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Full text of "Nouveaux mémoires de l'Académie de Dijon"

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(^ '  S(^  /  ^  t" 


NO  UVEA  U X 


li  E 


DE  L'ACAD£MIE  DE   DIJON, 

POUR  LA  P ARTIE  DES  SCIENCES  ET  ARTS;, 


PREMIER     SEMESTRE,    1784. 


A      DIJON, 

^H^r  CaUSSE,  Imprimeur-Libraire  de  TAcademie  des  Sciences; 
(place  St.  Etienne. 

"         M.    Dec.     L  X  X  X  I  V.        ^ 

Jivsc  approbation  &  privilege  du  Roi, 


TABLE 

DES      CHAPITRES. 


o 


B S ERVATIONS  fur  teUBricitc  mid'icah , 
par  M\  CarmoY  ,  Docieur  en  Medccine  a 
Paray-U-Monial.  Pag.   1'^. 

D  ESC  Ri  PTION  des  Grottes  d""  Arcy-fur-Cure  , 
fuivic  d'obfcrvatlons  phyjiques  ,  &c.  par  M\ 
Pazumot.  33. 

MeTHODE  facile  pour  mefurer  la  quanthe  de  gas 
acide  mephitique  contenue  dans  les  eaux ,  par 
M'.  DE  MORVEAU.  85. 

Ta BLE  baro-thermomltrique  univerfelle ,  &c. par 
M\  BUISSARD.  89. 

Observation  fur  la  guirifon  d'une  IpiUpfie  , 
par  M.  MaRET.  1 49. 

Observation  fur  la  luxation  des  as  du  bafjln , 
par  Mr.  Enaux.  151. 

Seconde  panic  du  MeMOIRE  fur  les  operations 
faites  pour  parvenir  au  projet  du  Canal  de 
communication  de  la  Saonc  a  la  Loire ,  par  M''. 
Gauthey.  '  159. 

Hi  ST  O  I  re  meteor ologique  pour  tannic  tyS^ , 
premiere  partie ,  par  M.  Maret.  190, 


EXPLI C  ATI  ON 

Des  figures  des   Grottes  d'Arcy, 


PLAN    D  E    CES    GROTTES. 

1.  Veftibule  convert  par  le  bois. 

2.  La  porte  ou  entree  des  Grottes; 

3.  Second  veftibule, 

4.  Premiere  falle. 

5.  La  gallerie. 

6.  Le  Trou-Madame; 

7.  La  laiterie. 

8.  Le  precipice. 

9.  La  vierge  ou  le  petit  pults; 

10.  Les  trophees. 

11.  La  coquille. 

12.  Deux  magnifiques  grouppes. 

13.  Les  deux  trous. 

14.  Les  deux  piliers; 

15.  La  falle  du  bal. 
i^.  La  falle  des  orguesi 


17.  Les  orgues. 

18.  Le  pilier  fufpendu. 

19.  La  fontaine. 

20.  Le  bourbier. 

21.  Le  calvaire. 

22.  Le  pain  de  fucre, 

23.  Plufieurs  belles  ilalagmites. 

24.  Le  pilier  dii  Prince. 

25.  La  grotte  blanche. 

26.  Bloc  ifole. 

27.  Stalagmite  haute  de  fept  pleds. 

28.  Le  c^notaphe. 

29.  Le  berceaii  ou  le  parterre. 

30.  Le  goulot. 

31.  Salle  de  la  cafcade. 
32-  Le  lavoir. 

33.  Le  Trcii-Monfieur. 

34,  L'etang. 

COVFE   oe  ces   grottes. 

1.  Entree  dans  le  roc. 

2.  Porte  des  grottes. 

3.  Defcente  fort  rapide. 

4.  Entree  de  la  falle  de  l'etang; 


5.^  Le  Troii-Madame; 

6.  Petit  puits  au  deffoiis  cle  la  vierge." 

7.  La  coquille. 

8.  L'un  des  deux  trous  qui  font  pleins  d'eau. 

9.  Les  deux  piliers. 

10.  La  falle  du  bal. 

11.  Les  orgues. 

12.  Le  pilier  fufpendu  avec  le  coeur  de 

boeuf. 

13.  Pilier  pres  la  Fontaine. 

14.  Paffage  has  &  ferre. 
ly.     Le  calvaire. 

16.  Le  pain  de  lucre 

17-  Le  pilier  du  Prince. 

18.  La  grotte  banche. 

IP.  Stalag^^te  ifolee  &  plac^e  au  milieu  de 

20.  Les  berceaux  ou  le'parterre. 

21.  Troii^^qui   communique   i  la  derniere 

22.  Riviere  de  Cure. 

Figure  Premiere,  coupe  en  travers  de  k 
P^ece  appellee  la  gallerie.  * 

^^G^'ii^2,  ilalaaitesdelalaiterie. 


^Figure  j;  coupe  du  plafond  de  la.  piece  qui 
fuit  la  falle  du  bal. 

Figure  4 ,  les  orgues  &  le  pilier  fufpendu. 

Figure  6 ,  grouppe  de  ftalaftites  formant 
baflin  ,  vis-a-vis  le  pain  de  fucre. 

Figure  6",  entree  de  la  caverne  nommee  la. 
Roche  creufc  pres  les  entonnoirs,  a  2OO 
toifes  des  Grottes,  Voyci  k  Memoire , 
pag.  6y. 


ERRATA 

Pour  U  fccond  Semejlre  de  tannee  iyS;^l 

Pag.  192  J  lign.  7,  fubftance  Hqueufe  ,  /i/e^f ,  ligneufe; 

Pag.  194,  lign,  II ,  affez  developpes,  /i/e{,  enve- 
loppes. 


£  M  O  I  R  E  S 


D     E 


rACAD^MIE   DE    DIJON; 

ANNEE       1784, 


PREMIER    StMESTRE. 


OBSERVATIONS 


SU  R     LEL  E  CT  RI  C  I  T  E    MEDICAL  Ek 


Par    M,    Camoy. 

E  faeces  de  I'eledtricite  relative  .1 
I'economie  animale ,  eft  encore  im 


!>  ^  r^J|probleme.  Plufieiirs  dedaignent  ce 

^^^^  noiiveau  moyen  dont  Te  fert  la  me- 

decine;  d'autres  partifans  outres  eri 

font  iin  remede  univetfel.  Si  les  premiers  font 

iniuftes,il  faiit  avoiier  aiiffi  que  renthotifiafme 

A 


2  ACADEMIE 

des  feconds,  Texageration  de  leur  flicces,  lat 
fauffetejOu  au  moins  le  rapport  plus  qu'e- 
quivoque  du  moyen  a  I'efFet  ,  Infpirent  en 
general  beaucoup  de  defiance  fur  la  verite 
des  guerifons  eleftriques. 

II  eft  cependant  des  ohfervations  qu'on  ne 
J)eiit  revoquer  en  doute ;  &  quelques  expe- 
tiences  ,  ou  fauftes  ,  ou  peu  probantes ,  ne 
peuvent  pas  detruire  les  confequences  qui 
refultent  de  certains  faits  bien  averf^s. 

Les  tentatives  font  fouvent  infrutiucufes, 
mais  elles  ne  doivent  pas  decourager.  Nous 
fommes  peu  inftruits  fur  les  caufes  &  le  fiege 
des  maladies.  La  marche,  I'adion  de  la  ma- 
tiere  eledlrique  fur  le  corps  humain ,  font  en- 
core tres-obfcures.  Comment  decouvrira-t-on 
des  regies  fixes,, fur  le  genre,  Tefpece,  &  les 
circonftances  des  maladies  qui  peuvent  etre 
du  refTort  de  Teleftricite  ,  fi  Ton  ne  fait  d'im- 
menfes  recherches. 

On  a  deja  fait  des  decouvertes  utiles ;  ce- 
pendant on  ne  doit  point  adopter  indifferem- 
ment  tout  ce  qu'on  a  public  de  Tadlion  elec- 
trique  fur  le  corps  humain.  .^ 

On  a  annonce  que  Teleftricite  augmentoit 
Je  nombre  des  battemens  dupouls,  on  en  a 
meme  fixe  la  difference  a  un  feptieme.  Le 
contraire  neanmoins  eft  aife  a  demontrer.  On 
a  attribue  a  Feledricite  une  acceleration  qui 
€n  eft  tout-a-fait  independante.  Le  pouls  efl 
fubordonne  a  une  multitude  de  caufes  phy- 
fiques  &  morales,  qui  en  changent  a  tout  inf- 
|ant  la  facon  d'etre. 

Etant  a  jeun^  mon  pouls  battoit  par  minute 


b  E    Dijon;  'iy^4^.  ^ 

63  fois ;  les  inftans  fuivans  62 ,  64,  66;  iin 
autre  fujet  80,  85  ,  82;  un  troifieme  94 ,  & 
la  minute  fuivante  105.  Je  pourrois  multiplier 
ces  exemples  a  I'infini ;  je  fais  abftradion  de 
toute  caufe  fenfible ,  de  tout  mouvement  ac- 
ceffoire  capable  d'augmenter  plus  ou  moins 
le  cours  du  fang;  il  n'eft  pas  meme  n^ceffaire 
que  ce  mouvement  foit  grand  pour  produire 
beaucoup  d'effet,  la  limple  attitude,  etre  dc~ 
bout  ou  ajjls  ^  en  produit  un  confiderable. 

Etant  aflis,  mon  pouls  battoit  60,  64,  66 
fois  par  m.inute ,  &  auffi-tot  apres  debcut  pen- 
dant autant  de  temps,  72,  74,  76;une  autre 
fois  affis  ^66  ,%L  debout  79 ,  &  auffi-tot  apres 
afiis  ,  66.  K)ne  autre  perfonne  affife,  80,  ^"^  j 
&  debout  pendant  deux  autres  minutes,  98, 
99.  Une  autre  affife ,  87 ,  &  debout  94.  Autre, 
affife ,  74 ,  &  debout  86.  Autre,  affife ,  en  deux 
minutes  confecutives  ,  56,  60  ,  &  debout  67, 
68.  Autre, affife,  88  ,  &  debout  108.  Le  fait 
eft  general ,  &  foufFre  peu  d'exception. 

Le  pouls  varie  done  tres-naturellem-^nt ;  &: 
pourquoi  en  attribuer  les  changemens  a  I'elec- 
triciie  ?  Le  pouls  s'accelere,  ou  diminue  ega- 
lement  avec  ou  fans  Teleftricite.  Parmi  un 
grand  nombre  d'experiences  ,  j'en  ai  note  k 
peu  pres  au  hazard  1 5  ,  en  comparant  le  pouls 
(^ledrife  avec  celui  qui  ne  Tetoit  pas.  5  ont 
donne  egalite,  5  autres  augmentation,  &  les 
autres  5  une  diminution  dans  le  nombre  des. 
pulfations. 

Mais  fi  Teleftricite  n'augmente  pas  le  nombre 
des  pulfations ;  fi  les  mouvemens  de  Tarter® 

A  ij 


4  ACADEMIE 

font  a  tous  egards  entierement  les  m^nie^ 
que  dans  I'etat  non  eleftrique  ,  comment 
pourra-t-on  recorder  cet  effet  avec  I'accele- 
ration  des  llquides  qui  s'ecoulent  par  des 
tubes  cajjillaires  ?  Le  corps  humain  n'a-t-il 
pas  une  infinite  de  capillaires  ?  L'ele6l:ricite 
ne  doit-elle  pas  y  produire  un  exc^s  de  vi- 
teffe  ?  Le  fang  devroit  done  retourner  au  coeur 
en  moins  de  temps,  fes  mouvemens,  &  con- 
fequemment  ceux  des  arteres,  devroient  done 
€tre  multiplies. 

J'ai  repete  bien  des  fols  Tecoulement  eleC'^ 
trique  des  tubes  capillaires ,  jamais  je  n'ai  pu 
obtenir  de  refultats  conflans.  Les  memes  va- 
riations fe  rencontroient  dans  les  tubes  non 
eleftrifes.  Dans  les  deux  cas,  j'ai  trouve  ega- 
lement  de  I'acceleration  ,  de  la  diminution  , 
ainli  que  de  I'egalite.  Les  engorgemens  fe 
font  aifement  dans  les  tuyaux  de  ce  calibre. 
L'air,  ainfi  que  les  niatieres  etrangeres  qu'il 
contient,  font  bien  propres  a  les  y  produire. 

L'adion  eledrique  fur  les  liquides  ne  pent 
cependant  fe  revoquer  en  doute.  Un  tube 
qui,  fans  etre  ele£l:rife,  ne  laifle  tomber  que 
goutte  a  goutte  le  liquide,  fait  un  jet  con- 
tinu  &  divergent  lorfqu'il  eft  eledrife ;  mais 
il  eft  vrai  que  la  goutte  eft  groffe  &  maftive, 
&  que  le  jet  refultant  de  I'operation  eledri- 
qus  eft  tres-menu.  La  diminution  de  mafle 
tompenferoit-elle  Texces  de  vitefl"e  ? 

Si  la  pefanteur  n'eft  point  affez  forte  pour 
faire  tomber  une  goutte  de  liqueur  qui  ad- 
here a  un  corps,  I'eledricite  en  procure  la 
chute,  ou  au  moins  cette  goutte  s'allonge  en 


D  E    Dijon;  77^^:  5 

fjorme  de  cone  renverfe ,  &  tremoiifie  tant 
que  dure  Toperation.  Eft-ce  aux  corps  voi- 
fins ,  au  milieu  ambiant  charge  de  corpuf- 
cules  deferens  qui  exercent  une  attraction , 
(i)  ou  bien  eft-ce  a  I'iinpulfion  du  lluide 
eledlrique,  ou  enfin  a  cette  pretendue  repul- 
fion  des  parties  eledrifees  d'une  meme  fajon, 
qu'eft  du  I'effet  dont  il  s'agit  ?  Si  cette  re- 
puHion  eft  reelle  ,  comment  fe  peut-il  que 
les  diverles  &  oppofees  diredions  qui  en  r^- 
fultent,  ne  diminuent  pas  le  mouvement  pro- 
greffif  de  tout  ie  Jiquide  qui  s'ecoule?  Ce- 
pendant  il  eft  certain  qu'il  eft  le  mcme  dans 
ies  tubes  non  capillaires,  &  qu'oii  afiure  qu'il 
eft  accelere  dans  les  capillaires.  Quoi  qu'il 
en  foit  de  ce  dernier ,  il  paroit  certain  qu'il 
ne  pent  pas  avoir  lieu  clans  les  capillaires 
humains ,  puifque  le  pouls  n'eft  point  acce- 
lere ,  a  moins  qu'on  ne  veuille  que  Taccele- 


(  I )  Si  Ton  fait  ecouler  de  I'eau  paf  un  fiphcn  d'uii 
tres-petlt  diametie ,  Feau  ,  malgre  releclrlfation  ,  ne 
tombe  que  goutte  a  goutte  ,  a  la  verite  plus  rapprochees 
que  quand  elles  tombent  fans  le  fecours  de  I'eleftricite  ; 
mais  en  meme  temps  on  obferve  que  les  gouttes  font 
pioins  groffes.  Si  on  approche  d'elles  un  corps  metal- 
lique  fur  -  tout ,  il  fe  fait  un  jet  continu  ,  mais  qui 
quitte  fa  direftion  naturelle  pour  s'approcher  du  corps 
metallique  dont  il  s'agit  ;  rattra«3:ion  eft  vifible  ,  ainfi 
que  le  jet  qui  en  r^fulte. 

Et  fi  I'ecoulement  total  en  eft  accelere ,  le  voifinaga 
du  corps  metallique  en  queftion  n'y  eft-il  pas  au  mcins; 
pour  la  principale  caufe  ?  ne  feroit-ce  pas  meme-la  la 
circonftance  qui  accelere  uniquement  les  ecoulemen^. 
Cfipillaires ,  fi  reellement  cette  acceleration  a  lieu  ? 

A  iij 


6  ACADEMIE 

ration  ait  lieu  dans  des  capillaires  d'lin  cePr 
tain  diametre,  &  la  diminution  dans  certains 
aurres ,  au  moyen  de  quoi  I'exces  des  pre- 
miers feroit  compenfe  par  le  retardement  des 
autre.s.  Cette  idee  ne  feroit  pent  etre  pas  de- 
nuce  de  fondement ,  puifqu'un  grand  Phyii- 
cien  a  obferve  que  les  capillaires  d'une  demir 
ligne  retardoient  recoulement  eledrique  des 
liqueurs. 

L'eleftricit^  qui  n'augmente  point  les  bat- 

•  temens  du  pouls ,  eft  celle  qu'on  nomine  par 

hain.  Si  on  Tadminiftre  par  commotion  ^Ye^et 

eft  different ,  le  pouls  augmente  reellement  de 

yiteffe. 

Le  pouls  battant  naturellement  par  minute 
88  fois ,  bat  par  commotion  99  fois  ;  cette 
regie  n'eft  pas  fixe ,  &  doit  varier  comme  le 
pouls  naturel ;  mais  Tacceleration  eft  gene- 
rale  ,  &  a  peu  pr^s  dans  la  proportion  ci- 
defifus.  Les  battemens  deviennent  plus  nom-t 
breux  de  huit,  dix ,  &  meme  treize.  Deux 
fois ,  mais  fur  tin  tres-grand  nombre  d'expe- 
rientes,  j'ai  trouve  de  la  diminution  dans  le 
nombre  des  battemens,  ce  qui  s'accorde  tou- 
jours  avcc  la  variation  naturelle  du  pouls. 

Mais  doitron  attribuer  cette  acceleration 
a  Tel  ftricite  comme  telle,  ou  bien  a  la  fe- 
couffe  douloureufe  qu'elle  produit  ? 

Si  Tcledricite   n'augmente  pas  \qs  pulfa- 

tions ,  aufii  n'augmente-t-elle  pas  la  chaleur. 

.  (i)   De  18  experiences  fur  cet  objet ,   15 

(  I  )  Ce  n'eft  pas  qu'on  puiiTe  toujoiirs  conclure  de 
^'augmentation  du  mouvement,  a  la  chaleur,  &  vice 


D  E    D  I  T  o  N ;  /7<?4;         J 

donnent  egalite,  &  2  de  raugmentation ,  i 
de  la  diminution.  II  paroit  qu'il  en  eft  de  la 
chaleur  humaine  comme  des  pulfations ;  elle 
n'eft  pas  toujours  la  meme,  quoiqu'en  appa- 
rence  dans  les  memes  circonftances.  J'ai  place 
un  thermometre  dans  la  main  pendant  line 
heiire.  La  main  etoit  dans  un  manchon  ferme 
des  deux  cotes ,  il  n'y  avoit  d'ouverture  que 
pour  laiffer  paffer  le  tube.  La  liqueur  monta 
a  29  degres.  Le  degre  etoit  le  meme  20  mi- 
nutes apres.  Les  circonftances  apparentes  ref- 
tant  les  memes ,  la  temperature  de  Tapparte- 
ment  pareil ,  &c.  la  perfonne  n'appercevant 
aucun  changement  en  elle ,  le  thermometre 
demi-heure  apres  etoit  defcendu  d'un  demi- 
degre.  Dix  minutes  enfuite  il  etoit  peu  au 
deffous  de  29  degres ,  &  continua  de  varier 
tantot  en  plus  &  tantot  en  moins  ,  pendant 
plus  d'une  heure. 

Quand  on  eleftrife  par  commotion ,  il  en 
arrive  de  la  chaleur  comme  du  pouls ,  elle 
augmente ;  mais  il  paroit  que  c'eft  plutot  a 


verfd ;  les  obfervations  de  Hacn  prouvent  qu'il  peut  y 
avoir  accroifTement  de  mouvement  fans  augmentation 
de  chaleur  ,  &  vice  verfd. 

Je  connois  une  tille  de  24  ans ,  mal  reglee ,  a  qui  il 
eft  impoffible  de  trouver  de  pouls  ,  ni  aucune  forte  de 
pulfarion  dans  aucune  artere.  Get  etat  a  toujours  ete  le 
meme.  Quoique  d'un  temperam.ent  delicat,  elle  fe  porte 
aflez  bien.  La  chaleur  eft  au  degre  ordinaire.  Peut-on 
douter  neanmolns  qu'il  n'y  ait  chez  elle  autant  de  mou- 
vement, autant  de  frottement ,  que  fi  les  arteres  avoient 
leurs  mouvemens  ,  leurs  battemens  prdinaires. 

A  iv 


^  A    C   A   D  E   M   I   E 

I'accroiffement  du  mouvemcnt  qu'elle  eft  diiey 
<ju'a  reledricite  comme  telle. 

Un  efFet  important  que  les  eleftrlciens  at- 
tribuent  a  I'eleftricite,  eft  de  divifer  le  fang. 
Cette  qualite  fournit  trcs-bicn  a  I'explication 
<les  cures  eledriques.  L'epaiftiffement ,  les 
engorgemens  font  les  lleux  cornmuns  des  pa- 
thologiftes.  Un  remede  fondant  doit  jouer  un 
grand  role. 

Cependant  on  a  Seau  eledrlfer  du  fang, 
conferv^  fluide  en  Tagitant  jufqu'a  ce  qu'il 
foit  refroidi,  fa  tenacite  refte  parfaitement 
la  meme.  La  corruption  agit  egalement  fur  le 
fang  elcftrife  &  non  eledrife  ;  Tareometre 
s'enfonce  davantage  a  mefure  que  le  fang  fe 
pourrit;  mais  le  meme  efFet  a  lieu  dans  celui 
qui  eft  eledrife,  comme  dans  celui  qui  lui 
fert  de  comparaifon  ,  &  qui  ne  I'eft  pas.  J'ai 
repete  plufieurs  fois  Texperience ,  &  le  re- 
fultat  a  toujours  ete  le  meme. 
•  On  attribue  a  I'eledricite  divers  autres 
efFets,  comme  de  provoquer  les  regies,  les 
hemorrhoides  :  je  crois  avoir  vu  ce  dernier 
efFet  arriver  deux  fois  a  la  fuite  de  rcledri- 
{'dt'ion. 

11  ra'a  paru  que  le  fommeil  fuit  afFez  vo~ 
lontiers  Toperation  eleclrique  :  la  plupart  de 
ceux  que  j'ai  eleftrifes,  ont  pafFe  de  meilleure 
nuit. 

L'augmentation  de  tranfpiration  ne  paroit 
pas  fouftVir  de  difficulte.  II  y  a  des  expe- 
riences fans  replique.  II  femble  qu'il  doive 
jfuivre  4e  dela  que  i'humeur  perfpiratoire,  ou 


D    E      D   1   J   O  N,    iyS4:  ^ 

Jfille  autre  arretee  a  la  peau,  on  dans  le  voi- 
linage ,  fera  entrainee  au  dehors  par  le  moyeii 
de  I'eleclricite. 

J'ai  vu  nil  enfant  de  4  ans  qui,  pen  apres 
la  naiffance,  prit  des  galles  a  la  tete,  enfuite 
derriere  les  oreilles.  Elles  difparurent,  il  fur- 
vint  alors  une  rongeur  a  Toeil  droit,  les  pan- 
pieres  fe  tumeiierent,  &  I'inferieure  fe  ren- 
verfa.  Tons  les  matins  elles  etoient  collees 
par  une  chaffie  fort  tenace  :  cet  etat  duroit 
depuis  deux  ans. 

J'eledrifai  la  jeune  fiUe  dont  il  s'agit;  les 
larmes  conlerent  abondamment  de  I'oeil  ma- 
lade  pendant  Toperation.  Le  lendemain  Toeil 
ne  fe  trouva  point  ferme  par  la  chaffie  ordi- 
naire. Les  paupieres  etoient  moins  gonflees, 
&  rinferienre  moins  renverf^e.  Apres  fept  on 
huit  feances  eleftriques,  tons  les  accidens  ont 
entierement  difparn.  Ne  femble-t-il  pas  qu'il 
foit  arrive  dans  cette  circonftance  ce  qu'on 
obferve  lorfqn'on  eleftrife  un  corps  anquel 
adhere  une  goutte  d'eau ,  &  qui  tombe  au 
moment  meme? 

La  guerifon  de  la  petite  malade  n'eft  pas 
la  feule  chofe  qui  interefle,  les  accidens  qui 
lui  font  furvenus  ,  confirment  la  verite  des 
metaftafes. 

La  fource  de  Thumeur  qui  fe  jetoit  fur  les 
paupieres ,  ne  fnt  pas  tarie  par  I'eledrifation, 
elle  vnida  fenlement  I'exces  qui  y  fejournoit. 
Les  parties  plus  libres  recouvrerent  leurs 
refforts ,  &  ne  fe  preterent  plus  a  un  nouvel 
abord  d'humeurs ,  qui  ne  trouvant  plus  fon 


10  A   C   A  D  E   M   I   E 

€mon£toire  accoutume ,  chercha  line  autre 
iffue ;  elle  fe  porta  au  cerveau ,  caufa ,  apres 
«n  acccs  de  fievre,  des  vertiges  qui  auroient 
renverfe  la  petite  malade ,  fi  Ton  ne  Teut  fou- 
tenue. 

Je  fis  aufli-tot  appliquer  un  cautere,  qui, 
aide  des  nouvelles  galles  qui  reparurent  a  la 
tete ,  diffipa  les  accidens  ,  &  confirma  la 
fante. 

Une  autre  fille,  de  lO  ans ,  avoit  depuls 
5  ou  6  ans  une  ophtalmie  confiderable ;  la 
fenfibilite  etoit  telle,  qu  il  lui  etoit  impoflible 
de  foufFrir  la  lumiere.  La  malade  avoit  con- 
tinuelJement,  ou  ies  mains,  ou  un  bandeau 
devant  fes  yeux.  Tous  les  matins  les  pau- 
pieres  etoient  fortement  collees  entr'elles. 

Le  lendemain  de  la  premiere  eled^rifation  ,  ; 
les  paupieres  ne  fe  trouverent  point  agglu-^ 
tinees.  L'enflure,  la  rougeur  ont  fucceflive- 
ment  diminue.  La  petite  malade  ouvrit  aife- 
ment  les  yeux  a  la  lumiere ;  &  apres  fix  mois 
d'eleftrifation ,  tous  les  accidens  ont  difparu. 
Elle  avoit  une  tache  fur  la  cornee ,  qui  s'eft 
prefqu'entierement  effacee.  II  ne  refte  a  la 
malade  qu'un  clignotement  que  I'habitude  de 
5  ou  6  ans  lui  a  rendu  neceflaire.  Quoiqu'il 
n'y  ait  pas  eu  d'evacuation  fenfible ,  le  de- 
gorgement  des  parties  prouve  aflez  qu'il  y 
€n  a  eu. 

Aucun  accident  n'eft  furvenu.  II  eft  vrai 
que  j'avois  eu  la  precaution  de  faire  ouvrir 
un  cautere.  Le  fujet  dont  il  s'agit  eft  atteint 
dun  yice  ^croueileux.  Les  glandes  du  col 


DE    Dijon,   17^4:  it 

font  tiimefiees  &  dures.  Je  les  ai  fortement 
eleftrifees ,  mais  fans  aucun  fucces.  Get  effai 
inutile  ne  m'empechera  pas  de  le  repeter  iur 
d'autres  fujets.  Ce  genre  de  maladies  eft  tres- 
commun  dans  ce  pays-ci ,  &  il  eft  tres-aife 
de  s'affurer  de  ce  que  pent  a  ce  fujet  Telec- 
tricite.  Quoiqu'il  paroifle ,  par  I'experience 
rapportee  plus  haut ,  que  I'eledricite  ne  di- 
minue  point  la  tenacite  du  fang ,  on  ne  doit 
pas  precipiter  la  conclufion.  Qui  fait  d'ail- 
leurs  toute  Tetendue  des  affinites  de  la  ma- 
tiere  eleftrique  avec  les  difFerentes  fubftan- 
ces ,  &  les  changemens  qui  doivent  s'enfui- 
vre  ?  On  obferve  que  I'eledricite  change  la 
couleur  violette  en  rouge ,  il  doit  done  fe 
faire  une  grande  mutation  de  forme  ,  une 
combinaifon  nouvelle  ,  en  un  mot,  une  fagoti 
d'etre  difFerente  d^s  certaines  circonftances. 
D'ailleurs ,  le  fang  anime  pent  avec  la  ma- 
tiere  eleftrique  operer  des  refultats  differens. 
En  outre ,  I'aftion  fimultanee  du  fluide  elec- 
trique  fur  les  parties  folides  &  fluides  du 
corps  humain ,  ne  peut-elle  pas ,  dans  cer- 
taines difpolitions  ,  produire  des  effets  qu'on 
ne  pourra  faifir  qua  force  d'experiences  & 
d'obfervations. 

La  nature  de  la  matiere  eledrique  eft  trop 
peu  connue ,  fa  marche  ,  fes  rapports  font 
trop  obfcurs  pour  que  les  raifonnemens  qu'on 
pourroit  faire  fur  fes  effets  medicinaux,  ne 
fufl'ent  bien  hazardes. 

On  fait  cependant  que  tous  les  corps  ne 
traqfmettent  pas  egalement  releftricite  i  que 


11  A   C   A   D   E   M  I   E 

ie  fliiide  eleftrique  fuit  volontiers  les  fiirfa-* 
ces;  que  les  condudeurs  ont  plus  ou  moins 
d'energie  a  ralfon  de  leur  furtace,  plutot  qn'a 
celle  Je  Icur  mafTe,  &  plus  particulierement 
encore  dans  la  dimenlion  ales  longueurs.  Ne 
pourroit-on  pas  foup^onner  d'apres  cela,  que 
telle  partie  de  notre  corps,  ou  moins  con- 
duclrice,  ou  trop  eloignee  de  la  furface, partie 
neanmoins  qui  peut  contenir  ou  conftituer  un 
etat  morbitique ,  &  par  ce  moyen  incapable 
de  recevoir ,  de  s'impregner  du  fluide  ^lec- 
trique,  fera  fouftraite  a  I'empire  du  remede, 
tandis  qu'une  autre  plus  analogue,  ou  plus  a 
portee,  en  eprouvera  les  changemens  les  plus 
heureux.  Ne  feroit-ce  pas-la  une  des  caufes 
des  cures  &  des  infucces  eleftriques? 

Plulieurs  eledriciens  n'admettent  I'eledri- 
cite  que  par  bains.  Cette  merhode  n'eft-elle 
pas  trop  /oible ,  lorfque  la  caufe  qu'on  veut 
combattie  eft  loin  de  la  furface  du  corps  ? 
Introduit-on  aflez  de  matiere,  lui  donne-t-on 
affez  de  mouvement?  On  redoute  les  com- 
motions ;  mais  n'eft-on  pas  maitre  de  les  mi- 
tiger?  Je  n'en  ai  jamais  vu  fuivre  le  moindre 
accident.  J'en  ai  donne  fouvent  plus  de  cent 
a  chaque  feance.  Elles  produifent  feulemenfe 
a  la  peau ,  dans  Tendroit  oii  entre  &  fort  la 
matiere  commouvante ,  de  la  rougeur ,  & 
quelquefois  ,  lorfque  I'etincelle  fulminante  a 
€te  vive,  des  phlidaines  pareilles  a  celles  de 
la  brulure ,  quand  elles  fe  deffechent. 

Le  celebre  deHaen,qui  a  eu  tant  de  fuc- 
!Ces,  ^leftrifoit  par  cqmmQtion  :  je  crois  e^ 


t)  E    Dijon,  77^4;  i| 

«?evoir  aufli  a  cette  methode.  J'ai  evite,  au- 
tant  que  cela  fe  pouvoit,  de  faire  pafler  la 
commotion  a  travers  les  vifceres.  J'ai  toujours 
refpede  le  cerveau.  Je  me  perfuade  cepen- 
dant  qu'avec  de  la  prudence  on  pourroit  les 
y  faire  paffer  fans  danger  &  avec  fucces. 
j'eledrife  adtuellement  (en  Fevrier  1784)  iin 
foldat  epileptique.  Je  le  place  fous  le  con- 
dufteur  avee  lequel  il  communique  par  le 
moyen  d'une  petite  chaine  qui  defcend  a  un 
demi-pouce  de  fa  tete.  II  part  d'affez  fortes 
etincelles  ,  &  il  s'etablit  un  courant  rapide 
qui  traverfe  le  cerveau,  &  fe  diffipe  auffi-tot^ 
parce  que  le  malade  n'eft  pas  ifole ,  &  que 
fas  pieds  communiquent  avec  des  pointes 
Tn6talliques  qui  foutirent  promptement  la  ma- 
tiere  introduite  dans  la  tete  par  la  chaine  qui 
pend  deffus.  Quoique  cette  methode  foit 
moins  adive  que  la  commotion,  elle  en  ap- 
proche  neanmoins.  II  eft  vrai  auffi  que  le 
malade  dont  il  eft  queftion ,  prend  mal  a  la 
tete  apres  un  certain  temps.  Je  cefl'e  aufti-tot 
I'operation,  &  la  douleur  fe  diffipe.  Je  m'abf- 
tiens  de  donner  I'hiftoire  de  cette  maladie, 
ies  chofes  font  encore  trop  peu  avancees  pour 
meriter  la  moindre  confideration.  Je  vais  en. 
rapporter  d'autres  ,  dans  lefquelles  ,  quoique 
la  cure  ne  foit  pas  fatisfaifante,  il  me  parolt 
qu'il  ne  lailTe  pas  d'y  avoir  quelqu'interet. 

EPILEPSIE, 

J'ai  ^leftrife  quatre  epileptiques  par  bains 
fculenjenti 


14  ACADEMIE 

Le  premier  eft  iin  homme  de  45  ans,  epi- 
leptique  de  has  age,  eprouvant  chaque  mois 
trois  oil  quatre  acces,  &  quelqiiefois  plus.  11 
eft  iflii  de  parens  fains  ,  mais  a  ete  allaite 
par  line  nonrrice  ^pileptlque.  Des  fes  pre- 
mieres annees  il  refTentit  les  premieres  at- 
teintes  des  convulfions  qui  lui  ont  deforme, 
paralyfe ,  atrophic  tout  le  cote  gauche.  Le 
paroxifme  s'annonce  par  une  fenfation  dans 
I'eftomac,  que  le  malade  compare  a  celle  que 
feroit  un  charbon  ardent.  I)  iouit  du  refte 
d'une  bonne  fante ,  malgre  beaucoup  d'exces 
qu'il  fait  dans  le  regime. 

L'eleftrifation  a  commence  le  4  IVIai  1782; 
il  avoit  eu  trois  acces  le  mois  precedent.  II 
en  eut  un  le  20.  Depuis  ce  temps  jufqu'aii 
30  Juillet,  il  n'en  a  point  eu ,  ce  qui  fait  un 
intervalle  de  70  jours  :  apres  ce  temps  les 
acces  fe  font  rapproches  ,  le  malade  ayant 
neglige  &  enfuite  abandonne  I'eleftricite. 

La  feconde  eft  une  fille  de  23  ans,  epilep- 
tique  depuis  I'age  de  8.  Ses  attaques  revien- 
nent  trois  &  quatre  fois  la  femaine ,  &  da 
temps  en  temps ,  &  meme  fouvent ,  trois  & 
quatre  paroxifmes  par  jour.  II  eft  cependant 
arrive,  quoique  trcs-rarement,  que  la  malade 
a  paffe  5  on  6  jours  fans  en  eprouver.  La 
frequence  des  acces  a  aliene  depuis  quelques 
annees  la  tete  de  la  malade.  EUe  eft  tombee 
dans  I'imbecillite.  Elle  jouit  d'ailleurs  d'une 
bonne  fante.  Elle  eft  bien  reglee.  Elle  a  une 
fraicheur  dans  le  teint  &  un  air  d'enfance,  que 
fon  age  &  la  continuite  de  {&s  accidens  fern- 


D  E    Dijon;  1^84.  15 

bleroient  ne  devoir  pas  comporter.  Ses  atta- 
ques  font  precedees  d'agitation,d'inquietiide, 
&  d'une  grande  loquacite.  Elles  font  fuivies 
de  la  plus  profonde  trifteffe ;  elle  eft  aiitant 
taciturne  alors  qu'elle  I'etoit  peu  aiiparavant. 

L'eledrifation  a  commence  le  25  Janvier 
1782;  la  veille  elle  avoit  eu  iin  acces.  De- 
puis  ce  temps  jufqu'au  15  Mai,  elle  a  eu  35 
attaques.  En  fuivant  la  progrefTion  ancienne, 
elle  auroit  du  en  avoir  au  moins  80.  Au  rap- 
port des  parens ,  ceux  qu'elle  a  eus  depuis 
Teleftrifation ,  ont  ete,  &  moins  longs,  & 
moins  forts.  Depuis  le  1 5  Mai  jufqu'au  24 
Juin  qu'on  a  ceffe  I'eleftrifation ,  il  y  a  eii 
23  acces ,  dont  plufieurs  tres-forts.  Dans  la 
premiere  epoque,  il  y  a  eu  environ  16  acces 
par  mois;  &  dans  la  feconde,  23.  Depuis  ce 
temps  ils  n'ont  ceffe  de  fe  rapprocher,  &  ac- 
tuellement  ils  font  ce  qu'ils  etoient  aupara- 
vant. 

La  troifieme  eft  une  fille  de  20  ans ,  epl- 
leptique  de  bas  age.  Dans  le  commencement, 
&  pendant  plufieurs  annees ,  la  malade  ne 
perdoit  pas  connoiffance ;  elle  etoit  agitee 
de  divers  mouvem.ens  ccnvulfifs  ,  ou  tomboit 
dans  un  etat  extatique.  Chaque  femaine  elle 
.  eprouve  un  paroxifme  marque  par  les  fymp- 
tomes  ordinaires  de  I'epilepfte.  Son  tempe- 
rament eft  bon  &  robufte.  Ses  facidt^s  in- 
telletluelles  fort  faines.  Elle  eft  iffue  de  pa- 
tens mal  fains.  Plufieurs  de  fa  famille  ont  le 
meme  mal.  D'autres  font  atteints  de  furdite^ 
de  mutite*  Les  uns  font  boiteux,  d'autres 


*l6  A   C   A  D  E  M   I  E 

iioffus ,  &  d'aiitres  nains.  L'eledrifation  a 
commence  le  4  Mai  1782,  a  continue  jufqu'au 
30  Aoiit.  Elle  a  eii  pendant  ce  temps  aiitant 
d'acces  a  pen  pres  qu'elle  avoit  courume  d'en 
avoir  avant  I'^lectrifation  ,  dans  line  egale 
duree  de  temps. 

La  quatrieme  malade  eft  une  fiUe  de  40 
ans  ,  ^galement  epileptique  de  bas  age.  Les 
^cces  ne  font  ni  aufli  frdquens ,  ni  aiiffi  re- 
guliers.  Apres  fix  niois  d'eledrifation ,  il  n'a 
pas  parii  y  avoir  de  changement.  Cependant 
il  eft  arrive  une  chofe  remarquable.  La  ma- 
lade avoit  coutume  d'eprouver  frequemment 
dans  la  journee  ,  des  mouvemens  convulfifs 
au  vifage  ,  a  la  commifl'ure  des  levres  du 
cote  gauche ,  la  tete  s'y  tournoit  involon- 
tairement.  Elle  avoit  des  palpitations ,  un  mal- 
€tre  dont  la  violence  lui  annongoit  le  retour 
de  I'acces  epileptique.  Des  les  premieres  elec- 
trifations ,  ces  fymptomes  out  fenfiblement 
diminue.  La  malade  s'en  appercevoit  a  peine, 
Du  refte  elle  n'a  pas  retire  d'autre  foulage- 
ment  de  I'eleftricite.  J'avois  forme  des  efpe- 
rances  fur  fa  guerilon ,  ainft  que  fur  celle  du 
premier  malade  ,  Tevenement  ne  les  a  pas 
juftiiiees. 

L'operation  duroit  chaque  jour  une  heure. 

On  affure  que  M.  Comus  a  une  methode 
particuliere  d'eledrifer  les  malades  de  ce 
genre ,  &  qui  eft  couronn6  de  beaucoup  de 
fucces  :  il  eft  a  defirer  qu'ells  foit  bientot 
j)ublique. 

L'eledricite  a  ete  adminiftree  heureufe-*- 

ment 


b  £     Dijon;  i^^4,  1^ 

fement  dans  plufieurs  maladies.  Quelques  ob- 
fervations  qui  me  font  propres ,  confirment 
cette  verlt6  ,  quoiqiie  toutes  ne  foient  pas 
egalement  fatisfaifantes. 

Rhumatismes, 

1.  Une  femme  agee  de  foixante  ans  (  Ma^» 
Zoizeau)  eprouvoit ,  depuis  plufieurs  annees, 
des  douleurs  vagues  de  rhumatifmes  ,  qui  , 
revenant  p^riodiquement  tous  les  hivers, 
ceffoient  regulierement  au  printemps.  Elles 
occupoient  principalement  les  parties  infe- 
rieures,  &  redoubloient  dans  les  temps  de 
pluie  &  d'orage.  Ueledrifation  a  commence 
les  premiers  jours  deJuin  1782.  Les  douleurs, 
centre  Fufage  des  autres  annees ,  s'etoienir 
prolongees ,  Sz;  tourmentoient  la  malade  plus 
que  jamais.  Les  douleurs ,  dans  le  temps  de 
I'operation,  devinrent  infupportables ;  elles 
changeoient  a  chaque  inftant  de  fituation; 
elles  occupoient  fucceffivement  toutes  les 
parties  du  corps ;  la  tete  en  devenoit  fre- 
quemment  le  fiege.  Ces  variations  ont  eu  lieii 
conftamment  pendant  tout  le  mois  de  Juin. 
Alors  les  douleurs  devinrent  moindres;  &  fi 
la  malade  avoit  mal  a  la  tete  avant  I'opera- 
tion, elle  ceffoit  aufli-tot  que  I'eledrifatiori 
eommengoit.  Le  10  Juillet,  la  maladie  fut 
entierement  terminee.  Je  ne  me  fuis  apper^it 
d'aucune  crile. 

Je  ne  pretends  pas  donner  cette  obferva- 
iion  en  preuve  n^ceffaire  de  reledricite, 

i 


l8  A  C   A  D  E  M  I  E 

Je  fenS  bie^n  qu'on  pent  raifonnablement  ob- 
jeder  que  les  douleurs  en  queftion  ayant 
coutume  de  finlr  au  printemps  ,  ont  pu  nean- 
moins  etre  prolong^es,  &  ceffer  un  pen  plus 
tard  ,  mais  naturellement,  &  fans  aucun  rap- 
port a  I'eleftricite. 

Elle  prefente  au  moins  un  fait  int^reflant; 
le  danger  des  metaftafes  y  eft  clairement 
demontre,  &  celle  qui  fe  faifoit  au  cerveau, 
m'afouvent  donneles  plus  vives inquietudes: 
iin  cautere  auroit  pu  etre  convenable. 

Mais  fi  Ton  ne  peut  pas  demontrer  que  la 
guerifon  prefente  foit  due  a  Teledrifation  , 
au  moins  ne  femble-t-il  pas  qu'on  puifTe  lui 
refufer  une  cure  qu'elle  a  operee  dans  le  meme 
fujet. 

Depuis  dix  ans  la  ntalade  en  queftion  ne 
Voyoit  rien  de  I'oeil  droit;  aucun  vice  ex- 
terieur  ne  paroifl'oit.  Elle  ne  diftinguoit  point 
d'objets.  II  lui  fembloit  voir  continuellement 
des  brouillards  ,  des  figures  bizarres  ,  des 
fpeftres,  des  ferpens,  &c.  fe  mouvoir  autour 
de  fon  deil.  J'ignorois  Tetat  de  la  malade 
quand  je  commengai  reledlrifation  :  je  n'en 
fus  inftruit  que  le  10  Juin  ,  dans  le  cours 
de  I'operation,  par  un  cri  de  joie  de  la  malade, 
qui  me  fit  lui  en  demander  le  fujet.  Elle  me 
repondit  qu'elle  diftinguoit  quelquechofe  que 
je  tenois  pour  lors  a  la  main ,  &  m'apprit 
que  depuis  dix  ans,  &  a  la  fuite  d'une  ma- 
ladie  dont  je  n'ai  pu ,  fur  fon  rapport ,  faifii* 
le  caraftere,  elle  ne  voyoit  rien  de  diftinft 
de  fon  oeil  droit,  Cst  ev^nement  imprevu 


D  E    D  I  T  o  ^ ,  1-784:  i^ 

me  foutint  centre  la  frayeiir  que  m'infpiroit 
le  retour  des  douleurs  de  tete  dont  j'ai  parle. 
Je  continual  I'eleftrifation  jufqu'au  14  Aoiit. 
A  cette  epoque  ,  la  malade  voyoit  aufllbien 
de  (on  oeil  droit  que  de  I'autre.  Cette  cure 
fe  foutenoit  parfaitement  en  Juin  1783. 

J'ai  eu  tout  nouvellement  ,  en  Janvier 
1784  ,  occafion  de  revoir  la  malade.  Elle 
demande  a  revenir  a  I'eledricite  :  Ion  oeil 
droit,  depuis  quelque  temps,  n'eft  plus  aufll 
bon  qu'il  I'etoit  precedemment. 

L'eledrifation  n'a  ete  faite  que  par  bains* 
Une  feule  fois  je  lui  donnai  une  commotion 
qui  I'agita  beaucoup  :  la  nuit  fuivante  elle 
reffentit  des  picotemens  par  tout  le  corps, 
&  de  temps  en  temps  des  elancemens  ap- 
prochant  de  ceux  de  la  commotion. 

J'ai  ele£lrife  une  autre  Dame  (  Mad^.  Ma- 
lard  )  qui  eft  privee  de  la  vue  de  Toeil  gau- 
che ,  par  une  goutte  fereine.  Pluiieurs  fois  , 
pendant  le  cours  de  Toperation,  qui  n'a  ete 
repetee  que  lept  ou  huit  fois ,  elle  apperce- 
voit  les  objets  ,  &  etoit  en  etat  de  diftinguer 
les  couleurs  de  fon  oeil  malade. 

II.  Mad^.  Peltoh,  agee  de  cinquante-cinq 
ans  ,  eprouvoit  depuis  fept  ans  une  douleur 
fciatique  tres-vive.  Depuis  un  an  {es  fouf- 
frances  etoient  fans  interruption  ,  &  elle  etoit 
entierement  privee  du  fommeii.  L'eleftrifation 
commen9a  le  4  Janvier  1782.  Avant  la  feance 
les  douleurs  etoient  tres-fortes ;  a  peine  fut- 
elle  commencee  qu'elles  difparurent.  Get  effet 


ao  Academic 

s'ell  renouvelle  prefque  tons  les  jours  ;  mak 
ces  douleurs ,  quoique  moindres  ,  (e  renou- 
velloient  apres  Toperation.  Elles  ont  changd 
tie  fiege  ,  &  fe  font  tres-etendnes  :  la  cuiffe, 
•la  jambe ,  &  meme  celles  du  cote  ancienne- 
ment  fain  ,  ont  ete  fucceffivement  &  par  fois 
en  meme  temps  attaquees.  Cependant  en 
total  rintenlite  eft  moindre.  Le  fommeil , 
dont  la  malade  avoit  ete  privee  depuis  long- 
temps  ,  revint  apres  la  premiere  eledrifation  , 
•&  a  continue  conftamment.  L'etat  de  la  ma- 
lade ,  quoiqu'imparfdit ,  ne  laiffe  pas  d'etre 
fupportable ;  fes  douleurs  ne  font  ni  aufli 
vives  ,  ni  aufli  continues.  J'aurois  defire  que 
la  malade  eiit  voulu  fe  faire  ouvrir  un  cau- 
tere.  L'eledlrifation  qui  a  ete  continuee  juf* 
qu'au  mois  d'Aoiit ,  a  ete  faite  par  bain  & 
par  commotion. 

ROI D  EU  R    D  E       M  E  M  B  R  E  S. 

1.  La  nommee  Jeanneton  ,  agee  de  cin- 
iQuante  ans  ,  a  la  fulte  de  vives  douleurs  rhu- 
matifmales  qui  la  tourmentent  depuis  plus 
de  vingt  ans  ,  eprouve  una  roideur  5c  une 
inflexibility  dans  les  extrcmites  inferieures. 
Ses  genoux  font  fortement  rapproches  Tun 
jde  I'autre  ;  le  pied  &  la  jambe  droite  fe 
portent  involontairement  fur  la  gauche  ;  ellq 
lent ,  a  I'attache  Aes  mufcles  ,  une  gene  qui 
cmpeche  les  os  de  fe  mouvoir  dans  leurs 
articulations.  EUe  ne  peut  avoir  de  fituatioil 
faverabie  tjuegoujheeji  ou  entieretngnt  droits* 


D  E    Dijon,  77^4^  'li; 

^uand  elle  s'aflied ,  elle  eft  obligee  d'avoir 
^ine  chaife  tres-haute  ,  le  tronc  en  arriere  , 
&  ies  extremites  en  avant.  II  lui  eft  impof- 
fible,  dans  cette  fttuation ,  de  retirer  fes 
jambes,  &  deles  mettre  a  Ta-plomb  du  genou; 
A  la  premiere  eledrifation,  qui  fut  le  14 
Mai  1782,  par  bain  &  par  commotion  lo- 
cale ,  il  lembla  a  la  malade  qu'elle  eprouvoit 
du  foulagement.  La  feconde  feance  fut  plus 
fenfible.  Aftife  fur  un  fiege  ordinaire  ,  Ies 
jambes  en  avant ,  &  le  tronc  renverfe  en 
arriere,  elle  put  retirer  fes  jambes  ,  non-feu- 
lement  a  Ta-plomb  du  genou,  mais  encore 
toucher  avec  fes  talons  Ies  barreaux  de  la 
chaife  fur  laquelle  elle  ^toit  affife.  Apres 
Toperation  ,  elle  pouvoit  faire  d'aft'ez  pro- 
fondes  reverences.  Elle  s'en  retourna  chez 
elle  beaucoup  plus  commodement  :  le  mieux 
fubfifta  tout  le  refte  du  jour ,  molndre  ce- 
pendant  a  mefure  qu'on  s'eloignoit  du  temps 
de  Toperation.  La  nuit  difTipa  tout  le  bien 
<le  la  veille.  Les  memes  effets  fe  font  re-r 
gulierement  renouvelles  pendant  un  mois 
iqu'a  dure  Topdration  eledrique.  La  malade 
I'a  ceffee  apres  cette  courte  duree;&  malgre 
lesplus  vives  foUicitations,  Je  n'ai  pu  obtenir 
d'elle  qu'elle  continuat  un  remede ,  dont 
I'efFet ,  a  la  verite ,  n'avoit  pas  ete  jufques- 
la  bien  durable  ,  mais  qui  promettoit  a  une 
conftance  mieux  fouteniie  ,  des  fucces  plus 
deciftfs. 

JL  J'ai  YU  un  autxefujet  (  M.  Pacaud  ag^ 

Biii 


1%  A    C    A   D  E   M   I    E 

de  douze  ans  )  a  qui  il  eft  furvenu ,  a  lei 
fuite  de  la  roiigeole ,  line  multitude  d'acci- 
dens,  &  en  particulier  une  roid^ur  a  Tarticula- 
tion  dela  cuifle  avec  le  baffin  ,  qui  I'empeche 
de  marcher  feul,  ou  fansle  fecours  d'un  baton. 
A  la  fuite  de  reledrilation  par  bain ,  etin- 
celles  &  pommotion  locale,  il  pouvoit mar- 
cher feul  &  lans  fon  baton.  II  eft  vrai  que 
le  bien  ne  fe  foutenoit  pas  ,  &  que  quelques 
heures  apres  il  n'en  reftoit  rien.  Je  I'ai  elec- 
trife  pendant  plulieurs  mois ,  &  n'ai  rien 
©btenu  de  plus.  Je  foup^onne  au  refte  un 
tres-grand  delabrement  dans  I'articulaiion. 

P^RALYSIE. 

I.  Lazare  Camus  ,  age  de  trente  ans ,  d'un 
bon  temperament  ,  apres  aVoir  pafle  une 
partie  du  jour,  au  mois  d'Aoiit  178 1  ,  dans 
un  mar ais  ,  eut  la  nuit  qui  fuivit ,  un  acces 
de  iievre ,  a  la  fuite  de  laquelle  il  fe  trouva 
perclus  des  extremites  inferieures.  Le  mou- 
vementfiitentierementaboli,  &le  fentiment 
fubfiftoit.  Teletoit  fon  etat  en  Janvier  1782  , 
excepte  un  peu  de  mouvement  qu'il  avoit  re- 
couvre  a  la  jambe  &  a  la  cuiffe  gauche.  Cette 
derniere  partie  eft  fpecialement  affeftee;car 
iorfqu'on  la  foutient ,  la  jambe  eft  en  etat 
.^e  faire  paffablement  fes  divers  mouvemenSo 

L'eleftrifation  a  commence  en  Janvier 
I1782  ,  &  a  continue  ,  avec  quelques  inter- 
ruptions,  jufqu'en  Juin  1783.  Le  cote  gauche 
|.  fait  quelques  progres ,  le  droit  tres-peu. 


D  E    Dijon,  iy^4:  %f 

Le  gros  doigt  du  pied  de  ce  cote  a  com- 
mence par  fe  mouvoir,  cnfuite  les  autres , 
&  enfin  le  pied  ,  mais  le  tout  tres-legere- 
ment.  L'ele£lrifation  s'eft  faite  au  moins  une 
heure  par  jour ,  par  bain  ,  par  etincelles  & 
par  commotion.  On  a  joint  divers  autres  re- 
medes  qui  n'ont  produit  aucun  foulagement, 

II.  La  nommee  Jeanne  Proft,  agee  de 
vingt-cinqans,  eut,  4  huit ,  une  hemiplegie, 
Apres  plufieurs  remedes  ,  &  notamment  les 
eaux  de  Bourbon,  le  mouvement  &  le  fen- 
timent  fe  retablirent  en  partie.  Depuis  le 
9oude  jufqu'au  poignet ,  le  fentiment  refta 
aneanti.  Le  mouvement  du  bras  en  general , 
ainfi  que  fa  force  ,  etoient  tres-foibles.  La 
malade  ne  pouvoit  pas  porter  fa  main  fur  fa 
tete ,  ni  en  foutenir  aucun  fardeau.  Deux 
doigts  de  fa  main ,  le  pouce  &  I'index  ,  etoient 
toujours  tendus  ,  &  ne  pouvoient  fe  flechir, 
&  a  peine  ils  pouvoient  faire  le  plus  leger 
mouvement.  Tel  etoit  fon  etat  depuis  dix- 
fept  ans. 

A  la  premiere  eleftrifation  ,  &  a  la  fuite 
de  plufieurs  commotions  locales  ,  le  fentiment 
de  Tavant-bras  fut  retabli  :  la  malade  put 
porter  fa  main  fur  fa  tete  ,  lever  par  le  bout 
une  petite  verge  de  fer  groffe  comme  le 
doigt  ,  &  longue  de  quatre  pieds.  Les  doigts 
de  la  main  toujours  tendus ,  purent  fe  flechir , 
quoiqu'incompletement.  L'eledlrifation  a  et6 
continuee  jufqu'au  mois  d'Aoiit,  &  elle  avoit 
eommence  en  Juin  1782..  Le  mieux  s'eft  accru 

Biy, 


fjf,  A   C   A   D   fe   M   I   E 

fiiccefTivement ;  le  bras  a  rcpris  aflez  de  forc^ 
pour  permeitre  a  la  malade  de  I'oulever  des 
fardeaux  tort  pei'ans ,  &:  tourner  la  roue  du 
inetier  de  Ion  pere  ,  auquel  elle  eft  deveniie 
tres-iitile.  La  langue,  dont  le  moavement 
h'etoit  pas  partaitement  libre,n'a  eprouv^ 
aucun  ibiilagement ,  non  plus  que  deux  doigts 
du  pied  qui  n'ont  ni  lentiment ,  ni  mouve- 
inent.  Ceux  de  la  main  ,  quoiquils  fe  ferment 
^ntierement  ,  n"ont  cependant  pas  Tailance 
des  autrcs  ,  &  I'index  a  beloin  d'un  peu  d'aide 
pour  ie  il^chir  promptement  ;  il  refte ,  ainh 
que  le  pouce  ,  naturellement  tendu  ,  a  moins 
cjue  la  malade  ne  falTe  une  attention  parti- 
culiere  pour  leur  donner  la  lituation  des 
autres.    (  Cette   cure  ie  ibutenoit  en  Mars 

1784  ). 

111.  Mil*.  Laplace,  du  mont  St.- Vincent  ; 
figee  de  trente  ans,  a  "la  luite  dune  violente 

compr>dlionqu'eIlerouitritaunemain,eprouva 
de  renfuire  ,  de  rinrlammation  ,  d^  la  iup- 
puration,  &c. 

'  Ces'accidens  diiripes,la  main  relT:a  para- 
h'fee;  il  etoit  impolfible  a  la  malade  de  la 
ferrrier ,  les  doigts  n'ayant  aucun  mouvement , 
ou  du  moins  exrrcraement  toible ,  iSc  reliant 
touiours  tendus.  Le  lenriment  lublliloit.  Tel 
etoit  Ion   etat  depuis  trois  mois. 

L'elec'^rifation  a  commence  par  bain  S:  par 
coramoiica  locale ,  le  7  Juillet  17S2.  Apres 
quelques  commotions ,  il  lembla  a  la  malade 
cue  certe  premiere  leance  Tavcit  ibulagee  3, 


D  E    Dijon;  1^94:  2^ 

&  qu'elle  remuoit  mieux  (es  doigts.  La  fe- 
conde  feance  fat  marquee  a  n'avoir  aucim 
doute.  Les  doigts  fe  flechiflbient  prefqu'en 
entier  ;  &  au  bout  de  huit  jours  ,  la  main  fe 
ferma  parfaitement,  &  la  malade  fut  en  eiat 
de  travailler  de  fon  metier,  qui  eft  tailleufe 
de  robes.  Elle  continua  neanmoins  Teleftri- 
fation  jufqu'a  la  fin  du  mois ,  apres  quoi  elle 
retourna  chez  elle ,  oil  a  peine  arriv^e  ,  elle 
prit  une  pleurefie  dont  elle  mourut, 

IV.  M.  Poyet ,  Cure  de  Trades,  eut  une 
paralyfie  a  la  langue ,  a  la  fuite  d'une  fup- 
preflion  hemorrhoidale.  Plulieurs  remedes , 
&  en  particulier  les  eaux  de  Bourbon,  lui 
furent  inutiles.  Le  mal  fubfiftoit  depuis  fix 
tnois.  L'eleftrifation  a  commence  le  7  Janvier 
1782.  Le  10,  les  hemorrhoides  fuinterent  & 
difparurent.  Le  17  elles  revinrent  tres-abon- 
damment,  &  ont  continue  de  couler  regu- 
lierement  tous  les  mois ,  comme  elles  avoient 
coutume  anciennement. 

La  langue  s'eft  deliee ;  &  apres  trois  mois 
d'eleftrifation  ,  la  fante  a  ete  parfaitement 
confirmee. 

Leleftricit^ ,  a  la  v^rite ,  n'a  pas  ete  le 
feul  moyen  employ^.  J'ai  fait  ufer  au  malade 
pendant  le  mcme  t&mps  ,  de  bols  de  favon  , 
de  mars  &  dalocs ,  de  lavemens,  de  bains 
de  vapeurs,&  enfuite  de  fuppofitoirs  acres. 
Je  concois  qu'on  pent  raifonnablement  for- 
mer des  doutes  fur  I'attribution  de  la  cure  i^ 
I'ele^trjcit^.  J'ai  iin  fecond  fait  analogue. 


p6  A   C   A  D  E  M    I   E 

M.  Qaget,  Procureur  a  Charolles,  a  Toe* 
cafion  d'une  fuppreffion  d'hemorrhoide  , 
effuya  une  multitude  d'accidens ,  &  particu- 
lierementune  hemiplegie.  Les  memesmoyens 
combines  avec  Teleftricite  ,  ont  rappelle 
le  flux  hemorrhoidal ;  mais  Tecoulement  n'a 
pas  fait  ceflfer  le  mal  dont  la  fupprefllon 
etoit  originairement  caufe  ;  il  en  a  cepen- 
dant  refulte  du  mieux.  Le  malade  peut , 
avec  le  fecours  d'un  baton,  marcher  &  fe 
promener ,  &c. 

Le  meme  embarras  d'etablir  le  rapport  de 
I'eledricite  au  retabliflement  du  flux  hemor- 
rhoidal, fubfifte  danscefecond  cas.Cependant 
les  fairs  que  Tobfervation  medicale  a  plufieurs 
fois  annonces ,  donnent  de  la  vraifemblance 
a  cette  attribution.  D'ailleuis ,  fi  Ton  fait  at- 
tention a  la  propriete  de  Teleftricite ,  d'agir 
fpecialement  a  la  furface ,  a  celle  de  procurer 
I'ecoulement  d'un  liquide  ,  qui  fans  eile  adhe- 
reroit  ;  il  ne  fera  pas  fans  fondement  de 
penfer  que  dans  quelques  circonftances,  la 
matiere  ele£trique  ne  foit  capable  de  pro- 
voquer  les  hemorrhoides. 

L'eleftricite  pourroit  fans  doute  produire 
bien  des  merveilles  ,  fi  une  theorie  afl"uree 
pouvoit  diriger  les  experiences.  L'etude  re- 
flechie  de  (es  phenomenes  ,  les  tentatives  , 
les  applications  prudentes  qu'on  en  fera  fur 
le  corps  humain,  peuvent  fournir  quelques 
jours  les  plus  grandes  lumieres  ,  &  beaucoup 
4e  reflfources  a  la  medecine.  II  faudroit  que 
des  M^decins  puflfent  prendre  fur  leurs  0091^:- 


D  E    Dijon,  lyB^:  2f 

pations  journalieres ,  affez  de  temps  pour  fe 
livrer  aux  effais  neceffaires;  mais  on  eft  cl'or- 
dinaire  trop  diftraitpour  faire  fes  experiences 
avec  line  fiiite  qonvenable.  D'ailleurs ,  les 
prejuges  dii  public  ferment  des  obftacles  dif- 
ficiles  a  vaincre.  Les  tentatives  fouvent  inu- 
tiies  decouragent.  Les  malades  font  rebutes 
de  la  longueur  du  remede.  On  efTuie  des 
contradidions ;  &  il  eft  honteux  que  ce  foit , 
le  plus  fouvent,  de  la  part  des  Medecins, 
qui  s'eftorcent  de  jeter  des  doutes  fur  les 
faits  les  niieux  averes ;  qui  faififfent  toutes 
les  occafions  de  calomnier  ce  remede,  &  de 
lui  attribuer  tons  les  accidens  poflibles ,  & 
les  plus  independans.  Un  Medecin ,  dont  je 
tairai  le  nom  ,  a  voulu  rendre  I'eledricite 
coupable  de  la  pleurefie  dont  eft  morte  la 
perfonne  qui  a  eii  une  des  paralyses  rap- 
portees  ci-deffus.  Le  public  eft  aufH  foible  que 
loupconneux.  Les  propos  indifcrets  d'une 
perfonne  de  I'Art  fur-tout,  font  faits  pour 
intimider.  On  craint  en  confequence  de  ten- 
ter ce  remede  :  on  eft  prive  du  fruit  qu'il 
auroit  pu  produire,&  on  perd  Toccafion  de 
multiplier  les  obfervations ,  &  peut-etre  de 
decouvrir  des  verites. 

P.  S.  Quelque  peu  avancee  que  foit  Tob- 
fervation  fuivante  ,  je  ne  laifl'e  pas  d'en  faire 
part. La  fingularite  de  la  maladie,&  Tempire 
que  releftricite  a  fur  elle ,  ont  quelque  chofe 
qui  pent  intereft"er. 

|-a  noramee  Etiennette  Livet ,  de  la  Pa- 


jt^  A   C  A   D  E   M  I  E 

roiffe  de  LIgny  en  Maconnois ,  agee  de  dix-j 
neuf  ou  vingt  ans  ,  a  la  fuite  d'une  fievre 
tierce  qu'elle  a  ene  pendant  iin  an  &  demi, 
eprouve ,  depuis  plus  de  quatre  ans,  des 
borborygmes,  dont  la  violence,  I'ordre  &  le 
retoLir  periodiqae,  rempliffent  le  public  d'e- 
tonnement  ,  &  caufent  a  la  malade  des 
{"ouffrances  enormes. 

Le  bruit  que  les  vents  occafionnent ,  part 
de  rhypocondre  gauche ,  &  fe  dirige  traiif- 
verfalement  au  droit ,  retourne  de  ce  dernier 
a  Tautre  avec  un  ordre  &  une  precifion  qui 
imitent  la  regularite  des  mouvemens  d'un  ba- 
lancier,  a  cela  pres  toutefois  que  le  bruit  n'efl 
pas  toujours  egal  dans  ion  intenfite.  Le  flux 
eft  de  temps  en  temps  plus  fonore  que  le  re- 
flux ,  &  revient  comme  par  boufFees.  La  ma- 
lade ne  rend  point  de  vents  ni  par  le  haut  ni 
par  le  bas.  II  paroit  que  toute  la  fcene  fe  paiTe 
dans  line  partie  du  colon.  Tout  le  ventre  de 
la  malade  eft  fortgros ,  le  foir  il  I'eft  davan- 
tage  &  fort  dur.  Les  fouffrances  de  la  malade 
font  exceffives  dans  tout  le  ventre  ,  mais  prin- 
cipalement  dans  Teftomac,  la  zone  que  parcou- 
rent  les  borborygmes  &  les  lombes.  La  malade 
fent  auffi  des  tiraillemens  dans  tons  les  mem- 
bres ,  &  principalementaux  extremites  fupe- 
rieures  &  a  la  tete.  Ses  regies  ont  paru  ,  mais 
n'ont  apporte  aucun  changement  a  la  maladie ; 
elles  coulent  pen  ,&  ne  reviennent  pas  regu- 
lierement. 

La  malade  ,  malgre  Vexchs  de  fes  foufFranr 
S|s,  a  de  Tappetij,  fait  bien  fes  fongig"!  ^ 


Conferve  un  air  de  fraicheur  que  fon  etat  fern- 
bleroit  ne  devoir  pas  comporter. 

Le  bruit  dont  il  s'agit  n'eil  point  continirJ 
!1  a  commence  dans  Torigine  atourmenter  la 
malade  pendant  huit  jours  de  fuite ,  alors  il 
s'eft  fixe ,  a  paru  regulierement  a  huit  heures 
du  matin,  pour  finir  vers  fix  heures  de  I'apres 
midi.  L'access'annoncepar  un  trouble  aucer- 
veau ,  une  forte  d'eblouiffement ,  &  la  fin  par 
un  fourmillement  au  bout  des  doigts  ,  &  quel- 
ques  bouffees  plus  vives  &  plus  brufques. 
Tant  que  dure  I'acces  ,  la  malade  ne  peut 
etre  ni  affife  ni  couchee ,  elle  efl  obligee  de 
refter  debout.  Au  moment  oii  il  cefTe,  elle 
fent  que  les  vents  fe  diftribuent  dans  tout  le 
trajet  inteftinal  ,  elle  peut  alors  s'afTeoir  oil 
fe  coucher.  II  ne  lui  refle  plus  qu'une  fatigue 
extreme ,  luie  courbature  generale  ,  &  de 
temps  en  temps  des  elancemens  en  diiferentes 
parties  du  corps. 

Depuls  quatre  ans  que  fubfifle  cet  etat,  la 
malade  a  eii,  etant  a  Lyon  en  1781 ,  &  a  las 
fuite  de  quelquesremedes  ,  trois  jours  de  re- 
pit  ;  mais  elle  n'y  gagna  rien  ,  car  les  bruits 
qui  avoient  cefle  le  jour  revinrent  la  nuit. 
Au  mois  de  Decembre  dernier  il  y  a  eu  tout 
naturellement  &  fans  le  fecours  d'aucun  re- 
mede ,  trois  jours  entiers  de  la  plus  parfaite 
interruption. 

L'etat  dont  il  s'agit  occupe  fingulierement 
tout  le  public,  qui  fe  perfuade  que  la  malade 
aun  animal  dans  le  ventre,  il  va  jufqu'a  en 
determiner  I'efpe^e,  La  reffemblanq?  du  brui^ 


avec  le  cri  dii  cochon  ,  lui  fait  augurer  que 
e'en  eft  un.  J'eus  occafion  de  voir  la  malade 
chez  elle  dans  le  cours  dliftiois  de  Decembre 
dernier,  &  Tengageai  a  venir  ici  pour  faire 
des  remedes  :  elle  y  viht  effetlivement  au 
mois  de  Janvier. 

La  r^gularit^  periodique  de  fes  acces ,  la 
fievre  intermittente  a  laquelle  ils  avoient  fuc- 
c^de  ,  me  firent  concevoir  I'efperance  que  le 
kina  pourroit  lui  etre  utile.  Dans  Tefpace  de 
douze  jours  je  lui  en  ai  fait  prendre  au  moins 
fix  onces  en  fubftance.  11  n'eft  pas  arrive  le 
plus  petit  changement.  J'abandonnai  ce  re- 
mede  ,  &  fis  prendre  a  la  malade  une  potion 
antihyfterique  &  anodine.  J'empechai  Tacces 
pendant  un  jour  entier  ;  rrfais  la  malade  n'en 
fut  que  plus  mal  ,  elle  eut  des  foufFrances 
pires  que  celles  que  les  vents  &  fes  fpafmes 
lui  occafionnoient.  Elle  fouffrit  des  maux  in- 
Croyables  dans  toutes  les  parties  du  corpse 
des  vomiffemens  &  les  plus  grandes  anxietes. 
Le  poulx  etoit  foible  &  tres-irregulier.  Son 
etat  enfin  fut  tel  que  je  n'ofai  pas  recourir  da- 
vantage  a  ce  moyen.  Les  bruits  revinrent  le 
lendemain  a  Theure  accoutumee  ,  &  parcou- 
rurent  leur  temps  fans  aucune  interruption  , 
ainfi  que  cela  ell  toujours  arrive. 

J'ai  enfin  employe  I'eledricite  qui  a  com- 
mence le  3  Fevrier  1784. 

A  peine  I'operation  par  bains  fut-elle  com- 
mencee  ,  que  les  bruits  fe  ralentirent,  &  en 
moins  de  quatre  minutes  cefferent  entiere- 
inent  pendant  demi-heure  ;  ils  revinrent  en- 


D  E    Dijon,  iyS4,  ^f 

fuite  &  ceflerent  quelque  temps  apres :  mais 
rinterruptiort  fut  plus  coiirte  que  la  premiere 
fois.  L'operation  pendant  tout  ce  temps  n'a- 
voit  point  ete  difcontinuee  :  le  lendemain  elle 
eut  lieu  foir  &  matin  ;  les  bruits  &  les  fouf- 
frances  ceflerent  auffi-tot ,  ainfi  qu'il  en  ^toit 
arrive  la  veille.  Mais  les  intervalles  ^toient 
moins  longs  ,  les  cefl"ations  n'etoient  que  de 

3  ,  4  ou  5  minutes  ,  &  les  bruits  de  1 5  ,  20  on 
meme  30  minutes.  L'operation ,  tant  dans  la 
matinee  que  dans  I'apres  midi,  a  dure  au  moins 

4  heures.  Depuis  ce  temps  jufqu'au  5  Mars 
1784 ,  les  intervalles  fe  prolongent  de  plus  en 
plus.  En  commengant  I'eledrifation  avant  le 
retour  des  bruits ,  ou  ils  ne  reviennent  point 
du  tout ,  ou  a  peine  y  en  a-t-il  un  demi-quar{ 
d'heure  ou  un  quart.  L'apres  midi  Toperation 
ne  manque  jamais  d'apporter  le  calme  defire 
en  peu  de  minutes  ,  &  quelquefois  au  premier 
inftant  ;  &  lorfque  reledrifation  par  bain  ne 
produit  pas  bien  promptement  fon  efFet,  j'ad- 
miniftre  quelque  commotion  que  je  fais  pafl'er 
tantot  depuis  les  vertebres  du  col  jufqu'a  I'hy- 
pocondre  gauche  ;  d'autres  fois  tout  le  long 
de  I'epine  du  dos,  au  meme  hypocondre  ;  & 
d'autres  fois  de  I'un  a  I'autre  hypocondre  :  les 
bruits  cefl'ent  aufli-tot  pendant  un  quart 
d'heure ,  demi-heure  ^  une  heure  ,  &  quelque- 
fois plus.  L'eledrifation  par  bain  ne  procure 
pas  l'apres  midi  une  cefl'ation,  ni  aufli  prompte, 
ni  aufli  long-temps  prolongee  que  les  commo» 
tions;  celles-ci  en  une  demi- minute  ou  un$ 
minute  la  produifent  furemeJit, 


|i  'A  C  A  D  6   M  I  R 

Dans  le  commencement  des  feances  ^Iec~ 
trlques  ,  quoiqiril  y  eiit  de  frequentes  inter- 
ruptions des  accidens ,  la  malade  n'y  gagnoit 
pas  beaucoup :  car  li  la  duree  en  etoit  moin- 
dre  dans  le  jour ,  les  bruits  ,  au  lieu  de  ceffer 
a  fept  heures ,  comme  cela  arrivoit  ancien- 
nement,  duroientjufqu'a  8  ,  10  heures,  &  me- 
me  minuit.  Depuis  7  ou  8  jours  il  y  a  une  di- 
jninution  notable  dans  leur  duree  totale.  Au 
lieu  de  fubfifter  pendant  lO  heures,  comme 
cela  etoit  avant  leledlrifation  ^  ils  n'ont  plus 
lieu  que  pendant  6  ou  7  heures.  D'ailleursils 
ont  beaucoup  moins  d'intenfite.  Ils  s'arretent 
meme  a  prefent  de  temps  en  temps  ,  naturel- 
lement  &  fans  operation  ele61:rique ,  a  difFe- 
rentes  heures  de  la  journee  ,  mais  toujours  a 
fept  heures  du  foir, temps  oil  ils  avoientcou- 
tume  de  ceffer  anciennement. 

Quelle  fera  enfin  I'iffue  de  cette  finguliere 
maladie  ?  quel  fucces  definitif  aura  I'eleftri- 
cite  ?  Malgre  les  apparences  tres-favorables  ,• 
il  ne  feroit  peut-etre  pas  fage  de  prononcer 
encore.  C'efl  du  temps  qu'il  faut  attendre  lat 
t^ponfe  a  cette  queflion  embarraffante. 


DESCRIPTION 


D  E    Dijon;  ^7^4;  3^ 


DESCRIPTION 

t)  E  s    Grottes  d'Arcy-fur-Cure  ^  fuivie 
d'obfervations   phyfiques. 

Av  E  c   les   mvellement ,   plans  ,   coup6 
&    figures* 

Par    M.    P  a  s  u  m  o  t. 

PREMIERE    P  A  R  T  I  E. 

Section    premiere. 

Jl_v  ES  defcriptions  des  Grottes  d'Arcy ,  que 
j'ai  confultees  (i) ,  different  tellement  les 
unes  des  autres,  qu'il  ell  impofiible  de  pou- 


(i)  Defcription  de  M.  Perrault  ,  en  fon  Traite  de 
I'origine  des  fontaines  ,  &  imprimee  dans  le  Diftion- 
naire  de  Morery. 

Defcription  de  M.  de  Clugny,  Lieutenant  General 
du  Bailliage  de  Dijon ,  faite  fur  les  lieux  par  ordre  de 
M.  Colbert ,  inferee  dans  le  fecond  volume  des  Me- 
moires  de  Litterature  &  d'Hifloire  Naturelle  ,  recueiJlis 
par  le  P.  Defmolets  de  I'Oratoire  ,  &  imprimee  mot 
pour  mot  dans  le  DiiSionnaire  encyclopedique. 

Defcription  de  M.  Morand  ,  de  la  Societe  Royale  de 
Lyon,  inferee,  en  1752.,  dans  les  Obfervations  fuf 
I'Hiftoire  Naturelle  ,  la  Phyfique  &  la  Peinture  ,  torn. 
J  ,  3=.  partie, 

Defcription  de  M,  Jobineau,  inferee  dans   un    Mi^ 

C 


34  ACADEMiE 

voir  les  concilier.  Auciine  ne  m'a  paru  avoir 
exadement  rempli  fon  objet.  A  chaque  def- 
cription  Ton  fe  reprefente  differemment  ces 
antresfouterreins  ,  &  toujoiirs  tout  autrement 
qu'ils  ne  font.  La  difficulte  de  pouvoir  fe 
former  une  idee  iin  pen  exafl:e  de  ces  Grottes , 
&  de  ce  que  Ton  y  voit,  m'a  engage  a  en- 
treprendre  a  ce  fujet  un  nouveau  travail. 
J'ai  tache  dene  rien  negliger  de  ce  qu'il  m'a 
paru  important  de  remarquer  &  d'indiquer. 
J'ai  cru  qu'il  feroit  a  propos  de  faire  con- 
noitre  ,  par  les  mefures  topographiques ,  & 
par  un  nivellement,  le  giffement  de  ces  Grottes, 
leur  etendue ,  TabailTement  ainfi  que  I'ele- 
vation  de  leur  fol  &  de  leurs  voutes;  &  je 
rne  fuis  perfuade  qu'en  joignant  a  cette  def- 


inoire  de  M.  Guettard ,  de  rAcademie  Royale  des 
Sciences,  1754. 

Memoire  fur  les  Grottes  d'Arcy,  dans  les  Tablettes 
fle  Bourgogne  ,  de  i7<;9,  &  imprime  dans  I'Almanach 
d'Aiixerre,  de  1760.  Ce  Memoire  eft  un  abrege  de  la 
Defcription  de  M.   Perrault. 

Les  Memoires  de  Trevoux  ont  attrlbue  la  Defcription 
imprimee  dans  le  Didtionnaire  de  Morery  ,  a  M.  Jacques 
Martineau  de  Soleine ,  Confeilicr  Honoraire  au  Pre- 
fidial  d'Auxerre  fa  Patrie.  Mais  il  eft  aife  de  voir  que 
cette  DeTcription  appartient  a  M.  Perrault,  qui  I'avoit 
fait  imprlmer  en  I674,  dans  fon  livre  de  I'origine  des 
fontaines.il  paroit  qu'en  1716,  M.  Martineau  a  fourni 
des  Memoires  fur  les  Grottes  d'Arcy,  parordre  de  M« 
le  Regent ;  qu'il  vifita  ces  Grottes  le  30  Decembre  de 
Ja  meme  annee,  par  un  nouvel  ordre  de  M.  le  Re^^ent , 
&  qu'il  fit  enlever  alors  piufieurs  ftaladites  qui  turent 
envoyees  a  Paris. 


t)  E    Dijon,  v^^^;  3^ 

ctiption  les  plans  neceffaires  pour  repr^fenter 
Tenfemble  total ,  ainfi  que  le  detail  le  plus 
effentiel  ,  mon  Ouvrage  porteroit  avec  lui 
un  interet  particuiier ,  &  pourroit  reunir  les 
avantages  defirables  pour  toutes  deCcriptions 
locales. 

Avant  d'entrer  dans  quelque  detail  ,  ja 
crois  qu'il  eft  a  propos  de  dire  quelque  chofe 
du  lieu  oil  les  Grottes  font  fituees ,  &  du 
terrein  de  ce  canton. 

Arcy  eft  un  affet  gros  Village  de  TAu- 
xerrois  ,  fitue  a  fix  lieues  &  demie  d'Auxerre  4 
quatre  d'Avalon,  &  une  &  demie  de  la  petite 
Ville  de  Vermanton.  La  riviere  de  Cure  par- 
tage  ce  lieu  en  deux  parties  principales ,  qui 
communiquent  par  un  fort  beau  pont  re- 
conftruit  depuis  environ  vingt-cinq  ans.  La 
plus  confiderable  eft  a  droite  de  la  riviere , 
tout-a-fait  dans  la  valine.  L'autre ,  qui  com- 
prend  TEglife  Paroiffiale,,  le  chateau  d'Arcy 
&  celui  de  Chatenay ,  eft  fituee  le  Ion"  de 
la  Cure  ,  fur  une  hauteur  qui  eft  I'extenfion  ; 
&  meme  le  pied  d'un  coteau ,  dont  la  pente 
afl"ez  douce,  &  longue  d'un  grand  tiers  de 
lieue  ,  s'etend  de  Toueft  a  Teft.  Le  noyau  de 
ce  coteau  eft  forme  par  une  maft^ederoches 
cdlcaires  qui  font  d^couvertes  d'efpace  en 
efpace  ,  fpecialement  fur  les  bords  de  la 
vallee  dans  laquelle  la  riviere  coule.  A  peu 
de  diftance  des  Grottes  ,  ces  roches  font  ele- 
vees  d'environ  qiiinze  a  vingt  toifes  ,  &  cou- 
tJees  perpendiculairement.  La  furface  du 
^6te<iu  eft   couverte  d'une  terre  vegetale, 

C  ij 


3^  A   C   A   D   E   M  1   E 

rougeatre ,  affez  maigre  dans  la  fuperficle  ^ 
■marneufe  dans  le  fond  ,  &  qui  a  pen  de 
profondeur.  On  y  a  plante  quelques  vignes, 
fur-tout  furi'endroit  oil  font  les  Grottes.  Le 
refte  ert  en  terres  labourables  ;  &  quand  on 
a  creule  trois  pieds  ,  fouvent  moins  ,  on 
trouve  la  pierre  qui  fe  detache  en  tables  pen 
epaiffes,  nommees  vulgairement  laves.  Certe 
pierre  en  general  n'eil  qu'une  el'pece  de  cos 
imparfait  tres-groffier  h  affez  poreux.  On  y 
trouve  beaucoup  de  cryllallifations  fpatiques, 
&  plufieurs  noyaux  de  coquiiJages  ,  fur-tout 
des  cornes  d'ammon ,  des  cammes  &  des  bou- 
cardes.  Une  autre  efpece  de  roc  fitue  vers 
le  fommet  du  coteau ,  implante  par  deffus 
ces  premieres  roches  ,  &  duquel  on  a  tire  la 
pierre  de  taille  qu'on  a  employee  a  la  conf- 
truftion  du  pont,  eft  une  pierre  blanche  qui 
n'eft  qii'une  craie  groiliere  durcie.  Elle  con- 
tient  beaucoup  de  petrifications  ,  de  madre- 
pores &  decoquillages  de  differentes  efpeces. 
Toutes  les  terres  en  culture  abondent  en 
fragmens  de  pierres  que  Ton  ramaffe  avec 
foin ,  &  dont  on  forme  de  petits  monceaux 
d'efpace  en  efpace.  Cette  menue  pierre  n'eft 
qu'un  debris  des  premieres  laves  des  roches. 
Le  quartz  &  \&  filex  font  fort  tares  dans  tout 
ce  canton. 

Vmtrce.  des  Groties  eft  fttuee  au  fud-eft 
d'Arcy,  a  environ  trois  cents  toifes  du  cha- 
teau de  Chatenay,  du  fief  duquel  ces  Grottes 
dependent.  On  fuit  ordinairement  ,  pour  y 
wiver,  la  pente  circulaire  du  coteau  ,  dans 


D  E  Dijon,  77^4;  ^37 
I'efpace  de  fept  cents  toifes.  La  profonde  val- 
lee  dans  laqiielle  coule  la  Cure,  qui,  dans  cet 
endroit  olcille  de  I'oueft  a  I'eil ,  en  decrivant 
un  demi-ccrcle  par  un  trcs-long  circuit;  Jes  bois 
tapiilenr  differens  endroits  des  collines  ;  les 
roches ,  dont  la  chaine  pen  interr'ompue  forme 
tantot  une  pente  affez  douce  ,  &  dans  d'au- 
tres  endroits  prefente  un  front  efcarpe  & 
perpendiculaire  ,  ou  compofe  de  pics  qui 
s'elevent  les  uns  au  deffus  des  autres;  les  ca- 
vites  qui  fe  trouvent  dans  ces  roches;  les 
tapis  verds  formes  par  des  pres  ou  des  pe- 
loufes;  le  lit  de  la  Cure,  dont  les  bords 
paralleles  forment  un  canal,  qui  paroit  avoir 
6te  conduit  &  recherche  avec  precaution; 
les  chantiers  de  bois  a  bruler,  &  le  travail 
des  Flotteurs;  enfin  ,  les  vignes  &  la  culture 
variee  des  terres  ,  font  de  cette  vallee  une 
peripeilive  agreable  ,  &  un  payfage  des  plus 
pittorefques. 

C'efl:  dans  Fendroitoii  la  chaine  des  roches 
paroit  fe  terminer  par  une  pente  infenfible , 
que  fe  trouve  Tentree  des  Grottes^  Elle  eil 
fituee  a  mi-c6te  de  la  pente  ,  &  on  y  monte 
par  un  petit  fentier  d'environ  foixante  pas , 
a  travers  un  bofquet  qui  la  couvre  entiere- 
ment.  On  arrive  a  une  efpece  de  veftibule, 
quj  n'eft  qu'une  cavite  ordinaire  dans  ces 
roches.  La  forme  de  ce  vtftihuU  eft  a  pen 
pres  circulaire.  II  a  cinq  toifes  &  dfemie  de 
1  oueft  a  Teft ,  &  un  peu  moins  dans  I'autr^ 
diametre.  Le  fol  eft  incline  du  fud  au  nord. 
La  voiite  egalement  inclinee,  &  neanmoins 


^S  A  C   A   D   ^   M  I   E 

tin  peu  concave,  eft  ^levee  a  I'entr^e  d^ 
fix  pieds ,  qui,  dans  le  fond,  fe  reduifent  a 
deux  &  demi.  Ejlc  merite  d'etre  examinee 
avec  attention.  On  y  trouve  beaucoup  de 
petits  trous  peu  profonds ,  qui  tous  font 
tapiffes  de  pryftallifations  fpatiques  affez 
tranfparentes.  Ces  cryftaux  font  longs  d'en- 
viron  fix  a  huit  lignes  ,  &  termines  par  une 
pyramide  triedre ,  dont  chaque  face  eft  un 
triangle  prefqif  equilateral.  lis  font  grouppes 
&  engages  tous  enfemble.  Leur  abondance 
forme  affez  communement ,  fur  toutes  les 
parois  de  ces  petits  trous ,  des  drufm  plus  ou 
moins  gros  (i).  Leur  cryftallifation  eft  celle 
du  parallepipede  romboidal. 

Ce  yeftibule  eft  fepare  de  la  falle  qui  le 
fuit,  par  un  mur  conftruit  au  nord-eft,  dans 
Jequel  on  a  menage  une  petite  poru  baffe 
ferniant  a  clef,  &:  qui  n'a  que  deux  pieds  de 
large  fur  trois  &  demi  de  hauteur. 

On  entre  tout  courbe  dans  une  cavernc 
ovale  qui  a  fix  toifes  en  long  fur  quatre 
&  demie  de  large.  La  voiite  plate  fuit  la 
meme  inclinaifon  que  celle  du  veftibule  ,  ainft 
que  le  fol  ,  &  Ton  ne  commence  a  fe  re- 
dreffer  qu'a  Textremite  oil  la  voiite  paroit 
s'appuyer  a  terre.  Alors  il  faut  defcendre, 
jpar  une  pente  roide ,  a  travers  un  monceau 


(i)  r rnfen  eft  un  mot  allemand  employe  en  Hiiloire 
J^aturelie ,  &  qui  fignifie  un  grouppe  ,  ou  maffe  de 
''jcry^laux. 


D  E    Dijon;  77^4:  J5J 

(de  fort  gros  quartiers  de  pierres  qui  ont  ete 
naturellement  detachees  de  la  roche.  Elles 
forment  iin  exhauflement  de  dix-huit  pieds 
de  perpendicule  an  deifus  du  niveau  de  I'en- 
droit  le  plus  bas  de  la  faile  qui  fuit ,  &  que 
je  nomme  premiere  fulle. 

Cette  premiere  falk  eft  encore  ovale  ,  &  elle 
a  quinze  toifes  en  long  fur  treize  de  large. 
Ce  n'eft  encore  qu'une  vafte  caverne ,  dont 
le  fol  en  decombres  prefente  ,  fur-tout  du 
cote  droit ,  des  mines  de  pierres  detachees 
du  haut,  &  eparfes  ^a  &  la.  La  voute  elevee 
de  quinze  pieds  dans  le  milieu  ,  toujours  in- 
clinee  vers  le  nord,  eft  belle,  &  forme  une 
efpece  de  plafond  en  calotte.  Le  fol  eft  ega- 
lement  incline  ;  &  dans  la  partie  la  plus  baffe 
au  nord-eft,  il  y  a  de  I'eau  qui  empeche  d'a- 
vancer  jufqu'au  pied  du  rocher.  Dans  ce 
fond  ,  Tinciinaifon  du  fol  &  de  la  voiite 
change  ,  &  fur  la  gauche  on  trouve  une  vafte 
gallerie  dont  le  marcher  eft  tres-uni,  excepts 
vers  le  milieu  oil  il  y  a  eu  un  eboulemens 
d'une  partie  de  la  voute. 

Cette  gallerie  a  vingt  toifes  en  long  fur 
douze  pieds  de  largeur  moyenne  ,  qui  dimi- 
nue  a  mefure  que  Ton  s'avance  vers  le  fond. 
A  I'entree  Ton  trouve  ,  fur  la  droite  ,  deux 
reduits  bas  ,  dont  I'un  eft  un  pafTage  qui 
communique  a  ce  qu'on  appelle  CEtang^  & 
par  lequel  on  revient  ordinayrement.  L'autre 
n'eft  qu'un  petit  enfoncement  du  rocher  qui 
ne  communique  a  rien, 

Jufqu'iciles  Grottes  i)'ont  prefente  que  de? 

Civ 


5fO  ACADEMIE 

cavernes  qui  n'ont  rien  que  de  tres-ordinaire." 
Mais    notre   gallcrh   commence  a  beaucoup 
jntereffer.  Le  lol  &  la  voute  s'elevent  infen- 
iiblement   jufqu'au  fond.   La   voute  n'eft  ni 
plate  ,  ni  en  ceintre  parfait ,  ni  en  ogive.  Ella 
eft  formee  par  les  lits  durocherqui,  furdes 
parois  perpendiculaires  ,  s'avancent   enliiite 
en  faillie  les  uns  fur  les  autres ,  en  tendant 
a  fe  reunir  par  un  angle  dont  le  fommet  eft 
line  fente  qui  regne  d'un  bout  a  Tautre  de  la 
gallerie.    Cette  forme  offre  une  coupe    qui 
approche  de  la  figure  ordinaire  d'un  pignon 
de  maifon.  (  V.  fig.  r^.  )  La  fente  qui  con- 
tinue  dans    plufieurs  autres    falles,  merite, 
dans  celle-ci  ,  d'etre   examinee   avec  grand 
foin.     Sa    largeur    moyenne    eft    d'environ 
dix-huit  pouces  ,  de  meme  que  fa  profondeur. 
En  plufieurs  endroits    elle  eft  terminee  par 
line  forme  arrondie ,  &  vers  le  milieu  de  la 
gallerie  ,  on   remarque  un  tres-grand  canon 
(i)   incline,  dont  le  diametre  a  Torifice  eft 
de  plus  d'un  pied ,  &  qui  paroit  n'etre  que 
le  tuyau  d'un  entonnoir. 

Apres  avoir  rencontre  le  paffnge  bas  qui 
conduit  a  I'etang,  on  commence  a  trouver 
a  droite  ,  quelques  petites  ftalaftites  a  la 
voute.  La  paroi  ,  de  ce  cote  la,  en  eft  aflez 
garnle  jufqu'au  fond  de  la  gallerie.  La  hau- 
teur de  la  voiite  eft  de  douze  pieds  a  I'entree. 
A  I'extremite  elle  eft  plate  ,  &  n'a  plus  que 


(i)  Canal  rond  qui  a  peu  de  longueur, 


D  E    Dijon,  lyS^,  4% 

(fix  pieds  d'elevation.  Cette  extremite  eft 
meublee  ,  a  droite  &  a  gauche  ,  de  ftalatiites 
qui  tapiffent  les  deux  murs,  &  qui  rendent 
cet  endroit  affez  curisux ;  mais  ce  qui  com- 
mence a  piquer  davantage  lacuriofite,  c'eft 
ce  qu'on  appellele /WM-iWdi/iJwe,  qui  eftiitue 
pres  Tangle ,  a  droite  de  Textremite  de  la 
falle. 

Ce  trou  eft  eleve  de  trois  pieds  au  deftiis 
du  fol.  II  a  feize  pieds  de  long  ,  quatre  de 
large  <k  trois  de  haut.  II  eft  forme  par  une 
multiplicite  de  ftaladites  &  de  ftalagmites  , 
qui  rendent  ce  paffage  tres-intereffant  &  tres- 
curieux,  mais  fort  pen  commode,  IL  faut  y 
marcher  tout  courbe  ,  &  avoir  la  precaution 
de  ne  pas  trop  lever  la  tete  pour  ne  pas 
heurter  les  ftala^tltes.  La  paroi  a  gauche  , 
prefente  une  colonnade  de  ftiries,  dont  la 
prodigieufe  quantite  obftrue  tons  Iqs  jours 
cet  endroit  de  plus  en  plus  (i). 

L'extremite  de  ce  trou  s'evafe  iin  peu , 
&  Ton  entre  dans  une  ialle  fuperbcment  meu- 


(i)  Les  (lalaclites  font  les  concretions  adherentes  a 
]a  voute  ,  &  pour  I'ordinaire  terminees  en  pointe  comma 
les  gla^ons  qui  ,  apres  iin  dcgel  interrompu  ,  font  {w(- 
pendus  aux  gouttieres.  Les  flalagmites  font  d'auties  con- 
cretions qui  fe  forment  a  terre  'en  s'elevant  en  pointe, 
&  qui  repondent  prefque  toujours  a  une  ftalaftite.  Sou- 
vent  elles  font  toutes  mamelonnees,  &  faites  en  forme 
de  choux-fleurs.  Elles  afleflent  auflV-  differentes  autres 
figures.  Enfin,  j'appelle  flirie  la  ftalaftite  &  la  flalag- 
imite  ,  lorfque  par  leur  reunion  a  leurs  fommets ,  elles 
font  unies,  6c  forment  une  efpece  de  cojonng, 


4*  A   C   A   D   E   M   I    E 

blee  par  tant  de  ftaladites ,  qu'elles  ne  laifTent 
prefque  d'intervalle  entre  elles  que  celui  qui 
ie  trouve  menage  par  leurs  pointes.  Elles 
font  afiez  inegales  dans  leur  longueur.  Ce 
font  comme  difFeretis  grouppes  auxquels 
elles  font  adherentes.  Tous  ces  grouppes  ref- 
femblent  tellement  a  des  pis  pleins  de  lait 
(  /^.  2  )  ,  que  Ton  a  donne  a  cette  falle  Ie 
nora  de  la  Laiteile.  D'autres  lanomment  auffi 
lafalLe.  dcs  Fraifcs ,  parce  qu'il  y  a  fur  les  murs 
quelques  tapis  d'incruftations  blanches  ,  qui , 
par  leur  configuration ,  reffemblent  affez  a 
des  fraifes  de  veau.  Cette  falle  a  onze  toifes 
de  long  fur  trois  &  demie  de  large.  La  voute 
en  ceintre  eft  elevee  de  neuf  pieds.  On  y 
retrouve  la  fente  comme  dans  la  falle  pre- 
cedente ,  &  elle  tres-chargee  de  ftalaftites. 
Sur  la  gauche ,  au  fortir  du  troii-Madame , 
on  remarque  une  groffe  ftalagmite  conique  , 
haute  d'environ  quatre  pieds,  &  d'autant  de 
diametre.  Elle  eft  furmoniee  d'un  dome  ex- 
cave  dans  la  voute  ,  &  qui  eft  curieux  par 
la  quantite  de  petites  ftaladites  qui  y  font 
adherentes.  Le  long  du  mur,  auffi  a  gauche, 
la  voiite  paroit  foutenue  par  des  ftiries  hautes 
de  fept  a  huit  pieds  ,  fans  y  comprendre  le 
pedicule  ou  empattement  de  la  ftalaftite  ,  ni 
le  piedeftal  de  la  ftalagmite.  Ces  ftiries  fituees 
en  file  ,  laift'ent  entre  elles  des  efpcces  de 
portes  d'environ  trois  pieds  de  haut  fur  deux 
pu  deux  &  demi  de  large.  Ces  efpaces  ofFrent 
des  efpeces  de  petits  cabinets,  ou  plutot  de§ 
lanternes  fornixes  par  descolonnes.  La  parol. 


D  E    Dijon;  77^4.  41 

a  droite ,  prefente  a  pen  pres  la  meme  fm- 
gularite  ,  mais  en  ii  petite  quantite  ,  qu'on  ne 
pent  faire  comparaifon  avec  I'ai.ire  cote. 

Vers  Textremite  cle  cette  falle,  a  gauche, 
onvoit  a  la  voiite  une  forme  cle  liJlon  arrondi 
qui  prefente  fa  partie  concave.  II  a  plus  de 
dix  pieds  de  long  fur  dix-huit  pouces  de 
diametre.  II  prend  fa  naiffance  dans  un  trou 
lateral  naturellement  creufe  dans  le  rocher, 
&  litue  au  haut  de  la  paroi.  Cell  un  demi- 
canon  pareil  a  celui  que  Ton  remarque  dans 
ia  voute  de  la  gallerie  precedente. 

Cette  falle  efl  terminee  par  cinq  piliers 
enormes,  qui  tiennent  du  haut  de  la  voute  en 
has.  lis  font  a  peu  pres  ronds.  lis  ont  neuf 
pieds  de  haut ,  &  environ  autant  de  diametre. 
lis  font  fepares  les  uns  des  autres ,  difpofes 
circulairement ,  &  par  leur  enceinte,  ils  de- 
fendent  un  precipice  qui  n'eft  qu'un  trou  pen 
profond ,  dans  leqnel  il  n'eft  pas  tout-a-fait 
facile  de  defcendre.  La  furabondance  de  la 
matiere  qui  a  forme  ces  piliers ,  a  convert 
la  paroi  &  le  fol  d'une  incrullation  gliffante 
comme  la  glace ,  &  a  fait  de  ce  trou  une 
efpece  de  citerne  qui ,  dans  Tendroit  le  plus 
profond  ,  raffemble  le  peu  d'eau  qui  degoute 
perpetuellement  de  la  voute.  Autour  des 
bafes  de  ces  piliers  ,  on  voit  des  petits  baffins 
avec  des  bords  guilloches ,  qui  font  fitues  en 
pente  les  uns  au  delTous  des  autres.  La  cryf- 
tallifation ,  ou  plutot  le  depot  de  la  matiere 
incruftante ,  les  a  formes  tons.  Mais  les  der- 
niers  paroiffent  ne  Tavoir   ete  qu'apres    les 


'44  A    C   A   D    E   M   I   E 

premiers ,  par  la  fiirabondance  de  la  matierei 
Je  nommerai  bafjins  cfincmjladon  progrc(Jive  y 
ceux  de  la  meme  efpece  dont  j'aurai  a  faire 
mention. 

Vis-a-vis  le  plus  gros  de  ces  piliers,  il  y 
a  line  ftalagmite  haute  d'environ  quatrepieds, 
fjui  eft  affez  fale  &  toute  unie  comme  ime 
borne.  On  la  nomme  la  fcmme  de  Loth.  A  cote 
de  celle-la  il  y  en  a  une  autre  plus  petite, 
Elles  meritent  toutes  les  deux  pen  d'atten- 
tion ,  mais  elles  terminent  cet  efpace  ,  &  ler- 
vent  d'appui  dans  un  paffage  fort  gliffant. 

On  entre  alors  dans  une  vafte  falie  ovale  , 
qui  reunit  quatre  branches  qui  partagent  ces 
Grottcs.  Cette  Calle  a  onze  toifes  dans  ion 
petit  diametre  ,  &  quatorze  dans  fon  plus 
grand.  Le  fol  eft  en  pente  de  tous  les  cotes, 
&  convert  d'une  incruftation  gliffante  qui 
prefente  une  infinite  de  baflins  d'incruftation 
progreffive.  lis  font  difpofes  en  gradins  comme 
un  amphitheatre  circulaire.  Leiir  enfemble 
forme  une  efpece  de  grand  baflin  tres-evafe. 
La  voute  eft  plate.  C'eft  moins  une  voute 
qu'un  plafond  de  trente  pieds  de  hauteur  , 
en  mefurant  du  milieu.  II  eft  trcs-richcment 
orne  de  ftaladHtCo  dans  la  partie  a  I'oueft. 
L'autre  cote  n'en  prefente  aucune.  La  fente 
qui  partage  la  voiite  des  premieres  falles  , 
ne  fe  retrouve  pas  dans  celle-ci.  Elle  eft  plus 
elevee  d"un  pied  que  la  precedente.  On  a 
nomme  cette  falle.  La  falh  dela  Flergc ,  parce 
que  fur  la  paroi  a  Toueft ,  il  y  a  un  rebord 
^e  la  roche   qui  ports  u^e  ftalagniite  fort; 


D  E    Dijon,  {^^4:  4^ 

blanche,  haute  de  fix  pieds,  d'environ huit 
ponces  de  diametre  ,  &  que  Ton  nomme  la 
Fiergc ;  parce  qu'une  forme  de  tete  au  haut  j 
&  quelqu'autre  irregularite ,  hii  ont  donne  a 
peu  pres  I'air  d'une  ftatue  de  la  Sainte  Vierge. 
La  ftalatlite  qui  y  correfpond ,  n'a  pas  plus 
de  quatre  pouces  de  long  fur  un  de  dia- 
metre. 

C'eft  au  has  de  cette  ftalagmlte  qu'eft  Ten- 
droit  le  plus  profond  de  cette  efpece  de 
grand  baffin  evafe ,  forme  par  la  pente  cir- 
culaire  du  fol.  On  y  remarque  un  petit  puits 
d'environ  deux  pieds  de  diametre  ,  de  trois 
de  profondeur  en  apparence ,  mais  qui  enfuite 
eft  evafe  &  incline  fous  le  rocher.  On  ne 
pent  en  fonder  la  profondeur.  11  y  a  de  I'eau 
dans  ce  piiits.  Ce  n'eft  pas  feulement  le  re- 
ceptacle des  eaux  furabondantes  qui  s'egout- 
tent  de  la  votite ;  j'ai  remarque  que  I'eau 
foufHoit  dans  cette  petite  cavite  ,  &  confe- 
Cjuemment  elle  y  vient  de  I'exterieur,  &: 
entraine  de  I'air  avec  elle. 

Contre  la  ftalagmite  de  la  Vierge  ,  on  voit 
entre  les  lits  du  rocher  une  couche  de  deux 
pieds  d'epaiffeur  d'un  gros  gravier  mcle  de 
beaucoup  de  Mica  &  de  pank.  Ce  lit  de 
gravier  fe  retrouve  en  d'autres  endroits  de 
la  Grotte. 

A  droite,  vis-a-vis  la  Vierge,  Tangle  du 
rocher  ell  orne  d'un  beau  grouppe  de  con- 
cretions blanches  qui  decorent  a  merveille 
cet  angle  faillant. 

De  cette  falie  on  monte  dans  une  nouveMc 


46  A   C   A  D   ]fe  M   I   E 

qui  a  onze  toifes  de  long  fur  fix  de  large. 
Le  fol  en  eft  tres-uni.  La  voiite  eft  plate  & 
tres-riche  en  ftalaftites.    On   y  retrouve   la 
fente  qui  la  partage   en  deux,  &  ce  milieu 
eft  afl'ez  chari^e  de  ftalaftites  courtes ,  mais 
tres-belles.   A  ce  milieu  correfporident  plu- 
fieurs  grouppesde  ftalagmites,  dont  plufieurs 
ont  plus  de  fix  pieds  de  haut.  Toutes  font 
tres-blanches ,  rangees  fur  une  feule  ligrie  , 
&  difpofees  a  quelque  diftance  les  une's  des 
autres.  On  pent  comparer  leur  forme  a  celle 
de  ces   anciennes  armures  militaires.  Je  les 
appelle  Us  trophies.  Le  fecond  de  ces  grouppes 
eft  une  fort  belle  ftirie  qui  tient  du  haut  en 
has  de  la  voute ,  qui  a  neuf  pieds  d'eleva- 
tion.  La  parol  de  cette  falle ,  a  df oite ,  eft 
tiche  &   magnifique.  Elle  eft  toute  tapift'ee: 
de  ftaladites  &   de  ftiries.  L'autre  cote    eft 
beaucoup  moins  beau  ,&nofFre  prefque  rien 
Cn  comparaifon  du  premier;  mais  a  Textre- 
jnite ,   entre   la    parol   &  un  tres-gros   bloc 
de  differens  groupes  qui  terminent  cette  falle , 
il  y  a  uri  petit  cul-de-fac  enfonce  qui  le  ter- 
mine  en  pointe  ,  &    qui  eit  tr^s  richement 
orne.  On  y  voit  un  petit  monticule  a  hauteur 
d'appui  ,  furmonte  d'une  voute  peu  clevee  , 
qui  paroit  portee  par  beaucoup  de  trcs-jolies 
petites   colonnes  ,  entremelees    de  culs-de- 
lampe.  Ce   reduit   fait   naitre  Tidee    de    ces 
petits  ouVrages  gothiques  dont  nous  admirons 
la  delicatefl"e,  &  qu'on  ne  refpefte  fouvent 
point  aff^ez. 

De  cette  falle  on  defcend  dans  la  voifine. 


b  E    Dijon,  1^84.  47 

dont  la  decoration  augmente  beaucoup.  Le 
premier  objet  qui  fixe  Tattention  ,  eft  ce 
qu'on  appelle  la  Coquille.  C/eft  line  efpece  de 
baldaquin  de  deux  toifes  de  diametre  ,  epais 
fur  les  bords  d'environ  deux  pieds ,  &  iiif- 
pendu  en  partie  a  un  tres-gros  grouppe  qui 
forme  une  portion  de  colonne  longue  de  fix 
pieds,  &  au  moins  cinq  de  diametre.  Toute 
cette  enorme  maffe  eft  engagee  par  derriere 
dans  le  maftif ,  &  porte  a  terre  par  une  de 
fes  extremites  qui  touche  au  gros  bloc  qui 
tesmine  la  falle  precedente.  L'autre  extremity 
&  le  milieu  font  fufpendus  &  eleves  de  ftx 
pieds  au  deftus  du  fol  qui  eft  en  pente.  On 
a  beaucoup  trop  vante  ce  grouppe.  II  n'en 
merite  cependant  pas  moins  d'etre  examine 
avec  attention.  L'interieur  de  ce  baldaquin 
n'eft  point  ftrie  on  ondule  ,  commele  difent 
quelques  defcriptions ;  il  s'en  faut  meme  beau- 
coup ,  puifqu'il  contient  une  partie  du  lit 
de  gravier  mele  de  mica  &  de  granit  qui  fe 
trouve  dans  la  falle  de  la  Vierge.  Cette  par- 
ticiilarite  prouve  que  ce  grouppe  portoit  pri- 
mitivement  tout  entier  fur  le  fol ,  &  que  s'il 
eft  aujourd'hiii  fufpendu  en  partie ,  ce  n'eil 
que  par  accident ,  &  parce  que  tres-proba- 
blement  le  terrein  a  ete  emporte  ou  s'eft 
atfaifl'e.  II  portoit  fans  doute  fur  la  couche 
de  gravier.  L'incruftation  qui  y  avoit  pe- 
netre ,  avoit  englobe  tout  ce  qui  eft  encore 
a  prefent  adherent  a  la  partie  concave  de  cette 
efpece  de   baldaquin  ou  coquille. 

Au  devant  de  cette  coquille  eft  une  bell^ 


48  A    C    A   D   ]&   M    I   E 

ilirie  de  fix  ponces  de  diametre.  Elle  forme 
line  tres-jolie  colonne  qui  tient  du  fol  a  la 
voiiie  ,  &  qui  a  environ  deux  toifes  de  haut. 
La  voiite,  dans  cet  endroit,  forme  le  cein- 
tre ,  &  porte  afTez  bon  nombre  de  flaladlites 
de  deux ,  trois  ,  &  meme  quatre  pieds  de 
long.  Depuis  la  coquille  le  fol  eft  en  pente 
du  cote  du  nord  ,  &  continue  de  meme  dans 
I'efpace   de  fix  toiles  au  dela. 

Toute  cette  partie  eft  magnifiquement 
decoree,  fur-toiit  par  deux  tres-beaux  groupes 
adherens  a  la  paroi  a  gauche.  lis  forment 
en  maffe ,  une  efpece  de  rocaille.  Le  haut 
prefente  une  partie  faillante  comme  le  bord 
d'un  baffin ,  d'oii  il  paroit  fortir  de  I'eau  & 
des  rofeaux  qui ,  dans  leur  chiite ,  fe  replient 
par  deflbus  le  baffin.  La  blancheur  admirable 
de  ces  deux  beaux  groupes  en  rehaufl"e  infi- 
niment  la  beaute.  L'un  eft  afl"ez  voifin  de  la 
coquille  ,  &  f  autre  eft  un  peu  plus  eloigne. 
La  paroi  a  droite  prefente  auffi  quelques 
beautes  ,  mais  on  les  neglige  pour  admirer 
les  premieres. 

Le  marcher  de  cet  endroit  eft  tres-incom- 
inode  a  caufe  de  la  pente  du  fol  &  d'une 
glaife  jaune,  fine,  tenace  &  gliflante  qui  le 
couvre.  Cette  pente  conduit  dans  un  fond 
oil  Ton  voit  deux  trous  pleins  d'eau ,  &  de 
forme  a  peu  pres  ovale.  L'un  eft  a  droite  & 
I'autre  a  gauche.  lis  ont  plus  de  fix  pieds  de 
diametre ,  &  un  peu  moins  de  profondeur. 
Tous  deux  paroilTent  un  peu  enfonces  fous 
la  roche.  L'eau  qu'ils  contiennent  eft  tres- 

limpide^ 


D  E    Dijon;  77^4;  ^4^ 

limpide ,  &  laiffe  appercevoir  le  fond  forme 
par  line  glaife  iinie.  Le  trou  a  gauche  eft 
celui  ail  deffus  duquel  domine  le  fecond  de 
ces  beaux  grouppes  dont  je  viens  de  faire 
mention.  Les  gens  du  pays  affurent  (  ce  qui 
n'eft  pas  diiScile  a  croire  )  que  lors  des 
grandes  eaux  ,  celle  du  trou  a  gauche  coule 
dans  le  trou  a  droite.  Dans  cet  endroit  has, 
la  voute  a  trente  pieds  d'elevation.  EUe  eft 
plus  haute  de  deux  pieds  que  la  precedente. 
EUe  eft  plate  &  n'a  point  de  ftalatlites. 

Seconds    section. 

On  remonte  de  ce  fond  par  une  autre; 
pente  egalement  couverte  de  glaife  tres- 
gliffante.  On  entre  dans  une  falle  longue  de 
dix  toifes,  &  large  d'environ  quatre.  Cette 
falle  eft  pen  curieufe  :  elle  n'ofFre  rien  qui 
fixe  beaucoup  I'attention.  La  voute  affez 
plate ,  s'abaiffe  un  peu.  Elle  n'a  que  dix  pieds 
d elevation,  &  on  retrouve  dans  le  milieu 
la  continuation  de  la  fente  ,  le  long  de  laquelle 
il  y  a  quelques  ftalaftites  naiftantes.  Mais 
cette  falle  eft  terminee  par  deux  tres-belles 
ftiries ,  hautes  de  dix  pieds,  que  Ton  nomme 
tes  deux  Piliers.  L'un  a  trois  pieds  de  dia- 
tnetre,  &  I'autre  dix-huit  pouces.  lis  font 
adherens  au  milieu  dans  un  point  de  contad, 
lis  reprefentent  deux  colonnes  torfes  can- 
helees.  Ellesfont  ifolees  de  tout  autre  objetj, 
&:  placees  prefqu  a  egale  diftance  des  deux 
fiiursi 


5©  A   C   A   O  E   M  I  E 

C'eft  a  ces  deux  colonnes  accoiiplees  que 
commence  l^fallediiBal,  alnfi  nommee  parce 
que  les  gens  du  pays  y  danfent.  La  voiite 
s'eleve  d'un  pied  plus  que  la  precedente  ;  & 
dansle  milieu  de  la  falle  ,  elle  s'eleve  encore 
de  fix  pouces  plus  qu'auparavant.  Cette  falle 
a  treize  toifes  de  longueur  fur  cinq  de  large. 
Le  fol  en  eft  tres-uni.  La  voiite  a  douze  pieds 
d'elevation ,  &  eft  toute  plate.  Elle  forme 
im  plafond  d\m  travail  fingulier  ,  qui  ,  fur 
iin  fond  jaunatre  ,  prefente  un  vermicule 
noir  en  relief  de  deux  ou  trois  lignes  an 
plus.  Cette  efpece  de  broderie  n'eft  point 
folide.  Ce  n'eft  qu'une  pate  de  terre  ainfi 
arrangee  par  I'ecoulement  des  gouttes  d'eau 
qui  fuintent  a  travers  du  roc,  &  fe  pro- 
menent  fur  la  furface  jufqu'a  ce  qu'elles  tom- 
bent.  Cette  pate  n'acquiert  aucune  folidit^. 
Le  doigt  detruit  aifement  ce  relief.  Cette 
voute  porte  ,  dans  le  milieu  &  a  droite , 
quelques  ftalaftites  en  affez  petite  quantite. 
A  gauche  on  voit ,  dans  cette  meme  voiite  , 
une  excavation  en  forme  de  dome  ovale  , 
long  de  cinq  toifes,  large  de  neuf  pieds, 
&  profond  d'environ  trois. 

L'extremite  de  cette  falle  eft  orn^e  fur  la 
paroi  a  gauche  ,  d'un  tres-beau  rocher  de 
flaladites  groupees&  tres-blanches.  La  partie 
correfpondante  a  droite  ,  a  auffi  quelques 
tapis  d'incruftations. 

Ce  grouppe  de  ftalaftites  paroit  changer  la 
decoration.  Le  fol  devient  raboteux  :  c'eft 
une  nouyelle  (alle  longuc  d^  yingt  toifes  fuj 


b  K     Dijon;  TyS4.  51 

Sx  de  large,  an  milieu  de  laquelle  il  y  a 
des  pierres  eboulees  qui  rendent  le  marcher 
difficile  &  afl'ez  incommode.  La  voiite  eft 
plate;  elle  a  douze  pieds  d'elevation ,  & 
n'ell  que  Textenfion  de  la  precedente,  dans 
la  longueur  de  neuf  toifes.  Mais  a  ce  terme 
elle  fe  releve  tout  d'un  coup  d'environ  huit 
pieds ,  &  prefente  la  forme  d'une  gondole 
renverfee,  dont  les  bords  font  comme  on- 
dules  par  les  lits  du  roc  qui  s'avancent  les 
uns  fur  les  autres.  (  F.fig-  3-  )  Cette  voiite 
n'a  point  du  tout  de  flalaciites  dans  toute 
la  longueur  de  la  falle ,  non  plus  que  la  pa- 
roi  a  gauche;  mais  a  droite,  le  mur  en  eft 
tres-bien  garni  dans  toute  fa  longueur  ,  &■  au 
milieu  on  voit  un  tres-beau  grouppe  detache 
&  fitue  en  avant  du  mur.  II  reprefente  a 
merveille  un  jeu  d'orgue.  Le  pied  du  grouppe 
paroit  tres-artiftement  rocaille.  II  prefente 
line  forme  de  buffet  haut  d'environ  cinq 
pieds  ,  &  a  peu  pres  de  meme  longueur.  II 
porte  huit  ou  dix  ftalaftites  accolees,  hautes 
d'environ  fix  a  fept  pieds  ,  &  de  trois ,  qua- 
tre  &  fix  pouces  de  diametre.  Ces  ftaladites 
placees  les  unes  a  cote  des  autres  ,  imitent 
parfaitementbi^ndes  tuyaux  d'orgue.  Quand 
on  les  frappe  elles  rendent  un  fon  plus  ou 
moins  fort.  Ce  fon  accidentel  n'a  rien  qui 
puiffe  etonner  :  ces  llaladlites  font  creufes 
enpartie,  peu  epaiffes ,  &  leur  longueur  les 
rend  fonores  jufqu'a  un  certain  point.  Ce 
grouppe  a  fait  donnera  cette  falle  le  nom  de 
falle  des  Or^ues,  On  remarque  aux  environs 

Dij 


52  A  C  A  D  £  M  I   E 

de  ce  grouppe ,  que  les  lits  du  rocher  laiffent 
entre  eux  de  longues  couches  horizontales 
vuides  &  aiTez  profondes ,  de  fa^on  que  le 
lit  fuperieur  du  roc  paroit  n'ctre  porte  nulle 
part. 

Centre  le  meme  grouppe ,  on  voit  un  tas 
prodigieux  deplus  de  cinquante  tombereaux 
d'une  urre  noire  &  fans  confiftance.  C'efl,  dit- 
on,  le  fumier  des  chauve-iouris  qui  autrefois 
etoient  en  prodigieufe  quantite  dans  ces 
Grottes,  &fe  ramaffoient  par  pelotons  dans 
cet  endroit.  Ce  fumier  eft  une  terre  tres- 
legere,  fans  prefqu'aucune  liaifon  ,  &  com- 
pofee  de  la  deftru£lion  d'une  infinite  d'in- 
ieftes  differens  ,  dont  les  etuis  font  encore 
conferves  en  fragmens.  On  trouve  de  cette 
terre  en  pluficurs  endroits  des  Grottes;  mais 
c'eft  le  feul  endroit  oil  il  y  en  ait  en  fi  prodi- 
gieufe quantite. 

A  la  hauteur  des  orgues  la  voiite  de  la 
falle  fe  releve  encore  d'environ  dix  pieds , 
&  la  decoration  change.  On  fe  trouve  dans 
ime  vafte  falle  de  forme  ovale  ;  elle  ell  cou- 
ronnee  par  un  inimenfe  plafond  jaune,  hori- 
2ontal ,  parfaitement  plat,  liffe  ,  avec  des 
rebords  onduIes,&  d'une  couleur  blanchiitre 
qui  tranche  fur  le  fond.  Cell  la  plus  belle 
de  toutes  les  voiites  des  Grottes.  EUe  a  an 
jnoins  trente  pieds  d'elevation.  On  peut 
nommei"  cet  endroit  la  falU  des  Spectacles, 

Le  fond  de  cette  falle  oiFre  wn  theatre 
tnagniiique  ,  elevd  de  douze  pieds  an  deflus 
du  fol.  (  f^'fiS'  4'  )  Une  fuperbe  flalaelite 


D  E    Dijon,  77^4:  ^^f 

placee  en  devant,  &  qui  reprefente  une  co- 
lonne  cannelee  d'environ  doiize  pieds  de 
hauteur  lur  un  de  diametre ,  partage  le  mi-, 
iieu  de  la  decoration.  Deux'trcs-beaux  &ma- 
gnifiques  grouppes  de  concretions,  en  forme 
de  piiallres  places  centre  Ics  parois  a  droite 
§1  a  gauche  ,  ornent  le  devant  de  ce  theatre. 
D'autres  grouppes  iitues  en  arriere,  fur  les 
cotes  ,  mais  en  faillie  les  uns  fur  les  autres  , 
refferrent  le  fond  fucceffivement  &  forment 
les  couliffes.  La  voute  qui  s'abaiffe  a  mefure 
que  Ton  avance  vers  I'extremite,  acheve  de 
perfeftionner  I'eiFet.  Le  tout  prefente  une 
fculpture''indeterm_inee  qui  ofFre  un  travail  iin- 
gulier.  La  blancheur  eclatante  de  pluiieurs 
de  ces  morceaux ,  varie  &  augmente  la  ri- 
cheffe  de  la  perfpective.-  C'eft  la  plus  belle 
qui  foit  dans  ces  Grottes.  La  belle  llaladite 
placee  en  de  vant  paroit  portee  fur  un  piedeflal 
qui  s'eleve  de  quatre  pieds  au  dcffus  du 
maffif  qui  femble  former  la  hauteur  du  plan 
de  theatre  :  en  1762  il  s'en  falloit  environ 
trois  pouces  qu'elle  n'y  portat.  Vers  1777 
elle  a  commence  a  y  etre  appuyee  par  le 
cote  gauche  feulement,  oil  il  fe  fait  une 
addition  de  concretion  qui  augmente  par  un 
fuintement  d'eau,qui  n'a  pas  eu  lieu  pendant 
plufieurs  annees.  Comme  cette  flaladite  eft 
adherente  Sc  fufpendue  a  la  voiite  ,  on  la 
nomme  k  Pi/ier  fujpe/idu,  A  droite,  &  pres 
de  cette  ftaladite  ,  on  en  remarque  une 
autre  longue  d'environ  fix  a  fept  pieds  ,  & 
de  trois  pouces  au  plus  de  diametre.  Elle  ef| 

D  il] 


^54  A  C   A  D   fe   M   I   E 

iin  pen  contournde  vers  fa  pointe ;  &  comme 
fa  groffeur  eft  affez  egale  dans  toute  fa  lon- 
gueur, on  la  nomme  CAuguille. 

L'interieur  de  ce  theatre ,  qui  a  cinq  toifes 
de  longueur ,  merite  beaucoup  d'attention 
dans  le  detail.  La  voiite  rabaiffee  d'environ 
huit  pieds  ,  eft  tres-chargee  de  beaucoup  de 
groffes  ftaladtites.  On  en  remarque  une  que 
Ton  nomme  le  cxur  de  Bxiif.  Elle  eft  longue 
deneuf  pieds.  Elle  porte  a  Ion  extremite  une 
forme  d'un  tres-gros  coeur,  ou  plutot  d'un 
tres  gros  artichaut  lerme  &  renverfe ,  dont 
la  pointe  eft  elevee  de  neuf  pieds  an  defliis 
du  fol. 

Sur  la  gauche,  entre  des  ftiries  grouppees, 
Ton  trouve  I'entree  d'un  petit  reduit  tres- 
riche  en  ftaladtites.  II  n'a  pas  fix  pieds  de 
haut,  &  il  a  moins  encore  de  large.  Le  fol 
eft  d'environ  un  pied  plus  eleve  que  le  plan 
du  theatre.  On  trouve  dans  ce  reduit,  le 
long  de  la  paroi  gauche,  un  bafiin  naturel- 
lement  evcave  dans  le  roc  :  il  a  environ 
deux  toifes  de  long  fur  trois  a  quatre  pieds 
de  large  ,  &  huit  pouces  de  profondeur.  Les 
gouttes  continuellesqui  tombentde  la  voiite, 
entretiennent  toujours  dans  ce  baflin  une 
eau  tres-limpide ,  au  fond  de  laquelle  il  fe 
forme  de  petits  grouppes  de  ftalagmites  de- 
licates  &  mamelonnees  qui  reffemblenta  des 
choux-fleurs.  Get  endroit  fe  nomme  la  Fon- 
taine. II  s'eleve  du  milieu  de  ce  baffin  une 
efpece  de  colonne  haute  de  quatre  pieds  fur 
cinq  pouces   de  diameire  i  c'eft  une  ftirie^ 


b  E    Dijon,  ^/y.?^:  Yf 

Le  pied  epate  eft  garni  tout  autour,  a  fleur 
d'eau  ,  d'un  petit  cordon  d'une  cryftallifation 
tres-blanche.  La  multiplicite  des  ftalaftites 
&  ftalagmites  obftriie  le  fond  de  ce  reduit , 
oil  Ton  trouve  cependant  un  paffage  ^  peu  fa- 
cile ,  a  la  verite  ,  mais  qui ,  par  un  circuit  , 
rentre  dans  le  theatre.  On  peut ,  dans  cet 
endroit,  remarquer  &  examiner  les  bafiins 
progrefiifs.  L'entree  de  cette  fontaine  com- 
munique ,  a  gauche ,  dans  quelques  autres 
reduits  fitues  derriere  les  gros  grouppes  qui 
avoifment  le  coeur  de  BceufSi  le  Pilicrfufpcndu, 
Je  crois  que  c'eft  dans  quelqu'un  de  ces 
efpeces  de  cabinets ,  que  M.  Perrault  trouva 
quelque  chofe  qui  lui  parut  former  une  table 
&  un  (iege.  A  peu  de  diftance  de  Tentree  de 
la  fontaine,  &  du  meme  cote,  Ton  voitune 
ftirie  ifolee  qui  reprefente  unegroffecolonne 
d'environ  trois  pieds  de  diametre  ,  haute 
de  douze.  EUe  tient  au  fol  &  a  la  voute 
qui  eft  rabaifl'ee  d'environ  trois  pieds, 

A  neuf  pieds  au  dela  de  cette  colonne 
la  voiite  fe  rabaiffe  encore  de  plus  de  quatre 
pieds.  Le  fol  inegal  ,  &  qui  fe  releve  in-* 
fenfiblement  depuis  l'entree  de  la  fontaine , 
concourt,  avec  le  rabaifl'ement  progreffif  de 
la  voiite,  a  rendre  cet  endroit  peu  commode. 
On  y  retrouve  lafente  du  milieu  de  la  voute 
qui  eft  affei  chargee  de  ftaladlites  grouppees. 
On  arrive  a  un  pafl'age  ferre  ,  long  d'environ 
dix  toifes  ,  &  dans  le  milieu  duquel  la  voiite 
ji'a  que  quatre  pieds  &  demi  d'elevation. 
Pres    de  Tentree   de  ce  paffa^e ,  il  y  a  un 

P  iy 


56  A   C  A  D   E   M  I   e' 

bourbier  pen  large  &  pen  profond ,  que  Von 
evite  en  paiTant  fur  une  crete  de  roc  qui  le 
partage  en  deux  parties.  Une  ftalagmite  qui 
n'a  rien  de  beau ,  mais  qui  fe  trouve  placee 
tres-a  propos  a  portee  de  cette  crete  de 
roc ,  aide  a  traverfer  ce  bourbier  plus  faci- 
lement. 

Au  fortir  du  paffage  ferre,  dans  lequel  on 
peut  remarquer  le  travail  de  Teau  qui  a 
fillonne  &  excave  la  roche  ,  la  voiite  fe 
releve.  On  entre  dans  une  falle  longue  de 
yingt-une  toifes  &  large  de  cinq.  Elle  n'offre 
a  I'entree  qu'un  grouppe  de  ftaladites  place  h 
gauche.  Le  marcher  eft  d'abord  aflez  facile. 
La  yoiite,  dans  I'efpace  de  fept  toifes,  eft 
plate,  horizontale,  &  a  quatorze  pieds  d'e- 
levation.  Mais  tout  a  coup  elle  le  releve  de 
douze  pieds ,  &  elle  prefente  encore  le  fond 
d'une  gondole  ornee  de  petites  ftalaftites 
naiffantes.  Ce  rehauffement  de  la  voiite  vient 
de  ce  qu'il  s'en  eft  detache  de  grolTes  fta- 
laftites  qui  ont  entraine  avec  elles  beau- 
coup  de  pierres  fort  groftes.  Le  fol  couvert 
de  cet  eboulement  eft  tres-inegal,  &  d\m  • 
jnarcher  tres-incommode.  Vers  le  milieu,  la 
voute  fe  releve  encore  de  trois  a  quatre 
pieds  ,  &  Ton  voit  9  droite  un  trou  ovale , 
long  de  plus  de  quatre  toifes  fur  fix  oufept 
pieds  de  large ,  &  autant  de  profondeur. 
Cette  cavite  eft  aufli  garnie  de  quelques 
ftaludites.  Les  decombres  fortis  de  ce  trou  \ 
forment  un  monticule,  au  haut  duquel  il  y 
a  deux  on  trois  ftalagmites  fort  blanches  j 


D  E    Dijon,  1^84:  57 

Bautes  de  deux,  trois  &  quatre  pieds.  Cet 
enfemble  pent  etre  compare  a  im  Calvaire^ 
C'eft  Fobjet  principal  qu'on  pent  confiderer 
dans  cette  falle.  La  paroi  a  gauche ,  corref- 
pondante  a  ce  Calvaire ,  prefente  du  haut 
en  has,  dans  la  longueur  de  dix  a  douze 
toifes ,  un  tres-joli  guillochis  blanc  &  ver- 
tical ,  interrompu  quelquefois  par  les  lits  du 
rocher  ,  &  qui  imite  tres-bien  une  draperie 
antique ,  adherente  au  mur. 

De  cette  vafte  falle,  on  paffe  dans  une  autre 
beaucoup  moins  grand e  ,  qui  n'a  que  fept 
toifes  de  long ,  mais  qui  eft  infiniment  plus 
riche  par  la  beaute  ,  la  groffeur ,  la  multi- 
plicite  &  la  variete  des  objets.  Ce  qui  frappe 
davantage  eft  ce  qu'on  appelle  ic  pain  de 
Sucre.  C'eft  une  ftalagmite  parfaitement  co- 
nique  ,  haute  de  neuf  pieds  ,  &  de  cinq  pieds 
de  diametre  a  la  bafe.  EUe  eft  placee  fur  un 
piedeftal  eleve  au  moins  de  trois  pieds.  Ce 
cone  n'a  pas  une  furface  unie  commeun  pain 
de  fucre  ordinaire  ,  mais  il  eft  guilloche  a 
peu  pres  comme  une  pomme  de  pin  qui  ne 
feroit  pas  epanouie.  Cette  ftalagmite  eft  en~ 
vironnee  de  plufieurs  autres.  A  droite  on 
remarque  un  tres-gros  bloc  grouppe  &  engage 
dans  le  mur.  Une  ftirie  placee  derriere  ce 
grouppe  ,  merite  attention.  Elle  a  neuf  pieds 
de  haut ,  &  ftx  ou  fept  pouces  de  diametre. 
Elle  pent  etre  coniparee  a  une  etaie  fculptee 
de  haut  en  has.  On  remarque  encore  trois 
autres  groffes  ftalagmites  qui  font  pofees  fur 
im  tres-grand  focle  commun  a  toutes ,  ainli ' 


5&  A   C  A  D  E   M  I   E 

qu  a  la  ftirie.  Elles  ont  qiiatre  a  cinq  pieds 
de  haut.  Deux  reprefentent  des  ifs  bien 
failles ,  &  la  troifieme  a  la  forme  d'une  ftatiie 
ebauchee ,  a  genou  ,  &  vetue  d'une  draperie 
qiii  la  coiivre  entierement.  La  voute  ra- 
baiflee  dans  cet  endroit  de  quatre  pieds  plus 
que  la  falle  precedente,  eft  ornee  de  beau- 
coup  de  fort  belles  ftaladites.  Au  cote  gau- 
che il  y  a  plufieurs  tres-beaux  grouppes.  Tous 
reprefentent  des  rocailles  qui  portent  plu- 
fieurs belles  &  groffes  flalagmites  qui  paroif- 
lent  implantees  fur  ces  grouppes  ,  &  foutenir 
enfuite  la  voiite.  L'enfemble ,  ainfi  que  le 
detail ,  excite  ici  une  admiration  naturelle. 
Le  grouppe  qui  eft  place  vis-a-vis  du  pain 
de  fucre ,  merite  une  attention  particuliere. 
Le  haut  prefente  un  reduit  dans  lequel  on 
voit  une  ouverture  horizontale ,  ovale  comme 
la  coupe  d'une  lentille,  &  longue  d'environ 
quatre  pieds.  Le  bord  inferieur  eft  en  faillie. 
II  reprefente  le  rebord  d'un  baflin ,  duquel 
il  paroit  decouler  une  belle  nappe  d'eau  qui 
forme  des  ondulations  verticales.  (  F.  fig.  6.  ) 
Ce  morceau  fe  fait  remarquer  encore  par 
fa  blancheur,  qui  furpaffede  beaucoup  celle 
de  la  rocaille  qui  le  porte.  Tous  ces  differens 
grouppes,  fepar^s  les  uns  des  autres  ,laifrent 
voir  dans  les  intervalles  ,  des  reduits  affez 
garnis  de  ftaladites  &  ftalagmites  qui  font 
iin  fort  bel  effet.  Un  peu  plus  loin,  parmi 
un  grand  nombre  de  belles  ftaladites  adhe- 
rentes  a  la  voute ,  on  remarque  vers  I'ex- 
tremit^ ,  un  c(Kur  dc  Bxuf  pareil  au  premier? 


1)  E    Dijon;  ry84.  y| 

dont  j'ai  fait  la  defcriptlon  ,  mais  d'lin  moin-' 
dre  volume. 

Ce  magnifique  endroit  eft  termine  par  ce 
que  Ton  nomme  k  pilier  du  Prince.  C'eft  une 
ftirie  haute  de  feize  pieds ,  qui  reprefente 
un  fufeau  de  quenouille.  Le  gros  bout  a 
quinze  pouces  de  diametre  &  huit  pieds  de 
haut  :  il  porte  fur  une  petite  eminence  qui 
forme  une  efpece  de  focle.  La  queue  de  ce 
fufeau  a  egalement  huit  pieds  de  haut,  & 
quatre  pouces  feulement  de  diametre.  Le  nora 
de  pilier  du  Prince  donne  a  cette  ftirie  ,  vient 
de  ce  qu'elle  merita  une  admiration  parti- 
culiere  de  feu  Mg''.  Armand-Jules  de  Bourbon  , 
Prince  de  Conde ,  qui  vifita  ces  Grottes  a 
la  fin  du  dernier  fiecle ,  ou  au  commencement 
de  celui-ci  (i). 

La  Grotte  s'elargit  alors.  On  paffe  dans 
une  nouvelle  falle  large  de  fept  toifes ,  &  de 
quarante-quatre  de  longueur.  A  I'entree ,  la 
voiite  fe  releve  d'environ  fix  pieds ,  &  pre- 
fente  le  fond  plat  d'une  jatte  ovale.  Le  mur 
a  droite  eft  charge  de  beaucoup  de  ftaladites  ; 
la  paroi  a  gauche  n'en  a  aucune.  Environ 
au  tiers  de  la  falle,  a  droite,  on  voit  deux 
fort  beaux  grouppes  qui  laiffent  entre  eux 
un  efpace  large  d'environ  deux  toifes ,  d'au- 
tant  de  hauteur ,   &  qui  s'enfonce  par  der- 


(i)  Ce  Prince  ,  bifaieul  de  Louis-Jofeph  de  Bourbon  I 
Prince  de  Conde  ,  Gouverneur  aduel  de  la  Province 
de  Bourgogne  ,  mourut  en  1709, 


60  A  C  A  D  E  M  I   E 

riere.  L'enfemble  forme  nne  tres-jolie  grotts 
meublee  d'une  rocallle  ucs-blanchc ,  &  dans 
laquelle  les  ftal;'.£lites  abondent.  II  eflfacheux 
que  le  marcher  de  cette  falle  foit  tres-in- 
commode  par  la  prodigieiife  quantite  de 
groffes  pierres  &  de  llalaftites  qui  fe  font 
detachees  de  la  voiite  ,  &  qui  s'ecroulent 
encore  affez  fouvent. 

A  peu  de  diflance  dela ,  on  trouve  au  mi- 
lieu de  la  falle  une  flalagmite  ifolee  ,  haute 
de  fept  pieds  &  tres-blanche.  Tout  pres  eft 
im  affez  beau  grouppe  de  flalagmites.  Alors 
le  fol  s'elevei  la  largeur  de  la  falle  com- 
mence a  diminucr  infenfiblement  ,  &  un  peu 
au  dela  du  milieu  Ton  voit ,  a  droite  ,  un 
autre  gros  grouppe  en  faillie  ,  appuye  fur  la 
paroi  :  c'ell  une  maffe  blanchatre  parallelo- 
grammatique  ,  haute  d'environ  fix  pieds  , 
longue  de  dix  au  moins,  &  furmontee  de 
plufieurs  belles  ftalagmites  qui  appuient  la 
voute  ,  &  dont  une  ne  reffemble  pas  mal 
a  un  faifceau  de  palmes  epanouies  par  le 
haut.  Je  donne  a  cet  enfemble  le  nom  de 
Cenotaphe. 

Ici  la  voute  commence  a  former  tres-bieti 
le  ceintre  ;  &  a  cinq  toifes  de  diilance  ,  elle 
ie  forme  encore  beaucoup  plus  reguliere- 
ment.  Depuis  ce  point  la  falle  prefente  une 
nouvelle  decoration.  La  voute  n'a  plus  que 
huit  pieds  d'elevation  dans  le  milieu.  Elle 
porte  a  droite  &  a  gauche ,  fur  le  fol  qui 
s'eleve  jufqu'^  I'extrcmite  par  une  pente 
^nfenfible.  La  largeur  de  la  falle  diminue  de 


D  E     D  I  T  o  N,   i;;S4:  6f 

meme  infenfiblement.  Cette  extremlte,  qui 
a  encore  phis  de  douze  toifes  de  longueur, 
s'appelle  ies  Berceaux ,  ou  le  Parterre.  Le  fol 
forme  par  le  roc  a  nu ,  eft  orne  d'un  com- 
partiment  blanc  en  relief,  &  affez  fingulier, 
D'abord  ce  n'eft  qu'une  efpece  de  pellicule 
ou  lame  blanche  qui  forme  une  legere  on- 
dulation.  Plus  loin  Tondulation  s'eleve  en 
Crete  de  coq ;  &  a  mefure  qile  Ton  avance  , 
ces  ondulations  croiffent  de  plus  en  plus  eii 
groffeur  &  en  hauteur.  Elles  forment  enfin, 
a  Fextremite  de  la  falle,  dQs  baffins  fort 
grands  ,  dont  les  bords  ont  plus  d'un  pied  de 
hauteur  &  d'epaiffeur.  lis  font  tellement  dif- 
pofes  ,  que  Ton  pent  les  comparer  a  line 
quantite  prodigieufe  d'immenfes  coquilles,, 
a  bords  guilloches  ,  arrangees  les  unes  contre 
les  autres  ,  &  qui  ne  laiffent  entre  elles  aucun 
efpace  vuide.  La  voute  porte  dans  fon  mi- 
lieu beaucoup  de  petites  ftalaftites.  Son  ele- 
vation eft  reduite  a  deux  pieds  &  demi  ou 
trois  au  plus.  Sa  naiffance  ,  a  droite ,  paroit 
foutenue  de  diftance  en  diftance  par  quel- 
ques  petites  colonnes  blanches  dont  la  hau- 
teur diminue  a  mefure  que  le  plan  s'eleve^ 
Enfin,  Textremite  de  cette  falle  paroit  etre 
celle  des  Grottes. 

Mais  ce  n'eft  point  encore  la  leur  terme  , 
com  me  le  dit  la  Defcription  de  M.  de  Clugny  ; 
car  on  trouve  a  gauche  un  trou  de  douze 
pieds  de  long  &  de  deux  de  diametre,  dans 
iequel  il  faut  prefque  ramper.  Ce  trou  pre- 
l^ente  a  merveille  le  travail  de  I'eau  qui  Ta^ 


<6±  A   C   A   D   £   M   1   E 

forme.  C'eft  im  vrai  goulot  par  lequel  on 
penetre  dans  une  nouvelle  falle  qui  a  vingt 
toifes  de  longueur  fur  fix  de  largeur  moyenne. 
Le  iol  de  cette  derniere  falle  s'eleve  confi- 
derablement.  II  ne  prefente  d'abord  a  Ten- 
tree  qu'un  eboulement  prodigieux  de  groffes 
pierres;  mais  il  offre  enfuite  un  amphitheatre 
magnifique ,  d'une  blancheur  dont  I'^clat  eft 
tr^s-refplendiffant.  La  falle,  dans  fon  total, 
ne  le  cede  en  beaute  a  aucune  autre ,  &  ce 
feroit  n'avoir  vu  toutes  ces  Grottes  qu'affez 
imparfaitement ,  fi  on  n'avoit  penetre  dans 
cette  extremite.  Quoique  M.  Jobineau  affure 
qu'elle  ne  contient  rien  de  curieux  &  d'in- 
tereffant ,  cependant  c'eft  dans  cette  falle , 
que  je  crois  pouvoir  nommer  Salle  de  la  caf- 
cade,  que  Ton  pent  obferver  mieuxqu'ailleurs, 
&  etudier  davantage  les  efFets  des  operations 
de  la  nature.  Derriere  le  maffif  de  I'eboule- 
ment  qui  fe  prefente  a  I'entree  ,  le  fol  en 
amphitheatre ,  comme  je  viens  de  le  dire , 
eft  une  cafcade  continue,  formee  par  difFerens 
baffins  guilloches ,  difpofes  en  gradins  entre 
tleux  files  de  ftalagmites.  Le  haut  de  I'am- 
phitheatre  prefente  un  roc  horizontal  a 
hauteur  d'appui ,  qui  porte  un  nouveau  bafTm 
qui  re^oit  continuellement  plufieurs  gouttes 
d'eau  qui  tombent  de  la  voute  toutes  a  la 
fois.  La  furabondance  de  la  matiere  dont 
les  ftalagmites  paroifl"ent  enduites,  a  forme 
a  leur  pied  ,  &  dans  difFerens  endroits  de  la 
meme  falle  ,  des  incruftations  etendues  & 
tres-blanches.  La  voute  eft  orn^e  d'une  iu- 


D  E   Dijon;  iyS4:        6f 

fnlte  de  petites  ftaladites  naiffantes,  dont 
la  plupart  n'ont  que  la  groffeur  ,  la  longueur. 
&  I'epaiffeur  d'un  tuyau  de  plume  a  ^crire. 
Le  fond  de  cette  falle  au  dela  de  Tamphi- 
theatre  ,  eft  un  reduit  de  trois  toifes  de  pro- 
fondeur,  d'environ  deux  pieds  &:  demi  d'ele- 
vation  ,  &  qui  s'eleve  auffi  en  pente  :  ce 
reduit  n'a  rien  de  curieux,  &  ne  communi-, 
que  a  rien.  II  forme,  fur  la  droite ,  un  en- 
foncement  dans  lequel  on  peut  fe  gliffer  fur 
le  ventre ,  &  Ton  trouve  que  ce  n'eft  plus 
la  continuite  du  roc,  mais  que  ce  n'^ft  qu'une 
efpece  de  decombres  de  terre  &  de  pierres 
fufpendues.  Cette  particularitefaitfoupgonner 
qu'il  n'y  a  alors  que  quelques  toifes  de 
terrein  qui  couvrent  cette  extremite. 

II  faut  alors  revenir  fur  fes  pas  :  on  revolt 
avec  plaifir  tous  les  differens  objets  que  Ton 
a  deja  confideres.  On  y  remarque  de  nou- 
velles  beautes  ;  &  quand  on  eft  de  retour 
dans  la  grande  falle  ovale  de  la  Vierge ,  il  faut 
detourner  en  remontant  fur  la  gauche. 

Dans  le  fond  au  nord-eft ,  on  trouve  une 
cavite  qui  defcend  en  pente  fous  la  roche, 
Elle  a  environ  cinq  toifes  de  large."  L'entree 
paroit  defendue  par  une  efpece  de  digue  for- 
mee  par  de  tres-grofles  &  tres-longues  pierres 
plates ,  qui  fe  font  detachees  naturellement 
de  la  voute.  Elles  forment  un  plan  incline  du 
cote  du  trou ,  &  paroiffent  avoir  ete  artifte- 
xnent  difpofees  pour  former  un  glacis.  L'ar- 
rangement  particulier  de  ces  pierres  a  fait 
Rummer  cette  cavite,,  U  Lavoir*  C'eftune  gal- 


64  *ACADEMIE 

lerie  affez  longue",  dont  Textremite  eft  tou» 
jours  remplie  d'eaii.  Je  n'ai  pu  y  avancer 
qu'environ  Tefpace  de  dix  toifes  ,  &  examiner 
a  pen  pres  la  direftion  de  cet  enfoncement , 
dont  le  fol  &  la  voute  forment  une  pente  pa- 
rallele  qui  baiffe  a  mefure  que  Ton  avance 
davantage  vers  rextremite. 

En  fortant  de  cette  gallerie.  Ton  voit  fur 
la  gauche  un  petit  entbncement  du  rocher , 
qui  forme  un  reduit  affez  orne  de  ftaladites; 
&  a  quelques  pas  plus  loin ,  on  trouve  un 
paffage  long  de  fix  pieds  ,  large  de  trois  & 
haut  de  quatre  :  on  I'appelle  le  Trou-Monfimr. 

Ce  trou  n'offre  aucunes  curiofites.  Mais  il 
communique  a  \\r\Q  falle  ovale  ^  longue  de  14 
toifes ,  &  large  d'environ  trois  &  demie.  Cette 
falle  eft  affez  richement  ornee  de  beaucoup 
de  blocs  de  ftalagmites  hautes  de  trois, quatre 
&  cinq  pieds,  &  de  plufteurs  fort  beaux  group- 
pes  de  ftiries ,  qui  portent  la  voiite  du  cote 
de  left.  Elles  font  tres-blanches  ,  &  d'un  tra- 
vail fort  curieux  &  tres  -  varie.  La  voiite  , 
elevee  de  fix  pieds,  eft  affez  plate  &  chargee 
de  beaucoup  de  ftalaftites  peu  longues,  mais 
qui  font  wn.  tres-bel  effet.  Le  fol  de  cette 
falle  eft  peu  uni,  &  forme  par  des  blocs  de 
pierres  eboulees  de  la  voute.  Un  peu  au  deffus 
du  niveau  de  ce  fol,  on  retrouve,  a  droite, 
la  couche  de  gravier  que  Ton  voit  pres  de  la 
Vler^c  &  fous  la  coquilk.  A  gauche,  derriere 
les  blocs  de  ftalagmites ,  il  y  a  une  cavite 
perpendigulaire  d'environ  18  a  20  pieds  de 

profondeur  j. 


D  E    Dijon,    ly?.^:         6$ 

profondeur,  au  fond  de  laquelle  il  y  a  tou- 
jours  de  Teau. 

A  mefnre  que  Ton  avance  dans  cette  falle, 
en  fe  rapprochant  dii  cote  de  I'entree  des 
Grottes,  le  fol  baifTe,  la  voiite  s'abaiffe  aufli 
toj.t-a-coup,  &  Ton  defcend  dans  la  fulle  de. 
tEuing.  C'eft  une  vafte  caverne  de  figure 
ovale  &  longue  de  vingt  toifes.  La  voute, 
haute  de  douze  pieds ,  forme  une  calotte  qui 
paroit  porter  a  terre  dans  tout  le  pourtour. 
Ce  qui  frappe  davantage  dans  cette  fpacieufe 
caverne,  eft  ce  qu'on  appelle  VEtang.  C'eft 
moins  un  etang  qu'un  lac ,  de  figure  ellipti- 
que,  large  d'environ  quinze  toifes,  qui  paroit 
fuir  &  s'enfoncer  fous  le  roc  du  cote  de  Tefl. 
L'eau  efl  dormante  comme  par-tout  ailleurs 
dans  ces  Grottes  (  excepte  dans  le  petit  puits 
au  bas  de  la  Vierge)  ,  &  elle  efl  fi  claire  & 
li  limpide,  qu'on  y  entreroit  fans  s'en  apper- 
cevoir.  Le  fol,  en  pente  du  cote  du  lac,  efl 
convert  d'une  glaife  detremp6e  &  fort  tenace. 
On  retrouve ,  du  cote  de  I'ouefl,  la  couche 
de  gravier  qui  efl  elevee  de  8  pieds  au  deffus 
du  fol  de  la  falle ,  &  de  neuf  au  deffus  du 
niveau  de  l'eau  du  lac.  Au  pied  du  roc  on 
voit  un  rebord  61eve ,  en  forme  de  petite  ban- 
quette, forme  de  la  matiere  incruflante  or- 
dinaire dans  toutes  les  parties  des  Grottes, 
&  qui ,  dans  les  endroits  oil  il  efl  rompu , 
montre  que  c'efl  une  longue  couche  d'albatre 
calcaire,  epaiffe  de  quelques  pouces.  Au  pied 
de  ce  rebord,  on  remarque  que  le  roc  efl  perce 
de  plufieurs  trous,d'un  pied  ou  dix-huit  pou- 

E 


66  ACADEMIE 

ces  de  dlametre,  &  obliques  dans  leur  pro- 
fondeur.  Selon  le  temoignage  des  gens  du 
lieu ,  ce  font  des  canaux  par  lefquels  I'eaii 
penetre  lors  des  crues  de  la  riviere, &  couvre 
toute  la  falle.  On  ne  peut  alors  y  pen^trer. 
Elle  ne  pr^fente  aucunes  llaladites  ni  ftalag- 
mites.  On  n'y  voit  que  quelques  filets  d'une 
incruftation  tres-blanche,  fur  un  angle  faillant 
que  le  roc  forme  vers  le  milieu  de  Tetang. 

On  fort  de  cette  falle  par  un  paffage  etroit, 
long  de  trois  toi(es,  haut  de  quatre  pieds  & 
demi ,  large  de  trois  environ ,  &  Ton  rentre 
dans  la  grande  gallerie  qui  conduit  au  Trow 
Madame  ,  pour  abandonner  avec  plaifir  ces 
antres  fouterreins,  &  revenir  jouir  de  la  lu- 
miere. 

Au  fortir  des  Grottes ,  il  faut  remonter  le 
long  de  la  Cun,  environ  deux  cents  toifes, 
pour  voir  ce  qu'on  appelle  Us  Entonnoirs.  Ce 
font  deux  petites  cavernes  naturellement  for- 
mees  dans  le  roc,  diftantes  d'environ  douze 
toifes  Tune  de  I'autre,  &  dans  chacune  def- 
quelles  un  petit  ruiffeau ,  naturellement  de- 
rive de  la  Cure,  vient  fe  perdre.  Le  premier 
de  ces  ruiffeaux  paffe  de  fa  propre  caverne 
dans  la  feconde,  oil  il  entre  par  le  fond  &. 
vient  fe  joindre  au  fecond  ruifleau.  Celui-ci, 
groffi  par  cette  jonftion,  fait  un  petit  coude 
a  droite  ,  &  entre  dans  un  trou  fous  la  ro- 
che.  Cette  caverne  etoit  tres-degagee ,  il  y 
a  peu  d'annecs  :  un  (^boulement  moderne  en 
a  ferme  I'enrree.  M.  d'Eftud  d'Affe,  Seigneur 
du  lieu  J  m'a  affur^  qu'un  homme  s'etoit  en- 


D  E    Dijon,    77^4:  67 

fence  dans  le  coiirs  de  ce  ruifleau  fouterrein, 
qull  avoit  avanc6  affez  loin;  &  qu'ayant  en- 
fin  trouv6  un  terme  oil  Teau  rempliffoit  toute 
la  cavite  ,  il  etoit  revenii  fur  (es  pas.  Ce  cours 
fouterrein  ,  qu'on  nomme  gui  des  Entonnohs  ^ 
parcourt  fous  la  montagne  un  efpace  de  400 
toifes.  II  paffe  fous  les  Grottes  ,  &  vient  re- 
paroitre  de  Tautre  cote  du  coteau.  II  fort  de 
la  roche  par  une  ouverture  horizontale  plus 
longue  que  large  ,  &  il  eft  affez  confiderable 
pour  faire  tourner  un  moulin  nomme  Pichc- 
B.ochc.  On  a  doute  que  ce  fut  ce  cours  fou- 
terrein qui  reparut  pour  faire  tourner  ce  mou- 
lin ;  mais  on  s'eft  affure  du  fait  ,  en  jetant 
dans  les  Entonnoirs  du  fon  qui  a  reparu  de 
I'autre  c6te.  Une  autre  preuve  encore,  c'eft: 
que  quand  on  veut  empecher  le  moulin  de 
tourner,  on  barre  les  ruiffeaux  des  Enton- 
noirs ,  &  Teau  manque.  On  a  voulu  elever 
cette  eau  pour  la  faire  tomber  fur  la  roue 
du  moulin.  Mais  comme  elle  s'arretoit  a  pen 
pres  a  deux  pieds  &  demi  an  deffus  de  fon 
niveau  ordinaire,  il  en  refulte  qu'elle  n'a  que 
trente  pouces  de  pente  pour  toute  letendue 
de  fon  cours  fouterrein  ,  &  confequemment 
environ  une  ligne  par  toife. 

A  cote  du  premier  de  ces  Entonnoirs ,  on 
voit  dans  la  roche  une  efpece  de  porte  fort 
large  &  fort  haute  ,  aufli  grande  que  celle 
d'une  ville,&  terminee  en  ogive  dans  le  haut. 
(  V.  fig.  6".)  C'eft  I'entree  d'une  caverne  affez 
etendue,  nommee  la  Rocke-Creufe.'  Le  fol  eft 
un  depot  terreux,  eleve  d'environ  fept  a  huit 

E   ij 


€8  ACADiMIE 

pleds  au  deffiis  du  niveau  de  la  Cure.  On 
trouve  a  Tentree  une  efpece  de   gros  pilier 
iemblable  a  ceux  que  Ton  referve  dans  les 
galleries  des  mines   &   des  carrieres.    Cette 
caverne  a  d'abord  environ  douze  toifes  de 
profondeur  fur  8  &  9  de  largeur.   La  voute 
irr^guliere  dans  fa  furface  &  fendue  en  diffe- 
rens  endroits,  prefente  des  trous  &  des  finuo- 
iit^s  par  lefquelles  il  a  coule  beaucoup  d'eau. 
La  caverne  fe  retrecit  au  fond,  &  forme  une 
gallerie  longue  d'environ  vingt-quatre  toifes, 
large  de  trois,  haute  de  deux,  &  dont  le  toit 
eft  un  plafond  tres-plat.  Elle  fe  refferre  a  fon 
extremite  ,  &  Ton  entre  dans  une  autre  gal- 
lerie de  meme  largeur  &  hauteur ,  &  longue 
de  fix  toifes.  Pres  de  cette  entree ,  Ton  voit 
fur  la  paroi  a  gauche  une  incruftation  blan- 
che. A  Textremit^  oil  la  gallerie  fe  retrecit 
encore  &  paroit  finir,  on  trouve  a  gauche  un 
trou  ,  peu  large  ,  au  moyen  duquel  on  fe  glifle 
dans  un  boyau  long  de  deux  toifes  &  de  quatre 
pieds  de  large  :  on  tourne  alors  encore  fur 
la  gauche,  dans  une  tranchee  de  neuf  pieds 
de  large  &  douze  de  longueur.  Elle  paroit 
termin^e  par  un  gros  tas  de  terre  glaiie  qui 
fe  prefente  comme  un  mur  de  fept  pieds  de 
hauteur.  Entre  le  haut  de  cet  amas  de  terre 
&  la  voute ,  il  y  a  un  efpace  de  fix  pieds 
de  large  &  d'environ  deux  &  demi  de  hau- 
teur. On  n'y  eft  d'abord  pas  trop  a  I'aife  :  mais 
apres  s'etre  avance  environ  douze  pieds,  Ton 
peut  fe  redrefler.  La  voute  excav*^e  offre  alors 
Xin  petit  dome  d'un  tres-beau  travail.  C'eft  un 


6  E     D  I  T  O  N,  lyS^,  JS§ 

cone  evuide ,  haiit  d'envlron  cinq  pieds ,  & 
qui  en  a  «;nviron  trois  &  demi  de  diametre  a 
la  bale.  Tout  Tinterieur  de  ce  cone  eft  fillonn6" 
verticalement ,  &  guilloche  comme  fi  on  eut 
pris  plailir  a  Touvrager. 

On  pent  s'avancer  encore  environ  deux 
toifes  au  dela  de  ce  dome,  &  Ton  trouve  un 
cul-de-fac  qui  n'ofFre  rien  de  curieux.  Sur  la 
gauche ,  la  paroi  eft  un  pen  tapiffee  d'une 
incruftation  blanche.  La  roche  eft  perc6e,  & 
le  trou  qui  pent  avoir  un  pied  de  diametre, 
communique  dans  la  gallerie  ,  &  r^pond  a 
Tendroit  oil  Ton  remarque  une  incruftation 
blanche  ,  pareille  a  celle  dont  on  vient  de 
parler. 

SECONDE    PARTIE, 

Quoique  j'aie  diftingue  plufteurs  falles  dans 
les  Grottes,  on- remarque  neanmoins,  qu'ex- 
cepte  lafalk  de.  fEtang^  celle  du  Trou-Monjieur^ 
&  le  Lavoir^  ce  n'eft  proprement  qu^une  lon- 
gue  gallerie  continue ,  decoree  de  differens 
objets  tres-varies  dans  leur  travail  &  dans  leur 
configuration,  &  qui  invitent  naturellement  a 
diftinguer  les  falles  a  mefure  que  la  decora- 
tion varle. 

ir  y  auroit  du  ridicule  a  penfer  que  ces 
antres  fouterreins  font  I'ouvrage  des  hommes 
(l).  On  n'y  apper9oit  nulle  part  la  trace  du 


(  I )  Piganiol  de  la  Force ,  dans  fa  Dercription  de  la 
France ,  torn.  2 ,  infinue  que  ces  ^ayernes  ont  ete  ori; 

E  iij 


•yO  ACADEMIE 

pic  ni  celle  dii  cifeaii.  Leiir  origine  primitive 
eft  due  a  des  afFaiffemens  de  terres  inferieu- 
res  ,  on  tout  fimplement  a  des  vuides  naturels 
qui  exiftent  louvent  dans  I'interieur  des  ro- 
ches.  On  en  rencontre  frequemment  de  pa- 
reils  dans  les  carrieres  de  certains  cantons, 
oil  on  les  troave  ordinairement  remplis  & 
combles  de  terres. Mais, comme  il  eft  aife  de 
voir  par  la  defcription  que  je  viens  de  faire, 
que  le  fol ,  les  voiites  &  les  parois  portent 
I'empreinte  du  travail  &  de  I'adion  de  Teau, 
je  ne  craindrai  point  d'avancer  que  la  for- 
mation fecoodaire  de  ces  cavernes  eft  I'eiFet 
de  ce  liquide  &  de  fes  efforts  reunis  en  dif- 
ferens  fens. 

L'eau  ,  foit  qu'elle  ait  pu  etre  ramaffee 
comme  en  depot ,  ou  qu'elle  foit  tout  fim- 
plement provenue  des  hauteurs  fuperieures 
aux  voiites  des  Grottes ,  s'eft  d'abord  filtree 
petit  a  petit  a  travers  toutes  les  fentes  qu'elle 
a  pu  trouver.  Son  poids  &  fon  aftion  natu- 
relle  ont  fuffi  pour  qu'elle  put  s'ouvrir  d'abord 
de  petites  iffues-  Elle  s'eft  ainfi  formee  des 
aqueducs  aux  depens  des  rochers  qu'elle  a 
traverfes.  Elle  s'en  forme  de  meme  tons  les 
jours  en  penetrant  les  terres  ,  &  en  degradant 
les  pierres  dans  les  toits  des  carrieres.  Ces 


ginairement  une  carriere.  On  dit  qu'on  en  a  tire  les 
pierres  dont  on  a  conftrult  la  Cathedrale  d'Auxerre  : 
inais  il  eft  aife  de  voir  que  cellcs  que  Ton  a  employees 
0  la  conftruftion  de  cetie  Eglite ,  font  d'une  eipece  & 
-jd'un  grain  di^rens. 


D  E    Dijon;  77^4:  Jf 

canaiix  ,  qui  d'abord  ne  font  prefque  rien, 
s'agrandiffent  fucceflivement  ,  &  deviennent 
enfuite  confiderables.  Dela  la  fente  longitu- 
dinale  que  Ton  remarque  dans  la  voute  de  la 
plupart  des  falles  de  ces  grottes.  Cetoit  Te- 
gout  nature!  des  eaux  fuperieures ,  &  voil4 
la  folution  de  ce  canon  incline  ,  ou  tuyaii 
d'entonnoir,  que  Ton  remarque  dans  la  fente 
de  la  gallerie  qui  precede  le  Trcu-Madame. 

Le  fol  des  Grottes  eft  en  pente  depuis  I'ex- 
tremite  de  la  cafcade  jufqu'aux  deux  trous, 
(  Voyci^  ^^  coupe  des  Grottes.  )  II  n'eft  pas 
douteux  que  cette  extremite  n'ait  fervi  de 
refervoir  a  une  quantite  d'eau  qui  d'abord  a 
excave  ce  trou  rond  ou  goulot,  long  de  12 
pieds ,  par  lequel  il  faut  tamper  pour  pene- 
trer  dans  cette  derniere  falle.  L'efFort  du  meme 
liquide  a  perce  enfuite  ce  paffage  ferre  & 
difficile  qui  fe  trouve  entre  le  theatre  &  la 
falle  du  calvaire.  Les  couches  vuides  que  Yon 
remarque  aux  environs  des  orgues,  entre  les 
lits  du  roc  ,  prouvent  encore  la  meme  aftion 
de  I'eau  qui  a  entralne  les  terres  interpofees. 

Les  cavites  ,  les  fentes  ,  &  plufieurs  des 
accidens  que  Ton  remarque  dans  les  voiites, 
ainfi  que  dans  la  Roche  -  Creufe  ^  s'expliquent 
naturellement  par  les  degradations  que  cau- 
fent  les  eaux  par-tout  ou  elles  coulent.  En 
examinant  ces  paffages  li  peu  commodes  , 
dont  j'ai  fait  mention ,  on  y  voit  fans  peine 
I'empreinte  de  Tagent  qui  les  a  ouverts.  Mais, 
comme  ce  que  je  viens  de  dire  ne  prouve 
qu  une  chiite  perpendiculaire  &  incllnee  des 

Eiv 


7i  A  C  A  D  fe  M  I  g 

eaux  fuperieures ,  line  autre  chiite  on  pre/Hort 
laterale ,  concourant  en  mcme  temps ,  a  reiini 
d'autres  efforts ,  qui ,  d'accord  avec  les  pre- 
miers, ont  creufe  ces  cavernes. 

La  Cure  n'a  pas  toujours  coule  dans  foa 
lit  aduel.  Cette  riviere  plus  elevee  autrefois 
qu'elle  ne  I'efl:  aujourd'hui  ,  parce  que  fon 
canal  etoit  aJors  moins  approfondi ,  a  frappe 
direftement  les  roches  dans  lefquelles  les 
Grottes  font  fituees.  Les  efforts  reiteres  de 
cette  maffe  d'eau ,  qui  exer^oit  une  adion 
continue  &  dircde ,  ont  fait  des  excavations 
&  des  ruptures.  Les  cavernes  des  Entonnoirs 
&  beaucoup  d'autres  cavites  dans  ces  roches 
qui  prefentent  a  I'exterieur  une  infinite  de 
carafteres  de  degradations  caufees  par  I'eau, 
font  des  preuves  des  efforts  qu'elle  a  exerces 
dans  la  diredion  horizontale.  Une  rupture 
particuliere  a  penetre  fans  doute  jufques  dans 
I'interieur  des  Grottes.  On  en  trouve  la  preuve 
dans  ce  canon  prefque  horizontal  que  Xon. 
remarque  a  la  voiite ,  a  Textremitd  de  la  falle 
de  la  Luiterie ,  &  qui  part  d'un  trou  lateral. 

Mais  ce  qui  prouve  davantage  encore  , 
j'ofe  dire  ce  qui  fait  la  demonllration,  c'efl 
la  couche  de  gros  gravier  mele  de  mica  &  de 
granit,  qui  fe  trouve  pres  la  flalagmite  nom- 
inee la  Fierge  ^  fous  la  Coquilh^  clans  la  falle 
du  Trou'MonJieur,  &  dans  celle  de  CEtang.  Ce 
gravier  etranger  a  la  nature  des  roches  dans 
lefquelles  les  Grottes  exiflent ,  n'a  pu  etre 
amen6  dans  ces  cavernes,  que  par  la  riviere 
gvii  rentrainoit  dans  iin  canal  fouterrein,  6f, 


D  E    Dijon,  iy^4'  ff 

qui  rouloit  ces  plerres ,  peut-etre  depuls  le 
fond  dii  Morvand  oil  le  granit  &  le  mica 
font  des  pierres  tr^s-communes  &  tout-a-fait 
naturelles.  Ce  gravier  accumule ,  par  la  fiiite 
des  temps,  a  comble  non-feulement  fon  ca- 
nal ,  mais  meme  la  rupture  laterale  par  la- 
quelle  il  a  penetre  dans  ies  Grottes.  II  les 
a  traverfees  ,  car  ce  depot  fe  retrouve  au 
dehors  de  Tautre  cote  des  Grottes,  dans  la 
vallee  ,  un  peu  au  deffous  de  la  pointe  dii 
plan  incline.  On  le  traverfe  en  allant  des 
Grottes  au  moulin  de  P3chc-Roche.  II  differe 
fl  fort  du  terrein  du  canton ,  qu'il  eft  impof- 
lible  de  s'y  meprendre  &  de  ne  le  pas  recon- 
noitre. Son  entree  dans  les  Grottes ,  exifte  fans 
doute  encore  a  I'exterieur  :  mais,  comme  elle 
eft  couverte  par  les  derniers  depots  de  la  ri- 
viere, en  quelqu'endroit  dubofquet  quiregne 
le  long  du  coteau  ,  au  pied  des  roches  ,  il  eft 
prefque  impoftible  de  pouvoir  en  fixer  pre- 
cifement  la  place. 

La  fituation  &  la  rupture  des  deux  trousy 
rinclinaifon  du  Lavoir  &  du  fol  de  la  falle 
de  TEtang  ,  ajoutent  encore  a  toutes  ces 
preuves  d'une  preffion  exercee  lateralement. 
Elles  achevent  en  quelque  fa^on  de  com- 
pleter la  demonftration  :  ainfi  Ton  convien- 
dra  facilement  que  Texcavation  de  ces  Grottes 
eft  I'efFet  du  travail  &  de  I'aftion  des  eaux. 

Ces  eaux  ainfi  introduites  dans  le  fein 
de  ces  rochers,  fe  font  ^coulees  par  quel- 
qu'ifliie  obftruee  aujourd'hui.  Si  celle  dii 
depot  du  gravier  granitique  ne  fuffit  pas. 


74  ACAD^MIE 

il  a  pu  en  exifter  quelqu'autre  encore,  on 
a  I'extremite  du  Lavoir  ,  ou  dans  tEtang  , 
oil  dans  Tendroit  le  plus  has  de  la  premiere 
falle  oil  il  y  a  de  I'eau.  Peut-etre  y  a-t-il 
eu  des  iffues  dans  les  trois  endroits  a  la  fois, 
&  meme  I'un  des  deux  trous  pouvoit  en 
faire  une  qudtrieme.  11  n'eft  pas  etonnant 
^ue  les  terres  ,  s'il  y  en  a  eu  primitivement , 
aient  ete  entrainees.  Celles  qui  couvrent  a 
prefent  le  fol  des  Grottes  font  des  terres 
nouvelles,  excepte  cette  glaife  gliffante  & 
tenace  dont  j'ai  fait  mention. 

Toutes  les  belles  concretions  que  Ton 
admire  aujourd'hui  dans  ces  cavites ,  font 
nn  ouvrage  rnoderne  ,  pour  ainfi  dire  ,  & 
pofterieur  a  I'excavation  primitive.  Ces  con- 
cretions font,  comme  tout  le  monde  fait, 
line  regeneration  dont  voici  la  theorie.  Les 
parties  calcaires  mifes  endiffolution  par  I'eau, 
font  entrainees  par  Teau  meme  qui  s'en 
charge  en  traverfant  les  terres  &  les  lits 
des  rochers.  Separees  les  unes  des  autres 
pendant  qu'elles  font  ftagnantes  dans  le 
fiuide  ,  elles  commencent  a  fe  depofer  lorf- 
qud  Teaii  devient  un  pen  tranquille.  Elles 
fereuniffent  alors  par  la  cryftallilation.  Elles 
forment  d'abord  un  atome  pierreux  qui  aug- 
mente  petit  a  petit  par  la  jondion  de  plu- 
ileurs  autres ;  &  par  fucceffion  de  temps  & 
de  cryftallifation ,  ilfe  forme  une  maffe  qui 
eft  ou  une  incruftation  ,  ou  bien  une  ftalac- 
tite ,  ou  bien  une  ftalagmite ,  ou  enfin  une 
ftirie.  Si  i'eau  fejourne  dans  quelque  cavite. 


D  E    Dijon,  lyS^l  75 

la  cryftailifation  s'opere  dans  Teau  meme, 
EJle  fe  forme  en  guiliochis  on  en  Crete  de 
coq,  fi  Teaii  n'elt  pas  toiit-afait  tranquille, 
&  {\  elle  a  qiielque  mouvement  d'ondulation. 
C'efl  ainfi  qu'ont  ete  formes  \qs  baffins  dii 
Parterre,  on  antrement  les  Berceaux,  &  c'eft: 
ainfi  qne  fe  forment  les  cryftallifations  ma- 
melonnees  de/a  Fontaine.  La  couche  d'albarre 
de  la  falle  de  fEtang,  prouve  un  firaple  depot 
fait  dans  line  eau  dont  rien  n'a  trouble  la 
tranquillite. 

J'ai  examine  avec  attention  la  nature  de 
ces  concretions  :  toutes  font  un  albatre  cal- 
caire  plus  ou  moins  perfeclionne.  Les  unes 
font ,  a  I'exterieur ,  d'un  bianc  tres-clair  & 
tres-net ;  d'autres  font  d'un  blanc  cendre, 
fale  ou  jaunatre.  Les  unes  font  d'un  grain 
fort  ferre  &  tranfparentes  ;  d'autres  font 
d'un  grain  plus  lache  ,  &  tout-a-fait  opaques. 
Dans  ces  dernieres  on  voit  les  couches  cir- 
culaires  concentriques  ,  qui ,  par  leur  fuper- 
addition,  grofliflent  &  augmentent  ces  re- 
produdions.  Quelques-unes  de  ces  couches, 
moins  compares  que  d'autres,  font  com- 
pofees  d'une  infinite  de  petits  cryftaux  dif- 
pofes  horizontalement  comme  des  portions 
de  rayons  qui  partent  d'un  centre.  Dans  la 
plupart  des  flaladites ,  on  voit  le  trou  du 
milieu  qui  a  ete  le  premier  couloir  ;  dans 
celles  dont  le  grain  eft  fort  ferre  ,  on  ne  voit 
ni  couche  concentrique  ,  ni  veftige  de  trou. 

Les  variations  de  couleur  parojfTent  pro- 
yenir  du  degre  de  purete  de  la  diiioiution 


76  ACADiMIE 

calcaire.  Elle  pent  contenlr  des  parties  ter-  ^ 
reufes  on  m^talliques.  Les  variations  dans 
la  cryftallifation  peiivent  etre  occafionnees 
par  la  raaniere  plus  ou  moins  prompte  dont 
elle  s'opere  ,  011  par  quelqu'autre  accident, 
tel  qu'une  evaporation  trop  precipitee  ou 
trop  lente ,  qui  pent  produire,  ou  la  fepa- 
Kition  des  cryftaux  qui  fait  une  contexture 
lache,  oil  I'exade  juxtapodtion  de  ces  memes 
cryftaux  qui  forme  un  grain  ttes-ferre.  Le 
plus  ou  le  moins  de  matiere  pent  auffi  etre 
eaufe  de  plufieurs  de  ces  variations. 

J'ai  remarque  qu'en  general  plus  la  ftalag- 
mite  eft  groffe ,  plus  la  ftala£l:ite  correfpon- 
dante  eft  petite ,  &  que  reciproquement  la 
ftalagmite  eft  d'autant  plus  petite  &  moins 
formee,  que  la  ftala£l:ite  eft  plus  groffe  & 
plus  proportionnee. 

Prefque  toutes  portent  a  leur  extremite 
line  goutte  d'eau,  qui  donne  aux  unes  de 
Taccroiffement  en  longueur  par  le  bout ,  a 
d'autres  en  groffeur  en  augmentant  leur  vo- 
lume ,  &  qui  ne  fait  rien  du  tout  a  d^autres; 
Quand  cette  eau  abonde  &  degoutte  de  la 
voute  continuellement,  ou  avec  peu  d'in- 
terruption  ,  elle  excave  le  roc  ,  meme  Tin- 
cruftation  dont  il  pent  etre  revetu ,  &  il  ne  ; 
fe  forme  point  de  ftalagmites.  II  paroit  par-  "^ 
la  que  les  ftaladites ,  ftalagmites  &  ftiries, 
ne  doivent  leur  formation  qu'aux  gouttes 
d'eau  dont  Tecoulement  prefqu'infenfible  eft 
lent ,  tranquille  &  peu  precipite.  Une  partie 
de  la  diffolution  calcaire  que  ces  gouttes 


J 


D  E    Dijon,  /j^^:  77 

contlennent  ,  pent  facilement  adherer  au 
roc  pour  y  former  la  ftalaftite.  Ce  depot 
etant  fait ,  I'eau  furabondante  tombe  avec 
un  refte  de  diffolution  qui  produit  la  ftalag- 
mite.  En  croiffant  Tune  &  I'autre ,  elles  for- 
ment  la  ftirie  :  mais  fi,  lorfque  le  depot  eft 
fait  a  la  voute  ,  Teau  fe  difTipe  par  Teva- 
poratlon  ,  ou  fi  elle  tombe  fans  contenir 
aucune  partie  calcaire ,  alors  il  n'y  a  qu'une 
Haladite  fans  ftalagmite  ;  &  fi  au  contraire 
une  chute  trop  libre  ou  quelqu'autre  caufe 
nuit  a  la  formation  du  depot  calcaire  fupe- 
rieur  ,  dans  ce  dernier  cas  il  n'y  a  qu'une 
ilalagmite  fans  ftaladite. 

Ce  que  j'ai  dit  du  Pilierfufpendu ,  prouve 
qu'il  peut  fe  faire  qu'un  couloir  s'obftrue. 
Alors  la  ftaiadite  &  la  ftalagmite  reftent 
fixees  fans  augmenter  davantage.  Mais  fi  ce 
couloir  fe  rouvre  de  nouveau  ,  alors  ces 
concretions  ,  qui  etoient  comme  fixees  ,  re- 
solvent de  nouveaux  accroiffemens ,  foit  en 
longueur  ,  foit  en  largeur  ,  &  leur  forme 
change. 

Au  pied  de  la  plupart  des  gros  blocs 
grouppes  ,  la  matiere  furabondante  a  forme 
fur  le  fol  une  incruftation  en  lame  ondulee 
&  guillochee  en  crete  de  coq.  On  en  re- 
marque  en  beaucoup  d'endroits  ,  fur  -  tout 
autour  des  blocs  du  precipice ,  au  defl'ous 
de  la  partie  fufpendue  de  la  coqullle  ;  au  pied 
des  blocs  qui  decorent  I'interieur  du  theatre; 
au  pied  de  la  petite  colonne  qui  s'eleve  du 
lailieu  du  baifin  de  la  fontaine ',  autour  des 


78  ACADEMIE 

blocs  qui  environnent  le  pain  de  fucre ;  aii- 
toiir  des  grouppes  qui  formtnt  la  grotte 
blanche  ,  &  au  pied  des  ftalagmites  de  la 
falle  de  la  Cafcade.  C'eft  de  cette  efpece 
que  fontles  premieres  cretes  guillochees  que 
I'on  voit  a  Tentree  de  la  falle  des  Berceaux. 

L'explication  de  ces  incruftations  fuit  na- 
turellement  de  ce  qui  vient  d'etre  dit.  Quand 
I'eau  eft  abondante  &  coule  trop  vite ,  elle 
ne  laiffe  point  aux  parties  calcaires  le  temps 
de  fe  depofer  &  de  fe  reunir  :  elle  les  en- 
tralne  a  mefure  quVlle  fe  repand.  Cependant 
elles  fe  depofent  lorfqu'elles  s'accrochent  a 
quelque  chofe ,  ou  a  mefure  que  I'ecoule- 
ment  fe  ralentlffant ,  la  lame  d'eau  qui  coule 
eft  moins  epaifle.  La  cryftallifation  les  fixe 
alors  en  plus  ou  moins  grande  quantite. 
Ce  n'eft  d'abord  qu'une  pellicule  legere  :  elle 
fe  recouvre  bientot  d'une  autre  pellicule , 
&  enfuite  de  plufieurs  autres  dont  la  fomme 
forme  une  epaiffeur.  Si  les  cryftaux  fe  group- 
pent  ,  il  en  refulte  la  crete  de  coq.  Si  fans 
fe  groupper  ils  fe  joignent  feulement  &  s'e- 
tendent  avec  I'eau  ,  il  ne  fe  forme  qu'une 
lame  qui,  quand  elle  eft  epailTe ,  forme  ce 
qu'on  appelle  couche.  Enfin  ,  fi  le  plan  fur 
lequel  cette  eau  calcaire  s'ecoule,  eft  etendu , 
I'incruftation  s'etend  de  meme  &  tapiffe  un 
grand  efpace. 

Ce  qui  a  ete  dit  jufqu'ici  doit  faire  pref- 
fentir  d'a  Vance  comment  ont  pufe  former  les 
bajjins  d'incriijiation progreffive  dont  il  a  ete  parle. 
L'irregularite   du  terrein  a  fervi  d'abord  a 


D  E    Dijon,  1^84^,  j^ 

accfocher  les  cryftaux    qui  ont    forme  les 
premieres  incruftations.    Les   lames  ont  ne- 
reffairement  pris  une  furface  irreguliere.  II 
s'ell:  forme  des  creux  &  des  eminences.  Les 
creux  ont  fervi  de   refervoirs  a  la  furabon- 
dance  de  Teau.  A  mefure  qu'il  en  eft  revenu 
de  nouvelle ,  foit  par    les  gouttes  qui  font 
tombees,  foit  par  quelqu'autre  ecoulement, 
les  refervoirs  fe  font  accrus  par  les  bords  ou 
les  parties  calcaires  fe  font  d^pofees  Sr  cryf- 
tallifees   plutot    qu'ailleurs.   Le  mouvement 
d'ondulation  a  pu  les  y  porter;  &  de  plus 
lescryftallifations  s'operent,  pour  lordinairCp 
plutot  fur    les   parois  des    vaiiTeaux   qu'au 
centre.  II  s'ell  ainfi   forme  un  petit  baffin, 
qui  enfuite  eft  devenu  de  plus  en  plus  grand, 
Ce  qui   s'eft  ainfi   arrange   dans  la  partie  la 
plus  haute  du  terrein  ,  s'eft  egalement  difpofe 
au  deffous  dans  la  pente.  Quand  ces  baftins 
ont  ^te  trop  pleins,  ils  ont  verfe  fucceftive- 
ment  les   uns   dans  les  autres  ,  ou   bien  ils 
nont  retenu  I'eau  que  jufqu'a  ce  qu'elle  ait 
ete  diffipee  par   I'evaporation.   Ce  que  j'ai 
ditci-defl'us  au   fujet  de  la  formation  des 
grands   baftins    des    Berceaux,    n'a  fait  que 
montrer  la  theorie    que  je    viens  de  deve- 
lopper.  II  me  paroit  en  eft'et  que  ces  grands 
&  hauts  baftins  doivent  leur  formation  aux 
memes  caufes  qui  ont  produit  \qs  bafftns  plus 
petits. 

^  II  feroit  inutile  &  fuperflu  d'entreprendre 
d'expliquer  beaucoup  d'autres  fingularites 
^ue  Ton  remarque  dans  ces  difterentes  con- 


8o  A  c  A  D  i:  M  I  E 

cretlons;  il  me  fuffit  de  Tavoir  fait  pour  ce 
qui  eft  le  plus  effentiel.  Je  reprends  ia  iuite 
des  obfervations. 

Les  parois  des  Grottes  ne  prefentent  au- 
jcunes  fentes  perpendiculaires ,  li  ce  n'eft  celle 
qui  partage  la  voute  dans  plufieurs  falles. 
On  ne  doit  pas  cependant  la  reputer  abfo- 
lument  perpendiculaire ,  parce  que  dans  les 
endroits  oii  elle  a  fa  plus  grande  largeur , 
elle  montre  des  finuoiites. 

Dans  la  Roche  Cnufe  on  ne  voit  aucun  lit 
horizontal ;  mais  tout  y  eft  rempli  de  fentes 
&  de  cavites  fmueufes  ,  qui  tiennent  plus 
de  la  perpendicule  que  d'aucune  autre  di- 
redion. 

On  croit  commun^ment  qnele  gue  des  En- 
tonnoirs  pafl'e  fous  la  falle  des  Orgues.  Un 
certain  bruit  fouterrein  ,  que  Ton  entend 
quand  on  frappe  du  pied  fur  le  tas  de  terre 
animale ,  fait  foup^onner  qu'il  y  a  une  ca- 
vite  fous  cette  falle ;  mais  cette  obfervation 
eft  fort  equivoque.  II  n'eft  pas  etonnant 
qu'un  tas  affez  confiderable  de  terreau  qui 
a  peu  de  liaifon  ,  &  qui  d'ailleurs  porte  fur 
des  pierres  eboulees  de  la  voute  ,  rende  un 
certain  fon  quand  il  eft  frappe ,  fur-tout  a 
plat.  II  me  paroitroit  plutot  que  ce  cours 
fouterrein  pafl'e  fous  la  falle  des  Trophies , 
entre  celle  de  U  Vierge  &  la  CoquiUe.  Le  fouffie- 
ment  de  I'eau  que  j'ai  obferve  dans  le  petit 
puits  au  bas  de  la  ftalagmite  de  la  Vierge;^ 
I'eau  des  deux  trous ,  celle  du  Lavoir ,  &  celle 
de  CEtangi  tout   cela  pourroit  concourir  a 

confirmer 


confirmer  cette  idee.  II  eft  plus  iimple  d'a" 
vouer  qu'on  n'en  fait  rien  du  tout,  &  qu'il 
paroit  feulement  fort  probable  que  ce  cours 
d'eau  fouterreine  ne  paffe  pas  loin  de  la  falle 
de  la  Vierge.  Mais  je  remarquerai  que  toutes 
CCS  eaux  ,  dans  I'interieur  des  Grottes  ,  ne 
Confervent  pas  toujours  le  meme  niveau.  Elles 
croiffent  &  decroiflent  en  meme  proportion 
que  la  Cure.  Les  gens  du  pays  affurtnt  qu'en 
hiver  ,  ou  dans  les  faifons  pluvieufes  ,  ils 
trouvent  le  creux  de  la  falle  de  la  Vierge 
rempli  d'eau.  lis  ne  peuvent  quelquefois  avan- 
cer  que  jufqu'aux  deux  trous  ou  Teau  barre 
le  paflage.  Quelquefois  ils  paffent  encore ,  & 
alors  ils  peuvent  arriver  jufqu'aux  Berceaux: 
qu'ils  trouvent  inondes.  D'autres  fois  ils  ne 
peuvent  pa?  aller  au  dela  du  Pain  de  Sucre, 
ou  meme  au  dela  du  theatre.  Dans  ce  temps 
le  Lavoir  eft  rempli  d'eau,  la  falle  de  I'Etang 
I'eft  egalement;  &  pour  la  traverfer,  ils  font 
obliges  de  paff'er  fur  le  rebord  qui ,  dans  {es 
fradures  ,  montre  la  couche  d'albatre  dont 
j'ai  fait  mention.  Comme  j'ai  vifite  ces  Grottes 
en  differentes  annees  &  en  des  faifons  diffe- 
rentes  ,  j'ai  toujours  trouv^  de  la  difference 
dans  le  niveau  de  ces  eaux.  Au  mois  d'Aoiit, 
en  1772  ,  il  n'y  avoit  prefque  point  d'eau 
dans  le  petit  puits  au  bas  de  la   Vierge. 

On  eprouve  dans  ces  Grottes  une  tempe- 
rature toujours  conftante.  J'ai  expofe  dans  le 
milieu  un  thermometre,  a  I'efprit-de-vin,  de 
M.  de  Reaumur.  Apres  I'avoir  laiffe  repofer 
pendant  environ  une  heure ,  j'ai  trouv^  di:s, 

F 


2Z  A   C    A   D   E    M   I    E 

degres  nn  quart  au  deffiis  de  la  congelation. 
Cell:  a  pen  pres  la  temperature  des  caves  de 
rObfervatoire  Royal. 

(^uoique  Ton  loit  affure  d'avance  que  les 
eaux  de  ces  fouterreins  font  calcaires,  &  qu'il 
eft  affez  inutile  d'en  faire  Tepreuve  ,  nean- 
moins  j'ai  eprouve  I'eau  de  la  fontaine  en  y 
verfant  de  I'huile  de  tartre  par  defaillance, 
I'eau  s'eft  troublee;  elle  n'a  tait  aucun  pre- 
cipite  bien  marque ;  mais  apres  quelque  terns, 
environ  une  heure  &  demie  ,  elle  a  depofe 
des  petits,  graviers  blancs ,  dont  j'ai  neglige 
d'obferver  la  nature ,  parce  qu'ils  etoient  trop 
petits.  Comme  rien  n'a  pu  me  faire  prefumer 
que  ces  eaux  fuffent  minerales ,  &  qu'il  m'a 
paru  aflfez  indifferent  d'etre  affure  qu'elles 
euffent  quelques  proprietes  particulieres,  que 
rien  d'ailleurs  n'a  pu  faire  (oupgonner ,  je 
n'ai  pas  pouffe  plus  loin  I'experience. 

Une  derniere  reflexion  fur  ces  Grottes  , 
c'eft  qu'elles  s'etendent  dans  leur  longueur 
fous  la  partie  la  moins  elevee  du  coteau ,  & 
prefque  fous  le  pied  du  plan  incline. 

On  ne  fait  rien  du  tout  fur  Thiftoire  de  la 
decouverte  de  ces  Grottes.  II  n'en  eft  fait 
aucune  mention  dans  les  archives  de  la  terre 
d'Arcy.  Les  payfnns  fe  perdent  bien  vite  dans 
line  antiquite  qui  leur  eft  abfolument  incon- 
nue.   lis  attribuent  le  tout  aux  Fees. 

Pour  faire  le  plan  des  Grottes  ,  j'ai  fait 
placer  des  lumieres  dans  les  plus  grandes  di- 
redions  que  j'ai  pu  prendre.  En  plulieurs  en- 
droits  les  ftalagmites  m'ont  fervi  de  fignauxi 


D  E    Dijon,  i^f4:  g^' 

J'ai  obferve  Ics  angles,  &  j'ai  merure  toutcs 
les  dillances.  J'ai  trouve  247  toiCes'  tlepuis  la 
premiere  entree  de  la  roche  jul'qira  I'extre- 
mite  la  plus  reculee.  La  largeur  moyenne  eft 
d'environ  quatre  a  cinq  toifes.  J'ai  oblerve, 
dans  le  veftibule ,  raiguille  aimantee  ,  afin  de 
determiner  une  mendienne  ,  &  j'ai  trouve 
que  les  Grottes  s'etendent  dans  la  diredion 
du  fud-lud-eil  au  nord-nord-oueft. 

Apres  m'etre  affure  que  les  lits  de  la  roche 
ctoient  horizontaux,  je  n'ai  fait  que  fuivre 
line  couche  pour  avoir  interieurement  les 
differences  du  niveau,  &  j'ai  nivelle  enluite 
au  dehors  (  i  )  jufqu'a  la  riviere  de  Cure. 
Voici  ie  ref^ultat  de  cette  operation. 

L'entree  des  Grottes  efl  de  quatre  toifes 
quatre  pieds  au  defTous  de  la  principale  ligne 
de  niveau  que  j'ai  etablie  dans  le  goidot  on 
paffage  ditHcile  qui  communique  a  la  derniere 
falle. 

Le  niveau  de  la  Cure  qui  pent  avoir  au 
plus  cinq  pieds  d'eau  moyenne,  efl  dc  quatre 
toifes  un  pied  au  defTous  de  cette  entree,  & 
confequemment  de  huit  toifes  cinq  pieds  au 
defTous  de  la  ligne  de  niveau. 

L'eau  du  petit  puits ,  au  bas  de  la  flalagmite 
de  /a  Fierge,  efl  de  huit  toifes  cinq  pieds  au 
defTous  de  la  ligne  de  niveau ,  de  nieme  que 
la  Cure. 

L'eau  des  Deux  -  Trous  efl   de  neuf  toifes 


(i)  Le  3  Mai  1763, 


^4  ACADEMIE 

trois  pieds  an  deffous  de  la  ligne  de  niveau,' 
&  confequemment  quatre  pieds  plus  has  que 
la  Cure  &  que  le  petit  puits. 

L'extremite  des  Grottes  eft  de  cinq  toifes 
au  dcffus  de  la  ligne  de  niveau. 

La  couche  de  gravier  que  Ton  voit  au 
deffus  du  petit  puits  pr^s  la  Fierge  ,  eft  de 
fept  toifes  au  deffous  de  la  ligne  de  niveau, 
&  elle  eft  de  deux  pieds  d'epaiffeur. 

Comme  cette  couche  fe  retrouve  dans  la 
falle  de  I'Etang,  &  eft  elevee  de  neuf  pieds 
au  deffus  de  Teau  de  Tetang  ,  ce  lac  eft 
confequemment  encore  de  niveau  avec  la 
Cure,  c'eft-a-dire,  huit  toifes  cinq  pieds  au 
deflbus  de  la  ligne  de  niveau. 

II  fuit  dela  que  I'endroit  le  plus  bas  des 
Grottes  [aux  Deux-Trous]  eftde  quatre  toifes 
cinq  pieds  au  deffous  de  I'entree ;  que  cette 
entree  eft  de  neuf  toifes  quatre  pieds  au  deffous 
de  l'extremite  des  Grottes  ;  &  que  cette  ex- 
tremite  eft  confequemment  de  treize  toifes 
cinq  pieds  plus  haute  que  le  niveau  des  eaux 
moyennes  de  la  Cure. 

II  fuit  encore  que  depuis  que  la  Cure  a 
d^pofe  la  couche  de  gravier  dans  les Grottes, 
le  lit  de  cette  riviere  s'eft  approfondi  de  deux 
toifes  quatre  pieds. 

J'ai  determine  les  deux  Entonnoirs  &  la 
diredion  des  ruiffeaux  qui  s'y  perdent.  J'ai 
egalement  determine  la  pofition  du  moulin 
de  Pcche- Roche ,  &  celle  du  trou  qui  donne 
iffue  au  cours  fouterrein  du  giU  des  Enton~ 
noirSt 


D  E    D  I  T  o  n;  yyS4.  85 

Qiiant  a  la  Roche- Creufe^  je  me  fuis  con- 
tente  d'en  determiner  ^eulement  I'entree ,  ainft 
que  la  diredion  de  cette  caverne  ,  pour  en 
donner  non  un  plan  exaft,  mais  feulement  un 
plan  figure.  La  defcription  que  j'en  ai  faite, 
paroit  afTez  prouvcr  qu'elle  a  ete  originaire- 
ment  une  carriere  ,  au  moins  quant  a  la  pre- 
miere caverne  &  la  gallerie  qui  la  iuit.  On 
en  exploite  de  temps  en  temps  le  fol  terreux 
pour  en  retirer  du  falpetre  en  affez  petite 
quantite. 

Voyez  rexpllcation  des  figures. 


METHODE    FACILE 

Pour  mefurer  la  quantite  de  gas  acids 
mephitiqiie  contenu  dans  les  eaux. 


c 


PAR    M.    DE    MORVEAU, 


ETTE  methode  eft  fondee  fur  la  pro- 
priete  bien  connue  de  I'eau  chargee  d'acide 
mephitique  ,  de  troubler  d'abord  I'eau  de 
chaux,  &  de  rediffoudre  enfuite  le  precipite 
lorfqu'on  ajoute  une  quantite  fufEfante  d'eaii 
mephitifee ;  parce  que  la  terre  calcaire  re- 
generee  ,  ainii  que  les  fpaths  de  cette  claffe 
&  tons  les  mephites  calcaires ,  font  des  fels 
infolubles  dans  I'eau,  mais  folubles  dans  I'ex- 
ces  de  leur  acide.  D'oii  il  refulte  que  plus 
I'eau  fera  chargee,  moins  il  en  faudra  pour 

F  ilj 


86  ACADEMIE 

redifToudre  ce  precipite  &  reciproqiiement  ? 
comme  il  arrive  avec  tous  les  aiitres  acides, 
fuivant  leur  de£;re  de  concentration. 

Cette  vue  theorique  a  ete  confirmee  par 
les  eflais  que  j'ai  faits  pour  graduer  un  inf- 
trument  propre  a  indiqucr  fur  le   champ  ce 
degre  de  concentration  de  I'acide  mephitique^ 
aqueux,  &  que  Ton  pent  nommtr  gajo- metre. 

Get  inrtrument  eft  compole  d'un  tube  de 
verre  cylindrique,  fur  lequel  on  a  colle  en 
dehors  un  papier  portant  des  diviiions  qui 
repondent  a  la  capacite  d'une  tres- petite 
fiole  qui  fert  de  mefure  :  on  met  d'abord 
dans  le  cylindre  deux  mefures  de  bonne  eau 
de  chaux ,  &  on  y  verfe  enfuite  trois  fois 
autant,  ou  fix  mefures  d'eau  faturee  d'acide 
mephitique  a  la  temperature  de  dix  degres 
du  thermometre  de  Reaumur,  c'eft-a-dire, 
qui  tienne  a  tres-peu  pres  un  volume  egal 
de  cet  acide.  La  premiere  mefure  rendra  le 
melange  iaitcux,  &  a  mefure  qu'on  en  ajou- 
tera  ,  la  couleur  blanche  s'affoiblira  jufqu^a 
ce  que  la  6^.  la  faffe  enfin  difparoitre  entie- 
rement. 

En  fuivant  cette  proportion ,  il  femble  qu'il 
faudroit  par  confequent  douze  mefures  d'eau 
chargee  a  moitie  de  fon  volume  ,  24  d'eau 
chargee  au  ^,  &  48  d'eau  chargee  au  j,  pour 
rendre  au  melange  toute  fa  lirapidite ,  en  y 
portant  reellement  la  mcme  quantite  de  dif- 
jolvant ;  majs  a  mefure  que  Tacide  eft  plus 
(^elaye  ,  la  nuance  laiteufe  s'afFoiblit  par  la 
clifperfion  proportionnelle  des  molecules  ter-* 


D  E    Dijon,"  TyS4,  S7 

reufes;  de  forte  que  I'efFet  qui  doit  fervir  de 
regie  ,  ne  feroit  plus  fenlible  a  Tosil  Ig  plus 
exerce,  ii  les  divifions  etoient  tracees  d'apres 
ce  calcul. 

J'ai  pris  le  parti  de  dreffer  I'echelle  par 
Texperience  meme ,  &  j'ai  trouve  qu'en  s'ar- 
retant  au  point  qui  pent  faire  juger  fans  er- 
reur  la  liqueur  fulfifamment  limpide, 

il  fallolt  6  mefures  d'eau    faturee  ,   ou  a 

48  po.  par  pinte, 
9  d'eau  mephitique  a 

15  d'eau  mephitique  a 

12 
ci  24  d'eau  mephitique  a 

6 

A  defaut  de  cet  inftrument,  toute  fiole 
peut  en  fervir,  en  prenant  feulement  une 
autre  fiole  plus  petite  qui  fert  de  mefure  pour 
I'eau  de  chaux  &  la  quantite  d'eau  neceffaire 
pour  redifioudre  le  precipite ;  de  forte  que 
le  nombre  de  ces  mefures  indique  le  nombre 
des  degres  ou  de  pouces  cubiques. 

On  doit  cependant  obferver  qu'il  y  a  des 
eaux  gafeufes  qui  tiennent  deja  naturellement 
de  la  terre  calcaire  en  diffolution ,  cette  por- 
tion fe  precipitant  en  meme  temps  que  celle 
qui  eft  contenue  dans  I'eau  de  chaux  ,  la 
quantite  de  matiere  terreufe  qui  trouble  le 
melange  ,  fe  trouve  augmentee  ;  il  faudroit 
par  confequent  ajouter  beaucoup  phis  d'eau 

F  iv 


$8  ACADEMIE 

mephitlfee  pour  rediffoiidre  &  retablir  ainfi 
ia  llmpidite  de  la  liqueur  :  d'oii  refulteroit 
line  erreur  fenfible  dans  reftimation  du  gas 
acide  contenu  dans  une  pareille  eau ;  mais  il 
fera  aiie  de  s'en  garantir  en  effayant  d'abord 
Teau  avec  Tacide  faccharin  ;  fi  ce  reaftif  la 
trouble  ,  on  en  prendra  une  quantlte  deter- 
jninee  que  Ton  precipitera  completement , 
^vec  rattentlon  neanmoins  de  ne  pas  y  verfer 
de  Tacide  furabondant ;  car  il  reprendroit  line 
partie  du  fel ,  qui  fans  cela  eft  infoluble  dans 
I'sau.  Les  Chymiftes  favent  prefentement 
qu'un  quintal  de  faccharte  calcaire  tient  46  de 
chaux  pure,  il  fera  done  facile  de  determiner 
la  quantite  de  chaux  pure  tenue  en  diffolu- 
tion  par  I'eau  gafeufe.  Cette  quantite  deter- 
minee ,  une  fimple  operation  de  calcul  indi- 
quera  la  portion  d'acide  mephitique  qui  fera 
neceffaire  pour  rediffoudre  cette  chaux  etran- 
gere  a  I'eftimation  qu'on  cherche ,  en  par- 
tant  de  ces  donnees  :  que  Teau  de  chaux 
contient  ^- de  terre  calcaire,  &qu'ilfaut, 
Gomme  nous  I'avons  vu  ,  3  pouces  cubes  de 
gas  acide  mephitique  ,  ou  3  pouces  cubes 
d'eau  faturee  de  ce  fluide  ,  pour  rendre  la 
iimpidit^  a   i    pouce  cube  d'eau  de  chaux. 

Ainfi  Ton  aura  la  facilite  d'eftimer  fur  le 
ehamp  la  quantite  d'acide  mephitique  con- 
tenu dans  les  eaux  ,  fans  embarras ,  fans  etre 
pblige  de  degager  &  de  recueillir  feparement 
ce  fluide;  operation  qui  exige  tant  d'appa- 
iceils ,  qui  eft  fujette  a  tant  d'accidens ,  foit 
par  Tabforption  ,  foit  par  rcvaporation  5  foit 


D  E     D  I  J  O  N,^  '7^4'  89 

par  la  compreflion ,  foit  par  le  melange  avec 
I'air  commiin,  que  rapproximation  qu'elle 
donne  eft  toujours  fort  eloignee  de  la  pre- 
cifion  d'lin  calcul  etabli  fur  le  jeu  conftant 
des  readtifs. 


TABLE 

BARO -THERMO  METRIQUE 
U  N  I  V  E  R  S  E  L  L  E, 

Avec  une  methode  tres-facile  pour  cor- 
riger  les  obferyations  baromhriques 
ancietines. 

Par    M.    Buissard. 

,11,  I  -  - 

PREMIERE     PART  IE. 

Conjiderations  fur  le  Barometre. 

T 

-*  OUS  les  inftrumens  dePhyfiquequeron 
a  imagines  ,  n'ont  pas  ete  portes  d'abord  a 
iin  bien  grand  degre  de  perfedion  ;  le  temps 
&  les  recherches  des  Savans  y  ont  ajoute 
infenfiblement  ce  qu'ils  laifToient  defirer.  II 
n'en  eft  pas  ainft  du  barometre.  Get  inftru- 
ment  tres-fimple ,  dont  la  conftriiftion  con- 
;6fte  dans  iin  tube  de  verre  rempli  de  mer- 


pO  ACADEMIE 

cure ,  &  plonge  dans  line  cuvette ,  fat ,  d^s 
{"on  origine ,  prefque  porte  au  degre  de  per- 
fedion,  Toutes  les  formes  qu'on  lui  a  don- 
nees  depuis  lors  ,  foit  pour  le  rendre  plus 
commode  ,  foit  pour  augmenter  fa  marche  , 
I'ont,  pour  ainli  dire,  fait  degenerer  de  fon 
premier  etat.  Cependant  I'agreable  ne  fa 
jamais  emporte  fur  I'utile.  Le  barometre  re- 
courbe ,  le  barometre  double,  le  barometre 
en  equerre ,  le  barometre  a  roue,  le  baro- 
metre a  cadran  ,  &c.  n'ont  pas  fait  oublier  le 
barometre  trempe.  Celui-ci  a  toujours  ete 
accueilli  par  les  Mdteorologiiles;  ils  lui  ont 
accorde  ,  dans  leurs  obfervations ,  la  pre- 
ference qu'il  merite  fur  tous  les  autres ,  par 
fa  fimplicite  &  fon  exactitude  :enfin,  tous 
les  Savans  n'ont  ceffe  d'en  faire  le  fujet  de 
leurs  meditations  &  de  leurs  foins.  Graces  a 
leurs  iVavaux ,  cet  inftrument  jouit  mainte- 
nant  d'un  degre  de  perfeftion  fatisfaifant. 

D'abord  on  s'eft  appercu  que  la  plus  ou 
moins  grande  elevation  du  mercure  dans  le  f 
barometre,  dependoit  du  plus  ou  moins  d'e- 
xaditude  qu'on  apportoit  a  purger  d'air ,  non- 
feulement  la  partie  fuperieure  du  tube,  mais 
encore  la  maffe  meme  du  mercure.  On  a 
remedie  a  cet  inconvenient,  en  chargeant  ces 
inftrumens  au  feu;  cette  premiere  manipu- 
lation a  donne  de  nouvelles  connoiffances. 
On  a  reconnu  qu'elle  ne  fuffifoit  pas  pour 
amener  la  fufpenfion  du  mercure  au  meme 
point  :  on  a  foup^onne  que  cette  difference  ■  J 
^toit  occafxonnee  par  les  diverfes  efpeces  de     ^ 


D  E    Dijon,  iy^4:  ^t 

merciire.  Qaelques  Phyficiens  ont  indique 
des  moyens  furs  pour  purifier  parfaitement 
ce  fluicle,  &  lui  donner  toujours  la  meme 
pefanteur  fpecifique. 

Lorfqu'on  eut  fait  cette  decouverte  ,  on 
fe  mit  a  conftruire  des  barometres  avec  dii 
mercure  bien  purifie.  La  colonne  de  cet 
inftrument  montroit  encore  quelques  diffe- 
rences dans  Ton  elevation;  on  les  attribua 
aux  differens  diametres  des  tubes.  Mors  pour 
remedier  a  ce  nouvel  inconvenient,  on  fe 
determina  a  fixer  le  diametre  que  doit  avoir 
un  tube  de  barometre. 

Cet  inflrument  etoit  dans  cet  etat  depuis 
plufieurs  annees  ;  on  I'obfervoit  avec  plaifir. 
II  fe  formoit ,  lorfqu'il  devoit  monter ,  un 
petit  bouton  a  la  partie  fuperieure  de  la  co- 
lonne de  mercure,  &  cette  colonne  devenoit 
creufe  lorfqu'il  devoit  defcendre.  Ce  pro- 
noflic  parut  tres-intereffant  pendant  quelque 
temps.  Neanmoins  on  s'en  lafTa,  parce  que 
les  Meteorologifles  continuoient  d'employer 
des  tubes  de  differens  diametres  ,  &  aiors  on 
inventa  le  barometre  a  furface  plane.  Voila 
les  differens  degres  de  perfetHon  qu'a  eprouve 
jufqu'a   prefent  le  barometre  fimple. 

II  etoit  fans  doute  bien  effentiel  pour  la 
juflefTe  &raccord  des  obfervations  meteoro- 
logiques,  de  trouver  le  moyen  d'amener  le 
mercure  a  une  furface  entierement  plane. 
Ce  barometre  a  ete  imagine  par  M.  Legaux , 
ou  Dom  Casbois,{cL\3ut  Benedidin ,  &  execute 
par  le  fieur  Mojy ,  Conflrudeur  d'inftrumens 


^2  A  C  A  D  i   M  1   £ 

a  Paris.  II  a  meme  ete  prefente  a  Taflembl^e 
ordinaire  des  Savans  ,  chez  M.  de  la  BLan- 
ckcric.  (  V.  la  Republique  des  Lettres  &  des 
Arts,  du  mercredi  18  Jiiillet  178 1.  ) 

L'Auteiir  de  cette  feuille  periodique  s'ex- 
prime  ainli  :  ♦*  On  a  remarque  dans  le  baro- 
»  metre  a  furface  plane  de  M.  Lcgaux  , 
9*  deux  mechanifmes  neceffaires  pour  pren- 
^  dre  la  veritable  hauteur  de  cet  inllrument. 
„  L'un  eft  un  levier  deftine  a  mettre  fans 
»  fecouffe  la  colonne  mercurielle  en  equi- 
»  libre  avec  I'air ,  en  faifant  monter  &  def- 
»  cendre  le  mercureavec  une  marche  douce 
M  &  egale  ,  &  par-la  il  fait  difparoitre  ,  pour 
»  le  moment  de  I'obfervation ,  Tadherence 
»  que  le  mercure  a  ordinairement  aiix  parois 
»  du  verre  :  telle  eft  la  premiere  operation 
»  que  Ton  doit  faire  avant  de  prendre  la 
»  hauteur  de  cet  inftrument.  L'autre  me- 
»  chanifme  extremement  utile  a  la  feconde 
»  operation,  qui  eft  d'une  necefiite  indif- 
»  penfable ,  fert  a  rappeller  la  furface  du 
»  mercure  dans  le  refervoir ,  a  un  niveau 
>♦  conftant ,  fans  qu'on  puiffe  craindre  Terreur 
w  meme  d'un  millieme  de  ligne.  Ce  mecha- 
»  nifme  reunit  la  double  propriete ,  de  pre- 
»  ferver  la  furface  du  mercure  dans  le  re- 
»  fervoir,  de  la  pouffiere  ,  &  de  la  plus 
»  forte  humidite. 

»  M.  Ligaux  a  6te  plus  loin  :  il  s'eft  occupe 
»  du  foin  de  redifierles  erreurs  que  pouvoit 
»  introduire ,  dans  le  calcul  de  la  veritable 
»  hauteur  du  barometre,  I'influence  de  la 


D  E    Dijon,  lyS^',  pj 

»  dilatation  ou  de  la  condenfation  du  mer- 
»  cure  par  le  chaud  &  le  froid.  II  a  meme 
»  conftniit ,  d'apres  fes  experiences  ,  une 
M  table  de  corredlion  a  ce  fiijet  ,  qui  eft  re- 
»  lative  aux  differens  degres  du  thermometre 
»  de  Reaumur ,  &  cette  table  peut  fe  placer 
»  fur  la  planche  du  barometre. » 

J'avois  imagine  depuis  long-temps  une  pa- 
reille  table ;  mais  elle  m'a  paru  infuififante 
pour  toutes  les  obfervations  du  barometre  ; 
c'eft  ce  qui  m'a  engage  a  travailler  a  la. 
grande  Table  ci-apres  :  je  I'appelle  ,  TabU 
baro-thermomitrique  univerJclU,  parce  qu'elle 
eft  applicable  a  toutes  les  hauteurs  &  a  toutes 
les  mefures  du  barometre.  II  importe  fort 
peu  que  Techelle  de  cet  inftrument  foit  faite 
avec  le  pied  anglois ,  le  pied  du  Rhin,  le 
pied  de  Caftille ,  ou  le  pied  de  France ,  &c. 
Cette  Table  univerfelle  donne  la  correftion 
fuivant  ces  differentes  mefures  ,  quelle  que 
foit  la  hauteur  du  barometre.  Mais  avant  de 
nous  occuper  de  cette  Table  ,  paffons  a 
Tobjet  qui  en  fait  la  bafe ,  &  voyons  quels 
font  les  veritables  effets  thermometriques 
du  mercure  dans  une  colonne  de  barometre. 

PREMIERE    SECTION. 

Effets  thermometriques   du  mercure  dans 
le  barometre, 

Une  differtation  de  M.  Cigna  de  TAcademie 
de  Turin  ,  qui  eft  inleree  dans  le  Journal  de 


94  A   C   A   D   E  M   I   £ 

Phyfiqiie  pour  I'annee  1772,  fait  mention 
de  quelqucs  tentatives  employees  pourcor- 
riger  les  erreurs  du  barometre ,  produites 
par  le  chaiid  &  le  froid.  «  Les  Phyliciens 
»  favent  depiiis  long-temps,  y  lit- on  ,  que  les 
»  changemens  du  barometre  viennent,  non- 
»  feulement  de  la  preffion  de  rathmofphere  , 
»  mais  encore  des  divers  degres  de  chaleur 
»  qui  rarefient  le  mercure :  en  confequence, 
»  ils  fe  font  appliques,  depuis  ce  temps,  a 
»  diftinguer  les  effets  de  la  chaleur  de  ceux 
»  de  la  gravite. 

«  Les  corredions  propofees  jufqua  pre- 
»  fent  exigent  des  experiences  particulieres 
»  pour  chaque  obfervation  du  barometre, 
»  ou  des  calculs  tres-penibles.  La  premiere 
»  methode  eft  difficile,  &  la  2^".  incommode. 
»  M.  EudclffTi  propofe  un  moyen,  infere  dans 
»  les  Memoires  de  I'Academie  des  Sciences 
»  de  Berlin,  (luvant  lequel  on  connoit  en  tout 
»  temps  la  veritable  preflion  de  Tathmof- 
»  phere,  fans  experience,  fans  calculs,  par 
«  la  fimple  infpedion  de  Techelle;  mais  cette 
»  correftion  a  encore  un  inconvenient;  I'e- 
»  chelle  propofee  par  ce  Savant  ne  paroit 
»  pas  trop  aifee  ^  &  demande  a  chaque  inf- 
»  tant  la  comparaifon  du  thermometre. 

«  Comme  je  fongeois,  continue  M.  Cigna^ 
M  a  corriger  ce  defaut ,  je  fis  part  de  mes     i 
»  idees  a  M.  de  la  Grange.  Ce  Phyficien  re-      [ 
»  folut  ce  probleme  par  une  feule  obferva-     { 
»>  tion,  &  d'une  maniere  fi  fatisfaifante ,  qu'il 
l>  n'y  a  plus  rien  a  dsfirer.  L'augmentation 


D  E    Dijon,  /7<?4:  95 

))  de  I'elevatlon  dii  mercure ,  me  dlfoit-il , 
n  produite  dans  le  barometre  par  un  degre 
n  de  chaleur  donne,  eft  pareille  a  relevation 
»  d'une  colonne  de  mercure  expofee  dans  le 
»  thermometre  an  meme  degre  de  chaleur  : 
,)  par  confequent ,  ft  nous  faiftjns  deux  baro- 
>,  metres  d'un  feul  tuyau  recourbe  ,  de  ma- 
»  niere  que  dans  Tune  de  fes  branches  le 
»  mercure  ne  foit  pas  a  plus  d'un  ou  de  deux 
«  pouces  de  hauteur  ,  la  rarefadion  ou  la 
»  condenfation  du  mercure  produiront  une 
»  difterence  ft  imperceptible  dans  fon  eleva- 
.»  tion ,  qu'on  pourra  fans  crainte  la  compter 
»  pour  rien.  II  n'eft  done  plus  queftion,  ajou- 
»  toit-il ,  que  d'appliquer  une  echelle  d'ele- 
»  vation  a  la  branche  la  plus  courte ;  &  Ton 
»  pourra  attribuer  Tafcenfion  ou  rabaiftement 
^>  du  mercure  a  la  gravite  de  I'air,  puifque 
»>  les  changemens  caufes  par  la  chaleur,  ne 
i>  fauroient  caufer  une  erreur  fenftble.  ** 

M.  Cigna,  pouT  fatisfaire  les  gens  les  plus 
difficiles ,  a  propofe  une  echelle  qui  fait  dif- 
paroltre  cette  erreur;  &  cette  graduation  a 
ete  adoptee  par  M.  Deluc  dans  la  conftruc- 
tion  de  fon  barometre  portatif ,  avec  lequel 
il  mefure  la  hauteur  des  montagnes  :  mais  ce 
barometre  recourbe  ne  reunit  pas  le  fuffrage 
de  tous  les  Savans  ,  a  caufe  d'un  inconve- 
nient attache  a  Tetendue  de  fa  marche ,  qui 
eft  diminuee  de  moitie.  En  effet,  cet  inftru- 
ment  ne  fait  qu'une  demi-Iigne  de  variation, 
lorfque  le  barometre  ftmple  varie  d'une  ligne. 
Cette  diminution  dans  la  fenftbilite  de  la  co- 


^6  ACADEMIE 

lonne  de  mercure ,  ofFre  plus  de  difficultepoui' 
eftimer  avec  precillon  la  marche  du  baro- 
metre ,  ou  le  point  de  fa  fufpenfion  ;  d'ailleurs 
il  ell  fujet  a  prendre  de  I'air  avec  le  temps. 
(  Foye^  le  Traitc  de  Meteorologie  du  Pere  Cone  , 
liv.  2.,  art.  6  ).  II  eft  neceffaire  de  le  com- 
parer quelquefois  avec  des  barometres  fixes, 
&  meme  de  faire  rebouillir  le  mercure;  il  taut 
auffi  netoyer  de  temps  en  temps  la  furtace  du 
mercure  avec  une  eponge  pour  oter  la  vif- 
cofite,  la  pellicule  &  la  poufliere  qui  s'y  at- 
tachent. 

Toutes  ces  confid^rations  ont  fait,en  quel- 
que  forte^oublier  I'avantage  du  barometre  re- 
courb^ ,  relativement  a  la  corredion  des  efFets 
thermometriques.  On  avoit  fait  des  recher- 
ches  pour  en  debarrader  le  barometre  fimple. 
M.  Chrijlin  a  trouve,  par  des  experiences  faites 
avec  art  &  precifion,  que  le  volume  de  mer- 
cure condenfe  par  le  froid  de  la  glace  ,  ell 
au  volume  du  mercure  rarefie  par  la  chaleur 
de  Teau  bouillante ,  comme  66  eft  a  67 ;  c'eft- 
a-dire,  que  Taugmentation  du  volume  de 
mercure ,  ou  ,  ce  qui  revient  au  meme ,  la 
diminution  de  fa  pefanteur  fpecifique,eft  d'un 
foixante-fixieme ,  a  compter  depuis  le  terme 
de  la  glace  jufqu'a  celui  de  I'eau  bouillante : 
done  un  barometre  qui  palTeroit  du  froid  de 
la  glace  a  la  chaleur  de  Teau  bouillante  hauf- 
feroit  d'une    quantite   egale  a  la   foixante- 
fixieme  partie  de  fa  hauteur  ,  fans  qu'il  fut 
fiirvenu  aucun  changement  dans  la  preffion     | 

de    ■ 


D   E      D   I   J   O   Ni    iy§4l  p^ 

cle  Tathmofphere.  (F.  U  Diclionn.  Encyclopi 
au  mot  barometre), 

Ainfi  dans  les  lieiix  ovi  la  hauteur  moyenne 
du  barometre  eft  de  27  pouces  &  demi ,  ou 
de  350  lignes  ,  la  chaleur,  depuis  la  glace 
jufqu'a  I'eau  bouillante  ,  fera  monter  le|nier- 
cure  de  5  lignes  ,  &  par  confequent  d'un  fei- 
zieme  de  ligne  pour  chaque  degre  de  dilata-^ 
tion  au  thermometre  de  Reaumur. 

On  pourra  faire  ,  nous  difent  les  R6dac-; 
teurs  de  TEncyclopedie ,  la  meme  correftion 
fur  un  barometre  dont  la  hauteur  fera  de  27 
ou  28  pouces ,  parce  qu'un  pouce  de  plus  ou 
de  moins  ne  peut  faire  fur  le  total  qu'une  er- 
reur  infenfible ;  mais  fi  Ton  tranfportoit  le  ba-i 
rometre  fur  des  hautes  montagnes,  &  que  le 
mercure  defcendit  a  25  ,  200U  15  pouces  ,  if 
faudroit  retrancher  de  cette  hauteur  pour  le 
chaud,  ou  y  ajouter  pour  le  froid ,  moins 
qu'un  feizieme  de  ligne  par  chaque  degre  du 
thermometre.  Ginq  tables  inferees  dans  ce 
Didionnaire ,  donnent  quelques  eclairciffe- 
mens  a  ce  fujet.  Mais  on  verra  par  la  fuite^ 
que  ces  tables  font  infuffifantes  pour  les  dif-i 
ferens  ufages  auxquels  le  barometre  eft  def^ 
tin6. 

L'exp^rience  avoit  appris ,  comme  on  vient 
dele  voir,  qu'une  colonne  du  barometre, 
longue  de  27  pouces  &  demi ,  varioit  de  Ji 
lignes  du  point  de  glace  a  celui  de  I'eait 
bouillante  :  dela  on  imagina  que  la  reduftion 
de  la  hauteur  du  barometre  pourroit  fe  faire 
par  le  moyen  d'un  thermometre  gradue,  §5 

G 


98  A   C   A   D   E  M   I   1 

ce  moyeneft  encore  indique  dans  le  Di^llon* 
naire  Encyclopedique ,  au  mot  baromeire. 
■  Marquez  fur  la  planche  dii  thermometre  les 
deux  termes  de  la  glace  &  de  I'eau  bouillante  ; 
divifez  cet  efpace  en  cinq  parties  ^gales  pour 
marquer  les  5  Jignes  dont  un  cylindre  de  mer- 
ture  de  27  a  28  pouces  de  hauteur  fe  rare- 
tie;  divifez  chacune  de  ces  parties  en  douze 
autres  parties,  pour  repr^fenter  les  points 
"qui  compofent  une  ligne;portez  les  memes 
divisions  &  les  memes  lubdivifions  au  defTous 
du  terme  de  la  glace :  vous  aurez  un  ther- 
mometre qui ,  marquant  ce  qu'il  faudra  re- 
trancher  de  la  hauteur  du  barometre,  ou  ce 
qu'il  faudra  y  ajouter ,  pourra  etre  appell6 
reciificateur  du  baromctrc.  Lorfque  ce  thermo- 
metre, place  aupres  d'un  barometre ,  mar- 
quera  2  lignes  3  points  au  deffus  du  terme 
de  la  glace,  cefera  2  lignes  &  3  points  qu'il 
faudra  fouflraire  de  la  hauteur  du  barometre: 
lorfqu'il  marquera  I  ligne  5  points  au  deffous 
du  meme  terme ,  ce  fera  i  ligne  5  points  qu'il 
faudra  ajouter. 

L'echelle  que  Ton  vient  de  donner  au  ther- 
mometre reciificateur ,  fuppofe  que  la  hauteur 
naoyenne  du  barometre  eft  de  27  a  28  pou- 
ces. Veut-on  des  echelles  pour  des  hauteurs 
differentes  ?  On  fera  cette  regie  de  propor- 
tion :  comme  6(^  eft  a  67,  ainli  27,  20,  15 
&c.  pouces  de  hauteur  de  mercure  au  terme 
d6  la  glace ,  font  a  la  hauteur  de  ce  meme 
mercure  au  terme  de  I'eau  bouillante.  La  dif- 
ference du  quatrieme  au  troifieme  terme  en 


D  E    Dijon,  z^^^;  (^ 

iignes  &  en  points,  fera  le  nombre  des  par- 
ties qui  doivent  compofer  I'echelle  demandee 
depuis  le  terme  de  la  glace  jufqu'a  celiii  de 
Teau  bouillante. 

Voici  un  autre  thermometre  reftificateur, 
du  barometre  (  indique  par  Dom  Casbois  )  , 
qui  exige  encore  moins  de  preparation  & 
d'attention  ;  c'eft  un  tube  de  verre  bien  cy- 
lindrique,  longde  30  pouces  environ,  fcell6 
par  fon  extremite  inferieure  ,  &  charge  de 
mercure  jufqu'a  la  hauteur  moyenne  du  ba- 
rometre. Apres  avoir  marque  fur  cette  efpeqe 
de  thermometre  le  terme  de  la  glace  ,  on 
Tapplique  fur  la  planche  du  barometre  ,  de 
maniere  que  le  point  qui  marque  le  terme  de 
la  glace ,  fe  trouve  fur  une  des  Iignes  de  la; 
divifion  du  barometre.  Lorfque  le  mercure 
de  ce  thermometre ,  rarefie  par  la  chaleur  , 
hau^Te  d'une ,  de  deux,6'f:.  Iignes  au  deffus  de 
la  glace,  on  retranche  la  meme  quantite  de 
la  hauteur  du  barometre  ;  lorfqu'il  baifle  d'unf* 
ou  de  deux  Iignes  ,  on  ajoute  cette  quantite 
a  la  hauteur  du  barometre. 

Ce  thermometre  n'exige  ,  dit-on,  aucun 
calcul ;  il  ne  demande  pas  meme  d'etre  regie 
a  I'eau  bouillante ,  &  il  a  I'avantage  de  mon- 
trer ,  de  la  maniere  la  plus  fimple  &  la  plus 
fure  ,  ce  qu'il  faut  retrancher  a  la  hauteur, 
du  barometre  ,  ou  ce  qu'il  faut  y  a j outer. 

Cette  affertion  doit  etre  vraie  ,  lorfque  ce 
thermometre  reclificateur  eft  conftruit  avec  le 
meme  mercure  &  le  meme  verre  que  le  ba- 
romun  s  mais  s'il  en  eft  aU|f rement ,  cette  aij; 

"^ "^"" "  '■     "  9n 


r.00  ACADEMll 

fertion  ne  peut  plus  etre  la  meme  ,  parce  que 
les  verres  de  difFerentes  efpeces  font  diffel- 
remment  dilatables  ,  &  cette  difference  eft 
affez  ienfible  pour  y  avoir  egard  dans  la  cor- 
redion  de  cette  caufe  phyfique. 

SECONDE     SECTION. 

Les   differences  efphces  de  verre  font  differemment 
dilatables. 

La  preuve  de  cette  verite  va  devenir  ^vl- 
dente ,  non-feulement  par  les  experiences  qui 
ont  ete  faites  a  ce  fujet  par  plufieurs  Phy- 
ficiens ,  mais  encore  par  la  conftruftion  des 
thermometres  de  M".  Delijle  &  Suiter. 

M.  Chrijlin ,  Secretaire  perpetuel  de  la  So- 
ciete  Royale  de  Lyon,  eft,  a  ce  qu'il  paroit, 
le  premier  qui  ait  fait  des  experiences  pour 
connoltre  I'influence  de  la  chaleur  &  du  froid 
fur  la  colonne  de  mercure  renfermee  dans  le 
barometre  ;  il  a  trouve ,  comme  nous  I'avons 
dit  ci-devant,  que,  du  terme  de  la  glace  a 
celui  de.  Teau  bouillante,  cette  colonne  s'al- 
longeoit  ou  fe  dilatoit  d'un  66^.  lorfque  le 
barometre  etoit  a  27  pouces  6  lignes  :  done 
un  barometre  qui  pafferoit  du  froid  de  la 
glace  a  la  chaleur  de  I'eau  bouillante ,  hauf- 
feroit  de  5  lignes  fans  qu'il  fiit  furvenu  au- 
cnn  changement  dans  la  preftion  de  I'athmof- 
phere. 

Dom  Casbois^  Benediftin ,  Principal  du  Col- 
lege de  Meti,  &  Membre  de  la  Societe  Royale. 


D  E    Dijon,   iyS4.  loi 

des  Sciences  &  Arts  de  la  meme  Vllle ,  s'eft 
occupe  de.  la  meme  experience  que M.  Chrifi'm^ 
&  les  affiches  de  Metz  &  de  la  Lorraine  nous 
apprennent  qu'il  a  obtenu  le  meme  refultat. 

M.  Z>e/«c,  Membre  de  la  Societe  Roy  ale 
de  Londres ,  dans  fon  excellent  ouvrage  fur 
\qs  modifications  d&  t athmofphcn  ^  fixe  cette  di- 
latation a  6  lignes,  lorfque  le  barometre  eft 
a  27  pouces. 

M.  de  Rocheblave  s'eft  exerce  fur  le  meme 
fujet  :  Voy.  U  Journal  de  Phyjique  ^  Mil  lySt , 
pa^.  zSz.  J'ai  cru ,  nous  dit  cet  Auteur,  de- 
voir m'afliirer  par  moi-meme  de  la  quantite 
de  dilatation  qu'occafionne  fur  le  mercure  la 
chaleiir  de  I'eau  bouillarite  ,  comparativement 
au  volume  de  ce  fluide ,  foumis  a  la  tempe- 
rature de  la  glace ,  afin  de  faire  fur  le  baro- 
metre la  correction  qu'indique  M.  Dduc.  Ce 
celebre  Phyficien  I'a  determin^e  de  6  lignes  , 
le  barometre  etant  a  27  pouces.  J'ai  cru  de- 
voir repeter  fon  experience  d'une  autre  ma- 
niere ,  afin  d'en  comparer  les  refultats.  J'ai 
trouv6  6  lignes  &  une  demie  pour  la  dilata- 
tion d'une  colonne  de  27  pouces.  Le  refultat 
de  M.  de  Rocheblave  difFere  done  d'une  demi- 
ligne  de  celui  de  M.  Deluc, 

M.  Legaux  ,  apres  avoir  fait  voir  dans  les 
affiches  de  Metz  &  de  la  Lorraine,  les  avan- 
tages  que  Ton  pourroit  retirer  de  cette  rec- 
tification du  barometre,  a  fait  aufti  des  ex- 
periences pour  la  connoitre.  Tons  les  Phy- 
iiciens,  y  dlt-il ,  conviennent  de  la  neceflite 
de  cette  re^ifieation.  Mais,  1°.  ils  ne  font 

'         G  ii] 


tOl  ACADJ&MIE 

pas  d'accord  fur  I'intenfite  de  cct  effet ;  l^.  la 
plupart  negligent  cette  corredion.  Ces  deux 
inconv^niens ,  fi  Ton  n'y  fait  attention ,  ren- 
dront  impofTible  la  comparaifon  des  obferva- 
tions  du  barometrc. 

M.  Legaux  en  donne  les  raifons ,  &  indique 
en  meme  temps  I'experience  dont  il  a  fait 
iifage  pour  s'affurer  de  la  dilata  tion  du  mer- 
cure  ;  elle  eft  la  meme  que  celle  employee 
par  M.  de  Rocheblave.  M.  Legaux  a  fait  conftruire 
line  cruche  de  fer  blanc  de  34  pouces  ;  il  Ta 
remplie  d'eau  la  plus  pure  qu'il  a  fait  bouillir; 
les  barometres  etant  alors  a  27  pouces  6  li- 
gnes  (  hauteur  moyenne  de  ce  pays  )  ,  &  le  ther- 
mometre  de  M.  de  Reaumur  etant  a  zero. 
Mais  auparavant  il  avoit  foude  au  refervoir 
de  (es  barometres ,  tant  a  furface  plane  que 
lumineux  ou  phofphoriques  &  ordinaires,  \\n 
tube  ouvert  a  fon  extremite  fuperieure,  de 
la  meme  hauteur  que  celui  qui  contenoit  le 
jnercure,  pour  empecher  la  preffion  de  I'eau 
fur  la  furface  inferieure  du  mercure  dans  le 
refervoir  ;  il  a  marque  fur  chacun  de  fes  ba- 
rometres, avec  des  curfeurs,  leurs  hauteurs 
de  27  pouces  &  6  lignes,  le  thermometre 
^tant  toujours  a  zero  :  puis  il  les  a  plong^s 
daus  I'eau  bouillante.  Cette  experience  rei- 
t^ree  differentes  fois  avec  les  memes  circonf- 
tantes  &  les  memes  precautions ,  lui  a  donne 
conftamment  3  lignes  de  dilatation  :  ayant 
eu  foin  d'obferver  pendant  ce  temps  s'il  n'ar- 
rivoit  aucun  changement  dans  Ja  prefllon  de 
I'athmofphere ,  auquel  cas  il  en  auroit  tenu 
compte, 


D  E    Dijon,  1^84.         103 

Le  refultat  de  cette  experience  s'accorde 
parfaitement  avec  ceiix  des  experiences  de 
Dom  Casbois  &  de  M.  Chnflln  ;  mais  il  difFere 
fenfiblement  de  ceux  qu'ont  obtenii  M^*.  Dduc 
&  de  Rocheblave;  &  cette  difference ,  quoi  qu'on 
en  dife ,  doit  etre  attribuee,moins  aux  differens 
precedes  des  experiences ,  qifa  la  differente 
dilatabilite  Aes  verres  des  barometres.  La 
preuve  de  cette  verite  va  devenir  fenlible  par 
le  coup  d'oeil  que  nous  allonsjeter  fur  la  conf- 
trudion  des  thermometres  de  M".  Ddljlc  & 

On  fait  que  ces  deux  inftrumens  ne  font 
pas  auffi  exads  que  celui  de  M.  de  Reaumur. 
La  conftruftion  de  ce  dernier,  depuis  qu'elle 
aete  perf^eftionnee  par  M.  Deluc^eH  etablie 
de  maniere  a  n'avoir  rien  a  craindre  de  'la 
differente  dilatabilite  du  verre.  Mais  celles 
de  M".  Delijlc  &  Sul:;er  n'ont  aucun  egard  a 
cette  caufe  phyfique ,  elles  font  etablies  fur 
le  volume  du  mercure  contenu  dans  le  ther- 
mometre  :  c'eftpourquoi  dans  Tun  deces  deux 
inftrumens /e  urme  de  la  glace  ^  &  dans  Tautre 
celui  de  teau  bouillanu ,  ne  font  pas  des  termes 
fixes  &  invariables. 

En  efFet ,  les  degr^s  du  thermometre  de  M. 
Delijlc  font  les  parties  d'une  echelle  qui  expri- 
ment  laquantite  dont  un  volume  quelconque 
de  mercure,  coniider6  dans  I'eau  bouillante 
(le  barometre  etant  a  28  pouces),  eft  con- 
tinuellement  condenfe  dans  I'air  que  nous 
refpirons ,  ou  plutot  par  le  froid  de  la  glace 
fondante.  Ces  parties  doivent  etre  egales  ,  fi_ 
le  tuyau  eft  bien  cylindrique  i  elles  doivent 


104  A    C   A  D   E   M   I   E 

etre  anfli  toiijours  les  memes,  fi  la  dilatahi- 
lit6  n'eft  pas  plus  grande  dans  une  efpece  de 
verre  que  dans  toute  autre.  Mais  cette  der- 
niere  confideration  a  ete  mife  en  evidence 
par  plufieurs  Phyliciens  tres-habiles.  lis  ont 
reconnu  que  le  point  de  la  congelation  de 
M.  Ddijle.  n'etoit  pas  un  terme  fixe  &  inva- 
riable;  les  uns  I'ont  trouve  a  148,  149,  & 
jneme  a  I50degres  de  fon  echelle,  d'autres 
a  150,  151,152,  &c.  Enfin,  cette  variabilite, 
qui  a  pour  caufe  la  difF^rente  dilatabilite  des 
differentes  efpeces  de  verre ,  a  mis  les  Phy- 
ficiens  dans  la  necefTite  de  prendre  un  urme. 
Ttioym,  celui  de  I50degr^s,  pour  determiner 
le  point  de  la  congelation,  &  rendre  par-la 
la  conftrudion  du  thermometre  de  M.  Delijlc 
plus  commode. 

La  graduation  de  celui  de  M.  Suiter ,  eft 
rinverfe  de  celle  de  M.  Ddijle,.  Les  degres 
du  thermometre  de  M.  >5'«/^er,  font  les  parties 
d'une  echelle  qui  expriment  la  quantite  dont 
un  volume  quelconque  de  mercure ,  confi- 
dere  dans  la  temperature  de  la  glace  fon- 
dante,  eft  continuellement  dilate  dans  I'air 
que  nous  refpirons  ,  ou  plutot ,  par  la  chaleur 
de  I'eau  bouillante,  le  barometre  etant  a 
28  pouces. 

Le  terme  de  I'eau  bouillante  du  thermo- 
metre de  M.  Sutler,  a  prefente  la  meme 
variabilite  que  le  terme  de  la  glace  de  M, 
Delifle.  Les  Phyficiens,  pour  le  fixer  par 
approximation  ,  ont  6te  obliges  d'avoir  aufli 
^ecours  k  un  medium ;  &  ceci  eft  encQie  ui\g 


b  E    Dijon,  'iyS4.  105 

preuve  que  les  differentes  efpeces  de  verre 
ne  jouiffent  pas  de  la  meme  dilatabilite  : 
d'ailleurs ,  ce  point  de  phyiique  a  6te  de- 
montre  evidemment  par  les  experiences  de 
plufieurs  Savans ,  &  line  plus  longue  difcuf- 
iion  a  ce  fujet  feroit  inutile.  (  V.  la  Dijfer- 
tation  du  Docieur  Mardnc ^  fur  la  conjl ruction  des 
thermometres»  ) 

Les  differentes  efpeces  de  verre  font  done 
differemment  dilatables.  Cela  une  fois  pofe 
&  reconnu,  voyons  maintenant  comment  il 
faut  proceder  a  la  reftification  dubarometre, 
pour  prendre  comparativement  !a  veritable 
hauteur  du  mercure,  relativement  aux  diffe- 
rens  degres  de  temperature. 

Nous  penfons  qu'il  faut  diftnguer  les  ba- 
rometres  que  Ton  a  faits  jufqu'a  prefent ,  de 
ceux  que  Ton  pourra  faire  ci-apres.  Confe- 
quemment  cette  diftinftion  exige  deux  arti- 
ticles  fepares ,  li  Ton  veut  rendre  poffible  la 
comparaifon  des  obfervations  du  barometre. 
Nous  appellons  barometns  anciens  ,  tous  les 
barometres  aftuellement  conftruits ;  &  baro- 
metres  nouveaux ,  tous  ceux  que  Ton  conftruira 
dans  la  fuite. 

TROISIEME     SECTION. 

Barometres  nouveaux. 

Nous  fuppofons  que  tous  les  Meteorolo- 
gilles  font  dans  I'intention  de  corriger  fur  le 
barometre  ,  les  erreurs  produites  par  Tin- 
fluence  du  chaud  &  du  froid,  parce  que  cettcj 


'lo6  A  C  A  D  E  M  I  E 

corredion  eft  jugee  indifpenfable.  Dans  cette 
hypothefe ,  que  doit  faire  im  Phyficien  qui 
a  congu  le  deffein  de  rediger  des  obferva- 
tions  barometriques  exaftes  ?  II  doit ,  avant 
de  les  commencer,  faire  les  experiences  ne- 
ceffaires  pour  connoitre  la  dilatabilite  du  tube 
de  verre  dans  lequel  le  mercure  de  fon  ba- 
rometre  eft  renferm^  ;  la  Phyfique  lui  pre- 
fente  trois  moyens  pour  parvenir  a  ce  but. 

Le  premier  eft  de  foumettre  fon  inftrument 
aux  temperatures  de  la  glace  fondante  &  de 
I'eau  bouillante,en  obfervant  les  conditions 
recommandees  par  M.  Legaux.    Ce  procede 
lui  donnera  les  connoiffances  qu'il  defire ;  il 
faura  quelle  eft  I'etendue  de  la  dilatation  du 
mercure  de  fon  barometre  ,  du  point  de  la 
glace  a  celui  de  I'eau  bouillante.  En  confe- 
quence  il  drefl'era  pour  fon  ufage  (  s'il  ne 
veut  pas  fe  contenter  de  notre  Table  baro- 
thermometrique  )  une  echelle  ou  une  table 
particuliere  ,  a  I'aide  de  laquelle  il  pourra 
faire  ,  a  chaque  obfervation  du  barometre , 
la  correftion  qu'exige  la  temperature  fur  la 
hauteur  de  la  colonne  du  mercure. 

Le  fecond  moyen  n'exige  aucune  expe- 
rience. II  confifte  a  placer  a  cote  du  baro- 
metre ,  un  tkermometre  rcclificateur  femblable  a 
celui  indique  ci-devant  par  Dom  Casbois.  11 
fuffit  de  marquer  fur  cet  inftrument  le  terme 
de  la  glace ,  &  de  le  conftruire  avec  le  meme 
yerre  &  le  meme  mercure  que  le  barometre. 
Un  thermometre  ordinaire ,  fans  reunir  ces 
conditions ,  pourroit  procurer  le  meme  avan»; 


u  E    Dijon,  1^84.         107 

tage,  s'il  etoit  attach^  fur  la  pianche  du  ba- 
rometre  :  d'un  cote  il  porteroit  Techeile  de 
Reaumur;  &  de  I'autre ,  Techelle  thermom6- 
trique  du  barometre  fur  lequel  il  feroit  pofe. 
Ce  troifieme  moyen  feroit  meme  preferable 
au  fecond,  pourvu  que  I'echelle  thermome- 
trique  fiit  executee  d'apres  les  difFerentes 
hauteurs  journalieres  du  barometre  :  raais  ces 
trois  moyens  ne  peuvent  etre  compares  a. 
notre  Table  baro-thermometrique ,  qui  eft 
infiniment  plus  commode ,  comme  il  fera  aife 
de  le  remarquer. 

QUATRIEME    SECTION. 

Barometres  anc'uns. 

Les  obfervations  faites  fur  les  barometres 
anciens,  qui  exijient  encore,  ne  peuvent  etre 
corrigees  qu'apres  avoir  foumis  ces  inftrO'- 
mens  a  la  methode  tracee  par  M.  Legaux.  Ou 
connoitra  alors  I'etendue  de  leurs  variations: 
mais  cette  connoiffance  eft  infuffifante  ,  & 
ne  mene  a  rien ,  ft  Ton  ignore  les  degres  de 
chaleur  &  de  froid  qui  ont  regne  pendant  le 
temps  des  obfervations.  Nous  ferons  voir  ci-- 
apr^s  le  parti  quil  faut  prendre  dans  ce  cas, 
pour  rendre  ces  obfervations  utiles  &  com- 
parables. 

Nous  paflbns  a  celles  qui  ont  ete  faites  fur 

des  barometres  qui  n  exijient  plus ,  parce  qu'ils 

font  brifes.   Que  faire  pour  reduire  ces  ob- 

4^ervations  a  leur  jufte  valeur  }  II  faut  fans 


fl08  A   C  A  D  E   M  I  E 

doiite  en  faire  la  reduftion,  i°.  d'apres  line 
Table  dreffee  fur  le  terme  moyen  de  la  dilata- 
tion du  mercure  dans  le  barometre  :  1°.  d'apres 
le  terme  moyen  de  la  variation  du  thermome- 
tre  interieur  pour  chaque  mois  de  Tannee. 

Ces  deux  confiderations  font  effentielles, 
ii  Ton  fouhaite  apporter  une  exaditude  fatis- 
faifante  dans  la  comparaifon  des  obfervations 
barometriques ,  tant  anciennes  que  modernes. 
En  efFet ,  comment  comparer  les  anciennes 
obfervations  avec  les  modernes  ,  fi  Ton  ne 
fait  dans  celles-la  la  correftion  que  Ton  fe 
propofe  de  faire  dans  celles-ci.  D'ailleurs, 
li  les  uns  la  faifoient  fuivant  une  certaine 
€chelle ,  &  les  autres  fuivant  une  autre ,  il  en 
refulteroit  encore  une  autre  bigarrure  mal 
entendue.  II  faut  done  que  tous  les  Meteo- 
rologiftes  s'accordent  a  la  faire  fuivant  une 
echelle  commune.  Voila  la  feule  reffource 
qui  leur  refte  pour  apprecier  a  fa  jufte  va- 
leur ,  ou  a  peu  pres ,  le  langage  des  inftrii- 
xnens  anciens. 

SECONDE    PAR  TIE. 

^Methodes  pour  debarrajfer  de  t influence 
thermometrique  les  obfervations  du  ba^ 
rometre  ,  tant  celles  que  ton  a  faites 
jufqua  prefent^  que  celles  qui  fe  feront 
dans  la  fuite, 

|Les  details  dans  lefquels  nous  fommeM^ 


iD  E    Dijon,  77^4.  lo^i 

entr^s  ci-devant,  ont  fait  fentir  affez  com- 
bien  la  reftification  du  barometre  eft  indif- 
penfable  pour  prendre  la  veritable  hauteur 
du  mercure.  On  fe  rappelle  que  la  chaleur 
rarefie  ce  fluide ,  &  que  le  froid  le  condenfej 
&  qu'a  mefure  que  Tun  ou  I'autre  en  change 
le  volume,  ils  en  font  varier  la  pefanteuc 
fpecifique.  Tous  les  Phyficiens,  en  convenant 
de  I'exiftence  de  cette  variation ,  conviennent 
en  meme  temps  de  la  neceUit^  de  la  redi- 
fication.  Voyons  maintenant  de  quelle  ma- 
niere  il  faut  operer  pour  la  faire  correfte- 
ment  fur  I'obfervation  journaliere  ;  nous 
parlerons  enfuite  des  obfervations  anciennes, 

PREMIERE    SECTION. 

Obfervations  journallens  ou  aciudles. 

Le  Meteorologifte  qui  veut  faire  des  ob- 
fervations exaftes  ,  ne  neglige  pas,  avant  de 
les  commencer,  d'employer  tous  les  moyens 
convenables  pour  fe  procurer  des  inftrumens 
conftruits  avec  precifion,  &  felon  les  prin- 
cipes  recommandes  par  les  Phyficiens.  11 
fait  que  I'importance  &  I'utilite  de  fon  tra- 
vail dependent  en  quelque  forte  de  cette 
petite  attention ,  s'il  ne  veut  pas  fe  donner 
la  peine  de  les  faire  lui-mcme  :  ce  qui  eft 
une  befogne  dont  on  n'eft  pas  toujours  a, 
portee  de  s'occuper ;  mais  befogne  bien  fatis- 
faifante ,  parce  qu'elle  nous  donne  un  degre 
de  conviction  que  rien  ne  pent  egaler. 

.Ainfinous  imaginons  que  le  Meteorolcgift© 


no  ACADiMIE 

eft  perfuade  de  la.bonte  de  (es  inftmmens, 
foit  quil  les  ait  conftruits  lui-meme,  loit 
qu'il  les  ait  verifies.  Son  barometre  a  furface 
plane  eft  monte  fur  une  echelle  gradiiee  avec 
loin;  il  en  eft  de  meme  de  fes  thermometres. 
Je  dis  fes  thermometres  ^  parce  qu'il  en  faut 
plufieurs  lorfque  Ton  vent  faire  la  re£lifica- 
tion  du  barometre.  Le  thermometre  fufpendu 
a  I'exterieur  &  dans  la  rue,  ne  pent  fervir 
a  cette  operation.  Le  barometre  eft  ordinai- 
rement  attache  dans  nos  appartemens  :  il 
n'a  pas  befoin  ,  pour  faire  fes  fonftions ,  d'etre 
place  a  Texterieur.  Ceft  pourquoi  on  fixe 
fur  la  planche  de  cet  inftrument,  un  fecond' 
thermometre  qui  indique,  a  chaque  obferva- 
tion,  la  temperature  de  I'appartement ;  celui 
qui  eft  a  I'exterieur  indique  la  temperature 
de  Tathmofphere.  Ilyatoujours  entre  I'une, 
&  Tautre  temperature  une  difference ,  foit 
en  plus,  foit  en  moins. 

Le  Meteorologifte  fait,  par  la  verificatioa 
on  I'experience  qu'il  a  faite,  que  fon  baro- 
metre etant  a  27  pouces  &  6  lignes ,  fait , 
du  point  de  la  glace  a  celui  de  I'eau  bouil- 
lante ,  une  variation  de  5  lignes.  II  drefle 
une  Echelle  on  une  table  d'apres  cette  va- 
riation :  elle  auroit  pu  etre  plus  etendue 
(parexemple  de  6  lignes)  pour  les  raifons 
que  nous  avons  expofees  ci-devant.  Dans 
ce  cas,  on  conftruit  la  table  ou  I'^chelle  de 
corredion  fur  une  dilatation  de  6  lignes :  mais 
nous  fuppoferons  ici  qu'elle  n'eft  que  de 
5 ,  parce  que  le  barometre  ne  I'a  donnee 
que  de  cette  etendue. 


D  E    Dijon;    17^4.        11  i 

Or ,  pour  faire  une  table  de  correftion  fur 
une  variation  de  cinq  lignes ,  voici  comme 
il  faut  proceder.  Vous  divifez  d'abord  les 
5  lignes  en  500  parties  egales.  Le  zero  re- 
prefente  le  point  de  la  glace  ,  &  500  celui 
de  Teau  bouillante  ;  confequemment  250  & 
125  reprefenteront ,  le  premier  40  degres  au 
deffus  de  la  glace,  &  le  fecond  20  ;  le  tout 
au  thermometre  de  Reaumur.  Le  premier 
chifFre  a  gauche  indique  les  lignes  ,  &  les 
deux  autres ,  qui  fuivent,  indiquent  les  cen- 
tiemes  de  ligne.  Ainfi  lorfque  le  barometre 
fe  foutient  a  27  pouces  &  demi,  le  ther- 
mometre de  Reaumur  etant  a  20  ou  40  de- 
gres au  deffus  de  la  glace  ,  la  table  vous 
apprend  qu'il  faut,  dans  ce  dernier  cas,  re- 
trancher  de  la  hauteur  de  la  colonne  de 
mercure  2  lignes  &  50  centiemes  (  ou  deux 
lignes  &  demie  )  ;  &  dans  le  premier  cas ,  une 
ligne  &  23  centiemes  (  ou  une  ligne  &  un 
quart  ). 

Vous  pouffez  plus  loin  la  divifion  de  votre 
table  ;  &  vous  voyez  que  lorfque  le  baro- 
metre eft  au  meme  point ,  &  le  thermometre 
a  dix  degres  dilatation  ,   la  correftion    eft 
de  62  centiemes,  c'eft-a-dire  de  6  dixiemes 
de  ligne.    Vous  prenez  la  moitie  de  cette 
fomme ,  qui  eft  31,  &  vou  s  favez  que  le 
thermometre  etant  a  5  degres  de  dilatation, 
la  correftion  doit  etre  de  trois  dixiemes  de 
ligne.  Vous  divifez  31   en  5  ,   &  cette    fub- 
divifion  vous  fait  voir  quHin  degre  de  dila- 
tation avi  thermometre  de^  Reaumur ,  aug- 


112  A   C    A   D   ^    M   I   E 

mente  de  6  centiemes  de  ligne  la  hauteur 
d'une  colonne  barometrique  de  27  pouces  & 
demi. 

D'un  autre  c6t6 ,  cette  {ubdivifion  vous 
apprend  qu'un  degre  de  condenfation  au 
meme  thermometre ,  diminue  de  la  meme 
quantite  la  hauteur  de  la  colonne  :  dela 
vous  tirez  la  conf^quence  ,  que  lorfque  le 
barometre  eft  a  27  pouces  &  demi,  &  le 
thermometre  a  20  ou  40  degres  au  deflbus 
de  la  glace,  il  faut,  dans  le  premier  cas, 
ajouter  a  la  hauteur  barometrique  une  ligne 
&  un  quart,  &  dans  le  fecond,  deux  lignes 
&  demie ,  ainli  du  refte  pour  les  difFerens 
degres  de  condenfation.  (  V.  la  Table,  baro- 
thermometrique   ci-apres.  ) 

Si  la  temperature  reftant  toujours  la  meme, 
par  exemple  ,  a  20  degres  de  dilatation  du 
thermometre  de  Reaumur  )  ,  le  barometre 
varioit  de  6  lignes,  &  montoit  a  28  pouces, 
alors  il  faudroit  retrancher  fur  la  colonne 
une  ligne  &  27  centiemes  ,  &  non  pas  une 
ligne  &  25  centiemes  comme  ci-deffus. 

Si  le  barometre  au  contraire  defcendoit  a 
27  pouces ,  il  ne  faudroit  retrancher  qu'une 
ligne  &  23  centiemes.  Ces  differences ,  comme 
il  eft  aife  de  s'en  appercevoir ,  font  pen 
feniibles  :  neanmoins  on  doit  en  tenir  compte 
dans  I'obfervation  ,  &  retrancher ,  dans  le 
premier  cas  ,  une  ligne  &  trois  dixiemes, 
&  dans  le  fecond,  une  ligne  &  deux  dixiemes. 

Si  la  variation  thermometrique  du  bare- 
metre  etoit  plus  ^tendue ,  c'eft-a-dire ,  de  6 

lignes 


t)  E    D  I  J  o  Ni  'iyS4:  113 

lignes  ou  de  600  parties  egales  dii  point  de 
la  glace  a  I'eau  bouillante ,  le  barometre 
etant  a  27  polices  &  demi;  on  imagine  biea 
que,  fiiivant  les  differens  cas  exprimes- ci- 
deffus,  il  faiidroit ,  I'ur  la  hauteur  du  mer- 
cure,  faire  une  plus  grande  fouftradion  pour 
la  dilatation  occalionnee  par  la  chaleur,  & 
line  plus  grande  addition  pour  la  condenfa- 
tion  produite  par  le  froid  :  cela  feroit  in- 
diqiie  par  la  table  que  Ton  auroit  dreffee  a 
ce  fujet. 

Ces  details  fur  la  conftrudion  &  I'ufage 
des  tables,  ont  fans  doute  donne  une  idee 
fatisfaifante  des  avantages  qui  peuvent  re- 
fiilter  de  la  corredlion  du  barometre  pour  la 
comparaifon  de  ces  inllrumens  dans  les  dif- 
ferens pays.  On  fait  que  la  chaleur  n'eft  pas 
dans  le  meme  temps  par-tout  la  meme.  Ainli 
deux  barometres  conftruits  enfemble  par  le 
meme  Artifte  ,  &  qui  s'accordent  parfaite- 
mAt,  rnais  dont  Tun  a  ete  tranfporte  a  Rome, 
&  I'autre  aParis^  pourroient  tres-bien  le  meme 
jour  &  ail  meme  inftant  fe  trouver  a  la  meme 
hauteur,  fans  cependant  donner  la  meme  in- 
dication; ils  pourroient  auffi  fe  trouver  dans 
la  meme  Ville  ,  &  ne  pas  s'accorder ,  quoique 
places  au  meme  niveau,  parce  que  I'un  fe- 
roit dans  iin  lieu  expofe  an  midi ,  &  Tautre 
dans  un  lieu  expofe  an  nord.  Ces  exemples 
fe  generalifent  fuffifamment. 

Paffons  maintenant  a  la  maniere  de  rediger 
I'obfervation  journaliere  ,  en  rendant  compte, 
avant  tout ,  de  I'emplacement  de  notre  ther^ 

H 


114  A   C   A  D   E   M   I    E 

mometre  &  de  notre  barometre.  lis  font  tons 
deux  dans  line  chambre  expofee  au  nord,  & 
attaches  fur  la  muraille  qui  regarde  ce  point: 
la  variation  thermometrique  du  barometre 
eft  de  5  lignes  ou  de  500  parties  egales  du 
point  de  la  glace  a  celui  de  I'eau  bouillante. 

Le  I°^  Juin  1781,  a  5  heures  du  matin, 
le  barometre  fe  foutenoit  a  Arras  a  28  pou- 
ces,  le  thermometre  interieur  etant  a  16  de- 
gres  &  2  dixiemes  de  dilatation  :  confequem- 
ment ,  dedudion  faite  de  la  variation  ther- 
mometrique qui  eft  de  10  dixiemes  de  ligne 
ou  d'une  ligne  ,  la  veritable  hauteur  du  ba- 
rometre etoit  de  27  pouces  &  1 1  lignes. 

Le  meme  jour  a  3  heures  de  Tapres  midi, 
le  barometre  fe  foutenoit  a  28  pouces  &  3 
dixiemes  de  ligne,  le  thermometre  interieur 
etant  a  20  degr^s  &  7  dixiemes  de  dilatation  : 
confequemment,  deduftion  faite  de  la  va- 
riation thermometrique  qui  eft  d'une  ligne  & 
30  centiemes  ou  3  dixiemes,  la  veritable  hau- 
teur du  barometre  etoit  encore  de  27  pouces 
&  II  lignes. 

Le  2  du  meme  mois  ,  a  5  heures  du  ma- 
tin ,  le  barometre  fe  foutenoit  a  27  pouces 
II  lignes  &  6  dixiemes,  le  thermometre  in- 
terieur etant  a  16  degres  &  6  dixiemes  de  di- 
latation :  confequemment,  dedudion  faite  de 
la  variation  thermometrique  ,  qui  eft  d'une 
ligne  &  un  dixieme,  la  veritable  hauteur  du 
barometre  etoit  de  27  pouces  lo  lignes  &  5 
dixiemes. 

La  table  fuivante  donne  pour  chaque  jour 


n  F    D  r  J  o  N ;  /  vRa: 


Tt* 


Pag.   114. 
BaRO  METRE, 


CA^on  corricrei    Corn<ys, 


P.  L.  D. 


28  O  3 
27  10  7 
27  10  2 
27  10  3 

-ii  27  9  3 


P.  L.  D. 


27  II  O  ii 

^7  9  4  i 

^7  9  i  1 

^7  9  3  T 

27  S  3  it 

^761  ii 


Ll'V  J     \IH    WVltliv^iw    A- 


orrigee. 

te  table 

2  Ton  a 
lique  le 
'roijieme  , 

;  la  ^«i2- 
;nge;  la 
ion  pour 

thermo- 
ir  du  ba- 
,  la  hau- 


donne  le 

e  que  du 

)n  y  voit 

tre  inte- 

\  pour  le 

qu'il  eft, 

dixiemes, 

ne  du  ba- 

:)mme  du 

pouces  9 

midi,  de 

nais  cette 

barometre 

&  I'apres 

;  &  9  di- 

idi  une  er- 

>n  ,    &   le 

^  ligne. 

['influence 

I  barome- 

tir  moienne 

H  ij 


^:ic;ftae=ie*=3?*=ft=«?=s?^^ 


Juin  lySi. 

Thermom. 

Barometre. 

/wi«  /^i?/ 

Matin. 

intirimr. 

Non  corrlge 

Cornge. 

Apres  midi. 

Hemes. 

Deg.    Dix. 

P.    L.   D. 

P.   L.   D. 

Heures. 

5  heures. 

l6  .  .  2 

28    0  0 

27  II   0 

3  heures 

i6 .  .  6 

27  II  6 

27  10  6 

l6  .  .   2 

27  10   2 

27   9  2 

14.  .3 

27  10   2 

^7   9  3 

13  .  .0 

27  10   2 

i7   9  4 

14 .  .  I 

i7   7  3 

27    6  4 

13  .  .  6 

27   6  6 

^7    5  7 

13  . .  I 

27  6  1 

27    5  3 

12  .  .3 

27  7  6 

27  6  8 

12  . .  7 

27    9  I 

27   8  3 

1  ^ 

12  .  .7 

27   9  9 

27   9  I 

i  3 

13  .  .9 

27    9  I 

27    8  2 

1  3 

13  .  .2 

27   9  9 

27    9  I 

1  3 

II  .  .  7 

27    9  2 

27   8  4 

1  3 

12 ,  .  0 

27   9  4 

27    8  6 

1  3 

14.  .  3 

27   9  4 

27    8  5 

1  3 

13.  .  7 

2710  3 

27    9  4 

1  3 

14 . .  2 

27  II  2 

27  10  3 

1  3 

ij.  .  7 

27  10  8 

27   9  8 

1  3 

17  .  .4 

27   9  8 

27    8  7 

1   3 

18  .  .  0 

27    8  7 

27    7  6 

i  3 

16  . .  6 

Z7    7  9 

27    6  8 

1  3 

15..  4 

27   8  7 

27    7  7 

1  3 

14.  .7 

27   9  3 

27    8  4 

i  3 

12  .  .  8 

27   8  7 

27    7  9 

1  3 

^ 

II  .  .  4 

27  10  0 

27  9  3 

1  3 

12  .  .  4 

2710  4 

27   9  6 

13.  .  I 

28    0  0 

27  II  2 

1  3 

5 

14  . .  I 

28    2  7 

28    I  8 

1  3 

13.  .  6 

28    3  0 

28    2  I 
27    8  9 

1  3 

Termemoyen. 

14  .  .  2 

27    9  8 

1 

Thermom. 
intcriiur. 


Dcg.  Dlx. 


20 
20 
16 

16 

16 

14 

14 

14 

15 
16 

14 

15 
16 

16 

16 

18 

20 
21 
20 
18 

17 

'5 

14 
16 
16 

17 

li 
16 


■  7 
.  6 

,  8 

,  6 

3 
3 

•  7 

•  7 

■  3 
.  o 

2 

2 

.  I 

•  3 

■  4 
,  I 

I 

,  2 
6 

7 
9 
9 
I 

8 

3 
4 
I 

3 
3 

.  t 
8 


Barometre. 


Non  corrlge  \ 


P.    L.    D. 


Corrlge, 


28 

0  3 

^7 

107 

^7 

10  2 

^7 

10  3 

^7 

9  3 

^7 

7  I 

27 

6  6 

^7 

67 

^7 

8  0 

i7 

9  3 

27 

96 

^7 

9  0 

^7 

ID  0 

^7 

8  9 

i7 

9  1 

27 

9  5 

i7 

10  7 

27 

II  3 

27 

10  2 

27 

9  7 

27 

7  9 

27 

7  7 

27 

9  3 

27 

9  I 

27 

9  3 

27 

10  4 

27 

10  7 

28 

I  3 

28 

3  4 

28 

2  I 

i7 

9  9 

i    p.   L.    D. 

27   H    O 


27 
27 
27 

27 
27 
27 
27 
27 
27 


9  4 
9  2 
9  3 
8  3 

6  I 

5  Z 
5  8 

7  9 

8  3 


27  8  6 

27    8  o 


27 
27 
27 
27 


9  I 

7  9 

8  I 

8  5 
27  9  7 
27  10  2 
27   8  9 

27   8  3 
27    6  6 

27    6  5 
27  8  2 

27   8  I 


27 
27 
27 
28 

28 

_28 

27 


8  4 

9  5 
9  7 
o  2 

2  3 

89 


I 


D  E    Dijon;  iyS4:  115 

du  moIs,robfervation  barometrique  corrlgee.' 
La  premiere  colonne  verticale  de  cette  table 
indique  I'heiire  de  Tobrervation  que  Ton  a 
faite  dans  la  matinee ;  la  feconde  indique  le 
degre  du  thermometre  interieur;  la  troijiemcy 
la  hauteur  du  barometre  non  corrige;  la  qua- 
trieme,  la  hauteur  du  barometre  corrige;  la 
cinquieme  indique  Theure  de  robfervation  pour 
I'apres  midi ;  \-a.  Jixienu  ,  le  degre  du  thermo- 
metre interieur;  \a.  feptieme ,  la  hauteur  du  ba- 
romettre  non  corrige  ;  &  la  hu'uiemc ,  la  hau- 
teur du  barometre  corrige. 

La  derniere  colonne  horizontale  donne  le 
terme  moyen,  tant  du  thermometre  que  du 
barometre  corrige  &  non  corrige.  On  y  voit 
que  le  degre  moyen  du  thermometre  inte- 
rieur, d'apres  la  fomme  du  mois ,  eft  pour  le 
matin  de  14  degres  &  2  dixiemes ,  &  qu'il  eft, 
pour  Taprcs  midi,  de  16  degres  &  8  dixiemes. 
On  remarque  que  la  hauteur  moyenne  du  ba- 
rometre non  corrige ,  d'apres  la  fomme  du 
mois ,  eft ,  pour  le  matin  ,  de  27  pouces  9 
lignes  &  8  dixiemes;  &  pour  Tapres  midi,  de 
27  pouces  9  lignes  &  9  dixiemes;  mais  cette 
hauteur  eft  fautive  ,  puifque  le  barometre 
corrige  ne  la  donne  pour  le  matin  &  Fapres 
midi ,  que  de  27  pouces  8  lignes  &  9  di- 
xiemes; ce  qui  fait  pour  I'apres  midi  une  er- 
reur  d'une  ligne  dans  I'obfervation  ,  &  le 
matin  une  erreur  de  9  dixiemes  de  ligne. 

Ainfi,  en  reftifiant  chaque  jour  I'influence 
de  la  temperature  fur  la  colonne  du  barome- 
tre, on  connoit  la  veritable  hauteur  moienne 

Hi; 


Il6  A   C    A   D   E    M   I   E 

de  cet  inftrument ,  non-feulement  pour  cha- 
que  mois  de  I'annee ,  mais  encore  pour  chaque 
annee  :  tel  eft  le  but  de  la  methode  que  nous 
venons  de  tracer.  Mais  il  en  eft  une  autre  qui 
doit  lui  etre  preferee,  parce  qu'elle  reunit  a 
I'avantage  d'etre  plus  courte,  celui  d'etre  aufti 
fure.  Elle  n'exige  que  lix  operations  a  la  fin 
de  chaque  mois ;  trois  pour  les  obfervations 
du  barometre  faites  le  matin ,  &  trois  pour 
les  obfervations  de  I'apres  midi ;  en  fuppo- 
fant  neanmoins  que  les  obfervations  baro- 
metriques  fe  bornent  a  deux  par  chaque  jour. 
La  table  precedente  va  nous  donner  lapreuve 
de  cette  verite. 

La  plus  grande  elevation  du  barometre  le 
matin,  eft  de  28  pouces  &  3  lignes ;  elle  a 
eu  lieu  le  30  du  mois  ,  lorfque  le  thermo- 
jnetre  interieur  etoit  a  13  degri^s  &  6  dixie- 
■mes  :  confequemment  la  plus  grande  hauteur 
du  barometre  a  ete,  d'apres  la  correftion,  de 
28  pouces  2  lignes  &  un  dixieme. 

La  moindre  elevation  eft  arriv^e  le  8 
du  mois,  le  thermometre  6tant  a  15  degres 
&  un  dixieme  :  confequemment  la  moindre 
hauteur  du  barometre,  felon  la  reftification , 
a  ete  de  27  pouces  5  lignes  &  3  dixiemes. 

Toutes  les  obfervations  du  thermometre 
interieur  &  du  barometre  non  corrige,  etant 
fommees  &  divifees  par  le  nombre  des  jours 
du  mois ,  on  voit  que  le  terme  moyen  du 
thermometre,  pour  I'obfervation  du  matin, 
eft  de  14  degres  &  2  dixiemes,  &  que  le 
tcrme  moyen  du  barometre  non  corrige  eft 


D  E    Dijon,  TyS4:  117 

tie  27  ponces  9  lignes  &  8  dixiemes.  Si  Ton 
retire  cle  !a  hauteur  moyenne  du  barometre 
non  corrige,  I'influence  indiqu^e  par  le  terme 
moyen  du  thermometre  interieur,  laquelle 
eft  de  9  dixiemes  de  ligne  ,  on  trouvera  que 
la  veritable  hauteur  moyenne  du  barometre 
ell  de  27  pouces  huit  lignes  &  9  dixiemes  , 
c'eft-a-dire,  femblable  a  celle  donnee  par  la 
table  prec^dente. 

Les  trois  operations,  que  nous  venons  de 
faire  pour  corriger  les  obiervations  barome- 
triques  de  la  matinee ,  pourront  s'executer 
facilement  fur  les  obfervations  de  I'apres  midi: 
c'eft  pourquoi  nous  n'entrons  pas  dans  un 
jjlus  grand  detail  a  ce  fujet ;  ce  que  nous 
avons  dit  fuffit  pour  mettre  au  fait  les  per- 
fonnes  les  moins  intelligentes.  Nous  ajoute-f 
rons  feulement  que  cette  methode  eft  necef- 
faire  aux  Meteorologiftes  qui  cherchent  a 
decouvrir  y? /e  barometre  eji  fujet  on  non  a  une 
variation  diurne  periodicjue.  S'ils  negligeoient 
d'en  faire  ufage ,  ils  pourroient  tomber  faci' 
lement  dans  Terreur ;  mais  il  eft  temps  de 
nous  occuper  des  obfervations  barometriques 
anciennes. 

SECONDE     SECTION. 

Obfervations   anciennes, 

Les  Phyficiens  ayant  reconnu  la  neceffite 
de  corriger  les  obfervations  barometriques 
journalieres,  il  paroit  indifpenfable ,  fi  Ton 

H  iij 


Jl8  A    C    A   D    E   M   I    E 

veut  comparer  celles-ci  avec  les  anciennes, 
d'appliquer  la  meme  correclion  a  ces  der- 
nieres.  Mais  pour  faire  cette  corredion  d'une 
maniere  avantageufe,  il  faiit  d'abord  ,comme 
nous  I'avons  annonce  ,  dillinguer  Ics  obfer- 
vations  anciennes  qui  ont  ete  faites  avec  des 
barometres  qui  exijlent  encore ,  d'avec  les  ob- 
fervations  anciennes  qui  ont  ^te  faites  avec 
des  barometres  qui  nexifientplm  ^  parce  qu'ils 
font  brifes. 

Quant  aux  obfervations  anciennes  dont  les 
barometres  exijlent  encore,  v'len  n'eft  plus  aife 
que  d'en  faire  la  reftifi cation,  fi  dies  ont  ete 
accompagnees  de  I'obfervation  du  thermo- 
metre  interieur;  il  s'agit  dans  ce  cas  (nous  le 
repetons  )  de  mettre  le  baromettre  a  I'epreuve 
de  la  glace  &  de  Teau  bouillante,  pour  con- 
noitre  I'etendue  de  fa  variation  thermome- 
trique.  Cette  connoiffance  une  fois  acquife, 
on  pent  au  moyen  du  thermometre  interieur, 
procedcr  comme  nous  I'avons  fait  ci-devant 
pour  Tobfervation  journaliere. 

Si  les  obfervations  anciennes  dont  les  ba- 
rometres exifient  encore,  n'ont  pas  ete  accom- 
pagnees  de  I'obfervation  du  thermometre  in- 
terieur, on  concoit  fans  peine  que  cela  exige 
plus  d'embarras  :  que  faire  en  pareille  cir- 
conftance,  pour  fe  procurer  la  corredion  que 
Ton  defire  ?  Nous  penfons  qu'il  faut  avoir  re- 
cours  aux  obfervations  du  thermometre  in- 
terieur que  Ton  a  faites  depuis  quelque  temps 
dans  chaque  pays,  ou  que  Ton  fera.  Nous 
imaginons  qu'en  mettant  ces  obfervations  eh 


D  E    Dijon,  iy^4''.  115 

comparaifon  avec  celles  du  thermometre  ex- 
terieur ,  il  en  relultera  pour  le  terme  moyen 
de  chaque  mois  ,  une  difference  utile  a  notre 
deffein.  Nous  allons  developper  Tidee  qui 
nous  eft  venue  a  ce  fujet. 

On  fe  rappelle  que ,  fuivant  notre  table 
precedente  ,  le  terme  moyen  du  thermometre 
interieur  a  ete  a  Arras  ^  d'apres  la  Tomme  des. 
obfervations  du  mois  de  /;//«,  de  14  degres 
&  2  dixiemes  le  matin,  &  de  16  degres  &  8 
dixiemes  Tapres  midi.  J'ajoute  ces  deux  fom- 
mes  enfemble,  &  j'en  prends  enfuite  la  moitie; 
cela  me  donne  15  degres  &  5  dixiemes  pour 
Tobfervation  moyenne  du  mois,  prife  le  matin 
&  Tapres  midi.  Je  luppofe  qu'on  a  fait  la 
meme  operation  pendant  dix  ans  ,  &  qu'on  a 
trouve  que  le  terme  moyen  du  mois  de  Juin 
eft  de  16  degres;  ce  r^fultat  du  thermometre 
interieur,  s'il  eft  compare  avec  le  refultat 
du  thermometre  exterieur  qui  eft  de  15  de- 
gres pour  Arras ,  donne  une  difference  dun 
degre  en  plus.  On  fait  done,  par  cette  com- 
paraifon,  que  dans  le  mois  de  Juin,  le  terme 
moyen  du  thermometre  interieur  excede  a 
Arras  d'un  quinzieme  celui  .du  thermometre 
exterieur.  Cette  connoiflance  qui  pent  etre 
acquife  fur  tous  les  mois ,  &  dans  chaque 
pays ,  fuffit ,  comme  on  le  verra  a  I'inftant , 
pour  corriger  par  approximation  ,  &  d'une 
maniere  fatisfaifante ,  les  obfervations  baro- 
metriques  anciennes ,  qui  ont  ete  faites  fur 
les  barometres  qui  exijlmt  encore  ,  mais  qui 
n'ont  pas  ete  accompagnees  de  robferyatiojj 
du  thermometre  interieur. 


110  A   C   A   D   E   M   I   E 

Exemple.  Au  mois  de  Juin  i76o,Ie  degr6 
moyen  dii  thermometre  exterieur  a  ete  a 
Arras  de  14  degres  &7  dlxiemes ,  &  la  hau- 
teur moyenne  du  barometre  de  28  pouces. 
Je  veux  rectifier  cette  hauteur,  &  la  debar- 
raffer  de  I'influence  thermometrique.  Je  fais 
cette  proportion,  15,0: 16,0  : :  14,7  :x=i5,7, 

Confequement  la  veritable  hauteurmoienne 
du  barometre  eft  de  27  pouces  &  1 1  lignes , 
puifque  d'un  cote  il  eft  reconnu  par  la  regie 
de  proportion  que  le  degre  moyen  du  ther- 
mometre interieur  a  dii  etre  a  Arras  ^  en  Juin 
1760,  de  15  degres  &  7  dixiemes  ;  &  de 
I'autre ,  que  la  variation  thermometrique  du 
barometre  eft  de  5  lignes  du  point  de  la  glace 
a  celui  de  I'eau  bouillante. 

Quant  aux  obfervations  barometriqucs  an- 
ciennes  qui  n'ont  pas  ete  accompagnees  de 
I'obfervation  du  thermometre  interieur  & 
exterieur ,  &  dont  les  barometres  cxlflcnt 
encore ,  ou  riexijlent  plus  ,  il  faut  prendre  une 
autre  route  pour  arriver  au  meme  but.  Les 
barometres  qui  cxijlent  encore  feront  affujettis 
aux  experiences  de  M.  Legaux ,  recomman- 
dees  ci-devant  :  ceux  qui  nexijlent  plus ,  ne 
pouvant  etrefoumis  a  cette  epreuve,  exigent 
im  autre  expedient. 

Nous  avons  remarque  que  les  differentes 
cfpeces  de  verre  font  plus  ou  moins  dilatables; 
qiie  I'influence  thermometrique,  fur  une  co^ 
ionne  de  barometre  elevee  a  27  pouces 
&  6  lignes,  a  ete  trouvee  ,  par  quelques 
j^hyiiciens  >  de  5  lignes  ,  &  par  d'aiitres ,  dgt 


D  E    Dijon,  iy^4.  iii 

6  lignes  ,  plus  oil  moins,  du  point  de  la  glace 
a  celui  de  I'eaii  bouillante.  Nous  avons  ajoute 
que  la  meme  difference  a  ete  obfervee  dans 
la  conftruftion  du  thermometre  de  M.  Dclifle, 
&  dans  celui  de  M.  Suiter.  Cette  variabilite 
dans  la  dilatation  du  verre  ,  impofe  done 
I'obligation  de  prendre  iin  medium  pour  trou- 
ver,  par  approximation  ,  Tinfluence  thermo- 
metrique  du  barometre,  lorlque  le  tube  eft 
brife.  Ced  ce  que  nous  avons  fait ;  &  d'apres 
nos  calculs  ,  il  refulte  que  la  variation 
nioyenne  thermometrique  du  barometre,  eft 
de  cinq  lignes  &  un  quart,  ou  de  500  & 
24  parties  du  point  de  la  glace  a  celui  de 
I'eau  bouillante.  Nous  avons  en  consequence 
dreffe  une  Table  a  ce  fujet ,  a  qui  nous 
avons  donne  le  nom  de  Table  haro-thermome' 
tiique  jiniverfdlc ,  parce  qu'ellc  pent  fervir, 
comme  on  le  verra  ci-apres  ,  tant  pour  \qs 
obfervations  anciennes  du  barometre  ,  que 
pour  \q^  nouvelles. 

Cette  Table  offre  done  im  moyen  facile 
pour  determiner  ,  par  une  approximation  fa- 
tisfaifante,  Tetendue  de  I'influence  thermo' 
metrique  fur  la  hauteur  du  barometre  ,  lorf- 
qiie  le  tube  de  cet  inftrument  nexijle  plus: 
mais  cette  connoiffance  ne  fuffitpas,  fi  on 
ignore  les  degres  de  chaud  &  de  froidqui  ont 
regn^dans  Tair.  Eneffet,  comment  retrancher 
de  I'obfervation  barometrique  ancienne ,  ce 
qui  appartient  a  la  chaleur ,  fi  rien  ne  nous  in- 
dique  la  temperature  qui  a  eu  lieu  alors  ?  II 
jfaut  done  encore  lever  cet  obftacle  j  en  met-" 


W2  A   C    A   D   E    M  I   E 

tant  en  ufege  ,  pour  chaqiie  pays ,  qiielqii'ap- 
proximation  fatisfailante  fur  cet  objet. 

Les  obfervations  que  Ton  fait  en  France 
depuis  plufieurs  annees ,  fur  le  thermometre 
de  Reaumur  y  nous  ont  appris  le  terme  moyen 
de  cet  inftrument  ,  non  -  feulement  pour 
I'annee ,  mais  encore  pour  chaque  mois  de 
Tani  ej.  Nous  favons  ,  d'un  cote  (  par  h 
Traitc  di  Mcuorologie  da  pere  Cone  )  ,  qu'a 
Montmorenci ,  ou  plutot  en  France  ,  le  degre 
moyen  de  I'annee  commune  eft  an  thermo- 
metre de  ReauTjiuT  ^  expofe  A  Fair  libre,  de 
8  degres  &  9  dixiemes ;  &  de  I'autre  ,  que 
ie  degre  moyen  de  cet  inftrument   eft, 

Pour  le  mois  de  Janvier,  £un  degre  & 
daix  dixiemes. 

Pour  celui  de  Fevrier,  de  trois  degres  & 
deux  dixiemes. 

Pour  celui  de  Mars ,  de  quatrc  degres  & 
Jix  dixiemes. 

Pour  celui  d'Avril  ,  de  huh  degres  & 
fix  dixiemes. 

Pour  celui  de  Mai ,  de  doti7;e  degres  Si 
quatrc  dixiemes. 

Pour  celui  de  Juin ,  de  quin:ic  degres  & 
cinq  dixiemes. 

Pour  celui  de  Juillet,  de  yei^e  degres  & 
cinq  dixiemes. 

Pour  celui  d'Aoiit ,  Ae.  felic  degres. 

Pour  celui  deSeptembre ,  de  trciic.  degres  & 
fept  dixiemes. 

Pour  celui  d'Odlobre  ,  de  huh  degres  & 
huU  dixiemes. 


I 


D  E     D  1  J  o  N ,  ryS4:  123 

Pour  celui  de  Novembre,  de  quatre  de^vQS 
&  ci/2q  dixiemes. 

Pour  celui  de  Decembre  ,  de  deux  degres 
&  un  dixieme. 

Cette  connoiffance  du  terme  moyen  du 
thermometre  exterieur,  pour  chaque  mois 
de  Fannee ,  nous  offre  une  approximation 
fatisfaifante  de  la  temperature  qui  regne  com- 
munement  en  France.  Les  obfervations  du 
thermometre  interieur  vont  nous  en  ofFrir 
une  autre  qui  n'ell  pas  moins  utile  :  elles 
nous  apprennent  qu'a  Montmorenci  le  degre 
moyen  du  thermometre  interieur  efl. 

Pour  le  mois  de  Janvier  ,  de  deux  degres  & 
neiif  dixiemes. 

Pour  celui  de  Fevrier,  de  quatre  degres  & 
hui(  dixiemes. 

Pour  celui  de  Mars  ,  de  fept  degres  & 
^ew/' dixiemes. 

Pour  celui  d'Avril  ,  de  neuf  degres  & 
huit  dixiemes. 

Pour  celui  de  Mai,  de   /m^e  degres. 

Pour  celui  de  Juin,  de  ^uinie  degtes  & 
un  dixieme. 

Pour  celui  de  Juillet ,  de  feiie  degres  & 
huii  dixiemes. 

Pour  celui  d'Aout  ,  de  dix-fept  degres  & 
yZr  dixiemes. 

Pour  celui  de  Septembre ,  de  quator^e  degres 
&  neuf  dixiemes. 

Pour  celui  d'Odobre ,  de  on^e  degres  &. 
quatrc  dixiemes. 

Pour  celui  de  Novembre  ,  de  huit  degree 
&  quatrc  dixiemes. 


124  A   C    A   D    E   M    I    E 

Pour  celui  de  Decembre ,  de  quatre  degrcs 
&  ncnf  dixiemes. 

Ces  trois  approximations  (  1°.  la  Table 
biro-thermometriqiie  univeri'elle ,  2°.  le  terme 
nioyen  du  thermometre  exterieur  pour  cha- 
que  mois  de  Tannee  ,  3*'.  celui  du  thermo- 
metre interieur  )  nous  donnent  la  facilite 
de  corriger  les  oblervatlons  barometriques 
anciennes,  quel  que  fbit  le  jour  &  le  mois 
de  I'annee  ;  cela  va  devenir  fenlible  par 
Texemple  fuivant. 

On  I'ait  ,  par  des  obfervations  du  baro- 
metre  ,  faites  dans  le  mois  de  Juin  1758  , 
a  Arras  ,  fur  un  barometre  qui  ncxifte  p^s  ; 
cbfervations  qui  n'ont  pas  eteaccompagnees 
de  celles  du  thermometre  exterieur  &  in- 
terieur :  on  fait ,  dis-je ,  que  la  hauteur 
moyeni>e  du  barometre  ,  pendant  ce  mois  , 
a  ^te  de  27  pouces  1 1  lignes  &  2  dixiemes. 
Voici  comme  je  procede  pour  degager,par 
approximation,  cette  hauteur  moyenne  de 
I'influence  thermometrique. 

Je  me  rappelle  d'abord  que  la  variation 
ihermometrique  d\m  pareil  barometre  ,  eft 
5xee  par  ma  Table  baro-thermometriquc  unl- 
■vcrfdlc ,  a  5  lignes  &  24  centiemes  de  ligne , 
iu  point  de  la  glace  a  celui  de  I'eau  bouil- 
"ante  :  je  vois  enfuite  que  le  terme  moycn 
Ju  mois  de  Juin,  eft  pour  le  thermometre 
exterieur,  de  15  degr«Js  3  dixiemes,  &  pour 
le  thermometre  interieur,  de  15  degres  &  i 
dixieme  :  je  prends  la  moitie  de  ces  deux 
ibiumes,  laquelle  eft  de  15  degres  &  deux: 


D  E    Dijon,  i^S^.  12  j 

tllxiemes.  Cetteconnoiflance  qui  m'apprend ', 
a  tres-peu  de  chofe  pres,  le  terme  moyen 
de  la  temperature  dumois  de  Juin  en  France, 
&  dans  les  autres  pays  qui  font  (bus  les 
memes  paralleles  on  degies  de  latitude,  me 
fuffit  pour  me  procurer  une  approximation 
fatisfaifante.  Je  retire  de  la  hauteur  moyenne 
du  barometre  (qui  eft  de  27  pouces  1 1  lignes 
&  2  dixiemes  )  les  15  degres  &  2  dixiemes 
de  dilatation;  ce  qui  produit  fur  la  colonne 
de  mercure ,  un  retranchement  de  98  cen- 
tiemes  de  ligne ,  ou  d'une  ligne.  Alors  je 
fais  que  la  veritable  hauteur  moyenne  du 
barometre,  pendant  le  mois  de  Juin  1758, 
a  ete  a  ^rras  de  27  pouces  10  lignes  &  2 
dixiemes. 

Get  exemple  fe  generalife  fuffifamment. 
On  operera  pour  un  jour,  &c.  comme  pour 
un  mois ;  &.  I'on  voit  fans  peine  que  cette 
operation  peut  fe  pratiquer  fur  un  baro- 
metre qui  exijie  encore ,  comme  fur  un  baro- 
metre qui  n  exijie  plus  ,  quoique  les  obferva- 
tions  faites  fur  ce  premier  n'aient  pas  et^ 
accompagnees de  Tindication  du  thermometre 
interieur  &  exterieur. 

Nous  allons  nous  occuper  maintenant  de 
Futilite  de  notre  Table  baro-thermometrique 
univerfelle  :  nous  croyons  quelle  fera  d'un 
grand  fecours  aux  M^teorologiftes ,  par  les 
avantages  qu'ils  en  pourront  retirer  ,  comme 
il  fera  aife  de  le  remarquer  a  I'inftant, 


126  A    C   A    D    E    M   I   E 

TROISIEME  PARTIE. 

Table  baro-thermomltrlque  unlvcrfelU, 

Nous  avons  donne  le  nom  ^univtrfdU  a 
cette  Table;  l".  parce  qu'elle  pent  etre  utile, 
non-feulement  pour  toutes  les  obfervations 
anciennes  du  barometre ,  mais  encore  pour 
les  nouvelles  :  2°.  parce  que  fon  ufage  s'etend 
a  toutes  les  mefures  connues,  au  pied  d'An- 
gleterre , d'Allemagne,  de  Vienne ,  &c.  comma 
au  pied  de  France  :  3*^.  parce  qu'elle^peut 
fervir  pour  toutes  les  hauteurs  du  barometre  , 
depuis  I  pouce  jufqu'a  30 ,  &  plus.  Ce  qui 
eft  fort  commode  lorfqu'il  s'agit  d'apprecier 
Televationd'une  montagne,  oula  profondeur 
d'une  mine. 

Ce  font  ces  avantages  multiplies  qui  nous 
ont  engage  ala  publier;  nous  ne  I'avions  faite 
que  pour  notre  ufage  particulier. 

PREMIERE    SECTION. 

Tabic  baro-thermometrique  univerfdlz  ^  applicable, 
aiix  objervations  nouvelles  du  barometre ,  comme 
aux  anciennes. 

Nous  n'avons  encore  donne  aucun  de- 
tail fur  la  conftruftion  de  cette  Table.  La 
premiere  colonne  verticale  ,  ainii  que  la  der~  . 
niere ,  indique  les  degres  du  thermometre  de 
Reaumur;  la  premiere  depuis  le  point  de  la 
glace  jufqu'au  point  de  I'eau  bouillante  i  & 


D  E    Dijon,  /7<?4:  ny 

la  feconde  ,  depuis  le  point  de  congelation 
juTqifa  80  degres  au  deffous  de  ce  point. 
Ainli,  Tune  marque  les  degres  de  dilatation, 
&  I'autre  les  degres  de   condenfation. 

La  feconde  colonne  horl^ontak  indique  la 
hauteur  du  barometre  en  pouces  &  lignes  ; 
&  les  chifFres  qui  font  au  deffous,  dans  la 
colonne  ■  verticale  ,  donnent  les  lignes  &  les 
centiemes  de  lignes  qu'il  faut  retrancher 
ou  ajouter  a  la  hauteur  du  barometre,  fui- 
vant  les  differens  degres  de  temperature. 
Exemplc.  Le  barometre  eff  a  28  pouces  ,  & 
le  thermometre  interieur  a  12  degres  de  di- 
latation. Je  parcours  la  feconde  colonne  ho- 
rizontale,  &  a  Tendroit  oil  fe  trouve  28 
pouces  ,  je  vois,  fur  la  ligne  parallele  a  12 
degres  de  dilatation ,  qu'il  faut  de  la  hauteur 
du  barometre,  retrancher  78  centiemes  ,ce 
qui  fait  8  dixiemes  de  ligne. 

Autre  exemple.  Le  barometre  eft  a  27  pouces, 
&  le  thermometre  interieur  a  23  degres  de 
dilatation.  La  Table  m'apprend  qu'il  faut  re- 
trancher de  la  colonne  de  mercure  une  ligne 
&  4  dixiemes.  S'il  y  avoit  146  au  lieu  de 
145,  il  faudroit  alors  retrancher  une  ligne 
&  5  dixiemes. 

Troljieme  exemple.  Le  barometre  eft  a  28 
pouces  6  lignes,  5r  le  thermometre  interieur 
eft  a  1 1  degres  de  condenfation ,  ou  au  deffous 
du  terme  de  la  glace  :  dans  ce  cas,  je  vois  , 
par  la  Table,  qu'il  faut  ajouter  a  la  hauteur 
du  barometre,  73  centiemes  ou  7  dixiemes 
file  ligne. 


IlS  A   C   A  D  E   M  I  fe 

Cet  expofe  fuffit  pour  rendre  facile  Turage 
de  cette  Table.  Nous  n'y  avons  place  la 
hauteur  da  barometre ,  que  de  demi-pouce 
en  demi-pouce  ,  parce  que  cette  diviiion  nous 
a  paru  fuffifante. 

Quant  au  thermometre  de  Reaumur  ,  il 
s'y  trouve  de  degre  en  degre.  Nous  ne  fommes 
pas  entres  dans  les  fractions ,  parce  que  les 
perfonnes  les  plus  fcrupuleufes  peuvent  fe 
les  procurer  facilcment,  a  la  feule  infpe6tion 
de  la  Table*  Je  fuppofe  que  le  thermometre 
eft  a  12  degres  &  demi  de  dilatation,  &  le 
barometre  a  27  pouces  &  9  lignes.  Je  vois  , 
a  la  vue  limple  ,  &  fans  aucun  calcul,  qu'il 
faut  retrancher  de  la  colonne  de  mercure 
80  centiemes ,  ou  8  dixiemes  de  ligne. 

Cette  Table,  malgre  la  difFerente  dilata- 
bilite  des  verres  de  differentes  efpeces  ,  pent 
etre  employee  a  la  correftion  d'un  baro- 
metre quelconque,fans4eter  dans  une  erreur 
bien  fenfible.  Les  tubes  les  moins  dilatables 
font  monter  de  6  lignes  le  mercure  ,  du  point 
de  la  glace  a  celui  de  I'eau  bouillante;  ceux 
qui  font  les  plus  dilatables ,  ne  le  laiffent 
monter  qu'a  5  lignes,  Cette  difference,  dans 
leur  dilatabilite  ,  eft  peu  confequente;  1°. 
lorfqu'elle  eft  comparee  a  celle  de  notre 
Table ;  1°.  lorfque  Ton  fait  attention  que  le 
degre  moyen  du  thermometre  interieur  dans 
le  cceur  de  I'ete ,  neft  que  de  16  degres  & 
demi  de   dilatation. 

En  effet ,  les  tubes  de  barometre  les  moins 
dilatables ,  lorfque   cet  inftrument  eft  a  28 

pouces. 


D  E    Dijon,  /7<?4.  129 

pouces,  exlgeroient  pour  16  dcgres  &  demi, 
line  reftification  d'une  ligne  &  22  centiemes  : 
les  plus  dilatables  n'auroient  befoin  que  d'une 
redification  d'une  ligne  &  3  centiemes;  & 
notre  Table  la  donne  d'une  ligne  &  8  cen- 
tiemes, c'efl-a-dire  ,  d'une  ligne  &  un  di- 
xieme.  Mais  fans  examiner  ici  fi  les  expe- 
riences qui  fixent  a  fix  lignes,  &  meme  a 
fix  lignes  &  demie ,  la  variation  thermome- 
trique  du  barometre  ,  du  point  de  la  glace 
a  celui  de  I'eau  bouillante,  ont  ete  bien  ou 
mal  faites ,  nous  nous  bornerons  A  faire  voir 
que  notre  Table  eil  applicable  a  toutes  les 
variations  quelconques.  II  ne  faut ,  pour  lui 
donner  cet  avantage,  que  changer  I'expreffion 
de  la  feconde  colonne  horizontale,  &  mettre 
idealement  ou  reellement  28  pouces  a  la 
place  de  32,  lorfque  le  barometre  dont  on, 
fe  fert ,  fait ,  etant  a  28  pouces,  une  varia- 
tion thermometrique  de  fix  lignes  :  alors  on 
s'appercoit ,  au  premier  coup  d'ceil ,  que  cet 
inftrument  ( le  thermometre  marquant,  comme 
ci-devant,  16  degres  &  demi  )  exige  une 
reftification  d'une  ligne  &  22  centiemes,  on 
2  dixiemes  :  ce  qui  s'accorde  parfaitement 
avec  celle  que  nous  avons  trouvee  prece- 
demment. 

Si  le  barometre  ,  au  lieu  de  faire  une  va- 
riation thermometrique  de  6  lignes,  n'en  fart 
qu'une  de  5  ,  du  point  de  la  glace  a  I'eau 
bouillante,  lorfqu'il  eft  a  28  pouces,  dans 
ce  cas  on  place  idealement  28  pouces  a  la 
place  de  27 ,  &  I'on  trouve  avec  la  meme 

I 


IJO  A   C   A   D   E  M   I   E 

precirion ,  dans  cette  derniere  colonne,  toutes 
les  variations  thermometriques  du  barometre, 
fuivant  les  difFerens  degres  de  dilatation  ou 
de  condenfation  indiques  par  le  thermometre 
de  Reaumur. 

On  m'objeclera  peut-etre  que  ce  procede 
n'ofFre  plus  im  accord  parfait,  lorfque  les 
barometres  font  au  deffus  ou  au  deffous  de 
28  pouces ;  par  exemple ,  a  26  pouces^  Je  prie 
les  perfonnes  qui  ont  quelques  doutes  a  ce 
fujet,  de  faire  elles-memes  la  verification  de 
cet  article  :  elles  verront ,  d'apres  leurs  re- 
fultats  ,  que  lorfque  la  temperature  n'excede 
pas  20  ou  25  degres  de  condenfation  ou  de 
dilatation,  ce  qui  eft  la  temperature  ordi- 
naire de  tous  les  climats ,  notre  Table  pre- 
fente  la  corredion  barometrique  rarement  a 
iin  dixieme  de  ligne  de  difference  de  la  ve- 
ritable. Ainfi  on  pent  avec  confiance  faire 
ufagede  notre  procede,  &  mettreidealement, 
dans  le  premier  cas,  26  pouces  a  la  place 
de  30  ;  &  dans  le  fecond,  26  a  la  place  de 
25.  Get  arrangement  donnera  une  approxi- 
mation tres-fatisfaifante ,  &  fera  la  preuve 
que  notre  Table  peut  etre  utile,  non-feule- 
ment  pour  les  anciennes  obfervations  baro- 
metriques  ,  mais  encore  pour  les  nouvelles. 

D'un  autre  cote  ,  on  fait  que  la  marche 
du  barometre  la  plus  etendue,  n'eft  que  de 
trois  pouces  ,  encore  n'eft-ce  que  dans  les 
pays  les  plus  feptentrionnaux;  car  ailleurs 
cette  marche  eft  renfermee  dans  des  bornes 
plus  etroites.  Au  refte,  comme  on  va  le  re^ 


D  E      D  I   J   O  N  ,  IJB4.  131 

inarquer  ,  cette  confideration  eft  peu  impor- 
tante. 

SECONDE    SECTION. 

Table  baro-thcnnometrique  univerfdU  ,  applkabU 
a  tonus  les  hauteurs  du  barometre ,  depuis  urt 
pouce  jufqiia  306*  plus. 

La  belle  regie   que  M.  Deluc  a  imaginee 
pour  mefurer  la  hauteur  des  mines  ,  la  hau- 
teur des  tours  &  des  montagnes ,  par  le  fe- 
cours  du  barometre,  a  rendu  cet  inftrument 
plus  recommandable.  «  On  a  deux  barometres, 
^  ( nous  dit  le  Fere  Cotte ,  dans  fon  Traite   d& 
»  Meteorologic,  llv.  x  ,  art.  (?)  dont  la  marche 
w  eft  egale.  Une  peribnne  plac6e  au  has  da 
»  la  montagne  ou  de  la    tour    qu*on   veut 
»  mefurer ,  obferve  Tun  de  ces  barometres 
»  pour  tenir  compte  des  variations  qui  peu- 
»  vent  furvenir    pendant  Texperience.    Un 
»  autre   obfervateur  porte  le  fecond  baro- 
»  metre  fur  le  fommet  de  la  montagne  ou 
»  de  la  tour,  &  marque  oil  le  mercure  s'ar- 
»  rete.    II    compare  fon   obfervation    avec 
w  celle  qui  a  ete  faite  au  bas,&  il  en  con- 
»  chit  la  hauteur  de  la  montagne  ou  de  la 
»  tour.  S'il  y  a  ,  par  exemple ,  3   lignes  de 
»  difference,  il.comptera  13  toifes  d'^leva- 
„  tion  (  ou   78  pieds  )  pour   chaque  ligne 
»  d'abaiffement  du  mercure  dans  le  fecond 
»  barometre  :  ainfi   il  conclura  la  hauteur 
»  de  39  toifes  ou  de  234  pieds.  >> 


1^2  ACADiMIE 

Cet  ufage  du  barometre  eft  fonde  fur  la 
loi  des  denfites  de  i'air  ,  trouvee  par  MM. 
Mariotu  &  Boyle.  Toutes  les  fois  qu'on  eleve 
le  barometre  de  78  pieds,  il  baiffe  d'une 
ligne  :  le  contraire  arrive  lorfqu'on  le  def- 
cend  de  la  meme  quantite.  Mais  qu'on  tranf- 
porte  cet  inftrument  dans  le  fond  d'une  mine , 
ou  fur  le  fommet  d'une  montagne  ;  qu'il  fe 
foutienne  dans  le  fond  de  la  mine,  a  30  ou 
32  pouces ,  &  fur  le  fommet  de  la  montagne  , 
a  200U25  pouces,  notre Table  en indiquera 
toujours  avec  jufteffe  la  correftion  thermo- 
metrique ,  parce  que  la  temperature  ,  dans 
le  fond  des  mines ,  eft  ordinairement  de  9 
a  10  degres  au  deffus  de  la  glace,  &  fur  le 
haut  des  montagnes ,  tres-fouvent  au  deffous 
de  ce  point. 

Ainfi ,  notre  Table  baro-thermometrique 
peut  etre  utile  a  la  mefure  des  montagnes 
&  des  mines.  A  la  vue  fimple ,  on  diftingue 
affez  facilement ,  a  un  dixieme  de  ligne  ,^  la 
hauteur  du  barometre ,  fur-tout  lorfque  Ton 
eft  exerc6  depuis  quelque  temps  dans  les 
obfervations  meteorologiques.  Cependant  on 
peut  eftimer  la  hauteur  du  barometre  juf- 
qu'au  centieme  de  ligne  ,  a  I'aide  d'un  nonius 
&  d'une  loupe  :  c'eft  ce  que  Ton  fait  a  I'Ob- 
fervatoire  royal  d'Angleterre ;  &  M.  Dcluc  a 
fujvi  cette  methode,  en  mefurant  la  tour  de 
Saint  Pierre  a  Geneve. 

Son  barometre  place  au  pied  de  la  tour, 
ie  thermometre  marquant  huit  degres  &  demi , 


D  E    Dijon,  1^84.  133 

^toita  26  polices  11  lignes  &  87  centiemes; 
ce  qui  fait  323  lignes  &  87  centiemes. 

Son  barometre  tranfporte  an  haut  de  la 
tour ,  oil  le  thermometre  marqiroit  fans  doute 
auffi  huit  degres  &  demi ,  etoit  a  26  pouces 
9  lignes  &  18  centiemes;  ce  qui  eft  egal  a 
321  lignes  &  18  centiemes. 

La  difference  des  deux  inftrumens  etoit 
done  de  2  lignes  &  69  centiemes. 

M.  Deluc  a  trouve ,  d'apres  fes  calculs , 
que  cette  difference  ,  dedudion  faite  des 
effets  thermometriques,  donnoit  une  eleva- 
tion de  210  pieds  :  elevation  qui  ne  s'eft 
trouvee  differer  que  de  5  pouces  de  la  hau- 
teur mefuree  par  d'autres  operations. 

Appliquons  maintenant  la  corredion  in- 
diquee  par  notre  Table  ,  a  Tobfervation  de 
M.  Deluc.  EUe  nous  apprend  que  pour  huit 
degres  &  demi  de  dilatation,  le  barometre 
fe  foutenant  entre  27  pouces  &  26  pouces 
&  6  lignes ,  il  faiit  retrancher  de  la  colonne 
de  mercure  53  centiemes  de  ligne ;  c'eft  ce 
que  je  fais  d'abord  fur  les  323  lignes  &  87 
centiemes  :  il  refle  alors  323  lignes  34 
centiemes.  Je  fais  la  meme  operation  fur  les 
321  lignes  &  18  centiemes,  ilrefte  320  lignes 
&  65  centiemes  :  la  difference  de  ces  deux 
refultats  eft  de  2  lignes  &  69  centiemes , 
que  je  multiplie  par  78  pieds  ;  &  le  produit 
me  donne  209,82  ,  c'eft-a-dire  ,  deux  cent 
neuf  pieds  &  quatre-vingt-deux  centiemes  de 
pied ,  pour  la  hauteur  de  la  tour  de  Saint 
Pierre  de  Geneve  :  ce  qui  s'accorde  avec  I'ob^ 

I  n, 


J  54  ACADEMIE 

fervatlon  de  M.  Dduc  y  a  tres-peu  de  chofe 
pres. 

Notre  Table  etant  calculee  de  deml-pouce 
en  demi-pouce  ,  depuls  21  polices  jufqu'a 
40 ,  pent  done  fervir  a  la  corredion  du  ba- 
rometre  ,  quelle  que  foit  la  hauteur  de  la 
jnontagne  &  la  profondeur  de  la  mine.  Elle 
fera  aufli  tres-utile  depuis  21  pouces  jufqu'a 
3 ,  aux  experiences  que  Ton  fait  dans  le 
recipient  de  la  machine  pneumati<^ue  avec 
le  barometre  tronque,  pour  eftimer  les  de- 
gres  de  la  rarefadion  de  Tair.  Nous  n'in- 
iiflons  pas  fur  cet  avantage ,  il  eft  affez  fen- 
fiblc. 

TROISIEME    SECTION. 

iSufagc  dc  cute  Tabic  pent  skendn  a  toutes  Its  I 
mefures  comiues  ;  au  phd  d^Angletern ,  d^Allc-  | 
magne^de  Vunne  ^  commc  au  phd  de,  France, 

Chaque  Royaume  afa  mefure  particuliere, 
c'eft  pourquoi  I'echelle  du  barometre  varie 
dans  chaque  pays.  La  graduation  de  Cet 
inftrument  eft  etablie  chez  les  Anglois ,  fur 
la  mefure  d'Angleterre  ;  chez  les  Suedois  , 
fur  celle  de  Suede ;  chez  les  Frangois  ,  fur  le 
pied-de-roi ,  &c,  Cette  difference  en  pro- 
duit  une  apparente  fur  la  hauteur  du  baro- 
tnetre.  En  effet,  lorfque  Techelle  de  cet 
inftrument  eft  divifee  fur  le  pied-de-roi, 
il  montre  28  pouces  ,  tandisque  le  barometre 
anglois  ,  fuivant  la  mefure  du  pays  ,  indique 
pres  dje  30  pouces. 


D  E    Dijon,  i;r§4.  135 

Les  fciences  qui  ont  etabli  une  commu- 
nication entre  tons  les  pays ,  ont  fait  evanouir 
cette  diverfite  apparente ,  en  s'occupant  dii 
rapport  que  les  mefures  ont  entre  elles  : 
les  Anglois  les  ont  reduites  au  pied  d'An- 
gleterre;  les  Francois  a  celui  de  France,  &c. 
On  peut  voir  dans  le  Didionnaire  encyclo- 
pedique  ,  au  mot  pied,  la  redudion  des  nie- 
fiires  ^trangeres  au  pied-de-roi.  Get  article 
ne  laiffe  rien  a  defirer  :  on  y  voit,  par  une 
table  dreffee  a  ce  fujet ,  que  le  pied-de-roi 
eft  a  celui  d'Angleterre,  comme  1440  eil  a 
1350;  c'eft-a-dire ,  que  le  pied  Anglois  efl 
plus  court  de  9  lignes  que  celui  de  France : 
on  y  voit  que  le  pied  de  Roi  eft  a  celui  de 
Suede,  comme  1440  eft  a  13  16,  c'eft-a-dire, 
que  le  pied  Suedois  eft  plus  court  de  24 
lignes  que  celui  de  France,  &c. 

Pafl'ons  maintenant'a  I'ufage  de  notre  Table 
baro- thermometrique  ,  relativement  a  cet 
objet.  On  s'appercevra  aufii-tot  que  pour 
la  rendre  utile,  il  n'eft  pas  neceffaire  de  re- 
duire  la  mefure  angloife ,  ou  toute  autre  ,  a 
la  mefure  de  France.  Le  barometre  anglois 
fe  foutient  ,  par  exemple,  a  30  pouces ,  lorf- 
que  le  thermometre  de  Reaumur  marque  14 
degres  de  dilatation  ,  &  lorfque  le  barometre 
de  France,  le  thermometre  etant  au  meme 
degre  ,  fe  trouve  a  ^8  pouces.  Ma  Table 
apprend ,  au  premier  coup  d'ceil,  que  pour 
debarraffer  de  la  corredion  thermometrique 
le  barometre  anglois  &  le  thermometre 
frangois ,  il  faut ,  fur  le  premier ,  retrancher 

liv 


136  ACADEMIE 

de  la  colonne  de  mercure  98  centiemes  de 
ligne  ,  &  fiir  le  fecond  91.  Get  example 
fuffit  pour  demontrer  que  notre  Table  eft 
applicable  aubarometre  conftruit  fur  le  pied 
anglois ,  comme  a  toute  autre  mefure  qui 
feroit  plus  courte  ou  plus  longue  que  le  pied 
de  France. 

Si  I'obfervation  du  thermometre ,  au  lieu 
d'etre  faite  fur  I'echelle  de  Reaumur^  avoit 
ete  indiquee  d'apres  I'echelle  de  Fahrenheity 
qui  eft  celle  que  Ton  fuit  en  Angleterre, 
cette  circonftancen'empecheroit  pas  que  I'oa 
ne  piit  faire  la  correftion  barometrique  avec 
la  meme  facilite.  On  reduit,  dans  ce  cas  , 
I'echelle  de  Fahrenheit  a  celle  de  Reaumur ; 
on  voit ,  par  cette  redudion ,  que  lorfque  le 
thermometre  de  Fahrenheit  eft  a  60  degres, 
celui  de  Reaumur  eft  a  14  :  confequemment 
on  fait  la  corredion  barometrique  d'apres 
14  degres.  Le  Pere  Cotte  ,  dans  fon  Traite  de 
Miteorologie  (pag.  141  &  142),  a  drefl"e  une 
Table  de  comparaifon  des  degres  des  ther- 
mometres  les  plus  connus,  avec  chaque  degr6 
du  thermometre  de  Reaumur.  On  pourra 
confulter  cet  Ouvrage  ,  lorfque  les  obferva- 
tions  thermometriques  feront  indiquees  fur 
d'autres  echelles  que  celles  que  Ton  fuit  en 
France. 

D'autres  Auteurs  que  le  Pere  Cotte ,  ont 
public  aufti  des  Tables  de  comparaifon  des 
differens  thermometres  connus.  (  Foye^  ce  qui 
a  it^  fait  a  ce  fujet  par  M.  Van-fwinden  & 


D  E    Dijon,  t^^4.  137 

par  M.  Gouben  :  ce  dernier  vend  line  gravure 
ou  tableau  uniquement  deftine  a  cet  ufage. ) 
Tout  ce  qui  precede  a  fans  doute  donne 
line  grande  idee  de  I'utilite  de  notre  Table 
baro-thermometrique:ce  n'eil  pas  fans  rail'oa 
11  nous  lui  avons  accorde  le  titre  d'linivcrfdU. 
EUe  nous  apprend  a  connoitre,quelle  que  foit 
la  mefure  qui  a  fervi  de  bafe  a  la  graduation 
du  barometre  ,  la    veritable    denfite   ou^  la 
preffion  de  Tair  qui  nous  tnvironne  :  dun 
autre  cote  ,  cette  redtification  rend  le  baro- 
metre  plus  parfait.  II  nous  paroit  que  cet 
inftrument  pourroit  encore  acquerir  un  nou- 
veau  degre  de  perfeftion  ,  fi  Ton  cherchoit  a 
debarraffer   de  I'influence  thermometrique, 
le  tube   de  verre  qui  le   compofe ,  &  dans 
lequel  eft  renfermee  la  colonne  mercurielle. 
11  eft  vrai  que  cette   influence  eft   peu   de 
chofe  ;  mais    rien  n'eft  minutieux   lorfqu'ii 
s'agit  d'apprecier  avec  exaditude  la  valcur 
d'une  caufe   phyfique.  La  mefure  invariable 
&  univerfelle  que  nous  venons  d'imaginer, 
donnera  des  moyens  faciles  a  ce    fujet,8i: 
nous  nous  engageons  de  les  indiquer ,  lorf- 
que  notre  decouverte  fera  publiee. 

L'ufage  des  Meteorologiftes  qui  obfervent 
a  I'obfervatoire  d'Angleterre  ,  eft  de  tenir 
note  de  la  hauteur  du  barometre  par  pouces, 
lignes  &  centiemes  de  ligne ;  c'eft  ce  que  nous 
avons  annonce  precedemment.  Cette  me- 
thode ,  adoptee  depuis  peu  par  le  Pere  Cotte, 
devroit  etre  fuivie  par  les  Meteorologiftes  des 
difFerens  pays  :  fa  grande  exaftitude  rendroi^ 


13$  ACADEMIE 

notre  Ta^le  baro-thermometrlque  plus  int^- 
reflante.  M.  Blondeau,  Auteur  dii  Journal  de 
la  Marine,  paroit  s'y  etre  deja  affujetti.  Cette 
remarque  eft  tiree  d'une  lettre  oil  il  recom- 
mande  aux  Marins  I'ufage  du  barometre  naii- 
tiqut,  relativement  aux  coups  de  vent.  Foy, 
Jtefprit  dcs  Journ.   Fcv.  iy8 1  ,  pag.  J37. 

«  Les  obfervations  journalieres  ,  dit  cet 
»  Auteur,  que  je  fais  depuis  long-temps,  me 
yt  mettent  en  etat  de  faire  voir  comment  le 
)^  coup  de  vent  du  8  au  9  Odobre  1780  ,  a 
»  ^te  annonce  par  le  barometre;  &  le  voici. 

»  Le  barometre  qui,  quelques  jours  avant 
\i  le  8  Odtobre ,  s'etoit  foutenu  au  deffus  de 
»  28  pouces,  n'etoit  deja  plus  le  7  a  dix 
»  heures  du  foir  qu'a  27  pouces  1 1  lignes  & 
»  42  centiemes ,  ciel  affez  ferein  ,  petit  frais 
w  du  nord.  Le  8  a  huit  heures  &  demi  du 
w  matin,  27  pouces  7  lignes  94  centiemes,  ciel 
»  tout  convert,  joli  frais  du  fud-eft;  a  10 
M  heures  du  foir  du  meme  jour,  26  pouces 
»>  II  lignes  56  centiemes,  ciel  tout  convert, 
»  grande  pluie  &  grande  tourmente  de  roueft 
w  ou  a  pen  pres ;  a  11  heures ,  27  pouces  1 1 
»  lignes  36  centiemes,  &c.  On  ne  pent,  ce  me 
^>  femble ;  continue  M.  Blondeau,  une  annonce 
»  plus  formelle ,  plus  decilive ,  &  donnee  plus 
»  a  temps.  Par  quelle  fatalite  ne  s'eft-on  pas 
»  mis  en  etat  d'en  profiter  ?  Les  Marins  au- 
>*  roient  evite  bien  des  malheurs. 

D'apres  les  experiences ,  les  exemples  &  les 
details  rapportes  ci-deflus ,  nous  avons  lieu 
ide  croire  qu'il  ne  refte  rien  a  defirer  pour 


D  E    Dijon,  /7<?4.  139 

rintelllgence  de  notre  Table,  &  meme  pour 
en  conftriiire  une  foi-meme,  fuivant  le  degre 
de  la  dilatation  dii  barometre  dont  on  fe  fert. 
Cette  Table  doit  fatisfaire  les  gens  qui  aiment 
la  precifion  la  plus  fcrupuleufe. 

Nous  aurions  pu  ajouter  a  cet  ouvrage  un 
tableau  qui  auroit  montre ,  a  la  premiere  inf- 
pedion,  les  differences  de  toutes  les  echelles 
barometriques,  comparees  avec  Fechelle  du 
barometre  de  France.  Mais  il  regne  encore  , 
jnalgre  le  favant  Traite  de  Metrologie  par  M. 
Pauclon ,  trop  d'incertitudes  dans  le  rapport 
exad  de  nos  mefures,  comme  il  fera  facile 
de  s'eti  convaincre  par  la  lefture  de  notre 
Memoire  fur  une  mefure  invariable  &  univer- 
fdU  :  c'eft  pourquoi  nous  n'avons  pas  cru 
devoir  nous  occuper  aduellement  de  ce  tra- 
vail. 


TABLE 


D  £     D  I  J  o  N  ,   iy<i4. 


141 


rhermom. 

BARO  METRE. 

Thermo, 

de 

p. 

L.  P.     L. 

|P.     L. 

P,     L. 

P.    L. 

P. 

L. 

,  ^^ 

Desris. 

3_ 

0  6     oJ9     0 

12     0 

13    0 

14   0 

Desires. 

-tLi.^, 

0 

c. 

00 

L.     C. 

t..    c. 

L.     C. 

L.    C. 

0     00 

L. 
0 

C. 

CO 

0 

0   00 

0    00 

0     00 

0 

I 

0 

01 

0   01 

0   02 

0   03 

0     03 

0 

03 

t 

2 

0 

01 

0   02 

0    04 

0    05 

0     06 

0 

06 

2 

3 

0 

02 

0    04 

0   06 

0  08 

0     09 

0 

10 

3 

4 

.      4 

0 

03 

0   05 

0    o8!o    II 

0      12 

0 

n 

-^     5 

0 

01 

0    07 

0    10 

0    I4 

0    IS 

0 

16 

5 

^      6 

0 

04 

0   08 

0    12 

0  17 

0  18 

0 

19 

6  b 

2      7 
H      8 

0 
0 

05 
05 

0      IC 

0    II 

0    14 
0    17 

0     2C 

0     22 

3     21 

0    24 

0 

0 

22 
26 

7  "s 

8    2- 

:    9 

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D  E    Dijon,  17^4.  149 


OBSERVATIONS 

SUR    LA    GU ERISON   d'uNE  EPILEPSIE, 

Par   M.    M  a  r  e  t. 


U. 


N  jeune  homme  tres-robufte,  ag^  d'en- 
viron  25  ans ,  eut  le  doigt  index  pris  entre 
les  roues  d'une  machine  qui  tournoit  avec 
line  grande  viteffe.  Son  doigt  fut  arrache,  & 
avec  lui  une  portion  confiderable  du  tendon 
ilechiffeur.  Sa  guerifon  fut  tres-longue,  mais 
complette.  Son  bras  qui  avoit  ete  tr^s-gonfle, 
&  dans  leqiiel  il  s'etoit  fait  des  depots  con- 
iiderables,  etoit  gueri  &  avoit  repris  fon  pre- 
mier etat.  II  fentit  long-temps  une  douleur 
interne  qui  s'etendolt  dans  tout  le  bras  & 
I'avant-bras.  Elle  s'afFoiblit  pen  a  peu ,  mais 
a  cette  douleur  fuccederent  des  acces  epilep- 
tiques,  qui,  toujours  irreguliers,pour  Theure 
d6  leur  retour,  revenoient  d'abord  cinq  a  fix 
fois  par  mois ,  puis  toutes  les  femaines ,  puis 
tons  les  jours,  enfin  plulieurs  fois  par  jour. 

II  etoit  attaque  de  cette  maladie  depuis 
trois  ans,  &  avoit  fait  tous  les  remedes  ima- 
ginablesjlorfqu'il  vint  me  confulter.  J'appris, 
par  Jes  reponfes  aux  differentes  queftions  que 
je  lui  fis,  que  les  acces  ^toient  toujours  pre- 
cedes d'un  leger  fentiment  douloureux  du 
bras  dans  la  partie  moyenne   du  corps  du 

K  iij 


>50  A   C   A  D   E   M   1   E 

biceps;  que  de  ce  point  partoit  line  efpece 
de  {u(ec  qui  s'etendoit  au  con ,  &  qu'alors  il 
perdoit  connoiffance.  J'en  conclus  qu'il  etoit 
poffible  qu'a  la  fuite  des  depots  dont  fon  bras 
iivoit  ite  le  iiege,  line  portion  humorale  trop 
pen  confiderable  pour  former  iin  depot  Ten- 
lible,  &  exciter  line  douleiir  conftante,  fe  fut 
arretee  dans  le  tifl\i  cellulaire  qui  enveloppe 
le  nerf  brachial,  &  que  cette  humeur,  quel- 
que  peu  confiderable  qii'elle  fut,  occafionna 
le  fpafme  qui  precedoit  les  convulfions  ^pi- 
leptiques.  Dans  cette  idee  j'engageai  le  ma- 
lade  a  fe  faire  ex.nminer  par  un  Chirurgien. 
M.  Enaux  fut  celui  auquel  il  s'adrefia.  Nous 
proccdames  avec  toute  I'attention  pofllble  a 
I'examen  du  bras.  Nous  ne  decouvrimes  rien, 
Mais  I'inutilite  des  remedes  eiV;ployes,  le 
fucces  qu'ont  eu  dans  des  circonftances  ana- 
logues a  celles-ci  ,  des  cauteres,  des  veiica- 
toires  ,  des  incifions  faites  fur  de  pareils 
foyers  de  fpafmes,  me  determinerent  a  pro- 
pofer  un  feton  pratique  fur  le  point  d'oii 
partoit  la  fufee  qui  precedoit  les  convulfions 
epileptiques.  M.  Enaux  approuva  ma  propo- 
fition,  &  fit  le  feton.  Des  que  la  fuppuratioa 
fut  etablie  ,  les  accidens  cefl"erent ;  je  conr- 
feillai  de  I'entretenir  pendant  pluficurs  mois. 
On  laiffa  la  plaie  fe  cicatrifer  au  bout  de  fix 
femaines.  J'ai  revu  le  malade  fix  mois  apres 
dans  un  nouveau  voyage  qu'il  fit  en  cette 
Ville ;  il  n'avoit  eu  aucun  accident  d'epilep- 
fie ;  &  comme  je  n'ai  pas  entendu  parler  de 
lui  depuis  plus  d'un  an ,  j'augure  que  fa  m^^ 
Jadie  n'a  pas  eu  de  recidive, 


D  E    Dijon,  1^84.  151 

^■ji  ;■■  m  I  .ii. —  ».—  ■■■■  S=a 

OBSERVATION 

SuR  la  luxation  des  os  du  bajjin. 


T. 


Par    M.   E  n  a  u  X. 


OUS  ceux  qui  ont  ecrit  fur  les  maladies 
des  OS ,  font  entres  daus  de  tres-grands  de- 
tails fur  la  fradure  des  os  du  baffin;  mais 
leur  filence  fur  la  luxation  de  ces  parties  , 
prouve  que  la  folidite  des  liens  qui  les  unif- 
fent ,  a  fait  croire  aux  Auteurs  que  cette  lu- 
xation ne  pouvoit  avoir  lieu.  On  eft  d'autant 
plus  fonde  a  le  prefumer ,  que  Tecartement 
accidentel  des  os  du  bafTm  ,  apres  Taccou- 
chement  laborieux  ,  a  ^te  pendant  long-temps 
un  objet  de  difpute  dans  les  Ecoles, 

Le  deplacement  des  os  du  baffin,  produit 
par  une  caufe  externe,  a  ete  jufqu'alors  peu 
connu.  Comme  cette  maladie  n'a  point  ete 
decrite  dans  les  livres  de  I'Art ,  j'ai  cru  in- 
tereffant  d'expofer  les  fignes  auxquels  on  peut 
les  reconnoitre  ;  mais  je  ne  peux  rendre 
compte  que  d'un  feul  fait  que  j'ai  eu  occa- 
fion  d'obferver ;  &  comme  un  feul  example 
ne  peut  pas  prdfenter  tons  les  fymptomes  , 
c'eft  dans  cette  vue  que  j'ai  penfe  que  je  de- 
vois  faire  ufage  de  deux  obfervations  analo- 
gues a  mon  fujet,  &  que  j'ai  tirdes  du  Me- 
jnoire  de  M.  Louis,  au  fujet  de  I'ecartement 

K  iv 


IJi  ACADEMIE 

des  OS  du  baffin  :  Tune  &  Taiitre  prouvent  lit 
pofTibilite  de  ce  deplacement  par  caufe  ex-^ 
terne. 

La  premiere  efl  de  BaiTius.  Un  jeiine  homme 
fort  affoibli  ,  dit  cet  Auteur,  fit  un  moiive- 
rnent  violent  en  tirant  des  arn\es  ;  il  fcntit 
auffi-tot  line  douleur  vive  a  rendroit  oil 
I'os  des  ifles  s'linit  an  facrum ,  c'eft-a-dire  , 
a  la  fymphife  I'acro -iliaque.  Baflius  vit  le 
jnalade  le  troilieme  jour  ,  &  il  reconnut  un 
deplacement  de  Tos  facrum.  La  jambe  ctoit 
dans  un  erat  de  retradlion.  Baffius  fit  des  ten^^ 
tatives  pour  la  redudion  ;  mais  ces  moyens 
^tant  inuriles ,  il  fe  contenta  de  remedes  for-? 
tifians  ,  dont  il  recouvrit  la  partie.  Le  ma- 
lade  fut  conduit  a  une  heiireufe  guerifon  , 
fans  incommodite. 

La  feconde  eft  donn^e  par  M.  Philippe,  qui 
fait  mention  d'un  deplacement  du  facrum  , 
occafionne  par  la  chute  violente  d'un  fac  de 
bled  fur  le  cote  droit  du  croupion.  Les  ac- 
ci 'ens  furent  legers  dans  le  principe  ,  &  ils 
permirent  pu  malade  de  vaquer  a  (gs  affaires 
pendant  trois  jours.  Apres  ce  temps  ,  les  dou- 
leurs  fe  firent  fentlr  de  fagon  a  le  determiner 
a  conlulter,  le  quinzieme  jour,  le  C  hirurgien 
Dupuys ,  qui  le  faigna  plufieurs  fois.  Mais 
comme  les  accidens  devinrent  plus  graves , 
M.  Philippe  fut  appelle  le  25^.  jour,  &  Texa- 
men  fcrupuleux  que  fit  ce  Chirurgiende  I'etat 
du  malade ,  ne  lui  fit  decouvrir  aucun  depla- 
cement des  pieces  de  la  colonne  vertebrale; 
jnais  la  tenfion  du  ventre  lui  fit  foupgonner 
|in  epanchement ,  d'autant  plus  dangereux  ^ 


D  E    Dijon,   iy84.  153 

qu'il  liii  parut  incurable.  Le  bleffe  mourut 
cinq  jours  apres.  M.  Philippe  voulant  pro- 
ceder  a  I'ouverture  du  corps,  appercut  una 
-faillie  de  I'os  dcs  ifles  ,  qui  etoit  dillant  ctu 
facrumde  pres  de  trois  pouces.  Le  Baffin  con:^ 
tenoit  line  matiere  fanieule  &  abondante. 

Ces  deux  obfervations  confirment  la  pof- 
fibilite  du  deplacement  des  os  du  baffin  par 
line  caufe  externe  ;  cependant  la  premiere 
prefente  plutot  un  diaftafis  qu'une  luxation 
ordinaire;  diaftafis  neanmoins  determine  par 
I'efFort  que  fit  un  malade  afFoibli,  auffi  les 
remedes  fortifians  contribuerent-ils  a  fa  gue^ 
rifon. 

On  ne  voit  pas  la  meme  chofe  dans  I'ob- 
fervation  donnee  par  M.  Philippe.  La  caufe 
du  deplacement  de  I'os  fut  violente.  Un  fac 
de  bled ,  du  poids  de  plus  de  trois  cents  li- 
vres  ,  eft  bien  capable  de  deranger  des  par- 
ties ,  quoique  fortement  unies  entre  elles  ; 
mais  plus  la  caufe  produit  un  efFet  violent, 
plus  les  parties  qui  Teprouvent ,  font  expo- 
fees  a  la  commotion ,  a  la  contulion  &  au 
dechirement ;  accidens  fouvent  moins  fenli- 
bles  dans  le  principe  que  par  la  fuite  ,  S:  Ton 
en  trouve  la  preuve  dans  cette  obfervation. 
On  y  voit  que  le  malade  continua  de  vaquer 
a  {es  affaires  pendant  trois  jours;  ainfi  les 
accidens  confecutifs  eurent  fucceffivement 
lieu,  &  determinerent  une  fuppuration  qui 
mit  en  fonte  les  ligamens  articulaires  difpofes 
a  cet  etat  par  la  contufion ;  &  c'eft  plus  a 
cette  fuppuration  que  Ton  peut  attribuer  ua 


154  A   t    A   D   E   M   I    E 

ccartement  fi  fenfible ,    qu'au    deplacement' 
arrive  des  les  premiers  momens. 

Les  circonftances  de  Time  &  de  I'autre  ob- 
forvation  mettent  line  grafide  difference  entre 
tUes  &  celle  que  je  vais  prefenter;  mals  les 
fairs  que  renferment  ces  obfervations ,  n'en 
^toient  pas  moins  intereffans  a  rapprocher' 
pour  former  un  enfemble  de  tous  les  fym- 
ptomes  qui  peuvent  accompagner  &  carade- 
rifer  les  luxations  des  os  du  ba/Tin. 

Le  deplacement  que  j'ai  eu  lieu  de  recon- 
noitre ,  &  dont  je  vais  rendre  compte ,  etoit 
une  luxation  complette  de  I'os  innomine  par 
une  caufe  externe.  J'appelle  luxation  com- 
;^Iette  une  defarticulation  de  cet  os  dune 
iymphife  a  I'autre. 

Un  Couvreur  de  cette  Ville,  age  de  trente 
ans,  d'une  conftitution  forte,  fit,  Thiver  der- 
nier ,  une  chiite  de  quarante  pieds  de  hau- 
teur. Le  malade  fut  tranfporte  fur  le  champ 
a  Thopital  general  de  cette  Ville  ;  je  m'y 
rendis  peu  de  temps  apres.  Je  trouvai  ce 
bleffe  couche,  fe  plaignant  de  douleurs  tres- 
vives  qui  s'etendoient  de  I'aine  a  la  fymphife 
facro-iliaque,  en  traverfant  Tintericur  du  baf- 
fin.  La  jambe  etoit  dans  un  etat  de  retradion 
&  la  pointe  du  pied  tournee  en  dehors;  toute 
la  face  interne  de  la  cuifTe  etoit  ^chymofee. 

La  plupart  des  accidens  me  prefenterent 
les  fignes  d'un  deplacement  de  I'os  de  la  cuiffe  , 
&  fur-tout  de  la  fradure  de  fon  col.  Je  me 
crus  autorife  a  le  penfer  ,  lorfque  faififfant 
rextremite  inferieure  par  le  pied,  je  fis  aveq 


D  E    Dijon,   i;^94,         15  j 

aifance  la  conformation, qui  fut  accompagnee 
d'une  crepitation  occafionnee  par  le  frotte- 
ment  &  Finegalite  des  pieces  offeufes.  M"". 
ChaiifTier  qui  avoit  accompagne  le  malade  a 
riiopital,  6:  qui  avoit  bien  voulu  fe  charger 
du  loin  de  maintenir  le  baffin  dans  le  temps 
de  la  redudion  ,  s'apper9ut ,  ainfs  que  moi , 
de  ce  frottement. 

Je  ne  perfiftai  pas  long-temps  dans  cette 
opinion  fur  I'efpece  de  la  maladie;  car  dans  la 
fradure  du  col  du  femur,  la  jambe  fe  retablit 
pea  a  peu  dans  I'etat  de  retradion,  des  que 
rextenfion  ceffe,  &  dans  cette  occafion  efle 
ne  fe  ht  point,  quolque  j'eufie  abandonne  la 
jambe;  bien  au  contraire  le  membre  refla  dans 
la  bonne  conformation  oil  il  avoit  ete  place 
'parune  auffilegere  extenfion;  &  je  m'en  ferois 
tenu  la ,  fi  je  n'eufle  pas  craint  d'affujettir  le 
malade  a  une  iituation  que  la  nature  du  mal 
pouvoit  ne  pas  exiger.  Je  crus  devoir  m'af- 
fufer  par  un  examen  fcrupuleux ,  de  I'etat  de 
I'articulation  de  la  cuiffe ;  &  tandis  que  j'y 
procedois  ,  le  malade  ,  par  un  mouvement 
involontaire,  determina  la  retradion  de  la 
jambe ;  ce  fut  alors  que  je  m'affurai  qu'il  n'y 
avoit  aucune  efpece  de  deplacement  a  la 
jointure. 

La  crepitation  avoit  6te  trop  fenfible  pour 
qu'il  n'y  cut  pas  de  frafture,  &  toutes  ces 
confiderations  m'engagerent  a  porter  mon 
examen  fur  I'etendue  du  baffin.  La  folidit^ 
de  cet  OS  ne  fit  d'abord  rien  d^couvrIr;mars 
je  trouvai  le  pubis  du  cote  gauche  excedant 


I'yS  AcADEMil 

celui  du  coti  droit  de  deux  travers  de  doigt 
an  moins ,  &  de  has  en  haut ,  ce  que  je  fis 
obferver  a  M^.  Chauflier;  mais  la  douleur  dans 
le  baffin  devfenant  plus  forte ,  un  friffon  con- 
^derable  qui  laifit  le  malade,  me  fit  remettre 
reparation  de  la  redu<5lion  a  un  autre  temps: 
je  me  contentai  de  recouvrir  les  parties  d'lm 
defenfif.  Des  que  la  faigree  put  etre  prati- 
quee  ,  elle  fut  repetee  felon  le  befoin ;  une 
diete  auftere ,  des  lavemens  laxatifs  pour  en- 
tretenir  la  liberte  du  ventre ,  une  bonne  fitua- 
tion ,  furent  les  premiers  moyens  employes 
dans  le  traitement  de  cette  maladie. 

Je  n'ai  pu  faire  de  nouvelles  recherches 
que  le  quatrieme  jour ,  oil  tout  etoit  dans 
wn  etat  de  remiflion.  Le  pubis  confervoit  la 
jneme  elevation  ;  je  tentai  inutilement  d'en 
faire  la  redudion,  &  alors  je  le  croyois  frac- 
ture; je  n'avois  pas  le  plus  leger  foupcon  de 
luxation;  je  n'en  dus  la  decouverte  qu'au  ha- 
fard.  Ce  fut  en  faifant  flechir  la  cuiffe  rap- 
prochee  dn  ventre,  la  jambe  etant  egalement 
dans  la  flexion  ,  que  le  pubis  defcendit  de 
fa^on  a  fe  mettre  de  niveau;  mais  la  douleur 
a  la  fymphife  facro-iliaque  devint  fi  aigue , 
que  je  fus  oblige  de  faire  ceffer  cette  pofi- 
tion  de  la  cuiffe.  Cependant ,  repetant  la 
meme  manoeuvre,  je  portal  une  main  fur  la 
fymphife  facro-iliaque  ,  &  une  autre  fur  le 
pubis,  tandis  que  je  faifois  flechir  de  nou- 
veau  la  cuiffe.  Ce  fut  a  cette  epoque  que  je 
fentis  vifiblement  le  mouvement  communiqu6 
d'une  fymphife  a  Tautre  par  chaque  extremite 


D  E    Dijon,  iyS4:  rj7 

de  I'os.  Je  fis  obferver  ce  deplacement,  par 
la  meme  manoeuvre  ,  a  M'^  Chauffier&Hoia 
qui  fe  trouverent  a  I'hopital.  De  plus,  la  fo- 
iidite  de  la  tuberofite  de  rifchion ,  Tegalite 
de  la  Crete  de  I'os  des  ifles,  eloignerent  tous 
fignes  de  fradure. 

Forc6  par  les  circonftances  d'abandonner 
le  projet  de  la  redudion  de  la  piece  depla- 
cee,  j'ai  voulii  la  tenter  dans  un  temps  plus 
eloigne;  mais  mes  nouvelles  tentatives  ayant 
caufe ,  comme  les  premieres  ,  une  douleur 
vive  a  la  fymphife  facro-iliaque,  je  crus  de- 
voir m'en  tenir  aux  moyens  que  j'avois  d'a- 
bord  mis  en  ul'age ,  &  abandonner  le  refte 
aux  foins  de  la  nature. 

Malgre  le  peu  de  docilite  du  malade,qui 
^'eft  leve  a  mon  inf^u,  la  branche  du  pubis 
eft  defcendue  de  moiti^  au  moins,  les  parties 
fe  font  afFermies  ,  &  le  malade  qui  eft  forti 
de  I'hopital  apres  fept  femaines  de  traite- 
ment,  s'eft  tres-bien  retabli.  II  boite  tres-peu, 
&  continue  de  fe  fervir  de  fon  metier  de 
Couvreur. 

Si  un  effort  violent,  fi  la  chute  d'un  fac  de 
bled,  ont  produit  un  deplacement  des  os  du 
baflin ,  une  chute  de  quarante  pieds  de  hau- 
teur etoit  encore  plus  propre  a  le  determi- 
ner. Cependant  la  fradure  doit  etre  plus  fre- 
qitente,  parce  que  I'os  des  ifles,  prefentant 
plus  de  (urface ,  eft  plus  expofe  a  etre  frac- 
ture. Ce  deplacement  doit  etre  mis  au  nom- 
bre  des  chofes  rares  &  extraordinaires ;  &  il 
a  fallu ,  pour  produire  un  pareil  derange- 


158  A   C   A   D   i   M   I  E 

ment ,  que  la  tuberofit^  de  Tifchion  ait  (up* 
porte  tout  I'efFort  de  bas  en  haut  pour  fou- 
lever  cet  os  &  le  defarticuler  ;  ce  qui  n'a  pu 
s'operer  fans  une  commotion  &  un  dechire- 
ment  dans  le  pourtour  de  ces  articulations* 

L'echymofe  qui  parut  fur  le  champ  au  c6t6 
interne  de  la  cuiffe*,  etoit  la  fuite  de  Fepan- 
chement  dans  I'interieur  du  baflin.  En  reu-* 
niffant  tous  \ek  fignes  qui  m'en  ont  impol^ 
pour  une  autre  fradure,  j'ai  cherche  a  pre- 
munir  contre  une  pareille  erreur  oil  j'avois 
ete  expofe  a  tomber  ;  tant  il  eft  vrai  que 
la  verite ,  quoique  fous  nos  yeux,  n'eft  pas 
toujours  apper^ue  ,  lorfqu'on  ne  la  cherche 
pas. 

Ces  trois  obfervations  donneni  affez  de 
fignes  fur  le  deplacement  des  os  du  baflin, 
par  caufe  externe ;  toutes  trois  font  carade^ 
rifees  par  la  douleur  dans  I'interieur  du  baffin 
&  a  la  fymphife  facro-iliaque.  Deux  prefen- 
tent  les  mcmes  fymptomes  ,  c'eft-a-dire  la 
retraction  de  la  jambe;  &  les  memes  prou- 
vent  que  la  reduftion  des  parties  n'etant  pas 
toujours  poffible  ,  les  moyens  palliatifs  de- 
viennent  les  feuls  auxquels  on  doive  avoir 
recours  pour  ne  pas  expofer  le  malade  a  un 
danger  plus  Evident. 

Les  circonftances  oil  je  me  fuis  trouve  dans 
le  traitement  du  malade  ,  ne  m'ont  point  per- 
mis  de  faire  ufage  d'autre  bandage  que  de 
celui  qui  eft  connu  fous  le  nom  de  bandage 
de  corps;  mais  fi  j'eufle  cru  devoir  en  em- 
ployer un  pour  maintenir  les  parties  reduites. 


D  E    Dijon;  /7^4.  159 

j'aurois  prefere  line  ceinture  molle  8c  aiies 
large,  faite  fur  le  modele  des  brayers  ordi- 
naires,  avec  des  fous-cuiffes  pour  maintenir 
la  ceinture;  ce  qui  m'auroit  donne  la  facility 
de  changer  I'appareil  a  mon  gre ,  fans  derangei 
la  lituation  du  malade. 


SECONDE  PARTIE 

D  U    M  E  M  O  I  R  E 

D   E      M^      G    A   U   T   H   E   y , 

S  U  R  Us  operations  Jaites  pour  parvenir 
au  projet  du  Caiial  de  communication 
de  la  Saone  a  la  Loire. 


J 


'A I  fix6  ,  danS  la  premiere  partie  de  ce 
Memoire,  la  quantite  moyenne  des  eauxque 
Fon  peut  conduire  au  point  de  partage  de 
Long-Pendu  :  mais  pour  connoitre  exade- 
ment  celle  dont  on  pourra  difpofer  pour  la 
navigation  du  Canal ,  il  en  faut  deduire  ce 
qui  s'en  perd  par  les  evaporations  &  par  les 
filtrations,foit  dans  le  terrein,  foit  a  travers 
des  portes  des  eclufes. 

M.  Halley  a  trouve  ,  par  plufieurs  expe- 
riences, qu'il  s'evaporoit  moyennementy-  de 
pouce  de  hauteur  fur  une  furface  d'eau  ex- 


l6o  A    C   A  D   E   M   i   E 

pofee  a  Tair  en  et6  pendant  une  heure  ,  & 
qu'en  general  la  quantite  d'eau  qui  s'evapore, 
eft  a  celle  qui  tombe  dans  le  rapport  de  5  a 
3.  Puifqu'il  tombe  16  pouces  d'eau  en  Bour^ 
gogne  ,  on  pourra  done  compter  que  I'eva- 
poration  qui  fe  fait  principalement  fur  les 
etangs  ,  canaux,  ou  autres  eaux  dormantes, 
eft  de  43  pouces  j.  Elle  eft  un  peu  moindre 
fur  I'eau  courante  des  rigoles ,  par  cette  rai- 
fon  je  la  fuppoferai  par-tout  de  42  pouces. 
Les  etangs  que  Ton  fera  a  la  pril'e  d'eau 
des  rigoles,  contiennent  263384  toifes;  je  ne 
compte  pas  ceux  de  Long-Pendu  &  autres 
qui  exiftent  adluellement,  attendu  que  Ton  a 
eu  egard  a  cette  evaporation ,  en  fixant  leurs 
jauges.  Le  Canal ,  depuis  le  pre  Brulard  juf- 
qu'a  I'etang  de  la  Motte  ,  ne  re^oit  dans  cette 
partie  que  Teau  du  point  de  partage ;  il  a  ^ 
non  compris  I'^tang  de   Montchanin  ,  4462 
toifes  de  longueur,  &  contient  33465  toifes 
quarrees ,  les  rigoles  ont  26458  toifes  :  ainfi 
la  fuperficie  totale  de  Teau  qui  doit  fervir  au 
point  de  partage,  &  qui  s'evaporera,  eft  de 
323,307  toifes  quarrees  :  en  comptant  I'eva- 
poration  fur  42  pouces ,  on  aura  un  cube  de 
188,692  toifes,  qui  equivaut  a  194  pouces 
d'eau,  attendu  qu'un  pouce  d'eau  fournit  par 
an  973  toifes  j.    Cette  quantite  n'eft  guere 
que  la  45^.  partie  de  I'eau  que  foumifl'ent  les 
rigoles ,  &  n'eft  pas  bien  confiderable.  A  I'e- 
gard  des  evaporations  des  autres  parties  du 
Canal ,  comme  on   a  pris  le  parti  de   faire  'j 
€ntrer  dans  ce  Canal,  de  diftance  a  autre, 

les 


t)  E      D  I  JO  N,    ty^4.  i6r 

eaiix  claires  de  quelques  foiuces  ,  on  celles 
de  quelques  etangs  que  Ton  conllruira  a  cet 
efFet ,  on  ne  doit  pas  mettre  en  confideration 
celles- ci. 

Les  tranfpirations  feroient  un  objet  beau- 
coup  plus  confiderables  ,  li  Ton  ne  prenoit 
pas  les  moyens  convenables  pour  les  eviter, 
&  fi  la  qualite  du  terrein  pres  le  point  de 
partage  n'etoit  pas  fur -tout  propre  a  tenir 
I'eau  ;  ce  qui  fe  remarque  par  la  quantite 
d'etangs  que  Ton  a  conftruits  dans  le  payso 
Les  rigoles  feront  creufees  fur  le  penchant 
des  coteaux  dont  le  terrein  eft  effedlivement 
mele  de  fable  &  de  glaife ;  mais  environ  deux 
pieds  au  plus  au  deffous  de  la  fuperficie  du 
terrein ,  on  trouve  une  efpece  de  rocher 
tendre  ou  un  fable  condenfe ,  qui  tient  par- 
faitement  i'eau,  &  il  y  aura  au  plus  deux 
pieds  de  conroi  a  faire  fur  le  bord  oppofe 
au  coteau ,  dans  quelques  parties  de  ces  ri- 
goles. Les  coteaux  au  refte  font  rarement 
rapides,&  Ton  s'apper^oit  aifement  qu'apres 
les  pluies ,  I'eau  ne  s'imbibe  pas  profonde-* 
m^t  ,  car  alors  on  enfonce  dans  les  terres 
labourees  comme  dans  de  la  boue  claire  ; 
Teau  coule  fur  ce  fable  condenfe ,  &  forme 
les  fources. 

La  partie  du  Canal  qui  ne  regoit  fes  eaux 
que  du  point  de  partage,  eft  placee  fur  la 
meme  efpece  de  terrein,  fur  1500  toifes  de 
longueur  environ ,  il  faudra  auffi  quelques 
conrois  dans  les  levees  oppofees  au  coteau, 
mais  le  fond  ne  perd  pas  I'eau.  Les  parties 

L 


l6l  A   C   A    D    E   M   I   E 

qui  fe  trouvent ;  ou  dans  I'etang  de  Mont- 
chanin ,  on  dans  Tetang  de  Long-Pendu,  ou 
a  la  fiiite  de  cet  etang,  ne  font  point  fujettes 
aiix  tranfpiratlons;  parce  que  le  terrein  eft 
gras,  &  que  le  canal  fera  a  I'abri  de  ces  tranf- 
pirations  ,  puifqu'il  fe  trouve  dans  le  fond 
du  vallon  dans  cette  partie ,  &  que  chaque 
eclufe  eft  accompagnee  d'une  levee  pareille 
a  celle  des  etangs. 

Les  autres  parties  fe  trouvent  dans  un  ter- 
rein affez  gras ,  &  il  y  faudra  peu  de  conroi. 
Mais  comme  il  eft  effentiel  d'ecarter  ces  fil- 
trations  a  travers  les  terres  dans  toute  la 
partie  qui  ne  re^oit  les  eaux  que  du  point 
de  partage ,  on  aura  attention  de  ne  pas  ne- 
gliger  les  conrois ,  qui  au  refte  font  abondans 
dans  ce  canton. 

A  regard  des  autres  parties  du  Canal , 
comme  on  pourra  difpofer  d'une  affez  grande 
quantity  d'eau  courante  pour  fubvenir  aux 
filtrations ;  on  n'aura  pas  befoin  de  former 
autant  de  conroi  que  dans  celle-ci ;  au  refte 
le  terrein  eft  d'affez  bonne  qualite  prefque 
par-tout,  excepte  en  s'approchant  de  la  Loire 
oil  il  eft  fort  fablonneux. 

Pour  caver  au  plus  fort ,  j'eftimerai  la  perte 
provenant  de  ces  tranfpirations ,  a  200  pou- 
ces  comme  M.  de  Chezy  I'a  eftimee  pour 
le  canal  de  la  Saone  a  la  Seine  ,  quoique  Ton 
eut  pu  les  reduire  au  5^,  puifque  la  partie 
de  ce  Canal ,  qui  ne  doit  recevoir  les  eaux 
que  du  point  de  partage,  eft  de  20,144101- 
fes,  qui  eft  prefque  le  quadruple  de  la  Ion- 


D  E    Dijon,  iy^4.         163 

gueur  dii  point  de  partage  de  Long-Pendu,dont 
plus  du  tiers  eft  compris  dans  les  etangs  de 
Montchanin  &  de  Long-Pendu,  qui  n'en  fouf- 
friront  aucune  filtration  a  travers  les  terres. 
M.  de  Chezy  a  auffi  eftime  les  filtrations 
i  travers  les  portes  des  echifes,  a  ^opoucesi 
cette  quantite  eft  deja  coniiderable  ,  parce 
qu'il  ne  faut  reellement  confiderer  que  la  perte 
qui  ie  fait  aux  deux  premieres  portes  qui 
joignent  le  point  de  partage ;  cependant  comme 
il  eft  difficile  qu'il  ne  s'en  perde  pas  a  tra- 
vers les  ventelles  pratiquees  dans  les  portes, 
&  que  je  n'en  ai  guere  vu  perdre  ailleurs  , 
j'ai  evite  cet  inconvenient  en  prenant  un 
autre  moyen  beaucoup  plus  expeditif  que 
celui  des  petites  vannes  ,  &  qui  ne  pei'd 
prefque  point  d'eau  ;  cependant  je  compterai 
encore  fur  50  pouces  pour  la  perte  de  I'eau 
relativement  a  cet  objet. 

Ainft  on  pent  croire  que  les  deductions  k, 
faire  confiftent  pour  les  evaporations , 

194  pouces; 

Pour  les  tranfpirations  a  travers 
les  terres, 20O 

Et  pour  les  tranfpirations  dans 
les  joints  des  portes, 50 

^■■M  ■■     .1     I.I   ■!!        .iim 

Ce  qui  produit  en  total  444  pouces  d'eau, 
ou  432,160  toifes  cubes  a  deduire  ffir  les 
8784  pouces  que  Ton  a  trouvees  par  les 
jauges  pour  la  totalite  des  eaux  qui  fourni- 
ront  a  la  navigation  ;  il  reftera  par  confe- 
quent  ^^40  pouces  equivalant  a  8.  117.  600 

L  ij 


164  A   C  A   D   E  M   I   E 

toifes  cubes   qui   pourront   etre  employees 
iiniquement  a  I'ufagc  du  Canal. 

Si  Ton  fait  le  calcul  pour  les  jauges  d'ete 
qui  font  beaucoup  plus  foibles ,  tandis  que 
les  evaporations  font  plus  fortes ,  on  trou- 
vera  qu'il  faudra  defalquer  341  pouces  de 
3795 ,  &  par  confequent  qu'il  ne  reftera  que 
I zj/f.  pouces  d'eau  pour  le  Canal.  En  hiver, 
au  contraire  il  ne  faudra  defalquer  que  65 
pouces  pour  les  evaporations  ,  &  en  total 
315  pontes  de  14584  po.  que  donnent  les 
jauges  d'hiver  :  ainfi  il  reftera  pour  cette  fai- 
ibn  14269  pouces. 

Pour  connoitre  combien  avec  cette  quan- 
tite  d'eau  on  peut  faire  palTer  de  bateaux  dans 
chaque  faifon ,  il  faut  connoitre  quelle  eft  la 
grandeur  des  eclufes  &  la  quantite  d'eclufees 
<5u'il  faut  pour  chaque  bateau.  A  I'egard  de 
la  grandeur  des  eclufes,  on  a  cru  qu'il  etoit 
convenable  de  leur  donner  a  pen  pres  la  lon- 
gueur de  celles  du  canal  de  Briarre  ,  qui  eft: 
de  106  pieds  entre  les  portes ,  &  16  pieds  de 
largeur,  afin  que  les  memes  bateaux  puiflent 
paffer  dans  I'un  &  Tautre  Canal ;  &  Ton  a 
donne  a  ces  eclufes  huit  pieds  de  chute,  de 
forte  qu'elles  contiennent  chacune  61  toifes 
5  pieds. 

J'ai  determine ,  dans  un  Memoire  particu- 
Jier  fur  la  theorie  des  eclufes  ,  la  quantite 
d'eclufees  que  depenfent  les  bateaux  dans  leur 
traverfee ,  que  j'ai  demontre  etre  de  trois 
eclufees  pour  deux  bateaux  a  tres-peu  de 
phofe  pres,  &  par  confequent  chaque  bateau 


*D  E    Dijon,  iyS4.         165 

depenfera  94  to.  ~.  Ainfi,  en  divifant  8.  117. 
600  toifes  cubes  d'eau  que  fourniront  toutes 
les  fources  par  94  toifes,  on  trouvera  qu'il 
pourroit  pafler  moyennement  86128  bateaux 
par  an  par  ce  Canal,  ou  235  bateaux  par 
jour.  II  paffe  6000  bateaux  par  an  fur  le  canal 
de  Briarre ,  ainfi  celui-ci  pourroit  fournir  a. 
line  navigation  quatorze  fois  plus  confide- 
rable. 

On  trouve  encore  qu'en  ete  oil  les  eaux 
fourniront  environ  1254  pouces  pendant  trois  . 
mois,  cette  qaantite  fourniroit  pour  3240 
bateaux  ou  36  par  jour,  fans  avoir  befoin 
d'aucun  etan^  ou  refervoir,  &  en  fe  fervant 
des  eaux  feules  des  fources  :  ainfi  ,  quand 
merae  on  n'auroit  pendant  toute  Tannee  que 
la  quantite  d'eau  que  Ton  aura  en  ete  ,  la 
navigation  pourroit  encore  etre  double  de 
celle  du  canal  de  Briarre. 

On  a  vu  afTez  clairement  que  cet  avan- 
tage  ne  pent  etre  attribue  qu'a  la  pofition  oil 
fe  trouve  ce  point  de  partage ,  qui  efl  aufli 
favorable  qu'elle  puifTe  etre  pour  y  raflem- 
bler  line  grande  quantite  d'eau. 

Comme  cette  quantite  d'eau  efl  tres-con- 
fiderable,  &  que  Ton  en  aura  de  refle,  on 
pourroit  fe  difpenfer  peut-etre  de  I'une  des 
rigoles ,  ou  bien  on  mettroit  cette  eaii  a  profit 
pour  des  ufines  que  Ton  pent  etablir  en  grand 
nombre  ,  fur-tout  du  cote  de  Torcy,  par  rap- 
port au  charbon  de  terre  de  la  mine  de  Mont- 
cenis  qui  n'efl  qu'a  une  demi-lieue  du  com- 
mencement de  certe  rigole.  Comme  ce  char- 

L  ii; 


\ 


l66  A    C    A    D    E    M    I    E 

bon  eft  propre  a  fondre  la  mine  de  fer  ,  on 
pourroit  y  etciblir  des  fourneaux  &  des  for- 
ges ,  dont  le  debit  feroit  bien  affur^  par  la 
facilite  dii  tranfport  fur  le  Canal,  &  dont  la 
fabrication  feroit  des  plus  aifees ,  la  mine 
erant  proche,  &  ay  ant  de  Teau  &  du  charbon 
a  difcretion. 

L'on  pourroit  encore  ^tablir,  comme  a  St.- 
Etienne  ,  des  manufaftures  de  ferrures  de  ba- 
timens  &  autres ,  des  fenderies  ,  clouteries  , 
&  generalement  toutes  celles  qui  demandent 
du  feu  &  de  Teau  pour  faire  mouvoir  les 
machines.  Comme  la  plupart  des  coteaux  oil 
pafTent  ces  rigoles  ne  font  pas  fort  rapides, 
on  tirera  encore  grand  profit  de  Teau  de  ces 
rigoles,  en  les  employant  en  arrofages  pour 
former  des  pres  dans  toute  la  partie  comprife 
entre  la  rigole  &  la  riviere ,  qui  a  une  aflez 
grande  etendue  ,  fur-tout  du  cote  de  la  Bour- 
binfe  :  cette  confideration  fiiffiroit  feule  pour 
engager  a  faire  toutes  les  rigoles  poflibles, 
puifqu'elles  ferviront  de  canaux  d'arrofage, 
au  moyen  defquels  Ton  feroit  des  pres  avec 
des  terres  de  mediocre  qualite,  dont  on  re- 
tire peu  de  profit  aduellement ,  tandis  que 
les  pres  font  chers  par-tout. 

La  plus  grande  partie  des  grands  ouvrages 
que  Ton  a  entrepris  dans  ce  genre  ,  dans 
ritalie  &  le  Piemont ,  n'ont  eu  d'autres  ob- 
jets  que  des  arrof^iges  ,  &  l'on  a  rendu  par 
ce  moyen  des  pays  tres-fertiles,  qui  autrefois 
ne  produifoient  rien  :  il  en  feroit  de  meme 
3UX  environs  de  Loiig-Pendu ,  qui  ell  a  pre- 


D  E    Dijon;  iyS4.  167 

fent  iin  affez  mauvais  pays  ,  &  qui  devien- 
droit  d'autant  meiileur  par  i'dtabliffement  des 
pres ,  que  le  commerce  principal  du  pays  fe 
fait  en  betail. 

La  prife  d'eau  du  Canal  au  Vilet  ne  fe 
trouve  qu'a  une  demi-lieue  de  la  mine  de 
charbonde  Montcenis  :  cette  rigole  peut  tres- 
bien  fervir  de  canal  de  navigation  pour  ame- 
ner  au  point  de  partage  ce  charbon  par  de 
petites  barques;  ce  qui  produiroit  un  profit 
des  plus  coniiderables  ,  lequel  leroit  feul  lufE- 
fant  pour  faire  entreprendre  la  navigation  du 
Canal.  Le  Canal  de  Monlieur  en  Anjou  & 
celui  de  Givord,  ont  ete  faits  par  des  Com- 
pagnies  qui  n'ont  pas  d'autre  produit  a  ef- 
perer  que  le  debit  des  charbons  de  terre;  ils 
ont  coute  cependant  I'un  &  I'autre  plus  d'un 
million  pour  ce  feul  objet.  Celui-ci  auroit  un 
avantage  bien  plus  confiderable  que  ceux-ia, 
puil'que  le  charbon  pourroit  fe  tranfporter 
indifferemment  du  cote  de  Lyon  &  du  cote 
de  Paris;  &  quoique  Ton  ait  a  Lyon  le  char- 
bon duForez  plus  proche  que  celui  de  Mont- 
cenis, cependant  celui-ci  foutient  la  concur- 
rence par  rapport  a  fon  excellente  qualite, 
qui  a  ete  reconnue  fuperieure  a  tous  autres. 

La  rigole  ayant  fix  pieds  de  largeur  dans 
le  fond ,  &  deux  pouces  de  pente  par  cent 
tolfes ,  feroit  navigable  fans  avoir  befoin  d'au- 
cune  eclufe  :  afin  d'avoir  une  quantite  d  eau 
fuffifante  pour  la  navigation,  on  auroit  at- 
tention de  referver  Teau  dans  les  etangs  9 
fans  la  laiffer  couler  continueilement ,  mais 

Liy 


'l68  A   C    A   D   E   M   I    E 

feulement  lorfque  Ton  feroit  marcher  le  con- 
voi  de  bateaux ;  ce  qui  pourroit  fe  faire  tons 
les  jours  ou  tons  les  deux  jours  ,  &  a  pro- 
portion de  la  quantite  de  charbon  que  Ton 
auroit  a  voiturer.  Par  ce  moyen,  I'eau  des 
rigoles  auroit  une  profondeur  de  deux  a  trois 
pieds  environ,  &  pourroit  porter  dus  bateaux 
iin  peu  eleves.  Comme  ces  bateaux  feroient 
plus  petits  que  ceux  du  Canal ,  on  les  d^- 
chargeroit  au  point  de  partage  dans  de  plus 
grands  bateaux  ,  &  Ton  pourroit ,  fans  rien 
changer  aux  dimendons  des  rigoles  qui  au- 
ront  fix  pieds  de  largeur  dans  le  fond  fur  trois 
pieds  de  profondeur,  fe  fervir  de  bateaux  de 
iix  pieds  de  largeur  par  le  deffus,  fur  quinze 
3  vingt  pieds  de  long. 

L'on  a  vu  par  I'etat  des  jauges  ,  qu^il  y 
avoit  une  difference  coniiderable  entre  celles 
d'hiver  &  celles  d'ete  ,  qui  ne  font  guere  que 
la  8^.  partie  des  premieres  :  par  confequent 
Ton  aura  en  hiver  beaucoup  plus  d'eau  que 
Ton  n'en  aura  befoin,  &  Ton  pourroit  peut- 
€tre  en  manquer  en  ete  ,  fur-tout  li  Ton  en 
emploie  ime  partie  pour  Tarrofage  des  pres. 
Pour  eviter  cet  inconvenient ,  on  formera  de 
grands  etangs  a  la  prife  d'eau  des  ruiffeaux 
dans  tons  les  endroits  oil  les  vallons  feront 
propres  a  les  etablir.  Le  premier  &  le  fecond 
de  ces  etangs  au  deffus  des  moulins  du  Vilet 
&  le  Due,  font  faits;  le  fecond  lur-tout  eft 
fort  coniiderable.  On  exaucera  la  chauffee  du 
premier,  de  fix  pieds,  pour  lui  donner  plus 
4  etendue ;  Ton  en  fera  wn  troifieme  daas  Iq, 


D  E    Dijon,  1^84.  169 

vallon  de  Torcy  ,  qui  recevra  les  eaux  de 
Champliau  &  duBreinl;celiu-ci  pent  etre  tres- 
confiderable ,  parce  que  dans  I'endroit  on  Ton 
doit  faire  la  chauffee,  le  vallon  eft  etroit,  & 
que  I'etang  s'etendra  dans  deux  vallons  affez 
plats  pour  avoir  dans  chacun  environ  700 
toifes  de  longueur.  L'on  fera  encore  a  la  prife 
d'eau  des  ruiffeaux  de  Panneceau,  de  Marigny 
&  du  petit  Montchanin,  trois  grands  etangs, 
en  ^levant  leurs  chauffees.  L'on  ne  pent  pas 
faire  de  pareilles  retenues  pour  la  rigole  de 
Saint-Julien  ,  parce  que  les  vallons  font  trop 
rapides  ;  mais  Ton  pent  les  remplacer  par 
Te'tang  de  depot  a  Bondilly ,  qui  pent  etre 
fort  confiderable  ,  &  dont  la  chaufiee  doit 
etre  placee  dans  un  endroit  oil  les  coteaux 
font  tres-ferres ,  &  oti  elle  ne  fera  point  lon- 
gue.  Je  donne  ici  le  nom ,  la  fuperficie  &  le 
cube  de  I'eau  de  tous  les  etangs  qui  ferviront 
pour  le  Canal. 


170 


A   C    A   D   i    M   I    E 


tTANG  S.         Superficie.  Cubes. 

Journaux.  loijes. 

'Bordeaux 27^  25000. 

Ravarde 40  36000. 

iDe  la  Tullerie.  ....  17  ^  16000. 

Etanss  )^^^  ^  Guillemettes.  .  .  11  }  6900. 

/flzV^.  \duCoudrai&duPorchet.   57  2090. 
^Montchanin  fur  3  pieds 

de  haut 77  ^  34R90. 

Jean-Diibled 15  ^  6900. 

Etang-Neuf 3  i  f  33350. 

Saint-Pierre 9  y  8800. 

Long-Pendu-Neuf.  .  .     92  130OCO. 

A  cot^  de  Long-Pendu.   19  215,00. 

A  cotedeMontchanin.     20  14500. 

jLa  Sourde 297  23000. 

iBerlaud 36  |  28500. 

Sondilly 50  48600. 

£-wn^5<' Petit  Montchanin    .  .     22  ^  6500. 

afaire.  |Le  Vilet 25  20000. 

Le  Due 23  -J  15000. 

Torcy 967  175000. 

Les  Panneceaux  ...     19  f  25000. 

Marigny 36  {  78000. 

La  Queue-de-Boeuf  .     19  52000. 

Total 724JI807530. 


D  E    Dijon,  iyS4.  17  r 

L'on  voit  par  cet  etat,  que  le  cube  do  I'eau 
contenue  dans  les  etangs ,  monte  a  807,530 
soifes  :  cette  quantite  feule  pouvant  fe  re- 
nouveller  an  moins  quatre  fois  par  an ,  pro- 
duiroit  3230120  toifes  ,  &  fiiffiroit  pour  four- 
nir  a  toute  !a  navigation ,  puifque  ,  diminu- 
tion faite  pour  les  iiltrations  &  evaporation, 
il  reilera  2797960  toifes  cubes  d'eau  qui  four- 
niroient  au  paffage  de  29458  bateaux,  qui  eft 
plus  du  quadruple  de  ce  qu'il  en  paffe  uu  ca- 
nal de  Briarre. 

Le  principal  avantage  que  Ton  trouvera  a 
condruire  ces  grands  relervoirs ,  eft  qu'ils 
donneront  le  moyen  de  faire  .depofer  I'eau 
des  pluies,  &  d'eviter  que  Ton  en  faffe  ja- 
mais entrer  de  trouble  dans  le  point  de  par- 
tage  ;  mais  il  eft  neceffaire  de  faire  enforte 
que  I'eau  forte  de  ces  refervoirs  fuivant  que 
Ton  en  aura  befoin ,  &  en  quantite  egaie , 
foit  que  le  refervoir  foit  plein ,  foit  que  les 
eaux  en  foient  baffes ,  afin  qu'il  n'en  arrive 
au  point  de  partage  que  la  quantite  necefl"aire 
pour  la  navigation.  Pour  cet  efFet,  j'ai  ima- 
gine une  efpece  de  foupape  qui  pent  fe  placer 
devant  I'ouverture  de  la  vanne  ,  &  dont  le 
mouvement  eft  regie  par  la  hauteur  de  Teau 
de  telle  forte,  que  Teau  s'elevant  dans  I'e- 
tang ,  Touverture  de  la  vanne  diminue  dans 
la  proportion  fuivant  laquelle  la  vitefle  de 
Teau  qui  fort  par  cette  ouverture,  augmente, 
&  qu'elle  augmente  d'autant  plus  que  I'eaii 
baiffe  davantage  ,  &  que  fa  vitefl'e  eft  pai^ 
confequent  plus  diminuee. 


172  ACADEMIE 

Cette  foiipape  eft  compofee  d'une  platlne 
de  fonte ,  en  forme  de  fedeiir  fixe  a  une  tige 
verticale  ,  a  I'extreirate  de  laquelle  eft  iin 
toiirilloii  fur  lequel  elle  fe  meut :  a  ce  meme 
toiirillon  eft  fixee  une  branche  a  pen  pres 
horizontale ,  I'lir  Textremite  de  laquelle  ap- 
puie  une  piece  de  bois  verticale  ,  en  forme 
de  perche  ,  beaucoup  plus  groffe  a  fon  ex- 
tremite  inferieure  qu'a  la  fuperieure ,  &  qui 
fera  entierement  noyee  dans  lean  lorfque 
Tetang  fera  plein;  alors  la  perche  ne  pedant 
rien ,  la  foupape  fe  ferme  entierement ,  &  fon 
centre  de  gravite  etant  fous  Taxe ,  fon  bras 
de  levier  eft  nul :  mais  lorfqne  I'eau  baiflera, 
la  partie  de  la  perche  qui  eft  hors  de  I'eau, 
pefera  fur  la  branche  horizontale  ,  &  fera 
ouvrir  la  foupape  ,  d'autant  plus  que  cette 
perche  aura  une  plus  grande  partie  de  fa  hau- 
teur hors  de  I'eau.  II  ne  s'agit  done  que  de 
proportionner  les  parties  de  cette  piece  de 
bois  qui  feront  hors  de  Teau ,  de  telle  forte 
que  leur  poids  fafl'e  ouvrir  la  foupape  en 
proportion  de  la  viteffe  qu'aura  I'eau  qui  y 
paffera  ,  relativement  a  la  hauteur  qu'elle  aura 
dans  I'etang  au  defl'us  de  cette  foupape. 

Pour  cet  effet  il  faut  favoir  quelle  eft  la 
quantite  d'eau  que  fournift"ent  moyennement 
les  fources  dont  les  eaux  font  tenues  en  re- 
ferve  dans  I'etang;  enfuite  fi  Ton  veut  donner 
«n  pied  de  largeur  a  la  vanne,  il  faut  regler 
!a  hauteur  dont  on  la  levera ,  de  telle  forte 
que  lorfque  I'eau  fera  bafl"e  &  au  niveau  ieu- 
lement  du  deffus  du  pertuis,  cette  ouverture 
foit   exaftement  de  la  grandeur  neceffaire 


D  E    Dijon,  i^p4.  173 

pour  que  toute  I'eau  y  paffe  fans  s'elever  ni 
i'e  baiffer.  Je  fuppofe  ici  qu'il  foit  queflion 
de  Tetang  de  Torcy  ,  oii  les  fources  four- 
niffent  1406  pouces  d'eau  en  hiver,  183  en 
ete,  8l  moyennement  768.  II  eft  queftion  de 
regler  la  hauteur  d'un  pertuis  d'un  pied  de 
largeur,  pour  que  I'eau  etant  au  niveau  dii 
defais  de  ce  pertuis  ,  il  s'en  echappe  76S 
pouces,  &  Ton  trouve  que  la  hauteur  de  ce 
pertuis  doit  etre  de  12  pouces  environ ;  car 
multipliant  un  pouce  par  la  viteffe  repon- 
dant  aux  ^  de  la  hauteur  de  ce  pertuis ,  qui 
ell  5  pouces  2  lignes ,  on  a  5  po.  -|  cube  par 
feconde  ,  310  pieds  par  minute,  i860  pieds 
cubes  par  heure  ,  ce  qui  equivaut  a  775 
pouces  ,  a  raifon  de  24  pieds  cubes  pour  un 
pouce  d'eau  par  heure. 

Apres  avoir  regie  la  hauteur  de  ce  pertuis  , 
il  faipt  (avoir  quelle  fera  la  largeur  qu'il  doit 
avoir  relativement  a  la  hauteur  de  I'eau  de 
I'etang ,  &  dela  en  deduire  le  diametre  que 
doit  avoir  la  piece  de  bois  dans  les  diffe- 
rentes  parties  de  fa  longueur. 

Pour  cet  efFet  il  faut  conllruire  la  table 
fuivante. 

La  premiere  colonne  marque  les  differentes 
hauteurs  de  I'eau  de  I'etang  au  deffus  du  bas 
du  pertuis. 

La  feconde  colonne  marque  la  viteffe  que 
Teau  doit  avoir  en  paffant  par  le  pertuis ,  fui- 
vant  les  differentes  hauteurs  au  deffus  du 
milieu  de  ce  pertuis.  L'on  obfervera  que  dans 
cette  colonne  &  les  fuivantes ,  on  a  employe 
les  fractions  degiijiales. 


174 


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D  E    Dijon,    /7<?^.  175 

L'on  trouvera  les  chiffres  de  la  trolfieme 
colonne ,  en  confiderant  que  les  difFerentes 
largeurs  des  pertuis  de  meme.  htinteur,  qui 
doivent  depenfer  une  meme  quantite  d'eau, 
font  en  railbn  i-nverfe  de  la  viteffe  de  I'eau ; 
&  fachant  qiravec  une  viteffe  de  5  pi.  7'^,  il 
faut  une  ouverture  de  12  pouces  de  largeur 
fur  I  2  pouces  de  hauteur ,  pour  depenfer  768 
pouces  d'eau  ,  on  fera  une  regie  de  propor- 
tion ,  dont  le  premier  terme  fera  la  viteffe 
de  I'eau  qui  doit  paffer  par  I'ouverture  cher- 
chee;  le  fecond,  la  viteffe  5  pieds  ~;  &  le 
troifieme  ,  Touverture  12  pouces  :  de  forte 
que  dans  routes  les  regies  de  trois ,  le  produit 
des  moyens  etant  le  meme ,  il  fuffira  de  di- 
vifer  le  nombre  61  7—  par  chacun  des  chiffres 
de  la  I'econde  colonne. 

Pour  connoitre  le  poids  que  doit  avoir  la 
partie  qui  eft  hors  de  I'eau  dans  la  piece  de 
bois  qui  appuie  lur  le  bras  de  levier  hori- 
zontal, relativement  aux  differentes  ouver- 
tures  du  pertuis ;  je  fuppofe  que  la  foupape 
de  fonte  pefe  dans  I'eau  144  livres,  &  que  le 
bras  de  levier  horizontal  foit  de  2  pi.  7;  le 
poids  que  Ton  cherche,  fera  le  quatrieme 
terme  d'une  proportion,  dont  le  premier  fera 
le  bras  de  levier  horizontal ,  le  fecond  la  lar- 
geur de  I'ouverture ,  &  le  troifieme ,  le  poids 
de  la  foupape  dans  I'eau  :  d'oii  Ton  voit  que 
Ton  calculera  cette  quatrieme  colonne ,  en 

multipliant  —7  par  les  chiffres  de  la  troifieme 
colonne  :  Ton  aura  enfuite  le^oids  de  chaqiie 


176  A   C   A  D  E   M   I  1 

pied  courant  dii  pilon ,  en  prenant  la  difFe- 
rence  de  chacun  de  ces  nombres ,  ce  qui  for* 
mera  la  cinquieme  colonne. 

Pour  avoir  le  cube  de  chaque  pied  cou- 
rant ,  il  faut  ctre  prevenu  qu'un  morceau  de 
bois  d'un  pouce  d'equarriffage  fur  i  pied  de 
hauteur,  pefe  7  onces  :  ainli  en  multipliant 
les  chiffres  de  la  cinquieme  colonne  par  ~ , 
on  aura  le  nombre  de  pouces  de  pied  cube 
que  doit  avoir  chaque  pied  courant  de  la 
perche ,  ce  qui  compofera  la  lixieme  colonne. 
La  feptieme  colonne  fe  trouvera  en  pre- 
nant la  racine  quarree  des  chiffres  de  la  fixieme 
colonne. 

La  huitieme  colonne  marque  le  diametre 
de  la  perche  en  pouces.  Pour  avoir  ce  dia- 
metre ,  il  faut  multiplier  chaque  chiffre  par 
14,  &  le  divifer  par  11.  Ce  diametre  doit 
former  la  groffeur  de  la  perche  environ  au 
milieu  de  chaque  pied  :  moyennant  cette 
derniere  colonne,  il  fera  aife  de  trouver  le 
profil  de  la  perche.  Pour  cet  effet,  il  faut 
divifer  fa  longueur  de  pied  en  pied  ,  &  apres 
avoir  tire  des  perpendiculaires  fur  chacune 
de  ces  divilions  ,  marquer  fur  ces  divifions 
la  moitie  des  longueurs  indiquees  dans  la 
huitieme  colonne.  Si  la  perche  a  10  pieds 
de  longueur  comme  dans  cet  exemple ,  elle 
aura  ,  a  6  pouces  de  fon  gros  bout,  9  pou- 
ces    ;    a    I  pied   plus  haut ,    5   pouces 

— -  ;  a  2  pi,  &  1^  de  ce  gros  bout,  3  po.  — - 
100  i-         a  D  7  ^  r     jQQ 


D  E    Dijon,    'ty^4,  177 

&d.  Dans  le  refte  la  diminution  eft  aififaz  iini- 
forme  jufqii'a  6  ponces  de  fon  petit  bout,  oil 
le  diametre  n'eft  que  de  i  ponces  -y~. 

On  obfervera  qu'en  fixant  la  perche  a  10 
pieds ,  il  faut  la  charger  a  fon  extremite  fa- 
perieure  d'un  poids  de  12  livres  -—- pour  la 
faire  enfoncer  entierement  dans  Teau ;  ce 
poids  ne  doit  etre  autre  chofe  qu'un  boulon 
de  fer  qui  entrera  dans  un  anneau ,  &  qui 
fervira  a  guider  la  perche ;  il  y  en  aura  un 
pareil  par  le  has  qui  compenfera  la  groffeur 
qu'il  feroit  difficile  de  donner,  conformement 
au  calcul ;  fur  quoi  il  faut  obferver  que  lorf- 
que  I'eau  defcend  plus  bas  que  le  deffus  dii 
pertuis ,  cette  groffeur  n'a  plus  befoin  d'etre 
reglee ,  puifque  la  depenfe  fera  moindre  que 
la  depenfe  moyenne. 

Lorfque  la  depenfe  de  Teau  eft  plus  oil 
moins  grande  que  celle  fui  laquelle  on  a  fait 
le  calcul  precedent ,  on  pent  fe  fervir  de  la. 
meme  perche,  en  augmentant  ou  diminuant 
la  hauteur  du  pertuis  ou  fa  largeur,  en  di- 
minuant aulli  ou  augmentant  le  bras  de  levier 
du  poids  dans  la  meme  proportion. 

La  plus  grande  depenfe  que  Ton  ait  a  faire 
pour  I'entretien  des  Canaux,  eft  TenJevement 
des  boues,  vafes  ou  fables  qu'entrainent  les 
ruiffeaux  que  Ton  eft  oblige  d'amener  au  point 
de  partage ,  &  encore  davantage  ceux  que 
Ton  fait  entrer  dans  le  Canal  en  differens 
endroits  de  fon  coiirs ,  I'eau  d'un  canal  etant 
toujours  dormante.  Si  Ton  n'a  pas  le  foin  d^ 

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178  A   C   A   D   E   M   I   E 

n'y  lalffer  entrer  que  les  eaux  les  plus  clai- 
res,  le  depot  qui  le  fait  clu  limon  dont  elles 
font  melees,  lorfqu'elles  n'ont  pas  ete  de- 
pofees  un  certain  temps ,  a  biefttot  eleve  le 
lit  <lu  Canal,  &  il  faut  faire  des  depenfes  fort 
confidersbles  pour  le  recreufer.  Ce  defaut 
etoit  fi  grand  au  Canal  de  Languedoc,  que 
peu  d'annees  apres  fa  conftrudion  il  etoit 
prefque  comble ;  il  falloit  y  faire  conrinuel- 
lem.ent  des  recreufemens  qui  ne  faifoient  que 
pallier  le  mal  fans  I'arrerer;  on  avoit  bien 
fait  quelques  aqueducs  fous  le  canal  pour 
faire  paffer  les  eaux  fauvages ,  mais  il  s'en 
falloit  de  beaucoup  que  Ton  en  eiit  affez  fait; 
&  quoiqu'on  les  ait  beaucoup  multiplies  de- 
puis ,  il  en  refte  encore  plufieurs  a  faire.  Pour 
obvier  en  partie  a  cet  inconvenient,  Ton  a 
fait  une  quantite  d'epanchoirs ,  de  dever- 
foirs ,  &  fur-tout  un  nombre  confiderable  de 
cales ;  mais  celles-ci  introduifent  toujours 
dans  le  canal  des  eaux  etrangeres,  &ne  font 
que  pallier  legerement  le  mal. 

L'entretien  le  plus  confiderable  des  Canaux 
de  Briarre  &  de  Loing ,  ne  provient  que  du 
depot  que  laiffent  les  eaux  que  Ton  y  in- 
troduit ,  fur-tout  a  celui  de  Loing  oil  la  ri- 
viere fert  de  canal  en  plufieurs  parties.  II 
etoit  peut-etre  difficile  d'eviter  tout -a -fait 
cet  inconvenient  aux  Canaux  de  Languedoc 
&  de  Briarre  ,  en  ce  que  le  premier  recoit 
plufieurs  rivieres  qui  font  tres-confiderables, 
&  ont  jufqu'a  10  a  15  lieues  de  longueur  de 


D  E    Dijon,  iy84.  179 

cours  avant  que  d'en  etre  traverfees  :  &  dans 
le  fecopd ,  on  avoit  befoin  des  eaux  d'une 
riviere  pour  aiimenter  un  Canal,  &  Ton  ne 
s'en  eft  meme  avife  qu'apres  avoir  cherche- 
tous  les  moyens  de  rendre  cette  riviere  na- 
vigable par  differens  ouvrages  ,  dont  on  a 
enfin  fenti  I'infuffifance. 

En  exaniimint  attentivement  Templacement 
du  Canal  du  Charolois ,  on  reconnoitra  qu'il 
eft  poffible  d'eviter  tous  ces  inconveniens,  & 
de  faire  enforte  qu'il  n'y  entre  abfolument 
aucune  eau  fauvage,  en  faifant  des  aque- 
ducs  dans  tous  les  endroits  oil  il  s'y  trouve. 
quelques  ruifl'eaux,  parce  que  aucun  de  ces 
ruifl'eaux  n'eft  bien  confiderable  :  par  le  moiea 
de  ces  aqueducs.  Ton  n'aura  befoin,  ni  de 
dechargeoirs,  ni  d'epanchoirs  ou  deverfoirs, 
ni  de  cales  qui  forraent  les  principaux  obf- 
tacles  des  canaux  executes ;  Ton  ne  recevra 
dans  le  Canal  que  les  eaux  feules  qui  feront 
necefl'aires  pour  la  navigation ,  &  pour  fub- 
venir  aux  evaporations  &  filtrations. 

On  remarquera  qu'en  pla^ant  le  Canal  fur 
la  gduche  de  la  Bourbinfe  &  fur  la  droite  de 
la  Dheune ,  on  n'a  aucune  grande  riviere  a 
traverfer  ,  comme  il  y  en  auroit  eu  ft  oa 
I'avoit  place  de  I'autre  cote  oil  fe  trouve 
rOudrache  qui  a  7  lieues  de  cours ,  la  Sorme 
qui  en  a  trois  ,  &  les  rivieres  de  Vielle  &  de 
Cozanne  qui  en  ont  deux  ;  au  lieu  que  ducote 
oil  Ton  doit  le  placer ,  il  n'y  a  aucune  ri- 
viere qui  ait  feulement  deux  iieues  de  cours* 

M  I) 


iSo  ACADEW:iE 

excepte  celles  qui  doivent  etre  condiiites  au 
point  de  partage ,  &  il  eft  conftant  que  les 
cinq  rivieres  que  Ton  peut  conduire  a  ce 
point  de  partage,  du  cote  de  la  Bourbinfe, 
fur  deux  lieues  de  longueur  du  Canal ,  font 
beaucoup  plus  conliderables  que  toutes  celles 
qui  doivent  paffer  fous  le  Canal  jufqu'a  la 
Loire  du  meme  cotd.  De  plus ,  I'etendue  du 
terrein  qui  fournit  les  fources  de  ces  rivieres 
qui  fe  rendent  au  point  de  partage,  n'eft  pas 
la  moitie  de  I'etendue  du  terrein  qui  fournit 
celles  qui  doivent  paffer  fous  le  Canal.  Enfin, 
lalargeurmoyenne  du  terreinqui  fournit  a  ces 
ruiffeaux ,  eft  d'environ  une  lieue  au  plus , 
excepte  celle  qui  fournit  les  eaux  au  point 
de  partage  qui  eft  d'environ  deux  lieues.  On 
voit  par  toutes  ces  remarques  ,  que  les  ruif- 
feaux qui  font  traverfes  par  le  Canal,  ne  font 
pas  bien  confiderables ,  &  que  leurs  fources 
n'etant  pas  eloignees ,  ils  ne  pourront  y  caufer 
aucune  inondation. 

Moyens  cTempecher  T Intro duciion  des  eaux 
bourbeufes  dans  les  refervoirs, 

L'on  a  vu  que  Ton  conftruifoit  vers  I'ex- 
tremite  de  chaque  rigole  des  etangs  ou  re- 
fervoirs, pour  faire  depofer  les  eaux,  &  em- 
pecher  qu'elles  n'entrent  troubles  dans  le 
Canal ;  mais  comme  ces  rigoles  pourroient 
amener,  pendant  ces  orages,  dans  ces  refer- 
•voirs  des  fables,  &  fur-tout  des  vafes  qui  les 
rerapliroient ,  ainfi  qu'il  eft  arrive  pour  le 


D  E    Dijon,   1-784.  i^i 

"  Canal  de  Languedoc  ,  an  grand  baffin  de  Nau- 
rouze ,  qui  a  ete  comble  ,  &  n'eft  d'aucun 
ufage  depuis  long-temps.  Pour  empecher  cet 
inconvenient ,  Ton  placera  a  I'entree  des  ri- 
goles  ,  dans  ces  refervoirs,  des  efpeces  de 
clapets  qui  fe  fermeront  par  le  moyen  de 
Teau  ,  lorfqu  elle  viendra  en  trop  grande 
abondance ,  ce  qui  n'arrive  que  pendant  le 
temps  des  orages  &  des  grandes  pluies ,  qui 
rendent  les  eaux  troubles.  Ces  clapets  refte- 
ront  ouverts  &  inclines ,  pour  laiffer  paiTer 
I'eau  fur  une  certaine  hauteur,  qui  fera  celle 
des  eaux  ordinaires;  ils  auront  cinq  pieds  en 
quarre  ;  leur  effieu  qui  fera  horizontal,  fera 
place  a  3  pieds  7  du  fond  du  ruiffeau  ;  de 
forte  que  la  partie  inferieure  de  ces  clapets 
au  deflbus  de  I'efTieu,  aura  3  pieds  ^ ,  &  la 
partie  fuperieure  i  pied  7.  Cette  partie  fu- 
perieure  fera  chargee  ,  du  cote  oppofe  au 
courant,  d'une  piece  de  bois  de  neuf  pouces 
d'equarriffage  environ ,  mais  qui  fera  d'une 
pefanteur  telle  que  le  clapet  relle  incline  , 
enforte  qu'il  y  ait  environ  un  pied  de  paffage 
au  deffous  pour  les  ruiffeaux  qui  prendront 
cette  profondeur.  Lorfque  Teau  n'aura  qu'un 
pied  de  hauteur ,  elle  paffera  fous  ce  clapet 
fans  le  frapper;  mais  lorfqu'elle  s'elevera  da- 
vantage  ,  alors  elle  le  choquera  &  le  fera 
fermer;  &  pour  faire  evacuer  I'eau  qui  n'aura 
plus  fon  ifliie  ordinaire,  on  conftruira  a  cote 
de  la  rigole  &  a  quelques  toifes  en  avant  du 
clapet,  un  dechargeoir  ;  mais  comme  il  y 
giiroit  a  craindre  que  les  fables  ne  s'anion- 

Miij 


'iSl  ACADEMIE 

celaffent  au  devant  dii  clapet  ,  &  qu'ils  ne 
rempechaffent  de  s'ouvrir,  lorfque  Teau  des 
orages  feroit  evacuee ,  on  tera  ce  dechargeoir 
de  maniere  que  Teau  puiffe  couler  par  le  fond 
meme  de  la  rigole ,  &  entrainer  par  ce  moyen 
dans  la  riviere  tous  les  fables  que  les  eaux 
charieront.  Pour  cet  effrt,  on  fera  une  autre 
efpece  de  clapet ,  different  du  pr(^cedent;  ce- 
lui-ci  rertera  ordinairement  ferme;  fa  largeur 
fera  aulfi  de  5  pieds ,  fa  hauteur  de  3  pieds 
6  pouccs  ,  &  fon  centre  de  mouvement  fera 
place  a  15  pouces  du  fovA^  du  ruilTeau;  mais 
pour  qu'il  fe  tienne  ferm^  ordinairement  & 
dans  line  fituation  verticale  ,  il  fera  charge, 
d'une  bande  de  fer  coule ,  fixee  a  fon  extre- 
mite  inferieure.  Lorfque  Teau  s'elevera  devant 
ce  clapet ,  &  qu'elle  furmontera  de  beaucoup 
le  centre  de  mouvement  ,  alors  ,  comme  ia 
partie  fuperieiure  a  2  pieds  ^  de  hauteur , 
tandis  que  la  partie  inferieure  n'en  aura  que 
1  pied  ^ ,  Teffort  de  Teau  cootre  la  _partie 
inferieure  fera  cxprimee  par  i  j  X  ;/3i  po. 
=  6.  95  ,  &  fadion  de  I'eau  centre  la^rtie 
fuperieure  fera  exprimee  par  2^  X  /^i2=7, 
78  ;  par  confequent  cette  aftion  etant  plus 
forte  que  la  precedente,  i'eau  fera  ouvrir  le 
clapet,  &  elle  s'^chappera  tant  par  fa  partie 
fuperieure  ,  que  par  fa  partie  inferieure. 

L'on  pourra  aufli  meftre  de  pareils  clapets 
a  la  queue  des  etangs  que  Ton  conftruira  a 
la  tete  des  rigoles,  afin  d'empecber  les  eaux 
des  orages  d'y  entrer ,  &  de  les  remplir  de 
fable  &  de  limoni  &  a  cet  ©fjet  il  faudra  faire 


D  E    Dijon,   iyiS4.  183 

a  cote  des  etangs,  des  rigoles  par  oil  s'^chap- 
peront  ces  eaux  :  mais  ii  Ton  veut  recevoir 
ces  ediizi  des  orages,  qui  deviennent  fouvent 
neceiTaires,  on  fera  le  fond  de  ces  etangs 
plus  has  que  les  rigoles  ,  &  le  niveau  de  i  eaii 
a  6  pieds  feulement  au  deffus ;  par  ce  moyen  , 
lorfque  Ton  aura  employe  toute  I'eau  qui 
{"era  au  deffus  des  rigoles ,  le  reile  fervira  pour 
le  poifTon  qui  ne  le  pecke  qu'a  I'entree  de 
I'hiver  ,  &  ies  depots  qui  s'y  feront  dans  le 
fond,  n'empech^^ront  pas  I'eau  de  paffer  par 
la  bonde  a  clapet ;  &  s'il  arrivoit  que  ces 
depots  dcvinffent  affez,  confiderables  pour 
parvenir  jufqu'a  cette  bonde  ,  alors  on  feroit 
d'autres  petits  etangs  a  la  queue  de  ceux-ci, 
&  on  les  feroit  feulement  aiTez  grands  pour 
recevoir  ies  eaux  des  pluies  les  plus  abon- 
dantes  ;  elles  filtreroient  atraversla  chauffee 
oil  Ton  ne  mettroit  point  de  conroi ,  ou  bieii 
elles  pafferoient  par  un  trou  de  peu  d'ouver- 
ture ,  afin  que  la  plus  grande  partie  de  I'eau 
ne  s'echappat  que  lorfqu  elle  feroit  dechargee 
de  fon  limon. 

II  eft  d'autant  plus  effentiel  de  cliercher  a 
fe  procurer  les  eaux  des  etes  ,  que  c'eft  le 
temps  oil  elles  tombent  en  plus  grande  abon- 
dance;  &  Ton  a  reconnu  ,  par  les  experiences 
faites  a  Dijon  pendant  quinze  aos  ,  que  la 
quantite  d'eau  qui  tomboit  en  et6  pendant  les 
mois  de  Juin  &  Juillei,  etoit  movennement 
de  55  lignes  de  hauteur,  tandis  que  pendant 
les  mois  de  Janvier  &  Fevrier  ,  elle  n'etoit 
que  de  41  lignes,  ainfi  que  Ton  pent  le  voir 

M  iv 


184  ACADEMIE 

par  le  refultat  de  ces  experiences ,  que  je 
rapporte  ci-deffous,  oil  je  marque  la  hauteur 
moyenne  de  Teau  qui  eft  tombee  dans  les 
diff^rens  mois  de  Tannee. 

Savoir,  en  Janvier  20  lignes  y,  en  Fevrier 
21  lign.  -^ ,  en  Mars  20  lign.  ~o 

En  Avril  25  lign. },  en  Mai  23  lign.  j,  en 
Juin  3  I  lign.  f- 

En  Juillet  23  li^.  j,  en  Aout  22  lign.  j,  en 
Septembre  28  lign.  ~. 

En  Oftobre  9  lignes,  en  Novembre  16  li.  j, 
en  Decembre  24  lign.  |. 

L'on  remarquera  que  les  mois  de  Janvier 
&  M?rs  font  les  moins  pluvieux,  tandis  que 
ce  font  les  mois  de  Juin  &  Juillet  on  il  pleut 
<lavantage  ;  ce  qui  paroit  contraire  aTopinion 
commune ,  &  meme  a  I'experience  ,  qui  fait 
voir  que  les  fources  font  environ  huit  fois 
plus  abondantes  en  hiver  qu'en  ete ;  mais  on 
doit  obfervekque  pendant  Teteja  plus  grande 
partie  de  i'eau  qui  tombe,  eft  evaporee  avant 
que  d'etre  parvenue  aux  fources,  &  qu'il  en 
entre  encore  une  partie  confiderable  dans  les 
ruiffeaux  ,  peu  de  temps  apres  la  pluie ;  ce  a 
quoi  je  n'ai  pas  eu  egard  dans  les  jauges,  ne 
les  ayant  jamais  faites  que  plufieurs  jours 
apres  les  pluies, 

Tracement  du  Canal, 

Apr^s  avoir  fait  toutes  les  operations  ne- 
ceffaires  pour  m'affurer  de  la  quantite  d'ean 
que  Ton  pourra  conduire  an  baffin  de  par^      || 


D  E    Dijon,  'iy^4^  185 

tage ,  &  des  moyens  qui  m'ont  paru  les  plus 
propres  pour  la  menager ,  &  eviter  les  in- 
conveniens  d'un  entretien  difpendieux ;  j'ai 
cherche  a  tracer  remplacement  du  Canal  le 
long  des  rivieres  de  Bourbinfe  &  de  Dheune, 
&  a  cet  efFet  j'en  ai  jalonne  toutes  les  lignes, 
en  les  plagant  toujours  au  dela  de  Tinonda- 
tion ,  autant  que  cela  a  ete  poflible  ,  afin  que 
les  eaux  des  rivieres  ne  puiflent  y  porter 
aucun  prejudice  ;  ii  s'eil  trouve  cependant 
pluiieurs  endroits  le  long  de  la  Bourbinfe ,  oCi 
cette  riviere  joint  des  cdteaux  un  peu  elcar- 
pes,  &  oil  il  a  fallu  placer  le  Canal  dans  la 
riviere  meme ;  dans  ce  cas  Ton  a  projete  de 
faire  des  levees  le  long  du  nouveau  lit  avec 
les  terres  que  Ton  deblaiera  pour  le  former, 
&  Ton  garantira  par  ce  moyen  le  Canal,  le 
long  duquel  on  formera  toujours  les  levees 
ordinaires  &  les  chemins  de  tirage. 

L'on  a  eu  attention  de  traverfer  les  vallons 
oil  coulent  desruiffeaux  un  peu  confiderables  , 
fur  des  levees  qui  auront  une  affez  grande 
hauteur  pour  y  placer  des  aqueducs  fufRfam- 
ment  grands  pour  donner  paffage  a  toutes  les 
eaux  que  fourniffent  les  ruiffeaux  dans  les 
debordemens.  Pour  regler  la  grandeur  de  ces 
aqueducs ,  on  a  mefure  la  furface  du  terrein 
qui  re^oit  les  eaux  de  pluie  qui  coulent  dans 
chaque  ruiffeau.  L'on  a  enfuite  mefure  la 
iargeur  &  la  hauteur  oil  I'eau  s'elevoit  fous 
les  ponts  des  grands  chemins  voifins ,  dans 
les  plus  grandes  pluies  d'orage;  &  apres  avoir 
auili  mefure  i'e.tendue  du  terrein  qui  receypii.t 


l86  ACADEMiE 

les  eaux  de  pliile  qui  fe  rendolent  daws  les 
rulffeaux  qui  paffent  fous  ces  ponts,  on  en 
a  deduit  la  largeur  des  aqueducs  qui  doivent 
paffer  fous  le  Canal,  en  ne  leur  donnant  que 
334  pieds  de  hauteur  au  plus  ,  &  reglant 
les  largeurs  de  telle  forte  que  Teau  des  ora- 
ges  ne  furmonte  pas  les  clefs  :  lorfqu  on  a 
pu  donner  une  hauteur  plus  grande  aux  aque- 
ducs ,  on  a  diminue  la  largeur  a  proportion 
de  la  hauteur  que  Ton  donn'oit  de  plus :  I'on 
a  un  peu  augmente  ces  proportions,  lorlque 
les  ruiffeaux  viennent  des  montagnes  rapides. 
En  jalonnant  les  lignes ,  on  en  a  fait  un 
nivellement  exa61  dans  toute  la  longueur  du 
Canal,  en  prenant  des  profils  en  travers  dans 
tous  les  endroits  oil  le  terrein  n  etoit  pas  a 
peu  pres  de  niveau ;  &  apres  avoir  rapporte 
ce  nivellement  fur  le  papier;  on  y  a  place 
Templacement  des  eclufes,  des  ponts  &  des 
aqueducs.  Lorfque  Ton  a  vu  qu'il  fe  trouvoit 
des  parties  oii  le  deblai  auroit  ete  trop  con- 
fiderable,   en  pla^ant   le   Canal  fuivant  les 
alignemens  qui  ont  ete  jalonnes,  on  a  vu  par 
les  profils  en  travers ,  de  combien  Ton  pou- 
voit  rapprocher  ces  alignemens  de  la  riviere, 
afin  que  le  total  des  deblais  fut  fuffifant  pour 
former  les  chemins  de  tirage  &  les  levees  , 
fans  que  Ton  foit  oblige  de  tranfporter  ces 
deblais  au  loin  :  au  contraire ,  lorfque  Ton  a 
vu  que  ces  deblais   ne   fuffiroient  pas  pour 
former  des  levees  folides ,  &  que  Ton  ne  pou- 
vbit  que  peu  s'enfoncer  dans  le  terrein  ,  on 
a  rapproche  dans  le  projet  marque  fur  les 


D  E    Dijon,   iyS4.  187 

plans ,  le  Canal  du  coteau ,  afin  qu  il  y  ait 
prefque  par-tout  4  pieds  de  profondeur  du 
Canal  creufe  dans  le  terrein  aaturelj  autant 
du  mcins  que  Ton  a  pu  le  faire,  fans  former 
de  trop  grandes  iinuofit^s. 

II  y  a  quelques  parties  oil  il  s'efl  prefent^ 
differens  pro  jets  ,  qui  au  premier  coup  d'oeil 
paroiffojent  egalement  avantageux;  on  a  fait 
\es  plans,  profils,  devis  &  details  eftimatifs 
des  uns  &  des  autres ,  &  Ton  s'eft  decide  , 
d  aprc?  ces  operations ,  pour  celui  qui  etoi\p 
]c  plus  avantageux.  Les  deux  principaux  pro- 
jets  qu'on  a  fait  doubles,  font  le  pafl'age  de 
Genfiprds  Sz  la  diredion  du  Canal  de  Chagny 
a  Chsuvort,  ou  de  Chagn^pa  Chalon.  Dans 
le  premier,  Ton  a  trouve  qu'il  n'en  couteroit 
pas  plus  pour  faire  une  tranchee  dans  le  ro- 
cher ,  que  pour  faire  un  detour  confiderable 
pour  reconflruire  un  moulin  qu'il  falloit  de- 
truire,  &  pour  faire  quelques  arches  au  pon| 
de  Genelards  ;  par  confequent  il  n'y  a  pas 
eu  a  balancer  a  fuivre  le  premier  parti  qui 
eft  le  plus  court.  Quant  a  la  direction  du 
Canal  de  Chagny  a  Chauvort  ou  a  Chalon, 
on  a  d'abord  fait  le  premier  pro  jet  en  fuivant 
les  bords  de  la  Dheune  dans  tout  fon  cours, 
parce  que  ce  projet  paroit  le  plus  naturel , 
&  qu'il  eft  le  plus  facile;  mais  comme  il  eft 
beaucoup  plus  long  que  I'autre ,  &  que  la  na- 
vigation fe  trouve  retardee  de  pres  d'une  jour- 
nee,  cette  confideration  a  engage  a  adopter 
le  projet  de  faire  aboutir  le  Canal  direde- 
ment  a  Chalon,  quoique  Ton  eut  trouve  qu^ 
celui-ci  couteroit  plus  de  400000liv.  deplus 


lS8  A   C  A  D   E   M   I  E 

que  I'autre  projet,  parce  que  Ton  ^pargne 
line  journee  fur  chaque  bateau  qui  revient 
moyennement  a  1 5  liv.  de  frais ,  fur-tout  en 
remontant.  En  comptant  qu'il  paffera  6000 
bateaux  par  an  par  le  Canal,  ce  benefice  de 
15  1.  fur  chaque  bateau  produiroit  90000  1. 
de  benefice  pour  le  commerce  ,  equivalant 
a  un  fonds  de  i,8oo,000  liv.  qui  eft  plus  du 
quadruple  de  la  depenfe  que  ce  projet  oc- 
cafionne  de  plus  que  le  premier.  Enfin ,  une 
diminution  de  7  lieues  ,  qui  refulte  fur  la 
longueur  totale  de  la  navigation  de  Lyon  a 
Paris  ,  laiffe  peu  de  difference  entre  cette 
route  &  celle  du  Canal  de  Dijon,  qui  de- 
viendra  meme  ^us  longue  pour  le  temps  que 
Ton  mettra  a  faire  le  voyage ,  parce  qu'il  y 
aura  plus  d'eclufes  dans  ce  Canal  feul  que 
dans  ceux  de  Long-Pendu  &  de  Briarre  joints 
cnfemble. 

Pour  manager  la  quantite  d'eau  du  point 
de  partage  &  fubvenir  aux  evaporations  ,  & 
fur-tout  aux  filtrations  qui  pourront  fe  faire 
dans  la  longueur  du  Canal ,  on  a  projete  , 
comme  on  I'a  dit  ci-devant ,  d'y  faire  entrer 
les  eaux  de  plufieurs  fources  qui  ne  tariffent 
jamais,  &  qui  font  toujours  claires  ;  &  lorf- 
que  Ton  n'a  pas  pu  avoir  cette  refTource, 
on  a  forme  des  ^  tangs  pour  rece voir  les  eaux 
des  ruifTeaux  qui  s'y  depofent ;  &  en  laifTant 
ecouler  une  quantite  egale  dans  le  Canal, 
au  moyen  des  clapets  qui  ont  ete  decrits 
ci-devant ,  Ton  a  compte  que  fur  une  lieue 
de  longueur  du  Canal,  il  s'evaporoit  moyen- 
nement 8  pouces  d  eau  ,  &  dans  les  plus 


D  E    Dijon,  i;;S4,  189 

grandes  chaleurs  ,  14  a  15  peaces  ;  en 
mettant  le  double  pour  les  filtrations ,  on  a 
compte  quilfalioit  45  poucesd'eau  par  lieue 

.  pour  fubvenir  a  la  perte  des  eaux  qui  fe  fait 
moyennement  dans  le  Canal.  Cette  quan- 
tite  fera  un  peu  plus  petite  en  hiver ,  oil  les 
evaporations  font  beaucoup  moindres  :  elle 
pourra  etre  plus  grande  dans  les  terreins  qui 
laifferont  perdre  une  partie  de  I'eau  ;  ce  que 
Ton  connoitra  par  I'experience  ,  &  on  levera 
en  confequence  la  vanne  du  clapet,  pour 
donner  au  pertuis  la  largeur  convenable  pour 
fournir  les  eaux  alimentaires  ,  de  telle  forte 
qu'elles  entretiennent  la  partie  de  Canal  qui 
eft  au  deffous ,  jufqu'a  I'etang  le  plus  proche. 
L'eau  paffera  pardefTus  les  portes,  qui ,  par 

•  ce  moyen ,  feront  toujours  mouillees  ;  ce  qui 
eft  plutot  un  avant^ge  qu'un  inconvenient. 
Quant  a  la  partie  qui  joint  le  point  de  par- 
tage ,  elle  s'entretiendra  avec  les  eaux  de  ce 
point  de  partage  ,  jufqu'a  Tendroit  oil  Ton 
pourra  faire  entrer  de  nouvelles  eaux  dans 
le  Canal.  Mais  comme  il  y  a  des  circonf- 
tances  oii  les  eaux  de  ce  point  de  partage 
pourront  baiffer  jufqu'a  trois  pieds  fans  in- 
terrompre  la  navigation  ,  &  qu'alors  l'eau 
ne  pourra  pas  pafl^er  fur  les  premieres  portes 
des  eclufes ,  on  aura  attention  de  donner 
un  peu  plus  de  hauteur  aux  portes  qui  font 
pres  du  point  de  partage  ,  qu'aux  autres ,  dont 
la  hauteur  diminuera  a  proportion  qu'elles 
feront  plus  proche  du  premier  endroit  oil 
Ton  recevra  les  eaux  alimentaires ;  &  cette 
hautQur  fera  reglee  de  maniere  que  Ton  puifTe 


IpO  ACADEMIE 

foiirnir  45  pouces  d'eaii  pour  une  lieiie  de 
longueur  de  canal. 

Comme  il  fe  forme  aiTcz  ordinairement 
des  enl'ablemens  a  rembouchure  des  canaux 
dans  les  rivieres,  pour  y  remedier  Ton  a 
place  a  chaque  embouchure  une  ecJufe  ;  & 
lorfque  Ton  s'appercevra  que  ces  enfablemens 
commenceront  a  gener  la  navigation ,  on 
lachera  I'eau  de  ces  ^clufes,  qui  ,lortant  avec 
viteffe,  emmenera  tons  les  depots  ,&  rendra 
I'entree  ,  dans  la  Saone  &  dans  la  Loire, fiire 
&  commode. 


HIS T  O  I  R  E 

]S0S0-M£T£0R0-L0GIQUE 
pour   lannee    1 7  8  4, 

Par   M.  M  a  r  e  t. 


c 


ETTE  Hiftoire  etant  faite  fur  le  meme 
plan  que  celies  des  'annees  precedentes  ,  je 
crois  devoir  me    borner   a  rappeller  ici  les 
(ignes  fous  loquels,  dans  les  tableaux  qui  la    , 
compoferont,  feront  indiqu^s  les  meteores ,    | 
&  leurs  degres  d'intenlit4.  Le  defir  de  rendre  ces    " 
tableaux  intelligibles ,  fans  forcer  a  recourir 
aux  volumes  precedens,  m'en  a  faitun  devoir. 
Les  vents  feront  cara£ierifes  par  les  lettres 
majufcules  qui  font  d'ufaire. 

LeslignesX  indiqueront  au'ils  etoientvifs. 
Le  ^  qu'ils  etoient  tres-vifs. 
Le  ^  qu'ils;  Etoient  impetueuy, 


D  E    Dijon,  iy§4,         191 

pi Pluie. 

pin.  .     ,     .     .     .     .  Pluie   la  nnit. 

or Orage. 

orT.  ......  Avec  tonnerre. 

eel. Eclairs. 

gr.     - Grefil. 

GR Grele. 

7ie Neige. 

nef, Neige  fondante. 

B Brouillard. 

va Air  vaporeiix. 

bm Brouillard  mouillant* 

Ro Rofee. 

fr. Frimas. 

ve Verglas. 

]^     ha Halo. 

'■'     Jr Arc-en-ciel. 

au Aurore  boreale. 

gg. Gelee  a  glace. 

gb Gelee  a  blanc. 

de Degel. 

fe. Serein. 

nic Nuageux. 

CO.     ......  Couvert. 

Le  figne  +  place  devant  les  lettres  indi- 
catives rapportees,  a  I'exception  de  celles 
qui  caraderifent  les  vents  ,  indiqueront 
I'intenlite  des  m^teores.  Le  figne  —  mar- 
quera ,  dans  les  memes  circonftances ,  leur 
peu  d'intenfit6. 

II  eft  a  propos  de  faire  reraarquer  que  I'en- 
droit  oil  fe  font  les  obfervations,  eft  d\in  degre 
moinsfroid  qu'en  rafe  campagne,  &  qu'on  doit 
y  avoir  egard  en  evaluant  Tinteniit^  de  la 
froidvure. 


I9i 


A   C  A  D   E   M  I   E 


i    OBSERyjTlONS  METEOROLOGIQUES. 
JANVIER. 


T  HERMOMETRE. 


J°-|  Matin. 

.du'-^ 

'     ide'o.  12. 


m. 


ij-3 
-I     ^' 

3  3- 

4  ^ 

8-0. 

lOi — I. 


II 

13 
I-; 

16 

17 
iS 

IC 

2C 

21 

2-' 

^'^ 
24 

25 
26 

27 
28 
29 
30 


-3 
—4. 

-5- 
-6 

—4 
o 
I 

— 2 

-3 

—  2 

—4 

—4 

-3 

-5 
—6 

—4 
o 

— 2, 

—7 


M  I  D  I. 


deg.  12. 


31;— 10 


—  I 

2 
4- 

I. 

o 

—  I 
o 
2 

—  I 

—2 

3 
—4 

—  2 

I. 
2 
o 
I 

—  I. 

— o. 

-3 

— 2 

o 
—4 
4 

—  I. 
o 

-£. 

—4. 
-6 


Soi  R. 


deg.  12. 


o 

2. 

3 

I 

—  I. 

—  I 
— o. 

—  I 

—  I. 

—  2. 

-3- 

-5 

-4. 

—  I 
I. 

•     « 

o 

—  I. 

—  I. 

—  I. 

-4. 

-3 

2 

— 4- 

-3- 
I. 

—  I. 

-3. 

7. 


BARO  METR  E. 


M  AT  I  N 


po.  1.  I : 


27.    I.  6 

27.         5 
6 

5 

3-  9 
S-  S 
5 

3 

2.  5 

5-  ^ 
5-  9 
5 
5 
5 
5.  6 

2.  7 

26.  9 
I 

7-  3 
10 

10.  c 

7-  3 
II 

27.  I.  6 

3-  9 
5.6 

,    3 

26.  10.  6 

10.  6 

27.  3.  9 
6 


Mi 


D  I. 


po. 


26. 

^7" 


1.  12. 


17- 


2.  0 

4-  3 

4 

5.6 

4-  3 
2.  9 

4-  3 

5-  9 
5-  3 
4.  6 

5 

5-  ' 
4.  6 

9-  3 
8.  6 

5-^ 
7-  3 
10 

10.  6 

7-   3 

11.  6 
2.  6 
4-  3 
5 

I-  S 
6.  c. 
II.  6 
5.6 
6.  6 


S  O  1  R. 


po. 


-7- 
27. 


z6. 


26. 

27. 


D  E    Dijon,  /7^j. 


193 


VENTS    ET    tTAT    DU    C I E  L. 
JANVIER. 


R. 


I 

2 

3 

4 

5 

6 

8 

9 

o 

1 

2 

3 

4 

5 
6 

7 
8 

19 
20 

21 

22 
23 

24 

^5 
26 

27 
28 
29 
30 

31 


SSEjCO.o^o'.  dc.-br. 
S ,  CO.  br.  pi. 
O  ,  CO.  br.  pi. 
N  ,  CO.  -br. 
N  ,  CO.  -br. 
N ,  CO.  -^r. 
N,  CO. 
N  ,  -^r. 

NNE,  -nu.  -^r. 
N  X ,  fe. 

N  X  >  fe.  va. 
Nx,  fe.  va. 
SO  X  5  CO.  br.fri. 
SX  5  CO.  ir.  fri. 
S  X  ,  CO.  ^r. 
osoXi,+nu.o^g-.  -tie. 
NO  ^  ,  CO.  Jie. 
Ox,  -l-ru.  ^g-. 
Ox,  +nu.  gg. 
ONOx,  CO.  ne. 
Nx,  CO.  br. 
SO  X  ,  CO.  ne. 
SSO  ,  CO. 
OSOx,fe. 
01^0,  CO.  br.fri. 
Ox,  CO. 
NNOx,co./7/.ve. 
N  X ,  CO.  +/2e. 
Nx,  fe. /zc.+gg, 
.Nx,fe.-^r.+^^, 


SSE,  CO.  br.  de,  pi. 
E  ,  CO.  br,  pi. 
Ox,  nu. 
N  X  5  nu- 
N,  CO.  pi. 
N  X ,  CO. 
N,  CO. 
N,  nu. 

NNE,  -nu.  va. 
NXj  -nu. 
NNEx,  fe. 
N ,  -f  fe.  vd. 
Nx,  fe. 

SOx,  CO.  ^r./r. 
SOx ,  CO.  br.  nf. 

S  X  ,  -f-nu-  /'''• 
SO:^,  +nu. 
NO^,-f-nu. 
SEx  ,   CO.  ne. 
Ox  ,  CO.  ne. 
NOX,  co.-ne. 
Nx,  -nu. 
SSO  X  5  CO.  ne. 
SO  X ,  nu.  de. 
SX ,  CO.  -br. 
NNOx,  CO.  br.fr. 
ONOx,  CO.  -^de. 
N  X  ,  CO.  pi.  de. 
Nx,  CO.  -f«e. 
Nx,-nu. -hgg. 
Nx,  fe.  +g^. 


S,  CO. -j-^r.  de.pl. 
NE,  CO.  ^r. 
N,  4-nu. 
NNEx,  CO. 
Nx,  co.pl.gg.br 
^  ^, CO. -nef 
NNEx,  CO. -br. 
Nx,  nu. 
Nx.  fe. 
Nx,  fe. 
N  X ,  fe, 
N  X ,  fe. 
N  X ,  CO.  -3rbr. 
SO  X ,  CO.  br.  fr. 

so^,co.^^,«e/: 

O  :^  ,   nu.  pi. 
SSO^,co.4-/,e 
NOx,  CO. 
Ex,  CO. 
NOx,  CO.  ■\-ne. 
NO  X  ,  CO.  -ne. 
N  X  ,  nu. 
S ..  CO. 
SO  X ,  4-nt]. 
S  X ,  CO.  -br. 
NNO,  CO. 
ONOx,  CO. 
N  ,  CO.  pi.  glacie. 
N  ^,  CO.  -{-ne. 

NX, +<•«.+#.- 
NX,co.  ~£g. 


N 


»*-l 


194  ACADEMIE 

RECAPITULATION. 

L'air  a  prefquetoujourseupeude  pefanteiir 

6  d'elaiticite.  Le  mercures'eft  rarement  eleve 
dans  le  barometre  au  deffus  de  27  p.  3  I. 
II  n'eft  monte  qu'une  feiile  fois  a  27  p.  8  1.  3 '  *** 
II  eft  defcendu  jufqu'a   ...  26     I 

Chute  que  je  n'ai  jamais 
obfervee    &    qui    donne    iin 

balancement   de ip.71.  3"e. 

Sa  hauteur  moyenne   dans  le 

cours  du  mois  a  et6  ,  .  .  .  .  27p.1l.10'**. 

Le  froid  a  6te  tres-vif  pendant  toutle  cours 
du  mois,  fur-tout  fur  la  fin.  Le  mercure 
dans  le  thermometre ,  ne  s'eft  elev^  au  deffus 
de  o  que  dans  les  cinq  premiers  jours ,  &  fa 
plus  grande   elevation  a   6te     +41.9'"^. 

7  andis  qu'il  eft  defcendu  plu- 
fieurs   fois  a  -6  &  une  fois  a  —  lO 

Ce  qui  donne  un  exces  de  con- ' 

denfation  de —  5  1.  3  '*^. 


Et  la  temperature  moyenne  du 

mois  a  ete  au  tempere  I  *.  —  i,  10  "^  '.  +10. 

L'humidite  a  ete  conftante  &  tres-fouvent 
exceffive. 

Le  ciel  a  prefque  toujours  ete   couvert. 

Les  brouillards  &  les  frimas  ont  ete  tres- 
frequens. 

11  n'eft  prefque  point  tombe  de  pluie,  mais 
1  p.  2  p.  2  1.  de  neige  en  differentes  fois  , 


I 


D  E    Dijon,  iyS4.  195 

qui  eft  reflee  long-temps  fur  terre.  La  neige 
&  la  pluie  ont  donne  en  eau  l  p.  1 1  1.  23  ^^^. 

II  y  a  eii  un  degel  imparfait  dans  les  pre- 
miers jours  du  mois ;  un  plus  confiderable 
le  24,  qui  s'eft  annonce  par  du  verglas , 
&  a  ete  fuivi  d'une  inondation.  La  gelee  a 
reprisfurle  champ,  &  eft  devenue  tres-forte. 

Les  vents  du  N  ont  domine  prefque  pendant 
tout  le  mois  ,  &  quelquefois  ont  ete  tres-vifs. 
Ceux  du  S  &  de  TO  ont  rarement  fouffle, 
mais  fouvent  avec  impetuofite. 

La  nature  a  ete  engourdie  pendant  tout 
ce  mois. 

La  neige  a  force  le  gibier ,  notamment  les 
perdrix  &  les  lievres  ,  a  fe  refugier  dans  les 
lieux  habites.  Ceux-ci  ont  mange  Tecorce  des 
arbres.  La  faim  &  la  chafl'e  ont  prefque  detruit 
les  lievres  &  les  perdrix. 

La  conftitution  a  ete  catharrale ,  &  Ton  a 
obferve  toutes  les  maladies  de  cette  confti- 
tution. La  rougeole  a  ete  tres-commune ;  les 
fievres  catharrales  participoient  fouvent  du 
caradere  de  cette  maladie,  &  fe  terminoient 
par  des  Eruptions  miliaires.  II  y  a  eu  auffi 
des  eruptions  fans  fievre,  &  Ton  a  obferve 
quelques  fievres  puerperales.Mais  en  general 
il  y  a  eu  peu  de  malades. 


1^6 


A   C   A   D   E   M  I 


OBSER  VA  TIONS   Ut TtOROLOGlQUES. 
F  6  V  R  I  E  R. 


( 


THERMOMETRE. 


°r  MATIN, 

3 
o 


I 

1 

5 
A 

5 
6 

7 

V 
ic 

II 

12 

1/ 
i8 

h9 

[2C 
1,22 

J24 

f2^ 

\ 

■2^ 

b9 


deg.  12, 


-4 
-9. 

-2. 

-5- 

-7- 

-5 

-3- 

-3 
-I. 

o 

-J. 

-I. 

-5 

-2. 

-3- 

-3 

-3 

-5 

-2 

-2 
-o. 
I 

3 

2 

2 

3- 
5- 
5 

4 


-3-    9 
-6 

-I 

-3 

— 4.     6 

6 
6 


Midi. 


deg.  12. 


-2. 

-1. 

I 


I 

I. 
o 
I 

-I. 
-I. 

o 
•1 

o 
-o. 

2. 

3' 
4' 
4 
5 


6 

7 
7 
5- 


S  O  IR. 


deg.  12. 


-1-  ' 


6 
9 

-1-     3 

6 

3 
9 
3 


-4 

-5- 
-6. 
-2 
-2. 
-I. 
-I. 
-I 
o 

-4 
-2. 

-3 

-2. 

-3 

-2. 

-2. 
-2 
•  I 

I 

2 

2. 

2. 

4 

5 

5-     9 

3 
2.     3 


9 
6 

3 
9 

-I.     3 

6 
9 


BAR  O  METRE. 


MATIN. 


pO.   1.    12 


27.    8.  3 

4.   6 
3-  9 

7-  9 
4.  6 

26.   8.  3 

5-  9 
7 
10. 

4- 
II 
II 

9- 

9- 

ii. 

27-   . 


Midi. 


po. 

27. 


26. 


1.  I  2. 


••  9 
I 
I.  6 

3-  3 
..  6 


7.  6 
3 

S 

7-  9 

2.  9 

4.  6 
6.  2 

8.  3 

10.  3 

7-  9 
II 
10.  9 

8 
10 


S  O  I  R. 


po.    1.   T2. 


V- 


^6. 


27 


3 


•  •  3 

*•  3 
..  9 

a.  3 

2. 

6. 

4- 

5 
6. 

5 

••  3 
3-  3 

3 

a.  9 


5-  9 

2.  9 

7 
7-  3 


9 
9 


9- 

7- 
10. 

ii 

10.  6 

9 
ii 


27. 


3 


•  •  3 
..  6 
I.  6 

I.  3 

3- 
I. 

2. 

3- 

6.9 

6. 

A- 

2. 

4 

a. 

3- 


D   E 

Dijon,  i-;S4.            197^ 

VENTS    ET    tTAT    DU   C 1 E  L.     \ 

F  6  V  R  I  E  R. 

jo. 
du 

Matin. 

Midi. 

S   0   I   R. 

m. 

1 

Nx,  CO. 

Nx  ,  fe. 

NX,  fe. 

2 

Nx,  CO.  br.fr. 

SE  ,  CO.  br.  fr. 

SO  X  J  CO.  ne. 

3 

NOx,  CO. 

NOx,  nu. 

NO^,  fe.          i 

4 

Nx,  fe. 

Nx,fe. 

N  X  .  fe.                 1 

5 

Nx,  fe. 

SX ,  fe. 

Sx  ,  -nu.  ha.           | 

6 

SXj  CO.  ne. 

Sx,  CO.  ne. 

^^'  +""•  ^^-  i 

7 

S  X ,  nu. 

SOx ,  nu.  de. 

S  X,  CO. 
SO,  -f-nu. 

8 

SOx  ,  nu.  m. 

SOx,  nu.  de. 

9 

Ox  ,  CO.  ne. 

Sx,  CO.  4-«e. 

S^,  CO.  -\-ne. 

lO 

SO  X  ,  -}-nu.  «e. 

NO,mi. 

NOx,  CO.  ne.     1 
S ,  CO. 

11 

S ,  CO.  ne. 

S  ,  CO.  ne. 

12 

S  X  ,  CO.  ;ze. 

S  X  ,  CO. 

NOx,fe. 

^3 

NOx,  CO.  -hr. 

N  X ,  CO. 

Nx,  CO. 

tM 

SOx,   CO. 

Sx,  +nu. 

Sx,  nu.  ne.         | 

M 

SE  X  ,  CO.  -^-br. 

Nx,  fe.  -de. 

Nx,  fe.               1 

i6 

N,  fe. 

N  ,  fe.  ^e. 

N ,  fe.                  i 

I? 

0,   CO. 

SSOx,  CO.  </e. 

SSOx,  CO.          1 

i8 

N  X ,  fe.  v<z. 

N  X  ,  fe.  de. 

Nx,fe. 

19 

Nx,  CO. 

NEx  ,  CO. 

NEx,  CO. 

20 

Ex,co.-gg:. 

Ex ,  CO.  de. 

Ex,  co.-jr^. 

2ii 

S  ,  CO.  ve. 

S ,  CO.  -\-de. 

S,  CO.  ~va. 

22' 

S,  CO.  de. 

SSO  X ,  nu.  di. 

SSO,  CO.  de. 

23 

SO  X  ,  nu.  di. 

SOx,  fe.  ^e. 

0  ,  -f-nu.  de. 

24 

SO ,  fe.  de. 

SSE ,  fe.  d4. 

SSE  ,  CO.  di. 

25 

S  ,  -}-nu.  ^e. 

S ,  -|-nu.  <fe. 

S,  -{-ma.  de. 

26 

SE  ,  nu.  di.  -pi. 

S,  CO, 

S,  CO. 

27 

SOx,  nu. 

SSO  ,  4-nu. 

S,  CO. 

28 

NNE ,  CO. 

Nx,  nu. 

Nx,  co: 

29 

— 

Nx,fe.-g-^. 

Nx,fe. 

Nx,fe- 

15)8  ACADEMIE 

RtCAPITULATION. 

L*air  a  eu  une  elafticite  &  iine  pefanteur 
au  deffus  du  terme  moyen,  dans  les  premiers 
jours  du  mois,  un  peu  moins  du  17  a  la  fin, 

6  tres-peu  du  6  au  16. 

La  plus  grande  elevation  du  mercure  dans 
le  barometre  ,  a  ete  de  .  .  .  .  27  p.  8  1.  3  '*^. 

La  moindre  de 26      3     9 

Ce  qui  donne  un  balance- 
ment  de '.     1  p.  a  1.  6  "^ 

Plus  confiderable  que  rorciin>ur.i  ,  qui  eft 
de  I  p.  2  I.  6  "'^.  mais  moins  grand  que  celui 
du  mois  precedent. 

La  temperature  a  ete  extremement  froide 
dans  les  fix  premiers  jours,  tres-froide  juf- 
qu*au  21  ,  feulement  fraiche  dans  le  refte  du 
znois. 

Le  mercure  dans  le  thermometre  eft  def- 
cendu  jufqu'a —  p''.  9'**, 

Le  plus  haut  point  oil  il  fe  foit 
eleve    a  et6    de +7 

Ce  qui  donne  un  exces  de  con- _ 

denfation  de —  2'*.9  '**'. 

L'elevation   moyenne  du  mois    a   ete— o 

7  '**.  &  la  temperature  du  mois  a  celle  que 
marque  le  tempere  '.  t  —  0,7*.  +  10. 

La  gelee  a  dure  jufques  dans  la  matinee 
du  21.  II  y  a  eu  de  faux  degels  dans  quel- 
ques  apres  midi ,  notamment  depuis  le  15; 
maisle  degel  complet  n'a  co/nmence  que  dans 


'D  E    Dijon,  /;r<?4.  ipp 

la  joiirnee  dii  2i ,  &  a  ete  annonce  par  un 
verglas. 

II  efl  tombe  i  p.  4  p.  2  I.  de  neige,  & 
une  feule  fois  de  la  pluie ,  encore  pen  abon- 
dante,  qui  ont  donne  en  eau  11  1.  27^^% 

La  fonte  des  neiges  a  caiife  une  inondation 
qui  a  commence  le  24,  a  ete  tres-confidera- 
ble  le  27  ,  mais  le  29  les  eaux  ont  baifle. 

L'humidite  a  ete  conftante  ,  mais  rarement 
avec  exces ;  il  y  a  meme  eu  quelques  jours 
oil  I'air  etoit  un  peu  fee. 

Les  vents  des  differens  rhumbs  ont  a  peu 
pres  egalement  regne.  Ceux  de  TO  &  du  S, 
un  peu  plus  frequemment  que  ceux  du  N  & 
de  I'E.  Ceux-ci  ont  ete  toujours  vifs ,  &  les 
autres  fouventimpetueux. 

Le  ciel  a  ete  prefque  toujours  couvert  ou 
nuageux  ,  &  rarement  ferein. 

La  nature  eft  reftee  engourdie  jufques  fur 
la  fin   du  mois. 

La  continuity  des  neiges  a  acheve  de  de- 
truire  le  gibier. 

Les  corbeaux  ont  ete  vendus  en  grand  nom- 
bre  dans  les  marches  :  on  les  a  vus  partir  en 
troupes,  dirigeant leur  route  au  couchant;& 
ces  troupes  etoient  remplacees  par  d'autres 
qui  venoient  du  levant. 

La  conftitutioncatharrale  a  continue  a  etre 
la  dominante,  &  Ton  a  encore  vu  regner  toutes 
les  maladies  de  cette  conftitution.  La  rougeole 
eft  moins  commune.  On  a  commence  a  ob- 
ferver  des  fievres  tierces,  qui  ont  c^de  aife- 
ment  aux  evacuans  &  au  regime.  Le  norabre 
des  malades  a  ete  peu  confiderable. 


200 


ACADEMIE 


OBSERyATlONS 

METE0R0L0GJqi7ES\ 

M 

A  R  S. 

THERMOMETRE. 

BAROMETRE. 

jo. 

Matin. 

Midi. 

SOIR. 

Matin. 

Midi. 

S  0  I  R. 

du 
m. 

I 

1 

Ideg.  12 
I.     6 

Jeg. 

12. 

deg.  1 

[2. 

po.  1.  12. 

po.  1.  12. 

po.  1.  J2. 

4- 

3 

I 

27.    3.  3 

27.    3.  3 

27.      3.    9 

2 

—  I 

3 

•  • 

9 

3-  9 

4.  3 

4-  3 

3 

^-     3 

3 

2. 

6 

4.  3 

4.  3 

4.  6 

4 

6 

5 

3-  9 

3 

3.6 

5 

8. 

9 

6. 

6 

2.  9 

I.  9 

I 

6 

7-     3 

9- 

3 

6. 

9 

z6.  II.  3 

26. 10.  3 

26.10.  3 

7' 

8. 

6 

6. 

6 

10 

9.  9 

II 

8! 

8 

6 

II.  9 

27.    . .  6 

27.    . .  6 

9i 

0               n 

7- 

9 

6 

11.  3 

26.    9.  9 

26.   9.  9 

lO 

4 

7 

5 

27.    I 

27.    I.  6 

27.    1.  6 

11 

4 

3- 

3 

I. 

6 

..  9 

3-  9 

S 

T2 

0 

3 

I 

5-  S 

6 

5-  9 

13 

—  I 

5- 

3 

4. 

6 

4.  9 

3 

2.  6 

M 

7 

5- 

3 

3.  6 

3-  3 

3.  3 

15 

5-     5 

8 

4 

3 

2.  9 

2 

16 

5* 

S 

2. 

3 

I.  6 

2 

3-  9 

17 

5- 

s 

4 

3-  3 

2.  6 

1.  6 

18 

a.      3 

5- 

s 

5 

26.  11.  6 

26.  10.  3 

26.  9.  9 

19 

6. 

s 

•    •   • 

6 

8.  3 

8.  6 

10 

zc 

—  I 

—  I. 

9 

27.    . .  6 

27.    2.  9 

27.    3.  6 

21 

-2.       S 

.  • 

'. 

—  I 

3-  3 

3-  3 

3 

22 

—  I.       ' 

2. 

•  •   • 

9 

i 

I.  6 

I.  9 

23 

4 

2. 

3 

I.  6 

..  9 

..  6 

24 

7- 

6 

5- 

3 

26.  II.  9 

26. 11.  9 

26.  II.  9 

^5 

4 

9- 

2 

6. 

6 

II.  9 

II,  6 

II.  9 

26 

5.    6 

8. 

0 

J 

6. 

3 

II 

II.  6 

27.    ..6 

27 

6 

lO 

7 

27.    ..9 

27.    . .  6 

26.  II.  3 

28     6.    3 

10 

6. 

9 

26.   9.  3 

26.   9 

26.   9.  6 

29     5.    9 

9- 

6 

6. 

3 

8.  3 

Z't 

6.  6 

30     4.    6 

4 

3 

6.  6 

8.  6 

10.  9 

31      3 

4 

I 

'       11.  9 

^7-    »•  9 

27.    I.  6 

D  E     Dijon,  1^84. 


201 


wvimtmiiMi*iv^ 


FENTS     ET    tTAT    DU   C I E  L. 

MARS. 


Matin. 


Midi. 


O  ,  +nu.  gb.  gg. 
Nx,  /e. 
Nx,re. 
SE  X  ,  -nu.  ~br. 
S,  nu.  br. 
S^5  4-nu. 
ESEx  ,  CO.  br. 
Sx,  -nu. 
S  X ,  CO.  br. 

NOx,  co.pl.  ne. 
Ox,  fe.  gg, 

S ,  ie.  br.  -]rgg. 

SSOX,  nu.  pi. 

S  X ,  nu.  br.  pi. 

Nx,  CO.  pi. 

NNEx,fe.-. 

NNOx  ,  nu.        ■ 

SE  X  ,  CO.  br.  pi. 

NOX,  xm.ne.gg. 
'Ox.k.  gb.gg. 
^  N  ,  90.  ne.  gg. 

S ,  CO.  br. 

SE  X,  nu. 

S ,  -|-nu.  -pi. 

SSE ,  -j-nu. 

S  X  i  CO. 


!   Ex  ,  CO.  -\-pl. 

)  NNEx ,  +nu. 
30|OSO^,co.-;;/. 
31  |Ox,  CO.  ne. 


S   O   I   R. 


NEx,  fe. 
NX  ,  fe. 
Ex,  ie. 
Sx  ,  -|-nu. 
S  ,  nu. 

Sx,  CO.  A,-pl. 
SE  X ,  H-nu. 
SO  ,  -nu.  -pi. 
^^'  nu. 
SSO^ ,  nu.  -pi 
OMO,  nu. 
NEx,  fe. 
Sx,  +""• 
SOx,  CO.  -pi. 
N  X  ,  +ni'. 
N  X  ,  nu. 
NE>X,-nu. 
SSE^ ,  -f  nu. 
O  X  .  CO.  pi. 
ONOX,  nu. 
N  X  ,  -nn. 
NNO ,  nu.  ne. 

SO,  -[-"u- 
S  ^^  ,  nu. 
S}j^\+nu.T.pl. 
SO^  ,  nu.  T.  -pi. 
SO  ,^ ,  nu. 
SS6^,  -nu. 
O  ^ ,  nu. 
O'^,  CO. 
Ox,  CO.  nef. 


bo 


NE^,  fe 
Nx,  fe.  ha 
E ,  fe.  -br. 
S ,  CO.  pi. 
S  ,  CO.  ha. 
S^,  CO.  -pi. 
S^  ,  -nu. 
S ,  -fnu. 
S  :^ ,  CO. 
S  X ,  CO. 
Nx,  Te. 

Ex,4-rc. 

S  ^ ,  CO. 
Sx ,  CO.  -^rpL 
N  X  ,  CO. 

N/X.  ^^■ 
NEx,  -nu. 
SSE ,  CO.  br.  -pi. 
,NO^,  CO.  ne. 

Nx,  -fie. 

N  X ,  fe. 
S,  CO. 

s^:,fe. 

S:^  ,  +nu.  -pi 
S:^  ,  CO.  ;;/. 
O,  fe. 

sse;5<;,  fe. 

^O^, CO.  pi.  fine 
NO  X  .  CO. 
NO^,  CO.  nc. 


o 


202  A   C    A   D   £   M   I   E 

Ri^CJPITULJTlON. 

L'air  a  eu  tres-peu  de  pefanteur  &  d'elaf- 
ticite  pendant  tout  ]e  mois.  Le  merciire  dans 
Je  barometre  ,  a  ete  21  jours  an  dcflbus  de 
27  p.  tres-rarement  au  dcffus  de  27  p.  2  1.  & 
line  feule  fois  a  27  p.  6  1.  Ce  qui  merite 
d'etre  remarque,  eft  que  les  changemens  ont 
dte  frequens  &  de  peu  de  duree,  mais  point 
brufques  ,  &  par  des  gradations  rnoderees. 
La  plus  grande  elevation  du  mercure  a  ^te 
de 27  p.  6  1. 

Lamoindre  de     ....  26      66''"'. 
Lebalancementfeulement  de  i  j  1.  6  """. 


L'elevation  moyenne  dans 
le  cours  du  mois ,  a  6te  de  27  p.  i  1. 

La  temperature  a  eu  beaucoup  de  variet^s, 
tantot  fraiche  ,  tantot  tres-froide ,  approchant 
du  tempere  fur  la  fin  du  mois ,  &  elle  a  ete 
:  :  +  4^.  2'^^'.+  10. 

II  a  gele  a  glace  neuf  fois  dans  la  matindeJ 

La  plus  grande  elevation  du  mercure  dans 
le  thermometre,a  ete  .  .  .  .  +  10 

Lamoindre —    2     9'*°. 

Ce  qui  a  donn6  un  exces 

de  dilatation  de     .     .     .  7'^'  3  '"'• 

L'elevation  moyenne    du 
mois  a  ete +    4  •  ^       *  , 

II  y  a  eu  quelques  geleesa  b'anc  ,  &  hult 
fois  du  brouillard.  II  eft  tombe  environ  im 
pouce  de  neige.  II  a  plu  tres-fouvent ,  &  deux 
fois  par  orage  avec  tonnerre.  La  neige  &  la 
pluie  ont  donne  i   p.  2  1.  20  ^'^  .  d'eau. 

L'humidite  a  ete  en  general  moyenne  ;  il  y 
a  eu  trois  jours  tres-humides,  &  onze  fees. 

Les  vents  de  TO  &  du  S  ont  domine  Se 


D  E    Dijon,  iyS4.  203 

regnd  prefque  pendant  les  deux  tiers  dii 
mois ,  ceax  dii  N  &  de  TE  pendant  lerefte; 
tousont  ete  toujours  vifs  ,  fouvent  tres-vifs, 
&  les  premiers  tres-fouvent  impetiieux. 

Le  ciel  a  ete  quelq^iiefois  lerein ,  mais 
foavent  nuageux  ,  &  tres-fouvent  couvert. 

On  avoit  tente  de  labourer  dans  les  pre- 
miers jours,  mais  les  gelees  ont  oblige  d'y 
renoncer ,  &  ce  n'eft  qu'aux  environs  du 
2<f  qu'on  a   recommence. 

On  s'eft  apper^u  que  les  gelees  ont  con- 
fiderablement  gate  les  navettes. 

Les  premieres  feuilles  du  grofelier,  qui 
paroiflent  ordinairemen,t  en  Fevrier,  ne  fe 
ioiit  montrees  qu'aux  environs  du  26.  Les 
pechers  en  ei'paliers  ont  commence  a  fleurir, 
&  les  lilacs  a  boutonner  a  peu  pres  a  la 
meme  epoque. 

Le  joli  bois  a  fleuri  dans  les  derniers  jours 
du  mois  ,  &  il  a  paru  quelques  hirondelles. 

La  conftitution  continue  a  etre  catharrale, 
&  Ton  a  obferve  les  memes  maladies  que  dans 
ie  mois  precedent.  Les  rhumes  &  les  erelipelles 
font  plus  frequens.  On  voit  encore  quelques 
rougeoles.  Quelques  iievres  tierces  gueries 
dans  le  mois  precedent  ,  ont  des  rechutes  & 
cedent  au  quinquina. 

J'ai  vu  une  fievre  quarte  qui  s'eft  termin^e 
par  la  rougeole. 

II  y  a  eu  dans  le  commencement  du  mois 
quelques  dyfenteries  qui  n'ont  pas  ete  opi- 
niatres  ,  &  fur  la  iin  quelques  apoplexies, 
Quelques  fievres  catharrales ,  a  la  meme 
epoque,  ont  degenere  en  fievres  malignes. 

Lc  nombre  des  malades  a  ete  iin  peu  plus  gi^nd  que 
dans  les  mois  precedens,mais  en  general  peu  coniiderable, 


204 


A    C    A    D    F    INI    I    E 


OBSERVa TIONS  ME TEOROLOGIQUES. 
A  V   R  I   L. 


T  HERMOMETRE. 


■    |MATl>.iMl  DI. 


m 


(iee.  1 


II: 


(.      3 

2, 

':       2 

';       3 

ic       3. 
1 1      6. 

,.     6 

1        3. 

1-,      2. 

M      4- 

16      3. 

17  3 

18  4. 

19      5 

'.0     7 
.1     8 

^5       9- 

3    10 

■^      9- 

S      7 

'>     5 
7     6 

.8      9 

-9     9 

,0     9 

jeg.  12 


2. 

•    t 

3 
5 

6 

5- 
4 

5- 

6 

7 
8. 

9 
8 

6 

7 
6 

8 

9 

9- 

9 
II 

II. 

12 

10. 
10 

9- 
9- 

lO 

II. 
12 


Soi  R. 


7 
8. 

9 

9- 
II 


•I 
-I 

2 

3 

5 

2, 

4 
4- 
6. 
8 

5 

3 

3- 

3- 

3- 

5 
6. 

7 

8 

9.    9 
10 
10.     3 

8 


BAROMETR  E. 


Matin. 


po.  1.  12. 


27. 


27. 


2. 

1.  9 

2.  6 


M  1  D  1.      S  O  I  R 


po.  1.    12. 


^-7- 


3- 

2. 

26.  ti. 
10. 
II 

lO 

9- 
I 

o. 

I 

2. 

4 
4 


2.  3 
2 

I.  9 
3.6 

3- 

2 


^6. 


6.  6 
6.  6 

3 


3' 
4' 
4' 
I 
2 
2.  9 


27. 
27 


po.  !.  ?2. 


17.      2 


I.    9 
3.6 

I-  3 
II.  7 
II.  9 

9.  6 
II 

8 
II.  9 

I 

•     •     • 

1.  6 

2.  6 

5 

4.  3 
6.  6 

3.  6 
4 

4-  3 

3-  3 
o.  3 

2.  6 


27. 
26. 


I.  6 
I.  9 

4.  3 

3-  3 

1.  9 

2.  6 

3.  6 
o.  9 

•     •     • 

II.  9  ! 
10.  9 
II 

8.  6 
..  9 
I. 

o.  9 
2.  6 
3.6 

5-  3 
6 

6. 

4- 
3- 
4- 
4. 
I. 

0.  6 
2.  9 

1.  9 


D  E    Dijon,   i^Sj. 


205 


FENTS     £T    J^TJT    DU    C I E  L. 
A  V  R  I  L. 


.0. 

ill 
,11. 

I 

--» 

3 

4i 

5  i 
G\ 

7! 
8 

9 
10 

( 1 

12 

3 

14 

16 

17 
18 

19 

20 

zi 

22 

^3 
24 

M 
26 

27 
18 
29 
30 


Matin. 


NOx  ,  r\w.s;g.ne. 
NOX,  fe   +-. 
Ox,fe.  +^-. 
NX,-nu.  *^. 
Nx,-fe. 
O ,  nil. 
Nx,  nu. 
N,   nu. 
N,  fe. 
SOx,  fe. 
Sx,  -\-nn.  pi. 
SSEx ,  +nu.  pi. 

S  X ,  +"LI. 

N  X  ,  ^^  gl'- 
SO  X  ,  CO.  -\-pl. 
SE  J  nu.  gg. 
NNOx ,  nu.  gg-. 
NNEx ,  fe.  gb. 
Ox,  -nu.  -Ro. 
Sx ,  CO.  -RO. 
S  X  ,  CO.  +/>/. 
S  X ,  CO. 
SO  X  ,  nu.  -pi. 
SO  X  ,  nu.  «o. 
Ox  ,  nu.  RO. 
NEx,  fe.  RO. 
SO  X  ,  -nu.  RO, 
Sx,  -nu.  RO. 
OSO,  -nu.  RO. 
NNEx,  fe.  RO. 


Midi. 


N^,  -nu.  ne. 
Nx ,  nu.  ne. 
Ex,  -nu. 
N  X  ,  fe. 
Nx ,  -nu.  ne. 
Nx,   nu. 
N  ,  nu. 
N  ,  nu. 
S  _.  -nu. 

S"^,  -f-nu.  -pi. 
S^,  nu. 
SOx,  -f-nu. 
SSOx,nu.  r.-p/. 
Ex,  -j-nu. 
Ox  ,  -f  nu. 
SOx  ,   nu. 
N  X ,  nu. 
N  X ,  -nu. 
Ox,  nu. 
SO  X ,  nu. 
SOx,  -fnu. 
SSOX,  -fnu. 
SO  ^ ,  nu. 
0^,-fnu. 
OSOx,  -nu. 
E  X ,   nu. 
S  X  ,  -nu. 
S ,  CO.  -pi. 
ESEx ,  -nu. 
SEx  ,  -nu. 


S    O   I   R. 


N^,-j-nu.  ne. 
N  X  ,  nu. 
Nx,fe. 
N  X ,  -l-fe. 
N  X ,  -nu. 
Nx,  -|-nu. 
N ,  CO.  ne. 
ENE ,  le. 
S,fe. 

SXj  CO.  pi. 
S,  CO. 

Sx,  +nu.  pi. 
NO^,fe. 
E,  CO.  -\-pl. 
Ox,fe. 
NOx,  fe. 
N  X ,  fe. 
Nx,  fe. 
Ox,  CO.  -pi. 
S  ,  nu. 
Ox,  nu. 
SSO  X ,  nu. 
SSOx,  -nu. 
O  X ,  -nu.  ha. 
Nx ,  fe. 
Ex,  fe. 
S  X ,  nu. 
Sx,  CO.  -pi. 
Ex,  nu. 


206  ACADEMIE 

RECAPITULA  T  I  O  N. 

L'air  n'a  eu  en  general  dans  le  coiirs  dit 
fnois  ,  qu'une  elafticite  &  une  pelanteur 
moyenne ;  mais  plus  lur  la  fin  que  dans  les 
quinze  premiers  jours. 

La  plus  grande  elevation  dn  mercure  dans 
le  barometre,a  ete  de    .    .  lyp.  61,  9'*^ 

Lamoindrede     ....  26      8 

Le   balancement  de     .     .  10  I.  9  '*^ 

Son    elevation    moyenne 
dans   le  mois  ,    de     .     .     .  lyp.  2I.  9'^% 

Les  changemens  n'ont  pas  ete  brufques , 
fii  tres-frequens. 

La  temperature  a  ete  en  general  froide , 
mais  beaucoup  plus  dans  les  dix-huit  premiers 
jours  que  fur  la  fin. 

La  plus  grande  elevation  du  mercure  dans 
le  thermometre  a  ete  de  .  .  +  li''.  6  "'*. 

La  moindre  de    .     .     .     .  —      3      3 

L'exces  en   dilatation    de  +     y''.  3 '"^. 

La  temperature  du  mois  a 
ete  a  la  moyenne  *.  *.  +  5.  11  *.  +  lO. 

II  a  gele  a  glace  dans  les  4  premiers  jours; 
&  les  16  &  17;  &  il  y  a  eu  des  gelees  a 
blanc  les  14  &  18. 

II  eft  tombe  neuf  fois  de  la  pluie ,  mais 
elle  a  ete  pen  abondante. 

II  y  a  eu  un  orage  le  13  avec  tonnerre, 
neige  pelotonnee  &  grefil  ,  de  la  rofee  les 
lept  derniers  jours.  \jn.  peu  de  neige  dans 


D  E  Dijon,  z/^^.  207 
les  premiers  jours ,  &  environ  5  lignes.  La 
neige  &  la  pluie  ont  donne  7  I.  23  ^^^.  d'eau, 
&  il  y  a  eii  une  legere  inondation  le  22. 

La  conftitiition  a  toujoiirs  ete  feche,  & 
fouvent  tres-feche. 

Les  vents  du  N  &  de  I'E  ont  regne  nn  pen 
moins  fouvent  que  ceux  de  TO  &  du  S, 
mais  ils  ont  toujours  ete  vifs^  quelquefois 
tres-vifs  ;  le  N,impetueuxle  premier  du  mois. 

On  n'a  commence  les  femailles  des  mars 
qu'aux  environs  du  10. 

_  Les  faules  ont  poufle  des  feuilles  aux  en- 
virons du  22.  Les  abricotiers  ont  fleuri  a  la 
meme  epoque;  les  maronniers  vers  le  25. 

La  vigne  &  tons  les  arbres  a  fruits  bou- 
tonnent.  Les  noyers  donnent  leur  chaton  fur 
la  fin  du  mois.  Tons  les  arbres  fruitiers 
etoient  en  fleurs  le  29. 

Les  hirondelles  etoient  en  grand  nombre 
le  20.  Le  coucou  n'a  chante  qu'aux  environs 
du  29. 

La  conftitution  continue  a  etre  catharrale. 
I]  y  a  eu  beaucoup  de  fluxions,  &  Ton  ob- 
ferve  plufieurs  maladies  catharralss.  11  y  a 
quelques  apoplexies  ;  mais  la  fievre  tierce 
eft  la  maladie  la  plus  frequente.  Elle  fe  ter- 
mine  fouvent  par  des  eruptions  fous  le  nez, 
&  autour  de  la  bouche.  Le  nombre  des  ma- 
Jades  eft  peu  conftderable. 


208 


ACADEMIE 


OBSER  VA  TIONS   ME  Tt:0R0L0GI<2.UES. 

MAI. 


THERMOMETRE. 

BAROMETRE. 

"T 

MATIN. 

Ml  DI.  .' 

J  0  I  R. 

MAT  I  N. 

Midi. 

i>  0  1  R. 

1 

jeg.  12. < 

deg.  12. 

leg.  12. 

po.  1.    12; 

)0.   1.    I  2    J 

-7-    ^-  3 

)0.    1.    )  2. 

1 

II.      3 

12 

9 

27.     I.    3 

;•  3-  (' 

2 

6 

9.     9 

6.    9 

4.  6 

5-  ■: 

6 

3 

6.    9 

10 

7 

6 

5-  9 

5-  9 

4 

5-    9 

10 

8 

5-  9 

6 

6.  6 

5 

7 

12 

9 

7-  3 

7-  3 

7.   3{ 

6 

8.     3 

13.     9 

12 

7-  3 

6.  < 

6.  9 

7 

10 

15.    6 

13 

6.  9 

6.  0 

6.  6 

8 

II 

17 

M 

6.  3 

6 

6.  ^ 

9 

12 

19 

14 

6.  6 

6 

6 

lO 

14 

19 

1$ 

5.  6 

4.  9 

4.    ^: 

ii 

14 

17 

14 

4-  3 

4-  3 

4.   '; 

12 

12 

14 

10 

5-  9 

6., ' 

7.  :• 

13 

10 

13.     9 

10 

7.  6 

7-  ^ 

7-  s 

M 

10.    6 

15 

12 

7-  9 

7.  f 

7.  I 

i-i 

12 

16.     6 

12 

7-  9 

7-  3 

7.  ^ 

i6 

n-   3 

18 

M 

7-  ^' 

7.  9 

7- 

i; 

14.  ^ 

20 

16, 

7.  6 

7 

6.  ^ 

li: 

16.  3 

21 

16.     9 

6.  ^ 

6.  6 

5    s 

Ii 

16 

21.     c 

17-     3 

6 

5.  6 

5-  ',' 

2C 

16.  s 

iO 

26 

6 

6 

^T 

21 

1-6 

21 

18.     6 

7-  3 

7.  ^ 

7-  ^' 

2- 

17 

21.       S 

18.     6 

7-  ' 

7 

6.  - 

17 

22 

18.     9 

6.  ^ 

6 

S-  3 

24 

18 

21.        3 

t9 

5-  < 

5.  6 

5.  6 

-  c 

18.    ( 

22 

17.  s 

5-  ^ 

5-  ^ 

>         5 

2^ 

16 

21.    ; 

18 

4.  ^ 

3-  ^ 

>          4 

2/ 

16.   : 

20 

10 

4 

4-  ' 

^  6 

,2^ 

T2.        ' 

5    16 

12 

7 

6.  ( 

)         6.  9 

^^ 

)      10.        < 

S    16 

13 

6.  < 

)         6.  ' 

t          6 

3^ 

5      13             1     18. 

9    15 

5-  ' 

5         5 

4.  r. 

31I  14.     c|  t8. 

?    1^ 

4 

/I    / 

1       r 

^ 

D  E     Dijon,  iy84. 


209 


FENTS    ET    ETAT    DU   C I E L. 

MAI. 


Matin. 


S^  ,  +nu.  -pi. 
O  ,  fe.  Ro. 
N  O ,  fe.  RO.  gb. 
N  X  5  -nu.  RQ, 
MX  ,  le.   ' 
N  ^ ,  re. 
NX,  fe. 
bX  5  fe.  RO. 
S,  fe.  «o. 
N  X ,  -nu^ 
Sx  >  nu. 
Ox,  +nu.  pin, 
N^,  nu. 
NX,  fe. 
N  X  ,  fe. 
N  X ,  fe. 
NNO  X ,  fe. 
!^X,  fe. 
NO,  fe. 
Ex,fe. 
E,  fe. 
N  X ,  fe. 
NX,  fe. 
S^,  fe. 
SSO  X ,  fe. 
S^  ,  fe. 
S^,  nu. 
'^Oi^,  nu. 
Ox,  fe.  RO. 
30jNE,  fe. 
I31  |Nx,  fe.  RO. 


Midi. 


nu. 


SO,  -f"'^"' 
O  ,  -nu. 
NO^, 
Nx,  Ce. 
^X,fe.     , 
Ex,  fe. 
Sx ,  fe. 
SOx,  -nu. 
SOx,  fe. 
SE ,  -nu. 
Sx,  +nu. 
ONOX,  +nu. 
Nx,  -nu. 
Nx,fe. 
N  X ,  -nu. 
Nx,  fe. 
NEx,  fe. 
Ex,  fe. 
Ex  ,  -nu. 
Sx  ,  -}-nu, 
NNEx,  -nu. 
NNEX,  -nu. 
Sx,  -nu. 
S^,  -f-nu. 
S^,fe. 
S^,  -fnu. 

s:^,-fnu. 

^Ej^,nu. 
NE^,-nu. 
NNEx ,  -nu. 
NNEx  ,  fe. 


S   O   I    R. 


O^,    CO. 
O,  fe. 

N^,  -nu. 

Nx,  fe. 
Ex ,  le. 
S,  fe. 
SO  X ,  fe. 
SOx,  H-fe. 
SOx,  -1-nii. 
Sx,  CO.  pL 
Nx,  fe. 

NNO,X,fe. 
N  ^,  fe. 

NEx,  fe. 
NEx,  fe. 
Ex,  fe. 
Ex,  fe. 
E  X ,  fe. 
O  ^ .  fe. 
Nx,  fe. 
E  X  ,  -f-fe. 

s:^,  fe. 

S  ^ ,  nu. 
S  ^     J-fe 

S  ^  ,  -j-nu. 
O^  ,  CO. 
Ox,fe. 
NE^,  fe. 
NEx  ,  -nu, 
Nx,  fe. 


210  ACADEMIE 

RtCAPITULATION, 

L'air  a  toujours  eu  dans  ce  mois  beaucoup 
de  pefanteur  &  d'elafticite. 

Le  mercure  s'eft  prefque  toujours  foutenu 
dans  le  barometre  a  une  grande  hauteur , 
eft  defcendu  une  feule  fois  a  27  p.  1 1.  3  '*% 
&  jamais  au  deffous  de  27  p. 

Sa  plus  grande  Elevation  a 
ete  de 27p.  7I.  9"^. 

Sa    moindre    de      ...  27       i      3 

Ce  qui  donne  de  balancement  61.  6  "^^. 

Son    elevation    moyenne 
dansle  cours  du  moisaete  de  27  p.  6  I. 

La  temperature  a  ete  fraiche ,  &  meme  u« 
peu  froide  dans  les  premiers  jours  ,  tres- 
chaude  dans  fon  milieu ,  un  peu  fraiche  fur 
la  fin. 

La  plus  grande  elevation  du  mercure  dans 
le  thermometre,  a    6te    de  +2i<^.  9'*% 

La  moindre +    6 

Latitude  de  dilatation  difFerente   1 5  «*.  9  '  *^ 

Ce  qui  donne  de  balancement  +  15^.  9  "'^. 

La  moyenne  elevation  du 
mois    entier    de     .     .     .     .  +14^.  9'*** 
De  forte  que  la  temperature  de  ce  mois  a  ete 
a  celledudegremoyen*.  *.  +  14.  9  '*^  *.  +  lO. 

La  conftitution  a  ete  extremement  feche, 
excepte  dans  les  fept  premiers  jours  oil  il  y 
a  eu  un  peu  de  rofee. 

II  n'a  phi  que  quatrefois  ,  &  il  n'^fl:  tombe 
qiie  4  1.  6  ^^^  d'eau.  Les  rivieres  font  extre- 
mement baffes. 

Le  ciel  a  prefque  toujours  ete  fereln,  &  il 
n'y  a  eu  que  la  valeur  de  fix  a  fept  jours 
de  couverts  ou  nuageux. 


D  E     Dijon,  iy^4.  211 

Lss  vents  du  N  &  de  I'E  ont  ete  les  dominans ;  ce- 
pendant  ceux  de  I'O  &  du  S  ont  I'ouffle  pendant  la  va- 
ieur  de  treize  jours  &  un  pen  plus. 

La  vegetation  retardce  a  fait  beaucoup  de  piogres.  Les 
navettes  ibnt  entrees  en  lieurs  des  les  premiers  jours  dn 
mois. 

La  vigne  jette  beaucoup  ,  mais  celle  des  raifms  blancs 
plus  que  celle  des  rouges.  On  a  appert^u  des  boutons 
a  fruits  developpes  des  le  8  ^  ui.  elle  eft  entree  en  fleurs 
l'ur*la  fin  du  mois. 

Tous  les   arbres  font  fleuris  &  garnis  de  feuilles. 

Les  feigles  font  en  epis  des  le  9,  &  font  entres  en  fleurs 
aux  environs  du    18. 

Les  fraifes ,  les  cerifes  &  les  petits  pois  ont  ete  mis 
€n  vente  des  le  milieu  du  mois. 

On  a  commence  ,  dans  les  preniiers  jours  ,  la  femaille 
du  chenevis ,  du  mais  &  des  legumes ;  mais  la  fecherelTe 
ies  a  en  grande  partie   empeche  de  germer. 

Les  caiiles  font  arrivees  ,  mais  en  petit  nombre. 

Les  oifeaux  font  en  fi  petit  nombre  ,  qu'on  en  volt 
tres-peii  ,  &  que  les  campagnes  font  raremem  egayees 
par  leur  ramage. 

Les  hannetons  font  (ortis  de  terre  des  les  premiers 
jours  du  mois  ;  ils  etoient  en  fi  grande  quantite  aux 
environs  du  15  ,  qu'ils  fatiguoient  les  voyageurs.  Ces 
infeftes  ontdevore  les  feuilles  de  la  plupart  des  arbres  , 
&  les  fleurs  de  tous  les  fruits  qui  n'ctoient  pas  noues. 
Les  pruniers  &  les  pomm.iers  font  les  arbres  qui  ont 
le  plus  fouiTert. 

Les  herbes   des  prairies  ibnt  treS'Courtes. 

La  confiitution  a  continue  a  etre  catharrale  ,  &  fur 
la  fin  du  mois  s'efl  compliquee  avec  la  bilieufe. 

On  a  vu  toutes  fortes  de  miladies  catharrales ,  no- 
tamment  des  rhumatifmes  goutteux.  Plufieurs  fievres 
avec  eruptions  rouges.  La  nevre  tierce  eft  la  maladie 
la  plus  commune  ;  elle  prend  un  caraiftere  mixte  bilieux 
&  catharral  ,  eft  fouvent  accompagnee  d'eruptions  ur- 
ticaires  ,  &  fe  termine  par  des  eruptions  de  puftules 
fuppurantes  autour  de  la  bouche  &  fous  le  nez. 

II  y  a  quelques  vertiges ,  quelques  depots  laiteux 
aigus ,  &  plufieurs  fievres   puerperales. 

Le  nombre  des  malades  n'eft ,  cependant  pas  bien 
confiderable. 


212 


A    C    A   D    E    M  I   E 


OBSER  VA  TIONS   ME TEOROLOGIQUES. 
J    U    I   N. 


THERMOMETRE. 


9-  MATH 
deg. i: 


I 

2 

3 

4 

5 
6 

7 
8 

5 
ic 

II 

15 


19 


;120 
2,1 
22 

'24 
i  26 
[■28 


6. 


4 
6. 


S 

2. 

2. 
4. 
4. 
3- 

2. 
I. 
I. 

4- 
3 
3- 
3- 


7.      6 


Mid  I.  S  o  I  r 


deg. 


12 


lb 
18 
18. 
19. 

20. 

20. 

i8. 

18 

20. 

19. 

17. 

17- 

19 

17. 

19. 

21. 

21. 

15- 

17 

19. 

20. 

16 

16. 

15 

14- 

17 

19 

15- 

18. 

18. 


deg.  12. 


4. 

S 
4- 

6. 

/■ 
O. 

^• 
3 

6.     3 

4-     9 
3.     6 
5 
5 

5.     6 
6 

4 

3- 

5- 

7- 
4. 

3 

2. 


>     3 

5 

4.     3 


BAR  O  MET  R  E. 


MATIN. 


po.  1. 


27. 


Midi. 


po. 


3.  6 
4-  3 
5 
6.  3 

5.  6 


4- 

5 
6 

5- 
4 
4. 
5- 

4 
6. 

7- 

7- 

5- 

5 
6. 

6 
5 


3.  6 

2 


3 


4- 
5- 
4- 
4- 
5- 
4- 


1.  I 


27. 


3-  ^' 
4.  6 

5-  < 
6.  3 

4.  6 

4-  3 

5.  0 
6 

4.  9 
4.  6 

5 

5-  3 
4.  6 

7 
8.  3 

6.  9 

5 
5.6 

6. 

5- 

3- 

2. 

3- 
2. 

9 


4. 
5- 
3- 
4- 
5- 
3-  3 


S  O  I  R. 


o.  1.  i; 


;;• 


4 
5 

6 
6 

4- 
4- 
6. 
6 
4- 
4- 
6 

4- 

5-  3 
7 
8 


4- 
6 
6. 


3t 
3 

3 

9 
6 


6i 
3 

6 


6 

9 

3 


3 

3-  9 
5.  6 
5-  3 
3-  9 
S-  3 


9 
9 


D  E    Dijon,   iyS4, 


215 


VENTS     ET    tTAT    DU    CIEL. 
J   U  I  N. 


10. 

lu 
ill. 

1 

2 

3 

4 

5 
6 

7 

I   ^ 

9 

10 

[  I 

12 

■3 

14 

15 
16 

17 
18 

19 
20 

21 

22 
23 

26 

^7 
18 
29 
30 


Matin. 


N^,  fe.  Ro. 
NE:§^,  fe. 
NEx,  fe. 
NEx,  -nu. 
Ox,  nu. 
SO  X  ,  fe. 
Ox  ,  -hnu. 
Ox,  fe. 
NOX  ,  nu. 
SO,  nu.  --pi. 
SO  X ,  -nu.  -pL 
SO ,  fe. 
S,  fe. 
SOx,  nu. 
SOx,  CO. 
Ex,  fe. 
0^,fe. 
NOX,  CO.  p/, 
NNEx ,  fe. 
O,  fe. 
O,  fe. 
Sx,  CO.  pi. 
SSO,  CO. 
Sx,  CO.  -pi. 
SSO  X ,  CO.  pi. 
SOx,  nu. 
S  X  ,  +nu. 
SOx  ,  CO. 
SO ,  -j-nu. 
NOx,  +nu. 


Midi. 


NEx,  nu. 
NE^,  fe. 
SE  X ,  nu. 
ESEx ,  -nu. 
SO  X  ,  nu. 
O:^,  -l-nu. 
Ox,  nu. 
NOx  ,  -nu. 
SE^,  +nu.  r.-pl. 
so  ^,j;nu.or.T.  pi 
SSOx ,  +nu. 
SEx,  fe. 
SOx,  nu.  -pi. 
SO  ^ ,  -f-nu. 
OSO^  ,  nu. 
SEx.  fe. 
SO^,-nu. 
Ox,  nu. 
Nx,  -nu. 
SSEx,  fe. 
Sx,  -nu. 
so^^,co.-T.+pi. 
SOx ,  -f  nu. 
SO:^,+nu.4-/;/. 
SOx,  -|-nu. 
SSOx  J  +nu. 
SO^,  nu. 
OSOx,  -|-nu. 
OSO  X ,  -nu. 
SSO^,  nu. 


S   O    I  R. 


NE,  nu. 
N  X ,  fe. 
Nx,  -nu. 
S  X ,  fe. 
SSOx,fe. 
O^,  CO.  -pi. 
ONOx,  fe. 
Nx,  fe. 
Ox,  nu. 
Sx,  nu. 
SO  X ,  fe. 
Ex,  +fe. 
SOx ,  CO.  pi. 
SO^,co. 
Ox,  fe. 
Sx,  fe. 
Ox ,  -}-mi. 
Ox,  CO. 
E,  fe. 
O  X .  fe. 
Sx,  co.pl. 
SO^,co. 
SSEx ,  CO.  -pi. 
OSOx,  CO. 
OSOx ,  nu.  pi. 
SO,  CO. 
SO^,co. 
OSO,  CO. 
O,  nu. 


pi. 


N,  fe. 


•214  A    C    A    D   E    M    I   E 

RtCAPlTULATION. 

L'air  a  toiijours  eii  une  pefanteur  &  une 
elafticite  an  deffus  de  la  moyenne ,  &  fou- 
vent  tres-forte  fans  aucun  paffage  bruCque. 

La  plus  grande  elevation  du  merciire  dans 
le  barometre  a  ete  de   .   .  .  27  p.  8  1.  3  '*''. 

La  moindre  de     ....   27      i     3 

Ce  qui  n'a  donne  de  balan- 

cement  que 61. 

La  moyenne  dans  le  mois 
a  ete  de 27  p.  4  1.  i  '**. 

La  temperature  a  ete  chaude  ,  &  prefque 
au  meme  degre  dans  tout  le  cours  du  mois  , 
fans  paffage  brufque.  II  y  a  eu  une  fraicheur 
peu  fenilble  fur  la  fin,  &  il  n'y  a  point  eu 
de  chaleur  exceffive. 

La  plus  grande  elevation  du  mercure  dans 
le  thermometre    a    ete    de  +2i«'.  9'"% 

La  moindre  de     ,     .     .    .  +  12     3 

Ce  qui  donne  de  difference 

€n    latitude  de   dilatation  ,  +   9^.  6  ''^ 

Son    elevation    moyenne 
dans  le  mois  entier  a  ete  de  +  15^*.  il  '^^ 
Et  la  temperature  moyenne  de  ce  mois  a  ete 
au  degre dutempere ordinaire*.  *.  +  15  ^*  li'^*' 

:  +  io.     , 

La  fechereffe  a  ete  tres-fort^  ,  I'ouvent 
exceffive ,  &  Tevaporation  tou}(»urs  grande 
a  ete  fouvent  de  3  lignes  par  joiur,  &  une 
fois  de  4  lignes. 

II  a  cependant  plu  huit  fois ,  &  une  con- 
liderablement.  II  y  a  eu  deux  orages  avec  de 
grands  coups  de  tonnerre  ,  &  il  eft  tombe 
.1  p.  ,2.1. 12' ^^  d'eau. 


D  E    Dijon,  1^34,  nj 

Les  vents  de  TO  &  dii  S  ont  ^te  les  do- 
minans  ,  &  ont  regne  en  difFerens  temps  pen- 
dant plus  de  22  jours,  fouvent  avec  impe- 
tuofit^.  Ceux  duN  &  de  I'E  ont  ete  fouvent 
tres-vifs. 

Le  froment  n'eft  entre  en  fleurs  que  vers 
le  milieu  du  mois.  Sqs  tiges  n'ont  point  ete 
genees,  dans  leur  developpement,par  de  mau- 
vaifes  herbes  ,  mais  elles  i'e  font  pen  elevees, 

Les  mars  font  tres-clairs  &  s'elevent  peu. 
On  s'efl  vu  force  de  femer  de  nouveau  le 
chenevis.  On  a  fait  la  femaille  des  navettes 
d'ete  ;  mais  tous  ces  grains  ne  germent  que 
difficilement. 

Aux  hannetons  qui  ont  difparu  vers  le 
milieu  du  mois  ,  ont  fuccede  des  chenilles  & 
des  fauterelles  en  tres-grande  quantite.  Les 
degats  enormes  que  faifoient  celles-ei  dans 
les  prairies ,  ont  force  a  commencer  la  fau- 
chaifon  aux  environs  du  20,  quoique  Ther-. 
bage  en  fiit  tres-court. 

Les  mulots  &  les  rats  ont  fait  beaucoup  de 
ravages  dans  les  champs  &  dans  les  granges. 

La  conflitution  a  continue  a  etre  cathar- 
rale ,  &  un  peu  plus  bilieufe  que  dans  le  mois 
precedent. 

On  a  vu  encore  des  fluxions  de  difFerens 
genres ,  &  quelques  fauffes  pleurefies. 

La  fievre  tierce  s'eft  encore  montree.  II  y 
a  eu  quelques  doubles  tierces  ,  quelques 
fievresardentes,  quelques  coliques  bilieufes, 
quelques  dyfenteries  inflammatoires  &  bi- 
lieufes. Mais  il  y  a  eu  en  general  peu  de 
malades,  FIN. 


fittt^ 


r,.^i 


PLAIN" 

aai     Cjr/~a//cu    2iArr2/    Stir  C't. 


ActJ.  J,    ]j,i„„    l/.S.„.^»,  „-4. 


mi 


COUPK       JJKS    GKO'i  i'K.S    J)AR(.^       /«/•    Tw,' 


N  O  U  V  E  A  U 


D  E 
VACAD&MIE  DE  DIJONj 

t»OUR     LA     PARTI  E 

BES   SCIENCES    ET  ARTSi 


SECOND    SEMESTRE    I7840 


'A  VIS. 


X-'ACAD^MIE  s'etolt  propofee  de  falre  reim- 
primer  le  fecond  Cahiar  Semeftre  de  1782 ,  fi  les  de- 
jnandes  I'y  determinoient.  Elles  Yy  ont  decidee  ;  mais 
on  n'en  a  tire  que  peu  d'exemplaires  au  deffus  du 
liombre  de  ceux  qui  ont  ete  demandes.  On  en  trouvera 
qhQi  M,  Baroi^  le  jeune ,  &  ghe^M.  CROuLLEftoiSa 


TABLE 

Des  ouvrages  contenus  dans  le  fecond 
Semeftre  de  1784. 

J,wJl  em 01  re  fur  la  qualitc  contagieufe  de 
qudqucs Jluxions  dc  poitrinc ,  par  M.  MaRET. 

Pag.   U 

Nov  VEA  U  moyen  de  multiplier  les  arbres  stran- 
gers, par  M.  DURANDE.  7* 

Qb  s  E  RVAT  I  0  IT  fur  unc  colique  billcufe 
compUquee  de  fciatique^  par  le  meme.       10. 

Mem  01  RE  fur  le  Nojlock ,  par  le  R.  P, 
Vernisy.  13. 

Memoirs  fur  tepalffeur  quon  doit  donner 
aux  murs  de  foutenerncnt  ^  pour  refifler  a  la 
poujfee  des  terres  ,  premiere  partie.  Par  M, 
Gauthey.  28. 

Me  moire  fur  le  brouillard  qui  a  regne  en. 
Juin  &  Juillet  /y^j ,  par  M.  Maret.     66. 

P B S  E R  VA T ION s  fur  les  precedes  employes 

pour  fairs  perir  la  chryfalid&   du  ver'a-foie  , 

par  M.  Chaussier.  80- 


Reflexions,  botanlques  &  mUklnalcs j 
fur  la  nature  6*  hs  propr'uus  de  t agaric  de 
chincy  par  M.  ViLLEMET.  pag.  85. 

S  SA  i    d^ anatomic  ,  fur  la  Jlruciurc    &    Us 
ufages  des  epiploons,  parM.  CllAUSSIER,  95. 


£s 


E S SAI  fur  cette  quejlion  :  Vor  que prend  tacide 
nitreux  bouillant  ,  eji-il  vsritablement  dijfous.^ 
par  M.  D£  MoRVEAU.  133; 

^Analyse  de  teau  du  lac  de  Cherchidio  y 
pres  de  Monte-Rotondo  en  Tofcane ,  par  M, 
Maret.  151. 

Memo  I  RE  fur  la  glace  qui  fc  forme  a  la  fu- 
perficie  de  la  terre  ,  en  aiguilles  ou  filets  per- 
pendiculaires  ,  par  M.  RiBOUD.  1 63. 

Me  M  O  t  R  E  fur  toriglne  des  glaces  que  les 
fieuves  &  les  grandes  rivieres  charient  dans 
le  temps  des  fortes  gelees ,  par  M.  GODART. 

178. 

O  B  S  E  K.  VA  T I O  N  fur  une  cataracie  compli" 
quee  avec  la  diffolution  du  corps  vitrl ,  par 
M.  Chaussier.  202. 

Suite  de  thijloirc  meteoro-nofo-logique  dc 
tannie  //^4,  par  M.  MaRET.  a07« 


m£moires 


D    E 


EACADEMIE  DE  DIJON, 

ANNEE        1784. 


S 


SECOND     SEMESTRE. 


M   E   M  O  I   R   E 

SuR  la   qualitc  contagieufe  de  quelquei 
efpeces  de  fluxions  dc  poitrine^ 

Par   M.  Maret. 

ES  reflexions  fuf  difFi^rens  ev6- 
nements  que  la  pratique  de  la 
Medecine  m^avoit  mis  dans  le  cas 
de  faire ,  m'avoient  fait  foupgon- 
ner  que  certaines  efpeces  de  flu- 
xions de  poitrine  pouvolent  fe  communiquer 
par  contagion,   Mais  n'ayant  point  encore 


2  ACADiMIE 

t^uni  affez  de  faits  pour  prononcer  fans  re- 
ferve  fur  lent  qualite  contagieufe,  je  ne  me 
hafardai  a  prefenter  cette  trifle  verite  que 
comnie  une  conjefture  qui  me  paroiffoit  me- 
riter  attention.  Des  obfervations  recentes  & 
tres-multipliees,  m'autorifent  a  prendre  au- 
jourd'hui  un  ton  plus  affirmatif,  &  a  aflurer 
qu'il  eft  des  fluxions  de  poitrine  contagieufes, 
&  qui,  caufees  par  I'intemperie  de  rathmof- 
phere  ,  fe  propagent  par  la  communication 
des  gens  fains  avec  les  malades. 

II  eft  poffible  ,  je  le  fais ,  que  des  caufes 
aufli  generales  que  celles  auxquelles  on  doit 
attribuer  les  fluxions  de  poitrine',  afferent 
dans  le  meme  temps ,  dans  le  meme  lieu ,  plu- 
iieurs  perfonnes,  puifque  toutes  font  expo- 
fees  a  leur  aftion.  Mais  lorfque  Ton  voit  un 
grand  nombre  de  maifons  du  meme  village  , 
placees  dans  les  memes  rues ,  dans  les  memes 
circonftances  locales,  exemptes  de  ces  ma- 
ladies; quand  on  voit  conftamment,  dans  les 
maifons  oil  cette  maladie  s'eft  declaree,  plu- 
lieurs  perfonnes  en  etre  fucceftivement  atta- 
quees  ;  quand  on  voit  les  membres  d'une 
meme  famille ,  ceux  fur-tout  qui  communi- 
quent  le  plus  entre  eux ,  frappes  du  meme 
fleau ,  &  les  parens ,  qui  des  villages  voifins 
volent  a  leur  fecours,  remporter  la  meme  ma- 
ladie avec  eux,  &  la  communiquer  a  leurs 
femmes ,  a  leurs  enfans  ,  a  leurs  domeftiques : 
peut-on  meconnoitre  le  caraftere  contagieux 
des  maladies  qui  fe  propagent  d'une  maniere 
aufll  frappahte. 


D  E    Dijon,    /t^^;  ^ 

0\  J  I'epidemie  qui  a  regne  a  Gemeaiix 
dans  le  mois  dernier,  a  tellement  multipli^ 
les  faits  de  ce  genre,  que  ces  faits  forment 
la  preuve  la  plus  complette  de  la  contagion 
de  quelques  efpeces  de  flilxions  de  poitrinej 
&  que  pour  en  convaincre ,  il  fuffit  d'en  faire 
Fenumeration. 

Cette  maladie ,  dont  les  ravages  ont  engage 
le  Gouvernement  a  m'envoyer  au  fecours  des 
malades,  etoit  une  fauffe  pleurefie  putride* 
Parmi  ceux  qui  en  ont  ete  attaqu6s,on  compte  t 

Quatre  maris  &  leurs  femmes. 

Un  mari,  une  femme,  leur  frere  &  leuf 
beau-frere. 

Une  femme ,  fon  pere ,  fa  foeur  &  fon  frere* 

Une  autre  femme  ,  fa  fille  &  fa  belle-fille* 

Une  autre  femme  &  (es  deux  domefliques* 

Une  autre  femme ,  fa  fille  &  fa  belle-fille* 

Un  pere  &  fon  fils* 

Deux  loeurs* 

Une  veuve  &  fon  domeftique* 

Une  mere  &  fa  fille. 

Une  mere  &  fa  fille* 

Un  frere  &  une  foeuf* 

Un  oncle  &  fon  neveu. 

II  ell  fans  doute  inutile  de  joitidte  aitciirtes 
Ireflexions  a  une  lifle  aufTi  concluante  ,  il 
cfl  evident  qu'a  fa  lefture  feule  on  recon° 
noitra  la  contagion  de  la  maladie.  Mais  d'aii-^ 
tres  faits  la  demontrent  encore. 

Le  chateau  eft  ifole  du  village,  &  dans  Urt© 
fituation  qui  etablit  une  grande  difference 
entre  ces  differentes  habitations,  relativet»erj| 

Aii 


I 


^  A   C  A  D  E   M  I  E 

anx  caufes  locales.  Un  domeftique  a  reniii 
des  foins  a  plufieurs  de  fes  parens,  il  a  ea 
la  maladie ,  &  trois  autres  I'ont  eu  fuccefli- 
vement. 

Le  nomme  Brocard,  Habitant  de  Flacey," 
&  fa  femme ,  font  venus  a  Gemeaux  vifiter 
&  foigner  le  nomme  Jean-Baptifte  Brocard 
&  fa  foeur ,  qui  ont  ^te  des  premiers  attaques 
de  la  maladie  regnante ,  &  en  font  morts.  Ce 
Brocard  de  retour  chez  lui ,  a  prls  la  meme 
maladie  ,  &  y  a  fuccombe.  Sa  femme ,  fon 
fiis  &  fa  fille  I'ont  eu  egalement,&  font  gu^ris. 

A  Piffange  &  a  Is-fur-Tille  ,  dont  le  voi- 
finage  de  Gemeaux  rend  les  communications 
frequentes;  on  a  vu  aufli  quelques  perfonnes 
attaquees  de  la  meme  maladie,  &  ces  per- 
fonnes avoient  foign^  des  malades  de  Ge- 
meaux. 

A  ces  faits  je  vais  en  ajouter  dont  j'ai  6t6 
plus  particulierement  I'obfervateur. 

La  femme  du  nomme  Mariglier ,  Jardinier 
demeurant  au  fauxbourg  St.  Pierre ,  eut  une 
fauffe  pleur^fie  du  meme  genre  que  celle  qui 
regnoit  a  Gemeaux ,  &  en  a  gueri.  EUe  etoit 
au  fixieme  jour  de  fa  maladie ,  lorfque  fon 
mari  la  contrafta. 

Le  frere  de  celui-ci ,  demeurant  au  meme 
fauxbourg ,  etoit  fouvent  venu  voir  ces  mala- 
des ,  les  avoit  foigne  &  veille,  il  prit  la  meme 
maladie. 

Le  nomme  Girard ,  demeurant  egalement 
dans  le  fauxbourg  Saint  Pierre,  fut  attaque 
d'une  pleurefie  de  la  meme  efpece,  le  ii; 


D  E    Dijon,  iyS4.  5 

Janvier,  &  en  eft  gueri.  Sa  femme  ,  qui 
I'avoit  veille  plufieurs  nuits  &  I'avolt  fervi 
conftamment,  tomba  malade  de  la  meme  ma- 
ladie  le  19. 

Le  cocher  de  M.  de  Martenay  tombe  ma- 
lade le  24  Janvier.  Sa  femme  chez  laquelle 
il  eft  conduit  &  qui  le  fert ,  prend  la  meme 
maladie  le  6  Fevrier :  treizieme  jour  de  celle 
de  fon  mari ,  cclui-ci  eft  en  pleine  conva- 
lefcence ,  &  fa  femme  fur  le  point  de  fa  gue- 
irifon. 

On  a  perdu  I'annee  derniere  en  cette  Ville 
M^  TAbbe  Courtepee ,  qui  perit  d'une  ma- 
ladie  de  la  meme  efpece.  La  garde  qui  I'avoit 
fervi ,  fut  attaquee  de  la  meme  maladie. 

Tons  ces  faits  me  femblent  prouver ,  fans 
equivoque,  la  contagion  de  la  maladie  (  i), 
&  les  derniers  me  paroiflent  etablir  que ,  de 
meme  que  toutes  les  autres  maladies  conta- 
gieufes ,  les  fluxions  de  poitrine  de  I'efpece 
putride ,  ne  le  font  qu'a  I'epoque  oil  la  crife 
s'eft  faite  ;  puifqu'on  y  voit  la  maladie  fe 
declarer  a  des  termes  oil  elle  a  coutume  de 
fe  faire ,  ou  en  bien ,  ou  en  mal.  II  eft  a  pre- 
fumer  que  ft  j'avois  pu  avoir  des  details  plus 
circonftancies  fur  les  evenemens  de  la  ma- 
ladie de  Gemeaux ,  Tobfervation  auroit  donne 
lieu  a  la  meme  confequence. 


( 1 )  Depuis  le  temps  oil  j'ai  donne  ce  Memoire ,  j'ai 
ete  dans  le  cas  de  traiter  plufieurs  dfpidemies  du  meme 
genre,  &  les  evenemens  m'ontde  plus  en  plus  demontre 
jEette  trifte  verite,  ; 


6  ACAD^MIE 

Cette  verite  qui  me  paroit  bien  etabllej 
paffe  pour  demontree  en  Iflande.  M.  de  Croit, 
Eveque  de  I'lnkoepeng ,  dans  la  relation  du 
voyage  qu  il  y  a  fait ,  &  qui  a  ete  traduite 
du  fuedois  en  francais,  a  Paris,  1781  ,  in-S°. 
parlant  des  maladies  auxquelles  les  habitans 
font  fujets ,  cite  la  pleurefie  ( taek)  qui  quel- 
quefois ,  dit-il,  eft  contagieufe ,  &  prend  alors 
le  nom  de  (land  farfot).  EUe  feroit  bien  de- 
fefperante  &  bien  decourageante  ,  cette  ter- 
rible verite,  s'il  n'etoit  pas  facile  de  fe  pre- 
ferver  de  la  contagion ,  &  H  Ton  n  avoit  pas 
lieu  de  croire  qu'il  faut  qu'elle  foit  imme- 
diate pour  operer  fon  effet. 

Mais  le  petit  nombre  de  ceux  qui  I'ont 
contradee,  comparativement  a  celui  des  per- 
fonnes  qui  y  ont  ete  expofees ,  autorife  a 
croire  que  I'air  ne  fe  charge  point  des  miaf- 
mes  contagieux,  ou  du  moins  ne  les  porte 
pas  au  loin.  Et  pour  s'en  prcferver  ,  il  fuffit 
de  ne  pas  refpirer  direitement  Thaleine  des 
malades  ,  de  ne  point  avaler  fa  falive  tant 
qu'on  eft  pres  d'eux ,  de  ne  point  manger 
dans  leur  chambre,  &  de  fe  laver  la  bouche 
&  les  mains  avant  de  prendre  fes  repas ,  afin 
que  les  miafmes  contagieux  ne  s'introduifent 
ni  dans  les  poumons,  ni  dans  I'eftomac,  voies 
frequentes  des  contagions  les  plus  terribles, 

D'ailleurs  ,  il  eft  neceftTaire ,  &  prefque  tou- 
jours  facile  d'aerer  les  chambres  &  de  les 
ien'iT  propres. 

II  ne  faut  point  alarmer  le  peuple ,  en  lui 
^nnon^ant  la  quality  contagieufe  de  la  ma-* 


D  E    Dijon,  iy^4,  j 

ladle  ;  mais  il  faut  lui  faire  un  devoir  des 
precautions  que  je  viens  d'expofer,  I'ans  lui 
en  confier  le  motif.  II  fuffit  que  les  Paf- 
teurs  zeles  qui  vifitent  les  malades ,  que  les 
Medecins,  les  Chirurgiens  &  les  autres  per- 
fonnes  qui  leur  donnent  des  foins,  en  foient 
inftruits  ,  afin  qu'ils  ne  fe  compromettent 
point,  &  prefcrivent  aux  autres  les  precau- 
tions qu'ils  doivent  prendre. 


NOUVEAU     MOYEN 

JDe  multiplier  les  arbres  hrangers, 

PAR    M.    DURANDE. 


L 


A  nature  paroit  s'etre  beaucoup  attach^e 
a  la  multiplication  des  plantes.  Non-feulement 
elle  accorde  an  plus  grand  nombre  d'entre 
elles ,  une  enorme  quantite  de  femences ;  mais 
de  plus  ,  en  etabliffant  la  vie  dans  chaque 
partie  des  vegetaux  ,  elle  permet  a  I'homme 
de  la  feconder  pour  leur  multiplication.  Ce- 
pendant ,  quoique  I'art  des  Jardiniers  fe  foit 
beaucoup  perfedionne,  il  exifte  des  arbres 
etrangers  ,  qui ,  s'ils  ne  fourniffent  des  fe- 
mences qui  parviennent  a  une  maturite  par- 
faite,  fe  refufent  a  tous  les  autres  moyens  de 
reprodudion. 

Je  crois  pouvoir  mettre  de  ce  nombre  Ta- 
cacia  de  la  Chine.  Cet  arbre  qui  n'a  fleuri 

A  iv 


8  ACADfMiE 

qu'apres  plus  de  trente  ans  dans  les  jardins 
de  Trianon,  oil  il  a  enfin  ete  reconnu  pour 
etre  le  fophora  fynka^  exifte  depuis  pluiieurs 
ann6es  dans  le  jardin  de  I'Academie,  oii  Ton 
ne  doit  pas  etre  furpris  d'apprendre  qu'il  n'a 
point  fourni  de  femences.  J'ai  effaye  inuti- 
lement  de  le  multiplier  par  bouture,  en  cou- 
pant  una  de  fes  branches ,  &  la  mettant  en 
ferre  fouS  chaffis ,  par  drageons  ,  en  faifant 
Tamper  fes  branches  fous   terre  ,   en  faifant 
pafler  ces  memes  branches  a  travers  un  en- 
tonnoir  rempli  de  terre  ,  elles   n'ont  point 
fourni  de  racine.  La  grefFe  fur  I'acacia  ordi- 
naire,   robinia-pfiudo' acacia  y   n'a  pas   eu  plus 
de  fucces  :  mais  une  methode  bien  plus  firaple 
a  reufli  completement ;  en  coupant  une  ra- 
cine ,  la  pla^ant  fous  un   chaffis  dans  une 
bonne  terre  de  couche  ,  elle  a  pouffe  une 
tige;  car  les  racines  font  pourvues  de  germes 
propres  a  produire  des  branches  &  des  tiges. 
Le  fevier  gleditjia- triacantkos ,  qui  veritable- 
ment  fournit  fouvent  des  graines  apres  plu- 
fienrs  ann6es  ,  mais  qui  a  paru  fe  refufer  dans 
C€  jardin  a  la  multiplication  par  bouture,  par 
marcotte  &  par  drageons  ,  a  r^uffi  en  ufant 
de  la  meme  methode.    Le  chicot  (  guilandina 
dioica )  a  ete  multipli^  de  meme.    M.  Dau- 
benton  avoit  r^uffi  a  multiplier  ce  dernier 
arbre ,  en  decouvrant  feulement  quelques-unes 
de  fes  racines.  En  efFet ,  le  plus  g^neralement 
|a  partie  d'une  plante  qui  refte  expof^e   a 
I'air ,  produit  des  branches ,  tandis  que  celle 
gui  fe  trouve  en  terre,  produit  des  racines ^^ 


D  E    Dijon;  17^4:  ^ 

fcomme  on  I'a  fouvent  obferv6  fur  le  faule  , 
mais  il  paroit  que  cela  n'a  lieu  que  pour  cer- 
tains arbres ;  que  generalement  la  feve  eft 
plus  afcendante  que  defcendante ,  qu'ainfi  il 
y  a  plus  de  vie  dans  les  racines  que  dans  les 
branches  ;  ce  qui  fait  que  lorfque  la  bouture 
n'a  point  reuffi  a  pouffer  des  racines,  la  ra- 
cine  a  pu  pouffer  des  branches ;  que  proba- 
blement  I'acacia  de  la  Chine  eft  un  arbre  ou 
la  feve  eft  des  plus  afcendante ,  vu  que  non- 
feulement  la  bouture  ne  reuffit  point,  mais 
qu'il  faut  que  le  cours  de  la  feve  foit  inter- 
cepte  dans  la  racine  pour  qu'elle  pouffe  des 
branches ,  fans  cela  elle  ne  fait  que  fe  deffe- 
cher  a  Tair.  On  doit  meme  obferver  que  le 
chicot  qui  fe  multiplie  en  decouvrant  ies  ra- 
cines ,  pouffe  encore  bien  plus  aifement  des 
branches,  lorfque  la  racine  eft  coupee.  II  eft 
inutile  d'ajouter  que  dans  cette  experience 
on  doit  tenir  les  racines  fous  chaffis ,  pour 
empecherque  I'air  ne  les  deffeche  trop  promp- 
tement;  qu'il  n'eft  pas  molns  effentiel  de  les 
garantir  du  grand  foleil,  &  de  les  placer  dans 
line  couche  bien  6chauffee  &  preparee  avec 
un  bon  terreau,  ce  qui  facilite  Tafcenfion  de 
la  feve.  Ce  moyen  fimple  de  multiplier  un 
grand  nombre  d'arbres  etrangers  qui  ne  four- 
niffent  leurs  graines  que  tres-tard,  ou  meme 
n'en  fourniffent  point ,  eft  fait  pour  nous  in- 
tereffer  :  car  on  fait  combien  TEurope  doit  au- 
jourd'hui  aux  vegetaux  etrangers  qui  I'em- 
belliffent  &  I'enrichiffent,  &  qui  par  des  expe- 
riences bien  dirigees ,  fe  font  fucceffivement 
fiaturalifes  dans  nos  climats. 


lO  ACADI^MIE 


OBSERVATIONS 

SUR  unc  coUquc  hepatique  compliquie  dc 
fciatique ,  &  guerie  par  Ic  dijfolvant  des 
pierres  biliaires. 

Par  le  Mi  me. 

V^UELS  que  foient  Ics  fiicc^s  d'un  retnccle 
dans  line  malaclie  limple  ,  on  pent  toujours 
objeder  avcc  plus  ou  moins  de  vraifemblance, 
que  la  gu^rifon  eft  due  aux  efforts  de  la  na- 
ture ;  il  n'en  eft  pas  de  mcme  dans  les  ma- 
ladies compliquees.  Le  mercure  pafl"e  avec 
raifon  pour  le  Ip^cifique  de  la  verole,  parce 
que  dans  les  maladies  venerienncs ,  foit  firti- 
ples,  foit  compliquees,  il  eft  toujours  em- 
ploye utilement ,  pourvii  que  ce  foit  avec 
les  precautions  que  la  maladie  fecondaire 
exlge.  D'ailleurs ,  il  eft  d'autant  plus  n^cef- 
faire  de  prefenter  la  gucrifon  des  maladies 
compliqudes ,  qu'autrement  le  defaut  de  fuc- 
ccs  pourroit  nuire  a  la  reputation  d'un  re- 
niedc  publie  pour  conferver  la  vie  des  ma- 
ladcs ,  &  les  garantir  des  douleurs  les  plus 
cruelles.  Le  melange  d'ether  &  d'efprit  de 
terebenthine  reuffit  aujourd'huiaParis  comma 
a  Dijon  :  cependant  il  faut  que  les  obferva- 
lions  publiees  dans  les  Semeftres  de  TAca- 


DE    Dijon,   /y^^.  ii 

d^mie  ne  foient  pas  encore  affez  concluantes , 
puifqu'on  cherche  a  retablir  la  reputation  de 
remedes  qui  ni'ont  paru  infuffifans  ,  parmi  lef- 
quels  je  dois  compter  la  terre  foUee  de  tar- 
tre.  On  fait  neanmoins  que  Mad^.  de  Q**. 
en  a  pris  environ  un  baril  ,  &  qu'elle  eft 
morte  de  coliques  hepatiques;  que  Mad^.  fa 
niece  ,  apres  avoir  ufe  du  meme  remede  , 
voyant  fes  maux  s'aggraver  de  jour  en  jour, 
a  fait  ufage  du  melange  d'ether  &  d'efprit  de 
terebenthine, &  qu'aujourd'hui  elle  jouit  d'une 
bonne  fante. 

M.  D**,  apres  plufleurs  acces  de  colique 
hepatiqu"^ ,  vint  a  Dijon.  Je  le  vis  dans  les 
fouffrances.  La  region  epigailrique  droite  etoit 
elevee,  tendue&  douloureufe,  le  pouls  ferre 
&  lent ,  la  peau  briilante  ,  jaune  &  feche , 
I'agitation  extreme.  ^1  fut  faigne  deux  fois  , 
le  fang  parut  tres-coeneux ;  il  prit  des  bains, 
de  Teau  de  veau,  des  fucs  d'herbes ;  il  ufa 
de  lavemens ,  de  fomentations ,  enfuite  il  fit 
iifage  des  extraits  des  plantes  favonneufes , 
des  jaunes  d'oeufs  delayes  dans  I'eau  avec 
quelques  gouttes  de  liqueur  minerale  d'Hof- 
man;  enfin,  du  melange  d'ether  &  d'efprit  de 
terebenthine.  Mais  a  peine  commen^oit-il  ce 
remede ,  que  fes  affaires  le  rappellerent  a  la 
campagne,lieu  de  fa  refidence.  La  il  eutune 
fciatique ,  pour  laquelle  il  fit  ufage  de  de- 
codion  de  tige  de  morelle  grimpante  &  de 
fumigations  de  fuccin.  L'annee  fuivante  il  eut 
plufieurs  retours  de  colique  j  il  fut  faigne  , 
|1  prit  des  bains ,  il  fit  ufage  des  eaux  de 


!i2  Academic 

Vichi  :  le  foulagement  fiit  de  pen  de  diiree.' 
Un  Medecin  de  cette  Province,  qui  jouit  de 
beaucoup  de  reputation  ,  fe  perfuada  que  ces 
coliques  ,  quoique  fuivies  conftamment  de 
|aunifle  ,  etoient  uniquement  rhumatifmales  , 
al  mit  en  ufage ,  pour  combattre  ce  rhuma- 
tifme,  toutes  les  reffources  que  la  pratique 
de  la  Medecine  put  lui  fuggerer.   Apres  un 
long  &  inutile  traitement,  le  malade  revint 
a  Dijon,  oil,  malgr6  la  fciatique,  il  eut  un 
violent  acces  de  colique.  II  ne  put  fupporter 
les  bains,  il  fit  ufage  du  diffolvant  des  pierres 
biliaires ,  &  fut  faigne  du  pied.  La  douleur 
de  fciatique  etoit  tres-aigue,  elle  empechoit 
!e  malade  de  marcher  &  de  dormir.  On  ap- 
pliqua  des  fang-fues  fur  la  cuifle,on  fit  ufage 
^es  caimans  combines  avec  les  preparations 
d'antimoine,  enfin  on  eut  recours  a  la  dou- 
che d'eau  fulphureufe  artificielle  ,  qui  calma 
les  douleurs  de  fciatique ;  mais  bientot  la  co- 
lique  revint.  Je  fis  r^it^rer  la  faignee  dupied, 
&  Ton  appliqua  fur  la  cuifTe  une  large  v^fi- 
catoire ,  dont  la  fuppuration  fut  entretenue 
afTez  long-temps.  On  continuoit  toujours  le 
melange  d'^ther  &  d'efprit  de  terebenthine. 
Enfin ,  les  douleurs  de  la  cuifTe  etant  appai- 
fees  &  le  veficatoire  feche,  M.  D.  ufa  des  dou- 
ches, mais  feulement  fur  Thypocondre  droit. 
L'ufage  du  diffolvant  des  pierres  biliaires  a 
^te  continue  tres-long-temps ;  on  n'a  pas  re- 
connu  de  calculs  dans  les  dejeftions ,  qui  n'ont 
peut-etre  pas  et6  examinees  afTez  attentive- 
gient  i  mais  le  malady  a  fouvent  refTenti  ce% 


b  E    D  I  ir  o  n;  ■/7^^:  if 

^ouleurs  de  la  veficule  qui  annoncent  ordi- 
nairement  le  paffage  des  pierres  biliaires  dans 
les  inteftins.  Enfin,  M.  D**.  a  repris  de  rem- 
bonpoint ;  il  n'a  plus  ni  coliques,  ni  fciati- 
que ,  il  fe  porte  ires-bien.  Ainii,  en  attaquant 
feulement  le  rhumatifme ,  on  n'a  obtenu  au- 
cun  fucces  ;  tandis  qu'en  traitant  cette  ma- 
ladie ,  &  diffolvant  en  meme  temps  les  pierres 
biliaires,  on  a  retabli  la  fante. 


M  £  M  O  I  R  E 

SU  R    LE    NO  S  T  O  C  K. 

Par  le  R.  P.  Vernisy,  Dominicain. 


L 


E  regne  vegetal  prefente  aux  recherches 
du  Botanifte  un  fi  grand  nombre  d'objets  , 
qu'il  paroit  plus  a  propos  d'en  relTerrer  les 
bornes ,  que  de  les  etendre  fans  neceffite ;  noa 
feulement  en  y  admettant  des  varietes  qui 
ne  font  occafionees  que  par  la  culture  ou  par 
la  nature  du  terrein  ,  mais  encore  en  y  in- 
troduifant ,  comme  I'ont  fait  quelques  Au- 
teurs ,  des  fubftances  equivoques ,  ou  qui  n'ap- 
partiennent  point  du  tout  a  cet  ordre  de  pro- 
duQions.  Si  Ton  fait  attention  que  quoique 
Ton  compte  environ  vingt-cinq  mille  plantes 
iie  nos  jours ,  il  en  refte  peut-etre  un  beaur 


14  A   C  A  D  £   M  I   E 

coup  plus  grand  nombre  a  decouvrir  :  cette" 
perfpedive  eft  plus  que  fuffifante  pour  inte- 
reffer  la  curiofite  la  plus  avide.  Indeoendam- 
ment  des  terres  fituees  du  cote  du  pole  auf- 
tral,  qui  menagent  probablement  a  nos  fuc- 
ceffeurs  la  decouverte  d'une  cinquieme  partie 
dti  monde,aufIi  graiide  qu'aucune  des  quatre 
que  nous  connoiffons  :  que  de  trefors  en  ve- 
getaux  inconnus  dans  les  vaftes  provinces  de 
I'Afie.  La  difficulte  d'herborifer  dans  des  con* 
ttees  oil  Ton  ne  pent  voyager  qu'en  cara- 
vannes ,  oil  le  moindre  pas  a  I'ecart  peut  ex- 
pofer  la  forturie  &  la  vie ;  les  vilions  ridi-^ 
cules  d'un  peuple  ignorant  ,  fuperftitieux , 
defiant ,  qui  tourne  toujours  du  cote  de  la 
cupidite  les  eftets  les  plus  louables  du  deffein 
de  s'inftruire  ,  &  qui  croit  que  Ton  en  veut 
a  fes  trefors ,  ou  foup^onne  des  operations 
magiques  dans  les  demarches  les  plus  limples 
d'un  Naturalifte,  eloignent  pour  long-temps 
I'efperance  de  reuflir  a  cet  egard.  On  fait 
neanmoins  de  quelle  importance  feroit  une 
connoiffance  exade  des  productions  de  ces 
pays  ,  qui  etant  le  berceau  du  monde  ,  le 
plus  anciennement  habite  ,  la  patrie  d'un  fi 
grand  nombre  de  Savans ,  donneroit  la  clef 
des  defcriptions  que  nous  ont  laiflees  les  an- 
ciens  ,  qui,  trop  laconiques,  trop  vagiies  & 
trop  obfcures,  ne  nous  offrent  rien  fur  qupi 
Ton  puiffe  fiirement  fe  decider,  par  I'impof- 
fibilite  de  les  comparer  avec  les  originaux 
dont  probablement  i!s  ont  parl6.  D'un  autre 
cote,  tout  rinterieur  de  I'Afrique,  dont  on 


D  e    Dijon,  1^84,  tj 

ne  connoit  meme  qu'imparfaitement  les  cotes, 
les  ifles  Maldives,  les  Philippines;  que  dis- 
je ,  la  plus  grande  partie  de  I'Amerique,  of- 
frent  aux  obfervateurs  le  plus  vafte  champ, 
&  un  objet  bien  plus  digne  de  leur  curiofite, 
que  ce  tas  d'ordures  qui  par  leur  inutilite 
feule  devroient  etre  mifes  a  I'ecart,  &  don£ 
on  a  neanmoins  furcharge  la  Botanique  ibus 
les  noms  AQ'byjfus,  mucor ,  tremella,  lichen^  &C. 
ou  ,  pour  parler  plus  intelligiblement ,  ces 
differentes  efpeces  de  moififfures  qui  paroif- 
fent  n'etre  autre  chofe  que  des  efFervefcences 
occafionnees  par  la  fermentation  dans  laquelle 
fe  trouvent  les  corps  qui  tournent  a  la  pu- 
trefadHon  ,  ou  quelque  portion  meme  des 
corps  a  demi-detruits.  La  fubflance  dont  j'ai 
rhonneur  de  vous  entretenir  ,  merite  plus 
d'attention  par  la  lingularite  de  fa  figure  & 
de  fon  ojigine,  par  la  variete  des  fentimens 
fur  la  maniere  dont  elle  eft  prodiiite ,  0:  par 
les  proprietes  vraifemblablement  exagerees 
que  lui  attrihuent  certains  Auteurs.  J'emprun- 
terai  de  nos  Botaniftes  modernes  ,  &  cle  M. 
Bomar  fur-tout  qui  les  reunit,les  principaux 
traits  qui  la  caraderifent,  &  je  me  permettrai 
enfuite  de  difcuter  fi  c'eft  avec  quelque  fon- 
dement  qu'on  la  decore  du  rom  de  vegetal, 
Le  Noftock  de  Paracelfe  eft  nomme  par  Linne, 
tremella  plicata  undulata  :  par  Micheli  ,  linkia 
tern  (iris  gelatinofi  membranacea  vulp^atifjima  ;  par 
Tournefort ,  no  floe  cinlflonum^  &c.  MM.  Magnol 
&  Tournefort  etoient  d'abord  les  feuls  qui 
reuffent  range  au  nombre  des  glantes ,  mais 


t6  A  C  A  D  i  M  i  £ 

ils  ont  ^te  fuivis  par  la  plupart  des  Natit- 
raliftes  de  nos  jours.  Cette  produdion,  a  la- 
quelie  les  Allemands  ont  donne  le  nom  de 
Noftock  ,  eft  comme  line  efpece  de  gelee 
flottante  &  prefque  toujours  entortillee,  fans 
faveur ,  de  couleur  verte  ,  qui  s'eclaircit  a 
mefure  que  la  membrane  fe  developpe  fur  la 
terre  :  lorfque  le  temps  eft  humide  ,  cette 
pretendue  plante  fe  conferve  en  etat ,  mais 
elle  fe  fane  8f  difparoit  affez  promptement 
lorfqu'elle  eft  frappee  des  rayons  du  foleil. 
Les  Botaniftes  font  partages  de  fentiment  fur 
la  nature  de  cette  produftion  :  quelques-uns 
veulent  qu'elle  tombe  du  ciel  comme  une 
efpece  de  rofee  ,  &  la  nomment  en  confe- 
quence  call  fios ,  coeli  folium  :  nous  verrons 
dans  peu  que  leur  fentiment  n'eft  peut-etre 
pas  le  plus  mal-  fonde ,  quoiqu'il  ne  foit  pas 
aujourd'hui  le  plus  generalement  adopte.  Les 
autres  pr^tendent  qu'elle  eft  une  produftion 
de  la  terre,  a  laquelle,  felon  eux ,  elle  tient 
par  des  racines  fort  deliees.  L'embryon  reel 
ou  imaginaire,  ne  paroit  que  comme  un  petit 
tubercule  charnu ,  molaffe  ,  garni  d'inegalites 
comme  on  en  remarque  fur  les  fraifes :  cette 
fubftance  ne  paroit  qu'entre  Tequinoxe  du 
printemps  &  celui  de  I'automne.Ce  fait  nean- 
moins  fouffre  quelques  exceptions ;  il  m'eft 
arrive  d'en  appercevoir  au  commencement  de 
Novem.bre,  il  eft  vrai  que  la  temperature  de 
Tair  6toit  extraordinaire  pour  la  faifon ,  & 
telle  a  peu  pres  qu'on  I'eprouve  dans  certains 
jours  de  T^te ,  precifeinent  la  meme  qui  fem- 

ble 


D  E    Dijon,  17^4;  17 

ble  favorifer  rapparition  dii  Noftock.  II  fe 
diffout  prefqu'entit^rement  dans  i'eau ,  &  sy 
corrompt  en  peu  de  temps  ;  fi  on  le  laiffe 
fermenter  dans  un  vaiffeau  ferme ,  ii  pourrit 
&  i'e  refout  en  une  liqueur  affez  fetide  , 
laquelle  rouge  d'abord ,  enfuite  bleue,  don- 
ne  ,  ^tant  analyfee ,  du  fel  volatil  concret 
&  beaucoup  d'huile.  Les  Alchymiftes  a  qui 
nous  devons  la  connoiffance  du  Noftock , 
en  racontent  des  chol'es  merveilleufes  ,  le 
decorant  de  noms  c^leftes,  &  le  regardant 
comme  le  prlncipe  &  la  racine  de  toute  la 
nature  vegetale  ;  leurs  Merits  font  a  ce  fujet 
remplis  de  fables  &  d'obfcurite.  Pour  ce  qui 
concerne  ies  propri^tes  ,  M^.  Geoffrey  qui 
paroit  en  parler  avec  moins  d'enthoiifiafme, 
dans  un  M^moire  prefente  a  I'Academie  des 
Sciences  en  1708 ,  ne  laiffe  pas  de  lui  en  at- 
tribuer  d'affez  confiderables  :  il  ecrit  que  i'eau 
diftillee  du  Noftock  a  la  feule  chaleur  du 
foleil,  prife  interieurement ,  calme  les  dou- 
leurs  ,  &  guerit  les  ulceres  les  plus  rebelles, 
meme  les  cancers  &  les  fiftules ,  fi  Ton  en 
imbibe  des  linges  ou  des  flanelles,  &  qu'ora 
les  applique  fur  ces  maux ;  en  general  elie 
paffe  pour  un  diffolvant  fort  doux. 

II  s'agit  d'examiner  a  prefent  ii  cette  pro- 
duftion  eft  un  vegetal  ou  non  :  les  Auteurs, 
comme  nous  Tavons  vu ,  font  partages  de 
fentiment  a  cet  egard ;  les  uns  tenant  pour 
Taffirmative ,  les  autres  le  niant,  &preten- 
dant  qu'elle  tombe  de  Tair  toute  formee* 
Je  ferois  affez  de  Tavis  de  ces  derniers,  fan^ 

B 


l8  ACADEMIE 

pretendre  pour  cela  qu'elle  en  fut  d'une  na- 
ture plus   celefte,  &  je  me  garde  bien  de 
donner  dans  Ics  vifions  des  Alchymift;es,dont 
quelques-uns  la  font  defcendre  des   etoiles 
meme.  Le  peu  d'accord  qui  fe  trouve  entre 
les  Auteurs  ,  qui  la   regardent   comme  un 
vegetal ,  eft  d'abord   une  preuve   qu'ils  ne 
I'ont  pas  fuffifamment  examinee.  Les  uns ,  k 
ce  qu'ils  pretendent,  lui  ont  vu  des  racines  : 
M.  de  Reaumur  au  contraire ,  Tun  de  ceux 
qui  Tont  fuivie  avec  plus  d'exaditude ,  fou- 
tient  qu'elle  n'en  a  point  ,  &   il   a   raifon. 
D'autre  c6t6 ,  cet  habile  Naturalifte  croit  y 
avoir  entrevu  des  parties  de  fruftification ; 
&  il  y  a  apparence  qu'il  s'eft  trompe.   Son 
Memoire  fur  le  Noftock  ,  compris  dans  les 
Recueils  de  I'Academie  des  Sciences ,  pour 
I'annee  1722 ,  quoiqu'ecrit  demain  de  maitre, 
ne  nous  oflFre  qu'incertitude.  Tantot  I'Auteur 
croit   qu'il  n'y   a    qu'une    ieule    efpece  de 
Noftock ,  &  c'eft  le  fentiment  fur  lequel  il 
infifte  le  plus ;  tantot  il  paroit  en  diftinguer 
deux ,  dont  I'une  plus  applatie  &  ^tendue 
comme    une  feuille  ,  ne    porte  jamais    de 
graine;  I'autre  frifee  &  comme  gaudronnee 
par  les  bords  ,  en  eft  quelquefois  entierement 
couverte   au  commencement  du  printemps, 
Ces  pretendues  graines  font  entr'elles  d'une 
tr^s-grande  inegalit^  ;  les  unes  ayant  a  peine 
la  groffeur  d'une  tete  d'epingle ,  tandis  que 
les  autres  font  incomparablement  plus  grofl"es. 
Cette  circonftance  feule  commence  d'abord 
^  les  rendre  tres-fufpeftes ,  puifque  dans  toutes 


If 


D  E    Dijon,  i^^^l  19 

les  plantes ,  les  graines   en  pleine  maturite 

font  a  pen  pr^s  de  meme  forme  &  de  meme 

groffeiir,  amoins  que  par  accident,  quelques- 

unes  d'entr'elles  n'aient  profile    aux  depens 

deleurs  voifines  ,  qui  avortent  par  la  fituation 

gen^e  qu'elles   ^prouvent  quelquefois  dans 

la  capfule  qui  les  renferme.  M.  de  Reaumur 

ne  nous  apprend  point  oil  font  placees  ces 

graines   que   je   carad^riferai    par   la   fuite, 

Ce  qui  paroitroit  plus  decifif  en  faveur  de 

fon  fentiment  ,  ce  font  les  experiences  qu'il 

dit  avoir  faites  en  femant  dans  des  vafes  ce 

qu'il  a  pris  pour  des  graines  :  il  convient  que 

ce  qui  en  a  refulte  n'avoit  point  de  racines, 

que  ce  n'etoit,  pour  ainfi  dire,  qu'un  d^ve- 

loppement  de  ces  petits  embryons  qui  pre- 

noient  leur  accroiffement  a  peu  pres  comme 

les  plantes   marines ;  d'oii  ii  conclut  que  le 

Nofiock  a  une  maniere  de  fe  reproduire  fort 

finguliere  ,  &  tout-a-fait  differente  de  celle 

que  fuivent  les  autres  vegetaux.  Mais  ce  qui 

demontre  Tincertitude  de  ces  pretendues  de- 

couvertes ,  c'eft  que  M.  de  Reaumur  termine 

fon  Memoire  en  avouant  de  bonne  foi  que 

quelqu'accident  arriv6  aux  vafes  qui  fervoient 

a  fes  experiences  ,   ne  lui  a  pas  permis  de 

les  pouffer  aufli  loin  qu'il  auroit  defir^  pour 

les   conftater  ;  qu'au   refte  ,  rien    n'eft  plus 

aife  que  de  fe  fatisfaire  en  les  renouveliant, 

Neanmoins,  malgre  cette  facilite  fi  grande  , 

il  n'a  pas  juge  a  propos  de  les   reiterer  lui- 

meme ;  ou  s'il   I'a  fait ,  il  n'a  pas  it6  aflez 

content  du  refultat  pour  en  faire  part  ai\ 

Bij 


20  ACADEMIE 

public  ;  &  depuis  plus  de  cinquante  ans  > 
auGun  Naturalise  ne  s'eil  occupe  a  eclaircir 
ce  fait,  qui  jufqira  prefent  eft  demeure  dans 
le  meme  point  d'incertitude. 

La  production  reellement  momentanee  du 
Noftock  ,  qui  furpafle  de  beaucoup  la  promp- 
titude de  celle  des  champignons,  puifqu'il 
eft  dans  im  clin  d'ceil  &  tout-a-coup  dans 
fon  etatparfait,  fans  autre  accroiffement  que 
le  renflement  ocoafionnel  de  (es  parties  par 
I'humidite  qui  lui  furvient  ;  fa  deftruftion 
aufti  fubite  &  prefqu'abfolue ,  fans  qu'il  en 
refte  aucun  veftige ,  des  qu'il  a  ete  expofe 
quelque  temps  aux  ardeurs  du  foleil;  les 
epoques  difFerentes  de  (es  apparitions ,  depuis 
I'equinoxe  du  printemps  jufques  &  au  dela 
de  I'equinoxe  d'automne ,  fans  aucune  regu- 
larite ,  contraires  a  la  marche  invariable  de 
tous  les  vegetaux  qui  ont  des  faifons  regimes 
pour  naitre  ,  prendre  leur  accroiffement  fnc- 
ceffif ,  porter  fleur  &  fruit ,  &  enfin  difpa- 
roitre  fuivant  leur  conftitution  plus  ou  moins 
vivace  :  toutes  ces  circonftances  r^unies  an- 
noncent  une  fubftance  differente  du  veritable 
vegetal.  Ce  que  j'avance  n'eft  point  le  re- 
fultat  d'un  coup  d'oeil  paffager,  mais  le  fruit 
d'un  examen  exad  ,  conftant ,  &  tres-fouvent 
reitere ,  de  cette  production  finguliere.  La 
premiere  occafion  qui  me  la  fit  remarquer , 
fe  prefenta  a  la  fuite  d'une  de  ces  pluies 
chaudes  qui  tombent  a  groffes  gouttes ,  mais 
peu  ferries ,  telles  que  Ton  en  eprouve  dans 
les   clialeurs  etouifantes  des  temps  bas   St, 


D  E    Dijon,  1^84.  it 

converts  de  Tdte;  j'en  ramaffai  dans  les  allies 
de  mon  jardin,  oil  tres-affurement  elle  etoit 
tombee  avec  la  pluie,  plufieurs  flocons  tous 
bien  formes,  de  difFerente  grofleur  :  il  n'y  en 
avoit  auciin  de  naifTant  ou  de  plus*  avance 
que  les  autres  ;  tous  etoient  refl'emblans  a 
line  gelee  verdatre  &  tranfparente ,  compofee 
de  plufieurs  couches  comme  crifpees  &  en- 
tortillees  les  unes  dans  les  autres.  Aucune  de 
ees  pretendues  plantes  n'avoit  de  racines  ni 
de  difpofition  a  en  avoir ,  toutes  ne  portoient 
que  fur  un  fable  pierreux  d'une  groffeur  me- 
diocre ,  qui  n'etoit  point  du  tout  propre  a 
favorifer  leur  vegetation  ;  elles  n'avoient 
meme  d'autre  liaifon  avec  ce  fable  qti'une 
iegere  adherence  occafionnee  par  la  vifcofite 
propre  a  cette  fubftance.  Je  ne  me  contentai 
point  de  I'examiner  a  la  vue  fimple,  quoique 
je  la  viffe  affez  parfaitement  pour  etre  bien 
affure  qu'elle  n'avoit  ni  fibres  ni  racines;  mais 
comme  je  voulois  auflx  tacher  de  decouvrir 
i\  je  n'y  appercevrois  par  quelque  veflige  de 
fructification,  je  la  confiderai  attentivement, 
non-feulement  avec  une  loupe ,  mais  meme 
a  I'aide  d'un  tres-bon  microfcope  :  je  n'y  de- 
couvris  ni  racines  ,  ni  apparence  de  fibres 
naifTantes,  ni  rien  que  Ton  put  prendre  pour 
des  fleurs  ou  pour  des  graines.  II  y  avoit 
peu  de  corps  Strangers  qui  n'etoient  meme 
que  quelques  legers  atomes  de  fable  ou  de 
poufliere  qui  y  avoient  ete  portes  par  le  vent 
dont  la  pluie  etoit  accompagnee.  Au  refle  , 
cette   gelee  me  parut  parfaitement  homo- 

B  iij 


12  ACADiMIE 

gene ,  telle  a  peu  pvhs  qu'on  la  decouvre  4 
Toeil  limple ,  excepte  qu'elle  ^toit  en  partie 
depouill^e  de  fa  couleur  verdatre  &  plus 
tranfparente  :  j'y  apper^us  int^rieurement  line 
mulritude  de  petites  nervnres  entrelac^es  , 
qui  reffembloient  beaucoup  an  parenchyme 
des  fewilles;  j'ai  trouve  de  plus  fur  certains 
andividus,  a  leur  furface,  de  perils  tubercules 
arrcndis  de  difFerente  groffeur,  &  ce  font  pro- 
babJement  les  graines  ou  embryons  pretendus 
de  M.  de  Reaumur  :  mais  ces  tubercules  ad- 
herens &  parfaitement  homogenes  a  la  fubf- 
tance  meme  du  Noftock ,  etoient  de.  meme 
I.  »...reque  les  finuofites  qujle  rendent  comme 
gaudronne  dans  fon  contour.  Je  ne  puis  mieux 
les  comparer  qu'a  ces  efpeces  de  verrues  que 
Fon  appergoit  fur  les  feuilles  de  quelques  ar- 
brt'S  ,  &  qui  fe  rencontrent,  entr'autres,  fort 
freqiiemment  fur  celles  du  tilleul ,  foit  qu'elles 
provicnnent  d'un  fuc  trop  abondant ,  ou  de 
la  piquure  de  quelqu'infede  :  les  tubercules 
d:.  Noilock  ne  font  point  de  cette  nature, 
n'^tant  proprement  qu'une  difFerente  configu- 
ration de  cette  gelee.  Ces  decouvertes ,  jointes 
a  toures  les  autres  circonftances  que  j'ai  ex- 
pofees  ci-deffus,  me  convainquirent  que  le 
Noftcck  etoit  bien  moins  un  vegetal  parti- 
culicr  qu'une  decompofition  de  vegetaux.  Je 
crus  d'abord  qu'il  pourroit  bien  n'etre  qu'un 
debris  de  feuilles  enlev^es  par  le  vent  dans 
les  nuages  ,  qui  s'y  Etoient  macerees  par 
rhumidit^  de  ce  fejour  ,  &  par  I'agitation 
qu'^Ues  y  avoient  eprouv^e,  &  qui  retom- 


D  E    Dijon,  ijg4.  2  j 

boient  enfuite  avec  la  pluie  lorfque  les  nuages 
s'entr'ouvrent.  Mais  comme  dans  I'obferva- 
tion  des  phenomenes  de  la  nature ,  il  faut  etre 
de  bonne  foi ,  chercher  la  verite  fans  detour, 
&  ne  pas  s'accoutumer  a  ne  conliderer  les 
objets  que  relativement  a  (es  prejuges  ou  au 
fyfleme  que  Ton  s'eil  forme;  un  pen  de  re- 
flexion me  fit  bientot  appercevoir  que  cette 
idee  ne  pouvoit  fe  foutenir ,  &  qu'il  falioit 
de  toute  neceffite  qu'une  pareille  metamor- 
phofe  eiit  ete  menagee  depuis  long -temps, 
&  ailleurs  que  dans  les  nuages  meme.  Ce  qui 
me  fit  naitre  des  doutes  bien  fond^s  fur  mes 
premieres  conjeftures ,  ce  fut  Tuniformite 
parfaite  qui  fe  trouve  conflamment  dans  tous 
les  flocons  du  Noflock;  ils  tombent  toujours 
en  gelee  bien  formee ,  fans  que  Ton  apper- 
9oive  ,  meme  au  microfcope ,  aucun  veftige 
ni  des  p^dicules  des  feuilles,  ni  de  leurs  prin- 
cipals nervures.  Or,  I'inegalite  de  la  duree 
des  nuages ,  &  par  confequent  du  fejour  qu'y 
font  les  corps  legers  qui  pourroient  y  avoir 
ete  tranfportes,devroit  naturellement  en  oc- 
cafionner  dans  leur  decompofition  qui  feroit 
plus  ou  moins  parfaite ;  enforte  que  Ton  de- 
couvriroit  au  moins  dans  quelques  -  uns  des 
velliges  de  leur  ancienne  conformation  plus 
ou  moins  apparens ,  fuivant  la  difference  du 
temps  qu'auroient  eu  ces  corps  pour  s'y  ma- 
cerer.  D'ailleurs ,  il  eQ.  peu  vraifemblable 
que  leur  (ejour  dans  les  nuages  foit  affez  pro- 
longe,  I'agitation  de  I'air  affez  vive,ra<3:ion 
des  particules  nitreufes  &  fulphureufes  qui 

Biv 


24  ACADEMIE 

peuvent  s'y  reunir,  aflez  puiflante,  pour  les 
decompofer  fi  completement  qu'on  les  trou- 
vat  toujours  reduits  foiis  cette  forme  &  cette 
confiftance  de  gelee  que  nous  voyons  conC- 
tamment  au  Noftock.  Voici  done  ce  que  je 
conjedhire  de  plus  vraifemblable  a  cet  egard. 
Tout  le  monde  fait  qu'independamment  des 
plantes  aquatiques  qui  couvrent  la  furfdce 
des   eaux,   on   appercoit  encore   une   forte 
d'ecume  verdatre ,  fort  abondante,  fur-tout 
dans  celles  qui  font  dormantes  &  croupiflan- 
tes  ,  telles  que  celles  des  marres,  des  fofles 
&  des  etangs  :  cette  ecume  n'eft  autre  chofe 
qu'une    decompofition    de    plulieurs  plantes 
aquatiques,  qui,  long-temps  macer^es  dans 
les   eaux ,  s'y   reduifent    en   une    efpece  de 
bouillie.  Les  parties  les  plus  fubtiles  de  cette 
ecume  peuvent  etre  enlevees  par  Tadion  des 
rayons  du  foleil ,  comme  les  autres  vapeurs 
qui  forment  la  plule  &  les  difFerens  meteo- 
res  :  une  grande  partie  de  ces  gouttes  retombe 
'vraifemblablemeni  avec  la  pluie  &   fous  la 
meme  forme,  tandis  que  le  refte,  par  le  me- 
lange de  particules  heterogenes ,  fe  coagule 
en  difFerens  lieux  des  nuages  ,  s'y  forme  en 
flocons  plus   ou  moins  confid^rables  ,   mais 
toujours  affez  legers  pour  s'y  foutenir  quel- 
que  temps  ,  jufqu'a  ce  qu'ils  retombent  avec 
la  pluie  fous  cette  forme  de  gelee  qui  con- 
iervc  ,  &  fa  couleur  verdatre  ,  &  la  faveur 
fierbeufe  un  peu  alteree  qu'elle  avoit  prece- 
demment.  Si  le  Noftock  a,  comme  Taffiirent 
plufieurs  Auteurs,  quelques  proprietes,  il  ne. 


D  E    Dijon,   1^84.         15 

ks  doit  apparemment  qu'a  celles  des  diff^- 
rentes  plantes  dont  il  eil  comme  un  extrait, 
&  aiix  qualites  noiivelles  qu'il  a  pu  contrader 
dans  les  nuages  par  le  melange  des  autres 
particules  de  matiere  heterogene  qui  s'y  font 
rencontrees. 

Quoi  qu'il  en  foit,  le  refultat  de  tout  ce 
que  j'ai  avance  ci-defliis,  c'eft  qu'il  paroit 
certain  &  comme  demontre,  que  le  Noftock 
n'eft  point  une  plante  •  quel  etrange  vegetal 
feroit-ce  en  efFet  qu'une  produdion  qui  n'a 
ni  racines,  ni  tige,  ni  feuilles,  ni  calice,  ni 
corolle  ,  ni  fruit,  ni  femences ,  c'eft-A-dire, 
aucune  d^s  parties  qui  conftituent  effentiel- 
lement  le  vegetal  ?  D'ailleurs,  les  deux  prin- 
cipes  les  plus  adifs  de  la  vegetation,  la  cha- 
leur  &  I'humidite,  detruifent  cette  fubftance, 
loin  d'en  favorifer  I'accroifl'ement ,  puifque 
dans  I'eau  elle  fe  refoud  affez  promptement 
en  une  liqueur  fetide ,  &  que  les  premieres 
atteintes  des  rayons  du  foleil  la  deffechent 
a  un  point  qu'elle  difparoit  dans  peu  fans  que 
Ton  en  apper^oive  aucune  trace.  II  n'eft  guere 
tnoins  certain  que  le  Noftock  tombe  tout 
form^  des  nuages.  J'en  ai  trouve  fur  toute 
forte  de  corps  en  un  meme  jour :  fur  le  fable 
des  allees  de  mon  jardin,  fur  le  ciment  &  la 
craffe  de  fer  qui  en  colorent  les  comparti- 
mens,  fur  les  buis  qui  en  forment  les  deffins, 
fur  la  terre  des  plate-bandes,  fur  des  pierres 
merae.  J'en  ai  affez  fr^quemment  dans  le  cou/- 
lant  de  I'ete ,  ce  qui  vient  encore  a  I'appui 
fie  moa  fyfteme  j  car  je  ne  doute  pas  que  j^ 


l6  ACADEMIE 

ne  (o'ls  redevable  de  cette  abondance  an  vol- 
finage  des  foffes  du  chateau  ,  dont  les  eaux 
croupiffantes  font,comme  Ton  fait,  toujours 
couvertes  de  cette  ecume  verdatre  a  laquelle 
je  crois  que   le  Noltock  doit  fon   origine. 
Quoique  )e  ne  puiffe  point  avancer  que  je 
Taie  vu  tomber  fous  mes  yeux ,  parce  qu'il 
tombe  prefque  toujours  durant  la  nuit,  &  que 
d'ailleurs  la  pluie  dont  fa  chute  eft  accom- 
pagnee ,  n'invite  pas  a  fe  promener  dans  les 
iardins ;  je  ne  crains  pas  d'affurer  que  non- 
feulement  il  ne  nait  point  fur  les  lieux  ou  on 
le  rencontre,  mais  meme  qu'il  n'y  prend  au- 
cune  nourriture  ni  aucun  accroiflement  fen- 
fible  :  j'en  ai  vu  quelquefois  fejourner  I'ef- 
pace  d'une  femaine,  lorfque  Tair  eft  humide, 
le  ciel  couvert,  &  que  le  foleil  n'a  point  ac- 
celere  fa  deftruftion.   Chaque  flocon  eft  de- 
meure  precifement  dans  I'etat   oil  il   etoit 
tombe ;  les  plus  petits  n'ont  pris  aucun  ac- 
croiffement ,  les  plus  gros  n'ont  donne  aucun 
figne  de  difpofition  a  fruftifier  :  tous  n'ont 
eprouve  qu'une  forte  de  gonflement  occa- 
fionne  par  I'humiditd ,  tel  a  pen  pres  qu'en 
^prouveroit  une  eponge ;  ceux  meme  qui  fe 
font  rencontres  par  hazard  fur  la  terre ,  n'ont 
pas  pris  dans  tout  cet  intervalle  la  moindre 
apparence  de  racines.  Je  penfe  done  que  les 
perfonnes  qui  ont  cru  en  appercevoir  dans 
des  pres  humides  &  marecageux,  oii  le  Nof- 
tock  eft  affez  frequent,  ont  ete  trompees  par 
des  apparences;  il  eft  peut-etre  arrive  que 
cett&  fubftance  y  ayant  fejourn6  un  temps 


D  E    Dijon,    77^4.         27 

affez  confiderable  ,  favorif^e  par  la  tempd- 
ratiire-aftuelle  de  I'air,  ou  par  rhumidite  na- 
turelle  a  ces  terreins  affez  fouvent  baignes 
d'eau,  des  plantes  voifines  auront  eu  la  fa- 
cilite  d'y  entrelacer  quelques  fibres  dellcates 
de  letirs  racines  qui  Taiiront  un  peu  fixee  a 
laterre,  &  fait  illufion  aux  obfervateurs.  Le 
Noflock  n'appartient  done  pas  plus  au  regne 
vegetal  que  toutes  les  autres  decompofitions 
de  cet  ordre,  telles  que  les  bois  pourris,  les 
feuilles  tombees  &  macerdes  ,  &c.  Je  crois 
meme  que  plufieurs  efpeces  de  lichen ,  parmi 
ceux  que  Ton  nomme  fugitifs  a  caufe  de  leuc 
peu  de  duree ,  doivent  peut-etre  leur  ori- 
gine  a  la  premiere  ^corce  ou  ^piderme  des 
arbres  ,  qui  ,  maceres   dans  quelques  eaux 
dormantes,  auront  pris  a  peu  pres  la  meme 
conformation  que  le  Noftock  ,  jointe  a  une 
confiftance  un  peu  plus  coriace  &  plus  li- 
gneufe.  Au  refle,  je  ne  me  flatte  point  d'avoir 
conduit  raes  reflexions  a  un  degr6  d'^vidence 
qui  porta  avec  foi  la  convidion ,  fur  -  tout 
pour  I'origine  que  j'attribue  au  Noftock,  & 
que  je  ne  prefente  que  comme  une  conjec- 
ture. 


,  Na.  Une  obfervation  femble  etayer  ropinlon  du  P. 
Vernify.  Francois  Bartolotius  ramafla  du  Noftock,  le 
conferva  dans  un  flacon  bien  bouche,  ou,  apres  plufieurs 
jnois  ,  il  vit  naitre  des  champignons.  (  Marfili ,  de  ge~ 
neratione  fun^orum  f  p.  ^7,  tab.  ap.)  M.  de  Necker  ayant 
ramafle  des  feuilles  tombees  naturellement  de  I'erable , 
les  fit  ecrafer  mediocrement ,  &  arrofer  avec  I'eau  or- 
^naire.  11  les  renfernu  enfuite  dant  un  vafe  bcuch^ ,  oi) 


28  A    C  A  D   E   M   I   E 

plufieurs  mois  apres  11  trouva  un  champignon  fpherique. 
(  MycUhologie ,  p.  4p. )  Ainfi  ,  le  Noftock  &  les  feuilles 
d'arbres  ,  lorfqu'elles  commenceni  a  fe  pourrir ,  donnent 
a  peu  pres  dans  le  meme  temps  des  produftions  fem- 
blables ,  ce  qui  paroit  etablir  entre  ces  fubftances  une 
certaine  analogic.  ( M.  Durande.  ) 


M  £  M  O  I  R  E 

SuR  Cepaijfeur  que  ton  doit  donner  aux 
murs  de  foutenement  pour  rejijler  a  la 
poujfee  des  terres. 

Par  M.  Gauthey. 


P 


PREMIERE    PARTIE. 


LUSIEURS  Auteurs  ont  deja  cherch6 
a  determiner  repaiffeur  que  I'on  doit  donner 
aux  murs  de  revetement ,  pour  qu'ils  puiiTent 
refifter  a  la  pouffee  des  terres;  Ton  a  meme 
applique  avec  beaucoup  de  fagacit^  les  prin- 
cipes  de  la  mechanique  a  connoitre  le  rap- 
port des  puiffances  agiffantes  produites  par 
cette  pouffee ,  &  des  puiffances  refiftantes 
produites  fiar  le  poids  des  murs  :  mais  per- 
fonne  n'a  cherche,  a  ce  que  je  penfe,  a  faire 
fervir  le  poids  meme  des  terres  a  empecher 
les  murs  d'etre  renverf^s.  Je  tacherai  dans  ce 
Memoire  de  d^velopper  cette  idee ,  en  mei 


D  E    Dijon,  i^^^.  29 

fervant  des  memes  principes  que  Ton  a  deja 
employes  ;  mais  j'ai  cm  neceffaire  de  les  eta- 
blir  fur  diverfes  experiences  pour  les  rendre 
plus  certains;  cependant ,  avant  que  de  rap- 
porter  ces  experiences,  )e  commencerai  par 
difcuter  fuccinftement  les  hypothefes  des  dif- 
ferens  Auteurs  ,  parce  qu'en  les  examinant 
avec  attention ,  il  m'a  paru  qu'il  6toit  diffi- 
cile que  Ton  put  les  appliquer  a  la  pratique, 
&  qu'il  eft  convenable  de  les  connoitre  pour 
voir  la  maniere  dont  on  doit  faire  les  expe- 
riences qui  font  la  bafe  de  toute  cette  theorie. 
»  II  eft  vrai ,  dit  a  ce  fujet  M.  de  Fonte- 
»  nelle  ( i ) ,  qu'ici  les  principes  font  affez 
»  difficiles  a  decouvrir;  on  poffedera  biea 
»  toute  la  mechanique  fpeculative,  &  on  fe 
»  trouvera  embarraffe  dans  I'application  qu'oti 
»  en  voudra  faire  a  un  fujet  particulier>  oil 
^J  les  differentes  puifl'ances  ,  leurs  aftions  , 
»  leurs  direftions  ne  fe  montrent  pas  a  de- 
V  convert  comme  dans  les  figures  que  Ton 
»  trace,  &  font  au  contraire  tres-envelop- 
»  pees.  « 

2.  M.  Bullet ,  Archltefte  du  Roi ,  eft  le 
premier  qui  ait  travaille  fur  ce  fujet ;  il  a 
entrevu  les  principes  ,  mais  il  n'en  a  pas  tire 
de  juftes  confequences. 

II  examine  d'abord  quel  eft  le  talus  que 
prennent  ordinairement  les  terres  lorfqu'elles 
ont  ete  remu^es  ,  &  en  les  comparant  a  un 


{i)  Memoire  de  I'Academie,  1726,  pag.  79. 


JO  ACA^EMIE 

amas  de  petites  boules  (7%.  /.)  parfaltement 
mobiles  pour  choifir  le  cas  oil  la  pouffee  de 
ces  terres  eft  la  plus  grande,  il  trouve  que 
ce  talus  devroit  etre  de  60  degres ;  cepen- 
dant  comme  I'experience  fait  voir  qu  il  eft 
ordinairement  beaucoup  plus  grand ,  il  aban- 
donne  bientot  fon  raifonnement,  pour  fup- 
poTer  ce  talus  moitie  de  Tangle  droit. 

3.  11  remarque  enfuite  qu'une  puiffance  qui 
foutiendroit  une  boule  fur  un  pareil  talus  , 
feroit  au  poids  de  la  boule ,  comme  le  cote 
d'un  quarre  eft  a  la  diagonale  ,  ou  environ 
comme  5  eft  a  7;  &  en  confequence  il  croit 
que  le  profil  du  mur  qui  doit  foutenir  des 
terres ,  doit  etre  au  profil  du  triangle  de  terre 
qui  s'ebouleroit,  fi  ce  mur  etoit  ote  dans  la 
meme  proportion ,  que  ce  mur  foit  a  plomb 
ou  qu'il  foit  en  talus. 

4.  Get  Auteur  n'a  pas  fait  attention  d'a- 
bord ,  que  fi  une  boule  etoit  foutenue  fur  un 
plan  incline  par  un  plan  vertical  ,  alors  la 
direftion  de  Timpreftion  de  cette  boule  contre 
ce  plan  fe  faifant  horizontalement ,  la  puif- 
fance qui  foutiendroit  ce  plan,  feroit  au  poids 
de  la  boule  comme  la  hauteur  du  plan  in- 
cline eft  a  fa  bafe,  &  non  pas  a  fa  longueur. 
En  fecond  lieu ,  rien  ne  prouve  que  par  cette 
raifon  le  profil  du  mur  doive  etre  avec  le 
profil  de  terre ,  qui  tend  a  le  renverfer,  dans 
le  meme  rapport ,  quand  meme  la  terre  pe- 
feroit  autant  que  la  ma^onnerie ;  &  enfin  , 
loin  d'eprouver  que  Ton  peut,  fans  diminuer 
le  cube ,  changer  le  profil  dun  mur ,  en  lui 


D  E    Dijon,  iyS4.  31 

tlonnant  le  talus  que  Ton  voudra ,  &  ne  pas 
changer  la  force  qu'il  a  pour  refifler  ,  il 
eft  bien  evident  qu'un  mur  en  talus  ,  dont 
la  furface  du  profil  fera  la  meme  que  celle 
d'un  mur  a  plomb  Aqs  deux  cotes  ,  aura 
bien  plus  de  force  que  le  premier  pour  re- 
fifter  a  la  pouffee,  &  en  aura  d'autant  plus 
que  fon  talus  fera  plus  grand;  parce  que  la 
bafe  augmentant  avec  le  talus,  &  le  centre 
de  gravite  de  ce  mur  s'eloignant  auffi  dans 
la  meme  proportion  d'un  point  d'appui  qui 
fe  fait  neceflairement  a  Textremite  exterieure 
de  la  bafe ,  s'il  venoit  a  fe  renverfer,  le  poids 
agiroit  par  confequent  a  Textremite  d'un  le- 
vier  d'autant  plus  grand  que  le  mur  auroit 
plus  de  talus,  &  feroit  par-la  beaucoup  plus 
fufceptiblede  refifler  efficacement  a  la  pouffee. 
5.  M.  Couplet,  de  I'Academie  des  Scien- 
ces ,  a  traite  amplement  cette  queflion  dans 
trois  Memoires  inferes  dans  ceux  de  cette 
Academie,  ann^es  1726,  1727  &  1728.  11 
etablit  a  cet  efFet  difFerentes  hypothefes,  dQi- 
quellesi  1  deduit,  par  les  prlncipes  de  la  me- 
chanique  &  a  I'aide  du  calcul  alg^brique ,  \qs 
^paiffeurs  que  doivent  avoir  les  murs  de  re- 
vetement ,  foit  lorfqu'ils  font  a  plomb  des 
deux  cotes ,  foit  lorfqu'ils  ont  un  talus ,  on 
meme  lorfque  le  profil  de  ces  murs  efl  ua 
triangle,  attendu  que,  dans  la  theorie  exade, 
le  triangle  eft  la  figure  que  devroient  avoir 
ces  fortes  de  murs  pour  refifter  egalement  k 
la  pouffee  des  terres  dans  toutes  les  parties 
de  leur  hauteur  :  mais  la  diverfue  de  fes  hy- 


32  ACademie 

pothefes  donnant  des  refultats  tres-differens 
les  uns  des  autres  ;  celles  meme  qui  paroif- 
fent  donner  le  plus  d'avantages  a  la  pouffee 
des  terres,  exigeant  des  (^paiffeurs  moindres 
que  celles  qui  en  donnent  moins  ,  on  doit 
naturellement  avoir  quelques  doutes  fur  I'ap- 
plication  de  fes  principes  a  la  pratique. 

6.  M  Couplet ,  4«infi  que  tons  ceux  qui 
ont  traite  de  la  pouffee  des  terres ,  convien- 
ncnt  que  lorfqu'elles  ont  et6  amaffees  der- 
riere  un  mur,  ce  mur  ne  doit  foutenir  que 
le  triangle  de  terre  qui  s'^bouleroit  s'il  ve- 
noit  a  tomber.  lis  conliderent  cette  mafle 
triangulaire  comme  une  infinite  de  lames  ver- 
ticales  egales  au  profil  de  ce  triangle  ,  &  le 
revetement  comme  une  infinite  d'autres  lames 
Egales  au  profil  du  mur.  Par  confequent,  afin 
que  le  mur  foit  en  equilibre  avec  les  terres, 
il  fuffit  que  I'energie  de  chaque  lame  du  profil 
des  terres  qui  tendent  a  s'eboulerj  foit  egale 
a  Tenergie  de  chaque  lame  du  mur  ,  c'eft 
pourquoi  on  ne  doit  conlidererque  cesprofils. 

7.  M.  Couplet  nomme  energie  ce  que  Von 
appelle  plus  communement  momentum  en  me- 
chanique  ,  quand  deux  puiffances  appliquees 
a  un  levier ,  font  en  Equilibre ;  il  appelle 
Energie  le  produit  de  chacune  de  ces  puif- 
fances par  la  longueur  du  bras  de  levier  oil 
elles  font  appliquees. 

Je  me  fervirai  de  fes  memes  exprefllons. 

8.  Cet  Auteur  penfe  avec  M.  Bullet,  que 
les  terres  qui  prennent  le  plus  grand  talus, 
font  celles  qui  ont  le  plus  de  force  pour  ren- 

yerfeg 


D  E    Dijon;  v^J'^?  33 

veffer  les  murs ,  &  que  ce  font  celles  dont  le^ 
parties  detachees  les  unes  des  antres  font  leS 
plus  roulantes  ;  telles  que  feroient  les  grains 
d'un  fable  rond  8z:  bien  egal ;  &  pour  rendre 
la  chofe  plus  fenlible ,  il  compare  ce  fable 
a  un  amas  de  boulets  de  canon  tous  egaux 
&  places  les  uns  fur  les  autres,  de  maniere 
qu'ils  occupent  le  moins  d'efpace  poiJible.  II 
remarque  que ,  dans  cette  hypothefe ,  le  ta- 
lus, au  lieu  d'etre  de  60  degres,  feroit  celui 
des  faces  du  tetraedre  qui  eft  de  70  degres ' 
on  verra  dans  la  note  (  I )  ,  que  la  bafe  de 
ee  talus  eft  a  fa  hauteur  comme  i  eft  a  i/§^ 
Si  Ton  fuppofe  que  ces  boulets'  s'appuietit 
d'un  cote  centre  un  mur ,  il  arrivera  que  ceux 
qui  toucheront  le  mur,    ou  ne  feront  plus 


(i)  Soit  le  tetraedre  ACBD  {fig.  2.)  fornle  avec 
des  llgnes  tirees  au  centre  de  quatre  boules  qui  fe  tou-* 
chent,  en  formant  le  parallelogramme  DG,  &  tirane 
la  ligne  DK  perpendiculaire  a  CB,  &  la  ligne  A  J 
qui  eft  la  hauteur  du  tetraedre;  il  eft  evident  que  ft  AJi 
exprime  le  poids ,  AG  exprimera  la  force  avec  laquelle 
k  boulet  agira  centre  le  mur ;  ft  Ton  fait  Vii  ■=:  t 
{fig.  4,)  ,  on  aura  JD  —  2,AK  =  KD-=3,  AJ=zs 

^ak^-kJ^ f^fi  =  /^r,  &  AD  z=  ^Td^^^^^Taj^ 

=  ^4  +\/8  x'v/8  =  ^  JTS"  =  -^71  :  par  confe- 
quent  la  bafe  du  talus  des  faces  du  tetraedre  eft  a  fa 
hauteur  *.  '.  KJ.  A  J  ou  *.  '.  i.  v/"8,  &  la  bafe  du  talus 
des  aretes  du  tetra.edre  eft  a  fa  hauteur  *  *  JD.  AJ  1  * 

5*       __.. 


54  ACADEMIE 

port^s  qiie  par  iin  boiilet  {fig.  a.),  on  feront 
encore  portes  par  deux  {fig.  j.)  Dans  le  pre- 
mier cas ,  il  eft  alfe  de  voir ,  en  formant  le 
parall^logramme  GD,  que  I'efFort  que  chaque 
boulet  fera  horizontalement  pour  pouffer  le 
inur ,  fera  au  poids  de  ce  boulet  comme  AG 
ou  JD  eft  a  JA,  ou,  comme  on  le  verra  par 
la  note  ,  comme  2  eft  a  \/'2'. 

Dans  le  fecond  cas,  apr^s  avoir  forme  le 
pnrallelogramme  GK,  on  verra  que  cet  effort 
eft  au  poids  du  boulet  comme  AG  ou  JK  eft 
AJ,  ou  comme  i  \/  8. 

9.  II  remarque  d'abord ,  que  quoique  ces 
deux  cas  paroifl"ent  donner  des  refultats  fort 
differens,  ils  reviennent  cependant  au  meme; 
parce  que  ft,  dans  le  premier  cas,  la  force 
eft  double  de  ce  qu'elle  eft  dans  le  fecond , 
d'un  autre  cote  ,  le  nombre  de  boulets  qui 
agiroient,  feroit  moitie  moindre,  &  par  cette 
raifon  il  s'en  tient  a  la  premiere  hypothefe. 

10.  II  dit  enfuite  que  chaque  grain  de  terre 
compris  dans  le  triangle,  pouvant  etre  con- 
fidere  comme  un  boulet ,  fera  contre  le  re- 
vetement  un  effort  horizontal  qui  fera  a  la 
pefanteur  comme  2  eft  a  \/T,  &  par  confe- 
quent  que  tous  les  grains  de  terre  pris  en- 
femble ,  feront  horizontalement  un  effort  total 
qui  fera  a  leur  pefanteur  dans  le  meme  rap- 
port. 

11.  II  conclut  dela  que  la  maffe  entiere 
du  triangle  de  terre  ^tant  cenfee  reunie  a  fon 
centre  de  gravite ,  toute  la  pefanteur  de  ce 
-triangle  agira  contre  le  mur ,  fuivant  une  di- 


D  E    Dijon,  'iy84l  ^ 

reftion  horizontale,  avec  uii  effort  qui  fera 
au  poids  de  ce  triangle  comme  2  eft  a  ^/T, 
&  que  cet  effort  lera  applique  aux  deux  tiers 
de  la  hauteur  du  mur,  attendu  que  la  ligna 
horizontale,  tiree  uu  centre  de  gravite  de  ce 
triangle,  aboutit  aux  deux  tiers  de  cette  hau- 
teur :  en  multipliant  cet  effort  par  ce  levier, 
il  en  refulte  un  produit  qu'il  prend  pour  Te- 
nergie  de  la  puiflance  agilfante  ,  apres  I'avoir 
tnultiplie  par  le  poids  d'un  pied  cube  de 
terre. 

La  puiiTance  refiftante  eft  le  profil  du  mur 
qu'il  fait  d'abod  triangulaire,  il  le  multiplie 
par  le  poids  dun  pied  cube  de  ma^onnerie; 
&  comme  le  centre  de  gravite  eft  a  plomb 
des  deux  tiers  de  la  bale  du  triangle,  il  prend 
pour  bras  de  levier  de  la  puiffance  refiftante, 
les  deux  tiers  de  la  bafe  du  mur. 

En  formant  une  equation  de  ces  deux  ener- 
gies (i),  qui  doivent  etre  egales  pour  que 


(  I  )  Soit  ABC  (^fig  6.  )  le  triangle  de  terra  qui  poufTe 
les  murs  BCQ,  nommant  h  la  hauteur  <lu  mur,  a  le 
poids  d'un  pied  cube  de  terre ,    &  b   celui  d'un  pied 

cube  de  ma^onnerie  ,  Ton  aura  A  B  :=:      .-—  ,    parce 

que ,  fuivant  riiypothefe ,  A  B  eft  la  bafe  du  talus  des 
faces  du  tetraedre  dont  BC  eft  la  hauteur  ,  &  cue  Ton 
a  AB.  BC  (//)  *.  ;  I.  v/g,  ce  qui  donnera  AB  =5 
Ji_ 

La  fuiface  du  triangle  ABC  f$ra  done  -7^  X 


^6  A   C   A   D  t   M  I  E 

le  tout  foit  en  eauilibre,  il  parvlent  a  trou- 
ver  que  cette  bale  eft  a  peu  pr^s  les  f  de  la 
hauteur  du  mur  (  i  ). 

s:  — 7= .  fon  poids  fera  —  >^  ,  fon  effort  centre  le 
mur  fera  a  ce  poids  *.  *,  2.  \/8  '>   ain^i   cet   effort    fera 

.  ^r= — — Trr  =  —5—  :  Ic  brss  de  levier  de  cette  puif^ 
Ty^fxvS        8 

fance  eft  F  Q  =  f  A ;  ainfi  I'energie  de   la  puiffance 

a  hh       i  h        a  P 
agiffante  lera  —^  ^  "T  —  "12"* 

h  X 

La  puiffance  refiftante  eft  le  mur  B  C  Q  =  — ,  fon 

b  hx 

poids  eft ,  fon  bras  de  levier  SQ  =:  |  *  ,  ainfi 

./•        i^*         ,  b  h  XX        .   r   A> 

fon  energie  fera y,  \  x  =. :  ainli  1  on  aura 

I'equaticn = ;  d  ou]  1  on  tu-e  xx  z=.   -— ,  & 

M.  Couplet  fuppofe  que  la  pefanteur  fpecifique  de 
la  terre  eft  3  celle  de  la  ma^onnerie  t  1  ^  •  3  *  ^in^ 

^=:-,  &  I'on  auT»  xz^-  y  _= =  -X 

b      3  ^32  100        ^    10.00 

;^  ^  V  ^^ ■ A ;   ce  qui  fait  voir  que  dans  le  cas 

10.00       $ 

de  I'equilibre  ,  la  bafe  d'un  revetement  triangulaire  doit 

Stre  les  f«  de  fa  hauteur,  {^fig.  7.) 

Si  le  mur  eft  a  plomb  des  deux  cotes,  II  trouve*=: 

())  On  obfexvera  encore  que  le  talu$  que  prennem 


D  E    D  I  J  o  N ,  iyS4.  37 

li.  Je  ne  ferai  centre  cette  hypoth^fe 
qu'une  obfervation  pour  prouver  qu'elle  ne 
pent  pas  s'appliquer  a  la  pratique.  M.  Cou- 
plet fuppofe  que  chaque  grain  de  fable  fera 
centre  le  revetement  fon  effort  fuivant  une 
diredion  horizontale ,  &  que  le  centre  d'im- 
preffion  de  tons  ces  grains  de  fable  eft  aux 
deux  tiers  de  la  hauteur :  mais  pour  que  cela 
flit ,  il  faudroit  que  chaque  boulet  qui  tou- 
che  le  mur,  fut  pouffe  horizontalement  par 
chaque  rang  horizontal  de  boulets  qui  le  joint, 
ce  qui  n^anmoins  ne  pent  pas  arriver ;  car 
TefFort  de  la  boule  B  {Jig.  6. )  ne  fe  commu- 
nique nullement  fur  la  boule  A  ,  elle  s'ap- 
puie  fur  la  boule  K  qui  s'appuie  fur  la  boule 
E;  de  meme  le  poids  de  la  boule  C  ne  fe 
communique  qu'a  la  boule  F,  &  celui  de  la 
boule  D  a  la  boule  G  &  a  celles  qui  I'avoi- 
finent;  d'ou  il  fuit  ^videmment  que  les  boules 
les  plus  baffes  pouffent  davantage  que  celles 
qui  font  au  deffus ,  ce  qui  feroit  tout  le  con- 
traire  dans  Thypothefe  de  M.  Couplet. 

Suppofant  que  les  boulets  du  premier  rang 
pefent  trois  livres ,  chacun  d'eux  s'appuiera 
fur  trois  de  ceux  du  fecond  rang,  &  comine 
ceux-ci  en  portent  aufTi  chacun  trois  ,  leur 
preflion  fera  augment^e  de  trois  livres  cha- 


des  boules  pof^es  les  unes  furies  autres^eft  beaucoup 
plus  confiderable  que  celui  des  faces  dansle  tetraedre; 
il  a  environ  deux  pieds  de  bafe  fur  un  pied  de  hau« 
fear ,  ce  qui  forme  un  angle  trois  fois  plus  {petit. 

C  iij 


jg  A   C    A   D   E   M   I    E 

cun,  ainfi  des  aiitrcs  ;  par  oii  il  eft  Evident 
que  le-  centre  cl'imprv-'llion  eft  beaucoup  plus 
has  que  le  tiers  de  la  hauteur ,  puifqu'a  ce 
point ,  il  y  a  environ  autant  de  boulets  en 
liaut  qu'en  has  ,  &  que  ceux  du  deftus  pouf- 
fent  beaucoup  moins  que  les  autres  ;  &  de 
plus ,  qu'il  n'y  a  guere  que  le  neuvieme  de 
ceux -ex  qui  dingent  leur  effort  contre  la 
partie  fuperieure  du  mur,  les  |.  reftant  di- 
rjgeant  le  leur  contre  la  partie  infericure. 

J 3.  Dans  cette  premiere  hypothefe  de  M. 
Couplet,  il  faut  fuppofer  le  parement  inte- 
rieur  du  mur  parfaitement  poli;  mais  comme 
il  arrive  au  contraire  que  ces  murs  font  tres- 
graveleux,alors  les  petites  boules  s'appuyant 
contre  les  inegalites  du  mur,  n'agiront  plus 
{"uivant  une  dire<^ion  horizontale  ,  mais  fui- 
vant  une  autre  que  M.  Couplet  fuppofe  pa- 
rallele  au  talus  que  prennent  les  terres,  c'eft 
conformement  a  cette  remarque  qu'il  etablit 
une  lecondc  hypothefe ,  tres-eloignee  de  la 
premiere. 

Comme  11  a  remarque  que  les  boulets  pou- 
voisnt  prendre  deux  difterens  talus.  Tun  fui- 
vant  rinclinaifon  d(is  faces  du  tctraedre ,  &; 
I'autrc  fuivant  celle  des  aretes  de  ce  tetra- 
edre ,  il  forme  deux  hypothefes  ,  &  meme 
trois,  dans  la  fuppofition  du  parement  gra- 
veleux. 

14,  Dans  le  premier  cas ,  oh.  il  fuppofe 
que  les  terres  prennent  le  talus  des  faces  du 
tetraedre ,  ii  tire ,  par  Textremite  de  la  bafe 
dii  mur  {^fg,  S  &  ^.)  qu'il  fait  toujours  trian- 


D  E    Dijon,   77^4.  39 

gulalre,  une  parallele  au  talus  des  terres  ,  & 
confidere  que  la  partie  des  terres  AOFD, 
comprife  entre  cette  ligne  &  le  talus,  ne  con- 
tribue  en  rien  a  renverfer  le  mur,  puifqu'elle 
fe  foutiendra  fur  la  partie  D  F  B  du  revete- 
ment  de  la  meme  maniere  qu'elle  fe  foutieii- 
droit  fur  des  terres  mifes  a  fa  place;  par  con- 
fcquent  il  n'y  aura  que  le  triangle  OFH  qui 
fera  effort  pour  renverfer  le  mur.  II  remar- 
que  enfuite,  que  pour  le  mettre  dans  le  cas 
oil  le  revetement  feroit  le  plus  facile  a  ren- 
verfer, il  faut  fuppofer  qu'il  le  cafferoit  fui- 
vant  la  ligne  inclinee  FB.  II  fuppofe  ici  que 
Teffort  fe  fait.parallelement  au  talus,  &  en 
tirant  encore  du  centre  de  gravite  du  triangle 
OFH,  un  autre  parallele  PV  a  ce  talus,  & 
de  Textremite  B  de  la  bafe  du  mur,  une  per- 
pendiculaire  BV  fur  cette  ligne;  cette  per- 
pendiculaire  fera  la  levier  de  la  puiiTance 
agiffante. 

La  puiiTance  refiilante  eft  le  triangle  HF3, 
en  abaiffant  une  perpendiculaire  Q  C  du 
centre  de  gravite  de  ce  triangle  fur  la  bale 
du  mur  ,  la  partie  BC  =  I  BD  fera  le  bras 
du  levier  de  cette  puiffance  refiftante. 

Apres  avoir  refolu  I'equation  que  Ton  tire 
de  cet  expofe ,  apres  un  calcul  aflez  compli- 
que  ,  &  en  fuppofant  que  la  pefanteur  fpe- 

cifique  des  terres  foit  les  -   de  celle  de  la 

ma^onnerie ,  il  trouve  que  Tepaiffeur  du  mur 

k  la  bafe  doit  etre  les de  la  hauteur  on 

1000 

C  iv, 


i^O  A   C  A   D   E   M   I   E 

environ  -;  ce  qui  donne  ime  ^paifleur  beau«. 
coup  moindre  que  par  la  premiere  hypo- 
thefe,  oil  il  avoir  trouve  -  ou  ^~(  1 1 ). 

15.  Dans  le  fecond  cas  (Jig.  ^.),  ou  il 
fuppofe  que  les  terres  prennent  le  talus  des 
aretes  du  tetraedre,  il  trouve  Tepaiffeur  de 

r— ■  — ;  ae  la  hauteur  ou  environ  .; 

,JOQ    uO  ^e 

II  fuppofe  encore ,  en  troifieme  lieu  ,  que 
chaque  boulef  eft  porte  fur  qiiatre  autres  , 
&  il  en  cieduit  que  repaiffeur  du  mur  a  la 

bafe  doit  —-^  de  fa  hauteur  ou  environ  - 
1000  5*. 

16.  Je  remarquerai  d'abord ,  que  quoique 
dans  ces  trois  dernieres  hypothefes  ,  oil  il 
femble  que  par  Tengrenement  des  parties  de 
Ja  terre  dans  le  parement  interieur  du  mur, 
on  doiine  beaucoup  d'avantages  a  la  puiffance 
agiffante ,  il  refulte  cependant  que  repaiffeur 
que  Ton  trouve  eft  beaucoup  moins  forte  que 
par  la  premiere  hypothefe;  elle  n'eft  guere 
que  le  quart  dans  le  premier  cas  ,  moins  de 
Ja  moitie  dans  le  fecond ,  &  la  moiti^  dans 
le  troifieme.  Cette  efpece  de  contradidion 
provient  de  plufieurs  fuppofitions  que  fait 
I'Auteur,  qui  donnent  beaucoup  plus  d'avan- 
tages a  la  puiffance  agiffante  que  dans  fa 
premiere  hypothefe,  &  d'ailleurs  ces  fuppo- 
fitions ne  peuvent  que  difficilement  avoir  lieu 
dans  la  pratique. 

^  fuppofe  d'abord  que  le  mur  fe  rompe^ 


D  E    Dijon,  iyS4:  41 

roit  fuivant  line  ligne  inclin^e  FB  (^fig.  8  & 
£).) ,  parallele  an  talus,  parce  que,  dit-il, 
Je  revetement  feroit  plus  facile  a  caffer  fui- 
vant cette  ligne  inclinee,qii'horizontalement 
fur  la  bafe  B  D ,  attendu  que  les  terres  A  O 
ED  feront  effort  pour  retenir  fa  partie  FDB, 
au  cas  que  I'autre  partie  H.FB  voulut  Ten- 
trainer  :  mais  il  ne  fait  pas  attention  que  la 
tenacite  des  mortiers  eft  beaucoup  plus  dif- 
ficile a  vaincre  que  la  pouffee  des  terres 
qui  ne  peuvent  nullement  empecher  ,  la 
partie  baffe  du  mur,  de  verfer;  cette  rup- 
ture ne  pent  fans  contredit  fe  faire  que  dans 
Tendroit  oii  la  tenacite  des  mortiers  eft  la 
rrkoindre ;  &  comme  cette  tenacite  eft  en  rai- 
fon  de  la  furface  de  la  rupture ,  &  que  la 
furface  inclinee  eft  triple  de  la  bafe  dans  le 
premier  cas ,  &  environ  comme  7  eft  a  4  dans 
le  fecond  cas,  il  eft  Evident  qu'il  eft  impof- 
iible  que  cette  rupture  fe  faffe  fuivant  cette 
inclinaifon,  plutot  que  fur  la  bafe,  d'autant 
plus  qifil  eft  rare  que  cette  bafe  foit  liee 
^vec  les  fondemens,  a  moins  qu'ils  ne  foient 
de  rocher;  car  la  terre ,  on  une  plate-forme 
de  charpente  recouverte  de  plateaux,  ne  pent 
pas  fe  lier  avec  la  ma^onnerie.  II  eft  encore 
aife  de  voir  que  quand  le  mur  fe  renverfe- 
roit  en  prenant  Tinclinaifon  D  E ,  il  ne  fou- 
leveroit  point  les  terres  du  trapeze  OFDA 
qui  s'appuient  fur  la  partie  FD,  mais  qui  ne 
la  foutiennent  pas  :  d'ailleiixs ,  ft  le  mur  6to'it 
rompii  fuivant  le  plan  incline  BE,  il  ne  pour- 
roit  pas  mcme  fe  foutenir  de  lui-meme  fur  ce 
plan. 


J^l  A   C   A   D   E   M  I   E 

17.  II  y  a  grande  apparence  que  M.  Cou- 
plet comptoit  bien  peu  fur  fa  propre  theorie, 
puifque  Taugmentation  qu'il  ajoute  a  fes  murs, 
pour  les  mettre  au  deffus  de  I'equiiibre ,  eft, 
dans  tous  les  cas  d'ufage,  beaucoup  plus  con- 
fiderable  que  ces  murs  meme  :  il  fait  aufli  a 
cet  6gard  ,  pour  diminuer  TefFet  de  la  puif- 
fance  agifTante,  des  fuppofitions  tout- a -fait 
gratiiites  ,  &  qui  ne  peuvent  aucunement 
avoir  lieu.  i°.  Au  lieu  de  mettre  le  point 
d'appui  a  I'extrcmite  B  du  mur ,  il  le  fup- 
pofe  au  tiers  X  de  la  ligne  inclinee  BF,  oil 
il  fuppofe  que  la  rupture  fe  feroit;  cette  fup- 
pofition  de  placer  le  point  d'appui  en  dedans 
du  mur,  peut  avoir  lieu  lorfque  les  fonde- 
mens  nc  font  pas  incomprefTibles  :  mais  ici 
oil  on  prend  pour  appui  une  partie  du  mur, 
il  eft  certain  que  comme  on  s'appuie  fur  de 
la  maconnerie,  le  point  d'appui  ne  peut  etre 
qu'a  I'extremite  de  la  rupture.  2°.  11  fuppofe 
qirindependamment  de  la  pouffee  des  terres, 
les  murs  de  revetement  peuvent  encore  ef- 
fuyer  des  efforts  accidentels ,  tels  que  le  mou- 
vement  des  voitures  ou  des  depots  de  mate- 
riaux  que  Ton  feroit  fur  le  terre  plein ;  &  , 
pour  tenir  lieu  des  efforts  de  ces  efforts  ac- 
cidentels ,  il  fuppofe  que  le  terre  plein  eft 
charge  d'une  maffe  de  terre  HJKO  (fig.  8 
6-  ^.)  de  dix  pieds  de  hauteur;  mais  il  n'eft 
pas  naturel  de  fuppofer  cette  charge  au/Ii 
forte ,  fur-tout  pour  les  petits  revetemens  ; 
cette  furcharge,  pour  un  revetement  de  dix 
pieds  de  hauteur,  feroit  fix  fois  plus  grande 


D  E    Dijon,  iy?4.  43 

que  celle  du  triangle  de  terre  que  M.  Couplet 
contidere  comma  ttant  feul  employe  a  ren- 
verler  le  mur  dans  I'hypotheie  du  talus  d^s 
faces  du  tetraedre,  &  ce  n'eil:  que  pour  des 
revetcmens  de  40  pieds  que  cette  maile  de 
terre  ell  egale  a  celle  du  triangle. 

11  reiulte  de  ces  iuppolitions ,  que  M.  Cou- 
plet ajoute  derriere  le  revetement  triangu- 
laire ,  une  partie  re<51:angulaire  qui  ell  beau- 
coup  plus  forte  que  cette  partie  en  triangle, 
qui  iuffiroit  pour  taire  equilibre ;  elle  eit  le 
double  pour  des  murs  de  15  a  16  pieds  de 
hauteur ,  elle  ell  ^gale  pour  des  murs  de  45 
a  46  pieds  ,  &  elle  ell  les  deux  tiers  pour  des 
murs  de  lOO  pieds. 

La  iuppolition  qu'il  fait  de  placer  ce  point 
d'appui  au  tiers  de  Tepaiffeur  du  mur  lur  la 
ligne  i'uivant  laquelle  le  mur  doit  le  fendre, 
ron-l"?lilement  diminue  d'un  tiers  I'energie  de 
la  puillance  reiillante ,  mais  encore  il  arrive 
qu'une  partie  du  mur  etant  de  i'autre  c6t6 
<iu  point  d'appui  &  en  balcule ,  devient  une 
puiflance  agifTante  :  c'eft  cependant  d'apres 
ces  fuppohtions  que  M.  Couplet  a  conllruit 
trois  tables  pour  regler  les  epailTeurs  &  les 
talus  des  murs  ;  leurs  rekiltats  lont  relatifs 
aux  trois  Iuppolitions  qu'il  a  faites  pour  le 
talus  que  prennent  les  terres;  mais  il  ell  aile 
de  voir  que  routes  ces  rixations  arbitraires 
de  levier ,  de  mallit  de  terre,  de  point  rixe, 
ne  peuvent  pas  donner  grande  allurance  dans 
^es  regies  qu'il  eft  vilible  que  Ton  n'a  ^ta- 
tlies  que  pour  chercher  a  s'accorder  a  peu 


'44  A  C  A   D   E   M  I   E 

pres  a  celles  qui  avoient  ete  propof^es  par 
des  Praticiens ,  mais  qu'ils  n'avoient  fondees 
fur  .iucunes  demonftrations.  Je  dpnne  par  les 
figures  10,  II,  12,  les  profils  des  murs  fui- 
vant  les  differentes  hypotheles  de  M.  Couplet. 
Je  ne  parle  pas  de  fon  hypothefe  de  la 
pyramide  quarree,  ni  d'un  troifieme  Memoire 
fur  les  contre-forts ,  j'en  ai  affez  dit  fur  cet 
objet. 

1 8.  M.  Belidor  a  aufll  traite  amplement, 
dans  le  premier  livre  de  la  Science  des  Inge- 
nieurs,  la  queftion  de  determiner  Tepaiffeur 
des  murs  de  revetement.  11  y  a  apparence 
qu'il  travailloit  en  meme  temps  que  M.  Cou- 
plet, puifque  le  livre  de  M.  Belidor  eft  im- 
prime  en  1729, &  que  les  Memoires  de  I'Aca- 
demie ,  oil  font  ceux  de  M.  Couplet ,  n'ont 
^te  imprimis  que  dans  ce  temps;  ce  qu'il  y 
a  de  certain ,  c'eft  que  ces  deux  Auteurs  , 
quoique  agiffant  par  les  memes  principes,ont 
pris  des  routes  fort  differentes. 

19.  M.  Belidor  fuppofe  que  les  terres  pren- 
nent  le  plus  ordinairement  un  talus  de  45 
degres ;  qu'une  puiffance  qui  oppoferoit  ver- 
ticalement  a  la  pouffee  du  triangle  de  terre 
qui  tend  a  s'^bouler,  une  furface  plane  de- 
vroit  etre  ^gale  au  poids  de  ce  triangle,  s'il 
gliffoit  fur  un  plan  incline  fort  lifTe ;  mais  il 
penfe  que  la  tenacity  des  terres  fait  que  cette 
puiffance  ne  peut  etre  comptee  au  plus  que 
pour  moitie.  II  fuppofe  enfuite  que  toute  la 
hauteur  A  B  du  mur  {fig.  /j. )  eft  divifee  en 
5iiUtant  de  parties  qu'il  y  a  de  pieds  dans  cette 


D  E     Dijon,  77^^,  45 

hauteur ,  &  qu'une  puiffance  appliquee  a  cha- 
cune  de  ces  parties  du  mur,foutient  la  pouffee 
des  terres  qui  lui  repond;  la  premiere  dans 
le  haut  foutient  un  triangle,  &  chacune  des 
autres  en  defcendant  foutient  des  trape- 
zes ,  dont  les  furfaces  augmentent  en  raifon 
des  nombres  impairs  I.  3.  5.  Chacune  de  ces 
puiffances  agit  a  I'extremite  d'un  bras  de  le- 
vier,  &  tous  ces  leviers  diminuent  fuivant  la 
progreffion  des  nombres  naturels  3.  2.  I.  En 
multipliant  chacun  de  ces  bras  de  levier  par 
TefFort  que  fait  centre  le  mur'le  trapeze  qui 
lui  repond,-  on  aura,  dit-il,  les  difFerentes 
energies  de  la  pouffee  des  terres  contre  les 
differentes  parties  du  revetement,  &  la  fomme 
totale  de  ces  energies  fera  I'energie  de  la 
pouffee  totale  des  terres.  L'energie  de  la 
puiffance  refiftante  eft  le  produit  du  profit 
du  mur  A  J  par  la  moitie  de  fon  epaiffeur 
KB,lorfqu'il  eft  aplomb  des  deux  cotes (!)• 


( 1 )  Pour  donner  un  exemple  de  la  methode  de  M; 
Belidor  :  foit  un  mur  AB  de  3  pieds  de  hauteur ,  la 
furface  db  premier  triangle  fera  |  qu'il  multipHe  par  le 
levier  AB  =:  3  ;  le  trapeze  enfuite  eft  |-  qu'il  multiplie 
par  DB  =:  2  ;  le  trapeze  fuivant  eft  |  qu'il  multiplie  par 
BE=i ;  de  forte  que  Ton  aura  I  X  3+i  X  2+|  X  1=7, 
dont  il  ne  prend  que  la  moitid,  3^,  a  caufe  de  la  te- 
nacite  des  terres ;  &  comme  il  veut  reunir  la  fomme  de 
ces  energies  au  fommet  du  mur,  il  divife  cette  quan- 
tite  3  I  par  A  B  =:  3  ,  &  il  a  1  j  qui  eft  I'energie  des 
puilTances  agifTantes  reunies  au  point  A. 


46  A    C   A   D  E    M   I   E 

i<*.  Cette  hypothefe  de  M.  Belidor  efl:  plus 
naturelle  que  celles  de  M.  Couplet,  mais  elle 
laifle  encore  beaucoup  a  defirer.  L'on  ne  voir 
pas  d'abord  pourquoi  Ton  ne  doit  prendre 
que  la  moitie  du  poids  des  terres  pour  avoir 
la  poufiee ,  &  il  n'y  a  rien  de  demontre  fur 
cette  affertion.  Les  bras  de  levier  ne  devroient 
pas  etre  pris  depuis  le  point  d'appui  jufques 
au  deffus  des  trapezes  ou  des  triangles ,  mais 
fculement  julques  au  point  oil  I'impreffion 
moyenne  de  ces  trapezes  &:  triangles  ie  fait 
centre  le  mur  :  de  plus,  rien  ne  prouve  que 
la  pouffee  des  terres  agiffe  liorizontalement. 
Mais  ce  qu'il  y  a  de  phis  extraordinaire,  c'eft 
que  M.  Belidor  s'eft  embarraffe  dans  de  longs 
calculs  pour  conftruire  des  tables  ,  afin  de 
fixer  Tepaifleur  des  murs  de  revetement,fans 
prendre  garde  qu'en  fuivant  fes  formuies,les 
difterentes  epaiffeurs ,  relativement  a  la  hau- 
teur des  murs  ,  fuivoient  une  progreflion 
arithmetique ;  &  par  confequent ,  qu'ayant 
calcule  Tepaiffeiir  des  murs  pour  deux  hau- 
teurs feulement ,  toutes  les  autres  fe  trou- 
voient ,  en  ajoutant  feulement  la  difference 
trouvee  entre  les  premiers  termes.  Je  donne 
ici  les  differens  profils  de  M.  Belidor  (/g.  14), 
depuis  10  pi.  jufqu'a  lOO  pi.  de  hauteur. 

21.  M*".  le  Marechal  de  Vauban  a  aufli 
donne  im  proiil  gen(^ral  pour  tous  les  murs 
de  revetement  des  fortifications ;  il  a  fuivi 
dans  ce  profil  une  pratique  fondee  fur  une 
experience  qu'il  croyoit  d'autant  plus  cer-; 


D  E    Dijon,  fy^4:        47 

talne,  quelle  lui  avoit  rduffi  fur  plus  de  cent 
cinquante  places  qu'il  avoit  fait  fortifier  par 
les  ordres  du  Roi. 

II  etablit,  pour  regie  generale,  de  donner 
depuis  4  pi.  jufqu a  6  depailleur  au  f6mmet 
des  murs ,  &  ce  a  proportion  que  la  macon- 
nerie  eft  bonne  ou  mauvaife ,  &  enfuite  oe 
donner  un  cinquisme  de  talus ,  ce  qui  aug- 
mente  leur  epaiffeur  fur  la  bafe  a  proportion 
de  leur  hauteur.  Je  donnc  {fg.  i5.)  le  profil 
general  de  M'.  de  Vauban. 

Cette  regie  pent  etre  tres-bonne  pour  des 
murs  de  fortifications ,  qui  doivent  non-feu- 
lement  refifter  a  la  pouifee  des  terres  des 
remparts,  mais  qui  doivent  auffi  oppofer  une 
certaine  reliftance  au  canon,  &  donner  plus 
de  difficulte  a  faire  la  breche;  mais  pour  des 
murs  ordinaires  qui  doivent  foutenir  des 
chauflees  &  des  quais  ,  &  qui  ne  doivent 
point  etre  attaques  par  le  canon  ,  le  proiil 
de  M^.  de  Vauban  leur  donneroit  beaucoup 
trop  d'epalfleur  au  fommet  :  d'ailleurs,  rien 
ne  demontre  que  le  talus  d'un  cinquieme  foit 
line  proportion  neceffaire.  L'on  a  au(Ti  pre- 
fume  que  fi  les  revetemens  d'nne  petite  hau- 
teur etoient  beaucoup  trop  confiderables  pour 
refifter  a  la  pouffee  des  terres ,  cette  epaif- 
feur ne  fufFiroit  pent -etre  pas,  lorfque  les 
revetemens  feroient  tres -confiderables.  La 
pratique  qui  avoit  guide  ce  grand  Homm.e 
pour  des  iruirs  d'une  hauteur  mediocre ,  ne 
lui  ayant  ete  d'aucune  utiiite  pour  ceux  qui 
auroient  eu  plus  de  cinquante  pieds  de  liau- 


'4S  A  C   A   D   ^  M  I  E 

leur,  parce  que  les  experiences  de  cette  e{- 
pece  font  fort  rares ,  nous  verrons  par  la  fuite 
fi  ce  doute  eft  fonde. 

22.  L'experience  doit  etre  neceffairement 
la  bafe  des*principes  que  Ton  cherche  a  eta- 
blir  dans  toutes  fortes  de  matieres  de  prati- 
que ;  mais  cette  pratique  doit  etre  guidee 
par  la  theorie  ,  parce  qu'il  eft  difficile  que 
l'experience  la  plus  confommee  puifl"e  s'ap- 
pliquer  a  tous  les  cas  poftibles. 

N'ayant  rien  trouv^  de  fatisfaifant  &  de 
demontr^  dans  les  difFerentes  regies  qui  ont 
ete  donn^es  jufqu'ici,  j'ai  cherche  s'il  ne  fe- 
roit  pas  poffible  de  fonder  la  theorie  de  la 
poufl'^e  des  terres  fur  une  pratique  raifonnee; 
il  eft  vrai  qu'il  faudroit  pour  cet  objet  faire 
beaucoup  d'experiences  fur  differentes  fortes 
de  terres,  &  fur  des  murs  affez  eleves  pour 
que  les  petits  accidens,  inevitables  dans  ces 
fortes  d'epreuvef  ne  puiffent  pas  influer  beau- 
coup  fur  les  refuitats;  il  faudroit  fur- tout 
examiner  attentivement  des  murs  qui  auroient 
ete  renverfes,  &  en  chercher  les  caufes. 

Mais  comme  il  feroit  difficile  que  les  ex- 
periences de  cette  derniere  efp^ce  fuffent 
affez  multipliees  pour  etablir  une  theorie  fo- 
lide,  au  defaut  de  la  multiplicite  de  ces  ex- 
periences que  le  hafard  feul  peut  donner , 
j'ai  pris  le  parti  d'en  faire  quelques-unes  affez 
en  grand  fur  des  terrtfs  de  differentes  efp^- 
ces ;  &  quoique  la  manoeuvre  de  ces  expe- 
riences paroiffe  bien  fimple,  puifqu'il  ne  s'agit 

qu^ 


D  E    Dijon;  (^^4:  49 

que  d'oppofer  une  furface  verticale  a  la  poiiffea 
des  terres,&  de  connoitre  le  poids  qui  peut 
retenir  cette  furface  :  ce  qui  paroit  aife  dans 
la  fp^culation,  devient  cependant  affez  diffi- 
cile dans  la  pratique.  En  faifant  ces  expe- 
riences fur  des  furfaces  de  6  a  7  pieds  de 
hauteur  &de  trois  pieds  delargeur,  on  s'ap- 
per^oit  que  les  terres  de  cote  etant  liees  avec 
celles  qui  font  derriere  ie  plan  vertical,  il 
ny  en  a  qu'une  partie  de  celles-ci  qui  agif- 
fent.  II  en  eft  de  meme  fi  on  contient  ces 
terres  entre  des  plans  perpendiculaires  au  plan 
vertical  oppofe  a  la  pouffee  :  d'ailleurs,  des 
terres  nouvellement  remuees  font  long-temps 
a  fe  taffer  ,  &  ce  n^  pourroit  etre  qu'a  la 
longue  que  Ton  pourroit  connoitre  la  force 
capable  de  refifter  a  cette  pouffee  ,  qui  agic 
probablement  d'autant  plus  efficacement  , 
quelle  eft  un  temps  plus  long  a  agir. 

23.  L'on  croit  communement  que  les  ter- 
res qui  ont  le  plus  de  pouffee  ,  font  celles 
dont  les  parties  font  les  plus  mobiles,  &  qui 
prennent  naturellement  un  plus  grand  talus  ; 
mais  rien  n'eft  moins  prouve  que  ce  fenti- 
ment  :  fouvent  des  terres  graffes  &  compac- 
tes ,  qui  ne  prennent  que  peu  de  talus ,  font 
plus  lourdes  que  des  graviers  qui  laiffent  en- 
tr'eux  beaucoup  de  vuides ,  &  il  n'eft  point 
demontr^  que  la  pouffee  foit  proportionn^e 
au  talus  que  prennent  les  terres ;  il  y  a  meme 
tout  lieu  de  croire  que  les  terres  les  plus 
dangereufes  pour  les  murs  de  foutenement, 
i"ont  celles  qui  font  fufceptibks  de  fe  gonfle? 


50  ACADEMIE 

par  rhnmidit6  &  de  fe  fecher  enfuite;  la  force 
qu'exercent  ces  terres,  en  prenant  plus  d'ex- 
tenfion  lorfqu'elles  font  mouillees,eft  enorme 
&  comparable  a  celle  qui  agit  fur  de«  coins 
de  bois  fees  que  Ton  mouille  pour  faire  de- 
tacher les  pierres  dans  les  carrieres;  il  feroit 
meme  impraticable  d'oppofer  a  cette  force 
des  murs  aflez  6pais  pour  lui  refifter ,  quoi- 
qu'll  n'y  eut  gueres  que  les  terres  pres  de  la 
furface  &  fur  quelques  pieds  de  hauteur  qui 
foient  fujettes  a  ces  variations ,  celles  qui  font 
iin  pen  profondes  pouvant  difficilement  etre 
penetrees  par  la  pluie  :  il  faut  fe  contenter, 
dans  ce  cas ,  d'eloigner  ces  terres  graffes  des 
revetements ,  en  mettant  de  la  pierraille  on 
d'autres  terres  legeres  entre  celles -ci  &  le 
mur.  On  pent  voir  fur  ce  fujet  un  Memoire 
<le  M^  de  Reaumur  dans  les  Memoires  de 
I'Academie  des  Sciences  ,  de  I'annee  1730. 

Les  experiences  fur  des  terres  un  pen  com- 
pares etant  tres-difficiles  a  faire,  a  caufe  de 
ieur  peu  de  mobilite  qui  empeche  qu'elles  ne 
puiffent  agir,  fi  ce  n'eH  a  la  longue,  je  me 
fuis  fervi,  pour  mes  experiences,  d'un  fable 
aflez  fin  &  peu  roulant,  qui  peut  tenir  le 
milieu  entre  le  fable  roulant  &  la  terre  or- 
dinaire. 

24.  J'ai  fait  faire  une  efpece  de  caifTe  {fig, 
iC)  de  30  pouces  de  longueur  fur  autant  de 
hauteur  &  fur  un  pied  de  largeur,  ouverte 
par  le  devant  &  par  le  defliis  ;  j'ai  mis  devant 
cette  caiiTe  im  plan  vertical  d'un  pied  de  lar- 
geur fur  30  pouces  de  hauteur,  mobile  dans 


D  E    Dijon;   1^94:  5 1 

jk  has  fur  line  charniere,  &  fixant  au  tiers 
de  fa  hauteur  deux  cordes,  qui,  apres  avoir 
paffe  fur  deux  poulies  ,  etoient  attachees  k 
un  plateau ,  fur  lequel  on  pouvoit  placec 
differens  poids;  j'ai  fait  remplir  la  caiffe  de 
fable ,  &  j'ai  trouve  qu'un  poids  de  3  5  livres 
empeehoit  le  plan  vertical  de  fe  renverfer  , 
quoique  le  fable  qui  s'ebouloit  lorfque  le  plaa 
etoit  totalement  renverf^  ,  pefat  320  livres, 
ce  fable  prenoit  un  talus  un  peu  plus  petit 
que  Tangle  de  45  degres. 

25.  Quoique  j'euffe  pu  faire  toutes  les  ex- 
periences avec  cette  caiffe  ,  je  me  fuis  ap- 
pergu  cependant  que  fouvent  le  fable  ne  pre- 
noit que  peu  de  talus,  qu'il  sechappoit  par 
les  inrervalles  qui  refloient  entre  I'interieur 
de  la  caiffe  &  le  plan  vertical,  ou  que  s'y 
arretant ,  il  le  retenoit ;  j'ai  pris  le  parti  , 
pour  faire  plus  commodement  ces  experien- 
ces, de  faire  faire  une  caiffe  pareille  a  celle 
que  j'ai  decrite ,  mais  plus  petite ,  &  dont 
toutes  les  dimeniions  etoient  du  quart  de  la 
pr^cedente  j  &  au  lieu  de  fable ,  je  me  fuis 
fervi  de  grenaille  de  fer  fondu ,  que  Ton 
nomme  communement  fonte  agiboyer;  cette 
grenaille  etant  un  peu  groffe ,  ne  pouvoit  s'in- 
finuer  entre  le  plan  vertical  &  les  cotes  de 
la  boite,  &  laiffoit  le  mouvement  abfolument 
libre;  &  comme  cette  grenaille  pefe  plus  que 
de  la  terre,  au  lien  de  me  fervir  de  prifmes 
de  pierres  pour  lui  oppofer ,  j'ai  forme  avec 
des  petites  planchettes  minces  ,  des  prifmes 
creux  que  je  rempliffois  de  petit  plomb  a 

Dij 


52  A   C  A   D   t  M  I  E 

giboyer  &  de  fonte,  tellement  melangee,  que 
la  pefanteur  fpecifique  du  prilme  ainfi  rem- 
pli,  fut  avec  la  grenaille  de  fonte  en  meme 
proportion  que  la  maconnerie  eft  avec  la 
terre.  Je  rapporterai  principalement  ces  der- 
nieres  experiences  qui  ont  ete  faites  avec  la 
plus  grande  exaditude  ,  &  toutes  r^petees 
quatre  a  cinq  fois ;  &  pour  donner  differens 
talus  a  la  grenaille ,  qui  naturellement  pre- 
noit  un  pied  de  bafe  fur  un  demi-pied  de 
hauteur ,  j'ai  place  dans  la  petite  caiffe  un 
plan  diagonal  a  qui  Ton  donnoit  difF^rentes 
inclinaifons ,  &  principalement  celle  de  45 
degres ,  &  celle  qui  partage  cet  angle  en  2 
€galement ,  foit  avec  la  verticale ,  foit  avec 
i'horizontale. 

26.  II  eft  affez  nature!  de  penfer  que  la 
pouffee  des  terres  agiffe  d'autant  plus  effica- 
cement  qu'elles  font  a  une  phis  grande  pro- 
fondeur;  cependant  comme  celles  du  bas  font 
preffees  par  toutes  les  terres  fuperieures,  on 
pourroit  croire  que  leur  adion  eft  diminuee 
par  ce  poids  ,  &  que  leur  poufl"ee  n'eft  pas 
exaftement  proportlonnee  aux  trapezes  qui 
leur  repondent.  Ainfi ,  la  premiere  queftion 
a  examiner,  eft  de  fa  voir  fi  toutes  les  parties 
de  la  hauteur  d'un  mur  font  pouffees  avec  des 
forces  relatives  aux  diiT^rens  trapezes  de  terre 
qui  s'appuient  contre  ces  parties. 

27.  Pour  m'en  afliirer  par  experience ,  j'ai 
mis  devant  la  caiffe  ,  dont  on  ne  prefente  ici 
que  le  profil  {fi§.  ly- ) ,  cinq  petite  plans  vet; 


D  E    Dijon,   7-^4.  53 

ticaux  d'un  pouce  &  demi  de  hauteur  ,  qui 
pouvoient  tons  gliffer  entre  des  couliffes  fans 
fe  toucher  les  uns  les  autres ,  chacun  etoit 
tire  par  deux  cordes  paffant  iur  deux  pou- 
lies  qui  foutenoient  un  plateau  oii  Ton  met- 
toit  difFerens  poids;  &  apres  avoir  rempli  la 
caiffe  de  grenaille ,  j'ai  eilaye  a  differentes 
fois  Iqs  poids  qu'il  falloit  mettre  pour  que 
ces  plans  verticaux  s'ecartaffent  egalement 
tous  un  peu  de  la  caiffe ;  en  gliffant  horizon- 
talement ,  j'ai  trouve  que  celui  qui  retenoit 
|e  plan  fuperieur  etoit  d'une  once  &  demie  , 
le  fecond  de  quatre  onces  ,  le  troifieme  de 
fix  onces ,  le  quatrieme  de  huit  onces  ,  &  le 
cinquieme  de  dix  onces ;  ce  qui  approche 
beaucoup  de  la  fuite  des  nombres  impairs  i. 
3.  5.  7.  9;  &  comme  le  triangle  A  &  les  tra- 
pezes BCOE  font  dans  la  proportion  de  ces 
nombres,  il  eft  certain  que  cette  experience 
demontre  que  les  murs  font  pouffes  dans  les 
differentes  parties  de  leur  hauteur ,  dans  la 
proportion  des  trapezes  de  terre  qui  leur  font 
oppofes. 

iS.  11  fuit  encore  de  cette  experience,  que 
£1  on  vouloit  placer  une  puiffance  refiftante 
pour  foutenir  les  murs  de  revetement  dans 
iin  point  de  leur  hauteur ,  ce  point  devroit 
etre  au  tiers  de  la  hauteur  de  ces  murs ,  afin 
que  la  pouffee  de  la  partie  inferieure  fiit  egale 
a  celle  de  la  partie  fuperieure,  &  que  Tune 
foit  en  ^quilibre  avec  I'autre,  attendu  que 
ce  point  eft  vis-a-vis  le  centre  de  gravite  du 
triangle  de  terre  qui  exerce  la  pouffee ;  S^ 

D  iij 


54  A    C    A    D    E   M   I     E 

que  pour  foutenir  ce  triangle  finvant  la  di- 
redion  la  plus  avantageufe  a  la  puiiTance,  il 
faudroit  que  cette  direction  fut  une  ligne  tiree 
du  centre  de  gravite  parallelement  au  plan 
incline,  &  il  eft  evident  que  cette  ligne  abou- 
tiroit  au  tiers  de  la  hauteur  du  mur. 

29.  Mais  pour  m'afTurer  encore  davantage 
de  ce  fait  qui  eft  tr6s-important  ,  j.'ai  place 
devant  la  caifl'e  un  plan  vertical  que  j'ai  re- 
tenu  par  deux  points  d'appui  places  au  tiers 
de  i"a  hauteur,  j'ai  verfe  de  la  grenaille  dans 
la  caifte,  &  lorfqu'elle  a  et6  pieine,  le  plan 
eft  refte  en  equilibre.  (/%.  18.  ) 

J'ai  enfuite  fixe  le  point  d'appui  plus  has, 
&  apres  que  la  caifte  a  ete  remplie ,  la  gre- 
iiaiile  a  fait  verfer  le  plan  vertical  par  le 
deffus,  &  il  a  pris  la  pofition  CF;  apres  avoir 
fixe  encore  le  point  d'appui  plus  haut  que 
le  tiers  ,  le  plan  vertical  s'eft  incline  &  a  pris 
Ja  pofttion  BE,  ce  qui  prouve  evidemment 
que  le  centre  d'impreftion  de  la  pouffee  des 
terres  eft  vis-a-vis  le  centre  de  gravite  du 
triangle  qui  exerce  la  pouffee. 

30.  11  fuit  deli  que  le  centre  d'impreftion 
de  la  poufl'ee  des  differentes  parties  de  la  terra 
qui  eft  derriere  un  mur,  fe  trouve  vis-a-vis 
le  centre  de  gravite  des  difterens  trapezes  qui 
partagent  le  profil  des  terres  qui  tendent  a 
s'ebouler,  ce  que  je  ne  m'arreterai  pas  a  de- 
jBontrer  :  il  eft  queftion  a  prefent  de  cher- 
cher  quelle  eft  la  force  de  la  pouffee ,  & 
comment  elle  agit  contre  un  mur  fuivant  les 
diiFerens  talus  que  prennent  les  terres. 


D  E    Dijon,  iyS4.  5^ 

31.  J'ai  place,  comme  dans  Texperlence 
precedente,  un  plan  vertical  devantla  caiffe; 
&  apres  I'avoir  retenii  au  tiers  de  fa  hau- 
teur par  deux  cordes,  je  les  ai  fait  paffer  fur 
des  poulies  pour  foutenir  un  plateau  place 
fous  la'  caiffe ,  afin  de  pouvoir  charger  ce 
plateau  de  difFerens  poids.  {fig.  18,) 

J'ai  rempli  la  caiffe  de  grenaille  dont  le 
talus  naturel  etoit  d'un  pouce  de  hauteur  fur 
deux  ponces  de  bafe,  &  j'ai  trouve  que  le 
poids  qu'il  falloit  placer  fur  le  plateau  etoit 
de  3  livres  ;  j'ai  enfuite  place  dans  la  caiffe 
un  plan  incline  FG  fous  Tangle  de  45  degres  ; 
&  apres  avoir  rempli  la  capacite  BFG  de 
grenaille  ,  j'ai  trouve  que  le  poids  qu'il  fallojt 
placer  fur  le  plateau  n'etoit  encore  que  de 
3  livres;  en  variant  I'inclinaifon  du  plan  pour 
avoir  un  talus  double  de  4?  livres  comme  FP, 
ou  un  talus  qui  n'en  fiit  que  la  moitie  comme 
FQ,  j'ai  toujours  trouve  qu'il  falloit  mettre 
le  meme  poids  fur  le  plateau  pour  foutenir 
la  furface  verticale  oppofee  a  I'adion  de  la 
grenaille,  quoique  fous  Tangle  de45  degres, 
il  y  eut  13  livres  de  grenaille  dans  la  caiffe; 
que  fous  un  talus  double  ,  il  n'y  eut  que  6 
liv. -J ,  &  que  fous  un  talus  moitie  moindre, 
il  y  en  eut  26  livres. 

Cette  experience  eft  abfolument  contraire 
au  principe  de  M.  Belidor  fur  la  pouffee  des 
terres;  car,  fuivant  lui ,  fi  les  terres  prenoient 
un  talus  moindre  de  45  ''. ,  la  puiffance  de- 
vroit  toujours  etre  proportionneeala  furface 
du  triangle  qui  glifferoit  fur  le  talus  que  pren- 

D    lY 


56  A   C  A  D  E  MI  t 

nent  les  terres ;  &  comtne  ce  triangle  feroit 
double  de  celui  fur  lequel  il  a  fait  fon  calcul, 
si  auroit  trouvd  une  epaiffeur  beaucoup  plus 
grande  que  celle  qu'il  a  fixee(i). 

32.  II  eft  neanmoins  aife  de  voir  que  fi  le 
triangle  de  terre  qui  gliffe  fur  un  plan  incline 
de  45  degr^s,  a  plus  de  poids  qu'un  autre 
triangle  qui  glifferoit  fur  un  talus  moindre , 
!e  plus  grand  talus  en  porte  aufli  une  plus 
grande  partie  qu'un  talus  plus  petit ;  qu'ainii 
la  partie  de  fon  poids  qu'il  emploie  a  agir 
centre  le  mur ,  "doit  etre  aufli  moindre  ,  & 
qu'il  peut  fe  faire  que  la  rapidite  du  plan 
incline  compenfe  le  moindre  volume  des 
terres. 

33.  On  doit  encore  remarquer  que  lorfque 
la  pouffee  des  terres  fait  deverfer  ou  reculer  j 
iin  mur,  alors  les  terres  defcendent  &  gliffent 
contre  le  mur ,  ainfi  que  contre  le  talus  de 
celles  qui  reftent;  par  confequent  que  Ton 
ddit  confiderer  le  triangle  de  terre  qui  pouffe 
plutot  comme  un  coin  que  comme  un  plan 


(  I  )  Dans  I'exemple  que  donne  M.  Belidor  pour  un 
rnnr  de  15  pi.  de  hauteur  ,  dont  ies  terres  qui  poufTent,     ( 
prennent  naturellement  un  talus  de  45  degres ,  le  triangle      j 
qu'il  prend  pour  I'unite  cube  ^  pied  ,  &   il  trouve  1  e- 
paifleur  au  Ibmmet  du  mur  avec  ^  de  talus  de  2  pieds 
6  po.  2  lign. 

Si  le  talus  etoit  double  ,  le  triangle  qu'il  prend  pour 
I'unite  feroit  i  pi.  &  I'epaiffeur  du  mur  au  fommet  Teroit 
alors  de  4  pi.  6  po.  :  en  fuppofant  que  le  talus  ne  fut  que 
fie  la  moitie  de  celui  de  45  degres ,  cette  epaiffeur  nt 
i«rpjt  plvis  que  i  pi.  i  po. 


D  E    Dijon,  iy^4.  57 

incline ,  ce  qui  apportera  qiielque  diiFerence 
dans  le  calcul ,  mais  feulement  par  rapport 
aux  frottemens. 

II  eft  queftion  a  prefent  de  demontrer  fi 
efFeftivement  les  ditterens  talus  des  terres 
donnent  toujoufs  la  meme  pouff^e;  pour  cet 
effet  il  faut  faire  attention,  i°.  que,  dans  le 
cas  prefent,  I'experience  &  le  raifonnement 
•demontrent  que  le  centre  d'impreffion  fe  fait 
au  tiers  de  la  hauteur  des  terres  ,  par  la  raifon 
que  le  coin  eft  compof^  de  parties  mobiles, 
dont  le  poids  des  fuperieures  fe  porte  fur  les 
inferieures;  au  lieu  que  fi  le  coin  etoit  d'une 
feule  maffe,  ce  centre  d'impreffion  feroit  beau- 
coup  plus  pees  de  fa  partie  fuperieure. 

2°.  Que  quel  que  foit  I'efFort  de  cette  pouffee 
au  tiers  de  la  hauteur  du  mur,  il  peut  tou- 
jours  etre  divife  en  deux  eff'orts ,  I'un  hori- 
zontal &  I'autre  vertical.  3°.  Qu'en  faifant 
abftradion  des  frottemens,  &  fuppofant  le 
parement  interieur  du  mur  tres-uni ,  I'effort 
vertical  ne  fera  aucun  effort,  foit  pour  ren- 
verfer  le  mur ,  foit  pour  le  retenir.  4'^.  Que 
le  poids  des  terres  agit  toujours  verticale- 
jnent,  &  qu'ainfi  la  direftion  eft  determinee. 
50.  Le  plan  incline  foutenant  une  partie  de 
ce  poids,  la  diredion  de  cette  force  doit  etre 
perpendiculaire  au  plan.  Ainfi ,  en  prenant 
im  point  J  {fig.  icf.)  dans  I'horizontale  JK, 
placee  au  tiers  de  la  hauteur  du  mur,  abaif- 
fant  la  verticale  JM  &  la  perpendiculaire  JL 
au  plan  incline,  on  formera  le  parallelogramme 
dQS  terres  KJLM,  oil  JM  exprime  le  poids 


58  A   C   A  D   E  M  I   E 

&  KJ  TefFort  horizontal  des  terres  centre  le 
mur;  nommant  la  hauteur  du  plan  incline  /z, 
la  largeur  /,  on  aura  JM.  JKj::  Lh ,  Ton  a  aufli 

JM  --  dont  '--  JK  •  :  /./z,  &  JK=  '-^C^, 

oil  Ton  volt  que  dans  rexprefTion  de  cette 
puifTance  JK ,  il  n'ell  queftion  que  de  la  hau- 
leur  des  terres ,  &  que  par  confequent  I'in- 
cllnaifon  qu'elles  prennent  ,  eft  indifferente 
pour  leur  pouffee  ,  parce  que  plus  leur  in- 
clinail'on  eft  petite  ,  &  plus  leur  adion  eft 
grande,  relativement  a  leur  poids. 

Si  dans  la  figure  19,  oil  le  talus  eft  de  45 
degres,  le  poids  du  triangle  ABC  eft  exprime 
par  JM  dans  ia  figure  20,  oil  le  triangle  EFG 
eft  de  moitie  plus  petit  que  le  -premier ,  la 
ligne ///z  fera  la  moitie  de  la  ligne  JM,  mais 
3a  ligne  ik  fera  neanmoins  toujours  egale  a 
3K ,  car  Ton  a  ik.  im  : :  GF.  EF,  &  par  la  fup- 
pofition  GF  eft  double  de  FE;  done  ki  fera 
double  de  JM ,  mais  im  =-\  JM,  done  KJnz 
3M  de  plus  a  caufe  de  Tangle  de  45  ^.  JM  = 
JK ,  done  ik-]K  C.  Q.  F.  D. 

34.  L'on  a  vu  dans  la  derniere  experience, 
que  le  poids  qu'il  a  fallu  pour  retenir  le  plan 
vertical  avant  qu'il  ne  gliftat  ou  qu'il  ne  fe 
Tenverfat,  etoit  toujours  de  3  livres ;  cepen- 
dant  lorfque  I'inclinaifon  etoit  de  45  ^.  ,  le 
poids  qui  agiffoit  contre  ce  mur  etoit  de  13 
liv.  !1  paroit  que  la  puiffance  qui  devoit  re- 
tenir ce  poids ,  auroit  auffi  dii  etre  de  1 3  1. , 
puifque  KJ  qui  exprime  ce.tte  puiffari£e=  JxM 
tr[ui  exprime  le  poids. 


D  E     Dijon,  lyS^.  5*9^ 

Pour  chercher  les  caiifes  du  pen  d'efFet  que 
produit  en  apparence  la  pouffee  de  la  gre- 
nailie  dans  le  cas  dont  il  s'agit  (^fig.  21),  il 
faut  conlid^rer,  l°.  que  le  poids  ablolu  du 
triangle  ABC  n'agit  pas  a  beaucoup  pres  en 
entier  centre  le  mur,  une  partie  eft  foutenue 
fur  le  plan  incline ,  la  diredion  de  la  pouffee 
fe  fait  meme  luivant  cette  inclinaifon,  comme 
on  doit  Tinferer  de  la  premiere  experience , 
alors  le  poids  abfoiu  fera  a  la  puiftance  agif- 
fante  '.  *.  DF.  DE,  ou  *.  '.  7.  5  ,  lorfque  le  plan 
eft  incline  de  45  ^.  ainfi  Ton  aura  7.  J  1  ^  13. 

7  7 

2".  Le  frottement  eft  ici  tres-confiderable, 
parce  qu'il  fe  fait  contre  les  deux  cotes  AC, 
BC  du  triangle :  quoique  les  furfaces  frottantes 
foient  tres-raboteufes,  je  ne  fuppoierai  ce- 
pendant  ce  frottement  que  du  tiers  de  la  pref- 
iion  qui  fe  fait  contre  ces  furfaces;  Ton  voit 
aifement  que  ces  frottemens  feroient  le  meme 
cffet  que  deux  puifl"ances  dont  Tune  =  -j  GD 
tireroit  de  D  en  E ,  &  Fautre  =  y  ED  tireroit 
de  H  en  B;  &  comme  nous  avons  vu  que  DE 
=:DG  =  9|,  chacune  de  ces  puifl'ances  fera 
~  3?7»  ^6  poids  ne  produifant  contre  le  mur 
qu'une  adion  de  9y,  elle  fe  divife  en  deux 
autres  ,  HK.  HL  ,  chacune  ^^HJ^fXpi 
=  -y-+— =  6};  ainft  la  preffion  horizontale 
de  la  pouflee  contre  le  mur  n'eft  que  6  },  dont 
le  tiers  pour  le  frottement  eft  1  j  :  ainfi,  il 
faut  confiderer  qu'au  point  H  il  y  a  une  puif- 
^ance  agifl'ante  HK  &  trois  refiftantes,  fund 


09  ACADEMIE 

tirant  de  H  en  D  =  7  DE  =  3  -'-,  la  feconde 
tirant  de  H  en  B  =  2  };  mais  comme  celle-ci 
tire  dans  un  fens  oppofe  a  la  puiffance  HL 
=  6  y,  celle-ci  fe  reduira  k6j  —  ij=4j; 
celle  JH  =  DE  =  9y  tirant  auffi  dans  un  fens 
different  que  HD  =  3  ^.  La  premiere  fe  re- 
duira a9f— 3^  =  677;  mais  en  rempla^ant 
cette  puiffance  HJ  par  la  puiflance  horizon- 
tale  HK,  on  aura  7.  5::HJ  (677)  HK  =  i 

La  puiffance  HL=  6|— 2^  =  4^  eft  en- 
cere  une  puiffance  refiftante  qui  diminueroit 
I'adion  de  la  puiffance  HK=4| ,  ff  la  fiirface 
BC  n'etoit  pas  unie;  mais  dans  I'experience 
cette  puiffance  ne  devoir  faire  que  peu  d'effet; 
de  plus ,  il  fe  fait  encore  un  frottement  centre 
les  cotes  verticaux  de  la  caiffe,  qui  diminue 
encore  le  poids  abfolu  du  coin.  II  eft  vrai 
qu'il  y  a  aufli  un  peu  de  frottement  fur  les 
poulies,  mais  il  n'eft  pas  a  comparer  au  frot- 
tement de  la  grenaille ,  qui  eft  d'autant  plus 
confiderable  ,  que  fes  parties  font  toujours 
pretes  a  entrer  dans  les  moindres  inegalites 
des  furfaces  contre  lefquelles  elles  frottent. 
Ainfi  Ton  voit  que  le  refultat  de  la  puiffance 
agiffante  qui  a  6t6  reduit  a  4  1.  y,  doit  etre 
encore  diminue,  &  qu'il  doit  bien  approcher 
<ie  3  1.  que  donne  I'experience. 

35*  J'ai  forme  un  prifme  de  7  p*'.  7  de  hau- 
jteur,  2  po.  de  largeur,  &  3  p°.  de  longueur; 


i 


D  E    Dijon;    #7^4.  6r 

je  I'ai  rempli  de  petit  plotnb ,  enforte  qu  il 
pefoit  en  tout  10  1.  Sa  bafe  etoit  iin  pen  ra- 
bouteufe ,  ainfi  que  le  plan  du  devant  de  la 
caiffe ,  ou  etoit  place  ce  prifme.  J'ai  enfuite 
verfe  de  la  grenaille  dans  la  caiffe,  &  lorf- 
qu'elle  a  ete  remplie ,  le  prifme  ne  verfoit 
pas,  mais  il  gliffoit  fur  fa  bafe;  ayant  en- 
fuite ote  la  grenaille  &  attache  au  tiers  de 
la  hauteur  du  prifme  une  corde  qui,  paffant 
fous  une  poulie^  foutenoit  un  plateau  fur  le- 
quel  on  pla^oit  differens  poids,  &  j'ai  trouve 
qu'il  falloit  3  1.  pour  le  faire  gliffer,  ce  qui 
eft  un  peu  moins  que  le  tiers  du  poids ;  mais 
ici  la  furface  qui  frottoit,  etoit  un  peu  pe- 
tite. 

36.  J'ai  pris  un  prifme  de  7  p°.  7  de  hau- 
teur, 2  po.  10  lig.  de  long  &  i  po.  lolign.  de 
large,  pefant  en  tout  8  livres;  je  I'ai  mis  de- 
vant I'ouverture  de  la  caiffe ,  oii  ayant  verfe 
de  la  grenaille  ,  il  a  gliffe  ,  lorfqu'elle  etoit 
a  6  po.de  hauteur;  j'ai  enfuite  mis  un  point 
d'appui  derriere  le  prifme  pour  I'empecher 
de  gliffer;  &  ayant  rempli  totalement  la 
caiffe,  le  prifme  n'a  point  verfe  :  I'ayant  en- 
fuite ifole  &  fait  tirer  par  un  poids ,  il  a  fallu 
2\.~  pour  le  faire  gliffer  etant  ifole. 

37.  J'ai  pris  un  autre  prifme  de  7  po.  |-de 
haut,  2  p^.  10  lign.  de  long  &  I  po.  6  li.  de 
large  ,  pefant  en  tout  7  1.  II  a  gliffe  lorfque 
la  grenaille  etoit  a  i  po.  i-  du  haut ;  apres  avoir 
mis  un  point  d'appui ,  il  a  ver(6  lorfque 
la  grenaille  ^toit  a  un  demi-pouce  du  haut; 
&  I'ayant  fait  tirer  par  un  poids ,  il  a  fallu 
a  1.  ^  pour  le  faire  gliffer  etant  ifolf . 


6l  A   C  A   D   E  M   I   t 

38.  On  voit-  par  ces  trois  experiences,  que 
le  prifme  a  toujours  gliffe  lur  fa  bafe  plutot 
que  de  fe  renveri'er,  des  qu'il  n'y  a  pas  eii 
de  point  d'appui  pour  le  retenir  par  le  has. 
J'ai  \'U  cet  eftet  arriver  deux  fois  a  des  murs 
nouvellement  conftruits,  derriere  lefquels  on 
avoit  mis  des  terres  &  des  ouvriers  ,  m'ont 
affure  qu'ils  Tavoient  fouvent  obferve.  Cette 
remarque  fait  prefumer  que  la  force  necef- 
faire  pour  faire  reculer  les  murs  de  revete- 
ment  en  glifTant  fur  leur  bafe ,  eft  moins  forte 
que  celle  qui  eft  neceffaire  pour  les  faire 
renverfer ,  fur-tout  lorfque  les  fondations  ne 
peuvent  pas  former  liaifon  avec  les  fonde- 
mens  ,  comme  lorfqu'elles  font  aflifes  fur  la 
terre  glaife,  on  fur  une  plate-forme  de  ma- 
driers  :  il  eft  par  confequent  convenable  d'exa- 
miner  la  poufl'ee  des  terres  (uivant  cette  vue, 
qui  doit  avoir  fon  application  plus  fouvent 
peut-etre  que  lorfque  les  murs  font  renverfes. 

T   H   E    O    R    E   M   E. 

39.  Soit  le  parallelipipede  AB  {fig.  22.) 

qui  eft  tire  horizontalement  par  une  puifl'ance 
p,  appliquee  au  point  D  qui  eft  au  tiers  de 
la  hauteur  AH,  je  dis  que,  1°.  fi  la  partie  DA 
tie  la  hauteur  du  mur  oil  la  puifl'ance  p  ell 
appliquee ,  eft  le  triple  de  la  moitie  AG  de 
la  bafe  du  parallelipipede,  8r  que  cette  puif- 
fance  p  foit  le  tiers  du  poids  q  de  ce  paralle- 
lipipede ,  alors  ell'e  fera  en  equilibre  avec  le 
poids ,  &  par  confequent  ne  le  f^ra  ni  gliffei: 
Tii  renverfer. 


I 


D  E    Dijon,   lyS^:  65 

2°.  Si  on  place  cette  puliTance  p  =  j  q  an 
deffus  dii  point  D,  elie  fera  gliffer  le  prifme 
fans  le  renverfer. 

3°.  Si  on  le  place  un  pen  au  deffus  du  point 
D  ,  elle  le  fera  plutot  renverfer  que  gliffer. 

viMONSTR^TlON. 

Pour  que  les  puiffances  p  ,  q.  foient  en 
equilibre  au  tour  du  point  A ,  il  faut  que  /- 
q  :  :  AG.  AD ;  car  il  faut  regarder  les  lignes 
DAG  comme  un  levier  recourbe  ,  &  qu'a  Tune 
de  fes  extremites  D  foit  placee  la  puiffance 
/? ,  &  a  I'autre  G  la  puiffance  ^  ;  &  comme 

A  G  =  -  &  AD  =  i ,  on  aura  p.  g  : :  _._  &  — 
'a  3  133 

Dans  le  premier  cas ,  on  a  par  I'hypothefe 

h  1 

-=z'^X  -Sip=  jq,  &,mettant  dans  Tequation 
3  ^ 

h    y  *  ha 

3  -  a  la  place  de  _  &  i  a  la  place  de  ^,  on  ' 

aura  ?  x  —  =  ^ ;  par  confequent  \qs  produits 

des  puiffances  par  leurs  bras  de  levier  etant 
,egaux,  les  puiffances  font  en  equilibre. 
Dans  le  fecond  cas,  puifque  dans  letat  de 

rdquilihre  o  -  =  i_     f ,  11  eff  evident  que  li 
'3^X3 

h         1   1 

-  < ~  alors  /» >  - ;  c'eff-A-dire ,  que  fi  le  centre 


64  A   C   A   D   E   M   I    E 

d'impreflion  fe  fait  au  deffous  du  point  D, 
alors  la  puiffance  p  doit  etre  plus  grande  que 
le  tiers  du  poicis  q  pour  le  tenir  en  ^quilibre, 
&  a  plus  forte  raifon  pour  le  faire  renverfer 
a  I'entour  du  point  A ;  mais  Ton  fait  qu'elle 
ne  doit  etre  que  le  tiers  du  poids  pour  le 
faire  gliffer,  par  confeqnent  elie  auroit  done 
plus  d'avantage  pour  le  fairof  glifler  que  pour 
le  faire  renverfer. 

Dans  le  troifieme  cas ,  il  eft  encore  evi-  , 
dent,  par  la  meme  raifon ,  que  fi  -  eft  >— , 

alors  p  fera  <  ^;  c'eft-a-dire,  que  fi le  centre 

2 

d'impreflion  tfe  la  puifl'ance  p  fe  trouve  au 
deflus  du  point  D,  alors  cette  puiflance  p, 
pour  faire  renverfer  le  parallelipipede ,  pour- 
roit  etre  plus  petite  que  le  tiers  de  fon  poids; 
mais  comme  il  faut  qu'elle  en  foit  le  tiers 
pour  le  faire  glifl'er ,  U  s'enfuit  done  qu'elle 
auroit  plus  d'avantage  a  le  renverfer  qua  le 
faire  gliffer  C.  Q.  F.  D. 

REMARQUE. 

40.  On  remarquera  que  dans  I'hypothefe 
oil  les  puiffances  font  en  equilibre ,   on  a 

~  =  ll,  ce  qui  donne  /  =  f  A  ;  c'eft-a^-dire  , 
3       '^ 

que  dans  ce  cas  la  largeur  du  mur  doit  etre 
les  I  de  fa  hauteur.  2".  Lorfque  la  puiffance 
agiffante  a  plus  d'avantage  pour  faire  gliffer 
un  mur  que  pour  le  faire  renverfer,  alors 

on 


D  E    Dijon;  i;;^4l  6$ 

ona -<^& /< -/^;  dans  ce  ca5  la  largeur 
32  9 

du  mur  doit  etre  plus  grande  que  les  -  de  fa 

hauteur.  3°.  Lorfque  la  puiffance  agiffante  a 
plus  d'avantage  pour  faire  renverfer  un  muir 

que  pour   le  faire  gliffer ,   alors  on  a  i- 

h  1 

<-  &  iy~h.   Dans  ce  cas  ,  la  largeur   du 

3  ^ 

mur  doit  etre  plus  petite  que  les  |  de  fa  hau- 
teur. 

Par  confequent  lorfqu'un  mur  a  plomb  des 
deux  cotes  efl  oppofe  a  la  pouffee  des  terres  , 
fi  la  puilfance  agiffante  eft  le  tiers  du  poids 
du  mur ,  le  mur  reftefa  en  equilibre  ,  fi  la 
bafe  eft  le  ^  de  fa  hauteur  ,  il  gliffera  fi  elie 
eft  plus  grande,  &  fera  renverfe  fi  eile  eft 
plus  petite. 

REMARQ_UE      2.\ 

41.  L'on  a  vu  par  les  experiences  que  la 
puiffance  agiffante  reunie  au  tiers  de  la  hau- 
teur du  mur,  n'etoit  pas  le  quart  du  poids 
du  triangle  de  terre  qui  forme  la  pouffee  , 
lorfque  le  plan  incline  fur  lequel  il  doit  gliffer, 
eft  de  45  degres ,  &  j'ai  prouve  par  le  rai- 
fonnement  qu'elle  ne  devoit  pas  en  etre  le 
tiers.  Comme  les  experiences  ont  ete  faites 
avec  des  furfaces  polies  &  une  matiere  qui 
caufoit  le  moins  de  frcttcraent  poffible ,   il 

E 


66  ACADEMIE 

s'enfuit  que  dans  I'ufage  oii  les  frottemens 
font  bien  plus  conficlerables ,  on  pourroit 
prendre  fans  crainte  pour  puiflance  agiffante 
le  quart  du  poids  du  triangle  redangle  de 
terre ,  dont  les  cotes  font  egaux  a  la  hauteur 
du  mur,  quelque  talus  que  prennent  les  ter- 
res ,  puifque  Ton  a  vu  que  ce  talus  etoit  in- 
different :  je  fuppoferai  cependant  toujours 
que  cete  puifTance  eft  le  tiers  du  triangle, 
pour  donner  beaucoup  d'avantage  a  la  puif- 
fance  agiffante  ,  &  etre  plus  affure  que  les 
murs  ne  feront  pas  renverfes.  Je  paffe  a  pre- 
fent  a  la  recherche  de  repaiffeur  des  murs 
pour  refifter  a  la  poufTee. 


M  £  M  O  IRE 

SuR  le  hrouillard  qui  a  regni  en  Juin  & 
Juillet  lySj, 


J 


PA  R     M.     M  A  R  E  T. 


E  me  fuis  deja  occupe  du  broulllard  ex- 
traordinaire des  mois  de  Juin  &  Juillet ,  de 
Vannee  1783,  dans  le  refume  general  des  ob- 
fervations  meteorologiques  de  cette  annee 
memorable.  Mais  je  me  fuis  contente  d'y 
noter  le  moment  oil  ce  meteore  commen^a 
d'etre  obferve ,  &  ceffa  de  paroitre.  Je  m'y 
fuis  borne  a  decrire  les  principaux  pheno; 


S.  .  h  A   p  a:,  -t" 


DCS  V  n  c  JB 


j^.  i(r. 


1 i 


^  I  '  F.21.  F.  20 


D  E    Dijon,  iy84.  67 

menes  qui  le  carafteriferent ;  je  m'y  fuis  per- 
mis  pen  de  details  relatifs  a  fon  effence ,  pen 
de  conjeftures  fur  fon  origine.  Jetois  gen6 
par  la  crainte  de  paffer  les  bornes  dans  lef- 
quelles  les  hiftoires  meteorologiques  doivent 
etre  circonfcrites. 

La  Societe  Eleftorale  Palatine  m^teorolo- 
gique,  a  laquelle  j'ai  Thonneur  d'etre  aifocie, 
qui  a  re^u  de  plufieurs  de  fes  Academiciens 
etrangers  des  Memoires  fur  ce  brouillard  ,  m'a 
engage  a  lui  en  envoyer  un  fur  le  meme  fu- 
jet ,  pour  I'inierer  dans  le  Recueil  de  Memoires 
qu'elle  publie.  J'ai  repondu  a  Tinvitation  de 
cette  celebre  Societe ,  &  Taccueil  qu'elle  a 
daigne  faire  a  cet  opufcule  ecrit  en  latin ,  m'a 
decide  a  en  prefenter  ici  la  tradudion. 

Le  brouillard  dont  je  vais  donner  rhiftoire, 
a  ete  fi  extraordinaire  ,  qu'il  eft  intereffant 
d'en  coniigner  la  defcription  dans  les  faftes 
meteorologiques.  Je  dirai ,  premierement,  a 
quelle  epoque  il  a  commence  a  paroitre ,  a 
quelle  date  il  a  ceffe  de  fe  montrer,  &  quels 
phenomencs  il  a  ofFert  aux  Obfervateurs.  J'ex- 
poferai  enfuite  les  differens  moyens  que  j'ai 
employes  pour  decoiivrir  fa  nature  ,  &  je 
terminerai  ce  Memoire  par  hazarder  quelques 
conjedures  fur  fon  origine. 

Le  14  Juin,  fur  les  dix  heures  du  matin, 
je  m'appergus  que  du  cote  des  montagnes 
fitu(^es  au  couchant  de  cette  Ville  ,  I'air  etoit 
obfcurci  par  une  vapeur  fi  pen  opaque,  qu'en 


6S  ACAD^MIE 

confignant  fon  apparition  fur  mon  Journal 
nieteorologique  ,  je  defignai  feulement  ce 
phenomene  par  ces  mots  ,  air  vaponiix.  Ce 
leger  brouillard  difparut  un  peu  auparavant 
midi. 

Ce  met^ore  reparut  le  matin  &  le  foir  dit 
18  pendant  environ  deux  heures  a  chaque 
fois,mais  il  etoit  un  peu  plus  epais  que  celui 
du  14.  Comme  il  plut  fouvent  \^s  jours  fui- 
vans  &  qu'il  y  eut  un  orage  ,  ce  brouillard 
ne  fe  remontra  point  avant  le  22  ,  &  ce  iwt 
peu  de  temps  avant  le  coucher  du  foleil  qu'il 
fe  leva  &  commenga  a  etre  tres-^pais. 

De  ce  jour-la  jufqu'au  5  Juillet  inclufive- 
ment,  le  brouillard  regna  &  fut  tres-denfe. 
II  parut  encore  pendant  environ  deux  heures 
le  matin  du  6,  &  ne  reparut  que  le  12. 

II  commenca  a  la  pointe  du  jour  &  dura 
toute  la  journee  ,  fut  fort  epais  le  matin  & 
le  foir,  &  tres-peu  aux  environs  de  midi. 
Depuis  ce  jour  jufqu'au  19  inclufivement  , 
ce  brouillard  fut  fort  epais  la  matinee  &  la 
foiree,  mais  toujcurs  s'afFoibliflbit  aux  ap- 
proches  de  midi  &  dans  I'apres-dine,  de  ma- 
niere  que  Tair  etoit  alors  fimplement  vapo- 
ifeux. 

Le  19  fut  le  dernier  jour  de  Tapparition  de 
ce  meteore ,  &  on  ne  I'obferva  plus  que  le 
foir  du  20  &  du  21. 

Tant  que  ce  brouillard  a  ombrage  le  ciel, 
le  foleil ,  fur-tout  lorfqu'il  approchoit  du  me- 
xidien,  ou  en  etoit  peu  eloigne ,  etoit  rou- 
geatre,  &  fon  difque  d^pouillg  de  fes  rayons. 


D  E    Dijon,  i;;^4.  69 

paroiffoit  termine  comme  celui  de  la  liine, 
par  une  ligne  circulaire  bien  prononcee.  La 
lune  etoit  de  meme  coloree  en  rouge. 

Ce  brouillard  etoit  fee  pendant  le  jour, 
mais  il  devenoit  humide  a  proportion  que  la 
nuit  avan^oit,  &  finiffoit  par  mouiiler  les 
plantes  &  les  feuilles  des  arbres ,  &  par  dif- 
paroitre  apres  minuit. 

Cette  circonftance  &  la  difparition  de  ce 
m^teore  etoient  ii  intereffantes  a  conftater  , 
que  je  crus  devoir  prendre  a  ce  fujet  les  in- 
formations les  plus  exaftes. 

Une  Dame  refpeftable  (  1  )  qui  a  beaucoup 
de  goiit  pour  Tetude  de  la  Phyfique  &  de 
rHifloire  naturelle,  &  qui  a  I'epoque  du  regne 
de  ce  brouillard  fe  trouvoit  a  fa  maifon  de 
campagne  fituee  dans  nos  montagnes  au  NO; 
le  Cure  d'un  village  peu  di/Unt  de  notreVille, 
fitue  dans  la  plaine  a  VE(^i),  tres-eclaire 
en  Phyfique  &  en  Hiftoire  naturelle  ,  furent 
les  perfonnes  defquelles  je  re^us  les  eclair- 
ciffemens  les  plus  dignes  de  confiance.  J'en 
tirai  auffi  de  plufieurs  Officiers  des  troupes 
qui,  dans  le  meme  temps, traverfoient  la  Bour- 
gogne ,  &  marchoient  de  nuit  pour  eviter  la 
grande  chaleur  du  jour. 

Tous  fe  reunirent  a  dire  qu'aux  environs 


(  I )   Mad®.   Gouget-Deflandres  dont    la  maifon   de 
campagne  eft  a  Moloy. 

(a)   M'.  Picardet ,  Prieur  de  Nsuilly,  penGonnaue 
de  I'Academie. 

E  iijf 


70  A    C   A    D   E   M   I   E 

de  mlniiit  le  broiiillard  devenoit  humlde,  fe 
diflipoit  pen  de  temps  apres  ,  &  ne  fe  formoit 
de  nouveau  qu'aii  lever  du  foleil;  que  meme, 
ce  que  j'avois  deja  remarque ,  dans  les  pre- 
miers inltans  de  fon  apparition,  le  foleil  dar- 
doit  (es  rayons  de  maniere  a  en  colorer  un 
peu  les  objets,  &  que  le  meme  phenomene 
ie  faifoit  obferver  lorfque  le  foleil  a  fon  cou- 
cher  commen^oit  a  s'abaiffer  fous  I'horizon, 

J'ajouterai  que  les  memes  obfervateurs  ont 
remarque ,  comme  moi  ,  que  ce  brouillard 
n'avoit  ni  odeur,  ni  faveur.  J'ai  vu  cepen- 
dant ,  dans  les  fcuilles  periodiques  &  dans 
differens  ouvrages  publics  fur  ce  brouillard, 
ou  envoyes  a  I'Academie,  que  parmi  les  ob- 
fervateurs, les  uns  I'ont  trouve  acide,  les  au- 
tres  y  ont  reconnu  une  odeur  hepatique.  II 
ell  poffible  que  la  difFerente  nature  du  fol  des 
pays  oil  ces  obfervations  ont  ete  faites ,  lui 
alt  donne  ces  qualites.  Mais  je  n'hefite  point 
a  affirmerque  dans  nos  cantons,  ce  brouillard 
etoit  inodore  &  infipide ;  &  je  I'affure  avec 
d'autant  plus  de  confiance ,  qu'ayant  foumis 
I'air  qui  en  etoit  charge,  a  des  experiences 
faites  pour  en  apprecier  les  qualites  phyfiques 
&  chymiques,  j'ai  reconnu  qu'il  ne  differoit 
en  rien  des  meteores  du  meme  genre  qui  fou- 
vent  ombragent  notre  ciel  en  automne  ,  en 
hiver  &  au  printemps. 

J'avois  prie,  la  Dame  &  le  Cure  que  j'ai 
deja  defignes,  de  recueillir  dans  des  bouteilles 
bien  propres,  de  I'air  charge  de  ce  brouillard, 
&  de  me  les  envoyer.  J'avois  auffi  pris  le  parti 
de  m'en  procurer  par  le  meme  precede. 


I 


D  E     Dijon,    lyS^.         71 

C'^loit  un  pays  montueux  qu'habltoit  la 
Dame  obligeante  a  laquelle  je  m'etois  adreffe, 
&  la  refidence  dn  Cure  que  j'ai  cite  ,  etoit 
dans  une  plaine  naturellement  un  peu  humide 
&  un  peu  marecageufe.  La  Dame  avoit  pris ,  a 
ma  priere,  de  I'air  du  fommet  d'une  montagne 
elevee ,  &  de  celui  d'un  vallon  profond  & 
un  peu  refferre.  C'etoit  dans  Ion  jardin,  & 
depuis  le  clocher  de  (on  Eglife ,  que  le  Cure 
avoit  recueilli  celui  qu'il  m'avoit  envoye. 
J'efperois  que  Tair  nebuleux  pris  en  des  can- 
tons auffi  difFerens ,  &  a  des  hauteurs  egale- 
ment  trcs  -  difFerentes ,  produiroit  des  effets 
capables  de  m'eclairer  fur  fon  effence  &  fur 
les  varietes  dont  il  etoit  fufceptible  ,  &  je 
les  ai  tons  eprouves  par  les  memes  precedes, 
par  des  reaftifs,  &  a  I'aide  de  I'eudiometre  a 
gas  nitreux. 

i"^^.  experience.  J'ai  mele  une  portion  de 
tous  ces  airs  nebuleux  avec  de  I'eau  de  chaux, 
&  il  n'y  a  eu  aucune  precipitation ,  Teau  n'a 
pas  blanchi ,  &  n'a  perdu  ni  fa  limpidite ,  ni 
fa  tranfparence. 

2^^.  Une  teinture  de  tournefol  tr^s-de- 
layee  ,  a  ete  fubftituee  a  I'eau  de  chaux ,  & 
fa  couleur  violette  n'a  pas  ete  alteree ,  n'a 
pas  fait  appercevoir  la  plus  legere  nuance  de 
rouge. 

3«.  J'ai  place  dans  une  petite  capfule,  fous 
une  cloche  de  verre  remplie  d'eau,une  dif- 
folution  d'alkali  fixe,  &  j'y  ai  fait  pafTer  de 
Fair  a  eprouver  ,  &  apres  plufieurs  jours  ,  j'ai. 
pbferve  la  capfule,  &  j'ai  vu  qu'il  ne  s'y  etoit 

F  iv 


72  ACADEMIE 

fait  aiicune  cryftalliiation.  J'ai  fait  evaporer 
la  liqueur  de  la  capfule ,  &  je  n'ai  retrouve 
que  de  Talkali  deliquefcent. 

4*^.  J'ai  expofe  dans  un  femblable  appareil , 
au  contaft  de  Tair  des  brouillnrds,  un  pr^ci- 
pite  recent  &  humide  de  nitre  lunaire  par 
I'acide  muriatique  ,  &  ce  precipite  n'a  pas 
noirci ,  quoiqiie  tenu  pendant  plulieurs  jours 
en  experience. 

5^.  J'ai  rempli  des  cloches  de  verre,  a  peu 
pres  d'egale  capacite,  avec  I'air  des  diffe- 
rentes  bouteilles,  &  j'ai  introduit  fous  cha- 
cune  im  morceau  de  bougie  allumee,  toutes 
ces  bougies  etoient  d'egale  grofleur.  J'en  ai 
auffi  introduit  une  fous  une  cloche  qui  con- 
tenoit  de  Fair  coniniun,  mais  ferein.  Toutes 
ont  brul(§  a  peu  de  chofe  pres  avec  la  meme 
yivacite  &  pendant  le  meme  temps. 

6^.  J'ai  pris  un  tube  de  verre  dans  lequel 
deux  mefures  d'air  athmofpherique  occupoit 
cinq  pouces  &  demi.  J'y  ai  fucceffivement 
fait  pafler  une  mefure  de  gas  nitreux  &  une 
de  I'air  du  brouillard  ,  &  j'ai  obferve  avec 
foin  les  phenomenes  du  melange  ,  &  note 
Tabforption  qui  a  eu  lieu. 

Le  melange  de  I'air  recueilli  fur  la  mon- 
tagne  rougit  fenfiblement ,  il  n'occupa  que 
deux  pouces  neuf  lignes  &  demie,  il  y  eut 
ime  abforption  de  deux  pouces  huit  lignes  & 
demie. 

L'air,  pris  dans  le  vallon ,  foumis  a  la  meme 
epreuve ,  n'occaiionna  qu'une  foible  rongeur, 
&  il  n'y  eut  qu'un  pouce  &  dix  lignes  d'ab^- 
forption. 


D  E    Dijon,  iyS4,  7| 

Le  meme  eudiometre  proiiva  que  I'air  du 
iardin  de  M"".  le  Prieur  de  Neuilly  ne  difFe- 
roit  prefque  pas  de  celui  du  vallon  de  Moloy, 
&  que  la  qualite  de  celui  qu'on  avoit  pris 
depuis  le  clocher,  fe  rapprochoit  infiniment 
de  celle  de  I'air  de  la  montagne  de  Moloy. 

Enfin ,  ayant  dans  un  jour  ferein  precede 
de  la  meme  maniere  avec  I'air  de  Tathmof- 
phere ,  j'ai  vii  que  celui  de  la  montagne  de 
Moloy,  que  j'avois  eprouve,  etoit  tres-pur, 
puifque  la  rougeur  produite  dans  cette  ex- 
perience ,  avoit  et^  un  peu  plus  grande  que 
dans  celle  qui  avoit  ete  faite  avec  I'air  com- 
mun ,  mais  ferein,  &  que  I'abforption  du  gas 
nitreux  avoit  ete  moindre  de  demi-ligne  avec 
celui-ci  qu'avec  I'autre. 

On  doit  tirer  de  ces  experiences  les  con- 
fequences  fuivantes. 

De  la  premiere  &  de  la  troifieme ,  que  les 
airs  charges  du  broulllard  ne  contenoit  point 
d'acide  mephitique  ,  du  moins  en  quantite 
fenfible. 

De  la  feconde ,  qu'ils  ne  tenoient  en  dif- 
folution  aucun  autre  acide. 

De  la  quatrieme,  qu'ils  ne  receloient  point 
de  phlogiftique  libre. 

De  la  cinquieme ,  qu'ils  ne  difFeroient  pref- 
que pas  de  I'air  athmofpherique  ordinaire  ; 
confequence  qu'autorife  encore  la  fixieme , 
puifque  les  differences  obfervees  n'ont  ete 
que  relatives  a  I'elevation  a  laquelle  les  airs 
pnt  ete  recueillis. 

Je  dois  a)  outer  que  le  21  Oftobre  fuivant^ 


74  ACADEMIE 

je  fis  les  memes  experiences  avec  I'alr  d'lin 
brouillard  qui  dura  une  partie  de  la  matinee, 
&  qu'elles  m'offrirent  les  memes  refultats. 

II  me  femble  qu'on  pent  conclure  de  tons 
ces  faits ,  que  le  brouillard  des  mois  de  Juin 
&  de  Juillet  1783  ne  differoit  pas  efl'cntielle- 
ment  des  meteores  du  meme  genre. 

lis  etoient  cependant  accompagnes  de  phe- 
nomenes  particuliers,  &  qui  fembleht  etablir 
entre  eux  &  les  brouillards  ordinaires,  une 
difFerence  notable.  Mais  je  prefume  que  le 
developpement  des  caufes  de  ce  phenomene 
fera  evanouir  cette  apparente  difparite  ;  & 
avant  d'entreprendre  ce  developpement ,  je 
crois  devoir  hafarder  quelques  conjeftures 
fur  I'origine  &  la  nature  de  ce  brouillard-ci. 
^  Perfonne  n'ignore  que  la  terre  eft  un  ample 
refervoir  de  fluide  eledrique  ,  que  ce  fluide 
s'en  exhale  fans  ceffe  dans  I'athmofphere,  mais 
n'entre  en  combinaifon  avec  I'air ,  qu'autant 
que  celui-ci  eft  humide  ,  &  que  le  fluide 
eleftrique  eft  rendu  a  la  terre  par  les  pluies. 

Tous  les  Phyficiens  favent  que  de  la  terre, 
de  tous  les  corps  qui  en  compofent  la  couche 
cxterieure  jufqua  une  certaine  profondeur, 
&  de  tous  ceux  qui  y  tiennent  par  leurs  ra- 
cines,  ou  vivent  fur  la  furface  du  globe,  il 
fe  fait  des  emanations  qui ,  a  raifon  de  leur 
affinite  avec  Fair,  fe  di/Tolvent  dans  ce  fluide, 
ou  y  reftent  feulement  fufpendiies  enquelque 
forte  delayees,  par  Fextreme  divifion  de  leurs 
parties  int^grantes. 

Ces  emanations  font  d'autant  plus  abon- 


D  E    Dijon,  1^84.  75 

dantes  ,  d'autant  plus  denfes  ,  que  les  corps 
d'oii  elles  s'elancent,  font  plus  humides  &  en 
nieme  temps  plus  penetres  de  chaleur  ,  8c 
d'autant  moins  que  la  conftitution  eil  plus 
feche  &  plus  froide. 

Elles  ne  font  pas  fenfibles  a  la  vue  quand 
I'air  eft  tres-pur,  mis  en  mouvement  &  dou^ 
de  fa  propriete  diffolvante  ,  mais  tres-vifibles 
lorfqu'il  eft  calme  &  fature  >  &  que  fa  con- 
denfation  oar  le  froid  a  confiderablement  di- 

i. 

minue   fa  propriete  diffolvante. 

Toutes  ces  verites  font  inconteftables ;  & 
fi  d'apres  elles  on  confidere  quel  a  ete  I'^tat 
de  I'athmofphere  avant  I'apparition  du  brouil- 
lard  de  Juin  ,  quel  il  etoit  lorfque  ce  meteore 
s'eft  forme  &  tant  qu'il  a  dure ,  fon  origine 
&  fon  effence  ne  feront  plus  des  myfteres  im- 
penetrables. 

II  etoit  tombe  dans  les  mois  qui  ont  pre- 
cede Juin  ,  &  fur-tout  en  Mai ,  une  quantite 
d'eau  extraordinaire.  A  la  conftitution  hu- 
mide  de  I'air  qui  en  avoit  ete  I'effet,  fucceda 
brufquement  dans  les  premiers  jours  de  Juin, 
une  extreme  fecherefte  qui  s'eft  foutenue  juf- 
qu'a  la  fin  de  Juillet ,  &  n'a  eprouve  que  de 
legeres  interruptions  par  quelques  orages.  La 
chaleur  a  ete  tres-forte  pendant  le  meme  ef- 
pace  de  temps. 

Ainft,  lorfque  le  brouillard  commenga  a 
paroitre  ,  la  terre  qui  avoit  ete  humedee  a 
line  tres-grande  profondeur ,  fe  trouvoit  de- 
puis  quelques  jours  couverte  d'une  croiate 
tres-feche ,  quoique  tres-humide  encore  fous 


76  ACADEMIE 

cette  croCite  :  I'air  etoit  ll  fee,  qu'il  dtolt  de- 

venu  ifolant ,   &  non  condudeur  de  la  ma- 

tiere  eleftrique ;  &  rintenfite  de  la  chaleur 

avoit  miilnpl,^  les  emanations  terreftres. 

Relies  ci  principalement  compofees  d'eau 

&  de  matiere  eledrique,  faifoient  effort  pour 

seiancer  dans  I'athmofphere ;   &  genees  par 

ia  iechereffe  de  la  coiiche  exterieure,   elles 

n  y  penetroient  qu'extrcmement  divife-es ,  at- 
tenuees.  ' 

Leurs  molecules  aqneufes ,  tr.^-rardfiees 
par  Ja  chaleur,  combnees  avec  beaucoup  de 
matiere  elednque  que  I'air  ifolant  ne  pouvoit 
pas  leur  enlever  ,  formant  des  veficules  & 
ayant  acquis  de  la  legerete,  s'elevoient  a  une 
hauteur  moyenne  dans  Fair  oii  elles  reftoient 
lulpendues,  troubloient  la  diaphaneite  de  ce 
tliiide ,  &  compofoient  le  brouillard  obferve 
en  Juin. 

n  eft  tr^s-poffible  que  cette  explication  de 
fon  ongine  &  de  fa  formation ,  ne  paroiffe 
pas  fatisfaifante  a  tout  le  monde;  je  ne  pre- 
tends pas  qu'on  I'admette  comme  faite  pour 
entrainer  tous  les  fuffrages  ,  je  la  hafarde 
comme  une  conjedure  qui  n  eft  pas  depour- 
vue  de  vraifemblance  ;  &  je  demande  qu'on 
me  permette  d'expliquer ,  d'apr^s  cette  fup- 
pohtion ,  les  phenomenes  qui  ont  accomparae 
ce  meteore.  ^ 

Les  plus  remarquables  etoient  le  denuement 
ablolu  de  rayons  qu  eprouvoit  en  apparence 
le  loleil,  la  couleur  d'un  jaune  rouge,  dite 
kac^^geon,  dont  le  difque  de  cet  aftre  &  celur 


D  E    Dijon;  lyS^.  77 

de  la  lime  paroiffoient  teints.  Ce  font  de 
ceux-la  dont  je  vais  d'abord  m'occuper.  Mais 
comme  pour  en  rendre  raifon  je  me  fers  des 
notions  phyfiques  les  plus  revues  fur  la  lii- 
miere,  je  commencerai  paries  rappeller. 

Quoique  M.  Marat  ait  oppofe  au  fyiltme 
de  Neuton  fur  les  couieurs ,  des  experiences 
qui  meritent  de  Tattention,  je  crois  pouvoir 
partir  des  principes  du  celebre  I'hilofophe 
Anglois  pour  expliquer  ces  phenomenes. 

Chaque  rayon  clu  foleil  eil  compofe  de 
fept  autres  rayons  colores,  dont  la  lefrangi- 
bilite  eft  differente.  Le  blanc  eft  fcrme  du 
melange  de  ces  fept  rayons  ,  &  les  couieurs 
font  le  produit  de  la  combinaifon  ,  de  la  re- 
flexion,  de  la  refraftion  ,  de  I'abforpticn  de 
quelques-uns  d'entre  eux.  Le  rayon  rouge  eft: 
le  moins  refrangible  de  tons. 

L'athmofphere ,  pendant  que  le  brouillard 
en  troubloit  la  diaphan^it^,  n'etoit  pas  afl'ez 
denfe  pour  interdire  le  pafl'age  a  tous  les 
rayons  lumineux,  mais  elle  Tetoit  trop  pour 
leur  laifler  a  tous  une  egale  liberte  de  la  tra- 
verfer ,  &  fans  etre  confiderablement  devils 
de  leur  route.  Le  feul  rayon  rouge,  comme 
moins  refrangible ,  pouvoit  la  penetrer  plus 
aifement  &  arriver  a  nous;  des-lors  il  etoit 
naturel  que  le  foleil  nous  parut  rouge.  On 
pent  donner  la  meme  raifon  de  la  couieur  du 
difque  de  la  lune ,  &  Ton  voic  pourquoi  le 
foleil  nous  paroiffbit  depouille  de  ravons. 

La  continuite  ,  la  duree  du  brouillard,  fa 
fechereffe  pendant  le  jour ,  fa  diilipation  la 


78  A   C   A   D   E    M   I    E 

nuit,  fon  hiimidite  lors  de  fa  refoliition,  & 
les  phafes  de  fon  apparition  font  beaucoup 
moins  difficiles  a  expliquer. 

II  a  dii  s'elever  &  durer  tant  que  la  terre, 
interieurement  humide,  avoit  fa  furface  tres- 
aride  &  deffechee,  que  la  temperature  tres- 
chaude  follicitoit  des  Emanations  abondan- 
tes ,  &  les  foutenoit  dans  une  grande  rare- 
faftion. 

II  a  dii  etre  fee  tant  que  la  matiere  elec- 
trique  ,  dont  abondoient  les  veficules  qui  le 
formoient ,  n'a  pas  pu  etre  reprife  par  Tair,  a 
raifon  de  fa  propriete  ifolante ,  &  que  les  mo- 
lecules aqueufes  qui  entroient  dans  la  com- 
pofition  de  ces  veficules  rarefiees  par  la  ma- 
tiere ignee  &  eleftrique,  ont  perdu  par  leur 
combinaifon  la  pefanteur  qui  les  eiit  pr6ci- 
pitees  fur  les  vegctaux  &  Iqs  autres  corps  en 
contad  avec  Tair. 

Mais  des  que  la  temperature  eft  devcnue 
moins  chaude  par  la  defcente  du  foleil  fous 
riiorizon  ,  la  condenfation  graduelle  qui  a 
fuccede  a  la  rarefaction  ,  a  du  decompofer  les 
veficules  compofantes  du  brouillard  ;  Fair , 
diffolvant  une  partie  des  molecules  aqueufes, 
a  du  devenir  condudeur,  le  brouillard  a  dii 
fe  difTiper ,  une  portion  de  I'eau  qui  le  for--  • 
moit,  a  du  fe  precipiter  &  hume6ter  les  herbes 
&  les  feuillcs  des  arbres. 

Si  cette  difparition  du  brouillard,  cette  hu- 
meftation  des  vegetaux  &  des  autres  corps 
en  contaft  avec  Fair,  n'ont  eu  lieu  qu'apres 
minuit ,  c'eft  qu'a  I'epoque  du  regne  de  ce 


D  E    Dijon,    iyS4:         79 

jneteore,  les  jours  etant  longs,  &  le  folei! 
etant  refte  long-temps  I'ur  rhoriron,  il  a  falla 
qu'il  s'ecoula  plufieurs  heures  avant  que  la 
condenfation  eiit  ete  portee  au  point  necef- 
faire  pour  op^rer  la  defunion  des  parties  conf- 
tituantes  du  brouillard  &  leur  precipitation. 

On  n'a  point  eu  ce  brouillard  les  jours  de 
pluie  &  d'orage,  &  pendant  ceux  qui  les  ont 
fuivis,  parce  que  Fair,  dans  ces  circonftan- 
ces,  eft  redevenu  condufteur,  parce  que  la 
furface  de  la  tarre  hume£lee  a  rendu  aux  va- 
peurs  leur  forme  ordinaire ,  &  que  ces  va- 
peurs  diffoutes  par  I'air  au  moment  de  leur 
eruption,  font  reftees  invifibles. 

Enfin ,  ce  brouillard  n'a  plus  ete  appercii 
que  deux  fois  ,  au  lever  &  au  coucher  du 
foleil ,  &  a  difparu  fans  retour,  parce  que 
rhumidite  interieure  epuifee  ,  la  fechereffe 
de  la  furface  de  la  terre  redevenue  moderee, 
tout  eft  rentre  dans  I'ordre  accoutume. 

II  eft  a  prefumer  qu'en  confiderant  ce  me- 
teore  extraordinaire,  fous  cet  afpeft,  on  con- 
viendra  que  les  circonftances  feules  I'ont  fait 
differer  des  brouillards  ordinaires ,  &  que  fa 
produdion  n'a  eu  aucun  rapport  avec  les 
tremblemens  de  terre  de  la  Sicile  &  de  la 
Calabre,  comme  Tont  pr^tendu  pluiieurs  Ob- 
fervatenrs. 


80  ACADEMIE 


OBSERVATIONS 

Sl/R  Us  procides  employes  pour  f aire  perir 
la  chryfalide  du  ver-a-foie. 


L 


PAR    M.    Chaussier. 


ORSQU'oN  a  conduit  avec  fiicces  line 
education  de  vers-a-foie  a  fon  dernier  pe- 
riode ,  lorfque  ces  infeftes  precieux  a  nos  arts 
&  a  nos  manufadures,  ont  perfedionne  leurs 
cocons;  il  refte,  pour  jouir  completement  du 
fruit  de  fes  foins  ,  une  nouvelle  operation 
bien  importante,  c'eft  le  devidage  des  cocons 
&  le  tirage  de  la  foie.  Sans  doute  il  feroit  fort 
avantageux  ,  comme  le  remarquent ,  d'apres 
I'experience,  tous  ceux  qui  ont  ecrit  fur  cet 
objet,  de  devider  les  cocons  frais ;  ils  fe  de- 
veloppent  facilement,  completement,  &  la 
foie  en  eft  plus  nette  &  plus  luftree  :  mais 
ce  moyen  eft  impraticable  ,  meme  dans  une 
Education  mediocre.  L'infede,  renferme  dans 
fon  cocon,  jouit  encore  de  la  vie,  &  apres 
quinze  ou  vingt  jours,  fuivant  la  chaleur  de 
la  faifon,  la  chryfalide  fe  change  en  papillou 
&  ne  tarde  pas  a  percer  fa  coque.  Pour  tirer 
le  parti  le  plus  avantageux  de  I'education  des 
vers-a-foie,  il  ne  faut  pas  attendre  cette  der- 
niere  metamorphofe  de  Tinfecte ,  car  les  co- 
cons perces  ne  peuvent  plus  etre  files,  &  font 

mis 


D  E    Dijon,  Vy^^i  Sr 

mis  de  cote  pour  faire  une  foie  de  molndre 
quality.  Pour  prevenir  cette  perte  ,  il  fau- 
droit ,  en  confervant  les  cocons  dans  leusf 
fraicheur  naturelle  ,  pouvoir  retarder  a  vo^ 
lonte  le  developpement  de  Tinfede,  mais  ce 
raoyen  eft  inconnu,  &  peut-etre  n'a  pas  etd 
cherche ;  on  y  a  fupplee  par  differens  pro- 
ceues  qui  font  perir  la  chryfalide  avant  fort 
developpement  en  papillon. 

II  paroit  que  dans  les  premiers  temps  oil 
Ton  s'occupa  en  Europe  de  Teducation  des 
vers-a-foie  ,  on  fe  bornoit ,  pour  etoaiTer  les 
chryfalides  ,  a  expofer  les  cocons  a  Taideiu' 
du  foleil  pendant  cinq  ou  fix  jours.  Mais  ce 
procede  eft  long;  impraticable  dans  les  cli^ 
mats  temperas  &  dans  les  temps  couverts  ^ 
infidele ,  lorfque  les  rayons  du  foleil  font  foi- 
bles ;  minutieux  6l  embarraffantj  parce  qu'il 
faut  de  temps  en  temps  retourner  &  epar- 
piller  les  cocons ,  aiin  que  chacun  foit  ^ga^ 
lement  frappe  par  le  foleil  ,  car  fans  cette 
attention  une  partie  des  chryfalides  ne  feroit 
pas  etoufFee  ;  enfin ,  la  foie  devient  matte  & 
perd  de  fon  litftre.   L'experience  fit  bientot 
connoitre  ces  inconvenietis ;    on  chercha   ai, 
y  remedier ,  en  portant  les  cocons  dans  wn 
four,  peu  apres  la  cuite  du  pain  :  cette  me- 
thode  qui  eft  generalemerr  adoptee ,  eft  efFec- 
tirement  plus  expeditive,  plus  fimple  &  plusi 
affuree,  mais  il  fnit  de  I'habitude  8i  bien  des 
attentions  pour  failir  le  jufte  degre  de  cha* 
leur  ,  car  trop  fort ,  la  foie  eft  alteree  ;  trop 
foible  ,  une  partie  des  chryfalides    fur^it  5 


^2  ACADEMIE 

pei-ce  le  cocon ,  &  diminue  ainii  le  prodnit 
de  la  rccolte.    Enfin  ,  lorfqu'on  a  le  mieux 
r^ufn ,  le  cocon  eft  delVeche,  les  fucs  gom- 
nieiix  qui  unilTent  chaque  brin  de  foie,font 
concrets,  durcis  ,   &  le  tirage  devient  plus 
difficile ,  &  par  confequent  plus  difpendieux. 
Dans  la  Provence  &  une  panic  du  Langue- 
doc  ,  on  prefere  d'expofer  les  cocons  fur  un 
tamis  de  toile  claire  ,  a  la  vapeur  de  I'eau 
houillante  :  par  ce  moyen  on  fait  pc^rir  tres- 
fiirement  la  chryfalide ,  &  on  ne  rifque  pas 
de   bruler  la   foie  ,  mais  on  detrempe  ,    on 
amollit  ce-tte  glu  Icgere  qui  unit  chaque  con- 
tour du  filament,  &  lorfqu'elle  fe  feche  en- 
fuite,  elle  empate  toute  la  furface  du  cocon, 
&  rend  le  tirage  plus  difficile  :  d'ailleurs,  il 
faut  un  fourneau  ,  un  appareil  particulier;  les 
cocons  humedes  s'alterenr,fe  moififfent  meme 
li  on  n'a  pas  le  foin  de  les  remuer  fouvent  & 
de  les  expofer  a  I'air;  enfin,  les  chryfalides 
s'y  pourrifTent  promptement,  &  cette  pour- 
rlrure  repand  une  odeur  defagreable,  attire 
dcs  infeiles  qui  percent  le  cocon  pour  fe 
nourrir  de  la  chryfalide. 

En  J776,  M.  Arnauld  du  Bouiffon  prefenta 
aux  Etats,  de  Languedoc  un  Memoire  (i),dans 
lequel  il  confeilloit  d'expofer  les  cocons  aux 
emanations  du  camphre;  on  pent  efperer  que 
par  ce  moyen  la  foie  ne  fera  point  alteree  , 


(i  )  Ce  Memoicie  eft  inl'ere  dans  le  Journal  de  Phyr 
fique ,  torn.  xi. 


I 


D  E    Dixon,  17^^:  85 

qii'elle  confervera  fa  ftaichewr  ,  ion  luftre  , 
&que  les  fucs  gommeiix  n'etant  point  durcis 
par  leur  Evaporation  forcee,  le  tirage  doit 
etre  plus  facile ,  moins  couteux ;  enfin ,  que 
la  pnanteur  ordinaire  des  filatures  doit  etre 
diminuee.  Cependant,  malgre  les  avantages 
que  femble  promettre  cette  nouvelle  methode, 
elle  n'eft  point  ufitee  dans  le  Languedoc,parce 
qu'aux  yeux  des  particuliers  elle  a  deux  grands 
inconveniens.  l".  Elle  n'efl  pas  bien  affuree; 
car  fi  la  faifon  eft  froide,  le  camphre  ne  fe 
vaporife  point,  &  les  chryfalides  no  font  pas 
attaquees.  M.  Champy  en  a  eu  la  preuve  dans 
un  effai  qu'il  fit  en  1778.  2°.  Elle  eft  difpen- 
dieufe ;  car ,  outre  le  prix  du  camphre ,  il  faut, 
pour  la  plusgrande  efficacite,  faire  conftruire 
des  armoires  fermant  exadement ,  des  tiroirs 
avec  un  grillage;  enfin,  il  faut  un  liomme 
pour  remuer  &  changer  de  temps  en  temps 
les  tiroirs. 

Comme  cette  methode  rae  parut  promettre 
quelques  avantages  particuliers,  j'ai  cherche 
a  rem^dier  a  (es  inconveniens,  &  je  crois  y 
etre  parvenu  par  un  procede  bien  fimple.  Au 
lieu  de  camphre,  j'emploie  Thuile  efientielle 
de  terebenthine  ,  fi  commune  dans  le,  com- 
merce ,  qui  eft  en  meme  temps  aufii  anii- 
feptique  que  le  camphre,  mais  plus  volatile, 
plus  penetrante,  &  coiite  quinze  fois  moins  : 
fon  ufage  d'ailleurs  n'exige  ni  armoires  ,  nt 
appareil ,  &  ne  demande  aucun  foin  particu- 
lier.  La  premiere  caifTe  que  I'on  trouve,  des 
vieux  tonnsaux  fufHfent  &  font  ^galement 

F   ij 


84  A  C  A   D   fe  M  I   E 

bons.  Apr^s  avoir  choiii  &  nettoy^  iin  vieiix 
tonneau,  on  frotte  tout  fon  interieur  avec 
xm  pinceau  tremp^  dans  rhiiile  de  tereben- 
thine,on  garnit  le  fond  avec  quelqiies  feuilles 
de  papier  imbibe  de  la  meme  huile  ;  alors 
on  place  un  rang  de  coCons  de  fept  a  huit 
ponces  d'^paifleur.  Sur  cette  premiere  cou- 
che  de  cocons,  on  ^tend  quelques  fcuilles  de 
papier  egalement  imbibe  d'huile  de  tereben- 
thine;  on  ajoute  ainli  alternativement  lit  par 
lit  des  cocons  &  des  feuilles  de  papier ,  juf- 
qu'a  ce  que  le  tonneau  foit  rempli ,  &  Ton 
£nit  par  le  recouvrir  le  plus  exaftement  pof- 
fible,  foit  avec  des  planches,  foit  avec  de  la 
paille  ou  du  vieux  linge ,  pour  retenir  &  con- 
centrer  les  vapeurs  de  Thuile  etheree  :  on 
pourroit  avec  fecurite  laifler  ainli  les  co- 
cons deux  ou  trois  jours,  mais  12  ou  24 
heures  au  plus  fuffifent  pour  etoufFer  com- 
pletement  les  chryfalides.  Apres  ce  temps  on 
iretire  les  cocons  du  tonneau ,  on  les  etend 
a  I'air  ou  dans  un  grand  hangard ,  &  on  pent 
les  garder  tres- long -temps  fans  craindre  la 
piqiiure  des  infeftes.  Je  conferve  depuis  plu- 
fieurs  annees  des  cocons  prepares  de  cette 
maniere.  lis  ont  toute  leur  fraicheur ,  toute 
'leur  confiftance.  Apres  dix-huit  mois  j'en  ai 
fait  devider  une  certaine  quantite  ,  la  foie 
etoit  belle  ,  nerveufe,  fans  alteration  ,  &  ce 
tirage  a  paru  plus  prompt,  plus  facile,  &  exi- 
ger  moins  de  feu. 

Je  finis,  en  avertiflant  que  pour  cmpecher 
qiie  le  contaft  immediat  des  papiers  imbibes 


D  E    Dijon,  lyS^.  85 

d'hu'ile  de  terebenthine  faliffe  les  cocons  & 
altere  la  foie  ,  on  doit  pofer  fur  le  papier 
huile  qiielques  feuilles  de  papier  fee  &  pro- 
pre  :  I'efFet  n'en  eft  ni  moins  prompt,  ni  moins 
certain. 


REFLE XIO  NS 

BOTANIQUES  ET  MEDICINALES 

SuR  la  nature  &  les  proprUus  de  I' agaric 
de  chine. 


L 


PA  R     M.     W  I  L  L  E  M  E  T. 


ES  fyftemes,  femblables  aux  vagues  de 

Tocean  ,  fe  forment  les  uns  des  autres 

lis  s'entre-detruifent  reciproquement,  s'^le- 
vent  a  leur  tour,  diiparoiffent  quelque  temps, 
pour  ceder  a  d'autres  I'eclat  de  la  furface  , 
&  les  remplacer  enfuite.  La  vafte  &  majef- 
tueufe  etendue  des  eaux,  conftante  dans  fes 
variations  meme  ,  obeit  aux  loix  eternelles 
du  flux  &  du  reflux ,  qui  lui  furent  impofees 
par  le  Createur.  C'eft  ainfi  que  la  nature  dans 
les  combinaifons  infinies  des  elemens  premiers 
&  fecondaires ,  eft  afl"ujettie  aux  grandes  regies 
du  fyfteme  phyfique  &  a  fes  loix  g^nerales. 
Mais  la  premiere  de  celles  que  fon  auteur  lui 
afligna  ,  fut  la  variete  la  plus  etendue.  I! 
I'etablit  en  figne  de  fa  toute-puiflance ,  &  femr 

F  iij 


86  A  C  A  D  i  M  I  E 

bleroit  I'avolr  epuifee  par  elle,  fi  elle  etolt 
de  nature  a  poiivoir  I'etre. 

De  tous  ces  ouvrages  admirables,il  en  eft 
peu  dans  lefquels  la  magnificence  du  Cr^a- 
teur  eclate  d'une  maniere  plus  particuliere , 
que  dans  cetf  e  immenfite  de  plantes  de  toutes 
les  formes  &  de  toutes  les  grandeurs  qui  cou- 
vrent  notre  globe ,  &  qui  font  deftin^es  non 
fc  ulement  a  en  maintenir  Tequilibre  &  a  Tem- 
bellir,  mais  encore  aux  befoins  les  plus  n6- 
ceffaires  des  hommes ,  a  leur  former  des  re- 
traites  contre  linjure  des  faifons ,  a  orner 
leurs  demeures,  a  fervir  a  leur  nourrlture,  a 
prevenir  les  maux  dont  ils  font  menaces,  a 
guerir  ceux  qui  les  attaquent. 

C'cft  fous  ce  dernier  point  de  vue  preci- 
fernent  que  la  botanique  a  ^te  d'abord  cul- 
tivee  par  les  Medecins.  Difons  mieux  avec 
Celfe ;  la  m^decine  elle-meme  ne  fut  d'abord 
que  la  fcience  de  quelques  herbes ,  dont  les 
lines  arretoient  les  hemorragies  ,  dont  les  au- 
tres  f;rvoient  a  cicatrifer  les  plaies.  Les  pre- 
miers effais  furent  fuivis  d'experiences  heu- 
reufes  qui  les  juftifierent,  &  elles  donnerent 
naiffance  a  Tart  de  guerir;  art  purement  du 
a  I'obfervation  &  a  Fempirifme  ,  dont  Tor- 
gueilleufe  &  mediocre  capacite  des  Dofteurs 
Philofophes  ,  CJiymiftes  &  Savans  de  toute 
efpice,  cherche  en  vain  a  meconnoitre  I'al- 
liance ,  tandis  qu'elie  ne  cefle  d'en  tirer  des 
fecours  &  des  lecons. 

Ces  epreuves  reiterees  font  le  feul  moyen 
de  rendre  la  connoiffance  dQS  plantes  utile, 
jnedicinalement  parlant. 


D  E    Dijon,  ly.^^.  87 

Je  vais  clonner  clans  ce  Memoire  fiiccin^t, 
un  exemple  lur  la  difficuke  de  ranger  les 
plantes  dune  maniere  i\  precife  &  fi  abfoliie, 
quelle  ne  laiffe  place  a  de  fortes  objedions. 

PREMIERE    PART  IE. 

Les  Botaniftes  diftlnguent  ,  fous  le  nom 
d'amadouvier,  d'agark  de  chene(i),  une  fubf- 
tance  regardee  par  queiques-uns  comme  im 
fungus  paralite,  dont  la  i'emence  fe  depofe 
fur  les  arbres  aux  depens  defquels  il  vit  & 
prend  fon  accroiffement.  II  fe  trouve  dans 
les  forets  de  prefque  tons  les  pays  du  monde. 
Les  arbres  de  haute  futaie  les  plus  antiques, 
les  plus  caducs,ceux  enfin  qui  ont  I'ecorce 
gercee  &  ridee,  donnent  ordinairement  naif- 
fance  a  ce  vegetal  trcs-imparfait  &  incoin- 
plet.  C'eft  veritablement  entre  les  gercures 
&  les  rugofites  de  ces  anciens  habitans  des 
deferts ,  que  ce  pretendu  principe  germinant 
de  cet  agaric  trouve  a  fe  developper.  N'eil- 
ce  pas  bien  veritablement  au  moins  le  cas 
de  douter  que  les  fucs  nourriciers ,  neceffaires 
tant  pour  fa  naiffance ,  que  pour  fon  deve- 
loppement  ,  fon  accroiffement  '6c  fa  forma- 
tion, ne  foient  inlierens  au  chene,  au  bou- 
leau  ,  au  hetre ,  a  I'orme  ,  au  charme ,  au 
frene ,  8r  a  quelques  autres  arbres ,  qui  fer- 


(1)  Boletas  igmarius.  L.   1647. 

^garicus  pedis  equini  facie.  T.  562. 

F  iv 


88  A   C   A   D   i   M  I   E 

viroient  Indiftindement  de  matrice  a  ce  fun- 
gus ,  dont  les  leniences  font  extremement 
Conteftees.  L'illuftre  Baron  de  Haller  les  prof- 
crit ,  ainii  que  bien  des  favans  Naturalises 
jnodernes. 

Mais ,  independamment  de  leur  autorire , 
quelle  demonftration  en  apportent  ceux  qui 
en  foutlennent  Texiftence  ?  pourquoi  ces  ie- 
mcnces  fe  depoferoient- elles  conftamment 
fur  des  arbres  qui  ont  entr'eux  une  analogic 
particuliere  ?  comment  enfuite  concevoir  que 
<lc'S  tegumens  durcis  &  calleux ,  foient  une 
matrice  bien  favorable  a  I'expanfion  des  prin- 
cipes  premiers  de  ct  pfiudo-phite  ^  &  n'apporte 
aucun  obftacle  invincible  a  la  communication 
&  a  la  tranfmiffion  des  fucs  que  le  parafite 
doit  tirer  de  fon  bote  ;  mais  je  vais  donner 
une  defcription  plus  circonftanciee. 

Ce  pfeudo-phitc  eft  abfolument  fans  tige;  il 
a  la  forme  d'un  gros  ongle  de  cheval  ,  on 
d'une  courbe  ovoide  cerclee  ,  plus  ou  moins 
allongee.  11  eft  dur ,  pefant,  a  pores  blancs 
tres-fins;  fa  fuperficie  eft  rude,  raboteufe , 
calleufe,  brunatre  &  blanchatre;  la  fubftance 
interne  eft  filreufe ,  folide,  compade  ,  lig- 
neufe  ,  difficile  a  divifer  ,  coloree  diverf^- 
mcnt ,  amere  &  acre,  a  un  degre  eminent. 

M.  Gerard,  Botanifte  Provencal,  pretend  , 
dans  fa  Flore  des  plantes  de  Provence ,  que 
I'agaric  blanc  des  boutiques, qui  croit  commu- 
nement  fur  le  melefe  ,  n'eft  qu'une  variete  de 
celui-ci.  Breyne  donne  la  defcription  d'un 
9g?.ric  qui  reflemble  parfaitement  a  du  cuir 


I 


D  E     Dijon,  iyS4.  89 

epais,  oil  a  une  peau  de  chevre  paffee  ,  d'lme 
coniiftance  un  pen  lache  :  on  le  trouve  dans 
le  centre  du  chene  &  de  pluiieurs  autres  ar- 
bres.  Get  Auteur  aflure  qu'il  doit  fa  naiffance 
a  une  alteration  quelconque  qui  furvient  en- 
tre  I'ecorce  interieure  &  Taubier  de  I'arbre. 
Voila  probablement  comment  Tamadouvier 
prend  fon  exiftence  ,  &  il  y  a  apparence  qu'il 
la  doit  a  la  feve  ou  aux  lues  des  arbres  fur 
lefquels  on  le  ramaffe.  Eft-il  du  a  une  fura- 
bondance  de  fuc  louable  &  liiin  ?  oil  ell-i! 
I'efFet  d'un  etat  morbifique  d'une  cacochymie 
particuliere  aux  arbres  qui  le  produifent  > 
Celt  ce  que  nous  laifferons  en  probleme  juf- 
qu'a  ce  que  des  obfervations  plus  precifes 
nous  permettent  de  hafarder  des  conjeftures 
plus  prononcees  &  plus  hardies.  L'agaric  ne 
prefente  que  des  lignes  vagues  de  vegetabi- 
lite,  Ce  feroit  done  une  alTertion  qui  ne  pour- 
roit  pafler  pour  temeraire,  celle  qui  ne  le 
conlidereroit  feulement  que  comme  une  ex- 
croilTance  vegetale ,  analogue  aux  tumeurs 
qu'on  obferve  dans  differens  animaux.  Les 
lines  viennent  du  fang,  de  la  plethore,  la  plu- 
part  d'une  limphe,ou  furabondante,  ou  epaif- 
lie ,  ou  viciee  de  toute  autre  maniere  ,  qui 
vient  a  s'accumuler,  a  fe  durcir. 

N'ell-il  pas  plus  que  vraifemblable  que 
I'ag^ric  neft  autre  chofe  que  le  produit  d'un 
fuc  vegetal,  qui  exifte  avec  exces  dans  I'arbre 
qui  s'encouvre  ,  ou  d'une  matiere  morbifique 
qui  fe  depure.  Mors  il  faudroit  eloigner  ce 
fungus  du  fylleme  fexuel  des  plantes.  Si  j'exa^ 


ipO  A    C    A    D    E   M   I    1 

mine  en  effet  attentlvement  la  contexture  de 
I'agaric,  je  n'y  rencontre  qu'iine  fuhllance  , 
calleufe,  aucun  figne  carafteriftique  de  iemi-  | 
nalite.  Sa  duree  perennelle,  fa  figure,  fa  for- 
mation ....  rien  n'annonce  qu'une  fuperve- 
g^tation.  On  ne  voit  rien  €n  hii  qui  prouve 
le  moindre  trait  d'analogie ,  la  moindre  ref- 
femblance  avec  aucun  genre  de  plantes  con- 
nues  ,  pour  TafTocier  ou  claffer  avec  elles. 

D'ailleurs  ,  oblervons  que  le  charme ,  le 
bouleau  ,  le  hetre ,  &c.  donnent  I'agaric  de 
meme  ,  &  je  n'ai  pas  befoin  de  recourir  a 
aucunes  femences  ,  a  aucuns  germes  ,  pour 
en  expliquer  la  naiflance  ;  voyez  la  nature 
des  arbres  qui  le  portent,  ils  font  tous  fees, 
ils  abondent  en  princlpes  terreux  &  falins , 
Thuile  y  entre  pour  peu.  Vous  ne  voyez  ni 
rdivier,  ni  Toranger,  ni  le  citronnier,  atta- 
ques  de  cette  maladie ,  plus  propres  aux  ar-  | 
bres  froids  :  ce  font  leurs  loupes.  II  eft  d'au- 
tant  moins  deraifonnable  de  les  comparer  a 
celles  qui  fe  produifent  chez  les  nnimaux , 
que  nous  obfervons  dans  ceux-ci  ,  que  la 
plupart  de  ces  tumeiirs  font  froides;  qu'avant 
d'etre  mifes  en  mouvement  par  les  remedes 
©u  par  les  accidens ,  elles  prefentent  diffe- 
rens  follicules  peu  communicans  les  uns  avec 
les  autres  d'une  maniere  directe  ,  mais  feule- 
ment  a  la  fagon  des  voies  d'un  labyrinthe; 
ce  qui  annonce  moins  une  organifation  fpe- 
ciale ,  s'il  eft  permis  de  parler  ainfi,  qu'une 
•addition  fortuite  &  morbifique  des  princlpes 
lurabondans  on  vicies,  &  fepares  par  la  na- 


D  E    D  I  /  o  N  ,  lyB^.  9  r 

tiire,  de  la  miffe  des  humeurs  ordinalres.  Ces 
fungus  paroilTent  done  des  excroiffances  mor- 
bifiques  vegetales,  pour  la  formation  def- 
queiies  il  feroit  auffi  inutile  ,  auffi  ridicule 
rieme  de  recourir  a  des  femences  ,  qu'il  le 
feroit  de  voir  un  phyliologifte  afligner  une 
claffe  de  fecretions  a  laquelle  les  tumeurs 
froides  aniraales  donneroient  le  nom.  (  I  ) 

S  E  C  O  N  D  E    PART  IE. 

Rappellons  ici  en  pen  de  mots  i'hiftoire 
de  la  decouverte  diQ^  qualites  precieufes  de 
I'agaric  pour  les  hemorragies.  C'efl  le  fecond 
objet  de  cet  article;  &  s'il  paroit  moins  neuf, 
je  ne  le  confidere  pas  comme  le  moins  in- 
tereffant. 

Sur  la  fin  de  1750,  M.  Broffard,  Chirurgien 
de  la  Chatre  en  Berry,  annonga  que  la  partie 
moUe  de  cette  excroiffance  fongueufe  etoit 
le  meilleur  ftyptique  dont  on  put  fe  fervir,  & 
feul  capable  de  fuppleer  a  la  ligature  qi^'on 
eft  oblisfe  de  faire  aux  arteres  dans  les  am- 
putations  &  dans  les  operations  de  I'ane- 
vrifme.  II  eft  egalement  d'un  grand  fecours 


(i)  M.  le  Marquis  de  Migieux  a  envoye  a  rAcademie 
un  agaric  applati ,  epais  de  demi-ligne,  d'un  blanc  jau- 
natre,  ayant  la  coniiftance  d'une  p^eau  molle  feuilletee. 
Cet  agaric  a  ete  trouve  entre  des  planches  de  chene  , 
couchees  les  unes  fur  les  autres ,  dans  une  piece  voutee 
^  humide.  Sa  formation  paroit  favorable  a  ropinion  d« 
M.  Wiliemet. 


92  A    C   A    D   E   M   I    E 

<lans  celles  dii  cancer  &  de  la  taille  laterale  : 
ies  effais  qu'on  en  fit  a  THopital  de  la  Cha- 
rite ,  aiix  Invalides  &  chez  plufieurs  particu- 
liers  ,  conflaterent  \es  avantages  qu'on  en 
poiivoit  retirer.  Les  plus  grands  Chirurgiens 
I'adopterent.  Cette  decouverte  fit  alors  6po- 
que  en  chirurgie.  L'Academie  confacree  a  cet 
art,  en  orna  fes  Memoires;  &  le  feu  Roi ,  fur 
le  coeur  de  qui  ces  fervices  rendus  a  Thuma- 
nite  avoient  tous  leurs  djroits ,  fe  hata  de  re- 
compenfer  TAuteur. 

Quelque  temps  apres  on  repeta  les  memes 
experiences  fur  les  animaux ,  qui  toutes  de- 
montrerent  le  pouvoir  qu'a  cet  agaric  pour 
arreter  toutes  fortes  d'hemorragies.  Je  I'ai 
employe  bien  des  fois  dans  les  faignemens  de 
nez  opiniatres,  il  a  toujours  reuffi ,  nonobf- 
tant  le  fentiment  de  M.  Chomel,  qui  pretend 
que  cet  aftringent  occafionne  des  irritations 
&  des  eternuemens  confiderables ;  ce  qui  em- 
peche,  dit  cet  Ecrivain ,  la  reunion  des  vaif- 
fe|ux  ouverts  :  faits  que  je  n'ai  jamais  ren- 
contres. 

C'eft  un  fait  bien  conftant  que  I'agaric  ar- 
rete  tous  les  jours  des  hemorragies  mortelles 
de  leur  nature.  II  les  arrete  bien  plus  fiire- 
ment  que  le  cautere  aduel,  pratiqu^  par  les 
anciens,  dont  Tapplication  etoit  bien  plus 
cruelle  &  le  fucces  bien  moins  certain. 

Ce  moyen  a  encore  nombre  d'avantages  fur 
la  ligature  des  vaiffeaux ,  propofee  &  mife  en 
iifage  par  Ambroife  Pare ,  mais  qui  eft  fou- 
yent  impraticable,  toujours  doujoureufe,  &, 


D   E      D   I   J   O   N>    iy^4,  95 

n'eft  pas  fans  danger  dans  tons  les  cas.  Combien 
meme  I'agaric  ne  prevaut-il  pas  fur  les  eaux 
flyptiques  propofees  de  nos  jours  ,  prefque 
fans  fucces  meme  apparent,  &  qui  lors  meme 
qu'elles  en  auroient  ete  fuivies  comme  ftyp- 
tique,ne  pourroient  encore  etre  confiderees 
comme  un  remede  innocent,  puifqu'il  n'agi- 
roit  que  comme  un  corps  irritant ,  qui  fol- 
licite  le  calibre  des  vaiffeaux  a  fe  retrecir,  a 
diminuer  de  diametre ,  en  meme  temps  qu'il 
coagule  les  humeurs  par  une  operation  chy- 
mique  ;  coagulation  forcee  par  un  agent  dont 
Taftion  ne  peut  etre  born^e  a  cette  premiere, 
&  qui  devenant  un  principe  de  fermentation 
dans  la  tumeur  fanguine  refultante  du  caillot, 
expofe  la  partie  a  tons  les  accidens  qui  peu- 
vent  etre  la  fuite  de  la  degenerefcence  des 
humsurs. 

L'agaric  agit  d'une  fagon  bien  plus  deuce, 
bien  moins  redoutable ;  il  prefente  a  I'impe- 
tuofite  du  fang  un  obftacle ,  mais  c'eft  une 
barriere  douce  qui  ne  force  point  le  liquide 
de  la  rompre.  C'eft  une  fubftance  qui  femble 
d'abord  c^der  a  fon  impulfion ,  on  liii  donnec 
paffage;  mais  bientot  fes  premiers  pores  rem- 
plis ,  la  tortuofite  des  autres  ofFre  des  obf- 
tacles  qui  pour  etre  en  apparence  moins  ener- 
giques  ,  n'en  font  pas  moins  efficaces  ,  &  qui 
engagent  feulement  le  fang  a  fe  portef  vers 
les  branches  collaterales,  oil  il  eprouve  moins 
de  refiftance. 

On  aime  le  merveilleux,  &  fur- tout  les 
explications.  Des  que  M.  Broffard  eut  parli 


94  ACADEMIE 

de  I'agaric,  on  imagina  qu'il  agiffoit  en  re- 
trecifi'ant  le  diametre  des  vaiffeaux,  &  cela 
par  une  vertu  ftyptique  ,  qui  lui  etoit  com- 
mune avec  le  chene ,  lur  lequel  on  le  recueille 
communemcnt,  &  a  qui  on  I'attribue ;  ce  n'eft 
uniqnement  qa'en  confequence  de  la  confi- 
guration de  les  pores  :  pourquoi  done  dans 
I'explication  de  la  maniere  d'agir  de  Tagaric, 
recourir  a  une  llypticite  ,  fans  laquelle  i'es 
heureux  effets  ne  s'expliquent  pas  moins. 

M.  Broffard  veutqa'on  choiliffe  I'agaric  qui 
vient  fur  les  vieux  chcnes  qui  ont  ete  ebran- 
ches ,  qu'on  le  cueille  dans  le  mois  d'Aoiit 
ou  de  Septembre  ,  qu'on  le  tienne  dans  un 
lieu  fee.  Pour  rempioyer,  il  le  prepare  de 
la  maniere  fuivante.  On  emporte  avec  im 
couteau  I'ecorce  blanche  &  dure,  jufqu'a  una 
fubftance  fongueufe  qui  prete  fous  le  doigt 
comme  une  peau  de  chamois ;  on  la  fepare 
de  la  partie  fifluleufe  &  plus  dure  de  I'agaric, 
&  Ton  en  foime  des  m.orceaux  plus  ou  moins 
epais.  On  les  bat  avec  un  marteau  ,  pour 
amollir  la  fubftance  fongueufe,  au  point  d'etre 
aifement  depecee  avec  les  doigts.  Au  befoin 
on  applique,  fur  I'ouverture  de  I'artere,  un 
morceau  ainfi  prepare  ,  plus  grand  que  Li 
plaie ,  &  pn^fent^  du  cote  oppole  a  I'ecorce, 
pardeffus  ce  morceau ,  un  autre  plus  grand  , 
&  enfuite  pnrdeffus  le  tout  un  appareil  co»- 
venable. 

C'eft  cet  agaric  qui  fert  a  faire  I'amadou  , 
dont  I'ufage  familier  eil  etendu  &  connu  de 
tout  le  mondc. 


D  E    Dijon,  ij?^.         py 

Je  pourrois  ajouter  ici  bien  des  phrafes 
inutiles  fur  les  grandes  vertus  que  les  anciens 
Medecins  attribuoient  a  ce  medicament ,  qui 
etoit  leur  cephalagogue  en  titre  &  de  pre- 
diledion  :  j'ai  cru  mieux  entrer  dans  les  vues 
de  I'Academie,  a  qui  ces  reflexions  font  of- 
fertes,  en  etabliffant  des  conjedhires  proba- 
bles fur  lu  nature  de  cette  produdion ,  & 
rappellant  des  verites  utiles  que  Texperience 
la  moins  equivoque  juftifie  relativement  a. 
fes  proprietes. 


E  S  S  A  I 

D'A  N  A  TO  M  I  E, 

S  u  R   la  flruclure   &   les   ufages  das 
Epiploons  (  I  ). 

PAR   M.   Chaussier. 


T, 


OUTE  la  capacite  de  I'abdomen  eft 
tapiff^e  par  une  membrane  mince,  blanche, 
tranfpirable,  connue  des  Anatomiftes  fous  le 
nom  de  PERiTOiNE.  Cette  membrane,  formee 
prefqu'entierement  par  un  tiffu  cellulaire  fin 
^  ferr^ ,  s'etend  fur  prefque  tous  les  vifceres 


( I )  Ce  Memoire  a  ete  lu  en  1776.  . 


9<5  AcADiMiE 

de  rabdomen,  s'y  attache,  les  borne,  les  fe- 
pare ,  les  maintient  dans  la  fituation  que  la 
nature  leur  a  afTignee  ,  &:  enfin  forme  des 
plis  ,  des  duplicatures ,  des  prolongemens  , 
des  ligamens,  &c.  Mais  en  couvrant  tant  d'or- 
ganes  fi  difterens  par  leur  forme ,  leur  flruc- 
ture  &  leur  ufage  ,  le  peritoine  fe  prete  a 
tous  leurs  contours ,  &  fe  modifie  auffi  de 
mille  manieres  difFerentes ;  ici  d'une  tenuite 
exceflive,  la  beaucoup  plus  epais ,  il  s'etend 
par-tout,  &  n'eft  nulle  part  le  meme.  Tantot 
attache  par  un  tiflu  cellulaire  court  &  ro- 
bufte ,  il  adhere  intimement  a  Torgane  qu'il 
recouvre,  &  paroit  en  quelque  forte  exade- 
ment  tendu  a  fa  furface  :  tantot  pofe  d  une 
maniere  plus  lache,  maintenu  feulement  par 
des  filamens  fouples  &  abondans ,  il  forme 
des  rides  a  la  fiiperficie  du  vifcere  ,  &  des 
replis  a  fes  environs:  Dans  d'autres  endroits 
on  le  voit  uni  etroitement  dans  une  partie 
de  I'organe  ,  devenir  par  degres  plus  lache, 
moins  adherent;  &  de  meme  qu'une  draperie 
legere  pofee  negligemment ,  ne  fe  modele 
pas  ftridement  fur  le  corps  qu'elle  couvre  , 
mais  flotte ,  &  s'etend  au  dela ;  tel  le  peri- 
toine, en  couvrant  certains  organes,  fe  pro- 
longe,8:  devient  flottant  au  dela  de  I'organe 
meme.  Ce  font  ces  prolongemens ,  ces  fur- 
croits,  ces  EXCESSUS  membraneux,  qui,  tou- 
joiirs  parfemes  de  vaifleaux  fanguins  ,  tou- 
joiirs  formes  de  deux  lames  du  peritoine  , 
font  connus  foiis  le  terme  generique  d'EPi- 

PLOON 


o  E    Dijon;  v^^^^  97. 

PiOON  ( I  )  ou  d'oMENTUM.  Car  les  Anato- 
miftes  modernes  diftinguent  trois  fortes  d'EPi* 
PLOON  :  un  grand,  connu  dans  toils  les  tempsji 
&  que  Ton  nomme  encore,  par  rapport  a  les 
attaches  principales,  Gastro-Colique  ;  im 
petit  y  que  d'apres  Riolan,  le  celebre  Winllow. 


(  I  )  Epiploon  ,  ou  d'apres  Hippocrate  ,  EPIPloa  ail 
pluriel ;  mot  entierement  grec,  &  conferve  par  les  Ana- 
tomiftes  de  tous  les  pays.  L'etymologie  de  ce  terms 
h'eft  point  equivoque  ;  mais  la  fa^on  de  rinterpretec 
nous  paroit  meriter  que^que  dilcuffion.  Tous  les  Auteurs 
s'accordent  a  dire  :  epipioon  ab  iTriTiAtiv  ,  qua^  mem- 
brana  natans  fuptr  inteftina  ;  mais  YiTTi  des  Grecs  fa 
rend  quelquefois  par  ultra.  Ne  fcroit  il  pas  plus  raifon- 
nab!e,&  enmeme  temps  plus  conforme  a  la  vraie  dil- 
poiition  de  cette  partie,  a  la  connoiilance  de  fes  ufages  , 
&  a  t'obfervation  anatomique ,  d'interpreter  ce  inot , 
fTTiTrAoo^  en  difant  :  membrana  natans  ant  extenfa  ultrd 
flomjchum ,  &.c=  membrane  qui  excede ,  qui  s'etend  au 
dela  de  Teftomac  ,  du  colon,  &c.  En  effet ,  fi  on  {^ 
bornoit  a  Tancienne  interpretation,  cette  denomination 
■ne  conviendroit  point  au  petit  &  au  moyen  epiploon  , 
car  ces  parties  ne  font  point  du  tout  flottantes.  Outre 
plufieurs  autres  raitons  qu'il  feroit  facile  d'alleguer  en 
faveur  de  notre  interpretation  etymologique  ,  on  peut 
voir  dans  les  anciens  Grecs  ,  &  fur-tout  dans  Hippo- 
crate  ,  ce  mot  &  fes  derives  tres-fouvent  employes  pour 
defigner  une  furabondance ,  un  exces  ....  cjuod  ultr^ 
redundat  in  vtntr'iculo  .  ...  In  venis  ....  8ic,  Voy.' 
Fafius  in  Hippocratem.  V.  aufli  Riolan ,  Antrhopoirraphia  , 
lib.  X  ,  cap.  XIII ,  &  lib.  3  ,  cap.  iv,  on  y  trouve  les 
differentes  explications  de  ce  terme;  ti  Ton  voit  que  les 
Grecs  n'entendoient  pas  defigner  par  ce  mot  une  mein- 
btane  flottante  ,  comme  Font  reppte  par  la  fuite  tous  lea 
Anatomises  : /feroiof«j  vafcula  ^  repojitoria  i'TTi'JrKotA 
voeat» 


<)S  ACADfMIE 

a  fait  connoitre  (ous  le  nom  d'HEPATO-GAS- 
TRIQUE;  enfin,  un  moym  remarque  clcpuis 
peu(i),  appercu  d'abotd  par  M.  Lieutaiid, 
niais  prefque  dans  le  meme  temps  decrit  avec 
exaditude  par  M.  de  Haller ,  &  defigne  fous 
le  nom  de  colique. 

II  eft  enfin  d'autres  prolongemens  membra- 
neux  fort  petits  ,  connus  fous  le  nom  d'AP- 

PENDICES,   ADIPEUSES   OU   EPIPLOIQUES,  qui 

fe  rencontrent  uniquement  fur  les  gros  intef- 
tins ,  &  dont  le  celebre  Vefale  a  le  premier 
donne  la  defcription. 

Toutes  ces  produdions  epiplo'iques  ne  dif- 
ferent que  par  la  figure  ,  la  grandeur,  la  fitua- 
tion  &  les  attaches;  car  d'ailleurs  elles  ont  la 
meme  ftrufture  &  les  memes  ufages ;  toutes 
font  formees  par  deux  lames  minces  prove- 
nantes  du  peritoine ,  adoffees  &  appliquees 
Tune  contre  I'autre,  feparees  par  un  tiffu  cel- 
lulaire  fin  ,  delicat,  plus  ou  moins  ferre  ,  plus 
ou  moins  rempli  de  graiife  ,  mais  tou jours 
parfeme  d'un  grand  nombre  de  vaifTeaux  fan- 
guins. 

Le  grand  epiploon  ,  connu  du  vulgaire  fous 
le  nom  de  coeffe  ,  fe  prefente  fans  aucune 
preparation  a  I'ouverture  de  Tabdomen.  On 
voit  ce  prolongement  membraneux  defcendre 
de  I'eftomac,  de  la  rate  &  du  colon,  flotter 
en  quelque  forte  fur  les  inteftins,  gliffer  f^ur 
leur  furface ,  s'infinuer  meme  entre  leurs  cir- 


( I  )  En  1741. 


D  E     D    I  J  o  N ,  iyS4,  C)Cf 

convolutions  :  on  le  voit  parfeme  d'lin  grand 
nombre  de  vaiffeaux  fanguins ,  dont  les  rami- 
fications &  les  anartomofes  frequentes ,  for- 
nient  des  aires  de  miile  figures  difFerentes; 
enfin,  dans  cette  tranie  membrano-vafculaire, 
on  voit  des  bandeiettes  graifleufes  accompag- 
ner ,  environner  les  vaiffeaux  fanguins ,  les 
fuivre  dans  leur  diftribution  ,  &  par  confe- 
quent  laiffer  des  efpaces  uniquement  mem- 
braneux  en  forme  de  Rhombes  ,  de  triangles, 
d'ovales  allonges ,  &  ainfi  avoir  une  forte  de 
reffemblance  avee  un  filet  dont  les  mailles 
in^gales  &  irregulieres  n'auroient  aucune 
forme  determinee  (  i  ). 

L'etendue  &  la  difpofition  du  grand  epi- 
ploon varient  fuivant  les  difFerentes  circonf- 
tances.  Quelquefois  on  le  trouve  defcendii 
jufqu'au  petit  baflin,  &  on  I'a  vu  contraclei: 
des  adherences  avec  les  vifceres  de  cette  re- 
gion,  en  gener  Taftion  (2),  fouvcnt  on  ie 


(  1  )  Cii  conftance  qui  a  engage  quelques  Auteurs  at 
comparer  Tepiploon  a  iin  (ilet  de  pecheur.  EJi  rets  veL 
reticulum ,  dit  Bauhin  ,  &c. 

(a)  On  en  trouve  plufieurs  exemples  dans  les  Ob- 
fervateurs  ;  j'en  citerai  deux  qui  me  font  particuliers  , 
&  qui  prefentent  quelques  ciiconftances   remarquables. 

En  Mai  177^  ,  la  femme  Molard,  fur  la  fin  de  fe 
troirteme  groffeffe  ,  fe  plaignit  d'une  tenfion  avec  une 
douleur  profonde  dans  tout  Tabdomen;  bientot  la  fievre 
furvint  ,  la  tenfion  du  ventre  augmenta ,  &  devint  plus 
douloureufe  ,  &c.  Dans  le  cours  de  cette  maladie,  les 
douleurs  de  raccouchement  fe  declarerent;  &  qucique 
I'enfant  fut  bien  fitue ,  la  femme  bicn  conformse  ,  les 

G  ij 


JOO  A    C   A   D   i   M   I   1 

voit  gllffer  par  les  anneaux,  &  produire  des 
hernies;  d'autres  fois  on  le  rencontre  ramaiT^ 


douleurs  vives ,  I'accouchement  fut  long.  Les  douleurs 
avoient  un  cara6)ere  particulier  que  je  n'avois  point  en- 
core obferv^.  Chaque  contradion  de  la  matrice  etoit 
entrecoupee  &  arretee  tout-a-coup  par  des  hoquets  ,  des 
tiraillemens  douloureux  k  I'epigaftre,  la  malade  epioiiva 
nieme  quelques  foiblefies ,  &ilfembloit,  fuivant  Ion  ex- 
preflion,  que  chaque  douleur  lui  arrachat  le  coeur;  enfin, 
apres  plufieurs  heures  du  travail  le  plus  fatigant^  I'enfant 
vit  le  jour.  Quelque  temps  apres,  portant  ma  main  fuf 
le  ventre  je  fus  fort  furpris  de  trouver  la  matrice  prefque 
aufli  elevee  qu'avant  Taccouchement ;  au  lieu  de  prendre 
fa  forme  &  fa  fituation  ordinaire  ,  ce  vifcere  s'allongeolt 
6c  formoit,  en  fe  contraftant ,  une  tumeur  dure,  reni- 
tente  &  oblongue.  D'apres  les  accidens  que  la  malade 
avoir  eprouves  ,  je  prefumai  des-lors  que  la  matrice  avoit 
contraile  une  adherence  avec  quelque  vifcere  qui  I'em-i 
pechoit  de  reprendre  fa  forme  naturelle.  J'attendis  de  la 
nature  I'expulfion  du  placenta ,  &  elle  fe  fit  fans  aucun 
accident  apres  trois  quarts  d'heure.  II  n'y  eut  ni  perte, 
ni  aucun  accident  dependant  de  I'accouchement;  mais  la 
fievre  &  I'inflammation  du  ventre  qui  perfifterent,  firent 
perir  la  malade  le  feptieme  jour.  A  I'ouverture  du  ca- 
<lavre  je  trcuvai  I'epiploon  dur  ,  compatH: ,  adherent  au 
fond  de  la  matrice ,  &  ce  vifcere  etoit  allonge  &  s'e- 
lendoit  jufqu'a  la  hauteur  de  Tombilic. 

Pendant  mon  Cours  d'Anatomie  de  1771  ,  je  dilTe- 
quai  le  cadavre  d'une  vieille  fcmme  ;  je  trouvai  egale- 
ment  Tepiploon  adherent  au  fond  de  la  matrice  ,  a  fes 
Jigamens  lateraux  &  aux  ovaires.  Le  colon  ,  I'eftomac 
etoient  abaiffes  ,  mais  la  matrice  etoit  dans  fa  fituation 
naturelle.  L'epiploon  n'etolt  pas ,  comme  dans  le  cas  pre- 
cedent, compaft  &  ramalTe  en  corde  ,  il  etoit  epanoui  , 
<k  confervoit  fa  tnollefre  &  fa  tenuite  naturelles ,  feu- 
Jement  fes  deux  feuillets  etoient  colles  enfemble  :  &  un 
p8u  au  deffous  de  I'ombilic,  oi>  y  voyoit  plufieurs  fcif- 


D  E/  D  I  J  o  N,  ijS^.         rot 

en  peloton  compaft,  entre  I'epigaftre  &  I'om- 
bilic  ;  il  y  forme  une  tumeur  oblongue  ,  mo- 
bile ,  indolente,  qii'il  eft  bien  effentiel  de  dif- 
tinguer  des  obftrucHons  &  autres  affedions 
morbifiques  (  I  ).  Mais  dans  I'enfant  il  eft 
^tendu  d'une  maniere  lache  &  uniforme  dans 
la  partie  fuperieure  de  Tabdomen,  feulement 
il  eft  plus  porte  a  gauche  ,  &  il  eft  bien  an 
deffiis  de  I'ombilic.  Dans  I'adulte ,  fa  fitiia- 
tion  eft  moins  oblique,  il  paroit  plus  long, 
&  defcend  un  pen  au  deffous  de  Tombilic. 
Ces  differences,  comme  I'a  fort  bien  indique 
M^  Portal  (2),  dependent  uniquement  dii 
changement  de  pofition  que  les  principaux 
vifceres  de  Tabdomen  eprouvent  avec  I'age-. 


fures  d'une  grandeur  &  d'une  forme  differentes ;  il  fem- 
bloit  que  le  tid'u  membraneux  de  I'epiploon  avoir  ete 
rompu  ou  dechire  en  differens  endroits,  foil  par  un  mou- 
vemeut  violent  &  fubit  ,  ou  un  exces  de  tenfion  ,  foit 
par  I'effort  gradue  &  fouvent  repete  des  vifceres  qu'il 
recouvroir.  Les  bords  de  ces  differentes  ouvertures  etoient 
lifTes  ,  compafts ,  foutenus  feulement  par  les  ramifica- 
tions des  vaiffeaux  de  I'epiploon  &  de  la  graifTe  qui  les 
environne  :  on  remarquoit  fur-tout  deux  ouvertures  plus 
confiderables  ,  d'environ  trois  pouces  de  diametre ,  6c  a 
travers  lefquelles  paffoit  un  paquet  des  inteflins  greles ;  ce 
qui  formoit  une  efpece  de  hernie  interieuj-e  dont  je  ne 
connois  aucun  exemple.  Quelques  Peintres  qui  fuivoient 
mes  lemons ,  deffinerent  fur  le  champ  cetie  difpofition 
extraordinaire. 

(i  )  M^  Portal,  Obfervations  fur  les  tumeurs  &  en- 
gorgemens  de  I'epiploon.   Acad,  des  Sci.    1771. 

(2)  Idem y  dans  fes  notes  fur  I'anatomie  c^e Lieptaud ,' 
&  Academie  des  Sciences ,  1771, 

G  iij 


102  A    C    A   D   E   M   I    E 

La  region  epigalhique  etant  dans  Tenfant  plus 
^levee  &  plus  large,  Tepiploon  defcend  moins 
fcas ;  &  le  foie  qui  a  cet  age  eft  d'un  volume  - 
&  dune  etendue  tres-confiderable,  en  dejet- 
tant  Teftomac  fur  le  cote  gauche,  determine 
ainfi  la  fituation  obliqiie  de  Tepiploon.  Outre 
ces  differences  occafionnees  par   Taccroifte- 
ment  du  corps  &  le  developpement  des  or- 
ganes,  on  obferve  encore  que  I'etendue  &  la 
Situation  de  I'epiploon  varient  journellement 
fuivant  Tetat  des  vifceres  epigaftriques  ;  on 
en  fera  couvaincu.,  fi  Ton  fait  attention  qu'il 
tient  principalement  a  des  organes  contrac- 
tiles ,  capables  de  fe  mouvoir  ,  &  fujets  a  fe 
deplacer.  Auffi  remarque  fort  judicieufement 
le  celebre  M.  Sabatier  (i),  «quand  on  ouvre 
»  desanimaux  immediatement  apresqu'ils  ont 
»  mange,  I'epiploon  fe  trouve  plus  ramaffe, 
»  &  defcend  a  mefure  que  I'eftomac  fe  vuide, 
»  &  que  les  inteftins  fe  rempliffent.  «  Cette 
obfcrvation  eft  encore  plus  frappante  dans 
rhomme  ,  parce   que  I'epiploon   n'eft  pas  , 
comme  dans  la  plupart  des  animaux,  attache 
uniquement  a  I'eftomac  &  a  la  rate ,  mais  il 
tient  encore  a  toute  la  convexite  de  Tare  du 
colon.  Ainfi  que  I'eftomac  ,que  le  colon  foit 
diftendu  ,  I'epiploon  eft  entraine  vers  le  haut, 
&  paroit  plus  court;  au  contraire  il  defcend 
&  paroit  plus  long,  lorfque  ces  vifceres  font 
dans  un  etat  de  vacuite  ou  de  conftridion. 
Inerte  par  lui-raeme  ^  incapable  d'une  adion 


(i)  Traite  complet  d'Anatomie, 


D  E    Dijon,  fy^4.         103 

qui  lui  foit  propre,  repiploon  n'oppofe  au- 
cune  reliilance ,  il  fe  prere  au  developpement 
des  vifceres  auxquels  il  eft  attache  ,  il  cede  a 
leiir  expanfion,  en  fuit  tons  les  mouvemens. 
Bien  plus ,  Tadion  I'eule  des  vil'ceres  fur  lef- 
quels  il  eft  appofe,  ra^pliation  d'un  organe 
voilin ,   changent  fa  forme  &   (on  etendue. 
D'apres  ces  obfervations  journalieres  &  fa- 
ciles  a  verifier  fur  les  cadavres  par  la  fitnple 
infufflation  de  I'eftomac  &  des  inteftins,  nous 
concevons    facilement    les    caufes    de  cette 
grande  variete  remarquee  dans  I'etendue  & 
la  figure  (  I )  de  cette  partie.  L'eftomac  eft-il 
contrade ,  repoufTe  vers  le  diaphragme  ?  repi- 
ploon fera  releve  &  defcendra  moins  bas.  Ce 
vifcere  eft-il  dejette  fur  un  cote  ?  la  fituation 
de  I'epiploon  fera  oblique.  Enfin ,  ft  le  me- 
focolon  eft  relache  par  un  etat  de  maladie , 
ou  bien  ft  le  fejour  &  Faccumulation  des  ma- 
tieres  dans  Tare  du  colon  ont  allonge  fes  li- 
gamens  &   deplace  cet  inteftin ,  alors  I'epi- 
ploon defcend  tres-bas  &  s'etend  quelquefois 
jufqu'au  baftin. 

Depu'is  ¥ahr ice  d' aqua  pendente  ,  la  fotme  de 
Fepiploon  a  ete  comparee  a  une grande  bourfe 
ou  a  une  gibeciere  de  chafl'eur  vuide  &  ap- 
platie  ,  dont  le  fommet  taille  d'une  maniere 


(  I )  Quelques  Anatomiftes  ont  voulu  determiner  la 
figure  de  I'epiploon ;  les  uns  ont  dit  qu'il  etoit  trian- 
gulaire ,  d'autres  conique ;  mais  Ton  fent  combien  cette 
ijgure  eft  variable  fuivant  I'etat  des  vifceres. 

G  iv 


t04  A   C   A   D   E   M  I   E 

jn^gale  feroit  en  haut  &  attache  a  diff^rentes 
parties,  dont  le  fond  arrondi  feroit  libre  & 
fiottant  en  has  ,  &  dont  les  parois  feroient 
jfimplement  affnifles  ou  appliques  Tun  fur  Tau- 
tre ,  fans  avoir  entre  eiix  auciine  adherence. 

Ainfi  d'apres  c«tte  comparaifon  generale- 
ment  adoptee,  les  Anatomiftes  ont  diftingue 
au  grand  Epiploon  deux  ailes  ou  feuiliets,  dont 
I'un  eft  anterieur  ou  externe,  Tautre  pofterieur 
ou  interne.  Le  premier  que  Ton  nomme  en- 
core GASTRIQUE,  defcend  de  la  grande  cour- 
bure  4«  feftomac ;  le  fecond ,  connu  encora 
fous  le  nom  de  colique  '  i),  tient  au  bord 
convexe  du  colon;  ce  font-la  les  principales 
attaches  des  deux  feuiliets  de  Tepiploon  ; 
niais  il  faut  ajouter,  pour  plus  grande  exac- 
titude ,  que  le  feuillet  anterieur  a  quclques 
autres  points  de  connexion  :  favoir,  du  cote 
droit  au  ligament  membraneux  qui  fixe  le 
duodenum,  &  du  cote  gauche  a  toute  la  fclf- 
fure  de  la  rate  &  au  grand  cul-de-fac  de  I'ef- 
tomac. 

Jufqu'a  prefent  les  Anatomiftes,  meme  les 
plus  exadts ,  fe  font  contentes  de   dire  que 


(  I  )  Dans  les  differens  animaux  qiiadrupedes  que  j'ai 
eu  occafion  de  diffequer ,  le  feuillet  pofterieur  de  I'epi- 
ploon  n'a  aucune  connexion  avec  les  gros  inteftins  ;  il 
fe  termine ,  ou  au  mefentere ,  ou  un  peu  au  deffus  de 
I'origine  de  ce  lien  commun  des  inteftins ;  &  1  epiploon 
eft  plus  ou  moins  long,  fuivant  les  difFerentes  efpecQs 
d'animaux  :  dans  quelques-uns  il  eft  fi  coutt  ,  qu'on 
pourroit  croire  au  premier  coup  d'oeil  qu'il  n'exifte  pas; 
ce  qui  fans  doute  en  a  iippofe  a  quelques  Anatomiftes 
dans  Ja  defpription  des  animauxn 


D  £    Dijon,  i;^^^:        105 

Tepiploon  eft  attache  a  route  la  grande  cour- 
bure  de  Teftomac  ,   fans   defigner   Tendroit 
precis  de  (on  implantation.  D'apres  cette  in- 
dication vague ,  il  fembleroit  que  cet  objet  eft 
pen  important,  ou  bien  on  pourroit  croire  que 
I'eftomac  eft  partage  par  I'origine  de  I'epiploon 
a  fa  grande  courbure,  en  deux  furfaces  egales  ; 
mais  ce  feroit  fe  tromper  etrangement ;  I'inf- 
.pedion  fouvent  repetee  nous  a  toujours  fait 
voir  qu'en  partant  de  I'origine  de  Tepiploon 
a  la  grande  courbure  de  I'eftomac  ,  la  furface 
pofterieure  de  ce  vifcere  a  dans  tous  les  fens 
beaucoup  moins  d'etendue  que  la  furface  an- 
terieure;  cette  obfervation  eft  fur-tout  tres- 
frappante  au  grand  cul-de-fac  de  Teftomac, 
La  rate  ,  fituee  profond^ment  dans  I'hypo- 
condre  gauche ,  tient  a  ce  vifcere  par  une 
portion  particuiiere  de  I'epiploon,  &  (es  at- 
taches font  prefqu'entierement  pofterieures; 
auffi  dans  Fouverture   des  cadavres  eft -on 
oblige  de  foulever  I'eftomac  pour  demontrer 
la  fituation   de  la  rate.   Ainft ,  pour  parler 
avec  exaditude,  il  faut  dire  que  le  grand  epi- 
ploon a  (es  attaches  principales  a  la  partie 
pofterieure  &  inferieure  de  la  grande  cour- 
bure de  I'eftomac  ;  difpofttion  remarquable  , 
qui  en  permettant  la  dilatation  du  ventricule 
fur  la  partie  anterieure  &  laterale,  empeche 
la  compreiTion  des  nerfs  &  des  vaifl'eaux  fitues 
pofterieurement  :  Texperience  ne  laifle  aucun 
doute  a  ce  fujet.  Si  on  fait  fouffleir  I'eftomac 
fur  un  cddavre ,  &  fi  obferve  attentivement 
^  <jui  fe  paffe  a  mefiire  que  Tair  diftend  ce 


I06  A   C   A   D   E  M  I   E 

vifcere  ,  on  voit  que  rampliation  fe  fait  pref- 
qu'cntierement  en  devant ,  en  haut  &  a  gau- 
che; on  voit  que  la  portion  fplenique  de  I'epi- 
ploon  s'efFace  pen  a  peu  ,  la  rate  devient  plus 
pollerieure ,  s'approche  de  refl:omac,&  femble 
s'y  coUer.  Cette  portion  fplenique  de  Tepi- 
ploon  merite  encore  quelqucs  confiderations. 
Ce  n'eft  point  une  limple  membrane  fine  & 
fans  reiiltance,  parfemee  de  vaifleaux  &  gar- 
nie  de  graiffe ,  mais  fon  tiflu  d  plus  de  force, 
plus  de  conliftance  :  elle  forme,  aux  environs 
du  grand  cul-de-fac  de  Teflomac  ,  des  replis 
particuliers  qui  s'etendent  obliquement  juf- 
qu'au  cardia,  font  en  quelque  forte  Foffice  de 
ligamens  ,  qui  empechent  encore  par  leur  dif- 
pofition  &  leur  refiftance  ,  la  dilatation  de 
I'eftomac  fur  la  partie  pofterieure.  Enfin,  pour 
ne  rien  omettre  d'effentiel,nous  devons  ajou- 
ter  que  dans  les  perfonnes  dont  Teflomac  eft 
contradle  ,  on  a  trouve  quelquefois  fur  le 
grand  cul-de-fac  de  Teftomac  &  dans  le  voi- 
linage  de  la  portion  fplenique  de  I'epiploon, 
des  allongemens  membraneux  flottans ,  que 
Ton  pent  comparer  aux  appendices  graifleufes 
du  colon.  Lieutaud  en  avoit  dcja  fait  une 
mention  expreffe.  «La  partie  ia  plus  convexe 
9>  de  I'eftomac  ,  dit-il ,  porte  encore  quelques 
»  pEoduclions  epiploiques,  dont  les  cavites  ne 
9»communiquent  point  avec  la  grande  bourfe. 
»  Ces  parties  ,  ajoute-t-il,  meriteroient  peut- 
w  etre  le  nom  de  petit  epiploon  (  I  )•  »  Mais 

(  i)  Effais  anatomiq^ues ,  art,  a.  Quoique  robfeivatloa 


D  E     Dijon,    lyS^,         107 

comme  elles  m'ont  paru  avoir  la  memeflrt^c- 
tiire  >  les  memes  ui'ages  que  les  appendices 
graiffeufes  du  colon ,  j'aimerois  mieux  les 
nommer  appendices  gaflriques. 

Quoique  d'apres  tons  les  Anatomiftes  nous 
ayons  diiUngue  deux  feuillets  a  I'epiploon  , 
il  ne  faut  pas  croire  qu'il  y  ait  une  ligne  de 
reparation  marquee  par  la  nature,  ou  un  de- 
faut  de  continuite  entre  I'un  &  I'autre.  On 
diroit  au  coniraire  »  que  le  feuillet  anterieur, 
»  apres  etre  defcendu  jufqu'a  la  hauteur  de 
„  Tombilic  ,  fe  replie  fur  lui-meme  pour  for- 
>,  mer  le  feuillet  pofterieur,  &  remonter  ainfi 
,»  jufqu'a  la  partie  tranfverfale  du  colon  (i )». 
Ou ,  fi  Ton  veut  encore ,  pour  rendre  cette 
ilrudure  plus  fenfible  ,  on  pent  ,  d'apres  le 
celebre  Gliffon,  comparer  I'epiploon  au  ta- 
blier  que  portent  les  femmes ,  &  dont  I'ex- 
tremite  inferieure  feroit  relev^e ,  repliee  en 


de  M.  Lieutaud  foit  tres-precife  ,  il  femble  qu'on  y  a 
fait  peu  d'attention.  Haller  en  fait  mention  (  Phyfiologicy 
torn.  K/),  mais  il  ajoute  :  milii  ignotas.  Le  jugement 
d'un  Anatomifte  fi  exaft ,  a  fans  dome  empeche  de  ve- 
rifier I'afTertion  de  M.  Lieutaud.  Affurement  on  ne  ren- 
contre pas  fur  tous  les  fujets,  ces  appendices  gaftriques, 
de  meme  que  Ton  ne  rencontre  pas  toujours  la  meme 
forme^la  meme  etendue  dans  I'epiploon  ;  quelquefois  les 
appendices  gaftriques  font  confondues  avec  la  portion 
fplenique  de  I'epiploon  ,  mais  auffi  d'autres  fois  elles  en 
font  tres-diftindies,  &  je  croirois  volontiers  qu'elles  ne 
font  jamais  que  des  replis,  des  prolongemens  particu- 
^iers  &  accidentels  de  la  portion  fplenique  de  I'epiloon. 

(  I )  Sabatier ,  anatomic  du  corps  humain. 


f08  A   C   A   D   E   M   I   E 

devant,  &  attachee  par  iine  ceinture.  Par  ce 
moyenon  con^oit  ailement  que  chacune  des 
extrcmitds  eft  attachee  fuperleurement,  tan- 
dis  que  la  partie  moyenne  qui  eft  redoublee, 
flotte  librement ;  &  de  meme  que  dans  un  ta- 
•blier ,  dont  le  bas  eft  ainft  releve  ,  il  exifte 
un  intervalle  entre  les  deux  parois ;  ainfi  la 
duplicature  de  ces  feuiUets  membraneux  laiffe 
un  efpace  intermediaire  que  Ton  nomme  le 
fac  ou  la  cavite  epiploique.  «  Cette  compa- 
»  railbn,  ajoute  rAuteur(l),  montre  nette- 
»  ment  rorigine  du  feuillet  pofterieur,  &  fa 
»  continuation  non  interrompue  avec  le  pa- 
a*  roi  anterieur  qui  s'attache  au  ventricule. « 
Dans  les  endroits  oii  I'epiploon  n'eft  pas 
garni  de  vaiff'eaux  &  de  bandes  graifl'eufes, 
fon  tiffu  eft  ft  mince  &  ft  delicat,  que  dans 
le  corps  de  I'animal  on  trouve  peu  de  mem- 
branes aufli  fines;  fon  extreme  tenuite  Ta  fait 
comparer  a  une  toile  d'araignee ;  &  ft  on  le 
touche  fans  precautions ,  il  s'en  detache  des 
parcelles  ,  il  refte  comme  crible  de  plu- 
fteurs  petits  trous  qui  n'exiftoient  pas  dans 
Tetat  naturel,  &  qui  font  uniquement  I'eftet 
du  contaft  des  doigts  trop  arides ,  comme 
Font  fort  bien  demontre  les  celebres  Ruifch  , 
"NVinflow ,  &c.  Cependant  quelque  mince  que 
foit  Fepiploon ,  chacun  de  fes  feuillets  eft 
compofe  de  deux  lames  membraneufes  appli- 
quees  Tune  fur  I'autre ,  &  feparees  par  un 


(i)  GlifTon,  dc  ytntriculo  &  intejlinis. 


D  E     D  1   J  O  N,   iyS4,  109 

tlffii  celhilaire.    L'infpeftion  anatomlque  ne 
laiffe  aucun  doute  a  ce  fujet.  Non-feulement, 
avec  de  la  patience  &  de  I'adreffe ,  on  pent 
Ibulever  &  feparer  ces  deux  lames  ,  mais  en- 
core on  pent,  avec  iin  tube,  introduire  de 
I'air  dans  le  tiffu  celiulaire  qui  fe  trouve  entre 
elles.  11  ell  meme  des  endroits  oil  ces  deux 
lames  font  naturellement  ecartees.  Ainfi,  dans 
toute  I'etendue  de  I'attache  de  I'epiploon  a 
I'eftoraac,  les  deux  lames  font  ecartees  pres 
de  la  grande  courbure  au  moins  de  quatre  a 
cinq  lignes.    Get  ecartement  qui  forme  une 
efpace  de  triangle  dont  la  bafe  fe  trouve  dii 
cote  de  Teftomac,  eft  encore  plus  manifefte, 
lorfque  ce  vifcere  eft  dans  un  etat  parfait  de 
vacuite;  alors  on  fouleve,  on  ecarte  avec  la 
plus  grande  aifance  ces  deux  lames  epipioi- 
ques  ;  I'efpace  intermediaire  eft  occupe  par 
des  vaiffeaux  &  par  un  tiffu  celiulaire  lache 
&  tres-fouple  :  mais  a  proportion  que  ces 
deux  lames  defcendent  de  I'eftomac  ,  elles  fe 
rapprochent  par  degres,  elles  s'uniffent,  elles 
deviennent  plus  minces,  &  le  tiffu  celiulaire 
qui  les  joint ,   devient  auffi  par  degres  plus 
fin  &  plus  ferre.  11  en  eft  de  meme  par  rap- 
port aux  attaches  du  feuillet  pofterieur  au 
colon  ,  il  s'y  trouve  egalement  un  efpace  in- 
termediaire (i). 


(  I  )  Nous  avons  un  grand  nombre  de  figures  ana- 
tomiques ,  mais  aucune  n'exprime  d'une  manieie  fatif- 
faifante  I'origine,  la  dilpofition  de  I'epiploon  &  fa  grande 
cavite ;  aucune  n'iodique  les  ecartemens  triangulaires  dont 


no  A   C    A  D   E   M   I   E 

Cette  difpofition  qui  fe  trouve  dans  tons 
les  ages  ,  dans  toules  les  circonftances  de  la 
\ie,  &  fur  tous  les  animaux  pourvus  d'epi- 
ploon ,  fervira  a  nous  eclairer  fur  quelques- 
unes  des  vues  de  la  nature  dans  la  conftruc- 
tion  de  ces  parties. 

Le  petit  Epiploon,  nomme  encore  HEPA- 
TOGRASTIQUE  ,    n'cft  point   une   membrane 


je  viens  de  parler.  Quelque  compliquee  que  foit  cette 
difpodtion  ,  on  Fa  rend  ties-fenfible  fur  le  cadavre  par 
la  preparation  fuivante.  Apres  avoir  tait  Touvertiire  de 
Tabdomen  ,  il  faut  remplir  la  cavite  de  I'eftomac  ,  dii 
duodenum  &  du  colon  ,  avec  un  melange  de  cire ,  de 
fuif  &  de  terebenthine.  Cette  injcftion  doit  fe  faire  fans 
cftorc ,  affez  pour  foutenir  eleves  les  parois  de  ces  vif- 
ceres,  mais  trop  peu  pour  les  diftendre.  Lorfque  I'in- 
jeftion  eft  refroidie  ,  il  convient ,  pour  plus  grande  fa- 
cilite,  d'emporter  le  mefentere.  On  Tait  enfuite  une  fec- 
tion  perpendiculaire  depuis  la  fymphife  du  pubis  iufqu'au 
fternum  ,  de  maniere  que  la  cclonne  epiniere  foit  par- 
tagee  fur  fa  longueur  en  deux  portions  egales  :  ainfi  on 
a  une  coupe  de  la  moitie  du  tronc.  On  y  voit  ai(ement 
toute  I'etendue ,  les  replis  &  le  developpement  du  p^- 
ritoine  ;  on  le  voit ,  apres  avoir  reouvert  le  paroi  ante- 
rieur  de  I'abdomen  ,  gagner  le  diaphragme  ,  fe  replisr 
pour  former  le  petit  epiploon  ,  s'etendre  fur  I'eftomr.c,  Uu 
donner  fa  premieie  tunique  ;  on  le  voit  fe  prolonger  au 
dela  de  ce  vifcere  ,  defcendre  jufqu'a  I'ombilic,  remontcr 
.enfuite  pour  gagner  le  colon,  &  former  ainfi  le  grand 
epiploon  ;  on  y  voit  aulti  la  feparation  des  lames  epi- 
plo'iques  pres  des  courbures  de  I'eftomac  &  de  la  con- 
vexita  du  colon  :  enfin,  on  prend  une  idee  jufte  &  pre- 
cife  de  la  cavit^  epiploique.  Cette  difpofition  peut  tres- 
bien  s'exprimer  dans  une  planche  ,  meme  au  fimple 
trait,  &je  me  propofe  de  la  faire  graver  dans  quelque 
temps. 


D  E     Dijon,    tyS^.  1 1 1 

flottante  (i).  II  efl  compo{'(^  d'un  feul  feuillet 
membraneux,  dont  les  lames  font  fort  min- 
ces, &  qui  a  tres-peu  d'etendue.  Ses  attaches 
font  fuperieurement  au  col  de  la  veficule  dii 
fiel,  a  la  fciffure  tranfverfe  du  foie,  aiix  vaif- 
feaux  qui  s'y  infirtuent,&  au  diaphragme;  pr.is 
dela  gagnant  I'orifice  fuperieur  de  i'eilomac, 
il  defcend  &  fe  termine  bientot  a  toute  la 
petite  courbure  de  ce  vifccre ,  &  a  une  petite 
portion  du  duodenum.  Nous  ne  terminerons 
pas  Particle  de  ce  petit  epiploon  ,  fans  ob- 
ferver  qu'en  approchant  de  fon  attache  a 
Teftomac  ,  fes  deux  lames  font  ecartees  de 
pres  d'un  pouce  ,  &  que  Tefpace  intermediaire 
eft  garni  d'un  tiffu  graifleux  fort  mol. 

\Vinilow  eft  le  premier  qui  ait  donne  (ij) 
une  bonne  defcription  du  petit  epiploon;  ou, 
pour  parler  plus  jufte,  il  eft  le  premier  qui 
Fait  difVingue  du  grand  epiploon  ;  car  certe 
produdion  membraneufe  n'etoit  point  incon- 
nue  aux  Anatomiftes  anciens ;  feulement  les 
uns  la  regardoient  comme  une  continuation, 
les  autres  comme  le  principe  de  I'epiploon, 
qui ,  difoient-ils  ,  forme  par  le  peritoine,  def- 
cend du  diaphragme  ,  &  donne  en  paffant  une 
premiere  tunique  a  Teftomac  :  telle  etoit  fur- 
tout  I'opinion  de  Mundinus,  le  reftaurateurde 


(  I  )  Ainfi  ,  en  fe  bornant  a  I'interpretation  ordinaire 
de  Tetymologie  ,  ce  prolongement  du  peritcine  ne  ir.e- 
riteroit  pas  le  nom  d'epiploon. 


(2)  Academie  de$  Sciences  ,  1715. 


Ill  A   C  A   D   i    M   I  1 

Tanatomie  au  commencement  du  [4*.  fiecle. 
Le  zirbiis,  dit  cet  Anatomilie,  nait  jouxte  le 
diaphragme  (l).  Fabrice  cC aqua  pcndtnu  ^  Glif- 
fon,  MarcUettis ,  6-^  ne  meconnoifloient  pas 
cette  production  epiploique.  Spigel  dit  expref- 
fement  que  le  petit  lobe  du  foie  eil  recouvert 
par  I'epiploon.  Riolan  eft  encore  bien  plus 
exadl  (  2, )  ;  il  ne  conlidere  Tepiploon  que 
comnie  une  feule  production  vafculo-mem- 
braneufe  &  continue  :  mais  il  le  divife  en 
quatre  portions.  La  premiere,  dit-il,  flotte 
fur  les  inteftins  ;  il  la  nomme  portion  intef- 
tinale  de  I'epiploon.  La  fgconde  ,  lituee  entre 
I'eftornac  &  la  rate,  eft  appellee  portion  fple- 
nique.  La  troifieme  eft  defignee  fous  le  nom  . 
d'hepatique,&  c'eft  exadement  le  petit  epi- 
ploon de  Winflow.  Enfin,  il  indique  une  qua- 
trieme  portion  qu'il  nomme  la  mefent^rique  , 
&;  c'eft  du  mefocolon  dont  il  veut  parler.  C'eft 
iin  abus  fans  doute  de  prendre  le  mefocolon 
pour  une  portion  epiploique ;  la  difference 
de  ftrudure  exige  une  denomination  particu- 
liere  ,  M.  de  Haller  Ta  bien  fait  fentir  (3). 
Mais,  en  rejetant  cette  diftindion  vicieufe , 
la  methode  de  nos  anciens  merite  peut-etre 
encore  quelqu'attention  ;  elle  eft  fans  doute 
plus  conforme  a  la  difpofition  des  parties ; 


(  I  )  Traduction  munufcrite  dc  Mundinus  par  Pi^fre 
Gerard,   Chlrurgien  a  Autiin ,  en   1545. 

(  2  )   Anthropograp/iia  ,  lib.  ii. 

( 3 )  Iconum  ifnatomicarnm  fafmulus  primus, 

nog 


D  £    Dijon;  1^84:        n| 

nos  defcriptions  feroient  peut-etre  pllis  fim-* 
pies,  plus  claires  ,  &  I'enfemble' plus  facile 
a  faifir.  Quoi  qu'il  en  foit,  les  deux  epiploons 
que  nous  avons  decrits ,  font  difpofes  de  fa- 
9on  que  le  ventricule  fe  trouve  fitue  entre 
I'un  &  Tautre ,  &  qu'il  en  refuke  un  grand 
fac  vuide ,  dont  les  parois  font  afFaiffes  Tun 
fur  I'autre  ,  mais  que  Ton  peut  facilement 
foulever  &r  demontrer,  en  y  infinuant  de  I'aic 
ou  quelqu'autre  liquide.  L'^tat  de  maladie 
rend  quelquefois  cette  cavite  epiploique  tres« 
evidente;  plus  d'une  fois  on  a  vu  des  eaux, 
des  vents  s'y  amaffer  ( i  )  :  enfin ,  pour  ne 
rien  echapper,  obfervons  que  ce  fac  mem- 
braneux  a  une  ouverture  fituee  pofterieure- 
ment  &  a  droite  ,  fous  les  vaiffeaux  qui  fe 
portent  au  foie. 

Les  gros  inteftins  ont  dans  touts  leur  ^ten"^ 
due ,  d'efpace  en  efpace  ,  un  grand  nombre 
de  petites  portions  membraneufes,  flottantes, 
d'une  forme  irreguliere ,  contenant  dans  leur 
epaiffeur  un  tiiTu  graiffeux  ,  parfeme  de  vaif- 
feaux,&  n'excedant  jamais  un  pouce  &  demi 
de  longueur.  Ces  appendices  adipeufes  font  a 
jufte  titre  regardees  par^yin(low  comme  desi 
efpeces  de  petits  epiploons  ,  ou  des  fupple- 
mens  epiploiques  :  en  effct ,  elles  prefentent 
la  meme  ftrudlure  des  epiploons  que  nous 
avons  deja  decrits.  On  les  trouve  plus  lon« 
gues  &  en  plus  grand  nombre  dans  les  en- 


(i)  Portal,  Academie  des  Sciences,  i77i« 

H 


114  A   C  A  D  i  M  1   E 

tlroits  cle  ces  inteftlns  qui  ne  donnent  pas 
attache  au  grand  epiploon,  &  elles  font  ma- 
nifeftement  produites  par  des  replis  on  des 
prolongemens  du  p6ritoine  qui  recouvre  ces 
inteftins.  Elles  forment  ^n  quelque  forte  un 
fefton  membraneux  &  fTange,irr6guli^rement 
difpofe  fur  letendue  du  colon  &  du  rectum. 

L'epiploon-Colique  peut  en  quelque 
forte  etre  regard^  comme  la  premiere  &  la 
plus  grande  de  ces  appendices  adipeufes(l). 
On  le  trouve  fitue  fur  la  partie  droite  &  in- 
ferieure  du  coecum  &  du  colon  ,  dans  I'en- 
droit  oil  le  grand  epiploon  n'eft  pas  attache; 
fa  figure  eft  irreguliere  ,  &  fon  etendue  varie 
dans  les  differens  fujets ;  fouvent  meme  il  eft 
peu  fenfible ,  &  ft  le  coecum  eft  fort  diftendu  , 
il  eft  entierement  efface ;  mais  dans  Tetat  de 
vacuite  de  cet  inteftin  ,  c'eft  une  appendice 
creufe  &  conique  ,  collee  fur  le  colon ,  & 
qui,  dit  M.  Sabatier,  «  paroit  formee  dans  le 
»  plus  grand  nombre  des  fujets  p^ir  la  feule 
»  tunique  membraneufe  du  colon  &  du  coe- 
w  cum  qui  s'eleve  de  ces  inteftins ,  fur  deux 
»  lignes  paralleles ;  de  forte  que  I'alr  eft  in- 
»  tercepte  entre  ces  lames  ,  &  qu'en  foufflant 
»  dans  leurs  interftices ,  on  forme  un  cone 
»  qui  s'eleve  en  tubercules.  » 

Tous  les  epiploons  pr^fentent  dans  leur 
ftrufture  une  circonftance  bien  remarquable. 


(  I  )   Ceft  meme  I'opinion  de  plufieUrs  Anatomiflea 
velcbies. 


D  E     D   I   /   O   N,    'iy$-4:  ti^ 

Tons  lis  font  parfemes  d'lin  grand  iiohibra 
de  vaiffeaux  fanguins  qui  forment  entre  elix 
de  frequentes  anaftomofes.  Une  autre  fcir- 
conftance  non  moins  frappante  eft  Torigin^ 
de  ces  memes  vaiffeaux.  Ceux  qui  fe  diftri- 
buent  au  feuillet  anterieurdu  grand  epiploon^ 
viennent  principalement,  mais  conftamment^ 
des  vaifteaux  de  reltomac  ;  c'eft  meme  par 
rapport  a  cette  origine  qu  on  les  a  nomrnes 

GASTRO-EPIPLOIQUES i    CeilX    qui   f(5 

voient  au  petit  epiploon ,  viennent  aliffi  eii 
grange  partie  des  arteres  &  des  veines  co- 
ronaires  ftomachiques.  Enfin,  I'epiploon  co-^ 
lique,Ies  appendices  adipcufes,&  le  feuillet 
pofterieur  du  grand  epipiotn,  re^oivent  des 
vaiffeaux  qui  toujours  leur  font  coninuns 
avec  les  inteftins  fur  lefquels  ces  partits  font 
attachees;&.  \qs  rechrrches  anatomiquts  les 
plus  exaftes  n'ont  jamais  montre  aucune  va- 
riete  dans  I'origine  cie  ces  vaiffeaux.  Mais  fi 
Ton  voit  dans  les  epiploons  un  fi  grand  nom- 
bre  de  vaiffeaux  fanguins  ^  a  peine  auffi  y 
appergolt-on  quelques  filets  nerveux  ;  ceux: 
que  Ton  y  rencontre,  font  fi  petits  &  li  pen 
etendus,  qu'iis  ne  peuvent  avoir  d'autre  ufage 
que  d'entretenir  &  de  propager  le  principe 
vital  &  la  force  circulatoire ;  aufft  les  epi- 
ploons ont-ils  ,  dans  I'etat  naturcl ,  tres-peu 
de  fenfibilite ;  &  les  experiences  ont  appris 
que  Ton  pouvoit  piquer  ^  couper  ces  parties 
fans  caufer  de  la  douleur  ,  &c. 

La  graiffe  qui  fe  trouve  dans  le  tiffii  desi 
Epiploons,  ne  paroit  pas  entrer  effentiellet; 

Hij 


il6  A   C  A  D   i   M  I   E 

ment  dans  leur  compofition  ;  elle  y  eft  en 
quelque  forte  acceffoire  ,  &  fe  depoie  dans 
les  mailles  de  I'epiploon,  comme  elle  le  fait 
dans  le  tiffu  cellulaire;  car  toijjours  elle  eft 
relative  a  I'embonpoint  dii  fujet;&  dansceux 
qui  font  emacies  par  de  longues  maladies, 
les  epiploons  font  entierement  fans  graiffe. 
Telle  eft  la  defcription  exade  d'une  p-artie 
{i  fimple  par  fa  ftrufture,  mais  fi  compliquee 
par  fon  etendue,  les  varietes  qu'elle  prefente 
&  la  multiplicite  de  (es  connexions.  Nous 
rep^terons  a  ce  fujet  ce  que  difoit  le  c^l^bre 
de  Haller  (  (  )  :  »  quce  de  ommto  &  in  cadaverc 
»  ojienfu  difficilia  junt  y  &  alum  agre  verbis  ex- 
»  ponuntuu  « 

Sans  doute  la  nature  ne  fait  rien  en  vain; 
&  les  epiploons  doivent  etre  deftines  a  quel- 
qu'ufage  bien  effentiel ,  puifque  ces  parties 
formees  avec  tant  de  foins,  fe  trouvent  conf- 
tamment  dans  tous  les  hommes  fans  aucune 
variete  effentielle,  puifqu'a  quelques  legeres 
differences  pres,  elles  fe  trouvent  egalement 
dans  tous  les  animaux  qui  ont  un  eftomac 
fnembraneux(2  . 

f  Cette  premiere  obfervation  femble  d'abord 
nous  indiquer  que  les  Epiploons  doivent  avoir 
quelques  ufages  relatifs  a  Teftomac  &  aux 
parties  qui. leur  donnent  origine. 


(i)   Phyjiologia,  torn.  vi. 
(  s  )  Hailer ,  Daubenton, 


b  E    Dijon,  iyS4.  117 

Nous  ne  nous  arreterons  pas  a  rappeller  & 
a  clifcuter  les  clifFerens  fentimens  propof^s 
fur  I'ufage  des  Epiploons  ;  tour  a  tour  com- 
battus  &  oubli^s,  aucun  ne  fatisfait,  aucun 
ce  paroit  entrer  dans  les  vues  de  la  nature 
fur  la  fituation  &  la  ftrudure  conftante  de  ces 
parties;  tous  fe  bornent  a  indiquer  des  ula- 
ges  acceffoires  &  communs  a  d'autres  parties. 
Les  uns  ne  voient  dans  I'^piploon  qu'un 
moyen  d'entretenir  la  chaleur  de  reftomac  ; 
les  autres  ne  le  confiderent  que  comme  line 
maire  graiffeufe  capable  de  lubrefier  la  fur- 
face  des  inteftins  &  de  pr^venir  leur  adhe- 
rence centre  nature  :  ceux-ci  croient  que  cet 
appareil  membrano-vafculaire  eft  uniquement 
deftine  pour  la  preparation  de  la  bile  ,  en 
fourniffunt  au  fang  des  molecules  huiledfes  : 
ceux-la  penfent  qu'il  ne  fert  qu'a  rendre  plus 
douce  ,  plus  uniforme  la  compreffion  alter- 
native des  mufcles  du  bas-ventre ;  c'eft ,  di- 
fent-ils ,  un  corps  folide  qui  fait  la  fondion 
d'un  fluide  ,  en  rempliffant  les  vuides  que 
I'eftomac  &  les  inteftins  laifTent  entre  eux  a 
la  partie  anterieure  du  ventre  ;  &  telle  eft 
encore  Topinion  des  Anatomiftes  &  des  Phy- 
iiologiftes  modernes  les  plus  cel^bres.  Mais 
pourquoi  I'epiploon  ne  s'etend-il  pas  fur  tous 
les  vifceres  de  I'abdomen ,  puifque  tous  laif- 
fent  des  vuides  entre  eux ,  puifque  tous  font 
egalement  expofes  a  la  compreffion  des  muf- 
cles ?  D'ailleurs ,  la  fituation  ,  la  ftrudure  de 
I'epiploon ,  fes  attaches  conftantes  ,  le  grand 
j?ombre  de  vaiffeaux  fanguins  dont  il  eft  par^ 

H  iij 


IlS  A    C    A    D    E    M    I    E 

feme;  &  leur  origine,  toujours  invariable, 
femble  demancler  quelque  chofe  de  plus  par- 
ticulier  ,  &  indiquer  un  ufage  plus  important. 
Eflayons  de  prcfenter  quelques  reflexions 
fondees  fur  I'infpeiftion  anatomique  ,  &  qui 
nous  paroiffent  confirmees  par  I'experience: 
&  I'obfervation  de  la  marche  ordinaire  de  la 
nature. 

Nous  {avons  ,  a  n'en  point  douter ,  que 
Tefiomac  eft  deftine  a  recevoir  les  alimcns , 
a  les  conferver  pendant  un  certain  temps 
poup  en  faire  la  digeftion,  &  enluite  a  les 
expulfer  en  les  faiiant  paffer  dans  le  canal  in- 
teftinal.  II  falloit  done  que  ce  vifcere  fut 
dirpofe  de  fa^on  a  exercer  toutes  ces  atHons, 
de  fa9on  a  permettre  avec  aifance  Taccumu- 
Jation  &  le  fejour  des  alimens ,  &  enfuite  les 
expulfer  avec  force  ;  c'eft  f;ins  doute  dans  ces 
vues  que  la  nature  a  compofe  I'eftomac  de 
plufieurs  tuniques.  L'une  eft  mufculaire  ,  & 
par  confequent  compofee  de  fibres  irritables 
qui  ont  toujours  une  tendance  a  fe  refferrer, 
^  fe  contrader ,  des  que  rien  ne  s'y  oppofe : 
les  autres  purement  membraneufes  &  vafcu- 
laires,  n'ont  par  elles-memes  aucune  adion , 
^galement  incapables  de  s'etendre  &  de  fe 
refTijrrer ;  elles  donnent  en  quelque  forte  la 
forme  &  la  confiftance  a  Torgane  ;  elles  ce- 
dent au  poids  ,  au  volume  des  alimens  qui 
penetrent  dans  I'eftomac ;  elles  obeiffent  ega- 
lement  a  la  force  contraftile  de  la  tunique 
charnue.  Pour  bien  fentir  de  quelle  maniere 

j'eilgm^Q  pevu  k  dilater ,  il  faut  kivQ  atten- 


D  E    Dijon,    t^S^..         119 

tion  que  les  differentes  fibres  miifculaires  qui 
entrent  dans  la  compofition  de  ce  vifcere-,  ne 
font  point  continues  :  mais  ,  comme  le  re- 
marque  fi  bien  M.  Sabatier,  «  elles  font  in- 
»  terrompues  dans  leur  longueur  &  comme 
»  compofees  de  plufieurs  fibres  courtes  dont 
»  les  extreraites  fe  logent  dans  les  intervalles 
»  de  celles  qui  font  voifines.  <*  Les  fibres  que 
i'on  nomme  ordinairement  circulaires  ne  de- 
crivent  pas ,  comme  on  pourroit  le  croire  , 
des  cercles  entiers ,  mais,  de  meme  que  les 
fibres  longitudinales  &  obliques  ,  elles  font 
interrompues  &  paroifTent  manifeilement  com- 
pofees de  plufieurs  fegmens  approches  I'un 
centre  I'autre  ,  &  maintenus  enfemble  par  im 
tifTu  cellulaire.  Ce  n'efl  pas  tout  encore,  la 
nature  a  donne  aux  tuniques  membraneufes 
beaucoup  d'etendue  ;  de  forte  que  quand 
I'eflomac  efl  dans  un  etat  de  vacuite ,  fes  tu- 
niques internes,  inertes  par  elles -memes, 
obeifTant  a  la  force  contractile  de  la  tunique 
mufculaire  ,  fe  plifTent ,  fe  rident  de  mille 
manieres  differentes;  mais  a  mefure  que  ce 
vifcere  re^oit  des  alimens,  I'extenfion  fe  fait 
par  degres,  chaque  fibrille  charnue  fe  prete 
&  s'ecarte  fucceffivement ,  les  rides  membra- 
neufes diminuent  &  s'effacent  meme  entiere- 
ment  :  &  ainfi  la  dilatation  n'efl  qu'un  de- 
veloppement,  qu'un  epanouiffement  des  mem- 
branes, &  non  pas  un  tiraillement  &  une  ten- 
sion des  fibres.  D'apres  cet  expofe ,  on  con- 
ceit facilement  comment  I'eflomac  peut-&tre 
dilate  de  fa^on  a  contenir  une  quantite  pro- 

H  iv 


120  ACADEMIE 

digieufe  d'alimens ,  comment  auffi  il  pent  fe 
relferrer  de  fa^on  a  ne  pas  exceder  le  volume 
d'un  inteftin  grcle-  enfin,  comment  dans  tons 
les  cas  ce  vifcere  s'accommode  a  la  quantite 
des  alimens  qu'll  recoit. 

Le  grand  &  le  petit  epiploon  font  preci- 
femenr  a  la  face  externe  de  Teflomac,  ce  que 
les  plis  Si.  les  rides  des  tuniques  membraneufes 
font  a  fa  face  intericure;  ce  ioat  cies  fupple- 
mens  membraneux  deftin^s  par  la  nature  a 
permettre  Tampliation  &  la  libre  dilatation 
de  ce  vifcere  ;  plufieurs  raifons  fervent  a  nous 
en  convaincre.  * 

i<>.  L'infpedlon  anatomique  nous  demontre 
que  Iqs  deux  lames  qui  compofent  les  Epi- 
ploons, font  toujours  ecartees  Tunede  I'autre 
dans  les  endroits  voifins  de  leurs  attaches  a 
Tcftomac ;  que  cet  ecartement  intermediaire 
efl  occupe  par  des  vaiffeaux  fanguins,  &  par 
iin  tiffu  cellulaire,  epais,  tres-fouple,  &  par 
confequent  capable  de  ceder  facilement  a 
I'extenfion.  Elle  demontre  encore  que  le  pe- 
ritoine,  en  recouvrant  I'eftomac,  en  lui  for- 
jnant  fa  premiere  tunique  ,.  nVmbrade  pas 
exaftement  la  furface  de  ce  vifcere,  mais  que 
dans  I'endroit  oil  il  fe  prolonge  pour  former 
les  epiploons  ,  il  eft  line  grande  partie  de 
Teftomac  qui  n'eft  point  recouverte  de  cette 
premiere  tunique  ;  que  cet  efpace  eft  plus 
grand  a  la  petite  courbure  qu'a  la  grande. 
EUe  montre  aufti  que  c'eft  dans  ces  endroits 
que  Ton  remarque  en  plus  grande  quantite 
Ips  plis  &  les  jides  d^s  tuniques  internes  d«5 


D  E    Dijon,  'i^^4.  121 

Teftomac,  de  forte  que  rampliation  de  ce 
vifcere  eft,  par  cette  difpofition,  rendiie  plus 
libre  &  plus  facile  du  cote  de  la  petite  &  de 
k  grande  courbure.  Monro  (  I )  faifoit  a  peu 
pres  la  meme  remarque  au  fiijet  des  inteftins 
greles;  11  obferve  «  que  le  p6ritoine,  en  re- 
»  couvrant  les  inteftins  ,  laifl"oit  toujours  a 
»  rendroit  oil  le  mefentere  eft  attache,  un 
»  efpace  qui  n'etoit  reconvert  que  par  le  tiffu 
»  cellulaire  ,  &  par  confdquent ,  difoit  cet 
y,  ilhiftre  Anatomifte  ,  le  conduit  inteftinal 
»  r^fiftera  moins  de  ce  c6t6-la  aux  agens  qui 
»  le  diftendent ;  ce  qui  eft  d'une  grande  utir 
»  lite,  en  permettant  aux  inteftins  de  s'^ten- 
»  dre  plus  qu'ils  ne  le  pourroient  fans  cette 
♦>  difpofition,  &  fans  que  leurs  vaifl"eaux  fouf- 
»  frent  de  tiraillemens  tr^s-confiderables.  a 
20.  II  eft  bien  certain,  comme  nous  I'avons 
expofe  plus  haut ,  que  I'^piploon  fuit  les 
mouvemens  de  Teftomac  &  du  colon ,  qu'il 
defcend  moins  has  lorfque  ces  vifceres  font 
dans  un  etat  de  diftenfion;  mais  nous  devons 
ajotiter  qu'il  n'eft  pas,  comme  on  pourroit  le 
croire  d'abord,fimplement  entrain^  par  Tele- 
vation  des  vifceres  auxquels  il  eft  attache. 
Son  accourcifl'ement  depend  d'un  mecanifme 
particulier;  &  on  le  reconnoitra  aifement,  fi 
Ton  fouffle  I'eftomac  fans  etre  deplace ,  &  fi 
on  obferve  avec  foin  tout  ce  qui  fe  parte 
pendant  la  dilatation  de  ce  vifcere.  On  verra 


( I  )  Eflajs  d'Edimbourg. 


122  A   C    A   D   E   M   I   E 

manifeftement  ies  lames  du  feuillet  epiplo'i- 
que  fe  foulever,  s'ecarter  pres  des  courbures, 
pour  permettre  rampliation  de  reftomac  ;  on 
verra  des  vaiffeaux  qui  aiiparavant  etoient 
eloignes  d'un  pouce,  s'approcher  pardegres, 
fe  trouver  enfuite  coUes  a  la  furface  du  ven- 
tricule  ;  enfin ,  on  verra  que  la  dilatation  ne 
fe  fait  pas  egalement  dans  tons  Ies  points  de 
reftomac  ,  qu'elle  eil  plus  faillante  en  haut 
&  en  devant  qu'en  has  &  en  arriere,  ce  qui 
depend  eiTentiellemeni  de  la  difpofition  &  de 
I'origine  de  Tepiploon  :  precaution  admirable 
de  la  nature,  qui  ,  en  determinant  la  dilata- 
tion fur  la  partie  anterieure  ,  empeche  que 
I'aorte  ,  Ies  gros  vaiffeaux  &  Ies  nerfs  qui 
font  fitues  poilerieurement,  foient  expofes  a 
la  compreffion  pendant  le  fejour  des  alimens 
dans  I'eflomac ;  &  c'eft  dans  cette  vue  que 
Tepiploon  ne  partage  pas  I'effomac  en  deux 
furfaces  egales ;  car ,  comme  nous  I'avons  ob- 
ferve  ,  la  face  externe  &  anterieure  de  I'ef- 
tomac  a  beaucoup  plus  d'etendue  que  la  face 
pofterieure  &  inferieure. 

3°.  La  demonftration  fera  plus  frappante 
encore,  fi  on  examine  Tcftomac  dans  un  etat 
de  vacuite  &  de  refferrement  confiderable  ; 
Ies  epiploons,  comme  on  le  fait,  ont  alors 
beaucoup  d'etendue;  mais  li  on  Ies  coupe  en 
fuivant  Ies  contours  de  I'eftomac  ,  &  li  on 
diftend  ce  vifcere  en  y  pouffant  de  I'air  ou 
quelqu'autre  fluide  ,  alors  on  verra  qu'en  fe 
dilatant  la  tunique  mufculaire  eft  a  nu ,  re- 
couverte  uniquement  de  quelques  filamens 


D  E    Dijon,   1^54,        125 

celluletix  :  il  eft  done  bien  manifefte  qu'en 
I'e  diiatant  ,  Teftomac  emprunte  en  quelque 
forte  line  tiiniqiie  exterieure  des  epiploons, 
♦  Ces  experiences  varices  &  rt'.'petees  plii- 
iieiirs  fois  fur  le  cadavre ,  nous  ont  toujours 
fourni  les  memes  relliltats ,  &  nous  paroiffent 
devoir  ne  laiffer  aucun  doute  fur  les  vues  de 
Ja  nature  dans  la  conftrudion  des  Epiploons, 
fur  leurs  attaches  conftantes  aux  vifceres  di- 
latabies.  Ce  que  nous  venons  de  dire  de  ref-* 
tomac ,  doit  egalement  s'appliquer  aux  gros 
inteftins  deftines  a  raccumulation  des  ma- 
tieres  excrementielles  ;  on  y  reconnoit  le 
tneme  mechanifme  &  le  merae  ufage  dans  la 
ftrudlure  des  parties  epiploiques.  Aufli  quand 
ces  inteftins  font  dans  I'etat  de  vacuite ,  les 
appendices  adipeufes  &  I'^piploon-colique 
font-ils  tres-apparens;  mais  s'ils  font  diften- 
dus ,  alors  toutes  ces  parties  epiploiques  di- 
minuent  &  s'efFacent  meme  entierement  :  cir- 
conftance  qui  concilie  les  defcriptions  va- 
rices que  Ton  troiive  dans  les  Auteurs  ,  & 
qui  nous  explique  pourquoi  ces  parties  epi- 
ploiques fe  troiivent  dans  le  cadavre,  tantot 
plus,  tantot  moins  apparentes;  ce  qui,  ob- 
ferv^  avec  foin  ,  eft  toujours  relatif  a  I'etat 
oil  fe  trouvent  les  inteftins. 

4°.  Si  nous  jetons  un  coup  d'oeil  fur  la 
ftrufture  des  autres  organes  deftines  par  la 
nature  a  permettre  des  dilatations  ,  nous  y 
reconnoitrons  ,  finon  le  meme  mechanifme  , 
fdu  moins  quelque  difpofition  analogue ;  nous 
y  verrons  des  replis  de  membrane  formes  j. 


124  A    C    A    D   E    M   I    E 

foit  a  leur  furf<ice  ,  foit  a  leiir  circonference  ; 
nous  obferverons  enrin  qu'aucune  partie  delH- 
neeachangorde  forme&de  volume, n'eft  jamais 
ftridement  environnee  par  une  membrane^: 
ainii  Toefophage  eft  limplement  plonge  dans 
iin  tiffa  cellnlaire  fort  lache ;  le  duodenum , 
qui  dans  Thomme  fait  en  quelque  forte  fonc- 
tion  d'un  fecond  ventricule  ,  en  permettant 
raccumulation  des  alimeus  ,  n'eft  point  em- 
brace par  le  peritoine,  &  une  partie  de  I'in- 
tellin  redum  ,  comme  I'obferve  fort  bien 
Bromfield  (  l),  eft  {implement  enfoncee  dans 
un  tiffu  graifteux.  La  veffie  prefente  a  peu 
pres  la  meme  ftrudure  ,  plongee  dans  un  tiffu 
mol  &  flexible  ,  elle  n'eft  recouverte  qu'en 
partie  par  le  peritoine ,  qui  forme  encore  a 
fa  partie  pofterieure  deyx  replis  particuliers 
que  Ton  nomme  ordinairement  ligamens  pof- 
tirieurs.  La  matrice  femble  d'abord  faire  une 
exception  &  offrir  une  difpofttion  differente. 
Mais  outre  que  la  dilatation  de  cet  organe 
fe  fait  d'une  maniere  tres-lente  &  graduee, 
{\  Ton  fait  attention  combien  dans  toute  la 
partie  inferieure  de  I'abdomen  le  tiffu  cellu- 
laire  eft  abondant  &  fouple ,  combien  le  pe- 
ritoine y  forme  de  duplicatures  &  de  replis, 
on  y  reconnoitra  cependant  le  meme  mecha- 
jiifme  ;  on  verra  que  tous  ces  ligamens  dif- 
pofes  avec  tant  de  regularite  autour  de    la 


(  I  )  Cafes  and  obfervations  of  furgery  by.  W.  Brom- 
i^ld. 


D  E    Dijon,  iy84,  12^ 

matrice,  doivent  etre  confideres  moins  comme 
des  moyens  de  fixer  cet  organe  ,  que  comme 
des  i'uppl^mens  membraneux  prepares  par  la 
nature  pour  permettre  fon  ampliation ,  &  cette 
verite  iera  plus  fenfible  encore  fi  on  obierve 
cet  organe  dans  fes  difFerents  etats.  Enfin,  dans 
les  animaux  dont  I'appendice  vermiforme  efl 
tr^s-confiderable,  &  permet  I'accumulation  & 
le  fejour  des  matieres  alimenreufes  ,  on  re- 
marque  a  cette  partie  un  prolongement  dii 
peritoine ,  une  efpece  d'epiploon, 

5°.  La  pathologic  nous  fournira  encore  de 
nouveaux  faits  propres  a  confirmer  notre  opi- 
nion. Affez  fouvent  a  la  fuite  des  afledions 
chroniques  de  I'el^omac,  on  trouve  ce  vifcere 
accru  a  un  point  tel  qu'il  s'etend  quelquefois 
jufqu'au  petit  baffin  &  occupe  toute  la  fur- 
face  de  I'abdomen  :  cette  ampliation  morbi- 
fique  de  Teftomac  depend  pour  Fordinaire 
d'un  engorgement  au  pylore  qui  arrete  les 
alimens  &  en  neceffite  Taccumulation,  D'au- 
tres  fois  elle  paroit  dependre  principalement 
d'une  inertie  totale,  d'un  relachement  abfolu 
plus  ou  moins  prompt  des  parois  de  ce  vif- 
cere (i).  Mais  quelle  qu'en  foit  la  caufe,  cette 


(  1 )  On  pourroit  comparer  cette  extenfion  morhlfiqiie 
de  reftomac  au  relachement  du  fcrotumque  Ton  obferve 
dans  certjins  fiijets,  &  il  me  femble  que  Ton  pourroit 
avec  jufte  raifon  Hefigner  cette  afFeftion  fous  le  nom  de 
UACOsis  de  Teftomac  :  terme  deja  adopte  pour  expri- 
mer  la  maladie  du  fcrotuin.  Mon  intention  n'eil  pas 
d'expofer  ici  les  fignes  qui  font  prevoir  5c  reconnoitre 


n6  A  C  A  D  E  M  !  E 

extenfion  morbifique  fe  fait  toujours  aux  de-» 
pens  de  T^piploon;  auffi  a  i'ouverture  des  ca- 


cette  aftedion  de  Teftomac ,  mais  je  ne  puis  m'empe- 
cher  de  citer  un  fait  tres-fingulier  dont  j'ai  ete  temorni 
En  1767  je  frequentois  afiiduement  un  hopital  avec 
un  de  mes  compatriotes,  M^  Brujley  aduellement  Chi- 
rurgien  a  Selongey  :  on  y  amena  fur  le  foir  un  homme 
ioe  d'environ  50  ans ,  infirme  depuis  long  temps ,  dont 
les  jambes  etoient  redemateufes ,  le  ventre  tres-diftendu. 
Le  malade  ne  ptat  nous  afTigner  la  caufe  &  I'origine  de 
fon  mal ;  feulement  il  nous  apprit  que  depuis  long-temps , 
fur-tcut  apres  le  repas,  il  etoit  fujet  a  des  douleurs  d'ef- 
tomac  ,  contre  lefquelles  il  avoit  fait  beaucoup  de  re- 
medes  fans  fucces  ;  mais  que  depuis  cinq  mois  les  dou- 
leurs avoient  change  de  nature  ^  fon  ventre  s'etoit  gonfle 
peu  a  peu ,  qu'il  eprouvoit  nne  conftipation  opiniatre^ 
un  degout  extreme  ,  &  que  tous  les  cinq  ou  fix  jours 
il  rendoit  par  le  vomiirement  une  quantite  enorme  de 
matieres  plus  ou  moins  fluides  &  colorees  ,  fuivant  les 
alimens  &  la  boiffon  qu'il  avoit  pris  ;  il  nous  ajouta 
qu'apres  cette  evacuation  ,  fon  ventre  etoit  moins  tendu 
&  qu'il  fe  trouvoit  foulage ;  mais  que  depuis  fix  jours 
il  n'avoit  point  vomi  &  peu  urine  ,  quoiqu'il  eut  pris 
beaucoup  de  tifane  aperitive  qui  lui  avoit  ete  confeillee 
comme  un  excellent  remede  contre  fon  hydropifie  :  on 
examina  le  ventre,  on  crut  y  reconnoitre  une  fluftuation, 
enfin  on  affura  que  ce  n'etoit  qu'une  hydropifie  ;  & 
d'apres  cette  idee  ,  on  lui  fit  fur  le  champ  la  ponOion 
avec  un  trois-quarts  (il  eft  inutile,  je  penfe ,  d'avertir 
que  cet  examen,  cette  decifion  &  cette  operation  n'ont 
point  ete  faites  par  un  homme  de  I'art),  II  fortit  d'abord 
par  la  canuUe  du  trois-quarts,  des  vents  &  quelques  Ji- 
vres  d'une  liqueur  legerement  muqueufe  ,  ecumeufe  & 
d'une  couleur  brunatre  ;  fur  la  fin  !e  fluide  etoit  audi 
epais  qu'une  bouillie  &  mele  de  filamens  noiratres  ;  le 
ventre  diminua  par  cette  evacuation  ;  le  malade  parut 
d'abord  foulage ,  mais  bientct  il  eptouva  des  anxietes , 


D  E    Dijon,    iy^4,  ny 

davres ,  ce  prolongement  membraneiix  fe 
trouve  toujours  plus  ou  moins  efface  ,  &: 
qiielqiiefois  meme  a  peine  en  trouve-t-on  des 
veftiges.  Au  contraire ,  H  I'epiploon  devient 
compad  fquirreux,  s'il  s'y  forme  line  tumeur 
dans  le  voilinage  des  courbures  de  reflomac, 
alors  la  dilatation  de  ce  vifcere  eft  genee,  fa 
capacite  fe  retrecit,  &  fa  forme  naturelle  eft 
alteree. 

Un  autre  objet  non  moins  remarquable  dans 
la  flrudure  des  epiploons,  &  auqiiel  tons  les 
Auteurs  paroiffent  avoir  fait  pen  d'attention, 
eft  le  grand  nombre  de  vaiffeaux  dont  ils  font 
parfemes,&  leiir  origine  toujours  invariable. 
Sans  des  vues  particulieres  ,  &  effentielles 
fans  doute  a  la  confervation  des  corps  ,  la 
nature  n'auroit  pas  prodigue  un  tel  apparei! 
de  vaiffeaux  fanguins  fur  une  fimple  mem- 
brane jouiffant  a  peine  de  la  fenfibilite,  &  qui 
ne  fournit  aucune  fecretion. 

N6us  avons  deja  obferve  que  les  vaiffeaus 


des  foibleffes ,  85  il  mourut  dans  le  courant  de  la  nuit. 
Le  cadavre  fut  p'orte  a  I'amphitheatre ,  &  a  I'ouverture 
on  ne  trouva  auciin  epanchement  de  (evofiti  dans  le  bas- 
ventre  ,  feulement  quelques  goiittes  de  fang  &  d'une  mu- 
cofite  brunatre  dans  I'endroit  de  la  ponftion  ;  mals  on 
vit  que  reftomac  etoit  prodiglcufement  diftendu  &  s'e- 
tendoit  jufques  dans  le  petit  bariin ,  on  vlt  que  ce  vif- 
cere  avoit  ^te  perce  par  le  trois-quarts ,  le  pylore  etoit 
fquirreux,  meme  cartilagineux  dans  que'ques  endroits  : 
enfin  ,  en  ouvrant  I'eftomac  ,  on  y  trouva  un  fluide  fem- 
tlable  a  celui  qui  etoit  forti  par  la  ponQ.ion.    H  i  n  c 

JEDISCANT   ChiRURGI  ! 


128  ACADEMIE 

du  grand  &  du  petit  epiploon  etoient  ton- 
jours  des  branches  qui  partoient  diredtement 
des  valffeaux  de  reiiomac.  II  en  eft  de  meme 
par  rapport  a  repiploon-colique  &  aux  appen- 
dices adipeufes ;  leurs  vaifTeaux  Ibnt  egala- 
irient  des  branches  qui  leur  font  communes 
avec  les  gros  inteftins. 

L'eftomac  eft  garni  d'un  tres-grand  nombre 
de  vaiff^eaux  fanguins.  Lor(que  ce  vifcere  eft 
dans  I'etat  de  vacuite  ,  fes  membranes  conf- 
tituantes  ,  comme  nous  Tavons  demontre  , 
font  necefTairement  refferrees  ,  ridees  &  plif- 
f^es,  &  par  confequent  les  vaiffeaux  fanguins 
participent  a  cet  etat  d'affaiffement  &  de  ref- 
ferrement;  ils  forment  plufieurs  replis  &  con- 
tours qui  diminuent  en  meme  temps  leur  cali- 
bre, leur  reftitude ,  &  par  une  autre  confe- 
quence  egalement  certaine  ,  la  quantite  &  la 
velocity  du  fang  qui  devroit  les  parcourir ; 
ainfi  les  liqueurs  retardees  dans  leur  cours  , 
cngorgeroient  facilement  les  parois  de  l'efto- 
mac ,  &  s'y  alteretoient  bientot ,  fi  les  parties 
voifmes  ne  leur  prefentoient  des  vaifleaux 
flexibles ,  toujours  prets  a  les  recevoir.  II  etoit 
done  neceffaire  que  Feftomac  eutdes  vaifl'caux 
collateraux;  &  c'eft  fans  doute  dans  cette  vue 
que  les  vaifl"eaux  du  grand  &  du  petit  epiploon 
communiquent  toujours  avec  ceux  de  I'efto- 
mac.  Ainfi  dans  I'^tat  de  vacuite  de  ce  vifcere, 
le  fang  pafte  plus  abondamment  dans  les  vail- 
feaux  de  Tepiploon ;  ce  qui  previent  un  trop 
grand  engorgement  dans  le  tifl'u  d^licatde  l'ef- 
tomac :peut-ctre  mgme  c'eft  cet  etat  d'afiaiffe- 

ment 


"  D  E    Dijon;  1^84,  129 

ment  des  vaiffeaux ,  cet  itat  de  gene  dans  la 
circulation,  qui,  en  ebranlant  les  nerfs,  de- 
vient  pour  nous  le  ftimulant  mechanique,  la 
caufe  de  la  faim  &  de  la  foif,  qui  nous  avertit 
du  befoin  que  nous  avons  de  reparer  nos  for- 
ces ,  en  prenant  des  alimens.  Mais  a  mefure 
que  Teftomac  fe  dilate,  (qs  vaiffeaux  perdent 
par  degr^s  leur  tortuofite ;  le  fang  y  circule 
plus  rapidement,  &  en  plus  grande  quantite, 
il  fe  fait  en  meme  temps  dans  fa  cavite  une 
exhalation,  une  perfpiration  plus  grande  des 
fucs  gaftriques  deftines  a  fe  meler  avec  les 
alimens,  &  a  en  faciliter  la  digeftion.  C'eft 
ainfi  que  la  nature  par  un  mechanifme  aufH 
limple  qu'admirable ,  vient  a  bout  de  remplir 
pludeurs  objets;  c'eft  ainli  que  nous  pouvons 
expliquer,pourquoi  les  Epiploons  font  garnis 
d'un  fi  grand  nombre  de  vaiffeaux;  pourquoi 
ces  vaiffeaux  font  toujours  des  branches  de 
ceux  de  Teftomac ,  &c. 

Ces  remarques  ne  font  point  diil^es  par 
I'imagination,  elles  font  fondees  fur  I'infpec- 
tion  anatomique ,  &  Ton  peut  en  demontrec 
la  certitude  par  un  procede  fort  limple.  Veut- 
on  faire  une  injedion  des  vaiffeaux  de  I'ef- 
tomac?  il  faut  n^ceffairement  que  ce  vifcere 
foit  dans  un  etat  mediocre  de  dilatation ;  fans 
cette  precaution,  I'injedion  r^uffit  mal  pour 
les  vaiffeaux  de  I'eftomac ;  mais  au  contraire 
ceux  de  I'epiploon  font  parfaitement  rem- 
plis ;  ce  qui  prouve  bien  evidemment  que 
dans  cet  etat  d  affaiffement  de  I'eftomac ,  i&s 
vaiffeaux  devisnngnt  tortueux  ,  perdent  de 

I 


ijO  ACADEMIE 

Icur  calibre,  &  qu'ainfi  les  vaiffeaux  de  Tepi- 
ploonprefentent  iin  diverticulum (i)  dans 
lequel  le  fang  circule  avec  aifance ,  lorfqu'il 
trouve  quelqu'obftacle  dii  cote  de  reftomac. 
(2)  Ceil  ainfi  que  les  vaiffeaux  du  mefen- 


•(  I  )  Fred.  Hoffmann  avoit  entrevu  cet  iilage  des 
vaifleaiix  de  repiploon  ,  &  1' avoit  deja  indique  quoique 
d'une  maniere  un  peu  vague.  »  Varii  funt  ufus  qui  af- 
j>  fignantur  omento.  Secundum  noftram  fentemiam,  eft 
5>  diverticulum  nimiaB  fanguinis  copise  in  plethoricis,  qui 
37  valde  tarde  movetur  in  his  per  abdominis  vifcera.  <e 
Hijloria  corporis  humani  anatomica,  to.  vi  de  fes  (Euvres 
in-folio. 

(  2  )  D'apres  cette  difpofition ,  cette  aflion  reciproque 
des  vaiffeaux  de  rcftomac  &  de  Tepiploon,  on  con^oit 
aifement  comment  les  maladies  de  I'epiploon  influent 
fur  I'eftomac  &  la  digeftion  ,  pourquoi  les  hernies  epi- 
ploiques  confiderables  rendent  fi  frequemment  la  digef- 
tion laborierfe  &  penible  ;  pourquoi  les  ligatures  d'une 
f^rande  portion  d'epiploon  occafionnent  la  tenfion  du 
ventre ,  la  fenfibilite  de  I'epigaftre ,  Vine  irritation  a  I'ef- 
tomac ,  des  inflammations  ,  des  fuppuration  ,  quelquefois 
des  efcarres  gangreneufes  au  delTus  des  ligatures ,  &c. 
En  eiTet ,  il  eft  evident  que  le  fang  arrete  dans  les  vaif- 
feaux  par  I'etranglement  lierniaire  ou  par  les  ligatures  , 
enforce  les  parties  voifmes  ,  reflue  vers  I'eftomac  ,  en 
irrite  les  parois  ;  &  cos  eftets  font  encore  plus  prompts 
&  plus  tacheux ,  ft  la  portion  d'epiploon  fur  laquelle  on 
applique  la  ligature ,  eft  deja  dans  un  etat  d'inflamma- 
tion  ;  peut-etre  feroit-il  convenable ,  avant  de  ferrer  les 
ligatures  ,  de  laifler  couler  des  vaiffeaux  de  I'epiploon  , 
meme  une  certaine  quantite  de  fang  ?  Cette  evacuation 
locale  feroit  fans  doute  plus  efficace  que  plufieurs  faig- 
nees  du  bras,  mais  elle  doit  ctre  faite  avec  precaution  ; 
elle  previendroit  peut-etre  les  fultes  facheufes  &  fre- 
quentes  dans  ces  cas  :  la  raifon  I'indique ,  mais  I'expe- 
fience  dcit  le  connrmer.  Oc  verra  de  rneme  que  I'opi- 


D  E     D  I  J  *0  N,    iyS4:  131 

tere  &  des  inteftins  greles  ont  entre  eiix  de 
frequentes  anoftomofes. 

Nous  trouverions  dans  le  corps  bien  d'au- 
tres  organes  dans  lefquels  la  circulation  change 
fuivant  I'etat  de  vacuite,  ou  de  dilatation. 
Jufqua  prefent  nous  n'avons  confidere  que 
le  jeu  &  I'adion  mechanique  des  parties  telles 
qu'on  pent  les  demontrer  fur  le  cadavre;  mais 
dans  r^tat  de  vie  ,  combien  ces  efFets  font 
plus  frappans  encore !  chaque  fibre  jouit  d'un 
mouvement  qui  lui  eil  propre;  elle  eprouve 
une  forte  d'ereftion  que  la  fenfibilite  ner- 
veufe  augmente  ou  diminue  fuivant  les  cir- 
conftances.  Par  cette  force  vitale ,  les  vaif- 
feaux  fe  redreffent ,  leur  calibre  augmente , 
les  liqueurs  affluent  en  plus  grande  quantite 
dans  la  partie  ,  &  la  chaleur  fenible  s'y  de- 
velopper  davantage.  Ainfi ,  quand  i'eftomac 


nion  de  nos  ancieris  fur  I'ufage  de  I'epiploon  ,  n'etoic 
pas  fans  quelque  fondement.  lis  penfoient  que  I'epiploon 
iavorifoit  beaucoup  la  digeftion  ;  &  comme  ils  etoient 
perfuades  que  cette  fon6lion  s'operoit  par  la  chaleur  ,  ils 
difoient  que  I'epiploon  entretenoit  la  chaleur  de  I'efto- 
niac  :  mais  ,  en  rejetant  toute  cette  partie  hypotlietique  , 
on  ne  peut  difconvenir  que  I'etat  de  I'epiploon  n'influe 
beaucoup  fur  Teftomac.  Bianchi  foutenoit  cette  opinion  , 
&  il  s'appuyoit  fur  des  experiences  plus  concluantes  en- 
core que  Fobfervation  du  gladiateur  rapportee  par  Gatien. 
II  alTure  qu'ayant  enleve  I'epiploon  a  un  chien  ,  il  avoit 
remarque  que  cet  animal  avoit  la  digeftion  difficile,  qu'il 
^prouvoit  fouvent  la  diarrliee  ;  enfin  ,  qu'apres  deux  mois 
il  mourut  d'atrophie  ,  &c.  (  Bianchi ,  hiftoria  hepatica  , 
torn,  2  ,  pag.  iij8).  Ces  faits  &  beaucoup  d'autres  que 
news  aurions  pu  rapporter ,  fe  concilient  tres-bien  avec 
ce  que  nous  avons  expofe  fur  la  difpolltion  6c  les  ufages 
cITentiels  de  I'epiploan, 


131  A   C   A  D   E   M   I   E 

fe  remplit,  outre  le  d^veloppement  purement 
mechanique  de  fes  vaiffeaux ,  Taftion  vitale 
i^n  releve  les  parois,  en  redrefle  les  orifices; 
ainfi  le  fang  afflue  avec  rapidit^  ,  il  eft  en 
qnelque  forte  attire ,  exprime  des  vaiffeaux 
de  r^piploon;  les  fucs  gaftriques  coulent  avec 
abondance  ,  la  digeftion  fe  fait ,  &  tous  les 
organes  femblent  y  concourir ;  mais  a  rae- 
fure  que  cette  fondion  importante  fe  per- 
fedionne ,  les  fibres  de  Teftomac  fe  contrac- 
tent  peu  a  pen,  elles  perdent  cet  etat  d'erec- 
tion  qui  leur  avoit  et6  imprime ,  les  vaiffeaux 
fe  replient ,  &  le  fang  devenu  moins  neceffaire 
a  I'eftomac,  repaffe  dans  les  vaiffeaux  de  Tepi- 
ploon ,  fe  porte  davantage  au  foie,  a  la  rate, 
pour  fervir  a  de  nouveaux  befoins  de  la  na- 
ture.  Combien  d'autres  confiderations  nous 
aurions  a  ajouter,  mais  il  nous  fuffit  d'avoir 
expofe  les  faits  princlpaux ;  &  il  nous  paroit 
que  nous  fommes  en  droit  de  conclure  que 
les  ufages  effentiels  des  epiploons  font,  l".  de 
permettre  &  de  favorifer  la  dilatation  des  vif- 
ceres  auxquels  ils  font  attaches ;  i^.  de  fervir 
de  diverticulum  au  fang  qui  fe  porteroit  naturel- 
lementacesvifceresjlorfqu'ils  fontenvacuite. 
Apres  ceci ,  que  Ton  ajoute  que  les  Epi- 
ploons fervent  a  lubcefier  les  inteftins ,  a  pre- 
venir  leur  adherence,  a  rendre  la  compreffion 
des  mufcles  du  bas-ventre  plus  douce  &  plus 
uniforme  ,  a  aider  la  preparation  de  la  bile  , 
&c.  On  le  veut,  j'y  foufcris;  mais  ce  ne  font 
tout  au  plus  que  des  ufages  fecondaires,&  qui 
leur  font  communs  avec  bien  d'autres  parties. 


D   E      D   I    J    O   N,    77^4.  133 


E  S  S  A    I 

SuR  CETTE  QUESTION  :  Z'or  quc  prend 
taclde  nitreux  houillant  ejl-il  veritable- 
ment  dijjous  .^ 

PAR    M.    DE    MORVEAU. 


I 


L  y  a  pen  d'annees  que  les  Chymlftes 
etoient  d'accord  que  I'acide  nitreux  feul  n'a- 
voit  aucune  aftion  fur  tor  en  ^tat  de  metal 
complet.  En  1748,  M.  Brandt  failant  le  de- 
part d'un  alliage  de  trente  marcs  dans  la  pro- 
portion de  16  parties  d'argent  &  3  d'or,  s'ap- 
percut  que  Tacide  nitreux  concentre  qu'il 
avoit  employe  fur  la  fin,  &  qu'il  avoit  fait 
bouillir  fu.r  Tor  precedemment  d^pouille  d'ar- 
gent par  une  eau-forte  plus  foible ,  avoit  pris, 
wne  couleur  jaune ;  que  lorfqu'on  lui  prefen- 
toit  de  I'argent ,  il  s'y  formoit  un  pr^cipite 
en  flocons  ,  qui ,  edulcore  &  rougi ,  etoit  de 
Tor.  Cette  experience  fut  repetee  le  5  Mars 
de  cette  annee,  en  prefence  du  Roi  de  Suede 
&  de  I'Academie  de  Stockolm. 

Un  proces-verbal  auffi  authentique  paroif- 
foit  ne  devoir  laiffer  aucun  doute  fur  la  ve- 
rite  du  fait ;  MM.  Scheffer  &  Bergman  le  con- 
fignerent  dans  leurs  Merits ,  &  la  publicite  que 
M.  Sage  lui  donna  en  France ,  excita  Tatten:; 

I  iij 


134  A    C    A    D    E    M    I    E 

tion  du  Gouvernement,  qui  chargea  I'Aca- 
demie  Royale  des  Sciences  d'examiner  jufqu'a 
quel  point  il  pouvoit  influer  fur  la  ("lirete  de 
I'operation  du  depart.  II  eft  certain  que  les 
circonftances  neceflaires  a  la  produdion  de 
ce  phenomene,  font  abfolument  etrangeres  a 
I'operation  ^es  effais ,  ainfi  que  les  fix  Com- 
miffaires  le  conclureni  apres  les  experiences 
les  plus  fcrupuleufes.  Je  ne  m'en  occupe  ici 
que  pour  determiner  les  diffolutions  qui  peu- 
yent  s'operer  par  I'acide  nitreux. 

M.  Tillet  s'etoit  deja  occupe  a  repeter  I'ex- 
perience  de  M.  Brandt,  &  le  Memoire  qu'il 
avoit  redige  fur  cette  matiere ,  le  mettoit  en 
etat  de  repondre  aux  queftions  propofees  par 
Tadminiftration,  fi  fon  importance  n'eiit  en- 
gage ce  Savant  a  demander  lui-meme  que 
I'Academie  fut  confultee;  c'eft  dans  ce  Me- 
moire (  qui  fait  partie  du  recueil  de  I'Aca- 
demie pour  1780)  que  fe  trouvent  les  ob- 
fervations  qui  font  naitre  cette  queftion,  de- 
venue  tres-interefl'ante  pour  la  theorie  chy- 
mique,  independamment  de  fes  rapports  avec 
I'art  de  I'effayeur. 

Ce  Savant  Academicien  rapporte  qu'ayant 
fait  un  depart  aux  affinages  de  la  monnoie 
dont  les  matieres  etoient  398  marcs  d'argent 
&  46  marcs  d'or,  lorfqu'on  eut  decante  Teau- 
forte  chargee  d'argent ,  on  verfa  fur  les  46 
marcs  de  chaux d'or^ceii  ainfique  Ton  nomme 
en  termes  de  I'art ,  Tor  qui  fe  precipite  dans 
fcs  operatipnsy  quoijj^ii'il  ne  foit  pas  calcine), 


D  E     Dijon,  lyR.^.  13^ 

16  livres  d'acide  nitreux  concentre  a  45  dc- 
gres  de  rareometre  de  M.  Baumc  (  a  peu  pres 
1,4525  de  pefanteur  fpecifique).On  fitboiiillir 
cet  acide  pendant  16  a  18  heures,il  fe  trouva 
alors  rediiit  a  4  1.  5  one.  igros;  apres  I'avoir 
laiffe  quatre  jours  en  repos,  on  prit  1  liv.  de 
cet  acide,  on  y  fit  diffoudre  4  gros  d'argent, 
en  placant  le  matras  lur  des  charbons  un  peu 
eteints;  Tor  ne  tarda  pas  a  fe  raflembler,  il 
le  forma  un  flocon  qui  fe  precipita  au  fond 
du  matras ,  lorfque  Tebullition  eut  ceffe. 

Apres  avoir  decant^  Tacide  nitreux  ainft 
depouille  de  I'or  qu'il  receloit ,  on  verfa  de 
nouvel  acide  tres- concentre  fur  le  flocon 
d'or;  malgre  la  grande  ebullition  ,  il  refta  in- 
taft,  conferva  fa  forme,  &  aucune  partie  ne 
s'en  fepara. 

Ce  flocon  d'or  etoit  d'un  volume  tres-con- 
fiderable,  relativement  a  fon  poids;  lorfqu'il 
eut  ete  recuit,  il  pefa  environ  5  grains;  de 
forte  qu'en  fuppofant  que  le  fiirplus  de  I'acide 
nitreux  en  recelat  dans  la  meme  proportion, 
il  en  refulteroit  que  la  totalite  de  Tacide  n'au- 
roit  pris  que  la  9216^.  partie  des  46  marcs 
d'or  fur  lefquels  il  avoit  bouilli. 

Urie  circondance  que  M.  Tillet  a  remar- 
quee  ,  c'efl  qu'apres  un  fimple  recuit ,  qui 
n'avoit  pu  que  rapprocher  les  parties  juxta- 
pofees  fans  les  reunir  par  la  fufion,  ce  flocon 
etoit  duftile  &  s'etendoit  fous  le  marteau  fans 
eprouver  de  gerfures;  tandis  que  les  cornets 
d'effais  &  la  mafTe  de  chaux  d'or  des  affinages 
ibnt  tres-friables ,  fe  reduifent  en  poudre  &' 


136  'A  C   A   D   E   M  I  1 

ne  reprennent  leur  clu<f^ilite  que  lorfqu'ils  ont 
ete  fondus.  II  a  fait  la  meme  obfervation  fur 
tous  les  flocons  d'or ,  precipit6s  de  I'eau-forte 
de  la  meme  maniere. 

Si  Ton  fe  contente  de  deflecher  ces  flocons 
d'or  dans  un  creufetj  &  qu'on  les  examine 
au  microfcope ,  ils  paroiffent  comppfes  de 
feuillets  comme  I'ardoife. 

Une  autre  experience  de  M.  Tillet  preCente 
des  faits  qui  ne  meritent  pas  moins  d'atten- 
<ion. 

Ayant  mis  dans  un  flacon  une  certaine 
quantite  d'acide  nitreiix  concentre  ,  qui  , 
quoique  tres-clair  &  tres-tranfparent ,  con- 
tenoit  certainement  de  Tor,  il  divifa  en  par- 
ties egales  la  liqueur  de  ce  flacon ;  il  verfa 
Tune  dans  un  matras,  y  fit  difl"oudre  un  peu 
d'argent  fin ,  &  obtint  un  flocon  d'or.  Avant 
que  de  faire  la  meme  operation  fur  I'autre 
partie ,  il  la  filtra  fans  I'etendre  dans  I'eau , 
a  travers  un  papier  gris  plie  en  quatre,  & 
propre  par-la  a  rendre  la  filtration  plus  lente. 
Lorfqu'elle  fut  achev^e,  il  remarqua  que  la 
premiere  feuille  du  filtre  etoit  teinte  (Tune, 
■belle  couUur  de  pourpre  ;  que  les  trois  autres 
feuilles  tenoient  de  la  meme  couleur ,  mais 
un  peu  moins  que  la  premiere  ,  &  propor- 
tionnellement  au  rang  qu'elles  avoient  oc- 
cupe.  II  fit  diffoudre  de  I'argent  dans  I'acide 
nitreux  ainii  filtre ;  lorfque  Tebullition  eut 
ceffe,  il  n'apper^ut  point  de  flocon  d'or ,  la 
liqueur  etoit  feulement  un  peu  trouble  & 
^voit  une  teinte  nojratre  occafionnee  par  un 


D  E      D  I  j  O  N  ,    77^4.  137 

pen  <3e  cuivre  tr^s-divife  qui  fe  depofa  apres 
le  refroidiffement.  Le  papier  du  filtre  fut  re- 
diiit  en  cendres  ,  la  cendre  coupellee  avec 
le  plomb ,  le  bouton  de  la  coupelle  foumis 
a  Toperation  du  depart  pour  en  feparer  I'ar- 
gent  qui  s'etoit  arrete  fur  le  filtre  en  etat  de 
lei ,  &  il  fe  retrouva  a  la  fin  la  meme  quan- 
tite  d'or  en  poids  que  le  flocon  precipite 
dans  I'autre  portion  d'acide. 

M.  Tillet  a  encore  efl'ay6  de  faire  eva- 
porer  lentement  I'acide  nitreux  tenant  or,il 
a  vu  les  particules  d'or  recouvrir  de  petits 
filets  ifoles  de  nitre  d'argent ;  il  a  apper^u 
di/linftement  quelques-unes  de  ces  particules 
ay  ant  tout  Veclat  metalliqiie,  &  reffemblant  a 
des  parcelles  de  feuilles  d'or  battu ,  voltiger 
long-temps  dans  la  liqueur,  fe  rapprocher  les 
lines  des  autres ,  contrafter  une  certaine  ad- 
herence ,  former  un  flocon  ,  &  fe  depofer 
enfin  au  fond  du  matras  fans  fe  divifer. 

En  laiffant  repofer  pendant  quelque  temps 
dans  un  flacon  de  I'acide  nitreux  qui  a  bouilli, 
&  s'eft  beaucoup  reduit  fur  la  chaux  d'or  des 
affinages,  une  partie  de  For  que  contient  cet 
acide  fe  precipite  au  fond  du  vafe ,  &  une  autre 
plus  legere  furnage  la  liqueur;  cet  or  eft  dans 
fon  etat  metallique ,  &  il  a  la  couleur  du 
tabac  d'efpagne  ,  comme  la  chaux  d'or  des 
affinages. 

En  mettant  fur  le  porte-objet  de  la  glace; 
une  goutte  de  cette  liqueur ,  on  voit  diftinc- 
tement ,  a  I'aide  du  microfcope  ,  des  parti-^ 
cules  d'or  qui  ont  I'eclat  metallique. 


138  A   C    A   D   E   M   1   E 

Si  Ton  fait  bouillir  de  I'acide  nitreux  con- 
centre dans  une  cornue  fur  un  011  plufieurs 
cornets  d'orfin,  jufqu'a  ce  qu'il  ne  refte  qu^ine 
petite  portion  de  liqueur ,  &  qu'on  la  verfe 
dans  un  flacon ,  quoiqu'il  fpit  bien  bouche 
&  en  repos,  les  particules  d'or  dont  il  peut 
€tre  charge,  fe  precipitent  en  partie  &  s'ele- 
vent  en  partie  a  la  furface  :  ces  dernieres  ont 
le  plus  grand  eclat ,  &  reffemblent  exafte- 
ment  a  des  parcelles  de  feuilles  d'or  battu ; 
an  lieu  que  celles  qui  flottent  au  deffus  de 
I'acide  nitreux  bouilli  fur  la  chaux  d'or  font 
rarement  auffi  brillantes. 

Si  on  pouffe  cette  diftiHation  de  I'acide 
nitreux  fur  des  cornets  d'or  k  ficcite.  Tor  qui  en 
eft  detache,  refte  adherent  en  forme  de  pel- 
licule ,  &  fouvent  en  petites  portions  fepa- 
rees  au  fond  de  la  cornue;  quelques-unes 
jnemes  font  adherentes  aux  cornets,  &  toutes 
confervent  apres  I'operation  leur  eclat  me- 
tallique. 

Toutes  les  particules  enlevees  a  ces  cornets 
d'or ,  foit  celles  depofees  dans  les  flacons  , 
foit  celles  trouvees  dans  la  cornue  apres  la 
diftillation  a  ficcite  ,  font  enfuite  inattaqua- 
Hes  par  I'acide  nitreux  le  plus  concentre  & 
avec  la  plus  forte  ebullition  ,  tout  de  mcme 
que  les  flocons  d'or  precipites  par  I'argent 
dans  I'acide  nitreux  bouilli  fur  la  chaux  d'or ; 
■de  forte  qu'il  faut  employer  I'eau  regale  pour 
enleve.r  1^^,  pellicules  qui  adherent  aux  fla- 
cons.   '^oj,  ■ 

Tels  font  les  faits  obferves  par  M.  Tillety 


D  E    Dijon,  i;;^4.  139 

dont  le  rapprochement  m'a  paru  neceffaire 
pour  circonfcrire  &  determiner  les  conditions 
de  ce  phenomene  important.  Ce  favant  Aca- 
demicien  en  tire  cette  conclufion  :  «  il  eft 
»  certain  que  Tor  pur  en  lame  &  dudile,  pent 
»  etre  attaque  julqu'a  un  certain  point  pair 
j>  Tacide  nitreux  concentre  dans  une  opera- 
»  tion  forcee  &  tres -long -temps  foutenue , 
»  mais  quil  nejl  jamais  dijjous  veritabLement ,  ni 
»  en  tout ,  ni  en  partie  par  ce  meme  acide 
»  feul ,  quelque  concentre  qu'on  le  fuppofe,.« 
Ainfi  le  favant  Academicien  etablit  une  dif- 
tinftion  neuve  entre  attaque  &  dijfous ,  &  il 
diftingue  encore  pour  le  premier  efFet  deux 
cas  differens ;  Tun  qu'il  nomme  fufp&njlon ,  qui 
n'exige  pas  a  beauc(3up  pres  une  ebullition 
i\  forte  ,  quand  les  particules  detachees  de 
la  chaux  d'or  dans  I'operation  du  depart,  de- 
meurent  fufpendues  dans  le  fluide  a  caufe  de 
leur  extreme  tenuite  &  de  la  refiftance  qu'e- 
prouve  leur  precipitation  ,  comme  il  arrive 
quelquefois  dans  les  lavages  des  chaux  d'or 
dont  on  voit  des  parcelles  furnager  meme 
I'eau  de  riviere  :  I'autre  qu'il  nomme  erofion , 
&  qui  a  lieu  quand  Tor  eft  expof^  en  cornets 
on  en  lames  a  Tebullition  violente  &  long- 
temps  continuee  de  Tacide  nitreux. 

hl'y  a-t-il  redlement  id  qiiune  action  mechanic 
que  ?  Tons  Us  jaits  fe  pretent-ils  a  cette  fuppoji- 
iion  ?  N y  a-t-il  pas  de  moyen  de  les  concUier  ? 
iVoila  des  queftions  qui  intereffent  trop  eflen- 
tiellement  la  theorie  chymique  pour  ne  pas 
«;hercher  a  les  approfondir.  Je  m'engagerai 


140  A   C   A   D   E   M   I   E 

(I'aittant  plus  volontiers  dans  cet  examen  j 
que  loin  de  rien  diminuer  de  I'eftime  due  au 
celebre  Auteur  du  Memoire  dont  on  vient 
de  lire  Textrait,  on  verra  que  je  ne  marcherai 
clans  cette  route  difficile ,  qu'a  la  faveur  de 
la  lumiere  que  fes  oblcrvatlons  y  ont  portee» 
autant  par  la  fagacite  avec  laquelle  il  a  varie 
Jes  moyens  d'interroger  I'experience  ,  que  par 
cette  candeur  rare  avec  laquelle  il  a  decrit 
les  refultats. 

On  ne  peut ,  a  mon  avis ,  regarder  le  de- 
chet  de  Tor  comme  Teffet  d'une  fimple  adion 
mechanique.    1°.   Si   cela  etoit ,  I'ebullition 
violente  tk  long-temps  continuee  d'un  autre 
fluide  auffi  denfe  ,  produiroit  le  meme  dechet 
fur  les  cornets  d'or,  ou  du  molns  fur  la  chaux 
d'or  des  effayeurs  ;  c'eft  ce  qui  n'arrive  pas. 
Quelquenergic  que  M.  Tillet  ait  tdche  dc  donncr 
a  tacidc  vitriolique ,  .  .  .  .   i/  na  appcrgu  aucun 
effetfenfible.  Cependant  I'eroiioii  &  la  fufpen- 
^on  devoient  etre  bien  plus  confiderables  , 
&  en  proportion  de  la  plus  grande  denlite 
de  cet  acide ,  &  de  celle  qu'il  acquiert  par 
I'ebullition  a  caufe  de  fa  fixite.  A  la  verite 
MM.  Tillet  &  d'Arcet  ont  reconnu  qu'en  em- 
ployant  une  partie  d'acide  vitriolique  avec 
deux  parties  d'acide  nitreux ,  Terofion  deve- 
noit  plus  marquee  &  fourniffoit  une  limaille\ 
d'or  que  Ton  diftinguoit  a  I'oeil  fimple  fur  les 
cornets ,  portatit  toujours  le  meme  caraftere 
metallique  avec  fon  eclat  naturel  ;   mais  jej 
ne  penfe  pas  qu'on  puiffe  en   tirer  d'autrej 
ponfequence  que  celle  que  ces  Savans  on« 


\ 

\ 


D  E    Dijon;  /j,?^.         141 

exprlmee  en  ces  termes  :  qiu  taddc  nltrmx 
acquiroit  plus  de  force  par  fa  combinaifon  avec 
facidc  vhriolique.  Or ,  s'il  faut  toujonrs  de 
I'acide  nitreux,  fi  c'eft  toujours  lui  qui  agit, 
s'il  eft  jufques  dans  ce  melange  le  feul  inf- 
triiment,  il  ne  pent  etre  un  pur  inftrument 
mechanique,  cette  condition  appartiendroit 
indivifiblement  a  tout  le  fluide. 

X°.  Si  c'etoit  une  iimple  ad:ion  mechani- 
que, elle  feroit  conftante  toutes  les  fois  que 
Tor  prefenteroit  la  meme  furface,  que  I'acide 
feroit  auffi  concentre  ,  auffi  bouillant ;  c'eft 
ce  qui  ne  s'accorde  pas  encore  avec  I'obfer- 
vation  :  nous  avons  vu  que  les  flocons  d'or 
precipites  de  I'acide  nitreux  par  I'argent,  & 
les  pellicules  depofees  fpontanement ,  ne  fe 
laiffoient  plus  entamer  par  cet  acide,  meme 
a  Taide  de  la  plus  forte  ebullition.  On  pent 
imaginer  que  la  forme  lamelleufe  que  pren- 
nent  ces  precipites  &  la  duftilite  dont  ils  fe 
trouvent  pourvus  avant  toute  fufion  ,  annon- 
cent  un  etat  d'aggregation  plus  folide ,  plus 
difficile  a  rompre,  &  que  c'eft  pour  cela  qu'ils 
ne  font  pas  attaques;  mais  voici  d'autres  faits 
qui  n'^tant  pas  fufceptibles  de  cette  explica- 
tion ,  laifl'ent  I'argument  dans  toute  fa  force, 

M.  Tillet  imagina  de  faire  fervir  plufieurs 
fois  le  meme  acide  nitreux;  il  en  mit  d'abord 
fix  onces  dans  un  petit  alambic  de  verre  fur 
un  cornet  d'or  fin ,  tres-mince  ,  du  poids  de 
24  grains  ~ ;  il  diftilla  lentement  au  feu  de 
fable,  ayant  foin  cependant  d'entretenir  tou- 
jours I'acide  dans  une  legere  ebullition ;  lorf- 


14^  A   C   A   D   i   M   I   E 

qifil  n'en  refta  plus  que  quelques  gros,  il  arrets 
I'operation  :  la  nunc  un  peu  jaune  de  la  liqueur 
do  Talambic  annon^a  que  I'or  avoit  ete  af- 
taqu^  ,  il  avoit  en  eifet  perdu  quelques  trente- 
denxiemes. 

L'acide  nitreux  qui  avoit  paffe  dans  le  re- 
cipient, fut  remis  fur  le  meme  cornet,  &  Tat- 
taqua  de  nouveau  ,  mais  plus  foiblement;  il 
fervit  de  cette  maniere  jufqu'a  huit  fois,  & 
le  poids  du  cornet ,  verifie  a  chaque  epreu- 
ve  ,  fit  voir  que  \qs  alterations  devenoient 
plus  foibles ,  a  mefure  que  les  diftillations 
fe  multiplioient.  A  la  feptieme  operation  la 
perte  fe  reduifit  a  —  de  grain  ;  elle  fut  in- 
fenfible  a  la  huitieme ,  au/Ii  le  refidu  de  cette 
derniere  diftillation  fe  trouva-t-il  blanc  comme 
de  Teau  diftillee. 

Enfin ,  M.  Cornette  ayant  remis  a  M.  Tillet 
de  Tacide  nitreux  provenant  d'un  travail  en- 
trepris  pour  Tobtenir  dans  toute  fa  purete  , 
il  n'a  point  attaque  Tor,  quoiqu'il  eut  bouilli 
long-temps  fur  un  cornet,  &  qu'il  s'y  fiit  re- 
duit  a  une  tres-petite  quantite  de  liqueur. 

La  conf^quence  immediate  de  ces  faits,  du 
dernier  fur- tout ,  n'a  point  echapp^  a  M. 
Tillet,  je  ne  puis  mieux  la  rendre  que  dans 
i^s  propres  expreffions.  Si  la  fucultl  d\ntanur 
tor  etoit  inhermte  a  ca  acidc ,  elU  ne.  s  Ivanoidroit 
point  par  de  fimples  reclifications ,  .  .  ,  .  elk  ne 
je  p adroit  pas  entierement  tandis  que  Cacide  con- 

ferveroit  toute  fa.  force La  pojfibilite  de 

priver  tacide  dc  cette  faculte ,  paroit  fouver  qiiil 
a'^it  dans  cette  circonjlance  par  une  force  a  laquelk 


b  E    Dijon;    1^84:       143 

contribiie  une  fubjiance  qui  ejl  etrangcre  a  tacide. 
Je  ne  ferai  que  prevenir  le  jugement  du  lec- 
teur,  en  ajoutant  :  ce  n'eft  done  pas  I'efFet 
d'line  fimple  aftion  mechanique. 

3°.  La  couleui*  pourpre  que  laifle  fur  le 
flltre  I'acide  nitreux  bouilli  fur  Tor,  &  qui 
penetre  les  quatre  plis  du  papier,  &  celle 
dont  fe  charge  la  feuille  d'etain  qu'on  y 
plonge  avant  la  filtration ,  me  paroiffent  en- 
core des  indices  certains  d'une  vraie  diffolu- 
tion,  car  cette  couleur  eft  propre  a  la  chiaux 
d'or ,  c'eft-a-dire ,  a  Tor  prive  de  partie  de 
fon  phlogiftique.  Je  ne  connois  aucune  ob- 
fervation  qui  prouve  qu'il  puiffe  paffer  a  cet 
6tat  fans  rien  perdre  du  principe  metallifant ; 
tandis  que  tons  les  ph^nomenes  les  mieux 
conftates  concourent  a  etablir  qu'il  ne  perd 
le  brillant  metallique  que  par  I'adion  de 
quelqiie  fubftance  qui  exerce  fur  ce  principe 
line  affinite  quelconque.  Je  ne  rappellerai  ici 
qu'un  feul  fait  qui  me  paroit  decifif.  II  n'y  a 
fans  doute  point  de  divifion  mechanique  qut 
approche  de  celle  que  Tor  eprouve  lorfqu'il 
eft  eleve  en  vapeur  par  la  violence  de  la 
chaleur  au  foyer  du  verre  ardent ,  &  cepen- 
dant  cette  vapeur  qui ,  comme  le  dit  I'illuftre 
Macquer,  eft  precif^ment  la  portion  qui  eckapps. 
a  La.  calcination  ,  .  .  .  .  qui  neji  cowpcfse  q:iz 
dis  panicuUs  infiniment  divifees  de  ce  metal  non 
altlre  ,  ne  donne  aucune  trace  de  couleur 
pourpre ;  elle  s'attache  a  une  lame  d'argent 
ious  forme  de  poiifjiire  jaundtre  £une  jinefje  ex' 
treme,  qui  n'a  aucv.n  brillant  metallique,  mcme 


144  A   C   A  D  £   M  I   E 

vu  a  la  loupe  ,  mais  qui  le  recouvre  fur  le 
champ  a  Taide  du  bruniflbir. 

4°.  Une  derniere  circonftance  qui  vient  a 
I'appui  de  cette  opinion,  ell  la  teinte  jaune 
que  prend  Tacide  nitreux  charge  d'or ,  qu'il 
perd  quand  ce  metal  en  eft  fepar6  par  la 
filtration ,  ou  par  tout  autre  moyen.  Cette 
teinte  uniforme  ne  peut  refiilter  que  d'une 
divilion  chymique,  de  I'equiponderance  des 
parties ,  de  I'attraftion  qui  les  unit  chacune  a 
chaeune.  II  n'y  a  jufqu'a  prelent  aucun  phe- 
nomene  connii  qui  puilTe  nous  faire  conce- 
voir ,  fans  ces  conditions  &  par  TefFet  de  la 
feule  fufpenfion ,  le  paffage  d'un  fluide  a  une 
couleur  fimple,  tranfparente,  homogene  dan5 
toute  fa  maffe ,  &  qui  fubfifte  aufli  long-temps 
dans  le  repos. 

Si  ces  faits  rapproches  paroiffent  ne  laiffer 
aucun  doute  fur  I'exiftence  d'un  vrai  dilTol- 
vant ,  je  ne  me  diflimule  pas  qu'i/  y  en  a  £au- 
tres  qu'il  ejl  dijfficile  de  conciiur  avec  cette  opinion. 
Je  ne  parle  pas  de  la  petite  quantity  du  m^tal 
diffous  ,  ni  de  la  neceflite  d'une  ebullition 
violente;la  plus  petite  quantite  eft  un  effot, 
il  y  a  bien  d'autres  exemples  oil  I'aftion  du 
diffolvant  eft  aufti  bornee,  oil  elle  exige  le 
fecours  de  la  chaleur  ,  &  oil  la  diffolution 
eft  certaine. 

Je  mets  de  meme  au  rang  des  objeftions 
dont  la  folution  n'eft  pas  impoflible ,  celle 
que  M.  Tillet  a  fondee  fur  ce  que  Tether 
yitriolique,  qui  tient  du  mercurg  a  la  faveui 

d'un 


D  E    Dijon;  -iy^4:        14^ 

d'un  exces  d'acide  nitreux ,  n'attaque  pas  Tor, 
tandis  qu'il  attaque  le  cuivre  :  la  facilit^  avec 
laqiielle  ce  dernier  cede  fon  phlogiftique,  (on 
affinite  avec  cet  acide  plus  grande  ^ue  celle 
du  mercure,  beaucoup  plus  grande  que  celle 
de  Tor ;  en  un  mot ,  I'etat  de  combinaifon 
aftuelle  plus  ou  moins  avancee  dans  lequel 
fe  trouve  I'acide ,  puifqu'il  eft  intermede  ne- 
ceffaire,  conftituent  autant  de  differences, 
dont  une  feule  fuffiroit  pour  ^carter  toute 
confequence  de  la  comparaifon  des  refultats^ 

La  diminution  progreffive  de  radion  de 
cet  acide,  lorfqu'il  eft  cohob^  plulieurs  fois 
de  fuite  fur  le  meme  cornet  d*or,  ceft^e  d'e- 
tonner  lorfqu'on  fe  prete  k  la  fuppofition 
vraifemblable  qu'il  faut  une  tres-grande  quan- 
tite  de  ce  diflblvant  pour  dlfToudre  une  tres- 
petite  partie  de  ce  m6tal  ;  ft  on  ne  juge  pas 
cette  raifon  fatisfaifante  ,  oil  peut  ifuppofer 
qu'a  chaque  diftillation  I'acide  perd  une  por- 
tion de  quelque  principe  qui  ajoutoit  a  fon 
energie  ;  mais  il  eft  evident  que  cette  cir- 
conftance  eft  plus  contraire  que  favorable  a 
rhypothefe  de  I'aclion  mechanique. 

Ne  peut-on  pas  en  dire  aiirant  de  la  dtrc- 
tilite  extraordinaire  que  Tor  fepare  de  cet 
acide  acquiert  par  un  fimple  recuit ,  de  la 
propriete  qu'il  manifefte  apres  cette  fepara- 
tion  d'eluder  toute  adion  du  meme  acide  ? 
11  n'eft  pas  plus  facile  d'expliquer  ces  phe- 
nomenes  dans  Tid^e  d'une  divifton  purement 
mechanique  que  dans  celle  d'une  vraie  dif- 
folution ,  I'effet  ne  prouve  rien  que  confe^ 

K 


146  A  C  A  D  £  M  1   E 

quemment  a  la  caiife  qui  le  determine  im- 
inediatement ;  cette  caufe  reftant  inconnue  , 
en  ne  peut  tirer  aiicune  indu£tion  fiire. 

Les  faits  qui  combattent  le  fyfteme  de  la 
diflblution,  fe  reduifent  done  a  la  feparation 
du  metal  par  le   filtre ,   a    fa    precipitation 
fpontanee  en  etat  metallique  ;  mais  on  ne 
doit  Ics   regarder   comme  faits    contraires  , 
qu'autant  qu'ils  s'excluent  abfolument  &  dans 
tous  les  temps  fucceflifs,  qu'autant  qu'ils  fe 
correfpondent  dans  des  degres  egaux  d'efFet 
ou  de  produit,  qu'autant  qu'ils  ne  peuvent 
fe  concilier  dans  aucune  fuppofitionpoflible; 
encore  n'efl-ce  bien  fouvent  que  par  defaut 
de  connoiffances  que  nous  fommes  conduits 
a  nier  la  poflibilite  de  les  rapprocher;  fou- 
vent auffi  I'habitude  de  confiderer  ks  efFets 
comme  abfolus ,  nous  trompe.  On  ne  foup- 
^onnoit  pas  ,  il  y  a  peu  d'annees  ,  qu'une 
meme  quantite  de  metal  put  etre  tenue  en 
diffolution  de  deux  manieres  differentes  dans 
le  meme  acide ,  qu'il  y  eut  un  degre  de  dif- 
folution  au  dela  de  celui  qui  rend  la  terre 
metallique  fufceptible  de  paffer  par  le  filtre, 
que  le  metal  put  retenir  dans  fes  diffolutions 
plus  ou  m.oins  de  phlogiftique  ,  &c.  On  fait 
aujourd'hui  que  la  chaux  de  manganele  ,  qui 
colore  fon  diflblvant,  n'eft  point  dans  unetat 
de  difTolution  parfaite;que  la  diffolution  ni- 
treufe  de  cuivre  qui  eft  bleue  ,  retient  plus 
4e  phlogiftique  que  celle  qui  eft-  veiic*,  &£. 
Appuyes  de  ces  exemples ,  abandonnons  un 
nipment  I'habitude  de  cherchei  toujours  ks 


< 


D  E    Dijon,  1^84:  147 

effets  les  plus  familiers  ,  de  ne  vouloir  jiiger 
que  d'apres  eux,  &  peut-etre  decouvrirons- 
nous  la  vraie  caufe  du  phenomene  dans  quel- 
ques-unes  des  hypotheses  qui  peuvent  fcrvic; 
a  en  concilier  toutes  les  circonftances. 

L'acide  nitreux  ne  diffout  pas  Tor,  paice 
qu'il  ne  peut  lui  enlever  le  phlogiftique ,  &c 
que  c'eft  une   condition  effentielie  d   toute 
diflblution  metallique.  Avant  les  experiences 
de  rilluflre  Macquer ,  on  doutoit  que  la  cha- 
leur  put  dephlogiftiquer  Tor,  avec  le  concours 
de  I'air  ;  un  degr^  plus  conliderable,  produic 
par  la  reunion  des  rayons  folaires ,  en  a  d^- 
montr^  la  poflibilite :  pourquoi  n'admettrions- 
nous  pas  ici  ce  que  nous  voyons  en  tant  d'au- 
tres  occalions,  un  efFet  inefpere  produit  par 
le   concours    de    plulieurs   forces    par   elles- 
memes  impuiffantes  ?  Si  un  m6tal  ne  devient 
foluble  que  lorfqu'il  a  fait  ecliange  d'une  por- 
tion  de  fon  phlogiftique   pour   une  portioa 
d'air  vital ,  &  fans  doute  bien  plutot  a  raifoa 
de  ce  qu'il  acquiert,  que  de  ce  qu'il  peid  , 
les  circonftances  de  notre  operation  ne  peu- 
vent manquer  d'etre    tr^s  -  favorables  a  cet 
echange ;  car  on  ne  peut  tenir  l'acide  nitreux: 
a  un  certain  degre  de  chaleur ,   qu'il   ne  fe 
forme  un  peu  de  gas  nitreux ,  &  ce  gas  ni- 
treux ne  peut  fe  former  que  par  la  deconi- 
pofition  d'une  portion  de  l'acide  meme  qui 
met  en  liberte  une  quantite  proportionnelle 
d'air  vital  :   voila  done  une  troilierae  i'uhf- 
tance  &  la  plus  n<^ceffaire  a  la  dephlogilli- 
cation,  qui,  agiflant  pour  ainfi  dire  plus  en 

K  ij 


148  ACADEMIE 

mafle  que  clans  la  calcination  ordinaire i  peut 
feconder  Tadion  des  deux  autres  fluides ,  & 
Ja  rendre  a  iin  certain  point  efficace. 

Je  dis  a  iin  certain  point ,  &  de  cette  con- 
dition que  Ton  ne  peut  plus  regarder  comme 
impoflible,puifque  nous  connoiffons  deja  des 
diffolutions  plus  ou  moins  avancees  vers  I'etat 
de  diffolution  parfaite  ,  dependront  les  phe- 
nomenes  de  la  decompofition  par  le  filtre,  & 
de  la  precipitation  fpontan^e.  II  ne  fera  pas 
difficile  de  rendre  raifon  de  i'etat  metallique 
de  ces  precipites  ;  la  chaleur  ceffant  de  fa- 
vorifer  I'aftion  de  I'acide ,  Tor  en  vertu  de  fa 
plus  grande  affinite  lui  reprendra  infenfible- 
ment  le  phlogiftique  dont  11  fe  fera  charge 
pendant  I'ebullition  :  comme  il  le  reprend  in- 
ienfiblement  a  Tarfeniate  de  potaffe  ou  fel 
neutre  arfenical  ,  &  a  I'acide  gallique  oil 
principe  aftringent,  lorfqu'il  a  ete  precipite 
de  I'eau  regale  par  ces  fels ,  quoiqu'il  ait  ete 
bien  certainement  en  etat  de  chaux  au  mo- 
ment du  melange  des  liqueurs. 

M.  Deyeux  a  annonce  des  experiences  qui 
prouvent  que  c'eft  le  gas  de  I'acide  nitreux 
qui  favorife  la  diffolution  de  I'or  par  cet 
acide,  &  qu'il  n'en  diffout  rie«  lorfqu'il  eft 
pur  &  prive  de  ce  gas.  Je  ne  connois  {e^ 
obfervations  que  par  ce  qui  en  a  €te  dit  dans 
le  Journal  de  Paris ,  1781  ,  N°s.  21  &  24,  & 
qui  eft  beaucoup  trop  fuccind  pour  me  mettre 
a  portee  de  juger  de  la  folidite  de  fes  preu- 
ves.  J'obferverai  feulement  qu'il  eft  difficile 
de  croire  que  ce  foit  un  gas  phlogiftique  qui 


D  E     D  I  T  O  N;     rji'4.  I4£? 

augmente  ici  I'energie  du  diffolvant,  puifque 
le  premier  efFet  de  la  diffolution  doit  etre  de 
dephlogilliquer  Tor,  puifque  I'acide  muria- 
tique  ne  devient  affez  puiffant  pour  operer 
cette  diffolution  que  lorfqu'il  a  ete  au  con- 
traire  prive  de  fon  phlogiftique.  D'ailleurs  , 
fi  cela  ^toit,  il  femble  que,vu  la  facilite  avec 
laquelle  I'acide  nitreux  reprend  du  phlogif- 
tique par  la  feule  impreffion  de  la  chaleur , 
&  la  quantite  de  gas  nitreux  qui  fe  forme  n6- 
ceffairement  pendant  qu'il  attaque  I'argent, 
I'adion  de  cet  acide  fur  Tor  devroit  etre  plus 
conftante,  beaucoup  plus  marquee,  &  meme 
qu'il  feroit  tres-difficile  de  produire  les  cir- 
conllances  oii  il  devroit  ceffer  d'agir  abfolu- 
ment. 

Au  refte,  que  ce  folt  ou  le  gas  nitreux,  oil 
Taccumulation  de  la  chaleur,  ou  I'abondance 
d'air  vital,  ou  plufieurs  de  ces  fluides  reunis 
&  agiffant  fimultanement ,  qui  augmentent  la 
puiffance  de  I'acide  nitreux,  il  n'en  eft  pas 
moins  certain  que  cet  acide  qui  ne  pent  rien 
fur  Tor,  lorfqu'il  eft  feul,  lorfqu'il  eft  pur, 
&  dans  les  conditions  oil  nous  jugeons  ordi- 
nairement  qu'un  acide  diffout  un  metal,  fe 
trouve  dans  ces  circonftances  en  etat  de  dif- 
folvant compofe ,  capable  de  diffoudre  une 
foible  portion  d'or,  de  lui  faire  eprouver  a 
im  certain  point  la  calcination  neceffaire  a 
cet  effet ,  de  la  tenir  non  pas  feulement  di- 
vifee  &  fufpendue,  mais  veritablement  dif- 
jToute  par  attraction  &  ^quiponderance  ac- 

K  iij 


I  JO  A    C   A   D   E   M   r   E 

tnelle ,  a  la  maniere  de  tons  les  dlffolvans 
chymiques. 

Cette  conclufion  ne  s'eloigne  niiUement , 
comme  Ton  voit,  de  celle  de  M.  Tillet ,  pour 
tout  ce  qui  a  rapport  a  Tart  &  a  la  pratique 
des  affinages,  &  fur-tout  des  effais;  elle  ne 
s'en  ^carte  que  par  quelques  expreflions  qui 
n'intereffent  que  la  theorie  generale  des  dif- 
folutions  ;  mais  cette  theorie  eft  le  flambeau 
de  la  fcience ,  un  feul  ph^nomene  qui  exi- 
geroit  reellement  d'autres  principes,  fuffiroit 
pour  obfcurcir  cette  lumiere  :  d'apres  cette 
reflexion,  on  ne  trouverapas  fans  doute  que 
j'aie  donne  trop  d'attention  a  celui  de  la  fuf- 
penfion  d'un  metal  dans  un  acide ,  fans  dif- 
folution. 


b  E    Dijon,  ly^jj..  151 


ANALYSE 

De  teau  du  Lac  dc  Cherchiaio  ptes  de 
MonU'Rotondo  en  Tofcane, 


M 


Pa  R    M.    M  A  R  E  T. 


•  Hosfer,  Chymlfte  celebre  a  Florence, 
avoit  annonce  que  I'eau  du  lac  de  Cherchiaio 
pres  Mdnte-Rotondo,  contenoit  un  gros  d'a- 
cide  boracin  ou  fel  f^datif  par  livre. 

Ce  phenomene ,  inconnu  jufqu'a  prefent  ; 
etoit  fait  pour  infpirer  la  curiofite  des  Na- 
turaliftes ,  pour  faire  naitre  le  defir  de  juger 
par  foi-meme  de  ce  fait  important. 

M.  de  Morveau  partageoit  ce  fentlment 
avec  tous  ceux  qui  aiment  a  connoitre  toutes 
ies  richeffes  de  la  nature  ,  &  je  fouhaitois  , 
ainfi  que  lui,  I'occafion  d'analyfer  cette  eau 
minerale ,  peut-etre  unique  en  fon  genre.  L'en- 
voi  de  quelques  bouteilles  qui  en  a  ete  fait 
a  M.  de  Morveau  par  M.  le  Chevalier  Lan- 
driani  (  I  ),  m'a  procure  cette  fatisfadion  :  j'ai 

(i)  Ce  celebre  Phyfi«en ,  dans  la  lettre  dont  ces 
touteilles  etoisnt  accompagnees  ,  annon^oit  a  M.  de 
Morveau  que  I'eau  qu'elles  contenoient,  avoit  etc  puiice 
a  la  fource  meme  par  Ies  foins  de  M.  le  Comte  de  Thuru, 
Grand-Maitre  de  la  Maifon  de  S.  A.  R.  le  Graad  Due 
de  Tofcane, 

K  iy- 


1)2  A    C    A   D   E   M   I   E 

pu  analyfer  cette  ean  pendant  les  feances  du 
Cours,  &  j'ai  cru  que  I'Academie  entendroit 
avec  interet  la  lediire  de  cette  Analyfe. 

La  bouteille  qui  m'a  ete  remife,  contenoit 
quatre  livres  &  demi-once  d'eau ,  il  y  avoit 
un  d^pot  qui  deffeche  peloit  trois  gros  vingt 
grains. 

11  n'y  eut  aucune  explofion  a  Touverture 
de  la  bouteille ,  &  une  bougie  allumee  ap- 
prochee  de  fon  goulot,  ne  donna  aiicun  ligne 
de  la  prefence  d'un  air  inflammable. 

Cette  eau  n'avoit  aucune  odeur;  elle  etoit 
tres-limpide  ,  meme  apres  avoir  ete  filtree ; 
fa  faveur  etoit  legerement  acidule  ,  auflere 
&  un  peu  amere ;  fa  pefanteur  etoit  a  celle 
de  I'eau  difiillee  :  :  1,00125  :  i. 

Apres  avoir  obferve  &  note  fes  qualites 
phyiiques  ,  que  ma  pofition  me  permettoit 
d'apprecier,  j'effayai  de  prejuger  fes  qualites 
chymiques  par  le  raoyen  des  reaftifs ,  &  ,  a 
cette  efpece  d'analyfe  ,  je  fis  fucceder  celle 
par  evaporation  a  I'aide  du  feu. 

Je  pris  de  cette  eau  avant  de  I'avoir  fil- 
tree,  &  feulement  a  la  fuite  d'un  long  repos 
pour  que  I'evaporation ,  a  laquelle  la  filtra- 
tion I'auroit  expofee ,  ne  lui  eut  enleve  au- 
cun  de  fes  principes ,  n'en  eut  pas  diminue 
oil  augment^  la  quantite  ,  &  que  le  depot, 
par  fon  melange  ,  ne  piit  pas  en  alterer  la 
purete. 

J'en  remplls  un  petit  flacon,  dans  lequel 
je  mis  un  cryflal  de  vitriol  de  fer  bien  net, 
§c  je  le  laiffai  en  experience  pendant  vingt- 


D  E    Dijon,    iyS4.         153 

quatre  beures.  Ce  fel  fe  fondit,  &  pariit  s'etre 
transforme  en  entier  en  chaux  ferrugineufe ; 
ce  qui  me  proiiva  que  cette  eau  contenoit 
beaucoup  d'air  pur.  Je  n'aurois  pu  en  eva- 
luer  la  quantite  qu'en  diftillant  I'eau  a  I'ap- 
pareil  pneumato-chynrique  avec  du  mercure , 
fnivant  la  methode  de  M.  Bergman ,  mais  je 
n'en  avois  pas  fuffifamment  pour  faire  cette 
experience  d'une  maniere  tres-probante» 

Je  mis  de  la  meme  eau  dans  un  verre ,  & 
je  verfai  deffus  de  I'eau  de  chaux  ;  ce  me- 
lange ne  produilit  aucune  nuance  blanche;  il 
n'y  eut  aucun  precipite,  d'oii  je  conclus  que 
cette  eau  ne  tenoit  ni  acide  mephitique ,  ni 
magneiie  en  diffolution. 

J'avois  fait  ces  epreuves  fur  I'eau  avant 
de  Tavoir  filtree ,  dans  la  crainte  que,  pen- 
dant la  dur^e  de  la  filtration,  une  partie  de 
I'acide  mephitique  ne  s'evaporat,  fi  cette  eau 
en  contenoit,  &  qu'elle  ne  prit  de  I'air,  fi 
elie  n'en  receloit  point. 

Mais  le  plus  leger  melange  de  parties  ^tr^n- 
geres  a  I'eau  pouvoit  rendre  errones  les  re- 
fultats  des  experiences  que  je  projetois  de 
faire  avec  d'autres  readifs,  &  je  filtrai  avec 
foin  celle  que  je  foumis  a  leur  aftion. 

Je  plongeai  dans  cette  eau  du  papier  telnt 
par  le  tournefol ,  &  ce  papier  fut  colore  fen- 
iiblement  en  rouge  :  il  etoit  done  evident 
qu'il  y  avoit  dans  cette  eau  un  acide  non 
combine*;  il  falloit  tacher  de  decouvrir  quel 
^toit  cet  acide ,  &  s'il  n'y  en  avoit  point  d'au- 
tre  engage  dans  quelque  bafe ,  foit  alkaline  ^ 
(oit  terreufe ,  Soit  m^tallique. 


1J4  Academic 

Pour  y  parvenir,  je  mis  de  I'eau  dans  quatre 
verres.  Je  verfai  dans  I'lm  du  muriate  baro- 
tique,  dans  Tautre  de  la  foude  cryftallifee, 
dans  un  troifieme  du  nitre  mercuriel  ,  & 
dans  un  quatrieme  du  nitre  d'argent. 

L'addition  de  la  foade  ne  produifit  aucun 
changement  dans  I'eau ;  elle  refta  claire  fans 
aucun  nuage  ni  depot. 

Le  muriate  barotique  y  occafionna  un  pre- 
cipice tres-abondant.  L'eau,  oii  la  diffolution 
de  nitre  mercuriel  avoit  ete  verfee ,  blanchit 
fenfiblement ,  mais  le  precipite  fut  peu  con- 
iiderable  &  tres  -  pulverulent ;  le  nitre  d'ar- 
gent donna  aufli  tres -peu  de  precipite,  d'a- 
bord  blanc ,  mais  qui  brunlt  promptement. 

Le  refultat  des  experiences  avec  le  mu- 
riate barotique  &  le  nitre  mercuriel ,  me  fur- 
prit  :  celui  de  la  premiere  annongoit  la  pre- 
fence  de  I'acide  vitriolique  ,  &  celui  de  la 
feconde  prouvoit  qu'il  n'y  avoit  point  d'acide 
de  ce.tte  efpece.  Cette  contradiftion  me  met- 
toit  dans  le  cas  de  fufpendre  mon  jugement 
jufqu'a  la  fin  de  I'analyfe  par  le  feu  :  c'efl  le 
parti  que  je  pris  :  mais  la  fuite  de  mon  tra- 
vail m'ayant  prouve  que  cette  eau  ne  con- 
tenoit  d'autre  acide  que  le  boracin,  ]e  revins 
fur  mes  pas,  je  trouvai  le  mot  de  cette  ef- 
pece d'enigme ,  &  je  vais  le  donner  ici. 

Je  verfai ,  dans  de  l'eau  a  eprouver  ,  de 
Tacete  de  plomb;  il  fe  fit  fur  le  champ  un 
precipite.  Je  favois  que  cela  devoit  avoir 
lieu,  dans  le  cas  oil  il  y  auroit  de  I'acide 
yitriolique  ;  mais   je  favois  aufii  que  cette 


D  £    Dijon,   iyS4.        155 

combinaifon  reiifteroit  a  tons  les  aiitres  aci- 
des  ,  fi  ce  fel  ^toit  un  vitriol  de  plomb.  Je 
fis  tomber  dans  cette  eaii  precipitee  quelques 
gouttes  d'acide  nitreiix  :  le  precipite  fut  dif- 
ious  ,  &  fa  diffolution  me  proiiva  qu'il  n'etoit 
pas  un  fel  vitriolique ,  qu'ainfi  I'eau  n'en  con- 
tenoit  pas. 

J'aurois  pu  me  borner  a  cette  preuve ,  mais 
je  cms  devoir  y  en  ajouter  une  autre  aufli 
decifive ,  &  d'oii  il  refulta  que  Tacide  bora- 
cin  enleve  reellement  le  barote  a  I'acide  mu- 
riatique  ,  &  forme  avec  lui  un  fel  peu  fo- 
liible. 

Je  pris  une  diffolution  d'acide  boracin  fu- 
blim^,  &  j'y  ajoutai  de  la  diffolution  de  mu- 
riate barotiqiie ;  il  y  eut  fur  le  champ  un 
precipit^  femblable  a  celui  qu'avoit  doftn6 
la  diffolution  de  ce  fel  avec  i'eau  de  Cher- 
chiaio. 

L'acide  de  cette  eau  n'etoit  done  ni  le 
mephitique  ,  puifque  I'eau  de  chaux  ne  I'avoit 
pas  blanchie  ;  ni  le  vitriolique  ,  puifque  le 
precipite  de  barote  avoit  ete  r^diffous  par 
i'acide  nitreux ,  &  que  le  precipite  du  nitre 
mercuriel  n'etoit  pas  jaune  ;  ni  le  nitreux, 
puifque  le  mercure  avoit  ^t6  enleve  a  cet 
acide ;  ni  le  muriatique ,  puifque  le  precipit6 
de  mercure  n'avoit  pas  ^t^  caz6eux;  il  reftoit 
a  le  carafterifer  par  de  nouvelles  experien- 
ces, &  je  les  refervai  pour  les  faire  a  la  fuite 
de  I'analyfe  par  le  feu. 

Quoique  la  foude  ,  en  n'op^rant  aucun 
changeraent  dans  cette  eau ,  m'eiit  autorife  a 


156  A  CA   D   E   M  I   E 

croire  qu'il  n'y  avoit  point  de  fels  moyensj; 
terreux  ou  metalliques,  je  cms  devoir  m'en 
affurer  encore  par  quatre  r^adifs ,  par  I'acide 
du  fiicre ,  par  la  teinture  dii  favon ,  par  la 
teinture  des  noix  de  galle ,  &  par  le  priiffite 
de  potaffe. 

L'acide  du  fucre  occafionna  iin  pr^cipite 
tres-blanc ,  lent  a  fe  former,  tres-peu  conli- 
derable ,  &  adherent  au  parois  du  verre. 

Le  fecond  blanchit  Teau,  &  il  y  eut  a  la 
longue  un  precipite  peu  abondant,  &  un  peu 
grummele. 

Le  troifieme  &  le  quatrieme  ne  donnerent 
a  I'eau  que  la  nuance  afFoiblie  de  la  couleur 
qui  leur  eft  propre ;  d'oii  je  me  crus  en  droit 
de  conclure  que  cette  eau  ne  contenoit  rien 
de  metallique,  &  tres-peu  d'un  fel  calcaire. 

L'objet,que  je  devois  avoir  en  procedant 
a  Texamen  de  cette  eau  par  le  feu ,  etoit  done 
feulement  de  connoitre  fi  elle  ne  tenoit  pas 
en  diffolution  quelques  fels  neutres  a  bafe 
alkaline,  quelle  etoit  la  nature  de  l'acide  dont 
les  experiences  precedentes  avoient  manifefte 
la  prefence  ,  quelle  en  etoit  la  proportion  , 
&  quelle  etoit  enfin  celle  de  la  terre  calcaire, 
decelee  par  l'acide  du  fucre,  &  par  la  tein- 
ture de  favon. 

Jeprocedai  en  confequence  a  Tevaporation 
de  deux  livres  d'eau  dans  une  capfule  de  por- 
celaine  recouverte  d'un  tamis  de  foie;  I'eau 
fut  tenue  au  degre  de  I'ebuUition  pendant  les 
premiers  inftans,  &  jufqu'a  ce  qu'elle  fut  re- 
duite  a  environ  quatre  onces. 

Je  iiltrai  I'eau  ainfi  reduitei  il  refta  fur  le 


D  E    Dijon,  i;;^^.  157 

filtre  environ  trois  grains  d'une  terre  blan- 
che, que  je  refervai  pour  la  foumettre  a  quel- 
ques  epreuves. 

Je  continual  I'^vaporation  de  Teau  dans 
line  petite  capfule  de  verre;  &  m'apperce- 
vant  qu'elle  s'epaiflifibit ,  je  retirai  le  vaiffeau 
du  feu,  il  fe  cryftallifa  un  fel  que  j'enlevai, 
&  qui  deffeche  pefoit  61  grains  ;  fes  cryftaux 
^toient  en  ecailles  &  en  tout  femblables  a 
ceux  du  fel  fedatif :  je  pouffai  a  rexficcation 
le  reftant  de  la  diffolution,  &  j'obtins  encore 
32  grains  7  d'un  fel  abfolument  femblable  an 
premier. 

La  forme  des  cryftaux  de  ce  fel ,  fa  faveur,' 
qui  etoit  legerement  acide  &  nullement  falee, 
fuffifoient  pour  me  perfuader  qu'il  n'y  avoit 
nul  melange  d'autre  fel,  mais  pour  m'en  con- 
vaincre,  je  fis  digerer  le  tout  dans  de  I'eaii 
froide  :  comme  a  cette  temperature  I'eau  dif- 
fout  tres-peu  de  fel  fedatif,  je  pouvois  etre 
afliire  qu'il  y  en  auroit  tres-peu  de  diffous, 
&  feulement  les  fels  neutres  a  bafe  alkaline; 
je  filtrai  cette  eau,  je  retrouvai  fur  le  filtre 
a  peu  pres  la  meme  quantite  d'acide  boracin. 

Je  fis  evaporer  Teau ,  j'eflTayai  de  la  faire 
cryftallifer  a  froid  &  a  chaud,  &  je  trouvai, 
apres  I'avoir  pouffee  a  ficcite,  quelques  grains 
du  meme  acide  boracin. 

Pour  achever  la  demonftratlon  de  la  na- 
ture de  ce  fel ,  j'en  fis  diffoudre  dans  de  I'ef- 
prit-de-vin  &  dans  de  I'eau  diiiillee  ;  j'en- 
ilammai  la  diffolution  fpiritueufe,  &  elle  bruJA 
avec  ime  flamme  verte. 


I5S  A   C    A   D   fe   M   I   E 

Je  melai  la  diflToIntion  aqueiife  avec  de  la: 
foude  diifoute;  je  fis  evaporer  &  cryilallifer 
cette  liqueur,  &  j'eas  des  cryftaux  odaedres, 
bouiiionnant  &  ie  boiidbuffiant  fur  la  pelle 
rougie  au  feu,  fe  comportant  comme  le  bo- 
rax, en  un  mot  un  veritable  borax. 

La  terre,  que  j'avois  obtenue  fur  le  filtre, 
arrofee  d'acide  aceteux  ,  fit  eftervefcence  ,  & 
donna  par  I'evaporation  un  fel  foyeux,  non 
deliquefcent ,  un  acete  calcaire  tres-carade  • 
rife. 

11  refulte  de  cette  analyfe,  que  Teau  du 
Lac  de  Cherchiaio  contient  reellement  & 
prefque  uniquement  de  I'acide  boracin;  qu'il 
y  a  une  quantite  affez  grande  d'air  pur,mais  • 
point  d'acide  mephitique,ni  aucun  autre  aclde, 
ni  fels  moyens ,  ni  fels  a  bafe  alkaline ,  ou 
metaliique,  ni  magnefie  ,  &  feulement  envi- 
ron 3  grains  de  terre  calcaire  par  pinte,  & 
que  I'acide  boracin  y  eft  a  la  quantite  de  47 
grains  ^  par  livre  ,  &  d'un  gros  22  grains  j 
par  pinte ,  mefure  de  Paris. 

Ce  refultat ,  en  ce  qui  concerne  la  quan- 
tite de  I'acide  boracin,  differe,  de  plus  d'un 
fcrupule  ,  d'avec  celui  qu'a  obtenu  M.  Koefer : 
cette  difference  eft  affez  confiderablc  pour 
meriter  attention;  mais  les  principes  ces  eaux 
minerales  ne  s'y  trouvent  pas  toujours  en 
mcme  proportion  ;  la  circonftance  dans  la- 
quelle  a  ete  puifee  I'eau  que  j'ai  analyfee , 
peut  n'avoir  pas  ete  une  de  celles  cii  cette 
eau  etoit  ie  plus  chargee  d'acide  boracin  ;&. 
il  eft  probable    que  M.  Hoefcr,  qui  a  fait 


D  E    Dijon,  1^84.  159 

I'analyfe  fur  les  lieux  memes,  a  faifi  le  mo- 
ment le  plus  favorable. 

11  reftoit,  pour  completer  I'analyfe  ,  a  con- 
noitre  la  nature  du  depot  qui  s'etoit  trouv6 
dans  la  bouteille.  Ce  depot  etoit  d'un  blanc 
jaunatre  ,  &  tres-doux  an  toucher. 

J'en  pris  10  grains  que  je  fis  bouillir  dans 
de  Teau  diftillee ;  je  filtrai  la  diffolution  prtf- 
que  bouillante;  je  la  laiffai  refroidir,  je  la  iis 
evaporer,  puis  I'expofai  au  froid  pendant  trois 
jours,  iln'y  eutaucun  pr^cipit^,  aucune  cryf- 
tallifation;  cette  diffolution  pouff^e  a  ficcitd 
laifla  un  refidu  a  peine  fenfible;  d'oii  il  fuit 
que  I'eau  n'avoit  rien  enleve  a  ce  depot. 

Je  verfai  de  I'acide  vitriolique  fur  dix  au- 
tres  grains  de  ce  meme  depot ,  il  n'y  eut  ni 
effervefcence ,  ni  diffolution;  la  chaleur,  por- 
t6e  jufqu'a  rebullition,n'apporta  aucun  chan- 
gement ,  I'acide  ne  changea  pas  de  couleur. 
J'etendis  ce  melange  avec  de  Teau  diftillee , 
&  la  filtration  me  rendit  a  peu  de  cliofe  pres 
la  meme  quantite  du  depot  fur  lequel  j'avois 
opere.   La  liqueur  filtree  etoit  limpide. 

Je  reunis  les  deux  portions  de  ce  depot 
que  j'avois  retrouvees  fur  le  filtre  ^  je  les 
projetai  fur  une  pelle  rougie  au  feu ,  elks 
s'enflammerent ,  brulerent  avec  flamme  b!eu© 
&  odeur  fulphureufe ,  &  ne  laifferent  que  ttis- 
peu  de  refidu. 

II  etoit  demontre  par  ces  experiences,  que 
ce  depot  etoit  en  grande  partie  du  foufre, 
mais  il  pouvoit  etre  mele  a  quelques  terres-; 
il  falloit  s'en  affurer;  je  pris  en  coufequence 


l60  A    C   A   D   £  M  I   E 

un  demi-gros  de  ce  depot  &  deux  gros  de 
leflive  de  favonier  tres-caiiftiqiie  ,  j'y  ajoutai 
line  once  d'eau  difllllee.  Je  fis  bouillir  ce  me- 
lange; &  apres  refroidiffement ,  je  fis  filtrer 
la  liqueur ,  &  j'edulcorai  le  refidu  avec  de 
I'eau  diftillee.  Ce  refidu  deffeche  a  peie  19 
grains  &  demi. 

La  diflblution  a  ^t^  precipit^e  par  Tacide 
aceteux,  elle  a  donne  una  odeur  hepatique 
tr^s-forte.  II  y  a  eu  un  magiftere  de  foufre 
tres-blanc,qai,  jete  fur  les  charbons  ardens, 
a  briile  fans  laiffer  de  refidu. 

Comme  la  liqueur  reftoit  blanchatre  & 
avoit  une  odeur  tres-hepatique ,  j'ai  acheve 
de  precipiter  le  foufre  par  I'acide  nitre ux. 

Les  19  ^  grains  de  terre  reflee  fur  le  filtre 
ont  enfuite  ete  I'objet  de  mon  examen.  L'ebul- 
lition  du  depot  dont  cette  terre  fciifoit  partie  , 
d'abord  dans  I'eau  diftillee ,  puis  dans  Tacide 
vitriolique,m'avoit  prouve  que  cette  terre  ne 
contenoit  point  de  felenite,  ni  de  fubftance 
terreufe ,  telle  que  le  cake  ou  la  magnefie. 
Je  pouvois  prefumer  quelle  ^toit  argilleufe; 
&  pour  verifier  ou  detruire  ma  conjecture ,  je 
la  foumis  aux  epreuves  fuivantes. 

J'en  mis  fur  ma  langue ,  elle  y  adhera;  je 
la  detrempai  avec  un  peu  d'eau ,  elle  forma 
line  pate  que  je  fis  fecher,  &  qu'enfuite  j'ex- 
pofai  au  feu.  Elle  s'y  durcit  &  prit  de  la  re- 
traite.  Ces  phenomenes  etant  les  cara£leres 
propres  de  I'argille ,  il  eft  evident  que  la  terre 
du  depot  que  j'examinois ,  eft  argilleufe. 

Ainli 


D  E    D  I  I  o  N,  />^4^  J6i 

'Alnfi  les  eaux  dii  Lac  de  Cherchiaio  depo- 
fent  par  pinte,  lorfqu  elles  font  tranfportees. 
Soufre  ,51.  792  de  grains. 
Argille  ,6l.  208  de  grains. 
Elles  tiennent  en  diffolution  par  pinte,  me-; 
fare  de  Paris , 

Beaucoup  d'air  pur. 
Du  calce ,  un  peu  plus  de  3  grains; 
De  Tacide  boracin  ,  94  grains  &  derai. 
La  pr^l'ence  de  cet  acide  dans  I'eau  du  Lac 
de  Cherchiaio  ,    en  fait  une  reffoufce  bieii 
precieufe.  La  Medecine,  il  eft  vrai,ne  trouve 
pas  dans  cet  acide  toutes  les  proptietes  que 
lui  attribuoit  Homberg.  Mais  on  ne  pent  pas 
lui  refufer  quelque  vertu ;  &  il  eft  a  prefumec 
que  prepare  par  les  mains  de  la  nature  ,  Sc 
diffous  dans  une  eau  thermale ,  cet  acide  pro- 
cureroit  des  avantages  marques  dans  les  ma*, 
ladies  hifteriques  &  hypocondriaques. 

11  eft  encore  un  point  de  vue  fous  lequel 

on  pent  regarder  ces  eaux  comme  tres-inte-', 

reffantes.  Le  depot  qu'elles  font  dans  les  bou-* 

teilles ,  eft  ft  attenue ,  qu'au  plus  leger  mou-* 

vement  communique  a  I'eau,  il  la  blanchit 

en  s'elevant,  s'y  repand  uniformement,  s'y, 

foutient  delay^  ,  &  ne  fe  precipite  que  tres- 

lentement.  II  eft  probable  qu'a  la  fource,  lur- 

tout  a  I'aide  de  la  temperature  de  I'eau,  le 

foufre  &  I'argille  doivent  y  etre  prefque  dif- 

fous.  D^s-lors  on  fent  que  prifes  fur  les  lieux^' 

elles   doivent  etre   utiles  dans  tons  les  cas 

d'obftruftions  muqueufes  &:   lymphatiques ; 

dans  les  flux  de  ventre  chroniques  &  glaireux ^ 


JJ-52  ACADEMI^ 

dans  les  pertes  en  rouge  &  en  blanc  entfete- 
nues  par  le  vice  de  reftpmac  &  par  I'engor- 
gement  muqueux ,  meme  laiteux ,  des  vaif- 
feaux  de  la  matrice  ,  dans  les  phthifies  tn- 
berculeiifes ,  dan«  les  afthmes  humldes  pitui- 
feux,  dans  la  diffolution  humorale,  efFet  de 
Tiifage  indifcret  du  mercure ,  enfin ,  dans  les 
maladies  cutanees  centre  lefquelles  on  les 
donneroit  en  boiffon  ou  en  bain. 

Toutes  ces  conjeftures  ne  font  appiiy^es 
que  fur  les  propriet^s  connues  des  principes 
de  cette  eau  &  de  fon  depot ;  mais  proprietes 
dependantes  d'une  divifion  difficile  a  pro- 
duire,  &  que  la  nature  a  operee. 

L'experience  doit  avoir  appris  a  MM.  les 
Medecins  de  Tofcane  les  avantages  qn'on  pent 
retirer  de  I'ufage  de  ces  eaux,  &  Ton  peut 
efperer  que  ces  Meflieurs  ne  tarderont  pas  k 
publier  leurs  obfervations. 

Quelle  que  foit  leur  efficacite  ,  on  peut 
craindre  qu'elles  n'en  perdent  beaucoup  par 
le  tranfport  :  mais  la  bienfaifance  connue  du 
Grand  Due ,  doit  faire  efperer  que ,  s'll  faut 
abfolum€nt  prendre  ces  eaux  pres  de  la  fource 
meme  ,  on  y  trouvera  bientot  tout  ce  qui 
pourra  en  faciliter  I'ufage ,  meme  a  ceux  que 
I'etat  de  leur  fortune  oblige  a  la  plus  grande 
economie. 


DE    Dijon;    /j^'^:       i6^ 


M  £  M  O  I  R  E 

SUR  la  Glace  qui  fc  forme  a  la  fuperficU 
de  la  ttrre  en  aiguilles  oujikts  perpen-^ 
diculaires. 


U: 


Par  M.  Rib  o  u  d. 


N  Obfervateur  ^claire  vient  de  decrJre^ 
d'lme  maniere  tres-intereffante ,  la  glace  qui 
fe  forme  a  la  fuperficie  de  la  terre ,  en  ai- 
guilles ou  filets  perpendiculaires  (-'""  ).  Nous 
avons  fouvent  ce  phenomene  fous  les  yeux 
fans  le  remarquer,  &  j'avoue  qu'il  r/attira 
p6ur  la  premiere  fois  mon  attention ,  qu'au 
mois  de  Novembre  1782  :  il  m'infpira  des  re- 
flexions que  je  me  propofois  de  rediger,  lorf- 
que  le  Journal  de  Phylique  du  mois  de  Mars 
dernier  m'ofFrit  les  obfervations  de  M.  Def- 
mareft  fur  le  meme  fajet.  Je  ne  m'o(^cuperois 
point  de  le  traiter  apres  ce  Ph3^ficicn  ,  li  la 
nature  ne  nous  avoit  prefente  a  Fun  &  a  Tau", 
tre  cette  glace  avec  quelque  variete  :  d'ail-; 
leurs  M.  Defmarefl  s'etant  ])orne  a  une  def- 


(  I )  »  Obfervations  fur  la  glace  qui  fe  forme  a  la 
5)  fuperficie  de  la  terre  vi?getale  dans  les  pays  de  granir; 
>>  par  M.  Defraareft.  ■>■>   Journal   de  Phyfique  de  Mai|, 

?783. 

L  I) 


il64  XCADiMIE 

cription,  j'ai  cm  qu'il  ne  feroit  peut-etre  pas 
inutile  de  configner  dans  iin  Memoire  mes 
idees  fur  la  caufe  de  cette  congellation  lin^ 
guliere. 

Ceil  a  Chatenai  en  Breffe  que  je  Tai  ob- 
fervee  ,  a  la  fin  du  mols  de  Novembre  der- 
nier. Apres  des  pluies  afTez  confid^rables,le 
mercure  etoit  defcendu  dans  le  thermometre 
de  Reaumur  a  3  ou  4  degres  au  deffous  de 
zero  pendant  les  matinees  ;  mais  au  milieu 
du  jour  il  s'^levoit  jufqu'a  un  degr^  au  deffus 
du  point  de  la  glace.  Quelques  rayons  de 
foleil  qui  s'echappoient  a  travers  des  nuages, 
operoient  une  efp^ce  de  d^gel  momentan^, 
auquel  fuccedoit  bientot  une  gelee  plus  forte, 
&  cette  temperature  eut  lieu  pendant  trois 
pu  quatre  jours. 

La  terre  paroiflbit  couverte  d'un  verglas 
ordinaire,  mais  je  m'apper^us  avec  beaucoup 
de  furprife  que  le  fol  que  je  voulois  fouler 
n'avoit  point  la  force  de  me  foutenir,  &  qu'il 
s'afFaifToit  des  que  j'y  voulois  pofer  les  pieds. 
Xa  furface  de  la  terre  avoit  ete  foulevee  en 
entier  par  une  multitude  de  petites  colonnes 
de  glace  perpendiculaires  au  plan  du  local. 
La  hauteur  de  ces  colonnes  n'etoit  point 
egale,  mais  elles  avoient  dans  certains  en- 
droits  fix  a  fept  pouces  d'elevaticn. 

Elles  etoient  difpofees  par  couches  paral- 
leles  ,  placees  les  unes  fur  les  autres  ,  an 
nombre  de  trois  ou  quatre ;  &  chacune  de 
ces  couches  etoient  compofees  d'une  foule 
d'aiguilles  yerticales  ou  de  pyramides  tr^s- 


D  E     Dijon;  iyS4.         165 

algues  dans  la  partie  fiiperieure.  L'epalfleur 
des  couches  etoit  differente ;  les  inferieures 
etoient  formees  d'aiguilles  minces  &  tres- 
rapprochees ;  mais  dans  les  fuperieiires ,  les 
pyramides  etoient  plus  groffes  &  moins  fer- 
rees  entre  elles.  Ces  aiguilles  ou  pyramides 
ne  tenoient  fouvent  que  par  leurs  pointes  a 
la  couche  fous  laquelle  elles  etoient  placees, 
&  elles  fembloknt  s'y  etre  elancees  comme 
des  fleches  :  quelquefois  elles  egaloient  la 
fineffe  d'un  cheveu^plus  fouvent  elles  etoient 
reunies  en  faifceaux,  &  formoient  des  co- 
lonnes  par  leur  affemblage. 

Apres  avoir  detruit  une  partie  de  I'edifice 
dans  I'endroit  oil  je  le  confiderois,  j'en  vis 
alors  la  coupe  ;  &  m'etant  couche  la  face 
contre  terre,  je  jouis  d'un  fpedacle  auffi  fin- 
gulier  que  nouveau  :  la  croute  ou  furface  de 
la  terre  formoit  une  voiite  brillante ,  foutc- 
nue  fur  une  multitude  de  colonnes  d'une  cryf- 
tallifation  bien  prononcee,  &  d'une  tranfpa- 
rence  qui  ajoutoit  a  leur  beaute. 

Ce  qui  m'etonnoit  le  plus,  c'eft  que  cettQ 
congellation  n'etoit  ni  uniforme,  ni  g^nerale 
dans  ce  canton.  En  certains  endroits  la  co- 
lonnade etoit  plus  elevee,  les  couches  d'ai- 
guilles plus  nombreufes  qu'en  d'autres ;  ail- 
leurs  on  n'en  voyoit  aucune  trace,  car  je  fis 
pres  de  quatre  lieues  depuis  Chatenai  jufqu'a 
Bourg ,  fans  que  la  furface  de  la  terre  m'offrit 
le  meme  ph^nomene,  quoique  le  froid  fe  fiit 
foutenu  au  meme  degr^. 

La  glace  que  M.  Defmareft  decrit  dans  fe| 

L  iij 


l66  ACADEMIE 

obfervations ,  etoit  egalement  compofde  de 
diverfes  couches  paralleles ,  &  formees  d'un 
amas  de  filets  perpendiculaires  au  plan  du  fol ; 
mais  il  ne  paroit  pas  que  ces  filets  fuffent 
ciyftallifes  4'une  maniere  aufli  frappante  que 
ceux  de  Chatenai.  Simplement  portes  d'une 
couche  a  I'autre ,  ils  n'etoient  point,  comme 
ces  derniers,  divifes  en  aiguilles  pyramidales 
dont  un  grand  nombre  adheroit  par  la  pointe 
a  la  couche  fuperieure ,  fans  toucher  a  celle 
du  deffous.  La  croute  exterieure  dont  parle 
M.  Defmareft ,  prefentoit  une  furface  de  glace 
iinie  &  blanche ,  qui  foutenoit  a  la  verit6 
quelques  petits  cailloux,  mais  celle  de  Cha- 
tenai en  ^toit  couverte;  les  colonnes  glacees 
avoient  fouleve  uniformement  les  pierres ,  la 
terre ,  les  plantesmeme;  elles  fupportoient 
des  cailloux  de  plus  de  deux  a  trois  livres ; 
la  fiiperficie  de  la  terre  paroiffoit  s'etre  gon- 
flee  ,  &  ii  efl:  permis  de  la  comparer  a  une 
efpece  de  jardin  fufpendu. 

Cette  diverfite  d'efFets  n'eft  due  probable- 
ment  qu'a  des  caufes  locales,  &,  malgr6  ces 
petites  differences  ,  la  congellation  eft  abfo- 
himentla  meme.  M.  Defmareft  conclut,de  fes 
obfervations  ,  que  cette  glace  ne  fe  trouve 
que  dans  les  pays  oil  la  terre  vegetale  eft 
compofee  de  detriments  granitiques  ;  mais 
celle  que  j'ai  vue  a  Chatenai  prouve  qu'elle 
ne  leur  eft  point  exclufivement  particuliere. 

Le  terrein  de  ce  lieu  eft  en  general  com- 
pofe  d  une  argille  tenace ,  melee  en  quelques 
cndroits  d'une  quantite  plus  ou  moins  grande. 


BE    Dijon;  z^^^:       i(^7 

de  parties  fableufes.  Cette  argiUe  retlent  les 
eaiix ,  empeche  leur  filtration ,  &  on  y  voit 
affez  frequemment  des  bancs  coniiderables  de 
glaifes. 

Les  endroits  oil  les  couches  glacees  ayoient 
plus  d'epaiffeur,  etoient  ceux  ok  le  terrein 
etoit  compofe  d'une  argille  jaunatre ,  gluti- 
neufe ,  &  fe  gonflant  a.l'humidite.  Cette  ar- 
gille happe  la  langue,  fe  diffout  facilement 
dans  I'eau  ,  &  laiffe  echapper  une  grande 
quantite  de  bulles  d'air  pendant  fa  diffolu- 
tion.  Les  parties  fableufes  qui  y  font  melees 
en  plufieurs  endroits,  font  des  detrimens  de 
quartz ,  de  filex  ,  6'c. ,  &  cette  obfervation 
femble  rapprocher  de  la  confequence  tiree 
par  M.  Defmareft ,  parce  qu€  le  granit  eft  , 
comma  on  fait ,  un  compofe  de  particules 
quartzeufes  ,  de  feld-fpath ,  de  mica  ,  &c, 

N'ayant  ni  la  pretention ,  ni  I'efpoir  de 
developper  d'une  maniere  certaine  la  caufe 
de  la  formation  de  cette  glace  finguliere,  je 
vais  me  borner  a  communiquer  quelques  re- 
flexions qui  peuvent  faire  foup^onner  la  mat- 
che  de  la  nature  dans  cette  operation. 

J'obferve  d'abord  que  ce  n'eft  point  par 
Tadion  feule  du  froid  que  cette  glace  ell 
produite ,  puifqu'on  ne  la  remarque  pas  dans 
tous  les  points  qui  I'eprouvent  au  meme  de- 
gr6.  Sur  une  furface  unie,  expofee  egalement 
a  I'adion  de  Tair ,  on  voit  des  parties  char- 
gees  de  nos  colonnes  glacees ,  &  d'autres  qui 
n'en  offrent  pas  une.  II  faut  done  rechercher 
Mne  caufe  pa^ticuliere  de  leur  cryftallifatio/;5 


i68  A  C  A  D  E  M  I  £ 

quelques  details  fur  les  Emanations  du  feu 
interieur  &  fur  Tevaporation ,  pourront  peut- 
etre  la  faire  entrevoir. 

II  eft  conftant  que  la  tejre  renferme  dans 
fon  fein  une  tres-grande  quantite  de  feu.  Les 
bains  chauds,  les  volcans ,  les  tremblemens 
de  terre  ,  atteftent  fon  exiftence  :  on  en  eft 
convaincu  quand  on  defcend  avec  un  ther- 
mopietre  dans  des  puits  profonds  ou  dans  des 
mines;  la  chaleur  femble  augmenter  a  mefure 
qu'on  s'Eloigne  de  la  furface.  Que  ce  feu 
exifte  en  mafte  au  centre  de  la  terre,  qu'il 
foit  univerfellement  repandu  dans  les  corps 
qu'elle  renferme  ;  qu'il  foit  developpe  par  le 
melange  &  la  collifion  de  certaines  matieres 
minerales  ;  ce  font  des  queftions  etrangeres 
a  mon  objet;  &  il  fuffit  de  ne  pouvoit  douter 
de  la  prefence  de  cet  agent  puiflant  dans  Tin- 
terieur  du  globe. 

Ce  fluide  tend  continuellement  a  requlli- 
J>re;  il  abandonne  les  corps  oii  il  eft  accu- 
jnule,  pour  fe  porter  dans  ceux  qui  en  con- 
jtiennent  une  moindre  quantite;  de-la  fans 
doute  provient  ce  mouvement  univerfel  qui 
opere  fans  ceffe  la  deftruftion  &  la  repro- 
,dudion. 

Une  portion  des  corps  fe  detache  fans  cefie 
de  leur  mafle ;  ils  eprouvent  une  diminution 
qui  eft  fur-tout  tres-fenfible  dans  les  fluides. 
Les  parties  qui  s'en  feparent,  s'elevent  dans 
I'athmofphere;  elles  vont  par  difF^rentes  com- 
binaifons  y  former  les  met^ores ,  &  fe  meler 
^  I'air  pour  fe  reporter  avec  Uii  fur  la  terre, 


D  E    Dijon,  1^84.  169 

&  fournir  a  la  vegetation  &  a  raccroiffement, 
Tel  eft  le  mechanilme  &  telles  font  l>es  fuites 
de  Vivaporation.  Celle-ci  augmente  conlidera- 
blement  par  la  chaleur,  parce  que  le  mou- 
vement  des  particules  ignees  facilite  la  repa- 
ration de  celles  de  Teau  ;  &  quand  I'adion 
du  foleil,oii  celle  d'un  vent  chaud,  s'unit  a 
celle  du  feu  interieur,  on  pent  les  voir  s'ele- 
ver  au  deffus  d'uae  prairie,  d'un  lac  ou  d'une 
riviere. 

L'evaporation  paroit  interrompue  par  de 
fortes  gelees ,  quoiqu'elle  ne  foit  alors  quaf- 
foiblk  ,  puifqu'il  eft  prouve  que  la  glace  elle- 
meme  perd  beaucoup  de  fon  poids.  Des  que 
la  gelee  cefle,  l'evaporation  s'accroit  avec  la 
chaleur  :  nous  en  pouvons  juger  par  Vhumi- 
dite  qui  regne  pendant  un  degel.  Plus  le  feu 
a  ete  retenu ,  plus  fon  aftion  devient  forte 
quand  il  eft  libre  :  accumule  &  concentre, 
il  s'echappe  avec  une  violence  proportion- 
nelle  aux  obftacles  &  au  temps  pendant  le- 
quel  il  a  ete  captif. 

Ces  principes  pofes  ,  rappellons-nous  la 
temperature  qui  regnoit  au  mois  de  Novembre 
dernier.  Quelqiies  gelees  foibles  avoient  ete 
fuivies  de  pluies  qui  prouverent  une  dimi- 
nution de  froid ;  a  ct^  pluies  fuccederent  de 
nouvelles  gelees  aflez  fortes  pendant  la  nuit, 
mais  infenfibles  pendant  le  jour ,  a  caufe  de 
I'apparition  du  foleil.  Les  premieres  gelees 
avoient  refferr^  les  pores  de  la  terre  ,  & 
forme  autour  d'elle  une  croute  capable  d'i  n-, 
Jercepter  les  emanation?,  du  feu  interi  eujf 


lyO  ACADEMIE 

niais  quand  les  pluies  eurent  amene  line  tem- 
perature plus  douce  ,  Teiiveloppe  glacee  fut 
detruite;  Tevaporation  devint  abondante,foit 
en  raifon  du  feu  interieur  qui  cherchoit  avec 
avidite  a  fe  mettre  en  equilibre  avec  celui 
de  i'athmofphere ,  foit  auffi  en  raifon  de  la 
plus  grande  quantite  d'eau  dont  la  terre  fe 
trouva  pour  lors  impregnee. 

Or ,  les  emanations  ignees  entrainent ,  en 
s'echappant,  une  grande  quantite  de  vapeurs 
aqueufes ,  quand  elles  traverfent  un  milieu 
qui  en  eft  charge.  D\m  autre  cote ,  la  dila- 
tation &  la  rarefaftion  de  Fair  interieur,  ope- 
rees  par  le  mouvement  du  fluide  igne,  obli- 
gent  ces  vapeurs  a  fe  porter  avec  rapidite 
dans  Tathmofphere  :  elles  fortent  en  foule  de 
la  terre,  &  s'elevent  a  travers  fes  pores  en 
colonnes  ou  gerbes  dont  le  diametre  eft  pro- 
portionne  a  celui  des  conduits  qu'elles  par- 
courent.  Si  au  moment  de  leur  fuite,  elles 
font  furprifes  par  un  froid  fabit ;  ft  en  tra- 
verfant  les  canaux  qui  leur  fervent  de  che- 
minees ,  elles  en  trouvent  les  parois  inte- 
rieures  plus  froides  ;  alors  elles  fe  glacent 
avec  la  plus  grande  promptitude ,  le  contaft 
de  I'air  les  condenfe  tout-a-coup ,  les  partt- 
cules  de  feu  qu'elles  contenoient  les  aban- 
donnent,  &  elles  forment  des  corps  folides 
&  glaces. 

Elles  fe  cryftallifent  en  filets  fepares  parce 
qn'elles  s'echappoient  comme  des  filets  pac 
les  pores  de  la  terre ;  &  on  y  remarque  de^ 
aiguilles  pyramidales  ,  parce  que  c'eft  ainM 
qi^e  c^pimence  la  congellauon  de  Teau, 


D  E    Dijon,  iyF4.  171 

C'eft  ce  qui  arriva  dans  le  cas  dont  il  s'a- 
git;  les  pluies  entr'ouvrirent  les  pores  de  la 
terre  glacee,faciliterent  Temanation  du  tluide 
igne  ,  &  fournirent  a  I'evaporation ;  mais  la 
temperature  ayant  change  de  maniere  a  ne 
pas  geler  tout-a-coup  la  terre  ,  les  vapeurs 
qui  s'elevoient  de  fon  interieur  echaufFe,  fu- 
rent  glacees  a  leur  fortie  par  le  contaft  d  un 
air  (roid ,  &  elles  le  furent  precifement  dans 
la  forme  qu'elles  avoient  en  s'elevant,  c'eil- 
a-dire,  en  colonnes  ou  filets.  Cette  expli- 
cation paroit  {\  vraifemblable  ,  que  j'obfervai 
que  la  terre  etoit  criblee  d'une  infinite  de 
petits  trous  &  couverte  de  petites  inegalites  : 
chaque  trou  etoit  la  bafe  d'une  aiguille  ou 
filet  de  glace. 

Les  colonnes  de  vapeurs  etolent  compo- 
fees  d'une  multitude  de  globules  dont  Tex- 
treme  tenuite  facilitoit  la  fuite  des  particules 
ignees ;  car  on  fait  avec  quelle  promptitude 
la  matiere  du  feu  abandonne  les  petits  corps. 
Les  Phyficiens  nous  apprennent  qu'un  fil  de 
metal  chaufFe  jufqu'au  point  de  rougir  &  d'en- 
tr%-  en  fufion ,  fe  refroidit  en  deux  fecondes  li 
on  le  balance  en  Tair  :  a  plus  forte  raifon 
des  vapeurs  rar6fi6es  &  tres  -  diviiibles  doi- 
vent-elles  fe  refroidir  d'une  maniere  fubite  , 
fi  elles  paffent  dans  un  milieu  prefqu'entie- 
rement  depouill^  de  feu.  11  fe  fait  une  eva- 
poration tres-prompte  de  celui  qu'elles  con- 
tiennent ,  parce  qu'il  fe  met  en  equilibre  avec 
celui  qui  refte  dans  I'air  exterieur ;  &  faifies 
^e  tous  59t^s,  ne  pouyant  percer  ime  athmofa 


'IJI  ACADEMIE 

phere  extremement  condenfee,  elles  fe  trou- 
vent  en  iin  inftant  fixees  de  toutes  parts. 

Cell  ainfi  qu'il  me  paroit  que  le  forme  la 
glace  a  filets  :  je  vais  examiner  aftueilement 
comment  ceux-ci  ont  pu  I'oulever  la  terre 
&:  les  pierres ,  &  pourqaoi  ils  font  difpofes 
par  couches  ou  etagcs  de  hauteur  inegale. 

Si  apres  la  temperature  qui  a  excite  le 
mouvement  du  fluide  igne  &  determine  I'ema- 
nation  des  vapeurs,  I'air  de  I'athmofphere  fe 
refroidit  tout- a -coup,  il  communique  a  la, 
fuperficie  de  la  terre  le  froid  qu'il  porte ,  & 
y  penetre  plus  ou  moins.  La  chaleur  inteftine 
force  les  vapeurs  a  s'elever;  mais  celles-ci 
arrivees  a  cette  partie  de  la  fuperficie  qui  eft 
deja  frappee  par  le  froid  exterieur ,  y  font 
tout-a-coup  arretees  &  glacees ,  le  premier, 
Jiratum  ou  lit  de  filets  fe  forme. 

Ces  vapeurs  transformees  en  glace  ,  aus;-; 
mentent  alors  de  volume ;  la  fituation  per- 
pendiculaire  des  filets  leur  donne  une  force 
qui  s'accroit  encore  par  leur  multitude.  Le 
mouvement  interieur  continuant  toujours  an 
deflbus,  les  emanations  ont  aufli  toujours  lieu, 
&  une  colonne  de  vapeurs  frappant  la  bafe  de 
rautre,fe  gele  a  fon  tour,  &  la  force  a  s'e-: 
lever. 

Ainfi  I'augmentation  du  volume  de  Teau 
changee  en  glace ,  &  la  formation  d'un  filet 
fous  un  autre,  occafionnent  un  accroiffement 
&  un  effort  confiderable ,  tel  que  celui  do. 
I'eau  qui ,  contenue  dans  un  vafe  ,  le  fait 
sclater  lorfqu'elle  eft  gelee.  La  terre  eft  ^i^ 


b  E    Dijon;  TyS^.  'jy^ 

Vafe  de  nos  filets  glacis,  elle  doit  necef- 
fairement  ceder  a  leur  expanfion  ;  mais  la 
partie  inferieure  ofFrant  line  refiftance  que 
I'efFort  de  la  glace  ne  pent  vaincre,  il  fe  porte 
tout  entier  vers  le  haut,  &  fouleve  de  cette 
manlere,  le  fable,  les  pierres,  la  terre ,  les 
plantes  de  la  fuperficie ;  &  c'eft  ainfi  que  s'e- 
leve  infenfiblement  une  voute  foutenue  fur 
des  colonnes  de  glace. 

Les  couches,  comme  Ta  obferv^  M.  Def- 
mareft,  fe  forment  pardeffous,&  chacune  fou- 
leve fuccefTivement  celle  qui  eil  au  deffus  ; 
cet  efFet  s'opere  par  le  meme  precede  que 
le  premier. 

Mais ,  dira-t-on  peut-etre  ,  pourquoi  Tacf- 
Croiffement  des  filets  n'efl-il  pas  uniforme? 
pourquoi  ces  feparations  en  lits  ou  etages  dif- 
tinfts?  Je  reponds  a  cela  que  chaque  aigniile 
perpendiculaire  qui  vient  fe  former  fous  la 
bafe  de  Tautre,  ne  s'y  place  pas  d'une  ma- 
niere  exadement  correfpondante;  elle  adhere 
fouvent  a  un  angle ,  plufieurs  fe  reuniflenc 
ainfi,  &  ofFrent  bientot,  par  leur  multitude, 
un  nouveau  rang  fous  le  premier.  Mais  la 
principale  raifon  de  la  diftin<5tion  des  cou- 
ches ,  c'eft  le  commencement  de  fonte  que 
la  chaleur  du  jour  opere  fur  les  filets  glaces. 
Lorfque  le  foleil  perce  TepaifTeur  des  nuages  , 
ou  que  la  temperature  devient  plus  douce 
au  milieu  du  jour ,  alors  la  terre  s'echaufFe 
un  peu  ,  la  bafe  des  colonnes  ou  filets  com- 
mence a  fe  fondre  de  maniere  que  la  furfacs 
de  la  terre  fe  trouve  bientot  convene  pai; 


T74  A   C  A  D  E   M  I  E 

I'eau  qui  en  provient.  Mais  cette  fonte  n© 
pouvant  s'achever,  la  retraite  du  foleil  &  le 
froid  de  la  nuit  changent  bientot  ce  lit  hu- 
mide  tn  verglas  :  fous  celui-ci  viennent  fe 
placer  de  nouveaux  filets ,  qui  peut-etre  fe- 
ront  expofes  le  lendemain  a  un  inftant  de 
fonte, &  formeront  ainfi  fucceffivement  divers 
Stages  de  colonnes,  qui  feront  fepares  par 
des  couches  de  glace  horizontale. 

Si  Ton  fe  rappelle  que  j'ai  dit  que  les  jours 
oil  j'ai  obferve  cette  glace,  etoient  beaucoup 
moins  froids  que  les  nuits ,  on  fentira  la  ve- 
rite  de  cette  explication.  11  s'enfuit  que  les 
difterentes  couches  font  dues  aux  alternatives 
du  froid  &  de  la  chaleur;  &  que  quand  le 
froid  fe  foutient  ou  va  en  auamentant ,  I'ac- 
croiffement  des  filets  efl  beaucoup  mcins  fen- 
fible. 

J'ai  remarque  que  ces  etages  diminuoient 
de  hauteur  a  mefure  qu'ils  etoient  plus  rap- 
proches  de  la  terre  ,  &  que  les  fuperieurs 
etoient  compofes  de  colonnes  plus  grofles  & 
plus  elev^es.  II  paroit  que  cette  difference 
provient  de  ce  que  les  vapeurs  qui  ont  forme 
les  filets  desderniers,  avoient  plus  de  liberte 
pour  s'elever,  &  qu'elles  etoient  plus  abon-  \ 
dantes.  La  hauteur  des  fuivans  doit  diminuer, 
foit  parce  que  la  refiflance  du  poids  a  fou- 
lever  augmente ;  foit  parce  que  le  froid  pe- 
netre  peu  a  peu  a  une  plus  grande  profon- 
deur ,  durcit  la  furface  de  la  terre ,  &  arrete 
fa  tranfpiration.  Les  filets  inferieurs  font  tons 
extremement  minces  &  fort  courts ,  parce 


D  E   D  1 1  o  n;  /j.?^:       ^7j 

que  les  vapeiirs  y  font  faifies  &  glacees  avec 
la  plus  grande  rapidite ,  avant  qu'elles  aient 
eu  le  temps  de  fe  reunir  en  faifceaux  plus 
^pais. 

Un  grand  nombre  de  filets  reflemblent  , 
comme  je  Tai  dit,a  de  petites  fleches  lancees 
de  bas  en  haut ,  &  adherentes  a  la  couche 
fuperieure  par  leurs  pointes ;  &  il  eft  certain 
que  les  colonnes  les  plus  groffes  ne  font  que 
des  amas  d'aiguilles  appliquees  les  unes  fur 
les  autres,  qui  forment  ainli  une  maffe  ftriee. 
.La  configuration  de  ces  aiguilles  nous  indi- 
que  la  caufe  de  la  fenfation  douloureufe  que 
le  froid  nous  fait  eprouver.  Les  vapeurs  cryf- 
tallifees  en  pointes  d'une  fineffe  extreme , 
s'infinuent  comme  autant  de  coins  dans  les 
pores  des  corps,  elles  s'y  fixent  &  les  dechi- 
rent-  Les  Navigateurs  qui  fe  font  avances 
ibus  les  poles ,  nous  apprennent  qu'on  s'y 
trouve  quelquefois  plonge  dans  des  brouil- 
lards  charges  d'une  multitude  de  petites  fie-  • 
ches  glaciales  qui  s'accrochent  aux  habits  , 
aux  cheveux ,  &c.  &  qui  nous  donnent  une 
idee  bien  claire  de  la  formation  des  notres. 

Si  I'efpece  de  glace  dont  il  s'agit  dans  ce 
Memoire  ,  n'eft  pas  egaleraent  repandue  dans 
les  lieux  ou  on  I'apper^oit;  fi  elle  eft  parti- 
culiere  a  de  certaines  contrees,  on  doit  I'atr 
tribuer  a  la  contexture  &  a  la  forme  des  par- 
ties qui  y  conftituent  la  terre  vegetale.  Celle 
qui  efl  compofee  de  d^trimens  granitiques , 
facilite  extremement  I'evaporation,  mais  une 
terre  argilleufe  I'augmente  beaugoup  ,   elle 


I76  A   C   A   D   E   M   I  fi 

retient  les  eaux ,  &  les  empeche  de  filtrer ; 
aufU  ofFre-t-elle  des  filets  plus  eleves  que 
toute  autre  terre.  A  Chatenai,  elle  a  la  pro- 
pri^te  de  (e  gonfler  dans  I'eau,  de  s'y  diffoudre 
avec  facilit^,  &  pendant  la  diffolution  elle 
laiffe  echapper  une  multitude  de  bulks  d'air. 
Le  gonflement  occafionne  une  dilalatioa  ,  une 
ouverture  de  pores,  qui  facilitent  Ic;  dega- 
gement  du  fluids  ign^  ,  de  Tair  &  des  va- 
peurs(  1  ). 

II  fuit  de  tout  ce  que  j'ai  dit ,  qu'il  parolt 
que  la  formation  de  la  glace  a  filets  a  pour 
caufe  Tevaporation,  &  qu'un  commencement 
de  fonte ,  fuivi  d'une  petite  gelee ,  occafionne 
la  difference  des  couches  ou  etages  de  ces 
filets.  Cette  theorie  fimple  peut  fournir  I'ex- 
plication  d'un  grand  nombre  de  faits  tres- 
remarquables  dans  I'hiftoire  naturelle  du 
globe. 

En  creufant  la  terre  fous  le  cercle  polaire 
a  plufieurs  pieds,  on  ne  rencontre  que  de  la 
glace  plus  dure  que  du  marbre.  Le  degel  ne 


( I  )  Toutes  les  argilles ne  fe  gonflent  pas,  mais  toutes 
fe  difTolvent  :  celle  de  Chatenai,  au  lieu  dont  il  s'agitj 
eft  celle  que  Linne  appelle  argilla  intumejcen^  ,  mixta  , 
arenacea  y  aquam  retinens,  &c.  II  y  a  des  endroits  oil 
Targille  de  cette  efpece  eft  gonflee  fi  fort ,  que  lorfqu'elle 
vient  a  fe  fecher ,  elle  fe  retire  en  laiftant  une  efpece 
de-  croute.  Celle-ci  s'affaifle  aifement.  Vallerius  ,  Mine- 
ralogie,  pag.  35,  dit  qu'on  en  trouve  beaucoup  en 
Dalecarlie  &  dans  le  Nont-Land,  &  qu'on  a  vu  des 
perfonnes  s'y  enfoncer ,  &  meme  s'y  perdre  &  perir^ 
patce  que  Tcau  feJQurne  au  fond, 

s'etend 


O    E      D    I    T    O    N,    ly^do  177 

t'*^teilcl  jamais  qu'a  la  premiere  coiiche  de 
terre ,  &  le  iol  i'emble  s'elever  toutes  les  an* 
nees.  On  apper^oit  de  grands  rapports  entre 
ces  couches  de  glace  intericure  &  celles  de 
nos  filets  perpendiculaires ,  &  on  foupconne 
bientot  que  I'^levation  dii  Ibl  n'ell  produite 
que  par  raugmentation  des  couches  de  la 
glace  cachee  dans  le  fein  de  la  terre  (i).  Les 
Voyageiirs  nous  difent  que  les  terres  an 
Spitxberg  paroiffent  comme  une  multitude  de 
petites  moutagnes  aigues  qui  croiffent  a  vue 
d'oeil ,   &  que  les   Matelots   en   decouvrent 

.    tous  les  ans  de  nouvelles,  &  les  attribuent 
a  des  amas  de  pierres  &  de  graviers  reunis 

I   par  les  vents. 

Cette  explication  des  Matelots  ne  fatisfera 
certainement  perfonne  ,  mais  on  prelumera 
avec  beauGOUp  plus  de  Vraifemblance  que 
ces  petltes  montagnes  doivcnt  leur  accroif- 
fement  k  celui  des  glaces  interieures.  Sup- 
pol'ons  en  efFet.  quelques  pierres  reunies  par 
le  hazard  ,  que  les  neiges  oil  les  pluies  pe- 
netrent  la  terre  d'humidite,  &  qu'il  iurvienne 
une  gelee ;  alors  la  terre  fcra  foulevee  par 
Texpanfion  de  I'eau  convertie  en  glace;  que 
fi  cet  eiiet  arrive  piufieurs  fois  ,  Faccroif- 
fement  deviendra  feniibie  ;  il  le  fera  bieti 
plus  fortement  dans  ces  trill>.^s  contrees  oil 


(1  )  Cette  augmemation*  s'opere  par  la  fonte  des 
neiges  tombees  fur  la  terre,  &  qui  penetrent  dans  fon 
fein. 

M 


lyS  A    C    A    D    E    M   I   E 

les  rayons  du  folell  font  fl  foibles  ,  &  ou 
le  degel  ne  peut  qu'etre  fiiperficiel.  C'eft 
ainfi  que  des  petits  effets  on  peut  remonter 
aux  grands;  &  plus  I'on  obferve ,  plus  Ton 
devient  convaincu  que  la  nature  ne  nous 
montre  rien  qui  ne  foit  digne  de  notre  ad- 
miration &  de  nos  recherches. 


M  £   M  O  I  R  E 

5  UR  torigine  des  glaces  que  les  fleuves 
&  les  grandes  rivieres  charie.nt  dans  U 
temps  des  fortes  gelees. 

Par  M.  God  art. 


L 


A  grande  quantlte  de  glagons  qu'on  volt 
paffer  fur  les  rivieres  dans  le  temps  de  fortes 
gelees,  fur -tout  lorfqu'elles  font  de  duree  ; 
la  promptitude  de  la  congelation  des  fleuves, 
fi  le  froid  deja  apre  ,  vlent  a  augmenter; 
nombre  de  glaces  confiderables-,  que  les  Ma- 
telots,  Meuniers,  Foulons,  Papetiers,&  au- 
tres  perfonnes  qui  frequentent  les  rivieres, 
atteftent  fentir  avec  leurs  perches,  &  meme 
p.ppercevoir  a  I'oeil  au  fond  des  fleuves  & 
des  rivieres  ;  enfin ,  quantite  de  gla^ons  que 
I'on  voit  continuellement  venir  du  fond  jaillir 
8f  s'elancer  de  leur  furface,  ont  porte  le  peu- 
ple  ,  &  meme  des  Savans ,  a  croire  que  le$ 


D  E    Dijon,  1^84:  179 

^l^ijiens  de  cQtte  croute  glaciale  ,  dont  les 
rivieres  &  les  fleiives  fe  coiivrent  dans  les 
hivers  rigoureux  ,  font  fournis  par  le  fond 
de  leur  lit;  que  le  froid  y  eft  porte  par  les 
molecules  d'cau  refroidies  a  la  fuperficie,  &, 
qui,  par  le  mouvement  qu'elles  recoivent  da 
courant ,  font  pouffees  au  fond  ,  &  y  glacent 
\qs  portions  d'eaux  arretees  &  comme  tran- 
qailles  dans  les  enfoncemens  &  les  cavites  dii 
terrein  fur  lequel  le  fleuve  roule  (as  eaux. 

Le  celebre  Halks  ^  entr'autres  ,  eft  de  ce 
fentiment(i),  &  il  I'appuie,  n.  j  ,  de  Tobfer- 
vation  de  Plott,  qui,  dans  fon  Hiftoire  de  la 
Province  d'Oxfort,  dit  avoir  remarque  que 
les  rivieres  commencent  a  fe  geler  par  le  fond; 
que  les  Pccheurs  &  \qs  gens  qui  habitant  la 
Tamife  ,  affurent  la  meme  chofe;  qu'ils  (en^ 
tent  &  touchent  avec  leurs  perches  la  glace 
au  fond  de  I'eau ,  quelques  jours  avant  que 
la  furface  de  la  Tamife  ne  fe  gele ;  qu'ils  la 
voient  monter ,  en  prcfentant  le  cote,  avec 
line  telle  vitefl'e ,  qu'elle  fe  caffe  &  s'eleve 
d'un  demi-pied,  &  fouvent  d'un  pied  au  deiTus 
de  I'eau. 

Enfuit-e  de  cette  obfervatlon ,  HalUs  afTure, 
n°'.  2  &  3  ,  avoir  vu  a  Tabreuvoir  de  la  Vills 
de  Teddington  ,  deux  glaces  qui ,  reunies  au 
bord ,  fe  feparoient  Tune  de  I'autre  en  avan- 
cant  dans  le  lit  de  la  riviere  ,  dont  Tinfe- 
rieure  fpongieufe  adheroit  au  fond  ,  I'autre 


;    (  I  )  Statique  des  vegetaux  appendice  ,  obfei  v.  XII4 

M  ii 


iSo  A   G  A  D  E   M   I   E 

plus  denfe  couvroit  la  fuperficie ;  le  thermo- 
metre  etoit  a  12  degres  an  defTous  de  o,  & 
le  temps  neigeux  (  i  )  ;&  il  attribue  cetfe  af- 
cenfion  des  glaces  du  fond  a  la  rigueiir  du 
froid,  qui  les  tumefiant,  augmente  leur  lege- 
rete  Ipecifique  ,  au  point  qu'on  les  voit  em- 
mener  avec  elles  du  fable  ,  des  pierres  ,  & 
meme  les  engins  des  pecheurs  ,  retenus  au 
fond  de  Teau  par  des  poids  qui  leur  font  at- 
taches. 

Puis,  n.  4 ,  il  donne,  comme  en  paflant, 
la  neige  tombant  au  fond  de  I'eau,  pour  une 
des  caufes  de  Taugmentatlon  du  froid,  &  par 
la  faire  mieux  comprendre,  n.  5  ,  que  le  me- 
lange de  i'eau  refroidie  a  la  fuperficie  avec 
celle  du  fond  ,  rend  la  temperature  des  ri- 
vieres a  peu  pr^s  uniforme  dans  toute  leur 
profondeur  ;  d'oii  il  infere  qu'elles  doivent 
commencer  a  glacer  par  le  fond  ;  parce  que 
I'eau  etant  egalement  froide  par-tout  ,  il  y  a 
jnoins  de  mouvement  dans  le  fond  des  ri- 
vieres qu'a  la  fuperficie ;  ce  qu'il  confirme 
par  fon  obfervation  de  I'abreuvoir  de  Ted- 
dington ,  dontklz.  furface  etoit  glacee  en  meme 
temps  que   le  fond,   parce   qu'il  n'y  avoit 


(  I  )  Le  thermometre  dont  s'eft  fervi  Halles ,  differe 
de  celui  de  Reauinur,  car  il  ne  tombe  plus  un  pouce 
de  neige  la  nuit ,  lorfque  le  froid  eft  parvenu  a  -j^  de 
Techelle  de  Reaumur  ;  a  tel  deg-.e  de  froid  on  obferve 
feuieir.ent  des  ctoiles  glaciales  ,  qui  flottent  par  ci  par 
Ja,  li  la  gelee  uirprend  I'liiimidite  ;  ou  de  la  neige  en 
forme  de  graine  d'anis,  de  coriandie  ,  fi  I'humidite  fur- 
prend  la  gelee. 


D  E    Dijon,   tyS4.  181 

qu'im  courant  pen  fenlible  dans  cet  en- 
droit  ,  tandis  qifailleurs  oil  le  mouvement 
^toit  plus  grand  ,  la  fuperficie  n'etoit  point 
glac^e  :  ainli ,  en  faifant  concoiirk  le  repos 
&  le  froid  a  la  produ^ftion  de  la  glace,  il  rend 
raifon  ,  n^.  6,  pourquoi  les  eaux  courantes 
commencent  a  geler  par  leur  fond,  &  jamais 
celles  des  etangs,  des  mares,  des  trous  de 
lit  de  rivieres,  des  petites  bales  n*^.  7,  &  aii- 
tres  lieux,  oil  le  courant  ne  communique 
aucun  mouvement  capable  d'y  introduire  de 
Teau  refroidie  de  la  fuperhcie. 

L'Abbe  Nollet ,   qui   poffedoit   fi  bien    les 
loix  de  la  nature,  &  dont  I'efprit  avoit  con- 
trade  rhabitude  de  ne  prononcer  qu'apres 
I'experience,  fentoit  que  les  chol'es  n'alloient 
pas  ainfi;  &  dans  un  Memoire  qu'ii  prefenta 
a  I'Academie  Royale  des  Sciences  en  1753, 
il  combat  cette  opinion,  en  faiCant  obferver 
que  la  difference  entre   la   congelation   des 
eaux  courantes  d'avec  celle   des  eaux  dor- 
mantes,  ne  git  que  dans  la  neceflite  du  plus 
grand  froid  pour  geler  les  premieres,  a  rai- 
fon du  mouvement  refpedif  de  leurs  mole- 
cules ;   &  s'etant  affure   par  le  thermometre 
que  le  froid  loin  d'etre  plus  fort  au  fond  des 
rivieres  qu'a  la  fuperficle ,  dans  le  temps  de 
gelee  y  etoit  moindre ,  il  n'a  pas  doute  que 
les  eaux  courantes  ne  commencaifent,  comme 
les  tranquilles,  a  geler  par  la  fuperficle;  ce 
qii'il  a  meme  demontre  a  I'oeil,  en  Indiquant 
les  endroits  calmes  de  la  furface  des  rivieres 
pendant  le  regne  des  fortes  gelees. 

M  ilj 


iSl  A    C   A   D  E   M  I  E 

Apr^s  ce  raifonnement  fi  fimple,  fonde  fur 
des  principes  incontertables,  &  Ibutenu  d'ob- 
fervations  auxqiielles  il  n'y  a  rien  a  oppo- 
fer.  11  femble  que  le  fait  devroit  etre  de- 
cide, &  mis  ail  rang  des  verites  phyfiques  j 
cependant  il  s'en  faut  de  beaucoup.  M.  Dcf- 
inarejl  eft  vena  tout  rccemment  impugner  le 
ientiment  de  ce  grand  Phj^ficien  par  de  nou- 
velles  oblervations  qui  paroiffcnt  retablir 
Tancienne  opinion,  &  par  lefquelles  il  pre- 
tend, a  fon  tour,  montrer  a  Tceil  la  maniere 
dont  \ts  glaces  fe  forment  au  fond  des  ri- 
vieres. 

Ce  Savant ,  dans  le  precis  d'un  Memoire 
lu  a  la  feance  publique  de  la  meme  Acade- 
mic, le  14  Avril  1781 ,  infere  dans  le  Journal 
de  M'.  I'Abbe  Rofier,  torn.  22,  pag.  50,  af- 
fure  avoir  appercu  le  long  des  bords  de  la 
riviere  de  Reome  ,  a  environ  deux  a  trois 
pieds  de  profondeur  fous  I'eau,  des  glacons 
dont  il  detacha  des  morceaux  avec  un  pic , 
qui  fe  trouverent  d'une  ftruOure  cellulaire 
par  les  grains  de  fable  qu'ils  renfermoient ; 
Je  froid  erant  alors  de  6  a  7  degres  au  deffous 
de  zero. Que  le  lendemain  ces  amas  de  glacons 
etoient  agrandis  ,  &  qu'il  en  vit  d'autres  qui 
commencoient  a  fe  former  fur  plufieurs  au- 
tres  parties  du  fond ,  &  meme  au  milieu  du 
lit  oil  le  courant  etoit  le  plus  rapide  ;  de 
forte  que  les  jours  fuivans  ils  revetiffoient 
prefqu'entierement  le  fond  &  les  bords  du 
canal  qui  conduit  &  diftribue ,  fur  les  diffe- 
reatcs  roues  du  moiilin  a  papier  de  M".  de 


D  E    Dijon,  i^S^.         iSy 

Mongolfier,  I'eau  de  la  riviere  fouteniie  par 
une  digue. 

Ce  confllt  entre  les  obfervations  de  Savans 
aufli  diftingues ,  rend  la  dircufTion  de  ce  fait 
bien  importante  ,  &  -c'ell:  ce  qui  m'a  deter- 
mine a  y  reflechir  avec  toute  Tattention  dont 
)e  luis  capable,  &  a  faire  quelques  experien- 
ces &  obfervations  dont  voici  le  journal. 

Journal  cT Obfervations  medorolo^iqucs  rda" 
lives  a.  ce  Me/noire.   1 78  3. 

Le  3  I  Decembre ,  a  fix  heures  dii 
matin  ,  le  thermometre  de  Reaumur 

etoit  a —19. 

&a  77  heure ~I9  7' 

Je  penfe  etre  le  premier  qui  ait  annonce , 
&  cela  d'apres  quinze  annees  d'experience , 
que  le  thermom.etre  baifTe  au  lever  du  foleil: 
(  V.  Differtat.  fur  les  Antifept.  p.  JoS).  Au  mo- 
ment que  le  thermometre  etoit  baifTe  jufqu^a 
—  197,  j'ai  place  une  bouteille  remplie  d'eau, 
a  3  pieds  de  profondeur,  dans  un  canal  qui 
roule  les  eaux  afTez  doucement^  &  le  mer- 
cure  pendant  tout  ce  jour  n'efl  pas  remonte 
au  delTus  de  —15,  i7  etoit  meme  a  9  heures 
du  loir  redefcendu  a  —18. 

Le  froid  fut  li  rigoureux  pendant  tout  ce 
jour ,  que  les  rivieres  &  les  moulins  ne  cef- 
ferent  de  fumer  ,  &  lorfqu'on  ouvroit  les 
portes  des  appartemens  habites  qui  commu- 
niquoient  avec  I'air  exterieur ,  il  en  fortoit 

M  iv 


184  ACADEMIE 

un  bronillard  neigeux  ,  011  nne  vapeur  trhs- 
denie ,  trci-epaille ,  par  Vantlplriftajc  des  an- 
ciens ,  dont  la  caufe  eft  connue  aiijoiird'hiii, 
fur -tout  depuis-  le  Memoire  de  M.  Leroy, 
annexe  a  ceiix  de  rAcademie  Royale  des 
Sciences  de  Paris,  175 1. 

Le  lendemain  i*-'".  Janvier  I7<S4,  a  la  meme 
heiire  dv.  ir.atin  ,  le  therrriometre  s'cft  trouve 
a  —  1 1  ,  &  la  bouteille  retiree  du  canal,  dent 
jl  fallut  rompre  la  glace  qui  la  recouvroit 
entierement,  ainfi  qu'on  ravoit  fait  pour  Ty 
placer,  n'avoit  pas  fon  eaii  gelee. 

Le  !2  Janvier  j'ai  joint  un  thermometre  de 
Reaumur  a  cette  bouteille ,  fur  la  foiree. 

Le  13  au  rnatin  ,  le  thermometre  a  I'air 
marquoJt  .  .  .    —7  \,  Celui  dans  I'eau       o. 

*^^    1 0»     •    •    •     »     ■""  \  •  ••••••••        ""I '  I  • 

Le  20.  tems  nei.— I  7 +2. 

Le  21.  neige.    —2 +1  t« 

Le  22.  neige.    —3 +1. 

Le  27.  temps  beau  interrompu. 

-  —6 -{-I. 

Le  29 —7^ o. 

Le  3  o —II.      » o. 

A  10  h.  dufoir.  —17. 

Le3i -13 O. 

Le  3  fev.  a  min.— 1 5  J. 

Le4.  le  matin.  -10.       . O. 

Le  5 ,  6  ,  7  ,  8  ,  u  ,  12  ,  neige  fur  neige, 
^ -i +1. 


c 


D  E    Dijon,  i^^^.  i8j 

U eau  de  la  bouteille  ne  s'eft  trouvee  gla- 
^e  clans  aiicune  de  ces  obfervations ,  quoi- 
que  le  froid  fiit  parvenu  jiifqu'a  1^7,   17  &    , 
meme  18  dee;rds  an  dcffous  de  zero. 

II  eft  pourtant  vrai  que  je  n'ai  pas  6te  I'exa- 
iTjiner ,  ni  a  neuf  heures  ,  ni  a  dix  heures  dii 
foir ,  ni  a  minnit,  fon  emplacement  etant  hors 
ville  ;  mais  fans  doute  que  fi  fon  eau  avoit 
^te  gelee  a  ces  heures  ,  elle  ne  fe  feroit  pas 
trouvee  degelee  le  matin  ,  vu  qu'au  jour  le 
thermometre  marquoit  encore  lOjJ'autre  n, 
le  troifieme  13  degres  an  deffous  de  zero,& 
qu'il  ne  pent  y  avoir  de  degela  pareille  froi- 
clure. 

Le  12  F^vrier  an  matin,  le  thermometre 
etant  a— 6^,,il  a  refte  tout  le  jour  a  — i  beau 
temps.  J'ai  place  Tapres-midi  une  de  ces  bou- 
teilleSjde  forme  longue ,  a  eau  de  lavande, 
dans  le  courant  de  notre  riviere,  a  un  pouce 
de  profondeur  &  a  I'ombre. 

Le  13  au  matin,  le  thermometre  etant  a 
— 7  {,  la  furface  de  I'eau  etoit  couverte  d'une 
glace  d'un  bon  tiers  dc  pouce  d'epaiffeur ,  & 
neanmoins  I'eau  de  la  bouteille  n'etoit  point 
gelee. 

Le  !4,  le  thermometre  etant  a  —7,  I'eau 
de  la  bouteille  com.me  le  jour  precedent. 

Un  autre  jour,  la  premiere  bouteille  ^tant 
ramenee  a  fleur  d'eau  du  canal ,  le  thermo- 
metre etant  a  —6  le  matin,  il  s'eft  forme  une 
glace  au  goulot,  d'environ  un  pouce  -d'epaif- 
feur ,  la  bouteille  etoit  felee ,  fon  eau  liquide. 
Le  17,  le  thermometre  etant  a  — 3  ^  ,  temps 
fombre,  il  n'eft  remont^  qu  a  —  i  pendant  ce 


l86  ACADEMIE 

jour.  A  neiif  lieiires  dii  matin,  j'ai  mis  deux 
morceaux  de  glace,  de  pres  de  deux  pouces 
d'epaifl'eur,  charges  de  pierre  a  un  quart  de 
pied  de  protondeur,  dans  la  riviere,  en  deux 
endroits  ditFerens,  Tun  oil  I'eau  etoit  pref- 
que  tranquille  ,  I'autre  dans  le  courant ;  a 
quatre  heures  apres  midi  ils  etoient  fondus. 

Le  meme  jour  au  foir,  j'ai  place  a  3  pieds 
de  profondeur,  dans  notre  canal,  un  chau- 
dron  plein  de  glaces  pareilles ,  recouvert  d'un 
linge  affujetti,  pour  empcchcr  les  glaces  d'en 
fortir.  Le  lendemain  matin  le  thermometrs 
marquoit  —  2^  degres  de  gelee,  neanmoins 
les  glaces  n'exiftoient  plus. 

J'ai  rempli  le  chaudron  une  feconde  fois; 
le  foleil  n'a  point  donne  pendant  la  journee  ; 
le  thermometre  le  lendemain  matin  etoit  a 
—  2,  les  glaces  avoient  difparu. 

J'ai  obtenu  le  meme  refultat  en  mettant , 
au  lieu  de  glacons ,  de  la  neige  dans  le  chau- 
dron. 

On  voit  par  ce  journal ;  que  le  thermo- 
metre ne  baiffe  jamais  au  deffous  de  zero  a 
3  pieds  de  profondeur;  que  Teau  d'une  bou- 
teille  y  a  conferve  fa  fluidite,quoique  le  ther« 
mometre  marquat  a  I'air  libre  — 18  de  tem- 
perature :  d'ou  il  eft  evident  que  les  glacons, 
qu'on  voit  au  fond  des  fleuves,  &  que  je  me 
fouviens  d'avoir  auffi  vu  au  fond  de  la  Meufe 
en  1748 ,  dans  un  endroit  oil  il  y  avoit  8  a 
10  pieds  d'eau ;  que  ces  glagons ,  dis-je ,  n'ont 
pas  pris  naiffance  dans  les  endroits  oil  on  les 
yoit,mais  qu'ils  y  font  venus  d'ailleurs.  Qu'efl- 


D  E    Dijon,  iyS4,  187 

ce  que  cela  fait  que  les  Bateliers  les  fentent 
quelques  joars  avant  que  la  Tamiie  le  prenne : 
il  faudroit,  pour  que  cela  prouvat  quelque 
chofe  ,  qu'ils  les  fentiffent  avant  qu'eile  ne 
chariat. 

Leur  brifure  prouve  encore  moins,pulfqiie 
flottans  dans  un  milieu  d'une  denlite  a  peu 
pres  egale  a  la  leur,  &  pouffc^s  par  le  tor- 
rent ,  ils  n'ont  pas  befoin  de  venir  de  bien 
bas  pour  fe  rencontrer  &  fe  brifer  par  leurs 
chocs  mutuels. 

Si  Ton  en  a  vu  s'elever  d'un  demi-pied, 
&  fouvent  d'un  pied  au  deffus  de  I'eau ,  ce 
h'efl:  certainement  pas  leur  legerete  fpecifique 
qui  leur  a  concilie  cette  viteffe ,  puifqu'eile 
n'efl  a  celle  de  I'eau  que  comme  8  eft  a  9 , 
(  I )  &  que  cette  difference  eft  trop  petite 
pour  produire  une  'acceleration  de  mouve- 
ment,  mais  parce  que  ces  glagons  venoient 
de  plus  haut ,  &  que  chemin  faifant ,  ils  ont 
ete  poufles  ,  foit  par  d'autres ,  foit  par  le 
torrent  meme  dans  le  fens  perpendiculaire , 
en  prefentant  le  cote  au  torrent. 

Cette  caufe  nous  difpenfe  afl'urement  de 
recourir  a  la  tumefaftion  de  la  glace  par  le 
froid  ,  pour  expliquer  Tenlevement  des  en- 
gins  des  pecheurs ,  quoique  retenus  au  fond 
par  des  pierres;  froid  d'ailleurs  gratuitement 
fuppofe ,  puifqu'il  eft  prouve  par  I'exp^rience 
du  thermometre  plonge  dans  I'eau,  que  la 


(i  )  Mufchenbrock,  Inftit.  phyfiq.  §.  939, 


if. 


l8?  ACADEMIE 

temperature  de  ce  fluide  dans  le  fond  des  ri- 
vieres ,  &c.  n'a  jamais  ete  au  delTous  dec;  ^ 
par  celles  dts  bouteilles  entoiirees  de  toute 
part  d'eau  refroidie,  tantot  dii  fond,  tantot 
de  la  fuperficie  du  canal,  ici  dans  un  endroit 
tranquille,  la  dans  le  courant  de  la  riviere, 
fans  que  I'eaii  ait  gele  dans  aucun  de  ces 
cas. 

D'apres  ces  faits ,  il  eft  certain  que  les  eaux 
courantes  ne  commencent  pas  a  geler  par  leur 
fond  ,  mais  qu'elles  fuivent  la  marche  des 
eaux  dormantes,  &  que  le  raifonnement  de 
Halles  deduit  du  concours  du  froid  &  du  re-  "^ 
pos ,  pour  rendre  raifon  de  la  pretendue  dif- 
ference a  cet  egard  ,  n'eft  point  folide ,  eft 
meme  appuye  fur  un  faux  allegue. 

II  s'enfuit  encore  que  fi  les  grands  enfon- 
cemens  contiennent  quelquefois  des  glaces  , 
&  jamais  les  petits  trous,  ce  n'eft  pas  parce 
que  I'eau  eft  calme  dans  ceux-ci ,  &  ne  par- 
ticipe  pas  au  mouvement  du  courant  que  I'eau 
refroidie  a  la  furface  y  introduiroit,  puifque, 
malgre  ce  calme ,  le  torrent  doit  par  fa  grande 
agitation  y  occafionner  un  melange  fuperfi- 
ciel  ,  qui  donneroit  au  moins  lieu  a  la  for- 
mation d'une  glace  de  quelques  lignes  d'epaif- 
feur;  ce  qui  pourtant  n'eft  pas,  puifqu'au  rap- 
port des  pecheurs,  ces  trous  fervent  de  re- 
traite  aux  poiflbns  en  temps  de  fortes  gelees, 
&  que  ces  retraites  leur  feroient  interdites, 
fi  les  entrees  de  ces  reduits  etoient  bouchees 
par  des  glaces. 

D'un  autre  coterie  melange  d'eau  refroidie 


D  E    Dijon,  77^4.  189 

3u  torrent  avec  celles  des  grandes  cavltes, 
ell  uii  obilacle  a  ce  que  ces  eaux  i'e  gelent , 
puifque  Tagiration  qui  acccmpagne  ce  me- 
lange,  doit  s'oppofer  a  la  formation  de  la 
glace ;  d'ou  j'intere  que  li  les  grandes  cavites 
des  lits  des  rivieres  fe  trouvent  tapiiiees  de 
glaces ,  &  non  pas  Ics  petites,  c'eft  parce 
que  les  grands  gla9ons  qui  font  les  feuls  ,  qui 
confervent  affez  de  mouvement  pour  etre 
precipites  contre  leur  legerete  fpecifique  juf- 
qu'au  fond  des  fleuves  ,  ne  peuvent ,  vii  leur 
grand  volume  ,  ni  entrer ,  ni  s'engager  dans 
les  petits  trous  ,  mais  feulement  dans  les 
grands. 

Ces  glagons  recevant  toutes  fortes  de  dl- 
reftions  compatibles  avec  celle  du  torrent  , 
al  n'y  a  rien  que  de  tres-naturel,  que  les  plus 
:  gros  foient  precipites  jufqu'au  fond  ,  que 
plufieurs  d'eux  s  y  engagent  ,  foit  parce 
qu'ils  font  enfables,  foit  parce  qu'ils  fe  trou- 
vent ferres  enrre  des  cailloux ,  ou  encases 
dans  les  inegalites  du  terrein  ,  ou  que  leur 
bouzin  s'eft  charge  de  fable,  de  terre,  de  gra- 
viers,dont  le  poids  fiirpaffe  leur  legerete  fpe- 
cifique ,  ce  qui  les  empeclie  de  remonter, 
tandis  que  quantite  d'autres,  vu  ce  petit  exces 
de  legerete  ,  ne  s'en  relevent  qu'apres  avoir 
long-temps  traine  fur  le  fond  qui  les  falit. 

Croiroit-on  que  cette  mal-propretd  du 
bouzin  eft  citee  en  faveur  de  Fopinion  que 
je  combats?  Elle  prouve  cependant  precife- 
ment  Toppofe.  En  effet,  fi  la  glace  s'^levoit 
du  fond  de  I'eau  repondant  a  Tendroit  de  fa 


ipO  ACADEMTE 

fortie ,  les  faletes  qu'on  y  remarqiie  ,  tien- 
droient  de  la  nature  de  ce  fond ,  oil  TAbb^ 
NoUet  a  remarque  tout  le  contraire.  »  Le  plus 
»  fouvent ,  dit-il ,  le  bouzin  m'a  paru  jaune 
ff  Si  rempli  de  fable,  tandis  que  le  fond  de 
»  la  riviere  que  je  faifois  fonder,  n'etoit  que 
»  de  la  vafe  a  des  diftances  aflez  confide- 
»  rabies. » 

D'ailleurs,  des  que  ces  fables  &  ces  terres 
falifl'ent  le  bouzin  ,  il  eft  certain  qu'ils  ne 
font  pas  geles;  &  s'ils  ne  le  font  pas,  com- 
ment peuvent-ils  done  fervir  de  matrice  aux 
glagons  flottans?  n'eft-il  pas  evident  que  ces 
glac^ons  flottoient  avant  d'etre  charges  de  fa- 
ble ,  &  que  heriffes  d'lme  efpece  de  duvet 
cotonneux ,  ils  font  venus  rafer  des  plages 
terreufes  &  fablonneufes,  qui  les  oni  falis  , 
parce  que  ni  la  terre  ,  ni  le  fable  ,  n'etant 
geles  au  fond  des  rivieres,  ils  fe  font  engages 
dans  le  bouzin;  ce  qu'ils  n'auroient  pu  fairc, 
s'ils  avoient  ete  durcis  par  la  gelee.  Qu'on 
frotte  en  efFet  une  glace  munie  de  bouzin  , 
contre  un  terrein  fablonneux  ,  contre  une 
terre  durcie  a  I'air,  la  glace  ne  fera  pas  fa- 
lie;  mais  fi  cette  operation  fe  fait  contre  un 
terrein  de  I'une  ou  de  I'autre  efpece ,  mou- 
vant  &  non  gele  ,  ce  frottement  emportera 
&  de  la  terre  &  du  fable  :  d'oii  je  conclus 
que  le  fond  des  rivieres  eft  dans  un  etat  qui 
laiffe  a  la  terre  &  aux  fables  leur  mobilite; 
c'eft-a-dire,  qu'ils  ne  font  pas  gel^s ,  puifqu'ils 
faliftent  le  bouzin  ,  &  par  confequent  que  le 
froid  du  fond  des  rivieres  ne  peut  donner 
naiffance  aux  glagons  flottans. 


D  E    Dijon,  lyS^.        191 

Les  experiences  cle  la  longue  bouteille  fuf- 
pendne  prefqu'a  fleur  d'eau  ,  qui  n'a  pas  gel6 
par  un  froid  de  7  a  7  ^  ^.  an  deffous  de  zero ,  la 
fonte  des  gla^ons  immerges  pendant  un  temps 
de  gelee  ,  foit  profondement,  folt  fuperficiel- 
lement ,  dans  une  eau  courante  ou  tranquille , 
prouvent  que  les  glacons  fpongieux  ne  pren- 
nent  pas  non  plus  naifTance  dans  les  endroits 
oil  ils  ont  ete  apper^us ,  qu'ils  doivent  leur 
exiftence  a  quelque  circonilance  qui  a  echape 
aux  recherches  de  I'Obfervateur  qui  m'a  pre- 
cede dans  cette  carriere,  &  dont  je  ne  ref- 
pefte  pas  moins  les  lumieres. 

Voici  je  penfe  le  vrai  de  la  chofe.  Dans 
les  temps  de  fortes  gelees  ,  qu'on  confidere 
avec  attention  ce  qui  fe  palie  a  la  furface 
<5es  fleuves  &  des  rivieres,  Ton  verra  que  le 
courant  dans  les  endroits  profonds  &   dans 
les  plages  oii  le  lit  s'agrandit,  ralentit  telle- 
ment  fon  cours  ,  que  I'eau  y  jouit  d'une  ef- 
pece  de  repos ;  c'eft-a-dire,  que  I'uniformite 
de  fon  mouvement  donnant  une  vitefl'e  com- 
mune a  {qs    parties ,    les   mcmes   molecules 
reftent  expofees  a  I'air,  qui  les  refroidit  & 
les  reduit  en  filamens  ou  aiguilles  glaciales, 
dont  la  multiplication  produit  bientot  des  la- 
mes :  celles  d'entre  ces  lames  qui  ont  acquis 
aflez  de  condftance  pour  refifter  au  choc  du 
courant,  confervent  leur  forme,  &  augmen- 
tent  de  dimenfion  en  avangant  par  un  mou- 
vement d'ondulation ,  qui  mouille  letir  fur- 
face  fuperieure  d'un  enduit  d'eau ,  qui  fe  ge- 
lant  auffi-tot,  devient  une  pelliciile  ajout^e 


Ipl  A   C   A  D   £   M   1   E 

a  leur  epalffeur.  On  pent  fe  former  une  Idee 
de  ce  mecanifme ,  en  rc^flechilTant  a  la  fa^on 
dont  fe  font  les  chandelles  non  moul^es  :  on 
fait  que  c'ell  en  plongeant  une  meche  dans 
un  baquet  de  liiif  fondu  ,  &  en  la  retirant 
un  moment  apres,  I'air  refroidiflant  le  fiiif, 
dont  hi  meche  S'Sll  chargee  ,  produit  aiitant 
de  couches  qu'il  y  a  d'immerfions  &  d'enier- 
fions  alternatives;  I'oeil  voit  la  meche  arriver 
par  les  fuperadditions  a  I'etat  de  chandelle  ; 
c'eft  precifement  la  meme  chofe  ici,  le  mou- 
vement  ondulatoire  du  gla^on  plonge  alter- 
nativement  un  de  fes  bouts  ,  &  fait  fortir 
I'autre.  Celui-ci  mouille  &  expofe  a  la  ri- 
gueur  du  froid,qui  glace  incontment  fon  cn- 
duit  aqueux,gagne  une  lame  d'epailVeur,  & 
ainfi  de  fuite  de  toute  part.  Ces  gla^ons  tra- 
veriant  uicceffivement  differens  endroits  pa- 
reils ,  oil  Teau  coule  tranquillement,  f"e  collent 
les  uns  aux  autres ,  tant  par  leurs  bords,  ce 
qui  augmente  leur  etendue,  que  par  leur  fu- 
perficie  en  fe  chevauchant ,  ce  qui  accrolt 
leur  epaiffeur,  teilement  que  par  ces  acqui- 
litions  lis  deviennent  finalernent  des  ifles  flot- 
tantes.  L'autre  partie  de  ces  lames  ,  ou  celles 
qui  n'ont  pas  affez  gagne  de  confiftance  dans 
le  calme  pour  refifter  aux  chocs  multiplies , 
font  au  moment  de  leur  entree  dans  un  cou- 
rant,  reduites  en  leurs  elemens ,  &  forment 
des  trouffeaux  d'aiguilles  qui  s'accrochent  les 
unes  aux  autres ,  &  compofent  un  corps  fpon- 
gieux,  connu  fous  le  nom  de  bou^in. 

Ce  bouzin  s'attache  a  tout  ce  qu'il  ren- 
contre/ 


D  E    Dijon;   i;;f4:         193 

'centre.  Aux  bords  des  rivieres  il  donne  de 
Tetendue  aux  glagons  deja  formes,  &  paffant 
foiis  leur  furface ,  il  en  augmente  Tepaifleur 
par  iin  duvet  cotonneux  :  reciproquement  les 
gla^ohs  flottans  ayant  plus  de  viteiTe,  vu  leur 
moins  de  furface  que  ces  flots  d'aiguilles  , 
paffent  pardeffus  ,  &  s'en  garniffent  a  leur 
tour,  &  ces  glacons  flottans  ainli  doubles, 
venant  a  gliffer  ious  des  glaces  (tables,  dans 
des  endroits  pen  profonds ,  rafent  le  fond;  & 
li  celui'Ci  eft  cailloUteux,  gravelcux  ou  rem- 
W  pli  de  fables,  ils  n'en  fortent  que  d<^garnis  de 
leur  duvet,  qui  refte  engag^  entre  les  caii- 
loux  &  les  fables. 

Les  grouppes  meme  ou  pelottes  d'aiguilles 
ifoles  ne  peuvent  paffer  ces  endroits  fans  y 
fouifrir  un  dechet  par  quantite  de  leur  efpece 
de  chevelure,  qui  s'eagage  entre  les  rugofitis 
du  terrein;  en  meme  temps  le  torrent  paffant 
fur  ces  pelotons  cotonneux,  les  preffe  entre 
les  fables ,  les  graviers  ,  les  cailloux  ,  &  les 
y  moule,  les  y  fa^onne,  comme  le  feroit  une 
palette  de  magon  ou  autre  poliffoir  d'ufage, 
la  fucceffion  de  cette  pate  glaciale  ajoute  a 
chaqne  inft.int  au  premier  refeau  de  glace,  foit 
en  le  doublant,  foit  en  infinuant  de  nouvelles 
aiguilles  dans  fes  maillcs,  &  par  la  continuite 
de  ce  mechsnifme,  le  bouzin  fe  trouve  change 
en  une  glace  poreufe ,  ceilulaire  ,  fpongieufe  : 
c'eft-la  la  vraie  fource  des  glagons  d'une 
ilrudure  (inguliere ,  que  M,  Defmarejt  a  ob- 
ferv^s  au  fond  de  la  riviere  de  Reome.  La 
•digue,  qui  foutenoit  fes  eaux,  etoit  une  caufa 

N 


194  A    C    A    D   i  M   I    E 

bien  propre  a  determiner  Tamas  de  glacons 
&  de  bouzin  vers  le  canal,  oil  ils  devoient 
s'accnmuler  &  s'entaffer,  etant  arretes  &  re- 
teniis  par  le  repos  du  moulin,  qui  faute  d'eau 
chommoit  la  nuit.  II  n'eft  done  pas  furprenant 
que ,  vii  cette  penurie  d'eau  &  fon  pea  de 
profondeur,  le  bouzin,  gene  de  toute  part, 
ait  rempli  tous  les  interftices,  garni  les  bcrds 
&  tapifie  prefque  tout  le  fond  de  ce  canal ; 
au  lieu  que  dans  les  endroits  oil  Teau  abonde 
&  coule  librement  ,  il  ne  peut  atteindre  le 
fond ,  qu'autant  qu'il  y  eft  porte  par  les  gla- 
cons auxquels  il  adhere,  puifqu'il  furnage  a 
I'inftar  de  la  neige  de  I'air,  sinfi  qu'il  eft  de- 
montre  par  Texperience  de   I'Abb^  Nollet, 
tjui  ayant  plonge  dans  I'eau  jufqu'aux  trois 
quarts  de  fa  longueur,  un  tonneau  depourvu 
de  fes  deux  fonds,  a  pu  epuifer  en  tres-peu 
de  temps  cette  efpece  de  puits  ,  du  bouzin 
que  la  riviere  ne  cefl'oit  d'amener. 

Tout  ce  que  je  dis  ici  du  jeu  du  bouzin  , 
eft  fcnde  fur  des  obfervations  muhipliees.  J'ai 
vu  par  un  trou  fait  a  la  glace  de  la  fuperficie 
de  notre  riviere,  cette  efpece  finguliere  de 
glacon  former  uue  efpece  de  poudingue  avec 
les  cailloux'^ans  un  endroit  oil  I'eau  couloit; 
I'ayant  6t^,&  I'eau  de  cet  endroit  etant  de- 
venue  dormante  ,  je  trouvai  le  lendemain  la 
fiirface  de  cette  eau  coiiverte  d'une  glace , 
niais  il  n'y  avoit  pas  de  poudingue  au  fond » 
tandis  qu'il  s'en  etoit  forme  dans  un  endroit 
voifin  cu  I'cau  avoit  confvfrve  fon  cours  :  ici 
U  courant  amenoit  du  bouzin  &.  en  garniffoit 


D  E    Dijon,   z^^^:         1^5 

le  fond  ;  la  le  boiizin  ^toit  empech^  de  s'y 
rendre  par  les  obftacles  qui  rendoient  I'eau 
dormante. 

Le  27  Janvier  de  cette  annde  1784  ,  une 
gelee  de  6  degres  du  thermometre  de  Reau- 
mur avoir  produit  fur  notre  riviere,d'un  bout 
a  I'autre,  une  glace  affez  forte  pour  porter 
quantite  de  canards  qui  y  marchoient  :  vers 
midi  le  foleil  donnant,  cette  glace  eclata  & 
difparut.  La  gel6e  ayant  repris  le  foir ,  &  le 
froid  ayant  ete  pendant  la  nuit  de  f  au  de{- 
fous  de  O ,  il  fe  forma  une  nouvelle  glace  , 
fous  laquelle  j'en  trouvai  une  autre ,  qui  te- 
noit  au  bord  de  la  premiere ,  &  qui  attachee 
au  fond,  s'en  trouvoit  de  plus  en  plus  fe- 
paree ,  en  avangant  vers  le  milieu  de  la  ri- 
viere precif6raent  comme  dans  robfervation 
du  c^l^bre  Halles. 

Dans  un  endroit  peu  profond,  oii  je  Eg  un 
trou,  je  trouvai  une  glace  tenant  fur  le  bord 
du  trou  a  celle  de  la  fuperficie ,  &  f e  por- 
tant  obliquement  felon  la  diredion  du  cou- 
fant. 

Une  autre  fols  j'en  ai  trouv^  d'attach^e 
egalement  au  bord  de  ce  trou ,  mais  ayant 
line  diredVion  oppcfee  a  celle  du  courant. 

Peut-on  douter  que  ces  glaces,  fixees  entre 
deux  eaux,  au  milieu  du  courant  n'aient  ^t6 
i'effet  du  bouzin  fucceffivement  arrets  aux 
in^galit^s  du  bord  de  Touverture  de  la  glace 
de  la  furface  ?  Ce  qui  me  le  perfuade ,  c'eil 
que  le  fond  de  la  riviere  6toit  tapiff^  de  pou- 
dingues  glaciales  dans  cet. endroit,  &  qu<; 

N  i) 


196  A  C  A  D  I  M  I  E 

d'apr^s  les  obfervations  de  mon  journal ,  je 
tiens  pour  fur  que  la  nature  ne  produit  point 
de  glace,  ni  au  milieu  ,  ni  au  fond  des  eaux 
courantes,  mais  feulement  a  la  fuperficie.  Or, 
dans  ce  cas  il  y  en  avoit  trois,  une  au  fond, 
line  au  milieu  du  courant ,  la  troifieme  au 
bord  du  trou  qu'on  avoit  fait  a  la  glace  dans 
cet  endroit  poury  puifer  de  I'eau. 

Le  bouzin  en  s'attachant  aux  glaces  deji 
foimees  ,  rend  leur  furface  inferieure  bien 
diiFerente  de  la  fuperieure  :  fi  celle-ci  eft 
plane,  denfe,  lice,  polie;  celle-la  eft  in6- 
gale  ,  poreufe,  remplie  de  finuofites,  fouvent 
raboteufe  :  cependant  il  n'eft  pas  le  feul 
agent  de  cette  difference  dans  les  glaces  fta- 
bles;  celles-ci  reconnoiffent  en  outre  d'au- 
tres  caufes ,  qui  les  diverfifient  beaucoup  , 
favoir,  les  differentes  circonftances  de  leur 
fite. 

Si  une  glace ,  qui  borde  un  ruiffeau  ,  eft 
pres  d'une  chute  d'eau ,  cu  de  ces  petites  & 
jolies  cafcades ,  qui  tandis  qu'elles  rdjouiflent 
la  vue  par  la  tranfparence  ,  la  forme,  I'eten- 
due  ,  le  brillant  de  leurs  lames  argentees  , 
produifent  ce  doux  murmure ,  ce  bruiffement 
delicat,  fi  agreable  a  nos  oreilles ;  les  par- 
ticules  d'eau  qui  en  r^jailliffent,  vont  s'at- 
tacher  a  la  furface  inferieure  de  la  bordure  , 
&  y  produifent  des  filets ,  des  ramifications 
diveriifiees  a  I'infini ,  &  qui  repr^fentent , 
tantot  des  ftaladites  de  voutes  &  de  grottes, 
tantot  des  grouppes  branchus  de  coraux.  Eft- 
.ce  im  flot  d'eau  quiavoifine  une  autre  glace? 


b  E    Dijon,   lyS^.  197 

la  furface  de  celle-ci  fera  garnie  de  filets 
allonges,  reailes  ,  div'erfement  godronnes.  Si 
c'eft  line  nappe  d'eau  dont  iin  vent  leger  ride 
&  fiUonne  la  furface ,  les  glaces  qui  la  bor- 
dent ,  font  empreintes  inferieurement  de  ru- 
gofites  plus  ou  moins  regulieres  ,  de  lignes 
droites  ou  courbes  ,  gardant  entre  elks  un 
parallelifme  remarquable ;  fi  c'eft  un  endroit 
tellement  fitue  que  les  vents  y  caufent  des 
vagues  ,  de  grandes  ondulations,  pour  peu 
que  la  geI6e  continue  :  la  glace  acquerrera 
en  peu  de  jours,  dans  ces  plages,  une  epaif- 
feur  confiderable ,  etonnante  autant  par  I'e- 
norraite  de  fa  maffe ,  que  par  la  diverfue  Si. 
la  monftruofit^  des  formes  de  fa  furface  in- 
ferieure, 

Ce  travail  en  bas  relief  de  la  gel^e  n*a 
lieu  que  lorfque  la  congellation  a  fait  baiffer 
les  eaux  des  rivieres  ,  &  que  la  face  inferieure 
des  glaces  eft  expofee  au  contaft  de  Tair  : 
mais  elles  re^oivent  d'autres  modifications 
toutes  aufli  difformes,toutes  aufli  ixngulieres, 
lorfque  la  temperature  adoucie  ramene  les 
eaux ,  fait  hauffer  les  rivieres  ,  &  leur  rend 
leur  precedent  niveau;  Tair  fe  trouve  alors 
exclus ,  &  I'eau  detrempant  la  glace,  elle  y 
forme  des  excavations  ,  tant  par  fes  chocs 
reiteres,  que  par  la  qualite  diffolvante  qu'elle. 
poffede  a  un  degr^  eminent,  auffi-tot  que  le 
froid  de  I'athmofphere  ne  fait  plus  baiffer  le 
thermometre  au  deffous  de  zero,  parce  qu'elle 
fe  trouve  alors  conftamment  au  deffus  du 
terrae  de  la  congellation,  ainii  qu'on  peut  le 

N  iij 


fipS  A   C  A  D  t  M  I   I 

remarquer  en  jetant  un  coup  d'oell  fur  mofl 
journal.  II  n'eft  ni  poflible  ni  utile  de  decrire 
les  bizarreries ,  les  formes  extraordinaires ,  les 
excavations  fingiilieres  ,  les  fmuofites  tor- 
tueufes  qui  refultent  de  ce  travail  oppofe  a 
I'autre  ,  aufli  ne  m'y  attacherai-je  pas,  & 
vais-je  paffer  a  la  confideration  de  I'origine 
des  glagons  que  charient  les  fleuves  &  les 
grandes  rivieres. 

Cette  immenfe  quantity  de  glagons  que  les 
fleuves  charient  pendant  les  fortes  gelees  , 
fur-tout  lorfque  le  foleil  s'eft  montre  quel- 
ques  heures ,  ou  que ,  felon  I'obfervation  de 
M.  Defmarejl  ,  il  y  a  eu  remiffion  dans  le 
froid ,  a  de  quoi  ^tonner  ;  &  tout  homme  , 
accoutume  a  reflechir ,  ne  peut  s'occuper 
quelque  temps  a  voir  les  glagons  fe  fucceder 
ainfi  les  uns  aux  autres,  fans  fe  demander  d'oii 
ils  peuvent  provenir. 

La  theorie  qui  vient  de  preceder ,  rend 
pleinement  raifon  de  ce  ph^nomene;  car  fans 
compter  les  glaces  que  les  chevaux,les  char- 
rettes,  detachent  continuellement  en  paffant 
les  guets  des  rivieres ,  &  le  nombre  infini  de 
ruiffeaux  r^pandus  par -tout  ;  ni  ce  grand 
nombre  d'autres ,  que  des  milliers  de  per- 
fonnes  occupees  a  fe  procurer  de  Teau  a  eux- 
inemes  &  a  leur  betail ,  mettent  a  flot;laiffarit 
meme  encore  de  cote  les  gla^ons  que  les  Ba- 
teliers,  les  Meuniers,  les  Foulons,les  Pape- 
tiers ,  les  Forgerons ,  &  autres  gens  occupes 
dans  les  ulines  ,  font  fans  ceffe  obliges  de 
detacher  &  de  pouffer  en  avant  pour  s'en- 


D  E     Dijon,  lyS^.         199 

d^barraffer ,  ainfi  que  tons  ceiix  qui  fe  reu- 
niffent  aux  premiers  dans  leur  route  ,  &  qui 
font  detaches  par  le  choc  qu'ils  eprouvent; 
fans,  dis-je,  faire  entrer  en  ligne  de  compte 
la  fomme  prodigieufe  de  glagons  ,  qui  reiul- 
tent  de  ces  divers  accidens  ,  nous  trouvons 
dans  Je  ralentiffemeht  du  cours  des  fleuves  & 
des  rivieres ,  urie  fource  alTez  feconde  pour 
fournir,  foit  immediatenient ,  foit  mediate- 
ment,  aux  convois  de  glagons,  quelqu'im- 
menfe  que  foit  leur  quantite  en  certain  temps. 
En  effet,  la  fufpenfion  ,  la  diminution  fre- 
quente  du  cours  de  I'eau  depuis  les  fources 
des  fleuves  jufqu'a  leur  embouchure,  ne  cef- 
fant  de  donner  lieu  a  la  prodiiftion  de  nou- 
veaux  glagons  a  fur  &  mefure  qu'ils  deba-? 
clent,  on  voit  qu'independamment  des  caufes 
accidentelles,  les  endroits  oil  Teau  coule  len- 
tement  ou  eft  ftagnante,  font  autant  de  four- 
ces intariffables  &  capables  par  confequent 
de  fournir  feules  aux  giagons  que  charient 
les  fleuves  &  les  rivieres. 

Mais  comment  expliquer  Tinfluence  dii 
foleil  ,  &  de  I'adouciffement  du  froid  fur  ce 
phenomene  ?  Pourquoi  les  rivieres  charient- 
elles  infiniment  plus  lorfqu'il  y  a  viciffitude 
de  temperature  ,  que  lorqu'elle  eft  conftani- 
ment  la  meme? 

En  voicila  raifon.  Lorf^ue  le  foleil  donne 
pendant  quelques  heures ,  ou  que  le  froid 
s'adoucit ,  les  neiges  fondent ,  les  montagnes 
pleureht  ,  les  rigoles  fe  rempliffent  d'ei.u 
courarite ;  quantite  de  morceaux   de  glaccs. 

Niv 


100  A  C  A  D  i  M  I  E 

legerement  arret^es  fur  des  plans  inclines  J 
fe  detachent ,  tombent  dans  i'eaii ,  &  par 
toutes  ces  caiifes  rdunies,  les  rivieres  hauffent ; 
I'eau  parvenue  aux  endroits  oii  elle  eft  rete- 
nue,  ne  pent  pourfui vre  (a  route  en  entier,  une 
partie  de  fon  volume  fe  trouve  arretee  par 
i'epaiffeur  de  la  glace  ,  &  prellee  par  le 
torrent,  elle  s'infinue  avec  violence  fous  elle 
&  la  fouleve ,  &  cherchant  a  s'echapper,  bouil- 
lonne  avec  force;  Si  comme  cette  violence  con- 
tinue, comme  elle  va  meme  en  s'augmentant 
par  la  crue  fucceilive  de  la  riviere  ,  il  arrive 
cnfin  que  la  glace  fe  fend  &  eclate  de  toute 
part;  I'eau  qui  etoit  comprimee  pardefTous, 
fort  alors  par  les  fentes  ,  &  entraine  les 
elagons  brifes  :  ce  mechanifme  a  meme  lieu 
a  regard  des  glaces  des  bords  qui  avancent 
beaucoup  ,  parce  qu'elles  retreciffent  le 
paffage  ,  &  il  fe  repete  a  chaque  alternative 
de  remiflion  8t  de  redoublement  des  froids. 
Les  gelees  de  cet  hiver  qui  ont  dure  pen- 
dant huit  femaines,  &  qui  ont  frequemment 
donne  lieu  a  une  alternative  d'abaillement 
&  de  crue  des  rivieres ,  m'ont  fourni  I'oc- 
cafioH  de  voir ,  en  certains  endroits  ,  les  bords 
6es  rivieres  garnis  de  quatre  a  cinq  rangs 
de  lames  de  glace  pofees  parallelement  les 
lines  fur  les  autres ,  &  inegalement  brifees. 
A  cette  caufe ,  il  faut  ajouter  Teffet  des 
poudingues  qui  fe  detachent  des  fonds ,  foit 
parce  qu'ils  font  arraches  par  la  rapidite  aug- 
mentee  du  courant ,  foit  parce  que  le  froid 
modere  ,  ramenant  la  temperature  de  i'eau 
au  deffus   de  zero,  la  rend  capable  de  les 


D  E    Dijon,   1^84.         201 

dlffondre  ,  ainfi  qu'il  paroit  par  les  experiences 
de  notre  Journal.  Or,  je  me  fuis  affur^ , 
par  Texamen  que  j'en  ai  fait,  que  les  glaces 
Ipongieufes  ne  tiennent  aux  fables  ,  aux 
graviers  &  aux  caillpux  ,  qu'autant  qu'elles 
depaiTent  par  leurs  bords  ,  le  grand  cercle 
de  ces  corps  a  forme  ronde  :  le  caillou  ^tant 
mobile  dans  ce  chaton ,  dont  les  bords  font 
plus  minces  &  plus  expofes  a  J'adion  de 
i'eau  que  le  refle  ,  c'eft  par  eux  que  la  fonte 
commeiKe;  &  des  que  la  partie  qui  d^paflbit 
le  grand  cercle  eft  diffoute ,  les  liens  qui 
tenoient  le  gla^on  attach^  au  fond  ,  font 
rompus  ,  &  il  remonte ,  en  vertu  de  fa  le- 
gerete  fpecifique ,  a  la  furface  du  courant  qui 
Temporte. 

Cette  theorle  rend  ^galement  raifon  d'un 
fait  qui  a  merite  Tattention  des  Savans ;  fa  voir , 
qu'on  a  vu  pluiieurs  fois  la  Seine  tout-a-fait 
prife  dans  des  hivers  mediocres,  tandis  que 
pendant  celui  de  1709  ,  qui  fut  fi  rigoureux, 
le  milieu  de  fon  courant  demeura  libre. 

Un  froid  mediocre  laiffe  a  I'eau  la  vertu 
de  d^tacherles  glaces  du  fond  des  amasd'eaux, 
&  en  produit  a  la  fuperficie  Aqs  rivieres  qui 
ne  peuvent  pas  refifter  a  I'adion  du  foleil  & 
aux  crues  d'eau.  Les  rivieres  charient  ea 
confequence  fi  abondamment,  que  le  moin- 
dre  obftacle  qui 'en  ralentit  le  cours,  que  le 
moindre  froid  qui  en  congele  la  furface  , 
favorifeleur  entiere  congellation,  au  moyen 
de  la  grande  quantite  de  glagons  qui  fe 
melent  a  leurs  eaux ,  &  coulent  avec  elles. 

Vn  froid  plus  rigoureux  prive  I'eau  de  fa 


102  A   C  A   D   E    M    I     E 

verta  de  detacher  les  glaces  dii  fond ,  &  en 
procluit  a  la  fuperficie ,  qui  ont  la  force  de 
refifter  a  la  chaleur  du  foleil.  Les  rivieres 
charient  moins  par  la  reunion  de  ces  deux 
caufes;  &  les  glaces  qui  n'arrivent  pas  en 
qnantite  fuffifante  pour  s'arreter  mutuelle- 
rient  &  produire  des  engorgemens  ,  ne  tavo- 
rifent  pas  la  congellation  complette  des 
rivieres. 

Concluons  que  le  bouzin  eft  produit  a  la 
fuperficie  des  rivieres ,  jamais  a  leur  fond. 

Qu'il  eft  I'element  de  la  glace,  tant  com- 
pare que  fpongieufe  ;  qu'il  forme  celle-la  a 
fleur  d'eau  ,  a  I'aide  du  repos  des  eaux  ; 
celle-ci  an  fond  des  rivieres  ,  a  raifon  de 
leur  poids  &  de  la  force  des  courans. 


OBSERVATION 

SuR  une  cataracle-  compllquee  ,   avec  la 
dijfolution  du  corps  vitrL 


Par  M.   Chaussier. 


T 


OUS  les  Pratlciens  qui  ont  ecrit  fur  les 
maladies  des  yeux ,  s'accordent  a  dire  ex- 
preffement  que  Ton  ne  doit  point  op^rer  les 
caidracies  branlantes  y  c'eft-a-dire ,  celles  qui 
changent  de  place  par  le  plui  leger  mbuve- 
jnenf;  pares  qu  ajoutent-ils  ,  ces  fortes  d6 


D  E    Dijon,  iy84.        105 

catarades  font  toujours  accompagn^es  de  la 
fonte  du  corps  vitre ,  &  qu'ainli ,  dans  Tope- 
ration  ,  on  ne  pourroit  dviter  reffufion  du 
corps  vitre,  &  Taffaiffement  total  du  globe. .- 
Ces  raifons  ,  il  faut  en  convenir  ,  Ibnt  du 
plus  grand  poids  :  cependant'.fi  le  d^place- 
ment  du  cryftallin  cataradt^  occafionne  de 
la  douleur  ,  de  rinflammation  ,  il  ne  faut 
point  hefiter  a  faire  I'operation  ;  le  cryftallin 
eft  devenu  un  corps  Stranger  ,  dont  la  pre- 
fence  irrite  continuellement  un  organe  fen- 
fible  &  d^licat.  La  premiere  indication  eft  de 
Textraire  ;  c'eft  le  feul  moyen  de  rem^dier 
a  la  douleur  ,  de  detruire  I'inflajiimation  ,  & 
de  prevenir  les  fuites  facheufes  qu'elle  pour- 
roit avoir.  Ajoutons  encore  que  Thumeur 
vitree  pent ,  de  meme  que  I'aqueufe ,  fe  re- 
generer;  &  fi  la  retine  n'eft  point  encore 
alter(';e,  la  vue  pent  fe  r^tablir ,  du  moins 
jufqu'a  un  certain  point.  L'obfervation  lui- 
vante  en  eft   une  preuve  inconteftable. 

Au  mois  de  Mars  1783  ,  M.  de  N  .  .  .  . 
m'adrefl'a  un  homme  de  fa  Terre  ,  age  d? 
vingt-cinq  ans ,  reduit  a  rimpoftibilite  de 
travailler  par  une  douleur  profonde  &  pref- 
que  continuelle  qu'il  eprouvoit  a  I'oeil  droit. 
II  me  raconta  que  depuis  un  an ,  il  avoit 
perdu  peu  a  pen,  &  fans  caufe  manifefte, 
I'ufage  de  cet  oeil ;  mais  que  depuis  quatre 
mois  ,  il  fentoit  dans  I'interieur  du  globe  , 
un  corps  vacillant ,  qui  tantot  raontoit  , 
tantot  defcendoit ,  &  lui  occafionnoit  des 
jiouleurs  plus  ou  moins  vives,  fuivant  Tendroit 


'\ 


204  A   C   A   D   £   M   I  E 

oil  il  fe  trouvoit  plac6.  A  la  fimple  infpec- 
tion  de  I'oeil ,  je  reconnus  air<^ment  ce  genre 
de  maladie.  Le  cryftallin  etoit  catarade,  & 
tellement  mobile  ,  que  par  la  plus  legere 
preffion ,  meme  par  certains  mouvemens  de 
i'oeil,  il  paffoiftantot  devant,  tantotderriere 
riris;  la  conjondive  etoit  enflammee  ,  le 
globe  douloureux ,  la  pupille  dilat^e  ,  &  le 
malade  ne  pouvoit  dillinguer  la  lumiere. 

D'apres  cet  examen  ,  il  etoit  evident 
.que  le  corps  vitre  etoit  dans  un  etat  de 
fontequi  ne  pouvoit  fournir  un  point  d'appui 
au  cryftallin  ,  &  ainfi  j'avois  a  craindre , 
dans  I'extraftion  de  c^tte  catarafte  ,  Taffaiffe- 
ment  du  globe. 

Mais  aufii ,  d'un  autre  cote,  la  continuite 
de  la  douleur  &  de  rinflammatlon  pouvoit 
avoir  des  fuites  plus  facheiifes  encore  que 
Taffaiffement  du  globe ;.je  n'hefitai  done  pas 
a  propofer  au  malade  I'operation ,  non  dans 
I'intention  de  retablir  la  vue  ,  mais  pour 
faire  ceffer  les  accidens  qu'occafionnoit  la 
prefence  du  corps  etrai^ger. 

Malgre  Tincertitude  du  fucces  ,  le  malade 
ayant  accepte  avec  empreffement  le  parti  que 
je  lui  propofois,  je  fis  fur  le  champ  I'operation, 
telle  que  je  la  pratique  ordinairement  pour  la 
catarafte.  Tandis  que  je  traverfois  la  cornee 
avec  mon  biftouri  oculaire  ,  le  cryftallin 
fe  porta  derriere  I'iris^  &  d^s  que  I'mcifiofi 
fut  achevee,  I'humeur  vitree  s'echappa  auiTi 
iluide  que  de  I'eau,  &  le  globe  s'affaiiTa  pref- 
qu  entilrement.  J'effayai  en  vain  de  ramenei; 


D  E    Dijon,  ,^§4;  20 j 

le  cryftallln  ;  loge  profbnd^ment  dans  la 
cavit^  dii  globe  ,  il  etoit  retenii  par  le  rebord 
de  riris ,  &  par  les  rides  que  formoit  Taf- 
faiffement  des  tuniques  de  Toeil. 

Le  malade  fut  panfe  mollement  &  conduit 
a  fon  lit.  Comme  la  nuit  fut  fort  tranquille, 
il  fe  felicitoit  deja  du  bien  etre  qu'il  eprouvoit ; 
mais  le  fecond  jour  apres  I'operation  ,  les 
douleurs  revinrent  &  etoient  trcs-vives  :  a 
la  levee  de  I'appareil ,  je  trouvai  la  con- 
jonftive  enflamitiee ,  mais  le  globe  etoit  aufli 
rempli  qu'avant  I'operation;  le  cryftallin  fe 
^  pr^fentoit  a  I'ouverture  faite  a  la  cornee. 
Au  lieu  d'employer  la  preffioa  pour  faciliter 
la  fortie  de  ce  corps  etranger  ,  j'ecartai  dou- 
cement  les  levres  de  la  plaie  de  la  cornee, 
&  gliffant  derriere  le  cryflallin  un  petit 
crochet  mouffe ,  j'en  fis  fur  le  champ  Tex- 
tradion  avec  beaucoup  d'aifance.  La  douleur 
ceffa  dans  Tinftant,  tout  alia  de  mieux  ea 
mieux  ;  chaque  jour  I'inflammation  diminua , 
&  le  huitieme  la  cicatrice  fut  complette. 
Non-feulementle  malade  n'^prouvaplus  cette 
douleur  profonde  &  continuelle  dont  il  fe 
plaignoit  depuis  quatre  mois  ,  mais  encore, 
contre  mon  attente  ,  la  vue  fe  retablit  affez 
pour  diftinguer  tres-netlement  les  gros  objets. 
Enfin ,  apres  un  mois  de  foins  ,  il  retourna 
dans  fon  pays ,  oii  il  reprit  fes  travaux  or- 
dinaires. 

L'extradion  des  corps  etrangers,  eft  ua 
des  objets  de  la  Chirurgie  qui  merite  ie  plus 
d'attention.  Si  ngs  anciens  maitres  ont  re- 


206  ACADiMiE 

commande  d'opdrer  avec  celdrlt^  ,  ils  ont 
en  roeme  temps  ajoiite  Tobligation  expreffo 
d'aglr  avec  f^curite  pour  le  malade ,  citb , 
fed,  nab.  L'emprefTement  de  terminer  ime 
operation,  ou  d'extraire  un  corps  etranger, 
a  fonvent  eu  les  fuites  les  plus  facheufes. 

MM.  Maret  &  Louis  ont  demontre,  par  les  rai- 
fons  les  plus  folides  ,  la  neceffite  de  differer, 
dans  quelques  cas  de  lalithotomie  ,  I'extrac- 
tion  de  la  pierre.  Chaque  jour  la  pratique  en 
confirme  les   avantages.     Les  remarqiies  & 
Texemple  de  ces  celebres  Praticiens ,  n'ont 
pas  peu  contribud  a  perfedionner  la  lithoto- 
mie  ,  a  rendre  fes   fuites  moins  facheufes  , 
&  la  guerifon  plus  affuree.  Ne  pourroit-on 
pas  faire  avec  fucces  I'application   de  cette 
methode   fi  fage,   au  moins   dans    quelques 
cas  de  I'operation  de  la  cataraile  ?  Prefque 
toujours  la  furprife ,  le  faififfement  qu'occa- 
iionne  cette  operation  delicate  ,  les  efforts 
que  le  malade  fait  pour  arreter  fon   oeil  & 
le  rendre  fixe  &  immobile,  d^terminent, fur- 
tout  dans   les   fujets    fenfibles  &  nerveux , 
une    tenfion    involontaire    des    mufclas    dii 
globe  de  I'oeil ,  une  contradion  de  la  pupille. 
Dans  le  premier  cas,  fouvent  une  portion 
du  corps   vitre  s'echappe  avec  le  cryftallin 
catarade.  Ceft ,  je  I'avoue ,   un  petit  mal; 
mais  ,  dans  le  fecond  cas ,  le  refferrement  de 
la  pupille  oppofe  une  r^fiftance  a  la  fortie 
de  la  catarade  ,  &  cette  circonftance  meritc 
plus  d'attention  ;  parce  qu'alors  ,   fi  Ton  fe 
bate  d'extraire  le  cryftallin ,  on  s'expafe  k 


D  E    Dijon,  i^g^.  207 

idechlrer  une  partie  du  cercle  de  Tins ,  a  le 
froiffer,  a  le  deplacer;ce  qui  peut  entrainer 
la  douleiir,  une  inflammation  profonde,ou 
le  ftaphylome ,  &c.  Ne  previendroit-on  pas 
ces  accidens  ,  en  mettant  moins  de  precipita- 
tion dans  I'extradion  du  cryflaliin  ,  en  atten- 
dant que  rerethifme  momentane  fiit  calme  ? 
Je  ne  dis  pas  qu'ici,  comme  dans  la  litlio- 
tomie,  on  attende  plufieurs  jours;  ce  feroit 
un  mal  fans  doute  ,  &  faire  d'un  precepte 
fage  une  application  vicieufe  :  car  comme 
il  ne  doit  point  y  avoir  de  fuppuration  a  la 
fedion  de  la  cornee,  ibuvent  la  cicatrice  eft 
commencee  le  premier  jour  &  complette  le 
fixieme.  Mais  il  eft  en  tout  un  jufte  milieu 
que  le  Praticien  doit  choiiir  &  modifier 
fuivant  les  circonftances. 


5  U  I  T  E 

DE     L'HISTOIRE 

M^TEORO'NOSO-LOGIQUE 

D    E      I7S4. 
PAR      M.      M  A  RET, 


208 


A  C  A  I)  E   M   I   E 


OBSERVATIONS  MtT^OROLOGlQUES, 
J  U  I  L  L  E  T. 


THERMOMETRE. 


D  E    Dijon,   iy2%^.  209 


VENTS    ET    trjT    D  U    C  I E  L 
J  U  I  L  L  E  T. 


JO. 

du 
m. 


[O 

• 

21 

22 

24 

^5 
26 

^7 
28 
29 
30 
,'31 


Matin. 


NOx,  nu. 
ONO,fe. 
Nx ,  -nu. 
NX,  fe. 
N,fe. 
SSEx,  (e. 
Sx ,  -nu^ 
Sx  -  +nu. 
SSOx,  -nu. 
O  ,     nu. 
WEx,  -1-nu.. 
O ,  -nu. 

Ox ,  +"«• 
NNEx ,  fe. 
Ex  J  -nu. 
i^X  ,  fe. 
OSOx ,  -nu. 
NX ,  le. 
S,^  ,  fe.   orn. 
SSOx,  -f-nu.  pin. 
SSOx,  -nn. 
Sy .  CO. 
SOx,  fe. 
SSOx ,  -fnu.  pi. 
SOx,  nu. 
NOx  ,  nu. 
Sx,nu. 
Ex ,  -nu. 
OSOx,  CO.  -irpl. 
Sx  ,  CO.  plnm. 
ESEx,  +nu.  ~£r. 


\ 


Midi. 


NO^,-fnu. 
Ex,  -}-nu. 
N^,  -nu, 
NEx,  fe. 
SEx ,  fe. 

SE,X  .  Te. 
S^,  nu. 

SOx ,  nu. 
OSOx,  nu. 
NX,  nu. 

Si)£,  -|:-nu.  ~pl. 
Ox,  -nu. 
SOx,  -f-nu. 
xNOx,  fe. 
NO ,  -nu. 

NEx,  fe. 
SO^,fe. 
S^,   -f-mi. 
SSO^ ,  -nu. 
SSOx,  -|-nu.  -pi. 
SSOi^ .  -""• 
SSO^,  -{-nu. 

OSO;X»+nu--/'^- 
SSOx  ,  CO. 
ESEx,  nu. 
Sx  ,  nu. 
SSO^ ,  CO. 
SE,  nu. 
SO,  CO.  -\~pl. 
SSO^,  CO. 
SEx  j  -J-nu. 


S   O    I  R. 


Nx,  -nu. 
NNE  ,  nu. 
Nx,  fe. 
NEx,  fe. 
SEx ,  fe. 
Sx ,  Te. 
S^ ,  CO.  r/. 
Sx,  fe. 
O,  fe. 

■^X,fe. 
"•Ox ,  4-nu. 
O/X ,  fe. 
iV|^,fe. 
NOx ,  fe. 
NOx,  fe. 
SEx,  fe. 
tVO,  fe. 
Sx,  fe. 

so:^,co. 

SO^,  fe. 
SSOx  ,  fe. 
Ox.  fe-  or/?. 
OSOx,  fe. 
SOx,  fe. 
E. 

Sx,  fe. 
S,  -|-nu. 
S  ,  CO. 

SO,  CO.  'pL 
S ,  CO. 
Nx,  -l-nu. 


I  vr«  iMinniMi 


^ 


210  ACADiMIK 

RtCAPITULATlOm 

L«  conftitiition  de  I'air  a  hxk.  {eche  &  fraiche 
dans  le  commencement  dii  mois;  tr^s-chaud« 
&  extremement  feche  dans  (on  milieu  ;  fraiche 
&  un  pen  humide  fur  la  fin. 

La  pefanteur  &  T^lafticit^  de  I'air  affez 
imiformes  &  affez  cCnfid^rables  dans  tout  le 
cours  du  mois,  mais  plus  foibles  fur  la  fin. 
La  plus  grande  ^l^vation  du  mercure  dans 

le  barometre,  a  ete  de 27  p.  8  1. 

La  moindre  de 27      i 

Le  balancement  de 7 

L'elevation  moyenne   de  .  .  .  27      5 

La  plus  grande  elevation  du  mercure  dans 
le  thermometre,  a  ^te  de  23  d.  la  moindre 
de  10;  la  difference  de  dilatation  de  13; 
r^l^vation  moyenne  de  16.  2  ,  &  la  tempe- 
rature comme  +  16.  2  t  +  10;  le  N  a  do- 
mine  dans  les  cinq  premiers  jours  du  mois  ; 
le  S  &  rO  dans  le  refte  ;  les  S,  SSO,SO  ont 
^te  fouvent  tres-violens. 

Le  ciel  a  et^  plus  fouvent  ferein  que 
nuageux  ou  couvert  :  il  n'a  plu  que  dans 
les  derniers  jours  du  mois  ,  &  deux  fois  avec 
tonnerre ;  mais  ces  orages  ont  ete  peu  con- 
fid^rables. 
,11  eft  tomb^  en  pluie  I  p.  I  1.  l6^**.  d'eau. 

Les  vignes ,  qui  ont  paffe  fleur  dans  les 
derniers  jours  du  mois  pr^c^dent ,  promettent 
une  abondante  r^colte. 

La  fauchaifon  s'eft  achev^e  dam  les  pre-^ 


D  E    Dijon,  fyS4,  iii 

mlers  jours  du  mois  ,  &  eft  tres-peu  avanta- 
geufe. 

La  moiffon  des  feigles  &  des  fromens  a 
commence  le  13  ,  environ  dix  jcurs  avant 
I'epoque  ordinaire.  Celle  des  orges  auroit  du 
ctre  faite  en  meme  temps  ,  la  maturite  de 
ces  grains  ayant  ete  tres-precoce. 

Les  feigles  5d  les  fromens  ont  ete  abon- 
dans  &  tres-bien  nourris  ;  les  orges  &  les 
avoines  en  tres-petite  quantite;  leur  paille 
depresde  moitie  plus  courte  qu'al'ordinaire. 

Les  legumes  &  les  navettes  d'ete  ont  avortd 
prefqu'en  totalite.  Les  phiies  de  la  fin  du 
mois  ont  favorife  un  peu  la  vegetation  du 
ma'is. 

Des  le  II,  les  noix  ont  pu  etre  confites, 
&  les  abricots  ont  ^t^  communs.  Les  ceriles 
ont  ete  peu  abondantes.  La  plupart  des  arbres 
de  nos  promenades  ont  jauni  &  perdu  leurs 
feuilles  des  le  milieu  du  mois.  On  n'a  vu 
que  tres-peu  de  cailles  &  de  perdrix. 

La  conftitution  maladive  a  continue  k 
ctre  bilieufe  &  catharrale,  fur-tout  vers  la 
£n  du  mois. 

On  y  a  obferv^  les  maladies  du  mois  pre- 
cedent. II  y  aeu  beaucoup  de  fievres  tierces 
peu  opiniatres  ,  qui  cedoient  quelquefois  aux 
^vacuans  feuls ,  &  ne  refiftoient  pas  au  quin- 
quina. Quelques  fievres  eruptives ,  urticaires 
&  miliaires,nullement  dangereufes.  Quelques 
fievres  puerperales  ;  quelques  flux  bilieux  ; 
quelques  faufles  pleuref  es.  Le  nombre  des 
-  ;nalades  a  ete  grand,  fans  etre  confiderable. 


liz 


A    C  A  D   E  M  I   E 


-~*~-— , — 

OBSERVATIONS  METtOROLOGlQUES. 

A   0  U  T. 

THERMOMETRE, 

BARO  METRE. 

jo. 

1 

im. 
1 

I 
Matin. 

Midi. 

SoiR. 

M  AT  I  N. 

Midi. 

S  0  I  R. 

deg.  12. 

cleg. 

12. 

deg.  12. 

pO.   1.    12. 

po.  1.  12. 

po.   1.   J  2. 

14 

15 

^ 

27.     7.    9 

27.    7.  9 

27.     7.    9 

A 

13.     6 

19 

15.     3 

7.  3 

6.  6 

6.  6 

; 

16 

2Q. 

9 

17.     3 

6.  6 

5-  3 

5-  3 

L 

16.     L 

20 

17 

5-  9 

6 

6.  3 

< 

M-     S 

18 

15 

5-  9 

6 

6.  3 

< 

16.     ' 

19. 

3 

15.     9 

5-  9 

5.  6 

5 

- 

M-     ( 

'7 

14-     6 

4-  3 

4.  6 

4.  9 

!■ 

12.     '• 

15 

12 

6 

6 

6 

S     lo.     <, 

•3 

10.     9 

5.6 

5,  6 

6.  6 

ir 

9.     ^ 

'5 

11 

6.9 

7 

7.  3j 

I ; 

10.     3 

18 

12 

7-  3 

7;  3 

6.  3 

7- 

II 

i3. 

^ 

13 

7 

7-  3 

7-  3: 

I 

»3 

19. 

3 

M-     3 

7 

7 

6.  9' 

I. 

14 

2 1 

17 

6.9 

6,  6 

6.  9: 

Tn 

15.     6 

21. 

t 

17.     3 

6.9 

6.  6 

6.  6 

It 

16 

21 

21.     6 

6.  6 

5-  9 

S-  6 

17 

16 

21. 

6 

16.     9 

4.  6 

3.  6 

2.  9 

i8 

12.     9 

13. 

3 

12 

2 

2.  9 

2.  9 

;If/ 

II.     6 

14. 

(; 

12.     3 

2.    <^ 

3-  3 

4      ' 

j 

II,     3 

14. 

e 

13 

4.  6 

4.  6 

4-  9 

,21 

13 

15 

13 

4 

4.  3 

I.  6 

;a2 

12.     6 

13. 

n 

J 

9.    6 

I 

I 

26.  11.  9 

1*3 

10.     6 

1 4' 

3 

1 1.     9 

26.  II 

..  6 

27.    I.  9 

'44 

II.    6 

14 

12.     3 

27.    3.  3 

3.  6 

3.  6 

I^S 

12 

14. 

9 

11.    9 

2.  9 

2.  3 

2.  9 

126 

11.     3 

10 

10 

3.  6 

4 

5- -9 

'27 

lO.     6 

14 

u.     3 

6.  3 

6.  <= 

6.  3, 

'at- 

14 

14. 

^ 

3 

12.     3 

5-  3 

4.  3 

4      1 

r9 

12.     9 

12. 

9 

n 

4-  3 

4.  3 

4.  6 

!3o 

12.         <;. 

M 

13.   9 

4.  6 

4.  6 

4.  3 

|3' 

12.         6 

16 

15 

3 

3.  6 

^-  3, 

D  E    Dijon,  1784. 


21} 


VENTS    ET    tTAT    DU  CI  E  L.     | 

A   0   U  T. 

jo. 

du 
m. 

Matin. 

Midi. 

S    0    I    R. 

i ' 

ONO  ,  nu.  -pi. 

Ex,  CO. 

Nx ,  CO.  pi. 

\ 

\  2 

Nx,+nu. 

Nx  ,  +nu.  orp. 

NEx,-fnu.          i 

5  3 

0 ,  -{-nu.  -or.T. 

NExTnu. 

S,  nu.  orT.             1 

*  4 

SOx ,  +nu.  orpn. 

SSEx,  nu. 

Sx  ,  CO.  pi.            1 

1 5 

Sx ,  CO.  pin. 

SSEx ,  +nu.  -pi. 

E,  fe.                     1 

6 

SSOX,  -nu. 

SOx ,  -nu. 

SO,  -nu.               I 

\  7 

S^,  nu. 

OSO ,  -l-nu.  pi. 

SO,  CO.                 1 

8 

Ox,  fe. 

Ox,  +nu. 

Ox,  CO.               j 

9 

ONOx,+nu./>//?. 

NNEx  ,  nu. 

0 ,  fe.                    1 

10 

Ox,  fe. 

NNOx ,  -nu. 

NEx,fe.              1 

II 

NEx  ,  fe. 

Nx,  fe. 

Nx,fe.                 i 

12 

NX,  -nu. 

N^,  nu. 

N,   fe. 

M 

Ox,  fe. 

Nx,fe. 

Nx,fe. 

M 

Nx,fe. 

N^,   ft. 

N^,fe. 

15 

NX.  fe. 

Nx,fe. 

Nx,fe. 

16 

Nx  ,  fe. 

N^,fe. 

NEx ,  -nu. 

17 

Ox ,  fe. 

SO^,-nu. 

SOx,  CO.            f 

18 

SOx,  CO.  -;;/. 

SOx,  4-nu. 

SSOx  ,  CO.  -pi.  \ 

J9 

SOx ,  CO.  -pi. 

SSEx,  -{-nu. 

SSEx  ,  -nu. 

20 

S,  -nu. 

SE,  -nu. 

SE  ,  fe. 

21 

Nx,+nu. 

Ex  ,  CO.  -\-pl. 

Ox ,  CO.  -\-pl.      !' 

22 

SSOx,co.-f-/7//j/n. 

S^ ,  CO.  -pi. 

SO:^,  CO. -{-/;/. 

23 

S^^,  CO.  plnm. 

SSOx  ,  -{-nu. 

SSOx,  pi. 

24 

SOx ,  -f-nu.  pin. 

SO^  ,  +nu. 

S,  -{-nu. 

25 

Sx ,  CO.  ^//2/n. 

SSO^,  -nu. 

SO^,-{-nu.-p/. 

26 

Sx ,  +nu.  pin. 

SOx,  nu« 

0 ,  fe.  /;/. 

27 

SOx.  CO. 

OSO,  +nu. 

Ox ,  fe. 

28 

E,fe. 

S  ,  fe. 

S ,  -nu. 

.'29 

Sx ,  +nu. 

SSOx,  CO. 

SOx ,  CO.  -pi. 

JO 

S/^,  CO.  -pi. 

SSOx,  CO. 

SO,  H-fe. 

3» 

SO^,  fe. 

Sx,  fe. 

S^ »  CO.  or.  r. 

f 

214  ACADEMIE 

RECAPITULATION. 

La  coniUtution  a  varie  comme  la  tempe- 
rat^ire.  Seche  dans  le  milieu  du  mois ,  hu- 
mide  dans  le  commencement  &  fur  la  fin. 

La  temperature    a  ete  a  la  moyenne  *.  \ 

14.  6'*^  :  4-  10. 

L'air  a  prefque  toujours  eu  beaticoup  de 
pefanteur  &  delafticite,  fans  exces  en  plus 
ou  en  moins  ,  &  fans  paffage  brufque  d'un 
etat  a  I'autre. 

La  plus  grande  ^l^vation  du  mercure  dans 
lebarometre,  a  6te  de  .  .  27  p.    7I.  p'^*^. 

La  moindre  de 16      11     6 

Ce  qui  donne 8  1.  3   de 

balancement. 

L'elevation  moyenne  dans  le  cours  du 
mois,  a  ete  de  27  p.  4  1.  ii  '^^.  La  plus 
grande  Elevation  du  mercure  dans  le  ther- 
mometre,  a  et6  de  21  '^.  6  "'^.  La  moindre 
Cf.  6.  La  difference  de  latitude  12  ^.  L'ele- 
vation moyenne  dans  le  cours  du  mois  ,  a 
ete  de  +  14.  6. 

II  a  plu  tres-fouvent ,  &  quelquefois  for- 
tement. 

II  y  a  eu  5  orages  avec  tonnerre  &  grande 
pluie.  II  eft  tombe  d'eau  3  p.  2  L  24  ^^^ 

Les  vents  du  S  ont  domine  dans  le  com- 
mencement dn  mois;  ceux  du  N  dans  le 
milieu ,  &  du  SO  fur  la  fin  :  ceux-ci  ont 
fouvent  ete  tres-violens. 

La  recolte  des  avoines  s'eft  faite  dans  les 


I 


D  E    Dijon,  lygjf.,        215 

ipremiers  jours  du  mois ;  elle  a  dte  tres-modlque, 
&  comme  elles  ^toient  coupees  &  fur  terre 
quand  les  pluies  font  furvenues ,  il  y  en  a  eii 
beaucoup  de  germ^es.  Le  chanvre  male  a  donn6 
tres-peu  :  on  a  obferve  que  le  froment  pefoit 
un  feptieme  de  plus  que  dans  les  annees  or- 
dinaires. 

11  n'y  a  point  eu  de  prunes,  8f  tr^s-peu  de 
peches.  Les  hirondelles  font  parties  fur  la  fin 
du  mois. 

La  conftitution  maladive  a  ^t6  comblnee 
de  la  bilieufe  &  de  la  catharrale ;  &  la  conf- 
titution automnale  a  commenci  fur  la  fin  du 
mois. 

II  y  a  eu  quelques  fievres  ardentes,  quel- 
ques  fievres  bilieufes  putrides,  quelques  fie- 
vres malignes  vermineufes,  &  quelques  fievres 
tierces. 

J'ai  vu  des  fievres  d'abord  tierces,  puis 
devenues  continues  remittentes,  prendre  un 
caraftere  de  malignite  qui  a  enlev^  les  malades. 
Mais  fur  la  fin  on  a  obferve  de  faulfes  pleu- 
refies ,  des  fluxions ,  des  fievres  quartes ,  & 
quelques  apoplexies. 

Le  nombre  des  malades  a  et6  peu  confi- 
d^rable. 


2t6 

A  c 

'  X  n  i 

M  I  E 

OBSERVATIONS  MtTtOROLOGlQUES^    | 

SEPTEMBRE.                            1 

THERMOMETRE. 

B  ARO  METR  E. 

«— (, 

^T"^^     ,'■'*     ' 

^       "^^       ^       1^*"'' 

t 

3 
o 

I 

MATIN.  Mi  D  I. 

S  0  I  R. 

MATIN. 

Midi. 

S  0  I  R. 

deg. 

12. 'deg.  12. 

Jeg.  12. 

po.   1.    12 

po.  1.  I  2. 

po.  1.  12, 

14 

M 

13.     3 

27.      2.    3 

27.   a.  0 

17.    3.  6 

a 

13 

16 

.3.     6 

4.  3 

4.  6 

6 

3 

IZ 

17 

13.     3 

6.  6 

7 

7-  3 

4 

n 

>7.     3 

14-     6 

7-  3 

7 

6.  9 

5 

12. 

9 

17 

15.     6 

7 

7 

7 

6 

14. 

3 

19.     9 

M-    9 

7.  3 

7-  3 

7 

7 

14. 

3 

19.     3 

17 

7.  6 

7.  6 

7-  9 

8 

M 

20.     6 

16 

7-  9 

7.  9 

7-  9 

9 

15- 

6 

21 

16 

7-  9 

8 

7-  9 

IC 

M 

20 

14.    9 

6.  6 

6.  6 

6.  6 

11 

'4 

17.     t 

IS 

7.  6 

7-  3 

7-  3 

13. 

^3- 

3 

18.     6 

15.     6 

7-  3 

7.  6 

7 

I'', 

'3- 

3 

19 

15.     6 

6.  9 

6 

5-  9 

'^ 

14. 

9 

19.     3 

I?.     9 

5-  5 

5 

4.  6 

'5 

13- 

9 

18.     3 

M-     3 

4.  ( 

4.  9 

5 

iC 

12. 

3 

17 

14.     3 

5-  3 

5  3 

5.6 

17 

12 

17-     5 

14.     3 

5-  ^ 

5-  3 

5 

i! 

12 

16.     i 

14.     6 

5 

4.  6 

4 

ff 

13 

17.    5 

I? 

3 

2.  6 

1.  6 

20 

14 

19 

14.    9 

I.   • 

I 

2.  6 

11 

13 

15.  s 

13 

4.  ( 

4.  6 

5.  6 

22 

II. 

3 

M-     5 

13 

6 

5-  3 

5-  3 

23 

12. 

0 

M-    ? 

12.    9 

4.  ^ 

4-  3 

4 

24 

12 

14.    t 

12 

4.  9 

5 

5 

■;.f 

9- 

6 

16 

14.     6 

4 

3.  6 

3-  3 

J26 

13- 

6 

16 

12.    6 

a.  9 

3 

3.6 

h? 

II. 

6 

15 

12 

3-  9 

4 

3-  9 

28 

II. 

3 

14 

10 

2.  3 

I-  9 

2.  9 

'2<; 

to. 

6 

12.    9 

10.     3 

3-  3 

3.6 

3.  6j 

I30 

9. 

9 

II.    3 

8 

3.  6 

3.  6 

^•'i 

BE    Dijon,  ^^^4: 


117 


FENTS    ET    tTAT    DU   C I E  L, 
S  E  P  T  E  M  B  R  E. 


jo, 
du 
in. 

Matin. 

Midi. 

S   0  I   R. 

1 

I 

SSE/^,coH-;>/.r. 

Sx  ,  CO.  -pi. 

Sx ,  -nu. 

■ 

2 

NEx,  CO. 

NO^,-nu. 

NO^  ,  -1-nu, 

3 

Nx ,  le.  fio. 

Nx ,  -nu. 

Nx,  fe. 

4 

Nx )  -nu-  «"• 

Ex  i  nu. 

Ex,fe.                  1 

<; 

SOx  ,  fe.  -br. 

S,   fe. 

ESEx,fe.              1 

6 

Ex,  fe.  -^r. 

NEx,-nu. 

NEx,  -l-fe. 

7 

ONOx,  re.  -/^r. 

NEx,  fe. 

NEx,fe. 

8 

NNOx ,  fe.  -br. 

NX  ,  fe. 

Nx ,  +fe. 

9 

ONOx,  fe-*^. 

E,  fe.' 

ESE, -l-fe. 

10 

OSOX^  ie.  -br. 

Ox ,  -nu. 

Nx  ,  fe. 

II 

iV ,  -f-niJ'  -^'■• 

N,fe. 

Nx,fe. 

12 

Nx,   fe.  ^r. 

Ex ,  fe. 

Ex  ,  fe. 

1  '^ 

Nx,  fe.  -br. 

ESE,  fe. 

ssEx,  r?. 

M 

SOx ,  fe.  -^r. 

E^,+nu.or.?'./)/. 

SSEXj  fe. 

15 

Nx,fe. 

N  ,  lb. 

NEx,  fe. 

16 

NNO ,  fe. 

NNE  ,  fe. 

NEx,  fe.  %'a. 

17 

NOX  ,  fe.  +^r. 

N  X ,  fe. 

NEx  ,  fe.  va. 

i8 

0 ,  -nil.  br. 

SSOx,  -nu. 

E  ,  CO.  ^r.  pi.  T. 

19 

'^O^-nxi.  pln.-\-br. 

Ex,  +nu.  . 

Sx,  fe. 

20 
21 

S^ ,  nu.  -\-brm. 
Sx ,  CO.  pin. 

S^,   -nu. 
SO>^,  nu. 

OSO^,co.  -{-pi. 
0^ ,  nu.  /./. 

22 

SO  ,  -nu.  ir. 

S,  nu. 

Sx,  CO. 

-3 

Sx,  nu.  Ro. 

Sx ,  -1-nu. 

Sx  ,  -{-nu.  pi. 

^4 

0^0,  -nu. 

Sx,  -nu. 

S^ ,  fe. 

^^ 

N  ,  fe.  /t. 

E^,-hnu. 

SOx  ,  CO.  fl. 

26 

Sx ,  CO.  -pi. 

SOx  ,  CO.  -pL 

SOx  ,  -nu. 

^7 

Sx  ,  -nu.  -br. 

SO^,nu. 
OSO^,  CO.  -pi. 

OSO ,  -f  nu.  -pi.  I 

828 

SSOx  ,  CO.  flnm. 

Ox,  fe.                1 

h9 

S,  nu. 

Ox ,  nu.  -pi. 

NOx,-l-nu.         1 

30 

Ox>+nu.ir./>//zOT. 

N^,  -f  nu. 

N^  ,  -f  nu.  -pi. 
1 

2i8  Academie 

RECAPITULATION. 

La  conftitntion  de  I'athmofphere  a  iii 
chaude  &  hnmide  dans  les  premiers  jours, 
tres-chaude  &  feche  du  7  au  20  inclufive- 
ment ;  fraiche  &  humide  dans  le  refte  du 
jnois. 

La  temperature    a  ^te    a  la  moyenne  \  \ 

'+  14.  7  ''^  :  10. 

L'air  a  eu  une  pefanteur  &  une  elafticit^ 
confiderable  ,  dans  la  premiere  moitie  du 
jnois ;  uh  pea  au  deffus  de  la  moyenne  dans 
la  derniere  moitie. 

La  plus  grande  elevation  du  mercure  dans 
le  barometre,  a  ete  de 27  p.  8  1. 

La   moindre  , ...  27-      i 

Le  balancement  de ,  7  1. 

La  hauteur  moyenne  pendant  le  mois , 
■*de  27  p.  5  1.  2  '*^.  La  plus  grande  Elevation 
du  mercure  dans  le  thermometre,  a  ete 
+  21  ^.  La  moindre  +  8.  La  difference  de 
dilatation  de  +  13.  L'elevation  moyenne  de 
4-i4*».  7"^ 

Les  vents  du  N  &  de  TE  ont  et6  les  do- 
minans ,  dans  les  dix-neuf  premiers  jours 
du  mois ;  ceux  du  S  &  de  I'O  dans  les  fui- 
vans.  Les  S  ,  SO  &  OSO  ont  quelquefois 
fouffie  avec  imp^tuofite. 

11  y  a  eu  des  brouillards  peu  epais  dans 
la  plupart  des  matinees,  du  5  au  27;  de  la 
pluie  le  premier  jour  du  mois  &  les   dix 


i 


D   E      D   1   J   O  N,    77^4.  219 

derniers;  deux  orages;  &  I'eau  qu'a  donne 
la  pluie,  a  ete  de  2  p.  3  1.  4"''^. 

De  legeres  gelees  a  blanc,  furvennes  dans 
les  premiers  jours  du  mois  en  quelques 
cantons  ,  ont  jauni  les  feuilles  des  vignes ,  & 
determine  a  hater  la  vendange.  Elies  ont 
commence  a  Beaune  aux  environs  du  10,  & 
fe  font  faites  ici  le  20. 

Le  raiiin  eft  bien  mur ;  la  fermentation  fe 
fait  prompteraent ;  le  vin  promet  d'etre  ex- 
cellent, &  fon  abondance  eft  an  dela  de  I'ann^e 
commune. 

Les  labours  ont  continue  a  fe  faire  avec 
facilite,  &  les  femailles  des  le   12. 

Le  gibier  de  toute  efpece  a  ete  fort  rare. 
On  ne  voit  plus  d'hirondelles  des  les  premiers 
jours  du  mois. 

La  conftiiution  continue  a  participer  de 
la  bilieufe  &  de  la  catharrale  ,  mais  elle  a 
peu  d'intenlit6.  On  voit  encore  des  fievres 
lierces;  quelques  affeftions  catharrales  ,  mais 
en  petit  nombre  ,  &  qui  cedent  facilement 
aux  (^vacuans  &  aux  antiphlogiftiques.  On 
a  vu  quelques  depots  laiteux  ,  quelques 
fievres  malignes  putrides.  En  general  il  y  a 
eu  peu  de  malades. 


210 


ACADE    MIE 


OBSER  FA  TIONS 

METEOROLOGIQUES. 

0  c 

T  0  B  R  E. 

rHERMOMETRi 

E. 
-^ 

J7^72  0  METRE. 

t 

\r    ^■ 

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^v^ 

'^^BaiK-^  < 

c 
J 

MATIN. 

Midi 

S  0  I  R. 

MATIN. 

Midi. 

S  0  I  R. 

ueg.  12. 

deg.  12. 

deg. 

12. 

po.   1.    12 

po.  1.  I  2. 

|.)0.    1.    12.: 

■  1 
5-    9 

9 

5- 

3 

27.     4.    9 

27.    5. 

27.     6.    6' 

:- 

5 

9 

6. 

6 

7.  6 

7 

8.  3: 

3 

5.     6 

9.     ^ 

6. 

3 

8 

7 

7-  9j 

') 

5 

10 

7- 

3 

6.  3 

5-  ' 

4-  9: 

•) 

6 

1 1 

9- 

3 

4.  2 

4.  6 

4.    9; 

6 

7 

12 

9 

4.  9 

5 

5 

7 

7.     3 

J I 

8 

4.  6 

3-  9 

3 

8 

7 

9 

8 

2.  4 

2.  6 

2.  3 

<, 

5-    ^ 

9 

5 

I.  9 

I.  6 

1.  G 

2.  5| 

XL 

3.    C 

6.     5 

4. 

3 

I-  5 

I.  6 

I  > 

3 

7-      ; 

6 

3.  9 

4.  6 

5.6) 

i; 

4 

8 

S 

6.  3 

6.3 

5-  9 

13 

3-     3 

7-     ^ 

4. 

9 

4.  9 

4 

4 

»4 

2.     (^ 

8 

5 

3-  9 

4 

4 

1) 

3 

8 

4. 

0 

4.  3 

4-   3 

4.  6 

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3 

8.     <' 

■)■ 

6 

4.  (. 

4.  6 

4.  6 
4-   3 

»7 

4 

8.     6 

6. 

9 

4.  6 

4.  3 

18 

3-     6 

9 

7 

4-  3 

4 

3-  6, 

19 

6.    9 

10 

8. 

3 

3-  5 

3 

3-  3! 

io 

8.     6 

II.     ^ 

10 

3-  5 

2.  9 

3-  3 

11 

8.    6 

9 

7. 

3 

4 

5 

6 

32 

5-     2 

8.    6 

5 

6.  . 

J 

6 

6.  3 

23 

4 

8.     3 

6.' 

6 

6 

6.  6 

3-  9 

54 

6.     3 

7-     3 

5 

2 

I.  9 

I.  9 

as 

2.     3 

5.     3 

6 

I.  9 

I.  9 

2 

26 

2.     3 

^ 

2 

I.  9 

I.  9 

I.  6 

27 

a 

3.    9 

2 

2 

2 

2.  9 

28 

I.     9 

2 

2 

2.  9 

2.  9 

2.  9 

29 

2.     3 

5 

4. 

6 

a-  9 

3.  6 

4 

30 

4.     2 

5 

4. 

6 

4 

4 

4.  3 

i' 

4 

6.     < 

4- 

4.  3 

2.  9 

3-  3 

D  E     Dijon,/  7^4. 


221 


l/ENTS     ET    ETAT    DU    C I E  L. 
O  C  T  O  B  R  E. 


I 

2 

3 

4 

5 
6 

7 
8 

9 

o 

I 

2 

3 

4 

5 
6 

7 
8 

9 

20 

21 

22 

3 

24 

25 
26 

2.7 

28 

29 

0 


Matin. 


Midi. 


NOX,  -nu.  br. 
NEx,  nu. 
NEx ,  -nu.  gb. 
Nx ,  ie.  ir. 
Nx,  -nu.  br. 
Nx ,  -nu.  br. 
Nx,  nu.  ir. 
N ,  CO.  plnm. 
Nx ,  fe.  Zt. 
Nx,  i"e.  br. 

Nx  ,    -nu.    ir.    erg. 

NOx ,  fe.  -ir.  gg. 
Nx,  k.  -br.  gg. 
Nx  ,  le.  -/^r.  gc^. 
Nx ,  fe.  -^r.  g-^'. 
Nx  ,  fe.  g^. 
N,  fe.  -br.  gb. 
Nx  ,  fe.  br.  (a) 
E ,  CO.  br.  pi. 
SE,  CO.  ^r/n. 
Ox ,  CO-  pl^nm' 
Ox,  fe. 
Ox  ,   fe.  ^r. 

so^,4-""-/'^'2'"- 

Oi<: ,  fe.  -^r.  gg.^ 
NNO^,co.  i/-.«e/. 
Sx ,  CO. 

NNO^,  CO.  nef. 
SO ,  CO.  ne^. 
SOx>  CO.  plnm. 
Sx,  +nu. 


Nx,  -1-nu.  -pi 
Nx  ,  nu. 
N,^ ,  -nu. 
ENE^,  nu. 
Ex,  -nu. 
Nx,  -nu. 
NEx ,  -|-nu. 
Nx,  CO.  pi. 

NE/X  .  ""• 
Nx .  -{-nu.  pi. 
NNE^ ,  4-nu. 
N^<,4-fe. 
NE^.  +fe. 
NEx,fe. 
NNEx ,  fe. 
Ex ,  fe. 
N,  fe. 

Nx  ,  le. 
S  ,  -j-nu. 
O ,  -f-nu. 
NOx,  -|-nu. 
N,  nu. 

SSEx  ,  -t-nu.  -pi. 
SO^ ,  nu. 
O^,  fe. 
NNOx,  CO.  se/; 
Sx ,  -hnu. 
NNO^,co.«^/ 
SO ,  CO.  brm. 
SOx.  CO. 
S,  -|-nu. 


S   o    I  R. 


N^,  fe. 
N^,  -{-fe. 
NEx,  fe. 
NE,  -fnu. 

NEX' ,  +nu.  -^z-. 
NEX,+„u. 
N/X,  CO.;,/. 
iNx ,   CO,  br. 
NNE>^,  fe. 
NE  ,X  ,  CO.  br. 
NNEX,co. 
N^,  +re,  -br.  » 
NNEX,+ie. 
N^,  fe. 

NJ^,fe. 
Ex  ,  fe.  -br. 
N,  le. 
N,  -nil. 
S ,  CO.  br. 
SO ,  CO.  pi. 
NOx,  nu. 
Nx  ,  fe. 

OSO^  ,  -fnu 
Ox  ,  fe. 

O^  ,  fe.  ir.  , 
NNo  ^,  CO.  br.  nef, 
NNO^,  -}-nu.  j 
NNO^,  CO.  nef. 
O  ,  CO.  irra. 
SX,co. 
S ,  CO. 


(a)  Cq  brouillard  qui  etoit  epais ,  a  gagne  lamontagne  en 
s'elevant. 


222  A   C   A  D   E   M  I   E 

R  t  C  A  PITULATION. 

La  conftitution  froitle  &  humide  dans  !es 
premiers  jours  du  mois ,  puis  temperee  & 
humide,  puis  froide  &  feche  ,  a  ete  ,  fur  la 
fi.i  du  mois  ,  fort  froide  &  extremement  hu- 
mide :  la  temperature  a  ete  a  la    moyenne 

: :  +  6.  2■^^  :  +  lo. 

L'air  a  eu  peu  de  pefanteur  &  d'elafticite, 
fur-tout  vers  la  fin  du  mois  ,  &  le  change- 
ment  de  la  pefanteur  a  ete  deux  fois  brufque 
&  confiderable. 

La  plus  grande  elevation  du  mercure  dans 
le  barometre  ,  a  ete  de  .  .  .  .  27  p.  8  1.  3 '  *''. 

La  moindre  a  ete  de  .  .  .   27       i     3 

Le  balancement    de    .  .  .  7 

L'elevatlon  moyenne  de  .  27      4 
Celle  du  mercure   dans  le  thermometre , 
a  ete  la  plus   grande  de    +  11  <*.  6"''.    La 
moindre  de  +  i.  9.  La  difference  de  dilata- 
tion de  9  ^.  9'"^ 

Le  ciel  a  ete  prefque  toujours  ferein  dans 
la  premiere  moitie  du  mois  ,  prefque  tou- 
jours convert  ou  nuageux  dans  la  feconde 
moitie. 

II  y  a  eu  de  frequens  brouillards  le 
matin  ,  qui  quelquefois  fe  font  auffi  montres 
le  foir.  Dela  pluie  fur  la  fin  du  mois,  &  un 
peu  de  neige  les  derniers  jours  ,  qui  fondoit 
en  tombantjoupeu  de  temps  apres  :  ces  deux 
jneteores  ont  donne  i  p.  10  1.  15  '\^.  d'eau. 


D  E    Dijon,  iy^4.         225 

II  y  a  eii  quelques  gelees  a  blanc  &  a 
glace  ,  notamment  du  11  au  17  inclufive- 
ment. 

La  recolte  en  rnais  a  ^te  fort  mauvaife. 
Les  femailles  continuent,  &  les  grains  femes 
en  Septembre  &  dans  le  commencement  de 
ce  mois,  ont  bien  germe. 

Les  corbeaux  ont  parii  des  les  premiers 
jours  du  mois. 

La  recolte  en  poires  eft  bonne,  celle  de 
pommes  fort  mauvaife.  Les  arbres  ont  perdu 
routes  leurs  feuilles. 

La  conftitution  a  ete  catharrale.  II  y  a 
eu  des  rhumes  frequens  ,  des  afFedions  rhu- 
matifmales  aigues  ,  de  fauffes  pleurefies  , 
quelques  apoplexies,  quelques  flux  de  ventre 
fereux ,  quelques  fievres  quartes. 

En  general  il  y  a  eu  tres-peu  de  maladies 
&  de  malades. 


224 


A    C   A   D   E    M   T   F 


OBSERVATIONS  METtOROLOGlQUES. 

N  0   V  E  M  B  R  E. 

THERMOMETRE. 

BARO  METRE. 

i^'fMATIN. 

M  I  D  I. 

Soi  R. 

Mat  IN. 

Midi. 

S  0  I  B. 

Hii' 

uu 

m. 

jcleg.  X2. 

deg. 

la. 

dcg.  12. 

po.  1.  12. 

po.  1.  12. 

po.  1.  72. 

J 

1     4-     9 

7 

5.     6 

27.    3 

27.    3. 

27.   ^.  6 

A     5-     9 

8 

6 

3 

3.  6 

4 

3 

5 

7- 

6 

4.    9 

4 

4 

3 

4 

3 

6. 

3 

5 

i.  6 

2 

1.  9 

5 

4.    9 

7 

5-    3 

9 

26. 1 1.  6 

26. 10.  9 

6 

5 

5- 

3 

5 

26.  10.  3 

10.  3 

ID.  ^ 

7 

4.     9 

7 

5 

II.  3 

27.    I. 

27.   1.  9 

8 

4.     3 

5- 

3 

4 

27.    2.  6 

3'^ 

4 

9 

3.     3 

4- 

3 

I.     9 

3.6 

3.6 

3-  3 

lO 

0 

3- 

c 

3.     6 

3-  3 

3 

11 

4 

6. 

*; 

7 

3-  3 

3-  3 

3-  9 

la 

7 

9 

7      3 

4.  2 

4.  3 

4.  9 

I', 

7 

8. 

< 

8. 

4.  9 

5 

5.6 

i^: 

8.    3 

9- 

9 

9 

6 

6 

6.  3 

i^ 

6 

Q. 

9 

7 

6 

5-  3 

5-  3 

^16 

4.     6 

8. 

6 

6 

5-  3 

5-^' 

5.6 

17 

4 

7 

7 

5-  3 

.      5-  3 

5-  3 

if 

5 

7- 

6 

5.    6 

5-  3 

^'  ^ 

3-  9 

'-9 

2.     3 

3- 

9 

2 

..  6 

2.  6 

4.  6 

iC 

—  I 

3 

9 

4.6 

4.  3 

4.  6 

■>  7 

—  I 

4. 

C 

2 

6 

6 

7 

2? 

—  I 

2. 

^ 

0.     3 

6.9 

6.  9 

7 

23 

6 

2, 

n 

T 

2.     3 

6.  ^ 

6 

6 

24 

I 

3 

I 

3 

6.  2 

6 

6.  6 

5.S 

2.     3 

4 

3-    9 

6.  3 

5.6 

5-6 

26 

4 

6 

4.     6 

5 

5 

6 

27 

2 

3- 

9 

2.     3 

7 

8.  6 

9 

28  I 

29  I 

2. 

6 

I.     9 

8.  9 

7.6 

5.6 

4 

2.     3 

5    ^ 

3 

4-  3 

3C 

1° 

6 

3 

4.  6 

5-  3 

4.  6 

D  E    Dijon,  ^7^4: 


225 


"■uumtfesifma 


VENTS     ET    tTJT    DU    CIEL 
NOVEMBRE. 


)0. 

n. 


7 
8 

9 
20 

21 

12 
23 

M 

^5 
26 

27 

28 

29 

(30 

31 


Matin. 


O ,  -nu. 

S^,  CO.  +plnm. 
Ox ,  nu.  -6A 
NOX,  -nu. 
N,  nu.  -br. 
NNOx,co.ir.(^) 
NOx,  CO, -{-s.pl. 
O ,  CO.  hr. 
Ox ,  fe.  ^^. 
SOX,  (Q.-\-br.gg. 
S^,  CO.  ^r.  pi. 
S^,   CO. 
S^,-{-nu.  bm.-pl. 
S^,-\-r\\i.pln.br. 
S  J^ ,  Te.  i?. 
S  ,   fe.  -5. 
SSOx  >  nu.  J7. 
SOX  3  -nu-  -B. 
SO^,  CO.  plnm. 
SOx,  -nu,  gg. 
NO,4*nu.  nein.gg. 
O,   iQ.-\-gg. 
Sx,  CO.  gg.  nei. 
S  ,  CO.  gg.    sm. 
SOx »  CO.  ^m. 
Sx ,  CO.  pL 
N ,  CO.  Em, 

S ,   CO.   B. 

SEx,  CO.  .ff. 

NNEx,co.B./?.gg-, 


Midi, 


.  , 


SOx,  nu. 

S^,  +nu. 
Ex,  Hhnu. 
NNOX,  fe. 
N  ,  nu. 

NO ,  CO.  -^pL 
SOx  ,  CO.  -pi. 
Nx,-{-nu. 

NNOx,  fe. 

S,  fe. 
Sx ,  CO. 
S^,-{-nu. 

^^»    CO. 

SSOx ,  -j-nu. 
S,  fe. 
S,fe. 
S ,  -f-nu. 
OSOx,  nu. 
NO^,nu. -p/. 
SOx ,  -j-nu.  /zei. 
O  ,  -|-nu.  nei. 
SOx ,  fe. 
SOx  i  co.nef.pl. 
SOx  5  CO.  ^m. 
S  ,  CO. 

NOx,  +""• 
SE,  CO.  bm, 
S ,  CO.  bm. 
NEX,  -nu. 
N ,  B.  de. 


S   O    I   R. 


S ,   CO.  -br. 
SOi^,  -i-nu. 
Ex ,  fe. 
NOx,  CO. 

E,  -f-nu. 
NO ,  CO.  -pi. 
iNX,  CO. 
Nx,  CO. 
NOx,  fe. 
S^ ,  CO.  -{-pi. 

J^  ,   CO. 

S^ ,  CO.  pi. 
Sx ,  CO. 
Sx ,  CO.  -pi. 
S  ,  -f-fe.  aut 
Sx  ,  le.  I 

S,  fe.  /^/K.  ( 

OSO^.  CO.  ref. 
NOx.   fc.    ■ 
SOx,  fe. 
Ox,  co.-^. 
NOx,fe. 
NOx,  CO. 
Sx,nu, 
S,  CO.  -pi. 
NEX,  fe. 
Ex,  CO.  bm. 
S ,  CO.  bm. 
NEx,  -nu, 
Nx,  B. 


-  ■  TflVi  <i*-*^«»*iCS*° 


(i?)  C^  brouiilard  gagoe  la  mcntagne  en  s'elevant. 


2l6  A   C   A   D   E  M   r  E 

RtCAPITULATION, 

La  conftitutlon  athmofph^rique  ,  froide 
dans  les  onze  premiers  jours,  &  tres-froide 
fur  la  fin ,  a  ete  feulement  fraiche  dans  le 
milieu  du  mois  ,  mais  conftamment  tres- 
humide ,  &  excefTivement  dans  les  derniers 
iour&i  La  temperature  a  ^te  a  la  moyenne 

:  :  +4.  4"«  :+  10. 

L'air  a  eu  peu  de  pefanteur  &  d'elafticit^ 
dans  la  premiere  moitie  du  mois,  beaucoup 
plus  fur  la  fin;  &  en  general  ces  qualites  de 
l'air  ont  ete  au  deffus  de  Tetat  moyen. 

La  plus  grande  elevation  du  mercure  dans 
le  barometre ,  a  ete  de  .  .  .  27  p.  8  1.  9  '  *^. 

La  moindre  de 26     10     3 

Le  balancement  de  .  .  .  .  1 1  1.  6  '**. 

L'elevation  moyenne  de  .  27  43 
La  plus  grande  elevation  du  mercui^  dans 
le  thermometre  ,  a  ete  de  +  9  ''.  9"^.  La 
moindre  de  I.  La  difference  de  dilatation  10. 
La  moyenne  elevation  de  +  4  ''.  4  '"^.  Et 
confequemment  la  temperature  a  ete  '.  '.  -4- 
4^.4'^^  :  +  ,0, 

Le  ciel  a  prefque  toujours  ete  couvert  ou 
nuageux  :  il  n'y  a  eu  de  ferein  que  la  valeur 
de  huit  jours. 

Les  brouillards  ont  ^te  tres-frequens  le 
matin ,  &  ont  dure  trois  jours  entiers.  II  y 
a  eu  une  fois  du  frimas,  quatre  fois  de  la 
neige,  mais  peu  abondante,  &  qui  n'a  pas 
tenu  i  dix  fois  de  la  pluie ,  mais  rareraent 


D  E    Dijon,  1^84.  ivy 

tres-abondante.  L'eaii  qui  eil  tombee  a  ^te 
de  I  p.  6  1.  4■'^ 

Les  vents  du  S  &  de  VO  ont  domine  pen- 
dant tout  le  mois ;  ceux  de  I'E  &  du  N  du 
3  au  9 ,  &  du  26  a  la  fin  du  mois  ;  ils  ont 
ete  rarement  violens. 

II  y  a  eu  une  gelee  blanche  &  fept  fois 
de  la  gelee  a  glace  ,  &.  une  aurore  boreale 
blanche  le  15. 

l.^s  femailles  ont  ete  achevees  de  bonne 
heure  ;  les  grains  les  derniers  femes  germent 
mal  &  promettent  peu. 

La  recolte  des  chenevis  qui  ont  ete  femes 
tard,  ne  s'eft  faite  que  dans  les  premiers  jours 
de  ce  mois;  elle  eft  affez  abondante  ;  les 
tiges  font  belles  &  tres-fragiles  ,  ce  qui  fait 
craindre  que  le  chanvre  ne  foit  caffant. 

La  conftitution  catharrale  continue  a  do- 
miner.  Les  maladies  qui  ont  ete  obfervees 
font  les  memes  que  celles  du  mois  prece- 
dent :  on  a  vu  plus  de  fievres  quartes,  & 
quelques  leuco-phlegmaties. 

Le  nombre  de:  malades  a  ^t^  peu  confi- 
d^rable. 


Qij 


22S 


A    C    A    D    E    M    T    E 


OBSEKVA TIONS  ME TEOROLOGIQULS. 
D  6   C  E  M  B  R  E. 


T  HLRMOMETRE. 


J°Matin. 

du; 

'deg.  12. 


m. 


I 
3- 

4 
6 
8 


lo 
II 

12 

»3 

M 

i6 

I 

17, 

l8: 

20 
21 

22 

^3 

■24 

26 

27 

28 

29 

3^^ 


-6.     t 


— 4.     (/ 


I 

I. 

o 

I. 

4 

5- 

4 

3- 
I. 

I 

I 

o. 

I 

o 

—  2 

—  2 

—  1. 

—  2, 

—  2 
I, 
O 

—  2 
-3.      C 


-o.     3 

6 

9 


VI  I  D  1. 


dea.  1 2 


-2 

I. 

I. 

3 

5 
6. 

8. 

4 

3 
I. 


2 

3- 
3- 
-■). 
-3- 
—4 
—  1 


—  I.     ^ 


1'^ 


-I.     i 


Soi  R. 


ie::.  12. 


o 

— o. 
— o. 

—  I. 

—  2. 

—  2. 

—  2 

—  I 

—  I 
O 

—  r. 

-3- 
-3- 
-7- 
-6 
-8. 

— 4- 
1—0. 


I 
I. 


BARO  MET  RE. 


S  O  I  R. 


M  AT  1  K. 

M 

I  D  1. 

po. 

1.   12. 

po. 

1.    12. 

27. 

2. 

J 
> 

-7- 

2.    6 

2. 

9 

3.  6 

4« 

6 

4.  9 

2 

'•  3 

26. 

II. 

3 

26. 

9-  3 

7- 

6 

6,  6 

6. 

6 

7.  3 

6. 

6 

7.6 

9- 

9 

11.  3 

II. 

3 

II.  6 

27. 

9 

1 1 

26. 

7.  6 

9- 

6 

10 

II. 

3 

11.  6 

27. 

I 
I. 

3 
c 

^-7- 

I 

I-  S 
1.  ^ 

po.   1.   12. 


^7- 


26. 


4 
4 
I. 
I. 

4 

6. 

6 

3- 
2. 

I. 

I. 

9- 


I. 

4- 

I. 

2 

4- 
6. 
6. 

3- 

2. 

2. 


9 
61 

6  ir,.  ? 


2.  9 

4.  6 

4-  3 

9 
8.  6 

6.  6 


7- 

8. 

II. 


27. 
26. 


27. 


6 

9- 
II 


I 

2 

2. 

5- 

3 
I. 

3- 
6 

6. 


6 
3" 
9 
9 


9 
9 


16. 


5- 

2. 

3 
6 

a 

2 

0. 

-7. 

9 

6 

D  E      D   1   J   O  N,   fyS4. 


229 


FENTS     ET    tTAT    DU    C I E  L. 

DfiCEMBRE. 


10. 
ju 
m. 


I 

2 

3 
4 

6 

7 

8 

9 
o 
I 

2 

3 

4 

5 
6 

'7 
[8 

'9 

20 

21 

22 
23 
24 

^5 
26 
27 
28 
29 
30 

31 


Matin. 


Sx ,  CO.  nein.  B. 

N ,  nu. 

NO. 

Sx,  CO.  B. 

Sx  ,  cc. 

Sx  ■,  CO.  pin. 

S  ,  CO. 

Sx,  CO. 

Sx,  n'l.  B; 

N,  4-nii.  B.  gg. 
NX  ,  CO.  nei.  gg. 
Sx,  CO.  nei.  gg. 
SpX  ,  CO.  gg. 
Sx  ,  CO.  gg. 
OSO^,  CO.  ^?. 
ONO^ ,  CO.  gg. 
Ox ,  CO.  gg. 
SOx,  CO.  -/2fi.  gg. 
SOx,  CO.  gg-. 
Ox  ,  nu.  -B.  gg. 
SOx>  -nu.  -nei.gg. 
N,  CO.  gg. 
Nx  ,  CO.  -B.  gg. 
Nx,  CO.  gg. 
Nx,co.  R.fr.gg. 
Ex,  -nu.  gg. 
Nx ,  fe.  gg. 
NNOX ,  fe.  gg. 
N ,  CO.  gg.  ve. 
N,  CO.  gg.  ve.  bm. 


Midi. 


S,   CO.     B. 

,  4-nu. 


Sx ,  CO.  pi. 
S^ ,  CO.  +pl. 

S^  ,  CO.  pi. 

S,   -f-nu, 
S^  ,   +nu. 
Sx ,  fe. 
O^,  fe.  gg. 
Nx  ,   CO.  ;2t;i. 
NO^  ,   CO.  nei 
SO^^  ,  CO.  nei. 
Ox  ,  -nu.  de. 
S^  .  CO.  gg. 
NO^,nu.  gg. 
ONO^,co.-;zei.gg. 
SO^,co.-«ei.gg. 
SOx  ,  CO.  nei.  gg. 
SO^,  CO.  gg. 
Ox,  CO.  Je. 
SOx  J  CO.  /zei.  (fe, 
Nx ,  nu.  gg. 
N>': ,  CO.  gg. 
N^ ,  -nu.  gg. 
Nx,  CO.  B.fr.gg. 
N,^  ,  CO.  B.  gg. 
Nx,  -nu.  gg. 
NNOx  ,  fe.  gg. 
NNO,co.gg.;;/.ve. 
NO  ,  CO.  bm.  di 


S    O    I    R. 


S ,    CO. 

N^,  CO. 
O. 

Sx,  CO. 
S^ ,  CO.  -|-p/. 
S^,  CO. 
Sj^,  CO. 
S;^,  CO** 
Sx  ,  fe. 

O^  ,   -fnu.  gg. 
N  ,  CO.  nei.  gg. 
O^  ,  o.  /2ei.  gg. 
O^,  CO.  Tze^gg.l 
SOx,  CO.  nei.  ggX 
S^^  ,   CO.  gg.  "    j 
NNO^,  nu.  g^. 
ONO^,co.VV. 
SC)^,co.  -nei.gg. 
SOx  ,   CO.  gg. 
SSO^  ,  CO.  gg. 
Ox ,  CO.  gg. 
SOx :,  -|-nu.  gg. 
Nx,  CO.  gg. 
Nx,  CO.  gg. 
N^  ,  i'e.  gg. 
N^  ,  CO.  gg. 
N^ ,  ^e.  gg. 
Nx  ,  fe.  gg. 
NOX  ,  CO.   nef. 
N,  CO.  gg.  B.pl.  ve 
NO,co.bm.iie.pl. 

iTi»TiriT»m 


aSBSOSBI 


IjO        A  C  A  D  E  M  1  E 

RtCAPlTULATION. 

La  condltution  a  ete  tres-froide  &  extre- 
mement  humide  dans  le  commencement  du 
mois ,  tres-humide  &  exceffivement  froide 
fur  la  fin.  La  temperature  a  ete  alamoyenne 
1  *.  —  o  4"*  *.  +  lo. 

L'alr  a  eu  tres-peu  de  pefantenr  &  d'elaf- 
ticite  dans  la  premiere  moitie  du  mois ,  un 
peu  plus  dans  la  i'econde  ,  mais  prefque  tou- 
jours  fort  au   defl'ons  de  I'etat  moyen. 

La  plus  grande  elevation  du  mercure  dans 
le   barometre  ,   a  et^  de  ...  27  p.  6  1.  9 '*"• 

La  moinJre  de 26      6 

Le  balancement  de  .   .  .  .     1  p.         9"". 

La  plus  grande  elevation  du  m.ercure  dans 
le  thermometre  ,  a  ete  de  +8.  6'^^  La 
moindre  de  —  8.  3.  La  difference  de  dila- 
tation de  16.  9.  La  moyenne  elevation  de 
—  04  '*^  Et  confequemment  la  temperature 

: :  —  o  4  *.  +  10. 

Le  S  a  domine  dans  le  premier  tiers  du 
mois ,  le  SO  dans  le  fecond,  &  le  N  dans  le 
troifieme. 

Le  ciel  n'a  ete  fereln  que  la  valeur  de 
cinq  jours  ,  &  tout  le  refte  du  mois  couvert 
ou  nuageux. 

II  y  a  eu  du  bronillard  pendant  im  jour 
entier ,  deux  demi-journees  &  quatre  ma- 
tinees. 

II  a  plu  fort  abondamment  pendant  trois 
jours,  neige  pendant  la  valeur  de  cinq  jowrs 


D  E    Dijon,  lyS^.  231 

en  dlfFerentes  fois  ,  &  il  eft  tombe  en  tout 
I  po.  6  1.  de  neige.  Cette  neige  eft  reftee 
fur  la  terre  depuis  le  11  jufqu'au  30,qu'elle 
a  commence  a  fondre  par  un  leger  degel 
&  un  brouiilard  mouillant,  qui  ont  produit 
un  verglas  qui  a  dure  deux  jours. 

L'eau  de  la  premiere  neige  &  de  la  pluie 
a  ete  de  i  p.  9  1,  7'*'.  II  a  gele  a  glace 
depuis  le  10  jufqu'au  30  inclulivement.  Le 
degel  n'a  commence  que  le  31, 

La  neige  ,  en  couvrant  les  bleds  ,  les  a 
preferves  de  la  rigueur  du  froid  ,  &  a  fa%|» 
rife  la  vegetation  des  grains  femes  les  derniersi 

La  conftitution  cntharrale  a  ete  la  domi- 
nante  ;  de  gros  rhumes ,  des  fluxions  erefi- 
pellateufes  ,  des  affeftions  rhumatifmales  , 
ont  ete  les  maladies  les  plus  frequentes. 

II  y  a  quelques  fievres  quartes ,  quelques 
flux  de  ventre  fereux  ,  quelques  flux  dyfen- 
teritiques  ,  quelques  fauff'es  pleurelies,  des 
points  erratiques  fans  fievre  ,  des  cepha- 
lalgies  ,  &  des  depots  laiteux  aigus  &  chro- 
-niques  :  mais  le  nombre  des  malades  eft 
|>eu  conftderable. 

RESUME    GENERAL. 

Les  differens  tableaux  que  je  viens  de 
tracer,  n'ofFrent  pas  des  traits  aufli  frappans 
que  ceux  qui,  en  carafterifant  I'annee  1783  , 
feront  de  cette  annde  une  des  plus  memora- 
i>les  de  celles  dont  on  a  ecrit  I'hiftoire.  On 

Q  iv 


2^1  A   C   A   D   E   M   I   E 

n'y  volt  nl  m^teore  extraordinaire ,  ni  fe- 
coufle  efFrayante  du  I'oJ  que  nous  habitons. 
Mais  on  y  en  trouve  de  bien  plus  intereffans 
pour  le  Philofophe  dont  les  fpeculations  ont 
pour  objet  le  bonheur  de  rhomme  fur  la 
terre;  &  qui,  dans  I'intention  de  fe  rendre 
de  plus  en  plus  utile ,  s'attache  a  decouvrir 
les  caufes  des  evenemens  phyfiques,  &  a 
iaifir  le  rapport  qu'ils  ont  entre  eux. 

On  vcit  un  hiverhumide&  exceflivement 
froid  ,  fe  prolonger  bien  avant  dans  le  mois 
tl'Avril ;  faire  perir  en  grande  partie  les  ani- 
maux  livres  aux  feuls  foins  de  la  nature  ; 
arreter  les  travaux  de  I'agriculture  ,  &  re- 
tarder  la  vegetation  au  point  d'infpirer  des 
inquietudes  fur  le  fort  des  grains  confi^s  a 
3a  terre  dans  Tautomneprecedente,  d'alarmer 
fur  celui  des  femences  cereales  &  legumi- 
neufes ,  qu'on  doit  encore  repandre,  &  des 
fruits  dont  nos  befoins  reels  &  nos  befoins 
faftices  ont  rendu  I'ufage  important. 

On  voit  un  printemps ,  dont  la  premiere 
partie  a  et6  abforbee  en  quelque  forte  par 
I'hiver  ,  reprendre  brufquement  la  tempera- 
ture qui  le  diflingue  ,  &  fe  rapprocher  avec 
rapidite  de  celle  de  Fete ;  favorifer  la  vege- 
tation de  maniere  a  I'avancer  plus  qu'elle 
ne  reft,annee  commune,  au  commencement 
de  r^te  ;  mais ,  par  fa  fechereffe  ,  rendre  dif- 
ficile la  germination  des  mars  &  des  pi  antes 
legumineufes. 

Tons  les  arbres  fruitiers  fe  couvrent  de 
fleurs  &  promettent  line  abondance  de  fruits , 


D  E    Dijon,  z^^^.        255 

jnais  des  froids  inattendus  en  Avril  &  dans 
les  premiers  jours  de  Mai,  font  evanoulr  en 
grande  partie  ces  efperances.  Des  hannetons 
eclofent  en  quantity  extreme  ,  devorent  les 
feuilles,  &  en  depouillent  les  arbr»s,au  point 
que  plufieurs  font  aufli  denues  qu'au  fort  de 
I'hiver;  des  chenilles  non  moins  nombreufes 
augmentent  le  d^gat,  &  des  mulcts,  des  fouris 
devallent  les  champs. 

L'ete  par  la  fechereffe  &  la  chaleur  de  fon 
commencement  a  confomme  le  mal  que  cette 
nieme  conftitution  du  printemps  avoit  pre- 
pare. Les  prairies  deffechees  n'ont  produit 
que  tr^s-peu  de  fourrage  ;  les  mars  ont  avorte 
en  grande  partie,  &  les  grains  qui  ont  germe 
fe  font  peu  eleves,  &  n'ont  donn6  que  des 
^pis  peu  fournis. 

Les  feigles  &  les  froments  ont  feuls  pro- 
cur6  une  recolte  abondante.  Leur  developpe- 
ment  n'etant  pas  gen^  par  des  plantes  etran- 
geres,  s'eft  fait  de  la  maniere  la  plus  favo- 
rable. Leurs  epis  etoient  grands  &  gros  , 
leurs  grains  bien  renfles  &  compades.  Mais 
les  tiges  etoient  courtes  &  fragiles.  La  beaut6 
des  epis  ,  la  bonte  des  grains  etoient-ils  I'efFet 
de  la  feve  qui  n'a  pas  ^te  employee  a  pro- 
loi^ger  les  tiges,  ni  a  nourrir  des  vegetaux 
Strangers,  ou  de  la  chaleur  reflechie  qui 
avoit  moins  de  chemin  retrograde  a  faire 
pour  parvenir  aux  epis  ?  On  fent  que  I'eva- 
poration  qui  a  ^te  tres-confiderable ,  a  du 
donner  plus  de  denfit^  a  la  farine  contenue 
dans  les  grains  j  mais  la  caufe  des  autres 


t 

ure 


^U  A    C   A   D   E  M   I  E 

phenomenes  qu'offroient  les  ^ph  ,  pourrol 
etre  le  fujet  dun  probleme  d'agricukun 
ciirieux  a  refoudre.  bricuitun 

La  temperature  chaude  de  tcute  cette 
fa:  on  fafeclierefleioutenue,  quoique  tem- 
Peree  lur  la  hn  par  un  peu  d'humidite,  de- 
voient  naturellement  accelerer  la  maturite  de 
tous  les  fruits;  auffi  tous  ont  ete  precoces. 
Les  raihns  meme  ont  muri  avec  une  preco- 
ctt  rare  Onapulesvendanger,  dans  nos 
climats  ,  dcs  les  premiers  jours  de  Septembre. 
L  ouvrage  que  la  nature  emploie  ordinaire- 

iomme  dans  1  efpace  de  quatre  ;  &  nous 
ayons  eu  fous  les  yeux  un  exemple  de  ce 
qui  fe  paffe  annuellement  dans  les  climats 
Jes  plus  feptentnonaux ,  ou  quelques  mois 
de  chaleurs  vives  iuccedant  aux  froids  les 
ph,s  longs  &Ies  plus  violens,  fuffifent  pour 
affurer  aux  peuples  qui  les  habitent  ,  des 
recoltes  bonnes  &  abondantes. 

L'automne  a  peu  differe  de  Tete  dans  fon 
commencement ,  tant  par  fa  chaleur  que  par 
fa  fechereffe,  a  conferve  dans  fon  n^ilieu  le 
carapere  qm  lui  eft  propre ,  d'etre  un  pen 
.Iroide  &  moder^ment  hnmide,  &  s'eft  rap- 
procne^  de  celui  de  I'hiver  par  une  humi- 
due  fouvent  exceffiye,&  par  des  froids  tr^s- 

Cette  conftitution  a  favorlfe  la  recolte  des 
ftiuts  que  les  infedes  ^  la  fechereffe  avoient 
epargnes;  celle  des  noix  &  des  poires  a  ete 
ioxt   bonne.   Les  pommiers    qui   fleuiiiTent 


> 


D  E    Dijon,  ly^^.  235 

plus  promptement ,  avoient  eprouv^  les  ra- 
vages des  froids  ,  des  hannetons  &  des  che- 
nilles ,  &  n'ont  point  donne  de  fruits.  Les 
labours,  les  femailles  fe  font  faites  avec 
facilite.  L'humidite  de  la  fin  de  cette  faifoii 
a  feconde  la  germination  des  grains  ,  &  la 
neige  du  premier  mois  de  Thiver  qui  a  fuivi, 
les  a  proteges  centre  les  froids  qui  ont  luc- 

cede. 

Les  'influences  de  Thiver  fe  font  rendues 
fenfibles  furle  genre  animal.  Une  deftruftion 
prefque  complette  des  volatiles  &  des  qua- 
drupedes  non  dom.eftiques  ,  en  a  confidera- 
blement  diminue  le  nombre.  Le  chant  des 
oifeaux  a  rarement  egaye  le  printemps.  Les 
cailles,  oifeaux  de  paffage ,  font  arrivees 
tard,  &  ont  ete  tres-peu  nombreufes.  Les 
hirondelles  font  egalement  arrivees  fort 
tard  &  en  troupes  ,  bien  moins  confiderables 
qu'a  I'ordinaire;  il  n'eft  pas  jufquaux  b^- 
caffes ,  aux  corbeaux ,  oifeaux  familiarifes 
avec  le  froid  ,  &  qui  chaque  a'nnee  arrivent 
ou  paffent  aux  approches  de  I'hiver  ,  qui  , 
par  la  diminution  de  leur  nombre ,  n'aient 
prouve  que  les  rigueurs  du  froid  les  ont 
confiderablement  affe£les. 

Cette  influence  de  I'hiver  n'a  pas  moins 
ete  fenfible  fur  les  quadrupedes  fauvages  ;  & 
fi  la  prudence  des  Cours  Souveraines  n'en 
eut  pas  prohibe  la  chaflTe  ,  la  deftrudion  de 
leur  efpece  etoit  prefque  inevitable. 

L'homme  lui-meme  offre  des  preuves  de 
rimpreflion  que  les  difFerentes  conftitutions 


^5«  A  C  A  D  4  M  I  E 

courant  de  ce.te  annie  ""'   ''""^   '« 

Ponvoit  Juz  porter  r-''  "^'^  '"'^"^^^  ^"« 
^es  animaux  errans  fans  abrl  ?^  r        ^r^"'' 

lie  5  eit  p,ts  reproduite. 
Aulfi  quoique  le   froid   de  I'hiver    ^   ^ 

.L!!         r        '"'••tout  en   mais  &  en  le- 
gumes, en  d,m.„„a„t  1«  reffources  du  pe"pie;    ■ 


i 


D  i     D  I  J  o  S  ,  ry^4.         237 

8t  notamment  des  gens  de  la  campagne  ,' 
les  a  reduits  a  une  indigence  falte  pour  les 
difpofer  a  etre  les  viitimes  des  maladies  ,  la 
conftitution  athmofpherique  les  a  preferv^s 
des  Antes  tuneiles  que  pouvoit  avoir  cette 
caufe  fi  feconde  de  maladies  ;  mais  peut- 
etre  que  les  effets  de  cette  caufe  ne  (e  ren- 
dront  fenfibles  que  dans  I'annee  fuivanteJ 
L'hiver  eft  la  faifon  oil  le  beloin  de  ces 
denrees  eft  le  plus  preffant ,  oii  leur  priva- 
tion eft  le  plus  difficile  a  fupporter.  (i) 

On  jugeroit  mal  de  la  falubrite  de  cette 
annee  ,  ft  Ton  (e  bornoit  a  Teftimer  par  le 
nombre  des  morts,  fans  confiderer  les  epoques 
oil  la  mortalite  a  ete  la  plus  grande.  On  voit 
enefFet,  par  le  tableau  precis  des  evenemens 
de  cette  annee,  que  le  nombre  des  morts 
excede  de  12  celui  de  I'annee  commune. 
Mais  on  voit  aufli  que  des  707  morts  de 
celle-ci,  417,  pres  des  deux  tiers  du  total, 
font  morts  dans  les  ftx  premiers  mois  ,  &  i6« 
dans  les  mois  de  Janvier  &  Fevrier.  Or, 
ceux-ci  etoient  pour  la  pkipart  des  malades 
qui  ont  p6ri  des  fuites  qu'avoient  eues  les 
fievres  de  I'annee  precedente.  De  forte  que 
s'il  eutete  poffible  de  les  dcdulre  du  nombre 
total,  on  auroit  probablement  trouve  que 
la  mortalite  de  cette  annee-ci  a  ete  au  deft'ous 


(i)  Cette  trifle  verite  a  6te  demontrce  jiar  la  na- 
ture des  Epidemics  ,  qui  pendant  les  premiers  inois  ds 
Jt785  ont  regne  en  differens  endroits  du  Royautne. 


238  ACADiMIE 

de  celle  deVannee  moyenne ,  &  la  conftlttition 
athmorphf^rique  &  la  nofoique  ,  tout  con- 
court  a  fortifier  cette  probabilite. 

L'humidite  eft  de  tous  les  etats  de  rathmof- 
phere ,  celui  qui  rend  les  annees  le  plus  in- 
ialubres  ,  &  dans  celle-ci  ,  excepte  fur  la 
fin,  I'air  a  toujours  ou  prefque  toujours  et6 
{ec.  II  n'eft  tombe  dans  les  fix  premiers 
mois,  que  6  p.  4  1.  3  '^%  d'eau,  &  dans  les 
fix  derniers  ,  1 1  p.  8  1.  34 ' ^^  en  tout  1 8  p. 
I  1.  I  '^%  tandis  qu'il  en  tombe  annee  com- 
piune ,  25  p. 

La  conftitution  nofoique  n'a  que  foible- 
ment  particip6  de  la  putride,  a  toujours  ete 
catharrale  ,  &  quelquefois  bilieufe. 

Une  remarque  int^reflante  a  faire ,  pour 
ne  laiffer  echapper  aucun  fait  d'oii  par  la 
fuite  on  puiffe  titer  quelques  indudions  ,  eft 
qu'il  eft  mort  cette  annee  369  femelles,  & 
leulement  338  males  ,  &  confequemment  — 
plus  de  femelles  que  de  males  ;  tandis  qu'or- 
dinairement  la  proportion  eft  en  faveur  du 
fexe  feminin.  Elle  etoit  en  1782  :  15:6; 
en  1783  :  :  3  :  4  ;  elle  eft  cette  annee  a  pen 
pres  :  :  n    :  10. 

Le  nombre  des  naiffances  des  enfans  des 
deux  fexes  ,  s'eft  plus  rapproche  de  la  pro- 
portion ordinaire  entre  les  males  &  les  fe- 
melles ,  qui  eft  comme  13  :  12.  Elle  a  meme 
^te  plus  favorable  aux  femelles;  carle  nom- 
bre des  males  ^tant  de  367,  &  celui  des 
femelles  de  346 ,  il  en  refulte  que  celui  des 
premiers  eft  a  celui  des  fecondes :  :  13 :  12.  }6» 


Pag.  Z5^. 


■^^^ 


idesmortS  Nombredesnaiflances 


^% 


TA  B  LE  AU  precis  des    ivinemens   de  Tannic    lySj^, 


Pag.  13?. 


M  O  I  S.     iTEMPiRATURE. 


Janvi 


Fh 


Tier. 


Etat  de  I'air. 


Pen  pcfant. 
peu    etujiiquc. 


'.  '.  — O.  7"'  '.+10. 


M. 


ars.     I '. '.  +4-  2'"  ;  +10. 


Pcfantiur  &  elaf- 
ticiii  ail  deffus  Je  iu 


Tres-peu  de  pe- 
fantcur  &  d'elajli- 
cite. 


Quantite  d'eau. 


)Ouc.      lign.       '^ 
1        II       23 


27 


1       10 


Avrll.    ;: +5-  II  "■•.+10. 


Ma 


Juin. 


U    Juillet. 
P 


".'.  +'4-   S'^'t+'O 


1+15.  11" ;  +10 


■.:+>«• 


;+'o 


Aout. 


Septembre. 


OSobre. 


Novembre, 


Decembre. 


:+i4-  6"«;+io, 


•.•.+14-  7'":+'° 


;;+6.  i'";+io. 


•.•.+4-  4'-"=:+>o 


'.  ■  — 0.  4" '.  +10 


Pcfantiur  &  ilaf- 
t'lciti  moyenms. 


Trls-pefant. 
Tris-elajiiquc. 


Pefarueur  &  claj- 
ticite  au  dejfus  de  L 
'loyenne. 


7    23 


Constitution 

athmofphirique.  maladivt\ 


Tris  -froidi. 
Tris-huiiiide.  :  rau . 


Catha 


Trcs-froide  & 
;■•::.:<?,  quelqui- 


Cathar- 

:  lie. 


fioide. 
D'une  humidite 
mediocre. 


Tris-fioide  & 
fcche ,  foiiveni 
:r>'-f:che. 


■b 


1         1      li 


Trcs-chcuJe. 
Extremenicnt 
fsche. 


chauJe. 
'>eche  fouvcnt  j%Cl 
ex  cs. 


Cathu  •■ 
raie. 


Ccithar' 
rale. 


Cathai- 
rale  6* 
'•ilieufc. 


Biiicjl 
&  catluii 
rale. 


=■=^-,1  ^^^ 


Nomh 
des 
maladei. 


Nombredesmorts 
mdUs.  \femelle 


Pen  con- 
jWiahIc 


41 


55 


Peti  con- 
fiderahk 


Pius 

rrrand. 


Peu  con- 
fiderahle. 


Grand. 


Pcjanteur  &  eiajluu 
lonjiderablc  ,mais  foib'. 
fur  U  fin  du  mots. 


Tres-ptjant. 
Tris-clajlique ,  fans 


Pcfanteur  &■  iUfticil 
d'abord  ccnfideruile , 

puis  peu  an  de/fus  J;  I. 

moycnne. 


Peu  de  pej.inliur  t- 
d'elajlicite.  Chan^emcn 
brufoue  6*  confiderabl 
deux  fois. 


Pcfanteur  &  elaft- 
citi  au  dejfus  de  I' el  at 
moyen. 


Pefantcur  &  elaftiat 
prefque  toujours  au  dej 
fous  de  I'elal  moyen. 


I       16 


2       24 


Variable ,  mat 
en  general ,  tris- 
chahde  &  feche. 


Bilieiji 
&  cathar- 
rale. 


t  urliible  ,  nunu- 
de.  jeche  fhumuie 
tres-chdude  i  puii 
frjiche. 


Bilicufe 
&  cathar- 
'-rale. 


1      4 


J     lb 


IJ 


VariahLe ,  en 
general  humidi 
&  chaude. 


f'jrubU. 
En  general  froidt 
&  humide. 


Cathar- 
rale  & 
bilicufe. 


Cathar 
ale. 


)      7 


18  p. 


Tr'es  -Iiumide 
&  tris-froide. 


Excejjivement 
humide. 

Exccjfivement 

froide. 


Cathar- 
rale. 


Cathar- 
ralc. 


Premiere  moitle       6]).  ij  1.     3i««. 
Seconde  moitii.'     ii  P-   !  i    ->^"  = 


Pent. 


Grand. 


Peu  con 

fiderabk. 


Peu  con 

fdirable 


Petit. 


Peu  con- 
fiderablc. 


Petit. 


=?3a£*«" 


36 


^7 


43 


24 


3^ 


30 


35 


44 


Nombredcfinaiflances  fg 

males,  \femcllcs. 

I 


3i 


26 


41 


35 


39 


2-7 


i9 


^9 


14 


^ 


35 


18 


^7 


i9 


3i 


32- 


28 


338  I^J^ 

707- 


30 


26 


38 


35 


21 


13 


33 


i5 


37   I 


36 


^3 


15 


28 


367  I  346_ 
7'3- 


>T}Q^ 


D  E      D    I   J  O   N  ,      tyS4.  239 

Mais  le  total  des  naiffances  nktznt  que 
de  713?  fe  trouve  inferieiir  de  31  a  celiii  de 
Tannee  commune  ,  qui  eft  744 ,  &  de  26  a 
celui  de  1783  ,  qui  etoit  de  739;  de  pJus  , 
il  eft  feulement  fuperieur  de  6  a  celui  des 
morts  ;  ce  qui  met  cette  ann^e  au  nombre 
des  moins  fecondes.-Mais  quand  on  reflechit 
qu'en  1783  il  eft  mort  1033  perfonnes  , 
nombre  excedant  de  238  Tannee  commune, 
on  peut  prefumer  que  la  perte  d'un  grand 
nombre  de  chefs  de  famille  a  influe  fur  le 
petit  nombre  des  naiflances  dans  le  cours  ds 
cetie  annee. 


F  I  N. 


«:> 


mmmmmimismmsammmm 


f  S. 

NOSO-LOGIQ,UES. 


fliitiitJon  a  ete  catharrale,  &  Ton  a 
outes  les  maladies  d€  cette  condi- 

[eole  a  ete  commune ;  les  fievres  ont 
dii  carailere  de  cette  maladie ,  & 
trminees  par  des  eruptions  miliaires. 
su  des  eruptions  fans  fievre.  Quel- 
res  puerperales. 

re  des  malades  a  ete  peu  confiderable, 
-'hrp  des  morts  07  ,  dont  42  males. 


iftitution  a  continue  a  etre  cathar- 

jmes  maladies  ont  regn^. 
igeole  eil  moins  commune, 

plus  hilieufe  que  le  mois  precedent, 
u  encore  des  fluxions  de  diiFerens 
quelques  faufles  pleurelies. 

re  tierce  a  ete  moins  frequents. 

eu  quelques  doubles  tierces  ,  quel- 

nes  a/dentes  ,  quelques  ccliques  bi- 

:{UeIques  dyflenteries  inilammatoires 

fes. 

eu  de  malades. 

nbre  des  morts  45  ,  dont  22  males* 


I 


I 


iamBssmsmms3»  m»usia 


]:■ 


Resume   des  Obfervations  tneteoro-nofo-logiques  de   178 


A 


MO  IS. 


Plus  gr.inile 
(Jli^Viition 

Moindre, 
26.  |">.   1  '. 

Moycnnc , 


FE  VRIER. 


Plus  gr.inJe 
Elevation, 

Mointlre , 

Moyenne, 

.7P-.  i'-  3""" 


T  H  E  R  M   O- 
METRE. 

Elevation 
plus  gmnde 
+  4'-  9"'- 


Moindi 


re, 


Moyenne, 


^EftTs 


Plus  grande 
elevation, 


indre, 

,  9■'^ 


Moycnne, 


Plus   gr.mde      P'"*  ^'"3"^'^ 
(JMvarion,        ^J^vation, 

Moindre,    I    Moindre, 

Moyenne,       Movenne, 
|27po.  II.  +4  •  1'". 


nominan! 
ceiix  dii  N. 

Ceux  dii  S  & 

ie  VO  ont  T^ 

ement  foutflc 

m.iis      fouvcn 

ec  impecuo 


I'rclqiit  lull 
iS  vents  on 
■g.ilemeni   re 

i  du  S  plu 
tVequemment 
lue  ceus  du  N 
i  derE;ce[ix 

injonrs  vii' 

ni|-.i:tueii\. 


Prcfque  tou- 
lours  couverr. 


A  V  R  I  L, 


Plus  grande 

Elevation  , 

27po.61.9"^ 

Moindre  , 
l6po.  81. 

Moyenne  , 

27  po.  2I.  9"* 


FIiis  grande 

elevation, 

i7P''-7'-9"' 

Moindre  , 
27P0.  1I.3'" 

Moyenne , 
27  po.  61. 


Plus  grande 

ek'vation, 

17P0.81.  3**^ 

Moindre , 
27H0.  2I.3"*, 

Moyenne , 
27po.  41.  I'*' 


Ccux  (le  rc 
%c  du  S  onr  do- 
ming pendan' 
les  deux  tierr 
du  mois. 

CeuY  du  N 
i  de  IE  pen 
dant  Ie  rtfte. 

Tous    tr^s- 

fs  ;   les    pre 

miers    fouvenr 

impetueux. 


Plus  grande 

^I^vation, 

+  11  ".6"=. 


Moyenne , 


+  5 


L'O  &  le  S 
ont  regn^  plus 
iouventquel'E 
&  le  Ni  r 
toujours  \iti, 
fouvent  irts- 
vifs.  Le  N  a 
et(J  impctueiiv 
e  premier  tin 
mois. 


Plus   grande 
^I^vation  , 
+  21  '^.  9"". 

Moindre, 

+  6". 

Moyenne , 
+  14".  9'*^ 


Plus  grnnde 
el^vaiion , 
+  21  'I.  9"^ 

Moindre  , 
+  il«i.  3'"'. 

Moyenne, 


Prcfque  tou- 
^urs  couvei 
nuapeux 


Met  Eo  RES. 


rouillatds  &  ffimai  tfCt-fiJ- 
quens. 

Tris-rarement  de  U  pluie. 

I  p.  2  po.   1  I.  de  neige  qui 
aiivert  long-tempi  la  icnc. 

La    gelee   a    dure    prel'que  tou 

mois. 

II  y  a  eu  on  digel  imparfji 
ins  les  premiers  lOtJi*  ;  tin  pin 
kidi  le  14  ,  qui  a  iti  prictiii 
un  veigiai. 


crcin 


;-  rarLmer 


Quelqiiefoi' 

'.'rein  ,    fou- 

ent  nurigeii\. 

Jris-fn^quem 

ment  convert 


I!  y  a  eu  huit  fois  dc 
rouillards,  des  pluics  frd 
"luentes  ,  cinq  fois  de  I. 
icige  montant  environ  a  \u 
>ouce. 

Deux  orages  avec  ton- 
nerrc  &  pluie. 

Huit  jours  de  gelee  ;' 
elace.  Si  deux  de  gel^e  a 
blanc. 

Les  diJgels  ont  ^t^  fort 
doux  &   point  brufques 


^  CeuxduN& 
de  I'E  ont  i^tc: 
l^s  dominsrs. 
Ceux  de  I  O  & 
du  S  ont  foufflt 
pendant  treiit 
jours  &  un  per 
plus. 

Le  S  a  fou- 
vent  et^  iril-s- 
mpetueux. 


Prel'que  tou- 
jours ferein,  & 
couvert  ou 
nuageuxlava- 
leur  de  6  a  7 
jours. 


Ceux  tie  rc 
i  du  S  ont  do 

ne  &  rcgni 
pendant  la  va- 
ieur  f'e  virgt- 
deux  joiirs, 

CeuX  du  > 
&  de  I'E  on 
fouvent  hd 
tres-vlfi- 


Tres-varta- 
ble  imais  plus 
ouvent  cou- 
vert &  nua- 
geiix  que  he- 
rein. 


Prefque  tou 
)ours  couvetl, 
ii.  n'a  etd  U 
rein  que  per 
dant  la  valeur 

de    9    a 
lotiri. 


II  y  a  eu  quelques  brouil 
.irds  ,  pluie  unc  ieule  tois 
I   p.  4  po.  2  I.  de  neige. 

La  gel^e  a  dur^  julqtic 
lans  la  matinee  du  21.  I 
,"  ,1  eu  de  faux  det;cls  dr.n 
|uclqucs  aprcs  midi. 

Le  degel  complet  n'a  ci 
ieu  que  le  2  I  ,  &  a  etc  prt 
ede  d'un  veriilas. 


I  Pf".  M  J.  23' 


CoysjITVTION 
AT  H  MOiP  n  ERtqi'  E. 


Tres  -  froide  &  ir^s-hu- 
mide. 

La  remptJrature  moyenn 
eld    au  temp^r^ , 
'.  ;  —  1 ,  10'"  :  -f  10. 


II  eft  lomb^  neuf  fnis  de  V 
pluie  J  mais  peu  abondante  ;  en- 
1  5  !,  de  neige  djns  les  pic- 
miers  jours. 

II  y  a  eu  deux  orages  avec  tor. 

rm  ,  grefil   Si  neiee  pelotonn^r 

Six  [Oiiri  de  gelt..-  j  g'-c^: .  <iuri 
nu3ire  dans  le  ^umrnencement  di 
nois  ,  deux  dans  fon  miliiio,  t 
loLix  |ours  de  ^eli^e  blanche. 

On  a  obleiv^  de  la  rofce  les 
cpt  derniers  jours  du  mois. 


II  y  a  eu  fept  jours  dc 
fee. 

Une  fois   de  la  gel^e   a 
blanc. 
Deux  fois  de  la  pluie. 


II  n'y  a  eu  qu'une  fois  df 

a  rof^e. 
U  a  plu  huit  fois,  &  il  y 
eu  deux  orages  avec   dt 

■rands  coups  de  tonncrre  & 

ieaucoup  de  pluie. 


Tres  -froide  &  humide, 
quelquefois  un   peu  feche. 

La  temperature  a  616  a 
!a  moyenne , 

; '.  —°-  7"' :  + 10. 


La  conilitution  a  ete 
1  tine  humidity  &  d'une  fe- 
liercffe  moyenne. 
Satempi^raturc,cng^n^ral, 
troide,  meme  tres-  froide, 
mais  un  peu  approchant 
lu  tcmp<^re  fur  la   fin. 

La   temperature   a  ^t^  a 
i  moyenne  , 

: :  +4.  !■"  :  -fio. 


4'.  6^' 


1  po.  II.  12'* 


La  conilitution  toujours 
troide  &  feche  ,  fouvent 
crcs-froide  &   tr^s-feche. 

Le  thermomeire  ne  s'ell, 

eve  que  cinq  fois  au  def 
(us  du  tempdr^ ,  ell  dci- 
cendu  fix  fois  au  terme  dt 
a  glace,  &  meme audeflou 

La   tempiirature   a  kxi  i 
la  moyenne, 
'  "  +  5-  'i'"'.  +10- 


O  B  S  E   R  V  A  T  I  O  N  S. 

PHYtI<lVS^     Et    ECO  NOM  I  QU  ES.  fi  n  e  ^ 

^  "^SO-LOGl 


La  v^g^tation  a  &t€  fufpendue  pendant 
tout  ce  mois. 

La  neige  a  fait  p^rir  une  grande  quantiti^ 
J'oifeaux.  Les  perdrix  fe  portoieni  jufques 
dans  les  Villes. 

Beaucoup  de  quadrupedes  fauvages  ont 
pi^ri.  Les  lievres  ont  mang^,  jufques  dans  les 
)ardins.  les  6corces  des  arbres. 

Le  nombre  des  naiffances  70,  dont  38 
fcniellcs. 


La  vegetation  a  continued  etre  engourdic 
jiilqiics  lur  la  fin  du  mois. 

Le  degel  a  cauf6  une  inondation  confid^- 
rable  qut  a  commence  Ie  24  &  ceff6  le  29. 

Le  gibier  a  continue  a  etre  dans  la  dIus 
grande  d^trefTe. 

Les  corbeaux  font  partis  en  troupes,  di- 
rigeanileur  route  au  couchanc.  On  en  a 
vendu  de  morts  aux  marches. 

Le  nombre  des  naiffances  61  ,  dont  35 
femelles. 


La  ndttire  n'elt  loriii.-  dc  ion  thjiourdilie 
ment  que  fur  la  fin  du  mois.  Le  bois  joli  n'; 
fleuri  que  fur  la  fin  du  mois  ,  &.  les  feuilles 
du  grolelier  ne  fe  font  montrces  qu"it  cette 
^poqiie.  Les  lilacs  ont  commence  a  b&uronner 
les  pechersa  fleurir  a  la  mume  date. 

On  sapper^oit  que  le  froid  a  fait  p^rlr 
une  par.tie  des  navettes. 

Ort  avoir  lente  de  labourer  dis  les  pre- 
miers jours  du  mois,  mais  les  gel^es  ont  forc^ 
a  y  renoncer,  &  Ton  n'a  pu  le  faire  qu'aux 
environs  du  25. 

Le  nombre  des  naiifances  62,  dont  21 
fcmellcs. 


La  conftitufion  a  ^te  e\ 
tremement  feche  ,  exceptt 
dans  les  fept  premiers  jours, 
tris-chaude,  &  fa  temp(5ra- 
ture  a  et^  a  la  moyenne, 

::+  i4'J.9"«^:  +  lo. 


La  conftitution  a  ^t^  tr^s- 
feche  ,  &  fouvent  avec  ex- 

■s. 

Tr^s-cliaude  fans  grande 
vari^tL'. 

La   temperature  a  6t6  ;i 
a  moyenne  , 
:+  ij  "i.  II  '^e;  +  10. 


La  v^getdiion  ie  louiient ,  mais  le  lait  ien- 
tenient. 

Tous  les  arbres  fruitiers  boutonnent  ainfi 
que  la  vigne  ,  mais  ils  n'entrent  en  fleurs  que 
lur  la  fin  du  mois.  Les  noyers  donnent  leiirs 
chatons  &  les  laules  pouffentdes  feuilles  a 
la  mi:mrf  ipcjque. 

Les  (emaiires  n'ont   commence  qu'au  10. 

Les  hlrondelles  6toient  en  grand  nombre 
Ill's  Ie  10. 

Le  COUCOU&  Ie  roflignol  n'ont  chant^  qu'aux 
cnvuons  du  29. 

Le  fiombre  des  naiffances  58,  dont  23 
femelles. 


Les  rs\ cites  fotit  emreesen  Heurs  diis  les  premie- 
jOMrs  di)  mois. 

La  vigne  jette  beaucoup,  mais  la  blanche  plus  que 
la  louee.  On  a  appetcu  des  boutons  a  fruii  des  le  8, 
Elle  eu  entiee  en  fleurs  iiir  la  |in  du  mois. 

Tous  les  -arbres  (ont  gatnis  de  tleurs  &  de  feu'illes. 

Les  feigles  font  en  epis  uis  le  9  ,  &  fontcntres  en 
lleurs  aux  environs  du   18. 

Les  fraifes  &  les  peiits  pois  ont  et.;  mis  en  vente  d^i 
le  milieu  du  mois. 

On  a  commence  dans  les  pfemiers  jours  .1  iemer  le 
diene^ii,  le>;mais  &,  les  It^giimes,  mais  la  fichcreire  self 
opjiolie  a  leur  germination. 

Les  cjilles  font  arrivees,  mais  en  petit  nombre.  On 
n'eniend  ,  on  ne  von  prefque  auciinoireau. 

Les  iisnnctons  font  innombrables,  tatiguentles  voya- 
geurs,  ont  devor^  les  feuilles  de  ]a  plupart  des  atbie^ 
&  lesileursde  tous  les  fuiiis  qui  n'etoieni  pas  nou^s 
Les  pruniers  &  les  pommiers  font  les  arbtes  qui  ont  le 
^jIuvfoufFert, 

■     nombre  des  r.ii(T:'nces  7i,.dont  .^i  femcl'es. 


L^  conrtuufion  a  .He  catharr.ile .  &  Ion  a 
°ution      °"'"  '"nialadics  dc  cette  conA.- 

La  rougeole  a  ^te  commune ;  les  fievrcs  ont 
participe  dt.  carailcte  de  cette  maladie ,  & 


(e  font  terrr 


in^es  par  des  Eruptions  miliaires. 


y  a  eii  des  eruptions  fans  fievre.  Quel- 
ques  hevrcs  puerpt:ralcs. 
Le  nombre  des  malades  a  6t6 peu  confid^rable. 
-oiiil-.rp  Hes  morts  07  .  dont  42  m.'ilc;. 


L- 


La  conftltution  a  contlnutj  k  eire  cath.ir- 
rale. 

Les  memes  maladies  ont  regn^. 

La  rougeole  ell  moins  commune. 

L^  fievrc  rierce  3  commence  .-1  p.iro<rre  fur 
hhndi,  moiS.  Elle  n'ell  pas  opiniarre. 
raM    "'""'''^  ''^  nialades  ell  peu  confidi- 

Le  nombre  des  morts  68,  dont  36  males. 


La  conftitution  a  continue  a  ttre  cathar- 
rale,  &  les  maladies  des  mois  pr^cddens  ^ 
regner  tIansceUii-ci. 

II  y  a  eu  trcs-peu  de  rougeoleS ,  quelques 
rechutcs  dc  fievre  tierce,  quelques  fievres 
quarles.  quelques  dylTenteries  peu  fortes  & 
peu  opiniatresdans  les  prcmieis  jours  du  mois, 
quelques  apoplexies  ,  quelques  fievres  ca- 
iharrales  malignes. 

Le  nombre  des  malades  un  peu  plus  grand 
que  le  mois  dernier ,  mais  peu  conlidtrable. 

Le  nombre  des  morts  57  ,  dont  27  inuljs. 


La  conflitution  a  continue  a  etre  cathar- 
rale.  On  obferve  les  maladies  de  cette  conf- 
titutlon, 

Les  fliixlohs  de  toute  efp^ce  &  les  fievres 
tierces  iynt  les  maladies  les  phi*,  communes, 
v-elles-cifc  tt:rTninent  poUr  la  plupan  pat  des 
eruptions  foiis  le  nez  &  autOurde  la  bouche. 

Le  nombre  des  malades  ell  peu  confide- 
rable. 

Le  nombre  des  morts  72,  dont  39  males. 


Le  ftoment  m  eli  Lf.i...  c.  tleuii  ijue  vers  ie  milittu  <li. 
rnois.  Ses  iigss  n'oni  pnim  et^  genecs  dans  leur  d^ve- 
oppenrnt  par  des  vegeiaiix  iiiutiles,  mais  s'clevcnt  peu. 
Les  tn.irs  font  tris-claiis,  &  leur  ligc  s'deve  jn:u. 
On  a  fail  la  fem-^illedes  navettes,  fit  I'on  a  recom- 
mence cclle  du  chenevi,  mais  (ous  ccs  grams  getmcni 
Jitficilemeni. 

/ivx  liannetons  qui  ont  difparu  ,  ont  fuccidi  un  grand 
mbre  de  chenilles  &  de  fiiutcrelles.  Les  degats  que 
loien'  cel!es-ci  dnns  les  pr.iuies,  om  force  .i  hatct 
iau<haifon  ,  qui  ;i  commence  .luic  environs  du  -0- 
Les  mulois  &  lesr.nts  ont  fait  beaucoup  de  deg.it  dans 
cbjmpv  8c  dam  les  eranpes. 
„e  numbte  dys  i-..i(Tances  ^i.  dent  1%    fcme!l?t. 


Li  coiiliuiition  a  continue  a  tttc  Ldtiui- 
rale  ,  &  fur  la  fin  du  mois  s'eil  compiiquie 
avec  la  bilieufe. 

On  a  oblVrve  routes  les  maladies  du  genre 
catharral,  notamment  des  rhumatilmcs  gout- 
teux.  PUilieurs  fievres  avec  Eruption  miliaire 
rouge. 

La  fievre  tierce,  qui  eft  la  maladie  la  plus 
commune,  prend  un  caraflcre  mixte  biliedx, 
ert  fouvent  accompagn^e  d'iiruption-;  urti- 
caires,  &  lermini^e  par  de^  eruptions  de  piif- 
tules  fuppurantes  (ous  lo  nez  &  autour  de  la 
bouche. 

i  1  y  a  eii  quelques  vertiges,  qiielques  depots 

laiteux  aigiis,  quelques  fievres  puerperales. 

Le  nombre  des  malades  eft  grand ,  mais  fans 

etre  confiderable. 

Le  nombre  des  mortS  87,  doht  43  miles. 


La  conilitution  a  continue  a  etre  catharraie 
&  im  peu  plus  bilieufe  que  le  mois  precedent. 

On  a  \u  encore  des  fluxions  de  ditf^rens 
genres,  &  quelques  taufl'es  pleurefies. 

La  fievre  tierce  a  etc^  moins  frcquente. 

II  y  a  eu  quelques  doubles  tierces  ,  quel- 
ques fievres  i^rdentes  ,  quelques  ccliques  bi- 
lieufes,  quelqites  dyfl'enteiiesinflammatoires 
Hi  hilieufes. 

Mais  peu  de  malades. 

Le  nombre  des  morts  4;  ,  dont  21  males. 


ijmMmsm>^^*-ijmia^mm>m^M^mmm:!ssi.:m' 


ei" 


ii  neigi 


de  1784 


S  O  -  LO  G  I  <iu  k  s. 


n.  16' 


.ition  atontinue  a  etre  bilieufe 
,  fiir-toat  vers  la  fin  du  mois. 
bferve  loutes  les  maladies  du 


mt. 


des  mllades  a  ete  grand  fans 
able. 
;  des  mt>rts  41 ,  dont  24  males. 


,3  6e 


/         *  ,  catharra.c;  a  ctt   la   dcmmanie. 

P^'^/umes,  des  fluxions  phlegmo- 
re  'leig^igj  erefipellateufes  ;  des  affec- 
la  P'UiejT^algs  fafis  fievre  ont  ^te  les 
lus  frequentes. 

^e  queiques  fievres  quartes  , 
(de  ventre  fereux,  queiques 
juelqueS  fauffes  pleurefies  , 
tlques  fans  fievre,  des  cepha- 
ots  laiteux  aigus  &  chronlques. 
pbre  des  nialades  a  ete   peu 

les  inorts  30,  dont  16  niales. 


Suite    DU    resume   des    Obfervations  meceoro-nofo-logiques^de  1784. 


MO  IS, 


Plus  grande 

27  P«  -8  1. 

Mninttre, 
;  7  po.  I  '• 

Moycnnc , 
^7V".  5 1- 


Plus   gr.indc 

271'".7I.9" 

MoincJrc, 
26i'0.  II  i.  6' 

Moyenne, 
27P0.  4I.  II' 


T  H  F  F  M  O- 
METRE. 


Elevation 
plus  grande 

Moindre, 


Moyenne, 


Ceux  du  N 
danslepremier 
tiers  du  inois 

Lc  S  &  10 
dans  k-s  deux 
autres  tiit^- 

Ceux  du  SO 
foiivcni    i"^* 

olcns. 


jV  £  7  i  o  ii  £  5. 


Un  broiiillard  peu  ^pai 
&  de  pcu  de  duree  le  3  I 

Dix  foisde  la  pluiedans 
Ics  derniers  jours  du  mois  , 
raais  peu  torte. 

Deux  otages  avec  ton- 
ntrre  &  pliiie,mais  peu 
coniidOrabks. 


lie  neis'- 


I  po.  I  I.  16" 


Plus  grande 
il^vaiion, 

Moindre , 
1+9".  6"". 

Moyenne 
1  +  14".  6"=. 


OCTOBRE, 


Plus  grande  I  P'l'S  grande 
^levarion,    I    C-kWaiion 


27P0.   81. 

Moindre  , 
27  po.  I  I. 

Moyenne , 

i7Po.  J).  1" 


Plus  grande 
<^!(^vation  , 

Moindre, 
27po.  |l.3'"= 

Moyenne  , 

27l'o.    41. 


+  21  ". 
Moindre , 


Moyenne, 

+  14".  7"' 


Plus  grande 

(iltJvation , 

+  II  <'.6'**. 

Moindre , 
+  H.  9"=. 

Moyenne , 
+  6<2'-\ 


Plus  grande 

elf^vation , 

27P0.  81.  9"' 

Moindre  , 
i6p'J.  10 1.3" 

Moyenne , 
27P"-4'-3"' 


DtCEHBRE. 


Plus  grande 

^l^vaiion , 

i7ro,6i9"<' 

Moindre  , 
26.  po.  61. 

Moyenne , 
27  po.      9"' 


Plus  grande 
iJl6vation 
+  9d.  9- 

Moindre, 
-I". 

Moyenne, 
+  4''.  4"^ 


Cctiv    (i»    ' 
ont   doming 
Ijns  le    com 
mencement  du 
[mois. 

Ceux  du  N 
dans  Ic  milieu. 
&  du  SO  fu 
la  fin,  &  onr 
lite  fouvent 
violens. 


I   IliS  CUUV 

que    Icrc 
lans   le  cc 
iiencementdu 
mois. 

Trcs'-fcrein 

JUS  le  milieu. 

Prefque  tou- 

lours  couvcrr 

fur  la  fin. 


Plinc  trcs-trequenrt  d.m; 
les  n'?!]!"  premiers  jours  du 
mois  &  dans  les  quatorzt 
derniers. 

5  orages  avec  tonnerrc 
&  pluie,  dont  4  dans  les 
premiers  jours  ,  &  un  le 
dernier. 


„cLi.\    du  N 

de  IE  ont 
domint^  dans 
cs  19  premiers 
(ours. 

Ceux  dii  S 
&  de  rO  dan: 
les  fuivans. 

Les  S  ,  SO 
OSO  fouvent 

petueux. 


Frclque  luu-l 
jours    ferein 
dans    Ics    18 
premiers  jours' 

Sou vent  cou 
vert  dans  les 
fuivans. 


Ceux    till   N 
ont    doming 
les  18  premiers 
)0urs. 

L'O  &  le  SO 

dans    le    rcftc 

u  mois. 


L.CUX     ti 

Si   de  rO  on 
domine  ,  l 
cept^  du  3 
9,  &  du  16  ii 
!a  fin  du  m 
que  I'E  &  Ic  N 
ont  fouffle. 
Mais  tous  avci 
u  tie  violence. 


Plus  grande 
(^l^vation, 
+  8«i.  6"S 

Moindre  , 

-8d.  3"^ 

Moyenne , 
-0.  4"^ 


1-reique  luu 
jours   I'erein 
dans  la  pre- 
miere   nioiti6 
du  mois. 
Prefque  tou 
ours  couverf 
dans    la    I 
conde. 


BrouiUards  pen  epais 
diins  la  phipart  des  mati- 
nees du  5  au   27. 

Pluic  le  premier  jour  du 
mois  &   les   di\    derniers. 

Deux  oiagcs,  I'un  le  i"'. 
r.nitrelc  14.  Cclui-cia^ie 
fort;  il  eft  tonib<i  un  peu 
de   grcli?. 

LiJgercs  gel^es  k  blanc 
dans  les  1^'*.  jours  du  mois 


St  cinq  fois  le  foir. 

De  la  pluie  les  8  &  10,  &  dans 
Ifis  derniers  jours  du  mois. 

Un  i>eu  de  neige  Ics  15  ,  16, 
17  &  18  ,  mais  qui  fond  promp 
tcment. 

Quelqiie?  pelves  J  blanc&deux 
j  glace  du  II  au  17. 


C  o  y  ST  I  T  r  T  I  o  X 

ATM  MOSPH  ER1QI.'£. 


La  conftltiition  de  Pair  a 
(il6  feche  &  fraiche  dans  K 
commeilcement  du  mois. 

Trcs-chaude  &  extreme- 
ment  fcche  dans  fon  milieu 

Fraiche  &  un  peu  humidt 
uir  la  tin. 

La  tempiJrature  a  6ti  a 
la  moyenne  , 

+  16".  2"«  :  +  10. 


3po.1i.  24"' 


La  conltitution  a  beau 
oiip  varit^;  un  peu  humidt 
Ijns  le  commencement,  hu 
midc  fur  la  fin,  feche  dans 
on  milieu  ;  tr^s-chaude  dan^ 
.1  premiere  moitie ,  avec  de- 
ilternatives  de  fraicheur  , 
rraiche  fur  la  fin. 
La  temperature  a  it6  a  b 
oyenne , 

:-i- 14  •'.6"':  + 10. 


2P0.31.  4'"^ 


i_.i  conltitution  a  ete 
haude  61  huraide  dans  le; 
premiers  jours. 

Trcs-chaude  &  feche  du 
■  .-/u  10. 

Fraiche  &  humide  dans  le 
efte  du  mois. 

La    temperature    a  et^ 
la  moyenne , 


I  po.  lo'.  15'*'' 


Le  ciel 
;)rcfque  toii- 
[ours  et^  coii- 
'.crt  oil  nua- 
i;eiix. 

II  n'y  a  eu 
le  ferein  q 
la    valeur    de 
iuiit  jours. 


'=4'"=' 


Ceux  du  ^ 
les  premiers 
lours. 

Du  SO  dan: 
le  milieu  du 
mois. 

Du  N  hir  ki 
fin. 

Le  S  &  It 
ONO  fouvent 
mpetueu\. 


Una  eti 
lerein  que  la 
valour  de  cinq 
jouis ,  &:  cou 
vert  ou  nua- 
^eiix  tout  le 
refte  du  mois 


le  matin,  &  il  y  en  a  eu  pen- 
dant  J  lours  cntiers. 

II  y  a  eu  une  tois  du  frinias. 
Quatre  fois  de  la  neige,  maii  pen 
abontlanie  ,  &  qui  n'a  pas    lenu 

Dix  fois  de  la  pluie,  mais  peu 
aliondanic. 

II  a  ge!e  a  blanc  une  fois,  & 
fcpt  fois  a   giace. 

11  y  a  eu  une  auroie  botealc 
blanche  le   i^. 


Ipo.  61.  4' 


DiOuiUard  pentlant  4  matinees 
di:u)i  demi-journces  fci  une  jour 
nde  entiere. 

Pluie  ahondarite  pendant  troi- 
jouis  ncipe  pendant  la  valcui 
tie  unq.  II  en  eft  toii.be.  i  pi 
1  pi,.  6  I.  Elle  eft  rerti-e  fur  U 
lerte  du    1 1   au    30. 

Un  verglas  de  deuK  jours  St  un 
broiiiliarj  iiiouillant  ,  ont  pr^- 
tede  &  atcompagn^  un  leger 
li-gcl  qui  a  cotnmcnciS  ila  fomtrc 
Ic   Jl.' 

II   a  j;l-1.-  :>  r,Iace  »lu    10  au  3. 


I  po.  gl.7"■^ 
iournic  par   la 
premiere  neige 
3;  par  U  plme, 


O  B  S  E  R  V  A.T  I  O  N  S 

PnTSIQVE^     ET    tCOyOMlQLES.  '''' O  S  O  -  t  O  C  I    ,  f  I  s 

La  lauchaii'on  s'eft  achcvce  dans  les  premiers  jour> 
du  mois. 

La  moifTon  des  fcigles  &  des  fromens  a  commenci- 
le  1 3  ,  dix  jours  avaiil  Tipoquc  de  Ion  ouverturc  ordi- 


Je  tou! 


ti  prkoce  des  orges  a  nfcetlii^  de  les 
moilTonner  en  meme  temps.  Les  avoinej  un  pcu  pltl^ 

Les  fci°l<s  &  les  fromcns  ont  hi  tres-abondans  & 
IS.  Les  orges  en  ttii-pctitc  quantitc.  La  paillc 
i  grains  a  eii  de  moitie  plus  coutie  qu'i  I'or- 

Les  legumes,  les  nave«es  d'iti  ont  avoni  prefque 
en  TotalTte.  Les  pluies  de  la  fin  du  mois  ont  un  pcu 
tavorife  la  vegiiation  du  mais. 

Les  vignes  qui  out  paff*  fleuf  dans  les  derniers  jours 
de  Jiiin  ,  font  en  pleine  v£g<it3iiQn,fi(,  promcttent  une 
Bonne  rijc.jlte. 

Lci  cenles  ont  id  pen  abondantcs.  Les  roix  ont 
pu  ^ire  conlites ,  &  les  abricois  one  cte  mis  en  vente 
d^s  le  ti. 

La  plitpart  des  atbrcs  de  nos  promenades  ont  perdu 

urs  I'euilles  d^s  le  milieij  du  mois. 

On  a   vu   tti»-[ieu  de  cailles  &  de  pi;rdrix, 

Le  nombre  cici  naiiTances  64,  dont  ]7   lemclles. 


La  muilVon  des  avoines  s'clt  faite  dans  les 
prer.iierb  jours  du  mois. 

Comme  elles  t^toient  coupees  pour  la  pKi- 
part  &  non  ramalTces  avant  les  pluies,  il  y 
en  a  eu  beaucoup  qui  ont  germe.  La  r^colte 
a^t^  beaucoup  au  delTous  de  la  mediocre.- 

Le  chanvre  male  a  donn6  tr^s-peii. 

Le  froment  ^toit  d'y  plus  pefant  qii'i  Por- 
dinaire. 

II  n'y  a  prefque  point  eu  de  prunes,  & 
peu  de  pech'.'s. 

Les  hirondelles  font  parties  fur  la  fin  du 
mois. 

On  a  commence  avec  fucces  Ics  labours. 
Le  nombre  des  naifTinces  6^  ,  dont  ^6  fern 


leul'lcs  dc  vignes     y 
geot  dani  quelqjes 
^.s.EI'      '    - 
&  i 


ont  mis  ce  (ju'on  nomme  le  roU' 

nion5;eequi  a  ncciliti  Icsven- 

dangcs.  Elles  fe  fotit  faiies  dii  le  10  dans  le  Beaunois . 


lie 


La  conUiiuiiun  ifuide  6 
humide  dans  les  premier: 
jours ,  puis  tempt'ree  &  hii 
mide ,  puis  froide  &  feche  , 
a  ^l^  fur  la  fin  du  mois  fori 

ide  &  eitrcmement  humide. 

La   temperature   a  ^t^  a 
la  moyenne  , 
"  :  +6.  -.■"  :  +10. 


La  Conltitution  cunlLi 
ment  tres-humide  &  excef- 
fivement  dans  les  derniers 
jours  du  mois,  a  ii6  froid 
dans  ics  1  [  premiers  jours  , 
fraiche  dans  le  milieu  du 
mois  ,  &  tr^s-froide  fur  la 
fin. 

L.i  reinpi.'ratnre  a  ete  a  la  moiennc. 
1  ;  +4-   4"*  *.  +  'O- 


Toujours  humide  ,  fou- 
vent avec  exc^s  dans  la  pre- 
miere moitie  du  mois. 

Totijours  froide  ,  raai; 
tres-froide  dans  le  milieu, 
ic  exceflivement  fur  la  fin 

La  temperature  a  et^  a  la 
moyenne, 

"  :  — o.  9'"  '.  +  'o- 


.    r^ni  plm  atonJ.ini   qoo   Ic.   autre. 

riicoltc  eft  au  delTus  dc  Tannic  commune. 

Le   taifin  eft  bien  mvir,  la  fermentation  s'eft  faitc 
prompiement.  Le  vin  promet  d'etre  excellent. 

Les  labours  ont  continue  avec  facility  ,  &  les  femailles 
int  commencd  des  le   11. 
Le  glbier  de  toute  efpice  e(V  Itis-tare.- 
On  ne  voit  plus  d'hirondelles  dSslcs  i'*.  jouri  du  moii. 
LiL  nombre  des  nailTances  1;^,  dont  13  f^'mcllos. 


La  conftltiition  a  continue  k  circ  bilieufe 

catharrale,  Inr-toil  vers  la  fin   du  mois. 

On  y  a  oblerve  :outeS  Ics  maladies  du 
mois  precedent. 

Le  nombre  des  milades  a  itc  grand  fans 
etre  confidtJrable. 

Le  nombre  des  mifts  41  i  dont  24  males. 


L.i  conlbimion  mabdive  a  continue  .1  etie 
bilicule  &  cuharrale,  mats  participant  plus 
du  premier  carailere  tans  le  commencement 
u  mois,  plus  du  fccond  fur  la  fin. 

Dans  le  commencement  on  a  obfcrvii 
quelques  ficvres  ardentes ,  quelques  fievrcs 
bilieufes  ,  des  putridss,  des  vermineufe?, 
des  tierces,  des  doubles  tierces,  doniplu- 
lieurs  font  devenues  continues,  riSmiilcnies 
&  maligncs. 
Surla  fin  des  fluxions,  defanfl*e5pleurt^fies, 
des  fievrcs  quartes  &  quelques  apo[)lcxics* 

Le  nombre  des  mahdcs  a   eni   peu  con- 
fidcrahle. 

Le  nombre  des  ffloris  5 1  .  dont  27  males. 


La  conlliturion  continue  A  paiiiciper  (Ic 
la  bilieufe  &  de  la  catharrale,  maJs  plus  de 
celle-ci  que  de  I'autre. 

On  obfer\e  plus  de   maladies  culinrr.llci 

que    U'aitlicA. 

Quciques  fievrcs  tierces  ,  tri:s-pcu  dc 
fievres  quartes. 

Quelques  depots  laiteux. 

Quelques    fievres    milignes    putrldcs. 

II  y  a  peu  de  malades. 

Le  nombre  des  morts  54  ,  dont  29  m.lles. 


La  recolte  du  mjis  a  ete  tort  mauvaile 

Cellc  des  poires  affez  abondante,  mais  on 
n'a  prefque  point  eu  de  pommes. 

Les  femaillcs  oni  contmui-  a  fe  fjire  avec  faciliid 
St  les  grains  femts  Ics  premiers  ont  bien  gcrmc. 

Les  arbres  font  totalemeot   depouillis  de  fcullles. 

Les  corbeaux  font  arrives  dis  !es  premiers  jours  du 
mois. 

Le  nombre  des  naifTanccs  57 ,  dont  15  fumelles 


Les  lemailles  ont  ete  achevecs  de  bonni 
heure. 

Les  grains  les  derniers  femes  orit  mal  germe 
&  promettent  peu. 

La  recolte  du  chenevi  fem^  tr^s-tard,  ne 
s'eft  faite  que  dans  les  premiers  jours  de  ce 
mois.  Elle  a  ete  affez  abondante.  Les  tiges 
ont  ere  belles,  mais  trcs-fragiles  ;  cela  fait 
cr.-iindrc  que  le  chanvre  ne  foit  cafTant. 

Le  nombri:  des  natlT-mccs  ^8  ,  doni  18  fcmclle*. 


La  vegetation  eft  arretee.  Les  bleds  au- 
roient  beaucoup  fouffert  du  froid  fans  la 
neige  qui  les  a  converts  ,  &  ce  meteore  a 
favonfe  le  developpcment  du  fanage  des 
derniers  femes. 

Le  nombre  des  naiffanees  JO,  dont  24  fe- 
melles. 


La  coriHituiKJii  a    etii   caiharrale. 

II  y  a  eu  beaucoup  de  rhi'imes,  des  alTec- 
tions  rhumatifmales  aigucs ,  quelqUes  fauffts 
pleureiies,  quelques  flux  de  ventre  ,  quel- 
ques apoplexies  fereufes  ,  quelques  fievres 
quartes. 

Mais  en  general  peu  de  maladies  &  de 
malades. 

Le  nombre  dfs  mnrfs  (^4.  Honf  7.0  mT'lcs. 


La  conltitiui'jn  c.iihatiale  a  cuiumue  a 
doniincr. 

Les  maladies  qui  ont  dti  obfervees  , 
etoient  les  mijtnes  que  celles  du  mois  pre* 
cddent. 

On  a  vtiplii5de  fievres  quartes,  fi:  quel- 
ques Ieuco-phle{;matics. 

Le  nombre  des  malades  a  ete  peu  con- 
fuierable. 

Le  nombre  des  mnrfs  44 .  dont   16  males. 


De  gros  rhiimes ,  des  fluxions  phlegmo- 
neufes  4  quelques  erefipellateufes  ;  des  affec- 
tions rhumatifmales  fans  fievre  ont  ete  les 
maladies  Ics  plus  frequentes. 

On  a  obfervc-  quelques  fievres  quartei  , 
quelques  flux  'de  ventre  fereux,  quelques 
dyfenteries  ,  quelques  faufl'cs  pleurefies  , 
des  points  erratiques  fans  fievre,  des  cipha- 
lalgies,  des  depots  laiteuxaigtis  Si  chroniques. 

Mais  le  nombre  des  malaJes  a  616  peu 
confuierable. 

1  .    n.  nilr.-  Jcwrorrs  ^o ,  dont  16  males. 


■TinT  T-«»— »««J-g 


TABLE 

Des   matzeres  contenues   dans  les  diux 
Semejlres  de  iyS4. 

Lis  chiffris  mis  indiquent  Us  pages  die  premier 
Semejlre,  &  ceux  qui  font  precedes  dune  * 
celles  du  Jecond, 


A 


A 


c  I D  E  BORAC I N.  11  cnleve  le  barote 
a  I'acide   muriatique,  *  155. 

^cide  nitreux.  Son  adtion  fur  Tor,  *  133- 
150;  elle  n'eft  point  mechanique ,  *  140; 
clle  elt  chymique  ,  *  147;  elle  eft  due  a 
line  fubftance  que .,  en  differentes  circonf- 
tances  ,  cet  acide  contient,  *  149. 

'Agaric  de  chine  ,  *  85-95  *  ^3  delcription  , 
*  87 ;  fa  nature ,  *  89 ;  efpece  particuliere 
de  ce  v^g^tal,  *  91 ;  fes  vertus,  *  91-95. 

^Analyfe  de  I'eau  du  lac  de  Cherchiaio  ,  *  151. 

Arbres  etrangers  \  moyen  de  les  multiplier  ,  *  7. 

Arcy  y  Village  de  rAuxerrois;  fa  defcription, 
35,  fes  grottes,  33. 

Autemne,   Caradere  de  cette  faifon,  *  234. 

B 

Sarometrs,  Conilderations' relatives  a  cet 
^  R 


i)  Table 

inflniment ,  89.  Moyen  imagine  par  Mi 
Legaux  ,  pour  en  prendre  la  veritable  hau- 
teur, 92.  Effets  de  la  chaleur  fur  le  mer- 
cure  contenu  dans  cet  inftrument  ,  93. 
Moyens  de  les  efrimer  ,  ibid.-\oo  EfFets 
de  la  diverfe  dilatablite  des  difFerentes 
eipeces  de  verre  fur  la  hauteur  du  mer- 
cure  dans  le  barometre,  100-105.  Correc- 
tion thermometrique  a  faire  aux  barometres 
nouveaux  ,  105;  aux  barometres  anciens  , 
1 07. 

Bateaux.  Quantite  qui  pourront  paffer  fuc 
le  canal  de  Long-Pendu ,  en  difFerentes 
faifons,   164. 

Borborygmes  :  traites  par  I'eleftricite,  27. 

Boues  des  canaux.  Moyens  d'en  prevenir 
I'amas  ,  &  de  s'en  debarraffer  ,    177. 

Boutin  :  ce  que  c'eft,  *  192  :  fes  eiFets ,  *  193. 

Brciullard  de  lyS^ ,  *  66-79.  Epoque  de  fon 
apparition;  fa  duree,  *  6'j-6<^',  its  qua- 
lites,  *  70  :  experiences  ,    *  71 ;  explica- 

,  tion  de  fa  nature,  de  fon  origine  ,  des 
phenomenes  qui  I'accompagnent ,  *  74-79. 


Calcul   biliaire.  Obfervation  d'une  gue- 

rifon  ,  *  10. 
Canal  du  Charolois,   Son  trac^  ,    184. 
Cai^racle.  compliquee    de    la   difFolutlon    du 

corps  vitre  ,  *  202-204.    Catarades  bran- 

Jantesi  comment  doit-on  les  trailer,  *  202- 

204. 


D  E   S       M   A  T  I  E   R  E   S.  iij 

Chafe  defendue,  *!}'). 

Chryfahdis  des  vers  a  fole  ;•  moyen  de  les 

faire    perir    fans    endommager   la    loie  , 

*  80-85. 
Confiituuon    de     I'annee  ;    Athmofpherique  , 

*2.34.    Maladive  ,  *  z}6. 
Co7itagion  de  quelques  elpeces  de  fluxions  de 

poitrine,  *  i.  Precautions  a  prendre  pour 

s'en  mettre  a  I'abri ,  *  6. 


Eau.  Eftimatlon  de  celle  qui  ,  dans  les 
canaux  ,  fe  perd  par  les  evaporations  & 
les  filtrations ,  159;  de  celle  qui  fe  perdra 
dans  le  canal  de  Long-Pendu  ,  160-164. 
Moyens  de  prevenir  les  fuites  de  cette 
perte,    168-171. 

Eaux  bourbeufes.  Moyens  d'en  empecher  I'in- 
trodudion  dans  les  refervoirs  ,   180. 

Eaux  des  rivieres,  des  e  tangs  ^  lacs  ^  &c.  ne 
commencent  pas  a  fe  geler  par  le  fond  de 
leur  lit,  *  188. 

Ea'u  du  lacde  Ckerchiaio.  Ses  qualites  phyfiques, 

*  152  ;  fon  analyfe  par  les  reaftifs  ,  *  ibid.- 
156;  par  levaporation,  *  156-158.  Prin- 
cipesqu'elle  contient,  *  I  58-161.  Analyfe 
du  depot  de  cette  eau,  *  159.  Conjec- 
tures   liir    fes    proprietes    medecinales  , 

*  161-162. 

Eaux  fauvages  '.  leurs  inconveniens  dans  les 
canaiix,  177,    L'emplacement  cUoili  pouc 

Ri) 


iv  T   ^     B    L    B 

le  Canal  du  Charolois,  met  a  Tabri  de  ces 
inconveniens,   179. 

Bieciricite.  Id^e  qu'on  doit  en  prendre  rela- 
tivement  a  reconomie  animale,  l;  fon 
efFet  fur  le  pouls ,  3  &  6 ;  fur  les  tubes 
capillaires ,  4 ;  fur  la  chaleur ,  6  ;  fur  la 
maffe  humorale ,  8 ;  fur  la  tranfpiration , 
ibid, ;  par  bain  ,  6 ;  par  commotion ,  ibid. 
Maladies  traitees  par  I'eleftricite  ,  9-32. 

Epilepjie  :  traitee  par  I'eledricite,  13  ;  guerie 
par  un  feton,  149. 

Epiploons,  *95-i32  ;leur  defcription,  *  98- 1 04; 
leurs  attaches,  leur  ftrudure,  *  105-116; 
leur  ufage,  *  1 16-132.  Le  grand  Epiploon, 
*  98  ;  le  petit ,  *  1 10  ;  le  colique  ,  *  1 14. 

Efprit  de.  tircbenthine.  Ses  efFets  fur  les  chry- 
falides  des  vers-a-foie,  &  maniere  del'em- 
ployer,  *  83. 

EtL  Cajaftere  de  cette  faifon  en  1784,*  233. 

Experiences  de  M.  de  Morveau ,  pour  ^valuer 
la  quantite  de  gas  acide  mephitique ,  85; 
du  meme  ,  fur  I'acide  nitreux  comme 
diflblvantde  Tor,  *  133  ;  de  M.  Godard  , 
fur  la  congelation,  *  183. 


Fro  ID.  Ses  cffets  fur  le  corps   humain^ 


GAs  acide  mephitique,  Mayen  d'cn  evaluer 


DES       MATIEREi.  V 

la  quantity  qu'en  tiennent  les  eaux ,  8f . 
Glacis  jiottantis  des   rivierss ,   *  lyS-lOi.   Opi- 
nion ,  fur  leur  origine  ,  de  Hales,  *  179; 
de  rAbbeNollet,  *  181 ;  de  M.  Oefmareft  , 

*  182;  de  M.  Godart,  *  183-202.  Obser- 
vations &  experiences  fur  lefquelles 
celle-ci  eft  fondee,  *  183-186,  194-196. 
Comment  elles  fe  forment,*  188  &  fuiv. 

*  191-201.  Pourquoi  font- elles  plus  abon- 
dantes  par  un  froid  mediocre,  *  20 1. 

Glace  formee  en  aiguilles  ,  a  la  fuperficie  de  la 
terre  ,  *  163  -  178.  Circonftances  dans 
lefquelles  on  I'a  obferV^e  ,  *  164-167. 
Caufe  de  fa  formation  ,  *  167-176.  La 
nature  du  terrein  y  concourt  ,  *  175. 
L'evaporation  la  produit ,  *  176. 

Grottes  d'Arcy.  Leur  defcription,  33-36-81; 
leur  temperature  ,  81.  La  fature  de  leurs 
eaux ,  82.  Leur  ^tendue ,  ibid, 

-        H 

Ha  n  If  ETON  s.  EfFets  de  leur  grande  quan- 

tite  ,  *  233. 
Hijioire   meteoro-nofo-logique  ,   I90-215   *  2O7- 

231.  Refum6  general  de  celle  de  Tannee 

1784,  *  231-239. 
Hii/er>  Carafteres  ^e  celui  de  1784,  *  232. 


L^c  de  Chtrchiaio,  Analyfe  de  fon  caU;>  *  151. 


vj  Table 

Luxation  des  OS  du  baflin,    151-159; 

M 

Malad  T  E  s  qui  ont  regn^  en  1784,  *236. 

Mcrcurc.  Etfets  de  la  chaleiir  fur  fon  vo- 
lume, &  moyens  de  rellimer ,  lOO-lOj. 

Mons.   Leur  nombre  ,  *  236-238. 

Murs.  Comment  on  doit  regler  leur  epaiffeur, 
*  28  -  66.  Opinions  ,  de  M.  Bullet ,  *  29 ; 
de  M.  Couplet ,  *  3  1-36.  Examen  de  cette 
opinion,  '^  37-44  ;  de  M.  Belidor,  *  44- 
45.  Reflexions'  fur  cette  opinion,  *46; 
de  M.  de  Vauban ,  *  ibid.  Reflexions  fur 
cette  opinion,  *47;celle  de  I'Auteur, 
* 48-66  ;  (qs  experiences,  *  50-57.  Effets 
des  talus  ,  *  57-66. 

* 

N 

No  SToc.  Ce  que  c^efl: ,  *  1 3-27.  Noms  que 
lui  ont  donne  ies  Botanilles  ,  *  15  ;  leur 
opinion  fur  fa  nature,  *  16-18-19.  Opinion 
de  TAuteur  ,  *  20-27.  Obfervations  fur 
cette  fubftance  ,  de  Bartholotius  &  de  M. 
de  Necker ,  *  27.  Epoque  de  I'annee  oil  il 
paroit,  *  16;  proprietes  qu'on  lui  a  attri- 
buees,  *  17. 

o 

Ob s ERVAT ION s    baromiiriques,    Moyens 


DES       MATIERE5  vij 

de  les  debarraffer  de  I'influence  thermo- 
metrique ,   108-125. 

Obfervations  fur  line  catarade  compliqii^e  de 
la  diffoliition  dii  corps  vitre,  *  203.  Trai- 
tement  employe  ,  *  204.  Operation  de  la 
catara6te  faite  en  deux  temps  ,  *206;fuB 
la  guerifon  d'un  calcul  biliaire  ,  *  10; 
fur  celle   d'une  epilepfie  ,  131,49. 

Os  du  boffin.  Leur  luxation,  151.  Obferva- 
tions de  cette  luxation  par  Baffius  ,  152; 
par  M.  Philippe ,  ibid,  par  M.  Enawx  ,154. 


Paraly  SI  ES  trait6es  par  Teledricite  ,  22. 
Printimps.  Caradleres  de  celiii  de  1784,  *  2321; 


R 


Ra Cl  n es  dis  arhres.  La  plantation  d'un 
morceau  de  racine  eft  un  moyen  de  mul- 
tiplier les  arbres  etrangers,  *^  9. 

RUoltis.  Leur  qature  ,  leur  epbque  ,  *  233^ 
234.  Caufe  de  leur  plus  grande  ou  moiu- 
dre  abondance  ,  &  de  leurs  qualites  ,  *  ibid. 
celles  de  I'ete,  * ii-zW.  celles de  lautomne, 

Rhumatifmes  :  traites  par  I'^leftrlcite  ,  17. 
Roidmr  dcs  membres  :  traitee  par  I'elediricite^ 
20. 

S 

Sai  SONS.  Leur  influence  fur  les  vegetaiix  , 


\»  y\i)  Table. 

•  232-135  ;  fur  les  animaux  ,  *  235-238. 
SemailUs  :  des  mars  ,  *232;   des  fromens  , 

*235. 
Sol  dit  fpif{ber§.  Caufe  de    fon   Elevation , 

*I77. 

T 

r<z^/^  ^«  correction  thermometriqiie  du  baro- 
metre  ,  par  M.  Legaux ,  93  ;  iiniverfelle  , 
par  M.  Buiflard  ,  141- 148  :  fon  ufage,  126- 
139;  pour  chaque  jour ,  114. 


Vanne    a  conftruire  an    pertuis   des   re- 

fervoirs  du  canal  de  Long-Pendu,  171-177. 

Vendange.  Son  epoque  &  fes  qualites,*  234. 

Fin   dc  la  Tabu   des   ma  t teres . 


APPROBATION. 


N 


O  U  S  fouflignes  Commiflaires  nommes  par  I'Aca- 
demie  de  Dijon  ,  en  execution  des  ordres  de  Monfeigneur 
le  Garde  de  Sceaux  ,  avons  lu  les  Memoires  compofant 
les  premier  &  fecond  Seme<lres  de  cette  Academie 
pour  I'annee  1784 ;  &  nous  n'y  avons  rien  trouve  qui 
puiffe  en  empecher  rimpreflion. 

A  Dijon  ce  12  Janvier  1785  .  Signe  ^  de  Morveaw 
&  Maret. 

Le  privilege  fe  tromi  a  la  fin  du  Shncjire  d^ 
Juillet  ijSz.         ^-—^