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USUELLE ET MÉDICALE.
Paris. — Typographie de Firmin Didot frères, rue Jacob, #6.
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NOUVELLE
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USUELLE ET MÉDICALE,
OU
HISTOIRE ET DESCRIPTION
DE TOUS LES VÉGÉTAUX UTILES,
TANT INDIGÈNES QU'EXOTIQUES ,
Avec leur application à l'Agriculture, aux Arts, à l'Industrie, à la Médecine
et à l’Horticulture,
PAR M. FRÉDÉRIC GÉRARD.
PUBLIÉE PAR L'ASSOCIATION DES AUTEURS ET ARTISTES UMIS.
INTRODUCTION.
(PREMIÈRE PARTIE.)
BOTANIQUE ÉLÉMENTAIRE.
PARIS,
AU SIÈGE DE L'ASSOCIATION DES AUTEURS ET ARTISTES UNS,
RUE SAINT-JACQUES , 71.
ET CHEZ FIRMIN DIDOT FRÈRES, LIBRAIRES,
RUE JACOB, 96.
1853.
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PRÉFACE.
Une lacune toujours regrettable dans un ouvrage scien-
tifique destiné à être mis entre les mains du public,
c'est qu'il est écrit dans une langue qui diffère sous tant de
rapports de la langue usuelle, que presque toujours il est
inintelligible, et qu'il traite de matières absolument incon-
nues aux personnes étrangères à l'étude des sciences. C’est
pour remédier à ces inconvénients, que j'ai cru devoir faire
précéder mon ouvrage d’une introduction composée de deux
parties. La première est un résumé complet de la botanique
scientifique : elle initiera les lecteurs à la terminologie et aux
idées de cette science aussi utile qu'’agréable; et, tout en
suffisant aux personnes qui ne veulent avoir qu’une idée
générale de la botanique, elle pourra servir de guide à celles
qui se destinent à des études plus sérieuses. C’est dans ce
but que j'y ai réuni toutes les indications nécessaires à des
études complètes, et que j'y ai joint en appendice la liste des
principaux voyageurs qui ont enrichi la botanique de leurs
découvertes, et celle des meilleurs ouvrages à consulter,
groupés dans l’ordre de succession des études. En un mot,
malgré l’exiguité du cadre que je me suis imposé, j'ai ras-
semblé sommairement tout ce qui constitue la botanique
dans la plus ample acception de ce mot.
La seconde partie, plus usuelle que scientifique, sera
consacrée à la botanique appliquée, c'est-a-dire à la phy-
tologie considérée dans ses applications aux divers besoins
de la vie: telles que l'horticulture, l'agriculture, la sylvicul-
ture, les prairies, la médecine, la pharmacie, l’art vétérinaire
et les arts économiques et industriels. Afin de ne rien lais-
ser ignorer des applications utiles des produits du règne
végétal, la fabrication des sucres, des boissons fermentées,
des soudes et potasses, des charbons, des huiles, des farines
et fécules, etc., y trouvera place, de manière à faire de
cette seconde partie le manuel le plus complet qui ait paru
sur la matiere.
Frépéric GERARD.
Paris, 2 novembre 1853.
£. INTRODUCTION.
#
La loi universelle, celle qui domine la nature entière, c’est la vie,
dont nous cherchons vainement et la cause et le but, et qui n’ap-
paraît à nos yeux que comme un admirable phénomène dont le mys-
tère est caché au sein de l’immensité. Elle se manifeste sous des
formes si variées, malgré la limitation des types primitif, que par-
tout où l'observateur porte ses pas, il découvre des êtres nouveaux,
sans que la fécondité de la nature semble épuisée par cet enfante-
ment perpétuel. Si les animaux nous paraissent innombrables , sur-
tout dans les classes inférieures, combien plus encore ne le sont pas
les végétaux, ce prélude de la nature pour établir la vie à la surface
du globe! Depuis la cime des montagnes, au bord des neiges éter-
nelles qui en couronnent le sommet, jusqu'au pied des mers, au
sein même de leurs eaux profondes, dans la goutte d’eau que la
pluie amasse dans le creux des rochers granitiques, la nature végé-
tale domine comme au milieu d’un empire qui lai appartient tout
entier. Humble , visible à peine sur les rochers stériles que calcine
un soleil de feu et qu’elle recouvre d'une croûte légère, elle grandit
à mesure que le milieu qu’elle habite devient plus propre à la vié, et
forme de proche en proche une longue chaîne, présentant à la partie
inférieure de simples points animés, dont l'œil humain ne peut
connaître la figure qu’à l'aide du microscope, et qui se termine par
des plantes d’une structure complexe, ou des végétaux gigantesques
qui bravent la puissance destructrice du temps, et semblent avoir
assisté aux premiers âges du monde.
Chaque région, chaque site, quelque limité qu’il soit, a ses types
végétaux ; et toutes les fois que la nature du milieu ambiant se mo-
difie, la plante en subit l'influence, et elle passe par degrés insensi-
bles d’une forme à une autre, sans qu'il soit souvent possible de
TOME 1, — Livraison a. a
1] INTRODUCTION.
fixer avec précision le point où un type commence et celui où il finit.
C’est cette transformation , résultat, non d’un hasard aveugle, mais
de lois infranchissables qui gravitent entre deux points extrêmes,
qui a si souvent jeté la confusion dans les études des botanistes, et
multiplié à l’infini la nomenclature de la science.
Au végétal qui tombe frappé par la mort, en succède un autre, qui
ne disparaît à son tour que pour faire place à des êtres nouveaux.
L'arbre robuste, dont les racines rampaïent au loin sous le sol que ses
branches couvraient de leur ombre, et qui pendant sa vie n'avait cessé
d’opprimer les faibles plantes qui demandaient à croître en paix sous
sa protection, paye, après avoir traversé les âges, son tribut à la
nature, et succombe enfin sous le faix des années. Dès que la vie
commence à s'éteindre en lui, il est attaqué par des myriades d’en-
nemis qui l'entourent, le pressent, pénètrent dans sa substance,
s’établissent sur ses feuilles, sur ses branches, sur son écorce, au
sein même de son tissu ere et semblent insulter à sa FD
Ces fréles parasites , si méprisables en apparence, sont cependant les
plus redoutables adversaires des géants des forêts; et, pour qu'il n'y
ait pas d'interruption dans la loi de succession des êtres, toujours
la vie succède à la vie, les lichens, les mousses, les graminées, ont
préparé le sol où végète l'arbre, qui ne meurt que pour féconder de
ses débris la terre sur laquelle il a vécu; et quand les humbles plantes
qui croissent au milieu de ses cendres ont accompli leur période de
végétation, et rendu à leur tour à la terre la vie qu'elles en ayaient re-
que, un de ses descendants se dresse en vainqueur au milieu de l’hu-
mus qu'elles ont déposé, et y établit sa domination jusqu’à ce que la
mort s’en empare.
La terre est donc une immense arène où la vie et la mort se dispu-
tent la victoire; mais ces deux phénomènes , aussi insaisissables lun
que l’autre, se servent réciproquement d'appui : pas de mort sans la
vie, pas de viesans la mort. On voit, en feuilletant le livre mystérieux
de l’histoire de la terre, que les formes, lentement élaborées, se sont
épurées peu à peu, et ne sont arrivées à la perfection que nous leur
connaissons aujourd’hui qu'après des ébauches imparfaites, des jeux
ou des accidents bizarres, dont la naissance semblerait due au ca-
price. Après avoir animé la terre, elles ont disparu pour faire
place à des êtres plus réguliers, à l'apparition desquels elles semblent.
w'avoir servi que de prélude.
INTRODUCTION. if
Les lois qui président à la manifestation de la vie sous une
forme déterminée suivant les circonstances, ont une persistance si
grande, que l’homme, cet audacieux rival de la nature, qui croit
dans son orgueil l'avoir soumise à sa volonté, n’a pas plutôt cessé,
fût-ce même pendant un seul instant, de veiller à ce que le fruit de
son labeur ne soit pas perdu , qu’elle s'empare du sol qu’il vient de
quitter, comme d’une propriété dont la spoliation l’a dépouillée; elle
envahit même le champ qu'il cultive, mêle à ses récoltes les végé-
taux qui croissent spontanément, et l’oblige, pour le punir de son
audace, à un combat perpétuel.
Après la loi de la vie, la plus générale est celle de la variété; c'est
à elle que nous devons le charme qui s'attache à l’étude des végé-
taux ; elle se lie intimement à celle de l’ascendance et de la perfec-
tion successive des formes, qui se retrouve sans exception à tous les
degrés de l'échelle des êtres. De même que dans l’ensemble du règne
végétal nous passons du simple, du rudimentaire au complexe, dans
chaque classe , chaque ordre, chaque famille, nous retrouvons cette
loi. Comparez la Lepraria , cette poussière à fructification inconnue
qui tapisse les rochers, aux formes plus parfaites des Cenomyces et
des Usnées, qui sont de petits arbres en miniature, en suivant non
pas les méthodes savantes, qui trop souvent interrompent l'ordre
naturel, mais en observant la loi d'ascendance, vous trouverez
que les lichens présentent deux points extrêmes qui ne diffèrent
entre eux que par la perfection, et dont le plus inférieur était l'é-
bauche.
On retrouve dans les saisons l’existence de la même loi : chacune
d'elles a sesattraits et mérite les hommages des amis de la nature. Lors-
que la tiède haleine du printemps a délivré la terre de son lourd man-
teau de glace, que le soleil a dissipé les vapeurs brumeuses qui alour-
dissaient l’atmosphère, quelquesfleurs délicates viennent exposer leurs
fréles corolles aux derniers soufles de l’aquilon, et annoncent le réveil
de la nature. Ces gracieuses avant-courrières d’une nouvelle période
d'évolution végétale disparaissent dès que leur rôle est accompli, et
l'été se présente escorté d’un riche appareil floral. La terre se décore
de fleurs, l’air est embaumé de mille parfums; chaque être, revêtu
de sa robe de noces, se prépare à l'œuvre mystérieuse de la repro-
duction. Puis vient l'automne, plus grave, qui mürit le fruit fécondé
par le soleil. Avant de rentrer dans le silence de la tombe ou dans
IV INTRODUCTION.
le repos, la nature, jalouse de briller d’un dernier éclat, étale les
teintes les plus riches et les plus variées; et tant que la glace n’a pas
solidifié la surface des eaux, il apparaît des fleurs qui semblent un
dernier effort de la vie contre le froid glacé de la mort.
Le microcosme des anciens, avec son enfance, sa jeunesse, son âge
mûr et sa vieillesse, serait-il réellement l’histoire abrégée du macro-
cosme ou du monde? et notre terre , après avoir cheminé d’abord
silencieuse et stérile à travers l’espace, puis s’être animée au souffle
de la vie et avoir produit l’homme, son chef-d'œuvre, le seul qui
comprenne les merveilles que la nature déroule sous ses yeux, est-
elle destinée à tomber dans la décrépitude, et à voir disparaître de sa
surface la vie, son plus bel attribut?
Au milieu de ce théâtre si riche et si animé, à la vue de ces phéno-
_mènes sans cesse renaissants, l’homme n’a pu rester froid et insen-
sible ; les harmonies de la nature ont parlé à son esprit et éveillé en
lui l'admiration : aussi, à toutes les époques, a-t-il cultivé la science
des végétaux, comme la plus agréable et la plus utile, et comme
celle qui était, entre toutes, digne de son attention.
La botanique est en effet, de toutes les sciences, celle qui convient
le mieux à tous les âges et à toutes les conditions. L'enfant qui
cueille la simple fleur des champs pour en faire un bouquet sans art;
la jeune fille qui demande à ces êtres frêles comme elle une parure
destinée à ne briller qu’un moment; l’homme fatigué des agitations
de la vie, et qui cherche dans la solitude des forêts un repos que lui
refuse le séjour des villes; le savant qui prétend découvrir le mot
de l’énigme de la nature, trouvent dans le vaste champ du règne vé-
gétal un aliment à leur besoin et à leur curiosité. L'étude de la bo-
tanique est la seule qui permette de s'arrêter à la connaissance de
quelques noms, ou comporte la méditation la plus soutenue. Elle
n’exige, pour ceux qui n y cherchent qu’un délassement, presque
aucune connaissance élémentaire, et ne demande qu’un peu de
mémoire. Le valétudinaire et l’homme robuste, la femme la plus
délicate et l’adolescent plein de force et de santé, y trouvent une
agréable distraction. Les longues excursions dans les champs et les
bois, les simples promenades dans un jardin ou au milieu des campa-
gnes, satisfont à la fois au besoin de délassement de l'esprit et aux plai-
sirs de la locomotion. C’est encore la seule science qui puisse étreétudiée
sans fatigue et sans dégoût. L'étude sérieuse des êtres vivants exige
INTRODUCTION. iv
l'usage du scalpel pour interroger leurs organes internes, et ÿ cher-
cher le mystère de la vie; du sang, des cris, les derniers spasmes
qui précèdent la mort, portent le trouble dans l'esprit, et ne con-
viennent qu’aux savants véritables, dont les travaux doivent agran-
dir le cercle restreint de nos connaissances. Toutes les préparations
zoologiques exigent des soins minutieux , et ne laissent sous les yeux
qu’une image trompeuse de l’être qui a vécu : tandis que le végétal
passe de la vie à la mort sans se débattre; il conserve, quoique privé de
l'existence, le port, la couleur qu’il avait au milieu des champs; quel-
ques-uns même, comme les Mousses, les Jungermannes, peuvent res-
ter impunément dans des herbiers pendant une longue suite d’an-
nées, etreprennent leur forme primitive dès qu'ils sont soumis à l’in-
fluence de l'humidité. Les plantes à tige succulente continuent de
pousser dans les collections de végétaux desséchés : aussi la vue
n'est-elle jamais attristée par l’image de la destruction. Quand le fer
détache un rameau de l'arbre qui le porte, la plaie est bientôt cica-
trisée, et un bourgeon nouveau remplace la branche qui a péri; car la
vie est multiple dans le végétal : ce sont autant de polypes greffés sur
une souche commune, et qui se succèdent tant que le pied qui les
porte conserve sa puissance végétative.
Sous le rapport des frais qu’entraîne après soi cette agréable étude,
on peut dire qu'aucune n’est moins dispendieuse : une boîte de fer-
blanc, une loupe, une pince , quelques feuilles de papier, un crayon
pour le dessinateur, composent tout le bagage de l’herborisateur sa-
vant ou simplement curieux.
Si nous envisageons l'influence morale des sciences, combien il y
a loin du botaniste au zoologiste ! Ce dernier s’arme d’instruments de
chasse ou de pêche, pour s'emparer des animaux, avec lesquels il
doit lutter de vigueur ou d’adresse; il résulte, dans ce déploiement de
force, une excitation qui porte dans l'esprit une exaltation fébrile ;
tandis que la botanique, simple contemplation de la nature, plonge
dans une douce rêverie et porte dans l'esprit un calme bienfaisant. Jean-
Jacques Rousseau, ce triste misanthrope, plutôt armé de la philosophie
du désespoir que de celle de la résignation, trouva dans l'étude de la
botanique une trêve à ses maux; il a seul su peindre, avec autant de
force que de vérité, l'impression que produit sur l'esprit la solitude
des forêts. En effet, peu d'hommes dignes de ce nom sont insensibles
à la vue de la nature; ceux mêmes que les impérieuses nécessités de
V] INTRODUCTION.
la vie ont empéchés de se livrer à l’étude des phénomènes naturels
éprouvent, à la vue des merveilles qui se déroulent sous leurs yeux,
plus que l’admiration froide qu'excitent en nous les chefs-d'œuvre de
l'art humain , mais un transport religieux qui porte leur esprit à la
contemplation.
Écoutons le philosophe de Genève fuyant les persécutions que lui
a valu son livre d’Érnile ; il peint en peu de mots le calme, la quié-
tude que font naître dans son cœur la solitude des déserts et la vue
de la nature : «Je gravis les rochers, les montagnes, je m'’enfonce
dans les vallons, dans les bois, pour me dérober, autant qu'il est pos-
sible , au souvenir des hommes et aux atteintes des méchants. Il me
semble que sous les ombrages d’une forêt je suis oublié, libre et
paisible, comme si je n'avais plus d’ennemis, ou que le feuillage des
bois pût me garantir de leurs atteintes... Le plaisir d’aller dans un
désert chercher de nouvelles plantes, couvre celui d'échapper à mes
persécuteurs ; et, parvenu dans les lieux où je ne vois nulle trace
d'hommes, je respire plus à mon aise, comme dans un asile où leur
haine ne me poursuit plus. » |
De tous les ouvrages écrits sur la botanique, si nous en exceptons
les Zecons de Flore de Poiret, auxquelles on ne peut reprocher qu’un
peu d’enflure, mais qui sont en général écrites avec chaleur, les
Lettres de Rousseau à madame Delessert, et ses ARéveries d'un soli-
Laire, sont plus propres, que les traités même les plus savants, à
inspirer l’amour de cette science.
Bernardin de Saint-Pierre a également peint avec une vivacité de
coloris et une grande vérité de détails, la richesse luxuriante de la
végétation des tropiques; ses images sont empreintes d’un tel carac-
tère de grandeur et de majesté, que le lecteur se trouve transporté
sur le théâtre même de la scène décrite par l’auteur. Ce tableau plein
d'animation, de vie, dispose l'esprit à l’admiration ; et la lecture de
son petit poëme si gracieux de Paul et Virginie a toujours fait naître le
désir de quitter nos froids rivages d'Europe, pour aller visiter les lieux
où madame de Latour et la bonne Marguerite pleurèrent sur la triste
fin de leurs enfants. Ses Études et ses Harmontes sont propres encore
à faire naître le goût de la contemplation des beautés de la nature.
Après Bernardin, Chateaubriand, quoique étranger à la science, a
peint avec un égal talent, et surtout avec celte délicatesse de senti-
ment propre aux grands écrivains, le tableau de la nature américaine,
INTRODUCTION. vi]
Îl a décrit les immenses savanes qui bordent le Meschacébé , de telle
sorte que rien ne nous échappe du caractère grandiose de cette nature
sauvage, que la main de l’homme n'avait pas soumise aux règles
de la culture , et dont elle n’avait pas encore détruit la poésie.
On n’a pas besoin d’être botaniste pour lire.avec intérêt les Tu-
bleaux de la nature de M. de Humboldt, qui nous font connaître
sous une forme poétisée, et avec une abondance de détails qui révè-
lent l’homme de science, la végétation des régions équatoriales.
Perron, Labillardière, Brown, Ramond, se sont exercés à ces
peintures savantes, qui devraient, comme la plus attachante préface
de toute relation de voyage, faire connaître à grands traits la figure
du pays dont ils décrivent les végétaux.
Si nous jetons un coup d'œil sur l’ensemble de la végétation qui
sert de parure à la terre, depuis les régions glacées du Nord
jusqu’à l’équateur , et depuis les plages de la mer jusqu'aux neiges
éternelles qui couronnent les montagnes, nous voyons les formes
végétales affecter des caractères correspondant à la nature de ces
divers climats. Les plantes décroissent en nombre et en vigueur à
mesure qu'on s'élève vers les pôles; les arbres passent, des formes
arborescentes que nous leur connaissons dans nos forêts, à la forme her-
bacée; le bouleau seul y apparaît encore, mais rabougri, chétif, haut
à peine de quelques pouces, et les mousses, les lichens, ces fils de
l'hiver, servent de parure à ces déserts de glace. Le renne creuse de
ses pieds la neige épaisse qui couvre le sol, pour demander aux Ceno-
myces l'unique nourriture que lui offrent ces climats. En descendant
vers des régions moins désolées, les arbres verts annoncent qu’en
dépit des rigueurs de l'hiver, la vie n’est pas complétement éteinte
pour les régions polaires; mais, malgré la persistance de leur feuillage,
leur couleur dure et sombre égaye à peine le paysage des terres sep-
tentrionales, et leurs longues branches se détachent comme des om-
bres gigantesques sur le ciel gris de ces tristes climats. Les végé-
taux n'y sont pas animés de ces couleurs brillantes propres aux
régions qu'’éclaire un soleil ardent: le blanc, le jaune, le bleu pâle,
sont les couleurs dominantes, et leurs propriétés semblent atténuées
par la lente circulation d’une séve engourdie; quelques baies acides
sont les fruits les plus savoureux que l’extrême Nord offre à ses ha-
bitants, jetés comme par un châtiment sévère sur cette terre mau-
dite. À mesure que nous descendons vers le Sud, les formes végé-
vii] INTRODUCTION.
tales grandissent, se multiplient, les fleurs sont plus belles, plus
parfumées, les saveurs des fruits acquièrent de l'intensité; et, arrivés
sous le tropique, la végétation y a pris tout son développement. Les
fougères n’y sont plus, comme chez nous, des plantes herbacées, mais
des arbres couronnés de larges frondes qui retombent en panaches
élégants; les palmiers , inconnus à nos climats, dressent avec fierté
leur tronc droit comme des colonnes, et surmonté d’un bouquet de
feuilles qui en forment le chapiteau gracieux. Il semblerait que dans
les forêts vierges, que tous les voyageurs s'accordent à peindre avec
admiration, la nature végétale ait concentré toute sa puissance. Les
arbres séculaires sont enlacés de Bignonia, de Banisteria aux fleurs
dorées , de Paullinia , d'Aristoloches , qui les étreignent comme des
serpents, ou retombent versle sol en longues guirlandes ; la vanille aux
gousses odorantes s'applique sur leur tronc, et y adhère par ses ra-
cines ; la grande famille des Orchidées, aux formes multiples, et aussi
distinguée par ses riches couleurs que par les masses de fleurs qui
sont appendues à ses hampes flexibles, croît au pied des arbres,
sur leur tronc, dans l’enfourchure de leurs branches, à leur sommet,
et s’y balance dans l’air, qu’elle embaume de ses émanations par-
fumées. Le Bananier, cette plante herbacée, qu’une même année
voit naître et mourir, laisse tomber, du milieu de ses feuilles gigan-
tésques, de longs régimes de fruits savoureux. Les graminées, ces
humbles végétaux qui semblent ne jamais devoir affecter que des
formes pygméennes, y revêtent une figure nouvelle; le Bambou, ce
roseau des régions tropicales, est devenu un arbre à feuilles élégantes.
Les fruits ne sont plus acides, mais sucrés et parfumés, ou rehaussés
de saveurs étranges; les aromates s’y développent, et y mürissent
dans le milieu qui leur est propre ; et à côté d’eux croissent des poi-
sons terribles, dont la médecine a essayé la puissance.
La botanique est la science qui traite de la connaissance des végé-
taux, qui nous apprend à les distinguer d’après leurs caractères, et à
établir entre eux des associations par similitude; car si les plantes
semblent répandues sur la terre sans ordre et au milieu de la plus
étrange confusion, on arrive, avec un peu d’attention, à reconnaître
entre les divers groupes des ressemblances qui indiquent entre eux
une étroite parenté. À ces premiers rapports en succèdent d’autres qui
frappent l'esprit avec une égale force, et l’on ne tarde pas à recon-
naître qu’il y a dans la nature végétale, comme dans la nature ani-
INTRODUCTION. 1X
male, une loi de perfection de forme qui établit une chaîne continue
depuis les premières molécules vivantes jusqu'aux végétaux les plus
parfaits.
$ 1. De l'utilité de la botanique.
Après avoir esquissé à grands traits le tableau des phénomènes
que déroule sous nos yeux le règne végétal, il me reste à descendre
dans les régions plus humbles de la pratique, et à démontrer que de
toutes les sciences , la botanique est celle qui rend à l’homme le plus
de services et devrait occuper la première place dans son estime.
Par malheur, elle est beaucoup trop dédaignée ; aussi, malgré les pro-
grès de la science, en sommes-nous réduits encore à rechercher pé-
niblement parmi les végétaux, ceux qui pourraient nous être utiles.
On reconnaît aujourd’hui qu’en se livrant aux études de spéculation
pure, et c’est le nom qu'il faut donner à ces travaux de science dont
imagination a fait presque tous les frais, et qui n’ont abouti qu’à
enfanter des théories attendant un souffle pour les détruire, on re-
connait, dis-je, qu’on s’est écarté de la voie qui devait conduire à
des résultats positifs. Si parmi les savants qui se sont fait un nom
dans la science, il en est tant qui ignorent la botanique appliquée,
combien plus encore en est-il parmi les hommes auxquels les études
sérieuses ne sont cependant pas étrangères, qui ont même reçu ce
qu'on est convenu d’appeler une éducation brillante, et chez les-
quels l’ignorance de ces précieuses notions est complète. Les uns
affectent un scepticisme absolu ; et, n’attribuant aux végétaux aucune
importance, foulent dédaigneusement aux pieds ceux qui sont le plus
utiles; d’autres, imbus d’une croyance puérile, ajoutent foi aux vertus
chimériques qu’on a prêtées aux végétaux ; science trompeuse qui a
fait de tous les préjugés relatifs à leurs propriétés, un corps de doc-
trines erronées.
Pourquoi, de toutes les sciences , la botanique , quoique la plus
agréable et la plus facile, est-elle la plus négligée, même par les
hommes dont la profession exigerait qu’ils possédassent sur ce point
des notions précises, puisqu'ils sont appelés chaque jour à en faire
usage ? D'où peut venir cette insouciance pour l'étude de l’histoire de
cette longue chaîne d'êtres vivants, pivot sur lequel roule toute la vie
animale qui s’anéantirait s’ils venaient à disparaître ?
TOME 1. — Livraison b. b
x INTRODUCTION.
Je mettrai au premier rang, parmi les hommes qui devraient faire
des études botaniques spéciales ou générales, les Aerboristes, les
pharmaciens et les médecins. Pour les premiers, les produits directs
du règne végétal sont l'unique objet de leur commerce, et les mettent
chaque jour en contact avec des malades indigents qui, en sollicitant
un conseil, veulent savoir quelles sont les propriétés bien constatées
des végétaux qu'ils espèrent devoir apporter quelque soulagement à
leurs douleurs. Ils ne connaissent que trop superficiellement la flore
locale ; et comme leurs études sont incomplètes, il en résulte qu'ils
sont réduits à l’état de simples marchands d'herbes. Leurs connais-
sances reposent sur un Si petit nombre de données exactes, qu’ils
sont hors d'état de rendre les services qu’on est en droit d’attendre
d'eux. L’.erboriste est pourtant le pharmacien du pauvre; il ne peut
_ donc trop bien connaître à la fois les végétaux, leurs propriétés, la
durée de leur activité, les meilleures circonstances dans lesquelles il
doit les recueillir, pour que leurs vertus soient développées dans
toute leur plénitude, leur mode d'administration, les dangers que
présente leur emploi, les contre-poisons de toutes les plantes véné-
neuses, ete. En un mot, on confie à des hommes, parmi lesquels il en est
beaucoup d’intelligents et de dévoués, une fonction d’une haute im-
portance, et on ne leur ouvre pas les moyens d'accroître leurs con-
naissances. L’Acrboriste ne diffère du pharmacien, sous le rapport
de la vente des médicaments tirés du règne végétal, qu’en ce qu'il
les vend en nature et n’en prépare ni extraits, ni teintures, ni combi-
niasons pharmaceutiques ; mais ces préparations, destinées à condenser
les principes actifs des plantes, sont de simples manipulations d’offi-
cine, qui n’empêéchent pas que les feuilles et les graines du Datura
stramonium où de la Belladone, les capsules du Pavot, les racines du
Gouet, celles de la Bryone, les bulbes du Colchique , ne soient doués
de propriétés très-développées : il importe donc que les herboristes
connaissent d’une manière plus complète et la botanique comme
science, et ses applications à l’art de guérir.
Le pharmacien est dans le même cas, aujourd’hui surtout que la
thérapeutique emprunte la plus grande partie de ses agents actifs au
règne minéral; pourtant, le pharmacien est appelé par l'importance
de ses fonctions, qui ne sont pas appréciées ce qu'elles valent, à con-
naître non pas seulement les plantes indigènes, mais les médicaments
végétaux que nous fournissent les pays étrangers, ce qui exige de
INTRODUCTION. x]
sa part des connaissances positives, fruits d’une longue étude, pour
qu'il ne commette aucune erreur fàcheuse. La diagnose seule des
nombreuses espèces de Quinquina que nous envoient les forêts brû-
lantes du Nouveau-Monde, et qui ne sont pas, comme les végétaux de
n0S pays, reconnaissables par l’ensemble de leurs parties, mais sim-
plement par leur écorce; celle des résines, des gommes, des huiles,
des semences de divers noms, dont la médecine moderne a sagement
fait d'éliminer la plupart, mais qui n’en figurent pas moins encore
dans nos matières médicales, et qu'il est quelquefois si difficile de re-
connaître, à cause des sophistications qui les altèrent ou de la substi-
tution de substances à peu près semblables, ne peut être que le résultat
d’une longue et contentieuse étude. Combien ne lui importe-t-il pas de
ne pas confondre les produits des végétaux dont le nom a été si long-
temps un mystère, et qui, sous une appellation semblable, ont des
propriétés diverses! Telles sont, pour citer un exemple, les écorces
d’Angusture fausse ou vraie, dont lune est un poison et l’autre un
fébrifuge , et qui présentent une assez grande similitude , pour qu'il
faille des connaissances précises pour les distinguer. Que d’études n6
faut-il pas pour connaître la nature et la durée des principes actifs des
divers agents médicinaux, leur composition chimique , l'usage qui en
est fait dans leur pays natal, leurs succédanés et les préparations
nombreuses indiquées dans les diverses pharmacopées; connaissan-
ces sérieuses, complexes, qui constituent toute une science! Pourtant
les pharmaciens négligent la botanique, et si l’on compte aujour-
d'hui parmi eux tant de chimistes distingués, combien peu ÿ trouve-
t-on de hotanistes habiles!
Le rnédecin n’a pas, comme le pharmacien, besoin de ces con-
paissances minutieuses; mais il doit impérieusement être botaniste,
car c'est à lui, quand il formule, qu’il appartient de connaître avec
la plus grande précision les propriétés des agents qu'il emploie,
leur contre-indications , les remèdes à apporter aux accidents qu'ils
pourraient produire. S'il est versé dans la connaissance de cette
science, il y pourra puiser, comme dans une mine intarissable, des
ressources que souvent lui refuse la pharmacologie minérale. Mais
trop de dédain accompagne l’étude si attrayante de la botanique; il
semblerait que ces végétaux au vert feuillage, aux fleurs gracieuses
et parfumées, soient des êtres inoffensifs qui n’ont que des propriétés
hypothétiques. Quelques-unes seulement ont l’honneur de figurer dans
X1] INTRODUCTION.
la matière médicale; telles sont : la Digitale, la Belladone, le Pavot, la
Ciguë, la Ratanhia, le Séné, l’Ipécacuanha, le Quinquina, etc. Ajou-
tons-y quelques douzaines d’autres plantes, et là finit toute la bota-
nique du médecin. Quant aux végétaux indigènes, il les connaît
peu ou point; pourtant, les Venel, les Bodard, les Carrère, les Loise-
leur Deslonchamps, les Stærk, etc., ont cherché à nous soustraire au
tribut que nous payons aux pays étrangers, et ils ont interrogé
toute notre flore, pour savoir s’il ne s’y trouve pas de végétaux qui
puissent offrir des propriétés identiques à celles des plantes médici-
nales exotiques. La Salicine, contenue dans l'écorce amère du Saule,
a été employée quelquefois avec succès comme succédané du Quin-
quina, les racines de la Pensée sauvage font vomir comme l’Ipécacuanha,
le suc de la Bryone est un purgatif aussi actif que la Scammonée,
l’huile tirée des graines de l’Épurge peut remplacer l'huile corrosive
du Croton tiglium et avec moins de danger; les follicules et les feuilles
du Baguenaudier, ceux de la Coronilla emerus peuvent être substi-
tués au Séné, etc. Je ferai, à l’occasion de la Coronille, remarquer
combien il est important de connaître en botanique appliquée certaines
différences spécifiques ; car, tandis que la Coronilla emerus est simple-
ment purgative, les semences de la Coronilla varia sont diurétiques et
douées d’àcreté; et dans cette grande famille de Légumineuses, on trouve
des plantes fort diverses : c’est ainsi que, tandis que le Cytise des
Alpes et l#brus precatorius sont doués de propriétés toxiques, les
semences d'un grand nombre d’autres genres sont alimentaires. Les
bulbes du Colchique, qui à l'automne décore nos prés humides de
ses corolles élégantes, ceux de notre Narcisse des prés, possèdent des
propriétés d’une activité redoutable. Enfin, le médecin qui a fait de
la botanique une étude sérieuse, n’est nulle part privé de secours;
partout il peut trouver des agents médicaux dont il lui importe de
connaitre la puissance, s’il veut les administrer avec sécurité. Il peut
se trouver loin de toute pharmacie et obligé de demander aux végé-
taux qui croissent autour de lui, les succédanés des médicaments
qu'il emploie. Qu’osera-t-il faire s’il ignore de quelles vertus sont
douées les herbes des champs et des bois? Que fera-t-il si sa science
se borne à quelques noms, et qu'il ne connaisse pas, ce qui distingue
le véritable botaniste de l’empirique, les secours que peut lui offrir
telle ou telle famille ? car d’étroites affinités unissent presque toujours
entre eux les divers groupes végétaux : les Renonculacées sont àcres,
INTRODUCTION. XIi]
les Labiées, balsamiques et excitantes; les Gentianées, amères et to-
niques; les Solanées, fétides et vénéneuses ; les Borraginées, mucila-
gmeuses et adoucissantes; les Synanthérées, amères, toniques et
souvent très-excitantes dans les Radiées; les Malvacées, émollientes ;
les Famariacées, douées d’une tonicité très-prononcée. Ira-t-il, im-
prudemment se fier aux familles à propriétés multiples, comme les
Ombelliféres et les Papilionacées ? Ne doit-il pas savoir que certains
groupes voisins , comme les Campanulacées et les Lobéliacées, sont
doués de propriétés opposées? Enfin, sa science est incomplète
s’il ignore toutes ces choses. Admettons maintenant qu’un médecin
français aille s'établir dans un pays étranger : avant qu’il en con-
naisse la matière médicale, il lui faudra de longues études, sou-
vent insuffisantes si elles ne sont pas scientifiques, car il sera trans-
porté dans un milieu si nouveau, qu’il n’y aura dans la végétation
aucune plante dont le facies lui soit familier. S’il avait étudié la bo-
tanique au point de vue de son application à l’art de guérir , et qu’il
eût surtout fait des études analogiques assez complètes, il lui fau-
drait quelques semaines seulement pour manier les médicaments en
usage dans le pays, avec autant d’habileté que les médecins indi-
gènes. Malgré cette utilité incontestable , les médecins n’étudient pas
la botanique, et la plupart avouent qu'il n’en ont appris que ce qu’il
leur fallait pour passer leur examen.
Le savant Desvaux avait si bien compris le besoin d'étudier avec
la maturité convenable une science si remplie d'utilité, qu’il ne trouve
pas d'exemples assez nombreux et assez forts pour signaler les er-
reurs étranges des hommes appelés par leurs fonctions à connaître les
végétaux. « On a vu, dit-il dans l'introduction à son Traité général
de botanique, des hommes cbligés par leur profession de connaître
les propriétés des végétaux, donner l’Hysope lorsque la Saponaire
était prescrite, d’autres substituer la Fumeterre au Serpolet, d’autres
donner le Marrube au lieu de la Menthe; on a poussé l'ignorance
jusqu’à donner de la Chélidoine au lieu du Cétérach.
« Des pharmaciens ont préparé avec le Trèfle des prés, plante de
toute innocuité, l'extrait de Trèfle d’eau, Menyanthes trifoliata,
plante éminemment amère et fébrifuge. Souvent l’on a préparé l’ex-
trait de Ciguë avec le Caucalis anthriscus; aussi les médecins qui
prescrivaient l'usage de cet extrait à leurs malades étaient-ils surpris
de n'obtenir aucun des brillants succès qu'avait annoncés et obtenus
-
XIV INTRODUCTION.
le docteur Stærk. Un pharmacien de Paris, depuis qu’on a relevé cette
méprise , préparait son extrait de Ciguë avec le Cerfeuil sauvage,
Chærophyllum sylvestre... Nous tenons d’un médecin digne de foi,
qu'il a vu employer la Gratiole, Gratiola officinalis, dans le cas où
l’on avait prescrit des plantes émollientes. On appréciera quelle dut
être la différence du résultat, lorsqu'on saura que la Gratiole est un
des purgatifs les plus violents. »
J'ai signalé, en parlant de la Ficaire, qui entrait dans l’onguent Dra-
botanum sous le nom de petite Chélidoine, erreur des pharmacologues
qui, en donnant la formule de cette préparation, inusitée aujourd’hui,
ont cru que cette plante était le Chelidonium, dont les propriétés sont
bien différentes. Je pourrais ajouter à ces citations un grand nombre
de faits qui viendraient les corroborer; tout ce qu’on peut dire, c’est
que si d’un côté les hommes spéciaux connaissent les végétaux
d’une manière insuffisante, de l’autre, la connaissance qu’ils ont de
leurs propriétés semble avoir été puisée dans les vieux traités de
Lemery, Chomel ou Gautier, où étaient consignées les données les
moins expérimentales et les plus empreintes de vieux préjugés.
Nous verrons en parlant de la trop célèbre doctrine des signatures ,
que les propriétés de beaucoup de plantes médicinales sont encore
fondées sur les idées préconçues des partisans de cette théorie.
Les voyageurs appelés par le charme irrésistible des pérégrina-
tions, ou les nécessités de leur profession, à visiter les pays étran-
gers, luttent souvent, faute de connaître la botanique, contre les
tortures de la faim ou les douleurs de la maladie, quand ils ont
autour d’eux les moyens de prévenir tous ces maux. Retenus par
une appréhension naturelle, ils n'osent ni cueillir un fruit, ni arra-
cher une racine, car ils craignent que le poison qui tue ne soit caché
sous l'apparence la plus propre à inspirer la sécurité. De quelles
ressources comme de quels dangers le voyageur n'est-il pas entouré
quand il parcourt les riches climats de l'Inde ou les forêts vierges
du Nouveau-Monde, régions où nulle plante n’est inerte, où toutes
sont au contraire douées de propriétés utiles ou funestes ! Si la faim
le presse, brisera-t-il de ses dents la noix de l’Anacardium, qui ren-
ferme sous son enveloppe de cuir imbibée d’une huile àcre et corro-
sive, une amande d’un goût exquis, s’il ne sait d'avance que cette
liqueur caustique semble là pour défendre le fruit contre ses atta-
ques audacieuses? Pourra-t-il deviner qu’au sommet de l’4reca ole-
INTRODUCTION. XV.
racea se trouve un bourgeon d’une saveur délicieuse, et qui peut
servir à apaiser sa faim; mais que la nature l’a placé au faîte de cette
colonne vivante, loin des atteintes de l’homme qui sacrifie souvent
à la sensualité l'arbre qui a bravé les orages pendant un demi-
siècle? Qui lui apprendra que la racine empoisonnée du Manihot
contient une fécule alimentaire, lorsqu'une main experte sait en
exprimer le suc délétère; que les pétioles gigantesques du Ravenalu
de Madagascar, que les petites urnes terminales des Vepenthes ou les
feuilles en godet des Sarracenia, contiennent une eau limpide propre
à étancher sa soif; qu’enfin, partout où il portera ses pas, 1l trouvera
dans le règne végétal l'aliment qui soutient la vie, le médicament
qui ranime la santé ou le poison qui tue?
L’agriculteur, sans aller demander aux climats lointains des plantes
économiques nouvelles, bien qu’il ne doive pas négliger de se tenir au
courant des conquêtes de nos explorateurs modernes, peut encore tirer
de la botanique un parti avantageux. Combien de végétaux abandon-
nés, délaissés, comme indignes des soins de l’homme, pourraient figu-
rer avec orgueil au milieu des plantes économiques qu’il soigne avec
la sollicitude d’un père! La famille des Graminées, si riche en genres et
en espèces diverses, croissant dans des stations différentes, soit dans
les terres humides ou submergées, soit dans les sols arides ou calcaires
calcinés par le soleil, à l'ombre des bois, ou bien dans les plaines élevées
qu’arrose rarement une pluie bienfaisante, demande à être étudiée
avec soin. C’est par la connaissance des conditions de végétation des
diverses espèces de cette riche famille, qui donne à l'homme du pain,
le principal élément d’une boisson salutaire dans les pays où la vigne
refuse de croître, l’eau-de-vie qui stimule les organes engourdis de
l'habitant du Nord, et, par les animaux, de la viande, du lait, du
beurre, du fromage, de la laine, des cuirs, qu’on peut arriver à amé-
liorer nos prairies artificielles, qui ne produiront plus que des herbes
appropriées à la nature du sol.
Pourquoi la plupart des agriculteurs ignorent-ils que la Glyceria flui-
tans, qui croît sans culture dans nos mares, au bord de nos étangs,
dans nos fossés inondés, peut leur fournir des graines propres à entrer
dans leur régime alimentaire, et qui, moins dédaignées par les peuples
de l’Europeorientale, y portent le nom biblique de manne de Pologne ?
Quelques journées de travail pourraient cependant leur procurer une
récolte abondante de graines qui, s'ils ne les consommaient pas par
XV] INTRODUCTION.
eux-mêmes, serviraient à la nourriture de leur volaille. Pourquoi
leurs connaissances se bornent-elles au petit nombre de plantes dont
la culture primitive se perd dans la nuit des temps, tandis qu’il faut
des siècles pour leur faire accepter les végétaux d'introduction nou-
velle, témoin la Pomme de terre, qui fut cultivée en Europe au com-
mencement du xw° siècle, et qui, longtemps négligée, ne se répandit
que lorsque le vénérable Parmentier, à la fin du siècle dernier, en eut
fait connaître les propriétés ? Pourquoi dédaignent-ils les plantes qui
croissent près d'eux, et parmi lesquelles il en est tant d’utiles? Là ne
se borne pas l’application de cette science : la connaissance de la bo-
tanique leur apprendrait aussi sûrement que l’analyse , à distinguer
les diverses natures de sol au simple aspect de la végétation qui leur
est propre; car chaque terrain a sa flore spéciale, et les végétaux
qui la composent disparaissent dès que changent les conditions
d'existence. En suivant avec attention les diverses apparitions végé-
tales, depuis le sommet des terrains secs et élevés en descendant
vers des lieux bas et humides , on voit la végétation varier autant de
fois quele milieu se modifie, les Sedum, les Arenarta, les Gypsophila,
et un grand nombre de Caryophyllées, des Crucifères, telles que des
Thlaspi, des Iberis, des Alyssum ; des Synanthérées, comme les
Crepis, les Erigeron ; des Graminées, comme les Festuca, les Bro-
mus, etc., couvrent les terrains secs et arides; les champs et les
moissons présentent, à travers certains genres appartenant aux
mêmes familles, des formes spécifiques différentes. Les Convolvulus ,
les 4srostemma , les Centaurées, les Delphinium, plusieurs espèces
de Véroniques, le Mélampyre, les 4ragallis, les Muscaris, ne se trou-
vent que dans ces localités restreintes; enfin, à part un petit nombre
de végétaux qui ont la propriété de croître partout, on peut recon-
naître dans les différentes évolutions végétales, la diversité des sta-
tions. Les prés qui s’épuisent perdent les plantes qui donnaient à
leurs foins des qualités recherchées, pour en nourrir d’autres, parmi
lesquelles certaines Renonculacées jouent un rôle très-significatif, in-
diquant que le sol s’appauvrit et demande le secours de l’homme
pour recouvrer les qualités qu'il a perdues. Combien de maladies
ont décimé les troupeaux , et qui n'étaient dues qu’à l'apparition de
végétaux délétères, nés à la suite de l’épuisement de riches et grasses
prairies! Ce qui a lieu pour les prés a lieu également pour les champs
cultivés; aux moissons viennent se mêler des plantes étrangères
INTRODUCTION. XV] j
dont les graines ont causé des épidémies dangereuses, et que la né-
gligente insouciance du cultivateur laissait se mêler en abondance au
bon grain; tels sont le Lathyrus Cicera, le Mélampyre, l'Ivraie, etc.
Avant que la nature de l’ergot du Seigle fût connue scientifiquement,
il fallut bien des accidents pour qu’on attribuât à cette production
parasite, résultat d’une altération pathologique , ces gangrènes af-
freuses qui ont répandu la terreur parmi les populations des campa-
gnes. Quand les disettes, devenues heureusement plus rares aujour-
d’hui, ont fait périr tant d'hommes et d'animaux utiles, à combien
de végétaux indigènes aurait-on pu demander des ressources alimen-
taires ? Les racines purgatives de la Bryone, qui donnent au lavage une
fécule saine et abondante, les racines des Massettes, celle du Nénu-
phar, les tubercules des Orchis, ceux de l’Arum, pouvaient suppléer
à cette affreuse pénurie. Parmi les herbes si dédaignées des champs,
la Morelle, réputée à tort un poison dangereux, la Mercuriale, dont
ébullition fait disparaître les propriétés laxatives, les nombreuses
espèces de la famille des Chénopodiées, dont les feuilles et même les
graines sont alimentaires, les racines de l’Asphodèle et du Stachys pa-
lustris, les souches de l’4/isma plantago, du Menyanthes trifoliata,
ettant d’autres plantes rustiques, pouvaient concourir à soutenir la vie
des malheureux habitants des contrées désolées par la disette, ei
leur permettre d'attendre des temps meilleurs. Nous négligeons encore
le Burium bulbocastanum aux tubercules comestibles, le Zathyrus
tuberosus, V'Orobus tuberosus et le Trapa natans, qui pourraient
cependant nous rendre des services si nous cherchions à les perfec-
tionner par la culture. Je ne parle ici que de notre pays de France, si
riche en ressources de tout genre, et encore si mal connu sous ce rap-
port. Que serait-ce donc si nous parcourions les diverses contrées du
globe, pour leur demander des végétaux utiles qui conviendraient à
notre climat? La Patate, Batatas, de la famille des Liserons , est au-
jourd’hui entrée dans nos cultures, et a déjà produit des graines qui
plus tard, sans nul doute, permettront de cultiver cet excellent tuber-
cule comme plante alimentaire usuelle ; une nouvelle espèce, la Patate
de Wall, promet des résultats supérieurs encore; et depuis que la
Pomme de terre, à laquelle l’Europe a dû la cessation de ces famines
désastreuses qui ont décimé sa population, à été attaquée d’un mal
inconnu ; On a été chercher partout des tubercules alimentaires nou-
veaux. Plusieurs essais, insuffisants encore, ont cependant démontré
TOME 1. — Livraison c. c
x vil) INTRODUCTION.
que nous pourrons un jour associer à la Pomme de terre des végé-
taux qui, sans la déposséder, rivaliseront d'utilité avec elle. L’Amé-
rique méridionale nous a dotés des Oxalis crenata et Deppit, dont
les tubercules esculents, surtout dans la première espèce , sont d’un
goût agréable, et dont les feuilles peuvent remplacer l’Oseille avec avan-
tage, et de la Capucine tubéreuse, dont les racines coniques et peintes
de vives couleurs, sont comestibles, quoique leur goût ne plaise pas
à tout le monde. La Cumassia esculenta, qui croît spontanément dans
l'Amérique du Nord, fournit aux indigènes des tubercules féculents
qui servent à leur alimentation. Le Ssarana, Lilium kamtschatcense,
originaire de l’Asie orientale, fournit une fécule abondante, et est un
objet de commerce dans la Russie d'Asie; le Zilium pomponium est
cultivé dans les mêmes régions comme plante alimentaire ; le Ca-
lochortus elegans fournit des racines comestibles aux Indiens de
l'Amérique du Nord; l’/rés esculenta est une des plus précieuses res-
sources des habitants de l’Afrique australe. La Glycine tubéreuse, les
tubercules du Psoralea esculenta, admis à l'honneur d'essais, l'U/-
lucus tuberosus, le Boussingaultia, dont les feuilles seules sont co-
mestibles dans notre climat, le Pe-tsai et le Pak-choï, sont dus à des
botanistes, à des missionnaires ou à des navigateurs qui cherchent à
enrichir notre agriculture de plantes alimentaires nouvelles. Si cette
pensée , si pleine de philanthropie et de patriotisme, animait tous les
voyageurs, qu’ils cherchassent à doter leur patrie de végétaux pro-
pres à accroître la somme des produits directement consommables ,
on reconnaitrait plus encore les bienfaits de la science; mais on ne
s’en occupe pas assez, et l’industrie agricole en est réduite encore à
réclamer pour son inépuisable activité des produits nouveaux. Que la
botanique fasse partie de l’instruction générale, et l’on ne tardera pas
à voir quels services cette science doit rendre à l’agriculture.
Pourquoi le /ilateur ne connaît-il pas une science qui lui appren-
drait à connaître les plantes textiles qui peuvent donner des tissus
supérieurs aux nôtres en finesse, et d’une manipulation ou d’une
culture plus facile, et qui fourniraient du linge, des vêtements, des
cordes, des voiles, etc., ou bien de simples nattes et des tapis gros-
siers? S'il était botaniste, 1l saurait que, dans la famille des Orties, la
plupart des plantes donnent un fil résistant, et que notre grande Ortie
fournit une filasse de belle qualité ; que le Genêt, qui tapisse les flancs
des coteaux privés d’autre verdure, est propre à fabriquer des tissus
INTRODUCTION. xIX
communs, ou peut fournir à la papeterie des matières premières
bien supérieures à la paille et à la pulpe de Betterave, supérieure
même au Coton, qui ne donne qu’un papier mou, poreux et de mau-
vaise qualité; il saurait que les Malvacées, qui comptent déjà parmi
les végétaux textiles le Cotonnier , sont toutes susceptibles de subir
une préparation qui les rend propres aux arts textiles : tels sont les
Althœæa, les Sida, les Napæa, les Thespesia, les Hibiscus, etc.
L’écorce des Sterculia est propre à faire des cordes. Dans les deux
familles voisines, les Bombacinées et les Byttnériacées, on trouve
encore des plantes textiles; pourtant le coton des Bombax n’est pas
utilisé, bien qu’il mérite de l’être. Dans la famille des Caprifoliacées,
le Lonicera xylosteum, si commun chez nous, sert à faire des tissus
et des cordes, et j'ai trouvé, dans l'écorce du Leycesteria formosa,
une filasse soyeuse et brillante. Les Tiliacées ont une écorce fibreuse
employée seulement à la fabrication des cordes à puits : des prépara-
tions plus minutieuses la rendraient propre sans doute à jouer dans
l’art textile un rôle moins humble. Les aigrettes soyeuses qui entou-
rent comme d’un duvet protecteur les semences de plusieurs espèces
d’Apocyns, dont une, l’Apocynum cannabinum , fournit une bonne
filasse, la soie de l’£riophoron, de la famille des Cypéracées ; le coton
des Peupliers, parmi les Amentacées ; les fibres des feuilles du PAor-
miurn, végétal que nous a envoyé la Nouvelle-Zélande, et dont nous
n'avons jusqu’à ce jour tiré aucun parti, parmi les Liliacées; celles
des Agavés, parmi les Amaryllidées; du Chamærops, parmi les Pal-
miers ; du Bananier, parmi les Musacées; les Spa et les Lygeu,
parmi les Graminées, sont certes de nature à prouver que, si l’on
étudiait les plantes textiles dans toute la série végétale, on trouverait
que partout la nature nous offre des végétaux propres aux usages de
l’industrie textile ou vestimentaire. Il n’est pas jusqu’au Zagetta lin-
tearia, où Bois-dentelle, dont le /ber à mailles distantes entre elles
avec régularité ressemble à une dentelle qu’on n'utilise et qui sert à
faire des objets de toilette, depuis les Philippines jusqu'aux Antilles.
Que de produits nouveaux ne trouverions-nous pas si nous voulions
les chercher, non pas avec l’empressement aveugle de l’empirisme ,
mais avec la froide maturité de l’homme de science , qui se sert de
ses longues études comme d’un flambeau pour le guider à travers le
dédale des manifestations végétales.
Le teinturier a-t:1 demandé aux différentes plantes de notre pa-
XX INTRODUCTION.
trie des substances tinctoriales? Tous savent-ils que la tige et les
feuilles de la Coronille des jardins, celles de la Mercuriale vivace, que
les racines de la Vipérine fournissent une couleur bleue ? Et pourquor
ne chercherait-on pas à remplacer par des végétaux indigènes la tein-
ture fournie par l’Indigotier, et qui nous a fait abandonner la culture
du Pastel? Saventils qu'ils peuvent obtenir une belle couleur Jaune des
racines de l’Épine-vinette et des sommités du Datisca cannabina, qui
fournit une teinture aussi solide que la Gaude et plus brillante; des
extrémités fleuries de la Pomme de terre, de la fleur du Narcisse des .
bois, de l'écorce de l’4gnus castus, de l’Alaterne, de l’Aubépine, du
Charme; que le Tabouret, cette petite Crucifère qui croit partout et
envahit les champs depuis la fin de l’hiver jusqu’à ce que la terre
soit durcie par les gelées, que le Passerage, l'Épervière, l’{/ex crocea,
les baies du Prinos verticillata, fournissent une teinture solide; qu’il
peut demander du vert à la Scabieuse des bois, à la Brunelle, au Cer-
feuil sauvage; du rouge au Lithospermum officinale, au Staphylea
pinnata , à la Piloselle, au Merisier à grappes ; du grès à la Busse-
role, aux sommités de l’Airelle et de la Pomme de terre; du brun à la
racine du Fraisier et de la Lysimachie, aux tiges feuillées du Marrube
noir, de l’Aristoloche clématite, du Thuya, etc. ; du noir au Lycope
des marais, à la Scutellaria galericulata, aux racines de Scorsonère,
qui sont revêtues d’une écorce d’un noir intense? Et toutes ces res-
sources, qui, si elles ne servent pas directement aux hommes de
l’art, peuvent être utiles aux habitants des campagnes éloignées des
grands centres et qui font eux-mêmes des teintures grossières , sont
inconnues parce qu’on n'étudie pas la science qui seule peut les en-
seigner.
Les fabricants de couleurs pourraient tirer des bleus, si chers
quand ils sont beaux, des fleurs des Commelines, et du vert des feuilles
de Colchique. Le Polygonumn ténctorium et le barbatum contiennent
de l’indigo qui mérite d’en être extrait, puisqu'ils en donnent un
trente-deuxième de leur poids en feuilles ; le Justicia purpurea donne
également du bleu, et le nctoria du rouge; le Bignonia chica fournit
une couleur jaune d’ocre. Enfin, les couleurs d’une partie des plantes
tinctoriales sont susceptibles d’être fixées, et de fournir à la peinture
des tons multipliés à l'infini, et qui sont autant de nouvelles res-
sources pour les artistes.
Le forestier se contente de connaître les essences des forêts de
INTRODUCTION. XX]
France et ne va pas plus loin, tandis qu’il y a tant d'arbres d’une
qualité supérieure et d’une croissance plus rapide que certaines es-
pèces indigènes, qui pourraient venir y prendre place. Que sont
devenus les arbres précieux étudiés avec tant de soin et d'intelligence
dans les forêts de l'Amérique du Nord par M. Michaux ? Quels sont
ceux qui sont entrés dans notre sylviculture? Qu’a-t-on tiré des
voyages de Douglas et d'Hartweg dans la Californie, si riche en arbres
verts, dont beaucoup pourraient croître chez nous, et se substituer
avec le temps aux espèces ingrates et rabougries que nous cultivons
presque à regret? Pourquoi le Vernis du Japon, qui décore aujour-
d'hui nos promenades et s’élance en colonne d’une rectitude irré-
prochable jusqu’à une hauteur prodigieuse, n’a-t-il pas remplacé
quelques-unes de nos essences de bois blanc, lui qui a le bois plus
résistant, et qui croît bien plus vite? Qu'a-t-on fait du Cyprès dis-
tique, dont l'importation fit tant de bruit parmi les savants, et qui
eut les honneurs d’une série d’articles élogieux oubliés depuis long-
temps? Pourtant nos constructions civiles et militaires auraient be-
soin de bois qui joignissent à une croissance rapide la plus grande
somme possible de ténacité. Avec des études botaniques complètes
et consciencieuses, cette lacune serait bientôt remplie.
Les ébénistes, qui sont en quête de bois à grains fins de couleurs et
de veinures agréables à la vue, et en font venir à grands frais de l’é-
tranger, pourraient, en étudiant nos arbres indigènes, s'affranchir
d’un tribut onéreux, qui a, outre son importance matérielle, l’incon-
vénient non moins grave de faire sortir du pays un numéraire qui y
pourrait rester. Pourtant plusieurs essais ont été faits et ont prouvé
jusqu’à quel point ilest facile de s’affranchir des importations étran-
gères. Que serait-ce, si l’on introduisait chez nous les arbres aux
bois fins et colorés qui pourraient suffire à tous nos besoins? Pour-
quoi ne voyons-nous pas des meubles en Prunier ou en If, qui se
rapprochent de l’Acajou? L’Orme tortillard est peut-être même plus
accidenté que ce dernier; et quand nous sommes riches surtout en
bois poreux, qui sont propres à prendre toutes les teintures, nous
allons, par un reste de préjugé qui n’accorde de mérite qu'aux pro-
duits des pays étrangers, chercher au dehors ce que nous pourrions
avoir chez nous, sans peines ni frais.
Les plantes économiques, celles dont les usages spéciaux ou variés
se prêtent à nos divers besoins, sont encore très-nombreuses ; mais les
xx) INTRODUCTION.
essais sont restreints, faute de connaissances suffisantes; et quand
ils ont réussi, il est difficile de les introduire dans la culture où de
les faire pénétrer dans l’industrie. L'écorce du Tilleul, celle du Saule,
de l’Orme, de l’Osier, de la Guimauve, de l'Ortie, du Houblon, peu-
vent donner un papier de bonne qualité, et ces plantes sont certes
assez Communes pour qu'on ne craigne pas que le produit manque
à la demande; les filaments feutrés des Conferves peuvent encore
servir à faire des papiers d'emballage, et nos eaux fourniraient assez
de matière première pour subvenir à une partie des besoins du
commerce. Un grand nombre de plantes négligées, et qui croissent
spontanément partout où la main de l’homme n’a pas soumis la na-
ture à sa volonté, fournissent de la potasse ; l’Ortie dioïque, la Ta-
naisie, le Phytolacca decandra , qui fournit 66 kilogr. de potasse
sur 100 kilogr. de cendres, le Sylphium perfoliatum , le Soleil
annuel, l’Angélique, le Bunias d'Orient, sont riches en potasse, et ne
sont pourtant cultivés nulle part, pour obtenir ce produit. Enfin, si
l’on voulait prendre la peine de demander à chaque végétal ce qu’il
peut produire , il n’en est pas qui ne soit digne de notre attention,
et qui ne puisse nous rendre en services plus que nous lui donne-
rions en soins. Ce résultat n’arrivera que quand l'étude des végétaux
sera devenue assez générale pour que chacun puisse faire lui-même
ses recherches et ses applications.
Les graines d’un grand nombre de plantes fournissent de l'huile
propre à entrer dans l’alimentation ou à servir à l’éclairage. Nous en
pourrions obtenir de l’4rachis hypogæa, qui fut préconisée avec
tant de chaleur, il y a une quarantaine d’années, et qui est si com-
plétement tombée dans l'oubli, qu’on ne connaît même plus cette
plante; le Madia sativa, qui en n’occupant la terre que cent jours
fournissait une huile abondante et propre à des usages variés, a été
l’objet de quelques expériences, puis délaissé comme l’Arachide. Les
glands du Quercus phellos réunissent à l'avantage de donner des
fruits édules une huile fort estimée, et ce Chêne réussirait chez nous,
dans nos départements méridionaux.
Les pepins du Raisin contiennent une huile verdâtre et douce, qui
pourrait trouver son emploi dans l’économie domestique ou l’indus-
trie ; pourtant, chaque année, les pepins qui sortent de nos cuviers
par milliers de quintaux, sont jetés sur la voie publique, comme
entièrement dénués d'usage, ou entrent, dans quelques pays, et
INTRODUCTION. XXI)
cela avec un médiocre profit, dans la nourriture du bétail; le Soleil
aux fleurs gigantesques, et qui fournit tant de graines, pourrait
prendre place parmi nos plantes oléifères, ainsi que le Galeopsis te-
trahit; mais toutes sont négligées , et nous préférons nous en tenir à
la culture du Colza, qui occupe la terre pendant dix-huit mois et ne
résiste pas toujours aux rigueurs de l'hiver.
Le parfumeur et le déistillateur doivent connaître les odeurs que
peuvent, dans leur immense variété, fournir les végétaux des diverses
familles ; elles offrent, malgré leur similitude, des nuances souvent
délicates, et beaucoup de plantes peuvent être substituées les unes
aux autres, témoin le Pelargonium à odeur de Rose, qui est devenu
l’objet d’une spéculation avantageuse. Nous avons encore, parmi les
odeurs suaves qui rappellent celle de la Rose, le Sedum rhodiola et le
bois de Convolvulus scoparius ; l'odeur de Vanille se retrouve très-
prononcée, et susceptible d’être séparée, dans l'enveloppe de PA-
voine noire; l’odeur musquée se retrouve dansl’Ædoxa moschatellina,
si Commun au printemps dans nos bois, dans la graine de l’AHibis-
cus abelmoschus , dans la fleur du Wimulus moschatus, et dans les
feuilles et les tiges de l’'£rodium moschatum. Les jeunes rameaux
et les feuilles du Dodonea viscosa , ou bois de reinette, ont la pro-
priété de transmettre l’odeur si douce et si agréable de la Pomme
de reinette. L’odeur caryophyllée, qui est celle du clou de Gérofle, se
trouve non-seulement dans l’OEïillet, mais encore dans les racines de
l’'Acorus calamus, de la Benoîte et du Souchet; les Labiées ont une
odeur balsamique citronnée ou camphrée; les Ombellifères ont une
odeur forte, mais souvent agréable; les fleurs et toutes les parties des
Synanthérées sont également pénétrées d’une odeur aromatique, dont
l’exagération est quelquefois portée jusqu’à la fétidité ; les Orchidées et
les Liliacées portent des fleurs souvent fort aromatiques. On ne trouve
aucune odeur dans la plupart des Scrophulariées et des Papavéracées,
dans les Urticées, les Amentacées et presque toutes les Chénopodiées.
Le parfumeur peut encore substituer, au fard en usage, celui que four-
nissent les fruits des Æivina humilis et purpurescens, et qui est d’un
ton plus agréable. La gomme de l’Uvaria japonica sert à lisser les che-
veux, et pourrait remplacer avec avantage le mucilage des pepins de
Coing. En un mot, à une époque comme la nôtre, où le caprice de la
mode oblige à chercher constamment du nouveau , l'industriel peut
tirer parti de connaissances botaniques qui le mettront à même de
XXIV INTRODUCTION.
lire avec succès les livres de science, et lui épargneront des recher-
ches dénuées de méthode qui lui absorbent souvent beaucoup de
temps et d'argent. Ajoutez à cela les mille variétés de saveur dont
le distillateur peut encore tirer parti; et il importe qu’il sache où
prendre les substances sapides, et se défier des familles qui cachent le
poison sous une apparence agréable. Pourquoi le distillateur n'’uti-
lise-t-il pas les feuilles du Convolvulus dissectus pour préparer une
eau de noyau de fort bon goût, l’écorce des racines du Tulipier, les
fleurs du Magnolia, l'écorce du Drymis, les fleurs du Mannea ame-
ricana, etc., pour aromatiser ses liqueurs ?
Combien d’autres professions ne tirent ou ne peuvent tirer du
règne végétal des matières premières dont la mise en œuvre est
destinée à alimenter l’industrie! :
En dehors de ces applications, qui ont toutes pour objet Putile ou
l’agréable, il y a dans la connaissance de la botanique, outre le
charme qui s’attache à son étude, une utilité incontestable pour le
simple amateur. Combien d’accidents terribles n'arrivent pas chaque
année, faute d’avoir des notions élémentaires de cette science ! Tan-
tôt ce sont des gastronomes ou d’imprudents promeneurs qui ré-
coltent dans nos bois des Champignons parés de riches couleurs
et d’une apparence d’innocuité propre à rassurer les plus timorés,
mais recélant un poison terrible, dont les soins les plus empressés
n’arrêtent pas les effets; d’autres fois, les jolies fleurs d’Aconit ont
servi à orner une salade, et ont causé, avec d’affreuses douleurs,
la mort de ceux qui en ont mangé. La petite Ciguë, confondue si faci-
lement avec le Persil, et qu’il ne faut qu’un peu d’attention pour re-
connaître, cause des accidents d’autant plus graves, qu’elle croît
spontanément dans nos jardins. Les baïes noires et vernissées de la
Belladone, qui ressemblent à de grosses Cerises, sont presque cons-
tamment mortelles; les fleurs du Pêcher sont purgatives ; les amandes
des fruits charnus qui figurent sur nos tables, peuvent produire de
graves accidents si l’on en mange une certaine quantité , à cause de
l'acide prussique qu’elles contiennent; la Violette, quoique douée
d’une douce odeur, est vomi-purgative ; les fleurs des beaux Narcisses
qui décorent, soit nos jardins, soit nos appartements, sont émétiques
et même vénéneuses ; les souches des Iris sont hautement purgatives;
les Rhododendrons, les Azalées, les Kalmia, sont doués de propriétés
dangereuses ; les Lobélies, aux fleurs éclatantes, sont d’une causticité
INTRODUCTION. XXV
dangereuse, quoique les Campanules soient inoffensives : et l’on
ignore tous ces détails, qui ne sont rien quand on vit loin des jardins,
mais qui trouvent toujours désarmé et sans défense, s’il survient un
accident dont la cause soit inconnue. Aujourd’hui, surtout, que le
goût des jardins est très-répandu, combien n’importe-t-il pas de
savoir au moins les généralités d’une science qui apprend à connaître
des êtres avec lesquels on est constamment en rapport.
$ 2. De la botanique et de son étude:
%
La botanique se compose de plusieurs parties qui peuvent être étu-
diées séparément, et qui constituent dans leur ensemble toute la science
végétale. Si on l’envisage sous ses divers points de vue, elle est tout
aussi complexe que la zoôlogie, puisqu'elle étudie minutieusement
la structure si variée des cent mille formes connues qui constituent la
phytographie. Chaque jour amène la découverte de plantes nouvelles
qui avaient jusqu'alors échappé à l’attention des collecteurs, ou qui
sont d'origine récente; car je suis loin de croire à la stabilité absolue
des formes végétales, et je pense, au contraire , que bien des con-
ditions particulières d'existence, bien des unions adultérines font
à chaque instant osciller l'équilibre végétal et éteignent certaines
formes , tandis que d’autres surgissent. Il importe donc de connaître
les grandes divisions de la science, pour en comprendre l'importance,
et suivre dans son étude une marche ascendante et méthodique.
Le savant s'occupe de la botanique scientifique : l’organographie
lui apprend quels sont, dans les végétaux, les divers appareils qui
constituent, dans chaque grande série, l’être appelé plante. IL y voit
les organes, simples d’abord, s'élever et se multiplier, comme cela a
lieu dans l'échelle animale : le polype n’a qu’un seul tissu, qui suffit à
toutes ses fonctions, et une seule cavité qui supplée aux organes si
compliqués des êtres supérieurs; dans le règne végétal, les Mucédi-
nées n’ont aussi qu'un tissu qui est doué d’une vitalité qui résiste
aux causes de destruction qui les entourent; puis viennent les tiges,
les feuilles, les fleurs, les fruits, comme dans les animaux le sys-
tème osseux , les appareils de respiration, de nutrition, de sensibilité.
L'étude organographique n’est donc que l'anatomie descriptive, qui
prend un à un tous les organes et les examine sous leurs divers as-
pects, tels que position, dimensions, couleurs, forme, structure, sans
TOME 1, — Livraison d. d
XXV] INTRODUCTION.
se préoccuper des fonctions, étude plus élevée qui prend le nom de
physiologie végétale. C’est, dans la botanique scientifique, l'étude la
plus profonde et celle qui exerce la sagacité de nos savants. L’organe
n’est plus qu’un simple appareil, dont la fonction est l’ objet d’une re-
cherche spéciale ; et de combien de mystères est entourée la vie de
ces êtres si fréles, que le matin voit naître et le soir mourir! Que de
problèmes insolubles encore dans le vaste champ de cette science.
C’est que dans les infiniment petits le secret dela vie est aussi profon-
dément enfoui que dans l'être le plus développé, ‘et l’on ne connaît
pas mieux le phénomène d’intussusception de la molécule qui com-
pose la Conferve, le Nostoc, les Oscillaires, que le système compli-
qué de la vie du Chêne ou du Baobab. Qui croirait que dans une
surface de quelques millimètres carrés se trouvent acçumulés tant de
faits divers et tous si admirables, que lawvie de l’homme s’use vai-
nement à les étudier, et que l'étude d’un seul végétal peut devenir
le sujet de travaux prodigieux qui auront exercé pendant de longues
années la sagacité de l'observateur? La physiologie végétale est la
science par excellence, car elle exerce les facultés réflectives à uni plus
haut degré que les autres parties de la botanique, et sans elle; le reste”
n’est qu’un dédale où se perd l'observateur. C’est le fil conducteur
qui lui sert à se guider dans cet immense labyrinthe : aussi tous les
hommes qui se sont fait en science un nom durable, ont-ils fourni à la
connaissance des fonctions de l'être végétal quelque lumière de plus
que leurs prédécesseurs. C’est souvent aussi, il est vrai, la science
des conjectures; et bien des systèmes ingénieux, des théories pleines
de subtilité, sont sortis de cette étude; mais il y a, même dans ces
erreurs séduisantes, un enseignement qui profite à la science et indi-
que l’écueil qu'il faut éviter. Avouons cependant que c’est sur le
terrain de la physiologie végétale que les savants se livrent les plus.
rudes combats. La passion vient trop souvent se mêler à ces paisi-
bles recherches; mais elle fait couler plus d’encre que de sang, et
. ces disputes sont à la vraie science çe qu'est le petit eaillou qui, en
tombant dans l’eau, en ride un seul instant la surface,. et dont l'effet
disparaît aussi rapidement que la cause qui l’a produit.
La glossologie ou terminologie, quoique moins savante, forme
cependant dans cette science une partie importante; car elle fixe avec
précision la valeur des termes dont se sert le botaniste descripteur.
C'en est, il faut l'avouer, une des parties les plus confuses : chaque
INTRODUCTION. | XXVI]
auteur se fait une terminologie spéciale; de là Fanarchie qui règne
dans la science des termes: C’est au reste l'apanage des petits esprits ;
tous les hommes qui ont vu la science de haut ne se sont pas amusés
à créer inutilement des mots qui viennent grossir sans nécessité les
dictionnaires de botanique, déjà assez volumineux. Mais la g/ossologte,
si simple lors de la création de la science sous l'inspiration de maï-
tres vénérés de leurs disciples, s’est enrichie à mesure que les écoles
ont surgi et se sont.posées en rivales. Il faut donc, aujourd’hui,
malgré le fastidieux d’une étude de cinq à six mille mots, en connaître
une partie pour lire les ouvrâges de science pure. Il manque, il faut
l'avouer, un dictateur à la science, pour arrêter les novateyrs inintel-
ligents, qui croient avoir beaucoup fait en multipliant le nombre des
termes botaniques. En un mot, le langage le plas simple doit tou-
jours être préféré, et les jeunes amateurs de botanique feront bien de
se prémunir contre cette maladie, qui fait prendre pour de la vraie
science l'expression nouvelle ou prétentieuse. *
La phytographie est cette autre partie de la science à laquelle la
-glossologie sert d’auxiliaire ; c’est elle qui décrit le végétal de manière
à le füre reconnaitre entre tous, et c’est, dans la botanique, une
étude d’une haute utilité; mais, aride et sèche, elle exige des con-
naissances très-précisés, pour que la description réunisse les conditions
voulues, c’est-à-dire, qu’elle soit concise et indique la caractéristique
réelle du végétal décrit. C’est à la phytographie que se rattache la n0-
menclature, appelée encore onomatologie, sur laquelle j'aurai àrevenir
longuement pour faire comprendre son utilité et sa confusion. Au- *
jourd’hui que la science a des milliers d’adeptes, et que les végétaux
ont été trouvés simultanément par des voyageurs appartenant à des
nations différentes, ou qui n'étaient pas assez au courant de la science
pour connaître les êtres nouveaux dont elle s'était enrichie, la syno-
nymie, ou la connaissance des noms divers donnés à un même végé-
tal, compose seule un gros volume où certaines plantes ont souvent
plus de vingt noms, sans compter les noms vulgaires. Pour beaucoup,
c’est un jeu que de changer le nom d’une plante; mais en science sé-
rieuse, e’est un grave délit, car la confusion est arrivée à son comble.
La taxonomie discute les espèces, les genres, les familles, et les
classe méthodiquement. C’est une des plus savantes parties de la
science, en ce qu’elle comporte une connaissance précise des diverses
branches qui précèdent.
XXVII) INTRODUCTION.
Le système, si important pour arriver à la connaissance des noms
d’un végétal qu’on trouve pour la première fois, la méthode, ou la
classification d’après les principes philosophiques de la science, qui a
illustré chez nous les Jussieu, les Adanson, les De Candolle, les Ri-
chard, sont du domaine de la axonomie.
Puis vient la chortonomie, ou l’art de conserver les plantes. Cest
un simple appendice de la science, qui ne comporte qu’une certaine
habileté pratique. Elle dit comment se font les herborisations, les pré-
cautions qu'il faut prendre pour récolter les plantes, les dessécher,
les classer, empêcher qu’elles ne soient détruites, toutes choses qui
exigent plus de patience et de temps que de science.
Après la botanique scientifique vient la botanique appliquée, sans
laquelle la première ne serait qu’une étude de luxe ; elle nous sert de
flambeau et nous guide, par les dissemblances ou les analogies, dans
le choix que nous devons faire de tel ou tel végétal pour notre utilité.
Aussi la botanique appliquée embrasse-t-elle l’agriculture, l’industrie,
la médecine, le commerce, l’horticulture ; elle est plus universelle en-
core que la zoologie, et se trouve mêlée à notre vie tout entière : c’est
pourquoi l’étude de cette science est d’un si puissant intérêt. Mais
dans le domaine de la pratique, c’est une science nouvelle, que l'em-
pirisme guide plus souvent que la synthese, bien qu'elle puisse tirer
de cette dernière les lumières qui lui manquent.
La botanique agricole enseigne les règles simples et rationnelles de
la culture, apprend aux cultivateurs à perfectianner les végétaux, à
augmenter ou développer leurs propriétés utiles, ou atténuer leurs
qualités nuisibles ou repoussantes, et elle s’éclaire de la chimie pour
faire produire au sol tout ce qu’il peut donner. C’est cette dernière
science qui fait connaître expérimentalement les influences récipro-
ques des végétaux sur le sol et les animaux; elle enrichit l’agriculture
de ses découvertes, multiplie les espèces utiles, et va demander à tous
les climats des végétaux qui servent à l'alimentation de l'homme et
des animaux et aux divers besoins de la vie. *
La botanique industrielle apprend à l’industrie quelles sont les ma-
tières premières qu’elle peut mettre en œuvre pour la filature, la tein-
ture, les constructions terrestres ou navales.
La botanique médicale étudie les propriétés des végétaux dans leurs
rapports avec l’art de guérir; et le thérapeute, devenu moins dédai-
aneux depuis que l'étude des principes actifs des plantes a été mieux
INTRODUCTION. XXIX
comprise, emprunte au règne végétal de nombreux adjuvants. Il n'est
pas un végétal qui n’ait quelques vertus : les uns, pleins d’un suc doux
et nourrissant , font les délices de nos festins, et figurent sur la table
du riche aussi bien que sur celle du pauvre; d’autres , dans lesquels le
sucre est mêlé à des principes acides, enlèvent la soif ardente que
cause la fatigue ou qu’engendre la fièvre; quelques-uns, doués d’une
amertume très-développée, relèvent les forces digestives et donnent
du ton aux organes; certains, àcres, corrosifs, enflamment les tissus,
et causent la mort; d’autres, trop communs encore, contiennent des
principes délétères qui éteignent la vie avec la rapidité de la foudre, et
ne laissent presque nulle trace de leur passage ; et ces végétaux, salu-
taires ou terribles, croissent au milieu de nous, presque sous nos pas.
Le commerce, qui joue parmi les nations le rôle de civilisateur, et
unit par son activité les régions les plus éloignées, cherche, partout
où les voyageurs ont pénétré, s’il n’est pas dans le règne végétal
quelque produit nouveau qui puisse répondre à un besoin ou devenir
une nouvelle branche d'industrie.
L’Aorticuliure parcourt aujourd’hui toutes les régions, et les dé-
pouille de leurs richesses florales pour en enrichir nos jardins; peut-
être un jour associera-t-elle à la science ornementale celle plus
utile des forêts, et nous dotera-t-elle de végétaux qui puissent, en
croissant sous notre climat, nous apporter de nouvelles richesses.
Tout appelle donc, dans cette aimable science, l'intérêt de l’homme :
utilité, agrément, y sont étroitement unis.
Il manque cependant, en général, d'indications méthodiques pour étu-
dier avec fruit la botanique : on s’est, jusqu’à ce jour, borné à l'étude
analytique ; les livres élémentaires, les cours, ceux mêmes professés
par les hommes les plus éminents dans la science, ont l'inconvénient
de n’enseigner que des détails de glossologie avec quelque peu de
taxonomie et d’organographie, parce que la méthode purement ana-
lytique est celle qui est rigoureusement adoptée. Il semblerait qu'on
recule devant la tâche de s’élever jusqu'aux généralisations, qui sont
pourtant bien préférables, en ce qu’elles agrandissent l’intelligence,
que rapetisse toujours l'analyse quand elle est la seule méthode sui-
vie. Aussi, voit-on un très-petit nombre d'élèves sortir, des cours, bo-
tanistes dans le sens philosophique du mot; et parmi ceux qui per-
sistent dans cette étude de mots et de noms, la plupart deviennent de
simples descripteurs ou de futiles disséqueurs d'espèces. On est en-
XXX INTRODUCTION.
core convaincu, ce qui est radicalement faux, qu’on ne peut être
botaniste qu’à la condition de connaitre le plus de plantes possible,
et de s’être plongé dans le dédale des diagnoses spécifiques : certes,
ilest important, très-important même, de connaître un grand nombre
de types végétaux, parce que les points de vue se multiplient avec
les objets de comparaison; mais ce qu’il faut posséder avant tout,
pour être vraiment botaniste, c’est le sens de l'énigme de la végé-
lation; et pour cela , il faut que le règne végétal soit vu de haut et
pour ainsi dire à vol d'oiseau, au lieu d’être minutieusement étudié
brin à brin. Aucune branche de la science ne gagne à l'étude analy-
tique pure, car l’analyse fait perdre le sentiment de la synthèse; et
qu'est-ce qu’une science qui n’a pas de synthèse, d’idéal ? Elle se traîne
péniblement de recherches en recherches, qui viennent grossir Sans
profit des traités trop longs déjà; et faute d’un criterium qui serve de
base à toute la science, on est, comme en chimie, obligé de l’étudier
à nouveau tous les deux ou trois ans, parce que la langue en a
changé, et qu’une autre théorie, aussi peu vérifiée que la précédente,
est Venue y apporter la confusion au lieu de la lumière. Il est vrai de
dire que la science analytique, empirique même, n’a pas empêché les
applications, les découvertes utiles; mais pour arriver à un résultat,
il faut faire de la science, non pas seulement une étude, mais une pro-
fession, et jamais ses principes n’entrent, pour une part quelconque,
dans cette admirable synthèse des connaissances humaines qu’on
appelle philosophie. La botanique, je le sais, est difficile à saisir dans
son ensemble, car elle échappe par la mobilité de ses manifestations
à toute systématisation générale que viennent corroborer les faits;
c’est pourquoi, après avoir constaté l’ascendance des trois grandes
classes, les Acotylédones, les Monocotylédones et les Dicotylédones,
nous ne savons plus où une classe finit et où l’autre commence ; c’est
Pourquoi nous voyons L. de Jussieu terminer ses familles végétales
par les 4mentacées, en se fondant sur les formes arborescentes
absolues de ce groupe et sur la séparation des sexes; De Candolle,
qui a adopté une méthode inverse, et qui commence par les êtres les
plus complexes, met à la tête de ses familles les Reronculacées ;
Jndlicher finit par les Mimosées, rameau de la grande famille des Lé-
gumineuses; M. A. de Jussieu, par les Composées, à cause des sou-
dures si nombreuses dans cette immense famille, et la réunion des
organes par soudure lui paraissant le plus haut degré de perfection.
INTRODUCTION. 2 XXX]
En un mot, quand il s’agit de grouper naturellement les végétaux ,
les opinions deviennent divergentes, carde véritable signe de la plus
grande perfection nous est encore inconnu; c’est ce qui rend cette
science plus obscure que la zoologie. Nous avons, pour classer les
animaux , le système nerveux et le système circulatoire, que nous
voyons réellement se perfectionner en s’élevant de groupe en groupe,
tandis que nous n’avons pas pour les plantes cette même ressource;
mais c’est justement cette incertitude qui donne à la science un nouvel
attrait et sert d’aliment incessant à l’activité du penseur, qui interroge
tous les phénomènes pour en découvrir le sens, aussi bien que du
simple contemplateur, qui se contente de déductions plus vagues; et
nous ne pouvous prévoir l’époque où le mystère de la vie végétale
cessera pour nous. Cette obscurité ne nous empêche pas de synthé-
tiser la science; mais nous ne devons regarder la synthèse que
comme un moyen de relier les faits entre eux, et comme une mé-
thode destinée à en faciliter l’étude.
Examinons maintenant le but que semble se proposer le novice
qui veut préluder à l'étude de la botanique. Il prend une Flore locale,
rarement précédée de considérations élémentaires sur le règne vé-
gétal, et écrite dans une langue qu'il ne connaît pas et qui devient
chaque année plus riche en mots et plus pauvre en idées : véritable
grimoire pour quiconque n’en a pas la clef. Elle remplace les études
préliminaires essentielles par d'ingénieux moyens d'arriver à la con-
naissance du nom d’une plante; c’est un problème dont la solution,
facile quelquefois, souvent entourée de difficultés inextricables, et qui
n’exige qu'une analyse superficielle, a pour résultat final de faire
connaître un nom, rien qu'un nom. Cela fait, l’élève passe à une
autre plante, de celle-là à une troisième, et ainsi de suite, tant qu'il lui
reste de patience et assez de vide dans l’esprit qu’il ne puisse remplir
par une étude plus substantielle. Il vaudrait" mieux qu’il se promenât
chaque jour une heure dans un jardin de botanique; il y acquerrait
au moins, avec le nom des végétaux, le sentiment des analogies na-
turelles; mais c’est un moyen inusité. Si l’élève a l’esprit porté à la
synthèse, cette fastidieuse étude l’ennuie, et il laisse là la science; si
au contraire il se complaît dans les détails minutieux , il se jette dans
l'étude des différences spécifiques, et une fois dans ce labyrinthe,
il perd le sentiment de l’ensemble et se trouve réduit à l’état de
‘ simple nomenclateur. S'il est tombé plus bas encore dans l'étude
XX XI] INTRODUCTION.
inintelligente de la science, il fait des herbiers, sèche, étale , colle,
étiquette, et il travaille vingt ou trente années sans être devenu bo-
taniste. L'élève du cours sait plus de glossologie et moins de phyto-
graphie; mais de botanique peu ou point.
Une autre lacune regrettable au point de vue général, c’est que
l'étude de la botanique est scindée; et parmi les botanistes de profes-
sion, il en est peu qui cultivent à la fois la Cryptogamie et la Pha-
nérogamie. Pourtant, la première de ces branches de la science est
l'introduction la plus complète qu’on puisse faire à la pArlosophie
botanique, et l'on ne peut même pénétrer avec quelque succès les
mystères de l'anatomie et de la physiologie végétales qu’en s’élevant
dans l'échelle phytologique du simple au complexe, comme cela a lieu
en zoologie, sans avoir besoin pour cela d'étudier dans tous leurs dé-
tails les nombreux individus du règne cryptogamique, mais en suivant
les différentes transformations qu'il présente en passant du simple au
composé; car, plus que la phanérogamie, il permet de suivre le per-
fectionnement successif des formes.
Le but que je me propose, en exposant avec détail une méthode
pour étudier la botanique avec fruit, est d’initier l’élève à la connais-
sance des phénomènes généraux du règne végétal, et de le mettre
à même d'en connaître l’ensemble; ce qui lui servira, dans le cas
où il ne voudrait pas poursuivre plus loin ses études en sciences na-
turelles, d'initiation première à l'étude de la philosophie de la na-
ture, entièrement ignorée des hommes de spéculation pure, qui se
replient sur eux-mêmes dans le silence du cabinet, pour créer, sui-
vant la fantaisie de leur cerveau, un monde qui ne ressemble en
rien à celui que nous avons sous les yeux : de là le désaccord qui
existe entre les naturalistes et les philosophes. S'il veut, au contraire,
pénétrer plus profondément dans la science, il descendra des faits
généraux aux détails; mais il aura toujours pour criterium la syn-
thèse de la science, et elle lui servira de phare dans ses études,
quelque minutieuses qu’elles puissent être.
J. J. Rousseau, dans une série de lettres écrites d’un style atta-
chant, a exposé les principes élémentaires de la botanique, au moyen
de l'analyse de quelques plantes des plus communes de nos pays,
dont il fait successivement étudier les organes; les plantes qu’il
choisit pour types sont : les Ziliacées et les Narcissées, qui représen-
tent les Monocotylédones, les Cruciferes, les Papilionacces, es
INTRODUCTION. XXxII}
Labices et les Scrophulariées , les Ombellifèrès, les Composées et
les Rosacées. C’est une esquisse bien incomplète des formes végé-
tales, dont l'inspiration est due à la méthode primitive de Tourne-
fort ; aussi que peut-on, malgré le talent de l’auteur, malgré l’élo-
quence de sa diction, apprendre de vraie botanique en se bornant à
cette méthode démonstrative. Il est vrai de dire que, comme la méthode
qui y a donné naissance , le système d'enseignement de J. J. Rousseau
est un modèle qui peut être agrandi sans rien perdre deson utilité. C’est
ce qu'a fait M. E. Lemaout, qui, dans son analyse raisonnée de 50
plantes vulgaires, a tracé l’histoire d’un type de chacune des fa-
milles suivantes : Crucifères, Cucurbitacées, Géraniées, Renoncu-
lacées, Berbéridées, Scrophulariées, Violacées, Papilionacées,
Rosacées, Iridées, Orchidées, Amentacées cupulifères, Graminées,
Abiétinées, Aroïidées, Malvacées, Papavéracées, Solanées , Po-
lygalées, Labiées, Convolvulacées, Caryophyllées, Primulacées, Au-
rantiacées, Crassulacées, Rubiacées, Ombellifères, Caprifoliacées,
Campanulacées, Dipsacées, Composées, Valérianées, Liliacées, Ur-
ticées, Chénopodées, Euphorbiacées, Cyrpéracées, Fougères, Mous-
ses, Lichens, Champignons. Voilà donc quarante familles étudiées
analytiquement : c’est une amplification de la méthode de J. J. Rous-
seau; mais pour cent cinquante à deux cents familles comprenant
près de sept mille genres, c'est peu, c’est même insuffisant, et tout
en ne refusant pas d’éloges au livre de M. E. Lemaout, je ne puis
m'empêcher de dire qu'il n’y a pas, dans la méthode qu’il emploie,
tous les éléments nécessaires pour l'étude de la science. Il ne s’agit
pas tant de connaître des noms, des mots et des faits, que de faire
voir l’enchaînement de ces mêmes faits, et d'enseigner comment,
pour répondre au besoin de la caractéristique si multipliée des formes,
la langue a dû subir de nombreux changements afin de venir en aide
à la description, bien vague encore, malgré l'extrême multiplicité des
termes. Il aurait donc fallu, pour lier entre eux les excellents élé-
ments contenus dans ce livre, que ces quarante familles fussent grou-
pées de manière à montrer le passage des formes qui se perfection-
nent en passant de l’Acotylédonie à la Monocotylédonie, et de là à la
Dicotylédonie, et indiquer les hiatus qui séparent certains grands
groupes.
Voici la marche que je propose de suivre avec persévérance si
on veut arriver à savoir la botanique mieux qu'on ne le fait
TOME 1. — Livraison €. e
+
XXXIV INFRODUCTION.
communément. La lecture attentive d’un traité élémentaire accompa-
gné de figures dessinées avec exactitude fera connaître sans grande
contention les mots les plus importants de la langue de la science;
et, au lieu de s’appesantir sur les détails, 1l faudra, par une opération de
l'esprit, si le traité qu’on a sous les yeux est muet sous ce rapport,
soit par l'étude d’un traité réellement méthodique, suivre pour chaque
série d'organes une marche uniforme; ainsi, pour se conformer à
l’ordre le plus généralement adopté, on commencera par les racines,
en partant des formes rameuses et chevelues, pour passer aux fibreuses
pivotantes, puis aux racines solides, en examinant les divers ac-
cidents qui se présentent dans le règne végétal, comme autant d’a-
nomalies ; on passera de là à l'anatomie de la racine, ou à l'étude des
éléments textulaires qui la composent, puis à l'étude de ses fonctions ;
il faudra étudier ensuite les #ges, qui présentent des formes bien
plus multipliées ; car, soit qu’elles restent cachées dans la profondeur
du sol, soit qu’elles se dressent dans l’air et se chargent d’un vert
feuillage, elles remplissent une même fonction à l'égard de la plante;
on devra donc les étudier également sous ce triple rapport; les feuilles
sont plus variées encore : il faudra, pour procéder logiquement dans
leur étude, en examiner d’abord la figure, en partant des formes
simples et entières, puis suivre les altérations qui les morcellent,
les roncinent, les découpent, et les font passer du simple au composé;
après la forme viendra l'étude des accidents qui en modifient les bords
ou la surface, c’est-à-dire, les dentelures, les gaufrures, les plis-
sures et les poils de toutes formes ayant souvent une grande valeur
caractéristique. Pour connaître ensuite l'histoire tout entière de la
feuille, il faudra, avant de faire par soi-même les observations qui
conduiront à des points de vue nouveaux, en étudier l'anatomie, ou
la décomposition en ses éléments morphologiques, puis la fonction ou
la physiologie. Après la feuille on étudiera la fleur, après la fleur le
fruit; enfin, chaque fois qu’on passera d’un organe ou d’une série
d'appareils à d’autres, on aura soin de suivre la même méthode :
l'étude se composera donc de :
La forme,
La structure intime,
La fonction.
On comprend que par ce moyen, et avec l'aide de planches ou
d'exemplaires vivants qui graveront mieux dans l'esprit la diver-
INTRODUCTION. XXXY
sité des structures qui ont toutes des raisons d’être, et rentrent
dans une loi générale de morphologie qui se prête facilement à la syn-
thèse, on saisira sans peine le sens de chaque groupe d'organes, et
les mots viendront, non plus comme des abstractions, se présenter à la
mémoire fatiguée, mais s’appliquer à des choses concrètes et connues.
Cette étude préliminaire est nouvelle, je le sais, parce que, dans
la méthode des analystes, tout est divisé à l'infini, ce qui se voit surtout
dans la zoologie : ainsi, l’anatomiste n’est pas toujours physiologiste ;
et dans l’anatomie et la physiologie, ces deux grandes branches de la
science de l’organisation, dans la première surtout, de description pure,
qui trouve de plus nombreux interprètes, l'esprit analytique étant le
plus commun et celui auquel nous façonnent fatalement toutes nos
études, chaque partie est soigneusement divisée, subdivisée ; la langue
se multiplie avec les aspects, et quand on possède à fond cette vaste
topographie anatomique , si bien qu’il n’est pas une aspérité qu’on
n'ait vue et touchée, pas un repli qu’on n’ait fouillé, on peut être un
parfait anatomiste descripteur ; mais on a perdu, dans ce déluge de
noms et de faits, la philosophie de la science. Le lecteur habitué à
l'étude comprendra facilement l'avantage des généralités conduisant
à une synthèse dont on aura soi-même préparé, pour ainsi dire, les
matières par une analyse intelligente. C’est, plus encore que toute
autre chose, un moyen mnémonique dont l'avantage se fera sentir
plus tard seulement, puisque cette même synthèse sera la base sur
laquelle s’élèvera l'édifice des faits, et qu’il est bien plus facile de
descendre d’une idée générale aux idées particulières, que de s’éle-
ver de celles-ci à l’idée générale.
Je ne nie pas que l’étude de la morphologie précédant celle des
facies ne paraisse difficile , fastidieuse , rebutante même à beaucoup
d'élèves; mais je persiste dans l’opinion que, puisqu'il faut appren-
dre la 2lossologie , cette science de mots qui a des idées pour base,
il vaut mieux utiliser cette étude, en apprenant à la fois toute la mor-
phologie et les lois phytologiques : ce sera le plus favorable de tous les.
commencements à l’étude de la science végétale ; et, sans connaître
le nom d’une seule plante, tous les phénomènes organiques ne
seront plus enveloppés d’un impénétrable mystère : on verra se mou-
voir la séve dans leurs vaisseaux ; le rôle de la racine sera connu;
la feuille, à la fois estomac et poumon, acquerra un nouvel intérêt
aux yeux de l’observateur;.la fleur, ce lit nuptial où doit s’accomplir
XXXV] INTRODUCTION.
le grand mystère de la transmission de la vie, appellera l’œil de l’ob-
servateur curieux ; et le fruit, destiné à reproduire un nouveau vé-
gétal, semblera digne de respect, puisqu'il recèle dans son sein un
être destiné à embellir la terre à son tour. Ajoutons à ces faits, si
curieux par eux-mêmes, la connaissance des phénomènes rératolo-
giques, qui touchent de plus près à la vraie philosophie de la science
dont ils peuvent donner la clef, ou tout au moins mettre sur la voie,
et les dégénérescences, qui ne sont encore que des accidents biolo-
giques ayant pour base les organes, et pour modificateurs les agents
ambiants , et l’on verra que cette triple étude organographique est
celle qui doit commencer l'initiation à,la botanique, et que sans elle
on ignore le mode d'existence de cette longue chaîne d'êtres vivants,
pour apprendre des noms et s'habituer à saisir empiriquement, et
comme par l'effet de cette double vue que donne l'usage, les dis-
semblances génériques ou spécifiques.
Quand on aura franchi cette première partie des études botani-
ques, qui exige du courage et de la persévérance si l’on n’est pas
né avec une aptitude dominante pour les sciences naturelles; mais
qui n’est pas dénuée d'intérêt, puisqu'elle initie au mystère de la
vie des plantes, les plus aimables compagnes du solitaire et du philo-
sophe, il faudra aborder une nouvelle étude, plus grave, plus sévère,
plus élevée : celle des principaux types des grandes associations vé-
gétales que les botanistes ont désignées sous le nom de familles , pour
indiquer l’étroite parenté qui les unit. Cette étude sera d’abord tout ana-
lytique; mais on ne doit pas perdre de vue, en étudiant ces genres
isolés, qu'il faut en graver les caractères dans son esprit comme ceux
d’un système particulier d'organisation qui est le centre d’une ag-
glomération végétale. Ceux qui liront cette première partie, ne
comprendront pas tous les termes dont je me sers, et n’en auront la
clef que quand j'aurai, dans un des chapitres subséquents, exposé
avec détail le système de Linné.
Il faut, pour étudier méthodiquement les groupes naturels, com-
mencer par bien observer le facies des fleurs dont la figure est re-
présentée dans l’atlas qui accompagne cette introduction, et repren-
dre ensuite les types vivants dont on fera une analyse attentive, en
enlevant pièce à pièce les diverses parties qui composent chaque fleur,
sans s'attacher servilement, bien que sans les négliger, aux carac-
tères qui servent de base au système linnéen, c’est-à-dire au nombre
INTRODUCTION. xxx vi)
des étamines et des styles, et à leur connexion, et surtout observer
attentivement les rapports de chaque appareil sexuel, et la figure de
leur enveloppe florale afin de se bien pénétrer de la caractéristique
propre à chacun d’eux. C’est son admirable simplicité qui m'a porté à
choisir le système de Linné pour paradigme de l’étude des groupes, et
je l’ai préféré au système dichotomique, qui, bien que créé par un
des philosophes naturalistes dont je révère le plus la mémoire, par
Lamarck, n’en est pas moins, comme moyen artificiel, bien au-dessous
du système du botaniste suédois. Il me sert à démontrer que dans
les systèmes ou arrangements artificiels, quels que soient les orga-
nes ou systèmes d'organes adoptés, il y a des associations si profon-
dément naturelles, qu'elles ne peuvent être dissociées, et qu'on les
trouve réunies, non pas d’après le mode philosophique de la méthode
naturelle; mais quoique groupées en vertu de la loi des nombres, elles
n’en restent pas moins indissolubles. Ce qu’il y a d’admirable dans
le système linnéen , n’est pas tant l’ingénieux artifice inventé par ce
véritable réformateur de la botanique, mais la sagacité qui lui a fait
distinguer la véritable caractéristique de ses classes. D’un autre côté,
on se servira de ce système comme d’un moyen mnémonique, et
chaque fois qu’on rapportera à un des grands groupes naturels un
genre qui en fait partie, la connaissance comparative du système
linnéen permettra de conserver dans l'esprit le nombre des orga-
nes générateurs ou leur rapport réciproque, et l’on ne se bornera
plus à une connaissance empirique des genres, mais on aura pour
base de ses études des notions plus solides. Il ÿ a, dans le premier
mode d'étude que je propose, toute la confusion qui règne dans les
deux méthodes dont j'ai fait la critique, puisque le système numéral
ne tient aucun compte des affinités; mais comme je le ferai suivre
d’une explication des méthodes naturelles de Jussieu et de De Can-
dolle, je rectifierai les idées confuses pour les remplacer par des
idées méthodiques. Comme cela devrait avoir lieu dans toutes les scien-
ces, je n’emploie les faits qu’à créer la synthèse, puis la synthèse ser-
vira à son tour de base à tout l’édifice des connaissances ultérieures.
Après avoir étudié les grands groupes, à la figure générale desquels
on sera initié, on pourra se passer de tout système artificiel, et l’on
se servira sans hésiter des livres rédigés d’après la méthode natu-
relle, la seule, on ne peut trop hautement le proclamer, qui fasse
les vrais botanistes, et dont L. de Jussieu restera le type éternel.
XXXYII) INTRODUCTION.
On trouve en tête du système de Linné, fondé comme on le
verra plus loin sur le nombre des étamines et des styles, sur leur
connexion et sur la séparation des sexes, la Mona, qui pré-
sente à l’étude deux types de familles, tous deux dans la Monogynie :
ce sont le Balisier, au large et vert feuillage et aux fleurs brillantes,
type de la famille des Cannées, qui s’enorgueillit du Maranta, dont
on tire la célèbre fécule connue sous le nom d’A4rrow-root, et l’Hedy-
chium , de la famille des Scétaminées , qui est riche en genres utiles
et doués de propriétés aromatiques très-développées, tels que le
Gingembre, le Curcuma, la Zédoaire, l'Amomum, le Costus, etc.
La Dianorie Monogynie comprend l’Olivier, type de la famille
des Oléinées, qui fournit à nos haies le Troëne , à nos jardins le
Phyllirea, le Chionanthe , le Lilas et le Fraxinus ornus ; le Jasmin,
type de la petite famille des Jasminées ; et, dans la Trigynie , l’inté-
ressante famille des Pipéracées, dont le Poivre noir est le type.
La TrianoRie est plus riche en associations naturelles : on y trouvé,
ce qui rentre dans la loi des nombres, plusieurs groupes de plantes
de l’ordre des monocotylédones, qui affecte le nombre trois et son
multiple six. Elle présente comme exception, dans la Monogynie,
presque toute la famille des F’alérianées, dont le type est la Va-
lériane, devenue célèbre dans notre matière médicale, puis, rentrant
dans la Monocotvlédonie, la Comméline, genre type de la famille des
Commélinées, dont les autres genres appartiennent à l'Hexandrie;
mais les trois familles les plus importantes de cette classe, qui n’a re-
jeté en dehors que certains genres anormaux, sont, dans la Mono-
gynie : les /ridées, dont le type est l’Iris, qui décore nos jardins et
nos serres de ses fleurs, toutes parées des couleurs les plus vives, et
les Cypéracées, qui ont pris leur nom du genre Cyperus ; ce sont les
premiers habitants des prairies qui ont cessé d’être submergées, et ils
préparent le terrain pour les Graminées, plus élevées dans léchelle
végélale. Le genre type a pour illustration le célèbre Papyrus des
Égyptiens, le Cyperus longus à l'odeur aromatique et le Cyperus
esculentus , aux tubercules comestibles. On trouve, dans la Digynie,
les Graminées, si riches en plantes utiles, et dont nous prendrons
pour type le genre Froment.
La TérraNoRiE ne contient que peu de groupes homogènes, si l’on
en excepte, dans la Monogynie, la famille si étrange et si brillante
des Protéacées, dont le type est le Protea argentea, ce bois de
INTRODECTION. Xxxix
chauffage des colons de l'Afrique australe, cultivé dans nos serres
avec un soin religieux à cause de son beau feuillage. Nous étudierons
encore dans cette classe la famille des Dipsacées, dont le type est le
Chardon à foulon. Elle y rentre tout entière, à l'exception du genre
Morina, qui, malgré ses deux étamines, ne peut se soustraire à la
parenté. Dans la grande famille des Rubiacées, toute la tribu des
Stellées rentre dans la Tétrandrie monogynie, et notre Garance en
est le type. Le Plantain, genre le plus important de la famille des
Plantaginées, appartient encore à cette classe.
La Penranprie, classe essentiellement dicotylédone, est riche en
familles naturelles, et mérite une étude spéciale; mais elle est hé-
rissée de difficultés ; car plus les genres d’une même famille sont
unis entre eux par des affinités étroites, plus il est difficile d’en fixer
la caractéristique avec précision; on n’a, souvent, pour moyen de
les distinguer entre eux , que des indications fugitives que la langue
ne peut exprimer sans peine; l’iconographie est alors le seul moyen
de faire connaître la plante qu’une description insuffisante a rendue
méconnaissable. C’est ce qui a lieu surtout pour les Ombellifères;
mais comme il s’agit ici tout simplement d'étudier les familles, on
verra plus loin le mode d'étude des genres.
L'ordre de la Monogynie comprend un nombre considérable de
groupes végétaux, et renferme des familles naturelles tout entières.
Le genre Plumbago, type de la famille des Plumbaginées, contenue
en entier dans cette classe, est le premier à étudier; vient ensuite
la gracieuse Belle-de-nuit, qui ouvre ses fraiches corolles dès que
le soleil est descendu au-dessous de l'horizon : c’est le seul genre de
la famille des Vyctaginées qu’on y trouve; la Bourrache, aux fleurs
bleues, peut être étudiée comme type des Borraginées ; mais on
retrouve les caractères généraux de cette famille beaucoup plus
nettement indiqués dans la Buglosse ou la Cynoglosse; la famille des
Primulacées , groupe très-naturel, s’y trouve représentée dans la
plus grande partie de ses genres, et l’on en reconnaîtra le facies en
étudiant la Primevère commune, qui émaille nos bois au printemps
de ses corolles jaune d’or réunies en tête; la famille des Gentianées,
répartie entre la Tétrandrie et la Pentandrie, se trouve également re-
présentée dans cet ordre par une partie de ses genres, et surtout par
la Gentiane, qui appartient à la Digynie, tandis que plusieurs autres
genres sont dans la Monogynie. Toute la jolie famille des Po/émo-
xl INTRODUCTION.
niacées, qui nous à dotés du genre PAlox, un des plus beaux
ornements de nos jardins, est comprise tout entière dans la Pentan-
drie monogynie, et peut être étudiée sur la Valériane grecque ou
Polémoine bleue. La grande et utile famille des Solanées , à laquelle
nous devons des médicaments énergiques, des plantes alimentaires,
condimentaires ou économiques, se trouve, à très-peu de genres près,
contenue en entier dans cet ordre avec ses nombreuses tribus, que
les fruits en soient capsulaires ou bacciformes; on peut en étudier
les caractères dans la fleur de la Douce-amère, Solanum dulcamara,
et dans la Molène, pour la tribu des Verbascées. Les deux ordres de la
Monogynie etde la Digynie renferment toutes les Convolvulacées, dont
on apprendra à connaître le type dans le Liseron des champs, ces
petites fleurs roses et odorantes, parasites de nos moissons; c’est au
genre Convolvulus qu’appartiennent la Patate, à là racine comestible,
la Scammonée, le Turbith et le Jalap, purgatifs doués d’une grande
activité; on trouvera dans le genre Æpacris, qui ressemble tant aux
Bruyères par la fleur , le port et le feuillage, le type de toute la fa-
mille des Épacridées, qui appartient au premier ordre de la Pentan-
drie; une autre grande famille, riche en plantes d'ornement, parmi
lesquelles la plus brillante est le Laurier-rose, est comprise égale-
ment en entier dans la Pentandrie monogynie : c’est celle des 4po-
cynées , dont le type à étudier est la Pervenche de nos bois, et qui
comprend la Noix vomique, si terrible dans ses effets, le Cerbera
manghas et tant d’autres plantes aux propriétés délétères ; l’Achras, qui
représente le type des Sapotées ; le Cordia , toute la petite famille des
Cordiacées. La plupart des pc po PAL peuvent être étudiées
sur le seul genre Campanule, font partie de cet ordre; ilen est de même
de la famille des Lobéliacées , séparée des Erntionlasces , et dont
la Lobélie brülante, qui est commune dans nos environs, est le type.
Toutes les Goodenoviées, petit groupe de la Nouvelle-Hollande et de
la Nouvelle-Galles du Sud, sont réunies dans la Pentandrie, et peu-
vent être étudiées sur le genre Goodenia ou sur le Leschenaulua
répandu sur nos marchés aux fleurs. Le genre Chèvrefeuille repré-
sente, dans la famille des Caprifoliacées, la tribu des Lonicérées, qui
appartient à la Pentandrie monogynie; tandis que le Sureau, appar-
tenant à la même famille, mais qui est de la Trigynie, représente les
Sambucées; la grande famille des AXubiacées, polymorphe malgré
l'affinité qui en unit étroitement les différents genres, s'offre de
INTRODUCTION. x1}
nouveau, mais sous des formes dissemblables, dans le Café, la Gar-
dénie, et s’y trouve représentée dans une partie de ses nombreuses
tribus. La Vigne, la plus digne représentante de la petite famille des
Ampélidées, est un sujet d'étude très-facile, et qui fera connaître la
caractéristique de ce groupe naturel, quoique le genre Céssus en soit
séparé par son caractère tétrandre. L’importante famille des Rham-
nées, qui contient entre autres genres intéressants le Jujubier, offre à
l'étude le genre type Rhamnus, le Nerprun, si commun dans nos
bois. L’élégant Pittosporum undulatum, répandu dans notre culture
ornementale, est le type à observer de la famille des Pittosporées, qui
rentre tout entière dans cette classe; les gracieux Diosma, aux formes
mignonnes, sont le type du groupe des Diosmées du Cap, tribu de la
famille assez décousue des Rutacées. L’'Impatiens noli tangere , rare
dans nos environs, mais qui ne manque pas de représentants dans
nos jardins, quand ce ne serait que la gigantesque glandulifera, est
le type de la famille des Balsaminées , dont l’autre genre, la Balsa-
mine, est pentagyne. Un autre type de famille d'autant plus intéres-
sant qu’il joue un grand rôle dans l’art de la bouquetière, est la
Violette, qui représente toute la famille des J’iolariées. Le genre
Ribes, V'unique de la famille des Grossulariées, appartient encore à
la Pentandrie Monogynie; 1l en est de même de la famille des 4/na-
ranthacées , si ce n’est une partie du genre Amaranthe, qui est ex-
ceptionnellement triandre. On peut étudier cette famille sur la Célosie
ou Amaranthe à crête.
La Digynie offre des groupes d’une égale importance, et entre
autres la grande et étrange famille des 4sc/épiadées, qu’on peut étu-
dier avec intérêt sur l’Asc/epias syriaca où Herbe à la ouate, et
suivre dans les fleurs bizarres du Szapelia, ou Fleur de crapaud, dont
la corolle ressemble à une Astérie rugueuse ou tigrée. La famille
plus modeste, mais toutefois plus utile, des Chénopodées, qui nous
donne la Betterave, les Arroches, la Soude, et dans la Trigynie, la Ba-
selle, s'étudiera sans grandes recherches sur les Ansérines de nos
chemins ou de nos champs. Un petit groupe naturel très-important de
cet ordre est l’Orme, type de la famille des U//nacées, qui ne renferme
plus d’autre genre que le Planera. C’est à la Digynie qu'appartient
l'immense famille des Ombellifères, si facile à reconnaître à son facies
et d’une étude assez difficile dans ses coupes génériques, pour qu’un
grand nombre de botanistes aient usé leur sagacité à créer des méthodes
TOME 1. — Livraison f. Fa
xlij INTRODUCTION.
diagnostiques. On peut dire de cette famille, comme de toutes celles
qui sont essentiellement naturelles, que quand on à vu un seul genre,
on connaît toute la famille; aussi peut-on choisir pour objet d'étude
le genre qui tombera sous la main : la Carotte, le Persil, le Panais.
Le genre Rhus, Sumac, si nombreux en espèces, est le seul genre de
la famille des T'érébinthacées, qui se trouve dans la Pentandrie Tri-
gynie; il y représente la tribu des Sumachinées, qui est parfaitement
définie.
La petite famille des Zinées, qui est pentagyne et représentée par
le Lin, termine les groupes naturels que comprend cette immense
classe.
L'HexanpRie présente, à peu d'exceptions près, la plupart des grou-
pes élevés de l’ordre des Monocotylédonées. On trouve dans la Mono-
gynie la grande et brillante famille des 4maryllidées, qu'on peut
étudier sur la Belladone. Les Asphodélées , riches en genres utiles
et ornementaux, ont pour type l’Asphodèle, répandue dans les jardins,
et dont la racine féculente était regardée par les anciens comme une
plante alimentaire ; l’Aïl, la Jacinthe, les élégants Muscaris appartien-
nent à cette famille. Les Joncées, peu riches en genres variés, sont
représentées par le type Juncus,abondanten espèces. Les gracieux Pon-
tederia y représentent la petite famille des Pontedérées. Le Lis, ce splen-
dide ornement de nos parterres, estle meilleur type d’étude de la famille
des Liliacées, qui entre tout entière, sans exception, dans l'Hexandrie,
et offre à l'étude la Tulipe, la Fritillaire, les Yuceas; nous trouvons
dans les BZroméliacées Ananas, au fruit délicieux, assez répandu pour
qu’on puisse en observer les fleurs, quoiqu’on retrouve les caractères
propres à cette famille dans les genres Tillandsia, Pourretia, Cara-
guata, Billbergia, Æchmea, et dans l’'Agave gigantesque. La fa-
mille des Smilacinées, à laquelle appartiennent le Muguet, aux fleurs
odorantes, et le Sceau de Salomon, si communs dans nos bois, est
représentée dans nos pays par ces deux genres. Les Hémérocalles,
l’'Agapanthe à fleurs bleues, et les Aloès si semblables aux genres de
la famille des Broméliacées par leurs formes extérieures, représentent
la famille des Æémérocallidées. Les Hypoxidées sont représentées
par le genre Hypoxis. C’est dans cet ordre que Linné avait mis le
Bananier, type de la famille des HMusacées, qui est rangée à cause
de son anomalie sexuelle, dans la Polygamie MonϾcie. La Monogynie
renferme, parmi les Dicotylédonées , le genre Berberis, de la famille
INTRODUCTION. x}
des Berbéridées. Le genre WMelanthium et le Colchique appartiennent
à la Trigynie et à la Polygynie ; l’4lisma est le type de la petite
famille des 4lismacées.
L’HePrTANDRIE, qui ne contient qu'un seul ordre, la Monogynie, est
une classe composée de genres échappés à plusieurs familles natu-
relles comme autant d'anomalies; une seule famille, celle des Æippo-
castanées , dont les représentants sont le Marronnier d’Inde et le
Pavia, y entre en entier à cause du petit nombre de ses genres; car
il est à remarquer qu'on ne trouve pas, dans le règne végétal, de
grandes associations qui fassent exception à la loi que nous avons si-
gnalée dans la Monocotylédonie, le nombre trois ou son multiple six,
dans la Dicotylédonie, cinq et dix; ainsi, les Zabiées et les Scro-
phulariées ne sont tétrandres-didynames que par l'avortement d’une
étamine, et les Crucifères, hexandres-tétradynames, que par le dé-
veloppement anormal d’une étamine surnuméraire.
L'OcranDRie réunit un assez grand nombre de genres appartenant à
des groupes naturels. Dans la Monogyuie se trouve la Capucine, qui est
le type et le genre unique de la famille des 7ropæolées ; les Bruyères,
si communes dans nos bois et nos landes, si répandues dans nos cul-
tures, peuvent étre étudiées comme type des Éricacées ; les Onagres,
parmi lesquelles brillent l'OEnothère odorante et les Fuchsias aux
fleurs bizarres, sont le type des OÆnothérées. La famille des Thymé-
lées, qui renferme des genres diandres, tétrandres et octandres, a
pour type d'étude le genre Daphné. La petite famille des 4myridées,
représentée par le seul genre 4»yris, appartient également à cet
ordre; il en est de même du type Memecylon des Mémécylées. La
Trigynie renférme toute la famille des Supindacées, à étudier dans
les genres Sapindus et Kælreuteria. Le: genre Polygonum, auquel
appartient le Sarrazin , et qui est le type des Polysonées , est classé
dans la Trigynie, et, ce qui confirme la loi que j’exposais plus haut,
c’est que les familles dont les genres appartiennent à l’Octandrie ren-
ferment des groupes décandres; les familles pentandres, telles que
les Balsaminées, sont égoitement unies aux octandres, et celles qui
ne présentent pas de genres normaux, comme les 7/ymélées et les
Polygonées , affectent dans le nombre de leurs étamines toutes les
variations possibles.
La petite classe de l'Exxéaxprie n'offre que deux types impor-
tants : le genre Laurier, type des Zaurinées, dans la Monogynie, et
xliv INTRODUCTION.
dans l’Hexagynie, le Butome ou Jonc fleuri, qui embellit le bord de
nos eaux de ses fleurs rosées, et qui est le type de la petite famille des
Butomnées, Deux genres de la famille des Folygonées appartiennent
à cette classe ; mais la Rhubarbe est l’unique genre de la Trigynie.
La DécaNDRiE , quoique bien loin de présenter de ces groupes ho-
mogènes propres à l’'Hexandrie et à la Triandrie, mérite d’être
étudiée avec soin; on trouve dans la Monogynie la plupart des
plantes de la grande famille des Papilionacées , qui ont les étamines
libres et qui appartiennent pour la plupart à la Nouvelle-Hollande, à ,
la Nouvelle-Galles du Sud et au Cap de Bonne-Espérance, telles que
les Pultenæa, les Dilliwynia, et pour les plantes du Cap, les Podaly-
ria. On peut étudier ce groupe sur la tribu des Sophorées , dont le
Sophora est le type. On y trouve encore les Légumineuses à corolle
régulière, qu'on peut étudier sur le Cassia italica, répandu dans
nos jardins, qu’il embellit de ses fleurs jaunes, ressemblant plus à une
Rosacée qu’à une Papilionacée. La Monogynie renferme encore les
types Rue fétide, de la famille des Rutacées, Clavalier, Zygophyllum
fabago, auquel la famille des Zrgophytllées doit son nom , l’/zéda-
rach, Arbor sancta, dont les graines servent à faire des chapelets,
type de la petite famille des Méliacées, le Rhodora, type des RLodo-
racées, parmi lesquelles on trouve les genres si répandus des /?4odo-
dendrum, Kalmia, Ledun, et quelques Éricacées , telles que les
genres 4rbutus, Andromeda, etc. La riche et brillante famille des
Mélustomacées y est représentée par le genre Melastoma. La petite
faille des Pyrolées , représentée dans nos bois par la charmante Py-
rola rotundifolia, est encore un des groupes de cette grande classe,
et la petite famille des Samydées, dont le genre Samyda est le type
el le genre unique, clôt la Monogynie.
Nous trouvons dans la Digynie le genre Saxifrage, type de la fa-
mille des Saxifragées, et V'OEillet, type des Caryophyllées. Cette fa-
mille a des représentants dans la Trigynie et la Pentagynie.
L'ordre de la Trigynie ne contient en ordres naturels que la famille
des Malpighiacées, qui y entre avec tous ses genres, et peut être
étudiée sur le Malpighia urens ou les Banisteria.
La Pentagynie, qui comprend un grand nombre de genres de la
famille des Caryophyllées , constante sous le rapport du nombre des
étamimnes, et variable sous celui des stigmates, renferme le genre
Oxalis, {ype du petit groupe des Oxulidées.
INTRODUCTION. xIv
Malgré son incohérence, bien sentie des botanistes, la DonÉécaxpri
n’est pas dépourvue d'intérêt, car elle offre à l'étude un certain nom-
bre de types importants et dignes d’être observés. On frouve dans
la Monogynie le genre Pourpier, type des Portulacées, et la Salicaire,
Lythrum salicaria, genre type de la famille assez discordante des Zy-
thrariées. Le genre Elæocarpus, type de la famille des £læocarpées,
et rapporté d’abord à la Polyandrie, est dodécandre et monogyne.
La Trigynie renferme deux types également intéressants : ce sont
_le genre Reseda, de la famille des Résédacées, et le genre Euphorbia,
type des Euphorbiacées.
Dans la Dodécagynie se trouve la Joubarbe des toits, petit genre
anormal de la famille des Crassulacées.
Il en est de cette classe comme de la précédente, elle ne renferme
que des genres isolés dans lesquels le nombre douze se présente
comme une anomalie.
L'IcosanpRie, cette classe qui est loin de ne comprendre que des
genres ayant vingt étamines seulement, comme l'indique son nom,
renferme néanmoins des familles du plus haut intérêt, comme
groupes naturels, et aussi bien sous le rapport ornemental, que sous
celui de l'utilité, Dans la Monogynie figure en premier l'étrange fa-
mille des Cactées, qui offre d'assez nombreux sujets d’étude, aujour-
d’hui que les plantes grasses sont recherchées des amateurs, et presque
toute la famille des Myrtacées, qui renferme, outre le genre Mvyrte,
les genres Géroflier, Melaleuca, Psidiurn, etc. On a fait du Syringa une
petite famille des PAiladelphées, etdu Grenadier, rapporté d’abord aux
Myrtacées, une famille des Granatées , voisine des Calycanthées.
Depuis la Monogynie jusqu’à la Polygynie se trouve la grande et inté-
ressante famille des Rosacées, qu’on peut étudier, pour la Monogynie,
sur le genre Amandier ou Prunier, pour la Di-Pentagynie, sur les
genres Poirier et Néflier. La Rose, le Fraisier, appartiennent à la Po-
lygynie. C’est dans ce dernier ordre que se trouve compris le beau
genre Ficoïde de la famille des FÆicoïdées , et le Calycanthus, de la fa-
mille des Calycanthées, qui possède aussi le genre Chimonanthus ,
le dernier de ce petit groupe.
La Polyandrie , qui renferme tous les végétaux hermaphrodites à
étamines hypogynes au nombre de plus de vingt, comprend plusieurs
familles naturelles devenues des plus importantes, et quelques-uns
de ces petits groupes détachés des grandes associations, sans qu'il
xlv] INTRODUCTION.
y ait pour cela une raison philosophique, mais simplement par abus
de l’analyse, qui ne fait distinguer que les dissemblances , sansrat-
tacher les groupes les uns aux autres par une grande loi d'unité.
Nous trouvons dans la Monogynie le Cäprier, type des Cappari-
dées, qui est seul de cette famille dans la Polyandrie; les Papavéra-
cées ÿ entrent au contraire tout entières, à l’exception d’un seul genre;
les Nymphéacées, détachées des Papavéracées, forment encore un
groupe naturel polyandre, dont le type est le brillant Nénuphar, qui
embellit nos eaux de ses fleurs d’or et de ses larges feuilles flottan-
tes ; le Velumbo, le Lotus si renommé des anciens, appartient à la Po-
lygynie. La petite famille des Zi/iacées, dont le Tilleul est le repré-
sentant, est contenue en entier dans cette classe; il en est de même
de la famille des Ternstræmiacées, qu’on peut étudier sur le T'ern-
stræmia, à l'exception toutefois de la tribu des Gordoniées. Les Hé-
lianthèmes et les Cistes, dont la fleur ressemble à une Rose, sont les
types à étudier de la famille des Céstinées, qui y entre tout entière.
Nous signalons comme des groupes à étudier les Ochnacées, représen-
tées par le genre Ochna, le seul qui soit polyandre, et l’Aydropeltis,
petite plante aquatique dont nous donnerons la figure, et qui est le type
d’un groupe d’Aydropeltidées , rattaché comme tribu à la famille des
Podophyllées, dont le Podophyllum est le genre principal. L'étrange
famille des Sarracéniées, dont les feuilles présentent la forme d’un
cornet renfermant de l’eau et quelquefois muni d’un couvercle, est
encore un démembrement du grand groupe des Papavéracées.
La Polygynie est plus dignement représentée ; elle renferme cinq
familles exotiques toutes utiles ou brillantes. Au premier rang figure
la famille des Magnoliacées, qu’on étudiera sur les Magnolia Yulan
ou præcox, et qui offre, entre autres sujets d'étude, le Tulipier à
feuilles tronquées; un seul genre se soustrait à la loi du nombre; les
Anonacées entrent tout entières dans cet ordre : l’Anona aux fruits
délicieux, dont nous figurerons une espèce, le muricata, est le type
à étudier.
Les Dilléniacées Y sont représentées par le type Déllenia, dont
nous donnerons également la figure. Ses genres, quoique polyandres,
n’entrent pas tous dans cette classe. Quelques-uns sont polygames, le
Dillenia seul est de la Polyandrie Monogynie. Le Rocou, Bixa orel-
lana, est le type à étudier de la famille des Béxinées, qui entre tout
entière dans la Monogynie.
INTRODUCTION. xIvi}
Dans la famille des Fintérées figure, comme type, la Badiane ou
Anis étoilé; puis vient, comme représentant de tous les ordres de
celte classe, la grande et belle famille des Renonculacées, si variée
dans ses formes, tantôt d’une parfaite régularité, tantôt au contraire
anomale, étrange, bizarre, avec des nectaires de figure capricieuse,
et brillant souvent plus par leur enveloppe florale ou ses accessoires
que par leur corolle; aussi a-t-elle des genres dans tous les ordres;
la Pivoine est monogyne ; les Aconits et les Delphinium sont digynes;
les Nigelles, les Ancolies pentagynes; tandis que les Clématites, les
Renoncules, les Anémones, les Pigamons sont polygynes. Ce sont,
dans les classes artificielles de Linné, ces groupes naturels qu’il faut
surtout étudier, comme les seuls qui puissent donner des idées géné-
rales sur la morphologie des grandes associations végétales.
La DinynamiE, qui est une des grandes associations artificielles du
système linnéen, répond à une loi tératologique qui se reproduit
avec régularité à travers un grand nombre de familles naturelles, et
admet un petit nombre d’exceptions presque invariablement caracté-
risées par l’absence de deux étamines.
Dans l’ordre de la Gymnospermie se trouve l'immense groupe des
Labiées, qui est représenté par des genres qui passent de la forme
anormale à la forme régulière, sans pour cela perdre leur caractère
didyname. Le Marruhe de nos chemins, les Lamium des champs,
les Galeopsis, les Thyms, les Menthes, offrent des sujets d'étude. La
Sauge est un des genres diandres par avortement.
Une tige presque toujours quadrangulaire est un des caractères
morphologiques qui distinguent cette famille, dont les propriétés
aromatiques, dues à un principe qui paraît identique dans toutes les
espèces, sont très-développées, ce qui lui a donné une grande im-
portance en médecine, dans l’art du parfumeur et dans la science cu-
linaire.
On trouve encore dans cet ordre la petite famille des Sé/aginées, à
étudier sur le Se/ago, et qui renferme des genres angiospermes et
diandres; ce petit groupe est d’autant plus intéressant, qu’il montre
les deux grands faits morphologiques de la Didynamie et exception.
L'ordre de l’Angiospermie comprend plusieurs familles qui affec-
tent toutes le caractère anormal propre aux Labiées, avec quelques
formes régulières; mais ce qui prouve que la place des végétaux
angiospermes du système de Linné, est incertaine, c’est que les au-
xlvii] INTRODUCTION.
teurs ont jeté des deux côtés opposés de la grande famille des Labiées
les familles qui la composent, et qui présentent, comme exception,
non plus seulement des genres diandres, si ce n’estdans les Scrophu-
lariées, où la tribu à corolle presque régulière des Véronicées, et celle
si profondément anormale des Calcéolariées, sont diandres, mais
des genres pentandres. Elles n’ont pas, Comme les Labiées, une
tige quadrangulaire, et sont ou dépourvues d’odeur ou douées de
senteurs variables, souvent bornées à la fleur, comme dans le C/ero-
dendron infortunatum et le Mimulus moschatus. Quelques Scrophu-
lariées sont hautement toniques.
La Scrophulaire aquatique peut servir de type pour l'étude de la
famille des Scrophulariées, bien que ce groupe renferme des genres
à corolle presque régulière, tels que la Digitale.
Les Rhinanthacées, à étudier sur le RAinanthus crista galli, très-
commun dans nos champs; les Orobanchées, ces végétaux parasites
sans feuilles et sans couleur, qai ont pour type principal le genre Oro-
banche; les Acanthacées, dont le genre Acanthe aux feuilles élé-
gantes est le type de forme; les Ferbénacées, à corolle presque régu-
lière, et qui nous rappellent la charmante erbena chamædrys aux
fleurs éclatantes, mais qu’on peut étudier sur la Verveine officinale
qui croît sur le bord de nos chemins, sont les familles qui appartien-
nent à la flore d'Europe; les végétaux exotiques qui prennent place
dans l’Angiospermie et sont devenus les ornements de nos jardins, de
nos serres et de nos kiosques, sont encore assez nombreux. Nous
trouvons d’abord la famille élégante des Brgnoniacées, qui nous offre
le Catalpa, cet arbre majestueux aux longues siliques semblables aux
gousses de la Vanille, le Paulownia imperialif aux grandes fleurs
bleues, et le Tecoma radicans, qui décore nos murs et nos cons-
tructions rustiques de ses guirlandes gracieuses; les Gesnériacées
aux feuilles épaisses et veloutées , aux fleurs riches de couleur et
élégantes de forme, ont pour type le genre Gesneria, qui présente
comme la famille suivante, celle des Cyrtandracées , à étudier sur le
beau genre Æschynanthus, des anthères réunies en un groupe solide
et régulier sous le casque de la fleur. Les CAélonces , qui nous don-
nent les deux seuls genres Chelone et Pentsemon, ont une corolle
tubuleuse et presque régulière; nous parlerons aussi, pour montrer
l’enchainement des groupes, et prouver que l’étude doit se faire par
associations morphologiques, de la petite famille des Sibthorpiées ,
INTRODUCTION. xlix
dont l’insignifiante Sibthorpie d'Europe est le type , et de celle des
Myoporinées, dont le genre type, le Myoporum parvifolium, aux
feuilles glanduleuses, apparaît sur nos marchés avec ses masses de
fleurs blanches inodores.
La TÉTRADYNAMIE se compose presque exclusivement de la grande
famille des Crucifères, ce groupe homogène à fleurs à quatre pétales
disposés en croix, à six étamines, dont quatre plus longues, et à
semences contenues dans une enveloppe à deux valves. On ne trouve
l’analogue de cette famille que dans les Papavéracées, qui renferment
des genres à fruits en siliques tels que les Chélidoines, les Glaucium,
les Hypecoum, et dans les Furnartacées aux fruits siliculeux. On trouve
dans la Zétradynamie, dont les ordres sont divisés en siliculeuses ou
à fruits aussi longs que larges, et en sz/queuses, quand ils sont beau-
coup plus allongés, un représentant égaré d’un groupe naturel voi-
sin, qui est là comme un jalon indicateur : c’est le genre C/éome,
dont la plupart des espèces sont tétrandres et tétradynames, mais
dont la corolle n’est pas en croix; ce petit groupe conduit aux
Capparidées, association appartenant à la Polyandrie, et qui se rap-
proche des Pavots. On peuf étudier l’intéressante famille des Crucifères,
pour les siliqueuses, sur la Giroflée des murailles, sur la Moutarde sau-
vage (Sinapis nigra), si commune dans nos champs, sur le Chou, ou
le Radis, et pour les siliculeuses, sur le Thlaspi, ou l’Alysse saxatile.
Peu de familles naturelles présentent une plus parfaite unité de
structure avec des formes plus variées. Rien, au fond, de plus
arlificiel que cette division en siliqueuses et siliculeuses, quoique l’on
ne trouve d'anomalies dans aucun de ces groupes, qui sont réguliers
et répondent à une loi morphologique constante; mais, en revanche,
elle est plus facile que la classification fondée sur les rapports de la
radicule et des cotylédons; il y a autant de philosophie dans un mode
de classitication que dans l’autre, et le plus simple est le meilleur.
La MonaneLprnie, dont les ordres sont fondés sur le nombre des éta-
mines, présente à l’étude quatre familles naturelles, dont deux, plus
importantes, y entrent sans exception. La plus homogène est celle
des Malvacées, qui peut être étudiée sur la Mauve des champs, sur les
Hibiscus, si répandus dans nos jardins, et sur les 4/{hæa ou Roses-Tre-
mières, dont les fleurs, presque aussi belles que des roses, sont grou-
pées le long d’une tige élancée. Les Géraniacées sont distribuées dans
quatre ordres : les £rodium, à corolle régulière, avec cinq étamines,
Tom. 1. — Livraison g. 9
Il INTRODUCTION.
sont dans la Pentandrie; les Pelargonium , qui en ont sept et dont
la corolle est formée de pétales inégaux dans l’'Heptandrie; les
Geranium, si multipliés dans nos campagnes, sous la forme des
Geranium molle, pratense, sanguineum, etc., en ont dix, et appar-
tiennent à la Décandrie; le Monsonia, ce petit genre qui se rattache à
cette famille, en a douze. Les Passiflorées, aux fleurs étranges, en-
trent dans cette classe et s’offrent à notre observation sous la forme
de la cærulea, quitapisse les murs des jardins de certains amateurs.
Les Camelliées ont pour type le beau genre Camellia, devenu
presque aussi commun que la Rose, et dont la fleur brillante sert à la
toilette des dames au milieu des froides soirées d'hiver, où toute autre
parure vivante est interdite. Les Dormnbeyacées et les Hermanniées ,
ces deux sections de la famille des Bytineriacées, ÿ sont représentées
par les genres Dombeya et Hermannia. Le gigantesque Baobab, cet
éternel sujet d’admiration à cause de sa forme gigantesque et de la
longue durée de sa vie, appartient à cette classe et représente la fa-
mille des Bombacées. Le type est le Bombax ou Fromager, dont
les semences sont entourées d’un duvet grossier, et qu’on peut étu-
dier avec intérêt sur le Bombax Ceiba.
La Drapecpue est encore une classe qui renferme des groupes par-
faitement homogènes. L’Hexandrie a pour type la famille des Fuma-
riacées , qui offre à l’étude la Fumeterre, dont la fleur sans éclat est
pourtant digne de l'attention de l'observateur. Le Po/ygala, non moins
étrange, avec ses pétales frangés et ses folioles calicinales colorées, est
le type des Polygalées, qui appartiennent à l’Octandrie. L'ordre le plus
important à tous égards, est celui de la Décandrie, qui se compose
de tous les genres de la famille des Zégumineuses , qui ont les éta-
mines réunies en deux faisceaux; le Trèfle, la Luzerne , le Pois, le
Cytise, le Haricot, le Genêt, le Lupin, offrent des types d'étude d’un
intérêt sans égal, et que nous avons tous les jours sous les yeux.
La PozvaneLrmie est une classe moins naturelle, et qui ne renferme
que quelques groupes distraits de familles plus importantes dont le
type existe ailleurs : tels sont, dans la Décandrie, le Cacao, détaché
de la famille des Bytineriacées, et le Melaleuca, genre si voisin des
Metrosideros, et qui se trouve accidentellement représenter dans la
Polyadelphie la famille des Myrtacées. Le groupe peu nombreux
des Aurantiacées, qui se trouve également dans cette classe, où il est
représenté par le genre Citrus, est un démembrement de la Décandrie,
INTRODUCTION. |)
où se trouvent tous les autres genres de cette famille. Les Æypérici-
nées, qui ne comptent que peu de genres, et offrent à l'étude le beau
genre Millepertuis aux étamines d’or, assises par groupes distincts au
milieu d’une corolle d’un jaune éclatant, sont les seules qui ne sem-
blent pas déclassées. Le type de la famille des Loasées, le Loasa
volubilis, aux fleurs étranges , dont les étamines sont couchées dans
un pétale en nacelle, est encore un accident dans cette classe; on y
voit un jeu perpétuel de l’Icosandrie et de la Polyandrie.
La SyncÉNÉSIE, ce groupe si ingénieusement divisé en ordres artifi-
ciels, comprend la grande famille des Composées avec tous ses genres,
plus la petite famille des Cazvaérées, qui s’y rattache également. Cette
immense famille, jetée entre les Dipsacées, avec lesquelles elle n’a que
de vagues points de ressemblance, et les Campanulacées, quien pré-
sentent moins encore, puisque leurs anthères sont libres , et ne sont
syngénèses que dans le petit démembrement des Lobéliacées , est la
plus considérable de tout le règne végétal. On l’a divisée en tant de
groupes secondaires, qu’il est impossible de la connaitre avec tous
ses jeux sans varier ses moyens d'étude. La triple division, si na-
turelle en apparence, en Chicoracées où Semi-flosculeuses, Cy-
narocéphales où Flosculeuses et Corymbifères où Radivées, a fait
place à des sous-divisions qui intervertissent cette disposition si
simple. On ne peut, en se bornant à l'examen analytique des ordres
de Linné, rien retrouver qui permette de se rapprocher de ce clas-
sement; mais ce qu'on y peut gagner, c’est de connaître la loi de
distribution des sexes dans cette famille. On y verra, dans la Syn-
génésie égale, dont la Laitue cultivée peut être prise pour sujet
d'étude, que toutes les fleurs sont hermaphrodites ; dans la superflue,
on trouve des fleurs femelles à l'extérieur et hermaphrodites au cen-
tre; la Tanaisie, l’Armoise, le Seneçon, l’Astère , en fourniront des
exemples; dans la /rustranée, les fleurons sont fertiles, et les rayons
stériles, ce qui se voit dans le Rudbeckia, le Coreopsis, le Soleil;
dans la Syngénésie nécessaire, les fleurons des rayons sont femelles et .
ceux du disque, mâles ; le Souci, les Silphium, sont dans ce cas. L’ordre
de la Syngénésie ségrégée comprend les genres dont les fleurons ont
un involucre particulier; tels sont les genres Vauenbergia, Echinops ;
cette étude, quoique fondée sur la distribution artificielle des genres,
est une excellente introduction à la connaissance de cette famille.
La GyNANDRIE ne présente à l'étude que des végétaux d’une struc-
hi INTRODUCTION.
ture anormale sous le rapport de la conformation de l’appareil re-
producteur ; c’est dans cette classe, presque exclusivement composée
de la famille aujourd’hui si nombreuse des Orchidées, qu'il faut étu-
dier les résultats de la soudure des organes et surtout les avortements,
qui jouent un si grand rôle dans le règne végétal. L’anomalie de
structure des plantes de la Gynandrie monandrie exige pour en com-
prendre le sens, non-seulement une étude approfondie, mais en-
core une connaissance au moins élémentaire des principales lois
tératologiques. On trouve dans la famille des Orchidées deux groupes
distincts : dans celui des Orchidées proprement dites, qu’on peut étu-
dier sur les genres Orchis, Satyrion, Ophrys, communs dans nos bois
et nos prés, ou bien sur les groupes aussi étranges que brillants qui
décorent nos serres, tels queles genres 'anilla, Maxillaria, Oncidium,
Caitleya, aux fleurs éclatantes et très-souvent douées d’une odeur aro-
matique, ou Coryanthes, Stanhopea, d’une structure bizarre, et dont
l'analyse échappe à la description minutieuse, on voit une seule anthère
à deux lobes, et la loi morphologique de ce groupe est fondée sur la
présence de trois étamines, dont deux sont avortées; maisdans legenre
Cypripedium, au contraire, l’étamine centrale a disparu, etles deux
latérales sont restées. Les deux premiers ordres de la Gynandrie , la
Monandrie et la Diandrie , sont donc occupés par le groupe naturel
des Orchidées, d’une si difficile étude; mais le second est moins
homogène; car on y trouve le genre Stylidiurn, type de la famille
des Stylidées, composée de plantes de la Nouvelle-Hollande, dont le
stigmate offre le phénomène si curieux de la sensibilité. Le Gunnera,
de la famille des Urticées, se trouve jeté là comme par hasard. Quant
à l’Hexandrie, elle ne comprend que le genre Aristoloche, type de la
petite famille des 4réstolochiées , dont l’unique genre dissident est
l’Asarum, à douze étamines libres. Tout ce qu’on peut dire de cette
classe , c’est qu’à part la famille des Orchidées, elle est complétement
artificielle.
La MoxœciE, dans laquelle se trouvent réunis les végétaux qui
ont les deux sexes séparés sur le même individu, est loin de pré-
senter une association de groupes naturels : on a cru que la dis-
tinction des sexes était, dans le règne végétal comme dans l’ani-
malité, un signe de perfection; c’est une erreur très-grande : nous
trouvons dans les ordres les plus inférieurs du règne végétal, dès que
la génération ambiguë ou celle par gemmation ou fissiparité a cessé,
é INTRODUCTION. li]
la Diœcie ou l'existence de sexes distincts sur des individus dif-
férents ; c’est la loi la plus commune au bas de l'échelle végétale; les
deux sexes se rapprochent ensuite et coexistent sur le même individu,
puis, enfin, ils sont réunis dans la même enveloppe. Plus l’herma-
phrodisme est complet, plus la perfection est grande dans la classe
ou la famille qui est organisée pour ce mode de reproduction. Si nous
examinons ce qui se passe dans un genre de la Triandrie, le genre
Carex, qui peut être étudié dans nos prés et nos bois, nous ver-
rons que ce caractère monoïque subit les plus étranges fluctua-
tions; ainsi, nous avons des espèces dioïques, d’autres portent à la
fois des épis mâles et hermaphrodites; certaines espèces ont des épis
hermaphrodites et des fleurs femelles, c’est-à-dire que les jeux les
plus variés se présentent à l'observateur, et toutes ces fluctuations ne
sont qu’une tendance vers la loi ascendante de l’hermaphrodisme.
Nous trouvons cependant certaines familles à étudier dans cette
classe, soit dans la plus grande partie de leurs genres, soit dans leur
type seulement. La Tétrandrie contient quelques genres importants de
cette grande famille de végétaux réunis sous le nom d’Amentacées,
et que L. de Jussiet, malgré sa haute sagacité, avait mise à la fin du
règne végétal comme pour le clore, entraîné qu'il était par l’impor-
tance des végétaux qui en font partie, puisqu'ils constituent presque
tous les arbres de nos forêts d'Europe, et que, chez la plupart, les
sexes sont distincts. Les botanistes modernes les ont divisés en
groupes plus naturels, et les ont réintégrés en tête des plantes dicoty-
lédones, place qui leur convient en botanique philosophique. L’Aune,
le Bouleau, appartiennent à la Tétrandrie; l’Ortie, type de la famille
des Urticées, s'y trouve avec le Mürier et le Maclura : bien qu'on
trouve dans le premier genre des espèces dioïques, cette famille a,
comme les 4mentacées , été mise en tête des Dicotylédones. L'ordre
de la Pentandrie renferme le genre 4maranthe , type anormal de la
famille des Amaranthacées ; YHexandrie contient quelques Pal-
miers, grande famille qui ne présente pas une parfaite homogénéité
d’organogénie; le Cocotier et le Sagoutier sont dans cet ordre; la
Monadelphie renferme l’4rec comme une grande exception. La Po-
lyandrie comprend le reste des 4mentacées monoïques, tels que le
Hêtre, le Noisetier, le Châtaignier, le Chêne et la petite famille des
Juglandées, ayant le Noyer pour type.
Dans la Monadelphie, en tête de laquelle on rencontre encore des
hv INTRODUCTION.
Palmiers, les Conifères, qu'on peut étudier sur les poûres Pin, Sapin,
Mélèze, Cyprès, et qu'on a mises entre les Amentacées et les premières
familles des Dicotylédones, au lieu d’en faire le dernier groupe du
règne végétal. Le motif qui avait déterminé L. de Jussieu à mettre les
Amentacées au sommet de l’échelle végétale, l'avait porté à finir cette
grande série vivante par les Conifères, qui sont cependant si près des
divers groupes de la Monocotylédonie et que leur disposition polyco-
tylédone montre encore hésitantes. La grande famille des Cucurbita-
cées, qu’on peut étudier dans nos jardins sur le Potiron, le Melon,
le Concombre, appartient à la Monadelphie ; cependant on trouve dans
le genre Bryone, ce type sauvage des Cucurbitacées, qui est essentiel-
lement monoïque, une espèce qui s'éloigne de cette loi et qui est dioï-
que : c’est la Bryone de nos haies, dont les sexes sont séparés sur des
individus différents. On reconnaît à ces anomalies le peu de fixité de
la Monœcie, puisqu’elle ne peut comprendre un groupe naturel tout
entier. Le reste de la famille si étrange des Euphorbiacées, à l'ex-
ception du genre type, qui appartient à la Dodécandrie trigynie, se
trouve réuni dans la Monadelphie ; mais on peut dire de cette fa-
mille comme des Orchidées, des Apocynées, et de quelques autres
qui s’écartent de la loi organogénique propre au reste des types
végétaux et qui forment des groupes essentiellement anormaux, que
ce sont des essais de la nature, des familles de transition qui ont,
comme une ébauche sans plan arrêté, servi à s'élever à des groupes
mieux définis. Le genre Sterculia, type de la famille des Szerculia-
cées, clôt cette grande classe, si intéressante et si confuse, mais dont
l’étude, à un point de vue élevé, est remplie d’intérêt et fait compren-
dre toute la variété des formes végétales.
La Diocie présente, sous le rapport philosophique , des faits de
haute organogénie et confirmateurs de ce qu’on a déjà trouvé dans la
classe précédente : elle ne contient pas plus qu’elle des groupes réel-
lement naturels; ses treize ordres ne sont que des dislocations
de grands groupes appartenant à des associations végétales d’organi-
sation définie; ils sont composés en partie de genres anormaux. Parmi
ces derniers, on en trouve un grand nombre qui appartiennent à la
classe des Monocotylédones; ce sont donc seulement des ébauches
végétales qui ont flotté avant d'arriver à un point fixe et mor-
phologiquement invariable. Cette classe est, comme la Monœcie, un
exemple de la séparation des sexes au bas de l'échelle végétale et de
INTRODUCTION. lv
l’hermaphrodisme, comme loi de perfection, et elle démontre la raison
qu'ont eue les botanistes modernes de détruire cette classe de L. de
Jussieu, puisqu'elle ne répond pas à l’enchaîinement évolutif des gran-
des familles végétales. Nous trouvons pour type d'étude, dans la Mo-
nandrie, le genre Pandanus, de la famille des Pandanées , dont le
second genre, le Carludovica, appartient à la Monœæcie ; dans la Dian-
drie, la présence du Saule n’a pas lieu de nous surprendre, car l’a-
vortement de la moitié des organes sexuels est assez commun, et les
autres genres de cette famille primordiale des 4mentacées se trouvent
aussi bien dans la Monœcie tétrandrie que dans la Diæcie tétran-
drie, où elle est représentée par le genre anormal WMyrica, d’une étude
intéressante ; le Peuplier se trouvant dans l’Octandrie, ne surprend
pas encore, puisque nous trouvons surtout dans cette famille, qu’elle
soit monoïque ou dioïque, le nombre deux ou ses multiples.
Dans la Triandrie, où déjà nous avons trouvé tant de Cypéracées,
se présente le petit groupe des Restiacées, qui a pour type le genre
Restio, intermédiaire entre les Jones, qui sont hexandres, et les Scir-
pes, qui sont triandres. Deux genres échappés de la famille tétran-
dre des Protéacées, les genres Aulax et Leucodendron, sont relégués
dans la Diæcie, sans avoir pour cela cessé d’appartenir à la Tétran-
drie; il en est de même du genre Æippophae, qui est dioïque té-
trandre, tandis que la famille des £/æagnées , à laquelle il appartient,
est purement tétrandre. Le Broussonetia ou Mürier à papier, qui ap-
partient à la famille des Urticées, est un genre dioïque tétrandre,
tandis que le groupe monoïque tétrandre des Orties a, dans le Chanvre
et le Houblon, deux représentants plus naturels, dioïques pentandres,
ce qui se retrouve dans l’Épinard, de la famille des Ckénopodées. Dans
l’Hexandrie se trouvent l’Æ/aïs, dont le type est hexandre, le genre
Smilax, type des Smilacées, tandis que tous les autres genres sont pure-
ment hexandres. Le Coriaria, type de la petite famille des Cortariées,
est de la Décandrie ; et trois genres de la famille des Ménispermées ,
parmi lesquelles se trouve le genre Menispermum, appartiennent à la
Dodécandrie, ce qui prouve que rarement la théorie numérique est
en défaut. Dans la Polyandrie figurent les Cycadées, dont les types sont
le beau genre Cycus et l'étrange Zamia , qui servent de passage des
Monocotylédonées aux Dicotylédonées, et joignent à la figure du Pal-
mier nain l'inflorescence des Prêles; ce qui n'empêche pas, dans l’ordre
linéaire, qu’elles ne viennent après les Æ/ydrocharidées, qui sont
[v] INTRODUCTION.
plutôt des Nymphéacées ou des Naïadées, et les Pipéracées aux af-
finités obscures, tandis qu’en suivant la série morphologique, on voit
les Fougères servir de type de forme aux Palrniers et aux Cycadées.
Dans la Monadelphie, se trouvent quelques Conifères, comme les
Araucaria, les Genévriers, les Ifs, et quelques Æ£uphorbiacées ,
dont les genres sont partagés entre la Monœæcie et la Diæcie, excepté
le type, qui est dodécandre. Quelle importance attacher à la mor-
phologie d’une famille qui a des genres monoïques diandres, comme
l'Excæcaria, d'autres 8-13 andres, tel est le Zourerra et certains
pentandres comme le Cluytia ? Nous terminerons la Diæcte par le
Nepenthes, de la famille des Vepenthées, voisine des Aristolochées.
On ne peut tirer aucun enseignement de la Pozycamie, cette classe
dans laquelle les sexes sont tantôt distincts, tantôt réunis, et qui sem-
blerait une oscillation des groupes incertains vers une place plus
fixe; à moins qu'on ne voie, dans chaque groupe, ce qui est plus
spécieux que réellement démontré, une ascendance avec les oscilla-
tions qui se reproduisent dans le règne végétal tout entier. Il y a, ilest
vrai, quelque chose de sérieux et de philosophique dans ce point de
vue; mais les faits manquent pour le valider. Nous trouvons au pre-
mier rang de la Monœcie, les genres les plus importants de la tribu des
Mimnosées, ce groupe anormal de la famille des Légumineuses, qui
présente à l'étude les beaux genres Acacia, Inga, Mimosa, dont le
petit type si curieux de la Sensitive est devenu commun chez nous;
et à part les Acérinées, qu’on peut étudier sur nos Érables, et qui ne
prouvent ni pour ni contre la Polyandrie, leur place dans l’ordre na-
turel étant dépourvue de toute signification, nous ne devons regarder
cette classe que comme un assemblage de groupes anormaux habile-
ment combinés; mais leur homogénéité apparente de structure est
dénuée de tout plan unitaire. On trouve dans cette classe quelques
Graminées , parmi lesquelles l’utile Sorgho , cette plante alimentaire
de la moitié du monde tropical ; le genre 4ndropogon aux racines odo-
rantes, qui nous fournit le nard; l’Ægilops, qu’on a regardé comme
le type primitif du genre Froment. Le reste des genres de la MonϾcie
se compose de petites individualités anormales appartenant à toutes
sortes de familles, même à celles qui présentent le plus de fixité dans
leurs caractères; un Palmier, le Xhapis, se trouve là comme une
preuve nouvelle de l'incertitude de la sexualité dans cette famille.
La Polygamie Diæœcie est dans le même cas, on y retrouve le Cha-
INTRODUCTION. lvi)
mærops, ce palmier de l’Europe australe; et parmi les types anormaux
les plus remarquables, le genre Frêne, de la famille des Oléinées, qui
n’en est pas moins diandre; le genre Panax, qui produit le célèbre
Ginseng des Chinois, est polygame, mais, comme les Ombellifères,
a cinq étamines, et le Myrsine, type de la famille des Myrsinées,
dont les autres genres appartiennent à la Pentandrie Monogynie.
Quant au genre Figuier, qui est une Urticée anormale, il a rompu
avec le groupe naturel d’où il dérive, car il a trois étamines; et, tandis
qu’on retrouve chez le type le nombre quatre dans le calice et les éta-
mines, 1l présente les nombres trois et cinq qui appartiennent à d’au-
tres combinaisons numériques.
Arrivés au point où cesse la Phanérogamie, et où commence la
Cryptogamte, nous n’avons plus rien à tirer du système artificiel de
Linné. Le groupement systématique de ses Cryptogames n’est plus
fondé sur des caractères du même ordre que ses Phanérogames, mais
sur une simple négation, l'absence d'organes sexuels apparents et de
mode de reproduction connu. Dans l'impuissance d’appliquer l’idée
génératrice de son système à cette classe, qui est un règne tout entier
semblable aux Invertébrés inférieurs du règne animal, il a suivi an
autre mode de classification; aussi, en partageant cette classe en
Champignons, en Algues, en Fougères et en Mousses, n’a-t-il fait
qu'adopter quatre grands groupes naturels, qui ont même l’inconvé-
nient d’être distribués comme au hasard; mais, ce qui mérite d’être
signalé, c’est que, dans le groupe des Cryptogames, le nombre quatre
se présente comme loi morphologique, bien que, dans beaucoup de
cas, cette loi soit obscure ; toutefois, nous trouvons le nombre quatre
dans les Champignons et les Équisétacées. On retrouve ce nombre
dans la Pilulaire, de la famille des Marsiléacées. Dans les Mousses, le
péristome a quatre dents dans le genre Zetraphis, huit dans le
Splachnum, seize dans le Grimrnia, trente-deux dans le genre Tortula.
Dans le Polytric, qui a le péristome double, on trouve soixante-quatre
dents, trente-deux dans chaque rangée; certes le système numéral
trouve dans ce cas une application rigoureuse. Le nombre quatre se
retrouve dans les Jungermannes et dans le Marchantia androgyna; dans
les Algues, tout au bas de l'échelle végétale, se trouve la division par
deux comme dans les Dratomées, et c'est le mode de reproduction qui
parait le plus élémentaire, une cellule en engendrant une seconde.
En suivant avec attention le système d'étude que je propose et
TOME 1. — Livraison h. h
[vi) INTRODUCTION.
qui ne comprend pas seulement quarante familles, mais bien cent
cinquante-deux, on verra que mon but est de m'appuyer sur un
classement purement artificiel pour graver dans l’esprit le caractère
propre à chaque groupe, en indiquant son rapport avec la méthode
paturelle, et pour empêcher que l’on ne se contente de l’inspection du
facies général des types, comme cela a lieu trop souvent, mais pour
qu'on pénètre plus avant dans la structure de lappareil floral; en
méme temps on comprendra qu’on ne doit se servir du système de
Linné que comme d’un aide-mémoire morphologique; et avec un
peu d'exercice, on se reportera facilement du système sexuel à la mé-
thode naturelle, en s’aidant de l’un ou de l’autre comme d’un bon
guide mnémonique. Ce qu’il ÿ à encore d'intéressant dans cette étude
comparative, c'est qu’elle montre l’admirable unité qui règne dans les
grandes associations végétales, où l’on trouve trois grandes lois nu-
mériques : le nombre quatre pour les Cryptogames , trois ou six pour
les Monocotyiédones, et cinq pour les Dicotylédones. Quant à la
sexualité, elle présente un ordre inverse de celui que nous voyons
dans les animaux : elle est hermaphrodite au sommet de l'échelle, et
mono-dioïque dans les genres appartenant aux groupes les moins par-
faits. C’est par le moyen de ces rapprochements qu’on arrive à pos-
séder le secret de la méthode qui fait les botanistes intelligents, et
non les simples nomenclateurs.
Pour présenter sous une forme synoptique, le rapport du système
artificiel de Linné avec les groupes naturels, je donnerai dans un ta-
bleau le résumé de ce qui précéde :
Classe 1“. — MONANDRIE.
Ordre 1”. — MONOGYNIE.
FAMILLES. TYPES A ÉTUDIER (1).
1. Cannées. Balisier. — Canna indica.
2. Scitaminées. Hedychium coronarium.
Classe IT. -— DIANDRIE.
Ordre 1°”, — MONOGYNIE.
3. Oléinées. Olivier. — Olea curopæa.
L. Jasminées. Jasmin. — Jasminum officinale.
(1) Je me borne à donner, pour l'intelligence du système de Linné et des méthodes naturelles
de Jussieu et de De Candolle, la figure des types qui répondent le mieux à la théorie de ces auteurs ;
je n’ai pas cru nécessaire de consacrer, au système d'étude que je propose, une série de figures,
parce que notre Flore comprendra tous les types de familles qui entrent dans ce tableau.
© © + ©
10.
12,
FAMILLES,
. Pipéracées.
. Valérianées.
. Commélinées,
. Jridées.
. Cypéracées.
Graminées.
. Protéacées.
Dipsacées.
. Rubiacées (stellées),.
. Plantaginées.
. Plumbaginées.
. Nyctaginées.
Borraginées.
. Primulacées.
. Polémoniacées.
. Solanées.
. Convolvulacées.
. Épacridées.
. Apocynées.
. Sapotées.
. Cordiacées.
. Campanulacées.
. Lobéliacées.
. Goodénoviées.
. Gaprifoliacées.
. Rubiacées.
. Ampélidées.
. Rhamnées.
. Pittosporées.
34. Balsaminées.
INTRODUCTION. lvix
Ordre 3. — TRIGYNIE.
TYPES A ÉTUDIER.
Poivrier noir. — Piper nigrum.
Classe III. — TRIANDRIE.
Ordre 1”. — MONOGYNIE.
Valériane officinale. — Valeriana officinalis.
Comméline tubéreuse. — Commelina tuberosa.
Iris flambe. — Iris germanica.
Souchet long. — Cyperus longus.
Ordre 2. — DIGYNIE.
Froment cultivé. — Triticum sativum.
Classe IV. — TÉTRANDRIE.
Ordre 1‘. — MONOGYNIS.
Protæa argentea.
Chardon à foulon. — Dipsacus fullonum.
Garance, — Rubia tinctorum.
Plantain. — Plantago major.
Classe V.— PENTANDRIE.
Ordre 1*. — MONOGYNIE.
Dentelaire d'Europe. — Plumbago europæa.
Belle de nuit. — Mirabilis jalappa.
Bourrache. — Borrago officinalis.
Primevère commune. — Primula veris.
Valériane grecque. — Polemonium cœruleum.
Morelle douce-amère., — Solanum dulcamara.
Liseron des champs. — Convolvulus arvensis.
Epacris longiflora.
Pervenche (grande). — Vinca major.
Achras sapota.
Cordia macrophylla.
Campanule raiponce. -— Gampanula rapunculus.
Lobélie brûlante. — Lobelia urens.
Goodenia grandiflora.
Chèvrefeuille. — Lonicera periclymenum.
Caféier d'Arabie. — Coffea arabica.
Vigne. — Vitis vinifera.
Nerprun. — Rhamnus catharticus.
Pittosporum undulatum.
Balsamine. — Impatiens noli tangere.
Ix INTRODUCTION.
FAMILLES. TYPES À ÉTUDIER.
35. Violariées. Violette odorante. —, Viola odorata.
36. Grossulariées. Groseillier à grappes. — Ribes rubrum.
37. Amaranthacées. Amaranthe à crête. — Celosia cristata.
Ordre 2. — DIGYNIE.
38. Gentianées. Gentiane jaune. — Gentiana lutea.
39. Asclépiadées. Herbe à la ouate, — Asclepias syriaca.
40. Chénopodées. Ansérine Bon-Henri. — Chenopodium bonus Hen-
ricus.
1: Ulmacées. Orme. — Uhmus campestris.
42. Ombellifères. Carotte. — Daucus carota.
Ordre 5. — PENTAGYNIE.
L3. Linées. Lin cultivé. — Linum usitatissimum.
4
Classe VI. — HEXANDRIE.
Ordre 1”. — MONOGYNIE.
kh. Amaryllidées. Amaryllis Belladone. — Amaryllis Belladona.
45. Asphodélées. Asphodèle jaune. — Asphodelus luteus.
L6. Joncées. Jonc. — J'uncus squarrosus.
47. Pontédérées. Pontederia cordata.
48. Liliacées. Lis blanc. — Lilium candidum.
49. Broméliacées. Ananas. — Bromelia ananas.
50. Hémérocallidées. Hémérocalle bleue. — Hemerocallis cœrulea.
51. Hypoxidées. Hypoxis stellata.
52. Musacées. Bananier. — Musa paradisiaca.
53. Berbéridées. Épine-vinette. — Berberis vulgaris.
Ordre 3. — TRIGYNIE.
54. Mélanthacées. Colchique d’automne. — Colchicum autumnale.
Ordre 4. — POLYGYNIE.
55. Alismacées. Plantain d’eau. — Alisma plantago.
Classe VII. — HEPTANDRIE.
Ordre 1°. — MONOGYNIE.
56, Hippocastanées. Marronnier d'Inde. — Æsculus hippocastanum.
Classe VIII. — OCTANDRIE.
Ordre 1”. — MONOGYNIE.
57. Tropæolées. Capucine. — Tropæolum majus.
58. Éricacées. Bruyère cendrée. — Erica cinerca.
59, Énothérées. Énothère odorante, — 0Enothera suaveolens.
60. Thymélées. Thymelée des Alpes. — Daphne cneorum.
61. Amyridées. Amyris polygama.
62. Mémécylées. Memecylon capitellatum.
Ordre 5. — TRIGYNIE.
63. Sapindacées. Sapindus saponaria.
64. Polygonées. Sarrazin. — Polygonum fagopyrum.
Classe IX. — ENNÉANDRIE.
Ordre 1%. — MONOGYNIE.
65. Laurinées. Laurier. — Laurus nobilis.
Ordre 3. — HEXAGYNIE.
66. Butomées. Butome , Jonc fleuri. — Butomus umbellatus.
Classe X. — DÉCANDRIE.
Ordre 1”. — MONOGYNIE.
67. Papilionacées (à éta- Sophora japonica.
mines libres).
68. Rutacées. Rue fétide. — Ruta graveolens.
69. Zygophyllées. Clavalier. — Zygophyllum fabago.
70. Méliacées. Azédarach. — Melia azedarach.
71. Rhodoracées. Rhodora canadensis.
72. Mélastomacées. Melastoma cymosa.
73. Pyrolées. Pyrole à feuilles rondes. — Pyrola rotundifolia.
74. Samydées. Samyda serrulata.
Ordre 2. — DIGYNIE.
75. Saxifragées. Saxifrage granulée. — Saxifraga granulata.
76. Caryophyllées. OEillet des fleuristes. — Dianthus caryophyllus.
Ordre 3.— TRIGYNIE.
77. Malpighiacées,. Malpighia urens.
Ordre 4.— PENTAGYNIE.
78. Oxalidées. Oxalis acetosella.
Classe XI. — DODÉCANDRIE.
Ordre 1*. — MONOGYNIE.
79. Portulacées. Pourpier. — Portulaca oleracea.
80. Lythrariées. . Salicaire. — Lythrum salicaria.
81. Eléocarpées. Elæocarpus cyaneus.
INTRODUCTION. 1x}
FAMILLES. TYPES A ÉTUDIER.
108.
109.
FAMILLES.
. Résédacées.
. Euphorbiacées.
. Cactées.
. Myrtacées.
. Philadelphées.
. Granatées.
. Rosacées.
. Ficoïdées.
. Calycanthées.
. Capparidées.
. Papavéracées.
. Nymphéacées.
. Tiliacées.
. Ternstræmiacées.
. Cistinées.
. Ochnacées.
. Podophyllées.
. Sarracéniées.
. Bixinées.
. Dilléniacées.
. Magnoliacées.
. Wintérées.
. Anonacées.
. Renonculacées.
. Labiées.
. Sélaginées.
Scrophulariées,
Rhinanthacées.
INTRODUCTION.
Ordre 3. — TRIGYNIE.
TYPES A ÉTUDIER,
Gaude. — Reseda luteola.
Euphorbe épurge. — Euphorbia lathyrus.
Classe XIT. — ICOSANDRIE.
Ordre 1‘. 7 MONOGYNIE.
Cereus speciosissimus.
Myrte commun. — Myrtus communs.
Syringa odorant. — Philadelphus coronarius.
Grenadier. — Punica granatum.
Amandier commun. — Amygdalus communis.
Glaciale. — Mesembryanthemum crystallinum.
Calycanthus floridus.
Classe XIII. — POLYANDRIE.
Ordre 1°. — MONOGYNIE.
Câprier épineux. — Capparis spinosa.
Pavot somnifère, — Papaver somniferum.
Nénuphar. — Nuphar lutea.
Tilleul. — Tilia europæa.
Ternstræmia punctata.
Hélianthème commun. -— Helianthemum vulgare.
Ochna lucida.
Podophyllum peltatum.
Sarracenia Drummondi.
Rocou. — Bixa orellana.
Dillenia speciosa.
Ordre 4, — POLYGYNIE.
Magnolia yulan.
Badiane. — J{licium floridanum.
Anona muricata.
Renoncule âcre. — Ranunculus acris.
Classe XIV. — DIDYNAMIE.
Ordre 1". — GYMNOSPERMIE.
Galeopsis teträhit.
Selago corymbosa.
Ordre 2. — ANGIOSPERMIE.
Scrophulaire âquatique. — Scrophularia aquatica.
Rhinanthe crête de coq. — Rhinanthus crista galli.
110.
111.
112.
115.
114.
115,
116.
117.
118.
149.
120.
121.
122.
123.
124.
125.
126.
FAMILLES.
INTRODUCTION. Ixii]
TYPES À ÉTUDIER.
Orobanchées. Orobanche vulgaire. — Orobanche vulgaris.
Verbénacées. Verveine à feuilles de chamædrys. — Verbena me-
lindres.
Bignoniacées. Tecoma radicans.
Gesnériacées. Gesneria mollis.
Cyrtandracées. Æschynanthus grandif lorus.
Chélonées. Galane barbue. — Chelone barbata.
Sibthorpiées. Sibthorpie d'Europe. — Sibthorpia europæa.
Myoporinées Myoporum parvifolium.
Classe XV. — TÉTRADYNAMIE.
Ordre 1°. — SILICULEUSE.
ST Alysse saxatile. — Alyssum saxatile.
Crucifères. : :
Ordre 2. — SILIQUEUSE.
Moutarde sauvage, — Sinapis ardensis,
Classe XVI. — MONADELPHIE.
Ordre 2. — PENTANDRIE.
Passiflorées. Grenadille bleue. — Passiflora cœrulea.
/Erodium cicutarium.
Ordre 3. — HEPTANDRIE.
Géraniacées. Pelargonium zonale.
Ordre 5. — DÉCANDRIE.
Geranium molle.
Ordre 7. — POLYANDRIE.
Malvacées. Mauve à feuilles rondes. — Malva rotundifolia.
Camelliées. Camellia japonica.
Bombacées. Fromager. — Bombax ceiba.
Classe XVII. — DIADELPHIE.
Ordre 2. — HEXANDRIE.
Fumariacées. Fumeterre officinale. — Fumaria officinalis.
Ordre 3. — OCTANDRIE.
Polygalées. Polygala vulgaris.
Ordre 4. — DÉCANDRIE:
Papilionacées (à étami- Pois cultivé. — Pisum sativum,
nes en deux faisceaux).
Ix1v
INTRODUCTION.
Classe XVIII. — POLYADELPHIE.
Ordre 1”. — DÉCANDRIE.
FAMILLES. TYPES A ÉTUDIER.
127. Aurantiacées. Oranger. — Citrus aurantium.
Ordre 2. — POLYANDRIE.
128. Hypéricinées. Millepertuis quadrangulaire. — Hypericum qua-
drangulum.
129. Loasées. Loasa lateritia.
Classe XIX. — SYNGÉNÉSIE.
| Ordre 1°”. — POLYGAMIE ÉGALE.
Laitue cultivée. — Lactuca sativa.
Ordre 2. — POLYGAMIE SUPERFLUE.
Tanaisie commune. — Tanacetum vulgare.
430 Composées Ordre 3. — POLYGAMIE FRUSTRANÉE.
131.
132.
133.
134.
135.
136.
Coriope élégante. — Coreopsis elegans.
Ordre 4. — POLYGAMIE NÉCESSAIRE.
Souci des champs. — Calendula arvensis.
Ordre 5. — POLYGAMIE SÉGRÉGÉE.
\Echinops ritro.
Classe XX. — GYNANDRIE.
Ordre 1”. — MONANDRIE.
Orchis mâle. — Orchis mascula.
pue Ordre 2. — DIANDRIE.
Cypripedium calceolus.
Stylidiées. Stylidium glandulosum.
Ordre 3. HEXANDRIE.
Aristolochiées. Aristoloche clématite. — Aristolochia clematitis.
Classe XXI. — MONŒCIE.
Ordre 4. — TÉTRANDRIE.
Bétulinées. Bouleau blanc. — Betula alba.
Urticées. Ortie grièche. — Urtica urens.
Ordre 5. — PENTANDRIE.
Amaranthacées (type Amaranthe sauvage. — Amaranthus sylvestris.
anormal).
37.
152.
153.
154.
155.
FAMILLES,
Palmiers,
4
. Cupulifères.
Conifères.
Cucurbitacées.
Sterculiacées,
Pandanées.
. Restiacées.
. Smilacinées.
Coriariées.
Menispermées.
Cycadées.
Népenthées.
Mimosées.
Acérinées.
. Myrsinées.
Champignons.
Algues,
Fougères.
Mousses.
INTRODUCTION. Ixv
‘ Ordre 6. — HEXANDRIE.
TYPES À ÉTUDIER.
Cocotier.
Ordre 7. — POLYANDRIE.
Chêne rouvre. — Quercus robur.
Ordre 8. — MONADELPHIE.
Pin maritime. — Pinus maritimus.
Potiron. -— Cucurbita pepo.
Sterculia acuminata.
Classe XXII. — DIŒCIE.
Ordre 1°”.— MONANDRIE.
Pandanus odoratissimus.
Ordre 3. — TRIANDRIF.
Restio vaginatus.
Ordre 6. — HEXANDRIE.
Smilax aspera.
Ordre 9. — DÉCANDRIE.
Redoul à feuilles de myrte. — Goriaria myrtifolia.
Ordre 10. — DODÉCANDRIE.
Menispermum Ganadense,
Ordre 12. — POLYANDRIE.
Cycas revoluta.
Ordre 13. — MONADELPHIE.
Nepenthes distillatoria,
CLASSE XXIII. — POLYGAMIE.
Ordre 1”. — MONŒCIE.
Sensitive. — Mimosa sensitiva.
Érable sycomore. — Acer pseudo-platanus.
Ordre 2. — DIŒCIE.
Myrsine africana.
Classe ,X XIV. — CRYPTOGAMES.
Agaric fausse oronge. — Agaricus muscarius.
Fucus vesiculosus.
Fougère femelle, — Pteris aquilina.
Polytric commun. — Polytrichum commune.
Tom. 1, — Livraison 1. i
IXV] INTRODUCTION.
S 3. Des Herborisations.
S'il importe de connaître la botanique générale, il n’est pas d’un
moindre intérêt de connaître la Flore locale; c’est même un moyen
de promenade et d'étude, qui augmente l'intérêt de la mise en pra-
tique des principes étudiés dans le cabinet et au moyen des herbiers
naturels ou artificiels. Ces excursions botaniques ont deux buts bien
distincts : ou l’on veut se borner à étudier les plantes sur les lieux
mêmes où elles croissent, en cherchant leurs noms, et rien que pour
conpaître la nomenclature végétale, ce qui est peu digne d’un esprit
élevé; ou bien, pénétrant plus profondément dans les mystères de
la science, on ne cueille pas une plante sans prendre des notes, qui
ont pour but de fixer dans le souvenir l’époque de la floraison ou de
la fructification des végétaux qui croissent spontanément dans le pays
qu’on habite; on étudie les changements de forme et les accidents
tératologiques dont ils sont l’objet, suivant les stations qu’ils affec-
tent; on fixe son attention sur les associations végétales, qui res-
semblent, pour un si grand nombre de plantes, à une sociabilité véri-
table, afin de connaître les diverses circonstances qui accompagnent
la vie d’une espèce. On en recueille encore des échantillons, choisis -
avec soin, pour les déposer dans des herbiers qu’on peut compulser
au besoin. Les herborisations faites à ce point de vue, avec persé-
vérance, présentent non-seulement un grand intérêt comme étude,
mais elles conduisent bien plus sûrement à la connaissance des lois
qui régissent le monde végétal, que les spéculations de cabinet, et
c’est ainsi seulement que doit procéder un ami de la nature.
Comme les excursions botaniques n’exigent aucun appareil, sur-
tout dans nos pays de plaines, où l’on n’a à lutter contre aucune dif-
ficulté naturelle, je ne conseillerai à personne de prendre un costume
qui attire les regards; la simplicité et la commodité de la tenue sont
les seules choses qu’on doive rechercher; mais il faut se munir de
tout ce qui est nécessaire à l'étude.
Je citerai en premier lieu une ÆLore locale pour les botanistes dont
les pérégrinations ne vont pas au delà de 10 à 12 kilomètres, bien
que les chemins de fer permettent de pousser plus loin les excur-
sions botaniques; si, au contraire, c’est une excursion en France,
il faut une Æore générale de cette contrée ; à chaque région nouvelle,
INTRODUCTION. Ix vi]
il faut surtout se munir de la Æore particulière du pays que l'on vi-
site, et si c’est un plus grand voyage, il faut un Genera et un
Species complets. Il est à regretter que nous n’ayons pas en français
un ouvrage semblable à l'Encyclopédie botanique de Loudon, qui
réunit près de vingt mille espèces décrites, dont la moitié sont figu-
rées, et ne forme pourtant qu’un seul volume.
Je prépare un tableau synoptique des genres et des espèces de nos
environs, qui sera beaucoup moins volumineux que les plus minces
traités, et pourra être placé dans l’épaisseur du couvercle de la boîte
à herboriser.
Il faut, pour une longue herborisation, se munir d’une boîte de fer-
blanc de 50 à 60 centimètres de longueur, plutôt blanche et brillante
que vernissée, à moins qu’elle ne soit peinte en blanc, ce qui est assez
disgracieux ; elle se passe en sautoir au moyen d’une ganse ou d’un
ruban; celle-ci est destinée aux longues excursions ou pour mettre
des échantillons d’une grande dimension. Il est souvent plus com-
mode de ne se servir que d’une boîte de 20 à 25 centimètres, ce qui
permet de la mettre dans la poche. Voici comment j'ai disposé celte
dernière pour mes excursions ordinaires, ou même pour mes visites
d'étude dans les jardins botaniques. Elle porte, à une de ses extré-
mités, un petit compartiment divisé en deux parties; l’une sert à
mettre un crayon, un canif, un stylet, une lancette, des ciseaux et
des brucelles, et l’autre, qui contient de la ouate, plusieurs loupes
de puissance amplifiante différente, pour l'observation des parties de
la fructification. Le côté opposé à l’ouverture de la boîte est garni
d'un couvercle formant une légère saillie, dans laquelle se trouvent
une douzaine de feuilles de papier fixées au moyen d’un fil à deux
petits anneaux, de manière à simplifier le plus possible le bagage de
l’herborisateur et à lui enlever tout prétexte de paresse; car il se
laisse arrêter par le plus petit obstacle, par la moindre incommodité,
surtout quand il fait de la botanique plutôt un sujet de délassement
que d'étude sérieuse. ai tiré pour ces excursions fugitives un excel-
lent parti d’une boîte en forme de livre, qui permet de recueillir
quelques échantillons, sans paraître afficher des prétentions à la
science. Je conseillerai aux herborisateurs de préférer au fer-blanc,
qui est un tel conducteur du calorique, que dans les chaudes jour-
nées d'été, la boîte est brülante au point de ne pas être maniable
sans incommodité, du carton léger mais résistant, qui s’échauffe
Ixvii] INTRODUCTION.
moins rapidement et conserve les plantes plus fraiches. On recouvre
cette boîte avec du papier imperméable, et l’on peut même employer
pour cela des papiers métalliques nouvellement inventés qui peuvent
être vernis comme les simples boîtes de fer-blanc.
Il est un moyen commode pour conserver les plantes dont les fleurs
tombent presque aussitôt après être cueillies, comme les Ærodium et
les Geranium, les Rosacées, les Renonculacées à corolle régulière, les
Papavéracées, et beaucoup de plantes polypétales, ou qui se ferment
peu d’instants après avoir été cueillies. Toutes les plantes de la famille
des Composées sont dans ce cas; il en est de même des Convolvulacées
et des Caryophyllées. On ne peut plus rétablir les corolles dont les pé-
tales sont tombés, ni faire le plus souvent revenir celles contractées
par la mort. D’autres plantes à corolle fragile, telles que les Orchidées,
les Liliacées, etc., arrivent contuses et ont perdu leur forme et leur
couleur ; les feuilles, surtout celles qui ont de profondes découpures,
ont perdu leur première disposition , les lacinies se roulent et se dé-
forment, et l’on a toutes les peines du monde à leur rendre leur figure
primitive; d’autres, comme celles des Oxalidées et des Papilionacées,
se ferment et ne peuvent être étendues que foliole à foliole. Ce moyen,
qui ne convient qu'aux personnes qui font des herbiers, consiste à sub-
stituer à la boîte un portefeuille rempli de papier gris non collé, dans
lequel on met les plantes au fur et à mesure de la récolte; ce procédéest
plus long, mais plus sûr, et il épargne beaucoup de peine; car les plan-
tes dont les fleurs ou les feuilles sont cueillies au moment où la vie va
s’éteindre, u’ont pas eu le temps de se contracter, et elles conservent
leur position naturelle bien plus sûrement que quand on est obligé
de procéder à leur déplissement, quel que soit le soin qu’on y ap-
porte, sans compter l’ennui d’une semblable opération. Pour ne pas
les exposer à une plus grande déformation par leur déplacement
dans le livre qui les renferme, il faut qu'il soit fermé par deux cour-
roies avec des boucles à ardillon , et qu’il contienne dans son inté-
rieur un carton mince mais ferme, également muni de courroies et de
boucles : ce dernier sert à comprimer les plantes cueillies les pre-
mières, et à empêcher leur déplacement. Ce procédé, plus long, plus
fastidieux même, est pourtant le meilleur; il n'empêche pas d’avoir
dans sa poche une boîte de petite dimension qui sert à mettre les
échantillons d'étude.
Les personnes qui ont un jardin, et qui veulent suivre l’évolution
INTRODUCTION. Ixix
des plantes sauvages, peuvent arracher en motte celles qui sont vi-
vaces et les repiquer dans la station la plus convenable, bien que
j'aie eu, à Montrouge, dans un jardin fort découvert, une centaine
de plantes fleurissant chaque année côte à côte, malgré la différence
des stations, et dont les plus délicates n’avaient pour abri que l'ombre
de groseillers à grappes. On peut y suivre avec intérêt le développe-
ment des plantes qu’on ne voit trop souvent qu’en fleur sans en con-
naître ni le fruit ni la graine, et c’est pour l’amateur de botanique
une jouissance de plus, sans compter celles qui résultent de l’étude
des dégénérescences que le changement de station et la culture font
subir à ces végétaux. |
J'ai parlé des loupes propres à l'observation; elles doivent étre
d’un maniement facile : une amplification de 2 à 4 diamètres suffit
pour l'étude ordinaire. On peut avoir des lentilles à court foyer,
de 8 à 12 diamètres d'amplification , qui serviront pour observer
les organes de la fécondation; les premières sont montées dans un
cercle de corne et garanties par une enveloppe; les autres, à foyer
plus court, peuvent être montés à l’extrémité d’un cône dont l’ou-
verture supérieure sera munie d’un diaphragme , le tout noirei pour
éviter la dispersion des rayons lumineux. Je parlerai de l'emploi du
microscope au chapitre de l’anatomie végétale. Il faut, au reste, ne
pas abuser des instruments d'optique, et s’habituer à juger les plan-
tes au facies, caractère qui trompe rarement.
On peut avoir, pour remplacer le couteau ordinaire, un de ces
couteaux-serpettes qui permettent de couper de fortes branches et
d'enlever avec la lame droite les Cryptogames qui croissent sur les
écorces ou sur les rochers.
Un instrument qui n’est pas en usage, et qui mériterait d’être plus
répandu, est un petit croissant qui s’adapte à l'extrémité d’une canne
et permet de couper les rameaux à fleurs ou les fruits des arbres
élevés : tels sont les Pins, les Sapins, les Chênes, les Châtaigniers, etc.,
qui sont hors dela portée de la main. Ce même croissant peut ser-
vir encore à cueillir les plantes aquatiques comme les Nénuphar, les
Villarsia, qui croissent toujours dans les eaux profondes et souvent à
plusieurs pieds du rivage.
Une petite pioche, une houlette où une binette à fer plat, est in-
dispensable pour arracher les plantes dont la racine mérite d’être
étudiée, on qu’on veut enlever en motte. Quelques herborisateurs
Ixx INTRODUCTION.
se servent pour cet usage d’une forte spatule ; mais il faudrait que le
fer, au lieu d’être recourbé, füt droit et présentât un segment de
cercle, pour qu’on pût, sans faire de dégât dans les prairies, arracher
les bulbes de Colchique qui sont souvent à 30 centimètres en terre,
les oignons de Scille ou de Narcisse, ou les tubercules d’Orchis.
Le croissant, la pioche, la houlette, la binette peuvent être dispo-
sées de manière à s'adapter à l'extrémité d’une forte canne dont le
bout sera armé d’un fer pointu, si l’on voyage dans les montagnes.
Le stylet doit être une simple aiguille emmanchée, à l'extrémité de
laquelle se placent les objets de toute petite dimension, que l’on veut
observer à la loupe et qui seraient déformées par les pinces. Ainsi,
on ne peut étudier les fleurs de certaines Caryophyllées, telles que les
Sagines, les Spergules, ou celles des Crucifères à fleurs exiguës, les Va-
lérianelles , les Shérardes , les Galium , plusieurs Ombellifères, qui
présentent si peu de surface, qu’il serait impossible de les tenir à l’ex-
trémité d’une pince sans les écraser. Il sert à les piquer transversale-
ment, en profitant de la saillie du pédicelle, ou à déployer une partie
quelconque de la fleur.
Un canif est utile pour la division des fleurs; mais une /ancette
convient mieux encore, quand il s’agit de parties très-déliées et sur
lesquelles ne peuvent agir que des instruments à lame mince.
Les ciseaux, qui doivent être très-petits et à lames très-minces,
servent à couper les étamines, à détacher les styles, à isoler les parties
qu'on désire observer. Ils ont sur le canif ou le scalpel l'avantage de
n'avoir pas besoin de point d'appui.
Certains botanistes dessinateurs se munissent d’un album; mais à
moins de faire de grandes plantes, rien de plus incommode pour les
dessins de détail, qui exigent toujours un matériel et un établissement
. Stable. Pourtant il serait à désirer que les Flores locales fussent ac-
compagnées de dessins faits avec précision, pour qu’ils pussent en-
trer dans des travaux d'ensemble, et fixer la nomenclature, si va-
riable, qu'on ne peut plus faire une Flore nouvelle sans en grossir le
volume par une longue synonymie.
Voilà sur l’attirail de l’herborisateur une note assez longue; cepen-
dant elle ne contient que ce qu’il est impérieusement nécessaire
d’avoir pour faire de la botanique sérieuse.
On peut y joindre des facons à large ouverture avec des bouchons
de liége, pour mettre des plantes d’eau comme les Conferves , les
INTRODUCTION. IXX]
Ghara , les Batrachospermes , les Ulves, etc., et de petits sacs de
papier blanc pour mettre des graines.
Une carte topographique des environs qu'on explore est d’une
haute importance; mais jusqu’à présent, il n’a rien été fait de satis-
faisant. Je travaille simultanément à cette carte, qui servira à indi-
quer les stations exclusives, et épargnera aux herborisateurs bien des
courses inutiles.
$ 4. Des localités à visiter.
Les végétaux affectent des stations d’une telle invariabilité pour
certaines espèces, qu’il est important de les visiter toutes pour ar-
river à réunir une collection complète, et surtout pour connaître
tous les végétaux qui croissent dans un certain rayon.
Il faut, dans les pays de plaines, visiter les landes, les bruyères
et les terrains incultes de différente sorte; les terrains sablonneux et
calcaires , ceux qui sont de nature argileuse et qu’alimente l’eau plu-
viale qui n’a pu traverser cette couche imperméable. Les terres
arides, calcinées par le soleil, ne sont pas les moins intéressantes ; les
fossés, les bas-côtés des grandes routes, les terres cultivées, soit en
céréales , soit en plantes sarclées , les vignes, les haies, les bois de
haute et basse futaie, les taillis, les clairières, les lisières des bois, sont
autant de localités qui demandent à être fouillées soigneusement.
Les montagnes, les simples collines même, les lieux escarpés dont
les pentes sont garnies de rochers ou de pierres, présentent à la crête,
sur leurs flancs, et à leur base, suivant l'exposition, des variétés de
stations qui méritent l'attention de l’herborisateur ; et quand ces mou-
vements de terrains sont importants, ils offrent, suivant leur alti-
tude, des différences de végétation qui méritent d’être observées. Les
ravins, les vallées profondes, les anfractuosités qui se trouvent à la
base des rochers, recèlent des végétaux qui refuseraient de croître
ailleurs et qu’il faut aller leur demander.
Dans les lieux habités par l’homme, les vieux murs, les toits de
chaume, la paroi supérieure des puits, les caves, les décombres, les
fumiers, les vieilles couches, les amas de feuilles ou de bois pourri ,
les chantiers, les serres, les celliers, les dalles qui revêtent la base
des murs, et que couvrent de nombreuses Cryptogames, sont dignes
encore d'intérêt.
#;
IXXi} INTRODUCTION.
Les eaux stagnantes, les flaques d’eau, les ruisseaux d’eau cou-
rante, les marais et les prairies inondées, les canaux, les fossés de dé-
rivation ou d'irrigation, les sources d'eaux minérales froides ou
thermales, les lacs, les rivières et les fleuves, offrent trois stations dis-
tinctes : 1° celle des plantes qui croissent sur le sol et que les eaux
laissent à nu en se retirant; 2° celles qui ne vivent que sur le bord des
eaux; 3° celles qui viennent à différentes distances du rivage et crois-
sent soit à la surface des eaux , soit au fond, et rampent sur le sol;
ces stations sont d’une grande richesse et ne donnent que des plantes
qu'on ne trouverait pas ailleurs.
Si le botaniste parcourt les montagnes, comme il ne le fera pas
sans le secours d’un guide, il recevra de lui des conseils sur les pré-
cautions qu'il a à prendre; je ne le prémunirai que contre l'audace
qui le porterait à braver, seul, des dangers avec lesquels il n'est pas
familiarisé et qui pourraïent avoir une issue funeste.
Sur le littoral, il faut suivre les côtes, visiter toutes les stations sans
_en négliger une seule, et l’on est sûr de revenir avec une riche ré-
colte. IL faut surtout ne pas omettre de visiter les iles peu distantes
de la plage, ou les ilots formés par le sommet éboulé des falaises,
ou les rochers laissés à nu ét que baigne la marée.
Comme rien n’est imprévu dans la nature, que la plante qui affecte
une station spéciale, en en exceptant celles qui croissent partout sans
choix et sans presque connaître de saison, n’y a établi son domicile que
par suite d’une élection bien décidée (sans cela, elle n'y aurait pas
végété et ses germes eussent plutôt attendu un siècle que de pousser
dans un sol qui ne peut lui convenir), l’herborisateur ne doit donc,
s’il veut arriver à connaître toutes les plantes d’une contrée, négliger
aucune localité, parce que toutes sont productives, et que chaque es-
pèce a, pour ainsi dire, son domicile fixe. C’est pourquoi il faut pren-
dre conseil des floristes de la contrée qu'on visite, et leur demander des
renseignements sur les richesses florales de leur pays, et sur les lo-
calités restreintes où se trouvent des végétaux qu’on ne rencontrerait
pas ailleurs.
$ 5. Des époques propres aux herborisations.
Dès que le printemps commence à tiédir l'atmosphère, le botaniste.
doit partir, car c’est l’époque où apparaissent les premières Phanéro-
INTRODUCTION. Ixxii}
games; il faut alors qu’il se borne à une seule excursion par semaine,
parce que la végétation est loin d’avoir acquis toute son activité, et que
les plantes se développent avec assez de lenteur pour qu’on ait le temps
de faire sa récolte. Il ne faut pas négliger les 4mentacées, qui sont
pour la plupart en pleine fleur à cette époque, et demandent souvent
de longues excursions pour être récoltées. Vers le milieu du mois de
mai, la végétation prend son essor; il faut à la fois recueillir les
plantes qui donnent leurs fleurs pour la première fois, et les fruits
des plantes printanières , si l'on veut les étudier aux diverses épo-
ques de leur vie. C’est alors que deux herborisations par semaine
sont parfois trop peu; il faudrait, tous les deux jours, faire une ex-
cursion afin de ne rien omettre, en se munissant, comme je lai dit
plus haut, de renseignements précis sur les localités spéciales où
croissent certains végétaux.
Avec le mois de juin se montrent des trésors nouveaux : les moissons
sur pied, les prairies non encore fauchées, offrent une ample récolteaux
botanistes ; les eaux, en abandonnant lesrives, ontlaissé le champlibre
à la nature végétale, et l’on a à recueillir, comme au printemps,, les
fruits des premières plantes et les fleurs des dernières. Certaines famil-
les, pourtant, comme les Ombellifères, les Renonculacées, les Cruci-
fères, les Scrophulariées, les Papavéracées, les Papilionacées, portent à
la fois des fleurs et des fruits mürs, ou tout au moins assez développés
pour servir à la diagnose générique ou spécifique. Si l’on veut avoir
des graines, il faut surveiller leur maturité, ce qui exige l'emploi des
notes, afin de se rappeler les stations.
L'automne, moinsriche que le printemps, est plus abondant en fruits -
c’est alors qu’il faut ramasser des graines, et c’est le moment favorable .
pour avoir bien müres les dernières de la saison. Quant à la végéta-
tion, elle n'offre plus qu’un petit nombre d'espèces. On peut cependant
encore se procurer quelques plantes remontantes : telles sont les Fu-
meterres, les Géraniums et quelques autres encore. On trouve à la fin
de la saison un grand nombre de plantes de la famille des Composées
et de celle des Crucifères, les premières à apparaître au printemps
et celles qui sont les dernières à lutter contre le froid , et quelques
rares Ombellifères ; parmi les plantes spéciales, le Colchique, le
Lierre, quelques Chénopodées et Amaranthacées mélées à des So-
lanées. Mais si l'automne est pauvre en Phanérogames, combien
n'est-il pas en revanche riche en Cryptogames, surtout dans la
Tom. 1. — Livraison j. Î
[XXIV INTRODUCTION.
famille des Champignons. Les Agarics, les Bolets, les Helvelles, cou-
vrent le sol; le souffle humide de cette saison fait éclore à foison
ces derniers enfants de la nature végétale, qui sont destinés à ne vivre
qu'une journée.
L'hiver a donné la mort à tout ce qui était doué de vie; les Phanéro-
games ont disparu; il n’y a que la Rose de Noël qui décore nos jardins.
Dès que le froid rigide, intense, a cessé, que la glace a fondu sous
l'impression des premiers rayons solaires, les Mousses, les Lichens,
les Jungermannes, annoncent que la vie est sur le point de renaître,
et le cryptogamiste doit se préparer à de riches récoltes. |
Ce tableau de l’influence des saisons sur l’apparition des végétaux
est écrit pour notre climat; dans les contrées méridionales, il y a
un autre système d'évolution végétale; tandis qu'ici nous voyons
l'été couvrir de fleurs nos champs et nos bois, là le soleil a tout cal-
ciné, la terre est nue, la végétation a disparu ; il faut que l'automne,
en ramenant les nuages chargés de pluie, humecte une terre avide
d’eau : c’est seulement alors que renaît la nature; et depuis septembre
jusqu'en mai les herborisations sont fructueuses.
Dans les montagnes, où les herborisations n’ont pas, comme dans
nos plaines, une uniformité monotone, on trouve des plantes toute
l'année, à cause de la diversité des stations, et l’on y peut observer
les différents systèmes de végétation suivant les altitudes. Ce sont,
pour ainsi dire, autant de climats qu’on visite, en s’élevant depuis le
pied des monts jusqu’à leur sommet; chaque région y est tranchée,
etl’on peut même, sans le secours d'aucun instrument hypsométrique,
connaître à la végétation l'altitude du lieu où l’on se trouve.
C'est ainsi que dans nos montagnes du Dauphiné, au-dessous de
300 mètres, se présentent d’abord : le Varcissus pseudo-narcissus,
les Geranium nodosum et lucidum, Y Isopyrum thalictroides, etc. Le
Globularia cordifolia se trouve à 600 mètres avec le Rhamnus al-
pinus, la Gentiana acaulis, qui croit jusqu'à 2,000 mètres, et
l’'Arabis alpina; à 1,600, l'Erinus alpinus, V'Ajuga alpina, le
Dryas octopetala, le Rhododendrum ferrugineum, Y Arbutus uva urst;
à 2,000, la So/danella alpina, Y Astrantia minor, qui croit plus
haut que le »#ajor; à 2,800 mètres, le Lychnis alpina, l'Anemone
baldensis , le Geum reptans, les Ranunculus parnassifolius, gla-
cialis, @C.
INTRODUCTION. Ixxv
$ 6. Des heures du jour propres aux hkerborisations.
Il ne faut pas croire que l’on puisse impunément cueillir les plantes
pendant toute la durée du jour ; on est obligé de surveiller, surtout
si l'on se propose de les conserver dans un herbier, l’époque de
leur entier développement. Or, toutes les heures de la journée sont
caractérisées par certains épanouissements, et c’est à ce moment qu'il
faut faire sa récolte. Le matin est plus favorable que le soir; mais il
faut pour cela que la rosée ait eu le temps de s’évaporer, car il est
difficile de conserver une plante gorgée d'humidité. Le matin, dès que
le soleil est élevé au-dessus de l’horizon, et que ses premiers rayons
dorent la cime des bois, les fleurs entr'ouvrent leur corolle, et pour
beaucoup c’est le moment de les cueillir ; les Convolvulus arvensis et
sepium sont dans ce cas; les Composées chicoracées, telles que le
Pissenlit, le Tragopogon, s’épanouissent le matin, et se ferment dans
l'après-midi; les Malvacées s'ouvrent au milieu du jour ; le Souci des
champs, qui ouvre sa fleur à la même époque, la ferme bien avant
la nuit. Les Labiées, la plupart des Borraginées, les Solanées, les
Campanulacées, et en général les monopétales, ne subissent pas l’in-
fluence des heures; s’il y a, dans leur corolle, un mouvement con-
tractile, il est inapparent, et l’on peut les étudier en tout temps.
C'est donc de six heures du malin à quatre ou cinq heures qu’on
peut se livrer à l’herborisation, en se reposant au moins deux heures
pendant la chaleur du jour. Je citerai, parmi les plantes qui exigent
une heure peu avancée de la journée pour être cueillies, les Hélian-
thèmes, dont les pétales tombent aussitôt que le soleil est ardent; les
Crassulacées, les Saxifragées et les plantes grasses et épaisses de-
mandent, au contraire, à être cueillies au moment le plus chaud de la
journée, parce qu’alors elles ont perdu une partie de leur humidité,
et sont de conservation plus facile.
$ 7. Des herbiers.
Il n’est pas d'occupation plus agréable pour la plupart des collec-
teurs de botanique que la formation d’un herbier; c'est même une des
occupations favorites de ceux qui se livrent pour la première fois
à l'étude du règne végétal; mais il faut pour cela une patience à
IXXV) INTRODUCTION.
toute épreuve, et un penchant décidé pour ces opérations manuelles,
qui ont un côté réellement fastidieux, et se composent d’une série de
détails qui ne conviennent pas à tous les esprits. Si l’herbier est
composé de plantes recueillies pendant une longue excursion dans
un pays qu'on visitait pour la première fois, il s’y rattache des sou-
venirs qui sont indépendants du but spécial auquel l’herbier est con-
sacré, et 1l est pour son possesseur un véritable trésor; s’il est fait,
au contraire, par un floriste amateur qui tient plus au nombre des
plantes ou à leur rareté qu’à leur signification scientifique, il est en-
core l’objet d’un culte particulier, car il a fallu vingt années peut-être
pour qu’il soit complet, et l’on comprend le prix que doit y attacher
son propriétaire, qui a consacré la moitié de son existence à colliger
des végétaux un à un pour venir les ranger dans son herbier. Le seul
herbier digne de ce nom est celui qui a la science pour but, et qui
n’est pas pour celui qui le possède un objet d'agrément, mais d'utilité,
un véritable instrument de travail : c'est là l’herbier sérieux ; 1l faut,
pour arriver à le composer avec choix, des connaissances botaniques
précises et le sens de l'utilité réelle de chaque groupe. Mais, il faut
l'avouer, il n'y a pas encore un seul herbier qui soit réellement digne
de ce nom : les vastes collections que nous possédons sont bien loin
d'être composées comme le devrait être un herbier modèle. Il fau-
drait, pour qu'un herbier répondit à tous les besoins de l’étude, qu'il
comprit l’histoire évolutive de la plante, avec ses phénomènes et ses
anomalies morphologiques. Ainsi, il serait nécessaire qu’il y ren-
fermât d’abord :
4° La plante au moment où la radicule s'échappe de son enveloppe
et où la tigelle se dresse entre les cotylédons couverts encore de
leur enveloppe extérieure ;
2° La plante lors de son premier développement, avec ses cotylé-
dons et ses feuilles primordiales ;
3° Un échantillon de la plante au moment où son évolution foliaire
est complète et avant qu’elle montre sa fleur;
4° La plante en boutons, fleurs et fruits, si ces trois ordres de phé-
nomènes sont simultanés ; dans le cas contraire, il faudrait autant
d'individus isolés qu’il y a de phénomènes évolutifs distincts;
d Le fruit entier quand il est sec et capsulaire ou akénoïde, pour
qu'on puisse en étudier la forme et le mode particulier de déhiscence ;
6° La graine; |
INTRODUCTION. xx vi]
7° Les variétés et variations que présente l’espèce, celles pro-
duites par la culture, ou par la différence des climats et des stations ;
8° Les principaux phénomènes tératologiques et pathologiques
présentés par un même type ;
9° Les arbres devraient trouver place dans un herbier par des
coupes de leur bois, tant transversales que verticales, afin qu’on en
puisse étudier la structure ;
10° Des figures dessinées avec soin représenteraient les détails
qui s’altèrent par la dessiccation; et pour les arbres, leur port ou bien
les fruits ou parties trop volumineuses pour entrer dans l’herbier ;
11° Les principaux produits, en gommes, résines, etc., réduits à
de petits échantillons, seraient joints à chaque genre ou espèce, afin
que rien ne manque à la connaissance d’un végétal.
Un herbier composé d’après ces principes serait une véritable col-
lection scientifique, qui offrirait au savant tous les éléments d’étude.
Il est vrai qu’il multiplierait les individualités végétales et exigerait
des ressources qu’une nation seule a en son pouvoir; mais on est
obligé d’avouer que, sans ces conditions , on n’a que des collections
insuffisantes. Voilà l’idée que je me suis faite d’un herbier compris
dans l’acception la plus large du mot.
$ 8. De la récolte.
Le premier soin de l’herborisateur est de choisir de beaux échan-
tillons, venus à point et offrant un spécimen irréprochable du type.
Quand on a affaire à une plante de trop haute taille, il faut néan-
moins la cueillir tout entière, mais la couper en deux parties pour
qu’elle puisse tenir dans l’herbier. Il est d’autant plus important de ne
pas omettre ce soin, que le plus souvent les feuilles radicales sont
différentes des feuilles caulinaires.
Les végétaux arborescents ou ceux qui, comme les Pivoines, les
Astères, les Scolymes , les Phytolacca, les Acanthes, etc., sont trop
développés pour entrer dans un herbier, doivent être représentés par
autant d'échantillons qu'il y a de parties distinctes. Les racines et
rhizômes ou tiges souterraines, qui présentent des caractères essen-
tels, doivent prendre place dans lherbier, et quand elles sont trop
volumineuses , on les coupe de manière à en rendre la dessiccation
facile; mais on ne peut omettre de les recueillir, car certaines espèces
Lil INTRODUCTION.
sont remarquables surtout par leurs racines. Les Orchidées indigènes
en présentent de trois sortes qu'il est intéressant de connaître : les
unes tuberculeuses ovoïdes, d’autres palmées , et les troisièmes fas-
ciculées ; dans les Orchidées exotiques, il faut conserver les pseudo-
bulbes qui présentent des caractères essentiels.
Les végétaux épineux, comme les G{editschia, les Robinia, doi-
vent être dépouillés de leurs épines; les plantes spinescentes, à la
manière des Chardons, des £ryngium, seront comprimées de ma-
nière à rabattre les épines, afin de tenir le moins de place qu'il est
possible dans l’herbier.
Certaines plantes, comme le Zussilago farfara, certaines Rosacées,
le Cercis siliquastrum, les Magnolia purpurea et præcox, toutes les
Amentacées, telles que le Saule, le Chéne, le Noisetier, etc., deman-
dent à être cueillies à plusieurs reprises, d’abord la fleur, puis la feuille,
et enfin le fruit.
On peut, quand on a un long trajet à parcourir, et que l’on a cueilli
des plantes de texture fragile ou susceptibles de se flétrir rapidement,
à cause de la délicatesse de leur structure, laisser un peu de terre aux
racines, une petite motte même; si la terre est friable et sablonneuse,
il faut entourer la motte d’un peu de mousse. Certaines petites Ca-
ryophyllées ou Saxifragées sont dans ce cas. On peut mettre au fond de
la boite un peu de mousse humide, mais le meilleur moyen est d’avoir
un portefeuille qui prépare la plante à une dessiccation plus complète.
$9. De la dessiccation des plantes.
Toute la difficulté de cette opération consiste à bien étaler la
plante à dessécher, de manière que ses différentes parties se trouvent
dans une disposition telle que les caractères en soient faciles à recon-
naître. Comme je l’ai dit en parlant de la récolte des végétaux à con-
server, il est important de prendre la plante au moment où toutes
les parties ont conservé leur fermeté, afin que la fastidieuse opération
du déplissage ne soit pas nécessaire. En effet, une plante molle et
flétrie est difficile à rétablir dans sa disposition primitive; et malgré
le soin du collecteur, elle ne s’y prête que difficilement. Comment
réussira-t-on, malgré les soins minutieux indiqués par J. J. DRuERS
qui maintenait au moyen de sous et de petits plombs les parties qu il
rélablissait dans leur position naturelle, à étaler les feuilles flétries
$
Ixxix
d’une Fumeterre, dont le feuillage est composé de parties si déliées et
qui s'enroulent sur elles-mêmes ? Comment pourra-t-on, malgré la pa-
tience et le soin qu’on y apporte, étaler les feuilles si fines des Peu-
cédans, des Férules, des Fenouils et de toutes les Ombellifères; celles
des Papilionacées à folioles allongées, et qui ont une tendance mar-
quée à prendre en se flétrissant la position qu'elles affectent pendant
le sommeil ? Il vaut donc mieux se munir, dans ses excursions, d’un
portefeuille destiné à recevoir les plantes qui ne peuvent être conser-
vées dans leur état naturel que quand on les y place au moment où
elles viennent d’être cueillies.
INTRODUCTION.
Le papier qui convient le mieux pour l'opération préliminaire de
la dessiccation, est le papier gris sans colle, parce qu’il absorbe lhumi-
dité de la plante et la prive rapidement de son eau de végétation. Il
ne faut pas mettre une plante dans chaque feuille de papier; mais, sui-
vant qu'elle est plus ou moins succulente, la recouvrir de plusieurs
feuilles de papier, afin de ne pas accumuler une humidité qui, sans
la faire moisir, en retarderait la dessiccation. Quand on en a réuni
un certain nombre, qui ne doit guère excéder une vingtaine, pour
que la pression puisse s’exercer sur chacune d’elles et en aplatir le
feuillage de manière à en faire voir tous les caractères, on les charge
d’un poids médiocre, parce que, si on les comprime trop fortement,
on les fait noircir, inconvénient qui a fait renoncer aux presses à
écrous, si commodes au demeurant pour la compression des plantes
épaisses, mais qu'on peut remplacer par deux ou trois volumes in-
folio. Dans le courant de la journée, ou le lendemain au matin si
c’est le soir qu'on a mis ses plantes en presse, on les visite pour dé-
plisser celles dont les fleurs ou le feuillage ne sont pas dans une posi-
tion convenable; on les laisse quelque temps à l’air, on les change de
papier, et on recommence cette opération jusqu’à ce qu'elles soient
parfaitement sèches, en ayant soin, à chaque fois, de s’assurer que
les caractères qui constituent le signe diagnostique de la plante sont
parfaitement reconnaissables. Il faut, on ne peut trop le répéter,
qu’on reconnaisse la forme des feuilles , leur disposition sur les tiges,
leur mode d'insertion, qu’on découvre les stipules qui demandent
une attention particulière, qu’on ménage les bractées et le système
d’inflorescence, qu’on étale les corolles pour que les organes de la re-
production soient apparents, enfin qu’on retrouve dans cet être ina-
nimé le mouvement qui en constitue lindividualité.
IxxXx INTRODUCTION.
Chaque groupe présente des particularités qui exigent uneattention
spéciale : les Cypéracées, les Graminées , dont le feuillage est natu-
rellement ferme et sec, se dessèchent promptement ; maisil faut veiller
à ce que les fleurs des plantes de ces deux familles, qui se dé-
tachent facilement, ne soient pas assez avancées pour que les épillets
se séparent de leur axe; on doit les prendre lors de leur premier
épanouissement; toutefois, il faut attendre que les étamines soient
apparentes, puisque certains genres sont diandres.
Les Conifères, d’une nature sèche, sont de conservation facile en
apparence; mais le grand inconvénient qu'elles présentent, c'est que
leurs feuilles se détachent facilement, et qu’au bout de peu de temps
il ne reste dans l’herbier qu’une brindille dégarnie.
Les Liliacées, les Asphodélées, les Iridées, les Orchidées et un
grand nombre de Monocotylédonées, dont toutes les parties sont
épaisses et gorgées de sucs mucilagineux, exigent des soins particu-
liers; encore ne peut-on pas espérer de conserver les couleurs des
fleurs, quel que soit le mode de dessiccation. Les [ridées, d’une struc-
ture complexe et dont les parties sont étalées en panache, perdent en
se repliant sur elles-mêmes, leur caractère floral ; les Orchidées sont
dans le même cas; il faut cependant pouvoir distinguer le caractère des
organes de la reproduction, qui affectent, dans cette famille, une struc-
ture si étrange; encore ne pourra-t-on jamais rien obtenir de satis-
faisant des Sanhopea, des Coryanthes, des Lycaste, tandis que les
Oncidiumn, les Miltonia, etc., peuvent facilement s’étaler. Il faut, pour
ces plantes succulentes, renouveler plusieurs fois par jour le papier,
et même employer la chaleur pour arriver à une dessiccation parfaite.
Les Cactées et les Euphorbiacées présentent les mêmes inconvénients,
surtout les premières; on pourrait pour celles à feuilles plates, tels
sont les Æpiphyllum, couper la feuille de manière à en réduire l’épais-
seur sans en altérer le caractère, et pour les Cereus, qui présentent des
formes géométriques, en évider la tige et en couper une tranche dans
le sens horizontal, afin d’en pouvoir déterminer la figure. Quant aux
Echinocactus et aux Mamillaria, n'y a qu'un dessin qui puisse fixer
le souvenir de leur caractère; ces grosses masses sphériques ou cylin-
driques ne se prêtant pas à la dessiccation; cependant, on peut tou-
jours, faute de mieux, séparer des faisceaux d’épines et les conserver
dans l’herbier, car elles constituent un caractère important. Quant
à la fleur, elle perd tout en séchant, forme et couleur. Les Ficoïdées
INTRODUCTION. xxx)
et les Crassulacées, les Szapelia et les Aloës ne se conservent guère
mieux, quoique le feuillage des Rochea, des Echeverria, des Cras-
sula, soit facilement divisible. Mais il faut tant de soins pour conserver
ces plantes, qu’on y réussit rarement; et dans ce cas un herbier ar-
tificiel est d’un secours indispensable.
Les plantes aquatiques, telles que les Butomes, les Æ4/isma, les
Nuphar, les Nelumbo, les Caltha, ne se conservent qu’avec des
soins inouïs, encore les feuilles noircissent-elles le plus souvent.
Les Labiées et les Malvacées sont très-sujettes à moisir; les pre-
mières , à cause de l'huile essentielle qu’elles contiennent; les der-
nières, par suite du mucilage dont elles sont gorgées. On peut y
joindre certaines Solanées.
Les Crucifères passent facilement au jaune et sont sujettes à se
recoquiller en séchant.
Les Composées à grosse fleur présentent, en général, de grandes
difficultés : les Chicoracées, qui n’ont que des demi-fleurons, sont
plus faciles à conserver, excepté dans le cas où les fleurs sont en
ombelle, ce qui forme alors une masse considérable qu’il faut ou
déployer, ou diminuer, en en retirant des fleurs. Certaines Cynaro-
céphales, telles que les Onopordum et les Carduus, ne peuvent guère
entrer dans un herbier, à moins de les couper pour en réduire l'épais-
seur. Beaucoup de Corymbifères sont dans le même cas. Elles ont,
d’un autre côté, l'inconvénient d’être gorgées de sucs lactescents ou
glutineux qui causent de grands embarras aux collecteurs.
J'ai cité pour exemple certaines familles , afin de guider par ana-
logie le collecteur dans la dessiccation des plantes de son herbier.
On a proposé de faire macérer dans de l’eau-de-vie les plantes à
feuillage et à fleurs charnus; mais on ne gagne guère à ce procédé,
surtout sous le rapport de la Conservation de la couleur. L’em-
ploi du fer chaud et du four ne réussit pas mieux; on a conseillé
d’entourer certaines fleurs d’un papier imbibé d’alun, ou de les im-
merger dans une solution concentrée de sulfate d’alumine, pour
conserver les vives couleurs de certaines plantes, telles que les Cam-
panules, les Bluets, etc. C’est pour cela, dit-on, que certains ama-
teurs conservent les plantes dans des livres, à cause de l’alun dont a
été imbibé le papier; mais on ne pourrait, quand bien même le fait
serait exact, conserver de cette manière que des plantes de peu
d'épaisseur et en petite quantité, à cause de l'impossibilité oùl’on
TOME I. — Livraison k. | ñ
IxxxXi] INTRODUCTION.
est de les soumettre à une pression égale, le dos du livre y apportant
un obstacle. On a cité des herbiers dans lesquels des Pieds d’Alouette,
des Ancolies, des Nigelles, des Gentianes ont, par le moyen de
l'immersion de leurs fleurs dans l’alcool ou dans un soluté d’alun,
conservé leur couleur. On a d’autant moins de peine à le croire, que
l’on sait que la couleur bleue du Delphinium consolida est d’une
solidité indestructible ; et j’ai conservé sans aucune préparation des
Ancolies, des Nigelles et des Gentianes dont la couleur n’a éprouvé
aucune altération.
Pour vérifier ces différentes données, j'ai expérimenté par moi-
même les procédés indiqués, et je me suis assuré qu'ils sont inexacts;
car, à l'exception de certaines fleurs de l’ordre des Monocotylées,
surtout les fleurs blanches, qui n’ont pas de vernis, les autres sont
couvertes d’un vernis céreux, qui repousse l’eau et résiste même à
une immersion prolongée; il faut, pour que limbibition ait lieu, qu’il
y ait un commencement de macération, ce qui altère la plupart des
couleurs. Pour donner suite à ces recherches, qui sont d’un grand
intérêt, j'ai essayé de fixer la couleur des plantes les plus fugitives,
telles que les Coquelicots, les Campanules, les Mauves, les Épi-
lobes, etc., et empêcher l’altération de certaines plantes à fleurs
blanches, entre autres, parmi les plus rebelles, le Calanthe vera-
trifolia, qui devient vert dès qu’on touche à sa corolle, et passe
bientôt au noir le plus intense. Après avoir essayé la gélatine, les
gommes, les vernis sans avoir réussi, j'ai constaté que la gomme
arabique, le sucre, la colle de poisson ou la gomme adragant fondus
jusqu’à consistance glutineuse dans une solution d’alun, faite dans de
l’eau distillée et filtrée, conservent d’une manière très-satisfaisante
la couleur de beaucoup de plantes. On en enduit une carte blanche
et lisse, et on y applique le pétale à conserver, sur lequel on passe
plusieurs fois le pinceau pour obtenir une réaction de l’alun sur la
couleur. On peut aussi laisser la fleur immergée dans une solution
alunée pendant quelques heures. C’est ainsi que j'ai fort bien con-
servé la couleur du Coquelicot, celle de l’Épilobe, du Bluet et de
la Campanule. Toutes ces fleurs, d’une altération si prompte, ne
perdent que peu de leur éclat. Les Mauves résistent à ce moyen, qui
néanmoins les empêche de passer au bleu violacé, sans cependant
conserver le rose tendre qui donne tant d'éclat à leur Corolle. Les
fleurs de Scille du Pérou, d’Iris, d'Ornithogale, de Tradescantia,
INTRODUCTION. Ixx xiij
d’Aubrietia , se sont fort bien conservées; quant au Calanthe, je n’ai
nullement réussi pour la fleur. Les feuilles se conservent parfaitement
de cette manière ; quoique les feuilles de Calanthe passent au noir, et
celles du Muguet au jaune, elles ont conservé tout leur éclat sous
une double couche de ce vernis aluné. Il ne faut pourtant pas que la
solution d’alun soit saturée, car elle altère les couleurs. Ce procédé
de conservation peut convenir aux botanistes voyageurs, qui n’au-
jouteront rien d’embarrassant à leur bagage, et qui pourront, par ce
moyen, conserver avec la couleur qui leur est propre les fleurs des
végétaux qu’ils auront recueillis. On pourrait même joindre dans les
herbiers, aux échantillons desséchés, un pétale de la fleur, collé
dans un coin, quand la couleur de la plante s’altère. Je conseille aux
amateurs de faire de nouveaux essais dans la même voie, afin de
perfectionner un procédé dont l'importance sera vivement sentie par
les botanistes, et d’essayer l’acétate d’alumine et le chlorure d’étain.
M. Gannal a proposé une nouvelle méthode de dessiccation qui est
en voie d’expérimentation, et qui promet, à cause de la rapidité du
procédé, de sauver certaines plantes de l'inconvénient de la décolo-
ration; mais, quelque parfaite qu’elle puisse être, il y a un grand
nombre de plantes qui resteront rebelles à ce moyen de conservation,
plus applicable aux substances alimentaires.
J'ai essayé, pour conserver les Champignons, de les entourer de
grès fin et de les exposer à une température assez élevée. J'ai réussi
pour quelques-uns, guère mieux cependant qu’en les suspendant à l'air
sec; mais les Coprins et les Lactaires se détruisent avec une si grande
facilité, que je n’ai jamais pu rien obtenir de satisfaisant.
Les plantes qui vivent immergées dans l’eau, comme les Cara, les
Callitriche, les Potamogeton, demandent à être préparées au moyen
de l’eau pour étendre leurs parties; les Oscillaires, les Nostocs, les Ba-
trachospermes, exigent des soins minutieux. Quant aux plantes ma-
rines, il faut qu’elles soient lavées dans l’eau pure pour y dessaler,
afin de leur enlever les propriétés hygrométriques qui les font noircir
ou même moisir. |
Quelles que soient les méthodes qu’on emploie, il y à des plantes
qu’on ne parviendra jamais à conserver d’une manière satisfaisante ;
ainsi, jamais on n’empêéchera par le simple procédé de la dessiccation,
si ce n’est par parties, en employant le moyen que j'indique ci-
dessus, et qui n’est pas applicable à des végétaux de grande dimen-
Ixxxiv INTRODUCTION.
sion, les fleurs des Magnolia de jaunir, les Mercuriales de passer au
vert-de-gris, les Mélampyres, les Rhinanthes, les Orobes, les Ga-
lium et les Aspérules de noircir. Tout ce qu’on peut faire est de les
faire sécher rapidement, de les changer de papier le plus souvent
possible, jusqu’à ce qu’elles soient parfaitement sèches, et de sup-
pléer par des figures coloriées aux inconvénients de la dessiccation.
Quand on a un herbier mal préparé et qui renferme des plantes
qu’on ne pourrait que difficilement se procurer, on les expose à la
vapeur d’eau bouillante, ou on les place pendant une journée dans du
papier mouillé, qui les imbibe doucement et leur rend leur souplesse.
Une fois dans cet état, on les dessèche de nouveau par le procédé
ordinaire. (Si elles sont petites, on réussit parfaitement en les éten-
dant sur du grès humide.)
Je terminerai ce long article en recommandant aux amateurs ou
aux jeunes botanistes qui préparent des herbiers, d'adopter la mé-
thode qui exige le moins de temps; car la science ne gagne rien à
des pratiques minutieuses qui dépensent de longues heures, qu’on
peut employer à des choses plus utiles.
$ 8. De la disposition des plantes desséchées dans l’herbier.
Il ne suffit pas d’avoir desséché avec soin les végétaux qu'on a re-
cueillis; il faut, pour se servir de son herbier comme d’un instrument
d'étude, y disposer les plantes qu’il renferme de manière à les con-
server sans altération, et accompagner chacune d'elles de tous les
renseignements indispensables à la connaissance d’une individualité
végétale, afin que tout ce qui tient à sa place dans la méthode, à son
nom, à sa synonymie, à l'époque de sa floraison, à la localité dans
laquelle elle a été trouvée et à ses usages, y soit clairement indiqué.
Le papier qui renferme les plantes destinées à être réunies en her-
bier n’a pas besoin d’être sans colle, il doit même être, pour plus de
solidité, à demi collé. On peut, si l’on n’a pas un trop grand nombre
de plantes, ou qu’on attache un certain prix à son herbier, mettre
dans l’intérieur du papier gris, une feuille de papier blanc, sur la-
quelle le végétal se détache d’une manière plus apparente.
On a proposé diverses manières de fixer les plantes dans l’her-
bier : les uns les collent dans toutes leurs parties pour les empêcher
de se détacher; mais ee procédé a l'inconvénient de rendre les
INTRODUCTION. Ixxxv
échantillons plus fragiles. Si l’on emploie la colle de pâte, les in-
sectes attirés par son odeur ne tardent pas à envahir l’herbier, et la
destruction en est rapide; la gomme arabique n’a pas cet inconvé-
nient; mais elle donne encore plus de rigidité aux végétaux déjà assez
secs par eux-mêmes. On peut cependant coller les échantillons de
très-petite dimension, comme les Algues, les Mousses , les Junger-
mannes, et tous les petits Cryptogames; et dans ce cas, on alune for-
tement l’eau dans laquelle la gomme doit être dissoute. M. Desvaux
proposait d'y ajouter de l’amidon, afin d'obtenir une colle moins
rigide que la gomme seule et qui se conservât molle pendant plusieurs
mois. On peut, si l’on tient à fixer ses plantes, employer la colle de
Flandre ou mieux peut-être encore la colle-forte ordinaire, par les
raisons que je ferai valoir en parlant de la conservation des herbiers.
D'autres botanistes fixent les plantes au moyen de bandelettes de pa-
pier collées, ou tout simplement attachées avec de petites épingles;
mais, comme il est très-important, pour l’étude, de pouvoir examiner
les plantes dans tous les sens, et de vérifier à la loupe certains détails
organiques, je conseille de Les laisser libres dans leur enveloppe;
seulement, quand on les en tire, il faut avoir soin de les manier avec
délicatesse pour ne pas les détériorer.
Le papier peut être laissé dans son entier, à cause de la taille
élevée de certains échantillons, qui même, en étant pliés en deux,
comme les Digitales, les Ægrostemma githago, les Delphinium, les
Lychnis, les Joncs, beaucoup de Cypéracées et de Graminées, n’y
tiennent que difficilement. Lorsqu'on n’a que de petites plantes,
comme les Valérianelles, les Myosotis, les Alsines, les Adoxa, les
Myosurus , les Herniaires, etc., on peut en renfermer plusieurs dans
une même feuille; et si l’on veut s’épargner la fastidieuse coutume
de lier avec une ficelle en croix les différentes parties de l’herbier,
on peut les mettre dans des portefeuilles ayant des étiquettes sur le
dos, ce qui permet de placer son herbier dans une bibliothèque.
Le plus grand soin doit être apporté à la rédaction de l'étiquette
de chaque plante ; elle devra contenir le nom français, le nom latin
avec linitiale de l’auteur qui l'a dénommée , la synonymie scientiti-
que, le nom vulgaire, la localité où elle a été trouvée, la station,
l’époque de la floraison , les usages auxquels elle est propre, et le
rapport de la méthode adoptée avec celle de Linné, de De Candolle
ou de tout autre. Quelques amateurs soigneux de leur herbier font
IXXXV) INTRODUCTION.
imprimer des étiquettes ayant une bordure simple ou ornée, et leur
nom en tête. C’est un luxe qui ne convient qu'aux collecteurs pas-
sionnés; et, je le répète, il ne faut pas faire un herbier pour un her-
bier. Ce n’est qu'un moyen d'étude auquel il ne faut pas consacrer un
temps qui peut être employé avec plus de fruit.
Si l’on arapporté des plantes d’une excursion lointaine, il faut ajouter
l'indication des altitudes, préciser la station, faire connaître la nature
géologique de la contrée où elles ont été cueillies, enfin compléter les
renseignements de telle sorte, qu’on puisse, par la pensée, en visitant
son herbier , se reporter aux circonstances dans lesquelles les divers
végétaux qui le composent ont élé trouvés. Cette attention est indis-
pensable pour les végétaux qu’on recueille pour la première fois
dans des pays étrangers, dont la Flore nous est entièrement inconnue,
surtout sous le rapport utilitaire. On ne doit pas omettre, quand
bien même on ne saurait pas le nom d’une plante, d'indiquer le lieu
où elle a été découverte, l’époque de sa floraison ou de sa fructifica-
lion, son usage; et si le collecteur est un zoologiste, il serait bien
qu'il fit connaître les animaux qui se nourrissent de son feuillage ou
de ses fruits, les oiseaux qui y nidifient, et les insectes qui y vivent
en parasites. Rien, en effet, de plus nu, de moins satisfaisant pour
Lesoi, que ces longues et sèches descriptions qui ne semblent être
qu'une immense négation scientifique.
Voici un modèle des étiquettes qui devront accompagner chaque
plante :
( Pentandrie monogynie. )
PRIMEVÈRE OFFICINALE.
Primula officinalis, L.
— veris, Thuill.
Coucou, fleur de Coucou.
Les prés et les bois. 2
Avril.
Officinale.
Phalæna fimbri«.
Les plantes seront ensuite réunies par genres et familles, et dispo-
sées suivant une méthode naturelle; mais pour plus de facilité dans
INTRODUCTION. Ixxx vi)
les recherches, des fiches en saillie et de couleurs différentes indi-
queront les familles et les genres , afin de s’éviter la peine de feuilleter
son herbier; et dans les genres à espèces nombreuses, on peut en
faire autant pour les espèces. L
On ne cherche communément à réunir en collection complète que
les plantes composant la Flore d’une localité, et l’on y _peut joindre
celles qui croissent dans les jardins par suite de la culture. On se
bornera, pour les végétaux exotiques, à des échantillons des princi-
paux genres, afin de se familiariser avec leur facies.
Il y a des herbiers spéciaux qui demandent à être composés de
certaines plantes à l'exclusion des autres. Le rédecin doit avoir
un herbier comprenant toutes les plantes médicinales, mais sans
qu'il soit nécessaire d’y réunir minutieusement les diverses parties des
végétaux ou leurs produits en usage dans la thérapeutique , parce
qu’il a besoin d’y revenir de temps à autre pour rafraichir sa mé-
moire; et je crois d’autant plus à l’utilité d’un herbier spécial pour le
médecin, que les études de botanique médicale sont très-superficielles.
Le pharmacien a besoin d’un herbier plus complet, comprenant
toutes les plantes qui appartiennent à son commerce, et il ne peut se
passer d’une collection d’écorces, de graines, résines, baumes, gom-
mes, etc. Cette précaution est d'autant plus indispensable, que des
sophistications trop fréquentes altèrent les produits pharmaceutiques
naturels, que des substitutions passées en usage et qui peuvent avoir
des conséquences fort graves (telle serait, par exemple, celle de la
fausse Angusture à la vraie, dont l’une est un poison et l’autre un fé-
brifuge) se reproduisent souvent dans l'envoi des médicaments exo-
tiques, et qu’à moins d’une étude toute spéciale et d’un œil exercé
par une longue pratique, on n’en reconnait pas toujours la pureté. Il
y faudrait joindre l'indication du lieu de provenance, et des succé-
danés frauduleux, afin de ne s’y pas laisser prendre.
L’Aerboriste n’a besoin que des végétaux indigènes; mais il doit
insister surtout sur les stations , les époques de floraison et de matu-
ration des graines, et sur le moment où doivent être récoltées les ra-
cines, feuilles ou fleurs, ainsi que sur la durée de leur conservation.
L’agronome botaniste doit composer un herbier de toutes les
plantes qui entrent dans la grande culture ou sont susceptibles d’y
entrer. Les diverses espèces de Graminées qui composent les prairies
tant naturelles qu’artificielles, doivent s’y trouver avec l'indication
ixXX vii) , INTRODUCTION.
de l’époque de leur développement, de leur floraison et de la matu-
rité de leurs graines, celle du terrain dans lequel elles croissent spon-
tanément, et des associations végétales naturelles auxquelles elles
appartiennent, pour lui servir de guide dans la composition de ses
prairies artificielles. Les autres plantes fourragères et économiques
devront également y trouver place. Il se composera donc exclusi-
vement de végétaux utiles et susceptibles d’entrer avec avantage
dans la culture. A côté de cet herbier des végétaux utiles, il devra,
toujours en vue de ses prairies, en avoir un des végétaux nuisibles,
de la destruction desquels on ne s’occupe pas assez. Pour ces der-
niers, il importe de connaître leur mode de propagation , afin de sa-.
voir la meilleure manière de les détruire; ainsi, il n’est pas tant
besoin de s'attaquer au fruit des plantes vivaces ou traçantes, qu'à
leurs racines; quant aux plantes annuelles, l'époque précise de leur
floraison est bonne à connaïtre, parce qu’on peut se borner à en
arracher les fleurs avant que les graines soient müres.
L’Aorticulteur ne doit choisir que les plantes d’ornement, et parmi
ces plantes, les variétés provenant de la culture; mais, comme il ne
cherche que les plantes de commerce, et que les fleurs doubles et mons-
trueuses sont les plus cultivées, il est impossible qu’il mette dans un
herbier des Dahlias à fleurs pleines et très-développées, des Pivoines
monstrueuses , des Rhododendrons, etc. Sans repousser pour l’horti-
culteur l'utilité d’un herbier , je crois que des peintures bien faites
sont préférables. Il ne peut guère y avoir que les végétaux d’orne-
ment d'introduction récente qui puissent être conservés par la des-
siccation. Jamais l’herbier de l’horticulteur ne pourra suppléer à une
bonne figure, et, quelque soin qu’il apporte à la conservation d’une
collection d’Orchidées, elle sera toujours au-dessous de la plus mé-
diocre iconographie. Il faut donc à ce dernier un herbier artificiel
plutôt qu’un herbier naturel.
On a réuni, dans les grands établissements, certains herbiers dis-
tincts comprenant les plantes d’une région , afin de n’avoir pas besoin
de fouiller au milieu de milliers de végétaux pour trouver un échan-
tillon à consulter; mais cette méthode n’est bonne que pour les
voyageurs qui ont parcouru une région dont ils ont recueilli les
plantes, ou pour les grandes collections d'étude réunies dans les éta-
blissements publics. Dans un herbier général composé par un ama-
teur de botanique ou même un botaniste, on supplée à cette division,
INTRODUCTION. Ixxxix
peu naturelle au fond, par des catalogues de région. On ne peut nier
pourtant qu'il n’y ait dans, ces collections régionales un avantage
marqué ; car le facies des végétaux se modifie suivant les lieux, et
l’on s'habitue à reconnaître, à la simple inspection, les pays aux-
quels ils appartiennent. Les végétaux de la Chine et du Japon ont un
facies si particulier, qu’on ne peut s’y méprendre; beaucoup d’entre
eux ont un feuillage large, ferme, lisse, souvent vernissé : tels sont
l'Aucuba japonica, le Carellia, YHortensia, la Pivoine en arbre.
Les végétaux de la Nouvelle-Hollande sont dans le même cas; ce sont,
en général, des plantes 2 gréles, à feuilles petites, à longs rameaux,
se rapprochant des Prêles ou des Bruyères; mais il faut laisser aux
grands établissements ces riches collections. À moins d’une grande
fortune, on n’arrivera jamais à former un herbier complet. Si l’on se
livre exclusivement à ce genre d’occupation, on possédera bientôt des
cenlaines de volumes; et ces collections , amassées à si grands frais et
au prix de tant de peines, n’ont en général qu’une valeur médiocre,
à moins que le nom du collecteur ne leur donne du prix : c’est ainsi
que nous avons vu l’herbier de M. Lefébure, composé de quarante à
cinquante portefeuilles énormes, dans lesquels les plantes étaient dis-
posées avec une recherche et un luxe inusités, être vendu, après sa
mort, 30 francs à la direction des domaines.
’ $ 9. De la conservation des herbiers.
La conservation des herbiers est d’une assez haute importance pour
qu’on y apporte toute son attention; car on n’a pas amassé un à un les
milliers de végétaux qui les composent, et qu’on ne s’est souvent pro-
curés qu’à grand’ peine, pour les voir détruits en peu d'années par les
insectes ou l’humidité, également redoutables.
Si les plantes ont été mal desséchées ou que le papier dans lequel
on les renferme soit encore humide, elles ne tardent pas à se couvrir
de moisissures. L'apparition des petits champignons hyphomycètes,
des genres Monilia et Torula, est le premier indice de la présence
d’une humidité qui tient surtout à la dessiccation incomplète de la
plante; ils s’établissent sur les tiges, qu’ils hérissent de petites franges
vertes ou blanchâtres, et gagnent de proche en proche jusqu’à ce
qu’ils aient tout envahi. On peut, eu faisant sécher de nouveau les
échantillons attaqués par les Montlia, et en les frottant avec une
Tom. 1. — Livraison |. F.
XC INTRODUCTION.
brosse douce, les délivrer: de, ces, parasites ; mais comme il-reste (ou-
jours assez de germes reproducteurs pour que les plantes soient en-
vahies de nouveau, il faut que l'herbier soit tenu dans:un lieu à: fabri
de toute humidité,
Lorsque l'humidité tient plus au papier qu’à la plante sed alt
ou que celle-ci était encore assez humide pour avoir communiqué au
papier l’eau de végétation qu’ellecontenait, ilne se forme plus de Honi-
lia, mais un champignon gastéromycète d’autre.sorte, appartenant au
genre Eurotium, et qu’à cause de son apparition constantedans les her-
biers exposés à l'humidité, on appelle £urotium des herbiers. Celui-ci
a les sporanges jaune soufre, et.est d’une destractiôn: d'autant plus
difficile, que, quand il a envahi un herbier, il a bientôt détérioré les
végétaux avec lesquels il est.en contact. Si l'humidité est plus grande
et plus prolongée, le Bosrytis glomerulosa s'en empare et détruit
rapidement l’herbier le mieux préparé. On ne peut guère sauver les
plantes envahies par ce parasite, et le procédé applicable aux Honilia
réussit incomplétement;. il faut alors les faire sécher avec soin, les
changer de papier, les brosser, et répéter cette opération jusqu’à ce
qu’on ait détruit tous les champignons qui les détériorent. Encore
ne doit-on consacrer tant de soins minutieux qu’à des échantillons
de prix; il vaut mieux renouveler ceux qu’on se procure sans diffi-
culté.
Une précaution dont ne peut se dispenser le possesseur d’un her-
bier, c’est de le visiter au moins deux ou trois fois par an, surtout à
l'automne, au moment où l’atmosphère est saturée d'humidité ; après
l'hiver, pour être sûr que les alternatives de gelée et de dégel n’ont
exercé aucune influence sur des corps aussi hygrométriques que les
plantes, et dans le courant du printemps. Si l'on remarque que quel-
que échantillon ait souffert ou menace de s’altérer, il faut l’exposer à
l'air, et de le réintégrer dans l’herbier que quand on n’a plus à crain-
dre l’action de l'humidité. Un corps de bibliothèque à fond plein,
et qui ne touche à aucun mur humide, placé dans une pièce et ex-
posé au midi, est le meilleur moyen de conservation contre l’enva-
bissement de l’humidité.
Après l'humidité, les ennemis les plus redoutables des herbiers sont
les insectes, qui détruisent en peu de temps une collection nombreuse,
sans qu’il y ait aucun moyen de salut si l’on s'aperçoit trop tard de
leur présence. Le véritable fléau des herbiers est le petit coléoptère
INTRODUCTION. XC]
connu sous le nom de Vrillette obstinée, Ænobium pertinax, qui at-
taque les plantes de presque toutes les familles, et dont les larves ré-
duisent en poussière les échantillons les plus volumineux.
Le Pou de bois, Psocus pulsatorius, petit Névroptère hémérobhien,
est encore fort à craindre, malgré son extrême petitesse; il est si
multiplié, qu'il envahit en peu de temps toutes les parties d’un her-
bier ; et comme il est trop faible pour s’attaquer aux parties des plan-
tes coriaces et ligneuses, il s’en prend aux parties HèRes de l’inflo-
rescence ; qu’il détruit en peu de temps.
-Deux espèces d’un autre genre, assez rares, mais qui demandent à
être surveillées; sont les Ptines, Panus fur et scotias, dont la grosse
larve creuse les tiges-et les dévore.:
L’Amourette, Ærthrenus muscorum, et \'Anthrène bordée, petits
coléoptères ; s’attachent aux plantes envahies par l'humidité et ne
tardent pas à les réduire en morceaux.
L’Acarus eruditus et le domesticus sont attirés par les papiers
collés imprégnés d'humidité, et font, malgré leur petitesse, d'éton-
nants ravages. On trouve encore dans les herbiers négligés le Chelifer
cancroides, qu’on dit attiré par les mites dont il fait sa nourriture,
ainsi que le Psocus ; mais ces insectes font trop de dégâts pour qu'on
puisse voir en eux les protecteurs des collections de végétaux.
Les Blattes sont des ennemis d’une voracité plus redoutable; mais
elles sont trop rares dans notre pays pour qu’on s’en défie : quand
même, elles sont assez grosses pour qu’on en puisse facilement déli-
vrer un herbier.
Dans les régions tropicales, la Fourmi blanche, Termes lucifusu,
fait bien d’autres ravages et est un ennemi autrement dangereux,
car elle dissimule sa destruction en n’attaquant jamais par les bords
l’herbier qu’elle dévore; elle ronge tout l’intérieur en laissant intactes
les enveloppes, de sorte que, quand on s'aperçoit du dégât, tout est
entièrement détruit.
La Lepisma saccharina, qui ressemble à un petit poisson argenté,
est encore un fléau des herbiers quand elle est multipliée.
Je citerai pourtant un certain nombre de familles qui n’ont à re-
douter ni les insectes, ni les variations atmosphériques : ce sont les
Algues, que leur texture coriace rend inaccessibles aux influences de
l’humidité ; les Mousses, les Hépatiques, qui ne redoutent ni l’humi-
dité, ni les insectes; les Fougères, les Cypéracées et les Graminées,
XCi] INTRODUCTION. ;
dont la tige et les feuilles sont revêtues d’une sorte d'enveloppe sili-
ceuse qui les soustrait à la dent des larves voraces, et les familles
dans lesquelles abondent les principes aromatiques et résineux; ces
dernières sont constamment respectées, ce qui tient sans doute à
l'odeur qu’elles exhalent.
Les insectes qui attaquent les herbiers sont plus dangereux encore
peut-être que l'humidité, aussi a-t-on cherché tous les moyens de
Jes détruire. L'exposition de l’herbier dans un four ou un Vécréntome,
dont la température soit de 76 à 80 degrés C., suffit pour tuer les
larves; mais il est souvent trop tard quand on découvre ces insectes,
c'est pourquoi on a cherché à les éloigner des herbiers. L’essence de
térébenthine et le naphte, malgré leur odeur forte, manquent | sé
toujours leur effet ; le camphre n'agit guère mieux, puisque j'ai vu
des cadres bien hermétiquement clos et qui renfermaient dés mor-
ceaux de camphre, ne pas empêcher les insectes de se développer au
bout de quelques années, et détruire les plus brillantes collections de
Papillons. Les amers, tels que la Coloquinte, l’Absinthe, sont sans ré-
sultats. Je ne crois pas plus à l'efficacité de la créosote, que j'ai essayée
sans succès, mais avec trop de légèreté pour pouvoir me prononcer
sur ses propriétés entomofuges. Peut-être cependant le brome, avec
son odeur pénétrante et fétide, réussirait-il, car je ne connais au-
cune substance qui possède à un plus haut degré la propriété de
conserver longtemps son odeur. Je ne sache pas qu’il ait FER été
essayé
L'immersion dans une solution alcoolique de bichlorure de mer-
cure est d’une efficacité complète; mais il faut doser habilement, car
si l’on mettait ce sel en trop grande quantité, non-seulement 1l atta-
querait les couleurs des végétaux, mais il les rendrait dangereux à
manier, par la poussière qui s’en échappe. Les solutions alcooliques
arsénicales feraient le même effet, témoin le savon de Becœur, qui
défend si bien les peaux d'animaux contre l'attaque des insectes.
Je crois à l'efficacité d’un moyen plus simple et que le hasard m'a
fait découvrir; aussi conseillé-je de l'essayer. Jai réuni, il y a dix
ans, quelques centaines d'insectes des environs de Paris, ils ont été
rangés dans des cartons dont le couvercle est loin de fermer d’une
manière hermétique. On s'était servi dans la confection des uns de
colle de pâte, dans celle des autres de colle forte. Les insectes con-
servés dans les premiers sont complétement détruits, ceux qui sont
INTRODUCTION. XCII)
dans les seconds sont parfaitement intacts. Jai vérifié de nouveau
ce fait avant de rédiger ce passage, et j'ai trouvé les Papillons, si fra-
giles pourtant, dans l’état le plus parfait de conservation, malgré l’ab-
sence de soins pour la conservation de ces insectes. Il est évident que
l'odeur assez pénétrante, fétidé même, de la colle forte, a la propriété
d’éloïgner les insectes. Ce moyen réussirait-il aussi bien pour les in-
sectes qui dévorent les herbiers? c "est ce qu’on PERS RAACIME par
analogie.
‘Je dirai seulement, pour rassurer les collecteurs de Jéshett que
ces précautions ne sont guère nécessaires que pour les herbiers ré-
cents; car quand ils sont vieux et que les plantes qu’ils renferment
ont, par leur siccité, perda tous les principes qui avaient la puissance
d’attirer les insectes, on n’a plus à craindre leur altération. On
peut citer pour preuve l’herbier de Tournefort, qui à plus de deux
cents ans d'existence, et qui est dans le plus parfait état de conser-
vation. ve
Je ne parlerai qu’en passant de la conservation des collections de
bois, de fruits et de graines, ou des produits immédiats des végétaux,
tels que racines, gommes, baumes, vernis, matières colorantes, etc.
Des bocaux suffisent pour ces derniers et pour les graines; les fruits
secs n’ont à craindre que l'humidité ou la poussière; les bois sont
inaltérables, et les fruits mous et pulpeux se conservent dans lalcool
étendu de moitié son volume d’eau. Quant aux insectes qui s’atta-
quent aux graines, ils sont trop nombreux pour être mentionnés ; je
me bornérai à dire qu’on peut les conserver inaltérables, en les sou-
mettant à une chaleur qui tue les larves et empêche leur éclosion.
$ 10. Des herbiers artificiels.
Après les herbiers naturels viennent les herbiers artificiels, qui
sont de plusieurs sortes : les plus précieux sont les collections icono-
graphiques; je ne parle pas des vélins du Muséum d'histoire na-
turelle, ni des peintures faites par d’habiles artistes : 1l faut, pour se
les procurer, une fortune colossale; tandis que les collections ico-
nographiques gravées avec soin, tirées en couleur et retouchées au
pinceau, sont aussi brillantes que la nature même, et peuvent être
accompagnées de détails d'organographie qui facilitent l'étude. L’Her-
bier de l'amateur, le Botanical magazine, le Botanical register, le
XCIV INTRODUCTION.
Pazxton magazine, les Annales de Gand, la Flore des serres d'Europe.
de M. Vanhoutte, l Horticulteur universel de M. Lemaire, les Annales
de Flore et Pomone, le Portefeuille des horticulteurs, la Revue horti-
cole, recueils qui ne se bornent pas à figurer d variétés mar-
chandes, mais publient les plantes nouvelles que les collecteurs ide!
botanique introduisent dans le commerce, les iconographies qui il-
lustrent les voyages scientifiques et qui admettent sans exception-tous
les végétaux, tandis que les horticulteurs recherchent pour première
condition des qualités ornementales les Flores locales, telle est.celle
des Antilles, par M. Descourtilz, celle bien imparfaite de France, par
Jaume Saint-Hilaire, etc., sont les plus excellents auxiliaires de l'étude.
en l’absence de plantes vivantes. On peut, par ce moyen, composer un
herbier artificiel des plus précieux, mais d’un prix fort, élevé, ce: qui
en éloigne les amateurs. Il manque enfer si l’on en excepte l’Eney-.
clopédie botanique de Loudon, dont j’ai déjà parlé, et qui n’a d’au-.
tre défaut que la petitesse des figures qui sont, en outre, gravées.
sur bois et ne sont pas susceptibles d’être enluminées, un recueil qui
donne pour la Flore générale du globe, un nombre suffisant de figures
sur lesquelles les études soient possibles. Un Gezera, tout important
qu’il soit, ne suffirait pas encore; il faudrait figurer les espèces de!
structure anormale, qui ne donnent jamais une idée de la plante-type,-
ce qui est important surtout pour les plantes arborescentes, toujours
difficiles à reconnaître, et insister principalement sur celles qui s’écar-
tent le plus du type. On ne peut trop dire combien il est difficile à-un
collecteur, quelque versé qu’ilsoit dans la connaissance des végétaux,
de faire des herhorisations fructueuses, faute d’avoir un guide sùr et
peu volumineux. Cette lacune est si grande, que, malgré les nom-
breuses iconographies botaniques, il y a des plantes qui n’ont jamais
été figurées, d’autres qui ne sont représentées que par des rameaux
détachés. On ne s’est pas occupé de faire des réductions exactes des
grands végétaux, parce qu’on s’est jeté à corps perdu dans l'analyse
qui, en effet, est plus scientifique ; cependant une réduction faite avec
sentiment dotée une idée assez parfaite de la plante, pour qu'on
puisse la joindre avec avantage à un dessin botanique.
Pour abréger le temps consacré à la reproduction graphique des
végétaux, on a fait des essais nombreux, mais dans une seule di-
rection, pour en obtenir un décalque rapide et durable. Les procédés
employés sont tantôt une couleur à l'huile, où tout simplement du
INTRODUCTION. XCV
noir r d'iiprimérie dont on enduit la plante avec soin ; on la transporte
ensuite sur du papier blanc, et, par une pression on res on obtient
une empreïnte qui ne manque quelquefois pas de vérité. Ce procédé
s'applique aux feuilles avec assez de succès, moins bien aux tiges, et
pas du tont aux fleurs; quelquefois, on retouche les parties défec-
tueuses; d’autres fois, on les dessine en entier; mais ce mode de
Aprbdtétion manque de nettété, et ne donne en général qu’une
silhouette grossière. Je l'ai expérimenté avec soin, et n'ai obtenu
d'empreintes satisfaisantes que pour les feuilles à nervures très-accen-
taées ; "telles sont celles de Rosé trémière, de Seringa, de Brous-
sonetia, de‘ Noisetier ; quant à celles qui sont d’une contexture très-
fine et otit des nervures peu saïllantes, elles ne se reproduisent ; jamais
bien. Les feuilles finement découpées, comme les Fumeterres , la
plupart des Ombélliféres , ne réussissent qu'à demi; et rien n’est
plus difficile, quand même on obtient une PROTEA convenable ,
que de conserver à ces feuilles leur disposition naturelle. |
C’est au moyen d’un rouleau chargé dé noir, dont le degré de
liquidité est assez difficile à obtenir, qu'on couvre le revers de la
feuilles; mais, par ce moyen, l'égalité de distribution de l’encre pré-
sente des difficultés à cause de l’impossibilité de fixer d’une manière
stable la feuille ou la plante dont on veut obtenir la reproduction ;
on réussit mieux en l’appliquant, sur un papier chargé de noir, et
la'soumettant à une pression modérée, soit au moyen d’un rouleau,
soit au moyen d’une presse à deux cylindres, comme les presses auto-
graphiques, et en faisant son report sur du papier bien blanc, d'une
épaisseur assez grande pour céder aux effets de la pression, et lé-
gèrement humecté à l'avance. Ce dernier moyen est celui qui m’a le
mieux réussi; il permet d'obtenir des tons plus égaux, et l’on peut
couvrir le papier qui sert à charger la plante, de noir ou d’une couleur
quelconque. J’ai vu une jolie collection, imprimée en bistre, dont
les fleurs retouchées au pinceau faisaient un effet très-agréable; mais,
pour obtenir de bons résultats , il faut une longue pratique et un ma-
tériel qui exige un établissement fixe, ce qui n’est pas praticable
dans un voyage, seule circonstance où l’on puisse tirer un bon parti
de ce moyen de reproduction.
Il existe des essais de reproduction par impression qui remontent
à plus d’un siècle, et dont je dois la communication à M. Lasègue,
conservateur de la belle bibliothèque de M. B. Delessert. En 1606, Ad.
XCV) INTRODUCTION.
Spigel.fit mention de ce moyen dans son /sagoge ; mais, en 4733,
seulement, Kniphof publia, à Erfurt, sous le titre de Botanica inorigi-
nali, deux. cents figures, en noir de plantes médicinales, d’une reproduc-
tion grossière; vingt-cinq ans plus tard, il fit paraître douze centuries
de plantes retouchées au pinceau, sans avoir obtenu des résultats qui.
méritent de trouver des imitateurs.
Le seul ouvrage imprimé en couleur avec soin, et qui sorte de la
ligne, de tous.ceux publiés en ce genre , est celui de Paris Bonnet .
de Carcassonne. Fe
Cette méthode n’a, au.reste , fait que peu de. progrès: Car. un.
ouvrage récent, imprimé en noir, sous le:titre de. Botanische Schat.
tenrisse (Esquisses botaniques), ne renferme que. des impressions
grossières et de la plus médiocre exécution. ;
MM. de Humboldt.et Bonpland ont,eu recours dans leur yOyage à 1
ce système de reproduction; mais on reconnaît, à l'imperfection des
empreintes, qu'elles ont été faites avec précipitation et, sans aucun
des moyens propres, à en assurer l'exécution; ce qui s'explique,
comme.je l'ai dit plus haut, par le besoin d’un matériel assez com-
pliqué, et que ne peuvent que difficilement emporter des voyageurs.
Le seul ouvrage remarquable en ce genre est celui publié par
Seligmann.en 1748, sous le titre de Réseau vasculaire des, feuilles ;
il a reproduit en trente-six planches un grand nombre de feuilles
privées de leur parenchyme, et imprimées en rouge avec la plus
grande perfection. Ce travail est d’une telle finesse d'exécution, qu'on
ne peut qu'avec le secours d’une loupe en suivre les détails. |
Ce. procédé est long, minatieux, et exige une patience germa-
nique; car, avant de prendre son empreinte, il faut commencer par
enlever le parenchyme de la feuille, opération plus minutieuse que
difficile, mais que la moindre précipitation peut faire manquer. …
Pour obtenir le réseau vasculaire d’une feuille, on la fait macérer
dans l’eau jusqu’à ce que la substance en soit assouplie; on l’étend
sur un corps parfaitement horizontal, qui ne présente pas trop de
rigidité, et avec une brosse à poils droits et roides on frappe dou-
cement pour détruire peu à peu le tissu parenchymateux , jusqu’à ce
qu'il ait tout à fait disparu. C’est alors seulement qu’on prend l’em-
preinte de la feuille, qui est d’une netteté admirable, puisque cha-
que maille de ce réseau délié est devenue parfaitement distincte.
Quelques personnes garantissent par un dessin sur papier la por-
INTRODUCTION. XCVI}
tion de tissu parenchymateux qu’elles veulent ménager, et obtien-
nent ainsi des figures grossières, mais qui ne manquent pas de piquer
R curiosité, quand le procédé n’est pas connu.
Quelquefois on joint au décalque de la plante, fait avec une cou-
leur bistre, des fleurs ou des fruits dessinés à la main, et retouchés
au pinceau. On s’épargne par ce moyen le dessin du feuillage ; mais
ce procédé, qui ne manque pas de charmes, n'est applicable qu’à
certains végétaux. On échoue dès qu’on a affaire à des végétaux au
feuillage confus; le crayon et le pinceau sont obligés de tout réparer
avec grande perte de temps. Disons seulement que c’est un des mille
moyens employés pour s’éviter la peine d’un dessin complet.
Pour perfectionner le procédé du décalque et le rendre utile surtout
aux voyageurs, qui n'ont pas toujours le temps de faire un dessin
exact, en ce qui touche particulièrement la nervation, si importante
à connaître, j'ai fait des essais multipliés. Il en est un qui m'a réussi
et permet de prendre sans travail l'empreinte d’une feuille simple ou
composée, en en reproduisant les plus fines nervures avec une ad-
mirable netteté. Plus parfaits sous ce rapport que les essais de Selig-
mann, mes décalques reproduisent la dégradation des tous sur la sur-
face de chaque aréole, lorsqu'elle est assez grande pour que le jeu de
la lumière se fasse sentir. Je dois seulement prévenir qu’il faut un
peu d’habitude pour réussir, et que le lavage surtout, destiné à fixer
l’image , exige des précautions minutieuses. Les figures se détachent
en blanc sur un fond noir, et c’est par la dégradation de cette der-
nière couleur qu’on arrive à une image exacte de la feuille. Il faut
bien se pénétrer de ceci : c’est qu'à part les feuilles, les larges brac-
tées, les ailes qui accompagnent certains fruits, tels sont ceux des
Érables ou l'enveloppe transparente de l’Alkékenge, on ne reproduit
que d’une manière imparfaite les tiges et les fleurs, dont on ne peut
avoir qu’une grossière silhouette.
Voici le procedé que j’emploie : on prend du papier à lettre de
belle qualité, et on l’immerge pendant quelques instants dans une
solution de chlorure de sodium (sel commun), dont le dosage dépend
de la nature du papier : en général, 5 à 6 grammes pour 30 grammes
d’eau suffisent largement. On le laisse sécher à l'air libre, puis on
Pimbibe, par immersion, sur une seule face, l'application au pin-
ceau étant toujours défectueuse, d’une solution d’azotate d’argent
cristallisé, à la dose de 4 grammes pour 30 d’eau distillée. Cette opé-
Tome 1. — Livraison m. m
KCVII] INTRODUCTION.
ration, qui doit être faite à l’abri de la lumière diffuse, et peut avoir
lieu à la lueur d’une veilleuse, exige une quantité suffisante de liquide
pour que l’immersion soit égale partout. Il faut avoir soin de ne pas
verser sa solution d’azotate d’argent dans le plat où l’on a mis sa so-
lution de chlorure de sodium, parce qu’il se formerait du chlorure
d'argent, qu’on reconnait à son précipité blanc et caillebotté; 1l vaut
mieux choisir un autre vase. On laisse sécher à l’ombre la feuille pré-
parée, et quand elle est sèche, on dispose dessus symétriquement les
feuilles dont on veut obtenir l'empreinte, et qui demandent à être
employées plutôt fraiches que sèches. On les pose avec soin, et tou-
jours dans l'obscurité, pour ne pas provoquer prématurément la sen-
sibilité du papier; après qu’on les a bien déployées, car on en peut
mettre plusieurs de dimension moyenne sur une même page, on place
le tout sur le verre d’un appareil fort simple, et qui n’est autre que le
diaphanographe de M. Lard, dont il diffère par son verre qui est poli
au lieu d’être mat. Il se compose d’un châssis à gorge, au fond duquel
est posé un verre que recouvre une feuille de carton retenue par
deux petites traverses fixées sur le dos de ce même carton, et dont
les deux bouts s’engagent dans des rainures pratiquées dans la gorge
du châssis. On presse ses feuilles de manière à ce qu’il n’y ait pas de
lacune entre elles et le papier, et on les expose ainsi à la lumière so-
laire, ce qui accélère l’opération; dans le cas contraire, à la lumière
diffuse, mais depuis le matin jusqu’à midi ou une heure; plus tard, les
rayons lumineux ont perdu de leur puissance, et l'opération est lente
et imparfaite. Au bout de peu d’instants, le papier devient d’un noir
intense, et l’on reconnaît que la préparation a été bien faite quand la
teinte en est uniforme. La feuille trace alors sur le papier sa silhouette
avec une exactitude qu’on attendrait vainement du pinceau le plus
habile, et quand elle est terminée, ce qui a lieu le plus souvent au
bout de quinze à vingt minutes, suivant le degré d'intensité de la
lumière, et ce dont on ne peut s'assurer qu’en allant examiner
dans l'obscurité les progrès du décalque, on immerge la feuille en
entier dans une faible solution d’hyposulfite de soude, à laquelle on
ajoutera quelques gouttes de la solution d’azotate d'argent, pour
fixer le dessin. Quand les blancs ont pris du brillant et que les noirs
sont devenus francs, on peut regarder l’image comme fixée d’une
manière définitive; mais il faut pour toute cette opération, qui donne
de charmantes épreuves, acquérir le tact que donne seule un peu l'ha-
INTRODUCTION. XCIX
bitude. Si on ue laisse pas ses feuilles assez longtemps à la lumière,
où qu’on ait mis sur une même page des feuilles épaisses et d’autres
à tissu lâche et fin, quand ces dernières sont venues, les autres ne
présenteront encore qu’une silhouette grossière, et si l’on attend que
celles-ci soient parfaites, les autres se seront colorées d’une teinte
uniforme. Il faut donc associer les feuilles par similitude de compo-
sition textulaire et veiller avec soin au progrès de l'opération. On
peut, en employant ce procédé, avoir des dessins de la plus grande
pureté, et obtenir en quelques heures, car la durée moyenne de
l'opération est de vingt minutes, une cinquantaine de décalques de
feuilles dont il faudrait des mois entiers de travail pour obtenir Ja re-
production minutieuse. Il est important de faire observer qu'après
le décalque, le lavage est l'opération capitale : c’est lui qui fixe les
tons et leur donne la finesse qui fait le mérite de ce procédé. Si on
lave négligemment, ou on efface, ou la lumière détruit l'empreinte
en peu d'heures. On ne peut même savoir que le décalque est irré-
vocablement fixé qu’en l’exposant à la lumière pendant quelques
instan(s ; si les finesses deviennent confuses, c’est que l'opération du
lavage a été faite précipitamment ou sans les précautions néces-
saires. Îl faut, pour que les empreintes soient durables, que les
blancs soient purs et les noirs très-foncés.
Je terminerai cet article par quelques conseils sur les moyens de
réunir en peu de temps et à peu de frais, si l’on connaît seulement le
dessin linéaire, des dessins qui servent au moins d’aide-mémoire. Il
faut employer la méthode que j'ai adoptée, et qui consiste à représenter
par an trait léger l’ensemble du port de la plante, à dessiner minu-
tieusement soit au moyen d’une loupe montée, soit d’un microscope,
en se servant toujours du même grossissement, les caractères de l’es-
pèce-type, et à disposer au-dessous des caractères du genre ceux des
diverses espèces qui le composent, en se bornant à ne reproduire que
le caractère essentiel de chaque espèce. Ainsi, la feuille, qui constitue
souvent le caractère le plus saillant de lespèce, est dessinée dans
son contour, avec indication de la disposition des nervüres primaires
seulement. Dans quelques cas, on y ajoute l'organe ou la partie d’or-
gane qui constitue un caractère; ainsi l’on trouve dans les Mille-
pertuis des calices dont les divisions sont chargées de glandes dans
quelques espèces, et ne le sont pas dans d’autres. On reproduit soit le
calice entier, soit un sépale seulement ou une des folioles calicinales.
€ INTRODUCTION.
Il faut donc se borner à reproduire avec intelligence le caractère spé-
cifique; et pour tirer un bon parti de ces dessins, 1l faut disposer mé-
thodiquement cet ensemble de caractères. Je mets toujours en tête la
figure du genre et les détails qui en font connaître l’organographie,
puis au-dessous, dans des cadres égaux en grandeur, et dans l’ordre
des affinités, les caractères spécifiques, ce qui fait bien mieux con-
naître la différence spécifique que ne le feraient des dessins isolés et
sans ordre. On peut, avec de l'habitude, faire au moins dix dessins de
genre par jour, et peut-être trente ou quarante de caractères spé-
cifiques, et au bout d’une année de travail, on aura une collection
précieuse. Le moyen de fixation des images par transparence est une
œuvre d'art : il sert à obtenir avec précision les détails les plus finis
de la structure vasculaire des feuilles; mais ce dernier est plus simple,
bien qu'il comporte le fini du dessin, et il a sur l’autre l’avantage
de pouvoir reproduire les détails de tous les organes , en même temps
qu'il permet d'employer la méthode synoptique. C'est le moyen que
j'emploie pour l’iconographie d’une Ælore des environs de Paris que
je prépare depuis quatre ans.
Je ne conseillerai pas aux amateurs d’iconographie végétale de
prendre au hasard les figures de plantes éparses dans les collections;
il y en a trop rarement de bonnes, si l’on en excepte Turpin, Poi-
teau et MM. Decaisne, Maubert Rieussec, dont les dessins sont en
général fort exacts, l'ouvrage d'Hayne, certaines parties de Michaux
et de Duhamel, qui renferment de bonnes plantes; et parmi les ico-
nographies modernes, les collections de plantes d'Allemagne et de
plantes médicinales de Nees d’Esenbeck, les centuries d’Endlicher
et de Delessert, les grands ouvrages de Blüme, de Wallich, de Sie-
bold, qui réunissent à une grande perfection artistique les véritables
qualités de l’iconographie botanique, il n’y a que peu de collections
à consulter; il faut toujours considérer comme types celles que je
viens de citer, et auxquelles on peut joindre, en recommandant le
choix le plus scrupuleux, les ouvrages que j'ai cités au commence-
ment de cet article.
Tels sont les moyens d’étude offerts au botaniste amateur : il peut,
s’il a du temps et de la patience, arriver à former en peu de temps
une collection d'élite; mais il faut pour cela un grand amour de l’art
ou une passion bien vive de la science botanique, et je conseille
d’avoir recours plutôt au dernier moyen que Jj'indique, qui va plus
INTRODUCTION. €}
vite et est plus propre à l'étude que les autres. On peut, pour com-
pléter ses dessins, s’aider des autres iconographies, qui donnent des
détails que l’on n’a pas toujours sous les yeux au moment où l’on
trouve la plante qu’on veut reproduire; tels sont les fruits et les
graines.
Je terminerai cet article en disant que, sans iconographie, et malt-
gré l’exactitude minutieuse des descriptions, on ne peut arriver à
aucun résultat; que les langues, tout en multipliant leur nomen-
clature scientifique, sont impuissantes à décrire les formes avec
précision : de là, la nécessité du dessin, qui vient en aide à la
description, et sans le secours duquel on ne peut rien déterminer
avec exactitude. Il est même, on peut le dire, un des plus puissants
auxiliaires des herbiers naturels, qui ne présentent souvent que des
squelettes desséchés et noircis, ou des fleurs qui ont perdu tous leurs
caractères.
CHAPITRE PREMIER.
DE L'APPARITION SUCCESSIVE DES VÉGÉTAUX A LA SURFACE DU GLOBE.
Pour pénétrer avec l'esprit élevé du philosophe le mystère de
l'établissement des végétaux à la surface du globe, point de départ
de la connaissance de l’évolution successive des organismes de
l’époque actuelle, et qui permet de les grouper avec plus de sûreté,
il faut étudier les conditions d’existence des végétaux contemporains
des premiers âges de la terre, de ceux mêmes qui flottaient au sein des
eaux comme une poussière animée et n'étaient que les premiers
rudiments de cette splendeur végétale qui frappe les yeux bien plus
vivement que le règne animal, que sa mobilité fait passer devant
les regards de l'observateur comme une ombre magique, tandis que
le végétal fixé au sol, et lui servant de tapis et d’ombrage, en dé-
core par son feuillage et ses fleurs brillantes la stérile nudité.
Que l’ami de la nature qui n’a jamais appesanti ses regards sur le
procédé de succession des formes, examine avec soin un de ces blocs
gigantesques qu’on trouve dans la magnifique forêt de Fontaine-
Ci] INTRODUCTION.
bleau, il y comptera cent végétaux peut-être, à partir des premiers
byssus, de ces croûtes légères qui tapissent la roche comme un réseau
vivant, jusqu'aux végétaux phanérogames qui sont établis sur cette
succession de détritus provenant de la destruction de cinquante gé-
nérations animées, et qui y épanouissent leurs fleurs et y mûrissent
leurs fruits comme s'ils croissaient dans un humus épais, résultat de
l’accumulation des débris des plantes qui ont couvert le sol pendant
une longue suite de siècles. Ce bloc de grès est en raccourci l’histoire
des temps antérieurs de la terre. Stérile et nue dans les premiers
àges, elle s’est d’abord couverte de végétaux légers, puis les formes
se sont développées, et les forêts, comme une flottante chevelure,
ont fait ondoyer leurs cimes orgueilleuses sur un sol dont elles sont
devenues l’ornement.
Voici comment s'explique pour moi le phénomène actuel de la
succession des plantes à la surface du sol. La roche nue et imbibée
par les eaux s’attendrit peu à peu sous l'influence des agents am-
biants; le soleil et l'humidité en désagrégent des parcelles; quel-
ques végétaux rudimentaires, des Mucédinées sans doute, s’établis-
sent sur le roc comme une tache légère; ils y vivent tant que par
leur destruction ils n’ont pas accumulé une certaine quantité de
terre fécondée par leurs molécules. À chaque végétation qui s’éteint,
il se forme une masse nouvelle composée par le détritus des êtres an-
térieurs. Quand elle est devenue assez épaisse pour nourrir des végé-
taux d’un ordre plus élevé, il commence à croître des Lichens, croûtes
gélatineuses qui affectent des formes diverses et sont douées d’une
hygrométricité d'autant plus grande que leur texture est plus fo-
lacée. Le sol fertile s’accroiît, les débris en se superposant forment
une couche de plus en plus épaisse; alors les Mousses, les Fougères
couvrent le sol, et dans ce milieu, fourni par des myriades d’années,
le végétal phanérogame apparaît et ne cesse plus de couvrir la terre,
en proportionnant toujours son développement à la fertilité du sol.
Tel est le- procédé général; il reste à le démontrer par l’histoire
de la terre, et c'est à la géologie qu’il faut demander ces renseigne-
ments. L
Quel que soit le système qu’on adopte pour expliquer la formation
première de la terre, qu’on la regarde comme une masse sphéroïdale
en état d'incandescence, ou comme une simple nébuleuse accrue de
toutes les molécules qui se trouvaient dans son rayon d'attraction;
INTRODUCTION. cilj
que la chaleur aille en progressant à l'infini, et arrivée au centre at-
teigne 200,000 degrés, ou que ce phénomène n’en dépasse pas la
croûte, épaisse de 20 kilomètres, nous ne pouvons nous refuser à
reconnaître qu’une longue période de tourmente a précédé l’appari-
tion de la vie; que l’eau couvrait toute la surface du globe, et sans
cesse agitée, s'opposait à l’agrégation des molécules animées, et que
l’organisme n’a pu s’y établir que quand il y a eu un commencement
d’émergence ou de hauts-fonds formés par le soulèvement des masses
submergées. 11 dut se passer bien des siècles avant que la vie pût
régulièrement s’établir au milieu de ce monde en convulsion , au sein
de ces eaux brülantes sans doute et incessamment remuées. Quand
les premières roches sortirent du sein des mers et élevèrent au-dessus
des flots leurs crêtes brûlantes, la vie était encore impossible; il
fallait que des périodes plus calmes vinssent succéder à ces pertur-
bations, et que le milieu fût devenu habitable pour des êtres vivants,
tant comme température que comme composition chimique de l’at-
mosphère et des eaux.
Quel aspect offrait la terre avant l’époque où se formèrent les pre-
mières couches sédimenteuses, indice d’une période de repos qui
permettait aux matières en suspension dans les eaux de se déposer
en couches régulières , nul ne le sait; ce qu’on sait seulement, c’est
que pendant l’époque appelée par les géologues la première période,
et qui, commençant aux premiers terrains de sédiment, s’élève jus-
qu'aux formations houillères inclusivement, on voit la vie appa-
raître sur la terre, qui offrait l’aspect d’une vaste mer couverte çà
et là de petites îles, dont la végétation devint de plus en plus luxu-
riante.
Pour faciliter l'intelligence de cette partie de notre livre, je crois
devoir faire précéder l'entrée en matière de l’histoire de l’évolution
des végétaux à la surface du globe, d'un tableau emprunté à la Géo-
logie de M. Beudant, indiquant dans l’ordre linéaire la succession
des terrains. J’y joins, pour venir en aide à ma pensée, une planche
qui représente la silhouette des premières formes végétales, afin de
donner une idée précise du système morphologique de la végétation
primitive , aux différentes époques d’évolutions.
CIV INTRODUCTION.
Alluvions modernes.
AR REORREOE CETETErTTETE , :
Ca A CCC Alluvions anciennes.
re I TS É RRRAR
Dépôt de la Bresse, collines
subapennines, gypse.
Terrain subapennin.
Faluns, molasse et nagelflüe, gypse | Terrain de molasse
d’Aix. {
Gypse parisien, calcaire grossier, Terrain parisien.
argile.
Craie blanche,
ee Ph VO + HR RTS OR A A Terrain crétacé supérieur.
Craie marneuse.
A NE un con Prat EE 2 0e OR Del RE
Craie tufau.
Craie verte.
LAC PP NS Meuse ne cames subies) LÉTTOIN CTCIRCE OI CTIENS
Grès vert. |
Dépôts néocomiens. |
Groupe portlandien.
Groupe oxfordien. Terrain jurassique.
ns Sn sJia lc nimiale » see le aie eee eteNs (ele mue (eee
Calcaire conchylien. | Terrain de trias.
Grès bigarré.
Grès vosgien.
Calcaire pénéen. Terrain pénéen.
Grès rouge.
Grès houiller. |
ER EE Terrain houiller.
Calcaire carbonifère.
: >. oo s à : 7 s ”
Vieux grès rouge, grès divers, Terrain devonien.
schistes anthraciteux.
Calcaires et schistes micacés. Terrain silurien.
Schistes micacés, calcaires, gneiss. Terrain cambrien.
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À PRE RAA R À ce aa | Matières inconnues, peut-être primi-
Ja FORCE DR RO A D JE CCR tives.
INTRODUCTION. Cv
L'ordre d'évolution paraît avoir été le suivant :
Aux époques les plus anciennes, des végétaux Cryptogames acro-
gènes (ou croissant par l'extrémité), tels que des Fougères et des
. Lycopodiacées; plus tard, des Gymnospermes (végétaux à graines
nues), représentés par des Cycadées et des Conifères; enfin, des
Angiospermes (végétaux à graines revêtues d’une enveloppe). C’est
ce qui a déterminé M. Ad. Brongniart à appeler la première période,
règne des Acrogènes ; la deuxième, règne des Gymnospermes, et la
troisième, règne des Angivspermes. Dans les deux premières pé-
riodes, il existe simultanément des Acrogènes et des Gymnospermes,
mais les premiers l’emportent sur les seconds; dans la seconde, l’in-
verse a lieu, et les végétaux Angiospermes manquent entièrement ou
ne montrent que de rares et incertaines traces.
Dans les terrains schisteux et dans la couche inférieure des for-
mations cambrienne, silurienne et devonienne, on trouve à peine
quelques traces de végétaux, bien qu’il paraisse en avoir existé à
l’époque des gneiss, et que l’anthracite indique une origine végé-
tale. Les genres y sont peu nombreux, et les seuls qu’on y re-
connaisse sont les Calarmnites et les Stigmaria, qui augmentent en
nombre et en variations spécifiques à mesure qu'on s'éloigne des
terrains cambriens.
On trouve, à cette première époque, des mollusques, des poly-
piers, des crustacés et des poissons, ce qui est l’indice d’une végé-
lation marine abondante; car les animaux créophages n’ont pu venir
qu'après les phytophages, et l’on peut regarder les mollusques, presque
tous bivalves à cette époque, excepté dans les terrains carbonifères,
où apparaissent les univalves et quelques radiaires, comme les premiers
habitants des ondes. Ils ne pouvaient, d’après la structure de leurs
organes de manducation, se nourrir que de végétaux gélatineux et
divisés à l’infini, tels que des algues microscopiques ou de ces êtres
ambigus que réclament à la fois les botanistes et les géologistes, comme
étant de leur domaime; les polypes même vivaient sans doute de ces
derniers. Les crustacés, se nourrissant de matières animales putréfiées,
formaient probablement le degré inférieur de la série des animaux
créophages, vivant de proie et donnant la mort. Il faut dire aussi que,
dans les derniers degrés de l’animalité, les appétits sont obtus, et
que le choix des aliments ne s’est pas encore manifesté. Tout est in-
certain dans ces êtres primitifs, qui sont les premières ébauches de la
TOME 1, INTRODUCTION, — Livraison n. ñ
CV] INTRODUCTION.
nature. Quant aux poissons, ils sont dans le même cas, phytophages
d’abord, vivant ensuite de mollusques, ils ont dû suivre la loi uni-
verselle. Je suis même très-porté à croire que le premier degré de
créophagie a été l’appétit des chairs mortes, et plus tard seulement,
le besoin, l'abondance de proie vivante et l'abus de la force ont amené
la créophagie véritable, telle que la pratiquent aujourd’hui les carnas-
siers. À mesure que les eaux et les parties émergées se peuplaient de
végétaux, que le milieu devenait plus propre à la vie, elle s’irradiait
avec rapidité, et plus elle augmentait dans les deux règnes, plus le
jeu des formes devenait varié. Le perfectionnement des formes sui-
vait aussi l'accroissement du nombre des êtres et leurs variations,
et le progrès était surtout dans l'appropriation des appareils de la vie
organique, qui, dans les animaux , tendait à les séparer de ceux de
la vie de relation. Dans le principe, en effet, tous les appareils sont
confondus, et ce n’est qu’en s’élevant dans la série que chaque fonc-
tion affecte un appareil spécial qui lui sert d’instrument. Conformément
à cette loi d'évolution ascensionnelle, nous trouvons, dans les couches
inférieures, des végétaux Acotylédones, puis des Monocotylédones ;
mais il faut arriver aux terrains houillers pour trouver une végé-
tation abondante, accompagnée d’une grande ampleur de formes. A
l’époque où ces terrains se formèrent, la surface découverte du globe
ne se composait encore que d’iles et d’archipels, et pas de grands
continents; la température était, d'après l'opinion des géologues,
beaucoup plus élevée qu’elle ne l’est aujourd’hui, bien que d’autres
prétendent que les variations, non de température générale, mais de
climats, ne viennent que d’un déplacement de l’écliptique, dont le
dernier a été cause du cataclysme dont nous retrouvons les traces en
interrogeant les entrailles de la terre. Quoi qu'il en soit de ces deux
hypothèses, auxquelles nous ne nous arrêterons pas, on admet qu’à
cette époque la surface du globe était baignée par une mer d’eau
chaude, au milieu de laquelle s’élevaient quelques îles, et qui dépo-
sait des calcaires de transition servant d'appui aux terrains houillers.
Ces masses de houille sont, chacun le sait aujourd’hui, des détritus
de végétaux ligneux, qui ont subi à la fois la pression des eaux et
des terres, et l’altération résultant d’une immersion prolongée.
Les mers de cette époque avaient perdu les trilobites; mais elles
renfermaient, en revanche, de nombreux mollusques et même des
céphalopodes, groupe déjà tres-élevé dans l'échelle des êtres sous le
INTRODUCTION. Cvi)
rapport de la structure, et à côté des poissons sauroïdes, quelques
rares squales.
Tous les genres de végétaux appartenant à cette époque sont
éteints; on en compte une soixantaine, et plus de cinq cents espèces.
Les végétaux Acotylédones sont représentés par des Algues et des
Conferves ; des Équisétacées renfermant 19 espèces du seul genre
Calamutes ; des Fougères offrant les genres : Sphænopteris, dont on
connait 50 espèces; Pecopteris, avec 80 espèces, parmi lesquelles je
citerai les Pecopteris cyathea et muricata; Nevropteris, avec 32 es-
pèces, dont la plus remarquable est le Vevropteris tenuifolia ; Odon-
topteris , avec 10 espèces, parmi lesquelles l'Odontopteris Brardi ;
des Æilicites et des Cyclopteris; en tout, plus de 300 formes spéci-
fiques; des Marsilacées, renfermant le genre Sphenophyllum et 10
espèces ; des Lycopodiacées, le genre Lepidodendron , dont les tiges
présentent des mamelons rhomboïdaux disposés en spirale, et au
sommet desquels on reconnaît la cicatrice des feuilles, et qui compte
40 espèces et les Zycopodites; des Cycadées, le genre Stigmarta,
aux tiges cannelées et non articulées, garnies de cicatrices disposées
par séries longitudinales, parmi lesquelles on distingue le Suormnarta
Jicoides. |
Les Monocotylédones ont pour représentants la famille des Pal-
miers et les genres Æ/abellaria, Nœggerathia, Zygophyllites, sous
très-peu de formes spécifiques; celle des Cannées, le genre Canno-
phyllites ; avec une seule espèce. On y rattache les genres incertains
Trigonocarpum et Musocarpum, qui sont riches en formes spéci-
fiques. Les Dicotylédones sont les Pénites et les Falchuia, voisins
des Araucuria. L'ordre d’imporlance est celui-ci: dans les couches
les plus anciennes, les Lepidodendron et les Calamites ; les Sigillaria,
dans les moyennes; les Asterophryllites et les Annularia dans les
dernières; je citerai entre autres lÆrnulartia longifolia.
On reconnaît, à l'inspection des empreintes des terrains carboni-
fères, que ce sont les débris accumulés des Lycopodiacées, des Fou-
gères, des Équisétacées et des Conifères, mélés aux végétaux cellu-
laires qui croissent au fond des eaux, qui ont formé la masse du
combustible que nous retrouvons aujourd’hui comme une des ri-
chesses les plus précieuses pour l’industrie. Sans doute que le procédé
qui leur a donné naissance est semblable à celui qui préside aujour-
d'hui à la formation de nos tourbes, avec une différence seulement
evii] INTRODUCTION.
dans le milieu. Ils résultent de l’accumulation sur place des végétaux
qui couvraient le sol; ce sont des formations d’eau douce alternant ex-
ceptionnellement avec des couches renfermant des animaux marins.
Dans les eaux douces qui submergeaient les marais houillers, se
trouvaient un petit nombre de mollusques conchifères, assez sembla-
bles aux anodontes et aux mulettes.
Les végétaux y affectent les formes simples, avec un développement
gigantesque; ainsi, les Fougères arborescentes ne sont pas, comme
aujourd’hui, des arbres de 6 à 8 mètres au plus, et en moyenne de 2
à 3; elles avaient alors de 15 à 20 mètres de haut; les Lycopodes,
ces herbes rampantes qui dressent à peine leurs petites têtes en massue
au-dessus du sol, sont représentées par le Zepidodendron , qui a de
20 à 25 mètres d’élévation; les Équisétacées, dont les Préles forment
le genre unique et qui affectent des formes qui les rapprochent des
Conifères , sont aujourd’hui des végétaux herbacés de 60 à 80 centi-
mètres au plus ; à l’époque houillère, le genre Calamites avait de 3
à à mètres.
On remarque donc, à cette époque, ce qui se reproduit encore de
nos Jours, c’est-à-dire qu’on voit la cryptogamie dominer d'autant
plus que les iles sont plus petites, ce qui tient surtout au climat pé-
lagien , et prouve qu’à l'époque de la formation houillère il y avait
des îles partout et pas de continents; c’est pourquoi les Cryptogames
y étaient plus nombreux que les autres êtres de la série végétale.
Le rapport des végétaux les uns aux autres est le suivant : les
Cryptogames acrogènes y figurent pour 350 espèces, les Fougères
y sont représentées par 40 genres, sans compter quelques Algues et
{ Champignon , quelques Lycopodiacées avec de nombreuses varia-
üons dans la forme, car les Lepidodendron comptent 40 espèces;
les Équisétacées, 2; les Calamites, 10; les Nœggerathia, 20; les
Sigillarta, 35; les Asterophryllites, 20; les Dicotylédones gymno-
spermes, 135 espèces; les Monocotylédones douteuses, 15 espèces ;
pas d’Angiospermes.
On voit que la Flore primitive était peu variée, et elle semble
avoir été partout la même, comme le montre l'identité des empreintes
trouvées en Europe et en Amérique. Il y avait donc en tout environ
500 végétaux. Comme ils se sont succédé pendant la longue suite de
siècles qui a précédé cette grande période, on peut dire qu'il ne
s’en est pas trouvé plus de 100 à la fois. Ce qui prouve combien Ja
[4
INTRODUCTION. CIX
Flore européenne différait de ce qu’elle est aujourd’hui, c’est qu’on
compte 230 espèces de Fougères fossiles, tandis qu’on en compte
maintenant à peine 50 ; 120 espèces de Conifères, et aujourd’hui 25.
Les Monocotylédones ne se sont développées qu’à la fin de cette
période. Les Cryptogames, aujourd’hui détruits, dominaient donc
pendant les premières époques, et les Dicotylédones gymnospermes
qui y apparurent ne virent pas la période suivante.
Voici la proportion comparée des groupes végétaux les uns aux
autres à l’époque primitive et à la nôtre :
Sur 100 espèces, on compte 92 Cryptogames, 6 Dicotylédones et
2 Monocotylédones; aujourd’hui, sur 100 espèces, nous comptons
3 à 4 Cryptogames, 80 Dicotylédones et 10 Monocotylédones.
La deuxième période, qui vit complétement disparaître la végé-
tation antérieure, comprend les terrains pénéen , du trias, jurassique
et crétacé. À cause de l’importance des terrains que nous allons
examiner et de la diversité des temps, des lieux et des modes qui
leur ont donné naissance, il faut les étudier séparément. Je com-
mencerai par les terrains pénéen et du trias ; ces deux groupes, ap-
pelés encore terrain psammérythrique ou triasique, ont succédé à
la formation des dépôts de houille après des dislocations puissantes,
et le grès rouge déposé sur la houille n’est qu'un complément de
toutes les roches antérieures. On peut juger, d’après le mode de dis-
tribution de cette roche, qu’à l’époque où cette perturbation eut lieu,
les parties émergées du globe étaient assez considérables, et, déjà
même, les îles avaient acquis une étendue assez considérable pour
affecter l'aspect continental.
Quant au caractère paléontologique de ce terrain, il est particu-
lier. Les poissons y sont nombreux en espèces, et l’on y trouve des
genres nouveaux; les tortues y sont associées aux sauriens; et les
oiseaux, dont on n’a jusqu'alors découvert aucune trace, y apparais-
sent sous une forme qui paraît être celle des grands échassiers. J'in-
siste sur l'apparition des animaux, parce qu’elle est contemporaine
des évolutions végétales, et que les granivores ne peuvent s’être
multipliés qu’à l’époque où les végétaux étaient assez abondants pour
subvenir à leurs besoins. On trouve déjà, dans cette formation, des
genres connus; mais plus de la moitié ont cessé d’exister. Quant à
la végétation, elle est difficile à préciser ; on ne trouve que des Algues
dans les schistes bitumineux.
CX INTRODUCTION.
Dans le vieux grès rouge, les végétaux dominants sont les Pal-
miers etles Conifères, ces précurseurs de la végétation phanérogame ;
dans le calcaire pénéen, ce sont surtout des Fucoïdes, qui indiquent
une origine ancienne; le grès vosgien, qui lui est superposé, ne
renferme que quelque peu de bois silicifié, indice toujours infaillible
de la présence des eaux. L’étage inférieur des grès bigarrés, époque
de peu de durée, est assez riche en empreintes de végétaux carbo-
nisés. L’étage supérieur contient beaucoup de végétaux : ce sont des
Calarnites, un grand nombre de Fougères et des Calamodendron ÿ
le Foltzia, genre le plus remarquable de la famille des Conifères, y
est abondant, ainsi que le genre Æaidingeria. C’est à cette époque
qu'on voit apparaître le plésiosaure, animal étrange, dont la tête est
semblable à celle du lézard, et qui a les pattes d’un cétacé et le cou
d'un serpent.
Dans le calcaire conchylien, qui a trois étages, on ne trouve de
végétaux, parmi lesquels je signalerai les genres Vevropterts et Man-
tellia, que dans les étages inférieur et supérieur; car dans l’étage
moyen on ne trouve rien ou presque rien. Ce qu'il ÿ a de frappant
dans cette évolution ascendante, sur laquelle je ne cesse d'appeler
l’attention du lecteur, c’est que l’on voit pour la première fois appa-
raître des annélides, et qu’on a trouvé des becs de seiche (mollusques
du groupe des céphalopodes), ce qui indique déjà une plus grande
perfection dans la forme de certains organes. Les poissons y sont re-
présentés par des espèces nouvelles, et les sauriens, mi-partis pois-
sons et sauriens, tels que l’ichthyosaure, se montrent pour la pre-
mière fois et durent jusqu’à la fin du terrain oolithique.
Les marnes irisées, qui ont trois étages, abondent en végétaux;
on en trouve d’une cinquantaine de genres; dans les grès keuprique,
ce sont des bois minéralisés, désignés sous le nom de s#pite, et qui
servent de chauffage quand ils ne sont pas trop pénétrés de subs-
tances minérales; car dans ce cas on s’en sert pour en extraire de la
couperose et de l’alun. Cependant, dans le Wurtemberg, on les em-
ploie comme combustible. Les genres Vilsonia et Pterophyllum ap-
partiennent à ce terrain.
Le lerrain jurassique est digne d'étude à cause de ses apparitions
organiques. À l'époque de sa formation, les eaux couvraient encore
la plus grande partie de l'Europe, et les animaux doivent y avoir
été très-abondants, si l'on songe que les couches du coralrag sont
INTRODUCTION. CX]
presqne exclusivement composées de débris de coquilles et de poly-
piers. Les ammonites et les bélemnites y vivaient en nombre considé-
rable, ce qui tend à prouver que les mers étaient en général peu
profondes. La plus grande partie des mollusques de cette époque
appartiennent à des genres éteints , et il n'existe plus une seule espèce
vivante des poissons de cette période. Les sauriens y sont devenus
de plus en plus abondants; ils formaient sans doute une grande
partie de la population du littoral, ce qui permet de penser que la vie
animale s’était assez multipliée pour que ces voraces sauriens trou-
vassent une nourriture abondante; car une des lois communes aux
animaux comme aux végétaux , c’est que le nombre en est constam-
ment proportionnel à la nature du milieu, c’est-à-dire aux facilités de
la vie. Les formes sous lesquelles ils se présentent sont les crocodiles,
les ptérodactyles, les plésiosaures et les ichthyosaures. D’après la ma-
nière dont ils sont conservés, on est tenté de croire qu'ils ont été
subitement enfouis, ce qui doit avoir également eu lieu pour des
végétaux essentiellement terrestres, qui n’ont pas subi les déforma-
tions que semblerait comporter un long transport.
La végétation de cette longue et remarquable période diffère de
celle qui précède autant que de celle qui suit : les Lycopodiacées,
les Calamites, les Palmiers des formations carbonifères, ont disparu ;
il y a un bien moins grand nombre de Fougères à nervures réli-
culées; ce sont, en général, des Cycadées, telles que des Zamites et
des Otozamites ; mais les formes les plus anciennes de cette grande
famille ont disparu, et des Conifères, parmi lesquelles se trouvent
les genres Brachyphyllum et Thuytes. La végétation paraît avoir
ressemblé à celle de la Nouvelle-Hollande.
Le lias est riche en corps organisés, et les végétaux y sont nom-
breux, entre autres les Fougères. On y trouve aussi des Palmiers et
leurs fruits.
Le groupe oolithique, qui comprend jusqu’au groupe portlandien,
ne contient de végétaux en abondance que dans l’étage inférieur.
Les Conifères s’y présentent sous la forme du genre Brachyphyllunr,
et l’on y trouve, outre les Cycadées, des Marsiléacées, parmi lesquelles
je citerai les Baiera Hutioni et dichotoma, et un véritable Equise-
tum, qu'on a appelé Æquisetum columnare. Dans les étages moyen et
supérieur il y en a peu; mais ce qui caractérise surtout cette période
et montre comment le règne végétal a été la première base de la nour-
Cxij INTRODUCTION.
riture des animaux appartenant aux diverses séries, c'est que les
mammifères apparaissent sous deux formes herbivores : ce sont les
genres Paleotherium et Anoplotherium, dont la structure dentaire
indique des animaux vivant plutôt de végétaux herbacés que de
branches d'arbres. On voit par là que la terre devait alors être ta-
pissée de plantes basses el gazonnantes, et que les terres émergées
avaient une certaine étendue, pour que ces animaux pussent vivre
éloignés des sauriens, qui se retiraient dans des petits golfes près
des eaux.
Dans la partie supérieure de cette seconde période, nous remar-
quons que des émergences nouvelles eurent lieu; et qu'alors se pro-
duisirent des amas d’eau douce; et sur la pente des montagnes, dans
le thalweg des grandes chaînes, coulèrent des ruisseaux et des
rivières qui charriaient leurs débris jusque dans la mer. Les dépôts
néocomiens sont riches en restes d’animaux et de végétaux ; de grands
reptiles qui n'ont plus d’analogues parmi nous, tels que l’{guanodon,
l'Hylæsaurus, le Megalosaurus ,- vivaient au bord des fleuves, et
l’on trouve souvent une quantité considérable de débris de tortues
des genres Érnyde, Trionyx et Chélonée. Tout ce qu’on à pu observer
en Europe, concourt à prouver que les terres nues étaient assez
considérables, mais qu’au milieu de ces petits continents il y avait
de larges étangs habités par des Paludines, en telle abondance,
qu’elles constituent seules des couches calcaires d’une assez grande
puissance. Les Équisétacées et les Fougères y sont nombreuses; les
Conifères offrent les Cryptomeria, parmi lesquels je citerai le Cryp-
tomeria primæva, les Abietites, les Dammarites, les Araucarites, et
l'on pent signaler, parmi les Cycadées, le Mantellia nidiformis, qui
s'y trouve à l’état siliceux. Ce sont ces végétaux qui ont donné nais-
sance aux amas de lignites qu'on voit à la base des terrains crayeux.
Les produits lacustres ne sont mêlés à des restes marins que parce
que la mer revint couvrir les terrains d’eau douce.
Quant à la végétation, elle est beaucoup moins riche dans la craie
blanche que dans l’élage inférieur. Il s’est opéré, à cette époque, un
changement qui a dù restreindre la vie à la surface du globe, les
points émergés ont dû être recouverts par les eaux, et ce qui con-
firme ce que j'avance, c’est qu’on ne trouve, dans les dépôts appar-
tenant à cette dernière période, que de rares débris de sauriens.
Le caractère de celte période est l'apparition des Dicotylédones
INTRODUCTION. Cxij
angiospermes qui commencent à se montrer dès le principe de l’épo-
que crétacée. On trouve des Fucoïdes dans le grès qui porte leur
nom, à cause de leur abondance. Les Palmiers s'y retrouvent sous
la forme Palnacites. Les Dicotylédones gymnospermes y sont en
-petit nombre, et sont représentées surtout par des Amentacées et
quelques genres mal déterminés. |
La troisième période, qui commence au terrain parisien, se ter-
mine à l’époque actuelle. On peut le diviser évolutivement en trois
groupes : le terrain supercrétacé, qui part du terrain parisien pour
finir aux alluvions anciennes ; celles-ci forment un second groupe,
désigné sous le nom de terrains clysmiens, et le troisième est formé
par les terrains récents ou les alluvions modernes.
Cette période se distingue par l’abondance des végétaux Dicotylé-
dones angiospermes, et parmi les Monocotylédones, par les Pal-
miers, subordonnés pourtant aux premiers sous le rapport du nom-
bre. On ne trouve déjà plus de Cycadées en Europe, et les Conifères
appartiennent à des genres propres aux régions tempérées.
Après la période crétacée, il se passa à la surface du globe de
nombreux changements; les terres augmentèrent, et avec elles le
nombre des êtres vivants; 1l disparut cependant, par suite du chan-
gement qui s'était opéré dans la température, un grand nombre de
végétaux de nos contrées; ainsi nous ne trouvons plus, ni dans
l'argile plastique, ni dans le calcaire grossier, les Fougères et les
Cycadées gigantesques qui y vivaient aux époques antérieures; ce-
pendant nous y rencontrons encore des Palmiers, mêlés à des osse-
ments de Crocodiles et de Pachydermes, ce qui indique que notre
climat était au moins celui de la Syrie. On trouve dans le terrain
parisien un grand nombre d’Algues et de Monocotylédones marines,
et surtout beaucoup de formes extra-européennes; ce sont des Jon-
germannites, des Muscites, des Équisétacées, des Chara, des Cu-
lamites, parmi lesquelles je mentionnerai le C. parisiensis, des
Potamogeton et des Flabellaria parisiensis. Parmi les Dicotylé-
dones, des Conifères, telles que les Juriperites, les Thuytes, les
Cupressites, les Pinites, les Taxtites. Puis des Amentacées, parmi
lesquelles je citerai ies genres /uglans, Ulmus, Betulus, et entre autres
espèces caractéristiques, le Betulinum parisiense; des Légumineuses,
des OEnothérées, des Malvacées, des Éricacées, des Sapindacées.
Les empreintes végétales sont nombreuses dans l'argile plastique;
TOME I, INTRODUCTION. — Livraison 0. 0
EXIV INTRODUCTION.
jusqu'à ce moment on n'en à reconnu aucun qui fût marin; ils sont
plutôt palustres, appartenant aux genres Exogenites et Endogenites.
Le calcaire grossier contient des débris appartenant aux genres Cul-
mites et Flabellites, surtout dans sa partie moyenne; et, dans le
calcaire d’eau douce, on trouve pour la première fois des graines de
Chara medicaginula. Les grès de Fontainebleau présentent quelques
traces de végétaux qui paraissent appartenir au groupe des Monoco-
tylédones ; l'argile à meulière compacte contient des troncs d'arbres
silicifiés, et outre l'espèce de Chara dont j'ai parlé plus haut, les
graines du Chara elicteres. On y trouve aussi les graines du Aym-
phœa Arethusæ, mêlées à des Exogenites et des Lycopodites.
Dans le terrain de molasse jusqu'aux faluns , les Cryptogames ap-
paraissent rarement; on peut citer, parmi les Monocotylédones,
quelques Graminées , des Liliacées et plusieurs Palmiers; parmi les
Dicotylédones, on en trouve beaucoup dont le bois est silicifié; ce sont
toujours des Conifères; mais le nombre des familles angiospermes
augmente. Ce sont des Laurinées, des Ombellifères, des Cucurbita-
cées, des Apoeynées, etc. Ce qui caractérise cette époque, e’est le
mélange des formes exotiques propres aux régions chaudes de l'Eu-
rope avec celles des régions tempérées.
Dans les argiles qui accompagnent les lignites, on reconnaît des
Ormes, des Noyers, des Bouleaux , des Érables et un Comptonia ;
les fruits même de certaines espèces ne peuvent être distingués de
ceux qui existent aujourd'hui dans notre climat. Je signalerai parti-
culièrement , dans les gypses du Midi, des débris de bois de Palmier
et des empreintes du genre Palnacites.
Au-dessus des faluns on ne trouve plus de formes équatoriales, le
caractère de la flore est devenu celui des régions tempérées ; on re-
marque cependant encore des genres étrangers mêlés aux genres in-
digènes, tels que des Achras, des Sapindus, des Celastrus, des
Comptonia, des Liquidambar, des Bauhinia, des Cassia. Le Ti-
lia prisca y figure comme type de la famille des Tiliacées. On est
frappé du grand nombre d’espèces d’Érables et de Chênes qui s’y
rencontrent.
Les allavions anciennes, le Déluviurn des géologues anglais, l’an-
cien terrain diluvien, ont un tout autre aspect : les terres se sont
élevées, les eaux douces coulent de toutes parts dans les replis du
sol, et la vie peut se répandre; ce n’est pas toutefois qu'il ne s'y
INTRODUCTION. CxV
passe encore d’étranges changements : ce sont des sources Jjaillissant
du sein de la terre et venant ajouter au désordre qui règne à sa sur-
face; ce ne sont pas seulement des eaux douces, mais des eaux
chargées de carbonate de chaux , de carbonate de fer, ou acidules et
rongeantes, qui percent les couches inférieures et viennent s'épan-
cher au dehors. Tous ces remaniements, qui ont peut-être été con-
temporains des premières races humaines, ont pu laisser tradition-
nellement le souvenir d’un déluge universel, expression vague qui
doit n'avoir indiqué qu’une inondation étendue, mais limitée à une
partie de la terre. Nous n’avons plus à signaler ici que la grande
évolution animale sous sa forme dernière, qui est l’apparition de
l’homme. Partout on trouve des éléphants, des rhinocéros, des ours,
des chiens, des chats, des hyènes, des bœufs, des cerfs, et, dans
les cavernes à ossements, leurs débris sont mêlés à ceux de l’homme
et à des restes d’une industrie grossière. La végétation a suivi la
même marche : ce sont des végétaux Dicotylédones d’espèces autres
que celles que nous connaissons aujourd’hui, ce qui prouve que la
flore européenne était différente de ce qu'elle est actuellement : elle
en possédait un grand nombre dont on ne trouve plus aujourd’hui
les analogues qu’en Amérique. La répartition des végétaux est alors
seulement devenue proportionnelle au climat ; et sur les points qui se
sont refroidis, les Dicotylédones ont pris le dessus. Le monde orga-
nique est complet, il ne varie plus dans ses types, mais seulement
dans quelques-unes de ses formes; sa puissance plastique ne va pas
au delà. Je ne parlerai pas des alluvions modernes, c’est l’histoire
de notre époque; il n’y a plus qu’à résumer ce long chapitre en peu
de mots.
Malgré les lacunes immenses, sans doute, qui existent dans la
série végétale fossile, nous voyons bien manifestement les végétaux
passer, dans leurs évolutions, du simple au complexe, et suivre une
véritable voie ascendante par le perfectionnement symétrique des
organes, ce que j’exposerai longuement dans un des chapitres sui-
vants pour l’ensemble des végétaux de notre époque. J'ai pensé de-
voir m’étendre sur ce sujet, dans la conviction que ces connaissances
premières sont indispensables pour se livrer avec succès à l'étude
philosophique de la science.
EXV] INTRODUCTION.
CHAPITRE II.
DE LA DISTRIBUTION DES VÉGÉTAUX A LA SURFACE DU GLOBE.
Après avoir jeté un coup d'œil rapide sur la flore antédiluvienne,
il convient de passer sans transition à la distribution actuelle des
végétaux à la surface du globe, pour bien faire connaitre les lois
générales de la végétation. Quelques-unes seulement, les plus im-
portantes , nous sont connues; mais il en est d’autres qui nous échap-
pent, et qui longtemps peut-être encore seront enveloppées des voiles
du mystère.
Aujourd’hui que la météorologie a pu rassembler un nombre res-
pectable de faits, il nous est possible d'apprécier les causes qui chan-
gent le caractère de la végétation d’un pays et contribuent à en
modifier le climat. Nous allons rapidement passer en revue les lois
climatériques, afin de bien faire comprendre la loi de distribution
des végétaux et les causes de la variété qui règne dans leur dissé-
mination à la surface du globe. Ce sont la température, les vents, les
courants, les pluies et la lumière.
La première et la plus importante est la température : en effet, la
température de la terre et de l’espace joue dans le caractère de la
végétation un rôle qu’il est difficile de méconnaïtre. Elle émane de
deux sources distinctes : le soleil, son foyer le plus direct, et la
chaleur propre à la terre elle-même, qui varie, suivant la nature
du terrain et les circonstances locales, entre 12 et 35 mètres pour
un degré, avec une moyenne de 31 à 32 mètres. Cependant, à 6
ou 7 mètres seulement, le thermomètre enfoncé dans le sol reste
stationnaire et indique seulement une température égale à celle de
la moyenne de l’année. Il en résulte que cette seconde source de
chaleur est d’une mince influence sur le développement des végé-
taux.
Un des principaux modificateurs de la chaleur terrestre est l’état du
ciel : on conçoit, en effet, que la présence de nuages qui intercep-
tent les rayons lumineux doit modifier la chaleur émise par les
rayons solaires. Si cette influence est grande sous notre climat, elle
Pest bien plus encore sous les tropiques, où l’on remarque que les
contrées dont le climat est pluvieux ont une température moyenne
INTRODUCTION. CXVI]
plus basse que les pays dont le climat est plus sec. Cette différence
est surtout sensible sur la côte occidentale de l'Amérique méridio-
nale.
Maintenant nous trouvons, comme cause permanente de modifi-
cation dans le caractère des flores, les différences de température qui
divisent la terre en climats si nombreux, et qui s'élèvent depuis
+ 47° de chaleur comme maximum, pour descendre jusqu’à — 50°
comme minimum; mais il faut observer que les extrêmes ne se trou-
vent que dans l'intérieur des continents, et que, sur les côtes, la dif-
férence est moindre. Nous voyons, par exemple, aux îles Féroë, par
le 62° de latitude nord, la moyenne hibernale supérieure à celle de
Londres. En hiver, la température moyenne de ces îles est — 3°,90 ; la
température moyenne de l’été + 11°,60; la différence est de 7°,70 ;
tandis qu’à Londres la moyenne de l'hiver est — 3°,22, celle de l’été
+ 16°,75; la différence est donc de 13°,53. Paris est dans le même
cas, et la différence même est plus grande encore : la moyenne de
l'hiver est — 3°,59, celle de l’été 18°,01; la différence est de 14°,42.
A mesure qu’on pénètre dans les terres, la différence augmente : à
Berlin, elle est de 18; à Prague, de 20°; à Ratisbonne, de 21°; à
Saint-Pétersbourg, de 23°; à Moscou, de 27°; à Kasan, de 31°; à
Irkoutzk, de 33°, et à lakoutzk, de 56°. Cette loi est sans exception :
la Norwége même a un climat plus doux dans l’hiver que la Suède,
qui en est séparée par les Dofrines; aussi, quand on a traversé cette
chaîne, on trouve d’un côté le climat pélagien, et de l’autre le climat
continental.
Quoique dans la règle les températures soient dépendantes, non-
seulement de la latitude, mais encore de la longitude, on voit des
points qui ont une température moyenne égale avec une différence
de latitude de 14. On trouve que la ligne qui passe par tous les
points dont la température moyenne est de 14° à 11°,5, atteint dans
l'Amérique du Nord le 45°, et dépasse le 50° en Europe; sur les bords
de la mer Noire, elle descend au 44°; peut-être même, dans le centre
de l’Asie, tombe-t-elle encore plus bas.
Les températures moyennes sont si trompeuses, qu'on trouve ra-
rement à les soumettre à une loi commune; ainsi Canton, Macao,
Calcutta, la Havane et Owhyhée sont cinq points appartenant à la
limite extrême de la zone tropicale, presque sous le même degré de
laütude, et ayant pour température moyenne :
(0 QUIT INTRODUCTION.
Cotes #5.180 02. LT 26°
Ba Havane.t cc « 470. Le 25°
au i 1 FÉES pee EE et 21°
2 PET PEAR PME à 22°,50
Dana ce ue: SLIDE 22°
On ne peut se faire, même avec l’aide de ces chiffres, une idée de
la nature réelle des climats; car, tandis que pendant juin, juillet et
août, Canton et Macao ont une chaleur insupportable, Owhyhée jouit
d’une température très-agréable.
Il faut donc chercher la cause de cette différence, qui prouve que
l'angle sous lequel le soleil vient frapper la terre n'est pas le seul élé-
ment qui en détermine la température, dans les vents, la cause la
plus puissante de la rupture de l'équilibre.
Ils sont soumis à des variations nombreuses, dont les causes nous
sont en partie seulement connues; mais nous n'avons pas ici à nous
occuper des causes, nous n'avons qu’à étudier les effets.
Sur les côtes il règne constamment deux vents contraires : les vents
de terre et les brises de mer. Ces deux phénomènes se renouvellent
avec la plus admirable régularité : à neuf heures du matin, l'air, de
calme qu’il était, commence à s’agiter; il arrive de la mer un vent
qui augmente en intensité et dure jusqu’à trois heures de l’après-
midi; il décroit jusqu’au coucher du soleil, pour faire place au vent
de terre, qui dure jusqu’au matin. La direction de ces deux vents
est perpendiculaire à celle de la côte, quand il ne vient pas un autre
vent en modifier la direction.
Il'existe également dans les montagnes des brises de jour et de
nuit, provenant de l’échauffement alternatif des cimes des montagnes
et de la plaine par le soleil levant; le premier détermine un courant
ascendant, et le second produit un courant descendant.
Partout, enfin, où règnent des vents, soit continus, soit alternatifs,
ils produisent dans la température des variations qui ont sur la ré-
gularité des saisons une influence caractéristique. Les moussons ou
saisons de l’Hindoustan sont dues aux vents réguliers qui règnent
pendant l’hiver et l'été, mais dans une direction différente.
La configuration des continents est la seule modification de la
marche des venis qui pénètrent fort avant dans les terres, et y ap-
portent du froid ou de la chaleur, suivant les régions qu'ils ont tra-
versées.
INTRODUCTIOK. CXIX
Ainsi, dans le midi de l'Europe, les vents du nord sont d’une
äpreté remarquable; en effet, l'opposition entre la température élevée
de la Méditerranée et celle des Alpes, dont les sommets sont cou-
verts de neiges éternelles, donne lieu à des courants d’une extrême
violence, et si le vent du nord vient s'y mêler, il en résulte une brse
qui renverse tout ce qu'elle trouve sur son passage. Le rstral de
Provence est dans le même cas; c’est un vent du sud très-froid.
Dans les déserts, au contraire, où l’action du soleil n’est pas amortie
par une terre couverte de verdure, et où des sables quartzeux,
mauvais conducteurs de la chaleur, renvoient par rayonnement le
calorique accumulé, il se produit des vents si chauds que ce n’est que
dans de rares oasis que l'humidité permet à la végétation de se pro-
duire , et la terre n’est cultivable et habitable que le long des grands
fleuves, tels que le Nil, l'Euphrate, le Tigre. Partout ailleurs, la na-
ture semble stérilisée par une chaleur desséchante. Cependant, dans
l’Inde, où le règne végétal a atteint l’apogée de son développement, et
dans les vastes plaines de l'Amérique du Sud, il règne.des vents très-
chauds, et, sur certains points, ils ont une qualité assez stérilisante
pour que les essais de culture des plantes européennes n’y puissent
réussir. Sur les côtes de l'Australie, tous les vents de terre sont égale-
ment très-secs. Nous avons en Europe des vents qui participent à ces
mauvaises qualités : ce sont le szrocco d'Italie et le so/ano d’Espagne
La direction des vents exerce encore une influence puissante sur
la température. On a dressé des tables qui démontrent que, dans toute
l'étendue de l’Europe, les vents les plus froids sont le N.-E., le N.
et le N.-0., et les plus chauds le S. et le S.-E. A Paris, il y a une
différence de près de 4° entre la température régnant par un vent du
N.-E. ou par un vent dus. |
Les courants sont encore des causes d’échauffement ou de refroi-
dissement, et, par conséquent, ils jouent un rôle important dans la
nature des climats : je citerai entre autres le Gulf-stream, qui, parti
des tropiques, traverse l’Atlantique en conservant une température
assez élevée pour que, entre les 40° et 41° de latitude, les eaux du
courant aient encore une température de 22°, tandis qu’en dehors elle
n’est que de 17°. Partout où passent ces courants à température éle-
vée , ils accroissent celle des terres le long desquelles ils coulent.
Aussi, quoique sous la même latitude, les Florides sont-elles plus
chaudes que les Canaries de près de 2°.
CXX INTRODUCTION.
La température de l'équateur, déduite de celle des lieux situés
entre les tropiques, est de 27°,53 en moyenne, et l'on remarque que
sur ce point de la terre les différences de latitude ont beaucoup moins
d'influence sur le climat, ce qui tient à la faible hauteur du soleil
dans les différentes saisons, et à l'influence des courants marins et
aériens qui règnent dans ces régions.
Le rôle de la température dans la végétation étant des plus impor-
tants, on l’a étudié le premier pour chercher les rapports qui existent
entre la distribution de la chaleur et le caractère de la végétation.
C’est ce qu’a fait M. de Humboldt, en traçant le premier, sur des cartes,
des lignes passant par tous les points dont la température moyenne
est la même, ce qui lui a donné une série de courbes qu’il a désignées
sous le nom de lignes #sothermes , c’est-à-dire ayant une température
égale. Elles sont loin de décrire des courbes parallèles en s’éloignant
de l’équateur; elles subissent des Inflexions qui tantôt les rappro-
chent, tantôt les font capricieusement s’écarter l’une de l’autre, et
elles n’ont conduit qu’à cette connaissance : c’est que la température
de l’ancien continent est plus élevée que celle du nouveau, et que
sur les continents, la température est plus basse dans l'intérieur des
terres que sur les bords de la mer, et sur le littoral occidental que
sur l’oriental. Ces différences sont indépendantes des latitudes, et le
parcours d’une même #so{herme peut varier de 2000 kilomètres; Ja
différence est d'autant plus grande qu’on s'éloigne davantage de
l’équateur. Je me bornerai au simple énoncé de cette loi, sans entrer
dans aucun développement sur le parcours des principales lignes
isothermes. Je dirai cependant que l’on trouve sur la même éso-
therme YÉcosse et la Pologne, l'Angleterre et la Hongrie, ce qui
n'empêche pas que les climats de ces quatre régions ne soient aussi
dissemblables que leur végétation.
Un des faits les plus importants constatés par le tableau des lignes
isothermes, c’est que le pôle nord n’est pas le point le plus froid de
la terre, et qu’il ÿ a dans l’intérieur de chaque continent un pôle du
froid, c’est-à-dire un point où la température est la plus basse. Ces
travaux n'ont été faits que pour l'hémisphère boréal; on manque
de renseignements sur l'hémisphère austral, de sorte qu’on n’a que
quelques éléments d’isothermes de cette partie du monde.
La condition d’ésothermie, déjà si insuffisante comme moyen d’ap-
précier le caractère d’une flore locale, n’est pas suffisante pour que la
INTRODUCTION. CXX]
végétation soit identique; il faut pour cela qu’elle soit également
distribuée dans le cours des saisons, de sorte qu’à travers l’année il
n'y ait pas de différences trop considérables. On à donc établi deux
‘autres systèmes de lignes imaginaires : les unes dites zso/hères, pas-
sant par les lieux qui ont en été une même somme moyenne de cha-
leur; et les autres, ésochimènes, passant par ceux dont la tempé-
rature de l’hiver est semblable. Ce qui prouve jusqu’à quel point ces
données sont muables, c’est que ces deux systèmes de lignes sont
bien loin d’être parallèles aux ésothermes, et l'on comprend, en effet,
combien, à travers l’étendue des continents, il est difficile de trou-
ver des localités dont la situation soit tellement identique, que la
distribution de la chaleur y puisse être la même; on ne peut guère
trouver cette égalité de température que dans le voisinage des
grandes masses d’eau; aussi les îles ont-elles une température plus
uniforme que les continents, et les petites îles plus que les grandes ;
il ya même, à latitude égale, des différences de 20° et plus.
La température décroît encore avec la hauteur; car la terre n’est
pas plate, mais hérissée d’inégalités, et les parties les plus basses
sont celles qui partant des bords de la mer montent jusqu’à ce qu’elles
aient atteint un point culminant présentant une pente du côté op-
posé, le tout massé en terrasses irrégulières, coupé de vallées, et
formant, là des amas de montagnes, plus loin des chaînes étendues;
ici, le roc est nu, et la terre stérile se couvre à peine d’un mince tapis
de mousse; là, il est surmonté d’une épaisse forêt d’où s'exhalent
des masses de vapeurs humides, qui arrêtent les vents dans leur
marche ou les dispersent; ajoutons à cela les rivières, plus ou moins
rapides, resserrées dans un thalweg profond, les masses d’eau réu-
nies sur certains plateaux ou sur des terrasses, on verra que tout
concourt à modifier puissamment la chaleur, qui déjà suit une loi
décroissante à mesure qu’on s'élève.
A l’équateur, la loi du décroissement est à peu près la même dans
toutes les saisons; mais il en est autrement dans les régions polaires,
et l’on a trouvé qu’au Spitzhberg le décroissement moyen est de 1° pour
172 mètres. On a remarqué que, dans les Alpes, cette hauteur varie
suivant les mois de l’année; il faut 176 mètres en été, et 270 en hi-
ver, pour avoir un abaissement d’un degré. Il en résulte que la diffé-
rence entre la moyenne de l'été et celle de l'hiver diminue à mesure
qu’on s'élève dans les montagnes. Dans les plaines de la Suisse, à
TOME 1, INTRODUCTION. — Livraison p. p
CXXI] INTRODUCTION.
400 mètres, elle est de 19°; sur le Saint-Gothard, à 2,091 mètres,
elle est de 14°,9; sur le Saint-Bernard, à 2,493 mètres, de 13°,8.
De Saussure pensait qu’à 12 ou 13,000 mètres, la différence entre les
saisons devait disparaître. La moyenne du décroissement, en France,
a été évaluée à 145 ou 148 mètres pour un degré.
Dans l’Amérique du Sud , le décroissement de la température a été
évalué à 1° pour 191 mètres dans les montagnes, et 1 pour 243
sur les plateaux; dans les Indes, on trouve au midi 477, et au nord
296; en Sibérie, c'est 247 mètres, et aux États-Unis 222.
La quantité moyenne de pluie joue un grand rôle dans la végéta-
tion, etil existe, sous ce rapport, des différences caractéristiques,
ce qui influe puissamment sur l’aspect végétal d’une région. Dans
certains pays, la pluie ne tombe qu’avec une extrême rareté; dans
d’autres, ce sont de véritables torrents. M. de Humboldt a vu, sur les
bords du Rio-Negro, tomber en cinq heures 47 millimètres d’eau, et
il en tombait autant tous les jours. À Bombay, il en est tombé en une
seule journée 108 millimètres. Depuis huit heures du soir jusqu’à six
heures du matin, la quantité d’eau recueillie était de 277 millimètres.
Sous les latitudes plus élevées, il tombe moins d’eau dans un temps
donné, et lorsque la quantité d’eau qui tombe en un jour dépasse
3 centimètres, les plaines basses sont inondées.
Entre les tropiques, l’abondance des pluies est grande, mais la
chute en est plus réglée ; aussi divise-t-on l’année en deux saisons, la
saison sèche et la saison pluvieuse. Dans l'Amérique méridionale, si-
tuée au nord de l'équateur, le ciel est serein depuis décembre jusqu’en
février; à la fin de ce dernier mois, l’air se chaïge d'humidité, et pen-
dant tout le cours de mars les éclairs sillonnent le ciel. A la fin d’avril
on est entré dans la saison des pluies; mais il s’en faut que les pluies
tombent à la même époque. Quelquefois il ne pleut que la nuit,
d’autres fois c’est seulement le jour, et, dans d’autres pays, c’est aussi
bien la nuit que le jour, ce qui paraît tenir au voisinage des mon-
tagnes. L'évaporation de l’eau tombée la veille sature l'air de va-
peurs à un tel point, qu’en Afrique les objets qui ne sont pas ex-
posés à l’action du feu sont pénétrés d'humidité. C’est cette époque
qui amène généralement les maladies si funestes aux Européens. En
Afrique, près de l'équateur, la saison des pluies commence en avril;
dans le pays qu’arrose le Bengale , entre le 10° de latitude boréale et
le tropique , elle dure depuis le commencement de juin jusqu’au com-
INTRODUCTION. CXXII]
mencement de novembre. Il en est de même dans l’intérieur des
terres.
Sur les côtes occidentales de l'Amérique, à Panama, les pluies
commencent dans les premiers jours de mars, et à San-Blas, en Ca-
lifornie , il pleut rarement avant le milieu de juin. Dans les pays si-
tués près de l’équateur, où les époques du passage au zénith sont
séparées par un intervalle plus long, on a deux saisons pluvieuses et
deux saisons sèches.
La limite septentrionale de ces pluies périodiques n’est pas encore
connue avec exactitude : à la Havane et à Rio-Janeiro, on remarque
déjà des conditions climatériques qui ont quelque analogie avec celles
des hautes latitudes. Dans le désert de Sahara, la limite paraît être
vers 16 degrés de latitude boréale; mais, sur les deux mers qui bai-
gnent les côtes d'Afrique, elle est plus septentrionale.
Dans l’Inde, la succession des saisons présente la même ano-
malie. La côte occidentale a la saison des pluies pendant la mous-
son de S. O., et la saison sèche pendant celle de N. E. : tant que
règnent les vents du S. O., il y a des orages chaque jour. Dans lin
térieur des terres, les pluies sont rares, et sur la côte orientale le
ciel est serein. C’est au mois de juillet que les pluies sont le plus abon-
dantes.
Pendant la mousson de N. E., les pluies tombent sur la côte de
Coromandel; mais comme les montagnes y sont moins escarpées,
les pluies sont moins fortes. A cette époque, la côte occidentale jouit
de la belle saison.
Sur le plateau du Décan, il y a un climat moyen, participant des
deux , et l’on a remarqué, pour cette région, que la distribution de
la pluie dépend de la distance qui la sépare de la mer.
La quantité de pluie qui tombe dans les Indes est telle, que, dans
des lieux situés près de la mer, il en tombe pendant l’année de 190
à 320 centimètres; cependant la pluie est loin d’être continue : il ne
pleut que pendant quelques mois, et seulement durant quelques
heures de la journée. Les gouttes d’eau sont énormes, très-serrées et
tombent à terre avec force. Dans l’intérieur, la pluie diminue à me-
sure qu'on s'élève; aussi, à Seringapatnam, est-elle à peine supé-
rieure aux régions pluvieuses moyennes de l’Europe.
A mesure qu’on s’éloigne de l'équateur, la périodicité des pluies
diminue , et l’on n'en peut déterminer la transition avec exactitude.
CXXIV INTRODUCTION.
Seulement on sait qu'entre les tropiques, il pleut en été, et au nord
des tropiques, en hiver.
En Europe, la loi générale est la même; il pleut d'autant moins
qu’on s'éloigne davantage des bords de la mer. En Angleterre il
tombe, sur la côte occidentale, 95 centimètres d’eau par an; sur la
côte orientale et dans l’intérieur, il n’en tombe plus que 65. Sur les
côtes de France et de Hollande, la quantité de pluie est de 68 centi-
mètres, et de 65 dans l’intérieur du pays; dans les plaines de l’Alle-
magne, de 54; à Saint-Pétersbourg et à Bude, de 43 à 46. Cette loi se
trouve confirmée par le nombre de jours de pluie dans l’année. En
Angleterre et dans la France occidentale, il y a en moyenne 152 jours
de pluie par an; dans l’intérieur de la France, 147; dans les plaines
de l'Allemagne, 141; à Bude, 112; à Kasan, 90, et dans l’inté-
rieur de la Sibérie, 60 seulement.
Pour faire apprécier les différences que peuvent apporter, non-
seulement la quantité de pluie, mais encore sa distribution suivant
les saisons, je donne quelques-uns des principaux rapports entre la
somme de pluie tombée en hiver et celle tombée en été. En Angle-
terre et en France, la quantité d’eau qui tombe en été est à celle qui
tombe en hiver comme 9 : 10; en Allemagne, il en tombe deux fois
plus en été qu'en hiver; à Saint-Pétersbourg, trois fois, et en Sibérie
quatre fois.
L’océan Atlantique n’exerce que peu d’influence sur les pays situés
au nord de la Méditerranée. Les vents d'ouest se déchargent de l’eau
qu'ils contiennent, sur les Pyrénées, les montagnes de l'Espagne et
celles du midi de la France. Dans la vallée du Rhône, la quantité de
pluie est à peine supérieure à celle qui tombe en Allemagne; mais
avec unerépartition différente.
Ea Italie, la distribution des pluies n’a rien de régulier, de sorte
que cette étroite bande de terre, si accidentée pourtant, est soumise
à des variations assez grandes dans la végétation, à cause même de
la différence d'humidité de son climat.
La lumière exerce encore sur la végétation une influence qu'il est
impossible de méconnaître; c’est à élle que les tissus doivent, non-
seulement leur couleur, mais encore leur fermeté; sous son influence,
les fleurs sont plus chaudement colorées et plus odorantes; les prin-
cipes essentiels sont plus exaltés, les poisons plus dangereux, et les
fruits plus sucrés et plus savoureux. Avec un décroissement dans
INTRODUCTION. CXXV
l'intensité lumineuse, les tissus deviennent flasques et décolorés, la
maturation est incomplète et les fluides aqueux dominent. La lu-
mière est donc, avec la chaleur, une des principales sources de la
vie. Ce qui explique la variété qui existe dans le caractère végétal
propre à chaque climat, c’est que chacun d’eux reçoit d’une manière
différente les rayons lumineux , et de leur plus ou moins grande obli-
quité, de la plas ou moins longue durée de la lumière dépend
l'intensité des divers phénomènes que j'ai signalés plus haut. On
comprend de ‘quel océan de lumière doivent être inondées les ré-
gions équatoriales, qui reçoivent presque verticalement les rayons du
soleil pendant la moitié du jour, tandis qu’au fur et à mesure qu’on
s’en éloigne, les nuits surpassent les jours en durée, les rayons lu-
mineux ne frappent plus qu’obliquement la terre, etles végétaux ne
jouissent plus au même degré de son influence bienfaisante. Une
autre cause qui tend encore à modifier l'intensité des rayons lumi-
neux , c'est la masse des vapeurs qui en interceptent l’action et en
diminuent la force.
D'un autre côté, les plantes des montagnes reçoivent, il est vrai,
la lamière plus directement; mais elles en jouissent moins longtemps,
car à peine sont-elles délivrées de leur manteau de neige et ont-elles
joui des bienfaits d’une atmosphère lumineuse, qu'elles rentrent dans
les ténèbres et n’ont connu la vie que quelques jours.
On a constaté, par des expériences réitérées, l'influence de l’élec-
tricité atmosphérique sur la végétation ; on a même cherché à l’appli-
quer comme moyen d’excitation au développement des plantes; mais
nous en savons trop peu sous ce rapport pour pouvoir assigner à ce
fluide le rôle véritable qu’il joue dans l’évolution des végétaux. Je
m'abstiendrai donc de me jeter dans des considérations théoriques
qui seraient hors de propos. Ce que j'ai voulu faire, dans ces prolégo-
mènes, c’est établir les causes qui, en modifiant les climats, c’est-à-
dire les conditions d'existence des végétaux, ont pu apporter des
changements dans leur développement, leur forme et la durée de leur
vie, afin de faire comprendre à la fois la loi de leur distribution, et
celle de variation dans leur forme, sous l'influence des modificateurs
ambiants.
Pour déterminer le mode de distribution des plantes à la surface
du globe, on a divisé la terre en huit zones, qui sont :
1° La zone équatoriale, qui s'étend à 15° de chaque côté de lé-
CXXV] INTRODUCTION.
quateur, et jouit d’une température annuelle moyenne de 26° à 28° C.
L’humidité de son atmosphère contribue, avec le concours de la
chaleur, à développer les formes végétales, qui y sont aussi belles
que variées.
2° La zone tropicale, qui commence au 15° et s'étend jusqu'aux
tropiques, avec une température estivale moyenne de 26° et hiber-
nale moyenne de 15%C. Déjà, sous cette zone, on trouve des varia-
tions assez nombreuses dans la température.
3 La zone suhtropicale, qui partant des tropiques s'élève jus-
qu’au 34°. Sa tempéralure moyenne est de 17° à 21° C., ce qui permet
encore à des plantes équatoriales d’y réussir. C’est la plus agréable
pour l’habitation de l’homme, parce que l'hiver n’y oblige pas encore
à chercher les moyens de se soustraire à sa rigueur.
4° La zone tempérée chaude comprend du 34° au 45° de latitude;
la température moyenne y est de 12° à 17°C.
ÿ La zone tempérée froide, qui commence au 45°, et finit au 58,
avec une température moyenne de 6° à 12° C.
6° La zone subarctique, qui comprend du 58° au 66°,32, avec une
température moyenne de 4° à 6°.
7° La zone arctique, qui part du cercle polaire, 66°,32, et s’étend
jusqu’au 72°. La température moyenne n’y est guère de plus de 2° C.
8° La zone polaire, qui part du 72° et se prolonge jusqu'aux
pôles. La durée de l’été y est de cinq à six semaines. La température
moyenne y est de —16°,9 : en été, elle est de + 3°,1; dans le mois
de juillet elle s'élève à 5°,8; mais, en août, elle retombe à 1°,2, et
l'hiver, elle descend jusqu'à — 33°,3.
Ce système paraît au premier abord capable de satisfaire l’esprit :
on y voit des coupes régulières avec des températures moyennes
bien tranchées; mais ce qu’on ne sait pas, c'est qu'à l'exception,
peut-être, de la première et de la dernière zone, qui sont les mieux
déterminées, les autres comportent une infinité de nuances dans les
climats, avec une différence en plus ou en moins souvent considéra-
ble. Il y a dans ces zones, comme partout ailleurs, des climats con-
tinentaux et marins, des plaines, des terrasses et des montagnes. En
un mot, On ne pourrait, même en multipliant plus encore les zones,
arriver à des unités climatériques et régionales.
On a beau vouloir faire intervenir les lignes isothermes , on n'est
pas arrivé à une loi qui satisfasse l'intelligence. Les climats sui-
INTRODUCTION. CXX VI]
vent des lois plus capricieuses encore que les courbes isothermes, et
des régions entières, telles que la Nouvelle-Hollande, la Nouvelle-
Zélande, le cap de Bonne-Espérance, offrent un caractère de végé-
tation qui ne ressemble à aucun autre. La découverte des lignes iso-
thermes, isochimènes et isothères, semblait cependant devoir faire
sortir la géographie botanique de son état d'incertitude et l’élever à
la hauteur d’une science exacte; mais il entre tant d’autres éléments
dans la composition d’un climat, que l’on tombe encore dans l’ar-
bitraire, et l’on est aujourd’hui à la recherche de la loi véritable. De
Jouables efforts ont été faits dans cette direction, mais ils n’ont abouti
jusqu’à présent à aucun résultat. La nature semble se jouer de nos
méthodes, elle nous échappe toujours par quelque endroit; c'est
pourquoi il n'y a pas, à proprement parler, de système satisfaisant
en géographie botanique. Si nous employons la méthode des zones,
nous avons un très-petit nombre de familles qui peuvent y entrer
sans exception; nous sommes toujours obligés de nous jeter dans
l'arbitraire pour concilier les faits avec la théorie. C’est cependant
encore cette méthode qui est le plus généralement adoptée comme
étant la plus simple; mais elle est en même temps la plus spécieuse.
Ce ne peut être qu’un des éléments à employer dans l'étude des lois
de distribution des végétaux , et c’est même par là qu'on devrait finir.
Willdenow le premier chercha la vérité dans une autre voie: il
voulait grouper les végétaux de manière à former pour ainsi dire une
région de chacun de ces groupes ; mais il était parti d’un point arbi-
traire, et ses efforts furent inutiles : il ne sortit pas la géographie
botanique de son état d'incertitude. Il admit à priori que toutes les
espèces végétales que nous trouvons dans les plaines et au pied des
montagnes, ont pris naissance sur ces mêmes montagnes, et que
de là elles sont descendues sur les rampes des monts, puis à leurs
pieds, et de proche en proche jusqu'aux parties les plus basses des
terres. Il en résultait que chaque système de montagnes était un centre
de création végétale, et qu’il fallait établir autant de groupes d’affi-
nités végétales qu’il y a de systèmes. Ainsi, nous aurions eu en
France le système des Pyrénées et celui des Alpes comme les deux
systèmes dominants. Il aurait fallu, pour que l'hypothèse de Will-
denow fût fondée, que chacun de ces systèmes eût sa flore spé-
ciale, unique; mais,il n’en est rien. Schouw nous apprend que, dans
son voyage en Norwége, il prit la liste de toutes les plantes qu'il
CXX VII] INTRODUCTION.
avait trouvées dans la vallée de Tinddal, et que, sur 125 espèces,
5 seulement ne se trouvent pas dans la flore de la Suisse; il répéta
ailleurs, près de Gousta, la même observation, et arriva aux mêmes
résultats.
Par une de ces méprises qu'on expliquerait chez tout autre que
chez Willdenow, si l'esprit de système ne justifiait pas toutes les er-
reurs, ce botaniste regarde comme caractéristique de la flore scan-
dinave le Satyriumn repens, V Arbutus uva urst, les Vaccinium myr-
tillus, Vitès idæa et oxycoccos, V Andromeda poliifolia , la Linnea
borealis, le Tofieldia borealis, les Malaxis Læselii et paludosa, et
le Sedum palustre; or, les quatre premières se trouvent en Italie, les
huit premières en Suisse, le Sedum palustre dans les Carpathes, et
le Tofieldia borealis dans les Alpes de Salzbourg. On voit par là jus-
qu’à quel point Willdenow, parti d’une basse si fausse, a dù s’éloi-
gner de la vérité.
Tréviranus a fait, dans sa Biologie, une tentative semblable : il a
essayé de réunir toutes les plantes du globe en un petit nombre de
flores générales systématisées; mais il n’a rien pu tirer de satisfaisant
de cette idée, qui me semble cependant la plus philosophique. A
l’époque où il écrivait son livre (1803), la science de la géographie
botanique était trop peu avancée pour cela. Comme il partait d’une
base positive , et non d’une base hypothétique comme Willdenow,
quoiqu'il lui fût postérieur de six années, il était plus empêché que
lui par le manque de documents précis. |
Schouw, le seul botaniste qui se soit occupé avec persévérance de
cette branche importante de la science, a cherché à grouper les
plantes en régions, ou plutôt en royaumes géographiques (geogra-
pluske Riger), et il admet pour principe qu’on n’y comprendra que
les plantes dont la moitié au moins des espèces y seront indigènes,
dont le quart au moins des genres leur sera exclusivement propre ou
s'y trouvera au maximum, el que des familles entières y croîtront
exclusivement ou y auront leur maximum. Partant de ce principe, il
établit les régions suivantes :
I. Des Saxifrages et des Mousses, avec deux provinces :
1° Les Carex (flore arctique);
20 Les Primulacées et les Phyteuma (flore alpestre de l’Europe
méridionale). |
I. Des Ombellifères et des Crucifères , avec deux provinces :
INTRODUCTION. CXXIX
1° Les Chicoracées (flore de l’Europe septentrionale) ;
2° Les Astragales, les Halophytes et les Cinarocéphales (flore
de l’Asie septentrionale).
III. Des Labiées et des Caryophyllées, avec cinq provinces :
1° Les Cistes (Espagne et Portugal);
2° Les Salviées et les Scabieuses (France méridionale, lialie,
Sicile);
3° Les Labiées frutescentes (flore du Levant et de la Grèce;
4° La province Atlantique (Afrique septentrionale) ;
5° Les Joubarbes.
IV. Partie orientale tempérée de l’ancien continent. Il donne à
cette région le nom de Royaume des Rhamnées et des Caprifoliacées.
V. Des Astérées et des Solidaginées.
VI. Des Magnoliées.
VII. Des Cactées, des Pipéracées et des Mélastomées.
VIII. Des Cinchonacées.
IX. Des Escaloniées, des Vacciniées et des Wintérées.
X. Région chilienne.
XI. Des Syngénésées arborescentes.
XII. Région Antarctique.
XIII. Région de la Nouvelle-Zélande.
XIV. Des Épacridées ei des Eucalyptées.
XV. Des Mésembryanthémées et des Stapéliées.
XVI. Région de l’Afrique occidentale.
XVIL. Région de l'Afrique orientale.
XVIII. Des Scitaminées.
XIX. Highland indien ou Terres hautes de l'Inde.
XX. Cochinchine et Chine méridionale.
XXI. Flore d'Arabie et de Perse; il proposerait de donner à cette
région le nom de Région des Cassiées et des Mimosées.
XXII. Iles de la mer du Sud.
Dans des leçons ultérieures, M. Schouw augmenta ce cadre de huit
régions nouvelles, que je ne citerai pas, parce que les principes sur
lesquels elles sont établies n’ont nulle ressemblance avec ceux qui
servent de base aux régions précédentes.
On ne voit rien, dans ce plan, qui parle vivement à l'esprit; ce
mélange de noms géographiques et de noms de familles végétales
fatigue l'intelligence, qui y cherche vainement une idée.
TOME 1, INTRODUCTION. — Livraison q. q
EXXX INTRODUCTION .
Depuis M. Schouw, il n'y a aucun travail qui ne rentre dans lies
trois principales théories que je viens d’exposer, même l’excellent
ouvrage de F.S. F. Meyen, et le savant article de M. de Jussieu sur
le même sujet, publié dans le Dictionnaire universel d'histoire na-
turelle. Je citerai cependant encore un des points de vue d’asso-
ciations végétales par formes similaires, puisé dans l’ouvrage de
M. Meyen, pour ne rien laisser ignorer des essais faits en ce genre.
M. Meyen a réuni un certain nombre de familles végétales en
20 groupes , qui rentreraient dans les régions de M. Schouw, bien
qu'ils soient mieux définis. Ils n’apprennent, au reste, comme toutes
les coupes arbitraires, que peu de chose sur la distribution géogra-
phique des végétaux; car chaque fois qu’un groupe est bien naturel,
il répond à une zone, de sorte que l’on n’a pu en tirer qu’un faible
parti. Je vais cependant faire connaître ce mode d’association systé-
matique, parce qu'il appartient à la botanique générale, et habitue
à voir les végétaux par grands groupes et non morcelés en genres
étriqués ou en espèces douteuses.
1% Groupe. — Formes Graminées ; il comprend sous cette déno-
mination les Grarminées vraies, les Cypéracées, les Restiacées et
les Juncacées.
2° Groupe. — Formes Scttaminées, comprenant les Scitaminées
et les Husacées.
3° Groupe.-— Formes Pandances, les Typhacées et les Dracæna,
de la famille des Asparaginées.
4° Groupe. — Formes Broméliacées, les Broméliacées vraies,
avec leur tribu des 7#/landsiées.
5° Groupe. — Forme des Agavés : ce groupe, dont le genre 4gave,
de la famille des Broméliacées, est le type, comprend les Æ4/oës et
les Yucca, de la famille des Liliacées.
6° Groupe.— Les Palniers, auxquels se rattachent les Cycadées,
par leurs formes Cycas et Zamia.
7° Groupe. —Les Fougères ; il est composé de cette seule famille.
8 Groupe. — Les Formes Minosées, démembrées de la grande
famille des Légumineuses.
9° Groupe. — Les Arbres verts ; ce groupe se compose de la grande
famille des Conifères avec le genre Casuarina, détaché de la fa-
mille des Myricinées.
10° Groupe. — formes Protéacées, Épacridées et Éricacées.
INTRODUCTION. CXXX]
L'auteur rapproche ces trois familles comme ayant des caractères
communs. Ils sont plus frappants pour les deux dernières que pour
la première.
11° Groupe. — Forme Myrtacée, rapprochée des Protéacées à
cause de la ressemblance du mode de floraison des Banksia, des
Melaleuca et des Metrosideros.
12° Groupe. — Forme des Arbres à feuilles caduques. I comprend
sous ce nom, non-seulement ceux dont les feuilles tombent à l’ap-
proche de l’hiver, mais ceux qui ont des feuilles persistantes, avec
un aspect général semblable. Ce sont les 4mnentacées, les Ulmacées,
les Ziliacées , les Acérinées , les Ilicinées , le genre Olivier de la fa-
mille des Oléacées, les Lauriers, de la famille des Zaurinées, les
grands arbres appartenant aux familles des Halvacées, des Urticées
et des Euphorbiacées.
13° Groupe. — Les Formes Cactoïdées, comprenant toute la fa-
mille des Cactées , les Euphorbiacées cactoïdes, quelques 4sclépia-
dées, parmi lesquelles les Stapelia, les Sarcostemma et les Ceropegia.
414 Groupe. — Les Plantes charnues, comprenant les Ficoidées ,
les Crassulacées , auxquelles on pourrait réunir les Portulacées char-
nues.
15° Groupe. — Formes Liliacées, les Liliacées vrates, les Ama-
ryllidées , les 1ridées, les Narcissées.
46° Groupe. — Forme des Lianes; ce sont tous les végétaux grim-
pants appartenant aux familles des Malpighiacées, Bignoniacées ,
Passiflorées, Aristolochiées, Viticées , Convolvulacées , Caprifolia-
cées, Urticées, le Houblon, et Cucurbitacées, la Bryone.
17° Groupe. — Forme des Pothos , comprenant les 4roidées.
48 Groupe. — Formes Orchidacées, composées de la seule famille
des Orchidées.
19° Groupe. — Forme des Mousses, comprenant les Mousses.
20° Groupe. — Forme Lichénoïde; ce groupe est composé de la
grande famille des Zichens.
Je ne vois guère le parti scientifique à tirer de ce système d’asso-
ciation, pour arriver à plus de précision dans la loi de distribution
des végétaux ; il ne comprend qu’un petit nombre de familles végé-
tales, et ne pourrait servir qu’à montrer çà et là la substitution cli-
matérique des végétaux les uns aux autres suivant les latitudes,
pour que la même idée végétale soit représentée.
CXXXI] INTRODUCTION.
Je n’ai pas la prétention d'innover; mais je crois, pour l’intelli-
gence de la distribution des végétaux à la surface du globe, devoir
_ procéder autrement. Jenvisagerai par grands groupes les caractères
de distribution des trois grandes classes du règne végétal, en re-
montant des tropiques vers les pôles, et en réunissant les familles par
groupes ayant des affinités; je terminerai par la comparaison du .
rapport numérique des zones avec les familles; j'y joindrai des con-
sidérations sur la flore des altitudes, et je jetterai un coup d’œil sur
la distribution des principaux végétaux utiles; mais, pour ceux-là,
je m’attacherai au système des zones, comme étant le plus satis-
faisant.
Je ferai cependant observer que, ne regardant en général l’espèce
que comme un accident local, je n’attache pas une aussi grande im-
portance que les botanistes à la représentation d’un genre dans une
région par un grand nombre d’espèces, pour lui donner la priorité et
établir sa prépondérance régionale; je crois qu’il est plus philoso-
phique de s'attacher aux grandes manifestations morphologiques, et
pour moi, les familles et les grands genres ont le plus d'importance.
Cependant il faut regarder comme la région propre à un végétal celle
dans laquelle les formes génériques sont exclusivement représentées
par un grand nombre de formes spécifiques. Une autre considération,
qui exigerait un volume et de longues études, est celle de l’association
des familles, et des permutations qui se font de l’une à l’autre; mais
nous ne pouvons encore en tirer de lois générales; un simple déve-
loppement empirique nous suffira. |
Nous trouvons, en commençant par les végétaux ACOTYLÉDONES ,
que les familles de cette classe sont répandues sur toute la surface du
globe, tant sur la terre qu’au sein des eaux : les formes génériques
et spécifiques seules varient; mais ces variations morphologiques ne
tiennent qu’à la différence des milieux. Les Confervacées sont néan-
moins plus répandues dans les parties froides de l'hémisphère boréal ;
les Ulvacées sont, au contraire, un peu plus abondantes sous les
tropiques. C’est surtout entre les 35° et 48° de latitude boréale que
se trouvent les Æoridées, ce qui en fait des habitants des régions
tempérées; elles sont très-rares dans l'hémisphère austral. Les Ze-
chens, malgré l’'universalité de leur diffusion, paraissent cependant
affectionner de préférence le Nord et l'Ouest : ils sont de structure
plus parfaite vers l'équateur, et crustacés ou fruticuleux dans les
INTRODUCTION. CXXXIIŸ
régions froides ou les hautes altitudes. Les Champignons sont très-
rares sous les tropiques. Les Mousses, abondantes partout, préfèrent
néanmoins les zones froides et tempérées. La famille des Équiséta-
cées, quoique partageant la propriété d’ubiquité des autres familles
de cette classe, ne se trouve néanmoins pas à la Nouvelle-Hollande.
La grande et belle famille des Fougères a également une distribution
géographique très-étendue; mais elle affecte dans les régions chaudes
des formes arborescentes, et c’est même dans la zone intertropicale
que les genres sont le plus abondants; elle forme la 40° partie de la
flore de la Jamaïque, la 9° de celle de l'Ile-de-France, la 7° de celle
de la Nouvelle-Zélande, la 5° de celle des îles de la Société, la 4° de
- celle de l’île de Norfolk, le tiers de celle de Sainte-Hélène; elles sont
fort rares en Égypte, où l’on n’en compte qu’une pour mille plantes;
à mesure qu’on s'élève vers les régions tempérées, les formes devien-
nent herbacées, et quelques-unes même ne sont plus que de toutes
petites herbes. C’est dans cette zone qu’elles sont au minimum, et
elles augmentent relativement à mesure qu’on s'élève vers les pôles :
en Suède, elles constituent la 30° partie de la flore; en Islande, la
18°; au Groënland, la 40°, et au cap Nord, la 7°. Les Lycopodiacées
sont encore des plantes à vaste distribution, mais dont le centre de
végétation est surtout sous les tropiques. Les Cyrcadées sont presque
exclusivement tropicales, mais elles sont plus rares dans les régions
intertropicales de l’ancien monde. On a beaucoup déplacé celte fa-
mille, dont on a fait un passage des Palmiers aux Conifères, comme
servant de transition des Monocotylédones aux Dicotylédones.
Les formes tropicales arborescentes abondent surtout dans la classe
des MoxocoryLénones. Les Musacées, les Broméliacées, les Xyri-
dées, les Palmiers, les Aroidées, les Cannées, les Pandanées, sont
des plantes qui caractérisent la zone équatoriale, et descendent néan-
moins vers les zones tropicale et subtropicale, quoique par excep-
tion on trouve le Calla, de la famille des Aroïdées, jusqu’au 64° de
latitude septentrionale, et que le Palmier dattier vienne jusqu’en Es-
pagne, le Chamérops jusqu’en Italie, et qu’on trouve le Bananier en
Syrie et même en Algérie, où il a été introduit par l’homme.
Les Hémodoracées, les Narcissées, les [ridées, les Orchidées,
appartiennent également à des régions chaudes, mais plus rappro-
chées des pays tempérés. Le Brésil, l'Amérique du Sud et le Cap
sont leur patrie de prédilection, et ce n’est que par exception qu’on
CXXXIV INTRODUCTION.
en trouve des genres égarés dans d’autres régions; il en faut cepen-
dant excepter les Orchidées, qui sont, il est vrai, beaucoup plus
nombreuses et plus belles dans les régions chaudes, même équato-
riales, et y affectent des formes qu’on ne trouve pas dans les pays
tempérés; mais elles montent assez haut dans la zone tempérée
froide : elle décroissent cependant à mesure qu'on s’élève vers la
zone polaire, où elles cessent tout à fait.
On trouve partout les familles suivantes, qui sont propres surtout
aux climats tempérés : les Ziliacées, qui diminuent en approchant
de la zone polaire, et sont peu nombreuses dans les zones arctique
et subarctique; elles sont plus répandues dans l’ancien monde que
dans le nouveau; les Smilacées, dont la plus grande partie appar-
tient aux régions extratropicales; les Colchicacées, du reste peu
répandues; les 4sparaginées; les Alismacées, à distribution plus
inégale, et dont on retrouve des genres dans l'Amérique du Sud ; les
Commélinées , qui ne se rencontrent jamais dans la partie septentrio-
nale de l’hémisphère boréal; les Vyrphéacées, qui se trouvent dans
toutes les eaux du globe.
Les dernières familles de cette classe, quoique répandues égale-
ment partout, ont néanmoins des centres d'habitation de prédilec-
tion. Les Cypéracées ont une vaste distribution et paraissent affec-
tionner le Sud, plutôt pour le jeu des formes que pour le nombre des
espèces; cependant elles sont à peu près aussi nombreuses dans
la zone tempérée; mais elles ne le sont que relativement dans la
zone froide; les genres Scirpus et Carex sont en nombre décrois-
sant vers l'équateur, et le genre Cyperus, au contraire, est très-ré-
pandu sous les tropiques; les Graminées sont plus répandues dans
les pays tempérés et montent plus haut vers le Nord; les Panicées,
les CAloridées, les Saccharinées, les Olyrées, les Orrzées et les
Bambusacées sont néanmoins tropicales et ont leur maximum dans
la zone brûlante. Cependant on peut dire qu’elles sont à peu près
également répandues dans toutes les zones. Vers l'équateur, le nom-
bre des espèces augmente, et celui des individus décroit. C’est au
delà du Capricorne qu’on en trouve le moins. Les Juncacées préfè-
rent les régions septentrionales, où elles sont en grande majorité;
elles sont très-rares entre les tropiques, et bien moins abondantes
dans l'hémisphère austral que dans l'hémisphère boréal.
Quand on n'examine que ces deux classes, tout est simple, tout
INTRODUCTION. CXXXY
semble se grouper d'une manière régulière : il y a bien des anoma-
lies, mais elles sont faciles à saisir, et l’on voit, à travers les types,
les formes tropicales dominer pour les genres à développement consi-
dérable, ce qui rentre dans l’ordre évolutif qui a voulu que les
Acotylédones fussent représentées partout comme les premières ma-
nifestations organiques et les premiers agents de la destruction ; les
Monocotylédones ont dü venir après et apparaître sous leurs formes
les plus gigantesques dans les climats où abondent la chaleur, la lu-
mière et l'humidité, ces trois sources de la vie. À mesure que ces
végétaux, mous,.spongieux, qui acquièrent des proportions colos-
sales avec une grande rapidité, surtout dans les espèces non ligneu-
ses, par suite du peu de consistance de leur tissu, se sont éloignés
de leur véritable patrie, ils ont diminué et sont devenus simplement
herbacés.
Les DicoryLénones, bien plus nombreuses, présentent pour l’ex-
position plus de difficultés; cependant je procéderai comme pour les
classes qui précèdent, par groupes analogues, sous le rapport de la
distribution des familles, en remontant de l’équateur vers les régions
polaires. Je sais qu'en procédant ainsi, je ne puis embrasser que
les lois générales de distribution, mais je ne crois pas pouvoir en
faire davantage.
Le premier groupe, ou celui dont le maximum des genres ou des
espèces répond aux régions tropicales, se compose des familles sui-
vantes : les Pipéracées, dont la patrie semble être les îles de l’ar-
chipel Indien, et qui ont pour limites le 35° de latitude boréale
et le 42° de latitude australe, mais sont surtout abondantes entre
le Capricorne et le 30° de latitude boréale; les Aréstolochiées, qui
sont très-répandues dans le Brésil, et n’ont que par exception des”
représentants en Europe; les Rafflésiacées, que le genre Cyténus
n'empêche pas d’être équatoriales; les Zaurinées, représentées par
exception en Europe. On a divisé cette famille en deux sections : les
Laurinées ortentales ou indiennes, qui ont pour limites septentrio-
nales du 25° au 30°; et les Zaurinées occidentales où américaines,
qui vont jusqu’au 35°; ce qui n'empêche pas d'en trouver plus haut,
mais ce sont des individus comme égarés; les Myristicées, dort le
nombre est plus grand dans l'Asie, surtout dans les îles de la mer
des Indes, qu’il ne l’est en Amérique; les Phytolaccées, les Nycta-
ginées, les Myrsinées qui, tout en croissant sous les tropiques, n’en
CXXXV) INTRODUCTION.
préfèrent pas moins les régions montueuses de l'Asie; les 4cantha-
cées, qui ne se présentent en Europe que par exception; les B/gno-
niacées, qui ont leur habitation surtout en Amérique; les Sapotées,
essentiellement tropicales, rares dans les régions extratropicales ;
les Ébénacées, qui ont par exception des représentants en Europe
sous la forme des Plaqueminiers; les Gesnériacées : les Gesnériées
appartiennent au nouveau monde, les Cyrtandrées à l'Asie tropicale ;
elles sont très-rares dans l’Australie; les Cucurbitacées, qui ne sont
également représentées dans les régions tempérées que par exception:
c’est dans les Indes Orientales qu’on en trouve le plus grand nombre;
les Rubiacées, à l'exception du groupe européen des 4spérifoliées ;
les Loranthacées, si nombreuses en espèces sous les tropiques, et
auxquelles le Gui seul fait exception; les Rhizophorées, qui se plai-
sent seulement sur les côtes ou les rivages de la mer, dans les régions
intertropicales, où elles forment une région spéciale; les Dillénia-
cées , transéquatoriales, dont le plus grand nombre se trouve dans la
Nouvelle-Hollande extratropicale, et qui ont également des représen-
tants dans l'Australie; les 4ronacées, des régions intertropicales des
deux Indes, et dont on trouve quelques représentants jusque sous le
35° de latitude boréale ; lës Hénispermées, qui ont à peine quelques
représentants en dehors de leur zone, sont rares en Afrique, plus
rares encore dans l'Amérique boréale, en très-petit nombre au Japon,
et dont on trouve néanmoins une espèce en Sibérie; les Ochnacées ;
les Capparidées, en plus grand nombre dans les parties chaudes de
l'Amérique et de l'Afrique, et représentées par un plus grand nombre
d’espèces dans l'hémisphère austral que dans l'hémisphère boréal; les
Sapindacées, abondantes surtout en Amérique; les Malpighiacées ,
dont le plus grand nombre se trouve dans l’Amérique tropicale, qui
sont plus rares dans l'Asie équinoxiale, et qu’on n’a jamais rencontrées
en deçà du tropique du Cancer; les Guttiférées; les Olacinées, en petit
nombre partout, mais originaires desrégions tropicales de tout le globe
et de la partie extratropicale de la Nouvelle-Hollande; les Mélia-
cées ; les Bombacinées; les Bytinériacees ; les Ternstræmiacées ; les
Malvacées , très-nombreuses sous les tropiques, modérément répan-
dues dans la zone tempérée et manquant tout à fait dans la zone
froide; les Flacourtianées ; les Tiliacées, parmi lesquelles le Tilleul
seul fait exception, et qui s'élève assez haut vers le Nord; les Cac-
ces, exclusivement de l'Amérique, et qui sont richement repré-
INTRODUCTION. CXXX VI
sentées au Mexique; les Zoasées; les Passiflorées, qui ont toutefois
leur centre d'habitation en Amérique, et ne sont pas représentées en
Océanie; les Combrétacées; les Mélastornées, qu'on trouve néan-
moins en petit nombre dans l’Amérique subtropicale et tempérée, où
l’on en a constaté l'existence jusqu’au 45° de latitude boréale; on n’en
a pas encore trouvé au delà du tropique du Capricorne; et les Æoma-
dinées, rares partout, et plus rares en Afrique; le seul genre améri-
<ain est le genre /omalium.
Au second groupe, qui, tout en affectionnant les climats tropi-
<aux, a néanmoins de nombreux représentants dans des zones moins
chaudes, appartiennent les Urticées, possédant, il est vrai, un plus
grand nombre de genres sous les tropiques et dans les régions sub-
tropicales, surtout en Asie, mais qui n’en ont pas moins une vaste
distribution dans toutes les latitudes, par suite des envahissements
successifs de la culture, car elles n’y croissent spontanément qu’en
petit nombre, et toujours dans le voisinage de l’homme. II faut en
excepter les genres Cannabis et Humulus, qui s'élèvent à de hautes
latitudes. Viennent ensuite les 4maranthacées, qui ont des repré-
sentants, sinon très-nombreux, du moins très-répandus dans les ré-
gions tempérées, quoique les plantes de cette famille se plaisent surtout
dans les régions chaudes : elles sont plus communes en Amérique, où
elles s’élèvent jusqu’au 44° L. B. et au 36° L. À., qu’en Asie, et sont
très-rares en Afrique; les So/anées, dont le plus grand nombre des
genres et même des espèces appartiennent aux régions tropicales,
mais qui sont amplement représentées dans l’Europe tempérée, sans
s'élever pour cela bien haut dans le Nord : elles manquent tout à fait
dans la zone glaciale; les Jasmninées, des régions extratropicales ou
tropicales tempérées, et qui s’avancent jusque dans le midi de l’Eu-
rope : leur centre d'habitation est l’Asie; elles sont rares partout ail-
leurs; les J’erbénacées, plus équatoriales que des zones tempérées,
mais qui y sont cependant représentées par plusieurs genres; la tribu
des Cardiacées, de la famille des Borraginées; les Apocynees, qui ont
leur centre d'habitation au cap de Bonne-Espérance, et qui sont en
grand nombre dans les régions tropicales, décroissent en entrant dans
les régions subtropicales tempérées, ce qui n’empêche pas qu’elles ne
se trouvent dans certaines parties de l’Europe méridionale, et ne
s'élèvent jusqu’au 38° de latitude; les Magnoliacées ; les Lythrariées,
qui ont quelques représentants dans les régions tempérées, sont très-
TOME I, INTRODUCTION. — Livraison r. r
CXXX VI) INTRODUETION.
communes dans l'Amérique équinoxiale; les tribus des #emosées et
des Cassiées, de la grande famille des Zégumnineuses ; et les Célas-
trinées , plus nombreuses néanmoins dans les régions subtropicales.
Le troisième groupe comprend les familles végétales qui se trouvent
encore dans les régions chaudes, mais sont cependant plus ample-
ment représentées dans les régions tempérées ; ce sont : les Suntala-
cées, dont les espèces arborescentes appartiennent aux climats chauds,
et les espèces herbacées aux régions tempérées de l'Europe et de
l'Amérique ; les Convolvulacées, qui ont plus de représentants sous les
tropiques, et appartiennent néanmoins aux régions tempérées de l’Eu-
rope et de l'Asie; les Polémoniacées, qui habitent les régions voisines
des tropiques dans les deux Amériques, s'élèvent au Nord jusqu’au
34° de latitude boréale et australe, et ne sont qu'exceptionnellement
représentées en Europe et en Asie; les Daphnées, qui sont com-
munes au cap de Bonne-Espérance, se trouvent dans l'Océanie, en
Europe, et par exception dans les autres régions; les Aurantiacées,
communes sous les tropiques, et cependant largement représentées
dans les parties chaudes de la zone tempérée; les Rutacées , qui ont
la plupart de leurs représentants dans les zones tempérées, et sont
moins essentiellement tropicales; on les voit également décroitre en
quittant leur station centrale, pour marcher vers les pôles ou vers
l'équateur ; les Zérébinthacées , des régions tropicales et tempérées,
manquent complétement à la Nouvelle-Hollande; les £uphorbiacées,
abondantes dans toutes les régions, mais surtout vers les tropiques :
les végétaux de cette famille ne se trouvent ni sous les latitudes éle-
vées, ni à de hautes altitudes ; les Rhamnées, des régions subtropi-
cales et tempérées; très-rares entre les tropiques; diminuant dans les
régions tempérées à mesure qu’on s'éloigne du 44° de latitude boréale,
et bannies des zones froides; et les //icinées, qui n’appartiennent que
par exception aux régions tempérées.
Le quatrième groupe se compose de végétaux qui appartiennent
surtout aux régions tempérées. Nous trouvons en tête les Conifères,
qui sont très-répandues dans cette zone et s'élèvent assez haut vers
le Nord; après même s’être arrêtées sur les bords de la zone arc-
tique, elles reparaissent dans la zone polaire, et s’y trouvent dans
des proportions considérables; puis, en nombre également très-grand ,
les Amentacées, propres aux parties tempérées de l'hémisphère bo-
réal, et qui ne se trouvent que par exception dans l'hémisphère
INTRODUCTION. CXXXIX
austral; ce sont des arbres à feuilles caduques, qui donnent un ca-
ractère particulier au paysage hibernal de ces régions; elles sont
plus uniformément répandues, mais appartiennent également aux
zones froides; les U/macées, d'Europe et d'Amérique; les £/æag-
nées, de l'hémisphère boréal; les Polygonces; les Chénopodiées,
qui sont surtout des plantes européennes; les Plantaginées; les Plum-
baginées ; les Primulacées, qui aiment les régions montagneuses du
Nord et augmentent proportionnellement à mesure qu’on s’éloigne de
l'équateur; elles sont très-communes en Europe et en Asie; les Scro-
phulariées, qui ont une vaste distribution géographique, mais qui
affectionnent surtout les régions tempérées : cependant elles sont plus
répandues dans l'hémisphère boréal; les Zabiées, qui croissent en
plus grande quantité du 35° au 45° de latitude, s'élèvent cependant
jusqu’au 50° et diminuent notablement en approchant de la zone arc-
tique; la tribu des Prostanthérées appartient en grande partie à l’Aus-
tralie; les Borraginées, qui affectionnent les régions tempérées de
l'Europe et de l’Asie, et ne croissent que par exception sous les tro-
piques; les Gentianées , famille essentiellement européenne, qui croit
de préférence sur les montagnes, et est presque également répandue
dans toutes les zones; les Éricacées, dont l'habitat de prédilection est
le Cap; les Campanulacées, dont les Campanulées appartiennent sur-
tout à l’Europe, mais n’ont plus que de rares représentants au delà
de la zone subarctique, et disparaissent en touchant la zone polaire.
Les tribus des Stylidiées et des Goodéniées sont indigènes aux par-
ties tempérées de l’Asie, et ne sont représentées sous les tropiques
que par un petit nombre de genres; les Composées, qui croissent
partout, mais sont plus abondantes dans les deux Amériques qu’ail-
leurs, atteignent leur maximum dans les zones tempérées, leur mé-
dium dans la zone glaciale, et sont au minimum dans la zone tropi-
cale; les Dipsacées, propres presque exclusivement à l’Europe et à
l'Asie; les J’alérianées, qui ont pour centre d'habitation les régions
tempérées de l’Europe, sont beaucoup plus rares en Amérique, où
elles se trouvent sur les plages du Chili : elles descendent cependant
jusqu'aux terres magellaniques; les Caprifoliacées, des régions
tempérées et froides de l'hémisphère boréal, et beaucoup plus rares |
partout ailleurs; les Ornbellifères, qui appartiennent presque par
parties égales aux régions tempérées des deux hémisphères, sont plus
rares dans la zone froide, et très-rares dans la zone tropicale; les
-
€xÎ INTRODUCTION.
Renonculacées, qui croissent partout, mais n’ont de représentants
sous les tropiques que sur les hautes montagnes, et qui, avec une
distribution proportionnellement plus grande à mesure qu'on monte
vers le Nord, se retrouvent dans les zones les plus froides; les Ber-
béridées , propres aux parties montueuses de l'hémisphère boréal, et
plus répandues dans l'Amérique du Nord et en Asie qu’en Europe;
les Papavéracées, qui n’ont que par exception des représentants
sous les tropiques, mais sont répandues dans l’Europe et l'Amérique
du Nord; les Crucifères, qui, bien que communes partout, ont ce-
pendant pour patrie les régions tempérées de l’hémisphère boréal;
elles sont peu répandues dans la zone tempérée américaine, plus rares
dans la zone froide, et d’une excessive rareté dans la zone brülante;
les Résédacées ; les Polygalées, qui ont pour zone du 10° au 35° de
latitude, et croissent dans les deux hémisphères ; les 4cérinées, plus
communes dans l'Amérique boréale qu’en Europe; les /ypérici-
nées, qui ne s'élèvent pas jusqu'aux régions polaires, mais viennent
partout ailleurs; les Yzucées ; les Géraniées, que nous retrouvons au
Cap, mais qui sont très-répandues dans les parties tempérées de la zone
extratropicale; les Oxalidées ; les Cistinées, des parties chaudes de
la zone tempérée; les J’zolariées , les Linées, les Caryophyllées, qui
appartiennent aux régions extratropieales, surtout de l'hémisphère
boréal, et vont en décroissant doucement vers le Nord, ce qui n’em-
pêche pas d’en trouver encore dans la zone polaire; les Paronychuées;
les Portulacées ; les Grossulariées, qui affectionnent particulièrement
les régions tempérées de l'Amérique du Nord; les OEnothérées, qui
croissent dans les régions tempérées des deux hémisphères ; les 7a-
mariscinées , Qui ont pour zone de développement la partie comprise
entre le 8° et le 55° de latitude; les ARosacées; les Légumineuses,
répandues partout sous la forme Papilionacée, bien que très-abon-
dantes dans les régions chaudes; mais les formes des Hzmosées et des
Cassiées sont presque exclusivement des régions chaudes et tropi-
cales du globe.
Les régions polaires n’ont de physionomie particulière qu'à cause
du décroissement des formes végétales en nombre et en grandeur.
Ainsi, en approchant des limites méridionales de ces régions, nous
voyons le Hêtre manquer tout à coup, le Chêne s’avancer à peine à
un degré de plus, le Pin et le Sapin cesser bientôt de croître. Le Bou-
leau est le seul arbre qui monte plus haut : il s’avance jusqu’au 74°,
INTRODUCTION. cxij
mais sous une forme rabougrie : ce n’est plus un arbre, à peme
un arbrisseau. On trouve cependant encore quelques rares végétaux
qui dissimulent l’aridité du sol : ce sont en général des Cypéracées,
des Graminées, des Joncées, des Caryophyllées, des Saxifragées,
des Papavéracées, des Renonculacées, des Scrophulariées, des
Campanulacées, des Composées et des Éricacées. Les régions po-
laires arctiques ont une physionomie à peu près semblable.
Nous avons encore à examiner trois régions dont la flore a un
-caractère particulier, et qui ne peuvent rentrer dans la loi générale
de distribution : ce sont la Nouvelle-Hollande, la Nouvelle-Zélande et
le cap de Bonne-Espérance.
La Nouvelle-Hollande, tout en ayant une flore presque spéciale,
n’a de caractère végétal particulier que dans sa partie tempérée ; dans
la région équatoriale, sa végétation se rapproche par quelques traits
de celle des Indes orientales. On peut dire qu’à peu d’exceplions près,
les espèces propres à cette région ne croissent pas ailleurs, et l’on y
trouve même des groupes qui lui sont exclusifs : telles sont les 77ré-
mandrées et les Stackhousiées , une tribu des Diosmées, les Goodé-
niées, les Stylidices, de la famille des Campanulacées; les Prtto-
sporées, les Dilléniacées et les Haloragées, s’y distinguent par le
maximum de leurs formes spécifiques; les Myrtacées, les Protéacées,
les Restiacées , les Épacridées, sont dans le même cas, et l’on peut
dire que la moitié de la végétation du pays se compose d’Æucalyp-
tus, de la famille des Myrtacées, et d’4cacias , de celle des Légumi-
neuses-Mimosées; ces dernières plantes n’ont plus de feuilles, mais
de simples phyllodes.
La Nouvelle-Zélande, qui est l’antipode de Paris, et dont le climat
répond à celui de nos départements méridionaux, n’a que quelques
traits de ressemblance avec la Nouvelle-Hollande; elle a un ca-
ractère de végétation qui la rapprocherait plutôt des îles de la mer
du Sud. Les végétaux les plus abondants sont le Corypha australis,
de la grande famille des Palmiers ; le Dammara, espèce de Conifère à
feuilles larges, qui ne ressembie en rien à nos arbres verts et dont
on trouve des forêts entières, et des Métrosidéros de la famille des
Myrtacées.
Le Cap de Bonne-Espérance a un tout autre aspect : on y trouve
des Protéacées, des Diosmées , des Bruyères, en nombre considé-
rable ; mais les végétaux caractéristiques sont les Zridées, les Ficoï-
exli] INTRODUCTION.
des, les Pélargonium, de la famille des Géraniacées, les Srapélia, de
celle des Asclépiadées, les Sé/aginées, le genre Elychrysum (Im-
mortelle), de la famille des Composées, et, comme représentant la
belle famille des Palmiers absente, plusieurs espèces de Cycadées.
Une étude intéressante, si elle était complète, est celle des diffé-
rentes zones nettement indiquées par la cessation de certains grands
végétaux caractéristiques, et la substitution de certaines familles les
unes aux autres dans les différentes régions. Ainsi, nous trouvons la
limite des Palmiers marquée, dans les deux hémisphères, par deux
espèces différentes : dans l’hémisphère boréal, par le Clamærops
Aurnilis, et dans l'hémisphère austral, en Amérique, par le Palmetto;
en Europe, le Rhododendron des Alpes est remplacé, au Nord, par
le Rhododendron Laponicum , et dans les Andes, par le Bejaria. Le
Hêtre commun marque la limite de la zone tempérée froide dans l’hé-
misphère boréal; dans l'hémisphère austral, c’est le Hêtre antarctique.
La connaissance des limites latitudinales est d’un haut intérêt. Le
Hêtre, a pour limites : en Norwége le 60°, le 58° en Suède, et le 57°
dans le Smäland; en Lithuanie, le 55°; dans les Carpathes, le 4%,
et en Crimée, le 45°. Le Houx, qui s'élève jusqu'en Norwége, à
cause du climat marin de cette région, gèle parfois aux environs de
Berlin; c’est ainsi qu'à Penzance, sur la côte méridionale de l’An-
gleterre, les Carnellia, les Fuchsia, les Myrtes, qui ont besoin de
protection chez nous, passent l’hiver sans abri. On peut regarder
l’'Aune, le Peuplier noir, le Lierre, le Myrtille, l’Épine-vinette,
comme ayant une distribution semblable. Voici un petit tableau des
limites latitudinales de quelques grands végétaux :
Chêne rouvre... 1520. .,80.. 61° L. N.
Noiseber PAL, SLR 64°
Epicéa; GEL enr. . Li SN 67°,/0
Sorbier des oiseaux. ........... 70°
Pin svivesré. une à See 70°
Bouleau blanc. ..... 5 LA I 70°,40
Rouleau Nain. 5 ie ce UN 14°
Dans l'Amérique du Nord, les végétaux de la côte occidentale s’élè-
vent à de plus hautes latitudes que ceux de la côte orientale.
Le Pavia jaune a pour limite orientale le 36°, et occidentale le 44°
Le Juglans nigra — le, — Lh°
Le Gleditschia triacanthos — 38°, — lt
INTRODUCTION. exlii}
En Europe, ce dernier arbre s'élève jusqu’au 52° L. N.
Après avoir examiné les modifications que subit la végétation en
s’élevant de l'équateur aux pôles, il nous reste à étudier le même
phénomène dans son rapport avec les altitudes; et je prendrai les
Alpes suisses pour exemple, afin de parler plus vivement à l'esprit.
En quittant les belles forêts de Hëêtres et de Sapins qui couvrent le
pied des montagnes, qu’enrichissent de vigoureuses moissons et de
grasses prairies, si l’on s'élève à 500 ou 600 mètres, on se trouve,
comme par enchantement, transporté au sein d’une végétation nou-
velle. Là commencent à apparaître les végétaux a/pestres : V'Auricule,
la Gentiane acaule, l’Aconit, le Trolle, la Soldanelle, des Armoises,
des Saxifrages, des Astrantia, se présentent de toutes parts à la
vue, et les pentes sont couvertes de Rhododendrons. Les Noyers ces-
sent les premiers : puis après les Chätaigniers ; de 750 à 800 mètres,
on ne trouve plus aucune trace de ces arbres, excepté néanmoins
sur le versant méridional, où ils s'élèvent à 100 mètres plus haut. A
peu près vers la même altitude, le Chêne, qui composait l'essence
des forêts avec le Hêtre et le Bouleau, disparaît : le Cerisier croît jus-
qu'à 950 mètres, le Hêtre jusqu’à 1300 mètres; les céréales müris-
sent jusqu’à 1100 mètres dans le Nord, et 1510 dans les Grisons,
sur le versant méridional; et les arbres verts, tels que le Sapin, le
Pin, le Mélèze, constituent alors exclusivement les vastes forêts qui
garnissent ces montagnes : à 1800 mètres, ils cessent à leur tour.
Cependant, sur le versant méridional du mont Rose, ces arbres
s'élèvent jusqu'à 2270 mètres : ce sont des Mélèzes, des Épicéas,
des Pins, associés à des Aunes et des Bouleaux ; sur le versant nord,
les Conifères ne dépassent que très-rarement, et comme par exception,
2000 mètres; et le Bouleau, cet arbre robuste que nous trouvons le
dernier dans le Nord, est presque aussi le dernier à disparaître des
flancs des montagnes; il s'élève jusqu’à une égale altitude. Toute-
fois, cependant, on rencontre encore, à une centaine de mètres plus
haut, le Pin cembro; le Pin mugho ne disparaît qu’à la hauteur de
2270 mètres, les pâturages s’élèvent jusqu’à 2600; puis toute végé-
tation arborescente cesse : ce ne sont plus que de petits taillis d’Æ#/rus
viridis et de Rhododendrons. Passé la région où ces robustes enfants
des Alpes étalent leur vert feuillage, on ne trouve plus que des plantes
qui excèdent à peine le sol : tel est, entre autres, le Saule herbacé, qui
n'est plus qu’une herbe chétive; ce sont celles qu’on appelle a/pines :
exliv INTRODUCTION.
elles appartiennent aux familles des Primulacées, des Crucifères
des Renonculacées, des Caryophytllées, des Rosacées, des Léou-
mineuses, des Saxifrages, des Gentianes (quelques-unes vivent en-
semble, d’autres vivent isolées : telles sont les Alchémilles et les
Renoncules); des Composées, des Cypéracées et des Graminées,
sous des formes spécifiques particulières. La dernière plante phané-
rogame trouvée sur le mont Blanc par de Saussure, à 3469 mètres,
est le Si/ene acaulis ; et M. de Welden a trouvé sur le mont Rose, à
3683 mètres, le Pyrethrum alpinum et le Phyteuma pauciflorum.
Plus haut, on ne trouve que des Lichens et la roche nue, et à peu
de distance, la limite des neiges éternelles, qui varie suivant les la-
titudes, mais n’en est pas moins soumise à une loi constante. En
Norwége, sur le littoral, elle est à 720 mètres, et dans l’intérieur
de la péninsule, à 1072 et 1266; à Hammerfest, au 70°, à 860; au
cap Nord, à 750. En Islande, on la trouve à 936 mètres; en Sibérie,
chaîne d’Aldan, à 1364; dans l'Oural septentrional, à 1460; au
Kamtschatka , à 1600; dans les monts Altaï, à 2144; dans les Alpes,
à 2708; sur l’Elbrouz, en Caucasie, à 3272; dans les Pyrénées,
à 2721; en Sicile, à 2905; dans la Sierra-Nevada, en Espagne,
à 3410 ; à 4500, au Mexique ; à 4688, dans l'Amérique méridionale,
volcan de Puracé; sur le Chimborazo, à 5100; sur le Cotopaxi,
à 5230; dans la partie méridionale du Pérou, à 5600 ; sur le versant
méridional de l'Himalaya, à 3956, et 3067 sur le versant septen-
trional.
On voit que, de l'équateur aux pôles, ou du pied des montagnes à
leur sommet, la loi de décroissement des végétaux est la même; ce
qui le confirme encore, c’est que, dans la région alpine, on ne trouve
presque plus de plantes annuelles : ce sont des plantes vivaces ou
ligneuses qui ne sont plus dressées, mais rampent sur le sol pour
résister aux tempêtes. Si le chiffre des limites altitudinales varie sui-
vant les contrées, la loi reste identique. Dans les Andes, la limite
correspondant à la zone tempérée est entre 1000 et 3000 mètres,
et, à la zone arctique, entre 3000 et 4500 mètres; sur le mont
Ararat, en Arménie, le Bouleau , qui ne s’élève dans nos Alpes qu’à
2000 mètres, disparaît seulement à 2530 mètres, et sur le Caucase,
à 2360. Sur le versant méridional des Pyrénées, on voit disparaître
les Pins à 2420 mètres ; et, en Laponie, le Bouleau nain cesse de
croître à 585 mètres.
INTRODUCTION. cxiv
La statistique botanique est une branche de la science qui peut
beaucoup contribuer à jeter du jour sur la distribution des végétaux ;
elle nous montre que les familles et les genres répandus en plus
grand nombre sous les tropiques, et avec la plus grande variation de
formes spécifiques, diminuent à mesure qu'on s’approche des régions
polaires, de même que, dans ces régions, le nombre des espèces
décroît et celui des genres augmente proportionnellement. C'est
pourquoi 1l faut tenir compte du rapport des genres aux familles et
des familles aux genres. Ainsi, nous avons en France 7000 espèces
environ réparties dans 1100 genres, ou 6 espèces en moyenne par
genre; en Suède, un peu plus de 2300 espèces pour 566 genres, ou
4 espèces pour un genre; et en Laponie, 1100 espèces pour 297
genres, ou 3,6 espèces pour un genre.
D’après les données de M. de Humboldt, les espèces cryptogames
seraient égales en nombre aux phanérogames dans la zone glaciale,
du 67° au 70° de latitude; de moitié moins nombreuses dans la zone
tempérée, du 45° au 52°, et près de huit fois moins dans la zone équa-
toriale, de 0° à 10°. Le rapport serait de 1/15 pour les plaines et 1/5
pour les montagnes. On peut révoquer en doute l’exactitude de ces
chiffres, si l’on en juge par ce qui se passe dans nos environs, ex-
plorés si soigneusement, et depuis si longtemps, par des botanistes
intelligents. Nous voyons que le nombre des espèces de végétaux
cryptogames est de plus de 1800, tandis que celui des phanérogames
n'est que de 12 à 1400. Quand on aura fait des études cryptogami-
ques aussi complètes que le sont les phanérogamiques, on reconnaïtra
que cette supposition est fausse. Comme les éléments me manquent
pour remplir cette lacune, je ne puis que signaler l'erreur dans la-
quelle est tombé un savant qui a rendu à la géographie botanique
des services inappréciables , et qu’on peut regarder comme le premier
qui ait traité avec une merveilleuse sagacité cette partie ardue de la
science. Il ne faut pas s’en prendre à lui, si ces calculs sont inexacts,
mais à l’état de la science à l’époque où il a fait son travail. |
On a pu constater avec plus d’exactitude que la proportion relative
des monocotylédones aux dicotylédones augmente à mesure qu’on
s'éloigne de l'équateur ; jusqu'au 10° elle forme à peu près 1/6 de
l’ensemble des phanérogames pour l’ancien continent, et 1/5 pour le
nouveau; vers le milieu de la zone tempérée, elle est de 1 /4, et sur
ses limites de 1/3.
TONE I, INTRODUCTION. — Livraison s, s
cxlvi INTRODUCTION.
TABLEAU
Du rapport réciproque des principales familles de la Flore française,
disposé par régions.
De 1,400 De 2,100
RÉGIONS.
toute la
Ces régions répondent aux | Tempérée | Tempérée
chaude. | froide. | arctique. Arctique.
3,500 m.
Re nee
TOTAL DES PHANÉROGAMES. 79 3,540
Monocotylédones…. © 1:6,1 1,18
Graminées........ É : L:49 1:14
1:26 1720
1:26 1:106
manquent | 4:95
» 1:69,4
1:79 1:208
1:79 1:104
1:9,8 | 1:86,3
1:79 1:26,2
1:26,3| 1:26:2
1:26,3| 1:118
1:39,5| 1:136
manquent | 4:95
1:14,21. 4:8
126,31 1:722
1:79 1:26,8
4:7,9 | 41:93
Rosacées 1:19,7 | 4:29,5
Légumineuses : 1:39,51 1:10,2
Caryophyllées : 4:14,21 4593:8
Crucifères : 1:22 1:18,2
Renonculacées - 1:39,51 1:29,2/k
Liliacées
Orchidées
Coniferes
Scrophulariées
Gentianées
Éricacées
Saxifragacées
“JU0Z 27199 Ans S19941d sjuououstosuoi op anbueu uQ
ES
INTRODUCTION. cxlvi}
Tous ces calculs ne peuvent jamais être rigoureusement exacts; ce
ne sont que des données particulières, mais la donnée générale man-
que. Ce que nous pouvons constater, c’est que le nombre absolu des
espèces ligneuses et arborescentes augmente à mesure qu’on s’ap-
proche de l'équateur, et que la taille de tous les végétaux en général
suit un développement ascendant; ce qui n’est encore vrai que pour
les végétaux terrestres, car les Zydrophytes (les Algues) acquièrent,
dans les mers polaires, des proportions gigantesques.
Les espèces annuelles et bisannuelles ne sont cependant pas né-
cessairement des végétaux des régions glaciales; bien au contraire,
on trouve, en s’élevant vers les pôles, des arbustes et des végétaux
vivaces capables de résister à la rigueur du climat, tandis que les
plantes dont la durée est limitée, ne réussissent que dans les régions
tempérées.
L'étude de l’habitation et de l’aire, ou de la surface de distribution
des plantes, est la base fondamentale de la géographie botanique;
celle des stations viendra après, et terminera ce long chapitre. On
doit admettre en principe, ce que ne dément pas l’expérience, qu'un
végétal croît partout où il trouve des conditions d’existence iden-
tiques à celles du lieu où il a pris naissance, ou qui ne répugneront
ni à son mode d’existence ni aux diverses phases d'évolution qui
caractérisent sa vie; c’est ce que nous appelons naturalisation.
Quant à l'acclimatation, c’est un tout autre problème : il ne faut plus
seulement prendre un végétal pour le transplanter dans un milieu
où la vie est possible pour lui; il s’agit, au contraire, de prendre un
végétal et de le mettre dans des conditions où la vie est, sinon abso-
lument impossible, du moins difficile, parce qu'il n’a pas le temps
d'accomplir dans le cours d’un été sa période de végétation, s’il est
annuel, ou que le climat s’oppose à son développement s'il est vi-
vace, et que la rigueur, la durée ou l'humidité des hivers altèrent
son tissu et y portent des causes de mort. Je suis cependant convaincu
que certaines acclimatations sont possibles, mais seulement par la
succession des générations végétales, et en rapprochant lentement
l'individu à acclimater du point où on veut le faire arriver. C’est
ainsi que bien des végétaux ont pu passer dans d’autres climats en
subissant sans doute des modifications proportionnelles au chan-
gement de milieu. Nous avons sous les yeux des exemples assez
nombreux de naturalisation.
cxivii] INTRODUCTION.
L'Agave et le Nopal, originaires tous deux d'Amérique, sont
maintenant répandus partout : en Italie, en Espagne et en Afrique.
Certaines villes du Brésil et de l'Amérique du Sud comptent aujour-
d'hui, parmi les herbes inutiles qui abondent dans leurs environs et
jusqu’au seuil des maisons, l£chiun vipérine, le Marrube, l'Ortie
dioïque, qui croissent le long de nos chemins; le Chardon-Marie à
envahi les Pampas, et nous trouvons à chaque pas, dans nos terres
incultes et dans nos jardins, l'Érigéron du Canada, qui dresse co-
quettement sa longue panicule de fleurs blanches. La Nouvelle-Zé-
lande et Taïiti cultivent une partie de nos végétaux potagers; enfin
la loi de diffusion s'établit de proche en proche, de manière à ce
qu’un commun échange de végétaux se fasse entre tous les climats.
Un phénomène d’un grand intérêt, et qu'on n’a pas encore assez
étudié, est celui de la sociabilité végétale. Onrencontre, en effet, des
plantes qui croissent solitaires, isolées, sans rechercher la compagnie
de leurs sœurs ; tandis que d’autres se serrent, se pressent, semblent
se complaire dans les charmes d’une vie commune : ce sont les plantes
dites sociales.
Parmi les mousses, le Sphagnum palustre et le Dicranum glaucum
couvrent, dans le Nord, des terrains marécageux d’une manière si
exceptionnelle, qu'on y aperçoit à peine d'autres végétaux. Parmi
les Lichens, le Cenomyce rangiferinus est dans le même cas, mais
ce sont les lieux secs qu'il envahit. Les plantes d’eau offrent encore
fréquemment l'exemple de la sociabilité : tels sont les Chara, les
Acorus calamus, les Scirpus lacustris, les Arundo phragmites, qui
donnent un caractère particulier au paysage de nos climats.
Les Lemna et les Conferves, qui croissent floltantes au sein même
des eaux, sont celles qui sont le plus abondantes; elles couvrent sou-
vent des espaces considérables, et jamais on ne les trouve isolées. Les
Bruyères sont peut-être, de toutes les plantes, celles qui ont au plus
haut degré le caractère social; viennent après, mais toujours avec le
même caractère, le Pérus sybestris, le Polygonum aviculare, le Poa
annua, VUlex europæus, le Genista scoparia, les Potentilles, le
Vaccinium myrtillus, le Juncus bufonius, le Myriophyllum spicatum.
Le Bouleau, le Chéne, le Hêtre, l’Aune, quoique moins sociaux ,
couvrent ensemble de vastes étendues de terrains.
Dans la zone tropicale, les hords de la mer sont presque exclusi-
vement couverts de Mangliers. Dans les îles de la mer du Sud, les
INTRODUCTION. cxlix
Fougères arborescentes de taille moyenne croissent ensemble; à la
Nouvelle-Hollande, ce sont les Banksia speciosa et les Protea ar-
gentea. Dans l'Asie orientale, les Bambous composent des forêts en-
tières, et sur les bords du fleuve Magdalena, M. de Humboldt a vu
des forêts non interrompues de Bambou et d’Æeliconia. Les Kyllingia
et les Mimosa couvrent les savanes du bas Orénoque.
Si des plaines brülantes des tropiques nous nous dirigeons vers
les montagnes, nous y trouvons des forêts de Cnchon«a; et les Es-
callonta, ainsi que les Rhododendrons, Y sont aussi communs que
chez nous les Ajoncs ou les Genêts.
Les plateaux des Andes sont couverts de tapis de Calandrinia et
de quelques espèces de Verbénacées. On trouve au Chili, parmi les
plantes qui affectent le plus le caractère social, l’Æcacia cave, Île
Lycium gracile, et plusieurs espèces de Bambou et de Cactus.
A la Nouvelle-Hollande on trouve, dans l’intérieur des terres,
réunis en masse, le Polygonum junceum , le Cupressus callitris ,
plusieurs espèces de Protéacées et d’£Eucalyptus, qui y forment des
forêts entières.
Parmi les plantes marines, je citerai les Laminaires, les Fucus
prriferus, antarcticus et natans, comme celles qui sont réunies en
plus grande quantité sur un même point.
Après avoir passé en revue les lois générales de diffusion des
végétaux qui croissent spontanément, nous étudierons sommaire-
ment le mode de distribution des plantes soumises par l’homme à
une culture régulière, et qui servent à ses divers besoins. Je serai
bref, me réservant de donner, dans le texte de cet ouvrage, des ren-
seignements plus complets sur chaque végétal en particulier.
En Europe, la culture des Céréales ne s’élève guère plus haut que
le 70°, dans la Péninsule scandinave; encore est-ce le seul point du
globe où on les retrouve; partout ailleurs la culture est loin de
s'élever si haut.
Dans l'Asie septentrionale , elles décroissent en allant de l’ouest à
l’est : tandis que dans la partie occidentale on les retrouve au 60°,
dans la partie orientale, elles ne s'élèvent pas plus haut que le 51°.
Dans l'Amérique du Nord, on les cultive dans l’ouest jusqu’au 57°,
et sur les côtes orientales à peine plus haut que le 51°.
Il s’en faut néanmoins que ce soient toutes les Céréales qui
croissent jusqu’à de si hautes latitudes; la seule espèce de Graminée
cl INTRODUCTION.
alimentaire qui réussisse dans ces climats glacés est l’Orge, qui sert
à la nourriture de l’homme dans toutes les régions septentrionales.
L’Avoine, qui entre aussi pour une part importante dans l’alimen-
tation humaine, ne réussit pas à de si hautes latitudes; il faut, pour
en trouver la culture régulièrement répandue, descendre de quel-
ques degrés plus bas; et dans les localités où cette Céréale arrive à
maturité, on trouve déjà le Seigle , qui descend jusqu’aux bords de
la Baltique et remplace avantageusement les deux autres, qui n’y
sont plus cultivées que pour la nourriture des animaux et la fabrica-
tion de la bière.
Dans le nord de l’Allemagne, on commence à trouver le Blé, qui
est d’abord cultivé concurremment avec le Seigle, et finit par de-
venir la culture dominante. Il part du sud de l'Écosse, traverse la
France, l'Allemagne, la Crimée, le Caucase, et s’étend jusque dans
l'Asie, sans pour cela qu’on néglige les trois autres Céréales; mais
elles ne sont plus si fréquemment employées aux besoins de l’homme.
Le Seigle devient la culture des régions plus froides des montagnes,
et en descendant vers le Sud, l’Ævorne disparaît entièrement pour
faire place à l'Orge, qui est donnée aux animaux. À mesure que l’on
descend vers le Midi, le Re: et le Mais remplacent les autres Cé-
réales, ainsi que cela se voit dans la France méridionale, en Italie,
en Espagne, et ils deviennent d’une culture presque exclusive jus-
qu’au nord de l’Inde, où ils sont préférés au Blé, en traversant tous
les pays intermédiaires comme une vaste zone. En Afrique, diverses
espèces de Sorgho et une espèce de Pou, le Teff, sont cultivées comme
Céréales d’usage habituel. A l'extrémité orientale de l’Asie, le Æez
remplace toutes les Céréales, ce qui a également lieu dans les parties
méridionales de l'Amérique du Nord. On y trouve cependant aussi
le Maïs, dont la culture est même plus répandue que chez nous.
Dans l'Amérique du Sud, c’est le Maïs qui domine à l’exclusion de
toute autre Céréale; néanmoins on cultive le Blé au Brésil, dans la
Plata et au Chili. A l’extrémité australe de l'Afrique, ainsi que dans
la Nouvelle-Galles du Sud et dans la Nouvelle-Hollande, la culture
du Blé, de l'Orge et de l’Avoine a été importée par les Européens.
Si nous examinons maintenant les altitudes qui servent de limites
à la culture des diverses espèces de Céréales, nous trouvons dans les
Andes que le Haïs est cultivé jusqu’à 2,400 mètres; cependant on
le trouve encore plus haut, et ses limites latitudinales sont le 52°.
INTRODUCTION. ci}
Quand cesse le Mais, apparaît le Blé, conformément à la loi naturelle
de distribution; le Seigle et l’Orge sont les Céréales qui s’élèvent le
plus haut; mais elles s'arrêtent à 3,800 mètres. On trouve cependant
encore au Chili une Chénopodiée, le Quinoa, cultivée concurremment
avec le Blé.
Certaines espèces de Polygonées, mais surtout le Sarrasin, vien-
nent s'associer à nos Céréales, et sur quelques points les remplacent.
Sur les hauts plateaux de l’Asie, les semences des Polysonum ser-
vent à la nourriture de populations entières, et dans le nord de l’Eu-
rope, jusqu’au haut du Jutland, en Bretagne et dans une partie de la
Normandie, le Sarrasin est la base de l’alimentation.
Le Sorgho, cultivé dans l’Afrique et les Indes orientales, ne s’élève
pas plus haut que le 42°.
Le Riz, la plante graminée qui nourrit le plus de nations, a une
distribution géographique très-étendue. Il croît depuis les pays tro-
picaux et subtropicaux jusque dans la zone tempérée, et sa culture
s'étend aujourd'hui dans nos départements méridionaux. Comme il
ne réussit que dans les plaines basses et inondées , il n’a pas de li-
mites altitudinales.
En tête des plantes à racines qui sont, concurremment avec les
Céréales, celles qui contribuent le plus puissamment à l'alimentation
de l’homme et des animaux domestiques, il faut mettre la Pomme
de terre, ce tubercule précieux qui a conjuré les disettes affreuses
si communes du moyen âge et n’a encore jusqu’à ce jour rencontré
aucune plante à racine comestible qui puisse le remplacer. Sa distri-
bution géographique est immense, bien qu’elle ne réussisse pas dans
les régions brülantes des tropiques, car, à cette latitude, elle cherche
les plateaux des montagnes pour jouir d’une température plus mo-
dérée. Originaire des régions froides des Cordillères, elle s’est ré-
pandue sur les plateaux inférieurs des Indes, de la Chine, du Japon,
et a été introduite dans les iles de la mer du Sud, dans la Nouvelle-
Hollande et dans la Nouvelle-Zélande; en Europe, elle réussit par-
tout, et est cullivée dans la Laponie, en Islande, dans les îles Féroë
et jusqu’à Hammerfest.
La Patate, que nous pourrons bientôt regarder chez nous comme
un végétal alimentaire, ne croît guère au delà du 45°, bien qu’elle
ait fleuri dans le midi de la France et donné des graines fécondes.
Ses limites altitudinales sont 2,700 mètres.
cl) INTRODUCTION.
Le Chätaignier, que l'on peut mettre au nombre des grands vé-
gétaux alimentaires, a une distribution géographique assez restreinte.
En Italie, il cherche la partie abritée des montagnes, et refuse de
croître dans les parties chaudes de cette péninsule : on ne le trouve
plus en Afrique, et vers le 51° il cesse de donner des fruits. Sa zone
d'habitation est dans les montagnes du midi de l'Europe, de Asie
Mineure et du Caucase.
La distribution des plantes alimentaires tropicales est plus limitée
que celle des végétaux utiles de la zone tempérée, parce qu'il leur
faut des conditions de végétation que les autres n’exigent pas.
Le Palmier dattier, qui croit sous le 13°, a, pour limites extrêmes,
l'Espagne en Europe; encore est-ce une partie très-restreinte de la Pé-
ninsule, celle qui regarde la Méditerranée : ce qui lui donne pour
limite le 44°. Il exige une température moyenne de 13° à 14, et il
s'élève en altitude jusqu’à 600 mètres.
Le Cocotier, d’une utilité au moins aussi grande que le Dattier, et
répandu sur les bords de la mer dans toutes les parties de la zone
tropicale, a une distribution peu étendue, bien que sur une zone
assez longue; il s'élève jusqu'au 28° comme limite septentrionale, et
ses limites altitudinales sont 2,100 mètres.
Le Bananier s'arrête au 25° et ne s'élève pas plus haut que
2,000 mètres; encore lui faut-il une chaleur moyenne de 19° à 24°.
Le Musa paradisiaca ne croit pas plus haut que 1,500 mètres.
Le Manioc s'étend moins loin encore; il s'arrête au 30° de chaque
côté de l'équateur, et ne croît pas plus Hat que 1,000 mètres.
Le Sagoutier (Cycas circinalis) est essentiellement tropical.
L'/gname ne réussit plus au delà de 10° de chaque côté de l’équa-
teur. |
On voit, par ce qui précède, que l'avantage est toujours aux ré-
gions tempérées, dont les végétaux se plient mieux encore aux varia-
tions du climat et s'élèvent plus haut sur les montagnes.
La Vigne, qu’on peut mettre au nombre des végétaux les plus utiles
à l'hémine comme objet de commerce et d'échange, autant que
comme boisson réparatrice, a une distribution assez capricieuse; elle
s'étend sur une longue zone d'environ 22 degrés de latitude. Sa culture
en grand commence sur la côte occidentale de France au 47°,20;
vers Nantes, elle passe par le 49°, et remontant vers le Rhin et la
Moselle, elle s'arrête au 51° comme limite extrême; elle oscille en-
INTRODUCTION. cl
saite sur les bords de cette zone, mais sans la dépasser; cependant,
en Prusse, on trouve des treilles jusqu’à Kœnigsberg, sous le 54°,42
de latitude septentrionale.
Dans la partie septentrionale de l'Amérique, où l’on en a essayé
l'introduction, elle ne s'élève que jusqu’au 37°, ce qui s’explique par
l’'inflexion des isothermes qui traversent cette région.
Dans l'hémisphère austral, elle ne s'élève pas jusqu’au 40°; dans
la Nouvelle-Hollande, elle est cultivée sous le 34°, ainsi qu’au Cap
de Bonne-Espérance.
Ses limites en altitude sont variables : en Hongrie, elle s'élève à
300 mètres au plus; en Suisse, à 550 sur le versant septentrional,
et 650 sur le versant méridional. Dans l’Apennin méridional et en
Sicile, ses limites supérieures sont de 960, et dans les Canaries, 800.
L'Olivier s'élève du 36° au 44° de latitude avec une température
moyenne de 14°,50 à 19° C. Il ne faut pas, pour qu’il réussisse, que
la température hibernale soit moindre de + 5°,5 C. En altitude, il
croit jusqu’à 850 mètres; cependant, sur le plateau du Mexique, on
le trouve à 2,300 mètres. On le cultive au Pérou sous les 15° et 17°
latitude, et au Chili, par le 33° de latitude, ils’élève jusqu’à 1,500 mètres.
La Canne à sucre exige une température moyenne de + 19° à 25°,
et ses limites altitudinales sont 1,100 mètres; cependant, au Mexi-
que et dans la Colombie, on la cultive à 2,400 mètres, avec une
température de 13°,7.
Le Thé, cultivé en Chine, au Japon, chez les Birmans, dans le
royaume d’Ava, s'élève dans son pays natal jusqu’au 40°, avec des
limites alüitudinales de 2,500 à 3,500 mètres. Il croît plus haut dans
la zone tempérée, où il a été cultivé avec succès sous le 47°.
Le Café, plante tropicale et subtropicale, ne croît pas au delà
du 36° de latitude septentrionale.
Le Poivre est un végétal essentiellement tropical, et même inter-
tropical.
Le Tabac croit depuis les tropiques jusque sous le 55° L. N., en
changeant toutefois de qualité à mesure qu'il change de zone. Pour
qu'il ait ses qualités natives, il lui faut une région dont la tempéra-
ture moyenne soit de 15°.
Le Cotonnter, dont la patrie est la région tropicale, s'élève néan-
moins jusqu'au 41°; et dans les Indes, ses limites altitudinales sont
14 à 1,500 mètres. Il exige une température moyenne de 15° à 17°.
TOME 1, INTRODUCTION. — Livraison t. é
cliv INTRODUCTION.
Le Chanvre, qui paraît originaire de la zone tropicale, s'élève
néanmoins jusqu’au 50°; mais, comme toutes les plantes soumises
par l’homme à la culture, son aire s'accroît de plus en plus. Le Zin
s'élève encore plus haut vers le Nord. On en fait un grand commerce
en Courlande.
Avant de traiter la question des stations, qui terminera ce cha-
pitre, il est bon d'examiner en peu de mots les influences des ter-
rains sur les végétaux qu’ils nourrissent. La composition du sol agit
surtout en modifiant ses propriétés physiques : elle le rend plus ou
moins meuble ou compacte, par conséquent plus accessible aux in-
fluences de l'air et de la lumière. Sa perméabilité dépend beaucoup
de la constitution du sol sur lequel repose la couche supérieure, et
qu'on appelle le sous-sol; 1 empêche ou facilite écoulement des
eaux , ce qui le rend propre ou impropre à certaines cullures; et ce-
pendant, suivant la différence des climats, le même sol sera conve-
nable ou nuisible à une même espèce végétale. C’est pourquoi le Blé
préfère les terres alumineuses dans les climats secs, parce qu’elles
sont plus hygrométriques, et dans les climats humides, il préfère
les terres siliceuses.
Nous savons que, dans les terres si/iceuses, il croit spontanément
de préférence des Graminées, des Potentilles, des Sédum, des Her-
niaires, des Tussilages; et dans les terres calcaires, des Orchidées,
des Teucrium, des Sesleria; dans les terres gypseuses, on trouve la
petite Caryophyllée appelée Gypsophile et un petit nombre de
végétaux caractéristiques. On sait que la variation de composition
géologique influe sur la flore naturelle des localités, c’est pourquoi je
conseille de s’aider, dans ses excursions botaniques, d’une carte géo-
logique locale ou à grande échelle; et aux herborisateurs parisiens,
je recommande le travail de M. Charles d'Orbigny sur la géologie des
environs de Paris. Si l'on s'applique à bien connaître les rapports du
sol avec la végétation, on ne s’égarera plus dans ses recherches,
et Von connaîtra d’un seul coup d'œil la nature générale de la flore
de la région qu’on visite. Si ces connaissances sont nécessaires à
celui qui fait de la botanique un délassement, combien plus encore ne
le sont-elles pas à l’agronome qui cherche à approprier ses cultures
à la nature du sol.
Un phénomène dont on ne peut se rendre compte, mais qui est
constaté par un assez grand nombre de faits pour qu’il ne puisse étre
INTRODUCTION. clv
révoqué en doute, c'est celui auquel M. Thiébaut de Berneaud a
donné le nom d'apparitions spontanées , et M. Dureau de la Malle
celui d'alternance permanente. On sait qu'après l’incinération, ou
même seulement la destruction d’une forêt, il croît invariablement des
végétaux qui diffèrent suivant l'essence du bois détruit. Ainsi, dans
le duché de Nassau, on a vu le Spartium scoparium couvrir le ter-
rain qu'occupaient précédemment les bois qu’on a abattus, et dont
les racines ont été brülées sur le sol. A la Guyane, quand on a abattu
une forêt vierge, le sol se couvre de Palmistes, de Chou maripa, de
Bois puant, Anagyris fæœtida, et d’autres espèces qu’on ne rencontre
que dans les grands bois.
Après les coupes des Hêtres sur le revers du mont Dore, les Gro-
seilliers apparaissent les premiers; pendant trois à quatre ans, les
Framboisiers occupent le sol; les Fraisiers, pendant deux années ; la
Ronce bleue pendant huit à dix ans; enfin, quand le Hêtre couvre
le sol de son ombrage, tout disparaît.
Dans les forêts d’arbres résineux , on trouve, après la disparition
des Pins, non pas des Framboisiers, mais tout simplement des Frai-
siers et des Ronces. D’après Franklin, les Peupliers croissent à la
place des Pins détruits par le feu. Dans l’Amérique du Nord, le sol
des forêts vierges se couvre, peu de temps après le déboisement,
d’une espèce particulière de Trèfle. On sait que le Fraisier croît in-
variablement sur les lieux où ontété établis des fourneaux à charbon;
et l’on voit souvent, d’après Mærklin, l’Orobanche succéder au
Chanvre. ?
Lorsque, par suite de circonstances locales, il s’est opéré dans le
sol des modifications profondes, il est de toute évidence que les phé-
nomènes végétaux qui s’y produisent présentent un caractère de
nouveauté, d'étrangeté même, qu'il est impossible d'expliquer. Le
premier naturaliste à qui J’ai vu développer cette idée et s’appuyer
sans théorie sur des faits nombreux, c’est M. Thiébaut de Berneaud (1).
(1) Comme aucun ouvrage de botanique ne traite cette importante question, j'em-
prunte à ce savant une partie des faits qu’il a réunis sur cette matière :
« Il n’est point rare de voir, dans les taillis exploités en coupes réglées de huit à
douze , de vingt et trente ans, ainsi que dans les futaies de cent vingt ans, des végé-
taux herbacés ou ligneux succéder à d’autres de familles, de genres et d’espèces
différentes. Le fait est consigné dans les archives des forêts depuis le douzième siècle
de l’ère vulgaire, et les pièces qui le relatent, le font souvent remonter à des époques
clvj INTRODUCTION.
Burdach, de son côté, a recueilli un grand nombre de matériaux qui
compliquent encore la question. D’après Link, quand de l’eau salée
vient à percer le sol et à s'épancher à sa surface, il ne tarde pas à y
croître des végétaux qui ont pour station habituelle le bord de la mer.
plus reculées ; mais personne n’en avait calculé la portée, relativement à la physio-
logie végétale, quand l'ayant remarqué plusieurs fois, j'en fis le sujet d’une étude
spéciale; il s'est étendu promptement et, sans aucun doute, il gagnerait bien davan-
tage si chacun voulait y ajouter le fruit de ses recherches.
« Dans l’année 1746, des pâtres préparant un feu pour passer la nuit au milieu de
la forêt de Châteauneuf, aujourd’hui département de la Haute-Vienne, déterminèrent,
sans le vouloir et sans pouvoir l'arrêter, un incendie qui détruisit, en peu d'heures,
10 hectares environ d’une superbe futaie de Hêtres. Le propriétaire en exploita les
débris et résolut d'abandonner à la nature toute cette partie, que l’on nomme encore
en ce moment le Bois-Brûlé, sachant bien cependant que l'essence dont elle était
couverte donne très-rarement du recru de souche. Bientôt le sol, quoique tout
chargé de charbons, qu’on retrouve encore pour peu qu’on fouille avec une pioche,
offrit un tapis de Mousses dominé par des tiges de Seneçons, d’Airelles, de Bruyères,
de Houx, de Viornes et de Bourdaines, Rhamnus frangula, à travers lesquelles
s’élevèrent, quelques années plus tard, une infinité de petits Chênes, dont plusieurs
attestent, aujourd’hui (1837), le luxe d’une puissante végétation. Jusqu’alors aucun
arbre de ee genre n’avait été vu dans la forêt de Châteauneuf , et ce qui n’étonna pas
moins, c’est que nulle espèce de Chéne n’existait dans les environs, à plusieurs myria-
mètres à la ronde.
« En 1719}, plus de 1,500 hectares de bois de Lumigny, de la forêt de Crécy et de
quelques communes voisines , département de Seine-et-Marne, ayant été exploités , le
Hêtre y fut remplacé, sans le concours de l'homme, par des Framboisiers , des Frai-
siers et des Ronces ; après quatre ou cinq ans pour les deux premières espèces , et huit
à dix pour la troisième, ces humbles plantes cédèrent la place à des Chênes que l'œil
du maître voit s'élever majestueusement et lui promettre des coupes d’un haut pro-
duit. Aux bois assis sur le territoire de Haute-Feuille , aux environs de Coulommiers,
même département, c’est le Tremble qui se substitue spontanément aux vieilles
souches des Chênes. On y rencontre aussi parfois des Ajoncs, quelques faibles traces
de Saule-Marceau , et surtout une grande quantité d’Aliziers et de Pruniers épineux.
« Les forêts qui couronnent les bords escarpés du Dessombre, dont les eaux mur-
murantes se perdent dans le Doubs, sous les murs de Saint-Hippolyte, sont com-
posées de Hêtres et s'étendent sur un espace assez considérable. Lorsqu'une coupe
s’y pratique, l’emplacement dénudé se couvre d’une infinité de Framboisiers qui
fournissent, durant trois et quatre années, une abondante récolte de fruits suceu-
lents, agréables à manger. Sans les détruire entièrement, des Fraisiers leur suecè-
dent , et après eux la Ronce domine; enfin les pousses des grands arbres mettent un
terme à cette succession de Rosacées, et le nouveau bois se compose de Chênes, de
Bouleaux et de Châtaigniers. Ce phénomène qui nv’a été attesté par les propriétaires
du pays, je l’ai constaté sur des titres d'exploitation dans l’année 1819 ; je le retrouve
au sein des forêts voisines du littoral de la Méditerranée; la seule différence, c'est
qu'ici ce sont les Lentisques, les Cistes, les Arbousiers qui se montrent quand le Chêne,
le Hêtre et l'Orme ont été abattus.
« Une tradition orale et des documents authentiques m'ont également appris,
INTRODUCTION. clvi)
Il en est de même des terres imprégnées de principes salins : un
terrain enlevé à la mer pour la construction de digues, et qui était
sous les eaux depuis un temps immémorial, produisit le Salicornia
herbacea, dans les endroits les plus imprégnés de sel, l’4renaria
en 1823, lorsque je visitais plusieurs de nos départements de l'Ouest, que la grande
forêt de Chambiers, près de Durtal, département de Maine-et-Loire, présenta jus-
qu’en 1800 des Chênes magnifiques, dignes rivaux de ceux qui peuplent la superbe
forêt de Baugé, non loin de là. Vingt-trois ans plus tard , il me fut impossible d’en
rencontrer un seul individu, et je me suis assuré que l’on a vainement tenté d’en
semer et d’en planter. Le temps était venu où l’arbre vénéré de nos aïeux , les Gaulois
et les Celtes, devait être naturellement remplacé par les Bruyères et les Ajoncs, les
Genêts et les Ronces, par quelques Cormiers, des Aliziers, des Poiriers sauvages et
des Houx aux nombreux rameaux chargés de feuilles ondulées et piquantes. Le Hêtre
a refusé de croître près d’eux; le Genévrier a été moins rebelle; et, d’après cette indi-
cation, l’on a eu recours aux arbres verts, qui y prospèrent merveilleusement aujour-
d’hui. Dans deux ou trois siècles, le Châtaignier et le Bouleau remplaceront les arbres
verts, ou bien le Chêne renaîtra plus nombreux et tout brillant de jeunesse.
« Généralement , aussitôt après les coupes blanches des forêts de Hêtres assises sur
le Jura, surtout au revers du mont d'Or, l’un des points culminants de cette chaîne de
montagnes , les Groseilliers paraissent les premiers et donnent une baie aussi bonne
et tout aussi belle que celle des Groseilliers cultivés dans les jardins ; mais la erois-
sance de ces petits sous-arbrisseaux non épineux n’est que locale, et limitée à quelques
cantons seulement, et particulière à ceux dont le sol est frais sans être humide, et
consistant sans être argileux. Les Framboisiers viennent ailleurs s'emparer partout de
la place pendant trois ou quatre ans, puis les Fraisiers pendant deux années, ensuite
la Ronce bleue pour huit à dix ans; enfin, un demi-siècle écoulé, l'essence du Hêtre
et du Chêne ne tarde pas à reconquérir le terrain pour le conserver sans partage durant
trois ou quatre cents ans.
« Si nous entrons dans les forêts de Pins et de Sapins, ce ne sont plus des Fram-
boisiers qui se montrent, mais seulement quelques Fraisiers et beaucoup de Ronces,
comme on l’observa, en 1820, sur plusieurs points fort éloignés les uns des autres,
principalement à Malbuisson, près de Pontarlier; puis naissent des Sorbiers, des
Bouleaux, des Tilleuls, des Peupliers, et à leurs pieds, des Obiers et des Framboi-
siers, ainsi que Pallas le remarqua dans la Crimée, de Buch dans l’ancienne et héroïque
Scandinavie, Mackenzie dans les régions élevées de l'Amérique du Nord.
« À trois sortes de coupes sont constamment soumises, dans le même triage, les
forêts de Belesme, de Réno, de Perseigne, situées près de Mortagne et d’Alencon,
département de l'Orne. La première coupe a lieu sur Taillis de vingt ans, essence
de Chênes et de Hêtres mêélés de quelques Châtaigniers, Ormes et Frênes; trente ans
après , on fait, sur les mêmes souches, une seconde coupe qui prend le nom de Taillis
sous-futaie ; la troisième , après un siècle de végétation, et toujours sous l’ancienne
souche, est dite Coupe de haute futaie ; alors ces souches épuisées pourrissent, lais-
sent à découvert le sol qui s’imprègne des rayons solaires, des nouveaux gaz que lui
apporte l’air ambiant, et l’on ne tarde pas à voir, à la place des Chênes ruinés, s’élever,
sans semis, sans plantation et même sans voisinage immédiat , d'abord des Genêts,
des Airelles et des Bruyères, puis, à peu près partout, des tiges de Bouleaux et de
Charmes; aux lieux marécageux , des Aunes, et là où le sol est doux et argileux , quel-
clvii} INTRODUCTION.
marina , et le Poa maritima dans le sable pur. Viborg a vu en Da-
nemark, après le desséchement d’un étang qui n’avait pas été vidé
depuis plus de cinquante ans, croître le Carex cyperoides, qui n’ap-
partient pas à la flore du pays. En 1796, on mit en culture, sur les
ques Trembles et d’autres Peupliers. Quand ces arbres ont, à leur tour, fourni trois
coupes successives de vingt ans chacune, les Chênes, les Hétres, les Ormes, les
Frênes, reparaissent pour ombrager la terre durant un siècle et demi, abriter sous leurs
dômes de verdure des Houx et des Nerpruns, et disparaître ensuite totalement.
« Entrons en Helvétie, où l’antique forêt de Sauvabelin, sise au canton de Vaud,
va nous offrir, sur plusieurs points , le phénomène qui nous occupe, sans cette transi-
tion générale et jusqu'ici paraissant indispensable lorsque l'essence du bois passe des
Hêtres aux Chênes. Ce point de vue n’est pas sans intérêt pour le physiologiste. L’es-
sence dominante depuis trois siècles est en Chênes; mais aujourd’hui les arbres ont
atteint l’âge de retour; ils se couronnent ; la foudre les a tant de fois sillonnés dans
tous les sens, qu’ils donnent sur tous les points les signes non équivoques d’une ex-
trême caducité, j’allais presque dire d’une agonie imminente ; les glands eux-mêmes
qui, de temps à autre, tombent au pied de leurs troncs d’une grosseur remarquable,
sont tellement déshérités de tout principe vital, qu’ils jonchent inutilement le sol, et
que le sanglier fouille auprès sans être tenté d’en enlever quelques-uns. Les Hêtres,
au contraire, se montrent partout en heureux vainqueurs : les uns naissent, les autres
sont déjà parvenus à un brillant degré de force, et cela dans les parties de la forêt où,
depuis trois cents ans, l’on n'avait vu aucune pousse de cette espèce , et où, depuis
la nouvelle période du phénomène, aucun Hêtre n'avait atteint l’âge de la repro-
duction. |
« Sur les bords de l’Oder, au nord de l'Amérique, nous trouvons un autre fait :
des portions de marais ayant été mises en culture dans l’année 1796 ont été spon-
tanément et sur tous les points envahies par une prodigieuse quantité de pieds de
Moutarde blanche, Sinapis alba, qui n’était point cultivée dans le pays, et dont les
graines nombreuses les multiplièrent encore davantage l'année suivante. Cette appa-
rition extraordinaire rappelle celle d’un Sisymbre à feuilles lancéolées, Sisymbrium
strictissimum , jusqu'alors étranger au sol de toute l'Angleterre, que l’on vit paraître,
végéter abondamment, fleurir et fructilier sur les débris, pour ainsi dire, encore
fumants, des édifices consumés, en 1666, par l’incendie qui dévora la majeure partie
de la cité de Londres.
« Voyons maintenant ce qui se passe dans les régions équinoxiales du continent
américain , quand on détruit par le fer et par le feu ces forêts vierges, où les troncs
d'arbres de toutes les sortes, tellement élevés que le plomb du chasseur peut à peine at-
teindre les aras et autres grands oiseaux qui y nichent et en habitent les cimes toujours
vertes, s'unissent aux rhizomes gigantesques de Fougères élégantes et très-variées
dans leurs formes ; où les souples Lianes s’élancent d’une branche à l’autre, s’entre-
lacent , décrivent des courbes bizarres à côté de Palmiers, montant en colonnes har-
dies à des hauteurs prodigieuses, et d'Orchidées aussi remarquables par leur taille
que par la singularité et les larges étoiles de leurs fleurs ; où toutes les nuances, tous
les contrastes sont accumulés; où l’on trouve des serpents très-dangereux, des
jaguars aussi féroces qu'habiles à franchir toutes les difficultés, des vampires avides de
sang, des animaux paisibles , des singes aux hurlements affreux, des eaux courantes,
des savanes profondes, des rochers nus et de charmantes retraites; quand, dis-je,
INTRODUCTION. clix
bords de l’'Oder, certaines portions de marais, et, l’année suivante,
le sol se couvrit de Sénapis arvensis. I est apparu dans. plusieurs cir-
constances, après des incendies considérables, des végétaux phané-
rogames n'existant pas dans le pays; tel est, d’après Morison, cité
on détruit ces forêts magnifiques et épouvantables, le terrain se couvre immédiate-
ment d'arbres et de plantes dont les congénères n'existent nulie part autour d'elles.
Au sein des bois revenus appelés Niamans dans la Guyane, croissent en énorme
quantité deux espèces de Palmistes, l’Aouara et le Maripa des Caraïbes, le Bois-
Puant, l’Acassois, le bois d’Artie, etc., qu'on ne rencontre jamais dans les grands bois.
Au Brésil, après les arbres d’une nature tout à fait étrangère aux forêts vierges , suc-
cède une belle Fougère arborescente appartenant au genre Pteris, et en troisième lieu,
une Graminée visqueuse, que les habitants appellent Capim gordura, ou Herbe de
graisse, qui repousse tous les autres végétaux et étouffe leurs jets les plus vigoureux.
Cette plante envahissante une fois épuisée, les Baccharis paraissent, forment de
charmants bosquets toujours verts ; des arbres plus élevés surgissent ensuite et prélu-
dent au retour des grands bois. Il en est de même aux îles Baléares, principalement
dans celle de Majorque. Une forêt de Chênes ou de Pins est-elle incendiée, le Carreigt
ou l’4rundo donax de Linné s'empare du territoire, s'étend le plus loin possible,
s’assied partout avec force; mais le temps de l’usurpation passe ; alors les Cistes , les
Pistachiers , les Camelées et autres arbustes prennent la place, pour la céder plus tard
aux Chênes et aux Pins, qui cherchent à reconquérir leur sol primitif. Aux Canaries,
au contraire, ce sont les Ronces et certaines Fougères, surtout l’Aquiline, Pteris
aquilina, qui viennent envahir la place des grands arbres tombés sous la cognée ou
dévorés par le feu ; des Millepertuis, des Cinéraires se mêlent ensuite à elles, puis les
Bruyères arrivent, et après elles les Lauriers, les Fayas, Myrica faya, les Ardisiers,
les Myrsines, les Arbousiers, les Chênes verts, qui précèdent l’Olivier des montagnes,
Olea excelsa , les Pins et les habitants des anciens bois.
« À l’île Maurice , quand on défriche une de ces forêts que l’on y nomme vierges,
quoiqu’elles ne soient réellement qu’une miniature de celles du continent américain,
le sol se couvre instantanément de Harongas, de Solanées arborescentes , particuliè-
ment du Tabac marron, et d’autres plantes de genres différents , toutes exotiques à
l’île, les unes originaires de Madagascar, les autres des Moluques, et parmi celles-ci
l’on distingue en particulier l’espèce de Framboisier à laquelle Smith imposa le nom
de Rubus rosæus.
« Arrétons-nous à ces faits bien établis, et demandons-nous comment il est possible
d'expliquer la loi qui préside à cette variation singulière. Pour nous en rendre
compte, aurons-nous recours au phénomène de la dissémination, dont le but est d’of-
frir aux semences une matrice propre pour s’y établir, y végéter librement et prendre
tout le développement assigné à l'espèce? Mais les pays voisins ne présentaient point
les types générateurs, ou bien ils y étaient absolument étrangers , ou seulement men-
tionnés dans des titres très-anciens, eomme ayant existé autrefois; mais la stabilité
dans la succession de deux, trois, quatre et six genres au plus absolument différents,
ainsi que la constance des produits que l’on voit partout à peu près les mêmes , et leur
apparition à des époques fixes, ou duimoins dans des'circonstances égales, rendent ici
tout à fait inapplicables les lois ordinaires de la dissémination.
« Dira-t-on que les plantes nouvelles étaient des rejetons, des boutures, des frag-
ments de racines, de rhizomes , de traîinées demeurés dans un état d'inertie complète,
cÎx INTRODUCTION.
par Tréviranus dans sa Biologie, l’Erysimum latifolium (M. Thiébaut
de Berneaud dit que c’est le Sésymbrium strictéssimum) , sur les
ruines d’une grande partie de Londres incendié en 1666. Froriep cite,
dans des circonstances semblables, l’Erysimum angustifolium en
pendant que la surface du sol était occupée par d’autres végétaux activement sollicités
sous l'influence directe, habituelle, des rayons solaires , des variations atmosphériques,
des gaz homogènes qui les enveloppaient? Mais pourquoi ces rejelons, ces boutures,
que je veux bien admettre pour le moment réduits aux molécules les plus ténues,
conservant chacune, religieusement , toutes les parties de la plante mère, n’ont-ils pas
donné signe de vitalité, lorsque, tous les dix ans, tous les trente ans, tous les cent
ans, suivant les localités et la nature de l’essence, on faisait de temps immémorial
une coupe réglée, et même ce qu’on appelle, en termes d'administration forestière,
une coupe à blanc étoc, ou à blanc-étre , c’est-à-dire que l’on abattait tout sans dis-
tinction, sans laisser ni baliveaux, ni taillis, ni aucune sorte d’arbres? Comment,
dans les forêts incendiées exprès ou par accident, ces mêmes semences ou rejetons
ont-ils pu résister à la puissance des flammes qui, après avoir dévoré les arbres de
toutes les grosseurs, couvrirent le sol de charbons ardents, brûlèrent non-seulement
les dépouilles végétales, mais jusqu’à la terre, souvent à plusieurs mêtres de pro-
fondeur ?
« Oserait-on nous assurer que les semences qui devaient remplacer les végétaux
tembés de vieillesse ou détruits par le feu se trouvaient , pour ainsi dire, scellées dans
les fissures des roches ou sous tout autre abri quelconque, et que là, protégées par
des circonstances particulières, elles ont pu , longtemps engourdies, attendre que
l'heure d’une évolution favorable fût sonnée? Cette propriété bénévolement accordée
aux semences me semble très-exagérée, puisqu'elle embrasse, ici, une série plus ou
moins longue d'années , là , jusqu’à quatre siècles, et partout elle exige une combi-
naison de phénomènes opposés les uns aux autres. Elle peut bien, cette propriété, me
fournir une preuve nouvelle des immenses ressources de la nature, sans pour cela sa+
tisfaire aux lois connues du raisonnement. Je concois qu’un taillis, acquérant de la
force et de l'élévation , fasse périr presque subitement les plantes qui demandent une
grande lumière, un certain degré de chaleur, une ventilation large et perpétuelle,
comme les Groseilliers, les Framboisiers, les Fraisiers, les Ronces et les Fougères
que nous avons vus jouer un rôle intermédiaire dans le cas important que nous exa-
minons ; je veux même encore que certaines semences privilégiées, enlevées sur l’aile
des vents ou des oiseaux , roulées par les insectes ou transportées par les animaux qui
les ont reçues sur leurs robes velues ou soyeuses, se réfugient dans les interstices de
la couche végétale produite par le détritus annuel et successif des feuilles, des jeunes
pousses , des débris de plantes et autres, qu'elles s’y tiennent cachées jusqu’à ce que
le degré de chaleur versée sur elles par le soleil, l’action de l’humidité fournie par
la terre, impriment le mouvement nécessaire aux germes qu’elles recèlent, et que,
favorisés par les gaz circulant autour d’eux, ceux-ci atteignent tout le développement
qui leur est promis; mais je demanderai que l’on me prouve qu’il en est de même
pour le Gland , pour la Faïîne, pour les Noix osseuses et monospermes des Pins, re-
cherchés avec une sorte de fureur par les sangliers, les rats, les perroquets, les pour-
ceaux, les cerfs, les écureuils, la loxie au bec croisé, les perroquets et plusieurs autres
espèces d’oiseaux. D’une part, l'expérience nous a fait voir que des semences de di-
verses familles, enfermées en un lieu parfaitement sec, peuvent conserver et conser-
INTRODUGTIUN. cix}
Norwége, le Bliturm capitatum à Kænigsberg, le Senecio viscosus à
Copenhague. En 4839, une tranchée de 15 à 20 pieds de profon-
deur ayant été ouverte pour la construction du chemin de fer de
Birkenhead à Chester, toutes les berges se couvrirent de Sénapis ar-
vensis. La terre, prise à une grande profondeur, se couvre de végé-
taux comme si elle était saturée de germes. C’est ainsi que Henckel,
ayant mis dans un pot de la terre prise au printemps, à 2 pieds de
profondeur , et l’ayant placée au faîte de sa maison, y vit croître
des Graminées et des Orties.
J'ai suivi avec intérêt les modifications de la flore des terrains ma-
récageux qui se trouvent sur les bords de la Vesle, aux environs de
Reims : aux 7ypha, aux Sparsanium, aux Carex, aux Caltha,
qui en formaient le fond dans les parties les plus voisines de la ri-
4
vière et tendaient à les dessécher, on voyait, à mesure qu’on
s'éloignait dans les terres, quoique le sol füt le même, succéder des
végélaux de moins en moins aquatiques, et sur les bords, des plantes
des terrains secs, entre autres le Dactyle, qui croissait sur la lisière.
Je ne tire de ces faits aucune conclusion, je ne hasarde aucune
théorie, je les livre tels qu’ils sont; seulement je les recommande à
l'attention des amis de la nature.
Une étude plus modeste et non moins utile est celle des stations.
vent, en effet, longtemps leur propriété germinative ; mais celles confiées à laterre ne
s'y trouvent-elles pas sans cesse sollicitées à germer, ou bien, si l'humidité est trop
grande, à pourrir en peu de mois? De l’autre part, la multiplicité des Ronces, leurs
racines traçantes et nombreuses, la force végétative qui caractérise toutes les parties
de ces plantes, ainsi que la rapidité avec laquelle elles augmentent le nombre de leurs
tiges, et l’étendue considérable de terrain qu’elles envahissent, sont autant de causes
pressantes pour prévenir le développement de tous les germes qui tenteraient de se
montrer auprès d'elles. C’est encore pis avec la Ptéride : son rhizome produit, à la
surface de la terre, beaucoup d’articulations très-vivaces qui fournissent chacune des
jets multipliant à infini, principalement quand elles se trouvent sur un sol mis en
culture. Il en sort aussi des racines se dirigeant dans tous les sens et s’enfonçant très-
profondément; j’en ai vu qui s’étendaient à plus de 6 mètres, d’autres jusqu’à 10, et
offraient généralement près de 54 millimètres de cireonférence , ce qui les rend extré-
mement nuisibles à toute autre végétation.
« Sans aucun doute, il est des limites que l'intelligence humaine ne peut franchir;
disons mieux, l’état actuel des connaissances acquises ne nous autorise pas encore à
considérer un fait sous toutes ses faces, afin de le tourner ou de l’obliger à se décom-
poser devant nous; mais rien ne nous permet, pas même l'obscurité du phénomène
qui nous oceupe, de contester à la nature la faculté de créer, de changer ses formes,
de varier sans cesse ses productions, de leur imposer une ou plusieurs exceptions à
ses lois éternelles. »
TOME I, INTRODUCTION. — Livraison u. u
cixi] INTRODUCTION.
Quoique les flores locales dépendent des influences du milieu, l’on
ne s’y attache pas assez; c’est pourquoi j'appelle sur ce point l’atten-
tion du lecteur. Nous avons vu, par ce qui précède, que, partout où
l’homme porte ses pas, il trouve la terre ornée de verdure; qu'il aille
du pôle à l'équateur, qu’il quitte les plaines pour gravir la cime des
monts, qu'il suive le cours des fleuves ou des ruisseaux, s’engage
dans les marais, s'arrête sur le bord des fontaines limpides ou des
fossés remplis d’une vase pestilentielle, il verra que la vie végétale
est universelle, et que le manteau qui couvre la région dite des neiges
éternelles n’a pas échappé à l'empire du monde animé, puisqu'on y
trouve encore le Protococcus. Les rochers les plus durs, les monu-
ments antiques exposés au soleil brülant de l'Égypte, les déserts dont
la fraicheur si rare des nuits tempère à peine l’aridité, les profon-
deurs même de la terre, celles des eaux, ne sont pas dépourvus de
toute participation à la vie générale. Si la flore de ces localités est
restreinte, elle n’en existe pas moins, et sous des formes neuves,
parce qu’elle est appropriée au milieu. Ce que la nature n’a pas fait
pour la série phanérogamique, elle l’a fait pour le monde cryptogami-
que, ce monde des infiniment petits qui s'attache aux granites les plus
durs. Il ne faut pas méconnaïître que, la nature plaçant toujours les
êtres dans le milieu propre à leurs conditions d'existence, c’est dans
leur patrie, dans leur station surtout, qu'il convient d'étudier les
plantes, et ne pas les juger au dehors; car elles ont perdu leurs ca-
ractères natifs. Les végétaux des terres glacées acquièrent sous notre
climat des formes extraordinaires qui les rendent méconnaissables ;
les espèces tropicales s’atrophient, et même les plantes de nos champs,
celles de nos bois, prennent dans nos jardins un aspect si nouveau,
qu’elles ont cessé d’avoir le caractère qui leur est propre.
Je ne citerai les stations que pour les végétaux d'Europe; mais
comme elles comprennent toutes les localités dans leur plus grande
variété, on pourra s’en servir comme d’un guide certain pour les au-
tres parties de la terre.
Â. PLANTES DES PLAINES ET DES MONTAGNES,
Plantes des montagnes, 2lantæ montanæ. — Ce sont celles
qui croissent sur les hautes collines ou les derniers contre-forts des
grandes chaînes qui ne sont qu’accidentellement sous la neige. On a
INFRODUCTION. clxii)
réservé le nom de p/. collinæ pour celles qui croissent dans les lieux
élevés, tels que collines ou coteaux. Les végétaux caractéristiques
appartiennent aux genres : Zrifolium, Teucrium, Cynoglossum , Col-
chicum, Geum, Hypericum, Thlaspi, Hieracium, Filago, Arnica,
Valeriana, Viola, Ruta, Jasione, Coronilla, Lathyrus, Carex,
Calamagrostis, Aspidium.
Plantes des Alpes Où alpestres, ?2/. alpestres. — Les plantes
de cette station habitent sur les plus hautes montagnes; mais, dans
leurs parties moyennes, elles sont en général de stature très-médiocre;
ce sont des végétaux appartenant aux genres : Veronica, Campa-
nula, Pinguicula , Circæa, Plantago, Alchemilla, Soldanella,
Astrantia, Anemone, Aquilegia, Epimedium, Antirrhinum, Thalic-
trum, Silene, Dianthus, Rumex, Scutellaria, Calamintha, Ajuga,
Draba, Arabis, Cardamine, Crepis, Apargia, Tussilago, Hiera-
cium, Aster, Chrysanthemum , Heracleum, Eryngiumn, Rhamnus,
Saxifraga, Salix, sous une forme herbacée; Betula, Arbutus,
Avena, Poa, Phleum, Eriophorum , et une foule de végétaux cryp-
togames appartenant aux Lichens et aux Mousses, et croissant sur
le sommet aride des montagnes.
Plantes alpines, des glaciers, nivéales, ?/. rivales, alpinæ,
glaciales. — Ces végétaux, en très-petit nombre, croissent seule-
ment sur les points où la végétation a perdu sa puissance; et, à l’ex-
ception de quelques Lichens qui montent plus haut encore, elles
forment les limites extrêmes de la végétation et sont voisines des
neiges éternelles : ce sont les Potentilla nivea et frigida, Gentiana ,
Ranunculus et Draba nivalis, Artemisia et Gentiana glacialis,
Cucubalus acaulis, Diapensia helvetica.
Plantes de rochers, ?/. rupestres. — Quoique paraissant ren-
trer dans la catégorie des plantes qui croissent au milieu des pierres,
celles-ci ont un caractère particulier, et appartiennent souvent à des
genres dont les tiges et les feuilles sont succulentes, bien que beau-
coup d’autres ne soient pas dans le même cas. On appelle rupestres et
rupicolæ les plantes qui croissent sur les rochers nus et élevés, et
saxatiles, saxosæ, saxicole , celles qui sont établies sur des rochers
presque nus. Les genres auxquels appartiennent les plantes des ro-
chers sont : les Si/ene, Artemisia, Avena, Potentilla, sous la forme
rupestris ; et parmi les végétaux à feuilles charnues, les Sedum,
Sempervivum , Saxifraga.
clxiv INTROBUCTION.
2. PLANTES DES BOIS ET DES FORËTS.
Plantes des bois, ?/. nemorosæ. Un certain nombre de végé-
taux affectionnent surtout les clairières et les petites masses ‘de bois
permettant encore l’accès de l'air et de la lumière; c’est autour du
Bouleau, du Noisetier, du Pin, du Sapin, du Genévrier, que croissent
diverses espèces des genres f’accinium, Erica, Pyrola, Orobus,
Vicia, Slachys sylvatica, Senecio sylvaticus, Hieracium, Gera-
num sylvaticum; Asphodelus, Orchidæ, Phalangium, Scirpus ,
beaucoup de Graminées, des Mousses appartenant aux genres Bryum,
Hypnum, Dicranum, et un grand nombre de Champignons, comme
des Agaricus, Boletus, Cantharellus, etc.
Plantes des forêts, sylvatiques, P/, sylvaticæ.— Les plantes
qui croissent à l'ombre des grands arbres sont, en général, printa-
nières, et elles apparaissent le plus souvent avant que les feuilles
ne soient développées; car ce qu’elles recherchent surtout, ce n’est
pas la protection de leur ombrage, c’est la fraîcheur entretenue à
leur pied par la richesse du sol qui doit sa fertilité continue aux dé-
tritus abondants qui se renouvellent chaque année. On trouve dans
cette station les 4doxa moschatellina, Paris quadrifolia , Conval-
laria maialis, Asarum europæum, Asperula odorata, Actæa spi-
cata, Atropa belladona, Anemone nemorosa, Stellaria remorum ,
Poa nemoralis. Les Fougères et les Champignons croissent encore
volontiers sous un épais ombrage; mais les premières suivent leur
mode ordinaire de végétation, et les Champignons affectent de pré-
férence la saison automnale.
3. PLANTES DES BOIS ET DES CHAMPS.
Plantes des haies, ?/. sepiorum. — Il est un certain nombre
de végétaux qui, refoulés par les envahissements de la culture, se
sont retirés à l'ombre des haies: on y trouve les icia sepium,
Hordeurn murinum , Lamium album et hirsutum, Bryonia, Con-
volovulus sepium, Dianthus, Cucubalus baccifer, Solanum dulca-
mara.
Plantes champêtres, P/. campestres. — Les végétaux qui
croissent dans ces localités sont ceux qui s’'accommodent des champs
arides et incultes, où ils ne trouvent en général qu’une nourriture
INTRODUCTION. ” cIxv
peu abondante. Ce sont les Ærtemisia, Lathyrus , Gentiana campes-
très, Thlaspi, Alyssum, Eryngium, Trifolèum campestre.
Plantes des sables, ?/, arenosæ, arenariæ, sabulosæ, am-
modytes. — Cette station comprend tous les végétaux qui croissent
dans les sables éloignés des eaux. Malgré l’aridité apparente des
sables, ils renferment encore une humidité assez abondante pour
nourrir un grand nombre de végétaux. On trouve en tête le genre
Arenaria, qui doit son nom à sa station favorite, et les genres
Plantago, Statice, Salix, Calamagrostis, Carex arenaria, Arabis
arenosa, Dianthus arenarius, Allium et Sysimbrium arenarium ,
Thesium linophyllum, Anemone pulsatilla, Thymus serpillum ,
Aira canescens , Cornicularia aculeata.
Plantes des prés, des prairies, ?/. pratenses. — On trouve
dans cette station la plus grande variété de végétaux appartenant
surtout aux familles des Graminées, Composées, Légumineuses, Om-
bellifères, Labiées, et des Rumnex, des Geranium , des Rhinanthus.
Beaucoup de végétaux dont les prés sont la station propre en portent
le nom comme spécifique, tels sont les Zrifolium pratense, Phleum
pratense, Poa, Avena, Salvia pratensis. On a distingué les plantes
des pâturages, PL. pascuorum, de celles des prés, parce que les
päturages, ou pacages, sont des lieux secs et herbeux où la faux ne
passe pas, et l’on ne peut ni pour l’une, ni pour l’autre de ces deux
stations, admettre des caractères tranchés; ces dernières participant
pour la nature à celle des lisières et des hauts pre il en résulte que
cette distinction est inutile.
Plantes des lisières, ?/. versuræ. — On a établi une station
particulière pour les végétaux qui affectionnent surtout les bandes
de terre incultes, mais herbues, qui bordent les champs et les bois.
On y trouve les genres Scabiosa, Cichorium, Cerastium, Salvia,
Asperula, Euphorbium, Hypericum, Achillea, Bellis, et un grand
nombre de Graminées des genres Zolium, Phleumn, Anthoxanthum,
Alopecurus , ainsi que des Carex.
Plantes des moissons, ?/. secetales. — Les végétaux qui
croissent dans les moissons ont un caractère souvent assez parli-
culier pour qu’on ne puisse les confondre avec celles des champs
cultivés. Ce sont, en général, les Centaurea cyanus, Adonis æsti-
valis, Githago segetum, Chrysanthemum segetum, Alsiné segetun ,
Delphinium consolida, Convolvulus arvensis, Sinapis arvensis ,
CIxv] INTRODUCTION.
Rhinanthus cristagalli, Melampyrum arvense , Papaver rhœas.
Plantes des champs cultivés, P/. agrorum, arvenses. — Ce
sont celles qui viennent se mêler à nos cultures, malgré les soins que
nous prenons de les en faire disparaître par le sarclage. Elles ont un
caractère particulier, quoique beaucoup d’entre elles rentrent dans la
classe précédente. Ce sont les genres Chenopodium, Amaranthus,
Solanum, Lithospermum , Sherardia , Veronica, Sinapis, Spergula,
Ranunculus, Anagallis, Calendula, Sonchus, Fumaria , Scandix ,
Capsella, Lamium.
Plantes des guérets Ou des jachères, ?/. arvorum. — Quoi-
que peu différentes en général de celles qui croissent dans les champs
et les moissons, dont les guérets au reste ne sont que la continuation,
on y trouve comme espèces dominantes les 7laspi arvense, Iberis
amara, Myosotis scorpioides , Spergula, Sonchus, Ononis, Con-
voloulus, Anagallis, Calendula arvensis, Euphrasia odontites ,
Cerasttum arvense, Hypochæris radicata.
l. PLANTES DES HABITATIONS.
Plantes des jardins, horticoles, ?/. hLortenses. — Ce sont
celles qui croissent naturellement dans nos jardins, telles que les
Sonchus, Mercurialis, Atriplex, Alsine, Erigeron.
Plantes des toits, P/. tectorum. — Les plantes désignées sous
ce nom sont celles qui croissent sur les toits de chaume, telles que
les Sempervivum , Crepis, Bromus tectorum.
Flantes rudérales, ?/. ruderales. — C'est à regret que je
conserve cette mauvaise dénomination ; mais, faute d'autre, il faut
l’accepter : on appelle ainsi les plantes qui viennent sur les décom-
bres, dans les déblais, le long des murs et dans les lieux incultes
voisins des lieux habités; elles sont peu nombreuses, mais carac-
téristiques et appartiennent aux genres Marrubiumn, Lepidium ,
Lappa, Cynoglossum , Hyosciamus, Datura.
Plantes des fumiers, 2/. finetorum.— On à fait mutlement
une station pour les plantes qui croissent dans les fumiers : elles
n'ont pas de caractère particulier; car, malgré son nom, la Fumeterre
n’y croit pas plus qu'ailleurs.
Plantes des murailles, ?/. murales. — On trouve le long des
murs, dans leurs fissures, la Pariétaire, les Linarta, les Glecoma, les
INTRODUCTION. cix vi]
Antirrhinum, et sur leur sommet, les genres Draba, Saxifraga ,
Chondrilla, Gypsophila, Hieracium, Thlaspt, Poa, Polypodium,
Asplenium, Papaver, et parmi les Lichens, la Parmelia parietina.
Plantes des pierres, des lieux pierreux, ?/. saxaliles ,
lapidosæ , petrosæ. — Les plantes qui croissent dans les fentes des
murs y trouvent encore, dans les débris du plâtre ou de la terre qui
a servi à en unir les pierres, une nourriture qui leur permet de vivre;
mais celles qui viennent dans les pierres, les véritables saxatiles,
trouvent encore moins de nourriture; ce sont les genres Rubus,
Rhamnus, Biscutella, Arabis, Carex, Saxifraga, Sedum, Lepi-
dium, Buplevrum, Thlaspi, Alrssum.
9, PLANTES DES MARAIS ET DU BORD DES EAUX.
Plantes des prairies humides, ?/. ulisinosæ, uligtnariæ., —
La station désignée sous ce nom est humide sans être inondée; elle
tient à la‘fois de la nature des marais et de celle des prés maréca-
geux. Les végélaux qui y croissent spontanément sont impropres à
faire du fourrage; ils ne peuvent servir qu'à chauffer le four ou à
faire de la litière. Ce sont surtout des Carex, Scirpus, Galium ,
Vacciniun, Eriophorum, et quelques Orchis.
Plantes des lieux inondés, ?/. énundatorum. — Ce n’est, à
proprement parler, qu’une station accidentelle, car les lieux où
croissent ces végétaux sont souvent inondés pendant l'hiver; et dans
les années chaudes et sèches, ils sont entièrement dépourvus d’hu-
midité, de sorte qu'il y croît aussi bien des végétaux des marais que
de ceux des terres humides. Les végétaux caractéristiques sont les
Juncus squarrosus , Hypericum elodes, Lycopodium inundatum.
Plantes des marais, P/. paludosæ. — Ce qui caractérise les
marais, c’est de n’être secs en aucun temps de l’année et constam-
ment inondés et fangeux. On a réservé le nom de "”arécageuses
(palustres) pour les plantes qui habitent les endroits aquatiques : les
plantes des tourbières, P/. turfosæ, rentrent dans cette station. On
y trouve comme plantes spéciales les Sonchus palustris, Cirsium
palustre, OEnanthe fistulosa, Alisma ranunculoides, Equisetum
palustre, Hottonia palustris.
Plantes palustres OU maréeageuses, P/. palustres. — Ce
sont celles qui croissent dans les lieux remplis d’eaux stagnantes et
cixvii] INTRODUCTION.
couverts d’un épais gazon. On trouve exclusivement dans ces localités
les espèces des genres Drosera, Sphagnum, et les Vaccinium oxy-
coccos, Eriophorum angustifolium, Carex stellulata, qui sont par-
ticulièrement propres à cette station.
Plantes maritimes, littorales, ?/. maritimæ, littorales. —
On a donné le nom de Plantæ salinæ, salsæ, salsuginosæ, ou des
marais salants, à celles qui croissent dans les terrains salés ou
saumâtres du voisinage de la mer. La végétation du littoral a un ca-
ractère qui lui est propre, et l’on y trouve des végétaux caractéris-
tiques, tels que l'Eryngium maritimum , le Crithmum maritimum ,
l'Inula crithmoidea , Y Arenaria maritima , le Crambe maritima , le
Cochlearia danica, les Salicornia fruticosa et herbacea, V Aster tri-
polium, VOrseille, ŸEphedra , plusieurs espèces des genres Sa/sola,
Atriplex, Artemisia, Statice, etc.
On a établi des distinctions subtiles peut-être, mais qui ont leur
utilité, pour désigner les végétaux qui croissent dans les eaux; ce
sont les plantes aquatiques (aquaticæ), qui croissent dans l’eau où
dans son voisinage, et aquatiles (aquatiles), celles qui sont plongées
dans les eaux.
6. PLANTES DES EAUX.
Plantes des étangs, ?/. lacustres. — Ce sont les Chara, qui
vivent au fond des eaux; les Callitriche et les Lemma, qui flottent
à leur surface; les Zanichellia, Isoetes , Scirpus, etc.
Plantes des fossés et des eaux stagnantes, ?/. stagnales.
— On désigne sous le nom de s{agnales les plantes qui croissent dans
les endroits dont le fond est vaseux et qui sont toujours inondés.
Les végétaux caractéristiques de cette station sont les S/ratiotes , les
Ranunculus lingua, Sium inundatum, Phellandrium aquaticum ,
Hydrocharis, Ceratophyllum demersum, Lemna gibba, Typha.
Plantes des rivages, ?/. ripariæ. — Les végétaux caractéris-
tiques de cette station sont les Butomus umbellatus, Sparganium
erectum, Scirpus maritimus, Iris pseudo-Acorus, Cyperus longus. On
a désigné sous le nom de rivulares celles qui viennent plus immé-
diatement dans l’eau: tels sont les 4/isma et le Sparganium natans.
Plantes fluviales, 2/. fluviales où fluviatiles. — Celles-ci
croissent directement dans l’eau des rivières et des ruisseaux ; ce sont
INTRODUCTION. Cixix
les Nuphar, les Nymphæa alba, la Vallisneria, les Villarsia, les
Potamogeton, les Naias, les Myriophyllum.
Plantes des fontaines Ou fontinales, P/. fontinales, fon-
tanæ. — Ce sont les végétaux qui habitent les eaux des fontaines et
les petits ruisseaux qui en découlent. Les plantes caractéristiques de
cette station sont les Ranunculus hederaceus et sceleratus , les F'ero-
nica beccabunga et anagallis, le Bartramia fontana, le Nastur-
tium ; et parmi les végétaux acotylédones, les genres Fontinalis et
Hypnum. On trouve au fond de ces eaux, qu’elles soient stagnantes
ou courantes, des Chara, des Batrachospermes, des Conferves et
des Diatemées.
Plantes marines, P/. marinæ. — Les plantes marines sont
celles qui croissent dans les eaux de la mer, comme le Zostera,
le Ruppia marina, et les nombreuses espèces de Fucacées qui vivent
sur les hauts-fonds, attachées aux pierres et aux rochers.
7. PLANTES ÉPIPHYTES ET PARASITES, P/. epiphytæ et parasitice. :
On a fait une station particulière pour les végétaux qui croissent
aux dépens d’autres espèces, et qui ne réussissent, comme les pa-
rasites vraies, que sur la plante qu'ils ont adoptée et à laquelle leur
vie est étroitement liée. On doit cependant établir entre eux une dis-
tinction importante : les végétaux épiphytes croissent sur d’autres
végétaux vivants; mais, comme les Orchidées et les Broméliacées,
s’accommodent d’une autre station; les Parasites vraies sont celles
qui vivent sur des végétaux vivants ou morts, tirent leur nourriture
de la plante même, et vivent à ses dépens : tels sont les Orobanches,
le Gui, la Cuscute; et les Pseudo-parasites, ou fausses parasites,
celles qui vivent à la surface des végétaux sans rien leur emprunter
pour leur développement : les Lichens sont dans ce cas.
Les végétaux parasites sont en petit nombre dans notre climat, si
l’on en excepte les Champignons, les Mousses, les Lichens, les Hy-
poxyles; ils se bornent aux genres Cuscuta, Orobanche, Mono-
tropa, Lathræa, Viscum. Je ne parle pas de ceux qui croissent
spécialement sur les débris animaux , ou même sur les animaux vi-
vants. Dans les climats tropicaux , il en est autrement : ils sont fort
nombreux et appartiennent aux genres Loranthus, qui compte 250
espèces; Vanille, Épidendre, Oncédium, Stanhopea, etc., de la
TOME 1, INTRODUCTION. — Livraison v. D
cixx INTRODUCTION.
famille des Orchidées, qui comprend plus de 1,500 espèces; Po//os,
de la famille des Aroïdées, et les Broméliacées.
De Candolle divisait les végétaux parasites en deux classes: les
Parasites phanérogames et les Parasites cryptogames. Les Parasites
phanérogames sont subdivisées en trois groupes : 1° les Parasites
chlorophytlles ou feuillées, appartenant à la famille des Loranthacées,
et dont nous avons chez nous le Gui pour type; elles vivent réelle-
ment sur le tronc des arbres exogènes ou dicotylédones, et aux dé-
pens de leur substance; 2° les Parasites radicicoles , dépourvues
de feuilles, vivant sur les racines des autres végétaux et dépourvues
de suçoirs latéraux, telles que les Orobanche, les Lathræa, les Mo-
notropa, les Cytinus, Cynomorium et Rafflesia; 3° les Parasites
caulicoles, qui vivent sur les tiges des autres végétaux , comme les
Cuscutes.
Les Parasites cryptogames forment trois groupes : les superfi-
cielles, les éntestinules, où biogènes, et les Parasiles nécrogènes :
1° Parasites superficielles : telles sont les Érysiphes qui croissent sur
les Noisetiers, les Saules, les Bouleaux, les Peupliers, et même sur
des végétaux herbacés, et les empêchent de fleurir et de porter
fruit ; les Ærineum, qui se développent sur les feuilles de la Vigne et
de divers arbres, ressemblent à des touffes de poils, etles AAizocto-
nia, dont une espèce fait périr le Safran et l’autre la Luzerne; 2° Para-
sites intestinales où biogènes : ce sont les Uredo, les Æcidium, les
Puccinies , etc., qui se développent sur les feuilles et les tiges d’un
nombre considérable de plantes et les empêchent de fleurir et de
porter fruit, attaquent les graines des Céréales et y développent
l'ergot, le charbon, la carie, etc.; 3° les Parasites nécrogènes, ap-
partenant aux Hypoxylées, et qui s’établissent sur les végétaux
morts où mourants.
Les Fausses parasites sont les Mousses, les Lichens, les Cham-
pignons, qui vivent sur les écorces et sur certaines Algues. Il donne
improprement ce nom aux végétaux volubiles qui entourent les ar-
bres de leurs rameaux flexibles ou s’y fixent avec des crampons.
INTRODUCTION. CIxx)
CHAPITRE HI.
DU PLAN DE SYMÉTRIE ASCENDANTE SERVANT DE LOI AU RÈGNE VÉGÉTAL.
Comment se produisent dans leur innombrable variété les végé-
taux des ordres inférieurs ? D’où partent et où vont ces myriades de
corpuscules qui, poussés par une force inconnue, semblent attendre
pour se développer qu’ils aient trouvé un milieu propre à leurs con-
ditions particulières d'existence? C’est ce que nul ne sait; et dans
son besoin de trouver une explication à toutes choses, l’homme,
cherchant à soulever le voile qui cache ces mystères, enfante des
théories qui aboutissent, après de longs débats, à une même incer-
titude. J’exposerai ces diverses hypothèses, qu'on à poussées au
delà, sans doute, des limites assignées par la raison à toute gé-
néralisation.
Harvey a le premier, parmi les modernes, car je ne parle pas des
rêveries des anciens sur les générations primitives, dit formellement
que les animaux et les végétaux naissent tous « soit spontanément,
soit d’autres êtres organisés, soit en eux, soit de parties d’entre eux,
soit par la putréfaction de leurs excréments ; qu’il est général qu'ils
tirent leur origine d’un principe vivant, de telle sorte que tout ce qui
a vie ait un élément générateur, d’où il tire son origine ou qui l’en-
gendre. » l
Tréviranus dit que « la matière organisée, dépourvue de forme
par elle-même, mais apte néanmoins à prendre celle de la vie, con-
serve une forme déterminée sous l'influence des causes extérieures ,
n’y persiste qu’en tant que ces causes continuent d'agir, et qu'elle
en prend d’autres dès que de nouvelles causes influent sur elle. »
« Les êtres organisés, dit Tiedemann, sont produits par leurs sem-
blables, ou doivent naissance à la matière des corps organisés en état
de décomposition. La puissance plastique de la matière ne s'éteint
pas après la mort; elle conserve la faculté de revêtir une nouvelle
forme et de se montrer apte à jouir de la vie. La mort ne porte donc
que sur les individus organiques , tandis que les matières organiques
entrant dans la composition de ces êtres continuent à pouvoir pren-
dre forme et recevoir vie. »
Telle est la théorie des savants qui croient que la matière orga-
cxxij INTRODUCTION,
nisée est apte à entrer, après la destruction de sa forme définie, dans
des combinaisons nouvelles.
Spallanzani pensait que ces êtres nouveaux tirent leur première
origine de principes qu’il appelle corpuscules préorganisés. Le sa-
vant Cuvier croyait à la préexistence du radical de l’étre qui existe
avant la série des évolutions ; mais il avoue que la reproduction des
êtres est un problème à jamais incompréhensible pour notre esprit.
Quant au célèbre Bonnet, il croyait fermement que les germes
sont emboîtés les uns dans les autres indéfiniment, et il ne fait sur
ce point aucune concession. ;
On croit aujourd’hui à la diffusion, à travers l’espace, de myriades
de corpuscules ou de germes, qui attendent pour naître à la vie qu’ils
se trouvent dans des conditions favorables. Sans préjuger sur cette
grave question, et bien que partisan de la doctrine de la génération
primitive (je n’emploie pas à dessein lexpression de spontanée ,
dans la crainte qu’on ne traduise ma pensée par génération fortuite,
c’est-à-dire assemblage d’éléments organiques réunis par l'effet du
hasard, s’agrégeant de même et formant des combinaisons variées par
l'effet de leur simple rencontre), je suis convaineu que chaque or-
ganisme a sa loi, et que ses variations gravitent entre certaines li-
mites, sans qu'il y ait pour cela cependant fixité éternelle ; bien loin
de là, certaines formes ne se produisent qu'après que d'autres ont
disparu, et ces métamorphoses s'effectuent par la puissance de la loi
d'évolution, inexplicable en principe, mais démontrée par les faits.
Je vais succinctement exposer la série des faits propres à jeter du
jour sur cette question. Il faut reconnaitre que les lois qui président à
la vie des êtres primordiaux ne sont pas absolument les mêmes que
chez ceux d’un ordre plus élevé, qui ont besoin pour soutenir leur
existence d’appareils assimilateurs compliqués, et chez lesquels la vie
est un mouvement continu sans qu’il y ait possibilité de la suspen-
dre, ne füt-ce qu’un seul instant. Nous voyons, au contraire, les
Nostocs, les Mousses, les Jungermannes, subir une dessiccation
complète et prolongée, et revenir à la vie par la plus simple humec-
tation. Chez les animaux , tels que les Tardigrades, cet exemple est
vulgaire. Il faut donc qu'il y ait en eux une puissance vitale qui
résiste bien énergiquement à la destruction, pour que les causes qui
entraînent le plus communément l’extinction de la vie, chez les autres
êtres, n'aient aucune influence sur eux.
INTRODUCTION. clxxH}
Ce qu’on a itérativement constaté, c’est l’état d’indifférence dans
lequel se trouve la matière organique à son point de départ; elle
flotte entre l'animal et le végétal. On ne sait, en effet, auquel des
deux règnes rapporter certains êtres inférieurs; car l’on voit les Con-
ferves se former de globules libres, doués d’un mouvement spon-
tané. Le travail de M. Unger sur le moment de l’animalisation des
Zygnema confirme cet état d'incertitude entre les deux formes. Il est
cependant un fait que j'ai remarqué bien des fois, et que je recom-
mande à l'attention des observateurs : c’est que, dans les liquides des-
tinés à l’étude des Microscopiques, les générations animales ne sont
pas contemporaines des apparitions végétales, et celles-ci ne com-
mencent à se produire que quand tous les animaux ont disparu, ce
qui semblerait établir un antagonisme réel entre les deux règnes. Ce
serait donc à la destruction des éléments organiques animaux que
les organismes végétaux devraient naissance? C’est ce qu'on est
obligé d'admettre, dès le moment qu’on a reconnu l’absence de con-
temporanéité entre eux.
Nous voyons la rnatière verte de Priestley se développer dans les
liquides exposés à l'influence de la lumière, même en l’absence de
l'air. Les Conferves apparaissent dans toutes les circonstances où
des liquides réunis en masse sont soumis à l’action des milieux am-
biants; elles naissent même dans des solutions alcalines. Retzius vit
s’en développer au sein d’une solution de chlorure de baryum dans de
l’eau distillée, abandonnée pendant six mois dans un flacon bouché
à l’émeri. Il se forme, au bout d’un temps très-court, des filaments
confervoïdes dans l’eau de Sedlitz artificielle; les matières organi-
ques amorphes, appelées Barégine, et qui se trouvent dans les
eaux thermales, s'organisent régulièrement dès que les eaux sont
refroidies, ce qui prouve que la matière organique amorphe n'attend
que les circonstances favorables pour revêtir une forme.
Le Nostoc, qui se développe sur la terre comme une gelée animale;
le Protococcus, qui végète sur la neige qui couvre la cime des
monts, au point où la vie organique semble avoir cessé; les Conferves
et les Batrachospermes, qui naissent sur certaines espèces de pois-
sons et de mollusques, prouvent beaucoup en faveur de la géné-
ration primitive, qui s’applique aux Diatomacées, véritables ani-
maux-plantes, aux Nostochinées, aux Confervacées, aux Characées,
aux Ulvacées, aux Floridées, aux Fucacées et aux Lichens, toujours
CixXXIV INTRODUCTION.
avec cette réserve, que chaque groupe présente des formes simples,
se composant de plus en plus, et terminant la série par l’être le plus
complexe, qui jouit de la propriété de se reproduire par gemmation
ou par fissiparité, et les plus élevés par des spores.
Les eaux présentent d’abord les organisations primitives propres
aux eaux douces, et plus rarement aux eaux salées, telles que des
Charas, des Ulves, etc. : ce sont les pygmées de l’ordre; les eaux ma-
rines nourrissent exclusivement les Floridées et les Fucacées. Les
Lichens appartenant aux groupes inférieurs se développent au mi-
lieu des mers, sur des rochers nus, sur des points où aucun être
vivant n’a pu en apporter les germes, et se succèdent ensuite dans
un ordre régulier. Ce sont les premiers organismes qui s’attaquent
aux corps bruts etles détruisent; quelques-uns cependant se déve-
loppent sous les tropiques, sur les feuilles de plantes toujours vertes.
Après eux viennent les Champignons, qui affectionnent les corps or-
ganisés en état de maladie ou de décomposition. On trouve parmi ces
derniers une telle variété de formes et de stations, accompagnées de
circonstances si singulières, qu’on peut douter de leur production par
des germes répandus dans les airs. Commen: expliquer autrement que
par la génération primitive la présence des Mucédinées, qui ne se
développent que quand il existe, dans le lieu où elles se trouvent, un
corps en décomposition? Dutrochet, partisan de la panspermie, où
de la diffusion universelle des germes, a fait développer des Botrytis
et des Monilia dans des dissolutions d’albumine et de fibrine, et dans
de l’eau distillée de Laitue mêlée à des alcalis ou à des acides. Il obtint
des moisissures articulées, tantôt avec les premières, tantôt avec les
secondes. La plupart des substances animales ou végétales en état de
décomposition, telles que le pain, les fruits, le fromage, le bois, le
cuir humide, etc., se couvrent de Byssacées. Leur développement à
l'extérieur des corps ne serait qu'une preuve secondaire, si la va-
riété des formes suivant les corps ne compliquait la difficulté. D'autres
ont des stations spéciales et ne se trouvent pas ailleurs : je citerai le
Coremium cütrinum, qui forme de petits groupes jaunes sur les
crottes de souris ; l’/saria felina, qui se développe sur les crottes de
chat; certaines espèces de Sphéries et d’/saria ne croïssent que sur
des cadavres d'insectes : tels sont l’/saria sphyngum, qui a pour
station unique les cadavres des papillons de nuit; l’/sarita aranea-
run, ceux des araignées; l’/saria crassa, les chrysalides; lZsarta
INTRODUCTION. cixxv
eleutheratorum, certaines espèces de carabes. Pourquoi ne rencontre-
t-on l’Onygena equina que sur les sabots de cheval en décompo-
sition ? D’autres se développent sur des animaux vivants, mais sans
doute en état de maladie : c’est ainsi que j'ai vu des Champignons
volumineux sur le thorax d’une grosse fourmi américaine; la Mus-
cardine des vers à soie est dans le même cas.
Les conditions pathologiques dans lesquelles se trouvent certains
êtres donnent souvent encore naissance à des Champignons micros-
copiques qui se développent dans des cavités closes : tels sont ceux
trouvés dans les cellules aériennes d’une cigogne, par M. Heusinger, et
par M. Mayer, à la surface du poumon d’un geai. Certaines plaies gan-
gréneuses donnent aussi naissance à des moisissures. Ils’en développe
dans les Citrons, sans qu’ils aient été ouverts, et au centre de la
masse compacte de certains fromages. Le célèbre forestier Hartig a
trouvé de petits Champignons, qu’il a appelés Vyctomycètes, dans les
cavités du ligneux d’arbres dont les couches extérieures étaient parfai-
tement saines, et il affirme qu’ils ne produisent pas de spores. Marklin
a trouvé le blanc d’un œuf de poule converti en Sporotrichum.
J'y ajouterai cette longue série de Champignons qui croissent sur
les végétaux malades et sont de genres et d’espèces différentes sui-
vant la nature de la plante, ou même la partie affectée. Parmi les
Gymnomycètes, nous avons les Urédinées, qui causent la carie des
grains et attaquent les Violettes, les OEillets, les Groseilliers, à la
surface inférieure des feuilles desquels elles se trouvent; les Æc-
dium , qui se développent sur les feuilles des Borraginées, des Cir-
siumn, des Épilobes, des Renonculacées, etc.; les Puccénia, sur les
feuilles de certaines Composés, de la Bétoine, du Pigamon des prés;
les Fusidium, sur les feuilles des arbres, les tubercules de Pomme
de terre malades ou en état de décomposition; le Spermædia de
Fries, qui parait être la cause de l’ergot du Seigle et peut-être aussi
de celui du Maïs. Aux Hyphomycètes appartiennent, outre les Mucé-
dinées, les Æypha et les Lanosa, qui se développent au milieu des
brouillards d’automne et dans les mines, où l'air est chargé d'hydro-
gène; les Mycodermes, qui se produisent dans les solutions chimi-
ques ; les Rhacodium , qui tapissent les tonneaux et les poutres des
caves de leurs longues ramifications noires; le Rhëzomorpha, qui
obstrue les conduits destinés à la circulation des eaux, et croît dans
des mines profondes, dans des fissures du sol. entre des couches de
clxxv) .. INTRODUCTION.
houille hermétiquement closes. Je m’arrêterai là, car si je voulais
épuiser ce sujet, je serais obligé d'écrire tout un volume.
Un fait qui vient à l’appui de l'influence des conditions ambiantes
sur le développement des êtres, est l'expérience de Gleditsch, qui
ayant rempli de pulpe de Melon des pots bien nettoyés et préalable-
ment chauffés, qu'il couvrit ensuite d’une gaze, obtint des Byssus et
des Tremelles dans ceux qu’il avait placés dans un lieu sec et élevé,
et des Mucorinées dans ceux qui se trouvaient dans un lieu bas et
humide. Le papier exposé à l'humidité se couvre de plaques roses,
Lois noires, qui sont autant d’organismes différents, ce qui tient
à l’hétérogénéité des substances qui entrent dans la composition da
papier, et dont chacune s’organise à sa façon.
Comment se reproduisent ces infiniment petits? Les plus grands
par des spores, et les microscopiques de l’échelle inférieure, par gem-
mation, le premier mode de génération.
On demandera où s’arrête la génération primitive; je ne sais : la
question est encore pendante devant le tribunal de la science; le
temps seul et la persévérance des observateurs parviendront , Sans
doute, à porter la lumière dans ces ténèbres.
Le monde végétal est aujourd’hui arrivé à sa fixité : il n’oscille
plus qu'entre d’étroites limites; ce ne sont plus les grandes formes qui
changent, ce sont les mille détails accessoires de la forme qui sont
devenus les jeux du milieu ambiant, ou le résultat des trans-
missions héréditaires, ayant une même origine, mais plus éloi-
gnée; aussi, tant que la terre restera dans cet état d'équilibre si
propre à l’entretien de la vie, il n’y aura pas d’altérations profondes
dans les types; il faudra qu’une perturbation nouvelle, en chan-
geant toutes les lois qui régissent le monde actuel, change les con-
ditions d'existence des êtres vivants; alors, tout sera modifié; car
il existe dans le règne organique, qui comprend les animaux et
les végétaux, une si étroite solidarité, que rien ne peut changer
dans cette longue chaîne sans que le reste n’éprouve d’altération.
Pour bien connaître la signification du règne végétal, il faut en
étudier les lois d'évolution, et l’on y reconnaïîtra, comme loi pre-
mière, que tout le règne végétal peut se résumer en trois grands
groupes : 1° les Acotylédones, ou végétaux asymétriques (en en
exceptant les Vasculaires), et les symétriques , qui comprennent :
2 les Monocotylédones ou végétaux articulés; 3° et les Dicoty-
INTRODUCTION. CIx x vi]
lédones où végétaux axillaires. Les trois planches d'ensemble des-
tinées à exposer graphiquement cette pensée présenteront synopti-
quement les caractères qui distinguent ces trois groupes répondant
à une triple série d'évolution, et parallèlement aux trois séries ani-
males: Radiaires, Articulés et Vertébrés.
Les Radiaires et les autres animaux inférieurs n’ont pas d’axe, et
l’on trouve dans cette série tous les jeux bizarres de la nature pour
_arriver à une forme définie : la plupart des organes propres aux
êtres supérieurs manquent ou sont de figure étrange : ce sont des
poches, des sacs, des étoiles, des tubes , des masses presque amor-
phes comme certains Mollusques; enfin, il semblerait que la puis-
sance plastique, qui a réuni ces éléments, cherchàt péniblement
une forme et ne la cherchât d’abord pas dans la symétrie; ils se
multiplient par division ou par bourgeons. Les Acotylédones sont
dans le même cas : depuis les Champignons jusqu'aux Lichens, ce
sont des êtres polymorphes, gracieux parfois, étranges toujours,
affectant toutes les figures et toutes les couleurs. À mesure que l’on
s'éloigne de ces groupes inférieurs, les formes se régularisent sans
pour cela devenir réellement axifères : on trouve cependant dans les
Fougères, et je citerai particulièrement le genre Æ#/sophila, certains
genres qui non-seulement se dressent comme des Palmiers, mais se
bifurquent; ce n’est pas néanmoins un appendice raméal, une branche
implantée sur le tronc : c’est un simple dédoublement. Des gemmes,
des spores, sont le mode ordinaire de reproduction des êtres de cette
classe.
Dans les Articulés et les Annelés , on retrouve le second type : les
Annelés sont composés de segments dont chacun semble être construit
sur le même plan et paraît être la reproduction de celui qui précède;
les plus élevés dans l’ordre des Articulés sont également composés
d’anneaux qui concourent cependant à former une unité organique
limitée. La sexualité s'élève aussi, et à l’hermaphrodisme succède la
diclinie ou la séparation des sexes.
Les Monocotylédones correspondent aux Articulés en ce qu’ils pré-
sentent, comme eux, des articulations réelles, des nœuds : tels sont
les Palmiers, les Graminées; les Cypéracées, et si les autres ont une
tige simple en apparence, comme les Liliacées, les Narcissées, etc.
(car c’est la hampe qu’on prend pour la tige), ce sont, au lieu d’ar-
ticulations, des emboîtements qui rentrent dans le même mécanisme.
TOME 1, INTRODUCTION. — Livraison x. æ
clxxvii] INTRODUCTION.
Le Pandanus odoratissimus et V'Asperge dévient de cette loi com-
mune : ils ont une tête ramifiée, mais ce ne sont pas des branches,
c’est un simple épanouissement de la tête de l’arbre ou du bourgeon,
ce qui n’infirme en rien la loi d’analogie. Dans les Monocotylédones,
la séparation des sexes est encore la loi générale; l’hermaphrodisme,
presque l’exception. .
Les Vertébrés ont non-seulement un axe solide, mais des appen-
dices latéraux; chez eux , la séparation des sexes est constante; les
Dicotylédones sont dans le même cas sous le rapport appendiculaire :
la tige qui forme l'axe sert de base à des rameaux qui deviennent à
leur tour des axes nouveaux subdivisés en ramilles portant des
fleurs et des fruits. Toutefois, la plante axillaire diffère de l’animal
vertébré en ce que celui-ci, malgré sa structure complexe, est un
être simple, tandis que le végétal est comme un polypier dont cha-
que rameau peut se détacher et donner naissance à un individu nou-
veau. L'hermaphrodisme est la loi que la nature a imposée à ces
êtres privés de mouvement.
Le parallélisme du végétal et de l'animal me semble assez bien
prouvé pour qu’on doive regarder les lois de la nature organique
comme étroitement liées entre elles, et qu’on sente le besoin de ne
jamais dissocier ces deux grands règnes, si l’on veut devenir na-
turaliste.
On retrouve, dans divers groupes des trois classes, des répétitions
de forme qui frappent assez vivement l’esprit pour qu'on y voie
la reproduction de la même idée: ainsi, les Équisétacées ont la
plus grande analogie avec les Casuarina; les Fougères et les Cy-
cadées, avec les Palmiers ; les Mousses et les Hépatiques, avec cer-
{aines Podostémées, telles que les genres 7résticha et Mniopsis ; les
Naïadées, avec les Characées ; les Marsilacées , avec les Pistiacées.
La seconde loi, dépendance étroite de la première, est celle de
l’ascendance symétrique de la forme dans chaque classe. Prenons
pour exemple les Champignons, qui ne sont, au bas de l'échelle vé-
gétale, que des filaments déliés, que des granules jetés sans ordre sur
un réseau asymétrique; passons aux Urédinées, dont les spores sont
contenus dans des enveloppes protectrices; de là, montons aux Ly-
coperdées, qui ne sont que l’exagération des précédentes, une masse
cellulaire sans forme ; nous avons cependant déjà un progrès, puisque
les spores sont renfermés dans un péridion et que la nature a pourvu
à la sûreté de la reproduction; en arrivant aux Agarics el aux
INTRODUCTION. cixxix
Bolets, on trouve des formes plus régulières, et, jusqu’à un certain
point, approchant de la symétrie; quelques genres, comme les C/a-
vatres , affectent des formes laciniées plus élégantes, sans variété
dans les appareils de la vie de nutrition ou de reproduction; ce sont
des êtres simples entre tous. Les 4/gues s’allongent en frondes,
mais elles partent d’un empâtement commun, sans plan ni symétrie :
ce sont parfois des franges gracieuses, mais sans que rien justifie
cette disposition qui ne répond pas à un axe, mais à une ramifica-
tion capricieuse. Les Lichens et les Hépatiques, plus avancés dans
l'échelle végétale, commencent par de simples plaques crustacées,
puis membraneuses; enfin, ils finissent par des frondes dressées,
arboriformes, sous des dimensions microscopiques pourtant, et sem-
blent clore la série réellement amorphe, bien que déjà les Hépatiques
forment le passage aux Mousses. Les Mousses, quoique foliifères,
n’en sont pas moins d’un ordre inférieur, car elles simulent un axe,
mais n’en ont réellement pas. Ce sont des rosettes de feuilles em-
boîtées les unes dans les autres, et que surmonte un pédicelle qui
est vulgairement appelé tige, mais qui ne mérite pas ce nom, puis-
que, dans le plus grand nombre de genres, il est annuel. Les Lycopo-
diacées sont dans le même cas; mais elles ont une espèce d’axe ou
de rachis portant les feuilles, et qui se divise en nombreux rameaux.
Si l’on admet la soudure des verticilles de feuilles, on aura une tige
articulée, ce qu’on trouve dans les Chara, qui affectent cette forme;
ils répondent, ainsi que les Prêles, à la loi d'ascendance qui veut que
dans chaque grand groupe il y ait une sorte de résumé de l’ensemble.
Aïnsi, les Chara ressemblent un peu aux Prêles par la disposition de
leurs appendices verticillés , et ces dernières ont, outre leur tige ar-
ticulée, des rameaux qui le sont également et, de plus, sont disposés
en verticilles. Les Fougères, malgré leurs tiges souterraines, n’en
sont pas moins le passage qui conduit des Acotylédones aux Monoco-
tylédones, en négligeant les groupes inférieurs pour arriver aux
Palmiers. Je ne parle pas des Cycadées, à cause de l’incertitude de
leur position dans la série; peut-être doivent-elles être placées avant
les Conifères, comme l’a fait Desvaux ?
On trouvera peut-être que ces coupes sont arbitraires et tracées à
bien grands traits; mais on ne peut nier qu'elles ne soient vraies, au
moins dans leurs généralités : c’est là ce que je regarde comme le
cixxx INTRODUCTION.
plus important, car les anomalies ne prouvent rien contre la règle,
et l’ascendance des formes est manifeste dans l’Acotylédonie, et dans
chaque groupe de cette classe, comme dans les autres classes et les
autres êtres. On y doit remarquer que les groupes qu’on a appelés
improprement familles, sont de véritables classes; c’est pourquoi on
peut fort bien, en les étudiant, pénétrer dans le mystère de la loi
d'ascendance. La reproduction n’a pas d’autres caractères qu’une
simple émission de gemmules, si l’on peut appeler ainsi les spores
qui viennent sans le concours apparent de la fécondation, et qui af-
fectent le principe binaire et ses multiples.
Il en est de même dans le règne animal : partez de l’Infusoire, qui
a lui aussi son ascendance, malgré son apparente simplicité; passez
aux Radiaires, dont les plus infimes ressemblent aux Conferves, et
qui s'élèvent de proche en proche jusqu'aux Échinodermes, qui sont
les plus compliqués; des Tuniciens passez aux Mollusques, et dans
ce grand type, des Acéphales, comme l’'Huître, aux Céphalopodes,
comme la Seiche, et vous trouverez qu'il y a dans chaque groupe,
entre les animaux qui les composent, la distance qui sépare les êtres
les plus parfaits des plus rudimentaires. Il faut donc considérer, dans
les deux règnes, l’ensemble des animaux et des végétaux comme
an seul et même être-type transformé à l'infini, en passant par trois
grandes phases, tendant toutes à la symétrie partielle d’abord, puis
générale ensuite.
Quand on arrive aux Monocotylédones, l’ascendance est, sinon
plus obscure, du moins plus confuse, surtout dans l’état actuel des
méthodes; on manque de criterium pour juger de la perfection suc-
cessive des types, et l’on se borne à prendre pour point de départ une
base arbitraire. On ne s’est point attaché à chercher les grandes lignes
qui répondent aux lois de l’analogie, et les principes élevés qui de-
vraient être les phares de la science; en un mot, on n’a pas synthétisé
l'idée d’un type général dans les végétaux; on a voulu faire entrer
linéairement dans la méthode les petits groupes anormaux : de là
vient la confusion. Il est donc impossible de suivre par la pensée l’idée
d’un type à travers ce dédale. Je vois dans la Monocotylédonie deux
grands faits : la détermination fixe du nombre des organes de la
reproduction et de leurs enveloppes, et la gravitation vers la sexua-
lité hermaphrodite, qui semble la loi dernière du règne végétal,
comme la séparation absolue des sexes, ou la diclinie, est la loi de
INTRODUCTION. clxx x}
perfection dans le règne animal. Cependant, en suivant la méthode
empirique des ressemblances dont nos plus grands zoologistes, tels
que Buffon, Cuvier, ont tiré un si grand parti, on arrive à saisir une
idée au milieu de ce chaos, et l’on reconnaît que l’idée la plus élevée
de cette classe doit être : périgone externe, 3 sépales ; périgone in-
terne, 3 pétales; étamines 6, stigmates 3, ovaires à 3 loges. Les
nombres 3-3-3 sont la préparation ascendante, les autres nombres
ne sont que des anomalies. Les végétaux acotylédones finissant aux
Fougères devraient commencer aux Palmiers, dont les sexes sont
souvent séparés sur deux sujets différents : tel est le Dattier; on voit
donc encore, dans ces groupes, la sexualité flottante et incertaine. Ce-
pendant on les a séparés par des familles presque normales et her-
maphrodites. Les Typhacées aux fleurs monoïques, dont les enve-
loppes sont à peine ébauchées, ont déjà normalement 3 étamines,
ce qui est une tendance vers la régularité. Il faut prendre ensuite les
familles à fleurs imparfaites dans lesquelles les nombres 3 ou 6 sont
régularisés : nous trouvons d’abord les Graminées et les Cypéracées,
dont presque tous les genres sont hermaphrodites ; dans les premières
ils ont communément 3 étamines, d’autres fois plus, mais toujours
des multiples de 3 (6,12), et 4 ovaire à 2 styles. Les Cypéracées sont
plus régulières : elles ont 3 étamines, 3 stigmates, 1 ovaire trigone
et un fruit trigone. Les [ridacées, dont le périgone est coloré, offrent
anormalement les 2 nombres 3 —3, et se trouvent moins avancées
dans l'échelle symétrique. Les Joncinées, à fleurs hermaphrodites
et à double périgone régulier, présentent déjà les nombres 3-6 pour
les étamines, 3 stigmates, 4 ovaire à 3 graines ou triloculaire-poly-
sperme; on voit déjà que les types se symétrisent. Les Commélinacées
et les Hémodoracées suivent la même loi, mais leurs enveloppes
florales sont colorées. Les Asparaginées, dans lesquelles l’herma-
phrodisme est constant et dont la fleur offre un double périgone, pré-
sentent déjà le nombre 6, quelquefois cependant mêlé au nombre 8
pour ses organes mâles; puis, enfin, viennent en foule, à la fin de
cette grande classe, les Colchicées encore diclines parfois, les Pon-
tédéracées, les Dioscorinées, les Liliacées, les Broméliacées, les Mu-
sacées, les Narcissées, qui ont pour caractère constant un périgone
double concolore, dont chacun a 3 divisions, 6 étamines, 1 ovaire
à 3 loges et le plus souvent triangulaire. Toutes ces familles sont
normalement symétriques; l’ascendance n’est donc que les divers
cixxxi] INTRODUCTION.
degrés qui conduisent à la symétrie et à la perfection de l’idée du
type végétal, qui est la régularité, et la réunion des sexes dans
une même enveloppe se traduisant, pour les Monocotylédones,
par le nombre 3, ou son multiple 6, dans l’appareil floral et repro-
ducteur.
Tout ce qui reste en dehors de cette grande loi est anormal, et
l'on ne peut considérer que comme des aberrations du type régulier
les Aroïdées, les Amomées ou les Orchidées, qui ne ressemblent à
rien, et dont les affinités sont non-seulement obscures, mais encore
impossibles à établir. Cependant on trouve dans la première famille
un ovaire triloculaire; dans les Amomées, un calice trisépale, une co-
rolle combinée avec 3 staminodes pétaloïdes et un ovaire triloculaire;
les Orchidées ont, malgré leur irrégularité, 3 sépales, 3 pétales,
3 anthères, dont deux avortées et à l’état de staminodes, et un ovaire
à 3 loges. Cependant, comme il y a dans ces familles des anomalies
de nombre, elles ne peuvent pas entrer dans la série linéaire sans
interrompre la gravitation vers la symétrie.
Dans le règne animal, même obscurité : on trouve cependant
aussi, dans les Articulés, une ascendance incontestable et une dis-
semblance d’autant plus grande entre les anneaux ou articles qui
composent leur corps, qu'ils s'élèvent plus dans l'échelle des êtres.
Les Entomozoaires sans organes ambulatoires, tels que les Intesti-
naux et les Annélides apodes, comme les Sangsues, conduisent aux
Sétigères, qui ne rampent plus et ont un mode mixte d’ambulation;
de là, aux Articulés pourvus de pieds, il n’y a plus que peu de dis-
tance. Plus on s’élève en passant des Arachnides aux Myriapodes,
de ceux-ci aux Crustacés, et enfin aux Insectes hexapodes, plus
l’ascendance et la symétrie sont faciles à suivre. On reconnait donc
une tendance manifeste vers deux buts : la fixation, à la partie pos-
térieure du corps, des appareils de la sexualité qui affectionnaient
toutes les positions imaginables, et la symétrie entre les divers or-
ganes. Le nombre des yeux et des pattes devient fixe: au lieu de
8, 5 (je compte les yeux lisses et les yeux à facettes comme formant
cinq appareils), ils se trouvent réduits à 2, composés de cellules po-
lygones et placés de chaque côté de la tête; et les pattes, qui va-
riaient depuis 2 à 300 paires jusqu’à 14, 10, 8, sont irrévocablement
fixées à 6, 3 de chaque côté; les organes de manducation sont des
mâchoires régulières; le corps est composé de deux parties simi-
INTRODUCTION. clxxxii}
laires réunies par une soudure médiane; enfin, toute la série devient
symétrique.
Si la loi de symétrie, qui se confond pour moi avec celle d’ascen-
dance, qui n’en est que l'instrument, est obscure dans les Monoco-
tylédones, elle l’est plus encore dans les Dicotylédones, qui sont
quatre à cinq fois plus nombreuses. On reconnaît cependant que la loi
de symétrie est fondée, malgré toutes les lacunes et les interruptions
qui interrompent la série, sur la présence d’un double périanthe et
la division régulière de toutes les parties de la fleur, enveloppes et
organes générateurs, en 5, avec l’hermaphrodisme comme loi domi-
nante. Nous trouvons, en tête de la série, des familles diclines ou
dioïques, des fleurs incomplètes et des organes générateurs en nombre
variable, mais le plus souvent multiples de 2 : tels sont les Conifères
et les Amentacées. On ne tarde pas à trouver l’hermaphrodisme comme
loi fixe, et les nombres 4-5 se présentent au lieu de 4, ainsi que cela
se voit dans les Santalacées et les Urticées. Une fois arrivé aux Nyc-
taginées, l’hermaphrodisme est établi dans toute la série, à quelques
rares exceptions près, et le nombre 5 devient dominant; si ce n’est
pas toujours dans le nombre des étamines, qui est très-souvent dou-
ble de celui des organes protecteurs, comme nous l’avons vu dans
les Monocotylédones, c’est dans celui des enveloppes florales, qui af-
fectent la forme symétrique. Je citerai les principales familles dans
lesquelles ce nombre se retrouve avec constance, et ee sont en gé-
néral les plus importantes, celles qui constituent la moitié au moins
de la flore dicotylédone, telles que les Plombaginées, les Primu-
lacées, l’immense famille des Solanées, les Borraginées, les Con-
volvulacées, les Apocynées , les Campanulacées, les Cucurbitacées,
les Composées, la plus grande famille de tout le règne végétal , les
Ombellifères, également nombreuses, les Rutacées, les Caryophyllées,
les Myrtacées, les Rosacées , dans lesquelles on trouve pourtant aussi
le nombre 4, et les Légumineuses (excepté la tribu anomale des Mi-
mosées), dans lesquelles les enveloppes florales affectent avec le plus
de constance le nombre 5, et dont les étamines, qu’elles soient libres
ou diadelphes, n’en offrent pas moins constamment le nombre 10.
Les séries quaternaires intercalées paraissent le résultat d’avorte-
ments dans les familles à corolle irrégulière surtout, où l’on trouve
le rudiment d’une cinquième étamine : telles sont les Rhinanthacées
et les Labiées, qui présentent le nombre 4, mais ont néanmoins un
cIxxxiv INTRODUCTION.
calice à 3 divisions, la corolle le plus souvent à 5 découpures, et
dont les altérations tératologiques ramènent toujours au type normal,
loi générale dans les genres irréguliers, où le moindre changement
dans la forme rétablit le type symétrique. Dans un grand nombre de
familles anomales, si les étamines sont en nombre variable, les en-
veloppes florales présentent fréquemment le nombre 5 et suivent la loi
de symétrie; on trouve cependant de la fixité dans les Crucifères, où les
nombres 4-6 se présentent partout; dans les familles polyandres , on
retrouve tous les nombres possibles, ce qui prouve que les étamines
n’occupent qu’une place secondaire dans l’arithmétique morphologi-
que; ainsi, dans les Papavéracées, la multiplicité des étamines n’em-
péche pas la prédominance des nombres 2 et 4, de même que, dans
la grande famille des Renonculacées, c’est le nombre 5 qui domine
dans les enveloppes florales. En un mot, les anomalies, quelque
multipliées qu’elles soient, n'en montrent pas moins, dans cette
grande classe des Dicotylédones, la sexualité hermaphrodite comme
la loi dominante et la plus haute expression de l’idée de perfection
dans le règne végétal, et la régularité des formes, avec le nombre 5
pour base, comme la grande loi de symétrie. Arriver à la symétrie
est donc le but de la nature; tous ses efforts tendent là, et. les ano-
malies que présentent les êtres de différents groupes ne sont souvent
que des essais pour arriver à des modifications ascendantes, ou des
ébauches abandonnées sans qu’une dernière main y ait été mise.
Représentons-nous dans chaque groupe l'idée qui en forme le type,
et nous verrons que, sans avoir étudié la nature, sans idée théo-
rique dans l'esprit, on est d’accord sur ce principe, que l'être le plus
symétrique est celui qui est en général regardé comme le type de ce
groupe. Parmi les Sauriens, on prendra toujours comme type le Cro-
codile ou le Lézard, et non le Gecko ou le Basilic; parmi les Poissons,
la Carpe, la Perche seront regardées comme les types, et non la Bau-
droie ou le Tétrodon ; parmi les Oiseaux, le Merle, la Fauvette, repré-
senteront bien mieux l’idée Oiseau que le Pingouin ou le Flamant;
parmi les Mammifères, nous n’irons pas prendre le Morse ou le
Dugong pour type de cette classe; mais nous prendrons le Lion ou le
Tigre pour les Carnassiers, le Cheval ou la Gazelle pour les Herbivores,
et nous ne nous arrêterons ni au Tapir, ni à l’Hippopotame, ni au
Rhinocéros. Dans notre propre espèce, nous prendrons un beau type
caucasien, et non un Nègre du Congo. En un mot, la symétrie est la
INTRODUCTION. clxxxv
loi de perfection, ce que prouve dans le règne animal la classe des
Vertébrés. Si nous examinons les Poissons, nous voyons que la loi
de symétrie et l’ascendance ou le perfectionnement de la forme s’y
trouvent parfaitement confirmés. Quel est l'idéal du Poisson ? Un être
ayant corps comprimé, des appareils de mouvement et de respira-
tion; en un mot, une organisation qui lui permet de vivre dans le
milieu où la nature l’a placé. Nous trouvons, au bas de l’échelle,
les Chondroptérygiens, qui sont loin de répondre à l'harmonie des
formes qui est la tendance de la nature ; cependant les Esturgeons sont
déjà moins asymétriques; mais il faut, de groupe en groupe, s'élever
jusqu'aux Acanthoptérygiens pour y trouver le vrai Poisson type,
et ne pas descendre plus bas que les Malacoptérygiens abdominaux,
ou les Cyprins et les Ésoces. Les Reptiles, plus irréguliers, parce
qu’ils semblent être un pont jeté entre la vie aquatique et la vie ter-
restre, forment des groupes parallèles et non linéaires : les Amphi-
bies commencent au Lépidosirène, autant poisson que reptile, et
finissent aux Batraciens; les Serpents passent aux Scinques, déjà
munis de pattes et qui servent de passage aux Sauriens; quant aux
Tortues, c’est une grande création anomale qui n’a pas d’analogue dans
les autres classes, à moins qu’on ne la compare aux Tatous, parmi
les Mammifères; parmi les Oiseaux, ceux qui sont le plus symé-
triques et répondent le plus à l’idée Orseau, sont les Passereaux et
les Rapaces; les Mammifères, qui commencent par les Cétacés, ne se
perfectionnent qu’en passant des Ruminants aux Carnassiers, et de
ceux-ci au Singe, qui précède l'Homme. Tous les Vertébrés sont des
animaux doubles ou composés de deux parties similaires, et leur plus
haut degré de perfection est, outre l’harmonie des formes, l’isole-
ment de chaque appareil, qui ne sert qu’à une seule fonction, et la
division en cinq des organes de locomotion et de préhension.
La nature exprime une même idée sous des formes très-variées,
ainsi l’idée d’un type, d'un genre, varie souvent à l'infini: par
exemple, l’idée Orchis, réunie dans une famille dont la structure
anormale est si étrange, présente, avec toutes les nuances possibles,
plus de 2,000 variations; et dans un cadre plus restreint, l’idée
Convolvulus se traduit par 300 formes variées qui sont de simples
nuances de la forme normale.
Si nous étudions maintenant la structure intime des végétaux des
trois grandes classes, nous trouverons qu’il y a également une ascen-
TOME I, INTRODUCTION. — Livraison v. 7
CIxxxX v) INTRODUCTION.
dance réelle dans la composition textulaire de chacun d’eux, et
que les organes qui servent à l’accomplissement des fonctions physio-
logiques deviennent eux-mêmes plus complexes. Le tissu cellulaire,
ou tissu universel, unique peut-être, à travers toutes ses transfor-
mations, constitue seul les Acotylédones inférieurs; à peine y voit-on
quelques traces d'organisation fibrillaire ou de vaisseaux : ce sont de
simples cellules, de forme variable; et, jusqu'aux Mousses ex-
clusivement, qui commencent la série des Acotylédones vasculaires,
on ne voit pas encore apparaître de vaisseaux; ce sont elles qui les
premières montrent les rudiments d’une organisation plus complexe.
Dans les Lycopodiacées et les Marsiléacées, on distingue, au centre,
des vaisseaux particuliers composés de longues fibres soudées au
bout l’un de l’autre; dans les Prêles, on trouve des vaisseaux an-
nulaires ; les Fougères, plus élevées dans l’échelle des Acotylédones
vasculaires, ont à leur centre un faisceau composé de vaisseaux an-
nulaires ou, le plus souvent, scalariformes; et quel que soit le genre
auquel appartienne une Fougère, qu’elle soit arborescente ou her-
bacée , sa tige présentera toujours la même structure, et le système
de vaisseaux restera le même. C’est encore la confirmation de la loi
que j'ai déjà signalée : au tissu cellulaire simple succèdent des vais-
seaux, métamorphose de ce même tissu, incomplets d’abord, puis
se régularisant et devenant communs à tous les derniers groupes,
qui nous conduisent jusqu'aux Monocotylédones, où l’on observe
pour système général une tige formée de faisceaux disposés dans
un ordre qui paraît confus, mais qui n’est qu’à symétrie obscure, et
dans lesquels on distingue des trachées, des vaisseaux ponctués et
même des vaisseaux laticifères. Les Dicotylédones réunissent sous le
rapport de la structure intérieure tous les modes infinis de variation :
on y trouve, enfin, l’expression la plus élevée de la structure intime
du végétal avec des appareils parfaitement distincts pour chaque
fonction.
Tout, comme on le voit, vient confirmer la loi de la symétrie
ascendante, et cette loi unitaire se retrouve dans le règne animal :
les tissus, simples dans les animaux inférieurs, deviennent de plus
en plus complexes, à mesure qu’on se rapproche des Vertébrés, et
dans les Mammifères ils affectent tous les genres de transformation
et font le désespoir des histologistes.
Pour terminer, j'emprunterai à Agardh une citation qui rend com-
INTRODUCTION. clxxx vi}
plétement ma pensée : « La nature, dit-il, pour réaliser une idée,
n’y va pas tout d’un coup; mais, commençant par les formes les plus
simples, elle continue pas à pas jusqu'aux formes les plus compo-
sées, et finit par présenter, sous des formes normales et complètes,
l’idée qu’on n’avait pu qu’entrevoir dans les formes antérieures. »
Ce chapitre semblera abstrait peut-être aux personnes étrangères à
l'étude des sciences; mais, en le lisant attentivement, on comprendra
l’idée que j'ai voulu mettre en relief. Le but que je me suis proposé,
en commençant ces Éléments de botanique par des idées générales,
a été de permettre, aux personnes qui ne veulent avoir de la bota-
nique qu’une teinture superficielle, d’en pouvoir raisonner avec plus
de profondeur qu'elles ne le feraient si elles avaient lu un traité pu-
rement didactique; et si j'ai appelé la zoologie à mon secours, c’est
pour montrer la connexion intime de plan des deux règnes, animal et
végétal. Les idées synthétiques m’ont toujours paru préférables, pour
l’enseignement élémentaire, à la longue route de l’analyse, qui em-
pêche souvent les natures impétueuses d'arriver.
CHAPITRE IV.
DIFFÉRENCES QUI EXISTENT ENTRE LES ANIMAUX ET LES VÉGÉTAUX.
Le grand Linné, voulant peindre d’un seul trait les différences qui
caractérisent les êtres des deux règnes, a dit : Les animaux sont des
corps qui se nourrissent, se reproduisent, sentent et se meuvent. Les
végélaux se nourrissent, se reproduisent, mais ne sentent pas et ne
sont pus doués de mouvement volontaire. Cette définition, plu-
tôt fondée sur des caractères négatifs, tels que le défaut de mouve-
ment et de sensibilité, que sur des caractères positifs, n’est remar-
quable que par son laconisme; mais elle n’est pas d’une exactitude
rigoureuse : on trouve dans le sommeil des plantes un mouvement
bien caractérisé, et dans l'irritabilité du stigmate des Mémulus,
des étamines des Berberis et.des Sparmannia, dans celle des fo-
lioles de la Sensitive, de la Dionée, du Megaclinium falcatum, une
sensibilité obtuse encore, mais irrécusable, On ne peut donc pas
donner une définition exacte de la plante en une seule phrase, et
cIxxxviij INTRODUCTION.
surtout en n’employant que des caractères négatifs; car il serait im-
possible de se faire une idée de l'essence d’un être qui ne serait
composé que de caractères de cet ordre; un être est un composé de
signes positifs qu’on ne peut déduire que d’une longue suite de com-
paraisons.
Il ne faut pas conclure de ce qui précède que, malgré la connexité
que j'ai établie entre les deux règnes, sous le rapport évolutif, j'aie
entendu confondre les animaux et les végétaux, et voulu prétendre
qu’ils se ressemblent en tous points; je n’ai voulu parler que du pa-
rallélisme de plan des deux règnes.
On peut définir un animal : un organisme limité dont les parties
constituantes atteignent leur perfection peu de temps après sa nais-
sance, Ou qui naît avec tous ses appareils, qui ne subissent plus que
des modifications légères, et dont la nutrition augmente les dimen-
sions pendant un certain temps, puis ne fait qu’entretenir la vie,
sans qu’il y ait augmentation des parties. Il parcourt des âges qui
répondent à des époques fixes de son existence : la fixité des par-
ties constituantes est donc le caractère positif de l’animal.
Le végétal, au contraire, est un organisme illimité, dont les
parties extérieures croissent en nombre, et qui ne s'arrête pas dans
son développement. Dans le végétal, l'augmentation du nombre des
parties extérieures en est le caractère distinctif.
S'il existe une analogie frappante entre les grands actes qui pré-
sident à la nutrition chez les animaux et chez les végétaux, il n’en
est pas de même quand on examine les organes qui sont chargés de
celte fonction.
Les éléments de la nutrition sont différents chez les uns et chez les
autres : les animaux prennent leurs aliments dans le règne végétal ou
dans le règne animal, et ne se servent des substances inorganiques que
comme de condiments ou pour aiguiser leur appétit; ils les divisent,
les reçoivent dans la cavité gastrique, qui n’est que le réservoir où
se mêlent les diverses substancesalibiles ; de là elles sont, en chan-
geant de nature de proche en proche, converties en un liquide qui
n’est que la première préparation du sang; puis sous cette dernière
forme, charriées dans tout l’organisme, qu’il renouvelle et rajeunit.
Les matières non assimilables sont expulsées par les transpirations et
les selles. L'animal renferme en outre certain nombre de glandes dont
chacune est chargée d’une fonction particulière, et qui fournit sa sé-
INTRODUCTION. clxxxix
crétion propre. Tous les organes de nutrition de l’animal sont inté-
rieurs, et le tube digestif ne présente que deux orifices, un pour la
déglutition, et l’autre pour l’excrétion. Les organes respiratoires sont
renfermés dans la poitrine, et l'air aspiré par la bouche est rejeté par
le même orifice. La peau est le seul organe externe qui fonctionne par
exhalation. D'un autre côté, l'animal, ayant des organes ambulatoires
et de préhension, peut aller au loin chercher sa nourriture. Dans le vé-
gétal, tout se passe autrement : fixé au sol, il est obligé de vivre des
matériaux de nutrition ambiants, sans pouvoir aller les chercher au
delà du rayon où il étend ses racines et ses branches. N'ayant ni
organes de préhension , ni appareil de manducation , il ne peut pas
prendre d’aliments solides, ni les réduire en pulpe pour les faire
passer dans une cavité gastro-intestinale qui n’existe pas; il lui faut
donc des éléments de nutrition liquides, et ceux qui lui conviennent
le mieux sont ceux qui proviennent de débris animaux et végétaux
désagrégés par la putréfaction et réduits à l’état gazeux. Ces maté-
riaux, charriés dans l'organisme végétal, subissent, sous l'influence de
la respiration, qui a lieu par les feuilles, des transformations qui les
convertissent en cellules nouvelles, tandis que les matériaux usés par
la vie s’en vont par les mêmes organes foliacés qui représentent le pou-
mon des animaux, et qui servent à l’aspiration et à l'expiration. Des
systèmes particuliers, et semblables aux divers appareils glandulaires
qu’on trouve chez les animaux, élaborent les produits spéciaux
qui se déposent dans des lacunes comme dans autant de réservoirs.
Comment se passent ces diverses opérations, nous l'ignorons; car la
simplicité même des organes internes de la plante s'oppose à une
investigation; nous ne pouvons même pas nous expliquer clairement
le mode de cheminement des fluides dans des vaisseaux qui parais-
sent dépourvus de contractilité; et, à part un petit nombre de faits
relatifs à la fécondation, nous ne voyons pas que le mouvement vital
développe dans le végétal, comme dans l’animal, une quantité notable
de calorique.
Sous le rapport de la génération, le végétal est encore l’inverse de
l'animal; chez l’un, et nous ne parlerons que des plus élevés, les or-
ganes générateurs sont internes , et la bissexualité est le point culmi-
nant de la perfection; l’ovule, déposé dans le sein de la mère, y
prend tout son accroissement, et n’en sort que quand il a acquis une
perfection organique qui lui permet de vivre au milieu de l'air am-
CXC INTRODUCTION.
biant. Dans le végétal, au contraire, l’hermaphrodisme est la loi gé-
nérale; parce que, la locomotilité lui étant interdite, la fécondation
serait soumise au caprice des vents ou des insectes; c’est pourquoi
l’on voit, dans les plantes diclines, ces masses de poussière fécondante
charriées par les airs comme des nuages de soufre. Les organes
sexuels, protégés par de frêles enveloppes, sont extérieurs, et l’ovule,
au lieu d’être fécondé dans une cavité appartenant à l’être qui l’a
produit, se détache et tombe sur le sol, qui le reçoit dans son sein et
en fait un nouveau végétal. Dans les animaux , la mère nourrit son
jeune fruit avec le lait de ses mamelles; dans les plantes, le germe
végétal reçoit la première nourriture de ses deux feuilles cotylédo-
naires, qui sont pour lui comme deux mamelles nourricières.
La vie de l’animal est limitée, celle du végétal l’est moins; les
grands arbres bravent les siècles et peuvent compter jusqu'à plusieurs
milliers d’années : la mort arrive quand le tronc, ce réservoir com-
mun sur lequel sont implantées les branches comme autant de po-
lypes ou d’arbustes indépendants, perd sa vigueur et ne tire plus
du sol les fluides nourriciers qui en faisaient pour ses rameaux une
terre fertile. Dans l'animal, à l'exception de ceux qui appartiennent
aux groupes inférieurs, une grave lésion entraîne infailliblement la
perte du membre qui en est le siége ; une ablation le mutile, parce
qu’il représente une unité organique. Dans le végétal, herbacé même,
jes moindres parties, mises dans des conditions favorables, donnent
naissance à un sujet nouveau, tandis que les diverses parties de
l’animal meurent quand elles en sont détachées. Cependant, on peut
également greffer l’un sur l’autre des tissus vivants; mais dans le
végétal, c’est pour le perfectionner ou le reproduire, et dans l’animal,
ce n’est qu’une simple curiosité ou quelquefois un moyen de réparer
une perte de substance. L'arbre, en subissant des mutilations, se dé-
veloppe avec plus de vigueur, tandis que animal dépérit. C’est que
chez l’un la vie est multiple, tandis que chez l’autre elle est essentiel-
lement simple et unique.
On peut donc regarder, malgré le parallélisme que j'ai signalé
dans le chapitre précédent , l’animal et le végétal comme deux êtres
inverses , sous le rapport des systèmes anatomique et physiologi-
que, ce qui avait fait dire à Aristote que les plantes sont des ani-
maux retournés; ils paraissent destinés à compléter la vie univer-
selle et à la répandre partout, sous toutes les formes. Ces deux
INTRODUCTION. CXC]
grandes séries sont mutuellement nécessaires l’une à l’autre; mais
l'animal surtout ne peut se passer du végétal, qui, à son tour, croît
avec plus de vigueur, quand la terre qui le nourrit est fécondée par
des débris animaux. Les infiniment petits des deux règnes sont les
parasites des végétaux et des animaux, et sous ce rapport il y a un
mutuel échange de procédés de destruction.
CHAPITRE V.
DE LA CHIMIE VÉGÉTALE.
L’exposé des principes généraux de chimie organique vient, dans
l'ordre logique, après les idées d'ensemble sur l'être végétal ; il fera
mieux connaître les éléments qui entrent dans la composition des vé-
gélaux , ceux qui sont le résultat du mouvement qui se passe dans
l’intérieur des tissus, et les réactions réciproques des divers principes
qui les composent. Je ne comprendrai dans ce chapitre, avec quel-
que développement, que les combinaisons chimiques qui appar-
tiennent en commun à tous les végétaux, ou en même temps à des
végétaux différents, parce que ces notions ne trouveraient pas place
dans la Flore , où je ne puis parler en détail que des principes im-
médiats, propres exclusivement à chaque végétal qui fait le sujet d’un
article. C’est pourquoi je passerai rapidement sur les matières qui se-
ront traitées #7 extenso dans le texte, et je n'insisterai que sur les
phénomènes généraux. C’est à l’excellent Cours de chimie de M. Re-
gnault que j’emprunte les principales données et la coordination des
matières contenues dans ce chapitre.
Le principe élémentaire primitif signalé dans les végétaux, dont il
constitue la trame vivante et qui forme les parois des cellules, des
fibres et des vaisseaux, est la cellulose. Elle existe à l’état de pureté
dans le Coton, ainsi que dans les fibres de Chanvre et de Lin, et est
primitivement composée, comme tous les tissus végétaux pris dans
leur état de simplicité organique, de trois éléments : le carbone,
l'hydrogène et l'oxygène, ce qui fait des végétaux des composés
primitivement ternaires, de même que les animaux sont des êtres à
composition invariablement quaternaire.
CxCi) INTRODUCTION.
On trouve cependant aussi de l’azote dans un grand nombre de
produits végétaux, comme cela se voit dans les substances albumi-
noïdes. Ces quatre corps élémentaires sont fournis à la plante par
l'air, et la terre n’est que le réservoir où elle puise ces matériaux
de nutrition. On verra, à la fin de ce chapitre, qu’il entre encore
dans la trame des tissus végétaux des substances fixes, qui leur
sont fournies directement par le sol, et qui y subissent des modifica-
tions variées; il reste à savoir le rôle qu’elles jouent dans la vie de
la plante, ce qui est encore peu connu.
Malgré la simplicité et le petit nombre des éléments qui entrent
dans la composition textulaire, ils fournissent par leur combinaison,
en proportions différentes, des composés très-nombreux, variant
autant de fois que ces proportions diffèrent entre elles. Ce sont les
atomes de ces corps élémentaires qui se combinent pour former les
molécules, et l’on comprend quel nombre infini de modes d’agréga-
tion peuvent affecter les mêmes molécules, ce qui fait qu'avec une
composition moléculaire semblable, les produits offrent de si grandes
différences par suite du système particulier d’agrégation propre à
chacun d’eux : il en résulte qu’on trouve dans la chimie des corps
vivants un grand nombre de substances isomères. Jusqu'à présent la
théorie atomistique n’est pas assez avancée pour rendre compte de ces
phénomènes. |
On reconnaît dans les substances végétales un mode de composi-
tion plus complexe que dans les corps inorganiques, qui sont formés
soit par un seul élément, soit par deux ou plus; mais, dans les végé-
taux, on en trouve toujours au moins trois : le carbone, l'hydrogène
et l'oxygène, auxquels il faut ajouter l’azote complémentairement.
La cellulose reste rarement pure; elle se trouve bientôt tapissée de
malières incrustantes formées par les substances organiques dissoutes
dans la terre, et la première transformation qu’elle affecte, dans les
grands végétaux, est sa conversion en ligneux, dans lequel on
trouve du carbone et de l’hydrogène en plus grande quantité que
dans la cellulose pure; on y trouve également une petite quantité d’a-
zote, provenant des substances albuminoïdes qu’elle renferme et qui
détermine, après la mort de l'arbre, une fermentation qui ne tarde pas
à transformer le ligneux en umus , avec dégagement d’acide car-
bonique.
La composition de la cellulose est celle de l’amidon sec; elle se
INTRODUCTION. CxCIi]
trouve dans son état le plus pur, dans la moelle du Sureau, et dans
celle de lÆschynomene, ou papier de Riz. On à distingué, sous le
nom de cellulose, la trame du tissu cellulaire, et sous celui de sclé-
rogène, le contenu des cellules. La première est insoluble dans la
plupart des véhicules, excepté cependant dans lacide sulfurique
concentré, qui dissout la moelle de Sureau; mais, dans la plupart
des cas, le tissu reste intact, tandis que la sclérogène est soluble
dans les alcalis et les acides concentrés. Dans son état de pureté, la
cellulose répond à la formule de C? H'° 0", et en poids à :
Carine... 5, di RE AN San 72
Hydrogétee. PR ARE Dane route 10
Deypine. 2. Lee One nu ee t 80
Le ligneux, longtemps confondu avec la cellulose, dont il n’est
que l’état impur, étant plus riche en carbone, est infiniment plus
propre à la combustion et à la production de la chaleur que la cel-
lulose pure. La proportion de matière incrustante varie suivant la
nature du bois; ainsi, dans le bois de Hêtre, la cellulose et le ligneux
sont en proportions égales; dans le Chêne, plus dense que le Hêtre,
la proportion du ligneux est de 67 pour100 , et dans le bois d'Ébène,
de 90 pour 100.
SUBSTANGES ALBUMINOÏDES. — On connaît peu le rôle que HE les
matières azotées des plantes, appelées substances albuminoides. Quel-
ques-unes sont solubles dans l’eau, comme l’albumine, le caséum vé-
gétal et la légumine ; d’autres, comme le gluten etla fibrine végétale,
sont insolubles. Le principe essentiel des matières albuminoïdes a été
nommé protéine. C’est une substance sans saveur, sans odeur , inso-
luble dans l’eau, l'alcool, l’éther et les huiles essentielles, et dont la
composition est représentée par la formule C* H*#% AZ4 O'. Ce qui
prouve que ses propriétés sont identiques à celles de l’albumine, c’est
qu’en la combinant avec des terres alcalines, elle forme, comme cette
dernière, un mélange glutineux qui devient très-dur en séchant. On
l’obtient en faisant bouillir dans la lessive de potasse la fibrine , l’albu-
mine ou la caséine, et en saturant la liqueur par un acide; il se forme
un précipité gélatineux auquel on enlève les sels alcalins par des la-
vages réitérés : c’est la protéine. Elle jouit de propriétés hygroscopiques,
et à la température de 100° elle perd son eau. Soumise à l’action de la
chaleur, elle fournit des produits ammoniacaux et laisse un charbon
TOME J, INTRODUCTION. — Livraison 7. 3
CXCIV INTRODUCTION.
poreux très-peu combustible. On lui a donné le nom de protéine, du
grec pros, premier, parce qu’elle est regardée comme le principe pur
de l’albumine et de la fibrine dépouillées de tous leurs sels alcalins.
L’albumine des végétaux paraît identique à celle des animaux,
ce qui a fait penser que cette substance était fournie directement
aux animaux par les plantes dont ils se nourrissent. Elle n'a été
examinée qu’à l'état coagulé. On la rencontre surtout dans les graines
oléagineuses. Comme l’albumine animale, elle se coagule à + 70°.
La composition chimique de ces deux substances présente les résul-
tats suivants :
Albumine végétale. Albumine animale.
Carbone...........:...mre 53.74 51.60
Hydrogène. . .......--..-... 7.10 7.22
Aotesotise . 8e OR alt 15.66 15.02
Oxygène et soufre........... 23.50 26.16
On a trouvé des traces de phosphore dans l’albumine animale.
On extrait directement des végétaux le gluten, matière gluante et
élastique, très-azotée, à laquelle le pain de Froment doit ses pro-
priétés alibiles. C’est le principe essentiel des graines des Céréales,
formant comme un réseau dans les mailles duquel sont contenus les
granules d’amidon. On l’obtient en malaxant de la pâte de farine sous
un filet d’eau , qui la débarrasse de l’amidon et la laisse à l’état impur
sous forme de matière grisâtre, élastique et insoluble dans l’eau. En
contact avec l’air humide, le gluten se ramollit, perd son élasticité
et se putréfie en répandant une odeur ammoniacale. Il est insoluble
dans les alcools et les alcalis. La quantité de gluten est la mesure de
la qualité de la farine.
Les proportions de gluten contenues dans les diverses Céréales sont
les suivantes :
Farine pure..........sesse.ese .. 10.25 pour 100
Froment d’automne................ 19 »
— de printemps......... Aire Ste UE »
— de Barbarie. : :....... 4 23 »
7" 26 SIC TE re ee 0e Lite 21 »
Épeautre. à aide de NE 22 »
Avolne. ses 2h08 et PRADA LE PA 6 »
Seigle.s. . à « oo + sosie RENE, 5 »
Orge... r: Rare 4 »
INTRODUCTION. CXCV
La nature des engrais augmente ou diminue la quantité de gluten.
Prés. 500 F, 0 = HEt Me « HMS 35 pour 100
MR LRU DRE EN à he ju 184485 4/1»
Fumier. de cheval. 8, 228 Sim. à 13 »
— de vache........ nd der x 11.95 »
Lerte non fumée... .....4-.20 9.20 »
On n’a pas admis la nomenclature proposée par Hermbstädt, qui
voulait qu’on appelât le gluten de Froment sréticine; celui de Seigle,
sécaline; d’'Orge, hordéine; d'Avoine, avenaïne.
On a donné le nom de gliadine ou de glutine à la matière vis-
queuse qui recouvre le gluten brut, et qui est de composition sem-
blable à l’albumine.
La fibrine végétale, qui est le gluten pur et dépouillé de la glutine,
paraît de composition semblable à la fibrine animale; elle renferme :
ORDONNÉ du 2e. do cc More rot, 62.78
EPS RE tree eee see the 6.96
NERO PRE PEN EP Trees eat 16.78
Camabne iris ES oil duos are 13.48
100.00
Une autre substance curieuse à étudier est le caséum végétal,
qui a la ressemblance la plus complète avec le caséum animal, et
des propriétés chimiques identiques; on le trouve dans l'alcool qui a
servi à purifier le gluten; il se dépose pendant son refroidissement.
On le confond avec la /écumine, trois fois plus azotée que la protéine,
mais qu’on connaît mal encore et qui demande à être mieux étudiée.
On obtient la légumine en concassant ou en réduisant en bouillie des
Haricots, des Pois ou des Lentilles, qu’on mêle à une certaine quan-
tité d’eau qui la dissout. On filtre et on laisse reposer ; la fécule se dé-
pose, et la légumine reste en dissolution. Ce liquide, d’un blanc jau-
nâtre, s'acidifie à l’air et se coagule comme du lait; on peut précipiter
la légumine par des acides, et l’on emploie de préférence l’acide acé-
tique. Les graines que je viens de citer, comme celles dont on extrait
le plus communément la légumine, en contiennent jusqu'à 18 pour
100 de leur poids. Elle correspond à la formule C?° H7* Az® 07.
MArièrE AMYLACÉE. — On désigne, sous le nom de matière amy-
lacée, une substance dépourvue d’azote qui remplit les cellules de
certaines plantes, et dont la composition est simplement ternaire;
CXCV] INTRODUCTION.
on les représente par la formule C!? H!° O'°. Les Pommes de terre en
contiennent en grande abondance, et l’on donne à celle tirée de ce
tubercule le nom de fécule; quand elle provient du Blé, on l'appelle
amidon. En général, les Graminées en contiennent toutes en quan-
tité notable. On en trouve encore dans certaines Convolvulacées ,
dans le tronc de quelques Palmiers, dans les graines des Légumi-
neuses, la racine des Ombellifères, le bulbe de la Tulipe et des
Glaïeuls , les racines des Orchis, de l’Arum et de la Bryone, le fruit
du Châtaignier et du Marronnier d'Inde, etc.; mêlée à un poison
subtil dans la racine de quelques Euphorbiacées, elle se trouve en-
core dans un grand nombre de végétaux, mais en si petite quantité,
qu'on ne peut qu’en signaler la présence. La matière amylacée est
formée de grains affectant diverses figures, le plas communément
ovoïdes ou orbiculaires, et dont chacun présente à sa surface un
point particulier, appelé le Aile, autour duquel la matière amylacée
est groupée concentriquement. Pour étudier cette substance, il faut
le faire sur la fécule, dont les grains sont les plus gros, et le hile
plus apparent. Le diamètre des grains d’amidon varie beaucoup sui-
vant les végétaux qui les fournissent, ainsi que le prouve le tableau
suivant, qui ne donne que le maximum du volume :
Pomme de terre. ........ socsorecmes 11/8. 16e millisneires
SASOUL sut ee mu ou. de Lane St ATAË
Jename- HE RS Rp EN 1/17
Froment. ...-... PCR PEL PRETP 1/20
SE BAS UE lee . 1/20
Ctaigne: RER RUN si. LINE. sal! 4/38
Mamoe:. RE LR ie it)
Mia. ane Ro RbanEt ado au TU
LAS LT se Dur AS Je Ce 1/40
Patate... M AMP FORTE RATE 1/75
SAÏD... DE Es 10e de see Li Da LA 1/200
La proportion de matière amylacée contenue dans les végétaux
présente également de grandes différences :
Pafähess cit if bu +... 13.3 pour 100
Manioc....... se die Re ES Ste APE dat »
Pomme de terre... ME PRE 22 à 25 »
Igname trilobé..:.#....... TRE Ne UD »
L'ÉMNIS s ne «ere A MIE den ARTS 32 »
INTRODUCTION. CXCVi}
Harieot=:51.2 20000 ut. 46 pour 100
Pois su ie. co Re MU AE eee - 50 »
Avoine, .…l:. .s.#aûed#r Saloie:ers 59 »
OO nee nee RE PACS “cs 0! »
PDEAUIRES . ee nes ce ee 68 »
Froment de printemps.............. 70 »
— d’automne................ 75 »
M La el ste. 1278 »
AIS, 1 es du noie NE DNS 80 ”
BA ae innucué vnioe HSE Ce del 83 à 85 »
Chaque grain est formé par la superposition de pellicules très-
minces, que la désagrégation met en évidence. Un des caractères aux-
quels on reconnaît la matière amylacée, c’est lorsqu'une dissolution
aqueuse d’iode la colore en bleu foncé. En la faisant cuire dans l’eau,
comme cela a lieu pour l’empois et les potages féculents, elle se gon-
fle, les pellicules s’exfolient et remplissent tout le liquide qui épaissit
jusqu’à ce que la désagrégation de ces mêmes pellicules réduise la
masse et les fasse flotter dans le liquide redevenu fluide.
Desséchée dans le vide et exposée à une température de 200°, elle
prend une couleur ambrée sans perdre de son poids, elle a cepen-
dant éprouvé une modification profonde. Elle s’est transformée en
une substance de même composition, soluble dans l’eau, tandis que la
fécule ne l’est pas, et à laquelle on a donné le nom de dextrine,
parce que sa solution fait dévier à droite la lumière polarisée.
Les acides sulfurique, azotique, chlorhydrique très-dilués, et à la
température de 100°, transforment la matière amylacée en dextrine,
puis en matière sucrée appelée glucose ou sucre de fécule, qui a
également la propriété de dévier la lumière vers la droite. On n'ob-
tient aucune action ni par l'acide acétique, ni par l’ammoniaque.
L’acide azotique fumant convertit la fécule en xyloidine, et, si on
l’emploie à chaud, on obtient de l'acide oxalique. Il sera question
plus loin de ces diverses substances.
La cellulose, dont la composition chimique est identique à celle de
la matière amylacée, ne se colore pas en bleu par la dissolution de
l’iode ; cependant, sous l'influence de l’acide sulfurique, elle se trans-
forme et présente toutes les propriétés de la fécule.
On extrait de la racine de l'Aunée (Znula helenium) une sub-
stance particulière, de même composition chimique, et dont les pro-
priétés sont semblables à celles de la fécule, mais qui fait dévier la
CxCVII] INTRODUCTION.
lumière à gauche; on l’a appelée Znuline. Elle est pulvérulente,
blanche, fixe, et se trouve encore dans les tubercules du Topinam-
bour, du Dahlia, dans la racine de Chicorée, de Pyrèthre, et dans le
bulbe du Colchique. Elle diffère de l’amidon en ce qu’avec de l’eau
bouillante elle ne donne pas d’empois et n’est pas colorée en bleu
par l’iode. La lichénine, extraite des Lichens, est encore une variété
de la matière amylacée. Elle se gonfle dans l’eau et donne une gelée
blanche qui est colorée en bleu par l’iode.
Des Goumes. — Voici de nouvelles substances qui découlent des
arbres, et qui, avec une composition chimique semblable en tous
points à celle de la fécule (GC? H'° 0), en diffèrent par certaines
propriétés, entre autres celle de ne pas être colorées par l’iode quand
elles sont pures; mais surtout de donner en même temps, par l’acide
azotique, de l’acide oxalique, et un acide particulier appelé acide
rnucique.
On en distingue trois espèces, si ce n’est pas plutôt trois variétés,
l’arabine, la cérasine et la bassorine.
La Gomme arabique, ou arabine, qui découle de certaines espèces
d’Acacias (Acacia vera, Arabica, Senegalensis, tortilis), est soluble
dans l’eau, sans présenter aucune trace de cristallisation, et elle
exerce sur la lumière un pouvoir rotatoire vers la gauche, que
l'acide sulfurique convertit en un pouvoir rotatoire vers la droite, en
la transformant en sucre fermentescible. Elle est incolore, insipide et
dépourvue d’odeur; elle est soluble dans l’eau froide, et se convertit
en un mucilage gluant; à 182° elle se ramollit et est détruite à une
température plus élevée. Sa densité varie de 1,3 à 1,4.
La cérasine, où Gomme du pays, est produite par exsudation
des Cerisiers, Pruniers et autres arbres de la famille des Rosacées;
elle se gonfle dans l’eau froide sans s'y dissoudre; elle ne se dissout
que dans l’eau bouillante. C’est une substance encore mal connue et
qui paraît contenir une certaine quantité d’arabine.
La bassorine est la partie essentielle de la Gomme de Bassora, de la
Gomme adragante, produite par les Astragales, plantes de la famille
des Papilionacées, et du Salep, tiré des racines de certaines espèces
d’Orchis; cependant elle ne paraît pas y être pure. Insoluble dans
l’eau, même bouillante, elle s’y gonfle et se change en une matière
visqueuse. À la température de l’ébullition, l'acide sulfurique la
convertit en glucose. La dissolution d'iode ne colore cette subs-
INTRODUCTION. CXCIxX
tance en violet, que parce qu’elle contient quelques grains de fécule.
On peut rapporter à cette série le zrucilage végétal extrait par
l’ébullition de la graine de Lin, des racines des Malvacées et de la
graine du Plantain psy{lium ; il se distingue de la Gomme ordinaire
en ce qu'il est plus opaque et moins cassant à l’état sec. Sa solution
aqueuse n’est ni aussi opaque, ni aussi filante que celle de la Gomme.
Pour l’avoir pur, il faut faire digérer la matière brute dans de leau
distillée; on traite la masse gonflée et devenue transparente par l’al-
cool acidulé avec de l’acide chlorhydrique, on la presse dans un
linge pour en séparer les sels calcaires qui restent dans le liquide, et
l’on répète l'opération jusqu’à ce que l’alcool acidulé ne laisse aucun
résidu fixe.
Des Sucres. — Les sucres sont des substances solubles dans l’eau,
d’une saveur agréable, et jouissant de la propriété de se convertir
en alcool et en acide carbonique sous l’influence de certaines matières
organiques azotées, qu’on appelle ferments. La formule du sucre est
variable : on y trouve l'hydrogène et l’oxygène en plus grandes pro-
portions que dans les Gommes.
La première espèce est le sucre de Canne, dont la formule est C'
H'"1 Of". Il se trouve dans un grand nombre de végétaux, surtout
dans la Canne à sucre, la tige et les jeunes fruits du Maïs, la Betterave
et l'Érable à sucre. On peut néanmoins le tirer d’autres plantes, mais
en si petites proportions, qu’il ne vaut pas la peine de l’extraire. Dans
son état de dissolution , il jouit de la propriété de dévier vers la droite
le plan de polarisation de la lumière. Par son mélange avec les acides
minéraux , il perd la faculté de se cristalliser et dévie alors vers la
gauche la lumière polarisée. Ce changement a lieu à chaud et à froid.
Il se combine avec les bases, et forme alors des combinaisons cris-
tallisables, qu’on appelle saccharates : tels sont les saccharates de
chaux , de plomb, de baryte. Mêlé à l'acide azotique monohydraté,
il produit une matière insoluble, très-combustible, analogue à celle
que produit l’amidon ; l’acide azotique du commerce le transforme en
acide oxalhydrique ou oxysaccharique ; en prolongeant l’action de
l'acide azotique, on trouve dans la liqueur de l’acide oxalique, qui se
transforme lui-même en acide carbonique.
A la température de l’ébullition , il réduit beaucoup de sels métal-
liques : entre autres, il précipite de l’argent métallique de l’azotate
d'argent.
CC INTRODUCTION.
Distillé dans les rapports de 1 sucre à 8 chaux vive, il donne un
produit huileux, semblable à celui qu’on obtient par la distillation des
acétates, et qu’on appelle acétone.
Après le sucre cristallisable, celui tiré des fruits ou sucre de fruits,
qui ne cristallise pas et dont la formule est C® H'? 0, jouit de la
propriété de dévier vers la gauche le plan de polarisation.
On le tire de la plupart des fruits acides, tels que les Cerises, les
Groseilles, les Raisins, en exprimant le suc de ces fruits dont on sa-
ture les acides par la craie, et qu’on fait bouillir ensuite avec de l’al-
bumine pour en enlever par la coagulation les matières mucilagi-
neuses. Le produit qui en résulte est mucilagineux et soluble dans
l’eau et l'alcool à 33°, en grande proportion. Soumis à l’influence des
ferments, il donne de l’alcool et de l’acide carbonique.
Le sucre de fruits, abandonné à lui-même à l’état sirupeux, dépose
à la longue de petits granules cristallins de saveur sucrée, qu’on
appelle sucre de Raisin, parce que c’est dans le suc de ce fruit qu'on
l'a trouvé pour la première fois, et il existe dans les Raisins secs
sous la forme de granules ou de poussière blanchâtre. Cette nouvelle
substance, qui jouit des mêmes propriétés de déviation que le sucre
de Canne, présente une nouvelle formule : C® HO. Bouilli avec
des acides étendus, il ne change pas de mode de déviation. Jamais
ce sucre ne donne que des cristallisations confuses, et il est moins so-
luble que celui de Canne. Il faut une demie partie d’eau pour dis-
soudre une partie de sucre, et la saveur est de plus de moitié moins
sucrée.
Le sucre de Raisin se combine plus difficilement avec les bases que
le sucre de Canne; par son mélange avec la chaux éteinte, il se trans-
forme en un acide appelé acide glucique, dont la formule est C° H°
O5, qui forme des sels solubles avec presque toutes les bases. Cet
acide en dissolution, bouilli au contact de l'air, se colore en brun
et forme l'acide apoglucique, qui donne à son tour naissance à des
combinaisons appelées apoglucates.
La dissolution bouillante de sucre de Raisin précipite le cuivre des
dissolutions cuivriques, ce qui permet d'employer ces dissolutions
pour reconnaître la présence de petites quantités de sucre dans une
liqueur. La liqueur employée pour doser les quantités de sucre de
Raisin se prépare en dissolvant ensemble du sulfate de cuivre, du
tartrate de potasse et de la potasse caustique. On la dose de manière
INTRODUCTION. CÜ)
que À gramme de sucre de Raisin en décolore 100 centigrammes. On
peut également se servir de ce réactif pour déterminer la quantité de
sucre de Canne contenue dans une liqueur. Il suffit de transformer
ce sucre, par ébullition avec un acide, en sucre tournant à gauche.
PRINCIPES GÉLATINEUX DES FRUITS. — On tire du suc de tous les fruits,
ou des racines charnues, des gelées qui sont regardées comme dé-
rivant d’un principe immédiat, insoluble, dont la composition chi-
mique n’a pu être encore déterminée et qu’on a appelé pectose. Il se
distingue de la cellulose par la propriété dont il jouit de se convertir,
par l'influence simultanée des acides et de la chaleur, en un corps
soluble dans l’eau, qui est la pectine (du grec ris, coagulum).
Elle existe tonte formée dans les fruits mürs, et se développe dans
les fruits verts quand ceux-ci sont soumis à l’action de la chaleur :
la pectose se transforme alors en pectine sous l'influence des acides
végétaux qu’ils renferment. On l’obtient encore en faisant bouillir, dans
de l’eau faiblement acidulée, des Carottes ou des Navets. La prépa-
ration la plus simple consiste à exprimer à froid la pulpe des poires
. müres; après en avoir filtré le jus, on y verse de l’acide oxalique qui
précipite la chaux, ensuite une dissolution de tanin qui précipite
la matière albumineuse, et enfin de l'alcool qui précipite la pectine
sous forme de longs filaments gélatineux. On lave cette pectine avec
de l'alcool, puis on la redissout dans l’eau, et l’on recommence jus-
qu’à ce qu'il n’y ait plus dans la liqueur ni sucre, ni acide organique.
Dans son état de pureté, la pectine est une substance blanche, sem-
blable à de l’ichthyocolle lorsqu'elle est desséchée, soluble dans
l’eau et incristallisable ; l'alcool la précipite en gelée, d’une dissolution
aqueuse, étendue; mais lorsque cette dissolution est plus concentrée,
le précipité prend la forme de longs filaments. Desséchée à 100°, elle
a l'aspect de la cellulose. Elle n’exerce aucune action sur la lumière
polarisée ou absolument neutre, et sa formule est CS HS Of.
Lorsqu'on fait bouillir longtemps une dissolution aqueuse de
pectine, elle se transforme en une nouvelle substance isomère,
qu’on a appelée parapectine, qui diffère de la pectine en ce qu’elle
précipite par l’acétate neutre de plomb. Celle-ci, chauffée à l’ébulli-
‘tion avec des acides très-dilués, se convertit en une nouvelle subs-
tance isomère, la r2étapectine, qui diffère des deux précédentes en
ce qu’elle précipite par le chlorure de baryum et rougit sensiblement
la teinture de tournesol.
TOME I, INTRODUCTION. — Livraison aa, ua
cc} INTRODUCTION.
Par le contact des alealis et des terres alcalines, ces trois substances
se transforment en un acide insoluble, l'acide pectique.
On trouve encore, dans les végétaux qui contiennent de la pec-
tose, un autre principe, la pectase, qui exerce sur la pectine et ses
isomères une action particulière appelée la fermentation pectique.
Elle convertit la pectine en un corps gélatineux insoluble dans l’eau
froide, sans que son intervention soit apparente. On la trouve dans
deux états particuliers : soluble dans les Carottes et les Betteraves,
insoluble dans les fruits acides. Lorsqu'on mêle la pectase à une so-
lution de pectine, on obtient l'acide pectosique, peu soluble dans
l’eau froide. On forme encore cet acide en faisant agir à froid sur la
pectine des dissolutions étendues de potasse ou autre liqueur alca-
line; il se forme des pectosates dont on précipite l'acide pectosique par
un acide. Si les solutions alcalines sont trop fortes, ou qu’on les
laisse agir trop longtemps, l’acide pectosique se change en acide
pectique, qui existe dans les tubercules de Dahlia, de Topinambour,
et en général dans les racines charnues et les tiges herbacées; on
le tire directement des Carottes et des Navets. On les ràpe, on lave
la pulpe jusqu’à ce que les eaux sortent sans couleur ni saveur, puis
on les chauffe pendant un quart d’heure avec une dissolution faible
de carbonate de soude qui transforme la pectine en acide pectique ,
lequel forme un pectate de soude soluble. On sépare la liqueur et
l’on y verse de acide chlorhydrique, qui précipite l'acide pectique
impur à l'état de gelée. On le lave complétement, on le dissout dans
l’ammoniaque, on porte la liqueur à lébullition, et l’on y verse quel-
ques gouttes de sous-acétate de plomb, qui précipite un peu d’acide
pectique; puis on précipite par l'acide chlorhydrique l'acide pectique
qui est resté dans la dissolution. Cet acide est insoluble dans l’eau
froide et à peine soluble dans l’eau bouillante, ce qui le distingue
de l'acide pectosique, qui se dissout en quantité notable dans l’eau
bouillante. Je nommerai, sans m’y arrêter, les acides parapectique
et métapectique. Si j'ai insisté sur les transformations que la pectose
subit sous l'influence de la pectase et des acides, c’est pour conduire
à la connaissance pratique des modifications qu’elle éprouve dans la
maturation des fruits.
Les gelées végétales sont dues le plus souvent à la transformation
de la pectose en acide pectique, sous l'influence de la pectase. Le
plus souvent on s’arrêle à la production de l’acide pectosique; car on
INTRODUCTION. CCii]
sait qu’en chauffant le liquide à 100, l'acide pectosique sc dissout ct
les gelées se fondent; mais par le refroidissement elles se solidifient
de nouveau, par suite de la séparation nouvelle de l'acide pectosique.
Voici comment on explique ce phénomène : sous l'influence de la
chaleur et des acides végétaux qui existent dans la pulpe, la pectose
se transforme d’abord en pectine, et celle-ci, sous l’influence de la
pectase, se transforme en acide pectosique. C’est pourquoi il faut,
dans la préparation des gelées, n’élever que lentement la tempéra-
ture; car, si l’on voulait d’un seul coup l’élever jusqu’à 100°, on arrê-
terait la fermentation pectique; c’est ce qui a lieu lorsqu'on plonge
dans l'eau bouillante les fruits dont on veut faire des conserves. On
rend, par cette immersion, la pectase inactive.
Je parlerai ici brièvement de la mannite, qui se trouve en très-
grande quantité dans la Manne, mais qui existe aussi dans Îles
Oignons, les Champignons, le Céleri, les Asperges, le suc des Bet-
teraves qu’on a laissé fermenter, les Gommes des Rosacées arbo-
rescentes, telles que les Cerisiers et les Pruniers;-M. Stenhouse l’a
trouvée dans un grand nombre de plantes marines, comme les Za-
minaria, les Fucus, les Rhodomenia, ete. Dans la Manne, qui lui
doit sa saveur sucrée, elle est en très-grande proportion; on l’en
extrait par simple ébullition dans l'alcool, qui abandonne la mannite
par le refroidissement; mais dans les autres végétaux, comme elle
y existe en combinaison avec du sucre, il faut d’abord détruire le
sucre par la fermentation, laquelle n’altère pas la mannile; on éva-
pore la liqueur jusqu’à siccité, et l’on dissout la mannite dans l’al-
cool. Cette substance cristallise en aiguilles et se fond dans 5 parties
d’eau froide : à chaud il en faut moins; abandonnée à une évapora-
tion lente, elle forme de gros cristaux en prismes quadrangulaires.
Chauffée au-dessus de 100°, elle se décompose et donne des pro-
duits analogues à ceux des sucres. Elle s’en distingue néanmoins en
ce qu’elle n’exerce pas de pouvoir rotatoire sur la lumière polarisée.
L'acide azotique du commerce la convertit, à chaud, en acides oxali-
que et oxysaccharique, et l'acide azotique fumant la transforme en
une matière explosible semblable à celle qu’on obtient par l’amidon,
le ligneux et les sucres.
La formule de cette substance est C$ H7 O6, mais elle parait
inexacte.
Il entre dans mon plan de donner ici les principaux produits ré-
CCIV INTRODUCTION.
sultant de l’action des acides sur le ligneux, la cellulose, la matière
amylacée, la Gomme et les sucres, parce qu’il n’y a pas d’article
spécial auquel ces phénomènes chimiques puissent se rapporter.
On a vu, à l’article Matière amylacée, que la fécule, bouillie pen-
dant quelque temps dans l’eau additionnée de quelques centièmes
d’acide sulfurique, se convertit en dextrine, dont la formule est C!2
4" 0", et qui jouit de la propriété de faire dévier la lumière pola-
risée vers la droite plus fortement que toute autre substance connue.
Elle est très-soluble dans l’eau , et n’est pas, comme la fécule, colorée
par la dissolution d’iode. On la prépare ordinairement en chauffant
la fécule à une température de 210° C.; elle prend alors un aspect
Jjaunâtre, ce qui lui a valu le nom de fécule torréfiée ou leïocomme ;
mais on peut encore la préparer en mouillant 1000 kilogrammes de
fécule avec 300 kilogrammes d’eau auxquels on a ajouté 2 kilo-
grammes d'acide azotique. On laisse la matière sécher d'elle-même,
. puis on la chauffe pendant une ou deux heures dans une étuve à
100 ou 110°: la transformation est alors complète.
Les dissolutions de dextrine possédant des propriétés semblables
à celles de la Gomme, et étant beaucoup moins chères, on les substitue
à la Gomme dans plusieurs applications techniques.
On trouve, dans le germe des graines de Graminées et des tu-
bercules, une matière azotée particulière qu’on appelle diastase, et
dont le rôle paraît être de désagréger la matière amylacée pour la
convertir en une substance soluble, qui passe par une succession de
combinaisons isomériques insolubles, pour constituer le tissu végétal
ou la cellulose.
On extrait la diastase de l’Orge germée, qu’on réduit en poudre
et qu’on fait digérer dans de l’eau à 25° ou 30°. Au bout de quel-
ques heures, on exprime l’eau contenue dans la pâte, et l’on filtre.
Ce liquide renferme la diastase en dissolution, et il peut servir à
opérer la dissolution de l’amidon; mais quand on veut obtenir le
principe actif, il faut faire chauffer le liquide à 75° pour en séparer
des matières albumineuses; puis on verse dans la liqueur de lalcool
anhydre tant qu’il se forme un précipité floconneux , qui est la dias-
tase. On la redissout dans l’eau, et on la précipite de nouveau par
l'alcool. La diastase pure est une substance blanche non cristalline
et sans saveur, qui se conserve bien dans un lieu sec et s’altère par
humidité, Une chaleur de 100 lui ôte toute son action, qui est
INTRODUCTION. CCV
pourtant assez énergique pour qu’une partie transforme en dextrine,
puis en sucre, 200 parties de fécule. Son action est plus énergique
entre 65° et 75°; plus haut, elle cesse d’agir; à 0° elle agit encore,
mais 1l ne faut pas descendre plus bas.
Dans l’industrie on convertit la fécule en dextrine sucrée, : au
moyen d’Orge germée et pulvérisée, connue sous le nom de Hat,
mêlée dans de l’eau qu'on porte à la température de 75°; on y
délaye la fécule par petites parties, en en ajoutant de nouvelle à me-
sure qu’elle se liquéfie, et en essayant de temps à autre, au moyen
d’une dissolution d’iode, si le liquide se colore en bleu ; quand il ar-
rive au rouge vineux, on cesse l'opération.
On emploie la dextrine, ainsi préparée, dans la fabrication de la
bière, du cidre, de l'alcool et de diverses liqueurs, ou bien dans la
boulangerie de luxe. Celle qui provient de la simple torréfaction de
la fécule, ou de l’action des acides, est employée dans l’apprêtage des
toiles, pour épaissir les mordants dans la teinture et les couleurs
dans les impressions sur toile, pour les papiers peints, l’encollage du
papier, etc.
On a utilement employé la dextrine en chirurgie pour remplacer
les attelles dans la réduction des fractures : on enduit des bandes de
toile avec un mélange de 100 parties dextrine, 50 eau-de-vie cam-
phrée, auxquelles on a ajouté peu de temps après 40 parties eau. Elles
sont enroulées autour du membre fracturé, et dès que la dextrine
est sèche, elle forme une enveloppe rigide qui ne permet plus aux
réductions de se déplacer. On enlève l’appareil avec de l’eau tiède.
La glucose est le résultat de l’action prolongée de la diastase ou
des acides sur la fécule, qui convertit la dextrine en sucre. Cette
substance, dont la formule est C H" 0", se prend en masse cristal-
line semblable au sucre de Raisin, avec lequel on admet son identité
complète. Elle existe dans le commerce sous trois formes : le sirop
de fécule, la glucose en masse et la glucose granulée. Dans la saccha-
rification par l’acide sulfurique, on étend cet acide de 33 fois son
poids d’eau, on chauffe à un peu plus de 100”, on y introduit, par pe-
tites parties, la fécule délayée dans de l’eau, et au bout de trente ou
quarante minutes la saccharification est complète. Dès que l’iode ne
réagit plus, on sature l'acide par de la craie pulvérisée, et l’on s’as-
sure, au moyen du tournesol, que la saturation est complète. On
laisse évaporer pendant douze heures, on décante et l’on filtre sur du
CCV] INTRODUCTION.
noir animal, qui décolore la glucose. Si l'on veut du sirop seulement,
on concentre le liquide jusqu’à état sirupeux; pour la solidifier, on
concentre le sirop jusqu’à 40° de Baumé; on l’obtient granulée en
évaporant jusqu’à 32° seulement : pour arriver à ce résultat, on la met
dans des tonneaux, dont le fond est percé de trous, bouchés avec
des chevilles, et on la refroidit rapidement. Au bout de huit jours,
la cristallisation commence. Quand elle est cristallisée aux deux tiers,
on retire les chevilles pour laisser écouler le liquide, et l’on fait sécher
la glucose granulée sur des plaques de plâtre, en n’élevant pas la
température à plus de 25° pour éviter l’agglomération des grains.
La glucose en sirop et en masse s'emploie pour fabriquer de la
bière, de l’alcool, et améliorer les vins de qualité inférieure. Celle en
grains sert à la frelatation des cassonades.
Je ne m’arrêterai pas à décrire l’action des acides sur le sucre; je
dirai seulement que l’acide sulfurique convertit une solution de
sucre, composée de sucre, 100 parties; eau, 300; acide sulfurique,
30, en wlmine et en acide ulnique, lorsqu'on soustrait le mé-
lange en ébullition à l’action de l'oxygène; dans le cas contraire, il se
forme de l’humnine et de l'acide humique. En prolongeant l’action
des acides, ou en faisant bouillir l’humine et l'acide humique avec
de l’acide chlorhydrique concentré, il se dégage encore de l’acide
formique.
La cellulose, l’amidon, l’inuline et les Gommes se dissolvent à
froid dans l’acide sulfurique concentré, et se convertissent en dex-
trine, puis en glucose.
L’acide azotique donne des produits différents par son mélange
avec la cellulose, la matière amylacée, la dextrine et les sucres. A
chaud, l’acide concentré du commerce développe de l’acide oxali-
que, puis de l'acide oxysaccharique et quelquefois oxalhydrique ,
si l’acide est étendu. L’acide azotique monohydraté exerce à froid
une action bien différente sur la cellulose, l’amidon et les sucres :
il les convertit en matières éminemment explosibles, et qui se trans-
forment subitement en un volume six à huit cents fois plus considé-
rable qu'eux, et qu’on a cru pouvoir substituer à la poudre à canon.
On a préparé cette matière explosible, appelée pyroxyle, coton azo-
tique, coton-poudre , avec du coton que l’on plonge pendant douze à
quinze minutes dans l’acide azotique monohydraté, ou dans un mé-
lange de 700 acide azotique monohydraté et 625 acide sulfurique. On
INTRODUCTION. CCvij
le lave ensuite à grande eau, et on le fait sécher avec précaution. Le
Chanvre, le Lin, le papier, le linge, sont dans le même cas; seu-
lement leur puissance explosive varie. On obtient avec l’amidon un
produit semblable, qu’on a appelé amidon azotique où pyroxam;
‘mais il s’altère rapidement à l'humidité. La cherté du coton-poudre
et l'inconvénient de faire éclater ou de fatiguer les armes y ont fait
renoncer. Son usage le plus important est dans la chirurgie. On
dissout le pyroxyle dans l’éther, et l’on obtient une espèce de vernis
qu’on a appelé collodion, et qui peut remplacer avec avantage le
taffetas d'Angleterre. Il est insoluble dans l’eau.
L’acide azotique agit à chaud sur les Gommes d’une manière parti-
culière; il les convertit, outre l’acide oxalique et l’acide carbonique,
en un autre acide appelé acide mucique, qui donne, par sa décom-
position , un nouvel acide, l'acide pyromucique.
La décomposition spontanée de la cellulose donne naissance à un
produit appelé Aumus ou terreau. On a retiré de cette matière, ainsi
que de la tourbe, de l’Aumine et de l'acide humique, de Y'ulmine et
de l'acide ulmique. On obtient encore l'acide ulmique en traitant le
bois pourri et les débris de végétaux par un alcali, et en précipitant
la solution par un acide; mais, au moyen du sucre, on obtient un
produit constant. Quant à la composition des bois convertis en Z-
gruütes, anthracites et houilles, nous ne nous en occuperons pas, parce
que ce sujet ne rentre nullement dans le plan de notre ouvrage.
DE LA FERMENTATION ALCOOLIQUE. — Un chapitre de la plus haute
importance est celui de la fermentation : on sait que les fruits mürs
qui renferment beaucoup de matière sucrée, contiennent une subs-
tance particulière qu’on appelle ferment, qui jouit de la propriété
de décomposer la matière sucrée en alcool et en acide carbonique. Il
se développe dans les matières végétales abandonnées à la décom-
position spontanée. Dans la fabrication de la bière, il se produit
une grande quantité de ce ferment, qu’on appelle /evüre de bière, et
qui détermine très-promptement la fermentation des dissolutions
aqueuses de sucre, et leur transformation complète en alcool et en
acide carbonique. Toutes les espèces de sucre éprouvent cette trans-
formation. Le sucre de Canne seul est plus réfractaire; encore ne
fermente-t-il qu'après avoir passé par l’état de sucre de fruits, ce
qui a lieu à cause de la quantité d’acide contenue dans la levüre;
car, quand elle en est dépourvue, elle agit plus lentement, et
cCvil] INTRODUCTION.
seulement quand il s’est formé de nouvelles quantités d’acide.
Pendant la décomposition du sucre, le ferment lui-même se détruit,
de telle sorte qu’il faut 2 pour 100 de ferment pour opérer la décom-
position du sucre, après quoi il est impuissant à pousser plus loin
l'opération. Une petite quantité d’acide active la fermentation, qui est
arrêtée spontanément par les alcalis.
Le ferment est un végétal microscopique qui se développe primiti-
vement dans les organes des plantes, et dans un grand nombre de
matières azotées abandonnées à la putréfaction. Il se forme principa-
lement lorsqu'on abandonne à la température ordinaire une disso-
lution de sucre mêlée à des substances albuminoïdes d’origine végé-
tale ou animale. Au bout de quelque temps, le liquide se trouble, et 1l
se dépose des corpuscules ovoïdes , dont le maximum de grosseur est
environ = de millimètre de diamètre. Il ÿ en a de deux espèces : la
première, qu’on appelle /evire supérieure, se forme à la température
de 18° à 25°; et la seconde, ou la levtre inférieure, à celle de 0° à+8°.
Ce sont de petits globules solides, remplis d’un liquide qui se con-
vertit successivement en granules, et qui se multiplient par voie de ger-
mination ou de bourgeonnement. Isolés dans la levüre inférieure, ils
affectent la forme en chapelet quand la température s’élève jusqu’à
25°, ce qui indique un véritable végétal. C’est ce qui fait que, dans la
fermentation de la bière, on retire à la fin de l’opération beaucoup
plus de ferment qu'on n’y en avait mis. C’est cette même levüre
qu'on emploie à la fabrication du pain. La levûre supérieure agit
activement, et la levüre inférieure lentement, au contraire; il lui
faut souvent deux à trois mois pour convertir du sucre en alcool.
La levüre fraîche est composée de carbone, 47; hydrogène, 6,6;
azote, 10; oxygène, 10; et après la fermentation, de carbone, 47;
hydrogène, 7,2; azote, 5. Elle ne perd pas ses propriétés par la
dessiccation, à moins qu'on ne l’ait exposée à une température trop
élevée.
Nous dirons que, malgré les observations et les expériences at-
tentives des savants les plus célèbres, l’opération de la fermentation
alcoolique est un mystère qui ne comporte encore aucune théorie
capable de l’expliquer.
ALcooz. — Si l'alcool se produit dans une dissolution de sucre
sous l'influence de la fermentation , il en est de même des jus sucrés
tirés du Raisin, des Cerises, des Groseilles, des Pommes et des Poires;
INTRODUCTION. CCiX
mais celte transformation a lieu spontanément, et le même phéno-
mène apparait dans les liquides sucrés que donnent les matières
amylacées, en présence de la levüre. On sépare l'alcool par la distil-
lation. Les premières parties du liquide qui passent sont riches en
alcool, c’est pourquoi il faut arrêter l'opération à temps. En sou-
mettant le liquide distillé à une distillation nouvelle, on obtient des
liqueurs de plus en plus alcooliques. Celles qui renferment de 50 à 53
pour 100 d'alcool s’appellent eaux-de-vie; quand elles en contien-
nent de 66 à 70 pour 100, elles s'appellent a/cool rectifié. La for-
mule de l’alcool est C* HS O*.
Pour obtenir l'alcool absolu où anhydre, on verse l’alcool à 85
ou 90 centièmes dans un grand flacon contenant de la chaux vive:
on agite, et on laisse reposer vingt-quatre heures. On distille au
bain-marie jusqu’à ce qu’il ne passe plus de liquide; et comme cette
opération ne suffit pas toujours pour que l'alcool soit complétement
anhydre, on y fait dissoudre de la potasse caustique fondue, et l’on
distille à feu nu jusqu’à ce qu’il ait passé les trois quarts de la liqueur.
L’alcool absolu est un liquide incolore, plus fluide que l’eau, d’une
odeur agréable et d’une saveur brûlante, qui bout à 78°,41 C., et qui
ne se solidifie pas à une température de — 90°. La densité de sa
vapeur, par rapport à l’air, est de 1,5890. L'alcool absolu très-froid,
mélé à de la neige, abaisse la température jusqu’à — 37°. Il brüle à
l'air avec une flamme terne, sans laisser de résidu, et se décompose
en eau et acide carbonique.
On se sert, dans les laboratoires, de l'alcool absolu ou mélangé à
plus ou moins d’eau, comme d’un dissolvant. C’est, en effet, le
dissolvant par excellence des alcalis végétaux, des huiles essen-
tielles et des résines. Il absorbe un grand nombre de gaz, tels que
l'oxygène, l’acide carbonique et le protoxyde d’azote. Il se combine
avec plusieurs sels, et donne lieu à des combinaisons appelées 4/coo-
lats. On s’en sert dans la pharmacie et la parfumerie; il est employé
à la préparation des teintures, des eaux spiritueuses, des extraits
aromatiques. Pour mesurer le degré de l’alcoolisation d’un liquide,
on se sert de l’alcoomètre de Gay-Lussac, qui donne la richesse en
centièmes.. Le 0 correspond à l’eau pure, et le 100° à l’alcoo!l absolu.
Ce dernier liquide agit, sur l’économie animale, comme un poison
violent; mêlé à une plus ou moins grande quantité d’eau, il détermine
TOME I, INTRODUCTION, — Livraison bb. bb
CCXxX INTRODUCTION.
l'ivresse. Injecté dans les veines, il cause une mort instantanée, en
coagulant lalbumine du sang.
En mélangeant 2 parties d’acide sulfurique avec une partie d’al-
cool, il se forme un acide particulier, appelé acide sulfovinique.
Trois parties d’acide sulfurique et 2 parties d’alcool absolu donnent
naissance à de l’éher (éther sulfurique, oxyde d’éthyle), dont la
formule est C* H5 O, liquide qui est bien connu par son action anti-
spasmodique et ses propriétés anesthétiques. C’est un liquide inco-
Jore, bouillant à 35°,1, et se solidifiant entre 31° et 44°. Sa densité
est 0,7154 à 20°. Il produit, par son évaporation rapide, un grand
abaissement de température. Lorsqu’on fait agir sur l’alcoo! un excès
d’acide sulfurique concentré, à une température de 160° au plus, il
se produit de l'hydrogène bicarboné, ou gaz oléfiant, dont la formule
est C4 H£. C’est un gaz incolore, qui ne se liquéfie pas aux plus basses
températures, dont la densité est 0,978, et qui brûle à l’air avec une
flamme très-brillante. Il se combine avec l’acide sulfurique anhydre,
et forme un composé blanc, fusible à 80°, et qui a reçu le nom de sul-
fate de carbyle. Cette dernière substance absorbe l'humidité de l'air;
et si cette absorption se fait lentement et sans élévation de tempéra-
ture, on obtient un acide particulier qu’on a appelé acide éthionique.
En faisant bouillir pendant quelque temps la dissolution d'acide éthio-
pique, on obtient un nouvel acide, l'acide iséthionique. Lorsqu’on
prépare l’éther ou l’hydrogène carboné au moyen d’acide sulfurique
concentré, il se forme une certaine quantité d’une substance hui-
leuse très-pesante, qu'on appelle kurle de vin pesante. Abandonnée
quelque temps à elle-même, elle dépose des cristaux de même com-
position que l'hydrogène carboné liquide.
Parmi les différents produits éthérés résultant de l’action des acides
sur l'alcool, je citerai l'éher azotique, composé de parties égales
d'alcool à 35° et d’acide azotique concentré très-pur, auquel on a
ajouté une petite quantité d’urée qu'on distille à feu doux. L’urée
qu’on ajoute à l’acide azotique a pour objet d'empêcher la produc-
tion d’acide azoteux. La formule correspond à C‘ H5 O. Az O5. L’é/her
chlorhydrique (C* H CI) est obtenu par la réaction du gaz acide
chlorhydrique sur de l'alcool maintenu à une basse température au
moyen de glace, et qu’on distille ensuite. Je parlerai en passant de
l'aldéhyde (C1 H' 0?), qu’on dit avoir des propriétés anesthétiques
très-puissantes, mais si exaltées qu’on ne peut l’employer sans
INTRODUCTION. CC}
danger. On le prépare en distillant à une douce chaleur un mé-
lange de 6 parties d’acide sulfurique concentré, 4 parties d’eau,
4 parties d’alcoo! à 0,80 et 6 parties de peroxyde de manganèse pui-
vérisé. Conservé pendant quelque temps dans un tube hermétique-
ment fermé, il se convertit en une substance cristalline isomérique
qu'on a appelée é/aldéhyde, et qui, chauffée à 120°, se volatilise
sans se fondre. Cette nouvelle combinaison s’appelle #2étaldéhyde.
Certains chimistes regardent l’éther, CH 0, comme l’oxyde d’un
hydrogène carboné auquel ils ont donné le nom d’éthyle, et qu'ils
considèrent comme le radical des éthers : supposition que rien ne
justifie, puisqu'on n’a jamais pu obtenir ce radical hypothétique.
AGipE ACÉTIQUE. — L'alcool pur ou mélangé d’eau ne se combine
pas seul avec l’oxygène; mais cette combinaison a lieu au contact
de certains corps, entre autres, le platine très-divisé ; on obtient par
ce moyen de l’acide acétique presque pur, en même temps qu’une
certaine quantité d'aldéhyde, de l'acétal et un peu d’éther acétique.
On purifie l’acétal en saturant la liqueur avec de la craie et en dis-
tillant; on met la liqueur obtenue digérer avec son poids de chlorure
de calcium, et il s’en sépare un liquide éthéré qu’on distille de
nouveau. Le premier liquide est rejeté comme renfermant beaucoup
d’aldéhyde, et l’on ne conserve que le dernier, qui est de l’acétal pur.
Cette substance est un liquide incolore, bouillant à 75°, ayant pour
densité 0,844, se dissolvant dans l’eau et dans lalcool, et ayant
pour formule ce HS.
Les ferments organiques et les substances albuminoïdes produi-
sent l'oxydation de l’alcool aux dépens de l’oxygène, c’est-à-dire:
qu’elles le convertissent en acide acétique vulgairement appelé vi-
naïgre. Les vins riches en albuminoïdes, les vins nouveaux surtout,
s’acétifient rapidement, tandis que les vins vieux, qui sont dépouillés
de ces mêmes substances, ne s’acétifient qu’au contact de l’air et
avec addition d’une certaine quantité de levüre. Les dissolutions
sucrées mélées de ferment et exposées à l’air sont dans le même cas.
Il se sépare, pendant la fermentation acide, une matière mucilagi-
neuse qu'on appelle znère du vinaigre, et qui est propre à activer
l’acétification, Les conditions propres à la fermentation de l'acide
acétique sont que la liqueur alcoolique soit suffisamment étendue
d’eau, et qu’elle offre à l’action de l’air une large surface. Voici.
comment on doit procéder en grand à cette opération : on emploie
€Cxi] INTRODUCTION.
une liqueur alcoolique qui renferme une partie d'alcool pour 8 à 9
d’eau; on y ajoute + d’un liquide fermentescible, tel que du jus de
Betteraves, de Pommes de terre, ou de la petite bière, et l’on fait tomber
cette liqueur goutte à goutte dans des tonneaux remplis de copeaux
de Hêtre. Le liquide, en coulant en couches minces sur les copeaux,
présente à l’air une large surface, et l’action est tellement rapide,
que le liquide arrivé au bas du tonneau est converti déjà en acide
acétique. Si l’acétification n’est pas complète, on recommence. La pré-
sence de l’acide acétique étant nécessaire à l’opération, on se sert
de copeaux immergés dans le vinaigre. Comme la chaleur aide l’acé-
üfication, il faut que la température du liquide soit de 30° à 36°. Nos
vinaigres de table sont obtenus par ce procédé. Pour tirer de l’acide
acétique pur du vinaigre, on le soumet à la distillation, qui ne donne
qu’en dernier une liqueur très-riche, tandis que les premières parties
sont faibles; mais elle a besoin d’être purifiée, ce qui a lieu en la
saturant avec du carbonate de soude qu’on fait évaporer, et on em
sépare l’acétate de soude cristallisé. On décompose cet acétate par
l'acide sulfurique plus ou moins étendu, suivant la force de l’acide
qu'on veut obtenir. Je parlerai en son lieu de l’extraction de l'acide
acétique par la distillation du bois.
L’acide acétique monohydraté, dont la formule est C* H* O*. HO, se
solidifie à une basse température et fond à + 16°. Il peut étre re-
froidi à 0° sans qu'il cristallise; mais, en y introduisant une pointe
de verre, il se forme immédiatement un cristal qui devient le géné-
rateur de tous les autres. La densité de l’acide acétique concentré à
+ 18° est 1,063; son odeur est vive et pénétrante, sa saveur fran-
chement acide; mais, à cet état, il exerce sur les tissus une action
vésicante. Il bout à + 120°, et la densité de sa vapeur est 2,09. On
le mêle à l’eau en toutes proportions; mais on ne peut pas se servir
de l’aréomètre pour mesurer la richesse acétique , parce que, pour la
première quantité d’eau ajoutée, la liqueur acide prend une densité
plus grande que celle de l'acide monohydraté ; et si l’on y en ajoute,
elle diminue.
Le chlore forme, avec l'acide acétique pur, un acide appelé acide
chloracétique. V’acide azotique n’a qu’une faible action sur l'acide
acétique, même à l’aide de la chaleur.
Cet acide forme avec les bases une série nombreüse de sels s0-
jubles dans l’eau et décomposés par la chaleur. Les acétates alca-
INTRODUCTION. CCXII]
lins laissent en résidu du carbonate alcalin, et l'acide acétique est
transformé en un liquide volatil neutre, C* H> O, qu’on appelle
acétone où acide pyroacétique. On emploie dans les arts et la mé-
decine les acétates d’alumine, de plomb et de cuivre.
L’éther acétique, découvert par Lauraguais en 1759, est le pro-
duit de la réaction directe de l’acide acétique concentré sur l’alcool
anhydre ; il faut reverser plusieurs fois dans la cornue la liqueur qui
a passé à la distillation. La formation de l’éther est plus rapide en y
ajoutant 10 à 15 pour 100 d’acide sulfurique. La meilleure manière
de le préparer est de mêler 7 parties d’acide sulfurique concentré
avec 8 d'alcool absolu, et de verser cette liqueur sur 10 parties
d’acétate de soude anhydre ou sur 20 parties d’acétate de plomb, et
de distiller sans qu'il passe une liqueur éthérée. On verse le pro-
duit de la distillation sur du carbonate de soude desséché et pul-
vérisé, qui enlève l’eau mêlée à l’éther et se combine avec l’acide
acétique qui a passé à la distillation. On décante le liquide qui sur-
nage, et on le distille sur du chlorure de calcium, qui s'empare de
l'alcool. La purification complète de l’éther acétique présente d’assez
grandes difficultés, parce qu’il se combine avec le chlorure de cal-
cium, et forme une combinaison cristalline qui ne se détruit que
par l’addition de l’eau. C’est un liquide incolore, très-mobile, d’une
odeur agréable, dont la densité à 0° est 0,907, et qui bout à 74°. Il
se mêle en toutes proportions avec l'alcool et l’éther, et se dissout
dans 7 parties d’eau. On en fait usage en médecine.
Dans la préparation de l’acétone par la décomposition des acétates
alcalins, il se forme une substance particulière appelée dumnasine ; et
en distillant ce premier produit dans les proportions de 2 volumes
d’acétone, 1 d’acide sulfurique, on obtient de nouveaux produits, le
mésitylène et Véther mésityque. C’est par la distillation de l’acétate
de potasse anhydre, mélangé à de l’acide arsénieux, qu’on obtient
la liqueur de Cadet, appelée alcarsine, puis oxyde de cacodyte,
correspondant à la formule C HS AsO; substance hautement vé-
néneuse, devenue l’objet de savantes expériences de la part de
M. Bunsen, qui a appelé toutes les combinaisons dont le cacodyle est
le radical série du cacodyle.
Je ne citerai, parmi les produits résultant de l’action du chlore
sur les substances de la série alcoolique, que celles qui présentent
quelque intérêt, ou pour signaler les composés qui ont une valeur de
CEXIV INTRODUCTION.
radical ; je parlerai du choral ou aldéhyde trichloré , qui est le pro-
duit de l’action du chlore sur l'alcool, qui absorbe une très-grande
quantité de ce gaz. La composition de ce corps correspond à la for-
mule C* HCBF 0°. Il se dissout dans l’eau en grande quantité et sans
se décomposer : il a une telle affinité pour l’eau, qu’il attire l’humi-
dité de l'air et se transforme en cristaux de cAloral hydraté. Le
chloral est un liquide d’une odeur suffocante, qu’il faut éviter de
respirer. Le chlore se combine avec l’aldéhyde et les éthers carbo-
nique, oxalique et acétique.
DE L’ESPRIT-DE-BOIS ET DE SEs PRODUITS. — Le bois fournit à la
distillation, outre les produits gazeux, un acide composé, mais dont
la base est l’acide acétique, et qui s’y trouve mêlé à une espèce de
goudron empyreumatique : c’est ce qu’on désigne dans le commerce
et les arts sous le nom d'acide pyroligneux. Pour en séparer lPacide
acétique, on le sature d’abord de craie; l’acétate de chaux qui en
résulte se décompose par du sulfate de soude, l’acétate de soude est
chauffé à 200° ou 250° pour décomposer les matières empyreuma-
tiques, puis on distille 3 parties de cet acétate de soude, mélangé à 9,7
d'acide sulfurique. On rejette le premier tiers, qui est faible, et l’on
réserve les deux autres, qui sont concentrés, mais mélés à de l’acide
sulfurique, dont on les débarrasse en distillant le produit sur de
l’acétate de soude anhydre. On obtient le dernier degré de concen-
tration en soumettant cet acide à une très-basse température.
L’acide pyroligneux est mêlé à un liquide volatil, inflammable,
qu’on appelle esprit-de-bois, et qui s’y trouve ordinairement dans la
proportion de -& du produit total. On trouve encore dans ce liquide
complexe deux substances volatiles auxquelles on a donné les noms
de mésile et xylite. Pour le purifier, on sature la liqueur par de la
chaux éteinte, on distille le produit décanté et clarifié jusqu'à ce
qu'on ait obtenu le premier dixième dans le récipient, qu’on distille
sur de la chaux pour obtenir l’esprit-de-bois. À une seconde distilla-
tion, il fournit l’esprit-de-bois anhydre; mais pour obtenir l’a/coo!l
méthylique, on le distille avec son poids de chlorure de calcium
fondu ct pulvérisé. Le produit distillé sur la chaux vive donne l’al-
cool méthylique pur et anhydre. C’est un liquide incolore, ayant
l'odeur d’éther acétique, dont la densité est 0,798, et qui bout à
66°,5. Sa formule est C? H‘ O?. Il forme une série de composés sem-
blables à ceux de l'alcool. On obtient, par le mélange de l'acide sul-
INTRODUCTION. CCXV
furique à l'alcool, l’é’her méthylsulfurique, Yéther re EEE
sulfométhylane et l'acide méthylsulfamidique.
L’Aydrogène protocarboné, ou gaz des marais, appartient à la série
méthylique, et peut même être considéré comme le point de départ
de cette série. Sa formule est C? H. C’est le gaz qui se dégage spon-
tanément de la vase des marais et des couches de houille grasse. Il
brûle avec une flamme bleuâtre, et avec moins d'éclat que l’hydro-
gène bicarboné.
L'alcool méthylique s’oxyde aux dépens de l'oxygène de l’air en
présence de la mousse de platine, et donne naissance à l'acide for-
mique, dont la formule correspond à C? HO. HO. Il se combine avec
plusieurs bases, telles que le plomb, la soude, la potasse, la barvte,
la chaux. L’acide formique monohydraté est un liquide incolore,
d’une odeur pénétrante, qui bout à 100°, et se solidifie à quelques
degrés au-dessous de 0°. Sa densité est 1,235. Il est très-caustique et
attaque vivement la peau. En chauffant un mélange de 7 parties de
formiate de soude sec, 10 d’acide sulfurique concentré et 9 parties
d’alcool, on obtient l’éther formique. L’éther méthylformique se pré-
pare de la même manière, en substituant l’esprit-de-bois à l’alcool.
En distillant un mélange d’acide sulfurique et d’alcool méthylique
sur du peroxyde de manganèse, on obtient un liquide particulier
qu’on a appelé méthylal, dont la formule correspond à C£ HS Of.
Le produit le plus remarquable résultant de l’action du chlore sur
l’éther méthylchlorhydrique est le c.loroforme, ou éther méthylchlor-
hydrique bichloré, dont la formule est C? HCF. C’est un liquide bouil-
lant à 61°, et dont la densité est de 1,491 à + 17°. On l’obtient en
faisant réagir, sur de l'alcool ou de l’acétone, une dissolution d’hy-
pochlorite de chaux. Cette substance, qui a remplacé l’éther comme
moyen anesthétique dans les opérations chirurgicales, est plus active,
mais aussi plus dangereuse. C’est une substance difficile à manier.
Son action est assez intense pour qu’on ait proposé de l’employer
pour remplacer les instruments de supplice destinés à donner la mort.
Il se dissout dans l’eau en toutes proportions, et donne un liquide
d’une agréable odeur d'éther et d’une saveur sucrée qu’on emploie
comme antispasmodique.
En traitant l’alcool par le brôme, on obtient un produit semblable au
chloral, qui est décomposé par les dissolutions alcalines et donne du
brômoforme. L’iodoforme est le produit d’une dissolution de potasse
CCXV) INTRODUCTION.
caustique, ou de carbonate de potasse dans de l'alcool saturé diode
jusqu’à ce que la liqueur soit décolorée; le su//oforme est obtenu par
la distillation d’une partie d’iodoforme avec 3 parties de sulfure de
mercure.
Tous les composés de la série méthylique sont produits par la
même molécule C2? H*, ou celle de l'hydrogène protocarboné, dans
laquelle un ou plusieurs équivalents d'hydrogène sont remplacés par
un nombre correspondant d’autres éléments.
Les chimistes théoriciens ont créé pour cette série, comme pour
les autres, un radical hypothétique qui est le #1éthyle pour les uns,
et pour d’autres le méthylène. 1 ne parait pas y avoir plus de raisons
pour admettre cette hypothèse que l’autre. Les chimistes positifs re-
jettent cette théorie comme inutile, les radicaux hypothétiques n’ex-
pliquant pas mieux que les déductions expérimentales le mystère de
ces transformations.
DES AUTRES ACIDES VÉGÉTAUX. — Acide oxalique. 1] se trouve
dans l’Oseille et plusieurs autres espèces du genre Rumex, dans les
feuilles des Oxalis, du Pois chiche, des Sa/sosa et de quelques autres
végétaux, où il existe à l’état de bioxalate et de quadrioxalate de
potasse ; dans les Lichens, qui croissent sur les rochers calcaires, il
se trouve à l’état d’oxalate de chaux et forme les deux tiers de leur
poids. On extrait ces sels, connus dans le commerce sous le nom de
sels d'Oscille, en pilant la plante fraiche dont on exprime le suc,
qu’on clarifie en le mêlant à de l’argile; on le décante, et l’on fait
évaporer jusqu’à cristallisation. L’acide oxalique pur s’obtient en
versant dans une dissolution de sel d’Oseille de l’acétate de plomb.
Il se précipite de l’oxalate de plomb, que l’on décompose par une
quantité suffisante d’acide sulfurique. La liqueur évaporée donne des
cristaux d’acide oxalique. La formule de l’acide oxalique correspond
à C? H.H0. La plus grande partie de l’acide oxalique employé dans
les laboratoires est préparée par la réaction de l'acide azotique sur le
sucre.
Acide malique. Répandu dans la plupart des fruits et des végé-
taux à saveur aigrelette, tels que les Pommes acides, la Joubarbe
des toits, les fruits du Sorbier des oiseaux, on l'extrait de préférence
des baies de ce dernier arbre, qui en contiennent une quantité con-
sidérable. Le procédé d’extraction est fort simple : on cueille ces
fruits avant leur maturité, on les écrase, on en exprime le suc,
INTRODUCTION. CEX Vi
qu'on clarifie en le faisant bouillir quelques instants avec du blanc
d'œuf; on le filtre, et l'on y verse de l’acétate de plomb qui se préci-
pite en malate de plomb. Insoluble dans l’eau froide, il est’ très-so-
Juble dans l’eau bouillante; pour le purifier, car il est mêlé à d’autres
substances, on le fait bouillir dans de l’eau, et l’on filtre rapidement
la liqueur, qui abandonne en se refroidissant de petits cristaux de
malate de plomb; on décompose le malate de plomb par l'hydrogène
sulfuré, et l’on obtient ainsi l'acide malique impur. On fait bouillir
la dissolution d'acide malique pour en chasser l'hydrogène sulfuré,
puis on la divise en deux parties égales. On sature l’une avec de
l’ammoniaque, l’on y verse la seconde, qui est restée à l’état d’acide
malique libre, et l’on obtient du malate neutre d’ammoniaque que
l'on fait cristalliser. Comme ce sel cristallise très-facilement, on le
purifie par des cristallisations successives. La dissolution d'acide ma-
lique est évaporée jusqu’à consistance sirupeuse, et abandonnée
dans le vide. Elle dépose des cristaux incolores d’acide malique hy-
draté, dont la formule est C5 H‘ O5. 2H0. L’acide malique est éner-
gique et forme un grand nombre de sels.
L’acide malique cristallisé fond à + 83°, et maintenu à la tempé-
rature de 173°, il se transforme en deux nouveaux acides, appelés
acide maléique et acide paramaléique , qui sont isomères. Le pre-
mier passe en Chauffant à 200°, et le second à 150° seulement.
On a trouvé de l'acide maléique dans les Prêles, ce qui lui a fait
donner le nom d'acide équisétique. L'acide paramaléique a été ex-
trait de la Fumeterre, d’où le nom d'acide fumarique, et dans le Li-
chen d'Islande. Un chimiste allemand, M. Riecker, a publié en 1844
un travail sur les fumarates.
‘Acide citrique. Un grand nombre de fruits acides, notamment
les Citrons et les Grosailles, et de plantes appartenant aux familles
des Rosacées, des Aurantiacées, des Renonculacées, etc., renfer-
ment de l'acide citrique, découvert par Scheele en 1764. On l’ex-
trait des Citrons en en abandonnant le jus à la fermentation spon-
tanée. Il s’en sépare des matières mucilagineuses; on sature la
liqueur par de la craie pulvérisée, et l’on fait bouillir. {l se précipite
alors du citrate de chaux insoluble, qu’on lave à l’eau bouillante, et
on le décompose par un léger excès d'acide sulfurique. On sépare le
sulfate de chaux par filtration, on évapore la liqueur jusqu’à ce
qu'il se forme à la surface une pellicule cristalline, puis on l’aban-
TOME 1, INTRODUCTION. — Livraison cc. ce
CEXVII] INTRODUCTION.
donne à elle-même. Les cristaux d’acide citrique sont très-volumi-
neux. Cet acide est soluble dans l’eau, qui en dissout la moitié de
son poids à froid et les deux tiers à chaud. Sa formule, lorsqu'il est
cristallisé à la température ordinaire, est C'? H O'"'. 5HO. Séché à
100°, elle est C'? H5 O0". 3H0; il fond à + 130°, et se décompose à
une température de 150°. Il forme un grand nombre de sels, connus
sous le nom de citrates. C’est un acide tribasique qui forme des sels
neutres et des sels basiques; par la chaleur ils se boursouflent en
dégageant une liqueur acide. Les principaux citrates sont ceux de
potasse, de soude, de chaux, de plomb, etc. On peut tirer jusqu’à
4 pour 100 d’acide citrique du jus des Groseilles à grappes.
J'ai parlé, à l’article 4conit, de l'acide aconitique et de ses au-
tres produits qui sont isomères, mais en différent par quelques
réactions.
Acide tartrique. C’est encore à Scheele que nous devons la dé-
couverte de cet acide. Le Raisin, lAnanas, le Tamarin, l’Oseille, la
racine de Rhubarbe, les Groseilles, les Müres et d’autres végétaux
contiennent de l'acide tartrique; mais c’est du jus de Raisin qu’on
l'extrait; il s’y trouve à l’état de bitartrate de potasse et de tartrate
neutre de chaux. Après la transformation en vin du jus de Raisin,
le tartre, où tartre brut, se cristallise sur les parois des ton-
neaux sous forme de croûte rouge ou blanche, suivant la couleur
du vin. Pour le purifier, on le pulvérise, on le fait bouillir pendant
plusieurs heures avec une quantité d'eau suffisante pour le dissoudre,
puis on abandonne le liquide à lui-même. Au bout de quelques jours
il s’est formé des cristaux adhérents aux parois du vase et des boues
composées de substances étrangères. On sépare les cristaux, on les
dissout de nouveau dans l’eau bouillante, on ajoute de l'argile et du :
noir animal pour les décolorer, et l’on filtre la liqueur bouillante,
qui donne en refroidissant des cristaux très-purs de bitartrate de po-
tasse, qui sont connus dans le commerce sous le nom de crème de
tartre. Pour extraire l'acide tartrique de la crème de tartre, on la dis-
sout dans environ dix fois son poids d’eau bouillante, et l’on y ajoute
de la craie en poudre jusqu’à ce qu'il n'y ait plus d’effervescence.
La chaux forme, avec la moitié de l’acide tartrique, du tartrate de
chaux insoluble, et l’autre moitié reste dans la liqueur à l’état de tar-
trate neutre de potasse. On y verse alors une dissolution de chlorure
de calcium jusqu’à ce qu'il ne se forme plus de précipité, et le reste
INTRODUCTION. CEXIX
de l’acide tartrique se sépare à l’état de tartrate de chaux. On réunit
les deux produits, on décompose par 52 pour 100 d’acide sulfurique
le tartrate dissous dans 3 à 4 fois son poids d’eau, on sépare le sul-
fate de chaux qui en résulte, et l’on fait évaporer jusqu'à consis-
tance sirupeuse. On abandonne la dissolution à elle-même dans un en-
droit chaud, pour qu’elle ne devienne pas trop visqueuse ; elle donne
alors de heaux cristaux qu'on purifie par une nouvelle cristallisation.
L’acide tartrique, qui dévie à droite le plan de la lumière polarisée,
est soluble dans l’eau et dans l’alcool. Sa composition correspond à
C5 H5 O0. C’est un acide énergique qui dissout plusieurs métaux
avec dégagement de gaz hydrogène.
Le bitartrate de potasse, combiné avec Pacide borique, forme la
crème de tartre soluble, qui se préparé en faisant dissoudre dans
l’eau bouillante 47 4/2 parties de crème de tartre et 15 1/2 d’acide
borique cristallisé.
L’émétique est un tartrate double de potasse et d'oxyde d’anti-
moine, qui se prépare en faisant bouillir dans 5 ou 6 parties d’eau
parties égales d'oxyde d’antimoine, d’oxychlorure ou de sulfate d’an-
timoine et de crème de tartre.
Chauffé rapidement dans un bain d’huile jusqu’à 170’, l'acide tar-
trique se convertit en acide rétatartrique; et si lon maintient la
température à 170°, il subit une seconde modification isomérique
qui est appelée acide isotartrique. Si l’on chauffe à 180°, il fond, se
boursoufle, perd 12 pour 100 d’eau, se solidifie et donne naissance
à une matière insoluble dans l’eau, l’aicool et l’éther, et qu'on a ap-
pelée acide tartrique anhydre. En le chauffant jusqu’à distillation, on
obtient deux nouveaux produits, l'acide pyroracémique et Yacide
PYrotartrique.
Acide racémique. On a donné à cet acide, obtenu jusqu’ici une
seule fois accidentellement dans une fabrication en grand d'acide tar-
trique, le nom d’acide paratartrique où wvique. I diffère de l’acide
tartrique par sa forme cristalline, qui est un prisme oblique à base
rhomboïde, et par la solubilité de ses sels. Il a pour formule C$ H4 O!?.
2H0 + HO. Je ne parlerai pas de deux produits encore peu connus,
qui sont les acides dextroracémique et lévoracémique, dont les noms
sont tirés de l’action qu'ils exercent sur la lumière polarisée.
Taxis. — Le (anin existe dans la plupart des végétaux, dans
lécorce des arbres, dans leurs feuilles, dans les pepins des fruits. Le
€CXX INTRODUCTION.
Chêne, le Marronnier d'Inde, l’Orme, le Saule, le Bouleau, les Su-
macs, l'écorce de la Grenade, en contiennent des quantités nota-
bles; mais la Noix de galle en contient plus encore. Voici le pro-
cédé d’extraction du éanin de la Noix de galle : on la réduit en
poudre fine, et on la met dans une allonge dont l'extrémité infé-
rieure a été bouchée avec un tampon de coton; on serre fortement,
et l’on verse dessus de l’éther du commerce. On bouche l’allonge,
et on la place sur une carafe. L’éther filtre lentement à travers la
Noix de galle, en dissolvant le tanin qu'elle renferme. Le liquide
qui tombe dans la carafe se divise en deux couches : la couche in-
férieure, d’une couleur ambrée et de consistance sirupeuse, est une
dissolution aqueuse très-concentrée de tanin; la couche supérieure
est de l’éther renfermant un peu de tanin en dissolution et quel-
ques autres substances de la Noix de galle. On verse de nouveau
cet éther sur la Noix de galle pour l’épuiser. La dissolution aqueuse
du tanin est reprise par l’éther pur, puis évaporée sous le récipient
de la machine pneumatique : il reste une masse jaunâtre, spon-
gieuse, c'est le tanin pur. Le tanin se dissout dans l’eau, à la-
quelle il communique une saveur astringente ; il rougit le Tour-
nesol, ce qui lui a fait donner le nom d'acide tannique. KW forme des
combinaisons avec les bases, et précipite la plupart des dissolutions
métalliques. Comme ces précipités ont souvent des couleurs caracté-
ristiques, on emploie le tanin et linfusion de Noix de galle comme
réactifs, pour distinguer divers métaux les uns des autres. La com-
position da tanin desséché à 120° correspond à la formule C'S H$ O".
Il précipite de leurs dissolutions la gélatine et les substances albumi-
noïdes. Les membranes animales et la peau, plongées dans une disso-
lution de tanin, finissent par se saturer de cette substance et de-
viennent imputrescibles.
On prépare l'acide gallique au moyen du tanin ou de la Noix de
galle : il y a pour cela plusieurs procédés ; le plus employé consiste
à laisser fermenter une infusion de Noix de galle, pulvérisée et hu-
mectée, à une température de 20° à 30°. Pendant la fermentation, le
tanin qu’elle renferme se convertit en acide gallique, qui vient se
former à la surface en petits cristaux blanchâtres. On laisse dessécher
la masse, on la traite par l'alcool bouillant qui ne dissout que l’acide
gallique et en abandonne la plus grande partie par le refroidisse-
ment. Îl faut plusieurs mois pour cette opération.
INTRODUCTION. CCXX}
Le procédé le plus expéditif est de faire agir sur le tanin de l’acide
sulfurique, ou de l’acide chlorhydrique étendu de 8 à 10 fois son
volume d’eau. On fait bouillir le mélange pendant douze heures, en
remplaçant l’eau à mesure qu’elle s’'évapore, et le tanin se change
presque complétement en acide gallique, qui se eristallise en grande
partie par le refroidissement.
L’acide gallique cristallisé a pour formule C7 H° Of. HO. Il forme
de longues aiguilles soyeuses d’un blanc pur, mais quelquefois jau-
nâtres. Une dissolution alcoolique ou éthérée le précipite en cristaux
prismatiques plus volumineux. Il exige pour se dissoudre 100 parties
d’eau froide, mais 3 seulement d’eau bouillante. Il diffère du tanin
en ce qu’il ne précipite pas la gélatine et ne la fixe pas sur les mem-
branes animales. Cet acide forme un grand nombre de sels, appelés
gallates, dont la composition n’est pas encore bien connue. Il jouit
de la propriété de précipiter de leurs dissolutions plusieurs métaux,
notamment l’argent et l’or. Cette réduction se fait surtout sous l’in-
fluence de la lumière solaire.
En le faisant chauffer jusqu’à 185°, il se sublime un acide appelé
acide pyrogallique. En élevant rapidement la température à 240°
ou 250°, la plus grande partie de l’acide gallique se transforme en
acide métagallique.
L’extrait de Noix de galle, abandonné pendant longtemps au
contact de l’air, produit un autre acide, appelé acide ellagique,
qu’on rencontre quelquefois dans les bézoards.
Je parlerai, en traitant les chapitres auxquels ils appartiennent,
des acides méconique, chélidonique, quinique, etc.
DES ALCALIS ORGANIQUES. — Parmi les alcaloïdes naturels non vo-
latils, je ne citerai x extenso que ceux dont il ne sera que som-
mairement parlé dans le texte, parce qu’ils appartiennent à plusieurs
végétaux. Quant aux autres, je ne les mentionnerai que pour mon-
trer leur groupement méthodique. Ce sont : la quënine, la céncho-
nine, la quinoidine, la cinchovatine, tirées des diverses espèces
du genre Quinquina; la morphine, la narcotine, la codéine, et les
autres alcaloïdes de l’opium; la strychnine et la brucine, extraites du
Strychnos ; la caféine, qui se trouve dans le Café et le Thé, laco-
nitine, qui se trouve dans les Aconits; la delphine, dans le Delplu-
nium staphysagria, etc.
Les deux alcaloides volatils naturels qui se volatilisent sans alté-
CCX XI) INTRODUCTION.
ration, sont: la aicotine, extraite du Tabac, et la conicine, de la
Ciguë.
Je citerai quelques alcaloïdes artificiels, volatils sans décompo-
sition, les uns se rapprochant des deux précédents, d’autres pré-
sentant une analogie complète avec l’ammoniaque; ce sont : la
quinoléine, qu'on extrait par distillation de la Quinine et de la
Strychnine ; l’'éhyliaque et le méthyliaque, tirés des éthers cyaniques
et cyanuriques; et l'amyliaque, de l'éther amylcyanique, dont l’es-
sence de Pomme de terre est la base.
Substances indifférentes que l'on rencontre dans les végétaux.
Ce sont: le piperin, extrait du Poivre; la picrotoxine, dont j'ai lon-
guement parlé dans mon article sur la Coque du Levant; l’asparagine,
trouvée d’abord dans les turions d’Asperge, puis dans la Réglisse,
la racine de Guimauve, la Pomme de terre, la grande Consoude et
autres végétaux. On la prépare en faisant macérer, dans un lait de
chaux très-clair, de la racine de Guimauve hachée. On filtre le li-
quide, on précipite par du carbonate d’ammoniaque la chaux dis-
soute, et l’on évapore au bain-marie jusqu’à consistance sirupeuse ;
au bout de quelques jours, il se sépare des cristaux grenus d’as-
paragine impure, que l’on purifie par de nouvelles cristallisations.
Elle forme de beaux cristaux prismatiques, incolores, et exige 60
parties d’eau à la température ordinaire pour se dissoudre. Elle ne
se dissout ni dans l'alcool absolu ni dans l’éther. Sa formule est
CH A7 07 "HO,
La phloridzine est une substance qui se trouve dans les écorces
fraîches des grands arbres de la famille des Rosacées pomacées; mais
on l'extrait de la racine du Pommier. On fait digérer cette écorce
dans de l’alcool faible ; la pAloridzine s'y dissout, et s’en sépare par
évaporation en aiguilles soyeuses qu’on purifie par de nouvelles
cristallisations dans l'alcool. Sa formule correspond à C*# H'6 Of. Dis-
soute dans les acides minéraux étendus, puis chauffée, elle aban-
donne une nouvelle substance, la phlorétine. Je citerai encore la
glycyrrhizine, extraite de la racine de Réglisse.
Des essences. — Les végétaux appartenant à un grand nombre de
familles, telles que les Labiées , les Laurinées, les Aurantiacées, les
Rosacées, les Caryophyllées, les Composées, les Ombellifères, les
Conifères, les Magnoliacées, contiennent des substances volatiles
liquides ou solides, d’odeur agréable en général, et qu’on extrait
INTRODUCTION. CCXxIi|
en exprimant le suc des végétaux qui les contiennent, et distillant
ces sucs avec de l’eau. La proportion d'essence qui passe est d’autant
plus grande, qu’il y a moins de différence entre la température
d’ébullition de l’eau et celle des essences. Il faut avoir, dans cette
opération, grand soin d’observer que les végétaux soumis à la dis-
tillation n’atteignent pas une température plus élevée que 100°, ce
qui donnerait naissance à des produits empyreumatiques ; pour cela,
on les met dans des sacs ou dans des vases métalliques percés de
trous et maintenus au-dessus du liquide dans l’espace traversé par
la vapeur.
On trouve, dans le commerce, les eaux qui ont servi à la distilla-
tion des essences, et qui en ont dissous une quantité suffisante pour
leur donner de l’odeur.
Comme je parlerai à l’article Pharmacie des divers procédés de
distillation, je n’en dirai pas plus long ici.
Essences hydrocarbonées. La plupart d’entre elles correspondent à
la formule C° H*, et étant par conséquent isomères, il en résulte des
liquides dont les propriétés chimiques sont tellement semblables, qu’il
faut, pour les distinguer, avoir recours à des caractères très-sensibles.
Comme pour les alcaloides, je ne citerai que les noms des es-
sences dont je traiterai longuement dans le corps de cet ouvrage.
Nous trouvons, en tête des essences, l'essence de Térébenthine ou
térébenthène, celle de Citron ou citrène, d'Orange ou nérol.
Essences oxygénées. Série camphorique. Camphres où stéarop-
tènes, formant une série qui a pour type le Camphre du Japon, ex-
trait du Laurus camphora, le Camphre de Bornéo, que laisse exsuder
le Dryobalanops camphora, et les stéaroptènes analogues au Cam-
phre : tels sont la menthène, que contient la Menthe poivrée, et les
autres espèces de ce genre; la cédrène, extraite de l’essence du
Cèdre; l’Aélénine, tirée de l’Aunée. La Lavande et diverses autres
Labiées, l’Absinthe, la Rose, fournissent des essences qui contiennent
du Camphre ressemblant beaucoup à celui du Japon.
Série benzoïque. Essence d’Amandes amères. Cette essence, ex-
traite par la distillation de l'huile d’Amandes amères, s’y trouve
mêlée à de l’acide cyanhydrique, de la benzoine et de l’acide ben-
zoïque. Je parlerai de ces dernières substances et de leurs diverses
transformations en traitant du Benjoin; je dirai seulement que l'acide
benzoïque se trouve dans un assez grand nombre de végétaux.
CCXxIV INTRODUCTION.
Amygdaline. Cette substance se trouve dans les Amandes amères
et douces, et reste mélée au tourteau dont on a extrait l'huile
d’Amandes douces.
Série salicylique. Elle comprend, outre les produits tirés de l’é-
corce du Saule, l’essence de Spirée ulmaire, qui jouit de propriétés
semblables à la salicine.
Série cinnamique. On à désigné sous ce nom tous les produits
tirés de la Cannelle et les Baumes du Pérou et de AO qui en sont
formés en grande partie.
Coumarine. Substance cristallisable odorante, extraite des Fèves
de Tonka, et dont on a trouvé des traces dans les fleurs du Mélilot et
dans celles de l’Aspérule odorante.
Série anisique. On rapporte à cette remarquable série, qui a pour
base l'essence d’Anis, les produits tirés du genre ///icium.
Série cuminique. Ce sont les produits de la graine de Cumin.
Série eugénique. Produits du Clou de gérofle et du Piment de la
Jamaïque.
Je m’arrêterai plus longtemps sur l'alcool amylique, qu’on obtient
dans la distillation des liqueurs résultant de l’action du ferment sur
la fécule de Pomme de terre, ou de celles produites par la fermenta-
tion des Céréales ou du Raisin. On l'appelle essence de Pomme de
terre, parce que c’est de ce tubercule qu’on la tire le plus fréquem-
ment. C’est une huile incolore, àcre, brûlante, d’une odeur forte et
désagréable, qui vient surnager l’eau laiteuse qui passe à la fin de la
distillation des eaux-de-vie de fécule. Sa densité est 0,818 à + 15°.
Sa formule correspond à C!° H'° 0°. Elle se solidifie en feuillets cris-
tallins à — 20°, et tache le papier à la manière des essences; mais
elle se vo'atilise promptement, et la tache disparaît. Il faut, pour qu'elle
s’enflamme, que la température soit portée à 50° ou 60°. Peu soluble
dans l’eau, elle l’est en toutes proportions dans l'alcool et l’éther.
Ses composés présentent une grande analogie avec ceux obtenus par
l'alcool et l’esprit-de-bois ; on la regarde comme un véritable alcool
auquel on à donné le nom d’a/cool amylique.
Par l’acide sulfurique on en tire l'amylène, qui forme deux pro-
duits isomères, le paramrlène et le métamylène. La série des éthers
amyliques est fort longue et ne mérite pas de mention spéciale.
Le seul produit remarquable -est le résultat de l'oxydation de
l'alcool anhydre, qui produit un acide appelé acide amylique, iden-
INTRODUCTION. CCXXV
tique avec un extrait de la racine de Valériane, appelé acide valé-
rlanique .
Huile essentielle du vin. 1 existe dans les vins, après la fermen-
tation, une huile essentielle à laquelle on attribue leur bouguet ; elle
consiste en un éther appelé er œænanthique, renfermant un acide
nommé acide ænanthique. On l’obtient à la fin de la distillation de
grandes quantités de vin; il se volatilise alors une huile, qui est un
mélange d'éher vino-ænanthique et d'acide œnanthique libre. Pour
obtenir pur l’éther œnanthique, on agite l’huile brute avec une dis-
solution chaude de carbonate de soude, qui dissout l'acide œnanthi-
que libre, on chauffe à la fin jusqu’à l’ébullition, pour que l’éther
œnanthique se sépare plus facilement et vienne former une couche
huileuse à la surface. On le décante, on réitère l’opération, on le
dessèche par le chlorure de calcium, et on le purifie par la distilla-
on. C’est un liquide mcolore, d’une odeur de vin très-pénétrante,
d’une saveur àcre et désagréable, insoluble dans l’eau et soluble
dans l’alcool et l’éther. Sa densité est 0,862 ; il bout à 230°. Sa for-
mule correspond à C# HS O. C'# H O?.
On obtient l'acide œnanthique en décomposant un ænanthate al-
calin par de l'acide sulfurique étendu. L’acide œnanthique se ras-
semble à la surface du liquide sous forme d'huile incolore, qu'il suffit
de laver dans l’eau chaude et de dessécher dans le vide.
Caoutchouc. Le caoutchouc est un produit tiré du suc laiteux de
plusieurs arbres appartenant à des régions et des familles différentes.
On le tire des Siphonta elastica, Ficus elastica, Tabernæmontana
elastica, Jatropha elastica, Siphocampylos caoutchouc. C’est une
substance blanche, élastique, ayant pour densité 0,925, et renfer-
mant 87,2 de carbone et 12,8 d'hydrogène. J'en parlerai longue-
ment à l’article Sphonta, famille des Euphorbiacées.
La Gutta-percha, d'origine végétale inconnue, nous vient de la
Chine; c’est une espèce de caoutchouc qui a beaucoup d’analogie
avec cette dernière substance : elle est composée de carbone, 87,8,
et de 12,2 d'hydrogène. Elle est d’un blanc grisâtre et n’est nulle-
ment élastique; sa consistance se rapproche de celle de la corne. Sous
l'influence de la chaleur, elle acquiert une élasticité qui disparait
après le refroidissement. Elle brüle comme le caoutchouc avec une
flamme brillante et fuligineuse. Insoluble dans l’eau, l'alcool, les
acides et les alcalis, elle se ramollit et se dissout dans l’éther et les
TOME 1, INTRODUCTION. — Livraison dd. dé
CEXXV] INTRODUCTION.
essences. On l’emploie à la fabrication des courroies destinées à trans-
mettre le mouvement dans les machines; elle est très-propre à cet
usage, parce qu’elle joint la flexibilité à une solidité très-grande.
Résines. Ce sont des substances solides, très-répandues dans les
végétaux, et qui découlent de certains d’entre eux, à l’état de disso-
lution dans des essences. Les principales sont lirées des arbres de la
famille des Conifères; telles sont la résine, la térébenthine, la colo-
phane, etc. Elles se concrètent et brunissent à l'air. Quand elles sont
à demi liquides et tiennent en dissolution une huile essentielle, on leur
donne le nom de baumes. Les résines ont une étroite affinité avec les
huiles essentielles; quelques-unes de ces dernières exposées à l'air
prennent tous les caractères des résines; dans cette transformation,
elles perdent une certaine quantité d'hydrogène, qui est remplacée
par de l'oxygène. Les résines ne sont pas volatiles, mais elles s’en-
flamment à une température élevée, et brülent avec une flamme fu-
ligineuse. Distillées à sec, elles donnent des gaz inflammables, des
liquides volatiles, et laissent pour résidu un charbon poreux. Traitées
par l'acide nitrique, elles se changent en acide oxalique et en plu-
sieurs autres produits particuliers. Insolubles dans l’eau, elles se
dissolvent dans l'alcool, et certaines d’entre elles, dans l’éther et les
huiles grasses. Parmi les solutions alcooliques des résines, les unes
rougissent les couleurs bleues végétales et se combinent avec les al-
calis, d’autres ont une réaction neutre. Elles sont composées de car-
bone, d'hydrogène et d’oxygène.
Je ne citerai-que les principales espèces, dont il sera question #2
extenso en traitant des végétaux qui les produisent :
Résine animée produite par l'Hymenæa courbaril; Assa fœtida,
tirée du genre Ferula, de la famille des Ombellifères; résine de Bo-
tany-Bay, Gomme jaune, du Xanthorrhea hastilis ; résine de Gaïac,
du Guaiacum officinale; Gomme-gutte, du Garcinia cambogia ;
Icica, Élémi, de l’Icica icicariba (c’est l'Élémi d'Occident, car on
ne connaît pas la plante qui produit l'Élémi d’Éthiopie : on trouve
souvent la résine de l’Amyris Plumierii substituée à l'Élémi); Encens,
Oliban, du Boswellia serrata; Va résine de Gomart, du Bursera
gumunifera; Va résine Caranna, du Bursera acuminata; la résine
Copal, de l'Elæocarpus copallifera ; la résine de Maynas, du Calo-
phyllum caloba, le Galbanum, du Bubon Galbanum ; la résine de
Jalap, du Convolvulus Jalapa ; a Scammonée, du Convolvulus scam-
INTRODUCTION. | _ CCXX VI]
monea ; l’'Encens commun , du Pinus abies ; le Mastic, du Pistacia
lentiscus; la Sandaraque, du Callitris quadrivalvis ; le Sang-dra-
gon, du Pterocarpus draco; la résine Kauri, du Dammara austra-
lis; la résine Caragne, de l'Ampyris caranna ; la résine te
haca, du Fagara octandra. |
Baumes. On a vu que les baumes sont des substances résineuses
mêlées à des huiles essentielles, et solubles dans lalcool, l’éther et
les huiles volatiles. Les principaux sont : le baume Copalme, fourni
par le Ziquidambar styraciflua; de Copahu, par le Copaiïfera offici-
nalis; de Giléad, par le Balsamodendron gileadense; de Hongrie,
par le Pinus mugho. Au reste, cette série n’est pas bien déterminée
et exige une étude sérieuse.
Essences sulfurées. On ne connaît jusqu’à présent que deux es-
sences sulfurées, tirées de l’Ail et de la Moutarde noire. Il en sera
question à ces deux articles.
_ La raphtaline, la paraffine, Vacide carbolique, extraits des
houilles par la distillation, ne nous arréteront pas, et nous renvoyons
à l’article Pin pour les détails relatifs à la créosote et à ses divers
produits.
Huiles grasses. Ce sont des produits naturels insolubles dans
l'eau, solubles dans l’alcool et l’éther, composés d’un ou de plusieurs
acides organiques et de 2/ycérine, et contenus dans les semences des
végétaux. Elles sont fluides à la température ambiante, mais plusieurs
se figent et se solidifient à une basse température ; ce n’est qu’à une
température élevée que leur fluidité est complète, car dans leur état
ordinaire elles sont de consistance huileuse. On trouve les huiles dans
les graines et les péricarpes, ou sous forme céreuse à la surface des
feuilles. Elles sont saponifiables par les alcalis.
Le phénomène appelé rancissement, par suite duquel les huiles
acquièrent une odeur et une saveur désagréables, provient de la plus
ou moins grande quantité d'oxygène qu’elles absorbent, et de læ
décomposition de fragments de tissu cellulaire, et de substances al-
buminoïdes ou mucilagineuses qui y sont mélées accidentellement,
et agissent à la manière des ferments. Les produits qui résultent de
cette altération sont dus en grande partie à la glycérine et à l’action
de l’oxygène sur cette substance ; c’est un liquide sirupeux, incolore,
dépourvu d’odeur, d’une saveur sucrée, d’où le nom de glycérine,
insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool et l'éther, et correspon
CCXX VII] INTRODUCTION.
dant à la formule C5 H7 O5. HO. A l’état de pureté, l’oléine et la mar-
garine ne rancissent pas. Dans les unes, les proportions d'oxygène
absorbées sont considérables, et elles finissent par se solidifier com-
plétement. On a donné à celles-ci le nom d’Aurles siccatives; les
autres, qui restent toujours fluides, sont appelées huiles non sicca-
lives.
On extrait les huiles siccatives des végétaux par la simple pres-
sion : leur couleur est jaune clair, et elles sont moins grasses au
toucher que les huiles non siccatives. Elles sont employées dans
l'alimentation, dans la peinture, dans l'éclairage et dans la fabrica-
tion des vernis.
Les huiles grasses sont composées de trois principes élémentaires,
qui sont la stéarine, la margarine et V'oléine. Ces matières ne pa-
raissent être que la combinaison d’une seule et même substance, la
glyrcérine, avec un acide gras, particulier à chacun de ces principes,
qui sont les acides stéarique, margarique et oléique, produisant
avec des bases des combinaisons appelées stéarates, margarates et
oléates. Ces acides sont faibles et déplacés de leurs différentes com-
binaisons par les autres acides. Insolubles dans l’eau, ils sont solu-
bles dans l’alcool et l’éther. Ils sont moins faibles que les principes
qui les ont fournis.
Soumises à l’action du froid, les huiles se solidifient; en les
exprimant entre des doubles de papier, on les débarrasse d’une
grande quantité d’oléine liquide et l’on obtient la stéarine et la mar-
garine, qui sont solides à la température ordinaire. Leur fusibilité
est différente suivant qu’elles renferment de l’oléine à l’état de
simple mélange ou à l'état de combinaison.
Les huiles grasses se comportent d’une manière différente sous
l'influence de l’acide hypoazotique ou du nitrate de protoxyde de
cuivre; les unes, comme les huiles siccatives, ne s’épaississent pas
par leur action; les autres, les non siccatives, s’épaississent et se
transforment en une matière cristalline appelée éaidine.
Les huiles siccatives s'oxydent rapidement à l’air en donnant nais-
sance à des combinaisons particulières, solides et transparentes,
qu'on appelle vernis, transformation qui a lieu avec un faible dé-
gasement d'acide carbonique.
Les huiles végétales les plus fluides sont de l’oléine, renfermant
en dissolution des proportions plus où moins considérables de stéa-
INTRODUCTION. CCXXIX
rine et de margarine. En les refroidissant graduellement, et en dé-
cantant la partie liquide, on peut en séparer une grande partie
des produits solides. On peut aussi les en extraire en agitant l’huile
avec de l'alcool, qui dissout l’oléine en proportion plus grande
que la stéarine et la margarine, et l’on évapore la dissolution alcoo-
lique.
L’acide oléique, qui a pour formule C#5 H% O$. HO, est un liquide
incolore qui se solidifie à — 12°. Il est insoluble dans l’eau, très-s0-
luble dans l'alcool, l’éther et les essences, et est rougi par le tour-
nesol. Il se décompose par la chaleur et donne naissance à des pro-
duits très-complexes.
La stéarine , considérée comme un acide composé, a pour formule
C2 H140 O6, L’acide stéarique, qui se présente sous forme de beaux
cristaux brillants et nacrés, fond à 70°. Il est insoluble dans l’eau et
très-soluble dans l’alcool bouillant et l’éther. On lui donne pour for-
mule C°® HS6 O5. 2H0.
L'acide margarique, C® H5 O$. 2H0, ne diffère, comme on le voit,
de l’acide stéarique que par un équivalent d'oxygène. I] lui ressemble
complétement par ses propriétés physiques, mais il fond à une plus
basse température.
Les huiles grasses entrent en ébullition à 300° ou 400°, et déga-
gent un corps volatile irritant appelé acroléine, liquide huileux,
incolore, d’une odeur désagréable, dont la composition correspond à
la formule C$ H* O?. En se colorant par l’ébullition , les huiles sicca-
tives épaississent, perdent par l’action du calorique leur solubilité
dans l’alcool et l’éther, et s’altèrent plus rapidement à l'air; en se
refroidissant, elles déposent quelquefois une certaine quantité de
leur acide cristallisable. À une plus haute température, elles se dé-
composent en gaz inflammables, en acide carbonique et en acro-
léme. L’acide oléique donne naissance à de l'acide sébacique, et
l’acroléine se forme aux dépens de la glycérine. Quant aux produits
inflammables , ce sont diverses espèces de carbures d'hydrogène com-
posant le gaz d'éclairage.
Toutes les huiles prises à l’intérieur sont purgatives, mais à des
degrés différents. Employées à l'extérieur, ou en onction, elles ar-
rêtent la transpiration.
Les huiles non siccatives se purifient en les agitant avec 1 ou 2
pour 100 d'acide sulfurique, et dans cet état elles brülent avec une
CCXXX INTRODUCTION.
lumière plus vive. Au moyen du carbonate de soude pulvérisé, on
rétablit l’huile rance ou acide, dans son état primitif.
Les principales huiles siccatives sont : l'huile de Lin, l'huile de
Chènevis, celles de Noix, de Noisette, d'OEïllette, de Croton.
Les huiles non siccatives sont : l'huile d'Olive, de Colza, de Na-
velte, de Cameline, et toutes celles tirées des Crucifères, celle de
Madia , V'huile d’Amandes , Yhuile de Ricin, l'huile de Fougère,
extraite de l’Æspidium filix mas.
L'huile de Palme, matière grasse, d’origine végétale, ayant la
consistance de l’axonge, est regardée comme formée d’oléine, de
margarine et d’une nouvelle matière appelée palmitine , que les al-
calis changent en glycérine et en acide palmitique, qui correspond
à la formule C$ H* O*. CS HS Of.
L'huile de Ricin donne, par la saponification de la glycérine, trois
acides gras : l’acide stéaroricinique où margaritique , Vacide récint-
que, et l'acide oléoricinique ou élaiodique.
Des cires. Ce sont des substances mal connues, dont le type est
la cire des abeilles, qu’on trouve aussi dans le Myrica cerifera
et dont le suif du Croton sebifera ne semble être qu’une trans-
formation. Elle a une densité de 0,960, fond à 65°. Traitée par l’al-
cool bouillant, on en sépare la nyricine, C® H°* 0", peu soluble
dans l’alcool bouillant; la cérine, C# H5* 0, appelée aussi acide
cérotique, soluble dans l’alcool bouillant, mais qui se dépose en
petites aiguilles cristallines pendant le refroidissement; et la céro-
léine, qui reste en dissolution dans l'alcool refroidi. Ce ne sont pas
les seules substances contenues dans la cire, mais ce sont les plus
importantes. La cire blanchie renferme plus d'oxygène et moins de
carbone que la cire jaune.
Matières colorantes d’origine organique.
Les principales matières colorantes fournies par les végétaux dont
je m'occuperai dans le cours de cet ouvrage, et que je ne ferai que
mentionner ici, sont : la xanthine, la garancine, Yalizarine, la
colorine, extraites de la Garance; l’hématine, du bois de Campêche;
la carthamine, du Carthame; la brésiline et la brésiléine, du bois du
Brésil; la /utéoline, de la Gaude; le quercitron, tiré du Chêne de
ce nom; le rocou, du Bixa orellana; Va santaline, du Pterocarpus
INTRODUCTION. CCXXX)
santalinus ; les principes complexes contenus dans les Lichens tincto-
riaux; la carotine, extraite de la Carotte; l’ëndigotine, l’isotine et
l'indine, de l’indigo, la cklorophrylle et la xanthophrylle, tirées des
feuilles vertes ou jaunes d'automne. On ne connaît pas encore bien
cette dernière substance; mais on sépare la première en laissant les
feuilles digérer pendant plusieurs jours dans l'éther, qu’on évapore
ensuite à siccité. Le résidu est une matière analogue à la cire et de la
chlorophytlle. On le dissout dans l'alcool bouillant qui abandonne la
cire en refroidissant; on réitère cette opération pour extraire la cire,
puis on traite le résidu par l’acide chlorhydrique, qui donne une dis-
solution d’un beau vert; on sature la liqueur filtrée en y mettant
quelques fragments de marbre; la chlorophylle, devenue insoluble,
se précipite; on la lave à l’acide chlorhydrique faible, puis à l’eau
pure. Cette substance est insoluble dans l’eau, mais soluble dans l’al-
cool, l’éther, les acides sulfurique et chlorhydrique, qui la dissolvent
sans l’altérer. Séchée à 130°, sa formule correspond à C'# H° AzOS.
Des principes inorganiques contenus dans les végelaux.
On trouve dans les végétaux, outre les principes particuliers
qui leur sont propres, des substances d’origine minérale qui résis-
tent à l’action du calorique, ce qui n’a pas lieu pour les premières,
et qui se retrouvent intactes dans les résidus de la combustion.
Les oxydes terreux sont: la chaux, la magnésie, la silice, l’alu-
mine et la baryte.
La chaux, à cause de son abondance et de sa solubilité, est aussi
commune qu’on doit le supposer. On la trouve pure dans l'écorce du
Liége et le bulbe de l’Aïl. Les carbonates et sous-carbonates existent
dans presque tous les végétaux, notammeni dans les feuilles d’Aconit
Napel, les racines de Polygula senega, la paille des Graminées; le
sulfate de chaux, dans la racine de Bryone, dans celle de Rhubarbe,
l'écorce du Quercus falcata, le Fucus vesiculosus ; les phosphates
et sous-phosphates , dans les racines de Pivoine, de Nymphæa, de Ré-
glisse, le suc de la Chélidoine, les cellules des Pandanus, des Typha,
des Orchis; le nitrate de chaux, dans la Bourrache, la Pariétaire,
l’Ortie; l'hydrochlorate de chaux, dans le suc des feuilles du Tabac
et les fleurs du Narcisse des prés.
La magnésie, quoique plus rare, n’en existe pas moins dans les
CCXXXI] INTRODUCTION.
végétaux. On la trouve à l’état de sous-carbonate dans le Chanvre,
dans les graines des Céréales et dans le Sa/sola soda ; de sulfate, dans
le Fucus vesiculosus ; de phosphate, dans la Bryone et les feuilles
de Ciguë; d'hydrochlorate, dans l’écorce de Canella alba, la racine
de Benoîte, etc.
La présence de la s#/ice a été constatée dans les tissus organiques,
quoique l’on ne sache pas, à cause de son insolubilité, comment elle
y arrive. C’est surtout à l'extérieur ou dans les concrétions des
plantes monocotylédones qu’elle se dépose : l’épiderme de Bambou
en contient 71 pour 100, celui de Roseau, 48; le chaume du Blé,
6,5; l’épiderme du Rotang en contient une telle quantité, qu’il fait
feu au choc du briquet; et l’on a reconnu que les concrétions du
Bambou, appelées tabachire (tabasheer), sont de la silice presque
pure : on en a trouvé 70 pour 100. On en trouve 61 pour 100 dans la
balle du Froment, 57 dans celle de l’Orge, 18 dans les tiges de Maïs,
4 pour 100 dans les Prêles. Ce n’est que dans les feuilles, certaines
écorces et racines de Dicotylédones qu’on trouve exceptionnellement
de la silice; mais en moins grande proportion : par exemple, 14
pour 400 dans les feuilles du Chêne, 11 dans celles du Peuplier, 15
dans l’écorce du Mürier ; en général, on en trouve fort peu, et dans
certains végétaux pas du tout.
L’alumine est encore en moins grande quantité, et les végétaux
dans lesquels on la rencontre, tels que la Chélidoine, la racine de
Guimauve, l’Absinthe, les feuilles d'Olivier, en contiennent à peine
4 pour 100.
La baryte, signalée par Bergmann dans l’indigo, n’a pas été re-
trouvée par M. Chevreul.
Les alcalis ou les sels alcalins, tels que la potasse et la soude, sont
très-répandus dans la nature et existent en grande proportion dans
certains végétaux. Sur 100 parties de cendres de tiges de Fèves en
fleur, on en trouve 57; dans le fruit mür du Marronnier d'Inde, 51;
dans les tiges de Maïs, 59; dans la paille du Blé, 12, etc.
L’hydrochlorate de potasse se trouve dans l'écorce de Winter, la
graine de Lin, le Céleri, l’Absinthe, les feuilles de Tabac, la Fausse
Oronge, etc. ; il entre pour un quart dans la soude de Varech ; le su/-
fate se rencontre dans la racine de Pivoine, le Po/ygala senega, le
bulbe de l’Ail et les plantes maritimes ; la soude de Varech en contient
19 pour 100; le phosphate, dans le fruit du Marronnier d'Inde, la
INTRODUCTION. CCXXXII)
Fève, la Pomme de terre, et certaines graines de Céréales; 47
pour 100 dans le Maïs et 32 dans le Froment; le ritrate de potasse,
dans le Céleri, la Betterave, la Pareira brava, le Bétel, le Cyperus
esculentus; Viodure de potassium, dans le Fucus vesiculosus.
La soude ne se trouve en quantité notable que dans les plantes,
marines, maritimes ou des salines. Elle paraît y exister à l’état
d'oxalate, qui se convertit en carbonate par la combustion. On en
trouve de 25 à 30 pour 100 dans les cendres du Salsola sativa, du
Chenopodium setigerum, et des autres végétaux qui servent à ex-
traire la soude d’Alicante, et de 14 à 15 pour 100 seulement, dans
celle de Narbonne.
Les métaux ne se rencontrent dans le règne végétal qu'à l’état
d’oxydes ou de sels, encore sont-ils très-rares : ce sont le fer, le
manganèse et le cuivre.
Le fer existe à l’état d’oxyde dans la plus grande partie des végé-
taux, et en assez grande proportion dans l’Indigo du commerce, les
pétales de la Rosa gallica, la racine de Bryone, l’Absinthe, les feuilles
d'Olivier, les graines et la paille des Graminées, etc.
Le manganèse, toujours en très-petite quantité, se trouve dans les
cendres du Pin, du Souci, de la Vigne, du Figuier, dans les graines
et les pailles des Céréales , mais toujours à l'état d’oxyde.
Le cuivre existe soit à l'état métallique, soit à l’état de sulfate, en
combinaison avec des acides végétaux. On a signalé sa présence dans
un grand nombre de plantes, où il accompagne toujours les phos-
phates; on doute même qu'il n’y soit pas à cet état. On en a tiré du
Quinquina, de la Garance, du Café, du Froment. M. Sarzeau va
même jusqu’à dire que les 70 millions de kilogrammes de Café qui
entrent en Europe, contiennent 560 kilogrammes de cuivre, et que le
poids du cuivre contenu dans le pain consommé en France peut
être évalué à 3,650 kilogrammes. La proportion est, au reste, si mi-
nime, qu'elle ne doit causer aucune crainte : elle est}, dans la plupart
des végétaux, de 4,566 millionièmes.
Les corps non métalliques qui se trouvent encore dans les plantes
sont le chlore, dont les combinaisons avec la chaux, la magnésie et
la potasse ont déjà été signalées; l’’ode, qui existe dans les végétaux
marins sous forme d’iodure de potassium; le soufre, qu’on trouve à
l’état pur dans les Crucifères, et comme acide particulier dans les
fleurs d’Oranger, les graines d’Arachide, le Céleri, la Patience, etc.
TOME I, INTRODUCTION. — Livraison ee. ee
CCXXXIV INTRODUCTION.
Il se trouve également en combinaison avec la chaux, la potasse et la
soude. Le phosphore à été signalé à l’état d'acide phosphorique dans
l'Oignon, la racine de Pivoine, l’ergot des Céréales ; mais il se présente
plus communément à l’état de phosphate de chaux et de potasse.
Il est aujourd'hui prouvé, par des expériences réitérées, que les
végétaux ne forment pas les matières inorganiques qu’ils contiennent,
mais les tirent du sol avec l’eau de végétation et dans l’état où ils les
trouvent, sans leur faire subir d’altération, et que la quantité qu’ils en
renferment est proportionnelle à celle que contient le sol dans lequel
ils ont crû. Quelques exemples le prouveront : les feuilles d’un RAo-
dodendrum, qui avaient végété dans un terrain calcaire, contenaient
43,25 de carbonate terreux et 0,75 de silice; celles qui avaient crû
dans un terrain siliceux , 16,75 de carbonate terreux et 2,0 de silice;
les tiges de la même plante contenaient, dans le premier cas, 39 de
carbonate terreux et 0,5 de silice, et dans le second, 29 de carbo-
nate terreux et 19 de silice. Toutes les autres expériences confirment
ce fait. Davy ayant semé de l’Avoine dans du carbonate de chaux,
elle ne trouva à l’analyse que très-peu de silice; et le Soleil, si
riche en nitrate de potasse, n’en contient pas quand on le cultive
dans un terrain qui en est privé. Les matières inorganiques, dont la
proportion est si variable, sont charriées dans l’intérieur des végé-
taux, et se déposent dans leurs tissus en suivant les mouvements des
fluides nourriciers, suivant leur plus ou moins grande solubilité. L’ac-
tivité vitale des plantes influe beaucoup sur la quantité de matières
inorganiques qu’elles contiennent, c’est pourquoi les plantes herba-
cées en renferment plus que les végétaux ligneux : tandis que 10,000
parties de cendres de Peuplier ne contiennent que 7 de potasse,
celles d’Absinthe en renferment 730, et celles de Fumeterre 790. C’est
dans les feuilles qu’il se dépose le plus de matières terreuses ou al-
calines; viennent ensuite les écorces, l’aubier et le bois, et c’est dans
les parties herbacées des plantes ligneuses en état de croissance
qu'on en trouve le plus. Après les sels alcalins, ce sont les phos-
phates de chaux et de magnésie qui sont les plus abondants dans
les jeunes végétaux ; ils diminuent à mesure que la plante avance en
âge; l'écorce en contient moins que le bois, et celui-ci moins que
l’aubier. C'est le contraire pour la silice, dont il y a d'autant plus
que la plante est plus âgée; presque nulle dans le bois, la silice pa-
raît dans l'écorce, et est à son maximum dans les feuilles. Dans les
INTRODUCTION. CCXXXV
végétaux à feuilles caduques, la silice ne peut s’accumuler, tandis
qu’elle augmente toujours dans les plantes à feuilles persistantes. Les
feuilles des Monocotylédones sont celles qui en contiennent le plus.
Les oxydes métalliques sont dans le même cas que la silice; leur
quantité est proportionnelle à l’âge des végétaux.
Les substances minérales se rencontrent souvent dans les plantes
en état de combinaison avec les produits de l’action de la végétation.
La chaux, se combinant avec l’acide oxalique, forme des oxalates
qu'on trouve dans la séve du Rosier, la Cannelle blanche, la Rhu-
barbe, le Chiendent; ils abondent dans les Lichens, et forment jus-
qu’à la moitié de leur poids; combinée à l’acide malique, elle forme
des malates dont la présence a été constatée dans la racine d'Aconit
tue-loup, de Pivoine, de Pareira brava, de Bryone, dans les feuilles
de la Ciguë et les graines d’Arachide. Le citrate de chaux existe dans
le suc de la Chélidoine, la pulpe de l’Orange, la Pomme de terre, la
racine d’Asarum, etc. Le tartrate de chaux se trouve dans les feuilles
du Séné; le kinate, dans l'écorce du Quinquina; le gallate, dans la
racine d’Ellébore noir. |
On a trouvé du malate de r7agnésie dans les racines de Réglisse et
de Bryone, dans l'£quisetun fluviatile, dans l'écorce de Daphne
InezZeTEUrN.
L’acétate de potasse est indiquée dans l’écorce de Winter, la
graine de Lin, l’écorce de Séné, le fruit du Bétel, l’Agaric poivré, le
Champignon comestible; le gallate, dans la racine d’Ellébore noir;
le rnalate, dans la racine de Pivoine, de Polygala senega, les
feuilles de Séné et le Fucus vesiculosus; le citrate, dans les Pommes
de terre; les oxalates, dans les Rumex et les Oxalis ; le tartrate, dans
la pulpe du Tamarin, le vin et le Lichen d'Islande.
La soude se trouve à l’état de malate dans la Gratiole; et, dans
toutes les plantes marines, elle existe à l’état d’oxalate, qui se con-
vertit en carbonate par l’action de la chaleur.
Le fer existe à l’état de gallate dans le Liége,
Si les matières inorganiques arrivent dans le végétal, par l’intermé-
diaire de la séve, telles qu’elles existaient dans le sol, il n’en est pas
de même des combinaisons que je viens de signaler; elles se forment
dans la plante même, et le terrain ne fournit que les bases qui se
convertissent en sels végéto-minéraux par leur contact avec les acides
qui se forment dans la plante.
CCXXXVI INTRODUCTION.
CHAPITRE VI.
DE L'OBSERVATION MICROGRAPHIQUE.
La connaissance des organes élémentaires qui entrent dans la com-
position des tissus végétaux est celle qu'il importe le plus de pos-
séder, quand on veut contribuer au progrès de l’anatomie végétale
par des expériences personnelles, ou même simplement, pour s’ins-
truire, vérifier les faits énoncés par les maîtres de la science. Les
instruments d'observation superficielle, tels que les loupes de di-
verses sortes, ne sont plus alors d'aucune utilité, leur grossissement
est trop restreint; il faut avoir recours à d’autres moyens d'am-
plification, et je conseillerai de prendre sur-le-champ le microscope
composé. Il y a bien des instruments plus simples : tels sont le #21cros-
cope de Stanhope, qui se pend au cou comme une loupe ordinaire et
grossit beaucoup plus; le z7icroscope Gaudin, ingénieuse invention
d’un grossissement considérable, et supérieur sous tous les rapports
au premier, mais d’un usage limité: M. Gaudin a eu la bonté de
m'en donner un exemplaire dont je me suis servi avec commodité
dans certains cas; toutefois il faudrait y apporter encore des perfection-
nements; c’est, au reste, un instrument à la fois portatif et d’un prix
peu élevé, mais dont le système de compression uniforme est vicieux.
Il pourrait être avantageusement modifié, et rendrait alors de plus
grands services. C’est, au reste, un excellent auxiliaire de la loupe,
et avec un peu d'habitude on en tirerait bon parti dans des excur-
sions qui ne permettent pas de se charger d’un appareil embarrassant.
On a vendu à un prix très-bas de petites loupes montées , imitation
grossière du microscope simple de M. Raspail, qui paraissent d’un
emploi facile, mais qui ne permettent que des analyses d’organes
composés; on ne peut s’en servir pour les observations anatomiques.
Le microscope simple de M. Raspail est un excellent instrument;
mais la brièveté du foyer, pour les amplifications considérables, fa-
tigue beaucoup et exige une longue habitude, bien que l'immortel
Lecuwenhock, le père de la micrographie, n’ait accompli ses grands
travaux qu'avec de simples gouttelettes de cristal enchàssées dans
une lame de métal. J'en reviendrai à l'emploi du #'croscope com-
posé : 1 faut le choisir achromatique, et ne pas attacher trop d’im-
INTRODUCTION. CCXXX VI}
portance aux amplifications puissantes; je regarde les amplifica-
tions de trois cents fois comme le maximum de ce qu’on doit avoir
Pambition d'obtenir. Il faut même s’habituer à n’observer qu’à de
faibles grossissements, et l’on verra bientôt que ce ne sont pas les
amphfications les plus considérables qui valent le mieux. Les illusions
d'optique se multiplient, et les surfaces amplifiées deviennent con-
fuses ; il faut même, pour arriver à faire de bonnes observations,
commencer par les amplifications les plus basses, et essayer graduel-
lement les amplifications supérieures : on verra que, le plus souvent,
ces dernières n’apprennent rien de plus.
Il ne suffit pas, pour bien observer, d’avoir un bon microscope,
il faut apprendre à bien voir; c’est là tout le secret. Nos grands
micrographes, et je citerai, parmi les plus distingués, MM. Dujardin
et Strauss-Dürckheim, attachent plus d'importance à la préparation du
tissu à observer qu'à l’amplification. Il faut pour cela, je ne le dissi-
mulerai pas, une longue habitude, et l'observateur novice restera
souvent des journées entières l’œil au microscope sans avoir rien vu.
Qu'il n’en accuse que lui-même et pas l'instrument : il aura mal pré-
paré les objets à observer, c’est pourquoi il n’a pas réussi; qu'il re-
commence, n’observe d’abord que des tissus bien décrits et sur la
contexture desquels tous les observateurs sont d'accord, qu’il s’aide
de bonnes figures et ne quitte que quand il aura vérifié l'exactitude
des observations antérieures. Il faudra, plus tard, qu'il dessine les
objets que lui-même a préparés, et qu’il les compare à ces mêmes
objets, décrits et figurés par les bons auteurs. Rien de plus facile que
de dessiner au microscope : on a l’œil gauche à l’oculaire et l’œil
droit sur son papier, on peut alors sans peine, et avec un peu de fa-
tigue que l'exercice ne tardera pas à faire disparaître, reproduire
avec netteté l’objet observé. On peut encore se servir d’une chambre
claire ou de tout autre appareil répondant au même but; mais il
faut beaucoup d'habitude pour s'en servir, et l’on n'arrive ja-
mais à avoir un dessin correct. Il faut toujours le retoucher. Le seul
avantage que je reconnaisse à cet instrument est de donner l’ampli-
fication réelle, tandis qu’en dessinant à la simple vue, on diminue
presque toujours. Il y a plusieurs moyens de déterminer le grossisse-
ment, et le m#icromètre est le meilleur. Au demeurant, je n’attache
pas une importance puérile à la détermination rigoureuse de l’am-
plification; je crois qu'il faut seulement connaître les principales,
CCXXX VII} INTRODUCTION.
telles que 50, 100, 450, 200, 250, 300, et les écrire au bas de
chaque figure.
Les principales méthodes de préparation sont : les sections verti-
cale, diagonale ou horizontale de l’objet à observer, en tranches
aussi minces que possible, ce qui ne suffit pas toujours, et le
dédoublement des tissus délicats et transparents ou leur lacération ;
et quand on ne peut pas apercevoir nettement les détails de struc-
ture, même en couvrant l’objet à observer d’une goutte d’eau pure,
il faut avoir recours à la compression, qui isole beaucoup mieux
les trames textulaires, en fait disparaître l’eau de végétation et les
liquides colorés, et permet de voir alors nettement la structure de ces
tissus. Il faut pour cela un bon compresseur gradué, qui permette
de modérer l’écrasement. Si tous ces moyens ne suffisent pas, on
a recours à la macération simple dans l’eau, puis à l’ébullition,
enfin à l'intervention des acides , et je me suis toujours bien trouvé
de l'acide chlorhydrique et de l’acide azotique qu’on emploie à froid
ou à chaud. Pour l'emploi de ces réactifs, il n’y a pas d'indication à
donner, il faut des tätonnements; tout ce qu’on peut dire, c'est que
l'acide ou les réactifs trop concentrés détruisent les tissus et en font
une pâte qui ne présente plus rien à l'observateur. Il faut, en géné-
ral, employer les réactifs faibles, et achever par la compression ce que
l’amincissement des tissus a commencé. Les poils, les grains de pol-
len et tous les corps ténus et translucides se voient merveilleusement
dans l'huile. Plongé dans ce liquide, le pollen conserve sa forme et
devient transparent; on en peut parfaitement étudier les détails.
Dans l’eau légèrement gommée, il se boursoufle, affecte la forme
sphérique, et laisse échapper la poussière fécondante dont il est
rempli.
Quant aux corps opaques, ils ne peuvent être observés qu’à une
faible amplification. Comme ils doivent être éclairés par-dessus, il
faut se servir d'une lentille dont le foyer soit assez long pour per-
mettre à un pinceau lumineux de tomber sur l’objet à étudier.
J'ai toujours préféré les observations à la lampe à celles faites à
la lumière diffuse : les illusions sont moins grandes, les contours
mieux arrêtés, l'éclairage plus satisfaisant; mais l'œil est plus fatigué,
et la tête recevant directement la chaleur de la lampe, il en résulte
parfois des céphalalgies violentes. Il faut préférer le jour pour l’ob-
servation des corps opaques ou des organes qui n’exigent pour être
.
INTRODUCTION. CCXXXIX
observés qu’une très-petite amplification. J’emploie le plus souvent,
pour mes analyses organographiques, une lentille de 6 centimètres
de foyer, et elle me sert parfaitement pour observer les poils, les
glandes, les anthères, les stigmates, les ovules; mais si je veux pous-
ser plus loin mes recherches, je suis obligé de recourir à un plus fort
grossissement.
Je terminerai par un mot : c’est l’observateur qui fait le’micros-
cope, et non le microscope qui fait l’observateur. Pour se servir de
cet instrument, il faut de la patience, de l'étude, de l’habileté dans
les doigts, et certaines qualités qui ne s’acquièrent qu'avec une longue
pratique.
CHAPITRE VII.
DES ORGANES ÉLÉMENTAIRES DES VÉGÉTAUX.
Les observateurs qui se sont succédé depuis la moitié du’ dix-
septième siècle, ont jeté une vive lumière sur la structure intime des
végétaux et sur les éléments primitifs qui entrent dans la composi-
tion de leur trame textulaire. Il reste encore bien des faits obscurs
à étudier; mais nous sommes arrivés à une connaissance aussi par-
faite que nous le permettent nos moyens actuels d'investigation, des
faits généraux d’histologie végétale.
L'élément le plus simple est un petit sac membraneux appelé
cellule ou utricule (1. La cellule affecte le plus communément la
forme sphérique ou elliptique; d’autres fois, cependant, elle prend la
forme d’un fuseau, ce qui lui a fait donner le nom de cbstre, et
une des modifications les plus communes de la cellule, c’est la fibre
ligneuse, qui n’est autre chose qu’un clostre très-allongé; la troi-
sième modification est le vaisseau, qui diffère de la fibre par sa
longueur et sa continuité. Quelle que soit la figure affectée par l’un
de ces trois principes textulaires, la cellule primitive n° en est pas
moins la génératrice de toutes les autres.
(1) Les planches d'anatomie végétale qui accompagnent cette partie auront un
texte particulier, ce qui me permet de ne pas interrompre par des chiffres la suite du
discours.
ccxl INTRODUCTION.
Les cellules, en entrant dans la composition des tissus, ne conser-
vent pas toujours leur forme; pressées l’une contre l’autre, elles ne
peuvent, avec la flexibilité de leurs enveloppes, garder la forme
sphéroïdale ; il faut qu’elles subissent une déformation nécessaire,
et elles deviennent polyédriques. Parfois, cependant, les cellules al-
longées ou ellipsoïdes affectent la forme de cylindres ou de ton-
neaux. Certaines cellules deviennent rameuses et prennent une figure
irrégulière, ce qu'on remarque dans la Fève de marais, les Joncs,
les Scirpes, les Lis, etc.; mais ce n’est qu’une exception. On a donné
à ce tissu primitif, quelle que soit la forme des cellules, le nom de
tissu cellulaire, utriculaire, où tout simpiement de parenchyme.
Pour arriver à plus de précision, on a donné au parenchyme des
noms différents, suivant les variations qu'il présente. Celui de né-
renchyme a été réservé pour l'assemblage des cellules qui se trouvent
dans les fruits mous et les tubercules féculents. Lorsqu’elles sont al-
longées et régulièrement prismatiques, comme dans l'écorce, on les
appelle prismenchyme; les cellules lobées ou en étoiles ont reçu le
nom d’actnenchyme; les cellules à contours sinueux de l’épiderme
des feuilles, celui de colpenchyme, et celui de dædalenchyme aux
cellules tubuleuses qui se voient dans les Cryptogames. Cette no-
menclature barbare n’est pas généralement adoptée. On n’a conservé
que les noms de parenchyme et de mérenchyme.
On a remarqué, dans les tissus mous, que les cellules sphériques et
elliptiques se touchant sans la dépression de leurs surfaces, il en ré-
sulte des espaces vides qu'on appelle néats intercellulaires, et qui
prennent le nom de /acunes quand ils sont plus considérables; ces
dernières se trouvent surtout dans les plantes aquatiques.
Il ne faut, en général, pas s’arrêter aux simples accidents qui mo-
difient la loi générale d’agrégation des cellules; ce sont des varia-
tions sans importance, bonnes seulement à consigner dans les grands
travaux d’ensemble.
La cellule simple et primitive a la membrane supérieure lisse,
sans ponctuations ni aspérités; quelquefois, au contraire, elle est
ponctuée, striée, munie de bandelettes ou d’anneaux, qu’on attribue
à l’altération de sa tunique extérieure; mais ce qui infirmerait ce
fait, c’est que la plus parfaite régularité préside à ces modifications,
ce qui indique l’analogie qui existe entre les cellules modifiées et
les vaisseaux , qui n’en sont sans doute qu'une transformation.
INTRODUCTION. cex|}
Les tuniques qui enveloppent le sac utriculaire primitif ne sont
pas seulement doubles; elles se multiplient de dehors en dedans, de
manière à remplir les cellules qu’elles obstruent, en présentant une
série de cercles concentriques, ce qui donne à leur coupe transver-
sale l'apparence d’une toile d’Épeire. On remarque que, quel que
soit le nombre des enveloppes, il y a un canal central commun à
toutes.
On n’est pas d’accord sur l’origine et le mode de formation des
cellules; on sait seulement, et c’est le point de départ commun à
tous les auteurs, sans acception de théorie, que l’état primitif du
végétal est un liquide qui s’épaissit de plus en plus, devient gommeux
et se remplit de points opaques, principes générateurs des cellules,
qui persistent alors pendant toute la durée de la vie de la plante, et
s’engendrent les unes par les autres. Suivant la théorie de M. de
Mirbel, ce mucilage primitif, appelé camnbium , est l'élément généra-
teur des cellules : il regarde les points opaques qui s’y développent
comme des cavités qui augmentent de volume, et forment d’abord
un tissu contigu; dès que les membranes qui les unissaient se sont dé-
doublées, les cellules deviennent indépendantes et constituent le tissu
cellulaire. Ce cambium, qui remplit l’intérieur des cellules, donne
naissance aux générations ultérieures, et c’est ainsi que la vie se con-
tinue dans la plante.
D’autres botanistes, avec M. Schleiden, regardent les points opaques
qui apparaissent dans la masse gélatineuse, comme des centres au-
tour desquels se déposent de petits grains formant un amas globuleux
ou discoïde, ovale et plus grand dans les Monocotylédones, arrondi
dans les Dicotylédones , nommé nucléus, cytohlaste, ou germe de la
cellule, ou bien encore phacocyste, lentille de la cellule. Sur une
des faces du cytoblaste apparaît une ampoule qui se gonfle et forme
une vésicule, dans la paroi de laquelle le cytoblaste est enchàssé. Le
plus communément le cytoblaste est résorbé ; quelquefois il persiste,
et la cellule a pris naissance.
La multiplication des cellules a lieu par la formation de cellules
nouvelles dans l’intérieur de la cellule mère, qui se dissout et est
remplacée par les jeunes cellules. L’accroissement du végétal se com-
pose de cette génération successive de cellules nouvelles. Cette crois-
sance est si rapide, qu’on évalue à 20,000 le nombre de cellules que
le Bovista gigantea peut produire par minute.
TOME I, INTRODUCTION, — Livraison Îf. Îf
cexli] INTRODUCTION.
On a constaté que les cellules se composent de deux substances :
une externe, solide, close, et absorbant à travers son tissu les ma-
tériaux propres à sa nutrition; l’autre, fluide, qui en remplit l’inté-
rieur. La première se compose de C. H. O., et la seconde renferme
de plus Az. La cellule, résumé de la vie de la plante, est un petit
organisme ayant une existence propre et indépendante. Elle assimile
les matériaux de nutrition qui l’entourent, et les élabore pour les”
convertir en d’autres substances, ou les rejette quand ils sont im-
propres à l’entretien de sa vie. C’est par l'effet de la nutrition que les
cellules changent de forme, tout en restant constamment imperfo-
rées ; il se produit à l’intérieur une nouvelle couche membraneuse à
laquelle on doit les divers accidents qui varient l'aspect de la cellule,
et quand ces épaississements successifs se multiplient, la cellule est
obstruée, ou il se forme dans l’intérieur des concrétions.
Le volume des cellules varie beaucoup et est sans rapport avee Ia
plante : très-grosses dans les Conferves, les Charas et dans la moelle
des Malvasées, elles sont très-petites dans les Aloès. Pour étudier les
cellules, il faut détruire leur adhérence par l’ébullition, ce qui a lieu
très-facilement dans le pétiole de la Rhubarbe et dans les Fougères.
On trouve la cellule primitive dans le Protococcus, qui se compose
d’une cellule unique.
Les fibres, de longueur assez variable, sont le plus souvent des
cellules allongées, assez même quelquefois pour prendre le nom de
vaisseaux. Leurs parois sont épaisses et résistantes, et elles se rem-
plissent peu à peu, de manière que l’axe creux qui se trouvait au
centre disparait entièrement ; aussi la section transversale ne pré-
sente-t-elle presque jamais de lacunes. La surface des fibres offre
souvent les mêmes modifications que les cellules; mais les plus com-
munes sont les ponctuations, qui sont assez grandes dans la famille
des Conifères, pour qu’on se soit mépris sur leur nature et qu’on
les ait regardées comme des pertuis. C’est une des particularités de
la structure intime des fibres qui mérite d’être vérifiée, et l’obser-
vation en est facile, même avec une faible amplification ; il faut seule-
ment préparer cette fibre avec soin, ce qui ne laisse pas d’être assez
difficile.
Malgré le changement de nomenclature qui a fait donner au tissu
composé de fibres le nom de prosenchyme, lorsque les cellules al-
longées se terminent par des faces obliques, et celui de p/euren-
INTRODUCTION. cexlii]
chyme, quand elles sont fusiformes, très-amincies aux extrémités,
par lesquelles elles sont contiguës sur une grande longueur, on ne
peut voir dans ces tissus qu’une transformation de la cellule pri-
mitive.
Les vaisseaux se distinguent des fibres par leur plus grande lon-
gueur, ils s'étendent souvent d’un bout à l’autre de la tige d’un vé-
gétal : ce sont des tubes à travers lesquels il est possible de passer un
cheveu, ce qui prouve leur perforation continue. Dans certains vé-
gétaux , le diamètre des vaisseaux est assez gros pour qu'on puisse
apercevoir, sur une branche droite d’une certaine longueur, le jour
d’une extrémité àl’autre.
Les caractères principaux des vaisseaux sont : une surface presque
toujours àpre ou accidentée, ce qui indique des organes plus élevés
dans l'échelle de l’organisation que les cellules primitives, et semble
prouver que leur tunique est sans doute le résultat de la succession
des diverses membranes superposées, qui y ont laissé l'empreinte
de leurs spires, d’où le nom de varsseaux en spirale où vaisseaux
sptraux. Le second caractère est l’absence de cylindricité de leur ca-
libre intérieur, qui présente des étranglements de distance en dis-
tance, ce qui indiquerait que ces mêmes vaisseaux ne sont que des
utricules ou des fibres soudées linéairement; les rétrécissements re-
présenteraient les points de soudure, phénomène morphologique suf-
fisamment mis en lumière par l'examen des végétaux dans leur pre-
mière jeunesse, où l’on ne voit que des utricules et pas de vaisseaux.
La transformation sera leur allongement en fibres, et les vaisseaux
leur succéderont. Les étranglements qu’on remarque dans les vais-
seaux étaient sans doute, dans l’origine, des diaphragmes ou des
cloisons qui ont disparu, et dont les débris sont restés fixés annu-
lairement autour. |
Les érachées sont les vrais vaisseaux spiraux; elles se composent
d’un tube très-allongé, effilé aux deux bouts, dans l’intérieur duquel
s’enroule un fil en spirale continu, comme serait un ressort boudin
dans un fourreau. A l’extrémité de cette trachée vient s’en appliquer
une nouvelle, et c’est ainsi qu’elle se continue dans toute étendue
du végétal. Le fil spiral est d’un blanc luisant, cylindrique ou
aplati, qui se déroule quand on létire, ou quand on rompt un or-
gane. La distance qui sépare les fils entre eux varie: tantôt on
aperçoit la membrane qui les supporte, tantôt-elle est entièrement
cexliv INTRODUCTION.
cachée, et la direction affectée par la spire est en général de droite
à gauche. Il est une illusion d'optique qu’il est convenable de si-
gnaler : c’est que, lorsque le fil est assez fin et son tissu assez trans-
parent pour que ses deux côtés opposés soient dans le champ du
microscope, il semblerait que les fils tournent en sens inverse, ce
que j'ai vu mille fois et m’a longtemps fait croire à un changement de
direction dans la spire, mais il n’en est rien; il est aujourd’hui cons-
tant que la direction de la spire reste la même. Cependant le fil n’est
pas toujours simple; il est quelquefois double ou multiple, ce qui mo-
difie beaucoup la direction des spires, et l’on voit souvent même une
trachée à fil simple dans une partie et double dans une autre, par
dédoublement, suivant des lignes parallèles. On regarde cette modifi-
cation comme le passage des trachées aux vaisseaux suivants, qu’on
appelle vaisseaux annulaires ou réticulés. Ces derniers mériteraient
cependant, à plus juste titre que les autres, le nom de rachées,
parce qu'ils ressemblent, plus que les précédents, à la trachée des
animaux. On aurait pu réserver pour les premiers le nom simple de
Vaisseaux spiraux; mais la nomenclature de la science est faite,
et il vaut mieux se contenter de noms de convention, que d’intro-
duire des termes nouveaux qui compliquent sans nécessité la termi-
nologie.
Si l’on examine avec soin la structure des vaisseaux annulaires ,
on trouvera un tube membraneux soutenu à des distances très-rap-
prochées et sous des angles différents, mais le plus souvent, aussi
près que possible de l'horizontale, par des anneaux d’un tissu plus
épais, ce qui n'empêche pas qu’on ne trouve parfois des lacunes
remplies par un fil en spirale qui a perdu, par son adhérence à la
membrane qu’il soutient, la faculté de se dérouler, ce qui explique
naturellement leur origine, et démontre que les vaisseaux annulaires
ne sont qu'une transformation des trachées, dont les portions de fils
qui joignaient les tours de spire les uns aux autres s’étant rompues,
la portion annulaire restante s’est soudée à un anneau supérieur ou
inférieur, et la membrane intermédiaire a été résorbée, ce que sem-
blent indiquer les rapports qui existent entre les anneaux et les fils
en spirale, quand une portion en est restée intacte. On ne peut
néanmoins pas dire que la nature, qui procède d’une manière plus in-
dépendante, suive servilement cette voie et fasse toujours passer un
vaisseau annulaire par un tube en spirale. Le procédé primitif, la
INTRODUCTION. cexlv
génération du tube doit être la même, mais elle ne passe pas par les
mêmes phases de développement.
Les vaisseaux réticulés, qu’on devrait appeler de préférence et
avec plus de propriété vaisseaux aréolés, leur surface présentant
plutôt des aréoles que des réticules, ne sont que des vaisseaux an-
nulaires dont les anneaux se sont ou rompus, ou ont été dissociés
dans leurs différents éléments ; et ce qui prouve que les vaisseaux de
ce dernier ordre sont la transformation de ceux que nous venons de
décrire, c’est que l’on voit souvent un même vaisseau, annulaire sur
un point, réticulé sur un autre. La terminaison ordinaire de ces
vaisseaux est en cône effilé.
Les vaisseaux rayés, nouvelle transformation de fa trachée, mais
de la trachée modifiée, sans la persistance du système spiral dont
ils ne sont plus qu’un souvenir, car dès leur origine on aperçoit déjà
la trace des rayures transversales, sont, suivant les observateurs les
plus éminents, composés d’un tube doublé d’une tunique intérieure
percée de vacuoles linéaires et horizontales, qui, dans certains végé-
taux, ou sous l'influence de l’âge, deviennent des trous véritables,
ce qui leur a fait donner les noms de pores ou de fentes. Les raies qui
s’aperçoivent à la surface de ces vaisseaux ne sont donc que les
perforations de la tunique interne, vues par transparence à travers
_ la tunique externe. Ces vaisseaux sont, en général, de longues
utricules attachées obliquement les unes aux autres, ou de longues
fibres terminées en cône.
Quelques-uns affectent la figure prismatique; dans ces derniers,
les raies, limitées par les angles du vaisseau, sont régulièrement
superposées comme le seraient les barreaux d’une échelle, ce qui a
fait donner à cette variété de vaisseaux rayés le nom de scalari-
Jormes.
Les vaisseaux ponctués, les plus volumineux qui se trouvent dans
les végétaux, sont criblés de points disposés symétriquement en
lignes parallèles horizontales, formant comme un cercle interrompu
par des lacunes. La nature de ces vaisseaux est la même que celle
des précédents : deux membranes appliquées l’une sur l’autre; l’in-
terne percée à jour, et la translucidité de la membrane externe lais-
sant voir les perforations de l’autre. Ils ont le plus communément la
forme de longues utricules assemblées par le bout, et présentant au
point de jonction un repli interne. |
cexlv) INTRODUCTION.
Les vaisseaux de cet ordre affectent une modification qui n’est pas
sans intérêt. Lorsque les utricules ont un diamètre moindre à leurs
deux extrémités, elles s'arrondissent, et les vaisseaux sont composés
d’une suite de renflements et de rétrécissements qui les ont fait appeler
vaisseaux en chapelet; comme ils affectent une forme vermiculaire,
ils ont aussi été appelés vaisseaux vermiformes ; mais ce ne sont que
des modifications de la forme génératrice. La structure #2oniliforme
est plus apparente dans les ramifications des vaisseaux ponctués qui
s’échappent d’un tronc commun.
Tels sont les principaux ordres de vaisseaux qui entrent dans la
composition des tissus végétaux et sont les organes essentiels de la
vie. Ils paraissent être des transformations de la cellule primitive,
avec cette restriction cependant que, suivant le rôle qu’ils sont ap-
pelés à jouer, ils affectent sur-le-champ la forme qui doit persister.
Ce n’est pas, comme nous l’avons déjà vu, que les vaisseaux, se
métamorphosant de proche en proche, ne conservent en partie le
caractère de leur forme antérieure ; mais ils sont, dès le principe,
de structure définie, et ils ne pourraient changer sans une altération
profonde dans le mode d’existence de la plante dont ils sont les
appareils essentiels de nutrition. Ceci vient de nouveau à Pappui
de la théorie de l’évolution ascendante; car, si nous n’assistons pas
à cette transformation dans le même être, nous y assistons dans la
série, et nous pouvons, en prenant les végétaux cellulaires inférieurs,
remonter de proche en proche jusqu’aux Dicotylédones, où nous
trouverons les organes arrivés à leur dernière transformation.
Ce qui est vrai pour les végétaux, l’est aussi pour les animaux.
L'histologie ne peut puiser de lumières que dans la comparaison des
tissus, en descendant de l’homme, le plus complexe des animaux,
jusqu'aux derniers êtres, dont tous les organes sont composés d’un
simple tissu cellulaire remplissant toutes les fonctions. C’est en pro-
cédant seulement ainsi qu’on arrivera à avoir une idée précise de la
structure du poumon de l’homme. Il faut lavoir vu dans les Batra-
ciens et les Ophidiens, où il est réduit à une simple vésicule, pour
le comprendre dans les Mammifères, où il se compose de cellules
multipliées, formant un tissu complexe dont l’observateur constate-
rait difficilement la structure en l'étudiant seulement chez l'être le
plus élevé. Il en résulte que l’étre, tant animal que végétal (et ce
n'est pas un mot de l’école ontologique, c’est une expression appar-
INTRODUCTION. ccxlvi
tenant à la philosophie positive), se compose de toute l’animalité et
de toute la végétalité. En bas de l'échelle est le point de départ de
l'être primitif, et au sommet l’être le plus complexe, dont les or-
ganes sont la transformation successive des organes plus simples des
êtres au-dessous de lui, sans qu’il soit, dans son évolution, obligé de
repasser par toutes ces métamorphoses : il affecte seulement les prin-
cipales. Après avoir pris le poumon pour exemple, prenons le cœur :
à quatre cavités dans l'Homme, il arrive à trois, puis deux avec
perforation de la cloison interventriculaire, à mesure qu’on descend
l'échelle des Vertébrés; chez le Mollusque, il n’a plus qu’une seule
cavité; et, chez l’Insecte, ce n’est qu’un simple vaisseau dorsal. Ilen
est de même du cerveau, qui fait le désespoir des anatomistes, et
dont les nombreux éléments, si difficiles à étudier dans l'Homme, se
réduisent à un petit nombre de ganglions distincts et isolés, comme
cela se voit chez les Poissons.
Il ne faut donc jamais, en étudiant un organe, anatomiquement
surtout, croire le connaître si on ne l’a poursuivi dans toute la série :
c'est ce que Je recommande à ceux qui veulent contribuer à la créa-
üon d’une branche de la science qui n’existe pas encore, l’'Anatomie
comparative végétale.
Je ne ferai que mentionner brièvement un ordre particulier de
vaisseaux dans lequel on a découvert une circulation véritable que je
n'ai encore vue pour mon compte que confusément; ce sont ceux qui
renferment les sucs propres élaborés par le végétal, et qu'on a
nommés vaisseaux laticifères où charriant le /atex, ou plus simple-
ment, vaisseaux propres. Is diffèrent des précédents en ce qu'ils
s’anastomosent entre eux de manière à former un véritable réseau,
n'ayant pas partout un diamètre absolument égal, mais différant
néanmoins fort peu, et présentant des renflements accidentels ou
persistants. Ils affectent trois modifications principales : ils sont
articulés, quand ils sont composés de cavités séparées par des ar-
ticulations ; renflés, quand ils présentent des gonflements dans leur
trajet; et contractés, quand ils sont dans leur état primitif, que la
tunique qui les compose n’a pas subi de modifications, et ne s’est pas,
de continue qu’elle était, convertie en utricules séparées.
Ici se termine l’histoire du développement des organes élémen-
taires des végétaux : il reste à examiner quelques autres problèmes
dont la solution n’est peut-être pas arrivée à sa perfection, mais qui
cexlvii] INTRODUCTION.
partent de principes qui semblent mettre sur la voie de la vérité.
Chaque fois que j’aborderai une question controversée, j'exposerai
avec les développements nécessaires la théorie que je considère
comme la plus rationnelle, et j'énoncerai très-brièvement les opi-
nions contradictoires.
Mon but n’étant pas de faire un ouvrage de discussion scienti-
fique, mais de vulgariser les principes généraux de la science, je
n’ai nul besoin d’entrer dans des considérations qui fatigueraient le
lecteur, et ne porteraient sans doute pas plus de lumière dans son
esprit.
Un des problèmes dont la solution parait avoir fait un pas vers la
vérité, est celui du mode d'union des organes élémentaires. On à
complétement abandonné la théorie de la réunion immédiate, en
vertu de laquelle les cellules seraient, par adhésion, soudées les unes
aux autres. Il est positif que dans certains cas la réunion immédiate
peut avoir lieu; mais ce n’est pas la loi générale, et l'on est obligé de
croire à l'existence d’une rnatière intercellulaire, quand on voit les
cellules distantes entre elles, et cependant unies par une puissance
adhésive qui ne peut tenir qu’à l’interposition d’une substance agglu-
tinative. Cette matière, dont l’existence est évidente dans les végé-
taux aquatiques où elle est plus abondante, ne l’est pas moins dans
les plantes d’un ordre supérieur, dont les cellules sont petites et sé-
parées entre elles par une couche inappréciable de matière adhésive
se désagrégeant dans l’eau, et surtout dans les réactifs qui mettent
les cellules à nu.
Les cellules qui sont, dans leur jeunesse, remplies d’un liquide im-
colore, excepté celui de la moelle et de l’écorce, qui est quelquefois
brunâtre, et celui des tiges, des feuilles, des corolles et des fruits, qui
est le plus souvent coloré, renferment, outre les huiles, les résines,
les fécules et autres substances dont il a été parlé dans la chimie or-
ganique, des faisceaux de corps aciculaires d’une grande ténuité,
qu’on a appelés raphides, d'un mot grec signifiant ægurlle. Ils sont
contenus dans des cellules plus volumineuses que les autres, et se
trouvent dans les Zemna, les feuilles des Muscari, les Arum, les
Rhubarbes, et dans un grand nombre d’autres végétaux. Le tissu cel-
lulaire des Caladium en contient d’une structure particulière, aux-
quels M. Turpin, qui les a étudiés, a donné le nom de Biforines ,
parce qu'ils semblent contenus dans un tube percé aux deux extré-
INTRODUCTION. cexlix
mités. Les raphides paraissent être des cristaux aciculaires; les
autres cristaux ont des figures régulières dans lesquelles on peut
reconnaître leur système normal de cristallisation. La clorophylle,
ou matière verte, est commune à toutes les cellules, et s’y trouve
sous forme de granules tantôt flottant librement dans le liquide que
renferme la cellule, tantôt adhérant à ses parois. On la trouve dans
les cellules remplies de substances diverses qui méritent d’être étu-
diées, car l’histoire des tissus végétaux est très-obscure sur plus
d’un point.
CHAPITRE VIII.
PROPRIÉTÉS GÉNÉRALES DES VÉGÉTAUX.
Après avoir fait connaître la structure des éléments qui entrent
dans la composition des tissus du végétal, je donnerai un aperçu ra-
pide des propriétés générales qui président à sa vie, ce qui constitue
les premiers rudiments de la physiologie; elles sont de deux sortes :
les propriétés des tissus et les propriétés vitales.
RES, Propriétés des tissus Végétaux.
Outre les tissus que nous avons étudiés dans leur structure propre,
et qui constituent la trame végétale, il y a dans les plantes des éléments
de deux natures particulières qui concourent à l’entretien de leur
vie : ce sont les fluides qui servent à leur nutrition, et les matières
plus ou moins solides qui sont déposées dans la trame des tissus et
servent soit à leur accroissement, soit à l'élaboration de fluides
particuliers à diverses espèces. Le tissu n’est donc que appareil, et
les fluides sont les éléments qui servent à l’entretien de la vie vé-
gétale. Ils sont doués de propriétés physiques qui leur sont communes
avec tous les corps répandus dans la nature, qu’ils soient organiques
ou inorganiques, et sont soumis aux lois générales de la matière,
sans obéir à celles plus particulières de la vie : ce sont l’extensibi-
lité, V élasticité et V hygrométricité.
La première propriété est l'extensibilité, en vertu de laquelle les
végétaux prennent de l’accroissement en s'étendant dans toutes leurs
TOME 1, INTRODUCTION, — Livraison gg. 4g
ccl INTRODUCTION.
dimensions; mais elle n’a pas une durée illimitée. Quand les molé-
cules étrangères se sont accumulées dans les mailles du tissu, l’organe
cesse de s'étendre, passe à l’état d'inertie; et quand il y a cessation
absolue d’extensibilité, la mort ne tarde pas à frapper un organe qui
n’appartient plus à la nature vivante. On voit l'écorce des arbres
crevassée en tout sens par la diminution de son extensibilité, et cha-
que organe, quand il a acquis tout son développement, se gercer ou
rompre son enveloppe, qui n’est plus susceptible de s'étendre.
L’élasticité est la propriété par laquelle chaque membrane, chaque
organe, reprend la place qu’il occupait primitivement, après en avoir
été dévié par une force mécanique. On ne change pas à volonté la
direction d’une branche ou d’une feuille, on ne recourbe pas le tronc
d’un jeune arbre ou la tige d’une plante, sans qu'il revienne sur lui-
même et reprenne sa position première. Dans l’état naturel, les filets
staminaux, les anthères, les pétales, mais surtout les péricarpes,
sont doués d’une élasticité très-remarquable; les filets du Xa/mia,
couchés dans les fossettes de la corolle, se redressent pour s’appliquer
sur le pistil et retombent après la fécondation ; les loges pollinifères
s'ouvrent par élasticité et lancent leur pollen; les capsules des Balsa-
mines, des Ricins, lancent leurs graines par un mouvement élastique
de leurs valves; mais, dans ces dernières, une fois le ressort débandé,
il ne revient plus sur lui-même.
L’Aygrométricité est la propriété dont jouissent à un certain degré
les corps organiques et inorganiques, qui se saturent des particules
aqueuses dont l’air ambiant est chargé. Dans les végétaux, les tissus
secs et scarieux , les poils de laigrette des Composées, les barbes
des Graminées, les dents dn péristome des Mousses, les membranes
des Laminaires et des Ulves, l’Anastatica hierochuntia, se con-
tractent ou s’enroulent en spirale par la sécheresse, et se dilatent par
l'humidité; les tissus herbacés ou ligneux qui sont encore mous et
spongieux jouissent de la même propriété, et se renflent par l’action
des particules aqueuses. Suivant la nature des tissus, l’humidité
produit la dilatation ou la contraction, sans que le phénomène change
de nature; ce sont de simples modifications d’une même influence.
Les trachées, soumises aux alternatives de la sécheresse et de l’hu-
midité, se contractent et se déroulent comme le ferait un ressort en
spirale par l'effet d'une action mécanique. L'hygrométricité n’est
pas une action vitale, c'est un cas particulier de capillarité; mais,
INTRODUCTION. cel
dans cette circonstance, l’imbibition produit le phénomène sans
qu’on puisse, comme dans la capillarité proprement dite, suivre le
trajet du liquide dans les pores ou les canaux de la plante. La pro-
priété hygrométrique ou hygroscopique de certains végétaux est
bien plus sensible que celle des membranes animales; ainsi, tandis
qu'un cheveu s’allonge ou se contracte de 8 millimètres, un Zami-
naria saccharina présente une différence de 170 millimètres, en
plus ou en moins.
$ 2. Propriétés vitales.
Nos connaissances actuelles ne nous permettant pas de dire ce
que c’est que la vie, on a donné à cet agent mystérieux le nom de
Jorce vitale, sans qu'on en ait pénétré le secret. On a essayé d’en
donner des définitions qui sont ou incomplètes ou inexactes, parce
qu’elles ne se rapportent qu’à des faits particuliers, et non à un fait
général, et l'on en revient toujours à une simple pétition de principe.
La vie est un principe unique qui anime aussi bien l’être simple,
comme les Conferves ou les Vauchéries, parmi les végétaux, et les
monades parmi les animaux, que le Chêne ou l’homme au sommet
de l'échelle organique; on peut même dire que, dans les êtres simples
ou complexes, chaque cellule est un résumé de l’être tout entier, et
qu'elle jouit des propriétés qui entretiennent en elle la vie indépen-
dante, avec cette différence que son importance est d’autant plus sub-
ordonnée que l’être est plus élevé. Pour que la définition de la vie soit
exacte, il faut qu’elle s’applique à toute la série des êtres. Treviranus,
Bichat, Humboldt, définissent la vie : la force qui résiste à la destruc-
tion; Kant, préoccupé de l’homme seulement, la fait résider dans la
volonté; d’autres, dans l’irritabilité; Sprengel et les philosophes na-
turalistes, dans la lutte entre étre et agtr, et beaucoup d’autres, dans
la circulation des fluides dans les organes. Si l’on ne considère que
la vie organique, et c’est la seule qui doive nous occuper, la vie sen-
sitive et la vie active ou de relation étant de simples modes de la
première, on peut dire que c’est la force indépendante des lois mé-
caniques et chimiques , en vertu de laquelle des fluides empruntés aux
agents ambiants pénètrent dans les tissus des corps organisés par in-
tussusception , y circulent et y sont soumis à la loi d’assimilation par
suite d’un échange non interrompu entre l'être vivant et le monde
eclij INTRODUCTION.
extérieur. Quelle que soit la définition qu’on donne de la vie, on la
trouve une dans tout le monde organique : elle a pour instruments les
organes, et se manifeste de mille manières suivant le mode d’agré-
gation des molécules animées. Ce n’est que dans l’échelle inférieure
de l’animalité que chaque lambeau de tissu, chaque molécule jouit
d’une existence presque indépendante, car l’être complexe semble
composé d’un agrégat de myriades de molécules soumises à une
loi commune. Dans le règne végétal, il en est autrement : la vie est
répandue partout avec plus d'unité, et l’on peut dire que, même dans
les Dicotylédones, on peut, avec un fragment herbacé, obtenir un
individu nouveau. On admet dans les végétaux trois propriétés dis-
tüinctes, qui ne sont, au reste, qu’une seule et même propriété, trans-
formée et exaltée : ce sont l’excitabilité, l’irritabilité et la sensibilité.
L’excitabilité est la propriété première et fondamentale qui cons-
titue l’essence primitive de la vie organique; c’est elle qui la fait ré-
sister aux agents de destruction qui desagrégent les corps inertes, et
qui permet au végétal d’accomplir ses fonctions et de se développer
pendant la période fixée pour la durée de sa vie. C’est en vertu de
l’excitabilité que les végétaux font un échange continuel avec les
agents ambiants, tels que l’air, la chaleur, la lumière, l'électricité
même, dont le rôle est encore obscur, et qu’ils parcourent leur pé-
riode de vie. L’ascension de la séve n’est pas une simple imbibition;
l'élaboration des sucs propres n’est pas une action qui puisse se
soustraire à l’action vitale; en un mot, dans le plus petit et le plus
inaperçu des végétaux, l’excritabilité est la loi en vertu de laquelle il
manifeste son existence.
L’irritabilité est un phénomène particulier, tandis que l’excita-
bilté est un phénomène général; mais il n’existe pas chez les vé-
gétaux au même degré que chez les animaux, et l’on ne l’aperçoit
clairement que dans un petit nombre de plantes. La plupart des H1-
mosa manifestent une irritabilité très-apparente quand on en touche
même légèrement les feuilles; la lèvre inférieure et pendante du
stigmate des Himulus se redresse à la moindre piqüre, et s’applique
contre la lèvre supérieure, sans qu'on puisse lui faire reprendre sa
première position, les poils glanduleux qui bordent les feuilles du
Drosera se couchent dès qu'on les irrite; les étamines de l’Épine-
vinette se jettent brusquement sur le pistil quand on en titille la
base, et J'ai remarqué qu’en pressant légèrement la base du péri-
INTRODUCTION. cclii]
gone des.Asphodèles un peu avant l’anthèse, les divisions s'ouvrent
et s’étalent presque instantanément. L'action des acides produit sur
les Sensitives le même effet que l’attouchement, et il est évident
qu’ils développent le même phénomène chez tous les végétaux irri-
tables. On voit que cette propriété n’est qu'une excitabilité exaltée,
et non pas, comme dans les tissus animaux, leur propriété fonda-
mentale.
La sensibilité est une propriété bien obseure et très-controversée
quand on l’applique au règne végétal; on n’a pas encore pu cons-
tater chez le végétal une action qui soit le résultat de la sensibilité :
ce serait un mode de la volonté qui ne se trouve manifestement que
dans le règne animal, bien que les êtres inférieurs soient dans un
état voisin de l’apathie qu’on reconnait dans le règne végétal. La
seule raison qu’on fasse valoir pour démontrer que cette propriété
existe dans les plantes, c’est que les poisons charriés dans leurs
tissus les tuent en développant une série de phénomènes analogues à
ceux qu’on remarque chez les animaux. Ainsi, l’opium ralentit l’ac-
tion de la vie et agit bien évidemment sur les centres vitaux, en
détruisant la contractilité; mais tous ces phénomènes, aussi bien
d'irritabilité que de sensibilité, ne sont que de simples modes de
l’excitabilité, la seule de ces propriétés qu’on retrouve identique dans
tous les végétaux. On doit, au reste, avouer que dans la physiologie
végétale il règne encore tant d'incertitude, que l’on ne peut en tirer
les mêmes lumières que de la physiologie animale; c’est pourquoi,
dans le cours de cet ouvrage, je donnerai, sans m’arrêter à discuter
les théories contradictoires, les opinions que je crois le plus con-
formes à la vérité.
CHAPITRE IX.
TYPE IDÉAL DE LA PLANTE.
Avant de faire connaître dans leurs détails intimes les différentes
parties qui concourent par leur réunion à former le végétal, je crois,
pour qu’une idée d'ensemble fasse connaître ce que c’est qu’une
plante, et de quelles parties essentielles elle se compose dans son état
parfait, devoir présenter une plante-type servant d'idéal, en mon-
cchv INTRODUCTION.
trant la métamorphose successive de la feuille pour en former les dif-
férentes parties, de sorte qu’on ne distingue que deux actes dans
l’évolution du végétal : le bourgeonnement et la foliation.
J’emprunte à M. Schleiden le type qu'il a figuré, et qui remplit le
but que je me propose.
La graine, déposée dans le sol, brise son enveloppe et plonge dans
la terre une partie conique ayant pour fonction de servir à la plante
à recueillir les matériaux de nutrition : c’est la radicule, qui devient,
en se développant, une racine entourée de racines plus petites ou
radicelles. Elle a pour propriété de plonger dans le sol, quand elle
est, comme à son origine, la racine du bourgeon primitif; car, dans
les bourgeons postérieurs, elle pénètre dans la substance même de
la plante. Au-dessus de la racine et avant le bourgeon est le collet,
système indifférent qui est intermédiaire entre la racine et la tige,
au-dessus duquel apparaît un petit corps cylindrique, qui est le ru-
diment de la tige : c’est le bourgeon primitif, composé de feuilles ru-
dimentaires soudées dans leur partie inférieure ; il en résulte que la
tige se compose de la base des feuilles, des racines des bourgeons et
du tissu cellulaire, qui en remplit toutes les cavités; de chaque côté
s’étalent les deux valves de la graine ou cotylédons, qui doivent
servir au premier développement du végétal, et font l'office de ma-
melles fournissant à la jeune plante sa première nourriture. Au centre
se développent les premières feuilles, qui naissent d’an bourgeon
central; depuis la première foliation jusqu’à la floraison, c’est de
nœud en nœud la répétition des mêmes phénomènes; mais les bour-
geons deviennent latéraux pour former les organes appendiculaires;
car, outre le bourgeon terminal qui sert à l’élongation de la plante,
il se développe, dans l’aisselle des feuilles, des bourgeons axil-
laires, destinés à devenir des rameaux. Arrivé au terme de son déve-
loppement, le bourgeon terminal devient fleur, et c’est dans l’aisselle
de la feuille florifère qu'apparait le bouton. Les feuilles changent
alors de figure et de fonction, et forment une première enveloppe
florale, qui est le calice ou premier verticille; au centre de celui-ci,
des feuilles transformées forment un second verticille, appelé la co-
rolle, mais d’un tissu différent et presque toujours coloré; un troi-
sième verticille, de figure plus différente encore, est le premier or-
gane de la fécondation, naissant dans l’aisselle du pétale; ce sont les
étamines, composées d’un filet qui supporte une masse ellipsoïde à
INTRODUCTION. cclv
deux loges renfermant le pollen; le quatrième verticille est le fruit,
qui se compose de feuilles séminifères formant le péricarpe, et au
centre, un cinquième verticille, qui est le placenta, portant les
graines qui servent à la reproduction de la plante. La vie du végétal
est donc un cycle qui reproduit les mêmes phénomènes, et perpétue
ainsi à la surface de la terre la nature vivante. Il y a cinq phases évo-
lutives pour le développement de la plante depuis la germination
jusqu’à la floraison, qui présente à son tour cinq phases d’évolution
jusqu’à la perfection de la semence.
Telle est l’idée du végétal le plus complexe, celui qui réunit l’en-
semble des organes qui appartiennent aux êtres les plus parfaits du
règne végétal; 1l nous reste maintenant à étudier séparément chacune
des parties qui le composent, en l’envisageant sous un triple point
de vue : 1° le caractère extérieur ; 2° la structure; 3° la fonction.
> ——
CHAPITRE X.
ORGANES COMPOSÉS.
DES RACINES.
Dans l’acception vulgaire du mot, on appelle racines les parties de
la plante qui sont plongées dans le sol; mais en botanique on réserve
ce nom pour l'appareil qui ne présente ni renflements vitaux destinés
à donner naissance à des organes latéraux ou appendiculaires, ni
bourgeons; ses ramifications sont, au contraire, toujours disposées
dans un ordre irrégulier ou asymétrique. Les racines, fixées dans le
sol, y font descendre leurs ramifications de haut en bas.
$ 1”. Caractères extérieurs.
Lorsque les racines commencent à se développer, c’est une espèce
de pivot qui descend dans le sol comme un prolongement inférieur de
la tige. Elles sont composées d’un corps ou pivot, et de ramifica-
tions, garnies de fibrilles ou radicelles, qu’on connaît plus générale-
ment sous le nom de chevelu, dont l'extrémité est munie d’un petit
renflement celluleux appelé srongiole. On ne trouve sur les racines ni
cclv) INTRODUCTION.
stomates, ni lenticelles, mais quelquefois des espèces de poils formés
d’une seule cellule, ou unicellulés.
Elles sont, comme les plantes qu’elles nourrissent, annuelles, bis-
annuelles ou vivaces ; et, quant à la direction, pévotantes, quand elles
plongent, dès leur origine, perpendiculairement dans le sol; obliques,
quand elles dévient de la ligne droite ; horizontales, lorsqu'elles sont
parallèles au sol, et descendantes, lorsqu’après avoir été horizon-
tales, elles s’infléchissent et plongent leur pivot perpendiculairement
dans la terre. Il s’en faut beaucoup que ces directions soient abso-
lues; on en voit qui, tout en suivant cette direction, sont courbées,
flexueuses ou contournées; mais il y en a un grand nombre d’ab-
solument droites.
Elles sont simples quand elles présentent un seul corps accom-
pagné de fibrilles peu nombreuses et fort courtes. On y distingue le
collet, appelé encore base, nœud vital, marqué par un rétrécis-
sement qui établit la ligne de démarcation entre lui et la tige, le
corps ou la partie moyenne, variable de forme, de consistance et
de volume, et les radicelles. Quelques végétaux ont des racines
doubles : les unes enfoncées dans le sol, et d’autres flottantes,
ainsi que cela se voit dans le Ményanthe ou Trèfle d’eau, et l'Utri-
culaire. On les a appelées racines secondaires ; mais ce n’est qu’une
simple variété des racines adventives ou aériennes. Dans certains
végétaux, tels que le Ranunculus falcatus, les racines portent à
leur extrémité un verticille de racines secondaires. Souvent, comme
dans le Fromental et la Gratiole, ces racines partent de la base de
la tige.
Les racines aériennes, très-communes dans les Monocotylédones
et beaucoup plus rares dans les Dicotylédones, sont celles qui nais-
sent à la surface des tiges, souvent aux points où sont les nœuds vi-
taux, comme dans le Z'ecoma radicans, la Vigne vierge, le Clusia
rosea, les Cactus, le Ludovica funifera , le Figuier des Pagodes et
le Pandanus. On remarque, dans la Cuscute, que la racine vraie, ou
terrestre, périt bientôt, et que la plante ne vit plus que par des
suçoirs qui adhèrent aux végétaux voisins et y puisent leur nourri-
ture. C’est au moyen de ses racines aériennes que le Cipo matador,
qui s'élève à une grande hauteur, s’enlace autour des arbres qui sont
dans son voisinage et se soutient dans sa position verticale. Les ra-
cines aériennes du Cipo d’Imbé pendent jusqu'à terre comme des
INTRODUCTION. cclvi)
cordes; les Mangliers sont dans le même cas : ils laissent pendre des
racines aériennes longues de 3 mètres, qui pénètrent dans le sol.
Dans les parasites, comme le Gui, les racines ne sont pas aériennes,
elles plongent dans l'écorce de l’arbre qui porte la plante, comme
les autres végétaux dans le sol. La Clandestine vit comme la Cus-
cute : elle commence par une racine terrestre et ne développe
qu'après ses racines meurtrières, qui pénètrent jusqu’au vieux bois.
On a donné le nom de racines accessoires à celles des plantes qui se
multiplient par jets rampants, comme le Fraisier.
Considérées sous le rapport de la forme, les racines, quoique le
plus communément coniques, présentent de nombreuses variétés de
figure : elles sont zapiformes où en toupie, quand la partie supé-
rieure, large et arrondie, se termine brusquement en pointe; le
Navet en offre un exemple; coniques dans la Carotte; fusiformes
dans la Rave; fibreuses, lorsqu'elles out un corps droit garni de
radicelles; capillaires, quand les fibrilles qui les composent sont
fines et nombreuses, le Lin; chevelues, lorsque ces mêmes fibrilles
forment une sorte de touffe très-épaisse, les Bruyères; 1ronquées
dans la Scabieuse mors du diable, qui est coupée net à son extré-
mité au lieu de se terminer en pointe; rondes dans le Cabaret, lors-
que les diamètres en sont égaux; contournées dans la Bistorte, où
on les voit affecter différentes courbures; bifurquées dans le Ginseng;
tuberculeuses, quand elles sont formées d’un tubercule arrondi, comme
dans la Capucine tubéreuse, ou qu’elles sont charnues et peuvent par
leurs divisions donner naissance à d’autres individus; didymées dans
certains Orchis, dont les racines sont composées de deux tubercules
ovoïdes ; palmées dans certaines espèces de cette même famille ; dégi-
tées, ou en forme de main, dans l’Igname ; fusciculées, ou composées
_ de tubercules en faisceau, dans l’Asphodèle rameuse et la Ficaire;
Juniformes, ou en cordes, dans le Pandanus, le Dracæna ; grumeuses,
quand les fibres, courtes et charnues, sont entrelacées, l’'Opzrys ni-
dus avis; moniliformes, quand les tubercules sont séparés par des
étranglements comme les grains d’un chapelet; carénées, exemple
fort rare, puisqu'on ne connaît qu’une seule plante, le Polysala se-
nega, dont la racine offre un côté anguleux ou en carène.
Le volume des racines est encore très-variable et ne répond pas
toujours à la taille de la plante, bien qu’en général, dans les grands
végétaux , le volume soit en rapport avec celui des branches; mais
TOME I, INTRODUCTION. — Livraison hh. hh
celvii] INTRODUCTION.
les exceptions sont assez nombreuses. Tandis que les Palmiers et les
arbres résineux ont de petites racines, les Géraniers les ont dispro-
portionnées avec leur taille; le Zarnus elephantipes Va énorme ;
les Luzernes ont des racines si longues, qu’on a beaucoup de peine à
en débarrasser le terrain dans lequel elles ont crü; celles de la Bryone,
dont les tiges sont grêles et grimpantes, acquièrent le volume d’une
grosse betterave. Les plantes grasses et charnues ont des racines qui
semblent ne leur servir que de base de sustentation, et les feuilles
paraissent en remplir les fonctions.
Quant à la surface, elles sont lisses, ridées, tuberculeuses, ou
annelées.
Sous le rapport de la couleur, elles varient beaucoup : elles sont
noires dans l’Ellébore, brunes dans le Doronic, rouges dans la Re-
nouée, rousses dans la Valériane celtique, jaunes dans la Chélidoine,
blanches dans la Courge bouteille, le Raïfort, le Navet, etc.
Sous le rapport de la consistance, elles sont : charnues dans la
Betterave, molles dans la Pivoine, /igneuses dans les grands végé-
taux, creuses dans la Corydale bulbeuse, solides dans la plupart des
plantes. Elles sont également gorgées de sucs, de nature et de pro-
priétés différentes, suivant les familles : dcres et huileux dans les
Euphorbes, nauséeux dans les Pavots, résineux dans la Bryone,
sucrés dans la Réglisse. À
Quoique la plupart des racines soient presque inodores, il y en a
qui sont douées d’odeurs très-pénétrantes. Le Vetiver a des racines
camphrées , le Carvi les à aromatiques ; dans l’'Ache des marais,
l'odeur est rzauséeuse, narcotique dans le Chanvre, fétide dans le
Robinier, la Mandragore, etc. è
Les végétaux acotylédones de ordre inférieur, tels que les Nos-
tocs, les Conferves, n’ont pas de radicelles; c'est au moyen du déve-
loppement des cellules de la couche inférieure de la plante, qui font
l'office de spongioles, que ces végétaux se mettent en rapport avec
le milieu ambiant, et ils se nourrissent par toute leur surface. On
trouve, dans les Algues et les Lichens, des racines cramponnantes,
expansives, délicates, qui servent moins à les nourrir qu’à les fixer
aux corps voisins. Dans les végétaux acotylédones vasculaires, les
racines sont fibreuses; elles sont capillaires dans les Acotylédones
cellulaires. Certaines espèces de Mousses n’ont de racines que dans
leur jeune âge; lorsqu'elles ont acquis tout leur développement, les
INTRODUCTION. cchx
racines disparaissent entièrement. Les racines accessoires sont aussi
communes dans les Cryptogames que dans les Phanérogames, et
sont susceptibles de se développer sur le tronc, les branches et les
feuilles. Dans les Monocotylédones, elles sont communément fasci-
culées, fibreuses, et l’on y trouve plus rarement des racines simples,
bien que dans les Mélanthacées , les Dioscorées, les Hypoxidées, les
Orchidées, on trouve des racines tubéreuses, qu’il ne faut pas con-
fondre avec les rhizomes, ou tiges souterraines, très-communes dans
les végétaux de cette classe. Les Drcotylédones présentent la plus
grande variété de forme dans leurs racines, qui sont, comme je l'ai
déjà dit, plus généralement pivotantes et coniques.
$ 2. Anatomie des racines.
Un des caractères propres à la racine est de manquer de moelle
et d'étui médullaire. Les vaisseaux et les fibres qu’on y trouve sont
analogues à ceux des tiges, à l’exception des trachées dont l’exis-
tence est encore contestée, bien qu’on y remarque évidemment de
fausses trachées, ou trachées non déroulables. Le tissu cellulaire y
est identique à celui des tiges, et souvent gorgé de sucs propres ou
de fécule. L’épiderme est dépourvu de stomates, et le tissu cellu-
laire qui entre dans sa composition est peu différent de celui qui en
constitue le corps. On remarque des prolongements unicellulés qui.
ressemblent à des poils et qui se trouvent à l’extrémité des racines;
et, tout à fait au bout de chaque radicelle, un petit renflement à
peine sensible, appelé spongiole, dont les cellules closes sont dis-
posées en globe autour des extrémités radiculaires, et qui sont évi-
demment les véritables appareils de nutrition. Les spongioles des
racines sont essentiellement composées de tissu cellulaire : les cellules
en sont arrondies ou ovales.
On trouve, dans les trois grandes classes du règne végétal, la re-
production de la loi d'ascendance : les racines des Acotylédones sont
purement utriculaires dans les cellulaires; et, dans les vasculaires,
on remarque un axe fibro-vasculaire, correspondant à l’organisation
de la tige. Celles des Monocotylédones ont une structure semblable
à celle de la tige. Dans les petites racines, on trouve les vaisseaux
réunis souvent en un seul faisceau, et formant comme un axe en-
touré d’une masse cellulaire. Dans les racines plus grosses, les vais
cclx INTRODUCTION.
seaux sont plus nombreux, mais, en augmentant en nombre, ils
décroissent en diamètre à mesure qu’ils passent du centre à la péri-
phérie; ils forment souvent dés séries simples, ou se réunissent à la
base, et divergent au sommet. Au centre sont les vaisseaux ponctués;
à l'extérieur, on trouve des vaisseaux scalariformes, et chaque vais-
seau est entouré de tissu fibreux. C’est dans la masse cellulaire que
se trouvent les vaisseaux propres.
Dans les Dicotylédones, les dissemblances entre la structure de la
racine et celle de la tige sont plus grandes : on ne trouve, dans la
racine, ni moelle, ni étui médullaire; ou si elle se prolonge de la
tige au delà du collet, comme cela se voit dans certains végétaux
ligneux, ce n’est qu’une exception. L’axe de la racine est donc dé-
pourvu des trachées déroulables qui se rencontrent dans la tige.
$ 3. Fonctions.
La racine à deux fonctions, qui sont également importantes dans
la vie du végétal : elle lui sert de base de sustentation et d'appareil
absorbant. C’est par l'extrémité de ses radicelles et par ses spon-
gioles, qu'elle absorbe les éléments de nutrition liquides répandus
dans le sol; ils traversent les parois des cellules en vertu d’une
loi appelée exdosmose, fondée sur la tendance des liquides à se
mettre en équilibre quand ils sont séparés par une membrane per-
méable. Ainsi, quand deux liquides de densité différente sont sé-
parés par un diaphragme perméable, il s'établit un double courant de
dedans en dehors et de dehors en dedans, jusqu’à ce que les liquides
qui se trouvent des deux côtés du diaphragme soient en équilibre,
c'est-à-dire que la densité en soit égale. Les cellules radiculaires conte-
nant un liquide de densité supérieure à celle de l’eau dont la terre est
imbibée, il s'établit un courant continu qui fait sans cesse passer
dans les cellules le liquide extérieur, et le charrie de proche en
proche dans tout l’appareil de nutrition. Ce n’est pas de l’eau pure
seulement qu’absorbent les racines, car ce liquide serait impropre,
non pas à l'entretien de la vie, puisqu'on a conservé pendant huit
ans des végétaux ligneux dans de l’eau distillée, mais à leur déve-
loppement, ce que prouve le peu d’accroissement pris par ces mêmes
végétaux. Il faut donc, pour que l'évolution ait lieu, que le fluide
absorbé par la racine contienne en dissolution des principes gazeux
ou des sels.
INTRODUCTION. cclx]
Les extrémités radiculaires, étant les véritables organes d’absorp-
tion, sont dépourvues de toute enveloppe épidermique, et leur fonc-
tion s'exerce tant que dure le cycle de la végétation. C’est par suite
de cette vitalité des radicelles, que l'accroissement en longueur de la
racine a lieu uniquement par les extrémités. Dans leur activité fonc-
tionnelle, les racines n’absorbent que les liquides et les matières
solubles capables d’arriver à un état complet de combinaison avec
l'eau; mais toutes celles qui sont en simple état de suspension ne
sont pas absorbées. C’est pourquoi les solutions colorées ne sont
pas charriées dans les vaisseaux de la plante, et que la coloration n’a
lieu que par simple imbibition , sans que la séve soit colorée. Une fois
le liquide nourricier admis dans les cellules radiculaires, il est poussé
de proche en proche vers le collet, et de là il passe dans la tige et
fournit la séve ascendante. Quant au mode de circulation, 1l est en-
core obscurément connu; seulement, il est vraisemblable que par
l'effet de la contractilité propre aux tissus vivants, et par suite du
concours des deux phénomènes d’hygroscopicité et de capillarité,
les liquides absorbés par les spongioles pénètrent dans les méats in-
tercellulaires.
Malgré leur position, les racines sont soumises à l'influence de l’air
atmosphérique; c’est pourquoi les végétaux souffrent quand les ra-
cines sont trop enterrées, ou qu’elles plongent dans des eaux stag-
nantes. Il est évident que la présence de l'oxygène est nécessaire à
leur vie, comme l’ont prouvé les expériences de Th. de Saussure.
On attribue aux racines une autre fonction, qui n’est encore fondée
que sur une théorie et présente néanmoins quelques caractères de
probabilité : ce serait de He au dehors les matériaux devenus im-
propres à la nutrition, ce qu’on appelle excrétion. La séve, après
avoir parcouru toute la plante et y avoir porté la vie, serait, comme
le sang veineux, dépouillée de toute propriété alibile, et redescen-
drait dans les racines pour être rejetée au dehors par les radicelles.
On regarde comme des excrétions végétales, le mucilage qui se
trouve à l'extrémité des racines. On sait que le Cnicus arvensts
fait périr l’Avoine, que l’£rigeron acre et le Lolium temulentum sont
un fléau pour les Céréales, que le Pavot coquelicot et la Scabieuse
des champs sont funestes aux plantations de Lin, ce qui semblerait
prouver que ces végétaux déposent dans le sol Ms matières excré-
tées qui exercent sur des autres plantes une influence délétère, jus-
celxi) INTRODUCTION.
qu’à ce que ces principes, décomposés à leur tour, aient perdu toute
propriété. On explique l’effritement du sol par l’épuisement que cau-
sent les végétaux qui ont donné leurs produits, et l’ont dépouillé de
ses éléments alibiles. On peut objecter à la première théorie, et même
à la seconde, l’exemple des prairies naturelles, qui voient se suc-
céder sans interruption une longue suite de générations végétales
sans que leur fertilité en soit diminuée, et celui des forêts, dont le sol
devrait être saturé de ces excrétions meurtrières. On répond, pour
ces dernières, que les racines se plongeant sans cesse dans un sol
plus profond , se trouvent à l’abri de cette influence; mais ce n’est
encore qu'une hypothèse. Quelques auteurs pensent, avec moins de
fondement peut-être, que cette séve devenue impropre à la nutri-
tion serait, comme le sang veineux, rajeunie par une séve nouvelle,
et reprendrait son cours dans la plante. Quoi qu’il en soit, cette doc-
trine est encore fort obscure et demande à être soumise à des expé-
riences réitérées. On a voulu expliquer par la théorie des excrétions
la nécessité des assolements : la plante se trouvant plongée dans un
sol saturé de matières excrétées, n’y trouverait plus d'éléments
propres à la vie et refuserait d’y croître, tandis qu’une autre plante
y réussirait. Tout ceci est fondé sur des idées théoriques que l’ex-
périence n’a pas encore confirmées. Il importerait d’être fixé sur
la réalité d’un fait d’une si haute utilité d'application, parce qu’il
introduirait dans l’agriculture des idées et des méthodes d’assole-
ment nouvelles, et ferait mieux connaître les affinités et les antipa-
thies végétales; mais nous n’avons pas encore de travaux scienti-
fiques sur cette matière, et à l’avenir seul est réservée la connaissance
de la vérité.
CHAPITRE XI.
DES TIGES.
La tige est l’axe du système végétal; il peut être comparé à la
réunion des vertèbres qui composent la colonne vertébrale des ani-
maux supérieurs, et, comme elle, il se compose d'éléments ajoutés
bout à bout, qui donnent naissance aux organes appendiculaires,
pourtant avec cette différence que, dans les animaux vertébrés, le
INTRODUCTION. celxii}
corps est composé de deux parties similaires, et que, malgré la sim-
plicité apparente du canal rachidien, l’axe cérébro-spinal est réelle-
ment double, tandis que le végétal a un seul et unique axe.
$ 1”. Caractères extérieurs. — Des tiges aériennes.
Toutes les plantes phanérogames sont pourvues d’une tige : quand
la tige est apparente, on les appelle caulescentes, et quand elle est
si courte que les feuilles semblent sortir de la racine même, on leur
donne le nom de plantes acaules.
Dans les Dicotylédones, la tige des arbres s’appelle #ronc; le nom
de zige est réservé pour les arbrisseaux, les arbustes et les herbes.
La tige des Graminées et des Cypéracées s’appelle chaume ; c’est un
tube creux, cylindrique, entrecoupé de nœuds dans les Graminées
et lisse dans les Cypéracées. On a improprement donné à la tige de
ces derniers le nom de chalumeau. On appelle stipe le tronc des
Palmiers, tels que le Cocotier, le Dattier; c’est un long fût, d’une
égale grosseur dans toute son étendue, quelquefois un peu renflé au
milieu, portant l'empreinte des feuilles qui chaque année le termi-
nent, et le sommet est couronné par un large bouquet de feuilles au
centre desquelles se développent les organes reproducteurs. La tige
des autres végétaux Monocotylédones arborescents porte le même
nom. |
Suivant la durée des tiges, elles sont désignées sous les noms de
vivaces , quand leur durée est illimitée ; de bisannuelles, quand elles
durent deux ans ou plus; et d’annuelles, quand elles accomplissent
en une année leur période de végétation. Un fait à bien observer
pour avoir une idée exacte du végétal, c’est qu’un axe ne porte ja-
mais de fleurs qu’une seule fois, et que la continuité de la production
des fleurs et des fruits vient de la succession des axes qui se renou-
vellent en se superposant.
Les tiges vivaces et solides sont dites Zgneuses. L'arbre, le plus
parfait des végétaux ligneux, a un tronc élevé, conique , terminé par
uue tête composée d’une multitude de rameaux. On appelle arbores-
cents les végétaux ligneux plus petits que l’arbre et dépourvus de
tronc; ils comprennent l’arbrisseau ( frutex), qui est ligneux dans
toutes ses parties, sans avoir néanmoins de tronc distinct, l'Au-
bépine; l’arbuste, qui est également ligneux , mais au lieu de s’al-
ecixiv INTRODUCTION.
longer par de vrais bourgeons, comme l’arbrisseau, en est privé; sa
taille varie de 1 mètre à 4, tandis que le précédent s’élève jusqu’à 6
ou 7 mètres; le sous-arbrisseau (suffrutex), qui affecte la forme d’un
petit buisson, et n’est ligneux qu'à sa base; il ne s'élève qu’à 1 mètre
au plus. La tige arborée est celle qui se voit dans les végétaux an-
nuels, bisannuels ou vivaces, affectant la figure d’un arbre, et dont
le tissu est presque toujours herbacé; le Datura arborea, le Lavatera
arborea, en sont les meilleurs exemples. Celles qui sont molles et fra-
giles s'appellent kerbacées. On peut placer dans cette catégorie la
hampe, que l’on devrait avec raison regarder comme un simple
pédoncule, et qui est propre surtout aux Monocotylédones : elle est
nue dans la Jacinthe, feuillée dans la Couronne impériale, diphylle
dans les Ornithogales. On donne ce nom aux tiges florifères des Di-
cotylédones, quand elles partent directement du faisceau des feuilles
radicales, comme dans la Paquerette; dans l’Hépatique, la hampe est
munie d’une collerette. Le Pédoncule radical est une hampe qui ne
nait pas des feuilles radicales, mais de l’aisselle d’une des feuilles, le
Pissenlit. Il arrive cependant que des tiges herbacées, telles que celles
du Bambou et de l’Ærundo donax, tout en étant herbacées, acquièrent
une consistance qui les fait ressembler à des plantes ligneuses, et les
tiges des plantes grasses ou succulentes deviennent ligneuses en vieil-
lissant. La tige est pleine, quand elle n’a pas de cavité centrale; rné-
dulleuse, quand elle contient, comme le Soleil, une moelle abondante;
fistuleuse, quand elle est creuse d’un bout à l’autre; et cloisonnée,
quand la moelle, au lieu d’être continue, se compose de diaphragmes
qui la divisent comme autant de cloisons. On peut, dans la plupart
des cas, tirer des caractères de la consistance de la tige : il y a
des familles entières qui sont composées de genres ligneux; telles
sont les Conifères, les Amentacées, les Aurantiacées, d’autres, au
au contraire, comme les Primulacées, les Caryophyllées, les Ombel-
lifères, ne renferment que des végétaux herbacés. Il y a cependant
des exceptions; ainsi, les Rosacées, les Papilionacées, contiennent
des genres ligneux et herbacés; mais les genres présentent des carac-
tères plus constants, et l’on n’en voit que par exception renfermer
des espèces herbacées et ligneuses. Les Cactées, les Ficoïdes, sont
toutes à tiges charnues, et, à part le Maïs et le Saccharum officinale,
les Graminées sont fistuleuses.
Je ne parlerai pas longuement de la variation de dimension des tiges :
INTRODUCTION. ccixv
les unes ont à peine quelques centimètres de hauteur, et d’autres s’élè-
vent jusqu à 40 et 50 mètres; d’où les noms spécifiques de grand,
médiocre, petit, nain, etc. Leur volume varie aussi : les unes sont
capillaires, quand elles ont la finesse d’un cheveu; les autres sont
sétacées , lorsque leur diamètre est celui d’une soie; on appelle #4-
Jorme la tige mince comme un fil.
La forme cylndrique est celle des stipes des Monocotylédones ar-
borescentes; la tige des arbres de la classe des Dicotylédones est co-
nique, ce qui n'empêche pas de la regarder comme cylindrique. La
tige est articulée, quand elle est formée de pièces assemblées bout à
bout, comme dans les Prêles; géniculée, lorsqu'elle est infléchie aux
articulations, le Vulpin géniculé; noueuse, comme dans les Grami-
nées et le Polygonum hydropiper, quand elle est interrompue de
distance en distance par des renflements; anguleuse, lorsqu'elle est
munie de lignes ou crêtes saillantes, comme dans le Convallaria lati-
folia; ancipitée, où à deux angles, dans l’Aypericum androsæmum ;
elle est comprimée, dans le Poa compressa ; triangulaire, dans le
Scirpus sylvaticus; quadrangulaire, où à quatre angles, dans les
Labiées, lAériplex halimus; quinquangulaire, où à cinq angles,
dans l’Æriocaulon pentagonum; sexangulaire où hexagone, dans
le Silphiun trifoliatum. Le nombre des angles s'élève à dix, douze
et quelquefois plus. On a voulu, lorsque les angles, au lieu de pré-
senter des arêtes vives, sont arrondis, leur imposer assez inutilement
les noms de frigone, tétragone, pentagone ; mais cette distinction est
oiseuse, et peut apporter plus de confusion que répandre de lumière.
On appelle acutangulée la tige dont les angles sont réellement aigus,
comme le Chironia acutangularis, et obtusangulée celle à angles
obtus, comme la Monarde écarlate. Les tiges cannelées, ou sillon-
nées, sont celles qui sont creusées de cannelures profondes ; quand
ces stries sont fines , on les appelle séréées ; et aëlées, lorsqu'elles sont
munies d’expansions foliacées.
Sous le rapport de la surface, la tige est pubescente, lorsqu’elle est,
comme dans la Joubarbe ou l’Alkekenge, couverte d’un léger poil
follet; veloutée, dans l’Echeverria coccinea ; {omenteuse, OU Cou-
verte d’un poil court, épais et semblable à du feutre, dans la Pulsa-
tille ; vélleuse, lorsque les poils qui la couvrent sont distincts et rap-
prochés, la Jusquiame; kispide, quand les poils sont longs et rudes,
le Cotonnier herbacé; wxte, lorsqu'elle ne porte aucune saillie ni
TOME I, INTRODUCTION. — Livraison li. ii
cclxv)j INTRODUCTION.
aspérité; lisse ou glabre, lorsqu'elle est entièrement nue et douce
au toucher, le Lamium lævigatum ; scabre , lorsqu’elle est parsemée
d'irrégularités, comme est le Mélampyre des champs; ruriquée,
lorsqu’elle est munie d’aiguillons mous et fléchissant sous le doigt;
tuberculée, quand elle est couverte de petites protubérances, le
Genista pilosa; verruqueuse, quand ce sont des verrues, comme le
Thesion linophyllum; pulvérulente, lorsqu'elle est couverte d’une
espèce de poussière blanchâtre, qui ressemble à de la farine ou de la
cendre, la Primula farinosa; ponctuée, lorsqu'elle est irrégulière-
ment parsemée de points saillants ou non, mais colorés, la Rue des
jardins; #aculée, quand, au lieu de points, ce sont de larges taches,
comme le Conium maculatum.
Sous le rapport de la division, la tige est sérple quand elle ne
présente aucune ramification; dichotome, lorsqu'elle se divise en
deux, comme dans la Màche et un grand nombre de Caryophyllées;
trichotome , en trois; l’exemple le plus frappant est le C/erodendrum
trichotomum; YÉpimède des Alpes et l’Actea spicata présentent
aussi des ramifications trichotomes; elle est rameuse, quand les
branches sont irrégulièrement disposées; branchue, quand les ra-
meaux sont opposés, la Fraxinelle du cap. Les rameaux sont alternes
ou échelonnés alternativement les uns au-dessus des autres, dans Ja
Rose trémière; opposés, quand ils sont par paires avec insertion
sur des points opposés, le Crotalaria opposila; distiques, quand
ils ne sont tournés que de deux côtés; fastigiés, lorsqu'ils sont en
éventail; réfléchis, quand leur convexité est tournée en haut, la
Prêle des bois; perdants, quand ils s’abaissent vers le sol. La tige est
droite où dressée, dans le Saxifraga cotyledon ; réclinée ou nutante,
dans le Convallaria polygonatum ; oblique, quand elle dévie de la
ligne droite; ascendante, quand, après s’être recourbée, elle se re-
dresse. Les tiges décombantes sont celles dont la tête retombe; les
tiges couchées sont étendues sur le sol sans s’y enraciner; quand
elles s’y fixent par des racines, elles sont dites rampantes. La plu-
part des plantes de cette sorte changent de place : après la floraison,
la tige s’allonge, des racines nouvelles s’implantent dans le sol, et la
partie la plus ancienne de la tige se dessèche et disparaît : la Lysima-
chie est dans ce cas; d’autres, comme le Lierre terrestre, se dressent
à la floraison, puis se couchent, s’enracinent, et chaque année c’est
une autre végétation, on pourrait même dire une plante nouvelle. Cer-
INTRODUCTION. celx vip
taines liges destinées à ramper sur le sol si elles étaient sans appui,
et qu’on appelle grimpantes ; s’accrochent aux corps solides où aux
végétaux voisins, tantôt en s’enroulant autour, comme le Chèvre-
feuille, tantôt en s’y attachant par des crampons, comme le Lierre,
ou des vrilles, comme la Bryone. Parmi les tiges grimpantes, on ap-
pelle volubiles celles qui se soutiennent, comme les Lianes, en s’en-
roulant autour de leurs appuis. Les unes s’enroulent de gauche à
droite, comme le Liseron des haies, et c’est le plus grand nombre
des cas; d’autres, comme le Houblon, tournent de droite à gauche.
Dans les végétaux dont la tige, en s’enroulant autour des corps
qui les avoisinent; tourne de gauche à droite (dextrorsum), on trouve
des Monocotylédones et des Dicotylédones; ce sont les genres appar-
tenant aux familles des Fougères, Smilacinées, Dioscorées, Rubia-
cées, Urticées, Polygonées, Chénopodiées, Caprifoliacées et Viola-
riées.
Celles qui affectent une direction différente, en tournant de droite
à gauche (sznistrorsum), appartiennent, sans exception, aux Dico-
tylédones, et sont représentéès par vingt genres appartenant aux
Ménispermées, Légumineuses, Convolvulacées, Acanthacées, Passi-
florées, Apocynées, Cucurbitacées, Malpighiacées et Euphorbiacées.
On compte environ 600 végétaux volubiles, appartenant à 34 fa-
milles, 168 ligneux , 122 herbacés vivaces, et 98 annuels.
Cette direction est si constante, que si l’on cherche à les en faire
changer, elles reprennent, malgré tous les efforts, leur direction
normale.
La cause de la volubilité des plantes est encore un problème; car
rien dans les influences ambiantes, et dans leur structure anatomique,
ne paraît exercer sur elles une action directe. C’est un mystère dont
la solution est encore à découvrir.
Les seules remarques qu’on ait faites sur ce phénomène, et qui
tendraient à le faire regarder comme dépendant de l’action de la lu-
mière, c’est que la volubilité est plus active le jour que la nuit. On ne
peut trouver dans l'embryon d'indice de volubilité : dans les Soudes,
l'embryon roulé en spirale donne naissance à des plantes non volu--
biles; dans les Haricots, l'embryon n’est pas contourné en spirale,
ce qui n'empêche pas les tiges d’être enroulées; certains embryons,.
comme ceux de la Cuscute, sont enroulés et produisent des tiges. vo.
lubiles, qui ne sont cependant pas tordues à leur base.
celx vi] INTRODUCTION.
La volubilité des végétaux est un phénomène assez persistant pour
que, loin de tout support, ils ne s’en tordent pas moins en spirale.
Ils présentent des différences dans la manière dont ils embrassent
leur appui. Le Houblon et le Chèvrefeuille s’en écartent le matin de
15 à 20 centimètres; les Convolvulus et les Haricots, de 5 à 8 seule-
ment; à midi, la sommité en est écartée, et le soir elle s’en rap-
proche.
Lorsque la tige est dépourvue de feuilles, elle est dite aphylle,
telle est l’4ralia nudicaulis ; feuillée, lorsqu'elle est garnie de feuilles
dans toute sa longueur, la Véronique officinale ; m#onophylle, quand
elle n’a qu’une seule feuille, le Zachenalia unifolia; diphylle, ou à
deux feuilles, dans l’Orchis bifolia ; polyphytlle, quand les feuilles
sont très-nombreuses, comme dans le Dracontium polyphyllum.
Des liges souterraines.
Les tiges souterraines ou rizomes, qu’on a longtemps regardées
comme des racines, portent manifestement le caractère des tiges,
dont elles ne diffèrent que parce qu’elles sont couchées sous le sol.
Comme les tiges, elles sont munies de débris d'organes appendicu-
laires et composées de nœuds vitaux, qui émettent des racines, ce
qu’elles ont de commun avec les tiges rampantes : elles sont per-
pendiculaires, obliques ou horizontales , cylindriques ou coniques.
Tantôt elles portent des débris de feuilles, comme dans la Primevère
des bois; tantôt ce ne sont que des écailles, dans lesquelles on re-
connaît facilement des feuilles avortées. La partie appelée tige, dans
lés végétaux à rhizome, est donc tout simplement un pédoncule axil-
laire appelé caudex, qui tient le milieu entre la tige et le stipe; il
se détruit et est remplacé par un nouveau, ce qui épaissit la tige
souterraine, et forme une sorte de bourrelet annulaire. Quant aux
racines véritables, ce sont de longues radicules qui partent des
nœuds vitaux. Dans les Cypéracées à rhizome, ce sont des bour-
geons écailleux portant des racines dans leurs articulations, de sorte
que la tige n’est encore qu’un pédoncule axillaire. Il résulte de cette
double forme de rhizome que les uns, qu’on appelle épigés, pous-
sent leurs feuilles au-dessus du sol, tandis que ceux qui n’ont que
des rudiments de feuilles cachées sous le sol sont appelés Æypogés.
La durée des rhizomes est limitée ou indéfinie, comme celle des
INTRODUCTION. celxix
tiges aériennes. Les unes se multiplient par des bourgeons latéraux,
tels sont les Carex, et les autres continuent de se perpétuer par le
bourgeon terminal, comme cela se voit dans le Sczrpus palustris.
Des bulbes et des tubercules.
Le bulbe, qu’on a longtemps considéré comme une racine, est une
véritable tige, ayant son système ascendant, qui est le bulbe même,
et son système descendant, qui se compose de racines. On trouve
trois parties distinctes dans le bulbe : le plateau, qui porte les ra-
cines; le corps, composé de tuniques charnues; et un bourgeon
central, composé des feuilles et des fleurs rudimentaires.
Dans les bulbes dont la durée est indéterminée, les tuniques exté-
rieures se dessèchent et sont remplacées par des tuniques sous-ja-
centes, fraiches et succulentes, qui ne sont elles-mêmes que la base
des feuilles de l’année précédente et de la gaine qui les embrassait;
au centre est le bourgeon qui donnera naissance à des feuilles nou-
velles; le plateau se termine par un bourgeon foliaire, et la hampe
est un rameau latéral né à l’aisselle des feuilles. Dans ce dévelop-
pement de dedans en dehors, on reconnaît que la tunique externe
n’est que le résultat de la dessiccation des tuniques charnues, qui ont
pendant une année été la base des feuilles, et sont devenues suc-
cessivement de plus en plus extérieures; c’est une rénovation inces-
sante.
Les bulbes dont la durée est limitée ont une structure semblable ;
mais la hampe est centrale et a pour base le plateau; alors la plante
ne se perpétue que par un bourgeon latéral ou caïeu, qui continue
la vie de la plante. Les tuniques des bulbes de cette dernière sorte ne
sont que des feuilles rudimentaires.
Sous le rapport de la forme, les bulbes présentent peu de variétés :
les uns sont turbinés, d’autres ovoides, globuleux , campaniformes
ou déscoïdes.
Les bulbes sont swnples ou composés; les premiers formant le
passage du bulbe au tubercule, je n’en parlerai qu’en second lieu.
Les bulbes composés se divisent en tuniqués et écailleux.
Les bulbes suniqués sont ceux qui sont composés de cercles con-
centriques ou de cônes emboîtés les uns dans les autres, et produi-
sant des feuilles engainantes, l'Oignon, la Jacinthe, le Pancratiu ;
celxx INTRODUCTION.
ils sont écailleux, quand ils se composent d’écailles imbriquées ou
placées en recouvrement, comme les tuiles d’un toit; les feuilles en
sont éparses et n’embrassent jamais complétement la tige, le Lis; ré-
uculés, lorsqu'ils présentent à leur surface un véritable réseau à jour.
Dans certaines plantes, commé dans la Tulipe, les tuniques des
bulbes se soudent, et on les appelle alors bulbes sémples ou solides ;
quelqués-uns, comme le Crocus sativus, s’accroissent par super-
position : c’est un second bulbe qui se pliée sur le premier; on leur
à donné le nom de bulbes superposés. sp également solides,
se multiplient par caïeux.
Aux bulbes succède le zubercule, qui est un corps charnu souvent
rempli de fécule et qui a une origine diverse; les tubercules sont
tantôt, comme dans la Pomme de terre et le Topinambour, des extré-
mités renflées des rameaux souterrains, tantôl, comme les tubercules
de l’Orobe tubéreux, la base des entre-nœuds des tiges souterraines,
où, Comme dans l{doxa moschatellina, \e sommet de ces entre-
nœuds. Ce qui caractérise le tubercule, c’est la présence de bour-
_ geons disposés symétriquement, et dont la position est indiquée par
un petit enfoncément appelé æ/, qu’entoure de toutes parts la chair
du tubercule qui forme un renflemént. Je crois qu’en dehors dé là
tous les tubercules qui n’ont pas ce caractère doivent être rangés
parmi les racines.
La partie la plus importante des tiges est le 2œud vital, qui sert
de point de départ aux bourgéons destinés à produire les organes
appendiculaires. On remarque une triple disposition dans le nœud
vital : il est partiel, quand il n’embrasse qu’une partie de la tige;
tantôt il n’y en a qu’un, et on l'appelle xœud alterne; d’autres fois il
y en a deux en regard, on les appelle nœuds opposés ; les nœuds
sont périphériques quand ils forment un anneau autour de la tige,
ce sont des nœuds verticillés. Suivant la nature des familles; les
nœuds périphériques ne donnent pas toujours naissance à des verti-
cilles, mais à des séries de bourgeons qui embrassent plus ou moins
complétement la tigé.
On a donné le nom d’entre-nœuds où de mnérithalles à là partie de
l'axe comprise entre deux nœuds. :
Les Acotylédones fournissent, dans les Lycopodiacées, les Fou-
sères et les Marsiléacées, des frondes et des rhizomes.
INTRODUCTION. Cclx x};
Les Monocotylédones présentent des stipes dans les Palmiers, des
chaumes dans les Graminées, des souches tubéreuses dans les Aroï-
dées, des tiges fistuleuses à diaphragme dans les Joncinées, des
bulbes tuniqués et solides dans les Liliacées, les Colchicées, des rhi-
zomes dans les Iridées, et des tiges ant “sr des hétisa dans les
Musacées et les Cannées.
Dans les Dicotylédones, on trouve toutes les variétés possibles de
tiges, à l'exception du bulbe : mais les tubercules y sont très-com-
muns; on y trouve aussi des tiges souterraines. C’est dans cette
classe que l’axe muni d'organes appendiculaires apparaît dans toute
sa splendeur.
$ 2. Anatomie des tiges.
Acotylédones. Les végétaux acotylédones inférieurs n’ont pas de
tige; la partie qui s'élève au-dessus du sol affecte des formes di-
verses, mais ne mérite pas le nom de tige. Ce sont des expansions
celluleuses qui sont de structure identique dans toutes leurs parties ;
en arrivant aux Charas on trouve des tubes articulés à rameaux ver-
ticillés, composés d’ane suite de cellules allongées qui sont soudées
au bout les unes des autres; les Mousses et les Hépatiques ont déjà
une tige plus régulière, qui est composée de cellules polyédriques,
avec un axe dont les cellules sont allongées, ou même de la nature
des fibres. Jusqu'à cette famille, on ne trouve pas encore de vais-
seaux ; c’est dans les Mousses qu’ils prennent un caractère plus dé-
fini, mais ils apparaissent manifestement dans les Lycopodiacées et
les Marsiléacées, dont l’axe est réellement vasculaire, et dont il est
cependant impossible de déterminer la nature. Cet axe consiste en un
ou plusieurs faisceaux ou rubans, qui ne semblent pas composés d'une
masse de tissu cellulaire; ils sont formés de vaisseaux rayés, annu-
laires ou scalariformes, et l’on y trouve même de longues fibres qui
ne sont pas toujours soudées entre elles. |
Dans les Fougères herbacées il y a, comme dans les Lycopodes,
un faisceau central unique, ou Disinitrs faisceaux composés de vais-
seaux scalariformes quelquefois prismatiques. Les Fougères arbores-
centes ont une structure différente : autour d’un large centre médul-
laire se trouvent de gros faisceaux disposés en cerele continu ou
interrompu, bordés de fibres parenchymateuses noires, et le centre
cclxxi} INTRODUCTION.
est composé de vaisseaux annulaires rayés et surtout scalariformes,
sans qu’on trouve jamais de trachées déroulables ou de vraies tra-
chées, qui existent, dans quelques espèces, en petits faisceaux arrondis
dans la moelle même. Un cercle extérieur de parenchyme enveloppe
la zone vasculaire , et le tout est revêtu d’une enveloppe dure servant
d’écorce, et formée par la base des feuilles qui se sont succédé.
La coupe longitudinale de la fronde d'une Fougère montre que les
grands faisceaux ne descendent pas en ligne droite, mais sinueuse,
de manière à laisser entre eux des intervalles qui font communiquer
le tissu cellulaire de la périphérie avec celui du centre. On ne sait
pas encore s’il existe dans les tiges de Fougères des vaisseaux lati-
cifères.
Monocotylédones. Les tiges des Monocotylédones sont composées
de faisceaux ligneux disposés sans ordre apparent, au milieu du
tissu cellulaire; ils sont plus nombreux à la périphérie qu’au centre,
qui est presque entièrement cellulaire, sans pour cela représenter la
moelle proprement dite. Dans certains végétaux, tels que l’A4rundo
donax, le Bambou et les Graminées, il y a résorption successive de
la moelle; la tige devient fistuleuse, et l’on retrouve dans la partie
périphérique le tissu cellulaire parcouru dans toute sa longueur par
des faisceaux de fibres ligneuses. Dans les Palmiers, plus élevés dans
l'ordre d'évolution, on trouve que les faisceaux fibro-vasculaires sont
enveloppés d’une masse de fibres épaisses; au centre, un amas de
tissu cellulaire formant le parenchyme, dans l’intérieur duquel on re-
marque des vaisseaux ponctués de gros calibre, des trachées plus au
centre, et, entre le tissu fibreux et le parenchyme, les vaisseaux lati-
cifères. Ce qui distingue les Monocotylédones des Dicotylédones,
c’est que, dans les premières, les éléments organiques qui constituent
la tige, au lieu de se diviser pour former, d’un côté, l'écorce , et de
l’autre le bois, conservent leur structure sans aucun changement :
aussi n’y voit-on pas les couches concentriques qui se forment chaque
année dans les Dicotylédones. La structure interne des tiges des
Monocotylédones se distingue donc par l'absence de couches con-
centriques et de rayons médullaires, avec des faisceaux fibreux en-
lourés par le tissu cellulaire qui constitue la moelle : aussi voit-on,
dans les coupes horizontales des Palmiers, le centre avec de rares
faisceaux ligneux; à la partie extérieure, les faisceaux ligneux sont
plus nombreux et forment une zone plus compacte, et plus extérieu-
INTRODUCTION. cclxxi}
rement encore, à cette partie, qu'on pourrait comparer au ligneux
des Dicotylédones, une zone externe moins compacte avec des fais-
ceaux plus rares, et une couche cellulaire plus dure, qui forme l'écorce
ou l’enveloppe corticale. En examinant cette structure, on trouve en
haut les éléments qui constituent le bois, et en bas ceux qui repré-
sentent l'écorce. Dans la partie supérieure, le faisceau présente des
trachées, ensuite des vaisseaux plus gros entourés de leurs cellules ;
enfin, des vaisseaux propres et des fibres, qui augmentent en nom-
bre et en épaisseur à mesure qu’on se rapproche de la circonférence ;
arrivé à l'écorce, le faisceau est complétement fibreux.
Quant à la direction que suivent les faisceaux fibro-vasculaires ,
elle est aujourd’hui mieux connue, et l’on a été, par suite des décou-
vertes récentes, amené à rejeter le nom d’erdogènes donné aux Mo-
nocotylédones, dans la supposition que leur accroissement a lieu de
dedans en dehors, par suite de la direction des fibres qui, partant
constamment du centre, s’incurvent à leur sommet et viennent
aboutir aux feuilles les plus récentes; il s’ensuivrait que la solidifi-
cation des végétaux de cette classe viendrait de l'addition successive
à leur centre de nouveaux faisceaux qui repousseraient les plus an-
ciens et augmenteraient la densité du tronc. Cette hypothèse, qui
charmait par sa simplicité, a été détruite par des observations nou-
velles; on à reconnu, obscurément peut-être encore, mais avec une
apparence de réalité qui doit mettre sur la voie de la vérité, que les
faisceaux fibro-vasculaires, au lieu de descendre verticalement au
centre, après avoir décrit une courbe qui les éloigne de la partie ex-
térieure du tronc, viennent en obliquant rejoindre les couches les
plus extérieures de l'écorce, de manière à décrire un arc allongé dont
la convexité est intérieure, et en croisant tous les faisceaux qui sont
en dessous; il en résulte que les plus nouveaux sont les plus exté-
rieurs. Au reste, ce n’est que le prélude de la découverte de la loi
d’accroissement des Monocotylédones; mais les éléments y sont si
compliqués, qu'il est difficile de s’y reconnaître sans une attention
soutenue et des observations réitérées.
Dicotylédones. La structure anatomique des tiges des Dicotylé-
dones est plus complexe et d’une étude plus facile. Dans son état pri-
mitif, elle est, comme toutes les parties élémentaires des végétaux,
composée de tissu cellulaire au milieu duquel apparaissent des fibres
et des vaisseaux disposés concentriquement. Dès sa première orge-
TOME 1, INTRODUCTION. — Livraison jj. fi
ECcIxxXIV INTRODUCTION.
nisation, on voit se séparer trois éléments : au centre, la moelle où
partie médullaire; un anneau moyen, qui est le bois ou tissu fibro-
vasculaire; et un cercle plus extérieur, qui est l'écorce; des rayons
dits médullaires, partant de la moelle, se rendent à l'écorce, et éta-
blissent une communication entre le centre et la périphérie : le tout
est enveloppé d’un tissu plus mince, qui est l’épiderme.
Dans toute la série des végétaux dicotylédones, la structure est la
même, avec cette différence que, dans les végétaux herbacés, elle
reste à son état de premier développement, que la moelle est plus
considérable, et les rayons médullaires plus larges et plus nombreux
que la partie fibro-vasculaire. Pendant la courte durée de leur vie,
ils ne changent pas d'état, tandis que, dans les végétaux ligneux, le
phénomène est plus compliqué, et chaque année voit se renouveler
l’évolution qui ne se voit qu’une seule fois dans les premiers.
Les éléments anatomiques de toute tige ligneuse dicotylédone se
composent donc de la noelle, formée de tissu cellulaire, verte
d'abord, puis blanche ensuite, qui forme au centre de la tige une
colonne d’une cylindricité d’autant plus parfaite que la plante avance
plus en âge; car, dans les premières années, elle est prismatique, et
dans certains végétaux elle est anguleuse. Elle est formée de cellules
diminuant de volume du centre à la circonférence, et finissant par
s’oblitérer à mesure que le végétal vieillit; elle est entourée d’un éur
médullaire, composé de faisceaux fibro-vasculaires, dont les éléments
constituants sont des trachées déroulables, des fibres ligneuses et des
vaisseaux laticifères dans un certain nombre de cas. Sa constitution
anatomique ne peut être étudiée avec fruit que dans les jeunes ra-
meaux ou sur les jeunes sujets. L’éfui médullaire, qui est moulé sur
la moelle, est séparé par des tranches de tissu A qui par-
tent de la moelle pour se rendre à l'écorce; de nouveaux faisceaux
se développent dans l'épaisseur de ces rayons, et en multiplient le
nombre en en diminuant la largeur; ils finissent même par ne plus
former que des lignes très-étroites. L’étui médullaire est la première
partie du bois; chaque zone ligneuse qui l’enveloppe est composée de
fibres et de vaisseaux annulaires, ponctués et rayés, qui ont un plus
grand diamètre. Chaque année une couche extérieure nouvelle, com-
posée des anciens éléments, vient s'ajouter à celle de l’année précé-
dente, dont elle est séparée par un anneau d’un tissu plus lâche, com-
posé de gros vaisseaux auxquels succèdent les fibres serrées qui
INTRODUCTION. Cclxxv
constituent le ligneux. Quelquefois, cette démareation est indiquée
par une zone de tissu cellulaire semblable pour la composition aux
rayons médullaires. Ces derniers, qui dans l’origine se continuent de
la moelle à l’écorce, ont été nommés grands rayons; mais il s’en
forme de nouveaux qui viennent s’interposer entre les faisceaux li-
gneux et n’arrivent pas jusqu’à la moelle; ce sont les petits rayons
médullaires. Ils sont composés de cellules superposées sur un ou plu-
sieurs rangs, et forment des lames minces; ils suivent dans leur
direction celle des fibres, qui ne sont pas toujours parfaitement recti-
lignes. Leur largeur augmente sur les points où ils sont en rapport
avec l’écorce; la nature même des cellules change à mesure qu’elles
vont de la périphérie au centre, et leurs fonctions y paraissent plus
actives.
Au ligneux succède la partie corticale ou l'écorce, composée de
la zone cellulaire qui se trouve en dehors des faisceaux fibro-vascu-
laires. Étudiée de dedans en dehors, elle offre d’abord le Zber, qui
forme des faisceaux d’une couleur plus claire, et dont les fibres sont
plus longues et plus grêles que dans le bois, dont il est séparé par
une couche de tissu cellulaire et par le cambium. Les fibres, qui
augmentent de ténacité en vieillissant, sont ponctuées par suite de la
formation de couches nouvelles à l’intérieur. Elles s'ouvrent de distance
en distance pour laisser le passage à des rayons médullaires , et affec-
tent dans leur mode d’association les figures les plus capricieuses.
Les différents feuillets qui composent le liber sont parfois séparés
entre eux par des couches utriculaires formées aux dépens de la
masse cellulaire dans laquelle ces fibres se sont formées. A propre-
ment parler, le liber n’est autre chose que la réunion des fibres cor-
ticales, dont il constitue la partie la plus intérieure. C’est dans cette
enveloppe que circulent les vaisseaux laticifères, que nous étudierons.
plus loin.
Au liber succède une masse composée de tissu utriculaire, dont les
cellules sont polyédriques, remplies de chromule, assez distantes
entre elles pour laisser des méats, et qui est interposée entre le liber
et l'écorce; on l’appelle enveloppe cellulaire.
La couche subéreuse est la partie de l'écorce qui se trouve placée:
entre l'enveloppe cellulaire et l’épiderme. Elle est composée de cel-
lules cubiques ou plus allongées sur leur diamètre transversal, assez
variables au reste pour la forme, qui sont incolores dans leur jeunesse,
ccixxv) INTRODUCTION.
ne renfermant jamais de chromule, et prenant en vieillissant une cou-
leur foncée; elle est susceptible de prendre quelquefois un accroisse-
ment considérable, bien que, dans la plupart des cas, elle reste dans
son état primitif.
Les triples éléments qui constituent l'écorce sont recouverts par
l'épiderme, d'organisation exclusivement cellulaire, et qui se compose
d’une double membrane, dont la plus extérieure, qui porte le nom
de pellicule épidermique, est encore mal connue sous le rapport de
la structure anatomique, mais qui se moule d’une manière assez
complète sur les parties sous-jacentes pour en reproduire tous les
accidents. On trouve des ouvertures elliptiques aux endroits corres-
pondant aux stomates, dont je parlerai en traitant des feuilles, où
ils sont plus nombreux que partout ailleurs, bien que l’épiderme
des tiges herbacées n’en soit pas dépourvu; et les poils qui héris-
sent l’épiderme s’y trouvent représentés par une gaine épidermique
qui leur servait d’enveloppe. On ne sait pas encore si la pellicule
épidermique est continue ou non.
On trouve, à la surface de beaucoup de végétaux, dans leur jeu-
nesse, des taches ayant une figure allongée, et qu’on a appelées /en-
ticelles; elles sont composées de tissu cellulaire, et sont une simple
excroissance provenant d’un amas d’utricules ; elles paraissent jouer
le rôle de centre vital et être destinées à devenir le siége des érup-
tions de racines adventives; d’autres botanisies pensent qu'elles
remplacent les stomates qui ont disparu avec l’épiderme. J'ai cru re-
marquer qu’elles correspondent avec l’ouverture correspondant aux
stomates de l'enveloppe herbacée; mais j’ai fait trop peu d’observa-
tions pour avancer ce fait autrement que comme une conjecture. Au
reste, que les lenticelles remplacent ou non les stomates, cela n’em-
péche pas d'admettre qu’elles sont, dans le plus grand nombre des
cas, le point de départ des racines adventives.
Les éléments anatomiques qui constituent les tiges des végétaux
dicotylédones, et leur disposition respective, présentent cependant
certaines anomalies dont l'étude est curieuse, et qui font exception
à la loi générale. Tantôt c’est un des éléments qui domine et se dé-
veloppe au préjudice des autres. Ainsi, dans les Aristoloches, le liber
cesse de croître après la première année, et se réduit à de petits fais-
ceaux disposés en cercle autour du bois; dans les Malpighiacées, on
remarque un développement inégal du corps ligneux qui forme, non
INTRODUCTION. cclxx vi)
plus un fût, mais une colonne irrégulièrement cannelée, ce qui
n'empêche pas qu’il n’y ait un seul canal médullaire; dans un grand
nombre de Bignoniacées, le ligneux présente, non plus des zones,
mais des figures régulières, entre autres, celles d’une croix de Malte;
dans les Sapindacées, l’étui médullaire paraît s’être divisé et forme
autant de faisceaux disposés symétriquement autour d’un corps
ligneux central, et entourés par des couches corticales. C’est une
étude nouvelle, qui jettera du jour sur la véritable structure des
tiges et sur leur mode de développement. .
Je ne parlerai de la physiologie des tiges qu’en traitant des feuilles,
parce que tiges, bourgeons et feuilles forment un seul et même sys-
‘ème, et que leur vie est si étroitement liée, que le sujet ne peut être
scindé sans perdre de sa clarté.
CHAPITRE XII.
DES BOURGEONS.
La gemmation ou bourgeonnement, qu’on ne trouve dans le règne
animal qu’au bas de l’échelle organique, est permanent chez les
végétaux : c’est le premier état des organes appendiculaires qui pren-
nent naissance sur l’axe.
$ 1*. Caractères extérieurs.
Ils apparaissent sous forme de boutons, et sont communément
enveloppés d’écailles où pérules. Si ces écailles sont produites par
des feuilles scarieuses et avortées, elles prennent le nom de bourgeons
foliacés, comme dans le Daphné Boïs-gentil et les végétaux arbo-
rescents des tropiques; si ce sont des pétioles, comme dans le Noyer,
on les appelle bourgeons pétiolacés; stipulacés, quand ce sont des
stipules qui les recouvrent, le Charme; et fulcracés, comme dans le
Prunier, quand ce sont des écailles bordées de stipules. Les écailles
des bourgeons les garantissent contre les intempéries des saisons.
On a donné le nom de Zurion au bourgeon des plantes vivaces qui
part de la souche: il est toujours caché sous la terre. Dans l’As-
Cclxx viij INTRODUCTION.
perge et le Houblon, le turion est très-apparent : c’est un véritable
bourgeon, qui diffère de celui des végétaux arborescents par la
consistance. C’est un bourgeon souterrain qui se trouve dans le tu-
bercule et le bulbe.
Le vrai bourgeon qu’on trouve dans les grands végétaux, qui appar-
tiennent aux régions tempérées, est constamment nlacé dans l’aisselle
d'une feuille, et un peu au-dessus de la cicatrice qu’elle a laissée en
tombant. On lui a donné différents noms, suivant les divers degrés de
son développement. Dès sa première apparition, quand il est encore
à l’état rudimentaire, il reçoit le nom d’æ/; c’est à l'automne qu'il
se montre sous une forme perceptible; à la seconde époque de son
développement, il prend le nom de bouton; et quand il commence à
s'ouvrir, il devient bourgeon.
Il y a trois sortes de bourgeons : le bourgeon à feuilles ou à bois,
qui ne donne naissance qu'à des feuilles ou des rameaux; le bour-
geon à fleurs’, qui doit produire la fleur ou le fruii: il se distingue
du premier, qui est allongé et pointu, en ce qu'il est court et ar-
rondi, ce qui est très-apparent dans nos arbres à fruits; et le our-
geon mixte, qui produit des feuilles et des fleurs.
Les bourgeons sont inapparents dans les végétaux herbacés; ce-
pendant, en observant avec attention l’évolution des branches et des
feuilles, on reconnaît que le bourgeon existe, mais n’a qu’une ap-
parition de durée très-limitée, ce qui a fait donner par quelques
botanistes le nom de vivipares aux végétaux herbacés, et d'oripares
aux arbres qui ont un bourgeon préexistant aux feuilles. Ce sont les
bourgeons qui forment les anneaux du stipe, et dans les Graminées
le nœud du Chaume.
La disposition des enveloppes, et leur présence ou leur absence,
ont fait donner aux bourgeons des noms différents. Ceux qui sont
pourvus de cette enveloppe écailleuse, qui présente une imbrication
véritable, sont dits bourgeons écailleux ; lorsqu’au contraire les feuilles
extérieures n’offrent pas le caractère scarieux, on les appelle bour-
geons nus. Ces derniers, très-rares dans notre végétation, sont l’état
habituel des arbres des régions tropicales. Les bourgeons écailleux
sont quelquefois enduits d’une espèce de matière résineuse qui les
défend contre l'humidité, ce qu'on voit dans le Marronnier d'Inde;
dans le Saule, les écailles sont doublées d’un duvet qui empêche
l’action des agents extérieurs,
INTRODUCTION. cclxxix
Lorsque les bourgeons se développent, les écailles intérieures se
changent en feuilles, les extérieures ou les plus basses tombent ou se
convertissent en petites feuilles. La branche se développe en même
temps que les feuilles; c’est done par le bout qu'a lieu cette double
évolution, excepté quand les feuilles sont disposées en bouquet;
dans ce cas, la branche avorte.
On a réservé le nom de bourseons adventifs pour ceux qui se
développent sur l’axe sans avoir été précédés par une feuille. Ce
phénomène est très-commun et se présente dans une foule de cir-
constances, où la gemmation prend un caractère anormal. Il se pro-
duit des bourgeons dans toutes les parties des racines, et cette faculté
se conserve assez longtemps pour qu’une racine de Mürier, privée
de son tronc pendant vingt-quatre ans, ait produit des bourgeons
la vingt-cinquième année. Il y a dans les climats tropicaux un grand
nombre d’arbres, tels que le Crescentia, le Theobroma, V' Artocarpus,
dont les bourgeons ne naissent pas dans l’aisselle des feuilles, mais
sur les plus grosses branches et sur le tronc lui-même. Le Cercés sile-
quastrum possède la même propriété : les nœuds qui se développent
sur le tronc de certains arbres produisent des bourgeons qui ne don-
nent, en général, que des branches douées de peu de vitalité, le
même phénomène se produit dans les arbres qu’on a sciés horizon-
talement, et les branches nues du Saule qu’on plante en terre se cou-
vrent de bourgeons. On ne connaît pas la raison anatomique de cette
évolution, non plus que les rapports de ces bourgeons avec les par-
ties intérieures de l'arbre; ils ne peuvent venir que de l’écorce, qui
ne possède cependant pas de vaisseaux spiraux; c’est ce que Turpin
appelait des embryons latents; et d’autres botanistes, Agardh, entre
autres, pensent que c’est une métamorphose des vaisseaux de l’ordre
inférieur en trachées.
Desvaux et d’autres botanistes regardaient les tubérosités des ra-
cines ou des tiges, telles que la Pomme de terre, la Patate, comme
des bourgeons, de même que les bulbes et bulbilles. C’est une opi-
nion contestable, mais qui ne manque pas d’une certaine vraisem-
blance. D’autres vont plus loin encore, et veulent reconnaitre le
caractère de la gemme ou bourgeon primitif, aux sporules des plantes
acotylédones.
cclxxx INTRODUCTION.
$ 2. Anatomie des bourgeons.
Les bourgeons présentent à leur origine un amas de tissu cellu-
laire en rapport avec l’extrémité des rayons médullaires qui y pé-
nètrent, s’y épanouissent .et constituent un système de vaisseaux
spiraux, autour desquels s'organisent des cellules qui deviennent
feuilles ou rameaux. C’est donc le canal médullaire qui est le généra-
teur des bourgeons; ils partent du point où un faisceau de trachées
s’en détache pour donner naissance à la feuille. Que les bourgeons
soient axillaires ou non, leur origine est la même. Quoique les bour-
geons se développent dans l’aisselle des feuilles, les feuilles elles-
mêmes peuvent produire des bourgeons; les feuilles des Cycadées
sont dans ce cas, ainsi que les Fougères; d’autres inclinent vers la
terre la sommité de leur fronde et s’y enracinent; les feuilles char-
nues comprimées dans les herbiers produisent fréquemment des gem-
mules, et les feuilles du Zryophyllum calycinum développent des
bourgeons à l’extrémité de leurs nervures, ce qui au reste ne con-
tredit pas la loi en vertu de laquelle il peut ou doit se produire un
bourgeon partout où il existe un faisceau de trachées. Dans le pre-
mier cas, l’évolution de la feuille s'opère comme nous le verrons
dans le chapitre suivant; dans le second, la branche prend tous les
caractères d'indépendance : elle n’a plus de rapports avec l’axe que
par la continuité des vaisseaux et des fibres; mais il y a interruption
dans la moelle. Celle de la branche se termine à son point de départ.
$ 3. Fonctions.
La fonction du bourgeon est de produire des feuilles, des ra-
meaux ou des fleurs, qui doivent succéder à la génération qui a
parcouru sa période de végétation. Après la disparition de la feuille
ou du fruit, il apparaît un nouveau bourgeon qui attend, pour se
développer, que les circonstances climatériques soient favorables à
son évolution. Quel que soit l’âge des plantes qui sont le siége de
ce phénomène, les bourgeons ne se développent que sur des bran-
ches de l’année précédente. On a remarqué que si l’on casse un
bourgeon, celui qui le remplace est dépourvu d’écailles. Dans les
arbres à feuilles opposées, comme l’Érable et le Marronnier d'Inde,
INTRODUCTION. CCIxx x)
on voit, à l'extrémité des rameaux, les bourgeuns groupés par trois ;
le bourgeon du milieu seul se développe et les deux latéraux avor-
tent, tandis que dans le Syringa c’est le bourgeon du milieu qui
disparait. Dans ces arbres, le nombre des bourgeons et des feuilles
est défini; dans ceux à feuilles alternes, il est très-variable.
Le développement du bourgeon présente, comme l’évolution des
graines, deux périodes distinctes : l’une commence au moment où il
paraît et dure jusqu à la fin de l'été, époque où il achève de mürir,
c'est-à-dire à l'instant où les feuilles se détachent de l'arbre; la se-
conde, qui a le printemps pour point de départ, est l’évolution pro-
prement dite du bourgeon, qui s'effectue comme la germination de la
graine. Dans les arbres, les bourgeons supérieurs se développent les
premiers; dans les arbrisseaux et arbustes, leur évolution est simul-
tanée. Ce fait n'est pas absolu : il y a des modes de développement
intermédiaires; dans les Conifères, ce sont les bourgeons inférieurs
qui se développent les premiers.
Le bourgeon qui joue le rôle le plus important dans l’évolution de
la plante est le bourgeon terminal : c’est celui qui a pour fonction de
continuer l’élongation de l’axe. C’est le bourgeon primitif, celui qui
est apparu avec l'embryon. Il résulte de cette succession, ou de
cette suite de générations de bourgeons terminaux, que la branche et
les rameaux ne sont que des articles ajoutés bout à bout.
Dans les Acotylédones vasculaires, qui se rattachent par tant de
points aux Monocotylédones, c’est par son bourgeon terminal que la
plante s’évolue; il en est de même des Monocotylédones, que j'ai
comparés aux Articulés; il n’y a pas, dans cette classe, de bourgeons
latéraux : le bourgeon terminal est le seul qui existe, ce qui déter-
mine chez le plus grand nombre la simplicité de la tige, qui se trouve
composée d’une succession de bourgeons qui en forment comme
autant d'articles ou d’anneaux superposés.
Dans les Dicotylédones, le développement a lieu dans toutes les
directions, et chaque branche, rameau ou ramille, se termine par un
bourgeon; mais le diamètre de chacun d’eux diminue, de sorte que
la tige des végétaux de cette classe a la forme d’un cône, et le
nombre des couches ligneuses va en diminuant de bas en haut.
TOME I, INTRODUCTION. — Livraison Kk. kk
CeixxxI) INTRODUCTION
CHAPITRE XII.
DE LA RAMIFICATION.
Après le bourgeon vient naturellement la branche, qui en est le
résultat évolutif : c’est elle qui, à son tour, portera des bourgeons
nouveaux, et perpétuera ainsi la vie dans le végétal jusqu’à sa mort.
On peut donc regarder la tige comme l'axe primaire; et, suivant
l’ordre de leur développement, les branches comme des axes secon-
daires, tertiaires, etc. L’axe secondaire porte le nom de branche;
l'axe tertiaire et les suivants, de rameaux; et les derniers, de ra-
milles où ramuscules. Au reste, cette nomenclature n’est pas ab-
solue, car les premières branches qui partent de l’axe s’appellent
aussi branches primordiales, et les suivantes, éranches secondaires.
On a voulu réserver le nom de rameaux pour les branches que ter-
minent des épines, des vrilles ou autres organes accessoires, ou bien
un bouquet de feuilles ou de fleurs. On retrouve dans l’ordre d’évo-
lution des branches la disposition des feuilles, bien que le dévelop-
pement des premières ne soit pas aussi constant que celui des der-
nières, et que de fréquents avortements aient lieu.
Il s’en faut beaucoup que le développement des branches soit
toujours normal. Suivant les influences locales, il y a souvent une
série de bourgeons latéraux qui avortent; dans certains arbres, la
disposition des branches dépend de l'avortement constant d’un cer-
tain nombre de bourgeons. Dans la Vigne, on voit de distance
en distance, d’un côté, une feuille portant quelquefois un bourgeon
extra-axillaire, et de l’autre une vrille ou pédoncule avorté, de sorte
que la tige et les branches ne sont que le résultat du développement
des bourgeons axillaires. L’avortement influe sur la ramification, et
peut la faire varier à l'infini. Le contraire a souvent lieu : les bour-
geons sont alors multiples, et naissent au-dessus de Paisselle de la
feuille; d’autres fois, l’absence de symétrie dans la disposition des
feuilles vient de l’irrégularité de la position des bourgeons. Dans les
végétaux où il se développe des bourgeons multiples, ils donnent
naissance à une foule de brindilles qui se développent sans acquérir
de dimensions complètes comme les branches.
Dans les végétaux à rhizome ou à tubercule, la ramification a lieu
INTRODUCTION. cclxxxii)
dans le même ordre, à celte exception près, que ce qu'on appelle la
tige ne doit être regardé que comme une branche : telle est la Pomme
de terre, dont la tige. est le tubercule; les bourgeons, les gemmes
sortant des yeux, et les branches, la tige aérienne.
Les végétaux multicaules sont ceux dont l’axe primaire et les
branches inférieures sont presque au niveau du sol, et dont les axes
teruaires affectent une direction verticale, ce qui les fait ressembler
à autant de tiges distinctes. C’est ce qui se voit dans nos forêts, où
les arbres coupés au niveau du sol poussent une foule de rejetons
qui peuvent à leur tour devenir de grands arbres, et quelquefois
forment des troncs monstrueux en s’entre-greffant.
La ramification donne aux végétaux le caractère particulier qu’on
appelle le port. Certains arbres ont, comme le Peuplier d'Italie, les
rameaux dressés le long de la tige, et forment une longue pyramide;
d’autres, comme l’Oranger, ont la forme sphérique; le Cèdre a
les rameaux étalés; le Mespilus linearis rampe sur le sol, et ses ra-
meaux affectent une horizontalité parfaite; le Saule pleureur les a
flexibles et retombant tristement vers la terre; le Frêne et le So-
phora pleureurs ont les branches pendantes, mais renversées et
d’une grande rigidité; les branches du Magnolier glauque sont bizar-
rement contournées; en un mot, avec l'habitude de voir le mode de
disposition raméale des végétaux , on les reconnaît sans peine à dis-
tance. Leur longueur réciproque joue dans le port, après la direc-
tion, un rôle important : elle concourt à donner à chacun d’eux l’as-
pect qui le caractérise.
Le point de contact des branches avec la tige s'appelle l’'aisselle,
d’où le nom d’axillaires donné aux parties qui y prennent leur ori-
gine. D’autres divisions ont reçu des noms particuliers : ainsi, on a
appelé sczon les branches simples, droites et sans nœuds; sarment,
les pousses nouvelles flexueuses, très-allongées et remplies de nœuds;
les gourmands sont des branches qui ont pris un développement
excessif et détruit la symétrie de l’arbre en absorbant à leur profit
toute la séve.
La ramification a communément lieu par progression géométrique
et non arithmétique : ainsi, en admettant, ce qui n’a pas toujours
lieu, par suite des avortements et des accidents qui empêchent le dé-
veloppement de tous les bourgeons, que le nombre de branches qui
s’est normalement développé soit 5 dans le cours de la première
CCXXXIV INTRODUCTION.
Il se trouve également en combinaison avec la chaux, la potasse et la
soude. Le phosphore a été signalé à l’état d'acide phosphorique dans
l'Oignon, la racine de Pivoine, l’ergot des Céréales ; mais il se présente
plus communément à l’état de phosphate de chaux et de potasse.
Il est aujourd’hui prouvé, par des expériences réitérées, que les
végétaux ne forment pas les matières inorganiques qu'ils contiennent,
mais les tirent du sol avec l’eau de végétation et dans l’état où ils les
trouvent, sans leur faire subir d’altération, et que la quantité qu’ils en
renferment est proportionnelle à celle que contient le sol dans lequel
ils ont crû. Quelques exemples le prouveront : les feuilles d’un Æ4o-
dodendrum, qui avaient végété dans un terrain calcaire, contenaient
43,25 de carbonate terreux et 0,75 de silice; celles qui avaient crû
dans un terrain siliceux , 16,75 de carbonate terreux et 2,0 de silice;
les tiges de la même plante contenaient, dans le premier cas, 39 de
carbonate terreux et 0,5 de silice, et dans le second, 29 de carbo-
nate terreux et 19 de silice. Toutes les autres expériences confirment
ce fait. Davy ayant semé de l’Avoine dans du carbonate de chaux,
elle ne trouva à l’analyse que très-peu de silice; et le Soleil, si
riche en nitrate de potasse, n’en contient pas quand on le cultive
dans un terrain qui en est privé. Les matières inorganiques, dont la
proportion est si variable, sont charriées dans l’intérieur des végé-
taux, et se déposent dans leurs tissus en suivant les mouvements des
fluides nourriciers, suivant leur plus ou moins grande solubilité. L’ac-
tivité vitale des plantes influe beaucoup sur la quantité de matières
inorganiques qu’elles contiennent, c’est pourquoi les plantes herba-
cées en renferment plus que les végétaux ligneux : tandis que 10,000
parties de cendres de Peuplier ne contiennent que 7 de potasse,
celles d’Absinthe en renferment 730, et celles de Fumeterre 790. C’est
dans les feuilles qu’il se dépose le plus de matières terreuses ou al-
calines; viennent ensuite les écorces, l’aubier et le bois, et c'est dans
les parties herbacées des plantes ligneuses en état de croissance
qu'on en trouve le plus. Après les sels alcalins, ce sont les phos-
phates de chaux et de magnésie qui sont les plus abondants dans
les jeunes végétaux ; ils diminuent à mesure que la plante avance en
âge; l'écorce en contient moins que le bois, et celui-ci moins que
l’aubier. C’est le contraire pour la silice, dont il ÿy a d'autant plus
que la plante est plus âgée; presque nulle dans le bois, la silice pa-
raît dans l'écorce, et est à son maximum dans les feuilles. Dans les
INTRODUCTION. CCXXXV
végétaux à feuilles caduques, la silice ne peut s’accumuler, tandis
qu'elle augmente toujours dans les plantes à feuilles persistantes. Les
feuilles des Monocotylédones sont celles qui en contiennent le plus.
Les oxydes métalliques sont dans le même cas que la silice; leur
quantité est proportionnelle à l’âge des végétaux.
Les substances minérales se rencontrent souvent dans les plantes
en état de combinaison avec les produits de l’action de la végétation.
La chaux, se combinant avec l’acide oxalique, forme des oxalates
qu'on trouve dans la séve du Rosier, la Cannelle blanche, la Rhu-
barbe, le Chiendent; ils abondent dans les Lichens, et forment jus-
qu'à la moitié de leur poids; combinée à l’acide malique, elle forme
des malates dont la présence a été constatée dans la racine d'Aconit
tue-loup, de Pivoine, de Pareira brava, de Bryone, dans les feuilles
de la Ciguë et les graines d’Arachide. Le citrate de chaux existe dans
le suc de la Chélidoine, la pulpe de l’Orange, la Pomme de terre, la
racine d’Asarum, etc. Le tartrate de chaux se trouve dans les feuilles
du Séné; le kinate, dans l'écorce du Quinquina; le gallate, dans la
racine d’Ellébore noir. |
On a trouvé du malate de »#agnésie dans les racines de Réglisse et
de Bryone, dans l'£quisetumn fluviatile, dans l'écorce de Daphne
UUSAAKAUILIR
L’acétate de potasse est indiquée dans l'écorce de Winter, la
graine de Lin, l’écorce de Séné, le fruit du Bétel, l’Agaric poivré, le
Champignon comestible; le gallate, dans la racine d’Ellébore noir;
le malate, dans la racine de Pivoine, de Polygala senega, les
feuilles de Séné et le Fucus vesiculosus ; le citrate, dans les Pommes
de terre; les oxalates, dans les Rumex et les Oxalis; le tartrate, dans
la pulpe du Tamarin, le vin et le Lichen d'Islande.
La soude se trouve à l’état de malate dans la Gratiole; et, dans
toutes les plantes marines, elle existe à l’état d’oxalate, quise con-
vertit en carbonate par l’action de la chaleur.
Le fer existe à l’état de gallate dans le Liége,
Si les matières inorganiques arrivent dans le végétal, par l’intermé-
diaire de la séve, telles qu’elles existaient dans le sol, il n’en est pas
de même des combinaisons que je viens de signaler ; elles se forment
dans la plante même, et le terrain ne fournit que les bases qui se
convertissent en sels végéto-minéraux par leur contact avec les acides
qui se forment dans la plante.
CCIXXXV] INTRODUCTION.
cative, lorsque les disques des feuilles, s’embrassant alternativement,
se recouvrent par le côté et le sommet : les Iris, les Carex.
9 Conduplicative, quand les feuilles, pliées en deux sur leur face
interne, sont côte à côte sans s’embrasser: le Hêtre, le Noyer, le Pois,
le Rosier.
6° Zmbricative, quand les feuilles se recouvrent en imbrication :
le Mélèze.
T° Équitative. Les feuilles de cette sorte, pliées moitié sur moitié,
s'appliquent ou tendent à s'appliquer face contre face : le Troëne, le
Seringat.
Préfoliations révolutves.
8 Ctrcinale. Ce sont les feuilles roulées en crosse, comme dans
les Fougères.
9 Convolutive. Ce sont les feuilles roulées en cornet, comme dans
le Bananier et les Balisiers, les Arum , le Salsifis.
10° Obvolutive. Les feuilles de cette sorte, pliées en gouttière
par la face interne, entrent mutuellement par un de leurs bords dans
les disques correspondants : l’Abricotier, les Sauges.
11° Znvolutive, quand les rudiments foliaires étant en regard, les
bords des disques sont roulés en dedans : le Pommier, le Peuplier, le
Poirier, les Chèvrefeuilles.
12° Révolutive. C’est l'inverse de la disposition qui précède; les
feuilles sont roulées en dehors: le Romarin, les Germandrées, la
Primevère. 5
13° Réclinative, quand le disque des feuilles est réfléchi une ou
plusieurs fois sur le pétiole, et descend même au-dessous. Lorsque
cette disposition est à peine sensible, on l’appelle alors curvative :
l’Aconit napel, l’Adoxa moschatellina.
Préfoliations crispatives.
14 Congestive , lorsque les disques des feuilles sont pliés irrégu-
lièrement et réunis en une masse confuse : le Daphne gnidium.
15° Crispative, quand le plissement est à petits plis et comme
frisé : le Malva crispa.
INTRODUCTION. CCIxx x vi}
$ 1°. Caractères extérieurs.
La feuille est un organe appendiculaire de forme lamellaire, pre-
nant naissance aux nœuds vitaux, et devant son origine à un ou
plusieurs faisceaux de fibres ramifiées, dont les intervalles sont rem-
plis de tissu cellulaire. Elles se composent, dans la plupart des vé-
gétaux, d’un faisceau de fibres qui conservent au sortir du bourgeon
leur parallélisme, et dont l’épiderme est dépourvu de stomates : c’est ce
qu’on appelle le pétrole ; et son élargissement, qui constitue la feuille
véritable, s'appelle le Zrnbe ; ces feuilles sont dites pétiolées, tandis
que celles dont le limbe ou la lame prend naissance au sortir même
du bourgeon sont dites sessiles.
Du pétrole.
Les pétioles varient de longueur et de forme : ils sont cyléndri-
ques dans la Capucine, semi-cylindriques dans la Clématite des
haies; mais le plus communément ils sont canaliculés ou creusés
en gouttière. Dans la Macre, les pétioles sont renflés, et dans le
Peuplier, comprimés. Leur direction est le plus souvent perpendi-
culaire à l’axe ; d’autres fois elle est diagonale. Dans un petit nom-
bre de cas, comme cela se voit dans la Clématite et la Fumeterre, ils
font l'office de vrilles, et s’enroulent autour des corps environnants.
Certains pétioles, élargis à leur base, sont amplexicaules : les Re-
noncules et les Ombellifères en présentent des exemples ; souvent
aussi ils ne sont que semu-amplexicaules. Dans les Monocotylédones,
le pétiole forme une gaine plus ou moins complète ; elle est entière
dans les Cypéracées, et fendue dans les Graminées. Quelques pétioles
sont auriculés, comme dans l’Oranger. Dans la Dionée attrape-mou-
ches, il est aëlé. Le Sarracenia a un pétiole en godet ; et le Vepenthes
porte à son extrémité, au lieu du limbe foliaire, une urne fermée par
un opercule. Quelquefois il existe seul, et l'épanouissement du limbe
n’a pas eu lieu, comme dans le Buplèvre des Pyrénées. Le Sczrpus
e palustris n'a conservé que sa gaine; et dans un grand nombre de
Mimosées, les feuilles composées, propres à cette tribu, sont rem-
placées par un pétiole aplati qui ressemble à une feuille simple, et au-
quel on a donné le nom de phrllode. On distingue le pétiole de la
cclxxxvii] INTRODUCTION.
feuille à la direction de ses fibres, qui, au lieu de s’étaler en diver-
geant, conservent un parallélisme semblable à celui qu’on remarque
dans les Graminées et dans les feuilles de la plupart des Monocoty-
lédones qui ont une apparence pétiolaire. Ce n’est que dans un petit
nombre de cas qu'il ÿ a avortement complet ; et dans ce cas, la plante
est dite aphylle. L'Indigofera juncea, dont les feuilles, entièrement
dépourvues de lame, ressemblent à du jonc, présente cette oblitéra-
tion du limbe. Les écailles des Orobanches et des Ruscus-sont des feuil-
les à l’état rudimentaire, sans qu'on puisse décider si ce sont des
pétioles sans lames, ou des lames sans pétioles.
Dans les feuilles composées, le pétiole commun, le long duquel
sont échelonnées les folioles, prend le nom de rachis dans toute la
partie qui est chargée de feuilles, et le pétiole propre à chaque fo-
liole s'appelle pétiolule.
Le pétiole, en quittant l'axe, ne reste en rapport avec lui que par
une surface de peu d’étendue. Dans une foule de circonstances,
comme cela se voit dans les végétaux à feuilles caduques, il forme
une articulation qui est destinée à abandonner la tige sans rupture,
dès que la période annuelle de la végétation sera passée. Quoiqu'il y
ait des feuilles simples qui soient caduques, c’est parmi les feuilles
de cette forme qu’on en trouve de persistantes, ou de celles ayant
une durée plus longue qu’une année ; tandis que les feuilles compo-
sées sont le plus ordinairement articulées. On trouve un double sys-
tème d’articulation dans certains systèmes de feuilles : telles sont les
feuilles du Marronñier d'Inde, qui sont doublement articulées ; le pé-
tiole est articulé sur l’axe, et les feuilles sont chacune articulées sur
un épanouissement supérieur du pétiole. Dans les arbres à feuilles per-
sistantes ou toujours verts, le renouvellement des feuilles est partiel,
ce qui fait que ces végétaux ne sont jamais entièrement dépouillés de
leur parure.
Après que le pétiole a quitté l'axe, il reste une partie saillante
appelée coussinet, dont le sommet, qui servait de base au pétiole,
porte encore l'empreinte des vaisseaux qui ont porté les sucs nourri-
ciers dans la feuille et l’ont mise en rapport avec la plante.
Le limbe de la feuille a deux faces ou pages : l’une supérieure,
l’autre inférieure. La page supérieure est lisse, luisante, moins char-
gée de poils, d’un vert plus intense, et souvent elle manque de stoma-
tes ; tandis que la page inférieure est plus mate. plus velue, et les ner-
INTRODUCTION. Celxxxix
vures s'y montrent d'une manière plus apparente ; elle est tapissée
de stomates, et son épiderme adhère à peine au parenchyme. Le
point de rencontre des deux pages s'appelle la marge ; la pointe, le
sommet, et la partie la plus voisine du pétiole, la base.
De la nervation.
Les faisceaux de fibres qui s’épanouissent dans le limbe sont les ner
vures : celle qui prolonge le pétiole et s'étend de la base au sommet, se
nomme la 2ervure moyenne ; celles qui naissent de la nervure moyenne
sont les nervures secondaires, latérales où transverses ; et quand
elles partent de la base de la lame, elles prennent le nom de nervures
longitudinales ; les ramifications des nervures secondaires sont appe-
lées nervures {ertiaires ou vernes, et les dernières ramifications sont
les vernules. Les nervures sont d'autant moins saillantes qu’elles
appartiennent à des ramifications plus éloignées de la nervure mé-
diane.
On a donné le nom de #ervation à la disposition des nervures :
elle mérite d'autant plus d’être étudiée, qu’elle sert à distinguer les
Monocotylédones des Dicotylédones. Dans cette première classe, les
nervures partent généralement de la base de la feuille et la traver-
sent dans sa longueur, comme cela se voit dans l’Æmaryülis vittata.
Cependant les 4rum, les Smilax, ont des nervures qui partent de la
côte moyenne, ce qui ne permet pas d'établir cette loi d'une manière
absolue. Dans les Dicotylédones, au contraire, elles partent de la ner-
vure moyenne, comme dans le Figuier, et quand elles partent de la
base, comme dans les Mélastomes, elles sont réunies par des veines
anastomosées. La disposition des nervures des Monocotylédones a fait
appeler ces feuilles rectinerves ; exemple : l'Amaryllis vittata et la
plupart des Graminées. Lorsque les nervures longitudinales sont ar-
quées et convergentes, on appelle la feuille curvénerve. Suivant le nom-
bre des nervures, les feuilles sont dites érinerves, quinquenerves, sep-
temnerves, etc. Dansle Peuplier, elles sont disposées comme la barbe
d’une plume, d’où le nom de penninerves. Si les nervures, au lieu
de converger, s'étendent en rayonnant, les feuilles sont dites peltc-
nerves Où digitinerves : la Capucine. Quand les nervures ne partent
pas de la base de la feuille, mais de la côte moyenne, suivant leur
nombre, elles sont dites /riplinerves, quintuplinerves, etc. Les feuilles
TOME I, INTRODUCTION. — Livraison I. ll
cOxo INTRODUCTION.
palminerves sont celles dont la nervation est palmée, comme dans
la Vigne, le Ricin, plusieurs Malvacées. Une variété de la nervation
palmée est la pédalinerve, dans laquelle une nervure médiane très-
courte donne naissance à deux nervures latérales divergentes,
comme cela se voit dans le genre £lleborus.
La disposition des nervures influe beaucoup sur la forme des feuil-
les : les rectinerves sont nécessairement linéaires, et celles où elles
rayonnent sont plus généralement orbiculaires. On peut dire que la
disposition des nervures détermine la forme de la feuille, dont
elles constituent le squelette ou l'appareil osseux.
Le parenchyme manque dans certaines feuilles; dans l’/ydro-
geton fenestralis, 1 manque même entièrement, et la feuille est
dite disséquée; elle est dite pertuse, quand il ne manque que par
places. Les feuilles zaucronées sont celles dont le parenchyme
n’accompagne pas jusqu'au bout la nervure médiane, à moins
qu'on n’admette, ce qui explique de même le phénomène, que les
nervures se prolongent au delà du parenchyme. Elle est apiculée,
quand la pointe est moins sensible; et, comme dans les Chardons,
lorsque les nervures font saillie en dehors du parenchyme, elles
sont dites épinreuses.
L'excès de parenchyme forme, à la surface des feuilles, des irré-
gularités, puis des boursouflures, qui ont fait donner aux feuilles
hérissées de petites proéminences, comme dans le PAlomis fruticosa,
le nom de feuilies idées, et à celles dans iesquelles elles sont plas
sensibles, celui de feuilles bulles, cloquées ; quand cet excès a lieu
au bord de la feuille, elle est dite crépue : la Malva crispa.
Des formes, de la disposition et de l'insertion des feuilles.
La diversité de la forme des feuilles est si grande, qu’on ne peut
espérer d'en décrire toutes les modifications. Il y a deux sortes de
feuilles : les feuilles sirples et les feuilles composées.
Les feuilles simples sont celles qui sont entières ou lobées, mais
dont le limbe part d’un même point et dont la nervation à une ori-
gine commune. La forme la plus ordinaire est la forme e/liptique. La
feuille oblongue est celle dont la longueur est le tiers de sa hauteur;
la feuille ovale présente la coupe d’un œuf; l’obovale a son dia-
mètre latéral plus grand que le diamètre longitudinal; la feuille {an-
INTRODUCTION. CEXC]
céolée Ya en diminuant à partir du milieu jusqu'aux deux extrémités;
elle est obtuse, quand elle est arrondie au sommet seul ; aiguë, quand
elle est large à la base et se termine en pointe ; acuminée, lorsque la
pointe se prolonge de manière à former une languette; si, au lieu de
ce prolongement, elle présente une échancrure, elle est émarginée.
On appelle feuille peltée celle qui est orbiculaire et dont le pétiole est
attaché au centre, comme dans la Capucine. Quand le limbe est ovale
et la base prolongée de chaque côté en lobes arrondis, elle est cordée
ou cordiforme. Si à cette structure de la base elle joint un sommet
obtus, elle est réniforme; elle est sagittée, quand ces deux lobes ai-
gus s'écartent du pétiole, comme un fer de flèche, et Lastée, quand
ils sont perpendiculaires au pétiole. La feuille {néaire est celle dont
les deux bords, peu distants l’un de l’autre, sont parallèles ; si elle se
termine en pointe, elle est subulée, el acéreuse ou en aiguille, quand
elle est fine et résistante, comme dans les Pins. La feuille qui a la
figure d’un glaive est dite enstforme : VIris; elle est falciforme et
spatulée dans certaines Ficoïdes. Lorsque les deux moitiés, au lieu
d’être attachées au même point, partent d’un point différent, la feuille
est dite #néquilatérale : Orme; et dans le Begonia, elle est oblique.
Entre la feuille entière et la feuille composée, il y a une variété
infinie de nuances. La feuille peut être finement dentelée sur ses bords,
ou si profondément découpée, qu’il ne reste pas trace de tissu entre
la nervure médiane et le limbe. On ne connait pas la loi qui influe
sur la forme des feuilles; seulement, on a remarqué que la culture
produit, dans les types à feuilles entières, des variétés à feuilles laci-
niées (tel est le Sureau commun), et que, dans les espèces à feuilles
découpées, les feuilles les plus jeunes et celles qui avoisinent la base
de la plante sont communément entières. Ce sont, au reste, tou-
jours les nervures qui servent de charpente aux feuilles des diffé-
rentes formes. Les unes ont des dents fines et aiguës sur leurs bords,
et sont dites dentées; les espaces ou sinus qui séparent les dents,
. sont arrondis. Dans les feuilles crénelées, au contraire, les dents
sont arrondies et les intervalles aigus. La feuille dentée en scie a les
dents et les sinus aigus, et les pointes sont tournées vers le sommet
de la feuille. Lorsque les dents ou les crénelures sont divisées, la
feuille est dite deux fois dentée, deux fois crénelée, etc. La feuille
encisée est celle dont les dents sont irrégulières, profondes et très-
inégales; la feuille sirauée a des découpures larges et obtuses. Les
CCXCI) INTRODUCTION.
feuilles /obées sont celles dont les découpures ne s'étendent pas jus-
qu’au milieu de la feuille, et, suivant le nombre des lobes, elles sont
dites brlobées, trilobées , quadrilobées , quinquelobées. Celles à lobes
aigus, et dont la surface à une largeur variable formant le passage
à une division plus complète, sont, suivant le nombre de leurs /«-
ruères, appelées bifides, trifides, quadrifides, quinquefides, et au delà
de ce nombre, z#ultifides. Ces feuilles affectent la forme composée :
les unes, dont les nervures courent longitudinalement de la base de
Ja feuille à son sommet, sont dites palrnées ; celles dont les nervures
sont disposées comme la barbe d’une plume sont pinnatifides, et
quand les divisions sont subdivisées, les feuilles sont dites ipinna-
ifides, tripinnatifides. La feuille lyrée est une feuille pinnatifide
dont le lobe terminal est élargi; elle est roncinée, quand les divisions
se dirigent de haut en bas; les feuilles /aciniées sont celles dont les
lanières sont profondes et irrégulières.
Quand les divisions ou segments de la feuille pénètrent plus loin
que le milieu du limbe, on les appelle, suivant le nombre de ces divi-
sions, Üipartites, tripartites, quadripartites, mullipartites ; les feuilles
palmatipartites sont celles qui unissent à la division profonde des
segments la forme dite palmée. La forme pérnatifide très-divisée prend
le nom de prrnatipartite, et la décomposition deses lanières ou seg-
ments lui fait prendre le nom de bépinnutipartite, tripinnatipartite.
La feuille pédalée, pédiaire, pédatipartite, est celle dont la nervure
médiane est très-courte, et dont les nervures secondaires s’épa-
nouissent latéralement et forment à droite et à gauche deux systèmes
distincts, comme dans l’Hellébore fétide.
Une autre nuance de découpures qui a mérité dans la glossologie
une dénomination particulière, est celle des feuilles dont les seg-
ments atteignent jusqu’à la nervure médiane. Suivant leur forme, on
les appelle palrnatiséquées (de sectum, coupé); et, suivant leur mode
et division, elles sont dites pinnatiséquées, bipinnatiséquées, ete.
Nous sommes arrivés sur la limite qui séparait les feuilles simples
découpées des feuilles composées. La feuille composée a un pétiole
commun, qui porte les petites feuilles, ou folioles, appelées encore
pinnules, et les pétioles particuliers de chaque foliole s’appellent
pétiolules. Dans les feuilles où le pétiole commun ne porte pas direc-
tement les folioles, on l’appelle axe primaire ou rachis , et les pétio-
lules portent le nom d’uxe secondaire. La forme la plus commune
INTRODUCTION. CCXCII)
1
aux folioles est l’ellipse. Lorsqu'elles partent immédiatement des
pétioles, elles sont dites composées ; décomposées, quand elles sont
portées par des nervures secondaires, et surdécomposées, quand
elles le sont par des nervures tertiaires.
La feuille composée simple a un nombre de folioles qui varie de
trois à neuf. Quand elle a trois folioles, comme dans le Trèfle, elle est
dite ternée ou trifoliolée ; elle est dite digitée, quand elle en a plus : les
Lupins, le Marronnier d'Inde; mais pour plus de précision, on l’ap-
pelle, suivant le nombre de ses folioles, quinquefoliolée, septifoliolée.
Le nombre impair est commun aux feuilles composées simples, parce
que toute feuille est partagée en deux parties égales par une nervure
moyenne qui devient foliole à son tour, et que, quand les nervures
secondaires sont longitudinales, il y a égalité de nombre dans les fo-
lioles. La feuille à deux folioles, comme celle du Zy2ophyllum fa-
Lago, est dite binée; quand elle en a quatre, quaternée, et ce nom-
bre pair est toujours dû à un avortement.
On passe des feuilles simplement composées à celles qui, ayant
une nervation latérale, ont les folioles attachées, comme les barbes
d’une plume, sur un axe commun : alors elles sont dites pennées ,
pinnées ou ailées. Quand les folioles sont pennées, elles peuvent être
opposées ou alternes, d’où les noms d’oppositi-pennées où d’alterni-
pennées. Dans ce dernier cas, on compte le nombre des folioles , et
l’on appelle la feuille bifoliolée, trifoliolée (les Ononts, les Luzernes),
ou quadrifoliolée; \orsqu’au contraire les folioles sont opposées, on
les compte par paires, et on les appelle bijuguées, trijuguées, etc.
Lorsque les nervures secondaires sont disposées comme la barbe d’une
plame, la feuille est bipennée ; tandis que, quand les nervures longi-
tudinales, au nombre de trois, se subdivisent encore en trois, on à
une feuille biternée. Les feuilles ayant des nervures secondaires lon-
gitudinales et des nervures latérales converties en folioles, comme
dans la Sensitive, sont appelées digitées-pennées ; elles sont pennées-
conjuguées, pennées-ternées, pennées-quaternées, Suivant que leurs
pervures pennées sont au nombre de deux, trois ou quatre.
Les feuilles sardécomposées sont celles dont les folioles sont por-
tées par des nervures tertiaires, et elles sont alors ériconquguées, tri-
ternées, tripennées.
Les feuilles ckarnues ou grasses échappent à cette nomenclature ;
elles affectent des formes qu’on ne trouve pas dans les feuilles dont
CCXCIV INTRODUCTION.
le limbe est mince et papyracé; elles présentent donc dans leurs
formes des solides et non des figures planes : c’est dans trois familles
qu'on les trouve, telles que les Cactées, les Crassulacées et les Ficoï-
des, qui se composent de végétaux à feuilles exclusivement charnues;
elles sont rares dans les autres groupes. Les feuilles de cette sorte
sont cylindriques, serni-cylindriques, triquètres ou à trois faces, del-
toides, acinaciformes ou en forme de sabre, dolabriformes ou en
doloire. Elles n’ont pas la structure des autres feuilles, on n’y distingue
pas de nervures, et même leur dissection ne montre pas une direc-
tion régulière dans le faisceau fibro-vasculaire.
Dans les Monocotylédones, on trouve des feuilles qui présentent
dans leur structure une anomalie remarquable : elles sont, comme
dans l’Oignon, composées d’un tube creux effilé à la pointe, et elles
sont dites fistuleuses ; ou bien la moelle forme de distance en dis-
tance des diaphragmes , et elles sont dites coisonnées, comme cela
se voit dans les Joncs.
Sous le rapport des dimensions, les feuilles présentent autant de
variété que dans la forme : tandis que le Serpolet a des feuilles pe-
utes, le Mélèze plus petites encore, le Bananier a des feuilles
longues de 2 mètres, avec un limbe de 30 à 40 centimètres de lar-
geur; celles du Chou palmiste ont 3 mètres, et leur pétiole creux
peut contenir jusqu’à six litres de liquide. On ne peut, au reste, éta-
blir aucun rapport entre la grandeur des végétaux et le développe-
ment superficiel de leurs feuilles.
La position des feuilles présente un certain nombre de variations :
elles sont alternes, quand elles partent de chaque côté de la tige sans
être en regard; opposées, quand elles ont les pétioles en regard l’un
de l’autre; verticillées, lorsqu'elles partent circulairement d’un même
nœud vital; et suivant leur nombre, elles sont dites /ernces, quater-
nées, quinées, etc. Les feuilles éparses sont celles qui sont disposées
en spirale dont les éléments sont très-rapprochés ; fusciculées, quand
par leur rapprochement elles forment un bouquet, comme dans l'É-
pine-vinette et le Mélèze. Les feuilles unies entre elles par des expan-
sions pétiolaires, de telle sorte que la tige en traverse le milieu , sont
dites connées : le Chardon lacinié; quand la tige les traverse de part
en part au milieu du limbe, elles sont dites perfoliées : le Chèvre-
feuille ; les feuilles décurrentes sont celles dont le limbe se prolonge
à la base le long de la tige.
INTRODUCTION. CCXCV
On appelle feuilles radicales celles qui naissent du collet de la ra-
cine sans tige apparente, comme dans le Plantain ; caulinaires, celles
portées par la tige : le Lierre terrestre; rarnéales, par les rameaux :
le Lilas.
Dans leurs rapports avec l’axe qui les porte, elles sont Aorizon-
tales , obliques , verticales, imhriquées, pendantes.
Sous le rapport de la durée, elles sont caduques lorsqu'elles
quittent la tige et meurent à la fin de la saison, ce qui a lieu pour
la plupart de nos végétaux ; d’autres ne se détachent que l’année
suivante; et elles sont persistantes lorsqu'elles restent plusieurs an-
nées, comme dans le Lierre, le Buis, le Houx.
Sous le rapport de la couleur, les feuilles sont, dans la plupart des
végétaux, d’une couleur verte plus ou moins intense : d’un vert
jaune dans l’Arroche des jardins, elles sont d’un vert obscur dans le
Lierre, et glauque dans le Chou; mais ce ne sont que les différentes
nuances d’un système uniforme de coloration. On trouve dans les
Cyclamen, un Tradescantia, plusieurs espèces de Begonia et de Ca-
ladium, la page inférieure rouge ou violette ; l'Amararthe tricolore a
les feuilles rouges, vertes et jaunes; la Baselle présente deux variétés,
une verte et l’autre rouge, particularité qui se trouve également dans
l'Arroche et la Bette ou Poirée à cardes. Certains végétaux ont les
feuilles décolorées par suite d’une altération du parenchyme semblable
à l’albinisme des animaux; elles le sont rarement en entier; ce n’est
le plus souvent qu'une portion du limbe qui souffre de cette altéra-
tion : ainsi, dans l’Æucuba japonica, la feuille est tachetée de jaune;
dans le Phalaris à feuilles panachées , c’est une partie du limbe qui
porte de longs rubans décolorés ; dans la Sauge à feuilles panachées,
ce sont de larges macules. Le mnelanisme n'existe pas dans le règne
végétal : c’est, en général, le pourpre qui remplace le noir ; nous con-
naissons une magnifique variété de Hêtre dont les feuilles sont d’un
pourpre obscur, et une variété de Noisetier qui affecte la même colo-
ration.
La couleur des feuilles change à l'automne : elle devient d’un beau
jaune citron dans le Bouleau, le Poirier, le Pommier, l’Orme, le
Frêne. Certains arbres, cependant, résistent à l'influence des froids :
ainsi les feuilles de l’Aune tombent encore vertes; celles du Chêne
sont brunes, sans avoir passé par le jaune. Dans les arbres à fruits
rouges, les feuilles se colorent à l'automne en un rouge souvent très-
CCXCV) INTRODUCTION.
vif, ce que nous voyons dans le Sorbier, le Cerisier, le Groseillier,
l'Épine-vinette, la Vigne, le Sumac. Ce qui distingue la coloration
jaune de la rouge, c’est que cette dernière reprend sa couleur verte
par la potasse, tandis que la première ne passe plus au vert par l’ac-
tion d’aucun réactif.
Quand la dessiccation s'empare des feuilles de tous les végétaux ,
elles passent à cette couleur brune qu’on appelle feuille morte, due à
un extractif qui devient brun par l’action de oxygène.
Le nombre des végétaux à feuilles persistantes s’accroit à mesure
qu’on se dirige vers le sud; ce qui n’empêche pas que sous les tro-
piques il n’y ait, pendant la saison aride, des arbres qui se dépouil-
lent de leur feuillage.
Suivant l'époque de leur évolution, les feuilles ont reçu différents
noms : on appelle feuilles sérinales les cotylédons développés;
primordiales, celles qui succèdent aux feuilles séminales, et caracté-
ristiques, Celles qui se développent ensuite et portent le caractère
propre à l'espèce; car les deux premières ont une forme différente.
Sous le rapport taxonomique, les feuilles sont d’un grand se-
cours; ce n’est pas tant la forme et la disposition qu'il faut consulter,
car la forme varie et n’a pas de limites ; la disposition est déjà plus
constante, mais c’est surtout l'insertion qui est plus fixe.
Pour résumer suivant les classes les caractères à tirer des feuilles,
j'en tracerai rapidement le tableau.
Dans les Zcotylédones, les feuilles offrent deux types : les Crypto-
games cellulaires n’ont de feuilles que dans les Mousses, et dans ces
végétaux elles présentent de une à deux nervures moyennes qui ne
parcourent quelquefois pas le limbe dans toute son étendue; mais
d’autres fois se prolongent en poils ou en pointe; elles sont sessiles,
alternes ou en spirale, et quelquefois elles sont décurrentes; dans les
Jongermannes et les Hépatiques on trouve des feuilles régulièrement
développées, et dans certaines elles sont soudées et présentent la dis-
position distique. Les feuilles des Cryptogames vasculaires offrent
une organisation semblable à celles des Phanérogames : dans les
Fougères, elles sont roulées en crosse dans leur jeune âge, ce qui les
rapproche des Cycadées, qui sont dans le même cas. Les feuilles des
Lycopodes ressemblent à celles des Mousses et affectent une disposi-
tion qui les unirait aux Jongermannes; les feuilles des Équiséta-
cées ont des dents soudées à leur base en manière de gaîne, et elles
INTRODUCTION. CCXCvI]
ne sont jamais vertes; malgré leur figure quadrifoliolée, qui ressem-
ble à un Trèfle à quatre folioles, les MHarsilea se distinguent par leur
enroulement en préfoliation; les Salvinia ont les feuilles enroulées,
et les /soetes seuls en diffèrent par l’absence d’enroulement.
Dans les Honocotylédones, les feuilles sont simples; on n’en con-
naît pas de composées. Sous le rapport de linsertion, aucune Mono-
cotylédone n’a les feuilles opposées.
Dans les Dicotylédones, les apétales n’en présentent jamais de com-
posées, et rarement de découpées; dans les Dicotylédones monopé-
tales, on n’en voit également pas de composées, mais beaucoup sont
découpées; dans les polypétales, des familles entières, teiles que les
Légumineuses, les Rutacées, les Térébinthacées ont les feuilles com-
posées. L'insertion est un caractère assez constant, bien qu’on trouve
des familles dans lesquelles 1l y a des genres ou des espèces à feuilles
alternes et à feuilles opposées : les Plantaginées, les Plambaginées,
les Chicoracées, les Sapotées, les Malvacées, les Renonculacées, les
Magnoliacées, les Berbéridées, ont des feuilles constamment alternes ;
les Labiées, les Gentianées, les Dipsacées, les Caryophyllées les ont
toujours opposées; les Salicariées et les Polygalées présentent la plus
grande variété de disposition. On voit souvent sur le même individu
des feuilles alternes, opposées ou verticillées ; les Rubiacées d'Europe
ont toutes les feuilles verticillées, celles d'Amérique les ont opposées.
De la disposition géométrique des feuilles.
La disposition des feuilles sur leur tige n’est pas arbitraire : elle est
géométrique, c’est-à-dire qu’elle présente des lois constantes qui
n’ont été étudiées que dans ces dernières années, bien que le célèbre
Bonnet, et bien avant lui Th. Brown en 1658 et Malpighi, aient re-
marqué la disposition spirale des organes appendiculaires. Ils
constatèrent l'existence de la spirale quinconciale ou quinaire comme
la plus commune. C’est à M. Braun, en Allemagne, et à M. Bravais,
en France, qu'on doit les travaux les plus récents et les plus com-
plets sur cette matière. On a assez inutilement donné à cette branche
de la science, qui n’en constitue qu’un point, le nom de phylotaxie,
car les déductions philosophiques qu’on en peut tirer sont négatives;
on sait seulement que la disposition des feuilles est géométrique et
rentre dans un petit nombre de lois faciles à déterminer dans un
TOME 1, INTRODUCTION. — Livraison MM. min
CEXCVII) INTRODUCTION.
grand nombre de cas. En examinant avec attention l’arrangement
des feuilles, on peut les ramener à une disposition primitive cireu-
laire, au cycle, qui, en s’évoluant, donne naissance à une spire
plus ou moins allongée, et qui ne se compose pas toujours du même
nombre d'éléments. Il est facile de comprendre la cause de ce phé-
nomène : la disposition des feuilles dans le bourgeon présente les
éléments foliacés disposés en verticilles superposés sur un axe très-
court qui affecte, en se développant, la forme conique; il en résulte
un arrangement spiral qui n’est cependant pas si invariable que la
spire tourne toujours dans le même sens : elle est tantôt tournée de
droite à gauche et tantôt de gauche à droite. En prenant pour
exemple un des cas les plus simples, nous verrons dans le Cerisier,
le Pêcher, le Peuplier, une disposition quinaire ou quinconciale,
c’est-à-dire que 5 feuilles se trouvent disposées en divergeant au-
tour de l’axe, et après une double révolution, la 6° feuille vient
se placer directement au-dessus de la 1°°, et recommencer une nou-
velle série. Cette disposition a été désignée par la fraction < : le numé-
rateur indique le nombre de tours de la spirale, et le dénominateur
le nombre de feuilles qui remplissent cet intervalle. Dans le Tilleul,
les rapports sont plus simples : le cycle est de 2 feuilles seulement,
et cette disposition est indiquée par la fraction +. Il ne faut donc que
2 feuilles pour un tour de spire, et le cycle recommence. Ge sont les
feuilles dstiques. Dans les Cypéracées, elles sont /restiques ; il en
faut donc trois pour chaque cycle désigné par +. Pour arriver à la
désignation de la fraction qui représente cet arrangement, il faut
avoir égard à la distance d’une feuille à celle qui est au-dessus, et dont
l'écartement, appelé divergence, répond à une des divisions d’un
cercle sur lequel tout le cycle serait disposé horizontalement. Ainsi,
2 indique qu’il ÿ a 180 degrés entre une feuille et l’autre ; +, 144 de-
grés si les 5 feuilles fournissent deux tours de spire, et 72 si elles
n’en fournissent qu'un seul. C’est là le véritable sens de la notation,
dont l’angle de divergence est la base. Dans les feuilles alternes,
les angles de divergence les plus communs sont :
"2
DT
Il s'en faut beaucoup que cet arrangement soit régulier; on
trouve interposées à la première spirale, appelée sprrale génératrice
INTRODUCTION. CCXCIX
ou primitive, des spirales seconduires, qui sont quelquefois paral-
lèles à la spirale primitive, et d’autres fois affectent un enroulement
inverse, qui ne représente qu’une partie des feuilles de la tige. Quel-
quefois on trouve 2 ou 3 spirales qui s’élèvent en même temps et se
partagent les feuilles de la tige, et alors la difficulté commence : il faut
retrouver, au milieu de cette confusion apparente, l’ordre primitif, et
en déduire l’arrangement secondaire. On y arrive avec assez de
peine dans le principe, en déduisant les spirales secondaires qu'on
élimine pour arriver à la spirale primitive. Les nombreuses diver-
gences que présente la disposition géométrique des feuilles dont les
changements de direction ne sont pas appréciés, diminuent l'impor-
tance de cette étude et lui enlèvent une partie de son utilité pra-
tique.
La disposition spirale se retrouve dansles feuilles opposées et verti-
cillées, car ce sont encore des cycles superposés, et dans ce cas c’est
une spirale continue, qui toutefois pourtant , dans l’arrangement ver-
ticillaire , présente cette loi, que les feuilles d’un verticille ne se trou-
vent pas placées directement au-dessus de celles du verticille infé-
rieur, de sorte que, pour retrouver la correspondance d’un verticille
à un autre, il faut en compter plusieurs, ce qui rentre dans l’ar-
rangement des feuilles alternes. On en retranche alors un certain
nombre de feuilles pour rentrer dans l’ordre spiral ; dans tous les cas,
il faut regarder, dans les feuilles opposées ou verticillées, leur arran-
gement comme résultant de plusieurs spirales courant parallèlement.
Ce qui jette de la confusion dans cette loi, c’est qu’on trouve dans
certains végétaux un passage de l’ordre opposé à l’ordre alterne, sur-
tout dans les parties supérieures des rameaux. La disposition géomé-
trique des organes appendiculaires n’intéresse pas seulement les or-
ganes foliacés, mais les bractées et les fruits en strobile, où les écailles
affectent également l’arrangement spiral.
En examinant attentivement les découvertes de la phyllotaxie,
on n’y reconnaît qu’un petit nombre de lois fixes et beaucoup d’a-
nomalies et d’incertitudes ; cependant elle rendrait des services si l’on
pouvait arriver à constater la loi fondamentale de la disposition géo-
métrique des feuilles, et l’on pourrait s’en servir comme d’un auxi-
liaire dans la diagnose. Jusqu'à ce moment, elle est entourée d’obs-
curité , et les savants mémoires des auteurs de cette découverte sont
assez difficiles à comprendre pour qu’on ne puisse s’en servir prati-
CCC INTRODUCTION.
quement; c’est pourquoi je me borne à la signaler , sans entrer dans
des développements qui ne peuvent prendre place dans un ouvrage
élémentaire.
Agardh, sans se jeter dans des considérations si savantes, admet
qu'il y a dans les feuilles trois dispositions normales : les feuilles
opposées, les feuilles en spirale quinaire, et celles en spirale ter--
naire, dispositions qui se retrouvent le plus souvent dans les parties
de la fleur. I croit, ce qui semble prématuré (mais cependant avec
une tendance plus pratique que la théorie des auteurs de la phyllo-
taxie), que cette disposition des feuilles deviendra la base des sections
du règne végétal : la disposition ternaire pour les Monocotylédones,
ce que je n’ai pas pu constater normalement, bien que l’arrangement
tristique se retrouve dans les Carex et réponde à la théorie que j'ai
exposée sur la présence du nombre trois dans les végétaux de cette
classe; et, pour les Dicotylédones, la série quinaire et celle binaire.
Il est bon, malgré l’état encore péu avancé de cette partie de la Bo-
tanique, de vérifier cette théorie, que je ne crois vraie que dans ses
points de vue les plus généraux.
Du sommeil des feuilles.
Pendant la durée de leur vie, les feuilles présentent un phénomène
particulier qui est propre à la plupart d’entre elles. Linné est le pre-
mier qui ait signalé cette intéressante particularité : il remarqua qu'à
la chute du jour, quelquefois même tout simplement à l'ombre, pen-
dant les temps pluvieux , les feuilles affectent une position différente
de celle qu’elles ont tandis que le soleil éclaire l'horizon. Comme
ce phénomène, si semblable au sommeil, annonçait une sorte de re-
pos, et était sensible surtout à l’approche de la nuit, il lui donna le
nom de sonuneil des plantes, appellation poétique comme toutes les
créations de ce grand observateur. Ce changement de position, qui
donne au végétal une physionomie nocturne différente de sa physio-
nomie diurne, est attribué à l’absence de la lumière, conclusion plus
exacte que celle qui l’attribue à l’abaissement dela température, puis-
que dans nos serres, où la chaleur est maintenue à un degré toujours
assez élevé, même pendant la nuit. le phénomène est aussi apparent
que dans les végétaux qui vivent en plein air; et ce sont surtout les
jeunes végétaux qui sont sensibles à cette influence. C’est à tort
INTRODUCTION. cc)
que Linné a cru que le but de ce changement de position était de met-
tre les pousses les plus tendres à l’abri des variations atmosphériques.
Quelle que soit la position affectée par les feuilles dans leur état noc-
turne, elles sont toujours repliées surelles-mêmes, et paraissent, en se
serrant l’une contre l’autre, ou en s'appliquant le long dela tige, vou-
loir se défendre contrel’humidité des nuits. Ce phénomène me semble
dû simplementau changement de l’état électrique de l'atmosphère; ce
qui parait d'autant plus exact, que les botanistes qui ont fait des ob-
servations multipliées sur le sommeil des plantes et sont parvenus
à en tromper certaines, comme la Sensitive, dont les folioles se re-
plient quand on soumet cette plante à l’influence de l'obscurité, n’ont
pas pu, pour le plus grand nombre, provoquer le sommeil en les pri-
vant de lumière ; ce qui prouve que l’obscurité n’est pas la seule con-
dition pour que le phénomène se produise.
Les feuilles simples affectent quatre positions différentes pendant
leur sommeil. RÉ
Dansl’Arroche desjardins elles sont conniventes, c’est-à-dire qu’elles
s'appliquent face à face d’une manière si intime, qu’elles semblent ne
former qu’une seule feuille; ce qui a lieu pour les feuilles opposées.
Les feuilles alternes sont enveloppantes quand elles s'appliquent con-
tre la tige, comme pour garantir le bourgeon placé dans leur aisselle :
tels sont les 4butilon; dans la Malva peruviana, elles sont environ-
nantes ou en entonnoir, c’est-à-dire qu’elles se roulent en cornet et
entourent les jeunes pousses et les bourgeons ; elles sont abritantes
quand elles s’abaissent vers la terre et forment, comme dans l’Zmpa-
tiens noli tangere , une sorte de toit protecteur au-dessus des fleurs
inférieures.
Les feuilles composées affectent sept positions : elles sont dressées
dansleBaguenaudier, quand leurs folioles se redressent et s'appliquent
face à face ; en berceau, comme dans le Trefle, où elles réunissent
par leur sommet les trois folioles, et forment comme un berceau
abritant les fleurs; divergentes dans le Mélilot, quand elles sont réu-
_nies à leur base et ouvertes à leur sommet; pendantes dans le Sapin ;
retournées dans les Casses, où elles se tournent sur elles-mêmes et
s'appliquent l’une sur l’autre par leur face supérieure ; ënbriquées
dans la Sensitive, dont les folioles se recouvrent comme les tuiles
d’un toit; rebroussées ou renversées, quand les folioles, au lieu de
s’imbriquer en dirigeant leur sommet vers le haut du rachis, affectent
CCI] INTRODUCTION.
une position inverse et dirigent leur pointe vers la base du pétiole
commun, ce qui se voit dans le Galega caribæa.
Des mouvements spontanés des feuilles.
Un autre phénomène qui tient, comme le précédent, à lirritabilité
el est plus difficile à expliquer, est la motilité spontanée de certaines
parties des végétaux. Ces mouvements anormaux sont des cas spé-
ciaux d’irritabilité qui ne se voient que dans un petit nombre de
plantes. Dans le Desmodiun gyrans (démembrement du genre
Hedysarum), on voit, à côté d’une grande foliole, deux très-petites
folioles qui affectent un mouvement continu d’oscillation alterna-
tive durant tout le jour, surtout pendant les chaleurs; il en est de
même du Zourea vespertilionis , qui appartenait autrefois au même
genre. Le mouvement n’a pas lieu quand le temps est couvert ou
qu'il y a abaissement de température. Les jeunes feuilles sont plus
sensibles que les vieilles; et dans les Indes, patrie de ces deux plan-
tes, il ÿ à pour chaque feuille un mouvement par seconde.
Dans le Wepenthes distillatoria, le disque de la feuille, qui forme
une espèce de couvercle sur la petite amphore formée par l’élargisse-
ment du pétiole, se relève quand, par suite de l’'évaporation, l’eau
contenue dans cette amphore a disparu ; dès qu’elle est pleine, le dis-
que s’abaisse et la ferme.
Dans les Wénosa pudica, pellita, anthocarpa, et plusieurs autres,
les folioles se replient le long du rachis au moindre attouchement, et
même le pétiole commence à s’infléchir sur son articulation et semble
flétri. Un choc brusque produit le même effet, et ce n’est qu’au
bout d’un certain temps de repos qu’elles retrouvent leur sensibilité.
Les espèces sensibles le sont beaucoup moins que la Sensitive. On
trouve la même sensibilité dans le Srmithia sensitiva et le Biophytum
Sensilivumn.
Un des exemples les plus remarquables de sensibilité est celui que
fournit la feuille de la Dionæa muscipula, petite plante des marais de
l'Amérique septentrionale, à disque bordé de cils, qui se replie en
deux si la surface est excitée par un insecte ou per un autre moyen.
Les poils qui hérissent le bord des feuilles des diverses espèces de
Drosera sont doués d’une grande sensibilité et se couchent dès l’ins-
tant qu'ils sont touchés.
INTRODUCTION. cell}
De la feuillaison et de l’effeuillaison.
On a donné le nom de feurllaison ( foliatio) au phénomène en
vertu duquel les feuilles renfermées dans le bourgeon s’en échappent
et prennent leur accroissement. C'est la feuillaison qui, en changeant
l’aspect des campagnes, fait succéder à la tristesse de l'hiver le
charme d’une nature rajeunie, et c’est au souffle tiède des vents
qu'est dû le développement des bourgeons. On peut, même en hi-
ver, en introduisant dans une serre chaude une des branches d’un
arbre, la voir se couvrir de feuilles, tandis que les autres resteront
dans leur état de nudité. L’humidité joue également un rôle dans le
développement des bourgeons, et concourt avec la chaleur à une
foliation précoce. |
Suivant les genres ou même les groupes, la feuillaison a lieu à
des époques différentes : les Mousses et les Pins se couvrent de
feuilles pendant l'hiver ; les arbres à feuilles caduques et les Lilia-
cées, au printemps; les Chênes verts, en été; et les Fougères, en
automne. Cette différence existe d’espèce à espèce, et même d’in-
dividu à individu, ce qui constitue des races précoces ou hâti-
ves et d’autres tardives. On connaît à Paris le célèbre Marronnier
d'Inde des Tuileries, qui donne ses feuilles le 20 mars, et se trouve
couvert de feuillage à une époque où les arbres voisins, quoique
soumis aux mêmes influences, ne présentent encore que leurs gros
bourgeons vernissés. Ces différences dans les époques de feuillaison
tiennent évidemment, pour les végétaux des diverses familles, mais
surtout, pour les individus d’une même espèce, au degré d’excitabi-
lité dont ils sont doués.
Un fait digne d’être observé, c’est que les végétaux essentielle-
ment printaniers, tels que l’Aremone nemorosa , l'Hépatique , l’O-
robe printanier, le Galanthus nivalis, dont la croissance est si pré-
coce et qui bravent les gelées du printemps, deviennent si sensibles
à l’automne, que les premiers froids les flétrissent. Sous le climat
d’Upsal, c’est du 19 au 31 août qu'ont lieu les Jernnätter, ou nuits
de fer (noctes ferreæ), qui font disparaitre toute la vie végétale.
Une des lois de la feuillaison, c’est qu’en général les bourgeons
supérieurs de chaque branche se développent les premiers, et leur
développement se suit du haut en bas, ce qui semble tenir à la na-
CCCIV INTRODUCTION.
ture plus molle et plus herbacée de l'extrémité des branches. Le
Mélèze fait exception à cette loi.
Linné, dans son mémoire intitulé fernatio arborum, a étudié,
pour le climat rigoureux de la Suède, l’ordre de développement des
feuilles des arbres, qui est le suivant : 1. Sureau à grappes ; 2. Chè-
vrefeuille; 3. Groseillier à maquereau ; 4. Groseillier à grappes ;
5. Spirée à feuilles de Saule ; 6. Merisier à grappes ; 7. Fusain; 8. Po-
tentille frutiqueuse ; 9. Sureau noir; 10. Troëne ; 11. Sorbier des
oiseaux ; 12. Osier; 13. Aune; 14. Hippophaé rhamnoïde; 15. Pom-
mier; 16. Cerisier; 17. Viorne obier; 18. Bouleau blanc; 19. Noi-
setier; 20. Orme champêtre ; 21. Rose des chiens; 22. Poirier ;
23. Prunier; 24. Nerprun cathartique; 25. Bourdaine ; 26. Tilleul;
27. Hêtre; 28. Alouchier; 29. Tremble; 30. Érable faux-Platane ;
31. Chéne rouvre; 32. Frêne. |
Ce botaniste célèbre, qui n’a jamais séparé la théorie de lappli-
cation et a essayé de donner à ses observations sur la feuillaison
une utilité pratique, conseille de déterminer pour chaque climat,
par des observations rigoureuses, l’époque la plus convenable
pour les diverses opérations agricoles, en suivant pour les semailles
ou la récolte l’époque de la feuillaison ou de l’effeuillaison de divers
arbres. C’est ainsi que dans la Suède il établit, comme l’époque la plus
propre à semer l’Orge, celle où le Bouleau blanc se couvre de feuilles.
C’est une idée ingénieuse qui aurait besoin d’être soumise à des
observations multipliées pour qu’on sache jusqu’à quel point elle est
susceptible d'application; car l’époque de la feuillaison n’est pas en
rapport avec celle de l’effeuillaison, et ce guide pourrait être plus
trompeur qu’utile. f
Après Linné, un des hommes qui se sont occupés avec le plus de
persévérance et de sagacité des différentes parties de la science bota-
nique, est Adanson, qui a cherché à tirer des résultats moyens d’une
longue suite d'observations sous le climat de Paris et dans un rayon
de 80 kilomètres autour de cette ville.
Le tableau qu’il donne est assez curieux pour mériter de trouver
place dans ce livre.
INTRODUCTION. CCCV
TEMPÉRATURE [7 EMPÉRA- ÉPOQUES :
CENTIGRADE. :
TURE CORRESPON-
A —
MOYENNE. y
Plus hâtive | Plus tardive DANTES.
Sureau noir, Chèvrefeuille, Tulipe jaune,
-Safran De 110|à 280°| 195° |16 février.
Groseillier épineux , Lilas, Aubépine... 180| 365 272 - |1€ mars.
Groseillier à grappes, Fusain, Troëne,
Rosier ' 202] 402 302
Saule , Aune, Obier, Noisetier, De
Cerisier, Pommier. 224| 420 317
Tilleul, Marronnier d'Inde dé ta
bourgeons), Orme , Charme 224| 460
Poirier, Prunier, Abricotier, Pêcher... 300! 515
Nerprun, Bourgène, Prunellier....... 408| 600
Hêtre, Tremble, Érable plane........} 456| 660
Charme , Orme, Vigne, Figuier, Noyer,
660| 800
826] 990
600!1,650
Il en est du travail d’Adanson comme de celui de Linné : en ad-
mettant l'exactitude des époques de feuillaison , on ne pourrait encore
s’en servir comme d’un guide pour les opérations agricoles; car rien
de plus illusoire que les moyennes dans des observations de sembla-
ble nature. Rien, en effet, ne fait connaître le point de départ de cette
échelle de numération; de sorte que, s’il est utile de connaître l’époque
de la feuillaison des principaux arbres de notre climat, il est difficile
d'apprécier les conditions de température nécessaires pour déterminer
ce phénomène, et plus difficile encore d’en tirer parti.
Voici, du reste, les observations les plus intéressantes du même
auteur sur la feuillaison et l’effeuillaison de quelques végétaux. La
plupart des arbres printaniers ne commencent à végéter et ne conti-
nuent que lorsque la température est de + 10°, et la végétation s’ar-
rête dès que la chaleur tombe au-dessous de ce point. En 1756, les
Marronniers d'Inde et les Tilleuls avaient développé leurs premières
feuilles dès le 1° mars; tout à coup la température tomba à 3° et
6°, et se maintint pendant six semaines à celte élévation. Jusqu'au
16 avril, époque où le thermomètre remonta à 11° et 12°, la végéta-
TOME I, INTRODUCTION. — Livraison nn, nn
CCCY] INTRODUCTION.
tion fut suspendue. C’est ce qui a lieu dans les années précoces,
chaque fois que le développement des feuilles est suivi d’un abaisse-
ment de la température au-dessous de 10° à midi. C’est à une tempé-
rature semblable et même un peu plus basse que végètent les Céréales.
D’autres n’exigent que 6° à 7°, et le Chêne, au contraire, demande
une température plus élevée. En général , l'époque de l’effeuillaison
des végétaux est celle où la température tombe au-dessous du degré
où ils ont commencé à ouvrir leurs bourgeons.
L'effeuillaison est un phénomène qui mérite une étude particulière,
à cause des changements qui s’opèrent dans la couleur de la feuille,
ce qui donne en automne un aspect si varié au paysage. Outre la
teinte jaune générale, elle devient, comme je l’ai dit plus haut, rouge
dans les Sumacs et la Vigne; d’un brun très-foncé dans le Noyer;
d'un brun clair dans le Marronnier d'Inde; bleu cendré dans le
Chèvrefeuille; violette dans les diverses espèces du genre Rubus, et
jaune clair dans les Érables, le Tilleul et un grand nombre d’autres
arbres.
La chute des feuilles est due à la cessation de leurs rapports vitaux
avec l'arbre qui les porte; il ne faut donc pas l’attribuer seulement
à l’abaissement de la température : c’est plutôt au manque de nutri-
tion. Le Tilleul, qui perd ses feuilles dès la fin de juillet, en est une
preuve; pendant tout l’automne, cet arbre en est entièrement dé-
pouillé ; et cependant, quand les froids arrivent, les premiers bour-
geons sont déjà développés : c’est donc à l’oblitération des vaisseaux
qui charriaient la séve que les feuilles doivent cette mortalité pério-
dique. Elles se dessèchent, se fanent, perdent toute l'humidité de
leur parenchyme, et, en se détachant, laissent sur la tige une marque
qu’on appelle cicatrice. |
La durée de l’effeuillaison varie : quelques plantes, comme le Peu-
plier, le Bouleau, la Vigne, perdent leurs feuilles presque au même
moment; le Chêne, le Hêtre, le Charme, conservent tout l’hiver leurs
feuilles desséchées, et elles ne tombent qu’au printemps, lorsque
les autres commencent à sortir de leur bourgeon. Certains autres
végétaux, tels que le Magnolier à grandes fleurs, attendent que les
feuilles nouvelles soient entièrement développées pour quitter la
branche à laquelle elles étaient fixées. Les plantes herbacées per-
dent leurs tiges avec les feuilles qui y étaient atlachées, sans que
celles-ci s’en séparent.
INTRODUCTION. CCCvI]
On a remarqué que l’effeuillaison s’effectue de deux manières : les
végétaux dans lesquels la pousse automnale a lieu par la simple pro-
longation du bourgeon terminal ou par l’allongement des rameaux
commencent à s’effeuiller par le bas; tandis que, pour ceux chez
qui cette même pousse a lieu par l'apparition de petits rameaux laté-
raux , elle commence par le haut.
L’effeuillaison est un phénomène propre à certains végétaux , que
ne modifie pas toujours le changement de climat. Les espèces cadu-
ques restent toujours caduques, et l’on ne peut en faire des plantes
toujours vertes. Le Pommier, transporté au Cap, perd ses feuilles
chaque année ; et dans les Andes le Chène se dépouille de ses feuilles,
comme il le faisait en Europe. Le climat joue cependant un grand
rôle dans l’effeuillaison, car les végétaux des régions tropicales con-
servent leurs feuilles toute l’année, ou ne les perdent que quand les
nouvelles sont entièrement développées.
Les feuilles pétiolées tombent plus tôt que les feuilles sessiles ou
amplexicaules : celles-ci, ayant des points d’adhérence plus nom:
breux, tombent les dernières.
J’emprunte à M. Thiébaut de Berneaud un tableau fort intéressant
de l’époque de la feuillaison et de l’effeuillaison de quelques végétaux
sous deux latitudes différentes : sous le 42°, qui correspond à la par-
tie septentrionale de l'Espagne, et coupe l'Italie à la hauteur de
Rome; et sous le 48°, qui répond au climat du Mans, d'Orléans, et
représente une ligne partant de la pointe du Raz dans le Finistère,
coupant le Haut-Rhin au-dessous de Colmar, et traversant le Mor-
bihan, l’Ille-et-Vilaine, la Mayenne, la Sarthe, l’Eure-et-Loir, le Loir-
et-Cher, le Loiret, l'Yonne, l’Aube, la Haute-Marne et les Vosges.
On verra combien varie la durée de la feuillaison. Tandis que le
Sureau conserve ses feuilles pendant plus de sept mois, le Lilas,
l’Aubépine, le Rosier , le Troëne, près de six mois, la plupart des
arbres ne les conservent que quatre mois et demi, et le Ricin ne les
garde que deux mois.
CCCVIi] INTRODUCTION ;
Tableau de la feuillaison et de l'effcuillaison.
48° DEGRÉ.
42° DEGRÉ.
a
NOMS DES PLANTES.
7
Feuiliaison. Fffeuillaison.
Feuillaison |Effeuillaison
din PRE mn ERA"
Sureau noir, Groseillier
ÉPINEUX. - rss:
Chèvrefeuille..........
Lilas, Aubépine , Sureau
PSE e
Rosier, Fusain, Troëne..
Saules, Aune, Bouleau,
1e févr. [1% sept. [15 février. 3-29 septembre.
26 fév.-1°" mars.
1 mars. 29 novembre.
Noisetier:s:64 01. stress 25 octobre.
Pommier, Cerisier, Sureau
DEA Tr 1°" novembre.
Amandier, Abricotier, Pé-
CHEPP re Tree _. 18 16-20 octobre.
1% avril. 1°" novembre.
20-30 20 octobre.
Prunellier, Nerprun. ...
Marronnier. ..........
Peuplier, Tremble, Hêtre,
Érable. .... TE NP
Orme, Charme.........
19 sept.-10 oct.
20 15 novembre.
HUIPRRS sec) PA ax ts 22-30 20 octobre.
Noyers rt 2.000 .....[10 avril.|12 sept. [11 mai. 15
Frênders: 778%: be NE PET 30 21 20 septembre.
Figier. . Linsesse de de 15 octobre.
Chêne, Sumac. ....... . [10-20 novembre.
10:16
7
10
15-17 sept.
Vigne, Mürier, Mélèze. .
Presque tous les arbres. .
ABDERRGS er. M PTS
RAC OC HO ME
Nomologie des feuilles.
La nomologie des feuilles peut se résumer en un petit nombre
de lois générales.
Il n'y a pas de végétal cotylédoné sans feuilles; il n’y a donc pas
de plantes aphylles ; il existe toujours des feuilles transformées, en
écailles dans les Cuscutes et les Orobanches, en épines dans les {//ex ;
INTRODUCTION. CCCIX
dans les Cactées et les Stapelia, elles sont représentées par des mame-
lons ou des tubercules. Ce qui revient à cette loi, que plus la tige est
charnue , plus les feuilles sont inapparentes ou transformées.
Quelles que soient les formes des feuilles, la préfoliation est tou-
jours identique dans les végétaux appartenant à un même groupe.
Toute feuille opposée appartient à une Dicotylédone : il n’y a, pour
les Monocotylédones, d'exception que dans certains genres de la
famille des Dioscorées et dans le Paris, où les feuilles sont opposées.
La continuité de texture des Monocotylédones donne lieu, chez les
végétaux de cette classe, à l'existence de feuilles qui disparaissent
par marcescence ou flétrissement ; tandis que, dans les Dicotylédones,
les feuilles sont décidues. Elles quittent la tige le plus ordinairement
au bout d’une année, dans les végétaux vivaces, et de deux à trois
années dans les arbres verts ou à feuilles persistantes, et il reste sans
cesse une impression à leur point d'insertion.
On trouve toujours dans l'organe foliaire deux faces dissemblables,
faciles à distinguer entre elles par la différence de structure des
deux pages, et toute feuille véritable dirige sa lame ou face la plus
large dans le sens de l’horizon; tandis que, quand l’organe aplati en
forme de feuille est dirigé dans un sens opposé à celui de horizon,
et surtout affecte la direction oblique, c’est un phyllode ou rameau
aplati. Un des autres caractères propres au phyllode, c’est que ses deux
faces sont semblables. Le phyllode des Acacies de la Nouvelle-Hol-
lande tire son origine du pétiole, tandis que, dans le Fragon, c’est
le rameau.
Malgré certaines apparences trompéuses, la feuille ne porte ja-
mais de fleurs; dans les Fragons, les Xylophylles, organe regardé
comme une feuille est un phyllode, et, dans le genre Phyllanthus,
c’est sur les prolongements des pétioles communs ou particuliers, ou
sur les nervures, et non sur le disque même de la feuille, que se
trouvent les fleurs.
On distingue une feuille simple d’une feuille composée, par la con-
tinuité de son disque dans toute son étendue, malgré ses découpures
multipliées, comme cela se voit dans les Ombellifères. Quel que soit
le nombre des parties dont une feuille est composée, on reconnait sa
simplicité, quand aucune des parties qui la composent n’est articulée.
Dans la feuille composée, au contraire, toutes les parties distinctes
les unes des autres sont articulées. Il résulte de cette loi que, dans
CCCX INTRODUCTION.
un même genre, on peut trouver des espèces à feuilles entières ou
découpées; mais jamais on n’y trouvera de feuilles composées. Le
caractère essentiel propre à ces dernières est d’avoir les folioles ar-
ticulées avec le pétiole, ce qui se reconnaît dans les genres même à
feuilles simples, où il n’existe qu’une seule foliole, comme cela se
voit dans les Berbéridées et les Aurantiacées ; mais toujours cette fo-
liole unique, simulant une feuille simple, est articulée avec le pétiole,
et ces genres prennent place sans anomalie parmi les groupes à
feuilles composées.
On reconnait, dans les plantes aquatiques ou submergées, la classe
à laquelle elles appartiennent à la nature de leurs feuilles. Ainsi,
toutes les feuilles entières appartiennent à un genre monocotylédone,
et toute feuille découpée à une dicotylédone. On doit cependant faire
une exception pour les feuilles flottantes, qui sont entières ou pres-
que entières.
Il ne se développe jamais de feuille sur la cicatrice ou empreinte
- laissée par une autre feuille : ce n’est qu’accidentellement qu’il peut
s’y produire un bourgeon adventif ; mais il existe constamment, dans
l’aisselle des feuilles, de nouveaux éléments de végétation, ou des
bourgeons, soit actifs, soit latents. Quelquefois elle est avortée, comme
dans les Smilax, et convertie en épine.
Jamais une portion de feuille enlevée ne se régénère, si ce n'est
dans les plantes grasses, où la perte de substance se répare. Cepen-
dant la vitalité est assez intense dans la feuille, pour qu’étant placée
dans les circonstances favorables, elle puisse donner naissance à
un individu nouveau.
$ 2. Anatomie.
Les feuilles sont formées des mêmes éléments que lestiges; elles sont
composées de cinq couches distinctes : le réseau fibro-vasculaire, qui
s’épanouit en nervures, les deux couches de cellules, supérieure et
inférieure, et les deux couches d’épiderme qui tapissent les deux
surfaces. Les vaisseaux des feuilles sont les mêmes que dans la tige
dont elles émanent ; les fibres et le parenchyme sont semblables.
Le faisceau fibro-vasculaire sort de l’axe en un corps dans les
feuilles pétiolées, et dans celles sessiles il s’épanouit symétrique-
ment et forme un réseau dont les intervalles sont remplis par le pa-
INTRODUCTION. CCCX)
renchyme. Les vaisseaux sont toujours accompagnés d’une couche
de tissu cellulaire. Le pétiole ne présente donc pas de structure par-
ticulière quand il rentre dans les conditions de forme normale : il pré-
sente seulement à sa partie inférieure un renflement qui n’est remar-
quable que par la plus grande quantité de tissu cellulaire; mais il
mérité d’être étudié dans les végétaux dont le pétiole est articulé, et
surtout dans ceux où ilest irritable et susceptible d’inflexion, comme
cela a lieu dans certains Himosa, dans les Oxalis et dans quelques
Papilionacées, dont les feuilles changent de position au coucher du
soleil. Le tissu cellulaire de l'articulation est disposé en couches
transverses que parcourent les faisceaux fibro-vasculaires.
Lorsque les nervures de la feuille, au lieu de diverger, conservent
leur direction, il en résulte la forme la plus simple de la feuille qui
est uninervée, comme cela se voit dans les Conifères, le Chenopo-
dium maritimum , \ Indigofera juncea, le Lebeckia media, etc. Dans
les Monocotylédones, les nervures ne forment pas un réseau anasto-
mosé; mais elles sont disposées en faisceaux parallèles ou conver-
gents, qui déterminent la figure de la feuille. Dans les Dicotylédones,
le système d’épanouissement symétrique des nervures correspond à
une grande variété de formes foliaires.
L'épanouissement des éléments du pétiole donne naissance à de
petits appendices latéraux ou quelquefois axillaires, qu’on désigne
sous le nom de s#pules, et qui sont de composition textulaire, sem-
blable à celle de la feuille ; les gaines et les ligules, qui sont des es-
pèces de stipules, ont une même origine.
Le réseau des nervures est composé de vaisseaux spiraux ou tra-
chées déroulables, entourées d’une gaîne protectrice des fibres. A
mesure qu'ils s’éloignent de la tige et du pétiole, on voit apparaître
des vaisseaux annulaires, rayés ou ponctués à la page supérieure ; et
à la page inférieure, des vaisseaux propres et des fibres qui ressem-
blent à celles du liber, et des stomates dont le nombre est beaucoup
plus considérable à la page inférieure qu’à la page supérieure.
Le parenchyme des feuilles est composé de cellules en général
remplies de chlorophylle à laquelle elles doivent leur couleur verte.
Les granules de chlorophylle sont répandus sans ordre, et leur
quantité varie avec l'intensité de coloration de la feuille. A certaines
époques de l’année, surtout à la fin de la saison, le liquide se colore
en jauné, puis en rouge, comme dans la Vigne, le Sumac ; et dans
cccxi] INTRODUCTION,
certains végétaux, comme le Hêtre pourpre, le liquide intracellulaire
est d’un rouge obscur.
Les cellules de l’épiderme, qui sont quelquefois disposées sur deux
rangs, sont plus épaisses à la partie supérieure des feuilles qu’à la
partie inférieure; elles sont incolores et toujours disposées horizonta-
lement. Les cellules de la moitié supérieure de la feuille sont allon-
gées, disposées sur plusieurs rangs, et dans une situation verticale ;
les méats, ou lacunes intracellulaires, sont beaucoup plus petits
et moins nombreux que ceux des cellules de la page inférieure. Ces
dernières sont disposées horizontalement ; elles sont làches, forment
entre elles une sorte de réseau irrégulier, et contiennent de larges
lacunes, dont un grand nombre correspondent aux stomates.
Malgré la dissemblance que présentent dans leur structure les
feuilles des différents végétaux, elles ne rentrent pas moins dans le
même système de composition. Il faut cependant en excepter les
feuilles submergées, qui, étant privées d’épiderme, sont dépour-
vues de stomates, et composées de parenchyme avec de larges méats
remplis d'air, qui diminuent leur poids spécifique et leur permettent
de flotter. Dans les plantes grasses ou à feuilles charnues, le tissu cel-
lulaire est plus compacte, les cellules sont contiguës et sans lacunes
aériennes, et leur parenchyme ressemble à celui des fruits; on n’y
remarque que de rares vaisseaux.
On trouve dans les cellules du parenchyme de certaines feuilles des
raphides et des biforines, découvertes par Turpin dans les Aroïdées.
Les substances colorantes contenues dans les cellules semblent
dissoutes dans le liquide qu’elles renferment, ou existent toutes for-
mées dans la matière verte; mais, jusqu’à présent, elles ont échappé
à l'observation directe.
Les feuilles abandonnent leur tige de deux façons, soit en se flé-
trissant, soit en tombant. Dans le premier cas, elles ne tombent qu’a-
près s’être détruites peu à peu, ce qui à lieu pour les plantes an-
nuelles ; dans le second, elles quittent la tige sans être flétries, et
seulement après avoir changé de couleurs. Il a été avancé plusieurs
théories pour expliquer le phénomène de la chute des feuilles; mais
l'opinion le plus généralement admise, bien qu’elle ne repose
encore elle-même que sur une simple hypothèse, c’est que, dès que la
feuille a perdu son activité vitale, les cellules pétiolaires s’atrophient,
et le pétiole qui n’est plus retenu que par les faisceaux fibro-vascu-
INTRODUCTION. CCCxii}
laires, qui ont eux-mêmes perdu leur vitalité, se détache en rompant
ses rapports organiques avec la tige, et il reste l'impression appelée
cicatrice.
Les parties vertes et extérieures des végétaux, telles que les tiges,
dans leur premier âge et quand elles sont encore herbacées, les ca-
lices, les folioles de certains périanthes, mais surtout les feuilles,
à leur face inférieure, sont parsemées de petits corps glanduleux, le
plus généralement de figure ovale, qui portent au centre une petite
boutonnière en amande , accompagnée de deux cellules en arc obtus,
remplies de granules verts et correspondant avec des canaux remplis
également de granules colorés : c’est ce qu’on appelle les Stomates.
Les deux cellules se touchent par leurs extrémités, et forment autour
du centre un renflement ou bourrelet. On distingue autour des sto-
mates des canaux très-déliés qui leur servent comme de marge exté-
rieure. Dans la coupe verticale des tissus sur lesquels on étudie les
stomates, on remarque qu'ils correspondent à une lacune; mais ils af-
fectent des positions différentes par rapport à l’épiderme. Quelquefois,
comme dans le Laurier-Rose, le Cycas, certaines Protéacées, ils sont
au fond d’une cavité entourée de cellules qui font saillie au-dessus.
La plupart des végétaux dont les feuilles sont glabres en dessus
n’ont de stomates que sur leur face inférieure. Dans tous les cas, les
stomates sont beaucoup plus nombreux en dessous qu’en dessus.
Dans certains cas, très-rares , lesstomates sont visibles sans le se-
cours du grossissement ; tels sont ceux du Saxifraga sarmentosa.
Ils sont disposés sans ordre dans presque tous les végétaux
dont les feuilles ont des nervures réticulées, et le plus souvent épars
et solitaires ; groupés dans le Bégonia ; et dans les plantes monoco-
tylées dont les nervures sont parallèles, ils sont disposés en séries pa-
rallèles et affectent une forme rectangulaire. On les distingue très-
bien, mieux même que dans beaucoup d’autres végétaux, à la face
interne des feuilles des Fougères. Ils sont très-gros et l’on distingue
fort bien les granules verts dans les cellules latérales, qui se dessi-
nent en vert sur le fond incolore de Fépiderme. Dans ces végétaux, je
ne parle que des Fougères de notre pays, où $e les ai observés sur le
Polypode, le Scolopendre et l’4splenium, on peut faire une étude
complète de ces organes. Les plantes vertes submergées sont dé-
pourvues de stomates, et celles à feuilles flottantes n’en ont que sur
la page supérieure.
TOME 1, INTRODUCTION. — Livraison 00. 06
CCCXIV INTRODUCTION.
Les stomates situés sur d’autres parties que les feuilles affectent
les mêmes caractères, et leur structure est la même.
Le nom de stomate, donné à ces espèces particulières de pores, vient
du grec créux, qui signifie bouche, parce qu'on les regarde comme
des ouvertures destinées à faire parvenir l'air extérieur dans les méats
intercellulaires. On ne sait pas encore avec précision si le centre du
stomate est une ouverture; quelques observateurs affirment que la
membrane y manque complétement. On ne peut affirmer qu’il en soit
toujours ainsi; mais je puis certifier qu’à moins d’illusion, j'ai vu dans
la Jacinthe, la membrane centrale se colorer d’un violet améthyste fort
tendre par suite de l’emploi d’un réactif; les cellules, en s'écartant,
la laisser à nu sur le porte-objet ; et même cette membrane, qui pa-
raît double, se dissoudre par la compression, en filets allongés, ce
qui prouverait que cette ouverture est close.
Quant à la fonction des stomates, elle est aujourd’hui bien nette-
ment établie; on sait qu'ils servent à mettre le végétal en rapport
avec l’atmosphère, ce qui prouve que ce sont des organes respira-
toires, bien toutefois que l’air extérieur puisse pénétrer dans linté-
rieur des tissus sans l'intermédiaire des stomates, à travers les pa-
rois de l’épiderme.
3
$ 3. Fonctions.
La tige et les feuilles, y compris les stipules, et même les brac-
tées , surtout les feuilles florales, qui ne sont que des modifications
plus ou moins profondes de la feuille ou de ses appendices, sont.
deux systèmes unis entre eux par des liens intimes qui concourent
en même temps à une série de phénomènes semblables. En traitant
de leurs fonctions propres, je ne parlerai que de la préparation des
malériaux de nutrition, me réservant de traiter, dans un chapitre
spécial, de tout ce qui se rapporte à l'entretien de la vie dans le vé-
gétal et à l’accroissement des tissus. Je me borneraï donc à parler
de la séve ascendante, de la respiration et de l’exhalation dont la
tige et les feuilles sontdes agents directs.
Le premier mouvement vital et collectif de la plante, après la
vie indépendante des cellules, le premier acte de la vie organique, est
celui de la séve dite ascendante, qui n’est autre que le liquide qui a
pénétré dans les racines par leurs extrémités, et, après y avoir subi
INTRODUCTION. CCCXV
une modification première en se mêlant au fluide animé contenu dans
leurs cellules, s'élève de proche en proche jusqu'à la tige, en devenant
de plus en plus dense à mesure qu’elle s'élève (1), attirée par l’ac-
tion vitale des bourgeons et des feuilles, et obéissant sans doute
à la double force de la capillarité et de l’endosmose, mais mue
par une force inconnue, qui est due à l’irritabilité, et qui ne peut
être un simple refoulement de bas en haut, vs a tergo. Le but de
cette première ascension est de charrier, sans autre changement
qu'un mélange à des substances toutes formées qu’il trouve sur son
passage , telles que l’ammoniaque, des matières minérales et de
acide carbonique , le liquide destiné à subir des modifications nou-
velles en arrivant dans les feuilles, et à devenir élément réparateur
de la vie.
La séve ascendante monte par le corps ligneux, et non pas, comme
on l’a cru longtemps, par le centre médullaire ou par l'écorce. C’est
un fait acquis à la science; mais on n’est pas d’accord sur la route
qu’elle suit dans le végétal pour arriver jusqu'aux feuilles; d’après
l'opinion de certains botanistes, elle suit la route des vaisseaux,
suivant d’autres, celle des méats intercellulaires , unique voie qu’elle
parcoure dans sa marche ascensionnelle , puis enfin elle passe par les
fibres ligneuses, qui concourent avec les méats au mouvement de
la séve aqueuse, et elle se transforme de proche en proche dans
sa marche. Cette sève n’est que la préparation à l’élaboration des
matériaux de nutrition, qui seront fixés dans le végétal par la séve
descendante.
On ignore encore le rôle que jouent les vaisseaux dans la trans
lation de la séve ascendante; ils ont été longtemps trop mal connus
pour cela : ce n’est même que dans ces derniers temps qu’on a suivi
(1) Knight a démontré que la séve est d’autant plus dense et plus sapide qu’elle est
prise à une plus grande distance de la racine. Il a trouvé, dans une plante, qu’au ni-
veau de sa racine, sa densité était de 1,004; à 3 mètres plus haut, 1,008 ; et à 5 mètres,
1,012. En hiver , elle est plus dense qu’en été. Dans un arbre coupé en hiver, elle
avait une densité de 0,679 , et au milieu de l'été, elle n'était que de 0,609, ce qui ex-
plique pourquoi les arbres coupés en hiver se conservent moins bien que ceux coupés
en automne.
Un autre phénomène qui mérite d’être signalé, est le changement de composition de
la séve dans une même plante suivant l’époque de l’année. Au premier printemps, la
séve des bouleaux renferme du sucre qui dévie à gauche le plan de polarisation de la
lumière, tandis que , plus tard , le sucre qu’elle renferme le dévie à droite.
CCCXV] INTRODUCTION.
et déterminé leur mode réel de distribution , sans pour cela être d’ac-
cord sur leurs fonctions. Les trachées et les vaisseaux des différents
ordres que nous avons vus se former dès le principe du développe-
ment de la plante, existent dans toutes ses parties, jusqu'aux plus
ténues, et établissent ainsi un système de correspondance et de
solidarité entre tous les organes. Malgré la ressemblance assez frap-
pante qui paraît exister entre les végétaux supérieurs et les insectes,
il n’est pas exact de dire, comme on l'avait fait, que les trachées eor-
respondent aux stomates ou aux pores extérieurs des végétaux; on
a constaté que, dans les rameaux, elles n'arrivent pas plus loin que
l’étui médullaire , et dans les feuilles, elles correspondent à la page
supérieure , et sont séparées des stomates par les différentes couches
de cellules. C’est donc médiatement que les vaisseaux sont mis en
rapport avec l’air extérieur.
La route suivie par la séve est le corps ligneux, et ne paraît pas
monter par les vaisseaux, qui peuvent en charrier accidentellement ou
même temporairement, mais dont la fonction est plutôt de donner pas-
sage à l'air; cette propriété des vaisseaux, dontelle constitue l’état le
plus ordinaire, a été démontrée par M. Bischoff. On a constaté que
l’air contenu dans les vaisseaux est plus riche en oxygène que l'air
atmosphérique, et ne renferme pas d’acide carbonique. On nesait par
quelle voie il y pénètre ; tout ce qu’on puisse admettre, c’est, qu’il
circule dans toutes les parties du végétal où se trouve déposé le fluide
nourricier. On pense que cet air provient de l’absorption de l'air at-
mosphérique, mélangé à une quantité additionnelle d'oxygène pro-
venant de'la décomposition du gaz acide carbonique.
Les feuilles jouent dans la vie du végétal un rôle d’autant plus im-
portant , qu'elles servent d'organes d'inspiration et de succion, et
que le mouvement ascensionnel de la séve est d’autant plus actif que
leur nombre est plus considérable. C’est au printemps qu’elles sont
dans toute leur activité; à cette époque de l’année, la séve envahit
tous les tissus, et gorge alors les cellules, les vaisseaux, les méats.
Quand cette époque est passée, la vie s’équilibre et les vaisseaux
qui charriaient d’abord des fluides, sont vides alors et ne contien-
nent plus que des gaz. La séve, avant d’arriver dans les feuilles, a
subi d’assez importants changements pour qu'on ait pu les constater.
La séve des Acer saccharinum et tataricum contient du sucre;
celle du Bouleau, moins sucrée, a un goût piquant très-agréable et
INTRODUCTION. CCCX Vi)
semblable à celui du petit-lait; celle du Chêne et du Hêtre contient
du tanin.
La séve, arrivée dans le tissu des feuilles, s’y trouve, par l’in-
termédiaire des stomates, mise en contact avec l’air atmosphérique,
et c’est alors que commence une série de phénomènes nouveaux
qui sont une véritable respiration. Elles jouissent de la propriété de
décomposer l'air et l’acide carbonique puisé par les racines et de res-
tituer l'oxygène à l'atmosphère. Cette propriété , plus développée
dans les feuilles que dans les autres parties de la plante, lui est
cependant commune avec toutes les parties vertes des végétaux. Sous
l'influence de la lumière, elles décomposent l’acide carbonique , gar-
dent le carbone et rejettent oxygène pur. Cette action, qui se pro-
duit pendant le jour, cesse dès que la nuit arrive ; alors l’acide carbo-
nique absorbé par les racines avec l’eau contenue dans le sol, passe
dans la tige, et reste en dissolution dans la séve, dont le végétal
est imbibé. Cette eau s’évapore à travers le tissu des feuilles, et
avec elle l’acide carbonique qu’elle tenait en dissolution. En cette
circonstance lacide carbonique exhalé n’est pas le résultat de la
combinaison de l’oxygène avec la séve; il arrive tout formé des
racines, et s’il ne se fixe pas , comme cela a lieu pendant le jour,
c’est qu’il lui a manqué le seul agent qui soit propre à déterminer sa
fixation, c’est-à-dire la lumière. Pendant la nuit, l’oxygène est ab-
sorbé et contribue, par sa présence, à modifier la composition des
éléments de nutrition contenus dans les tissus. L’oxygène absorbé
n’est pas remplacé par un volume égal d’acide carbonique exhalé,
la quantité de ce dernier gaz est toujours moindre, ce qui indique
qu'il y a réellement une portion d'oxygène absorbée. On prétend
que les plantes grasses absorbent l’oxygène sans rejeter d’acide car-
bonique. C’est à la présence de la lumière qu’est due la formation
de la matière verte : c’est pourquoi les parties naturellement vertes
des végétaux restent blanches et décolorées quand elles sont pri-
vées de l’action de cet agent.
C'est à l’exhalation de l’acide carbonique qu’est due l’insalubrité
des plantes pendant la nuit, et lorsqu'il est mêlé à l'hydrogène car-
boné qui constitue le parfum des fleurs , il peut causer la mort.
Quoique l’acide carbonique soit l’agent indispensable de la vie vé-
gétale, il ne suit pas de là qu’une plante puisse vivre dans une
atmosphère d’acide carbonique ; la proportion la plus favorable paraît
CCCx vil) INTRODUCTION.
être 11 parties d’air et 1 d'acide. carbonique. Mais 1l paraît en être
autrement la nuit, où les plantes conservent toute leur fraicheur dans
une atmosphère entièrement privée d’acide carbonique.
Les feuilles sont donc le siége d’une action première qui est la
respiration, telle que nous la voyons dans tous les êtres vivants, et
d’une autre action correspondante, l’exhalation ou l’évaporation,
qui est en tout point semblable à la transpiration pulmonaire. L’éva-
poration, qui est une des causes de l’ascension de la séve, s’opère éga-
lement par toutes les parties poreuses des parties vertes; et le siége
véritable de la première fonction est les stomates, ou la page infé-
rieure de la feuille, tandis que la page supérieure est le siége de
l’exhalation, qui augmente ou diminue suivant que l’air est plus ou
moins sec.
On peut donc regarder les feuilles comme le véritable organe res-
piratoire ou pulmonaire des végétaux ; et comme le tissu du pou-
mon, elles ne possèdent qu’à un faible degré la faculté d’absorber
l’eau ou la vapeur dissoute dans l’air; mais elle ne sont cependant
pas le siége essentiel de la respiration ; le pétiole, la tige et toutes les
parties vertes, celles même qui, n’étant pas vertes, sont munies de
stomates, jouissent de la propriété d’absorber et d’exhaler. On
trouve donc deux modes de respiration dans le végétal : la respi-
ration pulmonaire des animaux supérieurs, dont les feuilles sont l’or-
gane spécial, et la respiration trachéenne des insectes, qui a lieu par
les autres parties. |
Quant aux végétaux submergés , ils ne diffèrent pas sensiblement
des végétaux aériens ; leurs feuilles jouissent de la propriété de dé-
composer l’acide carbonique dissous dans l’eau, fixent le carbone et
rejettent l'oxygène. Dans cette circonstance, elles remplissent les fonc-
tions des branchies des poissons.
Dans les plantes grasses, dont les racines sont peu nombreuses,
la masse si abondante de matière verte remplit les fonctions des
feuilles, mais les tiges de ces végétaux sont elles-mêmes couvertes de
stomates.
On ignore le mode de respiration des végétaux inférieurs; on est
autorisé à penser qu’ils respirent par tous les points de leurs tissus,
dont les mailles sont plus lâches, et l’on croit avoir remarqué dans
les Champignons que, seuls entre tous les végétaux, ils dégagent du
gaz hydrogène.
INTRODUCTION. CCCXIX
L’exhälation ou transpiration des végétaux est plus active que
dans les animaux : à masse égale, un Soleil transpire dix-sept fois
plus qu’un homme; mais, sous le rapport des surfaces, trois fois et
demie moins. L’appréciation la plus judicieuse et la plus exacte paraît
être celle de Sennebier, qui a évalué la quantité d’eau absorbée par
les racines à celle exhalée par les feuilles, comme deux est à trois,
ce qui semblerait indiquer qu'il n’y a qu’un tiers du fluide absorbé
par l’action radiculaire qui serve à la nutrition de la plante. On ne
peut pas établir pour cette fonction un chiffre rigoureusement exact,
puisque l’activité de cette fonction est proportionnelle à l’âge de la
plante, à la saison et à la température ambiante.
Il est si vrai que c’est par la surface supérieure de la feuille qu'a
lieu la transpiration ou l’exhalation, tandis que la respiration a
lieu par la face inférieure, qu'on empêche l’une ou lPautre de ces
deux fonctions en recouvrant d’un vernis imperméable la page infé-
rieure ou la page supérieure des feuilles.
On comprend que ces deux fonctions, qui constituent le pivot de
la vie végétale, doivent être dans des rapports égaux ou s'équili-
brer, pour que la plante soit dans un état satisfaisant de santé;
c’est pourquoi la transplantation ne réussit pas en été, parce que les
feuilles étant en pleine activité, les racines, dont l’action a été ralen-
tie par la mise en contact avec une terre nouvelle, ne peuvent four-
nir à l’activité de la fonction respiratoire, et la plante meurt d’épuise-
ment. Cependant on a réussi quelquefois à transplanter de grands
végétaux au milieu de l’été, en coupant toutes les feuilles au niveau
du pétiole.
On a utilisé la puissance attractive des feuilles en faisant monter
dans le ligneux, par une entaille pratiquée au pied de l'arbre, des
liquides colorés, tenant en dissolution des substances minérales,
pour colorer le bois et le rendre incombustible. Une simple touffe de
feuilles conservée au sommet de l'arbre suffit pour déterminer l’as-
cension du liquide.
Lorsque la séve, chargée des principes qu’elle a dissous dans sa
marche ascendante, a subi l’action modificatrice des agents extérieurs
et perdu la plus grande partie de son eau par l’exhalation, il se forme
de la chromule, qui remplit les cellules des parties vertes de l’écorce
et des feuilles; le suc propre ou latex, qui remplit les vaisseaux la-
texifères, se charge de granules diversement colorés; et la séve, qui
CCCXX INTRODUCTION.
a subi les premières et plus importantes transformations qui la ren-
dent propre à la nutrition du végétal, redescend, non plus par le corps
ligneux, mais à travers l’écorce, vers les parties inférieures de la
plante et jusqu'aux dernières ramifications des racines : c’est ce
qu’on appelle la séve descendante ou élaborée, dont il sera question
dans le chapitre de la nutrition.
Excrétion des feuilles.
Il arrive presque toujours que le produit de la transpiration des
feuilles, qui s’échappe au dehors sous forme de rosée ou condensé
en goutteleites, est chargé des principes propres aux végétaux : c’est
ainsi que le Pois chiche exhale de l’acide acétique; le godet qui ter-
mine le pétiole des Vepenthes, les bractées concaves de l’Amomum
Zingiber sont remplis d’un liquide qui est sécrété par la plante elle-
même.
Les feuilles du Chenopodium vulvaria exhalent de l’hydrochlo-
rate d’ammoniaque pendant leur végétation; les feuilles du Rosa ru-
diginosa exhalent une odeur acidule; celles de plusieurs Cistes, et
notamment du Céstus creticus se couvrent d’une matière gluante,
appelée Ladanum; celle du Psiadia glutinosa laissent suinter une
liqueur blanchàtre et gluante, douée d’une légère odeur. Il se forme
sous un grand nombre de feuilles une exsudation céreuse, entre
autres, sous celles du Peuplier, où elle est très-abondante. Les feuilles
du Tamarix gallica se couvrent d’une rosée glauque qui à une sa-
veur salée; on trouve le même phénomène dans le Reaumuria ver-
miculata.
CHAPITRE XV.
DES STIPULES.
Les stipules sont des appendices foliacés affectant des formes va-
riées, naissant à la base du pétiole ou dans son aisselle, et ayant avec
la feuille une origine commune. Elles affectent deux positions cons-
tantes : les unes, telles que les stipules /atérales, qui sont les plus
communes, se trouvent placées de chaque côté des pétioles ou même
INTRODUCTION. CCCXX}
du limbe de la feuille ; les autres sont les stipules axv/laires, qui se
trouvent placées dans l’aisselle des feuilles et sont le plus ordinai-
rement solitaires. Comme les stipules, quoique sortant de la tige en
même temps que la feuille et paraissant une dépendance des vais-
seaux qui lui donnent naissance, sont tantôt libres et entièrement
indépendantes de cette même feuille, et ne semblent alors venir
que de la tige, tantôt au contraire sont soudées au pétiole, on a
appelé les premières séipules caulinaires, et les dernières stipules
pétiolaires ; mais on a adopté avec plus de raison les dénominations
de latérales et d’axillaires.
La dimension des stipules varie beaucoup ; mais cependant elles
sont en général assez petites ; elles sont quelquefois même réduites
à une écaille, un petit filet, une simple pointe; d’autres fois elles
ont une apparence foliacée ; dans les espèces du genre Jïcia, ce sont
de petits appendices qui entourent la base du pétiole comme une
spathe; dans le Zathyrus pratensis, elles sont très-développées,
et dans le ZLathyrus aphaca, la feuille est avortée et filiforme, et
les stipules ressemblent à de véritables feuilles. On reconnaît la
vérité de cette loi presque sans exception dans toute la nature, c’est
que quand un organe appendiculaire accompagnant un organe fon-
damental acquiert un développement extraordinaire, ce dernier
s’atrophie et disparaît presque complétement.
Les stipules ont une consistance moins solide que la feuille, leur
tissu est plus lâche et plus mince; souvent elles sont simplement
membraneuses , quelquefois elles se convertissent en épines, comme
cela a lieu dans le Càprier; d’autrefois en vrilles, comme dans les
Concombres et les Cucurbitacées, qui n’ont pas de vrilles véritables,
mais simplement des stipules transformées. Parfois aussi, les stipules
avortent et se présentent sous l’aspect de simples glandes. On trouve
toujours, à la surface des stipules, des stomates disposés comme
dans la feuille, et les anastomoses réticulaires affectent la même
disposition que dans le tissu de la feuille.
Les stipules sont presque toujours sessiles, et à peu d’exceptions
près, elles se retrouvent dans toute la plante lorsque les premières
feuilles sont stipulées. Elles sont libres dans le Chêne, le Bouleau,
. adhérentes dans le Rosier; quelquefois, sur un même rameau, il y
en a d’adhérentes en bas et de libres en haut, et affectant avec la
tige des adhérences plus ou moins grandes. Les stipules libres tom-
TOME 1, INTRODUCTION. — Livraison pp. pp
CCCXXI] INTRODUCTION.
bent sou ent avant la feuille, quelquefois même, lors de son épa-
nouissement, comme cela se voit dans les Amentacées, tandis que les
stipules adhérentes ne tombent qu'avec la feuille.
Les stipules placées aux deux côtés d’une feuille sont presque
toujours semblables. Sous le rapport de la forme, elles présentent
cette particularité, qu’au lieu d’avoir une figure régulière et symé-
trique, elles ont l’air d’une feuille coupée en deux : ainsi elles ne
sont pas ovales, mais semi-ovales; cordiformes, mais semi-cordi-
formes ; sagittées, mais semi-sagittées. Quelquefois les deux stipules
latérales se soudent et forment alors à la base de la feuille une sorte
de collerette, comme dans le Spermacoce rubrum. Dans V Astragalus
onobrychis, c’est une véritable gaine qui enveloppe la tige dans toute
la partie opposée au pétiole. Le Cephalanthus occidentalis présente
la même structure : les stipules redressées et soudées embrassent
la tige et constituent une stipule vagrnale.
On a désigné sous le nom de stpelles les stipules qui accompa-
gnent les folioles des végétaux à feuilles composées.
Les stipules axillaires, qui sont ordinairement solitaires, parais- :
sent avoir pour origine deux stipules soudées; elles sont presque
toujours indépendantes du pétiole, comme dans le Drosera grami-
nifolia ; d’autres, comme dans le Ficus elasticus et le Magnolia gran-
diflora, sont entièrement périphériques et recouvrent le bourgeon.
Dans les Polysonum et les Rumex, la stipule axillaire est une vé-
ritable gaine qui entoure la tige. On a donné le nom de cornet aux
stipules de cette dernière sorte.
Les stipules sont presque exclusives aux Dicotylédones, surtout
aux polypétales, car elles sont très-rares dans les Dicotylédones apé-
tales et monopétales; bien qu’on trouve dans les Potamots de véri-
tables stipules axillaires qu’on peut constater dans un grand nombre
de Graminées, où elles prennent le nom de /gule ; elles affectent, dans
les végétaux de cette famille, des formes très-variées.
Considérées sous le rapport de la diagnose, les stipules consti-
tuent un caractère important à cause de leur constance. On trouve
des stipules latérales dans les Rosacées, les Malvacées, les Violariées,
les Papilionacées, et des stipules axillaires dans les Droséracées, les
Ochnacées, les Polygonées, les Magnoliacées. Dans les Cucurbitacées,
les stipules ont la forme de vrilles; dans les Amentacées, elles sont
constamment libres et caduques. On trouve la ligule dans toutes les
INTRODUCTION. CCCXXIIj
Graminées. C’est souvent un bon caractère générique et ds
fique.
Les stipules naissent du nœud vital en même temps que la feuille,
et quand celle-ci tombe, on voit sur la cicatrice l’empreinte de trois
faisceaux de fibres, un central plus gros, et deux plus petits et
latéraux. Quand le nombre des faisceaux est plus considérable, le
plus gros et le plus central est toujours celui qui passait par le
centre de la feuille. Dans les stipules axillaires, l'empreinte qu’elles
laissent, et qui part également du nœud vital, est circulaire ou péri-
phérique.
On ne connait pas la fonction des stipules de la plupart des végé-
taux ; mais il est facile de se convaincre que, dans la plupart des cas,
les stipules sont des organes protecteurs qui défendent la jeune
feuille contre les influences extérieures.
Nomologie des stipules.
La stipule n’appartient qu’à un végétal dicotylédoné, car on ne
trouve d’appendice semblable dans aucune famille de plantes de la
classe des Monocotylédones. On peut cependant regarder comme
une exception les vrilles des Srilax, qui sont de véritables sti-
pules.
Jamais une stipule n’est insérée au-dessous du pétiole; on doit
donc regarder, comme de nature différente des stipules, tout appen-
dice dont l'insertion est au-dessous du pétiole.
Le caractère propre de la stipule, car il est essentiel, pour la dia-
gnose et la description, de bien la distinguer des organes appendicu-
laires de nature différente, est d’être placée sur le côté de la feuille
et d’en être une dépendance; elle doit même présenter une adhé-
rence plus ou moins marquée avec le pétiole. On a confondu avec
les stipules, dans les Rubiacées, des feuilles avortées appartenant à
la disposition verticillaire propre à cette famille.
On voit que, par l’effet de la loi de balancement des organes,
quand la feuille est réduite à un simple filet cirrhiforme, comme
dans le Zath PE aphaca, les stipules se sont développées en
feuilles.
Chaque fois que la stipule est au-dessous de la feuille, la stipule
est la véritable feuille, et la prétendue feuille un phyllode résultant.
CCCXXIV INTRODUCTION.
de la métamorphose du rameau, ce qui se voit dans le Fragon, où
l’on est forcé de ne pas regarder comme des feuilles le rameau
avorté qui en a l’apparence.
CHAPITRE XVI.
DES MODIFICATIONS DES ORGANES APPENDICULAIRES.
Les organes végétaux se transforment les uns dans les autres avec
la plus grande facilité, surtout ceux qui forment une dépendance de
l’axe ou de la tige, bien que les organes fondamentaux soient eux-
mêmes soumis à ces modifications, comme on le verra au chapitre
de la Tératologie végétale. Si les phénomènes qui font l’objet de
ce chapitre n'étaient pas assez fréquents pour être devenus des
apparitions normales, ils devraient prendre place dans les monstruo-
sités; mais ils se sont élevés à la hauteur de caractères, et forment
la dépendance nécessaire et habituelle des végétaux de certains gen-
res et même de certaines familles.
$ 1°. Des supports.
On a donné aux premières modifications des organes appendicu-
aires le nom de supports, parce qu’ils servent au soutien des plantes
grêles et rampantes. Ils sont de deux sortes : les crampons et les
vrilles.
Crampons où mains, appendices de la tige qui lui servent à s’ac-
crocher en rampant aux corps voisins; ils sont droits, et, malgré leur
apparence radiculaire, ne prennent aucune nourriture des corps aux-
quels ils sont fixés. Le Lierre, la Vigne vierge, en sont les exemples
les plus communs. On peut y ajouter le RAus toxicodendron et
plusieurs espèces de Bignonia.
On appelle vrilles, cirrhes, des appendices filiformes, nus, entiè-
rement dépourvus de toute partie appendiculaire, simples ou ra-
meux , lortillés, qui servent aux végétaux qui en sont munis à s’ac-
crocher en s’enroulant aux corps voisins. On leur a donné différents
noms, suivant les organes qui les produisent, et dont ils sont pres-
INTRODUCTION . CCCXXV
que toujours une métamorphose. C’est un cas particulier d’atrophie.
Les vrilles sont :
Pétiolaires lorsqu'elles sont comme dans les Pois, les Mutsta,
un prolongement du pétiole, ou que, comme dans certaines espèces
de Fumeterre et dans les Clématites, c’est le pétiole lui-même qui, en
s’enroulant, tient lieu de vrilles ;
Foliaires, lorsque c’est la feuille elle-même qui en fait l'office :
le Gloriosa superba, le Flagellaria indica ;
Nervales, quand c’est la nervure médiane qui se prolonge au delà
du limbe en un appendice filiforme. Dans le Vepenthes, elle s'évase
à son sommet, et forme une urne couverte par un opercule, ouverte
pendant le jour et fermée pendant la nuit;
Stipulaires, lorsqu’elles sont, comme dans le Smilax horrida, une
transformation des stipules ;
Pédonculaires, dans la Vigne et les Passiflores, où ce sont des pé-
doncules avortés. On est parvenu à faire fructifier ceux de la Vigne;
Corollaires, quand les pétales ou les segments de la corolle se
prolongent en appendices tortillés, ainsi que cela se voit dans le
Siphonanthus.
Les vrilles ne cherchent pas, comme l’ont prétendu ceux qui
voulaient prêter aux plantes des mouvements volontaires , un sup-
port pour s’enrouler autour; elles ne s’y attachent que lorsqu'elles
en trouvent un à leur portée, et, dans ce cas, la nature du support
leur est indifférente.
La position des vrilles offre des caractères quelquefois importants;
ainsi l’on distingue les Vignes, ou la famille des Ampélidées, à ses
vrilles opposées aux rameaux ou aux feuilles; elles sont alternes
avec les rameaux ou les feuilles dans les Passiflores.
On trouve des vrilles dans les Papilionacées, tribu des Viciées ,
dans les Mimosées, les Passiflorées, les Cucurbitacées, les Smila-
cinées, les Sapindacées, surtout dans les végétaux trop faibles pour
se tenir verticalement, et qui seraient, sans soutiens, obligés de ram-
per sur le sol. On ne peut nier l'influence de ces organes sur la vé-
gétation, car on a remarqué que les Vesces, qui sont pourvues de
vrilles, réussissent mieux lorsqu’elles sont semées avec l'Avoine, à
laquelle elles s’attachent, que quand elles sont semées seules.
CCCXX V)} INTRODUCTION.
$ 2. Des épines et des aiguillons.
On a donné fort improprement le nom de défenses où armures à
toutes les parties dures et aiguës des végétaux, dont la fonction est
encore inconnue. On les a à tort, je pense , regardées comme étant
chargées d’entretenir la quantité d'électricité dont le végétal a besoin
pour sa vie. Je crois plutôt que ce sont simplement des atrophies d’or-
ganes appendiculaires, comme cela se voit dans l’Épine-vinette, dont
les épines sont des feuilles avortées. Le nombre en augmente dans
certaines circonstances qu’on n’a pas toujours appréciées, mais qui
sont presque constamment le résultat de l’absence de développement
d’un organe normal; et quelquefois des végétaux qui en sont norma-
lement privés s’en hérissent, ce qui détruit les théories établies sur
leurs fonctions. Elles sont de deux sortes : les éines et les aiguillons.
Quoique par l'apparence extérieure ces deux genres d’armures se
ressemblent, il y a pourtant entre eux des différences caractéristiques.
L’épine est aiguë, simple ou rameuse, et couverte d’une écorce
semblable à celle du bois; elle est ligneuse intérieurement, et ne peut
être détachée de la plante sans arrachement : c’est un véritable
prolongement du bois. On trouve des épines sur la tige des Féviers,
des Prunelliers, des Épines-vinettes; sur les feuilles des Chardons,
des Cirses et des Solanum ; au bas des feuilles des Érythrines, où
elles paraissent nées d’une stipule endurcie; sur les involucres du
Panicaut, et sur le calice du So/anum decurrens. Elles sont le plus
communément droites et cylindriques, d’autres fois elles sont cour-
bées à leur sommet, comme dans le Paliure épineux. On a désigné
sous le nom de spinules les petites épines des Acotylédones. Dans
l’Ajonc, ce sont les rameaux qui s’endurcissent et se convertissent
en épines; dans le Prunellier, les épines continuent à porter des feuilles;
mais elles restent nues dans le Gleditschia. Ce n’est qu'après la chute
des folioles que le pétiole se change en épine dans les Astragales; ce
sont les stipules qui, dans le Pictetia et le Robinier, se convertissent
en épines; ce sont les axes floraux, dans la Ficoïde épineuse; dans
le Groseillier à maquereau , les coussinets ; dans les Chardons, c’est
la nervure qui se prolonge au delà du limbe.
La structure anatomique des épines est celle de la branche, dont
elles présentent tous les caractères.
INTRODUCTION. CCCXX Vi}
La forme et la position des épines servent à désigner des espèces
et des genres; elles sont disposées deux à deux dans le Jujubier,
l’une est droite et l’autre en crochet; elles sont disposées en bou-
quet dans les Cereus. Dans le genre inverse elles servent à dis-
tinguer les espèces.
L'aiguillon diffère de l’épine en ce qu’il n’adhère qu’à l'écorce,
dont il est une dépendance, et qu’il est au centre, spongieux, et non
ligneux. De Candolle le regarde comme un poil endurci. Les aiguillons
affectent les mêmes organes que les épines, et sont plutôt courbés
que droits. Simples dans l’Églantier, ils sont doubles dans la Ronce
frutescente, et triples dans le Clavalier. On les trouve dans les Ron-
ces, les Rosiers, les Robiniers. Le Ferbascum spinosum et le Cicho-
rlum spinosum ne portent des aiguillons que quand ils sont trans-
portés dans des climats plus froids.
$ 3. Des poils.
Les poils, qui constituent, non plus une armure, mais tout sim-
plement des appendices ayant leurs analogues dans les aiguillons,
présentent, dans leur plus grand état de simplicité, une seule et unique
cellule, qui ne paraît être qu’un prolongement de l’épiderme. Ils se trou-
vent sur toutes les parties des végétaux, tellles que les tiges, les feuil:
les, les corolles, les étamines, les anthères et les filets, sur les diverses
parties de l'appareil pistillaire et sur le fruit, et même sur les graines.
Ces poils unicellulés sont simples ou en forme de cône allongé ou d’ai-
guilles, et sans aucune saillie ni aspérité le long de leur corps; parfois
cependant, mais par exception, ils sont hérissés de petites saillies , et
renflés même au sommet. Dans le Loasa, où l’on trouve une grande
variété de poils simples et cloisonnés, ainsi que de poils glandu-
leux, les poils qui hérissent le limbe de la corolle sont aigus et garnis
de petites aspérités dont la pointe est tournée en bas; ce sont des
poils glochidés, qui se trouvent aussi sur les graines de la Cyno-
glosse officinale et du Galium aparine. Les poils de l'Xe/muinthia
sont terminés par deux ou trois crochets très-aigus, qui hérissent
toutes les parties de la plante, et sont mêlés à des poils fort gros, et
portés sur un renflement, sans pour cela qu'ils soient excréteurs.
On trouve, dans le Sésymbrium Sophia, des poils bifurqués, quoique
unicellulés; et, dans l’4rabis alpina , ils sont rameux, c’est-à-dire
ccCxX VII; INTRODUCTION.
qu'il part de leur sommet des branches qui affectent toutes les di-
rections. Ces poils sont le plus communément formés d’une seule cel-
lule allongée, qui fait saillie au-dessus des autres, et leur direction
varie suivant les végétaux; ils sont dirigés en bas, ou appliqués
sur la surface qu’ils tapissent , la pointe dirigée vers le sommet. On
trouve, dans les poils unicellulés, peu de variétés dans la forme,
tandis que, dans les poils ulticellulés, ils affectent la plus grande
variété de formes : ce sont des cellules ajoutées bout à bout, le plus
souvent en forme de cône, quelquefois en massue, ou dont les dia-
mètres sont égaux, dans ceux qui sont en chapelet. Ce n’est plus
alors une cellule allongée, ce sont des cellules qui s'élèvent au-dessus
de l’épiderme en diminuant successivement en nombre, et qui s’al-
longent quand elles se sont isolées de la masse cellulaire qui leur a
donné naissance. On appelle ces poils, poils composés ou cloison-
nés. La Bryone offre l'exemple de poils cloësonnés simples ; on
les retrouve dans un grand nombre de végétaux : tels sont les poils
du calice du ZAymus acinos. Dans le Cerastiun arvense, les poils
des divisions du calice sont simples; mais, au lieu d’être simple-
ment coniques, ils sont terminés par un renflement ; il en est de
même de la Primevère des bois ; seulement les poils du style sont
quelquefois simplement bicellulés où multicellulés, et presque moni-
liformes ; ceux du calice sont à longues cellules. Le Zoasa présente
une singulière sorte de poils cloisonnés ; ils sont, à chaque article,
entourés de saillies épineuses à deux ou plusieurs pointes, formés par
des cellules intercalaires : ce sont les plus communs ; les poils des
filets sont surmontés d’une cellule globuleuse simple ou hérissée.
Les poils de l'extérieur de la corolle de la Courge sont crochus, bi-
furqués, rameux, en massue; on trouve encore des poils rameux
dans la corolle du Vicandra anomala. Les poils du calice du Galeop-
sis tetrahit sont surmontés d’une grosse cellule aplatie, qui déborde
les cellules inférieures, et mêlés à d’autres poils aigus et dont la surface
est couverte d’aspérités. L’4//hæa rosea a des poils ex étoile; et le
Lychnis chalcedonica et la Courge, tant dans sa corolle que dans ses
filets, sont garnis de poils #oniliformes ou en chapelet. On trouve
dans l’Elæagnus des poils en écailles, qui forment une espèce d’é-
cusson rayonnant. Je ne sais s'il faut donner le nom de poils aux
petites squammes ou écailles isolées, qui se trouvent à la surface des
frondes de Fougères.
INTRODUCTION. CCCXXIX
Il ne faut pas croire que les poils soient toujours externes ; on en
voit dans l’intérieur des lacunes de latige et du pétiole des Nuphars et
du Wymphæa alba. On ne paraît pas en avoir trouvé dans les autres
genres de Nymphæacées et autres végétaux aquatiques. Ces poils
sont fort aigus et portés sur un large épatement ; ils sont presque vi-
sibles à l’œil nu et semblables aux poils en étoiles. On les trouve
depuis la base du pétiole jusqu’à la corolle; mais ils manquent dans
la racine. Des corps semblables ont été trouvés dans le Hyriophyllum.
Ces poils intérieurs doivent d’autant moins étonner, qu’ils se trou-
vent dans les canaux où l’air circule, et ont pour ainsi dire une
existence aérienne.
Les cellules des poils sont composées d’une double membrane. La
première, ou la plus interne, est la membrane propre du poil, et l’ex-
terne est l’épiderme, qui reçoit chacune des aspérités ou des accidents
de la tige ou des organes appendiculaires.
Les poils se trouvent sur toutes les parties des plantes : ils tapis-
sent les tiges herbacées et les jeunes rameaux; mais ils sont plus
répandus sur les feuilles dont ils revêtent les deux surfaces, surtout
la face inférieure. Quelquefois il n’y a que les nervures qui soient vil-
leuses. On ne trouve que rarement des poils sur les rameaux adultes
ou sur les parties ligneuses des végétaux : dans ce cas, ils se conver-
tissent en épines.
On n’a généralement pas égard, dans la description des plantes, à
la figure des poils, parce que rarement on peut la déterminer avec le
simple secours de la loupe, et l’on est toujours obligé d’avoir recours
au microscope; c’est pourquoi on ne parle que de la vestiture des
organes et de l’aspect extérieur qu’ils présentent.
On donne le nom de glabres aux surfaces entièrement dépourvues
de poils; de velues ou poilues à celles qui en sont garnies, sans ac-
ception du caractère propre à chaque sorte de villosité. On appelle
pubescents les organes garnis d’un duvet léger semblable à celui qui
couvre le fruit du pêcher, sans cependant que les poils soient pres-
sés ; velus, ceux qui ont des poils longs, doux et couchés, mais
sans pour cela être laineux ; soyeux, ceux dont les poils longs et cou-
chés ont l’aspect brillant et métallique de la soie; kispides , ceux hé-
rissés de poils roides; Arrsutes , lorsque ces poils sont moins roides,
mais manquent néanmoins de souplesse. J’elouté exprime une sur-
face garnie d’un duvet ras comme du velours : telles sont plusieurs
TOME ]J, INTRODUCTION. — Livraison qq. 9q
CCCXXX INTRODUCTION.
espèces du genre Verbascum , entre autres, notre Bouillon blanc.
Aranceux se dit des organes villeux , lorsque les poils entre-croisés
imitent la toile d’une araignée, comme cela se voit dans une Jou-
barbe et quelques Cirses; zomenteux, de ceux dans lesquels on re-
connaît une apparence feutrée aux poils entremêlés, qui sont courts
et serrés; lorsqu'ils sont doux et crépus, la surface est dite coton-
neuse : les Filago, appelés Cotonnières, en présentent un exemple;
laineuse , lorsque ces mêmes poils sont entre-croisés : on en trouve
un exemple dans une espèce de Stachys, dans le Salvia lanata, la
Centaurea benedicta. Les poils en écusson des Chalefs sont dits
scutiformes, el ceux qui sont scarieux sont appelés rarmentacés. On
appelle chevelus les végétaux qui, comme le Cereus senilis, sont re-
couverts d’une véritable chevelure.
Eorsque les poils, au lieu de garnir une surface, n’en garnissent
que les bords, ce sont des cé/s ; s'ils sont disposés en touffes, ils sont
dits barbus : le Crassula barbata en présente un exemple. Ils sont
pénicillés, ou en pinceaux, dans une espèce de Croton.
On a fait de chacune de ces épithètes des diminutifs, comme 2/a-
briuscules, hispidiuscules, ciliolés, eic., pour indiquer que ces qua-
lités n’existent qu'à un degré peu prononcé.
Les poils sont encore disposés de diverses manières sur les végé-
taux : tantôt ils sont dispersés sans ordre, d’autres fois ils affectent
une disposition symétrique. Ainsi, dans la Véronique, ils sont sur
deux rangs; dans l’Æ#/sine media ils sont sur un seul rang et alter-
nant d’un nœud à Pautre.
La soie isolée, qu’il ne faut pas confondre avec la villosité dite
soyeuse, et qui se présente sous la forme d’un poil roide comme
une soie de porc, termine toujours une partie, comme on le voit dans
les Graminées : c'est une nervure faisant saillie hors du tissu; il ne
faut donc voir dans la soie qu’un prolongement de la nervure. L’arête
est l’angle saillant formé par la rencontre de deux plans, et la barbe
est une soie présentant à sa base un renflement ou un amincisse-
ment qui fait soupçonner l’existence d’une articulation, ce qui fait
que quelquefois la barbe se détache, ce qui n'arrive ni à la soie ni
à l’arête. Ces deux derniers genres de poils se trouvent dans les
Graminées et les Cypéracées.
La fonction des poils n’est pas connue, on les regarde comme des
appareils d'absorption et de transpiration; mais rien ne prouve que
INTRODUCTION. CCCXXX]
cette théorie soit fondée ; ils paraîtraient plutôt être destinés à en-
tretenir la température à un certain degré d’élévation, et ils feraient
dans ce cas les fonctions de mauvais conducteurs du calorique. Ce
qui semblerait confirmer cette opinion, c’est que les végétaux qui
croissent dans les lieux élevés et battus par les vents, sont villeux.
Quelquefois cependant ils paraissent résulter d’une surabondance
de fluides nourriciers : ainsi, dans le Rhus cotinus, les pédicelles
dont la fructification avorte deviennent poilus, les étamines des
Verbascum et des Tradescantia sont dans le même cas quand les
boutons à fleur sont avortés. On ne peut s’étendre longuement sur
ce sujet, qui a été l’objet de vives controverses, parce qu’on substi-
tuerait une hypothèse à une autre, sans profit pour la vérité.
On désigne, sous le nom d’écailles, des feuilles métamorphosées, ou
plutôt qui ne se sont point développées, par suite d’atrophie, dans
certains végétaux, tels que la Fève, le Convallaria bifolia; mais
ce ne sont que des exceptions, tandis que c’est la règle dans le plus
grand nombre des parasites, comme les genres Orobanche, Lathræa,
Monotropa, et quelques espèces d’Orchidées. On peut regarder plutôt
comme des feuilles stipulaires les petits appendices qui se trouvent
à la base des ramifications des Asperges et des rameaux phylloïdes
des Fragons. On conserve le nom d’écailles aux pérules ou enve-
loppes des bourgeons.
$ 4. Des glandes.
Le passage des poils aux glandes véritables sont les porls glandu-
leux, qui, tout en ayant la même forme que les poils proprement
dits, sont cependant terminés par un renflement qui contient le plus
souvent un liquide coloré; ils sont wricellulés dans le Sisymbrium
chilense, pluricellulés et terminés par un réservoir de sécrétion, dans
le Muflier, à réservoir double dans la Zysimachie vulgaire ; dans la
Benoîte, la glande terminale est composée de plusieurs loges super-
posées.
On doit regarder comme de véritables glandes les poils sécrétants
des Orties , des Loasa et des Malpighiacées. Ces poils versent ordinai-
rement, dans la blessure qu’ils ont faite, un liquide brülant qui cause
une vive démangeaison et quelquefois une irritation persistante. On
a reconnu que le liquide caustique de l'Ortie est contenn dans un
CCCXXXI) INTRODUCTION.
petit renflement qui termine le poil, et qui le plus souvent se casse et
reste dans la piqüre. Le poil des Zoasa , terminé en pointe, repose
sur une grosse glande composée de cellules nombreuses, et sa pi-
qûre semblerait être de même nature que celle de la vipère, à moins
que ce ne soit la pointe à plusieurs crochets des poils mélés aux
poils glanduleux qui cause l’irritation produite par la piqre, ce
qui ne paraît pas être. Le poil glanduleux du Malpighia urens est
couché sur une glande placée dans une cavité du tissu, comme serait
l’aiguille d’une boussole sur son pivot, et la douleur que cause sa
piqûre ne paraît due qu’à la lésion des tissus, sans qu'aucun fluide
irritant ne soit versé dans la blessure.
Excrétion des poils.
Les poils glanduleux du Pois chiche suintent une liqueur acide ap-
pelée d’abord acide cicérique et qu’on a reconnue pour un mélange
d'acides malique, oxalique et acétique.
Les poils excrétoires de l’Ortie, du Jatropha urens et du ZLoasa
sécrètent un liquide caustique qui cause une vive douleur.
Les poils du Drosera, du Cerastium viscosum, de la Salvia glu-
tinosa, du Cuphea viscosa, fournissent un liquide visqueux assez
abondant.
Des poils glanduleux aux glandes, la transition est peu sensible.
Les glandes sont de petits corps vésiculeux communément arrondis
et non pédicellés, mais de forme assez variable, qui se trouvent sur les
uges, les feuilles et les fleurs des plantes. Elles sont, en général, com-
posées de tissu cellulaire lâche, et paraissent avoir pour fonction de
sécréter des fluides particuliers, souvent des huiles essentielles odo-
rantes, bien que ce ne soit pas toujours le cas. Les unes sont renfer-
mées dans des lacunes du tissu même; d’autres, au contraire, font
saillie au dehors.
On a distingué les glandes en cellulaires et vasculaires. Elles sont
dites cellulaires quand elles sont formées d’un tissu utriculaire très-
délié, sans rapport avec les vaisseaux. Elles paraissent destinées à
rejeter au dehors des sucs particuliers, ce qui les à fait considérer
comme des glandes excrétoires. Quand elles sont placées sur la fleur,
on les appelle glandes rectarifères. Les glandes vasculaires diffèrent
des précédentes en ce qu’elles sont traversées par des vaisseaux et
INTRODUCTION. CCCXXXII)
n’excrètent aucun suc visible; elles paraissent être sécrétoires : les
glandes urcéolaires sont dans ce cas.
Suivant la position qu’elles affectent, elles prennent des épithètes
différentes : elles sont appelées caulinaires quand elles naïssent sur
la tige des végétaux ou sur leurs branches, comme cela a lieu dans
le Bauhinia aculeata; foliaires, lorsqu'elles sont sur les feuilles,
comme cela se voit dans les Drosera, dont le limbe de la feuille en
est chargé; pétiolaires, quand elles sont portées par le pétiole,
comme cela se voit dans le Ricin ; axéllaires, lorsqu’elles sont placées
dans l’aisselle des feuilles : telles sont celles des Apocynées. Les
glandes qui se trouvent sur les enveloppes de la fleur portent le nom
commun de orales.
Sous le rapport de la forme, les glandes sont divisées en sept ca-
tégories qui ne sont pas très-rigoureusement déterminables, car elles
se confondent souvent, et le passage des unes aux autres est diffi-
cile à tracer. Une définition aussi précise que possible permettra de
les déterminer.
1° Glandes miliaires. Ces sortes de glandes sont très-petites, el
couvrent tantôt en séries régulières, tantôt, au contraire, irréguliè-
rement, les parties vertes du végétal, comme cela se voit dans le
Sapin et le Cyprès. Quelquefois elles sont surmontées d’un ou de plu-
sieurs poils très-courts.
2° Vésiculaires. Ce sont de petites vésicules remplies d'huile essen-
tielle qui se trouvent dans l'épaisseur des feuilles, comme dans la
Rue, le Myrte, ou dans toutes les parties des feuilles, de la fleur et
du fruit, le Citronnier et l'Oranger. N
3° Globulaires. Ce sont des globules souvent brillants et colorés
qui se trouvent logés dans de petites fossettes, et affectent toutes les
parties de la plante. On en trouve jusque sur les anthères des La-
biées. Desvaux ne les regarde pas comme des glandes, et les con-
fond avec la poussière glauque qui couvre certains fruits, les feuil-
les du Chêne, la tige du Ricin et un grand nombre d’autres plantes,
et qu’il appelle pruëne ou poussière glauque.
4° Ampullaires ou utriculaires. Grosses vésicules transparentes,
dont on a un exemple très-frappant dans la Glaciale. Desvaux les
regarde comme des papules, et non comme des glandes réelles.
5° Papillaires. On leur a donné ce nom à cause de leur ressem-
blance avec les papilles de la langue. On les trouve en grand nom-
CCCXXXIV INTRODUCTION.
bre sur les rameaux et les feuilles des Æhododendrum ponticun.
6° Lenticulaires. Ces glandes, rudes au toucher et remplies d’un suc
résineux, ont la forme aplatie des Lentilles, quoiqu'elles ne soient
pas toujours discoïdes ; on en trouve ur exemple dans le Psoralea
biluminosa. |
7° Urcéolaires, cyathiformes où en godet. Disques renflés et char-
nus, creusés au centre d’une fossette , au fond de laquelle se trouve
une liqueur visqueuse. Elles sont fort apparentes dans le Prunier,
le Pécher et les autres fruits à noyau, où elles sont placées sur le
pétiole; les feuilles des Saules et des Peupliers en portent au bord
des dentelures inférieures. Un grand nombre de Papilionacées ont
des glandes pétiolaires; on en voit de semblables autour de lo-
vaire du Cobæa scandens.
Quant aux glandes squammaires des Fougères, ce sont les enve-
loppes des organes de la fructification, et l’on ne peut leur donner le
nom de glandes, ce qui indique toujours un appareil de sécrétion.
On a trouvé, dans les lacunes aériennes des Colla, des glandes qui
rappellent les poils intérieurs des Vymphæa, et dont la fonction est
inconnue et même la structure mal connue.
Excrétion des glandes.
La Fraxinelle exhale, sous forme de gaz, une huile volatile qui
produit une’flamme vive et légère quand on en approche une bou-
gie allumée; elle est sécrétée par les petites glandes qui couvrent la
tige.
Les glandes stipitées du Zristegis glutinosa, de la famille des Gra-
minées, excrètent une matière gluante.
Les glandes des Labiées excrètent une substance résineuse qui se
voit à la surface des feuilles; les glandes qui se voient sur le pétiole
et le bord des feuilles des Rosacées sont dans le même cas. Les glandes
à godet qui se voient à la base des pétioles communs des Mimosées,
suintent une humeur sensible; dans les Groseilliers à fruits noirs, c'est
une matière résineuse due à des glandes sessiles. La face interne du
calice des Alkékenges est le siége d’une sécrétion amère due à de pe-
tites glandes.
Les jeunes rameaux du Robinia viscosa sont couverts de glandes
superficielles qui sécrètent un suc visqueux et gluant.
INTRODUCTION. CCCXXXV
Dans les Fritillares, la glande qui est à la base des pétales sert à
distinguer ce genre des genres voisins. On trouve, au fond de la co-
rolle du Mélianthe, une grosse glande sécrétant une liqueur noire qui
peut servir à écrire.
Il ne faut pas confondre avec les glandes, qui sont de véritables
appareils de sécrétion, le #2amelon, qui est une protubérance solitaire
au centre d’une partie, comme dans certains Agarics; l’apophyse,
saillie irrégulière qui’ n’est quelquefois qu’un accident; la verrue,
corps granuleux qui couvre une surface, comme dans l’#/0es mar-
garitifera ; la papille, qui ressemble à la verrue, mais est de forme
plus allongée ; la papule, qui garnit les feuilles et les tiges des Tétra-
gones. En un mot, chaque fois qu’une saillie n’est pas un véritable
appareil sécréteur, 1l ne faut pas la regarder comme une glande.
On a constaté qué, dans la plupart des cas, les glandes sont en-
foncées dans le parenchyme cortical, en faisant une légère’saillie
au-dessus, mais le plus souvent accompagnées par l’épiderme qui
se moule sur leurs aspérités.
La structure des glandes sécrétantes (telles sont celles dites vésr:
culatres) est facile à vérifier au moyen de la plus modeste am-
_ plification. On distingue au milieu du tissu de la feuille une glande
formée de grosses cellules transparentes, disposées en cercle, et
laissant à leur centre une lacune ou vide qui repose sur la couche
épidermique inférieure, et qui est recouverte extérieurement par
l’épiderme supérieur. Ce sont les cellules périphériques qui sécrè-
tent le liquide volatil, et la lacune centrale qui leur sert de réser-
voir. On distingue à l'œil nu les glandes sécrétantes sur la corolle
de l’Oranger, à leur couleur verdâtre qui tranche sur le blanc mat
des pétales. Quelle que soit la nature de la glande, elle a toujours
une structure anatomique propre, et son tissu est toujours exclusi-
vement cellulaire; c’est à tort et théoriquement qu’on a avancé que
les trachées viennent s’épanouir dans l’intérieur des glandes; elles
se voient dans le tissu voisin, mais jamais elles n’ont été aperçues
dans l’intérieur même de la glande.
On peut sans doute mettre après les glandes, et regarder comme
des organes semblables, les lacunes creusées dans l’épaisseur des
tissus, et qui se remplissent des sucs propres dont ils sont les vé-
ritables réservoirs. On constate cependant que ces réservoirs sont
composés d’un tissu à mailles plus serrées, qui servent de foyer à la
CCCXXXV) INTRODUCTION.
sécrétion ou au liquide épanché, sans présenter, comme à dt glandes
véritables, un réservoir central.
CHAPITRE XVII.
DES BRACTÉES.
Les bractées, seconde transformation de la feuille, sont les der-
nières feuilles ; ce sont celles qui sont le plus voisines de la fleur, elles
différent de la feuille normale en ce qu’elles ont perdu leur pétiole,
ont changé de forme et souvent même de coloration, et sont enfin
arrivées à constituer un organe intermédiaire entre l’organe respi-
ratoire, la plus haute expression de la vie de nutrition, et la fleur,
siége de la vie de reproduction. C’est dans l’aisselle des bractées que
naissent les axes floraux ; d’autres fois cependant il y a avortement
‘des axes, ce qui fait qu’on distingue dans les bractées deux varia-
tions : dans les unes, il n’y a pas de bourgeon axillaire; les autres,
au contraire, sont munies d’un bourgeon; mais c'est le cas le plus
rare, car la bractée n’est qu’une feuille dont les formes et la nature
même sont épuisées par le développement de la vie dans le végétal.
On peut suivre dans la série végétale les différents modes de trans-
formation de la feuille, depuis la feuille florale de la Véronique des
champs jusqu’à celles colorées de la Sauge cardinale , plus déformée
encore dans l’Hortensia; sèche et membraneuse dans le Tilleul , puis
devenant un calicule dans l’'OEillet, un involucre dans les Ombel-
lifères, une cupule dans le Gland, une paillette dans les Composées,
des spathes dans les Monocotylées, une glume dans les Graminées,
et une utricule dans les Cypéracées.
Les terminologistes ont donné le nom de fewlles florales aux
bractées situées sur le calice ou le pédoncule, ou bien encore à celles
qui, tout en étant rapprochées de la fleur, ne diffèrent des autres
feuilles que par de plus petites dimensions, en réservant celui de
bractées pour les feuilles transformées. Ainsi la couronne de Ananas
serait des feuilles florales, et les feuilles terminales de la Sauge
des bractées, ce qui est encore controversé. On peut conserver celte
distinction quand on veut décrire avec précision les différentes
INTRODUCTION. CCCXXX VI}
nuances qui diversifient les organes végétaux ; mais, en organogra-
phie rationnelle, il faut toujours voir dans les bractées, quelle que
soit la figure qu’elles affectent, un organe transformé par épuise-
ment. Les petites bractées qui accompagnent les pédicelles s'appellent
bractéoles.
Le caractère particulier aux bractées est d’affecter la même dispo-
sition que les feuilles : ainsi les végétaux à feuilles opposées ont des
bractées opposées, et ceux dans lesquels les feuilles ont une dispo-
sition verticillaire les ont verticillées; cependant, comme les bractées
sont des dégénérescences foliaires, il arrive souvent que plusieur
des éléments des verticilles manquent, et alors les bractées sont
opposées. Ce sont des phénomènes généraux qui présentent de nom-
breuses exceptions; car, dans une foule de circonstances, les brac-
tées sont opposées ou verticillées dans des végétaux à feuilles alternes,
ce qui à lieu quand les éléments se rapprochent de manière à rame-
ner les feuilles bractéales sur un même plan. Il arrive quelquefois que
les bractées sont le produit du développement des stipules et de
l’avortement de la feuille. Par suite de la loi de balancement orga-
nique, chaque fois qu’un organe s’atrophie, les organes latéraux
se distinguent par un excès de développement, et c’est le cas dans
lequel se trouvent les bractées de certains genres de Vacciniées et
de Polygalées. Ce qui prouve au reste que les bractées ne sont que
des feuilles transformées, c'est que, quand il y a excès de nutrition,
la bractée revient à l’état de feuille. |
Les variations que présentent les bractées ont causé des incerti-
tudes fondées : ainsi l’on voit dans certaines plantes, comme l’Ananas,
la Couronne impériale, l’Eucomis, une touffe de feuilles surmontant
les fleurs et le fruit, et qu’on a appelées la couronne. Sont-ce des
feuilles ou des bractées ? C’est ce qu’il est difficile de dire. On croi-
rait plutôt que ce sont de simples feuilles prolifères. Les bractées de
la Lavandula stæchas ei de la Sauge hormin ne sont que des cou-
ronnes allongées, au lieu d’être sur un plan horizontal comme dans
l'Ananas. Souvent les bractées se confondent avec le calice, comme
dans certains Fraisiers, et l’on a peine à les distinguer des sépales du
calice.
Les véritables bractées sont très-variées dans leurs formes : celles
du Rhinanthus crista galli sont dentées ; dans l’Acanthe , elles sont
épineuses , et colorées dans une foule de végétaux.
TOME I, INTRODUCTION. — livraison rr.
CCCXXX VII) INTRODUCTION.
On a appliqué aux bractées les appellations de radicales, quand
elles sont portées sur une tige accourcie; caulinaires, quand c’est la
tige même qui les porte; raméales, les branches, et foréales, le pé-
doncule.
Je passerai rapidement en revue les Ur AEIONS plus profon-
des des bractées, qui deviennent méconnaissables si l’on n’en a pas
étudié l’origine.
Lorsqu’elles forment à la base du calice une seconde enveloppe ex-
terne, comme dans les Mauves, les Æébiscus, l'OEïillet, on leur donne
le nom de calicule ou petit calice, parce qu’en général, le calicule
est plus court que le calice, et lui sert presque d'ornement; il l’ac-
compagne comme une collerette dans l’Ærbiscus palustris , et comme
une seconde enveloppe dans l’OEillet.
Lorsque les bractées s’étalent, et, au lieu d'accompagner une fleur
unique , accompagnent plusieurs fleurs, comme cela a lieu dans les
Euphorbes qui ont, comme le sp/endens, des bractées d’un beau rouge
plus brillant que la fleur, et dans les Ombellifères, elles prennent le
nom d’énvolucre, et les différentes pièces où parties qui le compo-
sent, celui de folioles. Cet involucre est symétrique dans la Carotte,
la Ciguë officinale, et dans ce cas, il est dit polyphrylle ; les folioles
bractéales sont composées ou pennées dans la Carotte et la Nigelle;
tandis qu’elles sont simples dans l’Anémone hépatique, etincisées dans
celle des jardins. Dans la Férule, l’involucre est caduc; il est per-
sistant dans l4strantia major. Le Coriandre et l’Impératoire ont un
involucre monophylle. Suivant le nombre de ses folioles, il est encore
dit diphylle, triphylle, tétraphytlle.
L'involucre est dit primaire ou universel, quand il accompagne
l'ombelle générale, et partiel, secondaire ou involucelle, quand il ac-
compagne les divisions de l’ombelle. Le Chærophyllum temulum et
le Cerfeuil en offrent des exemples. On donne encore à l’involucelle
le nom de collerette.
L'involucre qui entoure les fleurs des Composées a reçu des
noms bien différents : Linné, qui ne peut encourir le reproche d'a-
voir inutilement chargé la nomenclature, l’appelait calice commun ;
Cassini lui a donné le nom de péricline; on peut au reste conserver
à cette disposition particulière des bractées le nom d’rvolucre, car
elles renferment, aussi bien que dans les Ombellifères, une col-
lection de fleurs, à cette différence près, que ces fleurs sont
INTRODUCTION. CCCXXXIX
sessiles et portées sur un réceptacle au lieu de l'être sur un pé-
dicelle. d
Cependant certains botanistes ont cru qu’elles mériteraient une
dénomination particulière, parce qu’elles sont serrées les unes
contre les autres, ou même imbriquées, comme dans les Centaurées,
et qu'elles servent de passage à la cupule. Les écailles ou folioles
du péricline sont dites sémples où unisériées, quand elles sont sur
un seul rang ; doubles ou bisériées, quand elles sont sur deux rangs.
Lorsque le péricline est accompagné d’un rang de folioles làches ou
appliquées, il est dit ca/iculé, et on le nomme #mbriqué, quand les
folioles se recouvrent en imbrication. Suivant le nombre des folioles,
il est ériphylle, pentaphylle, etc. ; suivant le nombre des fleurs qu’il
renferme, brflore, triflore ; d'après sa forme, conique, ventru, ovale,
turbiné, etc.; puis épineux, cilié, quand les folioles sont converties
en épines, comme dans les Chardons, où garnies de cils, comme
dans les Centaurées. La division des folioles entraîne encore d’autres
dénominations, de divisé, fendu, denté, etc.
On a donné le nom de cupule aux bractées imbriquées qui se sont
soudées et forment une masse compacte , comme cela se voit dans le
Chêne.
Toutes ces transformations, caractérisées par un nom spécial, ne
sont cependant pas si rigoureuses, qu’elles soient toujours tranchées;
mais on peut, sans inconvénient, dans une description, appliquer aux
différentes modifications des bractées les dénominations que j'ai
signalées. Pour distinguer un involucre d’un calice, il faut, en gé-
néral, qu’il y ait entre cette enveloppe et le verticille floral un autre
verticille, qui sera alors calicinal; mais il y a des nuances et des
anomalies très-fréquentes qui mettent dans le doute. Cest ainsi
qu’on voit dans l’Anémone sylvie un involucre et une seule fleur ;
tandis que dans l’Æremone narcissiflora il ÿ en a plusieurs. Cette
anomalie n’empêchera pas d’appeler ##volucre l'assemblage de fo-
lioles qui entoure les fleurs des Anémones. Au demeurant, c’est une
puérilité que de chercher des définitions rigoureuses quand on est
en présence d'organes qui se métamorphosent de mille manières et
semblent se jouer de nos méthodes. C’estipourquoi les dénominations
les plus générales sont les meilleures, et c’est nuire à la science que
de la surcharger de noms qui y jettent la confusion au lieu de ré-
pandre la lumière.
cecx| INTRODUCTION.
En saine organographie végétale , le calice véritable n'appartient
qu’à une seule fleur, et c’est seulement lorsqu'il est double, et ap-
partient alors réellement à un autre verticille, qu'il devient calicule.
L'involucre ést constamment placé autour de plusieurs fleurs. Ces
distinctions sont importantes en description botanique.
Les fleurs des plantes de la famille des Composées, réunies dans
un même involucre ou péricline, ne doivent leur réunion qu'à une
atrophie des parties foliaires et bractéales; et, dans ce cas, les
bractées, réduites à l’état de simples membranes sèches transpa-
rentes, les accompagnent isolément à leur base. Dans ce cas, on a
donné le nom de paillettes à cette transformation plus profonde
encore que la bractée , qui quelquefois disparait complétement. Les
paillettes sont donc les bractées placées entre les fleurons des Com-
posées et des Dipsacées, et le réceptacle garni de paillettes s’appelle
réceptacle paléacé.
Onremarquera pour les bractées involucrales, lorsqu'elles sont nom-
breuses, qu’elles sont soumises à la loi de disposition spéciale propre
aux feuilles et aux écailles des Strobiles. En examinant les bractées
de l’Artichaut, on en déduira facilement l’arrangement spiral. Il en
est de même des bractées soudées qui forment la cupule du Chêne,
et dont l’arrangement imbriqué est facile à reconnaitre. L'origine de
l’involucre épineux de la Châtaigne est la même.
Une troisième transformation de la feuille, qui rentrerait dans
l’involucre, est la spathe, qui précède l'apparition de la fleur, l’en-
veloppe comme un maillot et se déchire au moment de lépa-
nouissement. C’est dans les Monocotylédones seules qu’on trouve les
spathes; et, dans cette classe, les familles où elles sont l’accom-
pagnement de la fleur de la plupart des genres sont : les Aroïdées, les
Liliacées, les Iridées, les Palmiers, les Musacées. On connaît le beau
cornet blanc de l’4rum dracunculus, celui verdàtre de l’Arum maculé
de nos bois; l'enveloppe sèche des Amaryllis, celle de l’Oignon com-
mun et de l’Ail, des Iris, et des fleurs des Palmiers et des Bananiers.
Quand elle est d’une seule pièce, elle est dite waivalve , l'Arum ; bi-
valve, VAil, quand elle est composée de deux parties, et multuivalve, les
Pancratium, quand elle estformée d’un plus grand nombre de parties.
On ditencore, et même mieux, #0nophytlle, diphylle, polyphytlle. Dans
les Iris, les Narcisses, les Oignons, elle est scarieuse où membraneuse,
persistante dans le Dattier, elle est z7arcescente dans les 4maryllis ,
INTRODUCTION. cecxl]
caduque dans lOignon, ruptile dans les Palmiers et les Amaryllis,
et cucullée dans le Chamaærops humilis.
IL faut regarder comme une véritable spathe bivalve les bractées
sèches et membraneuses qui accompagnent les épillets des Gra-
minées. On leur donne le nom de glume. Elles affectent des formes
très-variées. La véritable position de la glume est immédiatement
en dehors des organes sexuels.
Dans la famille des Cypéracées, l'enveloppe des fleurs femelles, qui
ressemble beaucoup à la glume des Graminées et qui paraît de même
_nature que la spathe, prend le nom d’utricule. On n’est pas d'accord
sur l’origine de cet organe, qu’on croit appartenir à un verticille
plus interne.
La transformation des feuilles en bractées, qui porte sur la forme
et la consistance, paraît dépendre de deux causes différentes, bien que
souvent ces deux transformations aient lieu sur un même sujet. La
première paraît venir d’un changement dans l’inflorescence : ainsi,
dans les Véroniques à fleurs solitaires, les bractées sont semblables
aux feuilles ordinaires; tandis que, dans celles en épi, les bractées ne
sont déjà plus que de petites feuilles. Le changement de couleur et
de consistance vient, au contraire, du changement dans le système
de ramification; c’est ainsi que, dans les grappes latérales du Gro-
seillier, les bractées sont colorées. La transformation des feuilles en
bractées a lieu de proche en proche, et successivement lorsqu'elles
sont sur le même axe que les autres feuilles, et surtout sur l’axe pri-
maire; tandis que, quand elles sont sur les axes secondaires, la
transformation est presque instantanée. Cette loi est néanmoins bien
loin d’être générale, puisque, dans l’Aortensia, les Sauges, les Æli-
chrysum, les Buplèvres, les Bougainvillæa, les changements de na-
ture et de couleur sont dus à des causes inconnues.
La structure anatomique des feuilles florales est celle des feuilles
normales : celle des bractées en diffère d’autant plus qu’elles ont plus
d’analogie avec le calice, analogie qui s'éloigne d’autant plus que la
structure des bractées s'éloigne plus de la structure foliaire. Quant
aux fonctions, elles sont mal connues, ou pour mieux dire, elles n’ont
pas été étudiées, et ne doivent au reste être que celles des organes
appendiculaires, sans action essentielle sur la vie.
——
cecxli)] INTRODUCTION.
CHAPITRE XVIII.
DE L'INFLORESCENCE.
Nous sommes arrivés au dernier terme du développement raméal :
le bourgeon porté dans l’aisselle des feuilles subit ses diverses trans-
formations avant de passer des fonctions de nutrition à celles de re-
production, et la plante ayant cessé de croître comme individualité
végétale, comme unité finie, devient la matrice d’êtres semblables à
elle; en un mot, elle approche du terme où la transmission de la vie
passera d’une génération à l’autre. L’inflorescence considérée sous
le rapport organographique seul, est le prolongement des axes pri-
maires ou secondaires destinés à porter des fleurs.
On verra, dans les développements qui suivent, que l’inflorescence
présente à l'esprit un vague qui ne permet pas de la classer d’une ma-
nière rigoureuse, et qu’il faut se borner à des dénominations arbitrai-
res. On a constaté que les différentes parties d’un ensemble floral ne
sont pas nées en même temps, mais que leur évolution est successive,
et l’on a divisé les inflorescences en groupes de divers noms, suivant
que les fleurs appartiennent à une même évolution ou à des évolutions
différentes; on a également divisé les inflorescences en définies ou
centrifuges, quand elles sont terminales et solitaires, tandis qu’elles
sont dites zrdéfinies ou centripètes, quand elles sont à plusieurs axes
et que l’axe primaire ne se termine pas en fleur. Ce sont des distinc-
tions plus oiseuses qu'utiles, aussi me bornerai-je à définir les modes
les plus fréquents, en prévenant toutefois que l’inflorescence présente
les variations les plus multipliées.
Le système le plus facile à suivre dans la description des inflo-
rescences, est leur division en sn/florescences simples et inflorescences
composées, en suivant, autant qu’il est possible de le faire, le pas-
sage d’un mode d’inflorescence à un autre.
Le modele plus simple d’inflorescence est l’inflorescence terminale
résultant de la tige uniflore, qui n’est souvent qu’un simple pédoncule,
comme dans la Tulipe. On trouve des rameaux latéraux qui sont éga-
lement à inflorescence simple, et qui ne diffèrent entre eux que par
les différentes époques d'évolution des fleurs. Une des modifications de
l’inflorescence terminale est l’inflorescen-e axtllaire : dans ce système
INTRODUCTION. ccexlii}
d'évolution florale, les fleurs ne sont pas portées sur un rameau laté-
ral, mais simplement sur un pédoncule qui se développe dans l’ais-
selle des feuilles de la plante.
Les fleurs axillaires, disposées à larges intervalles le long de la
tige, subissent une transformation assez fréquente : les feuilles de-
viennent des bractées ; les éléments floraux se rapprochent, et l’on
arrive à avoir une grappe, comme dans le Muguet et certaines Vé-
roniques. La grappe peut être longue, courte, pauciflore, multiflore,
Jlexueuse, dressée ou pendante. On l’appelle fewillée quand elle a des
feuilles à la base, bractéée quand les feuilles sont changées en brac-
tées , et ébractéée quand il n’y a pas de bractées; ce mot est syno-
nyme de zu. Elle n’est pas toujours continue, mais aussi #nterrompue.
Si les pédoncules disparaissent, que les fleurs soient sessiles et plus
serrées encore que dans la grappe, et qu’elles soient portées par un
axe ou rachis roide et vertical, cylindrique ou anguleux, parfois
comprimé et souvent flexueux, elle devient un épi, comme dans les
Graminées, les Plantains, certaines Verveines. On ne peut établir de
ligne de démarcation bien tranchée entre l’épi et la grappe, parce
que les fleurs qui entrent dans la composition de l’épi peuvent être
plus ou moins pédicellées, et il en résulte que l’épi est lâche ou serré,
et que dans ses formes générales il est cylindrique, conique ou
pyramidal.
Les Graminées et les Cypéracées ont une inflorescence en épi dont
les fleurs presque sessiles sont portées par un axe commun , et des
épis secondaires appelés épillets, qui concourent à la formation d’un
épi commun, et qui sont le résultat d’une triple évolution. On trouve
donc, dans cette famille, l'épi simple et l’épi composé d’épillets,
affectant les formes désignées sous les noms d’épis ovales, oblongs,
linéaires, etc. Quant aux épillets, qui varient pour le nombre et la
disposition, ils sont solitaires, géminés, ternés, fasciculés. Les
épillets ne sont pas nécessairement les éléments de l’épi; ils affectent
au contraire d’autres dispositions, ils sont en ombelle ou en panicule.
L'épi est le générateur naturel du chaton, qui est le mode d’inflo-
rescence propre à la grande famille qu’on désignait autrefois sous le
nom commun d'Amentacées, et qui est aujourd’hui démembrée en
plusieurs petits groupes. C’est un épi articulé à sa base et par consé-
quent ruptile, dont les fleurs, serrées entre elles, sont séparées par des
bractées. Le chaton est toujours pendant et cylindrique. Le Noisetier,
ccexliv INTRODUCTION.
l’Aune, le Chéne , en sont des exemples. On trouve dans le chaton
l’unisexualité, ce qui fait qu’il peut être mâle ou femelle.
Il est impossible de séparer le cre ou strobile des Conifères du
chaton. La seule différence qu’il y ait dans cette grande famille re-
pose sur le fruit, qui est disposé autrement que dans celle des Amen-
tacées, où l’on trouve cependant, comme dans l’Aune, une fructi-
fication strobiliforme. |
Le spadice, qui est un mode d’inflorescence propre surtout aux
Aroïdées et aux Palmiers, est un épi dont l’axe charnu porte des
fleurs unisexuelles, enveloppées par la grande bractée appelée
spathe, et sans laquelle il n’y a pas de spadice.
Le capitule est un épi dont l'axe n’a pris aucun développement, et
qui a formé une tête sur laquelle sont disposées les fleurs, comme
cela a lieu dans la Globulaire. C’est donc une simple question de di-
mensions, et la longueur de l’axe fait toute la différence; c’est ce qui
fait que, dans la description de l’inflorescence de certains végétaux,
on se sert indifféremment d’une de ces trois dénominations d’épi, de
grappe, de capitule, quand il n’y a pas de caractère bien tranché. Les
Composées ont un véritable capitule pour lequel on a proposé diffé-
renés noms, parmi lesquels celui de calathide est le plus connu. Ce
qui les distingue des Dipsacées, c’est que leurs fleurs sont portées sur
un réceptacle commun, variant depuis la forme absolument plane
jusqu’à celle renflée, ce qui en fait un capitule encore plus raccourci
que dans les Dipsacées, et lui a fait donner le nom de réceptacle
plane, convexe, concave, ovale, conique, hémisphérique. Les fleurs
des végétaux de cette famille sont rarement pourvues d’un pédicelle,
elles sont presque ‘sans exception plongées dans l'épaisseur du ré-
ceptacle, qui est ponctué, à fossettes où tuberculeux ; c'est même un
des caractères auxquels on distingue les genres les uns des autres.
Le corymbe simple est encore une modification de la grappe et
de l’épi : dans ce système d’inflorescence, ce sont les fleurs inférieures
qui sont portées par de longs pédicelles, et qui viennent affleurer
les fleurs supérieures ayant pour support des pédicelles abrégés et
partant de points divers de l’axe. On trouve dans le Poirier une des
plus frappantes modifications de la grappe et de sa conversion en
corymbe.
L'ornbelle simple termine la série des modes simples d’inflores-
cence, et c'est la dernière modification que subissent les inflores-
INTRODUCTION. cecxlv
cences appelées grappes et épis; c’est celle dans laquelle les pédon-
cules partent du même point ou à peu près, et forment, par leur
réunion, une surface convexe. Elle est zue dans la Coronille, accom-
pagnée d’une spathe dans le genre Ail, érvolucrée dans les Prime-
vères ; elle est encore pauciflore ou mulüflore, lâche, serrée, plane,
convexe, etc.
L'inflorescence anomale des Urticées et des Artocarpées, telles que
le Figuier, le Mürier, le Dorstenia, a été rapportée à une modifi-
cation du capitule : ce qui ferait rentrer cette inflorescence dans les
inflorescences simples, et lui a valu le nom d’.ypanthode, qui n’a pas
prévalu, par analogie avec l’anthode ou capitule des Composées.
C’est en effet, dans le Dorstenia, un réceptacle aplati qui, replié sur
lui-même, rappellerait parfaitement l’inflorescence close de la Figue.
Ces rapprochements sont ingénieux; mais ils n’apprennent rien sur
la cause de l’évolution anomale du système floral de ces étranges
familles, dans lesquelles on trouve cependant des inflorescences
régulières, telles que le Chanvre, le Houblon, l’Ortie, à la famille
desquels ces végétaux appartenaient autrefois.
Ces mêmes inflorescences simples ne sont cependant pas invaria-
bles, et il arrive souvent que les modes simples se compliquent, et
que les grappes et les épis, au lieu d’être exclusivement composés
de fleurs solitaires, le sont de fleurs réunies sur des pédoncules ra-
mifiés; c’est ce qu’on appelle des inflorescences composées, qui de-
viennent alors les génératrices de toutes les autres. Comme on ne peut
donc pas établir de démarcation entre les inflorescences simples et les
composées, on a trouvé plus méthodique de procéder par mode de
composition : c’est pourquoi l’on a donné le nom d’omnbelle composée à
une modification de l’ombelle simple, dont les rameaux sont divisés
au sommet. On appelle rayons les divisions primaires, et ombellules
les petites ombelles qui terminent les rayons, sans que l’axe primaire
puisse être reconnu. Elle présente diverses modifications : elle est
pédonculée ou sessile, pauci où multirayonnée; nue, quand elle
n’a ni involucre ni involucelles; et, dans le cas contraire, elle est
dite zrvolucrée et involucellée. On remarque que l’involucre peut
manquer à une plante involucellée ; mais le contraire n’a jamais lieu :
ainsi une ombelle munie d’un involucre sera toujours involucellée.
L’ombelle simple est le propre de la famille des Ombellifères et des
Araliacées.
TOME !, INTRODUCTION, — Livraison ss, ss
cecxlv) INTRODUCTION.
Le corymbe simple est le générateur du corymbe composé, qui
se compose d’axes secondaires et tertiaires, quelquefois plus, partant
d’insertions différentes, et dont les fleurs arrivent à une hauteur
égale. On en trouve des exemples dans le groupe de la famille des
Composées désigné sous le nom de Corymbifères. Le corymbe peut
être lâche, serré ou rameux.
La panicule est un épi composé, dont les pédoncules se ramifient
un nombre de fois arbitraire et d’une manière inégale, mais dont
les ramifications ne dépassent pas l’axe primaire. Elle est simple dans
le Bromus mollis, rameuse dans le Fromental, penchée dans le
Millet à grappe, en épi, étalée, divariquée, serrée, etc. C’est dans
la famille des Graminées qu’on trouve le plus d'exemples de toutes
les variations dont la panicule est susceptible.
Une des modifications de la panicule est le {Lyrse, qui est dans
toute la pureté de sa forme dans le Lilas et le Marronnier d’Inde. Ce
n’est qu'une panicule à forme allongée et plus symétrique que l’in-
florescence génératrice.
La cyme, dans l’acception rigoureuse du mot, est le système d’in-
florescence dans lequel les rameaux procédant par dichotomie, et
tout en se subdivisant à mesure qu’ils s’éloignent de l’axe primaire,
arrivent comme le corymbe à une même hauteur, en dominant la
fleur qui termine la tige. On pourrait faire, sans inconvénient, dis-
paraître ce mot de la terminologie botanique, parce qu’il n’y a rien
de régulier dans la composition de la cyme. Les anciens auteurs dé-
finissaient la cyme d’une manière différente, ce qui donnait plus de
facilité au descripteur. La cyme, suivant eux, était une inflorescence
dont les premiers rameaux partent d’un même point, tandis que les
autres n’observent aucun ordre. Le Sureau, les Euphorbes, les Va-
lérianées, les OEillets offriraient des exemples de cette disposition
florale. La cyme engendrerait le fascicule, dans lequel les fleurs ar-
rivent à une même hauteur, tel est l’OEillet des Chartreux, et la
glomérule, qui est une cyme beaucoup plus semblable au capitule
qu’à toute autre inflorescence.
Un autre mode particulier d’inflorescence, qui a exercé la sagacité
des botanistes organographes, est celui qui se voit dans certaines fa-
milles, telles que les Borraginées , les Crassulacées , les Solanées où
les fleurs affectant la disposition appelée grappe et cyme, sont ce-
pendant disposées symétriquement le long du pédoncule, et sont en-
INTRODUCTION. ccexlvi]
roulées en hélice, ce qui leur a valu le nom de grappe et cyme
scorpioides, à cause de leur ressemblance avec la queue du scorpion.
Le Myosotis , l’Héliotrope offrent des exemples de la grappe scor-
pioïde, et l’Hydrophylle de Virginie, qui appartient à une petite
famille démembrée des Borraginées, celui de la cyme scorpioïde. On
explique ce mode d’inflorescence enroulée par la succession d’axes
très-courts, entés les uns sur les autres, portant chacun une fleur, et
formant, les uns par rapport aux autres, des angles aigus et de plus
en plus courts. Je ne m'’étendrai pas sur ce sujet, qui appartient aux
recherches minutieuses d’organographie.
Ces différents systèmes d’inflorescence, que nous avons considérés
dans l’ordre de leur génération successive, sont en général rapportés
à quatre groupes fondamentaux : les inflorescences axéllaires, comme
les fleurs solitaires, géminées ou verticillées, les épis, les chatons,
la grappe, la panicule ; les inflorescences {erminées, comme la cyme;
les inflorescences mixtes, qui tiennent des deux premières, comme
le thyrse et le corymbe; les inflorescences anomales, comme l’om-
belle, le capitule. Ces vues méthodiques ne sont vraies qu’au point
de vue général; car les deux groupes #xtes et anormaux indiquent
l’hésitation de la méthode et prouvent jusqu’à quel point il faut,
dans la science, éviter les dénominations absolues. On passe de la
panicule au thyrse, à la grappe, au corymbe, du corymbe à la pani-
cule, de l’ombelle au capitule, de l'épi au chaton; il faut donc se
borner aux modes nettement définis.
Malgré la différence des idées systématiques, tels sont les modes
principaux présentés par les végétaux phanérogames dans leur évo-
lution florale. Il reste à considérer l’inflorescence sous le rapport de
ses relations avec l’ensemble de la plante; elle dépend de la dispo-
sition des pédoncules sur l’axe primaire ou les axes secondaires et
tertiaires. Le pédoncule est la dernière expression du développement
raméal. Quand la force végétale est arrivée à la limite de sa puis-
sance évolutive, elle produit un rameau dernier qui est le pédoncule;
celui-ci ne peut plus donner naissance qu’à la fleur, but final de
toute existence végétale ; mais il affecte à son tour des modes divers,
et l’on trouve plusieurs passages insensibles de la fleur réellement
pédonculée à celle qui est à pédoncule très-court, ce qui fait donner
à cette fleur l’épithète de subpédonculée. Un nouveau degré d’abré-
viation dans la longueur du pédoncule lui vaut le nom de fleur s4b-
cecxlvi] INTRODUCTION.
sessile ; et quand le pédoncule n’existe plus, ou tout au moins qu’il
est confondu avec le premier verticille floral, elle prend le nom de
fleur sessile ou non pédonculée.
Le pédoncule est donc, à proprement parler, le support de la
fleur ; mais il n’est pas toujours le dernier élément floral , puisqu'il
se subdivise quelquefois, et dans cette circonstance on réserve le
nom de pédoncule pour le support primaire, et celui de pédicelle
pour les supports secondaires, tertiaires, etc.; mais on a conservé
le nom de pédoncule pour les supports floraux, qu’ils soient £ermi-
naux , c’est-à-dire qu'ils proviennent d'un prolongement de l’axe pri-
maire, ou axéllaires et latéraux, qu’ils dérivent de l'axe et soient
un appendice raméal, ou bien encore qu’ils sortent d’un axe secon-
daire ou tertiaire. Il faudrait, pour arriver à la précision , autant de
dénominations qu’il y a de modes particuliers de supports floraux ;
mais la terminologie botanique est déjà bien assez chargée, et tout néolo-
gisme devient une nouvelle cause d’incertitude; car, dans cette science
surtout, il n’y a pas de loi qui ne comporte un nombre considérable
d’exceptions. Ce qui vient d’être dit du pédoncule s’applique à la
hampe, nom sous lequel on a désigné tout support floral qui part du
centre de feuilles radicales. On a tantôt désigné sous ce nom un véri-
table pédoncule, comme dans les Liliacées , les Asphodélées, etc., où
il n’est autre chose qu’un pédoncule axillaire; d’autres fois, c’est
une véritable inflorescence terminale, et il est alors une dépendance de
l’axe primaire. Pour éviter toute confusion, i faut réserver le nom de
hampe au support floral qui provient de tiges souterraines et vivaces.
Le pédoncule, que nous avons vu être terminal et axillaire, est
quelquefois sur-axillaire ; il naît au-dessus de la feuille, et semble
être,’comme dans le WMenispermum canadense, le résultat du déve-
loppement du bourgeon supérieur né dans l’aisselle d’une feuille;
il est pétiolaire quand il paraît prendre naissance sur le pétiole, avec
lequel il n’est que soudé, comme dans les Tapura, les Hibiscus ;
épiphylle ou foliaire dans le Tilleul, où il semble né du milieu de
la bractée , tandis qu’il est encore soudé avec la nervure moyenne
de cette feuille transformée. Dans le genre Ruscus, il est dit foliaire
dans les espèces à fleur pédonculée, car l’aculeatus est sessile, et rrar-
ginal dans les Xylophylles, qui ont des fleurs sur les bords de l’ex-
pansion aplatie qu’on regarde comme une feuille, ainsi que dans les
Epiphyllum, où la fleur sessile est portée par une expansion de même
INTRODUCTION. cecxlix
apparence, ce qui n’est, dans les trois cas, qu'un rameau d’appa-
rence foliacée. On doit cependant faire une exception pour l’Æel-
wingia rusciflora, qui porte réellement sur la feuille des fleurs sor-
tant de la nervure principale.
Les pédoncules oppositifoliés sont ceux qui naissent à l'opposé
d’une feuille, comme dans la Douce-Amère ; ce n’est que le résultat
du développement par hypertrophie de l’axe secondaire, tandis
que l’axe primaire a avorté.
Le pédoncule alaire, dans la Stellaria holostea , prend naissance
entre deux rameaux divergents, et n’est que le sommet avorté d’une
tige.
Il est #ntrafoliacé ou intrapétiolaire dans lAsclepias syriaca, c'est-
à-dire qu’il est placé entre les feuilles ou les pétioles.
Si l’on observe attentivement ces diverses apparences, on recon-
naîtra qu’elles sont trompeuses, et que, malgré toutes les modifica-
tions que présentent les pédoncules, ils sont réellement terminaux
ou axillaires, les deux conditions normales du pédoncule, et que leurs
variations rentrent dans les cas d’avortement , de soudure, et autres
phénomènes tératologiques.
Considérés sous le rapport de la direction, les pédoncules sont
dressés dans la plupart des inflorescences ; quelquefois, comme dans
le Lierre terrestre, ils se courbent lorsque la corolle est tombée. En
général, on voit les organes subir des changements de direction
surtout lors de la fructification ; c’est ainsi que le pédoncule du Cy-
clamen se tourne en spirale lorsque le fruit mûrit; dans la Linaire
cymbalaire, les pédoncules s’allongent et plongent leur extrémité dans
les trous des murs ou des rochers pour y mûrir la graine à l’abri des
influences extérieures. Le Trèfle souterrain, l’Arachis hypogea, en-
foncent en terre leur jeune fruit, qui mürit caché dans la érès
deur du sol. La F’allisneria spiralis a de tout temps attiré l’atten-
tion des observateurs par la forme en spirale de son pédoncule, qui
s’allonge lors de l'épanouissement de la fleur femelle, vient la pré-
senter à la surface de l’eau, pour la soumettre à l’action du pollen,
puis, après la fécondation, s’enroule de nouveau, et va mürir son
fruit sous les eaux.
La forme la plus ordinaire des pédoncules est cylindrique; ils
sont cependant aplatis dans certaines Fritillaires, et renflés dans l’A-
nacarde. |
cecl INTRODUCTION.
Les dimensions du pédoncule sont soumises à de nombreuses va-
riations sur une même plante; aussi ne sont-ils pas à mettre au
rang des caractères propres à établir une diagnose.
Aussi fragile en durée que la fleur, le pédoncule partage sa vie
éphémère et disparaît avec elle; mais le plus souvent il ne tombe
qu'avec le fruit.
Certains végétaux, comme les Asperges et le Marronnier d'Inde,
ont un pédoncule articulé, qui se détache facilement de son axe; il
tombe, dans certains végétaux, soit après la chute de la corolle, quel-
quefois même avant, soit lorsque le fruit est mür.
On trouve de fréquents exemples de la transformation des pé-
doncules en épines, par exemple, dans l’#lyssum spinosum, et
d’autres fois en vrilles, comme dans le Cardiospermum halica-
cabum.
Les pédicelles, ou les pédoncules secondaires, sont en tout la ré-
pétition des pédoncules primaires, et présentent les mêmes phé-
nomènes.
On a donné aux associations pédonculaires des noms qui rappel-
lent leur disposition ; l'axe ou rachis est le pédoncule allongé avec
des pédicelles très-courts, comme dans le Maïs; la rafle le pé-
doncule central avec des pédicelles prononcés, simples ou gé-
minés, la Vigne, le Groseillier; le réceptacle commun est une sorte
de fasciation des pédoncules propres aux Composées et aux Dip-
sacées.
L'histoire du pédoncule est celle de l’inflorescence relative : comme
lui, elle est terminale, axillaire, radicale, alaire, sur-axillaire, pétio-
laire, etc. Ces dénominations, quoique de pure méthode, sont néan-
moins d’une grande importance relative, car, dans les descriptions,
on est obligé de se servir de noms arbitraires, destinés à rendre la
diagnose plus intelligible ; il faut donc les conserver, bien qu'ils ne
répondent pas toujours à la genèse organique; car on ne peut s’em-
pêcher de reconnaître qu’en général la haute botanique ou la bota-
nique spéculative comporte peu d’applications, et jette souvent une
grande confusion dans le système de description.
Un fait dont l'exposé succinct présente de l'intérêt est celui du
développement successif des fleurs qui composent un système quel-
conque d’inflorescence. Il est dans l’ordre naturel que l'évolution
florale corresponde à celle des supports florifères, et que par consé-
INTRODUCTION. cecl}
quent leur ordre de succession soit le même; c’est ainsi que nous
voyons, dans une inflorescence composée d’une suite d’axes florifères
naissant sur un pédoncule commun, les axes inférieurs donner leurs
fleurs plus tôt que les axes supérieurs, dont le développement a été
postérieur. Ce qui s’explique pour le système d'inflorescence allongée
en grappes, en épis, devient plus obscur dans le système d’inflo-
rescences aplaties, qu’on appelle cyme, ombelle, capitule : les pé-
doncules extérieurs étant ceux dont le développement a eu lieu le
premier, la loi reste la même, et la floraison a lieu de la circonfé-
rence au centre. C’est ce qui a fait donner le nom d’énfloréscence cen-
tripèle à ce système normal ou de développement par ordre de pri-
mogéniture.
Dans l’inflorescence composée d’un axe primaire et d’axes se-
condaires ou tertiaires, le contraire a lieu, mais ce n’est encore qu’une
apparence, car la loi reste immuable : l’axe florifère le plus ancien, qui
se trouve au centre, donne sa fleur avant ceux de la circonférence,
qui sont les plus récents ; de là le nom d’énflorescence centrifuge,
donné à ce système particulier, qui n’est qu’un mode propre aux
inflorescences complexes avec des axes d'évolution périphérique
successive. Le Chardon à foulons, qui affecte la cyme contractée, pré-
sente le phénomène assez étrange de la floraison médiane : les fleurs
ne se développant ni à la base ni au sommet, mais au centre, ce
qu’on regarde comme le résultat de la soudure de plusieurs épis,
ayant par leur réunion une apparence unique, il en résulte que l’in-
florescence du Dipsacus fullonum est un capitule, tandis que dans
l’'Echinops les fleurs, quoique disposées en globe, fleurissent du haut
en bas, ce qui fait que ce n’est plus un capitule, mais une cyme
définie.
Considérée sous le rapport nomologique, l'inflorescence peut servir
à établir une diagnose certaine. Ainsi, le réceptacle commun et le
capitule sont invariablement propres aux Composées ; l’ombelle aux
Ombellifères et aux Araliacées, le chaton aux Amentacées, le stro-
bile aux Conifères; la panicule et l’épi aux Graminées, aux Orchi-
dées, aux Scitaminées; l’épi mêlé de bractées est propre aux Acan-
thacées ; l’épi pur aux Plantaginées et aux Résédacées ; le spadice
aux Aroïdées ; le thyrse et le fascicule dans les Jasminées ; les fleurs
sont axillaires dans les Anonacées, les Magnoliacées, les Olacinées,
les Tiliacées, terminales dans les Aurantiacées ; dans les Oléacées, le
cecli) INTRODUCTION.
pédoncule est articulé au milieu. Il ne faut, au reste, attacher d’im-
portance qu'aux inflorescences caractéristiques et définies qui indi-
quent les groupes naturels, mais ne sont cependant pas exclusivement
propres aux associations les plus naturelles : c’est ainsi que dans les
Papilionacées et les Rosacées les inflorescences sont variées.
CHAPITRE XIX.
DES FONCTIONS DE LA VIE ORGANIQUE DANS LE VÉGÉTAL.
Nous avons suivi dans ses principaux développements l’évolu-
tion des différents systèmes d'organes des végétaux, considérés
comme appareils de la vie de nutrition. Je ferai remarquer ici que je
me sers du mot autrition comme synonyme de vie organique afin de
faire opposition à la vie de reproduction : car on ne connaît pas dans
les végétaux de système correspondant à la vie de relation dans les
animaux , celle qui met les êtres de cette classe en rapport libre et
volontaire avec ceux de leur espèce ou les autres êtres vivants. Il reste
maintenant à étudier le jeu de ces organes, et à voir quel rôle ils
jouent dans l'entretien de la vie du végétal. La connaissance de ces
phénomènes complexes, qui sont la mise perpétuelle en rapport entre
l'être organisé et le monde extérieur, constitue la science physiolo-
gique ou de la nutrition : car les êtres organisés, animaux ou
plantes, ne vivent que par l'échange incessant qu’ils font de molécules
avec les agents ambiants. Cette doctrine est la seule qui réponde à
l’idée de la course éternelle et circulaire des choses. On trouve, dans
la cosmogonie indienne, cette idée exprimée sous une forme qui sera
toujours vraie : c’est celle qui représente le monde et tous les êtres
qui l’animent, ainsi que tous les corps matériels répandus dans l’es-
pace, comme soumis à une loi d'expansion et de contraction, qui
représente la vie et la mort, l’activité et le repos, la création et le
néant. C'est cette activité, toujours en mouvement, qui fait sortir du
grand réservoir qu’on appelle la terre les premières molécules ani-
mées , et, pendant toute la durée de l'existence de l'être, donne et
reçoit alternativement jusqu'à ce que le cycle vital soit accompli,
INTRODUCTION. ceclii}
énigme dont il faut chercher le mot au sein de la nature vivante.
C’est la théorie qui représentera le mieux cet échange, qui sera, sinon
la véritable, tout au moins celle qui sera le plus près de la vérité,
parce que, malgré la variété prodigieuse des phénomènes qu’elle pré-
sente, la nature ou la force vivante est une, et la même loi s’ap-
plique aussi bien aux grands corps qui roulent dans l’immensité
qu’à l'infusoire qui vit au sein d’une goutte d’eau ou à la mousse
attachée au flanc du rocher. Pour la facilité de l'intelligence des
grands phénomènes physiologiques, je classerai chaque fonction
dans l’ordre successif de son importance, et je développerai chacune
d'elles dans son ordre de priorité, bien que toutes concourent à un
but commun, qui est la nutrition. Ces fonctions sont l'absorption, la
circulation , la respiration, l'exhalation où la transpiration, la sé-
crétion, l’excrétion et l'assimilation. Voici les motifs déterminants
de cet ordre :
4° L’absorption prend les fluides et les éléments gazeux répandus
à l'extérieur et les fait pénétrer dans le tissu végétal.
2° La circulation charrie ces liquides dans toutes les parties de
la plante, les porte aux organes d'élaboration et les y reprend pour
les transporter sur les points où la vie les appelle quand ils sont
organisés.
3° La resprration, en mettant les liquides apportés par la circula-
tion en communication avec l’air ambiant, leur donne des proprié-
tés nouvelles et les dégage des principes inutiles pour les convertir
en substance organisée.
4 L’exhalation, comparable à la transpiration chez les animaux,
rend à l’atmosphère les fluides gazeux impropres à l’acte de la nu-
trition.
5° La sécrétion met en œuvre le fluide séreux et choisit, parmi les
matériaux de la nutrition, certains principes qu’elle dépose dans des
réservoirs particuliers : c’est ainsi que se forment les sucs propres.
6° L’excrétion peut être considérée comme une double fonction :
dans le premier cas, elle dépose simplement à l'extérieur de la plante
des principes particuliers qui sont le produit de la sécrétion; dans
le second, elle rejette au dehors des principes inassimilables, ce
que j'ai brièvement exposé dans l’article relatif à la fonction des
racines.
7° L’assimilation entretient la vie dans le végétal en conservant
TOME I, INTRODUCTION. — Livraison tt. tt
cecliv INTRODUCTION.
et renouvelant molécule à molécule les parties déjà existantes, et en
créant de nouveaux tissus.
L'ensemble de ces fonctions constitue le phénomène de la nutri-
tion ; nous trouvons donc dans l'être végétal le même cycle que dans
l'animal : un échange perpétuel entre lui et les agents ambiants,
jusqu’au moment où il rendra à la terre les éléments qu’il lui à em-
pruntés, et dont une partie se répandant dans l’atmosphère sous
forme de gaz ou de vapeur élastique, et l'autre se mélant aux maté-
riaux du sol, servira à la perpétuation de la vie. Nous trouvons dans le
végétal ce que nous ne voyons que chez un petit nombre d'animaux,
dans l'échelle inférieure, et surtout dans les polypiers ; c’est que, dans
l'animal, l'acte physiologique appelé nutrition se compose de deux faits
successifs : l'accroissement des tissus et le perfectionnement morpho-
logique; puis une fois la forme acquise et le développement com-
plet, la vie organique ne fait plus que se maintenir dans un état d’é-
quilibre rompu seulement par l'usure des organes, tandis que, dans
le végétal, il faut regarder chacune des parties qui le composent
comme une individualité particulière, même dans les végétaux an-
nuels : on pourrait même dire que chacun des organes dont l’en-
semble constitue la plante, surtout les organes appendiculaires,
émanation de l’organe axile qui porte en germe un appendice quel-
conque , est un végétal réunissant la triple condition nécessaire pour
former un être complet, une partie inférieure ou radiculaire, axile ou
tigellaire, appendiculaire ou foliaire. Quant à la fleur, elle appartient
à un ordre évolutif tout différent, et est spécialement destinée à la
fonction de reproduction. |
Dans l'exposé de cette partie si importante de la botanique, je ne
dissimulerai pasles obscurités, les contradictions même qui l'entourent,
et je ne me flatterai d’avoir levé aucun des doutes qui planent sur
le mystère de la vie végétale : si nous sommes à chaque pas arrêtés
dans l'explication des phénomènes de la vie animale, nous ne le
sommes pas moins dans ceux de la vie végétale qui, par sa simpli-
cité même, échappe à une investigation satisfaisante. On trouve, en
botanique et en zoologie, comme dans les sciences de pure spé-
culation et d'idéologie, ce qui ne devrait jamais avoir lieu dans les
sciences d'observation, des écoles rivales, des théories en lutte ou-
verte, comme s’il était logique de faire schisme en présence des faits :
on ne peut qu’avoir raison ou tort, si ce n’est absolument et sur tous
INTRODUCTION. ceclv
les points, c’est au moins sur quelques-uns des principes fondamen-
taux. Ce qui conviendrait à la dignité de la science, c’est d'examiner
avec bonne foi et impartialité les faits dans leur ordre successif, de
les analyser un à un sans précipitation, en rejetant toute idée pré-
conçue, sans autre méthode que celle de l'analyse pure, et sans sou-
mettre violemment le fait, si inflexible de sa nature, à une théorie; de
fixer ainsi jusqu’à quel point la lumière est commune pour tous les
observateurs, et le point où les divergences, c’est-à-dire les obscurités,
commencent. Nous n’en sommes pas là : on se dispute, on oppose
théorie à théorie , sans concession aucune, et le résultat de ces con-
tradictions, c’est de rendre la science inintelligible pour les néophytes,
à moins que chacun d’eux ne prenne place à côté du maître, prêt à
rompre une lance en faveur des idées qu’il ne comprend pas, mais
qu’on a imposées à son ignorance.
Les travaux de la savante Allemagne ne nous ont, jusqu'à ce
jour, pas appris grand’chose : l’esprit spéculatif des physiologistes
d’outre-Rhin les jette dans les idées théoriques, et la science, au lieu
de s’enrichir de ces études profondes, devient une Babel dont la con-
fusion augmente chaque jour. Au lieu de voir la physiologie en philo-
sophes positivistes, dans le fait, rien que dans le fait, ils ont, avec
la plus merveilleuse, je pourrais dire la plus déplorable facilité de
synthèse, échafaudé des théories ingénieuses, mais qui n’en sont pas
moins spécieuses pour cela, et le sens véritable de la grande énigme
de la nature se perd au milieu de ce dédale de faits épars, incohé-
rents, sans lien, et faussés dans leur interprétation par les théories.
J'exposerai les idées dominantes, sans prendre absolument parti
pour aucune d'elles; cependant je dirai celles qui me semblent le
plus conformes à la vérité, et j'avouerai l’insuffisance actuelle de la
science à l'explication des faits, chaque fois que je n’aurai pas de
motif de certitude. En employant le mot certitude, je n'entends pas
parler de certitude absolue, mais tout simplement relative : car la
vérité nous échappe, et nous sommes heureux de pouvoir suivre de
loin, et comme un phare destiné à nous sauver du naufrage, la lueur
qui nous guide à travers le labyrinthe des faits inexplicables ou
inexpliqués.
ceClv) INTRODUCTION.
$ 1. Absorption.
J'ai dit, en parlant des racines, qu’elles étaient les organes essen-
tiels de l'absorption. C’est par leurs extrémités, rien que par leurs
extrémités dont le tissu paraît modifié, ce qui leur a valu le nom de
spongioles , organes rejetés par beaucoup de botanistes, et que je
crois cependant exister réellement, que les substances saturant le sol
pénètrent de l’extérieur dans l’intérieur. L’épiderme des extrémités ra-
diculaires existe-t-il, ou les spongioles en sont-elles dépourvues ? C’est
ce qu’on ne peut absolument affirmer ou nier. Je pense que dans cette
partie de la plante, dont la texture cellulaire est évidemment diffé-
rente, il y a sinon privation absolue, tout au moins amincissement
de l’épiderme, et la perméabilité épidermique est augmentée; car
c’est dans les spongioles seules que réside la puissance d'absorption,
qui n’est pas une simple imbibition capillaire. On constate expéri-
mentalement cette propriété en plongeant dans l’eau les extrémités
radiculaires d’un végétal, et l’on voit l’absorption s'exercer avec toute
sa puissance. Si au contraire on immerge le corps de la racine et qu’on
place les radicelles en dehors du vase, l’absorption diminue et la
plante s’affaiblit et meurt. Bien qu’on nie l’existence d’une action
purement dynamique, et que, outre les phénomènes de capillarité
et d'hygroscopicité, on veuille voir, dans l’erdosmose, l'explication
toute physique d’un phénomène physiologique, il est plus rationnel
d'admettre que les corps vivants ont un mode d’absorption qui leur
est propre, et que c’est à la vie qu’est dû ce phénomène. On a opposé
à cette idée l'indifférence avec laquelle les radicelles absorbent tous
les fluides, qu’ils soient nuisibles ou salutaires, les conditions de
l'absorption étant seulement la division la plus ténue possible des élé-
ments de nutrition : cette raison n’est pas suffisante pour repousser
l’action dynamique, car l’activité organique n’implique nullement l’é-
lection dans le choix des éléments qui servent à l'entretien de la vie,
et les végétaux absorbent avec indifférence les fluides répandus au-
tour d'eux, comme le prouvent les expériences de Bertrand, qui a fait
croître des plantes dans la séve qui coule de la Vigne au printemps
et dans celle si abondante du Bouleau. Ils absorbent même les fluides
tenant en dissolution des poisons actifs et les transportent dans toute
l'économie; ce qui, au reste, n’a pas lieu pour les végétaux seule-
INTRODUCTION. ceclvi}
ment, car l’empoisonnement miasmatique, l'absorption des principes
les plus délétères, ont aussi bien lieu pour les animaux que pour les
végétaux. Nous reconnaissons seulement qu’outre la division des
principes fluides ou gazeux répandus dans le sol, il y a deux causes
de stimulation, qui sont la chaleur et la lumière.
Les substances dissoutes dans l’eau, qui est leur véritable véhicule,
et qui fournit d’abord l'hydrogène et l’oxygène, sont : l’acide carbo-
nique, que donnent les eaux des pluies qui en contiennent, et le
terreau , appelé Aumus ; l’'ammoniaque (NHŸ, nitrogène ou azote et
hydrogène) et l’oxyde d’ammonium (NH4O, azote, hydrogène et
oxygène), sources de l’azote. C’est surtout sous la forme de sel que
l’ammoniaque existe dans le sol, et les engrais animaux en sont l’ori-
gine principale. La pluie renferme de l’acide azotique qui, en ren-
contrant dans le sol l’ammoniaque, se combine avec lui et y forme un
azotate. On y peut joindreles sels des différents noms contenus dans le
sol, et qui y subissent des décompositions multiples. (Voir la p. cexxx.)
C’est dans le double réservoir de l'atmosphère et de la terre que les
végétaux puisent tous les éléments liquides ou gazeux qui servent à
l'entretien de leur vie, et qui, par leur élaboration, se convertissent
en ces différents produits que nous retrouvons dans les plantes.
Les principes de nature inorganique, fixés dans les parties so-
lides, sont ceux que nous voyons mélés aux cendres des végé-
taux après leur combustion. Le sol, ou plutôt la terre, n’est donc
qu’un milieu perméable dans lequel sont déposés les principes nu-
tritifs ; et elle est d’autant plus propre à la végétation, qu'elle les con-
serve plus longtemps, et cependant présente à l’atmosphère et aux
agents impondérables une perméabilité assez grande pour qu'ils exer-
cent leur influence sur les substances contenues dans le sol, et sur
les racines dont ils sont les excitateurs. C’est pourquoi l’ameublisse-
ment du sol est une des plus importantes et des plus essentielles opé-
rations de l’agriculture et de l’horticulture. En suivant avec attention
les différentes phases de la vie du végétal, nous retrouverons la
raison des opérations agricoles et horticoles, constatées empirique-
ment, il est vrai, mais qui ne peuvent que gagner à prendre leur
point d'appui dans l’explication des phénomènes physiologiques.
Depuis les progrès de la chimie organique, on est convaincu que
la plante n’est pas, comme le pensaient Van Helmont et d’autres na-
turalistes, de l’eau transformée : les éléments qui entrent dans leur
ceclviij INTRODUCTION.
composition en sont la preuve la plus positive, et les expériences
faites dans le but de prouver cette thèse sont sans valeur, parce que
les expérimentateurs ne tenaient aucun compte de l’action physiolo-
gique de la respiration, qui fournit ses principes assimilables, puisés
dans l’atmosphère, et ne voyaient pas que l’eau n’est que le véhi-
cule qui sert à dissoudre les éléments de nutrition.
C’est ainsi que les sels solubles dans l’eau ou les substances inor-
ganiques très-divisées pénètrent dans les plantes. Th. de Saussure
trouva du carbonate de chaux dans les Rhododendrons qui avaient
crû sur un terrain calciné, et de la silice dans ceux qui avaient vé-
gété dans un sol granitique. Les plantes qui croissent dans les dé-
combres contiennent de l’azotate de potasse, et celles qui vivent au
bord de la mer, du chlorure de sodium. Ce qui prouve jusqu’à quel
point la division est nécessaire pour que l'absorption s'exerce, c’est
que les éléments de nutrition les plus riches en matériaux alibiles,
tels que le jus de fumier, les substances gommeuses, etc., ne pénè-
trent pas dans le végétal. On doit voir, par ce rapide exposé de la
première et de la plus essentielle des fonctions végétales, que la
connaissance des phénomènes physiologiques intéresse l’agriculture,
qui trouve à se rendre compte de ses opérations.
Les racines ne sont cependant pas les seuls appareils d'absorption ;
les rameaux séparés de la tige exercent également sur les liquides une
grande puissance de succion. Nous en avons tous les jours la preuve
dans les fleurs coupées, que nous maintenons fraiches pendant plu-
sieurs jours en empêchant la putridité de l’eau dans laquelle est plongée
leur extrémité. D’autres, telle est la Primevère de Chine, peuvent y
rester plusieurs semaines, et y épanouissent successivement tous leurs
boutons à fleur. Les boutures d’Aune, de Saule, qui consistent en un
simple rameau, dépouillé quelquefois même d’une partie de ses
feuilles, absorbent énergiquement les liquides dont le sol est saturé
et émettent des racines, les organes les plus directs de l'absorption,
au bout de peu de temps. En un mot, toutes les parties de la plante
sont aptes à remplir cette fonction, et il faut bien qu’il en soit ainsi
pour que la nutrition ait lieu dans des végétaux comme le Càprier,
la Pariétaire, l’Asplenium ruta murarta, les Cactus, les Agavés, qui
croissent dans des stations exposées à la plus grande aridité, et
n'ont que leurs feuilles pour organes d'absorption. Nous pouvons donc
dire, avec Bonnet, que les végétaux sont plantés dans l'air aussi bien
INTRODUCTION. cechx
que dans le sol, et que les feuilles sont aux: branches ce que les
radicelles sont aux racines; elles trouvent dans l’atmosphère des
matériaux qui servent à l’entretien de la vie, comme les racines
trouvent dans la terre des aliments de nutrition. On peut donc con-
sidérer la terre comme un milieu indifférent, presque même une
simple base de sustentation, un réservoir où la plante puise les élé-
ments de sa vie, et qui joue, dans l’acte de la vie végétale, un rôle
le plus souvent passif,
Les phénomènes d'absorption ont donc lieu dans les plantes,
comme dans les animaux, par intussusception ; étant comme les êtres
inférieurs, privées de locomotilité, elles puisent autour d’elles leurs
éléments de nutrition, en demeurant exposées à toutes les influences
favorables ou délétères des agents ambiants.
$ 2. Circulation.
En parlant de la fonction des feuilles, j'ai dit comment le liquide
qui a pénétré dans le végétal par les extrémités radiculaires, che-
mine dans la tige pour gagner les feuilles et les parties herbacées du
végétal. Pendant son mouvement de propulsion ou mouvement as-
censionnel, la séve, premier rudiment des matériaux organisables,
appelée séve ascendante ou lymphe, et qui contient les éléments de
nutrition qui doivent subir l'élaboration, pénètre dans toutes les
parties de la plante, la sature, et subit en progressant des modifica-
tions qui en augmentent la densité, jusqu’au moment où, dépouillée
par l’exhalation des principes impropres à la vie, elle reprendra la
route des racines et fournira à tous les besoins vitaux. Le jeu com-
plexe de la propulsion séveuse est assez clairement explicable : on
y trouve, outre les premières causes de mouvement dont il a été
fait mention dans le paragraphe précédent, la force de succion des
bourgeons, jeunes polypes qui puisent la vie dans le tronc commun,
comme ils feraient dans le sol, car il est positif que le but de la vé-
gétation n’est pas seulement l'entretien de la vie dans la plante sous
une forme déterminée, mais la production de bourgeons nouveaux.
Ce sont eux qui sont les principaux organes de succion. L’absorption
augmente à l’époque où le bourgeon, où la jeune plante qui mul-
tiplie la vie dans le végétal, commence à se développer. Elle dimi-
nue dès que les feuilles sont épanouies et que la respiration s’exerce
ceclx INTRODUCTION.
dans toute sa plénitude, et à l'automne les nouveaux bourgeons qui
se préparent sont, à leur tour, un nouvel excitant de,cette fonction. On
y peut ajouter les amples surfaces exhalantes présentées par les
feuilles qui font le vide et appellent d’en bas le liquide introduit par
les racines. N
Dans les climats tempérés et septentrionaux, c’est au printemps,
époque où le végétal est réduit à une vie torpide par l’abaissement de
la température, et dans lequel les fluides semblent stagner, que l’ab-
sorption, lui fournissant les matériaux de nutrition, produit cet afflux
de séve appelée séve du printemps : c’est elle qui porte la vie dans
toute la plante, sert à renouveler les organes qui ont péri l’année
précédente, et, après avoir fourni les éléments de la vie organique,
fournit à ceux de la vie de reproduction. La séve qui a servi à
ces différentes fonctions, et qui diminue à mesure que les organes
se sont développés, reprend une activité nouvelle vers la fin de
l'été, et reproduit une partie des phénomènes du printemps. On lui
donne le nom de séve d'août; mais souvent elle ne peut plus faire
parcourir avant l’hiver un cycle nouveau à la végétation, et les or-
ganes qu’elle a prématurément fait naître sont moissonnés par le froid.
Cependant de petits bourgeons latents s'organisent doucement et
attendent le printemps pour naître à la vie.
J'ai dit l'incertitude de la voie suivie par la séve ascendante et du
rôle des vaisseaux; en examinant un végétal à l’époque où il est le
plus gorgé de sucs, on serait tenté de croire à une complète imbi-
bition ; mais dans l'ignorance et de la route parcourue et des causes
de progression et de propulsion, nous sommes portés à admettre que
c’est principalement par le corps ligneux que monte la séve, et que
les méats intercellulaires sont la voie qu’elle suit dans sa marche
ascendante.
Le second acte de la vie végétale est donc, après l’absorption, l’as-
cension de la séve. Quand elle est parvenue dans les feuilles et les
parties herbacées munies de stomates, elle se dépouille de ses prin-
cipes surabondants, et c’est alors que commence une série de phéno-
mènes nouveaux qui appartiennent réellement à la vie de nutrition.
La séve élaborée où descendante suit une route nouvelle; elle des-
cend jusqu’à l'extrémité des racines par le tissu herbacé et l'écorce,
et, dans sa marche, elle dépose dans les mailles des tissus et dans les
appareils de sécrétion les matériaux d’accroissement ou d’élabo-
INTRODUCTION. ceclx}
ration de principes propres ; le liquide épais, mucilagineux, produit
par la séve descendante prend le nom de cambium.
Ici commencent l'obscurité et la dissidence. Qu'est-ce que le cam-
bium? Quel rôle lui attribue-t-on dans la vie végétale? C’est ce que
nous allons étudier.
On a donné le nom de cambium au liquide organisé, de nature mu-
cilagineuse, qui se trouve entre l’écorce et le bois. Dans son état pri-
mitif, ce n’est qu’un mucilage amorphe produit par le latex ou le suc
élaboré qui circule dans la plante. Préparé par les feuilles, il descend
dans l’écorce et suit le trajet des vaisseaux laticifères; les auteurs qui
partagent les opinions de l’école qui attribue au cambium un rôle es-
sentiellement organisateur, admettent que la séve élaborée, mise en
œuvre par l'appareil spécial de sécrétion du latex, y laisse les maté-
riaux propres à la formation de ce fluide, et se répand dans les tis-
sus à travers les parois des vaisseaux laticifères.
Duhamel, qui a adopté les opinions de Grèw sur ce liquide, le re-
gardait comme étant bien réellement organisé. M. de Mirbel, le chef
de l’école du cambium, a suivi ce fluide dans ses différentes méta-
morphoses, et il admet que, dès le principe de sa formation, il tapisse
la paroi des cellules dans lesquelles il se développe; puis de lisse
qu’il était, il devient inégal, hérissé d’éminences arrondies, qui for-
ment le cambium globuleux, première ébauche de l’organisation.
Plus tard, les mamelons présentés par le cambium transformé se creu-
sent, et, dans cet état, seconde transformation de ce fluide, il de-
vient cambium globulo-cellulaire. Enfin , les cavités s’agrandissent
et partout il se forme des cellules; dans ce dernier état, il ne
présente plus aucune trace de son organisation mucilagineuse pri-
mitive, il est converti en tissu cellulaire qui est réservé à des trans-
formations nouvelles, et, suivant les conditions dans lesquelles il se
trouve, il deviendra utricules simples où vaisseaux.
Je suis très-porté à regarder le cambium comme un étre de raison,
et à me ranger à l'opinion de ceux qui voient dans la transformation
de la séve élaborée en gomme, premier élément de nutrition, comme
la plus admissible : les transformations successives de cette substance
gommeuse sont la preuve la plus éclatante de la réalité de ce point de
vue , à moins que, pour tout concilier, on ne donne le nom de car-
bium à ce fluide mucilagineux dont le rôle non présumé, mais bien
réel, est de servir à la formation des tissus nouveaux, et de contribuer,
TOME I, INTRODUCTION, — Livraison uu. uu
ceclx1} INTRODUCTION.
tant au mouvement vital, qui consiste dans la simple régénération des
tissus usés par l'usage de la vie, qu’à l’accroissement des végétaux
tant en hauteur qu’en diamètre ; en un mot, à fournir les principaux
et les plus essentiels éléments de nutrition. Ce qui distingue la séve
descendante du liquide appelé /atex, c’est que la première est cons-
tamment incolore, lors même que la plante a crû dans une terre impré-
gnée de substances colorantes; tandis que le latex est toujours coloré.
Pour ne pas interrompre ce qui a rapport à la circulation dans le
végétal et à l’élaboration des fluides qui y entretiennent la vie, nous
étudierons le phénomène de la circulation du suc propre de certains
végétaux vasculaires, qui avait bien été signalé déjà par les botanistes
anciens, mais qui n’a pris d'intérêt que depuis les observations de
M. Schultz. Lorsqu'on coupe une tranche mince, et dans la direction
des nervures, d’une feuille, d’une stipule, d'un pétiole ou d’une écorce
de plante dicotylédone, et qu'on l’examine au microscope, on voit
des vaisseaux unis et ramifiés, comme le sont les vaisseaux des ani-
maux supérieurs, qui accompagnent et entourent les trachées sans
en être séparés par du tissu cellulaire. Ils sont remplis d’un liquide
plus ou moins épais qui y circule, par un mouvement rapide, dans
toutes les directions ; c’est ce qu’on appelle le latex ; les vaisseaux
portent le nom de vaisseaux /aticifères ou latextfères, et ce phéno-
mène de circulation s’appelle cyclose. Dans les valvules des siliques de
la Chélidoine on l’aperçoit à travers le tissu. Ce mouvement est d’au-
tant plus rapide que la température est plus élevée, bien que la cha-
leur n’en soit pas le principe unique, et que ce soit un mouvement
physiologique. Une division des vaisseaux laticifères en fait écouler le
suc avec rapidité. Il paraît évident que la contraction des vaisseaux
est la cause initiale de ce mouvement. On a observé la cyclose dans
les genres à suc laiteux, tels que les Papavéracées, les Apocynées, les
Campanulacées, les Convolvulacées, les Artocarpées, les Chicora-
cées, un grand nombre de Carduacées et quelques Radiées. Dans les
Monocotylédones, la cyclose est apparente dans les 4/sma, les
Arum , es Calla, le Caladium, les Aloès, le Maïs. Dans les Aroïdées,
c’est dans les pédoncules que le mouvement a été remarqué; dans
les Aloès, ce sont les pédoncules, et dans l’4/ésma toutes les par-
ties de la tige. Dans ces végétaux, les vaisseaux du latex sont ac-
compagnés de vaisseaux spiraux qui en occupent le côté interne.
Le latex est blanc dans les Euphorbiacées, les Papavéracées, les
INTRODUCTION. ceclxi}
Apocynées, jaune dans la Chélidoine, rouge dans le Sanguinarta ,
vert dans le Pourpier. Il contient de l’opium dans le Pavot, du caout-
chouc dans le Siphonia elastica , de la cire et du sucre dans le Ga-
lactodendron.
Le /atex ne différerait des sucs propres qu’en ce qu'il serait doué
de mouvement, tandis que ces derniers sont soustraits à l’action de
la vie, au moins pour un moment , et demeurent immobiles dans les
réservoirs qu’ils se sont creusés dans les tissus, et qui sont compo-
sés des cellules élémentaires. |
Il reste encore à dire si la circulation du latex a bien réellement
lieu par des vaisseaux formant le réseau des latexifères, d'autant
plus que ce prétendu réseau paraît tout simplement être le réseau
ligneux du liber. C’est une question à étudier, et qui est encore
remplie d’obscurité, faute de preuves suffisantes. Il reste donc à cher-
cher dans les parties vertes des plantes les vaisseaux du latex, dont
la circulation a peut-être tout simplement lieu par les méats inter-
cellulaires. Je présente cette assertion sous une forme dubitative, et
je suis loin de l’affirmation ; c’est pourquoi j’ai exposé la théorie de
la circulation du latex avant d'exprimer mon doute, par respect
pour les travaux de savants d’un mérite incontesté, et qui ne peu-
vent s'être trompés qu'avec bonne foi.
Un phénomène d’un autre ordre et qui paraît mériter plus d’in-
térêt que le précédent, parce qu’il est plus directement observable,
et n’est pas comme lui entouré d’obscurité, est le mode de circula-
tion appelé rotation ou gtration : c’est un véritable mouvement rota-.
toire qui apparaît dans les liquides contenus dans les cellules. On les
voit distinctement monter le long de leurs parois et redescendre du
côté opposé en suivant la même direction; quelquefois le courant se
bifarque ou se divise et se réunit au point où il existe un zucleus,
amas formé par l’agglutination de matières mucilagineuses flottant
d’abord dans le liquide, puis devenant successivement opaques, s’ar-
rétant au milieu de la cellule en affectant sans cesse une figure glo-
buleuse. On a constaté ce phénomène dans des végétaux apparte-
nant aux trois grandes classes du règne végétal, et l’on est disposé
naturellement à admettre qu'il existe dans toute cellule végétale. La
théorie soutenue sans preuves suffisantes, que dans toutes les cellules
ii existe une double membrane formant un sac interne rempli d’un
liquide particulier et adhérant à la membrane interne dans les points
CcClxiv INTRODUCTION.
où l’on n’observe aucun mouvement circulatoire, paraît purement
idéale; car il faudrait alors admettre que la rotation a lieu dans l’es-
pace demeuré libre entre les deux membranes. On ne peut pas plus
adopter l'hypothèse de l'existence de vaisseaux réels à la paroi interne
de la cellule. La véritable cause de ce phénomène n’est pas connue, et
toutes les explications sont de nature à ne pas amener la solution de
ce problème; il paraît cependant plus rationnel d'admettre que l’inté-
rieur de la cellule est libre, et que le liquide intra-cellulaire y tourne
sans obstacles en affectant un double courant, modifié seulement par
les amas nucléiformes, sans qu’il y ait, comme on l’a supposé, un
réseau vasculaire rampant le long de la paroi de la cellule. Au reste,
pour que ce phénomène soit apparent, il faut que la température
soit assez élevée et que la végétation soit en pleine activité. On ne
trouverait pas de circulation dans les plantes languissantes.
On a constaté la rotation dans des végétaux de tous lesordres, Gryp-
togames ou Phanérogames; mais c’est dans les Cara qu’on a ob-
servé ce phénomène avec le plus d’attention (1): ce sont, en effet,
(1) La rotation étant un phénomène physiologique d’un intérêt bien réel, l’histoire
de la découverte de ce mode particulier de circulation mérite de trouver place dans
ce livre. Elle montrera le procédé des sciences, et la manière dont les découvertes se
font de proche en proche en se perfectionnant à chaque investigation. Cette méthode
est, au reste, celle de tout progrès dans l'humanité. En 1772, l'abbé Corti observa le
premier Ja circulation intra-cellulaire dans le Chara flexibilis ; en 1776, Fontana revit
cet intéressant phénomène de circulation locale, étudiée plus sérieusement par Trevi-
ranus, trente ans après. Ce fut M. Gozzi, qui essaya en 1818 d'interrompre le cou-
rant par une ligature qui, au lieu d’arrêter le mouvement rotatoire, établit deux
courants superposés. M. Amici découvrit, en 1820, dans les cylindres du Chara, des
granules en chapelets qui paraissaient régler la circulation. Parallèle comme eux
dans leur jeunesse à l’axe de la plante, elle affecte le mouvement spiral quand les
granules prennent cette direction.
Dutrochet remarqua que la rotation a lieu au-dessous du point de congélation, et
jusqu’à 45°, et même plus ; mais qu’elle a toute sa vitesse, qui est d’un millimètre par
35 secondes, entre 12° ou 15°. Ce qui prouverait que la cireulationintra-cellulaire est due
à la puissance vitale, et non à l’action de la lumière, c’est qu’elle a aussi bien lieu dans
l'obscurité qu’au jour. La vie des Chara au fond des eaux, ensevelis souvent dans la
vase, explique comment la rotation est indépendante de l’influence du fluide lu-
mineux.
La perforation du tube, l’étincelle électrique et l’action des acides concentrés la
font cesser pour ne plus se ranimer.
Il reste à savoir, pour l'explication de ce phénomène, s’il est analogue au mouve-
ment de giration observé dans le camphre placé sur l'eau par Dutrochet. Je suis très-
porté à en douter ; car, sans chercher à créer une entité inutile, je crois que la vie,
ce mode particulier des phénomènes purement physiques, joue le rôle essentiel.
INTRODUCTION. cecixv
les végétaux qui se prêtent le mieux par leur structure à ce genre
d'observation; c’est donc par eux qu’il faut commencer à vérifier la
rotation, pour se familiariser avec ce mode de circulation. Les 7al/-
lisneria , les Stratiotes, sont dans le même cas. On a ensuite décou-
vert que ce mouvement existe dans l’Aydrocharis morsus ranæ, et
qu’on peut l’observer dans toutes ses parties, mais surtout dans les
poils transparents qui garnissent les racines; ainsi que dans les
Potamots, le Zanichellia, le Sagittaria et les végétaux aquati-
ques, car tous ceux que je viens de citer appartiennent à cette classe.
Il a ensuite été étudié dans les végétaux terrestres : je citerai, parmi
les Monocotylédones, le Tradescantia virginica, plante dans la-
quelle on observe avec plus de facilité que dans les autres la cir-
culation intra-cellulairé, surtout dans les poils du calice et dans ceux
qui hérissent les filets des étamines : on a également constaté ce
mouvement dans les cellules des Aloès. Dans les Dicotylédones,
c’est dans les poils des racines et dans ceux des corolles qu'il faut
observer ce phénomène : on peut l’étudier sur les Campanules, les
Pentsitemon, les Convolvulus, les Balsamines, etc. IL est évident
que des observations nouvelles multiplieront les exemples de cir-
culation; mais il faut se défier des illusions et des conclusions pré-
conçues, et attendre que la lumière se fasse dans une question dont
la solution réelle avancerait beaucoup la connaissance de la vie du
végétal.
$ 3. Respiration.
Les végétaux ne vivent, comme les animaux, qu’en faisant péné-
trer dans leurs organes les éléments qu’ils trouvent dans le milieu où
ils sont placés, et sans avoir une puissance élective qui ne leur fasse
prendre que ceux qui sont réellement propres à l’entretien de la vie;
ils sont obligés d’accepter tous ceux qui se trouvent dans le sol,
pourvu qu’ils soient dans un état de division qui leur permette d’être
absorbés. Une fois ces éléments de nutrition introduits dans les dif-
férents appareils d'élaboration, il se fait un nouveau travail, qui est
le choix entre les principes assimilables et ceux qui sont impropres
à la nutrition, et qui sont éliminés par l’exhalation. La respiration
est l’acte par lequel le végétal, mis en rapport avec l’atmosphère par
les stomates des feuilles et des parties vertes de la plante, puise
ccclx v] INTRODUCTION.
dans le réservoir commun, et son but fonctionnel est de fixer le
carbone fourni par la décomposition de l'acide carbonique, dont la
source est dans l’atmosphère aussi bien que dans les éléments contenus
dans le sol; de réduire l’oxyde d’ammonium et l'acide azotique afin
d’en séparer l’azote qui sert à la composition de certains produits
sécrétés (quant à l’azote puisé dans l’air, il est encore hypothétique);
de décomposer la vapeur d’eau fournie par le même foyer en ses élé-
ments constituants l'oxygène et l'hydrogène, qui entrent tous deux
dans certains produits sécrétés, et d’éliminer l'oxygène inutile à ses
sécrétions.
La respiration des plantes est donc l'inverse de celle des animaux :
ces derniers s'emparent de l'oxygène, et les végétaux le rejet-
tent, tandis qu’ils rejettent l’acide carbonique dont s’emparent les
plantes.
Cette double fonction sera peut-être exposée d’une manière plus
sensible en résumant cette opération, qui semble complexe au pre-
mier abord.
10 Les parties vertes exhalent de l’acide carbonique pendant la
nuit et absorbent de l'oxygène; pendant le jour, elles exhalent
l'oxygène, produit par la décomposition de l’acide carbonique et
gardent le carbone.
2° Les parties colorées absorbent l'oxygène jour et nuit, et exha-
lent l’acide carbonique.
L’absorption de l’oxygène n’est pas propre exclusivement aux
tissus organiques vivants : après la mort de la plante, si elle est mise
en contact avec de l’oxygène et de l’eau, ce gaz se combine avec le
carbone du végétal, forme de l’acide carbonique en convertissant les
parties mortes en humus, combinaison qui n’appartient plus à la vie.
Nous avons vu, en parlant des fonctions des feuilles, qu’elles sont
les organes principaux de la respiration; leur premier travail est la
formation de l’acide carbonique. IH a lieu dans les couches qui sont
situées au-dessous de l’épiderme, au moyen d’une action vitale qui
ressemble à la respiration pulmonaire par laquelle les animaux sépa-
rent cet acide et le restituent à l’atmosphère, qui a fourni, soit en
pénétrant par les stomates, soit à travers les tissus lâches, l’air né-
cessaire à cette formation, et dont le réservoir paraît être les méats
intercellulaires. Il s’en faut que ces cavités, propres à recevoir de
Vair, soient les seuls réservoirs; on trouve dans un grand nombre
INTRODUCTION. ceclx vi]
de végétaux, surtout ceux qui croissent dans l’eau, des /acunes
(nom réservé pour les cavités les plus larges), et elles sont regardées
comme étant destinées à faciliter la flottaison des feuilles submergées;
dans cette hypothèse, qui paraît fondée, elles représenteraient la
vessie natatoire des poissons. C’est dans les Utriculaires, très-com-
munes dans nos eaux, qu'on trouve l’exemple le plus frappant de
l'existence de ces organes natatoires; ils munissent les racines en
grand nombre, et les font flotter à la surface de l’eau. Comme dans
les poissons, l’air contenu dans les lacunes est de composition diffé-
rente de l'air atmosphérique, et contient une plus grande proportion
d'oxygène.
La lumière est le stimulant de cette fonction, et c’est sous son
influence que s’effectue la respiration véritable, qui est un acte es-
sentiellement vital, car l’exhalation du gaz acide carbonique pendant
la nuit ne parait être qu’un acte physique : il faut l’intervention de la
lumière pour que les matériaux absorbés se convertissent en substance
alibile. Les parties souterraines, comme celles qui ne sont pas co-
lorées en vert, fonctionnent autrement : elles dégagent de l'acide
carbonique, et fixent de l’oxygène. La fixation du carbone est le ré-
sultat direct de l’action de la lumière sur l'appareil foliaire ou de res-
piration : c’est donc à l’action de l’agent lumineux que les végétaux
doivent leur vigueur. On sait que les arbres qui croissent seuls dans
les lieux élevés, où 1ls sont soumis partout à l'influence de la lumière,
sont plus vigoureux que ceux qui vivent à l’ombre d’autres végé-
taux; c’est pourquoi les arbres de la lisière des bois sont toujours
plus beaux que ceux de l’intérieur. Dans les champs où la culture des
céréales alterne avec les cultures sarclées, la végétation est plus
vigoureuse. L'influence de la lumière est telle, que, dans les serres,
on attendrit les végétaux et les prédispose à la pourriture ou à la
gelée en diminuant l'intensité de l’action lumineuse, ce qui ralentit
l’activité de l’exhalation. Il en est de même des animaux, plus ro-
bustes dans l’état sauvage qu'en domesticité. Cette vérité est frap-
pante pour l’homme, qui s’étiole et s’amaigrit dans les villes, quand
on l’enlève à la vie des champs, où il est de toutes parts environné
du fluide lumineux, respire à pleins poumons, et fonctionne norma-
lement. On guérit les végétaux chlorotiques ou étiolés, faute d’une
quantité suffisante de lumière, cet agent considéré toujours comme sti-
mulant essentiel de la vie, en les exposant graduellement à son ac-
ceclx vi) INTRODUCTION.
tion; peu à peu les fluides aqueux qui gorgeaient ses tissus sont éli-
minés par l’exhalation ou rentrent dans le torrent de la circulation, et
la vie reprend son cours. Dans le règne animal, les chlorotiques, les
êtres chez lesquels il y a absence de tonicité des tissus, ceux qui sont
infiltrés, bouffis, pâles, reprennent la vie et la couleur sous l'influence
de la lumière. C’est donc l’agent le plus universel de la vie, et celui
qui, dans l’acte physiologique, mérite le plus d'être étudié.
Si les végétaux qui ont subi les effets de l’étiolement sont suscep-
tibles de reprendre leur vigueur naturelle sous l'influence de la lu-
mière, ce qui a lieu le plus souvent au bout de quarante-huit heures,
d’un autre côté, les végétaux qui ont acquis tout-leur développement
en restant soumis à son action vivifiante, peuvent difficilement s’é-
tioler. Le mouvement vital produit par la lumière modifie puissam-
ment la nature des fluides contenus dans les végétaux : l’étiolement
diminue l’activité des sécrétions ; les sucs àcres ou même quelquefois
délétères perdent leur puissance, et les végétaux nuisibles soumis à
l’étiolement deviennent alimentaires. Dans l’état sauvage, le Céleri
n’est pas comestible, et quand il a blanchi, il est converti en un ali-
ment agréable. La Chicorée sauvage perd par l'étiolement une
partie de son amertume, ce qui explique la modification des pro-
priétés des végétaux, par suite du changement d'exposition et de
climat, et pourquoi les plantes qui croissent dans une atmosphère
lumineuse sont douées de vertus plus actives que celles qui habitent
des régions froides et brumeuses.
De la chaleur dans les végétaux.
La température des végétaux est en général assez basse : cepen-
dant, parfois elle est de quelque peu plus élevée que celle de Pat-
mosphère, et assez rarement on trouve un équilibre exact entre l’air
et la plante : celte différence tient peut-être à ce que la température des
tissus est soumise à celle de la séve que lui envoient les racines, et à
ce que le milieu souterrain dans lequel ces dernières sont plongées
est plus froid quand l'air est chaud, et plus chaud quand la tempéra-
ture extérieure est plus froide. D’un autre côté, le tissu végétal, étant
mauvais conducteur du calorique, fait difficilement un échange avec
le milieu ambiant. La température est encore soumise à l’influence de
l'exhalation : chaque fois que cette fonction est active, la température
INTRODUCTION. | ecclxix
est plus basse, tandis qu’elle est plus élévée quand son'activité di-
minue. La différence n’a pas toujours été appréciée avec une ri-
gueur suffisante, ce qui vient de la difficulté de constater des frac-
tions de degré qui s’élèvent le plus souvent à peine au-dessus de
quelques centièmes. .
On a constaté dans les 4rum, lors de la floraison , une élévation
bien sensible de température. On en a contlu que le phénomène est
général, et l’on en a cherché la cause. Au lieu d’attribuer la tempé-
rature plus élevée des fleurs à une sorte d’orgasme qui se produit à
l’époque de la fécondation , on l’a attribuée à une cause essentielle-
ment physique, et Murray, prenant pour base de ses observations
les expériences d'Herschell sur les propriétés calorifiques des diffé-
rents rayons du spectre solaire, s’est assuré que la température de
la plante est en rapport exact avec celle que présentent les couleurs du
prisme. Ainsi un Calla æthiopica donnait uue température de 13° cen-
tigrades, tandis que la température ambiante était de 12°, et l’Hépa-
tique marquait 14°. Les conclusions de cet observateur sont que les
fleurs blanches ont en général une température moins élevée d’un demi
à un quart de degré que l’atmosphère; que les fleurs bleues présentent
cette même différence en plus; les fleurs jaunes, de 1° à 2° en plus,
et les fleurs rouges de 2° à 3°. Ces observations sont en contradic-
tion avec celles faites sur certaines Aroïdées, et que nous pouvons
chaque année répéter sur notre Æ4rum maculatum, qui donne une
élévation de température de 8° à 10° au-dessus de celle de l’atmos-
phère : sous les tropiques, le phénomène est plus sensible encore. On
attribuerait cette élévation de température à la préparation de l’acte
reproducteur et à la quantité d’oxygène absorbée par les anthères
fertiles ; les anthères stériles donnent une chaleur moins forte, les
pistils et les spathes moins encore. Dans cette circonstance, la pro-
duction de la chaleur serait la même que dans les animaux. Il reste
à savoir si ce phénomène est général ou s’il n’est que partiel : cette
question restera longtemps sans doute non résolue, car les expé-
riences sont difficiles, et il faut à l'observateur autant de sagacité
que d’habileté expérimentale, ce qui ne se trouve pas toujours réuni.
De la phosphorescence. x
La phosphorescence est un phénomène qui n’a pas encore été ob-
TOME 1, INTRODUCTION. — Livraison VV. uv
ccclxx INTRODUCTION.
servé avec assez d'attention pour que les faits sur lesquels on s’ap-
puie soient bien authentiques. On sait que le bois pourri répand une
faible lueur quand il est arrivé à un certain degré de décomposition.
Les Rhizomorpha subterranea et aidula, espèces de Champignons
qui croissent dans les lieux humides et obscurs, et ont la figure de
longues fibres noires et sinueuses, semblables à des racines, sont dans
le même cas, d’après M. Nees d’Esenbeck; l’éclat en serait assez vif
pour qu’on puisse lire à leur clarté; leur lumière s'éteint quand on les
plonge dans l'acide carbonique ou dans l'azote, et se ranime dans
l'oxygène. L’Agaricus olearius, en entrant en décomposition, devient
également lumineux. La fille de Linné a observé qu’à la fin des
journées chaudes, les fleurs de la Capucine, de l’OEillet d'Inde, du
Souci, du Lis bulbifère laissent voir des petits jets phosphorescents qui
apparaissent comme des éclairs. Un autre observateur, M. Haggren,
assure que deux personnes ont en même temps observé la phos-
phorescence du Souci. Lorsqu'on extrait le suc de l’£vphorbia phos-
phorea, et qu’il est soumis à une température élevée, il répand une
lumière phosphorescente.
$ 4. Exhalation.
La plus grande partie de l’eau qui est arrivée à travers les tissus
jusqu'aux feuilles en est rejetée au dehors, et cette fonction repré-
sente la transpiration insensible des animaux. Elle est attribuée
à deux causes distinctes : une petite partie du liquide exhalé
est éliminée par évaporation, et la plus grande partie par l’exhala-
tion, c’est-à-dire par le mouvement intérieur qui se passe dans
les tissus vivants. On a établi une distinction entre ces deux fonc-
tions, parce que l’évaporation est propre aux tissus qui ont cessé
de vivre, tandis que l’exhalation ne se trouve que dans les végé-
taux vivants. On admet cependant plus généralement que cette fonc-
tion se confond avec l’évaporation, car c’est l’évaporation même ;
sans tomber dans les hypothèses de l’école vitaliste, nous sommes
obligés de reconnaitre que le phénomène appelé la vie a un mode
d'activité particulier qui distingue ses propriétés de celles des corps
inertes, chez lesquels on ne trouve que des propriétés purement physi-
ques. S'il en était autrement, il y aurait unité de fonctions dans toute
la nature organique et inorganique : le mode d’accroissement par juxt{a-
INTRODUCTION. ccClxx |
position de la pierre ou du métal serait semblable à la nutrition du
végétal par intussusception, et il n’y aurait plus que des faits phy-
siques et pas de physiologie ; tandis qu’il y a bien réellement une ap-
propriation des matériaux de nutrition, et leur conversion a lieu par
le fait de l'assimilation, ou le changement de proche en proche en
éléments organiques semblables à ceux du végétal, se développant
sous l'influence de la vie. C’est ici le lieu de dire que les disputes des
écoles ontologique et organique ou organicienne, ou, pour parler plus
nettement, spiritualiste et matérialiste, sont oiseuses. Il faut tou-
jours, quelle que soit l’hypothèse adoptée, en revenir à lobser-
vation des faits, et, en bonne et saine philosophie naturelle, recon-
naître que les éléments répandus dans l’inépuisable creuset de la
uature sont différemment mis en œuvre, suivant qu'ils entrent dans
une combinaison inorganique ou qu’ils contribuent à la formation
des tissus animaux ou végétaux; que, même dans les corps orga-
nisés, leur appropriation varie autant de fois qu’il y a de variétés
d'êtres.
La transpiration, fonction si importante chez l’homme, ne l'est
pas moins dans le végétal, qui perd souvent par l’exhalation un
poids égal au sien et quelquefois double; elle est plus active dans
les plantes herbacées et à feuilles minces que dans les végétaux li-
gneux à feuilles épaisses, et dans les arbres à feuillage caduque,
que dans ceux toujours verts.
Les organes qui sont le siége de l’exhalation sont les stomates ;
tandis que l’évaporation, ou la fonction purement hygroscopique, pa-
raît avoir lieu par tous les points des tissus qui en sont privés. On
est donc d’accord sur ce fait, que les stomates sont les organes de
l’exhalation, comme les extrémités radiculaires sont les appareils
d'absorption. |
Comment agissent les stomates? Quel est le mode d'activité qui
leur est propre? C’est ce qu’on ne sait pas; mais il est hors de doute
qu’ils sont les véritables organes de l’exhalation, et que le principal
agent excitateur de l’exhalation est la lumière. Active pendant le
jour, cette fonction est nulle pendant la nuit ; mais, dans ces con-
ditions nouvelles, elle est proportionnelle à la quantité de vapeur
aqueuse répandue dans l’atmosphère, et elle varie suivant la na-
ture de la plante, son àge et la saison. Très-active au printemps, elle
diminue en été, et se ralentit jusqu’à ce que le cycle de la végé-
ceclxxi] INTRODUCTION:
tation ait été parcouru par le végétal. On remarque, comme ré-
sultat direct de cette fonction, la vapeur réduite en gouttelettes qui
revêt les feuilles des végétaux, quand la lumière du soleil levant
ranime l’exhalation ralentie par une basse température. C’est pour
maintenir l'équilibre le plus parfait possible entre l’absorption et l’é-
vaporation qu’il faut faire les transplantations des végétaux aux
époques où l’exhalation n’est pas sollicitée par un abondant feuil-
lage ou une saison trop hâtive : aussi a-t-on spécialement consacré
aux transplantations le printemps et l'automne.
Pendant la durée de la végétation, on Ôte les feuilles aux bran-
ches les plus vigoureuses pour donner plus d'activité aux jeunes
pousses, qui en ont moins, et faciliter leur développement, car elles
seraient privées de nourriture si on ne favorisait pas cette fonction.
Les bassinages des serres, et le lavage minutieux des feuilles des
végétaux qu’elles renferment, ont pour but de délivrer ces organes
de la poussière et des corps étrangers qui s’opposent à la me
transpiratoire.
L'eau résultant de l’évaporation et de l’exhalation est semblable à
de l’eau distillée : on y trouve quelques traces seulement des matériaux
qu'elle contenait à l’époque où elle est entrée dans la plante par suite
de labsorption radiculaire. On sait que les deux tiers du fluide
absorbé sont rendus à l’atmosphère par l’exhalation et l’évaporation,
et que la dernière partie qui reste est chargée des principes de toute
nature qui le saturaient lors de son entrée dans le tissu des spon-
gioles, et la séve est plus dense qu'auparavant. L’exhalation est
donc une des forces vitales qui contribue le plus directement à | 'éla-
boration des matériaux de nutrition. |
$ 9. Sécrétion.
Le fluide que nous avons vu s’élever des racines aux feuilles
pour y subir l’action de la lumière, a donc été converti par l'acte
respiratoire en élément d'élaboration. On a donné le nom spécial
de sécrétion à une fonction différente de la nutrition, qui a pour but
de choisir, parmi les liquides élaborés, les matériaux destinés à étre
converlis en sucs propres qui ne circulent pas comme les autres
fluides, mais restent déposés dans les cellules et s’y concrètent; ce-
pendant la force vitale les reprend suivant les besoins de la plante
INTRODUCTION. ceclxxui
ét les livre à la fonction de la nutrition pour être convertis par assi-
milation en éléments semblables à ceux du végétal. Les glandes,
dont la nature, le nombre, la structure et les fonctions sont si mal
connus, devraient être, comme dans les animaux, le siége parti-
culier des sécrétions; mais nous trouvons des produits sécrétés dans
des végétaux privés de glandes, et nous ne faisons que constater que
ces dépôts ont lieu dans les cellules corticales. Le liquide appelé /a-
tex, charrié par les vaisseaux dits laticifères, est un véritable pro-
duit de la sécrétion, et ces mêmes vaisseaux en seraient les appareils
spéciaux. Li | |
Les matériaux de la nutrition sont déjà connus; il reste à expli-
quer comment l'appareil d'élaboration chimique appelé végétal con-
vertit en tissus et en produits de différents ordres ces principes élé-
mentaires. Les végétaux sont, dans leur plus grande généralité,
composés de carbone, d'hydrogène et d’oxygène : ces deux derniers
gaz à l’état d’eau. La première élaboration de la séve dans les ap-
pareils de nutrition doit donc être la combinaison la plus simple de
ces trois éléments : c’est par leur mise en œuvre dans la proportion
de 72 carbone et 90 eau (10 hydrogène, 80 oxygène) que nous
voyons se former la gomme qui se trouve dans tous les végétaux ,
est la substance la plus-universellement répandue, et parait être le pre-
mier fluide organisable formé sous l'influence de la lumière. C’est elle
qui semble destinée à fournir à la plante tous les matériaux de nutri-
tion. Après la gomme apparaissent trois substances isomères avec
elle, qui jouent le rôle principal dans la vie de la plante; ce sont là
fécule, \a dextrine et la cellulose, dont il a été question dans le
chapitre relatif à la chimie organique, et qui, avec une composition
chimique semblable , jouissent de propriétés différentes. La fécule
est, après la gomme, la première métamorphose que subissent les
principes élaborés : elle est insoluble dans l’eau froide, se dépose
dans les cellules, et y devient un des éléments essentiels de la nu-
trition. Lorsqu'elle doit servir aux divers besoins de la vie végétale,
elle est convertie en dextrine, qui est soluble dans l’eau, tant à froid
qu’à chaud, et qui se forme sous l’influence de l'agent appelé diastase,
dont la puissance est telle, qu’elle peut dissoudre cinq mille fois
son poids de fécule, et existe dans les graines, les racines et les bour-
geons , lorsqu'ils commencent à se développer. On regarde la fécule
comme analogue à la graisse des animaux, et comme jouant le même
cccixxiv INTRODUCTION,
rôle qu’elle dans l’économie vivante. Elle parait destinée à servir
au développement des bourgeons et à la maturation des semences.
Le mouvement de formation et d’absorption de cette substance
peut être apprécié en comparant les différentes quantités qui se trou-
vent dans une même plante aux diverses époques de l’année.
50 kilogrammes de pommes de terre ont donné les résultats sui-
van(s : |
Augmentation graduelle de la fécule.
Août... :6)é% Fr. sumaie Nos.née BRFES CL ETAT 10 pour 100.
, Septeniipe, AE da CR 14 1/2 —
OBIDDFE be vence se due D UT EEE Le 14, 3/4 —
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AVE: 2h 6%. LOI DUT ORNE. 13 3/4 —
Mist ds pioveirenenaréns «fs bits evoits dipl 10: —
En suivant le développement de la fécule dans les tubercules des
Orchis, on remarque la même oscillation : à mesure que la plante
approche de la floraison , le tubercule de l’année précédente perd
sa fécule, dont les grains diminuent de quantité et de volume; il
finit par n’en plus contenir que des traces insensibles même à l’ac-
tion de l’iode, et il se convertit presque entièrement en gomme,
tandis que le tubercule, même à l’état naissant, est assez gorgé de
fécule pour que la coloration en violet de tout le parenchyme ait lieu
instantanément. La séve élaborée, devenue gomme, puis fécule, se
transforme en cellulose, autre substance isomère, mais qui jouit de
la propriété d’être insoluble dans l’eau , tant à froid qu’à chaud, et
qui constitue la trame du tissu végétal. C’est cette même cellulose
additionnée de carbone qui produit le gneux ou la ägnine (1).
(1) Les proportions de carbone qui viennent modifier la composition de la cellulose
varient au point de présenter dans le poids spécifique du ligneux des différences consi-
dérables. Il faut donc regarder la formation du bois dans les arbres comme le résultat
d’une incrustation des cellules par du carbone en excès, mais en proportions diverses
suivant les genres et même les espèces.
I n’est donc pas sans intérêt de connaître le poids spécifique des principaux bois
qui peuvent être employés dans l'industrie, Le tableau suivant en offre une liste assez
INTRODUCTION. cecixxv
Ce dernier est contenu dans les clostres qui constituent la fibre li-
gneuse. En éliminant de la fibre ligneuse les substances étrangères
qui y sont mêlées, il reste 96 pour 100 d’une substance insoluble,
composée de parties égales d’eau et de carbone. Le ligneux paraît
également être une transformation de la gomme.
Le ligneux, qui présente déjà une composition chimique diffé-
rente est le second degré d'élaboration ; le sucre appartient encore
à cette seconde série de transformations. 12 molécules de carbone
et 14 d'eau fournissent du sucre de fécule ou glucose, tandis que
12 molécules de carbone et 11 d’eau (42 pour 100 de carbone et
58 d’eau) produisent le sucre de Canne. Cette nouvelle transforma-
tion de la séve élaborée se remarque surtout dans les fruits, où il
est facile de suivre le phénomène. On a observé que, dans une
même plante, la glucose se trouve plus bas et le sucre de Canne haut ;
c’est-à-dire qu’il correspond à la densité de la séve et à la plus ou
moins grande quantité d’eau à laquelle elle est mêlée. Le rôle du sucre
paraît être identique à celui de la fécule : comme cette dernière, il
sert à la nutrition de la plante. Ainsi quand la Canne à sucre fleurit,
complète. Tous les nombres sont sans fraction parce que les poids spécifiques ne sont
pas absolus, et l’on ne doit avoir égard qu'à l’échelle décroissante des densités.
Poids spécifique d’un pied cube :
kil kil.
Sorbier cultivé............ D: 50 TION + << 1su sos ct 24
COMORES. MNT UN 35 CENIBIE PE LA etes nas sue ce Ua 24
Chêne vert......... street 35 House et ir PO ERRRE 24
ÉTUS PREMEROERIERRe DE NONET NEA ee EE 22
Buena et Pate sie e ere ne 34 MOTIEL DIANC ee mes este eee 22
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Bouleausstmalbis ts Jane AMP TEE À 24 Peuplier d’Italie.........,,. CRE Le
cecIx XV; INTRODUCTION.
le sucre qu’elle contenait disparaît graduellement ; il en est de même
de la Betterave, dont la racine, pourtant si sucrée, rt fade pus:
dant la floraison.
La gomme, la fécule, la cellulose, le ligneux, le sucre sont donc
les modifications les plus simples que subissent, sous l action de la
vie, les matériaux de nutrition.
Si aux combinaisons élémentaires qui viennent d’être énumérées
se joint un excédant d'hydrogène, il se dépose dans les cellules de
l'écorce, ou dans d’autres parties de la plante : Le /atex, ou suc pro-
pre, qui se partage comme le sang en deux parties : une liquide
comme le sérum, et l’autre solide comme le coagulum ;
La chlorophylle ou chromule, à laquelle les parties vertes des
végétaux doivent leur couleur; |
Les huiles fixes, qui se trouvent presque sans exception dans les
semences ou leur enveloppe, et qui jouissent de la propriété d’être
insolubles dans l’eau et de ne se volatiliser qu’en se décomposant.
Comme elles se convertissent sous l’action de la végétation en une
émulsion nutritive, elles paraissent avoir pour fonction de nourrir
la jeune plante pendant la première époque de son développe-
ment (1);
Les cires, assez semblables aux huiles fixes, et n’en différant qu’en
ce qu’elles sont solides et non fluides;
Les Auiles essentielles, contenues dans les cellules sphériques ou
oblongues des feuilles ou des parties corticales, et dans les semences
des Ombellifères, où elles sont renfermées dans les réceptaclesoblongs
et en forme de massue appelés vittæ, qui se trouvent entre les tuniques
(1) Les huiles fixes sont si abondantes dans certaines espèces, qu’elles fournissent
plus de la moitié du poids de la graine. Un tableau de la production des différentes
plantes oléifères ne peut manquer d’intéresser ceux qui s'occupent de botanique ap-
pliquée.
Huile fournie par différentes graines, pour 100 parties :
Avelines, : ss ss. se: 60 Navette d’hiver.. :..:.:.:::..% 33
OV crhhiérrectén Ans 56 à 58 ah" 'ÉRÉ: sera 208 sr 30
NOIX. MN Ar Re : 80 Cameline: : ::.1- 242. 00 28
Pavot.-….nenuts tn CNE NA 47 à 50 Chènevissn secte ee à 0e 0 3:25
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HODAC.e «41e. Lever a TT 32 à 36 Pepins de Raisin, . .,.........,. 10 à 13
Madia salivais. 5.2. ana
INTRODUCTION. CCCIxXx vi];
de la semence. La forme et le nombre de wttæ varient de genre à
genre, et servent à la diagnose de cette famille. Très-légèrement so-
lubles dans l’eau, et douées d’une odeur plus ou moins pénétrante,
les huiles essentielles jouissent de la propriété de se volatiliser sans
subir de décomposition ;
Les résines, qui sont aux huiles essentielles ce que les cires sont
aux huiles fixes; elles partagent leurs propriétés, mais sont solides,
et ne sont pas déposées dans des réservoirs particuliers, mais dans
des cavités creusées au milieu des tissus qu’elles déchirent pour s’y
accumuler. C’est accidentellement qu’elles transsudent de la surface
de la tige, et par simple extravasion.
Si l’oxygène prend la place de l'hydrogène et se trouve combiné
en excès avec le carbone et l’eau, il se forme des acides végétaux,
tels que les acides acétique, citrique, malique, oxalique, tartrique,
pectique, gallique (voir la chimie organique), et certains autres acides,
dans lesquels l'oxygène est uni à l’azote; dans d’autres, l’azote rem-
place l'oxygène, comme dans l’acide prussique où cyanhydrique.
Nous avons vu, en parlant des raphides et des cristaux d’autres
figures contenus dans les cellules, que ce sont des combinaisons
d’acides avec des bases, et c’est même l’état dans lequel ils se ren-
contrent le plus souvent.
On explique la formation des substances suroxygénées par la sus-
pension de l’action vitale pendant la nuit, qui laisse la plante sou-
mise à toutes les influences de l’air ambiant : l'oxygène absorbé
forme alors des combinaisons nouvelles, et c’est avec son intervention
que paraissent se former les acides. On a été porté à expliquer
ainsi la génération des acides en observant l’action de l'oxygène sur
les substances organiques végétales soustraites à l’action de la vie:
telle est, entre autres, l’u/mine, qui ne diffère de l’amidon que par une
moindre quantité d’eau. C’est le matin surtout qu’un grand nombre
de plantes sécrètent des liquides acidules. On a remarqué, comme
raison confirmative de cette hypothèse, que les acides existent
dans les parties qui ne sont pas soumises à l’action de la lumière ou
qui sont privées de chromule. La formation des produits hydrogénés
serait due à l'influence de la lumière, tandis que celle des produits
oxygénés aurait pour cause l’absence de lumière. Ce ne sont, au reste,
que des hypothèses plausibles, mais qui manquent encore de con-
firmation expérimentale.
TOME I, INTRODUCTION. — livraison XX. EL
cecix x vil} | INTRODUCTION.
Après les substances de formation ternatre ou de trois éléments,
viennent celles dites quaternaires où de quatre éléments, dont l’azote
ou nitrogène vient modifier la nature; elles sont de deux sortes, les
unes sont alcaloides et les autres neutres.
Les premières ont reçu le nom d’alcaloïdes ou alcalis végétaux,
parce qu’à l'exemple des alcalis minéraux elles jouissent de la pro-
priété de se combiner avec les acides et de former des sels. La plu-
part des alcaloïdes sont des poisons doués d’une activité redoutable,
et ils jouent un grand rôle dans notre matière médicale. C’est en gé-
néral dans le tissu de l’écorce que se trouvent ces alcalis, et presque
toujours ils sont combinés à des acides qui les convertissent en sels
cristallisés. Il en a été question dans la chimie végétale : je me bor-
nerai à rappeler que rarement les produits alcaloïdes sont uniques dans
un même végétal ; c’est ainsi que le Pavot, qui fournit l’opium, donne
la morphine, la codéine, la narcotine, la narcéine et l'acide méconi-
que. On se rend compte d’une manière assez obscure du mode de for-
mation de ces corps composés, et l’on constate en général que, quelle
que soit la variété des substances qui se trouvent dans un végétal,
leur composition atomistique est la même, avec quelques variations
dans un des principes constituants. Elles sont sans analogues dans
l’organisme végétal, et s’y trouvent sous les formes les plus variées.
Les travaux des chimistes modernes ont multiplié les alcaloïdes,
qui ont tous été essayés dans la médecine, et dont quelques-uns seu-
lement sont restés dans la matière médicale. Des analyses ultérieures
en diminueront sans doute le nombre, et déjà quelques-uns ont
disparu de la chimie organique; c'est ainsi que l’Æsparagine et
lAlthéine, Y'un extrait de l’Asperge, l’autre de la Guimauve, ont été
reconnus identiques.
Quant aux substances neutres, dans la composition desquelles on
trouve de l'azote, elles sont, sous le rapport de la combinaison et des
propriétés, analogues aux substances neutres dépourvues d’azote ;
comme ces dernières, elles sont isomères. En combinant le car-
bone et l’'ammonium, avec l’hydrogène et l'oxygène sous la forme
d’eau on obtient la fibrine, l'albumine et la caséine, qui corres-
pondent à la cellulose, à l'amidon et à la dextrine. Elles concourent,
avec les autres substances, à la formation des organes des végétaux.
Tels sont les produits fournis par la séve élaborée et mis en œuvre
par la puissance occulte qu'on appelle la vie : ils ne sont cependant
INTRODUCTION. CCCIXXIX
pas les seuls que l'analyse fasse découvrir dans le végétal. J'ai énu-
méré, à la fin de la chimie organique, les substances fixes qui s’y
trouvent, que l’incinération y laisse à nu, et qui paraissent égale-
ment indispensables à la vie de la plante. Question d’un haut intérêt
agricole, que nous étudierons spécialement dans la partie de cette in-
troduction qui traitera de la botanique appliquée.
M. Magous (Monatsbericht der K. P. Akad. der Wiss. zu Berlin,
1850, p. 60) a traité tout au long cette importante question, et en a
tiré des conclusions intéressantes, non-seulement pour la physio-
logie, mais encore pour l’agriculture. Il part du point de départ de
Saussure, qui établissait d’une manière irréfutable que les alcalis, les
sels et les oxydes laissés par les plantes après leur incinération,
leur ont été fournis par le sol, et qu’ils ont pénétré dans l’orga-
nisme végétal, dans un état de division qui leur permettait de s’intro-
duire dans les tissus végétaux par les voies de l'absorption. Il s’agis-
sait de savoir si ces matières inorganiques étaient utiles à la vie
végétale. L’observateur s’est servi de la méthode employée par le
prince Salm-Horstmar; il a fait huit essais comparatifs dans desterres
composées artificiellement avec du carbone préparé par la carbonisa-
tion en vase clos du sucre candi. On méla à l’une de ces terres
toutes les substances qui se trouvent dans les végétaux et dans des
proportions calculées. Telles sont :
Chonate dé cAx eo co mous 4,0 pour 100 du poids du charbon.
— de protoxyde de manganèse. 0,5 — —
— de magnésie.............. 2,0 — _
Protoxyde de fer................... 1,0 — —
PEN de EAUX, 1 re creme us 1,0 — —
Phosphate de chaux............ #2 M0 — _
Chlorure de soude.................. 0,5 — s
— depotasse.............. .. 0,5 — —
Silicate de potasse.................. 4,0 —- —
15,5
Dans les essais suivants, on fit successivement disparaître quel-
ques-uns des éléments énoncés dans la liste ci-dessus, tels que l'acide
carbonique, la soude, le phosphore, la potasse, l'acide sulfurique, le
manganèse, le fer.
Chacune de ces expériences fut, pour plus de sécurité, faite dans
trois vases différents, dans chacun desquels il fut mis un grain d’Orge.
On arrosait avec de l'eau distillée à laquelle on ajoutait de temps à
CCCIXXX INTRODUCTION.
autre + de son bois de carbonate d’ammoniaque, pour rempla-
cer l'azote qui manquait.
Dans les vases qui ne contenaient que du carbone sans mélange,
l'Orge ne s’éleva qu’à quinze centimètres. Dans tous les autres, les
plantes poussèrent à peine; on en conclut que la proportion des sels
était trop forte. On lava le charbon, on le remit dans vingt-quatre
petits pots, trois pour chaque essai, et, dans chaque pot, deux grains
d’Orge. L’Orge végéta inégalement : dans le carbone pur, elle ne
s'éleva pas à plus de 15 centimètres, tandis que, dans quelques-uns
des mélanges, elle atteignit la taille de 45 à 50 centimètres. Ces
mêmes essais furent répétés avec des mélanges semblables, dans du
feldspath grossièrement pulvérisé, ce fut dans le feldspath pur que
l'expérience réussit le mieux : l’Orge atteignit 45 centimètres et dé-
veloppa sept feuilles; toutes ces plantes donnèrent des épis, et un
pied produisit deux grains qui mürirent. Les plantes qui avaient cru
dans les divers mélanges ne donnèrent pas d’épis. De nouvelles ex-
périences avec du feldspath plus finement pulvérisé, donnèrent de
meilleurs résultats, les végétaux y acquirent plus de force, mais f1-
rent plus longtemps à lever. Ces expériences démontrent l'influence
de la nature du sol, et la nécessité de la présence d’une toute petite
quantité de sels.
Des essais faits dans de la terre végétale pure, comparative-
ment avec de la terre végétale calcinée sans être lavée et dépouillée
de tous débris organiques, produisirent des résultats identiques.
Dans de la terre de jardin comparée à de la terre arable, les plantes
végétèrent avec plus de vigueur.
L'emploi du fumier à distance produisit de bons effets.
Le résultat de ces expériences est que :
1° Sans la présence dans le sol de substances minérales, l’Orge
n’atteint qu’une hauteur de 15 centimètres et périt;
2° Elle arrive à son parfait développement, quand il y a dans le
sol une petite quantité de substances minérales;
3° Avec une plus grande quantité, les végétaux ne se dévelop-
pent qu’à peine, ou même pas du tout;
4° Dans le feldspath pur, l’Orge arrive à son Tr a tes com-
plet et donne des graines;
5" Le cours de la végétation change, suivant que le feldspath est
réduit en poudre plus ou moins fine ;
INTRODUCTION. CCCIXx x];
6° Les engrais, même à distance, exercent sur la végétation une
influence favorable en lui fournissant des éléments organiques.
En résumant les faits qui viennent d’être cités, nous voyons dans
la plante un appareil vital qui puise dans le sol et dans l’atmosphère
de l’acide carbonique, de l’eau et des matières renfermant de l'azote
qu’elle en sépare : c’est sa première élaboration. Son activité ne se
borne pas à cette simple accumulation de matériaux alibiles : elle fixe
le carbone, l’hydrogène, l’azote, et en forme avec l’oxygène tous les
produits organiques qui se trouvent dans les végétaux.
Le carbone, combiné avec l'hydrogène et l'oxygène à l’état d’eau,
donne naissance à la gomme, à l’amidon, à la dextrine, au sucre, à
la cellulose et au ligneux. Quand la proportion d'hydrogène est aug-
mentée, nous voyons se former la chlorophylle, les huiles fixes, les
cires, les huiles essentielles et les résines. Les acides se produisent
sous l’influence de l'oxygène en proportion excédante. Si l'azote vient
s'ajouter à ces éléments, les alcalis végétaux apparaissent, et par l’ad-
dition d’un peu de soufre nous trouvons les produits azotés neutres.
Quant aux substances inorganiques dont l’analyse révèle l’existence
dans la plante, elles y arrivent par la voie de l'absorption, dissoutes
dans les liquides absorbés, ou simplement mêlées à l’eau dans l’état
d'extrême atténuation.
Ce qu’il y a de plus intéressant dans l’étude &es produits élaborés
qui se trouvent mis en œuvre par la force vitale et par les affinités
chimiques, c’est le rôle de chacune de ces combinaisons variées
qui se présentent sous le triple état gazeux, liquide et solide. Les
vaisseaux et les méats intercellulaires contiennent les substances ga-
zeuses ; et à l'exception de la cellulose et de la fibrine qui constituent
la trame vivante, toutes les autres matières, liquides ou solides, or-
ganiques ou inorganiques, sont déposées dans les cellules et dans les
mailles des tissus, non pas au hasard, mais dans des cavités spéciales
qui leur servent de réservoir; c’est ainsi que le suc appelé caout-
chouc, celui si àcre des Euphorbiacées, résident dans l'écorce : témoin
VEuphorbia canariensis, dont les habitants de Ténériffe enlèvent
l'écorce et sucent la partie centrale qui est gorgée d’une séve abon-
dante propre à calmer la soif. Dans la Laitue vireuse, la moindre
incision faite à l'écorce en fait jaillir un suc laiteux d’une abondance
extrême. Les graines, le péricarpe, les feuilles ont aussi leurs réser-
voirs particuliers qui servent à l'élaboration de ces substances. Quel-
CCCIXX x1) INTRODUCTION.
quefois cependant aussi ce sont de simples sucs extravasés, comme
les résines qui forment des dépôts dans le tissu lacéré où elles sem-
blent s’être accumulées en refoulant les cellules qui s’opposaient à
leur dépôt. Certains physiologistes ont regardé les sucs propres
comme des produits semblables à la sécrétion de la bile, et ils les
considèrent comme des substances excrémentielles. Cette analogie est
plus spécieuse qu'exacte, car la bile joue dans la digestion un rôle
que nous ne retrouvons pas dans les sucs propres des plantes. |
De la coloration dans le végétal.
La coloration des plantes est due à la présence, dans les cellules,
de globules colorés en vert dans les feuilles, les calices et les parties
herbacées, et d'autre couleur dans les fleurs, les bractées, les fruits et
quelques autres parties des végétaux (1). La chlorophylle ou chromule,
dont l’état normal est le vert, change cependant de couleur à l'automne
et passe au jaune, au rouge, au brun, modifications qu’on attribue à la
manière dont les organes foliacés se comportent avec l'oxygène. On a
observé qu’à l'automne les feuilles cessent d’exhaler de l’oxygène pen-
dant le jour, et cependant continuent de l’absorber pendant la nuit :
les variations de couleur qui se remarquent dans les végétaux seraient
alors les divers degrés d'oxygénation de la chromule. On a même
admis, ce que je crois assez fondé, que la chromule est la matière
colorante primitive subissant de nombreuses modifications sous lin-
fluence de la lumière et des agents chimiques. Macquart paraît
avoir établi, d’une manière rationnelle, la production des couleurs :
suivant lui, la couleur est le résultat de la décomposition de l’a-
cide carbonique et du dégagement de l’oxygène, et son intensité
est proportionnelle à celle du fluide lumineux qui est l’agent de la
décomposition; si au contraire il y a accumulation d’eau, la cou-
leur bleue passe au jaune. Il semblerait alors que le bleu, qui fournit
(1) On observe très-bien la disposition des vésicules colorées qui entrent dans la com-
position des corolles, en examinant au microscope un lambeau très-mince de la co-
rolle du Dahlia. Les globules colorés y sont très-volumineux, d’une forme sphérique à
peu près parfaite, et ils sont rangés symétriquement en séries parallèles. Dans toutes
les plantes dont les pétales sont épais, on peut étudier la disposition des vésicules con-
tenant le fluide coloré. Dans celles à tissu très-mince et dont les vésicules sont
très-petites et les couleurs assez pâles, on ne distingue pas les couleurs, et le tissu est
entierement translucide.
INTRODUCTION. CCCIxXxii}
le vert par sa combinaison avec le jaune, a entièrement disparu. Une
autre théorie explique, au contraire, la formation des couleurs par
l’existence de principes colorés spéciaux.
Bien que la lumière soit le principal agent de la coloration des plan-
tes, nous voyons les Fucus et d’autres plantes marines très-colorés,
quoiqu’ils ne reçoivent qu’une lumière affaiblie. Dans les végétaux
sous-marins, le vert obscur et le brun sont les couleurs les plus gé-
nérales ; mais ce qui prouve que la couleur est le résultat plutôt d’une
action chimique que de celle du fluide lumineux, c’est que les bois,
les racines, le parenchyme des fruits, sont souvent colorés d’une ma-
nière très-brillante : les Radis, les Betteraves, les tubercules si agréa-
blement peints de la Capucine tubéreuse, montrent que, si la lumière
peut agir sur la coloration des plantes, il existe d’autres causes de co-
loration. Le noir n’existe à l’état pur que dans les racines, un grand
nombre de graines et quelques fruits; à l’état le plus intense dans les
Champignons, il est toujours, dans les corolles, le simple résultat d’une
intensité de coloration du pourpre. On a remarqué que le blanc n’est
pas toujours pur, et qu'en recevant par transparence la lumière à
travers un pétale blanc sur une feuille de papier, on y voit des
nuances diverses produites par quelque autre couleur qui y est mélée
à l’état de dilution extrême.
Quelle que soit la théorie qu’on admette, on reconnaît dans les
couleurs végétales, quelque nombreuses qu’elles soient, deux cou-
«leurs fondamentales bien tranchées : ce sont le jaune et le bleu, qui
jouissent de propriétés différentes. On voit bien des fleurs bleues ou
jaunes passer au rouge ou au blanc, mais jamais le jaune ne devient
bleu, et le bleu jaune; dans certaines familles même, il y a exclusi-
vement des fleurs jaunes ou bleues, sans le moindre mélange entre
elles. C’est cette observation qui a fait établir deux séries opposées,
antagonistes même. L’une ayant pour base le jaune, ce qui a fait don-
ner à cette première série le nom de série xanthique, et à l’autre,
dont le bleu est la couleur fondamentale , le nom de série cyanique.
Ces deux couleurs, dans leur état de DE mélange, forment le vert,
état neutre ou intermédiaire. Si l’on admet au contraire le vert comme
couleur génératrice, ces deux teintes primitives en seraient différents
degrés d’oxygénation; mais, en admettant la dégradation et la com-
binaison des couleurs primitives des deux séries, nous obtenons le
tableau suivant :
CCCIXXXIV s INTRODUCTION.
Vert.
JAUNE. BLEU.
ORANGÉ. VIOLET.
Rouge.
D’autres botanistes, parmi lesquels je citerai Desvaux , ont autre-
ment disposé la série de couleurs, et en expliquent le mode de géné-
ration d’une manière différente. Cet ingénieux et patient observateur
avait étudié pendant douze années la dégradation et la variation des
couleurs dans les Haricots, qui sont, de toutes les graines , celles qui
varient le plus facilement, car il en avait obtenu douze cents va-
riétés. Pour Desvaux, le vert serait la couleur génératrice, ce que je
suis plus porté à admettre, et il en déduit deux séries parallèles : l’une
chloro-xanthique, l’autre chloro-cyanique ; ces deux séries, en se mo-
difiant un certain nombre de fois, donnent le rouge. Voici, au reste,
le tableau qu’il a tracé :
VERT
Donne : Donne :
; Vert bleuâtre. Vert jaunâtre.
; roux.
roux où jaune.
Bleu AS 1 Jaune brun.
noir.
Bleu violet. Jaune orangé.
: violet noir.
iolet : dé,
V oi Orangé
. roux.
Violet-roux ! . oé |
jaune. Orangé rouge
Violet rouge.
ROUGE. k
D'autres admettent trois séries fondées sur les couleurs primitives,
qui sont le bleu, le rouge et le jaune, et qui, par leur mélange en
proportions diverses, produisent toutes les nuances; ainsi Henslow
a établi un diagramme dont il ressort l'échelle chromatique suivante :
BLEU.
2 BI. + Rouge — Bleu pourpre. :
BI. + R. — Pourpre.
2R. + BI. — Rouge pourpre.
INTRODUCTION, CCcIxxxv
ROUGE.
2 R. + Jaune — Rouge orangé.
R. + J. = Orange.
2J. +R. — Jaune orangé.
JAUNE.
2 J. + BI. — Vert jaunûtre.
J. + BI. = Vert.
2 Bl.+ J. : — Bleu verdâtre.
On voit que ces douze teintes, produites par le système ternaire
blanc, rouge, jaune, engendrent trois couleurs composées, qui sont
pourpre, orange, vert, lesquelles produisent à leur tour deux combi-
naisons mixtes, qui peuvent, par des combinaisons binaires et en
proportions tantôt égales, tantôt inverses, former quarante-huit tons
purs, qui sont le résultat de la combinaison de deux couleurs pri-
maires ou binaires mêlées à une proportion plus ou moins grande
de blanc. Dans la disposition circulaire de ces quarante-huit compo-
sés binaires, ceux qui sont opposés produisent le blanc et sont appe-
lés couleurs complémentaires. Les couleurs impures sont les com-
posés ternaires qui résultent du mélange des couleurs pures avec
une proportion plus ou moins grande de gris. C’est ainsi que BI. +
J + Gr. produisent les composés ternaires appelés brun, olive,
elc., suivant que l’une des couleurs primitives domine. Si le gris
domine, les couleurs deviennent alors plus impures. Il en résulte une
échelle diatonique composée de 12 couleurs pures ou brillantes,
12 impures et 12 très-impures. Ces 36 couleurs sont fondamentales ;
mais chacune d'elles est susceptible d’une triple dégradation ; et il en
résulte alors 108 teintes, qui s’élèvent à 111, si l'on y ajouteles trois
dégradations du gris.
M. Chevreul a fait un travail très-curieux sur le contraste des cou-
leurs et est arrivé à des résultats fort remarquables : c’est l’influence
mutuelle que peuvent exercer deux couleurs différentes placées l’une
à côté de l’autre; c’est ainsi qu’une fleur rouge paraîtra d’autant
plus éclatante que le feuillage sera plus étoffé et d’un vert plus vif.
L'étude du contraste simultané s’applique surtout à la disposition des
fleurs dans un parterre, dans un bouquet, et rentre dans l’art de
l’horticulture.
I est d’un intérêt plus direct d'étudier la signification botanique
TOME I, INTRODUCTION. — Livraison VY. yy
CCCIXXXV) INTRODUCTION.
des couleurs que l'échelle chromatique; cependant leur valeur est de
peu d'importance s’il s’agit du caractère spécifique, mais elles en ont
plus comme caractéristique des grands groupes. Au reste, la nomo-
logie des couleurs est bien incertaine à cause des exceptions ; cepen-
dant c’est à tort que Linné a dédaigné la couleur comme caractère,
et a dit d’une manière absolue : Ne vous fiez pas trop à la couleur.
Tout ce qu’on peut dire des couleurs, c’est que le Ü/anc est la cou-
leur la plus commune aux végétaux du Nord et aux espèces prin-
tanières : les 4rabis, les Galanthus, les Corwallaria, les Polygo-
natum , les Saxifrages, fleurs essentiellement printanières, sont
blanches; le rouge est la couleur estivale et celle des fruits acides;
le Jaune, couleur plus essentiellement automnale, est propre à des
groupes tout entiers ; nous trouvons cette couleur dans une partie
des Chicoracées, le blanc et rarement le jaune dans les Ombellifères,
le blanc et plus communément le jaune dans les Crucifères , le jaune
et le rouge dans les Papavéracées ; mais le jaune y est plus commun.
Cette couleur se présente très-fréquemment dans les Renonculacées,
surtout dans les genres Ranonculus, Ficaria, Trollius, Eranthis. Le
bleu est disséminé à travers toutes saisons, cependant il est plutôt
estival. Il y a des genres, et même des familles tout entières qui
excluent certaines couleurs : tel est le bleu dans le genre Camellia, dans
les OEillets, les Roses, les Dahlias ; le jaune, dans les Borraginées,
plus essentiellement rouges et bleues ; dans cette famille, la plupart
des fleurs bleues passent au rose et au rouge; la même plante est
même chargée de fleurs de ces deux couleurs; on ne trouve pas de
jaune dans les Scilles, les Polémoines, le Lin, où le bleu est constant.
Il paraît en résulter une exclusion complète, une antipathie bien pro-
noncée entre ces deux couleurs. La Belle de nuit, originairement jaune,
passe au rouge et au blanc, mais jamais au bleu; toutefois dans les
Campanulacées, plus essentiellement bleues ou blanches, nous trouvons
une exception jaune dans la Campanula aurea. Dans les Gentianes, les
Aconits, le jaune est une exception. Le jaune est néanmoins plus cons-
tant que le bleu. Cette dernière couleur s’altère facilement et passe au
blanc, tandis que le jaune passe rarement au blanc, mais assez sou-
vent à l’orangé. Dans le Cheëranthus mutabilis, les fleurs, jaunes lors
de leur premier épanouissement, passent au jaune brun, au brun,
au violet clair et au violet pourpre ; mais ces changements sont très-
rares. Sous le rapport numérique, les végétaux à fleurs jaunes sont
INTRODUCTION. CCCIXXX vi]
beaucoup plus nombreux que ceux à fleurs bleues; les blanches
viennent après les jaunes, puis les rouges.
La chromatologie végétale est une science bien peu avancée (1), et
il nous est impossible d'établir une règle qui ne comporte quelques ex-
ceptions. Les variétés naturelles ou celles obtenues par la culture mon-
trent avec quelle facilité les fleurs passent d’une couleur à une
autre. Nous citerons les variétés d'OEillets, de Tulipes, de Roses, de
Dablias, de Jacinthes, de Glaïeuls, d’Iris, d’Alstroémeries qui ne con-
naissent pas de limites. Ces modifications de couleur sont indépen-
dantes de la station et du climat, si ce n’est dans l’état naturel; mais
dans nos jardins, les végétaux acquièrent une sorte de sensibilité
qui les dispose facilement à suivre les changements que demande le
caprice. Il existe un certain nombre de végétaux à fleurs chan-
geantes qui offrent à l’œil le phénomène d’une modification impré-
vue de couleur : c’est ainsi que l’Aibiscus mutabilis à la fleur blanche
lors de son épanouissement, elle est d’un rose vif au milieu du jour,
et rouge le soir; l’'OEnothera tetraptera passe également du blanc au
rose; le Siylidium fruticosum, du blanc au jaune ; le Gladiolus ver-
sicolor, brun en s’épanouissant, passe au bleu clair à midi, et lors
que le soleil disparaît il redevient brun, pour subir le lendemain le
même changement.
Ces mutations de couleurs sont dues à l'influence de la lumière :
d’autres le sont à l'influence du terrain : tels sont les Æortensia
bleus, dont la coloration résulte de la présence dans le sol de sels
ferreux, et le Geranium batrachioides, qui, dans un sol infertile, passe
du bleu au bleu pâle ou au blanc. D’autres fois la couleur ne change
que par la lacération de la plante : la chair du Boletus cyanescens
(1) Les théories, quelque ingénieuses qu'elles soient, donnent lieu à des objections
d’un assez grand poids pour qu’on n’en doive admettre aucune comme absolument
vraie. On oppose à la théorie de Marquart l'absence de chromule dans les cellules
épidermiques, qui se colorent cependant de nuances diverses, et dont la coloration ne
peut être le résultat de la métamorphose de la chromule. Telles sont les racines, rouge
vif dans les Radis, rouge orangé dans les Carottes, jaune agréablement panaché de
violet dans la Capucine tubéreuse, qui est un des tubercules les plus délicatement
peints. Tandis que la plupart des botanistes qui ont traité ce sujet admettent deux
séries fondamentales, le bleu et le jaune, Berzélius regardait le rouge comme un prin-
cipe colorant distinct ; cependant on peut opposer à toutes les théories la tendance pro-
noncée des végétaux à la virescence, dont nous parlerons en traitant de la tératologie
végétale ; ce qui semblerait prouver que la chromule est l'élément primitif de l’échelle
des couleurs.
CCCIxXX ii} INTRODUCTION.
devient bleue quand on brise ce Champignon ; la fleur jaune du Ze-
lephora cruenta laisse couler un suc d’un rouge de sang dès qu’on
lacère la corolle ; les fleurs d’un blanc pur du Calanthe veratrifolia
deviennent noires au plus léger frottement. La coloration de la fleur
est quelquefois facile à distinguer à la seule inspection de l’écorce ou
de l’épiderme de certains végétaux ; les horticulteurs distinguent les
Jacinthes blanches des bleues à la coloration des tuniques extérieures
du bulbe, les Rosiers à fleurs blanches de ceux à fleurs roses, le Lilas
blanc du Lilas violet à l'inspection de l'écorce.
La couleur des végétaux est loin d’être fixe, c’est pourquoi il est
si difficile de conserver les fleurs dans les herbiers, et d’en extraire
le suc pour la peinture à l’aquarelle. Le beau bleu des [ris devient
vert quand on veut le fixer par l’alun, les rouges deviennent sales
et vineux, les roses jaunissent ; toutes les Monocotylédones aux fleurs
brillantes passent au brun, ce qui rend la détermination des couleurs
ex sicco presque toujours impossible.
Sous le rapport des propriétés, le b/anc indique la présence d’un
suc aqueux et insipide, les Crucifères forment exception; mais le
Jaune, dans cette famille, est la couleur fondamentale.
Le rouge indique la présence d’un acide; s’il est intense, le suc de
la plante est astringent, et si le rouge est très-foncé, elle jouit de pro-
priétés hautement toniques.
La couleur bleue fixe et le pourpre sale dans lequel le bleu domine,
et qui est souvent assez foncé pour paraître noir, indiquent le plus
souvent des propriétés vénéneuses : tels sont les Aconits, la Clématite,
la Pulsatille, la Mandragore, la Belladone; si au contraire le bleu est
tendre et fugitif, comme dans les Bluets, les Chicorées, les Cam-
panules, les Polémoines, cette couleur n’indique aucune propriété
délétère.
Le Jaune indique l’amertume, si commune dans les Composées ;
dans certaines familles , telles que les Renonculacées, elle s'élève jus-
qu’à l’âcreté caustique.
Le vert franc et pur n'indique aucune propriété dangereuse; au
contraire, quand il est tendre, comme dans les Atriplicées, il est tou-
jours accompagné d’un suc mucilagineux très-abondant; le vert glau-
que est le propre des végétaux qui contiennent des sels alcalins ;
mais cependant chaque fois que le vert est glauque ou livide, il est uni
à des sucs âcres et hautement vénéneux.
INTRODUCTION. ccclxxxIx
Le Voir n'existe pas dans les corolles ; mais il se rencontre dans
les fruits, et il doit exciter la défiance. Quant aux semences, elles
peuvent avoir impunément une livrée obscure, sans être délétères :
le Haricot nègre et plusieurs autres variétés du genre Phaseolus
ont l’épiderme d’un noir bleu très-foncé, sans pour cela avoir des pro-
priétés malfaisantes.
Ces considérations n’embrassent les faits que dans leur généra-
lité, et ne peuvent s’appliquer à de nombreuses exceptions qui dé-
jouent toutes nos doctrines.
Il reste maintenant à faire connaître les principales dénomina-
tions des couleurs employées en botanique pour faciliter l'intelligence
des descriptions. Le latin est indispensable dans la dénomination
des couleurs, car cette langue a une souplesse et une finesse de
nuances qui manquent à la nôtre. En botanique, le mot coloré s’ap-
plique à tout ce qui est d’une autre couleur que vert, cette couleur
étant dominante dans le règne végétal. On peut dire que toutes les
couleurs se trouvent dans les plantes, ce qui a exigé une nomencla-
ture assez longue et qu’il importe de connaître.
4
Noir, niger. — Populus nigra.
— de poix, piceus. — Cyphelium piceum.
— de charbon, ater. — Conoplea atra.
— d'encre, atramentarius. — Coprinus atramenltarius.
Noirâtre, nigrescens, nigricans. — Glycine nigricans.
Terreux, {erreus. — Agaricus lerreus.
Brun, bruneus. — Agaricus bruneus.
— enfumé, fuligineux , fumosus, fuligineus, fuliginosus. — Telephorus fu-
ligineus.
— marron, castaneus. — Boletus caslaneus.
— bistre FRS
— fauve, fulvus. — Hemerocallis fulva.
— terne, pullus.
— bai, badius.
— rougeâtre, kepaticus.
Gris, griseus. — Populus grisea.
— cendré, cinereus. — Salix cinerea.
— shné , plumbeus.— Bovista plumbea.
— de souris, Mmurinus.
— d’acier, chalybeus. — Agaricus chalybeus.
Grisâtre, cinerascens. — Gymnopus cinerascens.
Blanc, albus.
— pur, candidus, — Lilium candidum , Pa nassia palustris.
CCCXC INTRODUCTION.
Blanc de lait, lacteus, — Crassula lactea.
— de neige, niveus. — Hydrangea nivea.
— d'argent, argenteus. — Protea argentea.
— de peau, alutaceus. — Russula alutacea.
— d'ivoire, eburneus. — Agaricus eburneus.
— de chaux, calceus, gypseus.
— duveteux, pubescent, canus, incanus.
Blanchâtre, albidus , canescens , albescens , candicans. — Deutzia eunescens ,
Ribes albidum, Nyssa candicans.
Vert, viridis. — Physarum viride.
— gai, viridulus.
— de bronze, æruginosus, æneus. — Fagus æneus.
— olivâtre, olivaceus. — Agaricus olivaceus.
— glauque, glaucus. — Le Chou.
— d’émeraude, smaragdinus.
— de poireau, prasinus.
— noirâtre, atro-virens.
— jaunâtre, flavo-virens.
Verdâtre, virescens, virens, chlorinus. — Hedera helix, Quercus virens, Spo-
rotrichum chlorinum.
Bleu , cæruleus. — Nuphar cærulea.
— de Prusse, cyanus, cyaneus. — Centaurea cyanus.
— d'azur, azureus. — Ceanothus azureus.
— grisâtre, cæsius, — Imbricaria cæsia.
— ardoisé, ardosiaceus. — Agaricus ardosiaceus.
Bleuâtre, cærulescens, cyanescens. — Boletus cyanescens.
Jaune franc, luteus. — Nelumbium luteum.
— citron, citrinus.— Ixia citrina.
— paille, kelvolus.
— pâle, ochroleucus. — Nerium ochroleucum.
— clair, luteolus. — Agaricus luteolus.
— blond, flavus. — Sarracenia flava.
— soufré, sulfureus. — Crocus sulfureus.
— d’or, aureus. — Eschscholtzia Californica.
— de succin, succineus. — Tremella succinea.
— de rouille, ferrugineus, rubiginosus. — Ficus rubiginosa, Digitalis fer-
ruginea.
— d’ocre, ochraceus.
— de flamme, flammeus, igneus. — Adonis flammea.
— de safran, croceus, crocatus. — Lilium croceum, Tubercularia crocata.
— d’abricot, armoriaceus. — Calendula officinalis.
— orangé, aurantiacus. — Hieracium aurantiacum.
Roux, rufus. — Anigosanthos rufa.
— Cannelle, cinnamomeus. — Ixia cinnamomeu«.
Roussâtre , rufescens. —— Hydnum rufescens.
INTRODUCTION. CCCXC)
Jaunâtre, lutescens, flavescens, flavidus. — Anigosanthos fiarida , Avena fla-
vescens.
Tabac, fabacinus. — Telephora tabacina.
Rouge pur, ruber. — Crepis rubra.
— de sang, sanquineus. — Ribes sanguineum.
— rutilant, rutilans. — Amaryllis rutilans.
— Carmin, puniceus. — Hæmanthus puniceus.
— verinillon, cinnabarinus. — Lelia cinnabarina.
— cocciné, écarlate, coccineus. — Le Coquelicot.
— cramoisi, kermesinus. — Passiflora kermesina.
— vil, rubellus. — Opegrapha rubella.
— de feu, igneus. — Lobelia ignea.
— incarnat, éncarnatus. — Passifiora incurnata.
— brique, lateritius. — Loasa lateritia.
— de cuivre, cupreus. — Nerium cupreum.
Rose, roseus. — La Rose.
Carné, carneus. — Sanseveria carnea.
Rubicond , rubicundus. — Godetia rubicunda.
Rougeâtre , erwbescens. — Crinum erubescens.
Violet, violaceus. — Aconitum napellus.
Lilas, lilacinus. — Senecio lilacinus.
Pourpre, purpureus, cruenlus. — Sarracenia purpurea, Cineraria cruenta.
Pourpre noir, atro-purpureus. — Scabiosa atro-purpurea.
Améthyste, amelhysteus, amethystinus. — Eryngium amethystinum.
Violet vif purpurin, phœniceus. — Verbascum phœniceum.
Bleu pourpre, purpureo-cœruleus.
Pourpre obscur, purpuraceus. — Comarum palustre.
Livide, lividus. — Boletus lividus.
Pâle, pallidus.— Iris pallida.
Sale, sordidus.— Lecanora sordida.
Luride ou jaune sale, luridus. — Boletus luridus.
Terne (cendré, ou suivant d’autres, couleur de brique calcinée), gilvus.
Telephora gilva.
Hyalin, hyalinus. — Ixia.
Limpide, aqueus.
Transparent , vifreus.
Rubané, vittatus. — Cyrtanthus villatus.
Strié, sériatus. — Agave striala.
Rayé, lineatus.
Maculé, taché, maculatus. — Orchis maculata. 1
Ocellé (marqué d’yeux ou de’taches circulaires), ocellatus.
Fascié (se dit des surfaces qui présentent des bandelettes diversement colorées),
Jasciatus.
Bicolor ( deux couleurs sur une même surface), bicolor. — Mesembryanthemum
bicolor.
ccexci] INTRODUCTION.
Tricolore (trois couleurs sur une même surface), tricolor. — Amaranthus tricolor.
Discolor ( quand une des surfaces est d'une couleur et l’autre d'une autre}, dis-
color. — Begonia discolor.
Concolor (de couleur semblable à celle à laquelle on la compare), concolor.
Panaché, variegalus. — lris variegata.
Piqueté, pictus. — Cantua picla.
Ponctué, guttatus. — Mimulus quttatus.
Tigré, tigrinus. — Agaricus ligrinus.
Bordé, marginatus. 2
Zoné, sonalus.
Changeant, mutabilis, versicolor. — Hibiscus mulabilis, Gladiolus versicolor.
Les sucs propres des végétaux sont aussi très-souvent colorés,
et leur coloration est d’une intensité qui frappe d'autant plus vive-
ment l'observateur, que la séve est incolore avant son élaboration, et
au moment où elle quitte le sommet du végétal où elle a subi les trans-
formations qui devaient la rendre propre à continuer la vie et à pour-
voir aux diverses sécrétions. Ainsi, chaque fois qu’on voit, comme
dans le Cissus cordifolia et plusieurs autres végétaux des tropiques
qu’on a nommés Lianes à eau, à cause de la grande quantité de li-
quide qu'ils offrent au chasseur altéré, et dans la Vigne, s'écouler
par une section ou une simple perforation un liquide incolore, ce n'est
pas un suc propre, mais tout simplement de la séve, ce qui n'en-
traîne pas son insipidité, car elle contient du sucre dans les Éra-
bles, certains Palmiers, le Bouleau, etc. Il en est autrement du suc
propre : dans le Prerocarpus Draco et le Dracæna draco, ainsi que
dans le Croton sangutfluus, le suc propre est rouge de sang; la San-
guinaria Canadensis a également un suc coloré en rouge; il est
jaune dans les Chélidoines et le Glaucium. Le suc du Cambogia
gutta, qui fournit la gomme-gutte, est, en sortant de la plante, d’un
jaune aussi vif qu'après la dessiccation; celui du Galactodendron
utile est blanc, ainsi que cela se voit dans les Euphorbiacées, où il
ne change pas de couleur, tandis que, dans diverses espèces de Su-
mac, il passe, en se concrétant, du blanc au noir. Outre la colo-
ration propre aux sucs charriés par les vaisseaux laticifères, on
reconnait encore les sucs propres à ce qu’en faisant une incision à la
branche ou au tronc d’une plante, il fait une éruption instantanée, ce
qui n’a pas lieu pour la séve, qui ne se produit que par une lente
exsudalion.
INTRODUCTION. CCCX CII]
Des odeurs dans les Végélaux.
Si la chromatologie est entourée d’obscurité, l’osmologie ou
science des odeurs l’est au moins autant, plutôt cependant sous le
rapport de la sensation produite que du mode de production : car
les odeurs (en limitant ce mot aux aromes) qui résident soit dans
les fleurs, ce qui est le plus commun, soit dans les feuilles, le bois,
la racine ou les fruits, sont presque toujours dues à une huile es-
sentielle, produit hydrocarboné, c’est-à-dire dans lequel l'acide
carbonique et l’hydrogène sont en proportion excédante. Il s’en
faut beaucoup que toutes les parties d’un végétal soient odorantes :
nous voyons, dans l’fris, la corolle, si délicate de tissu, si bril-
lante de couleurs, complétement inodore , tandis que son rhizome
a une odeur de violette; dans l’4ndropogon, la racine est douée
d’une odeur pénétrante, et le reste de la plante est dans un état
complet d’indifférence. Le f’olkameria a la fleur très-odorante et les
feuilles fétides ; l’Æ{/liun fragrans a, dans toutes ses parties, l'odeur
forte propre au genre, et la fleur en est très-suave. Dans certaines fa-
milles, telle est entre autres celle des Labiées, toute la plante est aro-
matique, et c’est dans les feuilles surtout que réside le principe odorant,
qui se rapproche plus ou moins du camphre ; mais, quand il est con-
centré, devient fétide. Le Marrube noir est dans ce cas. Les huiles es-
sentielles de certaines Labiées sont également douées d’odeurs peu
agréables ; celle du Romarin sent la térébenthine, et l’essence de
Menthe elle-même, quand elle est concentrée, a une odeur hircine.
Les Composées sont également aromatiques; mais on n’en tire pas
d’odeurs agréables ; dans les Ombellifères, c’est la graine qui est odo-
ranie ; celle des semences d’Anis, d’Aneth, de Fenouil, de Cumin est
connue. Les Conifères ne sont odorantes que par leurs produits sé-
crétés. Dans les Graminées, à peu d’exceptions près, il n’y a point de
plantes odorantes; cependant on peut en excepter la Flouve odorante,
qui exhale une odeur très-agréable, surtout quand elle est sèche. Les
enveloppes de l’Avoine noire donnent, par leur infasion à chaud, une
odeur de vanille très-prononcée aux liquides avec lesquels on les
mêle ; il en est de même de l’Aspérule odorante, du Mélilot, de la
graine du Dépterix odorata (Fève de Tonka), qui ne sont odorants
qu'après leur dessiccation. D’autres fois, il faut l'intervention de la
chaleur pour mettre à nu l’odeur propre à certains végétaux, tels
TOME I, INTRODUCTION. — Livraison 77. zz
CCCXCIV INTRODUCTION.
sont les feuilles du Laurier-Amande et le péricarpe de l’amande, qui
donnent aux liquides dans lesquels on les fait infuser une douce
odeur d'amande, produite par l’acide hydrocyanique que ces végé-
taux renferment. Toutes les parties des Æypericum et des Orangers
sont percées de cellules remplies d’huiles essentielles très-odorantes.
Ce qu'il y a de plus particulier dans la production des odeurs et
dans l’aromatisme en général, c’est que certains végétaux ne sont pas
odorants à toutes les heures du jour : le Plutanthera bifolia est odo-
rant le matin et le soir, et inodore dans le milieu du jour; j'ai re-
marqué cependant que, quand le temps est sombre et pluvieux,
l’odeur se développe dans le jour. Le genre Cestrum présente une
particularité bien remarquable : une espèce appelée Cestrum diurnum
est odorante pendant le jour, et le Cestrum vespertinum ne l’est que
le soir; c’est au coucher du soleil que le Pelargonium triste exhale
son odeur suave.
La putréfaction développe, dans les végétaux, des otétirs dont ils
étaient privés dans leur état frais. Ainsi, les bulbes des Tubéreuses et
les Pommes d’api qui commencent à se gâter répandent une odeur
de musc très-prononcée; la racine de la Patate dégage en se putré-
fiant une odeur de Violette fort agréable.
Les odeurs fétides sont très-nombreuses : le Loroglossum hircinum
exhale une odeur de bouc; l’Orchis coriophora , une odeur de pu-
naise ; la racine de Acacia (Robinia pseudo-acacta) répand une odeur
stercoraire très-forte ; il en est de même du fruit de l’4rtocarpus
integrifolia. Le Sterculia fœtida, Y Anagyris Jœtida sont dans le
même cas. On a exagéré l’odeur de l’4ssa fœtida : le suc de cette
Ombellifère exhale une forte odeur d’Ail, et l’on comprend pour-
quoi les anciens faisaient entrer celte substance dans leurs prépara-
tions culinaires. Je ne sais pourquoi on a donné à cette substance le
nom de Stercus diaboli; car, même dans son état de concentration,
elle ne sent que l’Ail. Les spathes de l’4rum dracunculus et les Sta-
pelia exhalent une odeur de charogne qui attire les mouches et leur
fait déposer leurs œufs dans ces corolles empestées. Le Phallus im-
pudicus est d'une puanteur infecte à l’état frais.
Il y a quelquefois un rapport intime entre l’odeur et la saveur,
comme cela a lieu dans Anis, le Fenouil, la Badiane, le Gérofle, la
Cannelle et les Épices ; d’autres fois, les végétaux dont la saveur est
très-prononcée sont complétement inodores : tels sont la Cresson de
INTRODUCTION. CCCXCV
Para, le Callu palustris, ’ Arum maculatum. Beaucoup de plantes
dont l’odeur est très-suave la perdent quand on les mâche : ainsi les
pétales de la Rose n’ont qu'une saveur herbacée et qui tient à la
nature fugace du principe odorant. On fait quelquefois disparaître
l’odeur d’une fleur par le simple froissement, ce qui se voit dans le *
Lis et la Violette; tandis que dans d’autres la division des parties est
nécessaire : telle est l’Iris fétide, dite Gigot, qui exhale par la tritura-
tion une odeur de viande rôtie, mais à distance et par atténuation, car
elle sent très-fort de près ou quand l’odeur en est concentrée ; le même
phénomène a lieu pour les Labiées, dont l'odeur se développe par le
froissement, ce qui tient à sa nature. Quand elle est due à une huile
essentielle ou à une résine, elle s’exalte par le déchirement des tissus ;
quand au contraire le principe odorant est dû à une autre cause (bien
qu’on pense que c’est toujours à une huile essentielle que sont dues
les odeurs ), elle est détruite par le plus faible frottement.
Les odeurs varient suivant leur intensité ou les distances auxquelles
elles frappent le sens olfactif : ainsi la fleur du Sureau, forte et désa-
gréable quand elle est en masse, communique, aux liquides auxquels
on la mêle , une très-forte odeur de Raisin muscat.
Si la lumière agit directement sur certains végétaux et en exalte
les principes odorants, elle est sans effet dans un grand nombre de
cas : exemple, les plantes à odeur nocturne ; mais les climats influent |
puissamment sur la production des odeurs : c’est pourquoi en s’éle-
vant vers le Nord, les végétaux aromatiques diminuent, tandis qu'ils
augmentent en nombre en descendant vers l’équateur. Dans nos dé-
partemenis méridionaux, les Labiées et les Composées donnent beau-
coup plus d’huile essentielle que sous le climat de Paris (1).
(1) Le tableau de la production des huiles essentielles suivant les elimais mérite
de prendre place ici pour montrer l'influence de la température sur leur développe-
ment :
iPlantes récoltées sous le climat de Paris. Plantes récoltées dans nos départements méridionaux,
Sur 50 kilogrammes, Sur 80 kilogrammes.
AUTONE ..........0 128 grammes. 167 grammes.
Hyssope...... a else - 101 » 165 »
Menthe poivrée..... 105 » 194 »
al AB MAO né 78 » ‘ 140 »
Oranger (fleurs d’).. 28 » 155 »
Romarin........... 109 » 155 »
Rose cent-feuilles... 2 » | 9 »
Sauge (petite....... 90 » | 186 »
CCCXCV) INTRODUCTION.
Les altitudes paraissent également favorables au développement
des odeurs; Haller cite un certain nombre de végétaux inodores, dans
les plaines, qui deviennent très-odorants dans les montagnes : tels
sont le Ranunculus acris, le Trollius europæus , la Primula au-
ricula.
La culture influe beaucoup aussi sur les odeurs ; mais quand elle
développe dans les plantes un principe odorant, il est difficile d’en
connaître la cause.
Les principes aromatiques des végétaux qui sont dus à un prin-
cipe fugace, quelle qu’en soit la nature, comme dans le Lis, dimi-
nuent d'intensité ou se perdent même entièrement par la dessicca-
tion (1).
La chaleur artificielle, qui détruit les odeurs des végétaux, déve-
loppe celle des Solanées vireuses et des Cannabinées; toutefois,
dans un grand nombre de cas, la torréfaction fait disparaitre les
principes actifs.
L'influence des odeurs sur l'organisme est très-connue : on sait
que rien n’est plus dangereux que de laisser dans une chambre à
coucher des fleurs odorantes ; elles peuvent déterminer une véritable
intoxication miasmatique. Comme elles agissent exclusivement sur
le système nerveux, les odeurs aromatiques respirées en quantités
modérées stimulent agréablement et relèvent les forces nerveuses.
Je me bornerai à rappeler le fait si connu de la puissance attractive
exercée sur les chats par les racines de la Valériane : ils se roulent
Segpolét "280.0 30 gran 155 gramnies
Thym. 1... 10:
Sous notre :: souvent égal et supérieur quelquefois même en finesse,
qui 4 pour l'huile essentielle de fleurs d'Oranger ; celle de Menthe est
aoins forte . cependant, en général, c’est plutôt la quantité qui diminue, car la suavité
reste la même, et parfois est supérieure.
(1) On a reconnu que la distillation des plantes fraîches ou sèches, à l’eau froide ou
à l’eau bouillante, produit des résultats différents. L'huile essentielle d’une plante sè-
che ayant subi le contact de l’air est devenue moins soluble, et l’on en obtient davan-
tage. Le même effet a lieu quand on commence la distillation avec de l’eau froide :
l'oxygène contenu dans l’eau se porte sur l'huile essentielle et la rend insoluble, tan-
dis que, dans les plantes fraîches et en commencant la distillation à l’eau bouillante,
l’huile essentielle est entièrement dissoute dans l’eau. On reconnaît la dissolution im-
parfaite de l'huile essentielle à l'aspect trouble de la distillation et à la faiblesse du
produit odorant ; tandis que, dans le cas de dissolution complète , la limpidité est très-
grande et l’odeur tres-développée.
INTRODUCTION. CCCXCVi]
dessus avec une sorte de frénésie, et les mangent jusqu’au dernier
morceau. Ces animaux, dont l’irritabilité est si grande, recherchent
avec une fureur presque égale la Vepeta cataria et le Teucrium ma-
run, qu'ils détruisent quand ils pénètrent dans les jardins où l’on cul-
tive ces plantes.
Les odeurs sont éminemment diffusibles : elles se répandent dans
toute l'économie, non-seulement par l’ingestion ou par la respiration,
mais par la simple absorption cutanée. L’abus des odeurs produit des
désordres assez grands pour qu’on doive l'éviter : il peut déterminer
des névroses dangereuses, qu’on remarque surtout chez les par-
fumeurs ; aussi les personnes nerveuses, sujettes aux céphalalgies, ne
peuvent-elles pas supporter les odeurs aromatiques.
Les émanations non aromatiques des végétaux peuvent quelquefois
déterminer des accidents : les émanations du Safran réuni en masse
causent de violentes céphalalgies, et quelquefois même des syncopes;
les Datura, les Belladones et un grand nombre des Solanées vi-
reuses produisent une action stupéfiante ; les personnes qui récoltent
les racines du J’eratrum album éprouvent des vomissements. Les
émanations du Chanvre, celles du Noyer, sont dangereuses. Quoi-
qu'on ait exagéré les effets de l’Antiaris toxicaria, il est posiuif que
cet arbre répand autour de lui des émanations toxiques ; le Manceni-
lier est dans le même cas. Les émanations du PAallus impudicus
sont assez délétères pour faire périr des oiseaux placés sous la même
cloche que ce Champignon. On n’a qu’à mettre une guêpe sous un
verre dans lequel on a placé une feuille de Laurier-cerise coupée en
morceaux, et au bout de dix minutes cet insecte sera complétement
stupéfié. L’odeur forte et particulière des fleurs du Chätaignier peut
déterminer une hémorragie nasale (1).
L'action des odeurs, qui ne sont que des particules émanant des
corps odoranis, a une grande variété d’action; et l’on croit, sans
(1) A. Vablin, dans sa thèse intitulée Odores medicamentorum , cite des faits re-
latifs à l’action des odeurs, dont quelques-uns sont controurés : telles sont entre autres
l’action produite sur les chiens par l'odeur du Chenopodium vulvaria, qui les pro-
voque à uriner (j'ai bien des fois froissé dans mes doigts les feuilles de Chenopodium
vulvaria que j'ai eueillies le long des chemins , et jamais je n'ai trouvé que cette
plante exhalât une odeur aussi fétide qu’on le prétend ; il na fallu même appeler à
mon secours le respect de l'autorité des botanistes qui ont parlé de l’odeur de cette
plante pour la trouver un peu odorante), et l’expansibilité du Romarin, qui cause des
céphalalgies , et se fait sentir à une distance de 14 kilomètres.
CCCXCVII INTRODUCTION.
que l'expérience ait confirmé cette opinion , que les odeurs qui agis-
sent sur l'organisme de la manière la plus favorable sont celles qui
proviennent de corps jouissant de propriétés alimentaires, tels que
les fruits, les végétaux féculents; tandis que les odeurs simplement
aromatiques ne sont pas si salutaires. On ne peut traiter les odeurs
qu’en thèse générale et en déterminant leur action dans le plus grand
nombre des cas; car elles n’agissent pas avec une égale intensité sur
toutes les personnes ; ce sont surtout les femmes, dont le système
nerveux est très-susceptible, sur lesquelles elles exercent une action
très-intense. Il y a maintenant des idiosyncrasies qui varient d’in-
dividu à individu et échappent à toute analyse.
Les travaux de L. A. Buchner semblent prouver que la der aro-
matique des fleurs, peut-être même aussi celle des différentes par-
ties d’un grand nombre de végétaux , est due à la présence d’une
huile essentielle, mêlée à de la cire et de la chlorophylle, et, dans
certaines qui avaient été isolées, affecte l’apparence extractiforme.
C’est en employant la méthode pratiquée en France par Robiquet,
qu’il a pu isoler la partie odorante des fleurs dans lesquelles le par-
fum est s’y fugace, qu’il se perd à la simple dessiccation : tels sont le
Seringat (PAiladelphus coronarius), les fleurs du Tilleul , celles du
Réséda.
Quant à la nature des huiles essentielles, elle est encore mal con-
nue. D’après J. P. Couerbe, les huiles essentielles seraient compo-
sées d’une huile tout à fait inodore et d’un acide, caractérisé prin-
cipalement par l'odeur de l’huile elle-même et la saveur âcre et
chaude qui est également commune aux huiles essentielles. C’est
en traitant les huiles essentielles par les alcalis caustiques, qu’il est
parvenu à en isoler les acides, quelquefois au nombre de deux,
l’un liquide , l’autre solide et cristallisé. Il pensait que la base liquide
ou l’huile inodore qui masquait ces acides odorants était tantôt un
hydrogène carboné, tantôt un acide ternaire (oxyde d'hydrogène
carboné), susceptibles de telles modifications, qu’on pouvait l’amener
à l’état d’éther. Il à trouvé dans l'huile essentielle de Cajeput un
atome d'oxygène; quand cette huile essentielle est traitée par les al-
calis caustiques , elle devient de plus en plus suave, et finit par ac-
quérir l'odeur du Camphre. En effet, d’après ce chimiste, l'huile de
Cajeput ne diffère du Camphre que par un demi-atome d'oxygène.
L'huile essentielle de Térébenthine, dont lodeur est si pénétrante et
INTRODUCTION. CCCXCIX
si tenace, devient méconnaissable quand elle est dépouillée de l’a-
cide auquel elle doit son odeur. Ce sont des expériences à suivre et
à reprendre.
On a cherché à grouper les odeurs de manière à les rapporter à
des classes connues ; mais jusqu’à présent on n'a pas réussi à ob-
tenir une systématisation satisfaisante, à cause de la prodigieuse
variété des odeurs et des nuances qui en multiplient le nombre.
J. Th. Fagreus et Vahlin, disciples de Linné, dans les travaux de
qui se trouvent leurs mémoires, simples développements des idées
du maître, ont traité, l’un des médicaments fétides, Medicamenta gra-
veolentia , et l’autre de Odore medicamentorum. Le premier établit
trois classes : 1° les subinsipides ; 2° les äcres ; 3° les amners, subdivi-
sées en deux ordres, les plus forts (fortiora) et les plus faibles (debr-
liora). Ainsi le Datura, la Jusquiame, le Tabac, appartiennent aux
fétides subinsipides les plus forts; le Jasmin, le Souci, le Tilleul, la
Violette, aux subinsipides faibles. Il classait les végétaux odorants
parmi les fétides, parce que, quand le parfum en est exalté, ils de-
viennent plutôt fétides qu’aromatiques; la Valériane, l’Iris fétide, le
Sureau, appartiennent aux fétides âcres les plus forts, et l’Assa fœ-
tida, la Rue, le Cumin aux âcres faibles. Cette classification tout ar-
bitraire n’a rien appris et n’est pas demeurée dans l’osmologie; les
travaux de Vahlin sont, au contraire, restés. Cet auteur groupe les
odeurs en sept classes :
1° Les rnusquées (ambrosiaques, Odores ambrosiaci), tels sont le
Geranium moschatum , la Malva moschata, V'Aspérule odorante;
2° Les suaves (fragrantes), le Tilleul , la Tubéreuse, le Lis, le
Jasmin ;
3° Les aromatiques (aromatici), les Lauriers, l'OEillet, etc. ;
4° Les alliacées (alliacei), Y'Aïl, P'Alliaire, l4ssa fœtida ;
5° Les hircines (hircini), à odeur de bouc, les Satyrium, la Vul-
vaire ; |
6° Les stupéfiantes (tetri, fétides), les Stachys, les Tagetes, le
Chanvre, l’Anagyris, les Solanum , l’'Aneth ;
7° Les nauséeuses (nauseosi), le Tabac, l’Ellébore, le Muguet.
Adanson, comme Linné, qui semblait avoir pris aux anciens
le nombre sept qui leur servait de base dans la classification des
odeurs, adopte aussi sept classes : 1° les zrodores; 2° les odeurs
faibles ; 3° les odeurs suaves ; 4° les aromatiques fortes ; 5° les odeurs
cCec INTRODUCTION.
fortes qui ne sont ni puantes ni aromatiques ; 6° les odeurs infectes
ou fétides ; T° les odeurs fades.
Lorry, qui à fait un travail spécial sur les odeurs, avait établi cinq
classes, qui sont trop arbitraires pour mériter autre chose qu’une
mention.
Fourcroy, guidé par ses études chimiques, suivit une autre voie;
il divisa les odeurs en cinq classes : 1° esprit recteur ou arome mu-
queux , le Plantain , la Bourrache; 2° esprit recteur huileux fixe, non
soluble dans l’eau, Réséda, Héliotrope, Narcisse, Jonquille (les
travaux de Buchner démontrent l’inutilité de cette classe, qui repose
sur une donnée inexacte ); 3° esprit recteur huileux fixe, soluble
dans l'eau, les Labiées ; 4° esprit recteur aromatique et acide, Ben-
join, Cannelle, etc.; 5° esprit recteur sulfureux, les Crucifères. Le
savant chimiste resta au-dessous de sa réputation et ne fit qu’un tra-
vail sans application, puisqu'il comprenait la moindre partie des cir-
constances qui accompagnent la production des odeurs.
Virey, qui avait un esprit porté aux idées philosophiques et se
distinguait par des vues élevées, à écrit sur l’osmologie et est venu
échouer contre la difficulté que présente une méthode de classifica-
tion s’appliquant à des productions aussi variées que les odeurs.
Il divise les odeurs en trois classes : 1° les odeurs d'aliments ; 2° les
odeurs de médicaments ; 3° les odeurs d'agrément et de toilette. à
eu beau subdiviser les classes en trente-sept groupes secondaires et
multiplier ses dénominations , il n’est pas arrivé pour cela à plus de
précision. Ses classes sont fausses et ses coupes renferment des divi-
sions qui sont semblables ou rentrent les unes dans les autres. Ce-
pendant une bonne classification des odeurs serait utile pour les des-
criptions, et contribuerait à leur donner de la précision.
Desvaux , bon observateur, mais trop ami des détails, avait
si bien compris l’importance d’une classification osmologique,
qu’il a consacré à ce chapitre de longs et minutieux détails dans
son Traité général de botanique. Il a établi sept genres d’odeurs qui
commencent aux plus faibles et s’élèvent graduellement aux fétides.
Ce sont : 1° les odeurs inertes, qui sont faibles, sans mauvaises qua-
lités et peu expansibles; elles se subdivisent en dix espèces, qui sont:
4° l'odeur ligneuse, celle du bois qu’on scie; 2° l'odeur herbacée,
ou de Graminées froissées entre les doigts; 3° féculaire ou farineuse,
celle de la fécule et des Graminées réduites en farine ; 4° mucrlagr-
INTRODUCTION. CCCC]
neuse , celle de gomme dissoute; 5° crue, des racines tubéreuses
crues; 6° féviaire, des graines des Légumineuses crues ; 7° oléracée,
celle des Bettes, de l’Arroche, de l’Épinard cuits dans l’eau; 8° o/éa-
naire ou plutôt Auileuse : c’est celle de la noix écrasée ; 9° fongacée,
du Champignon. C’est l’odeur propre à toute cette famille, dont le
Champignon de couche peut être regardé comme le type, parce que,
depuis les Byssus jusqu’au Lycoperdon, ils ont tous, lors de leur
premier développement, une odeur particulière qui mérite de pren-
dre place dans la nomenclature osmologique , car elle se représente
souvent; l’odeur de la Truffe elle-même n’est autre chose qu’une
odeur de Champignon exaltée; 10° r7ellacée ou approchant du miel,
due à la présence dans les végétaux d’un principe mucoso-sucré.
29 Les odeurs anaromatiques sont distinctes, mais peu énergi-
ques, et ont des qualités négatives : elles ne sont ni suaves,
ni pénétrantes , ni fétides. Ce genre comprend quatre espèces :
4° acerbe, l'odeur des écorces fraîches du Quinquina, de la racine de
Fraisier : elle est due à la présence du tannin; 2° vineuse, propre
à la séve fermentée et aux fruits; 3° spermatique, qui se retrouve
dans le pollen du Châtaignier, de l’Épine-vinette ; 4° rucléacée, ou
de noyau, due à la présence de l’acide prussique.
3° Les odeurs suaves, douces, agréables, ni aromatiques, ni bal-
samiques ; huit espèces : 1° anisée, l’Anis, la Badiane; 2° musquée,
le Mimulus moschatus ; 3° orangiaque, YOrange; 4° pomacée, la
Pomme de reinette; 5° rosacée, la Rose, le Pelargonium capitatum ;
6° varullée, la Vanille, l’Héliotrope du Pérou, le Tussilage odo-
rant; 7° wroléacée, l'odeur de la Violette, qui se retrouve dans la
racine de l’Iris de Florence ; 8” agréable, le Jasmin, le Tilleul, etc.
Cette espèce comprend une grande variété de plantes et d’odeurs,
et pourrait être démembrée pour être distribuée dans les autres
espèces de ce genre et des suivants.
4° Odeurs aromatiques, agréables, exaltées, pénétrantes, sans aci-
dité; trois espèces : 1° caryophyllacée, l'OEillet, l'Acorus calamus ;
2° épicéo-aromatique, le Gérofle, la Cannelle; 3° éprcée, le Poivre,
la Muscade.
5° Odeurs suaves, très-prononcées, suaves; trois espèces : 1° bal-
samoïde, Baume de la Mecque, bourgeons du Populus balsamea ;
2° balsamique, le Benjoin, le Styrax ; 3° myrrhique, la Myrrhe, l'En-
cens.
TOME I, INTRODUCTION, —= LiVr'UHISON AAA, aan
ceccij INTRODUCTION.
6° Odeurs pénétrantes, fortes, vives, n’excitant ni une sensation
agréable ni une désagréable ; onze espèces : 1° m#éllotique, celle du
Mélilot; 2° bitumineuse, les Psoralées ; 3° citronnée, le Citronnier, la
Mélisse officinale; 4° camphrée, le Camphre, la Lavande et un grand
nombre de Labiées ; 5° ambrosiaque, le Chenopodium ambrosioides ;
6° résineuse, les Conifères; 7° acide, la pulpe de Tamarin ; 8° pr-
quante, les Crucifères ; 9° alliacée, les Aulx; 10° dcre, les Renoncu-
lacées, les Sedum; 11° forte, la plupart des Ombellifères.
7° Odeurs fétides, très-exaltées, désagréables, répugnantes; dix
espèces : 1° cémicine, où de punaise, l’Orchis coriophora; 2° hircine,
de bouc, l’Aypericum hircinum ; 3° stercoraire, le Sterculier, le fruit
du Jacquier; 4° urinaire, plusieurs Polygala; 5° putride, la Stapélie
variée ; 6° al/liucéo-fétide, Y Assa f[œtida ; T° muriatique, celle du
Fucus vesiculosus et des plantes qui croissent dans la mer ; 8° ver-
mifuge, la Tanaisie, les Mille-feuilles ; 9° véreuse, la Belladone, la
Stramoine, le Pavot; 10° zauséabonde, le Chenopodium vulvaria.
De Candolle a établi, dans les végétaux, deux catégories osmologi-
ques qui paraissent justifiées par leur mode de production, mais ne
sont cependant pas rigoureusement exactes. Ce sont les odeurs pro-
duites par les plantes privées de la vie, et dont la durée est presque
indéfinie ets’augmente plutôt qu’elle ne se détruit par l'effet du temps;
telles sont les odeurs des bois, des écorces, dues à des matériaux
odorants qui sont en dépôt dans des lacunes ou dans les cellules. La
seconde catégorie comprend les odeurs qui sont produites par les or-
ganes vivants et s’exhalent au fur et à mesure de la production,
sans former de dépôt.
Malgré l'utilité de la classification adoptée par Desvaux, qui
est établie sur des principes arbitraires, on est obligé de recon-
naître que l’osmologie ne peut, en suivant cette voie, s'élever à la
bauteur d’une science; c’est à la chimie qu'il faut s'adresser pour
obtenir un système de groupement méthodique plus parfait. On
remarque, en effet, en étudiant les odeurs dans les associations végé-
tales qui ont entre elles une étroite affinité, qu’elles peuvent se ranger
sous un petit nombre de chefs. C’est ainsi qu’on trouve dans une
partie des Liliacées, des Narcissées, des fridées, des Orchidées, une
odeur fondamentale, qui varie suivant qu’elle s’exalte ou s’affaiblit,
et peut passer de la suavité la plus délicieuse à la fétidité la plus in-
supportable. L’odeur que Desvaux appelle orangiaque, et qu'il vau-
INTRODUCTION. ceccii]
drait mieux appeler orangée, se trouve non-seulement dans la fleur
de l’Oranger, mais dans celle du Robinier faux-acacia, de la Clé-
matite des haies, et d’un grand nombre d’autres plantes. L’odeur
caryophyllacée n’est pas propre seulement à la fleur du Géroflier,
mais encore à la Giroflée , à l’OEillet, à la Benoïîte; l’odeur rosacée
se trouve dans la Rose, dans les Pelargonium rosa et capitatum et
la Gesse tubéreuse. Il y a donc un petit nombre d’odeurs fonda-
mentales.
Nous devons chercher la véritable classification des odeurs dans
la composition chimique des principes odorants, et nous y re-
trouverons la plus grande partie des divisions adoptées par les sa-
vants qui se sont occupés d’osmologie, mais avec moins d’incerti-
tude.
Aïnsi, nous trouverons dans les substances albuminoides Yodeur
féviaire ; l’odeur mellacée, dans les sucres et la mannite qui se
trouvent dans un grand nombre de végétaux; l’odeur vineuse, dans
ceux qui contiennent des principes qui, sous l’action de la fermenta-
tion, se convertissent en alcool ; l’odeur acide, dans les produits a/coo-
liques oxygénés, et dans la série des acides végétaux ; l'odeur nu-
cléacée, expression vicieuse qui aurait pu être remplacée par le mot
amygdalée, dans les produits cyanhydriques ; Yodeur résineuse, dans
les essences hydrocarbonées, qui comprennent aussi l’odeur citronnée
et l’orangiaque, et la série du térébenthène; les essences oxygénées
comprennent les séries camphrée, balsamoïde et balsamique, dues
au Benjoin ; la série cinnamique comprend des odeurs qui font partie
des espèces ci-dessus établies par Desvaux; l’épicéo-aromatique
rentre dans cette série, puisque la Cannelle est la génératrice de la
série cinnamique; la série amisique et la série cuminique renfer-
ment une partie des produits odorants des Ombellifères et de quelques
Magnoliacées; la série eugénique répond à l’espèce caryophyllacée ;
les essences sulfurées répondent aux odeurs piquantes et alliacées, et
comprennent une partie des plantes de la famille des Crucifères ; la
série coumarique répond à l’odeur mélilotique.
C’est là, je crois, la seule voie dans laquelle il faut chercher la
classification des odeurs. Tout ce qui sera fait en dehors de cette
base, quelque ingénieux qu’il soit, sera arbitraire. Il reste donc à
reprendre toute l’osmologie et à la soumettre à l’épreuve de l’ana-
lyse des principes élémentaires; on aura alors fait prendre à cette
CCCCIV INTRODUCTION. |
branche de la science la place qu’elle doit occuper dans la botanique ;
car, l’examen superficiel, l’étude même du mode particulier de sé-
crétion propre à chaque système d’odeurs, ne peuvent rien apprendre
sur la nature intime des odeurs, et surtout sur leur action physiolo-
gique. L'osmologie est une étude qui mérite d'autant plus de fixer
l’attention des hommes de science, que la médecine emploie dans la
thérapeutique les principes odorants des végétaux, et qu’il lui im-
porte d’en connaître la nature pour en apprécier les effets.
Des Saveurs dans les végélaux.
La saveur, ou l’impression produite par les corps sapides sur l’or-
gane de la gustation dont la sensibilité est due aux nerfs de la cin-
quième paire qui viennent s'épanouir dans la muqueuse de la langue,
étant une des conséquences de leur mode de composition , et l'étude
des propriétés sapides étant aussi utile que celle des odeurs, je don-
nerai à ce paragraphe une étendue proportionnée à son importance.
Je consacre des articles spéciaux à ces deux propriétés, pour appeler
l'attention sur deux sujets trop négligés, et qui sont cependant les
conséquences des fonctions physiologiques des plantes. Si l’osmologie
est importante, même comme moyen de diagnose, la chymologie (de
xvu5, sapor) ne l’est pas moins : elle constate, en effet, des iden-
tités de nature qui ne peuvent manquer d’intérêt, puisqu'elles per-
mettent de généraliser les propriétés des plantes, et montrent que,
les grands groupes, dans des qualités physiques semblables unissent
la plus grande partie des êtres qui les composent.
Les végétaux agissent, la plupart du temps, sur l’odorat en même
temps que sur le goût, tant par le rapprochement des organes qui
sont le siége de ces deux fonctions, que par la nature même de l’im-
pression, qui n’est, comme toutes les sensations physiques, qu’une
tactilité transformée. La sapidité suppose toujours la solubilité du
principe sapide , car dès qu’une substance est entièrement insoluble,
elleest dépourvue de saveur. C’est à tort qu’on a prétendu que la
saveur n'est pas une propriété inhérente aux corps, mais une ma-
nière d’être des nerfs de la langue, variable suivant la nature des
corps. La saveur dépend, il est vrai, du mode de sensation exercé
sur l'organe du goût par les corps sapides; mais celte même sensa-
INTRODUCTION. CCCCV
tion dépend de la composition moléculaire des corps et constitue leurs
propriétés.
A part les cas particuliers d’idiosyncrasie, l'impression gustative
est la même chez tous les hommes : l’habitude seule peut modifier les
appétences; mais l'appréciation de la qualité sapide est identique. II
faut cependant une éducation de l'organe du goût pour la détermi-
nation des saveurs, et cette finesse de tact ne s’acquiert que par
l'habitude : c’est souvent même un guide plus sûr que les analyses
minutieuses, témoin les dégustateurs qui reconnaissent, tant à l’o-
dorat qu’au goût, les vins des crus les plus variés, et qui y distin-
guent des différences caractéristiques qui échappent à ceux dont le
goût n’est pas exercé.
Le climat influe beaucoup sur le développement des qualités sa-
pides, et l'exposition, la saison, la culture transforment les propriétés
des végétaux de manière à les rendre méconnaissables. Dans les cli-
mats méridionaux, les végétaux acquièrent des propriétés exaltées
quand elles ont pour base des huiles essentielles, des résines; mais il
paraîtrait que les essences sulfurées se développent en raison inverse
de la chaleur, car, dans le Nord, les Crucifères sont beaucoup plus
piquantes que dans le Sud, et les différentes espèces du genre 4{lium
deviennent plus douces sous l'influence d’un climat plus chaud. C’est
ainsi que l’Oignon d’Espagne, doux et sucré quand il a crû.sous le
ciel de la Péninsule, redevient âcre et fort sous notre climat, et l’Ail
commun est moins fort en Grèce que chez nous.
Les deux grands phénomènes modificateurs dus tant à l'exposition
qu’à la culture, sont l’hypertrophie et l’atrophie, c’est-à-dire. le dé-
veloppement excessif des parties, dû à l'augmentation de la quantité
de l’eau de végétation, ce qui diminue les propriétés actives des
plantes et les rend propres à l’alimentation, comme cela se voit dans
les Crucifères, les Ombellifères, les fruits, qui, d’âcres ou acerbes,
deviennent doux et d’une agréable sapidité, ou la concentration des
principes actifs par diminution de volume.
Les plantes médicinales varient de propriétés par la culture, et per-
dent une partie de leur activité. C’est ainsi que l’Aconit napel de nos
Jardins, quoique dangereux encore, n’a pas le haut degré de puis-
sance vénéneuse de celui qui croit à l’état sauvage, et le Polysti-
chum filix mas, dont l'huile essentielle est employée avec tant de suc-
cès dans la destruction du tænia, ne jouit de ces propriétés que quand
CCCCV] INTRODUCTION.
il a crà sur les montagnes : dans les plaines, il est présque inerte.
Le goût des végétaux change aussi aux différentes époques de
leur vie. Dans leur jeunesse, on mange les premières pousses d’un
grand nombre de plantes qui répugneraient quand elles ont acquis
tout leur développement; ce qui explique pourquoi on peut manger
dans leur premier âge des végétaux qui sont, dans leur âge adulte,
ou des poisons violents, ou des plantes de tissu résistant et de saveur
acerbe : tels sont le Houblon, les Asperges, les Bambous, la Renoncule
scélérate, la Clematis flammula.
Les fruits sont au contraire acerbes dans leur jeunesse, et doux
et savoureux lorsqu'ils ont acquis tout leur développement. Il faut
même, pour certains, comme la Nèfle, qu’ils aient subi un commen-
cement de décomposition.
Toutes les parties d’une même plante sont loin d’avoir une même
saveur : les fruits de la Ronce sont doux et sucrés, tandis que la ra-
cine en est acerbe, par suite de la présence du tannin. Il importe donc
de connaître à quel moment et dans quel état il faut cueillir les végé-
taux , et quelle partie il faut employer de préférence à toute autre.
Les anciens, par suite de leur prédilection pour la théorie des
nombres, avaient établi sept saveurs, comme 1ls avaient établi sept
odeurs. Cette doctrine, tout empirique , domina longtemps, et nous
ne pouvons même, malgré les progrès de la science, échapper à ces
coupes arbitraires, qui répondent à des sensations qui se reproduisent
identiques et affectent le goût de la même manière. Ce sont : 1° le
doux, 2° je gras, 3° l'acide, 4° l’âcre, 5° l’austère, 6° l’acerbe, 7° le
salé.
L'école de Salerne distinguait neuf saveurs groupées par trois, et
réunies sous trois classes. Cette classification, qui diffère peu de celle
adoptée par les anciens, a fait longtemps autorité, et les grandes di-
visions adoptées par cette école célèbre se retrouvent dans les traités
de pharmacologie de la fin du siècle dernier : de nos jours même on
parle encore des semences froides, chaudes, etc. La classification
salernitaine, qui se rapproche de celle de Galien, est fondée sur
les mêmes principes ; ce sont :
1° Les saveurs chaudes : Yàcre, l’amer , le salé alcalin ;
2° Les saveurs tempérées : laqueux, le doux, le gras;
3° Les saveurs froides : Y'acide , l’austère , le salé acide.
Abercromby avait ingénieusement défini la sensation produite sur
INTRODUCTION. CCCCvij
le goût par les substances sapides. Il s'exprime de la manière sui-
vante :
L'acide pénètre la langue sans chaleur.
Le doux enduit la langue avec volupté.
Le gras enduit la langue sans volupté.
Le salé déterge la langue sans contraction.
L'amer déterge la langue avec exaspération.
L’écre ronge la langue avec chaleur.
Le styptique dessèche la langue avec contraction.
L’insipide ne produit aucune impression sur la langue.
Linné (Sapor medicamentorum, J. Rudberg) avait adopté onze
saveurs auxquelles il ramenait l’impression produite par les substances
sapides :
1° La saveur sèche produite par les substances insipides, dé-
pourvues de suc propre, avides d’eau : les écorces, la poudre de
Lycopode, les Graphalium ;
2° La saveur aqueuse, donnée par les substances remplies d’humi-
dité, et presque insipide : les Épinards, le Pourpier, la Laitue, les
racines de Scorsonère et de Salsifis, celles des Navets, des Choux;
3" La saveur visqueuse, celle des substances mucilagineuses et
glutineuses , presque insipides : les Gommes, les Malvacées, les Ju-
jubes, les semences de Coing, de Psyllium ;
4° La saveur salée, qui agit comme irritant sur les organes du
goût, brûle comme du feu les endroits excoriés et se mêle aux li-
quides : la Soude, la Salicorne, quelques Chénopodiées ;
5° La saveur acide, dont l'impression est à la fois piquante et
agréable : les Groseilles , l’Épine-vinette, les Oxalis, l’Oseille, le
Citron ;
6° La saveur styptique austère, composée d’acide et de sec;
elle agit sur l’organe de la gustation en le contractant : les fruits
verts, le Sang-dragon, la Bistorte, le Coing, les fruits du Prunellier,
l'Ohve ;
7° Les saveurs douces, les plus agréables et celles qui produisent
la sensation la plus exquise sur l’organe du goût : le sucre, le miel,
la manne, les Dattes, les Figues ;
8 Les saveurs grasses qui ont pour base un principe huileux,
doux presque insipide, et se convertissant en émulsion par leur mé-
lange avec l’eau : les huiles ;
cccevii] INTRODUCTION.
9 Les saveurs umnères, désagréables, qui excitent par la mastica-
tion la sécrétion salivaire : la Coloquinte, la Gentiane , l’Absinthe;
10° Les saveurs dcres qui corrodent, avec plus ou moins de force,
la fibre vivante : les 4rum, la Pyrèthre, les Sedum, le Poivre;
11° Les saveurs nauséeuses produites par les substances qui ne
sont pas plutôt dans la bouche qu'elles sollicitent la régurgitation :
la Gratiole, l’Ipécacuanha , le Muguet , l’4sarum.
Adanson groupa les saveurs d’une autre manière, quoiqu'en adop-
tant des divisions semblables , et les-opposa les unes aux autres, ce
qui est plus méthodique, quoique son mode de classification soit
sujet à critique :
Insipide...... QE RS NT - Aqueux.
Salé acide. ...... JET Alcali.
Dot. à sh AGE MIRE
Gars AA. Le ... Austère.
VIEUX 2 dede RE Acerbe.
ee #5, en A SE APE
Ce qu’on peut reprocher à toutes ces classifications, c’est leur ca-
ractère absolu. Les saveurs y sont considérées comme essentielle-
ment simples, et les auteurs ne paraissent pas avoir tenu compte des
combinaisons binaires ou même ternaires ; dans les saveurs simples
même il y a des degrés différents qui sont autant de passages d’une
saveur bien prononcée à une autre, marquées par des nuances sou-
vent peu sensibles. Je citerai, parmi les saveurs binaires, la Douce-
amère, qui commence par produire sur l’organe du goût une im-
pression d’amertume qui ne tarde pas à faire place à la sensation
du doux ou du sucré ; dans l’Ail commun, l’âcreté mordante se trouve
mêlée au visqueux; le tubercule de l’Orobe tubéreux est styptique et
sucré. Il présente, même en en analysant la saveur, une triple sen-
sation : quand on mâche un tubercule d’Orobe , la première impres-
sion est celle d’une Légumineuse verte, elle est herbacée; puis,
au bout de dix à douze secondes, elle devient aussi sucrée que la
Réglisse ; quand cette saveur est passée, on perçoit le goût styptique
mélé d’amertume. L’Anis offre encore un exemple de la combi-
naison ternaire : la première impression est aromatique et chaude ;
elle devient âcre ensuite, puis elle finit par le sucré.
La dégradation des saveurs est également bien sensible. Ainsi, entre
l’amertume si prononcée de la Gentiane ou du Ményanthe, celle si
INTRODUCTION. CCCCIX
durable de l’Absinthe et si fugace de la Douce-amère, il y a tout une
échelle de décroissement dont l’intermédiaire est la petite Centaurée
ou la Fumeterre.
* La persistance des saveurs ne répond pas toujours à une unité de
sensation; il y a même une grande différence entre la nature de
l'impression produite ; tantôt c’est la pointe seule de la langue qui
perçoit la saveur, d’autres fois ce sont les bords, ou bien, quoique la
gustation ait eu lieu par la pointe de la langue, la sensation est vive-
ment perçue par l’arrière-bouche sans que les parties qui ont servi
d'appareils de translation soient en rien affectées. Les Euphorbes,
les Sumacs agissent de celte manière et causent une vive et durable
inflammation de l’arrière-bouche.
D’autres fois, la substance sapide n’agit pas instantanément et la sen-
sation ne s’éveille qu’au bout d’un certain temps. Les Renonculacées
sont dans ce cas, mais ce phénomène est plus sensible dans les
Aroïdées. L’Arum maculatum et les Arum exotiques, le Calla palus-
tris, ne produisent d’abord aucune impression; puis, au bout de
quelques minutes, on commence à sentir une vive douleur qui est
très-durable. Le fourmillement étrange produit dans la bouche et
surtout dans les gencives par les sommités des Spi/anthus ne com-
mence qu’au bout de vingt-cinq à trente secondes et dure un quart
d'heure. La durée de l'impression varie également depuis quelques
minutes jusqu’à plusieurs heures. L’irritation du voile du palais et
de l’arrière-bouche produite par le suc laiteux des Euphorbes se pro-
longe souvent pendant toute une journée. On peut mettre la sen-
sation produite par certaines Solanées au nombre des sensations pas-
sagères. Bien que les classifications soient impuissantes à déterminer
d’une manière exacte les rapports de dégradation qui existent entre
les saveurs de même nature, elles doivent cependant mériter l’atten-
tion , et il faut, quelque arbitraires que soient ces données, les sou-
mettre à une étude consciencieuse, en s’appuyant sur les données
chimiques, les seules qui puissent fournir des bases positives. Cette
branche de la science est neuve, car on n’a jusqu’à présent établi les
méthodes que sur des bases empiriques.
La. classification la plus complète, bien qu’elle soit fondée sur la
simple impression que les corps sapides produisent sur les organes
gustalifs, est celle de Desvaux, qui les divise en deux genres : les
saveurs instpides et les saveurs sapides.
TOME 1, INTRODUCTION. — Livraison bbb. bbb
CCCCXx INTRODUCTION.
1° Les saveurs insipides comprennent cinq espèces : 1° la saveur
fade ; 2 la saveur sèche; celle des substances amylacées et des subs-
tances pulvérulentes non solubles; 3° la saveur aqueuse, le Pour-
pier; 4° la saveur visqueuse, les PET la Consoude; 5° la
saveur grasse, Amande.
2° Les saveurs sapides en comprennent cinq : 1° La saveur douce,
les fruits dans lesquels ne dominent ni l’acide, ni le sucre; 2° la
saveur sucrée, la Canne à sucre, les Dattes; 3° la saveur acide, les
Rumex, VÉpine-vinette; 4° la saveur acerbe, les fruits du Prunellier ;
5° la saveur styptique (austère où astringente), la Noix de Galle,
la Bistorte, la Tormentille; 6° la saveur saline, la Criste-marine, les
Soudes ; 7° la saveur dcre, V'Erigeron acre ; 8° la saveur piquante
ou poivrée, le Poivre, le Piment, la Menthe poivrée; 9° la saveur nau-
séeuse , la racine d’Ipécacuanha, les feuilles du Séné; 10° la saveur
arière , le Simarouba, la Gentiane ; 11° la saveur caustique où bri-
lante, les Daphnés, les 4rum, les Pyrèthres.
Cet auteur, qui à insisté sur un des points les plus négligés de
notre éducation, celle des sens, qui restent presque toujours obtus,
donne, pour servir de guide dans la recherche des saveurs, les exem-
ples suivants, dans lesquels on trouve la plupart des groupes qu’il
a établis :
L'eau pure donne l’aqueux. La bile donne l’amer.
L'amidon — le sec. La prunelle — le styptique.
La gomme — le visqueux. Le vinaigre — l'acide.
L'huile — legras. La moutarde — lâcre.
Le sucre — lesucré. Le tabac — le nauséeux.
Le sel — le salin.
Pour donner un exemple de la méthode à suivre dans la recherche
du meilleur mode de classification des saveurs considérées sous le
rapport de leur composition chimique, je rapporterai à chacune des
espèces établies par Desvaux le principe qui détermine la saveur des
substances sapides. Il faut d’abord éliminer les trois espèces : /ade,
sèche, aqueuse, qui sont des saveurs négatives, quand elles sont
pures, ce qui n'arrive pas toujours, car le fade peut être visqueux,
le sec gommeux , l’aqueux légèrement acidulé où amarescent, et
n'établir qu’un seul groupe , celui des substances sapides et des sa-
veurs positives, parmi lesquelles il faut replacer les saveurs grasses
et visqueuses.
INTRODUCTION. CCCCX)
La cellulose, dans laquelle il faut comprendre les principes immé-
diats qui en dérivent, est la base des corps 207 sapides, puisqu’elle
est insoluble dans l’eau : la matière amylacée, également inso-
luble, est dans le même cas, et sa saveur sèche tient à son inso-
lubilité.
La saveur visqueuse est due aux substances albuminoïdes, aux
Gommes, au mucilage végétal et à l’amidon transformé. La Pectine
et ses dérivés, ou le principe gélatineux des fruits, rentrent dans cette
catégorie.
La saveur douce, premier degré de la saveur sucrée, dont on ne
peut la séparer, est due à la présence du sucre, de la mannite, de
la glucose.
La saveur grasse, qui est une variété de la saveur douce, est le
produit des huiles auxquelles n’est mêlée aucune essence âcre ou
piquante.
La saveur vineuse ou alcoolique, dont aucun auteur n’a fait men-
tion, mérite cependant de prendre place dans une chymologie : elle
est due à la présence de l'alcool, développée par la fermentation
dite alcoolique.
La saveur acide est celle de tous les acides végétaux qui se trou-
vent dans les fruits rouges, ceux des Aurantiacées, les herbes aci-
dules et les vins.
La saveur acerbe, qu'on peut réunir à la saveur styptique, esl
due surtout à la présence du tannin et de l’acide gallique.
La saveur saline, aux sels de soude contenus dans les végétaux
qui sont surtout marins, tels que les genres Sa/sola et Salicornia.
La saveur âcre appartient à plusieurs séries, aux essences sulfu-
rées, qui se trouvent dans les Liliacées âcres et les Crucifères, et
dans certains alcaloïdes. Les différentes essences oxygénées, qui
sont extraites des semences des Ombellifères et de toutes les parties
des Labiées, sont àcres quand elles sont concentrées.
La saveur caustique paraît être une siaple variété de la saveur
âcre : car les principes âcres, élevés jusqu’à un certain degré de
concentration , deviennent caustiques.
La saveur piquante est due au Pipérin, à certaines huiles essen-
tielles, dans lesquelles cette impression est unie à la saveur aroma-
tique. Elle se trouve aussi bien dans les essences oxygénées que
dans les hydrocarbonées, et les essences sulfurées des Crucifères
CCCCXi] INTRODUCTION.
contiennent des principes qui exercent sur l'organe du goût la sa-
veur poivrée.
La saveur amère est due à des principes non alcaloïdes de diffé-
rente nature : tels sont le Gentianin, la Picrotoxine, la Rhamnine,
diverses résines dont le principe amer n’a pas été isolé, et certains
alcaloïdes, comme ceux extraits du Quinquina, la Strychnine, la
Brucine, la Colchicine, etc.
La saveur nauséeuse est, comme la saveur amère, due à des prin-
cipes différents, mais surtout à des alcaloïdes extraits des Solanées
et des Rubiacées.
Les différentes impressions produites par une substance ne sont
pas tellement absolues, qu’elles agissent constamment de la même
maniere. La saveur piquante peut devenir brûlante, âcre, amère,
nauséeuse même ; la saveur douce et sucrée peut devenir également
nauséeuse sans avoir aucune qualité âcre ou brûlante; la saveur
grasse peut devenir visqueuse; celle-ci, douce et sucrée; la sucrée
peut passer à la saveur vineuse ou acide; l’acerbe au styptique.
Une saveur peut participer de plusieurs autres, ce qui tient à ce que
les corps sapides ne doivent pas leurs propriétés à une substance
simple et unique ; mais ils présentent des combinaisons multiples.
Des principes différents peuvent se trouver réunis dans une même
plante, et leurs propriétés varient suivant le degré de concentration
des principes qui constituent leur sapidité.
Il reste à savoir, ce qui est entièrement du domaine de la chimie,
si les substances qui produisent sur le goût des impressions sembla-
bles n’ont pas une même formule générale; en d’autres termes,
si une composition et une association moléculaire semblables ne
correspondent pas toujours à une impression gustative identique.
Les saveurs ne peuvent, au reste, être considérées que sous leur
apparence la plus générale : c’est ainsi qu’à la gustation les trois
gommes, arabine, cérasine et bassorine, quoique ayant pour for-
mule C''H1°070, affectent le goût d’une manière différente, l’im-
pression générale seule est la même; c’est le visqueux qui domine et
l'emporte sur les autres phénomènes de sapidité.
Les sucres offrent un exemple plus frappant des rapports qui exis-
tent entre les saveurs et la composition chimique. Les sucres de Canne
qui se trouvent dans la Canne à sucre, la Betterave, le Maïs, la séve
des Érables, la Carotte, ont, avec une même composition chimique
INTRODUCTION. CCCCxiI]
semblable, une même saveur. La formule de ces sucres est C'?H°*
O:*; celle du sücre de fruits, qui correspond à la formule C'?H'20°?,
donne à cette espèce de saveur, qui répond cependant à l'impression
qu’on appelle saveur sucrée, un goût différent ; il en est de même du
sucre de Raisin, dont la composition correspond à la formule C'? H'*
O'4 et qui aune saveur particulière. Si l’on ramène à une formule sem-
blable, comme cela se voit pour le sucre de Raisin, qu'on transforme
par la chaleur en sucre de fruits, les sucres appartenant à ces trois es-
pèces, aussi distinctes par le goût que par la composition, on arrive à
une identité d’impression. C’est sur ce sujet qu’il convient d'appeler
l'attention des chimistes, auxquels revient la tâche de découvrir si
les formules ou la composition chimique et les saveurs ne se corres-
pondent pas constamment. Ce serait un grand pas de fait dans la con-
naissance de la propriété des substances végétales que de déterminer
les rapports de composition et d'impression gustative ou de sapidité.
Il résulte de l’étude des saveurs que les composés ternaires neutres
sont ceux qui ont le moins de sapidité, et ce sont, en général, ceux
qui sont le plus propres à la nutrition; les composés quaternaires ,
dans lesquels on signale la présence de l'azote, et qui sont également
neutres, jouissent à un plus haut degré de propriétés nutritives : telles
sont les substances albuminoïdes, toutefois elles sont, en général, peu
sapides et leur saveur n’est jamais exaltée ; toutefois dès que les com-
posés ternaires ou quaternaires cessent d’être neutres, que l'oxygène
y domine, qu’il y a excès d’azote, du cyanogène ou un autre Corps
en prédominance, la sapidité commence et le jeu des saveurs se
mulüplie à l'infini.
Il est intéressant de remarquer queles composés ternaires neutres,
ainsi que les quaternaires neutres présentent la quadruple associa-
tion des corps isomères alibiles.
Composés ternaires isomères neutres :
Cellulose. Amidon. Dextrine. Gomme.
Composés quaternaires isomères neutres :
Fibrine. Albumine. Caséine. Gluten.
On a donné aux substances alimentaires tirées de ces deux
groupes les noms d'aliments plastiques et d'aliments respiratoires.
Les premiers contiennent de l'azote : ils possèdent la propriété de se
CCCCXIV INTRODUCTION.
transformer en sang et fournissent ainsi les éléments des tissus et des
organes ; les seconds servent uniquement à entretenir la respiration
et à produire la chaleur animale.
Aliments plastiques :
Fibrine. Albumine. Caséine. Gluten.
Aliments respiratoires :
Amidon. Dextrine. Gomme. Pectine.
Telles sont les bases de la chymologie ou science des saveurs.
C'est en en étudiant les lois ou en les pratiquant empiriquement
qu'on arrive à faire prendre place, parmi les substances alimentaires
ou condimentaires qui figurent sur nos tables, à des végétaux qui se-
raient ou vénéneux ou d’une saveur désagréable.
6. Excrétion.
Les fonctions vitales impliquent nécessairement une double action,
une véritable polarité, comme si la vie ne pouvait exister sans qu'il
y ait sans cesse deux actions opposées, qui sont les deux conditions
indispensables de tout phénomène physiologique; ainsi, l’élabora-
tion première des matériaux de nutrition se compose du double
phénomène :
Absorption. Exhalation.
Résultat :
Séve élaborée.
La mise en action de la séve élaborée se compose, à son tour, de
deux actions :
Assimilation. Excrétion.
Reésullats :
Sécrétion et nutrition.
Il en est du corps organisé végétal comme du corps animal :
dès qu’il a puisé dans les agents ambiants tous les matériaux qui
pouvaient servir à son alimentation, il les élabore et les concrète en
éliminant, par l’exhalation, tout ce qui était superflu , et, quand
la séve élaborée est produite, qu’il en a séparé, par la sécrétion,
INTRODUCTION. CCCCXV
tous les matériaux alibiles, il rejette tout ce qui est impropre à la vie.
C'est ce qu’on appelle excrétion. Il ne faut pas croire cependant qu’il
en soit des végétaux comme des animaux. Ces derniers ont une
cavité spéciale pour recevoir le bol alimentaire, qui, en circulant
de proche en proche dans le tube intestinal, y devient de plus en
plus semblable aux molécules de l’organisme avec lequel il est mis
en rapport, et les matières excrémentitielles ne sont rejetées au
dehors qu'après avoir parcouru tout le tube digestif dont les vais-
seaux absorbants ont aspiré tout ce qu'il y peut rester de propre à
l'entretien de la vie. Il s’en faut beaucoup qu’il en soit de même des
végétaux : ils n’ont pas d'appareil d'élaboration spécial pour les maté-
riaux qui servent à la préparation des éléments qui doivent augmen-
ter ou renouveler les tissus, et le procédé paraît assez simple pour
échapper à nos regards. La génération des cellules est un phénomène
qui à sans doute son siége dans la cellule même, comme je l’ai déjà
dit au chapitre VIT. Si l’on étudie avec soin le phénomène de l’excré-
tion, on verra que ce ne sontque les glandes danslesquelles on puisse
jusqu’à un certain point l’étudier. Il est cependant nécessaire que
les parties constituantes inassimilables de la séve élaborée soient
rejetées au dehors comme lont été les produits de la séve ascendante,
qui étaient impropres à être convertis en séve élaborée. Si les voies
par où s’échappent les matières gazeuses rejetéés par exhalation sont
connues, il n’en est pas de même des voies d’excrétion quand elles
n’ont pas lieu par des appareils glandulaires, qui sont plutôt des ap-
pareils de sécrétion que d’excrétion. On en peut dire autant des poils
glandulaires dont le sommet renflé est le siége de l’excrétion. Dans
la Fraxinelle, ce sont de petits poils glanduleux qui excrètent l’huile
volatile qui forme autour de la plante une atmosphère inflammable.
Il en est de même des poils des Zoasa et des Malpighiacées. Dans les
autres cas, quand les surfaces ne portent ni glandes, ni poils glan-
duleux, l’excrétion ne peut avoir lieu qu’à travers les pores de l’é-
piderme ou les stomates, même aussi à travers les mailles des tissus.
On a confondu, bien à tort, avec les excrétions, les sécrétions de
gomme, de cire, de vernis, de matière albumineuse, qui recouvrent
les bourgeons, les fruits, les tiges, les végétaux marins. Il reste à
savoir si ces exsudations servent aux besoins de la vie, ou si elles
sont purement accidentelles. On reconnaît bien dans les bourgeons
des Marronniers d'Inde, des Peupliers, que l’enduit visqueux qui
CCCCX V] INTRODUCTION.
couvre leurs écailles, peut avoir pour effet de les défendre contre
l'humidité et le froid de l'hiver et du printemps; mais les végétaux
dont les bourgeons ne sont pas enduits de ce vernis n’en sont pas
moins à l'abri du froid , et l’on ne peut s’expliquer l’utilité de cette
sécrétion dans le Sz/ene viscarta, la Fraxinelle, etc. La poussière
glauque de la nature de la cire, qui recouvre les feuilles du Chou
et de certains fruits, ne paraît avoir aucune raison d'être. Il ne faut
pas confondre avec l’excrétion les produits variés dont la produc-
tion est le résultat de la piqüre des insectes.
On regarde cependant comme des excrétions particulières , ayant
leur siége dans de petits organes excréteurs, la viscosité des Ca-
ryophyllées à tige gluante, et qui parait être de la même nature
que la glu tirée du Houx, et la cire, si abondante à la surface des
feuilles du Peuplier, qu’on avait établi en Italie une manufacture
ayant pour but de l’extraire pour en faire un objet de commerce.
Plusieurs Palmiers des tropiques en sécrètent aussi, de même que les
fruits du Myrica cerifera, qui en contiennent le neuvième de leur
poids.
On ne peut encore regarder comme des excrétions les substances
rejetées au dehors, parce qu'il y a à l’intérieur sécrétion surabon-
dante ; on peut ranger dans cette catégorie les excrétions de sucre pur
et cristallisé qui se trouvent à la surface de certains végétaux : telle
est la concrétion sucrée de la division supérieure de la corolle du
Rhododendron ponticum, qui est assez abondante pour que 140 fleurs
en aient donné 275 centigrammes; l’appendice concave du Strelitzia
reginæ contient également du sucre cristallisé. Le Laminaria saccha-
rina, espèce de la famille des Algues, se couvre d’une efflorescence
sucrée, qui est de la mannite, substance qui paraïtrait remplacer le
sucre dans les végétaux marins
La manne en larmes qui découle du Fraxinus ornus de la Calabre
et paraît due à la piqûre d’une espèce de cigale, celle qui est produite
par le Tamarix mannifera, V Alhagi Maurorum, le Mélèze, sont des
extravasions plutôt que des excrétions.
On ne doit donc pas donner le nom d’excrétions à des produits
exsudés qui ne sont pas repris par les sécrétions et subissent sous
l'influence de l'air la condensation propre à des matières dont le li-
quide aqueux s'échappe par évaporation.
Si nous avons éliminé du nombre des excrétions les matières sé-
INTRODUCTION. CCCCX VI}
crétées et transsudées, il reste donc la théorie de l’excrétion des ra-
cines, dont j'ai déjà dit quelque chose en parlant des fonctions de ces
organes. Si cette théorie, qui satisfait l’esprit, et semble confirmer ce
que je disais au commencement de ce paragraphe touchant la pola-
rité des fonctions dans les êtres vivants, était confirmée par l’expé-
rience, on connaîtrait mieux le rôle physiologique de l'appareil radicu-
laire et la vie du végétal. La racine, qui a fourni à la tige les premiers
matériaux de nutrition, serait alors le siége de l’excrétion véritable.
Il est de science certaine que la séve élaborée, dans son trajet des-
cendant, laisse chemin faisant tout ce qui entre dans la composition
du végétal; les huiles essentielles et les résines restent dans les la-
cuhes de l’écorce ; la séve, dépouillée dans ce parcours, arrive aux
racines ne contenant que peu de principes nutritifs, et chargée, pour
ainsi dire, exclusivement des sucs propres. C’est pourquoi les ra-
cines se trouvent de préférence le siége des principes médica-
menteux.
Le résidu de la séve serait alors rejeté au dehors, et apparaîtrait
à l'extrémité des racines sous une forme mucilagineuse. Ce serait là
la véritable excrétion de la plante. La seule preuve qu’on apporte de
la réalité de cette théorie, repose sur les expériences de M. Macaire,
qui a fait absorber par une plante des solutions métalliques qui se
retrouvaient énsuite, suivant lui, dans l’eau pure, où l’on avait
plongé la racine; ce qui portait naturellement à conclure que la -
plante avait éliminé par cette voie les substances inassimilables.
Ce qui jette du doute sur ce point, encore si obscur de la science,
c’est que d’autres expérimentateurs, ayant cherché à répéter l’ex-
périence, n’ont pas retrouvé dans le liquide la substance charriée
par absorption dans le torrent de la circulation, et qui, ne trouvant
nulle part à s’assimiler, aurait dû, conformément aux conclusions
de M. Macaire, repasser dans le liquide.
On peut, au reste, répéter les expériences déjà faites, pour se con-
vaincre de la réalité de cette théorie. De jeunes Haricots, placés pen-
dant quelques jours dans de l’eau distillée, la saturent, dit-on, de ma-
tière excrétée, et l’on recommande de mettre chaque jour une plante
nouvelle dans l’eau, pour en éviter la décomposition. M. Henslow pré-
tend que, suivant les familles, les excrétions sont différentes; ainsi
les Papilionacées contiendraient une matière mucilagineuse abon-
dante ; les Graminées, au contraire, n’en contiendraient que fort
TOME J, INTRODUCTION. — Livraison ccc. cec
CCCCX VII] INTRODUCTION.
peu ; les Chicoracées excréteraient une matière amère, analogue à
l’opium, et les Euphorbiacées une matière résineuse.
Je regarde ces assertions comme douteuses : j’ai conservé, pendant
plusieurs années, un jeune Sureau dans une fiole, dont je ne renou-
velais l’eau que quand elle était à moitié épuisée, et je constatai, ce
que j'ai fait cent fois pour d’autres végétaux vivants, à l'exception
de ceux qui ont des racines tuberculeuses qui entrent rapidement
en décomposition, même le tubercule du Platanthera bifolia
que sa racine terminale ne préserve pas de la putréfaction, que
tant que la plante végète, l’eau ne se corrompt pas et conserve
toute sa limpidité. Je ne lui ai jamais trouvé de saveur appré-
ciable. Depuis le 42 mai de cette année (j'écris ces lignes le 28
juillet), j'ai placé, dans une carafe, un jeune Érable qui n’avait
que deux feuilles, et qui en a aujourd’hui cinq, plus deux jeunes,
longues à peine de 4 millimètres. L'eau est pure, claire, sans odeur
et sans réaction sur le papier de tournesol. Les racines nouvelles
ont de 8 à 10 centimètres de longueur, et ne sont nullement enduites
de liquide mucilagineux. La saveur de cette eau est absolument
nulle. Jai fait fleurir et fructifier une Hydrocotyle plongée dans une
assez grande quantité d’eau, pour n'avoir eu besoin de la renouveler
qu’une seule fois en trois mois, et Je ne trouvai pas que l’eau ait
contracté la moindre odeur et la plus légère saveur. Ce sont des ex-
: périences que je ne donne pas comme devant réfuter d’une manière
irréfragable la théorie des excrétions radiculaires, mais comme de
nature à appeler l'attention des observateurs et à les déterminer à
les renouveler. Quoi qu'il en soit de l’excrétion de la plante, elle a
positivement lieu; mais comment, et par quelle voie, sous quelle
forme ? c’est ce qu’on ignore et ce que, sans doute, des observations
ultérieures nous apprendront. |
7. Assimilation.
La question dé l’accroissement et de l'entretien de la vie dans les
végétaux est une des plus ardues de la physiologie végétale, et nous
n'en savons guère plus sur ce point qu’en physiologie animale, où
tout est incertitude. La vie ne se continue cependant que par la mise
en œuvre des matériaux de nutrition qui ont subi les divers degrés
d'élaboration dont il a été question dans les paragraphes précédents :
INTRODUCTION. CCCEXIX
le fluide nourricier, charrié dans toutes les parties de la plante, sert
à leur accroissement ou à la réparation des pertes qui résultent de
l’activité des fonctions vitales. La dernière de ces fonctions, celle
qui préside à la création ou à la régénération des tissus, porte le
nom d’assimilation : elle agit en vertu de lois qui nous sont incon-
nues. Ce que nous suivons de l’œil et de la pensée, c’est la trans-
formation successive des premiers fluides nourriciers en matériaux
d’assimilation. Je ne chercherai pas à expliquer ce phénomène, qui
est encore enveloppé de mystère. Tant que nous ne connaïtrons pas
le véritable mode d’accroissement des cellules, nous serons dans l’1-
gnorance réelle de la transformation des matériaux de nutrition en
tissu. Il me semble cependant que le mode primitif, le plus naturel,
est celui des végétaux inférieurs. Dans les Conferves, les spores
ovoides se multiplient par une sorte de dédoublement : il se forme
une cloison au milieu de la cellule, et celle-ci se trouve doublée
quand la cloison est complète. Dans les mêmes végétaux il y a aussi
la multiplication ou l’accroissement par gemmation, car dans les êtres
de cette classe, les deux mots sont synonymes; il se forme un bourgeon
latéral qui reste en rapport avec la cellule mère et se trouve ensuite
séparé par un étranglement qui le rend indépendant. Il faut étadier
l'accroissement des cellules dans les Conferves, les Zygnema, les Oscil-
laires, les-Bangia et ces infiniment petits qui se rapprochent des ani-
maux à tel point que leur place est encore incertaine. La multiplication
a lieu sans doute comme dans les Infusoires, par dissolution du corps
générateur, qui se divise à l'infini. Dans mon travail sur la modification
des formes dans les êtres organisés (tome xiv, n° 1 du Bulletin de l À-
cadémie de Bruxelles, 1846) j'exposai un admirable phénomène dont
je fus le spectateur pendant quinze jours, et qui, sans fixer mes idées
sur le mode réel d’accroissement des cellules, m’a fait entrevoir le mode
d’accroissement par division de la cellule mère. Voici ce que je disais
en parlant du Gonium pectorale : « C’est dans cet animal qu’on voit
s'exercer sans limites la puissance plastique, toujours active, et mul-
tipliant les formes à l’infini : seize globules verts, disposés symétri-
quement et doués d’un mouvement commun, se divisant sous l'œil
de l’observateur en seize êtres nouveaux , composés chacun à leur
tour de seize sphères, qui se multiplient, non par résolution, mais
par une sorte de fissiparité régulière, et donnant toujours naissance
à des êtres symétriques. Voilà la division infinie de la matière or-
CCCCXX INTRODUCTION.
ganique, douée d’une vitalité persistante jusque dans ses dernières
molécules... »
Le premier fait à examiner est donc celui de l’accroissement par-
ticulier des organes élémentaires, puis la transformation de ceux-ci
en organes fondamentaux.
J'ai parlé, dans le chapitre VIT, de la génération des cellules, et
exposé la théorie de M. Schleiden ainsi que celle de M. de Mirbel;
j'ai décrit le mode de multiplication que je crois le plus naturel; il
me reste maintenant à parler de la formation des faisceaux fibro-
vasculaires.
Dans cette grande et intéressante question, les écoles rivales sont
en présence, plus hostiles aujourd’hui que jamais, et ayant même
déposé les formes académiques pour prendre celles plus acerbes de
la colère. Je ne crois devoir arborer aucun drapeau, et me faire le
champion d’idées qui, suivant moi, ne reposent encore que sur des
théories ; c’est pourquoi je pense que la recherche modeste de la vérité
empêche toute adoption passionnée de l’une ou de l’autre. En trai-
tant le cambium d’être de raison, je n’ai pas voulu faire acte d’hos-
ülité, mais m'inscrire contre les idées absolues qui, en envahissant la
science, font le plus grand tort à ses progrès. Je crois, en présence
des faits contradictoires et de l'ignorance où nous sommes de la gé-
nération des tissus végétaux , devoir adopter une attitude expectante
en attendant que la lumière se fasse plus vive et plus précise et per-
mettre de se prononcer.
M. de Mirbel explique la formation des éléments de l'écorce et du
bois par la simple interposition du cambium, qui s’organise en fais-
ceaux et en tissus, comme il s’est organisé en cellules. Cette théorie
pouvait cependant adopter d’autres conclusions, même en conservant
son explication de la formation des cellules; si elle est fautive, si
ses déductions sont erronées, il n’en faut pas accuser son point de
départ, parce que la loi de formation du système fibro-vasculaire peut
différer de celle qui préside à la génération du tissu cellulaire. On doit,
dans l’examen de cette question, s’en tenir à l’épigénèse, ou à la loi
en vertu de laquelle chaque tissu engendre son semblable, sans qu’on
sache ni pourquoi ni comment. Nous devons voir, dans le végétal
comme dans l’animal, car nous ne pouvons, sans commettre le
crime de lèse-philosophie naturelle, séparer les animaux des végé-
taux , un {ype général dont toutes les parties dérivent, les unes
INTRODUCTION. CCCCXX]
des autres, de sorte que l'être végétal , ainsi que l’être animal, n’est
que la répétition d’un même acte morphologique. Le tronc est, dans
le vertébré, la répétition de la vertèbre; cette même relation, tout
étrange qu’elle ait paru d’abord, existe dans la formation de la tête,
dont la structure est également vertébrale. Nous devons, dans le
règne végétal, pour en avoir la signification réelle, trouver, comme
dans le règne animal, une application des analogies organiques,
dont j'ai déjà parlé, non sous le rapport de la formation des orga-
nes, mais de l’enchaînement continu des organismes, en vertu du-
quel l’être parfait se trouve représenté par les types inférieurs, et
résume toute la vie animale. C’est ainsi que l’homme, appelé
avec tant de raison le microcosme, résume dans sa perfection orga-
nique toute l’animalité, dont il est la plus haute expression. Il en
est des végétaux comme des animaux : plus on descend dans la
série , et en partant du point le plus infime, plus on s’élève dans la
vie embryonnaire, et plus on voit se multiplier, se solidariser les
organismes. Les cellules végétales, après avoir joui pendant un cer-
tain temps d’une existence indépendante, ce qui a lieu pour les
cellules des végétaux les plus élevés aux premières époques de leur
formation, finissent par obéir à leur but dernier , qui est l'agrégation.
Qu'on examine avec attention le développement primitif des orga-
nismes végétaux, on y reconnaitra qu'ils obéissent à la loi com-
mune, à toute la nature vivante, c’est-à-dire qu’en s’organisant, ils
se meuvent de la périphérie au centre, et la loi centripète des for-
mations leur est applicable. Les végétaux sont donc, comme les
animaux, des êtres à développement centripète.
On ne trouve cependant pas dans les végétaux un mode d’agréga-
tion des matériaux textulaires qui réponde absolument à ce qu'on à
appelé chez les animaux la loi de symétrie ; c’est celle en vertu de la-
quelle les deux moitiés de leurs éléments occupent les deux côtés de la
ligne médiane, ce qui fait que ces organismes ont les côtés opposés
similaires et parallèles. Dans les végétaux, le développement paraît
être plutôt une suite de spirales qui se superposent en s’enroulant tou-
jours; on obtient alors la loi des verticilles, et il faut se représenter
le végétal dans son état primitif comme une spirale plate, qui s’étire
en s’élevant, et dont les éléments se superposent en s’alternant. Ce fait
est incontestablement vrai pour les feuilles, et c’est seulement ainsi
qu’on explique leur disposition symétrique autour de l’axe; mai ce
CCCCXXI) INTRODUCTION.
qui est vrai pour les feuilles l’est aussi pour les fleurs, et l’on trouve
la constatation de cette loi dans la disposition verticillaire des diffé-
rents appareils floraux.
La loi de conjugaison où d'homæzygie se trouve dans la fleur
pour les organes centraux, ainsi que dans le fruit, où les soudures
sont plus communes.
Puis la troisième règle de formation, la lot d’équilibration ou de
balancement organique, se retrouve à travers toute la série : il y a,
dans l’assemblage des éléments primitifs des tissus et dans leur agré-
gation pour former des organes, une série de balancements qui éta-
blissent les rapports harmoniques.
Je reprendrai ces questions en parlant de la tératologie, parce
qu’elles sont d’une haute importance en philosophie naturelle, et
montrent l’étroite unité qui existe entre les animaux et les végé-
taux.
Formation des faisceaux fibro-vasculaires.
Nous avons vu que, suivant M. de Mirbel, le cambium ou fluide
générateur joue, dans la formation des faisceaux fibro-vasculaires,
le même rôle que dans la formation des cellules. Il forme les uns
comme il a créé les autres. Il reste seulement à dire comment et
en vertu de quelle puissance plastique le cambium, dont on peut
admettre la transformation en cellules, s'organise en vaisseaux de
différents noms; il faudrait pour cela suivre les vaisseaux dans leur
formation première et établir d’une manière irréfutable qu’un sys-
tème unique de vaisseaux se transforme en vaisseaux de divers
noms. J’avouerai que, malgré l’absence de démonstration, j'in-
cline toujours à cette opinion, que les vaisseaux sont des transfor-
mations, des trachées, soit par excès de développement, soit par méta-
morphose. Rien de plus simple que cette théorie; par malheur, elle ne
satisfait pas complétement l’esprit, et l’on ne peut la suivre dans ses
diverses phases par des observations directes. Il faudrait, pour cela,
pénétrer dans les mystères de la vie végétale; et Pæil, armé du plus
puissant instrument d'optique, ne peut arriver à suivre l’évolution mo-
léculaire de la plante. Comment le pourrait-on quand on voit avec
quelle étonnante rapidité se forment les ussus, et que, sous nos yeux
même, les Agavés, les Scilles, les l’aulownia s’allongent de plusieurs
INTRODUCTION. CCCCXXii}
centimètres dans le cours d’une journée ; l’axe florifère des Agavés
peut même en vingt-quatre heures grandir de 20 centimètres. L’Æ-
thalium flavum et les Champignons s’accroissent avec encore plus de
rapidité, et pourtant à chaque instant il se forme outre les cellules,
dans les végétaux vasculaires, des vaisseaux de différentes sortes ,
des feuilles, des stomates, des poils, les premiers rudiments des appa-
reils floraux ; les glandes, les lacunes se remplissent de fluides sé-
crétés; en un mot, la rapidité même de la marche de l’organisation
végétale empêche qu’on puisse la saisir sur le fait.
La théorie de Dupetit-Thouars, continuée et développée avec sa-
gacité et une courageuse persévérance par M. Gaudichaud, est essen-
tellement différente : si la première est plus simple, celle-ci est plus
réellement philosophique, et si je lexpose avec détail, c’est que,
sans répondre peut-être d’une manière irréfutable à toutes les ob-
jections, elle satisfait mieux. Je crois pourtant à la conciliabilité des
deux doctrines, plus ennemies peut-être par l’interprétation des faits
que par le fond réel des principes. Voyant dans le monde organique
une chaîne continue, et l’unité la plus complète dans la loi mor-
phologique ; admettant la vie indépendante des cellules et l’organi-
sation de l’être par des cellules entre lesquelles s’est établie une
étroite solidarité, comme la répétition d’un même acte, j'ai dû
admettre les déductions d’une théorie qui se rapproche de ces
idées. Jai comparé les végétaux aux articulés, et dit qu’on voit
dans le végétal comme dans les Annélides un être complet dans
chaque article, dont l’ensemble n’en est que la répétition. M. Gaudi-
chaud envisage de même la plante; pour lui, le type végétal est
une individualité qu'il appelle le p.yton et qui se compose de deux
systèmes, un ascendant, et l’autre descendant :
Le système ascendant est formé de la tige et de la feuille,
Le système descendant, de la racine.
Si nous prenons la plante lors de son évolution primitive et que
nous la suivions dans son développement ultérieur, nous verrons
qu’elleest le résultat de l'accroissement des parties rudimentaires iden-
tiques contenues dans l’embryon et dans le bourgeon, qui résume
toute la vie végétale. Les bourgeons sont généraux ou particuliers ;
mais toute apparition végétale procède d’un bourgeon.
L'organisation du bourgeon est essentiellement foliaire, et chaque
phyton se compose de quatre parties appelées nérithalles :
CCCCXXIV INTRODUCTION.
1° Le snérithalle limbaire, qui par son développement forme le
limbe de la feuille ;
20 Le mnérithalle pétiolaire, qui donne naissance au pétiole ;
3° Le mérithalle tigellaire, formant le système ascendant du vé-
gétal ;
4° Le mérithalle radiculaire, ou le système descendant.
Voici maintenant comment s’évolue le végétal : au-dessus de la
première feuille s'élève un entre-nœud qui se termine par une se-
conde feuille et donne ainsi naissance à un second phyton; de cette
nouvelle feuille part un nouvel entre-nœud, et ainsi de suite. Chaque
entre-nœud est le système ascendant de chacune des feuilles qui
lui succèdent et est formé lui-même par le développement du méri-
thalle tigellaire de chaque phyton. C’est la réunion de ces entre-
nœuds successifs représentant chacun une plante complète qui cons-
titue la tige du végétal ou son système ascendant. Tout phyton
portant une seule feuille est simple, tandis que, dans les Dicotylé-
dones, la plantule portant deux feuilles opposées est la réunion de
deux phytons; la tige n’est donc qu’une suite de phytons superposés,
enveloppés chacun par les racines ou les fibres radiculaires émises
par les phytons supérieurs.
Quant au système descendant ou radiculaire , il descend du second
phyton dans le premier, et ainsi de suite, de telle sorte que le dernier
phyton envoie ses fibres radiculaires sous l’enveloppe corticale, et
donne ainsi naissance aux faisceaux du bois et de l'écorce. Accolés
dans leur premier développement, ils se séparent ensuite pour former
les deux systèmes de la tige, et ont les bourgeons pour point de
départ commun.
Nous voyons donc dans cette théorie les faisceaux fibro-vascu-
laires se former par la descente de haut en bas des fibres radiculaires
des phytons, et le développement transversal à nécessairement lieu
par la multiplication des racines des phytons superposés.
Il en résulte que, contrairement à l'opinion de l’école adverse,
les faisceaux fibro-vasculaires sont les racines des bourgeons parti-
culiers qui se plongent dans la couche de cambium existant entre
l'écorce et le bois, comme dans la terre où la plante sortant du
bourgeon-graine plonge sa radicule. L'évolution végétale serait donc
double : l’une horizontale, la multiplication du tissu cellulaire, sur
place; et l’autre verticale, la propagation des faisceaux fibro-vas-
INTRODUCTION. CCCCXXV
culaires par les racines des phytons faisant croître la plante en dia-
mètre et en hauteur.
Telle est la théorie à laquelle on oppose des objections, dont les
unes m'ont paru spécieuses et les autres plus solides, mais dont la
solution s'explique aussi bien par l’une ou l’autre des théories, en
attendant que les faits, si diversement interprétés suivant les théo-
ries, donnent raison à l’une ou à l’autre. Je me borne à résumer
l’histoire des deux systèmes, la discussion des objections et des ré-
pliques devant nous conduire trop loin sans avancer la question ;
cependant, pour éviter le reproche de partialité, je donne en note
les principes de la théorie de M. Gaudichaud, extraits de son intro-
duction à la relation du Foyage de la Bonite (Paris, 1851), et la der-
nière discussion à laquelle l’antagonisme des deux théories a donné
lieu au sein de l’Institut (1). Je dois cependant avouer que je suis
(1) La première question que s’est adressée M. Gaudichaud, avant d’adopter la théorie
dont il est aujourd'hui l'unique défenseur au sein de l’Académie et des corps ensei-
gnants, est celle-ci :
« Les tiges s’accroissent-elles en diamètre par les causes anciennement indiquées,
c’est-à-dire par la conversion de la séve en cambium, du cambium en aubier et de
l’aubier en bois ; par celles que M. A. Dupetit-Thouars nous a plus récemment déve-
loppées, après Lahire, c’est-à-dire par la superposition des fibres provenant des bour-
geons, etc., ou par tout autre moyen? »
Examinant ensuite le rôle du cambium dans la formation du bois, il a trouvé en
présence deux opinions qui ne sont qu’une transformation l’une de l’autre.
« Pour les uns, c’est un fluide organisateur, pour ainsi dire concentré, qui coule
du sommet des tiges jusqu'à leur base, entre l’écorce et le bois précédemment formés.
et qui arrive ainsi jusqu’au collet de la racine, mais sans le dépasser.
« Ce cambium se solidifie ensuite de bas en haut dans toute l'étendue du végétal,
comme une couche de plâtre ou de mortier, et la nouvelle couche ligneuse est faite.
« Pour d’autres, qui nous assurent avoir plus profondément éindié la matière, c’est
un jeune tissu s’organisant chaque année au point de jonction du bois et de l'écorce,
lequel tissu est en quelque sorte alimenté ou fécondé par un fluide nourricier, et jouit
ensuite de la faculté de se transformer en filets vasculaires ligneux d’un côté, en fibres
corticales de l’autre.
« La preuve qu’il ne descend rien, disent ces derniers, entre le bois et l’écorce, c’est
que le tissu cellulaire naissant ou générateur est continu de l’un à l’autre, qu’il les
unit étroitement entre eux, et qu’il n’existe aucun passage intermédiaire par où les
filets ligneux et les fibres du liber puissent passer pour former les nouvelles couches de
bois et d’écorce. » L
Contrairement à l'opinion de l’école, qui veux que l’élongation procède par forma-
tion sur place, M. Gaudichaud formule ainsi sa dissidence :
Notre principe distinct, et bien démontré par des milliers de faits, est donc
que rien d’organisé ne monte dans les végétaux, pas plus du sol dans l'embryon, que
de l'embryon dans la plumule, etc.; que les accroissements en hauteur des tiges sont
TOME I, INTRODUCTION. — Livraison ddd, ddd
CCCCXXV] INTRODUCTION.
loin de partager le sentiment de répulsion injuste soulevé par les
idées de M. Gaudichaud, dont la théorie s’appuie sur une longue suite
de faits incontestables, ce qui lui a mérité de prendre place dans
produits par des individus ou phytons qui naissent les uns après les autres, les uns
au-dessus des autres, grandissent et fonctionnent individuellement comme tous les
êtres organisés qui de jeunes deviennent vieux, qui de petits deviennent grands,
sans que ceux qui les ont précédés et produits leur fournissent rien de leur organisa-
tion antérieure pour les parfaire ; et que les aceroissements en diamètre des rameaux,
des branches, des tiges, des souches et des racines sont dus au rayonnement en tous
sens des tissus cellulaires, à la modification de-ces tissus et à la production de vais-
seaux divers, radiculaires et ligneux, qui, partant de la base des phytons annuels, des-
cendent, entre le bois et l’écorce, le long de toutes ces parties et jusque dans les divi-
sions des racines.
« Nous avons démontré par d'innombrables faits que les végétaux ligneux, monoco-
tylés ou dicotylés, s’accroissent en hauteur par la superposition régulière ou irrégulière
des mérithalles tigellaires, longs ou courts, simples ou composés, et diversement
agencés ou enchevêtrés les uns dans les autres, des individus ou phytons qui naissent
et se développent annuellement à l’extrémité supérieure des tiges et de leurs ramifica-
tions. Nous avons démontré que leur accroissement en largeur est produit par des
vaisseaux radiculaires partant des mêmes phytons et descendant de proche en proche,
article par article, comme de véritables racines capillaires, à l'extrémité desquelles il
se forme de nouveaux tissus pour leur élongation; et que cet accroissement a lieu de-
puis le sommet des rameaux, où ces vaisseaux radiculaires commencent, jusqu’à l’ex-
trémité des racines, où ils se terminent, en passant ainsi sur les branches, sur le tronc,
sur le collet, la souche et toutes les divisions même les plus réduites des racines.
« Nous soutenons que ces filets naissent tous dans les phytons qui, à l’état rudimen-
taire, composent les bourgeons, c’est-à-dire l'extrémité de toutes les parties jeunes et
supérieures des végétaux, et se dirigent successivement, les uns plus tôt, les autres
plus tard, vers la périphérie, et, de là, jusqu'aux racines qu’ils sont destinés à former
et à accroître. Nous affirmons enfin que rien ne monte dans les végétaux, sinon la
séve qui lubrifie toutes les parties précédemment formées, et va alimenter les jeunes
phytons annuels et leurs produits organisés. »
Voici maintenant les plus importantes considérations primordiales qui le conduisi-
rent aux conclusions qui constituent la base de sa théorie :
«1° Les embryons sont simples ou composés.
«2° Un embryon simple est formé d’une radicule, d’un cotylédon et d’un nœud vital,
‘ou mieux, d'un nœud vital, d’où part inférieurement une racine, supérieurement un
mérithalle tigellaire , une feuille et un bourgeon plus ou moins enveloppé par la base
pétiolaire de la feuille.
«30 Un embryon composé, dicotylédoné ou polycotylédoné, résulte évidemment de
la réunion intime de deux ou d’un plus grand nombre d’embryons simples greffés de-
puis la base des lobes ou des pétioles jusqu’à l'extrémité des radicules, ete.
« La coupe horizontale de la tigelle et des radicules des mêmes embryons fut égale-
ment examinée au microscope; elle ne montra d’abord que de rares vaisseaux fibreux
libres, très-distincts, puis légèrement réunis dès que les parties de la plumule prirent
quelque accroissement. Ces vaisseaux, disposés en cercle vers le centre de la tigelle et
de la radieule et diversement nombreux, éloignés ou rapprochés selon les espèces ,
INTRODUCTION. CCCCXX vi}
l’enseignement de la physiologie en Angleterre. Le professeur Lind-
ley, entre autres, a rédigé sur ces principes ses excellents Éléments
de botanique. Je crois cependant que le fluide appelé cambium peut
LU
s’accroissent progressivement , et finissent par former la première couche fibreuse ou
ligneuse des végétaux dicotylédonés et la première série des faisceaux fibreux de ceux
qui sont monocotylédonés.
«Ces deux sortes d’expériences me conduisirent encore à adopter les propositions
suivantes :
« 1° La radicule est la racine des feuilles cotylédonaires.
« 2° La tigelle est formée des bases pétiolaires soudées des mêmes feuilles et de celles
de la gemmule naissante.
« 3° La gemmule résulte de l'union des bases pétiolaires des feuilles primordiales ,
ainsi que celles du bourgeon qui les termine. (C’est le premier article ou premier mé-
rithalle des auteurs.)
« En général , quand dans l’embryon la tigelle existe, la gemmule manque, et vice
versé.»
Pour ne rien laisser d’incertain dans l’exposition de ces idées, qui ont acquis plus
d'importance encore dans ces derniers temps, puisqu'il ne s’agit plus d’une théorie
ensevelie dans l’oubli par le silence des contradicteurs, mais d’une lutte au grand jour,
au milieu de la solennité d’une séance académique, je cite l’ensemble des principes
sur lesquels repose la théorie de M. Gaudichaud, bien convaincu que, dans des questions
si ardues, Je créateur d’une idée peut seul convenablement l’exposer.
« Je suis parti, dans mes recherches, dit-il, de deux principes, qui ne seront, j'espère,
contestés par personne :
«1° Tout dans les végétaux commence par un bourgeon ;
«2° Tout bourgeon commence par un individu simple, double ou multiple. J'appeile
bourgeon simple (phyton simple) celui des Monocotylédones, par exemple, qui est pri-
mitivement formé d’un seul individu vasculaire simple, c’est-à-dire n'ayant qu’un seul
système vasculaire et un seul cotylédon ou feuille.
« Cet individu, quel que soit son mode particulier de développement , est toujours
composé, d'une manière plus ou moins complète, de quatre parties distinctes :
« 1° Une tigelle ou mérithalle tigellaire ;
« 2° Un pétiole ou mérithalle pétiolaire ;
« 3° Un limbe ou mérithalle limbaire ;
« 4° Une radicule. Celle-ci ne se développe ‘généralement que dans l'acte de la ger-
mipation ; elle est de formation secondaire. Les autres parties sont soumises à de
nombreuses modifications.
« J’appelle bourgeon double ou multiple celui des Dicotylédones, par exemple, qu
est primitivement formé de deux (cas normal) ou de plusieurs (cas anormal) individus
simples , c'est-à-dire de deux ou plusieurs systèmes vasculaires simples , mais réunis,
ou , autrement dit, de deux ou plusieurs cotylédons (ou feuilles) plus ou moins com-
plétement distincts ou libres.
« Cet individu double (phyton double) ou multiple, quel que soit aussi son Le
particulier de développement, est également composé de quatre parties variables,
dont deux sont doubles, triples, etc. :
«1° Une tigelle ou mérithalle tigellaire simple en PPPATPRGRS mais procédant de
deux ou de plusieurs systèmes vasculaires ;
CCCCX XVI INTRODUCTION.
trouver sa place dans l’une et l’autre des deux théories, seulement
en limitant le rôle que lui fait jouer la première de ces théories; il
rentrerait dans la dernière transformation de la séve élaborée, et ne
« 2° Deux ou plusieurs pétioles ou mérithalles pétiolaires , dont le nombre est tou-
jours en rapport avec celui des systèmes vasculaires des tigelles ;
«3° Deux ou plusieurs limbes ou mérithalles limbaires ;
« 4° Une radicule, qui est aussi de formation secondaire.
« Dans le bourgeon simple, comme dans le bourgeon double, ete., les mérithalles qui
renferment les trachées forment le système ascendant des végétaux ; la radicule forme
le système descendant.
« J’omets à dessein de parler ici des modifications qu'on rencontre souvent, et qui
sont produites par des avortements ou des inégalités de développement, ete. Dès que
le bourgeon ou l’embryon simple, double ou multiple, est formé, avant même que les
tissus élémentaires en soient complétement solidifiés , on voit déjà un second phyton
se constituer, puis un troisième, un quatrième, et enfin un nombre généralement fixé
pour chaque âge ou chaque partie d’un végétal.
« Si c'est un bourgeon de Monocotylédone qu’on observe, on remarque que les phy-
tons qui le constituent sont primitivement emboîtés les uns dans les autres, et sont
tous parfaitement semblables dans leur composition organique, c’est-à-dire qu'ils ont
tous un système vasculaire à part, et, d’une manière aussi plus ou moins complète, un
mérithballe tigellaire, un mérithalle pétiolaire et un mérithalle limbaire.
«Ces parties, les inférieures surtout, sont généralement peu visibles dans le jeune
âge et dans certains végétaux à mérithalles tigellaires très-courts, tels que les Coco-
tiers, Aréquiers, etc., dont les feuilles adultes reposent communément les unês sur les
autres.
« Mais , le plus souvent, ces mérithalles tigellaires , qui se sont formés au contact,
s’allongent et se superposent régulièrement , de manière à fractionner les tiges en ar-
ticles ou anneaux très-prononcés : beaucoup de Palmiers, d’Orchidées, de: Grami-
nées, etc., nous en donnent des exemples ; les Bambous sont aussi daus ce cas et nous
en fournissent de remarquables.
« Dans ce genre, en effet, on peut le vérifier sur les individus qui croissent aujour-
d’hui dans nos serres , les tiges sont formées par les mérithalles tigellaires superposés
d’un nombre considérable de phytons, dont les mérithalles pétiolaires, écailleux , sont
très-réduits, et dont les mérithalles limbaires avortent en très-grande partie ou en
totalité.
« Les longues tiges de ces végétaux, dont quelques espèces, dans certaines localités,
n’ont pas moins de cent pieds, sont donc formées primitivement de feuilles ou phy-
tons superposés, et de tout point semblables entre eux, de la base au sommet, dans
leur forme et leur composition organique.
« C'est ce que j'appelle le système ascendant des végétaux, système qui forme, par
l'une de ses parties (mérithalle tigellaire) , l'accroissement en hauteur.
« Si donc l'individu provient d’une germination, il n’aura primitivement qu’une ra-
dicule, celle du premier phyton ; mais il s’en formera bientôt une seconde, celle du se-
cond phyton; une troisième, celle du troisième phyton, et successivement un nombre
de racines ou radicules égal à celui des feuilles ou phytons.
«Ces racines, qui partent de la base des mérithalles tigellaires de chaque feuille ou
phyton , sortent ordinairement de leur partie postérieure pour pénétrer dans le sol,
INTRODUCTION. CCCCXXIX
serait, comme je l’ai dit (page 373), autre chose que de la gomme,
premier fluide organisable qui paraît se produire dans les végétaux
sous l'influence de la lumière, et en s’organisant sur place pour for-
dans l’eau , ou même dans l'air, si les conditions extérieures sont égales à celles qui
se trouvent dans l’intérieur des tiges, ou plus favorables.
« Le phyton primordial (celui de l'embryon), dont le bourgeon a formé des mérithalles
réduits ou très-développés, ne cesse pas pour cela ses fonctions physiologiques propres
ouindividuelles, et ne perd jamais non plus ses facultés reproductrices ; il conserve tou-
jours sa vie spéciale, quoique peut-être affaiblie par l’enfantement (qu’on me passe ce
mot). Les individus qu'il a produits ayant acquis leur vitalité organique particulière, il
cesse, pour ainsi dire, en partie du moins, de les alimenter, et sa vitalité à lui, sa force
reproductrice, prend une autre direction.
« Ne pouvant plus se produire par un bourgeonnement axifère , devenu impossible
par suite de la superposition des mérithalles tigellaires de tous les phytons du bour-
geon primitif, et sans doute aussi par la résistance qu’opposeraient ceux-ci à se laisser
pénétrer de bas en haut, et encore par le besoin du contact plus ou moins immédiat
de l’air et de la lumière, les forces de ce phyton se portent vers sa partie axillaire, qui
devient son centre individuel de gravité organique , et il s’y forme un nouveau bour-
geon dit axillaire.
« Les individus du bourgeon axifère et ceux, tout réduits qu’ils sont, des bourgeons
axillaires , épuiseraient bientôt la puissance vitale du phyton générateur , si la nature
n’avait donné à chacun de ces individus nouveaux la faculté d’aller puiser leur nour-
riture dans l’air par leur système foliacé, dans la tige, dans le sol ou dans l’eau par
leurs racines propres, soit que ces racines toutes formées partent immédiatement de
la base de chaque phyton, soit, comme cela arrive le plus souvent , surtout dans les
Monocotylédones ligneuses, vivaces, que les éléments épars de ces racines, après avoir
traversé de haut en bas les mérithalles tigellaires des phytons inférieurs, aillent se
constituer en une ou plusieurs racines à la base réelle du végétal.
« Dans les végétaux dicotylédonés et dans beaucoup de monocotylédonés , les vais-
seauxradiculaires des phytons supérieurs pénètrent donc entre les tissus du système as-
cendant des mérithalles tigellaires inférieurs par des voies convenablement préparées
pour les recevoir, de manière que les vaisseaux radiculaires du deuxième phyton des-
cendent sur le mérithalle tigellaire du premier; ceux du troisième , sur le deuxième et
le premier; ceux du quatrième, sur le troisième, le deuxième et le premier , et vont
ainsi se réunir à la base du premier, où ils constituent de véritables racines s’échap-
pant en ce point qui est la base réelle de la tige, pour pénétrer dans le sol. Ainsi se
forme le premier et le principal accroissement en diamètre des tiges de l’une et de
l'autre classe.
« Les racines des Monocotylédones sont ordinairement simples ou fibreuses.
« De même qu’elles peuvent partir de la base de leurs mérithalles propres, elles
peuvent aussi sortir à la base des autres mérithalles inférieurs , longtemps avant d’at-
teindre le sol.
« Chaque feuille ayant sa racine, celle-ci peut sortir entière ou divisée en radiceHes,
en totalité ou en partie.
« Les racines des phytons de Dicotylédones sont dans le même cas , mais elles des-
cendent généralement à l’état de vaisseaux distincts, particuliers; et, après avoir aug-
menté le diamètre des troncs, vont aussi accroître celui des racines principales et de
leurs ramifications.
€CCCXXX INTRODUCTION.
mer un milieu destiné à recevoir les faisceaux fibro-vasculaires pro-
duits eux-mêmes sur place ou procédant des radicules des bourgeons.
Il résulte de ce qui précède qu’on est d’accord sur l'accroissement
« Au moyen du système descendant ou radieulaire, je compte pouvoir expliquer tous
les phénomènes particuliers de l’organisation extérieure des tiges et des raçines, la
formation des cloisons ou diaphragmes ligneux de certaines tiges articulées, de même
que, par le système ascendant, j’expliquerai tous les phénomènes de l’accroissement en
hauteur des tiges, la disposition symétrique des vaisseaux mérithalliens, et, en tenant
compte des modifications que ceux-ci éprouvent visiblement, tout ce qui se rattache à
l’organisation des fleurs, des fruits, des graines, etc.
« Les faisceaux mérithalliens, ligneux et corticaux varient dans leur composition
et leur distribution dans chaque groupe végétal.
« Ils restent souvent réunis dans toute l'étendue des mérithalles, et forment ainsi le
canal médullaire ou cercle intérieur, simple ou composé, du corps ligneux, comme
on le voit dans les Monocotylédones et dans une foule de Dicotylédones à feuilles al-
ternes, etc.; mais plus ordinairement, et surtout dans la majorité des Dicotylédones,
ils se séparent en deux parties : l’une intérieure, qui reste en place et forme le canal
médullaire; l’autre extérieure, qui est annuellement repoussée vers la circonférence
du tronc, où elle va constituer les fibres de l’écorce, du liber, etc. Mais on peut avancer
qu'il n’y a rien de fixe à ce sujet, et que chaque groupe naturel offre son type particu-
lier, ce qui m'a fait dire, en 1833 :
« Où non-seulement chaque groupe naturel offre une organisation spéciale, mais e:.-
core que cette organisation primitive se retrouve, plus ou moins modifiée, dans chaque
genre et même dans chaque espèce de ce groupe.
«Les vaisseaux mérithalliens fasciculés sont quelquefois disposés sur plusieurs rangs
concentriques. Parfois aussi ils restent isolés au centre de la tige, dans la moelle (vais-
seaux médullaires). D’autres fois ils sont refoulés, en partie ou en totalité, au dehors,
mais le plus ordinairement ils circonscrivent la moelle et la séparent du corps li-
gneux.
« Leur composition varie à l'infini.
« Dans la majorité des Dicotylédones, comme je viens de le dire, les faisceaux vascu-
laires mérithalliens se partagent en deux parties. L'une reste au centre, et forme le ca-
nal médullaire qui renferme les trachées; l’autre est portée vers la circonférence, où
elle va constituer les fibres diverses de l'écorce. C’est entre ces deux parties, consti-
tuant la voie dite du cambium, que descendent les tissus radiculaires, destinés à for-
mer les couches ligneuses et les couches du liber.
« Lorsque quelques faisceaux mérithalliens du bois sont portés vers l’extérieur, le
canal médullaire est interrompu ou brisé.
« Donc, toutes les fois que le canal médullaire est entier, compacte et régulier, on
peut assurer qu’il est complet. Alors, les vaisseaux déroulables qu’on rencontre vers
la circonférence des tiges, n’importe où, ne peuvent être des trachées.
« Les faisceaux mérithalliens de l'écorce sont ordinairement dirigés ensemble, et
régulièrement, vers la circonférence des tiges; mais cette règle est suumise à de nom-
breuses exceptions (Houx, Peuplier d'Italie, blanc, etc.).
« J'ai dit que dans l’aisselle de chaque feuille ou phyton de Monocotylédone, et au
sommet de chaque mérithalle tigellaire, il se forme un bourgeon qui ne tarde pas à
devenir un rameau.
INTRODUCTION. CCCCXXX]
de la partie purement utriculaire des végétaux ; il n’y a que la for-
mation des faisceaux fibro-vasculaires, du bois et de l’écorce qui
ait fait naître des dissidences que je regrette de voir s’ envenimer,
au détriment de la recherche de la vérité.
« Ces rameaux, qui sont eux-mêmes composés de phytons successifs, se développent
simultanément en h:uteur et en largeur de la même manière que les tiges, et envoient
bientôt dans ces dernières, qui en sont considérablement accrues, tous leurs prolon-
gements radiculaires.
« L’accroissement en hauteur et en diamètre des tiges de Dicotylédones a lieu de la
même manière, c’est-à-dire, par un système ascendant composé de mérithalles tigel-
laires régulièrement ou irrégulièrement associés et superposés, qui constituent le canal
médullaire et l'accroissement en hauteur ; et, par un système descendant qui forme en
très-grande partie l'accroissement en diamètre et les couches excentriques et concen-
triques du bois et de l'écorce, de la tige et de la racine.
« On voit par ce résumé, peut-être un peu long, quoique concis, que les Monocotylé-
dones et les Dicotylédones, si distinctes d’ailleurs dans leur organisation, ne diffèrent
primitivement que parce que les premières n’ont dans l’origine qu’un premier phyton
simple, au sein duquel il s’en forme un second également simple, dans ce second un
troisième. et ainsi de suite ; tandis que, dans les Dicotylédones, les phytons ou cotylé-
dons sont constamment doubles ou multiples originairement, et que dans leur centre
il s’en développe un second, un troisième, etc., également doubles, et qui ne diffèrent
entre eux que par leurs modes d’agencement et de développement.
« De là naissent toutes les modifications organiques et physiologiques des végétaux
et de leurs parties.
« Tout le monde admettra que, si les phytons qui se forment au contact et se greffent
immédiatement les uns sur les autres, venaient à se développer séparément, comme
autant d’embryons, chacun d’eux constituerait un végétal distinct et produirait sa ra-
dicule et son bourgeon terminal ou axifère.
« Ce bourgeon, dans les cas ordinaires de superposition de mérithalles nombreux, ne
pouvant s'organiser au centre de la tige, va se former dans l’aisselle de la feuille. T1
est produit, non par la vitalité générale du végétal, mais par la vitalité individuelle
ou phytonienne, qui ne perd jamais, ou que très-rarement, ses forces de reproduction,
et qui les perdrait si le développement des phytons supérieurs et celui de leur bour-
geon terminal résultaient, comme on l’a prétendu, des extensions ou du dédoublement
de son individu, et non de nouvelles productions successives qui acquièrent en naissant
leurs facultés vitales propres.
« Les traits qui distinguent les Monocotylédones des Dicotylédones sont aussi sail-
lants que nombreux; mais en faisant la revue des groupes végétaux, nous verrons que
certaines tiges de plantes essentiellement dicotylédones ‘ne diffèrent pas moins entre
elles. Je tenterai d'aborder quelques-unes des causes qui produisent ces modifications.
taire admirable si tous les phytons avaient la même bontisitiens oryanique, s'ils jouis-
saient tous du même degré de développement; mais cette organisition et ce dévelop-
pement varient, non-seulement dans les phytons entre eux, mais encore entre les parties
qui les constituent et selon un nombre infini de conditions.
« Avec les modifications organiques varient aussi les fonctions physiologiques.
« Là est la principa'e base des principes physiologiques que j'ai arrêtés.»
CCCCXXXI] INTRODUCTION.
Accroissement des liges.
L’'accroissement des végétaux, qui a lieu dans deux directions,
transversale ou en diamètre, et longitudinale ou par élongation, varie
Les recherches anatomiques de M. Trécul ayant donné lieu à une manifestation pu-
blique de l'opinion de l’Académie sur la théorie de M. Gaudichaud , je crois devoir
donner in extenso le rapport de M. A. Brongniart, extrait du Bulletin des séances
de l’Académie des sciences (21 juin 1852). On pourra juger de l’état réel de la question
à l’époque où nous écrivons :
Physiologie végétale. — Note sur la formation des nouvelles couches ligneuses dans
les tiges des arbres dicotylédonés ; par M. Ad. Brorgniart.
« Dans un rapport qui a suscité déjà, de la part de notre honorable confrère M. Gau-
dichaud, une vive opposition, trois des membres de la section de botanique de l'Aca-
démie, en vous proposant de donner votre approbation à des recherches anatomiques,
précises ét importantes à leurs yeux, de M. Trécul, ont dû exposer leurs opinions
communes sur l'accroissement en diamètre des tiges des végétaux ligneux dicotylédo-
nés et les différences fondamentales qui existent entre ces opinions et celles que sou-
tient depuis longtemps M. Gaudichaud.
« Ils ont dû chercher à prouver surtout que ce n’était pas en suivant, sans avoir
cherché à s’éclairer, des idées anciennes et une routine aveugle, qu'ils soutenaient des
idées opposées à celles de notre honorable confrère, et que, si dans leurs cours ils
professaient ces idées et combattaient les idées de M. Gaudichaud, c’est qu’ils étaient
convaincus, par l'étude des travaux des anatomistes les plus distingués des temps mo-
dernes, aussi bien que par leurs propres observations, de la vérité de leurs opinions.
« Que notre confrère conserve sa conviction, qu’il cherche à la faire partager aux
autres, nous le concevons parfaitement; mais qu'il accuse tous les savants contempo-
rains d’être dans l'erreur, et je dirai même d’y persister presque volontairement, enfin,
de pervertir ou d’égarer la jeunesse de nos écoles, en ne cherchant pas à s’éclairer
sur cette question importante de l’accroissement des végétaux , c’est ce qui me paraît
profondément injuste.
« Après des accusations de cette nature, l’Académie ne trouvera pas étonnant que
chacun de nous trouve nécessaire d'exposer quelques-uns des faits sur lesquels se
fonde sa conviction, et prouve que ce n'est pas par esprit d'opposition aux idées nou-
velles qu'il persiste dans des opinions qui se rattachent plus ou moins directement aux
théories anciennes.
« Cette théorie ancienne de la formation du bois et de l'écorce dans les arbres dico-
tylédonés a été souvent désignée par le nom de Théorie du cambium, parce que, en
effet, c’est à la matière désignée sous ce nom par les anciens botanistes-anatomistes
qu'était attribuée la formation de la nouvelle couche de bois et d'écorce qui s’ajoute
chaque année à celles déjà existantes. Mais sa nature et le rôle qu’elle joue dans l’ac-
croissement de ces parties ont été diversement définis suivant les progrès mêmes de la
physiologie et de l’anatomie végétales ; et ce serait demander à la science de rester sta-
tionnaire que d'exiger que le cambium fût considéré de la même mauière à la fin du
dix-septième siècle et au milieu du dix-neuvième. Pour les premiers auteurs qui ont
employé ce nom, c'était une couche d’un liquide mucilagineux interposé entre l'écorce
et le bois. Des observations microscopiques délicates, qu’on ne pouvait demander à
INTRODUCTION. CCCCXXXIi]
suivant la nature des végétaux. Dans les Æcotylédones les tiges ne
croissent que par leur extrémité supérieure, par le bourgeon ter-
minal, d’où le nom d’'Acrogènes donné à ces végétaux; et ce n’est
cette époque, ont prouvé depuis que de jeunes tissus, à parois molles et transparentes,
pénétrés et pour ainsi dire baignés dans un liquide abondant, formaient cette zone du
cambium. Écartant alors ce mot mal défini, et qui s’appliquait à une matière impar-
faitement observée, beaucoup d’auteurs modernes désignent cette couche mince de
jeunes tissus mous et gélatineux sous le nom de couche génératrice, parce que c’est
dans cette zone que s'opère la génération de la nouvelle écorce et du nouveau bois, et
rejettent le mot de cambium ou ne l’appliquent qu'au liquide nourricier qui baigne
ces jeunes tissus. Si le nom de couche génératrice remplace en tout ou en partie celui
de cambium, c’est donc le résultat d’un perfectionnement dans nos connaissances.
Enfin, le développement et les transformations des tissus qui constituent cette zone
génératrice reposent évidemment sur le mode de production des nouveaux éléments
qui forment ces tissus ; ainsi, cette zone génératrice ne sera complétement connue que
lorsque l’étude de l’organogénie des tissus, cellules, fibres ligneuses et vaisseaux qui
ia composent nous aura fait parfaitement connaître comment chacun de ces éléments
organiques se produit et s'accroît. C’est le but à atteindre actuellement; et bien loin,
avec M. Goudichaud, de déplorer le long règne du cambium, celui du tissu générateur
et celui de l’organogénie des tissus, nous dirons que c’est la marche logique d’un es-
prit observateur de passer par ces diverses phases. Tâchons, s’il est possible, de ne pas
rester trop longtemps dans chacune d'elles; mais surtout, tâchons d’avancer par des
pas directs et bien assurés, et non pas par des théories générales reposant souvent sur
des observations incomplètes.
« Quelle est l’origine de cette couche génératrice ou de ces jeunes tissus qui, à me-
sure qu'ils se reproduisent, se transforment en tissu cortical et en jeune bois ou aubier,
bien caractérisés? Doivent-ils leur origine directement aux bourgeons et aux feuilles?
En proviennent-ils par l’élongation successive des éléments qui les constituent, comme
les racines proviennent de la base de la tigelle ou de la souche qui les produit, et s’al-
longent graduellement dans le sol? Ces jeunes tissus sont-ils, en un mot, des fibres
radiculaires des bourgeons, comme le disait Dupetit-Thouars, des fibres radiculaires
des phytons ou mérithalles, comme l’affirme M. Gaudichaud, qui s’allongeraient suc-
cessivement entre l’écorce et le bois, pour former les nouvelles couches de ces tissus;
ou bien, ces jeunes tissus se forment-ils dans le point même qu'ils occupent, sans
exiger une continuité organique avec les tissus analogues du bourgeon ou des feuilles ?
Sont-ils créés par les tissus préexistants sur le même point, et par les liquides qui
y affluent, sans être la continuation nécessaire d’autres fibres provenant du bourgeon ?
Telle nous a paru toujours être la question à résoudre pour décider entre les deux théo-
ries, qui peuvent encore se résumer ainsi : Les bourgeons, les rameaux et les feuilles
produisent-ils les fibres et les vaisseaux du boïs et de l’écorce, ou bien élaborent-ils
seulement le fluide nourricier ou séve descendante qui doit alimenter ces tissus ?
« Notre confrere M. Gaudichaud croit résoudre la question en faveur de sa théorie
des phytons, en montrant la continuité des vaisseaux du bois dans les jeunes rameaux
et dans les couches ligneuses des tiges ou des branches sur lesquelles ils naissent. Ce
fait, nous ne l’avons jamais nié; mais il ne prouve rien quant au mode de formation
de ces vaisseaux. Il est évident que le végétal est constitué de telle sorte que, dans son
état normal, les cavités vasculaires qu’il présente communiquent entre elles , soit di-
TOME I, INTRODUCTION. — Livraison eee. eee
CCCCXXXIV INTRODUCTION.
qu’accidentellement que les Acotylédones ont deux ou plusieurs
bourgeons terminaux , ce qui leur forme une tête fourchue ou rami-
fiée, sans que ce système de ramification soit semblable à celui des
rectement, soit par anastomose, depuis les organes dans lesquels les fluides pénètrent
dans ces vaisseaux jusqu'aux organes dans lesquels ils doivent les porter; mais il n’en
résulte pas nécessairement que ces vaisseaux se soient formés successivement, ni de
haut en bas, ni de bas en haut : cela peut être dans certains cas, mais ce n’est pas une
conséquence nécessaire de leur continuité , et il y a des cas où certainement des por-
tions de vaisseaux se forment indépendamment , et s’abouchent ensuite les unes avec
les autres.
« L'observation des décortications de portions de tiges portant des bourgeons isolés,
dans lesquelles les vaisseaux et les fibres ligneuses paraissent irradier de la base du ra-
meau, formé par l’élongation de ce bourgeon, et couvrir toute la branche sur laquelle
il est né. paraît à M. Gaudichaud une preuve bien plus évidente de leur mode de for-
mation, et ce sont des échantillons provenant d’expériences de ce genre qu’il a mis sous
les yeux de l’Académie; mais ces préparations prouvent seulement que les sucs nour-
riciers qui leur arrivent du bourgeon ou du rameau auquel il donne naissance, que ces
sucs se répandent de la base du rameau dans la eouche génératrice de la branche, et
que la transformation des fibres ou cellules allongées en vaisseaux a lieu dans des di-
rections déterminées par la direction des courants de séve qui y affluent. Ces faits
peuvent donc également s’expliquer dans l’une et dans l’autre théorie, et ne sont pas
décisifs entre elles.
« Aussi , quoique l’étude de l’ensemble des faits anatomiques , et surtout des jeunes
tissus développés entre le bois et l’écorce pendant tout l'été, m’eût toujours fait con-
sidérer la théorie qui les attribue à des fibres radieulaires de bourgeons comme le ré-
sultat d'observations imparfaites , j'avais souvent cherché des faits plus concluants et
qui ne fussent pas explicables par les deux théories. Déjà les noyaux ligneux développés
isolément dans l’écorce, observés par M. Dutrochet, la formation des couches ligneuses
sur des souches de sapins, après l'abatage du tronc, décrite également par notre il-
lustre confrère, me paraissaient ne pouvoir s'expliquer par la théorie des fibres radi-
eulaires, qu’au moyen de véritables subtilités. Les excroissances ligneuses sur des par-
ties décortiquées du tronc, telles que celles décrites par M. Trécul, me paraissent
impossibles à concevoir dans la théorie des phytons et des fibres radiculaires, à moins
de lui faire subir une véritable métamorphose, et de la ramener à une forme qui ne
différerait plus que par des mots des opinions que nous soutenons.
« Ces faits, sans aucun doute, ne sont pas complétement nouveaux ; cependant, dans
ce qu’on peut appeler leur état simple et complet, ils sont rares. Il faut, en effet, pour
être coneluants , que ces excroissances soient assez développées pour n'être pas seule-
ment cellulaires, ce qui est ordinairement leur premier état ; il faut qu’il ne se soit pas
développé plus tard à leur surface des bourgeons et des rameaux auxquels on pourrait
attribuer la production des fibres ligneuses. Les circonstances Jocales, la nature des
arbres et la saison paraissent avoir une grande influence sur cette production , et les
expériences ne donnent pas toujours le résultat qu’on en espérait. 11 y a plus de vingt
ans , en juillet 1830 , sur des arbres du parc de la manufacture de porcelaine de Sè-
vres, puis en 1835, dans le même lieu, j'ai fait des expériences diverses, dont quel-
ques-unes avaient eu des résultats tout à fait convaincants pour moi, et qui ne m'a-
vaient laissé aucun doute sur la formation du bois d'une manière indépendante de
INTRODUCTION. CCCCXXXV
végétaux des autres ordres. L’accroissement en diamètre de ces
plantes a lieu dès les premiers temps de la vie de la plante, de telle
sorte que les stipes ne font que croître en longueur, sans augmenter
fibres provenant des bourgeons; mais elles ne m’avaient pas paru assez complètes
pour les publier , et depuis lors, je ne m'étais pas trouvé des conditions convenables
pour les renouveler. Le mémoire de M. Trécul était donc pour moi tout à fait con-
forme à des faits que j'avais déjà observés ; les observations sur lesquelles il reposait
étaient nettes et bien étudiées ; elles nous paraissaient incompatibles avec la théorie
soutenue par notre confrère M. Gaudichaud , et nous n'avons pas dû hésiter à expri-
mer notre conviction à cet égard; car notre honorable confrère nous avait habitué à
combattre vivement l’erreur, partout où l’on est persuadé qu’elle existe.
« Or, dans le cas dont il s’agit, et dans les cas analogues que j'avais observés plus
anciennement (sur un Tilleul, un Buis et un Noyer), comment comprendre qu’une
couche de bois parfait, de quelques millimètres d'épaisseur , composé de fibres li-
gneuses et de vaisseaux formant une plaque isolée sur du vieux bois desséché, ne
communiquant avec le reste de la tige que par la partie vivante du bois sur laquelle il
est appliqué, puisse être formée par des fibres ligneuses et des vaisseaux provenus par
élongation de celles des bourgeons de la partie supérieure de l’arbre? Dans tous ces
cas, il y a isolement complet du nouveau tissu relativement aux tissus formés à la
même époque au-dessus et au-dessous de la décortication; il n'y a aucune continuité
entre ce nouveau bois et celui qui s’est formé ia même année au-dessus de la décorti-
cation, et dont il devrait être une continuation, un développement descendant, suivant
la théorie que nous combattons.
« Dans la théorie du développement du bois par la création locale de ces tissus, ces
développements partiels et isolés se comprennent au contraire facilement; mais on
conçoit également les causes fréquentes qui doivent y mettre obstacle.
« La surface du bois dénudée , exposée aux influences atmosphériques , se dessèche
habituellement, et la couche génératrice, c’est-à-dire les jeunes tissus qui la recouvrent,
se détruisent; mais des circonstances spéciales d'ombre, d'humidité, d’une cireulation
abondante de la séve à peu de distance de la surface décortiquée, peuvent empêcher
cette dessiccation d’avoir lieu sur certains points : dans ce cas, les extrémités des rayons
médullaires se développent d’abord sous forme de petites excroissances qui s’unissent
entre elles et recouvrent d’une sorte d’écorce celluleuse mince la couche génératrice li-
gneuse non desséchée dans ce point ; le bois sous-jacent lui-même, ainsi recouvert, con-
serve son état de vie, transmet à ces jeunes tissus les fluides nécessaires à leur accrois-
sement, et bientôt ces plaques vivantes s’épaississent par la multiplication des cellules
et des fibres qui les constituent, de manière à se transformer en de véritables excrois-
sances ligneuses.
« Toutes ces nouvelles fibres et ces nouveaux vaisseaux n’ont aucune continuité
avec ceux de la nouvelle couche de bois supérieure, à laquelle ils devraient correspon-
dre, s'ils étaient la continuation des fibres radiculaires des bourgeons.
« Ces excroissances ligneuses ont été, dit-on, souvent observées; le fait n’est pas
nouveau; mais s’il est si connu, comment n’a-t-il pas été expliqué dans la théorie
phytonienne, avec laquelie il me paraît tellement en contradiction? Lorsque je parlais
anciennement à notre confrère M. Gaudichaud de mes propres observations sur ce
sujet, je lui ai toujours entendu soutenir que ces excroissances étaient purement cel-
luleuses et dépourvues de tissu ligneux et vasculaire. Cette objection m'avait fait
CCCCXXXV) INTRODUCTION.
en diamètre. On à un exemple de ces divers phénomènes d’accrois-
sement dans les Fougères.
Dans les Monocotyrlédones, également acrogènes , l'accroissement
craindre quelque erreur dans mes premières observations, et m'avait fait désirer de-
puis longtemps de faire de nouvelles expériences plus complètes. J'espère qu'avant la
fin de l’année, de nouveaux faits ne nous manqueront pas; nous avons entrepris ,
M. Trécul et moi, une série d’expériences sur des arbres qui, je le pense, nous don-
neront des résultats intéressants, et observés à toutes les périodes de leur accrois-
sement. :
« Relativement à l’explication du fait de ces excroissances ligneuses sur des plaies
par décortication, par la théorie des fibres radiculaires des bourgeons, je crois devoir
rappeler qu’un fait de ce genre ayant été observé par Dupetit-Thouars (voyez son
sixième Essai, page 78 et suivantes) sur un Frêne largement décortiqué accidentelle-
ment, et sur lequel plusieurs protubérances ; comprenant de l’écorce et du bois, s’é-
taient développées sur cette partie dénudée , il s'exprime ainsi : « Par cette observa-
«tion, une des bases sur lesquelles j'ai fait reposer ma théorie se trouvait fortement
« ébranlée ; car je me suis cru autorisé, par tout ce que j'ai vu jusqu’à présent, à pro-
« noncer qu'il n’y avait pas une fibre ligneuse ou cortica!e dans le tronc d’un arbre
« qui ne füt le produit d'un bourgeon ; organisée par lui et pour lui , elle établit la
« communication avec les racines. Ici, je voyais évidemment des fibres corticales et
« ligneuses, qui finissaient abruptement après quelques lignes de cours, qui n’avaient,
« par conséquent, ni extrémité foliacée, ni radieule. »
« Mais plus loin, apres une nouvelle observation de eet arbre, ayant vu que l’an-
cien bois n'etait pas complétement desséché, mais avait conservé sur une face une
teinte verdâtre, il explique ainsi le ; hénomène : « Les fibres supérieures, suivant leur
« mode ordinaire de croissance, se prolongeoient aussi loin qu’elles pouvaient en bas ;
« mais, arrivées au bord de la plaie, elles y avaient causé le bourrelet ; parvenues là,
« lintention organisatrice (si je puis me servir de cette expression, dit Dupetit-
« Thouars) plongeait sous la surface desséchée qui ne lui fournissait aucun aliment et
« revétissait de la vie toutes les fibres qui se trouvaient sur son passage jusqu’au bord
« inférieur de la plaie ; se relevant alors, elles formaient le bourrelet inférieur, et finis-
« Saient par gagner les racines. Si sur leur chemin quelque cause particulière, comme
« un lambeau de liber, permettait au cambium de venir jusque-là , les fibres en profi-
« taient, la formation ordinaire du bois et de l'écorce avait lieu. »
« Ainsi, pour expliquer et faire concorder, avec sa théorie ébranlée, ce fait partieu-
lier, voici Dupetit-Thouars obligé d'établir la communication entre les fibres ligneuses
et corticales supérieures à la décortication, et celles situées au-dessous ou dans les
excroissances isolées, au moyen d’une intention organisatrice qui plonge dans le bois
sec pour venir Sur certains points porter le cambium ; car Dupetit-Thouars admet le
cambium comme fluide organisateur.
« J'avoue qu’une théorie qui est obligée d’avoir ainsi recours à une intention orga-
nisatrice pour expliquer un fait positif, mais réellement inexplicable dans cette théo-
rie, me paraît en effet bien ébranlée.
« Pourquoi ne pas admettre que cette intention organisatrice, c'est le fluide orga-
nisateur ou nourricier, ce que nos prédécesseurs ont toujours appelé la séve descen-
dante (sans vouloir exclure complétement de ce rôle la sève ascendante), et dont le
cambium , considéré comme liquide, n’est qu'une modification? Mais alors pourquoi
INTRODUCTION. CCCEXXX Vi]
transversal a lieu, comme dans les Acotylédones, par le développe-
ment primordial des éléments constitutifs de la plante; c’est pourquoi
elles atteignent de bonne heure leur diamètre fini. Leur accroisse-
aussi ne pas admettre que cette intention organisatrice, qui dirige le cembium ou
fluide organisateur, et qui forme le bois au-dessous de la plaie annulaire, ne le forme
pas aussi bien au-dessus et dans tous les autres cas?
« Pourquoi, en un mot, ne pas admettre, avec l'immense majorité des botanistes,
anciens et actuels, que ce sont les fluides élaborés par les feuilles et les autres parties
vertes des plantes, constituant la séve descendante et souvent aussi mélangés à la séve
ascendante, qui sont la cause du développement des nouveaux tissus et des divers
organes, toutes les fois que ces fluides viennent pénétrer des tissus jeunes et encore
susceptibles de s’accroître et de se multiplier ? »
M. de Jussieu s'associe aux opinions exposées dans cette séance et les précédentes
par les deux collègues avec lesquels il a signé le Rapport sur le mémoire de M. Trécul.
Il ajoute que la lecture des dernières communications de M. Gaudichaud l’a porté à
penser qu'il ne diffère pas aussi essentiellement des doctrines professées par ses con-
frères que semblerait le prouver la vivacité de sa polémique. Nous admettons, en effet,
avec l'immense majorité des botanistes, une séve brute ou ascendante, une séve éla-
borée se dirigeant en se-s généralement contraire, et portant à tous les organes les
éléments de leur nutrition et de leur développement ; en s’assimilant ces éléments, les
tissus se développent à la place même qu’ils oceuperont définitivement, et les vaisseaux
se forment par l’union, bout à bout, d’utricules disposées en série, dont les parois en
contact ne tardent pas à se résorber, résorption qui fait disparaître en tout ou en par-
tie les cloisons qui en interrompaient la continuité. Or, M. Gaudichaud reconnaît des
fluides séveux ascendants et des fluides organisateurs descendants, ces derniers aux
dépens desquels les tissus se forment sur place; il parle d’ailleurs (page 860) des utri-
cules qui composent les vaisseaux descendants. Sauf quelque disparité de langage, il
semble v avoir un assez grand accord entre ces théories. Il nous 1este à demander
à M. Gaudichaud ce qu’il entend par fluides organisateurs. Si ce sont des fluides qui
fournissent aux parties préexistantes les matériaux aux dépens desquels elles se déve-
loppent et multiplient, ce sont des fluides nourriciers; si ces fluides sont une matière
plastique qui s'organise en utricules et vaisseaux, c’est un cambium, une couche gé-
nératrice. Or, notre honorable collègue s’est prononcé avec tant de conviction et d’iro-
nie contre ce double rôle assigné à la séve élaborée,! que nous devons supposer une
autre signification pour ses fluides organisateurs (1).
(1) Une autre question avaitété adressée à M. Gaudichaud. 1l reconnaît dans le développement des
végétaux un système ascendant, caractérisé par la nature de ses vaisseaux, qui sont des trachées
déroulables , et un système descendant où les vaisseaux qu’il nomme radiculaires sont toujours
d’une autre nature. On lisait dans ses remarques, page 817 : « Nous n’avons jamais fait marcher
« les tissus vasculaires et autres dans aucun sens, mais seulement nous les avons fait se constituer
« de haut en bas dans les embryons naissants, dans les étamines qui se changent en pétales au fur
«et à mesure qu’elles s’épanouissent, dans le funicule, le raphé et la chalaze des ovules. » Or,
dans toutes ces parties, les faisceaux vasculaires, lorsqu'ils existent, sont composés de trachées
déroulables, et par conséquent doivent se constituer de bas en haut, d’après les principes de
M. Gaudichaud. C’est ce qu’il s’est empressé de reconnaître en expliquant par un lapsus calami
cette contradiction apparente ; et cette déclaration a mis fin à la discussion. Comme elle roulait
particulièrement sur la formation des couches ligneuses, à laquelle ces autres questions paraissaient
étrangères, nous n'avons pas cru devoir la prolonger par de nouvelles objections. Mais, d’autre
CCCCXXX VII} INTRODUCTION.
ment en hauteur a lieu par la superposition des bourgeons terminaux,
et, comme les Fougères arborescentes, ce n’est qu’exceptionnellement
qu'elles présentent des bourgeons latéraux ; ce qui se voit cependant
assez fréquemment dans le Pandanus , constamment dans l’Asperge
et dans certaines Graminées. Il est à remarquer que les faisceaux de
ces axes secondaires ne parviennent pas au centre de la tige, mais
descendent entre l’écorce et les faisceaux de la tige primitive. On ne
remarque pas, dans les végétaux de cet ordre, des cercles concentri-
ques comme dans les Dicotylédones; l’on n’y distingue pas le liber
comme dans ces dernières; de sorte qu’on n’y trouve pas deux sys-
tèmes distincts, l’un ayant une évolution centripète, et l’autre une
évolution centrifuge.
Dans les Dicotylédones, on trouve les deux systèmes délimités
d'une manière bien distincte : les faisceaux de l’écorce et ceux du
bois. Dès la première année, on reconnait dans le végétal cette sépa-
ration qui persistera pendant toute la durée de sa vie.
Quant à l'accroissement diamétral avec élongation des années sui-
vantes, il a lieu, suivant l’explication des diverses théories, d’une
manière différente. D’après la théorie de M. de Mirbel (1), ils’épanche
entre le bois et l’écorce , et sur la surface interne de cette dernière,
une couche de cambium, appelée couche organisatrice, et des fais-
ceaux nouveaux se forment, par l’organisation de ce même cam-
bium , sur les points où il s’est accumulé. Deux eouches d’utricules
s'organisent : l’une à la face externe de l’aubier, l’autre à la face
(1) C’est Malpighi qui est l’auteur de la théorie qui porte aujourd’hui le nom de
théorie de M. de Mirbel, parceque ce savant phytotomiste l’a développée avec autant
de talent que de persévérance, et cette théorie est aussi celle de Grew, de Duhamel,
de Knight, de Treviranus, qui, tout en différant sous le rapport de l'expression, ont
une opinion commune dans le fond et dont les détails seuls varient.
part, comme elle n’est pas, sans doute, terminée définitivement et qu’il importe de lui fournir
ses éléments, nous ajouterons dans celte note les observations omises qu'il nous semble difficile de
concilier avec la théorie des phytons. C’est que c’est bien , en effet, de haut en bas, comme l'avait
imprimé M. Gaudichaud , que se constituent la plupart des organes cités précédemment. Dans les
pétales et les étamines, c’est (comme dans les feuilles) la pointe qui est formée la première, le
limbe avant l'onglet, Panthère avant le filet; et cependant, dans tontes ces parties, on ne trouve
d’autres vaisseau \ que des trachées déroulables exclusivement. L’objection que nous avons sou-
levée subsiste donc, et le caractère tiré de la nature des vaisseaux pour déterminer les systèmes
ascendant et descendant, caractère dont M. Gaudichaud s’est habilement servi, se trouve en défaut
lorsqu'il s’agit des parties de la fleur et des feuilles même dont elles ne sont, le plus ordinairement,
qu’autant de modifications, à moins qu’il ne persiste à soutenir qu’elles se constituent de bas en
haut, ce que démentent toutes les observations organogéniques, ou qu’il n'ait à nous proposer une
explication qui ne se présente pas maintenant à notre esprit.
INTRODUCTION. CCCCXXXIX
interne du liber. Sous l'influence de laction vitale, les utricules
s'organisent de manière que l’une des couches devient une couche
d’aubier, l’autre un feuillet de liber.
D’après la théorie de M. Gaudichaud (1), c’est le résultat de l’al-
(1) Cette théorie fut d’abord émise en quelques pages seulement , et sans être ap-
puyée de preuves suffisantes , par un astronome français , Lahire, dans les premières
années du dix-huitième siècle. Un siècle plus tard M. Dupetit-Thouars la reprit, et
l'appuya cette fois sur des faits qui l’ont élevée à la hauteur d’une doctrine. C’est dans
son Histoire d’un morceau de bois, publiée en 1815; qu'il exposa cette théorie, qui
remonte à 1805; elle prit entre ses mains des proportions bien autrement importantes
que la découverte de Lahire. Il y établit les deux propositions fondamentales de
sa théorie :
1° Que le liber et le bois se forment indépendamment l’un de l’autre ;
2 Que l’un et l’autre descendent des bourgeons et en sont les racines.
Nous retrouvons cette idée à l’étranger dès 1718; Wolf (Entdeckung der wahren
Ursache von der Vermehrung des Getreides) l'avait indiquée; Müller la formula plus
nettementen 1751, et depuis elle a été reprise par Cotta. Darwin et Meyer ont adoptéces
idées, qui ont pris plus de consistance encore par suite des travaux de M. Gaudichaud,
et aujourd’hui elle a pris place dans la science à côté de l'explication de l’école rivale.
Elle n’est cependant enseignée en France dans aucune école; mais elle l’est en Angle-
terre et en Allemagne. On lui a reproché, tant en France qu’en Allemagne, où Schultz
s’est fait le champion de l’école opposée, d’avoir négligé d'appeler l'anatomie végétale
à son secours , et de n’être qu’un assemblage d'idées prises dans plusieurs théories.
Agardh écrivait en 1829, en parlant de l’aceroissement du bois : « Il doit done paraître
bien hasardé de vouloir reproduire une idée rejetée par les autorités les plus respec-
tables. » Ce qui prouve que dès cette époque elle était l’objet des plus vives attaques.
On connaît, au reste, les discussions passionnées de M. Dupetit-Thouars et de
M. Féburier.
Il s’en faut que ces deux théories, qui divisent en deux camps le monde savant, soient
les seules. Dutrochet veut, lui, que le corps de la tige s’accroisse de deux manières :
par la formation de nouvelles couches rayonnantes, dont il y a toujours un plus
grand nombre vers la circonférence que vers le centre , et par des couches circulaires
ayant lieu toutes deux séparément dans le bois et dans l’écorce. Les couches rayon-
nantes se bifurquent par des faisceaux fibreux qui s’insinuent dans leur extrémité ex-
térieure , ce qui fait qu’il y en a beaucoup plus à la circonférence.
Pour les couches ligneuses , il se forme à la fois une couche de liber et une de bois
ayant l’apparence d’une gelée (c’est le cambium), mais qui, dès le commencement,
présente des traces d’organisation. Chacune de ces couches offre une zone cellulaire
qui représente la moelle, et une zone fibreuse. Les zones cellulaires de chaque couche .
se développent au printemps , et alors elles sont contiguës. Bientôt il se développe
entre elles deux zones fibreuses, l’une ligneuse, l’autre corticale, et ainsi de suite
chaque année. Le développement en épaisseur a lieu tant que dure le végétal, et celui
des couches rayonnantes s’arrête de bonne heure dans les parties solides , et continue
indéfiniment dans l'écorce.
Cette théorie rentre dans celle de M. de Mirbel.
Agardh représente au contraire l’idée de Dupetit-Thouars avec quelques modifica-
tions, et l’on a vu qu’il s'excuse de reproduire une idée qui ne jouit pas de l’assenti-
ccecx! INTRODUCTION.
longement et de la soudure du système descendant ou des racines
des phytons qui s’insinuent à travers la couche de cambium entre
l'écorce et le bois, et pénètrent jusqu'aux extrémités des racines. Les
ment général. Cependant il réfute la théorie du savant français, la déclare tout à
fait idéale et imaginaire, et il termine sa réfutation en disant que, « de tous les faits
qui serviraient à établir la théorie de l’auteur, il n’y en a pas un seul qui soit exact,
ou même qui convienne à l'anatomie des plantes. » On peut dire que sa réfua ol
repose sur des principes très-contestables.
Le mérite de cet auteur donne du poids à sa théorie, que je vais donner aussi suc-
cinctement que possible, en conservant son style, malgré son incorrection.
« L'idée selon laquelle l'accroissement horizontal de la plante serait expliqué par
un accroissement vertical des organes ne saurait être soutenue sur les bases qu'a je-
tées M. Dupetit-Thouars. Nous tâcherons d’en mettre d’autres.
«Il ya trois systèmes d'organes à expliquer : le système médullaire, le bois et
l'écorce fibreuse.
« La formation du squeletie de la tige a heu de la manière suivante :
« 1° Un bourgeon se forme ou peut se FORNEE normalement partout où se bifurque
un faisceau de trachées ;
« 2° Cette bifurcation se fait dans l’embryon sous forme de deuxfeuilles (les coty-
lédons). Il se forme aussi un bourgeon dans leur aisselle (la plumule).
« 3° La plumule, ou le nouveau bourgeon, contient plusieursembryons soudés en-
semble, ou des faisceaux de jeunes trachées qui se bifurquent. Le rameau extérieur
de chaque bifurcation se change en feuilles ; le rameau extérieur, étant pressé contre
un autre faisceau etne pouvant s’en dégager, se soude avec lui et forme le squelette de
la tige ou l’étui médullaire, qu'il ne faut pas confondre avec le bois. Dans leur aisselle
il naît un bourgeon qui se développe de la même manière, et cela à l'infini, si des
agents extérieurs ne réprimaient pas cette série de bifurcations.
« Voici maintenant comment naît le bois :
« 1° Partout où se bifurque un faisceau de trachées, du point de la bifurcation , le
faisceau se prolonge en forme de queue;
«2° Dans l’embryon, la queue est la tigelle avec la radicelle. Ainsi, ce n’est pas la
plumule qui se prolonge en queue, mais les deux cotylédons réunis; parce que la
plumule, ou chaque autre bourgeon, consiste en plusieurs paires de feuilles dechacune
desquelles il descend une queue. Le bourgeon ne se prolonge pas en une seule queue,
mais en autant de queues qu’il y a de paires de feuilles dans le bourgeon , le nombre
des paires de feuilles étant égal au nombre des feuilles libres , parce que dans chaque
paire une des feuilles est restée dans latige. S'il y a cinq feuilles libres, il s'enfonce de
la branche et du bourgeon développé, non pas une seule queue, mais cinq queues diffé-
rentes, et ces feuilles étant placées tout autour de la tige s’enfoncent tout autour de
l’étui médullaire, et formentla première couche ligneuse ou la première couche du bois;
«3° Le printemps suivant, les bourgeons de l’année précédente se développent de
même : les queues de leurs feuilles s’enfoncent dans le seul endroit où il y a de l’es-
pace pour leur descente; enfin, l'écorce et le bois formés pendant l’année dernière,
c’est la seconde couche de bois. De cette manière, chaque couche de bois consiste dans
les queues de toutes les paires de feuilles qui se développent au-dessus de la branche
ou de la tige qu’on examine ;
« 40 Ces faisceaux de vaisseaux et de tubes, se prolongeant toujours en bas, viennent
INTRODUCTION. cccexl]
racines des phytons, en se réunissant, s’anastomosent et forment une
couche ligneuse. Chaque année, de nouveaux bourgeons émettant
de nouvelles racines, augmentent le nombre des couches du bois.
Ici les théories se taisent, et nous rentrons dans l’observation di-
recle et incontestable des faits. Les couches de formation récente ne
tardent pas à se séparer et forment autour du corps ligneux, et
extérieurement à lui, une nouvelle lame d’aubier, et intérieurement
ou au dedans des lames préexistantes de l’écorce, un nouveau feuillet
de liber. La croissance de ces couches ligneuses n’est pas terminée
dès qu’elles sont organisées : elle continue quelque temps encore,
puis elle s'arrête, et chaque année voit se former de nouvelles cou-
ches qui augmentent le diamètre de l'arbre.
Les couches varient d'épaisseur : elles sont plus épaisses dans les
bois tendres que dans les bois durs, dans les sols fertiles que dans
les terrains maigres, dans les climats chauds et humides que dans
ceux où la sécheresse et le froid condensent les tissus, dans la jeu-
nesse qu'à l’âge adulte. Elles n’ont pas également partout une
même épaisseur ; mais ces faits ne sont qu’accidentels.
enfin à l'endroit où originairement étaient placés la plumule et les cotylédons, c’est-
à-dire près de la terre. Là cessent la moelle et l’étui médullaire, parce qu'ils ne sont
que des feuilles soudées, et les cotylédons sont les feuilles les plus inférieures... Les
queues, ayant franchi ce point (le collet), se joignent à la racine pure et font corps avec
elle ; de sorte que l’intérieur de la racine ne consiste que des queues descendues de
toutes les feuilles de l'arbre, et la tige consiste en outre dans toutes les feuilles qui se
sont soudées pendant le cours de son développement ;
«5° Les faisceaux de trachées cherchent la lumière : de là, la direction ascendante de
la tige ; les queues cherchent l’humidité : de là , la direction descendante du bois et
en partie de la racine , et enfin le chevelu ramifié de celle-ci. »
Quant à l'écorce , Agardh avoue que son origine est plus difficile à expliquer, et il
présente ses idées comme de théorie pure. Voici comment il s'exprime :
« Les bourgeons inférieurs des branches se développent souvent en automne en
feuilles et en branches, mais ces feuilles sont plus faibles et plus petites que celles du
printemps ; elles prolongent leurs radicelles comme les autres, dans la tige par la séve
d’août ; ces radicelles forment l'écorce fibreuse. Étant le produit d’une végétation sé-
parée , elles n’ont pas de cohérence organique avec le bois. Lorsque la séve du prin-
temps se répand , les couches rayonnantes se dilatent et séparent les deux couches. »
On retrouve dans la théorie d'Agardh les idées de Dupetit-Thouars, avec de simples
variantes dans les détails. Au reste , si l’on exposait une à une toutes les théories, on
trouverait entre elles des divergences qui prouvent une seule chose : c’est que la théo-
rie de l’accroissement des végétaux n’est pas complète, et que les démonstrations sur
lesquelles elle s'appuie manquent encore assez d’évidence pour laisser place à toutes les
divergences d’opinions imaginables.
TOME 1, INTRODUCTION. — livraison fff, ff
cecexli) INTRODUCTION.
Il résulte du développement inverse du bois et de l'écorce que
l’un se consolide et devient plus compacte, et l’autre, repoussée tou-
jours au dehors, tend sans cesse à se détruire : ce qui explique les
gerçures profondes que présente l'écorce des vieux arbres, dans
lesquels l’épiderme se déchire et la partie subéreuse se crevasse.
Dans le Platane, l'écorce tombe par plaques, et il se produit dessous
une nouvelle couche subéreuse; dans le Bouleau, elle se détache
par lambeaux. Quelques plantes, comme le Chêne-liége, ont une en-
veloppe subéreuse qui prend un accroissement extraordinaire avant
de se détacher.
Les racines s’accroissent comme les tiges, et les deux théories
sont également applicables à leur développement; seulement elles
sont essentiellement acrogènes, c’est-à-dire qu’elles ne s’allongent
que par l'extrémité.
La durée de l’accroissement des végétaux est limitée par celle de
leur vie; mais le végétal diffère de l’animal, en ce qu'il n'arrive pas,
comme ce dernier, à une époque appelée l’âge adulte, où tout ac-
croissement cesse et où la nutrition ne fait plus que réparer les pertes
qui résultent de l’usure des tissus.
Dans les plantes, au contraire, la formation incessante de bour-
geons rajeunit en eux la vie, et leur donne toujours un développe-
ment nouveau, renfermé cependant dans certaines limites : car les
végétaux ne croissent pas indéfiniment, et chaque espèce a sa loi
de développement ; mais l'accroissement cesse avec la formation des
bourgeons, et quand ce phénomène a lieu, la plante ne tarde pas à
être frappée de mort. Les végétaux ligneux ont une durée beau-
coup plus longue , et l’on cite des exemples de longévité extraordi-
naires; aussi pourrait-on dire d’eux que leur accroissement est
indéfini, puisque chaque année de nouveaux bourgeons viennent
les rajeunir. Il faut donc, pour que la mort arrive, que le tronc,
qui est devenu le lien commun entre tous ces êtres nouveaux,
se détruise par l'effet des influences ambiantes; mais ce n’est pas,
comme chez l’animal, l’effet de l’oblitération et de l’usure réelle des
organes qui amènent la phase de la vie appelée la vieillesse, ou mieux
encore la sénilité; c’est presque une destruction mécanique. On à un
exemple de la persistance de la vie dans le végétal et de la destruc-
tion successive de ses parties, dans les Saules qui sont souvent ré-
duits aux parties corticales.
INTRODUCTION ceccxlii]
CHAPITRE XX.
DES ORGANES DE LA REPRODUCTION.
Ainsi que les animaux, les végétaux ont une double activité.
Les appareils de nutrition, que nous venons d'examiner, servent à
l'entretien de la vie individuelle, et des organes différents, essentiel-
lement spéciaux, servent à la continuation de la vie végétale par la
production de la graine.
Il existe néanmoins une différence importante dans les végétaux :
c’est que la durée intégrale de la vie se prolonge, quand on s’oppose
par la mutilation à l’accomplissement de la fonction de reproduction,
et l’on peut la prolonger d’une année à l’autre et-rendre bisannuelle
une plante qui ne doit vivre qu’une année, en en supprimant les fleurs,
‘surtout si on la met dans une condition telle, qu’elle soit soustraite
à l'influence désorganisatrice des agents ambiants ; tandis que, dans
l'animal, la mutilation est sans influence sur la durée de la vie : on
peut même dire que l’accomplissement de la fonction qui nous oc-
cupe est une des nécessités impérieuses de son existenee.
Considérée sous le rapport du mode de reproduction, la plante res-
semble plus aux animaux inférieurs qu’aux supérieurs, et toutes, sans
exception, jouissent de la faculté de se reproduire soit par des spores,
soit par des graines, ce qui constitue dans toute la série végétale le
mode normal de reproduction; cependant les végétaux jouissent
d’une propriété qui ne se trouve que dans le bas de l’échelle animale
et qui existe à un égal degré dans tous les embranchements : c’est de
se reproduire par des parties détachées de la plante, tels sont les
boutures, les drageons, les marcottes, les tubercules, les propagules,
les sporules, les innovations. Dans certains végétaux, tels que les
plantes bulbeuses, il y a une division de la tige appelée oignon, qui se
divise en caïeux ; dans certaines autres, ce sont des bulbilles, qui se
forment dans le fruit et remplacent la graine; dans les végétaux à
tubercules, les yeux, qui sont le point où doit se développer le bour-
geon reproducteur, émettent des jets propres à donner naissance à
des individus nouveaux. On fait des boutures avec certaines feuilles :
la feuille, étant une image en raccourci de la plante, a comme
cette dernière un système descendant ou radiculaire, et c’est par
l'extrémité du pétiole ou par le prolongement inférieur «le la nervure
Li
ccccxliv INTRODUCTION.
médiane que se développent les racmes; et un système ascendant
ou tigellaire, le pétiole, avec son système appendiculaire, les ner-
vures et le limbe. à
Le mode de multiplication par bourgeonnement, indépendamment
de la fécondation, a lieu dans l’état naturel, et se voit dans les Zernna,
ou Lentilles d’eau, dont on trouve si rarement des fleurs, et qui se
multiplient par des bourgeons latéraux. Qu'est-ce, au reste, que la
graine, si ce n’est un bourgeon libre d’une figure particulière et plus
complexe? Quelle différence faire entre la reproduction par simple
division, par gemmation ou par graine ? Le système reste le même,
le mode seul varie. Ce qui est vrai pour la plante, l’est aussi pour
l'animal; de là l’analogie qui existe entre l’œuf et la graine, entre
l’œuf du vivipare ét l’œuf de l’ovipare , entre le bourgeon reproduc-
teur, la cellule génératrice et la graine. Comme il est dans l'essence de
la nature de procéder du simple au complexe, nous voyons, quand
nous avons franchi les Fougères, les plantes douées d'organes géné-
rateurs distincts, séparés sur des pieds différents, d’autres fois réunis
sur un même pied, mais avec des téguments floraux différents, puis
enfin réunis dans la même enveloppe : l’hermaphrodisme est done la
loi supérieure de l’être végétal, comme la sexualité distincte l’est de
l'animal.
On retrouve, dans les appareils reproducteurs des végétaux, une
analogie plus grande avec ceux des animaux que dans les appareils
de la vie organique; et l’on est frappé de la persistance de la nature
à employer un même moyen pour arriver à des résultats identiques,
mais en variant le mode à l'infini.
De la fleur. é
La fleur est la dernière expression de la végétation. En obser-
vant avec attention le phénomène de la floraison, on voit que les
bourgeons terminaux ou axillaires subissent une modification qui
frappe l’œil le moins exercé. Les feuilles dernières perdent de leur
ampleur, souvent même se colorent, et se convertissent en bractées;
du centre de ces bractées s’élance une autre série de verticilles ins-
crits qu’on appelle la feur. Quoiqu’on trouve dans cet appareil, qui
est celui de la reproduction, des éléments semblables aux feuilles,
qui se mélamorphosent de la manière la plus élégante et la plus bi-
zarre, el finissent par des organes qui sont les instruments directs de
INTRODUCTION. cccexiv
la génération, et qu’on soit porté à n’y voir que des feuilles se trans-
formant de proche en proche, on ne peut cependant pas toujours suivre
cette transformation qui répond à une loi fondamentale, celle de la
floraison, un des grands mystères de la vie végétale.
Le bourgeon à fleurs, qu’il faut essentiellement distinguer du bou-
ton à fleur, est l’ensemble d’un bourgeon terminal qui se compose
d'éléments divers et arrête la végétation de l’axe qui l’a produit, ex-
- cepté dans le cas de prolification. A la partie la plus extérieure du
bourgeon se trouvent d’abord des feuilles, puis des bractées et des
écailles , enfin une ou plusieurs fleurs ; tandis que le bouton à fleur
proprement dit ne se compose que des différentes pièces ou verticilles
qui entrent dans la formation de la fleur.
On a donné le nom de préfloraison et d’estivation à la disposition
des différentes parties de la fleur dans le bouton, qui présente
presque constamment, avec une variété assez limitée dans sa forme
qui se rapproche de lellipse, modifiée souvent avec altération du
type et devenant ovoïde dans la Rose, globuleuse dans la Mauve, en
massue dans le Lilas, la prédominance des verticilles extérieurs qui
recouvrent les verticilles intérieurs.
Le calice et la corolle offrent, dans leur disposition estivaire, des
modifications assez variées, qu’on peut cependant ramener à six,
qui semblent être les dispositions fondamentales.
1° Préfloraison imbriquée ou spirale. Les parties sont imbriquées
ou disposés par recouvrement : telles sont les folioles du calice du
Camélia. Quand l’imbrication cesse, et que les parties se recouvrent
en entier, ce qui est une transformation de la préfloraison imbri-
quée, elle est dite convolutive.
2° Préfloraison tordue ou plicatile. Les plis de la corolle sont ré-
guliers et roulés sur eux-mêmes. Les Liserons en offrent un exemple.
3° Préfloraison spiralée. Les parties de la corolle sont enroulées
en spirale, comme dans les Oxalis , les Apocynacées. Cette disposi-
tion est dite quinconciale quand les éléments qui composent le bou-
ton sont formés de cinq parties; et quand il y à inégalité dans la dis-
position des parties, elle est appelée vexillaire, comme cela se voit
dans les Papilionacées.
4° Préfloraison valvaire. C'est celle des Mauves; les parties d’un
même verticille se touchent seulement par leurs bords sans se
recouvrir.
Ceccxiv) INTRODUCTION.
5° Préfloraison enroulée où tnduplicative. Les bords du calice ou
de la corolle sont roulés en dedans : les Ombellifères. Une des va-
riations de ce mode de préfloraison est la réduplicative, dans la-
quelle le bouton présente autant d’angles saillants qu’il y a de parties
appliquées l’une contre l’autre : le calice de la Rose trémière.
6° Préfloraison chiffonnée. La corolle est plissée sans ordre, comme
dans le Grenadier, le Pavot.
Il ne faut pas attacher de valeur absolue à cet arrangement, qui
varie le plus souvent d’un verticille à l’autre. C’est ainsi que, dans
l'Althæa rosea, Va préfloraison du calice est réduplicative, et
celle des pétales vordue; elle est valvaire dans le calice des Éno-
thérées, et contournée dans la corolle; dans les Myrtacées, les Acé-
rinées, les Hippocastanées, les Violacées, les Crucifères, les Cap-
paridées, le calice et la corolle sont à préfloraison #mbriquée ; dans
les Rosacées, la préfloraison calicinale est ##briquée où valvaire,
tandis que les pétales sont érbriqués ; dans les Aurantiacées, le
calice est énbriqué et la corolle valvaire ; dans les Asclépiadées, la
préfloraison du calice est émbriquée et celle de la corolle contournée
et parfois valvaire : C’est un point encore non complétement éclairé
de la science. On doit seulement se rappeler que, dans les fleurs régu-
lières, la préfloraison valraire et la tordue sont les plus communes ;
tandis que les préfloraisons appartenant aux fleurs irrégulières déri-
vent plus directement de l’arrangement spiral. Ainsi dans les Labiées,
essentiellement irrégulières, la corolle est imbriquée en préflo-
raison ; il en est de même des Scrophularinées ; cependant les Acan-
thacées sont contournées en préfloraison. On trouve aussi la préflo-
raison imbriquée dans les Caryophyllées, qui sont régulières. Il y a
au reste des préfloraisons mixtes ou incertaines, même dans de
grandes familles : c’est ainsi que, dans les Solanées, la préfloraison
de la corolle est plicatile, indupliquée-valvaire ou quelquefois sim-
plèment valvaire. Au reste, la nature échappe, comme toujours, à nos
méthodes , et l’on trouve dans certaines familles un arbitraire qui
semble annoncer que toutes les règles que nous tentons d'établir
offrent des exceptions nombreuses. La loi sur laquelle on fonde la
double disposition #nbricative et valvaire, repose sur le mode de
développement propre à chaque verticille. Si ce verticille est nette-
ment déterminé, il y à préfloraison valvaire ou contournée; si, au
contraire, l’axe s’allonge, il y à imbrication des parties préflorales.
INTRODUCTION. cecexlvij
Une loi à observer, et sur laquelle je ne donnerai aucune idée faute
de l’avoir étudiée, c’est celle du rapport qui doit exister entre la phyl-
lotaxie, ou la disposition géométrique des feuilles Fe long de la tige,
et les diverses préfloraisons.
On peut indiquer comme une loi qui donne à l’étude ‘de la préflo-
raison plus d'importance qu’on n’en attache communément, non pas
dans la diagnose individuelle, mais dans l’étude philosophique qui
fait connaître les rapports qui existent entre les genres d’une même
famille, que la préfloraison présente en général une disposition uni-
forme, soit dans le même genre, soit dans la même famille; d’où il
suit que la préfloraison peut, dans un grand nombre de cas, fournir
de bons caractères. Si une plante présentait une préfloraison dissem-
blable, on devrait en étudier les rapports avec plus de soin, et ils se
trouveraient peut-être tout autres qu’on ne supposait. Ce qui est vrai
pour le genre et la famille l’est aussi pour l'espèce. Si quelques es-
pèces présentent un mode de préfloraison différent de celui des autres
espèces du même genre, il y a lieu d'en conclure qu’elle appartient
à un autre genre.
La fleur se compose de quatre systèmes de verticilles : 1° le calice,
ou le verticille le plus extérieur; 2° la corolle (ces deux verticilles
tégumentaires ne sont que des organes protecteurs); 3° les éamines,
qui présentent un seul verticille, disposé quelquefois en plusieurs sé-
ries, et sont les appareils fécondateurs ; 4° le péstil, qui a pour fonction
de nourrir les ovules fécondés par le pollen. On regarde ces quatre
parties, si distinctes entre elles, surtout les deux dernières, tant par
leur structure que par leurs fonctions, comme de simples feuilles
transformées, et l’on admet que le sépale du calice se convertit
en pétale, celui-ci en étamine, et la feuille pistillaire en carpelle.
On peut suivre avec beaucoup de clarté dans certaines plantes la
transformation des éléments foliacés en éléments floraux, et celle qui
se prête le mieux à cette étude est le Nuphar jaune ou le Nénuphar
blanc ; mais le premier étant le plus commun dans nos eaux, c’est lui
qu'il faut préférer.
On distingue fort bien les folioles calicinales ou le calice, vertes
à la base et jaunes à la marge; puis les pétales constituant là co-
rolle et formant le second verticille ou le second cercle, de même
forme, mais plus grand ; la réduction successive des pétales ; et enfin
leur conversion en étamines ou troisième verticille, c’est-à-dire un
cecexlviij INTRODUCTION.
cercle plus intérieur encore, avec leurs loges pollinifères soudées sur
le filet; souvent les étamines, quoique formant un seul verticille,
sont disposées en plusieurs séries, comme dans les familles polyan-
dres ; enfin le quatrième verticille, ou les carpelles. On peut donc
suivre le passage d’un verticille à l’autre avec la plus grande facilité.
Pour vérifier la théorie de l’origine foliaire des différents verti-
cilles, on peut, après avoir suivi la transformation des éléments
qui les composent les uns dans les autres : celle des bractées en
folioles calicinales, des folioles calicinales en pétales, des pétales en
étamines, des étamines en pétales, ce qui a lieu dans la duplicature
des fleurs, la conversion des feuilles carpellaires en étamines et réci-
proquement, retrouver, par un renversement de la loi naturelle d’é-
volution, la métamorphose en feuilles de tous les verticilles ou d’une
partie d’entre eux. On donne à la transformation des feuilles en
organes de reproduction et des différents verticilles en verticilles su-
périeurs le nom de 2étamorphose ascendante, et celui de rréta-
morphose descendante à la conversion des verticilles floraux en
feuilles ou en verticilles inférieurs. Nous étudierons ces faits dans le
chapitre de la tératologie.
L'étude du pistil est plus difficile au premier abord, et pour y re-
connaître la transformation d’un organe foliacé, il faut choisir des
sujets qui se prêtent à cette étude. Certaines Renonculacées, dans les-
quelles le fruit est un follicule, sont les meilleurs exemples à étudier.
Dans l’origine, le follicule est une simple feuille dont les bords op-
posés se rapprochent et finissent par se souder pour former le pistil ;
plus tard, lors de la maturité des semences , elle s'ouvre et reprend
sa forme laminaire. Les Ancolies, les Æranthis, les Ellébores, les
Delphintum sont dans ce cas. On a donc donné à chacune des
parties qui forment le pistil le nom de /euilles carpellaires ou de
carpelles.
Si maintenant on étudie le développement des verticilles des dif-
férents noms, il est facile de reconnaître que, depuis les folioles cali-
cinales jusqu'aux feuilles carpellaires, l’évolution est spirale, ce qui
s'explique parfaitement, comme pour les feuilles, et fait voir la
cause pour laquelle, lors du développement de chacune des parties,
elles sont disposées le plus souvent de manière à alterner entre elles;
ainsi les pétales ne sont pas appliqués sur la foliole calicinale ou
ne lui sont pas opposés, mais ils sont alternes; les étamines ne sont
INTRODUCTION. ceccxlix
pas opposées aux pétales, mais alternantes. Cependant il s’en faut
que ce soit uniforme et constant; on remarque, au contraire, mille
modifications qui sembleraient échapper à la règle. Quant à la re-
cherche de la spirale primitive, c’est une étude de même valeur que
la phyllotaxie.
On à donné le nom de fleurs complètes à celles qui sont pourvues
des quatre verticilles : telle est la Rose; et celui de feurs incomplètes
à celles dans lesquelles il manque un ou plusieurs verticilles : les
fleurs unisexuelles sont dans ce cas; la corolle manque dans les Or-
ties, le calice dans le Caltha palustris, et souvent c’est une ano-
malie dans certains genres ou certaines espèces normalement co-
rolliflores ; la Sagine couchée, quoique appartenant à la famille
pétalée des Caryophyllées, est dépourvue de corolle. On ne peut
donc étudier la fleur que sur des fleurs complètes.
Quoique le nombre des éléments floraux varie à l'infini, on cons-
tate généralement une loi commune à certains groupes, comme je l'ai
longuement exposé dans les premières pages de cette Introduction :
c’est le nombre trois dans les Monocotylédones, et le nombre cinq
dans les Dicotylédones.
On doit admettre que toute fleur, pour répondre au but que la na-
ture lui a assigné, doit être complète et de plus régulière, c’est-à-
dire offrir la régularité géométrique. Il s’agit maintenant de décider
la question de savoir si les fleurs dans lesquelles les éléments qui
les composent sont divisés en un nombre égal et normal de parties
distinctes, sont celles qui réunissent le plus haut degré de perfec-
tion, ou si ce sont au contraire celles dont les différentes parties,
soudées entre elles, ne paraissent formées que d’une seule pièce.
Si nous recherchons dans le règne animal les éléments de la solu-
tion de cette question, nous verrons que c’est la division des or-
ganes en autant d'appareils appropriés aux fonctions, qui constitue
le plus haut degré de perfection : c’est ainsi que dans les vertébrés,
surtout dans les mammifères supérieurs et dans l’homme, chaque
fonction a son appareil spécial, et il n’y a pas cumulation de fonc-
tions dans un même organe; mais comme, dans le règne végétal,
on remarque une opposition réelle avec le règne animal, une sorte
de renversement des lois morphologiques et physiologiques qui cons-
titue son système propre d'évolution, on serait tenté de croire que la
soudure des organes est une perfection. Cependant je pense que c’est
TOME I, INTRODUCTION. — Livraison ggg. 999
ceccl INTRODUCTION.
une erreur, et que, dans la coordination philosophique des groupes, on
doit procéder du simple au complexe, de l'irrégulier au régulier. Si
nous suivons l’ordre évolutif des grandes familles, nous voyons, dans
les Cypéracées et les Graminées, des enveloppes florales qui ressem-
blent assez aux parties vertes, pour ne s’en distinguer que par leur
fonction; le fruit est un cariopse ou une utricule, c’est-à-dire le
plus simple des fruits : un sac renfermant un périsperme farineux,
avec un petit embryon à l’un des bouts; dans les Palmiers, les Jon-
cacées, la fleur, quoique n’étant pas encore sortie de la contexture
herbacée, est cependant déjà plus fleur que dans les groupes précé-
dents, et nous trouvons dansles premiers un péricarpe et un périsperme
avec un embryon dont la direction varie; dans les Joncacées, lo-
vaire a trois loges distinctes, tandis que cette disposition n’existe
qu’obscurément dans les Palmiers. La famille des Joncs est un passage
aux Monocotylédones à périanthe coloré : dans toutes les familles qui
suivent, les éléments floraux sont distincts; les fruits eux-mêmes se
composent en général de capsules à plusieurs loges, dans les angles
desquelles sont attachées les graines. Il n’y a d'exception que pour
les Cannacées, les Scitaminées et les Orchidées; ces dernières sont
les plus anomales de toutes, et elles ont été rejetées à la fin de la
méthode, faute de savoir à quelle famille les associer.
Dans les Dicotylédones, les groupes diclines commencent et présen-
tent des ovules nus ou protégés par une enveloppe. La plupart des fleurs
sont incomplètes : ce sont des écailles, comme dans les Conifères, ou
des fleurs monandres; tandis que, d’après la loi normale d’évolu-
tion, les éléments de chaque verticille doivent être en nombre égal ou
double, mais toujours en rapport de nombre avec alternance, et pres-
que toutes les fleurs de la Diclinie sont incomplètes. On y trouve au
bas de l’échelle des étamines monadelphes ou soudées, comme cela
a lieu dans les Myristicées, des styles soudés dans les Cytinées; et
sous le rapport de la distribution des sexes, des plantes monoïques,
dioïques, polygames, hermaphrodites, enfin tous les jeux imagina-
bles ; ainsi pas de fleurs réellement complètes, et des soudures mul-
tiphées.
Dans les Dicotylédones apétales, les fleurs hermaphrodites com-
mencent à paraître ; ce sont des fleurs incomplètes avec soudure de
certains verticilles et pas de verticilles bien définis. Dans les mono-
pétales régulières, on trouve une évolution plus normale et des
INTRODUCTION. ceccl}
fleurs complètes; mais les différentes pièces qui les composent
sont soudées, et l’on n’y remarque que des divisions, qui laissent
cependant voir les points où la soudure a eu lieu. Les mono-
pétales irrégulières sont également complètes et avec des soudures
moins distinctes; toutefois les étamines sont souvent en nombre
correspondant à celui des divisions du limbe. On trouve dans ce
grand groupe les Apocynées et les Asclépiadées, qui semblent repré-
senter les Orchidées dans les Monocotylédones; les Composées, qui se
distinguent surtout par la soudure des anthères, par la transformation
en poils ou en aigrettes des calices, et par les paillettes des réceptacles.
Viennent ensuite les polypétales, dont les fleurs, complètes dans la
plupart des familles, présentent cependant deux anomalies, des éta-
mines indéfinies et des verticilles irréguliers; puis des soudures de
verticilles entiers : telles sont les étamines dans les Malvacées. Dansles
polypétales périgynes se trouvent le plus grand nombre de fleurs com-
plètes et moins de soudures; et on trouve que dans les grandes
familles, qu’on peut regarder comme les types, il y a distinction
des parties et rapport numérique des organes reproducteurs.
Que remarque-t-on dans l’évolution florale, comme éléments :
1° les adhérences où soudures, qui s'appliquent aux verticilles des
différents ordres : pour les calices, c’est la soudure des sépales;
pour les corolles, celle des pétales. Les filets des étamines se sou-
dent aussi quelquefois, tantôt par les filets, comme dans les Malva-
cées, où elles constituent les types monadelphes, soit par les anthères,
comme dans les Synanthérées; l’adhérence des folioles carpellaires
constitue le pistil unique. Outre les soudures des éléments de ver-
ticilles semblables , il y a encore soudure de verticilles dissembla-
bles entre eux, ce qui est essentiellement anormal, car il est dans
l'essence même du développement floral que chaque verticille soit
sans cohérence avec les verticilles inférieur et supérieur, et que même
les parties qui la composent soient libres entre elles. On voit les pé-
tales se souder aux folioles du calice, les étamines aux pétales;
quelquefois les trois verticilles se soudent entre eux. C’est ici le cas
d'étudier le mode de génération des fleurs dans lesquelles les adhé-
rences sont nombreuses, pour s’assurer si, dans leur état em-
bryonnaire, les parties réunies étaient libres; mais le perfectionne-
ment, expression dont je me sers pour reproduire une idée vulgaire,
(car une fleur incomplète et irrégulière, suffisant à la production de
ceccli INTRODUCTION.
son fruit, est aussi parfaite que celle dont les divers éléments sont
distincts), consiste dans le nombre régulier des verticilles, l’alter-
nance des parties verticillaires, la symétrie et la régularité de ces mêmes
parties; eten suivant l’ordre d'évolution ascendante, nous constatons
le fait de l'amélioration de la forme par la division et la liberté des
éléments de la fleur. Les types considérés comme les plus élevés,
sont donc ceux qui réunissent les quatre principes que j’ai énoncés
ci-dessus. On ne peut dire que les adhérences, dans l’état d'évolution
normale, viennent de la compression des parties : nous voyons dans
les fleurs en thyrse d'énormes rameaux à fleur qui sont composés
d’un tel nombre de fleurs, que les soudures devraient être l’accident
le plus ordinaire; cependant il! n’en est rien, et le Marronnier d'Inde,
qui devrait dans sa fleur présenter le plus d’adhérences, est au con-
traire composé d'éléments floraux très-distincts. Je ne parle ici que
de l’évolution normale, et non des cas de tératologie, où la compres-
sion des parties et l’hypertrophie sont des causes de soudures.
Les grandes exceptions à la loi de régularité, dans le nombre et la
disposition des verticilles, viennent encore : 2° de la multiplication
du nombre des parties de la fleur; 3° de leur réduction.
La multiplication des parties a lieu surtout pour les étamines, qui,
au lieu d’être égales en nombre aux autres éléments verticillaires, ce
qui leur à valu le nom de fleurs ésostémones, sont en nombre double,
les diplostémones, où plus. Ces anomalies détruisent la régularité, et
lon chercherait vainement à retrouver dans l’ordre de disposition
des verticilles l’évolution spirale. Quelquefois il y a multiplication,
sans qu'il y ait augmentation du nombre des verticilles : les pétales
se doublent par l’accroissement de certains appendices qui s’hyper-
trophient, ou bien les filets staminaux se ramifient et forment des
faisceaux , au lieu de présenter un filet simple.
La modification du type normal par réduction ou par avortement
de parties de verticilles ne donne pas toujours naissance à des fleurs
incomplètes, mais à des fleurs complètes avec variation dans le type.
Ces suppressions portent sur tous les verticilles : dans les fleurs où
la corolle manque, ce sont des fleurs apétales; elles sont dites
achlamydées quand les deux verticilles calicinaux et corollins ne se
sont pas développés; quand, au contraire, ce sont les organes re-
producteurs ou les deux verticilles intérieurs, elles sont dites reu-
tres, Ce qui se voit souvent dans certains genres de Composées.
INTRODUCTION. cecclit}
On doit toujours admettre qu’une fleur est complète, et regarder
- les fleurs monoïques comme celles dans lesquelles il y à eu arrêt de
développement pour un des verticilles reproducteurs. Nous voyons
dans les genres Urtica, Lychnis, des espèces dioïques, ce qui prouve
qu'il y a eu résorption d’un des verticilles.
Par suite de cette tendance de notre esprit qui nous porte à recher-
cher partout des analogies, nous avons, par une synthèse judicieuse,
comparé les étamines aux mâles des animaux, et les pistils quicontien-
nent les ovules aux femelles : de là le nom de fleurs mäles donné à
celles qui n’ont que des étamines ; de fleurs femelles, à celles qui
n’ont que des pistils; et de fleurs hermaphrodites, à celles dans les-
quelles les deux verticilles staminaux et pistillaires sont réunis dans
une même enveloppe.
On a donné le nom commun de diclines aux végétaux dans les-
quels les sexes sont séparés, soit sur un même pied, soit sur des
pieds différents. Quand les sexes séparés sont portés par un même
individu, on les appelle m#onoïques, et dioïques quand, au contraire,
ils sont sur des pieds séparés.
Les végétaux polygames sont ceux qui portent à la fois des fleurs
hermaphrodites, des fleurs mâles et des fleurs femelles sur un même
pied.
L'ensemble des organes mâles ou staminaux s’appelle androcée,
et celui des organes femelles, gynécée, expressions qui n’en disent
pas plus que les mots étamines et pistils : les botanistes anciens at-
tachaient à ces deux noms une valeur semblable; par étamines, ils
entendaient l’ensemble de l’organe mâle, ou le verticille féconda-
teur, et, par pistil, l’ensemble de l'organe femelle plus complexe et
composé de parties essentiellement distinctes.
Pour suivre le développement des verticilles des différents noms,
et voir leurs modifications ascendantes ou descendantes, on à imaginé
des coupes horizontales des boutons à fleurs avant leur épanouisse-
ment et à la hauteur des étamines; il en est résulté une suite de fi-
gures, dans lesquelles on reconnaîtra parfaitement la figure, la posi-
tion relative et le nombre des verticilles floraux. On a donné à ces
coupes le nom de diagranunes : elles sont fort utiles pour faire con-
naître les rapports des groupes les uns avec les autres; mais elles
sont fort difficiles à faire, parce qu’il faut choisir l’époque précise du
développement primitif des verticilles floraux pour obtenir une coupe
ceccliv INTRODUCTION.
qui représente leur aspect réel (1). Cependant avec de l'habitude on
obtient des diagrammes satisfaisants. On pourrait joindre à la coupe
horizontale un diagramme vertical qui ferait connaitre la position
des étamines par rapport à la corolle et au pistil, et la disposition
des ovules dans le fruit. J'ai, au reste, donné deux planches de dia-
grammes dans l’ordre des familles naturelles, pour initier le lecteur
à la connaissance de ce genre d’étude.
Une des connaissances les plus importantes à acquérir, et qui pré-
sente des difficultés qu’on ne peut vaincre que par l'habitude, c’est
celle de l'insertion des parties de la fleur, et surtout du rapport des
étamines et du pistil. Les insertions fournissent des distinctions d’une
grande valeur pour grouper les végétaux suivant leurs affinités na-
turelles, sous le rapport méthodologique, et l'étude en est indispen-
sable, parce qu’elle forme la base de la classification de Laurent
de Jussieu.
Si les fleurs se développaient toujours normalement , les quatre
verticilles fondamentaux seraient superposés à partir du calice, le
plus externe, qui en formerait la base, jusqu’au pistil, qui est le
verlicille le plus interne, et en formerait le sommet. Il n’y aurait,
dans ce cas, qu’un seul mode de rapports, et l’ovaire serait toujours
libre et supère; mais les adhérences et tous les autres modificateurs
opposent à cet arrangement primitif une perturbation très-grande.
Lorsque l'ovaire surmonte le point d'attache des parties environ-
nantes et qu’il n’a de continuité qu'avec le réceptacle, il est dit su-
père; c’est ce qui a lieu dans le plus grand nombre des végétaux
phanérogames; mais il existe des groupes entiers dars lesquels Po-
vaire est soudé avec le calice qui l'enveloppe et le recouvre , et ne
forme qu’un corps avec lui : les autres verticilles se trouvent placés
au sommet ; l’ovaire se trouve au-dessous, et est dit #afcre.
Sous le rapport de l'insertion, les étamines affectent une triple po-
sition :
1° Insertion périgynique. Lorsque les étamines sont soudées avec
le calice, semblent implantées sur ses bords et faire corps avec lui,
(1) Il faut pour cela couper le bouton avec un instrument bien tranchant et à lame
mince, de manière à ne pas lacérer les tissus et détruire ainsi les rapports des parties
qui composent les verticilles ; puis on regarde la coupe, qu’on en ait fait une tranche
mince, ou bien qu'on se soit borné à couper dans la masse du bouton, avec une loupe
dont l’amplification doit être de trois à quatre diamètres.
INTRODUCTION. ” ceccly
qu'elles sont par conséquent insérées autour de l'ovaire, qui est libre
et infère, ainsi que cela se voit dans la grande famille des Rosacées ,
on les dit périgynes.
2° Insertion épigynique. C’est celle qui a lieu quand les étamines
dites épigynes sont insérées sur l’ovaire même, qui est infère, ainsi
que cela se voit dans les Ombellifères, les Rubiacées, les Composées,
les Orchidées. C’est la plus facile à déterminer.
3° Insertion hypogyrnique. Vans cette insertion , qu’on voit dans
les Cypéracées, les Renonculacées, les Liliacées, les Magnoliacées, l’o-
vaire est libre, supère ; c’est le point culminant de l’axe qui supporte
les verticilles , et les étamines dites hypogynes, qui forment le ver-
ticille inférieur, se trouvent au-dessous, mais sans adhérer ni au ca-
lice ni à l’ovaire.
Au premier abord, rien de plus simple que cette définition ; mais
il faut y regarder de très près pour déterminer sans hésiter et avec
précision une insertion absolue, ce qui a fait établir, pour chacun des
trois modes d'insertion, des sous-divisions qui ne font que com-
pliquer la difficulté. C’est cette même incertitude qui a fait réagir
contre la théorie des Insertions, ce qui a lieu surtout pour l’é-
pigynie et même pour la périgynie. Dans le cas d'insertion péri-
grnique, les étamines sont insérées sur le calice, et souvent aussi sur
la corolle, ce qui leur avait fait donner le nom d’épipétales ; et, dans
l’insertion épigyrique, il y a le plus communément soudure des
quatre verticilles. Pour lever cette difficulté, de Candolle avait donné
le nom de Calycrflores aux plantes dans lesquelles les étamines sont
bien distinctement insérées sur le calice : les Rosacées; celui de Co-
rolliflores à celles dont les étamines sont portées par la corolle : les
Jasminées. Ces deux classes contiennent les végétaux'à insertion épi-
gynique et périgynique ; et il nommait 7*alamiflores les plantes dont
les étamines sont insérées sur le réceptacle : cette classe renferme une
partie des végétaux hypogynes, les Renonculacées.
On a désigné sous le nom de vorus, de disque, de réceptacle, le
sommet du pédoncule sur lequel sont attachés tous les verticilles
floraux ; pour qu'il conserve ce nom, il faut qu’il soit plan. Dès
qu'il est allongé, il affecte d’autres caractères qui méritent d’être pris
en considération; mais on à inutilement créé, pour désigner cette
disposition particulière, des mots qui n’ont pas leur raison logique
d’être : ceux d’axe staminaire, pistillaire, suffisaient ; cependant on
cecelv} INTRODUCTION.
a appelé gonophore l'axe portant les étamines et gyrophore l'axe
portant l'ovaire ou le pistil. Le Gynandropsis palmipes, espèce de
Capparidée, offre un exemple fort remarquable du gonophore et du
gynophore. On a désigné sous le nom d’anthophore le prolongement
de l’axe, qui porte à la fois les étamines, le pistil et la corolle, ainsi
que cela se voit dans le Lychnis viscaria. On pourrait fort bien
l’appeler axe florifère, à moins qu'on ne reprenne le nom de supe,
adopté par Linné pour désigner tout prolongement de l’axe qui
porte un verticille floral quelconque, et l’on ferait disparaître cette
nomenclature surchargée, qui rend la botanique si difficile pour les
personnes qui sont étrangères à l’étude des sciences ou qui, n'ayant
pas reçu une éducation classique, ne sont pas familiarisées avec
les mots grecs.
Un autre appareil, qui surmonte le réceptacle, a, comme les éta-
mines, le triple mode d'insertion périgynique , hypogynique et épi-
gynique, et est remarquable par sa propriété sécrétante, ce qui l'a-
vait fait confondre avec les nectaires, est celui qu'Adanson avait
désigné sous le nom de disque, et qui a reçu de Desvaux celui de
glandes ovariennes. Ces glandes ont de l’importance dans la dia-
gnose, parce qu’elles existent dans un grand nombre de végétaux
qu'elles servent à distinguer.
Dans les Crucifères, on trouve des glandes hypogyniques qui se
composent de plusieurs tubercules naissant sur le sommet du pédon-
cule, et indépendants de l'ovaire et du calice.
Dans certaines Rosacées, entre autres dans le Rosier, les glandes
ovariennes sont périgyniques, et forment une protubérance orbiculaire
autour du calice.
Dans les Ombellifères, les Rubiacées et les OEnothérées, la glande
est épigynique; elle fait saillie au-dessus du sommet de l'ovaire.
La floraison, appelée encore fleuraison (1) et florification, est le
phénomène évolutif qui suit la préfleuraison. Elle varie suivant
les végétaux, et même suivant les espèces , les climats, les sta-
tions et certaines circonstances ambiantes. La chaleur est l’agent
le plus actif de la végétation ; car, dans les pays chauds, la floraison
(1) Quelques auteurs, pour arriver à la précision, établissent entre floraison et
fleuraison une distinction futile. La première de ces expressions indiquerait l'ins-
tant où la fleur épanouie brille de tout son éclat; l’autre, la durée de la fleur depuis
l'épanouissement jusqu’à la marcescence.
INTRODUCTION. cecclvi}
des mêmes végétaux arrive plus tôt que dans les pays froids. Les
plantes des climats méridionaux, qui sont cultivées sous un climat
plus froid, ne donnent souvent ni fleurs ni fruits. Il ÿ a un grand
nombre de végétaux qui sont dans ce cas; c’est pourquoi les hor-
ticulteurs sont obligés de forcer ces végétaux, c’est-à-dire de les
faire lever sur couche, pour en activer la végétation : les Célosiées,
les Balsamines, les Cobées sont dans ce cas. On peut mettre encore
au nombre des causes qui empêchent la floraison, l’excès de déve-
loppement, qui fait pousser les organes appendiculaires aux dépens
des fleurs.
Suivant la nature des végétaux, les fleurs apparaissent à une épo-
que différente de leur vie. Dans les plantes herbacées dont le cycle
de végétation est limité, il y en a qui naissent, fleurissent, fructi-
fient et meurent dans une même saison : ce sont les plantes annuelles,
dont on prolonge la vie en les empêchant de fleurir. Les plantes brs-
annuelles ne fleurissent que la seconde année, et meurent après.
Les végétaux herbacés vivaces durent depuis trois années jusqu’à
huit ou dix ans et plus, dans ces plantes, appelées aussi pérennes,
le système ascendant reparaît chaque année, fleurit et meurt à
l'automne pour revivre l’année suivante. Dans les végétaux li-
gneux, il y a plus de variété dans la floraison : c’est toujours
une seule fois par an qu'ils fleurissent; mais le bourgeon qui
renferme la fleur ne se développe pas toujours au printemps ; quel-
quefois la fleur passe l’hiver tout entier cachée dans le bouton
avant de se montrer; dans certains arbres, il faut deux années pour
que la fleur se prépare. Il semblerait que la loi de l’évolution florale
soit d’une régularité rigoureuse; car nous voyons la plupart des
arbres exotiques que nous avons soumis à la culture, fleurir sous
notre climat à la même époque que dans leur pays natal. L’Aman-
dier est dans ce cas : il fleurit chez nous comme dans les chaudes
régions d’où 1l a été importé, et les Juifs même le regardaient
comme l'arbre le plus précoce. Les fleurs apparaissent, sous le climat
de Paris, à la fin de février ou dans les premiers jours de mars, et
elles ont beau être, la plupart du temps, moissonnées par la gelée,
l'arbre n’en a pas moins conservé sa floraison précoce.
Dans les pays tempérés, les végétaux ne fleurissent qu’une seule
fois, excepté pour les plantes précoces, qui fleurissent souvent à
l’arrière-saison, comme cela se voit sous notre climat qui jouit de-
TOME 1, INTRODUCTION. — Livraison hhh. hhh
cccclviij INTRODUCTION.
puis quelques années, d’automnes très-doux et qui se prolongent jus-
qu’au milieu de décembre; mais, par compensation, les printemps
sont froids et les gelées très-tardives, ce qui retarde la floraison.
En général quand, dans des climats comme le nôtre, où l’hiver ne
fait que rétrograder et où le froid amène toujours une suspension
de la végétation, il y a une floraison nouvelle des végétaux domes-
tiques, c’est un mauvais présage, car la fleur est moissonnée par
l'hiver et la fructification de l’année suivante s’en ressent. Le Figuier
nous offre un exemple de cette double floraison : les fruits de la se-
conde récolte sont toujours perdus.
Dans les pays plus méridionaux, la double floraison est un phéno-
mène habituel, et dans les climats tropicaux elle est continue.
La floraison est dans plus d’un cas indépendante du développe-
ment des feuilles, ce qui se voit dans l’Orme, le Calycanthus præcox,
l'Érythrine, le Paulownia, le Magnolier Yulan, le Colchique, les Tus-
silages. On avait donné à ces végétaux, quoique bien différents,
le nom de Filius ante patrem (le fils avant le père), à cause de l’ap-
parition de la fleur avant les feuilles. Dans l'arbre de Judée, les bou-
tons à fleurs naissent sur le vieux bois ; ils sortent de la racine dans
l'Astragale cendrée; dans le Rosier des haies, l’évolution foliaire
précède de peu de temps l'apparition florale; d’autres fois, ce qui a
lieu surtout pour les plantes annuelles ou herbacées, la fleur n’ap-
paraît qu’à la fin du cycle végétal (1).
Un phénomène qui mérite l'attention est l’époque de l’épanouis-
sement des fleurs (2), qui sont soumises comme la floraison elle-
même à des lois constantes. Les fleurs n’épanouissent pas toutes
à des heures égales. On a établi une distinction naturelle entre les
fleurs urnes, qui ne s’épanouissent que le jour, et les fleurs roc-
(1) On a assez inutilement donné le nom de gemmaæ proterantheæ aux boutons à
fleurs se développant avant les feuilles, celui de gemmæ synantheæ à ceux qui
sont contemporains, et de gemmæ hysterantheæ à ceux dont les fleurs viennent
après les feuilles.
(2) On a donné le nom d'anthèse, qui ést assez généralement adopté, à l'époque
où la fleur épanouie a acquis son plus grand développement. Cet instant n’a pas
lieu dans des temps égaux : c’est ainsi que l’anthèse des Lis, des Asphodèles, a lieu
brusquement; quand la force qui retenait les pétales est vaincue, ils se redressent, et
l'épanouissement est complet. Il ne faut qu’une heure aux Pavots, qui font, en s'épa-
nouissant, tomber les deux sépales de leur calice. D’autres mettent une matinée à
s'ouvrir.
INTRODUCTION. cecclix
turnes, qui ne s'ouvrent que le soir. Les Roses, les OEillets, les Ca-
mélias sont des fleurs diurnes; elles persistent pendant plusieurs
jours, et ne sont soumises à aucun mouvement apparent, tandis que
d’autres exécutent des mouvements de dilatation et de contraction
qui se lient aux grands phénomènes météorologiques. La Belle de
nuit, le Mesembryanthemum noctiflorum, le Cereus grandiflorus,
sont des fleurs nocturnes, parce qu’elles n’épanouissent que quand
le soleil a quitté l'horizon.
On a donné le nom de fleurs éphémères à celles qui ne s’épanouis-
sent que pour briller un instant et se flétrir ensuite ; et, parmi ces
plantes, il y a des éphémères diurnes, tels sont les Cistes, et des éphé-
mères nocturnes, le Cereus grandiflorus.
Les fleurs équinoxiales sont celles qui s'ouvrent et se ferment à des
heures déterminées : c’est ainsi que les plantes de la tribu des Chi-
coracées, le Convoloulus tricolor, s'ouvrent le matin; les Malvacées
vers le milieu du jour, et la Belle de nuit le soir. Il y a encore des
équinoxiales diurnes et des nocturnes. Parmi les autres influences de
la lumière sur lanthèse, il y a celle produite sur certaines fleurs
dites tropiques, qui suivent la marche du soleil; elles sont à demi
épanouies le matin, très-ouvertes à midi, et reprennent le soir leur
attitude nocturne. Le Souci en est un exemple. C’est en s'appuyant
sur l'observation de l’anthèse, qu’on a établi une korloge de Flore,
dénomination gracieuse par laquelle Linné a désigné une liste de
quelques végétaux à floraison équinoxiale dont l'épanouissement à
lieu aux diverses heures de la journée(1). L'idée du savant botaniste
(1) L’horloge de Flore est un indicateur assez arbitraire de la mesure du temps;
mais on peut toutefois éprouver de la satisfaction à voir s’épanouir sous ses yeux, et
en suivant les progrès de la journée, diverses plantes qui croissent toutes sous notre
climat. Il faut toutefois les mettre à une exposition convenable, c'est-à-dire méridio-
nale, et tenir compte des changements de temps qui peuvent faire varier l’épanouis-
sement quelquefois de plus d’une heure. En général, c’est par un ciel pur et sans
nuages que ce phénomène a lieu avec le plus de régularité.
MATIN.
De 2 à 3 heures. De 4 à 5 heures.
Le Salsifis des prés, Tragopogon pratense. La Chicorée sauvage.
(C’est dans les grands jours d'été le moment Le Laiteron.
où le jour commence à poindre.) Le Crépis des toits.
De 3 à 4 heures. De 5 à 6 heures.
Le Liseron des haies, Le Pissenlit.
cecclx INTRODUCTION.
suédois ne lui appartient pas cependant; car Pline dit dans son livre
admirable et trop peu connu (liv. XVIIT, $ 27) : « Il semble que
la nature crie au laboureur : Pourquoi regardes-tu le ciel? pourquoi
interroges-tu les astres? Je t’ai donné des plantes qui t’indiquent
les heures, et pour que le soleil ne te fasse pas détourner les regards
de la terre, l'Héliotrope et le Lupin le suivent dans sa marche
diurne. »
Les fleurs /xétéoriques sont celles qui, sensibles à tous les chan-
gements de l'atmosphère, obéissent, par une sorte d’hygrosco-
picité, aux influences hygrométriques. Les influences électriques
jouent sans doute aussi un grand rôle dans ces mouvements. Le
Souci pluvial est une des plantes qui paraissent subir l'influence de
Le Lin commun,
L’Épervière en ombelle.
De 6 à 7 heures.
La Laitue cultivée.
Le Souci pluvial.
La Piloselle.
Le Nénuphar blanc.
De 7 à 8 heures.
La Vésiculaire.
L’Ofillet prolifère.
Le Mouron à fleurs rouges.
De 12 à i heure.
Le Pourpier.]
L'Hypochæris chondrilloides.
De 1 à 2 heures.
La Scille poméridienne ,
La Mauve à feuilles mie, ferment.
L’OEillet prolifère,
De 2 à 3 heures.
La Piloselle,
La Pulmonaire, {se sé 7x
De 3 à 4 heures.
Le Souci des champs se ferme.
De 4 à 5 heures.
Le Silène noctiflore s'ouvre.
Le Gorteria,
L se ferment.
La Belle de jour, oc:
De 8 à 9 heures.
La Nolana prostrata.
La Ficoïde barbue.
De 9 à 10 heures.
La Mauve d'Amérique.
La Glaciale.
De 10 à 11 heures.
La Scorsonère de Tanger.
L’Ornithogale à ombelle.
A 12 heures.
Les Ficoïdes.
Les Gorteria.
Le Laiteron (ferme sa fleur).
SOIR.
De 5 à 6 heures.
L’OEnothère odorante s'ouvre.
Le Nénupbar blanc se ferme.
De 6 à 7 heures.
La Belle de nuit,
L’OEnothère à 4 ailes, | ° ouvrent.
De7 à 8 heures.
Le Cactus à grandes fleurs s’ouvre.
L’Hémérocalle se ferme. .
Le Pelargonium triste répand son odeur par-,
fumée.
A 9 heures.
Le Nyclanthes arbor tristis s'ouvre.
À 10 heures.
Le Liseron à fleurs pourpres S'ouyre.
INTRODUCTION. ceccix]
l'atmosphère avec le plus de puissance. Quand le ciel est pur, il s’épa-
nouit le matin, vers sept heures; mais si le temps est couvert et
pluvieux , il reste fermé tout le jour. Les différentes espèces des
genres Scorsonère et Tragopogon sont dans le même cas. Les feuilles
des Oxtalis et des Trèfles se redressent et s'appliquent l’une contre
l’autre quand le temps est à l'orage. L’Érophile printanière, petite
Crucifère distraite du genre Draba, à cause de ses pétales fendus en
deux, incline sensiblement sa petite ombelle quand la pluie menace.
Si le temps est beau, le Liseron des haïes, qui n’épanouit sa grande
fleur blanche que le soir, reste ouvert le matin jusqu’à dix heures,
et se ferme si la pluie menace. Le Sonchus Sibiricus indique, au
contraire, quand il se ferme à l’approche de la nuit, que le jour
du lendemain sera beau; et si, au contraire, il doit y avoir de la
pluie le jour suivant, il s’épanouit.
On peut encore mettre au nombre des plantes hygroscopiques
les longues barbes soyeuses du Spa pennata, qui sont droites
pendant les temps humides, et contractées et recourbées si le temps
est sec ; les folioles involucrales du Carlina acaulis, dressées pen-
dant la sécheresse, s’épanouissent à l'humidité. On peut encore se
servir comme d’hygromètres des arêtes de l’Avoine, qui se contour-
nent pendant la sécheresse ; de la columelle des végétaux de la fa-
mille des Mousses, de la Rose de Jéricho ( Anastatica hierochuntica),
et d’une espèce de Fucus, la Laminaria saccharina, dont la fronde
s’allonge par la pluie et se raccourcit par la sécheresse.
Je ne répéterai pas ici ce que j'ai dit précédemment sur la chaleur
qui se développe dans certaines fleurs pendant l’anthèse.
Sous le rapport de la durée, l’anthèse présente des variations
nombreuses. Tandis que le Lilas, le Marronnier d'Inde ont presque
leurs fleurs épanouies en même temps, les OEnothères, ayant une vé-
gétation successive, restent plus longtemps en fleur. Les Crucifères
épanouissent successivement les leurs, mais en peu de jours. Quel-
ques végétaux, parmi lesquels on peut citer certaines espèces de
Véroniques, donnent des fleurs dès leur premier développement,
et continuent d’en donner jusqu’à la fin de la saison. On trouve des
exemples semblables de floraison prolongée dans certaines Caryo-
phyllées des genres Cerastium, Alsine et Arenarta.Ves Primevères
officinale et des jardins ne restent que peu de jours en fleurs, tan-
dis que la Primevere de Chine fleurit pendant une saison tout entière.
ceccixi] INTRODUCTION.
Le phénomène qui frappe le plus dans la floraison est le rôle de
la corolle, qui n’est que l’enveloppe protectrice des organes généra-
teurs pendant leur développement, mais qui perd toute son impor-
tance dès qu'ils ont acquis leur perfectionnement. Dans certaines
fleurs la corolle persiste jusqu'à la perfection du fruit; dans d’autres,
tels sont les Pavots, les pétales tombent peu de temps après leur
développement; la corolle des Campanules se flétrit sans tomber, dès
que la fécondation est accomplie : c’est ce qu’on appelle #arcescence.
Mais, dans la plupart des cas, le moment de la fécondation est le s1-
gnal de la mort de la corolle, qui perd ses couleurs brillantes, se des-
sèche et laisse à nu, en tombant, l’ovaire qui n’a plus besoin de pro-
tection.
L’époque de la floraison dépend essentiellement des climats, pour
les végétaux qui croissent spontanément ou que la culture a rendus
indigènes, et la connaissance en est indispensable aux personnes qui
s'occupent d'agriculture et d’horticulture, ainsi qu’à ceux qui récol-
tent des plantes médicinales. Les tableaux donnés par la plupart des
auteurs étant en grande partie inexacts, j'ai cru devoir reprendre
ce travail et le compléter, sans lui donner pourtant trop de déve-
loppement.
J'appellerai l'attention des amis de la nature sur l’idée qu'avait
Linné de prendre pour guide, dans les opérations les plus importantes
de l’agriculture, qui exigent pour réussir des conditious particulières,
le moment de la floraison de certaines plantes dont la croissance est
spontanée, et qui peuvent servir d’indicateur précis dans la marche
ascendante ou décroissante des saisons.
Floraison des principales espèces végétales qui croissent spontanément
ou sont cultivées sous le climat de Paris (x) :
JANVIER.
Les Mousses. Ellébore noir.
Les Lichens. — fétide.
(1) Ce tableau convient à la région comprise entre le 48° et le 490 de latitude boréale.
Pour établir les rapports de floraison, en tenant compte de la précocité des années, il faut
en reculer l’époque de dix ou quinze jours en remontant vers le nord ou jusqu’au 51°,
l'avancer de dix jours jusqu’au 46°, de quinze entre le 45° et le 44°, et d’un mois du
44° au 42°. Les stations, les altitudes, le voisinage de la mer, les îles , les expositions
abritées ou exposées aux vents froids, modifient les époques de floraison. Les obser-
vations sont, en général, faites avec négligence, et l’on ne peut prétendre à la préci-
Pin sylvestre.
Sapin commun.
Épicéa.
Paulownia imperialis.
Anémone pulsatille.
Marronnier d'Inde.
Le Prunier.
Le Cerisier.
Le Pommier.
Le Poirier.
INTRODUCTION. cecclxi}
FÉVRIER.:
Noisetier. Bois gentil.
. Perce-neige. Lauréole.
MARS.
Aune. ; Véronique de printemps.
Les Peupliers. — à feuilles de Lierre.
Genévrier. Lamium ampleæicaule.
If. Mâche.
Violette odorante. ; Pas-d’âne.
— de chien. Cassis.
Anémone sylvie. Fritillaire damier.
— des Apennins. — couronne impériale.
Amandier. Doronic du Caucase.
Pécher. Tourrette printanière.
Abricotier. Arabis alpina.
Hépatique. Cynoglosse printanière.
Capsella. Linaigrette à gaines.
Giroflée de muraille. Dirca palustris.
Fusain. Cornouiller mâle.
Tulipe précoce. Gui. |
Cytise à feuilles sessiles. Holostée.
Magnolier discolore. Saxifrage tridactyle.
Draba verna. Ajonc.
Scilla bifolia. Orobus vernus.
La Mercuriale vivace. Bellis perennis.
AVRIL.
Bouleau. Le Cognassier.
Les Saules, Le Fraisier.
Orme. Potentille printanière.
Charme. Ficaire.
Chêne. Populage.
Hêtre. La plupart des Laiches (Carex).
Les différentes espèces du genre
Brassica.
Alysse, Corbeille d’or.
Corydale bulbeuse.
— àfleurs jaunes.
Gentiane acaule.
Lilas commun.
Cardamine des prés.
Scilla nutans.
Ornithogale.
sion. Il faudrait toujours avoir soin d'indiquer les limites extrêmes de la floraison ,
C'est-à-dire l’époque de la première apparition et la durée, puis la réapparition autom-
nale qui a lieu pour certaines espèces.
ceccixiv
Muscari.
La Pervenche.
Primevère officinale.
Pulmonaire.
Véronique des champs.
Lierre terrestre.
Lamium album.
— purpureum.
Valériane officinale.
MAI.
Hêtre.
Pin maritime.
Les Poa.
Les Fétuques.
Les Bromes et un grand nombre de
Graminées.
Un grand nombre de Crucifères,
telles que les genres
Barbarea.
Pastel.
Lunaire.
Thlaspi.
Sinapis.
Quelques Labiées, appartenant aux
genres
Lamium.
Galéopsis.
Mélisse.
JUIN.
Noyer.
Les Millepertuis.
Les Roses.
Tilleul.
Le Froment et les autres Céréales.
Colza.
La plupart des Géranium.
Érodium.
Ronce bleue.
Spirées.
Raphanistrum.
Le Cochlearia armoracia (Raifort).
Satyrium hircinum.
Orties.
Chanvre.
Les différentes espèces du genre
Rumex.
Vigne.
INTRODUCTION.
Groseillier rouge.
— Sanguin.
— doré.
Frêne.
Houx.
Les Érables.
Saxifrage granulé.
Adoxa moschatellina.
Narcisse des prés.
Orchis militaris et un grand nombre
d’autres espèces.
Arum maculatum.
Les Euphorbes précoces.
Chèvrefeuille.
Rhododendrum ponticum.
Pissenlit.
Doronic à feuilles de Plantain.
Groseillier à maquereau.
Sorbier.
Alisier.
Néflier.
Aubépine.
Épine-vinette.
Spartium scoparium.
Muguet de mai.
Muscari odorant.
Betterave.
Les Euphorbes plus tardifs.
La plupart des Borraginées. .
Les Scrofulariées.
Une partie des Labiées, qui conti-
nuent en juillet et août.
Les Campanulacées.
Les Cucurbitacées.
Les Sureaux.
Presque toutes les Rubiacées.
Les Synanthérées précoces.
Bluet.
Coréopsis.
La plupart des Ombellifères que don-
ne encore le mois suivant.
Un grand nombre de Caryophyllées.
Les Crassulacées , ainsi que dans le
mois suivant.
INTRODUCTION.
Les Papavéracées.
Les Nuphars.
Les Genêts.
Les Ononis.
Robinier faux-acacia.
Un grand nombre de Légumineuses,
qui continuent le mois suivant.
JUILLET.
Clématite des haies.
Les Pigamons.
Un grand nombre d’espèces du
genre Sisymbrium.
Houblon.
Sarrasin.
Les Plantains.
Les Gentianes.
Les Mourons.
Les Liserons.
La plupart des Solanées.
Bruyère commune.
Les Linaires et une partie des Pédi-
culariées.
Les Panicum.
Les Balisiers.
Romarin.
Sauge officinale.
AOUT.
Arundo phragmites.
Tabac.
Bardane.
Céphalanthe d'Amérique.
Menthe pouliot.
Laurier rose.
Chardon à foulons.
Eupatoire à feuilles de chanvre.
Tanaisie.
SEPTEMBRE.
Amaryllis jaune.
Fougères.
Hélénie d'automne.
Reine-Marguerite.
Bidens tripartita.
Scabieuse succise.
OCTOBRE.
Chrysanthème des jardins.
TOME I, INTRODUCTION. — Livraison in.
cccclx v
Sceau de Salomon et autres Aspara-
ginées.
Lis blanc.
— orangé.
— Mmartagon,
Châtaignier.
Morille.
Glaïeul cardinal.
Les Scabieuses et en généralles Dip-
sacées.
Menthe sylvestre.
Les Laitues.
La plus grande partie des Synan-
thérées.
Les OEnothérées.
Les Caryophyllées,
Lin cultivé.
Salicaire.
Sophora du Japon.
Tulipier de Virginie.
Les Cistes.
Les Malvacées.
Chanterelle.
Agarie poivré.
Apparition des Lycoperdons.,
nl
Catalpa. :
Ketmie des jardins.
Aylanthe, vernis du Japon.
Julibrissin.
Érigeron.
Verge d’or.
Peucedanum parisiense.
Chardon Roland.
Sedum telephium.
Verge d’or à larges feuilles.
Vernonie de New-York.
Topinambour.
Lierre.
Colchique d'automne.
Arbousier commun.
Gomphrena globosa.
fi
cecclxv} INTRODUCTION.
Vernonie élevée. Les Champignons des genres Agaric.
Tagetes erecta. — Bolet.
Asler grandiflorus. — Polypore.
De nouvelles floraisons parmi les — Helvelle.
Crucifères, les Composées, les Gé- — Clavaire.
raniées.
NOVEMBRE ET DÉCEMBRE.
Rose de Noel. Les Cryptogames , Champignons
Tussilage odorant. Mousses, Lichens.
Daphne mezereum
Nomologie de la fleur.
Toute plante pourvue d’une fleur ne peut appartenir qu’à une
Cotylédonée. Ù
Il faut, pour se rendre un compte exact de l’évolution florale, re-
garder chaque verticille comme formant an phyton distinct, pour
les rapporter à la loi de formation du végétal, ou pour employer
d’autres termes, les considérer comme un bourgeon terminal com-
posé de quatre systèmes ou cycles de feuilles appelés calice, corolle,
étamines, pisuls.
Toute fleur pourvue d’étamines ou de pistils seulement est impar-
faite. Les premières sont stériles; les autres sont fertiles, si elles sont
fécondées. Il n’y a donc de parfaite que la fleur pourvue à la fois
d’étamines et de pistils réunis dans une même enveloppe.
Dans les inflorescences compactes , où il y a déformation néces-
saire produite par la compression, il n’y a que les fleurs complètes
qui puissent faire connaître la structure réelle de la fleur.
La fleur terminale, dressée et solitaire, est régulière, quand bien
même elle appartiendrait à une famille irrégulière. Si la fleur appar-
tient à une inflorescence en épi ou pyramidale, la fleur terminale
n’est pas complète : il y a toujours avortement d’un des verticilles
du centre par suite de l’atrophie des organes terminaux. Ce n'est
que dans les inflorescences horizontales que la fleur terminale est
complète. C’est une loi qui n'exclut pas l'irrégularité du type et
fait de la régularité une simple exception.
Dans les fleurs dont le nombre des parties varie, il faut chercher
le nombre normal dans la fleur terminale ou dans celui propre à la
classe à laquelle elle appartient. 11 faut donc toujours regarder le
INTRODUCTION. ceccix vi
nombre trois comme le type numérique des Monocotylédones, et le
nombre cinq comme le type des Dicotylédones.
Lés fleurs asymétriques et inégales dans le nombre de leurs par-
ties sont irrégulières, l’asymétrie étant la source de l’irrégularité :
c’est ainsi que les Papilionacées, quoique composées de cinq pétales,
sont irrégulières par asymétrie ; les Labiées, les Scrofulariées le sont
par la différence des rapports entre leurs éléments constituants. Dans
les fleurs péloriées, telle est la grande Linaire, le type asymétrique
retourne au type régulier, et alors elle ressemble à une Solanée (1).
Il y a une étroite liaison entre tous les verticilles ; c’est pourquoi
l’irrégularité d’un des verticilles entraîne toujours après soi l’irré-
gularité du verticille le plus voisin.
Dans un même groupe, lorsqu'il y a mélange de fleurs régulières
et d’irrégulières, on arrive à la plus grande irrégularité par degrés,
et non brusquement et d’un seul coup.
Dans le plus grand nombre des cas, les appareils sont en nombre
égal, et certains verticilles sont les multiples des verticilles fonda-
mentaux. Ainsi dans les Caryophyllées on trouve dix étamines et cinq
pétales. D’autres groupes présentent des rapports inégaux, mais cons-
tants : tels sont les trois étamines des Graminées et leurs deux stigma-
tes ; et dans les Ombellifères, le nombre cinq se trouve en rapport avec
le nombre des ovaires, qui est de deux. Certaines familles appartenant
à la Polyandrie de Linné varient sous le rapport du nombre pour les
pétales , les étamines et les ovaires.
La loi générale est que la divisibilité des parties augmente de
l'extérieur à l’intérieur.
L'alternance entre les parties des verticilles est une loi presque
universelle, ce qui confirme l’évolution spirale des éléments floraux.
Il est rare que dans les groupes à fleurs irrégulières tous les ver-
ticilles soient irréguliers, et l’on déduit le type du nombre des par-
(1) On a distingué la régularité de la symétrie, en définissant la régularilé, la si-
militude de figure et de disposition dans les parties qui composent la fleur, et la symé-
trie, l'ordre dans la disposition des parties, qu’il y ait ou non régularité dans la confi-
guration des parties. C’est ainsi que la Pervenche est à la fois symétrique et régulière,
parce que ses trois verticilles, semblables entre eux , sont également éloignés et alter-
nent avec les parties du verticille inférieur; dans la Molène, dont la corolle est irré-
gu'ière, l'alternance du calice et de la corolle établit entre eux la symétrie. Il faut donc
pour la symétrie, qui est fondée sur l’alternance , deux verticilles au moins, tandis
qu’un seul verticille suffit à la régularité.
ceccixviij INTRODUCTION.
ties de l’appareil régulier : tel est le nombre cinq dans le calice des
Scrofulariées et des Labiées; ce qui montre la puissance de la for-
mule quinaire dans les Dicotylédones.
On ne peutse méprendre sur la nature des divers appareils flo-
raux en en étudiant avec soin insertion, ce qui évitera de confondre
un verticille extérieur avec un verticille intérieur. Il faut prendre
pour point de départ le centre ou le verticille pistillaire, et en des-
cendant de verticille en verticille, on retrouvera les appareils qui
sont quelquefois confondus.
Il faut faire plus d'attention à la pluralité des parties verticillaires
qu'à leur adhérence ou à leur division. C’est ainsi que, dans les fa-
milles monopétales, la division des pétales est sans importance, tandis
que la polypétalie indique souvent des rapports naturels différents.
Les soudures sont d’autant plus importantes, qu’elles ont lieu dans
des circonstances où elles sont plus difficiles. On ne peut regarder
comme un caractère de premier ordre les soudures entre des parties
similaires ; mais quand ce sont des verticilles qui se soudent, il en
résulte un fait tératologique qui ne peut s'étendre à tout un groupe
sans acquérir une grande valeur. Elles en ont plus encore quand elles
coïncident avec une perturbation dans la symétrie générale; les Or-
chidées sont dans ce cas. Cependant ce qui prouve jusqu’à quel point
les lois fondamentales des groupes ontde la persistance, c’est que, dans
cette famille immense, on retrouve le nombre trois jusque dans le
verticille staminaire, malgré l'avortement de deux étamines dans les
Orchis, et d’une seule dans les Cypripédiées.
Avant de terminer le long chapitre de la fleur, il convient de par-
ler de l’ensemble des organes de la fructification dans les végétaux
cryptogames ou acotylédones.
Il y à dans celte classe, encore si peu connue, et qu’on n’étudie
pas plus dans les cours que si c’était une branche essentiellement
différente de la science des végétaux, une plus grande variété de
modes de reproduction que dans les Phanérogames. On les a divisés
en deux grands groupes, suivant le mode affecté par chacun d’eux
dans le développement de ses corps reproducteurs : ainsi, on appelle
Tndosporées les Cryptogames dont les spores se développent dans
l’intérieur des tissus : tels sont les Protococcus, les Palmella ; et
Exosporées celles dont les spores se développent à l'extérieur de
l’utricule : tels sont les Champignons. Quant au mode particulier
INTRODUCTION. s cccclix1x
de reproduction, il se rapporte à trois grandes modifications
fondamentales; ce sont : 1° les Spores, semblables aux graines
des Phanérogames et n’en différant que par leur mode de forma-
tion, qui paraît seulement être l'isolement de cellules qui reprennent
l’individualité que j’ai signalée dans les cellules qui entrent dans la
composition des tissus mêmes; c’est au reste le mode de génération
le plus simple et celui qui est propre aux animaux inférieurs ;
2° les Gemmules , appelées encore Znnovations, bourgeons qui
naissent dans l’aisselle des feuilles, s’allongent, et forment de petites
branches qui se détachent de la plante mère, et donnent naissance à
de nouvelles plantes; c’est encore un mode de reproduction qui
rentre dans le premier et est aussi naturel ; 3° les Sporules ou Pro-
pagules, corps cellulaires composés d’un petit nombre de cellules
placées bout à bout et sans ordre, qui tombent à terre, germent et.
donnent naissance à une nouvelle plante ; 4° on a observé dans les
Mousses de petits éubercules qui se développent à la surface des ra-
cines et reproduisent la plante : ce sont des espèces de bourgeons qui
se forment sur certaines parties du végétal mère, et, en tombant sur
le sol, jouissent de la faculté de produire une plante nouvelle. On à
encore signalé dans les Lycopodes et les Azollées des corps reproduc-
teurs inconnus. |
Dans les Algues, classe si nombreuse et si variée, on trouve plu-
sieurs modes de reproduction; le plus simple est celui des Confer-
voïdes , dont les utricules remplissent à la fois les fonctions de la
végétation et celles de la reproduction, ou comme les êtres inférieurs,
n’ont pas d'appareils distincts pour la vie de nutrition et pour celle
de reproduction. Quand la plante est arrivée à une certaine époque
de sa vie, chaque utricule se remplit de spores qui servent à repro-
duire la plante; mais ces spores, en nombre indéterminé dans les
Confervacées, présentent déjà un nombre déterminé dans les Ulvacées,
qui sont tétraspores; c’est l’individualisation d’une utricule dans les
Hydrodictyons, une fissiparité dans les Nostochinées, etc. Dans les
végétaux de cette classe, les spores sont douées de mouvement, et ce
mouvement paraît spontané; il ne dure que peu de temps dans cer-
taines espèces, tandis que, dans les Oscillaires, il persiste pendant
toute la durée de leur vie.
Dans les Phycées, les spores se développent dans des #kèques, es-
pèces de cellules spéciales, diversement disposées ; elles sont latérales
ceccixx INTRODUCTION.
et unisporées dans les Vauchérics; unisporées aussi dans les Charas;
mais les thèques sont enveloppées de cinq filaments cloisonnés appelés
paraphyses, conlournés en spirale, et formant par leur soudure une
tunique externe, ou #aduvie. Dans les Fucus, les thèques tapissent les
parois de cavités creusées dans le /halle, et appelées conceptacles ;
elles sont accompagnées de paraphyses. On ne trouve pas de para-
physes dans les Corallines. On trouve, à l’intérieur des Charagnes et
des Fucacées, des phytozoaires, petits filaments roulés en spirale, et
paraissant être des animalcules semblables aux zoospermes; les utri-
cules qui les renferment, et qu'on regarde comme l’analogue des an-
thères, ont été appelées anthéridies et zoothèques.
Dans les Floridées, les thèques sont tantôt extérieures, comme dans
les Callithamniées, tantôt disséminées dans le tissu; les unes sont
accompagnées de paraphyses, les autres, comme les Lomentariées,
ont les thèques renfermées dans des portions de thalles différant
par leur structure du reste des tissus, et qu'on a nommées s#chidies ;
dans les Claudées ils sont au milieu d’un thalle réticulé.
En suivant avec atiention le développement des spores nues ou
induviées, externes ou internes, on n’y voit que le jeu d’un système
de formation semblable. Dans les plus inférieures, on trouve la con-
fusion ; dans les plus élevées, la symétrie, en un mot une arithmé-
tique qui ne présente, comme je l’ai dit au commencement de ce
livre, que des nombres pairs ayant 2 pour facteur premier, et qui en
sont presque toujours les multiples.
Dans les Champignons arthrosporés, ce sont des utricules termi-
nales, affectant la forme d’un chapelet, et qui se séparent à leur ma-
turité. On distingue les genres d’après la nature des spores et la
structure des corps qui les supportent; les Trichosporés ont les
spores placées à l'extrémité de filaments simples. Les Thécasporés
ont les spores renfermées dans des t.èques. Les spores sont, suivant
les familles, disposées sans ordre, ou bien symétriques à la surface
du réceptacle : tels sont les Lichens dont les thèques sont fixées aux
parois internes d’un conceptacle évasé, dont les bords se sont
rapprochés et forment une cavité ouverte seulement par une
fente ou une petite ouverture appelée ostiole ; ou bien encore ils
tapissent, comme dans les Truffes, la cavité d’un péridium, récep-
tacle commun ouvert à son sommet ou entièrement clos, qui ren-
ferme des conceptacles libres ou soudés; on a donné le nom de
INTRODUCTION. cecclxx};
gleba à la masse des conceptacles renfermés dans le péridium.
Les spores, au lieu d’être simplement lisses et ovales, sont cloi-
sonnées, baculiformes, didymes, tricuspides ou réticulées, et le nom-
bre varie de 4 à 8. Dans les Basidiosporés, les spores, presque
toujours au nombre de 4, sont portées sur une utricule tétracuspide,
tantôt à la face inférieure d’un conceptacle enveloppé du sac mem-
braneux à compartiments appelé péridium, ou bien tapissant les la-
cunes creusées dans la g/eba. C’est à cet ordre qu’appartiennent les
Champignons des genres Agaric, Bolet, Clavaire, Chanterelle, Lyco-
perdon.
Les Myxosporés ont les spores simples ou composées, flottant
dans une masse mucilagineuse d’abord, qui forme ensuite une sorte
de péridium, ou mêlée à des filaments divers appelés capillitium.
La classe des Mousses, qui comprend les Hépatiques et les Mousses
proprement dites, est remarquable par son système de reproduc-
tion. Ce sont bien (oujours des spores; mais elles sont renfermées
dans un sac appelé sporange, revêtu d’une enveloppe extérieure
appelée épigone, et cet ensemble porte le nom d’archégone. Quand
les spores sont müres, le sporange déchire l’épigone et apparaît; les
spores en sortent de diverses manières. L’archégone est entouré
ordinairement d’une gaine appelée périgone, qui renferme toujours
plusieurs archégones, dont un seul se développe, et toujours l’arché-
gone, qu'il soit ou non entouré d’un périgone, est accompagné, dans
les genres foliacés, d’une rosette de feuilles appelée le périchèze. Le
périchèze semblerait représenter le calice des Phanérogames, et le
périgone la corolle. Le sporange à coiffe des Mousses, qui a la
forme d’une urne, est porté sur un pédicelle et renferme au centre
une colonne nommée columelle. Cette urne a une triple paroi; on
donne le nom de sac sporophore à l’urne interne, et celui d’apophyse
à la masse charnue sur laquelle l’urne intérieure repose, et qui est
formée par le développement des deux urnes extérieures. L’urne ex-
terne se continue au sommet et est fermée par une membrane appelée
opercule, qui en est toujours séparée par une rangée de cellules élas-
tiques appelées anneau. Elles se distendent au moment de la dissémi-
nation des spores, et font tomber l’opercule. Les urnes internes sont
le plus souvent bordées de petites lanières appelées le péristome. Le
péristome, simple ou double, varie beaucoup dans sa forme et sert à
distinguer les genres.
cecclxxi] INTRODUCTION.
Outre cet appareil compliqué qui renferme les corpuscules repro-
ducteurs, il y a dans presque toutes les Mousses, soit sur le même
individu, soit sur des individus différents, de petits corps ovoïdes
formés d’une membrane mince et incolore, et renfermant une masse
cellulaire contenant dans chaque utricule, suivant la plupart des
auteurs, un phytozoaire. Le corps qui le renferme s'appelle, comme
je l'ai déjà dit, le zoothèque (les anthoïdies ou anthéridies de quel-
ques cryptogamistes). La spore serait alors l’ovule fécondé par le
phytozoaire. De là la distinction des Mousses en hermaphrodites,
quand les zoothèques et les archégones sont renfermés dans un même
périgone; en monoïques, quand ils sont séparés, quoique sur le même
pied, et en dioïques, quand ils sont sur des pieds différents.
La reproduction des Mousses a également lieu par sporules, par
innovations et par tubercules.
Quant à la valeur des zoothèques et des phytozoaires, il est permis
de douter de leur influence fécondante ; c’est, au reste, une ques-
tion de la plus profonde obscurité. On s’est en général mépris sur
le sens de la génération : on y cherche toujours le concours néces-
saire de deux sexes, comme si la multiplication par bourgeonne-
ment et par propagule n’était pas la plus simple et la plus naturelle.
Qu'est-ce qu'un ovule, si ce n’est une spore? et une spore, si ce
n’est un bourgeon libre? Pourquoi maintenant, dans les êtres appar-
tenant aux degrés les plus élevés de l'échelle des deux règnes , le
concours de deux individus est-il nécessaire? C’est ce que nous ne
savons pas. L'histoire des phytozoaires et des zoospermes est si am-
biguë , qu’on ne peut dire si ce sont des animaux ou des corpus-
cules doués d’un mouvement mécanique et dépourvus de spontanéité.
Le fait est que l’on n’est pas d’accord sur ce point : ce que les uns
affirment, les autres le nient. Les zoospermes ont eu une fortune
diverse : tantôt on les a élevés au rang d’animaux , d’autres fois on
en a fait de simples filaments animés du mouvement brownien.
Les Fougères se multiplient par des spores contenues dans un sac
membraneux appelé sporange, placé à la face inférieure des fron-
des, et affectant des dispositions particulières suivant les familles et
les genres. La forme et la nature du sporange sont même un carac-
tère de la plus haute importance pour distinguer les groupes entre
eux. Le sporange est composé d’une simple membrane dont les utri-
cules sont semblables entre elles et autour desquelles est un azreau
INTRODUCTION. ccccixxii}
appelé connecticule, partant du pédicelle qui supporte le sporange,
et l’enveloppant comme le cimier d’un casque ou comme un turban.
La figure du sporange et celle des spores présentent d’innombrables
variétés. Les sporanges, réunis sous les frondes en groupes de figures
diverses, ce qui constitue le mode d’inflorescence propre à ces vé-
gétaux, sont rarement solitaires : ils sont rassemblés en amas
appelés sores ; quelquefois nus et d’autres fois recouverts d’une mem-
brane protectrice qu’on appelle #2duste, qui varie elle-même suivant
les genres. D’autres fois elle est cyathiforme, et c’est dans cette coupe
que sont contenues les spores.
Dans les genres Osmonde et Todée, les sporanges forment une
panicule et rappellent par leur figure l’inflorescence de certaines Gra-
minées. On retrouve dans le Botrychiun une panicule ramifiée, et
dans l’Ophtoglossum un épi distique à sporange dépourvu de connec-
ticule. La nervure moyenne des frondes des Hyménophyllées porte
des godets dans lesquels se trouvent les sporanges insérés sur une
colonne centrale. |
On trouve dans les Fougères, comme dans les Mousses , des bour-
geons qui se développent sur les frondes, se détachent et produisent
un être nouveau.
Dans les Lycopodiacées, les sporanges sont insérés sur les feuilles
et ne sont jamais recouverts d’une enveloppe ; les sporanges sont
uniques dans les Lycopodes, et portés sur une feuille fructifère.
D'autres fois on trouve à la place des sporanges un corps plus gros,
renfermant, au lieu de la fine poussière qui constitue les spores, et
est connue sous le nom de poudre de Lycopode, quatre globules
qui, étant mis en terre, germent et reproduisent la plante, et pa-
raissent être des bulbilles. Dans les Psilotées , les sporanges, au nom-
bre de trois, sont portés par la base du pétiole.
Après avoir vu les spores des Cryptogames inférieures sous la forme
la plus simple, s'élever et passer au sporange distinct des Hépati-
ques et des Mousses, puis à l’inflorescence des Fougères déjà déta-
chée de la fronde dans l’Osmonde et l’Ophioglosse, nous arrivons
aux Équisétacées , dans lesquelles un épi terminal ovoïde, distinct
du reste de la plante, représente le mode d’iniflorescence propre à
cette famille. Il se compose d’écailles rabattues sur un court pédicelle
fixé horizontalement à l’axe floral et simulant une tête de clou; ce
sont des sporanges contenant des spores entourées de deux fila-
TOME N, INTRODUCTION. — Livraison ji]. ID
cecclxxiv INTRODUCTION.
ments élargis à leurs extrémités, et qui jouissent d’une telle sensi-
bilité hygroscopique, qu’en les observant au microscope, l’hu-
midité chaude de l’haleine les fait se contracter de mille manières,
de telle sorte qu’on les prendrait pour des êtres animés : ils parais-
sent avoir pour objet de projeter les spores hors du sporange.
Les Azollu ont encore des sporanges distincts de leurs feuilles,
portés sur un long pédicelle et renfermés dans une indusie.
Dans ies Rhizocarpées, les plus élevées des Cryptogames, les organes
de la reproduction sont des sporocarpes, petits sacs ovoïdes renfermant
des spores fixées sur un pédicelle. Dans la Pilulaire etle Marsilea, les
spores paraissent attachées à un placenta pariétal, tandis que dans les
Salviniées elles le sont à un placenta central. Cette fructification paraît
être la dernière expression du mode de reproduction dans lembran-
chement des Cryptogames, dont les organes générateurs méritent d’être
étudiés. On n’y voit rien qui rappelle les végétaux phanérogames ;
les spores paraissent être des ovules renfermés dans leurs sporanges
comme ces derniers dans leurs loges pistillaires. Quant à la sexua-
lité des végétaux de cet embranchement, qui se réduirait, suivant les
uns, à un simple grain de pollen soumis à une influence vitale diffé-
rente et devenant non plus une utricule remplie de granules généra-
teurs, mais bien un ovule reproducteur, et suivant d’autres, au con-
traire, présentant une véritable anthère (Z'anthéridie) qui, au lieu de
renfermer des grains de pollen remplis par la fovilla, contiendrait di-
rectement des phytozoaires, ce qui rendrait bien différent le mode de
génération des Cryptogames, puisque dans le premier cas il y aurait
génération primordiale et dans le second identité avec les Phanéro-
games, je ne me prononcerai pas sur ce point délicat : l'étude de la
vie des êtres inférieurs est encore trop incomplète pour que les mys-
tères en soient connus.
—#8S——
CHAPITRE XXI.
DES ENVELOPPES FLORALES.
Du calice.
Le premier verticille floral, ou l’enveloppe la plus extérieure des
organes de la reproduction, est le calice, qui est le plus communé-
INTRODUCTION. cecclxxv
ment de la couleur des parties herbacées, mais quelquefois corolt-
forme ou pétaloïde, et simule alors les pétales de la corolle. C’est
la difficulté de distinguer le calice dans certaines circonstances qui
a fait dire à Linné que la nature n’a pas établi de limites entre le ca-
lice et la corolle. C’est à tort que ce célèbre naturaliste avait re-
gardé le calice comme une production de l'écorce, ce qui est en con-
tradiction avec ses idées sur la transformation des parties les unes
dans les autres. l
Considéré sous le rapport de sa génération directe, le calice est
une métamorphose des bractées et des feuilles, et le premier degré
de transformation de ces organes en enveloppes protectrices de la
fleur. On remarque dans certaines familles, telles que les Ternstræ-
miacées, les Dilléniacées et quelques autres, plusieurs séries de fo-
lioles qui font du calice comme de l’androcée un verticille à séries
multiples.
Dans les Monocotylédones, le calice est plus difficile à distinguer ;
dans cette classe, les fleurs sont généralement composées de deux
verticilles : un extérieur de trois pièces, et l’intérieur d’un même
nombre, quelquefois semblables pour la forme et la coloration, d’au-
tres fois différant par la forme (le Galanthus nivalis) et par la cou-
leur (l4/sma). Dans ces derniers végétaux, les enveloppes exté-
rieures sont colorées en vert, et représentent parfaitement le calice
des Dicotylédones, et les intérieures sont colorées de manière à
offrir l’image des pétales. |
La terminologie des fleurs des Monocotylédones a dû, par suite
de ce jeu assez capricieux des formes pour offrir des apparences
diverses, subir des variations : c’est ainsi que De Candolle a donné
à ces fleurs dont l'enveloppe paraît unique le nom de ##7onochla-
mydées, et aux enveloppes elles-mêmes le nom de périgone ; on leur
donne plus communément celui de périanthe. Il faut réserver exclu-
sivement ce nom pour les fleurs des Monocotylédones. Cependant,
en y regardant de plus près et soumettant certaines fleurs à l’ob-
servation, on trouve fréquemment des stomates sur le tégument
externe, ce qui le rapproche du calice, tandis que les enveloppes
internes en sont privées, caractère propre à la corolle (1); il en résul-
(1) De Candolle comprenait sous le nom de périgone l’enveloppe des appareils de la
fécondation, et quand il y a calice et corolle il disait périgone double. entendait par
périgone simple ou périgone la fleur dans laquelle il y a soudure des deux pre-
cCCCIXXV] INTRODUCTION.
terait que le périanthe, quoique simple en apparence, est presque
toujours double.
Dans les Dicotylédones, le calice existe sous une forme plus net-
tement définie; les verticilles sont plus distincts et les fleurs plus
complètes à mesure qu’on s'élève dans la série : car en bas, au point
de contact des deux embranchements, comme dans les Pipéritées,
les Aristolochiées, les Conifères, les familles comprises jadis sous le
nom commun d’Amentacées, les Chénopodiées, les Ürticées, les Eu-
phorbiacées, les Laurinées, les Polvgonées, les Plantaginées, com-
posées de deux classes, les apétales et les diclines, il n’y a qu’une
seule enveloppe florale qu’on peut presque toujours regarder comme
un calice, car elle est colorée en vert.
Nous Fra en passant en revue les organes propres à , MR
verticille, retrouver l’ascendance ou l'amélioration successive de la
forme. Après les apétales viennent les monopétales, dont les calices
sont composés d’une seule pièce, bien que dans les Dicotylédones
polypétales on trouve également des calices d’un seul morceau.
Sont-ce des pièces originairement libres ou soudées, ou bien, les su-
tures distinctes qu’on y remarque sont-elles simplement des lignes
de démarcation qui indiquent qu’il y a préparation à une division
ultérieure? C’est ce qu’il est difficile de dire. Dans tous les cas, il y
a des circonstances où l’on ne peut nettement distinguer les sutures ;
l'opinion actuelle est que les folioles, primitivement libres, ne sont
réunies que par soudure, ce qui paraît le plus fondé.
Les calices d’une seule pièce sont dits monophylles où monosé-
pales. On à donné le nom de phytles (feuilles) (1) et de sépales aux
différentes pièces du calice, pour caractériser les parties de ce ver-
ticille, bien que le premier mot soit plus conforme à l’idée de transfor-
mation de la feuille en foliole ou phylle, Pour rester fidèle à la doctrine
miers verticilles et dans le cas où il est douteux si l'enveloppe florale est corolle ou
calice. Il rejetait le nom de périanthe, employé par Linné pour désigner toutes les es-
pèces de calices ou d’involucres (reg autour, &vôos, fleur), dont on a fait un synonyme
de périgone.
(1) On a d’abord donné aux pièces du calice le nom de folioles, puis De Candolle
a remplacé foliole par phylle (du grec g5Mov, feuille) en réservant le nom de folioles
pour les divisions de la feuille, et il a fini par adopter le nom de sépale créé par Necker.
Les deux ont prévalu; cependant le premier est plus généralement adopté. Quand on
emploie le mot sépale ou tout autre, on le fait précéder du nom des nombres qui en
indiquent les divisions.
INTRODUCTION. cecclxx vi]
de la perfection des végétaux par la soudure des parties, libres dans
leur état primitif, De Candolle ne voulait pas qu’on dît »#onosépale ;
mais gamosépale, ce qui veut dire calice soudé, du grec yéyos, noce,
union. Il y a dans la glossologie un amas de puérilités, de distinctions
subtiles qui nuisent au progrès de la vraie science en en faisant un
grimoire inintelligible.
Le calice composé de pièces distinctes est dit polyphrylle.
: Le calice monophylle se compose le plus souvent du #ube, formé
par la partie indivise; de la gorge, point où le tube finit et où le
limbe commence, et du /mbe, qui se compose des sépales ou folioles.
Quand il ne présente aucune division, il est dit entier. Lorsque les
divisions sont peu profondes, il est dit bspartite, VOrobanche; trrpar-
te, V Alisma plantago ; quadripartite, les Gentianées ; quinquepar-
tite, la Pulmonaire, l’Héliotrope. Lorsqu'il y a un plus grand nom-
bre de divisions, il est dit zxwltipartite où pluripartite.
Si les divisions sont moins profondes, comme cela a lieu dans les
Labiées, et qu’il ne reste que des pointes aiguës, le calice est dit 2:-
denté, tridenté; maïs, au contraire, la division qui pénètre jusqu’à
moitié a fait introduire dans la nomenclature des dénominations spé-
ciales : quand il est divisé en deux, il est Ozfide, comme dans la
Verveine, l’Orobanche; il est érvfide dans le Globba nutans ; quadri-
fide dans les Selago, les Gaura ; quinquefidle dans la Rose; multifide
dans les genres 4phanes, Peplis.
Le calice monophylle est {«buleux dans les Primulacées; conique
dans le Grenadier; cylindrique dans l’'OEillet; campanulé dans le
Haricot commun; twrbiné dans la Bourgène; urcéolé dans la Jus-
quiame noire, le Rhexia virginica; vésiculeux dans le Fesiculartia ;
cupuliforme dans l’Oranger; globuleux dans le Gerarnium rnacro-
rhizon; prismatique dans les Mimulus ; enflé dans le Silene inflata ;
comprimé dans le Rhinanthus cristagalli.
Dans le calice polysépale ou polyphylle, car les deux expressions
sont indifféremment employées, on fait précéder les parties par le
nom du nombre qui les compose : ainsi, le calice est diphylle ou
disépale dans les Papavéracées et les Fumariacées ; #riphylle dans le
Ficaire, la Célosie, le Tradescantia ; tetra-quadriphylle dans les Cru-
cifères; penta où quinquephylle dans les Renonculacées, les Li-
nées, etc.
Après le nombre vient la forme, qui est assez variée et qui se
cecclxx vil) INTRODUCTION.
rapproche de celle affectée par les feuilles, les sépales calicinaux
n'étant que des feuilles transformées.
La position des folioles calicinales présente un petit nombre de
variations : elles sont dressées dans la plupart des Crucifères; con-
niventes dans le Ceanothus americanus, le Trolle d'Europe; dans ce
cas, il y a occlusion et le calice est fermé. Lorsque les folioles sont
dirigées en dehors, le calice est divergent, V'OEnothera biennis, les
Sinapis ; étalé dans les Fraisiers; réfléchi dans la Renoncule bul-
beuse; révolutées, le Sterculia platanifolia ; involutées, le Cen-
tranthus ruber.
Sous le rapport des relations des parties entre elles, le calice est
régulier dans la Bourrache, la Tormentille, où toutes les parties
sont semblables; quand elles sont alternativement plus longues
et plus courtes, comme dans certaines Ombellifères, il est encore
régulier.
Il est #rrégulier dans le Trifolium rubens, et symétrique dans les
Labiées, où il est souvent ilabié, comme dans les genres Melissa,
Thymus, Ocymum, Origanum, Prunella. Dans d’autres, et c'est le
plus grand nombre des cas, la lèvre supérieure est divisée en deux,
et l’inférieure est tridentée; dans les Papilionacées, le calice mono-
phylle est quinquédenté, excepté dans l’U/ex nanus, dont le calice
est composé de deux folioles parfaitement semblables.
Parmi les anomalies calicinales, il faut mentionner le développe-
ment excessif des folioles du calice de l’'Origanum majorana, qui est
bractéiforme.
Persistant dans le plus grand nombre des cas, et accompagnant
mème souvent le fruit qu’il couronne dans la Pomme, et, en général,
toutes les plantes de la famille des Pomacées, ainsi que dans la
Grenade, il n’est que simplement persistant dans un grand nombre
de familles, telles que les Borraginées, les Primulacées, les Papiliona-
cées. Le calice est décidu dans les Crucifères, c’est-à-dire qu'il tombe
après la fécondation. Le cas le plus rare de caducité est celui des
Pavots, dans lesquels les sépales tombent avant l'épanouissement
de la fleur et sont détachés par le mouvement des pétales pour se
déplisser : dans ce cas, le calice est dit caduc, fugace, tombant ou
passager. Dans les Mourons (les 4nagallis), le calice mnarcescent se
flétrit; le calice persistant prend quelquefois de l'accroissement et se
développe d’une manière anormale: il est accrescent dans la Bella-
INTRODUCTION. ceccixxix
donne, l’Histera coccinea, et vésiculeux où irnduvial dans l’Alkékenge
et le Trèfle fraise.
Le calice, quoique assez généralement simple, porte cependant
parfois des appendices : il est stoulé dans un grand nombre de Ro-
sacées ; gibbeux dans la Biscutella auriculata et dans le Teucrium
Botrys; surmonté d’une protubérance semi-orbiculaire ‘ex casque
dans les Scutellaires; se prolonge en bec, en éperon, dans les Delphi.
nium et dans les Tropéolées. Dans les Renonculacées, les genres anor-
maux ont des calices modifiés de toutes sortes: ce sont des casques
dans les Aconits; des cornets dans les Eranthés, etc.
Le calicule est un double calice qui se trouve au-dessous du grand,
et quelquefois slipulaire seulement, comme dans les Fraisiers, dans
les Caryophyllées, les Malvacées; c’est un second calice formé par un
verticille de bractées soudées. Dans la Salicaire, il est difficile de dire
si ce sont des appendices stipulairès ou un second calice. Quoi qu’il
en soit, le calicule doit expressément être un verticille surnuméraire.
La transformation la plus remarquable du calice est celle des Com-
posées, dans lesquelles le calice, divisé en lanières d’une extrême
ténuité, est devenu une ægrette, simple dans les Sonchus, plu-
meuse dans les Scorsonères et dans les Tagétès , ainsi que dans les
Valérianées et les Dipsacées; ce sont des écailles dans les Lamp-
sanes, les Chicorées.
Anatomie du calice.
Le calice, étant la transformation prochaine des feuilles bractéales,
doit avoir avec ces dernières la plus grande analogie de structure,
à cette différence près cependant que les faisceaux en sont plus sim-
ples et moins ramifiés. Ce n’est donc en quelque sorte qu’une feuille
atrophiée. Le tissu est composé de tissu cellulaire dont la densité
est quelquefois seulement supérieure à celle des feuilles; ses nervu-
res sont formées de faisceaux fibro-vasculaires , composés des vais-
seaux de même nom que dans les feuilles et les bractées, et le pa-
renchyme, en s’épanouissant, donne au calice la forme qui lui est
propre : l’épiderme est percé de stomates ayant la même figure que
dans les feuilles, et il est tapissé de poils variables, parfois simples,
d’autres fois glanduleux, et de glandes semblables à celles qu’on
trouve sur les autres organes.
cccclxxx INTRODUCTION.
IL est intéressant d'étudier le mode de nervation des calices, qui
présentent au point de réunion des différentes pièces qui les compo-
sent des nervures bien marquées, ce qui est d’un grand secours
dans la diagnose. Quand elles sont relevées en côtes saillantes,
elles donnent naissance aux calices prismatiques ou anguleux.
Les pointes épineuses qui prolongent souvent le calice, comme
dans l’involucre de certaines Composées, et dans un grand nombre de
Labiées, sont dues à la proéminence des faisceaux fibro-vasculaires.
Nomologie du calice.
Le calice est d’une grande importance dans certains groupes, et
sert à distinguer entre eux des genres ou des espèces voisines; c’est
ainsi que dans la famille des Renonculacées nous trouvons le calice
du genre /elleborus persistant et celui du genre Æranthis caduc;
dans le genre {/yssum , de la famille des Crucifères, le campestre et
le calycinum ont une assez grande ressemblance pour qu’on puisse
les confondre entre eux ; mais le premier a le calice caduc, et le der-
nier persistant.
Voici, au reste, les lois générales à déduire du calice :
On réserve le nom de calice pour le verticille le plus extérieur de
la fleur simple; mais chaque fois qu’un appareil floral, simulant un
calice, renferme plusieurs fleurs, comme cela se voit d’une ma-
nière très-apparente dans le genre Astrantia , il prend le nom d’en-
volucre : les Composées, les Dipsacées sont #avolucrées. Le calicule
peut, sans inconvénient, prendre le nom d'involucre, bien qu’il ne
contienne qu’une seule fleur. |
On ne trouve pas de plante à ovaire infère qui soit dépourvue
de calice, quelle que soit la transformation que subisse le verticille,
comme cela se voit dans les Composées et les Ombellifères, dont les
unes ont des aigrettes et les autres des bourrelets.
Tout calice réellement simple est plus ou moins coloré et infère,
et répond à la polyandrie : les Renonculacées offrent un exemple de
cette loi, qui se retrouve dans les Nymphéacées.
Dans les Monocotylédones, on peut regarder comme un calice les
divisions extérieures de la fleur quand elles sont entièrement divi-
sées ou multipartites.
On peut regarder comme le résultat de la soudure du calice et de
INTRODUCTION. CCCCIxxx)}
la corolle les enveloppes florales entières, qui sont vertes extérieu-
rement et colorées à l’intérieur, comme cela a lieu dans les Thymé-
lées. On remarque également dans les Cucurbitacées qu’il ÿ a union
intime entre le calice et la corolle , mais avec prédominance de cette
dernière.
De la corolle.
La corolle ou le second verticille floral se distingue du calice par
sa contexture plus délicate et son tissu à mailles plus làches, par
l'abondance des sucs aqueux dont elle est gorgée, par sa coloration
constante, son odeur pénétrante dans un grand nombre de végétaux,
l’absence de stomates, et sa courte durée. Ces différents attributs
ne sont pas sans exceptions, car on voit des corolles persistantes et
qui se dessèchent sur la plante après la fécondation : telles sont les
Campanules; d’autres fleurs, comme celles des Graminées, des Cy-
péracées et des Joncacées, sont vertes, et un grand nombre de fleurs
sont inodores.
On distingue dans les corolles, comme dans les calices, des co-
rolles mnonopétales ou gamopétales, pour indiquer que la monopétalie
est le résultat d’une soudure, ou bien encore dites wripartites, quand
elles sont d’une seule pièce, et polypétales quand elles sont compo-
sées de pièces distinctes. Il n’y a pas, pour la corolle comme pour
la fleur, incertitude sur le nom à donner aux parties qui composent
ce verticille. On appelle pétale chacune des pièces de la corolle. De
Candolle avait adopté le nom de gamopétale en vue de la théorie
de la monopétalie par adhérence.
Il y a des corolles régulières, irrégulières et symétriques : ces épi-
thètes indiquent les mêmes accidents de structure que dans les calices.
Une corolle monopétale est entière quand elle ne présente sur ses
bords aucune découpure : les Convolyulus sont dans ce cas; elle
peut être divisée plus ou moins profondément, et, suivant le plus ou
moins de pénétration des divisions, elle porte les mêmes noms que
les calices : elle est Di-rr i-quadripartite; bi-tri-quadridentée; quand
les divisions sont peu profondes et aiguës ; MT à quand
les découpures sont larges et arrondies.
La corolle monopétale régulière offre des formes très-variées : elle
est globuleuse dans les Andromeda et certaines Éricinées. Cette fa-
TOME 1. INTRODUCTION. — Livraison Kkkk. k&k
cecclxxxi] INTRODUCTION.
mille, présente aussi les formes «mpulliforme où :enbouteille; cey-
lindroïde, urceolée, qui est propre au F’accinium myrtillus ; elle-est
en cloche, campaniforme où campanulée, dans les Campanules.
Le tube des corolles monopétales tubulées est presque invariable-
ment cylindrique : il offre cependant parfois des renflements très
prononcés ; mais c’est le limbe qui affecte le plus de modifications
dans la forme et la direction. En un mot, malgré la soudure des
pièces qui composent ces corolles, elles présentent les mêmes formes
que les corolles polypétales.
Les formes /abiées ou à deux lèvres, et personées où en masque,
dont la corolle ringente ou en gueule est une variété, sont celles des
corolles monopétales irrégulières. Les fleurs des Composées font ex-
ception, et sont plus réellement anomales dans les semiflosculeuses.
On trouve, dans.les monopétales comme dans les polypétales, les
gibbosités , les éperons qui constituent des anomalies si prononcées.
dans certaines familles : il y existe également des franges, des cou-
ronnes, des écailles, importantes surtout dans les Borraginées, où
elles servent à distinguer les genres.
La corolle polypétale peut être aussi plus ou moins profondément
divisée dans chacune de ses parties, ou divisée en lanières minces,
comme dans le Zychnis flos cuculi, et dans ce cas elle-est dite
laciniée.
Chaque pétale se compose de l’onglet, qui est à sa base et a son
insertion sur le réceptacle, et de la lame, qui est la partie. élargie.
On remarque, dans les corolles polypétales, l’alternance des .par-
ties qui les composent avec les pièces du calice. C’est une, loi qui ne
souffre que de rares exceptions et répond parfaitement au dévelop-
pement spiral des verticilles.
Le pétale est dit régulier quand, en: le pliant sur.sa.nervure mé-
diane , les deux parties opposées se recouvrent complétement, tandis
que, quand il y a dissemblance.entre les deux parties, le pétalerest
trrégulier; ce qui n'empêche pas qu’une corolle ne puisse. être régu-
lière quoique composée de pétales irréguliers: La Giroflée.et la plu-
part des Crucifères fournissent l'exemple des corolles régulières; les
Pélargonium , les Véroniques, des corolles irrégulières, On trouve
moins de familles irrégulières dans les Monocotylédones; mais celles
qui le sont, comme les Scitaminées et les Orchidées, le sont au plus
haut degré, et toujours, comme l’a constaté Desvaux, avec.défor-.
INTRODUCTION. ceccixxxii)
mation des deux verticilles intérieurs. Dans les Dicotylédones, la sec-
tion des monopétales renferme le plus grand nombre de fleurs à
corolle irrégulière, les Orobanchées, les Scrofulariées , ‘cértaines
Solanées, les Acanthacées, les Labiées, les Bignoniacées, les Apo-
cynées, les Caprifoliacées une ‘partie des Syÿnanthérées, qui sont les
plus grands groupes naturels de cette section , sont essentiellement
irrégulières ; tandis que, dans les Dicotylédones polypétales, le nôm-
bre des familles régulières est le plus grand, et l’irrégularité n’ést
qu’une exception : les Géraniacées, les Polygalées, les Fumariacées,
les Résédacées, les Violariées, les Papilionacées sont dans ce cas;
mais :il n'en résulte pas moins que la ‘régularité est la loi la plus
constante.
Le nombre des pétales varie suivant les familles, et l’on retrouve,
suivant les:embranchements, les nombres trois et six dans lés Mono-
.<otylédones, cinq et anormalement quatre dans les Dicotylédones ; il
-en résulte que dans ces grands groupes, chaque fois qu’il y a ün
æmombre plus ou moins grand de pétales, il‘y a‘un arrêt de dévelop-
pement quand le nombre est moindre de trois ou de cinq, ‘et éxcès
de développement quand il y en a plus de trois ou de six et de cinq
ou de quatre. Nous trouvons, dans les OEnothérées, le nombre quatre
invariablement ; cependant j’ai constaté sur une OEnothère odorante
le nombre cinq, mais c’est ‘une:exception qui n’a duré qu’une seule
année, et dans cette famille, très-naturelle, la Circée ne présente que
deux pétales. Les familles à quatre pétales sont les Crucifères, les
Capparidées et les Méliacées, dans lesquelles on trouve parfois le
nombre cinq, car il y a un-grand nombre de familles dans lesquelles
ces deux nombres se trouvent réunis. C'est ainsi que, dans lés Li-
nées, le-genre :Radiola aïquatre pétales seulement. Il faut donc re-
garder cinq comme normal et typique. Dans les Rosacées, le nombre
cinq est constant. On trouve ce nombre-dans les Papilionacées, mal-
gré leur :irrégularité, dans les Ombellifères, les Caryophyllées, les
Cistinées, les Violariées, etc.; dans les Salicariées, il est de six.
C’est par exception qu’on trouve dans certaines familles , comme
dans les Laurinées, les Styracées, les nombres quatre et'six dans les
divisions du calice. Dans les polypétales, les Guttifères ont un calice
à deux ou:six sépales , et la corolle a de ‘quatre jusqu’à dix pétales.
On:trouve:les nombres trois et cinq dans les Aurantiacées , trois ‘et
six dans les Olacinées, ce qui ne détruit pas la loi.
cccclxxxiv INTRODUCTION.
Suivant le nombre des pétales qui la composent, une fleur est dite
dipétale ou dipétalée, tripétale, tétrapétale, pentapétale , hexapé-
tale, octopétale, etc.
On a établi pour principe à cette loi numérique la correspondance
de la disposition spirale des feuilles avec le nombre des pétales ;
ainsi, dans les Aloës, de la classe des Monocotylédones, la spirale est de
trois feuilles, tandis que dans les Dicotylédones, qui offrent le nombre
cinq dans leur corolle, les feuilles affectent la disposition quinaire ,
et dans celles où l’on trouve le nombre deux, les feuilles sont dis-
posées deux par deux, ou opposées. Il s’en faut beaucoup que cette
Joi, qui trouve sa confirmation dans les Rubiacées, les Dipsacées,
un grand nombre de Gentianées, d’Acérinées, etc., soit exempte
d’exceptions.
On remarque dans le pétale, dont il ne faut jamais perdre de
vue l’analogie avec la feuille, qu’il est diversement attaché au ré-
ceptacle : il ÿ en a d’onguiculés à différents degrés : c’est ainsi que
dans certaines Crucifères l’onglet est très-court, tandis que dans les
Caryophyllées il acquiert sa plus grande longueur dans le genre
Dianthus. D’autres fleurs, au contraire, ont les pétales absolument
sessiles.
Les pétales présentent dans leur forme plus de variété que les
folioles du calice. Ils sont, dans leurs conditions normales : |
Linéaires dans l'Hamamelis V tretniana.
Oblongs dans les Crucifères.
Elliptiques dans le Saxifraga decipiens.
Lancéolés dans l’Hypericum montanum.
Ovales dans le Lin, le Statice armeria.
Orbiculaires dans la Potentilla fruticosa, le Crambe tartaricu.
Cordiformes dans la Rosa canina, la Stellaire holostée.
Cunéiformes dans le Linum austriacum.
Spatulés dans le Cleome pentaphylla, le Dictamnus albus.
Outre ces formes géométriques primitives des pièces de la corolle
qui se retrouvent dans les feuilles, il y a les formes anormales des
pétales de la Parnassie, du Tilleul, des Berberis, qui sont concaves ;
des Zoasa, naviculaires ; du Ceanothus, cochléariformes ; dans le
Myosurus, ils sont tubuleux ; bilabiés dans l’'Eranthis ; cucullés, cu-
culliformes où en capuchon dans les Ancolies ; éperonnés dans les
Violettes.
INTRODUCTION. cecclxxxv
Sous le rapport des découpures, les pétales présentent toutes les
variétés du calice et des feuilles. Ils sont échancrés ou émarginés ,
crénelés, dentés, laciniés, frangés ou fimbriés, bifides, trifides, etc.
L’onglet présente aussi des modifications qu’il est intéressant de suivre
sous le rapport morphologique et diagnostique.
Quant à la direction des pétales, elle rentre dans celle des feuilles
et des calices, et le plus souvent elle sert de caractère : c’est ainsi
que l’on trouve depuis la verticale qui constitue le pétale dressé des
Fuchsia jusqu’au pétale plane et horizontal des Potentilles, réflé-
chi des Cyclamen, et révoluté ou roulé en dedans de certaines Om-
bellifères. |
La consistance des pétales varie également beaucoup : ils sont
fermes dans le Camellia, les Cactées, les Pivoines; secs et membra-
neux dans les Xeranthemum, les Gnaphalium, les Rhodanthe ;
transparents et de la plus fine contexture dans les Volubilis, et
d’une fugacité extrême dans les Pavots et les Salicaires.
On trouve, dans certaines fleurs, des pétales accompagnés d’appen-
dices de forme capricieuse : dans les Orchidées, ce sont des ailes, des
cornes, des sacs, des éperons ; dans les Linaires, c’est un éperon aigu ;
dans les Antirrhinum , un sac obtus; les Ancolies ont la base des pé-
tales contournée en cornet ; dans les Zychnis, c'est une frange qui
accompagne le sommet de l’onglet comme une gracieuse collerette ;
dans le Polygala, c'est une crête frangée.
Tournefort , frappé de la forme affectée normalement par certains
groupes végétaux, à établi le premier un système sur la forme des
corolles, ramenées à un certain nombre de types.
Les unes sont réoulières ou normales, d’autres irrégulières et anor-
males , et l’on trouve les deux types dans les monopétales et les poly-
pétales.
Il y a six sortes de corolles monopétales régulières.
1. Corolle en roue ou rotacée. Elle est ouverte, étalée, dépourvue
de tubes et présente la forme d’une roue, le Mouron rouge (4ragallis
phænicea), la Bourrache, le Verbascum thapsus , le Physalis alke-
kengi. La corolle en étoile ou étoilée des Galium est une variété de
la corolle en roue.
2. Corolle campanulée où campaniforme. Cette sorte de corolle
a la forme d’une cloche : la Belladone, le J’accinium vitis idæa ;
la fleur des Campanules en est le type le plus parfait.
cecclxxxv) INTRODUCTION.
3. Corolle en entonnoir ou infundibuliforme. C'est une sorte de
corolle campanulée dont la base est portée par un tube droit : la Pal-
monaire, le Tabac.
4. Corolle hypocratériforme ou ‘en coupe. Le tube de cette sorte
de fleur est droit et le limbe évasé : la Pervenche, le Myosotis , les
‘Phlox. La corolle cyathiforme ou en gobelet Au Symphytum tubero-
sum est une corolle hypocratériforme dont le limbe:est droit et le tube
an peu dilaté à la gorge.
:B. Corolle tubuleuse, à'tube long, cylindrique, avec un limbe très-
petit.et presque perdu dans le tube : les Bruyères, le Spigelia ma-
rylandica.
6. Corolle en grelot ou ureéolée. Forme globuleuse avec ‘le limbe
très-peu saillant : le Faccinium myrtillus, les Muscarts.
Il ya trois sortes de corolles monopétales irrégulières.
1. Corolle labiée. Les lobes des corolles de cette sorte forment
deux lèvres, une supérieure et une inférieure : les Labiées. Quand
les-deux -lèvres sont écartées l’une de l’autre, ‘et ressemblent à une
bouche ouverte, on l'appelle coro/le ringente.
2. Corolle personnée où en gueule. La corolle personnée diffère
de la précédente, à laquelle elle ‘ressemble cependant beaucoup,
parceque la lèvre supérieure est plus courte que l’inférieure, ‘et qu’on
trouve en général dans les corolles personnées un renflement très-
prononcé qu’on appelle le palais : tels sont les Linaires , les Muf-
fliers. Dans les Rhinanthes, la lèvre supérieure est comprimée et
dite alors en casque.
3. Corolle anormale ou irrégulière. Les formes des corolles de
cette sorte sont très-variées : les Orchidées en sont le meilleur exem-
ple; elles ressemblent, dans les Orchidées indigènes, aux Labiées :
les pétales supérieurs sont réunis en casque, et le pétale inférieur,
appelé /abelle ou tablier , a beaucoup d’analogie avec la lèvre infé-
rieure des Galeopsts.
On distingue encore dans les monopétales anormales les fleurs des
Composées : les unes, des serniflosculeuses , ont une fleurette ou
fleuron, ayant en bas un tube, et au sommet, qui est aplati, un
limbe appelé languette ou ligule. Les flosculeuses ont des fleurons ou
corolles monopétales tubulées à cinq petites dents égales : telles son:
les. Centaurées; les Radiées réunissent les ligules des semifloscule:
ses, qui forment le disque aux fleurons des flosculeuses.
INTRODUCTION. cecelxxx vi) |
Les corolles poly pétales présentent aussi des types réguliers et irré-
guliers..
Il y a trois types réguliers.
1. Les corolles cruciformes, composées de quatre pétales disposés
en croix : les Crucifères.
2. Les corolles rosacées, à cinq pétales non onguiculés : les Roses,
les Fraisiers, les Renoncules.
3. Les corolles caryophryllées, à cinq pétales onguiculés : : les
OEüllets et la plupart des Caryophyllées.
Les corolles polypétales irrégulières n’ont qu’un seul type défini.
Ce.sont les Papilionacées, composées d’un pétale supérieur grand et:
renversé qu'on appelle l’éendard, de deux pétales latéraux à onglet:
court, les a/es, et de deux pétales soudés assez fréquemment et re-
dressés en pointe, qu’on nomme la carène. Les Légumineuses :sont
dans ce cas, surtout les indigènes.
Les Renonculacées présentent de nombreux cas de déformation :
des pétales, les Ancolies, les Pieds-d’alouette, en offrent des exem:
ples. Les Fumeterres, les Polygales sont également irréguliers.
Les fleurs des Graminées, qui appartiennent aux premières ébau-
ches de fleurs à double périanthe, sont composées de deux sortes
d’enveloppes : les glumes, les plus externes, représentant le calice,
et.les plus internes, ou glumelles , qui représentent la :corolle. Ces:
deux enveloppes sont composées de deux pièces appelées vadves (1).
On trouve, au chapitre des Inflorescences, d’autres modes de florai-
sons qui ne sont pas définis et rentrent dans les formes anormales :
tels sont les strobiles des Conifères et les spathes des Aroïdées.
On a constaté, dans.les feuilles et les autres organes appendicu-
laires, des métamorphoses en épines et en vrilles, qui se retrouvent
enpartie, quoiqu’à un moindre degré, dans les corolles : ainsi, la:
pointe de la fleur du Cuvieria est réellement épineuse et endurcie;
une des lèvres du Sxfftia aurea s’enroule en tire-bouchon; dans le
Strophanthus hispidus, \a partie médiane de la corolle:se prolonge:
en .une longue pointe qui atteint jusqu’à 25 ou 30 centimètres, et de
(1) Pour faciliter la lecture des auteurs d’agrostologie, la connaissance de la syno=:
nymie des parties de la fleur des Graminées est importante : glume est synonyme du
balle ou bâle, de lépicène; glumelle, de glume intérieure, de glume corolline, de
Périgone, de stragule ; les valves, de spathelles, de paillettes. L'espèce de nectaire ap-
pelé glumellule s'appelle encore écaille, lodicule, paillette.
ccccixxx vil) INTRODUCTION,
vient une véritable vrille qui s’enroule autour des corps voisins. Ces
changements sont au demeurant très-rares et ne constituent, dans la
morphologie de la fleur, que des exceptions dont on ne peut rien
déduire.
Anatomie de la corolle.
On n’a que peu de choses à dire sur l’anatomie de la corolle, qui
diffère peu, par sa structure, des appendices foliacés ; le tissu en est
plus fin, et l’on peut regarder, comme une particularité de structure
qui fait occuper à la corolle une place particulière dans l’histologie
végétale, les utricules remplies de liquides colorés qui sont symétri-
quement rangées dans l’épaisseur des pétales, au-dessous de l’épi-
derme, et auxquelles ils doivent leur coloris.
L'absence de stomates est à peu près générale dans les corolles;
cependant Tréviranus a observé des stomates dans lépiderme exté-
rieur des corolles du Datura, de l’4sclepias et des Stapelia, et j'en
ai fréquemment trouvé dans le périanthe extérieur des Monocotylé-
dones.
Les vaisseaux spiraux des corcliles sont d’une extrême ténuité : ils
sont réunis en faisceaux nombreux, entourés de cellules plus allongées,
qui répondent aux fibres des tissus ligneux et foliacés. On remarque
ordinairement une nervure dans la partie médiane de la feuille florale,
et qui en forme l’axe; mais souvent les trachées sont dispersées
dans le tissu sans se réunir en nervures; dans les Composées, la
nervure primaire court le long du bord de la corolle, et souvent la
nervure médiane manque. La nervation des pétales suit une loi sem
blable à celle des feuilles et affecte les mêmes modes; il en résulte
que la forme des pétales dépend de la figure des nervures : elles sont
penninerves, palminerves, digitinerves, rectinerves. En général,
quel que soit le nombre des nervures formant le réseau épanoui dans
le limbe du pétale, il y a à l’origine de chaque pétale trois nervures,
même dans les fleurs des plantes dicotylédones. Les corolles mono-
pétales affectent le même mode de nervation, ce qui indique claire-
ment une identité complète de morphologie entre ces deux grandes
sections.
Tout le parenchyme de la corolle, quand même il n’est pas coloré,
renferme un liquide abondant. an’on peut en extrair» par la pres-
INTRODUCTION. cCCCIxxxIx
sion, et qui se mêle aux sucs colorés des utricules En di ou
aux principes aromatiques.
Nomologie de lu corolle.
La corolle appelle toujours la présence d’un calice, ce qui est
vrai, même dans les Composées et les fleurs réunies dans un même
involucre , où le calice atrophié a changé de nature, sans que pour
cela il ÿ ait absence de calice; ce qui revient à dire que la corolle ap-
pelle nécessairement la présence d’un premier verticille qui en paraît
être le générateur.
Dans les fleurs polypétales, les pièces du second verticille se con-
vertissent souvent en étamines : ainsi, toute partie florale qui se
change en étamine est une corolle ou a de l’analogie avec elle.
La connexion des étamines et de la corolle est telle, que ce sont
toujours les premières qui fixent le mode d'insertion de la seconde.
Quand les deux premiers verticilles présentent une seule série, il \
a toujours une corrélation nécessaire entre les parties qui les compo-
sent, et l’on ne trouve d'exception à cette loi que dans les fleurs irré-
gulières. Quand les séries sont multiples, les rapports échappent à
l'observation.
A peu d’exceptions près, qui ne se trouvent que dans les Berbé-
ridées et les Ampélidées, chaque fois que le nombre des parties com-
posant la corolle et le calice est égal, 1l y a alternance entre eux.
L'irrégularité de la fleur tient quelquefois à la compression ,
comme dans les Composées , et dans ce cas il n’y a aucune déforma-
tion dans le style et les étamines; tandis que, dans les fleurs libres,
l'irrégularité se lie le plus souvent à une inflexion du style et des
étamines, ou à une déformation des organes composant les deux
verticilles intérieurs. Dans les Papilionacées, la courbure de l’andro-
cée et du gynécée sont très-visibles; dans les Labiées, il y a presque
toujours une inflexion très-prononcée du style; dans les Violacées,
l'irrégularité se lie à un style coudé; dans les Fumariacées et les
Verbénacées, il y a aussi inflexion du gynécée; dans les Hippocas-
tanées , les Utriculariées, les Orobanchées, ce sont surtout Îes éta-
mines qui sont réfléchies; mais c’est dans les Orchidées surtout
qu’on reconnaîtra jusqu’à quel point la déformation des appareils de la
fécondation se lie à l’irrégularité des deux premiers verticilles. Quel-
TOME I, INTRODUCTION. — Livraison I. ll
CCCCXxC INTRODUCTION.
que légère que soit l’irrégularité de la corolle d’une plante, elle in-
dique cependant qu’elle est voisine d’une famille irrégulière.
C’est dans les corolles irrégulières qu’on remarque surtout l'ab-
sence d’uniformité dans la coloration.
Lorsqu'une corolle monopétale n’adhère que par un seul point au
réceptacle, elle appartient nécessairement à un groupe polypétale,
dont elle est une altération.
Toute corolle monopétale a les pétales insérés au même point
que les étamines ; le genre Fusain seul fait exception. Il ne faut ce-
pendant pas regarder comme monopétales les corolles dont les pé-
tales ne sont réunis à la base que par leur soudure au filet élargi des
étamines, comme dans les plantes à étamines monadelphes.
Il y a toujours un nombre défini d’étamines dans une corolle mo-
nopétale.
Toute corolle polvpétale est périgynique, parce que les étamines
sont insérées sur le calice. A l’exception de la famille des Crassula-
cées, on ne trouve pas les étamines portées par les pétales où l’adhé-
rence ne vient que de la juxtaposition des parties.
Au contraire, dans les corolles monopétales, les étamines sont in-
variablement portées par la corolle. Quelquefois cette adhérence est
obscure, comme dans les Bruyères et les Campanules ; mais elle n’en
existe pas moins.
Une corolle monopétale est toujours accompagnée d’un seul
ovaire, ou quand l'ovaire obéit à une loi de fissiparité qui le divise
en plusieurs parties, il y a un style unique, ce qui indique une
soudure des ovaires dans le premier âge. On ne constate que peu
d’exceptions à cette loi.
Il ne faut jamais chercher d’arille dans le fruit d’une plante mo-
nopétale.
La dissemblance de forme des étamines dans une corolle monopé-
tale entraîne son irrégularité.
Dans les familles végétales à corolle irrégulière bilabiée, la pré-
dominance de la lèvre supérieure indique une Labiée, et celle de la
lèvre inférieure une Scrophulariée.
La division profonde d’une corolle monopétale indique ses rap-
ports avec les végétaux polypétales.
Le nombre des parties qui composent la corolle est en rapport
avec la disposition géométrique des feuilles : ternaire dans les feuilles
INTRODUCTION, CCCCXC]
à spirale de trois éléments; quinaire dans la spirale à cing; binaire
ou quaternaire dans les feuilles opposées deux à deux.
Des nectaires.
Il est important de s’arrêter pendant quelques instants, sans entrer
cependant dans une longue discussion, pour savoir si l’on peut con-
server dans la langue botanique le nom de rectaire, qui s'applique
à des parties essentiellement dissemblables, souvent non excré-
toires, ou bien, sans acception de forme et de position, appliquer
ce nom à tous les organes, quels qu’ils soient, qui sécrètent un
fluide viscoso-sucré, et s’en tenir à la définition de Linné : Vectarium
pars mellifera flori propria (le nectaire est un organe mellifère
propre à la fleur). Tout en restreignant ainsi cette dénomination, on
ne peut cependant pas se refuser à dire que rien n’est moins philo-
sophique. Le nom de necturothèque, créé par Sprengel, n’a pas
avancé la solution de cette question, et l’on ne peut donner du nec-
taire une définition rigoureuse qui le fasse reconnaître en dehors de
sa fonction assez obscure. Toutefois, il faut dire que le nectaire est
un appareil sécrétoire qui n’entre en fonction qu’à l’époque de la
fécondation , et à toutes les autres époques est un réservoir vide et
se rattachant à l'appareil floral. Desvaux admettait en principe que,
dans les végétaux, chaque fois qu’une partie se trouve abritée, sa
surface, lorsqu'il n’y a pas d’adhérence, est disposée à devenir sécré-
toire, et il combat l’appellation de nectaire comme une superfétation.
Dans l'impossibilité de donner une idée précise du nectaire, on peut
seulement indiquer certains végétaux dans lesquels il se rencontre,
tels que les Delphinium, les Ellébores, les Renoncules, les Cappari-
dées, les Orchis, la Fritillaire, le Chèvrefeuille, les Trèfles, les Pri-
mevères. On a reconnu la présence d’organes nectarifères dans quatre-
vingt-quatre familles. Le principe sucré est sécrété tantôt par le
calice, comme dans le Câprier, tantôt par les pétales, comme dans
la Couronne impériale et les Renoncules, par les étamines dans les
Plombaginées, par l'ovaire dans les Jacinthes, par le disque hypogy-
nique dans l’Amandier et les Ombellifères. Ainsi il n’y a donc pas
d'appareil spécial pour cette sécrétion; il s’agit seulement de re-
chercher si le nectaire joue un rôle quelconque dans la fécondation.
Pontedera assure que, si l’on enlève les nectaires de l’Aconit jaune,
CCCCXCI) INTRODUCTION.
Ja fécondation n’a pas lieu ; M. Louyer Willermet dit la même chose;
Perroteau partageait cette opinion. Desvaux, excellent observateur
et botaniste savant, a obtenu des résultats diamétralement opposés :
il a enlevé le nectaire à des Orchidées qui n’en ont pas moins müri
leurs graines ; la Nigelle de Damas a été dans le même cas. Rien de
précis dans ces expériences contradictoires ; il faut cependant plutôt
s’en rapporter à ceux qui se sont prononcés pour la négative que pour
les autres, et j’avouerai avoir plus de confiance dans les expériences
de Desvaux, qui ne se laissait pas entraîner par l’imagination.
Sans rappeler les idées qui ont passé par la tête de tant de bota-
nistes qui ne veulent laisser aucun fait sans explication, je me bor-
nerai à citer Vaucher, l’observateur naïf et de bonne foi, qui a cons-
taté dans la Lopézie l'intervention irrécusable du nectaire, qui retient
le pollen et sert à favoriser la fécondation. Ce qui peut être vrai
pour cette plante est radicalement impossible pour la plupart des
autres; aussi les opinions émises sur la fonction des nectaires sont-
elles fondées sur des hypothèses qu’il est impossible de justifier, non
plus que la comparaison hypothétique du nectar avec le liquide
amniotique du fœtus. D’autres auteurs, en le faisant servir à la nu-
trition de la graine, et en avançant le fait controuvé de l'existence
d’un nectaire dans les plantes dont la graine est oléagineuse, tandis
qu’on n’en trouve pas dans les végétaux dont les semences sont
farineuses ou ligneuses, prouvent qu’il est dangereux de vouloir con-
clure sans examen du particulier au général. Les Conifères etles Amen-
tacées qui ont les graines huileuses, tels que le Hêtre, le Noisetier, sont
dépourvus de nectaires. Dunal regarde cet appareil comme un sim-
ple réservoir destiné à recevoir une excrétion surabondante, sans
qu'il résulte rien de cette idée..que l’expression d’un fait. Le nec-
taire le plus étrange qu’on puisse voir est celui de l’Orchidée appelée
Coryanthes, présentant un réservoir de deux centilitres de capa-
cité, dans lequel tombe goutte à goutte un liquide mielleux qui s’é-
chappe par des cornes qui existent de chaque côté du gynostème.
C’est en vain qu’on a longtemps discuté pour savoir quelle est la
fonction véritable des nectaires et du fluide qui les remplit; et un
grand nombre de théories ont été publiées sans avoir jeté du jour
sur cette question. Je crois que le plus sage est de s’en tenir à l’o-
pinion de De Candolle, qui regarde la sécrétion des nectaires comme
une simple sécrétion excrémentitielle des fleurs qui, dans quelques
INTRODUCTION. CCCCx CII]
cas très-rares, peut servir à lubrifier le stigmate, et accidentelle-
ment, en attirant les insectes, déterminer dans les organes sexuels
un mouvement favorable à la fécondation.
CHAPITRE XXII.
DES APPAREILS GÉNÉRATEURS.
De l'étamine.
Dans l’évolution spirale des éléments floraux, les étamines, qui sont
les organes fécondateurs de la plante, forment le troisième verticille;
on peut les considérer comme les derniers bourgeons libres.
Comme elles se développent suivant le mode normal de l’évolution
du bourgeon, dans l’aisselle des feuilles, elles offrent le plus com-
munément les nombres trois et six dans les Monocotylédones, et cinq
dans les Dicotylédones.
L’étamine ou organe mäle se compose du filet, petite colonne le
plus souvent filiforme, au sommet de laquelle est l’'anthère, espèce
de bourse communément à deux loges ovales ou elliptiques réunies
entre elles par un corps intermédiaire qui prend le nom de con-
necti hf. Quand on ne trouve dans une fleur que des rudiments d’éta-
mines ou des corps anormalement développés, ils prennent le nom
de staminodes. Les loges de l’anthère sont formées de deux valves
réunies en un point qu’on appelle le st{on ou la suture. La cloison
qui séparait d’abord chaque loge de l’anthère en deux parties, se
résorbe, et n’apparaît dans certains cas que comme un débris ou un
rudiment. On distingue dans l’anthère la face ou la partie opposée
au point où le filet est attaché et qu’on appelle le dos.
Quand l’anthère manque, l’étamine est dite abortive ; si au con-
traire le filet manque ou est d’une brièveté qui empêche d'en tenir
compte, elle est dite sessile, ce qui se trouve également dans les
feuilles, qui sont abortives parfois (dans les Mimosa de l'Australie ,
dont le pétiole seul s’est développé), et plus souvent sessiles ou dé-
pourvues de pétioles.
Le filet, qui est le plus communément une petite colonne cylindri-
que, est capillaire dans les Graminées; il s’amincit parfois à son
CéCCxCiV INTRODUCTION.
sommet et devient subulé, la Tulipe; il est plane ou aplati dans
l'Allium fragrans ; pétaloide dans le Kæmpferia ; dilaté dans les
Campanules; crénelé dans le Broussonetia ; géniculé ou plié en coude
dans le Mahernia pinnata ; spiralé dans l’Arrtella ; toruleux ou
noueux dans le Sparmannia Africana ; voûté dans l’Asphodèle; ap-
pendiculé quand il porte à son sommet ou dans une de ses parties
un prolongement quelconque.
Il est bzfurqué au sommet dans la Brunelle, l’Ornithogalum
nutans ; tricuspide dans l'Allium ampeloprasum; émarginé ou
échancré dans le Poireau, capité dans la Drianella; velu dans le
Koelreuteria ; il est barbu dans certains /’erbascum, et glandulifère
dans le Dictamne blanc.
Il est simple et porte le nom de filet quand il est unique et ne
porte qu’une seule anthère; mais, quand il en porte plusieurs, il
s'appelle androphore : ce n’est, au reste, qu’un filet rameux ou quel-
quefois plusieurs filets soudés à leur base. Cette réunion des filets
porte le nom d’adelphie, et dans ce cas l’androphore est dit co/om-
naire, comme dans les Malvacées, qui sont r#7onadelphes, c’est-à-
dire ont les filets réunis en un seul corps, tubuleux dans la même
famille, et fendu dans les Légumineuses dadelphes, triadelphes dans
les Millepertuis, et pentadelphes dans les Melaleuca, et dans ce cas on
désigne sous le nom de polyadelphes les plantes dans lesquelles les
filets sont réunis en plusieurs faisceaux. Dans les Violariées, les an-
thères sont également adhérentes, mais cette adhérence est faible.
Dans les Lobéliacées et les Cucurbitacées, la soudure s’étend aux filets
et aux anthères.
Les filets sont ordinairement blancs; mais dans certaines plantes
ils sont colorés : dans le Fuchsia coccinea, ils sont rouges, violets dans
le J’erbascum blattaroides ; bleus dans les Scilla; jaunes dans les
Renoncules. |
Sous le rapport de la direction, le filet est dressé dans la plupart
des cas; mais dans le cas où il est fort long et capillaire, comme dans
les Graminées, il est pendant, à moins qu'il ne soit renfermé dans
un long tube comme dans le genre Exostemma.
- Le filet, comme tous les organes appendiculaires d’un végétal,
présente des anomalies frappantes : il est éveronné dans le Romarin;
dans la Bourrache, le filet porte une écaille dans sa partie antérieure,
et dans le Simaba ferruginea, elle nait au dos.
INTRODUCTION. CCCCXCV
L’anthère, broculaire ou à deux loges dans la plupart des végétaux
phanérogames, est uniloculaire ou à une seule loge dans les Polyga-
lées, les Épacris, les Conifères, et quadriloculaire dans le Tulipier,
le Casuarina.
On a donné l’épithète d’adnée à l’anthère qui est fixée au filet
(la Nigelle), qu’il y ait un connectif ou non; dans ce cas, elle est
immobile, tandis qu’elle est vacillante et mobile quand elle est portée
sur la pointe du filet et s’y balance (la Talipe). Elle est bastfixe quand
elle est, comme dans les Iridées, attachée par sa base; médifixe dans
le Lis, où elle est fixée par le milieu; zrtrorse quand la suture re-
garde le centre de la fleur, extrorse quand elle occupe la position
inverse (le genre Cucurnis).
Sous le rapport de la forme, les loges, qui sont le plus communé-
ment allongées, sont globuleuses et didymes dans la Mercuriale,
ovoides dans les Fuchsia, lancéolées dans le Cerintha major, sa-
gittées dans le Dodecatheon, cordiformes dans le Basilic, réni-
formes dans le Lierre terrestre, tétragones dans la Tulipe, tordues
dans le Chironia, bifides dans le Sparganium erectum, bicornes dans
les Éricacées, quadricornes dans le Gaulteria procumbens, arquées
dans les Mélastomes, sénueuses où méandriformes dans les Cucurbi-
tacées, tétragones dans le genre Sol/anum.
On a donné le nom de déhiscence à la manière dont s'ouvre l’an-
thère ; elle est longitudinale dans la plupart des cas ; apicilaire dans
les Erica, où les loges s’ouvrent au sommet ; transversale dans la
Lavande; valoulaire dans le Leontice, le Laurus persea, où ce sont
de petits opercules qui se soulèvent et sont au nombre de deux ou
de quatre, d’où les noms de hivalvulées, quadrivalvulées. D’autres
fois ce sont des pores, comme dans les 4rum, les Galanthus ; et, sui-
vant le nombre, les anthères sont dites uniforées et biforées.
Nous avons vu dans l’adelphie les filets soudés entre eux et affecter
la forme colomnaire; dans les Synanthérées, ce sont les anthères,
comme l'indique leur nom (cv, avec, &vip, mâle). Il arrive quel-
quefois que les anthères se soudent dans certaines circonstances
anormales : telles sont celles du Salix monandra, qu’en suivant dans
leur évolution on reconnaît évidemment être formées de deux éta-
mines confondues en une étamine unique. Dans le genre Cissampelos,
les anthères sont uniloculaires et soudées par quatre, de manière à
former un disque élargi.
CCCCXCY) INTRODUCTION.
Quant à l’époque de la déhiscence, elle varie, bien que dans l’ordre
normal elle ait lieu lors de l’anthèse. Dans certaines Graminées, la
fécondation a lieu avant cette époque; d’autres foisles anthères n’aban-
donnent le pollen que dans les circonstances où le pistil est apte à la
fécondation.
On a donné le nom de pollen à la poussière fécondanté contenue
dans les loges de l’anthère. Libres dans la plupart des végétaux, les
grains de pollen sont réunis par des filaments déliés dans les OEno-
thères, supportés sur un axe commun dans les Asclépiadées et les
Orchidées. À part ces cas exceptionnels, les grains de pollen sont
entièrement indépendants.
Ils varient beaucoup pour la forme : elliptiques dans la plupart
des végétaux, ils sont globuleux dans les Cucurbitacées ; ovoides
dans la Balsamine; anguleux dans la Capucine; réniformes dans la
Comméline tubéreuse, le Narcisse, l’Amaryllis; #rilobés dans l’Æzalea
viscosa ; à facettes dans les Composées. Les uns sont lisses, comme
dans les J’icia, les Asphodèles ; d’autres sont Aérissés de pointes,
comme dans les Cucurbitacées et les Malvacées, et polyédriques et
ciselés dans les Composées.
Sous le rapport de la couleur, ils sont blancs dans l’Actée à épi,
la Mauve, la Pariétaire, l'Ortie; glauques dans les Iris; }aunätres
dans l’/mnpatiens noli tangere ; jaunes dans la plupart des végétaux ;
soufre dans le Pin; orangés dans le Zilium croceum ; verts dans le
Glaïeul ; bruns dans la Tulipe; bleus dans l’£pilobium angustifolium ;
violets dans le genre Arctium et le Dianthus carthusianorum.
Le nombre des grains de pollen contenus dans chaque loge est
considérable. Grew en a compté 1,000 dans une seule loge; mais
dans certaines familles, comme dans les Cucurbitacées et les 4/thæa,
ils sont assez gros pour qu’on puisse les voir à l’œil nu.
Le grain de pollen est rempli de fovilla, matière fluide remplie de
corpuscules, dans laquelle paraît résider la propriété fécondante du
pollen. On a reconnu dans la fovilla des corpuscules allongés, doués
de mouvements regardés comme spontanés, ce qui les a fait prendre
pour des phytozoaires, et ce sont eux qu’on a crus chargés de la fé-
condation. Je ne les ai jamais vus que vaguement, et je ne puis aflir-
mer que ce soient ou non des animaux; j'ai plutôt regardé leur
mouvement comme purement brownien.
La déhiscence ordinaire des grains de pollen a lieu par rupture :
INTRODUCTION. CCCCXCVi}
le grain allongé devient globuleux, et après avoir subi une extension
considérable, il éclate; dans d’autres végétaux, la déhiscence a lieu
par de petits pores, arrondis dans le Chanvre et la Salicaire; a//ongés
dans la Bourrache, operculés dans les Cucurbitacées, et affectant, sui-
vant les groupes, diverses figures. C’est sous l'influence de l'humidité
que le grain de pollen se gonfle, et laisse échapper la fovilla, qui reste
renfermée jusqu'à sa rupture dans une sorte d’enveloppe très-exten-
sible, qu'on appelle boyau pollinique où tube pollinique. Quand ce
dernier a subi toute l’extension dont il était susceptible, il éclate
et répand la fovilla. |
Nous avons vu que les étamines, suivant leurs rapports avec la
corolle, le calice et le pistil, prennent les noms d’Aypogynes, de pé-
rigynes et d'épigynes, et que, si on les observe sous le rapport de
leur connexion avec les autres verticilles, elles sont opposées ou
alternes.
Quand elles sont en nombre égal aux parties des autres verticilles,
on les dit zsostémones : les Liliacées sont dans ce cas; elles sont dites
arisostémones quand elles affectent des rapports numériques diffé-
rents, diplostémones quand le nombre en est double, r#2étostémones
quand il est moindre, et polystémones quand elles sont en nombre
excédant.
Les étamines sont définies quand on peut les nombrer, ce qui a
lieu jusqu’à 12 seulement, et leur nombre varie depuis 1 jusqu’à 100;
mais au delà de 12, bien que Linné se soit élevé jusqu’à 20 ( Icos-
andrie), le nombre n’est plus fixe; elles sont rdéfinies quand elles
ne sont pas nombrées.
Quand les étamines sont en nombre égal aux parties de la corolle
ou du calice, elles sont assez généralement de même grandeur. On a
donné le nom de didynames à celles qui, étant au nombre de quatre,
sont inégales, deux plus grandes étant placées au-dessus des deux
autres qui sont plus petites, ainsi que cela se voit dans les Labiées et les
Rhinanthacées. Quand elles sont au nombre de six, dont quatre plus
grandes alternant avec deux plus petites, elles sont dites zérady-
names comme dans les Crucifères. Quand il y a plusieurs séries d’é-
tamines, elles sont ordinairement inégales , et c’est au centre que se
trouvent souvent les plus petites. Outre l'inégalité de longueur, :il
y a encore l'inégalité de forme, comme cela a lieu dans les Fume-
TOME 1, INTRODUCTION. — Livraison MMM. mmm
CCCCXCVII] INTRODUCTION.
terres, qui ont des filets larges et d’autres filiformes; les Ornithogales
sont dans le même cas.
Dans les fleurs isostémones, les étamines sont toujours wnisériées,
ou sur un seul rang ; elles sont &: ou pluri-sériées dans les anisosté-
mones-polystémones.
Les étamines sont Zbres ou soudées, soit par les filets, soit par les
anthères, comme on l’a vu plus haut.
Sous le rapport de la direction, les étamines suivent en général
celle des premiers verticilles : elles sont dressées ou étalées, suivant
que les enveloppes florales affectent ces deux directions.
On a distingué avec raison, bien que quelquefois ce ne soit pas un
caractère constant, les étamines suivant leur rapport avec la corolle :
elles sont dites #2cluses quand elles ne font pas saillie au dehors,
comme dans les Borraginées, et exsertes ou saillantes, quand elles
excèdent les enveloppes florales, telles que les étamines des Fuchsra ;
dans certains genres, comme les Menthes, c’est un caractère spéci-
fique qui à de l’importance.
On a donné le nom d’étamines unilatérales à celles qui sont placées
d’un seul côté de la fleur, comme cela a lieu dans les Résédas.
Anatomie de l'étamine.
La structure anatomique du filet de l’étamine ne présente rien de
particulier : au centre est un faisceau de trachées, entouré de tissu
cellulaire; à l'extérieur, et comme membrane d’enveloppe, un épi-
derme mince, parfois percé de stomates. Le faisceau des trachées
se termine le plus souvent à la base du connectif, composé de cel-
lules plus denses que celles du filet, qui sont, en général, assez
lâches.
L’anthère diffère essentiellement, par sa structure, du filet qui la
porte : les fonctions qu’elle est destinée à accomplir le voulaient
ainsi; c’est pourquoi les parois des loges qui contiennent le pollen
sont composées de deux membranes, une extérieure et épidermi-
que, pourvue quelquefois de stomates, et qui ressemble à l’épiderme
des pétales; la couche moyenne est formée de cellules de plus en
plus làches, en allant de l’extérieur à l’intérieur, et la couche
interne, appelée erdothèque, d’un tissu fibreux , dont la partie pu-
INTRODUCTION. CCCCXCIX
rement cellulaire a disparu, tandis qu'il n’est resté que les fibres
élastiques, variant de figure, tantôt transversales, tantôt longitu-
dinales, en spirale ou rangées symétriquement; disposition qui est
une des nécessités du mode de déhiscence propre à l’anthère, qui
doit s’ouvrir de dedans en dehors pour lancer le pollen. Il y a donc
dans l’anthère une structure modifiée suivant l’époque de son déve-
loppement; on y trouve d’abord le type unique et primitif de forma-
tion du tissu cellulaire, mais il présente des conditions particulières
appropriées à la fonction complexe de cet appareil. Ce qu’on constate
dans l’anthère, c’est une résorption successive de son tissu cellulaire
primitif à mesure qu’elle approche de l’époque où le pollen ira fé-
conder l'ovaire; il ne reste plus que les cellules, organisées en tissu
fibreux des diverses apparences. On peut même dire que, suivant les
groupes, le tissu fibreux se modifie, et doit être considéré comme un
adjuvant de la diagnose des familles. Le caractère particulièrement
propre à ce tissu est qu’il décroit de résistance depuis la ligne mé-
diane dorsale jusqu'aux bords de la commissure où a lieu la déhis-
cence, de sorte qu’on peut comparer le mouvement élastique de l’an-
thère à celui de certains fruits : tels sont ceux de la Balsamine, qui
lancent au loin leurs graines à l’époque de leur maturité complète.
En observant le tissu de l’anthère après sa déhiscence, c’est-à-dire
quand elle a rejeté au dehors tout le pollen qu’elle contenait, car
avant cette époque il est encore gorgé d’humidité, on remarque
qu'il est essentiellement hygrométrique; les fibres, qui se sont d’a-
bord contractées pour permettre l’émission du pollen, obéissent aux
différentes variations de l’atmosphère et sont douées d’une véritable
hygroscopicité.
Si maintenant nous étudions le développement de l’étamine, nous
voyons l’ensemble de l’androcée se présenter comme les feuilles et
les autres organes appendiculaires : c’est un simple mamelon de tissu
cellulaire, qui est le rudiment de lanthère. A mesure qu’elle se dé-
veloppe, on voit se dessiner à sa surface un sillon, qui est le pre-
mier linéament du connectif; deux nouveaux sillors moins apparents
indiquent les points où aura lieu la déhiscence; le filet, qui ne se
développe qu'après l’anthère, reste plus longtemps verdi par la chlo-
rophylle. Dans son principe, le filet a une contexture cellulaire qu’il
quitte bientôt, et il se forme, au centre, des trachées qu'on n’avait
pas aperçues lors de son premier développement.
d INTRODUCTION.
Le tissu de l’anthère, que nous avons étudié, est loin d'offrir à son
origine des formes nettement définies : le centre, qui se trouvait
d’abord, lors de sa première formation, de structure homogène, ne
tarde pas à se diviser en larges lacunes, au nombre de quatre, ce
qui complète les deux loges de l’anthère. Le centre de ces lacunes
est rempli d’une espèce de mucilage qu’on retrouve toujours à l’o-
rigine de chaque tissu, et qui se creuse de lacunes nouvelles, aux-
quelles on a donné le nom d’utricules polliniques, parce qu’elles
renferment le pollen. Lors de sa première apparition, le pollen est
une masse amorphe qui remplit la cavité de l’utricule; des diaphrag-
mes partant de la périphérie des utricules marchent l’un vers l’autre
et divisent la masse centrale en quatre parties, et forment ainsi quatre
nucléus qui prennent peu à peu une forme indépendante et une fi-
gure distincte, et deviennent des grains de pollen. Il semble que
dans leur évolution ils absorbent les parois des utrieules généra-
trices, car bientôt ils remplissent les loges de l’anthère sans aucune
substance interposée. Quand le diaphragme qui séparait les loges de
l’anthère persiste au delà du terme assigné à sa fonction, l’anthère
est quadriloculaire; mais le cas est rare.
Lors de leur première apparition, les grains de pollen sont formés
d’utricules agglomérées en général au nombre de quatre, mais quel-
quefois de huit ou de seize ; 11 semblerait en résulter que les masses
polliniques des Orchidées sont l’état primitif du pollen des autres
végétaux. Dans leur état de maturité, les grains de pollen sont com-
posés de deux enveloppes, une externe, l’autre interne; la seconde
est celle qui se forme en dernier heu. On trouve cependant quel-
quefois des grains de pollen avec une seule membrane, d’autres en
ont trois. L’apparence du pollen est due à sa membrane extérieure,
qui varie dans sa structure, tandis que la membrane interne est
lisse et de structure uniforme. Quant à la fovilla, elle demande à être
soumise à de nouvelles observations pour qu’on se prononce sur sa
véritable nature.
Nomologie de l’étamine.
L’étamine n’est qu’une feuille transformée, et présente, tant dans
sa structure que dans ses modifications, les mêmes apparences que
élément foliaire.
INTRODUCTION. dj
_L’anthèré constitue l’étamine et en est la partie essentielle.
Il n’y a que trois positions possibles pour l’étamine : elle ne peut
donc être qu'Aypogyne, périgyne où épigyne. On ne peut rencontrer
dans un même groupe des insertions différentes ; il faut cependant
admettre comme indifférente, dans une même classe, l'insertion
sur le calice ou la corolle. Il n’y a, sous le rapport de l'insertion,
de doute que dans les groupes à insertion périgynique et hypogy-
nique, qui se confondent facilement.
Pour connaitre le nombre réel des étamines, il faut tenir compte
des staminodes.
Dans toute corolle monopétale ou polypétale, le nombre naturel
des étamines est simple ou double des divisions; mais dans les mono-
pétales, il est plus constamment égal au nombre des divisions.
Toute corolle polypétale qui contient dix étamines, en a cinq courtes
alternant avec cinq plus longues.
Chaque fois que les étamines sont en nombre double des divisions
de la corolle, il ÿy en a moitié qui sont opposées aux divisions de la
corolle et moitié à celles du calice.
Dans les fleurs régulières, quand les étamines sont en nombre
égal à celui des divisions de la corolle, ou isostémones, elles al-
ternent avec; mais dès que les fleurs deviennent polystémones,
comme les étamines sont sur plusieurs rangs, tous les rapports
cessent.
Toute déclinaison de l’étamine entraine après soi l’irrégularité de
la corolle.
Les plantes didynames ont les étamines réfléchies, à l'exception
du genre Basilic, dans lequel la direction est inverse.
La monadelphie coïncide toujours avec la polypétalie.
La diadelphie consiste dans la disposition des étamines en deux
corps, quel que soit le nombre qui les compose, et l’on doit toujours
rapporter à la diadelphie la fleur papilionacée, malgré les exceptions
monadelphes qui s’y rencontrent. |
Les fleurs tétradynames sont toujours des Crucifères, quelles que
soient les anomalies des autres verticilles.
Toute étamine gynandrique appartient à une fleur infère, et elle ne
peut être considérée comme telle que quand elle fait corps avec le
style.
Tout filet staminal est uni à l’anthère par une articulation.
di} INTRODUCTION.
On doit regarder comme une étamine abortive tout corps, quelle que
soit sa forme, qui occupe la place affectée aux étamines.
Ce n’est que dans le groupe des Urticées qu’on trouve des étamines
plicatiles et élastiques sans être irritables.
L’anthère, dans son état normal, est biloculaire et pourvue d’un
connectif; elle ne devient quadriloculaire ou uniloculaire que par la
persistance des cloisons qui existaient lors de la première formation
ou de la résorption de ces mêmes cloisons.
Un des caractères propres à l’anthère est que son mode d’insertion
est identique dans les mêmes groupes : elle est mobile dans les Lilia-
cées, adnée dans les Renonculacées. Il en est de même de sa direc-
tion : quoique l’anthère soit le plus communément introrse, elle est
extrorse dans les Iridées , les Aristolochiées , les Cucurbitacées; dans
les Laurinées , toutes sont extrorses, ou bien la série externe est in-
trorse et l’interne extrorse. On a donné le nom d’adduction à cette
disposition des anthères : quand elle s’écarte du type introrse , elle
coïncide avec quelque anomalie florale.
On peut mettre, au rang des caractères de premier ordre, le mode
de déhiscence des anthères; c’est ainsi qu’elle est valvulaire dans les
Epimedium, circulaire dans les Brosima, etc.; mais le mode le plus
commun est la fissilité.
La synanthérie est un caractère d’ordre dans les Composées, tandis
que dans les Lobéliacées il n’appartient qu’à certains genres.
Ce n’est que dans le groupe des Éricinées qu’on trouve des anthères
auriculées.
Le connectif est constamment distinct du filet par une articulation
dans les anthères libres.
Tout appendice anthérique différent des loges appartient au con-
nectif, tels que les oreillettes du F’accérium myrtillus, V'appendice aristé
du Vaccinium uliginosum, du Nerium oleander. On doit regarder
toutes les étamines dont les anthères sont biloculaires, comme unies
par un connectif; même dans les Éricinées dont les deux loges, quoi-
que distinctes, sont néanmoins unies à la base par un rudiment du
connectif.
Dans les anthères didymes et globuleuses, le connectif est plus
court que les anthères.
Le connectif est surtout très-apparent dans les fleurs à corolle
monopétale.
INTRODUCTION. diij
Chaque fois que le connectif prend un développement extraordi-
naire, le filet subit une diminution et s’atrophie, ce qui répond, du
reste, à la loi du balancement organique.
On ne trouve de pollen proprement dit que dans les végétaux co-
tylédonés.
La forme des grains de pollen est identique dans les mêmes genres
et dans une même famille.
Du pisul.
Le dernier verticille floral, celui qui occupe le centre de la fleur
et est réellement le plus important, puisqu'il joue dans la propaga-
tion de l’espèce le rôle le plus essentiel, est l’ensemble de l'organe
femelle appelé pestil. Il se compose de trois parties distinctes : l’o-
vaire, qui renferme la jeune graine et est la partie constitutive de
l'appareil de gestation (il représente l’utérus des animaux supérieurs,
et se compose de deux parties : le dos, qui regarde les téguments
floraux, et le ventre, qui est tourné vers le milieu de la fleur); le
style, espèce de colonne qui est le prolongement de l'ovaire, et le
stigmale, où la partie terminale du pistil. Le style répond au filet de
l’étamine, et le stigmate le termine comme l’anthère. Quand les pistils
manquent, soit par arrêt de développement, soit par atrophie suc-
cessive, les fleurs, privées du verticille central, sont réduites à leurs
organes mâles. Le pistil est souvent composé de plusieurs parties qui
ont chacune leur loge ovarienne, leur style et leur stigmate. On a
donné le nom de carpelle (du grec xapx6e, fruit) au pistil simple, et
ce mot a prévalu. Quant à l’ensemble de l'appareil de gestation, il a
reçu le nom de gynécée, qui est usité, bien qu’il ne soit guère
plus utile que l’androcée, puisque nous entendons par prstil tout
l'appareil gestateur, et par é’amine lout l'appareil fécondateur.
Si nous examinons les rapports de ce verticille dans les différents
groupes de végétaux, nous y retrouvons les rapports arithmétiques
qui nous ont frappé dans les autres verticilles. En prenant les Li-
liacées pour exemple, nous trouvons un périanthe à six divisions,
trois extérieures, trois intérieures, un ovaire à trois valves et à trois
loges; le style et le stigmate sont simples, ou plutôt formés de trois
parties soudées en un seul corps; tandis que, dans les Colchicacées,
il y a un périanthe à six divisions, six étamines, trois styles dans
div INTRODUCTION.
le genre Colchique, trois stigmates , une capsule à trois valves et à
trois loges. Dans les Dicotylédones, nous voyons dans le genre Æpilo-
bium un calice à quatre divisions , une corolle à quatre pétales, huit
étamines, une capsule à quatre angles et à quatre loges. Ces rapports
sont d’une telle régularité que, dans les genres anormaux, les différents
verticilles présentent les mêmes altérations : ainsi la Circée , cette pe-
tite et gracieuse OEnothérée dont tous les verticilles sont réduits à moi-
tié, a un calice à deux divisions, deux pétales, deux étamines, uné
capsule à deux loges et à deux graines. Dans les Crassulacées, dont les
organes floraux sont en nombre variable, le genre 7%//æa a un calice
à trois folioles , trois pétales, trois étamines et trois ovaires ; le genre
Bulliardia, un calice à quatre divisions, quatre pétales, quatre éta-
mines, quatre ovaires ; le genre Crassula a un calice à cinq ou sept
divisions, et les pétales, les étamines, les ovaires sont en nombre
égal aux divisions du calice. Comme dans toute la grande série végé-
tale , il y a des exceptions; mais elles ne détruisent pas la loi si pré-
cise et si fixe des rapports numériques des différents verticilles.
Dans les Solanées, où les trois premiers verticilles affectent régu-
lièrement le nombre cinq, l’ovaire biloculaire est à deux, trois ou
quatre loges ; le genre Convolvulus présente la même anomalie ; dans
le Delphinium consolida, e verticille carpellaire est réduit à un seul
élément. Outre les anomalies que présentent les carpelles, on re-
marque, en règle générale, qu'on ne trouve qu’une seule cloison
quand il y a deux carpelles, et, passé ce nombre, il ÿ a autant de
cloisons qu’il y a de carpelles.
Ce qui distingue les carpelles , ou feuilles carpellaires, qui corres-
pondent aux feuilles-calices ou aux feuilles-corolles, de ces deux pre-
miers verlicilles, c’est qu’ils se soudent par les bords, et dans leur
réunion circulaire , ils sont amincis au point de contact ou sur la face
ventrale, et présentent un segment de cercle à la partie dorsale. Cette
disposition se retrouve jusque dans les carpelles des Monocotylédones
ou de certaines Dicotylédones, comme les Polygonées, qui ont un
ovaire à trois angles ; ces angles sont toujours plus ou moins arrondis.
L'ovaire est composé , dans un grand nombre de familles, non d’un
pistil simple, mais de la réunion avec soudure de plusieurs carpelies,
qui forment autant de loges qu’il y a de carpelles réunis. Entre chaque
loge, il y a une cloison formée par les lames ou les parois de chaque
carpelle. Ces séparations normales, qui sont en nombre égal à celui
INTRODUCTION. dv
des carpelles, sont les vraies cloisons, qui sont verticales sans ex-
ception, mais ne se prolongent pas toujours dans toute l'étendue de
l'ovaire. Dans les genres de la famille des Renonculacées à fruits
folliculaires, les sommités sont libres ; tandis que, dans les Caryophyl-
lées, ils sont soudés dans toute leur longueur. On appelle fausses
cloisons celles qui ne répondent pas à la division carpellaire.
La soudure des autres parties du pistil suit les mêmes lôis que celle
des carpelles : ainsi, les styles sont libres dans un grand nombre de
Caryophyllées ; dans la Fritillaire à damier, ils sont soudés jusqu’à
moitié, tandis que, dans le Sci/la amæna, ils sont soudés tout en-
tiers. On trouve parfois des ovaires libres et des styles et des stig-
mates soudés, ainsi que cela se voit dans les Apocynées.
Il résulte, des diverses formes affectées par le gynécée, une termi-
nologie très-compliquée, et qui correspond plutôt aux apparences
qu’à la théorie adoptée aujourd’hui.
Le pistil étant un appareil complexe, je ne donnerai aucun détail
sur son anatomie et ses fonctions; je réserverai ces indications pour
chacun des appareils qui concourent à la formation du verticille pis-
üllaire.
Nomologie du pistil.
Tout corps placé au centre d’une fleur, et ne portant pas d’an-
thère, est un pistil. Il faut distinguer du pistil le parastyle, qui est un
style rudimentaire; dans certains genres dioïques ou monoïques, on
trouve le style converti en étamine, et, dans ce cas, il porte le
nom d’anthérophore.
C'est l'ovaire qui caractérise le pistil; il en est la partie essentielle,
car le style et le stigmate n’en sont que des appendices, et peuvent
manquer sans que l'ovaire manque à sa fonction, qui est de conti-
nuer la vie de l'espèce en mürissant la graine qui servira à la pro-
duction d’un nouvel être.
Il n’y a de régularité ou de rapport déterminé, entre les parties
du pistil et celles des autres appareils floraux, que quand elles sont
sur le même plan que les autres verticilles ; tandis que le rapport est
variable quand le pian sur lequel elles se trouvent est plus élevé que
les autres verticilles.
On peut toujours reconnaître, même en l’absence du stigmate dé-
TOME 1, INTRODUCTION. — Livraison nnn. nnn
dv} INTRODUCTION.
terminé, la surface stigmatique, à la viscosité qui indique le sommet
de l'ovaire.
Il faut regarder comme une partie nectarifère toute partie de la
fleur qui, sans être un stigmate, est cependant un appareil de sé-
crélion.
De l'ovaire.
Nous avons vu, dans le paragraphe précédent, que l’ovaire est la
partie essentielle de l’appareil pistillaire. Il est susceptible d’autant
de modifications que les carpelles le sont d’adhérences ou de sépara-
tion, et les modes varient à l'infini. On appelle ovaire simple celui
qui est libre et composé d’une seule feuille carpellaire, et ovaire com-
posé où multiple celui qui résulte de la réunion ou de la soudure de
plusieurs carpelles, bien que dans certains cas il affecte la forme
simple, tant les adhérences sont intimes. Ainsi, l'ovaire est unique
ou simple dans les Papavéracées et les Crucifères ; composé ou multiple
quand il y en a plusieurs dans la fleur, comme dans les Labiées, les
Renonculacées. Il est sessile dans le Lis, exhaussé dans le Cleome,
le Sterculia, quand il est porté sur un gynophore ou un podogyne; il est
uniloculaire ou à deux loges dans les Chetranthus; triloculaire ou à
trois loges dans les Lis, les Euphorbes; pluriloculaire dans les
Rhododendrum ; multiloculaire dans la Cassia fistula.
Suivant ses diverses apparences, il est partite ou fendu dans la
Nigelle des champs; Ui-ri-quadri-multilobé, quand les carpelles
présentent des lobes distincts : la Fritillaire à damier est #rilobée, la
Sida aurantiaca, quinquélobée.
Les ovaires ne sont pas seulement susceptibles d’adhérence entre
eux ; ils peuvent encore se souder aux verticilles voisins, et le mode
le plus commun est la soudure de l'ovaire avec le calice. Par suite
d’une loi aujourd'hui confirmée par l'observation des faits tératolo-
giques, l’adhérence d’un organe avec un organe contigu entraîne
après soi la disparition ou l’atrophie d'organes voisins; c’est ainsi
que, dans l’adhérence du calice et de l'ovaire, appelés calice ou ovaire
adhérents, ce qui répond à l’ancienne dénomination de calice supère
et ovaire infère, expressions qui rendaient un compte exact de l’ap-
parence des verticilles soudés, on voit les verticilles intermédiaires
faire corps avec eux, ce qui est très-évident dans la fleur du Melon,
INTRODUCTION. dvi)
où le renflement inférieur de l'ovaire montre son adhérence intime
avec le calice, tandis que la partie supérieure du calice excède
l'ovaire et lui donne l’apparence réelle d’un organe superposé. On
reconnait toujours l’adhérence de l’ovaire au renflement qu'il forme
au-dessous des divisions limbaires du calice. En faisant une section
longitudinale ou verticale de l'ovaire du Pommier, du Poirier, des
Eucalyptus, des Ombellifères, on voit que la partie renflée est creu-
sée de loges ovulifères, ce qui indique une adhérence complète.
L’adhérence de l'ovaire entraine toujours après soi la périgynie et
l’épigynie des étamines.
Dans certains cas, l’adhérence n’est pas complète : il n’y a que la
partie inférieure de l'ovaire qui soit soudée avec le calice, et la par-
tie supérieure faisant saillie en est réellement indépendante : dans
ce cas, on donne à cette disposition intermédiaire entre l'ovaire adhé-
rent et l’ovaire libre le nom de calice ou d’ovaire semi-adhérent.
Qu’on examine la fleur d’un Saxifrage granulé (1), du Samolus V'ale-
randi, on verra que l’ovaire n’adhère au calice que jusqu’à la moitié
de sa hauteur, et que toute la partie supérieure est libre.
On a donné le nom de calice et d’ovaire libres, dénomination
correspondant à celle de calice infère et ovaire supère, aux deux
verticilles dont l’un, le calice, est placé d’une manière incontestable
au-dessous de l’ovaire qui le surmonte, et en est entièrement indé-
pendant. Ainsi, il est libre et dégagé jusqu’à sa base dans les Caryo-
phyllées, les Crucifères, les Papavéracées, les Légumineuses.
La forme de l'ovaire varie beaucoup, quoique sa figure fonda-
mentale soit la sphère et le cylindre modifiés : il y en a de globuleux,
l’'Alkékenge; d’elliptiques, les Caryophyliées; de cylindriques, de
cordiformes ; quelle que soit la figure adoptée par l'ovaire, il
est toujours régulier : le genre Muflier, seul, nous offre l'exemple
d’un ovaire irrégulier. La forme de la feuille carpellaire décide de
celle de l’ovaire; mais elle subit elle-même, en devenant verticille
pistillaire, des transformations, telles qu’on ne peut l’étudier à l’état
foliaire; ce que nous pouvons constater, c’est que, par suite de la
figure la plus communément allongée de la feuille, lorsqu'elle se re-
(1) On trouve dans le genre Saxifrage les trois modifications que présente l'ovaire :
ilest libre dans les Saxifraga stellaris et umbrosa, semi-adhérent dans les Saxi-
fraga oppositiflora, granulata, hypnoides, et adhérent dans le Saæifraga trida-
ctytites.
dvii) INTRODUCTION.
plie et se soude par ses bords, elle doit affecter la forme du follicule
de l’Aconit, de la Nigelle, de l’'Éranthe, qui sembleraient représen-
ter le fruit sous sa forme la plus simple; cependant il n’en est rien,
car, dans les Monocotylédones, on ne trouve que des capsules, des
baies et des fruits secs, monospermes, indéhiscents.
La surface de l'ovaire est glabre ou villeuse, et les poils qui le
couvrent sont très-souvent différents de ceux du reste de la plante.
Anatomie de l'ovaire.
La structure de l’ovaire est celle du limbe de la feuille : il est
composé d’un tissu variable pour l'épaisseur, d’une uniformité assez
constante de structure dans ses différentes couches, qui se modifient
cependant à mesure que l’ovaire se développe, et dans l'épaisseur du-
quel s'épanouissent des faisceaux fibro-vasculaires, formés de vraies
trachées, variant pour le nombre et la direction, mais se terminant
sans exception à l'extrémité supérieure du style, et formant, par leur
réunion, une espèce de réseau souvent très-compliqué. Un épiderme
semblable à celui de la page inférieure de la feuille, et, comme elle,
chargé de stomates, recouvre le parenchyme de l'ovaire, ce
qui n’a pas lieu pour l’épiderme intérieur, qui est d’un tissu plus
lâche et plus pâle, et est dépourvu d’orifices stomatiques. On voit
donc que l'ovaire présente, sous le rapport anatomique, une struc-
ture essentiellement semblable à celle de la feuille; et, dans l’évolution
de l’ovaire, nous voyons la nervure médiane se prolonger et devenir
style. Ceci n’est vrai, au reste, que dans la majorité des cas, car
quelquefois l'ovaire n’est pas la transformation de la feuille normale
et complète, et n’en est qu’une partie plus ou moins considérable.
Fonctions de l'ovaire.
L'ovaire, tel que nous le comprenons, est l'appareil gestateur de
la graine, qui n’est autre qu’un bourgeon, ou mieux, un œuf sem-
blable à celui des animaux, formé sur le bord de la feuille carpel-
laire, où il attend, pour subir les modifications qui le rendront propre à
Ja continuation de la vie dans le végétal, l’action du fluide fécondateur
renfermé dans le globule pollinique. Il y a dissidence sur le mode de
INTRODUCTION. dix
génération de la graine, et certains auteurs la regardent comme le
produit des lignes placentaires, qui seraient elles-mêmes les axes de
la plante se prolongeant dans l'ovaire, et venant se terminer, comme
un dernier effort de la nature, par un ovule, qui est le but extrême
de la végétation.
Nomologie de l'ovaire.
L’ovaire simple coïncide avec une corolle monopétale, et l’on
connaît la simplicité de l'ovaire quand les carpelles, quoique multi-
ples en apparence, ont un seul style, tandis que, dans les carpelles
réellement multiples, chacun d’eux a son style propre; et, dans ce
cas, l'ovaire multiple appartient à une fleur polypétalée. Dans les
Borraginées et les Labiées, l’ovaire est simple et partible; tandis
que, dans les Caryophyllées, il est multiple.
Que l’ovaire soit simple ou qu’il soit multiple, il ne peut provenir
que d’une seule fleur. Ainsi, le Framboisier, dont le fruit ressemble
à celui du Mûrier, et le Tulipier, qui affecte dans sa fructification la
disposition du cône ou strobile, ont un ovaire multiple et une seule
fleur, tandis que, dans le Mûrier et les Conifères, les fruits sont le
produit d’ovaires agrégés, et. par conséquent de plusieurs fleurs.
L’excentricité de l’insertion de l’ovaire indique la pluralité des
carpelles dans la feuille à laquelle appartient le genre observé.
L’asymétrie de l'ovaire indique ou l'irrégularité de la fleur, ou
l'avortement ultérieur de quelques parties de l’ovaire.
On peut juger du nombre des styles d’un ovaire par celui de
ses angles : c’est ainsi que l'ovaire comprimé est à deux styles, ce
qu’on appelle style ; l'ovaire trigone est à trois styles ou #réstyle ;
le tétragone à quatre styles ou tétrastyle.
On distingue dans l'ovaire deux systèmes d'insertion : l’sxsertion
absolue est sa position centrale, qui est l’insertion normale ; l’?rser-
tion relative est sa position excentrique, par rapport aux parties dont
il est entouré.
L’ovaire affecte deux positions, dont les autres ne sont que des
modifications : il est infère ou supère, ou pour mieux dire, adhérent
ou libre.
L’ovaire est infère ou adhérent toutes les fois que sa cavité est si-
tuée au-dessous du point de cohésion du calice avec lui.
dx INTRODUCTION.
Tout ovaire véritablement infère coïncide avec un nombre dé-
terminé d’étamines ; quand il est soudé avec le calice, il y a irrégu-
larité dans le nombre des étamines.
Dans les plantes dont l’ovaire est adhérent, il y a constamment des
appareils glanduleux au sommet de lovaire.
On ne trouve d’ovaire supère ou libre, dans un groupe naturel
dont l'ovaire est infère, que quand cet ovaire porte à sa base une
glande discoïde.
Tout ovaire adhérent, soit complétement, soit incomplétement, est
uni à une insertion périgynique, lorsque les étamines sont portées
par la corolle ou les pétales. L'observation de ce principe est d’au-
tant plus important, que c’est à elle qu’on doit la classification de
certains genres qui sans cela seraient douteux.
L’ovaire adhérent est toujours simple : on ne connaît pas d’ovaire
multiple qui ait cette insertion.
L'insertion périgynique existe dès qu’elle a lieu à une distance
quelconque de l'ovaire.
L'insertion hypogynique existe quand les étamines, qui n’adhè-
rent pas à la corolle, sont au-dessous du point d’attache de l'ovaire.
De la placentation.
Quand plusieurs carpelles se soudent pour former l'ovaire composé,
les faces latérales se soudent également, se dépriment et forment des
cloisons qui vont de la circonférence au centre, et qui appartiennent
pour moitié chacune à un des carpelles, de sorte qu’il y a autant de loges
qu’il y a d’ovaires. Dans un grand nombre de cas, les cloisons se
détruisent par résorption ou ne se continuent pas jusqu’au centre du
fruit, et alors on ne peut reconnaitre le nombre des carpelles qu’en
appelant à son secours l'examen des styles ou des stigmates qui, dans
l’ordre naturel des choses, doivent surmonter chaque ovaire. C’est
dans les Caryophyllées que cet examen est le plus facile, parce que
les ovaires soudés sont surmontés par des styles libres. Quand tous
ces moyens d'investigation ne sont pas possibles, il faut recourir à
l'observation du mode de distribution des ovules sur la paroi des
carpelles, ce qu’on a nommé placentation, et l'on a donné le nom de
placenta à la partie du carpelle ou de la loge carpellaire à laquelle
sont attachés les ovules. Quand on considère l’ensemble des pla-
INTRODUCTION. dx}
centas, on applique à leur réunion la dénomination de placentaire ;
mais souvent on la limite au point où un ovule est attaché.
La placentation affecte trois modes principaux : la placentation
axtle, la placentation pariétale et la placentation centrale.
Placentation axile. — Dans ce système de placentation, l’ovaire
résulte de l’adhérence des carpelles soudés par leurs bords, puis pos-
térieurement par leurs faces latérales; la conséquence de cette dis-
position est que les bords, se réunissant au centre de l'ovaire,
forment un axe central autour duquel sont attachés les ovules. Cha-
cune des loges est à double placenta, et le bord de chacun porte les
ovules ; il en résulte que les ovules contenus dans chaque loge dé-
pendent d’un même carpelle. On trouve un exemple de ce genre de
placentation dans les Malvacées, les Liliacées, les Antirrhinées, les
Polémoniacées.
Placentation pariétale. — C’est de la juxtaposition de deux car-
pelles, dont les bords se touchent sans se continuer jusqu’au centre
de l’ovaire, que résulte le placenta pariétal, ce qui semble, malgré
la multiplicité des feuilles carpellaires, former un ovaire unilocu-
laire, comme s’il était formé d’un seul carpelle. Il faut donc, pour que
la placentation soit pariétale, la réunion de plusieurs carpelles. Les
Papavéracées offrent le meilleur exemple de ce mode de placentation,
qui est soumis à de nombreuses variations.
Placentation centrale. — C’est la plus facile à déterminer, car elle
résulte de l’absence absolue des cloisons complètes de la placenta-
tion axile, et incomplète de la placentation pariétale ; il se trouve
alors au centre de l’ovaire un axe ou colonne formé par les placentaires
portant les ovules. Il s’en faut que cette placentation soit le résultat
de l’atrophie des cloisons primitives qui se sont résorbées successi-
vement, comme cela a lieu dans les Caryophyllées : l’axe est, au con-
traire, indépendant de la paroi de l'ovaire et paraît s’être ainsi formé
primitivement comme dans les Primulacées.
Outre ces trois modes généraux de placentation, 1l y a des variétés
qui méritent une simple mention, quoiqu'on puisse les rapporter à ces
trois systèmes de disposition placentaire : ainsi on a nommé placen-
tation apicilaire celle dans laquelle le placenta occupe le sommet de
la cavité péricarpienne : les Ombellifères sont dans ce cas; placen-
tation basilaire quand il en occupe la base : le Jujubier, l’Épine-vi-
nette; le placenta est bastfixe dans les Primulacées, où il n’adhère
dxi; INTRODUCTION.
qu'à la base de la paroi péricarpienne à l’époque de la maturité ; il
est unilatéral dans les Apocynées, ou est attaché d’un seul côté du
péricarpe; bilatéral dans le genre Ribes, valvaire dans les Orchis,
adné quand il est attaché dans toute sa longueur soit à la face in-
terne du péricarpe, la Clandestine, soit au bord des cloisons, la Tu-
lipe, à l'axe central, l’/xia sinensts, au bord des valves, la Violette.
Il est de plus divisé en deux, trois parties ou plus. Au delà de cinq,
ce qui a lieu dans l’Ærgemone mexicana, il est dit multiparté ou
multipartite comme dans le Pavot.
Sous le rapport de la substance, le placenta est cLarnu dans le
genre V’accirium, subéreux dans la Jusquiame, coriace dans le Pavot,
ligneux dans le Swietenia mahogont. Sa surface est alvéolée dans les
Anagallis, tuberculée dans le Datura stramonium , velue dans le Cu-
cubalus.
Septiforme ou élargi en cloison dans les Crucifères, il est sphérique
dans l’Anagallis arvensis, subulé dans le genre Dianthus, trigone
dans la Polémoine bleue, tétragone dans l’4doxa moschatellina, lobé
dans les Kalmia, les Rhododendrum.
Dans les Légumineuses , il se fend en deux et est dit 4zpartible ;
dans le Lis, il est sripartible; quand il ne se divise pas, comme dans
la Digitale, la Polémoine, il est dit persistant.
Pour arriver à plus de précision dans la description , on compte
les nervules du placentaire, et suivant leur nombre, il est dit wriner-
vulé, binervulé, trinervulé, multinervulé.
Anatomie du placenta.
On n’a que peu de choses à dire sur ce point : le placenta, qu’on
peut considérer comme une émanation de la membrane interne du
péricarpe ou endocarpe, à cette différence près qu'il est plus charnu
ou d’un tissu plus lâche, est composé de tissu utriculaire parcouru
par un grand nombre de faisceaux fibro-vasculaires qui prennent leur
origine dans la plante mère, et apportent aux ovules la nourriture
qui doit servir à leur développement, tandis qu’il descend du style
une partie de tissu émanant du tissu conducteur et qui vient apporter
aux ovules le principe fécondant,.
INTRODUCTION. dxii)
Nomologie du placentaire.
Il n’y a point de péricarpe sans placentation, c’est-à-dire qu’il y a
toujours un point par où il y a communication entre le péricarpe et
la graine.
Tout placentaire est une production de l’endocarpe.
Il y a solidarité entre la graine et le placentaire : car il ne se déve-
loppe pas dans les points où il y a avortement de l’ovule.
La graine laisse toujours une impression ou cicatrice à la surface
du placentaire.
Dans un péricarpe pluriloculaire, le placentaire a son point
d'appui au centre de la réunion des cloisons, et en forme l’axe.
Tout placentaire axile résulte de la formation de deux demi-pla-
centaires.
Le placentaire n’est pas perceptible dans les fruits bacciformes,
tandis que dans les péricarpes secs polyspermes il est facile à dis-
tinguer. |
Dans les fruits dont l’endocarpe est ligneux, le placentaire dis-
parait presque entièrement lors de la maturation. On ne peut distin-
guer le lieu qu’occupait le placentaire que par la position de la graine
et en observant le point où elle y adhérait.
Dans les péricarpes uniloculaires, on reconnaît l’absence du placen-
taire, sur leurs parois internes, par une dépression.
Le placentaire pariétal ou sutural appartient à un péricarpe unilo-
culaire, et l’on reconnaît son absence à l’intervalle qui existe entre
le bord des cloisons.
Un placentaire sutural est formé par deux corps de placentaire et
donne naissance à deux funicules au moins.
Le placentaire est pariétal dans les fruits uniloculaires polyspermes,
et dans les péricarpes uniloculaires multivalves, il y a autant de
placentaires que de valves.
Tout placentaire central appartient à un fruit pluriloculaire.
Un placentaire central ne devient libre au sommet que par solution
préparée des parties.
La placentation cst axile dans les Malvacées, les Euphorbiacées,
les Campanulacées ;
TOME 1, INTRODUCTION. — Livraison 000. 000
dxiv INTRODUCTION.
La placentation est pariétale dans les Violariées , les Papavéracées,
les Capparidées, les Grossulacées , les Orobanchées ;
La placentation est centrale dans les Caryophyllées, les Portulacées,
les Primulacées, les Olacinées.
Du funicule.
On donne le nom de funicule ou cordon ombilical à une partie
de la substance du placentaire qui se prolonge en une sorte de filet
auquel la graine est attachée. Cet appendice est surtout visible dans
les fruits du Magnolier, dont les graines d’un beau rouge pendent
en dehors du péricarpe suspendues à un funicule de deux centimètres
de longueur.
Il est fil{forme dans la Giroflée, la Cassia fistula; onciné où en
crochet dans les Cucurbitacées; pappiforme ou en aïgrette dans l’4-
sclepias syriaca, les Épilobes.
Dans la plupart des Légumineuses, le funicule est d’une telle briè-
veté qu’il est peu apparent; mais dans le Pavot et les Primulacées ,
le fruit des Graminées et des Ombellifères, il n’existe pas, ou plutôt
il est absolument inapparent, et les graines paraissent directement
fixées sur le placentaire.
Nomologie du funicule.
Quelles que soient la forme, la disposition et la direction du corps
saillant hors du placentaire, et portant à son sommet un point plus ou
moins élargi, c’est un funicule.
Tout funicule est une dépendance du placentaire.
Point de graine ou d’ovule sans funicule.
Le funicule part du point opposé et correspondant au style, quelle
que soit la position de ce style.
Du style.
Le style est la partie du pistil qui surmonte l'ovaire et l’unit au
stigmate. C’est une espèce d’oviducte ou de canal qui va porter à
l’ovule le fluide fécondateur déposé par le pollen sur la surface stig-
matique. Nous avons vu qu’il peut être considéré comme le prolon-
gement de la nervure médiane de la feuille carpellaire.
INTRODUCTION. dxv
Le nombre des styles est toujours semblable à celui des carpelles,
et c’est par eux qu’on peut déterminer le nombre des carpelles
et réciproquement. Dans le cas où les styles sont soudés, on peut
reconnaître leur nombre par celui des loges ou des lignes placen-
taires, qui correspondent aux styles, qui sont alors composés par
soudure.
Les styles sont dits uniques, quand ils sont soudés, et surmontent
plusieurs ovaires. Dans le Lis, il y a un ovaire et un style; dans les
Labiées et plusieurs Borraginées, il y a plusieurs ovaires et un style;
dans le genre Phytolacca, il y a un seul ovaire et plusieurs styles ;
mais ce n'est qu'une simple apparence : le botaniste doit étudier
les carpelles lorsqu'ils sont à l’état rudimentaire, et n’ont encore
subi aucune des transformations qui les distingueront plus tard, et
l’on doit admettre rationnellement que les styles sont en nombre
égal à celui des ovaires.
Le style est terminal et apicilaire quand il continue l’ovaire à son
sommet, les Liliacées ; /atéral dans les Thymélées ; basilaire, quand
il est au bas de l’ovaire, le Fraisier, l’Ærtocarpus incisa. Il est
inclus, quand il ne se montre pas au-dessus de l’orifice du péri-
anthe, le Narcisse; exsert ou saillant, quand il fait saillie au-
dessus du périanthe, les Æuchsia; filiforme dans l’Halesia tetra-
ptera; il est subulé on en aléne dans l’Ail cultivé ; trigone dans le
Lis bulbifère; claviforme dans le Zeucoium æstivum ; turbiné
dans la Violette de Rouen; érfundibuliforme dans l’Aura crepitans ;
pétaloide dans lIris; glabre dans le Lis, velu dans la Vipérine;
arqué dans le genre Haricot; décliné ou abaissé dans le Marronnier
d'Inde; en spirale dans la Glycine; infléchi ou courbé en dedans
dans le Grevillea; réfléchi ou courbé en dehors dans la Rhubarbe ;
géniculé dans le Geurn urbanum. Sous le rapport de la division, il
est simple dans la Pervenche; fendu ou divisé à sa partie supé-
rieure dans un grand nombre de plantes, et Üfide dans la Salicornia;
trifide dans le Glaïeul ; #2ultifide dans le genre Mauve. Quand la
séparation se prolonge au delà de la moitié du style, il est dit partagé
ou partite ; il est brpartite dans les Casuarina. Dans le genre Cordia,
il est dchotome ou fourchu. Caduc dans le genré Prunus, il est per-
sistant dans les Geranium, et accrescent dans la Palsatille et le
genre Clématite. |
La surface du style est le plus généralement glabre; quelquefois
dxv} INTRODUCTION.
il est velu; mais d’autres fois, et c’est le cas le plus rare, il est hérissé
de poils rétractiles, unicellulaires, qui sont logés dans une cavité où
ils se retirent comme dans une gaîne. Les grains de pollen que le
poil rétractile entraine ne servent pas à la fécondation, puisque le
fourreau dans lequel il est logé n’a aucune communication avec le
centre du style. Cette sorte de poils qu’on trouve dans les Campanu-
lacées, s'appelle poils collecteurs où balayeurs.
Une modification du style basilaire est sa position tout à fait au
bas de l'ovaire, de telle sorte qu’il semble partir du torus, comme
cela a lieu dans les Labiées. On a donné à cette disposition le nom
de gynobase, et à l'ovaire celui d’ovaire gynobasique.
Anatomie du style.
Le style est un cylindre composé de tissu cellulaire de forme
prismatique, dans l'épaisseur duquel se trouve un étui de faisceaux
vasculaires, qui n’en occupe pas le centre, mais la périphérie inté-
rieure, et se termine presque au sommet, c’est-à-dire dans le voisi-
nage du stigmate. L’épiderme qui recouvre le style, n’est autre que
la continuation de celui de l'ovaire. Dans la partie centrale, on re-
marque un canal capillaire qui à son orifice au stigmate et son
point de départ dans la cavité de l’ovaire. Dans un grand nombre de
végétaux, que le canal soit simple ou composé de plusieurs styles
soudés en un seul, il est vide, comme cela a lieu dans le Cerisier
et un grand nombre de Rosacées, et dans la plupart des Liliacées.
Dans d’autres cas, comme dans les Campanulacées, il est rempli de
cellules de formes variables, qu’on a nommées, à cause de leurs fonc-
tions dans l’imprégnation, tissu conducteur; elles l’obstruent presque
complétement et ne laissent que des méats irréguliers. On peut dire
que, dans le cas même où le tissu utriculaire remplit en entier ce
canal, il a une structure différente de celle du tissu propre aux végé-
taux, et souvent les parois internes sont hérissées d’aspérités qui
empêchent le fluide fécondateur de rétrograder et, lors de l'orgasme
qui accompagne la fécondation, paraissent gorgées d'humidité. On
définit donc le style un canal perforé dans le sens de sa longueur, ce
qui le distingue du stigmate, qui est essentiellement de structure cel-
lulaire. Il s’en faut beaucoup que la perforation du style soit un fait
universellement constaté et sans contradiction : Desvaux s’était dé-
INTRODUCTION. dx vi]
claré d’une manière formelle pour l’imperforation du style. Il en a fait
un axiome; et, dans le cas même où il y a perforation comme dans le
Lis, il dit ne l'avoir suivi qu’à la profondeur de quelques millimètres.
M. Dujardin est d’opinion que le canal central du Lis ne sert pas à l’in-
troduction du pollen, mais que les tubes polliniques pénètrent, par les
méats intercellulaires, dans l'épaisseur même du tissu. Jai pu cons-
tater sur un grand nombre de végétaux, sinon la perforation ab-
solue, du moins un changement dans la densité du tissu central, et
je suis très-porté à croire à la perforation plus ou moins complète de
cet appareil. On se méprend seulement sur la valeur du mot perfo-
ration : il faut voir dans la plupart des cas, non un canal lisse, mais
un tissu perméable qui permet le cheminement du fluide fécondateur
à travers le style, du stigmate à l’ovaire.
Fonctions du style.
Le rôle du style dans l’acte de la fécondation est d’une impor-
tance bien réelle, quoique son utilité soit contestable, puisqu'il repré-
sente l'appareil conducteur, qui transmet la fovilla à l’ovule. On doit
s'étonner de voir si constamment, dans la nature organique, ces ap-
pareils intermédiaires qui doivent avoir une signification et semblent
cependant inutiles, à moins que ce ne soient des appareils d’excitation,
et que, dans son trajet à travers le tissu conducteur, le pollen ne su-
bisse des modifications nécessaires à l’acte générateur; car pourquoi
le pollen n’irait-il pas directement à l’ovule par l'orifice de l’ovaire ?
à quoi bon le long style des Posoguerta, de certains Gardenia? On
conçoit difficilement que le tube pollinique puisse parcourir un trajet
capillaire ayant une longueur de 15 ou 20 centimètres avant d'arriver
à l’ovaire ; cependant la fécondation n’est possible qu’à la condition
de la transmission du fluide fécondateur à l’ovule, quelle que soit la
distance qui le sépare de la surface stigmatique. C’est le mystère qui
entoure, dans la plante comme dans les animaux, cet acte continuateur
de la vie, qui avait fait attribuer à l’être de raison appelé aura semui-
nales le rôle essentiel dans la génération.
Nomologie du style.
Quelles que soient la forme et la direction du prolongement de l'o-
vaire, il doit porter le nom de style.
dxvii} INTRODUCTION.
On distingue le style du stigmate à ce qu'il est percé à son centre
d’un canal, ou rempli de tissu conducteur, tandis que le stigmate est
essentiellement composé de tissu cellulaire.
Un style simple indique un ovaire uniloculaire comme dans les
Primevères, ou un fruit indéhiscent : tel est celui des Nymphéacées.
Toute connexion du style avec le corps des étamines indique
une irrégularité dans toute autre partie de la fleur : les Orchidées en
sont un exemple.
On peut déduire de la pluralité des styles la pluralité des loges de
l'ovaire. Il en résulte que, dans tout ovaire, le nombre des styles est
égal au nombre des valves ou des loges de l’ovaire.
On reconnait, dans les grandes familles des Légumineuses et des
Rosacées, que la divergence du style entraîne après soi un sillon à
sa face interne.
L’irrégularité des styles détermine une irrégularité dans l'ovaire.
Plus l’irrégularité du style est grande, plus les autres parties de la
fleur sont irrégulières. On peut regarder comme une exception à
cette loi, quand le style est porté sur un podogyne; dans ce cas, la
régularité de la corolle n’en est pas altérée. Le moindre changement
dans la direction du style a pour résultat l’irrégularité dans les en-
veloppes florales et les étamines, ainsi que cela se voit dans les Hip-
pocastanées. Plus la déviation du style est considérable, plus la
fleur est irrégulière.
La soudure des styles monte toujours de bas en haut : les ovaires
se soudent plus souvent que les styles, et les styles que les stigmates.
Du sligrnate.
Le stigmate paraît formé par l'épanouissement du tissu central du
style, et reçoit les grains de pollen qui y adhèrent, retenus qu'ils sont
par la viscosité qui l’enduit. C’est la terminaison du pistil et le véri-
table appareil externe de la génération. Il peut être sessile; mais le
plus communément, il est porté par le style et varie dans sa po-
sition.
Le stigmate, waigue dans la Primevère, est double dans la plupart
des Graminées ; triple dans les ris; quéntuple dans les Hibiscus ; multiple
dans le genre Malva ; introrse ou inverse quand il regarde le centre
de la fleur; extrorse où adverse quand il est tourné vers la circonfé-
INTRODUCTION. dxix
rence, les Cucurbitacées; sessile dans les Clcome ; pétaloïide dans
les Iris; globuleux dans le Mirabilis jalapa ; capité ou en téte dans le
Bananier,les Clusia ; conique dans l'Héliotrope; sagitté dans le Tha-
lictrum elatum ; linéaire dans les Dianthus ; pelté dans le Sarracenia ;
rayonnant dans le Pavot; étoilé dans le Cabaret; ombiliqué dans le
Monotropa ; onciné où en crochet dans le Baguenaudier; émarginé
dans le Butome; senu-luné ou en croissant dans le Corydalis lutea;
crénelé dans la Pyrole; cilié dans le Rumex scutatus ; simple dans
la Bourrache ; bifide dans les Composées ; /acinié ou divisé en la-
nières dans le genre Stylophyla ; trifide dans le genre Varcisse ;
multifide dans le Turnera ; bilobé dans le Glaucium ; trilobé dans le
genre Tulipe; guadrilobé dans le genre Parnassie; brlamellé ou à
deux lames dans le genre Mimulus ; engatnant dans le genre .Si-
deritis, où une des lames embrasse l’autre ; il est g/abre dans le Chà-
taignier ; pubescent dans le Platane; velu dans le Robinia héspida
et beaucoup de Graminées; pénicilliforme ou en pinceau dans le
Triglochin maritime ; aspergilliforme ou en goupillon dans V 4rundo
phragmites ; plumeux dans l’Arvena elatior ; granuleux dans le Méra-
bilis jalapa; visqueux dans le Wicotiana fruticosa ; sillonné dans
le Bananier. Dressé dans le Statice armeria, il est oblique dans le
genre Actæa; tordu dans les Begonia ; infléchi dans le genre Goo-
denia; révoluté dans l’Épilobe à épi.
Les appendices du stigmate sont peu nombreux, mais caractéris-
tiques : dans les Lobélies, il est muni d’un anneau de poils ; dans le
Tournefortia mutabilis, anneau est g/anduleux ; dans la Pervenche
de Madagascar, il est garni d’un rebord membraneux, et d’une
urcéole où coupe membraneuse dans le genre Scævola.
La coloration des stigmates mérite d’être indiquée : ils sont le
plus généralement blancs ; mais, par exception, bleus dans l’Iris de
Florence, jaunes dans certaines Composées, etc.
Anatomie du stismate.
Dans les cas les plus rares, le stigmate est composé de cellules
unies; mais il est communément semé d’aspérités ou de poils qui en
hérissent la surface, et sont souvent d’une structure réellement plu-
meuse. Il est toujours dépourvu d’épiderme, et ses cellules sont al-
longées et perpendiculaires à la surface. Entre les utricules, il existe
dxx INTRODUCTION.
des méats dits intercellulaires qui permettent l'introduction des tubes
polliniques.
Fonctions du stigmate.
Les fonctions du stigmate sont absolument négatives : il n’est que
l’orifice de l'ovaire et l’organe de réception du pollen; et c’est à sa
surface visqueuse, sans doute, que les granules fécondateurs doivent
les modifications qu’ils subissent, ce dont on peut au reste s’assurer
en prenant du pollen qu’on projette dans une eau gommée, où il perd
sa forme primitive; il devient globuleux , et émet bientôt son fluide
fécondateur soit par déchirement, soit par déhiscence. Tout, dans
cet appareil, concourt à la perfection du rôle auquel il est destiné. Il
est doué, dans certains végétaux, d’une irritabilité qui lui donne une
apparence de sensibilité : c’est ainsi que, dans les Mérnulus, le stig-
mate est composé de deux lèvres triangulaires, dont lune est dressée
et l’autre abattue : lors de l’imprégnation ou par la plus simple titilla-
tion avec un corps aigu, la lèvre abaissée se redresse et s’applique
contre l’autre d’une manière si intime, qu’on ne peut plus l’en séparer
sans lacérer le tissu. Dans le genre Stylidium, la colonne est excitable
quand la fécondation a eu lieu; on ne peut l’agiter ni toucher à sa
base sans qu’elle se déjette aussitôt du côté opposé à celui d’où
l’attouchement est venu; et quand l’excitabilité a cessé, elle reprend
sa première position. Il est évident que la sensibilité des végétaux
existe surtout dans les appareils de fécondation, et leur petitesse
seule, surtout celle des papilles ou des poils stigmatiques, nous empé-
che de percevoir les mouvements dus à l’orgasme générateur.
Nomologie du stigmate.
Quelle que soit la forme du corps qui surmonte le style, s’il est de
nature distincte, c'est un stigmate. Le bouclier qui surmonte l’ovaire
du Pavot, et les appendices foliacés qui couronnent l'ovaire des Iris,
sont des stigmates.
La soudure des stigmates n’entraine pas toujours celle des car-
pelles. Les premiers peuvent être soudés, et ceux-ci, libres comme
dans les Apocynées.
Il y a style et stigmate chaque fois que le corps qui surmonte
INTRODUCTION. dxx]}
l'ovaire est glanduleux ou papilleux. On distingue le stigmate à ce ca-
ractère, tandis que, lorsque la surface de l’extrémité supérieure du
style est lisse, il n’y a pas de stigmate.
Le caractère essentiel du stigmate est une surface sécrétante : ce
qui se voit très-distinctement dans les Orchidées, où les organes sont
cependant si déformés par la soudure intime des deux verticilles entre
eux.
Dans tout stigmate simple, il y a autant de tubercules distincts
que de valves ou de loges dans l'ovaire. On reconnait bien clairement
la réalité de cette loi dans les Lis.
Tout stigmate isolé, ou tout lobe de stigmate, correspond au milieu
des valvules ou des loges.
Toutes les fois que la surface glandulaire d’un stigmate dépasse le
sinus des fissures existantes, il n’y a qu’un style : ce qui est vrai pour
les Composées.
Tout stigmate échancré à sa base, et ayant un sillon à sa partie in-
terne, appartient à une Rosacée, si la fleur est pétalée.
On peut dire d’une manière presque absolue qu’un stigmate appelle
la présence d’un style; car le nombre des végétaux privés de style,
tels sont les Pavots, est fort rare.
De l'ovule.
L’ovule est le rudiment de la graine, et peut être comparé aux
ovules des animaux qui sont dans un état primitif d’indifférence, et
doivent, avant de passer à l’état embryonnaire et fœtal, subir des
modifications nombreuses. L’ovule végétal est dans le même cas :
depuis le moment de l’imprégnation jusqu’à la perfection du fruit,
il s’évolue et se transforme graduellement. Le nom d’ovule ne s’ap-
plique qu’à la graine non fécondée, ou dans les premiers temps de
la fécondation; ce n’est qu'après son développement qu’il prend le
nom de graine.
Le point par lequel il se réunit au placenta ou au funicule, porte
le nom de Aile. On lui avait, dans le principe, donné avec plus de
raison le nom d’omnbilic, partie qui répond plus réellement à l’ombi-
lic du fœtus. Je sais qu’on a critiqué Malpighi d’avoir sans cesse cher-
ché à établir des rapports entre l'animal et le végétal, c’est cependant
un point de vue philosophique qu’il ne faut point abandonner, car
TOME I, INTRODUCTION. — Livraison ppp. ppp
dxxi] INTRODUCTION.
la loi qui régit le monde organique est la même du haut en bas de
l'échelle des êtres. La plante est le monde des êtres à l’état rudi-
mentaire , et l’animal est l’idée végétale perfectionnée.
Malgré l’anathème dont on a frappé cette manière de voir, je ne puis
trop répéter que le point de vue le plus fécond, celui qui ne devrait ja-
mais être abandonné par les botanistes , est la comparaison des organes
végétaux avec les organes correspondants dans les animaux , et c’est
surtout dans la génération et l’évolution des organes reproducteurs,
que ces rapprochements sont lumineux. La fécondation végétale
ressemble par plus d’un point à la fécondation animale; et dans
les Phanérogames, le phénomène à lieu par dualité sexuelle, comme
dans les êtres les plus complexes de lPanimalité. On ne devrait donc
jamais décrire un organe végétal sans établir un rapport avec le
système évolutif correspondant dans les animaux, et certes il y a
matière à comparaison; car depuis les derniers Infusoires jusqu'aux
Vertébrés, il y a toutes les nuances possibles qui peuvent se retrou-
ver dans la vie de la plante. Un tissu vivant ne peut exister qu’en
vertu de conditions qui seront les mêmes, malgré la diversité appa-
rente des modes : une molécule ne s’associera à une autre molé-
cule que par une puissance d'affinité qui est la même pour tous les
êtres organisés ; car, dans la nature, il y a unité dans la loi, et va-
riété seulement dans le mode.
Pour connaître l’ovule et le fruit dont il est le rudiment, il faut suivre
le premier dans ses développements successifs. Il apparaît d’abord sur
le placenta comme un petit mamelon sans enveloppe et sans ouver-
ture, qui grandit en affectant parfois la forme conique : on lui donne
le nom de aucelle. X se creuse d’une petite cavité, appelée cavité
embryonnaire, dans laquelle se développera plus tard un embryon
suspendu par un filet appelé filet suspenseur. La membrane qui
tapisse la cavité embryonnaire, et qu’on appelle le sac embryon-
natre, descend de son sommet et reste adhérente ou devient indé-
pendante, ce qui n’a pas lieu pour tous les végétaux ; mais, dans cer-
tains groupes naturels, pour lesquels ce mode de développement
est normal, le nucelle prend une enveloppe dont les bords se rap-
prochent et ne laissent plus entre eux qu’une ouverture qui corres-
pond à son sommet, et qu'on appelle le zicropyle. On a donné
au tégument, où enveloppe interne qui constitue le micropyle, le
nom d’endostome. Dans le plus grand nombre des cas, il se forme
INTRODUCTION. dxxi]
une seconde enveloppe qu’on appelle l’exostome, el qui, après avoir
été dépassée par l’endostome, finit par le dépasser à son tour.
On a donné le nom de prémine et de testa à l'enveloppe externe,
et celui de secondine à l'enveloppe interne; en poursuivant la no-
menclature de la génération des enveloppes qui se succèdent de l’exté-
rieur à l’intérieur, le nucelle a reçu le nom de £ercine; la membrane
extérieure au sac embryonnaire s'appelle quartine, et le sac em-
bryonnaire, quintine. Cette nomenclature, qui est fondée sur des
idées théoriques, a, surtout dans ces derniers temps, plutôt sur-
chargé qu'enrichi la science de mots qui n’apprennent réellement
rien sur le développement primitif des organes les plus essentiels à la
transmission de la vie de génération en génération; mais il faut ac-
cepter la glossologie telle que l'ont faite les habitudes de notre époque,
où l’analyse, cette modeste ouvrière, a pris le ton de législatrice, et
a repoussé dédaigneusement sur le second plan la synthèse, comme
une prétentieuse qui n’avait rien à voir dans les questions de forma-
tion primitive des organes. Linné, Jussieu, ces deux grands génies
qui ont si heureusement jeté les lois qui serviront de base éternelle
à la botanique, avaient, dans leur haute sagacité, perçu les véritables
rapports organogéniques, et ne s'étaient pas réfugiés dans les artifices
puérils de la terminologie pour masquer leur ignorance. A leur langue
claire, précise, a succédé le langage diffus des glossologistes modernes,
qui n'arrive pas à plus de précision, malgré la profusion de mots
dont la science s’est enrichie. C’est à l’école analytique allemande que
nous devons cette partie si complexe de l'étude de l’évolution primi-
tive des organes végétaux, et l’on peut considérer cette richesse
comme la robe de Nessus de la phytographie. Il faut, au reste, se bor-
ner à s'inscrire contre ces écarts, et s’incliner devant les travers de
son temps.
Le filet appelé /uricule, et qui correspond au cordon ombilical,
s’insère sur la primine, où se trouve le Aë/e ou ombilic; comme sa
fonction est de porter la vie au nucelle, il traverse la secondine pour
aller s’insérer sur le nucelle, où il forme la chalaze.
Pour résumer ce qui précède, nous dirons que, dans l’ovule com-
plet, on trouve, en partant de l’intérieur pour aller à l’extérieur :
1° La cavité embryonnaire, dans laquelle se forme l'embryon at-
taché à son fil suspenseur ;
2° Le sac embryonnaire ;
dxxiv | INTRODUCTION.
3° Le nucelle ou tercine ;
4° La secondine ou tégument interne ;
5° La primine où tégument externe.
Les modifications que présente l’ovule sont les caroncules, nées
des parois de l'ovaire; l’arille, ou le développement du funicule,
qui s'épanouit autour de l'ovaire, comme cela se voit dans la
Muscade, dont la graine est enveloppée d’un arille rouge et dé-
coupé, qu'on appelle z2acis. On trouve un arille complet dans les
Oxalis; cyathiforme, dans le Fusain; caronculaire, dans le Stercu-
lia balanghas ; pulpeux, dans le Bocconia frutescens, ce qui montre
que cet appendice varie pour les apparences , quoique son origine
soit semblable.
La direction de l’ovaire, qui joue un rôle important dans la dé-
termination des associations naturelles, repose sur les rapports des
parties les unes aux autres, et sur leur relation avec un axe, qui
a pour pôles ou points extrêmes : le hile et la chalaze, à la base de
lovule, et le micropyle au sommet. Cette direction, qui est la plus
normale, a fait donner à l’ovule qui affecte cette disposition le nom
d’ovule droit ou orthotrope.
Il est anatrope ou réfléchi, quand il dévie de la ligne droite, et
que l’ovule, ayant exécuté une demi-révolution, porte le hile auprès
du micropyle, tandis que la chalaze conserve ses rapports primitifs.
Dans cette révolution, le hile forme à travers les téguments un
cordon qu’on appelle le raphé.
Quand, au contraire, l’ovule se courbe en forme de rein, etramène
ainsi le micropyle auprès du hile, de manière à laisser la chalaze à
droite et le micropyle à gauche, il est dit courbé ou campulitrope.
La direction de l’ovule dépend donc de la position des deux points
opposés : hile et micropyle. La placentation se lie d’une manière intime
à la position de l'ovaire : l’ovule est dressé, quand le hile étant placé
immédiatement au-dessus du placenta, son axe est vertical, comme
cela a lieu dans le genre Renoncule; dans le Laurier-tin, il est zrverse
ou renversé : attaché au sommet de la loge, son sommet se trouve
dirigé par en bas, et le hile, dont la position devient réellement in-
verse, occupe sa partie supérieure. Il est ascendant dans le Pommier,
où, le placenta étant axile, l'ovule qui y est attaché dirige son som-
met vers le haut de la loge. Quand il affecte la position inverse, et
qu'il est porté par son hile, adhérent à un placenta pariétal , il est
INTRODUCTION. dxxv
suspendu où pendant, comme cela se voit dans le fruit des Thymé-
lées. Le mode de suspension varie, et dans certains cas, le funicule
allongé et dressé porte l’ovule, comme dans les Plumbago ; ou bien
cet allongement du funicule permet à l’ovule de se dresser, et il est
debout à son extrémité : dans ce cas, il est ascendant.
Le nombre des ovules contenus dans une loge varie : quand il n’y a
qu’un seul ovule dans une loge, elle est dite wrrovulée ; biovulée quand
il ÿ en a deux, et rultiovulée quand il y en a plusieurs. Le nombre
des ovules influe sur leur position , ce qui fait qu’on n’en peut juger,
quand, par la compression qu’ils exercent les uns sur les autres, ils
changent forcément de direction. Il n’y a donc de position indépen-
dante et normale que quand les ovules sont assez distants entre eux
pour ne subir aucune compression ; mais quand ils sont groupés, les
ovules du centre affectent une position horizontale; ceux du dessus
deviennent ascendants; etles autres, étant refoulés, sont pendants.
On a donné divers noms à la manière dont les ovules sont disposés
entre eux dans leurs loges, quoique dans leur état normal ils se ran-
gent sur deux lignes parallèles; mais ils affectent une assez grande
variété de positions pour qu’on ait cru devoir modifier la glossologie.
Anatomie de l’ovule et de ses annexes.
Comme tous les tissus végétaux à l’état de développement primor-
dial, la texture de l’ovule est d’abord cellulaire, puis les téguments
ont deux rangs de cellules d'épaisseur, et celles de l’enveloppe ex-
terne ou primine ont une apparence textulaire épidermique. A
mesure que l’ovule se développe, il se forme, au point où le nucelle
se continue avec le placenta, un tissu plus dense et plus coloré,
dont les cellules sont allongées et parallèles, et auxquelles aboutit
un faisceau fibro-vasculaire venant du placenta et destiné à nourrir
la graine.
Fonctions de l’ovule.
On ne peut attribuer à l’ovule de fonction propre et ayant avec le
végétal un rapport essentiel et nécessaire : c’est. la graine à son état
rudimentaire ; il est donc le dépositaire de la transmission de la vie
et de la perpétuation des espèces. Ce n’est donc pas, à proprement
dxxv) INTRODUCTION.
parler, un organe nécessaire à la vie du végétal considéré comme
une individualité, ou un organisme existant pour soi, puisqu'on peut
impunément le supprimer, et que même la suppression de l’ovule
prolonge la durée de l'existence de la plante, dont la fonction, le but
dernier est la fécondation et la maturation de la graine. L’ovule est
par conséquent un organe passif, qu’on ne peut étudier que sous le
rapport évolutif plutôt que sous le rapport fonctionnel.
C’est ici le lieu de dire ce qui se passe depuis le moment de l’im-
prégnation jusqu’à la formation de l’ovule avec ses cinq téguments.
Au moment où le pollen a touché le stigmate, auquel il adhère par
son enduit visqueux, il se tuméfie en absorbant l'humidité qui
baigne le style. Sa membrane interne s’étend, sort à travers l’externe,
par un des points où elle est en contact avec le stigmate; elle s’al-
longe en un tube (le tube pollinique) qui pénètre dans l’épaisseur
du stigmate, à travers le tissu conducteur qui est imbibé de fluide,
et continuant à pénétrer dans le canal stigmatique, en s’allon-
geant toujours, elle arrive jusque dans la cavité de l'ovaire, de là
dans les ovules, que nous avons vus, dans leur principe, être de
petits sacs ouverts à leur extrémité correspondant au tissu conduc-
teur, ce qui établit le rapport immédiat entre le pollen et l’ovule.
Arrivé à ce point, l’ovule fécondé suit sa loi d'évolution et devient
graine. Nous l’étudierons après qu’il aura suivi les diverses transfor-
mations qui l’auront rendu apte à la reproduction de l'espèce.
Nomologie de l’ovule.
Tout ovule préexiste dans l’ovaire avant l’anthèse.
Si l’on en excepte le hile, tout ovule est libre dans l'ovaire, c’est-
à-dire qu’il est dégagé de toute adhérence.
Quand le nombre des ovules contenus dans les loges excède deux,
il est variable.
On doit regarder comme un caractère ordinique la direction des
ovules, ou leurs rapports avec le placentaire.
Lorsque les ovules renfermés dans une loge sont au nombre de
deux, ils n’affectent que trois positions : ils sont superposés dans les
Muscaris, alternes dans les Crucifères, et parallèles dans le genre
Andrachne.
Toutes les fois que deux ovules sont situés sur le même plan,
INTRODUCTION. dxx vi]
l'ovaire appartient à un ordre de plantes dans lequel chaque loge ou
chaque carpelle offre la mêmedisposition. L’avortement d’un des ovules
oblige à étudier l'ovaire pour connaître son organisation primitive.
Deux ovules superposés, où sur un plan différent, indiquent la
dépendance de familles à loges polyspermes.
Ce n’est que par l'inspection des ovules qu’on peut déterminer le
nombre naturel des graines dans un fruit, qui n’influe pas sur le
nombre final; car, par suite d’avortements prédisposés, il y à des
nombres qui deviennent réguliers et normaux : c’est ainsi que dans
le Châtaignier, le Noisetier et le Chêne, il n’y a qu’un seul fruit
qui mürisse, tandis que, dans les loges, il y a plus d’un ovule.
CHAPITRE XXIII.
DU FRUIT.
On a donné le nom de fruit tant à l'ovule, devenu graine par la
fécondation, qu'au péricarpe, qui n’est autre que le développement
de l’ovaire ou tégument de la graine.
Ce qui se passe dans la transformation des parties constitutives de
l'appareil de reproduction et de ses enveloppes des divers noms, est
facile à observer, et le phénomène est le même pour tous les végé-
taux phanérogames. Les divers verticilles floraux se flétrissent dans
la plupart des cas et disparaissent ; l’androcée, dont la fonction cesse
aussitôt après que l’acte de la fécondation est accompli, s’atrophie
et suit la loi de marcescence des organes à mesure que leur utilité
cesse ; la corolle ne tombe en général que quand les styles, dont la
fonction ne va pas au delà de la fécondation, se sont flétris à leur
tour. Le calice est le verticille le plus durable; il accompagne sou-
vent même le fruit, et persiste autant que dure le péricarpe. Il
devient adhérent dans quelques familles, dans certaines Rosacées
et entre autres, dans la Pomme, la Poire, la Nèfle, où il appa-
rait au sommet du fruit sans avoir changé de figure; on y remarque
même quelquefois des débris des divers verticilles; mais, dans la
plupart des cas, le limbe seul du calice persiste.
Sans s'arrêter longtemps à considérer les diverses apparences que
dxxvii) INTRODUCTION.
prend le calice après la fécondation lors de la maturation des fruits,
il convient cependant de signaler l'accroissement du verticille cali-
cinal du Chêne, qui se change en cupule , et l'enveloppe charnue du
fruit de l’If, qui l'entoure en partie; dans la Scabieuse, c’est l’invo-
lucre, ou le calicule, qui sert d’enveloppe au fruit.
Parfois le style persiste, et son apparence la plus remarquable
est dans la Clématite, où il forme une espèce de queue poilue et
flexueuse.
Ce qui a été dit du développement de la feuille carpellaire , s’appli-
que également au fruit, qui n’est autre chose qu’une feuille carpellaire
avec tout son développement; et l’on peut en suivre les modifications
jusqu’à l’entière métamorphose du carpelle en fruit; c’est cette même
feuille, dont les transformations sont si complètes qu’on aurait peine
à la reconnaître, qui constitue le péricarpe. Pour suivre l’analogie
qui existe entre la feuille, le carpelle et le péricarpe, nous dirons que,
comme elle, il est composé de trois couches distinctes : l’épiderme,
où la couche celluleuse de la page inférieure de la feuille qui ré-
pond à la partie la plus extérieure du fruit; c’est ce qu’on nomme
l'épicarpe, et que dans les fruits charnus on appelle la peau, car
dans les fruits secs il est réduit à l’état de membrane épidermique,
et sa surface varie beaucoup : il est lisse, velu, strié, tuberculeux,
ou épineux, comme dans le Datura stramonium ; et, pour compléter
l’analogie avec l’épiderme inférieur de la feuille, il est pourvu quel-
quefois aussi de stomates.
La partie moyenne, qui répond au mésophylle ou parenchyme de
la feuille, s'appelle raésocarpe : c'est la chair des fruits; 1l est sec
et coriace dans l’Amande et la Noix, où il prend le nom de brou, et
très-développé dans le Melon et les fruits de la famille des Rosacées.
On a réservé le nom de sarcocarpe pour ce dernier genre de méso-
carpe, quand il a une grande épaisseur. S
L'endocarpe ou membrane interne, qui répond à la couche cellu-
leuse ou épidermique de la page supérieure de la feuille, est le plus
souvent de très-peu d'épaisseur; d’autres fois il est dur et ligneux, et
forme alors un noyau. Dans la Pêche et l’Abricot, l'enveloppe ligneuse
du noyau est l’endocarpe; dans la Noix, c’est la coquille, et dans
l'Amande, c’est la coque. L’endocarpe de l’Orange est la membrane
qui entoure la chair, et dans les Pomacées, ce sont les loges écail-
leuses qui contiennent les pepins.
INTRODUCTION. dxxix
Ces changements, qui portent sur le développement du péricarpe,
modifient aussi les carpelles, les cloisons et tous les appareils inté-
rieurs qui accompagnent les graines.
L’avortement d’un ou plusieurs carpelles est très-fréquent , et de-
vient même normal dans un certain nombre de genres; quand ces
avortements se reproduisent avec régularité, ils modifient le sys-
tème primitif d'organisation des fruits. C’est ce qui rend si difficile
la classification des fruits, fondée sur leur apparence primitive, et
fait que des fruits composés lors de leur premier développement se
convertissent en fruits simples. C’est ainsi que nous voyons le Frêne
présenter dans le principe quatre ovules renfermés dans deux loges,
et dont deux seulement mürissent; la placentation, qui était axile lors
des premiers temps de l’évolution, devient ensuite pariétale. Ce fait est
plus frappant et plus communément observable dans le Châtaignier,
dont les trois loges et les six ovules se réduisent à une seule et un seul
fruit; mais il reste constamment dans le péricarpe les graines avor-
lées, qui sont là pour montrer l’organisation primitive du fruit.
Les clorsons, qui sont des parties intérieures du carpelle, subissent,
par la compression et les conditions intérieures de leur développe-
ment, une modification qui les rend essentiellement différentes du pé-
ricarpe. Quoique composées comme lui de trois membranes, elles
sont réduites à des lames si minces, qu’elles ont une apparence qui les
rend méconnaissables. Dans un certain nombre de cas, les cloisons
se résorbent; et, dans cette circonstance, la placentation change de
pature et devient centrale. On a donné aux cloisons normalement for-
mées par le développement interne du carpelle le nom de rares
cloisons , et celui de fausses cloisons à celles qui ont pour origine un
repli de la paroi péricarpienne, dont le développement, étant transver-
sal, coupe le fruit par des diaphragmes réguliers, comme cela a lieu
dans la Cassia fistula et dans les siliques presque charnues de quel-
ques Crucifères. Il arrive parfois que les fausses cloisons sont verticales
et ont l’aspect de cloisons véritables; mais on les reconnaît facilement
à ce qu’elles ne sont jamais séminifères et ne correspondent pas au
style.
Les placentas se durcissent dans les fruits secs, et deviennent char-
nus, Ou pulpeux, ou générateurs d’un tissu pulpeux dans certains fruits
succulents, comme dans la Tomate. Dans l’Orange, la partie charnue
TOME 1, INTRODUCTION. — Livraison qqq: 9qq
dxxx INTRODUCTION.
est une production de l’endocarpe, et dans la Grenade, la pulpe est
une dépendance de la graine.
De la déhiscence des fruits.
Lorsque le fruit est arrivé à toute sa perfection, et qu'il n’a plus
besoin du secours de la plante mère, il s’en sépare et tombe sur le
sol, où la graine, mise en liberté par la destruction de l'enveloppe,
doit reproduire le végétal qui lui a donné naissance. On a donné le
nom de déhiscence à la manière dont s'ouvre le péricarpe, qui, lors-
qu’il est composé de feuilles carpellaires dans la cavité desquelles se
forment et se développent les ovules, est divisé intérieurement en
un certain nombre de panneaux appelés valves. Le nombre des valves
est quelquefois égal à celui des loges; d’autres fois il est double.
Suivant les circonstances, il est univalve : les fruits des Caryophyllées,
des Rhinanthacées ; ivalve : les siliques ou fruits des Crucifères ; rrul-
tivalve : les Balsaminées.
On a donné le nom de déhiscents aux péricarpes qui sont suscep-
tibles de se diviser à leur maturité , en autant de parties qu'il y a
de carpelles soudés ou qui affectent un mode défini d'émission de la
graine qu’ils ont mürie, et celui d'érdéhiscents à ceux dont le péri-
carpe se détruit sans s'ouvrir d’une manière normale et régulière pour
laisser passage à la graine; on les appelle péricarpes ruptiles, quand
ils se rompent en pièces irrégulières; la déhiscence est le plus souvent
le résultat de la dessiccation du péricarpe ; il n’y a guère d’exception
que pour la Balsamine et l’Élatérium, qui lancent leurs graines à une
époque de leur évolution, qui est loin de répondre à la dessiccation
du péricarpe. Dans la Cardamine des prés, les valves des siliques
s'ouvrent élastiquement de la base au sommet, et se roulent sur elles-
mêmes en lançant leurs graines; la capsule du Sablier (Æura crepitans)
se compose d'un grand nombre d’arcs ligneux dont la déhiscence
produit une explosion très-bruyante, et qui a une grande force de
projection.
Il ne faut pas confondre avec la déhiscence véritable le phéno-
mène qui se passe dans les Ombellifères, dont les akènes, accolés
l’un à l’autre, se séparent lors de leur maturité, et constituent cha-
cun à part soi un péricarpe indéhiscent. Dans les Malvacées, les
fruits, groupés circulairement, se divisent, et chaque graine isolée
INTRODUCTION. dxxx)
représente un fruit. La déhiscence véritable consiste dans l’ouverture
de chaque carpelle; mais cette déhiscence varie beaucoup, et sert à
déterminer l'association de groupes entiers. Dans le Pavot, la
déhiscence est apicilaire, c’est-à-dire qu’elle a lieu par le sommet du
carpelle; elle est basilaire quand elle a lieu par la base du péricarpe,
comme dans la Raiponce. Elle est transversale dans la pyxide des
Mourons et des Plantains.
Dans les péricarpes composés de plusieurs carpelles soudés en-
semble, on distingue deux modes particuliers de déhiscence, une
incomplète, et l’autre complète. On appelle déhiscence incomplète
celle qui a lieu par l’ouverture des carpelles à leur sommet sans que
les valves se séparent, comme cela se voit dans la plupart des Caryo-
phyllées et dans certaines Primulacées.
La déhiscence complète, qui s'effectue par la séparation complète
des valves, affecte trois modes principaux. Elle est dite sepricide,
quand chaque carpelle reprend son indépendance et se sépare des
carpelles voisins, comme cela se voit dans le Colchique. Il s’en faut
beaucoup que, dans ce système de déhiscence, la séparation des car-
pelles ait lieu de la même façon : tantôt ils s'ouvrent ou ont une
déhiscence ventrale propre; d’autres fois la déhiscence est bivalve,
et, dans ce cas, la séparation a lieu par les deux sutures. Une autre
modification dont l'importance est la même, c’est que, dans certains
cas, chaque carpelle, en se séparant des carpelles voisins, emporte
avec soi son placenta ; ou bien, comme cela a lieu dans les Euphorbes,
les placentas réunis forment au centre un axe qu’on a nommé la
columelle.
Le second mode de déhiscence, et l’un des plus communs après
le précédent, est la déhiscence loculicide, dans laquelle chaque car-
pelle s'ouvre par sa suture ventrale. Le Lilas est un exemple de ce
système de déhiscence. Les modifications sont semblables en tout à
celles de la déhiscence septicide. On trouve parfois les deux premiers
modes de déhiscence réunis : ainsi dans la Digitale , le premier acte de
la maturité du péricarpe est de se séparer d’après le mode septicide ;
puis, les carpelles s'ouvrent par le dos, et le second acte est la déhis-
cence loculicide.
Dans la déhiscence dite septifrage, les cloisons se séparent des
valves et restent attachées à l’axe, ainsi que cela se voit dans le fruit
de l’Acajou.
dxxxI] INTRODUCTION.
De la maturation des fruits.
On donne le nom de "saturation aux diverses modifications qui
succèdent au perfectionnement physiologique du fruit, et sont le
résultat d'actions purement chimiques. À proprement parler, la ma-
turation est l’action du double perfectionnement du péricarpe et de
la graine. La déhiscence, ou la destruction du fruit, sont les phéno-
mènes qui président à la dissémination des graines.
Le périsarpe, sec et foliacé dans sa jeunesse, participe à la vie de la
feuille, et, comme elle, il absorbe de l’acide carbonique pendant le
jour, et de l’oxygène pendant la nuit. Son flétrissement est ana-
logue à celui de la feuille, à cette exception près, qu'il est, dans la
plupart des cas, soumis au phénomène appelé déhiscence.
Le péricarpe charnu, qui a une origine commune, est d’un tissu
plus mou qui acquiert un développement considérable, tantôt sans
que les faisceaux fibro-vasculaires augmentent; d’autres fois, au
contraire , ils se multiplient, et, dans ce cas, ils deviennent filan-
dreux. Sa vie est celle de la feuille; mais, à l’époque de sa matura-
tion, les produits que nous retrouvons non-seulement dans les fruits,
mais dans les autres parties des végétaux, tels que la gomme, le su-
cre, la fécule, les huiles fixes ou essentielles, les acides, les substances
albuminoïdes , avec résorption et transformation de l’eau et du li-
gneux, sont les changements intérieurs qu’il éprouve sous l'influence
des agents extérieurs. On a vu, dans la chimie organique, les méta-
morphoses que subissent les premiers agents qui résultent de la pré-
sence des sucs élaborés (1).
Maturation des fruits.
(1) Dans la première période de la maturation des fruits, avant la formation du
sucre et du ligneux , il existe une quantité d’eau de végétation qui diminue, à mesure
que les fruits mürissent, dans des proportions souvent considérables ; il se forme en-
suite du sucre qui augmente en quantité , et de l’état vert ou de formation primitive à
celui de maturité, arrive à être en proportion décuple; d'un autre côté, le ligneux di-
minue généralement de moitié. Voici comment se passent les phénomènes observés,
dans leur ordre de succession :
Eau avant la maturité. Eau à la maturité.
Albricotsuaaieutes than ati 89.39 74.87
GrOSEES ie Lieu 86.41 81.10
Cerisés royales. nee e 88.28 74.85
Prunes de Reine-Claude,........ 74.87 71.10
INTRODUCTION, dxxxii]
De la classification des fruits.
On a établi, pour la classification des fruits, différentes méthodes
qui ne sont guère que la mise en œuvre d’une même idée. Comme
Eau avant la maturité, Eau à la maturité,
Pêches d'été: stat > 14 19Dai 80.24
Poires cuisse-madame..,....... 86.28 83.88
Verts, Mürs.
ADFICOES 2 Meet cle 1e 6.64 l 16.48
ÉLOSAIIESS RS Are 0e de Pen 0.52 6.24
Cerisestroyales:....111:4 .2.. 0. 1.12 18.12
Prunes de Reine-Claude. ....... 17.71 24.81
pêches d’été...... LÉ rée 0.63 11.61
Poires cuisse-madame. ........ 6.45 11:52
Ligneux dont la quantité diminue à mesure que les fruits mürissent.
Verts, Mürs.
ADricoteis' it dus Et NET 3.61 1.86
Erosellés: + 2 tarte. het: 8345 8,01
Cerises TOYAÏGS. «4. eme e 2.44 1 16
Prunes de Reine-Claude. ....... 1.26 #11
Péchesid'étéss dit dote 18101 1.21
Poires cuisse-madame.......... 3.80 2.19
Temps écoulé entre la floraison et la maturation des fruits de certains végétaux.
Panicum viride.....,...... qe keV 2 à AE SAME Loti SIC SU “.s142/i0urs:
Panicum sanguinale, Avena pratensis....... SERRE DE LR ES ea SERA rm
PESUICRIONED AS BTE Si. eee cela dette e re semie comic ec mn OBS 16
Agrostis repens, Aira cæspitosa........... chu bi rt PUS CET re RE TETE 1 17
Poa angustifolia, Avena elatior, Hordeum bulbosum......... SRE LAR soient:
Poa aquatica, Hordeum pratense, Medicago sativa (Luzerne)....,,............... FE
Festuca rubra, Dactylis glomerata, Festuca duriuscula , Lolium perenne (Ray-grass),
Triticum repens. ... ..... A PR CE Me es MN CA PRO EN AI 2 0 D Te 20
Onphryehis sativa.(Sainfom).. ir ER es amorce 21
Cynosurus cristatus (Crételle des prés), Bromus tectorum, Aira flexuosa (Canche
HERTENSE) ee eee ete tree eme SNA DR ae dalohio BD Mo RSS Re 22
Avena flavescens............. TR AR Ne erouasniocesse Rav
Festuca glabra, Poa cristata..... LEA ÉECE LRU SIE DAS sardines te 24
Alopecurus pratensis (Vulpin des prés), Festuca elalior.......... tetes Ml ui rants 25
Holcus mollis (Houlque molle), Agrostis vulgaris... ............................ M 209
Glyceria fluitans (Manne de Pologne)........ sé -Lre same Ur FRE UE 2197162 R
Alopecurus agrestis........ PRO De PODIREC LOC duand site PR OU 100
Agrostis stolonifera, A. canina, Phalaris canariensis (Millet des oiseaux), ........... dt
SHPAUPENTE Mobod Cpruléa es PE te asc rccecceLeue-ccco- PET 41
Holcus lanatus (Houlque laineuse), Trifolium pratense (Trèfle des prés), Bunias orientalis
(Bunias d’Orient)....... Sa nan s'en diese à ce L'aedllo n area nie) rl EN NETS EC E 43
Elymus arenarius, Phleum pratense, nodosum, Poa pratensis., .,..........,......... 45
CYNOSHNS LE ARIOHSE 21e nn ou ect cac ta à NE PT REP"... EL 51
dxxxiv INTRODUCTION.
il est intéressant de faire connaître ces diverses méthodes, je les
exposerai dans leur ordre chronologique. Il est à regretter que les
auteurs de ces classifications aient multiplié les noms et aient tra-
duit leurs idées dans une langue trop souvent inintelligible. Il en est
de la classification des fruits comme de toutes celles qui ont pour but
de méthodiser des faits dont l’oscillation est presque sans limites :
il faut se borner aux généralités et abandonner les faits de détail ;
c’est pourquoi je ne prendrai que les plus grands groupes, ceux qui
répondent aux principales familles naturelles. Je ne connais, dans
cette matière, que deux législateurs qui aient vu toute la nature végé-
tale, de haut, et sans descendre aux infiniment petits, qui étrécissent
l'esprit et font perdre le sens des idées plus élevées. Ces deux grands
législateurs sont Linné et Jussieu. Je prendrai la classification du
premier comme base, en ce qu’elle peut servir de guide dans toutes
les autres.
Je ne parlerai pas de la classification d’Adanson, de Claude Ri-
chard, à qui la carpologie doit cependant des progrès, mais qui n’a
pas fait de travail spécial ; non plus que de celle de Gaertner, de Nec-
ker, de Mœnch, etc., bien que chacun d’eux ait contribué à fixer
la nomenclature : ainsi, Claude Richard a défini le cariopse, le pola-
kène, le syncarpe; Gaertner a caractérisé l’utricule et la samare. Au
reste, dès les premiers temps de la botanique scientifique, nous re-
trouvons une partie des noms qui répondent aux grands groupes :
ainsi, on voit, dans J. Bauhin (1650), les noms de pomme, baie, lé-
gume , silique, cône. On trouve dans Magnol des sections fondées
Anthoxanthum odoratum (Flouve odorante)............,......................... 53 jours.
Framboisier, Fraisier, Cerisier, Orme, Pavot, Potentilles, Filipendules, Euphorbe
CUT CORPS AR PERRET R D Des Go Ga CO die À CSOEI 1AAQUX 60
Prunus padus, Amélanchier, Tilléul, Gaude. ......... 4.4.0 cesesecs se 90
Marronnier/d'inde’ROsters ne Mere Mare eeneenecetene nent se ste cereecie & mois.
Vigne. APoitien scie mt are tee re nn re NS NE SORTE ARE VE
Bouleau, Aune, Sorbier des oiseaux...............se.severee.sereesseseeoes see oo 5
Pommier, Prunier, Hêtre, NOYEr:... nee Besbetee- trente 3,à. 5
Châtaignier, Néflier, Noisetier, Amandier, Hippophaë.................,............. 6
Olivier, Chène rouvre, Sabine, Lauréole..................................:..,... 7
Colchique d’automnessilentenin etat einen nALERA RE RtRRnNeer 8 à 9
PIN TarielO.... estelle RS ETS SRE ER en te 10
La plupart des. Pins....:#ascesspsnthensethenhe ee RUN ORNE ARe RN IR USE 11
Beaucoup d’autres Couifères , les Mousses...................................... 1 an.
l'année qui suit
la floraison.
Cédrc OM LIDAD..... 52 sa Ce NT RO CRT PAS te 24 à 27 mois.
Geuévrier, Chêne vert, plusieurs espèces de Chênes d'Amérique, Métrosidéros,
INTRODUCTION. dxxxv
sur les dénominations ayant la structure des fruits pour base, telles
que les silicules, les noix, les gousses ou légumes, mais sans sys-
tématisation complète.
CLASSIFICATION CARPOLOGIQUE DE LINNÉ.
(Philosophie botanique , 17150.)
1. Capsule. — Péricarpe creux, à déhiscence déterminée : les Pavots.
2. Silique. — Péricarpe bivalve, aux sutures dorsale et ventrale duquel les
graines sont attachées : les Crucifères.
3. Léqume. — Péricarpe bivalve, dont les graines sont attachées à la suture
dorsale : les Légumineuses.
4. Follicule ou Conceptacle.— Péricarpe univalve, à déhiscence latérale et lon-
gitudinale, distinct des graines : certaines Renonculacées.
5. Drupe. — Péricarpe charnu et indéhiscent contenant un noyau : les Prunes,
les Cerises , etc.
6. Pomme. — Péricarpe charnu et indéhiscent, renfermant une capsule : la
Pomme, la Poire.
7. Baie. — Péricarpe charnu renfermant des graines nues : les Groseil'es.
8. Strobile. — Péricarpe en chaton : les Amentacées, les Conifères.
Cette classification est la plus élémentaire et celle qui repose sur les
faits observés dans leur plus grande généralité. En 1789, Jussieu,
qui attacha tant d'importance aux fruits dans la détermination des
groupes, adopta aussi huit sortes de fruits qu’il définit à peu près
de la même façon, mais peut-être avec plus de précision; ses défi-
nitions, aussi courtes, sont plus satisfaisantes :
1. Capsule. — Fruit membraneux , coriace ou crustacé.
2. Silique. — Capsule bivalve, avec chaque suture opposée séminifère.
3. Léqume. — Capsule bivalve , avec une seule suture séminifère.
4. Noix. — Fruit osseux.
5. Baie. — Fruit juteux, pulpeux ou charnu, rempli de graines séparées.
6. Pomme. — Fruit charnu, renfermant une capsule.
7. Drupe. — Fruit charnu, renfermant une noix.
8. Strobile ou cône, succédant à la disposition amentacée des fleurs : le fruit se
compose de graines ou de noix mêlées d’écailles, et rassemblées en capitule ou
en cône.
En 1813, De Candolle donna, dans sa Théorie élémentaire de Ja
botanique, une classification des fruits qui devait conduire à celle que
M. de Mirbel publia deux années plus tard; et qui fut perfectionnée
dxXXV) INTRODUCTION.
dans la seconde édition de 1819. Il divisa les fruits de la manière
suivante :
FRUITS SIMPLES.
1, — Fruits pseudospermes (syn. de Carcérulaires, Mirb.).
1. Le Cariopse, syn. de Cérion : les Graminées.
2, L'Akène ou Achaine , syn. de Cypsèle : les Composées.
Il distingue les akènes, dont le caractère essentiel est d’être mo-
nospermes secs, à péricarpe adhérent, en nus, aïgreltés, marginés,
membraneux, écailleux, capillaires, plumeux, rameux.
3. Polakène ou Polachaine, syn. de Crémocarpe.
4. Utricule, syn. de Carcérule : les Atriplicées.
5. Le Scléranthe, fruit soudé avec la base du périgone endurci et persistant :
comme dans la Belle-de-nuit. Cette division est inutile, car elle s'applique à un
trop petit nombre de cas pour mériter une dénomination spéciale.
6. La Samare ou Camare, syn. de Ptéridie, Mirb. : l’Orme, l’Érable ; on a con-
servé ce nom pour tous les fruits comprimés, uni- ou biloculaires, à bords mem-
braneux et prolongés en ailes.
7. Le Gland, syn. de Calybion.
8. La Noisette ou Nucule, syn. de Noix.
9. Le Carcérule, fruit indéhiscent, sec, à plusieurs loges et à plusieurs graines :
tel est, par exemple, le Tilleul. Ce n’est pas le Carcérule de M. de Mirbel. De
Candolle l’a défini d’une manière plus précise.
10. L'Amphisarque , fruit indéhiscent, see, multiloculaire, ligneux à l'extérieur
et pulpeux à l’intérieur : le Baobab.
2. — Fruits gynobasiques (syn. de Cénobionnaires, Mirb.).
Ce sont des fruits dont les loges, que M. de Mirbel appelle trèmes,
sont assez distinctes pour avoir l’apparence de fruits séparés.
1. Le Sarcobase, à gynobase ou disque très-grand et très-charnu : telles sont les
Ochnacées.
2. Le Microbase, syn. de Cénobion : ce sont les fruits des Labiées et de plusieurs
espèces de Borraginées.
3.— Fruils charnus.
1. Le Drupe. Le noyau du centre s'appelle encore pyrène, ossicule.
2. La Noix. |
3. La Nuculaine , fruit charnu, non couronné par les lobes du calice, et renfer-
mant plusieurs noyaux : le Sureau.
4. La Pomme, divisée en Pomme à pepins : la Pomme, et en Pomme à osselets :
la Nèfle.
INTRODUCTION. dxxx vi].
5. La Balauste, ou le fruit du Grenadier, couronné par les lobes du calice.
6. Le Péponide, syn. de Pépon.
7. L’Hespéridie ou Orange : le fruit de l’Oranger.
8. La Baïe. On a établi des distinctions essentielles dans les fruits de ce genre :
la vraie baie, qui n’a pas de loges et dont les graines sont disposées sans ordre;
la fausse baie, qui a des loges et des graines rangées dans un ordre apparent.
On a donné le nom d’Arcesthide au fruit bacciforme du Genévrier.
4.— Fruits capsulaires ou déhiscents.
1. Le Follicule , fruit membraneux, univalve, allongé, s’ouvrant par une suture
longitudinale : les Asclépias.
2. La Camare, fruit membraneux, à deux valves soudées, et renfermant une
ou plusieurs graines attachées à un angle interne; ce sont les Étairions de
M. de Mirbel : les Renonculacées.
3. L’'Hémigyre, fruit ligneux, à une ou deux loges, déhiscent d’un seul côté : les
Protéacées.
4. La Gousse ou le Légume.
On distingue les Gousses en unéloculaires où à une loge : le Genét :
biloculaires, à deux loges : l’Astragale ; diaphragmatiques ou zaulti-
loculaires : la Cassia fistula, dont le fruit est divisé en deux ou plu-
sieurs loges monospermes par des cloisons transversales; /omentacées
ou articulées, divisées en plusieurs loges monospermes : l’Hippo-
crepis.
5. La Silique. Lorsqu'elle est courte ou que son diamètre excède peu sa longueur,
on lui donne le nom de Silicule.
6. La Pyxide ou Boîte à savonnette.
7. La Diéresile.
8. Le Regmate, syn. d’Élatérion de Richard, On donne plus communément à ce
fruit les noms de capsule à deux, trois ou plusieurs coques : telles sont les Eu-
phorbiacées.
9. La Diplotége ou Capsule infère : les Campanulacées, les Orchidées. C’est un
fruit déhiscent , adhérent au calice.
10. La Capsule, nom donné à tout fruit sec et déhiscent.
De Candolle n’établit pas de classification particulière pour les fruits
multiples où étairionnaires de M. de Mirbel, parce qu’il les regar-
dait comme une réunion de fruits simples; non plus que pour les
fruits agrégés, bien qu’il admette les noms de :
1. Syncarpe, syn. de Sorose de M. de Mirbel : le Mürier.
2. Fique, syn. de Sycone : le Figuier.
3. Cône ou Strobile : les Conifères.
TOME 1, INTRODUCTION. — Livraison rrr. TIT
dxxxvii} INTRODUCTION.
4. Galbule, nom réservé pour le fruit du Cyprès, dont les bractées sont en bou-
clier ou peltées, et à l'extrémité desquelles adhèrent plusieurs graines.
Vers la même époque, Desvaux, botaniste distingué, mais homme
de détail et d'analyse minutieuse, établit une classification plus com-
plexe encore que celle de ses prédécesseurs, et dans laquelle il créa
quarante-cinq groupes désignés, pour la plupart, par des noms bar-
bares. Il n’y a que les titres généraux qui soient judicieusement éta-
blis et ressortent de la nature même des fruits. Il y avait d’abord
deux classes, et, dans chacune d'elles, deux ordres :
1° CLASSE. — Péricarpes secs.
1er Ordre. — Péricarpes simples et indéhiscents : Cariopse, Akène, Gland, etc.
_— — simples et déhiscents : Silique, Gousse, Capsule, ete.
2e Ordre. — Péricarpes secs composés : F'ollicule, Strobile.
2e CLASSE. — Péricarpes charnus.
17 Ordre. — Péricarpes charnus simples : Baie, Péponide , Drupe, ete.
2° Ordre. — composés : Baccaulaire, Syncarpe.
Plus tard, il remit sur le métier sa classification déjà si compliquée,
et en multiplia les titres généraux. Je ne citerai que les principales di-
visions sans donner sa nomenclature tout entière, qui est hérissée de
noms étranges, et je donnerai la préférence aux dénominations qui
correspondent à celles des autres auteurs. On me saura gré d’avoir
omis de donner une longue nomenclature dans laquelle figurent les
noms de Stéphanoéë, Stérigmé, Plopocarpe, Sphalérocarpe , etc. 1
divisa les fruits en
1° Fruits simples.
1° Fruits autocarpiens, ou se développant sans contracter aucune adhérence avec
les parties environnantes, et les autocarpiens en
Autocarpiens secs indéhiscents : le Cariopse.
Autocarpiens secs déhiscents : la Silique, la Gousse.
Autocarpiens charnus : la Baie.
2° Fruits hétérocarpiens , dans lesquels le péricarpe se développe avec quelque
autre corps, qui, sans en cacher la forme primitive, la modifie par augmenta-
tion de volume ou par addition de quelques parties.
Hétérocarpiens secs uniloculaires, cachés ou ceryptocarpiens : l'A ggédule où
Cypsèle.
— multiloculaires, à parties accessoires : le Gland.
INTRODUCTION. dxxxIx
Hétérocarpiens secs phénocarpiens, ou sans accessoires : la Polakène.
— uniloculaires phénocarpiens : la Voix d’Acajou.
Hétérocarpiens charnus : le Pépon.
3° Fruits pseudocarpiens , dont le péricarpe est caché de telle sorte que la véri-
table forme en est dissimulée : le Pyridion.
. Fruits composés.
Autocarpiens secs : le Follicule.
— pulpeux : le Baccaulaire.
Hétérocarpiens secs : le Microbase.
— pulpeux : le Sarcobase.
Pseudocarpiens : la Balauste.
Fruits agrégés.
Le Strobile ou Cône.
Le Syncarpe , etc.
En 1815, M. de Mirbel, comprenant ce qu'avait de défectueux et
d’incomplet une classification semblable, essaya de répondre à cer-
taines idées générales qui devaient à la fois donner plus de précision
aux principes fondamentaux de la carpologie, et satisfaire aux lois
de l’analogie qui se faisaient sentir d’autant plus vivement, que l’on
en élait revenu des classifications artificielles, et que les bons es-
prits aimaient à retrouver, dans ces grands groupes si savamment
réunis par Jussieu, les analogies qui unissent les genres les uns
aux autres. Voici comme s’exprimait le savant botaniste : « La mé-
thode la plus savante et la plus naturelle pour classer les fruits se-
rait de les distribuer et de les nommer, en considérant d’abord la
structure vasculaire des péricarpes et des graines, et en n’employant
que comme caractères secondaires la succulence ou la sécheresse des
tissus, et la déhiscence ou l’indéhiscence des péricarpes, c’est-à-
dire, la propriété qu’ils ont de s’ouvrir ou de rester clos. L'élève re-
connaîtrait alors avec une singulière satisfaction que les fruits, dans
une même famille, sont le plus souvent dessinés sur un même mo-
dèle qui peut bien éprouver des modifications extérieures, mais qui
conserve presque sans altération ses caractères essentiels de struc-
ture interne. Malheureusement l’état actuel de la science ne permet
guère encore de distribuer les fruits d’après de telles considérations;
et peut-être, quand on aura plus approfondi cette matière, trouvera-
t-on qu’une classification fondée sur des caractères si importants,
dx! INTRODUCTION.
mais si délicats, très-bonne sans doute pour éclairer l’anatomie et la
physiologie végétale, ne saurait être employée avec succès dans la
botanique descriptive.
« Je divise, par la considération des fruits, tous les végétaux phé-
nogames en deux grandes classes : d’un côté, je range ceux qui ont
des fruits libres ou bien des fruits adhérents au calice, lesquels ne
sont masqués par aucun Organe étranger, et ne contractent aucune
union qui les rende méconnaissables : ce sont les végétaux gymn0-
carpiens (Renonculacées, Crucifères, Ombellifères, Malvacées, Pé-
chers, Cerisiers). De l’autre côté, je range tous les végétaux à fruits
recouverts par quelque organe étranger qui les déguise pour ainsi
dire, et ne permet pas de les reconnaître au premier coup d’æil; ce
sont les angiocarpiens (Conifères, Corylacées). »
Pour rendre sa disposition plus méthodique, M. de Mirbel divisa
les fruits en ordres et en genres de la manière suivante :
FRUITS GYMNOCARPIENS.
1°" ORDRE. — Fruits carcérulaires.
(Péricarpes secs indéhiseents.)
1° Genre : la Cypsèle. — Péricarpe ligneux, membraneux , adhérent, n'ayant
qu’une loge et qu'une graine : la grande famille des Composées.
2° Genre : le Cérion. — Péricarpe mince, adhérant pour l’ordinaire au tégument,
qui est lui-même adhérent à un périsperme farineux : les Graminées.
3° Genre : la Carcérule., — Ce genre comprend tous les fruits qui ne peuvent pas
rentrer dans les deux genres précédents : les Jasminées, les Combrétacées, les
Atriplicées.
2° ORDRE. — Fruils capsulaires.
(Péricarpes secs déhiscents.)
1° Genre : le Légume ou la Gousse. — Même définition que celle donnée par les
auteurs précédents : les Légumineuses.
2° Genre : la Silique et la Silicule. — Les Cruciferes.
8° Genre : la Pyxide. — Capsule à deux valves, l’une fixe et l’autre mobile. C’est
une appellation toute spéciale à un petit nombre de végétaux. On trouve ce
genre de déhiscence dans plusieurs familles : dans les Primulacées, le genre
Anagallis ; dans les Myrtacées, le genre Lecythis; dans les Plantaginées, le
genre Plantago.
4° genre : la Capsule. — C’est un genre dont les caractères sont négatifs, puis-
qu’on y fait entrer tous ceux qui n’appartiennent à aucun des précédents.
Les fruits des Liliacées et les follicules de certaines Renonculacées sont des fruits
INTRODUCTION. dx}
capsulaires. À proprement parler, la capsule est un fruit sec, à déhiscence va-
riable.
3° ORDRE. — Fruits diérésiliens.
(Péricarpes secs, réguliers, composés de plusieurs coques rangées symétriquement autour d’un axe
central réel ou imaginaire.)
1% Genre : le Crémocarpe. — C’est la diakène des Ombellifères.
2° Genre : le Regmate. — La coque des Euphorbiacées.
8° Genre : la Diérésile. — La capsule des Malvacées et des Rubiacées aspérifoliées.
4° oRDRE. — Fruits élairionnaires.
(Péricarpes irréguliers n’adhérant pas au calice, contenant plusieurs graines, et ayant une suture
postérieure. )
Les considérations que fait valoir M. de Mirbel pour montrer la
séparation croissante des fruits et justifier ainsi l’ordre qu’il a adopté,
reposent sur l’unité ou la monocarpie des fruits capsulaires des genres
Cypsèle et Cérion; le commencement de séparation dans les cap-
sulaires polycéphales, tels que la Nigelle; la séparation du péri-
carpe en plusieurs coques après sa maturité, dans les fruits diérési-
liens, et leur séparation primordiale dans les fruits étairionnaires.
Ces diverses formes d’un même type se trouvent dans une même
famille, et montrent les rapports qui unissent entre eux les diffé-
rentes espèces de fruits, qui ne sont que la traduction d’une même
idée.
1e Genre : le double Follicule. — On n'observe ce mode de fructification que dans
les Apocynées.
2e Genre : l'Etairion. — Ce fruit est formé par la réunion de plusieurs camares
autour d’un axe; il y en à un nombre indéterminé dans la Renoneule, l’Ané-
mone, la Clématite : cinq dans l’Ancolie, et le plus communément trois dans le
Pied-d’alouette.
5° ORDRE. — Fruils cénobionnaires.
Genre unique : le Cénobion. — Péricarpe sec ou succulent, uniloculaire, ne por-
tant pas de style à son sommet : les Labiées, les Borraginées.
6° oRDRE. — Les Drupacées.
Genre unique : le Drupe. — Définition semblable à celle des auteurs anciens.
M. de Mirbel désignait, sous le nom de drupéole, tout drupe
succulent dont le volume ne dépasse pas celui d’un: pois : le Rivi-
ra ; et sous celui d’utricule, tout drupe plus petit, dont l'enveloppe
externe forme autour du noyau un sac membraneux : l’Arroche.
dxli) INTRODUCTION.
7° ORDRE. — Fruits bacciens.
(Péricarpes succulents, renfermant plusieurs graines, contenues parfois dans des nucules. )
1° Genre : le Pyridion. — C’est la Pomme des auteurs anciens.
2° Genre : le Pépon. — C’est le fruit des Cucurbitacées.
3° Genre : la Baie. — Mème définition que celle vulgairement adoptée. On donne
ce nom à tout ce qui n’est ni Pyridion , ni Pépon.
FRUITS ANGIOCARPIENS.
(Les fruits angiocarpiens se rapprochent sous beancoup de rapports des gymnocarpiens, si l’on fait
abstraction des enveloppes qui les recouvrent. On n’y trouve qu’un seul ordre.)
1e Genre : le Calybion. — C'est le fruit composé de carcérules contenus en tout
ou partie dans une cupule : le Chêne, le Noisetier, l’If.
2° Genre : le Sfrobile ou Cône. — Les Conifères , les Amentacées.
3° Genre : le Sycone. — Enveloppe aux parois internes de laquelle sont attachés
les graines : le Figuier, le Dorstenia.
4° Genre : la Sorose. — Fruits réunis en épi ou en chaton, et recouverts de leurs
enveloppes florales; ils sont succulents et entre-greffés : le Mürier, Ananas.
En 1841, Lindley adopta, dans son /ntroduction à la botanique
(Introduction to botany, London), le nombre très-restreint et suffi-
sant contenu dans les divisions suivantes :
PÉRICARPES SIMPLES.
1. Le Follicule, péricarpe sec, s’ouvrant par la suture d’un carpelle foliacé : l’A-
conit napel.
2. Le Léqume.
3. Le Drupe.
4. La Noix , péricarpe osseux renfermant une seule graine.
PÉRICARPES SIMPLES PAR AVORTEMENT.
5. Le Cariopse.
6. L’Akène.
7. Le Gland : les fruits du Chêne, du Noisetier, du Châtaignier.
8. La Capsule, terme général pour les fruits secs composés de deux ou plusieurs
carpclles, diversement combinés ou modifiés.
9. Le Pépon (the Gourd) : les Cucurbitacées.
10. La Baie.
11. La Pomme.
12. La Samare.
13. La Silique.
En 1844, M. de Jussieu donna, dans son Cours élémentaire de
INTRODUCTION. dxliij
botanique, une classification reposant cependant sur les mêmes prin-
cipes, et ne différant que par la nomenclature :
1. — Fruits apocarpés (séparés).
Apocarpés indéhiscents charnus : le Drupe.
— — secs : la Noix, le Cariopse, V'Akène, le Gland, la Samare.
Apocarpés déhiscents : le Follicule , la Coque, le Légume, le Lomentum ou la
Gousse articulée.
2. — Fruits syncarpés (réunis).
Syncarpés indéhiscents : la Baie, la Pomme, la Nuculaine, le Pépon, l’Hespéridie.
— déhiscents : la Capsule, le Crémocarpe, la Pyxide, la Silique, la
Silicule.
Fruits anthocarpés. Outre leur enveloppe, ces fruits présentent des accessoires
fournis par une autre partie de la fleur que l'ovaire : la Belle-de-nuit (c’est le
Scléranthe de De Candolle) et la baie de l’If.
Fruits agrégés.
Le Cône ou Strobile, la Sorose, le Sycone.
Cette classification, qui rentre dans la simplicité des méthodes
carpologiques primitives, est une de celles qui résument le mieux
les généralités de la structure des fruits, et elle suffit aux besoins
des descriptions. C’est un retour heureux vers des idées moins
complexes, et vers une glossologie qui ne peut que gagner à plus de
simplicité.
Anatomie du fruit.
Les trois couches qui composent le péricarpe, ont chacune une
structure particulière. Dans sa jeunesse, l’organisation du péricarpe
est celle de la feuille, puisque le carpelle n’est autre chose qu’une
feuille transformée : à part les modifications accidentelles que pré-
sente l’épicarpe , sa structure est celle de l’épiderme de la feuille, et
pour compléter l’analogie, on ÿ voit quelquefois des stomates : c’est
surtout dans les fruits charnus ou dont le mésocarpe est très-épais,
qu’on trouve cette analogie d’une manière plus frappante, et les cel-
lules sont aplaties et souvent on voit à la surface des poils nom-
breux. Dans les baies, les cellules de l’épiderme sont polygonales et
aplaties, car, dans les fruits secs, il adhère fortement au mésocarpe et
est entièrement sec.
dxliv INTRODUCTION.
Le mésocarpe a une structure essentiellement utriculaire ; les cel-
lules en sont arrondies et volumineuses, remplies de liquide, et dans les
drupes, les pépons, enfin tous ceux qui ont un péricarpe très-charnu,
le tissu cellulaire est parcouru par un petit nombre de faisceaux
fibro-vasculaires. Quand ces faisceaux augmentent, la chair devient
sèche et filandreuse. On voit souvent dans le parenchyme de la Poire
des groupes de cellules remplies d’une substance incrustante de nature
ligneuse. Dans les baies, le parenchyme est formé de grosses cel-
lules ovoïdes ou irrégulièrement polyédriques, avec les angles ar-
rondis.
L’endocarpe, qui a souvent une structure purement cellulaire,
est composé de cellules polyédriques très-petites, par suite de la
pression mutuelle qu’elles exercent les unes sur les autres, et dans
l’intérieur desquelles il se dépose une substance ligneuse incrus-
tante.
On ne peut regarder, comme appartenant à l'histologie du fruit, les
principes de diverses sortes qui se déposent dans les cellules de l’é-
picarpe ou du mésocarpe, tels que la fécule, le sucre, les huiles
essentielles, etc.
Il est difficile d'indiquer, pour lanatomie du fruit, autre chose
que des généralités : car il n'existe pas de travail complet, d’études
comparatives, sur les modifications que présentent les tissus des trois
ordres dont il est composé.
Des fonctions du péricarpe.
Les fonctions du péricarpe se lient d’une manière intime à la ma-
turation de la graine, et les modes nombreux qu'il affecte ne sont
que de simples accidents, sans influence sur le développement de
l’ovule. L’akène, la capsule, la samare, le follicule, nourrissent et
mürissent aussi bien leurs graines que la baie, la pomme, le pépon.
Le sycone ne diffère du strobile qu’en ce aue le premier est charnu
et le second sec; mais voyez le sycone desséché par résorption des
sucs dont le tissu était gorgé, et la ressemblance est complète. On le
voit dans l’Amandier-Pêche, dont la fructification rentre dans le do-
maine de la tératologie, et sur lequel on trouve à la fois des fruits cou-
verts d’un mésocarpe épais, tandis que d’autres n’ont qu’un brou sec
comme celui de l’amande. J’ai plus d’une fois trouvé sur des Pêchers
INTRODUCTION. dxiv
des fruits dont le noyau avait acquis son développement normal, tandis
que le mésocarpe était desséché et plus membraneux et plus co-
riace que le brou de l’amande.
La structure du péricarpe a si peu d’importance, aux yeux de la
nature, que l’on voit dans les familles les plus naturelles une grande
variété dans la substance péricarpienne.
Les téguments multiples qui constituent le péricarpe ne sont donc
pas essentiels à la maturation de la graine, qui est la partie réelle-
ment importante du fruit. Ce sont cependant parfois des enveloppes
protectrices, car si l'on réduisait la Pomme à son simple endo-
carpe, la graine ou le pepin ne mûrirait pas; il en serait de même du
Melon et des autres Cucurbitacées, dont les graines, plongées dans
la pulpe ou le parenchyme, autrement le sarcocarpe, ne pourraient
arriver à leur perfection sans être protégées par ces enveloppes tuté-
laires.
Le péricarpe est donc en général un fait, et non une production
contingente et nécessaire, puisque nous avons des grainés nues qui
arrivent à toute leur perfection.
Nomologie du péricarpe et de ses dépendances.
Tout fruit est le produit d’un ovaire et appartient à un végétal coty-
lédoné.
La structure du fruit est celle de l'ovaire, et c’est par l’étude de
la structure de l'ovaire qu’on arrive à connaître celle du fruit.
Le fruit se compose essentiellement du péricarpe et de la graine.
Tout fruit véritable est le produit d’une seule fleur, que l’ovaire soit
simple ou partible.
Tout fruit multiple est composé de plusieurs carpelles.
La nature du péricarpe ne détruit pas les affinités de structure qui
unissent les plantes d’une même famille.
Tout fruit, quelle que soit l’adhérence de son péricarpe avec la
graine, présente à son état rudimentaire des ovules libres.
La maturation de la graine détermine celle du péricarpe, comme
celle de l’embryon détermine celle de la graine.
Tout fruit simple ou composé est indéhiscent s'il appartient à un
plante aquatile. ;
TOME 1, INTRODUCTION, — Livraison 555, sss
dxIv) INTRODUCTION.
On donne le nom de péricarpe à toute enveloppe de la graine, quelle
que soit sa nature.
Les téguments imparfaits de la graine ne sont pas un péricarpe, ce
sont tout simplement des parties accessoires. La cupule du gland en
est un exemple.
Avant sa maturité, tout péricarpe est imperforé.
On distingue dans le péricarpe deux couches différentes, l’épi-
carpe et l’endocarpe, séparées par du parenchyme ou mésocarpe.
On doit rapporter au péricarpe toute qualité du fruit qui est indé-
pendante de la graine.
Le péricarpe se distingue de la graine par le défaut de continuité
qui existe entre eux.
Un ovaire à stigmate simple ne peut donner naissance qu’à un
péricarpe simple et dépourvu de valves. Il en est de même si le fruit
est pulpeux.
Le nombre des stigmates détermine celui des péricarpes.
Tout péricarpe privé de valves est indéhiscent ou ruptile par la
décomposition ou par la germination.
Tout péricarpe monosperme est sans valves et indéhiscent.
Les péricarpes ligneux appartiennent à des végétaux ligneux.
Dans tout péricarpe nucléacé, l’endocarpe se détache spontanément
du mésocarpe lorsqu'il est de nature sèche, quoique cela se voie éga-
lement dans certains fruits pulpeux.
Les péricarpes oligospermes ou contenant un petit nombre de
graines, peuvent prendre de l’accroissement sans que les graines se
développent.
On voit peu d’accroissement dans les péricarpes qui sont recouverts
par une membrane accessoire.
On trouve dans les péricarpes secs multiloculés autant de valves
que de loges.
Il n’y a que les plantes à fleurs irrégulières qui produisent un péri-
carpe bivalve à déhiscence unisuturale et asymétrique, à moins que le
péricarpe ne soit incomplet.
Le nombre des replis et des fausses cloisons n’augmente pas le
nombre des loges.
On ne peut considérer comme cloisonnés que les péricarpes dont
la cavité est séparée par des cloisons adhérentes dans leur pourtour.
On reconnaît une vraie cloison à sa verticalité : elle s'appuie d’un
INTRODUCTION. dxlvi]
côté sur la suture, et de l’autre sur la columelle ou le placentaire.
Toute vraie cloison est un développement de l’endocarpe.
Dans aucune circonstance une vraie cloison ne se trouve séparée
de l’endocarpe.
= Quand une cloison ne croît pas dans les mêmes proportions que le
péricarpe, elle est libre sur ses bords.
Toute cloison transversale est une fausse cloison.
Lorsque les parois d’une cloison deviennent plus solides que le
parenchyme qui les sépare, chaque moitié de cloison reste fixée sur
le bord des valves.
Dans le cas contraire, elle abandonne le bord des valves et demeure
fixée au placentaire.
La direction de toute valve est perpendiculaire.
Dans les fruits multiloculaires , chaque valve clôt une loge.
CHAPITRE XXIV.
DE LA FÉCONDATION.
Tout en ayant déjà, dans plusieurs paragraphes des chapitres pré-
cédents, touché quelque chose de la fécondation ou du rôle des
appareils destinés à assurer la continuation de la vie dans le végétal,
je résumerai les faits relatifs à cette fonction si importante.
Le verticille staminaire joue dans la fécondation le rôle d’impré-
gnateur. Il est désigné sous le nom d’androcée ; tous les noms qu’on
lui donne rentrent dans la glossologie zoologique, et rappellent les
fonctions du mâle dans les animaux.
Le verticille pistillaire, ou le gynécée, constitue l’appareil de ré-
ception, sur lequel réagit l'appareil mâle, et qui est destiné à déve-
lopper le germe fécondé.
On a eu de tout temps sur la fécondation des idées confuses, fondées
sur des vues théoriques qui portent, suivant leur temps, le cachet des
idées philosophiques de leur époque, et l’on a longtemps méconnu le
rôle de l'appareil femelle. Leeuwenhoeck et Needham furent les re-
présentants de l'idée de ta préexistence des germes, qui consistait
dxlvi] INTRODUCTION.
dans la transmission à l'organe femelle du germe, qu’ils regardaient
comme préexislant dans l’organe mâle; de sorte que l’appareil fe-
melle ne faisait que développer le germe qui lui était confié.
Spallanzani , plus pénétré des véritables principes de la physiologie
animale, croyait à la préexistence des germes, mais dans l'organe
femelle, qui ne faisait que développer dans l’ovule, qu’il comparait
à l'œuf des oiseaux, la vie qui y existait à l’état latent. La fécon-
dation n’était alors qu’un acte d’excitation; mais, dans ce cas, l’o-
vule constituait l'être préexistant, et le rôle du mâle, quoique vi-
vificateur , était purement neutre dans l’acte générateur.
Aristote ne croyait pas à la préexistence des germes. Suivant lui,
la fécondation était le résultat du mélange de deux fluides fournis
par les deux appareils et qui créaient l’être nouveau; de sorte qu’il
participait aux qualités des deux. Buffon, dans les temps modernes,
développa cette idée , qui prit le nom de #héorie de l'épigénèse.
Tréviranus regarde la fécondation comme le résultat de la nutri-
tion, etelle n’en est alors que la continuation.
Ces idées sont toutes erronées, et la seule preuve de la fausseté de
ces théories, même celle de l’épigénèse, en la prenant telle que Pont.
primitivement développée leurs auteurs, est dans l'évidence du rôle
des deux sexes dans l’acte générateur. Les mulets dans les animaux,
les hybrides dans les végétaux , l'influence si directe da màle ou
de la femelle dans l’espèce humaine, qui transmettent des qualités
héréditaires, bonnes ou mauvaises, prouvent que les deux sexes
sont réellement actifs. Nous voyons les éleveurs faire à leur fantai-
sie des animaux ayant des qualités prévues d'avance, et pondérer
les défauts pour faire prédominer les qualités désirables. Les horti-
culteurs, de leur côté, font des variétés presque suivant leur volonté,
par des croisements habilement combinés. Il ÿ a donc, dans cette
circonstance, action et réaction réciproque des deux sexes.
Ce n’est que fort tard qu’on a réellement connu le sexe des plantes,
bien que les anciens désignassent certains végétaux réellement dioïques
sous les noms de mâle et de femelle, mais en intervertissant les rôles;
c’est ainsi qu'ils regardaient comme rdles ceux qui produisaient des
fruits, et ils donnaient le nom de femelles aux pieds staminifères.
Depuis bien des siècles les peuples de l'Asie savent que les Dattiers ne
fructifient que quand on place dans leur voisinage un arbre de même
espèce, et dont la fonction est de déterminer la production des fruits;
INTRODUCTION. dxlix
on savait même que cette action réciproque avait lieu à de grandes
distances. C’est ainsi que Bontanus, précepteur d’Alphonse, roi de
Naples, chanta les amours de deux Palmiers, dont l’un était à Brin-
des et l’autre à Otrante. Au commencement du dix-septième siècle,
Zaluzianski reconnut l’existence des sexes et décrivit les phéno-
mènes d’androgynie et d’unisexualité. Antérieurement à Linné, Bo-
bart parle en termes formels de la nature des organes sexuels, et
fait pressentir qu'on pourrait établir une méthode sur le nombre et
la proportion des étamines. Plus tard, Antoine de Jussieu et Linné
démontrèrent l'existence réelle des sexes, et mirent celte vérité
hors de doute. Les expériences furent assez concluantes pour qu’on
pût regarder la fécondation sexuelle comme un fait irrécusable. On
put donc constater qu'il y a, parmi les végétaux, ce qu'on trouve
dans les animaux : tantôt la séparation des sexes sur deux pieds
différents, ou bien sur un même pied, avec séparation des sexes
dans des fleurs différentes ; ou bien la réunion des organes fécon-
dateurs dans une même enveloppe florale. Nous avons vu la ma-
nière dont le tube pollinique s’engage dans les cellules du style et
se fraye un chemin jusqu’à l’ovule. Il reste une difficulté à résoudre :
l’eibryon préexiste-t-il dans l’ovule et est-il fécondé par le pollen?
ou bien, comme le prétend M. Schleiden , qui a tiré, avec la souplesse
que donnent à l'Allemand ses idées spéculatives, des idées imprévues,
des observations de MM. Brongniart, Amici et Brown, est-ce l’extré-
mité du tube pollinique qui, en s’engageant dans le sac embryonnaire,
devient le rudiment de l'embryon ? ce qui fait que l'embryon n’existe
pas dans l’ovule, mais est une production de l’anthère. Quelle que
soit la théorie à laquelle on donne la préférence , bien que l'on puisse
avec plus de raison s'attacher à celle qui admet la préexistence de l’em-
bryon, on ne ferait que transposer les faits en les interprétant à la ma-
nière de M. Schieiden. Les hybrides prouvent que le concours des
deux sexes est nécessaire, et que chacun d’eux joue un rôle actif dans
le phénomène de la fécondation. Les observations de Turpin prouvent
que la multiplication des végélaux a lieu de différentes façons,
et que la fécondation, toute complexe que soit cette mystérieuse
fonction dans les végétaux les plus élevés, n’est autre chose qu’un
acte semblable à celui qui se voit en descendant dans l’échelle des
êtres, ou qui se montre par exception dans certains végétaux.
Nous ne voyons que rarement les fleurs des Lemna , et c’est par
dl INTRODUCTION.
simple bourgeonnement que ces végélaux se multiplient. Les
bourgeons à fleurs des Zryophyllum sont de simples gemmules qui
épanouissent en fleurs. Toutes les parties des monocotylédones pro-
duisent des gemmules qui ne sont que des corpuscules semblables
aux spores des cryptogames ; de sorte que la seule différence qu’il
y aurait entre les phanérogames et les cryptogames serait que, dans
ces derniers , la spore est un grain de pollen libre, qui n’a pas be-
soin d’intermédiaire ; tandis que, dans les phanérogames, l’ovule est
le terrain nécessaire au développement de l'embryon. Le grain de
pollen, la spore et la gemmule sont les traductions d’un même fait ;
il n’en est pas autrement dans les animaux.
Ce qui semble étrange à notre époque, et après deux siècles de
constatation d’un fait démontré jusqu’à la dernière évidence, c’est
qu’on cherche encore à expliquer la fécondation par des causes tout
à fait différentes de l’action réciproque des appareils sexuels. Le be-
soin de creuser toujours plus avant et l’esprit de système peuvent
seuls porter à repousser la théorie généralement admise pour y subs-
tituer des idées plus ou moins ingénieuses, mais dont rien ne prouve
la réalité.
Nous devons admettre jusqu’à plus ample évidence la théorie de
la fécondation par accouplement, sans chercher à expliquer préma-
turément le rôle des deux appareils ; c’est à l'expérience et au temps
qu’il faut demander le secret de cet acte mystérieux, ce qui n’em-
pêche pas les recherches , mais restreint le champ des idées spécu-
latives. La découverte des phytozoaires, que je n’ai jamais vus, a
plus encore embrouillé la question. Si ces molécules animées et loco-
motiles sont les agents de la fécondation dans les animaux, ce qui
est déjà douteux, il en doit être de même pour les végétaux, et les
théories tombent en présence d’un fait semblable. Il n’y a plus né-
cessité de chercher le rôle du tube pollinique et d’en faire le géné-
rateur de l'embryon; les phytozoaires suffisent à la fécondation de
l'embryon préexistant.
On a admis pour la fécondation plusieurs phases nécessaires :
1° les phénomènes précurseurs, tels que l’élévation de la tempéra-
ture de la fleur, ce qui n’est pas vrai pour toutes les plantes, du
moins avec nos instruments grossiers; 2° les changements de posi-
lion de l'organe mâle, qui est toujours actif, tandis que l'appareil
femelle est passif, quoiqu'il partage cependant l'orgasme de lappa-
INTRODUCTION. di)
reil fécondateur ; 3° les phénomènes essentiels de l’action du pollen
sur le stigmate et son cheminement à travers le stylé, phénomène
que nous avons déjà signalé; 3° les phénomènes consécutifs, qui
sont ceux du développement de l’ovule destiné à devenir fruit.
CHAPITRE XXV.
DE LA GRAINE.
La graine n’est autre chose que l’ovule à l’état de maturité. Elle se
compose de trois parties : les enveloppes ou l’épisperme, l’'albumen et
l'embryon, qui constitue essentiellement la partie vitale de la graine.
Les enveloppes générales de la graine sont le péricarpe, à l’ex-
ception des végétaux gymnospermes.
Nous avons vu que la graine , qui naît du placenta ou tropho-
sperme, est portée par le juricule ou podosperme, qui parfois s’élar-
git et porte le nom d’arille.
On a donné le nom d’épisperme , de spermoderme ou de tegmen,
aux trois couches qui entourent l’ovule. Le plus ordinairement il
est simple et constitue ce qu’on appelle vulgairement la peau de la
graine. L’épisperme est membraneux dans le Hêtre, coriace dans le
Coco ; arachnoïde dans l’{xia Sinensis ; septifère dans le Châtaignier,
dont 1l partage l’amande en plusieurs lobes.
On remarque sur l’épisperme le micropyle, qui correspond tou-
jours exactement à l’embryon.
L'albumen, appelé encore périsperme et endosperme, est placé
entre l’épisperme et l'embryon. Pendant l’évolution de l’ovule, il se
dépose dans une des couches dont l'embryon est enveloppé, et ce
dépôt varie tant pour la quantité que pour la nature: sec et farineux
dans les Céréales , il est o/éagineux dans les Crucifères et certaines
Composées, telles que le Madia, le Soleil, le Camellia; dans le
Ricin, l’albumen oléagineux est inoffensif, tandis que l’embryon est
un purgatif drastique; il est zaucilagineux dans les Convolvulus,
corné dans les Palmiers, transparent ou translucide dans le Riz, et
opaque dans le Froment. Il est central dans les Nyctaginées, lorsqu'il
dlij INTRODUCTION.
forme au centre de la graine une masse environnée par l’embryon ;
périphérique, lorsqu'il enveloppe l’embryon , ce qui est le cas le plus
ordinaire; urilatéral dans les Graminées, lorsqu'il est d’un côté et
l’embryon de l'autre.
L'embryon est la partie essentielle de la graine; c’est à son profit
qu'a eu lieu l’appareil compliqué qu’on appelle le péricarpe. Il forme
le végétal à l’état rudimentaire. Dans les végétaux #7albuminés, ou
dépourvus d’albumen, l'embryon remplit l'épisperme et constitue à
lui seul l’amande : on lui donne le nom d’embryon épispermique ; 11
prend celui d’endospermique quand, au contraire, il est pourvu d’un
albumen; il est dit extraire, quand il enveloppe l’albumen d’une ma-
nière plus ou moins complète, comme dans la Belle-de-nuit, et z7-
traire, quand il est entièrement renfermé dans lintérieur de lalbu-
men, comme dans le Ricin. Ovoide dans le Coudrier, il est conique
dans le Caryota urens, turbiné dans le Nénuphar blanc, claviforme
dans l’Hyacinthus non scriptus, cordiforme dans le Gunnera, scu-
telliforme dans le genre Holcus, trochléaire où en poulie dans la
Comméline; il est rectiligne dans les Crucifères, arqué dans le Pavot,
recourbé dans la Belle-de-nuit, repl'é où condupliqué dans la Sagit-
taire, annulaire dans la Claytonia , spiralé dans la Cuscute. Sous le
rapport de la position , il est axile, quand il parcourt en droite ligne
un point quelconque de la graine : les Campanules; #ransverse, lors-
qu'il suit une direction à peu près parallèle au plan du style : PAs-
perge, le Cyclamen d'Europe; oblique dans les Graminées, il est
basilaire dans les Pavots, apicilaire dans le Colchique, ##ché ou
nidulaire dans la Comméline, où il est logé dans une cavité formée
par un repli de lépisperme.
Le blanc est la couleur de la plupart des embryons; embryon est
jaunâtre dans l’'Uva crispa, vert dans le Pistachier térébinthe, gris
de plomb dans l’Æchinops, purpurin dans le Bidens et les Zinnias.
On a donné le nom de blastème à l'embryon, abstraction faite des
cotylédons; il se compose de la plumule et de la radicule. On à
donné le nom de co/let à la partie qui est entre la plumule et la
radicule.
La plumule est axe ascendant à l’état embryonnaire. La portion
terminale, formée par les feuilles primordiales, constitue le premier
bourgeon qui s’évoluera et sortira d’entre les cotylédons. On donne
à ce bourgeon primitif le nom de gemmule, celui de tigelle à la
INTRODUCTION. di)
partie comprise entre les feuilles primitives et la radicule, et qui doit
devenir plus tard la tige.
Elle est visible ou très-développée dans le Marronnier d'Inde ; ën-
visible ou peu développée dans la Comméline, l'Oignon, le Cycla-
men; coléoptilée c’est-à-dire enveloppée d’une coféoptile, ou gaine,
dans les Liliacées; rue ou dépourvue de coléoptile et placée à la sur-
face du blastème dans les Graminées; tigellée dans la Fève; feullée
ou assez développée pour qu’on en reconnaisse les jeunes feuilles,
dans cette même graine.
On remarque dans la gemmule deux manières d’être : elle est li-
bre ou pr/éolée quand elle est munie d’une piléole, feuille primordiale
parfaitement close, qui a la forme d’un éteignoir, et qui recouvre et
cache encore les autres feuilles : les Scirpes , les Graminées.
La radicule est l'axe descendant ou la partie souterraine de la
plante à son état naissant.
Elle présente pour particularité d’être conique dans les Labiées,
arrondie dans l’Épine-vinette, ovoide dans le Groseillier, claviforme
dans le Rhizophora, aiguë dans la Fève, courte ou moins longue
que les cotylédons dans la Cassia fistula. Par sa direction, suivant
ses rapports avec la graine, elle est rectiligne quand elle suit sans
dévier l'axe des cotylédons ; recourbée dans le Genêt, où elle se rap-
proche du hile; adverse, quand elle est tournée du côté du hile :
le Frêne ; inverse, en un sens opposé au hile : l’Acanthe; latérale,
quand elle est tournée vers un point périphérique autre que la base ou
le sommet de la graine : la Comméline. On la dit encore centrifuge,
quand elle se dirige horizontalement vers la paroi du fruit : les Cu-
curbitacées ; centripète, lorsqu'elle se dirige vers le centre du fruit :
le Citronnier. Les appendices de la radicule sont fi/formes dans le
Cycas ; lamelliformes ou en forme de poche, autour de l'embryon dans
les Nymphæa.
Les cotylédons, qu’il faut distinguer de l’albumen ou périsperme,
sont encore des feuilles transformées qui, de feuilles aériennes, se
sont métamorphosées de proche en proche, et sont devenues succes-
sivement des verticilles de divers noms, variant pour le nombre de
une à deux et plus. Les végétaux qui ne sont pourvus que d’un seul
cotylédon , ou dont les cotylédons sont alternes, portent le nom de
monocolylédonés, et sont ceux que, dans le système de De Candolle,
on appelle exdogènes, dénomination dont j'ai démontré limpropriété.
TOME I, INTRODUCTION. — Livraison tit. tt
äliv INTRODUCTION.
Ceux qui ont des feuilles cotylédonaires ou des cotylédons opposés,
ont été appelés dicotylédonés où exogènes.
Le tissu ordinaire des cotylédons est ferme et succulent, comme cela
se voit dans les Haricots, les Fèves; ils sont foliacés dans les Nycta-
ginées, le Tilleul, les Euphorbiacées ; les cotylédons charnus sont
ordinairement énervés où dépourvus de nervures; les foliacés sont
nervés où pourvus de nervures; ponctués dans les Aurantiacées , et
à ponctuation colorée dans les 4nragallis.
Ils sont très-grands dans l'Amandier, la Fève, le Potiron, très-pe-
tits dans le Rhododendron, longs dans la Soude, courts dans le
genre Nogrea.
Le cotylédon des monocotylédones est /atéral, parce qu'il est at-
taché d’un seul côté du blastème. Les corps cotylédonaires sont op-
posés dans le Haricot , la Fève et la plupart des dicotylédones, ver-
ticillés dans les Conifères, réfléchis dans les Nyctaginées, crcinés
ou roulés en spirale de haut en bas dans le Xoelreuteria paniculata,
convolutés dans le Grenadier, plssés dans le Hêtre, chrffonnés dans
les Mauves, les Convolvulus, fenétrés dans le Menispermum fere-
stratum.
Orbiculaires dans les Acanthacées, ils sont ovales dans l’Aman-
dier, elliptiques dans le Chêne, réniformes dans l’Anacardiun occi-
dentale, cordiformes dans le Café, falqués ou en faux dans l'Ay-
pericum, linéaires dans le Hieracium glaucum, semblables où con-
formes dans la Fève, dissemblables dans le Trapa natans.
Il s’en faut beaucoup que les graines aient, malgré leur identité
de fonctions, une similitude de structure et de volume. Tandis que
le fruit à trois graines du Zedoicea Sechellarum égale deux fois au
moins le volume de la tête, la graine de la Campanule Raiponce
est fine comme de la poussière, et celle des Orchidées plus fine en-
core peut-être. Isolées dans certains végétaux, elles sont réunies en
grand nombre dans une seule capsule dans les Pavots, les Scrophu-
lariées, les Primulacées et tant d’autres groupes; et, dans les mêmes
familles, elles affectent des caractères semblables. C’est ainsi que,
dans la famille des Cucurbitacées, les graines sont toutes plates, ellip-
tiques et d’une figure à peu près similaire; il en est de même de
la grande famille des Composées, dont les graines, malgré de nom-
breuses variations dans la forme, n’en ont pas moins une figure à
peu près identique. Ce sont des caractères bons à observer. Dans
INTRODUCTION. div
les Graminées, on trouve des exceptions remarquables dans le
Sorgho à graines noires, le Millet, l’Alpiste, le Maïs, et surtout le
Coix Lacryma, dont les grosses graines, d’un gris perle, servent à faire
des chapelets. Les Crucifères présentent plus d’uniformité dans la
configuration de la graine ; les Ombellifères offrent plus de variété et
sont plus dissemblables, quoiqu’elles aient cependant des rapports
généraux qui servent à les rapprocher. En général, ce n’est pas
en Europe qu’il faut chercher les graines brillantes, si lon en
excepte notre Fusain, les graines du Ricin, celles de la Pivoine
avant leur maturité complète, et nos Haricots, qui ont fourni par la
culture tous les jeux imaginables de panachures et de coloration.
Dans les régions tropicales, cette patrie des fruits monstrueux ou
bizarres, les graines sont brillantes : l'4brus precatorius donne une
jolie graine rouge à œil noir ; l’ÆAdenanthera pavonina a de grosses
graines comprimées d’un beau rouge de corail. On trouve, en gé-
néral, beaucoup de graines dans lesquelles la couleur rouge est al-
liée au noir. Les graines noires du Cardiospermum portent un cœur
de couleur blanche, ce qui leur a fait donner le nom de Pois de
merveille. C’est dans la famille des Légumineuses qu’on trouve les
graines les plus remarquables par leur grosseur et leur beauté. Dans
le genre Mucuna, les graines, grosses et déprimées, brunes ou jau-
nâtres, sont bordées d’un cercle noir presque complet : elles ont
été désignées sous le nom d'Or! de Bourrique.
Les graines ne conservent pas toutes à un égal degré leurs facultés
germinatives : quelques-unes les perdent dès qu’elles ont quitté leurs
péricarpes. Cette faculté dure à peine quelques jours après la matu-
rité des graines du Café, du Thé, du Manglier; les graines des plantes
de la famille des Liliacées durent une seule année, tandis que, dans
la famille des Crucifères, cette faculté se conserve plusieurs années,
et celles de certains Mimosa, le Seigle et le Froment, semblent desti-
nés à se conserver pendant un temps indélerminé quand ils sont mis
dans des conditions convenables. Dans le ciment des bâtiments, dans
la profondeur du sol, les graines conservent souvent pendant des
siècles leurs propriétés germinatives, tandis que les graines d'Eu-
rope ne peuvent être envoyées sous les tropiques sans s’altérer,
bien qu’on ait soin de les mettre dans une caisse de bois revêtue de
fer-blanc. Les apparitions spontanées, dont j'ai parlé au commence-
ment de ce livre, prouvent que les graines placées dans certaines
div] INTRODUCTION.
conditions peuvent se conserver indéfiniment et attendent, pour
se développer, qu’elles se trouvent dans des circonstances favo-
rables.
Nomologie de la graine.
Toute graine est le résultat du développement d’un ovule.
Une graine est toujours renfermée dans un péricarpe.
Il n’y a pas d’adhérence entre la graine et les parties environ-
nantes ; si, dans les Graminées, la graine paraît adhérer au péricarpe,
c’est qu'elle y est plus étroitement unie, mais saus qu'il y ait adhé-
rence complète.
Le hile est le seul point par lequel la graine soit adhérente au pé-
ricarpe.
La graine se compose du périsperme et d’une amande.
C’est dans l’ovaire qu'il faut étudier le nombre primitif des graines
et leur situation relative ou absolue, à cause des avortements qui en
diminuent le nombre et la position. |
Lorsque les graines sont en nombre déterminé, leur situation
respective fournit un caractère ordinique.
La présence de deux graines, alternes ou superposées dans la
cavité du péricarpe, indique l’affinité du végétal avec les plantes
polyspermes.
Toutes les fois qu’il y a au delà de deux graines dans une
loge, elles sont toujours disposées sur deux rangs, et le placentaire
est sutural.
Quand le péricarpe est déhiscent, la graine se détache spontané-
ment. L
La cicatricule qui existe à l’extérieur d’une graine est le hile.
La partie occupée par le hile indique toujours la base de la
graine.
Le périsperme est toujours unique.
Il est composé de deux lames susceptibles parfois de se séparer
spontanément.
A l’exception du hile, on ne trouve à la surface de l’épisperme
aucune trace de communication avec: lextérieur.
Toute partie dépendante de l’épisperme est continue avec lui.
INTRODUCTION. divi)
La consistance de l’épisperme est, en général, en raison inverse
de celle du péricarpe.
Nul embryon n'existe sans être accompagné de cotylédons.
Tout embryon est solitaire dans l’épisperme.
Tout embryon est monocotylédone ou polycotylédone.
L'embryon, qui est parfois soudé à l’albumen, devient libre par
suite de la maturation de la graine.
Tout embryon monocotylédone est comme indivisé à sa surface.
Un embryon indivis en apparence, mais qui offre à la surface une
échancrure légère, est dicotylédone.
Pour qu'une graine soit complète, et qu'elle soit propre à la re-
production de la plante, il faut qu’il y ait un embryon.
Dans tout embryon inalbuminé, la masse de l’amande entre en
germination ; c’est même à cela qu'on reconnait si la graine est
dépourvue d’albumen.
La direction naturelle de tout embryon droit est celle de la graine.
L’embryon est toujours plus ou moins courbe s’il est opposé à la
direction de la graine.
La partie radiculaire d’un embryon inalbuminé est la plus voisine
de la surface de l’épisperme.
Dans une même famille naturelle, l’embryon a toujours une même
direction.
Dans la famille des Solanées, dont l’embryon est arqué et inclus,
l’espèce dont l'embryon est le plus courbé est la plus suspecte.
Le volume des cotylédons est toujours en raison inverse de l’al-
bumen.
Le rapport du volume de l'embryon à celui de l’albumen est tou-
jours le même dans une même famille naturelle.
Il n’y a pas d’embryon sans qu’il y ait au moins un principe d’al-
bumen.
Avant la maturation, tout albumen communique avec l'embryon.
L’albumen, relativement à l'embryon, est toujours enveloppant :
on en excepte les Graminées, dans lesquelles embryon est appliqué
sur l’albumen , et les Nyctaginées, où il l’entoure.
Toutes les fois qu'une partie de l’amande reste sans se développer,
c'est qu’elle est albuminée.
Dans toute graine dont l’albumen enveloppe l’embryon, la radi-
cule doit être cherchée près du hile.
dIvii] INTRODUCTION.
L'albumen n’entoure pas l'embryon d’une manière si complète,
qu'il n’y ait un point de la surface de l’amande où l’on ne puisse l’a-
percevoir.
Toutes les fois qu’une partie perce l’albumen dans un point, ce
ne peut être que la radicule.
L’adhérence apparente de l’endosperme avec l’albumen ne peut
exister que dans un végétal monocotylédone.
Dans le cas d’obscurité sur l’existence de l’albumen dans une
plante, il n’est que masqué, si l'espèce appartient véritablement à
une famille naturelle reconnue pour avoir un embryon inalbuminé.
La persistance de l’albumen , sous forme solide et distincte , four-
pit un caractère ordinique.
De la dissémination des graines.
Rien de plus varié que le mode de dissémination des graines : la
loi qui y préside a pour but de répandre partout la vie sous les formes
les plus variées et dans toutes les stations. Le mode le plus naturel
est la déhiscence du péricarpe, qui met les semences à nu et les
confie à la terre. Les feuilles de la plante même les recouvrent et
forment un terreau naturel qui les met en état de germer prompte-
ment. Les vents se chargent encore de les conduire à de très-grandes
distances, et celles qui sont portées sur les ailes des vents sont
légères et munies de membranes, ou d’appendices plameux, qui
leur permettent de franchir des espaces considérables : la plupart
des graines des Composées sont dans ce cas; d’autres, comme les
Bardanes, les Xanthium, sont munies d’appendices crochus qui
s’attachent aux poils des animaux, aux plumes des oiseaux où aux
vêtements des hommes, qui les transportent au loin ; les graines et les
fruits coriaces et creusés en barques, ou bien ligneux, comme les
Cocos, les Noix, suivent les courants ou sont transportés par les
eaux souvent à plusieurs centaines de lieues de leur point de départ.
Après ces causes naturelles viennent les disséminations par les oi-
seaux frugivores, qui digèrent la pulpe des fruits et rejettent les
graines dans les conditions les plus convenables pour la germination.
Les poissons, qui avalent également des fruits mous et des graines,
sont encore des agents de dissémination. C’est ainsi qu’on s'explique
INTRODUCTION. dlix
la présence à des distances énormes de plantes étrangères au pays
qu’elles ont envahi.
Je sais qu’avec le secours de l'imagination on peut trouver à cer-
taines structures des raisons d’être qui répondent à telle ou telle
finalité; mais il y a tant d’exceptions à ces lois particulières, il est si
difficile de dire pourquoi telle structure est propre à la dissémination,
tandis que telle autre ne l’est pas ; pourquoi les végétaux nuisibles se
propagent plus facilement que ceux qui servent à la nourriture de
l’homme et des animaux; pourquoi avec une dissémination abon-
dante et universelle, l'équilibre végétal reste le même, et pourquoi les
espèces le plus abondamment séminifères ne sont pas plus répandues
que celles qui portent quelques graines : ainsi, les Coquelicots con-
tiennent dans leurs petites capsules des quantités considérables de
semences, et pourtant les champs sont plus encore envahis par la
Moutarde sauvage, dont lasemence est grosse, que par les Coquelicots;
si cependant la loi de la dissémination était appliquée dans toute sa
rigueur, nos champs seraient entièrement envahis par les Coquelicots.
Nous voyons, dans le règne végétal comme dans le règne animal,
que, chaque fois qu’un être est menacé de plus de chances de destruc-
tion, il est plus prolifique. Dans les végétaux , cependant, il y a des
exceptions : c’est ainsi que le Bouleau, qui a des graines très-fines,
n’est pas plus exposé à la destruction que les Hêtres ou les Chênes. Le
Tilleul a des graines très-petites , les Saules sont dans le même cas,
et ces derniers surtout sont très-vivaces et résistent plus que le Châtai-
gnier, malgré son gros fruit. On ne peut rien déduire de la finesse ou de
la grosseur des graines; elles obéissent à des lois que nous ne pouvons
saisir : Ce que nous voyons, c’est que la nature a, avec sa prévoyance
ordinaire, semé les graines avec profusion, pour que nulle part la vie
ne manquât; peu lui importent les myriades d'êtres organiques qui
périssent faute d’air ou d'espace; elle n’en a besoin que d’un à peine
sur mille, et pourvu que celui-là ne lui fasse pas défaut, elle s’en
contente. En effet, quelle est la plante, si faible qu’elle soit, dont les
graines, si toutes germaient, ne rempliraient bientôt tous les terrains
du globe ? On a parlé plus d’une fois de la fécondité du Pavot, qui, au
bout de trois générations, envahirait tout le sol; que dira-t-on des
Orties, dont les graines sont aussi fines que la poussière la plus ténue.
Si toutes les fleurs donnaient des fruits et que les graines germassent
toutes, il y aurait dans un seul pied de quoi couvrir une surface im-
dix INTRODUCTION.
mense. Cette prévoyance de la nature se retrouve surtout dans les
végétaux, plus utiles, plus indispensables même que les animaux ;
car ces derniers sont d’abord et nécessairement phytophages, comme
les chenilles, certains insectes, les Mammifères dits herbivores, les
oiseaux palmipèdes, les Échassiers, les granivores et les frugivores ;
et les animaux créophages ne trouveraient pas de proie si les végétaux
ne fournissaient pas à la subsistance des phytophages. Le règne vé-
gétal est donc la véritable base de la vie; sans lui, elle serait impos-
sible. La nature a donc abondamment pourvu les plantes de moyens
de reproduction, et ce n’est que par l'immense multiplicité des
graines que les végétaux résistent à toutes les causes de destruction;
la dissémination se présente à l’observateur avec les ressources les
plus variées , et c’est encore un des moyens secrets employés par
la nature pour entretenir à la surface du globe la vie universelle.
DE LA GERMINATION.
Si nous observons les phénomènes qui se passent quand la graine,
confiée à la terre, devient le siége du mouvement appelé la germr-
nation, nous verrons que l'embryon et le périsperme se gonflent et
déchirent les téguments qui les protégeaient. Il apparaît au dehors
deux corps végétants dirigés en sens inverse : un qui tend à monter:
c'est la plumule ou système ascendant ; l’autre, qui plonge dans la
terre : c’est la radicule, ou système descendant. Le nom de germina-
tion a été donné à l’ensemble de ces phénomènes. Il faut, pour qu’elle
s’accomplisse, certaines conditions, telles que la température et l’hu-
midité; cependant, suivant la nature de la graine, la durée du phé-
nomène varie, et la germination diffère, pour la durée, de douze heures
à deux ans (1).
(1) GERMINATION.
Durée de la germination opérée en pleine terre, à Genève, à la température
moyenne de 9° 50 RÀ.
Panicum miliaceum...... PME SU CROIRE 2 jours.
Cresson alénois, Chou-Rave...............,..... 2Ha m3
Plusieurs espèces de Sisymbrium..................... 4
POHTOM SL ass ces io Nes Ne PIVOT 5
Froment, Avoine..... Mere RO OC ROC ITS 6
Chicorée sauvage, Laitue, Moutarde, Lin (6à 8), en
MOYENNE Estate etes rer orne pis el dene eo aiere 7
INTRODUCTION. | dix}
Dans l’ordre normal de succession des phénomènes, c’est la radi-
cule qui se développe la première; si elle est renfermée dans une
coléorhize, celle-ci se distend pour laisser passage à la radicule
(caudex descendant, système descendant), qui, ayant pour fonction
de puiser dans le sol les matériaux de la vie nécessaire à la plante,
doit être mise en contact avec les agents extérieurs. Dans les Mono-
Pourpier, Scorsonère, Maïs, Arroche, Tabac........... 8 jours.
Pois, Guimauve........ Ua de Sud TS Se PRE PTT 9
Éninonis Môehéss: . os di le. dns 1 ui AR 10
Cerfeuil A Sietas cads do de je dise éérners ai Jets AA
Fève, OEillets, Pavots.............. srénis 1n5 4 de 12
Raiponce..... te PAL rod 13
PASS ER AS RENNES ASE NE. 510 in , GE, CU. 0 14
Asclepias syriaca, Mouron bleu...................... 16
Basilic anisé...... Re Ne Ven 17
ASPEEBE .--ocmnes es Mine mess den asesase o A Men: 19
Pied-d’alouette et Pigamon...... DURE DEA UNS 20
Sumac vernis, Jasmin frutescent..................... 21
Mufflier, Origan, Linaires....... TN PP PT 22
Digitale, Campanule à grandes fleurs................. 24
LÀ, 1. APRES AU LE RS is É SOA CE Cia 26
url. rétros see 241 ina MASSE IR Fi. AUD 1 mois 1/2.
Amandier. (graine-nouvellé}, sé... side à oasis siesinias sine (
Pécher, Châtaignier....... She adieu à PEER so des he
COTON MOBIEF, PIAMBPA. eue Dee mac dome dense 1an1/2à2ans.
GERMINATION.
Époque par familles.
Axnaran hace. ss ii cuté dut . stébis a lu ..... 6 à 8 jours.
CEUBITÈTES 1 noise pe ne st anis taire du ENS nada LE 8
Borraginées
Caryophyllées "°°°" AE TUE DO Me Pur PO E TS 9
Malvacées...... doser méde em és PETITE REC ... 10
Composées
Plantaginées
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Convolvulacées
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TOME 1, INTRODUCTION. — Livraison uuu. uutu
dixi} INTRODUCTION.
cotylédones coléorhizées, la radicule n’a pas de durée, et il pousse,
à la base de la jeune tige, un grand nombre de radicules, ce qui
n’a pas lieu dans les Dicotylédones, dont la radicule s’allonge et
continue à croitre pendant toute la vie de la plante.
La gemmule (caudex ascendant, système ascendant) ne tarde
pas à suivre l’évolution de la radicule. Dans les Monocotylédones,
elle apparait sur le côté du cotylédon, qui prend peu de déve-
loppement et reste souvent à l’état de gaîne, appelée co/éoptile.
Dans les Dicotylédones, la gemmule est retenue par les cotylédons
entre lesquels elle est courbée ; puis elle se redresse et se dégage;
la tigelle prend de l’accroissement, a bientôt franchi les cotylé-
dons, et se présente à la surface du sol. Dans les Monocotylédones,
le cotylédon reste dans le sol, où il se détruit, et il est dit Lypogée,
ce qui résulte du mode d'insertion de la tigelle, qui est placée au-
dessus; tandis que, dans les Dicotylédones, l’insertion de la tigelle,
étant inférieure aux cotylédons, les pousse au dehors et les fait
sortir de terre, où ils prennent une apparence foliacée, ce qui est
très-évident dans les Crucifères, les Ombellifères et les Légumineuses.
Dans ce dernier cas, ils prennent le nom de feuilles séminales, et ils
en ont en effet tous les caractères, car ils sont pourvus de stomates
comme les feuilles aériennes. Aux cotylédons succèdent les feuilles
primordiales, dont la configuration diffère des feuilles caulinar-
res. Les cotylédons des graines dépourvues d’albumen sont épais
et charnus, et pendant le phénomène de la végétation, ils prennent
un accroissement plus ou moins considérable; tandis que dans les
semences pourvues d’un albumen, ou graines endospermiques, l’al-
bumen disparaît peu à peu et s'éteint complétement.
Ce mode de germination est le plus commun, on peut même dire
qu’il est le mode normal; mais il y a des végétaux dont la germi-
nation présente d’étranges anomalies : c’est ainsi que, dans le Man-
glier, la radicule se développe pendant que le fruit tient encore à
l'arbre, et elle acquiert près de 35 centimètres de longueur jusqu’au
moment où, le fruit se détachant, la radicule tombe dans la vase,
s’y plonge, et la germination suit son cours. C’est, en général, dans
les graines des plantes aquatiques que ces anomalies sont le plus fré-
quentes.
Parmi les végétaux à germination anormale, on peut citer le Gui,
dont la radicule suit la loi inverse de direction des axes, et remonte
INTRODUCTION. dixi}
vers la branche au-dessous de laquelle la graine est attachée.
Je n’énumérerai pas les variations que présentent les phénomènes
de germination : il faut étudier les phénomènes normaux et se bor-
ner à en saisir les lois ; les exceptions ne s’apprennent que peu à
peu, sans préjudicier à la connaissance des lois qui régissent la
nature végétale.
Quels sont les phénomènes que subissent les graines avant leur
germination, et pendant cette partie si importante de leur vie? L’em-
bryon, qui constitue seul la plante à venir, mais est trop délicat
pour rester exposé à l’action destructive des agents extérieurs, est
enfermé dans le péricarpe, comme dans une enveloppe protectrice
qui lui permet d'attendre pour se développer le moment favorable,
et le défend contre les alternatives de chaleur et d'humidité, qui
toutes deux tueraient le nouvel être. L’épisperme, ou tégument ex-
terne, est la première tunique protectrice : c’est pourquoi les graines
qu'on en dépouille germent difficilement, et ne donnent naissance
qu’à des individus chétifs.
L’albumen joue, dans les graines qui en sont munies, un rôle bien
positif; il fournit, à l'embryon qui se développe, les premiers maté-
riaux de la nutrition. On trouve dans certaines graines un endos-
perme corné, qui néanmoins subit les influences des agents ambiants,
et contribue à l’évolution de la jeune plante.
Les cotylédons sont indispensables à la vie de la plante; ils ne
peuvent être retranchés sans en causer la perte. Ils deviennent le
siége d’un travail intestin, qui est presque indépendant de la radicule
et de la plumule, pourvu qu’on ait soin de ne pas toucher au point
où sont fixées la plumule et la radicule. C’est à cause de leur rôle dans
la vie de la plante que Bonnet leur avait donné le nom de mamel-
les végétales.
A l'exception des graines des plantes aquatiques, qui germent dans
l'eau, il n’y a pas de germination possible avec un excès d'humi-
dité. L'eau, qui doit fournir à la graine les premiers éléments de la
vie, y pénètre par le hile et sature la substance même du périsperme,
qui est de texture spongieuse. Toutes les parties de la graine, le
péricarpe lui-même, participent à cette action; il suit le mou-
vement général, et il finit par se dissoudre. La graine devient
alors le siége d’une série de modifications chimiques, dont les prin-
cipaux agents sont l’eau et le calorique; les éléments constituants
dixiv INTRODUCTION.
de la graine fournissent le reste. Ces transformations ont été fort bien
étudiées dans ces derniers temps par les botanistes-chimistes. L'agent
principal de ia germination, celui qui met en œuvre les matériaux
fournis tant par la graine elle-même que par les agents extérieurs,
est l'oxygène. On a essayé de faire germer des graines dans les au-
tres gaz, et l’on n’a pas réussi. L’oxygène seul, soit mêlé à l’azote,
comme dans l’air atmosphérique, soit pur, comme on l’obtient dans
les laboratoires, est l’agent actif de cette fonction.
Voici l'explication, la plus récente du phénomène de la germina-
tion, telle qu’elle a été donnée par les chimistes. Lorsque les plantes
sont adultes, elles tirent leur nourriture de l’atmosphère; mais pen-
dant la germination, elles l’empruntent aux fécules, aux gommes,
aux Corps gras qui entourent l'embryon. Il faut, pour qu’il se déve-
loppe, que ces matériaux accumulés soient entièrement consommés.
- Les cotylédons sont des dépôts de fécule, de pectine ou de corps gras
qui sont destinés à nourrir l'embryon. Pendant toute la durée de la
germination, la jeune plante vit aux dépens des amas de nourriture
qui enveloppent l'embryon ; à mesure qu’il se développe, la masse des
cotylédons diminue, et quand elle est assez forte pour pouvoir puiser
directement sa nourriture dans le sol, ils s’atrophient et tombent. Le
phénomène qui se passe dans les cotylédons, entre autres dans ceux
qui sont féculents, est la transformation successive et lente de la fécule
en pectine, en dextrine et en sucre. Quand les graines sont grasses, la
succession des actions chimiques est la même ; quelquefois cependant,
sous l'influence de l'oxygène, les principes gras se convertissent en
oxygène et en eau, et dans ce cas la nutrition de la plante ne vient que
de la fécule et de la pectine, qu’on trouve associées aux corps gras dans
les graines oléagineuses. Le produit direct de ces différentes transfor-
mations est du sucre, c’est-à-dire que la graine devient le siége d’une
fermentation saccharine, qui passe à l’état de fermentation alcoolique,
puis acétique, pendant laquelle il se dégage de l’acide carbonique, dont
la formation commence à l’époque où loxygène de l'air se combine
avec le carbone contenu dans la substance périspermique pour for-
mer du sucre. C’est donc en perdant une portion de son carbone
que la substance cotylédonaire est transformée en sucre. On prétend
que c’est par l'intervention d’un acide que la fécule se transforme
en sucre, comme cela a lieu dans nos laboratoires.
Pendant la germination, il disparaît de l'oxygène et un peu d’azote
INTRODUCTION. dixv
et il se dégage de l’acide carbonique. En général, tous les corps oxy-
génants et le chlore ont la propriété d’accélérer la germination ;
c’est même par ce moyen, c’est-à-dire en arrosant des graines de
Mimosa scandens avec une eau aiguisée d’acide chlorhydrique, qu’on
a pu les faire germer, ce qui n’avait pu avoir lieu auparavant. On a
fait germer en cinq à six heures des graines de Cresson, qui exigent
de vingt-quatre à trente-six heures pour se développer. L’accélération
des phénomènes de germination par les acides s'explique par la
conversion en sucre de la matière féculente. Ce qui distingue la ger-
mination de la végétation, c’est que les acides l’activent, tandis que
les alcalis la retardent : le contraire a lieu pour les végétaux adultes.
La germination a lieu entre certaines limites, dont l’inférieure est
0°, et la supérieure 40° à 45° cent.; mais la température la plus fa-
vorable est entre 10° et 25°. Les graines ne peuvent cependant pas
se développer à toutes les températures, et les semences des végé-
taux des tropiques ne peuvent que difficilement germer sous notre
climat. L'action du calorique n’a sans doute pas d’autre effet que de
faciliter les réactions chimiques et d’agir comme un excitateur.
Le fluide électrique agit également sur la végétation avec une
grande puissance, et plus même que sur la germination, et l’on a cru
remarquer que l'électricité négative l’accélère, tandis que l'électricité
positive la retarde. Tout cela est encore bien hypothétique.
L'influence du fluide lumineux sur la germination est encore
très-grande, et l’on sait qu’elle lui est préjudiciable, sans doute à
cause de son action sur la radicule, qui a besoin d’être dans un mi-
lieu d’une certaine densité pour remplir ses fonctions. Quoiqu’on ait
fait germer des graines dans toutes les circonstances les plus variées,
et qu’on ait même pu faire croître des plantes dans des corps métal-
liques très-divisés, il n’en faut pas conclure que le sol soit un milieu
absolument indifférent; il agit comme réservoir d'humidité, se pé-
nètre de calorique sous l'influence des rayons solaires, par suite de
sa division infinie et de sa couleur obscure, et agit encore par les subs-
tances qui y sont chimiquement mêlées.
Dans les Cryptogames, la germination présente des phénomènes plus
simples et cependant plus variés; mais un fait domine dans la ger-
mination cryptogamique : c’est que, quelle que soit l’espèce qu’on ob-
serve dans l’état de développement primitif de ses spores, elle pré-
sente toujours dans son premier àge l’aspect d’une espèce inférieure,
dixv) INTRODUCTION.
de telle sorte qu'il est difficile de dire si c’est cette dernière à l’état
adulte, ou l’autre à l’état embryonnaire. Les Mousses, dans leur état
de germination, se présentent d’abord sous la forme de filaments
très-déliés, et d’une ressemblance complète avec les Conferves; ce
n’est que plus tard qu’elles prennent l’apparence qu’elles conservent
toute leur vie. Les Fougères commencent par ressembler à des Hépa-
tiques adultes : elles apparaissent comme un petit thalle membraneux,
sur un point duquel se forme une petite tige, qui est le rudiment de
la Fougère. Ce fait, qui domine dans toute la nature, justifie les prin-
cipes de l’école de philosophie naturelle, qui a établi en principe
que les animaux supérieurs, pendant la période embryonnaire et
fœtale, passent par toutes les formes inférieures, avant d'arriver à
la forme définitive qui appartient à l’espèce dont ils font partie. Ce
qui est vrai pour les Cryptogames, l’est aussi pour les Phanérogames ;
mais il faut pour cela se placer à un point de vue qui n’a pas encore
pénétré dans la science, et dont il faut chercher le principe dans la
théorie de la métamorphose. Qu’est-ce, en effet, que le Cryptogame
dans sa forme la plus simple? Une petite sphère d’abord, puis une
chaîne de sphérules qui forment des filaments ; plus tard, c’est un
thalle ou expansion lamelleuse, ayant une apparence foliacée. La
feuille apparaît nettement dans les Mousses et dans les Fougères. Ar-
rivée à ce point, la nature prend la feuille pour thème, et brode
sur ce riche canevas toutes les fantaisies imaginables ; mais la feuille
reste feuille, quelle que soit sa transformation, et la plante la plus
humble, jusqu’à l'arbre le plus élevé, ne présentent que la feuille
modifiée, transformée, associée et groupée de mille manières, deve-
nant fleur et fruit par métamorphose ascendante, et reprenant son
aspect primitif par suite de la métamorphose descendante. Cette loi
si féconde mérite l’attention des botanistes philosophes, et relie d’une
manière intime les végétaux aux animaux; elle justifie pleinement
la loi établie par Linné, développée par Goëthe et perfectionnée par
De Candolle : c’est que la végétation phanérogame consisterait dans
le seul acte renouvelé de la foliation, et dans les Cryptogames,
dans la répétition de la forme sphérique, jusqu'à ce que ces végé-
taux s'élèvent à la forme foliaire. C’est par l'énoncé de cette grande
loi que je puis dignement clore ce modeste essai de botanique élé-
mentaire.
INTRODUCTIGN. dix vi;
CHAPITRE XXVI.
DE LA PATHOLOGIE VÉGÉTALE.
La phytothérasie, que Plenck a appelée la pathologie végétale ou
l'étude des maladies, et Ré, la nosologie végétale ou la classification
des maladies, constitue-t-elle réellement une branche de la science?
On peut répondre négativement à cette question. Il est impossible
de comparer la plante à l’animal, si ce n’est aux animaux les plus
inférieurs ou aux annelés : car étant privées de système nerveux et
d’organes splanchniques, chaque nœud ou mérithalle étant la répé-
tition de l'acte primitif, on ne trouve par conséquent pas, dans la
plante comme dans l’animal , une unité vitale, une individualité qui
rend tous les organes solidaires. Les maladies sthéniques ou par ex-
cès de vitalité n’existent pas dans le végétal à l’état morbide : ce sont
des phénomènes d’hypertrophie qui amènent des fasciations, des
élongations, le géantisme , etc.; mais on ne trouve rien qui corres-
ponde aux phlegmasies ou aux maladies actives. Les maladies réelles
sont asthéniques et tiennent surtout à la nature des modificateurs
ambiants, tels que le sol, les expositions, les eaux, les vents, l’alti-
tude, et ce sont celles qui, jointes souvent à des causes mécaniques,
amènent la fin de la vie dans le végétal. Par suite de la texture cellu-
leuse du végétal et de cette même tendance de la cellule à l’indivi-
dualisme , elle devient le centre d’une activité nouvelle, et les phé-
nomènes qui se produisent ne sont pas toujours la fin de la vie, mais
la succession d’apparitions organiques anormales. Quand un insecte
le pique ou y fait une blessure qui permet l’extravasion des sucs, ils
s’y organisent et donnent naissance à des végétations bizarres, à
des bédégars; mais ce ne sont pas des maladies. La destruction
des tissus par les larves a plus d'importance et détermine la pourri-
ture; celle des bourgeons est plus grave encore, en ce qu’elle prive
la plante de ses appareils réels de nutrition et en empêche le dé-
veloppement. Les Cryptogames vrais causent une dégénérescence
des tissus et donnent lieu, comme l’ergot, à des produits anormaux;
mais ils ne font qu’altérer le fruit et s’opposer ainsi à la reproduction
de la plante sans nuire à l'individu végétant. Les Ustilaginées sont
dixviij INTRODUCTION.
cause de maladies plus graves et peuvent entraïner la mort du végé-
tal; mais ce sont des altérations qui rentreraient dans les maladies
chirurgicales, et qui peuvent, par leur ablation, permettre de rétablir
les tissus dans leur état primitif. Il n’y à donc pas, à proprement
parler, de nosologie végétale; c’est pourquoi les classifications ne
sont pas susceptibles d’être disposées sous les mêmes rubriques que
les maladies des animaux. La tératologie, à laquelle je renvoie pour
l'ordre physiologique des phénomènes, comprend les faits de dégé-
nérescence, et la nosologie ne peut se composer que des altérations
qui entraînent la mort du végétal ou d’une de ses parties. En général,
la mort du végétal présente cette différence avec la mort de l’animal.
Dans les végétaux annuels, la mort suit la fructification : son cycle vital
est de quelques mois. Dans les végétaux bisannuels, pendant la pre-
mière année, le végétal se développe, et pendant la seconde, les fleurs
paraissent, les fruits mürissent et la vie cesse : on peut cependant
prolonger la vie de la plante en l’empêchant de fructifier. Dans les
végétaux vivaces, il y a succession de phénomènes : le cycle végétal
se renouvelle chaque année. Dans les végétaux vivaces herbacés, la
tige meurt, les racines persistent, et l’année suivante la vie reparaît.
Dans les végétaux ligneux et dans les arbres, la vie ne cesserait pas,
si le tronc, réduit presque à l’état de base de sustentation, ne finis-
sait par se détruire mécaniquement. On peut dire que, sans ces
causes mécaniques de destruction et certaines influences ambiantes,
la durée de l'arbre serait éternelle. Ceci est si vrai, qu’un Tilleul,
dont on porte la vie à cent vingt ans, se trouvant dans des condi-
tions favorables, avait, en 1804, eu mille soixante-seize ans.
Les maladies qui se transmettent par voie de génération sont le
plus souvent d’ordre tératologique.
Nous voyons depuis longtemps des maladies réelles attaquer nos
végétaux cultivés, et elles se manifestent par la présence de Crypto-
games qui ne sont sans doute que des effets et nullement des causes,
comme on le croit généralement. Il est difficile de leur assigner une
cause première positive, et les caractères sporadiques, épidémiques
et contagieux s’y trouvent simultanément réunis. Les influences at-
mosphériques en sont évidemment le principe, et elles ne cesseront
qu'avec un changement dans les circonstances météorologiques qui
ies ont produites.
Pour rendre cet ouvrage aussi complet qu’on peut le désirer, et pour
INTRODUCTION. dixix
répondre au but de l’étude, je donnerai les deux systèmes de phyto-
thérasie de Plenck et de Philippe Ré, qui ont essayé de grouper les
maladies sur le plan des nosologies médicales.
TABLEAU DE PATHOLOGIE VEÉGÉTALE
D'APRÈS PLENCK.
CLASSE I. — LÉSIONS EXTERNES.
GENRE 1. Blessures : quelle qu’en soit la cause, par la foudre; par le vent ; par la
neige.
GENRE 2. Fente (gélivure) : par polysarcie ; par le froid.
GENRE 3. Exulcération : par blessure, gommeuse ; par l’effet des insectes, spontanée ;
par communication, totale.
GENRE 4. Défoliation : par les insectes; par une fumée âcre; artificielle, d'automne,
phylloptosie.
CLASSE II. — ÉCOULEMENTS.
GENRE 5. Hémorrhagie : par blessure ; spontanée ; par désorganisation.
GENRE 6. Les pleurs : par blessures, spontanées.
GENRE 7. Le blanc ou meunier : par les champignons ; par les pucerons.
GENRE 8. Le miélat : par les pucerons.
CLASSE III. — DÉBILITÉS.
GENRE 9. Faiblesse : par manque d’eau; par manque d’air; naturelle; par méphi-
tisme ; par trop de lumière.
GENRE 10. Suspension d’accroissement (léthargie) : par défaut d’air ; par racines trop
voisines ; par plantes volubiles ; par insectes; par stérilité du sol; par maladie par-
ticulière.
CLASSE IV. — CACHEXIES.
GENRE 11. Chlorose : par défaut de lumière ; par les insectes.
GENRE 12. Ictère : par l'effet du froid ; par cessation d’accroissement.
GENRE 13. Anasarque : par longues pluies; par trop d'arrosement.
GENRE 14. Taches : par le soleil; les insectes; ferrugineuses; par les wredo (taches
ustilagineuses) ; naturelles.
GENRE 15. Phthiriasis : des plantes saines; des plantes malades; par la cochenille.
GENRE 16. V’ermination : des fruits, des feuilles, des graines.
GENRE 17. Phthisie ou langueur : par sol stérile; par climat contraire; par sol con-
traire ; par transplantation; par blessure; par chancre; par défoliation ; par floraison
excessive; par plantes parasites; par empêchement d’accroissement ; par maladie.
CLASSE V. — PUTRÉFACTION.
GENRE 18. Teigne des Pins : par sécheresse; par froid; par vent.
GENRE 19. Rouille.
GENRE 20. Charbon ou nielle.
TOME 1, INTRODUCTION. — Livraison Vvv. vvv
dixx INTRODUCTION.
Genre 21. Ærgot : malin et bénin.
GENRE 22. Nécrose : par brumes; par froid; par chaleur; par défaut de séve; par le
vent; par les sclerotium.
GENRE 23. Gangrène : par le sol humide; par le sol gras ; par contusion ; par conta-
gion (pourriture).
CLASSE VI. — EXCROISSANCES.
GENRE 24. Galles de diverses sortes : de l‘Orme; du Lierre terrestre, etc.
Genre 25. PBédégar du Rosier.
GEnrE 26. Squamation des bourgeons ou développement d’écailles sur les bour-
geons : le Saule, le Pin, le Chêne.
GENRE 27. Carnosilés des feuilles.
GENRE 28. Folioles charnues sur les feuilles : aiguës, larges.
GENRE 29. Carcinome des arbres : caché, ouvert.
GENRE 30. Lèpre des arbres : par humidité.
CLASSE VII. — MONSTRUOSITÉS.
GENRE 31. Plénitude des fleurs : du calice; des nectaires; des fleurs composées; de
la corolle pleine, multiple, prolifère.
GENRE 32. Mutilation des fleurs : de la corolle; des étamines; du calice; du pé-
doncule.
GENRE 33. Difformilé de la corolle : des feuilles ; des tiges; des fruits; par un sol
gras ; le climat ; les insectes ; le vent; lésion; hybridisation.
CLASSE VIII. — STÉRILITÉ.
GENRE 34. Polysarcie : par sol trop gras ; par engrais.
GENRE 35. Stérilité : par la pluie, le froid, les insectes, la fumée, le climat, le défaut
de fécondation; la polysarcie, l’hybridisation, la plénitude de fleurs ; par lésion.
GENRE 36. Avortement : par trop de fruits ; par la sécheresse; les insectes ; le sol sté-
rile; la vieillesse.
CLASSE IX. — ANIMAUX ENNEMIS.
GENRE 37. Mammifères : les Rongeurs, Lièvres, Lapins, les Rats, les Souris; les
Ruminants, la Chèvre, la Brebis.
GENRE 38. Oiseaux.
GENRE 39. Vers et mollusques.
GENRE 40. Insectes.
NOSOLOGIE
DE PHILIPPE RÉ.
CLASSE I. — MALADIES DES VÉGÉTAUX, CONSTAMMENT STH ÉNIQUES.
GENRE 1. Anthéromanie. Quand il y a plus d’anthères que dans l’état naturel.
GENRE 2. Pélalomanie. Nombre anormal de pétales.
GENRE 3. Prolification. Partie sortant d’une autre partie.
GENRE 4. Périanthomanie. Multiplication du calice.
GENRB 5. Carpomanie. Surabondance de fruits.
INTRODUCTION, dixx)
GENRE 6. Sphrygosapanthésie. Accroissement excessif du végétal.
GENRE 7. Polyanthacarpie. Avortement de tous les fruits.
GENRE 8. Phyllomanie. Abondance de feuilles, dans laquelle on doit faire entrer la
lussuria delle Biade (Ré), qui attaque quelquefois les moissons.
GENRE 9. Cormemphytége. Greffe naturelle des rameaux.
GENRE 10. Gourmand (succhione). Lorsqu'un rameau prédomine.
GENRE 11. Pinguédine. Obésité végétale des racines de certains arbres.
GENRE 12. Gomme. Extravasion du mucilage.
GERNE 13. Brûlure. Feuilles des arbres noircies.
GENRE 14. Desséchement (secchereccio). Quand tout le végétal se dessèche sponta-
nément.
GENRE 15. Feu. Sécheresse des parties du Pêcher en feuilles et en fruits.
GENRE 16. Pleurs (lacrimazione). Abondance d'écoulement de séve.
GENRE 17. Galle (scabbia). Rugosités extraordinaires des végétaux.
GENRE 18. Teigne des Pins (tarlo de’ Pini). Nécrose particulière aux Pins.
GENRE 19. Rachitis (carolo, Ré). Dépérissement du Riz.
CLASSE II.— MALADIES DES VÉGÉTAUX, CONSTAMMENT ASTHÉNIQUES.
GENRE 1. Stérilité. Toutes les parties de la fleur impropres à concourir au dévelop-
pement du fruit.
GENRE 2, Apanthérosie. Défaut d’anthère.
GENRE 3. Apétalisme. Manque de pétales.
GENRE 4. Carpomosie. Avortement des fruits.
GENRE 5. Distrophie. Inégalité dans le développement des parties semblables des
mêmes végétaux.
GENRE 6. Phyllosystrophie. Enroulement et altération des feuilles.
GENRE 7. Chlorose. Pâleur ou jaunisse des végétaux.
GENRE 8. Taches. Altération du tissu des feuilles dans un point de leur surface.
GENRE 9. Callosité. Dérivation de la séve pour former des tubercules inutiles.
GENRE 10. Le blanc (albugine). Feuilles couvertes de blanc.
GENRE 11. Léthargie. Suspension de la végétation, sans mort de la plante.
GENRE 12. Nécrose. Mort des végétaux.
GENRE 13. Cadran (quadrante). Fente des troncs d’arbres.
GENRE 14. La roulure (rotolo). Fente circulaire.
GENRE 15. Faux-aubour. Aubier imparfait.
GENRE 16. Carcinome. Excroissance humide et altérée dans les arbres.
GENRE 17. Broutre (selon Ré). Quand les épis de Blé sont sans grains.
GENRE 18. La rage. Maladie qui rend les feuilles du Pois chiche crépues.
GENRE 19. Phryganoptosie. Chute naturelle des rameaux.
GENRE 20. Suffocation. Action de végétaux sur d’autres qui en sont étouffés.
GENRE 21. Lépre. Corps étrangers à l’arbre et croissant à sa surface.
GENRE 22. V'ieillesse. Caducité prématurée des arbres.
CLASSE III. — MALADIES QUI TIENNENT D’'ASTHÉNIE ET DE STHÉNIE.
GENRE 1. Moscoxéransie. Desséchement des pistils et perte de leur onctuosité.
GENRE 2. Anthoptosie. Chute des fleurs spontanément.
GENRE 3. Carpoptosie. Chute spontanée des fruits.
GENRE 4. Avortement. Quand les fruits n’ont pris qu’un développement imparfait.
dixxi) INTRODUCTION.
GENRE 5. Acaulosie. Privation extraordinaire des tiges.
GENRE 6. Phyllorrhysséme. Crispation des feuilles.
GENRE 7. Stéléchorriphyssie. Tortuosité des rameaux des arbres et des arbustes.
GENRE 8. Phylloptosie. Chute des feuilles à une époque différente de celle assignée
par la nature.
GENRE 9. Hétérophyllie. Modification accidentelle de la forme des feuilles.
GENRE 10. Polysarcie. Croissance subite d’un végétal,
GENRE 11. 4nasarque. Gonflement aqueux de toutes les parties d’un végétal.
GENRE 12. Fente (screpolo, Ré). Séparation spontanée des parties d’un arbre.
GENRE 13. Phthisie. Dépérissement de toutes les parties d’un végétal.
GENRE 14. Botanopséphide. Endurcissement des racines des végétaux.
GENRE 15. Ulcère. Ouverture qui se fait au tronc des arbres, par où s’écoulent des
sucs altérés provenant de la décomposition du bois.
GENRE 16. Ictère. Jaunisse des feuilles de toute une plante.
GENRE 17. Gangrène. Pourriture spontanée du végétal.
GENRE 18. Langueur. État maladif.
GENRE 19. Hémorrhagie. Écoulement d'humeur d’un endroit quelconque d’un vé-
gétal.
CLASSE IV. — LÉsions.
GENRE 1. Blessure.
GENRE 2. Fracture.
GENRE 3. Amputation.
GENRE 4. Secousse.
GENRR 5. Contusion.
GENRE 6. Excoriation.
GENRE 7. Difformité.
GENRE 8. Flagellation.
GENRE 9. Effeuillaison.
GENRE 10. Lacération.
GENRE 11. Perforation.
CLASSE V.— ALTÉRATIONS DONT LES CAUSES SONT INCONNUES.
GENRE 1. Rouille. Effet de l’uredo rubigo.
GENRE 2. Jaunée. (Giallume, Ré),
GENRE 8. Miélat.
GENRE 4. Charbon.
GENRE 5. Carie.
GENRE 6. Ergot.
GENRE 7. Fungus.
GENRE 8. Rachilis.
GENRE 9. Taches solaires ou blanc.
GENRE 10. Asphyæie.
GENRE 11. Contagion radicale.
GENRE 12. Maladie du Jasmin, ou falchetto, salvanello, mosca, cancro, idropisia.
Après Ré et Plenck, dont les systèmes n’ont eu que peu de re-
tentissement et sont considérés plutôt comme des théories que comme
INTRODUCTION. dixxii}
des faits coordonnés capables d’une application quelconque, il a été
publié sur les dégénérescences végétales, qui ne sont que des phé-
nomènes pathologiques, des travaux plus ou moins heureux. Le Bon
Jardinier de cette année contient, sur les maladies des plantes, un
travail plus étendu et mieux coordonné que ceux que nous avons
vus jusqu'à ce jour. Elles sont divisées en six sections :
1° L’excès de force végétative générale ou partielle, qu’on peut
appeler sthénie, ou maladies sthéniques ;
2° La diminution de la force végétative générale ou partielle :
l'asthénie où maladies asthéniques ;
3° Les maladies organiques ou spéciales ;
4° Les lésions physiques ;
5° Les entophytes;
6° Les parasites végétaux ou animaux.
PREMIÈRE SECTION. — Des maladies sthéniques.
La plupart des phénomènes pathologiques qui résultent de l'excès
de force végétative, n’entraînent pas la mort de la plante ; c’est seule-
ment un trouble dans l'équilibre végétal qui porte avec véhémence
les sucs nourriciers vers certains organes qui se développent d'une
manière prodigieuse; mais les fonctions vitales n’en sont pas trou-
blées, et l’horticulture, ainsi que l’agriculture, mettent à profit
cette disposition, pour avoir des produits plus beaux ou plus sa-
voureux. La forme de ces deux actes est même de provoquer
le développement de l’ensemble du végétal; nos Betteraves, nos
Carottes, la plupart des plantes potagères sont dans ce cas, et
c’est un véritable phénomène d’accroissement avec excès de la force
végétative ; dans d’autres circonstances, comme cela a lieu pour les
fruits, les fleurs, etc., on ne voit se développer que quelques parties
de la plante : telles sont les hypertrophies. Il en résulte que, dans le
règne animal, la sthénie, ou l’excès de force vitale localisé, produit,
outre la turgescence, des inflammations et la désorganisation des tis-
sus ; dans les végétaux, au contraire, c’est tout simplement un déve-
loppement excessif avec une surabondance des fluides aqueux. La
plupart de ces phénomènes ne rentrent pas, à proprement parler,
dans le domaine de la pathologie, puisque nous entendons par ce
mot la perturbation de la santé, tandis que nous avons au contraire
dixxiv INTRODUCTION.
un excès de vitalité, sans que les fonctions soient troublées, et ils
appartiennent à la tératologie. C’est l’Lypertrophie ou l'accroissement
avec excès.
On fait entrer dans cette section les gourmands, qui résultent de
l'absence d’équilibre dans les branches d’un arbre,
La fasciation , qui se voit dans la Célosie à crête, qui en est un des
exemples les plus vulgaires et les plus frappants.
La phyllomanie, ou l'excès d’accroissement des feuilles plutôt en
nombre qu'en volume. Nos Choux sont un produit de la phyllo-
manie. |
La carpomante ou l’abondance excessive des fruits. Quand il y
en a trop, les arbres rompent sous le poids, et ils deviennent alors
cause d'accidents purement physiques ; mais la carpomanie n’est pas
par elle-même une maladie.
La phellose ou subérosie. C’est l’épaississement subéreux de l’é-
corce, si frappant dans le Chêéne-liége. La subérosie n’est pas encore
une maladie, puisque les plantes qui en sont atteintes conservent leur
santé, et que leur fonctionnement vital n’en est pas troublé.
Cette première section n’est donc pas du domaine de la patho-
logie; la richesse du sol, la fertilité du climat, les engrais et les
arrosements habilement dispensés, ces sources de la vie, en sont les
causes déterminantes.
DEUXIÈME SECTION. — Des maladies asthéniques.
Les phénomènes qui rentrent dans cette section, et appartiennent à
la tératologie, et sont des accidents qui n’ont rien de commun avec
la pathologie; d’autres, au contraire, sont essentiellement patholo-
giques, et tiennent aux causes ambiantes ; la privation des principes
réparateurs en est la cause.
Les phénomènes qui rentrent dans la tératologie sont : la pana-
chure, qui n’influe en rien sur la santé du végétal.
À la pathologie appartient la chute des feuilles, qui résulte de
causes bien diverses , telles que l’excès de sécheresse. le froid, l’in-
solation , les insectes, la faiblesse naturelle à la plante. Il ne faut pas
con fondre cette altération, qui est un mal, avec l’effeuillaison, opé-
ration artificielle qui a pour but de faire refluer la séve vers les
fruits.
INTRODUCTION. dixxv
Il en est de même de la chute des fruits, qui est due aux mêmes
causes.
La langueur ou décrépitude, dépérissement prématuré dù aux
causes ambiantes.
La jaunisse, appelée improprement sctère. Il faut distinguer le phé-
nomène de la coloration en jaune par maladie de celle qui a pour cause
l'expiration du cycle naturel de la végétation : telles sont la maturation
et la cessation de la période de croissance. Le Blé jaunit par matura-
tion; les feuilles des arbres jaunissent à l'automne, parce que leur
- rôle physiologique est terminé. C’est dans le premier cas, seulement,
qu’il appartient à la pathologie : c’est une forme particulière de l’é-
tiolement. L'absence d’arrosement, ou l’excès d’eau, et la privation de
nourriture, produisent la jaunisse. On ferait mieux d’appeler cette
maladie la jaunisse; car la cause de l’ictère des animaux, et celle
des plantes, diffèrent trop pour qu’on emploie une même expression
pour désigner des faits si différents.
La chlorose et l'étiolement. On a donné ce nom aux végétaux
dans lesquels abondent les sucs aqueux et qui sont pâles et sans
couleur. C’est une dégénérescence générale qui affecte toutes les
parties de la plante et en modifie les produits. L’absence d’air et
l'humidité sont la cause de cet état morbide, qui est une véritable
diathèse lymphatique ou scrofuleuse ; car, comme les scrofules,
elle amène la carie, faute de réaction suffisante des tissus contre les
agents extérieurs.
Les végétaux chlorotiques sont cependant ceux qui entrent dans
nos cultures, et les qualités de volume, de saveur douce et souvent
insipide que nous recherchons dans les légumes de nos jardins, ne
sont que l’utilisation de l’élaboration excessive de la lymphe.
On a remédié avec succès à la chlorose en arrosant les végétaux
avec une légère dissolution de sulfate de fer, qui a pour effet de leur
rendre leur tonicité naturelle.
La stérilité. La stérilité est le résultat d’influences atmosphériques
opposées, l’excès de froid ou de chaleur, qui détruisent ou atrophient
les organes de la génération et empêchent ainsi la propagation par
semence. Les Cryptogames parasites sont encore une des causes de
la stérilité : ils s’établissent dans la fleur, en envahissent tous les
verticilles et détruisent les appareils générateurs ou le fruit tout
formé. On cultive, dans nos jardins, des plantes telles que l’Aucuba
dixxv)j INTRODUCTION.
Japonica, qui ne donnent jamais de fruit parce que nous n’avons que
des pieds femelles.
La stérilité, ou plutôt la stérilisation des fleurs par hypertrophie
des organes générateurs, est une source de plaisirs pour nos jardins
d'ornement. En développant le verticille staminaire, nous conver-
tissons les filets en pétales, et c’est ainsi que nous obtenons les fleurs
doubles, dont la multiplication n’est plus possible que par les bou-
tons ou marcottes.
Anasarque. C’est un état sémblable à l’hydropisie, qui se distin-
gue, comme la chlorose, par le développement exagéré des tissus sous
l'influence d’un afflux exagéré de lymphe ou de fluide aqueux. Toutes
les propriétés végétales sont alors modifiées, et dans ce cas les qualités
odorantes ou sapides sont diminuées. Un grand nombre de fruits et
de légumes acquièrent, sous l'influence de cette maladie, un volume
extraordinaire et qui tient à une mauvaise élaboration des sucs
nourriciers produite par l'humidité de la saison. Quand les in-
fluences extérieures permanentes sont la cause de cette maladie, on
n’y peut pas porter remède, quand il s’agit de végétaux annuels :
quant aux végétaux vivaces ou ligneux, ils réparent d'eux-mêmes,
par le changement des modificateurs ambiants, la nature de l’éla-
boration des sucs nourriciers.
La blettissure. C’est à tort qu’on a mis cette modification chimi-
que de certains fruits pulpeux astringents avant leur maturité, au
nombre des altérations morbides : c’est un mouvement de décompo-
sition qui convertit l’acide en sucre, et qui précède la pourriture.
Dans certaines Poires, dans les Nèfles et les Sorbes , la blettissure
est très-recherchée et constitue même une des qualités essentielles
de ces fruits.
Maladies organiques.
Il est permis de se demander, en voyant des contrées tout entières
envahies par certaines maladies qui se propagent parmi des végétaux
de même nature, s’il y a dans le règue végétal des maladies conta-
gieuses. Cette question, douteuse pour les animaux, est bien moins
encore résolue pour les plantes. Si l’on entend par contagion les
maladies qui se transmettent par contact, les végétaux sont, comme
les animaux, soumis à une même influence; il y a encore, pour
INTRODUCTION. dixx vi;
expliquer la contagion, des effluves pathologiques, sans doute des
corpuscules animés, qui, charriés dans l’espace et favorisés par
les influences ambiantes, se transmettent de proche en proche, et
finissent par se propager dans un rayon proportionnel à ces influen-
ces. Le typhus ne se développe que dans les hôpitaux ou les grandes
agglomérations d'hommes ; les chambres des malades, malgré la
propreté qui y règne, ont une odeur particulière qui affecte vivement
l’odorat ; les animaux eux-mêmes, les insectes surtout, tels sont les
punaises et les parasites, sont chassés par l’odeur de la maladie : donc
tous les corps vivants, dans l’état de maladie, émettent des particules
qui affectent l’odorat des insectes. Dans les végétaux, les maladies
organiques donnent naissance à des végétaux d’un ordre inférieur
qui se propagent par une dissémination si nombreuse, que tout le
sol et toute l’atmosphère en sont imprégnés, et dans ce cas, l’inocula-
tion du mal est facile à comprendre ; d’un autre côté, les maladies
qui proviennent d’une décomposition spontanée , sont dues à des
conditions particulières de milieu qui, étant les mêmes pour des vé-
gétaux semblables, produisent un même état pathologique. Dans
ce cas, la contagion ou la transmission par contact de certaines dés-
organisations, n’est pas un fait démontré ; on n’a pas, au contraire,
pu inoculer la gangrène et les plaies à des végétaux sains, parce que
les tissus désorganisés ne sont pas susceptibles de communiquer la
maladie dont ils sont atteints à des tissus voisins.
Le tacon, cette maladie propre au Safran seulement, parait dû
à la présence d’un Cryptogame, le Perisporium crocophilum, qui
n’est peut-être qu’un effet et non une cause. L’ablation de la partie
altérée est le seul moyen de guérir les bulbes malades.
La rnorve blanche, maladie des oignons de Jacinthe et des Glaïeuls,
est une affection dont la cause est inconnue, mais qui paraît due à
l'influence de l'humidité; car c’est en Hollande que cette maladie s’est
développée. Elle se manifeste par la décomposition successive des tu-
niques de l'oignon, de l’extérieur à l’intérieur, qui convertit le paren-
chyme en un liquide filant, visqueux, sans odeur, qui paraît être le
résultat d’une cause asthénique produisant l’extravasion de la gomme.
La gangrène sèche. C’est le nom que je crois devoir donner à la
maladie des Pommes de terre : elle a pour cause évidente, outre les
influences ambiantes qui ont pu la développer, l’excès de fumure
ou l’excès de développement produit par une culture ayant pour but
TOME 1, INTRODUCTION. — Livraison xxx. EE à
dIxx viij INTRODUCTION.
d'augmenter le volume des tubercules aux dépens de leur qualité.
C’est le résultat d’une espèce d’anasarque. Quant aux Cryptogames
et aux insectes qui se développent sur ou dans les tubercules mala-
des, ils ne sont que des effets, et nullement des causes; mais on ne
peut nier que, pour les Cryptogames surtout, d’effet ils deviennent
cause, et jouent leur rôle dans cette maladie. Le fait que j'ai cons-
taté le premier, c’est que les tubercules qui en sont atteints passent
à l’état alcalin , tandis que les tubercules sains sont acides.
La maladie de la Vigne. I en est de cette maladie comme de celle
des Pommes de terre; elle est due à des influences générales qui faci-
litent le développement d’un Cryptogame qu’on a appelé Oidium Tuc-
kert, et qui, après avoir été effet, devient cause à son tour. Je l’ai
vu se transmettre à d’autres végétaux , tels que des pieds de Bour-
rache qui se trouvaient dans le voisinage, et qui en étaient si com-
plétement envahis, qu’il n’y avait pas un seul individu de sain ; des
Groseilliers furent également atteints, ce qui prouve que la trans-
mission de proche en proche est possible, et que l'Oëdium n’est pas
un parasite spécial de la Vigne.
Lésions physiques.
Les lésions physiques reconnaissent pour cause l’action des agents
météorologiques. Ainsi l’ééncelle électrique agit à la fois comme
agent mécanique déchirant les tissus, et comme corps comburant ;
la chaleur dessèche les fluides contenus dans les vaisseaux et cause
la mort par suspension des fonctions vitales; le froid, en congelant
les fluides contenus dans les mailles des tissus, en augmente le volume
et les fait éclater; il est principalement à redouter pour les végétaux
herbacés; ses effets sont variés : sur la Vigne, dont le jeune bois est
si tendre, il frappe de mort les rameaux naissants et les désarticule à
tous les nœuds ; quand l’action est intense, il ne reste plus de bois
pour la taille : c’est ce qu’on appelle la champelure ; la gelivure ,
produite encore par le froid, se manifeste par des fentes sur le tronc
des arbres.
Les poisons agissent sur les végétaux comme sur les animaux :
sharriés dans l'organisme, ils y portent la mort, et, comme dans les
animaux, ils y pénètrent par les racines, voie la plus directe de
INTRODUCTION. dixxix
l'absorption ou de l’ingestion , ou par les feuilles et les parties vertes,
appareils de l'absorption respiratoire.
Les plaies, quelle qu’en soit la nature, sont des érosions plus ou
moins profondes, des solutions de continuité, qui ne sont dangereuses
que par leur étendue. D’après l’idée qu’on doit se faire du végétal,
on comprend que les plaies des organes appendiculaires ont moins
de gravité que celles du tronc, parce que la partie affectée meurt
sans nuire aux parties voisines; tandis que, quand c’est le tronc ou
la souche qui est le siége du mal, cette partie, étant axillaire, réagit
sur le reste de la plante ou sur les parties qui correspondent à la
partie blessée. La cicatrisation est souvent rapide dans les jeunes su-
jets; mais, dans les arbres vieux ou rachitiques, elle est lente et sou-
vent il y a épuisement par extravasion des fluides nutritifs. Les seules
plaies graves sont celles qui résultent de la décortication partielle ou
totale. Dans ce dernier cas, il est impossible d’arracher l'arbre à la
mort. En général, les plaies des arbres se guérissent par limitation,
et la vie reprend son cours. On remarque dans les végétaux ligneux
que souvent il se trouve une partie morte enchâssée dans une partie
vivante : elle altère successivement les endroits voisins, et se conver-
tit en un ulcère qui gagne de proche en proche et finit par envahir
toute la plante.
Les bourrelets, loupes, exostoses, nodules et broussins, sont des
phénomènes qui tiennent à des causes identiques , comme dans l’a-
nimal, où les loupes, les’ périostoses, les indurations de parties natu-
rellement molles, s’engendrent par dépôt de particules calcaires ;
les loupes et autres accidents sont dus à des dépôts de ligneux qui
acquièrent souvent un développement considérable. Les arts tirent
parti de ces accidents naturels.
Le couronnement où décurtation est la cessation de l’accroisse-
ment dans le sens de la longueur, ce qui arrive quand les racines
sont arrêtées par une couche impénétrable; il y a alors suspension de
la vie d’élongation , et les branches seules conservent leur vitalité
pendant un certain temps, puis l’arbre périt. Quand, au contraire,
le couronnement est le résultat d'un accident ou de l’ablation invo-
lontaire de la flèche, comme cela a eu lieu pour le Cèdre du Liban du
Jardin des Plantes, l'arbre ne meurt pas; il n’est que mutlé.
dixxx INTRODUCTION.
Entophrytes.
Anguillules. La présence de cet entozoaire, assez rare, et qu’on
n’a encore constatée que dans le Blé, est un fait de fermentation, et
l’on sait que l’acétification est une cause de génération spontanée des
Rhabditis, qui sont dans ce cas des effets, et non des causes; ils sont
le résultat de l’humidité.
Cryptogames. Ce sont les Champignons entophytes, tels que le
Phacelia segetum, qui produit l'ergot du Seigle.
Les Urédinées, les Puccinies, les Phragmidium, es Gymnosporanges
et les Podisoma. Les Urédinées proprement dites sont la Rouille,
Rubiso vera; la grosse Rouille, Uredo Vilmorinea ; parmi les Ustila-
ginées on distingue le Charbon, Ustélago secetum, qui attzque indis-
tinctement les Céréales, Froment, Orge, Avoine, Millet ; le Charbon du
Maïs, Ustilago Maydis ; la Carie, Ustilago caries, qui est propre à
plusieurs Graminées.
Le neunier.On donne ce nom à des taches blanches pulvérulentes qui
tapissent la surface des feuilles; elles sont dues à la présence d’un Cryp-
togame du genre Erysiphe, qui appartient aux PAytoctones, ou Cryp-
togames parasites des végétaux vivants; on peut les confondre, pour
l’aspect extérieur, avec les Ordium et les Botrytis.
Ce que M. Raspail avait cru remarquer dans les animaux, dont il
attribuait la plupart des maladies à une influence parasitique, existe
plus réellement chez les végétaux, dont les tissus plus perméables,
et la décomposition plus facile, admettent la présence de para-
sites; mais ce qui frappe dans les deux règnes et justifie la loi des
générations spontanées, avec produits similaires, c’est que, dans le
règne végétal, les parasites sont des végétaux de l’ordre inférieur,
et les générations animales ne sont que de rares exceptions; tandis
que, dans le règne animal, ces générations sont le fait normal.
Chaque espèce, chaque groupe a ses parasites spéciaux : tantôt ce
sont des aptères, tels que les poux, les phthiriases, les puces, qui
sont des épizoaires; les autres, appartenant à la classe des helmin-
thes, sont des entozoaires : les premiers ne vivent que sur la
peau : les phthiriases et les diverses espèces du genre Pediculus
paraissent naître des diverses exsudations; les helminthes, au con-
traire, sont des parasites internes qui sont engendrés à la surface
INTRODUCTION. dIxxx]
des muqueuses ou dans la profondeur des tissus. On ne peut tou-
jours dire que la présence des entozoaires soit une maladie; ils n’en-
gendrent en général d’affections morbides que quand ils sont en trop
grand nombre et altèrent le mode de vitalité des organes; dans le
cas contraire, ce sont des apparitions anormales qui dépendent de
l’âge, de la nourriture, de la santé du sujet ou du milieu dans lequel
il vit. Quand les tissus, plus profondément désorganisés, n’offrent
plus que des éléments organiques près de se transformer, ils donnent
naissance à des apparitions d’un autre ordre : c’est ainsi que les dip-
tères naissent dans les chairs putréfiées; la putréfaction , de son côté,
attire par ses émanations des insectes d’autre sorte, des silphes, des
nécrophores, etc., mais ils viennent pâturer des débris, et ce ne sont
presque plus des restes animaux.
Les Cryptogames ne naissent que par exception sur les produits
animaux ; les Byssus, et en général les Mucédinées, se développent
sur les chairs qui ont subi la cuisson et sont abandonnées à elles-
mêmes; quelquefois les animaux de Pordre inférieur et surtout les
invertébrés succombent au développement de parasites végétaux,
entre autres les guêpes, qui deviennent le siége de la croissance d’7-
saria ayant quatre à cinq fois la longueur de leur corps. Les para-
sites végétaux sont d’autre nature; ils appartiennent tous ou presque
tous à la grande famille des Champignons et viennent sur les végé-
taux vivants sains, ou malades, ou sur les tissus altérés; à peine
un végétal tombe-t-il, que les Cryptogames se disputent ses dé-
pouilles, et bientôt il en est la proie. Les Champignons sont donc des
végétaux qui naissent dans toutes les circonstances où la puissance
végétale est modifiée. Une branche cesse-t-elle de recevoir une nu-
trition suffisante, que ses tissus amollis ne présentent plus assez de
résistance aux agents de destruction, les Cryptogames s'en empa-
rent; une feuille se détache-t-elle de la branche, elle devient le siége
d'une végétation cryptogamique ; ce sont, en un mot, les ministres
de la destruction, et, comme pour les animaux, chaque espèce a ses
parasites particuliers. La théorie de M. Raspail serait plus applicable
aux végétaux qu'aux animaux; mais je dirai que les parasites, avant
d'être les causes d’un état morbide, sont les effets d’une vie languis-
sante et livrée à l’action de tous les modificateurs externes :
dans les animaux , les helminthes et autres parasites ne sont égale-
ment pas des causes premières de maladie ; mais les résultats d’une
dixxx1} INTRODUCTION.
altération des fluides, et l’on sait que chaque fluide organique altéré
devient le siége de la production d’êtres vivants.
Le rntellat, la fumagine, qui font périr les végétaux, paraissent être
des dépôts de sécrétions d’insectes, sur lesquels il naît des Champi-
gnons microscopiques ; ce qui justifie la vérité de cette opinion, c’est
que les deux maladies ne viennent que sur les végétaux couverts
de poussière.
Des faux parasites.
Ce sont les Lichens, les Mousses, les Hépatiques, qui ne nuisent
à la végétation que quand ils sont en trop grande abondance ; car
dans ce cas ils causent la pourriture de l’écorce et occasionnent le ra-
bougrissement des arbres. Les Chèvrefeuilles, le Lierre, le Célastre
grimpant ne naissent guère non plus que quand ils ont écrasé l’arbre
sous leur poids.
Des parasites Vrais.
Parasites caulicoles. On comprend mieux l’action des parasites
caulicoles tels que le Gui, qui croît sur les branches des Pruniers, des
Peupliers, et n’y cause pas un préjudice sensible. Les Cuscutes, qui
croissent sur les Luzernes, le Thym, le Serpolet, le Lin, les étouffent
sous leurs étreintes et finissent par s’emparer de tout le sol. Ce ne sont
pas des maladies, mais des bourreaux.
Parasites radicicoles. Les Orobanches, la Clandestine , l’'Hypo-
ciste, le Monotropa, sont des parasites vrais , qui ont une station
spéciale, mais ne paraissent pas nuire matériellement aux végétaux
sur lesquels ils croissent.
Les Mélampyres, les Eufraises et les autres Rhinanthacées viennent
sur la racine des Graminées, d'après les observations de M. Decaisne.
Les Rhizoctones qui se fixent sur les Safrans, la Garance , les
Pommes de terre, les Patates, la Luzerne et les différentes espèces du
genre Al{lium, sontencore des Champignons, mais de la nature la plus
meurtrière. Ils répondent aussi à un état pathologique particulier
de la plante; mais, une fois établis, ils deviennent les agents les
plus actifs de la destruction.
INTRODUCTION. dixxxii)
Le blanc des racines, maladie terrible encore, est causé par la
présence d’un Cryptogame appelé Rhizophile.
On voit que, dans le règne végétal, il y a trois causes pour les ma-
ladies essentielles : le dépérissement ou atrophie, par absence de nu-
trition suffisante, l’Lypertrophie ou accroissement de volume, par
excès de nutrition; la destruction par les parasites : ce sont ces
derniers qui causent le plus grand nombre de maladies.
Je ne parlerai pas des maladies causées par les insectes; malgré
leurs apparences souvent singulières,cesont toujours des lésions plus
ou moins profondes, des extravasions de sucs épanchés au dehors
sous mille formes, des pertes de substance, en un mot des altéra-
tions mécaniques qui deviennent morbides.
CHAPITRE XXVII.
DE LA TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE.
J'ai pensé que la place qui convenait le mieux à ce chapitre était
après celui qui traite de la pathologie végétale, dont il servira d’ex-
plication, et avant celui de l’espèce considérée comme unité. La plante,
dans son état normal, est un être symétrique; l’asymétrie ou l’irré-
gularité ne procède que de l'intervention de quelques lois pertur-
batrices que nous n’avons pas encore découvertes; mais ce que
l'expérience et l’observation nous ont révélé, c’est que toute fleur
asymétrique tend à se symétriser quand elle est affectée d’un chan-
gement tératologique.
Pour bien faire comprendre l'importance de l’étude de la £érato-
logie, ou, pour me servir d’une expression plus vulgaire, des défor-
mations qu'on a appelées monstruosités, il faut que j'explique ce que
j'entends par symétrie. Pour moi, la régularité ou la correspondance
des parties similaires constitue la symétrie, et, malgré l'importance
de certaines familles à corolles dites irrégulières, je les regarde
comme des phénomènes anormaux. Nous ne pouvons chercher la symé-
trie dans les végétaux acotylédonés, les organes reproducteurs étant
d’une étude assez difficile pour échapper à la loi générale. Il y a plus
dIxxxiv INTRODUCTION.
des trois quarts des plantes monocotylédones qui sont régulières, et
dans les Dicotylédones plus des cinq sixièmes. La régularité est donc
la loi normale, et toutes les exceptions sont des anomalies. Ainsi, pour
moi, symétrique et régulier sont synonymes (malgré la distinction éta-
blie entre ces deux mots, et que j'ai déjà signalée) ; j’admets toujours
pour la symétrie un centre autour duquel rayonnent des organes sem-
blables entre eux. Les Crucifères, les Caryophyllées, les Rosacées sont
des plantes à corolle symétrique; tandis que les Labiées, les Scrofu-
lariées, les Polygalées, les Fumariacées, les Papilionacées sont asymé-
triques. Ce qui semble justifier ce point de vue, c’est que toutes les dé-
viations tératologiques tendent à rapprocher les plantes irrégulières des
plantes symétriques, et qu'on trouve plus rarement les plantes symé-
triques passer par anomalie à l’asymétrie. Il en résulte que les types
normaux peuvent être considérés comme des centres dont les groupes
anormaux sont de simples exceptions. J’avouerai qu'il est difficile
de démontrer expérimentalement l’enchaînement successif des fa-
milles et le passage des unes aux autres, et plus encore, de prendre
dans un groupe un type central en faisant rayonner autour les types
secondaires qui en dérivent, pour montrer par quelle voie les irrégu-
larités sont produites. J'ai fait, à ce sujet, bien des essais qui ne
m'ont pas présenté assez de certitude pour que je puisse exposer
ici le résultat de ces recherches. Je crois qu’en botanique comme en
zoologie on n’arrivera à jeter du jour sur les faits encore obscurs
qu’en étudiant la tératologie, qui comprend depuis les plus petites
modifications jusqu'aux plus grandes. Quand on les connaîtra avec
certitude, on pourra mieux alors grouper les espèces, et peut-être arri-
vera-t-on à connaître la loi qui unit entre eux les différents éléments du
règne végétal; ce sera le point de départ d’une véritable philosophie
de la science. L'opinion que j'émets ici est, à peu de différence près,
celle qui à été savamment développée par les botanistes les plus émi-
nents, tels que De Candolle, Dupetit-Thouars, Cassini, A. Saint-Hilaire,
Turpin, Dunal, Gaudichaud, Rœper, Link, etc.
J'emprunte le système de classification que j’adopte ici à M. Mo-
quin-Tandon, qui a traité avec succès cette partie importante de la
science, dans ses Éléments de tératologie végétale (A841), sans tou-
tefois accepter toutes les idées qu’il a émises, et en me rapprochant
des opinions de M. Is. Geoffroy Saint-Hilaire, qui a répandu dans le
monde scientifique des lumières nouvelles par la systématisation des
INTRUDUCTION - dixxxv
phénomènes tératologiques. On regardait avant lui les monstruosités
comme des jeux de la nature, aussi arbitraires que variés; mais il a
démontré pour les animaux, ce qui peut s'appliquer aux végé-
taux, que les anomalies dérivent toutes d’une loi commune à un
même genre : c’est ce qui ressort lumineusement de sa doctrine.
En cela il a suivi la voie ouverte par les naturalistes philosophes,
car Adanson avait dit, dans son grand ouvrage sur les familles natu-
relles, que les monstruosités « sont des écarts qui ont aussi leurs lois et
qu'on peut ramener à des principes certains. »Il faut, pour bien saisir
le sens de cette énigme vivante, connaître les lois de l’épigénèse, les
plus fécondes en résultats philosophiques.
On peut dire que toute anomalie est une déviation du type nor-
mal : elle procède de l'influence des agents ambiants, tels que la sta-
tion sèche ou humide, fertile ou stérile, la température, les vents
et toutes les causes dont il a été question dans le chapitre qui traite
de la géographie botanique. Les altérations produites par un déran-
gement dans la santé du végétal et par certains phénomènes géné-
raux , tels que le froid, l'extrême sécheresse, des blessures, la piqûre
des insectes, ne sont ordinairement qu’accidentelles; tandis que cer-
taines qualités acquises se transmettent héréditairement, et finissent
par former des types spécifiques nouveaux; ce que nous voyons
par l’effet de la culture, et ce que produisent les changements de
station ou de climat.
Tout en ayant cependant considéré comme typiquesle nombre cinq,
dans les Dicotylédones, et le nombresix dans les Monocotylédones, je
ne partage pas l’opinion des botanistesqui croient que ce soient les types
uniques et fondamentaux , et que chaque fois que les végétaux en ont
plus ou moins, c’est qu'il ÿ a eu atrophie ou hypertrophie des organes.
Ainsi les quatre étamines des Labiées n’impliquent pas nécessairement
l'avortement constant d’une étamine, et les nombreuses étamines des
Renonculacées une hypertrophie. Je crois que cette théorie repose
sur un point de vue faux par abus de généralisation , bien toutefois
qu'il y ait beaucoup de probabilité pour que les savants organo-
graphes se soient approchés de la vérité; mais il nous manque trop
d'éléments encore pour se prononcer sur ce point avec certitude.
La tératologie végétale est plus fertile en phénomènes que la téra-
tologie animale; il semblerait que, dans les plantes, les éléments
textulaires soient plus oscillants que dans les animaux , ce qui tient
TOME 1, INTRODUCTION. — Livraison YYY. YYY
dIxxxv)] INTRODUCTION.
sans doute à la nature même le la plante, en ne regardant que les
Dicotylédones, qui sont de véritables collections de, végétaux portés
sur un axe commun. Il en résulte que l’anomalie d’une partie peut
exister indépendamment de celle des autres, parce que c’est un des
êtres multiples qui composent le végétal qui est atteint de difformité ;
tandis que dans l'animal, être essentiellement unitaire, l’anomalie
de la partie réagit sur le tout; mais aussi la graine provenant d’une
anomalie de structure dans la fleur qui l’a produite peut se reproduire
par voie de génération, ce qui n’empêchera pas la souche de conserver
son caractère normal.
On peut regarder comme des altérations tératologiques les altéra-
tions souvent assez légères que présente le type, et qui donnent
naissance à la variété, déviation du type reposant sur certains ca-
ractères d'importance minime qui le plus souvent se perpétuent,
retournent quelquefois au type, et se transmettent quand la multi-
plication a lieu par une bouture ou une marcotte, c’est-à-dire quand
on n’a rien changé à la vie du végétal. Si l’on n’admet pas le retour
au type, en quoi la variété différera-t-elle de l’espèce? C’est pour-
quoi il est difficile d’assigner à la variété un caractère qui en fasse
une individualité : la variété serait alors le passage à une espèce, si
les caractères sur lesquels elle est fondée devenaient fixes au lieu
d’être muables. La race est le type primitif modifié, et qui se propage
par la semence, en résistant à toutes les influences ambiantes, mais
qui produit des variations. On a réservé le nom assez vague de va-
riation à la variété purement accidentelle qui retourne au type dès
que les influences qui l’ont produite disparaissent.
DES VARIATIONS.
Les quatre grands phénomènes qui servent à distinguer les variétés
sont : 1° les changements de couleur, 2° de vestiture, 3° de consis-
tance, 4° de taille.
$ 1. Changements de couleur.
Comme j'ai déjà parlé de la coloration des végétaux dans un des
chapitres précédents, je n’y reviendrai pas ici.
Les changements de couleur sont de trois sortes : l’albinisme ou
INTRODUCTION. dIxxxvi]
la décoloration, le chromisme, ou l'excès de couleur, et les change-
ments de coloration.
La privation de l’influence de la lumière et de l’air produit l’albr-
nisme dans la plupart des végétaux; c’est le phénomène que nous
voyons mis à profit dans nos cultures maraïchères pour donner plus
de saveur et moins de consistance aux légumes qu’on fait blanchir :
tels sont les Céleris, les Cardons, la Chicorée sauvage. Ce n’est pas
un phénomène tératologique, mais bien une altération pathologique;
c’est de l’étiolement. Si les végétaux soumis à cette opération sont
exposés à la lumière pendant vingt-quatre heures, ils reprennent im-
médiatement leur couleur verte.
Le véritable albinisme est produit par l’action du froid ; c’est ainsi
que dans les régions polaires on trouve plus de fleurs blanches que
de fleurs colorées, et que les espèces que nous sommes accoutumés
à voir revêtues d’une livrée brillante la perdent quand on les cul-
tive dans le Nord, ce que Linné nous apprend dans son oyage en
Laponie, où il dit n’avoir trouvé aucune fleur bleue ou rouge qui
n’ait des variétés incolores.
L’altitude, qui répond à l’abaissement de température, est dans le
même cas : les plantes des plaines, transportées sur les montagnes,
perdent de l’éclat de leurs couleurs, surtout les fleurs rouges ou
bleues, et passent souvent au blanc; le jaune est moins facilement
altérable.
La nature du sol joue un grand rôle dans ce phénomène : lors-
qu'il est de mauvaise qualité, il influe puissamment sur la coloration,
altère les couleurs vives et les fait passer au blanc.
Comme dans l’étiolement, la privation de lumière est une cause
d’albinisme pour les végétaux, quand ils croissent à l'ombre de
masses de rochers ou d’arbres au feuillage épais.
Quant à l’albinisme de certaines fleurs et de quelques fruits, on
ne peut lui assigner d'autre cause qu’une modification dans le mode
de nutrition; il en est de même des plantes panachées, qui sont si
communes dans nos jardins. Je citerai entre autres l’Æucuba Japo-
nica, V'Agave Arnericana, le Phalaris arundinacea, es Alaternes. Quel-
quefois l’albinisme n’est pas complet, c’est une simple altération
dans la nuance du vert. Les fleurs et même les fruits se panachent
facilement, et nos collections horticoles regorgent de variétés qui
présentent des panachures. À la longue ces anomalies disparaissent,
dIXxxX VII) INTRODUCTION.
ce qui à lieu dans les Dahlias, les Tulipes et les OEillets ; d’autres fois
elles persistent et se transmettent; mais, en général, la culture dans
un sol trop riche a pour effet d’altérer ces variations.
Nous avons des exemples de chromisme dans les fruits de nos
vergers, qui sont toujours chaudement colorés du côté exposé au
soleil. La culture produit des résultats semblables sans qu’on en con-
naisse la cause : les semences de Haricot présentent les nuances de
couleurs les plus variées ; les Pommes de terre ont produit une va-
riété violette. Les racines, malgré la nature du milieu dans lequel elles
croissent, ont souvent des couleurs très-vives : telles sont les Bette-
raves, qui sont blanches dans la nature, et jaunes ou pourpres par
suite de la culture ; les Carottes, les Radis, les Navets qui sont rouges,
jaunes, et même Dai
Le chromisme le plus commun est celui qui varie à l'infai les
nuances des fleurs; nous en avons l’exemple dans les Tulipes, les
Anémones, les Renoncules, les Jacinthes, les Dahlias, les Pétunias,
les Chrysanthèmes, les Glaïeuls, les Rosiers, les Camellias, les Giro-
flées, qui sont cultivés en collection, et produisent chaque année des
variétés nouvelles. Le bleu et le rouge sont toujours les couleurs qui
se modifient le plus facilement; les fleurs jaunes subissent moins
d'altération. Les fruits présentent une égale mobilité dans leur colo-
ration, les feuilles elles-mêmes sont atteintes de chromisme. Nous
avons des Hêtres et des Noisetiers à feuilles pourpres, des Amaranthes
à feuilles rouges ; la Baselle et les Bettes ont des variétés jaunes et
rouges. Nous ne savons à quoi attribuer ce changement dans la cou-
leur; la seule chose que nous puissions dire, c’est que la variation
dans la couleur ne doit pas être regardée avec trop d'importance
dans la création des espèces, et il faut ne jamais oublier l’axiome
de Linné : VNimium ne crede colort , Ne te fie pas trop à la couleur.
$ 2. Changements dans la vestiture, ou du glabrisme
et de la villosité.
Le glabrisme ou la disparition de la villosité, propre à certaines
espèces, est un phénomène assez commun, êt dû surtout à l’exubé-
rance de la nutrition. Un sol riche, des arrosements abondants, font
perdre aux végétaux les poils dont ils sont couverts. Ainsi le Lis mar-
tagon, complétement glabre dans nos jardins, se couvre de poils
INTRODUCTION. dixxxix
courts et roides si on l’abandonne à lui-même, et il retourne à son état
primitif. L’étiolement ou la privation de lumière est encore une cause
de glabrisme; le changement de station (tel est, entre autres, le pas-
sage des plantes de montagne dans les plaines), et souvent même un
simple changement de localité, suffisent pour produire ce phénomène.
La duplicature des enveloppes florales et la vieillesse sont encore des
causes fréquentes de disparition de la pilosité.
Le phénomène contraire ou le pilosisme, l'apparition de poils, a
lieu quand les circonstances sont inverses de celles qui ont produit le
glabrisme. Les stations maigres et sèches favorisent la production
des poils; c’est ainsi que la Persicaire, glabre quand elle croît au
bord des eaux, se couvre de poils lorsqu’elle se trouve placée dans
des lieux secs; le Serpolet, le Plantain corne-de-cerf, et tant d’autres,
présentent des phénomènes analogues. En un mot, chaque fois qu’au
lieu d’une pléthore causée par abondance de nourriture, 1l y a une
sorte d’atrophie, de langueur dans la végétation, le pilosisme appa-
raît, et les plantes naturellement velues se hérissent de poils. L'action
de la lumière est encore une des causes à signaler , et l'espèce d’atro-
phie produite tantôt par un abaissement de température, tantôt par
un excès de chaleur, peut être regardé comme une cause prédispo-
sante de pilosité.
$ 3. Changements dans la consistance.
On peut considérer comme des phénomènes du même ordre la
carnostté, ou l’augmentation du parenchyme aux dépens des parties
solides, ce qui se présente fréquemment dans nos cultures pota-
gères; c’est même à cette cause que nous devons nos légumes
tendres et savoureux. L’abondance de nourriture, les arrosements
fréquents et l’étiolement sont les principaux agents de ce phénomène,
qui se produit naturellement quand les végétaux se trouvent dans des
conditions identiques, et les agents extérieurs que nous avons vus
produire le pilosisme, déterminent l’érduration ou l'augmentation des
parties coriaces et solides aux dépens du parenchyme : la lumière et
la chaleur sont les principaux.
dxce INTRODUCTION.
$ 4. Changements dans les dimensions.
Le nanisme, où la diminution de la taille, se retrouve fréquemment
dans nos végétaux cultivés, où l’on voit des variétés désignées sous le
nom de naines, pour indiquer la nature de la plante. Nous avons
des variétés naines de Haricots, de Pois, de Reines-Marguerites, de
Rosiers, de Dablias, de Chrysanthèmes. Le Pommier Paradis est une
variété naine du Pommier commun. On connait aussi un grand nom-
bre de plantes naines croissant spontanément, entre autres un Pi-
gamon, un Ajonc, une Renoncule, un Séneçon, un Plantain, etc.
Nos espèces botaniques présentent des variétés naines : telles sont la
Renoncule scélérate, le Trèfle couché, le Samolus Valerandi, etc. ;
mais le nanisme affecte encore certaines plantes, sans pour cela que
les caractères en soient altérés : tels sont entre autres la Tanaisie,
le Plantain à grandes feuilles , les Soucis, le Chrysanthème des prés,
qui sont quelquefois réduits à des proportions exiguës, par suite des
changements de station. Les altitudes sont encore une cause de na-
nisme. On peut produire artificiellement le nanisme : c’est ainsi que
J'ai conservé pendant cinq ans dans une petite bouteille d’eau un
Jeune pied de Sureau qui avait 10 centimètres quand je le déplantai,
et qui, cinq ans après, n’en avait que 23. Il était plein de santé, et
un accident seul m'empêcha de pousser plus loin l'expérience.
C'était le nanisme par défaut de nutrition, et cette cause est la plus
commune.
Le géantisme ou gigantisme est le contraire du nanisme, et pro-
duit par des circonstances opposées. Nous trouvons fréquemment
le géantisme par excès de nutrition, dans nos cultures marai-
chères et horticoles, où tous les agents de la végétation, habilement
combinés, donnent aux plantes le plus grand degré possible d’ac-
croissement. Quelquefois il est accidentel : tel est, entre autres, ce
fameux Chou colossal qui a occupé tout Paris, et n'était qu’une
variété géante accidentelle. Dans l’état de nature, le géantisme est
encore fréquent, et notre Zlore renferme un grand nombre de varié-
tés et même d’espèces désignées par les noms de géant, grand, très-
grand : telles sont la grande Orobanche, une espèce d’Androsace,
une espèce de Pimprenelle, une Consoude, une Scabieuse. Linné con-
seille dans sa Philosophie botanique de s'abstenir de considérer trop
INTRODUCTION. dxc}j
facilement comme caractère spécifique ce développement anormal.
Souvent un simple changement de station suffit pour produire le géan-
tisme, et quelquefois la greffe détermine l’excès de développement
des formes.
Quant au géantisme par longévité, il peut être regardé comme
accidentel. Aussi je ne citerai qu’un petit nombre de faits rentrant
dans cette classe de phénomènes. Je mettrai en première ligne, pour
ne citer que les faits connus, le gros Chätaignier de Sancerre, qui
était déjà désigné sous ce nom il y a six cents ans, et qui doit en avoir
au moins huit cents ; l'Oranger de Nice, qui avait plus de 3 mètres
de circonférence, et rapportait chaque année 5 à 6,000 oranges;
l’Oranger de Versailles, connu sous le nom de Grand-Bourbon, et qui
a quatre cents ans; les Platanes de Bujuk-Déré, qu’on croit avoir
plus de sept cents ans; les Cèdres du Liban, qui avaient huit cents
ans en 1787; le Télleul de Norwich, qui avait plus de cinq cents
ans ; le Sapin mesuré par M. Berthelot sur la montagne de Béqué,
et qui est connu sous le nom d’'Écurie des chamois, parce que ces ani-
maux y cherchent un abri pendant l’hiver : il évalue son âge à douze
cents ans; le célèbre Chëne d’Allouville, qui a plus de huit cents ans ;
un Olivier existant aux environs de Nice, et qui a plus de cent ans :
il produisait , à l’époque de sa plus grande vigueur, 150 kilogrammes
d'huile; les /fs de l’abbaye de Fontaine dans le comté d’York, qui
avaient douze cents ans à la fin du siècle dernier; le Cyprès de Mon-
tézuma, contemporain de ce prince, et celui de Santa-Maria de Terla,
que M. De Candolle estimait avoir quatre mille ans ; les Baobabs vus
par Adanson aux îles de la Madeleine, et qu’il disait avoir six
mille ans; le Dragonnier du jardin Franchi à Orotava, dans les Ca-
naries, auquel M. Berthelot croit pouvoir attribuer six mille années
d'existence.
Il résulte, des observations faites sur le géantisme par longévité,
que les arbres à bois dur offrent des exemples plus fréquents de
ce phénomène, bien que les Baobabs, dont le bois est mou, se pré-
sentent comme une exception.
Il résulte de ce qui précède que, dans la création des espèces, il
ne faut pas attacher trop d'importance à la couleur, à la pilosité,
non plus qu’à la taille. Pour s'assurer si un végétal n’a pas pu subir
de ces changements qui en modifient l’aspect, il faut bien étudier les
circonstances dans lesquelles 1l se trouve, et voir si un changement
dxci] INTRODUCTION.
de station n’est pas la cause des modifications que présentent ses
caractères.
DES MONSTRUOSITÉS.
Les monstruosités sont des déformations du type qui se mani-
festent dès le moment où l'individu ou l’organe affecté se développe ;
elles ne sont pas, comme les variations, des phénomènes passagers
ou locaux qui se produisent sous l'influence des agents extérieurs,
ne se transmettant pas toujours par voie de génération , et disparais-
sant avec les circonstances qui les ont produites. Ce sont des chan-
gements plus profonds dus à la modification de la loi de développe-
ment normal qui se poursuivent en vertu de la loi évolutive de
l’épigénèse.
Elles affectent tantôt les organes appendiculaires, tantôt l’axe lui-
même de la plante. Dans le premier cas, elles disparaissent souvent
quand l'organe tombe et se flétrit; d’autres fois elles persistent; mais
dans les monstruosités axillaires, elles durent autant que l'individu
qui en est atteint. Les faits tératologiques demandent à être étudiés
avec soin; ils mettront évidemment sur la voie des lois qui président
au développement normal, et c’est sur l'observation de ces mêmes
faits que reposera la philosophie de la science.
Les monstruosités portent sur le volume : atrophie, hypertrophie ;
sur la forme, qui devient irrégulière ou régulière, ou subit un chan-
gement total : ce qu’on appelle #2étamorphose; sur la disposition :
tels sont les soudures, les disjonctions et les déplacements; sur le
nombre : les avortements et les multiplications.
$ î. Monstruosités de volume.
Pour bien comprendre ce dont il va être question dans ce paragra-
phe, il faut savoir qu'avant d’arriver à son développement complet, un
organe passe par des formes transitoires et successives, et l’organen'ar-
rive à son état normal que lorsque cette série de phénomènes n’a pas
subi d’arrêt de développement, que l’évolution en est complète. Dans
le cas contraire, si l'arrêt de développement a frappé l'organe au
moment où ilétait arrivé à une de ces phases ascendantes qui devaient
le conduire à l’état parfait, il y a atrophie, et elle est proportion-
INTRODUCTION. dxcii}
nelle à l’époque d'évolution à laquelle elle correspond. Si, au con-
traire, un organe franchit les limites qui lui sont assignées dans l’état
normal , il y a Lypertrophie ou accroissement par excès.
L'atrophie des organes appendiculaires est commune. Elle se
voit dans les feuilles, dont le limbe rétréci est souvent réduit à
sa partie purement pétiolaire. L'arrêt de développement s’est opéré
au moment où le limbe devait s'épanouir, et il l’a fait avorter en
tout ou en partie. Quand ce phénomène a lieu par le seul concours
des forces vitales, c’est un fait tératologique; quand, au contraire,
il est le résultat de la présence d’un Cryptogame, c’est un phénomène
pathologique.
Le calice est atrophié dans certaines plantes, surtout dans celles
que l’homme a soumises aux lois de la culture, et il se présente fré-
quemment ainsi dans les arbres fruitiers.
La corolle est plus fréquemment encore atrophiée , et dans ce cas
tout ou partie des pétales subit un arrêt de développement, ainsi que
cela se voit souvent dans les Corymbifères, où les demi-fleurons de
la circonférence, en s’atrophiant, ressemblent aux fleurons réguliers
du disque.
L’androcée, ou le verticille qui porte les organes mâles, est sujet
à de fréquents arrêts de développement : souvent l’étamine est ré-
duite à une portion informe du filet, et dans la famille des Gérania-
cées, le genre Ærodium présente constamment cinq étamines dépour-
vues d’anthères et réduites à de simples filets. C’est dans la fleur
encore en bouton qu’il faut suivre ces arrêts de développement qui
peuvent jeter du jour sur la génération des organes normaux, et
ramener les types irréguliers à des lois constantes. |
Les organes femelles s’atrophient souvent dans certaines Renon-
culacées ; dans la Caryophyllée appelée 4renaria tetraquetra, qui
devient polygame quand elle croît sur des montagnes élevées.
On peut, par l'étude des arrêts de développement, suivre les pro-
grès de ces phénomènes dans les végétaux qui sont exceptionnelle-
ment dioïques, et même dans ceux qui le sont normalement, et où
l'on voit le plus souvent l’atrophie de l’un ou de l’autre des verticilles
appartenant aux organes reproducteurs.
L'atrophie de l'ovaire est le résultat de circonstances souvent cli-
matériques, et nos arbres fruitiers nous en donnent de trop fréquents
exemples. L'arrêt de développement porte alors sur l’ensemble des
TOME 1, INTRODUCTION. — Livraison zzz. 233
dxciv INTRODUCTION.
fruits, et les graines sont infécondes; ce sont les atrophies les plus
communes, et l’on remarque qu’elles sont plus fréquentes dans les
végétaux hybrides.
L’atrophie des organes axiles rentrerait dans le phénomène du
nanisme; quelquefois elle est assez complète pour que le végétal
ne présente plus qu’une apparence de tige. Dans les axes secon-
daires, ce sont les branches qui se changent en épines, surtout
quand le végétal souffre par privation de nourriture.
L’Aypertrophie est le phénomène opposé. L'organe, au lieu de
s'arrêter au moment où il est arrivé à son développement complet,
continue de croître, et présente alors un phénomène de déformation
qui est l’hypertrophie.
L’hypertrophie des feuilles est assez commune ; j'ai eu entre les
mains un échantillon de Plantain lancéolé, dont les feuilles, longues
de 30 centimètres, avaient la largeur de la main. Lorsqu'un arbre est
jeune et vigoureux, les feuilles sont le plus souvent hypertrophiées;
ainsi, j'ai vu un Tilleul, reste d’un jeune arbre dont on avait
abattu la tête, produire des feuilles de plus de 35 centimètres de dia-
mètre; et l’on connait le développement considérable des feuilles du
Paulownia tant que la tige est encore succulente. Quelquefois l’hy-
pertrophie ne porte que sur une partie du limbe, et plus rarement
sur la nervure moyenne.
Le calice est accidentellement le siége d’ane hypertrophie; sou-
vent même il acquiert un développement considérable sans que la
forme en soit altérée.
La corolle subit des amplifications semblables : elles sont très-
remarquables dans les fleurs du #io/a tricolor ; cette fleur, à l’état
sauvage, est très-petite, et apparaît dans nos jardins avec un
diamètre de 6 à 8 centimètres. Les Zuchsia , les Roses, les OEïillets,
sont presque toujours hypertrophiés, et c’est sous cette forme que
nous les recherchons dans nos cultures.
Les organes mâles et femelles se montrent souvent à nous dans un
état d'hypertrophie; mais ce n’est qu’accidentellement , et les ovaires
ne sont hypertrophiés que par suite de la piqüre des insectes.
L'hypertrophie du fruit est un phénomène des plus communs.
Tous les fruits de nos vergers apparaissent dans cet état. Nos lé-
gumes potagers sont dans le même cas, ainsi que nos racines ali-
mentaires. On peut mettre au rang des hypertrophies l'apparition
INTRODUCTION. dxev
de bulbilles dans la Rocambole, le Lis bulbifère et l’Oignon patate,
dont la spathe florale contient, au lieu de graines, de véritables
bulbes.
Les organes axiles présentent le même phénomène. Tout le monde
sait que, quand une racine rencontre un filet d’eau, les radicules se
développent dans toutes les directions, et forment ce qu’on appelle la
queue de renard.On peut rapprocher de cet ordre d’hypertrophie axil-
laire, que M. Moquin-Tandon appelle élongation , la longueur déme-
surée qu’acquièrent les germes de Pommes de terre et de Navets,
lorsqu'ils sont placés dans une cave à une certaine distance de la
lumière, vers laquelle ils se dirigent. Les Lins cultivés pour le tissage
sont le produit d’un phénomène d’élongation; ils sont semés assez
serrés pour que, ne pouvant se développer dans tous les sens, ils ne
le fassent que dans celui de la longueur ; les Blés de Toscane, dont
on fait les chapeaux de paille, sont dans le même cas.
Je ne parlerai pas des hypertrophies axillaires qu’on appelle ren-
flements; is ne sont le plus souvent que des cas pathologiques : telles
sont les exostoses de certains arbres; cependant il faut considérer
comme un cas d'hypertrophie les exostoses coniques qui s'élèvent
sur les racines du Cyprès distique.
Une sorte d’hypertrophie qui est plus importante est la fasciation.
Les fascies sont des aplatissements de la tige ou des branches, qu’on
remarque plutôt dans les végétaux herbacés que dans les légumes.
Elles sont le résultat d’un développement en éventail des fibres lon-
gitudinales qui affectent une forme semi-fasciée. On en voit un exem-
ple dans la Celosia cristata où Amaranthe passe-velours, chez la-
quelle la fasciation est l’état normal; le Sedum cristatum est dans le
même cas. Les Euphorbes y sont sujets ; j'ai vu un bel individu de
Jasmin des Açores présentant une fascie large de 8 centimètres à la
partie supérieure, et qui produisait des fleurs toutes déformées. Les
Euphorbes y sont très-sujets. On les trouve encore dans plusieurs
Composées, qui ont une disposition assez prononcée à ce genre de
monstruosité. Quoique plus rares dans les végétaux ligneux, elles
ne sont cependant pas sans exemples. Les Fougères elles-mêmes pré:
sentent quelquefois cette singularité. On peut rapporter au même phé-
nomène l’aplatissement des branches des Xy/ophytlum, les feuilles des
Fragons, les phyllodes de certaines Mimosées de la Nouvelle-Hollande.
Ce qui mérite surtout d’être observé, c’est le balancement organiqug
dxevj INTRODUCTION.
qui fait que , par suite d’une solidarité réelle entre les organes , une
hypertrophie est accompagnée d’atrophie, et réciproquement. Rare-
ment, en effet, on verra ces déformations ne pas se présenter
simultanément. On peut dire que le balancement organique est une
loi féconde qui mérite d'être étudiée; c’est même à elle que nous
devons les fruits sans pepins ou sans noyaux, dans les Néfliers, les
Berberis, les Groseilliers , les semences avortées de certains fruits
dans lesquels le parenchyme s’est développé avec excès : tels sont les
Ananas, qui donnent dañs nos serres des fruits monstrueux, tandis
qu’à l’état sauvage le parenchyme est peu développé.
$ 2. Des anomalies par changement de forme.
Les déformations, ou altérations des lois de l'équilibre dans les végé-
taux symétriques, sontle résultat d’atrophie ou de développement en
moins, ou bien d’hypertrophie ou développement par excès. On trouve
dans cette série tératologique l’application de la loi du balancement or-
ganique, en vertu de laquelle l'excès et le défaut, l’atrophie et l'hyper-
-trophie, sont sans cesse le résultat l’un de l’autre ou existent simultané-
ment. Ce ne sont pas toujours les organes analogues qui sont le siége
de ce balancement, maisdes organes ou des portions d’organe différen-
tes; telles sont les atrophies des anthères, qui amènent l’hypertrophie
du filet, et vice versd. Les arrêts de développement sont encore le
résultat de déformations dans les organes binaires. Aïnsi, si un des
côtés du limbe d’une feuille s’atrophie, l’autre prend de laccroisse-
ment, ce qu’on trouve normalement dans certains végétaux à feuilles
symétriques. Un autre genre de déformation est celui qui porte sur
la figure de l’organe sans qu’il y ait inéquiparité ou diminution de
volume.
Les feuilles sont très-sujettes à la déformation : on trouve même
des végétaux, tels que le Màrier à papier, qui présentent des jeux
très-variés dans la figure de leurs feuilles. Le limbe est plus sujet que
le pétiole à se déformer; aussi trouve-t-on fréquemment sur une
même plante des feuilles de forme différente : les Choux, les Cam-
panules sont dans ce cas; les Synanthérées ont le plus souvent des
feuilles radicales différentes des feuilles caulinaires.
Les fleurs présentent des déformations assez remarquables, et je
eilerai, parmi les plus extraordinaires, celles des Choux brocolis et
INTRODUCTION. dxcvi]
des Choux-fleurs qui résultent de l’atrophie des fleurs, ségrégées
dans le Brocoli, et réunies en masse dans le Chou-fleur.
Les calices se déforment moins souvent que les corolles, bien
qu’on puisse regarder, comme une déformation calicinale digne’d’at-
tention, les monstruosités qui se développent dans toutes les Roses
mousseuses.
Parmi les monstruosités de forme assez fréquentes sont celles des
fleurs à éperon : souvent elles se perdent; celles qui, comme les
Antirrhinum , n’ont qu’une gibbosité sacciforme, se trouvent au
contraire munies d’éperons. Les Synanthérées à fleurs doubles of-
frent la déformation des fleurons réguliers du disque qui devien-
nent liguliformes, ce que nous voyons dans les Matricaires et les
Dablias, que nous ne connaissons plus à l’état primitif. Cette défor-
mation affecte plutôt la périphérie du disque que le centre.
Les étamines sont très-sujettes à la déformation, comme cela se voit
dans les fleurs dont la duplication est due à l’épanouissement en lames
des filets et des anthères, qui s’atrophient, tandis que les premiers
s’hypertrophient.
La déformation des ovaires est commune dans beaucoup de plantes
et présente des variétés très-bizarres, comme cela se voit dans
les Piments, qui affectent les formes les plus variées, et les fruits du
genre Citrus, quisont souvent très-bizarres. Les fruits de nos vergers
ne sont eux-mêmes variés que par la déformation du type primitif,
ce qui ne se voit au reste que pour les fruits à parenchyme épais,
quoique dans l’Amandier-Pêche il y ait un développement du paren-
chyme qui est quelquefois très-considérable. Les Cucurbitacées, et
nos Melons surtout, sont essentiellement mobiles dans leur forme :
les différentes espèces de Courges affectent une variété de structure
très-remarquable.
Sans faire de catégories pour les différentes déformations, nous
trouvons dans les feuilles les ondulations et la crispation du limbe
très-fréquentes , ainsi que cela se voit dans une variété d’Oseille et
dans un Rosier : les feuilles des Robiniers se crispent très-souvent sur
leurs bords, et les Choux, la Chicorée, affectent souvent la forme cris-
pée ou frangée; ce sont des effets de la culture.
La déformation en ruban se trouve fréquemment dans les plantes
aquatiques : la Renoncule aquatique en présente un exemple dans une
de ses variétés. La Sagittaire a des feuilles pétiolées à limbe distinct
dxeviij INTRODUCTION.
quand elle croit hors de l’eau, à tel point que plusieurs botanistes y
ont été trompés et les ont prises, les uns pour une Graminée, les
autres pour une Vallisnérie. Le Plantain d’eau est dans le même cas,
et la déformation de ses feuilles est la même; les Potamots à demi
submergés ont des feuilles à pétioles rubanés et sans limbe; les
phyllodes des Acacias, celles du Buplèvre difforme et de quelques
Oxalides sont dans le même cas.
Les déformations cucullées des feuilles de certaines plantes sont
dues à des phénomènes pathologiques, et c’est l’état normal des
Népenthès et des Sarracéniées. Souvent, dans les Renonculacées à
fleurs irrégulières, on trouve des déformations cucullées.
L'enroulement et la torsion sont des déformations qui se pré-
sentent souvent dans les organes axiles. Dans le premier cas, les en-
roulements sont souvent accompagnés de fasciations, mais souvent
aussi ils sont le résultat de piqüres d’insectes. Dans le cas de torsion,
c’est une déformation naturelle qu’on trouve très-développée dans
l’Orme appelé tortillard pour cette raison. Il existe dans nos cul-
tures une Rave en tire-bouchon appelée Rave tortillée ; elle se perpétue
par la semence.
Les pélories, au lieu d’être des déformations irrégulières, sont au
contraire des altérations de forme qui régularisent des organes irré-
guliers dans leur état normal. Les Linaires, dont la fleur est celle
d'un Muflier, se déforment régulièrement et affectent une forme
pentalobée ; le rudiment de la cinquième étamine se développe dans
ce cas, et, au lieu d’être didyname, la fleur est pentandre. La plu-
part des espèces de ce genre sont sujettes à des pélories; un Muflier
a présenté le même phénomène, qui se rencontre dans certaines La-
biées, dans les Rhinanthacées, et même dans des Balsamines et des
Violettes. Quelquefois les demi-fleurons des Synanthérées deviennent
réguliers par pélorie. Chaque fois qu’il y a pélorie, le type déformé
ressemble à un autre régulier : c’est ainsi que les Calcéolaires pélo-
riées ressemblent aux Fabiana, les Teucrium ont la forme des Campa-
nules, les Digitales celle du Tabac, et De Candolle regardait les Per-
sonnées comme une altération du type des Solanées, parce qu'elles
semblent par la pélorisation retourner à ce type.
Le contraire est plus rare : c’est-à-dire qu'on trouve plus de fleurs
irrégulières devenues symétriques par pélorisation que des fleurs ré-
gulières devenues asymétriques. Dans les pélories, il y a diminution
INTRODUCTION. dxecix
de volume, et souvent il y a dans le reste de la fleur des déforma-
tions concomitantes. Mais la pélorisation n’est qu’accidentelle, et
souvent un individu à fleurs péloriées redevient irrégulier à la flo-
raison suivante. On regarde, en général, les pélories comme un cas
particulier d’hypertrophie par excès d’alimentation.
$ 3. Des métamorphoses.
Le phénomène tératologique appelé métamorphose est un des
plus intéressants de la tératologie végétale; il consiste dans le chan-
gement de structure et de fonctions de certains organes appendicu-
laires qui se trouvent convertis en organes nouveaux, et exercent à
ce titre dans la vie du végétal qui en est atteint le rôle de l’organe
normal en lequel ils ont été métamorphosés. Cette belle théorie, ap-
pelée à jouer un grand rôle dans les études de physiologie végé-
tale, et à jeter du jour sur la véritable valeur des divers éléments
qui constituent l'individu végétal, a été exposée pour la première
fois par Wolf, qui annonça l'identité des organes élémentaires et leur
réductibilité à un type unique; mais cette belle découverte passa
inaperçue, et ce fut à la fin du dix-huitième siècle seulement que
Goëthe la reprit et lui donna, par la clarté et l'élégance de son mode
d'exposition et par la portée philosophique de ses aperçus, une va-
leur qu’elle n’avait pu acquérir qu'avec un interprète aussi illustre.
Il fallut néanmoins vingt années pour que ces idées pénétrassent
chez nous, et ce ne fut pas, comme on pourrait le croire, le résultat
d’une inspiration, mais autant de découvertes faites successivement
et à peu d’années de distance par des hommes qui n’avaient, non-
seulement aucune connaissance des travaux de Goëthe, mais ne se
connaissaient pas entre eux. Ce sont, en 1810, M. Pelletier d'Orléans;
en 1819, Dunal et De Candolle, et, en 1820, Turpin, ce botaniste phi-
losophe qui a mêlé tant d'idées profondes à de simples jeux de son
imagination. Depuis ce moment, il n’est pas un seul botaniste qui ne
s’en soit occupé, et c’est en effet une des branches les plus intéres-
santes de la physiologie végétale.
Ces métamorphoses sont de quatre sortes : les unes sont la transfor-
mation des organes fondamentaux entre eux; tels sont, 1° les chan-
gements d’étamines en pistils, et réciproquement; 2° des organes fon-
damentaux en organes accessoires , les changements des feuilles en
de INTRODUCTION.
épines; 3° des organes accessoires en organes fondamentaux , la mé-
tamorphose des aiguillons en feuilles; 4° des organes accessoires
entre eux : tel est le changement d’une glande en vrille ou d’une
vrille en glande.
Je ne donnerai à ces changements, quels qu’ils soient, que le nom
de métamorphoses, sans établir de distinction entre eux ni de priorité
dans les rapports organiques des diverses parties des plantes, qui sont
toutes parfaites, suivant le rôle que la nature leur a assigné. C’est
pourquoi je repousserai le nom de dégénérescence, qui ne peut s’en-
tendre que de l’abätardissement d’un organe plus élevé.
On a donné le nom de virescence à la métamorphose des organes
appendiculaires en organes foliacés, cas particulier d’hypertrophie
qui est très-commun et porte sur les bractées, les stipules, les
aiguillons, etc. La métamorphose des sépales, qui ont déjà une appa-
rence foliacée, se rencontre souvent dans les Renonculacées, les
Rosacées , les Primulacées, les Crucifères, les Papavéracées, et enfin
dans les végétaux dont l’appareil calicinal se prête à ce changement,
quand il y a excès de nutrition. Quoique moins fréquente dans les
corolles, on la trouve cependant encore, et l’on en cite d'assez nom-
breux exemples. Les étamines sont plus rebelles que les autres or-
ganes à cette métamorphose; mais les pistls et les carpelles, ces der-
niers surtout qui ont une structure foliaire, se prêtent fréquemment
à cette transformation, qui est très-commune dans les fleurs dou-
bles, et très-apparente surtout dans les Dahlias, les Renoncules et les
Anémones.
Les épines se métamorphosent assez souvent en feuilles, et je l'ai
remarqué plusieurs fois sur les Vinettiers du Népaul, dont les épines,
en avançant en àge, s’aplatissent et se convertissent en feuilles. La
conversion des stipules en feuilles n’a rien qui puisse surprendre,
leur structure s’y prêtant assez naturellement.
On comprend que ce genre de métamorphose ne produit pas
toujours des feuilles normales, et qu'on y doit trouver toutes les
nuances possibles de modifications.
On peut rattacher à la virescence les métamorphoses des divers or-
ganes floraux en sépales, à ceux de la structure foliacée des calices,
et c’est surtout dans les Monocotylédones qu’on trouve certaines
parties du périgone converties en sépales.
La pétalisation, où conversion en pétales des organes fondamen-
INTRODUCTION. dcj
taux ou accessoires, est une des métamorphoses les plus communes.
On peut regarder, comme appartenant à cette classe de phénomènes,
la coloration et la structure pétaloïde des bractées, dans la Sauge
hormin, les Hortensias, certaines espèces d’Euphorbes, entre au-
tres, le splendens, les Mélampyres, les Rhinanthes, les Justicia,
les Porphyrocomes; les calices des Ancolies, des Delphinium, des
Aconits, des Anémones, sont passés normalement à l’état péta-
loïde; les sépales des Orchidées brillent de couleurs aussi vives que
les pétales. Quant à la conversion des organes sexuels en pétales,
elle est si commune, que je ne ferai que la signaler : nos Roses,
nos Camellias, nos Pivoines, etc., nous en offrent journellement des
exemples, et l'on voit souvent des métamorphoses incomplètes; les
filets à demi dilatés portent encore à leur sommet une anthère sou-
vent parfaite; d’autres fois l’anthère est atrophiée et forme une
simple gibbosité ou une simple duplicature sur une nervure saillante
du filet pétalodé. Un des faits remarquables de la pétalisation, c’est
que, dansles Ancolies et les autres Renonculacées anormales, ce sont
les étamines qui se métamorphosent ; elles se convertissent en cornets
qui s’emboîtent les uns dans les autres; ce qui est une des belles
applications de la loi de Pépigénèse, et mérite l’attention des bo-
tanistes. Quelquefois, pourtant, comme dans les Ancolies stellées,
les pétales sont tout simplement plans. Le seul fait digne d’être
consigné ici, c’est que les fleurs polypétales doublent plus facilement
que les fleurs gamopétales ou monopétales; toutefois, parmi les po-
lypétales, on peut signaler, comme présentant pour exceptions des
exemples de duplicature, les Papilionacées et les Scrofulariées. Les
Ombellifères, les Géraniacées, les Polygalées, les Orchidées, ne dou-
blent jamais.
Il reste à décider si la pétalisation ést le résultat constant de la
métamorphose des filets, ou si l’anthère prend quelquefois le rôle
principal. M. De Candolle dit que les Clématites doublent par le filet,
les Renoncules par l’anthère, et les Ellébores par le filet et l’anthère.
Je crois que, dans le plus grand nombre des cas, le filet joue le rôle
essentiel , et que les autres parties de l’androcée ne font que suivre.
Au reste, la pétalisation est plus commune dans les familles polyan-
dres que dans les autres.
Il arrive plus fréquemment que les pistils, entraînés dans le mou-
vement qui produit la métamorphose, se convertissent en pétales,
TOME Y, INTRODUCTION. — Livraison aaaa. aaaa-
dci] INTRODUCTION.
cependant on en a des exemples très-remarquables. On peut, au
reste, regarder la pétalisation comme un cas particulier de dévelop-
pement par excès.
Les différents éléments qui entrent dans la composition de la fleur
se convertissent quelquefois aussi en étamines, ce qui constitue le
phénomène de staminisation : Cela se voit plus fréquemment dans les
pétales et les ovules. M. De Candolle a trouvé un Haricot dont les
ailes et la carène étaient métamorphosées en étamines. Chamisso
cite un fait semblable dans une Digitale, et j'ai eu pendant quatre
années dans mon jardin un pied de Muflier à fleurs pourpres, dont
toutes les fleurs étaient fendues jusqu’au calice; les deux bords libres
de la corolle portaient deux étamines anthérifères, parfaitement con-
formées, dont le pollen était fécondant, et qui ne différaient des au-
tres qu’en ce que le filet était soudé à la corolle. Ce phénomène per-
sistant m'avait donné l’idée de chercher à reproduire, par la semence,
cet individu monstrueux; mais le pied fut arraché à mon insu avant
que j'en aie pu récolter la graine. Les ovules se changent aussi assez
fréquemment en étamines; quelquefois c’est l’ensemble des car-
pelles, d’autres fois ce n’est qu'une partie de la feuille carpellaire.
La métamorphose en pistils, ou prstillisation, a lieu de deux ma-
nières : tantôt ce sont les enveloppes florales, d’autres fois et plus
fréquemment les étamines. La Joubarbe et les Crassula sont assez
sujettes à cette anomalie. Je conserve un long épi de fleurs mâles
de Maïs, dont une partie porte des graines parfaites, quoique petites.
On trouve quelquefois des fleurs complétement femelles, par suite.
de la métamorphose des élamines en pistils. Souvent l’anthère seule
se métamorphose; d’autres fois le filet participe à ce changement.
C’est dans l’étude du développement embryonnaire des fleurs uni-
sexuelles et polygames qu'il faut étudier ce phénomème qui mérite
l'attention des physiologistes. On doit y trouver sans cesse cette
conversion ou l’atrophie par résorption des organes destinés à dis-
paraître.
Les métamorphoses des organes accessoires, quoique moins im-
portantes, sont des cas particuliers d’atrophie qui présentent de
l'intérêt. L’avortement du limbe de la feuille ou des stipules donne
naissance aux vrilles, ce qu’on peut vérifier dans les Gesses ; d’au-
tres fois c’est le pédoncule, comme dans la Vigne, dont la vrille
porte quelquefois des fleurs atrophiées. Les écailles de certaines
INTRODUCTION. dei
plantes sont des atrophies plus complètes, qui laissent à la place de
l'organe avorté une ou plusieurs écailles affectant le plus souvent la
forme scarieuse. C’est à un phénomène semblable qu’est due la mé-
tamorphose en poils ; et peut-être même les aigrettes des Synanthé-
rées ne sont-elles que des folioles calicinales converties en poils par
avortement. Les pétioles, le limbe des feuilles, les stipules, et quel-
quefois même les pédicelles, se convertissent en aiguillons par atro-
phie avec induration. Quant à la métamorphose glandulaire , elle est
assez fréquente, et c’est l'organe réduit à son expression la plus
simple, et bien près d’une résorption complète.
La chloranthie est la métamorphose en bourgeons de tout l’en-
semble de l'appareil floral; rarement ce changement est partiel et
affecte un seul verticille. Dans ce cas, il présente, au lieu de fleurs,
une réunion plus ou moins compacte de feuilles. Cette anomalie, dont
on a de nombreux exemples, est plus commune dans les Crucifères,
les Graminées, les Cypéracées et les Juncaginées, que dans les au-
tres familles. Il arrive souvent que la chloranthie est le résultat de la
piqûre des insectes ou de la présence des Cryptogames du genre
Æcidium.
L’inverse a lieu dans certaines circonstances dont la cause nous est
inconnue : les bourgeons, au lieu de suivre leur mode accoutumé de
développement, se changent en boutons à fleurs, et la métamorphose
est assez complète pour que ces fleurs produisent des fruits.
Les Liliacées offrent un exemple assez fréquent de la métamor-
phose des fleurs en bulbilles ayant toutes les qualités requises pour
la reproduction, et l’on peut, à volonté, faire naître dans l’aisselle
des feuilles du Lis blanc des fruits, des graines ou des bulbilles en en
coupant la tige un peu avant la floraison, et en la suspendant la tête
en bas dans un lieu humide.
Dans les familles non bulbifères, il arrive qu’une semblable ano-
malie se présente ; mais les exemples sont rares.
On a reconnu que cette anomalie était le résultat constant d’une
hypertrophie de la graine ou de la production de bourgeons par
excès de nutrition, ce qui constitue une véritable viviparité;
la continuation de ce phénomène donne naissance à la proljfi-
cation.
Les monstruosités de disposition sont de trois sortes : 4° les sou-
dures, celles chez lesquelles il y a défaut de séparation; 2° les.
nf
dciv INTRODUCTION.
disjonctions par séparation anormale ; 3° les déplacements, par chan-
gement de situation.
Les monstruosités par soudure sont dues fréquemment à des atro-
phies ou des hypertrophies ; quelquefois on ne peut les attribuer ni
à l’une ni à l’autre de ces deux causes. Elles présentent ensuite
tous les degrés possibles de nuances : elles sont plus ou moins com-
plètes; ce qui ne doit pas surprendre , quand on songe à la variété
des accidents qui produisent ces anomalies.
On distingue avec raison deux sortes de soudures des organes
appendiculaires : celles qui ont lieu entre des organes appendiculaires
appartenant à un même verticille, ce que M. De Candolle a nommé
cohérence, et celles qui ont lieu entre des verticilles différents, qu’il
a appelées adhérence.
Les cohérences : ce phénomène est plus fréquent dans les organes
homologues, c’est pourquoiles feuilles sont de tous les organes ap-
pendiculaires ceux qui présentent les cohérences les plus fréquentes ;
le Fraisier monophylle en est un exemple. Quelquefois ce sont les.
lobes qui se soudent et affectent alors des formes bizarres. C’est sur-
tout par les bords que la cohérence a lieu. Les stipules présentent
aussi ces anomalies ; les calices polysépales deviennent gamosépales
par cohérence, de même que dans les corolles polypétales la soudure
accidentelle des pétales en fait des fleurs monopétales ; les étamines
se soudent par les filets ou les anthères, et l’on remarque dans la
cohérence de ces organes des cohérences très-variables. C’est un sujet
d'étude très-intéressant, parce que ces divers systèmes de soudures
présentent des cas analogues à certaines structures qui se retrouvent
normalement dans quelques genres et même quelques familles.
Les pistils offrent aussi de nombreux exemples de cette sorte de
monstruosité.
Quoique moins communes que les cohérences, les adhérences
ont cependant encore été observées plusieurs fois ; telles sont celles
des feuilles et des bractées, des pétales et des étamines, plus fré-
quentes que celles des sépales et des pétales, et celles des étamines et
des pistils, qui représentent alors la structure normale des végé-
taux que Linné a réunis dans sa gynandrie.
On a donné le nom de synophthies aux soudures qui ont lieu en-
tre les bourgeons; elles diffèrent des cohérences simples, en ce qu’elles
affectent l’ensemble des individus. Un des exemples les plus intéres-
INTRODUCTION. dev
sants de la tératologie végétale, est la soudure des embryons : elle
produit ou plusieurs embryons, dans une seule graine, ou bien la
cohérence de deux graines. C’est ainsi que, dans la famille des Au-
rantiacées, on a reconnu l’existence de plusieurs embryons dans la
graine du Citronnier, et l’on en trouve quatre dans celle de l’Oran-
ger, et de quatre à huit dans la variété appelée Pampelmousse. Les
Cycadées et les Conifères offrent aussi des exemples de la pluralité
des embryons. Quelquefois ces embryons sont distincts et groupés
symétriquement ; d’autres fois ils sont soudés ; dans ce cas, la germi-
nation présente des traces de cette cohérence. Les cotylédons sont
multiples ; d’autres fois il y en a un qui avorte, et même il y a cohé-
rence complète entre deux cotylédons.
Les synophthies des bourgeons sont plus fréquentes, et par cela
même soumises à un plus grand nombre de variations. Les co-
hérences ne sont souvent que superficielles, et, dans ce cas, ils se
développent parallèlement sans que l’anomalie persiste; ou bien il
y a synophthie complète de deux ou plusieurs bourgeons, et, dans
ce cas, les éléments qui les composent sont plus nombreux; mais
c’est aux dépens de la tige qu’a lieu ce phénomène. La synophthie
existe souvent avec la fasciation, et l’on comprend facilement com-
ment ce phénomène a lieu.
Je ne dirai que quelques mots de la synanthie, ou soudure entre
les fleurs, parce que cette cohérence, quoique commune surtout dans
nos arbres fruitiers, est soumise à la même loi que la synophthie :
comme cette dernière, elle est complète ou incomplète; et quand elle
est complète, les éléments en sont réunis d’une manière si intime,
qu’à part le volume de la fleur, qui est augmenté, elle a les carac-
tères normaux. Souvent aussi cette monstruosité n’a lieu qu'aux
dépens de certains organes qui s’atrophient; et, dans ce cas, on trouve
tous les nombres possibles dans cette combinaison. Les synanthies
offrent un exemple frappant de l’homologie : ce sont les organes
semblables qui se rapprochent et se soudent, et la loi des affinités
électives s’y remarque presque toujours ; il faut des ressemblances
de position ou de structure pour que les cohérences aient lieu. Les
synanthies avec soudure des verticilles dissemblables sont plus
rares ; mais elles ne sont cependant pas sans exemple. On peut dire
qu’en général la synanthie est plus commune dans les végétaux
dont les fleurs sont très-rapprochées , bien que cependant elle soit
dev) INTRODUCTION.
très-rare dans la grande famille des Composées, et les plantes à fleurs
distantes présentent même ce phénomène morphologique ; mais
dans ce dernier cas, il est rare qu’on trouve plus de deux fleurs sou-
dées ensemble. Cette anomalie de cohérence de trois et quatre fleurs
n’est cependant pas sans exemple. La loi des synanthies est encore
à découvrir , car ce n’est pas seulement une greffe causée par simple
compression.
La syncarpte, ou la soudure des fruits entre eux, est commune
dans nos arbres fruitiers, et se présente quelquefois dans les autres
végétaux : le Gleditschia triacanthos et le Cæsalpinia digyna en
offrent des exemples assez fréquents, pour qu’on puisse la regarder
comme une anomalie essentiellement propre à ces végétaux. On re-
marque que, dans la syncarpte, les fruits cohérents sont très-sou-
vent égaux : c’est encore une sorte de greffe. Quelquefois il arrive
que la cohérence est devenue si intime, qu’on distinguerait difficile-
ment les fruits l’un de l’autre. On distingue les syncarpies par les
fleurs cohérentes et par les fleurs distinctes : dans le premier cas de
sÿnanthie-syncarpie, le fait tératologique est plus intéressant.
Quelquefois un seul des fruits est resté adhérent à l'arbre qui le
porte, et la nutrition de l’autre n’a lieu que par l'intermédiaire du
premier. Quant aux syncarpies que présentent les Papilionacées,
elles proviennent de la monstruosité par cohérence des organes car-
pellaires, et l’on distingue difficilement les fruits soudés les uns des
autres ; c'est souvent une monstruosité par augmentation numé-
rique. On peut donc établir, pour loi générale, que la syncarpie ré-
sultant de la synanthie est plus complète que dans le cas de
simple cohérence.
La synspermie, ou soudure des graines, est soumise aux mêmes
lois, et souvent elle est le résultat de la multiplicité des em-
bryons.
On ne peut rapporter à la syraxie, ou cohérence des orga-
nes axillaires, que celle qui a lieu par suite de synophthie, c’est-
à-dire quand deux ou plusieurs bourgeons cohérents donnent nais-
sance à des axes ayant entre eux une cohérence manifeste, bien
que souvent il y en ait de frappés d’avortement. Quant à la cohé-
rence par simple juxtaposition, c’est une greffe en approche dont
on trouve dans nos forêts des exemples très-fréquents; c’est alors
un accident, et non plus un phénomène tératologique. La multiplicité
INTRODUCTION. dcvi}
des axes cohérents rentre dans la synazxte, et ne mérite pas de
mention spéciale.
Les disjonctions sont l'inverse des soudures ; elles ont lieu par aug-
mentation de séparation, ou par séparation anormale ; elles affec-
tent tous les organes appendiculaires, et ont presque toujours lieu
par la scissure des parties semblables, et de haut en bas. C’est ainsi
que des fleurs gamopétales deviennent polypétales, et que des fleurs
gynandres deviennent é/euthérandres ; il en résulte que ce phéno-
mène présente deux cas : la disjonction par scissure des parties, et
la séparation des organes soudés à l’état normal. Il y a donc des
disjonctions par division, ou dérésomérie, et des disjonctions par
isolement, é/euthéromérie.
On trouve d'assez nombreux exemples de diérésomérie danses or-
ganes foliacés:; c'est ainsi que dans la Mercuriale et le Lilas de Perse
les disjonctions sont assez multipliées pour que les feuilles soient laci-
niées. Les végétaux cultivés dans des terrains stériles présentent ce
phénomène, et l’excès de nutrition produit quelquefois le même ré-
sultat : ce sont donc encore les deux phénomènes opposés d’atrophie
et d’hypertrophie qui amènent la disjonction. Les pétales deviennent
bifides ou se déchiquettent par les mêmes causes, et l’on en voit des
exemples dans nos jardins, surtout dans les Pavots, les OEüllets , les
Tulipes : car la culture est un des puissants modificateurs des végé-
taux. Les organes sexuels, étamines et pistils, offrent le phénomène
de la disjonction, surtout par lhypertrophie, et c’est même l’état
normal des anthères du Myrtille.
L’éleuthéromérie est plus fréquente que la diérésomérie. Les
calices monosépales et les corolles monopétales deviennent poly-
sépales et polypétales par disjonction avec assez de facilité. La Pri-
mevère des jardins en offre un assez fréquent exemple, et, dans cer-
tains cas, cette anomalie est assez complexe pour tromper l'œil exercé
du botaniste. Assez souvent les corolles monopétales sont disjointes
dans tous leurs verticilles. Le Chèvrefeuille est sujet à cette disjonc-
tion. Je me rappelle avoir vu, à Versailles , une variété de Rhodo-:
dendron dont j’ai oublié le nom, dont la corolle était fendue jusqu’au
calice et simulait une véritable corolle polypétale; la grosse Campa-
nule, la Polémoine, les Azalées, les Digitales offrent des exemples de
disjonction assez fréquents. L’hybridisation en est encore une source,
devil] INTRODUCTION.
et l’on a remarqué l'éleuthéromérie dans des Gentianes, produite
par le croisement des espèces. |
Les étamines monadelphes des Malvacées deviennent libres quand
la fleur commence à doubler, et, dans les Papilionacées, le même
phénomène a lieu quand les fleurs se métamorphosent en bourgeons
foliacés ; mais elles-mêmes subissent cette transformation.
Dans les Crucifères , la disjonction des carpelles est assez fré-
quente. On peut même dire que l’éleuthéromérie se présente fréquem-
ment chez un grand nombre de végétaux ; mais presque toujours
elle a lieu avec transformation des enveloppes ovariennes en organes
foliacés. La conversion des ovaires en fruits ne change pas toujours
l’'anomalie, lorsque les disjonctions sont complètes, à moins que la
cohérence ne vienne rétablir l’état normal. On remarque que les
disjonctions sont plus fréquentes dans les péricarpes secs que dans
les fruits charnus, bien que ces derniers n’en soient pas exempts.
On en trouve des exemples fort bizarres dans les fruits de l’Oranger.
L'étude de la position des organes, base de toute classification, est
une des plus importantes de la botanique, puisqu’elle sert de point
d'appui à la classification. Il est donc d’un grand intérêt d'examiner
si elle varie, de pénétrer dans cette loi d’inversion pour voir l’en-
chainement des familles les unes aux autres, et de suivre la disposi-
tion symétrique des organes dans leurs différentes transformations.
L’ectopie, nom qui convient à ce genre de monstruosité, est moins
fréquente dans les végétaux que dans les animaux, car la nature tout
extérieure des organes des plantes permet plus difficilement cette
transposition. Toutes les causes que nous avons étudiées précédem-
ment, la compression, la torsion, la fasciation, l’atrophie, l’hyper-
trophie, les cohérences, peuvent amener le déplacement des organes.
I faut avouer que, sous ce rapport, nous ne connaissons qu’un petit
nombre de faits qui peuvent rentrer dans une des catégories que je
viens d'indiquer; mais il est important de signaler ce genre de méta-
morphose, parce qu'il peut jeter du jour sur bien des obscurités.
La diminution du nombre par avortement est plus commune : on
en trouve normalement des exemples dans les Renonculacées, telles
que la Ficaire , les Adonides , dont le nombre des pétales varie; dans
les végétaux polyandres, dont les étamines varient en nombre; dans
les Monotropées, dont le nombre des écailles et des étamines varie
INTRODUCTION. deix
de 2 à 10; dans l’Adoxa, qui a des fleurs à 4 et à 5 étamines; dans
l'avortement normal des ovules, dont quelques-uns seulement se dé-
veloppent. Ce qui se produit normalement, se présente accidentelle-
ment par atrophie; c’est seulement dans la comparaison des deux
systèmes normaux et anormaux qu'il faut chercher la loi de diminu-
tion du nombre.
L’avortement des feuilles est très-fréquent, et se trouve aussi bien
dans les feuilles simples que dans celles qui sont composées. Tantôt
un verticille, tantôt une spirale, peuvent être privés d’un ou de
plusieurs des éléments qui les composent dans l’état normal. L’a-
vortement complet, qu’on trouve dans quelques Acacias à phyllodes,
est une exception.
Les sépales du calice avortent quelquefois, mais moins souvent
que les pétales qu’on trouve diminués dans leur nombre. Quand il
y a avortement d’un ou plusieurs sépales, les pétales correspondants
avortent aussi. M. Seringe cite un Diplotaxis tenuifolia, dont deux
pétales avaient disparu par avortement, et M. Moquin-Tandon une
corolle de Pois réduite à l’étendard, ce qui le rapprochait de l’état
normal de lAmorpha. L’avortement des étamines est souvent con-
comitant avec celui des pétales; d’autres fois, c’est un avortement
purement staminal : on peut citer le Cerastium tetrandrum. Le
Mollugo cerviana, qui a cinq étamines au Sénégal, n’en a plus que
deux en France ; et, dans les monstruosités de la Digitale pourprée,
deux étamines ont disparu. L'état diandre des Sauges et de l’A{n-
thoxanthum odoratum est dù à un avortement qui est devenu nor-
mal. Les pistils et les fruits, plus sujets à la compression que les
autres verticilles, présentent aussi d’assez nombreux exemples d’a-
vortement.
L’avortement complet d’un verticille est assez commun dans l’é-
tat normal. Nous avons dans nos environs des végétaux, telle est
entre autres la Sagine apetala, qui manque quelquefois entièrement
de pétales, mais, malgré le nom qui lui a été donné, en présente
quelquefois. Un changement de climat, de station même, suffit
pour produire ce phénomène. Le Cerastium viscosum prend quel-
quefois des pétales aux environs d'Agen; la corolle du Ranunculus
auricomus avorte fréquemment en Thuringe, et dans le jardin
d'Upsal, le même phénomène a lieu pour la Campanula perfoliata
TOME I, INTRODUCTION. — Livraison bbbb. bbbh
dex INTRODUCTION.
et la Ruellia clandestina. Dans les Pyrénées-Orientales, lÆyuga iva
est privé de corolle.
L'avortement des étamines se présente fréquemment : l’£rica
tetralix en offre un exemple. On à remarqué, dans un grand nombre
de Chénopodiées des fleurs devenues femelles par avortement des
étamines, et dans les Composées cette monstruosité est assez com-
mune. Certaines variétés de Pommiers sont unisexuelles par avor-
tement de l’androcée,.
Ce qui a lieu pour les étamines se passe aussi pour les pistils, et
les fleurs de certaines plantes deviennent également unisexuelles
mâles par l’avortement des organes femelles. On cite le Torilis an-
thriscus, qui présente au centre de son ombelle, dont les pistils sont
avortés, des fleurs unisexuelles. Dans les fleurs doubles, les organes
femelles avortent très-fréquemment, surtout dans les Renoncules.
Le changement de climat fait quelquefois avorter les fruits, et
plus souvent les graines, ce qui a lieu par l'hybridisation.
On voit que l’avortement du verticille staminal produit des fleurs
unisexuelles ; celui des pistils, des fleurs unisexuelles mâles ; l’avor-
tement complet des deux verticilles, des fleurs neutres , et, quand le
phénomène n’est pas complet, des végétaux polygames.
L'avortement des organes axiles n’est jamais total, même dans les
plantes dites acaules, qui ont une tige très-courte, et qui devien-
nent caulescentes quand elles sont placées dans des circonstances
où leur tige rudimentaire présente le phénomène de l’hypertrophie
avec élongation; mais, par suite des influences ambiantes, les or-
ganes axiles secondaires ou tertiaires s’atrophient , et quelquefois
même avortent presque complétement. C’est le plus souvent un acci-
dent, qui ne mérite guère de prendre place dans la tératologie.
Les monstruosités par #ultiplication sont très-fréquentes : elles
ne sont pas le résultat de transformations, mais bien des organes
surnuméraires qui augmentent le nombre des éléments qui entrent
dans la composition d’un verticille, sans qu'aucun autre organe ver-
ticillaire ait disparu ou se soit transformé. Il ne faut pas les con-
fondre avec la disjonction, qui se reconnait à la structure même de
l'organe qui se trouve dimidié; tandis que, dans la multiplication,
l'organe surnuméraire présente une structure presque toujours nor-
male. Ainsi, l'existence d’une corolle dans des plantes apétales, l’her-
maphrodisme dans des végétaux unisexuels, sont des cas de multi-
INTRODUCTION. dcx)
plication. Dans les Linaires péloriées, la cinquième étamine est un
phénomène de multiplication, de même que les Véroniques triandres
ou tétrandres. Les pistils sont dans le même cas; c’est ainsi que la
Betterave, cultivée au Brésil, se développe souvent avec cinq stig-
mates. Dans les Chénopodiées normalement digynes, on trouve des
exemples de multiplication assez fréquents. Le nombre des car-
pelles est également sujet à la multiplication, et quelquefois ces indi-
vidus anormaux reviennent au type symétrique. On cite des Pru-
nus domestica à deux fruits, des Ombellifères à trois carpelles, et
des Cucurbitacées à quatre.
Les feuilles simples ou composées présentent des cas assez fré-
quents de multiplication, et il n’est pas rare de trouver des Trèfles
blancs à quatre, cinq folioles et plus; les stipules sont dans le même
cas. Les sépales sont plus rarement affectés de cette multiplication.
Les pétales se multiplient rarement, quoique je me rappelle avoir eu
dans mon jardin une OEnothère odorante qui, pendant une seule
année, donna des fleurs à cinq pétales.
Les étamines se multiplient facilement, surtout dans les végétaux
de la famille des Scrophulariées,' et je rappellerai l'existence de deux
étamines surnuméraires dans un Muflier affecté de disjonction : d’au-
tres fois, on remarque que la production d’étamines surnuméraires
vient de l’existence d’une étamine rudimentaire, et dans ce cas c’est
“un phénomène d’hypertrophie; mais, dans les végétaux polyandres,
l'accroissement du nombre des étamines est fréquent.
La multiplication des pistils est plus rare, mais non pas sans
exemple; car on voit dans le Midi le Creorum tricoccos avoir quatre
fruits, et aux Canaries le C. pulverulentum présente le même phé-
nomène.
Souvent la multiplication affecte des verticilles entiers, et, parmi
les végétaux qui offrent le plus souvent cette anomalie, il faut excep-
ter ceux qui ont des involucres ou des calicules ; mais ce phénomène
esten général accompagné d’atrophie des organes floraux ou des ver-
ticilles supérieurs. Le calice se multiplie rarement; la corolle est au
contraire fréquemment affectée de multiplication : les OEillets, les
Roses, les Renoncules sont dans ce cas. Dans la fleur multiple, tel
est entre autres le Datura fastuosa, et dans plusieurs Campanules, la
multiplication présente le phénomène remarquable de corolles em-
boîtées comme des cornets les unes dans les autres, Quelquefois cetta
dexi) INTRODUCTION.
multiplication a lieu sans disparition de l’androcée, d’autres fois
le verticille staminal manque entièrement; c’est alors, non plus une
chorise, mais une métamorphose. La multiplication du verticille sta-
minal est plus commune encore que celle de la corolle, surtout dans
les plantes qui ont un grand nombre d'étamines. Les verticilles pis-
tillaires et les fruits sont plus rarement affectés de chorise.
La prolification, qui rentre dans la multiplication, est un fait téra-
tologique dà le plus souvent à un excès de nutrition, et l’on en trouve
de très-fréquents exemples. On distingue deux sortes de prolifica-
tions : celle des fleurs, et celle des fruits.
Les fleurs frondipares , du centre desquelles il sort un bouquet
de feuilles, sont assez rares; on en cite cependant des exemples dans
les Roses, les Renoncules, les OEillets, les arbres fruitiers, les La-
biées, etc., tandis que les fleurs floripares sont communes. La proli-
fication est médiane quand elle se trouve au centre des organes,
axillaire quand elle vient dans les aisselles, et /atérale quand elle
se forme sur le côté des fleurs.
On pourrait multiplier les citations, si l’on voulait énumérer tous
les faits de prolification floripare médiane, dans lesquelles on voit
sortir d’une fleur une autre fleur qui a souvent le volume de celle
qu’elle surmonte : les Roses, les OEillets, les Anémones, les Renon-
cules, en offrent des exemples très-fréquents. Dans ce cas, il y a
avortement ou atrophie dans l’une ou l’autre des deux fleurs, et assez
communément c'est la fleur supérieure qui est atrophiée.
Les prolifications frondipares et floripares axillaires offrent les
mêmes caractères, et ne différent que par la position de la fronde ou
de la fleur supplémentaire, et elles présentent toujours des métamor-
phoses des organes sous-jacents ou périphériques.
Les prolifications latérales se rencontrent surtout dans les végé-
taux en ombelles ou en tête : elles naissent des supports de la fleur,
et l’accompagnent comme production surnuméraire. Les frondipares
latérales sont rares , les fleurs floripares latérales sont au contraire
très-communes; outre les Ombellifères, on peut citer les Scabieuses
et les Composées, qui en offrent de fréquents exemples. Un fait qui
mérite d’être signalé, mais s’explique de lui-même, c'est que ra-
rement elles sont accompagnées de métamorphoses, d’atrophie ou
d'hypertrophie.
Il est rare, mais pourtant pas sans exemple, que les fleurs proli-
INTRODUCTION. dexii}
fères soient fécondes, et dans ce cas les fruits sont disposés à la pro-
lification.
Les fruits prolifères, qui peuvent résulter des trois modes de
prolification , sont frondipares, où portent des organes foliacés ; /o-
ripares, des fleurs; fructipares, des fruits.
On trouve des exemples fréquents de Poires frondipares, et le
Mélèze est sujet à cette anomalie; mais, dans les premières, la prolifi-
cation est médiane, et dans l’autre latérale. C’est encore la Poire qui
fournit un exemple de foriparité ; quant aux fruits doubles, ils sont
assez communs : le célèbre Pommier de Saint-Valery, qui est dioïque
et qui réunit tous les genres possibles d'anomalies, d’avortement, de
multiplication, de villosité, et qui n’est fécondé qu’artificiellement,
est un des plus curieux exemples de prolification fructipare avec pé-
nétration et fusion. On a remarqué le même phénomène dans le Fro-
ment et d’autres Graminées, et parmi les Cypéracées. On trouve dans
les Orangers la fructiparité incluse, c’est-à-dire qu’un fruit en con-
tient d’autres dans son intérieur ; les Pommes, les Poires, les Melons,
les Passiflores, présentent également cette curieuse anomalie; on a
même trouvé plusieurs fruits les uns dans les autres, et Turpin cite
la Pomme-Figue dans laquelle les fruits sont emboités par trois,
comme les tubes d’une lorgnette.
La multicaulité ou polycladie est une multiplication d’un axe
unique en un nombre infini de petits rameaux qui s’entrelacent et se
soutiennent; on cite l’exemple d’un Ormeau, d’un Broussonetia et
de plusieurs autres arbres. C’est plutôt un fait accidentel qu’un véri-
table fait tératologique.
J'ai réuni le plus de faits généraux possible sur les phénomènes
tératologiques, bien que je doive avouer que cette branche de la
science est encore fort peu avancée; mais j'ai cru devoir m’étendre
sur ce sujet pour appeler l'attention des botanistes sur les anomalies
végétales, et les inviter à rechercher si, dans les types asymétriques,
on ne revient pas constamment au type symétrique par l’observa-
tion des apparitions anormales. C'est sur les végétaux à organes re-
producteurs variables qu’il faut chercher la loi qui préside à ce jeu
incessant des métamorphoses.
dexiv INTRODUCTION.
CHAPITRE XXVIIL.
DE LA TAXONOMIE.
J’adopte le mot ‘axonomie comme le plus usité dans la langue des
sciences , bien qu'avec Desvaux je croie le mot #axologie plus con-
forme à l’idée qu’on veut représenter. Cette branche de la science
traite des associations établies dans les végétaux comme une néces-
sité de la méthode pour se reconnaître à travers le dédale des trans-
formations sans nombre auxquelles est soumise la matière organique.
Je reproduis la partie botanique d’un article sur l’Espèce, qui a paru
en 1844 dans le Dictionnaire universel d'Histoire naturelle, en en
éliminant les passages trop spécialement relatifs à la zoologie et les
parties de polémique brûlante. Revenu à des idées plus calmes,
je ne crois pas qu’il y ait dans ce monde une opinion scientifique
qui oblige à descendre dans la lice l’épéé au poing et la dague au
côté, ou à soulever des discussions âcres et passionnées semblables
à celles dont le corps savant le plus respectable nous a donné un
exemple; j’expose simplement mes doutes, en laissant à chaque
école le soin de défendre ou de soutenir ses théories. Ne voyant
partout qu'incertitude, je ne puis, dans une circonstance aussi grave,
affirmer ou nier absolument; je me borne à l’histoire des faits sans
faire un seul pas de plus.
De tous les termes employés en histoire naturelle , le mct Espèce
est celui qui a soulevé le plus de controverses et sur le sens réel
duquel on est le moins d'accord. Mais il ne s’agit pas ici d’une
simple dispute de mots reposant sur une vue de l'esprit. L’idée atta-
chée au mot Espèce divise depuis bien des siècles les naturalistes
en deux écoles antagonistes, qui le seront tant que l’une refu-
sera de voir les faits et se retranchera derrière des « ‘priori, et que
l’autre persistera à s’appuyer sur l'observation et ne croira qu’à l’a
posteriori. Néanmoins, à part le sens qu’ils y attachent, les natura-
listes des deux camps s’en servent également; mais les uns, enchai-
nés par une pensée étrangère à la science , affirment non-seulement
que l'Espèce est une réalité, mais encore qu’elle est immuable et
qu'elle a existé de tout temps. Ils la regardent comme l’unité orga-
INTRODUCTION: dexv
nique par excellence, et accusent d’aveuglement et d'erreur ceux
qui refusent d’y croire. Les autres, au contraire, s’appuyant sur les
faits et secouant le joug de toute autorité que n’avoue pas la raison,
nient la réalité de l’Espèce et ne voient dans la nature que des in-
dividus. Ils ont été peut-être un peu trop absolus dans leurs affir-
mations , erreur qui leur est commune avec leurs adversaires ; car
l'absolu n’est pas philosophique; et, tout en défendant cette doc-
trine, on peut laisser au doute la part qu’il doit avoir dans les théo-
ries humaines.
Cette question se divise en quatre parties distinctes : 4° les Espèces
sont-elles des types existant depuis l’origine des êtres, et destinées
à traverser les siècles sans s’altérer ; en un mot, sont-elles éternelles
et immuables ? 2° les Espèces ainsi définies sont-elles limitées par des
caractères rigoureux ? le criterium établi pour les déterminer est-il
infaillible, et est-ce bien de lui qu’on se sert dans la diagnose ?
3° les caractères extérieurs et tous ceux reconnus variables par tous
les naturalistes ne sont-ils pas au contraire ceux employés pour dis-
tinguer les Espèces entre elles? 4° si les partisans de l’existence
empirique de l’Espèce ont raison, que doit-on entendre par Espèce,
et quel rôle doit jouer l’Espèce dans la méthode?
Voici comment s'exprime à ce sujet un zoologiste qui s’est fait le
représentant des doctrines affirmatives (M. Hollard, Vouveaux élé-
ments de Zoologie) :
« L'élément que nous offre immédiatement la nature est lindi-
vidu...; mais l'individu n’est pas, comme le disent certaines écoles,
la seule réalité naturelle : autrement l'humanité serait une fiction,
et toute société serait impossible. Par delà l’individu se trouve l’Es-
pèce, l’Espèce non moins réelle que l'individu, bien qu'elle ne se
circonscrive pas, comme celui-ci, dans l’espace et dans le temps de
manière à tomber sous nos yeux sous une forme concrète. Nous dé-
finirons donc l’Espèce, un type d'organisation, de forme et d'activité
rigoureusement déterminées qui se multiplie dans l'espace et se
perpétue dans le temps par génération directe et d’une manière in-
définie. »
Cette définition a le défaut de toutes les abstractions : c’est d’être
vague, et c’est, il faut le dire, le vice introduit dans la langue phi-
losophique par l’école allemande, savante il est vrai, mais trop
spéculative, et qui prend trop souvent les mots pour des idées. Par
dexv) INTRODUCTION.
malheur, l'école française, qui avait toujours été renommée pour sa
clarté et sa précision, est tombée dans cette erreur, et la langue à
gagné en complication ce qu’elle a perdu en lucidité et en logique.
Buffon a défini l’Espèce : « Une succession constante d’individus
semblables entre eux et capables de se reproduire. »
Ainsi, dès le principe , l’Espèce fut déclarée avoir pour caractères
essentiels : 4° la ressemblance ; 2° la succession par voie de généra-
tion.
Cette formule a été considérée par la plupart des zoologistes comme
un criterium infaillible, et ils l'ont tous adoptée. Cuvier, qui avait
commencé par douter et fini par affirmer, a exprimé de la manière
suivante le caractère auquel on distingue l’Espèce : « La réunion
des individus descendus l’un de l’autre, ou de parents communs, et
de ceux qui leur ressemblent autant qu'ils se ressemblent entre eux.»
De Candolle a adopté une formule à peu près semblable : « L’'Es-
pèce, dit-il, est la collection de tous les individus qui se ressemblent
plus entre eux qu’ils ne ressemblent à d’autres ; qui peuvent, par une
fécondation réciproque, produire des individus fertiles, et qui se
reproduisent par la génération de telle sorte, qu’on peut, par analogie,
les supposer tous sortis originairement d’un seul individu ou d’un
seul couple. »
Pourtant le même auteur, d’accord sur ce point avec Buffon et
Cuvier, qui l'avaient, avant lui, formulé à peu près dans les mêmes
termes, quoique d’une manière plus absolue, ajoutait : « Cette idée
fondamentale est évidemment fondée sur une hypothèse; mais elle
est cependant la seule qui donne une idée réelle de ce que les na-
turalistes entendent par Espèce. Le degré de ressemblance qui nous
autorise à réunir les individus sous cette dénomination est très-
variable d’une famille à l’autre ; et il arrive souvent que deux indi-
vidus qui appartiennent réellement à la même Espèce diffèrent plus
entre eux en apparence que des Espèces distinctes : ainsi l° Épagneul
et le Chien danois sont, à l'extérieur, plus différents entre eux que
le Chien et le Loup, et les variétés de nos arbres fruitiers offrent
plus de différences apparentes que bien des Espèces : les différentes
variétés de Pêchers, de Poiriers , de Pommiers , se distinguent par
le bois, les feuilles et le fruit; cependant elles sont issues d’une
souche commune. »
Après les naturalistes qui ont cru à l’existence absolue de l’'Es-
INTRODUCTION. dexvi]
pèce, viennent des hommes éminents de toutes les époques qui ont
exprimé nettement leur doute sur l’existence réelle de l’Espèce, con-
sidérée comme type de l’unité organique.
Linné, le réformateur de la science, a exprimé ce doute dans ses
Amænitates acad. (vol. VI, p. 296). Il dit : « Depuis longtemps je
suppose, et comme je n'ose l’affirmer, je présente mon opinion
comme une hypothèse, que toutes les Espèces d’un même genre ont
formé dans le principe une seule Espèce ; mais que, s’étant propagées
par des générations hybrides, de même que tous les congénères
sont issus d’une même mère, des pères différents ont engendré les
diverses Espèces. »
Après lui vient Lamarck, connu comme le représentant le plus fran-
chement avoué de la non-existence de l’Espèce. Il a émis cette opi-
nion dans ses écrits les plus philosophiques, et il en ressort néces-
sairement une croyance formelle à l’individualité des êtres :
« On a appelé Espèce, dit-il (PAilosophie zoologique, vol. I, p. 54
et suiv.), toute collection d'individus semblables qui furent pro-
duits par d’autres individus pareils à eux. Cette définition est exacte;
car tout individu jouissant de la vie ressemble toujours, à très-peu
près, à celui ou à ceux dont il provient. Mais on ajoute à cette
définition la supposition que les individus qui composent une Espèce
ne varient jamais dans leur caractère spécifique, et que conséquem-
ment l’Espèce a une constance absolue dans la nature. C’est uni-
quement cette supposition que je me propose de combattre, parce
que les preuves évidentes obtenues par l'observation constatent
qu’elle n’est pas fondée... Elle est tous les jours démentie aux
yeux de ceux qui ont beaucoup vu, qui ont longtemps suivi la na-
ture, et qui ont consulté avec fruit les grandes et riches collections
de nos Muséums.…. Les Espèces des genres (nombreux en Espèces),
rangées en séries et rapprochées d’après la considération de leurs
rapports naturels, présentent, avec celles qui les avoisinent, des dis-
semblances si légères, qu’elles se nuancent, et que ces Espèces se
confondent, en quelque sorte, les unes avec les autres, ne laissant
presque aucun moyen de fixer par lexpression les petites diffé-
rences qui les distinguent... Par la suite des temps, la continuelle
différence des situations des individus dont je parle, qui vivent et
se reproduisent dans les mêmes circonstances, amène en eux des
différences qui deviennent en quelque sorte essentielles à leur être,
TOME 1, INTRODUCTION. — Livraison ccce. cecc
dexvii (NTRODUCTION.
de manière qu’à la suite de beaucoup de générations qui 8e sont
succédé les unes aux autres, ces individus, qui appartenaient Origi-
nairement à une autre Espèce, se trouvent à la fois transformés en
une Espèce nouvelle distincte de l’autre... Pour l’homme, qui ne
juge que d’après les changements qu’il aperçoit lui-même, ces mu-
tations sont des états stationnaires qui lui paraissent sans bornes, à
cause de la brièveté d’existence des individus de son Espèce...
Parmi les corps vivants, les Espèces n’ont qu’une constance relative
et ne sont invariables que temporairement. »
Telle est l’opinion d’un des plus profonds naturalistes dont s’ho-
nore la science française.
Desvaux dit en traitant ce sujet : « Nous ne pouvons croire à
l’'Espèce en général, telle qu’on l’a définie; mais nous croyons indis-
pensable la distinction qu'on en fait; sans cela tout rentrerait dans
la confusion comme au premier temps de l'étude des végétaux.
« Pour prouver la stabilité de l’Espèce à laquelle notre expérience
ne peut plus nous permettre de croire, on s’est appuyé de ce que les
anciens ont dit des végétaux qu’ils connaissaient ; mais à cet égard
les Romains et les Grecs ne mettaient pas plus de précision que les
habitants de nos campagnes n’en mettent dans la connaissance des
Espèces végétales : pour eux la Fumeterre se composera toujours
des cinq ou six espèces que le botaniste est parvenu à y distinguer ;
on peut même croire que les anciens ne voyaient comme Espèce no-
minale que ce que nous traitons maintenant de Genre.
« Si l’on se contentait de définir l’Espèce « une réunion d’'indivi-
dus se ressemblant en général dans toutes les parties essentielles et
par les qualités principales, mais pouvant offrir des variations dans
la forme ou dans la coloration de quelques-unes de ces parties (4),» il
(1) Avant de discuter la question des distinctions spécifiques, Desvaux a énuméré
les différentes sortes de variations qui permettent d'établir, avec autant d’exactitude
qu'il est possible, les caractères qui distinguent l’Espèce de la Variété.
Ces variations se rapportent à quatorze classes particulières :
1° Les variations de couleurs, qui n’influent en rien sur les formes générales des
appareils du végétal, de manière qu’il est toujours facile de ramener à leur type com-
mun les individus qui offrent sous ce rapport quelques particularités.
2" Les variations de saveur, qu'on remarque dans les végétaux qui sont restés long-
temps soumis aux influences de l’industrie de l’homme. Le botaniste n’en peut tenir
aucun compte, qu'autant qu’elles se trouvent accompagnées des caractères d’un autre
ordre et dont la fixité soit reconnue.
INTRODUCTION. dexix
est certain que l'on en donnerait l’idée la plus exacte et la plus ad-
missible ; mais si l’on y ajoute que dans l’Espèce les individus ont la
propriété de continuer la reproduction par la graine, la nature et
l'expérience sont là pour donner le démenti à ceux qui veulent la
renfermer dans de semblables limites. Il pourrait même bien arriver
encore qu'on s’entendit pour la définition; mais, arrivés à l’applica-
tion, nous avons la certitude qu'il y aurait impossibilité de la faire
dans beaucoup de circonstances. »
Je citerai après lui l'opinion de Duhamel du Monceau, celle de
Féburier, de Poiteau, de Sageret, etc., qui nient la fixité de l’Es-
3 Les variations des odeurs, qui ne peuvent suffire pour caractériser une variété
et à plus forte raison pour signaler ce qu’on nomme une Espèce.
4° Les variations dans l'aspect des surfaces, telles que la présence des poils, de la
pruine qui donne une teinte glauque aux espèces qui en sont couvertes, des glandes, des
villosités, du gonflement de la surface des feuilles : tous caractères qui ne constituent
souvent que des variations.
* 5° Les variations résultant de la direction des parties, telles que la verticalité,
l'horizontalité ou le renversement des rameaux, qui ne sont que des caractères de va-
riations.
& 6° Les variations qui résultent de l'armature ; les aiguillons et les épines ne cons-
tituent souvent que de simples variations.
7° Les variations tenant aux proportions des parties ; les variations de hauteur,
de grosseur, affectant la plante entière ou quelques-unes de ses parties, ne sont pas des
caractères d’Espèces, mais de simples variations.
8° Les variations tenant à la forme des parties ; les changements dans le nombre,
la forme et la division des parties, la production ou l’absence de parties accessoires,
telles que des éperons, des tubes, etc., sont de simples variations.
90 Les variations dans la consistance, qui tiennent au milieu ou à la culture, ne
sont pas encore des caractères spécifiques.
10° Les variations dans le nombre des parties ne peuvent avoir d'importance que
quand ces modifications se présentent concurremment avec d’autres dispositions.
11° Les variations tenant aux habitudes, phénomènes de station ou de climat qui
modifient à la longue un végétal sans pour cela lui imposer des caractères spécifiques.
12° Les variations relatives à la durée. La durée ne peut pas fournir une distinc-
tion rigoureuse ; car dans quelques circonstances elle est variable, suivant les change-
ments de station ou de climat; les végétaux sont annuels ou vivaces sans que cette
propriété fasse autre chose qu’une simple variété de durée.
13° Les variations dépendantes des difformités, qui existent dans la tératologie,
et affectent toutes les parties de la plante.
14° Les variations dépendantes de la stérilité. Ces variations, quoique plus impor-
tantes, ne constituent pas toujours des différences spécifiques; la polyæcie en est une
preuve, et il peut se produire dans les verticilles internes des avortements qui stérili-
sent certaines fleurs.
dexx INTRODUCTION.
pèce, et j'y ajouterai celle de Poiret (Leçons de Flore, p. 251), que
je reproduis d’autant plus volontiers, que quelques pages plus haut il
niait l'individu comme type d’unité organique :
« Outre les causes locales, dit-il (qui peuvent produire de nou-
velles Espèces), on peut encore ajouter le grand nombre d’étamines
dont la plupart de ces plantes sont pourvues (les Bruyères, les Gé-
raniums, les Ficoïdes, les Euphorbes, etc.), d’où il doit résulter,
quand leur poussière est dispersée par les vents, si violents dans ces
contrées (au Cap), un mélange favorable à la production des plantes
hybrides. Nous voyons, en effet, que les genres les plus nombreux
en Espèces sont, la plupart, les plus fournis d’étamines : tels sont
ceux cités plus haut, ainsi que les Mimosas, les Rosiers, les Renon-
cules, les Anémones, les Cistes, etc. Ces genres grossissent tous les
jours et renferment, de plus, un nombre considérable de variétés. »
Il résume sa discussion (p. 255) par une série de propositions,
dont je me bornerai à énoncer la première, comme celle qui fait le
mieux connaître la pensée de l’auteur : « 1° Il se forme, quand les
circonstances sont favorables, de nouvelles Espèces de plantes à la
surface du globe, soit par le changement de localité, soit par le
moyen d’autres Espèces congénères. »
M. Is. Geoffroy-Saint-Hilaire a nettement exprimé son doute sur
cette question dans son /Æéstoire des Anomalies, 1. IX, p. 606. « Le
système de la fixité; des Espèces, dit-il, en d’autres termes, cette
hypothèse toute gratuite que les Espèces aujourd’hui existantes ont
été créées initialement, et se sont transmises immuables depuis leur
origine, est encore la base presque universellement admise en zoo-
logie. La définition de l’Espèce, telle qu’elle est presque partout
reproduite, est fondée sur cette pure abstraction; et c’est sur la défini-
tion de l’Espèce que s’élèvent, à leur tour, successivement, les défi-
nitions du genre, de la famille et de tous les groupes supérieurs. IL
est donc vrai de dire que l’échafaudage tout entier de la classifica-
tion zoologique repose sur une base bien peu solide, puisqu'il est
suspendu sur le vide... L'hypothèse de la fixité des Espèces est à son
tour devenue l’origine de tous ces abus de la doctrine des causes
finales qui, pour la plupart des zoologistes, ont si longtemps tenu
lieu (il aurait fallu dire &ennent encore lieu) de toute philosophie. »
Je regrette de ne pouvoir citer tout ce passage, écrit à un sage point
INTRODUCTION. dcxx)
de vue philosophique; on y reconnaît une étroite communauté de
pensée avec son père et Lamarck; ce n’était pas à lui de déserter
une si belle cause.
Ainsi les opinions les plus divergentes sont clairement établies :
1° les uns soutiennent l'éternité et l’immutabilité des Espèces ;
2° d’autres, leur fixité, sans remonter plus haut que l’observation
actuelle, et se contentant de cette preuve; 3° certains croient à
Espèce, mais à sa variation incessante par suite des modificateurs
ambiants et du croisement des Espèces congénères; 4° un petit nom-
bre de naturalistes, et l’on trouve parmi eux les hommes du plus
haut mérite et de la plus noble-indépendance, nient l’Espèce abso-
lue, et ne voient que des individus soumis à toutes les modifications
superficielles ou profondes que produisent les agents extérieurs, et
groupés, pour les besoins de l’étude, en coupes arbitraires de diffé-
rents ordres; opinion que je crois conforme à l’observation.
Je ne m’arrêterai pas à réfuter longuement l'opinion des natura-
listes qui soutiennent l’éternité des Espèces, et qui voient dans les
êtres organisés une création faite d’un seul jet, et se perpétuant
sans altération depuis près de s/x mille ans : toutes les preuves géo-
logiques sont contre eux, et je ne sais comment ils peuvent, en pré-
sence de tant de faits qu’eux-mêmes enregistrent et étudient, soute-
nir leur opinion. Tout annonce dans les corps vivants, animaux ou
végétaux, un modèle primitif varié à l'infini, remanié sous toutes les
formes, et s’élevant des plus simples aux plus complexes, conformé-
ment à une loi d'évolution si capricieuse en apparence, qu'elle
échappe à toutes nos tentatives de méthode.
Après les naturalistes qui croient à l’éternité de l’Espèce, viennent
des hommes plus sérieux : ce sont ceux qui, sans remonter si haut,
se contentent de soutenir l’immutabilité des Espèces. Il n’y aurait au
fond qu’un seul point à examiner dans leur criterium : celui de la fé-
condité des produits, puisqu'on a vu par ce qui précède qu’eux-
mêmes ont éliminé la ressemblance comme un caractère incertain.
Mais comme ils ne peuvent, faute de vérification possible de ce cri-
terilum, avoir recours à cette preuve, et qu'ils fondent leurs Espèces
sur des caractères purement empiriques, c’est une question à exami-
ner avant tout. Les modificateurs ambiants, tels que la chaleur, la lu-
mière, le climat, la nourriture, la domesticité, ne sont, pour Cuvier
et les hommes de son école, que les causes qui déterminent les varié-
dexxi) INTRODUCTION.
tés d’une Espèce, et suivant eux elles n’agissent que sur les ca-
ractères les plus superficiels, tels que la couleur, l’ahondance du poil
la taille de l’animal, etc.
Si nous examinons les végétaux, nous verrons que les caractères
spécifiques ne sont pas établis sur le criterium solennellement re-
connu, mais sur des caractères empiriques essentiellement variables.
Ainsi les caractères spécifiques sont : la tige et sa nature ligneuse ou
herbacée, simple ou rameuse, sa durée, son glabrisme ou sa villo-
sité, ce qui se rapporte à toute la plante; ses feuilles, leurs formes,
leur position, leur couleur, l’absence ou la présence du pétiole, le
mode d’inflorescence, la forme, le nombre des divisions, la couleur
du calice ou de la corolle, le nombre des étamines, celui des stigma-
tes, la forme du fruit, le nombre de ses divisions, la nature de la
graine, etc.
Or, voyons si ces caractères sont réellement des formes fixes, et
si les mêmes causes qui font varier les animaux n’agissent pas sur
les végétaux. Nous ne prendrons pour exemple que les Phanéroga-
mes; quant aux Cryptogames, ils ont des formes moins fixes encore :
témoin les travaux si contradictoires des naturalistes qui s'occupent
de cette partie de la botanique, leur confusion et leur embarras.
Les variations que présentent les végétaux sont bien plus nom-
breuses que chez les animaux, parce qu’étant privés de la loco-
motilité, ils ne peuvent se soustraire aux influences qui les impres-
sionnent.
Sans prendre un à un les exemples qui contredisent la valeur des
caractères spécifiques, je me bornerai à examiner les faits bien cons-
tatés de modification profonde. Quoique ces modifications affectent
les organes appendiculaires plutôt que les organes axiles, on voit les
caractères varier dans des limites inconnues. On sait que, dans les
terrains maigres et stériles, les tiges se chargent de rameaux courts
et divergents, tandis que, dans un terrain gras ou humide, elles se
dressent, se développent et deviennent d'autant plus simples, qu’elles
sont plus vigoureuses. La durée et la consistance de la tige dépen-
dent également de circonstances ambiantes : ainsi beaucoup de vé-
gétaux, vivaces dans les pays tropicaux, sont annuels dans notre
climat. Le Ricin, annuel et herbacé chez nous, est déjà un arbre
dans nos départements méridionaux; le Réséda est dans le même
cas. Celte plante, qui, chez nous, est un végétal à tige grêle et cou-
INTRODUCTION. dexxii]
chée, que tuent les premiers froids, devient ligneux en serre tem-
pérée et forme un arbuste. En Angleterre, on trouve des Résédas hauts
de 2 à 3 mètres, et qui durent dix ans : On sait qu'on peut, en sup-
primant les fleurs d’une plante annuelle, la rendre bisannuelle ou
trisannuelle. Certaines torsions axillaires accidentelles se sont perpé-
tuées et ont fini par former une variété constante : témoin l’Orme
tortillard.
La taille des végétaux dépend encore de l’influence des milieux :
l’Oseille des neiges, Rumex nivalis, trouvée en 1836 par M. Moritzi
sur les montagnes de la Suisse, à la limite des neiges, était haute à
peine de 3 pouces dans son pays natal, et est devenue grande de
plus d’un pied dans les jardins de Soleure. Mais cette espèce, qu’on
avait prise d’abord pour le Rumex acetosa , est dioïque, tandis que
la dernière est dicline.
Les racines sont dans le même cas; elles changent surtout de vo-
lume et de couleur; quelques-unes, comme la Rave tortillée, sont
tordues. Les racines de Betterave, de Navet, de Carotte, de Radis,
incolores dans l’état de nature, deviennent, par la culture, rouges,
jaunes ou noires, et conservent cette coloration acquise. Au bout de
trois années, un de nos horticulteurs marchands à obtenu une Ca-
rotte à racine succulente, en cultivant dans ses jardins le Daucus
sauvage.
Les épines disparaissent, comme on le sait, par la culture : aussi
Linné a-t-il dit, dans sa Philosophie botanique, $ 272, ouvrage qu’on
lit trop peu : Spinosæ arbores cultura sæpius deponunt spinas in hor-
tés; celles qui existaient au moment de la plantation persistent, et
les autres se changent en rameaux; nous avons dans nos jardins de
nombreuses variétés inermes de plantes épineuses. Nous trouvons
même à l’état sauvage une variété sans épines du Prunus spinosa et
du Rubus fruticosus. Si, au contraire, on renverse ces conditions,
et qu’on mette certains arbres dans une mauvaise terre, il s’y déve-
loppera des épines.
La villosité et le glabrisme se produisent encore par des change-
ments de milieu. Les exemples en sont très-fréquents : ainsi les vé-
gétaux des montagnes, transplantés dans les plaines, perdent leur
villosité et deviennent glabres, ce qui est le résultat d’un excès de
nutrition, et la production de la pubescence a lieu dans des cir-
constances inverses. Linné a remarqué que la Persicaire, qui est
dcxxiv INTRODUCTION.
glabre quand elle croît au bord des eaux, devient rude et hérissée
de poils dans les lieux secs. Le Serpolet, glabre dans nos champs,
devient velu dans les sables maritimes. Nous trouvons dans nos en-
virons une variété pubescente du Prismatocarpus speculum , de
l'Isatis tinctoria, du Thymus serpyllum et du T. acinos ; une variété
terrestre à feuilles rudes et velues du Polygonum amphibium à tige
et feuilles glabres ; une variété glabre du Jasione montana ; une autre
à feuilles vertes et presque glabres de l'Oxopordum acanthium.
Les feuilles subissent aussi d'innombrables variations par suite de
l'influence des agents extérieurs et des excitateurs internes ; pourtant la
feuille estun des principaux organes choisis pour établir une Espèce :
on dit : à petites feuilles, à grandes feuilles, à feuilles linéaires, etc. ;
je citerai parmi les faits contradictoires le Broussonetia papyrifera
et le Polygonum aviculare, dont toutes les feuilles diffèrent entre
elles; le Sureau lacinié, qui est une variété du Sureau commun; deux
variétés à feuilles lancéolées et elliptiques du Phyteuma orbicularis ;
une à feuilles crépues du Lepidium salivum ; une autre à feuilles sé-
tacées du ZLinaria vulgaris ; à feuilles dentées du Ranunculus flam-
mula ; à feuilles ondulées du Tragopogon pratense ; à feuilles cré-
pues, roides et à dents épineuses du Sonchus oleraceus ; une variété à
cinq folioles de l’Eupatoriun cannabinum, et une autre de la même
plante à feuilles supérieures entières. Le Cannabis sativa, dont les
feuilles sont opposées, produit une variété à feuilles alternes (1);
viennent ensuite les variétés longifolia, obtusifolia, rotundifolia, mi-
crophylla du Magnolia grandiflora. Les déformations que ces organes
peuvent subir sont telles, que Poiret décrivit sous le nom de Fallis-
nerta bulbosa une Sagittaire dont le pétiole était rubané. Le Plantain
d’eau porte en même temps des feuilles linéaires entières et des feuilles
larges et sagittées. Les phyllodes sont, comme on le sait , très-com-
munes dans les Acacies. Le Cereus speciosissimus porte à la fois des
tiges aplaties et triangulaires; et M. Guidon, jardinier à Surênes, a
vu un Cereus Peruvianus engendrer un #27onstruosus, que plusieurs
botanistes regardent comme une Espèce distincte.
(1) Ces changements sont évidemment dus à des circonstances locales; mais nos
Flores sont faites à un point de vue si peu philosophique, qu’une variété n’est indiquée
la plupart du temps que par son caractère différentiel, sans qu’il soit fait mention de
l'influence qui l’a dû produire. Ce travail, d’un haut intérêt scientifique, est encore tout
entier à faire.
INTRODUCTION. dexxcv
La couleur est encore un des caractères spécifiques le plus géné-
ralement employés; cependant aucun n’est plus incertain, etil impor-
terait beaucoup d’observer si les différences concomitantes ne sont
pas le résultat des influences qui ont changé la couleur. «/Vimium
ne crede colori, » a dit Linné (Phïl. bot., $ 266), et il ajouta plus
tard comme preuve, dans sa Critica botanica, p. 155, qu’en se fon-
dant sur ce seul caractère, Tournefort a trouvé dans deux Jacinthes
63 espèces, et 96 dans une seule Tulipe. M. Moquin-Tandon (É/ém.
de térat. végét.) cite l'exemple de certaines Gentianes qui, bleues
dans la plaine, deviennent blanches à une grande élévation ; l’'Oxy-
tropis montana et le Trifolium pratense passent au blanc sur les
Pyrénées et les Alpes. On a vu, dans un sol médiocre, un Geranium
batrachioides, dont les fleurs sont bleuâtres, se panacher de blanc la
première année, passer au blanc pur la seconde, et conserver ce ca-
ractère d’albinisme. On trouve dans nos champs une variété à fleurs
blanches du ZLumium purpureum, de l'Erica vulgaris, du Ferbascum
lychnüis. Les fleurs du Symphytum officinale sont jaunâtres ou blan-
ches, et la variété dite $. patens a les fleurs rouges; celles du #yosotis
peérennis sont bleues ou blanches; celles de la variété dite versico-
{or du Myosotis annua passent au jaune en vieillissant, tandis que
d’autres restent bleues. La Camnpanula trachelium porte des fleurs
bleues, violettes ou blanches. Les nombreuses variétés de nos jar-
dins sont encore une preuve que rien n’est plus commun que les
changements de coloration.
La forme de la corolle varie également : par atrophie ou par hy-
pertrophie, les pétales deviennent linéaires, laciniés, bifides, ou bien
larges , épais, succulents. On connaït une variété apétale de la Sa-
gina procumbens et de la Fiola canina. Le Jasione montana a pro-
duit une variété à fleurs prolifères ; les fleurs des Orchis présentent
de fréquentes variations; les Linaires ont souvent la corolle péloriée.
Leur disposition est sujette encore à de nombreuses modifications;
le Crepis virens, à fleurs en panicules, a une variété uniflore; le Trz-
folium filiforme, dont les fleurs sont réunies en tête au nombre de
6 à 12, présente une variété : le 7° dubium, dont les fleurs sont
groupées par 20 à 30.
Le nombre des pétales varie aussi sur un même individu : la Rue,
le Nerprun, le Houx, le Marronnier d'Inde en ont de 4 à 5 ; le Fu-
sain, de 4 à 6; le Nigelle, de 5 à 8; la Ficaire, de 8 à 9, etc. Le
TOME 1, INTRODUCTION, — Livraison dddd. dddd
dexxv) INTRODUCTION.
nombre des divisions du style et des étamines est dans le même
cas : aussi Poiret rejette-t-il le nombre des étamines comme carac-
tère spécifique, et il s’en tient à la graine. Pourtant elle aussi varie :
témoin l'Épinard, dont les graines sont lisses ou épineuses, et tous
les botanistes s’accordent à regarder la première comme une simple
variété.
Après la fleur vient le fruit, qui se modifie à l'excès. On sait que
rien n’est plus variable que le nombre des loges capsulaires, l’hy-
pertrophie parenchymateuse est d’une fréquence qui me dispense
de citer aucun exemple; mais je mentionnerai comme preuve du
contraire les Salicornes et les Soudes cultivées au Jardin des plantes
de Toulouse, dont les fruits ont presque complétement perdu leur
nature succulente.
-L'induration des baies et des drupes est encore un phénomène qui
se présente quelquefois : M. Schlechtendal a vu une Vigne dont les
baies étaient devenues de véritables capsules, et M. Knight est par-
venu, par des fécondations croisées, à rendre fibreux le parenchyme
de plusieurs Pêches.
Je citerai, comme une preuve de plus de l’effet du climat et sur-
tout de l'altitude, les exemples rapportés par M. Gay dans son voyage
aux Andes. « Les vrilles des Mutisia, dit-il, étant inutiles dans ces
froides régions, où il ne croît ni buissons ni arbustes, se changent
en feuilles; j’ai remarqué aussi que les plantes herbacées dans les
plaines deviennent ici complétement ligneuses, et que plusieurs es-
pèces d'arbres, principalement les Æscallonia, au lieu d’avoir cet
aspect bifurqué qui les caractérise, deviennent rabougries et rampent
le long des rochers, offrant ainsi moins de surface au froid dont est
chargé le vent qui passe sur ces immenses glaciers. Mais une autre
observation , plus intéressante encore, est la forme imbriquée qu’af-
fectent les feuilles de la plupart des végétaux , même dans les genres
où cette disposition n’est pas habituelle. C’est ainsi que les feuilles
du Tripuilion, si làches et si petites dans les régions inférieures, de-
viennent à cette hauteur dures, velues, s’imbriquant étroitement sur
la tige, et couvrant même les fleurs de cette charmante plante. Les
Mutisia, presque dégarnis de feuilles, en sont chargés à leur extré-
mité, lorsqu'ils croissent sur le versant des montagnes. Les Violettes
n’y ont pas la forme élégante que nous leur connaissons dans la
-plaine; elles sont disposées en rosettes comparables à celles des Se-
INTRODUCTION. dexxvij
dum, avec celte différence que les feuilles, au lieu d’être presque verti-
cales, sont entièrement horizontales dans ces Violettes alpines; et
ces feuilles, qui sont ordinairement dures et velues, sont rondes,
glabres, imbriquées, et portent à leur base des fleurs sessiles et d’un
violet tirant presque sur le rouge. Quoique très-familier avec les
g. Tripulion, Escallonia, Mutisia et Viola, Yaspect particulier de ces
espèces alpines me les fit complétement méconnaître, et je ne re-
connus le genre auquetelles appartenaient que lorsqu’après mon re-
tour je les eus étudiées. »
Or, que devient l’Espèce absolue? car je ne puis trop répéter que
c’est elle seule que je combats, en présence de faits que je pourrais
multiplier à l'infini, et auxquels j’ajouterai les exemples tirés de la
culture, en disant des végétaux ce que j'ai dit des animaux, c'est-
à-dire que les modificateurs mis en action par l’homme ne sont autres
que les agents naturels, variant seulemént pour la quantité et la
durée. Mais je demanderai d’abord aux partisans de l'Espèce immua-
ble si le Froment, l’Avoine, l’Orge, le Seigle, qui chaque année
couvrent nos champs, et dont la graine a acquis un volume consi-
dérable, sont des variétés d’une Espèce sauvage connue. Dans le
cas de négative, la métamorphose est donc devenue telle, qu'on ne
peut reconnaître le type sauvage de ces céréales ; pourtant, il existe
certainement , au milieu de nous peut-être. On ne peut pas dire des
végétaux ce qu’on objecterait à l'égard des animaux, que l’homme
s’est emparé de l'Espèce tout entière : un brin d’herbe aurait bien
échappé à la main de l’homme, et nous y reconnaîtrions l’espèce
primitive, si la variété n’avait subi des modifications qui la rendent
méconnaissable. Nous ne connaissons pas l’histoire des variétés in-
nombrables de Cotonniers, qui envoient de tous les points du globe
leurs produits sur nos marchés. Cette question, longuement discutée
dans des ouvrages ex professo, n’a pu être élucidée d’une manière
satisfaisante. Il en est de même des Caféiers, du Riz, du Maïs, etc,
qui présentent des différences sensibles à l’œil, sans que l’on sache
si ce sont des Espèces ou de simples variétés.
Voyons maintenant dans les Espèces cultivées , et dont le type sau-
vage nous est connu, les modifications introduites par la culture.
Nous connaissons le Chou sauvage, aux feuilles glauques, étroites
et coriaces; il est pourtant le générateur des nombreuses variétés
qui peuplent nos jardins, et dans lesquelles on trouve des modificæ
dexxvii] INTRODUCTION.
tions de forme, de couleur, de durée, de saveur, et des productions
étrangères, résultats de faits tératologiques devenus persistants. Je
citerai donc les Choux verts , frangés, crépus, diversement colorés;
les Choux de Milan aux feuilles cloquées ; les Choux cabus, qui
forment une pomme arrondie et consistante ; les Brocolis verts ou
violets, dont les rameaux à fleurs portent des végétations granuli-
formes si singulières ; les Choux-fleurs, chez lesquels cette anomalie
est arrivée au plus haut degré de développement ; les Choux-Raves,
dont le collet renflé est la seule partie comestible, et qui se couron-
nent d’un maigre bouquet de feuilles : ce sont pourtant des variétés
d’un seul et même Chou, lesquelles variétés se reproduisent identi-
quement; et, à part certaines dégénérescences locales, jamais un
Chou pommé ne produira un Chou-Rave , ni le Chou-Rave un Chou
rouge ou un Chou-fleur; et chacune de ces variétés en produit au-
tant d’autres, différant aussi par la couleur , la taille, la forme, la
saveur , tous caractères spécifiques , etc. Dans les Cucurbitacées, les
formes sont peut-être moins fixes encore, et leurs fruits capricieux ,
différant par la couleur et la saveur , offrent les anomalies les plus
bizarres. Les fruits de nos vergers ne présentent-ils pas le même
phénomène ? Dira-t-on que la Pomme d’Api, si rouge, si parfumée,
soit d’une autre espèce que le gros Rambour ou le Calville? la Poire
d’Épargne est-elle d’une autre espèce que le Saint-Germain ? La Pêche
fondante et à peau veloutée est-elle d’une autre espèce que le Bru-
gnon à peau lisse et luisante?
Les Vignes offrent une multitude de variétés reconnaissables au
bois ou au feuillage; et dans nos parterres, où les horticulteurs se
plaisent à multiplier les monstres, que de variétés dans les Rosiers ,
les Pélargonium, les Azalées, les Camellias, les Rhododendrum, les
OEillets, les Pensées, les Tulipes, les Glaïeuls, les Dahlias ! Or, com-
ment s’obtiennent ces variétés si nombreuses et si différentes entre
elles? Par le semis, sans autre artifice; et pourtant la voie si directe
de la génération dans un milieu commun, qui devrait respecter l’Es-
pèce, n’en a nul souci : il se trouve toujours des variations organi-
ques, et c’est à ces modifications sans cesse renaissantes que nous
devons les fleurs brillantes qui embellissent nos parterres et les
fruits de nos vergers. |
Je ne sais pourquoi les partisans de l’immutabilité de l’Espèce
n’ont pas repoussé la théorie de la métamorphose, comme ils ont fait
INTRODUCTION. dexxix
de la doctrine de l’unité de type dans le règne animal; car elle tend
à détruire l’idée d’une fixité spécifique absolue, puisque les causes
ambiantes sont les éléments modificateurs, et que mille accidents
tératologiques peuvent donner lieu à des variations de forme qui sont
autant de nuances apportées dans la stabilité des caractères spécifi-
ques. La plupart des botanistes modernes ont pourtant adopté cette
théorie, et en ont tiré des conséquences morphologiques sur la géné-
ration des organes; mais je ne sais pourquoi les finalistes tiennent
moins à la défense de l’être végétal que de l’animal : ce sont pour-
tant aussi des organismes, et tous les corps vivants doivent découler
d’une loi commune.
Quant à l'influence de l'habitat, elle est connue; et c’esi à cette
cause que les races, et souvent les Espèces nouvelles, doivent leur
création. Ainsi le Pommier, transporté à Saint-Pierre de Miquelon,
a changé d'époque de floraison. Le Seigle, cueilli par M. le comte de
Villeneuve sur les montagnes Bleues, où il fleurit tardivement, reprend
peu à peu sa précocité quand il est semé dans la plaine de Toulouse.
Il faut aussi quelque temps aux variétés hibernales de Blé pour de-
venir estivales.
M. O. Thouin ( Ann. hort., juin 1842) est d’accord avec tous les
praticiens sur la fixité du caractère des races, transmissible par la
culture. « Ces caractères, ditil, sont le résultat d’habitudes prises
sous l'influence de causes agissant progressivement par leur conti-
nuité; et ainsi les variétés transmissibles doivent être considérées
comme des Espèces conditionnelles qui peuvent se perpétuer parfois
indéfiniment dans les circonstances où elles se sont développées. »
La discussion qui précède démontre, ce me semble, assez claire-
ment que les caractères spécifiques émployés en botanique sont pu-
rement empiriques, puisqu'ils portent sur des propriétés essentielle-
ment variables, et que ce n’est pas en s'appuyant sur de si faibles
bases que les partisans de la fixité de l’Espèce pourront obtenir gain
de cause. Il reste toujours cette demande : Qu'est-ce qu’un ca-
ractère spécifique ? Où faut-il le prendre pour ne pas se tromper ?
On a proposé l'étude des dissemblances dans les caractères ana-
tomiques; mais les formes ne se modifient pas toujours assez pro-
fondément pour que cette base de certitude ne soit encore trompeuse,
surtout quand il s’agit d’êtres voisins l’un de l'autre; car, la plupart
du temps, les caractères spécifiques sont géographiques, c’est-à-dire
dexxx INTRODUCTION.
dus à des influences locales, qui ne causent pas la modification pro-
fonde du type. Le caractère anatomique n’est donc pas une base
radicale pour la détermination de l'Espèce.
On a encore établi les Espèces sur les différences que les êtres
présentent dans leur manière de vivre ou leur habitat; mais les né-
cessités de milieu font les mœurs, l'habitude d’une station les per-
pétue, et les dissemblances externes et souvent internes en sont le
résultat. Ce sont précisément à ces stations diverses qu’on peut attri-
buer les créations de variétés qui, en se fixant et se perpétuant, de-
viennent des Espèces.
I faut donc alors en revenir au criterium de la succession par voie
de génération. Or, comment peut-on arriver à ce résultat, si ce n’est
par le croisement des Espèces, pour s’assurer si elles sont réellement
dissemblables, ou bien si ce sont de simples variétés? La question de
croisement présente, il est vrai, de grandes obscurités, et elle a offert
aux naturalistes qui ont voulu y avoir recours pour constater la
véritable pureté de l’Espèce, suivant l’axiome des maîtres de la
science moderne, des anomalies et des contradictions sans nombre.
Le croisement de deux genres est toujours infécond, disent-ils, et les
métis de deux Espèces sont toujours stériles : c’est ce que je vais
examiner; mais il suffit, ce me semble, de quelques exceptions pour
détruire la règle, et elles ne manquent pas.
Du reste, l’opinion de la fécondité des métis et de l’arbitraire de
l'Espèce est partagée par des hommes qui sont loin d’appartenir à
l’école philosophique française. Allen Thomson dit (Cyclop. of anat.
and physiol., part. XIII, pag. 445) : « Les mulets mâles ou femelles
sont communément (usually ) impropres à la propagation. » Et plus
loin il ajoute : « Nous ne devons pas oublier: que la distinction des
espèces est toujours artificielle, c’est-à-dire un ouvrage de l’homme. »
Si peu de naturalistes se sont livrés à des expériences sur le croi-
sement des animaux des diverses classes, qu’on est obligé de recourir
aux végétaux, dont le mode de génération repose sur une loi sem-
blable à celle qui préside à la génération des animaux. Les opinions
sur l’hybridité sont encore partagées; pourtant, sur une foule de
points, il n’y a pas d'incertitude, et je trouve extraordinaire que
quelques botanistes, tels que Gærtner, Wiegmann et Meyer, soutien-
nent la stérilité constante des hybrides. Je citerai quelques-unes des
expériences faites à ce sujet, et plusieurs sont contradictoires. Ainsi,
INTRODUCTION. dexxx]
Kælreuter féconda la Digitale jaune par la pourpre, et obtint des
graines fécondes. Les deux plantes qui avaient servi à l'expérience
étaient bisannuelles, et le produit fut vivace. M. A. de Saint-Hilaire
a trouvé des hybrides de ces deux Digitales à l'état sauvage, dans les
environs de Combronde, dans la Limagne d'Auvergne; mais elles
étaient stériles. M. Boreau a trouvé le même hybride, reproduit arti-
ficiellement par M. Henslow. Le jardinier de M. Feray, au château
de Chantemerle, à Essonne, a trouvé dans un petit bois l’hybride de
la Digitale à petites fleurs avec la D. pourpre, ainsi que les hybrides
de cette dernière et de la D. jaune. M. Madale possède des hybrides
naturels des Digrialis lutea, purpurea et ambigua, différant suivant
que l’une ou l’autre de ces espèces a joué le rôle de mâle ou de fe-
melle. Knight obtint des graines du croisement de l’Æibiscus pal-
matus et du vitifolius, ce qui le porta à regarder la seconde comme
une simple variété de la première; mais Knight est un des plus fer-
vents apôtres de l’Espèce créée, et il nie toute fécondation croisée
donnant des produits fertiles : seulement il est plus conciliant quant
à l'effet des modificateurs ambiants, et il rapproche les Espèces qui
sont regardées comme les plus disparates : tels sont les Prunus Arme-
niaca et Siberica, dont l’un, notre Abricotier, a de gros fruits jau-
nes; et le second, petit arbre dont les fleurs ressemblent pour la
grandeur et la couleur à celles du Xa/mia, porte de petits drupes
noirs. La Fraise du Chili, la Fraise-Ananas et la Fraise écarlate pro-
duisent ensemble des individus féconds. On a obtenu par le croise-
ment du Wagnolia yu-lan et du discolor une variété, le Soulangiana,
à fleurs odorantes comme le premier ; et nos jardins se sont enrichis
d’un hybride de l’Æzalea et du Rhododendrum, qui a reçu le nom de
Rh. azaleoides : j'ignore s’il est fécond. Un exemple assez extraor-
dinaire de croisement fécond est fourni par Kælreuter : ce botaniste
féconda l’4qurlegia vulgaris par le pollen du Canadensis, et n’obtint
que des hybrides inféconds ; mais en intervertissant les rôles, il en
résulta des hybrides féconds dont les capsules contenaient jusqu’à
40 graines. La Véronique hybride (1) est le produit de la Véronique
à épis et de l’officinale ; le Delphinium ambiguum est le produit du
croisement du D. elatum et de l’'Aconitum napellus. Le Ranunculus
(1) Les botanistes ont donné comme au hasard le nom d'’hybrides à des plantes
dont la génération n’est pas connue, et il ne semble ici n’avoir d’autre valeur que celle
d’intermédiaire. C’est une question qui mérite un examen approfondi.
dexxxi] INTRODUCTION.
lacerus est le résultat de la fécondation du À. pyræneus par l'aconi-
tifolius. M. Sageret, qui s’est beaucoup occupé de cette question, a
obtenu un singulier hybride (Mém. sur les Cucurbitacées, p. 36),
résultant du croisement du Radis noir et du Chou; il l’a appelé Bras-
sica raphanus. Mfleurissait abondamment, mais grenait difficilement,
et pourtant il n’était pas stérile. Le même individu portait deux Es-
pèces de siliques : les unes, semblables en tout à celles du Chou; les
autres, à celles du Radis. Il a obtenu six hybrides bien caractérisés
par les croisements successifs du Cucumis melo et du C. chate. Deux
Espèces distinctes de Datura, le ferox et le fatula, ont produit des
individus féconds ; tandis que le tatula et le stramonium ne donnent
naissance qu’à des produits stériles, ce qui semble une contradiction.
Des expériences semblables sur les Belles-de-Nuit et les Mauves ont
réussi ; mais les plantes mères sont regardées comme impropres à
féconder les hybrides, ce qui est un fait fort extraordinaire. On ne
sait trop à quoi s’en tenir sur les résultats du croisement du Zychnis
dioica avec le Cucubalus viscosus ; maïs il paraît douteux. M. Sageret
dit (p. 34), relativement à l’opinion de Kælreater sur l’hybridité :
« Les Mulets sont communément plus vigoureux que leurs ascen-
dants; mais si quelques-uns sont stériles comme les Hulets, plusieurs
autres aussi grènent et fructifient abondamment; et cette stérilité et
cette fécondité peuvent également se remarquer dans des individus
pareils, c’est-à-dire provenant des mêmes ascendants. C'est aussi ce
que j'ai vu, et, suivant moi, la proportion des hybrides féconds est
infiniment plus grande. »
Voici, au reste, l'opinion de Lindley sur les hybrides. Il dit { 7héo-
rie de l’horticulture, pag. 76) : « Quelques auteurs, raisonnant-d’a.
près un petit nombre de faits, et d’après l’analogie qu'ils établis-
saient entre les végétaux et les ordres les plus élevés dans l'échelle
animale, ont pensé que tous les hybrides végétaux sont stériles, et
que, lorsque la stérilité n’est pas le résultat du croisement de deux
Espèces, ils n’en sont naturellement pas distincts, quelle que soit
leur différence extérieure. Toutefois, les faits prouvent que des hy-
brides bien déterminés peuvent être fertiles. » Wagner dit que les
hybrides qui tiennent le milieu entre les deux Espèces génératrices
sont absolument stériles, et qu’ils ne peuvent se propager que lors-
qu’une des deux Espèces domine. Ainsi la question des hybrides,
quoique négative sur plus d’un point, ne l'est pas sous plusieurs
INTRODUCTION. dexxxii
rapports ; car nous trouvons de nombreux exemples de fécondation
d'Espèce à Espèce, et quelques-uns de genre à genre. Au fond, il
faut avouer que cette question, par son obscurité même et en pré-
sence des faits contradictoires, fait planer l'incertitude sur l'opinion
des partisans de l’Espèce absolue; mais en admettant qu’elle doive
être considérée, par les esprits prévenus, comme résolue affirmative-
ment, je trouve encore, je le répète, dans les variations produites par
‘lès agents extérieurs, assez d'arguments pour soutenir que l'Espèce
est purement artificielle. 11 est évident que les modifications dans les
formes entraînent aussi des changements dans l’organisation pro-
fonde; et alors, qui sait si telle Espèce impropre à en féconder une
autre ne le peut pas faire après une modification qui a changé ses
conditions organiques ? Enfin, comme en toutes choses, il existe sous
ce rapport une grande obscurité pour qui cherche la vérité. Pour
établir une règle fixe, on est convenu que la race ressemble à l’Es-
pèce, en ce qu’elle se reproduit sans altérations ; nous avons néan-
moins dans nos jardins des plantes qui sont de simples variétés, et
néanmoins jouissent de cette propriété : tels sont les Zoricera tata-
rica, grandiflora, rubra, le Ribes malvifolium, le Laserpitium dis-
sectum, le Sambucus heterophylla, le Pêcher à fleurs doubles, que
M. Pepin, du Jardin des Plantes, dit se reproduire depuis quinze ans
sans le moindre changement. Je suis donc convaincu, comme Lamarck,
Poiret et Geoffroy, que les variétés deviennent des Espèces, et que
c'est ainsi que se forment les Espèces nouvelles qui jettent dans la
science tant d’hésitation et d'incertitude.
Si l’on suivait attentivement tous les faits qui se présentent dans la
science, on verrait que les productions hybrides vont toujours crois-
sant. Au mois d'avril de l’année 1844, M. Jacques de Villiers a déposé
sur le bureau de la Société d’horticulture (nnales de la Société
royale, juin 1844) un hybride du Haricot-Flageolet et du Haricot
d’Espagne, produit à l’état de liberté, et qu’il a appelé Phaseolus
coccineus hybridus.
Les horticulteurs, gens simples et sans préjugés scientifiques,
doutent moins de la possibilité de l’hybridité, et, pour eux, un croi-
sement est une affaire tout ordinaire. Il est vrai qu'ils n’ont pas de
théories à soutenir , et que leur but est de se créer une nouvelle
source de gain; mais eux qui pratiquent chaque jour, n’iraient pas
TOME I, INTRODUCTION. — Livraison eeee. eeee
dexxxIV INTRODUCTION.
perdre leur temps en croisements inutiles s'ils ne comptaient pas sur
un succès assuré.
J’ajouterai ici une réflexion qui ne paraît pas être venue à l’esprit
des défenseurs de l’Espèce, considérée comme type d’unité organique :
c’est qu'ils doivent apporter le plus grand scrupule à détruire une
Espèce pour la fondre avec une autre, quand il y a doute, et ils doi-
vent en faire un cas de conscience; car si cette Espèce allait être
réelle et qu’ils y eussent porté une main sacrilége, qu’arriverait-il ?
Mais on peut, sur ce point, être rassuré; ils en font aussi plutôt plus
que moins, et leur conscience est en repos.
De Candolle, cité par la plupart des botanistes comme une auto-
rité irrécusable, ne trouva, répète-t-on, en 1832, que 40 hybrides
naturels bien constatés ; c’est une grande imprudence que de relever
et de mettre pour ainsi dire en relief les erreurs des hommes les plus
éminents dans la science. Il est évident que De Candolle avait en-
tendu dire par là qu’il n’avait constaté jusque-là, dans la sphère
étroite où gravite l’expérience personnelle d’un seul homme, que
40 hybrides; mais les naturalistes, qui vont partout cherchant une
autorité sous laquelle ils abritent leurs idées favorites, ont pris au
pied de la lettre la parole du maître, et s’en sont fait une preuve
pour réfuter ceux qui ont avancé l'opinion de la mutabilité des Es-
pèces.
Si les naturalistes, en établissant des Espèces nouvelles, agissent
à l’aventure et sans respect pour leur criterium, il est bien moins
rationnel encore de disjoindre des Espèces pour en faire des genres
nouveaux. Puisque les Espèces d’un même genre produisent ensemble
des individus inféconds, et c’est là, dit-on , leur caractère réel, et
que les genres ne produisent rien par le croisement, le genre n’est
donc pas plus arbitraire que l’Espèce, et l’on ne peut pas plus y por-
ter la main qu’à celle-ci, puisque, comme elle, il a son criterium
propre. Alors, que dire des naturalistes qui créent des genres nou-
veaux sur des caractères qui ne sont peut-être même pas des diffé-
rences spécifiques ?
Ainsi, depuis la classe jusqu’à l'individu, tout est arbitraire dans
la science. Il n’y a donc de réel que les types généraux d’organisa-
tion, vrais dans le médium, incertains aux deux extrémités, qui
jouissent de la propriété de varier dans des limites plus ou moins
étendues, et, pendant une période indéterminée, sont renfermés
INTRODUCTION. dACxXXV
dans un cercle de combinaisons se reproduisant avec régularité; ils
sont comme autant de jalons, pour se reconnaître dans la classifica-
tion naturelle des êtres. En zoologie, ce sont les groupes appelés
genres, comme Chat, Chien, Écureuil, Cerf, elc.; en botanique, ce
sont les familles dont les genres sont les Espèces zoologiques, et les
Espèces les variétés. |
Malgré les difficultés que présente la détermination de l’Espèce,
la stérilité des produits en serait encore le caractère le plus réel et le
véritable criterium ; mais admettons-le pleinement et sans restric-
tion, regardons-le comme la preuve irrécusable de la règle posée
par les naturalistes. Voyons comment les savants qui croient à l’Es-
pèce par sentiment plutôt que par évidence, doivent procéder pour
éviter toute erreur. Il leur faut la preuve de la stérilité des produits
pour caractère de l’Espèce, et la stérilité de l’accouplement ou le refus
de croisement pour celui des genres; ils ont donc dù vérifier sur
chaque être vivant, en les croisant dans toute la série, leur criterium
sacramentel. L’ontils fait? Ils répondront à cette demande, qu'ils
trouveront peut-être naïve (c’est quelquefois le nom qu'on donne à
ce qu’on ne comprend pas), qu’une semblable expérience est impra-
ticable, C’est aussi ce que je crois; mais, puisque, sur les trois ter-
mes de criterium, deux sont éliminés, la ressemblance et l'identité
des produits, caractères communs aux races et à certaines variétés,
et qu'il ne reste que le croisement à essayer, on ne peut donc se
prononcer sur la réalité de l’Espèce avant d’y avoir eu recours. En
mathématiques, il n’y a pas de règle sans preuve; et, en logique, une
affirmation n’a de valeur que quand toutes les causes d’erreur et
d'incertitude ont été éliminées. Or, l'expérience est reconnue impra-
ticable dans le plus grand nombre des cas. Pourtant, aujourd’hui on
crée des Espèces comme un horticulteur des variétés ; c’est presque
une profession. Aussi quel dédale que la science!
J'ajouterai aux arguments qui prouvent l'incertitude de l’Espèce
les contradictions dans lesquelles sont tombés les savants les plus
célèbres. Qu’on me permette, en faveur de l’importance du sujet,
de faire une excursion rapide dans le domaine de la zoologie pour
démontrer qu’il en est de même qu’en botanique. En mammalogre,
cette classe si élevée dans l’échelle organique et qui comprend un
nombre relativement si limité de formes, nous trouvons de nombreux
exemples de l'incertitude spécifique; ainsi les Orangs forment plusieurs
dexxxv)] INTRODUCTION.
Espèces qu’on suppose de simples variétés d'âge, et les particularités
ethnographiques fournies par les voyageurs se rapportent on ne sait.
trop à quoi. Les Espèces voisines peuvent-elles engendrer par le croi-
sement des êtres intermédiaires, et faire de nouvelles Espèces sans,
s’en douter? C’est ce qu’on ignore; mais l’on va jusqu’à raconter
des exemples d’accouplements féconds d’Orangs. ou de Chimpanzés
avec des négresses, ce qui serait à la fois une vérité bien curieuse
pour la science et bien humiliante pour ceux qui refusent aux Singes,
le droit de primogéniture. Mais on ne sait à quoi s’en tenir sur ce
sujet. Ilse présente maintenant une série de questions : le Mycetes.
niger de Kuhl est-il bien, comme le pensait Cuvier, à qui j’emprunte.
ces exemples, le mâle du #. barbatus de Spix ; et le M. ursinus du,
prince Maximilien est-il identique à l'Espèce établie sous ce nom par
Geoffroy Saint-Hilaire, ou bien au M. fuscus du même auteur, ou,en-.
core au #7. discolor de Spix ? Le M. stramineus de Geoffroy diffère-t-il,
de l’Espèce à laquelle Spix donne le même nom? Les Sajous et les,
Saïs, qui présentent de nombreuses nuances de. coloration, sont-ils,
d’une détermination assez certaine pour qu’ils aient pu être divisés,
avec certitude, par Spix, en un si grand nombre d’Espèces ? Le Cebus.
apella était-il regardé avec raison par Cuvier comme le jeune du
C. robustus du prince de Neuwied; le C. m#acrocephalus de Spix est-il
bien un Sajou ordinaire, comme il le croyait ? Où sont les limites qui
séparent les Ouistitis, qui ne diffèrent que par des nuances très-lé-
gères? La Roussette d'Edwards semble à M. Temminck n'être autre
chose que le jeune âge de la Roussette noire; les diverses Espèces du
genre Molosse sont encore incertaines, et quand on les aura vérifiées,
ce seront encore des Espèces arbitraires. Les Sorex tetragonurus,
constrictus et remifer paraissaient à Cuvier de simples variétés d'âge,
du Sorex fodiens ; etles S. myosurus, Capensis, Indicus et giganteus,
lui semblaient les variétés d’une même Espèce. Je rappellerai les,
Moufettes, dont j'ai déjà parlé, qui varient entre elles assez dans. une
même Espèce pour que la distinction en soit difficile. Le Carés palli-
dus de Rüppell paraît. identique au C. corsac de Gmelin, Les, Caris
vulpes, fulvus Desm., et alopex Schreb., sont-ils des variétés ou des,
Espèces distinctes? c’est ce qu’on ignore. Il règne encore de l’incer:.
titude sur la distinction réellement spécifique du Felis chaus et du,
caligata , et Von sait combien il faut se défier des Espèces nombreuses,
enregistrées dans les catalogues. Je ne multiplierai pas davantage les.
INTRODUCTION. dexxxvi)
citations, dont je ferais. un, volume si je réunissais toutes les opinions
contradictoires et les questions insolubles dans la série zoologique ;
j'ai seulement cherché à établir que, puisque tant d’Espèces sont si
incertaines, dans.une classe dont les êtres peu nombreux ne peuvent,
comme les Oiseaux, les Animaux marins, les Insectes, et la: plupart
des Invertébrés, franchir de grandes distances ou se soustraire à nos:
investigations en se plongeant dans les profondeurs des mers, quelle:
est-elle pour les autres classes? encore je n’entends que l’Espèce ad-
mise d’après l’examen du caractère extérieur, sans vérification du.
criterium, de celle que le naturaliste dénomme, sans.plus de scrupule
que l’horticulteur, une Tulipe ou un Dahlia. Et je ne parle. pas. des:
êtres. si nombreux dans la science qui ont des:points de ressemblance
si multipliés avec plusieurs groupes, qu’on ne sait. où les placer;
tels sont : certaines Fauvettes, des Fringilles, des. Chevaliers, etc.
On.en fait souvent aujourd’hui des genres, pour se tirer d’embarras;
mais.c’est tourner la difficulté platôt que la résoudre. Malgré ces in-
certitudes sans nombre, on ne s’arrête pas là, et les paléontologistes
font des. Espèces nouvelles sur une vertèbre; encore n’en ont-ils pas.
besoin : un morceau d’os leur suffit. C’est pourquoi nous.avons déjà:
cinq Espèces de Dinornis, dont le genre a été établi sur un fragment:
de fémur, et l’on dénomme hardiment un animal dont.on n’a qu’un
débris insignifiant; tandis qu’avec la tête entière du Dénotherium,
l'incertitude est assez grande pour que MM. Kaup et Owen en fassent:
un animal voisin des Mastodontes, et M. de Blainville un Lamantin.
On ignore si le Dronte, récemment perdu, et dont on a-une tête, une
patte, plusieurs descriptions. et une figure, est: un Vautour, une Au-
truche, un Manchot ou un. Gallinacé. Il est vrai, dit un: naturaliste
anglais, que cette tâche ne convient pas.aux faibles, mais aux forts;
et. en effet, il faut.être bien. fort.pour.établir, tant:de genres et d’'Es-.
pêces. sur des débris.le. plus souvent méconnaissables; autant vau-.
drait-il faire le portrait d’un homme en voyant son chapeau: ou:son,
soulier, et. ce ne serait pas plus fort, car. qui serait tenté de nier la:
ressemblance? Ainsi, tandis.que nous avons sous. les yeux pour types:
et modèles Linné, Buffon, Jussieu, Adanson, Lamarck, Geoffroy,
Saint-Hilaire, qui ont tous envisagé la science de haut et avec le coup:
d'œil d'hommes de génie, nous nous amusons, comme les savants de:
Gulliver, à peser, des œufs de. Mouche dans. des, balances. de: toile
d’Araignée.
dexxx vil) INTRODUCTION.
En botanique, la confusion est la même qu’en zoologie; et conime
les botanistes se complaisent également à créer des Espèces, je signa-
lerai quelques-unes des incertitudes auxquelles ils sont livrés.
Je pourrais multiplier les exemples en allant puiser, dans les tra-
vaux des botanistes modernes, les longues controverses sur les Es-
pèces végétales : je me contenterai de faits pris pour ainsi dire au
hasard, et qui n’en sont pas moins frappants. Ainsi, M. G. Thuret
(Recherches sur les mouvements des spores dans les Algues. Ann. des
sc. nat., t. IX, p. 275) propose de réunir en une seule espèce les
Vaucheria clavata , ovata, sessilis, terrestris, geminata , cæsprtosa
et cruciata sous le nom de 7. Unghert. Ce botaniste, en proposant
cette fusion, ne s'appuie que sur de sérieuses études. Où sont donc
alors les caractères spécifiques qui ont guidé les créateurs de ces Es-
pèces ? Link rapporte à l’£rysibe guttata les E. coryli, fraxin et ul
marum, et il regarde, comme une simple variété de l’£. penicillata,
V’£. berberidis. Une Espèce du g. Usnea de Dillenius, regardée par
Rebentish comme le Rhizomorpha setiformis, est considérée par De
Candolle comme une variété de cette plante, qui était pour Bulliard
un Æypoxylum, un Lichen pour Leysser et Willdenow; et Rebentish,
après mûr examen, en a fait un genre sous le nom de Chænocarpus.
M. Mérat regarde comme identiques au Chara fetida les C. batracho-
sperma, funicularis, ramulosa et decipiens. W rapporte également au
C. vulgaris les C. fragilis, globularis, capillacea, scoparia, radians
et setacea. Le Digitaria ciliare de Retzius est un D. sanguinalis
dont les fleurs neutres sont ciliées, mais qui porte aussi des fleurs
non ciliées. Les Renonculacées présentent aussi les plus grandes in-
certitudes sous le rapport de la détermination des Espèces. Je prendrai
encore pour exemple le g. 4donis. Linné n’en reconnaissait, ou, pour
mieux dire, n’en légitimait qu’une seule Espèce, l’æstivalis. Jacquin en
a séparé V4. miniata, Walroth l’ 4. maculata,et Reichenbach regarde
comme identiques à l’æstivalis les À. flava, citrina et microcarpa de
De Candolle. Les 4. anomala et parviflora de De Candolle sont encore
rapportées par le même auteur à l’4. flammea, regardée comme une
espèce bien constatée, et l’4. rnicrantha du savant auteur du Pro-
drome ne semble à Reichenbach autre chose que V4. autumnalis. Un
autre botaniste, M. de Saint-Amans (#lore agénaise, pag. 284), réu-
nit l’4. flammea de Jacquin à l’æstivalis, et supprime l'autumnalis ;
il finit par ne rester que l’æstivalis. M. Soyer Willemet (Observ. sur
INTRODUCTION. dexxxix
quelques plantes de France, p.10) réunit en une seule Espèce les
Ranunculus montanus, Villarsii et Gouani, qu’il regarde comme
deux variétés et une variation. « C’est dans les terrains gras et her-
beux , dit-il (pag. 12), que j'ai vu le R. Gouani dans toute sa force ;
il est probable qu’en le transportant dans un terrain plus maigre, on
le ferait passer au #20ontanus ou au Villarsü.» Les R. cassubius et
auricomus Sont aujourd’hui réunis par la plupart des botanistes.
M. Loiseleur-Deslonchamps avait mis dans la première édition de
sa Flora gallica, et a rétabli depuis après l’avoir abandonné, un Ber-
beris articulata qui n’était autre chose qu’un cas tératologique ou un
retour du B. cretica au B. vulgaris. |
M. Bentham (Cat. des plantes des Pyrén., pag. 75) réunit les
Draba iomentosa, stellata et lævipes de De Candolle au Draba stel-
lata (À) de Jacquin, comme en étant de simples variéiés, et cette opi-
nion parait fondée sur des preuves solides. Bernhardi (Ueber den
Begriff der Pflanzenart, etc.) dit que la Rosa bicolor de Jacquin
devient à la transplantation la À. lutea. Les Anagallis arvensis
phænicea, cærulea et carnea sont pour lui trois variétés considérées
comme trois Espèces ; les Ses/eria cylindrica et nitida lui paraissent
identiques à l’elongata ; il en est de même des Bromus sterilis et lon-
giflorus, dont il regarde la pubescence comme un caractère très-varia-
ble, et des B. arvensis et brachystachys ; la turgescence bulbiforme
des racines du Phleum nodosum ne paraît pas à Bernhardi un caractère
suffisant pour le distinguer du PA. pratense, cette particularité ne lui
ayant rien présenté de bien constant. Il réunit aussi la Matthiola
incana à l'annua comme une variété, leur croisement ayant donné
naissance à des hybrides féconds, et il regarde les 47. glabra DC. et
græca de Sweet comme des variétés glabres, tandis que la #. fene-
stralis lui paraît une simple variété crépue. Il résulte d’une longue
suite d'expériences faites par lui-même que les £rysimum hirsutum et
virgatum sont une seule et même Espèce. A ces exemples déjà assez
(1) Je rappellerai en cette occasion que M. Soyer Willemet a, dans son Herbier,
cinq variations du Draba stellata :
1. Pédicelles et carpelles velus ;
2. Pédicelles velus et carpelles glabres ;
3. Pédicelles velus et carpelles ciliés ;
4. Pédicelles glabres et carpelles ailés ;
5. Pédicelles et carpelles glabres.
dexl INTRODUCTION.
nombreux je pourrais ajouter toutes les contradictions, les incerti-
tudes, les doubles emplois qui sont dans les Species autant de super-
fétations. Je me bornerai à citer les trois volumes de controverse assez
âcre entre MM. Mérat, Germain et Cosson sur la nouvelle Flore pa-
risienne.
Que résulte-t-il de ceci? C’est que les caractères spécifiques sont
essentiellement variables et difficiles à déterminer, et que si l’on sou-
mettait à une révision sérieuse et complète les animaux et les végétaux
de nos collections, on réduirait de beaucoup le nombre des Espèces.
Qu'on ne vienne pas objecter que, pour MM. tels ou tels, ces in-
certitudes n’existent pas; je n’y verrais qu'une opinion individuelle :
car, pour que l’évidence füt complète, il faudrait d’abord qu’il y eût
accord sur tous les points entre les naturalistes, et la certitude ne
pourrait être fondée que sur le consensus omnium.
Il résulte de ce qui précède que le criterium infaillible est inappli-
cable, et que la détermination de l’Espèce est livrée à l'arbitraire.
Or, je demanderai aux hommes impartiaux si l’on peut faire de l’ab-
solu avec de tels éléments d'incertitude : ne faut-il pas, au contraire,
apporter la plus grande circonspection dans la dénomination des Es-
pèces, et nedoit-on même pas les considérer rationnellement comme
simplement arbitraires? Au point de vue indépendant de la philosophie,
cette incertitude n’est une cause ni de découragement ni de désillu-
sion ; car on n’attache à l’Espèce que la valeur qu’elle doit avoir,
celle d’une collection d'individus dans un état stationnaire, et chez
lesquels les modifications ne s’impriment que faiblement dans l’or-
ganisme, ce qui ne porte aucun préjudice à la science; mais au point
de vue des finalistes, c’est une question bien plus grave, et l’on a
vu précédemment qu’ils menacent de ruine la société humaine, si
elle refuse de croire à la réalité de l’Espèce éternelle, immuable et
fonctionnelle ; ils en font la pierre angulaire des études naturelles et
des principes de morale, et anathématisent les incrédules, comme si
une vérité scientifique pouvait être une affaire de sentiment.
Pourtant il y a possibilité de conciliation; l’Espèce est un fait mé-
thodologique essentiel, et il est vrai qu’il n’y a pas de science pos-
sible sans l’Espèce; mais ce type d'unité organique n’en est pas
moins un type arbitraire; car, au point de vue philosophique, et
j'entends par là la plus haute généralisation , il n’y a réellement que
des individus dont la réunion avec identité de forme, d'organisation,
INTRODUCTION. dexlij
de mœurs, de facultés reproductrices actuelles, constituent l’Espèce,
mais l’Espèce variable, relative, arbitraire et non absolue. C’est pour-
quoi il ne faut jamais regarder l’Espèce comme l’objet le plus impor-
tant de l'étude de la science : ce sont les dernières formes organiques
qui conduisent à l'individu, véritable anneau primitif de la- chaîne
des êtres.
Les Espèces, désignées comme elles le sont maintenant par des ca-
ractères empiriques, doivent donc être enregistrées dans les Species
sous un nom particulier, provisoire, pour celles erronément établies
sur les différences de sexe, d'âge, etc., et fixe pour les variations cons-
tantes dans les caractères du groupe. Mais à cela doit se borner l’étude
des Espèces; y attacher plus d'importance, c’est perdre son temps.
Quant aux Espèces ballottées entre plusieurs groupes génériques,
elles demandent une étude plus approfondie; mais souvent l’incerti-
tude est si grande, que le problème est insoluble, à moins qu'on ne
puisse avoir recours au croisement : encore peut-il jeter dans l'erreur ;
mais quand il s’agit de classer ces êtres ambigus, il importe réelle-
ment peu qu'ils soient un peu plus haut ou un peu plus bas dans
échelle organique.
Ainsi, en me résumant, je dirai : Les faits, loin de confirmer le cri-
terium établi par les naturalistes pour la détermination de l’Espèce,
s’accordent à démontrer que les Espèces ne sont ni éternelles ni im-
muables, mais essentiellement mobiles; que les formes organiques,
correspondant aux différents degrés de l’évolution organoplastique
des corps vivants, à la surface de notre planète, sont susceptibles de
modifications dont les limites nous sont inconnues, et qui tirent leur
origine de l’influence des milieux, de la transmission par voie de gé-
nération des qualités acquises et du croisement des espèces voisines;
que les Espèces ne sont que les accidents présentés par le type, et
qu’elles sont susceptibles de varier à l’infini; que par conséquent elles
ne peuvent être qu'arbitrairement considérées comme un type d'unité
organique, et que nous ne devons regarder celles qui existent au-
jourd’hui que comme des formes actuelles, flottant entre des limites
plus ou moins étroites et tendant constamment à se mettre d’accord
avec les milieux ambiants qui exercent leur action directe sur l’indi-
vidu, la seule unité organique véritable.
————_nne—
TOME J, INTRODUCTION. — Livraison ffff. HffF
dexli; INTRODUCTION,
CHAPITRE XXIX.
DES AUTRES ASSOCIATIONS SYSTÉMATIQUES.
Du genre.
Si l'espèce est un groupe de convention, le genre est plus artificiel
encore et d'invention toute moderne. C’est Conrad Gessner qui eut la
première idée du genre ; car avant lui on n’en avait aucune notion
précise, et les associations d'espèces ayant des caractères similaires
étaient inconnues. Tournefort continua l’œuvre commencée par Gess-
ner; Linné vint avec la supériorité de son génie perfectionner le
groupe qu’on a désigné sous ce nom; Laurent de Jussieu y mit la
dernière main et en fit ce que nous le voyons aujourd’hui. Le genre
résulte de la réunion d’espèces ayant plus de rapports entre elles
qu'avec d’autres végétaux, et provenant de considérations prises dans
appareil floral.
Ce qui fait l'incertitude du genre, c’est celle de l’espèce : s’il était
possible que cette dernière fût fixée, rien de plus facile alors à déter-
miner que le genre. Les règles pour l’établir reposent sur le rapport
des sept parties de la fleur : le calice, la corolle, les étamines, le pis-
til, le fruit, la graine, le réceptacle. Ceci n’est au reste vrai que
pour les végétaux phanérogames : car, les Cryptogames étant dépour-
vus d'appareil floral, on a formé les genres sur les apparences que
présentent les appareils reproducteurs. Aussi les genres de l’embran-
chement des Cryptogames sont-ils plus incertains encore que ceux des
embranchements phanérogames.
Pour bien comprendre la difficulté d'établir les genres, il faut
être convaincu de la mobilité presque sans limites des formes végé-
tales : ce qui fait qu’on hésite toujours dans l'association des groupes
inférieurs pour en former des genres. Dans Îles genres monotypes, on
peut admettre des sections fondées sur des variations des organes
appendiculaires : ce sont des modifications de formes plus ou moins
nombreuses. C’est ce que nous trouvons dans le genre F’iscum, qui
peut être considéré comme un exemple du genre monotype, et qui
présente plusieurs formes dont la variation est dans la configuration
INTRODUCTION. dexlii}
des feuilles, qui sont étroites, larges, courtes ou pendantes; et, malgré
cela, ce genre est regardé comme essentiellement monotype.
Nous trouvons chez les botanistes deux systèmes opposés dans la
création des genres : les uns, comme Linné et son école, voyant la
nature de haut, saisissant les rapports généraux avec sagacité, ont
établi les genres sur un ensemble de caractères généraux qui pa-
raissent au premier aperçu d’une rigueur mathématique, mais qui
ne soutiennent pas l’analyse et sont le plus souvent d’une applica-
tion difficile. Les autres, avec Necker, Adanson et un grand nombre
de botanistes modernes, on pourrait presque dire tous les botanistes
modernes, ont établi leurs genres sur les moindres différences dans
l’appareil floral ; il en résulte que tous les genres deviennent mono-
types, ce qui les multiplie à l’infini, et rend l’étude difficile.
Les préceptes, quelque précis qu’ils soient, ne sont pas d’une appli-
cation si facile qu’on pourrait le croire; on doit cependant dire queles
différences qui servent à distinguer les genres, doivent être prises
dans les modifications des appareils servant à établir les coupes géné-
riques dans une même association végétale, à moins que le port ne
s’y oppose. C’est dans cette circonstance qu’il est important de bien
étudier la subordination des caractères. Mais, dès les premiers pas,
on trouve des anomalies qui portent sur des différences regardées
comme de l’ordre le plus élevé. C’est ainsi que, dans la famille des
Caryophyllées, nous trouvons dans le genre Sagine une espèce à co-
rolle nulle, tandis que les autres ont de quatre à cinq pétales; et
la présence ou l'absence de la corolle constitue un caractère impor-
tant. Dans le genre Spergule, le nombre des étamines varie dans le
même genre. Parmi les espèces décandres, il y en a de pentandres ;
il en est de même du genre Cerastium, qui est également décandre
ou pentandre. Dans le genre Lythrum, V'hyssopifolia a six étamines
ou moins, et le salicaria, douze étamines ou plus.
Si maintenant nous prenons à la lettre le précepte de Linné : Ge-
nera tot dicimus, quot similes constructæ fructificationes proferunt
diversæ species naturales, nous nous trouverons dans l'obligation de
multiplier les genres en séparant les espèces qui diffèrent par le fruit,
ce qui a trop souvent eu lieu, et tend à jeter la confusion dans la
science.
Le genre monotype, considéré dans son essence, se compose d’une
seule espèce autour de laquelle se groupent des variétés.
dexhiv INTRODUCTION.
Les genres polytypes sont les véritables genres, ce sont eux qu'il
faut réellement considérer comme les genres typiques. Ce qui les ca-
ractérise, c’est qu’ils sont composés de plusieurs espèces pour sections
avec leurs variétés pour espèces. Ce sont les seuls genres qui soient
conformes aux idées philosophiques. Le genre Convallaria, en y
comprenant les démembrements désignés sous le nom de Polygona-
tum et Mayanthemum, est un genre polytype.
Le genre Scillu, démembré en tant de groupes secondaires, est
essentiellement polytype. En un mot, on distingue le genre monotype
du genre polytype, en ce que, dans le premier, l'identité de l’en-
semble des caractères est si complète, que l’on ne peut fonder les
espèces que sur des caractères d'ordre secondaire, ce qui les a fait
considérer comme de simples variétés. Le genre monotype est de-
venu le genre par excellence, ce qui explique la cause pour laquelle
les genres se sont si prodigieusement multipliés. Quant au genre po-
lytype, il est fondé sur des caractères généraux communs, et présente
dans son ensemble des rapprochements assez évidents pour qu'on ne
puisse séparer les groupes qui le composent; mais, tout en les laissant
ensemble, onles divise en groupes secondaires ou sections, qui devien-
nent les chefs de groupes tertiaires. Il existe aujourd’hui un petit nom-
brede genres polytypes : ils ont tous été démembrés ; je citerai le genre
Épilobe, £pilobiumn, qui a été partagé en trois sous-genres ou sections :
lessous-genres Camænerionàfleursirrégulières, pélalesovales, étami-
nes défléchies, filets élargis, et feuilles alternes; Zisymachion, àfleurs
régulières, pétales obcordés, étamines dressées, feuilles inférieures op-
posées et supérieures alternes; Crossostigma, à fleurs régulières, pé-
tales profondément hilobés, étamines bisériées, stigmate subpelté,
feuilles alternes.
Les genres par enchatnement sont ceux dont les espèces, tout en
ayant successivement entre elles des ressemblances marquées, sont
néanmoins assez différentes aux deux extrémités pour établir le pas-
sage avec un groupe voisin. On peut citer comme un exemple le genre
Molène, J’erbascum, et les genres Melissa, Cucurbita. Ys sont d’une
détermination rigoureuse assez difficile, mais néanmoins ils existent
par la force même des ressemblances et des analogies qui empêchent
leur séparation.
Il y a encore une sorte d’association artificielle qu’on peut appeler
genre systématique : ces genres sont purement artificiels, et se fondent
INTRODUCTION. delxv
sur certains caractères de méthode convenus; mais ils s’écartent de
la véritable méthode de création des genres.
Malgré la difficulté d'établir des genres nettement définis, on a formé
certaines associations qui sont généralement adoptées dans leur mé-
dium, mais permettent des démembrements très-multipliés aujour-
d’hui. Le travail à faire est de reconstituer les genres sur la base
polytype, et de faire disparaître les coupes trop nombreuses qu’on a
établies dans ces derniers temps. Au reste, quelque soin qu’on ap-
porte à déterminer avec précision les coupes génériques, quel que soit
le principe qu’on adopte pour servir de criterium à l'établissement des
genres, il y aura toujours de l’hésitation; ce qu’il faudra observer,
c'est le principe établi par Linné : Character non facitgenus, c’esl-à-
dire que, si l’ensemble des caractères rapproche des groupes de ma-
nière à en faire une réunion d’espèces de séparation difficile, ur seul
caractère ne doit pas en faire séparer certaines espèces pour les éle-
ver à la hauteur de genres.
IL faut donc, pour établir un genre avec autant de certitude qu'il
est possible, prendre les caractères dans la modification des appareils
de reproduction qui servent dans le groupe à fonder les genres, mais
en admettant toutefois que le caractère général de la plante ne sy
oppose pas.
Je répéterai au reste ce que j'ai dit en traitant du genre en zoologie :
c’est qu’on ne peut établir des groupes avec certitude, de quelque ordre
qu'ils soient, qu’en ayant beaucoup observé et pendant longtemps.
On acquiert par cet exercice une sagacité qui fait mieux et plus sûre-
ment sentir les affinités que les observations micrographiques les plus
minutieuses. C’est là l’avantage des Linné, des Jussieu, des Adanson,
des Cuvier, etc. Ce qu’on connait en botanique rurale sous le nom
de caractère d’herborisation, espèce de signe de reconnaissance indé-
finissable, mais pourtant très-sûr, peut donner une idée de la méthode
que je propose de suivre.
Quand on a affaire à un genre dont les espèces sont nombreuses, il
faut les diviser en sections, qui servent de chefs à toute la série d’es-
pèces présentant des affinités semblables.
Le genre est donc plus artificiel encore que l'espèce, et n’est rien
qu’un moyen artificiel pour grouper les végétaux par affinités, pour
se retrouver à travers le dédale des variations sans nombre que pré-
sente la nature.
dexlv} . INTRODUCTION.
Des familles naturelles.
Les associations par affinités qui constituent la méthode naturelle,
sont plus réelles que les genres et les espèces, et n’ont dans les grands
groupes rien qui soit artificiel ; il y a donc des familles ou ordres qui
ne sont au reste qu'un grand genre; et dans les premiers temps de
la botanique, où l’on formait les groupes de sentiment et non pas,
comine On le fait aujourd’hui, en prenant pour base un certain nom-
bre de caractères généraux similaires, soit pour le nombre, soit pour
la situation, on a établi les premiers ordres, qui sont restés tels que
les ont créés les auteurs. Ainsi, les Graminées, les Juncacées, les Om-
bellifères, les Labiées, les Composées, les Crucifères, les Rosacées,
les Légumineuses, n’ont jamais été séparées ; cependant quelques-unes,
qu’on peut appeler monotypes, comprennent des végétaux qui ont
entre eux de si étroites affinités, qu’on les prendrait pour de grands
genres : telles sont les Aristolochiées, les Dipsacées, les Cistinées, qui
ne comprennent qu’un petit nombre d’espèces; d’autres, comme les
Commélinacées, les Graminées, qui sont au contraire composées d’un
grand nombre de genres.
Il y a au contraire des familles polytypes qui paraissent formées de
petits groupes qui, touten ayant entre eux des affinités incontestables,
semblent formés de plusieurs familles réunies : telles sont les Sola-
nées, qui se divisent en Verbascées, Pétuniées, Solanées, Cestrées;
les Rubiacées, dont on a fait un grand nombre de sous-divisions, tel-
les que les Aspérulées, les Anthospermées, les Operculariées, les
Spermacocées, les Coffées, les Guettardées, les Pœædériées, les Cordié-
rées, les Hermelliées, les Isertiées, les Hédyotées, les Gardéniées,
les Cinchonées, qu’on peut regarder comme autant de genres étroite-
ment unis par une affinité irrécusable. Les Rosacées, les Amentacées
sont dans le même cas; mais les genres qui les composent sont trop
semblables entre eux pour qu’on puisse les dissocier.
On à appelé familles par enchatnement celles qui , tout en-étant
composées de genres bien tranchés et qui aux extrémités de la série
ont des caractères dissemblables, ne peuvent cependant souffrir de dis-
sociation. Les Borraginées, les Renonculacées, les Caryophyllées sont
dans ce cas.
Les familles systématiques sont celles qui sont formées par le dé-
INTRODUCTION. dexlvi
membrement de grandes familles, et qui sont fondées sur des carac-
tères de peu d'importance; celles-là sont de pur artifice, et n’ont pas
de fondement réellement philosophique. La grande famille des Com-
posées, qui a d’abord été divisée en trois groupes principaux, a suc-
cessivement été subdivisée en un nombre de groupes plus grands, et
dans ces derniers temps elle l’a été en 3 sous-ordres, 8 tribus, 42
sous-tribus, 61 divisions, et 25 sous-divisions. Il en résulte qu’au-
jourd’hui nous avons 139 noms de groupes systématiques, tandis que
du temps de Jussieu il n’y avait que 154 genres.
Les principes sur lesquels sont établies les familles doivent être
supérieurs à ceux qui servent à établir les genres etles espèces ; mais
ils varient de groupe en groupe, et souvent reposent sur des formes
typiques particulières qui ne se trouvent pas dans d’autres groupes ;
la structure de la fleur et celle de'la graine sont les appareils sur les-
quels sont établies les familles. Il est, dans les familles comme dans
les genres et les espèces, des caractères généraux qui échappent à
toute description et ne se saisissent que par des traits particuliers qui
constituent ce qu’on appelle le port; il faut donc que le botaniste soit
nourri par de bonnes et saines observations, et qu’il ait acquis par
l'habitude de voir la sagacité qui fait le véritable botaniste, car l'œil
est un appréciateur plus juste que l’application de la diagnose la
plus savante : ce n’est que dans le cas de doute qu’on a recours à l’ob-
servation de certaines particularités qui mettent sur la voie des affi-
nités réelles qui unissent les genres les uns aux autres pour constituer
une famille réellement naturelle. On trouve un exemple de ce système
d'association dans la famille polytype des Éricacées, qui se compose
de quatre types distincts qui ne peuvent être séparés, telles que
les Vacciniées, les Éricées, les Rhododendrées, les Épacridées. Rien
de plus naturel que cette association, qui ne comporte aucune disjonc-
tion, quoiqu'on ait séparé les sections qui la composent; mais on ne
pourra séparer les Éricacées des Épacridées ; et ce sont des traits gé-
néraux qui constituent les affinités réelles ; ils sont si puissants, qu’on
ne peut désunir des familles, et si on les divise, c’est pour les mettre
assez près les unes des autres pour que l’on sente que le classificateur
a obéi à la loi impérieuse de l’affinité.
La coordination systématique des familles constitue la méthode
naturelle; mais elle est encore loin d’être satisfaisante, parce que si
certains groupes se rapprochent réellement, il y a des lacunes, des
dexlvi) INTRODUCTION.
hiatus qui ne permettent pas de grouper certains types suivant leurs
rapports naturels, et l’on se guide d’après certains caractères ou en-
sembles de caractères qui répondent plutôt à des idées systémati-
ques qu’à des affinités saisissantes.
Des classes.
La classe, formée par la réunion de plusieurs familles, se fonde sur
des caractères plus généraux et d’une plus grande valeur que ceux de
la famille.
On ne connaissait, à l’époque de Jussieu, que quinze classes arbi-
traires et dont l’ensemble constituait la clef de sa méthode, et les bo-
tanistes qui l’ont suivi ont toujours donné ce nom à certaines associa-
tions générales qui comprenaient un nombre plus ou moins grand de
familles; mais dans ces derniers temps on a réuni ces familles par
groupes similaires auxquels on a donné le nom de classes, ce qui les
élève à un nombre aussi grand que l’était autrefois celui des familles;
mais le nombre varie suivant les auteurs, et ne répond pas toujours
à des types fondés sur des idées d’un même ordre : c’est ainsi que
nous trouvons dans Endlicher une classe des Agrégées, fondée sur la
réunion des fleurs dans une enveloppe commune; les Aquatiques,
dont le nom est pris dans le genre de vie des végétaux qui la com-
posent, quoiqu'en général le nom des classes soit emprunté à celui
de la famille principale ou dominatrice des groupes. Ainsi la classe
des Caryophyllinées se compose des Mésembryanthémées, des Por-
tulacées, des Caryophyllées, des Phytolaccacées. M. Ad. Brongniart,
qui à également une classe des Caryophyllinées, y introduit les Nyc-
taginées, les Chénopodées, les Amaranthacées, qui sont des Oléracées
pour Endlicher, et rejette les Mésembryanthémées dans les Cactoï-
dées.
On ne peut cependant nier qu’il y a dans ces associations généra-
les une heureuse idée; mais, faute d’une clef, on est obligé de s’en
tenir à certains caractères systématiques, et les classes modernes ré-
pondent aux grandes associations qui constituaient les groupes appe-
lés familles.
Les associations végétales, en commençant par les plus impor-
tantes, sont, d’après Endlicher :
1° La région, ou le groupe le plus général ;
INTRODUCTION. dexlix
2° La section, ou groupe de second ordre.
3° La classe.
4° L'ordre ou famille.
5o Le sous-ordre.
6° La éribu.
7° La sous-tribu.
8° La division.
90 La sous-division.
10° L'espèce.
119 La race.
122 La variété.
13° Lasous-variété.
14° La variation.
45° L’eéndividu.
Ces divisions multipliées peuvent au premier abord paraître mé-
thodiques; mais elles sont plus propres à jeter la confusion dans l’es-
prit qu’à y porter la lumière. Je crois qu’on doit éviter ces dénomi-
nations taxonomiques trop multipliées et se rapprocher de la méthode
des zoologistes. Ainsi, j'appellerai avec eux :
1° Embranchement, le groupe le plus général. Tels sont les Aco-
tylédones, les Monocotylédones, les Dicotylédones, qui répondent
aux embranchements des Vertébrés et des Invertébrés.
20 Classe, les divisions de l’embranchement : ce sont les associa-
tions végétales qui comprennent des types de forme. Telles sont, dans
les Monocotylédones, les Glumacées, les Joncinées ou Coronariées, les
Bromélioïdées ou Ensatées; dans les Dicotylédones, les Malvoïdées
ou Columniférées, les Æsculinées ou Acères. Ce qui répond aux di-
visions des Vertébrés en quatre classes : les Mammifères, les Oiseaux,
les Reptiles, les Poissons.
3° Ordres : tels sont, en Ornithologie, les Oiseaux de proie, les
Passereaux, les Gallinacés, les Échassiers, les Palmipèdes, En Bota-
nique, ce sont les ordres d’Endlicher ou les familles des autres bota-
nistes. Prenons pour exemple les Célastrinées.
4° Familles : ce sont les divisions des ordres en groupes infé-
rieurs. Tels sont les Oiseaux de proie en deux familles : les Diurnes et
les Nocturnes ; les Passereaux en Dentirostres, Fissirostres, Coniros-
tres, etc. Ainsi, les Célastrinées seraient divisées en deux familles : les
Évonymées et les Élæodendrées.
TOME I, INTRODUCTION. — Z{0raison gggg. 9999
del INTRODUCTION.
8e La tribu ou division de ja famille. Dans les Oiseaux de proie
diurnes, les Vautours et les Faucons; en Botanique, ce qu Endlicher
appelle les sous-tribus. Telles sont les Salviées, les Rosmarinées, les
Horminées dans la famille des Monardées de l’ordre des Labiées.
6° Le genre.
Tu L'espéce.
8° La variété.
9° L'individu.
CHAPITRE XXX.
DES CARACTÈRES EN BOTANIQUE.
Les caractères sont des signes simples ou composés qui servent à
différencier les végétaux, et à établir entre eux des divisions subordon-
nées, c’est-à-dire à indiquer leurs rapports. Il s’en faut beaucoup que
ces signes caractéristiques soient constants, et qu’on puisse les regar-
der comme des faits absolus; ils sont susceptibles de nuances si mul-
tipliées, qu’on ne peut les considérer que comme des signes diagnos-
tiques généraux.
Il faut distinguer deux sortes de caractères : les caractères positifs,
ou ceux qui existent réellement et ont une valeur intrinsèque, et les
caractères négatifs, qui n’ont qu’une valeur comparative et suppléent
à l'insuffisance des caractères positifs.
On doit distinguer, des caractères positifs variables, les caractères
positifs invariables, fixes ou constants : tels sont le nombre et la pré-
sence des cotylédons, la présence et le caractère des embryons, l’in-
sertion des parties; mais ces caractères positifs ne sont cependant
pas absolus; ils ont seulement plus de fixité que les autres.
Les caractères sont de plusieurs sortes : le caractère primaire où
caractère naturel, fondé sur la connaissance de tous les caractères que
fournit un végétal; il sert à tous les degrés possibles de l'échelle de
la classification.
Le caractère secondaire, encore appelé caractère de végétation, qui
INTRODUCTION. del}
a pour base les caractères tirés de la racine, de la tige, des feuilles et
de la disposition des fleurs ou de l’inflorescence ; il appartient à des
groupes moins élevés.
Le caractère essentiel ou diagnostique, qui est plus court encore
que les précédents et sert à distinguer les genres et les espèces.
Le caractère accidentel, quiest exceptionnel et peut rentrer dans le
caractère essentiel, mais n’existe que par exception ou par accident;
il est quelquefois positif, mais plus souvent négatif.
Le degré d'importance des caractères, appelé la subordination des
caractères, est un des points les plus délicats de la science : c’est celui
qui exige une connaissance plus parfaite de la botanique, et ne peut
s’acquérir que par l'habitude de voir des végétaux, et de les voir
surtout comparativement. On peut établir, en règle générale ou abso-
lue, que la valeur d’un caractère est en raison de l'importance de l’ap-
pareil sur lequel il repose.
Nous distinguerons donc, en partant du point de vue le plus élevé
et le plus général :
Les caractères classiques, qui reposent sur le mode d’insertion
des appareils de la fleur, combinés avec le nombre des parties de la
corolle ou leur absence, et constituent les caractères du premier
degré;
Les caractères ordiniques, caractères du second degré, tirés de
l’ensemble des parties, et surtout de la disposition générale des ap-
pareils de la fleur, et quelquefois aussi de la structure du fruit;
Les caractères génériques, caractères du troisième degré, qui
servent à la distinction des genres et reposent encore sur la fleur
et le fruit, ainsi que sur les caractères généraux de la tige et des
feuilles ;
Les caractères spécifiques où du quatrième degré, qui servent à
distinguer les espèces, et sont tirés des appareils autres que la fleur,
qui n’y joue qu’un rôle secondaire;
Les caractères de variété, qui servent à distinguer les variétés , et
ont pour base des signes purement accidentels et variables.
Tel est l'énoncé des caractères des différents ordres qui serviront à
établir les associations des diversnoms; en ayant soin de ne prendre
que des caractères apparents, et en évitant de se servir de ceux qui ne
peuvent être distingués qu’au moyen de puissants appareils d'ampli-
fication.
delij INTRODUCTION.
Caractères classiques, ou du premier degré.
La structure intime de la tige, celle des feuilles.
La présence ou l’absence de la fleur.
La présence ou l’absence de véritables graines, la structure de la
graine par rapport à l'organisation de l'embryon.
La disposition générale, ou'la symétrie de position des parties.
Caractères ordiniques , ou du second degré.
La présence ou l’absence du calice.
Le mode d'insertion des verticilles floraux.
La direction des étamines par rapport à l’ovaire.
La position de tous les appareils floraux comparés à l'ovaire.
La composition de la feuille.
La présence ou l’absence des stipules.
Le mode de préfoliation et de préfloraison.
La connexion des étamines.
La structure de l’ovaire.
La nature des glandes ovariennes.
La figure des graines et la nature du périsperme.
Caractères génériques, ou du troisième degré.
Le nombredes parties des appareils de la fleur.
La position de la graine dans le péricarpe.
L'unité ou la multiplicité des graines dans le péricarpe.
La présence ou l’absence de l’albumen.
La réunion ou la séparation des parties d’un appareil de la fleur.
La forme des divers appareils de la fleur.
Le mode de déhiscence du péricarpe.
La nature du péricarpe.
La consistance de la tige.
La disposition des feuilles.
Caractères spécifiques, ou du quatrième degré.
La durée, soit par rapport aux tiges, soit par rapport aux racines.
La forme des racines et leur direction.
INTRODUCTION. deliij
La présence ou l’absence de la tige.
Sa direction, sa forme.
La pilosité ou le glabrisme.
Le mode d’armature.
La forme et la division des feuilles, leur nature, leur consistance
et leur durée.
La position des fleurs et le mode d’inflorescence.
La nature absolue des corolles.
Caractères des variétés, ou du cinquième degré.
Les couleurs des corolles.
La vestiture et l’armature.
La forme des fruits.
Les époques de floraison.
La dimension des corolles et celle des autres parties de la fleur.
La proportion des tiges.
On a essayé d’établir le rapport numérique de l’importance des ca-
ractères; mais ce travail manque de précision. Il faut, sous le rapport
taxonomique eten tenant compte des progrès de la science, qui s’est
enrichie de faits nouveaux, consulter les principaux législateurs de
la science botanique, Linné, Jussieu, De Candolle, etc. : l’on y trou-
vera tous les éléments d’une bonne et sage taxonomie. La PArloso-
phie botanique de Linné, le Gencra planturum de Jussieu, l’intro-
duction à la Æ#lore française de Lamarck, la théorie élémentaire de la
botanique de De Candolle, sont des livres qu’il faut lire et toujours
lire, parce qu’ils sont conçus à un point de vue élevé dont certains
botanistes modernes paraissent avoir perdu le sens. On ne doit ré-
pudier ni l’analyse, ni la synthèse, mais se servir des matériaux que
fournit la première, qui est l’œuvre d'hommes patients et laborieux,
pour arriver à la seconde.
dcliv INTRODUCTION.
CHAPITRE XXXI.
DE LA DESCRIPTION EN BOTANIQUE.
Il est assez difficile de faire une bonne descriplion, surtout si elle
est succincte : il faut avoir, comme Linné ou Jussieu, le sentiment
des caractères différentiels, pour énoncer brièvement la forme carac-
téristique d’une plante ou d’un groupe. Pour en arriver là, il ne suffit
pas de l’habitude, il faut avoir un sens particulier joint à une con-
naissance parfaite des végétaux. Les descriptions anciennes étaient
quelquefois d’une trop grande concision , et ne suffisaient pas pour
faire reconnaître une plante : les descriptions modernes sont, au
contraire, d’une trop grande prolixité et n’atteignent pas le but que
s’est proposé l’auteur; car l'esprit s’égare dans ce dédale de noms,
d’épithètes, de ces subtilités de langage, qui ne sont pas toujours
heureusement inventés malgré leurs prétentions à l'exactitude ri-
goureuse.
La langue descriptive est loin d’avoir acquis sa perfection parce
qu’elle s’est enrichie de termes multipliés, et l’on peut, sans épuiser
la terminologie barbare des Wachendorf et des Necker , élever le
nombre des mots qui composent le vocabulaire descriptif à 6,000 ,
tant de glossologie que de taxologie. |
Avant de faire une description, il faut acquérir la connaissance
exacte des caractères ordiniques, en les groupant suivant leur ordre
d'importance; c’est une étude préparatoire qui doit précéder tout
essai glossologique. Une bonne diagnose est, en science, une chose
d’une haute importance, et c’en est, en général, la partie faible. II
faudrait que les études des naturalistes comprissent l’art de la des-
cription, et que cette partie si essentielle ne fût pas livrée à l’arbi-
traire. [l y a dans la description plusieurs modes suivant l'importance
ou le caractère plus ou moins général du groupe qu’on veut décrire.
C’est ainsi qu’on ne décrit pas une famille comme un genre, un genre
comme une espèce, une espèce comme une variété.
Il faut donc bien avoir égard aux différences qui constituent les
caractères propres à tel ou tel groupe, et surtout éviter de confondre
les caractères, et mêler à des groupes généraux des caractères qui ne
conviennent qu'à des groupes inférieurs.
INTRODUCTION. delv
Un des points essentiels est de bien étudier la glossologie particu-
lière au groupe qu’on décrit, et d'adopter un langage uniforme : ainsi
l’on ne décrira pas les groupes anormaux, tels que les Orchidées,
comme les familles normales, les Ombellifères comme les Crucifères,
les Labiées comme les Borraginées ; chacun de ces groupes présente,
dans sa structure, des particularités qui méritent une étude spéciale.
DESCRIPTION D'UNE FAMILLE.
Nom de la Famille. |
Synonymie dans l’ordre chronologique, avec l'indication du nom de l'auteur et de
l'ouvrage dans lequel la famille a été décrite.
Énoncer si les végétaux qui la composent sont des arbres, des arbustes ou des herbes.
Racine. Sa nature, ses divers caractères.
Tige. Son caractère. Système de ramification.
Feuilles. Préfoliation; avant tout leur disposition, si elles sont pétiolées ou sessiles.
Leur caractère de consistance, d’intégrité ou de division.
Stipules. Leur présence ou leur absence.
Fleurs. Si elles sont hermaphrodites, mâles ou femelles, complètes ou incomplètes,
régulières ou irrégulières, axillaires ou terminales.
Bractées. Leur absence ou leur présence; leur caractère.
Calice. Estivation, son caractère, et, avant tout, s’il est gamosépale ou polysépale,
régulier ou irrégulier; disposition extérieure; persistance.
Corolle. Estivation, sa position relativement aux verticilles centraux : disposition
extérieure, division ou nombre des pétales ; forme générale.
MNectaires. Leur figure, s’il y en a; leur position.
Glandes. Leur caractère, leur position.
Étamines. Mode d'insertion; si elles sont incluses ou exertes, introrses ou extrorses,
uni ou plurisériées : leur nombre.
Filets. Leur forme, leur connexion.
Anthères. Nombre des loges, leur caractère, leur mode de déhiscence.
Pollen. Sa figure, qui est caractéristique dans certains groupes.
Ovaire. Sessile ou podogyné, libre ou adhérent; nombre des carpelles, leur soudure
ou leur liberté, nombre des loges; sa forme.
Disque. Sa présence, sa forme.
Ovules. Leur disposition, leur nombre, leur mode de placentation, leur direction
orthotrope, anatrope ou campylotrope, avec la position des ovules relativement au
funicule.
Style. Sa présence ou son absence, sa forme.
Stigmate. Sa forme, sa division ou son indivision.
Péricarpe. Sa nature, en adoptant un système uniforme de carpologie; sa déhiscence ;
caractères de l’épicarpe, du mésocarpe et de l’endocarpe.
Graines. Leur nombre, leur figure; caractère de l'épisperme et du périsperme ; pré-
sence ou absence d’un albumen.
Embryon. Sa figure, sa position.
Cotylédons. Leurs caractères.
delv) INTRODUCTION.
Radicule. Forme et figure.
Plumule. Caractères.
Affinités.
Distribution géographique.
IL est de la plus haute importance, dans un Genera ou même une
Flore, d'indiquer les affinités de la famille avec les groupes voisins;
plus, la distribution géographique des genres qui la composent,
et, ce qu'on indique rarement, les diverses altitudes et les stations
favorites.
On observe dans une même famille des caractères variables, po-
sitifs ou négatifs, parce que les genres qui les composent ne sont
pas absolument uniformes. C’est ainsi que, dans les Orchidées, on
aura des bulbes ou des racines fibreuses, ou bien des pseudo-bulbes
et des végétaux épigés ou épiphytes; dans les Euphorbiacées, des
végétaux charnus comme des Cactées, herbacés, ligneux, épineux ;
dans les Légumineuses, des arbres, des herbes ou des tiges volu-
biles ; les feuilles sont opposées ou alternes, dans une même famille,
les fleurs régulières ou irrégulières; c’est ainsi que, dans les Légu-
mineuses, il y a des fleurs régulières ou irrégulières ; des étamines
monadelphes ou diadelphes. Sous le rapport des fruits, les familles
diffèrent encore beaucoup; cependant, il y a certaines familles, telles
que les Ombellifères, qui ont presque constamment des diakènes.
DESCRIPTION D'UN GENRE.
Nom du genre et de son auteur.
Synonymie. Si c’est un genre nouveau et démembré, désigner l’espèce qui a servi de
type.
Calice. Ses divisions, ses caractères, son estivation.
Corolle. Son insertion, gamopétale ou dialypétale, caractère propre aux pétales. Leur
rapport d’alternance avec le calice; son estivation.
Étamines. Leur nombre, leurs rapports.
Filets. Leur caractère.
Anthères. Leur figure, le nombre de leurs loges.
Style. Son caractère, consistant surtout dans sa longueur.
Stigmate. Sa forme, son caractère propre.
Ovaire. Sa forme; le nombre des loges qui le composent.
Ovules. Leur disposition dans les loges.
Fruit. Sa nature, sa figure.
Semence. Sa forme, ses caractères particuliers. ‘
Embryon. Dressé ou non, albuminé ou non albuminé.
Cotylédons. Leur caractère foliacé ou non, leur figure.
Re
RD INTRODUCTION. delvij
Radicule. Sa longueur, sa figure, supère ou infère.
Inflorescence. Définie ou indéfinie , simple ou composée, sa nature.
Fleurs. Caractère propre.
Bractéés. Présence ou absence, caractères.
Feuilles. Préfoliation; caractère des feuilles, radicales ou caulinaires, pétiolées ou
sessiles , entières ou non, leur figure, leur consistance, leur vestiture.
Nature. Arbres, arbrisseaux ou herbes, à tige ou acaules, vivaces ou à durée limitée.
Patrie. Non-seulement en général, mais avec les limites inférieures et supérieures
de végétation.
Altitude.
Station. Détermination précise des localités qu’affectionnent:les diverses espèces du
genre.
DESCRIPTION D UNE ESPÈCE.
Nom. Avec celui de l’auteur.
Synonymie scientifique.
Synonymie vulgaire.
Iconographie. Tndication des meilleures figures.
Racine. Ses caractères différentiels.
Tige. Ses caractères, son système de ramification, sa hauteur.
Feuilles. Caractères généraux et particuliers décrits avec précision; grandeur, ves-
titure, couleur, consistance.
Fleurs. Disposition particulière, sessiles ou pedonculées.
Calice. Figure, vestiture, caractères propres.
Corolles. Grandeur, couleur, caractères particuliers, odeur.
Étamines. Rapports avec la corolle,
Filets et Anthères. Leurs caractères différentiels.
_ Style et Stigmate. Caractères différentiels, surtout les rapports de longueur, leur
couleur, leur villosité.
Ovaire. Structure particulière.
Fruit. Sa nature, sa figure, sa grosseur, sa couleur.
Graines. Grosseur, couleur, particularités.
Floraison. Époque précise, sa durée, dire si la plante remonte.
Fréquence ou rareté.
Distribution géographique de l'espèce.
Nature géologique du terrain qu'elle affectionne.
Altitude.
Station.
Localité. Bien précise.
- Associations. Dire quelles sont les plantes avec lesquelles le végétal décrit croît
en commun.
TOME 1, INTRODUCTION. — Livraison hhhh. hhhh
dclviij INTRODUCTION.
CHAPITRE XXXII.
DES MÉTHODES.
Les botanistes anciens, ceux qu’on peut regarder comme les pères
de la science, connaissaient un trop petit nombre de végétaux pour
qu’il leur fût possible, malgré la similitude évidente de certains
groupes, de fonder une méthode de classification; ils se bornèrent à
établir certaines coupes, destinées à distinguer empiriquement entre
elles les différentes parties de leur sujet, et ils n’allèrent pas au delà;
cependant ils réunirent instinctivement les végétaux qui présentaient
certaines affinités, et suivirent à leur insu la voix qu'indique la rai-
son, mais sans avoir la conscience d’une méthode naturelle ou ana-
logique. À mesure que les découvertes multipliaient les richesses
végétales, il devenait impossible de se contenter des divisions gros-
sières des premiers botanistes, qui n’avaient décrit que quelques
centaines de végétaux. Le but qu’on se proposa d’abord et celui qui
semblait au premier abord le but unique de la science, fut de faire
arriver par le chemin le plus facile et le plus court à la connaissance
du nom d’un végétal, de sorte que les méthodes artificielles furent
les premières inventées. Malgré les services limités qu’elles durent
rendre à l'étude de la botanique, c’était un premier pas vers l’asso-
ciation systématique des végétaux, car il n’y en a pas, quelque arti-
ficielle qu’elle soit, qui ne réunisse nécessairement les grandes fa-
milles naturelles, unies entre elles par des affinités indissolubles;
mais, dans la plupart des cas, ces mêmes affinités sont méconnues,
ce qui a fait tomber en discrédit la plus célèbre de toutes, celle de
Linné, qui est cependant marquée au coin du génie. Ce qui séduit
dans une méthode artificielle, c’est sa simplicité, le propre de toutesles
classifications systématiques, qui reposent sur des principes absolus ;
mais, quand on arrive aux exceptions, on ne tarde pas à reconnaître
leur imperfection, et l’on en est aujourd’hui arrivé à les délaisser
complétement, la supériorité de la méthode naturelle ayant été bien
reconnue. Cependant on emploie encore l’artifice ingénieux de La-
marck, pour arriver plus facilement à découvrir le nom d’une plante;
mais c’est un simple auxiliaire qui ramène toujours à la classification
INTRODUCTION. dclix
| hilosophique, la seule qui mérite d’être suivie par ceux qui veulent
faire une étude sérieuse de la botanique. C’est un moyen employé
par les esprits paresseux, qui semblent redouter le travail et se con-
tentent de connaissances superficielles. Je ne prétends pas dire pour
cela que la méthode naturelle soit infaillible, impeccable; mais la
science n’a pas dit son dernier mot, et les travaux incessants des
botanistes modernes conduiront sans doute à une méthode unique,
adoptée par toutes les nations, et qui se perfectionnera par l’étude
et la méditation.
Des méthodes artificielles.
Le nombre en étant trop considérable pour que je les expose lon-
guement, je ne prendrai que celles qui ont eu une application réelle
et qui s’enchainent entre elles, de manière à faire voir comment elles
ont passé de l’une à l’autre en se perfectionnant sans cesse, et en
conduisant, de proche en proche, à la connaissance des lois d’affi-
nité qui ont donné naissance à la méthode naturelle.
Ce fut le dix-septième siècle qui vit éclore le plus grand nombre
d’essais de classification : après J. Bauhin, qui n’a pas créé de système,
dans l’acception que nous donnons à ce mot, vinrent Morison et
Ray; mais leurs ébauches sont si incomplètes, qu’il est inutile de les
citer. Le premier qui apparaît comme le créateur d’un système qu’on
peut regarder, même avant celui de Linné, comme le plus com-
mode pour l'étude, est Rivin, dont la classification, publiée en 1690,
dans l’ouvrage intitulé : Révini Ordines plantarum, et qui repose sur
le nombre des pétales, eut un succès d’un demi-siècle , et balança
même la réputation du système de Tournefort. Il est composé de 18
classes, comprenant 91 sections, qui ont pour base les caractères
secondaires.
dclx INTRODUCTION.
Système de Rivin.
CLASSES.
. Monopétales.
. Dipétales.
. Tripétales.
. Tétrapétales.
. Pentapétales.
. Hexapétales.
. Polypétales.
à figure parfaite........
nr —
NN D Où À OS ON =
| 8. Régulières.
9. Régulières et irrégulières.
COMPOSÉES. . ...........
| 10. Irrégulières.
Plantes à fleurs
| 11. Monopétales.
12. Dipétales.
13. Tripétales.
irrégulières. ........,.. 14. Tétrapétales.
15. Pentapétales.
16. Hexapétales.
17. Polypétales.
Naparfaites 5 Lct8 Ludes 18. Imparfaites.
La facilité d'application de ce système le fit employer par plu-
sieurs auteurs, dont quelques-uns y firent de légères modifications ;
ce sont Kônig, Hebenstreit, Heister, Ruppius, Knaut, Ludwig et
Siegesbeck.
Quatre années après Rivin, en 1694, Tournefort publia sa clas-
sification, qui eut un succès prodigieux. Ce savant botaniste eut sur
son compétiteur l’avantage de délimiter les genres, illustrés par des
dessins faits avec exactitude, et de l’appliquer dans son Æéstorta reë
herbariæ, où il décrivit plus de dix mille plantes. Le seul reproche
qu'on puisse lui-faire est d’avoir cédé à un préjugé qui existait à son
époque et faisait éloigner les végétaux herbacés des végétaux li-
gneux, ce qui rend inutiles les classes 21 et 22, qu'on retrouve
dans les classes 6 et 10.
INTRODUCTION.
Méthode de Tournefort.
régulières. . |
| monopétales
d.
irrégulières |
simples :
| régulières. .
péta- | polypétales. . |
| | k
. à
© D 3 oo
lées :
irrégulières
d'herbes
RéGMho be EL 28. de den:
Fleurs
d’arbres
DERDIÉUS.. à ae 2 mort pere ed. dé
dclx;
CLASSES.
1. Campaniformes.
D:
Infundibuliformes.
Personées.
. Labiées.
. Crucifères.
. Rosacées.
. Ombellifères.
. Caryophyllées.
. Liliacées.
. Papilionacées.
. Anomales.
. Fleuronnées.
. Semi-fleuronnées.
. Radiées.
. À étamines.
. Sans fleurs.
. Nifleurs ni fruits.
. Apétales.
. Amentacées.
. Monopétalées.
. Rosacées.
. Papilionacées.
Ces 22 classes renferment 122 sections, reposant sur la position
des fleurs et des fruits, sur le nombre des feuilles et sur toutes les
parties du fruit.
Pontedera reprit en 1720 la méthode de Tournefort, mais sans
succès. Bergen, au contraire, dans sa Flora Francofurtana (1750),
la perfectionna d’une manière aussi savante qu'ingénieuse. Elle fut
adoptée par quelques botanistes ; mais la publication du système
sexuel de Linné était destinée à la faire tomber dans l'oubli. Je ne
citerai, parmi les savants qui suivirent la même voie, que le bo-
taniste anglais Hill, qui combina ingénieusement le système de Rivin
avec la méthode de Tournefort, et en tira tout ce qu'on peut obtenir
dclxi) INTRODUCTION.
d’un semblable mode de classification. Si ce botaniste eût accompa-
gné son système d’un species, ou de quelque grand travail d’ensem-
ble, il est évident qu'il eût balancé avec avantage le système de
Linné, car il offre cela de remarquable qu’on y retrouve un plus
grand nombre de familles naturelles que dans la plupart des autres
systèmes.
On fait à juste titre honneur à Linné du système sexuel, dont il est
le véritable créateur, mais il ne fut pas le premier qui eut cette
idée : en 1702, Burkhard adressa à Leibnitz une lettre dans laquelle
il demandait si l’on ne pourrait pas tirer parti de la comparaison
des étamines. Comme cette lettre, la seule qui reste de ce savant, ne
fut publiée qu’en 1750, il est évident qu’elle n’inspira pas Linné;
mais On reconnaît que, quand tous les esprits méditatifs prennent
une direction, il jaillit de toutes parts des étincelles recueillies
par un homme de génie, résumant en lui toute son époque.
Linné publia pour la première fois son système sexuel dans la
Florula Laponica, qui parut dans les mémoires de l’Académie d’Up-
sal, de 1732 à 1734, et fit une révolution dans la science. Comme
certains ouvrages récents, et même encore en voie de publication,
sont disposés d’après cette méthode, je la ferai connaitre 7 extenso,
en rappelant ce que j'ai démontré au commencement de ce livre :
c'est que les grandes familles naturelles y sont représentées, à peu
d’exceptions près.
Organes
sexuels
apparents.
Végétaux à
\ Organes sexuels cachés. ...... A. ne
INTRODUCTION.
Système sexuel de Linné.
! Nombre...
égales
oh bn
Nombre
| libres { et insertion
ant à inégales.......... b
séparées
| du pistil
Fieurs
herma-
phrodites: |
avec \
toit
par les filets... ..
réunies
par les anthères. ..
unies au pistil............. UM 20.
Pieurs-onisexmrélless si ca ous. ne 60. I
= © L O0 =3 D O1 à 0 >
12.
. Polyandrie.
19:
delxiij
CLASSES.
Monandrie.
Diandrie.
. Triandrie.
. Tétrandrie.
Pentandrie.
. Hexandrie.
Heptandrie.
. Octandrie.
. Ennéandrie.
. Décandrie.
. Dodécandrie.
Icosandrie.
. Dilynamie,
. Tétradynamie.
. Monadelphie.
. Diadeïphie.
. Polyadelphie.
Syngénésie.
Gynandrie.
- Monœcie.
. Diæœcie.
. Polygamie.
. Cryptogamie.
Pour bien comprendre le système de Linné, il faut être initié au
point de vue qu’il a adopté. Pour lui, les étamines sont des mâles ou
des hommes, et les pistils des femelles ou des femmes. Ainsi il a adopté
jusqu’à la 12° classe les noms de nombre de la langue grecque. Mévos
(monos), un seul; évio (aner), dvdoés (homme), d’où #onandrie, un seul
homme, une seule étamine, et ainsi de suite; eïxoc (icos, 20), d’où
icosandrie, 20 étamines; rois, beaucoup, un grand nombre, d’où po-
lyandrie, un nombre indéterminé d'étamines; dés, deux fois, dévepue
(dynamis, puissance ou force), d’où d'dynamie ; es plantes didynames,
ayant 4 étamines dont 2 plus courtes ; rérre0es, quadruple, d’où tétra-
declxiv INTRODUCTION.
dynamie, 6 étamines, dont 4 plus longues et 2 plus courtes; wévos
un seul; &dexpés (adelfüs, frère), d’où ronadelphie, les plantes
dont les étamines sont réunies en un seul corps ; déadelphie, en deux
corps; polyadelphie, en plusieurs corps; cv (sun, ensemble };
yévecus (génésis, engendrement) , d’où syngénésie, les étamines
réunies par les anthères, concourant ensemble à l’acte de la fécon-
dation; yon (guné, femme) et ävie (homme), d’où gynandrie,
plantes dont les organes mâles et femelles sont réunis de manière à
ne former qu’un seul corps ; govos (une seule), oixix (oïkia, maison),
d’où monœæcte, plantes à fleurs femelles séparées des mâles, mais
portées sur un même pied; diæcie, deux maisons, quand les fleurs
mâles et femelles sont sur des pieds différents ; roXÿs, beaucoup, et
yéuos (gamés, noces), d’où polygamie, quand la même plante offre
sur un même pied des fleurs mâles, des fleurs femelles distinctes
et des fleurs hermaphrodites; xpurrôs (eryptos, caché), yéuos (noces) :
tels sont les cryptogames, dont le mode de reproduction est in-
connu. On serait autorisé à reprocher à Linné ce luxe de noms
grecs; mais il est si ingénieux dans ses appellations, qu’on peut lui
pardonner ce défaut, qui est encore celui de notre temps.
Ou voit que les classes sont fondées sur l'absence ou la présence
des étamines, 1 à 13 et 24; sur leurs rapports, 14 et 15; sur leur
réunion par les filets ou les anthères, 16 à 20; sur leur présence si-
multanée ou leur isolement sur le même pied ou sur des individus
différents, 21 à 23.
Les ordres sont établis sur des principes différents : de 1 à 13,
c’est le nombre des pistils. D’où monogynie, une seule femme; ds-
gynie , deux femmes, etc.; polygynie, quand le nombre des pistils
est indéterminé. La quatorzième classe est partagée en gymno-
spermie, youvés (gumnôs, nu), oméoux (sperma, graine), quand
les graines sont dépourvues d’enveloppe, et angiospermie, dyyetoy
(angheïon, vase), quand elles ont une enveloppe. Ces considérations
ont cessé d’être exactes aujourd’hui que l’organisation des fruits est
mieux connue.
Dans la tétradynamie, ce sont des siliqueuses, quand le fruit ou
la silique est plus longue que large, et séliculeuses, quand il à autant
de longueur que de largeur.
Dans les classes 16, 17 et 18, le nombre des étamines reparaît :
c'est m#onadelphie pentandrie, décandrie, etc.
INTRODUCTION. delxv
La Syngcnésie mérite une étude attentive : c'est un véritable
chef-d'œuvre d'observation. Cette classe présente de grandes dif-
ficultés; mais la sagacité de Linné s’y montre tout entière. Elle est
mnonogamne, quand les fleurs sont solitaires, comme cela a lieu dans
les Lobéliacées, les Violettes, etc., et polygame, quand, au contraire,
elles sont réunies dans un réceptacle commun, comme dans les Com-
posées. Elle se divise en : polygamie évale, quand toutes les florules
ont étamine et pistil; polygamie superflue, quand les florules du
centre sont complètes et celles du tour femelles; polygamie frustra-
née, quand les florules du centre sont complètes et celles de la cir-
conférence stériles; polygamie nécessaire, quand les fleurs de la
circonférence sont fertiles et celles du centre stériles; polygamie sépa-
rée, quand chaque fleur a un involucre séparé, comme dans l’Échinops.
Le nombre des étamines sert à distinguer les ordres dans la gY-
nandrie, la monœæcte et la diæcie.
La polygamie est partagée en trois ordres résultant de la disposi-
tion des fleurs : polygamie monæcie, quand les fleurs de diverses
sortes sont réunies sur le même pied; pol/ygamie diœcie, quand elles
sont sur deux pieds différents, et pol/ygamie triæcie, quand il existe
sur un individu des fleurs mâles, des fleurs femelles sur un autre, et
des fleurs mâles et femelles sur un troisième.
Quant à la 24° classe, elle est divisée en Champignons, Algues,
Mousses et Fougères, ce qui rentre dans la méthode naturelle.
Ce système présente, pour l'étude, de grandes commodités, car il
est d’un usage très-facile dans le plus grand nombre des cas. On n’a
que peu de caractères à observer, et l’on arrive sans beaucoup de
peine à trouver le nom d’une plante : aussi a-t-il été la base d’une
grande partie des ouvrages destinés à l'étude; telles sont, entre au-
tres, les Flores locales; mais on a constaté un assez grand nombre
d’exceptions pour qu'aujourd'hui ce système soit délaissé. C’est ainsi
qu'on a reconnu la variabilité du nombre des étamines dans un
assez grand nombre de végétaux pour qu’il en puisse résulter de
l'incertitude. Je citerai quelques-unes des anomalies qui se présen-
tent dans chaque classe.
Dans la monandrie, le Boerhavia a quelquefois 2 étamines; le
Corispermum en a 2, 3, 4 ou 5.
Dans la diandrie, on trouve le Chionanthus, qui a 3 étamines, et
la Gratiole, qui en a quelquefois 4.
TOME I, INTRODUCTION, —— LévrGison li, iéit
delx v] INTRODUCTION.
Dans la triandrie, on trouve une Valériane à 2 étamines, et une
autre qui est dioïque; le genre Fétuque a des espèces à 1 ou 2 étamines.
Dans la tétrandrie, les Æivina sont à 8 étamines ; les Scabieuses
en ont parfois 5; certaines Aspérules sont quelquefois à 3 étamines.
Dans la pentandrie, qui renferme un assez grand nombre de genres,
il y a plus encore d’exceptions : le Fusain, le Nerprun, ont 4 éta-
mines; les Gardenia en ont quelquefois 9 ; le Tarnarix gallica, 10,
le Groseillier des Alpes est dioïque, plusieurs Drosma sont monoï-
ques, et certaines espèces de Lysimachies monadelphes.
On trouve dans l’hexandrie un Narcisse à 3 étamines; le Convalla-
ria bifolia en a 4; l'Asperge est polygame; dans le genre Rumex, il ÿ
en a de monoïques, de dioïques, de polygames ; les Polygonum présen-
tent une variabilité plus grande encore dans le nombre des étamines.
Le Pavia, qui appartient à l’heptandrie, a 8 étamines.
Dans l’octandrie, il y a l'Adoxa moscatellina, qui a des fleurs à
3 étamines ; l’Elatine tripetala en a 3 ou 6.
Dans l’ennéandrie, on trouve des espèces dioïques : telle est la
Mercuriale annuelle; dans le genre Æydrocharis , il v a une espèce
monoïque et l’autre dioïque.
Les exceptions sont plus communes encore dans la décandrie,
comme dans toutes les classes nombreuses en genres et en espèces :
les Spergules ont 5 étamines ; une espèce de Cerastium est dans le
même cas; la Rue en a 8; les Phytolacca en ont 8, 10, 20, et quel-
quefois ils sont dioïques; une espèce du genre Zychnis est dioïque,
et dans ce genre on trouve quelquefois 4 styles au lieu de 3.
La dodécandrie est loin de former une classe régulière : plusieurs
espèces de Salicaires n’ont que 6 étamines , et le genre Aigremoine
en a souvent plus de 20.
L'icosandrie compte des espèces dioïques : tel est le Spiræa arun-
cus ; le Spiræa opulifolia n'a que 3 étamines; le nombre des pistils
varie dans le genre Ficoïde.
Dans la polyandrie, on trouve des Aconits à à pistils; le De/phi-
nium Ajacis n’en a qu’un seul, certaines Nigelles 10, la C/emauis
flammula en a 8; deux espèces, la dioica et la Firginica, sont dioï-
ques ; le Ranunculus hederaceus à 12 élamines. On voit par ce petit
nombre d'exemples, choisi sur une grande quantité de végétaux,
que le système sexuel présente d'autant plus d'anomalies que les
classes comprennent plus de genres.
INTRODUCTION. delx vi)
Les genres Catalpa et Pentsemon font exception à la didynamie
par leurs 5 étamines.
On trouve des espèces à 2 et 4 étamines dans la tétradynamie :
tels sont les Lepidium ruderale, nudicaule, la Cardamine hirsuta ;
d’autres ont les étamines égales.
Le genre Geranium à 5, 7, 10 étamines fait exception dans la
monadelphie.
Les Trèfles et les Ononis, quoique appartenant à la diadelphie,
sont monadelphes, et l’Arachide est monoïque.
Certains genres, faisant partie de la polyandrie, ont les étamines
libres ou monadelphes, et l’on trouve dans le genre Millepertuis des
espèces à 1, 2 et 3 pistils.
La syngénésie n’est pas exempte d'anomalies, malgré sa plus
grande régularité. Certaines espèces ont les étamines libres; plu-
sieurs ont des fleurs dioïques. ÿ
Par suite du démembrement de la gynandrie, on a régularisé cette
classe.
Dans la monœcie, on trouve des plantes dioïques : tels sont un
Arum , une Ortie, la Bryone, une grande partie des Casuarina.
La diœcie renferme des espèces monoïques, d’autres polygames;
certains genres ont des fleurs complètes.
Quant à la polygamie, elle présente des anomalies si nombreuses,
que beaucoup de botanistes l’ont supprimée et en ont dispersé les
genres dans les autres classes.
Il résulte de ce qui précède que le système sexuel, malgré la faci-
lité apparente de son application, ne peut plus être employé sans
qu’on y joigne un tableau des anomalies, ou qu’on ne reporte les
genres anormaux dans les classes auxquelles ils appartiennent.
Quoi qu’il en soit du jugement qu'on porte sur le système sexuel,
il restera toujours comme un chef-d'œuvre de sagacité; mais on
doit dire aujourd’hui qu’il est devenu d’une application si difficile,
qu'il faut le reléguer dans les archives de la science en lui donnant
une place d'honneur.
Cette simplicité si séduisante, pour qui n'a pas soumis ce sys-
tème à l’épreuve de l’expérience, lui donna une vogue immense; ce
qui n’empêcha pas des botanistes sérieux d’y apporter des modi-
fications : elles ne servirent qu’à mettre plus en relief ses imperfec-
tions, Thunberg, Gmelin, Brotero, Patrice Brown, Willdenow, Per-
delxvi] INTRODUCTION.
soon, Sprengel, ne l’adoptèrent que pour lui faire subir des change-
ments importants ; presque tous supprimèrent la polygamie, dont j'ai
déjà signalé les imperfections. Je citerai, parmi les réformateurs du
système sexuel, L. C. Richard, qui fit un travail qu'on pourrait re-
garder comme original et dans lequel il fit briller ses profondes con-
naissances. On peut même dire que, si l’on devait en revenir à l’ap-
plication du système sexuel, ce serait à celui de Richard qu’il fau-
drait donner la préférence, en ayant soin toutefois de faire rentrer
chaque espèce anormale dans la classe à laquelle elle appartient.
Je vais néanmoins donner un tableau du système sexuel modifié,
quand ce ne serait que par reconnaissance pour la mémoire de
notre savant compatriote.
Système de L. Cl. Richard.
1 étamine....... 1. Monandrie.
2 étamines...... 2. Diandrie.
3 étamines...... 3. Triandrie.
| 4 étamines...... 4. Tétrandrie.
| Pare <
PT étamines Pc 5. Pentandrie.
\ 6 étamines...... 6. Hexandrie.
7 étamines...... 7. Heptandrie.
8 étamines...... 8. Octandrie.
9 étamines...... 9. Ennéandrie.
10 étamines,..... 10. Décandrie.
RE sous le pistil..... 11. Polyandrie.
dans / indéterminés [un le calice...... 12. Calycandrie.
la fleur | sur l'ovaire infere. 13. Hystérandrie.
et
de dimensions | 2petites, 4grandes. 14. Didynamie.
variées 2 petites, 4grandes. 15. Tétradynamie.
en 1 corpis.... 16. Monadelphie.
et pistils par les en 2 corps... 17. Diadelphie.
en 3 à 7 corps. 18. Polyadelphie.
unis i À
A nb soudées. . 19. Synanthérie.
P accolées.. 20. Symphysandrie.
Etamines st :
\ avec le pistil............. 21. Gynandrie.
| sur le même pied............... 22. Monœæcie.
\'isolés [ar deux pieds................. 23. Diœcie.
sur différents pieds............. 24. Anomalœæcie.
VIE 2: 2 17080 MVL EL Me niee PER Tes à 25. Agamie.
INTRODUCTION. delxix
Les ordres sont fondés sur la division du stigmate, et l’on dit 20-
nostigmatie, distigmatie, et ainsi de suite jusqu’à la 13° classe.
La Didynamie est partagée en /omogynie, ou ovaire divisé, et
atomogynie Où Oovaire non divisé.
La Calycandrie est formée pour le seul genre Siyrax.
La Synanthérie comprend 2 classes : la monostigmatie et la di-
suigmalie.
Dans la Monœcie, les Cucurbitacées forment l’ordre de la Sy1-
physandrie.
Système de Gaertner.
Le célèbre Gaertner, l’auteur d’un ouvrage fort estimé de carpo-
logie, a établi, en 1788, un système dont les classes sont fondées sur
l’absence, la présence et le nombre des cotylédons; les sous-classes
sur les rapports du fruit et de la radicule, et les divisions inférieures
sur le nombre des carpelles, ainsi que sur la présence ou l'absence
d’un albumen. Ce qui prouve jusqu’à quel point l’ensemble du tra-
vail de Gaertner était fondé sur des principes artificiels, c’est qu'il a
isolé les familles les plus naturelles, et a produit les associations Îles
plus antianalogiques; cependant il a fourni des éléments pour la rec-
tification de certains genres, dont il a mieux déterminé les limites.
Clef du système de Gaertner.
1re classe. Acotylédones.
2° — Monocotylédones.
3* — Dicotylédones à fruit infère.
4 — — à fruit supère.
5° — Polycotylédones.
I. — ACOTYLÉDONES. III. — DICOTYLÉDONES, FRUIT IN-
FÈRE.
II. — MONOCOTYLEDONES. :
1. RADICULE INFEÈRE.
Anf'rast supêre, 4. Monocarpes.
a. Exalbumineuses (Alisma, Sagittaria). : ; Circé
b. Albumineuses (Graminées, Cypéracées, | 4. Exalbumineuses (Composées, Circée ,
ili ï : Poirier).
miss cerprdien ins pest” b. Albumineuses (Caféier, Lobélie, Belle-
2. Fruit infere. de-nuit).
Scitaminées , Iridées, Orchidées. 8. Di-polycarpes.
dclxx INTRODUCTION.
2. RADICULE SUPÈRE. 2. RADICULE SUPERE.
«. Monocarpes. a. Monocarpes.
à F4 de a. Exalbumineuses (Platon
a. Exalbumineuses ( Valériane, Noisetier, ( e, Bouleau,
Orme).
b. Albumineuses (Genévrier, Oxalis, Ortie,
Mürier, Poivrier).
Gaura). is
b. Albumineuses (Dipsacées, Gui, Lierre,
Soude, Figuier).
B. Di-polycarpes.
. Éxalbumineuses (Rosier, Borraginées).
. Albumineuses (Anémone, Euphorbia-
cées).
6. Di-polycarpes.
T8
Ombellifères, Céphalanthe.
3. RADICULE CENTRIPÈTE. à
à 83. RADICULE CENTRIPÈTE.
a. Exalbumineuses (Myrtacées, Épilobes , a. Monocarpes.
Cactus). g : : ;
b. Albumineuses (Campanules,Vaecinium). | 4- Ce 00 (Acanthe, Millepertuis,
AE)
4. RADICULE CENTRIFUGE. b. Albumineuses (Primevère, Bruyères,
; à Xi Solanées).
Citrouille, Groseillier. c
B. Di-polycarpes.
5. RADICULE VAGUE. a. Exalbumineuses (Staphylea, Nerium).
: b. Albumineuses (Sedum , Pivoine, Ellé-
Grenadier. ;
bore).
IV. — DICOTYLÉDONES, FRUIT Su- A HRADIQUEE CHER
PÈRE. a. Monocarpes.
1: RADICULE INFÈRE a. Exalbumineuses (Peuplier, Légumi-
à ù neuses).
a. Monocarpes. b. Albumineuses (Gentiane, Violette, Fu-
l meterre, Pavot).
a. Exalbumineuses (Saule, Jasmin, Juju-
bier). 6. Di-polycarpes.
b. Albumineuses (Plantain, Tilleul, Arro- Uvaria.
che). 5. RADICULR VAGUE.
6. Di-polycarpes. Baobab.
a. Exalbumineuses (Géranium, Savonnier). V. — POLYCOTYLÉDONES.
b. Albumineuses (Renoncule, Magnolia,
Malvacées). Cyprès.
Système de Porta.
J. B. Porta publia, sous le titre de Phytognomonique (Francfort,
1591),-un livre rempli de recherches curieuses, et dont les progrès de
la science n’ont pas encore fait disparaître les idées; car la doctrine
des signatures estencore adoptée par certains savants. C’est ainsi que,
de nos jours, un savant portugais a recherché les analogies qui
existent entre les oiseaux etles plantes; d’autres ont cherché les res-
semblances qui unissent les êtres supérieurs et les insectes.
Il y a dans celte doctrine des analogies frappantes : c'est ainsi que
les Oiseaux de nuit, de l’ordre des Rapaces, ont un plumage sem-
INTRODUCTION. delxx}
blable à celui des Engoulevents de la petite famille des Fissirostres,
et les Lépidoptères nocturnes sont peints des mêmes couleurs. Les
Mammifères nocturnes eux-mêmes, tels que les Chéiroptères, les
Carnassiers nocturnes, sont roux ou bruns; les Batraciens nocturnes,
comme les Crapauds, sont également pourvus d’une livrée funèbre ;
en un mot, on trouve des analogies inexplicables répandues à travers
tout le monde organique, sans qu’il soit pour cela possible d’ériger ces
analogies en système; on n’y peut voir qu'une unité de plus ou des
anomalies jetées çà et là, et qui interrompent l’enchainement des créa-
tions liées par affinité.
Ayant remarqué entre les parties des plantes et celles des animaux
des ressemblances frappantes, telles que, dans un même ordre d'idées,
Robinet en trouva entre les corps bruts et les êtres organisés, il pensa
que les plantes devaient avoir des propriétés déterminées par leurs
formes, et que, dans l’art de guérir, on devait avoir égard à ces ca-
ractères pour en déduire les maladies contre lesquelles elles devaient
être employées. Son système, plus curieux par ses recherches que
par son caractère scientifique, mérite cependant d'être connu, car il
poussa les analogies jusqu’à leurs dernières limites, groupa les plantes
non-seulement par affinités physiques, mais par affinités morales, et,
s’élançant hors de la sphère terrestre, il présenta les associations vé-
gétales dansleurs rapports avec les planètes de notre système. On af-
fecte aujourd’hui de traiter avec dédain la doctrine des signatures,
mais il est demeuré dans la médecine populaire des idées qui sont
antérieures à Porta et attribuent encore aux végétaux des propriétés
analogues aux parties qu’elles représentent. C’est ainsi que la Pulmc-
naire aux feuilles tachetées est regardée comme souveraine dans les
affections du poumon; la Carotte, dont le suc est jaune, est de nos
jours encore administrée dans l’ictère, même par les médecins; le
Buphthalme dont les fleurs ressemblent, dit-on, à un œil de bœuf,
sont recommandées dans l’ophthalmie; les racines noueuses de l’Her-
modacte, dans la goutte; les racines granuleuses des Ficaires sont
réputées antihémorroïdales; les fruits vésiculeux de l’Alkékenge,
dans les maladies des voies urinaires. En un mot, il y a des préjugés
qui se conservent et se transmettent, et il faut qu’ils soient bien inhé-
rents à l'esprit humain, pour que partout, sans acception de temps
et de lieux, ils se reproduisent identiques et prouvent la tendance de
l'humanité au merveilleux.
delxxi] INTRODUCTION.
1° CLASSE. — Plantes considérées selon leur lieu natal.
Section 1. Plantes aquatiques.
2. Plantes terrestres.
3. Plantes des trois climats : le chaud, le tempéré et le froid.
4. Plantes montagnardes.
5. Plantes cultivées.
de cLAssE. — Plantes qui ont des parties semblables à celles des hommes.
Section 1. Semblable à des cheveux.......... Exemple: (Capillaire.
2. _— à des jeux..............:2...... Buphthalme.
3. _— à des dents. ..... Mental SL DeNtelaire:
4, _— à des mains ou à des doigts....... Hermodacte.
5 — a des ttestienles... -.. ne. OTChiS:
6 —_ à des CŒLES:: à: sa 54 eue hoc esane . Valbriane.
7. — des DOHMONS:. ee n-e de nt .. Pulmonaire.
8. — à des fœtus. ... ose... Noïx et Arum.
9. — à des vessies.................. Alkékenge.
3e CLASSE. — Plantes qui ont des parties semblables à celles des animaux.
Section 1. Racines semblables à la queue d’un scorpion. Doronic.
2. Fleurs semblables à des mouches ou à des pa-
FL LL) SOS RE stésseres es DOPIRYPÉ
3. Tiges semblables à des serpents............. Serpentaire.
4. Fruits semblables à des cornes............. Arum.
5. Fleurs semblables à une crête........ ..... Corydale, Célosie.
6. Fleurs semblables à une gueule............. Muflier.
7. Feuilles semblables à une langue..........,. Ophioglosse, Cynoglosse.
8. Épines semblables à des aiguillons.......... Ronce.
9. Racines semblables à des testicules......... Orchis mâle.
10. Fruits et fleurs semblables à une queue de | Héliotrope et les inflores-
SCOrpion. . .....,... AV IE de cences enroulées.
1. Racines, épis ou tiges semblables à une queue
de cheval........s# PRE PT CN LR
12. Feuilles semblables à un pied d’animal....... Tussilage ou Pas-d'âne.
4e CLASSE. — Plantes qui ont des parties semblables aux maladies de l'homme.
Section 1. Feuilles et tiges tachées comme la peau...... Arum maculé.
2. Fruits et racines à écailles comme des verrues. Scabieuses.
3. Feuilles à grumeaux imitant des varices...... Scrofulaire, Ficaire.
5° CLASSE. — Plantes dont les qualités ont des rapports avec celles des animaux.
Section 1. Plantes belles, qui rendent les hommes beaux.
2. Plantes fécondes, qui rendent les hommes féconds.
3. Plantes stériles, qui rendent les hommes stériles.
4. Plantes de différentes saisons plus convenables à l° homme dans leurs saisons.
INTRODUCTION. delxxii)
6° CLASSE. — Plantes dont les mœurs sont analogues à celles de l’homme.
Section 1. Plantes gaies ou tristes, qui rendent l’homme gai ou triste.
2. Plantes qui ont de la sympathie ou de l’antipathie avec l’homme.
7° CLASSE. — Plantes qui ont du rapport avec les astres.
Section 1. Les dorées, qui ont du rapport avec le soleil.
. Les jaunes, qui ont du rapport avec Jupiter.
. Les blanches, qui ont du rapport avec la lune.
. Les rouges , qui ont du rapport avec Mars.
. Les incarnates, qui favorisent le plaisir et qui ont du rapport avec Vénus.
. Les livides, vertes, pourpres ou bleues, qui guérissent la rate et qui ont
du rapport avec Saturne.
7. Celles de couleurs variées et mélangées, qui ont du rapport avec Mercure.
8. Celles qui se tournent vers le soleil, qui ont du rapport avec le soleil.
9. Celles qui se tournent vers la lune, qui ont du rapport avec la lune.
10. Celles qui ont la forme du soleil, qui ont du rapport avec le soleil.
11. Celles qui ont la forme de la lune , qui ont du rapport avec la lune.
12. Celles qui croissent dans la zone torride , qui ont du rapport avec le soleil.
D O1 à O9 NI mi
A
Tels sont les systèmes qui méritent d’être mentionnés; les autres ne
sont que des modifications des principes de Tournefort ou de Linné;
aussi me borné-je à énumérer les plus importants ou les plus
étranges. Malgré la défaveur avec laquelle ils sont accueillis, je ne
puis cependant dissimuler que, pour les commençants, ils ne présen-
tent plus de facilités que la méthode naturelle, à laquelle il manque
une clef. On se sert aujourd’hui de préférence du système dichoto-
mique de Lamarck, qui est un chef-d'œuvre de sagacité. Comme il
n’a pas de principes fixes, mais procède par simple élimination de
caractères, en conservant seulement ceux qui peuvent conduire à la
connaissance du nom d’une plante, on ne peut trouver un artifice plus
simple et plus ingénieux. Je conseillerai cependant, à ceux qui veulent
faire de la botanique une étude sérieuse, d’adopter, dès le principe,
la méthode naturelle. Peut-être dans le commencement éprouveront-
ils des difficultés qui leur paraîtront rebutantes ; mais avec de la per-
sévérance, ils arriveront à s’en servir avec facilité, et ils ne regrette-
ront pas la peine qu’ils auront prise. C’est surtout dans les jardins
botaniques, où sont réunis les végétaux de toutes les familles, qu’il
faut faire cette étude.
TOME 1, INTRODUCTION. — Livraison |jjj. À)
dclxxiv INTRODUCTION.
Système dichotomique de Lamarck.
Pour ne pas donner un trop long exemple de cette méthode, je
me bornerai à prendre un seul végétal appartenant à la Flore de
notre pays pour conduire progressivement à la connaissance de son
nom. J’emprunte cet exemple au Tableau analytique de la Flore pa-
risienne de M. Bautier.
Je prends un Muflier, et je cherche dans l'analyse des genres.
Plantes phanérogames......................... res e .. 2
Plantes ciyplogaimes” 37020085 7. Ce eme 679
Cette plante, ayant une fleur visible, appartient à la classe des
Phanérogames ; je passe au n° 2.
Fleurs réunies dans un involucre commun............. HAE 3
Fleurs non réunies dans un involucre commun.......... de 4
Les fleurs n'étant pas réunies dans un involucre commun, je passe
o
au n° 4.
Fleurs hermaphrodites. ...... MR A RAR CE sRretietle 5
Flenres nrispmeles: : 2e rico vranne 2 su are en 536
Les fleurs du Muflier étant hermaphrodites, on passe au n° 5.
Fleurs complètes ou pourvues d’un calice et d’une corolle. .... 6
Fleurs incomplètes...... FER PA 0 RSS : EST rer TM
Les fleurs du Muflier étant complètes, on passe au n° 6.
Corolle monopétale. . ......... petit enro Erraun 7
Corolle polypétale........... PAR RRE S EP VP EE RE» he 149
Le Muflier étant monopétale ou d’une seule pièce, c’est dans la sec-
tion des Monopétales qu’il faut chercher le nom de la fleur qu’on a
sous les veux.
Étamines attachées sur la corolle ; ovaire libre ou supère. . 8
Étamines attachées sur le calice; ovaire adhérent ou infère. .. 127
Les étamines sont attachées sur la corolle ; par conséquent, on passe
o
au n à.
Cinq étaminés OÙ MONS :4. ns Que Ne eee nee «c ; 9
Six étamines ou plus. ........... és EI Es Den vs 117
INTRODUCTION. delxxv
Îl y a quatre étamines; on passe au n° 9.
COPHIS TÉSNETE. ETS sense en TRS rértéd PRE‘:
Corolle irrégulière ou munie d’éperon.. ............ sonne 2 00169
Comme la corolle est irrégulière, on passe au n° 62.
u Gi élamines. 44. .unte. se RE RS ramaeu ele à s 63
6 : tte 7e ee
Moins de cing étanÿnes.......... "une 67
Le Muflier n'ayant que quatre étamines, on passe au n° 67.
67
Le Muflier a un seul ovaire; on passe au n° 68.
Deux étamines munies d’anthères. ...................... +469
68 Trois étamines id. RCA e ANCIEN ARTE Montia.
Quatre étamines id. Aloe ee ae re HT RUES ee 74
Le Muflier a quatre étamines; on passe au n° 74.
75 Fleursien télés MEL EL NS RARES NAMUR .... Globularia.
: Fleurs non réunies en tête............,.... pe Let rés of HS 75
Les fleurs n’étant pas réunies en tête, on passe au n° 75.
25 Feuilles alternes, nulles ou radicales....................... 76
Feuilles opposées ou verticillées............... AA AA 81
Les feuilles du Muflier étant alternes, on passe au n° 76.
76 Feuilles nalles on écailleñses. 4.54. a, Mo, soil 77
Feuilles autres que des écaïlles,.......t us. 0m 78
Le Muflier ayant des feuilles apparentes, on passe au n° 78.
78 COrONS A JOUE IEVEOS. «27 00 een eo ani 2e 2 ER ARS 79
Corolle en tube, en roue ou en cloche....... en UT AU de 80
La corolle du Muflier est à deux lèvres, ce qui conduit au n° 79.
Calice à cinq lobes. ............ cire sie lis pie 80
Calice à quatre lobes ou quatre dents.................. y 2 88
Le calice du Muflier est à cinq lobes ; on passe au n° 80.
| Corolle éperonnée à la base........... HT ND nenercsas es) DUT
Corolle bossue à la base............. Antirrhinum (Muflier). 312
Quand on est arrivé au genre Antirrhinum, dont on vérifie les ca-
ractères au n° 312, on trouve qu’il y a deux espèces :
dclxxv) INTRODUCTION.
L'une à divisions linéaires, plus longues que la corolle : c’est l’4n-
térrhinum orontium ;
L'autre à divisions ovales-arrondies, plus courtes que la corolle : c’est
notre espèce : l'Antirrhinum majus, Mufle de veau, Gueule de lion.
Le reproche à adresser, non pas à la méthode dichotomique, mais
à ceux qui l’appliquent, c’est qu’au lieu de se borner, dans l’appli-
cation d’un moyen essentiellement artificiel, à l’énoncé des carac-
tères les plus simples , ils en introduisent de trop minutieux et
dont la diagnose est souvent impossible. C’est ainsi que, dans l’ou-
vrage de M. Bautier, les Ombellifères sont presque méconnaissables.
MM. Germain et Cosson, dans leur Synopsis analytique de la Flore
des environs de Paris, ont encore enchéri sur ce défaut et ont fini
par augmenter les difficultés, [ls ont appliqué cette méthode à la
diagnose des familles. C’est ainsi que, pour arriver aux Scrofularinées,
synonyme d’Artirrhinées, famille à laquelle appartient le Muflier, ils
conduisent jusqu’au n° 76 de leur tableau dichotomique et lui don-
nent pour caractères :
«Ovaires à deux loges, à placentas soudés avec la partie moyenne
de la cloison, périsperme charnu ou corné, fleurs non prolongées en
éperon ou prolongées en éperon, et quatre étamines. »
Quand on trouve un Æntérrhinum orontiun ou mayus, il faudrait
qu'il fût arrivé à un point de développement carpellaire suffisant pour
que les placentas, si peu étudiés par les botanistes amateurs, fussent
très-apparents; pour les seconds caractères, que les graines fussent
müres, afin de savoir de quelle nature est le périsperme. Ce sont des
finesses qui conviennent fort bien à un ouvrage de science pure,
mais qui sont déplacées dans un ouvrage didactique. C’est pourquoi
M. Bautier convient mieux que MM. Germain et Cosson, parce qu’il
est moins savant.
La Flore d'Orléans de Dubois est, avec l’ouvrage de Lamarck, le
guide le plus sûr pour un commençant, parce que ces deux auteurs
ont choisi les caractères les plus vulgaires et ne se sont pas laissé en-
traîner par les subtilités de la science. Je le répète : à la méthode
naturelle la science la plus élevée et les recherchesles plus délicates :
ou lieu d'y être déplacées, elles occupent le lieu qui leur convient ;
mais aux ouvrages destinés à vulgariser les connaissances scientifi-
ques, les moyens les plus simples et la langue la moins savante. J. J.
Rousseau, dans ses Lettres sur la botanique, est de la plus élégante
INTRODUCTION. dclxx vi}
simplicité. M. Lemaout, dans ses Lecons élémentaires de botani-
que, emploie les termes les plus vulgaires, pour initier les élèves à
la connaissance des détails organographiques, et il ne donne que
graduellement le mot scientifique.
Système synoptique.
L'usage dela méthode dichotomique et les difficultés que j’y ai re-
connues, tant en botanique qu’en entomologie et en ornithologie,
m'ont déterminé à essayer de la méthode synoptique analytique.
La méthode dichotomique présente, en effet, des difficultés réelles :
elle exige une attention soutenue de la part de celui qui s’en sert; si
l’auteur n’a pas saisi le véritable caractère différentiel ou a choisi un
caractère peu apparent ou difficile à constater à première vue, sans
ambiguïté, l’étudiant s’égare, et s’il a le malheur de se tromper une
seule fois, il n’y a plus pour lui de moyen d’arriver au nom du vé-
gétal ; il se perd de plus en plus et ne se retrouve pas, quelquefois
même en recommençant. La pratique de ce système m’a mis à même
d’en apprécier les avantages et les défauts; c’est pourquoi j'ai cru
devoir y substituer la méthode synoptique, qui exige, il est vrai,un peu
plus de travail, mais qui conduit plus directement au but. Les frag-
ments que je donne ici sont extraits d’un travail que je publierai très-
prochainement, et dont cette méthode sera la base.
Pour arriver au nom de la famille dont fait partie un végétal dé-
terminé, il faut consulter le tableau synoptique des familles. Les
exemples que je cite étant destinés à montrer l'application de cette
méthode, je présente d’abord le tableau de 23 familles de la classe
des Thalamiflores, puis celui de 14 genres de la famille des Renoncu-
lacées, 3 des Papavéracées, et les 2 genres de la famille des Fuma-
riacées qui appartiennent à notre pays. Le tableau synoptique des
espèces renferme la diagnose des espèces de 4 genres de Renoncu-
lacées, 2 genres de Papavéracées et de 2 genres de Fumariacées,
….
delxxvii]
INTRODUCTION.
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INTRODUCTION.
TABLEAU SYNOPTIQUE DES GENRES.
delxxix
RENONCULACÉES.
GENRE. CALICE, COROLLE, ÉTAMINES, ST, ET STIGM.
Clematis. ...[4-8 fol. pétaloï-| Nulle.
des.
Thalictrum..|4-5 f. caduques. |Nulle. » »
Anémone. ..|5-15 fol. pétaloï-| Nulle. » »
des.
Hepatica....|6-9 f. pétaloïdes. |Nulle. ” »
Adonis...... 4 fol. 5-7 pétales. » : »
Myosurus. ..|5 fol. caduq. 5 p. tubuleux. b, 20. »
Ranuneulus .|5 fol. persist. |5 pét. avec une| Indéf. »
écaille à la base.
Ficaria ..... 3 f. caduques. 8-9 avec écaille. » »
Caltha:...… 3 fol. pétal. Nulle. » 5
Helleborus..|5# fol. grandes ,|3 p. à 2 lévresou » »
persist. 3 lobes.
Nigella amer 3} fol. colorées ,|5-g p. à 2 lèvres, » »
cad. et grandes.| très-court.
Aquilegia...[5 fol. col. 5 p. en cornet. » 6 ov. entourés dej10
écailles.
Delphinium.|# fol. caduques , | 1 pét. soud., les 2
la supér. en\sup.avecun prol.
éperon, cont. dans l’ép. 1 1
Actæa....... 4 fol. caduques. |4 pét. » Ov. uniq. 1 stigm.
PAPAVÉRACÉES,
Papaver.....[2 fol. caduques. [4 pétales. Indéfinies.{Stigm. rayonné.
Chelidonium |2 fol. caduq. | TR » Stigm. à 2 lob.
Hypecoum. . {2 fol. caduq. 4 trilobés. a ét.
FUMARIACÉES.
a pét.irrég., 1 ouf6 en 2faisc.| Ov. lib., 2 cap.
2 en éperon.
Corydalis. .. [Très-petit.
4 pét. irrég.,1 en|6 en2faisc.
éperon.
Fumaria, ..
FRAUIT,
Indéfinies. | PL. ov.. 1 st., 1 stigm.|Caryopses term.
par un appen-
dice plumeux.
Car. term. par
une pointe.
Car. à arête sim-
ple ou plum.
Car. pointue.
Caryopses ovoi-
des pointues.
Car. en épi très.
long.
Car.compr.point.
Car.compr.obtus.
5-10 Caps. polys.
3 Caps. pointues.
5-10 Caps. point.
Caps. en arête.
1 à 5 caps.
Baie à 1 loge.
Caps. cloisonn.
Caps. en siliq.
Caps. en siliq.
articulée.
Caps. en silique][Graine
compr. polysp.
déhisc.
Caps.
globes inhér.
PARTICULARITÉS.
Fleurs bl. ou
bleues, feuil-
les opposées.
FI. verdâtres ,
pas d’invol.,
f.tern. ou ail.
Involucre de 3 f.
dist. de lafl”
f. rad. découp.
Invol. calicif.
près de lafi.
FI. jaunes ou
rouges.
FI. verdâtres.
FI. jaunes ow
blanches.
FI. jaunes,
FL. jaunes.
FL. vertes.
FI. bleu clair.
FI. violettes ou
roses, feuilles
bi-triternées,
FI, bleues.
F]. blanche.
F1. rouges , suc
jaune ou blanc.
FI. jaunes, suc
toujours jaune.
F1. jaunes.
munie
d’un arilie,
monosp. ,|Gr. dépourvue
d’arille.
delxxx INTRODUCTION.
TABLEAU SYNOPTIQUE DES ESPÈCES.
EE ———_—_—_—_—_—_—_—___ZEZEZEZEZEZEZEZEZEZEEZ_Z___—_—_—_—_—_—_—_—_——————————————————
GENRE THALICTRUM.
Flavum. ....... Tige de 2 à 3 pieds, panicale droite.
Minus... soso Tige de 30 à 40 cent., feuilles en 6 parties, fleurs penchées.
G. ANÉMONE.
Pulsatilla.…...... [Fleur violette. Pétales dressés, péd. invol., feuilles bipinnées.
Ranunculoides. [Fleurs jaunes. Pét. ronds, péd. biflores.
Nemorosa...... Fleurs blanches, péd. unifl, Feuilles radicales à 3 folioles découpées, sem. aiguës.
Sylvestris...... Fleurs blanches. — — à 5 digitations profondes, sem. obrondes, hérissées.
G. HELLEBORUS.
Hiemalis. ...... Hampe portant une seule fleur.
Wiridis..----..-. — biflore, feuilles caulinaires subsessiles.
Fœtidus....-... — multiflore, _ ternées, à long pétiole.
G. DELPHINIUM:.
Consolida...... Fleur en panicule lâche.
Ajacis......... Fleur en épi serré.
G. PAPAVER.
Somniferum.... [Tige et feuilles glabres, capsule glabre.
RhæaB.-....... _— — velues, — — globuleuse, stigmate à 10 rayons.
Dubium...... LL — — — — — oblongue, — àC-7 —
Argemone.....} — — _ — hérissée de poils droits.
Hybridum......| — _— — — — — en crochet.
G. CHELIDONIUM.
Glaucium....... Capsule rude, longue de 8 à 12 cent.
Majus.......... — lisse, — de2àscent.
G. CORYDALIS.
Luteas...... .. [Racine fibreuse, tige rameuse.
Tuberosa.....,.] — tubéreuse, tige simple, éperon recourbé et renflé.
Fabacea........ — — — — droit non renflé, bractées entières.
Bulbosa........| — — — _— — — bractées lobées.
G. FUMARIA.
Capreolata..... Tige grimpante, capsule lisse, pédoncules fructifères recourbés et servant de vrilles.
Vaillantii..... ..| — droite ou étalée, div. des feuilles planes, élargies au sommet, silicules tuberculeuses.
Parviflora. ..... — rampante, _ en goutt., fl. verdâtres, silicules tuberc.,'en pointe au sommet,
Officinalis...... — droite ou étalée, — planes, fruit plus large que long, échancré au sommet.
Media..........| — grimpante, feuilles linéaires à pétioles en vrilles, silicule globuleuse déprimée.
INTRODUCTION. delxxx)
DE LA MÉTHODE NATURELLE.
L'avantage que présente la méthode naturelle, malgré ses im-
perfections, qui tiennent plus à la variété des productions de la nature
qu'à toute autre cause, est de réunir par affinités tous les végétaux,
sans qu'il ÿ ait, comme dans les systèmes, des lacunes qui en ren-
dent l’application d'autant plus difficile, qu’on descend dans de plus
grands détails. Aussi les uns ne sont-ils qu’un simple artifice plus ou
moins ingénieux , tandis que l’autre a une marche régulière et philo-
sophique. Elle repose sur des généralités qui développent l'esprit et
l’élèvent à des considérations scientifiques, même à son insu. On peut
d’un seul coup d’œil saisir les affinités qui unissent un grand nombre
de végétaux, et en déduire des propriétés générales qui évitent le plus
souvent, car il y a des exceptions, l’étude minutieuse des individua-
lités isolées. Cependant on remarque que dans tous les systèmes, quel-
que artificiels qu’ils soient, il y a toujours des groupes entiers qui ne
peuvent être séparés, et sont les véritables types morphologiques au-
tour desquels gravitent les autres familles.
Ces affinités sont si faciles à saisir pour les grands groupes, qu’on
peut dire que, dès les premiers essais de classification, les grandes as-
sociations ont été établies. Nous trouvons d’abord une méthode de
tàtonnement, puis une simple série linéaire fondée sur une espèce
d’intuition des affinités naturelles; la véritable méthode ne date que
du siècle dernier, et c’est depuis trente ans seulement qu’on est dans
la voie réellement philosophique. Dès 1532, Tragus groupa quelques
familles : ce sont les Graminées et les Papilionacées; vingtans plus tard,
Dodoens y ajouta les Liliacées , les Ombellifères , les Fougères , les
Mousses, les Champignons; Ray, en 1684, présenta une association de
vingt-deux familles ; chaque botaniste augmentait ces premiers groupes
d’études spéciales sur certaines familles ; mais il restait à les rassem-
bler pour en former un corps de doctrine. En 1689, Magnol, le pre-
mier, essaya de les grouper et présenta, sous la forme synoptique,
une méthode basée sur les caractères du calice et de la corolle.
Méthode naturelle de Magnol.
Magnol étant regardé comme le créateur de la méthode naturelle,
il convient de mettre sa méthode en tête de celles qui depuis cent
soixante dix ans se disputent la priorité dans le monde botanique;
TOME I, INTRODUCTION. — Livraison KkKK. Ekkk
delxxxi} INTRODUCTION.
en la lisant on n’est pas d’abord frappé de l’arrangement des plantes
en groupes similaires, car le mode d’exposition de cet auteur est vi-
cieux; mais il faut voir ce qu’il dit dans le discours préliminaire de
son Prodromus hist. gen. Plant. (Montpellier, 1689), pour recon-
naître ses vues élevées. Voici comment il s'exprime : « L'examen
attentif que j'ai fait des différentes méthodes les plus accréditées
m'a convaincu que les unes, comme celle de Morison, étaient insuf-
fisantes et très-défectueuses; que les autres, telles que celle de Ray,
étaient trop difficiles. Réfléchissant sur les moyens que je pouvais
employer pour éviter de semblables écueils, j'ai cru apercevoir
dans les plantes une affinité, suivant les degrés de laquelle on pour-
rait les ranger en diverses familles, comme on range les animaux.
Cette relation entre les animaux et les végétaux m’a donné occasion
de réduire les plantes en familles; comme il m’a paru impossible
de tirer les caractères de ces familles de la seule fructification,
J'ai choisi les parties des plantes où se trouvent les principales notes
caractéristiques, telles que les racines, les tiges, les fleurs, les grai-
nes. [1 y a même, dans nombre de plantes, une certaine similitade,
une affinité qui ne consiste pas dans des parties considérées sépa-
rément; mais en total, affinité sensible, qui ne peut s'exprimer,
comme on voit dans les familles des Aigremoines et des Quintefeuil-
les, que tout botaniste jugera avoir entre elles les plus grands rap-
ports, quoiqu'’elles diffèrent néanmoins par les racines, les feuilles,
les fleurs et les graines. Je ne doute pas que les caractères des fa-
milles ne puissent être tirés aussi des premières feuilles du germe
au sortir de la graine. J’ai donc suivi l’ordre que gardent les parties
des plantes dans lesquelles se trouvent les notes principales et dis-
tinctives des familles; et, sans me borner à une seule partie, j'en ai
souvent considéré plusieurs ensemble. »
Malgré ces vues remplies de sagacité, Magnol abandonna la voie
dans laquelle il s'était engagé, pour établir, sous le nom de Character
Plantarum novus (Montpellier, 1720), un système fondé sur le calice
et le péricarpe.
{re PARTIE. — LES HERBES.
1'e SECTION. — Caractères tirés des racines.
Famille 1. Bulbeuses............. sv... ; LiR OPCHIES.
2. Ayant du rapport avec les bul-
Hétises. 52, LUNA Iris, Gingembre.
Famille
Famille 10.
INTRODUCTION.
dclxxxii}
2° SECTION. — Caractères tirés des tiges.
SAC Ier ac anse
4. Ayant du rapport avec les Cul-
Hé = 0 PALAIS PO ENT
Graminées, Cypéracées.
Roseau, Jonc.
3° SECTION. — Caractères tirés des feuilles.
. Champignons. .
MOUSSES eue erete eee eme alele she
Champignon, Truffe.
Mousses, Lichens, Lentille d’eau.
Fougères, Prêles.
Fucus.
Coraux : du temps de Magnol, on les re-
gardait comme des plantes.
4€ SECTION. — Fleurs apétales.
Fleurs à graines adhérentes...
Racémeuses..... à
LS PCR ner nee
Fleurs à graines triquètres
adhérentes 7eme
Fleurs anomales siliculeuses.
di.
12.
15.
14.
Circée, Potamot.
Ortie , Mercuriale.
Plantain.
Persicaire.
Réséda.
5° SECTION. — leurs dont quelques-unes ne portent ni fruits ni graines,
c’est-à-dire fleurs mâles.
Famille 15. Lactescentes....... :
Famille
"..…...
16. Non lactescentes...
......
Tithymales.
Ricin.
6° SECTION. — Fleurs monopétales.
17. Feuilles capillaires. .....:..
18. Étoilées. ..... ARS Me
19. Aspérifoliées. .......,......
A0 PAGES er a ea erbee
21. A fleurs campanulées.......
22. A fleurs en casque. ........
23. A fleurs labiées............
24. A fleurs en ombelle.........
25. PTMIONBES. comes msens
26. Capsulaires. ....
27. Siliqueuses.......,....
28. A fleurs difformes, fructifères,
à racine tubéreuse.
A fleurs campaniformes bac-
Ciferés, :: 2500 MUR
A fleurs monopétales bacci-
fères grimpantes. .....
Pomifères......... î
Pomifères à semences compri-
MÉES., se a0 00
29.
30.
31.
32.
…....
Cuscute.
Caille-lait, Asperge.
Bourrache.
Primevère.
Campanule , Liseron.
Labiées à deux lèvres.
Labiées à une lèvre.
Valériane.
Tabac, Gentiane.
Véronique, Violette.
Apocvn, Lysimachie.
Aristoloche, Cyclamen.
Muguet.
Bryone.
Melon, Calebasse.
Solanum.
dclxxxiv
Famille
Famille
Famille
Famille
INTRODUCTION.
Te SECTION. — Corolles à quatre pétales.
83. Capsulaires. .............. Crucifères à fruits courts.
34." Siliqueuses. .-.0t.4e0.01. — à fruits longs.
35. Capsulaires siliqueuses. .... Pavots, Nénuphar.
36. Graines à appendice plumeux. Clématite,
8° SECTION. — Corolles ayant plus de quatre pétales.
37. Semences laineuses......... Anémones.
38. Semences réunies en têtes... Renoncules.
39. Frasariées. 7.7.5, URL ... Rosier, Aigremoine.
40. MalvagÉes: 00 He. Mauves, Géraniums.
41. Crassioliées-- #4 "10..: Pourpier, Sédum, Aloës.
42, Fleurs papilionacées, dites Lé-
gumineuses#...2...01"° Haricots.
43. Fleurs papilionacées, ayant de
l’affinité avec les Légumi-
HEUSER Se. 46-00 AMAR Genêt, Lotier, Trèfle.
44. :Ombelliferes: ::24..-22e 0". Ombellifères.
45. Ayant de l’affinité avec les
Ombelliféres.. . ..…. PAST Filipendule.
AG6-"Capsulaires. + sl. st Ciste, Salicaire.
A7. Siliculeuses. . -.....::. .... Les Alsines.
48. A loges séminifères dressées. Nigelle, Pivoine.
49:: BACCHGEESS re ee tee Adoxa.
9° SECTION. — Fleurs monopétales réunies en téte.
50. Écailleuses......... «.:.... Chardon, Jacée.
51. Non écailleuses............ Scabieuse, Globulaire.
52. Discoïdées, dites Élychrysées. Immortelle, Gnaphale.
53. Discoïdées aigrettées. ...... Conyse, Aster.
54. Discoïdées non aigrettées... Souci, Camomille.
55. COryIMDIPTES. -.-- ccm Absinthe, Matricaire.
56. Chicoracées lactescentes.... Laitues.
2° PARTIE. — LES ARBRES.
57. Pomifères avec des graines.. Pommier, Figuier, Oranger.
58. Pomifères avec des noyaux.. Prunier, Néflier, Olivier, Palmier.
59. Florifères nucifères......... Amandier.
60. A chatons nucifères........ Noyer, Châtaignier, Chêne.
61. A chatons non nucifères.... Aune, Saule, Bouleau.
62. Fleurs herbacées baccifères.. Vigne, Houx.
63. Fleurs monopétales bacci-
féres.. Sr eos TR Groseillier, Troëne.
64. Fleurs polypétales baccifères. Bourdène, Ronce.
65. Fleurs polypétales pomifères. Rosier.
66. Fleurs herbacées capsulaires. Fusain, Buis.
INTRODUCTION. dclxxxv
67. Fleurs monopétales capsulai-
res et siliculeuses. ....... Lilas, Viorne, Spirée.
68. Fleurspolypétalescapsulaires. Syringa, Ciste.
69. Semences membraneuses ou
folacéen eh ne ..... Érable, Frêne, Orme.
20. Pilulifères. ..::. 4e. env Platane.
AT: FARIÉETES..s 2 aime as ein Bombax, Cotonnier.
72. Fleurs papilionacées........ Casse, Staphylée.
73. Fleurs composées siliqueuses. Mimosa.
74. Résinifères conifères. ...... Les Pins.
75. Résinifères baccifères. ..... Genévrier, Térébinthe.
76. Ayant des affinités avec les
Résinifétes. . .... 42. ... if, Bruyère.
Méthode de Linné.
Après Magnol, qui essaya, quoique avec un succès qui ne répondit
pas à ses vues élevées, d’établir une méthode fondée sur les affinités
naturelles, nous retrouvons dans divers auteurs, tels que Boerhaave,
Pontedera, des groupes qui répondent à nos familles ; et le savant
Burckhard, à qui l’on attribue non-seulement la découverte du sexe
des plantes, mais encore le système fondé sur cette découverte, a
exposé dans une lettre à Leibnitz (Æpistola ad Leibnitzium), écrite
en 1702 et publiée par Heister en 1750 seulement, l’idée de la mé-
thode naturelle. « Celui, dit-il, qui veut pénétrer dans le sanctuaire
« de la science, doit faire choix d’une méthode, pour n'être pas ac-
cablé par la multitude des objets qu’il veut connaître. Mais cette
méthode n’est pas celle qui est fondée sur des principes arbitraires,
quelque ingénieux qu’ils puissent être; c’est la disposition tracée
« par la nature, qui réunit tous les êtres conformes, et qui sépare
« ceux qui n’ont aucune affinité. A la vérité, le nombre des plantes
« est immense; mais si nous faisons attention que l’Auteur de l’uni-
« vers les a réunies par familles qui se lient les unes aux autres,
nous sentirons alors l'importance de l’ordre naturel. Un des grands
avantages qu’il présente, c’est de nous conduire sûrement à la con-
naissance des vertus des plantes, puisque celles qui se rapprochent
« par leurs caractères sont le plus souvent conformes par leurs pro-
« priétés. »
Il est impossible d’être plus catégorique que Burckhard, ce qui
n'empêche pas qu'il ne fallût près d’un demi-siècle pour qu’il parût
un botaniste qui essayät de former des groupes par affinités; mais,
entrainé par le succès prodigieux de son système sexuel, Linné n’ap-
A
EN
=
EN
_
=
=
“=
A
=
#
dclxxxv) INTRODUCTION .
porta pas à la méthode naturelle toute l’attention dont il était capable,
ce qui explique en partie ses défectuosités.
Voici comment ce grand naturaliste appréciait la méthode natu-
relle; on verra, par ses propres paroles, qu'il était d’accord avec les
adeptes de l’école philosophique sur les fondements éternels de la
vraie méthode.
« La méthode naturelle, dit-il dans sa Philosophie botanique, a été
« le premier et sera le dernier terme de la botanique; le travail ha-
« bituel des plus grands botanistes est et doit être d’y travailler ; les
« fragments même de cette méthode doivent étre étudiés avec suc-
« cès; c’est le premier et le dernier but des désirs des botanistes.
« La méthode naturelle est regardée comme peu de chose par les
« botanistes ignorants; mais elle a toujours été fort estimée par les
« plus habiles, quoiqu’elle ne soit pas encore découverte. J’ai pen-
« dant longtemps, comme plusieurs autres, travaillé à l’établir; j'ai
« obtenu quelques découvertes; je n’ai pu la terminer, et j’y travail-
« lerai tant que je vivrai. Je publierai ce que je trouverai : et celui-là
«qui pourra résoudre le peu de doutes qui m’arrêtent, sera pour moi
«un Apollon. Que ceux qui en sont capables corrigent, augmentent,
« perfectionnent cette méthode; que ceux qui ne le peuvent pas ne
«s’en mélent pas :’ceux qui le font sont des botanistes distingués. »
Il appréciait si bien les différences qui existent entre la méthode
naturelle et les systèmes ou méthodes artificielles, qu’il disait dans la
préface de sa Classification des plantes :
« Les ordres naturels sont utiles pour connaître la nature des plan-
«tes; les ordres artificiels pour distinguer les espèces entre elles. Il
« est constant que la méthode artificielle n'est que secondaire de la mé-
« thode naturelle, et lui cédera le pas si celle-ci vient à se découvrir. »
Linné avait le sentiment si intime des caractères sur lesquels doi-
vent être établies les familles naturelles, qu’il s’exprimait ainsi dans
le même travail :
« Que ceux qui veulent faire la clef des ordres naturels, sachent
« qu'aucune considération générale n’est si essentielle que la situation
« des parties, et surtout celle de la graine, et dans la graine celle
« de embryon. Les plantes ont entre elles une affinité qui pourrait
« se Comparer à celle des territoires sur une carte géographique. »
Ce qui a le droit de surprendre dans un homme aussi éminent, qui
avait étudié si profondément le règne végétal, c’est qu'il croyait que
INTRODUCTION. delxxxvij
tous les genres sont parfaitement délimités et naturels dans toute
leur étendue, et il disait dans son Genera plantarum :
« Les plantes du même genre ont la même vertu; celles du même
« ordre naturel ont des vertus analogues; celles de la même classe
« naturelle ont aussi quelques rapports de propriétés. »
Linné procéda, dans l'établissement de ses familles naturelles, par
sentiment d’affinité, et se borna à donner une série purement linéaire
sans préciser les caractères de ses associations végétales, ni les ratta-
cher entre elles par un lien commun; quoiqu'il ait dit d’une manière
péremptoire que tous les caractères devraient être tirés de la fructi-
fication, il avoue cependant qu’il ne faut pas admettre un caractère
exclusif. C’était donc par une espèce d’intuition des ressemblances
organiques qu’il établissait ses familles sans se rendre compte des
rapports réels qu’il ne cherchait même pas à découvrir.
« Aucune règle à priori, dit-il, ne peut être admise dans la classi-
« fication naturelle (Class. plant. AST); aucune partie de la fructifi-
« cation ne peut être prise exclusivement en considération, mais on
« doit s’attacher seulement à la simple symétrie de toutes les parties. »
On voit que, sous le rapport des principes sur lesquels seront éter-
nellement fondées les familles naturelles, tous les botanistes, même les
plus anciens, sont entièrement d'accord; il ne reste que la mise en
œuvre de ces principes qui présente des difficultés.
Ce fut en 1738 (Classes plant.) que parurent ses premiers essais ;
et ses derniers furent consignés, en 1751, dans son immortel ouvrage
de la Philosophie botanique. ne commença pas à établir ses asso-
ciations végétales sur un principe générateur; il se borna à grouper
les plantes par affinités, fondées sur le sentiment obscur et encore
mal défini de la ressemblance; ce qui fait qu’on a refusé à tort à cet
essai le nom de Méthode naturelle ; aussi Linné lui-même, frappé des
lacunes qui s’y trouvaient, l’appelait-il modestement Fragments d'une
méthode naturelle. Comme tout ce qui est sorti de la plume d’un
homme si éminent ne peut être dénué d'intérêt, je donne le simple
énoncé de sa méthode, pour faire voir qu’un même sentiment a pré-
sidé à la formation des grands groupes, qui ne sont pas arbitraires :
Ordre 1. Palmiers. 6. Ensatées (Iridées).
2. Pipéritées. 7. Orchidées.
3. Cypéracées. 8. Scitaminées.
4. Graminées. 9. Spathacées (Narcissées.)
5. Tripétaloïdées (Joncinées). 10. Coronariées (Liliacées).
dclxxxvii}
INTRODUCTION.
11. Sarmentacées (Vignes). 34. Cucurbitacées.
12. Oléracées (Chénopodées). 35. Senticosées (Rosacées).
13. Succulentes (Crassulacées). 36. Pomacées.
14. Gruinales (Rutacées et Géra- 37. Columniferes (Malvacées).
nices). 38. Tricoccées (Euphorbiacées).
15. Inondées (Alismacées). 39. Siliqueuses (Crucifères)
16. Calyciflores.} 40. Personées (Scrophularinées).
17. Calycanthèmes (OEnothérées). 41. Aspérifoliées (Borraginées).
18. Bicornes (Éricinées). 42. Verticillées (Labiées).
19. Hespéridées (Myrtacées). 43. Dumeuses ou des Buissons
20. Rotacées (Gentianées). (plusieurs familles).
21. Printanières (Primulacées). 44. Sépiaires (Jasminacées).
22. Caryophyllées. 45. Ombellées (Ombellifères).
23. Trichilées (Malpighiacées). 46. Hédéracées (Araliacées).
24. Corydalées (Fumariacées). 47. Stellées (Rubiacées).
25. Putaminées (Capparidées). 48. Agrégées (Dipsacées).
26. Multisiliquées (Renoncula- 49. Composées.
cées). 50. Amentacées.
27. Rhœadées (Papavéracées). 51. Conifères.
28. Suspectes (Solanées). 52. Coadunées (Magnoliacées).
29. Campanacées (Convolvulacées 53. Scabridées (Urticinées).
et Campanulacées). 54. Miscellanées,
30. Contournées (Apocynacées). 55. Fougères.
31. Vépreculées (Daphnacées). 56. Mousses.
32. Papilionacées (Légumineuses). 57. Algues.
33. Lomentacées. 58. Champignons.
Méthode naturelle de Bernard et de L. de Jussieu.
Après Linné, Ad. van Royen (1740) groupa le premier les végé-
taux en deux classes, les Monocotylédones et les Polycotylédones, et
établit une dizaine de familles bien délimitées ; puis vint Bernard de
Jussieu qui groupa, en 1759, par familles ou par affinités, les plantes
cultivées dans le jardin royal de Trianon. Cet ordre fut conservé, non
dans des documents imprimés, mais dans des catalogues manuscrits
de ce jardin.
L'ordre adopté par Bernard de Jussieu se compose de 65 familles,
qui comprennent, il est vrai, un trop grand nombre de végétaux, mais
dans lesquelles l’analogie est en général assez respectée pour qu’on
reconnaisse la supériorité du sentiment de l’affinité chez Bernard de
Jussieu sur le botaniste suédois. Quoiqu'il n’ait pas divisé ses fa-
milles en classes répondant aux Acotylédones, Monocotylédones et
Dicotylédones, elles n’y sont pas moins négativement exprimées.
Bernard de Jussieu adopta l’ordre direct, c’est-à-dire qu’il alla du
simple au complexe.
Familles naturelles d’après Bernard de Jussieu.
1. Champignons. . 6. Fougères.
2. Algues. 7. Orchis.
3. Mousses. 8. Balisiers.
4. Naïades. 9. Bananiers.
5. Aristoloches. YO MTS:
INTRODUCTION, declxxxix
11. Narcisses. 39. Câpriers.
12. Lis. 40. Renoncules.
13. Joncs. 41. Lauriers.
14. Palmiers. 42. Rues.
15. Aroïdées. 43. Géranium.
16. Graminées. 44, Tilleuls.
17. Chicoracées. 45. Anonas.
18. Cynarocéphales. 46. Caryophyllées.
19. Corymbiféres. 47. Jalaps.
20. Dipsacées. 48. Soudes.
21. Rubiacées, 49. Thymélées.
22. Ombellifères. 50. Polygonées.
23. Lysimachiées. 51. Joubarbes.
24. Véroniques. 52. Myrtilles.
25. Scrophulariées. 53. Mauves.
26. Solanées. 54. Légumineuses.
27. Orobanchées. 55. Campanules.
28. Jasmins.
29. Verveines.
30. Acanthes.
31. Gentianées.
32, Sapotées.
33. Apocyns.
34. Convolvulus.
35. Borraginées.
36. Labiées.
37. Crucifères.
38. Papavéracées.
56. Onagres.
57. Cucurbitacées.
58. Salicaires.
59. Myrtes.
60. Nerpruns. ,
61. Rosacées.
62. Térébinthes.
63. Amentacées.
64. Euphorbes.
65. Conifères.
CS EE PR EE
En 1774, Antoine-Laurent de Jussieu exposa dans ses leçons un
perfectionnement de la méthode précédente, l’appliqua à la disposi-
tion des végétaux du Jardin royal des Plantes de Paris, et le fit con-
naître dans un mémoire particulier, portant pour titre : Exposition
d’un nouvel ordre de plantes adopté dans les démonstrations du Jar-
din royal. Mém. de l’Acad. des sc. pour 1774.) Ce ne fut que dans
son Genera plantarum, publié en 1789, et l’un des ouvrages les plus
remarquables qui aient paru sur la classification des végétaux, qu’il
développa la série des familles qu’il avait adoptées, en les décrivant
avec plus de précision ; il y joignit la diagnose des genres.
C’est dans ce livre qu’on trouve employé, pour la première fois
le principe de la subordination des caractères, adopté par Bernard de
Jussieu, et que L. de Jussieu reprit et appliqua d’une manière plus
méthodique.
C’est à Bernard de Jussieu, car justice doit être rendue au véritable
créateur de la méthode botanique naturelle, qu’on doit l'adoption
du principe de formation des groupes supérieurs d’après l'absence
ou la présence et le nombre des cotylédons, et celui des groupes
secondaires d’après les rapports des étamines et du pistil.
TOME 1, INTRODUCTION. — Livraison ll, ll
dexc INTRODUCTION,
Clef de la méthode de L. de Jussieu.
Classes.
ACDITIÉTONES. .… : » + « « no meiamaame scoeaabue sagesse UE 1
Étamines hypogynes..........,........... 2
Monocotylédones.........., = 2; SpérIgyhes.. : 420 MONA TER 3
— ÉPISYRES. «.. Enr see Ven 4
Étamines épigynes.. ..» 0: 5. damien, 5
Apétales. ... + lpérigynéf.::- 100 CREME 6
— hypOLYNES.. . se aerenerere se 7
Corolle hypogyne........... 008 8
— périgyne. sos... ss 2 RER 9
Monopétales.
Dicotylédones. An ie Anthères connées......... 10
PET: | Anthères distinctes... 11
AD ineS ÉPIYNES. +. CREUSE 12
Polypétales.. — hypogynes....:..:.20 250000 13
— DÉFIEYIES. -. «5e 0e > HORS TRES 14
VDiclines ieréculièress ir een Mere ere ee 15
Série des familles.
I. — ACOTYLÉDONES. 4° CLASSE. — Monoépigynes.
1re CLASSE. — Acotylédones. Familles 19. Bananiers.
; : 20. Balisiers.
Familles 1. Champignons. 21. Orchidées.
2. Algues. 22. Morrènes.
3. Hépatiques.
4. Mousses. III. — DICOTYLÉDONES.
5. Fougères.
6. Naïades. APÉTALES.
II. — MONOCOTYLÉDONES. 5e CLASSE. — Épistaminées.
2e CLASSE. — Monohypogynes. Familles 23. Aristoloches.
Familles 7. Aroides.
À 6e CLASSE. — Péristaminées.
8. Massètes.
9. Souchets. Familles 24. Chalefs.
10. Graminées. 25. Thymélées.
, 26. Protées.
3° CLASSE. — Monopérigynes. 27. Lauriers.
Famillesi1. Palmiers. 28. Polygonées.
12. Asperges. 29. Arroches.
14 HE a 7° CLASSE. — Hypostaminées.
15. Ananas. Familles 30. Amaranthes.
16. Asphodèles, 31. Plantains.
17. Narcisses. 32. Nyctages.
18. Iris. 33. Dentelaires.
INTRODUCTION.
8° cLasse. — Hypocorollées.
Familles 34. Lysimachies.
35. Pédiculaires.
36. Acanthes.
37. Jasminées.
38. Gattiliers.
39. Labiées.
40. Scrophulariées.
41. Solanées.
42. Borraginées.
43. Liserons.
44. Polémoines.
45. Bignones.
46. Gentianes.
47. Apocynées.
48. Sapotilliers.
: MONOPÉTALES.
9 CLASSE. — Péricorollées.
Familles 49. Plaqueminiers.
50. Rosages.
51. Bruyères.
52. Campanulacées.
10e cLasse. — Épicorollées synanthères.
Familles 53. Cichoracées.
54. Cynarocéphales.
55. Corymbifères.
{io casse. — Épicorollées chorisanthères.
Familles 56. Dipsacées.
57. Rubiacées.
58. Chèvrefeuilles.
POLYPÉTALES.
12° CLASSE. — Épipétalées.
Familles 59. Aralies.
60. Ombellifères.
13° CLASSE. — Hypopélalées.
Familles 61. Renonculacées.
62. Papavéracées.
63. Crucifères.
64. Câpriers.
65. Savonniers.
66. EÉrables.
67. Malpighies.
68. Millepertuis.
69. Guttiers.
70. Orangers.
71. Azédarachs.
72. Vignes.
73. Géraines.
74. Malvacées.
75. Magnoliers.
76. Anones.
77. Ménispermes.
78. Vinettiers.
79. Tiliacées.
80. Cistes.
81. Rutacées.
82. Caryophyllées.
14° CLASSE. — Péripélalées.
Familles 83. Joubarbes.
84. Saxifrages.
85. Cactes.
86. Portulacées.
87. Ficoides.
88. Onägres.
89. Myrtes.
90. Mélastomes.
91. Salicaires,
92. Rosacées.
93. Légumineuses.
94. Térébinthacées.
95. Nerpruns.
15° CLASSE. — Diclines.
Familles 96. Euphorbes.
97. Cucurbitacées.
98. Orties.
99. Amentacées.
100. Conifères.
»
dexc)j
Méthode d Adanson.
Adanson, que les uns mettent avant Laurent de Jussieu, puisque
le Genera Plantarum ne parut qu'en 1789, tandis que l’ouvrage
d’Adanson, intitulé Familles des Plantes, parut en 1763, question
de priorité oiseuse qui n’ôte le mérite d’une création originale ni à
lun ni à l’autre, établit une série de familles en partant de ce prin-
cipe que, dans la classification des végétaux, il faut avoir égard aux
dexcij INTRODUCTION.
rapports de toutes sortes. Il ne se borna pas à établir, entre tous les
végétaux connus de son temps, des rapports organographiques; il
les considéra sous le rapport de leur distribution géographique, de
leur station, de leurs principes immédiats, de leurs qualités organo-
leptiques; enfin, il ne laissa passer inaperçue aucune sorte de consi-
dération. Ce fut après avoir formé 65 systèmes artificiels, qui servaient
de base à son étude, qu’il créa les 58 familles naturelles dont je donne
le tableau (1).
Familles 1. Byssus. 30. Anagallis.
2. Champignons. 31. Salicaires.
3. Fucus. 32, Pourpiers.
4. Hépatiques. 33. Joubarbes.
5. Fougères. 34. Alsines.
6. Palmiers. 35. Blitums.
7. Gramens. 36. Jalaps.
8. Liliacées. 37. Amaranthes.
9. Gingembres. 38. Spergules ou Espargoutes.
10. Orchis. 39. Persicaires.
11. Aristoloches. 40. Garou.
12. Elæagnus. 41. Rosiers.
13. Onagres. 42. Jujubiers.
14. Myrtes. 43. Légumineuses.
15. Ombellifères. 44. Pistachiers.
16. Composées. 45. Tithymales.
17. Campanules. 46. Anones.
18. Bryones. 47. Châtaigniers.
19. Aparines. 48. Tilleuls.
20. Scabieuses. 49. Géraniums.
21. Chèvrefeuilles. 50. Mauves.
22. Airelles. 51. Câpriers.
23. Apocyns. 52. Crucifères.
24. Bourraches. 53. Pavots.
25. Labiées. 54. Cistes.
26. Verveines. 55. Renoncules.
27. Personées. 56. Arums.
28. Solanums. 57. Pins.
29. Jasmins. 58. Mousses.
Les familles établies par Adanson avaient une circonscription trop
vaste et formaient plutôt des classes ; mais ses associations sont en gé-
néral très-heureuses, et si on les sépare en familles telles qu’elles sont
adoptées aujourd'hui, on verra qu’elles correspondent à 140 familles.
Sous ce rapport, Adanson est supérieur à Linné : il a mieux senti que
(1) Adanson met en note au-dessous de son Tableau des familles : « Les 58 familles
que je présente dans ce tableau ne sont autre chose que les 58 lignes premières
de séparation marquées par la nature dans la série des 18,000 espèces ou variétés de
plantes connues , rangées suivant l'ordre qu’elles gardent entre elles; et la table qui
suivra celle-ci donnera dans le même ordre les 1,615 lignes secondes de séparation
appelées communément genres. »
INTRODUCTION. dexcii
le législateur de la botanique les affinités des végétaux. Il les a rangés
dans leur ordre d'évolution, c’est-à-dire en passant du simple au com-
posé; mais, par une anomalie qu'il est difficile de s’expliquer, il a mis
à la fin trois familles, les Arums, les Pins et les Mousses, qui auraient
dû être disposées autrement : ainsi les Mousses auraient dû être la
B° famille, les Arums la 9°, et les Pins la 48°. C’est au reste, pour un
des premiers essais, le plus remarquable de cette époque.
Méthode naturelle de De Candolle.
De Candolle exposa pour la première fois en 1813, et présenta une
seconde fois en 1819, dans la deuxième édition de sa Théorie élémen-
taire de la botanique, une méthode dans laquelle il prit pour principe
fondamental la structure interne des végétaux. Ce point de départ, si
différent en apparence du système cotylédonaire, le conduisit néan-
moins au même résultat et lui fit, comme Jussieu, diviser le règne
végétal en trois classes, qui répondent aux trois classes du bota-
niste français. Au lieu de fonder ses sous-classes sur la considé-
ration du rapport des étamines et du pistil, il les établit sur l’appa-
rence des enveloppes florales. Quant à ses cohortes ou divisions de
classes, il en emprunta les principes aux verticilles centraux,
c'est-à-dire aux carpelles et aux étamines. Plus tard il augmenta le
nombre de ses familles, et les porta de 161 à 194.
Aujourd’hui nous savons, par suite des savants travaux de Hugo
Mohl, que la division des plantes vasculaires en Endogènes et Exo-
gènes est fondée sur une erreur, puisqu'on à pu confirmer la faus-
seté de la première théorie de l’accroissement des tiges des Monoco-
tylédones.
On a encore critiqué, dans cette méthode, la réunion en une seule
classe des Exogènes et des Cryptogames, puisque ces dernières sont
purement acrogènes et dépourvues de cotylédons; et la division des
plantes cellulaires en Foliacées et Aphylles, distinction insuffisante
et incertaine.
Quant à sa classification en général, elle est moins simple que celle
de Jussieu, et par cela même elle est plus conforme à la vérité ; il y
a moins d'incertitude dans le principe sur lequel elle repose, et elle
permet de grouper les végétaux dans un ordre plus naturel.
Il adopta l’ordre inverse, et partit des familles qu’il regardait
dexciv INTRODUCTION.
comme les plus parfaites, pour descendre aux plus simples et à cel-
les qu’on a justement regardées comme les premiers essais de la na-
ture pour traduire son idée organique en végétaux se succédant par
enchaînement continu. Considérée sous le rapport philosophique, la
méthode de De Candolle est au-dessous de celle de Jussieu ; elle est
aussi d’un emploi moins facile, et ne peut réellement pas servir à
l'étude habituelle; il faut être botaniste consommé pour en faire
usage sans embarras.
Clef de la méthode de De Candolle.
VÉGÉTAUX VASCULAIRES OU COTYLÉDONÉS.
1re CLASSE. — Exogènes ou Dicotylédones.
1re sous-classe. Thalamiflores.
2° — Calyciflores.
3° — Corolliflores.
4e — Monochlamydées.
2° CLASSE. — Endogènes ou Monocotylédones.
1re sous-classe. Phanérogames.
2e — Cryptogames.
(3° CLASSE. — ’égétaux cellulaires ou Acotylédones.
ire sous-classe. Foliacés.
2° — Aphylles.
En 1833, il divisa ses groupes généraux en 4 classes :
1re. Les Exogènes.
2e. Les Endogènes.
3e. Les Semi-vasculaires.
4e, Les Cellulaires.
Série des familles.
1. PLANTES VASCULAIRES OÙ DI- 7. Podophyllacées.
COTYLÉDONES. 8. Nymphéacées.
1"* CLASSE. — ÆExogènes ou Dicotylé- | 2e conoRTEe. — Carpelles solitaires ou
dones. soudés, placentas pariétaux.
1°° COHORTE.— Carpelles nombreux, les éta- Ordres 9. Papavéracées.
mines opposées aux pétales. 10. Fumariacées.
1'e sous- RE j 11. Crucifères.
OUS-CLASSE Thalamifiores. 12. Capparidées.
Ordres 1°". Renonculacées. 13. Flacourtianées.
2. Dilléniacées. 14. Bixinées.
3. Magnoliacées. 15. Cistinées.
4. Anonacées. 16. Violariées.
5. Ménispermacées. 17. Droséracées.
6. Berbéridées. 18. Polygalées.
INTRODUCTION. dexcv
19. Trémandracées. 72. Haloragées.
20. Pittosporées. 73. Cératophyllées.
21. Frankéniacées. 74. Lythrariées.
: sa. 75. Tamariscinées.
3° COHORTE. — Ovaire solitaire, placentas 716: Mélastomäcées.
Sri à 77 astra
6 78. Philadelphées.
À Het à 79. Myriacées.
24. Malvacées. 80. Cucurbitacées.
25. Bombacées. 81. Passiflorées.
26. Byttnériacées. 82. Loasées.
27. Tiliacées. 83. Turnéracées.
28. Elæocarpées. 84. Fouquiéracées.
29. Chlénacées. 85. Portulacées.
30. Ternstræmiacées. 86. Paronychiées.
31. Camelliées. 87. Crassulacées.
32. Olacinées. 88. Ficoïdées.
33, Aurantiacées. 89. Cactées.
34. Hypéricinées. 90. Grossulariées.
35. Guttiférées. 91. Saxifragées.
36. Marcgraviacées. 92. Ombelliférées.
37. Hippocratéacées. 93. Araliacées.
38. Erythroxylées. 94. Hamamélidées.
39. Malpighiacées. 95. Cornées.
40. Acérinées. 96. Loranthacées.
41. Hippocastanées. 97. Caprifoliacées.
42. Rhizobolées. 98. Rubiacées.
43. Sapindacées. 99. Valérianées.
44. Méliacées. 100. Dipsacées.
45. Ampélidées. 101. Calycérées.
46. Géraniacées. 102. Composées.
47. Tropæolées. 103. Stylidées.
48. Balsaminées, 104. Lobéliacées.
49. Oxalidées. 105. Campanulacées.
50. Zygophyllées. 106. Cyphiacées.
51. Rutacées. 107. Goodenoviées.
108. Roussæacées.
4° cOHORTE. — Fruit gynobasique. 109. Gesnériacées.
110. Sphénocléacées.
52. Simaroubées. 111. Columelliacées.
53. Ochnacées. 112. Napoléonées.
54. Coriariées. 113. Vacciniées.
114. EÉricacées.
2° sous-cLasse. — Calycifiores. 115. Épacridées.
Te : lacées.
Ordres 55. Célastrinées. hs he _. FR
ca eee 118. Monotropées.
58. Samydées.
59. Homalinées.
60. Chaillétiacées.
61. Aquilarinées.
62. Térébinthacées.
63. Légumineuses.
64. Rosacées.
65. Calycanthées.
66. Granatées.
67. Mémécylées.
68. Combrétacées.
69. Vochysiées.
70. Rhizophorées.
71. Onagrariées.
3e sous-CLASSE. — Corollifiores.
Ordres119
120.
121.
122.
123.
124.
125.
126.
127.
128.
129.
130.
. Myrsinées.
Sapotées.
bénacées.
Oléinées
Jasminées.
Strychnées.
Apocynées.
Gentianées.
Bignoniacées.
Sésamées.
Polémoniées.
Convolvulacées.
dexev)
131.
132.
135.
134.
135.
136.
137.
138.
139.
140.
141.
Ordres 142.
143.
144.
145.
146.
147.
148.
149.
150.
151.
1522
153.
154.
155.
156.
157.
158.
159.
160.
161.
Orchidées.
Drymyrhizées,
Musacées.
Iridées.
Hæmodoracées.
Amaryllidées,.
Hémérocallidées.
Dioscorées.
Smilacées.
Liliacées.
Colchicacées.
Joncées.
Commelinées.
Palmées.
Pandanées.
Typhacées.
Aroïdées.
Cypéracées.
Graminées.
CLASSE. — Cryplogames.
Naïades.
quisétacées.
Marsiléacées.
Lycopodiacées.
Fougères.
PLANTES CELLULAIRES.
3° CLASSE. — Cellulaires.
1"° SOUS-CLASSE. — Foliacées.
INTRODUCTION.
Borraginées. 165.
Solanées. 166.
Antirrhinées. 167.
Rhinanthacées. 168.
Labiées. 169.
Myoporinées. 170.
Pyrénacées. 11:
Acanthacées. 172:
Lentibulariées. 173:
Primulacées. 174.
Globulariées. 175.
176.
&e sous-cuasse. — Monochlamydées. 177.
Plombaginées. rs
Plantaginées. rt
Nyctaginées. dr
Amaranthacées. 189.
Chénopodiées. +
DE .
Polygonées,
La héb: 2° sous-
Myristicées.
Protéacéts Ordres de
Thymélées. 186.
Santalacées. 187.
Élæagnées. (28.
Aristolochiées. ;
Euphorbiacées.
Monimiées.
Urticées.
Pipéritées.
Amentacées.
pots Ordres 139.
— Endogènes ou monocoty- 190.
2° CLASSE.
lédones.
1re sous-CLASSE. — Phanérogames.
Ordres 162.
163.
164.
Un grand nombre de botanistes modernes ont adopté cette mé-
thode, qu’ils ont cependant, en général, assez peu respectée, si ce
n’est dans son principe, pour y faire des modifications parfois impor-
tantes. Aujourd’hui que le point de départ de cette méthode est re-
connu pour erroné , et que les sous-classes, et surtout les cohortes,
ne sont que des artifices ne servant pas à la délimitation exacte des
grandes régions végétales, on ferait bien d’en venir à l'adoption de
la méthode si heureusement organisée par Bartling, adoptée par
Endlicher, mise en pratique par M. Ad. Brongniart, parce qu’elle
est réellement conforme à la véritable méthode philosophique, et
Cycadées.
Hydrocbaridées.
Alismacées.
Mousses.
Hépatiques.
2° SOUS-CLASSE. — Aphylles.
Ordres 191.
192.
193.
194.
Lichens.
Hypoxylées.
Champignons.
Algues.
qu’on ne peut pas s’en départir sans retourner vers le passé.
INTRODUCTION. dexcvij
Méthode naturelle de Loiseleur-Deslongchamps et Marquis.
En 1819, Loiseleur-Deslongchamps et Marquis modifièrent la mé-
thode de De Jussieu d’une manière plus commode pour l’étude ; ils n’é-
tablirent pas leurs classes sur l'insertion des appareils générateurs,
mais sur la position de l'ovaire. Ils adoptèrent l’ordre renversé, et
commencèrent par les Légumineuses pour finir par les Cryptogames.
Le mode d’association adopté par ces botanistes a rompu sur plus
d’un point les affinités naturelles; cependant il y a des coupes assez
heureusement trouvées.
Clef de la méthode.
1e TRIBU. — Dicotylédones.
Classes.
Superovariées.......,.. sé use ie Ne 1
POSER "er event Er se VC 2
Dipérianthées.
: INT OvARIÉeSs.. ss USD 5 méelrn eut rs
Monopétales. L
SUPErOvArIÉes .… . se ms UN). 4
; x RÉCTOVAMÉES- . 4 as EL eee 220 RC OT 5
D ae eu PTE à D | Superovariées. .... UE PR PPAEE En 6
Squamiflores. ..... cn. en Saone à ne ss us ss 20 7
2° TRIBU. — Monocotylédones.
: Inferovariées. ......... dues 2 NE ERS 8
te CN © Te SUPÉFOVARIIOSS « « s ou aldlé des SR ee 0e 9
Squamiflores. ............. duo ns mnie ses des ven e » à ah sa mipirieuns > 10
3° TRIBU. — Acotylédones.
FANS... ONE TON ou eo a da vos ee co PVO TON É ER 11
Aphylles. ....... AÉTME nr dus eee dates on etoiles CR She te 2e 12
Série des familles.
ire cLAssE. — Dicotylédones dipérianthées ; 6. Rutacées.
polypétales superovariées. 7. Hespéridées.
8. Hypéricées.
1. Légumineuses. 9. Méliacées.
2. Corydalées. 10. Géraniées.
3. Polygalées. 11. Hermanniées.
4. Violées. 12. Malvacées.
5. Cistées. 13. Renonculacées.
TOME 1, INTRODUCTION. — Livraison mmmm. mmmm
dexcvi]
14. Helléborées.
15. Papavéracées.
16. Crucifères.
17. Capparidées.
18. Résédacées.
19. Vinifères.
20. Berbéridées.
21. Liliacées.
22. Acérinées.
23. Armériacées.
24. Caryophyllées.
25. Saxifragées.
26. Crassulées.
27. Portulacées.
28. Lythrées.
29. Rhamnidées.
30. Térébinthacées.
31. Amygdalées.
32. Spiréacées.
33. Rosacées.
2° casse. — Dicotylédones dipérianthées ;
polypétales inferovariées.
34. Pomacées.
35. Myrtées.
36. Loranthées.
37. Grossulariées.
38. Ficoïidées.
39. Onagrées.
40. Ombellifères.
3e cuasse. — Dicotylédones dipérianthées;
monopétales inferovariées.
41. Dipsacées.
42. Radiées.
43. Flosculeuses.
44. Semiflosculeuses.
45. Vslérianées.
46. Lobéliacées.
47. Campanulacées.
48. Cucurbitacées.
49. Rubiacées.
50. Caprifoliacées.
4 casse. — Dicotylédones dipérianthées ;
monopétales superovariées.
51. Rhodoracées.
52. Éricoidées
53. Ébénacées.
54. Apocynées.
55. Gentianées.
56. Polémoniées.
57. Convolvulacées.
58. Solanées.
59. Primulacées.
60. Utriculées.
61. Personées.
62. Rhinanthées.
63. Orobanchées.
INTRODUCTION.
64. Acanthées,
65. Jasminées.
66. Verbénacées.
67. Borraginées.
68. Labiées.
69. Globulariées.
70. Nyctaginées.
71. Plantaginées.
5° cLAssE. — Dicotylédones monopérianthées ;
inferovariées.
72. Élæagnées.
73. Osyridées.
74. Aristolochiées.
6° cLAssE. — Dicotylédones monopérianthées ;
superovariées.
75. Paronychiées.
76. Sanguisorbées.
77. Amaranthées.
78. Atriplicées.
79. Polygonées.
80. Laurinées.
81. Thymélées.
82. Euphorbiées.
83. Ulmacées.
84. Urticées.
85. Balanifères.
7e cuasse. — Dicotylédones squamifiores.
86. Bétulacées.
87. Salicinées.
88. Conifères.
8° casse. — Monocotylédones périanthées ;
inferovariées.
89. Aroïdées.
90. Hydrocharidées.
91. Tamnées.
92. Orchidées.
93. Iridées.
94. Narcissées.
9° cLasse. — Monocotylédones périanthées ;
supérovariées.
95. Liliacées.
96. Colchicacées.
97. Asparagées.
98. Nymphéacées.
99. Alismacées.
100. Joncées.
101. Potamophiles.
102. Palmiers.
103. Typhacées.
10° casse. — Monocotylédones squamifiores.
104. Cypéracées.
105. Graminées.
INTRODUCTION. dexcix
11° cLasse. — Acotylédones foliées. 112. Hépatiques.
106. Fougères. 19° cLasse. — Acotylédones aphylles.
107. Salviniées.
108. Équisétacées. 113. Lichénées.
109. Characées. 114, Hypoxylées.
110. Lycopodiées. 115. Champignons.
1i1. Mousses. 116. Algues.
Méthode naturelle d'Agardh.
Dans ses 4phorismes botaniques (4817 à 1826) et dans ses Classes
Plantarum (1825), Agardh, botaniste suédois d’un grand mérite,
exposa une méthode ayant, comme celle de De Jussieu, pour point de
départ l’absence ou la présence des cotylédons ; ce sont :
1° Les plantes acotylédones ou sporidifères,
2° Les plantes pseudo-cotylédones ou sporifères,
3° Les plantes crypto-cotylédones ou granifères,
4° Les plantes phanéro-cotylédones ou séminifères.
Il a groupé sous ces quatre chefs 202 familles, qui sont réunies en-
tre elles en 33 groupes naturels qu’il appelle classes. Ses Phanéro-
cotylédones sont divisées en 9 groupes, supérieurs aux classes et re-
posant sur les caractères que présentent la corolle et le pistil. Le seul
mérite de cette méthode, qui est directe et diffère peu de celle des
deux grands législateurs de la botanique, est d’avoir, pour la pre-
mière fois, réuni les plantes sous de grandes divisions naturelles.
Depuis on n’a plus négligé ce moyen, qui est réellement plus philo-
sophique qu’une série purement linéaire.
I. — ACOTYLÉDONES. 9. Spadicinées (Aroïdées , Cyca-
dées, Palmiers).
Classe 1. Algues. 10. Glumiflores (Cypéracées, Gra-
2. Lichens. minées, Joncinées).
3. Champignons. 11. Lilüflores (Asphodélées , Iri-
. dées, Narcissées , etc.).
II. — PSEUDO-COTYLÉDONES. 12. Gynandres ( Musacées , Orchi-
dées, etc.).
Classe 4. Muscoïdées.
5. Tétradidymées (Rhizocarpées, PHANÉRO-COTYLÉDONES.
Lycopodinées).
6. Fougères. IV. — A. INCOMPLÈTES.
7. Équisétacées.
Classe 13. Micranthées (Euphorbiacées ,
III. - CRYPTO-COTYLÉDONES. Urticées, Amentacées , Co-
nifères).
Classe 8. Macropodes (Naïades, Alis- 14. Oléracées ( Amaranthacées,
macées, etc.). Chénopodées).
dec INTRODUCTION.
15. Épichlamidées ( Ulmacées ,] VIII. — d. DISCYGYNES POLYPÉTALES.
Laurinées, Protæacées). 3
16. Columnanthérées (Asarinées , | Classe 24. Gynobasées (Rutacées, Géra-
Myristicées). act Hess CR . é
V.— B. COMPLÈTES. + frihilatées (Tropæolées, Acéri-
nées, etc.).
&. HYPOGYNES MONOPÉTALES.
Classe 17. Tubiflores (Plantaginées, Jas-
minées, Primulacées, Sola-| Classe 26. Hypodicarpées (Caprifoliacées,
nées). Rubiacées).
27. Subagrégées (Dipsacées, Cy-
narocéphales).
IX. — €. PÉRIGYNES.
VI.— b. HYPOGYNES POLYPÉTALES.
Classe 18. Centrisporées (Caryophyllées 28. Aridifoliées (Éricées, etc.).
Linées, HS Ta 29. Succulentes (Crassulacées, No-
19. Brévistylées (Berbéridées, Po- palées). ps
dophyllées, ete). 30. Calycanthèmes (Onagrariées,
20. Polycarpellées (Magnoliacées, etc).
Renonculacées, etc.). | 31. Péponifères (Cucurbitacées,
21. Valvisporées (Résédacées, Vio- etc.). -
lariées, etc.). 32. Icosandres (Rosacées, Myr-
22. Columnifères (Tiliacées , Mal- toïdées). &
vacées, etc.). 33. Légumineuses (Papilionacées).
VII. — C. DISCIGYNES MONOPÉTALES.
Classe 23. Tétraspermes ( Borraginées ,
Labiées, etc.).
Méthode naturelle de Link.
Link classa les plantes qu’il décrivit dans son Manuel pour con-
naître les végétaux les plus utiles et les plus communs, publié à
Berlin de 1829 à 1833, d’après une méthode dont l'inspiration re-
monte à De Jussieu et à De Candolle. Il conserva les 3 classes de
De Candolle; fit des Endogènes sa première, et des Exogènes sa
deuxième classe; il établit dans les Exogènes des sous-classes qui ne
sont pas toujours des divisions naturelles, mais des sections artificiel-
les. Ces sous-classes servent de chef de série aux familles qui sont
réunies sous cette rubrique commune.
Je ne donnerai d’après Bischoff, à qui j’emprunte les systèmes étran-
gers, que les 6 premières sous-classes de la deuxième classe. On ne
trouve rien dans cette méthode qui lui ait pu mériter une préférence
sur les autres.
2° CLASSE. — EXOGÈNES. 2° SOUS-CLASSE. — Vaginantes.
ire SOUS-CLASSE. — Vaginales. Ordre 1. Ombellifères.
2. Araliacées.
Ordre 1. Pipéritées. 3° SOUS-CLASSE. — Périgoniates.
2. Sycoïdées. \ ;
3. Polygonées. Ordre 1. Pistolochiées.
4, Bégoniacées. 2. Osirinées.
INTRODUCTION. dec)
3. Élæagnées. 10. Verbénacées. *
4. Thymélées. 11. Labiées.
5. Protéacées. 12. Personées.
6. Laurinées. 13. Borraginées.
7. Phytolaccées. 14. Solanacées.
&e SOUS-CLASSE. — Xéranthées. ' hs retire
1. RIT A 17. Myrsinées.
Ordre Plantaginées #k EC rs
5e sOUS-CLASSE. — Hypanthées. 19. Polygalinées.
Ordre 1. Nyctaginées. 6e SOUS-CLASSE. — Épanthées.
2. Plumbaginées.
3. Primulacées. Ordre 1. Campanulacées.
4. Gentianées. 2. Lobéliacées.
5. Apocynées. 3. Stylidées.
6. Asclépiadées. 4. Cucurbitacées.
7. Strychnacées. 5. Rubiacées.
8. Jasminées. 6. Caprifoliées.
9. Oléinées. 7. Valérianées.
Méthode naturelle de Bartling.
En 1830, Bartling publia sous le titre d’Ordines naturales Planta-
rum (Goëttingue) , un essai de classification qui est une combinai-
son des deux méthodes de Jussieu et de De Candolle ; il emprunta
à ce dernier les rapports de structure pour ses divisions générales,
et à Jussieu les considérations tirées du nombre des cotylédons, ainsi
que de la structure des enveloppes florales pour les divisions secon-
daires. Il divisa d’après Fries les végétaux cellulaires suivant leur
mode de germination, les vasculaires, en plantes à fleurs cachées ou
apparentes, et les dicotylédones, d’après la présence ou l’absence du
cystoblaste. Il établit entre ses grandes divisions et ses familles
60 classes naturelles.
Cette méthode l’emporte sur celle de Jussieu et de De Candolle, en
ce que Bartling a su éviter les incertitudes résultant de la détermina-
tion précise de la position relative des organes sexuels et de la sépa-
ration des sexes, ainsi que la classification obscure des Vasculaires en
Endogènes et Exogènes, et des Monocotylédones en fructification
apparente ou cachée. Les 60 classes naturelles facilitent beaucoup la
conception des grands groupes typiques. Il faut donc regarder cette
méthode comme ayant réalisé dans la science un véritable progrès.
INTRODUCTION.
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Ordre
Ordre
Ordre
Ordre
d. HOMONÈMES.
INTRODUCTION.
Série des familles.
VÉGÉTAUX CELLULAIRES.
1"° CLASSE. — Champignons.
1. Coniomycètes.
2. Gastéromycètes.
3. Pyrénomycètes.
4. Hyménomycètes.
2® cLAssE. — Lichens.
5. Coniothalames.
6. Hyménothalames.
7. Pyrénothalames.
3° CLASSE. — Algues.
8. Nostochinées.
9. Confervacées.
10. Floridées.
11. Fucacées.
b. HÉTÉRONÈMES.
4e CLASSE. — Mousses.
12. Hépatiques.
13. Bryacées.
Ordre
Ordre
Ordre
Ordre
VÉGÉTAUX VASCULAIRES CRYP-
Ordre
Ordre
Ordre
Ordre
TOGAMES.
Ordre
5° CLASSE. — RhizoCarpes.
14. Salviniacées.
15. Marsiléacées.
16. Isoétées.
6e CLASSE. — Fougères.
17. Polypodiacées.
18. Osmundacées.
19. Ophioglossées.
Ordre
Ordre
7e CLASSE, =. Lycopodinées.
20. Lycopodiacées.
8° CLASSE, — Goniopléridées.
21. Characées.
22. Équisétacées.
Ordre
VÉGÉTAUX VASCULAIRES PHANÉ-
Végétaux monocotylédones.
Ordre
Ordre
ROGAMES.
9e cLASSE. — Glumacées.
23. Graminées.
24. Cypéracées.
10e CLASSE. — Joncinées.
25. Restiacées.
26. Joncacées.
Ordre
27. Xyridées.
0
28. Commelinacées.
11° cuasse. — Ensatées.
29. Burmanniacées.
30. Hypoxidées.
31. Hæmodoracées.
32. Iridées.
33. Amaryllidées.
34. Broméliacées.
19e CLASSE, — Liliacées.
35. Asphodélées.
36. Colchicacées.
37. Smilacées.
38. Dioscorées.
13° CLASSE. — Orchidées.
39. Orchidées.
14° CLASSE. — Scitaminées.
40. Amomées.
41. Cannacées.
42. Musacées.
15e CLASSE. — Palmées.
43. Palmacées.
16° CLASSE, — Aroïdées.
44. Callacées.
45. Orontiacées.
46. Pandanées.
47. Typhacées.
17e casse. — Hélobiées.
48. Naïadées.
49. Podostémées.
50. Alismacées.
51. Butomées.
52. Hydrocharidées.
Végétaux dicotylédones.
1. CHLAMYDOBLASTES.
19° cLasse. — Aristolochiées.
53. Balanophorées.
54. Cytinées.
55. Asarinées.
57. Taccées.
20° CLASSE. — Pipérinées.
Ordre 57. Saururées.
58. Pipéracées.
59. Chloranthées.
deciij
18e casse. — Hydrocharidées.
deciv
Ordre
Ordre
Ordre
Ordre
INTRODUCTION.
21e CLASSE. — Hydropeltidées.
60. Cabombées.
61. Nymphæacées.
62. Nélumbonées.
2. GYMNOBLASTES.
a. Gymnoblastes apétales.
22° CLASSE. — Conifères.
63. Cycadées.
64. Abiétinées.
65. Cupressinées.
66. Taxinées.
23° CLASSE. — Amentacées.
67. Casuarinées.
68. Myricées.
69. Bétulacées.
70. Cupulifères.
71. Ulmacées.
24° CLASSE. — Urticinées.
72. Monimiées.
73. Artocarpées.
74. Urticées.
25° CLASSE. — Fagopyrinées.
Ordre 75. Polygonées.
Ordre
b. Gymnoblastes monopétales.
Ordre
Ordre
76. Nyctaginées.
26e CLASSE. — Protéinées.
77. Laurinées.
78. Santalacées.
79. Élæagnées.
80. Thymélées.
81. Protéacées.
27° CLASSE. — Salicinées.
82. Salicinées.
28° CLASSE. — Agrégées.
83. Plantaginées.
84. Plumbaginées.
85. Globulariées.
86. Dipsacées.
87. Valérianées.
299 CLASSE. — COMpPOséÉeS.
88. Calycérées.
89. Synanthérées.
30° casse. — Campanulinées.
90. Goodenoviées.
91. Stylidiées.
92. Lobéliacées.
93. Campanulacées,
31° CLASSE. — Éricinées.
Ordre 94. Vacciniées.
95. Éricées.
96. Épacridées.
32° CLASSE. — S{yracinées.
Ordre 97. Styracées.
98. Ébénacées.
99. Sapotées.
33e CLASSE. — Myrsinées.
Ordre 100. Ardisiacées.
101. Primulacées.
34e cLasse. — Labiatiflores.
Ordre 102. Lentibulariées.
103. Scrophularinées.
104. Orobanchées.
105. Gesnériées.
106. Sésamées.
107. Mvoporinées.
108. Sélaginées.
109. Verbénacées.
110. Labiées.
111. Acanthacées.
112. Bignoniacées.
35° cLASSE. — Tubiflores.
Ordre 113. Polémoniacées.
114. Hydroléacées.
115. Convolvulacées.
116. Cuscutées.
117. Solanacées.
118. Hydrophyllées.
119. Borraginées.
36° CLASSE. — Contournées.
Ordre 120. Gentianées.
121. Asclépiadées.
122. Apocynées.
123. Loganiées.
37° CLASSE. — Rubiacinées.
Ordre 124. Lygodysodéacées.
125. Rubiacées.
126. Caprifoliacées.
127. Viburnées.
38° cLasse. — Ligustrinées.
Ordre 128. Jasminées.
129. Oléinées.
c. Gymnoblastes polypétales.
39° cLasse. — Loranthées.
Ordre‘ 130. Loranthées.
INTRODUCTION.
409 CLASSE. — Ombelliflorées.
Ordre 131. Ombellifères.
132. Araliacées.
133. Hédéracées.
134. Hamamélidées.
&1° CLASSE. — C'occulinées.
Ordre 135. Berbéridées.
136. Ménispermées.
49° CLASSE. — Trisépalées.
Ordre 137. Myristicées.
138. Anonacées.
43e CLASSE. — Polycarpiques.
Ordre 139. Magnoliacées.
140. Diliéniacées.
141. Pæoniacées.
142. Renonculacées.
44° CLASSE. — Rhoeadées.
Ordre 143. Trémandrées.
144. Polygalées.
145. Résédacées.
146. Fumariacées.
147. Papavéracées.
148. Crucifères.
149. Capparidées.
45° CLASSE, — Péponifères.
Ordre 150. Samydées.
151. Homalinées.
152. Passiflorées.
153. Turnéracées.
154. Loasées.
155. Cucurbitacées.
156. Grossulariées.
157. Nopalées.
46° CLASSE. — Cistiflores.
Ordre 158, Flacourtianées.
159. Marcgraviées.
160. Bixinées.
161. Cistinées.
162. Violariées.
163. Droséracées:
164. Tamariscinées.
47e CLASSE. — Gutlifères.
Ordre 165. Sauvagesiées.
166. Frankeniacées.
167. Hypéricinées.
168. Garciniées.
48° CLASSE. — Caryophyllinées.
Ordre 169. Chénopodiées.
170. Amaranthacées.
171. Phytolaccées.
TOME I, INTRODUCTION. — {ivraison nnnn.
172. Scléranthées.
173. Paronychiées.
174. Portulacées.
175. Alsinées. :
176. Silénées.
49° CLASSE. — Succulentes.
Ordre 177. Ficoïdées.
178. Crassulacées.
179. Saxifragées.
180. Cunoniacées.
50° CLASSE, — Calyciflores.
Ordre 181. Haloragées.
182. Lythrariées.
183. Onagrariées.
184. Rhizophorées.
185. Vochysiées.
186. Combrétacées.
51° CLASSE, — Calycanthinées.
Ordre 187. Granatées.
188. Calycanthées.
52° CLASSE. — Myrtinées.
Ordre 189. Mémécylées.
190. Mélastomacées.
191. Myrtacées.
53° CLASSE. — Lamprophyllées.
Ordre 192. Camelliacées.
193. Ternstræmiacées.
194. Chlenacées.
54° CLASSE. — Columnifères,
Ordre 195. Tiliacées.
196. Sterculiacées.
197. Buüttneriacées.
198. Hermanniacées.
199. Dombeyacées.
200. Malvacées.
b5® CLASSE. — Gruinales.
Ordre 201. Géraniacées.
202. Linées.
203. Oxalidées.
56° CLASSE. — Ampélidées.
Ordre 204. Sarmentacées.
205. Léeacées.
206. Méliacées.
207. Cédrélées.
57° CLASSE. — Malpighinées.
Ordre 208. Malpighiacées.
209. Acérinées.
210. Coriariées.
211. Erythroxylées.
decv
nnnñ
dcev]
212. Sapindacées.
213. Hippocastanées.
214. Rhizobolées.
215. Tropæolées.
58° CLASSE. — Tricoccées.
Ordre 216 Stackhousiées.
217. Euphorbiacées.
218. Empêtrées.
219. Bruniacées.
220. Rhamnées.
221. Aquifoliacées.
222. Pittosporees.
INTRODUCTION.
234. Connaracées.
235. Cassuviées.
236. Juglandées.
60° cLAssE, .— Calophytes.
Ordre 237. Pomacées.
238. Rosacées.
239. Dryadées.
240. Spiræacées.
241. Amygdalées.
242. Chrysobalanées.
243. Papilionacées.
244. Swartziées.
223. Célastrinées.
224. Hippocratéacées.
225. Staphyléacées.
245. Cæsalpiniées.
246. Mimosées.
Ordre dont la place est incertaine.
59° cLasse. — Térébenthinées. s ;
Ordre 247. Cératophyllées.
Ordre 226. Ochnacées. 248. Datiscées.
227. Simaroubées. 249. Aquilarinées.
228. Zanthoxylées. 250. Bégoniacées.
229. Diosmées. 251. Balsaminées.
230. Rutacées. 252. Olacinées.
231. Zygophyllées. 253. Alangiées.
232. Aurantiacées. 254. Moringées.
233. Amyridées. 255. Escaloniées.
Méthode naturelle de Schultz.
Dans son Système naturel du règne végétal d'après son organisa-
tion intérieure, publié à Berlin en 1832, Ch. H. Schultz prit pour
point de départ la structure interne d’où il déduit ses principes de
division physiologique. Il a établi ses deux grandes coupes sur la
similitude ou la dissemblance des organes. Dans le premier cas, le
tissu cellulaire, ou mieux la cellule suffit à tous les besoins de la vie
de la plante, et remplit les fonctions d’assimilation, de circulation,
de nutrition et de reproduction : ce sont les végétaux qu’il appelle
Homonèmes où à organes semblables ; les autres au contraire, ayant
des appareils séparés pour l’accomplissement de chacune de leurs
fonctions, sont dits Æétérorganes où à organes dissemblables. Ces
derniers sont dits Synorganes quand les vaisseaux spiraux sont dis-
tincts et disséminés dans le tissu : c’est le degré inférieur répondant, à
l’exception de la neuvième classe, aux Monocotylédones, et les Dr-
chorganes ont un système de vaisseaux rayonnants mettant en rap-
port l’étui médullaire et l'écorce au moyen des rayons dits médullai-
res. Les végétaux Homorganes sont sporifères et florifères, et les
Hétérorganes Synorganes sont sporifères et floriféres; on ne trouve
INTRODUCTION. decvi
que des florifères parmi les Dichorganes. Les classes sont fondées sur
les caractères typiques propres à chaque groupe, et ces associations,
qui ne sont qu’au nombre de 15, sont conçues avec intelligence. Mal-
gré la dissemblance apparente que présente cette méthode, ses cou-
pes répondent à celles de De Candolle et de Jussieu. Il en faut
excepter ses Homorganes florifères et ses Synorganes dichorga-
noïdes, dans lesquelles on trouve une telle confusion de familles, qu’il
est impossible de les faire concorder avec les associations établies par
De Candolle et Jussieu. Cette méthode mérite d’être étudiée parce
qu’elle repose sur des principes pris de haut et qui indiquent dans son
auteur une profonde connaissance de l’organisation des végétaux.
Clef de la méthode de Schultz.
VÉGÉTAUX
nn —"" —
HOMORGANES. HÉTÉRORGANES.
oo ——@——©@ "2" —
SYNORGANES. DICHORGANES.
Sporifères. © ——
. Rhizospores. a. Florifères. Florifères
25 FhyOMPrEs. 5, Sporlfères. 6 Gymnanthes, 10. Lépidanthes.
3: Caulospores. 7. Coronanthes, |11. Périaæthines,
8. Palmacés. 12. Anthodiates.
9. Dichorganoïdes.| 15. Siphonanthes.
1. Pétalanthes
monocarpes.
15. Pétalanthes po-
fycarpes.
Série des familles.
1'© CLASSE. — HOMORGANES RHIZOS-
3° ORDRE. — Sclérosporangiées.
PORES.
Famille 10. Tubéracées.
1er ORDRE. — Némalosporées. 11. Xylomacées.
Famille 4° ORDRE. — Pyrénosporangiées.
Famille
5° ORDRE. — Hyménosporangiées.
Famille 13. Helvelloïdées.
1. Byssoïdées.
2. Mucédinées.
mé 12. Sphæriacées.
3. Mucorinées.
2° ORDRE. — Gastérosporées.
Famille 4. Sarcosporées,
5, Phalloidées.
6. Trichiacées.
7. Trichodermacées.
8. Lycoperdacées.
9, Urédinées.
14. Hydnoïdées.
15. Bolétoidées.
16. Agaricinées.
6° oRDRE. — Tréméloïdées.
Famille 17. Tubercularinées,
decvii]
18. Trémellinées.
19. Nostochinées.
7° ORDRE. — Aréhrosporées.
Famille 20. Batrachospermées.
21. Confervacées.
22. Ulvacées.
2e CLASSE. — HOMORGANES PHYLLOS-
PORES.
LU ORDRE. — Parenchymaphyllosporées.
Famille 23. Fucoïdées.
24, Floridées.
2° ORDRE. — Dermalophyllosporées.
Famille 25. Crustacées.
26, Phylloïdées.
27. Cladonioïdées.
3e ORDRE. — Névrophyllosporées.
Famille 28. Lichénoïdées.
29. Bryoiïdées.
3° CLASSE. — HOMORGANES CAULOSPORES.
Famille 30.
31:
32.
33.
34.
Hypophyllocarpiées.
Entophyllocarpiées.
Cladocarpiées.
Acrocarpiées.
Pleurocarpiées.
4e CLASSE. — HOMORGANES FLORIFÈRES.
Famille . Characées.
36. Fluviales.
37. Cératophyllées.
38. Podostémées.
. Zostérées.
. Vallisnériacées.
41. Stratiotées.
. Hydrocharidées.
. Hydropeltidées.
. Lemnacées.
45. Trapacées.
46, Patmacées,
5° CLASSE. — SYNORGANES SPORIFÈRES.
Famille 47. Lépidosporées.
. Peltasporées.
49. Stachyosporées.
50. Botryosporées.
51. Epiphyllosporées.
52. Rhizosporées.
6° CLASSE. — SYNORGANES GYMNANTHES.
1° ORDRE. — Gymnanthes glumiflorées.
Famille 53. Graminées.
54, Cypéroïdées.
55. Joncinées.
INTRODUCTION.
2° ORDRE. — Gymnanthes spadicanthées,
Famille 56. Typhacées.
57. Sparganioïdées.
58. Acorinées.
59. Aroïdées.
60. Potamogétonées.
61. Balanophorées.
62. Pandanées.
7e CLASSE. — SYNORGANES CORONAN-
THEES.
1e ORDRE. — Coronanthées rhizomateuses.
Famille 63. Orchidées.
64. Taccées.
65. Scitaminées.
66. Iridées.
2 oRpre. — Coronanthées bulbifères.
Famille 67. Liliacées.
68. Narcissinées.
3° oRDRE. — Coronanthées slipitées.
Famille 69.
70.
11:
57}
73:
74.
Broméliacées.
Aloïnées.
Sarmentacées.
Mélanthacées.
Commélinacées.
Alismacées.
8e CLASSE. — SYNORGANES PALMACÉES.
75.
76.
TT
78.
79.
80.
81.
Phœnicées.
Sagoïnées.
Cocoiïinées.
Arécacées.
Sabalinées.
Coryphacées.
Borassées.
Famille
9° CLASSE. — SYNORGANES DICHORGA-
NOIDES.
1° ORDRE. — Synorganiques.
1. Spadicanthées.
Famille 82. Pipéracées.
83. Saururées.
84. Chloranthées.
2. Coronanthées.
Famille 85. Nyctaginées.
86. Callitrichinées.
87. Hippuridées.
88. Myriophyllées.
3. Périanthinées,
Famille 89. Amaranthacées.
INTRODUCTION.
2e ORDRE. — Synorganiques dichorgananthées.
1. Lépidanthées,
Famille 90. Cycadées.
2. Pétalanthées.
Famille 91. Nymphæacées.
92. Nelumibonées.
93, Diphylléiacées.
105 CLASSE. — DICHORGANES LÉPIDAN-
THÉES.
1er oRDRE. — Lépidanthées acéreuses.
Famille 94. Abiétinées.
95. Cupressinées.
96, Taxinées.
97. Casuarinées.
2e oRDRE. — Lépidanthées feuillues.
Famille 98. Bétulacées.
99. Cupuliférées.
100. Salicinées.
101. Platanées.
102. Myricées.
103. Juglandinées.
11° CLASSE. — DICHORGANES PÉRIAN-
THINÉES.
1er ORDRE. — Carpanthées.
Famille 104. Aristolochiées.
105. Cytinées.
106. Osyrinées.
107. Datiscées.
108. Bégoniacées.
2° ORDRE.
Famille 109.
110.
LT LE
— Toranthées herbacées.
Urticées.
Chénopodées.
Phytolaccées.
112. Polygonées.
113. Paronychiacées.
114. Euphorbiacées.
3° ORDRE. — Toranthées arborescentes.
Famille 115. Laurinées.
116. Thymélées,
117. Elæagnées.
118. Népenthinées.
12° CLASSE. — DICHORGANES ANTHO-
DIEES.
1% ORDRE. — Anthodiées carpanthées.
Famille 119. Cichoracées.
120. Cynarocéphales.
121. Eupatorinées.
dccix
122.
123.
124.
125.
126.
Corymbiferes.
Calycérées.
Echinopées.
Parthéniacées.
Agrégées.
2° orDRE. — Anthodiées toranthées.
1. Herbacées.
Famille 127. Ambrosiacées.
128. Lupulinées.
129. Globularinées.
130. Plantaginées.
131. Plumbaginées.
2. Arborescentes,
Famille 133. Sarcothalamiques.
133. Lépidocarpiques.
13e CLASSE. — DICHORGANES SYPHONAN-
THEÉES.
17 ORDRE. — Siphonanthées carpanthées.
Famille 134. Valérianées.
135. Stylidées.
136. Lobéliacées.
137. Goodenoviées.
138. Campanulacées.
139. Cucurbitacées.
140. Rubiacées.
141. Caprifoliacées.
142. Vacciniées.
2e oRDRE. — Siphonanthées toranthées her-
bacces.
1. Familles Centrospermes.
Famille 143. Primulacées.
144. Lentibulariacées.
2. Familles Teichospermes.
Famille 145.
146.
147.
148.
149.
150.
Asclépiadées.
Apocynées.
Gentianées.
Orobanchées.
Gesnériacées.
Hydrophyllées.
151. Convolvulacées.
152. Hydroléacées.
. Polémoniacées.
. Solanacées.
Scrophularinées.
. Acanthacées.
. Bignoniacées.
Verbénacées.
. Sélaginées.
Sésamées.
. Borraginées.
. Labiées.
dcex
3* onpre.—Siphonanthées toranthées arbores-
Famille
INTRODUCTION.
centes.
163. Jasminées.
164. Styracinées.
165. Ardisiacées.
166. Olacinées.
167. Éricinées.
168. Epacridées,
14° cLASSr. — DICHORGANES PÉTALAN-
THÉES MONOCARPANTHÉES.
1:
Famille 169.
2. Familles
Famille
2* ORDRE,
Famille
3€ ORDRE.
Famille
Famille des Anthodiées.
Ombellifères.
Araliacées.
Bruniacées.
Hamamélidées,
Hédéracées.
170.
172
172
173.
des non Anthodiées car-
panthées.
174.
175.
176.
194%
178.
179:
130.
181.
182.
183.
184.
185.
186.
187.
188.
189.
Rhamnées.
Rhizophorées.
Loranthacées.
Cactées.
Loasées.
Ribésiées.
Escalloniées.
Myrtinées.
Granatées.
Mélastomées.
Mésembrinées.
Saxifragées.
Cunoniacées.
Onagrées.
Combrétacées.
Vochysiées.
— Pétalanthées toranthées centro-
spermes.
190. Caryophyllées.
191. Alsinées.
192. Portulacées.
193. Lythrariées.
— Pélalanthées toranthées teicho-
spermes.
194. Violariées.
195. Sauvagésiées.
196. Droséracées.
197. Résédacées.
198. Turnéracées.
199. Frankéniacées.
200. Samydées.
201. Homalinées.
202. Flacourtianées.
203. Marcgraviées.
204. Bixinées.
205. Cistées.
4e ORDR
Famille
be ORDRE.
Famille 220.
15° CLASS
206.
207.
208.
209.
210.
211:
212:
213.
214.
215:
Tamariscinées.
Polygalées.
Trémandrées.
Fumariacées.
Capparidées.
Passiflorées.
Papayées.
Papavéracées.
Berbéridées.
Cruciflores.
E. — Pélalanthées léqumineuses.
216. Papilionacées.
217. Cassiées.
218. Moringées.
219. Mimosées.
— Pélalanthées toranthées axt-
spermes.
Linoïdées.
Oxalidées.
Balsaminées.
Zygopbyllées.
Tropæolées.
Stackhousées.
Géraniacées.
Hermanniacées.
Dombeyacées.
Chlénacées.
Hypéricinées.
Guttiferes.
Hespéridées.
Méliacées.
Ampélidées.
Pittosporées.
Empêtrées.
Cédrélées.
Tiliacées.
. Célastrinées.
. Sapindacées.
. AcCérinées.
. Malpighiacées.
, Chrysobalanées.
. Amygdalées.
. Vernicées.
. Rutacées.
Diosmées.
. Simaroubées.
. Zanthoxylées.
. Sterculiacées.
. Büttnériacées.
252, Bombacées.
221.
222.
293.
224.
225.
226.
227.
228.
229.
230.
231.
232.
233.
234.
235.
F. — DICHORGANES PÉTALAN-
THÉES POLYCARPES.
Famille 253. Malvacées.
254. Sempervivées.
255. Ménispermées.
256. Anonacées.
INTRODUCTION. decx)}
257. Magnoliacées. 263. Dryadées.
258. Dilléniacées. 264. Sanguisorbées.
259. Connaracées. 265. Calycanthées.
260. Coriariées. 266. Rosacées.
261. Renonculacées. 267. Mespilées.
262. Spiræacées. 268. Pomacées.
Méthode naturelle de M. Lindley.
C’est en s’inspirant des travaux de Jussieu et de De Candolle, que
M. Lindley a établi une méthode naturelle inverse dont le mode de
division est dichotomique en descendant de l’ordre supérieur aux
cohortes. Il l’a exposée en 1833 dans son Vixus plantarum et Va re-
prise en 1836 dans son Natural system of botany. M divise d’abord les
végétaux en deux grands groupes; les végétaux sexuels et asexuels,
puis les Vasculaires et les Évasculaires ; il adopte alors la division
en Exogènes et Endogènes ; celles-ci sont à leur tour subdivisées en
Angiospermes et Gymnospermes, et les premières en complètes et in-
complètes, puis les complètes en Monopétales et Polypétales. Ce que
ce système offre de particulier, c’est qu’il a introduit entre les sous-
classes et les familles ou ordres, qu’il appela d’abord Vixus, puis plus
tard 4/liances, des associations intermédiaires auxquelles il a donné
le nom de Cohortes, qui répondent aux classes des botanistes, dont
l'importance méthodique a déjà été signalée. Comme progrès, la mé-
thode de Lindley n'offre rien de capital. Le reproche qu’on peut faire
à l’auteur est d’avoir cherché partout les associations quinaires qu’on
retrouve dans les naturalistes anglais, entre autres dans l’entomo-
logiste Kirby, qui établit aussi des groupes quinaires. Mais pour
arriver à ce nombre, il a été obligé de diviser ses familles de manière
à trouver constamment cinq groupes. Son système de glossologie
taxonomique qu’on ne peut pas au reste lui reprocher plus qu'aux au-
teurs modernes, est une recherche souvent forcée pour arriver à des
terminaisons semblables, ce qui ne fait rien gagner en précision, et
conduit le plus souvent à des appellations bizarres.
deexi) INTRODUCTION.
Clef de la méthode de MH.
SEXUELLES.
200000
VASCULAIRES.
RE
Exogènes.
© —
ANGIOSPERMES. GYMNOSPERMES.
= EEE _
Complètes. Incomplètes.
"RE
POLYPÉTALES. | MONOPÉTALES.
1. Tubifères.
2. Curvembryées.
. Albumineuses. | 1. Polycarpes.
. Gynobasiques. |2. Épigynes.
©
Épi i 5. A (Conifères
3. Epigynes. 3. Dicarpes. Rectembryées. équisétacées).
4. Pariétales. 4. Personées. 4. Achlamydées.
3. Calycoses. 5. Agrégécs. 5. Columnifères.
a
. Syncarpes.
Et
. Apocarpes.
Lindley.
PLANTES
a ———
ASEXUELLES,.
ÉVASCULAIRES.
Endogènes. Rhizanthées.
j1. Épigynes.
2. Gynandres.
3. Hypogynes.
4. Imparfaites.
5. Glumacées.
Série des familles.
A. BLANTES VASCULAIRES.
1'e CLASSE. — EXOGÈNES ANGIOS-
PERMES COMPLÈTES.
1'€ sous-CLASSE. — Polypétales.
Nixus
1° conorTE. — Albumineuses.
Nixus 1. Ranales (Renonculacées , Papa-
véracées, etc.). "
Anonales (Magnoliacées, Dillé-
niacées, etc.).
3. Umbellales (Ombellifères, Ara-
liacées).
4. Grossales (Grossulacées, Escal-
loniées).
5. Pittosporales (Vignes, Pittos-
porées, etc.).
2.
Nixus
2€ cONORTE. — Gynobasiques.
Nixus 1. Rutales (Ochnacées, Rutacées).
2. Géraniales (Tropæolées , Oxali-
dées, Balsaminées).
3. Coriales (Coriariées).
4, Flôrkéales (Limnanthées).
Nitœus
3e COHORTE. — Épigynes.
1. Onagrales (Onagrariées, Com-
brétacées).
2. Myrtales (Myrtacées , Mélasto-
macées).
3. Cornales (Cornées,
thées).
4. Cucurbitales (Cucurbitacées ,
Cactées).
5. Bégoniales (Bégoniacées).
Loran-
4° COHORTE. — Pariétales.
1. Cruciales (Crucifères, Cappa-
ridées, etc.).
2, Violales (Violacées, Droséra-
cées, etc.).
3. Passionales (Passiflorées, Papa-
yacées).
4. Bixales (Bixinées).
5° conorTE. — Calycoses.
1. Guttales (Guttiférées, Hypéri-
cinées).
2, Théales (Ternstrœmiacées).
INTRODUCTION.
3. Acérales (Acérinées, Hippocas-
tanées).
4, Cistales(Linées, Cistinées, etc.).
5. Berbérales (Berbéridées).
6° COHORTE. — Syncarpes.
Nixus 1. Malvales (Malvacées, Tiliacées).
2. Méliales (Méliacées, Aurantia-
cées, etc.).
3. Rhamnales (Rhamnées, Bursé-
racées).
4. Euphorbiales ( Euphorbiacées,
Malpighiacées).
5. Silénales {{Portulacées, Silé-
nées, Alsinées).
7® COHORTE. — Apocarpes.
Nixus 1. Rosales (Rosacées, Légumi-
neuses, etc.).
2. Saxales (Cunoniacées , Saxifra-
gées, etc.).
3. Ficoïdales (Ficoïdées).
4, Crassales (Crassulacées, Gala-
cinées).
5. Balsamales (Amyridées , Ana-
cardiacées).
2° SOUS-CLASSE. — Incomplètes.
1T6 COHORTE. — Tubifères.
Nixus 1. Santales (Santalacées).
2. Daphnales (Élæagnées, Thymé-
lées).
3. Protéales (Protéacées).
4. Lauréales (Laurinées, etc.).
5. Pénéales (Penæacées).
2e COHORTE. — Curvembryces.
Nixus 1. Chénopodales (Amaranthacées,
Chénopodiées).
2. Polygonales (Polygonées).
3. Pétivales (Pétivériacées).
4. Sclérales (Scléranthées, Nycta-
ginées).
5, Cocculales (Ménispermées).
3° coHORTE. — Rectembryces.
Nixus 1. Amentales (Cupulifères, Bétu-
linées).
2 Urticales (Urticées, Myricées,
Juglandées).
3, Casuarales (Casuarinées).
4. Ulmales (Ulmacées).
5. Datiscales (Datiscées).
4° conorTE. — Achlamydées.
Niœus 1. Pipérales (Chloranthées, Pipé-
racées).
2. Salicinales (Salicinées, Planta-
nées).
Nixus
Nixus
Nixus
Nixus
Nixus
Nixus
dccxii}
3. Involucrales (Monimiées, ete.).
4, Podostémales (Podostémonées).
5. Callitrichales (Callitrichinées).
5e COHORTE. — Columnifères.
1. Népenthales (Népenthées).
2. Aristolochiales (Aristolochiées).
SOUS-CLASSE. — Monopétales.
{re COHORTE. — Polycarpes.
1. Brexiales (Brexiacées).
2. Éricales (Éricées, Épacridées,
Vacciniées).
3. Primulales (Primulacées, Ilici-
nées, etc.).
. Nolanales (Nolanacées).
5. Volvales (Convolvulacées, Po-
lémoniacées).
CS
2° COHORTE. — Épigynes.
1. Campanales (Lobéliacées, Cam-
panulacées, etc.).
2. Goodénales (Stylidiées , Godé-
noviées).
3. Cinchonales (Cinchonacées).
4. Capriales (Caprifoliacées).
5. Stellales (Stellées).
3° COHORTE. — Dicarpes.
1. Gentianales (Gentianées, Apo-
cynées, Asclépiadées),
2. Oléales (Oléacées, Jasminées).
3. Loganiales (Loganiacées, Pota.
tiacées).
4. Échiales (Borraginées, Ehré-
tiacées, etc.).
5. Solanales (Solanacées, Cestri-
nées).
4e COHORTE. — Personcées.
1. Labiales (Labiées, Verbénacées,
Sélaginées, etc.).
2. Bignoniales (Bignoniacées, Cyr-
tandracées, etc.).
3. Scrofulales ( Scrofularinées ,
Orobanchées).
4. Acanthales (Acanthacées).
5. Lentibales (Lentibulariées).
5° COHORTE, — Agrégées.
1. Astérales (Calycérées , Compo-
sées).
2. Dipsales ( Dipsacées , Valéria-
nées).
3. Brunoniales (Brunoniacées).
4, Plantales (Plantaginées, Globu-
larinées).
5. Plumbales (Plumbaginées).
TOME I, INTRODUCTION, — Livraison 0000. 0000
decxiv INTRODUCTION. .
2° cLassE. — EXOGÈNES GYMNO- 4° COHORTE. — Imparfaites.
SPERMES. Nitus 1. Pandales (Cyclanthées, Pan-
Cycadées, Conifères , Taxinées, danées).
2. Arales (Aroïdées , Acoroïdées).
3. Typhales (Typhacées).
4. Smilales (Dioscorées, Smila-
Équisétacées.
3e CLASSE. — ENDOGÈNES.
cées, etc.).
ire COHORTE. — Épigynes. 5. Fa (Joncaginées, Pistico-
cées).
Nirus 1. Amomales (Scitaminées, Mu-
sacées). 5e COHORTE. — Glumacées.
\ à Ï 5 _ e. # 4 La
2 mess SL si Ama M
es, etc.).
j dé tiacées ridées.
3. Ixiales (Iridées). , Xyridées
4. Broméliales (Broméliacées)
6. Hydrales (Hydrocharidées). TAPER
Rafflésiacées, Cytinées, Bala-
e F 4. #
2° coHorTE. — Gynandres. nophorées, etc
Orchidées, Cypripédiées, A pos-
PE 5e CLASSE. — ASEXUELLES.
: 47 | Nixus 1. Filicales (Polypodinées, Osmon-
3e COHORTE. — Hypogynes datés pal) ;
Nixus 1. Palmales (Palmées). 2. Lycopodales ( Lycopodiacées ,
2. Liliales (Liliacees, Asphodélées, Marsiliacées, etc.).
Mélanthiacées, ete.). 3. Muscales (Mousses, Jongerman-
3. Commélales(Commélinées). niacées, Hépatiques.
4. Alismales (Butomées, Alisma- 4. Charales (Characées).
cées). 5. Fungales (Champignons, Li-
5. Joncales (Joncées, Philydrées). chens, Algues).
Méthode de M. Martius.
En 1835, il parut à Nuremberg un ouvrage de M. Phil. von Martius
portant pour titre : Conspectus regni vegetabilis secundum chara-
cteres morphologicos præsertim carpicos in classes, ordines et fami-
lias digesti. Le principe adopté par M. Martius, comme idée génératrice
de sa méthode, est la division du règne végétal en deux groupes :
le premier, Composé des végétaux primordiaux ou, comme il dit, pre-
migènes, et le second, des végétaux secondaires. On ne voit pas trop
la raison de ce mode d’association; il prend ensuite légalité et la res-
semblance des parties et s'appuie sur la fonction et le développement.
Il se sert pour cela des organes élémentaires ou composés, et prend
surtout le fruit pour point de comparaison, sans pour cela négliger
les autres parties de la fleur.
Cette méthode a coûté à l’auteur de grandes recherches et indique,
desa part, de profondes connaissances ; mais, outre le vice fondamental
que j'ai signalé dans son point de départ, on trouve matière à criti-
que dans les dénominations de ses cohortes empruntées à des consi-
INTRODUCTION. decxv
dérations de tous les ordres, ce qui n’a pas sauvé l’auteur de la con-
fusion, car il a multiplié ses cohortes sans nécessité et rompu plus
d’une fois la série des affinités naturelles.
Malgré la science profonde dépensée par M. Martius, on doit dire
que sa méthode est loin d’être d’un usage commode et facile.
Clef de la méthode naturelle de M. Martius.
VÉGÉTATION PRIMIGÈNE. VÉGETATION SECONDAIRE.
Classe 1. Plantes ananthes. Classe 1. Protomycètes.
2. Loxinées ou Monocotylédones. 2. Hyphomycètes.
3. Tympanochètes à cellules po- 3. Gastéromycètes.
.reuses. 4. Hyménomycètes.
4. Orthoïnées ou Dicotylédones. 5. Myélomycètes.
Série des familles.
VÉGÉTATION PRIMIGÈNE. 2% coHoRTE. — Gymnanthes pachyblastes.
16. Pistiacées.
17. Fluviales.
18. Potamogètes.
1" CLASSE. — Plantes ananthes. Ordre
{'° SOUS-CLASSE. — Pantachobryées.
ir couorte.— Ananthes à fronde ou à thalle.| 3° CONORTE. — Gymnanthes spadiciflores.
Ordre 1. Algues. Ordre 19. Typhacées.
2. Lichens. 20. Pandanées.
21. Phytéléphantées.
2° SOUS-CLASSE. — Acrobryées. 22. Cyclanthées.
23. Aracées.
2° conontk. — Ananthes phyllidiophores.
; 2e SOUS-CLASSE, — Hypogynes.
Ordre 3. Characées.
4. Mousses. 4e CORORTE. — Jsotrimères.
5. Mousses hépatiques. ;
6. Sphagnacées. Ordre 24. Acorines.
7. Lycopodinées. 25. Joncaginées.
: 26. Joncées.
3° coHORTE. —Ananthes phyllophores. 27. Smilacées.
; ; 28. Liliacées.
Ordre 8. Ophioglossées. 29. Pontédéracées.
9. Fougéres. 30. Gilliésiées.
10. Marattiacées. 31. Mélanthacées.
11. Salviniacées.
12. Marsiléacées. 5° COHORTE. — Hypertrimères.
13. Équisétacées.
Ordre 32. Palmiers.
2° cLASSE.— Loæines, ou Monocotylé-
6° COHORTE. — Dimères.
dones.
1'© SOUS-CLASSE. — Gymnanthées, Ordre 33. Roxburghiacées.
1"® ConoRTE. — Glumacées (caryopsophores). 7° CoHORTE. — Énanthioblastées.
Ordre 14. Graminées. Ordre 34. Commélinées.
15. Cypéracées. 35. Xyridées.
decxv]
36. Ériocaulées.
387. Restiacées.
38. Desvauxiées.
8° COHORTE. — Anisomères tricarpes.
Ordre 39. Philydrées.
9° conoRtE. — Symétriques polycarpes.
Ordre 40. Alismacées.
41. Butomées.
32 SOUS-CLASSE. — Épigynes.
{re série. — SYMÉTRIQUES.
10° cononTE. — Stégocarpes hexandres.
Ordre 42. Dioscorées.
43. Taccées.
44. Hypoxidées.
45. Amaryllidées.
46. Broméliacées.
11° couorte. — Séégocarpes polyandres.
Ordre. 47. Hæmodoracées.
48. Hydrocharidées.
12° COHORTE. — S/égocarpes triandres.
Ordre 49. Burmanniacées.
50. Iridées,
2e série. — ASYMÉTRIQUES.
13e COHORTE. — Séégocarpes anisandres.
Ordre 51. Marantacées.
52. Amomées.
53, Musacées.
14° CONORTE. — Sfégocarpes gynandres.
Ordre 54. Orchidées.
55. Apostasiées.
15° COHORTE. — Ségocarpes kionandres, ha-
plocarpes acotylédones.
Ordre 56. Balanophorées.
3° CLASSE. — Tympanochètes.
17° série. — CIRCINÉES.
Ordre 57. Cycadées.
2° série, — ACEREUSES.
58. Taxinées.
59, Conifères.
60, Gnétées,
INTRODUCTION.
4° CLASSE. —Orthoïnes, ou Dicotylédones.
1'° sOUS-CLASSE. — Achlamydées.
11€ série. — HAPLOCARPES.
{re cononTe. — Haplocarpes amentifères.
Ordre 61. Casuarinées.
62. Myricées.
63. Platanées.
2e COHORTE. — Spadicifiores.
Ordre 64. Pipéracées.
65. Chloranthées.
3° COHORTE. — Aæwillifliores.
Ordre 66. Ceratophyllées.
2° série. — POLYCARPES.
4e COHORTE. — Dischizocarpes.
Ordre 67. Callitrichinées.
5° CONORTE. — Polycarpes.
Ordre 68. Saururées.
Ge couortE. — Diplocarpes spathiflores.
Ordre 69. Podostémées.
7° CoHoRTE, — Diplocarpes soranthes.
Ordre 70. Batidées.
8° conorTe. — Diplocarpes amentifères.
Ordre 71. Salicinées.
22 SOUS-CLASSE. — Sépalanthes,
11° COHORTE. — Hypogynes Mmonocarpes scG-
brifoliées.
e * Haplocarpes.
Ordre 72. Urticées.
. Morées.
. Artocarpées.
** Diplocarpes.
. Ulmacées.
. Stilaginées.
. Henslowiacées,
2° CORORTE. — Hypogynes haplocarpes colura-
nifères.
Ordre 78. Myristicées.
3e conoRTE. — Haplocarpes chromanthées.
* Hypogynes.
Ordre 79. Thymélées.
80. Elæagnées.
81. Anthobolées.
87.
88.
4e COHORTE.
Ordre 89.
5e COHORTE.
Ordre 90.
91.
6° COHORTE.
Ordre 95.
96.
INTRODUCTION.
. Osyridées.
. Illigérées.
. Hermandiées.
. Aquilarinées.
. Protéacées.
** Épigynes,
Santalacées.
Nyssacées.
— Hypogynes polycarpes chro-
manthes.
Pénæacées.
—Hypogynes haplocarpes auxan-
thes.
Chénopodéacées.
Riviniacées.
. Pétivériacées.
. Nyctaginées.
. Scléranthées.
— Hypogynes polycarpes chlo-
ranthes.
Phytolaccées.
Polygonées.
7° COHORTE. — Diclines monocarpes libano-
Ordre 97.
98.
8e ÇCOHORTE.
Ordre 99.
9° COHORTE. —
Ordre 100.
101.
102.
103.
10° COHORTE.
Ordre 104.
105.
“11° COHORTE.
Ordre 106.
3° SOUS-
i'e
Ordre 107.
108.
tides.
Pistacinées.
Juglandées.
— Tétraplocarpes columnifères.
Népenthées.
Épigynes oligocarpes juliflores.
Garryacées.
Bétulinées.
Cupulifères.
Balsamifluées.
— Épigynes polycarpes kionan-
ares (columnifères).
Aristolochiées.
Rafflésiacées.
— Epigynes pléiocarpes polyan-
dres.
Datiscées.
CLASSE. — Sympétalanthes.
1'e série. — HYPOCYNES.
CONORTE. — Haplocarpes.
Globularinées.
Brunoniacées,
dccx vil
2° COHORTE. — Diplocarpes anisomères, asy-
métriques oligospermes.
Ordre 109. Stilbinées.
110. Sélaginées.
3° COHORTE,
Ordre 111.
112:
ÉAE.
114.
115.
116.
Le
Ordre 117.
— Personées, diplocarpes asymé-
triques polyspermes.
Lentibulariées.
Scrofularinées.
Rhinanthacées.
Orobanchées.
Gesnéracées.
Bignoniacées.
COHORTE — Érémocarpes.
Labiées.
118. Aspérifoliées.
119. Nolanacées.
5° COHORTE. — Lurides.
Ordre 120. Solanées.
121.
6e
Cestrinées.
COHORTE. — Malacanthes.
* Capsulaires.
Ordre 122. Plantaginées.
1253,
124.
125.
126.
127.
7e
Hydrophyllées.
Convolvulacées.
Cuscutées.
** Prumnophores.
Ehrétiacées.
Cordiacées.
COHORTE. — Triplocarpes.
Ordre 128. Hydroléacées.
129. Polémoniacées. ”
8°
COHORTE. — S{éréocarpes.
Ordre 130. Verbénacées.
131.
Pédalinées.
132. Acanthacées.
133. Myoporinées.
ge
Ordre 131.
135.
136.
137.
138.
139.
COHORTE. — Picrochyles.
Ményanthées.
Gentianées.
Spigéliacées.
Loganiées.
Apocynées.
Asclépiadées.
10° conorTE. — Anisomères diplandres.
Ordre 140. Potaliées.
dccxvii)
11° conorTE. — Pentaplocarpes kionotropho-
spermes.
Ordre 141.
142.
143.
144.
Plumbaginées.
Primulacées.
Ægicérées.
Myrsinées.
12° coHORTE. — Diplocarpes symétriques, ani-
somères mionandres.
Ordre 145. Jasminées.
146. Oléinées.
13° coBoRTE. — Polyplocarpes symétriques,
isomères haplandres.
Ordre 147. Ilicinées.
148. Lééacées.
14° couortEe. — Polyplocarpes symétriques
pléionandres.
* Hypogynes.
Ordre 149. Ébénacées.
150. Sapotées.
** Épigynes.
151. Styracées.
15° COHORTE. — Bicornes.
Ordre 152. Éricacées.
2€ série. — ÉPIGYNES.
{6e conorTE. — Épigynes diplocarpes poly-
spermes mionandres.
Ordre 153. Columelliacées.
17° conoRTE. — Épigynes haplocarpes.
Ordre 154. Composées.
155. Calycérées.
156. Dipsacées.
18° COHORTE. — Épigynes triplocarpes créma-
tospermes.
Ordre 157. Valérianées.
158. Sambucinées.
159. Caprifoliacées.
19° conorte. — Rubiacinées.
Ordre 160. Rubiacées.
161. Lygodysodéacées.
20° COHORTE. — Épigynes di-polyplocarpes al-
ternifolices.
* Polyspermes.
Ordre 162.
163.
Sphénocléacées.
Campanulacées.
164. Lobéliacées.
165. Goodenoviées.
166. Stylidiées.
INTRODUCTION.
*+* Oligo-anospermes.
167. Scævolées.
21° COHORTE. — Triplocarpes anisomères po-
lyandres.
Ordre 168. Bégoniacées.
22e conoRTE. — Tri-pentaplocarpes isomères
haplandres ou diplandres.
Ordre 169. Papayacées.
170. Cucurbitacées.
4° SOUS-CLASSE. — Polypétalanthes haplo-
carpes.
1'e série. — HAPLO-MONOCARPES.
1'e conorTe. — Céraliophorcées.
Ordre 171. Podophyllées.
2° COHORTE. — Légumineuses.
Ordre 172. Papilionacées.
173. Cæsalpiniées.
174 Mimosées.
3° COHORTE. — Drupacées.
Ordre 175. Chrysobalanées.
176. Amygdalées.
4° COHORTE. — Haplocarpes épigynes.
Ordre 177. Combrétacées.
2° série. — POLYPÉTALANTHES, HAPLOCARPES ,
POLYCARPES,.
5° COHORTE. — ROSACÉES.
* Acrostyles.
Ordre 178. Céphalotées.
179. Spiræacées.
** Plagiostyles,
180. Dryadées.
181. Rosées.
6° conorTE. — Calycanthinées.
Ordre 182. Calycanthées.
7° conorTE. — Pentacarpes diploandres exal-
bumineuses.
Ordre 183. Connaracées.
8e conoRTE. — Eclinocalycées.
Ordre 184. Athérospermées.
185. Monimiées.
9e couorTE, — Vitelligères ou Lécythoblastées,
Ordre 186. Cabombées.
INTRODUCTIGN.
187. Nélumbonées.
188. Nymphéacées.
10e COHORTE. — Polycarpes.
Ordre 189. Magnoliacées.
190. Dilléniacées.
191. Anonacées.
192. Schizandracées.
193. Renonculacées.
2® conorte. — Sarcophyllées.
Ordre 194. Crassulacées.
5€ SOUS-CLASSE. — Polypétalanthes syn-
carpes.
{"e série. — DI-TRIPLOCARPES , UNILOCULAIRES ,
MONO-OLIGOSPERMES.
+ Hypogynes calycostémones.
1'e COHORTE. — Monocarpes.
Ordre 195. Olacinées.
196. Barrériacées.
197. Berbéridées.
198. Laurinées.
199. Calophylilées.
200. Cassuviées.
2° COHORTE. — Polycarpes.
Ordre 201. Ménispermées.
++ Épigynes,
3e COHORTE. — Pétalostémones.
Ordre 202. Loranthacées.
22 série. — POLY-DIPLO- OU TÉTRAPLOCARPES.
+ Hypogynes thalamiflores.
4° COHORTE. — Siliqueuses.
Ordre 203. Crucifères.
204. Capparidées.
205. Fumariacées.
5e COHORTE. — C'apsuligères.
Ordre 206. Polygalées.
207. Kramériacées.
208. Trémandrées.
6° COHORTE. — Samarocarpes.
Ordre 209. Fraxinées.
210. Acérinées.
7° COHORTE. — Baccées.
Ordre 211. Ampélidées.
dccxix
++ Hypogynes calyciflores.
82 COHORTE. — Marénanthes.
Ordre 212. Lythrariées.
213. Frankéniacées.
9® COHORTE. — Crémocarpes,
Ordre 214. Ombellifères.
10° CORORTE. — Plérostyles.
Ordre 215. Sanguisorbées.
216. Cliffortiacées.
11® COHORTE. — Diplostégiées ou dipyréno-
phores.
Ordre 217. Cornées.
218. Hamarmñélidées.
219. Alangiées.
220. Bruniacées.
221. Rhizophorées. :*
12° COHORTE. — Semi-épigynes.
Ordre 222. Escalloniées.
223, Cunoniacées.
224. Saxifragées.
225. Francoacées.
226. Bauéracées.
13° COHORTE. — Péponiatées.
Ordre 227. Glossulariées.
14° CORORTE. — Onagrariées.
Ordre 228. Haloragées.
229, Circæacées.
230. Epilobiacées.
231. Hydrocaryées.
3° série .— SYNCARPES , TRIPLOCARPES,.
,
+ Hypogynes.
15° COHORTE, — Plagiodiscophores.
Ordre 232. Résédacées.
233. Lacistémées.
16° cOHORTE. — Tricaryopsidées.
Ordre 234. Tropæolées.
17e coHorTE. — Kionotrophospermes.
Ordre 235. Amaranthacées.
236. Paronychiées.
| |
18° COHORTE. — Pleurotrophospermes.
* Albumineuses,.
Ordre 237. Ionidiées.
238. Sauvagésiacées.
239. Turnéracées.
240. Malesherbiacées.
241. Fouquiéracées.
decxx
** Exalbumineuses.
242. Tamariscinées.
19° conorTe. — Malpighinées.
* Asymétriques anisomères.
+ Oligospermes.
Ordre 243. Vochysiacées.
244. Sapindacées.
Hippocastanées.
Hippocratéacées,.
ie
246.
++ Polyspermes.
247.
248.
Trigoniacées.
Moringées.
*x Symétriques.
249,
250.
251.
252.
Staphyléacées.
Malpighiacées.
Érythroxylées
Chailletacées.
208 comoRTe. — Triplo (diplo)-carpes haplo-
triploandres.
Ordre 253.
254.
255.
256.
Pittosporées.
Célastrinées.
Nitrariacées.
Maquinées.
die conorTE. — Semi-épigynes élamines anti-
pétalées.
Ordre 257. Rhamnées.
29° couorTEe. — Lamprophyllées.
Ordre 258. Chlénacées. |
259. TernstrϾmiacees.
4° série. —SYNCARPES , TÉTRAPLO-POLYPLOCARPES.
+ Hypogynes.
23e COHORTE. — Pellaphorées.
Ordre 260. Papavéracées.
24° conorTE. — Cariophyllinées.
* Albumineuses camptoblastes,
Ordre 261. Portulacées.
262. Caryophyllacées.
** Exalbumineuses orthoblastes.
263, Elatinées.
25° COHORTE. — Cocciférées.
* Crémato- ou calospermes.
Ordre 264. Euphorbiacées.
INTRODUCTION.
** Anospermes.
265. Stackhousiées.
266. Empétrées.
26° COHORTE. — Térébinthacées.
Ordre 267. Burséracées.
268. Spondiacées.
27° COHORTE. — Gynobasiques.
* Exalbumineuses ou téléoblastes.
Ordre 269. Coriariées.
270. Simaroubées.
271. Ochnacées.
272. Limnanthées.
** Albumineuses.
273. Zygophyllées.
274, Rutacées.
28° COHORTE. — Gruinales.
Ordre 275. Balsaminées.
276. Oxalidées.
277. Géraniacées.
278. Linées.
29° conoRtE. — Cistiflores.
* Haploandres.
Ordre 279. Pangiées.
** Diplo-tétraploandres.
280. Droséracées.
*** Polyploandres.
281. Flacourtianées.
282. Patrisiacées.
283. Bixinées.
284, Cistinées.
30€ COHORTE. — Baccées.
Ordre 285. Passiflorées.
286. Samydées.
31° coHoRTE. — Columnifères.
* Albumineuses.
Ordre 287. Bytinériacées.
288. Bombacées.
289. Tiliacées.
290. Élæocarpées.
LA
** Sub- ou exalbumineuses.
291. Malvacées.
292. Diptérocarpées.
32° COHORTE. — ypérionées.
* Exalbumineuses opposilifoliées,
Ordre 293. Garciniées
INTRODUCTION.
294, Hypéricinées.
295, Rhizobolées.
** Exalbumineuses alternifoliées,
296. Marcgraviacées.
297. Brexiacées.
*** A]bumineuses alternifoliées.
298. Réaumuriées.
299. Sarracéniées.
33° COHORTE. — Hespéridinées.
D
* Albumineuses.
Ordre 300. Canellacées.
301. Méliacées.
302. Cédrélées.
303. Humiriacées.
** Exalbumineuses,
304. Aurantiacées.
++ Épigynes ou amphiboliquement hypogynes,
semi-épigynes ou épigynes.
34° COHORTE. — Polyacéniatées.
Ordre 305. Araliacées.
306. Hédéracées.
35° COHORTE. — Capsuligères,
Ordre 307. Hydrangéacées.
308. Philadelphées.
36° COHORTE.— Épigynes, pleurotropho-
spermes.
+ Albumineuses.
* Semi-épigynes.
Ordre 309. Homalinées.
** Épigynes.
310. Belvisiées.
311. Loasées,
++ Exalbumineuses.
312. Nopalées.
37° COHORTE. — Succulentes.
* Albumineuses.
Ordre 313. Ficoïdées.
** Exalbumineuses.
314. Névradées.
38° COHORTE. — Rhynchanthérées.
Ordre 315. Mélastomacées.
TOME 1, INTRODUCTION. — Livraison Pppp.
39e COHORTE. — Myrlinées.
* Feuilles opposées stipulées.
Ordre 316. Mémécylées.
317. Granatées.
318. Myrtacées.
** Feuilles alternes stipulées.
319. Barringtoniées.
320. Lécythidiées.
40° COHORTE. — Pyridiatées.
Ordre 321. Pomacées.
VÉGÉTATION SECONDAIRE.
1° CLASSE. — Protomycètes.
1" COHORTE. — Hydromycètes.
Ordre 1. Hydrom. gélatineux.
2. Hydrom. confervoides.
2€ COHORTE. — Coniomycètes.
Ordre 3. Urédinées.
4. Psychomycètes.
3e COHORTE. — Pegmomycèles.
Ordre 5. Trémellinées.
6. Sclérotiacées.
2° CLASSE. — Hyphomycètes.
4e COHORTE. — Exosporés.
Ordre 7. Mucédinées.
8. Byssacées.
9. Céphalotrichées.
5€ COHORTE. — Endosporés.
Ordre 10. Mucorinées.
3° CLASSE. — Gastéromycèles.
6° COHORTE. — Myxogastères.
Ordre 11. Æthalinées.
12. Physarées.
3. Stémonitées.
14. Trichiacées.
7° GOHORTE. — Trichogastères.
Ordre 15. Lycoperdinées.
16. Sclérodermacées.
8° COHORTE. — Angiogastères.
Ordre 17. Tubéracées.
18. Nidulariacées.
39. Carpobolées.
20, Phalloïdées.
PppPp
decxx)
decxxi] INTRODUCTION.
4° CLASSE. — Hyménomycèles. 24. Pezizoidées.
9° conoRTE. — Oligosporidées. 5e CLASSE. — Myélomycèles.
Ordre 21. Corynomycëtes. 11% COHORTE. — Périlhéciatés.
22. Pilomycètes.
Ordre 25. Sphériacées.
10° coHoRTE. — Oclosporidées. ’
1 26. Hypoxylées.
Ordre 23. Helvellacées.
Méthode naturelle d Unger et d'Endlicher.
Dans la méthode établie par F. Unger et adoptée par Endlicher
dans son Genera plantarum, la structure anatomique et le mode de
développement pris pour base constituent la première division, d’où
la séparation du règne végétal en deux régions : les Thallophytes,
dépourvus d’axe, et les Cormophytes ou plantes axifères. La première
région est subdivisée en Protophytes, ou plantes primitives, et en
Hystérophytes, ou végétaux secondaires; les plantes axiles sont par-
tagées en 3 divisions : les Acrobryes, qui croissent par l’extrémité ; les
Amplibryes, dont la tige s’accroit par l’addition à la périphérie de
nouveaux faisceaux vasculaires ; les Æcramphibryes, dont les fais-
ceaux vasculaires croissent dans le sens longitudinal et transversal.
La section Acrobryes se subdivise en trois cohortes : les 4nophrytes
qui sont dépourvus de vaisseaux, les Protophytes ou végétaux pri-
mitifs, les Aystérophytes ou végétaux secondaires; les 4cramphi-
bryes se divisent en quatre cohortes : les Gyrnospermes, à se-
mences nues, les pétales, les Gamopétales, et les Dialypétales.
Il termine le tableau de ses 279 familles par 114 genres dont la
place dans la méthode ne peut que difficilement être assignée.
La méthode d’Endlicher est, malgré les quelques lacunes qu’on y
rencontre, une des meilleures que nous ayons. Il y a bien quelques fa-
milles transposées ou séparées de familles analogues par des groupes
entièrement étrangers. En comparant cette méthode à celle de Jus-
sieu, de De Candolle, de Bartling, on reconnaît qu’une combinaison
intelligente de ces trois méthodes corrigées l’une par l’autre aurait
suffi pour en établir une bonne; et l’on aurait évité ces dénomina-
tions barbares, qui ne sont pas plus naturelles que les divisions de
Jussieu et des autres savants; c’est donc la série et l’enchaînement
des familles qui constituent le mérite de cette méthode, plutôt que
les principes qui lui servent de point de départ.
L
decxxii}
INTRODUCTION.
‘SaSNaULUNS9T ‘19
*S2I0UISOY ‘09
*SOIOUHIAN ‘68
"S910HIDA[ED ‘88
*SAJCUINAN "Le
‘SAUJUIQYIAL ‘94
*S2999091IL ‘28
*SOQUINBULIA ‘re
*"Sapu1e84Â10d4 ‘28
*S2199V ‘34
*S29PH9dS9H ‘1
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*‘S219JIUNIO) *6F
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*‘SOHIOHIQUEL ‘92
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decxxiv
INTRODUCTION,
Série des familles.
Ire RÉGION. — THALLOPHYTES.
1 SECTION, — Protophytes.
1'° CLASSE. — Algues.
Ordre 1°. Diatomacées.
. Nostochinées.
. Confervacées.
. Characées.
. Ulvacées.
. Floridées.
. Fucacées.
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2° CLASSE, — Lichens.
8. Coniothalames.
9. Idiothalames.
10. Gastérothalames.
11. Hyménothalames.
Ordre
2° SECTION. — Aystérophytes.
3° CLASSE. — Champignons.
Ordre 12. Gymnomycètes.
13. Hyphomycètes.
14. Gastéromycètes.
15. Pyrénomycètes.
16. Hyménomycètes.
II: RÉGION. — CORMOPHYTES.
3° SECTION. — Acrobryes.
ire COHORTE. — Acrobryes anophytes.
4° CLASSE. — Hépatiques.
Ordre 17. Ricciacées.
18. Anthocérotées.
19. Targionacées.
20. Marchantiacées.
21. Jungermaniacées.
5® CLASSE. — Mousses.’
Ordre 22. Andréacacées.
23. Sphagnacées.
24. Bryacées.
3% COHORTE. — Acrobryes protophytes.
6° CLASSE. — Calamariées.
Ordre 25. Équisétacées.
7° CLASSE. — Fougères.
Ordre 26. Polypodiacées.
27. nn ho de
28. Gleichéniacées.
29. Schizæacées.
30. Osmundacées.
31. Marattiacées.
32. Ophioglossées.
8° CLASSE. — Hydroptérides.
Ordre 33. Salviniacées.
84. Marsiléacées.
9e CLASSE. — SÉlaginées.
35. Isoétées.
36. Lycopodiacées.
Ordre
10° CLASSE. — Zamiées.
Ordre 38. Cycadéacées.
3° COoHoRTE. — Acrobryes hystérophytes.
11° CLASSE. — Rhizanthées.
Ordre 39. Balanophorées.
40. Cytinées.
41. Rafflésiacées.
4° SECTION. — Amphibryes.
12° CLASSE, — Glumacées.
Ordre 42. Graminées.
43. Cypéracées.
13e cLASSE. — Énantioblastées.
Ordre 44. Centrolépidées.
45. Restiacées.
46. Ériocaulonées.
47. Xyridées.
48. Commélinacées.
14° CLASSE. — Hélobices.
49. Alismacées."
50. Butomacées.
Ordre
15€ CLASSE. — Coronariées.
51. Juncacées.
52. Philydrées.
53. Mélanthacées.
54. Pontédéracées.
55. Liliacées.
56. Smilacées.
Ordre
16° CLASSE. — Arlorhizées.
57. Dioscorées.
58. Taccacées.
Ordre
17° CLASSE. — ÆEnsalées.
Ordre 59. Hydrocharidées.
60. Burmanniacées.
INTRODUCTION.
61. Iridées.
62. Hæmodoracées.
63. Hypoxidées.
64. Amaryllidées.
65. Broméliacées.
18° cLAssE, — Gynandrées.
Ordre 66. Orchidées.
67. Apostasiées.
19° CLasse. — Scitlaminées.
Ordre 68. Zingibéracées.
69. Cannacées.
70. Musacées.
20° CLASSE. — Fluviales.
Ordre 71. Naïadées.
21° cLasse. — Spadiciflores.
Ordre 72. Aroïdées.
73. Typhacées.
74. Pandanées.
22° CLASSE. — Princes.
Ordre 75. Palmées.
5° SECTION. — Acramphibryes.
1° COHORTE. — Grymnospermes.
23° CLASSE. — Conifères.
Ordre 76. Cupressinées.
77. Abiétinées.
78. Taxinées.
79. Gnétacées.
2° COHORTE. — Apétales.
24° CLASSE. — Pipéritées.
Ordre 80. Chloranthacées.
81. Pipéracées.
82. Saururées.
25° CLASSE, — Aqualiques.
Ordre 83. Cératophyllées.
84. Callitrichinées.
85. Podostémées.
26° casse. — Juliflorées.
Ordre 86. Casuarinées.
87. Myricées.
88. Bétulacées.
89. Cupulifères.
90. Ulmacées.
91. Celtidées.
92. Moréées.
93. Artocarpées.
Y4. Urticacées.
95. Cannabinées.
decxxv
96. Antidesmées.
97. Platanées.
98. Balsamifluées.
99. Salicinées.
100. Lacistémées.
27° CLASSE, — Oléracées.
Ordre 101. Chénopodées.
102. Amaranthacées.
103. Polygonées.
104. Nyctaginées.
28° CLASSE. — Thymélées.
Ordre 105. Monimiacées.
106. Laurinées.
107. Gyrocarpées.
108. Santalacées.
109. Daphnoïdées.
110. Aquilarinées.
111. Élæagnées.
112. Pénacées.
113. Protéacées.
29° CLASSE. — Serpentariées.
Ordre 114. Aristolochiées.
115. Népenthées.
3e COHORTE. — Gamopétales.
30° casse. — Plombaginées.
Ordre 116. Plantaginées.
117. Plombaginées.
31° CLASSE. — Agrégées.
Ordre 118. Valérianées.
119. Dipsacées.
120. Composées.
121. Calycérées.
32° cLasse. — Campanulinées.
Ordre 122. Brunoniacées.
123. Goodéniacées.
124. Lobéliacées.
125. Campanulacées.
126. Stylidées.
33° casse. — Caprifoliacées.
Ordre 127. Rubiacées.
128. Lonicérées.
34° GLASSE. — Contournées.
Ordre 129. Jasminées.
130. Bolivariées.
131. Oléacées.
132. Loganiacées.
133. Apocynacées.
134. Asclépiadées.
135. Gentianées.
decxxv]
35° CLASSE. — Nuculifères
Ordre 136. Labiées.
137. Verbénacées.
138. Stilbinées.
139. Globularinées.
140. Sélaginées.
141. Myoporinées,
142. Cordiacées.
143. Aspérifoliées.
36° cLAssE. — Tubiflores.
Ordre 144. Convolvulacées.
145. Polémoniacées.
146. Hydrophyllées.
147. Hydroléacées.
148. Solanacées.
37° CLASSE. — Personées.
Ordre 149. Scrophularinées.
150. Acanthacées.
151. Bignoniacées.
152. Gesnéracées.
153. Pédalinées.
154. Orobanchées.
155. Utriculariées.
38° cLASsE. — Pétalanthées.
Ordre 156. Primulacées.
157. Myrsinées.
158. Sapotacées.
159. Fbénacées.
160. Styracées.
39° CLASSE. — Bicornées.
Ordre 161. Épacridées.
162. Éricacées.
4° CoHortTE. — Dialypétales.
40€ CLASSE. — Discanthées.
Ordre 163. Ombellifères.
164. Araliacées.
165. Ampélidées.
166. Cornées.
167. Loranthacées.
168. Hamamélidées.
169. Bruniacées.
&1° CLASSE. — Corniculées.
Ordre 170. Crassulacées.
171. Saxifragacées.
172. Ribésiacées.
42° CLASSE. — Polycarpiques.
Ordre 173. Ménispermacées.
174. Lardizabalées.
175. Myristicées.
176 Anonacées.
177. Schizandracées.
INTRODUCTION.
178. Magnoliacées.
179. Dilléniacées.
180. Renonculacées.
181. Berbéridées.
43° CLASSE. — Rhœadées.
Ordre 182. Papavéracées.
183. Crucifères.
184. Capparidées.
185. Résédacées.
186. Datiscées.
44° CLASSE. — Nélumbices.
Ordre 187. Nymphæacées.
188. Cabombées.
189. Nélumbonées.
45° CLASSE. — Pariétales.
Ordre 190. Cistinées.
191. Droséracées.
192. Violacées.
193. Sauvagésiées.
194. Frankéniacées.
195. Turnéracées.
196. Samydées.
197. Bixacées.
198. Homalinées.
199. Passiflorées.
200. Malesherbiacées.
201. Loasées.
202. Papayacées.
46° CLASSE. — Péponifères.
Ordre 203. Nhandirobées.
204. Cucurbitacées.
205. Bégoniacées.
47° CLASSE. — Opuntices.
Ordre 206. Cactées.
48e cLasse. — Caryophyllinées.
Ordre 207. Mésembryanthémées.
208. Portulacées.
209. Caryophyllées.
210. Phytolaccacées:
49e cLAssE. — Columnifères.
Ordre 211. Malvacées.
212. Sterculiacées.
213. Büttneriacées.
214. Liliacées.
50€ CLASSE. — Gullifères.
Ordre 215. Diptérocarpées.
216. Chlænacées.
217. Ternstræmiacées.
218. Clusiacées.
219. Marcgraviacées.
220. Hypéricinées.
221. Élatinées.
222. Réaumuriacées.
223. Tamariscinées.
51° cLAsse. — Hespéridées.
Ordre 224. Humiriacées.
225. Olacinées.
226. Aurantiacées.
227. Méliacées.
228. Cédrélacées.
52° CLASSE. — ACères.
Ordre 229. Acérinées.
230. Malpighiacées.
231. Érythroxylées.
232. Sapindacées.
233. Rhizobolées.
53° CLASSE. — Polygalinées.
Ordre 234. Trémandrées.
235. Polygalées.
54° cLasse. — Frangulacées.
Ordre 236. Pittosporées.
237. Staphyléacées.
238. Célastrinées.
239. Hippocratéacées.
240. Ilicinées.
241. Rhamnées.
242. Chailletiacées.
95° CLASSE. — 77iCOCCÉES.
Ordre 243. Empêétrées.
244. Stackhousiacées.
245. Euphorbiacées.
56° CLASSE. — T'érébenthées. :
Ordre 246. Juglandées.
247. Anacardiacées.
248. Burséracées.
249. Connaracées. ë
INTRODUCTION.
250. Ochnacées.
251. Simaroubacées.
252. Zanthoxylées.
253. Diosmées.
254. Rutacées.
255. Zygophyllées.
57€ CLASSE. — Gruinales.
Ordre 256. Géraniacées.
257. Linées.
258. Oxalidées.
259. Balsaminées.
260. Tropæolées.
261. Limnanthées.
58° cLasse. — Calycifiores.
Ordre 262. Vochysiacées.
263. Combrétacées.
264. Alangiées.
265. Rhizophorées.
266. Philadelphées.
267. OEnothérées.
268. Haloragées.
269. Lythrariées.
59° cLASssE. — Myrtifiores.
Ordre 270. Mélastomacées.
271. Myrtacées.
60° CLAsse. — Rosifiores.
Ordre 272. Pomacées.
273. Calycanthées.
274. Rosacées.
275. Amygdalées.
276. Chrysobalanées.
61° CLASSE. — Légqumineuses.
Ordre 277. Papilionacées.
278. Swartziées.
279. Mimosées.
decxxvi)
Unger modifia plus tard le plan primitif de sa méthode, sans y
apporter des perfectionnements qui méritent d’autre mention que la
reproduction des principes sur lesquels il établit ses divisions gé-
nérales.
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decxxviij
INTRODUCTION. decxxix
Méthode naturelle de M. Ad. Brononiart.
En 1824, l’École de botanique du Jardin des Plantes fut replantée
par les soins de Desfontaines, et l’ordre adopté fut celui établi
par Laurent de Jussieu, avec des modifications insignifiantes. Lors-
que M. Adolphe Brongniart fut appelé, en 1843, à replanter en entier
cette même École, une des plus riches de l’Europe, il voulut mettre
à profit les progrès qui s'étaient accomplis depuis dix-huit années, et
surtout les travaux sur l’organisation de la fleur. Il consacra, comme
une innovation importante, la dispersion des Apétales à travers les
groupes dialypétales, les premières étant, d’après les vues les plus ré-
centes, des Dialypétales à l’état d'organisation imparfaite, opinion qui
demande toutefois à être mieux étudiée, car dans l’ordre évolutif, les
Apétales sont la représentation des Glumacées dans les Monocotylé-
dones et le prélude de la pétalisation. Il ne se dissimula pas les diffi-
cultés d’une série linéaire et l'impossibilité, reconnue depuis long-
temps, de classer les groupes dans l’ordre de succession directe des
caractères ordiniques ; il les subordonna à l’appréciation & posteriort,
c’est-à-dire sans idée préconçue, des caractères invariables qui se
retrouvent dans les familles les plus naturelles. Dans son travail, des-
tiné cependant à présenter le tableau des genres existant, tant à
l’École de botanique que dans les serres et les jardins du Muséum
d'histoire naturelle, 1l a indiqué les familles qui ne s’y trouvent pas,
pour faire connaître les desiderata.
Cette classification a été injustement critiquée, et cela, parce qu’elle
repose sur des principes qui ne sont généralement pas assez connus
en France, bien que depuis plus de vingt ans ils soient familiers aux
botanistes étrangers; mais nous ne sortons pas de la méthode de Jus-
sieu ni de celle de De Candolle, qui comportent cependant les modi-
fications qu’exigent les progrès de la science, et l’on sait assez peu de
gré à M. Ad. Brongniart de son heureuse innovation, pour qu'il soit
même question de replanter cette École et de la soumettre à une clas-
sification différente.
Quoi qu’il en soit, la classification de M. Adolphe Brongniart mérite
d’être étudiée, et l’on ne peut plus aujourd’hui se refuser à admettre
que Ja création des groupes généraux qu’il désigne sous le nom de
classes, et qui renferment un certain nombre de familles, est justifiée
par les associations naturelles fondées sur une même idée végétale.
TOME 1, INTRODUCTION. — Livraison q{qq. gggq
INTRODUCTION.
decxxx
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*SQUIRSÂIOY “LC *S2PUI9F0) ‘61 "S29PIOAUOIT *34
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*S99PIOPEIAT ‘89 "SOPPIUAIEN ‘FC RARE *LY te sà
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INTRODUCTION.
decxxx)
Série des familles.
ire DIVISION. — CRYPTOGAMES.
{T° EMBRANCHEMENT. — AMPHIGÈNES.
1"° CLASSE. — Algues.
1 Ordre, — Zoosporées. |
Sous-ordre 1. Oscillatoriées.
2. Nostochinées.
3. Confervacées.
4. Ulvacées.
5. Caulerpées.
2° Ordre. — Aplosporées.
Sous-ordre 6. Spongodiées.
7. Laminariées.
8. Fucacées.
3° Ordre. — Choristosporées.
Sous-ordre 9. Rytiphlées.
10. Chondriées.
2° CLASSE. — Champignons.
1 Ordre. — Hyphomycées.
Sous-ordre 11. Mucédinées.
12. Mucorées.
13. Urédinées.
2e Ordre. — Gastéromycées.
Sous-ordre 14. Tubéracées.
15. Lycoperdacées.
16. Clathracées.
3° Ordre." — Hyménomycées.
Sous-ordre 17. Agaricinées.
18. Pézizées.
4e Ordre. — Scléromycées.
Sous-ordre 19. Hypoxylées.
3° CLASSE. — Lichénoidées.
Sous-ordre 20. Lichens.
2° EMBRANCHEMENT. — ACROGÈNES.
4® CLASSE. — Muscinées.
Sous-ordre 21. Hépatiques.
22. Mousses.
5° CLASSE. — Filicinées.
Sous-ordre 23. Fougères.
24. Marsiléacées.
25. Lycopodiacées.
26. Équisétacées.
27. Characées.
II° DIVISION. — PHANÉROGAMES.
3° EMBRANCHEMENT. — MONOCOTYLÉ-
DONES.
1" SÉRIE. — Périspermées.
(Embryon accompagné d’un périsperme .)
I. Périanthe nul ou sépales glumacés ; périsperme
amylacé.
6° CLASSE. — Glumacées.
Sous-ordre 28. Graminées.
29. Cypéracées.
7° CLASSE. — Joncinées.
Sous-ordre 30. Restiacées.
31. Ériocaulonées.
32. Xyridées.
33. Commélynées.
34. Joncacées.
8e CLASSE. — Aroidées.
Sous-ordre 35. Aracées.
36. Typhacées.
2, Périanthe nul ou double, sépaloïde ou pétaloïde ;
périsperme charnu ou corné, oléo-albumineux,
sans fécule.
9® cLAssE. — Pandanoïidées.
Sous-ordre 37. Cyclanthées.
38. Freycinétiées.
39. Pandanées.
10° cLAssE. Phœnicoidées.
Sous-ordre 40. Nipacées.
41. Phytéléphasiées.
42. Palmiers.
iie casse. — Lirioidées.
Sous-ordre 43. Mélanthacées.
44. Liliacées.
45. Gilliésiées.
46. Amaryllidées.
47. Hypoxidées.
48. Astéliées.
49. Taccacées.
50. Dioscorées.
51. Iridées.
52. Burmanniacées.
decxxxi}
INTRODUCTION.
3. Périanthe double, l’interne ou tous deux péta- | 2. Hypogynes. (Etamines et corolle insérées sous
loïdes. Périsperme amylacé.
12e cLasse. — Bromélioidées.
Sous-ordre 53. Hæmodoracées.
54. Vellosiées.
55. Broméliacées.
56. Pontédériacées.
13e casse. —Scilaminées.
57. Musacées.
58. Cannées.
59. Zingibéracées.
Sous-ordre
2° SÉRIE. — Apérispermées.
(Périsperme nul.)
14° cuasse. — Orchioïidées.
Sous-ordre 60. Orchidées.
61. Apostasiées.
15e CLASSE, — fluviales.
Sous-ordre 62. Hydrocharidées.
63. Butomées.
64. Alismacées.
65. Naïadées.
66. Lemnacées.
4° EMBRANCHEMENT. — DICOTYLÉ-
DONES.
ter Sous-embranchement. — ANGIOS-
PERMES.
1"e SÉRIE. — Gamopétales.
(Pétales soudés entre eux.)
1. Périgynes. ( Étamines et corolle insérées sur le
calice adhérent à l'ovaire.)
16° cLasse, — Campanulinées.
Sous-ordre 67. Campanulacées.
68. Lobéliacées.
69. Goodéniacées.
70. Stylidiées.
71. Calycérées.
72. Brunoniacées.
17° cLasse. — Astéroïdées.
Sous-ordre 73. Composées.
18° ciasse. — Lonicérinées.
Sous-ordre 74. Dipsacées.
75. Valérianées.
76. Caprifoliacées.
19e cLAsSE. — Cofféinées.
Sous-ordre 77. Rubiacées,
l'ovaire.)
+ Anisogynes. Carpelles moins nombreux que
les sépales.
* Isostémones. Étamines en nombre égal aux divi-
sions de la corolle et alternant avec elles.
20° cLasse, — Asclépiadinées.
Sous-ordre 78. Spigéliacées.
79. Loganiacées.
80. Apocynées
81. Asclépiadées.
82. Gentianées.
21° cLAssE. — Convolvulinées.
Sous-ordre 83. Polémoniacées.
84. Nolanées.
85. Convolvulacées.
22e cLasse. — Aspérifoliées.
Sous-ordre 86. Cordiacées.
87. Borraginées.
88. Hydrophyllées.
89. Hydroléacées.
23e cLAssE. — Solaninées.
Sous-ordre 90. Cestrinées.
81. Solanées.
** Anisostémones. Étamines en partie avortées,
4 didynames ou 2.
242 CLASSE. — Personnées.
1, Graines à périsperme charnu.
Sous-ordre 92. Scrophulariées.
93. Utriculariées.
94. Orobanchées.
95. Gesnériées.
2. Graines sans périsperme.
Sous-ordre 96. Cyrtandracées.
97. Bignoniacées.
98. Pédalinées.
99. Acanthacées.
25° cLasse. — Sélaginoidées.
Sous-ordre 100. Jasminées.
101. Globulariées.
102. Sélaginées.
103. Myoporinées.
26e casse. — Verbéninées.
Sous-ordre 104. Verbénacées.
105. Labiées.
106. Stilbinées.
107. Plantaginées.
INTRODUCTION.
++ Isogynes. conie ne égal à celui
decxxxiij
136. Sterculiacées.
137. Büttnériacées.
27e CLASSE. — Primulinées. ‘ , à :
** Oligostémonées. Étamines généralement
Sous-ordre 108. Primulacées. en nombre défini.
109. Myrsinées.
110. Théophrastées.
111, Ægicérées.
112. Plumbaginées.
32€ CLASSE. — Crotoninées.
Sous-ordre 138. Antidesmées.
139. Forestiérées.
ea 140. Euphorbiacées.
28e CLASSE. — Ericoidées.
z dE 33° E. — i à
Sous-ordre 113. Epacridées. FÉÉerOMnNnres
114. Ericacées.
115. Pyroléacées.
116. Monotrepées. ?
117. Brexiacées. ?
Sous-ordre 141. Trémandrées.
142. Polygalées.
34° CLASSE. — Géranioidées.
29° cLasse. — Diospyrtoidées. Sous-ordre 143. Balsaminées.
I l d dicul Frs 144. Tropæolées.
. Ovules suspendus, radicule supérieure. 145. Géraniacées.
Sous-ordre 118. Ébénacées. 146. Limnanthées.
119. Oléinées. + SRE
120. Ilicinées. - Linees.
re 149. Oxalidées.
2, Ovules dressés, radicule inférieure. 150. Zygophyllées.
Sous-ordre 121. Empêétrées.
122. Sapotées.
123. Styracées.
35° CLASSE. — Térébinthinées.
Sous-ordre 151. Rutacées.
152. Diosmées.
153. Ochnacées.
154. Simaroubées.
155. Zanthoxylées.
156. Anacardiées.
157. Connaracées.
2e SÉRIE. — Dialypétales.
Pétales libres.
I. Hypogynes. Étamines et pétales indépendants
du calice, insérés sous l’ovaire.
+ Fleurs complètes presque toutes pétalées.
36€ CLASSE. — Hespéridées.
A. Calice persistant en général. à MORE
* Polystémones. Étamines généralement Sous-ordre 158. Burséracées.
en nombre non défini. 159. Aurantiacées.
160. Cédrélées.
30° CLASSE. — Guttifères. 161. Méliacées.
1. Graine sans pécispermnes embryon à radicule 4e RAA:
163 bis.? Humiriacées.
Sous-ordre 124. Clusiacées. 164. Érythroxylées.
125. Marcgraviacées.
126. Hypéricinées. 37° CLASSE. — Æsculinées.
127. Réaumuriacées.
128. Tamariscinées. Sous-ordre 165. Malpighiacées.
166. Acérinées.
167. Hippocastanées.
168.? Rhizobolées.
169. Sapindacées.
170. Vochysiées.
2. Graine souvent périspermée. Embryon à radi-
cule ordinairement supérieure.
Sous-ordre 129. Cistinées.
130. Bixinées.
131. Ternstræmiacées.
132. Chlénacées.
133. Diptérocarpées.
38e CLASSE. — Célastroidées.
Sous-ordre 171. Vinifères._ À
31° cLassE. — Malvoidées. 172. Hippocratéacées.
ES 173. Célastrinées.
174. Staphyléacées.
175. Pittosporées.
Sous-ordre 134. Tiliacées.
135. Malvacées.
decxxxiv
399 CLASSE. — Violinées.
Sous-ordre 176. Sauvagésiées.
177. Violacées.
178. Droséracées.
179. Frankéniacées.
B. Calice se détachant avant ou après
la floraison.
* Périsperme nul ou très-mince.
40° CLASSE. — Cruciférinées.
Sous-ordre 180. Résédacées.
181. Capparidées.
182. Cruciferes.
** Périsperme épais, charnu ou corné,.
41° CLASSE. — Papavérinées.
Sous-ordre 183. Fumariacées.
184. Papavéracées.
42€ CLASSE. — Berbérinées.
Sous-ordre 185. Berbéridées.
186. Lardizabalées.
187. Ménispermées.
43e CLASSE. — Magnolinées.
Sous-ordre 188, Schizandrées.
189. Myristicées.
190. Anonacées.
191. Magnoliacées.
44° CLASSE. — Renonculinées.
Sous-ordre 192. Dilléniacées.
193. Renonculacées.
194. Sarracéniées.
*** Périsperme double, l’externe amylacé.
45e cLasse. — Nymphéinées.
Sous-ordre 195. Nélumbonées.
196. Nymphéacées.
197. Cabombées.
++ Fleurs incomplètes. Corolle manquant
constamment.
46° CLASSE. — Pipérinées.
Sous-ordre 198. Saururées.
199. Pipéracées.
47e CLASSE. — Urlicinces.
Sous-ordre 200. Urticées.
201. Artocarpées.
202. Morées.
203. Celtidées.
204. Cannabinées.
48e CLASSE. — Polygonoïidées.
Sous-ordre 205. Polygonées.
INTRODUCTION.
2, Périgynes. Étamines et pétales insérés sur
le calice libre ou adhérent,
+ core Embryon courbe autour
’un périsperme farineux.
49e cLasse. — Caryophyllinées.
Sous-ordre 206. Nyctaginées.
207. Phytolaccées.
208. Chénopodées.
209. Basellées.
210. Amaranthacées.
211. Silénées.
212. Alsinées.
213. Paronychiées.
214. Portulacées.
50° CLASSE. — Cactoïdées.
Sous-ordre 215. Mésembryanthémées.
216. Cactées.
++ Périspermées. Embryon droit dans l’axe d’un
périsperme charnu ou corné.
51° CLASSE. — Crassulinées.
Sous-ordre 217. Crassulacées.
218. Élatinées.
219. Datiscées.
52e cLAssE. — Saxifraginées.
1, Carpelles en nombre égal aux sépales.
Sous-ordre 220. Francoacées.
221. Philadelphées.
2. Carpelles au nombre de 2, rarement 3 ou 5.
Sous-ordre 222. Saxifragées.
225. Ribésiées.
53e CLASSE. — Passiflorinées.
Sous-ordre 224. Loasées.
225. Papayacées.
226. Turnéracées.
227. Malesherbiées.
228. Passiflorées.
229. Samydées.
230. Homalinées.
54° CLASSE.
sous-ordre 231.
292
233.
234.
235.
_— Hamamélinées.
Platanées.
Balsamifluées.
Hamamélidées.
Alangiées.
Bruniacées.
55e CLASSE. — Umbellinées.
Sous-ordre 236. Umbellifères.
237. Araliacées.
238. Cornées.
239.2 Garryacées.
INTRODUCTION.
56° casse. — Santalinées:
Sous-ordre 240.
241.
242.
243.
244.
57e CLASSE, — Asarinées.
Sous-ordre 245. Balanophorées.
246. Rafflésiacées.
247. Cytinées.
248. Népenthées.
249. Aristolochiées.
Cératophyllées.
Chloranthacées.
Loranthées.
Santalacées.
Olacinées.
+++ Apérispermées. Périsperme nul ou peu'épais.
58e CLASSE. — Cucurbitinées.
Sous-ordre 250. Bégoniacées.
251. Nandhirobées.
252. Cucurbitacées.
253. Gronoviées.
59° cLAssE. — Œnothérinées.
Sous-ordre 254. Haloragées.
255. OEnothérées.
256. Mélastomacées.
257. Lythrariées.
258. Rhizophorées.
259. Mémécylées.
260. Combrétacées.
261. Nyssacées.
+
60e CLASSE. — Daphnoidées.
Sous-ordre 262. Gyrocarpées.
263. Laurinées.
264. Hernandiées.
265. Thymélées.
61° CLASSE. — Protéinées.
Sous-ordre 266. Protéacées.
267. Élæagnées.
62° cLAssE. — Rhamnoïdées.
Sous-ordre 268. Pénéacées.
decxxxv
269. Rhamnées.
270. Stackhousiées,
63° cLasse. — Myrtoidées.
Sous-ordre 271. Myrtacées
272. Lécithydées.
273. Granatées.
274. Calycanthées.
275. Monimiées.
64° CLASSE, — Rosinées.
Sous-ordre 276. Pomacées.
277. Neuradées.
278. Spiræacées.
279. Rosacées.
280. Amygdalées.
281. Chrysobalanées.
65e CLASSE. — Légumineuses.
Sous-ordre 282. Papilionacées.
283. Cæsalpiniées.
284. Mimosées.
285. Moringées.
66° CLASSE. — Amentacées.
Sous-ordre 286. Juglandées.
287. Salicinées.
288. Quercinées.
289. Bétulinées.
290. Myricées.
291. Casuarinées.
2° Sous-embranchement. — GyMno-
SPERMES.
67% CLASSE, — Conifères.
Sous-ordre 292. Gnétacées.
293. Taxinées.
294. Cupressinées.
295. Abiétinées.
68° cLASsSE. — Cycadoïdées:
Sous-ordre 296. Cycadées.
decxXX v] INTRODUCTION.
Méthode naturelle de M. Adrien de Jussieu.
M. Adrien de Jussieu a établi, dans son Cours élémentaire de
botanique , une classification qui est fondée sur des principes sem-
blables à ceux adoptés par son illustre aïeul. Il y a apporté l'esprit
qui domine dans la méthode analytique , c’est-à-dire la logique rigou-
reuse déduite de l’observation, logique qui cependant n’est pas tou-
jours le chemin qui conduit à la connaissance du vrai; c’est pourquoi
l’ordre dans lequel se suivent ses associations vegétales n’est pas,
comme il le dit lui-même, toujours parfaitement conforme à l’ordre
naturel. Il a bien senti les imperfections du système analytique : en
effet, avec l'habitude des études taxonomiques, et après avoir con-
sciencieusement étudié les nombreux essais de méthodes, on recon-
naît qu'il est impossible de suivre l’enchaînement rigoureux des ca-
ractères, sans rencontrer des anomalies qui jettent la confusion dans
la classification. En conservant la diclinie, il s’est écarté de la voie
dans laquelle sont entrés les botanistes modernes, qui la réunirent
d’abord aux Apétales et finirent même par disperser ces dernières
dans les Dialypétales. Je ferai remarquer toutefois que la diclinie,
dans un embranchement aussi important que celui des Dicotylé-
dones, qui doit répéter pour ainsi dire les deux embranchements qui
précèdent, est un groupe logique, surtout si on le met en tête des Di-
cotylédones et après les Gymnospermes, qui leur sont antérieures,
car l’hermaphrodisme étant la loi de perfectionnement ascendant,
la séparation des sexes, accompagnée de l’apétalie, est une véritable
ébauche organique, et à ce titre elle doit précéder les Apétales herma-
phrodites.
M. Adrien de Jussieu s’est bien rendu compte des difficuités que
présente une classification naturelle; c’est pourquoi il a mis en tête
de chaque groupe des considérations critiques qui servent à éclairer
un travail plus didactique que méthodique.
INTRODUCTION.
‘unwuuo9 P19N[0AUI UN SUPP SIIUN9I
sAnof : S99pPno0S
*sa91edas saxaqiue : SouASU9d
"SaJouTISIP
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“soguaodsnpd soureis : a[Ixe
“arejoned } uonequosed e sauAguod
“sapurodsriade souteas : aJIXE
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*sa01peds “sonbrenbe sowrodsrode
*S2118[N980A-0N1109
a roses ee SUOPA1100V
*S9IT[N [99
TOME 1, INTRODUCTION, — Liv 4iSOn TTIT,
“XAVIHOHA
“RASSNL 9D UOUPF ‘IH 9D 2/24N70U IPOYIIW D] 9D [919
deexxxvii} INTRODUCTION,
Série des familles.
gr CLASSE. — VÉGÉTAUX ACOTYLÉ- 28. Restiacées.
DONÉS. 29. Xyridées.
: 30. Commélinacées.
se onnre. — Végétaux acotylédonés, cellu- 31. Tillandsiées.
laires et cellulo-vasculaires. 20 RER
; 33. Gilliésiacées.
res. RS Se
COR 34. Pontédériacées.
Famille 1. Algues. 35. Liliacées.
2. Champignons. 36. Mélanthacées.
3. Lichens. 37. Smilacinées.
4. Hépatiques. 38. Dioscoréacées.
5. Mousses. 39. Iridées. :
6. Characées. 40. Burmanniacées.
! 41. Hæmodoracées.
Cellulo-vasculaires. 42. Hypoxidées.
Famille 7. Équisétacées. SE dr
Q. PUS 45. Broméliacées.
£ à ba 46. Cannacées.
10. Rhizocarpées. 47: SCRHNIRÉS.
: Dr 48. Apostasiacées.
2° CLASSE. — VÉGÉTAUX MONOCOTY- 49, Orchidées.
LÉDONES.
9 oRpRe. — Végétaux monocotylédonés 3° CLASSE. — VÉGÉTAUX DICOTY-
aquatiques, LÉDONES.
à graine sans périsperme. 5° orDRe. — Végétaux dicotylédonés ,
Famille 11. Naïadées. Diclines.
12. Potamées. ) s
13. Lemnacées. Famille 50. Cycadées.
14. Zostéracées. 51. Conifères.
15. Juncaginées. 2. Saururées.
16. Alismacées. 53. Pipéracées.
17. Butomées. 54. Juglandées
18. Hydrocharidées. 55. Myricacées.
56. Myristicées.
3e ORDRE. — Végétaux monocotylédonés, 57. Urticées.
58. Cannabinées.
à graine périspermée, à fleur apérianthée. 59. Gunnéracées.
had 60. Artocarpées.
one 61. Morées.
Famille 19. Pistiacées. 62. Cératophyllées.
20. Aroïdées. 63. Chloranthacées.
21. Pandanées. 64. Platanées.
22. Cyclanthées. 65. Stilaginées.
23. Typhinées. Le Pot à
24. Orontiacées. : ISSRESs
68. Podostémées.
Glumacées. 69. Salicinées.
Nes ue 70. Bétulinées.
Famille 25. Cypéracées. 71. Ulmacées.
26. Graminées. 72. Euphorbiacées.
TE 73. Balsamifluées.
4® ORDRE, — Végélaux monocotylédonés , 74. Népenthées.
à graine périspermée, à fleur périanthée. 75. Cupulifères.
Ë , 76. Bégoniacées.
Famille 27, Palmiers. 77. Monimiées.
INTRODUCTION.
78. Athérospermées.
79. Empétracées.
80. Euphorbiacées.
81. Papayacées.
82. Cucurbitacées.
83. Balanophorées.
84. Rafflésiacées.
85. Cytinées.
6° ORDRE. — Végétaux dicotylédonés,
à fleurs hermaphrodites apétales,
famille 86. Aristolochiées.
87. Santalacées.
88. Myrobalanées.
89. Samydées.
90. Aquilarinées.
91. Pénæacées.
92. Protéacées.
93. Laurinées.
94. Thymléæacées.
95. Flæagnées.
96. Phytolaccinées.
97. Polygonées.
98. Scléranthées.
99. Atriplicées.
100. Amaranthacées.
101. Nyctaginées.
7e ORDRE. — Végétaux dicotylédonés pely-
pétales,
à placentation pariétale et à périsperme farineux
entouré par l'embryon.
Famille 102. Portulacées.
103. Paronychiées.
104. Caryophyllées.
8° ORDRE. — Polypétales hypogynes,
à placentation pariétale.
Famille 105. Frankéniacées.
106. Sauvagésiacées.
107. Droséracées.
108. Violariées.
109. Cistinées.
110. Bixacées.
111. Pittosporées.
112. Tamariscinées.
113. Résédacées.
114. Capparidées.
115. Crucifères.
116. Fumariacées.
117. Papavéracées.
8° oRDRE. — Polypélales hypogynes,
à placentation axile.
Æamille 118. Renonculacées.
119. Dilléniacées.
120. Anonacées.
121. Magnoliacées.
122. Lardizabalées.
decxxxIx
123. Berbéridées.
124. Ampélidées.
125. Sarracéniées.
126. Ménispermacées.
127. Zanthoxylées.
128. Diosmées (d'Europe et
d'Australie).
129. Rutacées.
130. Zygophyllées.
131. Linacées.
132. Érythroxylées.
133. Oxalidées.
134. Méliacées.
135. Cédrélacées.
136. Polygalées.
137. Olacinées.
138. Chlénacées.
139. Humiriacées.
140. Trémandrées.
141. FElæocarpées.
142. Tiliacées.
143. Sterculiacées.
144. Byttnériacées.
145. Bombacées.
146. Malvacées.
147. Diptérocarpées.
148. Ternstræœmiacées.
149. Marcgraviacées.
150. Guttifères.
151. Rhizobolées.
152. Hypéricinées.
153. Balsaminées.
154. Géraniacées.
155. Aurantiacées.
156. Méliacées.
157. Hippocratéacées.
158. Malpighiacées.
159. Acérinées.
160. Sapindacées.
161. Hippocastanées.
162. Diosmées.
163. Élatinées.
164. Tropæolées.
165. Diosmées (africaines).
166. Simaroubées.
167. Ochnacées.
168. Amyridées.
10° oRDRE. — Polypélales hypogynes.
Embryon dans un sac particulier.
Famille 169. Nymphéacées.
170. Nélumbonées.
171. Cabombacées.
1ie orDrE. — Polypétales périgynes,
Placentation axile. Graine sans périspermes.
Famille 172. Chaillétiacées.
173. Spondiacées.
174, Burséracées.
175. Connaracées.
decxl
176.
177.
178.
179.
180.
181.
182.
INTRODUCTION,
Térébinthacées.
Légumineuses.
Rosacées.
Calycanthées.
Crassulacées.
Vochysiacées.
Lythrariées.
183. Mélastomacées.
184. Pomacées.
185. Granatées.
186. Lécythidées.
187. Barringtoniées.
188.
189.
190.
191.
Myrtacées.
Leptospermées.
Chamælauciées.
Mémécylées,
192. Rhizophorées.
193.
194.
12° ORDRE.
Famille 195.
196.
197.
198.
199.
200.
201.
202.
203.
13
L2
ORDR
Combrétacées.
Onagrariées.
— Placentation pariélale.
Loasées.
Homalinées.
Passiflorées.
Malesherbiacées.
Turnéracées.
Grossulariées.
Moringacées.
Cactées.
Ficoïdées.
É. — Placentation axile,
Graine périspermée.
Famille 204.
205.
206.
207.
208.
209.
210.
211
212.
213.
214.
215.
216.
217.
218.
219.
14° ornre. — Monopélales à corolle régulière,
à étamines ordinairement hypogynes, souvent indé-
pendantes d'elle, multiples, doubles ou opposées,
rarement égales ou alternes, ou moindres ; à Car-
pee en nombre souvent égal aux divisions de
o
a corolle.
Famille 220
221
222
223
Francoacées.
Saxifragées.
Escalloniacées.
Philadelphacées.
Bauéracées.
Hamamélidées.
Alangiées.
Haloragées.
Ombellifères.
Araliacées.
Hédéracées.
Cornacées.
Bruniacées.
Rhamnées.
Célastrinées.
Stackhousiacées.
. Épacridées.
. Pyrolacées.
. Rhodoracées.
. Éricinées.
224. Vacciniées.
225. Styracinées.
_226. Ébénacées.
227. Jasminées.
228. Oléinées.
229. Ilicinées.
230. Sapotées.
231. Ægycérées.
232. Myrsinées.
233. Primulacées.
234. Plumbaginées.
235. Plantaginées.
15€ oRDRE. — Monopétales hypogynes,
à corolle irrégulière, portant les étamines alternes,
réduites à 4 didynames, ou à 2 par l'avortement
complet ou partiel des autres.
Famille 236. Globulariées.
237. Utricularinées.
288. Cyrtandracées.
239. Gessnériacées.
240. Orobanchées.
241. Scrofularinées.
242. Bignoniacées.
243. Acanthacées.
244. Myoporinées.
245. Sélaginées.
246. Stilbinées.
247. Pédalinées.
248. Verbénacées.
249. Labiées.
16° oRDRE. — Monopétales hypogynes,
à corolle régulière, portant les étamines alternes
en nombre égal.
Famille 250. Borraginées.
251. Nolanacées.
252, Dichondrées.
253. Convolvulacées.
254. Cuscutées.
255. Cordiacées.
256. Éhrétiacées.
257. Cobæacées.
258. Polémoniacées.
259. Hydrophyllées.
260. Hydroléacées.
261. Solanées.
262. Gentianées.
263. Spigéliacées.
264. Loganiacées.
265. Potaliacées.
266. Apocynées.
267. Asclépiadées.
172 oRDRE. — Monopétales périgynes,
à ovaire adhérent, à corolle régulière ou irrégulière,
portant ordinairement les étamines alternes en
nombre égal, rarement moindre.
Famille 268. Rubiacées.
269. Caprifoliacées,
INTRODUCTION. dccxl)
270. Loranthacées. 276. Scævolacées.
271. Valérianées. 277. Goodéniacées.
272. Dipsacées. 278. Lobéliacées. ,
273. Sphænocléacées. 279. Campanulacées.
274. Campanulacées. 280. Composées.
275. Stylidiées. 281. Calycérées.
Méthode proposée par M. Lemaout.
J'ai cru devoir, dans l'intérêt de la science, et pour ne rien laisser
ignorer de ce qui contribue à ses progrès, faire connaitre les princi-
paux systèmes, tant français qu'étrangers, car ce n’est que par com-
paraison qu’on arrive à des améliorations réelles et des vues plus phi-
losophiques. Je donne ici un passage des Lecons élémentaires de
botanique de M. Lemaout, parce qu'il contient un essai fort intéres-
sant de mise en pratique des vues de Robert Brown sur l’iconogra-
phie systématique destinée à indiquer, sous forme de tableau compa-
ratif, le mode d’affinité qui unit les groupes les uns aux autres; pour
l'intelligence de cette méthode, j'ai donné le tableau dressé par
lui et qui présente un véritable intérêt.
Je cite textuellement le passage de son livre relatif à cet essai.
«. De nos jours lillustre R. Brown, l’un de ceux qui ont le plus
« puissamment travaillé à perfectionner l’œuvre de Jussieu, à écrit en
« tête de sa #ore de la Nouvelle-Hollande : J'ai adopté la méthode
« Jusséenne, dont les familles sont presque toutes vraiment naturel-
« les; mais je ne me suis pas beaucoup inquiété de la série des famil-
« les, que la nature elle-même n’avoue guère, car elle a lié les êtres
« vivants par un réseau plutôt que par une chaine.
« Mais ne pourrait-on pas, tout en conservant pour le texte la sé-
« rie linéaire, obvier à ses inconvénients, et compléter ses avantages
« par une iconographie systématique, qui figurerait le plan du règne
« végétal, tel que la nature l’a conçu et exécuté. C’est ce que j'ai
« tenté de faire, pour les familles et les genres d'Europe, dans un
« travail dont je mets sous les yeux un fragment. (Vorr le Tableau.)
« Le royaume végétal (regnum vegetabile) est divisé en trois grands
continents (Dicotylédones, Monocotylédones, Acotylédones). Chaque
« continent est divisé en régions : ce sont les classes ; chaque région
« contient des cités : ce sont les farulles ; chaque cité se subdivise en
« quartiers : ce sont les genres ; chaque quartier se compose de »nati-
« sons, habitées par les c#oyens, qui représentent les espèces.
3
decxli} INTRODUCTION.
«
«
«
«
à
=
#
Ps
=
à
à
€
#
EN
À
«C
« Poursuivant dans toutes ses conséquences la comparaison méta-
phorique de Linnæus et de R. Brown, j'ai séparé les continents par
des mers plus ou moins larges, dans lesquelles s’avancent des pro-
montoires, qui se rapprochent en raison de leur affinité. Les ré-
gions sont, les unes séparées par des détroits, les autres réunies par
des isthmes, les cités de chaque région sont mises en communica-
tion par des lignes ou chemins qui constituent un réseau, dont cha-
que nœud est occupé par une cité, et dont les vides sont représen-
tés par les intervalles qui séparent ces cités.
« Chaque cité s'ouvre par plusieurs portes, où aboutisseni les lignes
« de jonction qui la mettent en rapport avec les cités voisines; cha-
que porte doit donc être semblable ou analogue à celles qui lui cor-
respondent par l'intermédiaire de ces lignes; sans cette similitude,
la communication ne peut avoir lieu entre les deux cités.
« Ce que nous disons de la cité s'applique à ses quartiers, dont
chaque maison renferme les individus d’une même espèce.
« Appliquons cette fiction au tableau ci-joint, qui représente huit
cités (ou familles) appartenant à la région des Dicotylédones mono-
pétales hypogynes de Jussieu (Exogènes corolliflores de De Can-
dolle). Vos études vous ont familiarisé avec la signification des coupes
transversale et verticale de la fleur et de la graine. Si donc vous
avez présente à l'esprit la subordination des caractères, vous saisirez
rapidement les rapports et les différences entre les huit familles que
vous avez sous les yeux. Chacune d’elles vous permet de voir le
nombre des cotylédons, la position de la graine dans lovaire, la
direction de la radicule, la présence ou l’absence de l’albumen, la
préfloraison de la corolle, enfin la corrélation entre les pétales, les
étamines et les carpelles, en ce qui concerne la symétrie de forme,
de nombre et de position. Ces divers caractères, comme je vous l'ai
dit, sont ceux qui possèdent le plus de valeur dans la coordination
des familles.
« Supposez maintenant que vous vouliez visiter successivement les
huit cités qui sont représentées sur cette carte : après avoir séjourné
par exemple dans la cité des Solanées (Douce-Amère), vous vous
disposez à passer dans celle des Scrofulariées (Muflier). Il y a deux
portes pour sortir de la cité : l’une, représentant le pistil, que nous
nommerons porte des Gynécées, et l’autre, représentant lacorolle avec
les étamines, que nous nommerons porte de l’Androcée. Si vous êtes
À
À
À
3
à
+
=
«
«
«
+ INTRODUCTION. dcexlii)
sorti par la porte de l’Androcée, il vous sera impossible de faire le
trajet, parceque les communications n’existent pas entre une corolle
régulière à cinq étamines et une corolle irrégulière à quatre étami-
nes inégales; dès lors vous rentrez dans la cité, vous la traversez
diamétralement, et vous sortez par la porte du Gynécée qui vous
conduit directement à celle des Scrofulariées, dont la structure est
la même, puisqu'elle consiste en un double carpelle formant un
ovaire à deux loges multi-ovulées. Si de là vous vouliez passer dans
les Orobanchées, vous le pourriez directement, car il y a commu-
nication directe; cependant le Gynécée uniloculaire des Oroban-
chées diffère assez du Gynécée biloculaire des Serofulariées pour
rendre le chemin un peu ardu; ce chemin serait beaucoup plus fa-
cile, si vous étiez sorti des Scrofulariées par la porte de l’Androcée,
qui est exactement semblable à sa correspondante des Oroban-
chées.
« Revenez aux Solanées, qui ont été votre point de départ. Vous
voulez, je le suppose, passer dans les Borraginées (Consoude) : les
deux portes des Solanées vous y conduisent; mais il faudra faire
un détour, et longer en passant la cité des Convolvulacées (Liseron).
Toutefois les voies seront plus faciles en sortant par la porte de l’An-
drocée, qui offre bien plus d’analogie avec ses correspondantes des
cités voisines que n’en offre la porte du Gynécée. En effet, celle-ci
se compose, pour les trois cités, de deux carpelles ; mais ces deux
carpelles forment deux loges multi-ovulées dans la première ; dans
la seconde (Convolvulacées), les deux loges ne contiennent que
deux graines chacune, et quelquefois une seule; dans la troisième
(Borraginées), les ovaires sont quadrilobés et constituent presque
quatre akènes. La communication est donc mieux établie entre
ces trois cités par l’Androcée, qui dans toutes consiste en une co-
rolle régulière à cinq divisions, portant cinq étamines alternes.
« Vous êtes arrivé aux Borraginées, et vous voulez passer dans les
Labiées, cité très-voisine ; vous ne prendrez pas pour cela la porte
de l’Androcée, qui est sans communication avec celle des Labiées,
mais vous sortirez par le Gynécée, lequel est semblable au Gynécée
des Labiées: c’est en effet un ovaire quadrilobé. Des Labiées, en sor-
tant par l’Androcée, vous pourrez passer successivement dans les
Verbénacées, les Acanthacées, les Orobanchées, les Scrofulariées
decxhiv INTRODUCTION. «
« qui ont un Androcée tout à fait semblable, c’est-à-dire une corolle
«irrégulière à quatre étamines inégales.
« Quant aux différences qui séparent les familles voisines les unes
« des autres, elles sont, pour la plupart, consignées dans l'enceinte
« de chaque cité; vous les reconnaîtrez par la position de la graine,
« la direction de la radicule, la présence on l’absence de l’albumen,
et la préfloraison de la corolle.
« En disposant ainsi les familles d’après leurs affinités sur une sur-
« face plane, je ne me suis pas dissimulé qu'elles se coordonneraient
« d’une manière beaucoup plus naturelle si elles étaient distribuées
« sur une sphère; on aurait alors, au lieu des trois continents, trois |
« sphères principales concentriques, dont la plus intérieure, comme
« étant la plus ancienne, représenterait les Acotylédones, et la plus
« superficielle, celle des Dicotylédones. Ces sphères ne seraient pas
« pleines ; elles représenteraient des groupes de familles plus ou moins
«excentriques, de même que la sphère céleste nous offre des constel-
« lations plus éloignées de nous les unes que les autres. Mais, une telle
« configuration de l’ordre naturel étant inexécutable sur une surface
« plane, j'ai dû me contenter des deux dimensions que m'offrait le
« papier.
« Vous concevez qu'après avoir disposé en réseau les familles d’une
« région, on peut disposer de la même manière les genres de chaque
« famille, les espèces de chaque genre; et composer ainsi un ensem-
« ble de tableaux qui constituerait un véritable atlas du monde végé-
«tal, atlas qu’on pourrait résumer dans une mappemonde offrant
« synoptiquement les continents et les régions. Or, il doit être évident
« pour vous qu’une telle mappemonde représente le plan d’un jardin
« botanique, et que ce plan, quelque imparfait qu'il pût être, serait
encore plus rationnel, plus instructif et plus perfectible que des
« plates-bandes longitudinales et parallèles. »
A
Essai d’une méthode naturelle par M. Frédéric Gérard.
j'ai fait de nombreux essais dans une direction presque semblable
à celle suivie par M. Lemaout. J'ai voulu, pour arriver à la connais-
sance parfaite de l’enchaînement des genres et des familles, prendre
le genre type d’une famille, et le placer au centre de cercles excen-
INTRODUCTION. dccxlv
triques et jetant çà et là des rayons destinés à établir graphiquement
le passage d’un groupe à un autre. C’est ainsi que le genre Renoncule,
pris comme centre ou comme le genre réunissant au plus haut degré
les caractères propres à la famille, est le pivot autour duquel sont
groupés les genres dont les fruits sont composés de caryopses agré-
gés. Puis viennent les genres à follicules, qui, partant des Calthas,
conduisent, par les Ellébores et les Aconits, aux Pæoniées, dont les
affinités avec les Papavéracées sont si frappantes. En appliquant le
même système aux Papavéracées, nous passons, par les Hypécoum et
les Chélidoines, aux Fumeterres; et de celles-ci, qui ne comprennent,
à proprement parler, qu'un grand genre, on arrive aux Crucifères ;
mais ces dernières, comme {ous les groupes naturels, sont délimitées
d’une manière si tranchée, que leur passage à un autre groupe est
difficilement démontrable. Ce qui m’a causé un embarras véritable,
dans les Renonculacées , ce sont les petits genres qui présentent des
affinités avec les Alismacées : tel est le genre /Æ/ydrastis, et avec les
Ombellifères, tels que les Xrowltonia. Nous en sommes donc toujours
à la recherche de la meilleure méthode naturelle, et je n’ai donné une
longue série de méthodes élaborées à divers temps, et par les savants
de divers pays, que pour permettre d'établir des comparaisons par
lesquelles on arrivera plus facilement à approcher de la vérité.
Dans l'impuissance de rien établir de satisfaisant, j'ai suivi la
route battue et fait de nombreux essais pour disposer les végé-
taux de manière à montrer quels sont les groupes fondamentaux,
les véritables types morphologiques, par quelles séries de transfor-
mations ils passent pour arriver d’un type à un autre, en assignant
la place qui convient aux groupes de transition, et en disposant en
séries parallèles les petits groupes anormaux qui ne se rattachent aux
associations naturelles que par des affinités plus ou moins éloignées.
J'ai multiplié mes études, et ne suis arrivé qu’à disposer les
grands groupes qu'aucune méthode naturelle ou artificielle ne peut
démembrer ; mais j’éprouve un véritable embarras quand il s’agit de
faire rentrer dans mes groupes les petites familles anormales. Ce qui
me cause le plus de difficulté, c’est d’assigner la véritable place et le
rôle réel de certains genres qui appartiennent irréfutablement à cer-
taines familles naturelles, et ont pourtant une ressemblance évidente
avec des groupes éloignés.
Pour donner un exemple de la manière dont je crois devoir envi-
TOME 1, INTRODUCTION. — Livraison ssss. SssS
dccxlv; INTRODUCTION.
sager le règne végétal, je rappellerai ce que j'ai dit au commence-
ment de ce livre : c’est qu’il y a dans le règne végétal une ascen-
dance de forme et un perfectionnement semblables à ceux qu’on voit
dans les animaux. C’est pourquoi la méthode réellement naturelle
doit toujours être directe et non pas inverse, c'est-à-dire commencer
par les êtres les plus simples pour s'élever jusqu'aux plus parfaits,
ou, pour me servir d’une expression plus philosophique, jusqu'aux
plus complexes. On ne peut nier que ce travail ne soit très-facile dans
les animaux , et très-difficile dans les végétaux, parce que la sim-
plicité de leurs appareils empêche d’en saisir les perfectionnements
successifs ; tandis que, dans les animaux, nous voyons chaque appa-
reil s’isoler et devenir distinct pour chaque fonction. Nous trouvons
dans l'échelle inférieure, représentée chez les animaux par les Infu-
soires et les Radiaires, et dans les végétaux par les Acotylédones, un
seul tissu, un petit nombre de cavités; et ces appareils si simples
suffisent aux besoins de la vie. À mesure qu’on s'élève dans l’échelle
organique, on voit chaque fonction représentée par un seul appareil,
et une fois arrivé aux Mammifères, les appareils de la vie organique
et ceux de la vie de relation sont parfaitement distincts.
Il en est autrement dans le règne végétal : les Acotylédones ont,
plus que les autres embranchements, un mouvement ascendant; ainsi,
des Diatomacées aux Mousses et aux Fougères, il y a une ascendance
bien constatée : en bas, ce sont des végétaux purement cellulaires ;
en haut, ils sont vasculaires, et leur mode de reproduction varie
depuis le simple bourgeonnement ou la gemmation jusqu’à la fructifi-
cation distincte des Osmondes, des Ophioglosses et des Botrychium.
Les Monocotylédones, avec leurs fleurs glumacées dans les Grami-
nées et les Cypéracées, puis colorées dans les Joncinées, enfin, à
enveloppe florale pétaloïde jusqu'aux Scitaminées, ne présentent
d’anomalie que dans les Orchidées ; enfin, les Fluviales, comme les
Butomes et les Alismacées, ont une double enveloppe : l’externe sé-
paloïde, ou imitant un calice, et l’interne pétaloïde ou imitant une co-
rolle. À part quelques petits groupes dont la place est difficile à assi-
gner, on peut encore établir dans les classes, plutôt que dans les
familles et dans les genres, une série ascendante avec un perfection-
nement réel et successif dans les types.
Dans les Dicotylédones, les difficultés sont presque inextricables,
et l'arbitraire commence : on peut se demander si les plantes à corolle
INTRODUETION. deelx vi]
gamopétale sont supérieures aux dialypétales. En se plaçant au
point de vue du perfectionnement successif des types , 1l paraît plus
naturel de mettre en premier les 4pétales, qui comprennent un grand
nombre de familles, sans que l’ascendance soit bien caractérisée ; puis
les Gamopétales, qui renferment des groupes très-naturels, tels que
les Composées, les Dipsacées, les Campanulacées, les Rubiacées, les
Apocynées, les Labiées, les Convolvulacées, les Solanées, les Borra-
ginées, les Scrofulariées, les Primulacées et les Éricacées ; mais l’ordre
de succession sériaire de ces grandes associations est livré à l’arbi-
traire. C’est pourquoi nous voyons Endlicher ouvrir la série par les
Plantaginées, les Plumbaginées, les Valérianées , les Dipsacées, et la
clore par les Éricacées; tandis que M. Ad. Brongniart commence par
les Campanulacées, les Lobéliacées, et finit par les Sapotées et les
Styracées; De Candolle a dispersé le groupe des Gamopétales dans les
Monochlamydées, les Corolliflores et les Calyciflores. En comparant
les diverses méthodes entre elles, on reconnait que la disposition sé-
riaire des familles est livrée à l'arbitraire le plus complet.
Les Dialypétales présentent les mêmes difficultés, et là, plus encore
que dans les autres groupes, l’arbitraire domine. Ainsi, Jussieu ter-
minait sa série par les Amentacées et les Conifères; De Candolle et
Lindley, en renversant leur méthode, par les Renonculacées; Bart-
ling, par les Mimosées ; Perleb, par les Anonacées; Agardh, par les
Rosacées et les Légumineuses ; Schultz, par les Rosacées, séparées
des Légumineuses par cinquante familles ; Martius, par les Poma-
cées, à cent cinquante familles des Légumineuses ; Endlicher, par
les Mimosées, rapprochées cette fois des Rosacées; M. Ad. Bron-
gniart, par les Amentacées, les Conifères et les Cycadées, qu’Endli-
cher met à la fin des Acrobryes protophytes, après les Lycopodiacées ;
M. Ad. de Jussieu , par les Campanulacées, les Composées et les Caly-
cérées. Ces dissemblances viennent des principes adoptés comme point
de départ, et qui influent sur l’ordre des grands groupes. Quant à la
coordination des familles entre elles, elle dépend des vues de l’auteur
et du caprice, car il n’y a aucune règle qui serve de base à la dispo-
sition sériaire; ce qui revient à dire que nous en sommes encore ré-
duits à chercher une méthode naturelle, et que, jusqu’à présent, il
nous manque un point de départ réellement conforme au plan d’évo-
lution successif des végétaux : car on a beau dire que la nature n’a
pas de système, il y a dans la chaine des êtres une succession de phé-
decxivi] INTRODUCTION.
nomènes évolutifs qui indique un plan commun ; et toujours nous la
voyons procéder du simple au complexe, mais à larges traits, sans
égard pour l’enchaînement continu. Ce qui nous manque, c’est de
savoir interpréter le système d'évolution, et c’est parce que nous cher-
chons la cause de tous les faits de détails, quelque peu importants
qu’ils soient, que nous nous égarons sans cesse. L’essentiel estdoncde
trouver les principes généraux les plus vrais, ceux qui se rapportent
au plus grand nombre de cas, pour servir de base à la classification;
puis de chercher les caractères sur lesquels peuvent être établis les
groupes secondaires ; enfin , les groupes tertiaires ou les classes. C’est
ce que j'ai essayé de faire en prenant pour éléments les travaux les
plus récents.
Je n’ai pas eu d’autre prétention, en posant les bases d’une mé-
thode, que de fixer les principaux groupes généraux appelés clas-
ses, qui sont de véritables familles, afin de montrer comment les
grandes associations se lient les unes aux autres. J'ai suivi l’ordre
des affinités autant qu’il m’a été possible de le faire. Certains enchai-
nements sont si naturels, qu'il est impossible de ne pas les réunir,
quel que soit le point de départ qu’on adopte; mais il y a des groupes
dont les affinités sont si obscures, qu’on ne sait où les placer, parce
que leurs analogies sont multiples. C’est pour éviter l'arbitraire
que je n’ai sous-divisé ni mes sections ni mes cohortes; je me suis
borné à lier les classes les unes aux autres, en les enchaïnant en
série continue, sans adopter aucun mode particulier d'association qui
romprait les affinités. Tout en comprenant que les Apétales pou-
vaient être semées à travers les Gamopétales et les Dialypétales,
j'ai cru devoir conserver cette section, parce que j'ai éprouvé un
grand embarras pour assigner à chacun des groupes qui les compo-
sent une place incontestablement justifiée, et qué je crois que, dans
l’ordre évolutif, les Apétales doivent ouvrir la série ; il est seulement
difficile de déterminer l’ascendance. On verra que les Acotylédones
se suivent sériairement d’une manière naturelle; que l’ascendance
est assez heureusement suivie dans les Monocotylédones; mais, dans
les Dicotylédones, les affinités sont moins évidentes : il ne faut pas
chercher dans ces trois divisions typiques un enchainement rigou-
reux et une ascendance réelle; ce sont des groupes parallèles pres-
que sans connexion. Il y manque donc ce qu'on s'efforce de chercher,
une série linéaire continue.
decxlix
INTRODUCTION.
*SASNAUTHNSNT ‘09
*S9910HIS0H ‘68
*SOQUTIAN ‘89
*SOQUHAUIOUAO ‘29
‘SQUIUIAIAL "98
“SAQUII9OY *88
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*S2919HUUNI0N ‘F8
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*S2910U1SI) ‘6F "Sau0sI9q 82
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*SOQUIINSSEI) *ZY *SOQUIMUTIA 92 ‘S2901910Jq "83
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*“sapiopuodoa ‘2 ‘SAQUIOLIQNU ‘F2 *s299PIqMOqdn ‘96
*S2919J001) ‘VE "SOQUIOIIT "22 *saau05Â104 ‘88 *S2AULIEIOS ‘97
*S29pLOUX ‘2 ‘saomuedur) *32 *Sa90EI9I0O ‘rc *S9QUII9UOIY ‘94
‘SAJUOŒUNION ‘Gr ‘sapsodm0) ‘re LÉELIT EN "SOQUIOUILT ‘FE
*sanbid1v924104 ‘1 ‘s998918V ‘0£ *SHU101)IN ‘33 *SOQUIDIIT *£1 *SISSNON ‘<
*S2910HI2quO ‘Or *sapuS$equnId ‘68 *S299PTU9UVY ‘16 *SIOIU]EX ‘34 *sSonbnedon ‘*
‘salopoppeds ‘1# ‘Sapu}ISNb *8 "SUSUOIT *<
‘S219JIU0D ‘05 *(é) sateranig ‘81 *SJuruOf ‘01 ‘S2198N04 *£ ‘suousfdueg) ‘x
“S4IVLAdXTVIA *SAIVLIAION VI *Sa1VITAV *S29pe249 ‘6H *S2PUIPIU910 *21 *S299E NI) "6 *Sagurpodop LT *9 "Sonñy ‘1
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Ordre
Ordre
Ordre
Ordre.
Ordre
Ordre
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INTRODUCTION.
Série des familles.
1‘ Embranchement.
CRYPTOGAMES.
{'€ DIVISION.
ACOTYLÉDONES.
{re Section.
CELLULAIRES.
1'e CLASSE. — AÎques.
. Diatomacées (?)
. Nostochinées.
. Confervacées.
. Ulvacées.
. Floridées.
. Fucacées.
D CAR O9 NO bit
2° CLASSE. — Champignons.
7. Gymnomycètes.
8. Hyphomycètes.
9. Gastéromycètes.
10. Pyrénomycètes.
11. Hyménomycètes.
3° CLASSE. — Lichens.
12. Coniothalames.
13. Idiothalames.
14. Gastérothalames.
15. Hyménothalames.
4° CLASSE, — Hépatiques.
16. Ricciées.
17. Anthocérotées.
18. Marchantiées.
19. Jungermanniées.
5° CLASSE. — Mousses.
20. Andréacées.
21. Sphagnacées.
22. Bryacées.
2° Section.
CELLULO -VASCULAIRES.
6° CLASSE. — Lycopodinces.
23. Lycopodiacées.
24. Isoétées.
7° CLASSE. — Fougères.
25. Polypodiacées.
26. Osmondacées.
27. Ophioglossées.
28, Salviniacées.
Ordre
Ordre
Ordre
Ordre
Ordre
Ordre
Ordre
Ordre
Ordre
8° CLASSE. — Équisilinées.
29. Équisitacées.
30. Characées.
2 Embranchement,
PHANÉROGAMES.
2€ DIVISION.
MONOCOTYLÉDONES.
ire Section.
PÉRISPERMÉES.
99 CLASSE. — Glumacées.
31. Graminées.
32, Cypéracées.
10° CLASSE. — Joncinées.
33. Restiacées.
34. Xyridées.
35. Joncées.
36. Commélinées.
11° cLasse. — Spadicifiores.
37. Aroiïdées.
38. Typhinées.
39. Pandanées.
12® CLASSE. — Palmiers.
40. Palmacées.
13° CLASSE. — Jridinées.
41. Hæmodoracées.
42. Burmanniacées.
43. Iridées.
14° cLasse.— Liliacinces.
44. Amaryllidées.
45. Hypoxidées.
46. Liliacées.
47. Colchicacées.
48: Smilacées.
49. Dioscorées.
50. Pontédériacées.
15° CLASSE. — Bromélinées.
51. Broméliacées.
16° cLAsse. — Scilaminées.
52. Amomées.
53. Musacées.
2e Section.
APÉRISPERMÉES.
17° CLASSE. — Orchidinées.
Ordre 54. Orchidées.
55. Apostasiées.
18° CLASSE. — Fluviales.
56.
57.
58.
59.
60.
Ordre Naïadées.
Butomées.
Alismacées.
Hydrocharidées.
Cératophyilées.
3° DIVISION.
DICOTYLÉDONES.
1" Section.
GYMNOSPERMES.
19° CLASSE. — Cycadées.
Ordre 61. Cycadées.
20° CLASSE. — Conifères.
Ordre 62. Cupressinées.
63. Abiétinées.
64. Taxinées.
65. Gnétacées.
2e Section.
ANGIOSPERMES.
1"° COHORTE.
Apétales.
21° CLASSE. — Amentacées.
66. Casuarinées.
67. Myricées.
68. Bétulacées.
69. Salicinées.
70. Platanées.
71. Balsamifluées.
72. Cupuliférées.
73. Ulmacées.
Ordre
22€ CLASSE, — Urlicinées.
74. Morées.
75. Artocarpées.
76. Urticées.
Ordre
23° CLASSE. — Pipérinées.
77. Saururées.
78. Pipéracées.
79. Chloranthées.
Ordre
INTRODUCTION.
Ordre
Ordre
Ordre
Ordre
Ordre
Ordre
Ordre
Ordre
Ordre
Ordre
Ordre
dec)
24® CLASSE. — Oléracées.
80. Chénopodées.
81. Amaranthacées.
25° CLASSE. — Polygonées.
82. Polygonées.
83. Bégoniacées.
26° cLAssE. — Euphorbiacées.
84. Antidesmées.
85. Euphorbiacées.
27° cLasse. — Aristolochiées.
86. Aristolochiacées.
87. Népenthées.
28° CLASSE. — Protéinées.
88.
89.
90.
91.
92.
93.
Protéacées.
Éléagnées.
Thymélées.
Santalacées.
Loranthacées.
Laurinées.
2€ COHORTE.
Gamopétales.
29° CLASSE. — Plumbaginées.
94. Nyctaginées.
95. Plumbaginées.
96. Plantaginées.
30e CLASSE. — Agrégées.
97. Dipsacées.
98. Globulariées.
99. Valérianées.
31° CLASSE. — Composées.
100. Calycérées.
101. Synanthérées.
32° CLASSE. — Campanulées.
102. Goodéniacées.
103. Stylidées.
104. Lobéliacées.
105. Campanulacées.
33e CLASSE. — Éricinées.
106. Vacciniées.
107. Éricacées.
108. Épacridées.
109. Pyrolacées.
342 CLASSE. — Rubiacinées.
110. Caprifoliacées.
111. Cornées.
112. Viburnées.
113. Rubiacées.
declij
35e CLAssE. — Slelliflorées.
Ordre 114
. Jasminées.
115. Bolivariées.
116
117
118
. Oléacées.
. Gentianées.
. Loganiacées.
119. Apocynées.
120. Asclépiadées.
36° CLASSE. — Primulinées.
Ordre 121. Primulacées.
122. Ardisiacées.
123. Styracées.
124. Ébénacées.
125. Sapotées.
37° CLASSE. — Tubiflorées.
Ordre 126. Polémoniacées.
127. Hydroléacées.
128. Convolvulacées.
129. Solanées.
130. Hydrophyllées.
131. Borraginées.
38° CLASSE. — Personées.
Ordre 132. Scrophulariées.
133. Utriculariées.
134. Acanthacées.
135. Orobanchées.
136. Monotropées.
137. Gesnériacées.
138. Bignoniacées.
39e cLasse. — Labiatiflorées.
Ordre 139.
140.
141.
142.
40e
Ordre 143
Verbénacées.
Sélaginées.
Myoporinées.
Labiées.
3° COHORTE.
Dialypétales.
CLASSE. — Ombelliflorées.
. Ombellifères.
144. Araliacées.
145. Hédéracées.
146. Hamamélidées.
41° cLasse. — Polycarpiques.
Ordre 147
. Ménispermacées.
INTRODUCTION.
49e CLASSE. — Nélumbonces.
Ordre 154. Nymphéacées.
155. Cabombées.
156. Nélumbonées.
43° CLASSE. — Rhœadées.
Ordre 157. Papavéracées.
158. Fumariacées.
44° CLASSE. — Cruciférées.
Ordre 159. Crucifères.
160. Capparidées.
161. Résédacées.
45e CLASSE — Péponiférées.
Ordre 162. Nandhirobées.
163. Cucurbitacées.
46° CLASSE. — Succulentes.
Ordre 164. Cactacées.
165. Ficoïdées.
47e CLASSE. — Crassulinées.
Ordre 166. Crassulacées.
167. Portulacées.
168. Saxifragées.
169. Droséracées.
48° cLasse. — Caryophyllinées.
Ordre 170. Caryophyllées.
171. Paronychiées.
49® cLASSE. — Cistifiorées.
Ordre 172. Flacourtianées.
173. Bixacées.
174. Cistinées.
175. Violariées.
176. Samydées.
177. Frankéniacées.
178. Homalinées.
179. Passiflorées.
180. Loasées.
181. Malesherbiacées.
50° cLAssE. — Guitiférées.
Ordre 182. Réaumuriacées.
183. Hypéricinées.
184. Garciniées.
148. Myristicées.
149. Anonacées.
150. Magnoliacées.
151. Dilléniacées.
152. Renonculacées.
153. Berbéridées.
185.
186.
187.
188.
189.
190.
Clusiacées.
Ternstræmiacées.
Chlénacées.
Marcgraviacées.
Élatinées.
Tamariscinées.
INTRODUCTION dccxlv
51® cLasse. — Columniférées. 56° CLASSE. — Térébinthinées.
Ordre 191. Phytolaccées. Ordre 215. Juglandées.
192. Malvacées. 216. Rutacées.
193. Sterculiacées. 217. Zygophyllées.
194. Buttnériacées. 218. Diosmées.
195. Chlénacées. 219. Simaroubées.
196. Tiliacées. 20. Connaracées.
221. Zanthoxylées.
52° CLASSE. — Géraninées. 222. Anacardiacées.
223. Burséracées.
Ordre 197. Géraniacées. 224, Ochnacées.
198. Tropæolées.
199. Balsaminées.
200. Oxalidées.
201. Linées.
57° CLASSE. — Œnothérinées.
Ordre 225. OEnothérées.
226. Mélastomacées.
53° CLASSE. — Ampélidées. de er 0
Ordre 202. Vitiférées. 229. Haloragées.
203. Hippocratiacées.
204. Rhamnées.
230. Rhizophorées.
58° CLASSE. — Myrtinées.
Ordre 231. Myrtacées.
232. Granatées.
205. Célastrinées.
206. Ilicinées,
207. Pittosporées.
54° CLASSE. — Hespéridées. 59° cLassE. — Rosiflorées.
Ordre 208. Aurantiacées. ouRE nu CE
209. Cédrélées. 235. Rosacées.
210. Méliacées. 36. Amygdalées.
237. Chrysobalanées.
55° CLASSE. — ACérinées.
Ordre 211. Acéracées.
212. Malpighiacées.
213
. Hippocastanées.
60°
CLASSE — Légumineuses.
Ordre 238. Papilionacées.
239.
Cæsalpiniées.
214. Sapindacées. 240. Mimosées.
Les grands groupes que j’ai adoptés répondent, comme on le verra,
à des associations morphologiques dont la plupart sont très-nettement
délimitées. 11 y a cependant, dans les grandes divisions qui précèdent
les classes, une lacune ou plutôt une incertitude que je n’ai pu faire
disparaître, faute d’avoir trouvé un caractère général qui les diffé-
renciàt avec précision. Les ordres que j'ai adoptés sont subdivi-
sibles en familles; et ces familles elles-mêmes, considérées philoso-
phiquement, ne sont que de grands genres. Je crois cependant qu’à
l'exception des Monocotylédones, dont la division manque de vérité,
la série des groupes est conforme à l’ordre de succession évolu-
tive, et que les classes comprennent les principaux types de formes. Il
resterait à les subdiviser entre elles, c’est-à-dire à les réduire en un
petit nombre de groupes de cinquième ordre pour faciliter la.dia-
gnose des familles. Je compte faire de ce travail un ouvrage particu-
TOME 1, INTRODUCTION. — Livraison HUE. HAL
dcexiv} INTRODUCTION.
lier en y joignant la figuration des ordres et de leurs divisions. En
attendant, je publie l’iconographie des caractères généraux des types
des classes pour donner une idée de ceux que j'ai choisis et servir
à grouper les ordres par affinités morphologiques. Je n’ai pas la
prétention d’avoir mieux réussi que mes devanciers, et je crois même
qu’il y aura toujours incertitude pour un certain nombre de groupes,
à moins qu’on ne découvre dans les organes les plus ténus quelque
caractéristique qui fixe les incertitudes; j'ai pleine confiance dans
l'observation microscopique des caractères anatomiques et physiques,
et dans l'observation des phénomènes d'évolution pour arriver à la
connaissance des affinités, ce qui n’empêchera pas qu’il n’y ait des
végétaux à affinités multiples qui déjoueront toutes les méthodes, et
obligeront à établir un #ndex plantarum incertæ sedis.
INTRODUCTION. dccxlvij
CHAPITRE XXXIHIT.
HISTOIRE DE LA BOTANIQUE.
PREMIÈRE EPOQUE.
TEMPS ANTÉRIEURS A LA CIVILISATION GRECQUE.
Empirisme grosster.
Le
Il nous serait impossible, en compulsant même les livres les plus
anciens que nous aient légués les nations dont l’origine se perd dans
la nuit des âges, de dire où commence l’histoire de la botanique,
et quand pour la première fois parurent des essais de descriptions
scientifiques ou même empiriques. La science des végétaux est
liée si intimement à tous les besoins des sociétés, qu'il est possible
de lui assigner pour principe l’époque où les hommes portèrent leur
attention sur la nature végétale, qui est celle où les peuples primitifs,
renonçant à vie rude et agitée du chasseur, se livrèrent à l’éduca-
tion des troupeaux, et surtout, quand les peuples pasteurs eurent
passé de la vie nomade à celle plus sédentaire des agriculteurs.
L'homme est plus encore peut-être en contact avec la nature vé-
gétale qu'avec la nature animale; il est impossible qu’il ait construit
une grossière cabane, un ajoupa, ou, s’il se peut, un abri plus mo-
deste encore, sans qu’il ait remarqué les végétaux qui convenaient
le mieux à cette architecture rustique, et qu’il les ait désignés
sous un nom qui püt les faire reconnaître de ceux qui vivaient avec
lui ou de ses descendants. Les jeunes filles recherchèrent, comme de
nos jours, les fleurs des champs et des bois, aux parfums suaves et
doux, et en firent des bouquets et des couronnes; les plus brillantes
durent décorer les autels des dieux, et le poëte oriental inventa sans
doute le Selam avant que sa poésie eüt acquis une forme savante
et régulière. L’agriculteur choisit, pour régler l’ordre de ses tra-
vaux , l’époque de la foliation ou de la floraison de certaines plantes,
dccxlvii] INTRODUCTION.
ainsi que celle de leur effeuillaison, ou de la maturation de leurs
fruits; enfin, il dut nécessairement s’établir entre l’homme et la na-
ture des rapports qui devinrent de plus en plus intimes , une es-
pèce de solidarité à laquelle il ne pouvait se soustraire. Ce que je
dis ici n’est pas fondé sur une simple vue de l'esprit : car nous ne
pouvons nous refuser à reconnaitre que le régime végétal ne soit an-
térieur au règne animal, que la phytophagie ne soit antérieure à la
créophagie, et que la vie sédentaire n’augmente les rapports de
l’homme et des végétaux.
Les documents les plus anciens qui fassent mention des propriétés
des plantes nous viennent de l’Asie orientale. Ce sont les Chi-
nois qui nous les ont légués. C’est dans les livres antérieurs au
Chou-King, et dans le Chou-King même, que sont déposés les
secrets de cette civilisation antique. Chin-noug (3218 avant l’ère
chrétienne) fut le premier qui enseigna à ses peuples à cultiver les
végétaux utiles et à convertir le blé en aliments. Il dénomma toutes
les plantes, dont il indiqua, le premier, les diverses propriétés. Le
Chou-King, chap. XI, dit que Fo-hi et Chin-noug firent sur eux-
mêmes l’épreuve des plantes médicinales. On attribue au dernier une
analyse des principes élémentaires des végétaux.
Voici ce que dit un auteur chinois en parlant de Chin-noug : « Les
plantes se divisent en quantité d’espèces différentes; mais si l’on
examine bien leur figure et leur couleur, si on les éprouve par l’odorat
et par le goût, on pourra distinguer les bonnes des méchantes, et en
composer des remèdes, sans qu’il soit nécessaire d’en faire l'épreuve
sur soi-même : » c’est la méthode des analogies, ce qui indique une
observation déjà exacte de lassociation des végétaux par affi-
nités.
Yu (2200 avant J. C.) a consigné dans le Chou-King des notions
agricoles sur le Blé, le Riz, le Panic, le Sorgho, désigné dans ce li-
vre sous le nom de Mil noir, le Chanvre, les Pois, les Fèves et le
Coton. Nous trouvons déjà, dans les ordonnances impériales qui rè-
glent la production, que le nombre des végétaux cultivés s'élevait
à 100. Le chapitre Yu-Kong, du Chou-King, est rempli de noms
de plantes.
L'Encyclopédie chinoise contient des articles de botanique qui
révèlent une observation attentive de la nature, quoique les notions
scientifiques des Chinois soient mêlées à de nombreuses erreurs. Les
INTRODUCTION. decxlix
iconographies de végétaux indiquent le sentiment des caractères d’en-
semble, car jamais les peintres chinois ne représentent un végétal
sans figurer la plante tout entière avec ses racines, de sorte qu'aucun
de ses détails organographiques ne reste ignoré. Il est vrai que ces
figures manquent souvent de précision caractéristique; mais il y a
des végétaux représentés en perspective avec un véritable talent.
La culture du Thé, celle de la soie, non-seulement en nourrissant
les vers avec des feuilles de Mürier, mais avec celles d’une espèce
d'arbre plus rustique, le Fagara, remontent à une haute antiquité ;
et l’Europe était encore plongée dans la barbarie, que déjà ces
produits de luxe, et non de première nécessité, fournissaient au
trésor public des sommes considérables.
Sans avoir une botanique réellement scientifique, les peuples de
la race jaune ont depuis longtemps des connaissances très-précises
sur l’application des végétaux aux besoins de l’économie sociale. La
forme positive et rigoureusement utilitaire du gouvernement chinois
exclut les connaissances profondes et les études minutieuses propres
aux peuples de l’Europe, ou plutôt à la race caucasique, car elle
porte partout ses idées progressives, et imprime le cachet qui lui
est propre à toutes les civilisations.
Ce qui prouve que les hommes ont été, dans tous les temps, impres-
sionnés de la même façon par les mêmes faits, et que les idées sys-
tématiques seules viennent étouffer le sentiment des affinités natu-
relles, c’est que, dans la langue idéographique des Chinois, nous
trouvons certaines associations naturelles désignées par les mêmes
clefs ou caractères d'écriture. Ce n’est pas un commencement de
méthode, mais c’est une indication qui fait voir que les types de
forme frappent les esprits, même les plus incultes.
Tsao, les Herbes et les Végétaux herbacés, 1426 dérivés.
Mou, le Bois et les Arbres ou les Plantes ligneuses, avec 1233
dérivés.
Koua, les Citrouilles, les Melons, les Concombres et toutes les
Cucurbitacées, 47 dérivés.
Ho, les Grains, les Céréales, la vie, 342 dérivés. Re
Tiou, les Légumes, les Pois, les Légumineuses, 48 dérivés.
Tchou, les Roseaux, 471 dérivés.
Kiéou, les Oignons, les Aulx, 14 dérivés.
Me, le Froment, l’Orge et autres Céréales, 116 dérivés,
decl INTRODUCTION.
M, le Chanvre et les plantes analogues, 29 dérivés.
Les Hindous, dont le pays fut le foyer de tant de révolutions, et le
lieu de passage de tant de peuples, l'Officina gentium, bien plus que
l’Europe septentrionale, comme le voulait le Goth Jornandès, ont vu
s’éteindre, au milieu des commotions sociales, les monuments scien-
üfiques dont les noms seuls sont conservés. Les Védas, qui
formaient une encyclopédie complète, n’existent plus que par frag-
ments; nous savons seulement que le deuxième livre, Æ4youch, en-
tièrement perdu, comprenait les sciences naturelles, et entre autres
la botanique et les sciences médicales. On trouve, dans le livre
des Lois de Manou, relatif à l'initiation des Dwidja, des indications
assez précises sur certains végétaux , et sur leur usage dans les cé-
rémonies religieuses, pour qu’on y constate la connaissance des
produits tirés du règne végétal ; mais chez les Chinois, nous voyons
la botanique appliquée l’emporter sur la botanique spéculative, et
chez les Hindous, la botanique spéculative dominer.
Nous trouvons, dans les Lois de Manou, liv. IE, $ 45 : Un brah-
mane doit, suivant la loi, porter un bäton de Vilva (Ægle mar-
melos, genre voisin du Citronnier) ou de Palasa (Butea frondosa,
genre de Papilionacée de la tribu des Érythrines); celui d’un kcha-
triya doit être de Vata (Figuier des Indes) ou de Khadira (Wimosa
catechu); celui d’un vaisya de Pilou (Careya arborea, espèce de
Myrtacée) ou d’Oudoumbara (Ficus glomerata). Chez ce peuple,
Soumis à un gouvernement théocratique, tout avait sa signification
religieuse, et les sciences naturelles étaient l'apanage d’un petit
nombre d'initiés, qui formaient avec les prêtres la caste religieuse.
Tous les monuments de l’antiquité, le Zend-Avesta, la Bible, si
remplie d'images poétiques, renferment sur les végétaux des notions
plus ou moins étendues ; mais il y a loin de ces données éparses à
une science coordonnée comme celle que nous avons décorée du
nom de science végétale.
Les pérégrinations commerciales des Juifs, leurs relations éten-
dues avec les peuples de l’Asie, car on sait que les navires de Salo-
mon pénétrèrent jusqu’au golfe Persique et étendirent leurs voyages
jusqu'aux iles de la mer des Indes, durent enrichir la botanique de
connaissances nouvelles; mais, chez ce peuple agité par tant de
révolutions, et qui changea tant de fois de maîtres et de pays, les
sciences n'eurent pas le temps de se perfectionner. Il n’en faut pas
INTRODUCTION. declj
toutefois accuser le génie israélite, car nous voyons au moyen àäge,
et même antérieurement à cette époque, les Juifs s’occuper avec
succès des sciences exactes et de médecine; c’est donc à des cau-
ses politiques, et sans doute aussi au régime théocratique qui pesa
sur la Judée, qu’il faut attribuer cet état de délaissement des
sciences.
Les mages de Perse et les prêtres d’Isis se distinguèrent des
prêtres juifs par leurs connaissances profondes, et cultivèrent les
sciences avec une application orgueilleuse. Convaincus que chez les
peuples soumis à un gouvernement despotique les lumières sont un
danger et portent les esprits à la rébellion, 1ls ne laissèrent germer
au dehors aucune de leurs théories scientifiques, et ils firent de la
science un arcane. Ce ne fut qu’à l'abri des murs des temples, dans
la profondeur des souterrains où se faisaient les initiations que l’on
enseignait les nctions scientifiques qui élevèrent si haut la réputation
des prêtres d'Égypte. Élèves des prêtres indiens et des Mages, dont
ils adoptèrent les institutions mystérieuses, ils devinrent à leur tour
les maîtres des Grecs, qui ne sortirent des ténèbres de la barbarie,
que quand ils eurent reçu leurs leçons. Il en est des prêtres égyp-
tiens comme des Druides, nous n’en pouvons parler que sur la ré-
putation que leur attribuent leurs contemporains. Si l’on en juge
par les idées théoriques des sages de la Grèce, nous pouvons présu-
mer qu’ils n'avaient que des connaissances «à priort, des idées syn-
thétiques qu'aucune observation n’avait précédées, et que leur valeur
scientifique vient de l’ignorance où nous sommes de ce qu’ils savaient
réellement.
Ce qui nous frappe en lisant les récits des voyageurs les plus an-
ciens, c'est de voir qu'il y avait dans toute l’Asie une agriculture
bien entendue et des procédés plus simples que les nôtres, à cause
de la fertilité du sol, et que les plantes qui faisaient l’objet d’une cul-
ture régulière étaient très-nombreuses, ce qui indique une étude at-
tentive des végétaux et de leurs propriétés. Si nous parcourons les
narrations des voyageurs modernes qui ont visité l’Asie et l'Afrique,
nous trouvons chez les peuples de ces contrées, où s’est éteinte une
civilisation ancienne, ou bien chez ceux où les lumières n’ont pas
encore pénétré, la plupart des végétaux dénommés, surtout ceux
qui sont utiles ou nuisibles, et les différentes variétés ou races de
plantes cultivées ont leur nom spécial. Sous ce rapport, ils sont plus
dcelij INTRODUCTION.
avancés que les paysans de certaines parties de l’Europe méridio-
nale, qui ne se donnent même pas la peine d'observer les végétaux
qui croissent sous leurs pas.
On gagnerait beaucoup à pénétrer dans le secret des connaissances
agrestes des peuples encore dans l’enfance : ils ne connaissent pas
toujours avec une précision scientifique les propriétés des végétaux ;
mais il leur a été transmis traditionnellement des notions positives
qui ont subi l’épuration des siècles. C’est, au reste, le but que je me
suis proposé en coordonnant les matières contenues dans cette Flore :
j'ai voulu emprunter à tous les peuples des renseignements sur les
propriétés et les usages des végétaux, afin d’en pouvoir faire l’his-
toire usuelle la plus complète.
DEUXIÈME ÉPOQUE.
DE LA CIVILISATION GRECQUE A LA FIN DU MOYEN AGE.
Période synthétique. — Époque d'ignorance. — Domination de
Pécole d'Aristote.
Nous ne trouvons pas, comme on l’a vu, de botanique scientifique,
chez les peuples antérieurs à la civilisation grecque, et même chez
les Hellènes, à l'époque où la civilisation brillait de tout son éclat,
où les arts et les sciences florissaient sous l'égide de la philosophie
et de la sagesse. Il nous faut descendre jusqu’à Aristote pour trouver
trace de sciences d'observation.
Ce ne sont, avant lui, que des théories nées d’une imagination
féconde, mais que n’a pas réglée une observation sérieuse. Les pre-
miers savants grecs, que nous connaissons sous le nom de Sages,
n’avaient pas lu le livre de la nature, ils n’en avaient pas la-
borieusement feuilleté les pages, étudié les phénomènes multiples;
ils s'étaient contentés de créer des systèmes sur l’ensemble du monde
et n'avaient pris conseil que de leur génie. Par abus de synthèse, ils
sont tombés dans de graves erreurs, dans d’incroyables hérésies ;
mais ils ont aussi découvert quelques aperçus généraux qui se per-
dirent plus tard et furent longtemps regardés comme des hérésies.
Pour eux les plantes étaient des êtres organisés comme les animaux ;
INTRODUCTION. decli)
mais ils les douèrent de sensibilité et de conscience, ce qui est une
erreur commune à tous.
D’après Pline, Pythagore de Samos, né vers 584 avant l'ère
chrétienne, fat le premier des philosophes grecs qui ait donné un
traité sur les propriétés des plantes; mais il enveloppait ses doctri-
nes de tant de mystères, qu’on ne sait rien autre chose de lui. Seu-
lement, nous savons qu'il avait étudié chez les Indiens; et ce qui dut
contribuer à jeter de l'obscurité sur ses connaissances en physiologie
végétale, c’est qu’il admettait leur théorie de la métempsycose, qui
établit entre les deux règnes une sorte de solidarité, un échange
constant de relations. Cette idée l’empêcha de comprendre leur signi-
fication réelle : la subordination du règne végétal, essentiellement
passif, au règne animal, actif de son essence.
Anaxagore de Clazomêne (environ 470 ans avant Jésus-Christ)
ne nous est connu que par la justesse de ses idées sur les fonctions
des parties foliacées des végétaux qu'il regardait comme le siége de
la respiration. Il ieur prêtait avec raison la double fonction d’aspi-
ration et d'expiration. Cette idée, qui ne s’appuyait sur aucune expé-
rience et était un fait d’intuition, fut perdue pour la science et ne
reparut qu'au dix-huitième siècle.
Empédocle d’Agrigente (450), qui était disciple d’° Anaxagore, est
un philosophe d’un vaste génie. Il nous montre jusqu’à quel point
l'étude et la méditation peuvent produire des idées saines et fécondes.
Procédant par analogie, et comparant les végétaux aux animaux, il re-
garde les racines des plantes comme leurs bouches et leurs graines
comme des œufs, dont l’incubation a lieu dans la terre. Il avait si-
gnalé leur hermaphrodisme ; mais entrainé par ses idées pythagori-
ciennes, il admettait qu’au bout d'un certain temps les plantes, d'her-
maphrodites qu’elles étaient, devenaient des animaux, et qu’alors les
sexes se séparaient. C'était la suite des idées d’androgynie qui do-
minaient à cette époque.
La collection des travaux d'Hippocrate ne fournit presque rien sur
la science végétale, si ce n’est qu’on y trouve l'indication des pro-
priétés médicales de plantes qu’il nous est impossible de reconnaître
aujourd’hui, de sorte que les œuvres botaniques de l’école hippo-
cratique sont perdues pour nous.
La botanique scientifique n'existait donc pas avant le quatrième
siècle antérieurement à l’ère chrétienne. Tous ceux qui s'occupent
TOME 1, INTRODUCTION. — Livraison uuuu. UuUY
dceliv INTRODUCTION.
de botanique appliquée sont des physiciens (gucwxoi), les collecteurs
de végétaux et les herborisateurs, des rhizotomes (foromoi), et les
herboristes ou les pharmaciens, des pharmacopoles (papnaxom dat ).
Le philosophe de Stagire, si grand en toutes choses, le Bacon des
temps antiques pour la froide puissance de son génie, est le véritable
créateur des sciences d’observation. Né à Stagire en 384 avant
l'ère chrétienne et mort à Chalecis en 332, Aristote, le disciple de
Platon, le professeur d'Alexandre et le maître de Théophraste, pu-
blia deux livres sur l’histoire naturelle des plantes que nous ne con-
naissons que par les écrits de ses disciples; car le traité de Plantis,
qui porte le nom d’Aristote, est un ouvrage apocryphe rempli d’ab-
surdités; il parut dans le courant du moyen àge et fut l’œuvre de
quelque compilateur ignorant ou de quelque charlatan habile. Pen-
dant longtemps on lattribua à ce philosophe; mais depuis qu’on a
pu apprécier son histoire des animaux, On est convaincu que le
traité de Plantis n’est pas de lui. C’est Aristote qui jeta les fonde-
ments de la science et réunit le premier en un corps de doctrine des
observations sérieuses.
On peut le regarder comme le père de la philosophie naturelle;
car il réunit au plus haut degré les deux facultés opposées, la puissance
analytique et celle synthétique. [Il développa la théorie de l'unité de
plan dans le monde organique qui est due au génie de Démocrite, et
chercha à établir sur des faits l’idée de la progression par nuan-
ces insensibles de la simple molécule vivante à l’être le plus fini,
l'homme, réunissant en lui toutes les perfections. Cette théorie, qui
a de nos jours trouvé des défenseurs, surtout dans la savante Alle-
magne, n’est ni absolument vraie, ni absolument fausse; car nous
pouvons constater qu'il ÿ a un enchaînement à larges traits avec des
lacunes, des hiatus; mais, enfin, un plan avec des tranches paral-
lèles, dans lesquelles on reconnaît manifestement la perfection évo-
lutive ascendante. Il regardait les végétaux comme des êtres inter-
médiaires entre la nature inorganique et les animaux, et 1l a établi
avec la sagacité qui le distingue la différence qu'il y a entre les deux
embranchements du règne organique.
Il n'avait peut-être pas reconnu que l’hermaphrodisme est une
perfection dans les végétaux et une imperfection dans les animaux,
qui sont doués de locomotilité ; seulement il dit que l’hermaphrodisme
n’est pas exclusivement propre au règne végétal, puisque cette pro-
INTRODUCTION. deciv
priélé se retrouve dans les degrés inférieurs du règne animal; quant
au centre nerveux, ce n’est pas un caractère absolument propre à
l’animalité, puisque certains en sont privés comme les végétaux. La
grande et profonde cause de leur dissemblance avec les animaux
est, chez ces derniers, l’existence d’organes qui leur permettent d'a-
voir la conscience d’eux-mêmes, ce qui ne se trouve pas chez les
plantes. Les racines étaient suivant lui les organes de succion, au
moyen desquels les plantes puisent dans le sein de la terre la nour-
riture qui y est contenue, et la production du fruit était le but dernier
de la végétation. Telle était l'opinion d’Aristote sur les plantes, d’a-
près ce que nous a transmis l’histoire des animaux ; car ce savant phi-
losophe avait établi un lien intime entre la Zoologie et la Botanique.
Si j'insiste sur ces temps anciens, c'est pour montrer qu'il y a dans
l'esprit humain une marche qui est la même, malgré la différence
des temps, et que la raison pure non pas absolue, telle que le veut
Kant, mais appuyée sur Ja raison critique, fait plonger avec plus de
sagacité dans le mystère des créations organiques, que les grands et
arides travaux d'analyse que la synthèse ne vient pas féconder.
Si nous en jugeons par les autres écrits d’Aristote, qui sont par-
venus jusqu’à nous, la perte de l’histoire des plantes est grande; car
il est évident qu'il avait apporté à sa rédaction le même soin qu’à celle
de ses œuvres zoologiques. Nous ne connaissons donc bien positive-
ment la science de cette époque que par Théophraste d’Éresse, son
disciple (371 à 286 avant J. C.), qui nous a légué son //istoire na-
turelle des végétaux et son T raité des causes de la végétation, que
le temps a conservés.
En lisant le premier de ces ouvrages, qui traite plutôt de la bo-
tanique dans son application à l’agriculture, on est étonné de trou-
ver si étroitement unies la science froide et profonde de l’observa-
teur et du sage à la puérile crédulité de l’homme primitif; il fourmille
de fables grossières, qui se trouvent à côté de faits positifs parfai-
tement observés. Théophraste eut, le premier, un jardin dans lequel
il culüivait les plantes qu’il voulait observer.
On ne trouve dans l’histoire des plantes de Théophraste ni des-
cription ni nomenclature; on reconnait qu’il n’avait pas la connais-
sance de la diagnose fondée sur les caractères. Il ne les distingue ni
en genres ni en espèces. En un mot, la botanique descriptive lui est
complétement inconnue. Il est vrai qu'à celte époque il en est de même
declv] INTRODUCTION.
de toutes les sciences, qui sont fondées sur la synthèse la plus large
et la plus illimitée.
Si son histoire des plantes ne méritait pas de passer à la postérité,
qui n’y a rien gagné, les vues philosophiques et physiologiques con-
tenues dans son traité des Causes sont du plus haut intérêt. 11 sem-
blerait, en lisant les définitions précises qu’il donne des organes
extérieurs des plantes, que l’ouvrage informe qui précède ne soit
pas de lui. Il à su distinguer les cotylédons des feuilles, et il adopta
les idées d’Anaxagore de Clazomène sur leurs fonctions. Celles des
racines lui sont également connues, et son opinion est celle émise
par Aristote. La différence de structure des végétaux ligneux,
monocotylédones et dicotylédones, lui paraît familière, et il avait
des notions assez précises sur certains faits d'anatomie végétale. Si
l’on examine les idées de Théophraste sur la fécondation, et qu’on en
élimine les erreurs de détails, qu’on ne sait si l’on doit attribuer à ce
philosophe ou à des interpolateurs ignorants, on ne peut se refuser
d’avouer qu’il avait une idée de la sexualité des végétaux.
Métrodore de Chios, disciple de Démocrite, dont le système est
fondé sur le scepticisme le plus absolu, s’occupa aussi de botanique,
et imagina le premier de joindre des figures à ses descriptions. C’est
par Pline que ces faits nous sont connus; mais ces figures étaient sans
doute mauvaises, car il en fait peu de cas. Il nous parle encore de
Cratévas et de Denis comme de botanistes iconographes.
Les œuvres d’Aristote et de Théophraste eurent d’étranges fortunes
avant d'arriver jusqu’à nous : les manuscrits, légués d’abord à Nélée,
furent cachés dans un lieu humide, où ils se détériorèrent, par les hé-
__ ritiers de Nélée, qui voulaient les soustraire aux recherches d’Attale,
roi de Pergame, puis achetés par un certain Apellicon d’Athènes, qui
en orna sa bibliothèque et contribua à leur défiguration, en en faisant
remplir les lacunes par des copistes ignorants. Sylla les transporta
d'Athènes à Rome; et les copies, en se multipliant, maltiplièrent aussi
les erreurs au point d’en rendre certaines parties méconnaissables.
A la science positive d’Aristote et de son disciple succéda la mé-
thode vicieuse de ne plus étudier que sur les livres, qui domina dans
les écoles de Pergame et d'Alexandrie, et contribua à la décadence
des sciences, en dépit des efforts des princes de Pergame et d'Égypte,
qui fondèrent des jardins botaniques et firent entreprendre à leurs
frais des voyages d'exploration. Attale II, Philométor, le dernier
INTRODUCTION. declvi)
des rois de Pergame, cultiva la botanique et s’occupa des végétaux
nuisibles. Il composa un traité d’agriculture (de Re rustica), qui est
loué par Varron.
Nous cherchons vainement chez les Grecs, après ces savants, quel-
ques botanistes dignes de ce nom; et si nous passons à Rome, nous
trouvons des agronomes tels que Varron, Valère, Columelle, les
Géorgiques de Virgile, et chez les Carthaginois, Magon, qui ne nous
est connu que par des citations; mais quelque estimables que soient
les travaux de ces savants, nous ne pouvons pas regarder leurs au-
teurs comme des botanistes.
Arrivés au premier siècle de notre ère (64 ans avant J. C.), nous
trouvons Pédanius ou Pédacius Dioscoride, d’Anazarbe en Cilicie,
dans l'Asie Mineure, contemporain de Néron. Son ouvrage contient
la description et les usages de six cents végétaux qu'il avait recueillis
et observés pendant ses voyages en Europe et en Asie; mais la
plupart du temps il est impossible de les reconnaître. C’est plutôt un
traité de phytologie médicale qu’un ouvrage de botaniqne ; cependant
il est précieux par sa synonymie, car il a indiqué les différents noms
sous lesquels les plantes médicinales étaient connues de son temps.
Iles classe en aromatiques, alimentaires, médicinales et vénéneuses ;
en un mot il est dépourvu de méthode. Malgré son insuffisance, il fut
considéré comme l'unique guide jusqu’au milieu du moyen âge, et
les médecins jurèrent longtemps par Dioscoride comme les philosophes
et les savants le firent plus longtemps encore pour Aristote. Il fallut
de l’audace pour oser renverser cette grossière idole et inaugurer la
vraie science sur les débris de cet autel où brülait l’encens de la cré-
dulité et de l’ignorance.
On ne peut donner le nom de savant à Pline l'Ancien, qui vivait
également sous le règne de Néron. C’est l’homme le plus laborieux,
le compilateur le plus infatigable de l'antiquité; mais il recueillit
sans choix tout ce qui lui tomba sous la main et ne se donna pas la
peine de vérifier ses assertions, quelque puériles qu’elles fussent.
La forme et la brièveté de son livre lui enlèvent quand même tout
caractère scientifique. Comme Dioscoride, il fut, pendant toute la durée
du moyen âge, un guide fort recherché. On les commentait tous deux
avec plus ou moins de bonheur; mais, au lieu de rejeter les erreurs
qu'ils contiennent, on accusait la nature plutôt qu'eux d’illusion. En
traversant la longue période du moyen âge, nous retrouvons des
declviij INTRODUCTION.
commentateurs de ces deux naturalistes surtout parmi les Arabes.
Ces peuples, malgré la haute sagacité dont ils ont fait preuve, ne
se sont occupés de botanique qu’au point de vue médical et phar-
maceutique.
Si la science à fui de l'Europe, après que Rome agonisante eut été
mise en lambeaux par les hordes barbares que le Nord avait vomies,
elle n’a pas, pour cela, fait un entier naufrage, et c’est dans le ber-
ceau des populations primitives de l’Asie, dans cet Orient qui ne vit
plus aujourd’hui que des débris de la science de l’Europe, parmi les
Arabes, les Persans et les Juifs, que furent conservées les traditions
scientifiques. Cesont cependantles anciens, cesmaîtresde toutescience,
qui servirent de flambeau aux Arabes. Ils eurent pour eux la même
vénération que plus tard nous professèmes; ils traduisirent Aristote,
Théophraste, Dioscoride, Pline, en firent force commentaires, et,
comme ils s’'appuyaient sur des textes souvent interpolés par des
copistes grossiers, ils durent tomber dans d'étranges erreurs.
Au septième siècle, on compte parmi les botanistes, qui sont tous
médecins, Ahmed ben Ibrahim, Ibn Sirin, Ibn el Mokaffa, Dijafir,
El Kinâni. Dans les deux siècles qui suivirent, les progrès de la
science, ralentis par l'établissement de l’islamisme, ne furent con-
servés que parmi les chrétiens d'Orient. Pendant trois siècles, la
grande famille des Bachtikoua fut la gloire de la Perse, dont la plu-
part des membres furent médecins des califes de Bagdad. En dehors
des Bachtikoua, on peut citer parmi les plus savants El Djadid, El
Hira Abu Hanifa, qui a écrit sur la culture des plantes.
Au dixième siècle, les mahométans se livrent pour la première
fois à la culture des sciences. Parmi les médecins botanistes, El Razi
(Rhazès), médecin du calife El Manzour, Avicenne (Ibn Sina), qui
ne traita des végétaux que sous le rapport médical. Ce fut à cette
époque (948) que Romain, empereur de Constantinople, envoya à
Naser Abd Abraham, calife de Cordoue, les œuvres de Dioscoride,
qui furent traduites en arabe par le moine Nicolas et se répandi-
rent alors parmi les Maures d'Espagne.
Da onzième au douzième siècle, les Arabes de Syrie, de Perse,
d'Égypte, d'Espagne, sont à la tête des sciences.
Au onzième siècle, El Biruni a écrit un traité sur les propriétés
des plantes, et Ibn Djezla, une liste alphabétique des plantes offici-
nales.
INTRODUCTION. declix
Au douzième siècle, Ibn Matran a écrit sur les plantes médicinales ;
au treizième, Kazuini, le Pline des Orientaux, à laissé un grand
nombre d'ouvrages, dont le plus estimé est son grand traité d'histoire
naturelle des trois règnes.
Les Arabes d’Espagne furent les derniers représentants de la
science orientale. Après leur expulsion, ils ne s’occupèrent plus de
science, et pendant le long espace d’un siècle, El Demiri et El An-
taki, médecins et naturalistes tous deux, sont les seuls hommes cé-
lèbres. Aujourd’hui les Arabes sont plongés dans la plus profonde
ignorance et obligés de venir demander à cette même Europe, dont
ils furent les flambeaux pendant quelques siècles, la science qui leur
manque. C’est encore l'Égypte qui est à la tête du mouvement in-
tellectuel, et Alexandrie est la capitale de la civilisation musulmane,
bien que le sultan actuel, Abd-ul-Medjid, sente le besoin des lumières,
et que les Turcs qui fréquentent nos écoles remportent dans leur pays
des connaissances qui les feront renaître à la vie des grandes na-
tions.
Au quatrième siècle, Eustathius, archevêque d’Antioche, composa,
sous le titre de Commentaire de l’'Hexaméron, un traité d'histoire
naturelle dans lequel les êtres sont rangés suivant l’ordre de leur
création. Saint Ambroise écrivit, en 370, un traité semblable, mais
dans un but tout théologique; Palladius a laissé un très-médiocre
traité de Re rustica.
Au huitième siècle, Georges Pisidès composa un mauvais poëme
sur la création ; Cassianus Bassus rédigea, sur l’ordre de Constantin
Porphyrogénète, un traité d'agriculture qui n'est qu'une simple com-
pilation.
L'Europe fut plongée, pendant toute cette période, dans une igno-
rance absolue; on ne trouve d'activité scientifique qu’en Orient et
dans l’Europe orientale. C’est au douzième siècle seulement, à l’é-
poque où l'étoile de la science arabe pâlit, que l’Europe sortit de sa
léthargie.
Au douzième siècle, l’abbesse Hildegarde de Pinguia composa,
sous le titre de Physica S. Hildegardis, un traité complet d'histoire
naturelle; mais le plus grand d’entre tous est l’évêque de Ratisbonne,
Albert le Grand, qui profita des travaux des Arabes; car la science
arrivait d’une double source : les Arabes, ayant puisé leurs connais-
sances chez les Grecs, y avaient ajouté de leur propre fonds ce qui
declx INTRODUCTION.
constituait une science gréco-arabe ; et les Latins, de leur côté, avaient
fondé la science gréco-romaine. 1 fallait donc accepter ces maîtres
malgré leurs erreurs, puisqu'il était impossible de remonter directe-
ment aux sources de la science.
Les progrès nous vinrent des moines, qui étaient, par la nature
même de la vie qu'ils avaient embrassée, portés à la contemplation.
Hugues de Saint-Victor est le premier qui ait compris l'étude des
sciences naturelles dans celle de la théologie; mais le plus célèbre
entre tous est Albert le Grand (1190), qui eut des idées justes en bo-
tanique. Il établit une ligne de démarcation infranchissable entre les
animaux et les végétaux, parce que ces derniers sont privés de la vie
de relation. Aussi ne reconnait-il chez eux que la vie organique;
c'est pourquoi il en fait un règne intermédiaire entre les corps bruts
et les animaux, bien qu'il les rapproche de ces derniers : les Champi-
gnons sont pour lui l'ébauche de la vie végétale, et il les compare
aux animaux inférieurs ; les arbres, au contraire, lui paraissent les
plus parfaits d’entre les végétaux. Comme le but dernier de la vie
végétale est le fruit, il a appliqué son attention à la connaissance de
la graine, qu'il a décrite avec beaucoup de précision; il parle de la
nature des fruits, de la dissémination des graines et des formes prin-
cipales propres aux fleurs, ce qui en fait le précurseur réel de
Tournefort. Albert le Grand est, en un mot, un observateur judi-
cieux, qui a compris les rapports naturels qui lient les êtres les uns
aux autres.
Parmi ses disciples les plus célèbres, je citerai Albert de Saxe, qui
écrivitun 7raité des plantes.
Au quatorzième siècle, nous trouvons Giacopo di Dondis, méde-
cin de Padoue, qui composa, sous le titre d’Æerbier vulgaire, un
traité de botanique descriptive; ce n’est qu’une compilation à la-
quelle il ajouta, pour les plantes naturelles à l'Italie, des descriptions
plus complètes que celles qui avaient été faites avant lui.
Jusqu’à la fin du moyen âge, on ne trouve pas de liste de végétaux
qui en comprenne plus de douze cents. Il ne faut pas s’en étonner : c’est
que des espèces bien différentes pour un œil exercé ne frappent pas
un esprit inattentif et se trouvent confondues sous une dénomination
commune. Il n’y a guère que les genres qui aient un facies capable
de fixer l'attention parce que les formes en sont plus saisissables, ce
qui n’est cependant pas encore toujours rigoureux. Aussi suis-Je
INTRODUCTION. declx
convaincu que les botanistes anciens ne sont difficiles à interpréter
que parce qu'ils décrivaient sous un même nom tantôt une espèce,
tantôt une autre, sans s’inquiéter de dissemblances fondamentales
qui méritent cependant d’être prises en considération.
Lorsque la chute de Constantinople eut dispersé les savants grecs
et leur eut fait chercher un refuge sur la terre d’exil, ils n’appor-
tèrent que des connaissances médicales et littéraires, mais nullement
botaniques.
Il faut donc regarder le sommeil de la science des végétaux
comme ayant duré près de dix-huit siècles, car Dioscoride n’est pas
un botaniste, malgré son règne de quinze siècles, et Théophraste est,
après Aristote, le seul savant de l’antiquité qui mérite ce nom.
Quand nous voyons la science, si orgueilleuse à certaines époques,
se perdre au mieu des révolutions qui détruisent les empires, nous
sommes bien puérils de nous disputer sur de vaines questions de
théorie, de forme ou de priorité; car qui dit que, dans quelques siè-
cles, des populations barbares, chassées par cette force inconnue qui
fait rouler les nations comme les eaux de la mer, ne viendront pas
inonder notre vieille Europe; et, après avoir étouffé la voix de la
science sous les clameurs des camps et les cris des vaincus, ne don-
neront pas pour mission à des générations nouvelles, ne parlant pas
notre langue et n’ayant pas nos mœurs, de refaire cette science,
dont il ne restera plus même le souvenir.
TROISIÈME ÉPOQUE.
DU QUINZIÈME SIÈCLE À LA FIN DU SEIZIÈME.
Renaissance de la botanique d'observation. — Premières icono-
graphies. — Création des genres. — Botanique descriptive. —
Essais de méthode. — Sentiment de la méthode naturelle. —
Nomenclature réformée.
La science, chassée de Constantinople par la destruction de l’em-
pire byzantin, et d’Espagne par le triomphe des fils de Pélage sur les
Arabes de Grenade, se réfugia dans les cloîtres, qui abritèrent bien
TOME I, INTRODUCTION. — Livraison VVVY. VUVY
dccixi] INTRODUCTION.
des esprits élevés. Ils furent les véritables conservateurs des faibles
lumières de civilisation qui résistèrent au démembrement de l’ancien
monde par les Barbares, à qui il fallait du temps pour tirer une société
régulière de l’informe chaos produit par le mélange de la civilisation
dissolue de la Rome des Césars avec les coutumes hétérogènes de
peuplades rassemblées autant par le hasard que par la soif du butin.
Le seizième siècle fut pour l’Europe, qui avait jusqu'alors été oc-
cupée de s'organiser politiquement et avait épuisé ses forces en luttes
religieuses , une ère de rénovation : les découvertes géographiques
avaient stimulé les navigateurs, et donné aux esprits aventureux un
aliment à leur activité dévorante.
L'Espagne et le Portugal, sortis des langes du monachisme, se
révélent par une puissance d'initiative qui ne brilla qu’un instant. Mais
l'Italie, ce berceau de la civilisation antique, reprenant le sceptre
qu’elle avait déposé pendant tant de siècles, se plaçait au premier
rang parmi les nations civilisées. Les républiques italiennes étaient
éteintes, et, un gouvernement stable ayant succédé à ces luttes
fiévreuses, les princes se faisaient un mérite de faire oublier leur
usurpation, en accordant leur protection, et ce qui est plus pré-
cieux encore, une protection éclairée, aux hommes qui se livraient avec
amour à la culture des sciences ; elle ne se distingua pas d’abord par
ses travaux d'observation. Cependant Césalpin, né au centre de FI-
talie, est une des plus belles gloires et un des plus grands noms de
cette époque; mais on avait trop à faire pour s’élever d’un seul coup
à la hauteur des considérations philosophiques que nous trouverons
dans le dix-huitième siècle. C’est en Italie qu’on voit, pour la pre-
mière fois, des jardins botaniques, que sa position méridionale et
la douceur de son climat rendaient si propres à ces sortes de culture.
Sans abandonner la nomenclature, on s'occupe plus sérieusement
d'observation; les botanistes de cette époque, après avoir com-
pris les vices d’une nomenclature purement alphabétique , senti-
rent que le moment était venu d'apporter de la méthode dans la
classification des végétaux, et l’on commença à les grouper systé-
matiquemen£.
Ce fut l'ère des classifications. Une fois lancés dans cette voie, les
botanistes ne s’arrêtèrent plus. Tous ceux qui prétendaient au titre de
savant groupèrent les végétaux connus avec plus ou moins de
bonheur : car quoi de plus facile que de créer une méthode; on
INTRODUCTION. declxu}
mel devant ce qui était derrière, on brouille, on déplace, on change
quelques noms, et voilà une méthode nouvelle. Qu'il y a loin de ce
travail d’écolier à celui des hommes qui, comme Magnol, embras-
serent d’un seul coup d’œil l’ensemble du règne végétal, et y lu-
rent le plan suivi par la nature dans l’association des plantes ; les
Linné, les Jussieu, les De Candolle, ne sont pas de froids et orgueil-
leux compilateurs, mais des esprits indépendants qui ont ouvert
une voie que leur génie seul leur a indiquée, et dans laquelle nous
nous trainons plus ou moins péniblement, en attendant qu’il appa-
raisse au ciel de la science quelque astre nouveau qui nous apporte
la lumière.
Rendons toutefois justice au seizième siècle, et disons que les pre-
iiers essais de classification, ou plutôt d’association, n’eurent pas lieu
sur des bases artificielles, mais furent la suite d’un sentiment bien ca-
ractérisé des rapports naturels, encore obscurément sentis, mais sentis
pourtant, quand plus tard ils furent entièrement méconnus. C’est que
lhomme dont le sens n’est pas perverti par les préjugés voit plus
juste et plus droit que le savant qui apporte partout l’esprit de système
et des idées préconçues. Le cadi juge souvent les causes épineuses
avec plus de sagacité que le jurisconsulte qui a pàli sur les textes de la
loi; le paysan et l’enfant, qui n’ont que le sens droit que leur a donné la
sature, découvrent le plus souvent des affinités que le savant mécon-
nait ; c’est pourquoi il faut en botanique, comme dans toutes les scien-
ces d'observation, voir, beaucoup voir, se laisser quelquefois entrai-
ner par celte intuition qui est une véritable révélation et vaut mieux
que l’étiolement produit peu à peu par des observations minutieu-
ses faites sans relâche, la loupe à la main, et qui font trop souvent
perdre le sens des idées générales. Pour avoir des notions claires, il
faut voir de haut, embrasser d’un seul coup d’œil l’ensemble de la
science et ne pas s'appliquer en myope l’œil sur un détail, qui em-
pêche de voir tout ce qui est à côté.
Le seul progrès à signaler dans la voie de la philosophie, c'est l’in-
dépendance de l’esprit humain qui se réveillait après quinze siècles
de léthargie. Le joug que le sot respect inspiré par les anciens impo-
sait à l'intelligence, fut compris pour la première fois. Quand
l’homme sent une fois qu’il est esclave, il cherche à briser les chaines
qui chargent ses mains : car jusque-là il a vécu ignorant des dou-
ceurs de la liberté, et se fanatise même pour ses fers. Théophraste,
decixiv INTRODUCTION.
Dioscoride, Pline, voilà les trois génies antiques sur les autels de qui
l’encens brûlait depuis tant de siècles; on poussait la vénération et
l’aveuglement jusqu’à chercher , par une imitation servile, à appli-
quer aux plantes de notre Europe les noms inscrits dans leurs ouvra-
ges, comme si la Grèce eüt été le résumé du monde et le centre
où la nature avait réuni tout le règne végétal pour le disséminer
plus tard à la surface du globe.
Ce fut l'Allemagne qui la première eut la gloire d’arborer l’é-
tendard de la réformation botanique, et ceci se passait en 1531,
époque où le fameux moine de Wittemberg jetait les fondements d'une
bien autre réformation. L'Allemagne, studieuse avant d’avoir été
savante, et qui était plus loin de l'influence du Midi, inaugura sa
réforme par le livre d'Othon de Brunfels, chartreux d’abord, puis
maître d’école à Strasbourg (titre modeste qui cachait souvent de
grandes lumières ), et enfin médecin à Berne, où il mourut en 1534 :
c’est lui qu’on peut regarder comme le père et le régénérateur de la
science. Frappé de la confusion qui régnait dans la nomenclature
végétale, il publia, sous le titre de Contrafayt Kreüterbuch (Strassz-
burg, 1534), un traité des plantes d'Allemagne, qui est en partie une
compilation des travaux des auteurs anciens, auxquels il ajouta des ob-
servations personnelles et des figures fort bonnes et meilleures même
que bien des iconographies faites de notre temps. Il en existe, dans la
bibliothèque de M. Delessert, un exemplaire enluminé d’une manière à
la fois naïve et piquante. Brunfels a, chaque fois qu'il l’a pu, indi-
qué la synonymie. Ce n’est cependant pas le livre le plus ancien
dans lequel les végétaux soient figurés; il existe un ouvrage allemand
sous le titre de Puch der Natur (Livre de la Nature), imprimé à
Augsbourg en 1475 ou 147$, dont les figures sont fort grossières ;
en 4485, il parut une espèce de Matière médicale dont les figures ne
sont guère meilleures. En 1522, on imprima un livre en vers latins,
sur les propriétés des plantes, qui est attribué à Æmilius Macer. Othon
de Brunfels est donc le premier qui ait donné une bonne iconogra-
phie. Ses figures ont du mouvement, et quelques-unes, dont les carac-
tères sont à peine indiqués, sont néanmoins si bien dans le sentiment
de la plante, qu’on n’a aucune peine à les reconnaître.
Un an après, H. Braunschwig publia à Francfortun Distillierbuch
(Traité de la Distillation) dont les figures sont assez bonnes; en 1536,
il fut publié dans la même ville un herbier intitulé Herbarum ima-
INTRODUCTION. decixv
gines vivæ ; en 1537, à Venise, un Herbolario volgure, et en 1545,
à Paris, /e grant Herbier en francoys. Ces derniers ouvrages sont
très-médiocrement exécutés ; mais rien n’approche des figures que
Matthiole joignit à son commentaire de Dioscoride, qui parut pour la
première fois en 1561. C’est surtout l'édition de 1365 dont les figures
peuvent être regardées comme des chefs-d’œuvre.
La voie une fois ouverte, les botanistes de tous les pays publiè-
rent à l’envi des Herbiers; on revisa la non.enclature, on colligea des
matériaux pour des flores locales, et l’on s’occupa plus tard de clas-
sification.
Ce fut un trait de lumière que cette idée de reviser les végétaux qui
naissent spontanément dans chaque pays et sur tous les points de
l’Europe : on commença des pèlerinages scientifiques qui furent de
véritables inventaires desrichesses végétales. La France, l'Allemagne,
l'Italie, l'Espagne, les îles de la Grèce, la Suisse, l'Angleterre,
l'Égypte, la Syrie, les Indes occidentales et orientales sont visitées
par des hommes courageux, parmi lesquels je ne citerai que les noms
les plus célèbres : ce sont Fuchs, Belon, Brasavola, Dodoens, Mat-
thiole le savant commentateur de Dioscoride, Dalechamps, Fabius
Colonna, Zaluzianski, Tabernæmontanus, Lobel, Alpin, Lier
Pison, Margraff, Acosta, etc.
Les hommes les plus considérables de ce siècle sont : Conrad
Gessner, Charles de l’Écluse, plus connu sous le nom de Clusius,
André Césalpin et les deux Bauhin, Jean et Gaspard.
Le plus célèbre d’entre tous ces savants botanistes est Gessner,
né à Zurich en 1516, et mort de la peste en 1565; il ne se dis-
tingue pas seulement par ses nombreux écrits et ses iconographies,
qui sent les meilleures de cette époque, mais parce qu’il est réelle-
ment le père des genres en botanique : il enseigna le premier qu’il
y a des groupes de végétaux composés d’espèces qui se distinguent
par les caractères de la fleur et du fruit. Il n’alla pas plus loin; mais
c'était un progrès immense que d’avoir signalé cette grande loi vé-
gétale, qui fut la base de tous les progrès ultérieurs.
De l’Écluse, né à Arras en 1526, prit rang à la tête des botanistes
de son temps par sa profonde connaissance des espèces en botanique;
le premier, il fit succéder la précision et la méthode au système
de description incorrect et confus qui régnait à cette époque.
Voilà dans ce siècle deux hommes, savants tous deux, qui apportent
declxv) INTRODUCTION.
la lumière au milieu de l’obscurité qui régnait dans la science :
l’un découvre qu'il existe de petits groupes unis par des affinités
étroites : ce sont les genres, et l’autre, enseigne l’art de décrire,
science d'autant plus appréciable que, de nos jours même, tous les
savants ne brillent pas par cette lucidité qui a une autre source que
la simple connaissance de la glossologie scientifique. Pour bien dé-
crire, il faut voir plutôt de haut que de près, et ne pas s'attacher
aux dissemblances minutieuses; il faut saisir d’un seul coup d'œil
les caractères différentiels et les exposer dans le moins de mots pos-
sible. Linné, L. de Jussieu, voià des descripteurs modèles, et cela
parce qu’ils savaient beaucoup de choses : ils connaissaient les végé-
taux avec une telle précision, la sagacité de leur esprit était si grande,
ils avaient tant vu et si bien vu, qu’ils saisissaient sans peine le trait
caractéristique différentiel sans aucun effort de l’esprit. De l’Écluse
est donc le père de la description en botanique, et c'est un titre à la
reconnaissance de la postérité.
Nous pouvons signaler, comme un des descripteurs les plus lucides
et les plus concis, Persoon, qui appartient à la France par ses travaux,
et comprit mieux que qui que ce soit la véritable méthode descrip-
tive. Aussi son livre (le Synopsis plantarum), quoique déjà très-ancien
eu égard aux progrès de la science, est-il fort recherché. De nos
jours, les descriptions sont minutieuses sans nécessité el propres
seulement à causer la confusion. Je regarde l’art de décrire comme
une des plus précieuses connaissances que puissent posséder les
hommes qui s'occupent de science.
Comme à l’époque où la lumière apparaît et dissipe les ténèbres
elle se fait partout à la fois et éclaire tous les esprits, 1l ne pouvait
manquer au seizième siècle de compléter sa gloire en faisant suc-
céder, à la nomenclature insipide qu’on avait la prétention de dé-
corer du nom de méthode, une systématisation large et régulière.
Césalpin, né à Arezzo, en Toscane, en 1529, a le premier établi
une méthode dans laquelle il réunit les végétaux par leurs carac-
tères constants, sans avoir pour but äe respecter les associations
naturelles : il prit partout ses caractères, les uns bons, les autres
fagitifs et mauvais, et en fit un tout qui ne satisfit pas les esprits sérieux,
parce qu’il ne créa pas de genres et ne donna pas la synonymie
des espèces, ce qui était d'autant plus utile : à cette époque, que la
science était livrée à la plas déplorable confusion. Ce qui étonne le
INTRODUCTION. declx vi}
plus dans Césalpin, c’est qu’il n’avait pour faciliter ses études qu’un fai-
ble herbier de quinze cents végétaux, donc sept cents recueillis par
lui. Il ne faut pas en être surpris : les hommes supérieurs sont doués
d’une sorte de double vue qui leur fait pressentir ou deviner ce qu'ils
ne connaissent pas. Nous avons vu les philosophes grecs approcher
de la véritable explication de la nature des grands phénomènes de
l’organisation, quoiqu’ils fussent privés des lumières de l’observa-
tion. Leeuwenhoek fit ses admirables découvertes avec de simples
loupes montées qu’il fabriquait à la lampe ; Scheele ne posséda jamais
decesdispendieux appareils de précision, sinécessaires à notre époque,
pour faire de grandes découvertes en chimie. Les hommes de génie
n'ont pas besoin de ces auxiliaires; ils sont doués d’une puissance de
généralisation qui leur fait deviner ce qui est enfoui au sein des faits
épars : c'est ce en quoi ils diffèrent des analystes purs qui ne devinent
rien et tirent péniblement une toute petite conséquence d’un déluge de
faits; mais ne généralise pas qui veut. On peut néanmoins s’habituer
à la méthode synthétique ; et les véritables progrès de la science sont
surtout faits par les synthétistes, non pas absolus, mais hommes
de froide raison et sages adeptes de la philosophie positive.
Jean Bauhin, né à Bâle en 1541, ami de Fuchs et de Gessner,
publia une Æistoire générale des plantes, dans laquelle on trouve un
travail de synonymie encore utile à consulter. Son frère Gaspard,
néen 1561, a rendu plus de services à la science des végétaux, en
recueillant les matériaux d’un immense ouvrage qui lui coûta qua-
rante années d’un travail soutenu. Îl ne put mener à bonne fin que
le premier volume de cet ouvrage, et nous a laissé seulement, sous
le titre de Pinax theatri botanict, une liste d’environ 6,000 végé-
taux. Jusqu'à Linné il fut presque l’unique guide des botanistes.
Bauhin n’a pas donné de classification complète : c’est un essai d’as-
sociation par genres qui est rempli d'intérêt. On trouve dans cet ou-
vrage une synonymie judicieuse, qui commence à Tragus et finit à
son époque, et au-dessous de chaque espèce, une petite phrase ré-
digée avec soin. Si l’on compare ces travaux descriptifs avec ceux
de notre époque, on les trouve bien informes encore ; mais on revient
à une juste admiration, quand on songe que tout était à créer, et
qu’il n’y avait de modèle dans aucun genre.
Un des plus anciens botanistes de ce siècle est Tragus d’Hey-
desbach : plus érudit que savant, il n'eut d’autre mérite que d’avoir
decix vi] INTRODUCTION.
rapproché les végétaux par affinités de propriétés, car 11 confondit
les nomenclatures et contribua pour sa part à augmenter la confusion
existante. |
Dodoens publia une méthode dans laquelle les végétaux sont
groupés sur l’ensemble des caractères ; Zaluzianski perfectionnà cette
méthode et entrevit le sexe des plantes, à peine plus clairement que ne
l’avaient fait les anciens, ce qui ne fut pourtant compris que plus tard ;
car le sort des découvertes prématurées est d’être méconnues.
Lobel, médecin du prince d'Orange et botaniste de Jacques [*”,
mérite une mention particulière. Il publia , en 1581, un ouvrage
dans lequel on trouve pour Ja première fois quelques familles natu-
relles, telles que les Graminées, les Orchidées, les Labiées, les Om-
bellifères. Il a séparé les Monocotylédones des Dicotylédones avec
beaucoup de sagacité.
Aldrovande (de Bologne), compilateur laborieux, sil dix
volumes in-folio sur les sciences naturelles; mais il n’a ni ordre ni
méthode. Il en est même resté à la méthode aristotélicienne, de sorte
qu’il pe peut guère être considéré que comme un simple compi-
lateur.
Nous citerons encore, comme appartenant à ce siècle, Dalechamps,
Desmoulins, qui continue son œuvre, et Tabernæmontanus ; ce sont
des botanistes serviles et routiniers, qui n’ont rien produit de remar-
quable, pour un siècle surtout où la science sortait radieuse de son
tombeau et apparaissait avec une puissance qui en fait la gloire. Non-
seulement tout était à créer, mais encore il fallait secouer le joug de
sa siècles, qui pesaient plus lourdement sur l’intelligence que ne
l’eût pu faire l'ignorance la plus profonde.
Jl régna dans ce siècle une activité qui se répandit partout, et
dont l'Europe fut le théâtre et le point de départ. Nous citerons en
France le célèbre Olivier de Serres, qui introduisit chez nous, avec
la protection de Henri IV, la culture du Mürier et l’éducation des vers
à soie. Gomora nous apprit l'emploi de la Pomme de terre, que Ra-
leigh introduisit en Europe en 1585, et dont Clusius donna le premier
la figure. Ce fut ce même botaniste qui introduisit en Europe le
Marronnier d'Inde. Garcias publia à Goa, en 1563, une histoire des
plantes médicinales des Indes, et Acosta, qui publia un ouvrage
semblable, y joignit une bonne description de la Sensitive. Oviedo
et Monardès de Séville firent connaître la flore des Indes occiden-
INTRODUCTION. declxix
tales, et donnèrent la description du Tabac et du Haricot, qui étaient
inconnus des anciens.
QUATRIÈME ÉPOQUE.
DU DIX-SEPTIÈME AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE.
Naissance de l'anatomie et de la physiologie végétales. — Décou-
verte du microscope. — Sexualité des plantes confirmée. — Conti-
nuation des travaux de taxonomie.
Le siècle que nous venons de parcourir débute par une croisade
contre l'autorité despotique des anciens : en effet, il ne s’agissait pas
seulement d'élever un édifice, il fallait commencer par déblayer un
terrain encombré de ruines, dont les matériaux avaient été fournis
par les débris des monuments de l’antiquité, et les savants de cette
époque avaient dù commencer par faire l’inventaire des richesses ré-
pandues autour d’eux et les mettre en ordre avant de procéder à leur
observation. Une fois ce travail préparatoire terminé, on se livra à des
études sérieuses, et la science fut divisée en diverses branches, dont
chacune eut ses représentants. Bacon parut alors dans le monde scien-
tifique, qui s'était déjà affranchi d’une partie des liens qui le rete-
naient esclave, et après avoir secoué le joug des anciens, brisait comme
un dernier lien les entraves de la philosophie scolastique, science
bâtarde qui étouffait les intelligences les plus fécondes, sous de mi-
sérables arguties. La méthode expérimentale, ou & posteriort, fit son
entrée dans le monde par l’/rstauratio magna du philosophe anglais.
C’est une espèce de méthode d’induction tirée de faits bien observés,
avec la généralisation comme conséquence dernière. Bacon est pour
nous l’image de l’homme de génie : des théories hardies, un sol déblayé
de tous les préjugés qui l’encombrent ; mais, arrivé à la pratique, les
fruits de l’éducation reparaissent, les impressions de l’enfance, la
compression que la société a exercée sur une jeune imagination re-
prennent leur empire, l’autorité se montre victorieuse, et l’homme, à
son insu, entre dansla voie qu'il avait cru avoir quittée pour toujours.
Tel a été Bacon, dont les théories sont marquées au coin de la véritable
TOME 1, INTRODUCTION. — L/wraisOn XXXX. TELTC
dcclxx INTRODUCTION.
philosophie positive, et qui dans son application n'a pas été plus af-
franchi de préjugés et d’erreurs que ses devanciers. Malgré ses fautes,
Bacon est le créateur de la scienceexpérimentale, et la vraie philoso-
phie scientifique est son ouvrage.
Descartes, son contemporain, partit du doute pour arriver, par une
série de déductions, à la connaissance de la vérité; mais il ne fut pas
expérimentateur quoiqu'il fût mathématicien, ou peut-être parce qu'il
était mathématicien; de sorte qu’il ne fit que donner l'impulsion
aux esprits, sans que le cartésianisme ait fait faire le moindre progrès
aux sciences d'observation. Comme dans les sciences naturelles les
instruments d'observation sont les plus puissants auxiliaires, on
peut regarder, comme une des plus heureuses découvertes, celle de
Zacharie Jan et de Jean Lapprey, opticiens de Middelbourg, qui in-
ventèrent le microscope. Les grandes découvertes en anatomie et en
physiologie végétales datent surtout de cette époque, parce qu’on
ne peut rien distinguer de la contexture des tissus et de leurs élé-
ments sans avoir recours à un instrument d'amplification. Je répé-
terai néanmoins ce que j'ai dit; c’est qu’il ne suffit pas d’avoir un
microscope pour faire des découvertes, il faut avoir l’esprit obser-
vateur et la sagacité qui fait tirer parti de l’observation; combien de
nos jours avons-nous de personnes qui observent sans voir, et qui
accumulent les observations sans rien découvrir.
L’anatomie végétale fit dans ce siècle des progrès très-rapides, .et
dut au microscope tous ses succès. En 1661, Henshaw, membre de la
Société royale de Londres, découvrit les trachées à l’aide du micros-
cope perfectionné par Hook; mais les deux créateurs de l’anatomie
végétale sont Grew et Malpighi.
Le premier (né en Angleterre en 1628, et mort en 1691) publia,
en 1682, un traité de l’ Anatomie des plantes, et fit connaître la struc-
ture des tissus végétaux, dont la trame se compose de cellules, de
là le nom de /ssu cellulaire donné à ce tissu élémentaire et fonda-
mental. Il reconnut que cette masse celluleuse est parcourue par des
vaisseaux particuliers dans lesquels s’élaborent les sucs nécessaires à
l’entretien de la vie. Il confirma l’existence des trachées et découvrit
les pores corticaux.
Malpighi (né dans le Bolonais en 1628, et mort en 1694), un des
créateurs de l’anatomie végétale, fit des observations au moins aussi
précieuses que celles de Grew, pour les progrès de la science ; on ade
INTRODUCTION. declxx)}
lui des travaux très-exacts sur la germination. Ce qui empècha
ce savant observateur de faire faire à la science les progrès qu’on
aurait dù attendre de lui, c’est qu’il compara d’une manière trop ab-
solue les végétaux aux animaux, et chercha partout, à quelque prix
que ce füt, à établir des rapprochements trop souvent forcés. Sa
comparaison des trachées des plantes avec les organes du même
nom dans les msectes le conduisit à les regarder comme identiques
dans les deux règnes, et il en fit des appareils de respiration : ce
qui est inexact pour les végétaux, chez lesquels les fonctions de ces
organes ne sont pas absolument déterminées et sont peut-être mul-
tiples. Il est vrai que l'étude micrographique des trachées peut
donner lieu à une singulière confusion, car il est bien difficile de
dire en quoi diffère leur structure dans les deux règnes. L'abus
des rapprochements , quelque ingénieux qu'ils soient, est une
source d'erreurs. Aussi les doctrines anatomiques de Malpighi ont-
elles eu peu d'influence sur les progrès de l’anatomie et de la phy-
siologie botaniques. Il repoussa obstinément la doctrine de la fécon-
dation, et persista à regarder les appareils générateurs comme de sim-
ples organes excrétoires. Malgré ses immenses découvertes, Malpighi
est un exemple du danger de l'esprit systématique; cependant ses ou-
vrages méritent d’être consultés.
Leeuwenhoek (né à Delft en 1632, et mort en 1723) est un des ob-
servateurs les plus judicieux de cette époque : ileüt fait faire de grands
progrès à la science par ses découvertes précieuses, s’ilse fût donné la
peine de coordonner ses observations; mais il se borna à consigner
avec négligence tous les faits qu'il observait; aussi ne jouit-il.pasde la
gloire d’avoir découvert les Monocotylédones, bien qu'il eût reconnu
que, dans ces végétaux, les faisceaux fibro-vasculaires sont épars dans
une masse de tissu cellulaire, tandis que dans d’autres, supérieurs
sous le rapport de la structure, les vaisseaux sont disposés concen-
triquement : c'était bien avoir découvert la caractéristique des Dico-
tylédones.
C'est dans ses Lettres à la Société royale de Londres que sont
consignées ses nombreuses observations. |
Le célèbre Claude Perrault, ce naïf auteur des contes qui amusent
notre enfance, était un savant laborieux qui confirma par des ob-
servations personnelles l'existence de la séve ascendante. Il s’égara
seulement en cherchant à prouver que les plantes ont, comme les
dccixxi} INTRODUCTION.
animaux, des artères et des veines garnies de valvules. C’est une
suite de l’abus des comparaisons absolues entre les animaux et les
végétaux.
Dodart, médecin de Louis XIV (né à Paris en 1634, et mort en 1707),
chercha sans succès à découvrir la cause pour laquelle il y a dans le
végétal deux systèmes : un ascendant ou tigellaire, et un descendant
ou radiculaire. Ce fut le même savant qui essaya de faire connaître
par l’incinération la composition élémentaire des végétaux : il n’en
tira rien de satisfaisant, ce qui ne découragea pas les botanistes-chi-
mistes, bien que le célèbre Mariotte leur eût clairement prouvé que
la méthode d’incinération était impuissante à faire connaître la com-
position textulaire des plantes.
Ce savant laborieux est l’auteur de la préface des Mémoires pour
servir à l'histoire des plantes, publiés par l’Académie des sciences
en 1676. Il combattit les opinions de Perrault sur la circulation de
la séve, et contribua à en faire disparaître les idées erronées.
Van Helmont, à qui ses découvertes en chimie ont assuré un nom
dans l’histoire de cette science, chercha à prouver expérimentalement
que les végétaux vivent d’air et d’eau seulement, c’est-à-dire qu'ils
décomposent l’eau et l'acide carbonique pour en extraire le carbone
et l’hydrogène. Woodward, plus géologue que botaniste, répéta ces
expériences, et arriva à des résultats identiques, sans avoir rien ajouté
aux découvertes antérieures. 1
La découverte du sexe des plantes appartient à ce siècle, bien
qu'il ait été entrevu par Zaluzianski, dans le cours du siècle précé-
dent. C’est aux Anglais que revient l’honneur d’avoir les premiers
nettement formulé la théorie des sexes : déjà Millington, professeur
à Oxford, l'avait signalée; Grew avait soutenu l’importance des an-
thères comme organes fécondateurs; Bobart l’avait mise hors de
doute par ses expériences curieuses sur le Lychnis dioica; mais ce
fut Ray, un des plus célèbres botanistes du dix-septième siècle (né
dans le comté d’Essex en 1628, et mort en 1704), qui contribua plu-
tôt par l’appui de son nom qui faisait autorité dans la science, que par
des expériences nouvelles, à faire admettre la réalité de la sexualité
des plantes.
En 1674, Jacob Camérarius, professeur à Tubingue, consigua
celte découverte dans une thèse qui fit grand bruit, car elle renversait
les idées qu’on s'était faites sur le mode de reproduction des plantes.
INTRODUCTION. dccixxi}
L'existence d'organes sexuels dans les végétaux était une révélation
qui portait une rude atteinte aux opinions des philosophes; elle prou-
vait qu'il existe un lien entre tous les anneaux de cette chaîne im-
mense qu'on appelle la nature vivante. Camérarius eut beau dé-
montrer, par des expériences sur le Chanvre, la Mercuriale et le Maïs,
que les graines avortent quand on a empêché l’action des étamines
sur le pistil, on n’en combattit pas moins une découverte qui était
en désaccord avec certains préjugés établis, plus respectés que la
vérité, et Tournefort lui-même, l'illustration du dix-septième siècle,
la repoussa de toute sa puissance. Pourtant, quelques années après la
publication du travail de Camérarius, le Sicilien Boccone apporta de
nouvelles preuves en faveur de la sexualité des plantes, par ses expé-
riences sur la fécondation du Palmier.
Aux études de physiologie se joignirent celles de taxonomie , et
le dix-septième siècle fut sous ce rapport le digne continuateur du
siècle précédent.
Un homme dont le nom est complétement inconnu, et qui se dis-
tingue néanmoins par des connaissances nettes et précises, est J. Jung,
né à Lubeck, et professeur à Helmstadt. Il mourut en 1729,
et laissa comme œuvre posthume un ouvrage fort remarquable
portant pour titre /sagoge phytoscopia, dont l'impression n'eut lieu
que cinquante années après sa mort; il eût eu une grande for-
tune, si son auteur eût vécu sur un plus grand théâtre, et à une
époque où la science était plus en honneur. On peut dire que les
travaux de ce botaniste furent d’un immense secours à Linné, et
lui fournirent de précieuses lumières sur différents points de la
science. Îl étudia avec attention les divers organes des végétaux,
entre autres, ceux de la fécondation, et il déclara qu'il serait impos-
sible de perfectionner la botanique tant qu’on négligerait de dé-
terminer les espèces et d'établir les genres, les ordres et les classes
sur des caractères invariables. Il étudia la diagnose et la termino-
logie, et essaya de réduire en axiomes les principes de la bota-
nique.
Morison publia une Histoire des plantes, dans laquelle il décrivit
trois mille cinq cents espèces de végétaux groupés par affinités. Ce
fut cet auteur qui donna la première monographie; il choisit les
Ombellifères pour sujet de ses études.
Jean Ray essaya, lui aussi, un des plus savants naturalistes de
declxxiv INTRODUCTION.
son siècle, de grouper systématiquement les végétaux; mais 1l le
fit d’après les idées de son temps, qui consistaient à séparer les vé-
gétaux herbacés des végétaux ligneux ; cependant il reconnut qu'il
n’y avait de classification végétale possible qu’en faisant concourir
tous les caractères à la formation des groupes; en un mot, il avait
le sentiment des associations par affinités naturelles.
Pierre Magnol , notre compatriote, développa avec sagacité, dans
son Prodrome d’une histoire générale des plantes, les principes
sur lesquels doit être établie une méthode naturelle; il comprit qu’il
existe dans les végétaux des affinités qui se sentent mieux qu’elles
ne s'expriment, et il posa réellement la base des principes qui ser-
virent plus tard à établir la méthode naturelle; mais, dans l’apph-
cation, il ne fut pas fidèle à ses idées, et publia longtemps après
un système essentiellement artificiel.
Un professeur de Leipsick, Rivinus, fut le seul botaniste de son
siècle qui laissa ensemble les végétaux ligneux et herbacés, innova-
tion hardie à une époque où l’on ne comprenait pas que ces deux
ordres de plantes pussent être rapprochés, quand il y avait entre
eux une différence si profonde. Au lieu de chercher à réunir les
végétaux par ressemblance, il créa une méthode artificielle, qui se
distingue surtout par son extrême simplicité et qui eut beaucoup
de succès, surtout en Allemagne. Elle en aurait encore eu davantage,
si les travaux systématiques de Tournefort n’eussent complétement
fait oublier les siens.
Pitton de Tournefort (né à Aix en 1656 et mort à Paris en 1709)
est un des botanistes dont la réputation peut être comparée à celle
de Linné et de Jussieu. La forme attrayante de ses ouvrages, la
clarté de ses démonstrations, lui valurent une célébrité qu’éclipsè-
rent à peine les plus hautes réputations du dix-huitième siècle. Il
commença une grande réforme, qui ne porta de fruits que dans le
siècle suivant. Il sut habilement profiter de tout ce qui avait été
créé de sérieux, depuis la renaissance de la botanique, et il per-
fectionna l’art de décrire les végétaux, en distinguant avec sagacité
les variétés des espèces. Il reprit les idées de Gessner, oubliées par
ses contemporains, en empruntant à tous les caractères de la
végétation la caractéristique des genres, quand ces groupes ne
pouvaient être déterminés par la similitude des organes de la repro-
duction. Il sut donc tirer parti de ce puissant auxiliaire, si difficile à
INTRODUCTION. decixx v
manier, et qui n’a pu être employé que par un botaniste consommé :
car il faut pour cela un sentiment profond des formes, afin d’en pou-
voir tirer un parti convenable. En l’exagérant, on se jette dans les
plus étranges écarts; tandis qu’en l’appliquant à la manière large et
savante de L. de Jussieu, on en tire une vive lumière. Adanson
avait appliqué ce principe avec sécheresse, et Linné s’en était dé-
claré l'adversaire, quoiqu'il en fit usage à son insu.
Le grand mérite de Tournefort est d’avoir établi par abstraction
les caractères génériques; cependant ses descriptions ne sont pas
à l'abri de la critique; et sans les figures d’une exactitude par-
faite qu’il joignit à ses descriptions, elles eussent souvent été in-
complètes. Ce n’est pas, au reste, la faute de Tournefort : la glos-
sologie n'existait pas, et il fut obligé de se servir de la langue
imparfaite de son temps pour décrire des caractères jusqu’alors
indéterminés.
On peut regarder ce botaniste comme un des savants qui ont fait
faire à la phytologie ses progrès les plus sérieux ; car il la prit au point
où elle était à l’époque où il commença ses travaux scientifiques, et,
mettant à profit tout ce qui était acquis pour la science, il recula
les limites de l’inconnu, et fut véritablement créateur.
Après la gloire d’avoir établi les genres d’une manière plus précise,
Tournefort eut celle d’avoir créé une méthode artificielle, fondée
sur la forme et les différentes modifications de la corolle. Cependant,
ce qui doit étonner dans un esprit si supérieur, c’est qu’il conserva
la division des végétaux en herbacés et ligneux. Si l’on en excepte
quelques envieux, parmi lesquels il faut compter Sébastien Vaillant,
un de ses élèves et de ses adversaires les plus passionnés, sa mé-
thode fut accueillie avec un enthousiasme qui dura jusqu’à l’époque
où le séduisant système de Linné la fit oublier.
Il établit dans les caractères, par un moyen qui ést de la plus in-
génieuse simplicité, la subordination des groupes les uns aux
autres.
Si la méthode de Tournefort n’est pas complétement irréprocha-
ble, on ne peut nier qu’elle fut d’un immense secours pour l’étude; et
ce qui en fit la fortune, c’est qu’elle établit en même temps de larges
associations, qui faisaient de cet ingénieux artifice un système et
une méthode. On se rappellera qu’au commencement de ce livre
j'ai appelé l'attention sur lindivisibilité de certains grands groupes
decixxv] INTRODUCTION.
qui se rencontrent aussi bien dans les méthodes que dans les sys-
tèmes. C'est ce qui se retrouve à un haut degré chez Tournefort.
Il avait beaucoup voyagé daus sa jeunesse, et, vers la fin de sa
courte carrière, il visita le Levant et les îles de Archipel par or-
dre du roi (de 1700 à 1702), et il professa la botanique au jardin
des Plantes, où l'avait fait venir le célèbre Fagon, médecin du grand
rol.
Son ouvrage capital, celui qu’on recherche même encore et qu’on
lit avec plaisir, porte pour titre : /asttutiones ret herbariæ ; 1 fut
publié en 1694, et dut à Aubriet les admirables figures qui viennent
si utilement au secours du texte.
On a le droit d’être étonné que le système de Rivinus, qui est d’un
usage si commode, n’ait pas balancé la réputation du système de
Tournefort, car il lui est supérieur par le point de vue qui l’empêche
de séparer les végétaux ligneux des végétaux herbacés; néanmoins,
jusqu’en 1740, l'Académie suivit dans ses Mémoires le système de
Tournefort.
Dans le cours de ce siècle, la botanique s’enrichit des découvertes
faites par les voyageurs : Hermann décrivit les plantes du cap de
Bonne-Espérance et de Ceylan, Kæmpfer réunit dans son grand ou-
vrage, intitulé Æmænitates exoticæ, le résultat des observations qu’il
avait faites au Japon et en Asie, Shérard visita la Grèce et l'Asie
Mineure, Banister parcourut l'Amérique, Van Rheede décrivit les
plantes des Moluques et celles du Malabar, Rumph celles d’Amboine,
et Plumier fit connaître les végétaux des Antilles, Sloane parcourut
la Jamaïque et en rapporta une nombreuse collection de plantes.
On vit paraitre des Flores tant générales que particulières : Barre-
lier publia une Flore de l’Europe méridionale, et Læsel, le premier
qui ait employé le nom de Ælore, publia une Flore de Prusse.
Les jardins botaniques, ces puissants auxiliaires de la science,
étaient nombreux en Italie et en Hollande. Montpellier avait eu le
sien, et ce fut au célèbre Guy la Brosse que nous dûmes la création
du Jardin des Plantes, appelé d’abord le Jardin des Apothicaires. I lui
fallut huit années d’instance et la protection de Richelieu pour ob-
tenir un emplacement et les fonds nécessaires à cette création.
Il fut aussi créé quelques jardins botaniques en Allemagne, en
Espagne et en Portugal.
iNTRODUCTION. declxxvi)
CINQUIÈME ÉPOQUE.
DU DIX-HUITIÈME SIÈCLE JUSQU'EN 1789.
Développement de la science dans toutes ses parties. — Progrès
de la physiologie. — Création du système sexuel de Linné et de
la méthode naturelle de Laurent de Jussieu. — Spécialistes.
Progrès de l'analyse et de la synthèse philosophique.
Le dix-huitième siècle, si remarquable, en France surtout, par cette
exubérance d'activité qui lui a imprimé un caractère indélébile, ne
put manquer d'exercer une puissante influence sur la botanique,
comme il avait fait sur l’ensemble des connnaissances humaines. Les
savants de cette époque revisèrent tout et firent, au point de
vue du scepticisme rationnel, Pinventaire des connaissances que leur
‘avaient léguées les siècles préceabtes En faisant abstraction du
point de vue de cette époque, dont l'Encyclopédie de Dalembert et
de Diderot donna le signal, on ne peut nier qu’il ne soit un des pius
célèbres depuis le moment où la science, sortant de son obscurité,
brilla de nouveau comme un phare destiné à servir de guide aux
esprits animés de l’ardeur de l’étude, et qui abandonnaïient le ter-
rain de l’'« priori pour celui des études plus positives de l’a poste-
riori. On s’était si longtemps jeté dans les abstractions, et les théo-
ries a avaient si bien étouffé les études sérieuses, qu'il
fallait une réaction puissante pour s’arracher à ces préoccupations
mystiques. Le respect des anciens avait entravé les progrès de la
science dès ses premiers pas, et la philosophie scolastique, théorie her
maphrodite qui enchaïnait les meilleurs esprits, était venue ensuite im-
poser un joug pesant à l’esprit humain ; il craignait de soulever d’une
main indiscrète le voile qui cache à tous les yeux les mystères de la
nature ; il semblait que, placés sous la sauvegarde de la religion, il
fallait chercher dans les Livres saints, à l'exclusion de l'étude et de
l'expérience, la sanction des découvertes qu’amenait l’observation, et
ne pas hasarder une vérité si elle n’avait pas été formulée dans les
livres de la Loi; en un mot, la science était subordonnée à la foi. Les
esprits impatients du joug allèrent au delà de ce que la science po-
sitive aurait pu se permettre. Elle détruisit d’une main ce qui lai
TOME 1, INTRODUCTION. — {70ras0n YYYY. YYYY
decixxvi] INTRODUCTION .
paraissait être l'héritage de siècles de ténèbres et d'erreurs, et de
l’autre, elle éleva un monument où l'erreur coudoyait la vérité. Ces
hommes de doute se prirent à affirmer dela plus étrange sorte, et,
quoique connus sous le nom d’esprits forts, il eurent la faiblesse de
créer une théorie positive qui était l’antipode des affirmations de
leurs adversaires, sans être plus vraie pour cela.
Il ne faut pas s'étonner de trouver dans ce siècle deux ten-
dances opposées : Linné, Bernard et L. de Jussieu représentèrent la
science dans ses rapports avec les idées religieuses ; Lamarck, le po-
sitivisme le plus absolu. On ne s’aperçut pas, de part et d’autre,
qu’on faisait de la science «a priori, et qu'abstraire, comme l’a trop
souvent fait Lamarck, sans s'appuyer sur des faits, et en faisant appel à
une intuition qui est elle-même une création de l’esprit, le résultat d’un
sentiment ou d’une théorie, c’est rester dans le système que l’on s’ef-
force de combattre chez ses adversaires. La science n’est ni l’affr-
mation nila négation absolues : elle ne doit que modérément se livrer
à l’abstraction et comme simple moyen de méthode; aussi l’abstrac-
tion ne doit-elle être qu’une généralisation d’un ordre supérieur. La
science, telle que je la comprends, ne peut être d’abord que l’observa-
tion sérieuse, attentive, patiemment renouvelée, épurée par la criti-
que, vérifiée sous toutes les formes, pour éviter les illusions des sens ;
c’est là l’analyse, ce précieux instrument au perfectionnement duquel
concourent tant d’habiles ouvriers; puis vient la science générale,
noble, digne, laissant à la foi son domaine, ei se bornant à établir,
sur des considérations générales, des théories qui conStituent, avee
la synthèse scientifique, une méthode d'étude qui contribue à l’a-
grandissement rationnel des connaissances humaines, fondé sur le
doute philosophique, aussi loin du pyrrhonisme que de la crédulité.
La physiologie végétale, qui devait ses premières découvertes aux
travaux micrographiques de Grew, de Malpighi et de Leeuwenhoek,
avait encore de grands progrès à accomplir pour éclairer certains
points de l'existence du végétal. Les expériences de Woodward, qui
répondent à la fois aux deux siècles, sont encore aujourd’hui di-
gnes d’être lues; elles constituent le point de départ des principes
de statique des êtres organisés et démontrent l'échange permanent
qui s'effectue entre la nature vivante et la nature inorganique.
Woolff reconnut que le tissu fibro-vasculaire est composé de cel-
lules; il confirma le double mouvement ascendant et descendant de
INTRODUCTION. decixxix
la séve, et crut avoir constaté que les trachées contiennent de l'air
et sont des organes exclusivement respiratoires, ce qui est encore
révoqué en doute.
Hales, le savant physiologiste anglais, publia sa S/atique des vége-
taux, qui lui valut une juste réputation, par la précision de ses
expériences sur la nutrition des plantes, sur les phénomènes de la
transpiration et de l’exhalation, et sur l’ascension de la séve. Hales
est un modèle de sagacité expérimentale ; c’est pourquoi ses travaux
ont toujours été fort estimés, et de nos jours encore on le cite avec
éloge.
On avait cru, en dehors de toute expérience, que la séve montait
par la moelle et par l’écorce. Le célèbre La Baisse, dont le vérita-
ble nom est Serrabat, démontra que l’ascension du fluide séveux
a lieu par le ligneux, et cette vérité physiologique fut désormais ac-
quise pour la science. Duhamel répéta, en les confirmant, les expé-
riences de La Baisse, et Guettard, celles de Hales : il y ajouta la con-
naissance d’un fait d’un haut intérêt : l'influence de la lumière sur
la prodaction du phénomène de la transpiration. Il fit des travaux
d’une grande importance sur les organes d’excrétion.
Sennebier étudia le même sujet et l’enrichit de nombreuses et sa-
vantes expériences. Vers la fin du siècle, Priestley découvrit que
les parties vertes des végétaux versent dans l’atmosphère du gaz
oxygène sous l’influence de la lumière solaire.
ur on a d’excellents travaux de phyllographie, étu-
dia avec beaucoup de sagacité la marche de la séve dans le tissu des
feuilles : en effet, nul organe plus que les feuilles ne mérite de
fixer l'attention : il y a dans l’apparition périodique de cet appareil
de respiration, dans ce poumon extérieur qui se développe comme
les branchies du Triton, avant que le poumon ne soit formé, une
sorte de mystère qui frappe vivement les naturalistes. Le célèbre
philosophe de Genève, Bonnet, fit de nombreuses expériences sur
l’exhalaison des feuilles et sur leur mode d'absorption, et déter-
mina leur rôle d’une manière satisfaisante. M. Th. de Saussure mul-
tiplia les observations sur l’usage de l’épiderme foliacé et de celui
des pétales : il enrichit la science d’un fait du plus haut intérêt et
entièrement inconnu avant lui : c’est que l’exhalation a lieu par
des organes, bien connus aujourd’hui, mais cependant dont l’étude
laisse beaucoup encore à désirer; ce sont les stomates.
decixxx INTRODUCTION.
Van Marum étudia le mouvement des fluides dans les végétaux et
le compara à la circulation dans les animaux; comparaison for-
cée, qui a plus nui qu’elle n’a profité au progrès de la science, car,
s’il y à similitude, il n’y a pas identité. Ce sont deux phénomènes
parailèles et non semblables. Il fallut de nombreuses expériences et
de longues études pour abandonner cette voie, qui était si contraire
aux progrès de la’science. |
Corti observa la circulation dans les végétaux aquatiques.
L’anatomie cryptogamique trouva un savant interprète dans
Hedwig, qui s’est spécialement livré à la muscologie et ne s’est pas
occupé des phanérogames.
Kôlreuter fit des expériences aussi nombreuses que savantes sur
l’hybridité dans les végétaux et constata la réalité de la théorie des
croisements, qui explique aujourd’hui bien des phénomènes inconnus,
et a depuis servi de base à des applications aussi intéressantes que
lucratives de la part des horticulteurs.
Le pollen, dont le rôle avait été si longtemps méconnu dans la
fécondation, fut pour la première fois observé avec attention par
Gleichen et Ludwig.
La taxonomie occupa ce siècle d’une manière d’autant plus re-
marquable qu’il vit naître en même temps le meilleur système et
la première méthode naturelle; mais il ne faut pas croire que les
travaux de Linné et ceux, plus admirables encore, de Bernard de
Jussieu soient des émanations spontanées de cette époque : ils ne sont
que la conséquence dernière des idées qui circulaient depuis plus d’un
siècle dans le monde savant ; on pourrait même suivre pas à pas les
progrès des deux méthodes. Le système perfectionna successivement les
moyens artificiels et n’eut qu’un seul but : conduire à la connaissance
du nom d’un végétal sans se préoccuper des affinités. Camérarius et
Burckhardt avaient tous deux eu l’idée de fonder une méthode dont
la base serait exclusivement prise dans les organes de la génération.
Le premier avait établi trois classes fondamentales sur l’union ou la
séparation des sexes. Le second, au contraire, avait pensé que le nom-
bre et les rapports de longueur des étamines pourraient être employés
avec succès pour former des coupes, et il avait même déjà indiqué
certaines classes que Linné établit plus tard; mais Linné ne connais-
sait pas les travaux de Burckhardt; de sorte qu'il a la gloire d’être le
créateur du système sexuel. Vaillant, le détracteur de Tournefort,
INTRODUCTION. decixxx]
avait posé la base des principes fondamentaux qui servent à classer
les Composées.
La méthode naturelle, au contraire plus philosophique, plus savante,
chercha pour ainsi dire à surprendre le secret de la nature et à
réunir les végétaux, disséminés comme au hasard à la surface du
globe, en groupes similaires s’enchaïnant les uns aux autres dans
l’ordre de leurs transformations succéssives. Que de lumières devaient
jaillir de la méthode naturelle, la première de toutes, parce que les
affinités frappent vivement les esprits qui n’ont pas été séduits par
les idées théoriques !
Le premier taxologiste dans l’ordre des temps, celui dont la réputation
survivra à la ruine même de son système, est le célèbre Linné (né en
1707, en Suède, et mort en 1778), homme étonnant par la profon-
deur de ses aperçus et par la poésie de ses conceptions. On trouve
parmi les savants peu de botanistes qui aient su distinguer avec plus de
bonheur et de sagacité le trait, le caractère saillant d’un végétal : il
sentait plutôt qu’il ne voyait; on remarque en lui une puissance de
perception presque surhumaine ; aussi son Genera et son Species sont-
ils de véritables chefs-d’œuvre d'analyse. La Philosophie botanique,
qu’on n’étudie plus, est cependant encore le livre dont la lecture at-
tentive et la méditation produisent les meilleurs fruits. Je puis dire
sans fanatisme, mais avec une conviction profonde, née de mon ex-
périence personnelle, qu’on apprend plus, en lisant ce code de la bo-
tanique, que par l’étude de la longue série des ouvrages didactiques
qui constituent léflittérature de la science. Linné et L. de Jussieu se-
ront, éternellement peut-être, les deux grands législateurs aux idées
desquels on sera forcé de revenir. En un mot, ce sont les vrais clas-
siques dont l'étude sera toujours profitable.
Le succès de Linné fut d'autant plus grand, que depuis Rivinus et
Tournefort il n'avait plus rien paru de satisfaisant. Le célèbre Boer-
haave, ce prince des médecins, avait vainement essayé de créer une
méthode artificielle; en 1716, Knaut, et en 1718 Ruppius, avaient
réformé sans succès la méthode de Rivinus, et Pontedera avait, deux
années après, plutôt gàté que perfectionné la méthode de Tournefort.
L'homme qui avait toutes les qualités éminentes nécessaires pour in-
augurer une réforme fut le fils d'un pauvre paysan suédois. Il porta
une main hardie sur toutes les classifications des êtres organisés et des
corps inorganiques. Mais ses travaux les plus importants, et ceux qui
decixxxi} INTRODUCTION.
sont marqués au cachet du génie, sontses écrits botaniques. On avait
bien avant lui distingué les étamines, tant par le nombre que par la
position, leur liberté et leurs rapports réciproques; mais ces faits
avaient été observés isolément, et Linné seul leur donna de la vie en
réunissant ces principes épars et les condensant en un corps de doc-
trine qui apparut comme un jet de lumière au milieu des ténèbres de
la science. On se trouva tout à coup guidé par une méthode séduisante,
qui n’avait rien de l’aridité des méthodes antérieures, et dispensait,
pour ainsi dire, d’études préalables : la magie du style de Linné
avait ajouté au charme de son enseignement. Les analystes secs lui
ont reproché sa trop grande propension à généraliser, et ils ne songent
pas, en lui faisant ce reproche, que c’est à ce même esprit de généralisa-
tion qu’il dut tous ses succès : telles sont ses études poétiques sur le
sommeil des plantes, sur leurs noces, sur la dissémination des grai-
nes. Ce fut donc à Linné qu’on dut la vulgarisation des faits décou-
verts bien avant lui, et qui avaient passé inaperças parce qu'ils
avaient eu pour interprètes des hommes savants sans doute, mais qui
croyaient, et c’est encore le travers de notre temps, que la science
n’a pas besoin des charmes du style. Otez le style à Buffon, à Cuvier,
et que restera-t-il, au premier surtout? Lacépède, qui eut trop
d’afféterie dans la forme, et partagea ce défaut avec l’époque préten-
tieuse à laquelle il écrivait, sut cependant jeter des fleurs sur la science
ichthyologique, si aride de sa nature. On n’a qu’à comparer les tra-
vaux de Mauduyt avec les ouvrages de Schœnherr et des entomolo-
gistes modernes, et l’on verra que la science n’a fait de progrès que
quand elle s’est appuyée sur la forme littéraire.
Il ne faut pas croire toutefois qu’il négligeàt la partie des-
criplive de la science, car personne ne sut mieux que lui tracer la
diagnose en termes clairs et précis. Sa supériorité est si incontestée,
qu'on a donné le nom de phrases linnéennes aux phrases courtes
dont il se servait pour ses descriptions.
On lui doit encore une autre réforme : c’est l’introduction d’un seul
nom spécifique, après le nom du genre, pour remplacer les longues
descriptions employées par ses prédécesseurs. C’est ainsi qu’il put,
avec deux mille noms de genre et deux mille noms spécifiques, dé-
crire trente mille végétaux.
Linné eut cependant des détracteurs dans le monde scientifique,
qui a malheureusement aussi ses Zoïles. Parmi les plus’ célèbres, et
INTRODUCTION. decixxxii}
ceux qui n'avaient cependant aucune compétition à craindre, il faut
citer Buffon, qui avait compris la science en littérateur et non en
naturaliste ; Adanson, bizarre systématique, rempli de respect pour
sa propre personnalité, fut un de ses adversaires. Il y faut encore
ajouter Haller (Methodica enumeratio stirpium Helvetiæ indisena-
rum, 1742), qui attaqua avec aigreur le système sexuel, et essaya
une méthode qui n’eut aucun succès.
Adanson (né en 1727 et mort en 1806), qui avait le sens des affi-
nités naturelles, et s'était élevé contre les méthodes artificielles,
publia ses Familles des Plantes (Paris, 1763), œuvre hautement
philosophique, mais dans laquelle l'esprit de système a une trop
large part : aussi ne reçut-elle pas l’accueil qu’elle méritait; cepen-
dant il a le mérite d’avoir déterminé avec un véritable bonheur
certains groupes encore vagues, et qui depuis n’ont jamais été dé-
placés. Sa méthode indique une connaissance profonde des grandes
lois de l’évolution végétale ; mais elle n’est pas supérieure à celle de
Linné. L’illustre Suédois avait compris que la méthode naturelle
est le dernier but de la science botanique , et il avait modestement
présenté comme un essai sa systématisation naturelle, qui n’est pas
au-dessous de ce qui a été fait de son temps.
Je ne sais trop pourquoi on a cherché à disputer à Adanson la
gloire d’avoir seul créé la méthode à laquelle il a attaché son nom,
et l’on s’est efforcé de démontrer qu’il n’avait pu avoir la conscience
des affinités naturelles que par suite de ses rapports avec Bernard
de Jussieu. C’est une sorte de revendication injuste à la possession
exclusive du secret de la méthode naturelle, qui trouva plus tard
des défenseurs intéressés. Je ne puis que répéter que la méthode
naturelle existait en germe dans tous les esprits, et qu’il n’est pas
étonnant que deux hommes également savants aient réalisé une
pensée qui ne constituait pas une propriété exclusive. Il y avait près
de trois siècles qu’on voyait apparaître, dans les méthodes les plus
arüficielles, tantôt un groupe, tantôt un autre, et le travail était en
partie élaboré, aussi bien sous le rapport des détails que de l’en-
semble, quand parurent Bernard de Jussieu et Adanson.
La priorité ou même la contemporanéité des travaux de Bernard
de Jussieu est néanmoins incontestable. Quand même, la méthode
qu’il appliqua sans prétention à l’arrangement des plantes du jardin
de Trianon, n’est que l'application des principes de la méthode natu-
declxxxiv INTRODUCTION:
relle répandus partout, ce qui ne lui enlève pas Île mérite d’être
le créateur de la méthode naturelle. Ce fut sur ces données que
Laurent de Jussieu publia en 1789 son immortel Genera Planta-
rum, un des plus admirables tableaux de la méthode naturelle,
enrichi d’une introduction plus précieuse encore que le texte, dans
laquelle 1l expose les véritables principes de la science. On doit
dire que les deux grands principes de Jussieu, la cotylédonie et l’in-
sertion des organes générateurs , étaient bien antérieurs à lui : Van
Royen s’en était servi dans son Catalogue des plantes de Leyde
(Floræ Leydensis Prodromus), en 1740, et Gleditsch avait, dix
années avant Bernard de Jussieu, pris l'insertion des étamines pour
base de sa classification.
Lamarck, aussi grand comme naturaliste et philosophe que les
hommes les plus célèbres de son temps, fut l’auteur de la première
Flore française à laquelle on ait appliqué une méthode destinée à faire
connaître le nom des plantes par une méthode plus simple et moins
spécieuse que le système sexuel, qui comporte de nombreuses excep-
tions : c’est la méthode dichotomique, dont j'ai donné un paradigme
destiné à la bien faire comprendre. Lestiboudois l’appliqua plus tard
dans sa Æore Belgique (1781).
Ludwig, dont les ouvrages sont à peine connus aujourd’hui, con-
tribua puissamment cependant aux progrès de la botanique, et l'on
peut comparer à la Philosophie botanique de Linné ses /nstitutiones
historiæ physicæ regni vegetabilis.
Un de nos plus grands littérateurs , J. J. Rousseau, a écrit sur la
botanique quelques lettres qui sont un modèle de style, et qui ont
contribué à faire étudier cette science par les gens du monde; mais
onne peut le regarder comme un botaniste : c’est un simple amateur
dont tous les avantages viennent de la magie de son style.
Gærtner acquit une réputation méritée, non pas par son système,
qui est d’une application impossible, mais par son Traité de carpo-
logie, publié en 1789, et dans lequel il étudia, décrivit et figura Ja
structure de la graine et du fruit.
La botanique descriptive eut pour représentants Lamarck et Jac-
quin, Lhéritier, Willdenow, Cavanilles, Duchesne, etc., qui publiè-
rent des recueils dans lesquels les descriptions sont d’une grande
exactitude; Micheli, Dillwin, Hedwig, Gmelin, Bulliard, étudièrent
les Cryptogames.
INTRODUCTION. declxxx v
Pendant ce siècle, il fut publié de nombreuses flores : Pontedera
décrivit les plantes d'Italie; Gleditsch, celles des environs de Leip-
sick; OEder, celles de Danemark; Jacquin, d'Autriche; Allioni,
du Piémont; Smith, d'Angleterre ; Lamarck et De Candolle publiè-
rent la flore française, la meilleure qui ait été faite jusqu’à ce jour;
Forskàl, la flore d'Arabie; de la Billardière, celle de Syrie; Pallas
décrivit les végétaux de l’Asie septentrionale; Desfontaines, ceux de
la Barbarie ; Ruiz et Pavon, du Pérou, etc.
Il y eut, dans toute cette première partie du dix-huitième siècle,
de nombreux voyages de circumnavigation, tels que ceux de Bou-
gainville, Cook, la Pérouse, d’Entrecasteaux, Pallas, Sonnerat,
Bruce, Forster, Sparmann, la Billardière, Forskâl, Niebuhr, Com-
merson , qui sont les plus célèbres.
SIXIÈME ÉPOQUE.
FIN DU DIX-HUITIÈME SIÈCLE ET PREMIÈRE MOITIÉ DU DIX-NEUVIÈME :
DE 1789 JUSQU'AUX TEMPS MODERNES.
Progrès de l'anatomie et de la physiologie. — Perfectionnements
de la méthode. — Développement du sentiment analytique. —
Dépérissement de la science syhthétique.
Pendant toute la durée de la tourmente révolutionnaire, et malgré
les longues guerres de l’Empire, la science ne ralentit pas sa marche ;
elle avait acquis, dans toutes ses parties, des notions assez précises
pour que l’aliment ne manquât pas aux esprits actifs.
Nous avons vu dans le siècle précédent, et sous l'influence des per-
fectionnements successifs de la taxonomie, la botanique descriptive
faire de rapides progrès et l’emporter sur les autres branches de cette
science, surtout l’anatomie et la physiologie, qui exigeaient l'emploi
d'instruments d’optique encore rares : l’anatomie, sur laquelle les
travaux de Malpighi, de Leeuvwenhoek, de Grew avaient jeté du jour,
était demeurée stationnaire ; mais la physiologie avait poursuivi ses
progrès : Priestley, Sennebier, Ingenhousz, Th. de Saussure, dont les
travaux appartiennent plus à cette époque qu’à celle que nous ve-
nons de parcourir, firent de nombreuses et savantes expériences, qui
soulevaient une partie du voile qui dérobait aux yeux les mystères de
la vie végétale; ils nous apprirent que les plantes sont des composés
TOME 1, INTRODUCTION. — Livraison ZZZZ. 3233
dcclXXXV] INTRODUCTION.
ternaires, dont les éléments sont : l'oxygène, l'hydrogène et le car-
bone; que, sous l'influence de la lumière, les tissus végétaux versent
dans noce de l’oxygène; que, pendant la nuit, leurs condi-
tions vitales sont renversées, et qu ‘ils exhalent alors de l acide carbo-
nique; que les tissus solides sont formés par la décomposition de
l'acide carbonique, que le végétal puise dans le sol par ses extrémi-
tés radiculaires et dont il prépare la réduction au moyen de ses ap-
pareils respiratoires. L’électricité, de si fraiche découverte, eut un
rôle assigné dans la végétation, et l’on reconnut la triple action de ce
fluide, de la lumière et de la chaleur, ces agents essentiels de la vie.
De Candolle, qui a été un des botanistes les plus complets de notre
siècle, mais qui représentait, comme Cuvier, dont il était, du reste,
coreligionnaire, la partie purement analytique de la science, continua
ces observations et fixa plusieurs points douteux de la physiologie vé-
gétale. M. de Mirbel, qui a consacré sa longue carrière à l'étude de l’a-
natomie végétale, a contribué puissamment à ses progrès : ses obser-
vations sont encore des modèles d’exactitude, et la polémique qu’il n’a
cessé de soutenir a tourné au profit de la science. La réponse qu'il fit
en 4809 à ses antagonistes fut le point de départ de la formule qu’il
donna de sa théorie de lo rganisation végétale. Ce fut à la même
époque que parurent les observations de Dupetit-Thouars : ce sa-
vant botaniste reprit la théorie de Labire, et expliqua, sous le titre
d'Histoire d'un morceau de Bots, la ao de la fibre ligneuse
ou l’accroissement des végétaux par élongation. Palisot de Beauvois,
Kieser, Moldenhauer firent paraître des travaux fort estimables sur
la structure des végétaux.
La Société teylérienne de Harlem crut mettre fin aux débats re-
latifs à l'accroissement des végétaux, en proposant un prix pour la
solution de cette grave et obscure question, comme s’il dépendait de
la volonté d’un homme ou d’une société de décider des questions
dont la solution n'appartient qu’au no et le prix fut accordé au
mémoire de Kieser.
En 1814, M. Nees d’Esenbeck fit connaitre la structure des Algues
d’eau douce, et, en 1817, il publia ses travaux sur la structure
des Champignons. En Angleterre, Smith publia un traité de physio-
logie végétale ; en Allemagne, Kurt Sprengel, Freviranus et Martius
publièrent des traités généraux et spéciaux sur la structure des plantes.
Le perfectionnement du microscope fut, pour la science anato-
INTRODUCTION. decixxx vi}
mique, une source de progrès : on put pénétrer plus intimement dans
le secret de la vie du végétal, et l’on rectifia ainsi des erreurs
grossières; ce qui pourtant en introduisit de nouvelles, par suite des
illusions, qui sont les compagnes inséparables de l'emploi de cet ins-
trument. M. Amici se servit avec une grande habileté du microscope
achromatique perfectionné, et publia un mémoire sur la circulation
des Chara, ainsi que plusieurs autres sur la physiologie. Les travaux
les plus importants de cette époque sont ceux de Treviranus, qui fit
paraître plusieurs mémoires sur le mouvement de la matière verte
dans les végétaux, sur l’épiderme des plantes, sur leurs sucs propres
et sur la structure des organes de la fécondation. M. Meyen chercha à
répandre quelque lumière sur le problème de la métamorphose des
vaisseaux spiraux, sans que ses travaux aient résolu le problème. On
commença à étudier la circulation encore problématique du latex,
et ce fut M. Schultz qui publia le premier un mémoire sur ce
sujet. Le travail de M. Lechevalier sur les Lichens (182%) contribua
à faire mieux connaître ces végétaux. Le pollen fut l’objet de tra-
vaux plus nombreux et plus précis que ceux qui avaient précédé :
Guillemin, Robert Brown, MM. Brongniart, Fritzsche, Mohl, Pur-
kinje, s’occupent successivement de ce sujet, et l'élucident d’une ma-
nière satisfaisante. RS
Le développement et la structure de l’ovule occupent Robert
Brown, ainsi que MM. Treviranus, Mirbel et Ad. Brongniart.
Les ingénieuses théories de Dutrochet sur la structure intime
des végétaux et sur l'agent de la vie occupèrent le monde scienti-
fique et donnèrent à leur auteur une réputation méritée.
M. Raspail publia à la même époque ses mémoires et ses travaux
sur la fécule, et ses recherches sur la composition intime des tissus
végétanx. M. Decaisne fit connaitre le développement du principe
colorant dans la garance.
De Candolle, qui est un des flambeaux de la botanique et que nous
voyons d’abord avee Lamarck publier une édition nouvelle et réelle-
ment neuve de la Flore française, fit paraître en 1827 la Théorie
élémentaire de la Botanique, qui eut plusieurs éditions et peut
prendre place parmi les ouvrages réellement classiques; en 1827,
il publia son Organographie végétale, et, quelques années plus tard,
sa Physiologie.
M. Ad. Brongniart fit, sur la génération et sur le développement
decixxx vii} INTRODUCTION.
de l'embryon dans les végétaux phanérogames, un mémoire remar-
quable.
Agardh, botaniste suédois, dont les travaux ne sont pas assez
connus, écrivit sur l'anatomie des plantes un livre fort savant et
rempli d'idées de haute philosophie; il publia en français quelques
opuscules de physiologie et d'anatomie végétales qui ont un cachet
de profonde originalité.
Turpin, à qui la Botanique doit des dessins botaniques de la
plus admirable exactitude, fit connaître ses idées scientifiques,
dans un travail sur l’organographie végétale : il y introduisit des
idées plus systématiques que justes; mais 1l a exposé, sous le
nom de Développement de la globuline, uné théorie qui jeta quelque
lumière sur l’évolution de la cellule primitive. En 1836, M. Mene-
ghini fit paraître un travail très-remarquable sur la structure de la
tige des Monocotylédones, continué plus tard par M. Mob], et qui
a détrôné la théorie primitivement admise.
En 1835, M. Gaudichaud , qui a repris et développé avec des
modifications heureuses, qui l’ont élevé à la hauteur d’une théorie
nouvelle et complète, les idées de Dupetit-Thouars sur l'influence du
bourgeon dans la production du corps ligneux, a publié un grand
et beau travail sous le titre de Recherches sur l'organographie, la
physiologie et l'organogénie des végétaux. Depuis cette publication,
il n’a pas cessé ses observations et ses expériences, et a soutenu une
polémique très-active avec ses contradicleurs, polémique qui dure
encore et ne peut que devenir profitable à la science. Nous devons
regretter que les froissements d’amour-propre se mêlent à ces dé-
bats; mais derrière le savant se trouve l’homme avec ses passions per-
sonnelles, et il oublie trop souvent que la science est un sacerdoce.
Vers la même époque, Adrien de Jussieu, tout récemment enlevé
aux sciences, et M. Decaisne présentent des travaux sur la structure
anormale de certains végétaux à tige volubile; M. Raspail présente
une nouvelle théorie de physiologie végétale, dans laquelle l’obser-
valion a moins de part que l'esprit d'innovation ; M. Boussingault,
qui n’a pas cessé ses intéressants travaux , apparait avec des expé-
riences destinées à porter la lumière sur plusieurs points obscurs de
la science. M. Dumas, qui a fait sortir la chimie du laboratoire et l’a
appliquée avec tant de succès à l'explication des phénomènes géné-
raux de la vie, résume, dans une leçon qui à produit une sensation
INTRODUCTION. decixxxix
profonde dans le monde scientifique, l’état des connaissances de son
époque sur le rôle que joue l’atmosphère dans la végétation.
Une idée féconde avait été entrevue par Linné, qui n’a pas laissé un
seul point de la science sans y avoir touché : ilavait dit dans sa PAilo-
sophie botanique que le principe des fleurs et des feuilles est le même;
cette grande vérité philosophique passa comme une opinion dont la
base était dans l'imagination poétique du grand législateur de la
science; mais Gœthe, le célèbre poëte allemand, revient sur cette théo-
rie et posa réellement les principes de la métamorphose végétale,
cette grande et féconde pensée qui a, depuis la fin du siècle dernier,
exercé tant de botanistes. Il formula nettement cet axiome, reconnu
aujourd’hui comme une vérité : c’est que les divers et nombreux phé-
nomènes de l’évolution végétale ne sont que la répétition d’un même
acte, celui de la foliation. De Candolle, R. Brown, Turpin, Agardh,
A. de Saint-Hilaire s’emparèrent de l’idée du philosophe de Weymar
et lui donnèrent la forme que nous lui connaissons aujourd’hui.
C’est un triomphe de plus pour l’école de philosophie naturelle dont
Geoffroy Saint-Hilaire fut le chef.
La disposition spirale des feuilles, établie par Bonnet, fut étudiée
de nouveau par MM. Schimper et Braun, et soumise à des observa-
tions plus complètes par MM. Martins et Bravais, et à une intelligente
critique par M. Steinheil.
M. Brown et M. Rœper ont fait sur l’inflorescence, considérée sui-
vant le mode de son évolution, des observations de la plus haute
importance.
L'école de tératologie animale, fondée par Geoffroy Saint-Hilaire
et continuée avec tant de succès par MM. Serres et Isidore Geoffroy,
donna à M. Moquin-Tandon, qui avait été précédé dans cette voie
par De Candolle, l’idée de faire sur le même plan une tératologie
végétale; ce fat dans la science un jalon qui marqua un véritable
progrès , car c’est par les développements anormaux qu’on apprend
à connaitre la loi du développement normal et qu’on arrive à deviner
le secret de la formation régulière ou irrégulière de certains appa-
reils. C’est une des parties de la science qu’on ne peut trop étudier ;
mais il faut, avant d'établir une théorie générale, commencer par
réunir des faits qui sont les matériaux indispensables à la construc-
tion d’un édifice qu’il ne faut pas se presser de terminer, et qui
sera le guide le plus sûr de la taxonomie.
decxc INTRODUCTION.
M. Schleiden a apporté des modifications profondes à la théorie
de la fécondation; il veut que le pollen contienne l'embryon, le
vienne déposer dans l’ovule, qui le nourrit et le fait arriver à l’état
de semence. MM. Ad. Brongniart, Meyer, de Mirbel et la plupart des
botanistes éminents ont combattu cette théorie, qui est morte presque
à sa naissance et prouve jusqu'à quel point l'esprit d'investigation
systématique peut jeter dans une voie erronée.
MM. Griffith et Decaisne ont publié des recherches sur la struc-
ture anormale de l’ovule des Santalacées et des Loranthacées.
Ad. de Jussieu a étudié la structure de l'embryon dans les végétaux
monocotylédones, et suivi leur développement. On peut même dire
qu'on à attaché à l’étude de l’évolution embryonnaire plus d’impor-
tance qu’elle n’en mérite, et le résultat a prouvé qu’on ne pouvait rien
ürer de cette minutieuse étude, qui a absorbé bien des observations
et jeté les botanistes dans cette étude minutieuse des infiniment pe-
tits, dont le résultat est fatal à l'intelligence.
La théorie de l’endosmose et de l’'exosmose a pris naissance à cette
époque; elle est due à Dutrochet, observateur ingénieux qui tira trop
souvent des conséquences erronées de ses longues études; et, à part
cette découverte bien positive, il n’introduisit dans la science que
des hypothèses. C’est le tort de ceux qui se pressent trop de conclure
et qui substituent les enfantements de leur imagination à la raison
froide et à la déduction sérieuse. Depuis la découverte de ce double
mouvement, on ne connait pas mieux la loi de l’ascendance de la séve.
Les expériences de M. Boucherie sur la coloration du bois par des
liquides chargés de matières minérales ont fait comprendre toute
l’importance du rôle des feuilles; il y apparaît d’une manière évi-
dente, et l’on voit que leurs fonctions sont toutes d'aspiration. De-
puis lors, les travaux de Bischoff sur les vaisseaux spiraux et ceux
des autres physiologistes allemands sont survenus sans avoir avancé
cette question.
La taxonomie, science facile pour qui se borne à la simple imitas
tion, a été une des branches les plus étudiées de la botanique. On
négligea complétement les systèmes et les artifices destinés à arri-
ver à la connaissance des végétaux ; tous les efforts se portèrent vers
le perfectionnement de la méthode naturelle. Il n’est pas un botaniste
d’un certain mérite qui n’ait cru devoir faire sa méthode. La plupart
des savants se sont réunis autour de deux méthodes : l’une, celle de
INTRODUCTION. dccxc)
L. de Jussieu, qui prend l'insertion des appareils générateurs pour base
de ses associations, et suit la méthode directe, ou évolutive; l’autre,
la méthode inverse de De Candolle, qui est fondée sur une autre série
d'idées générales qui ne sont pas plus absolument vraies que celle de
L. de Jussieu. Les seuls qui se soient jetés hors de cette voie sont Per-
leb, Bartling, Endlicher, M. Ad. Brongniart, qui se sont élevés à-des
considérations plus générales que leurs devanciers. Ils ont établi, sous
le nom de classes, des groupes généraux qui représentent avec plus ou
moins de bonheur les grandes associations naturelles, et ne sont autre
chose que les familles des premiers classificateurs. C’est un guide
au milieu de la multiplicité des familles, qui se sont successivement
élevées à plusieurs centaines. Jusqu'à ce moment, nous n’avons fait
que peu de progrès en taxonomie, et nous ne sommes guère plus
avancés qu’à l’époque où Bernard de Jussieu réunissait les premières
familles végétales sans autre guide que sa sagacité naturelle. Nous
perdons d’un côté ce que nous gagnons de l’autre, et ce qui manque
jusqu’à présent, c’est la clef ou la réunion des principes généraux
qui déterminent les grandes coupes primordiales sous lesquelles
doivent être rangées les classes qui servent elles-mêmes de chefs
aux familles, et ainsi de suite jusqu'aux espèces et aux variétés.
Après avoir jugé les groupes par l’ensemble de leurs caractères, on est
descendu à l’infiniment petit, sans avoir rien fait de plus ni de mieux.
Il faut mettre en dehors des taxonomistes les naturalistes qui,
comme Oken, ont créé des méthodes d’après des idées systématiques
dont le résultat est de dissocier les groupes les plus homogènes et
de sacrifier les associations les plus naturelles à des théories qui
n’ont de base que dans leur imagination.
Les monographies des familles et des mêmes genres se sont mul-
tipliées à un tel point, que je m’abstiendrai de ce fastidieux travail de
nomenclature : je dirai seulement que de vastes Traités tels que le
Genera d'Endlicher , le Prodrome de De Candolle, continué par
son fils, qui est son digne successeur, le Répertoire de Walpert,
comprennent les genres groupés systématiquement, ou bien les es-
pèces plus ou moins minutieusement décrites; mais aucun n’appro-
che d’un botaniste contemporain enlevé à la science il y a plus de
vingt ans : c’est Persoon, qui avait au plus haut degré le sentiment
des dissemblances caractéristiques , et a été un des descripteurs et
des analystes les plus distingués de notre siècle.
decxcei] INTRODUCTION.
Une branche de la science qui appartient à notre temps et était liée
d’une manière intime aux progrès de la géologie, c’est la Botanique
fossile : elle a beau être récente encore, elle est déjà riche de dé-:
couvertes, et elle est arrivée jusqu’à la reconstitution de la physiono-
mie de la végétation aux périodes antérieures à notre époque.
MM. Ad. Brongniart, Sternberg, Hutton, Lindley, Ungher, Schlot-
iheim, Gôppert, etc., en sont les savants interprètes.
Les Flores se sont multipliées, et l’on pourrait déjà composer une
Flore universelle en réunissant les diverses Flores locales dont la
science végétale ne cesse de s’enrichir depuis vingt ans surtout. Les
voyageurs sillonnent le globe dans tous les sens, en rapportent des
trésors qui contribuent à l’agrandissement de la science. C’est, en un
mot, une époque d'activité universelle.
Sous le rapport de la philosophie de la science, nous ne sommes
pas plus avancés que nos prédécesseurs. Que suis-je? où vais-je?
se demande l’homme en se repliant sur lui-même et cherchant à
pénétrer le mystère du passé de l'humanité et celui de son avenir.
Que sais-je ? peut-il se dire en reconnaissant qu’un voile impénétra-
ble cache jusqu’à présent les mystères dont la puissance organisa-
trice a entouré le monde sensible, et il est obligé d’avouer qu'il est
dans la plus profonde ignorance de l'essence des choses et des êtres.
Il faut donc observer beaucoup et bien, faire des déductions modestes .
et être sobre de synthèse; car elle ne peut, en ce moment, que jeter
la confusion au milieu des travaux sans nombre qui s’élaborent sur
tous les points du globe où a pénétré la civilisation.
Le reproche que je ferais à notre siècle, si je ne savais, par l’ob-
servation de la marche de l’esprit humain, qu’il y a des époques
entièrement synthétiques, et d’autres purement analytiques, c'est
un penchant trop prononcé aux travaux d’analyse et d'analyse
minutieuse; c’est une réaction qui devait se produire après les trop
vastes conceptions du dix-huitième siècle. La Botanique attend un
autre Linné ou un Laurent de Jussieu, savant architecte qui élèvera
un édifice immense avec les matériaux sans nombre réunis par de
laborieux ouvriers.
INTRODUCTION.
dcexciij
CHAPITRE XXXIV.
DES VOYAGES
BOTANIQUES.
La géographie botanique, cette science qui à peine sortie de l’en-
fance compte déjà plusieurs illustrations, telles que A. de Humboldt,
Schouw, Meyer, de Jussieu, ne peut faire de progrès que par la
compulsion attentive des travaux faits sur les lieux mêmes par les
voyageurs qui les ont visités. C’est à l’excellent ouvrage de M. Las-
sègue, sur le Musée botanique de M. Benjamin Delessert, que j'ai
emprunté les renseignements que sans lui je n’eusse jamais eu le
courage ni le temps de réunir. J’y ai seulement ajouté les voyages
les plus modernes, et je les ai disposés dans un ordre différent.
EXPÉDITIONS ET VOYAGES GÉNÉRAUX.
PA BON. Jerome Iles de la Grèce,
Levant, Égypte,
. 1546.
CHIMANDIN.. se... ee Égypte, Syrie,
1557.
D'AMPIER:. 8... ... Brésil, Nouvelle-
Hollande, Nou-
velle - Guinée ,
1699.
TOURNEFORT. ......... . Grèce , Levant,
1700-1702.
Antoine RICHARD....... Baléares, Espagne,
Portugal, Bar-
barie, Asie Mi-
neure , Hollan-
de, 1760-1767.
COMMERSON. ........ ... Malouines, Brésil,
Java, Madagas-
car, 1766-1769.
James Cook............ Brésil, Nouvelle-
Guinée, 1768.—
Iles de la Sonde,
1770. — Cap de
Bonne-Espéran-
ce, 1771. — Iles
du cap Vert,
1772. — Nou-
velles-Hébrides,
1774. — Téné-
riffe, 1776. —
Nouvelle-Zélan-
de, 1777.— Iles
Sandwich,1778.
.... Iles du cap Vert,
Ténériffe, Nou-
velle - Zélande ,
Sandwich,1772-
1778.
ls ... IledeFrance,Bour-
W. ANDERSON.e°.::
SONNERAT.. ..
TOME 1. INTRODUCTION. — Livraison aaaaa.
bon, Madagas-
car, Indes, Phi-
lippines, Molu-
ques 1768-1774.
Hollande, cap de
Bonne-Espéran-
ce, Java, Japon,
1770-1779,
ARCHIBALD MENZIES. . ... Amérique sept.,
iles Sandwich ,
Chine, 1786-89.
Charles THUNBERG. . ,...
VANCOBVER 1-12: .. JL Cap de Bonne-Es-
pér.,1791.—Iles
Sandwich,1794.
LA BILLARDIÈRE. ....... Syrie, Asie Mi-
neure, 1786.
OLIVIER et BRUGUIÈRE... Perse, Égypte, Asie
Mineure, 1794.
Russie, Autricheet
Turquie, 1779-
1802. .
KRUSENSTERN. ......... Japon, iles Sand-
wich, Kams-
chatka, 1803-
1805.
Ticésius et LANGsDORFF. Japon, iles Sand-
wich, Kams-
chatka, 1803-
1805.
Italie, Espagne, Ba-
léares, Égypte,
Nubie, 1805-27.
CARMICHAELE 4)... .. ee Cap de Bonne-Es-
pérance , Ben-
gale, Acores,
1805-17.
Sandwich, Califor-
nie, Philippi-
nes , 1815-1818.
—Kamtschatka.
1821.
aaaaa
CLARKE (Daniel)........
Ra 2.202...
Rome : 1227 hs le
decxciv INTRODUCTION.
DE Cuamisso et Escus- MEVEN aus are Amérique méri-
CHOLZ...eorsnessose Sandwich, Califor- dionale, iles
nie, Philippi- Sandwich, Ma-
nes, 1815-1818. nille, Chine,
GAUDICHAUD. «oo. Brésil, ile Bour- 1830-1832.
bon, iles de la| Za Favorile............ Séchelles, ile Bour-
Sonde, iles Ma-
riannes, Sand-
wich , Maloui-
nes, 1817-20.—
Brésil, Chili et
Pérou, 1831-33.
SIEBER, ....... ........ Ile de France, cap
de Bonne-Espé-
rance , 1824. —
Alpes, 1829.
PERROTTET. «ere Guyane francaise,
1819. — Guade-
loupe, Sénégal,
1824-1829.
Parry (Édouard). ...... Cap Farewell,
1819. — Spitz-
. berg, 1827.
EurenserG et Hempricu. Égypte, Dongolah,
Sennaar, Ara-
bie, 1820-25.
Syrie, Nubie, Sen-
naar, 1822-25.
Sierra-Leone,New-
York, 1822.
La Coquille...... ce Ténériffe, 1822.—
Chili, Perou,
iles de la Socié-
té, 1823.—Nou-
velle - Zélande ,
Malouines,1845.
Dumont D'Urvizse (J.).. Brésil, 1837.—Iles
Shetland, Chili,
1838.—Iles Ma-
riannes, 1839.—
Philippines, Mo-
luques, 1839.
Ténériffe, Madère,
Rio de Janeiro,
1822.
Océan Pacifique,
détroit de Beh-
ring, 1825-1898.
L'Adventure et le Beagle. Iles Falkland, îles
de la Société,
Nouvelle-Zélan-
de, iles de la
Sonde, 1829.
Iles de la Sonde,
îles de la Socié-
té, 1839-1836.
Kamtschatka,
1827. — Caroli-
nes, 1828.
Archipels du Gr.-
Océan, 1826-29.
Mer des Indes,
1827.
Russie, Sibérie,
Kamschatka,
1828-1830.
BROCEMI essence
Georges DON...........
Forges (John)..........
PEÉRCHETA ee occeses-ce
Dauvin (Charles). .:....
MERTENS (Henry).......
L'Astrolabe.. .........e
La Chevrelle...........
Erman (Adolphe).......
bon, les Indes
orientales, Aus-
tralie, 1832.
Grèce, Syrie, Nu-
bie, Égypte,Ara-
bie, Inde, 1832.
— Malacca, Su-
matra,Nouvelle-
Hollande, 1833.
— Chine et Ja-
pon, 1835.
Océan Pacifique,
Amérique nord-
ouest, iles de la
Sonde, Mada-
gascar , Cap de
Bonne-Espéran-
ce, 1836-1842.
Égypte, Arabie,
Kordofan et Sy-
rie, 1835-1841.
Brésil, 1837.—Iles
Sandwich, Cali-
fornie, Mexique,
Nouvelle-Zélan-
de, 1838-1839.
Brésil, États-Unis,
Nouvelle-Zélan-
de, Philippines,
1838-1842.
Cap de Bonne-Es-
pérance, Nou-
velle - Zélande,
1840-1841.
Dumont D'URVILLE. .... Astrolabe et Zélée,
Pole Austral et
Océanie , 1844-
1847.
Circumnavigation,
1847.
Circumnavigation,
1845-1851.
DE HuGEz (Carl).......
Le SulpRur.. N
Joseph RUSSEGGER......
DO Vents Rosie
Wixes (Charles), Rica.
Erebus et Terror.......
VOYAGES PARTICULIERS.
Europe.
Spilzberg et Groënlund.
Frédéric MARTENS. ..... 1671.
Anthony MARTIN....... 1758.
PHIPPS IA ER ere 1770
Édouard SABINE........ 1823.
RRILHAUR ER ec mlrhe 1828.
Bravaus et Charles Mar-
LIN out Reese 1838-1839.
Nouvelle-Zemble.
PER de canon 1837.
Suède et Laponie.
OLAUS RUDBECK. ....... 1695.
PETER KATM. 00 00 1749-1745.
Laurence MoNTIN....... 1749.
FALK et BERGIUS........ 1752.
Daniel SOLANDER....,.. 1753.
FGELSTEN: restes 1758-1766.
OLAF-SWARTZ.......... 1779-1782.
Samuel LILJEBLAD. ..... 1280:
CRONDAT HU ENE ses 1782.
WEBER et MoHR........ 1803.
WAHLENBERG. «se... 1802.
AESFADIUS. . 2: «ec 1819-1825
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Norwége et Danemark.
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RoONALD-GUNNER........ 1759-1767.
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DESSINGS one clac e 1831.
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Russie.
Guillaume ScHoBEr. ... 1717-1718.
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Jacob LERCHE...... 070-1747:
CITIBERT deniers 1775.
PATRAS Ce emace RAC IFÈRRE
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Frédéric EBDMANN...... 1811-1815.
Jean HENNING.......... 1816-1817.
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EVERSMANN............. 1826-1829.
KARIN. ...... LASER 1826.
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Frédéric PARROT........ 1834.
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RUPRECHT et SAVELIEFF. 1841.
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INTRODUCTION
Autriche.
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Suisse.
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Italie.
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Turquie d'Europe.
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Auguste GRISEBACH..... 1839.
Gustave THURET........ 1840-41.
Grèce.
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John SIBTHORP......... 1786.
Dumonr p'URVILLE...... 1819.
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Wegg et PAROLINI. ..... 1844.
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Espagne et Portugal.
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HOFFMANSEGG. ......... 1795-97.
LINK. .... SR RE not etats 1797-98.
THALACKER...., RARE 1801.
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Durieu DE MAISONNEUVE. 1835.
Edmond Boissier. . . ... 1837.
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Asie.
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Georges GMELIN. ....... 1733.
Georges STELLER. . . . .... 1738.
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Fazx et GEORG1I........ 1768-73.
Pierre-Simon PALLAS.... 1770-75.
Joseph BrzzinGs et MERCK. 1785.
SIRVERS 2: cu docs ... 1790.
ADAMS et REDOWSKI. ... 1805.
WRANGELL et KIBER.... 1820.
LeneBour, MEYER et DE
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TURCZANINOW.,..... +... 1828-1835.
PETRRS. eme en oucs 1828-1830.
DE Humsorotr, EHREN-
BERG et Gustave RosE.. 1829.
SOHRENCK:.: -accecc ... 1840-41.
MIDDENDORFF. ......... 1843-45.
MINE rm uen 1848.
Monts Allai.
LEDEBOUR, MEYER et DE
BUNGE: -.:..+.r see 1826.
POLITOFF. -.. 72e ne 1838.
KaAréLIN et KiRILOFF. 1840.
Caucase, Géorgie, Arménie.
PATRIN:.:278023.5135: 1777-1787.
Frédéric ApAmMs. ....... 1800.
BÉLANGER:. 17-2450 1825.
STÉVENA M or act 01020
ErcawaALp. ..... Sessuces 1925-26.
MEVER PEL RCE ra 1829.
Charles Kocm.12..,.,: 1836-37,
PARROT: - -...21) sets 1834.
NORDMANN............ 1837.
KOLENADI 600700 1844-46
WAGENER... 4h. srert 1850.
Turquie d'Asie.
Léonard RAUWOLF...... 1573-75
William SHERARD. ..... 1702.
BUXBATM 250 2.500 1721:
Frédéric HASSELQuIST... 1749.
FLEISCHER....... rare 1826.
CoquegErT DE MONTBRET. 1830.
AUCHER-ÉLOY........... 1832.
JAUBERT. .:.:2702 75: 11889:
Théodore Korscay.... 1841
Charles FELLOWS. ,..... 1841
PISCHER. 75 0m ee “éga—
BOISSIER: «5: 2m eee 1842.
PINARD css Res 1842
INTRODUCTION.
Turkestan et Boukharie.
DE MEYENDORFF........ 1820.
PANDER. ....... OS on Le UE
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Pierre FORSKÂL....... .. 1761-62.
BERGGREN. . 26 2... 1819-20.
De RIENZI 5 005 ose 1825.
WELLSTEET. . “5e: 1833.
G. SCHIMPER.:4 00.222: 1834-36.
BOrTAS..:.72 SE ass 1836.
SCHUBERT, ERDL et ROTH. 1837.
La Prévoyante. ........ 1841-42.
Perse
KAEMPFER....... ue il
Samuel GMELIN. ....... 1768-74.
Jacob LERCHE.......... 1778:
André MicHAUX........ . 1782.
PARROT et HEHN....... . 1829.
RoE. ste es .. . HE:
Afghanistan et Béloutchistan.
Martin HONIGBERGER..., 1833.
STOCKÉE: 84 Alerte 1852.
Indes Orientales.
Paul HERMANN. ..... 321670;
HARTOG: 1e - Mme rcunert 1670.
Henry VAN-RHEEDE..... 1674-75
OSBECK.: 52.2. 1750-50:
OLoF-TOREN. ........ 1750
RosBURGER LS. 1e 1766.
Gérard KOENIG. . ....... 1768.
ROTTLER. 27020207 1798.
KLEIN MORE es . 1798.
MEVNE SN. SPEARS 1798.
FLAMIETON.. serre 1798.
LANGSTED....... eee MEUINT
ROYPE PSE EE Le LA di Le
WAEKER AMAR CRT 1833.
Bernard Scamip........ —
William GRIFFITH.. .... 1835-38.
EDGEVORTH...... Patte 1838.
DARD CCC CRT ment 1838.
John GRAHAM.......... 1839.
William JACK EN CU 1813.
LESCHENAULT DE LATOUR. 1816-22.
STAMFORD RAFFLES. .... 1818.
NWVALLICH:-::277 trssnscs 1920-27
Victor JACQUEMONT...... 1828.
WVIGHT 5 Scene Sen LS LE
Polydore Roux.......... 1831.
Adolphe DELESSERT... ... 1834.
LAN dc cs MERE 1842.
PAILIPPL 21205. 202 11846:
SCAMIDT:...1: 22m 20re 1847.
REUTER . . Re AE 1849.
BOISSIER. 20. 1849.
DATZELL,. ET ous 1850
CAMPBELL. 2014... 1850.
STORE ee ma erereie de 1852.
Cochinchine et Thibet.
Samuel TURNER..... .. 1/80
Jean DE LOUREIRO.. .... 1790.
PENLAYSON: 7... 1891:
Chine.
André CLEYER........ .. 1680.
Jacques CUNNINGHAM.... 1698.
Pierre OSBECK.......... 1750-59.
D'INCARVILLE. ......... 1742-45.
André SPARMANN....... 1765-66.
SIÉVERS TT eee ss - 1790.
STATNTON A Et ess t: =
CLARKE-ABEL........... 1816.
Jon POrTS:.. +. : .. 5: 1822.
Damper PARKS......... 1823.
Alex. DE BUNGE......... 1831.
CATDLERM Tree soc oo e 1838-43
CHESNEY?. 1... tes (1898:
Théodore CANTOR....... 1840-41.
FORTUNE. ...,...... ... 1843-46.
CHAMPION. ............ 1851.
Japon
KOEMPFER........ se 1602
CLEYER...... ANR RE 1680
Charles THUNBERG. ..... 1771:
DE SiÉBOLD. :-....:..., 1823-30.
Afrique.
Barbarie.
John TRADESCANT. ..... 1620.
SPOTTSWOOD. ....,..... 1675.
Thomas SHAW.- 22-025. 1710.
Ernest HÉBENSTREIT et
DIRE ES EE en 1731
Martin VAHL........... 1782
DESFONTAINES.......... 1783.
POIREL Eten ee 1785-86.
SCHOUSBOE............. 1791-93
BROUSSONNET........... 1806
DerrcA CELLA! ET 1817.
PAGHO NA EE AARERR EL 1823.
Philippe SALZMANN. .... 1823-24.
NVEBBLS.. PRIOR RUE . 1827:
G. SCHIMPER..... RASE AS 1832.
SIDEINHRIL «24 eee 1832.
RoussEeL et MUTEL....... 1833.
BORÉ:. 7 200. 4DD7:30;:
Bory DE SAINT-VINCENT.. 1840-42.
DuriEu DE MAISONNEUVE. 1840-42.
Égypte, Nubie et Abyssinie.
Prosper ALPIN....... ... 1580.
Augustin Lippr......... 1704-05.
SR Le nee sale ee % 1770.
DER RENE en _
INTRODUCTION.
Henry SALT............. 1803-09.
Frédéric CAILLAUD...... 1819-29.
Édouard RuprEr...:!.... 1817-29.
FE. MARTINS: 2-2. 1827-34
WIEST à eee cree 1835
Guillaume ScaiMPER.... 1836
FIGAR TI: CP ER ET 1837.
Théodore Korscy....... 1837.
QuARTIN-DILLON......... 1839.
PERLE... ere Hansen Af@r lES
FÉRET et GALINIER...... 1839-43.
S'ABATIER: 6 sise sos 1841.
CIENKOWSKY.......... . 1848.
ABRREN a LE 1849.
Rocher D’HÉRICOURT. ... 1850.
FORNASINI. ...... NES 1851.
Sénégal.
ADANSON. .. 25.20% 1749.
ROUSSILLON. ....... +... 1788-90.
DURAND... 22m ne 1802.
GROUT DE BEAUFORT. ... 1819-91
Lévpeieur.:..#0%5....:1 1824
HENDELOM. 075.25 22 1835-37
BRUNNER... 2000 ru 1839
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Guillaume BosmMAn...... 1704.
Paul=E: IseRTa UE... 1783.
PALISOT DE BEAUVOIS.... 1786.
SMEATHMANN.:......... 1791.
Adam AFZELIUS.....,... 1792
Christian Smirn........ 1816.
Edward Bowpicx....... 1819.
OGEL Ie Lion PRISE 8108 2 1841.
Wilhelm PÉTERS........ 1843
HECSCR MA RE te 1347
Cap de Bonne-Espérance.
Cafrerie.
DE DANCATELE 2 CCR 1750
MASSON: 27m ant ue 1772
SPARRMANN. ... ....... 179
William PATERSON...... 1777-79
Boos et SCHOLL......... 1790
John BARROW.......... 1797
James NIVEN....... 1798
BORCHEEE AIM ice: 1810
DELALANDE. ........... 1818-19.
NERREATE 20... 0... 1827-29.
PCRTONS AO ER nur 1829-40.
DAIGRE ERA ou oe 1826-34
ZEYHERR........... se 1020-49,
PÉRGMAR NS ARTE fc _—
James BORVIE.......... ==
HARVEY. .. 04.1. ss L 1836
KRAUSS. PARTIR ere 1838-40.
HOTTHOLE 0. 5... 1838.
GuciNqIus: :..1...:..... 1838.
PEDDIE AE. nn 1839.
BURKE ET ZEYHER. . .... 1846.
PEANT. 26 RE a 1851.
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Iles d'Afrique et de la mer des Indes.
Étienne FLACOURT. . .... 1648-55.
Pierre POIVRE.......... 1775.
NORONHA:. 0.0 D. 1784:
Boos et SCHOLL........ “01787
MARTIN EE TIR 1788.
WILLEMET. ..csocos.o.ee 1788.
1792-1802.
1802.
Duperir-THouARs. ......
Bory DE SAINT-VINCENT.
LICHTENSTEIN. ......... 1803-06.
Léopold pe Bucu et Chris-
tan SMITH: ........0.0 1815.
HiLSENBERG et Bo3ER.... 1822-23.
DENHAM , CLAPPERTON et
OUDNEY. .... Pt 1822-24.
BOWDICH. Ace meet 1823.
Jules NÉRAUD. ......... 1827.
NVIERBB us see socle eee 1828-29.
LEDUC. :: armee me 1829.
Justin GouporT. ........ 1829.
HARDWICKE. .... Masse 1827.
RICHARD Teese: 1830.
WELSTED. ........ SENS LEE
Roussel DE VAUZÈME. ... 1835.
DESPRÉAUX.........,.., 1835.
BERNIER. ...... eee Le 1835.
TELFAIR.-.::.::- à he re 1835.
Frédéric Hozz...... 1836:
TIPPOLD:- HER 2.02 1836.
Charles LEMANN........ 1836.
PERVILLÉE.- 602 ect 1837.
GURANICK MEN 1838.
HOCHSTETTER. . ........ 1838.
HEWETT- WATSON. ...... 1842.
PETDRRS: 6 2e 1849.
BOELR:2::2407 EPP 1851
VOYAGES GÉNÉRAUX.
Amérique.
Barnabas CoBo......... Antilles, Mexique,
Pérou , 1596-
1653.
Antilles, Nouvelle-
Espagne , Cuba,
1728-32.
Thaddéus HAENeKE. .... Chili, Pérou, Cali-
fornie, Mexique,
1789-96.
Louis Née........ ..... Patagonie, Maloui-
nes, Mexique,
1789-94.
Humsocpr et BoNPLAND.. Brésil, Mexique,
Guyanes , 1799-
1804.
Amérique méri-
dionale, Etats-
Unis, Antilles,
1812-24.
James MACRAE....,.... Brésil, Chili, 1824-
1826.
William Housron.......
Charles WATERTON.....
INTRODUCTION.
SCOULER............... Brésil, île Juan-
Fernandez, 1824-
25.
Alcide »'ORBIGNY....... Chili, Brésil, Pé-
rou, Paraguay,
1826-34.
Édouard Orro.......... Philadelphie, New-
York, Cuba, la
Havane , 1838-
1841.
F. DE CASTELNAU....... Bresil, Pérou, Chi-
li, 1843.
WiTHezm (duc de Wur-
iembere)24n 4 4522 Amérique du N.
et du S., 1845.
NEDEL 1. Lt Si nSordne à Amérique du $.,
1846.
NPA RER ne Yucatan et Mexi-
que, 1847.
WARCZEWICZ. .......... Amérique du $.,
1849.
LHOTSKY.......... ..... Amérique Occi-
dentale, 1850.
HEREERS. CRE ACL Amérique du S.,
1851.
Amérique septentrionale.
Baie de Baffin, Groënland.
HANS-ÉGÈDE. . ......... 1721
ROSS cc Em bauRe 1818
Edouard SABINE. ...,... 1823.
William ScorEsey...... 1823.
HERZBERG ee cc 1826.
WORMSKIOLD. ......::.: ce
Jean BANISTER. ........ 1680.
Vernon et David KRIEG.. 1681.
Jean CATESBY. ......... 1705.
Marc CLAYTON. ........ 1712-29.
Peter KALM. :.::.-..... 1748-51
FRASER. sms 11785:
André MICHAUX......... 1801.
DSC es TM Res nt 1798.
PURSH---c-bece--r.cnec 1799-1811.
BARTRAM ose. 1775.
MARTER 4 EL enrettele 1785.
ALOYSIUS-ENSLIN. - ..... 1783.
RAFINESQUE. ......ee..s 1802-04.
ROBIEN. 00 Ses atei à 1802-06
Lewis et CLARKE. ...... 1803.
ZÉBULON-PIKE. ......... 1803.
John BRADBURY. ....... 1808.
Thomas NUTTALL....... 1811.
PAIDWIN: arts Ces 1811-17.
CORREA DA SERRA. :.... 1815
ESCHSCHOLZ. ........ee 1815
MirBERT: 1 360.0 1817-23.
RICHARDSON. ........... 1819-22,
DE LA PILAYE. ......... 1819-20.
LONG... MO... SR 1819.
DOUGLAS RCE Ti 1823.
Thomas DRUMMOND..... 1825-26
INTRODUCTION. decxcix
Charles BEYRICH........ 1833-34. VANDELLI et VELLOZO.... 1774.
FRANK. : s:enhte re nra 1835. Rodrigue FERREIRA..... 1783.
TUCKRERMANS 0 2e eue ee ee 1839. Léandre DE SACRAMANTO _
ASA-GRAN 0e Minnie 18/0! SIEBER. es. Det es
MORERS RSR RUE 1841. Antonio GOMEZ........ 1817:
Charles GEYER.......... 1843. Silva FRELJA........... 1814.
DUDERS 2eme nent Le 1843. Maximilien pE NEUWIED. 1815.
LINDHEIMER.......... .. 1843. FREYREISS. ........... + 1815-17.
DINDEN: een D eee ete 1845. MR AW PREMIERE s 1847,
ÉTARTWEG:E AR 0 crie 1845-48 Henri SCHOTT....... . 1817.
CORDAL..-ceRe TU 1848. POHL:: 2e SERRE RER 1817.
EENDÉER cr secs ee 1850. Joseph RanD1:757.20€ 1817-18.
NV RIGHT een ms one 1850-52, SELLOW: LEE 1815-17.
CLAUSSEN: 22 2 SD
Mexique. LANGSDORFF et RIEDEL. 1821.
Mistriss GRAHAM. ...... 1821.
HERNANDEZ. ........... 1593-1600. Spix et MARTIUS........ 1824-31.
Mocio. ........... +... 1795-1804. PORTE SN PP TES En 1832-37.
SESSES Lee ose RÉ Se 1795-1804. BURCRELL 0.700 . 1895.
CERVANTESS 52 1795-1804. GOMEZ. : A PRE nr 1831.
BERNARDIN. te. 1827-30. VAUTAER EEE ERA 1832.
KRARWINSKI. soc 1827-32. FUNCK::- 0eme : 1835.
SCHIEDE et DEPPE....... 1828. CARDNER.. ME LU 1836.
COULTER......... Sas bi 1832. Lun. Se : us
IANDREÉEUXS e = oeeste de 0 010 1835. Basin: 00: F0 pe D _
GALEOTTI. ......, or. 1835-40 Sylva MoNsE........... =
GHIESBREGHT. . ........ 1836. KARWINSER, eme —
HAREWEE. ut 2... 1830; Monte: nt ete —
DurLor DE MOFRAS..... 1839. GUILLEMIN. ............. 1838.
LIEBMANN.......... tti941-49 CAROLUS: TERRE Le 1847.
HELLER......... nos: 1840-48 SPRUCRE PT RU en 20 . 1851.
Amérique méridionale,
Colombie.
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Célestin Muris.......... 1760.
Justin Goupor. ..... st L822
BiLzzBERe et DAHLIN.. ... 1825.
W. JAMESON et HALL. ... 1831.
MENDEN 2 nm aeu ce .. 1839.
RÉARSMENT. 0 same ae 1848.
Guyanes hollandaise, anglaise et française.
Mademoiselle de MÉRrAN. 1701.
D'ARRERE LAN RT ie acere 17292.
Daniel ROLANDER....... 1754.
FUSÉE-AUBLET. ..... sec. 1703-01.
STEDMAN: 2 etoile 1763.
Eouis RICHARD......... 1781.
Auguste DE ST-HILAIRE.. 1816.
POITEAU EN sn a ART7S
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SATZMANN: 22... 2.0 oi —
BLANCHET... ..... AMENER 2
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SCHOMBURGH........ ... 1834-44.
HOSTMANN..........,c0e 1840.
Brésil,
Jean DE LÉRI........... 1556-58.
MARCGRAYVE et PISON.... 1636.
Pérou et Chili.
François VALENTYN..... 1685.
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Amédée FRÉZIER........ 1711.
Joseph DE JussiEU...... 1735,
Juan D 'Urron een Lt 1740.
LA CONDAMINE......... 1735,
Ruiz et PAVON. ....... «x 1778.
RADERMACHER.......... 1780-82.
William MARSDEN...... 1782.
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Thomas HoRSFIELD. .... 1802.
REINWARDT,....... OO ONE
VAN HASSELT. ...... °. 1820.
RUE: eee ET RE 1820.
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DPANOGHE. cotes se «. 1834.
Franz JUNGHUHN. . ..... 1835.
KRORTHARS ee ren . 1836.
ZOLLINGER, :: 2... .. 1841-43.
Uruguay , la Plata.
Arsène ISABELLE. ........ 1899.
BACH Scene ss 1835-40.
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HANS SLOANE. .,.......
Charles PLUMIER. ......
Poupré-DESPORTES, ..... 1732.
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PABROWNE: 2e ele de sole 1754-60.
Joseph DE JACQUIN...... 1754.
OLAF-SWARTZ. ss... 1783.
DEMRORR re. res. 1/7894-859
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Lepru et RIEDLÉ....... 1793.
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EUPHRASEN. ..... er... 1797.
Félix LHERMINIER.. ..... 1798.
Thomas SIMMoNps...... 1804.
Charles RITTER.. ...... 1819.
Auguste PLÉE. ..... ARE EE
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RAMON DE LA SAGRA... 1823.
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Henri DELESSERT. ...... 1838-39.
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Ramon de la SAGRA..... 1844.
Malouines.
Joseph PERNETY.. ...... 1763-64.
Dumont D’URVILLE. .... 1822.
Océanie.
Malaisie, îles de la Sonde.
BONTIUS: 2 /T cn 1650.
H'ASSRARE. tree 1842.
JUNGHUEN: 5.5... 000. 1845-47.
ZOLLINGER. ...... Enne 1847.
Moluques.
Éverhard Rumpr........ 1654.
Philippines.
KAMEL (Georges)........ 1690-1701.
CuminG. .... Re fo 1836.
CALIERY. 5... tee ie
HER 22822 conti 1848.
DEICHARDT. 0 eee 1840.
PEHR =. mme DA
DRUMMOND. ....00:.. 1851.
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INTRODUCTION.
Nouvelle-Guinée.
MAKREO: Sete 1828.
Nouvelle-Hollande.
WHITE. .....,.. 1122400786
CALEVE SR MERE .. 1790.
PATERSON,- 22e: D —
Robert BROWN.. : 1802-05.
LESCHENAULT DE Latour. 1802.
Gouv. KING. Le à LS
STEÉBER: ee enr une en 1823.
COLLE 28000 LE 1825-98.
Charles FRASER......... 1828.
ANDERSON: : - sereine 1830.
LHOTSKY. . ....... sc. 18930:
MrrcHELL MER nee re . 1831-36.
Richard CUNNINGHAM..., 1831.
Ronald Gunn. .......... 18392.
BAXTERANSCNNEA.SERS . —
GOTSKY. ...... ARR RE 1836.
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James DRUMMOND nn 1839.
GUN LE ES MAMA STE 1348.
Terre de Van-Diémen.
NERREAUX.-- 0.71. 1049
Ile Norfolk.
Ferdinand BAUER....... 1804-05.
Polynésie.
MOERENHOUT. .......... 1827.
Nouvelle-Zélande.
DIEFFENBACH........... 1841.
William CoLEnso....... 1842.
RAOUR.: same secs. 1940
William STEPHENSON. ... 1843-44.
DOMBEY:.. 0... ces 170
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Come: EEE its LEE
INTRODUCTION:
decc)
CHAPITRE XXXV.
BIBLIOGRAPHIE
Depuis le seizième siècle Jusqu'en 1853.
Ouvrages généraux.
De historia stirpium commentarii insignes,
Léonard Fuchs. Bâle, 1542, in-folio, avec
500 figures.
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Fol. Antverp. 1601.
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duit en français, Desmoulins). Lyon, 1615.
2 vol. in fol., avec 2,686 planches.
Prodromushistoriæ generalis plañtarum, Magnol.
In-8.
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Ortega. Parme, 1788.
Amoœænitates academicæ; C. Linné.ed. 3, curante
J. C. D. Schreber, 10 vol. 1787-1790.
Démonstrations élémentaires de Botanique, 2 vol.
in-4 de planches fort médiocres. Lyon, 1796.
Les seules parties qui puissent servir sont une
agrostologie de Leers, avec de bonnes figures,
une muscologie de Vaillant, avec des figures
assez bounes, et la Flore de Laponie de Linné.
The Botanist's repository for new and rare
plants, 10 vol. in-4; by Henry Andrews.
London, 1797.
Histoire des arbres et des arbrisseaux qui peu-
vent être cultivés en pleine terre sur le sol de
la France; Desfontaines ; 2 vol. in-8°. Paris,
1809.
istituzioni botaniche, con figure in rame (Insti-
tutions botaniques, avec figures); O. Targioni,
3 vol. in-8. Florence, 1815.
TOME I. INTRODUCTION. — Livraison bbbbb.
Dissertations sur la botanique; par Augustin
Pyrame de Candolle.
Nomologie botanique ou Essai sur l’enseigne-
ment des lois de l’organisation végétale ;
N. A. Desvaux. In-8, 1817.
Nouveau voyage dans l’empire de Flore ou Prin-
cipes élémentaires de botanique ; Loiseleur-
Deslongchamps. 1n-8. Paris, 1817.
Thesaurus botanicus , in-fol.; Léopold Trattin-
nick. Vienne, 1819.
Théorie élémentaire de la botanique, etc.; M.
A. Pyrame de Candolle. 1n-8, 1819.
Essai d’une Iconographie élémentaire et philo-
sophique des végétaux ; P. J. F. Turpin. in-8
et in-4. Paris, 1820.
Fragments de philosophie botanique ;A. L. Mar-
quis, in-8. Paris, 1821.
Leçons de Flore; Poiret, in-8, Paris, 1823. >
The botanic garden, or magazine of hardy flowe-
ring plants, cultivated in Great-Britain ; by
B. Maund. F. L. S. 1824.
Icones selectæ plantarum ; Benjamin Delessert.
2 vol. in-fol., 1824.
Elementa philosophiæ botanicæ ; par H. F. Link.
1 vol. in-8. Berolini, 1824.
OEuvres botaniques de Robert Brown. 2 vol.
in-8, 1825.
Botanographie élémentaire ou principes de bo-
tanique, d’anatomie et de physiologie végé-
tales ; Lestiboudois (de Lille). 1826, in-8.
Résumé complet de botanique en 2 vol.; J.P.
Lamoureux. Le premier comprend l'organogra-
phie et la taxonomie; le deuxième, la phy-
tographie et liconographie. Cet ouvrage fait
partie de la collection publiée par Bailly de
Merlieux, sous le titre d Encyclopédie porta-
tive. Paris, 1826. srsee P
Principes de Botanique élémentaire; par M. Boi-
tard. In-18. Paris, 1828.
Handbuch der Botanik (Manuel de botanique) ;
Kunth, in-8. Berlin, 1831. ’
Lebrbuch der Botanik (Manuel de Botanique) ;
par C. À Agardh. Copenhague, 1831. ;
A general system of gardening and botany (Sys-
ième général de jardinage et de botanique):
G. Don; 4 vol. in-4. London, 1831-1837
Cet ouvrage, classé d’après la méthode de De
Candolle, ne va que jusqu'aux Labiées inclusi-
vement.
An introduction to the study of botany (Intro-
duct. à l'étude de la bot.), 7e édit., corrected
bbbbb
dcccij
by W. Jackson Hooker ; { vol. in-8, London,
1833, par J. E. Smith.
Tratado elemental de botanica (Traité élémen-
taire de botanique); Blanco, in-4. Valence,
1833 à 35.
Introduction à l'étude de la botanique ; 2 vol.
in-8, avec planches. Paris, 1835; De Candolle.
Alphonse.
À Key to structural, physiological, and syste-
matic botany, for the use of classes (Clef de
la botanique physiologique et systématique à
l'usage des écoles); John Lindley, in-8. 1835.
OEuvres d'histoire naturelle, de Gœthe, traduites
par C. F. Martios ; { vol. in-8, avec un atlas;
par Turpin. Paris, 1837.
Traité général de botanique ; A. N. Desvaux.
1 vol. inu-8 en 2 parties. Paris, 1838.
Encyclopedy of plants (Encyclopédie des plan-
tes) ; London. 1 vol. grand in:8.
Lezioni di Botanica comparata ( Lecons de Bo-
tanique comparée) ; Parlatore, in-8, Florence,
1843.
L'Observateur au microscope, in-18 avec un atlas
in-8; F. Dujardin. Paris, 1843. Cet ouvrage
fait partie de la collection des Manuels-Roret.
Cours élémentaire d’histoire naturelle, botani-
que ;'A. de Jussieu, in-18 avec figures sur bois,
intercalées dans le texte. Paris, 1844.
Histoire des sciences naturelles ; Cuvier. In-8,
Paris, 1844-45.
Introduction au Dictionnaire d'histoire naturelle
de Ch. d’Orbiguy. Paris, 1844.
Leçons élémentaires de botanique, fondées sur
l'analyse de 50 plantes vulgaires, avec figures ;
E. le Maout. Paris, 1845.
Nouveaux éléments de botanique; A. Richard,
in-8, 7° édition. Paris, 1846.
Grundriss der Botanik. (Éléments de botanique) ;
Schleiden, in-8. Leipzig, 1846.
Lehrbuch der Botanik (Manuel de botanique);
Kunth,in-8. Berlin, 1847.
First Steps to botany (Premiers éléments de ho-
tanique); James Drummond.
Synopsis der Pflanzenkunde (Synopsis de botani-
que) ; Leunis. In-8, Hanovre, 1847.
Die Pflanze und ihr Leben (la Plante et sa vie) ;
Schleiden, in-8. Berlin, 1847.
Bolanique cryptogamique, ou Histoire des fa-
milles naturelles des plantes inférieures. Gr.
in-8 avec 1,105 gravures sur bois; J. Payer
Paris, 1851.
Beiträge zu einer Aesthelik der Pflanzenwelt (Ma-
tériaux pour servir à l’Esthétique du règne
végétal) ; F. Th. Bratranek. In-8, Leipzig,
1853.
Grundzüge der philosophischen Botanik (Élé-
ments de philosophie botanique); F. T. Küt-
Zing. In-8, Leipzig, 1853.
Lehrbuch der Pflanzenkunde (Manuel de bota-
nique); M. Steubert. Stuttgard, 1853.
Des végétaux qui croissent sur l’homme et sur
les animaux ; Ch. Robin. In-8, Paris, 1853.
INTRODUCTION,
Anatomie çt Physiologie.
Anatomy of vegetables begun (Éléments d’ana-
tomie végétale); Grew. Londres, in-8, 1672.
Anatomia plantarum ; Malpighi, in-8. Londini,
1675 à 1679.
Premier essay de la végétation des plantes ; Ma-
riolte. In-12. Paris, 1679.
De sexu plantarum epistola; par R.-J. Camera-
rius ; in-4, 1694. Tubingen.
Arcana naturæ; Leeuwenhoek. In-4. Delphis,
1695. :
Stalical essays (Statique des végétaux); Hales.
In-8, London, 1727.
Statique végétale ; par Hales (trad. par Buffon).
In-8 avec planches, Paris, 1779.
Das Leben der Pflanzenzelle; Hartig. In-4, Berlirr,
1544
Grundz. der Anat. und Phys. der Pflanzen; Unger.
In-8, Viénne, 1846.
Neues System der Morphologie der Pflanzen;
Schullz. In-8, Breslau, 1847.
Recherches sur lusage des feuilles dans les
plantes, etc. ; par C. Bonnet. Gœttingue, 1754,
in-4.
Physique des arbres, où il est traité de l’anato-
mie des plantes et de l’économie végétale ;
par Duhamel du Monceau. Paris, 1758, 2 vol.
in-4,
De fructibus et seminibus plantarum ; par Gaert-
ner. Stuttgard, in-4, tome I, 1789; tome II,
1A9AE
Versuch die Metamorphose der Pflanzen zu er-
klären (Essai sur la métamorphose des plantes),
Goëthe. In-8, Gotha, 1790.
Observations microscopiques sur diverses plan-
tes ; par le prof. Amici, avec planches. (Actes
de la Société ital. des sciences de Modène,
t. XIX, 1823, et Annales des sciences natu-
relles, t. IL, p. 211.)
Das entdeckte Geheimniss der Natur in dem Bau
und in der Befruchtung der Blumen (Système
dévoilé de la Structure et de la Fructification
des fleurs). In-4 mit Kupfertafeln ; par C.:K.
Sprengel. Berlin, 1793.
Theoria generationis ; Hedwig. Leipsick, 1798.
Physiologie végétale; Sennebier. In-8, Genève,
1800.
Mémoire sur l'influence de l'air et de diverses
substances gazeuses dans la germination; par
Huber et Sennebier. 1801, in-8
Remarques chimiques sur la végétation; par
Th. de Saussure. 1804, in-8.
Anatomie der Pflanzen (Anatomie des plantes);
Rudolphi. In-8, Berlin, 1807.
An introduction to physiological and systemati-
cal botany (Introduction à la botanique phy-
siologique et systématique); by J.-E. Smith.
In-8, 1807.
Démonstrations botaniques, ou Analyse du fruit
considéré en général; par Louis-Claude Ri-
chard, Paris, 1808, in-12.
INTRODUCTION.
Essais sur la végétation considérée dans le dé-
veloppement des bourgeons ; par A. Aubert
Dupetit-Thouars. Paris, 1809, in-8.
Beitrâäge zur Pflanzen-Physiologie (Matériaux
pour servir à la physiologie végétale ; Trevira-
nus. Gœttingue, in-8, 1811.
Essai sur les phénomènes de la végétation ; Fé-
burier. In-8, Paris, 1812.
Grundlehre der Anatomie und Physioïogie der
Pflanzen (Éléments d’anatomie et de physiolo-
gie des plantes ; Link. 1n-8, Gœttingue, 1807-
1512.
Ueber die Missbildungen der Gewächse (Sur la
tératologie végétale; par Jaeger. 1 vol. in-8,
Stuttgart, 1814.
Histoire d’un morceau de bois ; Aubert du Petit-
Thouars. In-8, Paris, 1815.
Éléments de physiologie végétale et de botani-
que; Mirbel. 2 vol. in-8 avec planches, Pa-
ris, 1815.
Die Entwickelung der Pflanzensubstanz (Du dé-
veloppement de la substance végétale); Nees
von Esenbeck, Bischof et Rothesen. In-4, Er-
langen, 1819.
Die kryptogamischen Gewächse anatomisch,
physiologisch bearbeïtet (Anatomie et physio-
logie des cryptogames). Bischoff, in-4, Nu-
remberg, 1820.
Nouvelles recherches sur l’endosmose et l’épi-
chrèse. Dutrochet, in-8, Paris, 1820.
Précis d'anatomie végétale ; M. R. Féburier, Pa-
ris, 1824, br. iu-8.
Recherches anatomiques et physiologiques sur la
structure interne des animaux et des végétaux,
et sur leur motilité ; M. Dutrochet. In-8, 1824,
Paris.
Rosprawa o Skladzie nasienia (Anatomie et ger-
mination des plantes) ; Schubert. In-8, Varso-
vie, 1824.
Théorie des êtres organisés, en polonais, Snia-
decki. In-8, Paris, 1825.
Essai carpologique ; Dumortier. In-4, Bruxelles,
1825. à
Éléments de physiologie végétale; C.-F, Brisseau
Mirbel, 3 vol. in-8, 2 de texte et 1 de figu-
res. Paris, 182.
Opuscules phytologiques ; Henry Cassini. 2 vol.
in-8, 1826.
Ueber die merkwürdigsten Verschiedenheiten des
entwickelten Pflanzenembryo (Sur les diffé-
rences les plus remarquables que présente
l'embryon des plantes); Bernhardi.
Observations sur la nature des fleurs et des
inflorescences ; Rœper (Mélanges de botani-
que, N.-C. Seringe. Genève, 1826).
Ueber den Bau und das Winden der Schlingpflan-
zen (Sur la structure et l’enroulement des plan-
tes grimpantes ; Mohl. In-4. Tubingen, 1827.)
Organographie végétale; Turpin. In-4, Paris,
1827.
Organographie végétale. 2 vol. in-8, avec plan-
ches. Paris, 1827 ; Pyrame De Candolle.
deccii}
Observations sur les enveloppes florales des vé-
gétaux monocotylédones. Boreau, in-8, Paris,
1827.
Die Natur der lebendigen Pflanzen (De la na-
ture des plantes vivantes ; Schultz, In-8, Ber-
lin et Stuitgart, 1823 et 1828.
De organis plantarum; J. Rœper. In-4, Basiliæ,
1828.
Recherches sur les appareils du nectar ou du
nectaire dans les fleurs (Mémoires de la So-
ciélé Linnéenne de Paris, vol. V); Desvaux.
Essai de réduire la physiologie végétale à des
principes fondamentaux (en français) ; C.-A.
Agardh. In-18, Lund, 1828.
Considérations sur la nature et les rapports de
quelques - uns des organes de la fleur; par
M. F. Dunal. { vol. in-4&, Montpellier, 1829.
Considérations sur les organes floraux colorés
ou glanduleux ; Dunal. In-4, Montpellier,
1829.
Essai sur le développement intérieur des plantes ;
par C.-A. Agardh (en français). In-18, Lund.,
1829.
Mémoria sull’ anatomia delle foglie delle piante
(Mémoire sur l’anatomie des feuilies des
piantes). Berto, in-4, Parme, 1829,
De radicibus et vasis plantarum; Marchand.
In-8, Utrecht, 1830.
De radicum plantarnm physiologia. Backer, in-8,
Amsterdam, 1829.
De vera vasorum plantarum spiralinra structura
et functione. Bischoff, in-8, Bonn, 1829.
Mémoire sur l’organisation des péricarpes (An
nales des sciences nalur., 1e série, 6° vol.);
par Mirbel.
Nouvelles recherches sur la structure et les dé-
veloppements de l’ovule végétal, avec les ad-
ditions; Mirbel. 1828-1830 (Mémoires de
l’Académie des sciences de Paris).
Mémoires sur les bulbes (Journal de Physique,
59° vol.) ; J. de Tristan.
Phytotomie. Meyer, in-8, atlas in-4, Berlin,
1830.
Mémoire sur la disposition géométrique des feuil-
les et des inflorescences ; Bravais. In-8, Paris,
1830.
De palmarum structura. Mohl, in-fol., Munich,
1831.
Della struttura degli organi elementari nelle
piante (De la structure des organes élémen-
faires des plantes). Viviaui, in-8, Gênes,
1331.
De antholysi prodromus; Engelmann. In8,
Francofurti ad Mœnum, 1832.
Physiologie végétale ; De Candolle. 3 vol. in-8,
Paris, 1832.
Considérations sur les irrégularités de la corolle
dans les dicotylédones; Moquin-Tandon (An-
nales des sciences naturelles, novembre
1832).
Germination des Equisetum ; Agardh (Mémoires
du Muséum).
De structura caudicis filicum arboreum; Hugo
Mohl (in Martins Plant. Crypt. Brazil).
dccciv
Introduction à l'étude de la botanique physiolo-
gique et systématique ; J. Hooker.
Mémoire sur la génération et le développement
de l’embryon dans les végétaux phanérogames
(Annales des sciences naturelles , 1"° série,
13° vol.); Adolphe Brongniart.
Mémoire sur l'insertion relative des diverses
pièces de chaque verticille floral (Annales des
sciences naturelles, 1°° série, 23° vol.) ; Ad.
Brongniart.
Ueber die Entwickelung der Laubmoose (Sur le
développement des hépatiques). Cassebeer,
Francfort, 1832.
Einige Bemerkungen über die Entwickelung und
den Bau der Sporen der kryptogamischen Ge-
wächse (Observations sur le développement et
la structure des spores des cryptogames );
Hugo Mobhl, 1833.
Mémoire sur les développements des bourgeons
(Journal de Physique, 76° vol.) ; J. de Tris-
tan.
On the principal questions at present debated in
the philosophy of botany (Sur les principales
questions en discussion aujourd’hui sur la phi-
losophie botanique). Lindley, in-8, Londres,
1833.
Untersuchungen über die Bedeutung der Nekta-
rien (Recherches sur la signification des Nec-
taires) ; par Schübler. In-8, Stuttgart, 1833.
Observations on the organs and mode of fecon-
dation in Orchidæ and Asclepiadæ (Obser-
vations sur les organes et le mode de féconda-
tion des Orchidées et des Asclépiadées); Robert
Brown. In-4, London, 1833. (From the tran-
sactions of the Linnean society).
Recherches anatomiques sur le Marchantia po-
lymorpha, pour servir à l’histoire du tissu
cellulaire, de l’épiderme et des stomates (Mé-
moires de l’Académie des sciences, 13° vol.,
1835) ; par Mirbel.
Ueber die Verbindung der Pflanzenzellen unter
einander (Sur lunion des cellules entre elles).
Mobil, in-4, Tubingen, 1835.
Mémoire sur le nectaire (Mémoires de la société
Linnéenne de Paris, 5° vol.); Soyer-Willemet.
Mémoire sur les embryons monocotylédonés
(Annales des sciences naturelles, 2° série,
11° vol.); par Adrien de Jussieu.
Sur la formation et le développement des or-
ganes floraux. In-4, Lyon, 1835, par Guillard.
Ueber die Vermehrung der Pflanzenzellen durch
Theilung (Sur l'accroissement des cellules par
séparation). Mohl, in-4, Tubingue, 1835.
Essai sur les dédoublements. In-4, Montpellier,
1836 ; par Moquin-Tandon.
Observations on the germination of Ferns, Jar-
dines and Selby’s (Observations sur la germi-
nation). Henderson, Londres, 1836.
Ueber den Bau des Pflanzenstammes (Sur la
structure des liges). Corda, in-8, Prague,
1836.
Zur Erläut. des Baues und des Wachsthums der
Bäume ; Goeppert. In-4, Breslau, 1843.
INTRODUCTION.
Mémoires pour servir à l’histoire anatomique et
physiologique des végétaux et des animaux,
as Dutrochet. Paris, 1837 ; 2 vol. avec plan-
ches.
Nouveau système de physiologie végétale ; Ras-
pail. In-8 avec atlas, Paris, 1837.
Ueber den Pollen (Surle Pollen); Fritzsche.
In-4, Saint-Pétersbourg, 1837.
Zur Eutwickl. Geschichte des Pollens; Nægeli,
In-8, Zurich, 1842.
De la génération spontanée; Frédéric Gérard.
In-8, Paris, 1845.
De la fécondation naturelle et artificielle des vé-
gétaux : Lecoq. In-8, Paris, 1845.
Grundzüge einer neuen Theorie der Pflanzen-
zeugung (Nouvelle Théorie de la fructification);
Endlicher. In-8, Vienne, 1838.
Physiologie der Gewächse (Physiologie des plan-
tes); L.-C. Treviranus. In-8, Bonn, 1835-1838.
Observations sur la circulation du Chara fragi-
lis; par Dutrochet. N. An. Sc. nat., 1838,
vol. X.
Die Lehre vom Samen der Pilanzen (Doctrine de
la graine des végétaux); Kratzman. In-8,
Prague, 1839.
De fructus in phanerophytis evolutione; Teng-
strôm. In-4, Helsingfor, 1841.
Neues System der Pflanzen physiologie (Nouveau
Système de physiologie des plantes); Meyer.
In-8, Berlin, 1837 à 1839.
Notes pour servir à l’embryogénie végétale
(Compte rendu des séances de l’Académie des
sciences, 18 mars 1839) ; par Mirbel et Spach.
Sur la structure et les formes des grains de pol-
len (Annales des sciences naturelles, 2° sé-
rie, 10° vol.); par Hugo Mohl.
Recherches sur les lenticelles (Ann. des sciences
naturelles, 2° série, 10° vol.); par Hugo Mobl.
Beiträge zur Pflanzen-Physiologie (Sur la physio=
logie des plantes) ; par Moldenhauer.
Die Natur der lebenden Pflanzen (De la nature
des plantes vivantes) ; par Schultz.
Mémoire sur le développement du pollen, de l’o-
vule et sur la structure des liges du gui; De-
caisne, In-4. Bruxelles, 1840.
Ueber Bau und Wachsthum des Dikotyledonen-
stammes (Sur la structure et l’accroissement
des tiges dicotylédones ; Unger. In-4, Peters-
burg, 1840.
Elementa phyllologiæ ; Drejer. In-8, Hafniæ,
1840.
Essai sur la nervation des feuilles dans les plantes
dicotylées ; Payer. In-4, Paris, 1840.
New Theory of vegetable physiology (Nouvelle
Théorie de physiologie végétale). In-12, Édim-
bourg, 1840.
Esquisse organographique et physiologique des
champignons ; par Montagne. Paris, 1841.
Prémices d'anatomie et de physiologie végétales ;
Morren. In-8, Bruxelles, 1841.
De Coniferarum structura anatomica; Gôppert.
In-4, Breslau, 1841.
Ueber den Bau des Cycadeenstammes (Sur la
INTRODUCTION.
structure des tiges des Cycadées; Mobhl. In-4,
Munich, 1842.
Neue Théorie der Befruchtung der Pflanzen
(Nouvelle Théorie de la fructification) ; Hartig.
In-4, Brunsvick, 1842.
Icones anatomico-botanicæ. In-fol., Berlin, 1837
à 1842.
Ricerche sulla struttura degli stomi (Recherches
sur la structure des stomates ; Gasparrini. In-8,
Naples, 1842.
Sulle funzioni delle radici (Sur les fonctions des
racines) ; Bellani. 1n-8, Milan, 1843.
Die Pflanze im Momente der Thierwerdung (Du
moment de l’animalisation des plantes) ; Un-
ger. In-8, Vienne, 1843.
De evolutione sporidiorum in capsulis musco-
rum ; par Beninga, Gottingæ, 1844.
De defoliatione plantarum; Wentzloff. In-8,
Berlin, 1844.
Mémoire sur la disposition géométrique des
feuilles ; Bravais. In-8, Paris, 1838.
Ueber Blattstellung der Dikotyledonen (Sur la
position des feuilles dans les Dicotylédones);
Kunth. In-8, Berlin, 1843.
Essai historique sur la tératologie végétale; Kirsch-
leger. In-4, Strasbourg, 1845.
Kritik und Geschichte der Metamorphosenlehre
(Critique et Histoire de la métamorphose); Wi-
gand. In-8, Leipzig, 1846.
Zur Entwicklungsgeschichte der Blattgestalten
(Du développement des feuilles); Mercklin.
In-8, Iena, 1846.
Grundzüge der Anatomie und Physiologie der
Pflanzen (Éléments d’anatomie et de physio-
logie des plantes; Unger. In-8, Vienne, 1846.
Neues System der Morphologie der Pflanzen
(Nouveau Système de morphologie) ; Schultz.
In-8, Berlin, 1847.
De plant. phanerog. germin.; Trotzky. In-8,
Dorpat, 1832.
Die Keimung der Pflanzen (De la germination) ;
Pittmann. In-4, Dresde, 1821.
Sulla metamorfosi delle piante.Meneghini (Gior-
nale Euganeo), année 1, n° 6.
Traité de l’Inflorescence ; A. Guillard. In-8, 1853.
Taxonomie et classification.
Éléments de botanique, ou Méthode pour con-
naître les plantes; par Pitton de Tournefort.
Paris, 1694, 3 vol. in-8, avec 461 planches.
institutiones rei herbariæ; par J. Pitton de
Tournefort. 3 vol. in-4, avec 476 figures, Pa-
ris, 1700.
Herbarii britannici Catalogus ; par James Peti-
ver. In-fol., London, 1702-04.
Familles des plantes ; par Adanson. Paris, 1763,
2 vol. in-8.
Genera plantarum eorumque characteres natu-
rales, etc.; par Linné. In-8.
Methodus muscorum illustrata; par O. Swartz.
Upsal, 1781.
decev
Systema vegetabilium, ed. decima quarta; par
C. Linné. 1 vol. in-8, Gottingæ, 1784.
Hortus kewensis; by William Aiïton. 3 vol. in-8,
London, 1789.
Genera plantarum ; par A. L. de Jussieu. 1 vol,
in-8. Parisiis, 1789.
Novarum aut rariorum plantarum Hort. R. Ma-
dritensis Decades ; par Cas. Gomez de Ortega,
in-4. Madrid, 1797-98.
Tentamen dispositionis methodicæ fungorum;
par Christiam Henry Persoon; in-8. Lipsiæ,
1797.
Synopsis meth. fungorum ; par Persoon. Gættin-
gue, 1801.
Jardin de la Malmaison ; in fol.; par Étienne
Pierre Ventenat, Paris, 1803-05.
Synopsis plantarum ; 2 vol. in-16. Parisiis, 1805;
par C. H. Persoon.
System der Botanik; 1 vol. in-12 Iéna, 1808;
par Voigt.
Botanisches Handbuch; par Ch. Schkubr. 4 Bände
in-8; mit Kupfertafeln. Leipzig, 1808.
Phyllographie; par A. N. Desvaux. In-8, avec
32 planches, 1809.
Hortus berolinensis , in-fol.; par Car. Lud.
Wildenow. Berlin, 1806-10.
Species plantarum exhibens plantas rite cogni-
tâs, elc.; par C. Linné, édit. de And. Murray;
in-8, 1807, édit. de Wildenow. 5 vol. in-8, de
1797 à 1810.
Tableau de lécole de botanique du jardin du
roi ; par M. Desfontaines ; 2e édit., 1815, in-8.
Esquisse du règne végétal ou tableau caractéris-
tique des familles des plantes, avec l’indica-
tion des propriétés de chaque famille, etc.; par
M. A. Marquis ;in-8. Rouen, 1820.
Regni vegetabilis systema naturale; par Pyra-
mus de Candolle; 2 vol. in-8.Parisiis, 1818-
1821.
Nova genera et species plantarum ; par C. F. P.
de Martius, 3 vol. in-4. Monachii, 1824.
Systema vegetabilium ; par C. Sprengel ; 4 vol.
in-8. Gœttingue, 1825 à 1827.
Classitication nouvelle des champignons. Paris,
1829 ; par Brongniart.
Ordines plantarum; par F. F. Bartling ; { vol.
in-8. Gœttingue , 1830.
Essai de formules botaniques ; in-4. Paris, 1835;
par Seringe et Guillard.
Anatural system of botany; par John Lindley ;
2° édit., 4 vol. in-8. London, 1836.
Hortus britannicus ; by J. C. Loudon, F. L. S.,
etc., 1 vol. in-8. London, 1839.
Synopsis plantarum ad modum Persoonii ela-
borata; D. Dietrich, vol. in-8. Vimaria, 1839.
Systema vegetabilium; C. Sprengel. Gôttingue,
1825-27.
Enumeratio plantarum; Kunth; Stuttgart, Ber-
lin, 1833-50.
Systema vegetabilium. Roemer, Stuttgart, 1817 à
1827.
deccv)
Bistribution méthodique de la famille des Gra-
minées ; Kunth. Paris, in-fol., 1837.
Genera plantarum secundum ordines naturales
disposita, auctore St. Endlicher. Vindobonae,
in-8, 1836-1840.
Enchiridion botanicum exhibens classes et or-
dines plantarum, accedit nomenclatura gene-
rum et officinalium vel usualium indicatio,
auctore St. Endlicher, in-8. Lipsiæ, 1841.
Nomenclator botanicus auctore Steudel; 9 vol.
in-8. Stutigart, 1841.
Handbuch der botanischen Terminologie und Sys-
temkunde (Manuel de terminologie et de taxo-
nomie botaniques); par G. W. Bischoff ; 3 vol.
in-4, avec planches. Nuremberg, 1844.
Considérations générales sur les Phycées ou Al-
gues submergées, par Montagne. Histoire phy-
sique de l'ile de Cuba, 1838-42, in-8; par
Montagne.
Essai sur une classification des Algues et des
Polypiers calcarifères de Lamouroux (4. An.
Sc. Nat., 1842, vol. XVII) ; par Decaisne.
Histoire naturelle des végétaux phanérogames ;
Spach, in-8, Paris, 1834 à 1846.
Repertorium botanices systematicæ. G. G. Wal-
pers, 6 vol. in-8, Leipzig, 1842 à 1847.
Énumération des genres de plantes cultivées au
muséum d'histoire naturelle; par M. Ad. Bron-
gniart. In-12, Paris, 1850.
Prodromus systematis naturalis regni vegetabi-
lis. A. Pyrame De Candolle, 13 vol. in-8, 1824
à 1852.
Géographie botanique.
Plantes équinoxiales; par Alex.-Fr.-Henri von
Humboldt et Aimé Bonpland. Iu-folio, 1808.
De distributione geographica plantarum; par
M. de Humboldt. In-8, 1817.
De la distribution des Fougères sur la surface du
globe (Ann. Sc. Nat., 1825) ; jar Dumont-
d’Urville.
Géographie des plantes, rédigée d’après la com-
paraison des phénomènes que présente la vé-
gétation dans les deux continents; par A. de
Humboldt et Charles Kurth. In-folio.
Notice sur la géographie botanique de l'Italie;
de Candolle. Genève, in 8, 1835.
Geographie und Geschichte der Pflanzen {Géo-
graphie et hist. des plantes) ; Roemer. In-8,
Munich, 1841.
The regions of vegetation ; Hinds. In-8, Londres,
1843.
Géographie botanique ; Ad. de Jussieu. In-8, Pa-
ris, 1845.
Die Vertheilung der Nahrungsflanzen auf der
Erde (Distribution sur la terre des végétaux
alimentaires) ; Meyer, In-8, Kœnigsberg, 1846.
De l'influence du climat sur les plantes; Pignol.
In-8, Lyon.
Éléments d’une géographie générale des végé-
taux; par Schouw.
Atlas der Pflanzen-Geographie; L. Rudolph. In-8,
Berlin, 1853.
INTRODUCTION.
Die Pflanzendecke der Erde (Distribution des vé-
gétaux à la surface du globe); L. Rudolph.
Berlin, in-8, 1853.
Botanique fossile.
Histoire des végétaux fossiles ; Brongniart. Paris,
in-8, 1828.
Uebersicht der Galt. der foss. Pf.; Gôppert. Halle,
In-8, 1837.
Chloris protogæa ; Unger. Leipzig, In-4, 1841-47.
Beiträge zur F1. der Vorwelt; Corda. Prague, in-8,
1845.
Synopsis pl. foss ; Unger. Leipzig, in-8, 1845.
Dictionnaires et Recueils
périodiques.
Mémoires de l’Académie des sciences de Paris,
167 vol. in-4.
Berlinisches Magazin. 4 vol. in-8, Berlin, 1765-
67.
Asiatic Researches of the transactions of the So-
ciety instituted in Bengal. In-4, Calcutta,
1788, etc.
The Botanists Repository for new and rare
plants. 10 vol. in-4, London, 1799.
Dictionnaire élémentaire de botanique; par Bul-
liard; revu et presque entièrement refondu,
par L.-C. Richard. 1 vol. in-8, Paris, 1802.
Botanisches Handbuch ; par Christian Schkuhr.
Wittemberg, 3 vol. in-8, 1791-1803.
Exotic Botany; by James Edward Smith. Lon-
don, 1804-1808.
Annals of Botany; by G. Kœnig and J. Simson.
2 vol. in-8, London, 1805-1806.
Encyclopédie méthodique (botanique); Lamarck
et Poiret. In-#4, avec atlas, 1783 à 1817.
Dictionnaire raisonné de Botanique , par Gérar-
din; revu et augmenté par Desvaux. In-8,
1823.
Dictionnaire classique d’Histoire naturelle; par
une société de naturalistes; dirigé par M. Bory
de Saint-Vincent. Paris, 1828.
The Botanical Register. 14 vol. in-8, London,
1815-1829.
Mémoires du Muséum d'histoire naturelle. In-4,
Paris, 1815-1829.
The Botanical Magazine. In-8, 55 vol., London,
1787-1829.
Annales de la Société Linnéenne de Paris G ca-
hiers in-8.
Hortus britannicus ( catalogue de toutes les
plantes indigènes, cultivées ou introduites en
Bretagne). 1 vol. in-8, avec le supplément ad-
ditionnel.
Dictionnaire des sciences naturelles , suivi d’une
biographie des plus célèbres naturalistes, avec
planches et portraits. In-8.
Herbier général de l'amateur, efc., commencé
par Mordant de Launay et continué par
Loiseleur-Deslongchamps, avec figures colo-
riées.
Bulletin des sciences de feu le baron de Ferus-
ÿ
INTRODUCTION.
sac; 21 vol. de 1823 à 1831;
sciences naturelles,
Dictionnaire raisonné des termes de botanique ;
Lecoq et Juillet. In-8, Paris, 1831.
Magazine of botany and register of flowering
plants; by J. Paxton F. L. S.; in-8, 1834,
continued monthiy.
Dictionnaire universel de Botanique agricole,
médicale et industrielle. Vavasseur, in-4, Pa-
ris, 1836.
A botanical Lexicon, Keith. In-8, London, 1838.
Dictionnaire class. des sciences nat.; Drapier.
In-8, Bruxelles, 1838-45.
Terminologie der beschreibenden Botanik (Ter-
minologie de la botanique descriptive). In-8
Jena, 1846.
Dictionnaire des termes usités dans les sciences
naturelles ; Jourdan, 2 vol. in-8, Paris, 1838.
Wôrterburch der beschreibendäen Botanik. { Band
in-8, Stuttgart, 1839; par Bischoff.
British phænogamous botany; or figures and
descriptions of the genera of british flowering
plants, etc.; by W. Baxter, in-8. 5 vol. pu-
blished in 1810, continued monthly.
Journal of botany (Journal de botanique de
M. Hooker). London, 1834 à 42.
Memoirs of the american sn of arts and
sciences. Cambridge and Boston. 1849.
Musée botanique de M. Benjamin Delessert ; no-
tice sur les collections de plantes et la bi-
bliothèque qui le composent ; par A. Lasègue.
In-8, Paris, 1845.
Dictionnaire universel d'histoire naturelle ; par
Charles d’Orbigny. 12 vol. in-8, Paris, 1842 à
4850.
partie des
Transactions of the Horticultural society of Lon-
don, 7 vol. in-4.
Journal of Botany; par Jackson Hooker. In-8.
Zeitschrift fur Physiologie ; par M. Treviranus.
The Botanical cabinet; by Conrad Loddiges and
Son. 14 vol. in-12, and in-4.
Transactions philosophiques de la société Royale,
de la société Linnéenne et de la société Horti-
culturale de Londres. In-4.
Botanische Zeitung (Jonrnal de botanique) ;
Mohl et Schlechtendal. Berlin, 1850.
Flora, Allg. bot. Zeitung (Flora, journal général
de botanique) ; : Fürnrohr. Ratishbonne, 1850.
The London Journal of botany ; Hooker. In-8,
London, 1842-50.
Giornale botanico italiano ; Parlatore. 1n-8, Flo-
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Zeistchrift f. wiss. Bot.;
In-8, Zurich, 1844-46.
Revue botanique; Ducbartre.
1845-46.
Botanisches Centralbl. f. Deutschl; Rabenhorst.
In-8, Leipzig, 1846.
Thesaurus litteraturæ botanicæ; G. de Pritzel.
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Nederlandsch kruidkundig Archief ( Archives
de bolanique des Pays-Bas), Leyde 1852.
; Schleiden et Nægeli.
I2-8, Paris,
decevij
Nya Botaniska Notiser for ar 1852; Thedenius.
Stockholm, 1852.
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(Annales de la Société des sciences médicales
de Halle). Berlin, 1853.
Annales des sciences naturelles ; Ad. Brongniart
et Decaisne. In-8, Paris, 10° année, 1853.
The annals and magazine of natural history. Vol.
in-12 Londres, 1853.
Flores locales.
Europe.
Flore d'Europe ; Boissieu. Lyon, 1805 à 1807.
Histoire philosophique, littéraire, économique
des plantes de l'Europe ; par J.- LM. Poiret.
7 vol. avec atlas, Paris, 1825.
ES physiologique des plantes d'Europe ; par
J.-P. Vaucher. 1 vol. in-8, Genève, 1830:
Flora Lapponica, in-8; by Carolus Linnæus.
Amstelodami, 1757.
Flora RES in-8 ; par George Wahlenberg.
Berlin, 1812.
Flora Rossica ; Ledebour. In-8, 1842 à 1847.
Centuriæ plantarnm rariorum Rossiæ meridio-
nalis ; by Marshall von Bieberstein. Charko-
wiæ, in-fol.
Flora provinciæ Wiatka ; C.-A. Meyer, 1818.
Prodromus Floræ funiee (Flore finnoise) ; Wir-
zen Helsingler. In-8, 1843.
Swensk og Norsk excursions Flora (Flore d’her-:
borisation suédoise et norwégienne ); Hart-
mann. In-12, Stockholm, 1842.
Handbok skandinaviens Flora ; Hartman. Stock-
holm, in-8, 1830.
Summa vegetabilium Scandinaviæ; Fries. In-8,
Stockholm, 1846.
Islenzk Grasafrædi; Hjaltholm. Copenhague,
in-8, 1830.
Liste des plantes qu’on suppose exister en Is-
lande ; Robert. Paris, in-8, 1841.
Danmarks og Holsteens Flora (Flore de Danemark
et du Holstein); Rafn. In-8, Copenhague, 1796
à 1800.
Nomenclatura FI. danicæe emendata; Hornemann.
Copenhague, in-8, 1827.
Diagnosis plantarnm Hispanicarum; Boissier et
Ruiter. 1n-8, Genève, 1842.
Flora Germanica; par Henry-Adolphe Schrader.
In-8. Gottingæ, 1806.
Deutschlands Flora (Flore d’Allemagne); Linck.
In-8, Leipzig, 1810 à 1847.
Deutschlands Flora in Abbildungen (Flore d’Al-
lemagne en figures); Sturm. 1796 à 1853.
Icones Floræ Germanicæ; Reichenbach. 1845
à 18953.
Deutschlands Flora; par Mertens et Koch.
4 Bænde in-8, Francfurt am Main (1823-1833).
se Floræ Germanicæ et Helveticæ; Koch.
, 2° édit., Leipsick, 1843 à 1845.
Bet der Flora Deutschlands und der
Schweiz; Lorinser. Vienne, in-8, 1847.
dcccvii]
Deutschlands Flora (Flore d'Allemagne); Peter-
mann. In-4, Leipzig, 1845 à 1849.
Floræ Austriacæ; icones ; par Nicolas-Joseph von
Jacquin. 5 vol. in-fol. Vindel., 1773-78.
Flora Austriaca ; Hosh ; Vienne. In-8, 1829-1831.
OEsterreichische Allgemeine Baumzucht; par
Franz Schmidt. 2 vol. in-fol. Vienne, 1792-94.
Flora v. Wien, Neilreich; Vienne. In-8, 1846.
Floræ Berolinensis Prodromus, in-8 ; par C.-L.
Wildenow. Berlin, 1787.
Flora prussica ; Lorek. Kônigsberg, in-4. 1846-
Flora Prussica, in-4; par John LϾselius. Regio-
montii, 1793.
Bôheims Phanerog. und Krypt. Gewächse; Opis.
Prague, in-8, 1823.
Œkonomisch-technische Flora Bôhmens ; Berch-
told. Prague, in-8, 1836 à 1841.
Flora v. Sachsen; Holl et Heynhold. Dresde,
in-8, 1842.
Flora Silesiaca renovata ; par Antoine Johannes
Krocker. 2 vol. in-8, Vratislaviæ, 1787-90,
Flora von Schlesien; Wimmer. Berlin, in-8,
1832.
Flora Lusalica ;
1839-40.
Baierns Flora ; Schultes ; Landshut. In-8, 1811.
Bairische Flora ; par Franz von Paula Schrank.
2 vol. in-8, Munich, 1789.
Flora von Baïern, Wurtemberg und Baden;
Schinzlein. Erlangen, in-8, 1847.
Flora der Pfalz ; Schultz. Speyer, in-8, 1836.
Flora marchica; Dietrich. Berlin, in-8, 1841.
Flora von Pommern und Rügen ; Smidt. Stettin,
in-8, 1840.
Flora v. Mecklenburg ; Langman. Neustrelitz,
in-8, 1841.
Oldenburgische Flora ; Trentepohl ; Oldenburg,
in-8, 1839.
Lübeckische Flora; Häcker. Lubeck, in-8, 1844.
Flora der Umgegend v. Hamburg ; Hübner. Ham-
burg, in-8, 1846.
Flora brunsvicensis ;
in-8, 1827-1831.
Flora des H. Nassau; Jung ; in-8,1832.
Rheinische Flora; Doell. Francfort-sur-Mein,
in-8, 1843.
Uebersicht der Flora Krains; Fleischmann. Lay-
bach, in-8, 1844.
PES par 3.-A. Scopoli. In-8, Vienne,
0.
Rabenhorst. Leipzig, in-8,
Lachmann. Brunswick,
Flora Dalmatica ; Visiani, 1850.
Descriptiones et Icones plantarum rariorum Hun-
parlæ ; par François Waldsiein et Paul Kitai-
bel. 3 vol, in-fol., Vienne, 1802-12.
Flora Posoniensis ; Endlicher. Presbourg, in-8,
1850.
Flora Galiciæ; Besser. Vienne, in-12, 1809.
Die Flora der Schweiz (Flore de Suisse); Moritzi,
In-8, Zurich, 1844.
INTRODUCTION.
Le Guide du botaniste dans le canton de Vaud ;
Rapin. Lausanne, in-8, 1842,
S' Gallische Flora; Wärtmann. S.-Gall, in-8,
1847.
Die Planzen Graubündens (Flore des Grisons) ;
Moritz. Neufchâtel, in-4 1839.
Florula belgica; Dumortier. Tournay, in-8, 1827.
Florula hannoniensis ; Hécart. Valenciennes, in-8,
1835.
Flora frisica ; Bruisma. Louvain , in-8, 1840.
Flora leydensis; Molkenboer et Kerbert. In-8 ;
1840.
Flora rheno-trajectina ; Gevers Deynot. Utrecht,
in-8, 1843.
The english Flora (Flore anglaise) ; par sir J.-E.
Smith, président de la société Linnéenne de
Londres. 1n-8.
Manual of british botany ; Babington. Londres
1843.
British wild flowers ; Loudon. In-4, Londres,
1846.
Synopsis of the british Flora; arrangé d’après
l’ordre naturel par John Lindley.
The botanical chart of british plants; Knapp. -
Bath., in-8,' 1846.
The irish flora ; Dublin, in-12, 1847.
Flora Scotica ; by John Lightfoof. 2 vol. in-8,
London, 1777.
English botany ; by sir James Edward Smith
and James Sowerby. 36 vol. in-8.
The British flower Garden; by Robert Sweet.
In-8, London.
Catalogue of the plants of Great-Britain (Catalo-
gue des plantes de la Grande-Bretagne );
Coxhead. In-8, Londres, 1842.
‘Flore française ; par MM. de Lamarck et De Can- ,
dolle. 1815, 6 vol. in-8.
Flora Gallica; par J.-L.-A. Loiseleur-Deslong
champs. 2 vol. in-12, Paris, 1806-1807.
Flore française; Bois-Duval. Paris, in-8, 1828. »
Botanicon gallicum; Duby. Paris, in-8, 1828 et
1830.
Flore française destinée aux herhorisations ; Mu- »
tel. In-8, Paris, 1834 à 1838.
Flore de France ; par Grenier et Godron. In-8,
Paris, 1848-1852.
Plantes de France ou naturalisées et cultivées en
France ; décrites et peintes d’après nature par
M. Jaume Saint-Hilaire. 1'° partie, 4 vol. in-8
el in-4 ; 2° partie, in-8.
Méthode éprouvée pour connaître facilement les
plantes de lintérienr de la France; par M. Du-
bois, d'Orléans. In-8, 1825.
Herbier de la France, ou Collection des plantes
indigènes de ce royaume ; par Pierre Bulliard.
Paris, 1780-93, en 12 parties, renfermant 602
planches colorées.
Flore du centre de la France ; Borcas. Paris, in-8,
1840.
Catalogue des plantes vasculaires de la France
centrale ; Martial Lamotte. In-8, Paris, 1847.
Flore de Toulouse; Serres. Toulouse, in-8, 1826.
É
V4
x
INTRODUCTION.
. deccix
Plantes phanérogames des environs de Toulon ; | Plantarum rariorum regni Neapolitani specimen ;
Robert. Brignolles. In-8, 1838.
Flora monspeliaca; par M. Antoine Gouan. Lyon,
1765, in-8.
Histoire abrégée des plantes des Pyrénées ; par
Picot de la Peyrousse. In-8, 1813.
Flore agenaise, 1 vol. in-8 ; figures ; par M. de
Saint-Amaäns. Agen, 1821.
Végétaux du département des Deux-Sèvres ; Bra-
guier et Maurette. Saint-Maixent, in-18, 1842.
Histoire des plantes du Dauphiné ; par D. Villars.
3 vol. ir-8, Grenoble, 1786-88.
Flore du Dauphiné; par A. Mutel. Grenoble,
1830.
Flore de la Sarthe et de la Mayenne; Desportes.
Le Mans, in-8, 1838.
Flore d’Alsace; Kirschleger. Strasbourg, in-8,
1836.
Flore Rochefortine ; R. P. Lesson. In-8, Roche-
fort, 1835.
Synopsis de la Flore de Lorraine et d’Alsace ;
Choulette. Strasbourg, in-12, 1845.
Flore jurassienne; Babey. Paris, in-8, 1845.
Flore de la Loire-Inférieure; Lloyd. Nantes,
in-12, 1844.
Flore d’Indre-et-Loire; Dujardin. Tours, in-8,
1833.
Flore de la Seine-Inférieure ; Pouchet. Rouen,
in-8, 1834.
Flore de la Normandie ; Brébisson. Caen, in-12,
1836.
Bolanographie Belgique, ou Flore des provinces
septentrionales de la France; Lestiboudois fils,
in-8, Lille, 1871.
Botanicon Parisiense; par Sébastien Vaillant.
In-fol., Leyde, 1727,
Flore parisienne, in-folio ; par Poiteau et Turpin.
Paris, 1808.
Nouvelle Flore des environs de Paris; par
M. F.-V. Mérat. 2° édit., 2 vol. in-18, Paris,
1821.
Flore descriptive et analytique des environs de
Paris; Cosson et Germain. Paris, in-8, 1845,
Synopsis analytique de la Flore des environs de
Paris. Paris, in-8, 1845.
Tableau analytique de la Flore parisienne ; Bau-
tier. Paris, in-18, 1852.
Museo di plante rare della Sicilia, Malta, Corsica,
Italia, Piemonte et Germania ; by Paolo Boc-
cone. In-4, Venetia, 1697.
Flora italica; Bertoloni. Bologne, in-8, 1833
à 46.
Floræ Italicæ fragmenta , in-4; par Dominico
Viviani. Genuæ, 1808.
Flora Italica (Flore d’Italie) ; Bertoloni. In-8, Bo-
logne, 1833-46,
Flora Italiæ superioris; Passerini. Mediolani, in-8,
1845
Plantæ Veronenses; par J.-F. Séguier. 3 vol. in-8,
Vérone, 1745.
Flora Pisana ; par Gaëtano Savi. 2 vol. iu-8, Pise,
1798.
TOME 1, INTRODUCTION. — Livraison CcCCcec.
par Domenico Cyrillo. In-fol., Neapolit., 1788.
1792;
Flora Neapolitana; par Michel Tenore. 4 vol. in-
fol , Neapol., 1811.
Saggio sulla Flora della Lombardia; Cesati. Mi-
lano, in-8, 1844.
Flora taurinese ; Re. Torino, in-8, 1825.
Flora taurinens's ; Balbis. Taurini, in-8, 1801.
Flora romana ; Marattÿ. Romæ, in-8, 1822.
Flora sicula; Gussone. Neapoli, in-fol., 1829.
Flora Española (Flore espagnole) ; Quer y Marli-
nez. In-4, Madrid, 1762-84.
Icones et descriptiones plantarum quæ aut sponte
in Hispania crescunt, aut in hortis hospitantur,
par Antoine-Joseph Cavanilles. Madrid, 1799;
6 vol. in-4.
Iter hispaniense ; Webb. Paris et Londres, in-8,
1830 J
Otia hispanica; Webb, in-fol., 1839.
Voyage botanique dans le Midi de l'Espagne;
Boissier. Paris, in-4, 1839 à 1844.
Essai sur la végélation de la Nouvelle-Castille.
Genève, in-4, 1843.
Flore portugaise; Hoffmansegg
Berlin, 1809 à 1840.
Flora pharmaceutica e alimentar portugueza,
Figueiredo. Lisboa, in-8, 1805.
He Græca ; Sibthorp, In-fol., Londres, 1806 à
1840.
et Link. In-fol.,
Asie.
Hortus indieus Malabaricus; par Henricus Van
Rheede. 12 vol. in-fol., 1678-1703.
Herbarium Amboiïnense ; par Georges-Everhard
Rumphius. 6 vol. in-fol., Amsterdam, 1750.
Flora Siberica ; par John-Georges Gmelin. 4 vol.
in-4, Petropol., 1747-69,
Flora Japonica ; by Car. Petr. Thunberg. In-8,
Lipsiæ, 1784.
Icones selectæ plantarum quas in Japonia
collegit et delineavit E. Kaempfer. J. Banks
In-fol., London, 1791.
Icones selectæ plantarum quas in Japonia colle-
PE depinxit E. Kæmpfer. Iu-fol., London,
Flore de Cochinchine ; Loureiro. 2 vol, in-4.
Prodromus F1. nepalensis ; Don. Londres, in-8,
1825.
Plantæ asiaticæ rariores ; Wallich. Londres, in-
fol., 1820.
Illustrations of indian botany ; Wight. Madras,
in-8, 1838-1841.
Spicilegium Neilgherrense ; Wight. Madras, in-4
1846 45.
Florula zeylanica ; Thunberg. Upsal, in-4, 1825.
Enumeratio FI, Javæ; Blume. La Haye, in-8,
1827-28.
Flora Javæ; Blume et Fischer. Bruxelles, in-fol.
1828-29.
Rumphia ; Blume, Tubingue, in-fol., 1835-36.
Herbarii timorensis Descriptio ; Decaisne. Paris,
in-4°, 1835.
L
ccccc
dcecx
leones plantarum altaicarum , in-fol. ; par Caro-
ns Fredericus Ledebour. In-fol., Berolini,
1830.
illustrations of the Botauy and other branches of
natural history of the Himalayan mountains
and of the Flora of Cashmere; by D' Royle,
F. R.S., etc. In-4, London, 1833-38.
Flora de Filipinas ; Blanco. Manila, in-8, 1837.
Icones plantarum sponte China nascentiam ;
Londres, in-fol., 1821.
Évumeratio pl. q. in China boreali collegit;
Bunge. Saint-Pétersbourg, in-4°, 1831.
Flora Japonica ; Siebold et Zuccarini. La Haye,
in-fol., 1835-1840.
Flora Ceylanica ; Gardner, 1851.
Afrique.
Flora ægypliaco-arabica; Forskâl. Copenhague,
in-4°, 1775.
Énumération des plantes nouvelles recueillies
par Boré, dans les deux Arabies, la Palestine,
la Syrie, l'Égypte; Decaisne. Paris, in-8,°1845.
Rariorum Africanarum plantarum decades , 10
in-4; by Johannes Burmann. Amstelodami,
1738-39.
Jagtagelser over Vœxtriget i Marocco (Observa-
tions sur le règne végétal au Maroc). In-4 ;
par Schousboe. Copenhague, 1800.
Flore des royanmes d’Oware et de Bénin; par
Palissot de Beauvois. In-fol., Paris, 1805.
Icones plantarum Syriæ rariorum. In-fol., Paris,
1791-1812; par la Billardière.
Flora atlantica ; Desfontaines. Paris, in-8, 1798-
1800.
Beskrivelse af Guineisk planter; Schumacher.
Copenhague, in-4, 1827.
The genera of S. Afr. plants ; Harvey. Le Cap,
in-8, 1838.
Plantæ novæ capenses; Jardsey. Berlin, in-8
1831.
Flore algérienne ; Champy. Paris, in-8, 1844.
Munby. Paris, in-8, 1847.
Description des plantes de Madagascar ; Bojer.
Maurice, in-4, 1839-43.
A Selection of Madeira flowers ; Robley. Londres,
in-fol., 1845.
Histoire naturelle des Canaries; Webb et Berthe-
lot, in-4, 1836-47.
Flora azorica; Seubert. Bonn, in-4, 1844.
Amérique.
Description des plantes de l'Amérique; par Ch.
Plumier. In-fol., 1693-1712.
Flora Peruviana et Chilensis; par Hippolyte Ruiz
et Joseph Pavon. 3 vol. in-fol., Madriti, 1798-
1799.
Flora borealis Americana ; par André Michaux.
2 vol. in-8, Paris, 1803.
Histoire des arbres forestiers de l'Amérique sep-
tentrionale ; par André-François Michaux fils.
3 vol, in-4, Paris, 1810-15.
INTRODUCTION.
Flora borealis Americana ; par Frédéric Parsir,
2 vol. in-8, London, (814.
Flora borealis Americana ; Hooker. Londres,
in-4°, 1839-40.
Flora of North America; Torrey et Gray. New-
York, in-8, 1820-23.
North American botany; Eaton and Wright,
in-8, 1840.
The North Am. sylva; Nuttal. Philadelphie,
in-8, 1842.
Histoire des plantes de la Guïane française ;
Anbler. Londres et Paris, in-4°, 1775.
Plantæ æquinoctiales; Humboldt et Bonpland.
In-fol., 1805-1818.
Historia fisica y politica de Chili; Gay. Paris,
1835.
Illustrations of South American plants; Miers.
Londres, in-4, 1846-47.
Flora Antillarum; Tussac. Paris, in-fol., 1808-
Flore médicale des Antilles; Descourtilz. Paris,
in-8, 1828-29.
Flore des Malouines; Dumont-d'Urville. Paris,
in-8, 1845.
Nova genera et species plantarum quas in iti-
nere per Braziliam coll. C.-F. Martius. 1817-
20, in-4.
Histoire des plantes les plus remarquables du
Brésil et du Paraguay; par A. de Saint-Hilaire.
1 vol. in-4, Paris, 1824.
Piantes usuelles des Brasiliens; M. Auguste de
Saint-Hilaire. In-fol., 1825.
Flora brasiliensis ; Endlicher et Martius. Vienne,
in-fol., 1840-46.
Océanie.
Flora australasica ; Sveet. Londres, in-8, 1827-
28. È
Stirpium australasicarum decades tres; Endli-
cher. Vienne, in-4, 1838.
Essai d’une Flore de la Nouvelle-Zélande ; Ri-
chard. Paris, in-8, 1832.
Choix de plantes de la Nouvelle-Zélande ; Raoul.
Paris, in-4, 1846.
Voyage à la Nouvelle-Guinée ; P. Sonnerat. In-4,
Paris, 1776.
Novæ Hollandiæ plantarum specimen; par J.J-.
la Billardière, 2 vol. in-fol., Paris, 1804-1806.
Prodromus Floræ Novæ Hollandiæ; R. Brown.
Londres, 1816.
Monographies.
Deutschlands Cryptogamische Gewächse, par
Schkukr. Lips., 1804-1809.
Synopsis of the british Confervæ ; par Dillwinn.
1802, in-4.
Essai sur les Thalassiophytes non articulés (Ann.
Mus., 1813-20); par Lamouroux.
Synopsis of the british Fuci; par Turner. 1802,
in-4.
INTRODUCTION.
Synopsis algarum Scandinaviæ; par Agardh.
1813, in-18.
Histoire des Conferves d’eau douce; par Vau-
cher. 1830, in-4.
Phycologia generalis ; par Kutsing. 1843.
Systema Algarum; Agardh. Londres, in-8, 1824.
Hydrophytologia delle Chiaje. Naples, in-fol.,
1829.
Phycologia britannica; Harvey. Londres, in-4,
1846.
Die Algen Deutschlands ; Rœmer. Hanovre, in-8,
1845.
Histoire des Champignons de France ; par Bul-
liard. Paris, 1791.
Coloured figures of english Fungi; by James So-
werby. In-fol., London, 1796-1815.
Synopsis methodica Fungorum; par C.-H. Per-
soon. 2 vol. in-8, Gœttingue, 1801.
Observationes mycologicæ; by Elias Fries. 2 vol.
in-12, Hafniæ, 1815-18.
Traité sur les Champignons comestibles ; par
C.-H. Persoon. In-8, pl. color., Paris, 1819.
Mycologie européenne; par Persoon. Erlang.,
1822-28.
Icones Fungorum Pragæ; par Corda. 1837-40.
Tabula analytica Fungorum; Trog. Berne, in-12,
1846.
Beschr. essbarer und schädlicher Schwämme.
(Description des Champignons comestibles et
vénéneux); Marquart. Brünn, in-8, 1842.
Avis an peuple sur les Champignons ; Letellier.
Paris, in-4, 1841.
Descrizione de’ Funghi mangerecci e velenosi dell”
Italia; Vittadini. Milano, in-4, 1835.
Y Funghi d'Italia; Viviani. Gênes, in-fol., 1834.
Naturgetr. Abbild. and Beschr. der essb., schädl.
und verdächtig. Schwämme. (Fig. des Cham-
pignons comestibles vénéneux et suspects);
Krombholz. Prague, in-fol., 1831 à 1847.
Monographia Tuberacearum ; par Vittadini. Me-
diol., 1831.
Traité pratique des champignons comestibles ;
J. Lavalle, in-8. Paris et Dijon, 1852.
Descriptio et adumbratio plantaram quæ Liche-
nes dicuntur; par Hoffman. In-fol., avec pl.,
Leipsick, 1790.
Lichenographia universalis ; Acharius, Gôttingue,
in-4. 1810.
Lichenes americani; Swartz. Nuremberg, in-8,
1811.
Lichenographia europ. reform.; Fries. Londres,
in-8, 1831.
Lichenes ; Rabenhorst. Leipzig, in-8, 1845.
Historia Muscorum, etc. ; J.-J. Dillen. Oxford,
1742, 2 cahiers in-4.
Species Muscorum frondosorum ; Johannes Hed-
wig. In-4, Lipsiæ, 1801.
Muscologia; Samuel-Elias Bridel. In-4, Gothæ et
Parisiis, 1797-1803.
Fundamentum historiæ naturalis Muscorum fron-
dosorum, etc. ; Hedwig. Leipsick, 2 vol. in-4.
decex)
Species Muscorum ; Hedwig. Supplementum ;
Fréd. Schwägrichen. In-4, Lipsiæ, 1811.
Muscologia britannica ; Hooker et Taylor. In-8,
London, 1818.
Bryologia universa; Bridel. Gothæ, 1826-28.
Bryologia Europæa ; Bruch et Schimper. Stutt-
gard, 1837-48.
Muscologia britannica; Jackson Hooker. In-8,
2 d. edit. enlarged.
Bryologia germanica; Nees ab Esenbeck, Horn-
schuh et Sturm. Nuremberg, 1823-31.
Monography of the british Jungermanniæ ; W.-J.
Hooker. In-4, London, 1812-16.
Lycopodiaceæ Brasilienses; Spring. in-fol., 1840
Bemerkungen über die Lebermoose in N.A.C. ;
par Bischoff. Vol. XVII, pag. 2, 1835.
Naturgeschichte der Europäischen Lebermoose ;
par Nees d’Esenbeck. Berlin, 1836.
Synopsis Hepaticarum; Lindenberg. 1844.
Species Hepaticarum; Lindenberg. Bonn, in-4,
1839, 47.
British Jungermanniæ; Hooker. Lond., 1816.
Synopsis Filicum ; par Olaf Swartz. Kiliæ, 1806.
Enumeratio Filicum ; par Kaulfuss. Lipsiæ, 1824.
Icones Filicum ; par Hooker. Londini, 1826 31.
Tentamen Pteridographiæ ; par Presl. Prag., 1836
Species Filicum ; Hooker, London, vol. f, in-fol.,
1842.
Genera Filicum ; Hooker. Londres, in-8., 1842.
Die Farrnkräuter ; Kunze. Leipsick, 1847.
Monographie des Prêles; Vaucher. Genève, in-4,
1822
Sur les Equisetum ; par Mirbel. (Bull. de la So-
ciété Philomathique.)
Monographia Cycadearum; Miguel. Utrecht, in-
fol., 1842.
De Pilularia ; par B. de Jussieu. (Mémoires de
l’Académie, 1739.)
Sulla Salvinia natans; Savi. 1820.
Essai d’une nouvelle agrostographie, ou nou-
veaux genres de Graminées; par Palissot de
Beauvois. Paris, 1812, in-4, avec 12 planches.
Icones et descriptiones Graminum Austriaco-
rum; Nicolas-Thomas Host. 5 vol. in-fol.,
Vindel., 1801-1803.)
Species Graminum; ‘Trinius. Saint-Pétersbourg,
in-4, 1828 à 1835.
Tentamen Agrostographiæ universalis ; Ruprecht
Prague, in-8, 1838.
Histoire des Carex ou Laiches; par Christian
Schkubr. 1n-8, Leipsick, 1802.
Uebersicht der Cyperaceen, (Coup-d’æil sur les
Cypéracées); Nees d’Esenbeck, Gœttingen.
(Linnæa, XX, p. 275).
Les Liliacées; par P.-J. Redouté. 8 vol, in-fol.,
Paris, 1802-16.
Sertum Orchidaceum ; by John Lindley, Ph. D.
F.R.S. In-fol., London, 1858.
‘The Orchidaceæ of Mexico and Guatemala; by
James Bateman. In-fol., London, 1837-43.
deccxi]
À century of Orchidaceous plants ; Hooker. Lon-
dres, in-4, 1846.
De Lempna ; Hoffmann. Leyde, in-8, 1830.
Die nat. Pflanzenfam. der Typhaceen ; Schinzlein
in-8, 1845.
Genera et species Palmarum Brasiliæ ; Martius.
Munich, in-fol., 1823-45.
The Palms of Brit.; E. J. Griffith. Calcutta, in-8,
1825.
Monographie de la famille des Conifères ; Jac-
ques. Paris, in-8, 1837.
Die Coniferen; Antoine. Vienne, in-fol., 1840.
Chlorantheæ; Blume. In-fol., Bruxelles, 1828.
Ueber die Fam. der Piperaceen; Kunth. Halle, in-
8, 1840.
Systema Piperacearum ; Miguel. Rotterdam, in-8,
1843-44.
De Houttuynia atque Saurureis; Meyer. Regio-
montii, in-8, 1829.
Remarks on the Ceratophyllaceæ; Gray. In-8
New-York, 1837.
Myricæ; Blume (F1. de java). Bruxelles, in-fol.,
Traité des Arbres et Arbustes qui se cultivent en
France en pleine terre; par Duhamel du Mon-
ceau. 2 vol. in-4, Paris, 1755.
Dendrologia britannica ; by P.-W. Watson. { vol.
1325.
Histoire des Chênes de l’Amérique septentrio-
nile. Michaux. Paris, 1801.
Mémoires sur les différentes espèces de Chênes
de France ; Bosc. Paris, in-8, 1808.
Mémoire sur le genre Pinus de Linné; par J. de
Tristan. (Annales du Muséum d'histoire na-
turelle, 16e vol.)
Urticacæ ; Miguel. Lahaye, in-fol., 1840.
De Salicibus Europæis; Koch. In-8, 1820.
Chenopodiarum Monographica enumeratio ; Mo-
quin-Tandon. Paris, in-8, 1840.
Beitrag zur Kenntn. der Amarantaceen (Mémoi-
res sur les Amaranthacées); Martins. Berne,
in-4, 1825.
Bemerk. ueb. die Fam. der Polygonaceæ (Obser-
vations sur les Polygonacées) ; Meyer. Saint-
Pétersbourg, in-4, 1840.
Observations sur la famille des Nyctaginées ;
Jussieu. Paris, in-4, 1893.
Mémoire sur les Moniminées; Jussieu. Paris,
in-4, 1809.
Systema Laurinarum; Nees ab Esenbeck. Berlin,
in-8, 1836.
On the nat. ord. of pl. called Proteacae; Brown
Londres, in-4, 1810.
Monographie générale des Plantaginées; Bar-
néout. Paris, in-4, 1815.
Prodromus Plumbaginearum familiæ; Ebel. Re-
giomontii, in-4, 1840.
Mémoire sur la famille des Valérianées ; De Can-
dolle. Paris, in-4, 1832.
Mémoire sur les Dipsacées ; Couller. Genève, in-4.
1823.
INTRODUCTION.
Synopsis generum Compositarum ; Lessing. Ber-
lin, in-8, 1832.
Statistique de la famille des Composées; De
Candolle. Paris, in-4, 1898.
Prodromus monographiæ Lobeliacearum ; Presl.
Prague, in-8, 1836.
Monographie des Campanulacées; De Candolle.
Paris, in-4, 1830.
Mémoire sur la famille des Rubiacées; Richard.
Paris, in-4, 1829.
Traité des Asclépiadées; Sonnini. Paris, in-8,
1810.
Essai sur l’histoire naturelle des Gentianes; Mar-
quis. Paris, in-4, 1810.
Labiatarum genera et species; Bentham. Lon-
dres, in-8, 1832-36.
De Plantis labiatis; Koch. Erlangen, in-8, 1833.
Menthæ britannicæ ; par William Sole. In-folin,
Bath, 1798.
Historia Amarantarum; par Car. Ludwig Wil-
denow. In-fol., Turici, 1790.
Observation sur la famille des Verbénacées ; Jus-
sieu. Paris, in-4, 1806.
Mémoire sur la famille des Sélaginées; Choisy.
Genève, in-4, 1823.
De Asperifoliis Linnæi; Schrader. Güttingue,
in-4, 1820.
Convolvulacées orientales; Choisy. Genève, in-4,
1832-41.
Mémoire sur les Convolvulacées du Brésil; Choisy.
Genève, in-4, 1840.
Description des Hydroléacées; Choisy. Genève,
in-4, 1833.
Histoire naturelle et médicale des Solanées ;
Pouchet. Rome, in-8, 1829.
De Solanacearum familia et genera; Balsamo-
Crivelli. Ticini, in-8, 1824.
Gener. Nicolianarum historia ; par J.-G.-C. Leh-
mann. In-4, 1818.
Scrophularinearum revisio; Bentham. Londres,
in-8, 1837.
Revue sommaire de la famille des Bignoniacées;
de Candolle. Genève, in-8, 1818.
Monographie des Orobanches; Vaucher. Ge-
nève, in-4, 1827.
Essai sur les Orobanches qui croissent à Lan-
gais; par Ch. de Moulins. (Ann. des Sciences
naturelles, 2° série, 3° vol.)
Mémoire sur la famille des Primulacées; Duby.
Genève, in-4, 1844.
Monographia generis Primularum; par J.-C.-G.
Lehmann. In-4, Lipsiæ, 1817.
De familia Plantarum Ericacearum; Alexandro-
vitch. Saint-Pétersbourg, in-8, 1844.
Coloured engravings of Heaths, with botanical
description ; by Henry Andrews. 3 vol. in-fol.,
London, 1802-1809.
Ericarum Icones et descriptiones; Wendland.
Hanovre, 1798 à 1823.
Plantarum Umbelliferarum Prodromus ;
Kurt Sprengel. In-4, Hallæ, 1813,
par
INTRODUCTION.
Mémoire sur la famille des Ombellifères; De
Candolle. Paris, in-4, 1829.
Observaciones sobre ila: familia natural de {as
plantas aparasoladas ; Lagasca. Londres, in-8,
1826.
Umbelliferarum Genera nova et Species ; Fenzl.
Ratisbonne, in-8, 1843. ï
Dissertatio de Eryngiis ; par Daniel Delaroche.
Mémoire sur la famille des Loranthacées; De
Candolle. Paris, in-4, 1830.
Mémoire sur la famille des Crassulacées. Paris,
in-4, 1828.
Saxifragearum enumeratio; Haworth. Londres,
in-8, 1821.
Revisio Saxifragearum; Sternberg. Ratisbonne,
in-fol., 1810. Suppl. Ratishonne et Prague,
in-fol., 1822-31.
Mémoire sur la famille des Grossulariées; Ber-
landier. Genève, in-4, 1828.
Mémoire sur la famille des Anonacées. Genève,
in-4, 1832.
Animadversiones botanicæ in Ranunculaceas
Candolii; Schechtendal. Berlin, in-4, 1819-20.
Histoire des Pavots et des Argémones; Viguier.
Montpellier, in 4, 1814.
De plantis Fumariaceis; Handschuch.. Erlangen,
in-8, 1828.
Monographia delle Fumariece; Parlatore. In-8,
Florence, 1844.
Mémoire sur la famille des Crucifères ; De Can-
dolle. Paris, in-4, 1821.
Mémoire sur les Résédacées; Saint-Hilaire. Mont-
pellier, in-4, 1837.
Mémoire sur les affinités naturelles de la famille
des Nymphæacées; De Candolle. Genève, in-4,
1821.
Observations on the Genus Sarracenia ; Croom.
New-York, in-8, 1837.
Cistinæ. Sweet. Londres, in-8, 1825-1830.
Mémoire sur la famille des Violacées ; Gingins de
Lassarey. Genève, in-4, 1823.
Bixinæ ; Kunth. Paris, in-8, 1812.
Mémoire sur les Passiflorées; Saint-Hilaire. Paris,
Paris, 4, 1823.
Mémoire sur les Cucurbitacées, les Passiflorées
et le nouveau groupe des Nhandirobées; par
A. de Saint-Hilaire (Mémoires du Muséum
d'histoire naturelle, 5° vol.)
Mémoire sur la famille des Cucurbitacées; Se-
ringe. In-8, Genève, 1825.
Synopsis monographica Peponiferarum, Rœmer,
in-8; Weimar, 1846.
Ueber die Fam. der Cacteen; Salm Dyck. Berlin,
in-8, 1840. :
Handbuch der Cacteenkunde (Manuel sur les
Cactées); Fôrster. In-8; Leipsick, 1846.
Plantarum succulentarum bhistoria ; Augustin-
Pyramus De Candolle. In-fol. and in-4, Paris,
1799-1803.
Monographia generis Aloes et Mesembrianthemi.
Salm Dyck. In-4; Dusseldorf, 1826.
dcccxii]
Revue de la famille des Portulacées ; De Can-
dolle. In-4, Paris. 1828.
Mémoire sur Ja famille des Paronychiées; De
Candolle. In-4. Paris, 1829.
Quelques observations sur la famille des Alsi-
nées; Godron. In-8. Nancy, 1842.
Recherches sur la Garance; J. Decaisne. In-4,
Bruxelles, 1837.
Malvacées; Kunth. In-8. Paris, 1822.
Pterocymbium, with observ. on Sterculieæ ;
Brown. In-fol., Londres, 1840.
Fragment d’une Monographie des vraies Buttne-
riacées ; Gay. In-4. Paris, 1823,
Tiliacées ; Kunth. 1n-4. Paris, 1822.
Dipterocarpées; Blume. (Fl. de Java). In-fol.
Bruxelles, 1828.
Mémoire sur la famille des Ternstræmiacées et
des Guttifères ; Cambessèdes. In-4. Paris,
1825.
Monogr. des Hypéricinées ; Choisy. In-4. Genève,
1821.
Hespérides ; Rômer. In 8. Vienne, 1846.
Mémoire sur le groupe des Méliacées ; Jussieu.
In-4. Paris, 1830.
Monographie des Malpighiacées ; Ad. de Jussieu.
In-4 Paris, 1843.
Mémoire sur la famille des Sapindacées; Cum-
bessèdes. In-4. Paris, 1831.
Enumeratio Euphorbiarum quæ in Germania et
Pannonia gigountur ; Roëper. In-4, Gottingæ,
Premier Mémoire sur la famille des Polygalées ;
par A. de Saint-Hilaire. (Mémoires du Mu-
séum d'histoire naturelle, 16° vol.)
Mémoire sur la famille des Polygalées; Ad. de
Jussieu. In-4. Paris, 1815.
Synopsis Pittosporearum ; Putterlick. Vienne,
In-8, 1839.
Mémoire sur la famille des Rhamnées ; Ad. Bron-
gniart. In-4. Paris, 1826.
Euphorbiacées ; Danzer. In-4. Strasbonrg, 1834.
Terebinthacearum Genera; Kunth. In-8. Paris,
1824.
Juglandæ, Blume (Flora Javæ), in-fol., Bruxelles,
1828.
Mémoires sur les Ochnacées et les Simaroubées;
De Candolle (Ann. du Mus.), 1811.
Diosmæ descriptæ et illustratæ; Bartling et
Wendland, in-8. Gôttingue, 1824.
Mémoire sur les Rutacées ; Jussieu, in-4. Paris,
1825.
Géraniacées ; Sweet, in-8. Londres, 1820 et
1830.
Geranologia; par Charles-Louis Lhéritier. In-fol.,
Paris, 1787-88.
Coloured engravings of Geraniums ; by Henry An-
drews. In-fol., London.
Étude sur les Géraniées ; Picard. In-8, Boulogne,
1838.
Oxalidis monographia, iconibus illustrata; par
N.-J. von Jacquin. In-4, Vindob., 1792.
deccxiv
Monograph. der amerik. Oxalisarten; Zucca-
rini, in-4. Munich, 1825 et 1831.
Mémoire sur la famille des Combrétacées ; De
Candolle, in-4. Genève, 1620.
Mémoire sur la famille des Onagracées; De Can-
dolle, in-4. Paris, 1829.
Mémoire sur la Trapa natans ; Lebrun, in-8.
Rouen, 1821.
Revue de la famille des Lythraires; De Can-
dolle, in-4. Genève, 1821.
Mélastomacées ; Miguel, in-fol. La Haye, 1840.
Mémoire sur la famille des Myrtacées; de Can-
dolle, in-4. Genève, 1842.
INTRODUCTION.
Rosearum monographia, Trattinick; in-8. Vienne,
1823 à 24.
Rosifloræ', Rômer, in-8. Weimar, 1849.
Les Roses ; par P.-J. Redouté. In-fol., Paris.
Mimoses et autres plantes légumineuses du nou-
veau continent; par Car.-Sigismond Kunth.
In-fol., Paris, 1819. ”
Mémoire sur la famille des Légumineuses ; de
Candolle, in-4. Paris, 1825.
Commentationes de Leguminosarum generibus ;
Bentham, in-4, Vienne, 1837.
TABLE DES MATIÈRES
CONTENUES
DANS L’INTRODUCTION.
AOC HORS 11 amee dense
$ 1. De l'utilité de la botanique......
$ 2. De la botanique et de son étude...
$ 3. Des herborisations.............
$ 4. Des localités à visiter...........
$ 5. Des époques propres aux herbo-
ANR à 2e se mes etre ee
$ 6. Des heures du jour propres aux
HEFbOrSAIONS. +
$ 7. Des herbiers. .
63: De larécollos.sc cuire aotrnhiter
$ 9. De la dessiccation des plantes. ..
$ 10. De la disposition des plantes des-
séchées dans l’herbier........
$ 11. De la conservation des herbiers.
$ 12. Des herbiers artificiels.........
CC
CHAPITRE 1°.
De l’apparition successive des végétaux
à la surface du globe.............
CHAPITRE II.
De la distribution des végétaux à la
surface du globe. ..
Tableau du rapport réciproque des prin-
cipales familles de la Flore française
disposées par région. .............
Station des végétaux d'Europe. ......
1. Plantes des plaines et des monta-
dns
Plantes des montagnes. ...........
des Alpes ou alpestres . ....
alpines, des glaciers, ni-
des rochers. ........,....,
—
101
116
2. Plantes des bois et des forêts. .....
Plantes des Dis - 2 22 Eee
LOS Or ES
3. Plantes des bois et des champs...
Plantes des haies. 5... ee
CRAMPOLEES ee con = ae
des sables... ... dnte le: Sen
des prés et des prairies. ....
HOSNTISEEEES ee re st aceor
DCS MOISSONS.. a nues
des champs cultivés. .... re
dés'auérefs.: 2e ses
4. Plantes des habitations. ......,...
Plantes des jardins, horticoles...
DS OLIS see a CE
des murailles. ............
des pierres, des lieux pier-
MOTENES its eee tie ce came elle
5. Plantes des marais et du bord des
Plantes des prairies humides... .....
des lieux inondés.........,
des Marais CHRRECE 2
palustres ou marécageuses.
maritimes, littorales.......
ê: Plantes'des eaux. 54 io.
Plantes des étangs. .......... ts
des fossés et des eaux......
SASNANTES ER...
deS'rivagesn ie dde ae
fuviales SN AR AMAINE
des fontaines, fontinales. ...
MARINES Tee me asus:
7. Plantes épiphytes et parasites. ....
167
deccxv)
CHAPITRE II.
Pagès,
Du plan de symétrie ascendante ser-
vant de loi au règne végétal. .... 171
CHAPITRE IV.
Différences qui existent entre les ani-
maux et les végétaux............. 187
CHAPITRE V.
De la chimie végétale. .............. 191
Substances albuminoïdes. ........... 193
Matière amylacée................... 195
Des gommes....................... 198
Des sucres. te er c-arhrerenetint” 199
Principes gélatineux des fruits...... 201
De la fermentation alcoolique... 207
De l'ACODl. 2: meneasvecmreuer 208
De l'esprit de bois et de ses produits... 214
Des autres acides végétaux. .......... 216
Des tannins... LAN EUR RSS UE 219
Des alcalis organiques.............. 221
Des nie. LC NT eme ee peste 227
MO TIRER 222 op iRe sac cut 230
Des essences. .........t.e.eserseoe 222
Matières colorantes d’origine organi-
QUe............sesessserssssssee »
Des principes inorganiques contenus
dans les végétaux. ............... 321
CHAPITRE VI.
De l’observation micrographique...... 256
CHAPITRE VII.
Des organes élémentaires des végétaux. 239
CHAPITRE VIII.
Propriétés générales des végétaux. .... 249
$ 1. Propriétés des tissus végétaux. 249
$ 2. Propriétés vitales........:.4. 251
CHAPITRE IX.
Type idéal de la plante. ............ 253
CHAPITRE X.
Organes composés. .....:...2.,..... 255
TABLE DES MATIÈRES.
Pages
Desratines. .. See at »
$ 1. Caractères extérieurs........ EC TR
$ 2. Anatomie des racines......... 259
S'ÉTbncliôis. 28 HS... 260
CHAPITRE XI.
LA SO ee Sr 262
$ 1. Caractères extérieurs des tiges
AÉTIENNES. ; nd es « sepius 263
Des tiges souterraines... ..... 268
Des bulbes et des tubercules. 269
$ 3. Anatomie des tiges........... 271
Acotylédones............... »
Monocotylédones. .......... 272
Dicotylédones.. ............ 273
CHAPITRE XII.
Des bourgeons. sit. ati. tiaeetts 277
$ 1. Caractères extérieurs..... .... »
$ 2. Anatomie des bourgeons. ..... 280
SIJMPONCTIONS Mr Re eee eee »
CHAPITRE XII.
De la ramification :. 2e 282
Nomologie des racines et des tiges.... 284
CHAPITRE XIV.
DES FEUIES... ets :of ti 285
Préfoliations applicatiles. ........... »
— plicatles. <<. »
— révolutives. ........... 286
_ CTISDAREVES, arms »
$ 1. Caractères extérieurs ......... 287
Du:pétiole ste cd omed ain « »
De la nervation. ........... 289
Des formes, de la disposition
et de l’insertion des feuilles. 290
De la disposition géométrique
dés féuillés.:. 2" 000 297
Du sommeil des feuilles. .... 300
Du mouvement spontané des
feurlleb. : 2-0 302
De la feuillaison et de l’ef-
TOULUAISQN nue ete mate 303
Tableau de la feuillaison et de
l'effeuillason.-..."...,...: 308
Nomologie des feuilles....... »
S', ARATOIMID eve vue mes one ete moi 310
ST FORCHOMS da een ce 314
‘Excrétion des feuilles... ..... 320
TABLE DES
CHAPITRE XV.
Pages
DES SUD ere Reese meet »
Nomologie des stipules..... ........ 323
CHAPITRE XVI.
Des modifications des organes appendi-
Culaires.. 52e EE PAR 324
1: Des SUDDOrTS TURN, »
$ 2. Des épines et des aiguillons... 326
DD DES DOS... de Pete de ee Oh 327
S4. Des glandes. 0e 331
Excrétion des poils........... 332
Excrétion des glandes, ........ 334
CHAPITRE XVII.
DR DRAGERER: 2 aan gas avai et nn à 336
CHAPITRE XVIII.
DelnAorescence. 2... ... 342
CHAPITRE XIX.
Des fonctions de la vie organique dans
PRO VOBBIAL 25e 2e ER amer eme ne 352
DR AIDE ON 2208 eu ete à à 356
SL Crcmaion se raie 359
De la phosphorescence. ....... 369
DT RERAUOR. 27 en are, 365
De la chaleur dans les végé-
LAURE ee HÉDETyEE JU 367
SM PES HAAON SE 02 Ti re. 370
SH EEE EDR À 0 em ae eme te 372
De la coloration dans le végétal. 382
Des odeurs dans les végétaux.. 393
Des saveurs dans les végétaux. 404
S6. Excréton., "142 bu 414
Se ASSITILEAUIORE ee el ee 418
Formation des faisceaux fibro-
NASCUHES "= s cus d ETUe 422
Accroissement des tiges. ...... 432
CHAPITRE XX.
Des organes de la reproduction. ...... 443
LR LE PE OP ee 444
Floraison des principales espèces végé-
tales croissant sous le climat de Paris. 462
Nomologie de la fleur. ............. 466
Des organes de la fructification dans
les Crypioemeeliets, ue 0 468
TOME 1, INTRODUCTION. — Livraison ddddd.
MATIÈRES. decex vi}
CHAPITRE XXI.
Pages.
Des enveloppes florales. ....,....,.,. 474
Dr che tone o ut »
Anatomie du calice..........,.. 479
Nomologie du calice............ 480
De Td-corolle #2 ee th dir 67e 481
Anatomie de la corolle........... 488
Nomologie de la corolle. ........ 489
Des nectaires 7 RIM EC. 491
CHAPITRE XXII.
Des appareils générateurs... ........ 493
DS FRÉRE 0 Lu I AU AaTe »
Anatomie de l’étamine.......... 498
Nomologie de l’étamine. ........ 500
LT LUE EM MM A AS ve à ae à dé on 503
Nomologie du pistil.........,... 505
De l'ovaire CO Mo er TA 506
Anatomie de l’ovaire............ 508
Fonctions de l'ovaire. ........... »
Nomologie de l'ovaire. ........ 509
Be a placentahion: 12/10 510
Anatomie du placenta........... n12
Nomologie du placentaire.......
513
DL SUNUIE PE PT TP ES 2 PE NE 514
Nomologie du funicule. ......... »
SEE y SEP eh Le »
Anatomie du style.............. 516
Fonctions du style..........,... 517
Nomologie du style............. »
Distiomate.t/50e 2 EN 518
Anatomie du stigmate.......... 519
Fonctions du stigmate .......... 520
Nomologie du stigmate. ........ »
Delovule eh dune, 521
Anatomie de l’ovule et de ses an-
Me ARR ONEn ROME S AL 525
Fonctions de l’ovule............ »
Nomologie de l’ovule......,.,... 526
CHAPITRE XXII.
LDSEE TL RARE AT rente 527
De la déhiscence des fruits... .... 530
De la maturation des fruits. ..... 532
De la classification des fruits..... 533
Classification carpologique de Linné.. 535
de Jussieu....... »
de De Candolle... »
de Desvaux
ddddd
decexviij TABLE DES
Pages.
Classification carpologique de M. de
Michel. ...... 519
— de M. Lindley.... 542
de A. de Jussieu.. »
Anatomie du fruit.............. 543
Des fonctions du péricarpe ...... 544
Nomologie du péricarpe et de ses
dépendances. ............ 545
CHAPITRE XXIV.
De la fécondations-c' rent 547
CHAPITRE XXV.
De la graine. ....-.: un eu se 551
Nomologie de la graine.......... 556
De la dissémination des graines. . 558
De la germination. . ........... 560
CHAPITRE XXVI.
De la pathologie végétale.....,...... 567
Tableau de la pathologie végétale de
PAORRRELE «ee SE Pnlté Fac Pts À 569
Nosologie de Ph. Ré................ 570
Système nosologique du Bon jardinier. 573
1. Des maladies sthéniques........ »
2: — asthéniques. 574
Maladies organiques. .......... 576
Lésions physiques. ............ 578
Entophyles. "srl 580
Des faux parasites. ........... 582
Des parasites vrais ............. »
CHAPITRE XXVII.
De la tératologie végétale. ........... 583
Dés variations: 57000 TRE COR 585
$ 1. Changements de couleur...... »
$ 2. — dans la vestiture :
du glabrisme et de la villo-
LL PR BR CN à HE 588
$ 3. Des consistances............. 589
$ 4. — dans les dimensions. 590
Des monstruonités. "4... #01 592
$. 1. Monstruosité de volume...... »
$. 2. Des anomalies par changement
de DRE NS ASE cer 596
6 3. Des métamorphoses.... ...... 599
CHAPITRE XXVIT.
Dés tatonommer 4) 20. 0 derbi os 614
MATIÈRES.
CHAPITRE XXIX.
Pages.
Des autres associations systématiques. 642
Du-senre:'::. PNR AR 5e. »
Des familles naturelles: : ........... 646
Des classes. 2294 Me ts. 648
CHAPITRE XXX.
Des caractères en botanique. ......... 650
Caractères, classiques:.:.,.......... 652
8 OLdIRIDIER à: « se "br »
— RÔRETIANERE à 0 desert bueiere »
— SPÉCÉIQuER. 2, 62205 vont »
— ES VAMIÉIÉR,:.2 8 € 28 a - 653
CHAPITRE XXXI.
De la description en botanique....... 654
Description d’une famille............ 655
— d'un Poure, A eRUE 656
—- d'uné espece. - 7... 657
CHAPITRE XXXII.
Des méthodes. FR RES. 2e 658
Des méthodes artificielles. .......... 659
Système de RAIN... : +... 660
—=,. le Touenetort.s. 222-2007 661
— | .séxuel.de.Linné. ss. 663
— "ide RIChArd: 4e 668
TO HBNMRDME à 2 0 0 fn er 669
an ÉD O PA Là à DE eu à ei RES 670
Système dichotomique de Lamarck. .. 674
— |! BYDOPUQUE: : - Jus. sottt 676
Tableau synoptique des familles végé-
inlea: 4e 678
— des genres........ 679
— des espèces. ...,.. 680
De la méthode naturelle............. 681
Méthode naturelle de Magnol.. ....... »
— de Linme. 2414245 008t 685
— de Bernard et de L.
de Jussieu....... 688
— d’Adanson. ........ 691
— de De Candolle.... 693
—- de Loiseleur Deslong-
champs et Mar-
OP 697
— d'Agardh.:........ 699
— dé Rank sun, es 700
— de Bartling. ....... 701
Clef de la méthode de
Bartling 2 nre 702
TABLE
Série des familles. .
Méthode naturelle de Schultz.........
Clef de la méthode de
SChOÏZ SAT
Série des familles. .
de M. Lindley. ....
Clef de la méthode de
M. Lindley.......
Série des familles...
de M. Martius......
Clef de la méthode de
M. Martius. ...
Série des familles. .
d’Unger et d'Endli-
Cher ee. Le
Clef de la méthode
d'Endlicher......
Série des familles. .
Modifications appor-
tées par Unger à la
méthode d’Endli-
CHÉPS RE R rn
de M. A. Brongniart.
Clef de la méthode de
M. A. Brongniart.
Série des familles...
de M. A. de Jussieu.
Clef de la méthode de
M. A. de Jussieu...
Série des familles...
Méthode proposée par M. Lemaout. ...
Essai d’une méthode naturelle, par M.
PredérIC GérAT een e l
Clef de la méthode de M. Fr. Gérard...
Séries TAMNIIER: ee see doses san
CHAPITRE XXXIIL.
Histoire de la botanique.............
Première époque. — Temps antérieurs
à la civilisation grecque. ..........
Deuxième époque. — De la civilisation
grecque à la fin du moyen àge.....
Troisième époque. — Du quinzième
siècle à la fin du seizième..........
Quatrième époque. — Du dix-septième
siècle au dix-huitième.............
Cinquième époque. — Du dix-huitième
MECIE LSqu'à 760 55... due
Sixième époque. — Fin du dix-huitième
siecle et premiere moitié du dix-neu-
DES
Pages.
703
706
769
MATIÈRES. dccexix
Pages,
vième, de 1789 jusqu'aux temps mo-
dernés.1M di sinon ste 785
CHAPITRE XXXIV.
Des voyages botaniques. ............ 793
Expéditions et voyages généraux. .... »
Voyages particuliers. . .............. »
PUF RP RE dE D Se au ru 7 à 794
Spitzherg et Groënland.......... »
Nouvelle-Zemble”.: 2.7.2... 795
Suède et Laponie. .............. »
Norwége et Danemark.......... »
RUugale. V2. 600 SANS SSP EE EEE »
Autriche: "80e Eu »
Suisse. LL T-HATÉRAAN EU »
MARS ne at a de OR Et »
Turquie d'Europe: ..",..""445600 »
Grécn2,., MER 9 AN MRANIOTOE »
Espagne et Portugal... 0 »
AIG En note ete e 5 PAM RO 796
Sibérie et Kamtchatka........... »
MONS AE en neue »
Caucase, Géorgie, Arménie. ...... »
Turquied'Asiesc unit .uh : 2 »
Turkestan et Boukharie ......... »
PETER ru fertere ae PAR RER )
Afghanistan et Béloutchistan..... »
Indes orientales. 114.4; it st »
Cochinchine et Thibet........... 797
Chine... 1004 tent »
JAPON. 2 00 AIR ERA »
niques lasse »
Barbare: 7.7 nt Pet te »
Égypte, Nubie, Abyssinie. ....... »
SEE PAR RO EUR NÉE »
Guincens SE PRIE nn ce »
Cap de Bonne-Espérance.. ....... »
Chéreriess: 5, 08 ET Rte »
Iles d'Afrique et de la mer des
HOME. LR ONE 793
Amérique EM ES TS te »
VNoyares DeRéTAur. PAL MU. SN »
Amérique septentrionale... ...... »
Baie de Baffin, Groënland.. ...... »
ÉAC UNIS. LI TER AR ER »
MeSQUE 5 002 tr VERSER 799
Amérique méridionale .......... »
COTOMDIES 2 0e SN AE RER »
Guyanes hollandaise, anglaise et
FACTURES AE ER »
LES RO AR RE ee PARU »
Pérou CLOS en ee et ,
deccxx
Pages.
Uruguay, la Platai.. 2.5 799
Antilles PE LE EL »
Malouines: tt. El..3..: 800
CCOANTE MER MM ac ete ee »
Malaisie, iles de la Sonde........ »
NID RES RE een home nvu ae »
PAHIPDINES essences »
Nouvelle-Guinée. .............. »
Nouvelle-Hollande.............. »
Terre de Van-Diemen........... »
Ne Norfolk SL re Re ot etiierh »
POIVRE. use ss o ces »
Nouvelle-Irlande............... »
Bibhographre.. 22.20. 801
Ouvrages généraux. ............ »
FIN DE
TABLE DES MATIÈRES.
CHAPITRE XXXV.
Pages
Anatomie et physiologie... ...... 802
Taxonomie et classification. . .... 805
Géographie botanique. .......... 806
Botanique fossile. ............. »
Dictionnaires et recueils périodi-
UE PRET E eo der es sense »
Flores dociiemnar. res se 807
EE O PP RE des e 7e 25e »
me UP VILS CT 809
DL |: CUT ARRETE 810
= AV MORE nue »
St RCA Re dan ru ae »
Monographies 2004. Sr »
LA TABLE,
TABLE ALPHABÉTIQUE
A
Abortif.
Abritante (feuiile).
Absorption.
Acaule,
Acaulosie,
Accrescent,.
Acerbe.
Acéreuse (feuille).
Acétal.
Acétone.
Achaine. , Akène.
Achlamydée (fleur).
Acide.
Acide (saveur).
Acide acétique.
Acide œnanthique.
Acide amylique.
Acide apoglucique.
Acide beuzoïque.
Acide carbolique.
Acide cérotique.
Acide chélidonique.
Acide chloracétique.
Acide citrique.
DES TERMES.
Acide cyanhydrique, 7. Acide prussique.
Acide dextro-racémique.
Acide élaïiodique.
Acide ellagique.
Acide gallique.
Acide margarique.
Acide margaritique. Joy, Acide stéaroci-
nique.
Acide équisétique.
Acide éthionique.
Acide formique.
Acide fumarique.
Acide gallique,
Acide glucique.
Acide humique.
Acide isothionique.
Acide isotartrique.
Acide lévoracémique.
Acide maléique.
Acide malique.
Acide métagallique,
Acide mucique.
Acide oléique.
Acide oléoricinique. Joy. Acide élaiodique.
Acide oxalhydrique.
Acide oxalique.
Acide oxysaccharique. f’oy. Acide oxalhy-
drique.
Acide palmitique.
Acide paramaléique.
Acide paratartrique.
Acide pectique.
Acide pectosique.
Acide prussique.
Acide pyroacétique. Foy. Acétone.
Acide pyrogallique.
Acide pyroligneux.
Acide pyromucique.
Acide pyroracémique.
Acide pyrotartrique.
Acide quinique.
Acide racémique.
Acide ricinique.
Acide stéarique.
Acide stéarocinique.
Acide sulfovinique,
Acide tannique.
Acide tartrique.
Acide ulmique.
Acide uvique.
Acre.
Accrescent,
deccxxi]
Accroissement.
Acrogène.
Acroléine.
Acuminé,
Adhérence,
Adhérent.
Adné.
Adverse,
Aériennes (tiges).
Aériennes (racines),
Agrégés (fruits).
Aigrette.
Aigu.
Aiguillon.
Aile.
Ailé.
Aisselle,
Akène.
Alaire.
Albinisme.
Albugine.
Albugine. ’uy. Blanc.
Albumen.,
Albumine.
Alcaloïdes.
Alcarsine.
Alcool.
Alcoolique (fermentation).
Alcool absolu ou anhydre.
Alcoolats.
Alizarine,
Alliacé.
Alpestres (plantes).
Alpines (plantes).
Aldéhyde.
Alternance,
Alterne.
Alvéolé,
Amer.
Ambrosiaque.
Amidon.
Amidon azotique.
Amphisarque.
Amplectif.
Amplexatif,
Amplexative (préfoliation).
Ampullaire (glande).
Ampulliforme.
Amputation.
Amygdaline,
Amylacée (matière).
Amylèene.
Amyliaque,
Amylique (acide)
TABLE ALPHABÉTIQUE
Pages.
418
433
229
2917
4pr
506
495
518
263
256
539
479
291
327
487
Amyliques (éthers).
Anaromatique.
Anasarque.
Ancipité.
Androcée.
Androphore.
Angiocarpiens.
Anguleux,
Anisé.
Auisique (série).
Anisostémone.
Anneau,
Anneau de poils.
Annuel.
Anomalie.
Anormal.
Anthère,
Anthère abortive.
Anthère biforée.
Anthère mobile,
Anthère sessile.
Anthère uniforée,
Anthère vacillante,
Anthéridie.
Anthéromanie,
Anthérophore.
Anthése.
Anthode.
Anthophore.
Anthoptosie.
Apanthérosie.
Apétale (fleur).
Apétalisme,
Aphylle,
Apicilaire.
Apiculée (feuille).
Apoglucates.
Apoglucique (acide).
Aphylle,
Apophyse.
Appendiculé,
Applicatif.
Applicatile.
Aqueux.
Arabine.
Arauéeux.
Arborée (tige).
Arborescent,
Arbre.
Arbrisseau,
Arbuste.
Archégone,
Aréole,
Arille.
Pages.
224
4ot
576
265
453
494
540
265
4o7
224
497
471
DES TERMES. decexxti]
Pages. Pages,
Armure. Voy. Défense. Bifide (feuille), 292
Aromatique. 399 | Bifide (loge). 492
Arome muqueux, foy. Esprit recteur. Biflere. 339
Arquée (loge). 495 | Bifoliolée (feuille). 293
Articulé. 247 | Biforée (anthère). 495
Ascendant. 266 | Biforine. 248
Asparagine. 222 | Bifurqué. ñ94
Asphyxie. 572 | Bifurqués (poils). 327
Assimilation. 418 | Bijuguée (feuille). 293
Asthénie, 573 | Bilabié, 478
Asthéniques (maladies), ib, | Bilatéral. 512
Atrophie. 583 | Bilobée (feuille). 292
Atrophie. 593 | Biloculaire. 495
Auriculé. 287 | Binervulé. 512
Avénaïine. 195 | Biovulé. 525
Avortement. 550 | Bipartible. 512
Axe, 350 | Bipartite (calice). 477
Axe florifère. 456 | Bipartite (feuille). 292
Axe primaire. 282 | Bipennée (feuille). 293
Axe secondaire. ib. | Bipinnatifide (feuille). 202
Axe tertiaire, ib. | Bipinnatipartite (feuille). ib.
Axile. 511 | Bipinnatiséquée (feuille). ib.
Axillaire. 283 | Bisannuel. 459
Axillaires (glandes). 333 | Bisérié. 339
Axillaire (stipule), 32r | Biternée (feuille). 293
Bitumineux. 402
B Bivalve (spathe). 340
Bivalvulé. 495
Bacciens (fruits). 542 ro ou
: Blanc. 388
Balancement organique. 422
Be. rep "
Buste. 537 Blanc d'argent. 590
Le. - » | Blanc de chaux. ib,
Balayeurs (poils). 516
Balsamique. fox Blanc durereis: ib.
Balsantétdé: ib. Blanc de aie je
Earhe: 398 Blanc ds ee sp.
Bu. 19% Blanc d'ivoire. $
Bâke: 956 | Blanc de peau. ‘D.
Bifxe. 511 | Blanc pubescent. id,
Basilaire. ip, | Blanc pur. és,
Bassorine. 198 Blanchâtre. 390
Pournre, 227 Blastème. 552
Baume de copalme, ip. | Blessures. 569
Baume de copahu. ib. | Blettissure. “ie
Baume de Giléad. ib. | Bleu. ‘4
Baume de Hongrie. ip. | Bleu ardoisé, de
Bédégar. 570 Bleu d’azur. ib.
Benzoïne. 223 | Bleu grisâtre. ib.
Benzoïque (série). ib. | Bleu de Prusse. 1b.
Berceau (feuilles en). 3or | Bleuâtre &b.
Bicolor. 392 Botanopséphide. 572
Bicorne (loge). 495 | Bourgeon. 277
Bidenté (calice). 477 | Bourgeon à bois. 275
Bifide (calice). i6, | Bourgeon à feuilles. ib,
deccxxiv
Bourgeon à fleurs.
Bourgeon écailleux.
Bourgeon mixte.
Bourgeon adventif.
Bourgeon fulcracé.
Bourgeons pétiolacés.
Bourgeon stipulacé.
Bourrelets.
Bouton.
Boyau pollinique.
Bractée,
Bractéé.
Bractéole.
Branche.
Branches primordiales.
Branches secondaires.
Branchu.
Brun.
Brun bai,
Brun bistre.
Brun enfumeé.
Brun fauve.
Brun fuligineux.
Brun marron,
Brun rougeûtre,
Brun terne.
Brésiléine.
Brésiline,
Bromoforme.
Brou.
Broussin,
Brouùre.
Brucine,
Bulbe.
Bulbe composé.
Bulbe écailleux.
Bulbes simple.
Bulbe solide.
Bulbe superposé.
Bulbe tuniqué.
Bullée (feuille).
Brülure.
Brûlant. Voy. Caustique.
C
Cacodyle.
Cadran,
Caduc.
Caduque (feuille),
Caféine,
Caïeu.
Calathide.
Calice.
TABLE ALPHABÉTIQUE
Pages.
278
tb.
tb.
Calice accrescent,
Calice bidenté.
Calice bifide.
Calice bilabié,
Calice bipartite.
Calice caduc,
Calice campanulé.
Calice commun.
Calice comprimé,
Calice conique.
Calice cupuliforme.
Calice cylindrique.
Calice décidu.
Calice diphylle.
Calice divergent.
Calice en casque.
Calice enflé.
Calice en éperon.
Calice entier.
Calice étalé.
Calice fugace.
Calice gamosépale.
Calice gibbeux.
Calice globuleux.
Calice induvial.
Calice irrégulier.
Calice marcescent,
Calice monophylle.
Calice monosépale,
Calice multifide.
Calice multipartite.
Calice passager.
Calice pentaphylle.
Calice persistant.
Calice pluripartite. Foy. Calice multipar-
tite,
Calice polysépale.
Calice polyphylle.
Calice prismatique.
Calice quadrifide.
Calice quadripartite.
Calice quinquéfide.
Calice quinquépartite.
Calice quinquephylle. Joy. Calice penta-
phylle.
Calice réfléchi.
Calice régulier.
Calice stipulé.
Calice symétrique.
Calice tétraquadriphylle.
Calice tombant,
Calice tridenté,
Calice tubuleux.
Calice bipartite,
Pages.
478
477
ib.
478
477
478
477
338
477
ib,
ib.
ib.
478
477
478
479
477
479
477
478
ib.
477
479
477
479
478
ib,
476
ib.
477
ib.
478
477
478
477
1/2
ib.
ib.
tb.
ib.
id.
478
ib,
479
478
477
478
477
477
ib,
ÉD D Rs rh. Co is
Calice bifide,
Calice triphylle.
Calice turbiné.
Calice urcéolé.
Calice vésiculeux.
Calicule.
Callosité,.
Calybion.
Calyciflore.
Cambium.
Cambium globuleux.
Cambium globulo-cellulaire.
Campaniforme.
Campanulé.
Camphorique (série).
Campbre.
Campbre du Japon.
Campbhre de Bornéo.
Camphré.
Campulitrope. Foy. Ovule conrbé.
Canaliculé.
Cannelé.
Caoutchouc.
Capillaire.
Capillitium.
Capité.
Capitule.
Capsule.
Caractéristique (feuille).
Caractère,
Caractère accidentel.
Caractère classique.
Caractère d’herborisation.
Caractère de variété.
Caractère de végétation.
Caractère diagnostique.
Caractère essentiel.
Caractère générique.
Caractère négatif.
Caractère naturel.
Caractère ordinique.
Caractère primaire.
Caractère secondaire,
Caractère spécifique.
Carcérule.
Carcinome.
Carène.
Caréné.
Carie.
Carné.
Carnosité.
Caroncules,
Carotine,
Carpellaires (feuilles).
DES TERMES.
Pages
477
18.
1b,
536
570
487
257
572
391
589
524
231
448
Carpelle,
Carpomanie.
Carpomosie.
Carpoptosie.
Carthamine.
Caryophyllacé.
Caryophyllée (corolle).
Caséum végétal.
Casque.
Caudex.
Caulescent.
Caulicoles (parasites).
Caulinaire (bractée).
Cauïinaire (feuille).
Caulinaire (glande).
«| Caulinaire (stipule).
Caustique.
Cavité embryonnaire,
Cedrène.
Cellulaire (glande).
Cellulaire (tissu).
Cellule,
Cellules rameuses,
Cellulose.
Cénobion.
Cénobionnaires (fruits).
Centrifuge.
Centripète.
Centripète (inflorescence).
Cérine.
Cérion,
Cérasine.
Chalaze.
Chaleur dans les végétaux.
Chalumeau.
Champelure.
Chapelet.
Charbon.
Charnue (feuille).
Chaton,
Chaume.
Chevelu.
Chiffonnée (préflor.).
Chloracétique (acide).
Chloral.
Chloral hydraté.
Chloranthie.
Chlorocyanique (série).
Chloroforme.
Chlorophylle.
Chlorose,
Chloroxanthique (série).
Cbromisme.
Chute des feuilles,
TOME I, INTRODUCTION. — Livraison eeeee.
decexxv
2eeee
Pages.
503
574
5gr
1b.
230
4OI
487
195
479
268
263
582
338
293
333
3927
&1e
522
223
35%
ib.
23
240
193
54x
tb.
553
ib.
342
230
540
198
523
368
263
578
328
569
293
343
263
255
446
212
214
ib,
603
384
215
231
595
384
578
574
dccexx v]
Cicatrice.
Cil.
Cimicine,
Cinchonine.
Cinchovatine.
Cinnamique (série),
Circinal,
Circulation.
Cires.
Cirrhe. Voy. Vrille,
Citrates,.
Citrène,
Citrique (acide).
Citronné.
Cloisonné (poil).
Cloisonnée (feuille).
Cloisonnée (tige).
Cloisons.
Cloquée (feuille).
Clostre.
Cochléariforme.
Codéine.
Cohérence.
Coléoptile.
Coléoptilé.
Collet.
Collerette.
Collodion.
Colomnaire.
Colorée (bractée),
Colorine,
Colpenchyme.
Columelle.
Complectif.
Complicatif.
Composée (feuille).
Composés (poils).
Comprimée (tige).
Concave.
Conceptacle.
Conduplicatif.
Cône,
Congestif.
Conicine.
Conique.
Conjugaison (loi de).
Connectif.
Connée (feuille).
Connivente (feuille).
Contagion radicale,
Contourné,
Contracté.
Contusion,
Convolutif,
TABLE ALPHABÉTIQUE
Pages.
328
402
306 | Cordée (feuille).
Cordiforme (feuille). foy. Cordée.
Cordiforme (loge).
Cordiforme (pétale).
Cordon ombilical. F5y. Funicule.
Cormenphytége.
Cornet.
Corollaire (vrille).
Corolle,
Corolle ampulliforme.
Corolle anormale, Voy. Corolle irrégu-
lière,
Corolle bidentée.
Corolle bilobée,
Corolle bipartite,
Corolle campaniforme. Foy. Corolle cam-
panulée,
Corolle campanulée.
Corolle caryophyllée.
Corolle cruciforme,
Corolle cyathiforme.
Corolle cylindroïde.
Corolle en coupe. Foy. Corolle hypocratéri-
forme.
Corolle en gobelet. Voy. Corolle cyathi-
forme.
Corolle en gueule, foy. Corolle personnée.
Corolle en roue.
Corolle entière.
Corolle gamopétale, Joy. Corolle mono-
pétale.
Corolle globuleuse.
Corolle hypocratériforme.
Corolle infundibuliforme.
Corolle irrégulière.
Corolle labiée.
Corolle laciniée.
Corolle monopétale. É Late
Corolle normale. Voy. Corolle régulière,
Corolle personnée.
Corolle polypétale.
Corolle quadridentée.
Corolle quadrilobée.
Corolle quadripartite.
Corolle réguliere.
Corolle ringente.
Corolle rosacée,
Corolle rotacée, Foy. Corolle en roue.
Corolle tridentée.
Corolle trilobée.
Corolle tripartite.
Corolle tubuleuse.
Corolle unipartite,
Corolle urcéolée,
Pages.
291
495
484
561
479
325
447
482
487
tb.
ib,
482
&87
ib,
486
482
485
Corollifiore.
Corolliforme.
Corymbe simple,
Coton azotique.
Cotonneuse (surface).
Coton-poudre,
Couche subéreuse.
Couchée (tige).
Coumarine,
Couronne,
Couronnement.
Coussinet.
Crampon.
Crème de tartre.
Crème de tartre soluble.
Crémocarpe.
Crénelé.
Crénelée (feuille),
Créosote.
Crépue (feuille),
Crispatif.
Crochu (poil).
Cru.
Cruciforme.
Crue (odeur).
Cucullé.
Cuculliforme.
Cuminique (sérid}.
Cunéiforme (pétale).
Cupule.
Cupuliforme.
Curvatif.
Curvinerve (feuille).
DES TERMES.
Pages.
455
479
344
206
330
206
275
266
224
337
579
288
324
218
219
54r
494
289
227
288
284
326
4o7
487
4oO1
484
tb.
224
484
339
477
284
289
Cyanhydrique (acide). Foy. Acide prus-
sique.
Cyanique (série).
Cyathiforme.
Cyathiforme (glande). Voy. Urcéolaire.
Cyclose.
Cylindrique.
Cylindrique (feuille).
Cylindroïde.
Cyme.
Cyme scorpioïde.
Cypsèle.
Cytoblaste.
Décidu.
Décombant.
Décrépitude, Foy. Langueur.
Décurrente (feuille).
Décurtation, Foy. Couronnement.
Défense.
Défoliation.
Déformation.
Dégénérescence.
Déhiscence,
Déhiscence apicilaire.
Déhiscence basilaire,
Déhiscence longitudinale,
Déhiscence transversale,
Déhiscence valvulaire.
Déhiscent,
Delphine,
Deltoïde (feuille).
Demi-embrassante (préfoliation).
Dentée (bractée).
Dentée (feuille),
Déplacement:
Descendante.
Desséchement.
Développement centripète.
Dextrine.
Diadelphe.
Diagramme.
Diastase.
Dichotome.
Dicline,
Dicotylédone.
Didyme,
Didymée.
Didynames.
Diérésile,
Diérésomérie,
Difformité.
Digitée.
Digitée (feuille).
Digitée-pennée (feuille).
Digitinerve (feuille), Foy. Peltinerv=
Dilaté,
Dioïque.
Dipétale.
Dipétalée.
Diphylle (tige).
Diphylle (calice).
Diplostémone (fleur).
Diplostémones.
Diplotége,
Discoïde, /’oy. Campaniforme.
Disjonction.
Disque.
Disséquée (feuille).
Distique (feuille).
Distique (rameau).
Distrophie.
Distyle.
Diurne,
dCCcexX VI}
455
290
=. 266
“
458
deccxxvii)
Divergence.
Divergent (calice).
Divergente (feuille).
Dæœdalenchyme.
Dolabriforme (feuille).
Doux.
Dressée (feuille).
Dressée (tige). Foy. Droite.
Droite (tige).
Drupe.
Drupéole.
Dumasine.
Eaux-de-vie.
Ébractée.
Écaille.
Écaille,
Écailles doubles.
Écailles simples.
Écailles unisériées.
Écailleux,
Écorce. Poy. Partie corticale.
Ectopie.
Effeuillaison.
Élaborée (séve). Foy. Descendante.
Élaïdine,
Élaïodique (acide).
Élémi.
Élasticité.
Éleuthérandre.
Éleuthéromérie.
Ellagique (acide).
Elliptique (feuille).
Élongation.
Émarginée (feuille).
Embrassé.
Embryon axile.
Embryon endospermique,
Embryon épispermique.
Embryon extraire,
Embryon intraire.
Embryon nidulaire.
Embryon trochléaire.
En aiguille (feuille). Foy. Acéreuse,
En chapelet (poil). Foy. Moniliforme.
Encens.
Encens commun.
Endocarpe.
En coupe. Voy. Hypocratériforme,
Endosmose.
Endospore.
Eudostome,
Pages.
298
478
3or
240
294
407
307
266
535
54x
213
TABLE ALPHABÉTIQUE
En étoile (poil).
En godet (glande). Voy. Urcéolaire.
En massue (poil).
Enroulé.
Ensiforme (feuille).
Entier (calice).
Entre-nœuds.
Enveloppante (feuille).
Enveloppe cellulaire.
Environnante (feuille),
Éparses (feuilles).
Éperonné (flet),
Éphémère (fleur).
Épi.
Épi fasciculé,
Épi géminé.
Épi linéaire,
Épi oblong,
Épi ovale.
Épi terné.
Épicarpe.
Épicé,
Épicéo-aromatique,
Épiderme.
Épigée (tige).
Épigone,
Épigyne.
Épigynie.
Épigynique.
Épillets.
Épine.
Épineuse (bractée).
Épineuse (feuille).
Épipétales,
Épisperme,
Équilibration.
Équinoxiale (fleur).
Équisétique (acide).
Équitatif.
Ergot.
Esprit-de-bois.
Esprit recteur.
Essence d'amandes amères,
Essence de citron. Voy. Citrène.
Essence d'orange, Voy. Néroli.
Essence de térébenthine.
Essences sulfurées,
Estivation,
Étairion,
Étalé (calice).
Étamine,
Étamine bisériée.
Étamine définie.
Étamine exserte,
DES TERMES.
Pages.
Etamine incluse. = 498
Etamine indéfinie. 497
Étamine saillante. Voy. Étamine exserte,
Étamines plurisériées. 498
Étamines unisériées, id.
Étendard. 487
Éther. 210
Éther acétique, 213
Éther amylique. 224
Éther azotique. 210
Éther carbonique. 214
Éther chlorhydrique, 1b.
Étlher formique. 215
Éther mésitique, 213
Éther méthylchlorhydrique bichloré, Foy.
Chloroforme.
Éther méthylformique. 215
Éther méthylique. ib.
Éther méthylsulfurique. ib.
Éther œnanthique, 225
Éther oxalique. 214
Éther sulfométhylique. 215
Éthionique (acide). 210
Éthyle. 211
Éthyliaque, 222
Étiolement. 565
Étui médullaire, 274
Eugénique (série). 224
Excitabilité. 252
Excrétion. 353
Excrétoire (glande). 334
Exhalation. 353
Exosporé. 468
Exostome. 523
Exostoses. 579
Extensibilité. 249
Extrorse. 495
Exulcération. 569
F
Fade. 410
Faïblesse, 569
Falciforme (feuille). 291
Farineux. Voy. Féculaire.
Fasciation, 574
Fascicule, 346
Fasciculée (feuille). 294
Fascies, 595
Fastigié (rameau). 266
Fausses cloisons. "Seb
Faux-aubour. 57t
Féculaire. 400
Fécule, 196
Femelle (fleur).
Fente. Voy. Pore.
Fete.
Fermentation pectique.
Ferments,
Feu.
Feuillaison.
Feuille pétiolée.
Feuillé.
Feuillée (tige).
Feuilles carpellaires.
Feuilles florales.
Féviaire (odeur),
Fibre ligneuse.
Fibreux.
Fibrine végétale,
Filet.
Filet appendiculé,
Filet barbu.
Filet bifurqué.
Filet capillaire,
Filet capité.
Filet crénelé,
Filet dilaté.
Filet échancré. Voy. Filet émarginé.
Filet émarginé.
Filet éperonné.
Filet géniculé.
Filet glandulifère,
Filet noueux. Voy. Filet toruleux.
Filet pétaloïde.
Filet plane.
Filet spiralé.
Filet subulé.
Filet suspenseur.
Filet toruleux.
Filet tricuspide.
Filet velu,
Filet voûté.
Filiforme (tige).
Fistuleuse (feuille).
Fistuleuse (tige).
Fleur.
Fleuraison, Voy. Floraison.
Fleur complète.
Fleur dipétale. Voy. Fleur dipétalée.
Fleur dipétalée.
Fleur diurne.
Fleur hexapétale.
Fleur incomplète.
Fleur nocturne.
Fleur octopétale,
Fleur pentapétale.
Fleur tétrapétale,
deccxxix
Pages.
453
569
202
:99
591
303
287
343
264
448
334
4or
239
255
199
493
194
1b.
ib.
493
494
tb,
tb,
deccxxx
Fleur tripétale.
Fleuron.
Floraison.
Florale (feuille).
Florale (glande).
Floréale (bractée).
Florifère (axe).
Florification. cy. Floraison.
Floripares.
Floriparité.
Flosculeux.
Foliaire (glande).
Foliaire (vrille).
Foliation,
Foliole.
Foliole charnue,
Foliole composée.
Foliole décomposée.
Foliole surdécomposée.
Follicule.
Fongacé.
Fongacée (odeur).
Force vitale.
Formique (acide).
Forte (odeur).
Fovilla.
Frondipare.
Fructipare (prolification).
Fructiparité incluse (prolification).
Fruits anthocarpés.
Fruits autocarpiens.
Fruits hétérocarpiens.
Fruits pseudocarpiens.
Fugace,
Fulcracé (bourgeon).
Fumagine.
Fumarique (acide).
Fungus,
Funicule,
Funiforme.
Fusiforme.
Galbanum.
Galbule.
Gallates,
Galles.
Gallique (acide).
Gamosépale,
Gangrène.
Garancine,
Gaz des marais, foy. Hydrogène protocar-
boné.
484
486
456
336
TABLE ALPHABÉTIQUE
Pages.
Gaz oléfiant,
Géantisme,
Gelivure.
Gemmule.
Géniculée (tige).
Gibbeux.
Gigantisme. Voy. Géantisme.
Glabre.
Glabrisme,
Glande ampullaire.
Glande axillaire.
Glande caulinaire,
Glande cellulaire,
Glande cyathiforme, V’oy, Urcéolaire,
Glande en godet, Voy. Urcéolaire,
Glande excrétoire,
Glande florale,
Clande foliaire,
Glande globulaire,
Glande lenticulaire,
Glande miliaire,
Glande nectarifère,
Glande ovarienne,
Glande papillaire.
Glande pétiolaire,
Glande secrétoire.
Glande urcéolaire.
Glande utriculaire. Foy. Glande ampullaire,
Glande vasculaire.
Glande vésiculaire.
Glanduleux (poil).
Glandulifère,
Gléba.
Gliadine.
Globulaire (glande).
Globuleux.
Glochidés (poils).
Glomérule.
Glucique (acide).
Glucose.
Glume,
Glumelle,
Gluten.
Glutine. Voy. Gliadine,
Glycérine.
Glycyrrhizine,.
Gomme,
Gomme arabique. Foy. Arabine.
Gomme-gutte.
Gomme jaune,
Gonophore.
Gorge.
Gourmand,
Grappe.
Grappe flexueuse.
Grappe multiflore.
Grappe pauciflore.
Grappe scorpioide.
Gras.
Grasse (feuille). Foy. Charnue.
Grimpante (tige).
Gutta-percha.
Gymnocarpiens (fruits).
Gynécée.
Gynobase.
Gynophore.
Gyration. Voy. Rotation,
H
Hampe.
Hastée (feuille).
Hélénine.
Hématine.
Hémigyre,
Hémorrhagie.
Herbacée (odeur).
Herbacée (tige).
Hermaphrodite (fleur).
Hétérophyllie.
Hexagone. Voy. Sexangulaire,
Hexapétale.
Hile.
Hircine (odeur).
Hirsute (poil).
Hispide (tige).
Hispide (poil). ;
Homeæzygie.
Hordéine,
Horizontale.
Horizontale (feuille).
Horloge de Flore.
Huile d'amandes,
Huile de cameline,
Huile de chénevis.
Huile de colza.
Huile de croton.
Huile de fougère,
Huile de lin.
Huile de madia.
Huile de navette.
Huile de noisette,
Huile de noix,
Huile d’œillette.
Huile d'olive,
Huile de palme.
Huile de ricin.
DES TERMES.
Pages.
343
1b,
ib,
347
407
267
225
540
453
516
456
Huile de vin pesante.
Huile essentielle du vin.
Huiles grasses.
Huiles non siccatives,
Huiles siccatives.
Huiïleuse (odeur). Foy. Oléanaire.
Hulmine.
Humique (acide).
Humus.
deccxxx}
Pages,
210
225
227
228
1b.
Hydrogène bicarboné. Voy. Gaz oléfiant,
Hydrogène protocarboné.
Hygrométricité,
Hypanthode,
Hypertrophie.
Hypocratériforme,
Hypogée (tige).
Hypogynique.
Hypogyne.
Ictère,
Imbricatif.
Imbriqué.
Imbriquée (feuille).
Incisée (feuille).
Indéhiscent (fruit).
Indigotine,
Indine.
Induplicatif.
Induration.
Indusie,
Induvial,
Induvie.
Inéquilatérale (feuille).
Inerte,
Infère.
Intlorescence anomale.
Inflorescence axillaire.
Inflorescence centrifuge.
Inflorescence centripète. Joy. Inflorescence
indéfinie.
Inflorescence définie.
Inflorescence indéfnie.
Infundibuliforme.
Innovation, Ÿ’oy. Gemmule.
Inodore.
Insertion absolue.
Insertion épigynique.
Insertion hypogynique.
Insertion périgynique.
Insertion relative.
Insipide.
Intrafoliacé (pédoncule),
486
455
454
407
349
deccxxxi] TABLE ALPHABÉTIQUE
Pages:
Introrse, 495
Inuline, 198
Involucre. 338
Inyolucre caduc. 1b.
Involucre diphylle. 1b.
Involucre involucellé. :b.
Involucre partiel. ib.
Involucre primaire. ib.
Involucre secondaire. Pay. Involucre partiel,
Involucre tétraphylle. ib.
Involucre triphylle, 438
Involucre universel. Voy. Involucre pri-
maire,
Involuté. 478
Involutif, 286
Iodoforme. 215
Irrégulier. 478
Irritabilité. 252
Isatine. 231
Isostémone. 497
Isostémone (fleur). 452
Isotartrique (acide). 219
Isothionique (acide). 210
J
Jaune. | 388
L
Labelle. 486
Lacération. 562
Laciniée (feuille). 292
Lacune. 240
Laineuse (surface). 328
Lame. 482
Lancéolée (feuille). 290
Lancéolée (loge). 495
Languette. 436
Langueur. 575
Lanières. 290
Latérales (feuilles). 289
Latérales (stipules). 321
Latex. 361
Latexifere. Voy. Laticifere.
Laticifère. 362
Légume. 535
Légumine. 195
Lenticelles. 296
Lenticulaire (glande). 334
Lèpre. 570
Léthargie. 5g1
Levüre de bière, 207
Levûre inférieure. 208
Levère supérieure,
Lianes à eau.
Liber.
Lichénine.
Ligneuse (tige).
Ligneux.
Ligule.
Limbe.
Linéaire (feuille).
Liqueur de Cadet.
Lisse (tige).
Lohée (feuille).
Loculicide,
Loge arquée.
Loge bicorne.
Loge bifide.
Loge cordiforme,
Loge globuleuse,
Loge lancéolée.
Loge méandriforme. Voy. Loge sinueuse.
Loge ovoide.
Loge quadricorne.
Loge réniforme.
Loge sagittée.
Loge sinueuse,
Logetétragone.
Loge tordue.
Loi de conjugaison.
Loi d’équilibration.
Loi d'homæzygie.
Loi de symétrie.
Loi des verticilles.
Longitudinal.
Loupes.
Lutéoline.
Lymphe.
Lyrée (feuille).
Macis.
Maculée,
Maladies asthéniques. Voy. Asthénie.
Maladies sthéniques,
Maladie de la vigne.
Maladie du jasmin,
Mäle (fleur).
Maléique (acide).
Malique (acide).
Malt.
Mamelon,
Mannite.
Marcescent,
Margarates,
Margarine,
Margarique (acide).
Margaritique (acide). Voy. Stéaroricinique
(acide).
Marge.
Marginal (pédoncule).
Mastic.
Matière amylacée.
Matière intercellulaire.
Maturation.
Méandriforme (loge).
Méat intercellulaire.
Méconique (acide).
Médifixe.
Médulleuse (tige).
Méiostémone.
Mélilotique.
Mellacé.
Mellacée (odeur).
Menthène.
Mère du vinaigre.
Mérenchyme.
Mérithalles. /’oy. Entre-nœuds.
Mérithalle limbaire,
Mérithalle pétiolaire.
Mérithalle radiculaire.
Mérithalle tigellaire.
Mésite.
Mésithylène.
Mésocarpe.
Métagallique (acide).
Métaldéhyde.
Métamorphose ascendante,
Métamorphose descendante,
, Métamorphoses,
Métamylène.
Métapectine.
Métatartrique (acide).
Météorique (fleur).
Méthylal.
Méthyle.
Méthylène. Joy. Méthyle,
Méthyliaque.
Méthylique (alcool).
, Méthylique (éther).
_Méthylchlorhydrique (éther),
Méthylformique (éther).
Méthylsulfurique (éther).
Méthylsulfamidique (éther).
Meunier, ’oy. Blanc,
Microbase,
Microcosme.
Micropyle.
Miélat.
Pages.
228
229
289
348
227
195
248
532
495
240
227
495
264
491
536
&2t
522
559
DES TERMES.
Miliaire (glande).
Moelle.
Monadelphe.
Moniliforme.
Monvchlamydées.
Monocotylédone.
Monoïque,
Monopétale.
Monophylle.
Monosépale, Voy. Monophylle,
Monstruosités,
Morphine.
Morte (feuille).
Morue blanche.
Moscoxéransie.
Mucilage végétal.
Mucilagineux,
Mucique (acide).
Mucronée (feuille).
Multicaulité.
Multicellulés (poils).
Multifide.
Multifide (feuille).
Multinervulé.
Multiovulée.
Multipartite (calice).
Multipartite (feuille).
Multirayonné.
Muriatique,
Muriqué.
Musqué.
Mutilation des fleurs,
Myricine.
Myrrhique.
Nanisme.
Naphtaline,
Napiforme.
Narcotine.
Nauséabond,
Nauséeux.
Naviculaire.
Nécrose.
Nectaire.
Nectarifère (glande).
Nectarothèque.
Néroli,
Nervale (vrille).
Nervation.
Nervure.
Nervure latérale.
Nervure longitudinale.
TOME I, INTRODUCTION. — Livraison fffff.
deccxxxii]
Pages,
333
272
494
244
475
270
453
487
268
573
221
296
deccxxx1v
Nervure moyenne.
Nervure secondaire.
Nervure tertiaire.
Nervure transverse, Voy. Latérale.
Neutre (fleur).
Nicotine.
Nielle. V’oy. Charbon.
Nocturne,
Nodule.
Nœud vital. Voy. Collet.
Nœud alterne.
Nœuds opposés.
Nœuds verticillés.
Noir.
Noueux.
Nucelle.
Nucléacée (odeur).
Nucléus.
Nuculaine,
Nue (tige).
Nutante (tige). Voy. Réclinée,
Nutrition.
Oblongue (feuille).
Oblique.
Obovale (feuille).
Obtusangulée.
Obtuse (feuille).
Obvolutif.
Octopétale.
Odeurs.
Odeur mucilagineuse.
Odeur crue.
Odeur féviaire.
Odeur oléracée,
Odeur oléanaire,
Odeur fongacée.
Odeur mellacée,
Odeur anaromatique.
Odeur acerbe.
Odeur vineuse,
Odeur spermatique,
Odeur nucléacée.
Odeur anisée.
Odeur musquée,
Odeur orangiaque,
Odeur pomacée,
Odeur rosacée.
Odeur vanillée,
Odeur violacée.
Odeur agréable
Odeur aromatique.
Pages.
289 Odeur caryophyllacée,
ib.
ib.
252
222
458
569
270
ib.
15.
389
263
522
4ot
247
536
262
354
TABLE ALPHABÉTIQUE
Odeur épiceo-aromatique,
Odeur épicée,
Odeurs suaves.
Odeur balsamoïde,
Odeur balsamique.
Odeur myrrhique.
Odeurs pénétrantes.
Odeur mélilotique.
Odeur bitumineuse,
Odeur citronnée,
Odeur campbhrée.
Odeur ambrosiaque.
Odeur acide.
Odeur alliacée.
Odeur âcre.
Odeur piquante.
Odeur forte.
Odeurs fétides.
Odeur cimicine.
Odeur hircine,
Odeur stercoraire.
Odeur urinaire,
Odeur patride.
Odeur alliacéo-fétide.
Odeur muriatique.
Odeur vermifuge.
Odeur vireuse.
Odeur nauséabonde.
Odeur farineuse. Voy. Odeur féculaire,
Odeur féculaire,
Odeur herbacée.
Odeur inerte.
Odeur ligneuse.
OEil.
OEnanthate
OEnanthique (acide).
OEnanthique (éther).
Oléates.
Oléine.
Oléique (acide).
Oléoricinique (acide). y. Élaiodique
(acide).
Oléracée (odeur).
Oliban.
Ombelle composée.
Ombelle involucellée,
Onbelle involucrée.
Ombelle multirayonnée,
Ombelle nue.
Ombelle paucirayonnée.
Ombelle pédonculée,
Ombelle sessile,
Ombelle simple.
DES TERMES.
Ombellules.
Ombilic.
Onglet,
Opercule.
Opposées (feuilles).
Oppositifolié (pédoncule).
Oppositipennée (feuille).
Orangiaque (odeur).
Orthotrope. Voy. Qvule droit.
Osmologie.
Ostiole.
Ovaire.
Ovaire adhérent.
Ovaire bilobé.
Ovaire composé.
Ovaire libre
Ovaire gynobasique.
Ovaire exhaussé.
Ovaire multilobé.
Ovaire multiloculaire.
Ovaire multiple.
Ovaire partite ou fendu.
Ovaire sessile.
Ovaire simple.
Ovaire supère.
Ovaire triloculaire.
Ovaire uniloculaire.
Ovaire unique.
Ovale (feuille).
Ovale (pétale).
Ovarienne (glande).
Ovipare.
Ovoiïde.
Ovoïde (loge).
Ovule,
Ovule anatrope.
Ovule campulitrope. oy. Ovule courbé.
Ovule courbé.
Ovule droit,
Ovule orthotrope. Voy. Ovule droit.
Ovule réfléchi. Foy. Ovule anatrope.
Oxalhydrique (acide).
Oxalique (acide).
Oxyde de cacodyle. Voy. Liqueur de Cadet,
Oxysaccharique (acide). Foy. Oxalhydri-
que (acide).
Page d’une feuille.
Palais.
Paillettes.
Palmatipartite (feuille).
Pages.
345
521
482
471
292
349
291
&ot
216
288
486
340
222
Palmatiséquée (feuille).
Palmée (feuille).
Palminerve (feuille).
Palmitine,
Palmitique (acide).
Panache,
Panachure.
Panicule,
Papillaire (glande).
Papille.
Papule.
Paraffine.
Paramaléique (acide).
Paramylène.
Parapectine.
Paraphyse.
Parastyle.
Paratartrique (acide).
Parenchyme.
Partie corticale.
Passager.
Paucirayonné.
Peau.
Pectase,
Pectine.
Pectique (acide).
Pectosates.
Pectose,
Pectosique (acide).
Pédalée (feuille).
Pédalinerve (feuille).
Pédatipartite (feuille).
Pédiaire (feuille).
Pédicelle.
Pédicelle terminal.
Pédonculaire (vrille).
Pédoncule.
Pédoncule alaire.
Pédoncule épiphylle.
Pédoncule foliaire. Foy. Pédoncule épi-
phylle.
Pédoncule intrafoliacé.
Pédoncule intrapétiolaire, Foy. Pédoncule
intrafoliacé.
Pédoncule marginal.
Pédoncule oppositifolié.
Pédoncule pétiolaire.
Pédoncule radical,
Pédoncule suraxillaire.
Pédonculé.
Pellicule épidermique.
Pélorie,
Peltée (feuille).
Peltinerve lfeuille).
deccxxxv
Pages.
292
290
nb.
230
tb,
392
564
346
333
335
ib.
227
219
224
201
470
503
217
240
275
deccxxxv)
Pendant (rameau).
Pendante (feuille).
Pénicillé (poil).
Pennée (feuille).
Pennée-conjuguée (feuille).
Pennée-quaternée (feuille).
Pennée-ternée (feuille).
Penninerve (feuille).
Pentadelphe.
Pentapétale,
Pentagone.
Pentaphylle (calice).
Péponide.
Pérenne.
Perfoliée (feuille).
Perforations,
Périanthe.
Périanthomanie,
Péricarpe.
Péricarpe ruptile.
Périchèze.
Péricline.
Péricline biflore.
Péricline caliculé,
Péricline cilié.
Péricline conique.
Péricline épineux,
Péricline imbriqué.
Péricline ovale.
Péricline pentaphylle.
Péricline triflore.
Péricline triphylle.
Péricline turbiné.
Péricline ventru.
Péridium,
Périgone.
Périgynie.
Périgynique (insertion),
Périphérique.
Péristome.
Persistant.
Persistante (feuille).
Pertuse (feuille).
Pérule, Foy. Écaille.
Pétale,
Pétale bifide.
Pétale bilabié.
Pétale cochléariforme.
Pétale concave.
Pétale cordiforme.
Pétale crénelé.
Pétale cucullé,
Pétale cuculliforme,
Pétale cunéiferme,
Pages,
264
203
330
293
ib.
ib,
tb.
289
494
484
263
477
537
457
292
562
475
560
527
530
TABLE ALPHABÉTIQUE
Pétale denté.
Pétale dressé.
Pétale échancré,
Pétale elliptique.
Pétale émarginé, Voy. Pétale échancré.
Pétale en capuchon, Voy. Pétale cuculli-
forme.
Pétale éperonné.,
Pétale fimbrié. Voy. Pétale frangé.
Pétale frangé.
Pétale horizontal,
Pétale irrégulier.
Pétale lacinié.
Pétale lancéolé.
Pétale linéaire.
Pétale naviculaire.
Pétale oblong.
Pétale onguiculé,
Pétale orbiculaire,
Pétale ovale,
Pétale plane,
Pétale réfléchi.
Pétale régulier.
Pétale révoluté.
Pétale sessile.
Pétale spatulé.
Pétale trifide.
Pétale tubuleux,
Pétalisation.
Pétaloïde, Voy. Corolliforme.
Pétalomanie.
Pétiolacés (bourgeons).
Pétiolaire (glande).
Pétiolaire (stipule).
Pétiolaire (vrille).
Pétiole,.
Pétiole ailé.
Pétiole amplexicaule,
Pétiole auriculé,
Pétiole canaliculé.
Pétiole commun.
Pétiole comprimé.
Pétiole cylindrique.
Pétiole renflé.
Pétiole semi-amplexicaule.
Pétiole semi-cylindrique.
Pétiolule,
Phacocyste.
Phyllose.
Phlorétine.
Phloridzine.
Phosphorescence,
Phryganoptosie.
Phthiriasis.
Phthisie.
Phylles.
Phyllode.
Phyllomanie,
Phylloptosie,
Phyllorrhyssème,
Phyllosystrophie,
Phyllotaxie.
Phyton,.
Phytozoaires,
Picrotoxine.
Piléole.
Piléole.
Pilosisme.
Pinguédine,
Pinnatifide (feuille).
Pinnatipartite (feuille),
Pinnatiséquée (feuille).
Pinnée (feuille). Foy. Pennée.
Pinnule. Voy. Foliole.
Piperin.
Piquant.
Piqueté.
Pistil.
Pistillaire.
Pistillisation.
Pivotante,
Placenta,
Placenta adné.
Placenta alvéolé,
Placenta basifixe,
Pläcenta bilatéral.
Placenta binervulé.
Placenta bipartible,
Placenta charnu,
Placenta coriace.
Placenta lobé,
Placenta multinervulé.
Placenta multipartite.
Placenta persistant.
Placenta septiforme,
Placenta sphérique.
Placenta subéreux.
Placenta subulé,
Placenta tétragone.
Placenta trigone.
Placenta trinervulé.
Placenta uninervulé.
Placenta tripartible.
Placenta unilatéral.
Placenta valvaire.
Placentaire,
Placentation.
Placentation apicilaire,
DES TERMES.
Pages.
472
476
287
571
572
cb.
5yr
297
423
Placentation axile,
Placentation basilaire,
Placentation centrale,
Placentation pariétale.
Plaies,
Plane,
Plateau,
Pléine (tige).
Plénitude des fleurs.
Pleurenchyme,
Pleurs.
Plicatile,
Plumule,
Pluricellulé (poil).
decexxx vi]
Pages.
5ro
Bri
ib,
ib,
569
494
367
262
57o
243
569
445
552
329
Pluripartite (calice). Voy. Multipartite,
Podosperme.
7%
Poils balayeurs. Voy, Poils collecteurs.
Poil bifurqué.
Poils cloisonnés.
Poils collecteurs.
Poils composés,
Poils simples.
Poil crochu,
Poil en écaille.
Poil en étoile,
Poils en massue,
Poil en chapelet, Voy. Moniliforme (poil).
Poil glanduleux,
Poil glochidé.
Poil hirsute.
Poil hispide,
Poil moniliforme,
Poil multicellulé,
Poil pluricellulé,.
Poil unicellulé,
Poil ramentacé, Voy, Scarieux,
Poil rameux,
Poil scarieux,
Poil scutiforme.
Poils soyeux,
Poil tomenteux.
Poil unicellulé,
. | Poil velouté,
Poilue (surface). Voy. Surface velue.
Poisons,
Poivré,.
Polakène ou polachaine,
Pollen.
Pollinique (tube en boyau).
Polyadelphe,
Polyanthacarpie.
Polycladie. Voy. Multicaulité.
Polygame.
Polypétale.
dccecxxxvii]
Polyphylle.
Polysarcie.
Polystémone.
Pomacé.
Pomme.
Ponctué,
Pores,
Port.
Préfleuraison.
Préfloraison.
Préfloraison chiffonnée.
Préfloraison convolutive.
Préfloraison enroulée.
Préfloraison imbriquée.
TABLE ALPHABÉTIQUE
Pages.
268
372
497
4O1
535
266
245
283
456
445
446
445
446
445
Préfloraison induplicative. Joy. Préfloraison
enroulée.
Préfloraison plicatile, Poy. Préfloraison tor-
due.
Préfloraison quinconciale.
Préfloraison réduplicative.
Préfloraison spirale.
Préfloraison spiralée.
Préfloraison tordue.
Préfloraison valvaire, ib,
Préfloraison vexillaire, ib,
Préfoliation. 285
Préfoliation amplective ou amplexative. tb,
Préfoliation amplexative. Voy. Pr. amplective,
Préfoliation applicative. ib.
Préfoliation circinale. 286
Préfoliation complective. 285
Préfoliation complicative. zb.
Préfoliation conduplicative. 286
Préfoliation congestive. ib.
Préfoliation convolutive. 1b.
Préfoliation crispative. ib.
Préfoliation curvative. ib.
Préfoliation demi-embrassante, 285
Préfoliation embrassée. 283
Préfoliation équitative. 284
Préfoliation imbricative. 1b.
Préfoliation involutive, ib,
Préfoliation obvolutive. ib.
Préfoliation plicative. 285
Préfoliation réclinative ou plissée. 286
Préfoliation révolutive. ib.
Primine, 523
Primordiale (feuille). 295
Prismenchyme. 240
Prolifieation 605
Prolification axillaire. ib,
Prolification latérale, ib.
Prolification médiane, 605
Propagule. Voy. Sporule,
CS
Prosenchyme,
Protéine,
Prussique (acide)
Pubescent,
Pulvérulent.
Putride.
Pyroacétique (acide). Voy. Acétone.
Pyrogallique (acide),
Pyroligneux (acide),
Pyromucique (acide).
Pyroracémique (acide).
Pyrotartrique (acide).
Pyroxam, Voy. Amidon azotique.
Pyroxyle,
Pyxide.
Quadrangulaire,
Quadrilobée (feuille),
Quadricorne (loge).
Quadrifide (calice).
Quadrifide (feuille),
Quadrifoliolée (feuille).
Quadriloculaire,
Quadripartite (calice),
Quadripartite (feuille),
Quartine.
Quaternée (feuille),
Quercitron.
Queue de renard,
Quinconcial.
Quinée (feuille),
Quinine.
Quinique (acide).
Quinoïdine,
Quinoléine.
Quinquangulaire,
Quinqueñde (calice).
Quinquefide (feuille),
Quinquefoliolée (feuille),
Quinquelobée (feuille).
Quinquenerve (feuille).
Quinquepartite (calice).
Quinquephylle (calice).
Quintine.
Quintuplinerve (feuille).
R
Race.
Racémique (acide).
Pages.
242
193
377
329
264
402
221
214
207
219
ib.
206
537
263
290
495
477
290
291
495
477
290
523
292
230
585
445
292
221
ib.
tb.
222
263
477
290
291
290
289
477
ib.
523
289
576
219
Rachis,
Rachitis,
Racine.
Racine secondaire,
Racines aériennes.
Racines bifurquées.
Racines capillaires.
Racines carénées,
Racines chevelues.
Racines coniques.
Racines contournées,
Racines descendantes,
Racines didymées.
Racines digitées.
Racines fasciculées.
Racines fibreuses.
Racines funiformes,
Racines fusiformes.
Racines horizontales.
Racines moniliformes.
Racines napiformes.
Racines obliques,
Racines palmées.
Racines pivotantes.
Racines tronquées.
Racines tuberculeuses.
Radicale (bractée).
Radicale (feuille),
Radicelle,
Radicule,
Radicule adverse.
Radicule claviforme.
Radicule centrifuge,
Radicule centripète.
Radicule inverse,
Radicule lamelliforme.
Radicule latérale.
Radicule rectiligne.
Radié.
Rafñle.
Rage.
Raméale (bractée).
Raméale (feuille).
Rameaux opposés.
Ramentacé (poil). Foy. Scarieux.
Rameux.
Rameux (poils).
Rampant.
Rancissement.
Raphé,
Rapbide,
Rayons.
Rayons (grands).
Rayons (petits),
DES TERMES.
Pages.
288
5gt
255
254
256
1b,
227
Rebord membraneux.
Rebroussée (feuille).
Réceptacle.
Réceptacle commun,
Réceptacle paléacé.
Réceptacle tuberculeux.
Réclinatif.
Réclinée (tige).
Rectinerve (feuille).
Réduplicatif,
Réfléchi (calice).
Réfléchi (rameau).
Regmate.
Régulier,
Renflé,
Renflement,
Réniforme (feuille).
Réniforme (loge).
deccxxxix
Pages.
519
307
455
344
340
344
284
266
289
446
478
266
537
478
247
585
289
495
Renversée (feuille), Voy, Rebroussée (feuille).
Résine animée,
Résine de Botany Bay.
Résine Caragne.
Résine caranna.
Résine copal,
Résine de gaïac.
Résine de Gomart,
Résine de jalap.
Résine Kauri.
Résine de Maynas,
Résine Tacamahaca.
Résines.
Respiration,
Réticulé (bulbe),
Réticules.
Retournée (feuille),
Réunion immédiate.
Révoluté,
Révolutif.
Rhizome. Voy, Tige souterraine,
Rhizome épigée.
Rhizome hypogée.
Ricinique (acide),
Ridée (feuille).
Ringente (corolle).
Rocou,
Roncinée (feuille),
Ronde,
Rosacée (corolle),
Rosacée (odeur),
Rotacée (corolle).
Rotation,
Rouge,
Rouille,
Roulure,
#iis
226
dcecxl
Sac embryonnaire,
Sac sporophore.
Saccharates,
Sagittée (feuille).
Sagittée (loge).
Salé,
Salicylique (série).
Samare,
Sandaraque,
Sang-dragon.
Sapide,
Santaline,
Sarcobase,
Sarcocarpe.
Sarment,
Saveurs.
Scabre,
Scalariforme,
Scammonée.
Scarieux (poil).
Scion.
Scléranthe,
Sclérogène,
Seutiforme (poil).
Sec,
Sécaline,
Sèche (saveur).
Secondine,
Secousse,
Sécrétion.
Sécrétion (glande),
Segment,
Sels d’oseille,
Semi-amplectif,
Semi-amplective (préfoliation),
Semi-amplexatif,
Semi-amplexative (préfoliation).
Semi-cylindrique (feuille)
Semi-flosculeux,
Sensibilité,
Séminale (feuille).
Septenerve (feuille),
Sépales.
Septicide,
Septifère.
Septifoliolée (feuille),
Septiforme.
Septifrage.
Série du cacodyle.
Sessile,
Sessile (fleur).
Sétacée.
TABLE ALPHABÉTIQUE
Pages.
Séve ascendante,
Séve d'août,
Séve descendante,
Séve du printemps,
Sexangulaire,
Silique.
Sillon,
Sillonné (tige). Voy. Cannelée.
Simple (feuille).
Simple (tige),
Sinuée (feuille),
Sinueuse (loge),
Soie,
Sommeil des plantes.
Sommet,
Sores.
Sorose,
Soudure, Foy. Adhérence,
Sous-arbrisseau,
Souterraine (tige).
Soyeux,
Spadice,
Spathe.
Spathe caduque,
Spathe cucullée,
Spathe diphylle,
Spathe marcescente,
Spathe membraneuse, Voy. Spathescarieuse.
Spathe monophylle.
Spathe multivalve.
Spathe persistante.
Spathe polyphylle.
Spathe ruptile,
Spathe scarieuse,
Spatulée (feuille).
Spermatique (odeur).
Spermoderme.
Sphrygosapanthésie,
Spinule,
Spirale,
Spirale génératrice,
Spirale primitive. Voy. Spirale génératrice.
Spirale quinaire,
Spirale secondaire,
Spirale ternaire.
Spongiole,
Sporange,
Spore,
Sporocarpe.
Sporophore (sac).
Sporule,
Squammation,
Staminisation,
Staminodes,
Pages.
312
360
318
360
263
535
493
285
264
495
-330
287
472
.262
.266
344
340
34x
340
Stearates,
Stéarine.
Stéarique (acide),
Stéaroptènes. f’oy. Camphres,
Stéaroricinique (acide).
Stéléchorriphyssie.
Stercoraire,
Stérilité. RE)
Stichidie,
Stigmate.
Stigmate adverse. Voy. Stigmate extrorse,
Stigmate extrorse,
Stigmate introrse.
Sti mate inverse. foy, Stigmate introrse.
Stigmate unique.
Stigmate double.
Stigmate triple.
Stigmate quintuple.
Stigmate se À
Stigmate sessile
Stigmate pétaloïde.
Stigmate globuleux.
Stigmate capité.
Stigmate en tête.
Stigmate conique.
Stigmate sagitté.
Stigmate linéaire,
Stigmate pelté.
Stigmate rayonnant.
Stigmate étoilé.
Stigmate ombiliqué,
Stigmate onciné.
Stigmate en crochet.
Stigmate semi-luné.
Stigmate en croissant.
Stigmate crénelé.
Stigmate cilié.
Stigmate simple.
Stigmate bifide.
Stigmate lacinié.
Stigmate trifide.
Stigmate multifide.
Stigmate bilobé.
Stigmate trilobé.
Stigmate quadrilobé.
Stigmate bilamellé.
Stigmate engaînant,
Stigmate glabre.
Stigmate pubescent.
Stigmate velu.
Stigmate pénicilliforme.
Stigmate en pinceau.
Stigmate aspergilliforme.
stigmate en goupillon.
228
229
230
402
DES TERMES.
Pages.
Stigmate plumeux,
Stigmate granuleux.
Stigmate visqueux.
Stigmate sillonné.
Stigmate dressé.
Stigmate oblique,
Stigmate tordu,
Stigmate infléchi.
Stigmate involuté,
Stype.
Stipelle.
Stipulaire (vrille).
Stipulacé (bourgeon).
Stipulé
Stipules.
Stipules axillaires.
Stipules caulinaires.
Stipules pétiolaires.
Stipules latérales.
Stipules vaginales.
Stomate.
Strié,
Strobile.
Strychnine,
Stupéfant,
Style,
Style apicilaire.
Style ouvert.
Style terminal.
Style latéral.
Style basilaire.
Style inclus,
Style exert ou saillant,
Style subulé,
Style en alêne,
Style trigone.
Style claviforme.
Style turbiné.
Style pétaloïde.
Style glabre.
Style arqué.
Style velu.
Style décliné.
Style abaissé,
Style en spirale.
Style infléchi.
Style réfléchi,
Style géniculé.
Style courbé.
Style simple.
Style fendu.
Style bifide.
Style trifide,
TOME 1, INTRODUCTION. — Livraison ggggg.
Style infundibuliforme,
99999
dcccxlij
Style multifide.
Style partagé.
Style partite.
Style bipartite.
Style dichotome.
Style caduc.
Style persistant.
Style accrescent.
Style basilaire,
Style inclus.
Style terminal.
Style unique.
Styptique.
Styptique austère,
Suave.
Subérosie, Voy. Phellose,
Subinsipide.
Subpédonculé.
Substances albuminoïdes,
Subulé,
Subulée (feuille),
Sucré.
Sucre de fécule, Foy, Glucose,
Sucre de fruits,
Sucre de raisin,
Suffocation.
Sulfate de carbyle,
Sulfoforme,
Sulfovinique (acide).
Supere.
Supports.
Suspension d’accroissement.
Suture, Poy. Sillon.
Sycone,
Symétrie (loi de).
Symétrique.
Synanthie,
Synaxie,
Syncarpe.
Syncarpes (fruits).
Syncarpie,
Synophthie,
Synspermie.
Tablier, Voy. Labelle,
Taches,
Tacon.
Tannins,
Tannin pur,
Tannique (acide).
Tartre,
Tartre brut, Voy, Tartre,
TABLE ALPHABÉTIQUE
Pages.
515 | Tartrique (acide).
ib. | Tartrique anhydre (acide).
ib, | Taxologie.
tb. | Taxonomie,
tb. | Tegmen,
:b. | Teigne des pins,
ib. | Tératologie,
ib. | Tercine.
505 | Térébenthine, Voy, Essence de térében-
tb. thine,
ëb. | Térébenthène.
ëb. | Ternée (feuille),
407 | Testa,
tb. | Tétradynames,
399 | Tétragone.
Tétragone (loge).
ib. | Tétrapétale.
347 | Tétrastyle.
193 | Tétra-quadriphylle (calice).
494 | Thalamiflore,
289 | Thalle.
410 | Thèque.
Thyrse.
200 |-Tige,
:b. | Tige souterraine.
571 | Tige aérienne.
210 | Tige annuelle.
216 | Tige bisannuelle.
210 | Tige vivace.
454 | Tige ligneuse.
324 | Tige arborée.
559 | Tige herbacée.
Tige diphylle.
54a | Tige pleine.
421 | Tige médulleuse,
478 | Tige fistuleuse.
605 | Tige cloisonnée.
606 | Tige capillaire.
537 Tige sétacée.
543 | Tige filiforme,
606 | Tige cylindrique.
604 | Tige conique.
606 | Tige articulée.
Tige géniculée.
Tige noueuse.
Tige anguleuse.
Tige ancipitée,
569 | Tige comprimée.
ib. | Tige triangulaire.
219 | Tige quadrangulaire,
220 | Tige quinquaugulaire.
ib. | Tige hexagone ou sexangulaire.
218 | Tige trigone,
Tige tétragone.
Tige pentagone.
Tige acutangulée.
Tige obtusangulée.
Tige cannelée.
Tige sillonnée.
Tige striée,
Tige ailée.
Tige pubescente,
Tige veloutée.
Tige tomenteuse.
Tige hispide.
Tige unie,
Tige lisse ou glabre,
Tige scabre.
Tige muriquée.
Tige tuberculee.
Tige verruqueuse,
Tige pulvérulente,
Tige ponctuée.
Tige maculée.
Tige simple.
Tige dichotome.
Tige trichotome.
Tige rameuse.
Tige branchue.
Tige décombante.
Tige droite,
Tige dressée.
Tige nutante.
Tige inclinée,
Tige oblique.
Tige ascendante,
Tige couchée.
Tige rampante.
Tige grimpante.
Tige volubile
Tige dextro-volubile.
Tige sinistro-volubile.
Tige aphylle.
Tige feuillée,
Tige monophylle,
Tige polyphylle.
Tigelle,
Tigré.
Tissu cellulaire,
Tissu conducteur.
Tissu utriculaire, Foy. Cellulaire.
Tombant.
Tomenteux,
Tordue (loge).
Toruleux.
Torus,
Trachée,
Transversal,
DES TERMES.
Pages. |
265
Triadelphe,
Triangulaire (tige).
Trichotome.
Tricolor.
Triconjuguée (feuille).
Tricuspide,
Tridenté (calice),
Trifide (calice).
Trifide (feuille).
-
Trifoliolée (feuille), 7y. Ternée.
Trigone,
Trijuguée (feuille).
Trilobée (feuille).
Trinerve (feuille).
Trinervulé,
Tripartite (calice),
. | Tripartite (feuille),
| Tripennée (feuille).
. | Tripétale,
Tripbylle (calice).
. | Tripinnatifide (feuille).
Tripinnatipartite (fenille).
Triplinerve (feuille),
Triquètre (feuille),
Tristique (feuille).
Tristyle.
Triternée (feuille).
Triticine.
Tronc,
Tronquée,
Trophosperme.
Tropique (fleur).
Tube.
Tube pollinique.
Tubercule,
|| Tuberculée (tige).
Tuberculeux.
Tubuleux.
|| Tuniqué.
Turbiné.
Turion.
Ulcère.
Ulmine,
Ulmique (acide).
Unicellulés (poils).
Unie (tige).
Uniforée (anthère).
Unilatéral
Uniloculaire.
Uninervulé,
Union des organes élémentaires,
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206
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2 ne Urcéolé, Rue PR 486 | Verticale (ete).
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Ras 2 _ Utricule. Foy. Cellule. Vésiculaire (glende). ÿ
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7, Vaisseaux & aréolés. Ana à Vineux. |
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Vaisseaux spiraux, ou en spirale.
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Valérianique ( ide). de QUE est
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Vermination. 559!
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