efl: permis de la comparer a une
efpece de jardin fufpendu.
Cette diverfite d'efFets n'eft due probable-
ment qu'a des caufes locales, &, malgr6 ces
petites differences , la congellation eft abfo-
himentla meme. M. Defmareft conclut,de fes
obfervations , que cette glace ne fe trouve
que dans les pays oil la terre vegetale eft
compofee de detriments granitiques ; mais
celle que j'ai vue a Chatenai prouve qu'elle
ne leur eft point exclufivement particuliere.
Le terrein de ce lieu eft en general com-
pofe d une argille tenace , melee en quelques
cndroits d'une quantite plus ou moins grande.
BE Dijon; z^^^: i(^7
de parties fableufes. Cette argiUe retlent les
eaiix , empeche leur filtration , & on y voit
affez frequemment des bancs coniiderables de
glaifes.
Les endroits oil les couches glacees ayoient
plus d'epaiffeur, etoient ceux ok le terrein
etoit compofe d'une argille jaunatre , gluti-
neufe , & fe gonflant a.l'humidite. Cette ar-
gille happe la langue, fe diffout facilement
dans I'eau , & laiffe echapper une grande
quantite de bulles d'air pendant fa diffolu-
tion. Les parties fableufes qui y font melees
en plufieurs endroits, font des detrimens de
quartz , de filex , 6'c. , & cette obfervation
femble rapprocher de la confequence tiree
par M. Defmareft , parce qu€ le granit eft ,
comma on fait , un compofe de particules
quartzeufes , de feld-fpath , de mica , &c,
N'ayant ni la pretention , ni I'efpoir de
developper d'une maniere certaine la caufe
de la formation de cette glace finguliere, je
vais me borner a communiquer quelques re-
flexions qui peuvent faire foup^onner la mat-
che de la nature dans cette operation.
J'obferve d'abord que ce n'eft point par
Tadion feule du froid que cette glace ell
produite , puifqu'on ne la remarque pas dans
tous les points qui I'eprouvent au meme de-
gr6. Sur une furface unie, expofee egalement
a I'adion de Tair , on voit des parties char-
gees de nos colonnes glacees , & d'autres qui
n'en offrent pas une. II faut done rechercher
Mne caufe pa^ticuliere de leur cryftallifatio/;5
i68 A C A D E M I £
quelques details fur les Emanations du feu
interieur & fur Tevaporation , pourront peut-
etre la faire entrevoir.
II eft conftant que la tejre renferme dans
fon fein une tres-grande quantite de feu. Les
bains chauds, les volcans , les tremblemens
de terre , atteftent fon exiftence : on en eft
convaincu quand on defcend avec un ther-
mopietre dans des puits profonds ou dans des
mines; la chaleur femble augmenter a mefure
qu'on s'Eloigne de la furface. Que ce feu
exifte en mafte au centre de la terre, qu'il
foit univerfellement repandu dans les corps
qu'elle renferme ; qu'il foit developpe par le
melange & la collifion de certaines matieres
minerales ; ce font des queftions etrangeres
a mon objet; & il fuffit de ne pouvoit douter
de la prefence de cet agent puiflant dans Tin-
terieur du globe.
Ce fluide tend continuellement a requlli-
J>re; il abandonne les corps oii il eft accu-
jnule, pour fe porter dans ceux qui en con-
jtiennent une moindre quantite; de-la fans
doute provient ce mouvement univerfel qui
opere fans ceffe la deftruftion & la repro-
,dudion.
Une portion des corps fe detache fans cefie
de leur mafle ; ils eprouvent une diminution
qui eft fur-tout tres-fenfible dans les fluides.
Les parties qui s'en feparent, s'elevent dans
I'athmofphere; elles vont par difF^rentes com-
binaifons y former les met^ores , & fe meler
^ I'air pour fe reporter avec Uii fur la terre,
D E Dijon, 1^84. 169
& fournir a la vegetation & a raccroiffement,
Tel eft le mechanilme & telles font l>es fuites
de Vivaporation. Celle-ci augmente conlidera-
blement par la chaleur, parce que le mou-
vement des particules ignees facilite la repa-
ration de celles de Teau ; & quand I'adion
du foleil,oii celle d'un vent chaud, s'unit a
celle du feu interieur, on pent les voir s'ele-
ver au deffus d'uae prairie, d'un lac ou d'une
riviere.
L'evaporation paroit interrompue par de
fortes gelees , quoiqu'elle ne foit alors quaf-
foiblk , puifqu'il eft prouve que la glace elle-
meme perd beaucoup de fon poids. Des que
la gelee cefle, l'evaporation s'accroit avec la
chaleur : nous en pouvons juger par Vhumi-
dite qui regne pendant un degel. Plus le feu
a ete retenu , plus fon aftion devient forte
quand il eft libre : accumule & concentre,
il s'echappe avec une violence proportion-
nelle aux obftacles & au temps pendant le-
quel il a ete captif.
Ces principes pofes , rappellons-nous la
temperature qui regnoit au mois de Novembre
dernier. Quelqiies gelees foibles avoient ete
fuivies de pluies qui prouverent une dimi-
nution de froid ; a ct^ pluies fuccederent de
nouvelles gelees aflez fortes pendant la nuit,
mais infenfibles pendant le jour , a caufe de
I'apparition du foleil. Les premieres gelees
avoient refferr^ les pores de la terre , &
forme autour d'elle une croute capable d'i n-,
Jercepter les emanation?, du feu interi eujf
lyO ACADEMIE
niais quand les pluies eurent amene line tem-
perature plus douce , Teiiveloppe glacee fut
detruite; Tevaporation devint abondante,foit
en raifon du feu interieur qui cherchoit avec
avidite a fe mettre en equilibre avec celui
de i'athmofphere , foit auffi en raifon de la
plus grande quantite d'eau dont la terre fe
trouva pour lors impregnee.
Or , les emanations ignees entrainent , en
s'echappant, une grande quantite de vapeurs
aqueufes , quand elles traverfent un milieu
qui en eft charge. D\m autre cote , la dila-
tation & la rarefaftion de Fair interieur, ope-
rees par le mouvement du fluide igne, obli-
gent ces vapeurs a fe porter avec rapidite
dans Tathmofphere : elles fortent en foule de
la terre, & s'elevent a travers fes pores en
colonnes ou gerbes dont le diametre eft pro-
portionne a celui des conduits qu'elles par-
courent. Si au moment de leur fuite, elles
font furprifes par un froid fabit ; ft en tra-
verfant les canaux qui leur fervent de che-
minees , elles en trouvent les parois inte-
rieures plus froides ; alors elles fe glacent
avec la plus grande promptitude , le contaft
de I'air les condenfe tout-a-coup , les partt-
cules de feu qu'elles contenoient les aban-
donnent, & elles forment des corps folides
& glaces.
Elles fe cryftallifent en filets fepares parce
qn'elles s'echappoient comme des filets pac
les pores de la terre ; & on y remarque de^
aiguilles pyramidales , parce que c'eft ainM
qi^e c^pimence la congellauon de Teau,
D E Dijon, iyF4. 171
C'eft ce qui arriva dans le cas dont il s'a-
git; les pluies entr'ouvrirent les pores de la
terre glacee,faciliterent Temanation du tluide
igne , & fournirent a I'evaporation ; mais la
temperature ayant change de maniere a ne
pas geler tout-a-coup la terre , les vapeurs
qui s'elevoient de fon interieur echaufFe, fu-
rent glacees a leur fortie par le contaft d un
air (roid , & elles le furent precifement dans
la forme qu'elles avoient en s'elevant, c'eil-
a-dire, en colonnes ou filets. Cette expli-
cation paroit {\ vraifemblable , que j'obfervai
que la terre etoit criblee d'une infinite de
petits trous & couverte de petites inegalites :
chaque trou etoit la bafe d'une aiguille ou
filet de glace.
Les colonnes de vapeurs etolent compo-
fees d'une multitude de globules dont Tex-
treme tenuite facilitoit la fuite des particules
ignees ; car on fait avec quelle promptitude
la matiere du feu abandonne les petits corps.
Les Phyficiens nous apprennent qu'un fil de
metal chaufFe jufqu'au point de rougir & d'en-
tr%- en fufion , fe refroidit en deux fecondes li
on le balance en Tair : a plus forte raifon
des vapeurs rar6fi6es & tres - diviiibles doi-
vent-elles fe refroidir d'une maniere fubite ,
fi elles paffent dans un milieu prefqu'entie-
rement depouill^ de feu. 11 fe fait une eva-
poration tres-prompte de celui qu'elles con-
tiennent , parce qu'il fe met en equilibre avec
celui qui refte dans I'air exterieur ; & faifies
^e tous 59t^s, ne pouyant percer ime athmofa
'IJI ACADEMIE
phere extremement condenfee, elles fe trou-
vent en iin inftant fixees de toutes parts.
Cell ainfi qu'il me paroit que le forme la
glace a filets : je vais examiner aftueilement
comment ceux-ci ont pu I'oulever la terre
&: les pierres , & pourqaoi ils font difpofes
par couches ou etagcs de hauteur inegale.
Si apres la temperature qui a excite le
mouvement du fluide igne & determine I'ema-
nation des vapeurs, I'air de I'athmofphere fe
refroidit tout- a -coup, il communique a la,
fuperficie de la terre le froid qu'il porte , &
y penetre plus ou moins. La chaleur inteftine
force les vapeurs a s'elever; mais celles-ci
arrivees a cette partie de la fuperficie qui eft
deja frappee par le froid exterieur , y font
tout-a-coup arretees & glacees , le premier,
Jiratum ou lit de filets fe forme.
Ces vapeurs transformees en glace , aus;-;
mentent alors de volume ; la fituation per-
pendiculaire des filets leur donne une force
qui s'accroit encore par leur multitude. Le
mouvement interieur continuant toujours an
deflbus, les emanations ont aufli toujours lieu,
& une colonne de vapeurs frappant la bafe de
rautre,fe gele a fon tour, & la force a s'e-:
lever.
Ainfi I'augmentation du volume de Teau
changee en glace , & la formation d'un filet
fous un autre, occafionnent un accroiffement
& un effort confiderable , tel que celui do.
I'eau qui , contenue dans un vafe , le fait
sclater lorfqu'elle eft gelee. La terre eft ^i^
b E Dijon; TyS^. 'jy^
Vafe de nos filets glacis, elle doit necef-
fairement ceder a leur expanfion ; mais la
partie inferieure ofFrant line refiftance que
I'efFort de la glace ne pent vaincre, il fe porte
tout entier vers le haut, & fouleve de cette
manlere, le fable, les pierres, la terre , les
plantes de la fuperficie ; & c'eft ainfi que s'e-
leve infenfiblement une voute foutenue fur
des colonnes de glace.
Les couches, comme Ta obferv^ M. Def-
mareft, fe forment pardeffous,& chacune fou-
leve fuccefTivement celle qui eil au deffus ;
cet efFet s'opere par le meme precede que
le premier.
Mais , dira-t-on peut-etre , pourquoi Tacf-
Croiffement des filets n'efl-il pas uniforme?
pourquoi ces feparations en lits ou etages dif-
tinfts? Je reponds a cela que chaque aigniile
perpendiculaire qui vient fe former fous la
bafe de Tautre, ne s'y place pas d'une ma-
niere exadement correfpondante; elle adhere
fouvent a un angle , plufieurs fe reuniflenc
ainfi, & ofFrent bientot, par leur multitude,
un nouveau rang fous le premier. Mais la
principale raifon de la diftin<5tion des cou-
ches , c'eft le commencement de fonte que
la chaleur du jour opere fur les filets glaces.
Lorfque le foleil perce TepaifTeur des nuages ,
ou que la temperature devient plus douce
au milieu du jour , alors la terre s'echaufFe
un peu , la bafe des colonnes ou filets com-
mence a fe fondre de maniere que la furfacs
de la terre fe trouve bientot convene pai;
T74 A C A D E M I E
I'eau qui en provient. Mais cette fonte n©
pouvant s'achever, la retraite du foleil & le
froid de la nuit changent bientot ce lit hu-
mide tn verglas : fous celui-ci viennent fe
placer de nouveaux filets , qui peut-etre fe-
ront expofes le lendemain a un inftant de
fonte, & formeront ainfi fucceffivement divers
Stages de colonnes, qui feront fepares par
des couches de glace horizontale.
Si Ton fe rappelle que j'ai dit que les jours
oil j'ai obferve cette glace, etoient beaucoup
moins froids que les nuits , on fentira la ve-
rite de cette explication. 11 s'enfuit que les
difterentes couches font dues aux alternatives
du froid & de la chaleur; & que quand le
froid fe foutient ou va en auamentant , I'ac-
croiffement des filets efl beaucoup mcins fen-
fible.
J'ai remarque que ces etages diminuoient
de hauteur a mefure qu'ils etoient plus rap-
proches de la terre , & que les fuperieurs
etoient compofes de colonnes plus grofles &
plus elev^es. II paroit que cette difference
provient de ce que les vapeurs qui ont forme
les filets desderniers, avoient plus de liberte
pour s'elever, & qu'elles etoient plus abon- \
dantes. La hauteur des fuivans doit diminuer,
foit parce que la refiflance du poids a fou-
lever augmente ; foit parce que le froid pe-
netre peu a peu a une plus grande profon-
deur , durcit la furface de la terre , & arrete
fa tranfpiration. Les filets inferieurs font tons
extremement minces & fort courts , parce
D E D 1 1 o n; /j.?^: ^7j
que les vapeiirs y font faifies & glacees avec
la plus grande rapidite , avant qu'elles aient
eu le temps de fe reunir en faifceaux plus
^pais.
Un grand nombre de filets reflemblent ,
comme je Tai dit,a de petites fleches lancees
de bas en haut , & adherentes a la couche
fuperieure par leurs pointes ; & il eft certain
que les colonnes les plus groffes ne font que
des amas d'aiguilles appliquees les unes fur
les autres, qui forment ainli une maffe ftriee.
.La configuration de ces aiguilles nous indi-
que la caufe de la fenfation douloureufe que
le froid nous fait eprouver. Les vapeurs cryf-
tallifees en pointes d'une fineffe extreme ,
s'infinuent comme autant de coins dans les
pores des corps, elles s'y fixent & les dechi-
rent- Les Navigateurs qui fe font avances
ibus les poles , nous apprennent qu'on s'y
trouve quelquefois plonge dans des brouil-
lards charges d'une multitude de petites fie- •
ches glaciales qui s'accrochent aux habits ,
aux cheveux , &c. & qui nous donnent une
idee bien claire de la formation des notres.
Si I'efpece de glace dont il s'agit dans ce
Memoire , n'eft pas egaleraent repandue dans
les lieux ou on I'apper^oit; fi elle eft parti-
culiere a de certaines contrees, on doit I'atr
tribuer a la contexture & a la forme des par-
ties qui y conftituent la terre vegetale. Celle
qui efl compofee de d^trimens granitiques ,
facilite extremement I'evaporation, mais une
terre argilleufe I'augmente beaugoup , elle
I76 A C A D E M I fi
retient les eaux , & les empeche de filtrer ;
aufU ofFre-t-elle des filets plus eleves que
toute autre terre. A Chatenai, elle a la pro-
pri^te de (e gonfler dans I'eau, de s'y diffoudre
avec facilit^, & pendant la diffolution elle
laiffe echapper une multitude de bulks d'air.
Le gonflement occafionne une dilalatioa , une
ouverture de pores, qui facilitent Ic; dega-
gement du fluids ign^ , de Tair & des va-
peurs( 1 ).
II fuit de tout ce que j'ai dit , qu'il parolt
que la formation de la glace a filets a pour
caufe Tevaporation, & qu'un commencement
de fonte , fuivi d'une petite gelee , occafionne
la difference des couches ou etages de ces
filets. Cette theorie fimple peut fournir I'ex-
plication d'un grand nombre de faits tres-
remarquables dans I'hiftoire naturelle du
globe.
En creufant la terre fous le cercle polaire
a plufieurs pieds, on ne rencontre que de la
glace plus dure que du marbre. Le degel ne
( I ) Toutes les argilles ne fe gonflent pas, mais toutes
fe difTolvent : celle de Chatenai, au lieu dont il s'agitj
eft celle que Linne appelle argilla intumejcen^ , mixta ,
arenacea y aquam retinens, &c. II y a des endroits oil
Targille de cette efpece eft gonflee fi fort , que lorfqu'elle
vient a fe fecher , elle fe retire en laiftant une efpece
de- croute. Celle-ci s'affaifle aifement. Vallerius , Mine-
ralogie, pag. 35, dit qu'on en trouve beaucoup en
Dalecarlie & dans le Nont-Land, & qu'on a vu des
perfonnes s'y enfoncer , & meme s'y perdre & perir^
patce que Tcau feJQurne au fond,
s'etend
O E D I T O N, ly^do 177
t'*^teilcl jamais qu'a la premiere coiiche de
terre , & le iol i'emble s'elever toutes les an*
nees. On apper^oit de grands rapports entre
ces couches de glace intericure & celles de
nos filets perpendiculaires , & on foupconne
bientot que I'^levation dii Ibl n'ell produite
que par raugmentation des couches de la
glace cachee dans le fein de la terre (i). Les
Voyageiirs nous difent que les terres an
Spitxberg paroiffent comme une multitude de
petites moutagnes aigues qui croiffent a vue
d'oeil , & que les Matelots en decouvrent
. tous les ans de nouvelles, & les attribuent
a des amas de pierres & de graviers reunis
I par les vents.
Cette explication des Matelots ne fatisfera
certainement perfonne , mais on prelumera
avec beauGOUp plus de Vraifemblance que
ces petltes montagnes doivcnt leur accroif-
fement k celui des glaces interieures. Sup-
pol'ons en efFet. quelques pierres reunies par
le hazard , que les neiges oil les pluies pe-
netrent la terre d'humidite, & qu'il iurvienne
une gelee ; alors la terre fcra foulevee par
Texpanfion de I'eau convertie en glace; que
fi cet eiiet arrive piufieurs fois , Faccroif-
fement deviendra feniibie ; il le fera bieti
plus fortement dans ces trill>.^s contrees oil
(1 ) Cette augmemation* s'opere par la fonte des
neiges tombees fur la terre, & qui penetrent dans fon
fein.
M
lyS A C A D E M I E
les rayons du folell font fl foibles , & ou
le degel ne peut qu'etre fiiperficiel. C'eft
ainfi que des petits effets on peut remonter
aux grands; & plus I'on obferve , plus Ton
devient convaincu que la nature ne nous
montre rien qui ne foit digne de notre ad-
miration & de nos recherches.
M £ M O I R E
5 UR torigine des glaces que les fleuves
& les grandes rivieres charie.nt dans U
temps des fortes gelees.
Par M. God art.
L
A grande quantlte de glagons qu'on volt
paffer fur les rivieres dans le temps de fortes
gelees, fur -tout lorfqu'elles font de duree ;
la promptitude de la congelation des fleuves,
fi le froid deja apre , vlent a augmenter;
nombre de glaces confiderables-, que les Ma-
telots, Meuniers, Foulons, Papetiers,& au-
tres perfonnes qui frequentent les rivieres,
atteftent fentir avec leurs perches, & meme
p.ppercevoir a I'oeil au fond des fleuves &
des rivieres ; enfin , quantite de gla^ons que
I'on voit continuellement venir du fond jaillir
8f s'elancer de leur furface, ont porte le peu-
ple , & meme des Savans , a croire que le$
D E Dijon, 1^84: 179
^l^ijiens de cQtte croute glaciale , dont les
rivieres & les fleiives fe coiivrent dans les
hivers rigoureux , font fournis par le fond
de leur lit; que le froid y eft porte par les
molecules d'cau refroidies a la fuperficie, &,
qui, par le mouvement qu'elles recoivent da
courant , font pouffees au fond , & y glacent
\qs portions d'eaux arretees & comme tran-
qailles dans les enfoncemens & les cavites dii
terrein fur lequel le fleuve roule (as eaux.
Le celebre Halks ^ entr'autres , eft de ce
fentiment(i), & il I'appuie, n. j , de Tobfer-
vation de Plott, qui, dans fon Hiftoire de la
Province d'Oxfort, dit avoir remarque que
les rivieres commencent a fe geler par le fond;
que les Pccheurs & \qs gens qui habitant la
Tamife , affurent la meme chofe; qu'ils (en^
tent & touchent avec leurs perches la glace
au fond de I'eau , quelques jours avant que
la furface de la Tamife ne fe gele ; qu'ils la
voient monter , en prcfentant le cote, avec
line telle vitefl'e , qu'elle fe caffe & s'eleve
d'un demi-pied, & fouvent d'un pied au deiTus
de I'eau.
Enfuit-e de cette obfervatlon , HalUs afTure,
n°'. 2 & 3 , avoir vu a Tabreuvoir de la Vills
de Teddington , deux glaces qui , reunies au
bord , fe feparoient Tune de I'autre en avan-
cant dans le lit de la riviere , dont Tinfe-
rieure fpongieufe adheroit au fond , I'autre
; ( I ) Statique des vegetaux appendice , obfei v. XII4
M ii
iSo A G A D E M I E
plus denfe couvroit la fuperficie ; le thermo-
metre etoit a 12 degres an defTous de o, &
le temps neigeux ( i ) ;& il attribue cetfe af-
cenfion des glaces du fond a la rigueiir du
froid, qui les tumefiant, augmente leur lege-
rete Ipecifique , au point qu'on les voit em-
mener avec elles du fable , des pierres , &
meme les engins des pecheurs , retenus au
fond de Teau par des poids qui leur font at-
taches.
Puis, n. 4 , il donne, comme en paflant,
la neige tombant au fond de I'eau, pour une
des caufes de Taugmentatlon du froid, & par
la faire mieux comprendre, n. 5 , que le me-
lange de i'eau refroidie a la fuperficie avec
celle du fond , rend la temperature des ri-
vieres a peu pr^s uniforme dans toute leur
profondeur ; d'oii il infere qu'elles doivent
commencer a glacer par le fond ; parce que
I'eau etant egalement froide par-tout , il y a
jnoins de mouvement dans le fond des ri-
vieres qu'a la fuperficie ; ce qu'il confirme
par fon obfervation de I'abreuvoir de Ted-
dington , dontklz. furface etoit glacee en meme
temps que le fond, parce qu'il n'y avoit
( I ) Le thermometre dont s'eft fervi Halles , differe
de celui de Reauinur, car il ne tombe plus un pouce
de neige la nuit , lorfque le froid eft parvenu a -j^ de
Techelle de Reaumur ; a tel deg-.e de froid on obferve
feuieir.ent des ctoiles glaciales , qui flottent par ci par
Ja, li la gelee uirprend I'liiimidite ; ou de la neige en
forme de graine d'anis, de coriandie , fi I'humidite fur-
prend la gelee.
D E Dijon, tyS4. 181
qu'im courant pen fenlible dans cet en-
droit , tandis qifailleurs oil le mouvement
^toit plus grand , la fuperficie n'etoit point
glac^e : ainli , en faifant concoiirk le repos
& le froid a la produ^ftion de la glace, il rend
raifon , n^. 6, pourquoi les eaux courantes
commencent a geler par leur fond, & jamais
celles des etangs, des mares, des trous de
lit de rivieres, des petites bales n*^. 7, & aii-
tres lieux, oil le courant ne communique
aucun mouvement capable d'y introduire de
Teau refroidie de la fuperhcie.
L'Abbe Nollet , qui poffedoit fi bien les
loix de la nature, & dont I'efprit avoit con-
trade rhabitude de ne prononcer qu'apres
I'experience, fentoit que les chol'es n'alloient
pas ainfi; & dans un Memoire qu'ii prefenta
a I'Academie Royale des Sciences en 1753,
il combat cette opinion, en faiCant obferver
que la difference entre la congelation des
eaux courantes d'avec celle des eaux dor-
mantes, ne git que dans la neceflite du plus
grand froid pour geler les premieres, a rai-
fon du mouvement refpedif de leurs mole-
cules ; & s'etant affure par le thermometre
que le froid loin d'etre plus fort au fond des
rivieres qu'a la fuperficle , dans le temps de
gelee y etoit moindre , il n'a pas doute que
les eaux courantes ne commencaifent, comme
les tranquilles, a geler par la fuperficle; ce
qii'il a meme demontre a I'oeil, en Indiquant
les endroits calmes de la furface des rivieres
pendant le regne des fortes gelees.
M ilj
iSl A C A D E M I E
Apr^s ce raifonnement fi fimple, fonde fur
des principes incontertables, & Ibutenu d'ob-
fervations auxqiielles il n'y a rien a oppo-
fer. 11 femble que le fait devroit etre de-
cide, & mis ail rang des verites phyfiques j
cependant il s'en faut de beaucoup. M. Dcf-
inarejl eft vena tout rccemment impugner le
ientiment de ce grand Phj^ficien par de nou-
velles oblervations qui paroiffcnt retablir
Tancienne opinion, & par lefquelles il pre-
tend, a fon tour, montrer a Tceil la maniere
dont \ts glaces fe forment au fond des ri-
vieres.
Ce Savant , dans le precis d'un Memoire
lu a la feance publique de la meme Acade-
mic, le 14 Avril 1781 , infere dans le Journal
de M'. I'Abbe Rofier, torn. 22, pag. 50, af-
fure avoir appercu le long des bords de la
riviere de Reome , a environ deux a trois
pieds de profondeur fous I'eau, des glacons
dont il detacha des morceaux avec un pic ,
qui fe trouverent d'une ftruOure cellulaire
par les grains de fable qu'ils renfermoient ;
Je froid erant alors de 6 a 7 degres au deffous
de zero. Que le lendemain ces amas de glacons
etoient agrandis , & qu'il en vit d'autres qui
commencoient a fe former fur plufieurs au-
tres parties du fond , & meme au milieu du
lit oil le courant etoit le plus rapide ; de
forte que les jours fuivans ils revetiffoient
prefqu'entierement le fond & les bords du
canal qui conduit & diftribue , fur les diffe-
reatcs roues du moiilin a papier de M". de
D E Dijon, i^S^. iSy
Mongolfier, I'eau de la riviere fouteniie par
une digue.
Ce confllt entre les obfervations de Savans
aufli diftingues , rend la dircufTion de ce fait
bien importante , & -c'ell: ce qui m'a deter-
mine a y reflechir avec toute Tattention dont
)e luis capable, & a faire quelques experien-
ces & obfervations dont voici le journal.
Journal cT Obfervations medorolo^iqucs rda"
lives a. ce Me/noire. 1 78 3.
Le 3 I Decembre , a fix heures dii
matin , le thermometre de Reaumur
etoit a —19.
&a 77 heure ~I9 7'
Je penfe etre le premier qui ait annonce ,
& cela d'apres quinze annees d'experience ,
que le thermom.etre baifTe au lever du foleil:
( V. Differtat. fur les Antifept. p. JoS). Au mo-
ment que le thermometre etoit baifTe jufqu^a
— 197, j'ai place une bouteille remplie d'eau,
a 3 pieds de profondeur, dans un canal qui
roule les eaux afTez doucement^ & le mer-
cure pendant tout ce jour n'efl pas remonte
au delTus de —15, i7 etoit meme a 9 heures
du loir redefcendu a —18.
Le froid fut li rigoureux pendant tout ce
jour , que les rivieres & les moulins ne cef-
ferent de fumer , & lorfqu'on ouvroit les
portes des appartemens habites qui commu-
niquoient avec I'air exterieur , il en fortoit
M iv
184 ACADEMIE
un bronillard neigeux , 011 nne vapeur trhs-
denie , trci-epaille , par Vantlplriftajc des an-
ciens , dont la caufe eft connue aiijoiird'hiii,
fur -tout depuis- le Memoire de M. Leroy,
annexe a ceiix de rAcademie Royale des
Sciences de Paris, 175 1.
Le lendemain i*-'". Janvier I7<S4, a la meme
heiire dv. ir.atin , le therrriometre s'cft trouve
a — 1 1 , & la bouteille retiree du canal, dent
jl fallut rompre la glace qui la recouvroit
entierement, ainfi qu'on ravoit fait pour Ty
placer, n'avoit pas fon eaii gelee.
Le !2 Janvier j'ai joint un thermometre de
Reaumur a cette bouteille , fur la foiree.
Le 13 au rnatin , le thermometre a I'air
marquoJt . . . —7 \, Celui dans I'eau o.
*^^ 1 0» • • • » ■"" \ • •••••••• ""I ' I •
Le 20. tems nei.— I 7 +2.
Le 21. neige. —2 +1 t«
Le 22. neige. —3 +1.
Le 27. temps beau interrompu.
- —6 -{-I.
Le 29 —7^ o.
Le 3 o —II. » o.
A 10 h. dufoir. —17.
Le3i -13 O.
Le 3 fev. a min.— 1 5 J.
Le4. le matin. -10. . O.
Le 5 , 6 , 7 , 8 , u , 12 , neige fur neige,
^ -i +1.
c
D E Dijon, i^^^. i8j
U eau de la bouteille ne s'eft trouvee gla-
^e clans aiicune de ces obfervations , quoi-
que le froid fiit parvenu jiifqu'a 1^7, 17 & ,
meme 18 dee;rds an dcffous de zero.
II eft pourtant vrai que je n'ai pas 6te I'exa-
iTjiner , ni a neuf heures , ni a dix heures dii
foir , ni a minnit, fon emplacement etant hors
ville ; mais fans doute que fi fon eau avoit
^te gelee a ces heures , elle ne fe feroit pas
trouvee degelee le matin , vu qu'au jour le
thermometre marquoit encore lOjJ'autre n,
le troifieme 13 degres an deffous de zero,&
qu'il ne pent y avoir de degela pareille froi-
clure.
Le 12 F^vrier an matin, le thermometre
etant a— 6^,,il a refte tout le jour a — i beau
temps. J'ai place Tapres-midi une de ces bou-
teilleSjde forme longue , a eau de lavande,
dans le courant de notre riviere, a un pouce
de profondeur & a I'ombre.
Le 13 au matin, le thermometre etant a
— 7 {, la furface de I'eau etoit couverte d'une
glace d'un bon tiers dc pouce d'epaiffeur , &
neanmoins I'eau de la bouteille n'etoit point
gelee.
Le !4, le thermometre etant a —7, I'eau
de la bouteille com.me le jour precedent.
Un autre jour, la premiere bouteille ^tant
ramenee a fleur d'eau du canal , le thermo-
metre etant a —6 le matin, il s'eft forme une
glace au goulot, d'environ un pouce -d'epaif-
feur , la bouteille etoit felee , fon eau liquide.
Le 17, le thermometre etant a — 3 ^ , temps
fombre, il n'eft remont^ qu a — i pendant ce
l86 ACADEMIE
jour. A neiif lieiires dii matin, j'ai mis deux
morceaux de glace, de pres de deux pouces
d'epaifl'eur, charges de pierre a un quart de
pied de protondeur, dans la riviere, en deux
endroits ditFerens, Tun oil I'eau etoit pref-
que tranquille , I'autre dans le courant ; a
quatre heures apres midi ils etoient fondus.
Le meme jour au foir, j'ai place a 3 pieds
de profondeur, dans notre canal, un chau-
dron plein de glaces pareilles , recouvert d'un
linge affujetti, pour empcchcr les glaces d'en
fortir. Le lendemain matin le thermometrs
marquoit — 2^ degres de gelee, neanmoins
les glaces n'exiftoient plus.
J'ai rempli le chaudron une feconde fois;
le foleil n'a point donne pendant la journee ;
le thermometre le lendemain matin etoit a
— 2, les glaces avoient difparu.
J'ai obtenu le meme refultat en mettant ,
au lieu de glacons , de la neige dans le chau-
dron.
On voit par ce journal ; que le thermo-
metre ne baiffe jamais au deffous de zero a
3 pieds de profondeur; que Teau d'une bou-
teille y a conferve fa fluidite,quoique le ther«
mometre marquat a I'air libre — 18 de tem-
perature : d'ou il eft evident que les glacons,
qu'on voit au fond des fleuves, & que je me
fouviens d'avoir auffi vu au fond de la Meufe
en 1748 , dans un endroit oil il y avoit 8 a
10 pieds d'eau ; que ces glagons , dis-je , n'ont
pas pris naiffance dans les endroits oil on les
yoit,mais qu'ils y font venus d'ailleurs. Qu'efl-
D E Dijon, iyS4, 187
ce que cela fait que les Bateliers les fentent
quelques joars avant que la Tamiie le prenne :
il faudroit, pour que cela prouvat quelque
chofe , qu'ils les fentiffent avant qu'eile ne
chariat.
Leur brifure prouve encore moins,pulfqiie
flottans dans un milieu d'une denlite a peu
pres egale a la leur, & pouffc^s par le tor-
rent , ils n'ont pas befoin de venir de bien
bas pour fe rencontrer & fe brifer par leurs
chocs mutuels.
Si Ton en a vu s'elever d'un demi-pied,
& fouvent d'un pied au deffus de I'eau , ce
h'efl: certainement pas leur legerete fpecifique
qui leur a concilie cette viteffe , puifqu'eile
n'efl a celle de I'eau que comme 8 eft a 9 ,
( I ) & que cette difference eft trop petite
pour produire une 'acceleration de mouve-
ment, mais parce que ces glagons venoient
de plus haut , & que chemin faifant , ils ont
ete poufles , foit par d'autres , foit par le
torrent meme dans le fens perpendiculaire ,
en prefentant le cote au torrent.
Cette caufe nous difpenfe afl'urement de
recourir a la tumefaftion de la glace par le
froid , pour expliquer Tenlevement des en-
gins des pecheurs , quoique retenus au fond
par des pierres; froid d'ailleurs gratuitement
fuppofe , puifqu'il eft prouve par I'exp^rience
du thermometre plonge dans I'eau, que la
(i ) Mufchenbrock, Inftit. phyfiq. §. 939,
if.
l8? ACADEMIE
temperature de ce fluide dans le fond des ri-
vieres , &c. n'a jamais ete au delTous dec; ^
par celles dts bouteilles entoiirees de toute
part d'eau refroidie, tantot dii fond, tantot
de la fuperficie du canal, ici dans un endroit
tranquille, la dans le courant de la riviere,
fans que I'eaii ait gele dans aucun de ces
cas.
D'apres ces faits , il eft certain que les eaux
courantes ne commencent pas a geler par leur
fond , mais qu'elles fuivent la marche des
eaux dormantes, & que le raifonnement de
Halles deduit du concours du froid & du re- "^
pos , pour rendre raifon de la pretendue dif-
ference a cet egard , n'eft point folide , eft
meme appuye fur un faux allegue.
II s'enfuit encore que fi les grands enfon-
cemens contiennent quelquefois des glaces ,
& jamais les petits trous, ce n'eft pas parce
que I'eau eft calme dans ceux-ci , & ne par-
ticipe pas au mouvement du courant que I'eau
refroidie a la furface y introduiroit, puifque,
malgre ce calme , le torrent doit par fa grande
agitation y occafionner un melange fuperfi-
ciel , qui donneroit au moins lieu a la for-
mation d'une glace de quelques lignes d'epaif-
feur; ce qui pourtant n'eft pas, puifqu'au rap-
port des pecheurs, ces trous fervent de re-
traite aux poiflbns en temps de fortes gelees,
& que ces retraites leur feroient interdites,
fi les entrees de ces reduits etoient bouchees
par des glaces.
D'un autre coterie melange d'eau refroidie
D E Dijon, 77^4. 189
3u torrent avec celles des grandes cavltes,
ell uii obilacle a ce que ces eaux i'e gelent ,
puifque Tagiration qui acccmpagne ce me-
lange, doit s'oppofer a la formation de la
glace ; d'ou j'intere que li les grandes cavites
des lits des rivieres fe trouvent tapiiiees de
glaces , & non pas Ics petites, c'eft parce
que les grands gla9ons qui font les feuls , qui
confervent affez de mouvement pour etre
precipites contre leur legerete fpecifique juf-
qu'au fond des fleuves , ne peuvent , vii leur
grand volume , ni entrer , ni s'engager dans
les petits trous , mais feulement dans les
grands.
Ces glagons recevant toutes fortes de dl-
reftions compatibles avec celle du torrent ,
al n'y a rien que de tres-naturel, que les plus
: gros foient precipites jufqu'au fond , que
plufieurs d'eux s y engagent , foit parce
qu'ils font enfables, foit parce qu'ils fe trou-
vent ferres enrre des cailloux , ou encases
dans les inegalites du terrein , ou que leur
bouzin s'eft charge de fable, de terre, de gra-
viers,dont le poids fiirpaffe leur legerete fpe-
cifique , ce qui les empeclie de remonter,
tandis que quantite d'autres, vu ce petit exces
de legerete , ne s'en relevent qu'apres avoir
long-temps traine fur le fond qui les falit.
Croiroit-on que cette mal-propretd du
bouzin eft citee en faveur de Fopinion que
je combats? Elle prouve cependant precife-
ment Toppofe. En effet, fi la glace s'^levoit
du fond de I'eau repondant a Tendroit de fa
ipO ACADEMTE
fortie , les faletes qu'on y remarqiie , tien-
droient de la nature de ce fond , oil TAbb^
NoUet a remarque tout le contraire. » Le plus
» fouvent , dit-il , le bouzin m'a paru jaune
ff Si rempli de fable, tandis que le fond de
» la riviere que je faifois fonder, n'etoit que
» de la vafe a des diftances aflez confide-
» rabies. »
D'ailleurs, des que ces fables & ces terres
falifl'ent le bouzin , il eft certain qu'ils ne
font pas geles; & s'ils ne le font pas, com-
ment peuvent-ils done fervir de matrice aux
glagons flottans? n'eft-il pas evident que ces
glac^ons flottoient avant d'etre charges de fa-
ble , & que heriffes d'lme efpece de duvet
cotonneux , ils font venus rafer des plages
terreufes & fablonneufes, qui les oni falis ,
parce que ni la terre , ni le fable , n'etant
geles au fond des rivieres, ils fe font engages
dans le bouzin; ce qu'ils n'auroient pu fairc,
s'ils avoient ete durcis par la gelee. Qu'on
frotte en efFet une glace munie de bouzin ,
contre un terrein fablonneux , contre une
terre durcie a I'air, la glace ne fera pas fa-
lie; mais fi cette operation fe fait contre un
terrein de I'une ou de I'autre efpece , mou-
vant & non gele , ce frottement emportera
& de la terre & du fable : d'oii je conclus
que le fond des rivieres eft dans un etat qui
laiffe a la terre & aux fables leur mobilite;
c'eft-a-dire, qu'ils ne font pas gel^s , puifqu'ils
faliftent le bouzin , & par confequent que le
froid du fond des rivieres ne peut donner
naiffance aux glagons flottans.
D E Dijon, lyS^. 191
Les experiences cle la longue bouteille fuf-
pendne prefqu'a fleur d'eau , qui n'a pas gel6
par un froid de 7 a 7 ^ ^. an deffous de zero , la
fonte des gla^ons immerges pendant un temps
de gelee , foit profondement, folt fuperficiel-
lement , dans une eau courante ou tranquille ,
prouvent que les glacons fpongieux ne pren-
nent pas non plus naifTance dans les endroits
oil ils ont ete apper^us , qu'ils doivent leur
exiftence a quelque circonilance qui a echape
aux recherches de I'Obfervateur qui m'a pre-
cede dans cette carriere, & dont je ne ref-
pefte pas moins les lumieres.
Voici je penfe le vrai de la chofe. Dans
les temps de fortes gelees , qu'on confidere
avec attention ce qui fe palie a la furface
<5es fleuves & des rivieres, Ton verra que le
courant dans les endroits profonds & dans
les plages oii le lit s'agrandit, ralentit telle-
ment fon cours , que I'eau y jouit d'une ef-
pece de repos ; c'eft-a-dire, que I'uniformite
de fon mouvement donnant une vitefl'e com-
mune a {qs parties , les mcmes molecules
reftent expofees a I'air, qui les refroidit &
les reduit en filamens ou aiguilles glaciales,
dont la multiplication produit bientot des la-
mes : celles d'entre ces lames qui ont acquis
aflez de condftance pour refifter au choc du
courant, confervent leur forme, & augmen-
tent de dimenfion en avangant par un mou-
vement d'ondulation , qui mouille letir fur-
face fuperieure d'un enduit d'eau , qui fe ge-
lant auffi-tot, devient une pelliciile ajout^e
Ipl A C A D £ M 1 E
a leur epalffeur. On pent fe former une Idee
de ce mecanifme , en rc^flechilTant a la fa^on
dont fe font les chandelles non moul^es : on
fait que c'ell en plongeant une meche dans
un baquet de liiif fondu , & en la retirant
un moment apres, I'air refroidiflant le fiiif,
dont hi meche S'Sll chargee , produit aiitant
de couches qu'il y a d'immerfions & d'enier-
fions alternatives; I'oeil voit la meche arriver
par les fuperadditions a I'etat de chandelle ;
c'eft precifement la meme chofe ici, le mou-
vement ondulatoire du gla^on plonge alter-
nativement un de fes bouts , & fait fortir
I'autre. Celui-ci mouille & expofe a la ri-
gueur du froid,qui glace incontment fon cn-
duit aqueux,gagne une lame d'epailVeur, &
ainfi de fuite de toute part. Ces gla^ons tra-
veriant uicceffivement differens endroits pa-
reils , oil Teau coule tranquillement, f"e collent
les uns aux autres , tant par leurs bords, ce
qui augmente leur etendue, que par leur fu-
perficie en fe chevauchant , ce qui accrolt
leur epaiffeur, teilement que par ces acqui-
litions lis deviennent finalernent des ifles flot-
tantes. L'autre partie de ces lames , ou celles
qui n'ont pas affez gagne de confiftance dans
le calme pour refifter aux chocs multiplies ,
font au moment de leur entree dans un cou-
rant, reduites en leurs elemens , & forment
des trouffeaux d'aiguilles qui s'accrochent les
unes aux autres , & compofent un corps fpon-
gieux, connu fous le nom de bou^in.
Ce bouzin s'attache a tout ce qu'il ren-
contre/
D E Dijon; i;;f4: 193
'centre. Aux bords des rivieres il donne de
Tetendue aux glagons deja formes, & paffant
foiis leur furface , il en augmente Tepaifleur
par iin duvet cotonneux : reciproquement les
gla^ohs flottans ayant plus de viteiTe, vu leur
moins de furface que ces flots d'aiguilles ,
paffent pardeffus , & s'en garniffent a leur
tour, & ces glacons flottans ainli doubles,
venant a gliffer ious des glaces (tables, dans
des endroits pen profonds , rafent le fond; &
li celui'Ci eft cailloUteux, gravelcux ou rem-
W pli de fables, ils n'en fortent que d<^garnis de
leur duvet, qui refte engag^ entre les caii-
loux & les fables.
Les grouppes meme ou pelottes d'aiguilles
ifoles ne peuvent paffer ces endroits fans y
fouifrir un dechet par quantite de leur efpece
de chevelure, qui s'eagage entre les rugofitis
du terrein; en meme temps le torrent paffant
fur ces pelotons cotonneux, les preffe entre
les fables , les graviers , les cailloux , & les
y moule, les y fa^onne, comme le feroit une
palette de magon ou autre poliffoir d'ufage,
la fucceffion de cette pate glaciale ajoute a
chaqne inft.int au premier refeau de glace, foit
en le doublant, foit en infinuant de nouvelles
aiguilles dans fes maillcs, & par la continuite
de ce mechsnifme, le bouzin fe trouve change
en une glace poreufe , ceilulaire , fpongieufe :
c'eft-la la vraie fource des glagons d'une
ilrudure (inguliere , que M, Defmarejt a ob-
ferv^s au fond de la riviere de Reome. La
•digue, qui foutenoit fes eaux, etoit une caufa
N
194 A C A D i M I E
bien propre a determiner Tamas de glacons
& de bouzin vers le canal, oil ils devoient
s'accnmuler & s'entaffer, etant arretes & re-
teniis par le repos du moulin, qui faute d'eau
chommoit la nuit. II n'eft done pas furprenant
que , vii cette penurie d'eau & fon pea de
profondeur, le bouzin, gene de toute part,
ait rempli tous les interftices, garni les bcrds
& tapifie prefque tout le fond de ce canal ;
au lieu que dans les endroits oil Teau abonde
& coule librement , il ne peut atteindre le
fond , qu'autant qu'il y eft porte par les gla-
cons auxquels il adhere, puifqu'il furnage a
I'inftar de la neige de I'air, sinfi qu'il eft de-
montre par Texperience de I'Abb^ Nollet,
tjui ayant plonge dans I'eau jufqu'aux trois
quarts de fa longueur, un tonneau depourvu
de fes deux fonds, a pu epuifer en tres-peu
de temps cette efpece de puits , du bouzin
que la riviere ne cefl'oit d'amener.
Tout ce que je dis ici du jeu du bouzin ,
eft fcnde fur des obfervations muhipliees. J'ai
vu par un trou fait a la glace de la fuperficie
de notre riviere, cette efpece finguliere de
glacon former uue efpece de poudingue avec
les cailloux'^ans un endroit oil I'eau couloit;
I'ayant 6t^,& I'eau de cet endroit etant de-
venue dormante , je trouvai le lendemain la
fiirface de cette eau coiiverte d'une glace ,
niais il n'y avoit pas de poudingue au fond »
tandis qu'il s'en etoit forme dans un endroit
voifin cu I'cau avoit confvfrve fon cours : ici
U courant amenoit du bouzin &. en garniffoit
D E Dijon, z^^^: 1^5
le fond ; la le boiizin ^toit empech^ de s'y
rendre par les obftacles qui rendoient I'eau
dormante.
Le 27 Janvier de cette annde 1784 , une
gelee de 6 degres du thermometre de Reau-
mur avoir produit fur notre riviere,d'un bout
a I'autre, une glace affez forte pour porter
quantite de canards qui y marchoient : vers
midi le foleil donnant, cette glace eclata &
difparut. La gel6e ayant repris le foir , & le
froid ayant ete pendant la nuit de f au de{-
fous de O , il fe forma une nouvelle glace ,
fous laquelle j'en trouvai une autre , qui te-
noit au bord de la premiere , & qui attachee
au fond, s'en trouvoit de plus en plus fe-
paree , en avangant vers le milieu de la ri-
viere precif6raent comme dans robfervation
du c^l^bre Halles.
Dans un endroit peu profond, oii je Eg un
trou, je trouvai une glace tenant fur le bord
du trou a celle de la fuperficie , & f e por-
tant obliquement felon la diredion du cou-
fant.
Une autre fols j'en ai trouv^ d'attach^e
egalement au bord de ce trou , mais ayant
line diredVion oppcfee a celle du courant.
Peut-on douter que ces glaces, fixees entre
deux eaux, au milieu du courant n'aient ^t6
i'effet du bouzin fucceffivement arrets aux
in^galit^s du bord de Touverture de la glace
de la furface ? Ce qui me le perfuade , c'eil
que le fond de la riviere 6toit tapiff^ de pou-
dingues glaciales dans cet. endroit, & qu<;
N i)
196 A C A D I M I E
d'apr^s les obfervations de mon journal , je
tiens pour fur que la nature ne produit point
de glace, ni au milieu , ni au fond des eaux
courantes, mais feulement a la fuperficie. Or,
dans ce cas il y en avoit trois, une au fond,
line au milieu du courant , la troifieme au
bord du trou qu'on avoit fait a la glace dans
cet endroit poury puifer de I'eau.
Le bouzin en s'attachant aux glaces deji
foimees , rend leur furface inferieure bien
diiFerente de la fuperieure : fi celle-ci eft
plane, denfe, lice, polie; celle-la eft in6-
gale , poreufe, remplie de finuofites, fouvent
raboteufe : cependant il n'eft pas le feul
agent de cette difference dans les glaces fta-
bles; celles-ci reconnoiffent en outre d'au-
tres caufes , qui les diverfifient beaucoup ,
favoir, les differentes circonftances de leur
fite.
Si une glace , qui borde un ruiffeau , eft
pres d'une chute d'eau , cu de ces petites &
jolies cafcades , qui tandis qu'elles rdjouiflent
la vue par la tranfparence , la forme, I'eten-
due , le brillant de leurs lames argentees ,
produifent ce doux murmure , ce bruiffement
delicat, fi agreable a nos oreilles ; les par-
ticules d'eau qui en r^jailliffent, vont s'at-
tacher a la furface inferieure de la bordure ,
& y produifent des filets , des ramifications
diveriifiees a I'infini , & qui repr^fentent ,
tantot des ftaladites de voutes & de grottes,
tantot des grouppes branchus de coraux. Eft-
.ce im flot d'eau quiavoifine une autre glace?
b E Dijon, lyS^. 197
la furface de celle-ci fera garnie de filets
allonges, reailes , div'erfement godronnes. Si
c'eft line nappe d'eau dont iin vent leger ride
& fiUonne la furface , les glaces qui la bor-
dent , font empreintes inferieurement de ru-
gofites plus ou moins regulieres , de lignes
droites ou courbes , gardant entre elks un
parallelifme remarquable ; fi c'eft un endroit
tellement fitue que les vents y caufent des
vagues , de grandes ondulations, pour peu
que la geI6e continue : la glace acquerrera
en peu de jours, dans ces plages, une epaif-
feur confiderable , etonnante autant par I'e-
norraite de fa maffe , que par la diverfue Si.
la monftruofit^ des formes de fa furface in-
ferieure,
Ce travail en bas relief de la gel^e n*a
lieu que lorfque la congellation a fait baiffer
les eaux des rivieres , & que la face inferieure
des glaces eft expofee au contaft de Tair :
mais elles re^oivent d'autres modifications
toutes aufli difformes,toutes aufli ixngulieres,
lorfque la temperature adoucie ramene les
eaux , fait hauffer les rivieres , & leur rend
leur precedent niveau; Tair fe trouve alors
exclus , & I'eau detrempant la glace, elle y
forme des excavations , tant par fes chocs
reiteres, que par la qualite diffolvante qu'elle.
poffede a un degr^ eminent, auffi-tot que le
froid de I'athmofphere ne fait plus baiffer le
thermometre au deffous de zero, parce qu'elle
fe trouve alors conftamment au deffus du
terrae de la congellation, ainii qu'on peut le
N iij
fipS A C A D t M I I
remarquer en jetant un coup d'oell fur mofl
journal. II n'eft ni poflible ni utile de decrire
les bizarreries , les formes extraordinaires , les
excavations fingiilieres , les fmuofites tor-
tueufes qui refultent de ce travail oppofe a
I'autre , aufli ne m'y attacherai-je pas, &
vais-je paffer a la confideration de I'origine
des glagons que charient les fleuves & les
grandes rivieres.
Cette immenfe quantity de glagons que les
fleuves charient pendant les fortes gelees ,
fur-tout lorfque le foleil s'eft montre quel-
ques heures , ou que , felon I'obfervation de
M. Defmarejl , il y a eu remiffion dans le
froid , a de quoi ^tonner ; & tout homme ,
accoutume a reflechir , ne peut s'occuper
quelque temps a voir les glagons fe fucceder
ainfi les uns aux autres, fans fe demander d'oii
ils peuvent provenir.
La theorie qui vient de preceder , rend
pleinement raifon de ce ph^nomene; car fans
compter les glaces que les chevaux,les char-
rettes, detachent continuellement en paffant
les guets des rivieres , & le nombre infini de
ruiffeaux r^pandus par -tout ; ni ce grand
nombre d'autres , que des milliers de per-
fonnes occupees a fe procurer de Teau a eux-
inemes & a leur betail , mettent a flot;laiffarit
meme encore de cote les gla^ons que les Ba-
teliers, les Meuniers, les Foulons,les Pape-
tiers , les Forgerons , & autres gens occupes
dans les ulines , font fans ceffe obliges de
detacher & de pouffer en avant pour s'en-
D E Dijon, lyS^. 199
d^barraffer , ainfi que tons ceiix qui fe reu-
niffent aux premiers dans leur route , & qui
font detaches par le choc qu'ils eprouvent;
fans, dis-je, faire entrer en ligne de compte
la fomme prodigieufe de glagons , qui reiul-
tent de ces divers accidens , nous trouvons
dans Je ralentiffemeht du cours des fleuves &
des rivieres , urie fource alTez feconde pour
fournir, foit immediatenient , foit mediate-
ment, aux convois de glagons, quelqu'im-
menfe que foit leur quantite en certain temps.
En effet, la fufpenfion , la diminution fre-
quente du cours de I'eau depuis les fources
des fleuves jufqu'a leur embouchure, ne cef-
fant de donner lieu a la prodiiftion de nou-
veaux glagons a fur & mefure qu'ils deba-?
clent, on voit qu'independamment des caufes
accidentelles, les endroits oil Teau coule len-
tement ou eft ftagnante, font autant de four-
ces intariffables & capables par confequent
de fournir feules aux giagons que charient
les fleuves & les rivieres.
Mais comment expliquer Tinfluence dii
foleil , & de I'adouciffement du froid fur ce
phenomene ? Pourquoi les rivieres charient-
elles infiniment plus lorfqu'il y a viciffitude
de temperature , que lorqu'elle eft conftani-
ment la meme?
En voicila raifon. Lorf^ue le foleil donne
pendant quelques heures , ou que le froid
s'adoucit , les neiges fondent , les montagnes
pleureht , les rigoles fe rempliffent d'ei.u
courarite ; quantite de morceaux de glaccs.
Niv
100 A C A D i M I E
legerement arret^es fur des plans inclines J
fe detachent , tombent dans i'eaii , & par
toutes ces caiifes rdunies, les rivieres hauffent ;
I'eau parvenue aux endroits oii elle eft rete-
nue, ne pent pourfui vre (a route en entier, une
partie de fon volume fe trouve arretee par
i'epaiffeur de la glace , & prellee par le
torrent, elle s'infinue avec violence fous elle
& la fouleve , & cherchant a s'echapper, bouil-
lonne avec force; Si comme cette violence con-
tinue, comme elle va meme en s'augmentant
par la crue fucceilive de la riviere , il arrive
cnfin que la glace fe fend & eclate de toute
part; I'eau qui etoit comprimee pardefTous,
fort alors par les fentes , & entraine les
elagons brifes : ce mechanifme a meme lieu
a regard des glaces des bords qui avancent
beaucoup , parce qu'elles retreciffent le
paffage , & il fe repete a chaque alternative
de remiflion 8t de redoublement des froids.
Les gelees de cet hiver qui ont dure pen-
dant huit femaines, & qui ont frequemment
donne lieu a une alternative d'abaillement
& de crue des rivieres , m'ont fourni I'oc-
cafioH de voir , en certains endroits , les bords
6es rivieres garnis de quatre a cinq rangs
de lames de glace pofees parallelement les
lines fur les autres , & inegalement brifees.
A cette caufe , il faut ajouter Teffet des
poudingues qui fe detachent des fonds , foit
parce qu'ils font arraches par la rapidite aug-
mentee du courant , foit parce que le froid
modere , ramenant la temperature de i'eau
au deffus de zero, la rend capable de les
D E Dijon, 1^84. 201
dlffondre , ainfi qu'il paroit par les experiences
de notre Journal. Or, je me fuis affur^ ,
par Texamen que j'en ai fait, que les glaces
Ipongieufes ne tiennent aux fables , aux
graviers & aux caillpux , qu'autant qu'elles
depaiTent par leurs bords , le grand cercle
de ces corps a forme ronde : le caillou ^tant
mobile dans ce chaton , dont les bords font
plus minces & plus expofes a J'adion de
i'eau que le refle , c'eft par eux que la fonte
commeiKe; & des que la partie qui d^paflbit
le grand cercle eft diffoute , les liens qui
tenoient le gla^on attach^ au fond , font
rompus , & il remonte , en vertu de fa le-
gerete fpecifique , a la furface du courant qui
Temporte.
Cette theorle rend ^galement raifon d'un
fait qui a merite Tattention des Savans ; fa voir ,
qu'on a vu pluiieurs fois la Seine tout-a-fait
prife dans des hivers mediocres, tandis que
pendant celui de 1709 , qui fut fi rigoureux,
le milieu de fon courant demeura libre.
Un froid mediocre laiffe a I'eau la vertu
de d^tacherles glaces du fond des amasd'eaux,
& en produit a la fuperficie Aqs rivieres qui
ne peuvent pas refifter a I'adion du foleil &
aux crues d'eau. Les rivieres charient ea
confequence fi abondamment, que le moin-
dre obftacle qui 'en ralentit le cours, que le
moindre froid qui en congele la furface ,
favorifeleur entiere congellation, au moyen
de la grande quantite de glagons qui fe
melent a leurs eaux , & coulent avec elles.
Vn froid plus rigoureux prive I'eau de fa
102 A C A D E M I E
verta de detacher les glaces dii fond , & en
procluit a la fuperficie , qui ont la force de
refifter a la chaleur du foleil. Les rivieres
charient moins par la reunion de ces deux
caufes; & les glaces qui n'arrivent pas en
qnantite fuffifante pour s'arreter mutuelle-
rient & produire des engorgemens , ne tavo-
rifent pas la congellation complette des
rivieres.
Concluons que le bouzin eft produit a la
fuperficie des rivieres , jamais a leur fond.
Qu'il eft I'element de la glace, tant com-
pare que fpongieufe ; qu'il forme celle-la a
fleur d'eau , a I'aide du repos des eaux ;
celle-ci an fond des rivieres , a raifon de
leur poids & de la force des courans.
OBSERVATION
SuR une cataracle- compllquee , avec la
dijfolution du corps vitrL
Par M. Chaussier.
T
OUS les Pratlciens qui ont ecrit fur les
maladies des yeux , s'accordent a dire ex-
preffement que Ton ne doit point op^rer les
caidracies branlantes y c'eft-a-dire , celles qui
changent de place par le plui leger mbuve-
jnenf; pares qu ajoutent-ils , ces fortes d6
D E Dijon, iy84. 105
catarades font toujours accompagn^es de la
fonte du corps vitre , & qu'ainli , dans Tope-
ration , on ne pourroit dviter reffufion du
corps vitre, & Taffaiffement total du globe. .-
Ces raifons , il faut en convenir , Ibnt du
plus grand poids : cependant'.fi le d^place-
ment du cryftallin cataradt^ occafionne de
la douleur , de rinflammation , il ne faut
point hefiter a faire I'operation ; le cryftallin
eft devenu un corps Stranger , dont la pre-
fence irrite continuellement un organe fen-
fible & d^licat. La premiere indication eft de
Textraire ; c'eft le feul moyen de rem^dier
a la douleur , de detruire I'inflajiimation , &
de prevenir les fuites facheufes qu'elle pour-
roit avoir. Ajoutons encore que Thumeur
vitree pent , de meme que I'aqueufe , fe re-
generer; & fi la retine n'eft point encore
alter(';e, la vue pent fe r^tablir , du moins
jufqu'a un certain point. L'obfervation lui-
vante en eft une preuve inconteftable.
Au mois de Mars 1783 , M. de N . . . .
m'adrefl'a un homme de fa Terre , age d?
vingt-cinq ans , reduit a rimpoftibilite de
travailler par une douleur profonde & pref-
que continuelle qu'il eprouvoit a I'oeil droit.
II me raconta que depuis un an , il avoit
perdu peu a pen, & fans caufe manifefte,
I'ufage de cet oeil ; mais que depuis quatre
mois , il fentoit dans I'interieur du globe ,
un corps vacillant , qui tantot raontoit ,
tantot defcendoit , & lui occafionnoit des
jiouleurs plus ou moins vives, fuivant Tendroit
'\
204 A C A D £ M I E
oil il fe trouvoit plac6. A la fimple infpec-
tion de I'oeil , je reconnus air<^ment ce genre
de maladie. Le cryftallin etoit catarade, &
tellement mobile , que par la plus legere
preffion , meme par certains mouvemens de
i'oeil, il paffoiftantot devant, tantotderriere
riris; la conjondive etoit enflammee , le
globe douloureux , la pupille dilat^e , & le
malade ne pouvoit dillinguer la lumiere.
D'apres cet examen , il etoit evident
.que le corps vitre etoit dans un etat de
fontequi ne pouvoit fournir un point d'appui
au cryftallin , & ainfi j'avois a craindre ,
dans I'extraftion de c^tte catarafte , Taffaiffe-
ment du globe.
Mais aufii , d'un autre cote, la continuite
de la douleur & de rinflammatlon pouvoit
avoir des fuites plus facheiifes encore que
Taffaiffement du globe ;.je n'hefitai done pas
a propofer au malade I'operation , non dans
I'intention de retablir la vue , mais pour
faire ceffer les accidens qu'occafionnoit la
prefence du corps etrai^ger.
Malgre Tincertitude du fucces , le malade
ayant accepte avec empreffement le parti que
je lui propofois, je fis fur le champ I'operation,
telle que je la pratique ordinairement pour la
catarafte. Tandis que je traverfois la cornee
avec mon biftouri oculaire , le cryftallin
fe porta derriere I'iris^ & d^s que I'mcifiofi
fut achevee, I'humeur vitree s'echappa auiTi
iluide que de I'eau, & le globe s'affaiiTa pref-
qu entilrement. J'effayai en vain de ramenei;
D E Dijon, ,^§4; 20 j
le cryftallln ; loge profbnd^ment dans la
cavit^ dii globe , il etoit retenii par le rebord
de riris , & par les rides que formoit Taf-
faiffement des tuniques de Toeil.
Le malade fut panfe mollement & conduit
a fon lit. Comme la nuit fut fort tranquille,
il fe felicitoit deja du bien etre qu'il eprouvoit ;
mais le fecond jour apres I'operation , les
douleurs revinrent & etoient trcs-vives : a
la levee de I'appareil , je trouvai la con-
jonftive enflamitiee , mais le globe etoit aufli
rempli qu'avant I'operation; le cryftallin fe
^ pr^fentoit a I'ouverture faite a la cornee.
Au lieu d'employer la preffioa pour faciliter
la fortie de ce corps etranger , j'ecartai dou-
cement les levres de la plaie de la cornee,
& gliffant derriere le cryflallin un petit
crochet mouffe , j'en fis fur le champ Tex-
tradion avec beaucoup d'aifance. La douleur
ceffa dans Tinftant, tout alia de mieux ea
mieux ; chaque jour I'inflammation diminua ,
& le huitieme la cicatrice fut complette.
Non-feulementle malade n'^prouvaplus cette
douleur profonde & continuelle dont il fe
plaignoit depuis quatre mois , mais encore,
contre mon attente , la vue fe retablit affez
pour diftinguer tres-netlement les gros objets.
Enfin , apres un mois de foins , il retourna
dans fon pays , oii il reprit fes travaux or-
dinaires.
L'extradion des corps etrangers, eft ua
des objets de la Chirurgie qui merite ie plus
d'attention. Si ngs anciens maitres ont re-
206 ACADiMiE
commande d'opdrer avec celdrlt^ , ils ont
en roeme temps ajoiite Tobligation expreffo
d'aglr avec f^curite pour le malade , citb ,
fed, nab. L'emprefTement de terminer ime
operation, ou d'extraire un corps etranger,
a fonvent eu les fuites les plus facheufes.
MM. Maret & Louis ont demontre, par les rai-
fons les plus folides , la neceffite de differer,
dans quelques cas de lalithotomie , I'extrac-
tion de la pierre. Chaque jour la pratique en
confirme les avantages. Les remarqiies &
Texemple de ces celebres Praticiens , n'ont
pas peu contribud a perfedionner la lithoto-
mie , a rendre fes fuites moins facheufes ,
& la guerifon plus affuree. Ne pourroit-on
pas faire avec fucces I'application de cette
methode fi fage, au moins dans quelques
cas de I'operation de la cataraile ? Prefque
toujours la furprife , le faififfement qu'occa-
iionne cette operation delicate , les efforts
que le malade fait pour arreter fon oeil &
le rendre fixe & immobile, d^terminent, fur-
tout dans les fujets fenfibles & nerveux ,
une tenfion involontaire des mufclas dii
globe de I'oeil , une contradion de la pupille.
Dans le premier cas, fouvent une portion
du corps vitre s'echappe avec le cryftallin
catarade. Ceft , je I'avoue , un petit mal;
mais , dans le fecond cas , le refferrement de
la pupille oppofe une r^fiftance a la fortie
de la catarade , & cette circonftance meritc
plus d'attention ; parce qu'alors , fi Ton fe
bate d'extraire le cryftallin , on s'expafe k
D E Dijon, i^g^. 207
idechlrer une partie du cercle de Tins , a le
froiffer, a le deplacer;ce qui peut entrainer
la douleiir, une inflammation profonde,ou
le ftaphylome , &c. Ne previendroit-on pas
ces accidens , en mettant moins de precipita-
tion dans I'extradion du cryflaliin , en atten-
dant que rerethifme momentane fiit calme ?
Je ne dis pas qu'ici, comme dans la litlio-
tomie, on attende plufieurs jours; ce feroit
un mal fans doute , & faire d'un precepte
fage une application vicieufe : car comme
il ne doit point y avoir de fuppuration a la
fedion de la cornee, ibuvent la cicatrice eft
commencee le premier jour & complette le
fixieme. Mais il eft en tout un jufte milieu
que le Praticien doit choiiir & modifier
fuivant les circonftances.
5 U I T E
DE L'HISTOIRE
M^TEORO'NOSO-LOGIQUE
D E I7S4.
PAR M. M A RET,
208
A C A I) E M I E
OBSERVATIONS MtT^OROLOGlQUES,
J U I L L E T.
THERMOMETRE.
D E Dijon, iy2%^. 209
VENTS ET trjT D U C I E L
J U I L L E T.
JO.
du
m.
[O
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21
22
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28
29
30
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Matin.
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Sx - +nu.
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SSOx, -f-nu. pin.
SSOx, -nn.
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SOx, fe.
SSOx , -fnu. pi.
SOx, nu.
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Sx,nu.
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Sx , CO. plnm.
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Midi.
NO^,-fnu.
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SOx , nu.
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NX, nu.
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Ox, -nu.
SOx, -f-nu.
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NEx, fe.
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SSOx, -|-nu. -pi.
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SSO^, -{-nu.
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SSO^ , CO.
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NEx, fe.
SEx , fe.
Sx , Te.
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Sx, fe.
O, fe.
■^X,fe.
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O/X , fe.
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Sx, fe.
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SO^, fe.
SSOx , fe.
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OSOx, fe.
SOx, fe.
E.
Sx, fe.
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S , CO.
SO, CO. 'pL
S , CO.
Nx, -l-nu.
I vr« iMinniMi
^
210 ACADiMIK
RtCAPITULATlOm
L« conftitiition de I'air a hxk. {eche & fraiche
dans le commencement dii mois; tr^s-chaud«
& extremement feche dans (on milieu ; fraiche
& un pen humide fur la fin.
La pefanteur & T^lafticit^ de I'air affez
imiformes & affez cCnfid^rables dans tout le
cours du mois, mais plus foibles fur la fin.
La plus grande ^l^vation du mercure dans
le barometre, a ete de 27 p. 8 1.
La moindre de 27 i
Le balancement de 7
L'elevation moyenne de . . . 27 5
La plus grande elevation du mercure dans
le thermometre, a ^te de 23 d. la moindre
de 10; la difference de dilatation de 13;
r^l^vation moyenne de 16. 2 , & la tempe-
rature comme + 16. 2 t + 10; le N a do-
mine dans les cinq premiers jours du mois ;
le S & rO dans le refte ; les S, SSO,SO ont
^te fouvent tres-violens.
Le ciel a et^ plus fouvent ferein que
nuageux ou couvert : il n'a plu que dans
les derniers jours du mois , & deux fois avec
tonnerre ; mais ces orages ont ete peu con-
fid^rables.
,11 eft tomb^ en pluie I p. I 1. l6^**. d'eau.
Les vignes , qui ont paffe fleur dans les
derniers jours du mois pr^c^dent , promettent
une abondante r^colte.
La fauchaifon s'eft achev^e dam les pre-^
D E Dijon, fyS4, iii
mlers jours du mois , & eft tres-peu avanta-
geufe.
La moiffon des feigles & des fromens a
commence le 13 , environ dix jcurs avant
I'epoque ordinaire. Celle des orges auroit du
ctre faite en meme temps , la maturite de
ces grains ayant ete tres-precoce.
Les feigles 5d les fromens ont ete abon-
dans & tres-bien nourris ; les orges & les
avoines en tres-petite quantite; leur paille
depresde moitie plus courte qu'al'ordinaire.
Les legumes & les navettes d'ete ont avortd
prefqu'en totalite. Les phiies de la fin du
mois ont favorife un peu la vegetation du
ma'is.
Des le II, les noix ont pu etre confites,
& les abricots ont ^t^ communs. Les ceriles
ont ete peu abondantes. La plupart des arbres
de nos promenades ont jauni & perdu leurs
feuilles des le milieu du mois. On n'a vu
que tres-peu de cailles & de perdrix.
La conftitution maladive a continue k
ctre bilieufe & catharrale, fur-tout vers la
£n du mois.
On y a obferv^ les maladies du mois pre-
cedent. II y aeu beaucoup de fievres tierces
peu opiniatres , qui cedoient quelquefois aux
^vacuans feuls , & ne refiftoient pas au quin-
quina. Quelques fievres eruptives , urticaires
& miliaires,nullement dangereufes. Quelques
fievres puerperales ; quelques flux bilieux ;
quelques faufles pleuref es. Le nombre des
- ;nalades a ete grand, fans etre confiderable.
liz
A C A D E M I E
-~*~-— , —
OBSERVATIONS METtOROLOGlQUES.
A 0 U T.
THERMOMETRE,
BARO METRE.
jo.
1
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Matin.
Midi.
SoiR.
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Midi.
S 0 I R.
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cleg.
12.
deg. 12.
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po. 1. 12.
po. 1. J 2.
14
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27. 7. 9
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D E Dijon, 1784.
21}
VENTS ET tTAT DU CI E L. |
A 0 U T.
jo.
du
m.
Matin.
Midi.
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Sx , CO. pin.
SSEx , +nu. -pi.
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SO, CO. 1
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0 , fe. 1
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SSEx , -nu.
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SE , fe.
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Ox , CO. -\-pl. !'
22
SSOx,co.-f-/7//j/n.
S^ , CO. -pi.
SO:^, CO. -{-/;/.
23
S^^, CO. plnm.
SSOx , -{-nu.
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SOx , -f-nu. pin.
SO^ , +nu.
S, -{-nu.
25
Sx , CO. ^//2/n.
SSO^, -nu.
SO^,-{-nu.-p/.
26
Sx , +nu. pin.
SOx, nu«
0 , fe. /;/.
27
SOx. CO.
OSO, +nu.
Ox , fe.
28
E,fe.
S , fe.
S , -nu.
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Sx , +nu.
SSOx, CO.
SOx , CO. -pi.
JO
S/^, CO. -pi.
SSOx, CO.
SO, H-fe.
3»
SO^, fe.
Sx, fe.
S^ » CO. or. r.
f
214 ACADEMIE
RECAPITULATION.
La coniUtution a varie comme la tempe-
rat^ire. Seche dans le milieu du mois , hu-
mide dans le commencement & fur la fin.
La temperature a ete a la moyenne *. \
14. 6'*^ : 4- 10.
L'air a prefque toujours eu beaticoup de
pefanteur & delafticite, fans exces en plus
ou en moins , & fans paffage brufque d'un
etat a I'autre.
La plus grande ^l^vation du mercure dans
lebarometre, a 6te de . . 27 p. 7I. p'^*^.
La moindre de 16 11 6
Ce qui donne 8 1. 3 de
balancement.
L'elevation moyenne dans le cours du
mois, a ete de 27 p. 4 1. ii '^^. La plus
grande Elevation du mercure dans le ther-
mometre, a et6 de 21 '^. 6 "'^. La moindre
Cf. 6. La difference de latitude 12 ^. L'ele-
vation moyenne dans le cours du mois , a
ete de + 14. 6.
II a plu tres-fouvent , & quelquefois for-
tement.
II y a eu 5 orages avec tonnerre & grande
pluie. II eft tombe d'eau 3 p. 2 L 24 ^^^
Les vents du S ont domine dans le com-
mencement dn mois; ceux du N dans le
milieu , & du SO fur la fin : ceux-ci ont
fouvent ete tres-violens.
La recolte des avoines s'eft faite dans les
I
D E Dijon, lygjf., 215
ipremiers jours du mois ; elle a dte tres-modlque,
& comme elles ^toient coupees & fur terre
quand les pluies font furvenues , il y en a eii
beaucoup de germ^es. Le chanvre male a donn6
tres-peu : on a obferve que le froment pefoit
un feptieme de plus que dans les annees or-
dinaires.
11 n'y a point eu de prunes, 8f tr^s-peu de
peches. Les hirondelles font parties fur la fin
du mois.
La conftitution maladive a ^t6 comblnee
de la bilieufe & de la catharrale ; & la conf-
titution automnale a commenci fur la fin du
mois.
II y a eu quelques fievres ardentes, quel-
ques fievres bilieufes putrides, quelques fie-
vres malignes vermineufes, & quelques fievres
tierces.
J'ai vu des fievres d'abord tierces, puis
devenues continues remittentes, prendre un
caraftere de malignite qui a enlev^ les malades.
Mais fur la fin on a obferve de faulfes pleu-
refies , des fluxions , des fievres quartes , &
quelques apoplexies.
Le nombre des malades a et6 peu confi-
d^rable.
2t6
A c
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M I E
OBSERVATIONS MtTtOROLOGlQUES^ |
SEPTEMBRE. 1
THERMOMETRE.
B ARO METR E.
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3. 6
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BE Dijon, ^^^4:
117
FENTS ET tTAT DU C I E L,
S E P T E M B R E.
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1
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SSE/^,coH-;>/.r.
Sx , CO. -pi.
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NO^ , -1-nu,
3
Nx , le. fio.
Nx , -nu.
Nx, fe.
4
Nx ) -nu- «"•
Ex i nu.
Ex,fe. 1
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SOx , fe. -br.
S, fe.
ESEx,fe. 1
6
Ex, fe. -^r.
NEx,-nu.
NEx, -l-fe.
7
ONOx, re. -/^r.
NEx, fe.
NEx,fe.
8
NNOx , fe. -br.
NX , fe.
Nx , +fe.
9
ONOx, fe-*^.
E, fe.'
ESE, -l-fe.
10
OSOX^ ie. -br.
Ox , -nu.
Nx , fe.
II
iV , -f-niJ' -^'■•
N,fe.
Nx,fe.
12
Nx, fe. ^r.
Ex , fe.
Ex , fe.
1 '^
Nx, fe. -br.
ESE, fe.
ssEx, r?.
M
SOx , fe. -^r.
E^,+nu.or.?'./)/.
SSEXj fe.
15
Nx,fe.
N , lb.
NEx, fe.
16
NNO , fe.
NNE , fe.
NEx, fe. %'a.
17
NOX , fe. +^r.
N X , fe.
NEx , fe. va.
i8
0 , -nil. br.
SSOx, -nu.
E , CO. ^r. pi. T.
19
'^O^-nxi. pln.-\-br.
Ex, +nu. .
Sx, fe.
20
21
S^ , nu. -\-brm.
Sx , CO. pin.
S^, -nu.
SO>^, nu.
OSO^,co. -{-pi.
0^ , nu. /./.
22
SO , -nu. ir.
S, nu.
Sx, CO.
-3
Sx, nu. Ro.
Sx , -1-nu.
Sx , -{-nu. pi.
^4
0^0, -nu.
Sx, -nu.
S^ , fe.
^^
N , fe. /t.
E^,-hnu.
SOx , CO. fl.
26
Sx , CO. -pi.
SOx , CO. -pL
SOx , -nu.
^7
Sx , -nu. -br.
SO^,nu.
OSO^, CO. -pi.
OSO , -f nu. -pi. I
828
SSOx , CO. flnm.
Ox, fe. 1
h9
S, nu.
Ox , nu. -pi.
NOx,-l-nu. 1
30
Ox>+nu.ir./>//zOT.
N^, -f nu.
N^ , -f nu. -pi.
1
2i8 Academie
RECAPITULATION.
La conftitntion de I'athmofphere a iii
chaude & hnmide dans les premiers jours,
tres-chaude & feche du 7 au 20 inclufive-
ment ; fraiche & humide dans le refte du
jnois.
La temperature a ^te a la moyenne \ \
'+ 14. 7 ''^ : 10.
L'air a eu une pefanteur & une elafticit^
confiderable , dans la premiere moitie du
jnois ; uh pea au deffus de la moyenne dans
la derniere moitie.
La plus grande elevation du mercure dans
le barometre, a ete de 27 p. 8 1.
La moindre , ... 27- i
Le balancement de , 7 1.
La hauteur moyenne pendant le mois ,
■*de 27 p. 5 1. 2 '*^. La plus grande Elevation
du mercure dans le thermometre, a ete
+ 21 ^. La moindre + 8. La difference de
dilatation de + 13. L'elevation moyenne de
4-i4*». 7"^
Les vents du N & de TE ont et6 les do-
minans , dans les dix-neuf premiers jours
du mois ; ceux du S & de I'O dans les fui-
vans. Les S , SO & OSO ont quelquefois
fouffie avec imp^tuofite.
11 y a eu des brouillards peu epais dans
la plupart des matinees, du 5 au 27; de la
pluie le premier jour du mois & les dix
i
D E D 1 J O N, 77^4. 219
derniers; deux orages; & I'eau qu'a donne
la pluie, a ete de 2 p. 3 1. 4"''^.
De legeres gelees a blanc, furvennes dans
les premiers jours du mois en quelques
cantons , ont jauni les feuilles des vignes , &
determine a hater la vendange. Elies ont
commence a Beaune aux environs du 10, &
fe font faites ici le 20.
Le raiiin eft bien mur ; la fermentation fe
fait prompteraent ; le vin promet d'etre ex-
cellent, & fon abondance eft an dela de I'ann^e
commune.
Les labours ont continue a fe faire avec
facilite, & les femailles des le 12.
Le gibier de toute efpece a ete fort rare.
On ne voit plus d'hirondelles des les premiers
jours du mois.
La conftiiution continue a participer de
la bilieufe & de la catharrale , mais elle a
peu d'intenlit6. On voit encore des fievres
lierces; quelques affeftions catharrales , mais
en petit nombre , & qui cedent facilement
aux (^vacuans & aux antiphlogiftiques. On
a vu quelques depots laiteux , quelques
fievres malignes putrides. En general il y a
eu peu de malades.
210
ACADE MIE
OBSER FA TIONS
METEOROLOGIQUES.
0 c
T 0 B R E.
rHERMOMETRi
E.
-^
J7^72 0 METRE.
t
\r ^■
^^
^v^
'^^BaiK-^ <
c
J
MATIN.
Midi
S 0 I R.
MATIN.
Midi.
S 0 I R.
ueg. 12.
deg. 12.
deg.
12.
po. 1. 12
po. 1. I 2.
|.)0. 1. 12.:
■ 1
5- 9
9
5-
3
27. 4. 9
27. 5.
27. 6. 6'
:-
5
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6.
6
7. 6
7
8. 3:
3
5. 6
9. ^
6.
3
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8
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3- 9
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7
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2. 4
2. 6
2. 3
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5- ^
9
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I. 9
I. 6
1. G
2. 5|
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3. C
6. 5
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I. 6
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3
7- ;
6
3. 9
4. 6
5.6)
i;
4
8
S
6. 3
6.3
5- 9
13
3- 3
7- ^
4.
9
4. 9
4
4
»4
2. (^
8
5
3- 9
4
4
1)
3
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4.
0
4. 3
4- 3
4. 6
\h
3
8. <'
■)■
6
4. (.
4. 6
4. 6
4- 3
»7
4
8. 6
6.
9
4. 6
4. 3
18
3- 6
9
7
4- 3
4
3- 6,
19
6. 9
10
8.
3
3- 5
3
3- 3!
io
8. 6
II. ^
10
3- 5
2. 9
3- 3
11
8. 6
9
7.
3
4
5
6
32
5- 2
8. 6
5
6. .
J
6
6. 3
23
4
8. 3
6.'
6
6
6. 6
3- 9
54
6. 3
7- 3
5
2
I. 9
I. 9
as
2. 3
5. 3
6
I. 9
I. 9
2
26
2. 3
^
2
I. 9
I. 9
I. 6
27
a
3. 9
2
2
2
2. 9
28
I. 9
2
2
2. 9
2. 9
2. 9
29
2. 3
5
4.
6
a- 9
3. 6
4
30
4. 2
5
4.
6
4
4
4. 3
i'
4
6. <
4-
4. 3
2. 9
3- 3
D E Dijon,/ 7^4.
221
l/ENTS ET ETAT DU C I E L.
O C T O B R E.
I
2
3
4
5
6
7
8
9
o
I
2
3
4
5
6
7
8
9
20
21
22
3
24
25
26
2.7
28
29
0
Matin.
Midi.
NOX, -nu. br.
NEx, nu.
NEx , -nu. gb.
Nx , ie. ir.
Nx, -nu. br.
Nx , -nu. br.
Nx, nu. ir.
N , CO. plnm.
Nx , fe. Zt.
Nx, i"e. br.
Nx , -nu. ir. erg.
NOx , fe. -ir. gg.
Nx, k. -br. gg.
Nx , le. -/^r. gc^.
Nx , fe. -^r. g-^'.
Nx , fe. g^.
N, fe. -br. gb.
Nx , fe. br. (a)
E , CO. br. pi.
SE, CO. ^r/n.
Ox , CO- pl^nm'
Ox, fe.
Ox , fe. ^r.
so^,4-""-/'^'2'"-
Oi<: , fe. -^r. gg.^
NNO^,co. i/-.«e/.
Sx , CO.
NNO^, CO. nef.
SO , CO. ne^.
SOx> CO. plnm.
Sx, +nu.
Nx, -1-nu. -pi
Nx , nu.
N,^ , -nu.
ENE^, nu.
Ex, -nu.
Nx, -nu.
NEx , -|-nu.
Nx, CO. pi.
NE/X . ""•
Nx . -{-nu. pi.
NNE^ , 4-nu.
N^<,4-fe.
NE^. +fe.
NEx,fe.
NNEx , fe.
Ex , fe.
N, fe.
Nx , le.
S , -j-nu.
O , -f-nu.
NOx, -|-nu.
N, nu.
SSEx , -t-nu. -pi.
SO^ , nu.
O^, fe.
NNOx, CO. se/;
Sx , -hnu.
NNO^,co.«^/
SO , CO. brm.
SOx. CO.
S, -|-nu.
S o I R.
N^, fe.
N^, -{-fe.
NEx, fe.
NE, -fnu.
NEX' , +nu. -^z-.
NEX,+„u.
N/X, CO.;,/.
iNx , CO, br.
NNE>^, fe.
NE ,X , CO. br.
NNEX,co.
N^, +re, -br. »
NNEX,+ie.
N^, fe.
NJ^,fe.
Ex , fe. -br.
N, le.
N, -nil.
S , CO. br.
SO , CO. pi.
NOx, nu.
Nx , fe.
OSO^ , -fnu
Ox , fe.
O^ , fe. ir. ,
NNo ^, CO. br. nef,
NNO^, -}-nu. j
NNO^, CO. nef.
O , CO. irra.
SX,co.
S , CO.
(a) Cq brouillard qui etoit epais , a gagne lamontagne en
s'elevant.
222 A C A D E M I E
R t C A PITULATION.
La conftitution froitle & humide dans !es
premiers jours du mois , puis temperee &
humide, puis froide & feche , a ete , fur la
fi.i du mois , fort froide & extremement hu-
mide : la temperature a ete a la moyenne
: : + 6. 2■^^ : + lo.
L'air a eu peu de pefanteur & d'elafticite,
fur-tout vers la fin du mois , & le change-
ment de la pefanteur a ete deux fois brufque
& confiderable.
La plus grande elevation du mercure dans
le barometre , a ete de . . . . 27 p. 8 1. 3 ' *''.
La moindre a ete de . . . 27 i 3
Le balancement de . . . 7
L'elevatlon moyenne de . 27 4
Celle du mercure dans le thermometre ,
a ete la plus grande de + 11 <*. 6"''. La
moindre de + i. 9. La difference de dilata-
tion de 9 ^. 9'"^
Le ciel a ete prefque toujours ferein dans
la premiere moitie du mois , prefque tou-
jours convert ou nuageux dans la feconde
moitie.
II y a eu de frequens brouillards le
matin , qui quelquefois fe font auffi montres
le foir. Dela pluie fur la fin du mois, & un
peu de neige les derniers jours , qui fondoit
en tombantjoupeu de temps apres : ces deux
jneteores ont donne i p. 10 1. 15 '\^. d'eau.
D E Dijon, iy^4. 225
II y a eii quelques gelees a blanc & a
glace , notamment du 11 au 17 inclufive-
ment.
La recolte en rnais a ^te fort mauvaife.
Les femailles continuent, & les grains femes
en Septembre & dans le commencement de
ce mois, ont bien germe.
Les corbeaux ont parii des les premiers
jours du mois.
La recolte en poires eft bonne, celle de
pommes fort mauvaife. Les arbres ont perdu
routes leurs feuilles.
La conftitution a ete catharrale. II y a
eu des rhumes frequens , des afFedions rhu-
matifmales aigues , de fauffes pleurefies ,
quelques apoplexies, quelques flux de ventre
fereux , quelques fievres quartes.
En general il y a eu tres-peu de maladies
& de malades.
224
A C A D E M T F
OBSERVATIONS METtOROLOGlQUES.
N 0 V E M B R E.
THERMOMETRE.
BARO METRE.
i^'fMATIN.
M I D I.
Soi R.
Mat IN.
Midi.
S 0 I B.
Hii'
uu
m.
jcleg. X2.
deg.
la.
dcg. 12.
po. 1. 12.
po. 1. 12.
po. 1. 72.
J
1 4- 9
7
5. 6
27. 3
27. 3.
27. ^. 6
A 5- 9
8
6
3
3. 6
4
3
5
7-
6
4. 9
4
4
3
4
3
6.
3
5
i. 6
2
1. 9
5
4. 9
7
5- 3
9
26. 1 1. 6
26. 10. 9
6
5
5-
3
5
26. 10. 3
10. 3
ID. ^
7
4. 9
7
5
II. 3
27. I.
27. 1. 9
8
4. 3
5-
3
4
27. 2. 6
3'^
4
9
3. 3
4-
3
I. 9
3.6
3.6
3- 3
lO
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3-
c
3. 6
3- 3
3
11
4
6.
*;
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3- 3
3- 3
3- 9
la
7
9
7 3
4. 2
4. 3
4. 9
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7
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8.
4. 9
5
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i^:
8. 3
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6. 3
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6
Q.
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5- 3
5- 3
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4. 6
8.
6
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17
4
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5- 3
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6
5. 6
5- 3
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3- 9
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2. 3
3-
9
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2. 6
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4. 3
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C
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2.
^
0. 3
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6. 9
7
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n
T
2. 3
6. ^
6
6
24
I
3
I
3
6. 2
6
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5.S
2. 3
4
3- 9
6. 3
5.6
5-6
26
4
6
4. 6
5
5
6
27
2
3-
9
2. 3
7
8. 6
9
28 I
29 I
2.
6
I. 9
8. 9
7.6
5.6
4
2. 3
5 ^
3
4- 3
3C
1°
6
3
4. 6
5- 3
4. 6
D E Dijon, ^7^4:
225
"■uumtfesifma
VENTS ET tTJT DU CIEL
NOVEMBRE.
)0.
n.
7
8
9
20
21
12
23
M
^5
26
27
28
29
(30
31
Matin.
O , -nu.
S^, CO. +plnm.
Ox , nu. -6A
NOX, -nu.
N, nu. -br.
NNOx,co.ir.(^)
NOx, CO, -{-s.pl.
O , CO. hr.
Ox , fe. ^^.
SOX, (Q.-\-br.gg.
S^, CO. ^r. pi.
S^, CO.
S^,-{-nu. bm.-pl.
S^,-\-r\\i.pln.br.
S J^ , Te. i?.
S , fe. -5.
SSOx > nu. J7.
SOX 3 -nu- -B.
SO^, CO. plnm.
SOx, -nu, gg.
NO,4*nu. nein.gg.
O, iQ.-\-gg.
Sx, CO. gg. nei.
S , CO. gg. sm.
SOx » CO. ^m.
Sx , CO. pL
N , CO. Em,
S , CO. B.
SEx, CO. .ff.
NNEx,co.B./?.gg-,
Midi,
. ,
SOx, nu.
S^, +nu.
Ex, Hhnu.
NNOX, fe.
N , nu.
NO , CO. -^pL
SOx , CO. -pi.
Nx,-{-nu.
NNOx, fe.
S, fe.
Sx , CO.
S^,-{-nu.
^^» CO.
SSOx , -j-nu.
S, fe.
S,fe.
S , -f-nu.
OSOx, nu.
NO^,nu. -p/.
SOx , -j-nu. /zei.
O , -|-nu. nei.
SOx , fe.
SOx i co.nef.pl.
SOx 5 CO. ^m.
S , CO.
NOx, +""•
SE, CO. bm,
S , CO. bm.
NEX, -nu.
N , B. de.
S O I R.
S , CO. -br.
SOi^, -i-nu.
Ex , fe.
NOx, CO.
E, -f-nu.
NO , CO. -pi.
iNX, CO.
Nx, CO.
NOx, fe.
S^ , CO. -{-pi.
J^ , CO.
S^ , CO. pi.
Sx , CO.
Sx , CO. -pi.
S , -f-fe. aut
Sx , le. I
S, fe. /^/K. (
OSO^. CO. ref.
NOx. fc. ■
SOx, fe.
Ox, co.-^.
NOx,fe.
NOx, CO.
Sx,nu,
S, CO. -pi.
NEX, fe.
Ex, CO. bm.
S , CO. bm.
NEx, -nu,
Nx, B.
- ■ TflVi <i*-*^«»*iCS*°
(i?) C^ brouiilard gagoe la mcntagne en s'elevant.
2l6 A C A D E M r E
RtCAPITULATION,
La conftitutlon athmofph^rique , froide
dans les onze premiers jours, & tres-froide
fur la fin , a ete feulement fraiche dans le
milieu du mois , mais conftamment tres-
humide , & excefTivement dans les derniers
iour&i La temperature a ^te a la moyenne
: : +4. 4"« :+ 10.
L'air a eu peu de pefanteur & d'elafticit^
dans la premiere moitie du mois, beaucoup
plus fur la fin; & en general ces qualites de
l'air ont ete au deffus de Tetat moyen.
La plus grande elevation du mercure dans
le barometre , a ete de . . . 27 p. 8 1. 9 ' *^.
La moindre de 26 10 3
Le balancement de . . . . 1 1 1. 6 '**.
L'elevation moyenne de . 27 43
La plus grande elevation du mercui^ dans
le thermometre , a ete de + 9 ''. 9"^. La
moindre de I. La difference de dilatation 10.
La moyenne elevation de + 4 ''. 4 '"^. Et
confequemment la temperature a ete '. '. -4-
4^.4'^^ : + ,0,
Le ciel a prefque toujours ete couvert ou
nuageux : il n'y a eu de ferein que la valeur
de huit jours.
Les brouillards ont ^te tres-frequens le
matin , & ont dure trois jours entiers. II y
a eu une fois du frimas, quatre fois de la
neige, mais peu abondante, & qui n'a pas
tenu i dix fois de la pluie , mais rareraent
D E Dijon, 1^84. ivy
tres-abondante. L'eaii qui eil tombee a ^te
de I p. 6 1. 4■'^
Les vents du S & de VO ont domine pen-
dant tout le mois ; ceux de I'E & du N du
3 au 9 , & du 26 a la fin du mois ; ils ont
ete rarement violens.
II y a eu une gelee blanche & fept fois
de la gelee a glace , &. une aurore boreale
blanche le 15.
l.^s femailles ont ete achevees de bonne
heure ; les grains les derniers femes germent
mal & promettent peu.
La recolte des chenevis qui ont ete femes
tard, ne s'eft faite que dans les premiers jours
de ce mois; elle eft affez abondante ; les
tiges font belles & tres-fragiles , ce qui fait
craindre que le chanvre ne foit caffant.
La conftitution catharrale continue a do-
miner. Les maladies qui ont ete obfervees
font les memes que celles du mois prece-
dent : on a vu plus de fievres quartes, &
quelques leuco-phlegmaties.
Le nombre de: malades a ^t^ peu confi-
d^rable.
Qij
22S
A C A D E M T E
OBSEKVA TIONS ME TEOROLOGIQULS.
D 6 C E M B R E.
T HLRMOMETRE.
J°Matin.
du;
'deg. 12.
m.
I
3-
4
6
8
lo
II
12
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M
i6
I
17,
l8:
20
21
22
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26
27
28
29
3^^
-6. t
— 4. (/
I
I.
o
I.
4
5-
4
3-
I.
I
I
o.
I
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— 2
— 2
— 1.
— 2,
— 2
I,
O
— 2
-3. C
-o. 3
6
9
VI I D 1.
dea. 1 2
-2
I.
I.
3
5
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8.
4
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2
3-
3-
-■).
-3-
—4
— 1
— I. ^
1'^
-I. i
Soi R.
ie::. 12.
o
— o.
— o.
— I.
— 2.
— 2.
— 2
— I
— I
O
— r.
-3-
-3-
-7-
-6
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BARO MET RE.
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D E D 1 J O N, fyS4.
229
FENTS ET tTAT DU C I E L.
DfiCEMBRE.
10.
ju
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I
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28
29
30
31
Matin.
Sx , CO. nein. B.
N , nu.
NO.
Sx, CO. B.
Sx , cc.
Sx ■, CO. pin.
S , CO.
Sx, CO.
Sx, n'l. B;
N, 4-nii. B. gg.
NX , CO. nei. gg.
Sx, CO. nei. gg.
SpX , CO. gg.
Sx , CO. gg.
OSO^, CO. ^?.
ONO^ , CO. gg.
Ox , CO. gg.
SOx, CO. -/2fi. gg.
SOx, CO. gg-.
Ox , nu. -B. gg.
SOx> -nu. -nei.gg.
N, CO. gg.
Nx , CO. -B. gg.
Nx, CO. gg.
Nx,co. R.fr.gg.
Ex, -nu. gg.
Nx , fe. gg.
NNOX , fe. gg.
N , CO. gg. ve.
N, CO. gg. ve. bm.
Midi.
S, CO. B.
, 4-nu.
Sx , CO. pi.
S^ , CO. +pl.
S^ , CO. pi.
S, -f-nu,
S^ , +nu.
Sx , fe.
O^, fe. gg.
Nx , CO. ;2t;i.
NO^ , CO. nei
SO^^ , CO. nei.
Ox , -nu. de.
S^ . CO. gg.
NO^,nu. gg.
ONO^,co.-;zei.gg.
SO^,co.-«ei.gg.
SOx , CO. nei. gg.
SO^, CO. gg.
Ox, CO. Je.
SOx J CO. /zei. (fe,
Nx , nu. gg.
N>': , CO. gg.
N^ , -nu. gg.
Nx, CO. B.fr.gg.
N,^ , CO. B. gg.
Nx, -nu. gg.
NNOx , fe. gg.
NNO,co.gg.;;/.ve.
NO , CO. bm. di
S O I R.
S , CO.
N^, CO.
O.
Sx, CO.
S^ , CO. -|-p/.
S^, CO.
Sj^, CO.
S;^, CO**
Sx , fe.
O^ , -fnu. gg.
N , CO. nei. gg.
O^ , o. /2ei. gg.
O^, CO. Tze^gg.l
SOx, CO. nei. ggX
S^^ , CO. gg. " j
NNO^, nu. g^.
ONO^,co.VV.
SC)^,co. -nei.gg.
SOx , CO. gg.
SSO^ , CO. gg.
Ox , CO. gg.
SOx :, -|-nu. gg.
Nx, CO. gg.
Nx, CO. gg.
N^ , i'e. gg.
N^ , CO. gg.
N^ , ^e. gg.
Nx , fe. gg.
NOX , CO. nef.
N, CO. gg. B.pl. ve
NO,co.bm.iie.pl.
iTi»TiriT»m
aSBSOSBI
IjO A C A D E M 1 E
RtCAPlTULATION.
La condltution a ete tres-froide & extre-
mement humide dans le commencement du
mois , tres-humide & exceffivement froide
fur la fin. La temperature a ete alamoyenne
1 *. — o 4"* *. + lo.
L'alr a eu tres-peu de pefantenr & d'elaf-
ticite dans la premiere moitie du mois , un
peu plus dans la i'econde , mais prefque tou-
jours fort au defl'ons de I'etat moyen.
La plus grande elevation du mercure dans
le barometre , a et^ de ... 27 p. 6 1. 9 '*"•
La moinJre de 26 6
Le balancement de . . . . 1 p. 9"".
La plus grande elevation du m.ercure dans
le thermometre , a ete de +8. 6'^^ La
moindre de — 8. 3. La difference de dila-
tation de 16. 9. La moyenne elevation de
— 04 '*^ Et confequemment la temperature
: : — o 4 *. + 10.
Le S a domine dans le premier tiers du
mois , le SO dans le fecond, & le N dans le
troifieme.
Le ciel n'a ete fereln que la valeur de
cinq jours , & tout le refte du mois couvert
ou nuageux.
II y a eu du bronillard pendant im jour
entier , deux demi-journees & quatre ma-
tinees.
II a plu fort abondamment pendant trois
jours, neige pendant la valeur de cinq jowrs
D E Dijon, lyS^. 231
en dlfFerentes fois , & il eft tombe en tout
I po. 6 1. de neige. Cette neige eft reftee
fur la terre depuis le 11 jufqu'au 30,qu'elle
a commence a fondre par un leger degel
& un brouiilard mouillant, qui ont produit
un verglas qui a dure deux jours.
L'eau de la premiere neige & de la pluie
a ete de i p. 9 1, 7'*'. II a gele a glace
depuis le 10 jufqu'au 30 inclulivement. Le
degel n'a commence que le 31,
La neige , en couvrant les bleds , les a
preferves de la rigueur du froid , & a fa%|»
rife la vegetation des grains femes les derniersi
La conftitution cntharrale a ete la domi-
nante ; de gros rhumes , des fluxions erefi-
pellateufes , des affeftions rhumatifmales ,
ont ete les maladies les plus frequentes.
II y a quelques fievres quartes , quelques
flux de ventre fereux , quelques flux dyfen-
teritiques , quelques fauff'es pleurelies, des
points erratiques fans fievre , des cepha-
lalgies , & des depots laiteux aigus & chro-
-niques : mais le nombre des malades eft
|>eu conftderable.
RESUME GENERAL.
Les differens tableaux que je viens de
tracer, n'ofFrent pas des traits aufli frappans
que ceux qui, en carafterifant I'annee 1783 ,
feront de cette annde une des plus memora-
i>les de celles dont on a ecrit I'hiftoire. On
Q iv
2^1 A C A D E M I E
n'y volt nl m^teore extraordinaire , ni fe-
coufle efFrayante du I'oJ que nous habitons.
Mais on y en trouve de bien plus intereffans
pour le Philofophe dont les fpeculations ont
pour objet le bonheur de rhomme fur la
terre; & qui, dans I'intention de fe rendre
de plus en plus utile , s'attache a decouvrir
les caufes des evenemens phyfiques, & a
iaifir le rapport qu'ils ont entre eux.
On vcit un hiverhumide& exceflivement
froid , fe prolonger bien avant dans le mois
tl'Avril ; faire perir en grande partie les ani-
maux livres aux feuls foins de la nature ;
arreter les travaux de I'agriculture , & re-
tarder la vegetation au point d'infpirer des
inquietudes fur le fort des grains confi^s a
3a terre dans Tautomneprecedente, d'alarmer
fur celui des femences cereales & legumi-
neufes , qu'on doit encore repandre, & des
fruits dont nos befoins reels & nos befoins
faftices ont rendu I'ufage important.
On voit un printemps , dont la premiere
partie a et6 abforbee en quelque forte par
I'hiver , reprendre brufquement la tempera-
ture qui le diflingue , & fe rapprocher avec
rapidite de celle de Fete ; favorifer la vege-
tation de maniere a I'avancer plus qu'elle
ne reft,annee commune, au commencement
de r^te ; mais , par fa fechereffe , rendre dif-
ficile la germination des mars & des pi antes
legumineufes.
Tons les arbres fruitiers fe couvrent de
fleurs & promettent line abondance de fruits ,
D E Dijon, z^^^. 255
jnais des froids inattendus en Avril & dans
les premiers jours de Mai, font evanoulr en
grande partie ces efperances. Des hannetons
eclofent en quantity extreme , devorent les
feuilles, & en depouillent les arbr»s,au point
que plufieurs font aufli denues qu'au fort de
I'hiver; des chenilles non moins nombreufes
augmentent le d^gat, & des mulcts, des fouris
devallent les champs.
L'ete par la fechereffe & la chaleur de fon
commencement a confomme le mal que cette
nieme conftitution du printemps avoit pre-
pare. Les prairies deffechees n'ont produit
que tr^s-peu de fourrage ; les mars ont avorte
en grande partie, & les grains qui ont germe
fe font peu eleves, & n'ont donn6 que des
^pis peu fournis.
Les feigles & les froments ont feuls pro-
cur6 une recolte abondante. Leur developpe-
ment n'etant pas gen^ par des plantes etran-
geres, s'eft fait de la maniere la plus favo-
rable. Leurs epis etoient grands & gros ,
leurs grains bien renfles & compades. Mais
les tiges etoient courtes & fragiles. La beaut6
des epis , la bonte des grains etoient-ils I'efFet
de la feve qui n'a pas ^te employee a pro-
loi^ger les tiges, ni a nourrir des vegetaux
Strangers, ou de la chaleur reflechie qui
avoit moins de chemin retrograde a faire
pour parvenir aux epis ? On fent que I'eva-
poration qui a ^te tres-confiderable , a du
donner plus de denfit^ a la farine contenue
dans les grains j mais la caufe des autres
t
ure
^U A C A D E M I E
phenomenes qu'offroient les ^ph , pourrol
etre le fujet dun probleme d'agricukun
ciirieux a refoudre. bricuitun
La temperature chaude de tcute cette
fa: on fafeclierefleioutenue, quoique tem-
Peree lur la hn par un peu d'humidite, de-
voient naturellement accelerer la maturite de
tous les fruits; auffi tous ont ete precoces.
Les raihns meme ont muri avec une preco-
ctt rare Onapulesvendanger, dans nos
climats , dcs les premiers jours de Septembre.
L ouvrage que la nature emploie ordinaire-
iomme dans 1 efpace de quatre ; & nous
ayons eu fous les yeux un exemple de ce
qui fe paffe annuellement dans les climats
Jes plus feptentnonaux , ou quelques mois
de chaleurs vives iuccedant aux froids les
ph,s longs &Ies plus violens, fuffifent pour
affurer aux peuples qui les habitent , des
recoltes bonnes & abondantes.
L'automne a peu differe de Tete dans fon
commencement , tant par fa chaleur que par
fa fechereffe, a conferve dans fon n^ilieu le
carapere qm lui eft propre , d'etre un pen
.Iroide & moder^ment hnmide, & s'eft rap-
procne^ de celui de I'hiver par une humi-
due fouvent exceffiye,& par des froids tr^s-
Cette conftitution a favorlfe la recolte des
ftiuts que les infedes ^ la fechereffe avoient
epargnes; celle des noix & des poires a ete
ioxt bonne. Les pommiers qui fleuiiiTent
>
D E Dijon, ly^^. 235
plus promptement , avoient eprouv^ les ra-
vages des froids , des hannetons & des che-
nilles , & n'ont point donne de fruits. Les
labours, les femailles fe font faites avec
facilite. L'humidite de la fin de cette faifoii
a feconde la germination des grains , & la
neige du premier mois de Thiver qui a fuivi,
les a proteges centre les froids qui ont luc-
cede.
Les 'influences de Thiver fe font rendues
fenfibles furle genre animal. Une deftruftion
prefque complette des volatiles & des qua-
drupedes non dom.eftiques , en a confidera-
blement diminue le nombre. Le chant des
oifeaux a rarement egaye le printemps. Les
cailles, oifeaux de paffage , font arrivees
tard, & ont ete tres-peu nombreufes. Les
hirondelles font egalement arrivees fort
tard & en troupes , bien moins confiderables
qu'a I'ordinaire; il n'eft pas jufquaux b^-
caffes , aux corbeaux , oifeaux familiarifes
avec le froid , & qui chaque a'nnee arrivent
ou paffent aux approches de I'hiver , qui ,
par la diminution de leur nombre , n'aient
prouve que les rigueurs du froid les ont
confiderablement affe£les.
Cette influence de I'hiver n'a pas moins
ete fenfible fur les quadrupedes fauvages ; &
fi la prudence des Cours Souveraines n'en
eut pas prohibe la chaflTe , la deftrudion de
leur efpece etoit prefque inevitable.
L'homme lui-meme offre des preuves de
rimpreflion que les difFerentes conftitutions
^5« A C A D 4 M I E
courant de ce.te annie ""' ''""^ '«
Ponvoit Juz porter r-'' "^'^ '"'^"^^^ ^"«
^es animaux errans fans abrl ?^ r ^r^"''
lie 5 eit p,ts reproduite.
Aulfi quoique le froid de I'hiver ^ ^
.L!! r '"'••tout en mais & en le-
gumes, en d,m.„„a„t 1« reffources du pe"pie; ■
i
D i D I J o S , ry^4. 237
8t notamment des gens de la campagne ,'
les a reduits a une indigence falte pour les
difpofer a etre les viitimes des maladies , la
conftitution athmofpherique les a preferv^s
des Antes tuneiles que pouvoit avoir cette
caufe fi feconde de maladies ; mais peut-
etre que les effets de cette caufe ne (e ren-
dront fenfibles que dans I'annee fuivanteJ
L'hiver eft la faifon oil le beloin de ces
denrees eft le plus preffant , oii leur priva-
tion eft le plus difficile a fupporter. (i)
On jugeroit mal de la falubrite de cette
annee , ft Ton (e bornoit a Teftimer par le
nombre des morts, fans confiderer les epoques
oil la mortalite a ete la plus grande. On voit
enefFet, par le tableau precis des evenemens
de cette annee, que le nombre des morts
excede de 12 celui de I'annee commune.
Mais on voit aufli que des 707 morts de
celle-ci, 417, pres des deux tiers du total,
font morts dans les ftx premiers mois , & i6«
dans les mois de Janvier & Fevrier. Or,
ceux-ci etoient pour la pkipart des malades
qui ont p6ri des fuites qu'avoient eues les
fievres de I'annee precedente. De forte que
s'il eutete poffible de les dcdulre du nombre
total, on auroit probablement trouve que
la mortalite de cette annee-ci a ete au deft'ous
(i) Cette trifle verite a 6te demontrce jiar la na-
ture des Epidemics , qui pendant les premiers inois ds
Jt785 ont regne en differens endroits du Royautne.
238 ACADiMIE
de celle deVannee moyenne , & la conftlttition
athmorphf^rique & la nofoique , tout con-
court a fortifier cette probabilite.
L'humidite eft de tous les etats de rathmof-
phere , celui qui rend les annees le plus in-
ialubres , & dans celle-ci , excepte fur la
fin, I'air a toujours ou prefque toujours et6
{ec. II n'eft tombe dans les fix premiers
mois, que 6 p. 4 1. 3 '^% d'eau, & dans les
fix derniers , 1 1 p. 8 1. 34 ' ^^ en tout 1 8 p.
I 1. I '^% tandis qu'il en tombe annee com-
piune , 25 p.
La conftitution nofoique n'a que foible-
ment particip6 de la putride, a toujours ete
catharrale , & quelquefois bilieufe.
Une remarque int^reflante a faire , pour
ne laiffer echapper aucun fait d'oii par la
fuite on puiffe titer quelques indudions , eft
qu'il eft mort cette annee 369 femelles, &
leulement 338 males , & confequemment —
plus de femelles que de males ; tandis qu'or-
dinairement la proportion eft en faveur du
fexe feminin. Elle etoit en 1782 : 15:6;
en 1783 : : 3 : 4 ; elle eft cette annee a pen
pres : : n : 10.
Le nombre des naiffances des enfans des
deux fexes , s'eft plus rapproche de la pro-
portion ordinaire entre les males & les fe-
melles , qui eft comme 13 : 12. Elle a meme
^te plus favorable aux femelles; carle nom-
bre des males ^tant de 367, & celui des
femelles de 346 , il en refulte que celui des
premiers eft a celui des fecondes : : 13 : 12. }6»
Pag. Z5^.
■^^^
idesmortS Nombredesnaiflances
^%
TA B LE AU precis des ivinemens de Tannic lySj^,
Pag. 13?.
M O I S. iTEMPiRATURE.
Janvi
Fh
Tier.
Etat de I'air.
Pen pcfant.
peu etujiiquc.
'. '. — O. 7"' '.+10.
M.
ars. I '. '. +4- 2'" ; +10.
Pcfantiur & elaf-
ticiii ail deffus Je iu
Tres-peu de pe-
fantcur & d'elajli-
cite.
Quantite d'eau.
)Ouc. lign. '^
1 II 23
27
1 10
Avrll. ;: +5- II "■•.+10.
Ma
Juin.
U Juillet.
P
".'. +'4- S'^'t+'O
1+15. 11" ; +10
■.:+>«•
;+'o
Aout.
Septembre.
OSobre.
Novembre,
Decembre.
:+i4- 6"«;+io,
•.•.+14- 7'":+'°
;;+6. i'";+io.
•.•.+4- 4'-"=:+>o
'. ■ — 0. 4" '. +10
Pcfantiur & ilaf-
t'lciti moyenms.
Trls-pefant.
Tris-elajiiquc.
Pefarueur & claj-
ticite au dejfus de L
'loyenne.
7 23
Constitution
athmofphirique. maladivt\
Tris -froidi.
Tris-huiiiide. : rau .
Catha
Trcs-froide &
;■•::.:<?, quelqui-
Cathar-
: lie.
fioide.
D'une humidite
mediocre.
Tris-fioide &
fcche , foiiveni
:r>'-f:che.
■b
1 1 li
Trcs-chcuJe.
Extremenicnt
fsche.
chauJe.
'>eche fouvcnt j%Cl
ex cs.
Cathu •■
raie.
Ccithar'
rale.
Cathai-
rale 6*
'•ilieufc.
Biiicjl
& catluii
rale.
=■=^-,1 ^^^
Nomh
des
maladei.
Nombredesmorts
mdUs. \femelle
Pen con-
jWiahIc
41
55
Peti con-
fiderahk
Pius
rrrand.
Peu con-
fiderahle.
Grand.
Pcjanteur & eiajluu
lonjiderablc ,mais foib'.
fur U fin du mots.
Tres-ptjant.
Tris-clajlique , fans
Pcfanteur &■ iUfticil
d'abord ccnfideruile ,
puis peu an de/fus J; I.
moycnne.
Peu de pej.inliur t-
d'elajlicite. Chan^emcn
brufoue 6* confiderabl
deux fois.
Pcfanteur & elaft-
citi au dejfus de I' el at
moyen.
Pefantcur & elaftiat
prefque toujours au dej
fous de I'elal moyen.
I 16
2 24
Variable , mat
en general , tris-
chahde & feche.
Bilieiji
& cathar-
rale.
t urliible , nunu-
de. jeche fhumuie
tres-chdude i puii
frjiche.
Bilicufe
& cathar-
'-rale.
1 4
J lb
IJ
VariahLe , en
general humidi
& chaude.
f'jrubU.
En general froidt
& humide.
Cathar-
rale &
bilicufe.
Cathar
ale.
) 7
18 p.
Tr'es -Iiumide
& tris-froide.
Excejjivement
humide.
Exccjfivement
froide.
Cathar-
rale.
Cathar-
ralc.
Premiere moitle 6]). ij 1. 3i««.
Seconde moitii.' ii P- ! i ->^" =
Pent.
Grand.
Peu con
fiderabk.
Peu con
fdirable
Petit.
Peu con-
fiderablc.
Petit.
=?3a£*«"
36
^7
43
24
3^
30
35
44
Nombredcfinaiflances fg
males, \femcllcs.
I
3i
26
41
35
39
2-7
i9
^9
14
^
35
18
^7
i9
3i
32-
28
338 I^J^
707-
30
26
38
35
21
13
33
i5
37 I
36
^3
15
28
367 I 346_
7'3-
>T}Q^
D E D I J O N , tyS4. 239
Mais le total des naiffances nktznt que
de 713? fe trouve inferieiir de 31 a celiii de
Tannee commune , qui eft 744 , & de 26 a
celui de 1783 , qui etoit de 739; de pJus ,
il eft feulement fuperieur de 6 a celui des
morts ; ce qui met cette ann^e au nombre
des moins fecondes.-Mais quand on reflechit
qu'en 1783 il eft mort 1033 perfonnes ,
nombre excedant de 238 Tannee commune,
on peut prefumer que la perte d'un grand
nombre de chefs de famille a influe fur le
petit nombre des naiflances dans le cours ds
cetie annee.
F I N.
«:>
mmmmmimismmsammmm
f S.
NOSO-LOGIQ,UES.
fliitiitJon a ete catharrale, & Ton a
outes les maladies d€ cette condi-
[eole a ete commune ; les fievres ont
dii carailere de cette maladie , &
trminees par des eruptions miliaires.
su des eruptions fans fievre. Quel-
res puerperales.
re des malades a ete peu confiderable,
-'hrp des morts 07 , dont 42 males.
iftitution a continue a etre cathar-
jmes maladies ont regn^.
igeole eil moins commune,
plus hilieufe que le mois precedent,
u encore des fluxions de diiFerens
quelques faufles pleurelies.
re tierce a ete moins frequents.
eu quelques doubles tierces , quel-
nes a/dentes , quelques ccliques bi-
:{UeIques dyflenteries inilammatoires
fes.
eu de malades.
nbre des morts 45 , dont 22 males*
I
I
iamBssmsmms3» m»usia
]:■
Resume des Obfervations tneteoro-nofo-logiques de 178
A
MO IS.
Plus gr.inile
(Jli^Viition
Moindre,
26. |">. 1 '.
Moycnnc ,
FE VRIER.
Plus gr.inJe
Elevation,
Mointlre ,
Moyenne,
.7P-. i'- 3"""
T H E R M O-
METRE.
Elevation
plus gmnde
+ 4'- 9"'-
Moindi
re,
Moyenne,
^EftTs
Plus grande
elevation,
indre,
, 9■'^
Moycnne,
Plus gr.mde P'"* ^'"3"^'^
(JMvarion, ^J^vation,
Moindre, I Moindre,
Moyenne, Movenne,
|27po. II. +4 • 1'".
nominan!
ceiix dii N.
Ceux dii S &
ie VO ont T^
ement foutflc
m.iis fouvcn
ec impecuo
I'rclqiit lull
iS vents on
■g.ilemeni re
i du S plu
tVequemment
lue ceus du N
i derE;ce[ix
injonrs vii'
ni|-.i:tueii\.
Prcfque tou-
lours couverr.
A V R I L,
Plus grande
Elevation ,
27po.61.9"^
Moindre ,
l6po. 81.
Moyenne ,
27 po. 2I. 9"*
FIiis grande
elevation,
i7P''-7'-9"'
Moindre ,
27P0. 1I.3'"
Moyenne ,
27 po. 61.
Plus grande
ek'vation,
17P0.81. 3**^
Moindre ,
27H0. 2I.3"*,
Moyenne ,
27po. 41. I'*'
Ccux (le rc
%c du S onr do-
ming pendan'
les deux tierr
du mois.
CeuY du N
i de IE pen
dant Ie rtfte.
Tous tr^s-
fs ; les pre
miers fouvenr
impetueux.
Plus grande
^I^vation,
+ 11 ".6"=.
Moyenne ,
+ 5
L'O & le S
ont regn^ plus
iouventquel'E
& le Ni r
toujours \iti,
fouvent irts-
vifs. Le N a
et(J impctueiiv
e premier tin
mois.
Plus grande
^I^vation ,
+ 21 '^. 9"".
Moindre,
+ 6".
Moyenne ,
+ 14". 9'*^
Plus grnnde
el^vaiion ,
+ 21 'I. 9"^
Moindre ,
+ il«i. 3'"'.
Moyenne,
Prcfque tou-
^urs couvei
nuapeux
Met Eo RES.
rouillatds & ffimai tfCt-fiJ-
quens.
Tris-rarement de U pluie.
I p. 2 po. 1 I. de neige qui
aiivert long-tempi la icnc.
La gelee a dure prel'que tou
mois.
II y a eu on digel imparfji
ins les premiers lOtJi* ; tin pin
kidi le 14 , qui a iti prictiii
un veigiai.
crcin
;- rarLmer
Quelqiiefoi'
'.'rein , fou-
ent nurigeii\.
Jris-fn^quem
ment convert
I! y a eu huit fois dc
rouillards, des pluics frd
"luentes , cinq fois de I.
icige montant environ a \u
>ouce.
Deux orages avec ton-
nerrc & pluie.
Huit jours de gelee ;'
elace. Si deux de gel^e a
blanc.
Les diJgels ont ^t^ fort
doux & point brufques
^ CeuxduN&
de I'E ont i^tc:
l^s dominsrs.
Ceux de I O &
du S ont foufflt
pendant treiit
jours & un per
plus.
Le S a fou-
vent et^ iril-s-
mpetueux.
Prel'que tou-
jours ferein, &
couvert ou
nuageuxlava-
leur de 6 a 7
jours.
Ceux tie rc
i du S ont do
ne & rcgni
pendant la va-
ieur f'e virgt-
deux joiirs,
CeuX du >
& de I'E on
fouvent hd
tres-vlfi-
Tres-varta-
ble imais plus
ouvent cou-
vert & nua-
geiix que he-
rein.
Prefque tou
)ours couvetl,
ii. n'a etd U
rein que per
dant la valeur
de 9 a
lotiri.
II y a eu quelques brouil
.irds , pluie unc ieule tois
I p. 4 po. 2 I. de neige.
La gel^e a dur^ julqtic
lans la matinee du 21. I
," ,1 eu de faux det;cls dr.n
|uclqucs aprcs midi.
Le degel complet n'a ci
ieu que le 2 I , & a etc prt
ede d'un veriilas.
I Pf". M J. 23'
CoysjITVTION
AT H MOiP n ERtqi' E.
Tres - froide & ir^s-hu-
mide.
La remptJrature moyenn
eld au temp^r^ ,
'. ; — 1 , 10'" : -f 10.
II eft lomb^ neuf fnis de V
pluie J mais peu abondante ; en-
1 5 !, de neige djns les pic-
miers jours.
II y a eu deux orages avec tor.
rm , grefil Si neiee pelotonn^r
Six [Oiiri de gelt..- j g'-c^: . <iuri
nu3ire dans le ^umrnencement di
nois , deux dans fon miliiio, t
loLix |ours de ^eli^e blanche.
On a obleiv^ de la rofce les
cpt derniers jours du mois.
II y a eu fept jours dc
fee.
Une fois de la gel^e a
blanc.
Deux fois de la pluie.
II n'y a eu qu'une fois df
a rof^e.
U a plu huit fois, & il y
eu deux orages avec dt
■rands coups de tonncrre &
ieaucoup de pluie.
Tres -froide & humide,
quelquefois un peu feche.
La temperature a 616 a
!a moyenne ,
; '. —°- 7"' : + 10.
La conilitution a ete
1 tine humidity & d'une fe-
liercffe moyenne.
Satempi^raturc,cng^n^ral,
troide, meme tres- froide,
mais un peu approchant
lu tcmp<^re fur la fin.
La temperature a ^t^ a
i moyenne ,
: : +4. !■" : -fio.
4'. 6^'
1 po. II. 12'*
La conilitution toujours
troide & feche , fouvent
crcs-froide & tr^s-feche.
Le thermomeire ne s'ell,
eve que cinq fois au def
(us du tempdr^ , ell dci-
cendu fix fois au terme dt
a glace, & meme audeflou
La tempiirature a kxi i
la moyenne,
' " + 5- 'i'"'. +10-
O B S E R V A T I O N S.
PHYtI<lVS^ Et ECO NOM I QU ES. fi n e ^
^ "^SO-LOGl
La v^g^tation a &t€ fufpendue pendant
tout ce mois.
La neige a fait p^rir une grande quantiti^
J'oifeaux. Les perdrix fe portoieni jufques
dans les Villes.
Beaucoup de quadrupedes fauvages ont
pi^ri. Les lievres ont mang^, jufques dans les
)ardins. les 6corces des arbres.
Le nombre des naiffances 70, dont 38
fcniellcs.
La vegetation a continued etre engourdic
jiilqiics lur la fin du mois.
Le degel a cauf6 une inondation confid^-
rable qut a commence Ie 24 & ceff6 le 29.
Le gibier a continue a etre dans la dIus
grande d^trefTe.
Les corbeaux font partis en troupes, di-
rigeanileur route au couchanc. On en a
vendu de morts aux marches.
Le nombre des naiffances 61 , dont 35
femelles.
La ndttire n'elt loriii.- dc ion thjiourdilie
ment que fur la fin du mois. Le bois joli n';
fleuri que fur la fin du mois , &. les feuilles
du grolelier ne fe font montrces qu"it cette
^poqiie. Les lilacs ont commence a b&uronner
les pechersa fleurir a la mume date.
On sapper^oit que le froid a fait p^rlr
une par.tie des navettes.
Ort avoir lente de labourer dis les pre-
miers jours du mois, mais les gel^es ont forc^
a y renoncer, & Ton n'a pu le faire qu'aux
environs du 25.
Le nombre des naiifances 62, dont 21
fcmellcs.
La conftitufion a ^te e\
tremement feche , exceptt
dans les fept premiers jours,
tris-chaude, & fa temp(5ra-
ture a et^ a la moyenne,
::+ i4'J.9"«^: + lo.
La conftitution a ^t^ tr^s-
feche , & fouvent avec ex-
■s.
Tr^s-cliaude fans grande
vari^tL'.
La temperature a 6t6 ;i
a moyenne ,
:+ ij "i. II '^e; + 10.
La v^getdiion ie louiient , mais le lait ien-
tenient.
Tous les arbres fruitiers boutonnent ainfi
que la vigne , mais ils n'entrent en fleurs que
lur la fin du mois. Les noyers donnent leiirs
chatons & les laules pouffentdes feuilles a
la mi:mrf ipcjque.
Les (emaiires n'ont commence qu'au 10.
Les hlrondelles 6toient en grand nombre
Ill's Ie 10.
Le COUCOU& Ie roflignol n'ont chant^ qu'aux
cnvuons du 29.
Le fiombre des naiffances 58, dont 23
femelles.
Les rs\ cites fotit emreesen Heurs diis les premie-
jOMrs di) mois.
La vigne jette beaucoup, mais la blanche plus que
la louee. On a appetcu des boutons a fruii des le 8,
Elle eu entiee en fleurs iiir la |in du mois.
Tous les -arbres (ont gatnis de tleurs & de feu'illes.
Les feigles font en epis uis le 9 , & fontcntres en
lleurs aux environs du 18.
Les fraifes & les peiits pois ont et.; mis en vente d^i
le milieu du mois.
On a commence dans les pfemiers jours .1 iemer le
diene^ii, le>;mais &, les It^giimes, mais la fichcreire self
opjiolie a leur germination.
Les cjilles font arrivees, mais en petit nombre. On
n'eniend , on ne von prefque auciinoireau.
Les iisnnctons font innombrables, tatiguentles voya-
geurs, ont devor^ les feuilles de ]a plupart des atbie^
& lesileursde tous les fuiiis qui n'etoieni pas nou^s
Les pruniers & les pommiers font les arbtes qui ont le
^jIuvfoufFert,
■ nombre des r.ii(T:'nces 7i,.dont .^i femcl'es.
L^ conrtuufion a .He catharr.ile . & Ion a
°ution °"'" '"nialadics dc cette conA.-
La rougeole a ^te commune ; les fievrcs ont
participe dt. carailcte de cette maladie , &
(e font terrr
in^es par des Eruptions miliaires.
y a eii des eruptions fans fievre. Quel-
ques hevrcs puerpt:ralcs.
Le nombre des malades a 6t6 peu confid^rable.
-oiiil-.rp Hes morts 07 . dont 42 m.'ilc;.
L-
La conftltution a contlnutj k eire cath.ir-
rale.
Les memes maladies ont regn^.
La rougeole ell moins commune.
L^ fievrc rierce 3 commence .-1 p.iro<rre fur
hhndi, moiS. Elle n'ell pas opiniarre.
raM "'""'''^ ''^ nialades ell peu confidi-
Le nombre des morts 68, dont 36 males.
La conftitution a continue a ttre cathar-
rale, & les maladies des mois pr^cddens ^
regner tIansceUii-ci.
II y a eu trcs-peu de rougeoleS , quelques
rechutcs dc fievre tierce, quelques fievres
quarles. quelques dylTenteries peu fortes &
peu opiniatresdans les prcmieis jours du mois,
quelques apoplexies , quelques fievres ca-
iharrales malignes.
Le nombre des malades un peu plus grand
que le mois dernier , mais peu conlidtrable.
Le nombre des morts 57 , dont 27 inuljs.
La conflitution a continue a etre cathar-
rale. On obferve les maladies de cette conf-
titutlon,
Les fliixlohs de toute efp^ce & les fievres
tierces iynt les maladies les phi*, communes,
v-elles-cifc tt:rTninent poUr la plupan pat des
eruptions foiis le nez & autOurde la bouche.
Le nombre des malades ell peu confide-
rable.
Le nombre des morts 72, dont 39 males.
Le ftoment m eli Lf.i... c. tleuii ijue vers ie milittu <li.
rnois. Ses iigss n'oni pnim et^ genecs dans leur d^ve-
oppenrnt par des vegeiaiix iiiutiles, mais s'clevcnt peu.
Les tn.irs font tris-claiis, & leur ligc s'deve jn:u.
On a fail la fem-^illedes navettes, fit I'on a recom-
mence cclle du chenevi, mais (ous ccs grams getmcni
Jitficilemeni.
/ivx liannetons qui ont difparu , ont fuccidi un grand
mbre de chenilles & de fiiutcrelles. Les degats que
loien' cel!es-ci dnns les pr.iuies, om force .i hatct
iau<haifon , qui ;i commence .luic environs du -0-
Les mulois & lesr.nts ont fait beaucoup de deg.it dans
cbjmpv 8c dam les eranpes.
„e numbte dys i-..i(Tances ^i. dent 1% fcme!l?t.
Li coiiliuiition a continue a tttc Ldtiui-
rale , & fur la fin du mois s'eil compiiquie
avec la bilieufe.
On a oblVrve routes les maladies du genre
catharral, notamment des rhumatilmcs gout-
teux. PUilieurs fievres avec Eruption miliaire
rouge.
La fievre tierce, qui eft la maladie la plus
commune, prend un caraflcre mixte biliedx,
ert fouvent accompagn^e d'iiruption-; urti-
caires, & lermini^e par de^ eruptions de piif-
tules fuppurantes (ous lo nez & autour de la
bouche.
i 1 y a eii quelques vertiges, qiielques depots
laiteux aigiis, quelques fievres puerperales.
Le nombre des malades eft grand , mais fans
etre confiderable.
Le nombre des mortS 87, doht 43 miles.
La conilitution a continue a etre catharraie
& im peu plus bilieufe que le mois precedent.
On a \u encore des fluxions de ditf^rens
genres, & quelques taufl'es pleurefies.
La fievre tierce a etc^ moins frcquente.
II y a eu quelques doubles tierces , quel-
ques fievres i^rdentes , quelques ccliques bi-
lieufes, quelqites dyfl'enteiiesinflammatoires
Hi hilieufes.
Mais peu de malades.
Le nombre des morts 4; , dont 21 males.
ijmMmsm>^^*-ijmia^mm>m^M^mmm:!ssi.:m'
ei"
ii neigi
de 1784
S O - LO G I <iu k s.
n. 16'
.ition atontinue a etre bilieufe
, fiir-toat vers la fin du mois.
bferve loutes les maladies du
mt.
des mllades a ete grand fans
able.
; des mt>rts 41 , dont 24 males.
,3 6e
/ * , catharra.c; a ctt la dcmmanie.
P^'^/umes, des fluxions phlegmo-
re 'leig^igj erefipellateufes ; des affec-
la P'UiejT^algs fafis fievre ont ^te les
lus frequentes.
^e queiques fievres quartes ,
(de ventre fereux, queiques
juelqueS fauffes pleurefies ,
tlques fans fievre, des cepha-
ots laiteux aigus & chronlques.
pbre des nialades a ete peu
les inorts 30, dont 16 niales.
Suite DU resume des Obfervations meceoro-nofo-logiques^de 1784.
MO IS,
Plus grande
27 P« -8 1.
Mninttre,
; 7 po. I '•
Moycnnc ,
^7V". 5 1-
Plus gr.indc
271'".7I.9"
MoincJrc,
26i'0. II i. 6'
Moyenne,
27P0. 4I. II'
T H F F M O-
METRE.
Elevation
plus grande
Moindre,
Moyenne,
Ceux du N
danslepremier
tiers du inois
Lc S & 10
dans k-s deux
autres tiit^-
Ceux du SO
foiivcni i"^*
olcns.
jV £ 7 i o ii £ 5.
Un broiiillard peu ^pai
& de pcu de duree le 3 I
Dix foisde la pluiedans
Ics derniers jours du mois ,
raais peu torte.
Deux otages avec ton-
ntrre & pliiie,mais peu
coniidOrabks.
lie neis'-
I po. I I. 16"
Plus grande
il^vaiion,
Moindre ,
1+9". 6"".
Moyenne
1 + 14". 6"=.
OCTOBRE,
Plus grande I P'l'S grande
^levarion, I C-kWaiion
27P0. 81.
Moindre ,
27 po. I I.
Moyenne ,
i7Po. J). 1"
Plus grande
<^!(^vation ,
Moindre,
27po. |l.3'"=
Moyenne ,
27l'o. 41.
+ 21 ".
Moindre ,
Moyenne,
+ 14". 7"'
Plus grande
(iltJvation ,
+ II <'.6'**.
Moindre ,
+ H. 9"=.
Moyenne ,
+ 6<2'-\
Plus grande
elf^vation ,
27P0. 81. 9"'
Moindre ,
i6p'J. 10 1.3"
Moyenne ,
27P"-4'-3"'
DtCEHBRE.
Plus grande
^l^vaiion ,
i7ro,6i9"<'
Moindre ,
26. po. 61.
Moyenne ,
27 po. 9"'
Plus grande
iJl6vation
+ 9d. 9-
Moindre,
-I".
Moyenne,
+ 4''. 4"^
Cctiv (i» '
ont doming
Ijns le com
mencement du
[mois.
Ceux du N
dans Ic milieu.
& du SO fu
la fin, & onr
lite fouvent
violens.
I IliS CUUV
que Icrc
lans le cc
iiencementdu
mois.
Trcs'-fcrein
JUS le milieu.
Prefque tou-
lours couvcrr
fur la fin.
Plinc trcs-trequenrt d.m;
les n'?!]!" premiers jours du
mois & dans les quatorzt
derniers.
5 orages avec tonnerrc
& pluie, dont 4 dans les
premiers jours , & un le
dernier.
„cLi.\ du N
de IE ont
domint^ dans
cs 19 premiers
(ours.
Ceux dii S
& de rO dan:
les fuivans.
Les S , SO
OSO fouvent
petueux.
Frclque luu-l
jours ferein
dans Ics 18
premiers jours'
Sou vent cou
vert dans les
fuivans.
Ceux till N
ont doming
les 18 premiers
)0urs.
L'O & le SO
dans le rcftc
u mois.
L.CUX ti
Si de rO on
domine , l
cept^ du 3
9, & du 16 ii
!a fin du m
que I'E & Ic N
ont fouffle.
Mais tous avci
u tie violence.
Plus grande
(^l^vation,
+ 8«i. 6"S
Moindre ,
-8d. 3"^
Moyenne ,
-0. 4"^
1-reique luu
jours I'erein
dans la pre-
miere nioiti6
du mois.
Prefque tou
ours couverf
dans la I
conde.
BrouiUards pen epais
diins la phipart des mati-
nees du 5 au 27.
Pluic le premier jour du
mois & les di\ derniers.
Deux oiagcs, I'un le i"'.
r.nitrelc 14. Cclui-cia^ie
fort; il eft tonib<i un peu
de grcli?.
LiJgercs gel^es k blanc
dans les 1^'*. jours du mois
St cinq fois le foir.
De la pluie les 8 & 10, & dans
Ifis derniers jours du mois.
Un i>eu de neige Ics 15 , 16,
17 & 18 , mais qui fond promp
tcment.
Quelqiie? pelves J blanc&deux
j glace du II au 17.
C o y ST I T r T I o X
ATM MOSPH ER1QI.'£.
La conftltiition de Pair a
(il6 feche & fraiche dans K
commeilcement du mois.
Trcs-chaude & extreme-
ment fcche dans fon milieu
Fraiche & un peu humidt
uir la tin.
La tempiJrature a 6ti a
la moyenne ,
+ 16". 2"« : + 10.
3po.1i. 24"'
La conltitution a beau
oiip varit^; un peu humidt
Ijns le commencement, hu
midc fur la fin, feche dans
on milieu ; tr^s-chaude dan^
.1 premiere moitie , avec de-
ilternatives de fraicheur ,
rraiche fur la fin.
La temperature a it6 a b
oyenne ,
:-i- 14 •'.6"': + 10.
2P0.31. 4'"^
i_.i conltitution a ete
haude 61 huraide dans le;
premiers jours.
Trcs-chaude & feche du
■ .-/u 10.
Fraiche & humide dans le
efte du mois.
La temperature a et^
la moyenne ,
I po. lo'. 15'*''
Le ciel
;)rcfque toii-
[ours et^ coii-
'.crt oil nua-
i;eiix.
II n'y a eu
le ferein q
la valeur de
iuiit jours.
'=4'"='
Ceux du ^
les premiers
lours.
Du SO dan:
le milieu du
mois.
Du N hir ki
fin.
Le S & It
ONO fouvent
mpetueu\.
Una eti
lerein que la
valour de cinq
jouis , &: cou
vert ou nua-
^eiix tout le
refte du mois
le matin, & il y en a eu pen-
dant J lours cntiers.
II y a eu une tois du frinias.
Quatre fois de la neige, maii pen
abontlanie , & qui n'a pas lenu
Dix fois de la pluie, mais peu
aliondanic.
II a ge!e a blanc une fois, &
fcpt fois a giace.
11 y a eu une auroie botealc
blanche le i^.
Ipo. 61. 4'
DiOuiUard pentlant 4 matinees
di:u)i demi-journces fci une jour
nde entiere.
Pluie ahondarite pendant troi-
jouis ncipe pendant la valcui
tie unq. II en eft toii.be. i pi
1 pi,. 6 I. Elle eft rerti-e fur U
lerte du 1 1 au 30.
Un verglas de deuK jours St un
broiiiliarj iiiouillant , ont pr^-
tede & atcompagn^ un leger
li-gcl qui a cotnmcnciS ila fomtrc
Ic Jl.'
II a j;l-1.- :> r,Iace »lu 10 au 3.
I po. gl.7"■^
iournic par la
premiere neige
3; par U plme,
O B S E R V A.T I O N S
PnTSIQVE^ ET tCOyOMlQLES. '''' O S O - t O C I , f I s
La lauchaii'on s'eft achcvce dans les premiers jour>
du mois.
La moifTon des fcigles & des fromens a commenci-
le 1 3 , dix jours avaiil Tipoquc de Ion ouverturc ordi-
Je tou!
ti prkoce des orges a nfcetlii^ de les
moilTonner en meme temps. Les avoinej un pcu pltl^
Les fci°l<s & les fromcns ont hi tres-abondans &
IS. Les orges en ttii-pctitc quantitc. La paillc
i grains a eii de moitie plus coutie qu'i I'or-
Les legumes, les nave«es d'iti ont avoni prefque
en TotalTte. Les pluies de la fin du mois ont un pcu
tavorife la vegiiation du mais.
Les vignes qui out paff* fleuf dans les derniers jours
de Jiiin , font en pleine v£g<it3iiQn,fi(, promcttent une
Bonne rijc.jlte.
Lci cenles ont id pen abondantcs. Les roix ont
pu ^ire conlites , & les abricois one cte mis en vente
d^s le ti.
La plitpart des atbrcs de nos promenades ont perdu
urs I'euilles d^s le milieij du mois.
On a vu tti»-[ieu de cailles & de pi;rdrix,
Le nombre cici naiiTances 64, dont ]7 lemclles.
La muilVon des avoines s'clt faite dans les
prer.iierb jours du mois.
Comme elles t^toient coupees pour la pKi-
part & non ramalTces avant les pluies, il y
en a eu beaucoup qui ont germe. La r^colte
a^t^ beaucoup au delTous de la mediocre.-
Le chanvre male a donn6 tr^s-peii.
Le froment ^toit d'y plus pefant qii'i Por-
dinaire.
II n'y a prefque point eu de prunes, &
peu de pech'.'s.
Les hirondelles font parties fur la fin du
mois.
On a commence avec fucces Ics labours.
Le nombre des naifTinces 6^ , dont ^6 fern
leul'lcs dc vignes y
geot dani quelqjes
^.s.EI' ' -
& i
ont mis ce (ju'on nomme le roU'
nion5;eequi a ncciliti Icsven-
dangcs. Elles fe fotit faiies dii le 10 dans le Beaunois .
lie
La conUiiuiiun ifuide 6
humide dans les premier:
jours , puis tempt'ree & hii
mide , puis froide & feche ,
a ^l^ fur la fin du mois fori
ide & eitrcmement humide.
La temperature a ^t^ a
la moyenne ,
" : +6. -.■" : +10.
La Conltitution cunlLi
ment tres-humide & excef-
fivement dans les derniers
jours du mois, a ii6 froid
dans ics 1 [ premiers jours ,
fraiche dans le milieu du
mois , & tr^s-froide fur la
fin.
L.i reinpi.'ratnre a ete a la moiennc.
1 ; +4- 4"* *. + 'O-
Toujours humide , fou-
vent avec exc^s dans la pre-
miere moitie du mois.
Totijours froide , raai;
tres-froide dans le milieu,
ic exceflivement fur la fin
La temperature a et^ a la
moyenne,
" : — o. 9'" '. + 'o-
. r^ni plm atonJ.ini qoo Ic. autre.
riicoltc eft au delTus dc Tannic commune.
Le taifin eft bien mvir, la fermentation s'eft faitc
prompiement. Le vin promet d'etre excellent.
Les labours ont continue avec facility , & les femailles
int commencd des le 11.
Le glbier de toute efpice e(V Itis-tare.-
On ne voit plus d'hirondelles dSslcs i'*. jouri du moii.
LiL nombre des nailTances 1;^, dont 13 f^'mcllos.
La conftltiition a continue k circ bilieufe
catharrale, Inr-toil vers la fin du mois.
On y a oblerve :outeS Ics maladies du
mois precedent.
Le nombre des milades a itc grand fans
etre confidtJrable.
Le nombre des mifts 41 i dont 24 males.
L.i conlbimion mabdive a continue .1 etie
bilicule & cuharrale, mats participant plus
du premier carailere tans le commencement
u mois, plus du fccond fur la fin.
Dans le commencement on a obfcrvii
quelques ficvres ardentes , quelques fievrcs
bilieufes , des putridss, des vermineufe?,
des tierces, des doubles tierces, doniplu-
lieurs font devenues continues, riSmiilcnies
& maligncs.
Surla fin des fluxions, defanfl*e5pleurt^fies,
des fievrcs quartes & quelques apo[)lcxics*
Le nombre des mahdcs a eni peu con-
fidcrahle.
Le nombre des ffloris 5 1 . dont 27 males.
La conlliturion continue A paiiiciper (Ic
la bilieufe & de la catharrale, maJs plus de
celle-ci que de I'autre.
On obfer\e plus de maladies culinrr.llci
que U'aitlicA.
Quciques fievrcs tierces , tri:s-pcu dc
fievres quartes.
Quelques depots laiteux.
Quelques fievres milignes putrldcs.
II y a peu de malades.
Le nombre des morts 54 , dont 29 m.lles.
La recolte du mjis a ete tort mauvaile
Cellc des poires affez abondante, mais on
n'a prefque point eu de pommes.
Les femaillcs oni contmui- a fe fjire avec faciliid
St les grains femts Ics premiers ont bien gcrmc.
Les arbres font totalemeot depouillis de fcullles.
Les corbeaux font arrives dis !es premiers jours du
mois.
Le nombre des naifTanccs 57 , dont 15 fumelles
Les lemailles ont ete achevecs de bonni
heure.
Les grains les derniers femes orit mal germe
& promettent peu.
La recolte du chenevi fem^ tr^s-tard, ne
s'eft faite que dans les premiers jours de ce
mois. Elle a ete affez abondante. Les tiges
ont ere belles, mais trcs-fragiles ; cela fait
cr.-iindrc que le chanvre ne foit cafTant.
Le nombri: des natlT-mccs ^8 , doni 18 fcmclle*.
La vegetation eft arretee. Les bleds au-
roient beaucoup fouffert du froid fans la
neige qui les a converts , & ce meteore a
favonfe le developpcment du fanage des
derniers femes.
Le nombre des naiffanees JO, dont 24 fe-
melles.
La coriHituiKJii a etii caiharrale.
II y a eu beaucoup de rhi'imes, des alTec-
tions rhumatifmales aigucs , quelqUes fauffts
pleureiies, quelques flux de ventre , quel-
ques apoplexies fereufes , quelques fievres
quartes.
Mais en general peu de maladies & de
malades.
Le nombre dfs mnrfs (^4. Honf 7.0 mT'lcs.
La conltitiui'jn c.iihatiale a cuiumue a
doniincr.
Les maladies qui ont dti obfervees ,
etoient les mijtnes que celles du mois pre*
cddent.
On a vtiplii5de fievres quartes, fi: quel-
ques Ieuco-phle{;matics.
Le nombre des malades a ete peu con-
fuierable.
Le nombre des mnrfs 44 . dont 16 males.
De gros rhiimes , des fluxions phlegmo-
neufes 4 quelques erefipellateufes ; des affec-
tions rhumatifmales fans fievre ont ete les
maladies Ics plus frequentes.
On a obfervc- quelques fievres quartei ,
quelques flux 'de ventre fereux, quelques
dyfenteries , quelques faufl'cs pleurefies ,
des points erratiques fans fievre, des cipha-
lalgies, des depots laiteuxaigtis Si chroniques.
Mais le nombre des malaJes a 616 peu
confuierable.
1 . n. nilr.- Jcwrorrs ^o , dont 16 males.
■TinT T-«»— »««J-g
TABLE
Des matzeres contenues dans les diux
Semejlres de iyS4.
Lis chiffris mis indiquent Us pages die premier
Semejlre, & ceux qui font precedes dune *
celles du Jecond,
A
A
c I D E BORAC I N. 11 cnleve le barote
a I'acide muriatique, * 155.
^cide nitreux. Son adtion fur Tor, * 133-
150; elle n'eft point mechanique , * 140;
clle elt chymique , * 147; elle eft due a
line fubftance que ., en differentes circonf-
tances , cet acide contient, * 149.
'Agaric de chine , * 85-95 * ^3 delcription ,
* 87 ; fa nature , * 89 ; efpece particuliere
de ce v^g^tal, * 91 ; fes vertus, * 91-95.
^Analyfe de I'eau du lac de Cherchiaio , * 151.
Arbres etrangers \ moyen de les multiplier , * 7.
Arcy y Village de rAuxerrois; fa defcription,
35, fes grottes, 33.
Autemne, Caradere de cette faifon, * 234.
B
Sarometrs, Conilderations' relatives a cet
^ R
i) Table
inflniment , 89. Moyen imagine par Mi
Legaux , pour en prendre la veritable hau-
teur, 92. Effets de la chaleur fur le mer-
cure contenu dans cet inftrument , 93.
Moyens de les efrimer , ibid.-\oo EfFets
de la diverfe dilatablite des difFerentes
eipeces de verre fur la hauteur du mer-
cure dans le barometre, 100-105. Correc-
tion thermometrique a faire aux barometres
nouveaux , 105; aux barometres anciens ,
1 07.
Bateaux. Quantite qui pourront paffer fuc
le canal de Long-Pendu , en difFerentes
faifons, 164.
Borborygmes : traites par I'eleftricite, 27.
Boues des canaux. Moyens d'en prevenir
I'amas , & de s'en debarraffer , 177.
Boutin : ce que c'eft, * 192 : fes eiFets , * 193.
Brciullard de lyS^ , * 66-79. Epoque de fon
apparition; fa duree, * 6'j-6<^', its qua-
lites, * 70 : experiences , * 71 ; explica-
, tion de fa nature, de fon origine , des
phenomenes qui I'accompagnent , * 74-79.
Calcul biliaire. Obfervation d'une gue-
rifon , * 10.
Canal du Charolois, Son trac^ , 184.
Cai^racle. compliquee de la difFolutlon du
corps vitre , * 202-204. Catarades bran-
Jantesi comment doit-on les trailer, * 202-
204.
D E S M A T I E R E S. iij
Chafe defendue, *!}').
Chryfahdis des vers a fole ;• moyen de les
faire perir fans endommager la loie ,
* 80-85.
Confiituuon de I'annee ; Athmofpherique ,
*2.34. Maladive , * z}6.
Co7itagion de quelques elpeces de fluxions de
poitrine, * i. Precautions a prendre pour
s'en mettre a I'abri , * 6.
Eau. Eftimatlon de celle qui , dans les
canaux , fe perd par les evaporations &
les filtrations , 159; de celle qui fe perdra
dans le canal de Long-Pendu , 160-164.
Moyens de prevenir les fuites de cette
perte, 168-171.
Eaux bourbeufes. Moyens d'en empecher I'in-
trodudion dans les refervoirs , 180.
Eaux des rivieres, des e tangs ^ lacs ^ &c. ne
commencent pas a fe geler par le fond de
leur lit, * 188.
Ea'u du lacde Ckerchiaio. Ses qualites phyfiques,
* 152 ; fon analyfe par les reaftifs , * ibid.-
156; par levaporation, * 156-158. Prin-
cipesqu'elle contient, * I 58-161. Analyfe
du depot de cette eau, * 159. Conjec-
tures liir fes proprietes medecinales ,
* 161-162.
Eaux fauvages '. leurs inconveniens dans les
canaiix, 177, L'emplacement cUoili pouc
Ri)
iv T ^ B L B
le Canal du Charolois, met a Tabri de ces
inconveniens, 179.
Bieciricite. Id^e qu'on doit en prendre rela-
tivement a reconomie animale, l; fon
efFet fur le pouls , 3 & 6 ; fur les tubes
capillaires , 4 ; fur la chaleur , 6 ; fur la
maffe humorale , 8 ; fur la tranfpiration ,
ibid, ; par bain , 6 ; par commotion , ibid.
Maladies traitees par I'eleftricite , 9-32.
Epilepjie : traitee par I'eledricite, 13 ; guerie
par un feton, 149.
Epiploons, *95-i32 ;leur defcription, * 98- 1 04;
leurs attaches, leur ftrudure, * 105-116;
leur ufage, * 1 16-132. Le grand Epiploon,
* 98 ; le petit , * 1 10 ; le colique , * 1 14.
Efprit de. tircbenthine. Ses efFets fur les chry-
falides des vers-a-foie, & maniere del'em-
ployer, * 83.
EtL Cajaftere de cette faifon en 1784,* 233.
Experiences de M. de Morveau , pour ^valuer
la quantite de gas acide mephitique , 85;
du meme , fur I'acide nitreux comme
diflblvantde Tor, * 133 ; de M. Godard ,
fur la congelation, * 183.
Fro ID. Ses cffets fur le corps humain^
GAs acide mephitique, Mayen d'cn evaluer
DES MATIEREi. V
la quantity qu'en tiennent les eaux , 8f .
Glacis jiottantis des rivierss , * lyS-lOi. Opi-
nion , fur leur origine , de Hales, * 179;
de rAbbeNollet, * 181 ; de M. Oefmareft ,
* 182; de M. Godart, * 183-202. Obser-
vations & experiences fur lefquelles
celle-ci eft fondee, * 183-186, 194-196.
Comment elles fe forment,* 188 & fuiv.
* 191-201. Pourquoi font- elles plus abon-
dantes par un froid mediocre, * 20 1.
Glace formee en aiguilles , a la fuperficie de la
terre , * 163 - 178. Circonftances dans
lefquelles on I'a obferV^e , * 164-167.
Caufe de fa formation , * 167-176. La
nature du terrein y concourt , * 175.
L'evaporation la produit , * 176.
Grottes d'Arcy. Leur defcription, 33-36-81;
leur temperature , 81. La fature de leurs
eaux , 82. Leur ^tendue , ibid,
- H
Ha n If ETON s. EfFets de leur grande quan-
tite , * 233.
Hijioire meteoro-nofo-logique , I90-215 * 2O7-
231. Refum6 general de celle de Tannee
1784, * 231-239.
Hii/er> Carafteres ^e celui de 1784, * 232.
L^c de Chtrchiaio, Analyfe de fon caU;> * 151.
vj Table
Luxation des OS du baflin, 151-159;
M
Malad T E s qui ont regn^ en 1784, *236.
Mcrcurc. Etfets de la chaleiir fur fon vo-
lume, & moyens de rellimer , lOO-lOj.
Mons. Leur nombre , * 236-238.
Murs. Comment on doit regler leur epaiffeur,
* 28 - 66. Opinions , de M. Bullet , * 29 ;
de M. Couplet , * 3 1-36. Examen de cette
opinion, '^ 37-44 ; de M. Belidor, * 44-
45. Reflexions' fur cette opinion, *46;
de M. de Vauban , * ibid. Reflexions fur
cette opinion, *47;celle de I'Auteur,
* 48-66 ; (qs experiences, * 50-57. Effets
des talus , * 57-66.
*
N
No SToc. Ce que c^efl: , * 1 3-27. Noms que
lui ont donne ies Botanilles , * 15 ; leur
opinion fur fa nature, * 16-18-19. Opinion
de TAuteur , * 20-27. Obfervations fur
cette fubftance , de Bartholotius & de M.
de Necker , * 27. Epoque de I'annee oil il
paroit, * 16; proprietes qu'on lui a attri-
buees, * 17.
o
Ob s ERVAT ION s baromiiriques, Moyens
DES MATIERE5 vij
de les debarraffer de I'influence thermo-
metrique , 108-125.
Obfervations fur line catarade compliqii^e de
la diffoliition dii corps vitre, * 203. Trai-
tement employe , * 204. Operation de la
catara6te faite en deux temps , *206;fuB
la guerifon d'un calcul biliaire , * 10;
fur celle d'une epilepfie , 131,49.
Os du boffin. Leur luxation, 151. Obferva-
tions de cette luxation par Baffius , 152;
par M. Philippe , ibid, par M. Enawx ,154.
Paraly SI ES trait6es par Teledricite , 22.
Printimps. Caradleres de celiii de 1784, * 2321;
R
Ra Cl n es dis arhres. La plantation d'un
morceau de racine eft un moyen de mul-
tiplier les arbres etrangers, *^ 9.
RUoltis. Leur qature , leur epbque , * 233^
234. Caufe de leur plus grande ou moiu-
dre abondance , & de leurs qualites , * ibid.
celles de I'ete, * ii-zW. celles de lautomne,
Rhumatifmes : traites par I'^leftrlcite , 17.
Roidmr dcs membres : traitee par I'elediricite^
20.
S
Sai SONS. Leur influence fur les vegetaiix ,
\» y\i) Table.
• 232-135 ; fur les animaux , * 235-238.
SemailUs : des mars , *232; des fromens ,
*235.
Sol dit fpif{ber§. Caufe de fon Elevation ,
*I77.
T
r<z^/^ ^« correction thermometriqiie du baro-
metre , par M. Legaux , 93 ; iiniverfelle ,
par M. Buiflard , 141- 148 : fon ufage, 126-
139; pour chaque jour , 114.
Vanne a conftruire an pertuis des re-
fervoirs du canal de Long-Pendu, 171-177.
Vendange. Son epoque & fes qualites,* 234.
Fin dc la Tabu des ma t teres .
APPROBATION.
N
O U S fouflignes Commiflaires nommes par I'Aca-
demie de Dijon , en execution des ordres de Monfeigneur
le Garde de Sceaux , avons lu les Memoires compofant
les premier & fecond Seme<lres de cette Academie
pour I'annee 1784 ; & nous n'y avons rien trouve qui
puiffe en empecher rimpreflion.
A Dijon ce 12 Janvier 1785 . Signe ^ de Morveaw
& Maret.
Le privilege fe tromi a la fin du Shncjire d^
Juillet ijSz. ^-—^