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LA PHYSŸQUE,
eur LHISTOIRE NATURELLE
ETASURTMEES ARTS"
AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE»
DÉDIÉES
À. MM LE COMTE D’'ARTOIS,
Par M. l'Abbé ROZIER, Chevalier de l'Eglife de Lyon » de l'Académià
Royale des Sciences , Beaux Arts & Belles-Lertres de Lyon, de Villefranche,
de Dijon, de Marfeille , de la Société Impériale de Phyfique & de Botanique de
Florence , Sc. ancien Direkur de l'Ecole Royale de Médecine Vétérinaire
de Lyon.
TOME SECOND.
Hôtel de Thou, rue des Poitevins.
CESR EP TEEN ER ALEC EE BE TELE VS KO LACS SEL
MAD'IC C ‘LXX TILL
AVEC ERILILEGE DU. RO'E
|
SOU :S:C RL 2 TON
De ce JourNAr De PHysiquez.
Ir paroîtra chaque mois un Volume de dix à onge feuilles
in-4 enrichi de gravures en taille-douce. On pourra à la fir
de chaque année relier ces douze Volumes , & ils formeront
deux Volumes in-4 de 6o à 70 feuilles. On fouférit pour cet:
Ouvrage à Paris chez Pancxouckxe , Hôtel de Thou, rue
des Poitevins , & chez les principaux Libraires des grandes
villes de ceRoyaure G des Pays etrangers. Le prix de læ
Joufcription eff de 24 Liv. pour Paris, 6 de 30 lv. pour la Pro-
ŸLrLCe , » franc de port. On a cru auffi devoir fe borner à l'ancien
PE & fupprimer celui de Tableau: du travail annuel de toutes:
les Académies. de l’Europe, titre trop général pour un Jour
ci de Phyfique. Cet Ouvrage cf une Suite indifpenfable de
la Colleftion académique.
Les Savans qui voudront faire enférer quelques articles
dans ce Journal, font priés de les adref[er à l Auteur, place:
S quarré Sainte Cencitie, au coin de la rue des Sept-voies..
LAS B-E SE
D'ÉESNAPRETS TI" CAPES
Contenus dans cetce feprieme Partie,
R > PORT des Obfervations faites fur Mer pour la détermination des
longicudes & autres objets concernant la navigation ; par MM. de Ver-
dun, Chevalier de Borda & Pingré; lues à la rentrée publique de l Aca-
démie des Sciences, après la quinzaine de Päques , par M. Pingré ,
age I
Confidérations optiques. Second Mémoire, par D. T. Correfpondant de
l’Académie Royale des Sciences, [ur un phénomene di aux fouffures du
verre à vicre, ns
Obfervarion de M. de la Morte, Médecin de Bordeaux ; für une maladie
Jinguliere de l'Epiderme ; communiquée à M. Banaud ; Doëteur en
Médecine , 22
Obfervations [ur la nature de L'Epiderme & de la Peau ; par M, Binaud,
Doéleur en Médecine, 2/4
Defcriprion d’une nouvelle Ruche pyramidale, préfentée à la Société éta-
blie à Londres, pour l’encouragement de l’ Agriculture; des Arts & du
Corrmerce , par M. Charles Wichwortham, un des Vice-Préfidens de cette
Académie. Traduilion libre de l’Anglois ; par M. Pingeron, Capitaine
d’Artillerie au Service de Pologne, 2
Précis de la Doétrine de’ M. Meyer ; fer ?'Acidum pingue, 30
Mémoire fur les Eaux minerales & [ulfureufes de Caflle-Loed & Fairburr
dans le Comté de Roff, de Pitkeathly , dans le Comré de Perth en Ecoffe;
traduit de l’Anglois du Docteur Mouro ; Médecin des Armées de
Roï, des Hôpitaux ;, Affocié au College des Médecins de Londres .
de la Société Royale : lu le 13 Janvier 1772; 4I
Obfervatien fur la Tortue de Pruffe, par M. Marggraf, 48
Obfervations fur les Vers à foie qui naifjent dans l'Amérique [epcentrio-
nâle'; par M. Moyfe Bertram , 51
Méthode pour conferver les Semences & les Plantes dans leur état de vége-
tation , pour pouvoir les tranfporter dans les Pays lointains ; par M.
Ellis , . 56
Méthode facile pour conferver les Sujets dans l’efprir-de-vin; par M.
Louis Nicola , éa
Obférvation fur l Asbeffe ; par M. Nebel, 62
Rapport fait à l’Académie, le 9 Juin 1373 ;.par MM. Teron & Portal ;:
Jur un enfant né fans cerveau ni cerveler., 63
- à
A CAUURLTUTS “
Explication d’un Inffrument qui a été employé à fonder avec précifion l&
profondeur de la Moldau en Bohème, & celle de la March ou Morawe
en Moravie , fur deux étendues , qui enfemble font environ foixante &
dix lieues de France ; par M. Breguin de Demengey ; Colonel & Ingé-
nieur au Service de LL. MM. Impériales, Royales & Apoftoliques, 64
Perfeétion à donner aux Lampes économiques ; par M. Pafumot , Ingénieur
du Roi, 66
Æconomie des Formes ou Tuyeres de cuivre dans les Forges ; par M.
Leonh. Magnougola , 67
Rapport fair à l’Académie Royale des Sciences ; par MM. Leroy &
Lavoifier, fur la feconde Partie de l’Art d'exploiter les Mines de char-
_bons de terre ; Préfentée par M. Morand fils, de la même Académie ,
68
Lettre de M. Saboureux de Fontenay , fourd G muet de naiffance, à
lAuteur de ce Recueil, 78
Changemens à faire à La traduëlion de la Differtation de M. Ruterford ,
Jüur l'Air méphitique, & dont la circulation eff incerrompue ; 8$
Fin de la Table,
AENPIC PMR MOMEB A AN TI TIOO EN.
LP lu, par ordre de Monfeigneur ke Chancelier , un Ouvrage ayant pourtitrez
Obfervations fur La Phyfique, fur l'Hiftoire naturelle & fur les Ares, &c. par M.l'Abhè
RoziEr, &c & je crois qu'on peur en permettre l'impreflion. A Paris, ce 29 Juillee
2773-
s &GARDANE
77 RSS
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OBSERVATIONS
MÉMOIRES
SU SR
LA PHYSIQUE,
SUR L'HISTOIRE NATURELLE
ET SUR LES ARTS ET MÉTIERS.
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PH Y SI:O UE.
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DES OBSERVATIONS
Faites fur Mer pour la détermination des longitudes & autres objets concer-
nant la navigation ; par MM. DE BORDA DE VERDUN , Chevalier,
Ë PINGRÉ.
Lues à la rentrée publique de l'Académie des Sciences, après la quinzaine de Pâques,
ar M. PINGRE,.
D î Acad. des
RES les naufrages beaucoup plus rares, conferver des citoyens à A de
la Patrie, & des vailleaux à l'Etat ÿ faciliter le commerce entre les Na- l2151773.
Tome II, Part. VII.
2 PDT ASSET OUR:
tions les plus éloignées ; tels feroient les fruits d’une méthode sûre &
facile de dérerminer les longitudes fur mer. M. de Boynes venoit à peine
d’être nommé Secrétaire d’État au Département de la Marine, qu’animé
du zele le plus éclairé & le plus aétif pour les progrès de la navigation , il
crut devoir prendre en confidération particuliere cer objer. Une expédi-
tion déjà projettée lui parut véritablement utile ; il la propofa au Roi ;
elle fut bientôt agréée d’un Prince qui regarde comme le plus bel apa-
nage de la Couronne de pouvoir contribuer au bonheur & à la conferva-
tion de fes Sujets. M. de Boynes écrivit donc à l'Académie , en Juin 1771,
que le Roi avoit ordonné d’armer à Breft la Frévate /a Flore : l'expedi-
tion ne devoit avoir pour objet que la perfeétion de la navigation, &
fur-tout l’examen des moyens propres à la dérermination des longitudes.
M. de Verdun de la Crenne , Lieutenant de Vailleaux , Chevalier de
l'Ordre Royal & Militaire de Saint-Louis, de l’Académie Royale de
Marine, établie à Breft, étroit nommé pour commander la Frégate. L'oc-
cafon étoit favorable ; l’Académie en profita pour faire éprouver fur mer
les machines qui pouvoient concourir au prix double qu'elle avoit pro-
pofé pour la rentrée préfenre , & qu’elle vient de diftribuer. Elle nous
nomma pour Commiffaires à cet effet; M. le Chevalier de Borda & moi,
nous nous rendimes à Breft vers la fin de Septembre de la même année;
nous y reçûmes en Octobre les dernieres inftructions du Roi. Elles:
étoient bien plus étendues que la commiflion de l’Académie. 1] nous étoit
ordonné , à M. de Verdun & à nous, de faire conjointement toutes les
obfervations , routes les opérations nécelfaires pour conftater la bonté des
machines qui nous feroient livrées, & des méthodes inventées jufqu’a-
lors pour la détermination des longitudes fur mer, foit que ces machines
& méthodes concourulfent , foit qu’elles ne concouruffent pas au prix de
l'Académie. De tous les inftrumens , les montres marines éroient ceux
donc il étoir le plus important de conftater la précifion. Il nons étoit or-
donné en conféquence de multiplier les relâäches , pour être en état d’ap-
précier plus fréquemment & avec plus de précifion. les variations de leur
marche. Nous devions d'ailleurs pafler des climats tempérés dans la:
Zone torride , & de-là vers le Cercle polaire : ces viciflitudes de la tem-
pérature de Pair étoient des épreuves qu'il cp de faire fubir aux:
horloges marines, pour être aflurés que les effers du froid & du chaud
y croient fuflifamment compenfés. La campagne enfin devoit durer près
d'un an,
I nous fut remis , foit pat ordre du Roi, foit par FAcadémie , fix
horloges marines ; favoir, cinq montres & une pendule : celle-ci étoic
de la façon de M. Biefta , Horloger de Paris. Cer Arufte s’étoit per—
furdé aue le poids énorme de la pendule fufhroir pour la defendre de
tous les mouvemens de 1 mer; & ce fut ce poids qui occafionna en par-
tie {a deftruction. Les premiers roulis que nous éprouvimes ; dérache-
PNEUS NS UT JO LE æ. 3
rent l’écrou d’une vis imaginée par M. Biefta, pour fervir de foutien à
la machine; elle tomba & fe brifa : fon mouvement durant les jours pré-
cédens avoit été trop irrégulier, pour qu'il nous für permis d’efpérer
quelque fuccès d’une plus longue épreuve. Des cinq montres marines,
trois éroient de M. Julien le Roy , une de M. Berthoud , une de M. Ar-
fandaux. Cette derniere étroit très-ingénieufement fufpendue ; fon ifo-
chronifme ne nous a pas pleinement fatisfaits. Au refte, il nous a paru
que fes irrégularités avoient un rapport aflez marqué avec les variations
de la température de l'air. Nous en conclurions volontiers que les effets
de la chaleur & du froid ne font pas fufhfamment compenfés dans certe
machine. Des trois montres marines de M. le Roy, une ne nous étroit
donnée que comme un effai. M. le Roy nous avoit formellement dé-
claré par écrit qu’il n’en attendoit pas le même fuccès que des deux au-
tres. Celles-ci étoient diftinguées par les lettres À & S, initiales des
mots ancienne & feconde ; la premiere avoit été préfentée au Roi, en
1766; toutes deux avoient été éprouvées fur mer en 1767, à bord de
l'Aurore ; par M. le Marquis de Courtenvaux, M. Meflier & l’un de
nous ; & en 1768 , à bord de l’Enjouée, par M. de Caïüni fils. La mon-
tre de M. Berthoud étoit cortée n°. 8; un de nous l’avoit pareillement
éprouvée fur mer à bord de l’/ris en 1-69 , conjointement avec M. de
Fleurieu, commandant ladite Frégate. Cette montre marine ne concou-
roit point au prix; fon auteur l’avoit conftruite pour le Roi, & n'avoit
pas jugé à propos de la préfenter à l’Académie,
Outre ces horloges marines , nous avions embarqué plufeurs fextans
& otans d'Hadlei, un mégametre de M. de Charnières , une lunette
achromatique de trois pieds , avec Les verres fubfidiaires de M. l'Abbé
Rochon, & une chaife marine de l'invention du fieur Fyot, Profeffeur
de Mathématiques à Paris. Ces deux dernieres machines ne nous ont
été d'aucune utilité.
Nous fimes tranfporter nos horloges marines à bord de la flotte, le $
Oétobre 1771; les jours fuivans nous conftatâmes leur marche ; le 29,
nous appareillämes de la rade de Breft. Dès le 31, nous reconnûmes le
Cap Finiftere. Le début éroic heureux : notre navigation fut moins favo-
rable les jours fuivans ; le vent contraire n'étoit- interrompu que par des
calmes ; la mer étoit fouvent mauvaife ; la Flore fouffrit dans quelques-
uns de fes agrêts ; enfin nous mouillâmes heureufement le 19 de No-
vembre au foir dans la baie de Cadix. Les montres marines À & S de
M.leRoy, & le n°.8 de M. Berthoud nous donnerent une longitude de
Cadix fort approchante de la vraie longitude de cetre Ville; leur mou-
vement fur trouvé d’ailleurs fenfiblement égal à celui que nous avions
déterminé à Breft.
. Les premiers jours de Décembre furent très-durs pour la navigation :
ily eut des coups de vent violens ; le plus furieux fut celui de la nuit dy
A ij
3 RTE NES OUT TON UN LE:
3 au 4. Nous ne pümes mettre à la voile que le 11 du mois. Le vene
nous favorifa peu : nous mouillämes cependant le 18 dans la rade de
Funchal, Ifle de Madere ; nous y reftämes peu de jours ; notre deffeirr
étroit moins d’y vérifier la marche de nos montres marines, que de dé-
terminer la longitude de Funchal par la comparaifon du temps obfervé
fous le méridien de certe Ville , avec le tems indiqué par nos montres.
Le réfulrar de notre comparaifon fut que Funchal eft de 19° 15" plus oc-
cidentale que Paris,
Nous appareillèmes de Madere le 21 à la nuit; le 23, nous fimes
prefque le rour de l'Ile de Salvage ; nous voulions nous aflurer de la
pofition de certe Ifle & des écueils qui Favoifinent. De-là nous fimes
voile vers Sainte-Croix de Ténérife, centre a@tuel du commerce des
Canaries , & lieu de la réfidence du Gouverneur-Général de routes ces
Hles,
La France n’avoit point alors de Conful aux Canaries ; celui qui en
exerçoit précédemment les fonétions , croyoit qu'il éroit de fon intérêt
de paller pour Efpagnol : il craignoit que les plus légers fervices qu'il
auroit pu rendre à un vaiffeau de guerre de fa Nation, ne décélaffenc {a
véritable origine. Dom Miguel Lopez Fernandez de Heredia y Folédo ,
Gouverneur-Général des Canaries ; voulut en quelque forte nous tenir
lieu de Conful ; il nous accorda toute liberté pour nos obfervations ; 1l
applanit toute difficulté ; il nous procura mème une maifon neuve , vafte
& commode pour y établir notre obfervatoire. Nous vérifiämes que la
marche des montres À, S, & n°. 8 s’éroir encore bien fourenue.
Le 29 du mois , deux de nous reftant à Sainte-Croix , au fervice des
montres , le troifieme, muni de lettres de recommandation , ou plurôr des:
ordres de Don Lopez , & accompagné de plufieurs Officiers de la Fré-
gate, fe rendit à l'Ororova. Dès le jour même on fit des préparatifs:
pour mefurer la hauteur du fameux Pic de Ténérife : Les jours fuivans on.
écablic une bafe fur un fol affez uni ; on détermine avec foin la longueur
de cetre bafe ; on prend avec-un quart de cercle les angles convenables ;,
on s’aflure de l’obfervation du fol au-deflus du niveau de la mer; & le
réfultar eft que la hauteur du Pic au deffus de ce mème niveau n’eft que
de r745 roifes, De cette hauteur & de quelques autres opérations nous
avons conclu que la diffance du Pic à la maifon de M. Cologan, qui
nous fervoit d’obfervaroire à Sainte-Croix , eft de 210001toifes,
Nous levâmes l'ancre le 4 Janvier 1772, au matin. Nous comptions
fur des vents alifés de nord-eft ; on les éprouve affez conftamment dans
ces parages, fur- tout dans la faifon où nous nous trouvions alors. Nous
eùmes au contraire à lutter contre un vent de la partie oppofce; il ne
nous quitta que le r2 au voifinage du Tropique ; les obfervarions que:
nous fimes (ur l'Ile de Gore le 16 & les jours fuivans , nous convain--
“quirent de plus en plus de la bonté de nos montres marines A,S , & n°.8..
| D'OR NT SAC UU LE. $
Le 25 Janvier au foir nous fimes voile pour les Ifles du Cap Verd,
contrariés encore par des vents d'oueft & des calmes. Nous profirimes
d’an de ces calmes, pour effayer de fonder à une très-grande profondeur.
Nous n’étions qu'à vingt lieues environ de la côte d'Afrique. Nous
mêmes ur canot à la mer; nous y embarquâmes une ligne de 1100
braffes , roulée fur une efpece de dévidoir. Nous filâmes route cetre ligne;
ayant remarqué que fon poids avoit toujours augmenté, pous en con-
clümes qu’elle n'avoir pas atteint le fond. Pour nous en affurer davan-
rage , nous fimes nager environ cent brafes ; la ligne rendue enfaite à
elle-même , reprit fa fituation verticale ; nouvelle preuve que la longueur
de la ligne étroit infufhifante. Nous fa rerirâmes ; mais lorfque nous en
avions déjà rembarqué mille cinquante brafles, elle fe rompit, & nous
n'eûmes pas la fatisfaétion de pouvoir nous confirmer par l’infpeétion du
plomb , dans la perfuafon où nous étions déjà ; que la profondeur de la
mer excédoit la longueur de notre ligne.
Le 30 Janvier à midi, nous lailfâmes tornber l’ancre en rade de x
Proya, à l'extrémité méridionale de l'Ifle de Sant-Yago , la plus grande
des Ifles du Cap-Verd. Nous en partimes dès le 3 de Février mann;les
vents contraires & les calmes nous contrarierent encore durant deux
jours. Le 5 , le vent devint favorable ; & en dix jours nous parcourümes
720 lieues marines. Le 15 à midi nous étions encore à plus de 50 lieues
de la Martinique, felon notre eftime ; nous n’en étions qu'à 7 ou ê
lieues , felon le témoignage de nos montres marines. L'horifon n’étoir
pas net; à une heure on découvrit l'Ile à cinq lieues de diftance ; par un
temps clair nous l'aurions vue beaucoup plutot.
La marche de nos montres ayant été vérifiée à la Martinique, nous
quittâmes certe Ifle vers k fin de Février. Notre deflein éroit de recon-
noître la plupart des Ifles Antilles, & de relâcher même dans plufeurs :
par-K ,nous comptions nous mettre en érat de déterminer avec précifion
la fituation refpeétive des principales parties de cer Archipel. Après avoir
croifé le 2 Mars pendant quelques heures à la vue de la Dominique ,
nous mouillämes le ; en rade de la baffe verre de la Guadeloupe. En en-
trant le 6 vers midi dans la rade de Saint-Jean d'Antigue, nous tou-
châmes fur la roche de Willingron ; la mer éroit baffe , & d’ailleurs cet
écueil s’érend plus loin qu'il n’eft repréfenré fur les cartes du dépôr. Nous.
reffâmes trois quarts d'heure fur certe roche ; les fecoufles verticales
étoient fréquentes & exrrémement fortes : l'épreuve éroit fans doute:
trop violente pour nos montres; cependant il ne paroït pas que leur
mouvement en aitéé, du moins alors, bien fenfiblement dérangé. Ea
quille de la Frégate étoit tout autrement avariée ; il fallut retourner à:
la Martinique pour faire réparer le dommage; nous y mouillämes le 19
du même mois de Mars ; on défarma la Frégate.
La marche de nos monzsres marines s'étoit jufques-là bien foucenues
6 Dar DISNER MONA.
La montre À avoir toujours accéléré fon mouvement depuis Breft. À
Breft même elle retardoit pat jour de 2/!, 14 fur le remps moyen, & d’une
féconde feulement à Cadix. À Ténérife fon avancement journalier étoit
de o!. 34, à Gorée de 1". 44, à notre premiere relâche à la Martinique
de 2". $4, & à notre feconde relache de 4”. 19. Il eft facile de conclure
que cette montre nous avoit donné nos longitudes dans une précifion
plus grande que celle d'un demi degré en fix femaines, ou même en
deux mois.
L'ifochronifme des montres $ & n°. 8 étoir encore plus fatisfaifant :
leurs variations ne fuivoient,, il eft vrai, aucune progreilion réglée; mais
elles éroient beaucoup plus légeres que celles de la montre A. La mon-
tre S avoit avancé à Breft par jour de 1". 48 , à Cadix de 1//. 38, à Ténc-
rife de 2/.63 , à Gorée de 1". 67, à la premiere relâche à la Martinique
de 0". 66, & de 1". 12 à la feconde relâche. En combinant ces perites
varictés , il eft facile de s’allurer que l'erreur des longitudes déterminées
par la montre S n’avoit pu aller à un quart de degré dans un intervalle de
fix femaines,
L'accélération journaliere du n°. 8 fur le temps moyen fut à Breft de
1. 39, à Cadix de o". $ , à Ténérife de 0". 19, à Gorce de 1. 46, à
notre premiere relâche à la Martinique de 1". 11, à la feconde relâche
de o!. $, variations légeres qui ne pouvoient pareillement occafionner
une erreur d’un quart de degré en fix femaines fur les longitudes con-
clues des mouvemens de cette montre marine.
La Frégare défarmée fut viréeen quille le 17 Mars fur bas bord, Un des
Attiftes avoit demandé que fa montre marineune fois placée à bord ne fût
pas déplacée durant routle cours de la campagne ; noùs ne devions pas trai-
ter une de nos horloges plus favorablement que les autres : il fur donc dé-
cidé que toutes refteroient à bord. Nous primes les mefures les plus-efhisa-
ces, pour que les mouvemensquela Frégatealloit éprouver , n’affectaflent
en aucune maniere la marche des montres marines. Le fuccès auroit ré-
ponda à nos efpérances , fi les caiflons qui environnoient fa grande
chambre , euffent eu la folidité qu'ils devoient avoir. Deux d’entr'eux fe
détacherent-du plat bord contre lequel ils avoient été mal cloués dans
l'armement , & vinrent frapper deux des horloges qui, par la pofition
qu’avoir alers la Frégae , fe trouvoient verticalement au-deffous. Peu
s'en fallur que l’un de nous, qui étoir alors dans la grande chambre, pour
veiller fur les montres , ne für bleffé ; le coup porta principalement fur
la montre À, & en partie fur la montreS. La premiere fut entiérement
dérangée ; le mouvement de la feconde fur retardé pendant quelques
jours, plus fenfiblement d'abord, moins enfuire , mais toujours avec des
irrégularités bien marquées. Il feroit fans doute injuite de perdre de vue
cer accident dans la fuice de l'examen que nous allons faire de la marche
de cette montre,
PAPA ITA SEMI E, 7
Le 26 Mars on fit plufeurs rentarives pour abattre la Frégate en quille
fur tribord; dansune de ces tentatives , les manœuvres d'appareil man-
quérent ; la Frégate fe redreffa d’elle-même , après plulieurs bilancemens
violens. Un de nous étoit dans la grande chambre, les yeux fixés fur les
montres marines. Il jugea qu’elles avoient confervé aflez fenfiblement
leur à-plomb.
Le 27 Mars la montre S parut avoir abfolument repris fon ancien
mouvement ; elle le conferva fans altération fenfble durant fix femaines,
Du >$ Mars au 7 Avril, fon avancement journalier fut de 1". 09.
Nous appareillimes du Fort-Royal de la Martinique le 8 Avril, &
fimes voile pour le Cap-François , Ifle de Saint-Domingue. Chemin
faifant , nous relevimes beaucoup d’Ifles & d’écueils, prenant des ali-
gnemens de leurs principaux Caps , & nous affurant de notre propre pofi-
tion par des obfervations fréquentes. Nous relevimes de mème les objers
les plus apparens de la côte feprentrionale de l'Ifle de Saint-Domingue,
Nous mouillâmes au Cap le 16 d'Avril, & nous y féjournâmes jufqu’au:
premier Mai. Durant cer intervalle , la montre s’avança par jour done
24 ,&le n°. S rerarda de 0". 63 fur le temps moyen. Du 2 au $ Maï,nous
nous arrètâmes au Môle Saint-Nicolas, à l’extrèmité du nord-oueft de
la mème lfle : les obfervarions que nous y fimes, nous convainquirent
| À Re ess dE
que la diftance du Cap au Môle eft d'environ dix lieues moindre qu’en
ne la marque ordinairement fur les cartes.
De Saint-Domingue nous fimes voile vers le nord par le canal connu
fous le nom de débouquement Anglois ; nous reconnümes & relevimes
lufeurs Iftes. Depuis la Martinique, la chaleur fe faifoit fentir; les
ons renfermés dans les boëtes des horloges, & gradués felon La
méchode de Réaumur , fe foutenoient à 23, 24 & 25 degrés au-defflus
du terme de la glace. Vers la mi-Mai cette cempérature de l'air changea
prefque fubitement; entre 46 & 46 degrés de latitude nord, les ther-
momerres ne marquerent plus que $ à 9 degrés dans les boëtes, & deux:
degrés feulement à l'air libre ; des brumes épaiffes rendoient en quelque
forte le froid plus incommode. Nous mouillimes l'ancre le 28 du même
mois dans la rade de l’Ifle de Saint-Pierre , près l'Ile de Terre-Neuve.
Nous conclûmes des obfervations faites les jours fuivans , que le n°. 8.
. retardoit alors de 3" par jour ; la montre S avoit au contraire accéléré
1
fon mouvement de 6/ 3 par jour, fon mouvement journalier ayant été
obfervé de 9/ au lieu de 2” +, obfervées au Cap.
Dans la traverfée de S. Pierre en Iflande, plus nous nous élevions vers
le nord , plus le froid diminuoir. Il eft vrai que la faifon s’avançoit aufli.
Nous eûmes cependant encore des brouillards , & même quelques coups
de venr, fur-tout au voifinage de l’Iflande. Notre delfein étoit de mouiller
dans quelque port de la côte feprentrionale de certe lile ; desPècheurs que:
nous rencontrâmes le 30 Juin au foir par 66° 17° de latitude , nous affu-
8 PPAETNYA SE TNOMEUNIE:
rerent que Je paffage entre l’Iflande & le Groënland étoit encore fermé
par les glaces : il fallut revirer de bord; nous mouillâmes le lendemain
premier Juillet dans la baie de Patrixfiord, fur la côte occidentale de
l'Ifle. Nous y éprouvames un air rempéré , humide cependant; les coups
de vent continuoient au large; nous étions abfolument couverts dans
notre baie; le ciel étoit rarement ferein ; nous profitimes de quelques
beaux jours pour déterminer la marche aétuelle de nos horloges marines ;
Je n°. 8 retardoit par jour de 4”. 72; l'accélération journaliere de la mon-
tre S étoir de 8/. 22, très-peu moindre qu'a l’ffle de Saint-Pierre.
Nous appareillâmes le 20 au foir ; nous étions informés que le paflige
du nord étroit enfin ouvert; mais le vent ne nous permit pas de prendre
cette route. Nous relevämnes les principaux points des côtes occidentales
& méridionales de l’ifle jufqu'au Cap Hecla; la brume ou les nuages ne
nous permirent pas de voir le fommer de la montagne de ce nom. Tous
les iflandois ne conviennent pas qu’elle foit la plus haute de leur Ifle; la
plus élevée de toutes, felon plufeurs, c’eft le Jokul de l’oueft ou de
Suæfellnef. Nous avons vu & relevé très-fouvenr ce Jokul; nous en
avons pris plufieurs fois la hauteur angulaire; & nous ne croyons pas que
fa hauteur perpendiculaire au-deffus du niveau de la mer puifle excéder
S$ à 900 toifes,
Le 28 , nous reconpümes & relevâmes plufieurs des Ifles Feroë : nous
aurions également defiré reconnoirre les Ifles de Scherland , pour en dé-
terminer la poñition ; nous en fûmes empèchés par des vents contraires
& trop violens , pour qu'il nous füt pofible de lutter contre. La dérive
nous faifoit perdre plus de chemin que nous ne pouvions en gagner en
louvoyant. En général, notre traverfée d’Iflande en Danemarck fur très-
rude ; nous efluyâmes de furieux coups de vent; nous fümes en confé-
quence fouvent obligés de mettre à la cape. Nous pouvons témoigner
que nos montres marines ont été fortement fecouées dans ce trajet :
nous ne voyons pas qu’elles en aient fouffert aucun dérangement fenfi-
ble. Quelles font ces mers en hyver, fi elles font fi mauvaifes dans le
cours de l'été ?
Nous mouillimes le 11 Août dans la rade d’Elfeneur, fur le détroit
du Sund , à l'entrée de la Mer Baltique, & le 13 dans la rade de Co-
penhague. Nous y obfervames que le n°. 8 avoit prefque repris fon an-
cienne marche ; 1] avançoit de 0”. 4/. par jour ; l'avancement journalier dé
la montre S étoit au contraire un peu diminué, n'étant plus que de 7",
o'. Nous partimes de Copenhague le $ Septembre , continuant de rele-
ver les parties les plus apparentes des côtes que nous reconnoiflions ,
ainfi que nous l’avions fait avant d’entrer dans le Sund. Nous étions pa-
reillement attentifs à faire jeter le plomb, dès que nous foupçonnions
qu'il pouvoit atteindre le fond. On fait que les fondes ont été quelque-
ne de précieux points de reconnoiflance pour les navigateurs. Entn,
après
PNEU OEMITMONIUMNE. 3
après avoir mouillé durant quelques jours en rade à Dunkerque, & y
avoir effuyé un coup de vent violent le 23 & le 24 Septembre, nousren-
trâmes heureufement dans la rade de Breft le 8 Oétobre 1772. Nous con-
clûmes des obfervations faites le jour fuivant que l'avancement journa-
lier de la montre S excédoir à peine, & que celui du n°. 8 éoit infen«
dible ( o!/! 04).
Le 17 Oftobre après midi on fit, conformément à nos inftruétions, trois
décharges inftantanées de l'artillerie de la Frégate : elle étoit de 32 ca-
nons, mais il n’y en avoit que 22 de montés, de 8 livres de balle; ils
étoient chargés comme pour le combat, mais fans boulets. On y avoit
fuppléé en partie , en mettant trois valets fur la gargoulle. La commotion
ne produilir aucun effec fenfible fur la marche de la montre À , du n°.8,
& de la montre de M. Arfandaux. La montre S en fouffrit feule; fon
mouvement fut retardé & bientôt arrêté. Quelques jours après toutes nos
opérations étant finies , nous fcellâmes certe montre S ; &, pour ne point
faire dediftintior , nous fcellâmes pareillement toutes les autres mon-
tres marines. Depuis notre rerour à Paris, MM. le Roy , Arfandaux &
Berthoud ont fait en notre préfence l'ouverture de leurs machines , après
la reconnoiflance & la levée des fceaux que nous y avions appofés. Nous
n'avons rien remarqué d’extraordinaire dans les montres de MM. Ber-
thoud & Arfandaux; les pieces étoient aufli polies , aufli luifantes, auf
exemptes du plus léger foupçon de rouille, qu’elles pouvoient l'étre en
fortant des mains de l'Horloger. Donc l'air de la mer n’avoit point agi
fur ces montres, & elles peuvent ètre à la mer d’un très-long fervice.
Nous en pouvons dire autant des montres de M. le Roy ; mais dans
celles-ci nous remarquâmes plus de dérangemens que M. le Roy nous
avoit annoncés , mème avant la levée des cachets. Le fil de claveflin qui
fafpendoic le balancier ou régulateur dé la montre S avoit été rompu
par la force de l'explofion du 17 Oétobre ; nous en avons conclu qu’il
étroit facile de remédier à l'inconvénient éprouvé pour lors , en fufpendant
le régulateur par un plus gros fil, ainf qu'on l'avoir réellement fait a l’égard
de la montre À , laquelle, en conféquence, n'avoit pas reffenti le plus
léger effer de ces décharges. Nous obferverons de plus , que les montres
marines étoient placées fur le même fol que notre artillerie : par-tout
ailleurs la commortion eut éré moins violente. Nous pouvons ajouter que
même dans un combat naval , les décharges de l'artillerie ne font point
auf inftantanées que le furent les nôtres ; & c’eft à certe inftantanéité
feule qu'on pourtoit peut-être attribuer la fufpenfon du mouvement de
la montre S. Les décharges faites le 25 Août en rade de Copenhague,
pour célébrer la fère de Saint Louis, avoient été bien plus nombreufes ;
mais elles n’étoient pas inftantances, l’explofon n’avoit produit aucun
effet fenfible , hors la rupture de ce fil de claveflin, tout l’intérieur de la
montre S nous a paru être en bon état.
Tome II, Part. VII. B
10 PAT UNS MDI TAEPARE.
Le régulateur de la montre À avoit fouffert un autre avarie . un des:
deux thermometres que M.ie Roy emploie pour compenfer Les effets de:
la chaleur & du froid , avoic été brifé par la fecouffe du 17 Mars. Il'ne-
faut pas chercher d’autre caufe des irrégularités obfervées dans la mar
che de cette montre, depuis cette farale époque. Jufques-là, dans l'in-
tervalle d'environ cinq mois, fon ifochronifme s’éroit affez bien: fou-
tenu pour nous donner nos longitudes dans la précifion d’un demi- degré
en fix femaines, & mème en deux.inois , comme nous lavons dir plis
Haur.
La montre S nous avoir encore plus fatisfait jufqu’à l’accident du 17
Mars. Les irrégularités obfervées pendant les dix ou douze jours fui-
vans , prouvent que la fecouffe avoit occafñonné quelque changement
dansle régulareur. La montre parut reprendre enfuite fon ancienne mafs
che , & la conferver fenhblement jufqu’à la fin d’Avnil. Dans cer inrer-
valle de plus de fix mois, nous avions déterminé nos longitudes par les
mouvamens de la montre S, mieux que dans la précifion d’un tirs de
degré en deux mois , ou d’un quart de degré en fix femaines. L'ilochro-
nifime de cerre montre a été au moins auflipasfait durant les quatre mois:
& d:mi qui fe fout écoulés depuis la fin de Mai jufques vers le milieu
d'Octobre. Mais pourquoi fon accéleration journahere at-elle été prefque
fubitement vers le milieu de Mai de "2 à 9 d.? Nousavons cu d’abord:
que cet: prompte variation avoit pu être occafionnée par notre pafl:ge-
prefque fubi: d’une température d’air chaude & feche, à une tempéra—
ture froide & humide ; la progreion de l'accélération de la montre S
nous AvOIr paru. avoir un-rappoit affez fenfible avec celle de la defcente
de la liqueur dans les thermomerres. M. le Roy, d'après la connoïflince
qu'il a du méchanifme de fa montre , penfe que la fecoufle du 1 Mars
a puoccafionner divers dérangemens dans Îe régulateur; les uns auront
tendu à accélérer ; les autres , à retarder le mouvement de la machine :
e:s: diverfes canfes fe feront contrebalancées dans-le cours du mois-d'A-
vril en Mai, les caufes du retard auront été ancannes ; celles de l'accé-
lérarion auront fubtifté jufqu'à Breft. Tout cela fans doute eft poflible ::
il nous paroît du moins que cette irrégularité, aflez légere d’ailleurs.
ayaut ére unique & comme inftantance, on peut être autorifé à en re-
jerter la caule fur les accidens qui l’avoient précédé,
L'ifochronifme du n°. 8 s’eft aufli bien fourenu que celui de la montres,
jufqu'au mois d'Avril : il avoit fubi, comme les autres montres mari-
nes., l'épreuve de l'écueil de Willington, & celle du redreflement-de la
Frégare,, les 6 & 26 Mars. Depuis le 6 Mars 1l avoit paru retarder pro-
grethvement :en Iflande, fon retard journalier fur obferve de 47 72.
Un mois K demi. après à Copenhague , il ne rerardoit plus ;. il avane
goit an coniraire de deux cinquiemes de feconde. Telle à été fa plus forte
wrégulaute 3, & dans ce temps même 1l nous donnoit nos longitudes:
DO MIE si Li @: D. € 11
æieux que dans la précifion d’un demi degré en fix femaines : dans tout
le refte de la campagne, l'erreur n'a jamais pu être d’un quart de degré
en fix femaines, ou d’un tiers de degré en deux mois.
Les bornes qui nous font prefcrites , ne nous permettent aucun détail
fur les autres machines que nous avions embarquées. Nous avons em-
ployé avec fuccès le mégamerre de M. de Charnieres , même dans des
cas où il auroit femblé que la mer un peu fortement agitée , devoit ren-
dre les obfervations difliciles. Plus de précifion dans l’exécution de cet
inftrument, nous en auroit fait tirer des urilités bien réelles. Nous
avons fait un grand ufage du fextant ou oétant d'Hadley; nous nous
fommes affurés qu’on pouvoir prendre avec cet inftrument la hauteur
des aftres & leurs diftances réciproques , à une minute près, & peut être
même dans une plus grande précilion. Nous l'avons très fréquemment
employé pour déterminer notre longitude par les diftances de la Lune au
Soleil & aux Etoiles. Ce n’eft que dans des circonftances extrémement
rares qu’il eft arrivé que la longitude conclue des diffances du Soleil
à la Lune ait différé de plus d’un degré de celle qui nous étoit donnée
par les montres marines; cette différence étroit même le plus fouvent
au deffous d’un demi-degré. Les diftances de la Lune aux Etoiles nous
ont ordinairement donné des réfulrats aufli précis ; mais les exceptions
ont été un peu moins rares
EEE ST ES RETIRE TPE EPL PE SR PER ETIENNE IEEE SPSET ERNEST
CONSIDERATIONS OPTIQUES.
SECOND MEMOIRE
Par D.T. Correfpondant de l’Académie Royale des Sciences ( 1}.
Sur un phénomene di aux foufflures du verre à vitre.
LUx appareil auffi fimple que l’eft une lame de verte à vitre , où il
fe rencontre de ces foufllures qui le rendent défectueux à un certain
point pour l’ufage ordinaire auquel on l’emploie , m'a préfenté un phé-
nomene digne de la curiofité des Phyficiens, par l'éclat qui le diftingue.
(x) Si quelques Phyficiens font curieux de vérifier les expériences de l'Auteur ; & s'ils
ne trouvent pas aifément les fouflures convenables, 1ls four invités de-s'adreffer à nouse
Ces expériences ont déjà été répétées avec le plus grand fuccès par un Phyfcien des
plus exercé en ce genre. Comme la figure I du premuer Mémoire n'étou ni aflez déve
loppée , n1 affez exacte, on a cru devoir Ja préfenter plus en grand. Woyez dans c&
volume, planche L
Bij
Le PONT ND SIRET TOUR ES,
C'eft un anneau où les couleurs prifmariques font diftribuées comme
dans l’arc-en-ciel, & dont l'amplitude peut s’accroitre au point d’avoir
bien au-delà d’une toife de diametre. Cette apparence eft différente de
celle que des bulles auf formées dans le verre, mais qui font ou ap-
prochent fort d'être fphériques, ont procuré à M. Newton, & qui eft
décrite au ILE livre de l'Opt. obferv. LE (*).
IL. Les foufilures dont il eit ici queftion, font applaties plus ou moins,
]1 y en a dont les deux lames minces qui les forment , font extérieure-
ment un peu convexes. Dans d'autres, ces lames font un peu concaves
ou enfoncées; & dans d’autres, elles paroiffent planes.
HI. Celle avec laquelle je fs la premiere fois cette obfervation, étoit
de la claffe de ces dernieres. Elle fur expofée à un trait de lumiere .
{ Voyez fig. 1, pl. I) admis dans la chambre obfeure par un trou affez
étroit. Le carton étant tenu tout près de la bande de verre, la projec-
tion de la foufflure y paroifloit affez claire dans route fon étendue, mais
davantage vers fes bords; car elle étoit environnée comme par une cou—
ronne luminenfe étroite & bien terminée.
À mefure qu’on éloigna le carton , le diametre de cette couronne dé-
eroifloit de plus en plus; & à moins d’un pouce de diftance il étoit di-
minué au point que ce n’étoit plus qu’un petit cercle ou un point lumi-
neux qui enfuire , lorfqu’on continua à porter le carton plus loin, reprit
la forme d’un anneau dont le diametre alloit toujours en croiffant, &
qui fe partagea en plufieurs bandes annulaires, contigués & concentri-
ques , teintes des couleurs prifmatiques dans l'ordre affecté au fpedre-
folaire. Elles repréfentoient parfaitement l’arc-en-ciel dans tout le con-
tour d’un cercle. La bande extérieure de cette iris étoit bleue , & l’inté-
rieure rouge, En dedans de cette derniere, & fans interruption fenfble-
on diftinguoir encore quelquefois des traces , mais plus foiblement colo-
sées , d’une feconde iris concentrique à la premiere.
Les couleurs prifmatiques avoient commencé à fe développer fenf-
blemenc fur cet anneau, à moins de quatre pouces de diftance de l’ap-
pareil. Elles devinrent enfuite fort brillantes. Ce fur à environ fix pieds
de diftance qu’elles parurent l'être le plus. À un certain éloignement au-
om q
(x) Ombre corporum in hoc lumine collocatorum fimbriat erant ternis inter[e paral-
Zellis luminis colorati !ymbis , five fafciis . . . . colores ipfarum difficite erat difcer-
mere ac diffinguere inter fe, nifi chm lumen exciperetur valdè oblique charta Levi...
rèmque colores manifefiè fe exhibebant confpictendos hoc ordine. Prima ffvè interior
fmbria , colore erat violaceo , aç cæruleo faturo proximè umbram ; deinceps cœruleo
claro , viridi ac flavo in media fui parte, & rubro extrà ; fecunda , &c. Umbra bul-
ularum. . . que forte in pofitis lumänis vitri ineffens, erar itidem fimilibus lumiags
solorati lymbis fimbriara.. &
Pur Liy Es Er GOUIU Æ 13
delà, elles vintent à perdre de leur vivaciré ; cependant le diametre de
l'anneau & fon épailleur croifloient toujours. À dix huit pieds de diftance
fon diametre étoit d'environ quatre pieds , & fon épaifleur de près d'an
pouce; fes différentes couleurs éroient encore très-fenfibles, de forte
que, fi l'érendue de la piece où fe faifoir certe expérience l'eüt permis ,
l'apparence auroit acquis un diametre vien plus confidérable, fans cefler
de laiffer diftinguer la diftribution de fes diverfes couleurs (*)
J'obfervai en mème temps une autre couronne lumineufe qui, quand
le carton ft tenu près de la bande de verre, coincide avec celle dont je
viens de parler. Elle alloit toujours en croiffant , à mefure qu’on éloi-
gnoit le carton ; de forte qu’elle ne décroifloit pas mème dans l'inter-
valle où la premiere avoit perdu de fon étendue , & avoit été comme
concentrée en un point. Un peu au-delà de cer intervalle , les deux -cou-
ronnes lumineufes coinciderent de nouveau l’une fur l’autre : les rayons
qui les produiloient, s’y croiferent. Ceux qui produifoient la feconde,
qui devenoit moins nettement terminée que la premiere, moins diver-
gens entr'eux que ceux auxquels celle-ci éroit due, n’embrafloient. à
dix huit pieds de diftance qu'un diametre d'environ neuf pouces. Cette
feconde couronne n’étoit que fimplement lumineufe. Je n’y démélai au-
cune des couleurs prifmatiques,
IV. Si l'on fait paer tout près de la foufflure une Carte pour inrer-
cepter fucceflivement les rayons qui , après l'avoir rraverfée ; vont for-
mer l'apparence ; on remarquera 1°. que la carte étant placée fur le
bord de la foufflure, la portion de l'anneau coloré qui difparoït eft rou-
jours celle qui y eft diamétralement oppofée ; & qu'ainfià mefure qu'on
fait avancer la carte , par exemple de la droite à la gauche, l'ombre fe
répand fur l'anneau coloré de la gauche à la droite ; 2°. qu'il en eft touc
autrement de la projection claire de la foufflure qui eft bordée par l'an-
neau fimplement lumineux, fur laquelle ainfi que fur cet anneau où
feconde couronne l'ombre fe répand dans le même fens qu'on fait avan
cer la carte.
Entre l’anneau coloré & l’anneau fimplement lumineux il y a un ef-
pace aflez illuminé , maïs qui l’eft par des rayons foit venus direétemenc
du foteil , foit rééchis par l’air du dehors , lefquels traverfent la bande
de verre en dehors & tout autour de la foufflure dont la projection ef
immédiatement terininée par l’anneau fimplement lumineux.
V. J'ai appliqué fur la foufilure un morceau de papier configuré de
— mr
(#) D'aurres fouflures m'ont donné des anneaux colorés, qui à dix-huit pieds de
diftance , avoient plus de neuf pieds de diamere , & dont les couleurs ÿ étoien: encore
allez vives, fur-cout la bleue.
t4 PU 6 Tr VOTE ES
mème , mais uf peu moins étendu, afin qu'elle ne tranfmit des rayons
que vers fes bords. Le carton étant placé tout près de la bande de verre,
on y appercevoit une ombre égale au morceau de papier , & entourée
d'une couronne lumineufe étroite. Quand on a éloigné le carton , cetre
ombre qui étoit affez ronde , a diminué d’étendue, & le diametre de la
couronne lumineufe qui l’entouroit, a décru d’autant ; à moins d'un
pouce dediftance, l'ombre à difparu & a été remplacée par la couronne lu-
mineufe réduite prefque en un point, & quia de plus grands éloignemens
rendue fous fa premiere forme de couronne , enveloppoir un efpace affez
éclairé , elle acquit de plus les couleurs prifmatiques qui fe partagecient
en plufeurs bandes annulaires dans l’ordre marqué ci-devant ; & elle aug-
mentoit toujours en diametre. La feconde couronne fimplement lumi-
neufe ne manqua pas de fe manifefter encore avec les mêmes dipofitions
fucceflives, relauvement à l’autre que dans l’expérience du numéro 3.
VI. Ayant enfuite couvert avec une couronne de papier les bords
de la foufflure, enforte que les rayons qui eulfenc pu fe tranfmertre
vers fes bords fuffent interceptés, & que le palfage ‘ne fut libre qu'à
eux qui fe dirigeoient moins loin du centre au milieu de la foufilure ;
il ne fe forma plus fur le carton qu’une fimple image folaire., rerminée
par une couronne lumineufe, & non colorée, qui l’une & l’autre, à
commencer de la furface de l'appareil , alloïent en augmentant de plus
en plus de diametre , & l'anneau coloré dont les rayons qui peuvent
le former fe croifent un peu au de-là de la lame de verre ne fe mani-
fefta point du tour.
Quand [a carte étoit pouffée le long de la lame de verre; c’étoit dans
Je même fens qu'on la faifoit mouvoir , que l'ombre s’avançoit fur cette
apparence.
VIL. Il réfulte de ces expériences 1°, que Îles rayons auxquels eft dû
l'anneau coloré font réfractés & fenfiblement décompofés.
2°. Qu'ils deviennent très-convergens à leur émerfion du verre, &
que par conféquent leur divergence, au-delà du point de décuffation,
fort rapproché de la lame de verre , embrafle un aflez grand angle.
3% Qu'après leur décuffation les rayons les plus refrangibles de cha-
que faifceau font ceux qui s’écartent le plus de l'axe qui pañle par les
centres de la fouffiure & de l’apparence.
4°. Que les rayons qui tracent fur le carton la projection de la fouf-
flure , & l'anneau fimplement lumineux qui l’entoure ou en fair partie,
ne font pas fenfiblement ou efficacement décompofés , & qu’ils font
divergens après leur fortie de l'appareil ; ils le font même plus qu'ils ne
J'éroient en y abordant.
VI. Les réfultats des expériences exécutées , avec des foufllures dont
PT UNS NON D CE r$
fes lames minces qui les compofent font un peu enfoncées , ou exrérieu-
rement concaves , ont un peu différé des réfultats précédens. Lorfque le
garton étroit appliqué contre la foufflure concave , fa projeétion , au lieu
d'y être claire & d’un blanc lumineux, (W. fig. 11) comme dans la premiere
expérience , paroïfoit teinte d’une couleur de gris cendré ou de poil de
rat : elle y étoir encore encadrée dans une couronne lumineufe ; mais
le diametre de celle-ci, loin de diminuer d’abord , lorfqu'on venoit à
éloigner le carton, alloit toujours en croiffant, & beaucoup plus que
celui de la proj-@ion de la foufflure, dont elle fe féparoit, & qui
reftoir cependant environné immédiatement par ce que j'ai appellé la fe-
conde couronne , ou l'anneau fimplement lumineux. La premiere cou-
ronne que dans les obfervations précédentes j'ai pu, à caufe de fes bril-
Jantes couleurs & de leur conrinuité , comparer à l’arcen ciel, évoit ici
moins netrement rerminée ; & les couleurs prifmatiques s’y manifef-
roienc fi foiblemenr , & feulemenr fur quelques pertions de l'anneau (*) 5
c'éroir aufli alors la bande bleue qui éroir en dehors. Si on intercep-
toir facceflivement les rayons rran!mis . à l’aide d'une carte qu'on fai-
foir gl fer für la furface de la foufflure , l'ombre s’avançoit dans le meme’
fens qu'on Faifoir avancer la carre fur l'un & Pautre anneau & fur toute
Pappirence, ce qui prouve qu'il n’y avoir 161 aucune décuffation entre
les rayons qui contribuent à la produire.
IX: Il faur cependant prendre garde dans ces expériences que le:
tait de lumiere ne foit pas aflez gros pour qu'il déborde trop la fouf-
flure ;. car les rayons qu pañferoient à côté & en dehors de la foufflure:
fans efluyer des réfraétions ; iroient abourir lorfque le carton feroit un:
peu éloigné, fur l’apparsnce , & pourroïent donner le change à l'Obfer-
vateur , & l'empêcher debien diftinguer les réfulrats des-déviations des:
rayons auxquels il convient de s'attacher ici.
X. On réuffic mieux aufli à rendre plus fenfibles les divers réfultats:
de cette derniére ‘expérience , en n’y employant qu’un trait de lumiere
wrès menu, admis par un trou pércé dans une carte avec une épingle 3:
j'ai éprouvé que les couleurs prifmatiques ne, fe manifeftoient gueres,
quand le Ciel étoit chargé de vapeurs qui déroutnent vers le carton les
rayons qui alrerent l’effer de ceux qui viennent direétement du foleil,.
XI. Avec les foufflures très-fenfiblement convexes extérieurement au!
(*) Ces défeŒuofrés de l'apparence provenoient moins fans doute de ce que la
fouflure étoit extérieurement concave, que de ce qu'elle éroit en même temps mal
conformée. Celles, qui d'ailleurs le feroient réguliéremenr , dévroient donner des as-
neaux colorés bien.conditionnés. Apparemment qu'on en rencontre rarement de relless
parmi les fouffures concaves. Je n'en-ai pasemployé encore quitne m’ait donné à joger:
que la configuration n’en éroit pas uniforme dans toutes fes parties, -
16 PNR ETES URTEIEQ DITES
tact & à la vue, on obtient ordinairement les mêmes phénotménes qu’a=
vec celles qui le font aflez peu pour être regardées comme terminées
par des furfaces planes. Un bel anneau coloré produit par des rayons
qui fe font croifés au-delà de la foufflure , un anneau fimplement lumi-
neux, & la projection claire de la foufflure qui en eft embraflée, pro-
duits par des rayons déjà divergens à la fortie de la foufilure.
XII. J'ai dit ordinairement , parce que parmi ces foufflures convexes
j'en ai rencontré une ou deux , où les rayons tranfmis, auxquels
croient dus l'anneau fimplemunt lumineux , & la projeétion de la fouf-
Aure, s’éroient croifés au-delà de la foufflure ; car lorfque je faifois paffer
la carte tout près pour les intercepter fucceflivement , l'ombre s'avançoit
fur routes les parties de l’apparence indifféremment dans un fens con-
traire à celui de la progreilion de la carte.
A
XHIL Pour parvenir à reconnoître les déviations des rayons dans ces
diverfes circonftances , nous nous attacherons d’abord à celles où les dé-
viations s’exécutent dans le même fens, c’eft-à-dire à celles ou lesrayons
tranfmis par les foufflures fuppofées planes, par les concaves , & par
la plupart de celles qui font fenfiblement convexes , vont tracer fur le
carton leur projection, & l'anneau fimplement lumineux fans ceffer
d’être divergens , & fans efluyer la décuflation après leur émerfion de la
foulure.
J'ai obfervé en faifant partager en deux à l’aide du diamant de Vi-
trier , plulieurs de toutes ces efpeces de foufilures , que l’efpace vuide
y étoit toujours lenticulaire , & que fon contour étoit par conféquent pat-
tout angulaire , elles font uniformes à cet égard ; & c'eft par la confor-
mation extérieure des lames minces de verre qui bornent cer efpace,
qu’elles different entr’elles ; c’eft uniquement d’après cette conformation
qu'on doit diftinguer les foufllures À ( Fig. III) que j'ai appelées con-
caves , de celles B que j'ai appellées convexes, & de celles C que jai
qualifices de planes, donc les lames minces, fi elles ne font pas exac-
tement planes par deflüs, fonc du moins peu fenfiblement convexes.
XIV. Siles deux lames minces qui términent le vuide des fouflures de
la feconde & de la troifieme efpece B & C rempli par un fluide dont la
séfringence foit égale à celle de l'air ambiant , ontchacune leurs deux
furfaces concentriques , les rayons qui fe tranfmettent par le vuide de
la foufllure , & traverfent l’une & l’autre des lames minces, effuyant
aux quatre changemens de milieu , des réfraétions dont les effets fe com-
enfent prefque completement, doivent fuivre après leur émerfion de
je feconde lame , une direction parallele à celle qu’ils avoient à leur abord
fur la premiere lame, & conferver leur mème divergence mutuelle,
Comme j'ai éprouvé qu'il arrive lorfqu’on fait traverfer à un crait de lu-
imiere allez menu une lentille creufe formée par deux verres de mon-
tre
an 2 act à
PM EME OS Tv : x 17
tre appliqués l’un fur l’autre, lequel va tracer fur le carton placé au-
delà une image à la même place où il aborde, lorfque cette lentille
creufe ne fe rencontre plus fur fa route.
XV. La divergence de ces rayons qui traverfent la foufflure doit fub-
fifter aufila mème, fi les furfaces exrérieures de ces deux lames , aulieu
d’être convexes & concentriques à leurs furfaces internes , font exacte-
ment planes & paralleles entr'elles. .
XVI. Si les deux lames minces, au lieu de l’être également dans
toute leur érendue , ont une épailfeur qui aille en décroillant des bords
vers le milieu, ces rayons qui les traverferont , feront plus divergens
après leur émerfion de la feconde lame qu'avant leur abord fur la pre=
miere, comme j'ai éprouvé qu'il arrivoit dans les expériences des
n°: III & XI.
XVIL Si au contraire les deux lames ont une épaifleur qui aille en
“croiffant des bords vers le milieu , ces rayons, après avoir traverfé la
foufllure, feront convergens comme dans l'expérience du n°: XII.
XVI. On voit encore que les deux lames étant également minces
par tour, les direétions primitives de ces rayons peuvent changer felon le
rapport de Jafrefringence du fluide , qu’elles renferment, à celle de l'air
ambiant , devenir plus divergentes , fi ce fluide eft moins refringent que
l'air, & convergentes s’il eft plus refringent que l’air à un certain point.
XIX. A l'égard des foufflures concaves A , on conçoit aufñli que les
rayons qu'elles tranfmettent, ne doivent pas ceffer d'être divergens,
mais au contraire le devenir davantage après leur émerfion de la feconde
lame, puifque les rayons même paralleles EF , GH ne peuvent manquer
de diverger après leur entrée dans le vuide de la foufflure , & encore plus
en entrant enfuite dans l’air ambiant.
XX. Il eft donc aflez évident que les déviations , que les rayons qui
fe font tranfmis par l’efpace vuide des foufflures , foit concaves , foic
planes, foit même convexes, efluient dans le fuide qui l’occupe,. &
dans les lames de verre qui l'enveloppent , doivent ou peuvent être pro-
pe à conferver , ou augmenter leur divergence au- delà de la fouf-
ure.
XXI. Mais pourquoi, tandis que les projections des foufflures planes
& convexes font claires, ou d’un blanc lumineux; celles des foufflures
concaves ont-elles une teinte différente qui tire fur le gris-cendré ou
obfcur ? Nous avons vu que les rayons qui traverfent celles-ci doivent
être plus divergens entr'eux, que ceux qui traverfent les premieres. Les
uns & les autres doivent en conféquence des réfraétions qu’ils effuienc,
Tome II, Pare, VII, C
18 PH EOLINS A ILANIO UL PE
. être un peu décompofés, & les feconds par conféquent un peu davan--
tage que les premiers , quoique pas affez pour que les couleurs prifma-
tiques fe manifeftent, mais affez pour que le développement des rayons
hétérogenes procure. cette teinte tirant fur Le gris, qu'on peut comparer
à la teinte de l’anneau qui, dans l’apparence des anneaux colorés pro-
duits par la réfection d’un trait de lumiere fur un miroir concave , fépare
le plus interne des anneaux bleus d'avec la tache orbiculaire & blanche,
& aufli à la teinte du mêlange"de pluñeurs poudres différemment colorées.
de l’Expérience XV de la feconde Partis du premier Livre da l'Oprique
de Newton.
XXIL. On peut inférer de ce que la feconde couronne où l'anneau
fimplement lumineux entoure immédiatement les projections de toutes
ces efpeces de foufflures. que les rayons qui la produifent , y-efluient des
déviations analogues à celles qu'y efluient les rayons qui procurent les
projections , peuvent devenir convergens dans les foufilures convexes.,
femblables à celle de l’expérience du n°. XII, divergens dans les autres
foufflures convexes & dans les planes , & plus divergens encore dans les
concaves ; ce qui indique que ces rayons fe tranfmertent aulli par l'ef-
pace vuide des foufflures..
Pour le conftater encore mieux , j'ai fait retrancher Îes deux bouts
d’une foufflure oblongue 3, je l'ai difpofée verticalement, & j'ai appliqué
à fon orifice inférieur une goutte d’eau colorée avec de l'orfeille. L'eau
s’y eft infinuée tout de faite comme dans un tube capillaire ; & j'ai re-
marqué enfuite que dans l'apparence que procuroit cette fouflure tron--
quée , expofée à un trait de lumiere , fa projection & la feconde cou-
ronne qui la borde , avoient l’une & l’autre ane teinte rougeatre. La pre-
miere couronne cependant reçue fur le carton en decà de la diftance où
les couleurs prifmatiques commencent à fe développer , avoit confervé
fa blincheur ordinaire.
XXII. La production de cette couronne lumineufe confifte évidemment
en ce qu'il tombe beaucoup plus de rayons de lumiere fur les bords de Îa
projection de la foufflure , que fur les parties plus rapprochées du centre.
Apparemment , les rayons qui paflent le plus près. des bords de la fouf-
flure, y font dérournés dans un fens qui'les fait coincider fur: le carton
au même endroit où il en aborde de ceux qui ont pailé un peu plus loin
de ces bord. Cette apparence fe repréfente en une infinité d’autres: cir--"
conftances. Elle tient à celles à qui on a donné le nom de lifieres lunu-
neufes (*) : confidérées ainfi enfemble , elles me fourniront la matiere:
d’un Memoire particulier.
PP EE I 7
{) Mémoue des Savans étrangers, volume Y;.
EU Er SAT IQ" :E. 19
XXIV. Venons à préfent à la premiere couronne, à cet anneau où
les couleuts prifmatiques fe développent & s’étalent d’une maniere fi
brillante, & qui avec les foufllures planes & convexes, eft produit pas
des rayons qui fe croifent après leur émergence du verre , & l’eft avec les
foufflures concaves par des rayons divergens dès leur émergence du verre.
Ce que nous venons d’obferver dans l’Expérience préc dente , que cet
anneau conferve fa blancheur jufqu’à une certaine diftance de l'appareil ,
malgré l'introduétion de l’eau rougie avec de l’orfeille dans l'efpace
vuide de la foufflure , tandis que les autres portions de l'apparence ac-
Guierent , alors une teinte rougeâtre femble indiquer affez clairement
que les rayons qui la produifent , ne paflent point par l'efpace qu’oc-
cupe l’eau colorée. Or, refteroit-il dans le recoin angulaire formé par la
réunion des deux lames minces de la fouffiure quelque efpace aflez re-
tréci pour être inaccellible à l’eau qui né pourroit s’infinuer jufqu’au
fond? Mais pourquoi alors dans les foufilures planes & dans les con-
vexes , les rayons qui produifent cet anneau coloré , convergeroient ils,
c’eft à-dire , auroient ils des déviations dans un fens oppofé à celui des
déviations de ceux qui produifent la feconde couronne & la projeétion de
Ja foufflure , tandis que dans les foufflures concaves , les premiers effuient
des déviations conformes à celles qu'efluient les feconds ?
XXV. Das bandes de verre, à qui quelques petits graviers qui y
étoient anchäflés, procuroit une forme lenticulaire, mais fans aucun
vuide , & qui, expofées à un crait de lumiere , donnoient de beaux an-
neaux colorés, nous indiquent, je crois , affez précifément où & com-
ment font réfraétés & décompofés les rayons qui les produifent avec nos
fouflures. A
Ne doit-ce pas ètre autour & en dehors de l’efpace vuide, & dans l’an-
neau de verre qui l'entoure immédiatement ? J'ai obfervé qu'aux fouf-
flures planes & convexes cer anneau a q elque convexité, & eft plus
élevé au-deffus du plan de la bande de verre du côté contigu à la fouf-
flure , que du côté exrérieur ; & qu’au contraire, aux foufflures concaves
cet anneau de verre paroït être plus bas, plus enfoncé du côté de la fouf-
flure que du côté oppofé.
Cette conformation, felon laquelle l'anneau de verre qui embraffe le
vuide de la foufflure immédiatement , fait partie d’un plan convexe dans
les fo) es planes & convexes, & fair partie d'un plan concave dans
les ff lures concaves, eff très propre pour rendre ratfon du fort qu’é-
prouvent dans ces différentes foufflures les rayons auxquels eft dû l'an-
neau coloré.
En eff, fi un verre lenticulaire , foit convexe , foit concave, eft fup-
pofé partagé en une multitude d’anneaux crès-peu larges & concentri-
ques, on jugera bien que chacun de ces anneaux a pat, formant commeun
Cij
29 PET, SUBI ON DIU :
prifme circulaire tronqué dans fon arête, & dont les faces réfringentes
{ont inclinées vers le dedans dans tous les anneaux du verre concave
F
& vers le dehors dans tous ceux du verre convexe, doit, en décompofant
les rayons qui s’y dirigent , foit perpendiculairement , foit fous un cer-
tain degré d’obliquité , procurer au-delà une iris annulaire , quoiqu'un
trait de lumiere qui traverfe tous ces anneaux raffemblés, ne produife
qu’une image orbiculaire blanche dont les bords tout au plus ont une
teinte bleuâtre.
L'expérience le confirme. Sion couvre un verte des lunettes dont
on fe fert pour lire, convexe ou concave , avec un cercle de papier percé
d’une fente annulaire très-étroite d’un diametre quelconque , & dont le
centre coincide à peu près dans l'axe du verre, ceux des rayons que certe
fente tranfmet, tandis que les autres font interceptés , donnent uneiris
compofée de bandes annulaires de routes les. couleurs prifmatiques , &
dont la bande bleue eft toujours en dehors , laquelle iris, avec le verre
convexe , eft formée par des rayons qui fe fonc croifés au-delà , & avec
le verre concave, par des rayons qui divergent dès leur émergence du
verre,
XXVI. La décompofirion des rayons tranfmis par l’anneau de verre,
ou convexe ou concave, que la fente du papier laiffe à découvert , à l’ex-
elufon des autres, ne devient alors fenfible que parce qu’on inrercepre
les rayons qui, paffant par les autres anneaux du verre, pourroient venir
s’enrremèêler avec les premiers fur l'efpace occupé par l'anneau coloré, &
en effacer ou éclipfer la teinte.
D: mème, l'annzau de verre qui embraff> le vuide de nos foufflures,
ne donne une iris annulaire , que parce qu'il eft aff:z étroit, & que le
refte du plan de même courbure, dont il eft cenfé faire partie , n’exifte
point, les deux lames minces de la foufilure ayant une courbure diffé-
rente , & les faces de la portion de la bande de verre, dont il eft en-
touré, étant planes.
XXVII Au relte, il y a à admettre de plus, que la concavité ou la
eonvexité du plan dont l’anneau de verre qui embraffe le vuide de la
foufilure eft cenfé faire partie, eft aufli refpetivement plus concave où
plus convexe que les verres ordinaires des lunettes employées pour lire.
J'ai éprouvé, en couvrant un des verres des miennes, qui font convexes
d’un cercie de papier percé , avec une épingle , de deux petits trous dif-
tans de trois lignes l’un de Pautre , que la décuffation des deux faifceaux
de lumiere qu'ils tranfmertoient, fe faifoit à plus de 13 + pouces au-
delà; tandis que les rayons qui produifoient un anneau coloré yfe croi-
foienc à environ 1 ; pouce au-delà d’une foufflure convexe qui avoig
: lignes de largeur,
PH M 6 = Q U €. 21
XXVIIL. Nous avons cru pouvoir regarder le ne de refringence du
fluide logé dans les foufflures , comme très-peu différent de celui de lais
extérieur. Or, M. Bofc d’Antic (*) a déduit de diverfes expériences très-
curieufes , que les foufflures qui fe rencontrent dans le verre, ne fonc
nullement dues à de l'air qui ne fauroit ni s’introduire , ni fublifter dans
une matiere aufli ardente qu'’eft le verre au moment où elles fe formenr,
mais à la vapeur du fiel de verre. È
De plus, M. l'Abbé Noller (**) avoit diftingué la préfence & l’aétion
d’un fluide , inconnu d’ailleurs dans la partie fupérieure d’un barometre
d’épreuve qu'il avoit placé fous le récipient de la machine pneumatique ,
_& où ce wide fit baillzr le mercure d'environ trois lignes au-deffous
du niveau de celui qui étoit dans la branche ouverte, après que routes
les précautions nécellaires avoient été prifes pour s’aflurer qu'il ne fub-
fiftoit plus d'air dans l’autre branche. Voilà bien de quoi préfumer que
les foufllures peuvent renfermer un fluide d’une nature différente de
celle de l'air. Mais en differe t-il par legdegré de refringence ? C’eft ce
que j'ai tenté de reconnoitre. \
J ai appliqué fur une fouflure concave & fort oblongue À ( fig, 4)
une bande de papier où j'avois percé avec une épingle deux. petits trous
à deux lignes de diftance l'un de l’autre dans le jens horifontal, & qui
fe rencentroient affez en deduns des bords de la foufflure difpofée ver-
ticalement , qui fut expofee à un trait de lumiere, Un carton placé à
trente-deux pouces de diftance de la foufilure , recevoit les rayons
tranfmis par ces d_ux trous qui y traçoient deux images C & D, done
la diftance de dehors en dehors étoit de , . . . . 35 lignes.
Et la largeur de chacune d'environ". « . . , . 7 lignes,
Diftance des centres des images, . . . . . . 28 lignes.
On coupa enfuite avec un diamant les deux extrèmités pointues de Is
foufflure, & ayant été remife précifément à la même place qu’aupara-
vant ; & les autres circonftances de l’expérience étant les mêmes , la lar=
eur & la diftance des images fur le carton ne me parurent pas avoir
changé fenfblement.
J'apoliquai alors une goutte d’eau à l'orifice inférieur de la fouflure
tromgrée qui s'y éleva, & en remplir toute la capacité. Les images fe
# pprocherent en même remps fur le carton ; leur diftance de dehors er
LÉO 0 1 OP CAR CROMPNPAN ENESS z3 ; lignes.
Ent Lrsenide chaEUner de. 061). ee s lignes,
Difänce de leurs centres + Lun 28 + lignes.
0
(*) Mémoires des Sayans étrangers, vol. IV, page 553.
(**) Mémoires académiques, 1748, page 56.
22 PNA ST TUE ON NADRE :
S£lon ces réfultats , le Auide qui occupoit le vuide de [a foufflure en:
core inacceflible à l’air extérieur eft bien moins refringent que l’eau,
puifque fa refringence n’a pas paru différer fenfiblement de celle de
J'air, qui vraifemblablement a dû s’y introduire , quand elle a été tron-
quée. Maloré cela, peut on dire, après l’obfervation de M Bofc d’An-
tic, que ce fluide foit de l'air? Et ne foupçonnera-t on point qu'il doit
y avoir quelque différence entre leurs refringences , quoique les réful-
tars de l'expérience précédente ne l’aie pas rendue fenhble ?
ÿe cerminerai ce Mémoire, en obfervant que parmi un grand nom-
bre de fouflures on n’en trouve que fort peu dont la conformarion foit
réguliere, & qui foient propres pour les expériences que je viens de
rapporter. La plupart cependant donnent des portions d’anneaux cole-
tés où d’un beau blanc dont quelques-unes laifent à juger qu'elles font
formées par des rayons un peu décompofés : & 1i y a route apparence
que les foufflures informes ne different pas abfolument des autres , par
rapport à la propriété de réfraéter & de décompofer la lumiere; mais que
Jes 1rrégularités de leur confogmation empèchent que ces rayons réfrac-
tés & décompofés foient diftribués felen l’ordre convenable pour faire
manifefter les couleurs prifmatiques. Les rayons hérérogenes font déve-
loppés, mais ils s’entremèlent confufément. Îl peut fe faire aufli que l’an-
neau de verre , qui entoure le vuide de la foufflure , n'ait pas par-tout,
ou n'ait nulle part l’inclinaifon & ia courbure, qui en font dans les fouf-
flures réguliérement conformées une efpece de prifme circulaire, & le
rendre propre à produire l'anneau coloré, .
D BAS EN RUN ET AOUMN
DEA M. pat rA MOTTE),
Médecin de Bordeaux , fur une maladie finguliere de l’Epiderme ; com-
muniquée à M. BANAUD, Docteur en Médecine.
» Un Payfan des environs de cette Ville ( de Bordeaux ) né de parens
» très-fages & rrès- fains, étant lui-même d’une complexion robufte,
» ayant le teint fort animé, & menant un genre de vie des plus réglé,
» éroit entré dans fa quinzieme année, depuis le 11 Décembre 1769,
» lorfqu’il lui vint le même hyver une efpece de dartre écailleufe à la
» partie antérieure des oreilles; dartres, de très - peu d’érendue & de
» peu de conféquence gn apparence ; puifque fans lui caufer de dé-
+ mangeaifon , il n'en avoit d'autre incommodité que de voir la peau
7
=
é PUMRNY OS FIQUU E- 13
»-te détacher de tems en rems par petites écailles : il fut faigné & purgé
» poyr cela, fans en retirer le moindre avantage. Au mois de Juin 1370,
» le mal gagna peu à peu le vifage ; il s'y forma de petites croûres çà & là,
» qui gignerent infenfiblement le col & la poitrine. Ces croûtres s’enle-
» voient par le frottement des vêremens. Ce jeune homme béchoit la
» terre, malgré la chaleur de l'été, avec un gilet fur le Corps , pour ca
» cher à fes parens les taches de fang & de férofité que laifloient ces
» croûtes à fa chemife , en fe détachant de la peau «. Sa mere s’en étant
apperçne , lui fit cefler route efpece de travail. Il s'éleva fur la poitrine
des efpeces d’ampoules remplies de férolités ; on les perçoit une heure
après 3 1l s'en élevoit d’autres à côté qui labourerent ainfi toute la peau,
gagnant d’abord de la poitrine vers la tête , enfite les extrémités fupé-
rieures le tronc , les cuifles , les jambes, en un mor, tout le corps. L’épi-
derme étant foulevce, fe détachoit par grandes plaques; une nouvelle
humeur en foulevoit une autre couche fans former plus d’ampoules. Cetie
couche romboit , une troifieme s’élevoir, On en fauroit le nombre, f
l'on comproit celui des jours qui fe font écoulés depuis la fin de Juin
2770 ; puifque depuis ce ‘temps le pauvre malheureux change d’épi-
derme de la tête aux pieds roures les vingt-quatre ou quarante- huit
Reures. Je le vis dans cet état le 14 Avril 1771 3 il avoit tout le corps
d’un rouge d’écréville : cette couleur vive, femblable à celle de l'éryfi-
pelle , fuyoit par la preflion du doigt , pour revenir à l’inftant qu'on cef-
foit de prelier. Le jeune homme garaoit le lit pendant des jours où
Pair lui paroiïfloit fort vif, & fe levoic lorfque le temps lui paroïfloit
favorable. Il avoir très - bon appétit, digéroirt à merveille , faifoir
toutes les fonétions tant animales que vitales, comme dans l’état
de pleine fanté : il ufoit de régime , ne mangeoit. que des alimens
très-fains | beaucoup d'herbages par préférence : il avoit fair ufage..
par le confeil de diverfes perfonnes ,. de tifanes apéritives, anti
fcorburiques , de bouillons de mème nature, de lotions fur tout le corps,
qu'une femme à fecrer compofoit, vendoit fort cher, & qui-ne firent
aucun changement à fon état, foir en bien, foir en-mal, Il n'avoir pas
un poil fur tout le corps; la furpeau fe fendoit de diftance en diftance
par grandes plaques, tant au vifage que par-toutailleurs ; ces plaques
fétrifloient du foir au lendemain, {e féchoient comme du parchemin
#acornt, & s'enlevoient la plupart dans fon lir, par le feul mouvement
qu'il s’y donnoit. Certe efpece de végération animale éroitfi abondance
qu'on toit chaque matind'entre les draps du lit ces plaques d’épiderme:
à pleines mains , & qu'on me dit que fi on les eût ramaflées depuis: le
commencement de la maladie ,.on croyoit bien qu’on en atroir rempli
deux de nos-bariques : j’enlevai piufieurs plaques: d2 cer épiderme; elias
ne laifloient point d'humidité n1 de fuintement au-deffous, Je couchai
près de notre malade , pour l'obferver le lendemain :ces portions: de
p
24 Der aie, Co ÉDONET |
de la peau dont j'avois enlevé l’épiderme la veille à fept heures du foir;
étoient déjà fétries le lendemain matin à la même heure , fe fendil-
loient, fe gerçoient ; & par les progrès que cela avoir fait, on jugeoit
aifément qu'avant la fin du jour , la furpeau s’enleveroit tout-à-fait.
Le Malade fut mis à la diere blanche le 29 Avril : le 31 Mai il com-
mença des bains d'eau de riviere où il reftoit chaque jour fix ou {ept
heures par plaifir : en fortant de l’eau , le corps étoit tout net; il ne s'en
élevoit pas la moindre plaque d’épiderme; mais le lendemain tout le
cerps fe péloit , & les lambeaux fe détachoient dans l’eau. Le Malade
n'éprouva point d'autre traitement jufqu'à la fin de Juin; on le trouva
trop fimple ; on s’adreffa à un de mes Confreres qui en prefcrivit un
plus compliqué : ce furent des bouillons de viperes, portées à grands
frais, du Poitou; des bains avec la décoétion de demi-once de foie de
foufre dans chacun une tifane de gayac & de baies de genievre , une
opiate avec la falfepareille , l’antimoine crü, les cloportes. Tous ces
remedes, quelque bien combinés qu'ils fuffent, n'ont produit aucun
effer. Le Malade eft dans le même état.
CREER PRE EN EE CREME ET VENT EI Ve SE ETORURERENEENES GENCATER EL CEERPRER ERA TES
Où BIS PAR EVE A RER OT IN TS
Sur la nature de L'Epiderme & de la Peau ;
Par M BANAUD, Doëleur en Medecine,
L À maladie finguliere dont on vient de parler, reffemble beaucoup à
la lepre, fur-tout à celle que M. de Sauvages décrit fous le nom de
Lepra ichehyofis ; call. X , gen. XXIX , fpec. 2. Nofolog. method. ir-4e.
tome Il, page 472. Cependant certe maladie me paroît patticuliere à
lépiderme , & m’a engagé à propofer les obfervations fuivantes :
Les maladies de la peau, l’analogie, l'obfervation dont nous venons
de parler, nous démontrent que l’épiderme eft compofé d’écailles. La
feu!e délicateffe de fon tiflu le diftingue du cuir écailleux des animaux
fauvages & des écailles de poiffons. La nature marche par degrés infen-
fibles dans la foule immenfe des êtres qu’elle renouvelle fans celle.
L'Hiftoire naturelle donne des preuves authentiques de la vérité de ce
fentiment; mais les faits obfervés auront toujours plus de poids fur
l'efprit ?
Boerhaave , Lewenhoek & d’autres Phyficiens ont obfervé des écailles
fur la peau humaine. Les Auteurs modernes ont établi l’origine de l’e-
iderme dans le corps muqueux. Ce corps s’épaiflit, fa furface fe mem-
PAU : voilà l'épiderme qui renait roujours , dès que la membrane Les
€
PARNTQNS AT ICT UE 25
æft en contact avec l'air eft enlevée ou détruite. Le corps muqueux étant
enlevé , l'épiderme ne fe reproduit plus. Ces faits inconteftables fufi-
roient feuls pour établir fon huftoire.
Cetre membrane finguliere eft compofée par l'expanfion des tuyaux
excrétoires , felon Lewenhoek. Suppofons qu’elle foit formée par l'ex-
anfion de houppes nerveufes de Xuich , qui forment, felon lui, des
fe ou des écailles en s’uniffant. Peut-être eft-elle compofée de tuyaux
excrétoires & de houppes nerveufes en mème temps. Alors les tuyaux
excréroires & les houppes nerveufes formeront les écailles par leur arran-
gement fymmétrique. Les couches infenfibles des écailles font à joints
recouverts.
Les maladies de la peau , fa déperdition prefque fenfible dans tous
les animaux , fon renouvellement , démontrent par-tout les écailles. Le
malade dont on vient de parler , perd fa peau toutes les vingt-quatre où
quarante-huit heures, depuis le mois de Juin 1770. Elle tombe par
grandes écailles. Quelle étonnante produétion, ou plutôt quel dévelop-
pement dans les couches infenfibles des furfaces écailleufes du corps
muqueux ! Quelle abondance exceflive d’épidermes ! Quelle force dans
les tuyaux du corps réticulaire? Les écailles marchent par des voies obli-
ques , dont les cotés fe correfpondent par-tout également. Sile malade
dont parle M. de la Mothe, vivoir long-temps avec cette même infir-
mité, quelle immenfe quantité de couches de furpeau ! La nature, par
fes grandes reflources, à mis à l'abri des injures & des chocs des corps
extérieurs les organes de la vie.
Une force intérieure poufle du centre à la circonférence les liqueurs
nourricieres ; les tuyaux naïlfans du corps muqueux font les tiges qui
. les reçoivent, & qui ont une grande force. Ils naïffent du centre & de
tous les points imaginables de la peau, en s’entrelaçant & én s’adoffant
les uns aux autres en plans fymmétriques. Ces tiges font la premiere
ébauche de plufieurs couches infenfibles de furpeau : une couche flétrie
ou détruire en laille une autre à fa place. Ainf lépiderme renaïtra tou-
jours.
Ce développement elt la force mème de la vie. L'action de cette force
agit perpétuellement contre les parois internes de l'épiderme. Elle eft
la caufe la plus prochaine de fon dépériffement en détail dans l'état de
fanté la plus parfaite. Les parties perdent de leur vie , à mefure qu’elles
s’éloignent du centre. Les ongles , les cheveux, la barbe , la laine, les
poils, les écorces , les plumes, &c. en font une preuve décifive par leur
infenfbilité. Ces parties, qui croiflent toujours par leurs racines, fe
détruifent de même , à mefure par leurs extrèmités.
Les tuyaux , qui forment l’épiderme , fe pouffent en avant, comme les
ongles , &c. Suppofons que la matiere de la tranfpiration foit en grande
abondance dans un homme fort ; que les ouvertures par où elle doit
Tome II, Part. VII. D =
26 IE MEANS ETC RE
paller, foient mal organifées , alors elle forcera la couche d'épiderme 4
fe foulever, & l’éloignera du centre de la vie. L’épiderme , en fe fen-
dillant , fe defféchera & tombera par grandes écailles. Une chaleur ex-
ceflive à la furface des corps peut aufli évaporer en peu de temps tout re
qu'il y a de plus fluide dans la matiere de la tranfpirerion, dont un préci-
pité concret bouchera les pores de la peau. Cette défumion_qu deftruc-
tion qui s’opere continuellement dans l'étar le plus naturel, peut aug-
menter dans certaines circonftances , foit que les ouvertures de la peau
foient mal organifées , ou qu’il y ait une chaleur contre nature. Les Amcé-
ricains , & allez généralement cenx qui habitent des climats chauds ,
perdent fenfiblement leur épiderme. On voit fur les vifages des hommes
robultes des écailles infiniment petites, defféchées , & qui tombent en
farine. Ces fontes des lames du tiflu cellulaire font des efpeces d’exfo-
liations écailleufes qui fe renouvellent, à mefure qu’elles fe décrnifenr.
Le teint frais de nos Dames n’annonce chez elles qu’un dépérifflement
lent de l’épiderme.
La furpeau , expofée à toutes les viciflitudes de l'air , du temps & des
faifons , à l’attouchement des corps extérieurs & aux frotremens conni-
nuels, doit néceffairement fouffrir un dépériflement. Si routes les cou-
ches de furpeau qui périffent & fe dérachent à la longue de la furface de
nos cotps, étolentinhérentes aux corps muqueux ,_& fermes dans leurs
racines , fans doute que dans l’efpace de plufieurs années , la fuperficie de
nos corps feroit couverte d’un calus général ou d’un tégunment qui en
approcheroit. La matiere de la tranfpiration s’épaifliffant , il ne refte
qu'uue terre concrete parmi les lamelles d’un tiffu écailleux. Les extre-
mités des ruyaux fe durcilfent par le moyen de cette matiere rerreufe
qui s’y eff jointe par une glu animale, fe delfechent à mefare qu'ils eroif-
fent par leurs racines , & tombent enfin en lamelles extraordinairement
fines, comme on peut l’obferver dans les bains où par des friétions réi-
térées fur quelque partie du corps. Ces lamelles font des écailles vues au
microfcope. La méchanique qui opere lincruftation animale , obfervée
pat M. Heriffant dans les Coquilles & Îes Os, eft la même à la peau (1j.
Le Parenchyme , une fubftance terreufe qu'il a conftamment obfervée
dans toutes les parties dures des animaux compofent , les écailles de l’épi-
derme,
Toute la peau humaine n’eft également qu’an entrelacs de tuyaux à-
peu-près femblables , arrangés fymmérriquement en lames écaiileufes,
Plufeurs plans écailleux , liés les uns par les autres en couches enrafltes ,
unis & preflés fortement, ne formeront-ils pas un tiffu fort dur? La peau
prend fon origine d’un tiffn muqueux ou rériculaire. Ce corps obfervé pat
{t) Voyez les mémoires de l’Agadémie des Sciences, année 1766,
ap" EE «
6 NE" P Ondes 1.0: V ‘E. 27
M. de Bords, en ballons circulaires ou en gaînes-cylindriques, dans lef-
quelles gliffenc les fibres mufculaires , eft le même dans l'intérieur, à
l'extérieur , dans les interftices des mufcles , des vifceres & dans le cen-
tre de rons les organes. Ces poches ou cellules communiquent & s'en-
gainenc les unes dans les autres. L'arrangement cellulaire femble me
donner la premiere idée de certe fymmérrie à écailles de l'épiderme.
* On obferve que les plaies, en fe fermant, affeétent la figure ellipti-
que ; car la peau fe rapproche des côtés qui avoifinent les extrémités du
gränd axe , tendent par-là mème à diminuer Le petit axe , & à faire dif-
paroïtre la plaie. On fent affez la raifon de certe géométrie naturelle.
… La peau qui a beaucoup de rides, fe prète dans toutes les productions
contre nature. C’eft une fuite de l’arrangement des ruyaux qui la compo-
fenr. Elle eft un entrelacs dont la difpolrion intérieure va plutôt en for-
mant des lignes courbes que route autre rendance. Sans certe beurenfe
précaution , la peau auroit occalionné des douleurs rrès-vives. s’il fe füc
produit fur la furface du corps une petite tumeur.
M. Lewenhosk a dérerminé la figure pentagonale aux écailles de
toute l'étendue de la peau , & la figure ronde aux écailles d’une bouche
bien organifée. J'ai vu moi-même à la fimple loupe l'épiderme en pen-
tagones , de grandeur différente , dont les côtés fon: fiilonnés. Ces fillons
paroiflent réfervés pour les poils.
Toutes les parties de notre corps, en s'organifant , ont affecte la forme
cylindrique. Un régument à écailles pouvoit s’accommoder à toutes les
coucbures poilibles, Des écailles pentagones peuvent marcher fur toutes
fortes de furfaces, fe prècer à toutes les modifications de la maciere :
leur forme , à la bouche , aux extrémités des doigts, vers les cantons an-
gulaires, approche de la figure circulaire, àä-peu-près comme les tuiles
d'un dôme affeétent la forme circulaire : les écailles font difpofées par
étage , comme l’a obfervé M. Heriffant dans l'organifation des coquil-
lages. Elles préfentent an plan inchné à l'épiderme qui élude en quelque
façon l’aétion des chocs des corps extérieurs. Certe difpoftion met
l'homme à l'abri des injures de l'air , de l'humidité , des corps étran-
gers, des globules de la lumiere. Cer arrangement écailleux amortit la
grande force qui les meut, & quiauroient peut-être excité fur lui des
{enfations extraordinaires. c
, Le globe de l'œil eft compofé extérieurement de plufeurs membzanes
placées les unes fur les autres. L'origine en eft au cerveau : on connaît
leurs ufages, par rapport à la réfra&ion des corps lumineux ; mais on
neconnoit pas de même l'effer que ces corps lumineux produiroient fur
nous, fi la ftruéture de l'épiderme n'éroir pas par écaille, ni les &iffé-
rentes efpeces de {enfations.
Il eft donc conftant que nous chan
eons de peau dans l'état mème de
pleine fanté; que cela arrive par
A
exfoliation des écailles d’un üiflu
D ij
3
F
Societé des
Arts de
Londres.
28 PRES PLIS TN CUVE
muqueux où ‘corps cellulaire, qui eft la bafe de toutes [es parties. £a
conftiturion & les maladies de la peau , l’obfervation , l’analogie , & les
faits fans nombre en font autant de preuves.
EE
DE -S CRE PO EL TEEN ONEN
D'UNE NOUVELLE RUCHE PYRAMIDALE,
Préfentée à la Société établie à Londres, pour l’encouragement de l’Agri-
culture, des Arts & du Commerce, par M. CHARLES WITHW OR-
THAM des Wice- Préfidens de cette Académie. Traduélion libre de
l'Anglois.
Par M. PINGERON , Capiraine d’Artillerie au Service de Pologne.
On place cette ruche fur un plateau quarré, ajufté folidement far ur
iliér d’une force fuffifante , que l’on enfonce dans la terre , de ma-
niere que les. grands vents ne peuvent point le renverfer. Ce derniet a:
environ deux pieds de hauteur au-deflus du terrein. Le plareau a deux
pieds’en quarré (ce qui fe dérermine par la diagonale) & deux pouces
d’épaifleur, On obfervera, en paffant , que la maniere de placer les Ruches
fur des piliers , ne contribue pas peu à les garantir de plufieurs infeétes:
auifbles aux abeilles.
Sur le plateau dont on vient de parler, fe place une Ruche de bois, de:
forme octogone , ayant un pied huit pouces de diametre, & dix pou-
ces de haut , avec quatre fenêtres ferinces par des glaces, & recouvertes:
par de petits contre-vents , que l’on ouvre & l’on ferme à volonté,
quand on veut voir travailler les abeilles.
Ces quarre fenêtres tépondent aux quatre angles du plateau , & laiffenc
entre elles un efpace plein où font appliquées extérienrement des mains.
de cuivre, pour enlever la Ruche au befoin.
Cette derniere eft lutée avec précaution fur le plateau qui lui fert de:
bafe , & placée de maniere que les abeilles ont un efpace fufifant pour fe:
raffembler autour de la ruche. Au milieu de la couverture de cette der-
niere , eft un trou quarré qui s'ouvre & fe referme par le moyen d’une
couliffe de bois d’environ quatre pouces de large, qui coule dans une:
tainure pratiquée dans l’épaifleur mème du couvercle de la Ruche hexa-
gone. Cette ouverture quarrée ferc de paffage aux abeilles , lorfqu’elles:
veulent traverfes d: la Ruche de boïs dans une Ruche de paille qui eft
au-deflus. Cela arrive quand ees infeétes veulent jerer vu pouflec un:
PMU T CR ON D LE 24
effain. On conferve ce dernier par ce moyen & la vie des abeilles, quand
il s’agit de châtrer leurs Ruches.
La Ruche de paille dont on vient de dire un mot, eft circulaire, & fa
partie fupérieure eft un peu plus applatie que dans les Ruches ordinaires,
faites de cette matiere. Cette deuxieme Ruche a pareillement un trou
quarré dans fa partie fupérieure, lequel fe bouche & s'ouvre par le moyen
d'une couliffe , comme dans le cas précédent.
La feconde ouverture dont l'on vient de parler, facilite aux abeilles 1e
moyen de monter de la Ruche de paille dans la Ruche de verre dont on
va parler dans l'inftant,
La Ruche de verre eft d’une forme à-peu-près fphérique , & a une ou-
vertur: dans le haut où eft placée une main de cuivre pour la remuer ,
quand on veut en tirer le miel. Cetre Ruche a dix pouces & demi de
haut, & huit pouces & demi de diametre vers fa bafe.
Sous fa main de cuivre dont on vient de parler , on place dans la Ruche
de verre un morceau de bois arrondi comme un petit cylindre , ayant un
pouce de diametre. Il doit être dans une fituation verticale. Ce morceau
de bois eft traverfé dans fon milieu par un fecond morceau à-peu-près de
même grofleur , qui doic être parfaitement horifontal , & toucher, pour
ainfi dire, les parois de la Ruclie de verre. E’objer de ce dernier bâton
eft de fourenir les rayons de miel, & d'empêcher qu'ils ne s’affaiffent par
leur propre poids, ou qu’ils ne viennent à fe brifer dans le cas où l'on
heurteroit la Ruche.
La couliffle ou foupape pratiquée dans la partie fupérieure dela Ruche
de paille , fera de cuivre ou d'étain, & aura onze pouces de long fus
quatre pouces de large.
La couliffe de bois qui fermera l’ouverture fupérieure de la Ruche
hexagone qui eft en bois, comme on l’a déjà dit, aura dix pouces de long
fur quatre pouces de large, & neuf lignes d’épaifeur.
Lorfque la Ruche eft fur le point d’effainer ou jeter ce dont on s’ap-
perçoit avec facilité par l’empreffement avec lequel les abeilles fe ramaf-
fent en tas près de l’ouverture de la Ruche , on tire une couliffe pour
donner paflage au nouvel effain qui eft fur le point de partir. Il profite
fur le champ du vuide qu'on lui ménage, & ne fuit point hors de læ
Ruche , comme il arrive ordinairement, Quand on s’apperçoit que le
vieil & le nouvel effain font abfolument tranquilles , chacun dans leur
Ruche, on ferme lfommunication, en pouffant une couliffe.
11 faut laiffer au bas de chaque Ruche une petire ouverture de mois
pouces de long & dé trois lignes de large , par laquelle les abeilles en+
eront dans leur nouvelle demeure.
+<€
jo :P. 4 #8 RQ VE
Obférvation du Traducteur.
Quoique ces nouvelles Ruches empêchent que les eMains ne fe per
dent, & quoiqu’elles confervent la vie aux abeilles, quand on châtre
leur miel , il eft à craindre que leur cherté n’en dégoûte le commun des
Cultivateurs qui, pour l'ordinaire , n'eft point en état de faire autant de
dépenfes. On les recommande aux perfonnes opulentes qui s'amufent de
l'éducation des abeilles : elles feront amplemenr, dédommagées de leurs
premieres avances par la confervation des effains & des abeilles, comme
on vient de le dire. Ceux qui defreroiens de plus grands détails fur l'édu-
cation des Mouches à miel , font priés de confulter le Traité complet
que j'ai donné fur cette matiere , à la fuire de la traduétion du joli Poëme
Italien de Ruccellaï, fur les Abeilles, intitulé: Le Api. On le trouve
chez Delalain, Libraire , rue & à côté de la Comédie Françoifega Paris.
11 forme un petit volume ir-12 du même format & du mème caractere
que la fuite précieufe des Poëtes [aliens , qui fe vend chez le mème
Libraire. La partie purement littéraire eft Italienne & Françoife,
mn meeeeneg
PURE A CNONINUES
De la Doëfrine de M. MEYER, fur l’Acidum pingue.
O N a vu dans le volume précédent un Expofé complet de la doctrine
fur l'air fixe, les principes d’après lefjuels fes feétareurs l’onr établie. Les
conféquences qu'ils en ontrirées , font fufhfamment développées dans le
Précis raifonné de l'Ouvrage de M. Jacquin, page 1233 dans les Mé-
moires de M, Black , p.210 & 261; de M. Prieltley, p.292 & 404; dans
Ja Dillertation de M. Rutterford ,p. 450. Ileft cemps de s'occuper de la
doctrine oppofée. Elt-ce un Roman chymique , ou une théorie folidement
érayce par des faits? C'eft au Leëteur à décider la queftion ; notre buc eft
de le mettre en état de porter fon jugement (1).
M. Meyer fuppofe n'avoir aucune connoïflance fur la pierre à chaux
qu'il va examiner; ignorer ce que les Chymiftes en ont dit : en un mot,
regarder certe fubitance comme totalement incot pour lui, afin de
puifer dans l’expérience même l'idée qu'il doit en Concevoir.
La pierre à chaux fur laquelle le Chymite Allemand va travailler , eft
compofée de coquillages ; fa couleur eft grife comme la turie , pefante ,
médiocrement dure, cependant fufceptible de poli. Si on lexamine au
(1) Pour éviter les répétiions, nous evons omis quelques déxails, parce qu'on les
trouvera dans l'expofé de l'Ouvrage de M. Crantz, qui (era inféré dans le cahier fuivant,
soie
o
ee
PRIS CDD y “E. 41
microfcope , elle refemble À ung fcorie blanchâtre de fér fondu, parfe-
mée de petites particules brillantes , femblables à celles de l'argent,
Examen de la Pierre à chaux crue.
EYxPriEUR 1 'EUN cu: I.
Une once & demie d’efprit de nitre pur , veifé fur une once de cette
pierre à chaux crue , fr une prompre & vive effervefcence. Deux portions
fe précipiterent , une promprement, & l’autre avec plus de lenteur.
La verre pefante , compolée dé perires parcelles de cryftal de roche ,
d'un gravier argilleux, & d’une fubitance minérale, nommée g/immer
pefoir dix grains & demi , & la terre légere, compofée de terre argiileufe,
& mêlée avec les plus fines parties du fable, pefoit dix grains : cette der-
niere contenoit une petite portion de fubftance martiale. La diffolution
de la pierre à chaux , après avoir été clarifiée , fut étendue dans quarante
onces d’eau de pluie diftillée.
Une partie de fel de tartre diffoute dans deux parties d’eau diftillée,
après avoir été filtrées , furent verfées dans la diffolation de chaux , &
azitées jufqu’à ce que l’on fentit l’alkali prédominer ; & qu’on fe füc
afluré que toute la terre calcaire éroir précipirée.
Ce-mêlange devint blanc comme du lait, & refta plus d’une heure
avant qu'il parüt aucune tendance à la précipitation ; mais le lendemain
tout fut précipité. -
Le précipité féparé de la liqueur par un flrre, parfaitement édulcoré
avec l’eau diftillée, & defféché à unz douce chaleur , pefoit fepr drachmes
% deux ferupules : il avoit donc augmenté de poids, puifque pendant læ
précipitation il s'attache un peu de terre au verte, au Blire , &c. dont le
poids doit à-peu-près être évalué à dix grains.
* Cerre poudre ou ce précipité éroit rrès-blanc ÿ if ne fe plota point ,
quand il fur fec, mais ile divifa comme un fable des plus'fns : on Fau-
roit pris, en l’examinant au microfcope ; pour du fpath calcaire tres-
pur.
La leflive de cette précipiration, mife dans une retorte de verre, fur
précipitée en blanc par uns folurion de fucre de Saturne ; enfuite l’eau
infipide en fut retirée jufqu'à deflication du réfidu, Ce fel difout par une
eau récemment diftillée , donna une lefive fans couleur ; -& il refta fuc
le flrre fix grains de terre blanche, foluble daus l’efprit de nitre, mais
il laifloit quelques impuretés. On retira par l’évaporation certe leflive
du nitre régénéré par le peu d’alkali qui avoit été ajouté , & qui n'étoir
point altéré.
M: Meyer conclud de cette premiere éxpérience , que la pierre À
chaux fur laquelle il travaille, ne contient aucun foufre , aucun seide
fulfureux ou viriolique , rien de gras, d'huileux-;de bitumineux, de
32 PU SE VA SU NT COUUVAE.
glutineux ; mais, comme par la diffolution de la pierre À chaux aveé
l'acide nitreux , il ne peut déterminer ff elle centenoir du fel marin , oæ
feulement fon acide , 1l l’examine par l’eau feule. E
Ex PEUR ICERNNCHENINT
Deux livres’de cette pierre à chaux réduite en poudre très-fine & mê«
me potphyrifée , mifes dans quatre pintes d’eau diftillée, très pure &
éprouvée , bouillirent à une chaleur douce pendant une heure & demie,
& enfuite certe décoction filtrée alloit encore à peu-près à deux pintes.
Dans une partie de cecre lellive, M. Meyer verfa par gouttes de
l'huile de rartre par défaillance : elle refta claire; donc, conclud notre
Chymilte , il n’y avoir ni acide de fel , ni de nitre, ni de foufre dans
la pierte à chaux.
Le gyps laiffe toujours diffoudre quelque chofe dans l’eau bouillante,
& fi on ajoute un alkali , il précipite la terre calcaire : preuve qu'il n’y à
dans la pierre à chaux rien d’alumineux , où de vitriolique.
Dans une autre portion de certe eau, il verfa une diffolurion d'argent,
l'eiu fe croubla, blanchit & laiffa précipiter an peu de chaux qui, expo-
fée à la chandelle , devint bientôt grife : fign2 de la préfence d'un fel
marin. Une diffolution de plomb produifit le même effer. Le fyron violat
ne changea pas de couleur ; la poudre de noix de galles ne noircit point,
& la folution du mercure fublimé refta claire.
Le refte de la ledive de chaux füc diftillé dans un rétorte de verre
jufqu’à ce qu'il n’en reltic plus que deux onces, qui furent évaporées dans
un vaifleau de verre jufqu’à entiere dellication. Le réfidu fur un Magma
terreux de couleur jaunâtre , dent le goût falé reifembloit à celui du fel
commun, mais tirant un peu fur l'amer & fur le dégoûtanr. Ce Magma
étendu dans demi-once d’eau diftillée & filtrée , la fur le filtre une
terre édulcorée , pefant à peine quatre grains. Cerre terre ft effervéfcence
avec l'acide nitreux, & elle fur diffoute en partie ; le refte étoit une
terre argilleufe très-fubrile, qui , après avoir paifé par le premier filtre,
s’éroit mêlée avec un peu de terre calcaire. La leflive , evaporée de nou-
veau , donna un fel onétueux, dont le goût éroit falé & amer. Ce fel
pefoit quatre grains, & expofé à l'air, il tomboit promprement en déli-
quefcence.
M. Meyer conclud de ces expériences que cette pierre à chaux ne con-
tient ni l'acide du nitre, ni du fel, ni du vitriol uni à la terre calcaire,
& qu'il ne s’y eit trouvé ni alun ni vitriol ; cependant qu'elle contient
une petite portion de fubftance faline , mais qui ne peut ètre comparée à
la quantité de la fubftance faline de la pierre à chaux après fa calcination,
& que cette formation faline doit avoir une autre origine, un autre prin-
cipe. Suivons M. Meyer dans la calcination de la pierre à chaux pour
apprendre d’où lui vient la fubftance cauftique. l
L
l'E AMIE LES
4.1)
OMAN LT 0 (U (e, 33
Examen de la Pierre à chaux calcinée.
M. Meyer prend deux livres de pierre à chaux caflée en morceaux ;
il remplit un fourneau à vent à moitié avec du charbon de bois, & en.
fuite il fair une couche de charbon & de pierre, & ainfi fucceñivemenr
jufqu'à ce que le fourneau foit plein ; il met le feu par le cendrier, Pen-
dant la calcination il ne s’éleva aucune odeur fulfureufe , elle n’eft due
dans les fonts à chaux ordinaires, qu’au charbon minéral qu’on y brûle.
Ces pierres, après la calcination, pefoient encore une livre & demie
& trois dragmes ; mais comme les plus gros moreeaux n’avoient pas été
entiérement calcinés , ce poids n’elt pas exaét. La partie calcinée fur fé-
parée de celle qui ne l'éroit pas & mife dans un bocal. Huit onces d’eau
difllée, verfée par deflus, firent élever une vapeur confidérable ; les
pierres fe fendirent , enfin fe délayerent. Ce mélange exceflivement
chaud dans le commencement conferva fa chaleur pendant trois heures.
La chaux éteinte fur lavée dans une quantité d'eau, & féparée de la
pierre qui , defféchée , pefoit encore treize onces. Il y avoit donc onze
onces trois dragmes de chaux. Le goût de la chaux décantée reffembloir
autant à un alkali caaftique, que fi on eût réellement mêlé un alkali
cauftique. Parle repos , la chaux fe précipita, l’eau claire refta au-deflus è
& fe couvrit d’une pellicule; d'où l’on conclud que cette chaux avoit tou-
tes les propriétés des chaux ordinaires. Deux onces d’alkali végétal , fixe
& bien purifié, furent verfées fur cette infufon de chaux pour en faire
une leflive cauftique , & cette leflive avoir un goût femblable à celui de
l'huile de cire ou des Philofophes.
M. Meyer conclud de ces expériences que la matiere faline ignée de
la chaux provient du feu ; qu'elle entre dans la terre calcaire ; que certe
matiere eit un mixte tout particulier ; qu'elle eft compoñfée d’un acide &
du pur principe du feu ; que c’eft une matiere fubtile, élaftique & vo-
latile ; qu'elle eft néanmoins refferrée dans la chaux, & qu'elle a la pro-
pricté de pouvoir s’unir avec l’air & avec l'eau.
Sans nous arrêter avec l’Auteur à examiner les différens phénomenes
que préfente l’extinétion de la chaux à l'air ou dans l’eau , l'évaporarion
de cette eau de chaux , la formation furcefliye d’une pellicule rerreufe
fur fa furface , & qu'on nomme crème dé chaux; la féparation de la pure
terre calcaire d’avec l’eau de chaux par un fel alkali, &c. enfin le rapport
de la chaux avec les autres corps ; il convient d’expofer ce que l’Auteur
entend par ces mots: matiere faline ignée, ou cagflicum & acidum
pPtigue, 1
IL envifage le caufficum comme un mixte de la premiere efpece , & le
définit : » une fubitance faline , fubtile , volatile , compofée d'un acide
» qui ef uni le plus intimément avec la plus pure matiere du feu. Il le
Tome II , Partie VII. E
L Lsihet ds dates Ctrral * FO
. c . A
|
34 PE MSLNES IG nt Pr.
» regarde comme un mélange analogue au foufre, diftinét de tous les
» autres corps de l’anivers , qui eft indiffoluble & indeftructible, & que:
æ l’on peut appeller dans toute l'étendue du mot acidum pingue , (x)
» acide gras «.
Malgré cette définition fi formellement énoncée , l’Aureur convient
qu'il ne peut pas prefcrire la forme de ce cauflium dans fon état de con-
centration , & s’il doit, dans le fens chymique , le nommer un efprit ou
un fel volatil, ou bien une huile fubuile , incombuftible, ou fi on doit
fe le repréfenter comme une fubftance diftinéte de tous les autres corps,
ilétoit cependant effeptiel de connoître ces objets avant de donner cette
théorie. Voici comme il l'établir. Le caufticum doit être compofé d'un
acide , autrement il ne pourroit pas diffoudre la terre calcaire ni la pré-
cipiter dans l’eau. L'eau de chaux n’abandonneroit pas la terre calcaire
par l'addition d’un alkali; cet alkali ne pourroit pas fe farurer avec le
cauflicum de façon à ne plus agir à la maniere des fels alkalis. Quelle:
fubftance faline eft donc capable de s'unir exactement avec le phlogifti-
que en une mixtion gralle, finonun fel acide ? Mais file cauflivum mèlé
avec leau feule n’eft point acide au goût , c’eft qu'il eft uni à un acide
gras ou acèidum pingue; 1l en eft de cette union comme de celle de l'acide
avec le foufre dans lequel il eft abondamment , quoique il ne fe mani-
fefte pas.
Le cauflicum w’eft pas proprement un fimple acide , mais un acidum
pingue, un acide gras qui doit abfolument être uni avec la plus fubule
& la plus pure matiere du feu, fans quoi il ne pourroit sumir sufli faci-
lement qu'il le fait avec Le foufre, les graiffes , & fur-tour avec la retre
calcaire ;. s'il étoit acide pur , 1] auroit un: goûe acide ; s’il éroit acide
minéral, il formeroit un fel neutre dans fon unionavec les aikalis IE
réfulte au contraire de la facturation du cauflicum par un aikali un feb
moyen , particulier & brülant, qui, àla vérité, a un goût alkalin , mais:
q'u peur fe mèler ave: l’efprit-de-vin & aux autres corps huileux fub—
Œis : ce que ne pouvoir faire auparavant un fimple alkali.
L1 matiere 1gnée du caufficum doit être la plus fine & la plus pure
matiere du feu ,ence qu'elle ne donne point avec l’acide un corps ferme:
& lolide, mais une fubftance pénétrante très-fubruile & très-volaule..
parce qu’elle peut pénétrer au travers de tous les vaifleaux rouges &
embralés , qui, ordinairement, ne laiffent pas pafler les efprits miné-
raux ni les autres efprits fubuls. H doit être privé ;. autant qu'il eft pof-
fible de fe limaginer , de tout autre corps, excepté de fon acide; maisoù
doit on prendre ces particules de feu f pures & fi fubriles? C’eft dans
la matiere de la lumiere, On voit par le fecours du verre-ardent que les:
rayons du foleil ne font autre chofe qu’un feu rarefié, & que le feu pur:
(x) Dénomination de la matiere ignée , d'après les Anciens. Wäd, inf. page 362. &c,
PUMEUS TMQNU IE. 35
m'eft autre chofe qu'une lumiere concentrée: Si cela eft vrai, il n’y a donc
aucune différence entre les particules de la lumiere & les particules du
feu, C’eft à l'expérience à le prouver,
Lorfqu’on précipite par l'eau de chaux une diffolution d'argent , le
cauflicum s'attache à l'argent , la chaux d'argent fe précipite fous la for-
me grife noiratre. La Lune cornée précipitée blanche prend la mème
couleur , fi , dans un verre bien bouché, on l’expofe à la vivacité des
rayons du Soleil. Ce changement particulier de couleur ne peut pas pro-
venir d'autre caufe que de la matiere de la lumiere qui pénétre au travers
du verre & noircit l'argent , ainfi que le fait le cauflicum. 6
Si, dans un vaiffeau fermé & expofé au foleil, on fait cryftallifer une
diffolution de mercure dans l’acide vitriolique, alors ce vitriol de mer-
cure devient noir. Le fublimé blanc qui réfulre de la mème diffolution,
uand , fur la fin de l’opération, on la poufle à grand feu , y devient
également noir. La mème chofe arrive au mercure doux , fur lequel on
verfe de l’eau de chaux.
Cette pure matiere du feu & fon acide font liés d’une maniere indef-
tructible dans le cauflicum ; le feu n’eft pas capable de le décompofer , &
il doit ètre bien moins décompofé par la fermentation & par à putré-
faction ; il ne peut pas être féparé ni par l'acide ni par l’alkali , mais il fe
laiffe cranfporter d’un corps dans un autre ; 1l leur communique d’autres
propriétés & en fair des cotps concrets ; il refte inaltérable dans tous les
mélanges, & s’il s’en fépare fans trouver devant lui un corps auquel il
puifle s'unir, 1l fe diflipe dans l'air , où il trouve de l'eau & de la ma-
tiere fubrile avec lefquelles il s'unir & fe lie.
Aucun autre compofé d’acide & de la matiere du feu n'eft femblable
au cauflicum : on ne connoît aucun corps gui s’unifle comme lui avec
h lumiere, l’air, l’eau , les fels alkalis & acides , la terre , les métaux,
avec le foufre , les huiles réfineufes & grafles, & avec l’efprit-de-vin.
Cet être eît donc diftinét de tous les autres corps; un feul coup d'œil
fur fa comparaifon avec les corps qui ont Le plus d’afhinité avec lui, va
établir cette différence.
Le cauflicum n’a point de goût. L’acide vitriolique a un goût
acide.
11 donne une chaux vive , dontle L'’acide vitriolique s’unit avec la
gout elt alkalin & cauitique. terre calcaire, & forme un gypfe
infipide.
Uni avec l’alkali végétal , il don- Uni à l’alkali végétal, il fait un
ne un fel cauftique. tartre vitriolé.
Le fel caaftique fe réfout promp- Le tartre vitriole eft un fel con-
tement à l'humidité de l'air en un cret; il abforbe peu l'humidité de
fimple fel alkali ; il fe fond au feu l'air, & ne fond pas aifément au feu.
E ij
RPRERT
36 PL HUM "ES
tiès-promptement , & devient très-
fluide.
Il fe diffout dans l’efprit de vin,
& il en décompofe une partie.
ILIGUNURNCE.
Le tartre vitriolé ne fe diffout pas
dans l’efprir de vin, & n'a aucune
action fur lui.
L’efpric de vin n’enleve point lacide du gypfes mais il prend quelque
chofe du caufticum de a chaux.
Le cauflicum abandonne la terre
calcaire & le fel alkali ; & fur la fin
ils’échappe entiérement de la chaux
& de la lellive cauftique.
Le fel cauftique, quand il eft
pur, & qu'iln’a pas été préparéavec
un alkali mêlé de tartre vitriolé , ne
devient pas foie de foufre.
Le fel cauftique diflour très-
promprement le foufre.
L'eau de chaux & le fel caufti-
que précipitent toutes les diffolu-
tions métalliques faites par l'acide
vitriolique & par les autres acides.
Le cauflicum eft le plus volaril de
tous les acides.
Dans la diftillarion du cauflicum
étendu dans l’eau , la partie vola-
tile pañle la premiere.
Le cauflicum uni au mercure , &
pouflé à un feu très-fort, ne fe fu-
bliment point enfemble.
Le caufficum uni avec un fel vo-
Jatil urineux donne un efprit de fel
ammoniac le plus volaul.
L'acide du vitriol ne s’évapore
point quand il eft uni avec l’alkali,
ou avec la terre calcaire , & il enr
fortement à l’un & à l’autre.
Le rartre vitriolé fondu avec les
chabons , devient foie de foufie.
Le tartre vitriole ne diffout point
le foufre.
Le tartre vitriolé & l'huile de vi-
triol ne précipirent aucune diflolu-
tion métallique , faite par l'acide
vitriolique, & n’en piécipitent que
quelques-unes faites par les autres
acides.
L'huile de virriel eft le plus fixe
de rous les acides.
Daws la diftillation de l’huile de
vitriol étendue dans l’eau , Peau
monte la premiere, & l’acide con-
centré pañle le dernier.
Le virrioi fe fublime avec le mer-
cure en une mañle cryftalline.
L'’acide du fel de vitriol unt avec
un fel volatil urineux , donne le fet
ammoniac fesrer de glauber,
Le cauflicum doit être diftingué de l’acide fulfwreux volatil. Les fignes
diftinétifs de cet efprit font , que celui-ci eft crès-volaril & fuffoquant ;
que faruré par un alkali fixe , 1l donne en brülanr l'odeur du foufre ;
qu'il en réfulte un fel moyen d’un goût fulfureux. Le cauflicum au con-
traire ne donne jamais d’odeur de foufre dans les charbons n1 dans les
autres fubitances où ilfe trouve; cependant il a une grande part à la for
masion de l’efprit volatil de foufre , quoique à peine peut-il être dif-
Fe PLUS TO U +, 42
tingué par l'odeur ; c’eft aufii pourquoi dans fon union avéc un fel ajkals
fixe, il ne donne point un fel neutre fulfureux, mais un fel moyen,
particulier & brûlant , c’eft-à-dire , le fel cauftique. Le cauflicum nait de
Pefprit volatil du foufre, lorfque dans la difillation du vitriol la retorte
reçoit une félure. Il s’en fornie encore quand le foufre brûle feul en plein
air, de même quand on diftille de l’efprit de-vin ou d'autres matieres
inflammables tirées des trois regnes de la nature avec l'huile de vitriol.
Il naît également fans feu ; le foufre de lait en eft la preuve ; il fe forme
auf par le fimple mélange de l'huile de vitrilavec une huile par expref-
fion ; enfin la nature le compofe dans la terre d'où il fort, cà & là , com-
me on le voit particulierement dans les cavernes fulfureufes de Pouzzol,
de Pyrmont , &c. Mais la preuve la plus convaincante, fuivant M.
Meyer , pour la formation du cauflicum , eft celle qu'il tire de la rétorte
qui reçoit une fêlure,
Tant que la rétorte refte entiefe, pendant la diftillation de l'huile de
vitriol ; le cauflicum {ubril peur, à la vérité, pafler au travers des pores
élareis de la rerorte embrafée , & fe mêler avec l'huile de vitriol qui
palle , de façon qu’il en réfute une huile de vitriol fumante, mais non
pas la fuie fubtile que porte avec foi la Aamme du feu , & dont les par-
ticules font à proportion beaucoup plus groflieres que les particules du
cauflicum fubril, de forte que lo cauflicum palle outre : mais la retorte
a-t-elle reçue une fèlure au travers laquelle la fuie fubtile & ardenre
puiffe entrer dans la rerorte, alors il fe formera & fe compofera, de
l'huile de vitriol qui diftille du cauflicum &e de la fuie fubrile, cet efpric
volatil dont l’odeur eft femblable à celle du foufre qui brûle, L'acide
du vitriol , lors de la diftiliation à feu doux, éroit une matiere fimple :
mais quand le ceufticum la pénétre au moÿen du grand feu, cer acide
y devient une huile de vitriol famante; & come il furvint un troifie-
corps , c'eft-à-dire, la fuie , un troifieme être fe forme & eft compofé
de ées trois marieres. S'il étoit poilible que pendant la diftillation du
vitriol,la faie püt venir feule avec l'acide vitriolique fans l'intervention du
caufficum , il n’en pourroit réfulter ni huile de vitriol famante, ni efpric
fulfureux volaril, mais un foufre comman qui fe fublimeroir dans les
vaifleaux diftillaroires : or, comme cela ne peur pas arriver faps l'inter-
venrion du cauflicum fubul & volacil , il en réfulte un efprit falfureux &
volatil.
Comme le cauflicum & les principes de la fuie ou da charbon fe tron-
vent dans tous les corps, & que l'huile de vitriol eft prefque tenjours
mêlée avec le caufficum , on comprendra comment , par le mélange d>
Fhuile de vitriol avec l'efprir-de-vin & les autres huiles, il peut s’err-
gendrer un pareil efprit dans lès entrailles de la terre & dans l'arhmof-
pa E:
L'analouie dy cauflicum avec le foufre confifte en ee que tous deux
55 HOT FRE OMT RE
font compofés d’une matiere ignée unie à un acide , tous deux s’unifs
{ent avec les alkalis ,les huiles & les métaux , enfin tous deux n’ont point
de soùt acide.
Ils different entre eux 1°. dans leur forme. Le foufre eft folide , pal-
pable, on le mer en poudre , on le fond , on le moule , &c. Le cauflicume
eft une fubftance fi fubrile qu'on ne peut pas même deviner fa forme.
Celui-ci eft compofé d’un acide exaétement uni avec la plus pure matiere
du feu, celui-là eft uni à l’acide vitriolique , à une fuie fubtile inflam-
mable, dans laquelle la matiere pure du feu eft préfente , mais ren-
fermée & liée jufqu'à ce que certe fuie brüle.
Ces deux êtres différent encore dans leurs rapports & dans leurs pro-
pricrés.
Le caufficum ne brûle point.
Le caufticum n’a point d’odeur.
Uni avec un alkali , 1l Fait le fel
cauftique igné & brülant, dont la
diffolution dans l’eau n’a aucune
couleur, à
Le cauflicum uni avec le fel vola-
til, conftitue l’efprit ammoniacal
par la chaux.
Le cauflicum fe mêle avec les
huiles , l’efprit de vin & avec l'eau.
Le foufre brüle.
Si on ajoute un acide au foufre
diffout par un alkali, il acquiert
l'odeur d'œufs pourris.
Le foufre donne avec les alkalis
fixes, l’hépar de foufre; & cer he-
par fe Ah dans l’eau, & produit
une couleur rouge ou jaune.
De l'union du foufre avec l’al-
kali volatil il réfulte une diflolu-
tion de foufre qui reflemble à l’hé-
ar fixe du foufre , fi ce n’eft qu'il
eft volaril & fluide.
Le foufre s’unit avec les huiles,
mais non pas avec l’efprit de vin &
avec l’eau.
Après avoir examiné la formation du caufficum, fon analogie , fes rap-
ports & fes différences avec les autres fubftances dont nous venons de
parler , on n'a point encore vu quel eft l’acide qui joint avec la ma-
ticre du feu , conftitue le cauflicum. L'auteur penfe qu'il doit appro-
cher de l'acide vitriolique & fulfureux , quoiqu'il convienne qu'il n’eft
pas fufceprible de décompoftion comme le vitrio] ou le foufre. Voici
comment il appuie fon hypothefe.
1°, Quand une terre calcaire elt diffoute dans l’acide du nitre ou du
fel , il réfulte de tous les deux une diflolution qui ne cryftallife point ,
mais quand on l'évapore jufqu'à ficcité , elle devient une maffe {aline ,
qui, uon-feulement fe diffout dans très-peu d’eau, mais encore fe ré
fout en liqueur, étant expofée à la feule humidité de l'air. Si on verfe
au contraire de l'acide vitriolique fur une terre calcaire , il n’en réfulre
aucune diflolution Auide, mais un gypfe concret qui fe diflout très-
x a] » 9 Là \
difficilement dans l'eau. Comme l’eau ne diflour également que très-
POUNAUT TS AT MO D NE" 39
peu de chaux-vive, comme une terre calcaire faturée d'acide cauftique
& feulement prefque autant que du gypfe, l'on peur conclure de Ja
maniere d’agir du gypfe & de la chaux dans l'eau , que l'acide du cauf-
Licum approche davantage du vitriolique , que de celui du fel ou du
nitre,
20. L'eau de chaux précipite une diffolution de mercure fublimé tour
auffi bien que peur le faire une diffolution de gypfe dans l’eau. Une dif-
folution de terre calcaire, au contraire, faite dans l’efprit-de-fel ou de
nitre , ne précipite point Ja diffolurion du fublimé.
3°, Leau de chaux ou le fel cauftique fe comportent de même qu’un
tartre vitriolé quand on les mêle avec une diflolution mercurielle dans
Fefprit-de-nitre.
4°. Il fe trouve encore une certaine reflemblance entre le mercure
précipité du fublimé par l'eau de chaux & un mercure diftillé avec
l'huile de vitriol, en ce qu'ils réfftent tous deux à un feu violent , avec
certe différence cependant , que celui-ci fe fublime à la fin combiné
avec l'acide vitriolique ; mais dans celni là le mercure fe revivifie à la
fin, & le caufficum en fe féparant de lui, paffe dans l'air.
Tels font, fuivanr M. Meyer, les principes de la fubftance falino-
cauftique de la chaux que les Anciens appelloient acidum pingue , éther,
connue par Vanhelmout fous le nom de gas, fous celui de /e/ éthéré du
feu par Hoffmann; mais pour ne pas multiplier les noms, l'Auteur con-
ferve celui d'acidum pingue, dénomination qui, fuivant lui, explique
très bien fon principe & fes propriétés.
Les notions que nous venons de donner fuffifent pour faire connoître
k théorie du Chymifte Allemand : nous ne le fuivrons pas dans l'examen
particulier qu'il fait pour connoître fi l'acidum pingue doit être pris , &
jufqu'à quel poinc 1l peut l'être, pour la matiere du feu ; s’il n’eft point
la matiere élaftique de l'air ; s’il eft & jufqu’à quel point il peur étre la:
matiere éleétrique ; enfin s’il n’eft point l'acide primitif ou univerfel,
€hacun de ces articles demanderoir une analyfe parriculiere. Nous nous
conrenterons de terminer celle-ci par la comparaifon des effets de l'acz-
dum pingue & du phlogiftique,
Le phlogifique quoique très-
fabtil, ne peut pénétrer les vaif-
feaux rouges & embrâfés , ce qui
fait qu'il ne fecombine pas avec les:
corps qui y font contenus , & qu'il
n'opere pas de réduétions meétalli-
ques dans les vaiffeaux fermés.
Le phlogiflique n’elt pas élafti-
que, & ne peut fe méler avec l’eau.
L'acidum pingue eft également
très-fubril ; mais 1l pénetre tous les
vaiffeaux rouges & embräfés ;, il fe
combine avec les corps qui s’y.trou-
vent, forme de la chaux vive , &
rend cauftiques les chaux métalli-
ques dans les vaifleaux fermés.
L’acidum pingue et très-élafti-
que , & fe mêle fort aifémenr aves
l'eau,
-
PAM) re
49
Le phlogiflique pafle dans les
chaux des métaux imparfaits, & il,
leur reftitue l'éclat & la forme mé-
tallique qu’elles avoient perdues,
Le phlogiflique eft un corps def-
tructible , puifque par la calcina-
tion on l’enleve aux métaux qui de-
viennent des chaux.
Le phlogiftique avec l'acide vi-
triolique fait du foufre,
Le phlogilique n'entre pas en
combinaifon avec les cerres abfor-
bantes. CRUE
Lorfque le phlogiflique et uni
aux fels alkalis , il en émoufle la
caufticité.
Le phlogiflique , par fa nature,
eft proprement la matiere de la lu-
miere, combiné avec une terre fpé-
cifique à la faveur de l'acidum pin-
gue.
INNOVE
L'acidum pingue fe mèle & fe
combine à la vérité avec les chaux |
des métaux imparfaits ; mais , au
lieu de leur rendre leur éclat & leur
forme métallique, 1l leur commu-
nique toutes les propriétés de la
chaux vive,
L’acidum pingue au contraire ne
peur fe détruire , & il n’eft pas pof-
fible de l’enlever aux chaux mécal-
liques par la calcinarion.
L’acidum pingue uni avec l’acide
vitriolique concentré, ne fait pas
du foufre , mais il lui donne la pro-
priété d’être fumant.
L'acidum pingue transforme ces
terres en chaux vive.
L’acidum pingue rend les fels al-
kalis décidément cauftiques & plus
déliquefcens.
L’acidum pingue eft la pure ma- |
tiere de la lumiere , combinée très- |
intimément avec un acide encore
inconnu fans aucun intermede ter- |
reux,
La doctrine du Chymifte Allemand a éprouvé beaucoup de contradic- |
tions, & a eu quelques partifans. Tel elt le fort de routes les théories
fondées fur des hyporhefes. M. Weg'eb, Apothicaire de Langenfaltza en
Saxe, a publié un petit Ouvrage Allemand, intitulé : Défenfe de la
Doëlrine de Meyer, contre diverfes objeëlions qui y ont été faites. Le but
de cet Ouvrage eft de difcurer la doctrine de l’air fixe en faveur de
laquelle M. Jacquin s’eft déclaré contre celle de M. Meyer (1). M.Krantz,. |
Profeffeur de Mariere médicale à Vienne , a répondu à ce dernier Ou-
vrage par un Traité larin , intitulé: Examinis Chymici Doërine Meye-
riane, de Acido pingui ; &: Blackians de Aëre fixo refpeëlu calcis , Recti-
ficatio (2). M. Jeger, Profetfeur à Tubnigen, donna en 1768 une Dif-
fertation latine fur Fefprit de fel ammiomac par la chaux; mais il s’eit
borné feulement aux propriétés de l’efprit canitique qu'il attribue, comme
totem RDS à
(1) Voyez tome I, ën-49. page 123.
(2) On trouvera dans le Cahier fuivant le Précis de cette Differtation,
Soi
M
PDOIAUVENESS ATH IO TUE. 4r
M. Jacquin, à l'égard des phénomenes de la chaux, à l’air fixe. On connoît
encore une thefe inaugurale, foutenue à Strasbourg en 1769, fous la
Préfidence de M. Speilman, par M. Bochme, intitulée: Examen acidi
pinguis. Voilà en général les principaux ouvrages venus à notre connoif-
fance , relativement à la doétrine de l’acidum pingue. Ce que M. Meyer
dit de cer être fingulier , ne peut-il pas s'appliquer au Gas de Van-Hel-
mont , au /e/ éthéré du feu d'Hoffman, au phlogiflique de Becher & de
Sthal , à l'air fixe de MM. Black, Prieflley , &c. Les mots, l'application
des expériences , les tournures forcées ou naturelles qu’on leur donne ,
ne font rien au fond de la chofe. On faifir avec empreflement une foible
lueur qu'elles préfentent; mais eft-on effeétivement plus inftruit fur fon
principe ? Louons le zele de ceux qui fe livrent à de telles recherches , il
en réfulre des faits, & ces fairs fonc & feront peut-être encore pendant
long-remps les feules richefles dont nous pourrons nous glorifier.
qq
MU ÉS SM O0 RE TE
Sur les Eaux minérales & fulfureufes de Caflle-Loed & Fairburn'dans le
Comté de Vof], de Pukeachly ; dans le Comté de Perth en Ecoffe ;
Traduit de l’Anglois du Doëteur MoNRO, Médecin des Armées du
Roi, des Hôpitaux ; Affocié au College des Médecins de Londres ,
de la Société Royale :
Lu le 23 Janvier 1772.
au minérale de Caftle-Loed eft très-chargée de foufre , quoiqu'elle
foic tranfparente conume l’eau de roche la plus pure: Lorfqu'on en prend
à la fource, & qu'on en expofe une certaine quantité à l'air libre dans
un vailleau ouvert ou dans des boureilles mal bouchées, elle perd fa
limpidité en moins de vingt-quatre heures. Son odeur forte de foufre
fe diflipe entiérement. ‘
Elle dépofe au fond de fon lit un fédiment épais & femblable à une
encre bourbeufe. Les branches des arbres qui trempent dans cette eau,
ainf que leurs feuilles , contraétent une couleur fort noire : féchétes en-
fuice au foleil , elles paroiffent couvertes d’une poufliere blanchätre, qui
eft probablement du foufre ; car, par la combultion fur les charbons ar-
dens eu fur une pele rouge, elle produit une flamme bleue & une odeur
de foufre qui fuffoque.
Ses propriétés font remarquables dans plufieuts maladies. Elles agif-
fent peu par les felles, quoiqu'on en prenne en grande quantité. Elles
Tomc II, Part. VII. F
Tran(-
aétions de
Londres,
1772.
42 PARU YU SR ES ON DER
pouffent finguliérement par les urines , ouvrent les pores de la peau : elles:
font apéritives , fudorifiques , défopilatives, diurétiques ;, elles aigui-
fent l'appétit, & fonc très légeres fur l’eftomac,
Elles ont opéré merveilleufement dans les maladies aiguës & chro-
niques, dans les affections dartreufes les plus opintâtres, la galle, l&
gratelle, &c. Le fils d’un Gentilhomme fut guéri radicalement d'une
dartre rongeante qui avoit réfité à tous les moyens connus , par l'ufage
des eaux de Caftle-Loed en boiffon & en fomentation. Sa fœur, âgée de
dix-huit ans , a été également délivrée d’une éréfypele habituelle qui l&
tourmentoit au vifage , aux bras & aux jambes, fuite malaeureufe d'une:
petite vérole de la plus mauvaife efpece. J'ai guéri par leur moyen de
vieux ulceres aux jambes, dont le pus rongeant avoitpénérré jnfques dans
l’intérieur des os , ainfi qu’une perfonne dans ma famille tiès-affectée:
de douleurs chumatifmales aux épaules. & aux bras,
Plufñeurs perfonnes m'ont affuré, ainfi que le Doéteur Aacqueuzy
que ces eaux étoient merveilleufes dans les affections fevrburiques & les:
maladies de la peau,
Le 10 Seprembre je fis l’analyfe des eaux minérales qu'on m'avoir en-
voyé dans des bouteilles cacherces. Elles éroient claires comme l'eau de
roche; elles avoient encore une forte odeur de foufre ; elles ne firent
nulle impreflion faline fut la langue.
Elles verdirent à la longue le fyrop de violette. La teinture aqueufe de
noix de galle n’y apporta aucun changement , quant à la couleur. 1l s'é-
leva feulemenc à la furface une écume qui avoit la couleur gorge de
pigeon.
L'efprit de vitriol phlegmatique n’occafionna aucun changement : je
n'y apperçus point de nuage blanc ; non plus que fi on l'avoir mélé avec
l'eau difillée : quelques bulles d’air fe raffemblerent peu à peu au fond.
du verre. L'huile de vitriol concentrée produifit le mème effer.
Chaque goutte de l’alkali minéral cryftallifé occafñonna un nuage blanc.
Il £: fic infenfiblement un précipité blanc au fond du vafe. Le nuage fut
au contraire d'un noir brun à chaque goutte de folurion de fel de tartre ..
le précipité de même couleur. Or
Différentes pieces de monnoie mifes avec l’eau minérale dans différens:
vafes, {e cernirent d’abord, & devinrent noïres.
Chaque goutte d’une folution d'argent dans l’efprit de nirre occa-
fionna un nuage d’un noir brun ou nowarre,. & romba au fond du verre
en forme de précipité noir.
Le fucre de faturne noircit dans la liqueur, & fe précipira au fond:
du verre en forme de poudre noire.
Dans l'évaporarion de fix livres, quarre onces,, fix drachmes d’eau!
minérale (ou Ixx; 3,.vj.3) à un feu de fable bien ménagé, elle per-
=. ed
; OR CONS HN 0 WE 4
dit d’abord fon odeur forte de foufre, & précipira au fond du vafe des
flocons d’une terre fort atténuée, de couleur brune-noirâtre. La moitié
de la liqueur étant évaporée, il fe forma peu-à-peu à fa furface une pel-
licule très mince qui fe précipita. Je filtrai à travers le papier gris ce qui
reftoit de l’évaporation réduite jufqu’aux environs d’une pinte , le fédi-
ment gris-brun éroit infipide , & pefa 2 = & : une partie mife dans l’eau
diftillée avec quelques gouttes d'huile de vitriol, produifit une légere
effervefcence : la terre noire fur difloute ; le refte de la terre fut infolu-
ble dans ce menftrue. C'étoit yne partie de félénite confondue avec une
terre abforbante. L'air a certainement pu contribuer à la diffolution par-
faite de cette terre. J'obfervai foigneufement dans une bouteille que
j'avois réfervée, que la terre fufpendue dans l’eau, n’en troubloit pas la
tranfparence.
Une feconde évapération forma une nouvelle pellicule : abandonnée
dans un lieu chaud pendant vingt-quatre heures , elle fe divifa, une par-
tie fe précipita au End , & l’autre fur les parois du vafe ; mife fur le fil-
tre, je recueillis xj & d’un fédiment fort blanc, graveleux, & qui étroit
infpide. C'étoit de la félénite pure qui, mêlée avec l’eau diftillée, &
l'huile de vitriol n'occafñonna qu’une légere effervefcence fans diffo-
lurion.
Ce qui refta d’une troifieme évaporation , ne pefoit qu’une once, Elle
donna fur le filtre 2 + & de précipité, Ce réfidu fembloit faire quelque
impreflion faline fur la langue; mais il fut de méme que les précédens,
indiffoluble dans le menftrue aqueux.
Enfin , les dernieres portions de liqueur évaporces jufqu’à ficcité
donnerent xvij & d’une matiere jaunâtre , partie fubftance onétueufe ,
partie faline ; expofce à la chaleur , elle s'élevoit en bulles , & renvoyoit
une forte odeur de foufre.
Une portion de cetre matiere mife dans une folution de l’alkali cauf-
tique dans l'eau diftillés , occafñonna un nuage blanc : même phé-
nomene par l'addition d'une autre portion de cette matiere dans les
folutions d'argent par l'acide nitreux & du fublimé corrofif dans l’eau
diftillée.
Ce fédimenr diffour de nouveau dans une once d’eau diftillée, filtré &
évaporé jufqu'à pellicule, donna un fel cryftallifé après quatorze
heures de repos dans un lieu frais. Une portion de cette matiere jauna-
tre y adhéroir encore ; le tout pefoit douze grains d’un fel tout fembla-
ble au fel de glauber. Li ne fufoit pas fur les charbons ardens ; il fe dif-
folvoit aifément dans l’eau , & produifoit fur la langue un fentiment de
fraîcheur. L’alkali minéral ajouté à {a folution , n'en troubloit pas la
tranfparence, non plus que l'huile de vitriol. Une folution de l’alkai
cauftique précipiroit à chaque goutte du mélange un fédiment blanc,
La liqueur filrcée fe changea au quatrieme jour en un concret falin,
Fij
44 PUMA SDPNNDO:MEURE.
jaunâtre , pefant ix &, d'une amertume infupportable. Il fe fondoit fur
le feu ardent, en s’élevant en bulles avec quelque légere effervefcence ,
& produifant des vapeurs très-pénétrantes , & femblables aux vapeurs de
l'acide du fel marin. Les foibles marques que me donnerent ces eaux de
la préfence de cet acide ne fuflifoient pas pour me confirmer dans cette
opinion ; mais je penfai que ce phénomene étroit plutôt dû à un fel ful-
fureux volatil, formé par une portion d’acide du fel de glauber, combi-
fée avec une matiere jaunâtre qui fe trouvoit en abondance dans ces
eaux. Il eft probable que cette derniere matiere n’éroit qu’une terre cal-
caire marine, extrèmement divifée, & dans fa premiere fimplicité , con
tenant mème quelque portion d’acide. Il m’arriva par hafard d'ajouter
quelques gouttes d’une folution de Paikali cauftique fur une partie de
cette matiere dans l’huile de vitriol. Le mélange fournit d'abord une
odeur forte de foie de foufre. Ayant enfuite éväporé quarante quatre
onces de l’eau minérale jufqu'à fccité , j'obrins un réfidu qui pefoit dix
grains ; diffous dans, l’eau diftillée, filtré & évaporé, il prit une forme
cryftalline reflemblante à celle du fel de glauber, précipitant fur les parois
du vafe nne fubitance huileufe de couleur jaunätre. On ne fauroir dérer-
miner Les proportions requifes de chaque différente fubitance avec d’aufi
petites quantités.
Un morceau du papier , qui avoit fervi à filtrer ma liqueur , donna à
fa flamme d’une bougie une fumée qui avoit une odeur forte de foufre :
le filtre deffeché parur tapiffé d’ane poudre jaunâtre qui coloroit en jaune
les pieces de monnoie par le frottement. J’avois conclu avec raifon,.que
cette matiere contenoit une portion de foufre. Ces eaux , dans leur érat
naturel, font imprégnées d’une vapeur volatile, fulfureufe , qui frappe
lodorat, fe diflipe à l'air libre, & lorfqu’elles fonc expoféesà quelque
degré de chaleur. Nous n'y avons cependant découvert aucun veftige de
rerre alkaline, ni abforbante ; les deux feuls agents connus jufqu'ici pour
diffoudre le foufre dans le menftrue aqueux ; les branches & les feuilles.
des arbres qui trempent dans la fource , fe couvrent infenfiblement d’une:
poudre de foufre véricable.
On peut rendre les eaux fulfureufes de Caftle Locd, purgatives par le-
mêlange d’une partie d'eau falée de mer : elles operenr alors par les:
felles avec plus de sûreté que les eaux fulfureufes purgatives,. qui affoi-
bliffent les conititutions trop délicates, & font peu propres pour les mala-
dies du peuple. On peut les prefcrire de cette maniere dans tous les ças:
poñibles où l’on donne les eaux minérales d’Hairowgare.
Des Eaux minérales fulfureufes. de Fairburn:.
Je les foumis'aw mèmes expériences que les Eaux minérales de Caftfe-
Loed. En ouvrans les bourcilles qui les contenoient, elles frappesent
ANR PME TES T0 EE 45
l'odorat d’une odeur forte de foufre ; elles noircifloient l'argent, & pro-
duifoient ä-peu-près les mêmes changemens obfervés dans les prermieres
par les différentes combinaifons de fubftances. Elles reftoient limpides
par l'addition d'une folution de l'alkali minéral : quelques gouttes d'une
folution de l’alkali cauftique précipitoient au fond du vafe un fédimenc
fort léger, & produifoient dans la liqueur un nuage noirâtre. J'ai décou-
vert, par l’analyfe qu’elles contenoient , une terre calcaire où 2bfor-
bante , qui y.reltoir probablement fafpendue par le moyen de l'air, &
une bien petite quantité de félénite.
J'évaporai à un feu lent huir livres , une drachme, un fcrupule , ou cent
vingt-huit onces, quatre fcrupules d’eau minérale de Fairturn, jufqu’à
réduction de moitié : je filtrai à travers Le papier ;la même évaporation ,
la même filtration furent répétées , HER elles furent réduites à trois
onces pefant; j'évaporai enfin jufqu'à ficcité le reftant de la liqueur.
La fubftance folide que j'obtins de toutes ces évaporations & filrrations,
diffoute dans l’eau diftillée, évaporée jufqu'à pellicule, fournir dans
un lieu frais & ij d’une terre légere noirâtre, qui faifoit efervefcence
avec les acides , & s’y diflolvoir; g xv d'üne terre calcaire blanche qui fai-
foit effervefcence & fe diffolvoit dans l'huile de vitriol , 3 xxiv de fel de
glauber qui éroit mélangé d’une matiere ou fubftance onétusafe-janni-
tre, Je n'eus point de félénire par ce procédé, ni de matiere qui coloräe
l'argent. :
Une partie de la diffolation de cette matiere dans l’eau diftillée , ver-
dit d’abord le fyrop de violette.
Chaque goutte de la folution d'argent dans l'acide nitreux occalionna
dans la liqueur un nuage bleuâtre qui tomba au fand.
La folurion de l’alkali minéral ne troubla point fa limpidité, non plus
que le mélange de la folution du fel de rartre ; mais chaque goutte de la
folution de l’aikali cauftique commun occafionna un nuage blanc. Quel
ques gouttes d'huile de vitriol, verfées fur une très petite quantité de
ce fel, firent effervefcence, & elte produifit des vapeurs d’acide fulfu-
reux , quand on Les verfà fur une portion de matiere onctueufe-jaunâtre ,
ce qui n'arriva pas avec le fel bien purifié de certe fabftance étrangere,
& bien cryftallifée, L’acide fulfureut volatil étoit d'autant plus foible ,
que l’efprit où l’huile de vitriol étoir concentrée,
Les eaux minérales de Fairburn peuvent avoir leur utilité dans pla-
fieurs maladies, quoiqu’elles ne foient pas chargées de foufre , comme
celles de Citle Loed, On peur en ufer en place de ces dernieres . avard
elles répugnenc trop.
+
46 PM HIS x Oo (0
es Eaux purgatives de Pitkeathly dans le Comté de Perth.
Pitkeathly eft à fix milles de la Ville de Perth en Ecolfe, dans la
fiiuation la plus délicieufe qu'on puille defirer.
Ces eaux font falées : elles ne contiennent qu’une petite quantité de
fel foilile où marin : elles contractent, en les gardant, un gour putride,
qui n'ôte rien de leut qualité pursative , fur-tout lorfqu’elles fonc à l'air
libre. Elles purgent très-bien & fans tranchées. La dofe pour un adulre
elt d’une pinte & demie ou deux à prendre le matin. car fie
Ces eaux font admirables dans les affections fcorbutiques & les hu
meurs froides, y :
On découvrit aux environs de Pitkeachly une nouvelle fource dont
les eaux onc à-peu-près les mèmes propriérés que celles-ci.
Le fel que j'obuns par l’évaporation ne cryftallifa jamais ; il tomba
en deliquum dans toutes les expériences que j'en fis. Quatre livres d’eau
me donnerenc deux drachmes de fel,
Une folution de potaile , mêlée avec douze livres d’eau, & évaporée
fournit une véritable magnélie qui pefoit quatre-Vinot-cinq grains.
Elles ont confervé leur limpidité pendant plufieurs mois, en contraétant
une odeur de foufre corrompue , approchant de celle d'œufs pourris : elles
ne perdirent pas le goût falé, & rerguirent l'argent comme les eaux mi-
nérales fulfureufes dont nous avons parlé. Une portion d'acide agiilanc
fur quelque portion de fubitance onctueufe , aura produit l'efprit ful-
fureux volaul. Îl eft évident que cette vapeur féride, ou les prin-
cipes qui la conftituent, fonc volauis , felon le fentiment du Docteur
Woods.
Chaque goutte de la folution de l’alkali foflile ou: minéral & de celle
de l’atkali cauftique commun occalñonna un nuage blanc qui précipita
au fond.
Chaque goutte d’une folution d'argent dans l’acide nitreux donna un
nuage blanc comme du lair. Le fyrop de violette verdit dans le mêlange.
L'infufñon de noix de galle n’apporta aucun changement.
Dans l’évaporation de fix livres , Mix onces, trois drachmes , un fcru-
pule d’eau, j'obfervai qu’au premier mouvement de chaleur il fe préci-
pira une rerre fort légere en peuts Aocons, & la furface fut couverte de
bulles d’air. Je filtrai, quand le tout fut réduit, aux environs d'une
pire. Le cornet de papier me fournit vingr-un grains de matiere féchée
d'augmentation de poids : trois grains de cette fubftance font eftervef-
cence avec l'acide vitriolique , & s’y diffolvent à la maniere des terres
calcaires ou abforbantes. Le refte, que je ne pus retirer d’entre la fubf-
: intime du filtre, éroit fans doute du fel diffous par une petite quan-
l'eau qui l'avoir écarté dans les pores du papier,
à
»
PAIE NS IPTINO NUE, 47
Ayant évaporé jufqu'à pellicule , je laiffai repofer la liqueur pendant
t'ois jours dans un lieu frais; j'obfervai une quantité de lames fines ,
méêlées avec du fel en grains parmi beaucoup de fubftance onétueufe
jaunâtre. Je crouvai fur Le filtre 53 + grains d’un fel âcre & falé. Le filtre
pefoic 5 grains au-deffus de 53 + grains de plus. Ce fel fe moifit: tma-
ginant que les fubflances gralfes étoient un obftacle à la parfaire cryf-
tallifarion des fels , je diflous le rout dans l’eau difuillée, & j'évaporai
la liqueur jufqu'à ce que la cryftallifation commençät à paroïre, J'obins
par ce procédé dans un lieu frais de vrais cryftaux de fel marin en cubes
parfaits.
Par une derniere évaporation pouffée jufqu'à ficcité , n’y ayant point
apperça de pellicule, j'obrins un fel ou malle faline de couleur jaune-
ambrée , pefant une drachme & trente-quatre grains, qui tomba en
deliquium dans un heu frais.
L'huile de vicriol, verfée fur une portion de cette fubitance faline
occalionna un coagulum blane , de la fermeté de la craie , qui étoit in-
diffoluble dans l'eau ; layée & privée de fon acide furabondent par le
menftrue aqueux, elle devint tout-à- fait infipide, & étroit grave-
leufe : c’éroit une véritable félénire formée par une partie de cetie fubf-
tance étrangere & le fel acide viriolique.
Il paroît donc par l’analyfe , que fix livres, fix onces , trois drachmes ,
un fcrnpule des eaux minérales de Pickearhly, contiennent quelques
grains d’une fubftance abforbante ou terre calcaire , trois drachmes ,
quarante-un grains & demi d’une matiere faline, &c.-
Avec l’acide vitriolique & les rerres abforbantes calcaires ou anima
les; on obrienr des félénires infolubles dans l’eau,
HISTOIRE NATURELLE.
REGNE ANIMAL.
4°
RS. We haie sise à ' SN PHASE MOTOR
a \@ a
OBSERVATION
Sur la Tortue de Pruffe.
Par M MARGGRAF.
Académie A: printemps de l'année 1748 , un Pècheur me donna deux tortues de
de Beilin. ce Pays, que je mis dans une grande & large cuve à-peu-près quarrée ; j'y
HE: verfai de l’eau , & je nourris ces animaux de pain & de quelques débris
de viande. Je remarquai que les deux tortues s’accommodoient fort bien
enfemble ; qu’elles fe témoignoient de l'affection , & que la plus petite
fe frotroit fouvent contre la tête de la plus groffe, qui éroit vis-à-vis
d'elle ; qu’enfüire elle monta fur fes épaules, s’y cramponna même avec
les ferres de fes pattes, & qu’elle nageoir des heures entieres avec elle
dans cette attitude , à la facon des grenouilles qui s’accouplent , en fai-
fant avec cela certains mouvemens de la partie poftérieure qui paroifloit
plus tenir de l’amour que de l'amitié.
La petite quitta la grande pendant un certain efpace de remps, puis
elle recommença le mème jeu , qu’elle répétoir plufeurs fois au prin-
temps, toujours comme les grenouilles , jufqu'à ce qu'à la fin, au bout
de quelques jours la groffe dépofa au fond de la cuve vingt à trente
œufs , qui refembloient parfaitement aux œufs de ferpent , excepté
qu'ils étoient un peu plus ronds & plus grgs, fans aucune écaille dure ,
comme certains œufs de poule , qu'on appelle en Allemand Wind-Eyer,
étant fimplement couverts tout autour d’une peau blanche.
J'appris ainf à diftinguer le mâle de la femelle, & je fus afluré d’avoir
un couple propre à la génération. Je continuai à nourrir ces deux ani-
maux avec des poiflons vivans , parce que je remarqual qu'ils aimoient
beaucoup mieux cet aliment que les précédens. La petite, fur-tour,
mangeott fort avidement , & elle avoit prefque aufl-tôt dévoré le poif-
fon, dès qu’elle l’avoit affoibli par une morfure à la partie RES
u
; PUENIN EME CRUE NT |-L l'E. 49
du ventre ; mais il en-coûtoit plus de peine à l’autre; car je remarquai
de ; Quand quelque poillon , à caufe de fa grandeur , lui paroifloit trop
ort; elle tiroit tout doucement au fond de l’eau , ce poiffon qui nageoit
à la furface; qu’enfuire elle fortoit fa tère de l’écaille de toute fa
longueur , & mordoit Le poiflon aux parties les plus tendres du ventre ,
£e qui le rendoit plus tranquille au bout d’un court efpace de temps.
La tortue réitéroit fi fouvent fes morfures , qu’à la fin le poifion tota-
lement affoibli fe tournoit fur le dos ; d’où je conclus qu'après quelques
morfures , il ne tardoit pas à expirer, & qu'ainfi la morfute de la rortue
eft venimeufe, puifque dès la premiere, le poiffon s’affoiblit, & qu'il
creve après deux ou trois ; ou peut-être aufli que les endroits mordus font
d’une extrème fenfbiliré , & que la douleur qu'ils éprouvent eft bientôt
fuivie d’accidens mortels. Quoi qu'il en foir, dès que la tortue s'apper-
cevoit de l’immobilité du poiflon, elle l’entrainoit au fond , & le dé-
pouilloit totalement jufqu’aux arètes qui reftoient feules dans l’eau, avec
quelques parties cartilagineufes de la tère. Souvent la veflie venoir florter
au-deffus de l'eau ; & l’on peut compter , quand on voit quelques veflies
à La furface d’un étang , qu'il y a des tortues au fond. Elles fe trahiffent
aufli par un fifflement qui leur eft propre.
Au commencement de 1749, je fis préfent de ces tortues au Doéteur
Licberkuhn, qui les laiffa ramper dans un jardin fitue derriere fa maifon,
où elles fenourrirent à leur gré : au printemps elles s’accouplerent; & au
bout de quelque remps la femelle dépofa , près d’une pompe qui étoit
dans le jardin, dans de la terre humide, des œufs que la chaleur du
foleil fic éclorre au temps accoutumé, c'elt-à-dire, au mois de Juin ds
certe année , & il en fortit de petites tortues qui, au rapport d'un auwe
ami à qui elles furent données , étoient tout d'abord des tortues par-
faites avec une écaille dure ; mais, au commencement cette écaille éroic
toute blanche & tranfparente ; comme on obferve dans la plupart des
efpeces des animaux celtacés ; en peu de jours cette couleur fe changea en
rouge , & finalement en noir.
Ces jeunes tortues furent nourries avec des vers de terre découpés ,
qu’on leur donnoic deux ou trois fois par jour : leur accroiflement fue
fort lent, & dans les commencemens elles n’étoient pas plus grandes
qu'une piece de douze fols : leur écaille crût avec eux, & ils ne la
renouvellerent pas à la façon des écréviffes ; il n’en vint point non plus
une feconde fous la premiere, mais tout pris exaétement le même ac-
croiflemenr. Après avoir été ainfi nourries jufqu’à la fin de 1751, leur
poflelfeur m’en donna deux au commencement de 1752 ;je les mis dans
une cuve, pareille à celle que j'ai déjà décrite ; & je les nourris aufli de
la mème maniere. Leur grandeur égaloit alors celle d’une piece de 24
fols. Un accident me fit bientôr perdre l’une des deux; mais je me pro-
pofai de conferver d'autant plus foigneufement l'autre, & de la pefer
Tomell , Pare. VII, 3
so ; HÉRENISE ET MO TN IRIIUE
de temps en temps. Pour cet effet, je la mis le 20 Janvier 1752, dans
une grande boëte de papier, avec un large bord , fur une table, dans un
poële dont la chaleur étoit tempérée : je l'avois foigneufement féchée ;
& , pour qu’elle fe défit entiérement de toute humidité, je la laiflai une
bonne heure fur ce papier, où elle rampoit de côté & d'autre, & fus
lequel elle dépofa ce qu'il y avoit encore d’aqueux autour de fon corps.
Ei-deflus, je la pefai pour la premiere fois , & je trouvai qu’elle avoir
le poids dè trois drachmes & trente-huit grains. Elle avoir peu mangé:
pendant l’hyver, ayant été la plus grande partie du temps au fond de
l'eau , ou s'enfonçant à mi-corps dans la terre , retirant la cère dans l'é-
caille , & deimeurant pour l’ordinaire immobile , fur-toat dans les jours:
fombres & nébuleux ; car, par le beau temps, elle fortoir & fe prome-
noit dans fa demeure, ayant la rète droite, & la tournant de côté &c
d'autre. À l'entrée du printemps, elle commença à manger fort peu , à la
vérité d’abord , mais enfuite davantage; de forte qu’elle fe fortifia con-
fidérablement vers le mois de Mai. Je la fis alors fécher , comme ila
été dir ci-deffus , & je la pefai de nouveau le 10 Mai 1752 : fon poids
étoit alors d’une demi-once & de deux grains. Je remarquai qu’elle fai-
fifoit non-feulement des vers de terre tout entiers ;. mais qu'elle venoït
à bour de les dévorer. J'eflayai de jetter dans l’eau où elle éroit ,de perits
poiffons proportionnés à fa taille; elle y fit une morfure , comme avoient
fair précédemment les grandes tortues; & dès que le poiffon étoit af
foibli , elle le tiroit fans façon au fond de l’eau, & le rongeoit jufqu'aux
arères, de façon que la veilie venoit toujours furnager.
Le premier Juin 1752, je la pefai, en prenant toujours fes mèmes:
précautions , & je lui trouvai le poids d’une demi-once & vingt grains.
Elle mangea pendant tout ce mois avec beaucoup d’appétir ; & le 24 elle
eur trois ans accomplis. Je la pefai encore le premier Juiller, & fon
poids éroit de cinq drachmes & demie. Elle mangeoit avec plus de force
par un temps clair, que lorfqu’il étoit obfcur & pluvieux. Le premier.
Août elle pefoit fept drachmes & quarante-cinq grains ; de forte qu’elle
avoit confidérablement groflie; & avec cela elle étoit devenue fort appri-
voifée, au point que quand je l’appellois , elle avançoit, & prenoit
même à la main un poilfon que je lui préfentois & s’enfuyoir avec lui
au fond de l’eau. Au commencement de Septembre, quoïqu’elle eür peu
mangé, elle pefoit cependant fept drachmes & cinquante grains. En
Octobre elle mangea encore moins , & pefa le 30, fepr drachmes & dix-
huit grains. En Novembre elle ne mangea prefque point , & pefa le 30,
fept drachmes & dix grains. Pendant tout le mois de Décembre elle fuc
prefque conftamment au fond de l'eau , la rète pour l'ordinaire retirée ;
& à la fin du mois fon poids étoit réduit à fept drachmes.
Le 31 Janvier 1753 elle pefoir fept drachmes & crois grains,
Le 31 Février fept drachmes , onze grains.
INNFAMITENUE RÈN EU D. Li E, «1
Le 31 Mars, après s'être remile à manger, elle pefoit jufte fept drach-
mes & quinze grains. .
Le 31 Avril, fept drachmes & vingt grains.
Le 31 Mai, fept drachmes & trente grains.
Le 31 Juin, fept drachmes & quarante grains.
Le 31 Juillet, fept drachmes & cinquante grains.
Le 31 Août, une once.
Je lui donnai réguliérement du poiffon frais; & malgré d’autres occu-
pations indifpenfables, j’avois un grand foin d'elle, mais fans continuer
à la pefer jufqu’à la fin d'Août 1754, où un jour à midi je la trouvai
morte dans fa caille; ce qui me fit un véritable chagrin. Je la pefai tout
de fuice , & je trouvai le poids d’une once & demie.
La lenteur de l’accroiffement de cet animal femble avoir été ainfi ré-
glée par la nature , afin qu’il ne caufe pas de trop grands dégats dans les
étangs & dans les autres eaux , quelquefois à moitié taries où il fe trouve,
& dont il détruiroit tout le poifflon, comme il le fair en partie.
OBS LRINUAUTS TE ON 6
Sur les Vers à foie qui naiffent dans l'Amérique Septensrionale ;
Par M MOYSE BERTRAM.
Je formois depuis long-temps le projet d’effayer fi, par des foins re-
doublés , il feroit poflible de mulriplier les vers à foie fauvages , qu’on
trouve dans l'Amérique feptentrionale. Je fus à cet effet me promener,
au mois de Mars de l’année 1766 , fur les bords de la riviere, pour cher-
cher quelques-uns des cocons que ces vers filent eux-mêmes, & dans lef-
quels ils reftent renfermés pendant l'hyver , fous la forme de nymphe,
pour atrendre le retour du printemps , & enfin pour en fortir alors fous la
forme de papillon.
Mes démarches ne furent pas inutiles ; je trouvai cinq cocons avec
leur nymphe: {arisfait de mes découvertes, je revins chez moi pour les
placer dans mon grenier , en face d’une fenêtre fituée au foleil levant,
afin que la chaleur les fit plutôt éclore.
Le 10 Mai, un papillon fortit de fon cocon , & s’échappa par la fené-
tre, Le 13, un fecond cocon donna un gros papillon brun , parfaitement
bien tacheté, & le lendemain j'en eus deux autres.
Le 17, un des papillons forti d’un gros cocon lâche , commença à
ondre, Les deux autres, qui éroient des mâles , fe rrouverent fi foibles
€ 22, qu'ils furent hors d'état de voler; un mourut le lendemain, &
G ij
Tranf. de
Philadelp.
1771.
ME TES TUMOUT TUIURIME
leurre , le jour fuivant. La femelle continua de pondre pendant ce temps
là, & mourut la nuig du 24, après avoir donné plus de trois cents
œufs. É
Le dernier cocon produific le 31 Maï un gros papillon femelle , de
mème couleur que les autres. Elle n’avoit point de mâle, & je ne pen-
fois pas qu’elle dût pondre (1) ; mais elle commença à donner des œufs:
le 3 Juin, & mourut le 8, après en avoir pondu plus de quatre cents. Ces:
derniers me parurent gros & bien nourris; au bout de quelques jours ils:
commenceret à fe rider, à fe fendre dans le milieu ; & la même chofe
arriva aux autres. Je les enfermai cependant dans des papiers différens ,,
afin d'examiner s'ils n’écloroient point au printemps fuivant.
Les papillons mâles font beaucoup plus perits-que les papillons femel-
les (2); mais fes couleurs fonc plus belles & plus vives:
J'examinai les œufs de mes papillons au printemps.de l'année 1767 5;
je les trouvai fees & hors d'état de produire des vers ; d’où je conclus
qu'ils n’avoient point été fécondés par des. mâles. Fiché de c& contre
temps , je réfolus de mieux prendre mes précautions à l'avenir : comme
j'érois perfuadé que je pouvois les multiplier , je fus chercher de nou-
veaux cocons, & j'en ramalfai dans les bas fonds & fur les hauteurs. Je-
erouvai les premiers fur des aunes, & les feconds fur des pommiers:
fauvages & fur la viorne (3).
Us furent placés comme les premiers; & lorfque je vis approcher le-
temps où les papillons devoient fortir , je bouchai ma fenètre par dedans:
avec de grolfes pieces de drap , foit pour affoiblir le jour ; foir pour em»
pêcher que mes papillons ne fe brifalfent les pattes & les aîles contre les
vitres ,. comme la chofe était arrivée l’année précédente, ce qui les
avoit empêché de s’accoupler..
Le 16 Mai, trois cocons donnerent chacun un gros papillon brun.
femblable aux premiers : il.en parut deux autres les jours fuivans , & lu
des plus vieux commença à pondre des œufs ; mais comme ils n’étoiens
pas fécondés , ils ne tarderent pas à.fe deffécher.
Le 19 Mai , un des mâles éclos le 16 ; S’accoupla avec la femelle for-
tie le 18. Ils refterent accouplés environ vingt-quatre heures, (uivant. la:
a ———_—ZEZEZEaEELE
(x) En général, toutes les femelles d’infetes ovipares pondent , fans avoir reçu
le mâle; mais leurs œufs ne font point fécondés,, & ne: peuvent l'être que par l'ac-
coupiement du mäle.
(+) Cerce obfervation n'eft pas particuliere à.cette cfpece de papillon : au con-
graire , elle eft commune à tous les papillons.
(3) On pourroit demander. à l'Auteur, fi les vers qu'il a élevés & nourris avec ces
feuilles, étoient de la même efpece, ce dont il a pu juger für-tout par le papillon..
Chaque arbre a fon infeéte paruculier:, &c il paroïr peu naturel que l'aune & Je pom-
mier duffent nourrir la même chenille. A l'exception. du vera (oie, on ne trouve
aueune autre chenille fur le mürier,-
to, 14 Pos. * a sd «
MARNE. L L 2.
cowtumie de la plapare des infeétes qui pondent beaacoup d'œufs à la fo
H en elt de même de quelques autres animaux. :
Le 21 Mai, cette femelle commença à pondre des œufs qui me
parurent très-bien nourris : j'en avois plufeurs ; mais celle-ci fut la feule
qui réufsit.
Le 2 Juin, toutes les femelles moururent les unes après les autres.
Le période de leur exiftence n'excede pas neuf où dix jours; cependant
quelques femelles vont jufqu’à douze, ainfi que je l'obfervai l’année
précédente.
Le 3 Juin, les œufs fécondés commencerenr à éclore & à produte
des vers auxquels je préfenrai des feuilles de mürier ; mais ils préfé«
roient celles de l’aune, Le 4 & le ç Juin , les œufs conrinuerent à éclore
& à produire de petits vers.
Le 8 Juin, les premiers vers éclos cefferent de manger : ils fe rac+
eourcirent & refterent immobiles. Croyant qu'ils étoient malades, je
leur préfentai différentes efpeces de végéraux ; aucun ne fut de leur
goût ; & ils refuferenc conftamment de manger. J'en tuai piufeurs, en
fes changeant de place ; les autres continuerent à refter immobiles , &
je m’attendois à Les voir tous périr. à ! : :
Le 9 Juin, je fus agréablement furpris de voir ces perits animaux qne
favois erw morts, fe dépouiller de leur premiere peau , & reparoitre
fous une forme plus belle : ils fe jetrerent fur l'enveloppe qu'ils avoienr
quittée, & la dévorerent avec avidité ; enfin ; douze heures après , ile
reprirent leur premiere nourriture. -
Le 15 Juin, les vieux cefferent de nouveau de manger ; ils fe rac-
courcirent & refterent prefque immobiles fur leurs feuilles jufqu'an 17,
temps auquel ils éprouverent des convulfions pendant une demi-heure.
Hs fe dépouillerent alors d’une feconde peau , qu'ils dévorerent comme
la premiere fois, & après douze heures ils retournerent à leur nour-
riture.
Le 20 Juin, un de mes vers, qui venoit de quitter fa peau, fut tué
par une efpece de punaife armée d'un long aiguillon, donrellelui perça
le flanc, afin de facer le fang de cette malheureufe viétime de fa vora-
cité, Elle s’étoit vraifemblablement trouvée parmi les feuilles. que j’avois
apportées. Je regarde cet-infeéte comme l’ennemicommun des vers dans
leur état de foibleffe, Son aiguillon eft fi long, qu’elle peut les bleffer de
loin > malgré les poils qui les. défendent, &. qui ont la foure d'un
pinceau.
Le 23 Juin, mes vieux vers fe dépouillerent pour la troifierne fois-de
Jeur peau, la mangerent , & retournerent comme ci-dsvanr à leur an--
cienne nourriture,
Le 22 Juiller,.ils cefferent de manger pour la quatrieme fois ; ils fe’
d‘pouillerent le 5 de leur peau, la maggerenc,, & resournerenr auxs
feulles,
2
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Se
DA
g4+ PRINT SEE TE OMNTA RTE
On obfervera que ces vers devinrent plus beaux, & qu'ils prirent des
couleurs plus vives & plus variées , toutes les fois qu'ils fe dépouillerent
de leur peau.
L: 22 Juillet, deux de mes vieux vers cefferent de manger , & com-
imencerent à chercher un endroit pour faire leurs cocons. Je leur donnai,
pour faciliter cette opération, des bâtons garnis de plufieurs chevil-
les, & j'aurois pu m'éviter ce foin, puifqu'ils filent également dans tous
lés endroits où ils trouvent un angle pour fixer leur foie, Après avoir
erré quelque temps, ils fe fixerent & commencerent à filer d’une ma-
niere crès-curieufe.
Le 23 Juillet, deux cefferent encore de manger : je les plaçai dans des
boureilles de verre, pour les empêcher de fortir, parce que j’avois ob-
fervé qu'ils erroient long-temps avant d’avoir trouvé un endroït propre à
attacher leurs fils lorfqu’on les ôtoit de deffus les feuilles qui leur fer-
voient de nourriture ; au lieu que lorfqu’on les y lailoit , ils commen-
çoient à le faire, dès qu'ils avoient ceflé de manger. Je ne voulus pas le
leur permettre , parce que jé m'apperçus qu'ils portoient dans leurs nids
des feuilles, des brins de bois qui empêchoient de dévider la foie. Il y
en eut un qui fila fur fon ratelier, & l'autre alla faire fon cocon dans
l'angle formé par la fenêtre.
Le 24 Juillet, cinq autres cefferent de manger; & après avoir erré
toute la nuit, ils commencerent à filer le lendemain matin. Tous les
autres travaillerent de la même maniere, dès qu’ils eurent atteint leur
point de perfection. Le 10 Août, le dernier ceffa de manger, & s’en-
ferme comme les autres dans fon cocon. Je les Laiffai tous dans cer état
jufqu'au mois de Mai fuivant, dans l’efpérance que chacun produiroit
un beau papillon.
Je fus fort furpris de voir qu’il s’écouloit dix-neuf jours entre le temps
que le premier & le dernier ver commencent à filer, quoiqu'ils euffent
tous éclos à trois ou quatre jours de diftance, temps à-peu-près employé
par le papillon à pondre fes œufs. La caufe de ce retard doit-elle être actri=
buéz au changement de domicile , à la nourriture, &c ? D’autres expé-
riences m'en inftruiront peut-être.
Comme mon domicile eft dans la Ville, j'ai été obligé de faire venir
leur nourriture de la campagne : & voici la maniere dont je m'y fuis pris
pour élever mes vers plus commodément. Je remplis plufeurs bouteilles
d’eau, où je plaçai des branches des arbres qu'ils aimoient : j'obfervai
que ces branches fuffent très-près les unes des autres, afin qu'ils puflent y
grimper, lorfque leur nourriture inférieure feroit fanée : au moyen de
cer expédient , le fanage des branches fe confervoit frais pendant une
femaine. Comme je favois que ces animaux aiment à boire (1), je les
D
(1) Ces animaux font bien différens de ceux du münier , c'eft-à-dire, des vers à
|
NON T QE ER EE DE. f
entretenois toujours pleines d’eau. Ils y grimpoient deux ou trois fois le
jour pour boire , après quoi ils retournoient manger. Ces vers à foie
aiment par préférence les feuilles de pommier; & elles ont l'avantage
de fe conferver dans l'eau plus long-temps que les autres.
Plufieurs expériences m'ont convaincu qu’ils n'aiment point à changes
de nourriture, & qu’ils fe tiennent conftamment à celle qu'ils ont une
fois adoptée. rx
Si quelqu'un avoit envie d'élever ces vers , voici la méthode que je
Jeur propoferois de fuivre. On aura des aûges longues fur les bords def-
quelles on fera plulieurs entailles. On clouera au dehors & au bas des
pieces de bois dans lefquelles on fixera les branches des végétaux doncils:
fe nourriflent , les inchinant de maniere que l’eau puile toujours les hu-
mecter ; au moyen de quoi leurs excrémens refteront dehors , & l’eau fe
confervera toujours nette. Il faut tenir ces auges à l'ombre & à l'abré
du vent , fans cependant trop les renfermer , parce que ces animaux
aiment l'air. On pratiquera un trou au fond des auges, pour pou-
voir vuider l’eau ous les deux on ttois jours, & on en remettra de Le
fraîche.
Je fuis perfuadé que cette méthode eft excellente pour élever les vers:
à foie, & qu’en la pratiquant, on peut les multiplier au point d'en for-
mer une branche confidérable de commerce. Les vers à foie d'Amérique
font plus aifés à élever que ceux d'Italie ; ils ne font point fujers aux
maladies, & ils éclofent fi tard dans le printemps, qu'ils n’ont rien à
craindre du froid. Les éclairs & les ronnerres ne leur font point éprou-
ver d'accidens funeftes ; & comme ils reftent long -temps dans leurs
cocons , fous la forme chryfalide ,on peut attendre l’hyver pour les dévi-
der. Un autre avantage qu'ils ont; eft que leurs cocons pefent quatre
fois plus que ceux d'Italie, d’où il fuit qu'ils doivent donner une plus
grande quantité de foie.
Ces avantages réunis doivent les faire préférer à ceux du Levant ow de
tel autre pays que ce puille être. 1] faut ramaller les cocons avant le
milieu de Mai; & pour peu de peine qu’on fe donne, on en trouvera
allez pour effayer la méthode que je viens d'indiquer.
Les boëtes dans lefquelles on les placera, doivent avoir environ fix
pouces de profondeur {ur quatre de largeur. On ne leur mettra point de’
fond, & à la place du couvercle on clouera par-deffus de petites lattes aflez
ferrées, pour que les vers ne puiflent point fortir,. On prariquera des:
deux côtés plulieurs petits trous , pour pouvoir y mertre les vers qui
oo
foie, proprement dits, qui ont de violentes coliques & le dévoiemenr, lorfqu'oa leur
donne des feuilles mouillées. D'ailleurs, il eft difficile de penfer que ces vers à fois
d'Amérique defcendent des aunes pour aller boire. Onne reconnoit cette fingularisé
dans aucune chenille. Ainfi ce faic.a. befoin- d’un fecond examen.
Tranf. de
: Philadelp.
£771:
56 FRITES MTINONLTENRTÉE
{ “
commencent à filer , & on les bouchera enfuire. On les lavera en dedans
avec une folution de gomme arabique ou de cerilier; & lorfqu'on vou-
dra dévider les cocons, on les détachera aifement, en plongeant les
boëtes dans l’eau chaude.
Nous conviendrons avec M. Bertram , que l'éducation de ces vers peut
devenir avantageufe pour le commerce : mais , avant de l’entreprendre
en grand , on auroit pu l'encourager par des expériences fur la filature de
ces cocons, examiner la foie qu'ils donnent , fi elle eft d’une qualité
égale, ou au moins approchante de celle de la foie du ver du mürier , fi
elle n’eft point caflante, bouchonneufe , enfin fi à la teinture elle réuflic
anfli bien.
NOT ÉPTSRIO NW DE
Pour conferver les Semences & les Plantes dans leur état de végétation ;
pour pouvoir les tranfporter dans les Pays lointains ;
Par M ELLIS,
Ox connoît peu d'arbres & peu de plantes utiles indigenes aux Pays
éloignés, & principalement au Nord de Chine vers le quarantieme degré
de latitude , qui ne puiffent parfaitement réuflir au nord de l'Amérique,
{ür-rout dans les contrées firuces à-peu près au même degré de latitude.
L'eloignement des lieux, la difficulté de conferver les femences dans un
état propse à la reproduétion , s'y oppofent, & ont rendu infructueufes
plufñeurs tentatives qui ont éré faires. C’eft pour remédier à ces priva-
tions, pour enrichir nos contrées , que je vais communiquer quelques
idées à ce fujet.
Pour aflurer la réuffite du tranfport, il faut cueillir les graines dans
leur état parfait de maturité, & fur-rout dans un temps fec , on les
érendra par couches peu épailles , fur du papier ou fur des nattes, dans
une chambre feche & bien aérée, mais non pas au foleil. La chaleur
du climat & de la faifon fera varier le temps néceflaire pour certe opéra-
tion depuis quinze jours jufqu'à un mois , & peut-être jufqu'à deux. Par
cetre exficcation , l'humidité fuperfue fe diflipe; & fi elle reftoir renfer-
mée ,/la femence commenceroit par moifir, & la pourriture ne tar-
deroit pas à la détruire,
Deux méthodes ont ét£ employées avec fuccès , pour nous procurer
quelques jeunes plantes du véritable arbre de thé de Chine. Je vais les
rapporter l'une & l’autre, afin de mettre à même les curieux & les ama-
geurs de nous enrichir d’un grand nombre de plantes uules,
La
CS
HE TS e
PAR ONU
INMRONT ONUERR IE VE 17 VE. 57
La premiere confilte à enduire les femences avec la cire, comme
il eft expliqué dans les Tranfaétions philofophiques ( 7.58). Le grand
point eft de choifir des graines bien faines & d'une maturité parfaite. Il
faut en ouvrir quelques-unes pour s’en affurer , & pour juger de la ma-
turité des autres. Toutes celles qui font défeétueufes ou piquées par des
infeétes , feront foigneufement rejettées. Dès que le choix fera fait, on
les nettoiera , on les broffera , pour ne point renfermer avec elles de
poufliere ou d'humidité ; & chaque graine fera enfuire féparément en-
veloppée dans la cire molle ; la cire jaune foncée d'Angleterre eft la
meilleure. Les femences ainf préparées , on fera fondre un peu de cette
même cire qu'on verfera dans une boëte mince , longue de fix à fept
pouces, fur quatre de largeur & fur trois de profondeur; on la remplita
à moitié de cette cire fondue; & tandis qu’elle eft encore Auide, c'eft-
à-dire , immédiatement avant qu'elle durcille ; on ÿ mettra par rang les
graines qui font déjà couvertes, jufqu’à ce que la boëte foit prefque
pleine ; alors on recouvrira le tout d’un peu de cire, qui ne fera chaude
que ce qu'il faut pour qu’elle foit Auide : lorfqu’elle fera parfaitentent
refroidie , & qu’elle aura pris toute fa retraite, on remplira avec la
cire très-molle Les vnides & les fciflures, alors la boëre fera couverte &c
tenue dans un endroit frais & aufli fec qu'il fera poñlble.
On s'eft conrenté , pendant quelque remps , de recouvrir de cire cha-
que femence de thé en particulier ; mais peu ont réufli, foit à caufe de
la foible épaiffeur de l’enduit , foit parce qu'on les enveloppoit dans du
papier avant de les couvrir de cire, ou bien parce qu’on les renfermoit
trop remplies encore d'humidité.
Je dois ici rappoïter une autre méthode qui fait efpérer un fuccès
plus complet , foit pour tranfporter des plantes des Indes occidentales ,
foir de la Floride feptentrionale. Le voyage depuis cet endroit jufqu’ici
étant plus long que celui des Indes occidentales, elles exigent plus de
précautions pour être confervées. Comme il y a beaucoup de différence
entré ces deux climats , il eft néceffaire d’obferver que les plantes qu’on
apporte des Indes occidentales , doivent être embarquées à la fin du
printemps , pour arriver ici pendant la chaleur , autrement le froid de
notre latitude les feroit périr. Les plantes toujours vertes, qui font les
plus curieufes de celles qui viennent de la Flotide , doivent au con-
traire être envoyées pendant l'hyver , tandis que leurs fucs fonc dans
l'inaétion, pour arriver ici avant le retour de la chaleur. Si des plantes
qu'on apporte de ce Pays , font plantées dans des caifles ou dans dés pots
où elles aient refté pendant un an, on court peu de rifque à les apporter ;
& même il eft encore plus sûr dé les envoyer, fi d’abord on les a tire des
bois pour les tranfplanter dans un jardin jufqu'à ce qu’elles aient pris
racine.
Les proportions les plus commodes pour ces caifles, qu’on veur em-
Tome IT, Partie VIL, H
58 ETES D'TMOMAL AR IUMÉ
barquer fur les vaiffeaux Marchands , où l'on doit ménager l’efpace , font
de trois pieds de longueur fur quinze pouces de largeur , & jufqu’à deux
pieds de profondeur, fuivant la force des jeunes atbres ; mais les plus
petits font ceux de qui on peut efpérer plus de fuccès, pourvu qu'ils
foient bien enracinés. À fix pouces du fond de cette boëte , on clouera
des taffeaux afin d’y appuyer une efpece de treillis qui puiffe affujetir les
plantes dans leur place. Il convient de n’enfermer les plantes qu'immé-
diatement avant le départ du vaiffeau.
Quandon les enleve du fol où elles ont pouffé , il faut avoir foin de
conferver , autant qu'il eft poflible , contre les racines, la terre qui les
environne ; & fielle tombe, on en mertra d’autre , & on formera du
tout une mafle ronde, qu'on enveloppe dans la mouffe humide exac-
tement liée avec la racine , & recouverre avec des feuilles larges; par
exemple , avec celles du palmifte. La terre graffe fera celle qui confer-
vera plus long-temps l'humidité. Le fond de la caille fera garni à la hau-
teur de trois pouces de moulfe humide , & les jeunes arbres feront placés
diois & par rangées l’un contre l’autre : les efpaces vuides font rem-
plis de moule humide, & la partie fupérieure de la caïfle le fera égale-
ment. Si on peut fe procurer de larges feuilles, on les érendra par cou-
ches fur la caille , & on fixera par-deflus des traverfes croifées qui retien-
dront le tout ; des ficelles croifées en tout fens ferviront au même ufage.
Le couvercle de la boëte doit ètre cloué , avoir des gonds & un cadenas,
pour qu'on ne puille l'ouvrir fans nécefliré ; des mains de fer feront
placées aux deux côtés de la caifle ,‘afin de pouvoir la remuer, ou la
trenfporter commodément. Le couvercle de la boëte fera perce de plu-
fieurs trous d’un tiers de pouce environ de diametre; ces ouvertures don-
neront iflue au mauvais air de l’intérieur de la caille. Il feroit peut-être
néceffaire de clouer au rebord fupérieur de ces ouvertures, des lifieres
de drap, ou de la toîle des voiles, pour garantir les plantes de quelques
coups de mer, & pour ne pas empêcher en même temps la libre circu-
lation de l'air. Ces caifles feront placées dans un endroit où il y ait un
libre courant d'air, & éloigné, s'ileft poflible, des impreflions de l'air
cortompu de l'intérieur du vaifleau.
La maniere fuivante de conferver les femences pendant le temps con-
fidérable qu’elles font enfermées , & pour les garantir de la chaleur ex-
ceflive des climats qu’elles font obligées de traverfer en venant de Chine ,
a été publiée il y a quelques années, par le célebre Chevalier Von
Linné, ILexige que chaque femence foit mife avec du fable dans des
papiers féparés. L'effet de ce fable eft d'en abforber l'humidité. (On pour-
roir.également effayer la terre graffe ou la terre à dégraifler , lorfqu'elle
et dans fon état de ficcité ). Ces papiers feront placés dans des vaifleaux
de verre ou de wrre de forme cylindrique, & leur ouverture fermée par
une vellie ou aec du liege fortement attaché contre fes bords. Le Natu-
NA TRIU RIAE TL LE:
ralifte Suédois exige enfuite qu'on place ces vailleaux ainfi préparés dans
d’autres vailfeaux affez grands pour les contenir. On remplira Le vuide
| qui fe trouve entr’eux-, avec un mélange fait moitié de fel marin, &
l’autre moitié compofée de deux tiers de falpètre, & d'un tiers de fel
ammoniac : le tour eft réduit en poudre très-fine , parfaitement mélangé.
Cette mixtion faline , qui doit être un peu humide , fera placée autour
du vaiffeau intérieur ; & remplira tous les vuides qui fe trouvent enire
deux. M. Von-Linné appelle ce mélange falin, un Refrigeratoire ; &c il
dit qu'il tiendra les femences fraîches, & empèchera leur putréfaétion,
Le mêm: avantage ne pourroit-il pas réfulter, fi on mettoit ces petites
boëtes dans des barils ou tonneaux pleins de fel? le fel commun ne
rempliroir-il pas les mèmes vues que le mélange dont nous venons de
parler ? On devroit tenter l’une & l'autre méthode ; la feconde feroit
moins embarraffante que la premiere.
Comme les femences d’un très-petit volume font fort fujettes dans les
longues traverfées à perdre leurs vertus vésétatives , 1l conieele d’et- *
fayer l’expérience fuivante, fur celles dont nous fommes déjà #flürés de
la végétation; rrempez dans la cire fondue des morceaux d'ouatte” de
coton coupés en quarré, & pendant que la cire eft molle, mais prefque
froide, femez fur la furface de chaque morceau chaque efpece de petite
\ graine; alors roules-lez, ferrez-les , & enveloppez chaque rouleau dans
la cire molle; enveloppez enfuire le tout d’un papier fur lequel vous
écrirez le nom de la femence. On peut alors les environner de fel,comme
il a été dir ci-deffus, ou les empaqueter dans une boëte fans fel, comme
|
.
nn à, 1:
il fera plus commode.
On nous apporte beaucoup de graines , foit des Indes occidentales ,
foit des contrées méridionales de nos Colonies au nord de l'Amérique,
” telles que la Caroline méridionale , la Géorgie, &c. que les Jardiniers
ont beaucoup de peine à élever ici, à moins qu'on n’emploie la mé-
f: - thode fuivanre,
| Divifez une boëte en cafes quarrées , fuivant la quantité & l’efpece de
graines ; mèlez-les enfuire avec de la terre graffe , de la mouffe hachée,
& mettez chaque efpece de graine dans fa cafe féparée , que vous rem-
plirez jufqu'au haut ; la terre & la moule doivent être beaucoup plus
feches qu'humides ; enfuite il faut clouer bien exaétement le couver-
cle, & tenir la boëte dans une place bien aérée. Si Le voyage ne dure
| pas plus de deux mois, ces graines arriveront en bon état dans le prin-
temps; & quoiqu'il paille s’y en trouver beaucoup qui aient commencé
à germer , elles réufiront beaucoup mieux que fi on les apportoit dans
du papier. C’eft de cette maniere qu'il faut apporter les femences de
mufcade , de cannelier , de cacao ; les graines de routes les efpeces de
Magnolia ; de Chionanthus , & beaucoup d’autres de la Caroline reuflif-
Hij
Tranf. de
» Philadelp.
1771
éo HIER SN ITA OT ARINE
fent infiniment mieux de cette maniere , que par toute autre méthode
connue.
On peut apporter en Angleterre les femences de quantité de petits
fruits fucculens, qui croiffent dans les pays très-éloignés, en les com-
primant les uns contre les autres, en exprimant leurs fucs aqueux, &
en les faifant fécher par degrés en petits gâteaux , jufqu'à ce qu'ils fe
durciffent. On les enveloppera’enfuite dans du papier naturellement bien
collé, fans quoi il atrireroit & conferveroit l'humidité. Je crois qu'il
vaut encore mieux le recouvrir de cire. C’eft ainf que le fraifier des Al-
pes a été envoyé de Turin en Angleterre. On avoit comprimé la pulpe
avec les graines fur le papier, & on j'avoit laiffé fécher avant de la
fermer. C’eft à-peu-près de la même maniere qu’on a apporté, en 1754,
de Chine ici, le papier à märier , ou märier à papier. Ces fuccès doivent
engager à s’en procurer de femblables pour le tranfport des gros fruits
fucculens.
EST PO EE VIA DT DEN RENE RU EE MEET D CPR EAP ET
MoÉ TH 20 DB ME VA CUINENE
Pour conférver les Sujets dans l’efpri-de-vin ;
Par M Louis Nicoz A,
GE qui s’attachent à conferver dans l’efprit-de-vin des fujers
d'Hiftoire naturelle, n’y réufliffent pas toujours, parce qu'ils fe gâtent
à melure que l’efprit-de-vin s’évapore, à moins qu’ils n'aient un foin
particulier de viliter les vaiffeaux dans lefquels ils font renfermés, ce qui
demande du temps, des foins & de la dépenfe.
M. de Réaumur a donné dans les Mémoires de l’Académie des Scien-
ces, pour l'année 1746, une Differtation dans laquelle il indique plu-
fieurs moyens pour remédier à cet inconvénient. Voici en abrégé les
deux méthodes qu’il recommande.
La premiere eft , de fermer les bouteilles avec des bouchons de verre,
de figure conique ; & après qu’on les à remplies d’efprit-de-vin , & fuf-
pendu le fujer en dedans ; par le moyen d’un fil d’archal , d'y mettre un
peu de mercure. On bouche enfuite la bouteille; & après l'avoir coëffte
avec un morceau de peau ou de veflie , on la renverfe fans deffus deflous;
au moyen de quoi le mercure s’infinuant entre’le col de la bouteille &
le bouchon , empêche l’évaporation des parties les plus fubriles de l’ef-
prit-de-vin. Il ajoute qu’on peut employer à la place du mercure de
l'huile de noix épaiflie à l'air jufqu'à ce qu'elle ait acquis la confiftance
du miel,
INIAAAHEUX RS EL) Dr. E. 61
La feconde méthode qu'il emploie pour les bouteilles qui n'ont point
de bouchon de verre , eit de merrre fur le morceau de veilie qui doit les
couvrir , une couche de l'huile de noix dont je viens de parler , fur l'é-
pailleur de deux lignes environ, en obfervant d’effluyer le goulot, pour
que l'huile s'y attache , & de le renverfer enfuire. Comme le goulot n’eft
fouvent pas affez large pour pouvoir leur fervir d'aflierre , il veut qu'on
les place danstdes alles de bois , larges par le bas , & dont l'ouverture
foit aflez grande pour recevoir le col des bouteilles.
Ces deux méthodes, quoique bonnes, font fujettes à des incon-
véniens. Le premier eft, qu'il faut des bouteilles faites exprès, &
qu'on n’eft pas toujours à même de s'en procurer, indépendamment de
la dépenfe du verre & du mercure, Le fecond, qu'il faut des annces
entieres pour épaiflir l'huile, au point que l’exige M. de Réaumur. Le
plus court eft d’en mettre environ deux lignes d’épailfeur dans des vait-
feaux de plomb; il ne faut alors que trois ou quatre mois pour lui don-
ner la confiftance requife.
J'ai trouvé , après diverfes expériences, deux méthodes qui ne font
EE fujettes aux mêmes inconvéniens , du moins fi j'en puis juger par
es épreuves faites pendant quatre ou cinq années.
La premiere eft ä-peu près la même que celle de M. de Réaumur; &
voici en quoi elle confifte : après avoir mis dans les bouteilles l'efprit-
de.vin & les fujers qu’on a dellein de conferver, & bien efluyé le dedans
du goulot, on met fur le morceau de peau ou de veflie qui doit les cou-
vrir , une couche de potée d'étain de l’épaiffeur de deux lignes, & on
les lie autour du col de la bouteille. On la renverfe enfuite dans une
taffe de bois que l'on remplir avec du fuif fondu ou avec un mélange de
fuif & de cire qui empèche l’efpritde-vin de s’évaporer. Il faut avoir
foin , comme je l'ai dit, de bien fécher le goulot de la bouteille , même
d'y pañler enfuite une plume trempée dans l'huile, & de ne pas faire
chauffer Le fuif au-delà de ce qu’il faut pour le rendre fluide.
La feconde méthode eft de bien fécher le goulot de la bouteille, d’y
paller enfuite une plume huilée , & de tremper le bouchon dans la même
liqueur jufqu’à ce qu'il en foit bien imbibé , & de la boucher enfuite,
comme je viens de le dire.
L'huile d'olive & les autres huiles graffes font préférables à celles qui
fechenc trop promptement. On ne doit point employer l'efprit-de-
vin trop fort, parce qu'il détruir la couleur des fujets. Ces deux métho-
des ont cet avantage fur celles de M. de Réaumur ; qu'elles font peu dif-
pendieufes & aifées à pratiquer. La premiere eft préférable à la feconde
dans les cas où l’on n’eft pas obligé de retirer les fujets hors des bouteil-
les. Elle empèche l’évaporation , & d'ailleurs les talles de bois qu'on em-
ploie ,empèchent qu’elles ne fe cailent & ne fe renverfent aufli aifément
que les autres.
O B'SYETR VAT TATINONN
Sur l'Asbefle,
Par M. NEB=EL.
Pac
Acad. de J trouvé de l’asbefte dans une couche argilleufe que j'ai reconnu
Giellen. avoir été formée par une argille extrèmement tendre ; mais je ne vois
7775: pas qu'aucun de nos Naturaliftes ait jamais fait mention de ce minéral
de la Principauté de Heffe. On connoit l’asbefte , on fait en quai il dif-
fere de l'amiante, & les différens ufages auxquels il ferr, Je me borne
donc à dire qu'il fe forme de l’arville , ce que perfonne n’a déterminé
jufqu'’à préfent (1).
Voici ce que le Docteur Beaumer en dit dans fa Minéralogie. La ma-
tiere de f’asbefte n’eft pas la mème par-tour. On le trouve en Sybérie,
dans une efpece de pierre verdätre , approchant du verre, dans les mon-
tagnes des Pyrénées , dans une pierre à chaux, & blanche, & dans les
fentes du marbre : en Suede, dans une terre qui contient du plomb ,
dont la couleur eft mêlangée avec celle de l’asbelte.....: On trouve
dans le Groenland & la Norwege des montagnes entieres d’asbeite ; en
Sybérie, dans les mines de cuivre , de même que dans la Sicile & dans
l'Ile de Chypre, indépendamment de l'amiante. Ce mème Aureur pré-
rend que routes les différentes efpeces de rerres & de pierres font argil-
Jeufes , ou calcaires ou mixtes.
Il eft dit dans une nouvelle Minéralogie , qu'on croit être de M. Cronf-
red , que le mica & l’asbefte fe forment de l’argille ; & que fi celan’étoir
pas, l’un & l’autre deviendroienr friables en les mettant au feu , & fe
fondroient par le moyen d’une terre martiale ; cependant l’Auteur n’ofe
l’aflürer pofitivement. Je conclus de fon origine, & de la facilité qu'on
a de la réduire en une terre argilleufe, que l’asbefte n’eft autre chofe
qu'un compofe fibreux d’une argille extrèmement tendre. J'ignore fi l’on
connoît un menftrue propre à le difloudre ; mais le hafard m'en a fait dé-
couvrir un qui n’eft autre chofe que la falive. Elle le diffout dans l'inftanr,
lorfqu'il n’eft pas trop fec; & s’il eft vrai, comme on le dir, que les corps
(1) Je ne fais fi on doit attribuer certe découverce à M. Nebel ; mais il eft certain
qu'en 1766, l'Académie des Sciences de Sienne couronna le Mémoire de M. Bacda(-
fari, dans lequel il dit que l'amiante eft une argille transformée , & que le tale cft
également une autre production de l’argille. Quelques Auteurs ont fait deux genres
féparés des asbeftes & des amiantes ; nous croyons au contraire qu'elles forment des
cfpeces qui ne different les unes des autres que par la difpoñtion des fibres.
PNONPAME TA PUMNRTCE MEL 'L Es 63
fe réfolvent dans les principes dont ils font compofés , je crois pouvoir
avancer hardiment que l'asbelte fe réduifant en argille , doit nécellaire-
ment être formé de la mème fubftance.
RAM PPS PO RAT
Fait à l’Académie , le 9 Janvier 17731
Par MM. TENON & PORTAL.
N: us avons lu un Mémoire qui a été préfenté à l’Académie, pat 4,4 des
M. Pinfon, Chirurgien. Il a pour titre : Obfervation fur un enfant fans Sete
cerveau ni cervelle , ni moëlle alongée. Cet enfant naquit à Mont-Mirail Panis1775.
le $ Octobre 1772, & vécut huit heures. Sa rêre reffembloit à celle d'un
veau , dont le crâne auroit été enlevé. Le Peuple crut ( ce qui arrive ordi-
nairement}) que la mere avoit eu envie de manger d’une tête de veau,
comme s’il étoic poflible qu'une figure qui n’exifte que dans limagina-
tion de la mere , püt être réalifée dans le corps de l'enfant. Quoi qu'il en
foit , la tèce de celui dont M. Pinfon nous a donné l’hiftoire , éroit dé-
pourvue de calotte offeufe ; la pie-mere exiftoit cependant , & fous elle
il y avoit diverfes cellules qui contenoient une certaine quantité d’eau
rouffâtre , avec quelques petites portions médullaires : d’autres cellules
étoient pleines de fang noirâtre. La moëlle épiniere exiftoit & éroit en
bon étar. Fels font les fairs Les plus curieux de cette Obfervarion. L’Auteur
conclud que l'enfant qui en fait le fujet , eft venu au monde fans cerveau
ni cervelet , ni moëlle alongée. Il nous paroïtroit plus convenable d'établir
que ces parties éroient finguliérement alrérées, que de dire qu’elles
manquoient. Il y avoit des cellules fous la pie-mere, pleines d’une hu-
meur qui tenoic la place du cerveau, & dans laquelle il y reftoit des par-
celles de ce vifcere.
L'obfervarion de M. Pinfon , examinée fous ce point de vue , devient
_ plus intéreffante; & le cerveau eft un organe fi ellentiel à la vie, qu'on
ne fauroit recueillir avec crop de foin les obfervations des diverfes léliops
auquelles il eft expofc.
ae
*S
FF%>
EX. PEER C LAMPE T ES ONN
D'un Inflrument qui a été employé à fonder avec précifion la profandeur
de la Moldau en Bohême, & celle de la March ou Morawe en Mora-
vie ; fur deux étendues , qui enfemble fonc environ foixante & dix lieues
de France.
Par M. BREGUIN DE DEMENGEY, Colonel & Ingénieur au
Service de LL. MM. Impériales, Royales & Apofloliques.
Ce inftrument eft compofé d’un cadran À (f£g. I. pl. IT) divifé en
pieds & en pouces ; d’un index B, & d’une barre de fer C , qui eft la
fonde. Ces deux dernieres pieces font affemblées & affermies avec des
écrous & vis EF (fig. II & III.) aux extrèmités de fon tourrillon ou
axe D, qui traverfe le cadran en [ ( fg. IV") qui eft le centre du limbe:
l'axe & la fonde forment enfemble un angle conftant BDC (fg.1.) de
135 degrés. ;
ni l’on opere , le centre de l'axe D doit être placé à fleur d’eau :
c'eft pourquoi l’affemblage du cadran , avec l'index & la fonde , fe hauffe
& fe baifle dans un chaflis GH par le moyen d’une vis I, fuivant que le
batteau eft plus ou moins chargé.
Vers la moitié de la longueur de fa fonde eft un anneau Z (f£g. I)
dans lequel on paffe une corde pour arrêter cette barre à un crochet,
lorfqu'on ne fonde point.
Les dimenfons des pieces, qui compofent cet infirument , font arbi-
traires ; l'index de celui dont je me fuis fervi, a deux pieds de longueur,
la fonde en a dix ; elle a fix lignes d’épaiffeur & dix-huit de largeur. La
largeur KL du cadran ( fig. IV) eft de trois pieds deux pouces entre les
languettes , & fa hauteur KM eftde deux pieds fix pouces : les languettes
ont neuf lignes de faillie, & fix d'épailleur.
Pour tracer les divifions du cadran, on conftruit , fur une furface bien
unie, un quarré NOPQ (fig. V.) On lui donne pour côté feize lignes
de plus que l'index n’a de longueur : ces feize lignes font pour l'efpace
qu'occupent les trois arcs du limbe , qui ont leur centre en N; le rayon
RN de l’axe intérieur RS eft égal à la longueur de l'index; celui du
fecond
ED MP 65
fecond arc T V a huit lignes de plus, & l'arc extérieur a tout le côté
ON pour rayon.
Après avoir , du centre N, décrit ces ares, on divife le côté OP en
autant de parties égales que la fonde a de pieds de longueur , comme
ici en dix, aux points 1,2, 3, &c. on fubdivife chacune de ces parties
en douze également ; & de tous ces points de divifions on mene au côté
PQ des paralleles occultes , jufqu’à la rencontre de l'arc extérieur OQ ;
enfuite du centre N on mene à tous les points , où ces paralleles coupent
l'arc OQ, les lignes de divifiona, b, c, &c. & celles 1, 2, 3, &c. les
premieres marquent les pouces , & les feconds les pieds.
Après avoir tracé le limbe OS , on rapporte toutes fes divifions fur le
cadran ML (fig. IF.) Pour cela faire, on divife ce cadran en deux éga-
lement par une perpendiculaire X Y ; on porte quatre pouces de Y en
d; ce point d eft le centre des arcs os, qu'on décrit avec des rayons
égaux à ceux de la figure V ; enfuite on fair les angles o dx, xds cha-
cun de quarante-cinq degrés ; & on rapporte exaétement entre les arcs
os, toutes les lignes de divifions qui font fur le limbe OS d: la figure
V®. Ces divifions érant tracées avec précifion, & r-pportées de même,
elles marqueront au juiteles finus droits des angles formés par la fuper-
ficie fupérieure de l'eau , & par la fonde, ce qui donne la vraie pro-
fondeur de la riviere fur laquelle on navige.
Indépendamment de la profondeur que cet inftrument marque de
lui-même , & à chaque inftant on connoït aufli ou par le bruit, ou par le
filence de la fonde , la qualité du fond : s'il eft vafeux, la fonde ne
fait aucun bruit : fi fon inurmure eît doux, le fond eft fabloneux ; fi le
bruit eft fort, & que l'index fautille , le fond eft graveleux ou pierreux.
On connoît auf, avec un peu d’atrention, la hauteur des corps étran-
gers fur lefquels le bateau pañle, comme pierres & troncs d'arbres.
Quand on a la carte d’une riviere qu’on veut fonder, & que l'échelle
de certe carte n’eft point trop petite, mais qu'elle a environ un pouce
pour cent toifes, il eft aifé de marquer les profondeurs de dix en dix
toifes alternativement à droite & à gauche d'une des rives , comme
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Tome IL, Part. VII. !
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Lorfqu'on n’a point de carte, on figure la riviere ou torrent avec Îa
boutfole , on marque les longueurs par la vitelle moyenne que le bateau
a par minute, & avec une monire à (econdes on correles fondes de dix en
dix fecondes; j'ai fair auf marcher un homme fur la rive , il cotoyoit le
bateau : à, chaque dix pas il frappoir avec un marteau fur un corps fon-
nore , & à chaque coup j’écrivois la profondeur que l'index marquoit :
j'ai fait mefurer en tesrein uni cinq cents pas de cet homme, qui ont
donné deux cents vingt cinq coifes de Vienne , ce qui fait quarante-cinq
goiles pour cent pas.
Rue ARRET RE CE SE NEINICPEN
A donner aux Lampes économiques ;
Par M PASUMOT, Ingénieur du Roë
ÏL me paroît qu'on convient affez que les lampes économiques qu’on
conftruit, foit en fer-blanc, foit en cuivre argenté , font un peu trop
élevées, & donnent trop d'ombre autour de leurs pieds. On leur donne
communément un pied de hauteur ; & , fi je ne me trompe, je voisqu'on
préfere celles qui font moins élevées. À la vérité, on remédie à l’incon-
vénient de l'ombre, par le chapeau ou réverbere ; mais on trouve encore
ce réverbere incommode; & il faut avouer qu'il l’eft en bien des circonf-
tances. Je penfe qu'on peut corriger en partie ces inconvéniens des lam=
pes. Dix pouces de hauteur fufifent. Il faut conftruire le haut de la bou-
gie en cône tronqué qui ait dix fept lignes de hauteur perpendiculaire ;
ou dix-huit pour la longueur du coté. La bafe fupérieure aura fept lignes
de diametre : deux feront réfervées au centre pour la meche. Le plareau
du porte meche aura cinq lignes, à cinq lignes & demie de diamerre; ou,
ce qui feroit mieux encore, il couvrira la bafe fupérieure du cône , fi on
le juge à propos. En lui donnant un peu de concavité , il recevra routes
les ordures de la meche. Les deux tuyaux intérieurs , dont l’un fert à
monter l'huile, & l’autre à recevoir le trop plein, feront un petit coude
à la naiflance du cône tronqué. Ils pourront monter jufqu'à deux lignes.
& À au-deflous de la bafe fupérieure du cône, même un peu plus haut.
L’embouchure fupérieure du canal defcendant, c’elt-à-dire, de celui qu&
reçoit le trop plein , pourra être évafée, & avoir la forme d’un petit en-
tonnoir applati, afin de recevoir la quantité furabondante que porte le
canal défercur , & que la lampe ne puiffe verfer par deffus. Avec ces:
dunenfions & ces précautions , la lampe éclairera fort bien , & ne don-
+ — hé frémiill
‘ Es HE PS 67
nera point d'ombre au delà de fon pied , qui pourra être de quatre pou-
ces & + de ditmetre , comme üls le font ordinairement. On pourra fe
pafler du réverbere, À moins qu'on ne veuille doubler l’effer de la lu-
misre. Il y aura même moins détendue d'ombre, à caufe du fommer de
la flamme qui s'éleve à environ quinze où dix-huit lignes. J'ai fair conf-
tivire en Fer: blanc une lambe conforme à tout ce que je viens de dire,
& l’effer eft exactement tel que je l'annonce.
|
ÉACTONNLO NMUTIVE
Des Formes ou Tuyeres de cuivre dans les Forges;
Par M. LEONH. MAGNOUGGLA.
I L faut environ mille forges en Suede pour travailler depuis neuf juf-
a douze cents quintaux de fer en barres ou en plaques ; & pour chaque
orge une tuyere de cuivre qui pefe quinze livres & plus. Ces tuyeres
font fouvent fondues : il fe perd du cuivre; la main d'œuvre eft payée
chaque fois à raifon du poids: tons ces frais renchériffent le fer. Pour
en épargner la moitié, on a fait toute la partie poltérieure qui eft mu-
rée dans Le foyer , avec de fortes lames de fer, en laiflant un efpace
fuffifant pour les tuyaux des foufflers. La partie antérieure a été faite avec
de bon cuivre, comme elle doit être ordinairement à l'ouverture, &
affez longue pour avancer un peu dans le mur de la tuyére , au dedans du
foyer. On a donné à cette efpece de cou de cuivre affez de longueur
pour dépaller & couvrir environ un pouce & demi de la partie pofté-
rieure de fer à laquelle on l'a jointe aufh parfaitement qu'il a été pofli-
ble , & fixée avec quatre cloux.
La partie de la forme qui eft dans Le mur du foyer, ou qui en eft voi-
fine , n’eft pas endommagée par le feu : le vent des foufilets la rafrai-
chit; mais celle qui entre dans le foyer par la maçonnerie de la tuycre,
eft expofée à s’ufer beaucoup , & faute ordinairement. Il eft donc inutile
de faire en cuivre toute la forme. La partie que l'on fait en fer, peut
fervir plufieurs années, & on peut en féparer l’autre pour la réparer au
befoin. C’eft une épargne confidérable. On ne fait plus à Billingfors que
le
des tuyeres de cette efpece.
RNE- Me R QUE
Sur l'invention précédente ; par M. SVEN-RINMAN.
Les tuyeres de cette efpece font en effer très-uriles dans les forges, où
l'on mer le fer en barres & en plaques. Elles procurent l'épargne qu'on
li
Acad. des
Sciences de
Stockolm,
Acad. des
Sciences de
Paris.
68 AR TU US
defire, & tiennent Heu des formes ordinaires, lorfqu'on a des ouvriers
qui les travaillent , de maniere que les deux parties foient jointes enfem-
ble exactement, que le courant d’air ne fuit pas empêché par les inéga-
lités & par les cloux, & que la partie antérieure de cuivre ne fe détache
point & ne tombe pas dans le foyer. Mais quoiqu'on ne puiffe pas avoir
par-tout des ouvriers capables de bien travaillez en fer la partie pofté-
rieure, il eft cepéndant pofible de faire une épargne , à la vérité moins
confidérable, en employant pour cette partie une vieille forme de cui-
vre que l’on adaptera, comme il a été dit avec une partie antérieure ow
nouveau cou de même métal qui fera changée & renouvellée au befoin..
Dans les forges de plaques, ainfi que dans tous les fourneaux qui ne
fervent qu’à chauffer le fer, & dans lefquels la tuyere n’eft pas auf avan-
cce dans le foyer qu'aux fourneaux de fonte , on peut faire ufage de:
formes de fer fondu , aufli bien que de cuivre.
RCE AS PR ME MON RUE
Fait à l'Académie Royale des Sciences, par MM. LEROY & LAvor--
SIER, fur la feconde Partie de P Arr d'exploiter les Mines de charbons
de terre ;
Préfentée par M. MORAND fils, de la même Académie (1).
N: us avons été chargés par l’Académie , M. Leroy & moi, de lnë
rendre compte de la feconde Partie de l’#rr d’exploiter les Mines de
charbon de terre, par M. Morand , fils. Nous allons effayer de lui don-
ner une idée de la maniere dont eff traité cet important Ouvrage,
Il eft peu de connoïffances fur lefquelles les Savans François foienr
auffi en retard par rapport aux autres Nations, que fur l'exploitation des
mines en général, Les Anglois, & fur-tout les Allemands, peuvent cite’
un grand nombre d'ouvrages où. les travaux des mines font décrits dans:
tout leur déraïl ; les François n'es peuvent citer aucun.
H eft aifé de fentir d’après cela, combien un travaïl fuivi fur l’exploi-
tation des mines de charbon de terre , entrepris & exécuté dans le fein.
de l'Académie, eft intéreflant pour les Savans , pour l'Etat & pour
ke Public.
—
{1) L’analyfe de la premiere Partie de cet Ouvrage eft imprimée dans l’Hiftoire de:
PAcadémie des Sciences, année 1768 , page 129. Elle contient l'Hiftoire du charbon
de terre, foit comme faifant partie de. l'Hiftoire naturelle, foic relativement aux
Axis & au Commerce,
DUT au 69
L'exploitation du charbon de terre a beaucoup de chofes communes
avec l'exploitation des mines en général. Si le travail de ces dernieres
eûc éré décrit par quelque Ecrivain François ; fi l’art en eut éré donné
ar ceux de l'Académie, M. Morand aüroit pu , comme il l'obferve
nes fe difpenfer d’entrer dans une infinité de détails , il n’auroit
traité que ce qui étoir abfolument propre au charbon de terre ; & 1l au-
roit renvoyé pour tout le refte aux Arts déjà décrits. M. Morand à été
privé de ce fecours , de forte qu'une partie de fon ouvrage peut être re-
gardée en quelque façon comme une sroduétion au travail des mines en
général.
M. Morand a divifé en deux parties l’art d'exploiter Îe charbon de
terre; la premiere eft déjà entre les mains du Public : il n'y avoit envifagé
ce minéral que comme objet d'Hiftoire naturelle , & il avoit décrit dans
cette vue tout ce qui a rappoit à la firuation des bancs , à la nature des
fubitances qui les accompagnent , aux fingularités qui s’y rencontrent.
M. Morand , dans la feconde Partie que nous avons pour objet de faire
connoître aujourd’hui à l’Académie , envifage le charbon de terre comme
branche importante de commerce : il affemble en conféquence dans cette
feconde Partie, tous les détails relatifs à l’extraétion, à l'emploi & au
commerce de charbon de terre : ces trois objets forment à-peu-près la
divilon de fon ouvrage: |
M. Morand débute dans Îa premiere feétion , par une defcriprion dé-
taillée telativement aux travaux des veines de charbon deterre, de leur
fituation , & de leur marche. Ces veines font communément inclinées à
J'horifon , tantôt elles s’approchent de laligne perpendiculaire , & elles fe
nomment alors pendages de roifle , tantôt elles font prefque horifontales ,
& on les défigne alors par le nom de pendages de platures, Toutes ces
veines { c’eft au moins ce qu'on obferve dans le Pays de Liege ) prennent
leur origine au jour , c’eft-à-dire à la furface de la terre ; elles defcendent
enfuite dans la mème diredion , jufqu’à une certaine profondeur ; alors
elles forment à une diftance plus ou moins grande diftérens angles qui
les rapprochent infenfiblement de la ligne horifontale, jufqu’à ce qu’en-
fin, après avoir pallé par la fituation horifontale , elles remontent à la
furface de la terre, en formant une figure fymmétrique fort réguliere.
À y a donc apparence , d’après les cbfervarions puifées par M. Morand,
dans le Pays de Liege, que les pendages de roïfle, deviennent pendages
de plature , dans routes les veines du Pays de Liege , & qu'elles redevien- -
nent enfuire pendages de roiffe. Ce qu’on obferve encore de très-fingulier;
c'eft que prefque jamais les veines ne marchent feules ; elles font routes
accompagnées d’autres veines qui marchent parallelement avec elles , qui
£e réfléchiffent fous les mèmes angles , & qui toutes enfemble forment
ane figure prefque réguliere. Nous avons cru devoir mettre dans quelques .
dérails ceure difpolition finguliere fous les yeux de l’Académie , attend
70 PART EP ENONE v
que perfonne avant M. Morand ne l'avoir encore faitconnoître avec autant
de précifion & de clarté.
Une des parties les plus importantes de l’art d'exploiter le charbon de
terre, confifte 1°. à fe former un tableau exa@ de la firnarion des veines,
à juger de l’enfemble de leur marche , par la connoiffance du petit nom-
bre de points qu'on connoît ; 2°.à fe mettre en état, comme on dit, dé
dépouiller les veines de quelque pendage qu elles foient {tuées , de pou-
voir les fuivre à une grande profondeur , dans quelque nombre qu’elles
foient les unes au-deflus des autres; 3°. en un mor, à attaquer les veines
dans l’endroit où l'exploitation eft la plus commode, la plus sûre, & la
moins difpendieufe.
Cette partie de l’art eff la plus importante & la plus difficile. Elle exige
des combinaifons très-compliquées de la part de celui qui dirige l'ex-
ploitation , des connoiffances rrès-érendues & très-multipliées ; & quand
on confidérera toutes les qualités qu'elle exige, on ne fera plus furpris
fi quelques-unes des entreprifes qui ont été faites en ce genre , ont eu
fi peu de fuccès.
M. Morand , après avoir décrit la marche des veines, pafle aux tra-
vaux néceflaires pour les exploiter, les ouvriers , & leurs différentes fonc-
tions, les eutils , les inftrumens , & leurs différens ufages font les pre-
miers objets de fes recherches. Les inftrumens fervent ou pour les tra-
vaux extérieurs, ou pour les travaux intérieurs , ou pour l’épuifement des
eaux. Ces difiérens vitres forment les fubdivifions de cetre deuxieme
Partie de l'Ouvrage. 11 feroit crop long d’en donner l'extrait déraillé. Nous
nous contenterons de dire que la pompe à feu eft la feule machine hy-
draulique intéreffante , qu’on emploie dans les mines de charbon de terre.
Mais M. Morand n’en parle que d'une maniere très-fuccincte, attendu
qu’elle doit ètre décrite particuliérement dans les Arts de l Académie.
Ce que nous venons d'expofer jufqu'ici, n’eft en quelque façon que le
préliminaire àe l'art d'exploiter le charbon de terre. M. Morand s'oc-
cupe enfuite de l'exploitation elle-même ; il traite d’abord de PArchi-
tecture fouterraine des mines. L'exploitation d’une mine porte fur deux
opérations générales, arriver à la veine , & travailler la veine. On arrive
à la veine par des puits le plus ordinairement perpendiculaires , quel-
quefois par des percemens latéraux formés dans ie Hanc de la montagne.
Cette derniere méthode a de grands avantages, en ce qu’elle procure un
écoulement neturel à l’eau; mais elle.eft rarement pratiquable, parce
que les mines de charbon de terre s’enfoncent communément beaucoup
au-deffous du niveau des vallées. Dans toutes les exploitations un peu
confidérables , indépendamment du puits principal, 1ly ena de parti-
culiers, les uns deftinés à donner de l'air à la mine, les autres à placer
des machines hydrauliques , les autres à tirer les matieres. Îl ef aifé de
concevoir que ceux deftinés à tirer l'eau ; doivent être conftruits fur ce
AIRRIUT 48. 71
qu’on appelle l'aval des mines , c’eft-à-dire, dans la partie la plus balle
de ces veines. |
Après avoir parlé de différens puits ou foffés nécelfaires dans l'exploi-
tation , avoir décrit l’ufage de chacun d'eux, & les avoir délignés par les
noms ufités dans le langage des Mineurs à Liege, M. Morand palle à ce
qu'on appelle tailles & voies fourerraines. Si l'on a bien conçu ce qui a
été dit plus haut, de la difpofition des veines, on fe les repréfente
comme des folides de cinq à fix pieds d’épaifleur, & qui s'étendent à
des diftances plus ou moins grandes dans les aurres dimenfons : ces
folides de charbon de terre ne peuvent être exploités qu'avec certaines
précautions. Les ouvriers doivent y former des efpeces de chambres ; c'eft
ce qu'on nomme ailles. Ils doivent ménager des palages de communi-
cation d’une chambre à l’autre , foir pour le tranfport du charbon, foir
pour l'écoulement des eaux, foit enfin pour la circulation de l'air ; c'eft
ce qu'on nomme voiss. On conçoit encore qu'on ne peut fe difpenfer de
haiffer des parties folides fort confidérables , pour éviter les éboulemens s
des efpeces de piliers fort maflifs; & c’eft ce qu’on appelle /erres. Ces
routes fouterraines, ces chambres , ces piliers portent diférens noms ,
fuivant la difpofition des veines. Nous nous difpenferons d'entrer dans
ces détails ; ils font expofés dans l'ouvrage avec toute l'étendue qu'on
peut defirer. |
Indépendamment des travaux nécefaires pour arriver aux veines, l'air
& l'eau occafionnent dans leur exploitation des difficultés prefque in
furmontables : un renouvellement prefqne continuel de l'air eft indif-
penfablement néceffaire pour entretenir la vie des animaux. L'air ref-
piré par des hommes eft un poifon pour d’autres hommes. De-là , la né-
ceflité d’entrétenir un air perpétuellement circulant dans la mine. Deux
obitacles s’oppofent à cette circulation. 1°. L’air des mines ne commu
nique que par une ouverture très-étroite avec le refte de l’athmofphere ;,
2°. l'air qui y eft contenu dans les profonds fouterrains , eft chargé de
vapeurs & d'humidité ; il eft donc plus lourd que l'air de l’athmel-
phere; il rend donc à occuper la partie balle , & par conféquenr à demeu-
rer ftagnant dans lintérieus de la mine; 3°. la diftribution même des
galeries des mines tend à entretenir de plus en plus l'air dans cet état de
ftagnation. =
Une vive agitation communiquée à l'air, pat le moyen des branches
‘d'arbres que les ouvriers remuent avec rapidité , fuffit dans certaines oc-
cafions , pour les mettre en sûreté; c'eft-à-dire, pour chafler une partie
de l'air de la mine, & pour le renouveler par d’autre.
L'air de l’athmofphete, dans cetre occafñon, elt à l'air ftagrant dans. la
mine, à-peu-près comme du vin qu'on fait furnager l’eau. On fair
que la moindre agitation fufit pour occalionner un mêlange.
LL eft un grand nombre de circanitances, fur-rour dans les grandes ex-
AIR ETES ,
ploitations où le fimple ébranlement imprimé à l'air par le mouvemenr
de quelques branches d’arbres, ne feroit pas fufhfant pour occafionner
le renouvellement d'air néceffaire : Part a imaginé des moyens plus com
modes & plus sûrs, & plus applicables à de grands travaux.
D'abord, dans toutes les mines un peu confidérables , indépendam-
ment des puits néceffaires pour la defcente des ouvriers pour l’extrac-
tion de la mine, & pour l’enlevement des eaux , on a coutume d’en
pratiquer d’autres uniquement deftinés à la circulation de l'air, & qu’on
nomme à cet effet puits d’airage. 11 y en a fouvent plufieurs diftribués
à certaines diftances, & difpolés de maniere à établir un courant d'air,
Lorfque ces puits ne produifent pas tout l'effet qu'on fe croyoit en droit
d'en attendre , on allume dans le milieu un feu plus où moins vif; on
emploie à cer effer le bois ou le charbon, alors l'air dilaté par ce feu,
devient plus léger que l'air de l’athmofphere ; il eft par conféquent
obligé de monter ou de s'échapper par l'ouverture fupérieure du puits ,
tandis que l'air de l’athmofphere s’introduit par d’autres ouvertures pour
remplacer celui-ci : fouvent , pour accélérer le courant d’air dans les puits
d’airage, on pratique à leur fortie de terre un long tuyau de4oà ço pieds de
hauteur à peu près de lamème maniere,&dans la mème vue qu’on a coutume
de le faire pour accélérerle courant d’air dans nos fourneaux chymiques.
Il arrive quelquefois encore, lorfque la mine a été long-temps fans
ètre fréquentée, que l'air s’enflamme au moment où les ouvriers y ren
trent ; qu'il les renverfe & les fuffoque. C’eft le contact de la lumiere
qu'ils portent à la main, qui communique la flamme aux vapeurs con-
tenues dans l'air, l'agitation , le renouvellement & la circulation de l'air,
font encore les moyens qu'on emploie pour prévenir ces accidens,
Il n’eft point de travaux fourerrains où l’on foit plus contrarié par les
eaux que dans les mines de charbon de terre : ces eaux viennent ou des
veines mêmes de charbon , ou des bancs voifins, ou enfin des bancs fupé-
rieurs , & principalement de ceux qui font peu éloignés de la furface
de la rerre. Dans le dernier de ces trois cas, les mineurs emploient une
méthode affez ingénieufe pour arrêter le courant d’eau : elle n’eft guères
praticable que lorfque les bancs font à-peu-près horifontaux ; elles con-
fiftent, lorfqu'ils rencontrent un niveau d’eau , à difpofer des planches
ou des pieces de bois tout autour du puits, à les ferrer le plus près qu'il
eft pofible , l’une contre l’autre, enfin à les garnir de chaux, de cimenr,
de glaife, de moufle, de maniere qu’elles ne laiffent aucun paffage à
l'eau. Cette façon de traverfer un niveau d’eau , poite le nom de cuve-
lage , fans doute parce que dans l’origine on fe fervoit de cuves ou de
tonneaux pour remplir cer objer. Certe derniere pratique eft même en-
core fuivie dans les glailieres des environs de Paris. Lorfque les ouvriers
font arrivés à l’eau , & qu'ils veulent creufer au-delà , ils defcendent dans
léar trou une futaille défoncée à-peu-près du même diametre; ils l’en«
vironnent
PE.
3. te. ONE AREA 73
*ironmnent & la luttent de toutes parts avec de la glaife bien corroyée ;
l'eau fe trouve ainfi arrêtée par les parois extérieurès du tonneau , elle ne
peut plus inonder le trou , & les ouvriers continuent de creufer d’abord
dans:le tonneau même, & enfuite au-delà, fans être incommodé.
Les circonftances ne permettent pas toujours, comme on l’a déji dit,
de fe fervir de cette méthode, & elle n’eft applicable qu'aux niveaux
d'eau qui fe trouvent dans le haut des foffés, par rapport aux eaux qui
fe rencontrent & qui coulent de toutes parts dans les bancs inférieurs : on
les raffemble par le moyen de rigoles artiftement pratiquées dans des
réfervoirs creufés au-deflous du niveau des travaux : de-là , on les éleve
jufqu’à l'embouchure des puits, par le moyen de fceaux , de pompes &
de machines hydrauliques de différentes efpeces. Lorfque le local le
permet, on écoule ces eaux par le moyen d'un percement latéral qui
ebourit à la furface de la terre dans le Hanc de la montagne.
Après avoir rerminé ce qui regarde l’épuifement des eaux, M. Mo-
£and donne une idée du nivellement, & de la maniere de faire ufage de
la bouffole dans les mines. Il pafle enfuite à la defcriprion méchanique
du travail relatif à l'ouverture d'une fofle & à à pourfuite des veines
dans quelque pendage qu'elles fe trouvent , de quelque maniere qu’elles
olent continuées ou interrompues. be
Certe premiere feétion de la feconde Partie de l'Ouvrage de M. Mo-
rand , eft terminée par un Traité fur les ufages de la Houille ou charbon
de terre dans le Pays de Liege: Indépendamment des Arrs & des Manu-
factures des différentes efpeces dans lefquelles il eft employé. Les Lié-
geois s'en fervent encore dans l’intérieur de leur ménage; ils l’appli-
quent aux mêmes ufages que le charbon de bois, & le bois lui-même :
ce qu'il y a de plus remarquable , c’eft qu'ils ne l’emploient pas pur, &
rel qu'il ef forti de la mine. Ils Le mêlent dans différentes proportions,
& fuivant la qualité du charbon avec une argille, Ils la détrempent, la
patient, & par le moyen d’une efpece de moule, ils en forment des
boulettes ovales : on conçoit qu'on ne prend pour cette préparation que
la portion du charbon de terre qui approche le plus d’être réduire en
pouiliere, celle qui feroit le moins de défaite dans le commerce. On
varie les proportions de la rerre & du charbon fuivant le degre de force
qu'on connoît à ce dernier.
La différence de la matiere combuftible doit néceflairement entraîner
des différences dans la maniere de la brûler; c'eft à quoi M. Morard ne
manque pas de s'arrêter. Il décrit d’abord les porte feux qui ne font au-
tre chofe que des efpeces de corbeilles de fer, dans lefquelles on place
le charbon : ces corbeilles fe placent & s'appuient fur un maflif de ma-
çonnerie faic de brique , qui tient lieu de ce que nous appellons la pla-
que de la cheminée. L’arrangement du charbon de terre dans les cor-
beilles n’eft point une chofe indifférente : on méle avec les boules de
Tome II , Pare. VII. K
74 AR Tir
charbon préparé quelques morceaux de charbon brut, & on allume le
tout avec quelques morceaux de bois fec.
La conftruétion des cheminées deftinées à la combuftion du charbon
de rerre varie, fuivant les lieux où elles doivent être placées. M. Morand
décrit celles des appartemens, qu'il diftingne en cheminées , en chapelles
& cheminées en æ1l de bœuf : on en trouve la gravure dans fon ouvrage.
Il décrit enfuire celles qu’on emploie pour les cuifines , & tous les uften-
files qui y font relatifs.
Cette premiere fection eft terminée par des détails extrèmement in-
téreffans fur le métier de Houilleur, qui forme communauté dans le
Pays de Liege ; enfin, fur la Jurifprudence, fur les Loix qui les régif-
fenr , & qui fervent à maintenir le bon ordre.
M Morand , après avoir traité dans la premiere fe&ion de la feconde
Partie de l'exploitation du charbon de terre dans le Pays de Liege, pafle
dans la feconde , à la comparaifon des méthodes ufitées dans prefque
tous les Pays de l’Europe. Il a fait ufage dans cette feconde fection , de
tous Les ouvrages imprimés, publiés dans différentes langues , d’un grand
nombre de Mémoires qui lui ont été communiqués, enfin de tous les
renfeignemens qu'il a pu fe procurer. Il fuit à l'égard de chaque pays à-
peu prés le même ordre qu'il a’fuivi pour le Pays de Liege.
L'exploitation du charbon de terre en Angleterre 3 étant à-peu-près
portée au degré de perfeétion dont elle eft fufcepuible , c’eft par elle qu'il
a cru devoir commencer. Ce commerçge y forme un objet de la plus
grande importance ; aufli les Loix s'en font-elles occupées d’une maniere
très-particuliere.
Le droit d'ouvrir des mines en Angleterre comme en France, appar-
tient ou au Roi ou à des Seigneurs engagiftes. Ce droit fe nomme droit
de Royalty. Ceux qui préfument avoir dans leur propre fonds du charbon
de t-rre , commencent par s'arranger avec ceux qui ont le droit de
Royalty. Is font communément à frais communs un trou de fonde. Les
églemens n’ont pas abandonné à tout Particulier le droit de faire ces
fortes de fouilles. Ils ont penfé fans doute que cette opération impor-
tante devenant la bafe d’une entreprife , il convenoit qu’elle füt faire par
un homme expert & avoué de l'Etat. Cette operation d’ailleurs , n°’eft
pas auf facile qu'elle le paroït au premier coup-d’œil; elle demande des
précautions délicates; & il eft important qu'elle foit confiée à un-homme
qui, par une longue expérience ait acquis l'habitude de reconnoître les
terreins.
I y a donc un Mattre Foreur en Angleterre auquel on s’adrefle pour
7
faire les rrous de fonde. Celui de Neucaflel, a.acquis une telle expé-
rience qu'on aflure qu'il connoït les couches intérieures de la terre à
vingt milles à la ronde, & jufqu’à cent toifes de profondeur. M. Mo-
rand décrit à cette occalion la tariere Angloife. Quoique cet inftrumenr
Lt
AR TM 75
ait beaucoup de rapport avec celui qu'on emploie en France & dans le
Pays de Liege, & qui a été décrit dans la premiere feétion : cependant
la nouvelle defcription qu'on en trouve dans cet arricle de l'Ouvrage de
M. Morand , ajoute aux connoilfances qu'il en avoit donné précédem-
ment lui-même, principalement par rapport à la maniere de fe fervir
de l'inftrument.
M. Morand palle enfuite à la defcriprion des bancs qui s’obfervent
en Angleterre , pour parvenir au charbon. Il entre dans le détail des dif-
férentes qualités de charbon qu’on y rencontre , des moyens qu'on eme
ploie dans l'exploitation ; enfin il donne une idée des Loix qui régiflent
cetre branche de commerce.
L'article de l'Angleterre eft fuivi de celui du Pays d'Outre Meufe, de
celui du Hainault Autrichien, de celui du Hainaulr François , & fuccef-
fivement de celui particulier pour chaque Province de France. M. Mo-
rand a raffemblé fur chacune d'elles le détail des différentes expioita-
tions qui y ont été établies, ou qu’on a tenté d'y établir; & 1l difeure
les probabilités plus ou moins grandes de réuflir à y découvrir du char-
bon de terre.
Cerre troifieme feétion eft terminée par des obfervarions fur l’Au-
vergne , le Foret & le Bourbonnois, dont les mines fervent à l'appro-
vifionnement de la Ville de Paris.
Il ne reftoit plus, après avoir expofé dans les deux premieres feétions
de la feconde Partie , les pratiques ufitées dans toute l’Europe pour
l'exploitation du charbon de terre, qu’à donner des principes généraux
fur cette méme exploitation, & à joindre en quelque façon le fecours
de la théorie à celui de l’expérience. C'eft cet objet que M. Morand s’eft
attaché à remplir dans la troifieme feétion de fa feconde partie.
Il s'occupe d’abord des indices auxquels on peut reconnoître ou foup-
çonner le charbon de terre. 11 donne à certe occafion une idée de la dif
polition des montagnes & des couches rerreftres , qui compofent le
globe. Certe partie intéreflante de l'Ouvrage de M. Morand, a été ex-
traite du favanr article, Géographie phyfique du Diétionnaire encyclopé-
dique dont le Public eft redevable à M. Defmarets. Il réfume enfuire ce
qui a rapport au foudage , au pendage des mines, enfin , à l'épuifement
des eaux. Ce dernier article comprend des détails intéreffans fur la force
des hommes & des chevaux , fur la dépenfe néceffaire pour l’établiffe-
ment & l'entretien des machines à feu.
L’airage des mines forme encore un article intéreffant de cette troi-
fieme fection. M. Morand y donne l'extrait des Mémoires de MM. de
Genfanne & Jars ; & la traduction de ceux de M. Trievald, extrait des
Mémoires de l’Académie de Suede , année 1749. 11 réfulce des recher-
ches de ces favans Minéralogiftes , que c'eft à la trop grande condenfa-
tion de l'air dans les mines , qu'on doit attribuer les funeftes effets qu'é-
K ij
76 AVR IRUISE
prouvent fr fouvent les Mineurs ; & que rout l’art confifte, pour [es pré-
venir à établir une circulation d’air dans la mine. Les moyens employés
pour remplir cet objet, font d'après les principes des Savans que nous:
venons de citer ,; des canaux ou tuyaux , des foufilers , ou plutôt des pom-
pes afpirantes d'air, des venrillareurs., des réfervoirs d'air, &c. M. Mo-
rand a fait de favantes recherches fur ces différentes mérhodes ; & al les
donne dans le plus grand déraï.
Après quelques obfervarions fur les fenres aqueafes, & fur les machit
nes qu'on emploie pour élever le charbon de terre, &c. M. Morand
palle aux caleu!s de la désenfe de l’exploirarion d’une mine : les prix
portés dans cer article ne pzuvent que varier infiniment, fuivant lesdifié-
gens Pays; mais il eft aifé de fentir combien toute bafe , quelqu’incer-
taine qu’elle puiffe être, eff encore prévieufe pour ceux qui veulent foz-
ner des entreprifes de ce genre.
Ces détails font fuivis d’une difcuflion très-intéreffante far lesufages
du charbon: de rerre. M. Morand donne les moyens d’en tirer différens
remedes pour la Médecine, d’enextraire une huile: de pétrole, &cc. H
décrit l’art de l’employer pour faire la chaux, tel qu'on le pratique fur
le bord du Rhône. H donne à la fuite l’hiftoire des tentatives qui ont
£té faites pour appliquer Le feu du charbon de terre à-la fonte des mines,
éclaircir & perfectionne la méchode de brüler le charbon de terre, de ln
enlever par le feu fon huile, fon foufre , & de le réduire enun véritable
charbon; eufin il pafle en revue tous les arts qui emploient ou qui
peuvent employer le charbon de verre avec avantage.
M. Morand, dans la premiere fection de certe feconde Partie, étroit
entré dans quelques détails fur les ufages économiques du charbon de
terre, & fur fa combinaifon avec les argilles, L'importance de cet objet
Va engagé à la développer dans cette troifieme fection ; il s’eft attaché
fur: tour à y déterminer la qualité de chaque efpece de charbon, & à:
donner les caracteres qui peuvent fervir à les diftinguer. Il entre dans les:
mêmes détails fur les argilles , & il indique quelle efpece d’argille con-
vient À chaque efpece de charbon, & réciproquement. Ila appliqué par-
ticuliérement ces connoiffances au local de la Ville de Paris : il décrit
tous.les endroits.de fes environs , où l’on tire de la glaife , de la marne,
ou d’autres terres propres à être alliées au charbon. de terre : enfin 1l
donne dans le plus grand détail, l’art de faire cette union; il décrit
les différens ateliers qu'il feroit néceflaire de conftruire pour une opé-
ration-en grand ; les ouvriers qu'il faudroit employer, leurs manipula-
tions ,, &C.
L'entrée des chatbons de terre de l’Etranger en France , la fortie de
ceux de France pour l'Etranger, forment un objet important dans la ba--
lance du: Commerce ; les droits établis fur ce charbon, tant à l’entrée:
qu'à la fortie , forment en même temps un objet de revenu confidérable:
AUUR DT UN 17
pour le Roi. Le plan du Gouvernement, depuis M. Colbert, a toujours
été de charger de droits à l'entrée les charbons de terre étrangers , pouf
donner un avantage aux charbons de terre nationaux, Des circonitan-
ces parriculieres , telles que los difeëres , ont obligé quelquefois de
s'écarter de ces principes ; mais on y elt toujours revenu. Ce plan d’ad-
miniftration fans doute étoit fage , mais il n’étoit pas encore fufhfant ,
& il exiftoit ugautre moyen beaucoup plus efficace de favorifer les ex-
ploitations nationales : il confiftoir à décharger les charbons de terre qui
en provenoient , dé tous droits ; foit à la fortie du Royaume , foit à la
circulation , foir enfin À l'entrée des Villes, & fur-rour de celle de
Paris. Un Miniftre, que l’Académie à l'honneur de compter parmi fes
Membres , en avoit conçu le projet en 1763 ; mais il fut contrarié par
des intérèts particuliers & par des obitacles de différens genres , & les:
chofes font demeurées dans Le même érac. Cet objet eft difcuré favam-
ment dans l'Ouvrage de M. Morand , & d’après les vrais principes d’ad-
miniftration , id ne nous a pas été difficile de reconnoitre la favante
main qui lui en avoit fourni les matériaux.
Enfin, M. Morand termine fon Ouvrage , en rapprochant l'extrait des:
différens réglemens concernant le commerce du charbon de terre dans
la Ville de Paris; il détaille les différentes efpeces de Marchands par
lefquels fe fait ce commerce ; les charges & offices qui ont été créés,
foit pour la sûreté réciproque des vendeurs & des acheteurs, foit pour
procurer à l’Erat des fecours momentanés par la vente de ces offices,
Il eft aifé de voir , d’après le compte que nous venons de rendre, l'Ou-
vrage de M. Morand , qu'il n’a pas eu pour objet de donner une fimple
defcription des travaux relatifs à l’extration du charbon de rerre de fa.
mine. [la féivice minéral dans la mine , dans le commerce & dans les
différens arteliers qui en font ufage ; il a envifagé fon objet , relative
ment à l'Hiftoire naturelle, relatiyement aux travaux mingralogiques ,.
selativement à l’adminiftration,
ED
ER DANTISERUIRNE
De M. SABOUREUX DE FONTENAY , fourd & muet de naiffance;
à l’Auteur de ce Recueil (1). LA
Ave beaucoup de patience & de conftance , je fuis venu à bout de
faire quantité d’obfervarions , d'expériences & de réflexions fur la Sur-
dité naturelle en général; & j'ai effuyé des difputes très-adtives & rrès-
vives fur la poflibilité de l’art d’enfeigner à entendre parler de vive voix
à ces efpeces de Sourds & Muers de naïffance , dont la privation de l’au-
dition n’eft pas abfolument parfaite en fon genre; de façon à les faire
entrer dans le cas & la regle des fourds par accident , à qui on eft obligé
de parler à haute voix , pour fe faire entendre. J'ai été furpris de l'hon-
neur que quelques perfonnes m'ont fait, contre l'ordinaire, de faire
durer plus long temps les débats par écrit fur cet objet; j'ai fait ce que
j'ai pu pour obtenir une treve des conteftacions , alors par le fecours de
quelques in!trumens acouftiques que j’avois fait faire fous ma direétion,
& que j’avois variés en différentes façons, & par le moyen defquels je
m'entends parler moi-même; on m'a appris à diftinguer le fon des cinq
voyelles, & on me les a répété pendant environ un quart d'heure, après
lequel on a fait des expériences fur ma furdité; & on a trouvé que quel-
ques tentatives que l’on faifoit pour me faire tomber en défaut, je ne
me méprenois pas ordinairement dans la diftinétion des fons des cinq
voyelles , après quoi la curiofité a engagé mes Obfervateuis"à me pro-
noncer le nom des chofes qu'ils me montrotent-, & qu:lques phrafes
qu'ils m'écrivoient ; je me fuis apperçu qu'ils rioient en m'entendant
parler & répéter ce que je venois d'entendre; ils m'ont réperdu que je
prononçois mieux , & qu’à la façon des petits enfans ordinaires , je m'ef-
forçois d'imiter les fons que je venois d’enteudre. J'ai enrendu chanter
des perfonnes, & j'ai entendu jouer des inftrumens de mufñque , à Ver-
failles , lieu de ma naiflance , où rout céla s’eft pailé.
Cependant, malgré ces petits commencemens , je m’apperçois que
l'opinion contraire à mon idée, triomphe & fait perdre le courage de
centinuer en ma faveur ces fortes d'exercices, & de m’y habituer pro-
fondément , de façon à me mettre en état d'entendre , au bout d'un
(x) Cette lettre n'a pas un rapport direét avec le but de ce Recueil ; cependant on
ne craint pas de la publier, fans y changer une fegle fyllabe. Elle prouve que l'efprit
humain peut furmonrer les plus grands obftacles , loifque le defir fincere eft aigul-
lonné par le befoin,
| uit
AUBRU TE, 19
certain temps, le difcours lié de vive voix, & de prononcer par imita-
tion, comme les autres. Cette circonftance confirme l’idée où je fuis tou-
jours, que c’eit la pareffe du génie & la lenteur de l'intelligence en géné-
ral qui font la caufe du nombre trop confidérable d’efprits bornés ou
fuperhciels ; & que c’eft le plaifir dans la variété des frivolités & dés folies
qui les diftrait trop pour leur laiffer une pleine hberté de voir la vérité
& l'utilité qui doivent être l’objet de l'étude d'un homme. Malgré les
témoignages de l’eftime générale dont m'honorent les-perfonnes qui
ont la patience de converfer par écrir avec moi, & qui lifent mes écrits ,
je vois fubfifter ce caractere de réprobation que la furdité naturelle
paroît m'imprimer dans la Société civile, je ne puis m'empêcher de
vous confeffer , Monfieur , que fi l'ignorance & la frivolité des uns m'in-
quietent dans la fituation où je me vois placé , je trouve dans la magna-
nimité de quelques autres, de quoi m'en confoler & de quoi pouffer
plus loin mes recherches, découvertes & inventions dans la carriere des
Lertres, Sciences & Arts où je fuis naturellement porté d’entrer. En
voici un échantillon fur la Mulique en général.
On trouve des Savans qui foutiennent qu'il y avoit une analogie entre
les fons & les couleurs. Le Pere Caftel, pour imiter la Mufique, a re-
marqué que les couleurs pouvoient repréfenter pour les yeux les tons
de Mufique ; il a établi ces ordres fuivans :
Ordre naturel ou diatonique.
Couleurs—bleu...verd..jaune. .fauve. .rouge..violec. .gris.. bleu
ÀATons—— ut.....ré....mi....fa.....fol....la,....fi...ut.
Ordre chromatique.
Couleurs—bleu...celadon.,.verd...olive. .jaune. . fauve. . nacarat
Tons ut....ut dieze ...ré..re dieze...mi....fa...fadieze
Couleurs—rouge. . .cramoifi. . ..violer....agathe....gris. .. bleu
À Tons food en er eRrdieze, CRUE
Ce Savant a inventé , pour cet effet, un cabinet coloré & un claveflin
oculaire dont on m'a parlé à Verfailles , & que je n'ai pas vu. Dans ce cla-
vellin , il prétend faire jouer aux yeux les couleurs, comme or joue les
{ons aux oreilles, Le cabinet univerfel de coloris, de clair-obfcur du Pere
Caftel , renferme tous les degrés , toutes les teintes de couleur qu'on
peint fur des bandes de cartes féparées , & on les difpofe feion cer ordre.
Après avoir peint une carte ( ou la moitié ou le quart, fuivant l’efpace
que l'on veut remplir ) en bleu le plus foncé, on colle à côté de celle ci
le celadon le plus foncé, qui eft peint fur une autre bande. A côté du
celadon vient une bande verte, enfuite l’olive , le fauve, l£ nacarar , le
cramoife, le violer , l'agathe & le gris , & toujours les plus foncés en cou-
80 * ANR I TMS
leurs; cela forme un premier degré de coloris, ou une oftave de cou
leurs très foncées. On recommence l'opération , & on colle tout de fuite
les fecondes cartes particulieres moins foncées, le #leu , le celadon , le
verd , l’olive , &c. d'où naît une feconde octave. En fuivant le même
ordre, & ayant diminué les teintes d’un degré plus clair, on ajufte les
bandes de bleu , de celadon, &c. & toujours en éclairciflant , on parvient
jufqu'aux derniers clairs, & jufqu’au blanc tout pur. Cet affemblage
donne une grande bande univerfelle en coloris , en clair-obfcur , com-
pofée de 144 ou 145 degrés de couleurs fimples & pures, dont le nom-
bre ne peut être ni moindre, ni plus grand dans les ouvrages de l’Art,
comme dans ceux de Îa nature. On peut voir fur ce fujet l'oprique des
couleurs, page 315 & fuiv.; car le Pere Caftel affure que rien n'eft plus
beau que cette double nuance de coloris, de clair-obfcur, quand elle
et bien faire, un homme qui auroit l'œil fin de même qu’un autre qui
a l'oreille délicate, pourroit diftinguer les accords, les fixer , & com-
pofer un tableau en couleurs, comme un Mufcien compofe une Piece à
trois ou quatre parties, un chœur même. Voici la defcription du clavef-
fiu oculaire du Pere Caftel : c’eft un inftrument qui a la forme d’un cla-
veffin par les touches , & par le fond une efpece de théatre avec des déco-
rations, fur lequel doit fe pafler tout le fpeétacle dont on doit jouir. A
ces couches répondent les fils d’archal qui doivent faire paroître les cou-
leurs, lorfque l’on mer les mains fur le clavier. Ayant appris la clé du
clavier , comme on apprend celle d’un clavier ordinaire, le Pere Caftel
prérend que l’on jouera un air aux yeux, un piano, un adante ; un
preflo, un prefliffimo , comme on les joue aux oreilles. Je viens d’ap-
prendre que ce claveflin , quoique fabriqué à cent reprifes différentes ;
& même à grands frais, n’a ni rempli le deffein de l’Auteur, ni l'attente
du Public. d
Pour donner une jufte valeur à cette mufique oculaire, 11 faudroir
comparer les impreflions & effets des mouvemens des corps vifbles ,
des fons & des rons avec ceux des couleurs , de leurs nuances, & deleurs
mélanges. C'elt ce que je vais expliquer avec autant de netteté qu'il me
fera poñible. L
On fair que les étoiles & les planetes paroïffent fe mouvoir avec une
régularité admirable ; & que cependant, au milieu des mouvemens des
corps céleftes , les étoiles gardent conftamment entr’elles une égale dif-
tance ; & qu'il n’y a que les planetes qui paroïflent aller rantôt vite , ran-
tôt lentement, tantôt reculer, tantôt s’arrêrer. Pendanc que lé Philofo-
phe Pythagore, Aureur du fecond Syftême de Mufique k faifoit attention
à ces mouvemens géleftes , il entendir un bruit qui fe faifoic dans les
forges : en y entrant , il remarqua que les mouvemens des fons dont
T'air ébranlé par l’enclume battue de coups de marteaux de différens poids,
jnformoit l'oreille , paroilloient s'augmenter , s’affoiblir peu-à-peu , fe
É tes
HR UE. L Se Sr
tenir en repos , & recommencer de même avec une régularité appa-
rence, & qu'ils imitoient en petit les mouvemens des aftres : de certe
idée il porta fon attention à ce qu'il entendoit dire journellement, Il
éprouva fur foi la force, l'affoiblilfement proportionnel, & le repos ap-
parent des fons de la voix. Toutes les réflexions que lui & ceux qui le
fuivirent , formoient fur tous ces mouvemens, dounnerent naiffance à
la Mufique, telle que nous l’avons. De mème que la Poéfie confidéréée en
elle-même n'eft qu'une peinture majeftueufe, fublime, & touchante de
la nature, & une expreflion énersique, élégante & pathétique de la vie
hamaine ; la Mufique eft, pour ain dire , une variation favante & pit-
torefque des mouvemmens de l'air, de façon à charmer les oreilles, à
chatouiller les fibres du corps, à combler de joie l'ame , à la remplir de
trHtelle, & à opérer les autres effers que le Mufcien fe propofe. Les
danfes qui accompagnent communément la Mufique , paroiffent imiter
en petit les révolutions des planeres autour du foleil que l’on conçoit
être placé immobile au centre de l'univers. J'ajoute que , comme y a
fept planetes , il y a naturellement fept tons dans la Mufique,
Un fon quelconque qui frappe l'oreille fenfñble , eft confidéré fous
deux afpects différens, l’un elt le rang qu’il occupe parmi les intervalles
qui compofent les confonnances & les diffonnances , ce qui a aflez de
rapport à la fymmétrie outhors de fymmérrie , c’eft-à-dire, qu’une con
fonnance produit fur l’oreille un effet à-peu près femblable à celui que
peuvent produire deux chofes fymmétriques ; car on voit que ces deux
chofes fymmétriques , quoique diffemblables entr'elles , forment par leur
parfait accord , un effec qui fatte, de forte qu’il paroït qu’on ne peut rien
fäire de mieux : tels fonc auñli les rapports des couleurs, par exemple, le
verd Se jaune enfemble ; Aarrent la vue ; la diffonnance produit un effet
fout contraire, c’eft-à-dire dur à l'oreille , tel que la diffonnance du
verd & du bleu qui fymimétrifés enfemble nous choqueroïent la vue : ces
intervalles de diffonnances & de confonnances font au nombre de 7 qui
font les notes de Mulique qui fs malriplient en combinaifons , foit en
montant; foit en defcendant fuivant la raifon oëtuple , de même que
la progreflion décimale dans l’arithmérique avec cette différence près,
que les chiffres hauflent ou baiffent de valeur, en raifon de cette progre{-
fion , au lieu que les notes de Mufque demeurent les mêmes d’un #ia-
pafon à l’autre; de plus , comme l’intervalle d’un nombre à un autre, tel
que de 1 à 2, il ya une infinité de fractions qui le rempliflent fans le
terminer, lefquelles fraétions valent chacune , précédées d'un nombre
entier , plus que l'unité feule & moins de deux, vels font, par exem-
pie Pis 1% 1+3 +, &c. de mème dans l'intervalle d'un ton à un autre.
lpeut y avoir une infiniré de femi-rons ou fraétions de tons, comme
entre ur & réil y a une infinité de tons qui ne font ni wc niré, mais des
tons , comme entre 1 & 2, 1 + approchent plus de 2 quede1,&1+,
Tome IL, Part, VII. E
82 ARS ET Ce
eft plus près de 1 que de 2, c’eft ce que produifent les diezes & les
bemols dans la Mufque. Outre cette façon de confidérer les fons , il y enr
a une autre qui nous fait juger du plus ou moins d’éloignement par fon
plus où moins de force ; tel que l’on peut s’appercevoir dans la perfpec-
tive du plus où moins d’éloignement par les comparaifons que la vue nous
offre ; mais comme dans la perfpective , la Peinture a trouvé l’art de nous
préfenter fur une fuperficie plate, telle que ke papier on la voile, les
objets plus ou moins éloignés fuivant les regles de l'optique , autant la
Mufque a donné l’art de varier les fons par le plus où moins de force
qu'on y emploie pour les repréfenter ou plus où moins éloignés, & par-R
leur donner plus ou moins de grace & d’expreflion, de mème qu'un
Peintre cherche à varier un tableau par les lointains analogues au fujer ;,
comme fi, par exemple, il repréfente une bataille , il nous fait voir deprès
lesobjers l2s plus frappans, puis dans l'éloignement tout ce qui peut yavoir
rapport par les différentes actions ; un Muficien qui voudroit nous repré-
fenter un tumulte de guerre, feroit en forte qu’on entendit pèle-mêéle ,
cependant toujours felon les regles de l'harmonie, les cris des combar-
taus , le bruit des armes, le henniflement des chevaux , &e. C’eft ce que
on éprouve rous les jours à l'Opéra; & plus cette repréfentation ef
naturelle, plus elle eft admirée. On peut voir par-là que plus on emploie
de force ou de délicatelle dans le fon, plus on le rend bruyant & harmo-
nieux. .
Ce que nous venons de remarquer dans l'éloignement , fe trouve éga-
lement dans les couleurs, & les compofant & décompofant de même,
on verra une infinité de nuances qui toutes s’éloignent infenfblement
d’une couleur , pour s'approcher d’une aurre , ce qui forme prefque des
fept couleurs fondamentales une prozreflion imperceprible de nuances
qui paroïffent prefque être routes les mêmes par le peu de différence qui
s'y rencontre , & cependant conduire le clair-voyant d’une couleur à uvre
autre toute oppofée, fans qu'il s'en apperçoive. De ces réflexions je vais
tirer en peu de mots cette rhéorie. Les couleurs font deftinées à dormer
du relief, du luftre, de la beauté , de la vigueur , de l'ordonnance à la
mature , fuivant les qualités des modifications des rayons de la lumiere,
les influences du climat, & le degré de nos fenfarions. Ces couleurs
n'exiftent que pour charmer nos yeux , embellir notre imagination, en-
chanter notre efprit, & rendre agréable notre demeure fur la terre. On
fait qu'il y a des perfonnes qui ne peuvent pas fupporter quelques cou-
leurs, & qui fe trouvent triftes à la vue de quelques autres, & que la
vue du rouge oblige le lion de rugir, & met le buffle en fureur, &c. Un
parterre , un théatre parfemé de fleurs, fur-tout de tulippes, de renon-
cules , d’œillers , de belles-de-nuit & autres paroiffent opérer fur les yeux
les effets pareils à ceux que la Mufique produit fur les oreilles. Ne fe
* #ouve-t-on pas enchanté des couleurs brillantes des diamans bien façon-
EAUMRIET LPS. y
nés? Ne reffent-on pas un fecrer plaifir de voir des tigres ; des paons , &c.
parés de riches couleurs ? J'ajoute que , fans fortir du Royaume de France,
je me fuis promené plufieurs fois dans les chatmps de la Province de Lan-
guedoc avant le point du jour & en toutes faifons ; je me fuis apperçu qu'à
la vue des couleurs naturelles que l’aurore venoit de faire fortir prefque
impercepriblement du feinde l’obfcurité , mes yeux fe reffentoient d'une
fecretre joie, d’un certain plaifr. J'ai obfervé en mème temps que des
animaux remplifloient l’air de mille voix en figne de leur réjouiffance,
au renouvellement de la lumiere, & à l'apparition des objets émaillés ;
qu'ils s’'étudioient à faire différens mouvemens récréatifs de leurs corps;
qu'ils cefloient de les exécuter au lever du foleil; qu'ils alloïent chercher
ce qu’il falloit pour foutenir leurs vies, & qu'ils s’occupoient à faire leurs
autres affaires. J'ai aufli trouvé qu’au coucher du foleil ils paroiffoient
retourner à leurs gîtes triftes & méditatifs. J'ai cru appercevoir , à mon
retour de Languedoc, qu’à Montpellier, dans fes environs, & dans les
Cevennes où j'avois paflé fix à fept ans, la lumiere étant plus vive & plus
agiffante, &- la longueur du chaud étant néceflaire pour la vigueur de la
belle narute ; les couleurs font plus vigoureufes & operent un meilleur
“effet qu’à Paris, Ville firuée fous un climat bien inconftanr.
On a reconnu qu’il y avoit dans la nature 7 couleurs primordiales dans l’or-
dre fuivant; favoir, le rouge, l’orangé , le jaune, le verd, lebleu, le pourpre
& le violer, qui font toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. De certe légere
théorie on peur imaginer une Mufque par couleurs , différente de celle du
P. Caftel qui paroît être une imitation de la Mufique par fons; car les ré-
flexions que je forme fur les couleurs, leurs nuances leurs mêlanges, la na-
ture & les effers de leurs impreflions fur l'ame , leurs degrés de vigueur,
fuivant la qualité des rayons de la lumiere à routes heures & en toutes fai-
fons , fous tous les afpects différens du ciel, felon l’état du temps, &c.
me portent à conclure que l’on peut trouver dans la nature le fondement
& les regles d’une parfaite Mulique, avec les feules couleurs de routes
fortes de la façon dont les Anciens ont pris le fpeétacle de la nature & de
la vie humaine pour le modele dans leurs admirables Poéfies, Chants,
Mufique , & morceaux d'éloquence. J'ofe prédire que fi on favoir jouer,
arranger , varier avec dextérité & intelligence les couleurs à-peu près de
la maniere dont la nature joue celles des objets naturels fous tous les
climats , à la naïflance de l’aurore, en plein midi, & à la fin du jour , on
verroit opérer fur les yeux les mêmes effets, les mêmes merveilles , &
plus que la Mufique vocale & inftrumentale.
Je fonge à fuppléer au défaut du chant fonore. Pour cet effet, on pourra
faire fervir les efpeces d’une couleur haute & foncée à repréfencer les
différens degrés de l'élévation, de l’abaiflement, de la variété d’un fon
que l’on obferve en chantant de vive voix , ou même une fyllabe foie--
longue , foit brève , foit moyenne , foit commune On peut accompa-
Lij
$4 AR NT ES
gner ce chant coloré de petits deffeins ; chaque deffein avec chaque cow-
leur fignificative pour l’ornement, pour fatter la vue, & pour rendre
vives les expreflions. On peut imaginer un art de rendreavec ces couieurs
fignificatives les expreflions bien animées, micux fourenues, & même
analogues à l’efprit de la chofe mife en vers; & de préfenrer de belles
veines à l'ame, comme on a trouvé pour l’oreille nn ait de faire les
vers où l’on obferve le nombre des fyllahes longues & breves, moyennes
& communes ,comime on les voit dans les Poéties grecques & latines.
Les vers dont deux fucceflivement fe terminent par un mème fon, tels
que l’on voit dans les Poéfies de la plupart des lingues vulgaires ; les
vers , qui ont une efpece d’acroflicae où toutes les lettres de l'écriture
fe fuivenc dans l'ordre alphabétique , ce qui n’eft guère en ufage que
dans les Poélies orientales.
Je conçois l’idée d’un théatre d'optique où l’on pourroit repréfentex
au naturel & felon les regles de la Peinture, de la Poéfie & de la Muti-
que; tous les objets fenfibles, tous leurs effets, mouvemens, bruits,
&c. tous les fais hiftoriques, toutes fortes d'images que la verve
poétique enfante, &c. Suivant les principes de l’idenuté & de ia diver-
fité , les impreffions feules des objets joués avec intelligence & dexrérité#
dans ce théarre d'optique formé fur le modele de ce quife paffe à chaque
inftant dans l'imagination & dans l’efprir, fufhifent pour faire naître ,
former , diverfifier dans l’efprit des Spuétareurs les idées, les jngemens ,
les réflexions , &c.
Si on connoît à fond l’efprit humain & le caractere des génies qui
viendront après nous, on pourra penfer que peur-être il s’élevera um
jour d’autres efprits qui, comprenant netrement l’idée & le bur de la
Mufique par les fons & par les couleurs , imagineront par occafion une
Mulique par les odeurs , par les faveurs & par les attouchemens ; car ce
que l’on dit des fons de la Mufique & des couleurs du Pere Caftel , fe
peut dire également des odeurs qui, d'une fade en offriroient une douce
& agréable, une forte, une fétide : des faveurs qui, d’une extrème fa-
deur , feroient pafler fucceflivement par le doux , par l’amer, par l’ai-
gre, par l'âcre : & du ta& qui feroit fentir un poli parfait, & fuccefli-
vement la dureté , la mollelfe , la Auidité, l’élafticité , la fuperficie ra-
boreufe, le chaud , le tiede, le froid ; en un mot, on rèvera foigneu-
fement aux plaifirs & douleurs attachés à l’un des cinq fens ; on omertra
les odeurs & les faveurs, fi on veut éviter les incommodités de s’en fer-
vir dans la Mufque pour les varier avec intelligence & dextérité. Or
trouvéra un art de jouer , arranger, varier les plaifirs & douleurs , d’o-
pérer les impreflions agréables & défagréables fur lame, &c. de façon
à mettre en honneur & en vigueur la philofophie d'Epicure , laquelle
fait confifter le bonheur de l’honime dans les voluptés, foit du corps,
foit de l'ame. Mais Les réflexions que je forme fur cet art de l’enfemble
AMRET LE: 85
des impreffions & fes ets fur les fins & fur les opérations, me font
fentir qu'il peur avoir des conléquences à faire oublier ce que l’on doit
à l'Auteur de la Nature , à la fociété & au bien ètre de fa perfonne ; &
que dans l’ordre de la nature il peut nuire à la bonne conftiturion du
coxps, fi on perd de vue les regles d’une fage modération , d’une rem-
érance bien entendue qu'il falloir obferver pour fe conferver cette
des conftirution du corps , & même la férénité de l’ame. En effec , on
pourra imaginer une feule Mufque nniverfelle pour tous les fens à la
fois, & on pourra faire un mauvais ufage des plaifirs & douleurs atta-
chés à chacun des fens.
Je (ens bien que la lcéture de certe lertre doit naturellement vous éron-
ner, & que vous ne ferez pas fans défiance à ce fujer; c’eft pourquoi
M. Ruault Libraire, rue de La Harpe , vous donnera, {t vous voulez , mon
adrelle ; & vous me ferez l'honneur de venir chez moi , pour vous aflurer
de l’exiftence de mes connoiflances dans la fituation où je fuis. Je me
propofe de faire imprimer une Differtation où je rends compte de la
maniere dont j'ai appris à lire & à écrire, &c.
Je fuis, &c.
CVHPASNAGICERMENEN NUS
A faire à la Traduétion de la Differrarion de M. Rutrerford , fur l’Air
méphitique ; & dont la circulation efl interrompue.
q 13
Gi: TTE Diflertarion eft inférée dans le volume précédent, page 450, telle qu'ellé
nous a été communiquée manufenie, & venant de Londres. Aujourd'hui que nous
avons le texte de l’Auteur fous Les yeux, nous nous cmpreffons d'en rectifier la Tia
duction, puifque celui qui s’eft occupé à la mettre en François , ou n'entend pas
affez bien le Latin ou l'idiome François ne lui eft pas aflez connu. Ce feroi avec
zaifon que l’Auteur fe plaindroir de voir (on Ouvrage,
Page 150& 151, l'air eft ce Auide tranfparent, léger & mobile qui nous environne,
& dans lequel nous vivons. 11 compofe l'athmofphere où floctenrles nuages & les diffc-
zentes émanations qui s'élevent perpéruellement en vapeurs de tous les corps cerreftres,
Les hommes ont fenti de tout temps combren cet élément étoir néceflaire pour
maintenir la vie des animaux, & entretenir le feu. Ce n’eft que depuis le fiecle det-
sier que la Phyfique expérimentale leur à fair connoître fes autres qualités ignorées
jufqu'alors, comme [a pefanteur , fon élafticité , fa denfité, &c.
L'air , non-feulement environne tous les corps fublunaires , maïs encore il entre
par la fubrilité de fes parties, dans leur organifation intérieure, & refte caché dans
leur fubftance. Les Philofophes modernes ont voulu découvrir quelle étoit la nature
de cette efpece d'air combiné avec la matiere dont font compolés les animaux, les
végétaux & les foffiles, & qui paroît abfolument néceflaire à leur conftiturion. Ils
ent également voulu fayoir s'il peur contraéter quelques mauvaifes qualiés , fauce de
\
, 86 )
mouvement , ou bien de la part des corps dans lefquels il eft emprifonné, Ces fortes
de recherches ne paroîtront pas inuules , fur-rout depuis qu'on s'eit apperçu que cer
air ainfi renfermé, différoit effentiellement , quand il eft dégagé de la fubftance in-
time des corps, de l'air athmofphérique que nous refpirons, & qui eft fi néceflaire à
la vie. C'’eft avec juftice qu'on lui donne fouvent le nom d'air méphitique. Je tâche-
rai donc de faire connoître en peu de mots fon origine & fa nature, d'après les expé-
riences de M. Cullew & de M. Black, auxquels je fuis redevable des lumieres que
j'ai acquifes fur certe matiere.
Page 451. J'entends ici par air méphitigne, que d’autres appellent air fixe , cette
efpece finguliere d'air qui caufe la mort des animaux , qui éteint le feu & la flamme,
& qui eft évidemment attirée par la chaux vive & par les fels alkalis,
Cet air fe dégage quelquefois des entrailles même de la terre, avec toutes les
qualités malfaifantes, comme de l’ancien averne, de la grotte du Chien, près de
Naples. 11 fe mêle avec certaines eaux minérales, comme celles de Pyrmont, & 11
circule avec elles. Il paroït que dans certaines concrées il y en a des matrices parti-
culieres.
Le même ait, quoique falutaire , devient dangereux , s’il eft refpiré pendant long-
temps. Il fort danc des poumons de l'air méphitique ; l'air le plus pur, tranfimis par
des corps ardens , acquiert de mauvaifes qualités
L'air fixe fe dégage enfin des corps par certains procédés chymiques , fur-tout lorf-
qu’on réfout les cops dans leurs premiers principes , foit par l'agent du feu, foit par
quelque mouvement inteftin, comme dans la fermentation du vin, ou par quelque
menftrue qui aura excité une violente ation dans le mélange de deux corps , dont
les parties feront dans une forte attraction , comme lorfqu'on verfe quelques acides
far les terres abforbantes , la craie ou la chaux ; ce dont on peut aifémenr fe convain-
cre par l'expérience. .. .. 11 potfede enfin cetre merverlieute qualité antifeptique , au
point qu'il préferve très-long-temps de la corruption les corps avec lefquels ileft mêlé;
quoiqu'on ignore encore sil corrige ou détruit la corruption qui a déjà commencé ;
cer il ne rétablit dans leur premier érar ni les viandes , ni les liqueurs corrompues.
L'air méphitique s'unit finguliéremenc avec la chaux, les fels alkalis & les autres
fabltances femblables : elles l'atrirent avec avidité. C'elt-là même, la principale dif-
férence qu'il y ait entre l'air méphitiqu: & roure autre efpece d'air. Son union eff fi
intime, la force de leur attraction eff li grande, qu'ils deviennent par leur mélange,
des corps plus folides, en perdant beaucoup de leurs propriétés,
Page 453, ligue 14. Les fels alkalis deviennent cauftiques avec elle, dans cet état
de chaux. Les acides l’attirent plus fortement.
Ligne 32. Le Docteur Black a découvert que la craie ne contient rien autre chofe
de volaril, lorfqu’elle eft feche , &c.
S'il faut, par exemple, une quantité dérerminée d'acide pour diffoudre entiérement
une drachme de craie, on ne pourra jamais parvenir à diffoudre une autre drachme
de la mème craie, qu'en y ajoutant Ja même quantité d'acide.
Ligne 36. Le feu ne communique à la chaux aucune particule faline, ni acide, fice
n'eft qu'elle devient plus cauftique ; elle fe diffour en entier dans l’eau , & fe trouve
toujours homogene. “
P. 454, ligne 11. Pendant la diffolution de la craie par les acides, l'air fe dégage.
Si on précipite çerte terre fans lui redonner ce même air , elle devient chaux, de même
que fi on l'unifloir avec un alkali cauftique.
Ligne 22, On retire l'air méphirique de la craie ; on le retire de même de la ma=
gnéfie blanche , qui eftune autre efpece de terre abforbante : fon caraétere ne change
point dans routes ces révolutions ; car, qu'elle foit dépourvue d'air, ou qu'elle en foit
farurée, elle cft toujours infipide & indifloluble dans l’eau,
(87)
Ligne 29. On obferve également cette artraétion mutuelle entre les alkalis fixes &
l'air méphitique. Lorfque ces fels en ont été privés , ils fort plus âcres, plus avides
d'eau, de maniere qu'on peut avec peine réduire ces fels fixes ou volatils fous forme
feche.
Page 455, ligne 3. L'air méphirique s'unit avec la chaux préférablement à l'alkali
fixe , plutôt avec l’alkali fixe qu'avec la magnélie blanche ,& enfin avec l'alkali volatil
de préférence fur la magnéfie,
Ligne ». Il fe mêle aufli de lui-même avec quelques Auides , ou du moins il peut
s'unir, & fur-rout avec l'eau,
Ligne 14. Et dont une petite portion fe diffout dans l'eau.
Ligne 22, On voit par la comment l'air méphitique introduit dans l’eau de chaux
eft précipité de la terre, qui, par la fuite, fe rediflout prefqu'entiérement dans la
liqueur , & difparoît. L'eau imprégnée de cet ait méphitique difiout en partie quelques
métaux , principalement le fer & le zinc : par exemple, là folution de fer dans cette
eau noircit avec la noix de galles.
Ligne 32. Delà vient que certaines eaux qui tiennent en diffolution quelques por-
tions de terre calcaire, ne paflent pas comme propres a cuire les légumes & pou: les
autres ufages domeftiqués, qu'après avoir éte purifiée par la coétion ou le repos. Il n’eft
donc pas éronnant qu'on puifle à peine retirer un grain de vario} en (ubftance des
caux-chalibées, quoiqu'elles dépofent du fer en forme d'ocre , après les avoir fait
bouillir. Cet effereft dû au feu/qu a diflipé le menftrue qui tenoit en diffolution les
parties métalliques. Quand les vertus des eaux minérales dépendent de eet air, l'arc
peut les imiter.
Page 456, ligne 1. Tout ce qu'elle diffout s'en fépare fous ta forme d'une pellicule,
ou fe pré:ipice au fond, s'il eft plus pefant. On peur res bien conferver l'eau ainft
imprégnée d'air dans des bouteilles bien bouchées & renverlées.
Ligne 7, Ce air diffous dans l'eau, fe dégage routes les fois qu'il eft en contaét
avec l'air extérieur, ou expofé à quelque degré de feu. La méme chofe arrive avec le
fecours de la machine pneumatique, mais lus lentement par l'addition de quelque fel.
Le 16. Les animaux ne peuvent vivre fans le fecours de l'air Il eft bien étonnant
que le même air fe corrompe par l'action des organes , au point de devenir mortel, &
de l'emporter par fon aétivité fur rous les poifons connus. Les animaux les plus forts,
expolés à cer air meurtrier , périffent prefque dans l'inftant.
Ligne 22. Et tombent plus ou fnoins promprement, comme fi c'étoit d'apoplexice.
Ligne 16. Jufqu'à ce que l'animal érant mure, il revienne dans fon premier érat.
Ligne 28. L'alkali avoit ab{orbé une onzieme partie de ce même air.
Ligne 31. Il y a lieu de croire que les divers animaux infeétent L'air différemment,
lorfqu'ils refpirent dans une même quantité d'air.
Ligne 40. Delà vien qu'on ne peut déterminer exaétement la quantité d'air méphi-
tique qui rend l'air commun impropre à la refpiratien des animaux.
Page 457, ligne 3. Après qu'on a féparé & enlevé tout ce qu'il contient de méphi-
tique par le moyen d'une leflive cauftique. ;
Ligne 7. On ignore fi l'air devient méphitique dans les poumons, ou ce qui paroîr.
Ligne 15. Cependant le feu & la refpiration lui communiquent une quahté aufli per=
nicieufe pour la vie des animaux , que contraire à l'inflammation. Comme leurs effets
font entiérement les mêmes ; ce que j'ai diten premier lieu de la refpiration , je l'appli-
querai à l’infammarion.
Ligne 22. L'air qui a fervi entretenir le feu , fouffre à peine une moindre perte de
fon élafticité , que s’1l avoit fervi a la refpirauion des animaux.
Ligne 28. Eft la même, par rapport à la maile totale de l'air qui y eft renfermé, que
& un animal y étoit mort,
ct |
(58)
Page 30. Il ne faut qu'une égale quantité d'air méphitique, mêlé avec l'air com-
mun pour détruire la flamme & la vie.
Ligne 34. L'air qu'a engendré le charbon ardent, qu'on a agité avec un foufflet,
pour le priver de tout air méphitique , fe trouve encore infecté, & ne differe en rien
de celui que les animaux ont infcété par leur refpiration.
Ligne 42, L'air dans lequel on a allumé du foufre ou du phofphore d'urine, quoi
qu'extrémement méphitique, ne précipite rien de la diffolution de chaux.
Page 458 , ligne 1. Quelquefois celui qui eft provenu du phofphore , précipite la
chaux de la diflolution en pellicule mince ; effec qu'on ne doit nullement attribuer à
l'air méphirique; mais, &c.
Ligne 6. Les qualités de l'air fixe viennent plutôt de la réfolurion des corps.
Ligne 12. La plus grande pattie de certe efpece d'air paroït dériver de la réfolution
des corps.
Ligne 14. M. Hales s'en cft afluré par un fi grand nombre d'expériences, qu'il a
conclu que cet air étroit le principe cimentant des corps.
La derniere efpece d'air dont il me refte à parler , eft celle qui provient de la réfo-
lütion des corps, & dont la fource paroîr d’abord en étre intariffable,
Ligne 21. Eft le principe qui enchaîne tous les élémens des corps.
Ligne 44. Elle ne s'enflamme pas roujours; elle éceint quelquefois la flamme.
Page 459 , ligne 9. Lorfqu'on le diftille dans des vaifleaux de verre ou de terre.
Ligne 14. Mais on ne doit pas plus attribuer la purréfaction des viandes à la fépa-
ration de cet air , que l'inflammation qu'on obferve dans certe expérience.
Ligne 16. J'ajouterai qu'il y a pluficurs phénomenes dans la putréfaétion des corps
qui cadrent beaucoup avec ceux d'une inflammation lente. \
Ligne 30. 11 paroît auf fournir du phlogiftique aux autres corps 5 car il ferc à
revivifer les méraux de leurs cendres , ou à faire revivre Ja chaux des métaux,
Ligne 36. Que les végétaux frais détruifent l'air méphitique , à mefure qu'ils
croiflent.
Ligne 40." Ces expériences ne font pas encore aflez décifives dans une matiere aufli
importante.
OBSERVATIONS
S U KR
LAURENT IQUU:E .
® SUR L'HISTOIRE NATURELLE
EXCEM SUR LES : A RIT:S :
AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE;
DÉDIÉES
À M# LE COMTE D’ARTOIS,
Par M. l'Abbé ROZIER, Chevalier de l'E glife de Lyon ; de l'Académie
Royale des Sciences » Beaux Arts& Belles- Lettres de Lyon, de Villefranche,
de Dijon, de Marfeille , de la Société Impériale de Phyfique & de Boranique de
Florence , &c. ancien Direë&kur de l'Ecole Royale de Médecine Vérérinaire
de Lyon. .
LÉ OMIÉN SEL CON D;
2 mm
A QU SN eTS
PAONE AR IS
Hôtel de Thou ; rue des Poitevins.
A PR ÉD A RE
M DCE EXXIIÉ
AVEC PRIVILEGE DU & 0.4
SOU SERIE LEON
Deé'cet JowrnAr: pe | Pa y sxQlv Ee.
Iz paroîtra chaque mois un Wolume de dix à onge feuilles
in-4 enrichi de gravures en taille-douce. On pourra à la fin
de chaque année relier ces douye Volumes , & ils formeront
deux Volumes in-4 de 6o a 70 feuilles. On foufcrit pour cet
Ouvrage à Paris chez PanckoucxE , Hôïel de Thou, rue
des Poitevins , © chez les principaux Libraires des grandes
villes de ce Royaume & des Pays étrangers. Le prix de la
fouféription eff de 24 liv. pour Paris, & de 30 liv. pour la Pro-
vince, franc de port. On a cru auffi devoir fe borner à l'ancien
titre & fupprimer celui de Tableau du travail annuel de toutes
les Académies de l'Europe, titre trop général pour un Jour-
nal de Phyfique. Cet Ouvrage ef une Suite indifpenfable de
la Colleition académique.
Les Savans qui voudront faire inférer quelques articles
dans ce Journal, font priés de les adref[er à l Auteur, place
€ quarré Sainte- Genevieve, au coin dé la rue des Sept-voies.
ASE UE
ne UT TLC ES
Contenus dans cette huirieme Partie,
PHP & Obfervations [ur le Charbon ; comme conducteur de
l’'Elëtricicé ; par M. Prieflley ; Membre de la Société Royale de
Londres, page 89
Obfervations fur l'Evaporation, par le Lord Kames, 97
Expériences à tenter, pour parvenir à déterminer la nature du venin
peflilentiel , à combattre [es effers , & à en arrêter la propagation ; par
M. Mauduit , Doëteur-Régent de la Faculté de Médecine en PUni-
verfité de Paris, 104
Obfervation fur laquelle eft fondée la propoftion de diriger l’'aëlion des re-
medes, immédiatement fur les miafines peftilentiels , 106
Précis d'un Ouvrage, intitulé : ExAMEN Docrrinz, &c. Examen
de la Doëtrine de M. Meyer ; touchant l'Acipum rique; & de celle
de M. Black, fur l'Air fixe concernant la chaux ; par M. Crantx ,
Profeffeur de Medecine à Vienne, 113
Mémoire fur l’imitation du Vol des Oifeaux ; par M. Mongés ; Chanoine
Régulier de la Congrégation de France; lu à l’Académie de Lyon le
11 Mai 1773, 140
Lettre de M. Rouelle, Apothicaire de S. À. S. Monfeigneur le Duc
A
d'Orléans, & Démonftrateur en Chymie au Jardin du Roi, &c. à
l'Auteur de ce Recueil, | 144
Deftription d’un Geai de la Chine , 146
Lettres de M, Kuckhan aux Préfident & Membres de la Société Royale
de Londres, 147
Premiere Lettre fur la maniere d’embaumer les Oifeaux, ibid.
Lettre II, 148
Lettre III, 5 1$a
Lettre IF, 151
Defcription de la Pierre cornée ; par M. Baumer, 154
Défcription des Refforts nouvellement inventés en Angleterre ; par M.
Jacob, pour fufpendre les Voitures ; communiquée par M. Pingeron,
Capitaine d'Artillerie, & Ingénieur au Service de Pologne, 159
Defcriprion & explication du modele de la Machine hydraulique, inventée
par M, IviRTZz, & préfenté à la Société établie à Londres pour l'en-
Fc BLOQUE
couragement de l'Agriculture, des Arts & du Commerce ; par M. Ra:
dolphe Woltravers, Ecuyer ; traduélion de l’Anglois ; par M. Pinge-
ron , Capitaine d’Artillerie, € Ingénieur au Sérvice de Pologne, 164
Nouvelles littéraires, 164
Fin de la Tables
AR PI PORT ON BE AU:E T TEEN
LE lu, par ordre de Monfeigneur le Chancelier , un Quvrage ayant pour titre
Obfervations fur la Phyfique, {ur l’Hifloire naturelle & fur les Arts, @c. par M. l'Abbé
RozrEer, 6. & je crois qu'on peut en permettre l'impreflion, A Paris, ce 31 Août
“27734
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ET MONR S4E, RE, VAL MOINS
Sur le Charbon, comme conduiteur de l’Eleétricicé ;
Par M. PRIESTLEY, Membre de la Société Royale de Londres,
C Eux qui ont lu l'Hiftoire que j'ai publiée fur l’Eleétricité (1), ont
vu dans les expériences que je rapporte, ce que j'ai dir du pouvoir con-
ductif du charbon. Ceux qui éleétrifent, ont confidéré cette fubftance
comme incapable de tranfmettre l’éleétricité. Ils ont vainement efaye,
fans pouvoir réuflir, & fe font contentés de regarder l’eau & les méraux
comme les feuls conducteurs offerts par les mains de la nature. En con-
fidérant que les propriétés chymiques du charbon different effenrielle-
ment de celles qu'il avoit dans fon état de bois , ils auroient conclu qu’il
pouvoit avoir d’autres propriétés.
J'ai obfervé, en rapportant mes premieres expériences fur le charbon,
que le pouvoir conduétif de cette fubftance, & fur-tout du charbon de
bois, varie confidérablement , fans pouvoir déterminer fi cela dépend de
fa préparation ou non. Cette incertitude m'a engagé à prier ceux qui fe
Jivrent aux travaux chymiques , de continuer les expériences que j'avois
commencées , efpérant qu'ils poutroient découvrir non-feulement la
caufe du pouvoir conductif du charbon de bois, mais encore celle de
toutes les autres fubitances, Mes prieres ont été vaines ; jai repris mes
expériences ; le fuccès n'a pas été égal à mon attente ; cependant j'ai
réuñi dans la principale. On en va juger.
Je recommencai d'abord par reconnoître une erreur dans laquelle j'é-
tois lorfars je fs mes premieres expériences. Des perfonnes qui travail-
lent au charbon , me dirent qu'ilaugmentoit de volume ; après qu'il éroit
A
[e2) Voyez ce qui a été dit de cer Ouvrage, tome III, part. II, page 46, volume de
Décembre 173r.
Tome II, Partie VIII, M
Tranf. de
Lordres,
1771.
90 PURINNRITUONTEUSE
fair. Je m’imaginai alors que la même chofe devoit arriver aux autres
fubftances que l’on réduit en charbon. Les premieres expériences que
je tentai, me firent changer de fentiment, & reconnoître mon er-
eur.
Toutes les fubftances minérales diminuent dans cetre opération; plus
la chaleur eft parfaire , c’eft-à-dire forte, plus la diminution eft conlidé-
rable. J'ai réduit des morceaux de bois à un peu moins d’un quart de
leur longueur & de leur groffeur naturelle dans un feu ordinaire, en l’at-
tifant avec un foufflet de chambre, Il en a été de mème de l’ébene & du
fapin , &c. qui font des bois dont la contexture eft différente.
Comme l'humidité, & à ce que je crois, les plus petits degrés de
chaud & de froid affeétent plus fenfiblement les fibres du bois en travers
qu’en long, je penfai qu'il en feroit de mème, fi je le réduifois en charbon,
€n augmentant le degré de feu ; mais je n’apperçus aucune différence fen-
fible à cet égard; & pour mieux me convaincre de ce fait, je coupai dans
la même planche deux morceaux de deux pouces & demi , l’un en kra-
vers & l'autre felon la direction longitudinale des fibres. Tous deux
furent mis en charbon dans le creufer, l'un fe trouva réduit à deux pouces
& un quart, & l’autre à deux pouces -— ; mais je n’apperçus point qu'ils
euflent acquis un pouvoir conductif. J’indiquerai le degré de chaleur qui
raccourcit le bois que l’on réduit en charbon, dans l’endroit où je com-
pare la différence qu’elle produit à cet égard , avec celle qu'elle occa-
fionne dans la propriété qu'il a de conduire l'électricité.
Je me fuis apperçu avec étonnement, que les fubftances animales ne
diminuoient point, lorfqu'on les réduifoit en charbon : c’eft du moins ce
que j'ai éprouvé avec un morceau d'ivoire & un morceau d'os de plu-
fieurs pouces de longueur , que j’ai mis rougir pendant plufeurs heures:
dans un creufet; leur poids diminua à la vérité , mais.1ls conferverent.
leur figure ; ce qui n'arrive ni aux bois, ni aux fubftances végétales,
L'examen que j’ai fair des fubftances minérales, m'a convaincu de la
vérité de ce qu'on m’avoit dir, que le bois augmentoit de volume , après
avoir éré réduit en charbon. Pour s’aflurer de cette circonftance , il faut
faire l'expérience avec beaucoup de foin, puifqu’à moins que l’opération
ne foit lente, le charbon perd fa forme , parce que la chaleur le rend
en quelque forte fluide. Tous les morceaux de charbon font pleins de
savités, dont la plus grande eft ordinairement au centre ; ce qui prouve
que fa dilaration ne provient que de l’alongement des fibres ligneufes ,
qui eft occafonné par la vapeur élaftique qui fe forme & fe fair jour au
travers , pendant que la fubftance eft encore molle.
Je me fuis convaincu , relativement au principal objet de ma recher-
che , que le pouvoir conductif du charbon dépend uniquement du degré
de feu qu’on emploie en le faifanr. Je ne m'en doutois pas; mais plu-
fieurs expériences m'ont convaincu de la vérité de ce fait. J'ai mis dans
"7 :
P'Umoig ts — Q 1 ‘E. gr
un pot de fer rempli de fable, plufieurs morceaux de bois coupés dans
la même planche , & que j’avois eu foin de marquer pour les reconnoi-"
tre, & j'ai toujours trouvé que les meilleurs conducteurs éroient ceux
qui avoient éprouvé le plus fort degré de chaleur. Le réfultat a été le
même, lorfque j'ai mis des morceaux de bois dans un canon de fuñl que
j'avois fait rougir par un bout , en faifant en forte que la chaleur alläc
en diminuant jufqu'à l’autre extrémité.
J'ai donné à des morceaux de charbon la propriété de conduire l’élec-
tricité qu'ils n’avoient point en les faifant rougir dans un creufet ou dans
un canon de fufl couvert de fable. Je ne me fuis point apperçu que la
fimple continuité du même deoré de chaleur infuär fur certe propriété.
M. Macquer [& les autres Chymiftes définiffent le charbon , un bois
brûlé qu’on n’a point luflé Hamber ; mais je fuis perfuadé que cetre cir-
conftance n’influe ni fur fa qualité conductrice , ni fur fes autres pro-
riérés elfentiélles. J'ai brûlé des morceaux de boïs dans des canons de
full & dans des creufers légérement couverts de fable , & laiflé prendre
feu à la vapeur qui en fortoit à différentes diftances des fubftances. J'en
ai également mis dans le feu que j'attifois avec un foufflet , & le charbon
s’eft trouvé également bon. Il eft vrai que dans ce dernier cas, prefque
tout le bois fe confume , mais le peu qui en refte après qu'il a ceflé de
flamber , foit qu’on l'éteigne promprement ou non, conduit aufli- bien
qu'aucune efpece de charbon que ce puiffe être. On ne peut pas s’aflurer
de donner le mème degré de chaleur à toutes les parties d’un morceau
de bois, à moins qu'on ne le laifle quelque remps dans le feu. Si c’eft
dans un feu ouvert, il fe confume à l’inftant qu'il eft enflammé.
Un morceau de charbon ne perd jamais le pouvoit conduéteur qu’on
lui a communiqué; & comme je l’ai obfervé dans mes premieres expé-
riences, on peur en brüler une partie, fans que cette opération influe
fur les autres.
J'avois cru que le plus où moins de folidité des fubftances que l’on
réduit en charbon , induoit fur la propriété qu’elles avoient de tranf-
mettre l'électricité ; mais ma conjecture n’a point été confirmée par l'ex-
périence. Les charbons les plus légers conduifent aufli-bien que ceux des
bois les plus folides, lorfque le degré de chaleur eft le même. La fciure
de fapin, la pelure d’oignon , les fubftances vegérales les plus légeres
pofledent cette propriété au même degré que le charbon d'ébene &
d'ivoire.
J'avois encore penfé que dès que la chaleur avoit occafionné la noir-
ceur d’un morceau de bois, il devenoit du vrai charbon , & qu'il joi-
gnoit aux autres propriétés de cette fubftance celle de conduire plus ou
moins l'électricité : j'ai cependant trouvé, en réduifant lentement plu-
fieurs morceaux en charbon , qu'ils ne conduifoient point du tout, non-
feulement lorfque la noirceur n’étoit que fuperficielle, mais encore lorf-
M
n2 Po ie EP TT IQ TETE
qu'elle pénéttoit dans toute la fubftance. Je me fuis quelquefois apperc:
que cette efpece de charbon facilitoir le pallage d'une explotion ; le long,
de la furface, & ne tranfmertoit point le choc.
Voulant m'affurer du rapport qu'il y a entre Îa diminution du poids
& du volume, & Le pouvoir conduétif du bois & du charbon, j'ai pris
plufieurs morceaux de la même planche que j'ai exaétement mnefurés &
pefés. Je les ai réduits peu à peu en charbon fur une plaque de fer, les rour-
pant fans ceffe pour empècher qu'ils ne s'allumaffenr ; & voici quels ont
éré les réfultats de cette expérience.
Un morceau de bois de chène fec , conduifant médiocrement , ainfis
que le bois a coutume de le faire , à caufe de l'humidité qu’il contient
ne conduile plus du tout, après avoir perdu un grain de fon poids : il
ne fut converti en charbon qu'après qu'il eût éré réduit à quatre grains
& alors ikne conduifit que par un des coins qui avoit pris feu.
Je pris un autre morceau que je pefai & mefurai plufeurs fois durant:
le cours du procédé. Il pefoit d’abord douze grains , & fes dimenfions
étoient de deux pouces quatre cinquiemes. Quand il ne pefa que huit
grains , fes dimenfions furent de deux pouces moins un quait. À cinq:
grains un cinquieme elles étoient à un pouce “+3 à crois grains moins um
cinquisme elles étoient à un pouce moins un huitieme & un trente
cinquieme.
Il conduilit alors imparfaitement , & ayant pouffé le feu pendant plu-
fieurs heures jufqu’à réduire fon poids à un grain, & fon volume à un,
fix & trois. Il ne conduifir pas mieux , & devint feulement plus friable.
1! paroît par des expériences que nous venons de rapporter , que ces:
morceaux de bois furent réduirs environ à un quart de leur poids, avant
de pouvoir conduire , & que la longueur de leurs fibres ne diminua que.
d’un dixieme. Je ne pus mefurer leur largeur & leur épailleur à caufe de:
leur petiteffe. Pour les rendre des conduéteurs parfaits , il fallut les ré
duire à un dixieme de leur poids , & à un: de leur longueur.
Plufieurs circonftances me portent à croire que la caufe de la noirceur:
& du pouvoir conduétif du charbon n’eft autre chofe que l’huile de la
plante que le feu a rendu empyréumatique. Je conclus delà ; que ces pro-.
priétés dépendent de la partie du principe inflammable auquel on donne:
le nom de phlogiftique qui fe fixe & s’unic à la partie terréftre de la plante:
par le moyen de la chaleur.
Le fable avec lequel je couvris les fubftances que je convertis en
chaïbon , de même que la terre à pipe que je remis par deflus, devinrent
noirs, & conduifirent parfaitement bien, ce que j'attribue aFhuile des
fubftances dont ils s’imprégnoient, à mefure que la chaleur 12 contrai-
ancit de fortir des morceaux de bois: Parmi ceux: dont j'aveis rempliuni
canon de full , ceux qui étoient au haut n'éroienr point brülés:, &z n'as
voient pas-même fenta la chaleur ; cependant la noirceur que la vapeux
115
FOR) R SE Q Em 03
biéagineufe leur communiqua , les mit À même de tranfmettre le choc
électrique , quoique d’une maniere imparfaite,
Il arrive quelquefois que des fubftances qui ne contiennent pas du
phlôgiftique , mais qui le reçoivent des corps d’où il s'échappe , ne con-
duifent point immédiatement. On leur communique cette propriété, en
les expofant à un degré de chaleur fuffifant pour brüler l'huile dont leurs
pores font remplis.
Je mis un morceau de pipe ordinaire dans uni creufet où je faifois brû-
ler de la térébenchine , & 1l devint aufli noir que les pipes dans lefquel-
les on à pendant long-temps brülé du tabac. Il ne conduifoit point du
tout ; mais l'ayant remis dans un creufer couvert de fable , de méme que
{5 j’avois voulu convertir du charbon en bois, il devint un très-bon con-
ducteur, Si je l'euffe calciné à feu ouvert, le phlogiftique fe feroit éva=
poré, & ce morceau de pipe auroit repris fa premiere blancheur.
Convaincu que le pouvoir conduétif du charbon dépend de l’huïle , ou:
plutôt du phlogiftique qu’il contient , de même que du degré de chaleur
qu'on emploie, j’ufai de différens moyens pour communiquer une plus
grande quantité de ce principe aux fubftances végétales, ou du moins
pour faire en forte qu’elles le retinffenc lorfqu'on Le réduit en charbon.
Aucune ne réuflic.
Je commençai par plonger un morceau de vieux bois de chène bien
fec dans l'huile. J'en pompai l'air, & le laiflai un jour & une nuit dans
le vuide ; il en fortit une grande quantité d'air. Je redonnai l'air fous le
récipient , pour que l'huile pénéträt dans les pores du bois ; mais le char-
bon fait avec ce bois ne valur pas mieux que les autres. Il peur arriver que
la chaleur difipe le phlogiftique, de maniere que le réfidu qui en eft par-
fairement faturé , n'en retienne qu’une certaine quantité. J'ai fait dur
charbon avec d’autres morceaux de bois couverts avec du ciment ; j'en ai
brülé pluñeurs enfemble , pour qu'ils puilfent réciproquement recevoir
leur phlogiftique ; & le charbon n’en a pas mieux valu.
Pour empècher l'évaporation du phlogiftique , de la fubftance que je
réduifois en charbon, je mis plufieurs morceaux de bois dans un canon
de fufk que je bouchai avec du liege recouvert de ciment. La vapeur fe
ratéfiant , fit conffamment, après quelque efpace de remps , fauter le
bouchon ; mais je ne m’apperçus point que ce charbon eût une qualité
particuliere qui lui méritac la once fur les autres,
Je ne connois aucune. méthode pour diftinguer la différence des fub(-
tances qui conduifent aufli parfaitement que celles-ci, on du moins qu'on:
puiffe employer dans le cas préfenr. Par exemple, le charbon qu’on faic
Lo1-méme fous une cheminée, ne differe en rien des métaux les plus par-
faits, tels que l'or & l’argenc, ni par la longueur de l’érincelle électri
que, ni par fa couleur , ni par le bruit de l'explofñon. Je ne doute mème:
as qu'en réduifanc le bois en charbon , on ne paille Jui communiquer:
94 PMR ANR NO TEUTTE.
une qualité conductrice , fupérieure à celle du plom’ » du fer & des au+
tres métaux inférieurs.
Le mieux qu'on puiffe faire dans.cette occafion, eft d'obferver le degré
de chaleur qui eft néceffaire, foit pour unir le phlogiftique à fa bafe, foit
pour l’en féparer , tant dans le bois que dans les différens métaux. Le
plomb fe calcine aifément , mais auf il eft un conducteur très-foible.
Le fer fe rouille en peu de temps, & fon pouvoir conduétif n’eft rien
en comparaifon de celui du cuivre & des autres métaux plus parfaits. Si
l'on employoit à faire le charbon un degré de chaleur plus fort que celui
qui eft néceffaire pour calciner ou revivifier un métal, peut-être acqué-
reroit-il un pouvoir conduétif , fupérieur à celui du métal. Comme il eft
poflible de donner au charbon un plus fort degré de chaleur que celui que
peuvent fupporter l'or & l’argent , interceptant toute communication
avec l'air extérieur , on peut parvenir à en faire qui conduife plus parfai-
tement l'électricité qu'aucun de ces méraux.
Si l’eau contenoit un phlogiftique , jen concluerois qu'il n’y a aucun
pouvoir conduétif dans la nature, qu'en conféquence de l'union de ce
principe avec une bafe. Or, certe union fe trouve dans kes méraux & le
charbon. Ils conduifent tant qu'ils confervent leur phlogiftique. Ils per=
dent cette qualité dès l'inftant qu’ils en font dépouillés.
Je crois cependant qu'on peut convertir en charbon toutes les fubf-
tances animales & végétales qui contiennent un phlogïftique, & les
mettre en état de conduire l'électricité, en employant la chaleur nécef-
faire. La viande, la colle, les os & les antres parties du corps animal
donnent un charbon qui poflede cette propriété.
Le moyen qui m'a le mieux réufli pour retenir le phlogiftique du bois
que j'ai réduic en charbon, a été de le brûler lentement. J'ai toujours
obfervé , qu’en agiffanc de la forte , il s’évaporoit une moindre quantité
de phlogiitique volatil ; je veux dire, d'air inflammable, & qu'on en
fixoit une plus grande quantité. Je n’ai jamais pu, en employant une
chaleur égale , me procurer du charbon aufli léger que celui que j'avois
brülé tout-à-coup.
Je pris deux morceaux de bois de chène fec, qui pefoient quatorze
grains chacun ; l’un fut brûlé promptement; il me donna huit mefures
d'once d’air inflammable , & il pefoit deux grains. L'autre fur dans Je
commencement chauffé peu à peu, & le feu fut pouflé au même degré
qu'il l’avoit été pour l’autre, IL ne donna qu'une mefure & demie d'air
inflammable , & pefa trois grains. Cerre expérience répétée plufeurs
fois donna à-peu-près le même réfultar.
Après avoir examiné le pouvoir conductif de ces deux efpeces de char-
bons , je n’apperçus entr’eux aucune différence. Peut-être y a-t-il une mé-
thode pour s'aflurer que celui qui a érébrûlé à petit feu , eft meilleur que
l'autre, à moins, ce qui eft vraifemblable , que la bonté du pouvoir cons
DIM NT CDR E (OUT 95
duétif ne provienne de l’union intime du phlogiftique avec la bafe , ce
qui dépend du degré de chaleur plutôt que de la quantité de phlogifti-
que qui s'unir avec M partie cerreftre.
NN. B. Pour retenir l’air inflammable qui s’exhale du bois, pendant
qu'on le réduit en charbon, je mis les fubftances dans un canon de fufil;
jy adaptai un long tube de verre , au bout duquel j’attachai une veflie
dont j’avois fait fortir l'air.
Comme les métaux & le charbon font tous deux compofés d’un phlo-
giftique lié à une partie terreftre , & qu'ils conduifent également l’élec-
tricité , je foupçonnai que ces deux différentes fubftances fe dilatoient
également par la chaleur. M. Smeaton eut la bonté de me prèter fon
pyrometre, & de m'aider dans l’expérience que je fis pour m’en affurer.
Nous ne pümes pas la faire avec l’exactitude que nous defirions; mais
nous fûmes aflurés par trente eflais, que la chaleur dilatoit davantage le
charbon que le bois dont il étoit fait. La dilatation en général A le
double de celle du bois.
Il eft évident qu’un certain degré de chaleur dilate le bois & le char-
bon , & que l’un & l’autre fe reflerrent lorfque la chaleur eft plus forte.
I feroit à fouhairer qu’on eût un inftrument qui püt indiquer le degré
précis de chaleur où la dilatation cefle , & où la contraétion commence,
& fi la gradation de ces deux efférs eft la même.
En faifant mes expériences fur le charbon, j'ai découvert une fubf-
tance dont la vertu conductrice à quelque chofe de fingulier , & produit
un très-beau phénomene. Je voulois examiner le réfidu d’une quantité de
térébenthine que je faifois calciner dans un tube de verre ; je la mis
dans un creufer & la couvris de fable, de même que j’avois fait pour ré-
duire le bois en charbon. Je l'y laiflai quelque temps, & après que la
flamme eût ceflé, j’examinai le tube & le rrouvai fondu ; mais, au lieu de
fe réduire en charbon, je trouvai le tube incrufté d’une matiere Blanchi-
tre & luifante qu'il me fut impoñlible de détacher. Elle tranfmertoit les
moindres chocs à une diftance confidérable ; & il eft effentiel de remar-
quer que la trace de l’explofon étoit lumineufe d’un bout à l’autre , 8:
compofée d’une infnité de petites érincelles féparées , telles que celles
qui s’élancent de plufeurs grains de poudre, répandues fur un plancher.
L’explofon reffembloit à celle d’une fufée , & pour la comparer avec un
autre phénomene éleétrique, elle reffembloità celle qui fe fait jour à tra-
vers une furface dorée & mince.
Je n'ai pu appercevoir , mème avec le microfcope , [a moindre inter-
tuprion dans cette pellicule blanchâtre ; mais je ne doute point qu'il n’y
eût plufieurs interftices , ou que je ne voyois les érincelleséleétriques qu’à
mefure qu’elles pañloient d’une particule à l’autre.
Cette expérience m'a fouvent procuré des morceaux de verre impar=
2: FH PP Or Ps lR NO UE |
Fairemient couverts , mais avec des interftices très-crands & trés-vilibles
dans les marieres dont ils étoient enduits. J'ai eflayé de l’augmenter;
mais elle n’a jamais acquis aflez d’épaifleur pour empêcher que la lumiere
qui accompagnoit l’explofon éleétrique, ne für la même que s’il y avoir
eu des inreritices. y
J'ai obtenu la mème matiere de l'huile de térébenthine & de celle d’o-
dive, mais non point de la cire, ni de l’huile de blanc de baleine : peut-
être ne peut-on la tirer d'aucune fubftance animale.
Pour mieux obferver les progrès de cette incruftation, je verfai l'huile
* de térébenthine far des morceaux de verre plats, & je la fis brüler à feu
nud fur une plaque de fer, fans poutfer le feu trop four. Il fe forma au
deffus une efpece de fuie qui ne conduifoit point du tout; mais les ayant
mis dans un creufet rempli de fable, la matiere devint blanche , & con-
duifit parfaitement ; elle blanchir égalemen, à un moindre degré de cha-
let , avec cette différence , qu’elle ne s’attacha pas fi fortement au verre,
que lorfqu’elle fur plus forte : elle tenoit cependant plus que la noire que
je dérachai avec une plame. Cette matiere blanche, produite par une cha-
ieur modérée, ne conduifoit point du tout. Cetre matiere blanchätre fe
détachoit dans quelques cas par différeares explolions , de même que
M. Franklis l'a obfervé à l'égard des feuilles d’or.
De quelque maniere que les morceaux de verre fuffent recouverts, la
matiere fe dérachoit lorfqu'on la faifoit rougir à un feu nud , & le verre
ne conduifoit plus. Cette circonftance eft exaétement la même que l'é-
vaporation du phlogiftique du charbon & du métal qu'on calcine en plein
air. Cette mariere blanchâtre, examinée au microfcope, reflembloit
parfairement à un méral, ou plutôt à un demi-métal. Elle en avoit le
pol, mais ii fe ternifloit aufli-tôr,
Pour m'affurer fi c’éroit un métal , je trempai Îes morceaux de verre
dans différens acides, ce qui ne produifit aucun effer fur cetre matiere
quoiqu’elle ne pénétrât pas dans les pores du verre, & qu’elle ne fac que
fuperhicielle, L'aimant ne Pactira pas; en un mot, cette matiere ma
paiu être une efpece de charbon blane.
Confidérant que les métaux , de mème que le charbon , font compos
dés d’uné rerre lice avec le phlosiftique , & quete charbon ne fe confume
qu'aurant qu'on le brûle en plein air, y ayant prebablement quelque
<hofe dans Perhmofphere à laquelle il s’unit par le principe des afhnités
chymiques dès l'inftant qu'il fe fépare de fa'bafe métallique, je mima-
ginai que les méranx fe calcinoient, & ne fe vitriioient que dans les
inèmes cticonttances : l'événement vérifia ma conjecture. Maire
Je mis une quantité de plemb dans uñ creufe: découverts di fe virrifia
dans l'efpace de dix minutes: celui que j’avois couvert avec de larerre à
pipe & du fable , & qui avoir éprouvé l’aétion du feule plus ardent > 18
duminua point, & ne forma qu'un ifger vernis au fond du creufer,
parce
DNS
PAM ITS NUT I OH Om ES 97
parce que l'air avoit néceflairement pénétré au dedans. Le charbon perdit
au contraire une partie de fon poids, après avoir refté pendant quelques
heures dans le creufet.
Comme, par ce procédé , le plomb réfifte àun degré de chaleur qui le
calcineroit & le vitriñieroit en plein air, je crois qu'étant ainfi prépare,
fon phlogiftique s’unit plus intimement avec fa bafe terreltre, & qu'il
devient un meilleur conduéteur que le plomb commun, puifque la même
chofe arrive au charbon. Peut-être viendreit-on à bout de changer fa
qualité, de mème que celle des autres métaux , & de l’affiner fans le
convertir en or. Ce procédé n’influe point fur fa pefanteur fpéciique;
mais le malheur eft qu’on n’a jamais que du plomb.
OMS ER AT aE LOMN:S
Sur l’Evaporation (1).
Par le Lord K AME S.
De toutes les opérations naturelles que nous connoiffons , aucune
n'eft plus furprenante que celle de la circulation de l’humidité. La nature
entiere en jouit , & ne fubfifte que par fes effets, Quoi de plus étonnant
que de voir ces mafles d’eau fufpendues fur nos tètes , quoique l’air qui
les foumient , foit huit cents fois plus léger qu’elles! Quel effet ne pro-
duitilpas cette eau , lorfqu’elle defcend en forme de pluie, de rofée ou
de neige, lorfqu’elle forme des ruiffeaux & des rivieres, lorfqu'elle
procure à la rerre l'humidité dont elle a befoin pour la nourriture des
plantes & des végéraux ?
Plafieurs Philofophes ont entrepris d’expliquer ce phénomene extraor-
dinaire; je me propofe d'examiner dans cer eflai, fi les caufes qu'ils
En aflignent , font conformes à la raifon & à l'expérience; enfin, fi on
doit les admettre,
Le Docteur Haies fuppofe qu'une bulle d’air enfermée dans une goutte
D
(1) Nous ne difeuterons point ici fi les raifonnemens de l'Auteur font aflez concluans
pour reuverfer Ja doëtrine du Doéteur Hales & de M. Délaguilliers. Ils préfencent des
idées neuves & des vues aflez vraifemblables, L’attration ou les affinités entre Îes
corps font parfaitement recennucs ; mais il refte à examiner le principe de l'effcr, ce
qui Le produit & le conftitue. Il feroit important pour le progrès de la fcience, que
des perfonnes affez inftruites s'occupaflent de ce point de Phylique, & qu'elles parti£-
fent de ce qui a été dir à ce fujer, pour parvenir à de nouvelles découvertes, en nous
évitant des xépcritions ynuriles. Cette queftion cft fans concredit une des plus utiles,
Tome IT, Part. VIII, N
Obf. d'E-
dimboury.
1771.
°3 Peut rs tr Qi oi #
d’eau , eft raréfiée par la chaleur , au point de devenir plus légere que:
l'air athmofphérique ; & que ces particules , quel qu’en foit le nombre.
doivent monter & refter fufpendues dans l'air. se
Cette rhéorie eft fujette à plufñeurs:objeétions qui paroïffent infurmon-
tables. Il eft vrai qu'il ya une grande quantité d'air répandue dans l'eau.
mais on ne-voir pas comment 1l peut s’en détaclrer une bulle, & je ne
tiendrai point la chofe pour vraie qu'on ne me l'air démontrée. Quand.
mème on admettroit l’exiftence de ces bulles, la doctrine de M. Hales.
ne feroir pas mieux établie, puifqu'il refte à expliquer comment elles:
s’élevent dans l'air. La pefanteur ne fufit certainement point, & fi elle-
ne peut faire monter l'air qui fe trouve dans l’eau, comment peut-on
s’imaginer qu'elle contribue à l'élévation de celui qui eft renfermé dans
une pellicule aqueufe ?
Suppofons encore que ces bulles s'élevent fur la furface de l’eau , je
ne vois pas pourquoi elles doivent monter plus haut. 1] dit que l'air
renfermé dans la bulle , fe raréfie par la chaleur ; mais cette méme cha-
leur ne racéfie t-elle pas également l'air qui l’environne ?
Je veux, en troilieme lieu, que lesbulles foient logées dans Park-
mofphere, malgré toutes les difficultés que je viens d'afigner , la pefan-
teur ne fuffira jamais pour lesy maintenir. Elles fe condenferont à l'inf-
ant, & fe trouvant en équilibre avec l’air, l’eau defcendra par fon:
propre poids , & ira fe réunir à fonélément. Je ne prétends point nier
que l'eau puilfe refter long-temps fufpendue dans l'air, je veux feulemenc:
prouver que la pefanteur ne peur être la caufe de ce phénomene.
J'ajouterai que cette théorie de l’évaporation eft démentie par plu-
fieurs expériences inconteftables. M. Gauteron (1) a prouvé que lessflui-
des. s évaporent plus lorfqu'il gele , que lorfqu'il fait un remps chaud &c
humide. Il fuir de-là que la pefanteur n’eft point la caufe de l’évapora-
tion, lors mème qu’elle eft fecondée par la chaleur,
Plufieurs expériences nous invitent à croire que l’évaporarion eft en
partie caufée par la chaleur. Ce fair a probablement donné lieu à la théo-
rie qui l’attribue à la raréfaétion.de l'air, de même que celle qui l’attri-
bue à la raréfaétion de l’eau, L'eau , dit M. Défaguilliers , eft raréfiée par
la chaleur , & fuppofant que fon volume devienne huit cents fois plus
érerdu que dans fon état ordinaire , elle s'élevera jufqu'à ce qu’elle ren-
contre-unair beaucoup plus raréfié qu’elle. Il obferve , pour éclaircir cette:
théorie ,. que l’eau bouillante , lorfqu’elle s’éleve en forme de vapeur,
eccupe un efpace quatorze mille fois plus grand que celui qu’elle occu-
poit auparavant. Pour expliquer la maniere dont fe fait l’évaporation par:
la chaleur ordinaire de notre athmofphere , il admet pour vraie une pro-
poñtion dourenfe; favoir , que-le degré de la raréfaétion eft exactemene
(a) Voyez le Volume de l'Académie Royale des Sciences de Paris , année 1743:
l'A (tai “sf
PA US MUR UE. 3)
sproportionné à celui de la chaleur ; & voici le calcul qu’il en tire. Selon
M. Newton, la chaleur de l’eau bouillante eft de trente-quatre degrés , la
chaleur moyenne de l’étéde cinq ; celle du printems de trois; de l’aurtomne
detrois, & celle de l’hyver de deux (1). Si donc la raréfaction de l’eau
par le trente-quatrieme degré de chaleur eft de quatorze mille ; celle
qu'elle éprouvera par le cinquieme degré de deux mille cinquante-huit,
par le troifieme degré de douze cents trente-cinq; & par le deuxieme,
de huit cents vingt-trois ; ce qui fuffira pour élever l’eau dont la denfité,
dans fon étar ordinaire, eft à celle de l'air, comme huit cents eft à un.
Ce calcul n’eft pas exact, puifque la chaleur de l’hyver fufhit pour raré-
fier l’eau, & la rendre plus légere que l'air, poarquoi ne séleve:t-elle pas,
malgré fa pefanteur ? On répondra que la chaleur qui dilate l’eau, doit
produire le mème effec fur l'air, & maintenir leur pefanteur fpécifique
dans le rapport ordinaire de huit cents à un; mais M. Défaguilliers n’ofe
faire cette réponfe, de peur qu'on ne regarde fa doétrine comme chimé-
rique. Voici une autre queftion à laquelle je ferois bien-aife qu’on ré-
pondit. Puifque l'eau fe raréfe en hyver , au point d’être plus légere que
l'air, je demande dans quelle faifon de l’année elle fe condenfe au point
d'être huit cents fois plus pefante ? M. Défaguilliers établit ce fait pour
fondement de fon calcul, & il n’eft pas étonnant qu'il en tire une con-
féquence qui dément fes principes.
Suppofons pour un moment , que l’eau ainfi raréfiée fe foit logée dans
l'air par l’effer de fa pefanteur ; je demande quelle eft la caufe qui l'y
tient {ufpendue ? Cet Auteur auroit dû comprendre que quelque raré-
fiée qu’elle foit, elle ne s’eft pas plutôt mêlée avec l'air fupérieur , qu’elle
fe condenfe de nouveau , & retombe par fon propre poids.
Ce feroit perdre mon temps , que d’infifter fur des théories auf
inexactes; mais je me fuis propofé de traiter de l’évaporation ; j'ai cru
devoir montrer la néceflité de recourir à une autre caufe qu’à celle de la
pefanteur, foit qu’elle agiffe fur l'air ou fur l’eau. Voici une réflexion
qui pourra nous conduire à quelque découverte importante : c'eft que
ceux qui ont écrit fur ce fujer , ont négligé une de fes branches capi-
tales. Ils ont tâché d'expliquer pourquoi l’eau , quoique pefante , refte
fufpendue dans l'air; mais 1ls ne fe font jamais mis en peine d'examiner
€r) Ce qui répond au thermometre de M. de Réaumur; favoir, le degré de l'eau
bouillante 34 de M, Newton, au degré 110 de M. de Réaumur , & au degré 258 de
M. Fahrenheit ; celle de l'été au 15 & 130; celle du printemps & de l'automue 3 au
degré 9 & 45 ; celle de l'hyver au degré $ & 40. Voyez dans le volume du mois d’Oc-
tobre 1772, tomell, part. II, page 147. Les motifs qui nous ont déterminés , d'après
M. Martine, à porter au degré 110 le degré de l'eau bouillante du thermometre à
l'efprit-de-vin de M. de Réaumur, qui lavoit fixé à 80. Sans certe augmentation
de nombre , il n'auroit pas été pollible de trouver la concordance des dix fept thermo=
metres connus. :
N ij
200 Poe sr 'e E
pourquoi l'air, malgré fa pefanteur , refte enfermé dans l’eau ; ce fecond:
phénomene n’eft pas moins remarquable que le premier; car il n’eft pas:
furprenant que les bois & les autres corps plus pefans que l'air, & plus:
légers que l'eau , s'élevent fur fa furface. Cela prouve que la dérentioæ
de l'air dans l’eau doit provenir de quelque autre caufe plus forte que fa
pefanteur.
Comme 1l n'y & point d'eau fans air , ni d’air fans ea, n’a-t-on pas
Jieu de foutenir que ces deux élémens ont un penchant réciproque à
s'unir; ou, pour m'exprimer autrement, qu'ils s’attirent l’un & l'autres.
mais pourquoi l'air écant auf pefant qu’il left , refte-t-1l uni avec l’eau >
C’eft ce qu'on ignore. La chaleur & la pefanteur n’ont ici rien de come
mun ; il ne nous refte d'autre caufe que l’attraétion dont j'ai parlé; ëc
on ne doutera point de fon exiftence , fi l’on fait attention que le bois &
le liege, la rerre; le fable & plufieurs autres corps furnagent l’eau, &vonc
au fond, felon qu'ils font plus où moins pefans. Si ces faits prouvent
que l’eau attire l'air, & non les autres corps donc je viens de parler , 3
s’enfuit par la même raifon, que fair doit attirer l’eau, puifqu’elle refte
fufpendue dans l'air , malgré la pefanteur qui lui eft propre.
On admettra fans peine cette théorie, fi l’on confidere que l'attrac-
tion éleétive ne fe borne point à. rendre raifon d’an phénomene particu-
hier, mais qu’elle eft le grand principe dont dépendenr toutes les opéra
tions de chymie. Le mercure attire le foufre , la compofition de l’é-
thiops minéral & du cinnabre en eft la preuve, Le fer & le cuivre attirent
le fel répandu dans l'air, & c’eft lui qui les diflout & les convertit en.
rouille, Les alkalis attirent les parties aqueufes dont l'air eft imprégné.
Les briques nouvellement cuites attirent l’eau avec vivacité & fifflemenr,
La rerre à foulon nettoie les draps , en:s’appropriant la partie oraifleufe
qu'ils contiennent. L’éponge ne rerient l’eau que par l’effer de leur at-
traction mutuelle, quoiqu'on dûr attendre le contraire de la largeur &5
de la quantité de fes pores : en un mor, c’eft fur ce principe que font
fondées les précipitations chymiques. Pourquoi donc ne pas admettre la
mème attraction entre l'air & l’eau ,.puifque leurs effets s'accordent avec
cette théorie.
Voici, felon moi, la vraie théorie de la circularion de l’huimidité ,
confidérée dans fes différentes branches : 1°, l’actraction éleétive qu'il y
a entre l’air & l’eawr, eft caufe qu'on trouve toujours une quantité d'air
dans l’eau , & une quantité d’eau dans Pair :. 2°, lorfque l’eau ef farurée
d’air , elle n’en artire pas davantage ; & il en eft de même de l'air pas
rapport à l’eau : 3°. la chaleur augmente la force de l’artraétion: éleétive 3.
car, après que l'air eft faruré d’eau, & celle-ci d’air , on peut faire qu'ils.
en aitirent davantage , en augmentant leur chaleur : 4°. l'air impréané-
d'hunidité,, étant raréfié par la chaleur, s’éleve dans la plus haute région,
& cede fa place à un air plus pur, qui n'étant pas encore faturé, attire
Pr sito vEr tot
wie plus grande quantité d’eau, au moyen de quoi celle-ci fe répand
dans l'air : 5°. les particules les plus groflieres de l'eau flottent dans l'air,
& s'accumulant par des vents contraires , forment des nuages, & tom-
bent en pluie, parce qu'alors leur pefanteur l'emporte fur l'attraction :
6°. le froid condenfe aufli Les particules aqueufes , & les fait romber en
forme de neige. Voilà la mamere fuivant laquelle l’eau circule conti-
auellement.
On ne fauroit rejetter certe théorie, fi l'on fait attention que c’eft
far elle qu’eft fondée celle de la diffolution , que tous les Chymifles
adoptent. On trouvera, fi on prend la peine de l'examiner, que les pro-
cédés employés pour difloudre le fel dans l'eau , font les mêmes que pour
la diffolacion de l'eau dans Fair. Voici quelques-expériences qui prou-
vent que l’air eft un menftrue pour l'eau, & que celle-ei ne refte fu{-
pendue dans l'air, que parce qu'elle fe diffout. Qu'on expofe au froid ,
& pendant la nuit une bouteille tranfparente pleine d'air & bien bou-
chée ; fi le froid eft confidérable, on trouvera le lendemain matin des
gouttes d’eau fur les parois intérieures . & fuc-rour vers le haut qui eft
k plas expofé au froid. Prenez dans ke fort de l'été un globe de verre
rranfparent dans lequel il n'y ait pas ne goutte d'eau; bouchez- le , plon-
gez le dans l’eau froide , vous appercevrez dans le fond , & après quel-
ques minutes, des gouttes d’eau. L'air, dans ces deux expériences
réabforbe ces gouttes d’eau, après qu'il a repris fa chaleur naturelle. C’eft
K précifément ce qui arrive , lorfqu'on diffour du fel dans l’eau. Le froid.
en précipite une partie que l’eau abforbe , après qu’elle à repris fa pre-
miere chalenr. La chûte de la rofée , après le coucher du foleil, n'a point
d'autre caufe (1).
Il arrive dans l’évaporation d’autres phénomenes analogues à cenx de
da diffolution: 1°. Les menftrues où les diffolvans n’agiflent que fur les
parties des corps qu’ils touchent ; & Le vrai moyen d'accélérer leur ac-
tion , eft de divifer, autant qu'on le peur, en petites particules Îe corps
qu'on veut diffoudre. Par exemple , l’eau, en fe précipitant d'une hau-
teur confidérable , fe divife en une infinité de petites gouttes que l'air
attire avec beaucoup de facilité. 2°. On fair qu'ur-menltrue cefle d'agir
fur ün corps, après qu'il eft entiérement farure. Il en eft ainf de l’eau à
Fégard de l'air , & de Fair à l'égard de l'eau. C'ef ka rafon pous laquelle.
ä n'y a point d'évaporation par un temps humide, # qu’elle augmente
lorfaw’il fait du venr. 30. L'action d'un menitrue eft proporrionnée à {3
denfré, à eaufe que l'attraction agit plus ou moins, felon la quantité,
des particules que le menttrue contient, Cela a lieu par rapport à l'air
qui, felon qu'il eft plus ou moins denfe , attire & diflour une moindre
treatment tte
(1) Voyez la Difierrarion fur /a Rofée, gar M; Jean EKk, volume de Décembre
771 , tome MI, parc. Il, page 25.
102 FNHMT VE TE QÙ Vi ÉA
où une plus grande quantité d’eau. Par exemple, dans les expériences de
la machine pneumatique , après que l’on a pompé une partie de l'air,
celui qui refte dans le récipient, eft troublé; & lorfqu’on continue de
pomper , les parois intérieures du récipient fe couvrent d'humidité. Sion
laiffe rentrer l'air, l'humidité fe diffipe, & l'air s'éclaircit. 4°. La cha-
leur & l’air en particulier augmentent l’action des meuftrues : la preuve
en eft, qu'en les expofant à l’air également fec & également denfe,
l'évaporation eft plus forte lorfqu'il fat chaud , que lorfqu’il fait froid.
On a encore obfervé que l’évaporation augmente lorfqu'il gele ; effer
provenant de deux caufes qui s'accordent avec la théorie de la diflolurion.
La premiere eft, que l'air étant condenfé par le froid, attire une plus
grande quantité -d’eau : la feconde , que les vents fecs , rels que ceux du
Nord & de l'ER, qui regnent lorfqu'il gele, attirent l’eau avec plus de
force que lorfque le temps eft humide.
Ces obfervations conduifent à cette réflexion; favoir, que Îa tenta-
tive faite par M. Halles, pour décerminer la quantité d’eau qui s'éva-
pore dans l'été & dans lhyver, fe réduit à déterminer la chaleur, la den-
ficé & la féchereffe de l'air dans ces deux faifons de l’année. Le Doc-
teur Hales penfe avoir trouvé que l’évaporarion eft égale en été & en
hyver ; mais il a eu tort de tirer une conféquence générale de quelques
expériences qu'il a faites.
Il eft évident que c’eft l'attraction qu'il y aentre l'air & l’eau, qui re-
tient l'air dans l’eau , & l’eau dans l'air; & il eft très-probable que ces
effets proviennent de cette caufe ; mais , quoiqu’elle fufhfe pour faire
monter l’eau dans l'air, il ne s’enfuit pas qu’elle foit la feule. Il y a plu-
fieurs circonftances où elle ne fauroit avoir lieu. Par exemple, elle ne
contribue en rien à l’évaporation de l’eau qui bout.
Voici, fuivant M. Newton , le caufe de l'élévation des vapeurs. Il dit
dans la troifieme queftion, à la fin de fon Traité d'Oprique, que plu-
fieurs corps qui s’attirent mutuellement à une petite diftance , fe repouf-
fent l’un & l’autre, lorfque l'éloignement eft plus confidérable. Voici
fes propres cermes :
Cela paroît évident par la production des vapeurs. Les particules qui
fe dérachent des corps par la chaleur ou par la fermentation , ne font pas
plutôt hors de leur fphere , de leur attraction , qu'elles s’en écartent &
s’éloignent même les unes des autres , au point d'occuper un efpace un
million de fois plus grand que celui qu’elles occupoient auparavant. On
ne fauroit expliquer cette contraétion & cette raréfaction , en fuppofant
que les particules d’air font rameufes , qu’elles ont un reffort , qu'elles
font roulées les unes fur les autres, à moins qu’on n’admette en elles
une faculré répulfive. Les particules des Auidz:s , qui ne font point trop
liées entr'elles, & dont la perireile les rend fufceptibles de ces agita-
tions qui entretiennent la Auidité des liqueurs, fe raréfient aifément ;
BORIS SLT U . oz
#'levent en forme de vapeurs, deviennent volatiles , pour ne fervir des
termes des Chymiftes, fe raréfient par la chaleur, & fe condenfent par
le froid; mais, comme les particules de l'air qui ne circule point , fone
plus groflieres & s’élevenr des fabftances plus denfes que celles des va-
peurs ; de-là vient que l'air véritable eft plus pefant que la vapeur ; &
celui qui eft humide , plus léger que celui qui eft fec, à quantités égales.
Certe vertu répulfive fair que les mouches marchent fur l'eau ; fans fe
mouiller.
On voir que le grand Newton reconnoît la répulfion pour la caufe de
Pévaporation : mais, pour éclaircir cette matiere , je vais joindre ic
quelques obfervations qui prouvent, que dans certaines circonftances ,
cetre attraction fe change en répulfon. I! paroït par les expériences de
M. Hales, que l’air fait partie des végétaux , notamment la troifieme
partie du poids d’un grain de pois verd, ce qui eft une quantité qui,
dans l’état naturel de l'air occuperoit pluñeurs pieds cubes. On fair que
les particules d’air fe repouffent mutuellement, & qu’il faut que l'at-
traction entre Pair & la fubftance du végéral foir extrémement forte’,
pour pouvoir condenfer le premier dans la derniere, au point Fe le
fair. Cette attraction fe convertir par la chaleur en une répulfion qui,
lorfqu’on allume le bois, en fait fortir l'air avec impéruofiré.
Cet l’artradtion , comme je l'ai dit ci-defus, qui retient l'air dans
l'eau; & c’eft la chaleur quiles défunit; cette circonftance feule con-
vertit l'attraction mutuelle en une répulfon mutuelle qui fair que l'air
s’éleve.
Cette attraction n’a pas lieu entre les particules de l’eau : au con-
traire ; comme la chaleur la raréfie, & que le froid la condenfe , il eit
certain que les particules d’eau, dans fon érat naturel , laiffent un vuide:
entr’elles, parce qu'elles fe repoulfent mutuellement. Éa condition de
l'eau eft celle, que par leur répulfionréciproque , fes particules reftent fe-
parées & fe réunilfent par une caufe contraire, fans qu'on ait pu dé-
couvrir jufqu’à préfent un principe affez fort pour les unir intimement. Si
cet exemple ne fournit point une preuve du changement de l’artraétion
en répulfñon,. elle nous en fournit au moinsun, d'un changement auffi
extraordinaire ; favoir , d'une répulfñon confinée dans une petite fphere
d'activité , convertie dans une autre, dont la fpaere eft plus grande. On
a vu ci-deffus que la chaleur augmente la force de l’artraétion éleétive;
& j'obferverai ici qu’elle produit le même effet fur la répulfon éleétive.-
La chaleur , en augmentant la force répulfive des particules de l'eau ,
augmente fon volume d’un vingt-fixieme , plus ou moins, à proportion
qu’elle eft au-deffus de celle de l’eau bouillante; mais-aufli 1r que l’eau
commence à bouillir , la répulfion mutuelle augmente ,: au point qu’elle
occupe un efpace quarorze mille fois plus grand. En conléquence , quoi-
que l'opération. foit médiocre dans. les degrés inférieurs de chaleur,
5e
104 RE T 07 SN, 0 OURS
elle augmente confidérablement , dès qu’elle commence à bouillir,
Nous découvrons dans l'élévation de la vapeur de l’eau bouillante , une
autre caufe de l’évaporation; favoir , une répulfion mutuelle entre les
particules de l'eau. Cerre caufe raréfiant le fluide , au point de le rendre
dix fépr fois plus léger que l'air , le condenfe aufli-tôt; il refte fufpendu
par lattraétion mutuelle qu'il y a entre l'air & l'eau:
Ces caufes ne peuvent fervir à expliquer l’évaporation de l'eau dans
le vuide. L'artraction ni la répulfion n’y ont aucune part, puifqu’il n’y
a point d’air qui puille l’attirer, ni aucune chaleur extraordinaire. La
meilleure maniere d'expliquer cette prétendue évaporation , eft de la nier
jufqu’à ce qu’on en foit afluré par des expériences, à moins qu'on ne
veuille alléguer pour la prouver , l'attraction entre l'eau & le verre , qui
n'eft point encore démontrée, .
ENS DR ER MP OINEUOUTIENS
A tenter, pour parvenir à déterminer La nature du venin peflilentiel, à
combattre fes effets, & à en arrêter la propagation ;
Par M MaAuUDUIT, Doëteur-Régent de la Faculté de Médecine
en l'Univerfité de Paris (1).
Sulphur præ reliqua omnia , & antiquiflimo ufu , & fummä utilitate fe commendavit,
Vanfwiet. Comment. in Boerh. ‘Yome IL, page 117
M2.
a —
ANA UN TP IR ONPONS
N° ne préfentons pas l'Ouvrage que nous offcons aujourd'hui,
comme ne contenant que des vues neuves : les nôtres , au contraire, &
nous nous faifons un devoir d’en prévenir , ne font fondées que fur les
obfervations & les expériences de tons les âges. Mais nous croyons don-
ner à des idées utiles & déjà connues une extenfon qu'on a cellé de leur
[. = : ; =
() Ce Mémoire fut compofé en 1771, dansle temps où les Papiers publics annon+
goient les ravages que la Pelte exerçoit dans une partie du Nord. On le lur à pluñieurs
Membres de la Faculté de Médecine de Paris, qui penferent qu'il pouvoit être utiles
Une perfonne recommandable à laquelle il fut communiqué , voulut bien fe charger
d’en faire pafler deux copies à Pétersbouro. ù
accorder ;
ii de
Pers ro gt 2r QU Or r0$.
accorder (1), indiquer les moyens d'employer pour le bien général, pour
tout un Peuple , pour une Ville entiere des remedes & des préfervaufs,
dont on ne fait ufage que pour les Particuliers , dans le fein des familles
& l’intérieur des maifons. Nous nous propofons de proportionner le
remede à la force & à l'érendue du mal que nous entreprenons de com-
battre. Nous croÿons enfin indiquer un moyen für de connoitre l’efhcacité -
ou l’infuffifance des remedes, en dirigeant leur aétion immédiatement
fur les miafmes peftilentiels , & en les faifant combattre enfemble. Ce
Mémoire ne nous appartient donc qu'en ce que nous avons rapproché les
idées & les obfervarions éparfes de ceux qui nous ont précéde, qu’en ce
(1) Il paroït que les anciens Grecs, nos maitres dans tous les arts ,expolés par la
nature du climat qu'ils habitoient, par fa proximité de l'Egypre, à des maladies pef-
tilencielles , ne fe contentoient pas de les combattre par des remedes dont on n'ufoit
qu'a l'intérieur des mailons ; mais que perfuadés que ces maladies fe communiquoient
par des miafmes répandus dans l'achmofphere , ils avoient ofé imaginer d'en purifier
la malle entiere, & que la réuflite répondit fouvent à la hardieile de leur idée. Les
Peuples, dans les temps de pelte, couroient aux autels de l'Egyprien Jachen, qui
avoir le premier enfeigné à guérir les maladies , par le moyen du feu, & auquel ,
long-temps avant le fiecle d'Hippocrate , la reconnotilance publique avoit élevé des
temples. On allumoit des fambeaux au feu (acré qui bruioit en fon honneur. Le
Peuple les tenant à la main, faifoit dans les Villes des procellions fuivies d'un cfler
faluraire. Voyez Van Swier. Comment. in Boerh. aphor. tome IT, page 115,
Acron, au rapport de Plurarque , fe couvrit de gloire dans un temps où la pefte
déloloit Athenes, pour avoir ordonné qu'on tint des feux allumés auprès de chaque
malade ; & les Médecins Grecs , dic l'Hiftorien, penfoient que le feu elt l'agent le
plus propre à dépurer l'air, fur-tour fi on l'entretient avec des maueres odorantes &
aromatiques. P/utarch. de Ifide & Ofiride , tome II, page 383.
Hippocrate ne fe contenta pas de conleïller qu'on entretint des feux continuelle-
ment allumés dans les rues , les carrefours , lessplaces d'Athènes; il voulut encore
qu'on y plaçât des corbeilles pleines de fleurs odorautes, qu'on y répandit des parfums
& des aromates.
L'Ecyprien Jachen, les premiers Grecs, & Hippocrate enfin ont donc cru qu'il n'é-
toit pas au-deflus de la portée de l'homme, de puriñer la male d'air jui couvre une
Ville entiere, & que refpire tour un Peuple nombreux. Ils ont penfé , & onc fait voir
que c'étoit le feul moyen d'arrêter la fureur & les ravages de la peite, Pourquoi nous,
inftruits de leurs fuccès, r'oférions-nous pas ce qu'ils découvrirent par la (eule force
de leur génie ? Pourquoi ne tenrons-nous de remedes qu'en parucuher, quand le mal
eft public ? Pourquoi nous bornons-nous à nous défendre au dedans , quand l'ennemi
nous inveftit , quand il nous aflicge au dehors , toujours prêt à fondre fur nous? Qu'on
ne dife pas que Jes Egyptiens & les Grecs modernes ont fenti l'infuilance des fecours
tentés par leurs Peres. Ces remedes exécutés en grand , avec appareil, pour tour un
Peuple, ne pouvoient avoir lieu que fous un gouvernement libre, 1ls ne pouvoient
être approuvés & fentis que par des hommes qui euflent dans l'efpric un reilort pro-
portionné à la force du mal qui les attaquoït, qui euffent des raifons de chéri: Ja vie ,
qui connuflenc une Pacrie & qui l'aimatlent, C'eft la main du defporifme, l'abfurde
fanatifine , l'aveugle préjugé du farahifme, qui enlevant tout aux EÉgypriens & aux
Grecs , leur ont ôté jufqu'au courage de fe fecourir dans leurs maux.
Tome II, Parç. VIH, O
106 BR EI YO SN Fe ON vu EE
que nous leur donnons une extenfion que les modernes femblene leur:
avoir refufée ; & enfin dans la maniere de juger des remedes , en. dii-
geant leur action, immédiatement fur les miafmes peltilentiels.
OBS EE: Re ON AE OPEN NX
Sur laquelle eff fondée la propofition de diriger l'aëlion des remedes
immédiatement [ur les miafmes peflilentiels.
Ox lir dans un Ouvrage, intitulé : Traité des Caufes, des Accidens:
& de la Cure de la Pefle, imprimé à Paris, chez Mariette, en 1744, que
dés Médecins employés à la cure de la Pefte qui ravagea la Provence
en +720, tenterent plulieurs expériences fur des chiens.
Ces Médecins communiquerent la pelte aux animaux qui fervirenr à:
feurs expériences , en injeétanc dans leurs veines de la bile rerirée de-
la véficule des cadavres peftiférés.
Le but qu'envifageoient ces Médecins , étoit différent de celui que:
nous.nous propofons. Nous ne précendons rien conclure de leurs expé-
riences, finon que les chiens font aptes à recevoir la contagion peftilen-
tielle qui agic fur Les hommes, & font par conféquent des viétimes pro
pres à être foumifes à nos expériences. Nous n’en concluons pas qu'on ne:
puifle peut-être pas aufli communiquer la pelte à d'autres animaux , tels.
que les chats, les brebis, &c. Mais nous fommes fürs de ce que nous-
pouvons à l'égard des chiens. Ce font d’ailleurs des animaux pins trai--
tables , qui font plus à notre portée , & dont la deftruétion nous eft moins:
préjudiciable que celle d’un grand nombre d’autres animaux.
Avant d’énoncer les expériences que nous propofons , nous croyons
qu'il eft néceflaire d'établir quelques propolitions qui en font comme.læ
bafe & le fondement,
PREMIERE PRrRoroSrT rx.
La pefte eft une maladie contagieufe qui fe communique par l’intus-
fufception des miafmes empeftés , nageant dans l'air.
Cette propolition eft reçue par la plupart des Médecins : elle eft ap-
puyée fur un grand nombre d’obfervations. La difficulté d'expliquer com.-
ment la pefte étant contagieufe elle peut ceffer; comment elle n’atta--
que pas tous ceux qui fe trouvent expofés à fa fureur; & les autres ob-
jections alléguées par le petit nombre qui nie la contagion , ne font
pas en proportion des faits, des argumens & des témoignages qui dépo=
{ent en faveur’de notre fentiment.
Pr M5 10 #4 47 QT Ur E! 107
L 4
PrRroProsTion ll.
Toutes les fubftances , fur-tout à proportion qu’elles font pures, for-
tes & actives, ont dans la nature un antagonifte qui leur eft diamétrale-
ment oppofé. ;
Cette propofition femble démontrée par Finduétion & le raifonne-
ment ; elle left en partie par les faits. Si un plus grand nombre ne con-
court pas à la prouver, c'eft que nous n'avons pas fait des expériences
néceffaires,
PrRrorProsiT:on III.
Quand un acide & un alkali , pareils en force fe rencontrent en fem-
blable dofe, ils fe pénetrent, ils s’uniffent : leurs propriétés réciproques
font détruites par leur ation mutuelle, ils ceflent d’exifter dans leur
premier état; 1l réfulte de leur mélange un mixte qui n’a aucune des
propriétés que les deux premiers corps avoient chacun féparément, &
avant leur mixtion.
PrRroPos1iTIOoN IV,
L
Les maladies, qui font reconûues pour contagieufes , peuvent fe rap-
porter aux cinq maladies fuivantes ; la pefte , la petite-vérole , la rage
ou hydrophobie , la galle & le mal vénérien.
1 eft probable ; pour ne pas dire prouvé , que la pefte & la petite vé-
role fe propagent par des miafmegs dont l'air eft le véhicule. 11 eft prouvé
qu’elles fe communiquent encore pas l’intromiflion du venin dans les
voies de la circulation,
Le véhicule de la rage eft la falive introduite immédiatement dans les
waïileaux, & quelquefois abforbée par les pores.
La galle fe communique par l’attouchement de la liqueur âcre qui
fuinte des puftules des malades (1),
On contracte les maladies vénériennes par la cohabitation, ou par
l'intromiflion immédiate du virus dans les voies de la circulation , par
le moyen d’une bleffure , ou encore parce que des gouttes de falive infec-
tées font abforbées par les pores des levres ou ceux de la langue,
(1) Nous nous conformons dans cet endroit à l'idée reçue; mais la gaile a en effet
pour caufe des infeétes invifibles à l'œil, armés d'une trompe courte, aiguë & propre
a piquer. La maladie fe communique , quand ces infeétes trouvent l'occafion de pañler
d'un corps infecté à un fujet fain , & dont les humeurs leur conviennent. Voyez Geoff,
Hifloire abrégée des Infeëtes, Tome II, page 622, n°. 2.
Oi
ÿoS FAN TOSINTP ON OÙ TE
PRO #10 5 r'T TT OL NOV
D'un grand nombre d'hommes également expofés aux cinq maladies
c&i-deflus énoncées , la plupart les contraéte , quelques-uns plus heureu-
fement conftitacs, échappent à la contagion.
PrRrorosrrron VE,
Dont la vérité n’efl pas démontrée , mais dont la probabilité approche
de l'évidence.
Si, parmi les hommes également eypofés à la pefte, un petit nombre
ne la contracte pas ;.fi, de deux hommes inoculés avec le mème pus va-
riolique, l’un reçoit la petite vérole , & l’autre ne la prend pas : fi de:
plufieurs perfonnes mordues jufqu’au fang, par le même animal dans le:
même accès , toutes n'ayant point fait de remedes , les unes font deve-
nues enragées , & les autres n’ont eu aucun accident ; s’il fuffit que cer
taines perfonnes touchent le vècement d’un galleux pour contracter fon
mal, tandis que d’autres n’ont impunément qu’un mème lit avec lui ::
fi des libertins échappent aux dangers réitérés qu'ils bravent , tandis que
le plus grand nombre eft puni pour une feule foibleffe ; n’eft-il pas rai
fonnable de préfumer que les fujets qui échappent aux périls fous lef-
quels le grand nombre fuccombe , ont une conftitution diamctralement
eppofée à la nature des maux qu'ils évitent ? N'elt-on pas en quelque
forte forcé de reconnoître dans leurs humeurs une conftitution qui dé-
truic le venin qui y eft introduit; & ne penfe-t-on pas voir circuler avec
leur fang quelque humeur particuliere , qui eft l'antagonifte du virus:
qu’elle anéantit ? =
EX PER INEINQC ES PRO PNONS ET ENS.
Nous croyons que le venin peftilentiel, ainfi que routes les fubftances
qui exiftent , a dans la nature un antagonifte qui lui eft diamétralemenr
oppofé. Il eft évident qu'on arréteroit les progrès de la pefte , & qu'on:
parviendroit à la détruire, au moment où l’on auroit connu fon antago-
nilte. Nous penfons que le moyen de le découvrir eft de tenter les expé-
riences fuivantes :
Prenez de la bile ou du pus peftiférés ; injeétez-les | après les avoir
étendu dans de l’eau , dans les veines d’un animal , ou imprégnez en de
la charpie , & inoculez la maladie à un animal , par le moyen de cette
charpie. Examinez les fymptomes qui furviendront à l'animal ; tenez-
en une note exacte (1).
{x) I nous’paroïr que les expériences que Auteur propofe, ne devroient pas fe bor-
ner à détruire la pefte; mais qu’on pourroit fuivre la même marche pour routes les
maladies contagieufes, & fur-rout pour les maladies qu'on a regardé jufqu'à ce joux
comme incurables,.
PAR PILE TUE) À 109
Mélez de la même bile ou du même pus , avec les fubftances que vous
eroirez les plus oppofées au venin peftilentiel, & de la nature defquel-
les nous nous occuperons bientôr : inoculez à un animal de même efpece
que le premier de ce même pus où de cette même bile, & foyez attentif
aux événemens qui furviendront.
Si, dans le premier cas l'animal a contraété la pefte ; s’il en a éprouvé
tous les fympromes ; s’il a fuccombé à leurs efforts ; tandis que dans le
fecond cas l'animal , ou n'aura point été incommode , ou n’aura éprouvé
que des fympromes légers , vous ferez très-fondé à croire que la fubf.
tance que vous aurez mélée au pus ou à Ja bile peftilentiels, en à ou
détruit, ou du moins émouflé l’aétiviré. Dès-lors vous ferez fur la
voie , & vous connoiîtrez par la nature de l’antagonifte celle de la mala-
die ; vous faurez en même temps dans quelles claifes de fubftances vous
devez efpérer de trouver des fecours, vous devez chercher des remedes,
& vous ceflerez de compter fur ceux que vous aurez éprouvé infideles.
Vous auriez remporté la palme; & vous auriez un moyen d’anéantir
Ja pefte, file pus ou la bile foumis à vos expériences ceffoient de la com-
muniquer. S'il vous reftoit encore quelque chofe à faire, ce feroir de
chercher le moyen d'employer comme remede ou comme préfervarif la
fabftance qui, mêlée aux miafmes peftilentiels, les rendroient ftériles &
fans force. Si vous n’aviez qu'émoulfé leurs pointes, & diminué leur ac-
tivité, vous auriez encore à vous applaudir ; vous vous feriez ouvert le
chemin , & quelques nouveaux efforts vous feroient toucher au but.
Nous ne diflimulons pas que les expériences que nous propofons de:
tenter , n'offrent bien des difficultés. Mais doivent-elles arrêter, quand
les intérêts fonc auffi preffans, quand on eft aufli dépourvu de fecours ,
entre la néceflité de périr ou de tenter tous les efforts poñlibles ?
Nous ne nous flattons pas non plus que l’antagonifte du venin pefti-
lentiel enfin découvert , nous puñlions tendre une main falutaire & vic-
torieufe aux malheureux que la pefte auroit infeété profondément de fon
foufile meurtrier ; mais nous croyons qu'on en pourroit garantir ceux
qui n’en auroient point encore été frappés, & en prévenir les effets,
par rapport à ceux qui ne l’auroient été que foiblement. C’eft peut-être
le feul efpoir dont les hommes puiffent fe fatter contre un mal fi vio-
Sr dans fon attaque , fi rapide dans fes effets, fi indeftruétible dans
s caules.
AA
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mr POELE © UE
1.
MLESD 14 CAAMEMUE NET
Qu'on propofe de mêler avec Le pus ou la bile peflilentiels , comme leur
étant plus diamétralement & plus direitement oppofés.
Nous devons nous conduire dans le choix de ces médicamens pat Îles
fufpicions que nous pouvons avoir fur la nature du venin peftilentiel,
Or, toutes les circonftances fe réuniffent pour prouver que ce venin ef
un alkali volaril rès-exalcé. Cette propofñtion fe déduit de toutes les cir-
conftances qui accompagnent l’invafon de la pelte, fes effers, fes fuites,
& les moyens qui ont paru jufqu'à préfent les plus efficaces pour la
combattre.
D'abord , quant aux circonftances qui accompagnent linvañon de la
pefte, on fair qu’elle eft originaire des climats qui font fous la Zone tor-
ride dans l’ancien continent. L'Egypte a paflé de tout temps pour être
fon berceau. Elle s’y déclare , quand le Nil, ayant couvert de fes eaux
les campagnes qu'il traverfe, & les ayant fertilifées par le limon qu'il y
laille dépofé en fe retirant , la chaleur exceflive qui fuccede, vient à cor-
rompre les cadavres des animaux de tout genre , morts pendant l'inon-
dation, & à faire entrer en mème temps en fermentation les plantes de
toute efpece qui ont péri fous les eaux. Elle cefle & s’arrète rout-à-coup
quand le foleil , parvenu au plus haut degré de fon cours , commence à
rérrograder ; alors la malle de l’air, qui couvre l'Egypte , prend une nou-
velle direction. Un vent fort , périodique , & toujours conftant, s’éleve :
il rafraïchit l’achmofphere ; il la renouvelle , & fon foufile répand la falu-
brité & l’allégrefle. Les Peuples font fi fürs de fon lever, & ont une elle
confiance dans fes effets, qu'ils attendent le jour où ce vent doit fouf-
ler, comme le terme de leurs maux. Tous les voyageurs atreftent que
perfonne alors ne tombe plus malade de la pefte. On fent affez que le
fouffle du vent qui s’eft levé , a diflipé l'air infeéte, & les miafmes qu'il
_ conrenoit. Mais on demandera ce que font devenues ces femences de
mort qui Bottoient dans fa mafle. On pourroit répondre à certe queftion,
en obfervant ce qui arrive alors dans les pays qui environnent l'Egypte.
Ne trouveroit-on pas que c’eft dans ce même temps que la pefte fe mani-
fefte dans la Lybie, l'Ethiopie & les autres pays circonvoifins où ce ter-
rible Aéau fe fait fentir fouvent , comme il renaît tous les ans en Egypte?
Quoi qu'il en foit , ces miafmes errans de climats en climats , & fur-rout
portés fur la vafte érendue des eaux, de laquelle s’éleve continuellement
ce principe acide qui conftitue l’air marin, doivent enfin s’atténuer &
s'anéantir a force de fe mêler avec des exhalaifons d’une nature oppofée
à la leur.
Puifque la pefte fe déclare , quand la furface de l'Egypte eft couverte
PM Me Ya SA I 0, Uu:E: 15
de cadavres & de plantes dont l'humidité & la chaleur concourent à hâter
fa corruption & à volatilifer les principes qui s'en dégagent, puifqu’elle
celle quand ces corps en putréfaétion font épuifés par les miafmes qui
en font émanés , quand un foufile bienfaifanc diflipe l'air qui en éroie
chargé : on eft fondé à conclure que les miafmes qui émanoient des ca-
davres & des plantes corrompus étoient la fource & l’origine de la pete.
Mais on fair que de pareils miafmes font des alkalis d'autant plus actifs
ge font rendus plus volatiles & mis plus à nud par l’aétion d’une cha-
eur plus forte. Les circonftances qui précedent & accompagnent l'inva-
fion de la pefte, prouvent donc que le venin qui l’occafñionne , eft de
nature alkaline. Suivons-la dans fes effets. à
Les principaux fymptomes de la pefte font une chaleur univer(elle ;
la rougeur des yeux ; la pefanteur & de violens maux de tête; la petitele
& la fréquence du pouls ; le délire ; l’infomnie ; l'ardeur de l’haleine; fa
féridité ; une fenfation intérieure , femblable à celle qu’excireroit le feu
qui confumeroit les entrailles ; une foif inextinguible; la fécherelle &
l’aridité de la langue qui eft noire, brülée & fendue ; des naufées, des
hoquets; des vomiffemens d’une bile poracée ; des hémorrhagies d'un
fang noir, brûlé, tantôt épais, rantôt diffous , enfin tous les fympto-
mes d’une inflammation univerfelle, rapide & portée au plus haut degré.
Il faut ajouter que la peau fe couvre de taches pourprées, d'éruprions
charbonneufes ; que des anthrax, des furoncles , des bubons s’élevent vers
les parties glanduleufes; ce qui, avec les autres fymptomes, acheve de
conftituer le caractere peltilentiel. |
Or, les fympromes que nous venons de décrire , font femblables à
ceux que produifent les alkalis dans l'économie animale : mis fur lan-
gue , ils excitent une impreflion femblable à celle des charbons ardens,
appliqués fur les chairs ; ils les cautérifent ; ils les font tomber en gan-
grene ; ils y produifent de véritables charbons : paflés dans les voies de
la digeftion où ils tuent fur le champ ; comme on voir des peftiférés
tomber fubirement ; ou, s'ils font moins actifs , ils excitent une foif
qu'on ne fauroit calmer : ils produifent des naufées & des hoquets; ils
allument le fang ; ils répandent dans tous les corps une fenfation de
chaleur univerfelle ; ils accélerent la viteffe du pouls; ils allument la
fievre , & produifent tous les fympromes qui l’accompagnent. Enfin, ou
ils enflamment toute la malle du fang , ou ils la fondent & la font
couler en torrens de fueur , ce qui arrive aufli quelquefois dans la
pefte.
Je fais que les acides, & fur-tout les acides minéraux coagulent le
fang;, mais la coagulation qu’ils produifent , eft bien différente de l’in-
flammation qu’excirent les alkalis. Les animaux , dans les veines defquels
on injecte des acides, meurent dans des mouvemens convulñfs , des
fuites d'une congeftion locale, & non pas de celles d’une inflammation
"1
12 Pre LT Oo CUIEe:
univerfelle. Le fang fe gtumele dans les gros vaiffeaux ; illes bouche ; Ia
circulation devient impoflble ; il fe forme des concrétions polypeufes
vers le cœur, & les principaux troncs font le fiege du mal , tandis que :
les capillaires font libres. Le contraire arrive dans la pefte dans laquelle
l’inflammation eft générale, & commence par le fyftême des capillaires,
Enfin, les animaux dont nous parlons , n’ont ni l’haleine brülante &
féride, ni le corps couvert de bubons; ils ne font point altérés , & ils
paroiffenc bien plutôt fouffrir d’un excès de froid, que d’un excès de
chaleur.
J'ajouterai que, quoique les acides & les alkalis foient de nature op-
pofée, ils coagulent également le lait; qu'on n’en fauroit conclure qu'ils
É coagulent par la mème caufe , & de la même maniere que fi on avoit
mieux obfervé ce phénomene ; il y a apparence qu’on auroit trouvé au-
tant de différence entre le lait coagulé par un acide & le lait coagulé par
un alkali, qu'il y en a entre les deux principes corgulans : que de
même ces deux principes , rout oppofés qu'ils font, peuvent occalionner
une inflammation de nos humeurs , qui eft coralement difflemblable au
fond, quoique l'apparence foit la mème.
Puis donc que les fympromes que fouffrent les peftiférés, font ceux
que produifent les alkalis, & non ceux qu'occafonnent les acides, on
doit conclure des effets de la pefte que le venin qui la caufe eft alkalin,
Nous en trouverons une nouvelle preuve dans l’infpeétion des cadavres.
Ils font livides, marquetés de taches pourprées, & bientôt entiére-
ment couverts de routes les inarques de la putréfaction : en peu de temps
ils deviennent violets, noirs & horriblement férides : 1ls exhalent une
odeur infeéte , fuffoquante & infupportable. Quelquefois la fueur ou le
fang continuent de couler long - temps après la mort , par les pores de
la peau , & certe fonte des humeurs eft un figne de plus de leur putréfac-
tion & de leur décompofition générale. L’afpe@ des cadavres eft affreux ;
iloffre routes les horreurs de la deftruétion ; & les animaux même que
la nature a condamné à fe nourrir d’autres animaux qui ont perdu la
vie , s’éloignent & fuienc à ce fpeétacle terrible.
Une corruption fi prompte , une odeur fi fétide , une colliquation fi
rapide des humeurs, font des fignes manifeftes d’alkalefcence; & l’on
fent aflez qu’elle ne fuit la mort de fi près, que parce qu’eile s’éroit déjà
emparée des mourans : que des humeurs corrompues , qu'un fang inf
& alkalin circuloient dans leurs vaifleaux , & y répandoïent des prin-
cipes de moit, plutôt qu'ils n’y portoient les alimens & le foutien de
la vie.
1 nous refte à prouver que le venin peftilentiel eft de nature alkaline ,
foit par les remedes employés avec le plus de fuccès pour la guérifon
des malades actuellement frappés de la pefte , foit par la qualité de ceux
qui font regardés comme les plus propres à arrêter fes progrès, & à
punifier
PEN ST ROLE, 113
purifier les hommes, les lieux, ou les objets qu’on foupçonne d’être
infectés de ces miafmes.
Quant aux remedes employés avec le plus de fuccès, pour la cure des
malades actuellement frappés du fléau que nous cherchons à combattre ,
nous ne faurions difimuler que la rapidité & la force da mal ne laiffent
prefqu’aucun lieu de compter fur ces remedes , & d’en comparer la vertu
à la malignité du venin. $i quelques fujets moins malheureux échappent
au péril général , s'ils furvivent contre toute efpérance , ils femblent de-
voir leur falut à la nature feule, & l’art eft plus étonné de leur guérifon
qu'il ne s’en applaudir.
Tous ceux dont un feu dévorant cenfume les entrailles, dont des miaf-
mes actifs & nombreux allaument le fang & enflamment le fyftéme des
vailleaux capillaires font des viétimes dévouées au trépas. Les efforts
que la nature tente pour fe débarrafler des femences empeftées qui cir-
culent avec le fang, font infruétueux. La gangrene imprime le fceau de
la mort fur Les tumeurs qui s’élevent, & les malades fuccombent fous le
poids des maux qui les accablent. Ceux-là feuls fe fauvent au milieu du
défaître général , à traversles cadavres qui les environnent , en qui des
miafmes moins actifs où moins nombreux fonr pouflés , accumulés &
réunis dans des tumeurs qui deviennent le dépôt des femences du mal,
ê&c fervent, en s’ouvrant, à lui donner iffue. Leur fang fe dépure , & les
tumeurs ouvertes verfent au dehors le venin comme une liqueur qui
fermente, fe purifie en jetrant fur fes bords les principes grofliers qui
circuloient dans fa malle.
Cependant fi, au milieu de la pefte la plus meurtriere , l’art peut s'ap-
plaudir de quelque apparence de fuccès, s’il femble prèrer quelque fe
mm cours à la nature, dont le but eft toujours un dépôt critique, il n’em-
prune point ces fecours des remedes ordinaires , ni de la faignée tou
jours nuilible , excepté dans quelques cas particuliers , ni des émétiques
& des autres évacuans qui ne produifent aucun foulagement; mais il les
vire de boiflons délayantes , animées d’un principe acide qui porte quel-
que rafraichiffement dans les vifceres brûlés, modere la fougue du fang,
& donne à La nature le temps de parvenir à fon bur.
Les fuccès qu'on éprouve au milieu de la fureur, & dans la plue
grande force de {a pete, concourent donc , quelque légers qu'ils foient,
à prouver que fon principe eft alkalin. Pañlons aux précautions fur lef-
quelles on a compté de toùr temps pour arrêter fes progrès, & purifier
les corps qu’elle a infectés.
La premiere des précautions eft de s’ifoler : elle ne prouve rien, finon
qu'on a regardé la pefte comme contagieufe,
Mais quand on refpire un air que l’on a lieu de croire infecté de fes
miafimes , quand on veut conferver des objers qu'on craint qui n’en
foient infeétés , on s'applique à purifier l’air ou les objers fufpeéts, en
Tome II , Partie VIIL
114 PAPAS TO LS LR NON. DIN Fi
élevant dans le premier des vapeurs qui pañfent pour falutaires , & en
expofant à ces mêmes vapeurs les vbjers qu'on ne croiroit pas toucher
impunément fans avoir pris des précautions.
Or, les vapeurs que l’on cherche à élever en pareil cas, foir que le:
raifonn-ment air confeillé de s'en fervir , foit qu’on fuive une aveugle ;
mais utile expérience , participent prefqu'e routes de la nature des acides,
& paroillent n'agir que par ce principe.
Depuis Hippocrate qui confeilla aux Athéniens l’ufage de feux entre-
tenus avec des bois réfineux & aromatiques (1), jufqu'aux précautions
qu’on prend encore de nos jours , les vapeurs qu'on a employées contre
la pefté , ont toujours été de nature acide. En effet , des plantes, des ar-
bres aromatiques, des parfums uirés du regne véuéral doivent leur aétior
à l'huile efenrielle & aux parties rélineufes qu’ils contiennent; mais les
huiles effentielles & les réfines abondenr en un acide qui fe dégage dans
Ja combuftion. L’analyfe chymique & les vapeurs que ces corps répan-
dent en brûlant , concourent à prouver notre propoñtion. Fout le monde
it combien on retire d’acide des huiles effenrielles & des réfines par la
voie de la diftillation. On fait encore que les vapeurs de ces mêmes fubf-
tances enfamimées changent le papier bleu en rouge ; qu’elles font une
impreflion vive fur les bronches de ceux qui refpirent un air qui en elt
fortement chargé, & qu’elles provoquent la toux , comme l'excirent les
vapeurs qu’on fait être décidément acides.
Je pourrois ajouter les lotions faites avec le vinaigre. Ce remede, fr
connu fous le nom de vinaigre des quatre voleurs; l’ufage dans lequel
ont roujours été la plupart des Médecins , de n’approcher des peftiférés
qu’en fe couvrant la bouche & les narines d’une éponge imbibée de vinais
gre. Les confeils que prefque tous ont donné, & fuivis de faire peu d'a-
fage en temps de pelte de la chair des animaux, de fe nourrir des végé-
taux , dont la propriété eft de rourner à l'acidité, & enfin d'ufer de boif-
fons acidules. Je conclurois de ces faits réunis, que la nature des pré-
cautions regardées de tout temps comme les plus falutaires contre la
pelte , prouve que les miafmes qui la répandent , font alkalins. Mais ces
faits fonc aflez connus, & je me hâte de parvenir à mon bur.
Les circonftances qui précedent ou qui accompagnent l'invañon de [a
pete; fes effers fur ceux qu’elle à attaqués ; l'infpeétion des cadavres
qu’elle a privés de la vie; leur prompte diffolurion,, enfin , les médica-
mens ufirés contre fa violence & les précautions qu'on prend pour s’en
garantir , ou en détruire les miafmes : rous ces objets réumis concourent
donc à prouver que la pefte eft occafionnée par des émanations alkalines,
& que par conféquent on en doit chercher le remede parmi les acides ;
id a 2 OST Aa EN IoE MR Res NeGA) Vonnpé LUN MATE REPARER PE re ren STORE
(1) Les forêérs du Nord remplies de fapins & d'ifs pouvoicnt fournir une grande
quantité de ces fortes de bois, z 2
14:
CTP),
PPT NT 20 Vue: 1n$
propofirion fondée fur cet axiome fi vrai & fi connu : Contraria contra
riis curantur.
Les acides font de deux efpeces : les minéraux & les végétaux. Lés
premiers ont plus d'action, mais ils font contraires à l'économie ani-
male ; pour peu qu'on les emploie à grande dofe , ils la détruifent , & l’on
ne fauroit en ufer qu'avec beaucoup de précaution. Les feconds ont un
effet moins marqué ; mais on court moins de rifque à en faire ufage.
Parcourons ces différens acides, & voyons quel eft celui dont nous avons
en mème temps le plus à efpérer & le moins à craindre. À
L'acide le plus répandu, l'acide vitriolique eft lourd & pefant; il n’en«
voie point de vapeurs : ainfi l’on ne peut l’employer par rapport aux expé-
riences que nous propofons, qu’en le mélant immédiatement avec le
pus & labile peftilenriels. S'il diminuoit ou détruifoit leur activité , on
pourroit en ufer comme médicament & comme préfervatif, en le joi-
gnantaux tifanes pour les malades , & à la boiffon pour ceux qui feroient
fains ; mais il ne pourroit pas fervir à dépurer la mafle de l'air, à puri-
fier les lieux infectés & les objets fufpects.
Je dois, avant de palfer outre, applanir une difficulté qui réfulre natu-
rellement de ce que je viens d'avancer. J'ai dit en effet que l’acide vitrio-
lique n’envoie point de vapeurs. On croit cependant qu'il eft répandu
dans toute l’athmofphere : on en donne pour preuve la formation du tar-
tre vitriolé qu’on peut obtenir , en expofant un linge imprégné d’alkali
fixe à l'air libre , dans un lieu élevé & découvert. On rapporte encore à
ce même acide la formation du falpêtre par fon union à des pierres em-
preintes du phlogiftique & de l’alkali volatil qu’exhalent les fubftances
animales en putréfaction ; raifon pour laquelle les érables , les écuries &
autres lieux femblables fourniffent du falpetre plus promptement & en
plus grande quantité. D’après cette double obfervation on peut m'ob-
jeter que l'acide vitriolique eft donc très-volatil, & que l'acide répandu
dans l'air eft infuffifant pour abforber & détruire les miafmes peftilen-
tiels. Cette objection a deux branches ; la premiere regarde la volatilité
de l'acide vitriolique ; la feconde , fon eftet dans l'athmofphere , par
rapport aux miafmes empeftés. Je réponds à la premiere partie de l’ob-
jection , que quoique l'acide vitriolique paroifle répandu dans l’athmof-
phere , il s’y trouve ou y eft élevé d'une maniere qui nous eft incon-
nue ; qu'il n'en eft pas moins vrai que l’acide vitriolique n’eft pas vola-
til; qu'il n'envoie de vapeurs qu'à un crès-haut degré de chaleur , quand
il commence à entrer en ébullition : qu’en outre il ne peut être répandu
dans l’athmofphere qu'en très-petite quantité, puifque fort , comme il
eft, nous ne nous appercevons point de fa préfence par fes effets foir en
altérant la couleur bleue des végétaux, foit en affectant les organes de la
refpirarion : que f la nature l’emploie pour la formation du falpêtre ,
c'eft à l'aide du temps avec lequel elle commence & exécure fes longs &
Pij
sre PAU AS AT NOMURE
rauds travaux, mais infenfiblement & roujours avec lenteur, parce que
fs fiecles font en fa difpofition , & qu’elle les compte pour des inftans..
Je pale à la feconde partie de l'objeétion , à l'infuffifance de l'acide
contre les miafmes peftilentiels qui ne:laiffent pas de fe communiquer à!
travers l’athmofphere , quoique l'acide vitriolique foit répandu & forte
dans fa malle. Je réponds que l'acide virriolique ne pouvant être qu’en:
très-petie quantité dans l’athmofphere ,, comme je l'ai fair voir dans la
premiere Partie de ma Réponfe, & comme il eft démontré parles effets
funeftes qui s’enfuivroient , s'il s’y élevoir abondamment, & quiiroiene
à la deftruétion dela nature: animée. Je réponds, dis-je, que la petite:
quantité d'acide vitriolique répandue dans l’athmofphere, érendue dans
Veau qu’elle y rencontre, eft bientôt abforbée par des nuiafimes purrides-
qui s’élevent fans ceffe ,. fe renouvellenrt continuellement & fe fuccedenr:
engrande quantité : qu'il ÿ a lieu de croire que les premiers miafmes
qui s'élsvent font détruits par l'acide univerfel ; mais que lui-même ve-
nant à:manquer, les miafmes prédominent bientôt & exercent fans obf-
tacle leurs ravages meurtriers. Si l’on expofoic tout à la fois à l’air dans:
le même lieu une grande quantité de linges chargés d'alkalis fxes, les:
trouveroit-on le lendemain couverts de cryftaux de tartre; & n’y a=r-il!
pas lieu de croire qu'il en arriveroir de ces expériences exécutées en:
grand , tout autrement de ce que nous voyons en réfulter , rentées en’
petit, comme elles le fonr ordinairement ? Enfin peut-être devons nous:
a la préfence de l'acide. univerfel le contre-poifon des miafmes alkalins
qui doivent néceffairement s’élever de toute terre habitée , fur la furface:
de laauelle périffent journellement les aniinaux qu’elle a nourris? Mais
la nature fage & prudente à fu établir une jufte balance encre lès deux:
puiffances contraires; & ce n'eft que quand l'équilibre eft rompu ; que:
la, pette libre des entraves qui lui font impofes dans le cours ordinaire ,.
déploie & exerce fa fureur. Je pourfuis mon plan, & je continue d'exa-
miner les différens acides.
L’acide nitreux répand des vapeurs fortes & très: expanfives. Il sexe
Hale tout entier, quand ileft très: concentre. On pourroit déterminer fon’
effer, en.expofant à fes vapeurs du pus ou de la bile; mais ces vapeurs:
font corrofives & fuffocantes ;. & l’on ne fauroit fans danger. mettre entre
les mains de la multitude l’acide dont elles émanenr:
L'aide du fel marin envoie continuellement des exhalaifon fubriles ,
Blanchâtres., piccotantes & fuffoquantes , quand on les refpire en grande
quantité, mais qui n’ont rien de dangereux, &. répandent une. odeur:
qui: u’eft pas défagréable, quand on les refpire de loin. Cer'acide réfifte
puiffamment à la corruption, & fes vapeurs pourroiïent être très: propres
à abforber les miafmes peftilentiels.. Ce n’ett pas fans doute un des der-
niers-acides dont on doive effayer les forces’, foit 2n le mêlant direéte-
Q
ment au.pus &A Ja bile , foic en les expofant à fes vapeurs. : On pour
x
EAN AL NE SN NE AS 7 ir
toit en rèrirer un grand avantage dans les lieux fermés; maïs il ne pour-
roit fervir à dépurer l’athmofphere ; il feroit trop difficile & trop difpen-
dieux de fe le procurer en quantité fuffifante. H feroit difficile aufli de
tcgler fon ufage.
Enfin ; il eft ua quatrieme acide qu’on n'obtient jamais bien pur , tais
toujours étendu dans une certaine quantité d'eau , qui fe dégage très-
facilement de fa bafe par la feule combuftion, & s’exhale tout entier ex
vapeurs attives, légeres , pénértrantes & plus volatiles que ne ke font
celles de tous les autres acides. C'eft l'acide fulfureux , qui de tous
les acides eft le plas oppofé à la fermentation : il la prévient quand
elle n’exifte pas encore ; il l’arrèce au milieu de fon effervefcence. M
empêche les liqueurs de s’aigrir , & les chairs de fe corrompre. Il eft plus
aifé , moins difpendieux.à obrenir que les autres acides : fes vapeurs n’ont
point de mauvais effer, à moins qu'on ne les refpire en grande quantité
dans un lieu fermé. Si on les reçoit en plein air , les incommiodités
qu’elles occaffonnent , ne font que légeres & fans fuires ficheufes. On
en ala preuve dans les ouvriers qui travaillent à blanchir les draps & les
aucres étoffes de laine, qu'on palle à la vapeur du foufre. On peur en
refcrire l’ufage à la multitude fans de grands inconvéniens; & il eft aifé
d'en ufer de façon à enrexrer tous les avantages qu’on en doit efpérer
fars craindre les incommodités qu’il peut occañonner.
Je voudrois donc qu'on commençät les expériences propofées par
celles que l’on peut faire avec l’acide fulfureux ; &, pour s’aflurer de fa
vertu , je voudrois qu'on l’éprouvâr de la maniere fuivanre :
Prenez du pus peltiféré; imprégnez-en de la charpie;
Prenez une portion de cette charpie imprégnée de pus; inoculez par
fon moyen la pelte à un animal;
Prenez de la même charpie imprégnée du mème pus; fufpendez-la aa:
haut d’une cloche de verre; brülez du foufre*fous la cloche renverfée ,
pofée fur une furface unie ; enforte que l'intérieur de la cloche blan-
chifle par les vapeurs qui s'y répandront; lailez les vapeurs fe condenfer ,
l'intérieur de la cloche s’éclaircir , & inférez enfuire la charpie àunant-
mal de même efpece, de mème ftature, de mème âge, de même fexe
que le premier ,.auranr que faire fe pourra; enforte qu’il y ait entre les:
conditions toute la parité pollible.
" Sile premier des deux animaux prend Ix'pefte, & que le fecond'ne:
la prenne pas, vous en conelurez que l'acide fulfureux aura anéanti la
malignité du venin, alors vous employerez le foufre comme médicament
pour les:malades , en leur donnant fon acide , mêlé à des boiffons conve-
nables de fa maniere que l'arc l'indique. Vous en ferez ufage comme pré-
fervarif & comme dépurarif, en en brûlant dans les lieux infeétés , au
milieu des:rues, des-places publiques, fur les lieux élevés , comme les
Ses les rerrailes & aurres endroits d'où fes vapeurs pourront s'élever:
plus haut:
»
118 DE Sr NOMME;
Vous vous en fervirez encore comme préfervauf, en en prefcrivan£
l'ufage dans les boiflons , même à ceux qui feront fains , & dont le breu-
vage aura été expofe à la vapeur du foufre enflammé : enfin, vous vous
en fervirez pour parfumer les hommes mèmes , en les expofant nuds à
fa vapeur; & pour qu'ils n’en foient pas incommodés, comme il arri-
veroit , s’ils la refpiroient, vous imaginerezune forte de capotte ou vêre-
ment d’une fubftance grofliere , & cependant ferrée, capable de fe fou-
tenir droite autour du corps, fans s'appliquer deffus, mais de façon à
lailler entre elle & le corps un efpace vuide : vous aurez foin que ce
vèrement traîne à terre ; qu'il foic ferré autour du col, qui fera enve-
loppé d'une étoffe fine & moëlleufe qui colle jnfte: vous allumerez du
foufre fous cette forte de manteau , la vapeur fe répandra deffous fans
fe perdre, fans porter à la bouche & au nez , & s’infinuera par les pores
abforbans de la peau.
Les avantages que nous entrevoyons dans l’ufage de l'acide ful-
fureux , ne font pas feulement fondés fur ce que nous connoiffons de
fa nature , & en mème temps fur les fufpicions bien fondées que nous
avons de la nature des miafmes peftilentiels. Ce n’eff pas un fimple pro-
duit du raifonnement & une pure induétion. L'idée que nous concevons,
eft appuyée & confirmée par l’ufage qu'on a fait du foufre en tout temps,
& par les effets qu'on lui a artribués conftamment , mais fans les avoir
allez vérifiés, & fans avoir fait depuis long-tenips du foufre un ufage
allez fuivi, affez conftant, allez étendu & bien dirigé.
Les anciens s’en fervoient pour purifier les lieux qui pafloient pour im-
purs. C’éroit fouvent une vaine cérémonie ; mais fouvent auf les ufages
fuperfhitieux font fondés fur queique utilité anciennement découverte,
& méconnue depuis. Le foufre entre de nos jours en grande dofe dans la
compofition des parfums qu'on prefcrir à ceux qui font quarantaine. De-
puisl'inventionde la poudre à canon, la vapeur qu elle répand en brûlant,
a été regardée comme un.des plus puiflans préfervatifs, comme fi le ciel,
en permettant aux hommes cette farale découverte , avoit voulu qu’elle
balançât d'un côré les maux qu’elle devoit caufer de l’autre au genre hu-
main. Mead parle du foufre avantageufement ; ilen efpere d'heureux
fuccès. Les Médecins employés à la cure de la pefte de Marfeille,,
croyoient fe purifier & fe garantir en fe plaçant nuds plufieurs fois par
jour au centre d'une trainée de poudre à canon , répandue en cercle au-
tour d'eux, & y faifant mertre enftite le feu : mais on fait aflez que la
vapeur de la poudre à canon enflammée eft une vapeur entiérement ful-
fureufe, ou qu'au moins le foufre y prédomine infiniment. Si lon penfe
que le nitre y entre pour quelque chofe, que le foufre très-volaul en-
traîne avec lui une paitie de l’acide du nitre, ce qui n’eft pas fans vraie
femblance, qui empêche qu'on n’éprouve l’efficacité de la poudre, de
la maniere que nous avons indiquée, en expofant du pus ou de la bile à
PRINT EU RL QUO 119
fa vapeur (1). La poudre auroit d’ailleurs tous les avantages que nous
trouvons au foufre, de n'être ni un remede difpendieux, ni rare, ni
même dangereux en fachant l'adminiftrer. Il paroït donc que fi l’on n’a
pas retiré du foufre ou de la poudre à canon rous les avantages qu’on en a
fair efpérer , & que nous ofons en attendre; c’elt, comme nous l'avons
déjà dit, faure d'en avoir fait un ufage affez général , aflez fuivi, aflez
conflant & réglé, comme il le devoir être ; c’eit ce qu'on ne fauroit trop
répéter.
Quelques avantages que nous penfions qu’on ait à efpérer des acides
minéraux, & en particulier de l'acide fulfureux , nous ne croyons pas
qu’on doive négliver de connoître l'effet des vapeurs aromatiques & réfi-
neufes en les éprouvant de la maniere que nous avons prefcrire , qui con-
fifte à brûler les réfines & les parfums fous une cloche de verre , en ex-
pofant à leur vapeur, de la bile ou du pus peftilentiels. Enfin nous fommes
très-éloignés de rejerter l'ufage des acides végéraux, tels que celui du
citron, & en particulier du vinaigre dont nous voudrions qu’on éprou-
vâr l'efficacité, en le mêlant au pus ou à la bile, Nous croyons même que
l'acide du vinaigre très concentré, tel qu’on l'obtient de la difhilation
des cryftaux de Verder, & qu’on connoît fous le nom de vinaigre radi-
cal, pourroit être très-utile. Ce dernier exhale des vapeurs fubriles qui
fe font fentir d’affez loin : on pourroit expofer à ces vapeurs du pus ou de
la bile fous une cloche , & des flacons de ce vinaigre tenus ouverts dans
les appartemens, pourioient être de bons préfervatifs ; mais il feroit im
poflible d2 remplir l’athmofphere des vapeurs qu'il exhale. En£n l'acide
fulfureux nous paroît celui dont on a le plus à attendre , parce qu'il eft
le plus oppofé de tous les acides à la nature de la pefte que nous avons
démontrée devoir fon origine à des miafmes alkalins., parce qu’on peut
fe le procurer en grande quantité ; qu’on peut efpérer de le répandre
mn
(1) Non-feulement nous croyons que l'ufage de la poudre à canon n’elt pas à né-
gliger; mais nous penfons que c'eft peut-être le moyen le plus für de remédier aux
inconyéniens qu'on peut craindre du foufre, parce qhe ie mélange du nitre ôte à fes
vapeurs ce qu'elies ont de fuffoquant , & les rend même peu défagréables à refpirer.
C'elt au refte aux perfonnes qui four fur les lieux, à dérerminer jufqu’a quel degré on
peut ufer du foufre pur, en prenant la précaution de ne le faire brüler en public, qu'à
des heures marquées , dans des emps ou il feroit ordonné de fe renfermer à l'intérieur
des maifons; cofin, d'employer ou la poudre à canon, ou, fuivanr les circonftances,
le Loufre pur. IL paroït aflez, par le paflage fuivant d'Homere, que non - feule-
ment les anciens en faifoient beaucoup d'ulage , mais qu'ils craignoiïent peu de
A + à les vapeurs, qu'ils n'avoient cependant pas, comme nous , les moyens de
modifier.
Prétreffe, apporte-moi du foufre qui détruie le gernte de nos maux , pour qu'er
l'embréfant, je remplie mon palais de [es vapeurs Jalutaires.
d : Odyÿif, liv.xxij, vers 481,
120 PANAIUMARS TOUTE
dans l'athmofthere qui couvre toute une Ville, parce que Îes inconvé-
miens qu'ilentrainz, ne font pas confidérables , & que fuivant les lieux
& les circonitances on peut s'en mettre à l'abri.
Mais je fens qu’on peut faire un grand nombre d’objections, Si elles
font capables en effer de détruire mon opinion , je m'y foumers : fi elles
font fnggérées par le defir futile de briller , j'abandonne mes détrac-
teurs à leur propre confcience ; qu'avant de s'élever contre moi, ils l’é-
courent & n’ctouffent pas fon témoignage.
Cependant je fais qu'il eft une objection folide en apparence, forte &
paturelle qui fe préfenrera d’abord à l’efprit. C'eft que toutes les peftes
ne font pas de la même nature. Je fuis effrayé de trouver parmi les noms
de quelques-uns à qui ce fentiment'a plà, celui de l'immortel Syden-
ham; mais enfin je fais réflexion que ce génie lumineux éroir homme ;
qu'il en à pa fubir Le fort ; qu'il a fi fouvent rencontré juite , qu'il paroît
qu'il düc une fois payer à l’erreur ls tribut de l'humanité; enfin, le
flambeau du raifonnement l'emporte à mes yeux fur l’éclar que répand
& nom Sÿdenham ; & je crois ce qui me frappe par fon évidence.
Tous ceux , ou prefque tous ceux qui liront l’'hiftoire des Peftes , de
puis celle que Thucidide a décrite jufqu’à celle qui a régné en Provence,
eu commencement de ce fiecle, qui en compareront les caufes , les ef-
fers, les fuites, penferont comme moi, & avec le plus grand nombre
des Auteurs , qu'il n’y a qu'une forte de pelte; que toutes ont la même
ciigine, & produifent les mêmes effetg : que quoique quelques-uns des
fywptomes les moins importans varient, ceux qui font effentiels, fonr
toujours les mêmes; qu'il n’y a pas plus de différence d’une pefte à une
autre pefte, qu'il n'y en a des fymptomes d’un peftiféré attaqué d’une
pelte actuellement régnante & reconnue pour la même aux fymptomes
qui ont lieu par rapport à un autre peltiféré , frappé de la mème pefte.
On s'élévera peut-être encore , malgré ce que j'ai rapporté en diffe-
rens endroits de ce Mémoire, contre les inconvéniens des vapeurs ful-
fureufes ; mais ce ne fera que ceux qui n'auront pas fait attention à leur
nature , au peu de rifque qu’il y a de s’y expofer à l'air libre & aux dif-
férens moyens qu'on peut mettre facilement en ufage , pour en retirer
tous les bons effets, fans en craindre les inconvéniens.
Ce AN NEIL TRISTAN
Je conclus, d’après les faits & les propoftions énoncés dans ce Mé-
moire ;
1°. Que l’on a un moyen de connoître la nature des miafmes pefti-
lentiels , d’une maniere certaine & politive dans les mélanges que l'on
peut faire du pus ou de la bile peftiférés avec différentes fubftancess ap
plhiquant enfaite ce même pus ou cette mème bile à des animaux fuf-
cepubles
MIT UNEPITINT RL RATS tu ME
Pr} 1 , ’
Re NARUTO NUE, 121
ceptibles de recevoir par la voie de l’inoculation la contagion qui affecte
les hommes,
2°. Que la nature de la pefte une fois dérerminée , ce feroit un grand
pas de fair, foit pour parvenir à fa guérifon , foit pour arrècer fes pro-
grès, & intercepter fa contagion.
3°. Que c’eft des vapeurs acides qu’on a lieu d’efpérer & d'attendre
les moyens de connoître la nature de la pefte, & de pouvoir parvenir à
l'arrêter.
4°. Que ce n'eft qu’en élevant ces vapeurs dans l’athmofphere, & les
y répandant, à l'exemple des Egyptiens & des Grecs , en allez grande
quantité pour qu’elles puiffent abforber & dénaturer les miafmes conta-
gieux , qu'on pourra parvenir à combattre & à arrêter la pefte. Qu'il y a
peu de fuccès à attendre des remedes qu’on applique , ou qu’on pourra
appliquer aux malheureux actuellement frappés : que le point eflentiel eft
de prévenir le mal : que fi la pefte ceffe d’elle-mème , après avoir exercé
fes fureurs, c’eft ou parce que le fouffle d’un vent falutaire a difipé les
miafmes qui la répandoient , ou parce que fes farales femences fe fonc
enfin épuifées à force de fe mêler à d’autres fubftances qui éroient d'une
nature différente de la leur : qu’on hâteroit ce moment falutaire, en
élevant dans l’athmofphere des vapeurs qui neutraliferoient les miafmes
dès leur origine : que les anciens Égyptiens & les Grecs ont dû leurs fuc-
cès à la grandeur de leur courage ; & que les nôtres feroient femblables
à ceux qu'ils ont obtenu , fi nous les imitions dans les efforts qu'ils ont
ofé tenter. Voyez lanote, page 105.
5°. Que de trous les acides, le fulfureux eft celui qui paroît le plus
oppofé à la nature de la pefte, dont on a le plus-à attendre & le moins à
craindte : que par conféquent c’eft celui par l’ufage duquel on doit com-
mencer les expériences propofées. | ; ;
J'ajourerai que quand l’acide fulfureux , foit pur, foit mêlé au nitre,
dans la poudre à canon , ne rempliroit pas nos vues , il ne faudroit pas
moins tenter les expériences avec d’autres fubftances , foir les autres
acides minéraux, foi les végétaux ; ou la vapeur des parfums & des
réfines.
Il pourroit auf& atriver, d’après notre fixieme propofition , que l’in-
dividu fur lequel on auroit tenté la premiere expérience für conititué de
façon à ne pas prendre la pelte par inoculation. Ainf , quand le pre-
mietr effai ne réufliroit pas , il ne faudroir pas fe rebuter , mais renou-
veller l'expérience; & ; ou les Médecins de Marfeille en ont impofé, ce
qui eft impoñlible à croire , ou les chiens font aptes à recevoir par l’ino-
culation la contagion qui affséte les hommes (1). Quant à ce qu'on
(1) Voyez Traité des caufes, &cç. de la Pefte, page 502 & fuiv.
Tomell , Pere, VIII, Q
122 PENDU VER MNONMUTIE
objeétera, que vivant au milieu des peftiférés , ils devroient prendre la
pelle par la voie de la contagion. Qui ne fait pas que ces animaux ont
les pores très-ferrés ; que les leurs ne font pas aptes, comme ceux de
l'homme , à admettre les miafmes flotrans dans lait ; que de plus, leur
peau érant couverte d’un poil épais & ferré , la nôtre au contraire étant
pue & très-perméable , les conditions font très-différentes. Il y a donc
des caufes , pour que nous prenions la pefte par contagion, tandis que
les chiens ne peuvent la recevoir que par inoculation, N’expliqueroit-on
pas de mème par quelque raifon purement méchanique ce phénomene
avéré ; que les animaux d’une même efpece prennent par contagion des
maladies qui n’agiffent pas fur Les animaux d’efpeces différentes ? La rex-
ture de la peau, l'épaiffeur des puils , la figure des pores abforbans peu-
vent ètre des caufes fuflifantes,
RUE SCT LERSS.
Le Mémoire que nous venons d'offrir , a deux Parties. Dans l’une ,
nous propofons de combattre la pefte par le moyen des vapeurs acides, &c
fur-tout par le moyen des vapeurs fulfureufes , répandues dans l’athmof-
phere, qui couvre une Ville, une Cité entiere. Nous ne faifons à cet
égard que faire revivre les idées anciennes des Egyptiens & des Grecs ,
mais négligées & prefque tombées dans l'oubli, & fuivies, fi elles le
font encore foiblement , feulement en particulier & à l’intérieur des
maifons ; au lieu de l'être au dehors, en public, & en grand, d’où dé-
pend cependant toute leur force & leur énergie ; foit qu’on emploie le
foufre pur ou modifié ,. foit qu’on falle ufage des vapeurs qu’exhalent
les parfums, les plantes aromatiques & une grande quantité de bois
réfineux , & enflammée tout-à-la- fois, & tels qu'en fournifloient
en abondance les forêts du Nord , pleines de fapins ,de genévriers , &c.
Dans l’autre partie , nous propofons de mêler les remedes au pus ouà
la bile des peftiférés , c’eft-à-dire aux miafmes réunis , concentrés dans
toute leur force, pour juger par ce mélange de l'efficacité ou de l'in-
fuffifance des remedes. Nous croyons ce moyen le plus fimple, le plus
prompt , le plus für, & peut-être le feul qui puifle nous conduire à
découvrir le fpécifique de la pefte , s’il peut l’être. Nous avons fait pro-
feffion dans tour Le cours de-ce Mémoire , de reconnoître que les idées
que nous propofons , à l’exceprion de celle de méler les médicamens
aux miafmes mêmes , où au pus & à la bile, fe trouvent par-tout éparfes
dans les Aureurs; mais nous avons tâché de les rapprocher & de les
préfenter fous un jour nouveau. Nous favons que M. Hales a propofé
de purifier les hommes qui partiroient des échelles du Levant, en les
eéxpofant , avant l’'embarquemenr , nuds, à la vapeur du foufre, dans une
chambre qui en feroit pleine , & dans laquelle ils refpireroient à la faveur
<T ent
BAUEAN ES IN QU | 113
d'un tube qui communiqueroit à travers la muraille dans une chambre
voifine. Mais nous avons fubititué à l’idée de cette chambre celle d’un
manteau.ou d'une capotre , tels que nous les avons décrits, & que nous
avons cru plus fimples , plus commodes, plus applicables à l’ufage de la
multitude. Nous fommes donc loin d'affecter ce qui ne nous appartient
pas, & pour finir par un trait d’après lequel nous prions qu'on veuille
bien nous juger : le defir d’étre utiles , l'idée Aarteufe & fi pardonna-
ble de penfer que nous pourrions l'être, font les feuls fentimens qui
nous aient infpiré.
PAPÉMEU GE TES
D'un Ouÿrage, intitulé : Examen Docrrinz, &c. Examen de la
Doëtrine de M. MEYER, touchant l'ActpuM PINGUE ; & de celle de
M. BLACK, fur l'Air fixe concernant la chaux.
Par M. CRANTZ(1), Profeffeur de Médecine à Vienne.
La Chymie a toujours trouvé dans la chaux un problème des plus dif-
ficiles à réfoudre. M. Black a cherche à l'expliquer dans fon Examen fur
la Magnélie & fur la Craie (2), où il compare les fubitances calcaires
crues avec ces mêmes fubftances traitées au feu. 11 faur ici rapprocher
les idées du Docteur Ecollois , pour mieux entendre ce que le Profelleur
Autrichien y oppofe.
Les pierres calcaires , dit M. Black, contiennent un fel alkali, joint
à une grande quantité d’air fixe qui y eft forcement attaché : cependant,
quoique féparable de la magnéfie , par la violence du feu , il ne BAR
pourtant pas être enlevé aux fels alkalis fixes par la plus grande chaleur.
Ces réflexions l'ont porté a conclure que l'air fixe eft également relatif
aux fels alkalis & aux fels acides : que les fubftances calcaires & alka-
lines artiroient de mème l’air fixe ; qu’elles s’en faturoient dans leur état
naturel, comme elles le font avec les acides, en fe combinant avec eux:
enfin , que cer air s'en débarrafle , & qu'il en eft chaflé avec violence,
quand on les traite par les acides, quoique ces fubitances alkalines ne
s'emparent pas aufh vivement de l'air que des acides , & que l'air & l'a-
cide ne peuvent pas en même remps être uni dans les mêmes corps. D'a-
(1) Nous ne nous permettons aucune réflexion fur Ja doétrine de M. Crantz, Ce
fera roujours lui qui parlera dans ce Précis.
(2) Voyez le rome I, p.210 & 261.
Qi
TERRA ART TPE RE PAP NN ENTREE FEU
f
124 Ut MS NI TION NIUE
près ces idées, M. Black a penfé que la terre calcaire nè perdoït par
l'aétion du feu que très-peu d’eau & fon air fixe ; que le feu ne commu
niquoit aucune fubftance; mais que la caulliciré & la folubilité dans
l'eau , qui fembloient provenir du feu dans la chaux caicince , n'appar-
renoient point au feu , mais feulement à la propriété effentielle de la
terre pure privée de fon air fixe : qu'enfin la chaux vive redevenoit
douce, en reprenant fon air & pierre calcaire crue en s’en faturant de
nouveau.
M. Macbride embraffe dans un Ouvrage particulier, le fentiment
de M Biack, qu'il étaie par plufieurs expériences de M. Hales. Il s'éroit
cependant un peu écarté du fentiment de ce dernier, puifqu'il difoit
qu'on rrouvoit l'air vif & élaflique, foit dans les parties fluides & folides
des végéraux & des animaux : que cet air fixe évoir Le principe d'union,
& la caufe immédiate de la cohéfion parfaite dz nos parties fohides,
comme de celle des végéraux & des fubftances calcaires avec lefquelles
il avoir plus d’afinité qu'avec aucun autre corps connu jufqu'à ce jour :
qu'il ne falloit pas confondre cet air avec celui de l'athmofphere , ni avec
celui qui fort des corps fluides ou folides dans le récipient de la machine
pneumatique, parce qu'il n’abandonne abfolument les corps que lorf-
qu'ils font réduits en parties ténues par la diffolution, ou par la décom-
poftion.
Cette opinion n’expliquoit pas la nature , les propriétés, les phéno-
menes, ni la théorie de la chaux. Cette découverte étroit réfervée à
M. Meyer. Il reprit de nouveau l'examen de la chaux ; & voici en peu
de morts les principes fur lefquels il eft fondé.
19. I s'échappe du feu une fubftance qui pafñfe & pénetre dans les
fubftances calcaires, & même dans les autres qu’on y traite : 2°. que
certe addition à ces fubftances eft cauftique , & qu’elle produir des effets
analogues au feu : ;°. que cetre fubftance cauftique eft une vraie ma-
tiere fubtile, volatile & faline, formée d'un acide inconnu & du prin-
cipe du feu , c'eft-à-dire de la matiere de la lumiere : 4°. que cette ma-
tiere diftinéte de trous les corps conferve fon affinité avec prefque tous :
5°. qu'elle peut leur être unie & y être contenue : 6°. qu'elle peut en-
core fe trouver naturellement dans les corps en différentes proportions,
& y ètre ajoutée de nouveau : 7°. qu’elle eft élaftique &: indeftruétible :
8°. qu'il l'avoir nommée acidum pingue , d’après les anciens Chymif-
tes : 9°. enfin , qu'on pouvoit expliquer par fon moyen les phénomenes
de la chaux , & ceux des autres cauftiques , foit fixes , foit volatiles, &
enrendre toutes les théories dé chymie.
Ce fentiment avoit un grand nombre de partifans en Allemagne ,
lorfque M. Jacquin ehtreprit de le combattre (1); en s'étayant des
(1) Voyez tome E, p. 123.
;
“
NS PE Le ONE NA TE
ALHUMNS TT) QU 121$
expériences de MM. Hales , Macbride & Black , M. Crantz lui reproche
d’avoir un peu tronqué la doctrine de M. Meyer. Le lecteur, en com-
parant les deux ouvrages ; fera à même de décider fi fes reproches font
fondés. Venons aétuellement à la difcuflion publiée par M. Crantz.
L'Aureur Allemand fair plufeurs expériences furla pierre à chaux
qu'il diffout dans l’acide de nitre, & répete la mèmé opération fur la
craie. Après s'être convaincu de la grande quantité r contenue dans
ces fubftances calcaires par a grande effervefcence qui réfulre de cerre
«diffolution , & par l’augmentarion de poids que M. Meyer avoir obfervé
dans le mélange de laleflive alkaline fur laquelle M. Jacquin a gardé le
filence. Il conclud que , puifque M. Meyer l'avoir conftamment obfervée
dans fes expériences; & que puifque perfonne n’avoit nié que les fub-
ftances calcaires ne continffent beaucoup d’air, M. Meyer avoit eu raifon
de ne pas s’arrèrer à la diftillation dans les vaiffeaux fermés, puifqu’elle
ne pouvoir rien lui apprendre , & qu’elle l’auroit tout au plus conduit à
des calculs abfurdes, comme on le verra bientôt dans la difcuflion du pro-
cédé de M Jacquin.
M. Crantz lui reproche encore de n'avoir pas fait affez attention aux
vapeurs qui s'exhalent dans les effervefcences des fubftances calcaires,
aux bulles d'air élaftiques & acides , de même qu'à l'odeur de l’ef-
prit de l’acide nitreux qui porte au loin les émanations qui s’en échap-
pent.
M. Meyer n’obrint rien par la décoétion de la pierre à chaux dans l’eau.
Il obferva par la calcination une très-grande diminution de poids , & re-
tira une chaux vive, dont les propriétés éroient totalement différenres de
celles de la pierre calcaire crue. La difillation de la pierre à chaux dans
les vaiffèaux fermés, pouflée au dernier degré, fournit à M, Jacquin
plufeurs phénomenes très-remarquables. Il paffa d'abord au degré le plus
doux de chaleur des gouttes en forme de rofce. Il furvint à un degré plus
haut de chaleur une vapeur qui obfcurciffoit le récipient , & qui, après
s'être raflife, s'unifloit avec une matiere humide dans le commence-
ment , mais qui l'étoit enfuite beaucoup moins, Elle étoit élaftique , in-
_vifible & inodore, cependant très-fenfible à l’ouïe & au tact, puifqu’on
la fentoit fortir avec impétuofité & fifflement par le bec de la cornue,
qui n'étoit pas bien bouché. Ce phénomene dura plus d’une heure, &
l'obfervateur n'ofa renir l'appareil exatement lurté , dans la crainte d’une
explofon ; cependant la matiere érant à la fin comme épuifée, il nen for-
tit plus rien, & la pierre à chaux éprouva encore pendant trois heures le
feu le plus violent. L'opération finie, la cornue refroidie , & enfuice
caflée, on obtint une très-bonne chaux , très-vive, propre à fubir toutes
les expériences qu’on voudroit lui faire éprouver. Son poids éroit dimi-
nué de treize onces.
M. Crantz foumit la pierre à chaux au même appareil , & les vaiffeaux
126 ARLES VE LUI OÙ LU LÉ
croient exactement bouchés. Le fuc fut augmenté par degrés ; il fut vio-
lent pendanc huit heures , & tenu au feu de roue pendant quatre heures
feulement; il obtint trois drachmes de phlegme clair, d’une odeur aro-
matique & fentant Le noyau & un peu l’empireume; fon goût étroit dé-
cidément acide ; il rougifloit le fyrop violat, & ne faifoit point d’effer-
vefcence avec les@llalis. Après avoir défait l'appareil , il ne trouva pas la
pierre exactement changée en chaux ; elle avoit perdu beaucoup de fon
poids ; elle faifoit une effervefcence plus vive & plus longue que la pierre
calcaire crue, & elle fe diffolvoit toute entiere en chauffant le vailleau.
M. Crantz abandonna cette expérience , parce qu’il la regarda comme
infufifante pour donner un calcul jufte de l’eau & de l’air qui devoient
s’en échapper. Voici comme s'explique M. Jacquin fur ce calcul dans une
femblable expérience.
Le fluide qui a paffé fous la forme de gouttes de rofée, & conféquem-
ment de phlegme aqueux , n’excédoit pas une once & demie : mettons
encore une autre demie once perdue avec le courant de la matiere élafti-
que. La pierre à chaux contenoir donc deux onces de cette liqueur dans
la maffe de trente-deux onces qu’elle pefoit avant d’être employée. Ces
deux onces ajoatés à dix-fept onces de chaux qu'on en a retiré, font dix-
neuf onces : ainfi il ne manque uniquement que les treize onces que la
pierre calcaire a perdue pendant la calcination à la fouftraétion, De
quelle partie doit-on attribuer la perte de treize onces ? On n'a vu s'é-
chapper pendant l'opération qu'une quantité prodigieufe de matiere
élaftique , & la liqueur dont on a parlé. La liqueur eft entrée dans le
calcul; donc la matiere élaftique qui faifoic le mème poids dans la pierre
calcaire , complette parfaitement le calcul.
M. Crantz trouve ce calcul trop exagéré & fi peu réfléchi, qu'il croit
qu'aucun Phylcien ne fe perfuadera jamais que la quantité de liqueur
retirée de la pierre à chaux calcinée par la violence du feu , foit la feule
contenue dans cette fubitance foflile & dure; puifque dans l’incondef-
cence nécelfaire pour la torréfaction ou la calcination d’un foflile dans
des vaifleaux de terre il fe confume beaucoup de liqueur aqueufe , &
& étant abforbée par des vafes très -fecs & très-ardens, elle ne pañle
pas toute entiere dans le récipient, & par conféquent doit manquer
dans le calcul de M. Jacquin. Telle eft la raifon que l’on oppofe au
calcul concernant la liqueur. Voyons actuellement fi le calcul fur l'air
eft plus exact.
On connoît le phénomeme de l’eau qui s’exhale; on fait qu’à un degré
déterminé de chaleur , elle fe fépare fans aucune forme d'humidité fen-
fible fous le récipient de la machine pneumatique, qu’elle fe change
coute en un air véritable & élaftique. On fait encore que par un certain
degré de chaleur , on porte à une telle divifion les particules de l’eau ,
réduites en vapeurs qu’elles occupent un efpace treize mille fois plus
_ jui ARE ù d
PMR RNEU ST UT NONUIUTRE, 117
grand que celui qu’elles occupoient fous la forme d’eau véritable , & que
. quelques Phyficiens ont conclu, non fans quelque fondement que l’eau
réfoute de cette maniere en vapeurs élaftiques, éroit élaftique par l'air
même , & par conféquenr certe élafticité éroit accidentelle.
Ces faits font plus que fuffifans pour prouver que le calcul de l'air fixe
contenu dans la terre calcaire comme principe d'union & de la cohérence
des atomes calcaires , doir paller pour incertain , & qu'on peut même
conclure que l’expérience n’a pas répondu à ce que l’Auteur a prononcé ;
puifque ce que les adverfaires appellent air fixe, peut être l’air de l’eau,
ou l’eau elle-même devenue élaftique & réfoute en air. Ce peut être
auñli l’air de l’acide qui attaque la fubftance même de la terre calcaire ,
& que M. Meyer a obfervé (1).
Pour mieux détruire le calcul fur l'air fixe, & en mème temps les pre-
mieres conclufions fondamentales, qui font déduites de l'hypothefe de
M. Black, M. Crantz fait ces interrogations : eflfce que cette matiere
élaftique , qui pafle fi violemment lors de la diftillation , n’eft due qu’à
l'air fixe de la pierre à chaux & à aucune autre caufe ? Eft-ce que la quan-
tté de phlegme qui a été retirée , peut fi gratuitement être fuppofé la
fomme totale de celle qui exiftoit dañs la pierre à chaux? Cette fouf-
trackion de l’air fixe eft elle vraie , & eft-elle la feule caufe du change-
ment de la pierre calcaire en chaux ? Ces faits devroient être prouvés
par l'experience, & ne pas s’en tenir au raifonnement. En effer, foit de
la diflolution , foit de la calcination de la pierre calcinée , les feétateurs
de l'air fixe en ont admis une quantité incroyable; & M. Black dit avoir
imaginé en méditant, qu'il y avoit une affinité & une attraction très-
grande entreles fubitances calcaires & l'air. M. Macbride l'avoir déjà afluré,
M. Jacquin a pris cette opinion pour une vérité , & aucun ne l’a démon-
trée : mais , ce qu'il y a de plus chymique, c’eft que ces meflieurs parlent
toujours d’afhnité & d’actraétion entre l’air & la pierre calcaire , tandis
que l'air doit être attiré par la chaux vive, & non pas par la pierre à
chaux crue. La pierre à chaux & la chaux vive font-elles donc la même
chofe? Le fer & le fafran de Mars peuvent-ils fe fabitituer l’un à
l'autre ? -
M. Crantz dit avoir répété de plufieurs manieres des expériences , &
qu’elles lui ont démontré que la pierre à chaux n'augmentoit de poids,
ni en l’expofant à l’action violente des effervefcences , ni à Pair pendant
très-long-remps : que ce poids ne diminuoit pas , fi on la foumettoit à la
pompe pneumatique ; & même que fi ce poids y diminuoit un peu, cette
diminution devoit être tour au plus attribuée à l'évafñion de l’air com-
mun , renfermé dans les pores de la pierre, & non pas à la fouftraétion
de l’air fixe. On fait très-bien que pour la formation des fubftances
0
(1) Effais [ur la Chaux, p. 13,
PU NE A DA TON OA ENTRE NUNAN TT CFP a.
128 PME TES ET F0 ve
falcaires, les eaux traînent avec elles une grande quantité de ftalaétite qui
fe dépofe peu à peu, s’accumule en grandes males , & s’endurcir. Il s’y
rencontre aufli beaucoup de parties calcaires qui , lorfqu’elles éroient ca-
chées dans l’eau ou pendant leur concrérion, n’ont pas paru aflez viñble-
ment attirer l’air, pour qu’on puille aujourd'hui établir cette grande affi-
nité, cette grande attraction. ;
De l'examen de la chaux crue, M. Crantz palle à celui de la pierre
calcinée, en fuivant la doétrine , la marche & les principes de M. Meyer.
Quoi de plus admirable, dit-il, que la nature fonore de la chaux vive
encore ignée ; & cependant, fuivant ces adverfaires , privée de rout air
poflible ; peut-1l donc y avoir du fon dans un corps fans air ? Quoi de
plus étonnant que le gonflement volumineux & prompt dans ce corps
exténué par le feu, gonflement qui devient extrême dans l’eau ? Qu
a-t-il enfin dans cet air de plus grand que l’eau qui augmente le poïds ?
Pour connoïtre par quel moyen s'exécute l'augmentation du poids
dans la fubftance finguliere de la chaux , notre Auteur expofa entre deux
fenêtres deux drachmes de chaux vive récemment faites : elles y refte-
rent pendant quinze jours foumifes aux variations de l’air, Il en mit pen-
dantle même efpace de temps la même quantité dans une chambre chaut-
fée & moins humide. La chaux, après ce remps, ne fut pas entiérement
éteinte; celle qui éroit expofée à l'air , avoit augmenté de cinquante
grains , & celle de la chambre de vingt-quatre. Voilà le nœud de la quef-
tion : ces chaux fe font-elles imprégnées d’eau ou d'air ?
D'après ces expériences, M. Crantz abandonne le parti de l'air en
faveur de l’eau, parce qu'il eft plus convaincu de l’efficacité de cette der-
niere , que des effets du premier , fur-tout dans cette circonftance, puif-
qu'il prétend que chacun attribue la rupture de Ja chaux vive , & fa diflo-
lution dans l’eau , à l’eau & non pas à l’air. Il étaie fon fentiment de
celui du Docteur Black, qui attribue également cer effet à l’eau. M. Jac-
quin en convient à peine, quoique dans d’autres endroits où il ne traite
pas l'explication de ce phénomene , il avoue que l’eau de l’athmofphere
éteint la chaux; mais, malgré cet aveu, il prérend qu'on doit admettre
une affinité & une attraction très-grandes entre la chaux & l’air , fans
faire aucune mention de cette affinité entre la chaux & l’eau.
Notre Auteur en appelle enfuire à M. Macbride lui-même, qui lui
paroïît prouver évidemment que la chaux ne peut être ainfi imprégnée par
l'air , & que cette attraction d’air ne peut pas être celle de l’air fixe ;
propofition oppofée aux fentimens de MM. Black & Jacquin : celui-ci
dit formellement , que l'air fixe ne doit pas être confondu avec l’air de
l'achmofphere ; car fi on en excepte fa nature propre à être élaftique
pendant un certain temps, il ne paroît pas que l'air Hixe ait aucune pro=
prièté commune à l’air que nous refpirons.
Conformément à l’expérience de M. l'Abbé Nollet , qui avoit démon-
LA
tié
PIPAIRNUNS ATMOMUNE. 129
tré qu'un efpace de trois ou quatre mefures d'air contenoit toujours
affez d’eau pour didoudre & augmenter le poids d’une once de fel de
tartre. Notre Auteur ajoute que la feule humidité de l'air diffour le fel
de tartre, & éteint la chaux. En effet, fi ce fel de rartre traité au feu,
devient avide d'eau & l’atrire ; pourquoi la chaux vive ne l'attireroit-elle
pas comme le fel de tartre, puifque c'eft la mème caufe qui l'en rend
néceflairement avide? M. Crantz dit encore que la cohéfion moindre
de la chaux ainf éteinte , montre clairement que le lien qui unifloir les
élémens de la chaux vive nouvellement préparée, a été enlevé , & qu'il
eft enriérement fouftrait par cette même extinction pouflée plus loin.
L'air eft donc le ciment de la pierre à chaux & l'élément de la pierre cal-
caire à laquelle il fert de gluren , liant fuivant l’hypothefe de MM, Black
& Macbride, corrigée par M. Jacquin. Cela étant fuppofé , il ne peut
pas devenir pour la chaux vive, un inftrument de féparation , ni de def-
truction. ;
C'elt ici le cas de trouver M. Jacquin inexcufable, lorfqu'il dit que
l'air de la pierre à chaux, eft l'air fixe, & aue celui qui entre dans la
chaux , eft l'air de lathmofphere; tandis qu'il avoue de nouveau que cet
air de l’achmofphere fait la crème de chaux, & enfuire de Ja chaux vive
la pierre calcaire crue. Il a éré dit que l’air éteignoit la chaux, en
vertu du pouvoir que les partifans de l'air fixe lui ont accordé de lui en-
lever fa cohérence ; & par un nouveau privilege qu’il donnoit de la co-
héfion à cette même plerre ; cependant, malgré ces privileges accumu-
1és, la chaux éreinte à l’air ne conferve pas même un veftige de cohétion
dans ce phénomene. De-là notre Auteur conçlud que cette affinité &
cette attraétion entre la pierre calcaire & l'air, & qu'on devroit plurôt
donner pour extrème entre l'air & la chaux, eft abfolument précaire, &
n'eft pas fi bien prouvé que celle qui exifte entre la chaux & l’eau. La
chaux éteinte dans l’eau, & enfuite defféchée , s’oppofe à la réalité de
cette attraction. Cette chaux ne fe décompofe plus à l'air comme la chaux
vive ; cependant éreinte fous l’eau , elle a été rout-à-fait privée d'air ; elle
en eft reftée dépourvue & expofée à l’air fec : elle ne montre point cetre
avidiré pour l'air , comme elle la montroit pour l’eau, Car, tandis qu'il
s’exhale beaucoup d’eau dans la ficcité de l'athmofphere, l'afhinité &
l'attraction prétendue extrème demeure nulle , & ne peur plus s’exciter
dans la chaux éteinte , fi ce n’eft par le feu qui fait difliper l’eau. En
effet, ce n’eft pas un air différent de celui de l’eau qui attire l'air qui n y
eft pas, puifque la chaux faturée d’eau ne fe charge pas davantage d'air,
&.que l'air ne challe jamais l’eau , comme M. Black l’avoic infinué ,
fans en donner aucune expérience, nés
M. Jacquin prouve lui-même que cette attraction ou affinité n’eft pas
fi grande entre la chaux & l'air, quoiqu'il la defirât celle, Il la donneau
contraire dans beaucoup d’endroits pour nulle ou pour très-perite. Il y a
Tom: II, Partie VIII, R
\
130 PHsRAr SF OU ME,
plus ; ce Phyficien demande encore pour l’extinétion de la chaux vive
dans l’athmofphere un air chargé d’hamidité , ranquam condirione Jine
qué& non. Ne doit-on pas inférer delà qu'il n’y auroit point d’attraétions
fans l’humidité ; ou bien eft-ce que l'humidité de l'air augmenteroit
l'élafticité de l’air qui doit rendre la chaux pierre calcaire ? Enfin eft-ce
que l'humidité de l'air feroit le guide fidele de l’élément aveugle de l'air
fixe, pour faire réuflir certe attraétion ? Ou bien ne peut-elle pas fe faire
fans elle ? Il n'y a pas de milieu. Si M. Jacquin ne conftate pas moins
fon attraction , il eft incertain de quelle maniere les Phyfciens rece-
vront fon explication. Il n’y a plus à balancer : cette attraétion eft nulle
entre la chaux & l’air ; elle eft au contraire extrème entre la chaux &
l’eau. Cetre fubftance a un facile accès dans les incerftices de la chaux =
c'eft pourquoi la chaux s’en empare avec avidité. E’air feul peur à peine
palfer à travers beaucoup de corps qui font cependant très-pénétrables
par l’eau, & à l'air qu’elle contient ; de forte que plus l’athmofphere eft
humide, plus elle fembleentrer aifément dans ces corps ; l’athmofphere eft
donc , de l’aveu même de ce Savant, le véhicule de l'air? mais, pourquoi
ne dit-il pas auffi fi cetair a une plus grande affinité avec ces corps que n’en
a l'air paflif, apporté par an conducteur ? Pourquoi ne dicil pas fi l’eau
fans affection quelconque ne s’unit à eux avec violence , que pour favo—
rifer l'air, & en faciliter l'accès accidentel , furtif & non deñré.
De ces raifonuemens, M. Crantz pafle aux expériences qui démon=
trent que la chaux vive s’éteinc à l'air Hbre, comme dans l'eau , quoi-
qu'on {uppofe toujours le premier chargé d'humidité : maïs ces ex—
périences font contredites , ajoute-t-1l, parce que la chaux vive, expofée
pendant une année à l'air, foit fee, foit humide , & quoique certaine-
ment éteinte, jettée dans l’eau , produir encore une chaleur notable que
ne donne pas la chaux éreinte dans Feaw , fuivant l’obfervation de
M. Meyer (1); parce que la chaux portée dans les champs n’y perd pas
fa vertu dans l’efpace de trois ans , ainfi que Fa remarqué M Aïfton (2)»
d’après l’obfervarion la plus commune des Laboureurs ; parce que la
chaux éteinte à l'air pendant quatre ans, donne un efprit auf cauftique-
que la chaux vive ; parce qu’enfin la chaux éteinte à Pair , qui devroit ce
pendant être plus douce ( fuivant l’hypothefe de M. Black, étant une:
pierre calcaire crue qui n’eft plus cauftique ) eft néanmoins plus âcre &
plus cauftique que celle qui a été éteinre dans l’eau; objer qui doit ètre
connu de rous ceux qui exercent la Médecine. Comment peur-il arriver
que , d’après l'hypothefe de M. Black, & fuivanr M. Jacquin, la chaux
éteinte dans l’athmofphere , maloré fon affinité & fon'attraétion extrème
pour r-devenir pierre calcaire crue , puifle être plus âcre & plus cauftique
(tr) Eflais de Chymie fur la Chaux vive, p. 2z.
42) Tranfactions philofophiques, volume XLVIL..
Per Mr NS fer MORUNTE. 131
que celle qui , fans cetre attraétion , feroir éteinte dans l'eau ? Que va
donc devenir le fondement de l’air fixe, dont la préfence rend la chaux
douce, en la faifant pierre calcaire, infipide , & dont l’abfence au con-
traire fait la chaux vive ? Elt-ce que pendant que la chaux s'éteint à Pair
libre, il n’y a aucune affinité entre l’air & la chaux , puifqu’elle refte
plus cauftique , tandis qu'éreinte fous l’eau , elle montre une plus grande
aflinité, parce qu’elle devient plus douce ? C'’eft aflurément ce qui pa-
roît. Si ia nature douce des corps attefte la préfence de l'air , & leur cauf-
ticité fon abfence. Si la chaux éteinte dans l’eau eft plus douce , &
qu’elle foi plus cauftique , éteinte à l'air ; c’eft aufli faux que l'hypo-
thefe qui l’etablit.
En comparant les propriétés communes de la chaux vive & des fels
alkalis fixes, à l'exclufion des autres fubftances calcaires qui ne parta-
gent point ces qualités, à moins qu’elles n’aient été calcinées auparavant.
M. Cranrz conclud affirmarivement qué la caufe des effers caultiques &
des autres , elt abfolument la mème, puifque la chaux a été calcinée au
feu, comme les fels alkalis; & que ces corps calcinés font devenus
cauftiques par le feu, puifqu'ils n'éroient pas tels avant la calcination.
EffeŒivement fi ia chaux n’éroit cauftique que parce qu’au moyen du
feu elle eft privée abfolument d'air, fuivant l’hypothefe de M. Black ,
les fels alkalis ne pourroient pas étrecauftiques, parce qu’ils contiennent
de l'air en grande quantité ; ou bien ,s’ils le font , ils doiventi'ètre par le
même principe du feu, puifqu'ils n’éroient pas cauftiques avant d'avoir
éprouvé fa grande violence.
Après avoir examiné la chaux éteinte à l'air, l’Auteur paffe aux phé-
nomenes de La chaux éteinte dans l’eau , en comparant la doctrine de
M. Meyer avec celle de fes adverfaires. Il en difcute les points les plus
importans, comme le fifflement , l’effervefcence avec les bulles d'air , la
fumée , l’ébullition , l’extrème chaleur & l’inflammation mème de la
chaux éteinte dans l’eau, ainfi que fon prodigieux gonflement. Ces phé-
nomenes font tous difcutés dans la théorie de M. Meyer; & M. Jacquin
les a, pour la plupart , paflé fous filence. Après avoir examiné les par-
ties conftituantes & les propriétés de l’eau de chaux , autrement dite,
lait de chaux, il pafle à la crême de chaux ; fubftance qui a beaucoup oc-
cupé les Chymiftes, & qui ne l'ont pas tous traité également.
La définition donnée par M. Jacquin, de la crème de chaux , toujours
en faveur de l'attraction de l'air, ne paroït pas décifive à M. Cranez. Il
prouve par de nouvelles expériences , & avec M. Meyer, que la crème
de chaux n’eft ni féléniteufe , comme quelques-uns l'ont prétendu , ni
dépourvue d’air , mais feulement une concrétion purement terreufe ,
formée au moyen de l’eau, & de nature tout-à fait femblable au fpach
calcaire,
M. Jacquin prétend que la chaux éteinte dans l'eau, eft toujours
R ij
132 Pom ANUS n T0 QUVME:
chaux , & en conféquence privée d’air. M. Crantz dit au contraire, qu'il
en 4 toujours trouvé par-tout dans la chaux éreinte , à moins qu’on eût,
par artifice, interdit tout accès au menftrue acide. Il conclud de-là que
l’affertion de M. Jacquin eft fauffe , de même que la prétendue attrac-
tion , puifque les chaux éteintes, foit à l'air libre , foic dans l’eau, ne
font jamais privées d’air.
Notre Profelfeur palle enfuire à la nouvelle méthode de M. Jacquin,
pour faire de la chaux, au moyen des acides. M. Jacquin dit expreflé-
ment que la pierre calcaire, diffoute dans l’efprit de nitre, fe précipise
fans. effervefcence par la leffive cauftique du fel alkali fixe, parce qu'il n'y
a d’air nulle part : donc, s’il y a de la chaux, il ne fe précipite pas de
pierre calcaire , mais de la chaux. Sans infifter beaucoup fur l’abfence
abfolue de l'air, M. Crantz defireroit une preuve , puifqu'il falloir dé-
montrer que les fubftances calcaires , diffoures dans les acides, étoienc
privées d’air, & qu’elles devenoient , par cette raifon, cauftiques ; & non
pas dire , comme on lit dans le vexte : Ergo ff ibi calx ef? nec gleba cruda
mais fi ibi calx eff non gleba cruda , ce qui étoir à prouver. M. Jacquin
finit par une expérience, d’après M. Black , & s'explique en ces termes :
« Qu'on lave promprement la poudre filtrée avec l’eau bouillante , qui
» ne contient aucun air, pour en féparer le nitre régénéré; qu'on la
» feche après l'avoir fufifamment édulcorée : elle ne donne plus une
» pierre calcaire crue, mais une chaux éteinte daus l'eau, foluble dans
« l’ean , propre à être changée en crème à fa fuperficie , précipitable de
» l’eau par l'huile de rartre; en un mot, une vraie chaux vive ».
Cette expérience fair fonpçonner une double iradvertance : la premiere,
en ce que dans la diffolurion de la pierre calcaire dans l'acide nitreux , it
peut fe préfenter le même cas pour l'acide du nitre, & pour les fels
lkalis, foit fixes, foit volatiles dans les leflives cauftiques ; car , comme
le {el alkali et fixé dans la leflive cauftique , n’érant plus bbre, nine
faifant plus d'effervefcence , il en peut être de même avec l'acide nitreux.,
faruré de la fubitance calcaire : cet acide ne faifant plus alors d’effeive(-
cence , même avec les corps auxquels il femble le plus en vouloir. La
Æeconde inadverrance paroït provenir de ce que dans les leflives caufti-
-gues , tant fixes que volaules , felon toutes les apparences arreftées , le
fel alkali perd & abandonne fa propriété naturelle de faire effervefcence.
De:là aufli étant comme fixé , il n’eft plus libre tant qu'il ef caufti-
que ; à la maniere prefque de V'air fixe & inhérent aux COrps., il ne fe
montre pas fous la forme d’un vrai air élafique ; mais il s’en débarrafle
ifeuJement par ces accidens , .& reprend fon activités Ent [AGE
“Les chofes étant ain, M. Crausz a. bien prévu que.l'acide nitreux,
Æruré de fubftance calcaire , & les lefues çauftiques éroienr tellement
changées , qu’elles ne pouvoientplus montrer leur pature originelle ;
produire leurs principaux efers & les plus ordinaites,, Grant comme
LENS,
PUS le UT OL É. 24 139
devenus neutres: dans leurs efpeces : d'où on devoit par conféquent ; fe
demander à foi-même , fi, en ajoutant la leflive cauftique à la diffo-
lution de pierre calcaire, il ne réfultoit pas quelque chofe de ce troi-
fieme, en fe faturant paifiblement enfemble : ou bien, s'ils ne prenoisnt
point la nature prédominante du corps furabondant; ou enfin s'ils ne
reftoient pas défunis & féparés. C'étoit ainfi que devoit raifonner
M. Black, s'il eùt voulu chercher fa vérité.
Les nombreufes expériences faites par M. Crantz, comparées avec
celles de fes adverfaires , ne lui ont prouvé autre chofe , finon que rourés
les chaux diffoutes dans les acides, & précipitées par la leflive cauftique,
n’étoient point de vraies chaux cauftiques ; qu’elles reprenoient au con-
traire plutôt la nature calcaire qu’elles ne la perdoient. Aufli noire Auteur
n'ayant apperçu aucun des principaux caraéteres de la chaux vive dans la
chaux prétendue réfultante de l'acide de nitre, cette chaux n'ayant pro-
duir ni extinétion, ni fifflement, ni effervefcence , 111 ébullition dans
l'eau, n'ayant donné ni bulles d'air , ni fumée, ni chaleur aux vailleaux ,
n'ayant pu enflammer les matieres combuftibles , propriétés très-recon=
nues dans la chaux vive, & que n’a aucunement cette autre chaux, appellée
vive par MM. Black & Jacquin. M. Crantz la nomme chaux froide de
Black, pour la différencier de a chaux vive ; véritable & cauflique de
Meyer, dont toutes ces chaux froides doivent abfolament paffer pour
être rrès-diftinétes & différentes en £oure nature, conme le difenc les
adverfaires,
M, Crantz pale enfuite à l'expérience de M. Macbride. Ce Savant
avoit obfervé que l'eau de chaux filtrée & Iympide, mife dans une bou-
teille fe rroubloit ; que, les particules de la chaux qui y &oieht aupa-
ravaut difloutes &, fufpendues , fe précipitoient dans l'état d’indiffolu-
bilité, ce qui eft oppofé au fentiment ki M. Jacquin, qui regarde la
chaux éteinte comme toujours foluble dans l’eau, en veriant dans use
autre bonteille, contenant de l’aikali fixe, de l'acide minéral, & en
faifant pafler dans la premiere, par le moyen d'un tube dé communica-
tion l'air qui réfulroit du conflit de ces deux corps, Confidérons , dic
M, Crantz, la raifon de cette ingénieufe expérience , la feule louable ,
& abfiraction faire du refte pour le préfenr. Voyons comment l'air fixe
qu'elle avoic perdu, eft rendu à la chaux éteinte dans l’eau, comment par
Pabfence de cer: air fixe elle étoir chäux vive, & comment elle redez
vient en mème temps, pierre calcaire crue. J'avoue, continue notre
Auteur, que je croirois me tromper, fi je ne difois que cette conclu=
fion ne m'a paru d’abord ni claire:ni facile, en ce qu'elle fuppofe beau
coup. de chofes déjà démontrées par les expériences inconreftables des
Phyfcièns 8 des Chymiftes adverfaires , mais qui cependant ne font
pas)aujourd'hui encore, ni,alfez connues , ni allez prouvées. A-vil été
déjà démontré qué l'air élaftique s’unit aux corps en tant qu'élaftique,
134 Path ex" ON 2 &
pour qu’il foir probable dans cette expérience, qu'il fe joint fous cette
forme aux atomes de fa chaux ? S'il n'entre jamais comme tel dans les
corps des animaux , des végétaux & des minéraux, en tant que partie
conftituante, mais qui leur foic uni feulement comme éteint dans l’eau,
& qu'enfuite 1l refte lié comme on l’apprend clairement par la forma-
tion des terres calcaires, & par la nature des eaux pétrifantes. Je crois
qu'on peut douter avec raïfon que l’air élaftique, ou appellé fixe par
M. Macbride, précipite les atomes de la chaux de la maniere dont il
le prérend. Ces Savans ont-ils déja perfuadé aux Phyficiens, que les corps
d’une certaine nature peuvent être diffous & fufpendus dans leurs diflol-
vans , au point qu'ils foient vuides & privés d’air fixe, comme dans
le phénomene préfent, & qu’au mème moment où ils viennent fe
faturer de l’élément de l'air qui les raffermic, ils perdent ia propriété
d’être folubles dans l’eau ? Les ont-ils affez convaincus pour que la con-
clufion de ce phénomene foit jugée hors de tout doute ? Sur-tout , quoi-
que ce mème air tienne beaucoup de corps diflous, & fufpendus dans
les liqueurs, & que ces mêmes corps fe précipitent par l’évaporarion de
cet air. L’ocre entr'autres peut fervir d'exemple, puifqu’il quitte l’eau, &
fe précipite lors de l’évaporation de l’efprit mineral.
M. Crantz prouve enfuire par plufeurs expériences de Phyfique & de
Chymie, combien l'air, foic élaftique, foi fixe, trouve de difficulté à pé-
nétrer non-feulement dans les corpshumides, mais même qu'il ne peut ja-
mais entrer dans des corps perméables à l’eau, comme les cuirs mouillés ,
les foupapes des pompes, & qui n’admettent plus d'air élaftique , ice n’eft
celui qui eft éteint dans l’eau, laquelle mouille & pénerre le cuir.
Après avoir examiné le pour & le contre de l’ingénieufe expérience
de M. Macbride, je crains, ajoute l’Auteur, que la conclufion des Sa-
vans adverfaires, quoique déduite d’un événement d’abord clair en ap-
parence , mais toujours provenant d’une caufe inconnue, ne court des
rifques lorfqu’ils difent que les atomes de la chaux noyés & fufpendus
dans l’eau de chaux fe chargent d’air fixe, & qu’en étant chargés, ils en
font précipités. Ce ne peut être qu'une fimple hyporhèfe, à laquelle on
peut en objecter une diamétralement oppofée; c’eft-à-dire, que l’eau peut
encore être faturée davantage d’air élaftique, qu’enfuite les particules
d’eau faturées deviennent plus légeres, ou qu'elles fe changent d’une
autre maniere dans leur cohéfion ; que devenues plus légeres ou ainfi
changées, elles ne peuvent plus foutenir , ni fufpendre davantage les
atomes de [a chaux alors plus pefants que ceux-ci ; par conféquent n'é-
tant plus foutenus par les particules d’eau trop légeres, ils doivent aller
au fond , & fe précipiter. L'expérience de M. Macbride ne fait pas plus
A » A \ , à! =
à l'hypothèfe de M. Black, qu'à l'hypothèfe oppofée à celle-ci ; on ne
doit pass'érayer de ces deux hypothèfes , jufqu’à ce que tout foit parfaie
tement défini,
MU IS Ta) Ce 5 134
Cette maniere de juger n’empèche pas l'Auteur de réfumer les expé-
riertces des adverfaires, d'en examiner leurs conclufons, c’eft.à-dire
ue Les fubftances calcaires renferment une quantité incroyable d'air
dre , que cet air en eft la partie conftituante , & forme leur plus grand
poids , ce qui paroït par la calcination , par la diftillation, & enfin par
la diffolution dans les acides, fur quoi MM. Black & Jacquin ont donné
des calculs inexadts & exagérés ; mais la queition ef de favoir ff cer air
fixe arrive à ces mêmes fubitances comme air fixe , ou comme différent
de celui qui eft éreinc dans l’eau. Eft-ce que les corps compolés d'air &3
de phlogiftique attirent l'air, & le phlogiftique quand ils ont été de-
sompolés, & abfolument dérruits par le feu ? À l'exemple de l’antinoine
& des autres fubftances, qui ont l’un & l’autre de ces principes. C’eft ce
qu'il falloit premiérement dénrontrer , afin de pouvoir dire avec proba-
bilité que l'air fixe s’uniffoit en tant que fixe , avec les atomes de la
chaux diflous dans l’eau.
M. Crantz n’infifte pas beaucoup fur l’affertion , que les fubitances
vraies ayant eu naturellement beaucoup d'air , elles doivent par la mème
raifon , l’attirer après qu’elles ont été décompofées & détruites par le
feu. Certainement cette affertion eft contraire à toutes les notions phy-
fiques & chymiques.
Il y a une autre queftion à faire favoir fi l'air confiture Je plus grand
poids de la pierre à chaux. M. Jacquin ébloui par la captieufe hypothèfe
de M. Black, a fait un calcul d’après le r‘fidn de la diftillarion , dans
lequel il donne à la pierre calcaire une fi grande quantité d'air, que
fon volume eft fix cenc quarante fix fois plus confidérable que celui de
la pierre à chaux dans laquelle il étoit contenu. La diftillation n'eft pas le
feul moyen que la chymie fourmife pour en démontrer l’erreur.
Après plufieurs expériences fur la chaux , fur plufieurs fubftances cal-
caires, fur toutes les marieres alkalines, l'Aureur prouve que toutes ces
fubftances reftenc telles, elles ne font jamais parfaitement privées d'air,
fans en exceprer même leur chaux , à moins qu'elles n'ayent été réduites
à l’état neutre ou de fixité par le phlogiftique ou par les acides, parce
que ces deux fubitances peuvent finguliérement les altérer; qu'on ne
pouvoir donc pas dire que les chaux vives manquoient d'air, parcé
qu’elles ne fe comportoient plus comme les pierres calcaires , mais d’une
maniere violente avec les liqueurs; qu’elles perdoient cerratnement beau-
coup d'air dans les diffolurions & dans le feu; qu'elles fe changeoient
en grande partie, & palloient au moyen du phlogiftique, ou des acides
à un trop grand état de fixicé pour qu’elles ne puiilent. pas manifefter leur
nature À l'exemple des fels rerreux , & des autres produits chymiques,
Enfin, pour juger ce que fes adverfaires appellent cauflique , l'Aureur
revient à M. Jacquin, qui dit dans fon examen chymique, la chaux
» m'a paru une terre morte qui ne peut agir par elle-même ; ni em con
ne
136 SAPIN EDS TANONUMIE à
» rodant, ni en brûlant : « Si cela eft, pourquoi , ajoute M. Cran:z;
» eft-ce que la chaux vive comme chaux vive , n’eft pas un corps dif int
» & cauftique par lui-mème ? Qu'on faile donc de la chaux vive calcinée
au feu, & qui ne foit point caultique. M. Jacquin prouve ainf fa pro-
potion. « Pourquoi corroderoit-elle ou brûleroit-elle moins le papier
» mince & fec, qui eft du révne végétal, que beaucoup d’autres parties
» foir molles, foit folides, tirées du régne animal? « Ainf rcpond
M. Crantz: Il ny a rien dans la chymie d’aétif par foi:mème , ni le feu,
ni aucun menftrue n’agiffent par eux- mêmes ; car pourquoi le feu
brüleroit-il moins l’or que ma main ou le moxa? Pourquoi l’eau ré-
gale diffoudroit- elle moins le bois que l'or ? Il eft bien étonnant que
Pour produire de la chaux cauftique, M. Black ait eu recours à la cal-
cination, & M. Jacquin au grand feu, quoiqu'ils n’en attendiflent
tien ni l’un ni l'autre, & que malgré leurs connoiffances, ils n'ayent
pu obtenir des chaux cauftiques par d’autres moyens.
Voyons actuellement comment les partifans de l’air fixe veulent faire
paller leur air du fel alkali dans la chaux ? La chaux vive calcinée au feu,
& vraiment cauftique, ne prend point l'air en elle, encore moins l’ar-
rire-telle, comme l'expérience le prouve ? Cette mème chaux n’a été
changée dans aucune expérience en pierre calcaire par l’air fixe, comme
ils le prétendent fans le prouver, Le fel alkali manifefte une grande quan-
rité d'air par fon effervefcence avec les acides, &cependantil n’en montre
point avec la chaux. Le fel alkali fixe, laié à l’air même pendant des an-
nées , ou bien faturé d’air fixe, ne reprend jamais fon premier érat par
l'air fixe, & cet air ne peut jamais lui enlever fon âcreré. À quoi fervent
donc contte l'évidence, toutes les fuppofitions faites fur l’un & fur l’autre,
Notre Auteur répond & dir, que l’on a fuppofé des expériences
vraies en elles-mêmes, mais qu'il étoit encore à décider fi leur appe=
rence de vérité étoir due à l'air fixe, ce qui n’éroit point encore aflez
prouvé ; que fur cette apparence , les adverfaires avoient formé leur hy-
porhèfe de l'air fixe, qui préfentoit au premier coup-d'œil une explica-!
tion de fa caufe des phénomenes , quoiqu’on peut en afligner une autre
par la même expérience, Il ajoute encore que dans la fermentation
li putréfa@ion & leffervefcence, il fe forme fouvent de l'air élaftique
dont la majeure partie eft abforbée , mais qu’il s’y produit encore d’au-
tres chofes auxquelles la raifon du phénomene peut plus raifonnable-"
ment être attribuée qu'à l'air fixe, & que les exhalaifons, les fumées,
les vapeurs réfulrantès de la décompolfition des parties conftithanres des
corps, font quelquefois voloñrairement confondues par les adverfaires
de l'air fixe , tandis qu'ils les dotinent d’autres fois pour très-diftinétes,
quand il s’agit de les faire quadrer avec leurs explications ; que le vrai
cauflicum leur eft coralemenr inconnu, & qu’enfin ils ont tort de tourner
M. Meÿer en ridicule pour avoir fair fon principe du feu caufique €
élaflique ,
TT pins,
BEM, SE O0 EÆ 137
élaflique, puifqu'il eft préfent dans toute la nature, & qu'il pafle feul
du feu dans l’air.
La cautticité des fels alkalis préparés par la chaux , dépend-elle de la
chaux feule , ou eft-elle due à l'union de tous les deux comme l’avoic
obfervé M. Meyer ? Notre Auteur eft pleinement convaincu que dans
toutes les combinaifons , foit des fubftances calcaires, foit des fels alkalis
digérés fur la chaux vive, la chaux eft unie aux fels alkalis, & que leur
caulticité dépend abfolument de ces deux principes, & nullement de la
privation de l'air ; d’où il eft aifé de voit clairement que les fels cauf-
tiques n’ont plus les vraies qualités des fels alkalis, par conféquent
qu'ils ne font plus d’effervefcence, & ne précipitent plus la chaux avec
laquelle ils reftenr unis & fufpendus dans l’eau. Aufli M. Meyer avoit il
raïon de définir la leflive cauftique, un compofé de fel alkali & de
chaux.
De l’examen de l’alkali cauftique , M. Crantz vient à l’examen de l'al-
kali volaril cauftique dont M. Jacquin dit que ce fel retiré par la diftilla-
tion avec la chaux , ne palfe jamais fous forme concrete , mais fous forme
fluide : que le fel ammoniac lui-même éroit décompofé par la chaux,
quoiqu’on n’en connût pas encore la raifon (1); qu'alors la chaux enle-
voit au fel urineux l'air qui le rend cauftique, pour fe l’approprier ; puif-
que par l’expérience de M. Macbride , cet air étant rendu à l'efprit vola-
til urineux , il n’eft plus cauftique. Il ajoute encore queaces fels avoient
des propriétés très-femblables aux fels alkalis , & qu'on ne pouvoit pas
concevoir que M. Meyer les eùt regardé comme des fels neutres.
M. Cranrz avance , relativement à la premiere affertion, qu'elle eft
vraie, puifqu'il eft certain , de l’aveu de rous les Chymiltes, que fans
addition d’aucun autre corps, le fel volatil ne peut jamais paroïître fous
forme concrete.; mais, pour la feconde , qui regarde la décompofition
du fel ammoniac, fuivant la méthode prefcrite dans l'examen chymique,
M. Cranrz fourient qu’elle eft très-défectueufe, & que plufeurs Chy-
miftes célebres ont reconnu que le fel ammoôniac peur être le moins dé-
compofé de tous par le procédé de M. Jacquin, qui prétend que parmi
toutes les décompofitions du felammoniac, les feules qui font vraies &
dignes de ce nom, font celles qui font faites par la chaux lavée , & non
pas vive & par l’huile de rartre ; mais que celles qui font faites par l'in-
termede des chaux métalliques , font très-imparfaites (2).Or, en fuppo-
fanc la décompoñtion du fel ammoniac vraie, il eft fort éronnant que
l'examen chymique ne l’ait pas viré. Elt-ce que le fel ammoniac concrer
(1) Examen chymique , p. 69.
(2) M. Vogel à retiré avec le minium un efprit volatil beaucoup plus fort que celui
qui cft retiré par la chaux vive, page238.
Tome II, Part. VIII, S
135 MORE A ES MN ONAUUNE:
n'auroit pas d'air attirable par la chaux? Eft-ce que le fef ammoniac,
privé de cet air, comme de fon principe de folidité, ne feroit pas ré-
fout ? Ce principe confolidant étant une fois exhalé du fel ammoniac,
quel obftacle pourroit donc caufer l'acide du fel ou l’élément volatil uri-
neux? Voilà ce qu’on peut dire fur la prétendue affinité , établie par
M. Black : mais la chaux étoit abfolument réfervée par M. Jacquin , pour
attirer l’air de l’efprit du fel ammoniac; fachant bien que fi ce fel am-
moniac avoit beaucoup d'air, il pourroit faturer la chaux qui n'attireroit
plus l'air du fel volatil , étant d’abord devenue pierre calcaire, & par
conféquent inactive.
Ce qu'il y a de plus remarquable dans cetre opération, c’eft qu'on
force non-feulement la chaux àattirer Pair avec violence , mais mème on
lui afligne le temps, & ce qu’elle doit attirer de préférence, c’eft-à-dire
feulement l'air de l’efprit volatil , & non celui du fel ammoniac.
M. Crantz regarde cette explication comme une pure fuppofition , nul-
lement démontrée, & qui prouve au contraire que dans ce procédé, la
chaux enleve l'air fixe de l’efprit urineux, ce qui le rend conféquemment
cauftique.
M. Crantz pale enfuite à la préparation de l’efprit de fel ammoniac
avec la chaux vive , faite fans eau. Cette méthode, qui pourroit embar-
raffer les adverfaires , a été paflée fous filence dans l'examen chymique
dans lequel il ef cependant obfervé , ce que tout le monde fait , que lef-
prit incohercible fe difipe , & que l’on en retenoit très-peu.
C’étoir bien un moyen de diftraire d’abord par de nouveaux phéno-
menes ceux qui étoient attentifs à d’autres objets. Pour moi, continue
M. Crantz, je ne me fais pas illufion dans mes expériences , comme
M. Black , ni je ne tais pas beaucoup de chofes vues, comme M. Jacquin.
Qu'il apporte dans une cornue bien bouchée , duel ammoniac avec de
la chaux ; qu'il les foumerte au feu de réverbere, & qu'il dife quand
paroîtra l'air 6xe du fel ammoniac ? Qu'il dife fi, dans les difillations
l'air chaflé des corps par la violence du feu , demeure dans le fond de
la cornue, ou s’il ne pale pas dans le récipient ? Qu'il dife s’il rend cet
air fixe centripere, malgré l’action du feu, & fa force répulfive? Enfin
a-t il démontré le calcul de ce magnétifme par les pouces cubes de
M. Hales ?
M. Crantz examine la cryftallifation des fels alkalis, fuivant la
méthode indiquée par M. Jacquin, afin de connoïtre parfaitement
comment l'air fixe s’introduifoit dans les fluides, & pour y apporter une
plus fcrupuleufe attention , notre Auteur emploie la balance hydrafto-
tique, jointe à tout l'appareil de M. Macbride. Il conclud de fes expé-
siences , que les liqueurs ne s’impregnent point en raifon de l’air fixe
aux autres fubftances exhalées par l’effervefcence : que les fubftances en
général s’impregnent ou s’alterent les unes plus , les autres moins, fui-
PEU HS, Y9 SU |129 Qt: Une 139
vant que les lieux font Pie ou moins chauds, & que les mélanges font
expofés plus ou moins longtemps.
I! dit encore que le fel de tartre fe réfout en liqueur , de même que la
chaux , quoique fes adverfaires n’euffent pas conftaté fon affinité & fon
attraction entre lui & l'air, comme avec la chaux.
Il eft prouvé que toutes chofes ne changent pas auff promptement :
Aucunes ne donnent promptement & fur le champ leur fel, ou le laif-
fent aller concret ; & cette méthode de faire cryftallifer les alkalis, eft
plus curieufe qu'utile. Perfonne de nos jours n'a nié la poflibilité de la
cryftallifation des fels alkalis. ;
M. Crantz termine cèt article, par reprocher à fes adverfaires, qu'ils
ont toujours trop employé de fubitances pour produire les effervefcences,
afin que les vapeurs & l'air lui:mème fortant avec plus d’impéruofité ; &
étanc plus denfes, ils euffent des effets plus marqués; ce qui troubloit
plutôt les liqueurs & les dérangeoit , qu'ils ne les imprégnoient conve-
nablement d'air fixe : de-là ils ont imaginé un changement plus grand
que celui qu'ils exécuroient : de-là, en faturant fi fouvent les liqueurs ,
elles dépofoient d’elles-mèmes des fédimens qu’ils fe häroient de pren-
dre pour des cryftaux formés par la privation du principe d'union qu'ils
enlevoient aux liqueurs. Notre Auteur dit avoir pris le terme moyen , &
fans outrer les chofes, parce qu’il favoit que les effets violens ne produi-
foient pas ce que l’on demandoit. Il s’eft contenté d’obferver les propor-
tions juites & convenables fuivant les matieres qu'il employoit : enfin,
il conclud qu'il.n’a pas vu la majeur partie des chofes annoncées par fes
adverfaires; mais aufli qu'il en a vu beaucoup d’autres dont 1ls n'ont pas
parlé.
Tel eft le précis exact , & fur-tout impartial de l'Ouvrage de ce céle-
bre Profelfeur. Le lecteur peut à préfent fe décider fur le parti qu'il doit
prendre , ou pour la doétrine de l’air fixe ; ou pour celle de l'acidum pin-
gue, puilque nous nous fommes attachés à mettre fous fes yeux ce qui a
été écrit de mieux de part & d’autre. Nous nous occuperons par la fuite
de quelques écrits polémiques qui nous ont été communiqués à ce
fujer.
140 Pin 2) SU 20 OT USE
RP RE OT PE SEE DO LE RE ET ESP CASSER:
M É M © I RE
Sur l’imitation du Vol des Oifeaux ;
Par M. MonNGÉS, Chanoine Régulier de la Cengrégation de
France.
Lu à l'Académie de Lyon le 11 Mai 1773
Si l’on jugeoit du goûr d’un fiecle pour la Phyfique , par les différens
phénomenes auxquels il a donné fon attention, l’on pourroit regarder le
dix huitieme comme lefiecle de la créduliré. En effet, la Dent d'or, l'hy-
drofcope, la difparition du boulet lancé par un canon pointé verticale-
ment (1), le char-volant même ont paru occuper quelque temps les
Savans de nos jours. Mais la fage poftériré jugera chaque fiecle par les
chefs-d'œuvre qu'il aura produits , & non par deserreurs qu’il aura re-
counues pour telles. Ainf les progrès du nôtre dans la méchanique feront
“atteftés à jamais par les Ouvrages de MM. de Vaucanlon & Laurent ;
& l’on oubliera-certainement ces autres folies; mais particuliérement le
char-volant. C’eft à démontrer fon impoñlbilité phyfique, que je veux
m'attacher aujourd'hui; & pour le faire plus efficacement , je vais pro-
pofer quelques obfervations fur l'imitation du vol des oifeaux.
Deux chofes principales fe préfentent à nous dans cette matiere; les
inftrumens néceffaires lau-vol ; & ceux qui ne font qu’accefloires. Les
îles font certainement les premiers. Or, comment pourra-t-on jamais
les imiter ? Prenons:pour bafe de nos calculs le grand aigle des Alpes;
fon poids eft à peu-près de dix-huit livres, l'ouverture de fes aîles, où
l'envergure de’huit à neuf pieds ; ce qui, abftraétion faire de la difc-
rence des formes , donneroit pouriproportion les ailes égales à la moirié
du poids. Appliquons ceci à un homme curieux d'imirer le vol des o1-
feaux ; cent vingt livres de poids, qui font la proportion du commun
des hommes, demanderoient foixante pieds d’envergure. Où font les bras
capables de remuer un pareil poids , & de faire effort contre un fluide
\ ;
(1) Le Pere Merfenne a écrit qu'un bouler lancé verticalement par le canon, dif-
æaroîr abfolument , & ne retombe plus fur la furface du globe. On à ajouté foi à
certe erreur pendant long-temps ; & l’on a propolé divers [yftêmes pour expliquer ce
phénomene, plutôt que de le répéter. Enfin les Eleves d’Arrillerie ont réiréré cette ex-
périence; .& le boulet a demeuré à la vérité près de cinquante fecondes avant de.
retomber; maison l'a vu tomber à trois cents roïles de la picce qui l'avoir lancé.
1 PHONE, A, Q AU. ME. 141
de plus de cinquante pieds de furface ? Comment s'élever dans notre
athmofphere ? Souvent on trouve le grand aigle abattu dans les baffe-cours
des Châreaux qui font au pied‘des Alpes ; l’élevation des plus hautes
tours, fufhra-t-elle pour mettre l’homme oifeau à mème de traverfer les
airs ? D'ailleurs, de quelle matiere coniftruire ces aîles artificielles ; de
bois, de métaux? Leur péfanteur les doit faire rejetter parle Méchani-
-cien plus mal habile ? Les toiles & les cartons fe furchargeroiïent de l’hu-
midité répandue dans l’athmofphere. Comment enfuite imiter la con
vexité de ces mêmes aîles, la légereré des os qui les foutiennenr, &
que le prudent cenftructeur de l'univers a crée vuides, pour ne point
affaifler l’oifeau par leur poids.
On me répondra peut-ètre, qu'on peut repartir fur la largeur, ce que
la trop grande longueur des aîles demanderoit dans la proportion établie;
& qu'en imitant , par exemple, l’aile de la Chauve-fouris , on condui-
roit l'aile depuis le bras moteur général , jufqu’à extrémité des pieds.
C'eft ici le dernier retranchement de .ceux auxquels l’envie de s'élever
au-deffus des nuages , cache les chaînes qui les artachenc à la rerre. Adhé-
“entes au corps par plus de parties, ces aîles ne feroient que plus dif-
ficiles à remuer. Quel embarras que celui de faire mouvoir une furface
de dix-huit à vingt pieds quarrés, liée aux extrémités des jambes. Com-
ment combiner les mouvemens de ces mêmes membres, avec celui des
bras ? Les hommes avancés. en âge qui apprennent à nâger, éprouveng
dans la recherche pénible de cer accord des difficultés inouies, & qui lés
-dégoütenc prefque tous d’une étude utile contre les dangers auquel
<xpofe le paifage des rivieres. Cependant le corps trouve dans la refif-
tance que lui oppofent les eaux un point d’appui ; mais dans l’air infini
ment plus rare que l'eau, quel fera-c 1l, & contre quelle mafle folide
faire effort ?
Il eft encore un empèchement invincible, qui fe trouve dans la na-
ture du mouvement des bras de l’homme (1). Nous voyons que prefque
toutes les machines ufuelles mues par les hommes, font conduites par
une manivelle, inftrument qui agir par un mouvement parallele aux
flancs du moteur. Ce parallélifme eft fi conforme à fa nature, qu'il ne
peut fupporter long-temps que cette efpéce de mouvement. Celui des
-pompes, l'extraétion fimple de l’eau des puits, des pierres , descarrieres,
.des mines , &c. &c.l'excéderoient fans la manivelle, dans le plus court
efpace de remps. Le vol des oifeaux fe fait dans un fens contraire, per-
pendiculaire aux Aancs , venant en recouvrement (sl eft permis de s'ex-
primer ainfi) fur la poitrine. Quelle diftance poutroit donc parcourir
l'homme oifeau , par un mouvement aufli gèné que peu naturel ! Cerre
A ———————— ——————]— —————Z
1) Aucun Ornihologifte , que je fache, n'a fait cette obfervation.
142 Pi RTC TO AUVLEE. ,
feule obfervation , fi elle eût été connue, auroir érouffé dans leur naif-
fance tous ces projets chimériques de vol & d’élévation.
D'ailleurs, quelle différence ne trouve pas l’Anatomifte entre les
mufcles peétoraux des uns & des autres. La force de ces mufcles chez
les habitans de l'air, eft prefque quadruple des feconds, eu égard à l'é-
norme difproportion de péfanteur.
Voilà ce qui concerne les parties de la machine néceffaires au vol; la
difficulté eft encore beaucoup plus grande dans la conftruétion de celles
qui ne font qu’accefloires , telles que la conformation extérieure &
intérieure de la tête , de laqueue , de la poitrine & de tout l’aflem-
blage.
M. Newton trouva par un calcul affez délicat, que la figure la plus
avantageufe pour fendre un Auide, étroit l’interfection de deux courbes,
telles exattement que les repréfentent le crâne, & le bec de tous les oi-
feaux granivores. Quant à ceux auxquels la chair fert de nourriture,
quoique la partie fupérieure de leur bec recouvre l’inférieure , il eft ce-
pendant fenfible à tout Obfervateur exact, que la partie fupérieure du
bec, dans laquelle font placées les narines, eft terminée en pointe , affez
émouflée à la vérité. Au contraire, la tête de l’homme vue de face, de
rofil , de haut ou de bas , préfente toujours une furface plate & arrondie.
11 lui faudroit donc recourir aux reflources de l'art, & rendre aiguë par
le moyen d’un bonnet pointu, cette partie de fon corps que la nature
a faire d’ailleurs pour être pofée perpendiculairement, & non horizon-
talement. Situation qui lui ôreroit la faculté de la vue fur fes côtés &c
devant lui, & ne le laifferoit jouir de cet organe merveilleux, que per-
pendiculairement au-deflous de fon corps. Les Auides qui animent la
machine fe porteroient avec trop de violence contre le cerveau, dans
des canaux placés dans un plan exactement parallele à l’horizon, & le
privéroient de la vue en moins de dix minutes; comme l’éprouveront
tous ceux quir epofent fur des lits dépourvus de traverfins.
Si nous confidérons la ftruéture intérieure de la tête humaine, &
que nous la comparions à celle des oifeaux , quelle difproportion frap-
pante né trouvons-nous pas dans la maffe de la cervelle, & l’épaifleur
du crâne qui la renferme. Celle de l'homme très-compaéte, eft encore
preffée contre les os pariétaux , & la partie fupérieure d’une cavité for-
mée par des os très-épais & très-lourds ; tandis que les oifeaux n’ont
dans un grand efpace que très-peu d’une cervelle très-légere. Ce qui les
aide à tenir leur tête dans le plan de leur vol, pendant les plus longs
trajets ; tandis que l’homme pourroit à peine fourenir la fienne quel-
ques minutes dans une attitude pareille. Obftacle qui fe préfénre aux na-
geurs , & qui a fait conclure à d’habiles Anatomiltes, que la nature avoit
abfolument interdit aux hommes l’art natatoire.
La fagelle de celui qui a formé l’oifeau pour fendre les airs, paroît
PANTIN ENST TONNES 15: 143
avec éclat dans la forme qu’il a donné à fa poitrine. Semblable à la quille
des vaiffeaux, elle forme un angle affez aigu ; & l'homme eft décoré
d’une poitrine large, & prefqu’applatie.
Mais c'eft dans limitation de la queue que gït la plus grande diffi-
culté ; faite pour donner au vol fa direction à la volonté du moteur,
tantôt elle frappe avec violence l'air qui l'environne à droite, pour fe
porter à gauche ; ranrôt l’oifeau n'avance à droite que par l'agitation
de fa queue vers la gauche ; & le plus fouvent, il avance hardiment dans
le milieu qui le porte par l'effort prompt & fubit que fa queue a fait
contre l'air ambiant, tant d’un côté que de l’autre, & parcourt la dia-
gonale du parallélogramme des forces oppofées ; liée intimément aux
reins de l’oifeau , elle lui fert de gouvernail & d’aviron.
Je fuppofe actuellement que le Machinifte ait pu imiter certe queue
merveilleufe, comment lui donnera-t-il l'agitation néceflaire ? Comment
la gouvernera-t-1l à fon gré ? La faire correfpondre au mouvement des
bras par les épaules , feroit une complication de leviers capable de re-
tarder notablement l’effet de fa machine. Il ne lui refte donc qu’à envier
le fort de quelques individus de l’efpéce humaine, à qui la nature a
prolongé le coxis & les vertebres , au point de leur former une efpéce
de queue, ce qui les a fair appeller ommes à queue, homines caudati.
Relte encore à favoir, fi certe extenfon de vertebres auroit aflez de
force pour fupporter la queue factice , & affez de jeu pour la faire mou-
voir (1 ).
Quoique l'événement ne puiffe fervir de bafe au jugement qu’on peut
porter d’une entreprife , cependant on concevra mieux la difficulté, ou
plucèr l'impolhibilité de celle-ci, en fe rappellant les malheurs qu'ont
éprouvé généralement tous ceux à qui la fable de Dédale & d'lcare,
entendue trop littéralement, a donné la funefte confiance de s'élever
dans les airs.
Olivier de Malmesbyry, favant Bénédictin Anglois ; & bon Mécha-
nicien, entreprit de voler en s’élevant du haut d'une cour ; mais les aîles
qu'il avoit attachées à fes bras & à fes pieds , n’ayant pu le porter qu’en-
viron cent-vingr pas, il fe caffa les jambes en tombant, & mourut à
Malmesbyry en 1060. M de Bacville, un Jéfuite de Padoue, un Théa-
un de Paris, n’ont pas eu un fuccès plus avantageux.
Que l'homme fage renonce donc pour toujours à quitter la furface de
motie globe , auquel fa péfanteur l’enchaîne ; mais qu'il s'efforce, s'il
(1) L'exiftence de ces Aommes à queue eft très-couftatée. M. Delalande, Obierva-
teur fage & exact, m'a dit en avoir examiné un à Paris, qui étoit garçon Sellier. Cette
excroiflance , longue de trois à quatre pouces , le fatiguoit beaucoup; & il avoit bien
de la peine à la ranger, quand il vouloit s'affcoir ou s'habiller,
144 Eaux sareltu.
le veut, de hater fes courfes fur fes deux vaftes hémifpheres; foit en di-
minuant le roulis des vaiffeaux par l'étude de l'hydrodinamique ; foit en
adouciffant les mouvemens & les heurtemens des voitures qui le tranf-
portent d’une ville à l’autre. |
,
Le ED EU RIUE
DeM.ROUWUELLE, Apothicaire de S. À. S. Monfeigneur le Duc
d'Orléans & Démonfirateur en Chymie au Jardin du Roi, &c. à l'Au-
ceur de ce Recueil.
M. J’A1 vu avec furprife dans votre Journal pour le mois de Juin der-
nier, format ir-4°, pag. 478, un article de M. Bogues de Touloufe ,
contenant un procédé prétendu nouveau pour obtenir de l’éther nitreux
par la diftillation.
Je puis vous affurer, Monfieur, que ce procédé n'’eft rien moins que
nouveau. Feu mon frere, faifoit l’éther nitreux de deux manieres dans
fes cours ; d’abord , par le fimple mélange de l'acide nitreux fumant
avec l’efprit de vin mèlés à froid, & le mélange éroit enfermé dans un
fort matras fortement bouché, & enfuire par la diftillation.
J'ai entre les mains un Manufcrit daté de 1754, d'un des difciples de
feu mon frere, où le procédé eft indiqué ainfi : Acide nitreux, vineux ;
volatil préparé par la diftillation ; &c. Ce procédé eft marqué du n°. 77 ,
dans l’ordre des procédés fur le régne minéral ; & à la fuite, vient fous
le n°. >8, l'acide nitreux , vineux , volatil, faic par le Jimple mélange,
&c. La différence qui fe trouve dans l’ordre, & le nombre des procé-
dés d’alors , comparées aux changemens & aux additions que feu mon
frere y a faits dans la fuite, prouve inconteftablement l’authenticité de
ce Manufcrit. Tout le monde fait que ce qu’on appelle dans notre labo-
ratoire les procédés, fonc les étiquettes attachées aux flacons , & ces
étiquettes font un tableau abrégé de l'opération dont le flacon contient
le produir.
Mais il y a mieux, Monfieur, ces procédés ont été imprimés en 1760,
par feu M. David, Libraire, qui fit préfent de l'Edition à mon frere,
dont il fuivoit alors le cours. Ces cahiers imprimés ont été diftribués
aux cours & dans le public, & font entre les mains de tour le monde.
Ce procédé s’y rrouve à la page 3 4 où il eft le 86° dans l’ordre , & indiqué
auf fous ce titre : Acide nitreux , vineux , volatil préparé par la diftil-
lation, &c.
Mon
PUPANPRINS LT JO UT E. 145
Mon frere employoit l'acide nitreux fumant, à la dofe de quatre onces
fur douze ônces d’efprir de vin, & il diftilloit avec précaution à un degré
de feu modéré. Parmi le nombre de fes Auditeurs qui pourroient vous
attefter ce fait, perfonne ne peut mieux rendre cette juftice à feu mon
frere, que M. Mitouart lui-même qui a été fon difciple , qui fuivoit fes
cours à peu-près dans le même temps que M. David, & qui a égale-
ment eu de ces cahiers imprimés.
M. Bogues peut avoir réellement imaginé & trouvé, & je veux bien
le croire, cetre maniere de faire de lécher nitreux ; mais s’il a cru la
donner comme une nouveauté, il s’eft affurément bien trompé. Ce font
des chofes déjà anciennes & très-connues qu'il a trouvées. II a employé
l'acide nitreux afoibli ; il a fupprimé le lur gras dans l'appareil des vaif-
feaux, & ily a fubftitué le lur avec la chaux éteinte & le blanc d'œuf.
Cela même n’eft pas nouveau. Rien de tout cela, je vous l’affure, n'eft
ignoré. C’eft mème une chofe, qu'on peut dire triviale depuis longues
années dans mon laboratoire particulier , & dans celui du Jardin du Roi.
Je fuis, &c.
0
(1) Si j'avois été affez heureux pour pouvoir profiter des leçons de feu M. Rouelle,
j'aurois réclamé pour lui la découverte de M. Bogues, comme je l'ai fait pour M. Mi-
touart; & je n'ai jamais eu connoiflance de l'Ouvrage imprimé par M. David, Li-
brairc. Ainl, lorfque je me fuis permis la remarque contre M. Bogucs , c'étoit fimple=
ment pour prouver que M. Bogues ne devoit pas s’attribuer une découverte qui ne lui
2ppartenoit pas, fans vouloir pour cela nuire aux droits de l'inventeur.
Tome II, Part. VIII. 5
146
D ———> 2 —_—_ #77)
HISTOIRE NATURELLE.
D LE, SGEN ES PREENAE OMAN
D',UN : GHENA DIE EN Al EURILNIE.
L E Geai eft parmi les oifeaux, ux genre dont les efpéces patoiffent |
peu mulripliées. M. Briflon qui arecueilli tout ce que les Aureurs avoient
écrit avant lui fur les oifeaux , n’en a décrit que quatre ; malgré la grande À
quantité d’oifeaux qu'on a apportés depuis quelques années de différents: li
endroits, on voir peu de Geais dans les cabiners des Naruraliftes. Celui y
donc nous donnons la figure & la defcription, a été envoyé de Canton vers !l
la fin de l’année 1772, voyez planche I. On pourroit le défigner par la fl
rafe Latine fuivante. |
Garrullus finenfis fuperne pallide ceruleus, inferne albicans ; collo &
gutture nigris, roffro pedibufque rubris. M eft à peu-près de la groffeur du:
Geai commun ou du Geai d'Europe. Les plames du fommet de la tête, |
celles qui entourent la bafe du bec, le col en-devant, les côtés de la.
tête & du col jufqu'au plis de l’aîle , la gorge, font d’un noir foncé. Les
plumes qui couvrent l’efpace qui eft fur la rète envre les deux yeux font
noires, terminées par des taches d’un gris cendré ; ce qui fait que cette
partie paroït moucherée. Les plumes du deffus du col, jufqu’au fommer
du dos , font d'un gris cendré clair. Les plumes du dos font d’un bleu
âle, teint de violer. Le mélange de ces deux couleurs forme des reflets,
& l’oifeau eft de couleur changeante, fuivant les afpeéts dans lefquels 1l
fe trouve polé. Les aîles font du même bleu que le dos , mais chaque
plume eft rerminée par une ligne blanche, qui eft d'autant plus large
que les plümes font moins longues. Cette ligne eft à peine fenfible dans
les dernieres, & les plus longues plumes de l'aile, Celles de la queue
font marquées par trois larges bandes, une fupérieure qui eft bleuatre..
une moyenne qui eft noire, & une qui eft à l'extrémité de la plume:
& qui eft blanche. Le ventre eft d’un gris perlé, tirant fur le blanc. Le
bec & les pieds font rouges. Cet oifeau eft un de ceux qu’on voit le plus:
fouvent delliné fur les papiers de Chine, & qu'il fera facile d'y recon-
noître d’après la defcriprion.
nm
MAT IRD UTRENE NT LIL Y, 147
ESS MRPTS TRE EPP PET EEE ET LIU P TEL ISS LU EET CUIR PEUR EMONPRAREANEN ET ET PE PTE 2" LT US UTTT
OPEN UMR EULS
De M KUCKH AN aux Préfidenr & Membres de la Société
Royale de Londres,
PREMIERE LETTRE,
Sur la maniere d’embaumer les Oifeaux.
TL eft éronnant que parmi cette quantité de Curieux qui font de bril-
Jantes colleétions d’Hiftoire naturelle , il ne s’en foit encore trouvé au-
cun qui ait cherché le moyen d’en conferver les individus. Ils auroient
dû s'attacher à découvrir des méthodes, à les communiquer au Public.
Si on s’étoit livré à cette occupauon, combien de morceaux précieux ,
apportés des quatre parties du monde, & qui ont été réduits en pouf-
fiere, auroient été connus par de bonnes defcriprions ? J'ai effayé avec
l’attenrion la plus fcrupuleufe les moyens qu’on a publié depuis quelques
années : leur inutilité a été reconnue dans plufieurs effais ; & mes foins
infruétueux m'ont engagé à chercher moi-même quelles drogues , quelles
liqueurs font propres à pénétrer les fujers, & à les conferver dans leur
état naturel. e
Voici l'inconvénient des méthodes & des manieres de s’en fervir.
L'alun, le fel marin, le poivre noir , ne valent rien pour conferver les
fujets. L'humidité de l’air les fond ; ils corrodent les chairs & les fils
d’archal qu’on emploie pour les foutenir , de maniere qu’ils tombent par
morceaux, pour peu qu'on les touche. Le fel dégénere en faumure ; & fi
l'oifeau a été tué avec de la grenaille de plomb , cette faumure coule par
les ouvertures qu'il a faites. Si on l’a étouffé, il faut néceflairement l'in-
cifer, pour en tirer les entrailles, & le remplir des matieres qui font
propres à le conferver. Or il eft impofñlble de fermer l'incifion , au point
d'empêcher l'écoulement de la faumure , & de conferver fon plumage.
Si l’on pend l'oifeau par les pieds, elle defcend dans le col & dans la
tête ; & avant qu'elle ait pénété les autres parties , les miites s'y met-
tent, & l'oifeau eft perdu. Je veux pour un inftant que la faumure les
pénetre affez pour les conferver ; mais l'oifeau perd fa figure , fes dimen-
fions , fon attitude, fes couleurs; 1l fe deffeche, & il ne refte plus qu’un
cadavre, Il eft vrai que les yeux confervent leur éclat & leur vivacité ,
parce qu'ils fonc d'émail; mais ce contrafte ne fert qu’à mieux faire con-
uoitre l'étac déplorable du refte du corps. Enfin l’expérience a démontré
Tij
Tranf. phi-
lofovh, de
Lond:es,
1771.
543 TN STONE TIMIPAULE à
que la chair des oifeaux, ainfi confervée , fe corrompt tôt ou tard, &
qu’elle devient la pâture des infeétes.
La feconde méthode pour les conferver , eft de les tenir plongés dans
l'efprit-de-vin. Je conviens que ce fluide les garantir de la corruption ,
& qu'il eft aifé à pratiquer : mais que deviennent les proportions , les
attitudes , les graces , en un mor, tout ce qui fert à leur donner le mou-
vement, la vie?
La troilieme eft de les écorcher , & c’eft à celle-là qu’on s’eff arrêté em
Allemagne ,en Hollande & en France jufqu’à ce qu’on ait découvert celle
de les conferver avec de l’alun, du fel & du poivre , dont on vient de
parler. Celle de les écorcher eft moins mauvaife que les autres; mais elle
eft fujette à plufieurs inconvéniens : 1°. I eft extrèmement difficile de
lemployer fur les oifeaux tués avec le fufñl , fur-rour lorfqu'ils font dela
petite efpece. 2°, Il eft difficile de redonner à la peau la proportion &
la polirion qu’elle doit avoir , attendu que la peau du col s'allonge du
double, apres qu’on l’a détachée des vertebres. 3°. On eft obligé de laif-
fer la chair & les os des aîles & du croupion, quoiqu’elle fe corrompe
aufli-rôt que Les autres parties du corps : cependant ceux qui voudront
continuer cette méthode, peuvent employer les matieres dont je don-
nerai la compofition dans les lettres fuivantes. La mienne a cet avantage
fur les autres, de conferver parfaitement les oifeaux , d'entretenir leur
embonpoint & leurs proportions naturelles.
À Ds 2 Lo a 0e OO D
vi
Avant de décrire la liqueur & les autres matieres dont je me fers, je
dois indiquer les précautions & la condaite qu’il faut tenir pour préparer
les oifeaux qu’on fe propofe de conferver.
Ceux à qui l'on confie le foin de les tuer , doivent toujours porter
avec eux du coron ou de la flaffe , pour boucher les trous que le coron
a fait, de même que la gorge , & empêcher le fang de couler & de gâter
leurs plumes. Dans les cas où les oifeaux ne meurent pas du coup qu'ils
ont reçu, on leur preffera avec l’ongle du pouce les conduits de la refpi-
sation, difpofés le long du col , & l’on contiendra les ailes dans la difpo=
fition qu’elles doivent avoir; ou bien on les faifra en les prenant par les:
jambes , & non par le col , de peur de l’allonger plus qu'il ne faut. Em
arrivant au logis , on les pendra par les jambes, on retirera le coton:
qu'on a mis dans leur gorge , & on leur tiendra le bec ouvert avec ur
morceau de bois, afin que le faug du corps puitfe s'écouler fans gâtes
leur plumage,
Left encore bon d’obferver les faifons, puifqu'il y a des remps où les:
oifeaux méritent mieux d’être confervés que dans d'autres. Pendant qu'ils
couvent , Le ventre & le corps font dépourvus de plumes ; & la peau de:
Hi
| ; NATARETNUMR NE LUE E, NV TRES
ces parties eft extrèmement rendre. La mue eft encore contraire à leur
confervarion ; alors leurs plumes font remplies de fang , & la couleur du
plumage change. Le printemps & l'automne font les deux faifons lés
plus favorables ; mais lorfqu'on rencontre des oifeaux rares ;, on ne doit
point les laifler échapper. ,<
Les oifeaux ne:fe confervent que lorfqu'ils ont atteint leur feconde
annce. Avant ce remps ils n’ont ni leurs couleurs, ni leurs proportions
naturelles ; & l’on peut aifément confondre les efpeces. Il n'eft pas tou-
jours pofible, dans la premiere année , de diftinguer leur fexe ; mais
on peut le connaître, en accouplant chez foi les oifeaux pris dans leur
nid, & augmenter peu à peu fa collection , fans qu'il en coùre beaucoup.
Er! Ce que je viens de dire, me conduit naturellement à l'article le plus
| ingénieux & le plus amufant de ce senre d'occupation : je veux dire , à
ce qui concerne l'aétion & l'attitude des oïfeaux. Le refte eft puremenr
méchanique, au lieu que ceci dépend du goûr & du jugement. Quelque
bien confervé que foit un oifsau, quelque vivacité qu’ait fon plumage ,
il n'eft jamais qu’un cadavre, lorfqu'on ne fait point lui donner Padtion
& l'attitude qu’il avoir étant vivant.
J'ai dit que cette partie dépendoit du goût & du jugement : cepen-
dant un homme attentif étudier la nature, & qui a eu foin d’obferver
Fartirude & les mouvemens des oifeaux vivans , peut aifément les leur
conferver après la mort. On doit choifir l’attirude la plus pitrorefque,
& ce qui caractérife le mieux leurs qualités ; par exémple, la force &.le
courage des aigles , des faucons , &c. en les repréfentant avec leur proie :
Alors il faut faire atrention à la partie par laquelle ils commencent à les
manger. Les foibles efforts de l’oifean qui fe défend , la terreur dont il
eft pénétré , l'audace & l'air triomphant de celui dont il eft la proie,
forment un contrafte admirable , lorfqu'il eft bien ménagé ; & préfente
un tableau d’après nature. Les attitudes varient à l'infini ;: mais jé crains
que ce mot actitude n’exprime pas affez fortement mon idée. J'entends
par-là les pofitions des jambes, des aîles, de la, tère, du corps ;: des
plumes ; en uni mot, ce bel enfemble qui exprime la pallion. &:l’aétion
de l’oifeau. Dans un oifeau furpris & effrayé , les jambes font.érendues,
le corps penché en avant & hors de fon à-plomb ; les aîles à moitié éren-
dues , le bec tourné de côté , & les plumes , particuliérement cellés du
col, droites & hériffées. Lorfqu'une partie ne concourt pas à l’expreflon;
non-feulement l'expreflion générale diminue de force, mais encdre dæ
mauvaife polition de cette patrie préfente uné idée route oppofée: ce
qu'on vouloit exprimer, & rend,le rout ridicule & contradiétoire...On
porte tous les jours certe abfurdité à:un point qui étonne & choqueiles
connoiffeurs. Par exemple, après avoir mis un oifeau dans une poiture
qui marque l'émotion & la pallion la plus violenre ; on le repréfente
avec Le plumage uni &.les-:ailes fermées, Cetre abfurdiré frappaute: ef
x
150 ANT IPS) TR OTNTANR NE
d'autant moins pardonnable , que l’ation des aîles & des plumes eft
beaucoup plus expreflive que l’aétion d'aucune autre partie du corps. On
doit fur-tout obferver l’équilibre lorfqu’on fuppofe un oifeau en repos ;
mais il faut l'éviter lorfqu'il fe bat, ou qu’il fait quelque autre action
violente, alors rien n'eft plus ridicule que de repréfenter les jambes
droites & colléees l’une contre l’autre, Les oifeaux ne les tiennent jamais
ainfi. Pour leur donner meilleure grace , il faut faire en forte que l’une
foit un peu pliée, ou un peu plus avancée , ou plus reculée que l’autre. Une
pareille attitude leur donne de l’action, & les fait paroïtre vivans. On
obfervera qu’un oifeau qui eft fur une furface plane, a toujours la patte
tournée du même côté que la tère. Une autre faute que commettent ceux
qui fe mêlent d’embaumer des oifeaux , c’eft de leur allonger les jambes,
de façon qu’elles fe trouvent fur la mème ligne que les cuifles, ce qui
Jeur donne ane très-mauvaife grace. Cette direction n’a lieu que dans
quelques efpeces particulieres,
Les oifeaux n'ont jamais plus de grace , que lorfqu’ils béquerent leurs
plumes; leur queue s'étend alors ; l’aile du côté vers lequel leur bec eft
tourné, eft élevée, & l’autre à moitié étendue pour conferver le corps dans
fon équilibre. Ceux qui fe battent, varient leur atutude à l'infini ; mais
clle n’eft jamais aufli intéreffante que lorfqu’ils donnent à manger à leurs
petits. Les cris que la faim leur fait poufler , le battement de leurs aîles
excite dans les meres une inquiérude mêlée de joie qu’elles expriment
par le mouvement de leur queue, de leurs aîles & de leur rète.
LPE TT SH IAMIUE
Je vais indiquer dans cette lettre les matieres dont je me fers pour
embaumer les oifeaux , les bètes à quatre pieds , de mème que la ma-
niere de les préparer,
Pour Le vernis liquide, prenez deux livres de térébenthine crue, une
livre de camphre & une pinte d’efprit de térébenthine. ï
Brifez le camphre en petits morceaux , & ayant mis le tout dans un
vaifleau de verre, ouvert par le haut ; mettez-le au bain de fable jufqu’à
ce qu’il foi bien chaud. Augmentez enfuite le feu peu à peu, jufqu’a ce que
les drogues foient bien fondues & incorporées enfemble, ce quiarrive
après une heure & demie ; fur-tout ayez foin que le feu ne prenne point
aux drogues. Pour prévenir cet accident, il convient lorfqu'on fait cette
opération chez foi, de placer le vaiffeau de verre dans un autre vaiffeau
de métal , rempli aux deux tiers d’eau froide, & de la faire bouillir peu à
peu-jufqu'à ce que rous les ingrédiens foient fondus. On reure le vaif-
feau du feu, on le laifle refroidir, & l’on met la liqueur à part jufqu’à
ce qu'on veuille s'en fervir. Voici la compolition du vermis fec; prenez
quatre onces de fublimé corroff, du fel de nitre purifié, d'aiun, de
?
en
‘
DORA TANUONRAlE AL Le) EE: SÉ
eur de foufre , de chacun demi livre; quatre onces de mufc, une livre
de poivre noir, enfin une livre de tabac groflierement pilé.
Mélez le vont enfemble , & metrez-le dans un vaiffeau de verre biewæ
bouché que vous tiendrez dans un lieu très-fec, Pour préparer l’alun
mettez-le fur une plaque de fer que vous laifferez fur le feu jufqu'à ce
qu'il ait cefé de bouillir, & qu'il foit dur & fec; laiflez-le refroidir ,
. & pulvérifez-le. Cette méthode fait évaporer les parties aqueufes de
lalun, & le rend moins corrofif. La préparation du fel de nitre eft la
même , excepté que la plaque doit avoir un rebord tout autour, pour
empècher qu'il tombe dans le feu.
EEE N TRE LULU
Je vous ai donné la compolition & la préparation des matieres em<
ployées pour embaumer les oifeaux. 11 eft cemps de vous apprendre læ
maniere de vous en fervir. Lorfqu'on tue un oifeau avec la main, il fauv
Jui mettre dans la gorge un bouchon fait avec du coton ; & fi c’eft avec
an fufl , dans les trous que le plomb a fait pour les raifons énoncées dans
mes précédentes lettres.
Couchez enfuire l’oifeau à la renverfe fur une table couverte d’une
étoffe fimple , mais pliée en plufieurs doubles. Ecartez légeremenc les
plumes de l’eftomac & du ventre ; incifez la peau vers le milieu. de la
poitrine autant qu’il le faut, pour y introduire un canon de plume dans
lequel vous foufflerez jufqu’à ce que la peau foit entiérement détachée de
[a chair Continuez l'incifion le long du ventre jufqu’à l'anus, & en fens
contraire jufqu’au jabot. Relevez la peau de coté & d'autre, obfervant
de couvrir les plames avec du coton, pour empècher qu’elles ne fe fa-
Hffent dans l'opération. Cela fait, paffez une petite brochette de fer bier
unie à travers |: poitrine de l'oifeau, & l'ayant relevée de la main gauche,
vous féparerez avec des cifeaux bien tranchants, la poitrine de mème
que les parties charnues. Prenez garde de ne point couper les inteftins 3
il faut les enlever & efluyer avec du coton le fang & les humeurs qui
s’y trouvent ; vous remplirez avec du coton le vuide qui refte dans le
corps. Tirez enfuire le col en-dedans de la peau, jufqu’à ce que vous
puifliez atteindre le derriere du crâne, dont vous détacherez un petit
morceau pour pouvoir enlever le cerveau. Après en avoir efluyé les cavi-
tés avec du coton, vous tremperez un pinceau dans le vernis liquide.
avec lequel vous enduirez toutes les finuofirés de la capacité du cerveau;
& après avoir mis par-deflus quelque peu de la compofirion féche , vous
remplirez le crâne avec du coton. Frottez enfuite de vernis liquide
tout le dehors du crâne jufqu’à la racine du bec, & faupoudrez-le de Lx
même compofrion, Procédez de même pour le col, & recouvrez-le dæ
fa peau après en avoir enduit le dedans avec le vernis liquide.
\
HE DU SU RON UT RCE
A l'égard des aîles, vous virerez les aîles en-dedans de Li peau, juf-
qu'a ce que vous en ayez atteint le bout; vous en détachérez les par-
tes les plus charnues, ou bien vous les inciferez en long g, après quoi
vous les vernirez & faupoudrerez comme ci deflus. Aflujeuflez enfuite
Jes ailes avec du Hl d’archal, & avec un gros fil ciré, & après avoir Ôté
le coton auparavant, laiflez dans la cavité du corps pour en abforber l’hu-
midité, agi. :z d2 même pour les cles, Obfervez de remplacer avec
du coron trempé dans le vernis les chairs que vous Ôôrez. Lorique vous
ferez au croupion, faires autant d’incifions qu'il peur en fupporter , fans
crop l'aFoibhir, & ayant appliqué par-deflus les mêmes marieres que fur
les autres parties ; vous gliflerez un fil d’archal bien pointu le long de
l'épine du dos, environ la longueur des deux tiers du corps, Ce fil d’ at-
chal fervira à foutznir la She Vernillez enfuire avec un pinceau le dos
& le dedans de la peau, & les faupoudrez à l'ordinaire, après quoi vous
remphirez le vuide du jabor & du corps avec les herbes fuivantes. Ta-
aaifigi abfynthe , houblon, tabac, quantité égale de chacune, mais bien
féches & hachées fort menues.
A l'égard de la poitrine, vous en ferez une de quelque bois tendre,
dont la forme fera la plus approchanre qu'il fera poflible de celle que
vous avez enlevé. Couvre 2 là de cocon , & recouvrez-là de fa peau après
Pavoir vérnie en dedans. Obfervez en coufant l’incilion, de porter tou
jours votre aiguille en-dechors , & d'humecter le fil avec du vernis, dif
polez enfuite 1 plumes deflus comme elles doivent l'être.
On ne peur pas conferverles yeux ; & par conféquent, il convient de les
arracher, inais 11 faut prendre garde que les humeurs qu’ ils contiennent ne
fe iépandent fus les plumes, parce qu’elles terniroient leurs couleurs. Le
mieux eft,de les enlever avec une alene bien pointue,mais 1l faut les con-
ferver pour en faire d’aruificiels qui les imitent. Choififfez pour cet effer,
des grains de chapelets qui puiffent entrer dans les orbites; enfilez une
longue aiguille avec un brin de foie bien cirée , paflez-la par l’ouverrure
qui Fi au haut du bec, de maniere qu’elle vienne fortir par un des or=
bites , & laïffez BERdEE la foie de crois ou quatre pouces hors du bec.
En&lez enfuite un de vos raims de chapeler, & l ayant 2 arrété par un nœud,
tirez-le en-dedans de l'orbite, relevant la paupiere avec la pointe dire
aiguille. Verniflez toute la cavité avec un pinceau, & rempliffez de coton
le vuide qui eft entre les deux yeux, pour contenir le grain que vous avez
placé.
Vous ferez la même opération pour l’autre œil, nouez enfuite la foie,
& coupez les bours qui pendenr. Dans le cas que les yeux n'aurolent pas
aflez de faillie , procurez-la en mettant davantage de coton entre deux;
retirez le tampon qui eft dans la gorge, & avec un tuyau de plume rem-
Me de la même matiere pour “entretenir le col dans fa groffeur natu-
celle.
u
g
4
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STE ETS
Sa
PAT
SANT UDAEU ENT" 2 x Lg
{Left tentps de parler a@tuellement de l'attitude qu’on veut donner aux
oifeaux. Il faut faire enforte que leurs jambes ayent aflez de force pour ”
foutenir le poids de leur corps. On prendra pour cer effet un fil de fer
ou de laiton pointu par un bout , que l’on ace par le talon le long
de la jambe ; de la cuilfe, de la poitrine & du col, jufqu'à ce qu'il vienne
fortir pat le haut de la cêre , direétement au-deflus du bec; repliez
enfuite la poinre en forme de crochet, & tirez par Le bas alfez fort pour
l’enfoncer dans la tête.
On peut, fi l’on veut, donner la moitié moins de longueur au fil
d’archal qui fourient l’autre jambe , & fe difpenfer de le faire fortir par
- Ja tête. Celui qui eft deftiné à foutenir la queue, ne doit avoir que les
deux tiers de la longueur du corps ; on l’'amincira par un bout, & l'ayant
replié par l’autre en forme de crocher, on l’enfoncera par-deflous le crou-
pion le long de l’épine du dos, jufqu’à ce que le crochet foit aflez mis en-
dedans.
Il n’eft plus queftion que de placer l’oifeau dans l'attitude qu’on veut
Jui donner. Pour cet effet, on pratique deux trous dans la branche, & à
la diftance qu’il convient. Palfez les fils d’archal dans ces trous , & donnez
aux jambes & aux autres parties du corps la pofition que vous jugerez la
plus convenable. °
On foutient les aîles par le moyen d’un autre fil d’archal , après quoi
on arrange les plumes dans la polition qu’elles doivent avoir relative-
ment à chaque partie, & à l’expreflion qu'on veut leur donner.
Après avoir verni le bec & les pattes, & mis l’oifeau pendant un jour
ou deux dans un endroit aéré, pour donner le temps au vernis de le
bien pénétrer , on acheve de le faire fécher au four ; opération qui n’eft
pas abfolument néceffaire, à moins qu’il ne fente mauvais. Ik faut prendre
garde que le four ne foit pas trop chaud , de peur que le bec, les on-
gles n’éclatent, & que les plumes ne srefillent.
Les oifeaux préparés de la maniere que je viens de l'expliquer, fe con-
fervent parfaitement; mais comme il refte toujours une matiere hui-
leufe dans leurs plumes, elles font fujetres à être dévorées par les mites,
lorfqu’on n’a pas foin de les bien renfermer. Pour les garantir de cet ac-
cident, on lavera avec la compolition fuivante les boëtes dans lefquelles
ils doivent être placés.
Prenez une livre de camphre, faites-le bouillir dans deux pintes d'ef-
prit de rérébenthine, jufqu’à ce qu'il foit entiérement diffour; frottez-en
le dedans de vos boëtes, & lorfqu’elles feront féches, mertez-y les o1-
feaux. Ayez foin de fermer les jointures avec du papier, ou de la potée
d’éraim.
Quoique la ficcité du lieu contribue beaucoup à la confervation des o1-
feaux , il faut cependant avoir foin que le foleil n'y entre pas, parce
u’il détruiroit l'éclat de leur plumage,
TomcIl , Parc. VIII, V
LA Jp
L$h : UN DE SR TN OUTRE
La chaleur du four a la propriété de conferver Les nouveaux fujets ;
& de détruire les œufs des infectes qui s’y engendrent. C’eft pourquoi il
faut les mettre an four une fois tous les deux ou trois ans, & boucher
leurs loges comme je l'ai dit ci-deffus. Par ce moyen, on les confervera
plus long-cemps, & ils n'auront jamais de mauvaife odeur.
ESF EEE RENE RE CP PAIE TERRITOIRE PE RER TEE PME]
D EE SC MR EE :PUuT FO" N |
De la Pierre cornée;
Par M BAUMER. il
FT (
Per de [es Naturaliftes ne font pas d’accord fur la nature, l’origine, les
FRS variétés & les dénominations qu'ils donnent à la pierre cornée. Cette
L2
incertitude m'a engagé à l’examiner plus attentivement. Le mot dont
les Mérallurgiftes fe fervent pour la défigner eft ambigu , & ils le don-
nent indiftinétement à tontes les pierres réfractaires. Je définis ainfi les
pierres cornées ; celles qui fe vitrifientr, & dont les particules étant fE-
parées par le choc d’un corps dur, préfentent la figure d’une demi lune.
On !:5 appelle cornées, parce que leur couleur approche ordinairement
de celle de la corne.
sea
LUTTE =
IL Elles ont de commun avec les piertes vitrifiables , de ne point faire
efervefcence avec les acides; expofées à un feu nud & calcinées, elles
perdent leurs couleurs, & fe convertiffent en une poudre blanchâtre ;
mifes en fulion pat l'addition d’un fel alkali, elles donnent une fcorie
tranfparente, ou pour mieux dire elles fe vitrifient; frappées avec un
juer, elles jettent des étincelles , & répandent une odeur fulfureufe ;
frottées avec un corps dur, elles font lumineufes, & leur lumiere ref-
femble à celle du phofphore.
211!
HI. Les Auteurs ne s’accardent point fur a formation de cette pierre ;
mais,ce qui invite à penfer, qu'elle fe forme de même que les autres
pierres d’une matiere fluide, ce font les différens corps qu’elle renferme ;
tels font les corallites, les tubulites, les trochites , les cames, les péti-
nires, les échinites, l’ocre de Mars, les animaux & les bois pétrifiés,
On ignore de quelle folution de rerre elle eft engendrée. M. de Jufti, Îl
dans fa Minéralogie, pag. 220, & quelques autres avec lui penfenc
qu'elle eft formée par la craie, puifqu'on la trouve dans cette terre &
adhérente avec eile. Certe-conféquence eft peu fondée , & chacun fait
qu’expofées à l'air pendant un tempstrès-confidérable , ellene fe change
jamais encraie. On lit dans le magaln de Hamboure, vol.2,p. 287, qu'on
2
+
Nr ur PE RL VIL x, ï
voit À Bridervell dans le Comté de Norwich , une maifon bâtie d’une
pierre qui s’eft confervée depuis l’an 1403. M. Fuifchel (:) prétend que
certe efpéce depierre eft formée d’un mélange deterre calcaire , de craie,
& d’un gluten animal. La raifon qu’il en donne , eft que l2 blanc d'œuf
& le lait caillé fe pétrifient étant mêlés avec de la chaux , cependant lorf
qu’on examine cette chaîne de pierres cornées, les montagnes ifolées
qu’elles forment, de même que les couches cornées entremélées avec
celles du fable, on n’y trouve que de l’argille extrémement légere;
c'eft ce qui me perfuade qu'elles fe forment de celles-ci. Par exemple,
on trouve dans la pierre cornée de la Haute-Heffe, près de Fellingshafern
une pierre cornée , dont une partie eft féche &: l’autre molle, dont la
matrice eft argilleufe , & contient du phlogiftique comme il paroit par
les phénomenes qui lui font propres. Toutes les pierres vitrifiables , fi je
ne me trompe , telles que le caillou, la pierre cornée, le quartz, le
criftal , les pierres précieufes, ne font compofées que d’une matiere
argillenfe unie au phlogiftique , dont le différent mélange avec le méral
ou la terre mérallique donne aux pierres précieufes la couleur qu’on y
remarque. Je ne nie point que les petites couches cornées, environ de
deux pouces d'épaiffeur qui fe trouvent dans la couche calcaire ou tef-
taceo-calcaire fupérieure, ne puiffent devoir leur formation au gluten
du coquillage , attendu que j'en ai plufieurs fois trouvé de femblables;
mais on faura que cette pierre calcaire eft entre-mélée avec beaucoup
d'argille, & je doute qu’on trouve jamais de la pierre cornée dans un
tuf purement calcaire. J’ajouterai que ces coquillages marins convertis
en pierre cornée, perdent entiérement par ce nouveau mélange leur
qualité calcaire. La même chofe arrive, lorfqu'ils viennent à fe pécri-
fier dans une pierre dure & fabloneufe,
IV. On rencontre dans les champs des fragmens de pierre cornée, fur-
tout dans ceux qui font fablonneux, fur les bords des rivieres qui vien-
nent des montagnes, parmi les couches de caillou & de terre glaife que
les inondations ont accumulées , & mème au pied des hautes montagnes,
fous la forme de fable , fouvent recouvert d’une croûte hététogène &
accidentelle. Preuve démonftrative que ces pierres cornées ne fe font
pas formées dans cer endroit ; leurs angles arrondis & dérériorés en
fourniflent une nouvelle preuve. Henckel (2) prétend que ces pierres
s’engendrent par-tout, & forment des couches particulieres Cettepierte
placée parmi la couche la plus-haute qui eftde pierre noire,s’éleve quelque
fois jufqu’au fommer de la montagne , comme je l'ai remarqué dans
celles dela Thuringe. Plus cette pierre eft élevée , pius elle eft rendre &
(1) Mém. de l'Académie de Mayence , tome II, p. 105.
(2) Traité II de Minéralogie chymique , divifion 3 , $. 168,
156 Hi IN SATAOUTARQE
diaphane. Cette même couche de pierre cornée s’écattant quelquefois
de la fituation qui lui elt naturelle, pénetre fouvent dans les autres
montagnes hérérogènes , & en forme une ifolée comme je l'ai obfervé
dans le bourg de Virter , & dans les préfectures de Biedckopping & de
Darrerberg Au refte, je ne nie pas que cette fuite de pierres cornées
ne puille former les dernieres couches; mais outre cette couche cornée,
chacune des autres tient à celle d’en-haut; par exemple, à celles de fable,
de chaux, par d’autres couches hétérogènes. Je regarde les montagnes
crétacées, comme une efpéce de la fuite calcaire fupérieure : on en voit
dans le Dannemarck, dans la Scanie, en France, en Angleterre, en
Flandres, dans la Suifle , en Italie, en Pologne, &c. On y trouve des
couches de pierres calcaires, & des coquillages de mer pétrifiés, ainfi
que l’afure M. Abilgaard, dans la defcriprion qu'il a donnée de la
montagne de Stevensklinf, fituce dans l'ifle de Zélande. On y ren-
contre, ditil, une craie fale ou une pierre calcaire friable, féparée
par des couches de pierre cornée ondoyantes & horifontales, dont l'é-
paifleur depuis le fommer jufqu’au milieu de la montagne eft d'environ
quarante aunes. On voir fous cette couche , une autre couche de craie
blanche , légere , entremèlée d’autres pierres cornées d’un ou deux pieds
d’épaifleur. Ces couches fupérieures de craie, dont l'épaiffeur eft de trois
pieds & plus, font remplies de coquillages pétrifiés, au lieu qu’on n’en
trouve aucun dans les couches inférieures qui font de craie pure de dix
ou onze pieds d’épaifleur. ‘
V. La pierre cornée n’eft pas toute de la mème qualité ; il y en a
de pure & d'impure. On peut mettre au rang de certe derniere, la
pierre à fufñl, la pierre blanchätre, jaunâtre, grifâtre , où d’un noir
obfcur, fragile, & qui ne reçoit point le poli. L'autre eft nette, allez
dure , prefque diaphane, parfemée de différentes couleurs. Elle fe
trouve au haut des montagnes, reçoit un poli parfait, & on la met au
rang des pierres fines communes. Sa valeur eft relative à fa tranfparence
& à fes couleurs plus ou moins vives, plus ou moins variées. Les Chy-
miftes foupçonnent avec allez de vraifemblance que ces couleurs fonrpro-
duites par des principes métalliques qui fe trouvent dans les pierres ; &
de là vient, qu'ils ont imaginé différens moyens pour les communiquer
aux verres & aux pierres cornées, en employant les folutions des mé-
taux.
VI. Ces fortes de pierres font quelquefois fimples, & d'autre fois
mèlées avec des cailloux , du jafpe, du quartz, du criftal, &c. On trouve
dans les hautes montagnes de la Thuringe des males de pierres rondes ;
creufes, formées de plufieurs couches, dont la premiere eft pierreufe ;
la feconde cornée, & celle du centre cryftalline.
NAANITIIUUL RC Et LH 1 2 157
VII. La Calcédoine tient le premier rang parmi les cinq plus belles
efpéces de pierre cornée, dont les couleurs font fimples. Elle eft d’un
blanc de lait bleuâtre, elle n’eft pas toujours tranfparente, & elle ap=
proche du verre naturel, Celle qui eft de couleur de lai, eft pour l’or-
dinaire très-opaque. On la trouve prefque par-tout ; par exemple, dans
les hautes montagnes de la Bohème, de la Siléfie, de la haute & balle
Saxe, de la Thuringe, &c.
VII. La bélemnite eft plus ou moins tranfparente, & d’un jaune plus
ou moins lavé ; la demi-tranfparente eft commune, & je me rappelle
d'en avoir vu dans la Thuringe parmi les couches de glaife & de cail-
lou, &c. Celle qui eft rour-à-fait tranfparente eft plus rare.
IX. La chryfoprafe eft d’un verd obfcur plus ou moins lavé; on en
trouve quantité dans les montagnes de Thuringe, près de la Sule. On
la tire de Cofémitz dans la Siléfie & de plufieurs autres endroits.
X. Quelques Auteurs & entr'autres, M. Abilgaard, dans l'endroit
déja cité, fait mention d’une pierre cornée bleue, que je crois très-
rare, Celle que j'ai vue dans la Saxe & dans la Thuringe, étoit vio-
lette comme lamétifte & mêlée de calcédoine,
XI. La cornaline rouge n’eft point rare. On en trouve des couches
NT: 1 AZ A
à Lichfeid, entremélées dans des couches de fable, de même que dans
les montagnes de Saxe, de Thuringe, de Heffe, & fur les bords des
rivieres , parmi les couches de fable & de cailloux. On voit rarement
des coquillages marins transformés en cornaline ; cependant M.Cronf-
ted prétend qu’on trouve en Sibérie, des moules dans lefquels il y a
des coralines,
XII. On donne le nom d’onyx à une pierre cornée noirâtre, ou
mélangée par ftries blanches & noires. On appelle fardoine celle dont les
ftries fontrouges & noires ; & méruphite , celle qui eft formée de cercles
concentriques. Ces deux dernieres font rares. On trouve la premiere
dans les mêmes endroits que les autres pierres cornées pures.
XIIL La plus belle pierre cornée eft l’agathe, dont les couleurs font
franches, vives & variées. On appelle agarhe herborifée , celle fur la-
quelle on voit des figures d’arbres. Pierre dé St. Etienne, celle qui et
tachetée de rouge. Agathe jafpée & criftalline , celle qui fait corps avec
du jafpe ou du criftal de roche. L’agathe coraline eft celle qui et com-
pofée de pluñeurs couches. On en trouve de pareilles à Freiberg en
Saxe. Voici la defcriprion donnée par Henckel , dans l'hiftoire des Py-
Bites , pag. 323 & 324.» Freiberg nous fournit un exemple d'une
155 PRIS TUTIA ONUMLRNE
pierre formée de plufieurs couches ; la premiere eft de fpath blanc;
la feconde, de criftal de roche; la troiliemé, d’amethyfte, de criftal
de roche, & de quartz alrernativement, jufqu’à la douzieme couche ;
viennent enfuire la calcédoine & le jafpe, qui varient de même deux
ou pluñeurs fois, & enfin le quartz. Ces dernieres couches font rou-
jours les plus épaifles, & celle du jafpe a quelquefois un travers de
doigt & plus d’épaifleur. Toutes ces couches font très-ferrées.
XIV. La pierre cornée n'eft pas propre à fervir de matrice aux mé-
taux , à caufe de fa dureté & de la periteffe de fes pores. La pierre
cornée impure contient à la vérité de la terre martiale , & quelques
particules de pyrites, mais on ne fauroit la mettre au rang des minc-
raux, Je n'ai jamais trouvé du métal dans l’autre, qui eft plus pure &
plus dure, à l'exception de quelqu'incruftation fuperfcielle. Je ne dirai
rien du caillou ordinaire dont on fait les pierres à fufl, parce que
tout le monde le connoît. On a vu ci-defflus qu'il réfiftoit aux injures
du temps, & qu'on pouvoit par conféquent l'employer dans la conf-
truction des murailles ; & j'ajourerai qu'on s'en fert pour empêcher la
fuñon trop prompte des minéraux. ,
XV. Les anciens travailloient parfaitement les pierres cornées fines,
telles que la calcédoine , la lyncure, la chryfoprafe, la cornaline &
l'agathe. Ils nous ont laiffé plufieurs ouvrages en ce genre, qui font
l'admiration des connoifleurs.
A
1 2 PO DE CON GAS 2 CE 1 RHONE FES © ‘OS
Des Refforts nouvellement inventés en Angleterre, par M. JACOZ;
pour fufpendre les Voitures ;
Cofmuniquée par M. PINGERON, Capitaine d'Artillerie, & Ingé-
nieur au Service de Pologne.
Ce s reflorts font compofés d’une feule bande on lame d’acier d’une socitre des
certaine longueur, ayant environ trois pouces de large fur trois lignes Arts de
d'épaifleur. Ils font percés d’un trou quarré vers leur extrémité infé- Londres, -
rieure pour laiffer pafler un boulon couvert d’un pas de vis qui entre à 1772:
moitié dans la traverfe contre laquelle ils font fixés, par le moyen
| d'un écrou beaucoup plus large que l’ouverture dont on vient de parler.
Ces reflorts font placés dansune fituation verticale. Après s’étre élevé
À perpendiculairement jufqu’à la hauteur d'un pied & demi , ils fe recour-
bent du coté de la caille de la voiture , pour former une fpirale qui fait
une révolution entiere & un quart de révolution.
Le reffort ainfi courbé , reçoit pour lors dans la largeur de fon extrè-
mité fupérieure une petite piece d'acier , ou bras d’environ quatre pou-
ces de longueur qui y eft folidement rivée.
Ce bras eft percé par Le bas d’un trou circulaire par où pafle une perite
barre de fer horifontale , placée dans Le fens de la largeur de la voiture ;
pour réunir le reffort avec fon voifin.
Certe derniere barre fe prolonge au-delà, où elle enfile Ja piece dont
on vient de parler. Elle entre enfuite dans le haut de deux fupports for-
més chacun par une petite barre de fer applatie, pliée en deux, & fe
terminant par fes deux bouts, par un double empatrement percé de plu-
fieurs trous. C’eft par ces derniers qu'on fait paller quelques vis à tère
epplatie , qui affujettiffent les fupports fur le train de la voiture dans une
fituation verticale. Les deux branches qui les compofent , forment une
efpece d'V renverfé, au bas duquel un Serrurier intelligent donne une
courbure & une forme agréable.
Le bout de la longue barre de fer horifontale dépaffe encore de quel-
16 ARTE
ques pouces [a partie fupérieure du fupport qu'il traverfe 8e reçoit dans
ce prolongement un fecond morceau de fer de quatre pouces de lon-
gueur, & percé par le bas d’un trou circulaire dans lequel entre le bouc
de cette barre. Cette feconde petite piece de Fer eft réunie avec la pre-
miere, par un petit cylindre de mème métal, auquel on attache la fou-
pente, & dont l'axe eft rivé dans l’épaiffeur de ‘ces deux pieces.
1] faut remarquer que ce dernier cylindre , avec les deux petites pieces
de fer qui font verticales & enfilées dans la barre horifontale , forment
enfemble une efpece de rectangle ou quarré long, mobile fur certe der-
niere. C’eft auf fur la barre horifontale que s'exécute le jeu des ref-
forts : comme la foupente y eft pareillement attachée fans gèner ce mou-
vement , il s'enfuir que dans le cas où ces derniers viendroient à fe
rompre, la caille de la voiture refteroit roujours foutenue par la barre
horifontale, ; ,
On augmente ou on diminue à volonté l'élafticité des reflorts dont on
parle, en diminuant ou en augmentant la longueur des petits morceaux
de fer qui fe meuvent autour de la barre horifontale , qui y font aflu-
jetcis par une clavette qui traverfe le bout de cette derniere.
Il convient de remarquer que chaque paire de reflorts porte dans tous
les cas, la moitié de la caifle même dans les cahots & dans les chemins
les plus difficiles , puifque chaque reffort eft réuni avec fon voifin par
une barre de fer, Il n’en eft pas de même, lorfque les reflorts font fépa-
rés , fi chacun d'eux ne peut porter que le quart de la voiture , fuppofée
remplie par les voyageurs ; il eft évident que ce reffort fera forcé , lorf-
qu'un contre-coup lui fera porter route la pefanteur de la caille : fi ; au
contraire, ce même reflort eft capable de réfifter à un pareil efforr, 1l eft
clair qu’il aura trop de roïdeur pour réfifter comme reflurt. Ces confidé-
rations jointes à la fimplicité des reflorts que l’on vient de décrire, & à
l'avantage qu'ils procurent en laïflant la caifle fufpendue dans le cas où
ils viendroient à caffer, ont engagé la Société établie à Londres pour
l’encouragement de l’Agriculture, des Arts & du Commerce, à donner
une gratification de vingt guinées à M. Jacob qui les a inventés & pré-
fenté à certe illuftre Compagnie.
Ces reflorts ont déjà été adoptés à Londres pour les voitures de Ville.
On peur dire avec vérité qu’on ne trouve nulle part des voitures mieux
fufpendues ; mais on defreroic un peu plus d'élégance dans leur forme.
Le feul inconvénient qu'on pourroit reprocher à ces nouveaux refforts qui
doivent coûter la moitié moins que les autres , c’eft que la barre horifon-
tale géneroit un peu le derriere de la voiture : fi on les adaptoit aux car
roffes à la Françoife, ils permettroient difficilement de placer beaucoup
de bagage derriere la voiture.
Explication
AR TS. 161
Explication de la Planche IT, Figure I.
A, Reflort; B, Boulon garni de fon écrou ; C, traverfe contre la-
quelle fe fait le jeu du reffort; D , barre de fer horifontale, autour de
laquelle s'exécute le jeu du reflort; E, Support de la barre; F, piece de fer
ajuftée dans le bout du reflort, & traverfée par la barre horifontale; G,
autre piece de fer ajuftée dans le bout du reflort , & traverfée par la barre
horifontale ; G , autre piece de fer tournant autour de la barre; H, cylin-
dre auquel on attache la foupente.
D'AOEMSCRONT PM PASATE HAT. OP IN
UT NME EN PITÉNIC NAN PETIO UN
Du modele de la Machine hydraulique (PI. N, fig. I), inventée par
M. IVIRT Z, & préfenté à la Société établie à Londres pour l’en-
couragement de l'Agriculture , des Arts & du Commerce ; par M. Ro-
dolphe Waltravers , Ecuyer :
Traduition de l’Anglois, par M. PINGERON, Capitaine d’Artillerie ;
& Ingénieur au Service de Pologne.
21,1 PRES fervant à faire mouvoir la roue hydraulique , pour
montrer fon utilité.
B. Tuyau de cuivre , foudé d’un bout à l'axe de la roue qui eft
creux, & de l’autre à la partie du conduit fpiral la plus voifine du
centre de cette derniere.
C. Efpece d'auget , appliqué à la circonférence de la roue, & qui
en embrafle toure l'épaifleur. Cet auger fe remplit d’eau à chaque ré-
volution, & la décharge en montant dans la partie du tuyau fpiral qui
eit la plus voifine des bords de la roue. Cetre eau paile enfuite dans
tous les tours que fait ce tuyau, pour fe rendre de-là dans l’axe creux D
de la roue par les tuyaux B qui font fixés contre les rayons de cette
derniere.
E. Tuyau coudé, ayant douze pouces & demi de long, & trois
huitiémes de pouces de diamétre , avec un col coudé dans une di-
rection verticale à l'horifon. On ajufte à l’extrèmité de ce tube un
tuyau de cuivre , ou une fuite de tuyaux élevés perpendiculairement de
Tome II, Part. VIII. X
162 AGHRDIMTNRS
trente pieds au-deflus de l'axe de la roue, L’eau eft forcée de monter
à cette hauteur par l’aétion & la fupériorité du poids de l’eau con-
tenue dans les révolutions ou hélices du tuyau fpiral qui couvre les
bords ou paities latérales des jantes de la roue.
F. Parties du tuyau vertical , ajufté dans la partie coudée du tuyau B.
G. Tuyau fpiral, formant quatre révolutions appliquées & fixées far
les janres de la roue. Sa longueur étant développée en ligne droite,
eft fouvent plus confidérable que celle du tuyau perpendiculaire.
Le modele dont on vient de donner l'explication, a été préfenté
& mis en ection en préfence du Commité nommé pour l’examen des
machines, par la Société pour l’encouragement des arts. Meflieurs les
Commillaires fe font déterminé à recommander M. VW/altravers à la
Société, poar qu'on lui donnât la médaille d’or, pour s'être procuré
ce modele, l'avoir fair connoître, & avoir rendu d’autres fervices. La
Société a agréé cette propolition le 6 Janvier 1770.
La troifieme Figure relative à cette méchanique, qui fe rrouve dans la
collection des machines approuvées par la Société pour l’encouragement,
fait voir l'élévation de la roue hydraulique de M. Wirtz, gravée d'a-
près le deflin qui en a été fait par M. le Doéteur Zeigler, d’après la
machine exécutée en grand à Zurich en Suille. On y remarque 1°. l’é-
lévation de cette machine, avec le plan de la conduite du tuyau fpiral.
2°. La coupe de l'axe concave , avec la vue de la plate-forme fur la-
quelle eft pofée la machine. 3°. Comment le Teinturier qui l'a fait
conftruire, peut avoir de l’eau en abondance pour toutes fes caves
par un moyen aufli ingénieux ? La defcriprion de cette roue hydrau-
lique, & [a preuve de fon utilité ont été données dans le plus grand
détail par M. le Doéteur Zeigler, dans la Differtation qu'il a fair in-
férer dans le troifieme volume des actes de Zurich.
Réflexions du Traduleur [ur cette Machine.
Il eft furprenant que l'on aïc regardé à Londres cette roue hydrau-
Jique comme une découverte nouvelle. Si l’on eùt voulu fe donner à
peine d'ouvrir l'architecture hydraulique de Belidor, on en eût vu plu-
fieurs qui fonc connues depuis très long-temps. J'ai remarqué une de
ces roues à Genève, près de l’endroir où le Rhône fort du lac qui porte
fe nom de cette Ville. Elle na paru de Ja plus grande fimpliciré.
Que l’on imagine une grande roue, dont la circonference fott
garnie de petites aîles ow aubes, & des tuyaux courbés en forme de
demi-cercle placés au nombre de fix où huit fur le plan de la roue, de
maniere qu'une de leurs extrémités foit fus la circonférence de la roue,
& l’autre bout foit ajufté avec l'axe de certe derniere qui eft creux ;
on aura une idée complette de cette machine.
ANIRURES EE: 16;
Il eft évident qu’en admetranr que les extrèmités de ces tuyaux en-
trent dans la riviere, tandis que celle-ci fait rourner la roue en frap-
pant coutre les aîles ou petites vannes fixées fur fa circonférence , l'eau
fera élevée de toute la hauteur du rayon vertical de cette roue. Les
tuyaux que j'ai vu compofer la roue hydraulique de Genève, m'ont
paru être de fer blanc. $
On voit encore une roue hydraulique à Padoue, près du jardin bo-
tanique de l'Univerfité de cetre Ville. Elle éleve l’eau de prefque toute
la hauteur de fon diamétre. Certe roue eft établie fur un petit ruiffeau
qui ferpente dans un très-beau jardin qui m'a paru prefque public, vu
la facilité avec laquelle les perfonnes honnêtes y entroient. On y
trouve encore un très-joli labyrinthe.
Quant à l’artifice de cette roue hydraulique, il n’y a rien de plus
fimple. On a jugé à propos d’appliquer une certaine quantité de feaux
de bois de forme cubique fur le plan de cetre roue auprès de fa cir-
conférence. Ces feaux font renverfés par un boulon de fer autour du-
quel ils fe meuvenc. Comme leur centre de gravité eft au-deflous de
leur point de fufpenfon, ils fe trouvent toujours dans la verticale.
Ces feaux étant arrivés vers le haur de la roue, rencontrent une con-
duite ou canal horizontal , qui venant à gèner leur paflage, les oblige
à y verfer l’eau qu’ils contiennent.
Si l’on vouloir adopter une pareille machine, il faudroit examiner
auparavant , fi la force de l’eau feroit fupérieure au poids abfolu de celle
qui eft contenue dans la moitié des augets ou petits feaux qu’eile
doit vaincre & foulever. On doit évaluer la virefle & la force d’un
courant d’eau avant d'établir la machine qu’il doit faire mouvoir. On
partira de la connoiffance de cette force pour compofer fa machine,
& l’on aura toujours égard aux frottemens qu'on évalue ordinairement
à un tiers en fus de la réfiftance.
La machine inventée par M. Wirtz, a l'avantage d'élever l'eau beau-
coup au-deflus du diamétre de la rone fur laquelle elle eft établie, c’eft
en quoi elle differe de celles que l’on vient de décrire.
Loin de chercher à l’éprouver, on remarquera cependant qu'une
fimple pompe afpirante & foulante produira le même effer, & n’exi-
gera pas autant de dépenfe : économie & fimplicicé: voilà la devife de
cour bon Méchanicien. Certe fimplicité dans les machines fe trouve fur-
tout en Pologne, en Savoye, en Suifle & en Italie, mais rarement en
Angleterre, en Allemagne & en France, La machine de Marli qui
fait encore l'admiration de ce dernier état en fournit la meilleure preuve.
Il eft vrai que l’on doit avoir égard au temps où elle a été conftruite.
Quoique la méchanique foit aufli ancienne que les premieres So-
ciétés, elle a éprouvé de terribles alrernatives. Cette fcience qui éronna
chez les Egypuens , chez les Grecs & chez les Romains ; femble avoit
Xi
164 < HNNRANE Se
difparu pendant une longue fuite de fiecles, pour ne fe montrer que fous
Sixte-Quint qui a fait relever ces fameux obélifques qui avoient été
fucceflivement l’ornement de l'Egypre & de Rome fous les Céfars. Les
rands Ouvrages que Louis XIV à fait conitruire fous fon régne, l’é-
tabliffemenc des Manufaétures par le grand Colbert , ont fait paroître
la Méchanique en France avec une forte d'éclat, & l’on peut dire fans
partialité qu’elle s’y fourient avec fupériorité. On pourroit mème placer
ici l'éloge de plufieurs Méchaniciens vivans dans la Capitale , G Fon ne
craignoir de bléffer leur modeftie. Ce feroit trahir la vérité, fi on n'a-
vouoit pas que les grandes découvertes en Méchanique out été faites
chez les Etrangers.
Si l’on vouloit fe fervir de la machine de M. Wirtz , il faudroic placer
la roue hydraulique fur les traverfes inférieures d’un bâtis, & ajérir
fon tuyau vertical contre un des piliers. On la feroit mouvoir au moyen
d’une chaîne fans fin, pailant d’abord fur une large poulie jointe à la
roue hydraulique, & fur une feconde poulie montée fur un arbre que
l'on feroit mouvoir avec deux manivelles, & un grand volant dont les
lentilles feroient très-lourdes. Cet arbre feroit placé fur les traverfes fu-
périeures du bâtis. On peut confulter la Figure croifieme.
. 165
NOUVELLES LITTÉRAIRES.
LPS des Sciences , Belles-Lettres & Arts de Lyon avoit an-
noncé, dans fes Programmes, qu’elle diftribueroit cette année, après la
fère de Saint Louis ; deux prix, dont les fujets ont pour objet , la /ym-
phe & le vice cancéreux ; fur le rapport de Meflieurs les Commiffaires ,
chargés d'examiner les Mémoires qui ont été envoyés aux concours , elle
a délibéré que , vu le nombre des Mémoires , l'importance des fujets, &
la nécefiré de répéter plulieurs expériences, l’adjudication des deux Prix
fera renvoyée, fans autre délai, à la féance publique qu’elle tiendra à
fa rentrée , le 7 Décembre de la préfente année,
L'Académie Impériale & Royale de Bruxelles propofe pour fujet du
Prix la queftion fuivante : La pratique des enclos , adoptée en Angleterre ,
eft-elle avantageufe aux défrichemens; quel eff en géneral le moyen le plus
prompt & le plus efficace de fertilifer les terres nouvellement défrichées. Les
Mémoires écrits en Flamand, en Latin ou en François ,-feront adreffés
à M. Gerard, Secrétaire perpétuel de l'Académie , avant le 16 Juillec
1774
* La Société des Sciences de Harlem propofe les queftions fuivantes :
Quels font les meilleurs moyens de fe procurer , ou d'entretenir de la ma-
aiere la moins difpendieufe , un terrein avancé pour la confervation des
Digues qui bordent le bras de mer, appellé Zuider Zée.
Quels font les arbres ou arbuftes , ou plantes (outre l’Arundo arenaria ,
6 le Prunus fylveftris) qu'on pourroit planter fur les Dunes de Harlem,
pour empêcher, autant qu’il eff poffible , que ie fable ne foit emporté par
la violence des vents ? Les Mémoires écrits en Hollandois , ou en Fran-
çois, ou en Latin , feront remis , avant le premier Janvier 1775 , à M.
yan Deraa, Secrétaire de la Société.
La Société Georgique de Vérone propofe la queftion fuivante : D’oi
provient , & quels jonc les moyens de prévenir & de guerir la maladie des
Oliviers, appell:e Rogne ou Galle ? Les Mémoires écrits en Italien ou en
Latin feront adreflés avant le premier Janvier 1774.
M. Legouz de Garland, ancien Grand-Bailli d'Epée du Dijonnois,
166 ATOME IV NBSE ML UBENLIE NS
Honoraire de l’Académie de Dijon, qui lui a déjà donné un très=
beau Cabinet d'Hiftoire naturelle, & les buftes des grands Hommes
de la Bourgogne, vient de lui donner encore un Jardin de plantes ,
fondé en vertu de Lettres-Parenres de Sa Majefté , où il y aura tous
les ans un Cours public & gratuit de Botanique. M. Durande, Doc-
teur en Médecine du College de certe Ville, & Affocié de l’Acadé-
mie , en fera l'ouverture l'été prochain. L'illuftre Compatriore M. de
Buffon a envoyé la plus grande partie des graines qui manquoient.
M. Leftiboudois, Docteur en Médecine, & Profeffeur de Botanique
à Lille, vienc de publier une Table en faveur de fes Eleves , qui nous
paroi mériter l'actrention de ceux qui fe livrent à l'étude de cette partie
fi intéreflante de l'Hiftoire naturelle. L'Auteur s’eft appliqué à concilier
le fyflème du Chevalier Von-Linné avec celui de M. de Tourneforr.
Pour avoir une idée de ce tableau, qu’on fe figure deux cordons partant
d'un centre commun, & fe divifant enfuite en plufieurs. L'un contient
contes les herbes dont M. de Tournefort a fair dix-fept clafles; & l’au-
tre, les arbres formant cinq claffes qui , dans le fonds, pourroient ren-
trer dans les premieres. Au bas de chaque cordon eft repréfentée la fleur
qui caractérile la clalle , & même les fubdivifons de cette clafle , relative
aux fleurs, Du bas de ces fleurs s'échappe un petit filer qui s'étend aux
différens genres compris dans certe cale, & à côté defquels les parties
générarives de la fructification font gravées. Les dénominations de ces
deux Auteurs défignent chaque genre & la claffe particuliere du fyftème
fexuel du Chevalier Von-Linné.
Ce tableau eft enrichi d’une bordure: celle de la partie fupérieure ef
confacrée aux feuilles fimples : celie de la gauche comprend les feuilles
compofées 8 dérerminées : celle de la droite, les tiges, les vrilles. les
épines , les glandes , les feuilles bractées, les racines, &c. enfin la bor-
dure inférieure préfente l'explication de routes les parties des fleurs & de
la fructification. ul
La grande commodité de ce tableau confifte en ce que l'Etudiant voit
du premier coup d'œil l’'enfemble du fyftème de M. de Tourneforr , &
ce que le Botanifte Suédois a inféré dans le Philofophia Botanica. Tout
y eft parfaitement diftingué fans confufon. Ce tableau fera d’un grand
fecours aux Etudians de Botanique. On le trouve à Paris, chez M. de
Fourcy, Maître en Pharmacie , rue aux Ours ; & à Lille ,chezl'Auteur.
Traité de l'expofition des Mines , où l'on décrit les fituarions des Mines,
L'art d'en tailler La voutée, de former les puits & Les galleries, de procurer
L'air aux fourerreins , d'en vuider les eaux , d’élever les roches & les mines
au jour , & de percer la terre, traduit de l'Allemand, enrichi de notes &
EPP TRE ER A OTUR I ES: 167
de vingt -quatre planches ; par M. Moner. 1 vol. in-4°, 4 Paris, chez
Dufour, rue de la Juiverie ; & chez l'Auteur, Fauxbourg Montmartre,
n°. XVI. Cet Ouvrage manquoit en France. Nous connoiflions l'art de
fondre les métaux , la maniere de préparer les minéraux ; mais aucun
Traité ne nous apprenoit la conduite des mines, & des travaux qui y fonc
relatifs. Les notes de M. Moner décelent le Praricien inftruir ; & cetre
traduction lui fait le plus grand honneur.
Defcription méthodique d’une colle&lion de Minéraux , où Cabinet de
M. R. D. L. Par M. Romé Delifle. A Paris, chez Knapen , Pont Saint-
Michel. L’Auteur a fuivi, pour l’afrangement de ce Cabinet, le méme
ordre que dans fes Elfais de Cryftallographie; c’eft-à-dire, que chaque
morceau eft diftribue relativement à fa conformarion exrérieure. Cerordre
eft fuffifant pour ceux qui ne cherchent dans une colleétion de Minéraux
que la décoration d’un Cabinet , ou qui poffedent des Cabinets par ton,
plutôt que pour leur inftruction. Cette maniere d'examiner n’eft pas celle
du Narurahite. Voyez nos remarques fur les Effais de Cryftallographie,
inférées tome V, partie, page 192, c'eft-à-dire le volume de Mars
1772.
Il paroîe que M. Delifle n’a pas rendu exaétement l'idée de M. Moner,
qu'il cite. Celui-ci remarque deux qualités de mines d'argent vitreufes;
l'une, flexible & coupante; & l’autre , caffante & friable. M. Delifle
veur que cette derniere foit une efpece de mine particuliere , qu'il re-
garde comme un paflage à l’état de mine d’argent rouge. M. Delifle
femble encore vouloir faire entendre que M. Monet a confondu le cuivre
vierge en cheveux avec le cuivre vierge en grains ; idée bien différente
de celle que M. Moner préfente dans fon Expofition des Mines.
Œuvres de M. Francklin , traduites de l’Anglois , [ur la quatrieme édi-
tion ; par M. Barbeu Dubourg; avec des additions nouvelles & des figures
en taille-douce , 1 vol.in-4°. A Paris, che; Quillau , rue Chrifline ;
chez l’Aureur, aux Ecoles de Médecine. Im réputation de l’Auteur an-
nonce le mérite de l'Ouvrage ; & la traduétion de M. Dubourg répond,
à tous égards , à l’idée avantageufe que le Pablic a concu des autres On-
vrages qu'il a publié. Nous nous en occuperons dans les volumes fuivans.
Effais fur l'équitation , ou Principes raifonnés far l’art de monter & de
7 9 Fa D ÉFES
dreffer les chevaux ; par M. Mortin de la Balme , Capitaine de Cavalerie,
& Officier - Major de la Gendarmerie de France. À Paris, chez Ruauir,
rue de la Harpe. 1 vol, in-12. Le mot Fffais eft trop modelte, relarive-
ment aux grands préceptes que l’Auteur développe. Sa Cririque eft faine,
lumineufe ; fondée fur les principes du mouvement, I! combar avec
165 CON PE LIL INE Pig
force des nouveautés , que le delir de paroître fingulier , avoir diétées.
Ces Effais plairont à coup für aux Maîtres de l'Art, & le Commençant
y trouvera le précepte démontré par l'expérience. ;
Traité des Couleurs & des Vernis ; par M. Maucler, Epicier.in-8°. A
Paris, chez Ruault, Libraire, rue de la Harpe. Cette Brochure, de 120
pages, en très-mauvais papier, fe vend 3 livres 12 fols. C’eft en vérité
payer bien cher environ 40 pages qui peuvent être utiles. L’Auteur auroït
dû l’intituler, Critique de l'Ouvrage de M. Wartin fur les Vernis. On
ne lui pardonne pas les expreflions trop fortes dont 1l fe fert. Il fauc
cependant convenir que la plupart de fes Obfervations font vraies.
Obférvationes chymice & mineralogice , Pars fecunda, Aurore Wiegel.
Medic. Doët. À Griefweld , chez Roefe.
Catéchifme d'Agriculture, ou Bibliotheque des Gens de la Campagne ,
dans laquelle on enfeigne par des procédés très-fimples , l'Art de cultiver
la terre, © de rendre les hommes qui la cultivent meilleurs & plus heureux.
On y a joint l’art de cultiver les Aeurs & les jardins poragers, 1 vol. ir-
12. À Paris, chez Valade, rue Saint-Jacques. Un Catéchifme d’Agri-
culture eft peut-être de tous les livres poñibles le plus difficile à bien
faire. On eft fuppofé parler à des enfans ou à des hommes qui ne favent
rien. Comment mettre à leur portée la Phyfque de l’Agriculture ? Nous
dirons mème que cette étude la plus effentielle de toutes , fuppofe les
plus grandes notions préliminaires. Aufli on n’elt plus étonné de voir
tant de mauvais livres en ce genre, & fi peu de véritables Agronomes.
L'Ouvrage que nous annonçons , n’eft pas entiérement dans ce cas. Il
peut être utile s’il parvient dans les campagnes, &c fur-tout f Mefleurs
les Curés prennent la peine de l'expliquer à leurs Paroifliens. Les con-
feils donnés par l’Auteur fur le mélange des terres , feroient très-bons ,
fi le Payfan étroit aflez riche pour en faire les frais. On auroit deliré un
peu plus d’étendue dans la Phyfique de l'Agriculture, & fur-rout un peu
plus de précifion & de clartg. Chaque demande & chaque réponfe exi-
gent des commentaires pour développer les vérirés qu’elles contiennent.
Ce feroit à l'Erat à faire les frais d’un vel Ouvrage, & à le diftribuer
gratis à Mefheurs les Curés qui feroient l’application de la doétrine aux
différens terreins de leurs cantons. Tous principes généraux en ce genre
font infufifans à caufe de leur généralité.
Anmerkungen über die Landhaeufer und die Garten-kuff, ou Remarques
fur les Maifons de campagne ,ou l’Art du Jardinier ; par M, Hiefchfeld.
A Leipfic ; chez; Weidman. Cet Ouvrage a beaucoup de rapport à l'Art
de
2, 1
- BARRE PALIER ROM PL CA EU IS, 169
de former les Jardins modernes dont nous avons rendu compte, tomell,
part. I, p.483 c’elt-à-dire dans le volume du mois d'Otobre 1771.
À deftription, of the human eye, &c. Defcriprion de l'œil humain ;
E des principales maladies auxquelles il eff fujet ,'avec un Expofe de la
Méthode curative ; par M. Varnier, Membre de la Société Royale de
Londres , chez Davis, à Londres. L’anatomie de l’œil n'offre rien de
nouveau; le traitement des maladies eft fondé fur l'expérience la plus
décidée, &l'Auteur propofe deux inftrumens de fon invention, pour
rendre l’extraétion de la cararaéte plus cerraine & plus aifée. C’eft aux
Praticiens à décider. Ils nous paroïflent fimples & bien conçus.
Obfervations on épidemie defordres , &c. ou Obfervations fur les Ma-
Zadies épidémiques | avec des Remarques fur les fiévres nerveufes & mali-
gnes ; par M. Sims , à Londres , chez Johnfon. Les connoïffances de
Auteur , l'heureufe application qu'il fait de celles des Maîtres de l’art.
enrichiffent la Médecine d’une multitude de faits inréreffans.
Effays Médical and experimental , &c. ou Effuis &, expériences dé
Médecine, auquel on a joint quélques obfervations fur l'art de)guérir ;
. . » LA (2 x Al
par M. Percival', de la Société Royale de Londres ; t+ 2 ; à Londres
chez Johnfon. Chaque article porte l'empreinte du Génis obfervareur de
J'Auteur.
De Fenomeni della circolaÿione , &£c. où Mémoires far les phénomences
de la circulation confidérée dans toute l'étendue des vaif[eaux ; [ur ceux
de la circulation languif[ante ; fur le mouvement du [ang , indépendant
de l’aëtion du cœur, & fur la pulfation des arteres ; par M. Spallanzani.
A4 Modène. Les obfervations de l’Aureur different fouvent de celles de
M. Haller , & des autres Naturaliftes. M. Spallanzani prévient qu'il les
doit à la fupériorité de l'inftrament de M. Lyonnet, fur les microfcopes
ordinaires.
Cours complet d Anatomie. en quinze planches , peintes, & gravées en
coulcurs naturelles ; par M. Gautier Dagoëy, fecond fils; & expliquées
par M.Jadelod , Profeffeur d’ Anatomie , grandin-fol. A Nanci, chez Le-
clerc. À Paris, chez Marchand ; rue Croix des petits Champs.
Tableau chronologique des ouvrages & des principales découvertes d’ A-
natomie & de Chirurgie, par ordre de matiere ,pour fervir de Tuble & de
Supplément à l'Hifloire de ces deux ftiences, faifanr le tome VI & der-
nier de lOuvrage. ; par M. Portal. A Paris, chez Didor, Quai d:s
Auguflins.
Tome II ; Partie VIE. <
579 NOUO QUE Nr ET US
La Génération, ou Expofition des phénomenes, relatifs à certe fonei
£ion naturelle ; de leur méchanifme , de leur caufe refpeétive, & des ef
Jess immédiats qui en réfultenr ; traduite de la Phyfiologie de M. de Haller,
augmentée de quelques notes, & d'une Differtation fur les eaux de l Am
nios. 2 vol. in-8°, chez Defventes, rue S. Jacques,
Avis à mes Concitoyens, ou Effais fur la févre milliaire , avec quelques
obfervations ; par M. Gaficlier, Doëleur en Médecine, 1 vol. in-8°. chez
Gogué ; rue du Hurepoix.
Traitement de la petite Wérole des enfans , à l’ufage des habirans de
la-campagne © du peuple, dans les Provinces méridionales , auquel on a
joint la méthode aëluelle d’inoculer la petite yérole; par M. Henri Four
guet , Doëteur de l'Univerfité de Montpellier, 2 vol. in-12. À Mont-
pellier , chez Ricaud & Pons. A Paris, chez Cavelier ; rue Saint-
Jacques,
Voyage pittorefque aux glacieres de Savoie, fait en 1772 ,che; MM. de
da Socièté Typogaphique ; à Neufchâtel & à Genêve , chez Lacaille, au
bas du Collége , 1773. Ouvrage rempli de vues agréables, neuves &
utiles s il n'eft point inférieur à celui fait aux glacieres de Suiffe.
Voyage de M. Olof Torré, fait en Chine, à Surate , depuis le pre
nier Avril 1750, Jufqu'au 26 Juin 1752, publié par M. le Chevalier
Von-Linné, & traduit du Suédois, par M. Blackford ; à Paris, chez la
veuve Defaint , rue du Foin..,Le nom de ceux qui fe font occupés à
publier ce voyage , affure quel doit en être le mérite.
Le Neptune Oriental; par M. Dapres de Mannevillette , Capitaine des
Waileaux de la Compagnie des Indes, propofé par foufcription, fe de-
livre actuellement à Paris, chez Brunet, Libraire, rue S. Severin,
Voyages entrepris par ordre de Sa Majeflé Britannique , pour faire
des découvertes dæns l’hémifphere auftral, exécutés fuccéffivement par le
Comodore Byron, le Capitaine Wallis, Ge. tirés des Journaux au-
rhentiques. de differens Comraandans , & des papiers de M. Bancks, rée
dioeés par M. Hawkesworth, 3-vol. in-4°. avec des Planches en taille-
douce, propofés par foufcription. À Paris, chez; Panckoucke, rue des
Foireyins. ù
Differtation fur une Colonie Egyptienne, établie aux Indes ; par M.
Schnide, de l’Académie Royale des Inferiprions, à vel.in-12. 4 Paris,
chez Tillard , Quai des Auguflins. k
ex d'Hour;, rue de la vieille Bouclerie,
d'enluminer PE amp pofée A toile, in-8®, broché, À Paris ñ
QE “ai Moss
SK iruR dau 2. 8
OBSERVATIONS
S U'_R
PAR YSITIOIUE .
SUR LHISTOIRE NATURELLE
ETISUR LES, ARS:
AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE,
DÉDIÉES
PME RTE CAO MATE" ART OS
Par M.l Abbé ROZIER, Chevalier de l'Eglife de Lyon ; de l'Académie
Royale des Sciences , Beaux Aris& Belles-Lertres de Lyon, de Villefranche,
de Dijon, de Marfeille , de la Société Impériale de Phyfique & de Botanique de
Florence , &c. ancien Direëteur de l'Ecole Royale de Médecine Vétérinaire
de Lyon.
TOME S EC D N D.
D À
Su EP, EM 8: RE.
APE AIR ESS
Hôtel de Thou, rue des Poitevins.
NNDICIC AXEL TE
AVEC PRIVILEGE DU ROI.
S:O.Ù S°CR DPI ON,
Det 166 UJouRnazrWnr Piriv soie.
Iz paroîtra chaque mois ur Volume de dix à onze feuilles
2n-4 enrichi de gravures en taille-douce. On pourra à la fir
de chaque année relier ces douze Volumes , & ils formeront
deux Volumes in-4 de 60 à 70 feuilles. On fouferit pour cet
Ouvrage à Paris chez PancxoucxEe, Hôtel de Thou, rue
des Poitevins , & chez les principaux Libraires des grandes
villes de ceRoyaume & des Pays étrangers. Le prix de la
foufcription eff de 24 liv. pour Paris, & de 30 liv. pour la Pro-
vince, francde port. On a cru auffi devoir fe borner à l'ancien
titre & fupprimer celui de Tableau du travail annuel de toutes
les Académies de l’Europe, titre trop général pour un Jour-
nal de Phyfique. Cet Ouvrage eft une Suite indifpenfable de
la Collefhon académique.
Les Savans qui voudront faire inferer quelques articles
dans ce Journal, font priés de les adreffer à l Auteur, place
& quarré Sainte-Gencevieve, au coin de la rue des Sept-voies..
Le OUR
\! +4
TOR EEE A PRET RC TS EE ES
Contenus dans cetre*neuvieme Partie.
A ES générales fur la Phyfique ; traduites de l Allemand , € impri-
mées à Erfurd en 1773. De l’Union , ou force conjonclive des corps,
page 173
Differtation qui a remporté le Prix propofe par l’Académie Royale des
Sciences de Berlin, pour l’année 1773. Quel eft le but véritable que
femble avoir eu la nature à l'égard de l'Arfenic dans les mines, prin-
cipalement fi on peut démontrer par des expériences faites ou à
- faire, fi l’Arfenic eft utile dans la formation des métaux , ou s'il
peut produire en eux quelque changement utile & néceffaire ? Par
M. Monnet, Minéralogifte au Service du Roi de France, des Acadé-
mies Royales des Sciences de Stockholm & de Turin, &c. 191
Obfervations traduites du Chinois ; par M. Banaud , Doëteur en Méde-
cine, fur plufieurs grains dont les Chinois font ufage ; & fur la maniere
| dont üls les cultivent, 209
| Réponfe au Précis raifonné du Mémoire de M. Jacquin ; Profeffeur de
Chymie à Vienne ; en faveur de l’air fixe, contre la Doëtrine de M.
Meyer , relativement à l'Acidum pingue , inféré dans le Journal de
Phyfique du mois de Février 1773 x par M. Fourcy , Maïtre Apo-
thicaire , 218
Mémoire d’une groffeffe finguliere , par M. de Haller. Lu à l’Académie
des Sciences, par M. Adanfon, 246
Lettre écrite à l’ Auteur de ce Recueil ; par le Pere Bertier | de l’Ora-
toire, 261:
De/fcription d’une nouvelle balance , qui montre tout d’un coup le poids des
chofes qu'on y mer, avec fon vrai rapport aux poids des autres Pays ,
Jans aucun retardement pour trouver l'équilibre comme dans les balances
ordinaires ; par M. J. H. Magalhaens , Correfpondant de l’Académie
Royale des Sciences de Paris, 15%
Méthode fimple & aif£e de rendre l’eau de la Mer potable ; en la dépouil-
lant de route fa falure & de for äereté ; par le Capitaine Nelland ,
268
Nouvelles littéraires , 260
Fin de l& Table,
ps
fl À 4 | Vi À ve ‘Re O\ BB AR kr 19 INSNoR
De J ’Ai lu, par ordre de Monfeigneur le Chancelier , un Ouvrage ayant pour titre:
au: : © 1
A Obfervations fur la Phyfique, fer l’Hiftoire naturelle & furles Arts, Gc. par M. l'Abbé
RoziER, 6e, & je crois qu'on peut en permettre l'umpreflion, A Paris, ce 30 Sep-
œ Dia tembre 1773» FL Dit GARDANE
”
Da
1e :
Ru
A
Ü
.
PHYSIQ.UE.
VUES GÉNÉRALES
SUR LA PHYSIQUE,
Traduires de l'Allemand ; € imprimées à Erfurd en 1773 (*).
De l'Union ; ou force conjonë&live des corps.
PT ou s,les cotps fluides ont une furface parallele à Phorifon Une
goutre d’eau eft un corps fluide & fphérique. Pourquoi cela % La force
centrale, .ou bien fa caufe, qu'on nomme pefanteur , attire-t cile ‘les
corps de bas en haut, & l'air les comprime-t-1l de haut en bas? Pour-
quoi les particules d’eau , qui font au haut & aux côtés de la goutte, ne
+ombent-elles pas en bas ? Pourquoi ne forment-elles pas une furface ho-
tifontale? Cette non-exrenfion prouve l’exiffence d’une force qui s'oppofe
aux deux autres,
I. Pourquoi une grande quantité d’eau n'a-t-elle pas la mème puif-
fance , la même faculté? Pourquoi l’eau dans les vaifleaux , dans les ri-
vieres & dans la mer n’affecte-t-elle pas la figure d'une groffe fphere ?
Cerre puiffance particuliere n'eft donc feulement propre qu'aux petires
malles , & ifolées de l’eau. On explique dans la note À ,p. 181. pour-
quoi dans les gouttes denfes la furface fphérique ou bombée dégénere
en fuperfcie horifontale.
IH. Je jette un coup d'œil fur toute la nature , pout examiner fi cette
force appartient exclulivement à l’eau; & je vois que vous les corps flui-
des fe comportent de même. Le mercure, les méraux parfaits mis en fu-
fon dans la coupelle , l'air dans les bulles de favon; en un mot, tous
les corps fluides prennent une forme fphérique. Les fubtances minéra-
0
(*) Nous préfentons ces vues générales pour ce qu'elles foot, fans chercher à en
difcuter les principes : il nous paroît qu'elles ont quelque rapport avec l'ingénisux
£yftême du Pere Bofcowir,
Tome IT, Partie IX. Z
174 Dem MINS ONE
les fondues , le caillou en fufon , le verre, &c. préfentent des globules
Voyez la note B, p. 182.
IVe. Si je confidere actuellement les corps denfes , je vois que l&
glace en poudre , le fable , la limaille d’un métal s’amoncelent irrégulié-
rement ; mais ils ne prennent jamais la forme fphérique. Or, certe puif=
fance particuliere ne fe trouve point dans les corps denfës 6 réduits en par—
celles, & elle n'appartient qu'aux corps fluides.
V°. En comparant les corps folides avec les corps fluides, je m'ap-
perçois que la différence effenrielle qui les diltingue , confifte en ce que:
les parties conftituantes des derniers, font moins liées enfemble. La:
chaleur raréfie les corps, fait réfoudre la glace en eau. C'’eft encore la:
chaleur qui rend le métal fluide , comme Île mercure, tandis qu'aupara-
vanr il avoit une confiftance ferme & dure. C’eft la chaleur qui change:
le caillou en verre coulant dans la fufion. Ainfi , comme la fluidité dépend:
de la féparation des parties conftituantes d’un corps , /a puiffance dont on:
vient de parler, rien abfolument à l’éloignement des parties.
VI°: Si je fais attention à la forme fphérique, je vois auffi-rôr que telle:
eft la forme de toutes les planeres & des. éroiles.
La géométrie m'apprend que cette forme eft celle qui contient les
plus grandes mafles dans l'efpace le plus étroit & le plus commode pof-
fible.
En confidérant la planete que nous habitons , je vois que la pefanteur
eft propre à tous les corps, c’eft-à dire, que tous les corps Jont attirés vers:
le point central de cette même planete. ;
Aulli la forme ronde de larerre ne m'éronne plus ; car une force at
tractive qui attire également de tous les côrés , doit néceffairement pro
duire une rondeur. Les lignes concentriques d’une égale longueur, & qui
fe dirigent de tous côtés vers un mème point , donnent toujours un cercle:
{note C, p.182 ). La terre, ce bloc que nous-habitons , a doncune force:
arrraétive , & par conféquent elle eft ronde, par la raifon qu’elle polfede-
cetre puiflance attraétive. Ce bloc eft compofé de terre, d’eau, de pier-
res, de métaux & de corps qui tous en général deviennent Auides parum
gerrain degré d’extenfon.
Toutes les fois que j'ebferve dans les mêmes fubftances, les mêmes:
effets, je me crois autorifé à les attribuer aux mêmes caufes. Ainfi le
caufe pour laquelle l'univers G les gourres font ronds, efl la même dans:
tous les deux.
VL1°. Mais on m'objectera la groffeur de l'univers, & la petireffe des:
gouttes! La plupart des corps du globe font folides ; & il n’y a que les
corps fluides qui fe montrent fphériques ? Je réponds le plus, ou ke moins:
en yroffeur & extenfion , ne change rien à l'eflence des chofes. Les corps:
Er
BITES ISO NE EE. 17$
fluides font les feuls qui fe forment en petites fpheres ; mais pourquoi
feroit-il impoñlble que les corps folides duffent donner de grolles fphe-
ses? La caufe pour laquelle les corps folides ne fe prêtent point à la
forme de petites fpheres ou de gouttes , comme les fluides, tient à la
nature de la force attractive.
VII. Toures les propriétés, qu'on appelle force ou puiffances, one un
degré déterminé de vertu, € proportionnellement avec tout ce qui excede
ce degré, elles ne fonc plus force. Un levier qui n’eft capable que de lever
mille quintaux , n’eft pas propre à foutenir une livre de plus que les mille
quintaux , parce qu’en effet toute fa force y eft employée. Un aimant,
capable d'enlever du fer pefant dix livres, ne peut attirer & foutenir la
ouzieme livre, ainfi du refte.
IX°. La force attraétive eff la propriété qu'a chaque corps de s'unir avec
d'autres corps, & de Je conferver dans cette union. Dès que cette union
exifle réellement, certe force ateraëtive ceffe dans la maffe. Par cette loi
de l'attraction on peut éclaircir une infinité de phénomenes de la na-
ture,
X. Si la terre éroit entiérement compofée de corps qui fe trouvalfent
tous dans le degré poflible d'union , elle n’auroit plus aucune force at-
traétive ; mais on ne connoît peut-être point de corps dans cet état , &
la majeure partie en eft beaucoup éloignée. La fomme des forces qui eff
indifpenfable à ce bloc pour le maintien de fon union aëtuelle , fait toute
Ja force attraëive.
XI°. Cependant toutes les parties de la terre font dans une cetraine
liaifon ; mais les parties féparées de la matiere ont conféquemment, fui-
vant leur proportion, une plus grande force que le globe. Les parties
de la terre n’ont feulement que l’excédent de fa force attraétive , & un
atome féparé retient toute la fienne. Note D, p. 184.
XI. Les parties féparées de la matiere montrent donc entre elles leur
propre force actraétives jufqu'à ce que leur union foit aflez denfe, pour
que leurs forces deviennent moindres en proportion que celles de la terre.
Âlors les dernieres l’emportent ; & c’et pourquoi , dans les gouttes trop
groffes , la partie fupérieure n’eft plus fphérique ; mais elle devient hori-
fontale , & cette furface s'étend de plus en plus , à mefure que la quan-
tité du fluide eft augmentée. Noce À, p.181.
XI. Ainfi, moins les corps ont une force attractive propre, plus
ils font artirés par la cerre; & c’elt ce qu'on nomme pefanteur. More E,
P- 185$.
XIV®. La maniere dont agit la force attractive fur la pefanteur , s’ex-
plique clairement par une expérience connue. Dans le vuide d'une ma-
chine pneumatique, le plomb ne tombe pas plus vite de la plume,
ij
176 Bin AIO UT Æe ;
C'efl donc de l'air que provient la différence qui fe trouve ordinairement
dans la chüte rapide des corps pefans & dans la chûte lente des corpslégerss
Et, fuivant l’exprefhon concluante de Newton, le corps pefant & le
corps léger , tombent pareillement vite à égale diftance. NoæE,p.185-
XV°, La force proportionnelle de la vertu artractive fait abfolument,.
que Les corps pefans compriment Les corps plus légers, fans quoi ils s'ap-
procheroient davantage du point central de l'artraëlion. Cieft pourquoi le
mercure refte fous l’eau , l’eau fous l'huile , l'huile fous l'air , l’air fous
l'éther. C’eft encore pourquoi vingt pouces cubes de liege font emportés:
par un pouce cube de plomb, &c.c'eft enfin fur quoi-font fondées laftari-
que & l'hydroftarique. Mose G, p. 187.
XVI. IZ eff néanmoins certain que les loix connues de la pefanteur n'ont
pas dieu dans les particules tous. à-fait petites des corpss L'eau contient en
général.beaucoup de parties rerreufes, & l’air beaucoup de particules
d'eau. Or, l'eau eft plus-pefante que l'air, & la terre plus pefaure que
l'eau; conféquemment la verre & les particules d'eau doivent romber..
PROC q P: À ANS
La partie érendue des corps ne change rien encela , fuivant les loix de:
la pefanteur. Une ligne cube de plomb tombe. aufli bien dans l’eau ,,
î D < ; 2
ewun pied cube de plomb à terre, parce que la partie de: l’eau qui ré--
Liniestat AU sep A
fite à la ligne cube de plomb, n'a feulement que la grotfeuc d’une ligne.
XVII. Ainft, la caufe pour laquelle les particules d’eau ne tombent
pas dans l'air, nù les particules terreufes dans l’eau, ne provient affure-
ment point des loix connues de la pejanteur , mais elle dépend bien plutôt
des regles que nous venons-d'écablir ur l’attraitior. C’eft pareillement er’
vertu de ces mêmes. principes, que les particules d’eau fe ramaffent er
gouttes Jphériques dans: l'air & qu'elles tombent fous La forme fphérique:
aus la pluie. Je ne parle point de la-cryftallifation, parce que la théorie:
de certe partie importante de la Phyfique doit être rrairée à part. Nous:
dirons feulemenr que les cryftaux anguleux font les effers de l'eau, &
que la fphériciré des gouttes dépend du feu. Le feu eft.un moyen. de:
divifion plus efficace que l'eau. L'eau divife les corps, .& le feu en.dif-
four toralemenr les. parties. Dans la. formation des flalaétires , l'eau:
n’eftoas le difolvanr, mais elle en.eit. le véhicule. Revenons. à, notre:
fujet.
Les petites particules d’eau ont une force attractive propre, & elles:
s’uniffent effeétivement avec les parties terreufes ; c’eft aufh ce que font
X VIEL.. Cerre union ft; rompue lorfqu'il vient à fe mêler avec l’eau
des corps plus analogues que la verre. Ou bien, lorfque les atomes.dif=
PH (9 7 NO 277
perfés, [e raffemblent à caufe de leur affinité plus grande, &iqu'ils vien-
nent à romber feuls où en mafle, en vertu des loix de la pefanteur,
Nore H, p. 188.]
XIX. Je traiterai dans un endroit, & à part , la regle des rapports ou
affinités , & j'y développerai la théorie des fermentations , & de la Chy-
mie en particulier.
XX. J'y démontrerai principalement que la prétendue attraction , ou
| pour parler avec plus d'exactitude, la force conjonétive fe comporte dans
les aromes ou parties féparées de la matiere, felon les regles des affini-
nités, comme elle le faït dans les corps ramallés en ve A , fuivant les
loix de la pefanteur. La regle principale eft que la force unitive agit dans
les mailes, en raifon de leur groffeur, & dans les parties féparées, en
proportion de leur analogie ou reffemblance.
XXI. Si on examine comment les corps s’unillent, on trouve que
cette union s'exécute par des effers actifs , ou pañlifs, ou compofés,
XXII. J'appelle effet actif lorfque le corps A poffede une force attrac-
tive, propre & prépondérante, par laquelle il force le corps B à s’unic
avec lui.
XXII. Je dis que c’eft un effet pañif, lorfque le corps D n’a pas de
force atrraétive propre , & qu'il eft contraint par le corps actif € à s'unis
à lui.
XXIV. L’effer compofé fe trouve, lorfque les corps E & F ont cha-
eun une force attractive propre, & qu'ils s'unillenr enfemble, en vertu
de leur puiflance réciproque.
XXV. La force conjonétive active fe rrouve dans touces les parties
éparées de la matiere ; mais il faut encore y unir celle de l’aimanr. Je
parlerai dans un endroit particulier des-caufes très-fimples.des quantités,
mais non pas de rous les effers de ce phénomene,
XXVI. J'ai remarqué encore ce qui fuit : lorfqu'’une pierre d’aimane
a la force d'attirer une livre de fer, & qu'on lui préfente une livre de
- fer à une diftance convenable ; le fer va vers l'aimanr.
XXVIL Mhis fi le fereft trop pefant pour que l'aimant ne puiffe pas:
Matgirer ;. alors l’aimant s'approche du fer.
® XXVIH. La Force conjonétive agir de la même maniere dans d’autres
corps: je vais en choilr une preuve bien-décifive:
X:. De quelle atténuation & de quelle divifion ne font pas les
tcules: d'air dans l’athmofphere fupérieure ? Et 'conféquemments dé:
“leu jgur force attractive propre n’elt-elle pas plus grande que celle:
178 5 PUS * 05 GRR TAN OR DIE | AE À
du glôbe terreftre ? Cependant elles compriment notre terre, & elles
tmberoient infailiblement , fi l’efpace n’étoit pas occupé par des corps
pius pelans. More I, p.189.
XXX. Comment peur-il donc fe faire que les parties féparées d’une
malle denfe, foient atrirées ? Quelques-uns trouvent ici une réaétion;
mais la réaction fuppofe d'avance quelques vertus dans le corps réactif.
La combinaifon réelle des parties eft l’anéantiflement de la force
conjonctive. Plus les maffes font groffes, & en même temps denfes,
plus aufli font anéanties en quantité les forces conjonétives ; & plus elles
le font promprement. De cer ancantiementMconfdérable , ce qui ef
anéanti, ne peut plus abfolument réfulter , c’eft-à-dire la puiffance uni-
tive : ainf l’axiome fuivant eft donc vrai. Plus les maffes font groffes &
denfes, plus elles font auffi dans l’état pafjif.
XXXI. Le corps féparé agit donc feul; mais il le fait de diverfes ma
nieres, fuivant les différentes proportions.
XXXII. La force conjonétive n’eft autre chofe que la tendance qu'ont
les parties de la matiere à s’unir entre elles. Cette rendance a fon degré,
& elle eft en proportion égale avec le degré de la force attractive. Si la
malle d'attraction eft plus groife que ne le demande la tendance à l'union,
la pefanteur de cette malle paflive l'emporte fur la force attractive du
corps actif. Alors le corps aétif ne peut d'aucune autre maniere obéir à fa
tendance , à l’union, fi ce n’eft de s'approcher de la male pañlive prépon-
dérante , en vertu de fes propres forces. C’eft aufli ce qui arrive,
L'expérience connue de l'éleëtromerre a lieu dans ce cas. Les petits
brins de foie électrifés qui y font fufpendus , s’approchent de chaque
corps plus gros non électrifés, & le papier lui-même, qui n’eft pas élec-
trifé , s'approche aufli des groffes barres éleétrifées. Je traiterai ailleurs
plus amplement des attractions & des répulfions électriques.
XXXIHIL Or, comme la force d’attraétion dont il a été queftion ;
(art. XXXIL) attire feulement en certains cas, & ne fait que s'approcher
dans d'autres : le mor arcraétion ou force artraëtive préfente une dénomi-
nation incomplette ; c’eft pourquoi je me fervirai toujours du mot d'urior
ou de force conjonélive. Si le corps aétif va au-devant du pañif, je l'ap-
pelle un corps qui s'approche; fi, au contraire, c'eft le corps pañif qui
tende vers l'atif, j'appelle cette aétion une force arcraëlive : ce ne font
que des modifications de la force conjonétive.
XXXIV. Voilà ce qui concerne les effers de la force conjonctive dans
les corps actifs. Quant aux corps paflifs , il n'y en a point dans le fens
propre , parce que lécher pénetre plus ou moins tous les corps compofés
PUS LC, D 179
où ramallés; conféquemment , aucun n’a la denfité poffible, qui feule,
eit capable de les rendre corps parfaitement paflifs.
XXXV. Un corps n'a de mouvemens pallifs , qu’autant que les forces
du corps attirant l’emportent fur les fiennes,
XXXVI. La force conjonétive eft compofée, lorfque des corps fon
€n raifon égale des forces propres , & qu'ils s’uniffent en vertu des forces
réciproques. L’explication fuivante éclaircira la chofe,
XXXVIH. Le corps À à des forces comme vingt; le corps B a des
forces comme quatre. Ainfi À & B ont une attraction compofée comme
quatre ; & À à une attraction aétive comme feize; mais B a pareille-
ment une attraction paflive comme feize.
En fuppofant donc que la malle du cotps B foir comme feize , elle ferz
forcée par les puiffances du corps À , de s'approcher du corps A ; mais ft
Fon fuppofe que le corps B ait une maffe comme quarante , & des forces:
actives comme quatre, tandis que le corps aétif À a une malle comme
vingt, & des rie actives aufli comme vingt; alors la propre force
attractive du corps À eft comme feize ; l’état du corps B eft comme
trente - fix; & Le corps À s'approche du corps B par fes propres forces
comme feize.
Mais fuppofant encore que À foit de malle comme feize, & de force
aufli comme feize ; & que B ait pareillemeng des forces comme feize,
& une mafle comme feize ; ain chacun s'approche de l’autre , & chacun:
fait la moitié du chemin.
XXXVIIL. On reconnoir fi le mouvement d'un corps eft un effet a@tif
ou pañif de la force conjonctive , par les fignes fuivans :
1°. Lorfqu'un corps pefant également fe meut vers un autre corps
d'égale pefanteur, & fair le chemin tout feul :ce même corps, qui fe
mn >€f dans l'écart palif, & celui quieft en repos, fe trouve dans l’érar
actif.
XXXIX. 2°. Si deux corps fe meuvent l’un vers l’autre , chacun a ua
effer actif, & il y a pour lors une force conjonétive compefée.
XL. 3°. Siun corps plus petit s'approche d’un corps plus gros, & fe-
meut feul, il eft queftion de favoir file corps plus petit eft plus ou moins
denfe que ne l’eit le gros corps. S'il eft plus denfe, il fe meut par læ
force conjonétive pañlive : s’il left moins , ce fera par la force aétive.
XLI. C'eft à la premiere claffe que doivent appartenir les effets de
Faimant fur le fer , &c. On place dans la feconde clafle les amas de par-
ticules fluides & féparées , qui font dans l’athmofphere & dans les réci-
piens chymiques , en forme de gouttes rondes, &c. & on doit ranger
dans la derniere claffe la chûte des corps vers notre globe, &c,
180 PU EN 1% SIC TLIQNTUIN €
XLYI. Ain, Newton a dans le fonds raifon de dire que les petits
corps s'approchent des gros, puifqu’ils le font par des effets actifs où
pallifs.
XLIIT. Aux loix qu'on vient d'établir fur la force conjonétive , il fauf
ajouter quelques remarques effentielles : elles ferviront à éclaircir les
principes par lefquels la force conjonctive agit à une plus ou moinsgrande
diftance.
XLIV. Je ne porterai pas fes.effets jufqu’aux planetes, à la lune, nt
à leurs faréllites , parce que les démonftrations géométriques ne font pas
incelligibles pour chacun. Mais les corps denfes tombent des plus grandes
hauteurs , abordables dans les plus grandes profondeurs connues ; 6 la
chûte des corps denfes eff la fuite de la force attraëtive du globe\: de-là auffi
conféquemment cetre force attraülive s'étend-elle à une plus grande dif-
sance. Note K , p.189. ù
XLV. Lorfque des corps fluides s’évaporent , leurs parties, qui s'é<
levent , font très-proches les unes des autres, puifque les vapeurs s'op-
pofent même au palfage des rayons de la lumiere, Néanmoins elles ne
font point encore affez proches pour s'attirer les unes & les autres. Si
l'on veur retenir la vapeur dans un récipient, elle ne fe ramafle em
gouttes que lorfque les parties fe font accumulées , & qu'elles font par
conféquent encore davantage rapprochées. La force arrratlive des particu=
des d’eau féparée n'agit donc qu'à une très-petite diffance. Note K , p. 189.
XLVI. Dans le cas précédent , le globe eft dans l’étar actif, & la pare
ticule de fumée y eft auf. Le globe écend fa force attractive à une grande
diftance. La particule de fumée étend la fienne à une très-rperite dif-
tance. Le globe eft grand , la particule de fumée eft petite ; conféquem-
ment, la force attraëtive des grands corps agit à une grande diflance ; 6 la
force artraëlive des petits corps agit à une petite diflance. Nore K},p. 189.
XLVII. Il a déjà été démontré que les particules d’air très - déliées
dans la faute achnfofphere, compriment notre globe : par conféquent ,
il y a une force conjonctive qui agit à une très-grande diftance entre elles
& la terre.
XLHIL En ce cas, la particule d’air eft dans un état a@if, & le globe
dans l'état pañif. Le corps pañlif eît ici très-gros , & il excite à une
grande diftance la force motrice de la perite particule d'air. Ainf le
force morrice de ce petit corps aëlif eft excitée par un gros corps paljif à
une grande diflance, Note K, p. 189.
XLIX. On peut éclaircir ces principes par quelques applications. L’a«
tome elt en force & en mafle, comme I. La planete B a une male
comme 109000 , & d’autres forces actives comme 500000 « la portion
Suppofé
HRBINYNS LIVQEUTILE, LOT
des forces entre À & B eft donc telle que À à 2, & B à: ; &'le mou-
vement progreflif de l'atome aétif fera excité à une diflance comme
190000.
Suppofé que l’arome foit égal en forme & en malle comme A, leur
puifance unitive agit feulement à une diftance comme 1.
Suppofé encore que le corps denfe & pañlif D ait de refte en force
active 1 & en malle 10 ; fa force proportionnelle eft comparable avec la
force de la planere B, comme 1 à 15,8 il fera attiré par la planete à une
diftance comme 100000. More K, p.189. Voilà tout ce que j'ai à dire
pour le préfent fur. la force conjonétive.
L. Je me latte d’avoir préfenté des idées ; j'ai peut-être tiré quelques
lignes fondamentales : mais, quant à l'application fur divers corps &e à la
graduation fuivant laquelle ces loix agiflent , tout manque encore, Je
n'ai ni le temps, ni l’habileté néceffaire. More L, p. 191.
Je crains que mes principes ne déplaifent à ceux qui font accoutumés
à cour expliquer par la méchanique, Je déférerois volontiers à leur opi-
nion, fi je n’étois convaincu par quantité d’obfervations , que la force
conjonétive & la communication du mouvement font deux branches dif-
férentes qui partent du tronc commun d’une autre propolition antérieure.
Ces obfervations ou additions doivent contenir le développement de ce
premier principe dans la partie fuivante.
”
2 eee 7
“©
Note pour la lettre A, $. 11
S 15 ferai voir plus clairement de quelle maniere la goutte ronde perd
fa rondeur. Voyez Planche I, figure II. . :
LT. La force attractive du globe terreftre agit dans les points de con-
LC ESS: ss 840. ‘
Que l’on fuppofe que cette force eft comme I. Les particules de la
goutte fe tiennent toutes unies au point central de la goutte. Que l’on
fuppofe auffi que cette force conjonétive eft près du centre comme 10 ;
mais cette preflion & cette force conjonétive diminuent en raifon du
quarré de la diftance du centre. Conféquemment , les parties extérieures
de la petite goutte A ont plus d’union avec la goutte que les parties ex-
térieures de la goutte B.
LIT. Aufli-tôr que les gouttes font aflez grofles , pour que les parties
extérieures aient une union plus petite avec le centre , comme]; elles
font attirées par Ja fuperficie du corps EEE fur qui elles pofent. Les parti-
Tome II, Part. IX. Aa
182 PRHMTOS IN Tie ONUILES
cules inférieures de la furface de la goutte tombent les premieres , & en
fuice les fupérieures, comme on peut le voir en C.
LIT. Cette chûte continue de plus en plus en proportion qu'il y fur-
vient plus d'eau : de-là réfulre la furface horifontale d d.
LIV. Lorfqu'ane goutte d’eau tombe fur une furface horifontale
d’eau , fa forme fphérique ceffe aufli-rôt , parce que les points de con-
ta fur lefquels elle vient fe placer, ont à-peu-près autant de force attrac-
tive que fon propre centre.
LV. Cerre théorie eft applicable à l’équilibre de tous les corps fluides.
LVI. Au refte, dans la goutte d’eau , les particules d’eau les plus
denfes approchent Le plus du centre; & comme toutes les particules d'eau
ne font pas également denfes : il s'enfuit clairement , que beaucoup font
liées avec des particules rerreufes , & d’autres ne le font pas.
Notes pour la lettre B, $.11I.
LVIT. Toutes les gouttes font rondes en tombant; mais dans lachüte
elles perdent une partie de leur rondeur , à caufe du mouvement projec-
tif qui leur eft communiqué par l’athmofphere qui les comprime pen-
dant leur chûte. La goutte de rofée au contraire , qui ne rombe pas, ef
parfaitement fphérique. Joint à cela que les gouttes touchent À un croi-
fieme corps qui eft denfe. Il arrive dans beaucoup de cas, que leur forme
fphérique fe dérruit du côté où elles rouchent ce corps , quoique leur
contat arrive, ou parle haut, ou par le bas. Cer effer a lieu, foit
avec la goutte d’eau , foit avec le globule de mercure ; cependant cela
n'arrive au dernier que dans le cas feulement où il touche aux méraux.
Cer effet tient à une caufe particuliere que j’expliquerai dans un Oc-
vrage à part, fur la théorie dés vaifleaux capillaires.
Notes pour la Lettre C,$. VI.
Onme permettra de préfenter ici quelques idées qui fembleront peut-
être paradoxales ; mais elles paroiffent clairement dériver des principes
démontrés plus haur.
LVII. Dès que les parties de la matiere ont eu la force conjonc-
tive , les atomes féparés doivent néceffairement fe pelotoner en mafles,
LIX. La tendance à l’union perfifte jufqu'à ce que les points de con-
ta foient réellement touchés. Une fois que deux ou trois atomes font
unis, tous lès autres s’approchent par la force motrice , patce qu'aucun
d'eux n’eft affez fort tout feul, pour attirer les deux atomes réunis en-
PuUH O7 Me Nr 10 (y ‘x. 183
femble. Les particules fe compriment entre elles , autant qu'il eft polfi-
ble , afin de fe rapprocher de plus en plus du point de leur réunion. Or,
comme la preflion eft égale de tous les côtés , alors une partie ne peur
aller plus loin , & c’eft là qu’eft le point central. *
LX. Suivant les loix de la pefanteur , les parties les plus délices font
toujours preflées par les parties plus denfes, c'eft pourquoi l'athmofphere
eft compofé d’air, & l'Océan coule fur la terre.
LXI. Il fuit donc de ce qu’on vient de dire, que notre terre étoit
originairement & parfaitement fphérique, & qu’elle n’avoit point de
montagnes : car fi les parties féparées ( telles éroient néceffairemenr les
atomes ) s’uniflent entr'eux , il en réfulte des fpheres parfaites , quelques
denfes que puiffent être les parties conftituantes. Qu'on examine feule-
ment un régule d’or ou d'argent dans l'opération de la coupelle , l’iné-
galité qui fe trouve peut-être dans ces petites parties conftituantes ne
nuit aucunement à la rondeur d’une aufli groffe planete,
LXIL. La partie mitoyenne de la terre étoit originairement compo-
fée de métaux ; & la furface de la terre étoit par-tout couverte d'eau.
LXU. Mais notre terre, telle qu'elle eft a@uellement , eft évidem-
ment compofce du débris d’une plus grande quantité de planetes.
LXIV. Lorfque deux pelottes de terre fe choquent l’une & l’autre ,
elles s’uniffent en vertu de leur force propre , & elles fe poulfent aufli
eu l’une & l’autre, que l’aimanc & le fer fe pouffent mutuellement
AR fe touchent.
LXV. Lorfque la prefion de deux maffes eft égale entreelles , il en
réfulte un nouveau point central. La pefanteur reçoit une autre direc-
tion , & de deux fpheres il n’en réfulte qu’une feule , comme de deux
goutres qui fe An , il n’en réfulte qu'une goutte.
LXVI. Si donc deux fpheres étoient compofées de corps fluides , la
nouvelle planete deviendroit parfaitement fphérique; mais ce font des
males (olides qui fe tiennent réellement dans une érroite union. Ainfi
elles fe précipitent en éclats prodigieux l’une fur l’autre , jufqu’à ce que
leur polition foit conforme aux effets de la nouvelle force centrale : con-
féquemment le rout fait un arrondiflement qui doit cependant être né-
ceffairement très-inégal , & fur lequel s’avancent par tas des rochers durs
qui faifoient originairement partie de la terre la plus profonde.
LXVII. De là vient que tant de filons de mines percent au dehors ;
que les fentes font fi mulripliées dans les montagnes ; qu'une montagne
manifeltement rompue & divifée conferve les mêmes filons au-delà du
vallon. C'eft encore la raifon pour laquelle on voit des montagnes dont
Aa ij
154 PNA ES UnNO NU AUME ï
lés combles aboutiffent à la furface de la terre, & renferment des indices
évidens d'une crévalle : tantôt leurs filons fe partagent , tantôt ils font
coupés par des minerais étrangers, & fouvent on voir reparoître Îles
mêmes veines à une certaine diftance : c’eft enfin ce qui fait encore qu'on
trouve des mines dont les filons 6rt une toute autre fituarion que celle
de l'horifon; & ces firuations fe portent à des profondeurs incroyables.
XLVIHIHL. Il y a des montagnes qui font des effers du déluge, ou qui
ont été au moins couvertes par les effets du déluge. Telles font les col-
lines de Sloerzgeburg , dont les diverfes couches font indubitablement
l'ouvrage de l'eau, & forment un vallen des deux côtés.
XLIX. On ne peut pas tenir le mème langage fur les contrées des
filons. Voyez fig. IV, pl. I. À droite & à gauche font des montagnes
qui font féparées par le vallon f. A, B, C, D font différens filons dont
chaque montagne eft compofée ; par exemple A eft un filon ou veine
d’ardoife : B eft une veine de quartz : C eft de pierre dure; & D , de
caillou, &c. Or, j'ai vu qu'une contrée, où au-delà du vallon les roches
qui s’élevenr , renferment les filons À, B, C, D qui confervent la
même direction , & où les deux montagnes rafées entiérement, & fen-
dues par éclar, reffembloient à de vrais débris , fuivant la potion de
leurs filons qui étoient fubitement rompus.
LXX. Le diametre d’une couche eft défigné par L; & G,H,1,Ken
font les étendues horifontales. C'eft ici que fe préfentent diverfes ma-
tieres , des pyrites, des coquillages, des pierres calcaires , des argilles ,
des charbons de terre & autres fubftances femblables.
LXXI. Tout ce que je viens de dire peut avoir été l'ouvrage d’une
heure, lors de la création, & ne contredit aucunement la Tradition.
Le Tout-Puiffanct eft infini dans fes œuvres , & il eft roujours fimple dans
fes moyens : il prefcrit des loix à la nature, & les loix agiffenr.
Je m'en riens ici aux idées que je viens d'établir, & je les livre à
Pexamen des perfonnes inftruites, & fur-tout de celles qui ont fré-
quenté les montagnes, & les ont parcourues d'un œil obfervateur.
Notes pour la lettre D ,. XI.
LXXIL Je veux expliquer clairement, ce que j'entends par force
poñuive & proportionnelle. L'aimant À pefe douze livres, & attire quatre
livres. L’aimant B pefe cinq livres, & attire trois livres. Je dis donc,
J'aimant À a une force plus grande; mais l’aimant B a plus de forces
proportionnelles, parce que quatre eft plus que trois, mais trois rela-
uvement à cinq eft plus que quatre , relativement à douze. Ainfi je sépere
PPURSFUSIæIOUN LE 18$
dans ce fens, ch l'atome a une force attractive , relative plus forte,
mais moins polirive que le globe terreftre.
LXXIT. Or, la force pofirive du globe terreftre eft en proportion
avec route l’athmofphere Auide, conféquemment il ne revient à chaque
partie de l'achmofphere qu'une partie de la force politive.
Notes pour la lettre E, SX IN
LXXIV. La pefanteur dépend de la denfité, & la denfré eft d’au-
tant plus grande, qu'il y a plus de points de contact, effectivement
touchés. La pollibilité du contaét varié auffi fuivant la figure des par-
tes (1), deux cubes dont fes furfaces fe touchent, ont plus de points
de contact que deux boules qui font à côté l'une de l’autre. On objec-
tera que le mercure eft fluide, & cependant pefant ? Je réponds , les
arties du mercure fe touchent très-peu les unes avec les autres, mais
FE parties de mercure font elles-mêmes compofées d’autres particules,
& cette derniere combinaifon eft très-denfe. Une comparaifon rendra
la chofe palpable. Que l’on jette en tas une quantité donaée de plomb,
en grains; que l’on compare ce tas avec um morceau de liege de la
même étendue que tout le tas de plomb, ce tas fera plarôc divifible
& pénérrable que le morceau de liege, cependant cette écorce n’eft pas
auili pefanta que le tas de plomb.
EXXV. Mais on dira encore : fi les parties du mercare font fi denfes,
pourquoi ont-elles ane force artractive ? Je réponds , fuppofé que les
parties du mercure ayent'rour le dégré poflible de denfité, du moins leur
furface extérieure n’a pas été touchée, & celle-ci a certainement uné
force conjonétive propre.
Notes pour la lestre F, . XIV.
On trouve ici quelques raifons fondamentales de ce principe.
LXXVI. Ja denfisé & la péfanteur des corps font la même chofe ;
plus un corps eft denfe, plus «ft force en proportion, la puiffance ar-
tractive du globe rerreftre. Plus le corps et déhé, & plus eft grande fa
(1) La chaleur sveft autre chofe que l’éther mis en mouvement, Cer éther divife les
corps d'aucant plus aifémenc qu'is coucher 4 leurs parties intérieures par moins de
poinise Fous les-corps peuvenc'étre divilés par le feu: lun demamide feulement une plus
grande chaleur , a raifon de la quantité de es points du contact; & l'autre en exige
une moindre, Je confidérerai dans un Traité particulier l'éther comme éther comme
feu, comme lumiere, comme matiere éleétrique ; & dans ce dernier objec j'efpere
répandre beaucoup de clarté & de lumiere,
WA NTM RT Ter MP TE TENTE ET
: + voi) FN
11 4
:
186 ANOUDe US OUR HAN DOP NI OR 7e À
force motrice propre. La force motrice remplace toujours conféquem-
ment la force attractive & vice verfa. C’eft la raifon pour laquelle la pé-
fanteur d’un corps ne fait rien à la viteffe de la chute dans le vuide.
LXXVII. La caufe pour laquelle dans le vuide, les corps tombent d’au-
tant plus vice, qu'ils font plus proches de la terre, eft la fuivante. La
tendance des corps eft l’union , leur éloignement eft donc un obftacle ;
moins il y a d’éloignement, moins il y a aufli d’obftacles. Ainf routes
les forces de la nature agiflent d'autant plus fort que les obftacles fonc
moindres ; mais la force du mouvement confifte notamment dans la
vitefle ; conféquemment la force conjonétive doit mouvoir Les corps
d'autant plus promprement qu'ils font proches de l’objet de leur union.
LXXVII. En plein air, les corps denfes rombent plus promptement
que les corps déliés , parce que cer effer rient à la divifion de l'air, &
que les corps denfes ont plus de force pour la chûte que les corps déliés
& fubrils. More G.
LXXIX. Il y a cependant encore une caufe particuliere qui accélere
la chüre de tous Les corps fuivant les circonftances , lorfqu'ils tombent
au travers de l'air, ou au travers d’un autre milieu , d’ailleurs plein. La
preflion des parties de l’athmofphere fe fait dans les lignes concen-
triques contre le point central de la terre.
LXXX. Plus eft grande la malle qui comprime, & moins eft grande
celle qui réfifte, plus la chüte fe faic rapidement. Moins au contraire eft
grande la prefion, & plus eft grande la réfifkance ; plus aufli la chûte
s'exécute lentement. 1
LXXXI. La partie de l’athmofphere qui agit fur la chüte plus où moins
rapide du corps, eft celle qui eft comprife entre les lignes concentriques
du contact continu. Ce qui eft deflus prefle, ce qui eft deflous retient.
LXXXII Plus le corps s'approche du point central, moins eft grande
laréfiftance , & plus auflieft grand l'angle que font les lignes du contaét.
Par conféquent les corps doivent tomber d’autant plus vite qu'ils fonc
plus près du point du milieu.
Voyez fig. 1, pl. L Dans les angles 1, 2, 3, 4, tombent quatre
corps AAAA d’égale circonférence de diverfes hauteurs. L’angle I a
30 degrés ; dans l'angle 2, 1 a chüteeft encore une fois aufli haute que
dans l'angle 1, & l’angle à 19 degrés ; dans l'angle 3 , la chüre eft deux
fois aufli haute, & l'angle a 17 degrés ; dans l’angle 4, la chûre eft
trois fois aulli grande, & l'angle a 1 5+ degrés ; dans l'angle 5, le corps
eft encore une fois auf gros que dans 2, & conféquemment l'angle
a 38 degrés; BB font les corps qui preflent; C repréfente les malles
: DEAN IS MA IOUNU) l'E 187
qui réfiftent ; E marque les lignes du contaë ; & D les bornes de l’ath-
mofphere.
Je laiffe aux Géometres à mieux examiner cette obfervation, & à en
faire l'application.
LXXXIT. Pour préfenter les chofes avec plus de précifion ; je dois ici
remarquer que la preflion de l’athmofphere communique néceffairement
une partie de fon propre mouvement au corps qui tombe ; & que par
conféquent Île corps prend un degré de projection (1), joint à fon mou-
vement central, Je montrerai ailleurs que Le mouvement centrifuge dans
lofallarion du pendule & rebondifflement vifible des corps dans leurs:
chûtes , en font en partie les fuites. Aufli s’'énfuit il que les corps tom-
bent plus durement lorfqu'’ils font précipites, d’une plus grande hau-
teur , car ils prennent la projection de plus de parties de l’athmofphere,
Note pour la lettre G, &. X V.
LXXXIV. Ce principe s'explique de la maniere fuivante + la force
conjonétive meurt les corps , ou par une puillance attractive, ou par une
force motrice, $. XXVII... VI.
LXXXV. Ce mouvement dure jufqu’à ce que la tendance à l’union
foit remplie par une union réelle , ou jufqu’à ce que les corps rencontrent
un obftacle qui retarde leur marche.
LXXXVI. Cer obftacle eft double , ou ils meuvent d’autres corps qui
viennent droit à eux avec une égale force : alors aucun d'eux ne va pius
loin ; & voilà ce cas du point central dans la terre, 6. LVili.
LXXKVI. Ou bien ils choquent d’autres corps qui ne fe laiffent ni
mouvoir, ni divifer.
Il s’agit ici de ce dernier cas.
Ce cas a lieu lorfqu'un corps mû va heurter contre un autre corps qui
dans une étendue égale contient plus de parties, conféquemment eft plus
denfe; mais fi le corps heurté eft moins denfe , fon union eft rompue , &
le corps qui défunir, continue toujours fon chemin à travers les interfti-
ces. La force conjonétive agit dans chaque partie de la matiere, ou en
attirant ou en mouvant ; par conféquent là où fe trouvent plus de par-
ties , là font les forces prépondéranres. De cette maniere ; l'air , l’eau &
toutes es fubitances fluides font divifées & coupées par la chüre des
corps pefans.
(1) Dans peu je ferai voir dans quel cas & fuivant quel principe du mouvement
autraif, fe fair un mouvement projectif,
188 PASTUNINT-LO AU UE.
LXXXVII. Ce principe fouffre cependant une exception par rapport
aux corps tenaces ; car la ténacité donne aux corps la propriété de réfif-
ter dune plus grande pefanteur que ne le comporte la fomme de fa pe-
fanteur propre ; mais aufli-rôr que la pefanteur prépondérante du corps
qui tend à défunir, eft plus forte que le degré de réfiftance que la téna-
cité procure au corps heurté ; les principes dont nous parlons, ont encore
lieu, & il arrive féparation : c’eft pourquoi un pont fe rompt fous une
charge trop pefante, & qu'un fil de fer fe cafle lorfqu'on y fufpend un
poids trop pefant.
LXXXIX. Je ferai voir dans un autre endroir , que la ténacité dépend
de la figure des parties, & de la matiere de leur compofition. Cette
théorie & celle de l’élafticité & de la dureté feront examinées féparé-
ment dans un Traité particulier. Ù
XC. Toutle monde connoît comme la pefanteur agit dans la fatique
& dans l’hydroftatique,
XCI. Comme dans le fyftème de notre athmofphere, tout rend au
point central de la verre, & que chaque corps s’y porte jufqu’à ce qu'il
trouve un obftacle fufifant. Il s'enfuit que Les corps légers & Auides font
déplacés de fa proximité par des corps plus pefants , parce qu'ils ne peu-
vent pas faire une réfiftance fufhfante,
MNotes-pour la lettre H,$. X VIII.
Les phénomenes chymiques fourniffent journeliement une infinité de
preuves très-claires fur cette théorie.
XCIT. Toutes les corrofions & diffolutions s’exécutent par la force
conjonétive, puifqu’aufli-rôr que les difflolvans & les corrofifs font
réellement en union , ils ne corrodent, ni ne diffolvent davantage.
C'eft ce que l’on nomme faturation. De certe maniere il fe fair du mer-
cure fublimé corroff, du mercure doux. Des fels acides réfultent des
fels neutres, moins actifs ; & lorfque l’eau eft unie avec une certaine
quantité de parties falines qui ont épuifé leur force conjonétive, elle
ne peut plus difloudre de fel.
XCIIL. Les parties pefantes difloutes , font fufpendues toutes dans les
corps fluides plus légers, contre la regle de l'hydroftatique; & cela arrive
en vertu de la force conjonctive : car dès que l’union celle , elles fe pré-
cipitent fuivant les loix de l’hydroftarique, $. XV...LXXXVI.
XCIV. Dans ces diffolutions , les parties pefantes de l'or font fuf-
pendues, ainfi que celles de plomb & de tous les métaux dans l’eau forte,
ou
DOTE SNL NOMMU VE. 189
ou dans l'eau régale, qui font plus légeres : mais s’il furvient un autre
corps qui ait plus d’affiniré avec le diflolvanc, il s’unit aufli-tôt avec ce
dernier. Alors l'union cefle avec les parties qui étoient fufpendues, &
elles fe précipirent au fond felon les loix de l'hydroftarique. $. XV...
LXXXVI.
XCV. C'eft ce qu'on nomme précipitation. Ainfi le cuivre précipite
l'argent , le fer précipite le cuivre, le fer l’eft par l'alkali, & un fel
par un autre fel, &c.
XCVI. La théorie précédente explique aufli pourquoi les diffolvans ou
corrofifs Auides & concentrés font plus aétifs que les diflolvans concrets,
Notes pour la lettre A, $. XXIX.
XCVI. Les parties de l'athmofphere ne font pas feulement en
union , ou ce qui revient au même, elles ne fe rouchent point entre
elles ; mais chaque partie tend de toutes fes forces vers le point central
de la terre.
XCVIIT. Lorfqu'un corps eft mû en une certaine direétion par la
ae d'un autre corps, ileft certain que le corps qui preffe, fe meut
ui-mêème dans la mème direétion.
Lorfque le doigt touche le baflin d’une balance qui eft en équilibre,
le baflin ne penche pas encore par ce contaét; mais fi le doigt qui tou-
che, fe meut vers la rerre , le baflin alors tombe prefc par le doigr.
C. La pefanteur de l'air fe démontre notamment par l’afcenfion de
l'eau dans les pompes afpirantes, & par celle du mercure dans les baro-
metres. Le grand effet de l'air qui eft fi léger fur des corps fi pefans ,
prouve que toutes les parties de l'athmofphere ÿ agiffent dans toute leur
étendue. |
Notes pour la lettre K, $. XLIV, XLV, XLVI, XLVII, XLIX.
Je ne puis pas me faire des idées plus claires fur ces derniers principes
que les idées fuivantes :
CI. La force conjonétive met toutes les parties de la matiere en pro-
portion entre elles; mais cette proportion n’a d'action feulement qu'à
une certaine diftance déterminée.
CII. Cette diftance eft déterminée par l’action de chaque point de
contact. Suppofé mème que cette diftance fafle autant que le diametre
du point (car il n’eft pas même queftion ici de points mathématiques ).*
Tome II , Pare, IX. Bb
190 PIE NS TE OÙ UE
CNIL. Plus il y a de points de contaét renfermés dans un corps, plus:
il renferme aufli de petites diftances de l’activité; & la forme de ces
petites diftances eft la quantité de route la diftance à laquelle s'étend l’ac-
tivité des corps.
CIV. Ceci eft fondé fur ce que toutes les aétivités compofées dans la
nature , font les fommes des activités individuelles donc elles réfulrenr.
Un petit grain de poudre fait une explofion comme 1; & une charge de
poudre dans un canon agit dans une diftance comme plufieurs 1000.
CV. Les corps font denfes ou déliés ; cela n'importe : la plus groffe:
-mafle dans trous les cas détermine les bornes de l’activité. Comme corps
actif , elle attire les corps denfes : comme corps paf, elle excite la:
force motrice de l’atome ou de la partie fluide.
CVIL Ain l’exrenfion de l’aivité dépend de a fomme des points
de cont&t; conféquemment , comme le dit forc bien Newton, de la
quantité réelle de la matiere. ?
De là il s'enfuit bien des chofes ::
CVIT Premiérement, comme le globe rerreftre eft le plus gros corps
dans notre athmofphere , 1l agit le plus loin.
Secondement , les aromes de l'air fupérieur, ainfi que chaque partie
féparte, vont par un mouvement progreflif vers toute la malle du globe
terreftre. Woyez fig. 111, pl. I. L’atome À décrit la ligne verticale DB ,
parce qu'elle eft au milieu des deux lignes diagonales CE & CE, &
toujouts la ligne mitoyenne refteroit fous toures les lignes diagonales
qu'elle pourroit palfer ; principalement parce que la ligne verticale eft la
plus proche du centre ; & que la force conjonétive et plus grande en
raifon de la proximité.
Troifiémement, la fomme des points de contaét , ou ce qui eft la.
même chofe, la quantité de la matiere de notre globe, en y compre-
nant celle de l’athmofphere , dérermine la force conjonétive qui regne
entre nos plineres & d’autres planetes (1).
Quatriémement , les atomes féparés s’attirent les uns & les autres à
un: petite diftance , parce qu’ils ont peu de points de contact.
C:5 idées feront peut-être utiles aux Géometres,
et es
z) Celles-ci éprouvent entre elles l'ation d'une force conjondive,
/ P
MUCH SE ONE, ti
Notes fur la lettre L, $. L.
CX. Le Phyficien fait des obfervations , par le fecours des analogies
précifes & juftes; il écablic par induétion des principes généraux fondés
fur l'expérience ; mais il n'appartient qu'aux Géomerres de former une
fcience utile & jufte, par la quantité d'applications de chaque principe
général. Je regarde les vérités phyfiques comme des chiffres & des li-
gnes donc la combinaifon & la fupputation appartiennent aux Mathé-
ipatiques. ,
Je m'applique à trouver les lignes & Les chiffres qui manquent encore,
Tentare Juvat. -
EI ETIENNE EE EEE ON Pr PEER SEEN PERRET DONNE ENPEEENE SOEENPENEENNNENEZ CA PRES SN EME VAN T NUE
po
DDASS AISNE TR PS CARTE CE RON)
Qui a remporté le Prix propofe par l’Académie Royale des Sciences de
Berlin, pour l'année 1773.
« Quel eft le but véritable que femble avoir eu la nature à l'égard de
» l'Arfenic dans les mines, principalement fi on peut démontrer par des
» expériences faires ou à faire, fi l’Arfenic eft utile dans la formation
» des métaux, ou sil peut produire en eux quelque changement utile
» & néceflaire »?
Par M MONNET, Minéralogifle au Service du Roi de France, des
Académies Royales des Sciences de Stockholm & de Turin, &c.
La cADÉMIE Royale des Sciences de Berlin ne pouvoit propofer
pour le fujer de Prix une queftion plus intéreflante que celle-ci. Dès
Jong-temps elle a occupé les Minéralogiftes & les Chymiltes , fans qu’au-
cun d’eux fe foit appliqué à la réfoudre; il éroit fans doute réfervé à cet
illuftre Corps , de faire revivre ce grand problème , & de fixer les idées
fur un objet fi important.
Si l'Arfenic eft effenriel à la formation des métaux, ainfi que quel-
ques Chymuftes ou Alchymiftes l'ont cru , pourquoi ne fe trouve t-1l pas
dans toutes les mines également. Et fi, au contraire , il y eft inuule ,
pourquoi exifte-t-il dans quelques mines ? Ces deux demandes font fort
naturelles , mais elles en font naître une troifieme qui ne l'eft pas moins,
Bbij
x92 PMOTNIAUS) TAMOMME NE ,
L'exiftence conftante de l’arfenic dans quelques mines ne feroit-elle paz
une preuve que la nature l’emploie à la formation de quelques métaux,
tandis qu’elle ne l’emploie pas à la formatien des autres. Maïs nous:
efpérons démontrer que ces trois propofitions ou demandes font mal
fondées , & qu’elles ne peuvent avoir lieu ; que l’arfenic eft une fubf-
tance fémi-métallique , particuliere & indépendante des autres métaux;
_ & que la nature n’a d’autre bur , en la formant dans les mines, que fa
propre exiftence : en un mot, qu’elle n’y eft contingente que comme les
autres fubftances métalliques. Nous prouverons de plus, que bien loin
que l'arfenic foit utile aux métaux , il leur eft au contraire très-perni-
cieux ; & que de quelque maniere qu'il foir avec eux, en petite ou en:
grande quantité , il leur eft toujours un corps étranger ou partie hétéro-
gène. Mais , avant d’en venir à ces preuves, il eft de toure néceflité de
faire connoître mieux qu’on n’a fait jufqu’à préfent, la maniere dont l’ar-
fenic fe trouve dans les mines, & les formes fous lefquelles il y paroït.
Il femble en effet fort nécellaire de faire connoîrre l’hiftoire naturelle de
Farfenic , avant de détailler fes effets. C’eft une bafe fondamentale qu'ik
faut pofer d’abord , pour que notre édifice foir folide & régulier.
HU SIROMR ENV ANTON EE LEE D 'EN LEA RISYEENENCS
Nous ne remonterons pas au remps où cette fubftance a commencé
à être connue : il nous feroit impoflible d'en fixer l’époque, vu qu'il
n'exilte aucun écrit qui puifle nous en inftruire ;.mais 1l ÿ a toute sppa-
rence qu'elle a commencé à êrre connue des Mineurs & Fondeurs; &
que ceux-ci l'ont fait connoître aux Chymiftes, ou plutôt aux Alchymif-
tes qui en ont par la fuite donné des dérails dans leurs écrits. Nous nous-
croyons fondés à croire que ce n’eft qu'a l’occafion de la fonte ou du trai-
tement des mines,que les Fondeurs ont appris à connoître l’arfenic. Outre
que , comme nous allons le voir, l’arfenic ne fe trouve que fort rarement
pur , tandis qu'il fe trouve très-communément & rrès- abondamment
dans. plufeurs fortes de mines, ils avoient l’ufage dans ces tenips d'i-
gnorance de rejetter tout ce qu'ils ne connoifloient pas, où tout ce qui
ne fournifloit pas du cuivre, de l'argent, du plomb & de l'érain (1);
mais, dans Les grillages ou la fonte desmines, obligés de luiter continuel-
—-
(1) Quand: on confulte l'Hifloire de la Mérallurgie, on voit que les méraux que-
nous citens ici, ont été connus prefque en même remps les uns que les aurres , &c
qu'ils ont fair long temps feuls l'objer de la Métallurgie. Pourle fer, ne fe trouvanr
jamais dans les filons en affez grande quantité , & étant toujours diftingué des autres
minces méralliques, il a Fait toujours un objer à patt; aufli y a-v-il eu coujours des:
fonderies de fer indévendantes des fonderies de mines,
PAPA OEIL SC 1 AUOT: 24 IDE:
fement avec l’arfenic , ils éroient forcés de le connoître & de fe fami-
liarifer avec lui. La vapeur blanche de l'arfenic s’attachant au premier
corps froid qu'elle rencontre, l'odeur caraétériftique d'ail qu'il répand;
& enfin les inconvéniens fâcheux qu'il a occafionné en différens temps,
ont dû frapper les plus ftupides & les plus ignorans. Et enfin, lorfqu’en-
fuite on a apperçu cette même fubtance dans les fentes des fourneaux
de grillage , lorfqu'on a vu que les mines étoicnt rebelles, & les MmÉ-
taux difficiles à trairer , à proportion de la quantité d'arfenic qui étoir
avec eux, on l’a confideré comme un être mal-faifant & tout-à-fait per-
picieux , bien loin de le regarder comme un être utile. Les idées avan
tageufes qu’on a enfuite répandues fur l’arfenic , ne font que le fruic rar
dif des fpécularions des Alchymiftes, ou de quelques prétendus Chy-
miltes, | %
Une fois l'arfenic connu , 1f ne devoit pas être , ce me femble, fi dif-
ficile à le diftinguer ; lorfqu’il s’eft rrouvé en particulier dans les mines,
& indépendant de toute autre fubftance métallique : cependant rien n'eft
plus vrai, que malgré cela, il a été méconnu fort long-temps ; ce n’eft
même qu’en dernier lieu, qui le croiroit ! fi on n’avoit pas d'exemples
frappans de la lenteur de l’efprit humain dans les eonnoiflances ; ce
n'eft, dis-je , qu'en dernier heu qu'on a reconnu l'arfenic pur & vierge.
M. Cronftedr eft le premier Minéralogifte qui l'ait défigné formelle-
ment, & qui l'ait décrit avec toutes les propriétés & qualités qui luicon-
viennent, Si mème cet arfenic étoit connu chez quelques autres, ce n’e-
toit que fous le nom de mine d’arfenic ou d’arfenic noir. M, Wallerius ,
qui a défigné cer arfenic de cette maniere ; a regardé l’arfenic blanc
comme le vierge. Ces erreurs ne fe font foutenues jufqu’aujourd’hui que
par l'ignorance où l'on a été fur la nature de cette fubftance. IL eft vrai
que dans un fens on étoir fondé à nommer vierge l’arfenic blanc qu’on
a trouvé dans les mines, puifqu'on n’en connoïfloit pas d'autre à qui on
püc donner plus jaftement certe qualification. Il eft certain aufä que
cet arfenic peur ètre confidéré comme vierge , relativement à l’arfenic
blanc du commerce. Mais G, dans un autre fens , on fait attention qu'on
n’eft dans l’ufage en Minéralogie de n’appeller vierge que les méraux &
les demi-méraux qui fe trouvent purs & fous leur forme naturelle, on
conviendra que larfenic dont nous parlons ici, jouiffanr de toutes les
propriétés fémi - métalliques, doit ètre défigné par le nom d’arfenic
vierge, & non l’arfenic blanc qui n'eft que ce fémi-métal dépouillé de
phlogiftique , & réduit à l’état de chaux,
I et fâcheux , fans doute , qu’on air fant tardé à reconnoître l'arfe-
nic vierge dans les mines. Cette connoiffance étoit utile pour décider ce
qu'eft l'arfenic, & lui affigner le rang qui lui convient. Quand on ne
sonfidéroit l’arfenic que fous fon étar de chaux , c’eft-à-dire ; l'arfenie
194 Pi min sn © ve
blanc, on croit ps à l'envifager comme un être falin; & pluficurs
même n'ont pas fait difhculté de le regarder définitivement comme un
véritable fel. Sa qualité corrofive , & la propriété qu'il a de fe difloudre
jufqu’à un certain point dans l'eau, & dans les alkalis (1), leut paroif-
Loir des preuves fuffantes pour établir folidemenr leur opinion. Mais
lorfque quelques autres fe font apperçus que cetre fubftance fe diflol-
voit, de mème que plufieurs chaux métalliques dans les acides , &
qu'elle fe réduifoit en efpece de régule, au moyen du phlogiftique , ils
ont été portés au contraire à la regarder comme une fubftance métalli-
que ; par-là les opinions ont été partagées. Les uns s’en font tenus aux
propriétés falines & les autres aux proprietés métalliques. D'autres Chy-
miftes ont établi par la fuite une troifieme opinion fur ces deux. Ils ont
confidéré l’arfenic comme tenant le milieu entre l'état métallique & le
falin. Les Minéralogiftes & Mérallurgiftes , plus attentifs à fe débarraf-
fer de larfenic des métaux, ne le regardoient, ainf que le foufre, que
comme un minéralifateur ou un agent néceflaire à la minérahfation. Mais
s'ils y euffenc réfléchi, ils n’euffenc pu fe difpenfer de fe faire la même
objection , & de fe propofer le même problème que l'Académie de Ber-
lin aujourd'hui : « Pourquoi, ft l’arfenic eft nécefjaire , & qu'il foit ur
» agent de La minéralifation , ne fe trouve-t-il pas dans toutes les mines 8
» Ou pourquoi y a-t-il des mines où il ne Je trouve pas » ? Mais l’idée
qui attribue la propriété minéralifante à l’arfenic , eft faufle : elle a pris
fon origine à l’occafñon du foufre, parce qu'on trouve très-fouvent l'ar-
fenic confondu dans les mèmes efpeces de mines. On a mal à-propos
rapporté la minéralifation des métaux dans les mines en partie à l’arfe-
nic, ce qui n’eft que l'effet du foufre feul. Certe erreur s’eft fourenue
d’un autre côté fur le peu d'idées juftes qu'on avoit de la minéralifarion;
& de l’autre, fur le peu de connoiffance qu’on avoit de l’état des mines
dans lefquelles l’arfenic exifte fans foufre. C’eft ce qui nous donne occa-
fion de définir d'abord ce que c’eft que la Minéralifation ; ce qu’on doit
entendre par-là, & de faire connoître les différens états des mines en
général. Nous définirons donc la minéralifation , une opération où un
effet dans lequel les fubftances métalliques ne paroiffent plus fous leur
forme métallique, & où elles ne jouiffent d'aucune de leurs propriétés.
Je demanderai maintenant quel eft l'agent qui eft capable de produire
cet effet, fi ce n’eft le foufre? L’arfenic ne peut-il point jouir du mème
privilege ? Je réponds que non, à moins qu'il ne foit combiné avec les
© ————
(x) M. Macquer a fait connoître dans les Mémoires de l'Académie Royale des
Sciences de Paris, années 1746 & 1748 , l'efpece de {el qui réfulte de la combinaifon
de l'arfenic avec l'alkali fixe,
NU CS Ur o ,® É 195
métaux dans fon état de chaux, ce qui n’eft point encore démontré (5.
Nous aurons occafñon par la fuite de faire connoître différentes mines où
l'arfenic exifte fans foufre ; & nous ferons voir que ces mines ne doivent
pas être confondues & confidérées de même que celles où le foufre exifte
réellement. On verra que ces mines jourffent de toutes les propriétés des
méraux umis & confondus enfemble par la fonte ; par où on fera forcé de
convenir que les métaux qui fe rrouvent dans ces mines, ne font pas
minéralifés au moins dans le fens d: la définition de la minéralifation don-
néc plus haut. Bien loin que la minéralifarion foit due l’arfenic , ou que
FParfenic minéralife les métaux dans les mines, 1l y eft lui-même miné-
ralifé comme les autres par le foufre.
Si nous parvenons à démontrer ce que nous avançons ici, il fera en-
core prouvé que l’arfenic n’a pas d'autre privilege fur les métaux avec
lefquelsileft dans les mines que celui qu’ils ont eux. mêmes fur lui; qu'il
n’y eft pour fa part que comme partie contingente, ainfi que les autres.
Il en réfulrera encore un autre principe; c’eft que l’arfenic, ainfi que les
métaux qui font unis avec lui dans ces mines, doit être fous la forme
métallique ; car il n’eft pas poflible que l'arfenic puifle y être d’une autre
maniere. Nous avons la preuve aujourd’hui qu’un métal réduit à l’état de
terre, & dépouilié de phlogiftique , ns fauroit s'unir à un métal parfait
ou affez phlogittiqué pour être fous fa forme naturelle ou métallique. Si
quelques uns penfent autrement , nous ne pouvons pas nous y oppofer,
ni nous rendre l'arbitre de leurs idées & de leurs opinions particulieres :
Le principe que nous avançons ici, n’en gt pas moins vrai, Nous fom-
mes fondés fur des expériences qui nous montrent évidemment qu’une
chaux métallique ne peur fe combiner p{r la fufion avec un métal fans
addition de phlogiftique. Par exemple , ff, pour faire le cuivre jaune , on
n’ajoutoit pis avec la pierre calaminaire du charbon en poudre , on ne
réufliroit pas ; non plus qu’on ne parviendroit pas à combiner l’arfenic
:
(1° C'eft encore un point de difcuflion, de favoir s'il exifte des mines dans lef-
quelles l’arienic feul, fous [a forme de chaux, réduit les métaux fous l'état de: mine
minéralifée. Quelques-uns, en confidérant la mine d'érain & la mine d'argent rouge,
feront difpolés peut-être à adopter cette opinion. Dans la mine d’érain l’aifenic exifte
fans doute (ous la forme de chaux ; mais eft-ce à cet état de l'arfenic qu’eft dû celui
de la mine d’étain ? N'eft-1l pas bien prouvé que l'érain y exifte lui-même fous la forme-
de chaux ? Or, l'étain feul dans cer état n’a par lui-méme aucune des propriétés métal:
liques. Pour la mine d'argent rouge , on n'a aucune raifon de croire que (un état foit
dû à l’arfenic feul, puifqu'il y exifte une portion de foufre, qui, vraifemblablement
combiné avec lui , lui donne cetre couleur rouge : d'un aurre côté on n'elt point afluré
que l'arfemic fous la forme de chaux, puifle s'unir aux métaux. Si l'aifenic, fous la
forme de chaux , ne peut s'unir qu'aux méraux réduits dans le même étar, il n'y a point
dans ceste union d'effet minéralifant de la part de l'arfenic : ce n'eft que deux chaux
unies fimplement enfemble , fans pénétration de Ja part de l'une ni de l'aucre,
+96 PF UE SI EN v LRU
blanc avec le fer ou avec le cuivre, fans y ajouter quelque matiere phloi
giftique (1).
D'après ce que nous venons de dire, on voit la néceffité d'établir ici
deux fortes particulieres de mines. Les unes, que nous devons nommer
mines minéralifées, ce font celles dans lefquelles Le foufre exifte, Les :
autres mines non minéralifées , ce font celles qui ne contiennent pas
de foufre, & qui jouiffent de tous les privileges des régules métalliques. *
Mais certe explication nous conduit naturellement à citer un autre genre
de mines : ce font celles dans lefquelles les méraux & demi-métaux rés
duits a l’étar de terre , fonc aglomérés & confolidés enfemble. Peur-ètre
trouverons-nous , lorfque la minéralogie fera plus avancée , qu'il en
exifte encore une quatrieme forte : celles dans lefquelles les métaux ré-
duits aufli à l’état de terre, feroient néanmoins combinées avec le fou-
fre ; car il eft für que le foufre fe combine avec certaines chaux métal- À
liques (2). : f,
En faifanc l’'énumération des mines où fe crouve l’arfenic, nous aurons N
occafion de donner des exemples de ces différentes fortes de mines. Ï
Mais avant de faire ce détail, nous devons parler de l’arfenic vierge ou LA
naturel, À
L'arfenic vierge eft une des fubftances des plus pefantes & des plus -
dures que nous connoiflions , qui ne fe brife que difhcilement , & qui
préfente dans fa fracture fraîche un grain brillant, femblable à celui de
l'acier. Lorfqu’on le frotte ou qu'on l'ufe avec quelque inftrumenc, il
prend le poli & le brillant métallique du fer ; mais cer éclat fe cernir bien
vite à l'air. Cecte fubftance y devient terne & d’un fombre noir. Elle fe
diffout dans les acides, & fur-tout dans l’eau forte avec laquelle elle
entre en une effervefcence fi confidérable que le tout s’élance fouvent
avec violence hors du vaifleau. Je ne m'’arrèterai pas ici à détailler les
réfulrats de ces fortes de diffolurions : ce n’en eft point ici le lieu (3).
D PR LEE PCT UNE PU arr LR à 2 ol Ps ut AOL LES CPGE TEE
L «
(2) I eft vrai que lorfqu'on projette de l'arfenic blanc fur du fer rouge de feu , le fes
s'arfénicalife quelque peu 3 mais on doit attribuer cer effet au phlogiftique du fer même
qui , comme on fait , s'en détache aifément , & pañle ailleurs. Onen voit la preuve dans
le peu de fcorie qui {e trouve après certe opération , qui eft le fer dépouillé de phlo=
gütique.
(2) Indépendamment de l’exemple que nous en avons dans le verre d'antimoine ,
qui n'eft tel, que parce qu'il contient une portion de foufre , nous avons combiné
plufieurs fois & à différentes dofes du foufre avec de la chaux pure de fer, & avec
de la chaux pure de plomb. On fait déja que l'arfenic lui-même, dans fon étar de
chaux blanche, fe combine avec le foufre , fous les formes connues d'orpiment & de
réalcar.
(3) J'efpere avoir l'honneur de communiquer à l'Académie , par la faite, ces réful-
tats. Elle verra fans doute avec plaifir de nouveaux fels paroître fur la fcene chy-
mique. c
L'arfenic
ch.
PERTUIS Er RO VUE: 197
L'arfenic vierge expofé dans les vailleaux fermés fe fublime en régule,
fans qu'il foit befoin d’y rien ajouter. II fe combine auñli dans fon état
naturel avec tous les métaux , & forme avec eux des régules métalli-
ques, tout-à-fair femblables à ceux qu’on obtient de l’arfenic blanc ,
lorfqu'on le combine avec les méraux , au moyen de la poudre de char-
bon , ou autre matiere qui puifle fournir du phlogiftique. Mais une pro-
priété bien finguliere de notre arfenic viefge , eft celle de s’enflammer ,
foit qu'on le fafle coucher à des charbons ardens ou à la Aamme. Il brüle
paifiblement, en nn une épaifle fumée. Si on fait rencontrer un
corps froid à cette fumée, elle s’y condenfe en fublimé blanc d’arfenic.
On accélere beaucoup cette inflammation , fi on fouffle deflus. On
trouve , lorfque l’arfenic eft entiérement confumé, un peu de fcorie rer-
reu(e & ferrugineufe; ce qui eft ordinaire dans les métaux que la nature
nous préfente vierge : du moins il en eft peu qui ne contiennent quelque
peu de terre quartzeufe ; c’eft fur-tout ce qu'on remarque dans largenr
vierge.
Le lieu où l'on a trouvé le plus d’arfenic vierge, eft Sainte-Marie aux
mines. Quoiqu’on puiffe dire que cette fubftance elt généralement rare, il
faut convenir que le lieu que nous citons , fait à cet égard une exception
remarquable: en 175; &en 1760, il s’y en trouva une fi grande quantité,
qu'on en fortit des Hlons pendant plufieurs jours des quintaux entiers ;
& que les ouvriers ne paroïfloient occupés que d’abattre cer arfenic. Dans
les autres mines, comme dans celles de Freiberg , de Saint-Andréas-
berg au Hartz & dans quelques-unes de Suede , on n'en a trouvé par
intervalle que quelques morceaux.
Les mines minéralifées dans lefquelles l’arfenic exifte , font les mines
d'argent grifes, en Allemand fahlerz. C’elt en général un compofé de
cuivre , d'argent & de foufre où fouvent l’arfenic domine (1). Les mé-
taux, ainfi que l'arfenic:, font ici fous leur forme naturelle, c’eft-à-dire
Hits de tout le phiogiftique qui leur eft néceffaire pour paroïître fous
eur forme métallique. Mais tous ces métaux font dans cette occafion
privés des qualités métalliques par le foufre. Ils font dans cer état que
j'ai nommé ci-devant minéralifé, c’eft-à-dire, diflous par le foufre.
Quand l’arfenic n’exifteroit pas dans ces mines , les autres métaux n'y
feroient pas moins dans l’état dont nous parlons : feulement cet mines
feroient plus fombres : c’eft l’arfenic qui les blanchir ,:& qui les rerid
Q) Nous avons eu occafion d'obferver’plufieurs fois, que cette efpece de mine,
ainfi que plufeurs autres, varie dans fes parties conftituantes d'un lieu à un autre,
auf bier que dans [a forme extérieure; mais c'eft une obfervarion apphHcable à tous
les corps minéraux qui , femblables aux êtres des deux autres regnes , varient felon le
Leu, le climat & la nature du terrein où ils exiftent,
Tome II, Parc. IX. Cc
»
198 PRE NE UNS AT NO NET AMIE
d'autant plus claires , qu'il y exifte en plus grande quantité, Ces mines
peuvent s’imiter affez bien par la fonte; mais on n’y réuffiroit pas , om
ne mertoit pas une matiere qui püt fournir du phlogiftique à l’arfenic
blanc, fi on en employoit : preuve bien évidente que l’arfenic , ainf que
les autres métaux qui conftituent ces mines, y eft fous la forme métal-
lique.
Les mines non minéraliféesidans lefquelles l’arfenic exifte ; font les:
mines de cobalt blanches, qu'on nomme autrement mines de cobalt
métalliques ; & la mine de fer arfenicale , connue en Allemand, fous
le nom de mifpickel. Dans ces deux efpeces de mines, les méraux ne font
précifément enfemble que comme dans une combinaifon ou régule me-
tallique : aufli eft-il poflible d’imiter ces mines affez bien par la fonte ;
& on fair déjà que le régule arfenical ferrugineux , reffemble beaucoup
au mifpickel. Mais il eft bon d’obferver , que dans ces mines ,. comme
dans les mines minéralifées , il fe trouve toujours quelque partie ter-
reufe , qui apporte vraifemblablement quelque différence qui fe remar-
que entre ces mines & leur imitation. Outre cela , on doit remarquer
que la nature , dans la formation des mines, n’opere pas comme nous :
Elle n’emploie pas le feu , mais l’eau. Ces mines , que nous appellons
aufli régules naturels , jouiffent d’ailleurs de toutes les propriétés des
régules artificiels ; excepté qu’elles ne fe fondent pas , à beaucoup près,
aufli facilement. Cette différence vient vraifemblablement de la terre
dont nous venons de parler.
Les mines arfenicales dans lefquelles les métaux font réduits à l’éra
de terre, font la mine d’étain & de cobalt noire ou grife. Ces mines,
dans lefquelles exifte aufli l’'arfenic fous la forme de chaux, fans être
lié ou combiné comme dans les autres mines, peuvent , lorfqu’elles font
pures, c'eft-à-dire privées de terre étrangere , prendre le caraétere des
mines précédentes , au moyen du phlogiftique, & fe convertir en une
efpece de régule. C’eft ce qu’on remarque dans la fonte ordinaire de ces
mines, fur-rout danscelles de cobalt. Les Fondeurs Allemands nomment
ce réfultat /peis (1),
On trouvera que cette claffe de mines eft forr érendue, fi on confi-
dere celles qui ne contiennent pas d’arfenic. Pour ne rien laifler à defisen
ur cet objet intéreflant, nous cirerons les mines de fer , les pierres cala-
minaires ; les mines de plomb, blanches, verres & rouges qui ne font
toutes , malgré ce qu’en ont dit plufieurs prétemdus Minéralouiftes, que
des chaux métalliques , pures où mêlées avec des marieres terreufes.
ES
(1) M. Cronftedt cite dans fa Minéralogie une efpece de mine de plomb blanche,
arfenicale qui fe trouve en Suede. 11 fe peur auffi qu'il y ait beaucoup d'autres mines
de ce efpece, dans lefquelles il y ait de l’arfenic,
D'ART VC M 199
L'atfenic blanc, s’il exifte dans les mines, & tel qu’on nous l’an-
nonce par divers échantillons qu’on nous montre dans les cabinets , doit
être compris dans cette claffe, puifque ce n’eft que l’arfenic réduit fous
la forme de chaux, & dépouillé de phlogiftique.
Toutes ces mines expofées en fonte avec des matieres inflammables,
fe réduifent en métal fans autre préparation préliminaire.
Maintenant nous allons pafler au fond de notre fujet mème: pour
mettre quelque ordre dans fon expofition , il nous femble néceflaire de
le divifer & de le traiter en deux Parties. Dans la premiere, nous répon-
drons à la queftion : Quel efl le véritable but que femble avoir eu la nature
à l'égard de l’arfenic dans les mines ; & dans la feconde , nous répon-
drons à la queftion : Si l'arfenic eft utile ou non aux mines & aux mé-
eaux ?
PREMIER x P'A /SUTNIE,
Si on fait bien attention à ce que nous avons expofé précédemment ;
je ne crois pas qu'il foit poflible d'en tirer la moindre induétion en faveur
de l'opinion mife en queftion. Je ne crois pas qu’il foit poflible d'en
inférer autre chofe , finon que l’arfenic eft une fubftance particuliere ,
femi-métallique, fi on veut l’envifager par fes propriétés métalliques,
ou femi-faline, fi on veut l’envifager par fes propriétés falines, qui
entre comme partie contingente dans les mines, &- qui eft indiffc…
rente à l'exiftence des métaux. Ces vérités que nous n’avons énoncées
qu'en paffant & par occalion, vont recevoir un nouveau dégré d'évi-
dence ici.
En premier lieu , nous dirons que fi l'arfenic étoit un agent né-
cellaire à la formation des mines ou des métaux , il fe trouveroit né-
ceffairement dans routes les mines ; & que fi les métaux ne pouvoient
avoir leurs propriétés requifes que par le moyen de l'arfenic, il arri-
veroit que les mines qui ne contiendroient pas d'arfenic, ne pour-
roient pas donner des métaux parfaits, ou n’en donner que d'im-
parfaits. Cependant qui peut contefter que l'argent que fournit la
mine d’argent-vitreufe, en Allemand, glaferz, qui ne contient pas
un atôme d’arfenic, ne foit aufli bon & aufli parfait que celui qu'on
obtient de la mins d'argent grife, qui contient de l’arfenic ? Qui peut
contefter que le cuivre qu’on obtient de la mine de cuivre vitreufe, &
de la mine de cuivre jaune qui ne contiennent pas d’arfenic , ne foit
aufli bon & aufli parfait que celui qu'on retire de la mine d'argent
grife ? Si on nous fuppofe dans ces mines, ou dans toutes indiftinéte-
ment, ou même dans les métaux en général, un arfenic invifible, ou
un principe arfenical, c'eft nous jetter dans une idée abftraire, deiti-
tuce de AE RENE ou nous fuppoler un principe abftrait hors de
la portée de nos fens, qu'il eft impollible par conféquent de foumet-
Ccij
200 OMAN SUR QUE
tre à notre-examéën, & qu'on n'eft pas en toute rigueur, mieux
fondé à admertre qu'à rejerter. Que quelqu'infenfé d’Alchymiite vienne
fonder fa prétention fur de prétendues analogies ; que la qualité âcre
& corrofve de cuivre ou de fa chiaux foit pour lui, par exemple, une
preuve de l'exiftence du principe arfenical dans ce métal. nous. ne fe-
tons pas tenté de le contredire ; mais nous dirons aux vrais Chy-
miites que telle eft la qualité de la chaux de ce métal, que chaque
chaux ou terre métallique a fa maniere d’être, fes qualités propres qux
n'appartiennent nl à l'une ni à Pautre fubftance étrangere, & que ces
propriétés différentes font de fon eflence même (r)..
D'ailleurs, f quelqu'un nous foutenoir qu’on peut fans fuppofer un.
principe arfenical abitrait dans les: métaux, y démontrer un véritable.
arfenic, je ferois également en droit de nier la conféquence ,.‘en
faifant voir qu'on.ne retirera pas le moindre atome d’arfenic d’au-
cun cuivre, qui ne tirera pas fon origine d’une mine atfenicale, que s'il
ya des cuivres defquels on puiffe retirer véritablement de l'arfenic,.
ce ne font jamais que ceux qui ont été tirés des mines arfenicales ;
qui en ont retenu une portion d'autant plus grande qu'ils ont été
plus mal rafnés; mais ces parties arfenicales font for connoiïffables
dans ces cuivres, par les mauvailes. qualités: qu'ils leur donnent. IL
en eft de mème de l’érain. L’arfenic qui fe trouve toujours dans ce
métal, parce qu'il tire fon origine de mines arfenicales ;. a été aufls
une preuve pour ces gens que certe fubftance éroit de même un prin=
cipe néceflaire à fa formation. Cependant cette portion d’arfenic étran+
gere, y eft tout aufli pernicieufe que dans le cuivre (2).
Nous pournons :épondre ici à la troifieme queftion que nous avons:
faite, favoir fi l'arfenic n'efl pas effentiel, à certains metaux , G non à
d'autres, en démontrant que l'arfenic n'eft pas plus: dans les: métaux
où on l'admet comme. prineipé que dans ceux dans lefquels on ne Fad-
ro ©
(1) Les variétés & propriétés différentes des métaux ne peuvent venir que de leur
bafe métallique, le principe imammable étant égal dans tous. Il eft bien vraiquun
prétendu Chyimilte a:voulu foutenir dépuis peu que le phlogiftique: érorc différent ,
felon le corps qu’il habitoit : mais, comme cer Aureur:n'a:donné: aucune preuve de
fon fentiment , & qu’il a douné au contraire des preuves a rout le monde, qu'il étoit.
mauvais Juge en matiere.de Chymie, perfonnene s'y elt arrêté.
(2) Il eft vilible pour quiconque n’a pas l'efprit perveru, par les idées alchymiques $-
que ces prétentions font aufli ridicules & aufli pen fondées ; que celles qui admet-
toient un principe mercuriel dans les méraux, & qui prétendoient rendre ce principe
fenfible , au moyen d'uncopération qu'ils appelloient Ja mercuritication. Nous aurivus
peine à croire que feu M. Groffe ait donné dans certe chimere ; & qu'il au prétendu
avoir uré du mercure du-plomb ; fi nous n'avions la preuve de la foœbieile de Petprier
humain, & de la force qu'ont les préjugés reçus fur les hommes. Quo: quil ex fur,
on peut défier les feétarcurs de ce lyftéme, de ne jamais tirer du-mérçure 0
en luivant le procédé indiqué par M, Groile,
PA. 40 Yn St IÙ QU 20
met pas. Par-là, il.eft démontré encore que certe demandé ne peut
avoit lieu, & qu'elle eft aufli, trés-mal fondée. Vouloir encore aber
Fexiftence uma A ou d'un corps, par des propriétés qui fe
rapportent bien où mal à ce corps, c'elt fe repaître de chimeres , & fe
détourner de l'étude de la nature, qui dément, roujours ces préten-
dues analogies.
Demander pourquoi. l’arfenic exifte dans quelques mines & non
dans d'autres, n'elt-ce.pas demander aufli pourquoi icertains métaux
exiltenc dans celles mines, & non dans telles autres ? Pourquoi, par
exemple, l’argent ne-fe montre:jamais combiné dans: les mines avec
le mercure, tandis qu’il-s'y trouve prefque toujours avec le cuivre ?
Demander quel peur être le buc de la nature au fujet de l’exiftence:
de l’arfenic dans lés mines, c’eft demander en même temps quel efb
le but de la nature dans l'exiftence des autres individus du régne mi-
néral. Tour bien confidéré ;;.on-ne doit pas trouver plus étrange que
Farfenic exifte dans les mines que.toute autre fubitanee. L'arfenic y eft
pour fa part comme les antres métaux; qui ne dépendent pas plus :de
lui que lui d'eux. [ls doivent leur formation chacun en particulier: à
la nature, & ils ne dépendent nullement les uns dessautres.
SECONDE PART LE
En difant que l’arfenic eft-indifférent aux mérauxidans les mines :
qu'il n'y eft, ainfr que les auttes: métaux, que comme partie contin-
gente , c'eft dire en même: remps ique:l'arfenie ‘ne conttibué en
rien à l'avantage des métaux, ‘où qu'iline leur éf d’ätcuneluriliré: SE
on convenoir de ceprincipe!, il fetoirifort inurile de is’érèndre davan
rage à ce fujer. La queftion feroit décidée, & le bur de l'Académie
rempli; mais-le qui nous paroir vrai! &'fenfible, peut n£ point pa-
roître tel à d’autres ; c’eft pourquoi nous tâcherons: de fortifier le plus
que nous pourrons ici notre principe par le plus grand nombre de
faits & d'expériences. poflibles. C2) samoi un 16 5
Nous avons déja fourenu , & nous le foutenons encore , que les mé-
taux tirés des mines où n'exifte pas d'arfenic, ne font pas d'une qua-
lité inférieure d'ceux qu'on tiré dés mines Qui éontiennenr de larfenic :
. au contraire, nous avons avancé que les métaux éroient d'autant moins
bons que l’arfenic y participoit davantage ; c'eft ce que nous allons
confirmer ici. Si nous n'avions à parler .dans, cette circonftance qu'à
des fondeurs on .métallurgiftes la queltion, feroit bientôt rerminés ;
ils conviendroientrous unanimement que l’arfeñic eft crès-pernicieux à
tous les métaux ; qu'il appoñte les plus grands obftacles dans leur fonte ,
& dans leur purifcation (1), id
(2). Sans aller plus loip ,, on peur voir.quel as on doit faire des prépendlues ubfer-
202 PL EAN EQ SN TR Où (OL LÉ
Nous n’en pouvons apporter de preuve plus frappante que ce qui fe
pale dans la mine d’argent grife. La plus grande précaution qu'il
faut avoir pour obrenir l2 cuivre de cette mine , eft d'en chaffer
l'arfenic, ainliquele foufre , le plus exactement poflible ; ce qui s'exé-
cure très-difiicilement, foir par les grillages & les autres opérarions
qu'on lui fut fubir, parce que l’arfenic tient très-forrement avec le
cuivre, & on voir fouvent avec furprife après un grand nombre de
grillages & de fonres l’arfenic fe montrer, foit dans les matres ou
dans le cuivre noir. Ce qui rerarde confidérablement, & rend très-dif-
pendieufe, la féparation du cuivre & de l'argent (1). Après avoir
fait rout ce qu’on a pu pour en chaffer l’arfenic, 1l y en refte encore aflez
pour rendre le cuivre de mauvaife qualité ; c’eft à-dire, aigre & caffante ;
tandis que celui qu'on obtient de la mine de cuivre vicreufe ou chireufe ,
eft d’une qualité bien fupérieure , parce qu'il ne tient pas d’arfenic. 11 eft
vrai qu'il ya des circonftances qui procurent le cuivre de la mine d’ar-
gent otife, de la meilleure qualité : ces circonftances font, lorfqu'on
fait fondre avec elles plufieurs autres efpeces de mines qui contiennent
quelques métaux fufcepribles de s'emparer de l’arfenic, tels que l’anti-
moine, le zinc & le fer. Ces fubitances métalliques dans le rafinage du
cuivre, fe fcorifient ou fe deffechent , en entraînant l'arfenic avec euxe
Le fer fur-tour opere cer effer, parcé qu'il a beaucoup plus d’afhinité
avec larfenic ,, que l’arfenic n’en a avec le cuivre.
S1 quelques uns ne voyoient dans cette opiniatreté de l'arfenic à ref.
cr avec le cuivre, qu'une tendance ou une intimité marquée par la na-
ture , & qu'il en voulür conclure qu'il y a de l’analogie entre l’un &s
l'autre, je cicerois des faits qui prouveroient la mème chofe à l'égard de
quelques aurres fubftances métalliques. Je ferois voir ; par exemple, que
le zinc , a fe trouve fi communément dans les mines de fer, offre la
mème difficulté à fe féparer du fer; que c'eft lui qui rend le fer caffant &c
de mauvaife qualité, tandis qu’on attribue communément cer effec à
l'arfenic & au foufre (2).
vations de cette efpece de Chymifte ou d’Alchymifte de Leipfk, qui prérendit, il y æ
quelques années , que l’arfenic étoit très-important à l'améliorauon des métaux; &
ue les Fondeurs avoient tort de le rejetter.
(1) Pour abréger cette opération , nous avons jugé à propos de mettre les premieres
mattes qui proviennent de cette mine tout de fuite dans le fourneau de réverbere , ou,
au moyen dun feu violent, & de l’action des foufflets ; on fait partir le plus promp-
tement pofible l’arfenic , ainfi que le foufre. Mais l’arfenic , qui ment très-forement
avec le emvre, forcé de s'en féparer, déphlogiftique ce métal, & le réduit en fcorie
feche : dans cette circonftance , on fe voi obligé de repañler les fcories par le four
neau à manche, par où l’arfenic & le cuivre {e rérabliffenr fous leur forme métalli=
que : apiès cela on recommence l'opération comme ci-devant.
(2) Ce préjugé , ainfi que bien d'autres , s'eft foutenu en métallurgie, fans le moine
Penn SUR QU A. 203
Dans le Cobalt l'arfenic joue un tout autre rôle ; il s’en fépare bien
plus facilement , &laifle ce fémi-méral abfolument pur ; ce qui eft fort
éloigné des prétentions de quelques-uns qui ont voulu nous perfuader
que l’arfenic contribue à la production de la couleur bleue, & que même
le Cobalt n'eft lui-même autie chofe qu'une certaine combinaifon du fer
avec l’arfenic (1). Mais l'expérience, plus convaincante que toutes les
fpéculations du monde , nous montre que cette prétention eft deftituée
de fondement : &, de quelque maniere qu'on s’y prenne, on ne fera
aurre chofe, en combinant enfemble l'arfenic & le fer qu'un régule arfe-
nical déjà connu.
Les effets que nous voyons produire aux combinaifons naturelles de
Farfenic avec les métaux , fe remarquent également dans les combinai-
fons artificielles de cetre fubftance avec Les méraux,
Si nous portons maintenant nos regards vers l’étain ; qu'y verrons-
nous, finon un métal prefque toujours altéré & rendu impur par l’arfenic,
au point que nous attribuons fouvent des propriétés à l’étain , qui ne con-
viennent qu'à la combinaifon de ces deux fubftances enfemble. Le cra-
quement & la folidité qu’on remarque dans nos étains d'Europe, ne
proviennent que de l’arfentc.
Le célebre M. Margraf a démontré bien évidemment l’exiftence de
Farfenic dans la plupart de nos érains. Si on vouloir encore inférer de là
que l’arfenic eft nécellaire à l’étain , je ne crois pas qu’on für mieux fondé
qu'à foutenir que le plomb eft effentiel à l'argent, ou que l'argent eft
effentiel au plomb , parce que ces deux métaux font prefque toujours
gnfemble dans les mines de plomb.
Par-tout & dans toutes les fubftances métalliques où l’arfenic exiftera,
on l'y appercevra toujours par les propriérés & qualités qui lui font pro-
pres; & cela dans la proportion où il s’y trouvera. Ces propriétés font,
comme on fait , de blanchir les métaux, & de les rendre caflants. Cepen-
dant c’eft ce qui ne devroit pas être , fi la nature avoit deftiné l’arfenic
à améliorer les métaux & à les perfetionner , ou qu’elle l’eût deftiné à
être un agent métallique : il eft clair , ce me femble , & le bon fens le
fair fentir , que bien loin d'apporter fes caraéteres aux métaux , il eûe
au contraire fortifié ceux qui font propres à chacun d’eux : en un mor,
il fe füc transformé en eux-mêmes. Il ne reftera pour reffource à l'hy-
porhefe que nous combattons , que des prérendues élaborations, & des
dre examen ; on n’a pas même fait beaucoup d'attention à l'exiftence du zinc dans nos
mines de fer de France; cependant nos fers ne font communément caflans que par
rapport au zinc. ;
(1) Il n'y a que quelques Auteurs Allemands qui aient avancé ceci, parmi lefquels
on doit fur-tout diftinguer M. Lehmann & M. de Jufti, qui ont à la vérité rrès mal
appuyé leurs opinions; nous pouvons avancer même que tout ce qu'ils ont dir à ce
fujer , eft abfolument faux,
204 VASE ODE RARE DITS EE :
travaux particuliers par lefquels l'art, aufli bien que la nature, parviens
droit à rendre propre l’arfemic aux métaux, ou à transformer l’arfenie
lui-même en métal ; mais C'eft autant de chimeres emanées des folies de
J'Alchymie S1 l'Académie exigeoir de inous d'y répondre , nous lui di-
rivns que inous fommes en érat de défier tous les Chymiftes & Alchy-
miites de prouver le contraire de ce que nous difons , & de parvenir pa
aucun moyen de procurer aux métaux Île moindre avantage & le moin-
dre changement dans leur eflence. En effer, qu'on traite les métaux avee
l'arfenic, comme on voudra , on n'aura jamais que des.effets relatifs à
l'écac de combinaifon qu’on fera de l’arfenic avec eux.-Conféquemment
je crois’ que l'Academe ne trouvera! pas! mauvais que'je ne fuive pas &
ne dérarlle pas les combinaifons'aruficielles qu'on peut faire de l’arfenié
avec différens méraux, & leur propriété parriéuliere. puifqu’elle n'y faus
roi trouver de plus grands éclairciffemens que ceux que j'ai donné.
D OX Lo LA DL
De la Doëlrine de M. FRANKLIN, fur l'Eleüricité.
Nés ne nous propofons point d’analyfer l'excellent Ouvrage de
M Franklin que M. Barbeu da Bourg vient de traduire avec rant de
nerreré & de précifion. La théorie de ce Savant & laborieux Anglois eft
fuffifimment connue en France par les foins que M. Dalibard prit de
faire connoître len notte langue le premier Ouvrage de ce celebre Au=
ceur. Il produific la plus grande fenfacion dans toute l'Europe favante,
& les conteftarions qu? certe doctrine eut dans le temps à effuyer de la
part de M. l'Abbé No/ler , ne fervirent qu'à la faire étudier avec plus de
foin , & à lu donner rour le luftre-qu'eilé méritorr. M. Delor fur le pre-
mier qui fut éxpofer a la curiofiré du püblic, les expériences furprenantes
ds l'électricité polrive & négative. Aidé de l'Ouvrage que M. Dalibard:
venoit de publier , il ofa entrer en lice contre M. PAbbé Noller, & s’il
ne remporta pas une victoire comp'ette contre ce célebre adverfaire,
tour l’avanta re cependant fur de fon côté. M. le Roi vint enfuite au fe-
cour. de-la théorie -de M. Franklin, & parvint à en démontrer toute
l'exactitude & la folidité dans plañeurs Mémoires imprimés parmi ceux
de l'Académie Royale des Sciences de Paris'; cerce exactitude & cette fo-
lidité furent plus développée:s encor: dans le traité de l'électricité de
MSigaud de Lafond. La rhéorie de M. Franklin yeft fourenue & défendue
avec toute là clarté, la précifion qu'il convenoit de lui donner pour con-
grebalancer l'aurorité que M, l'Abbe Mo/ler s'étoit acquife parmi les Phy-
ficiens
PPAMTMS ET AQU AE; 20
ficiens & les Amateurs. L'excellerce traduétion de M. Barbeu du Bourg
ne laiffe plus rien à defirer.
Sans entrer dans le fond de cette théorie connue des Phyficiens , nous
nous contenterons de préfenter la plupart des additions curieufes,
dont cette nouvelle édition eft remplie ,& qui lui donnent la fupériorité
fur l’ancienne , & même fur l'original Anglois où ces additions ne font
pas aufñli multipliées.
Nous ne dirons rien de l’Hiftoire fuccinéte de l'électricité placée à la
tête de cette nouvelle Edition. On auroit defiré qu’elle eùt embraffée un
plus grand nombre d’époques , & qu’elle eùc été conduite jufqu’à l’érac
actuel de nos connoiffances éleétriques ; elle eùt tenu lieu de celle qui
fut publiée , il y a deux ans en trois vol. ër-12 (1), elle eut été plus exacte
& moins remplie de partialités que celle-ci; enfin, elle eüc fait plus de
plailir aux Phyfciens. Nous ne dirons également rien de la lertre de
M. Maleas, ni de l'extrait du Mémoire de M. Dalibard, que le Tra-
duéteur a inférés dans cet Ouvrage. Les faits qui y font rapportés, quoi-
que très-curieux & très-bien placés dans cet endroit font trop connus ;
mais on lit avec plaifir une lettre de M. Franklin fur l'éleétricité de la
tourmaline ; une autre fur l’éleétricité des brouillards en Irlande; des inf-
truétions du mème Auteur fur les moyens de s’aflurer fi la force que
donne le choc à ceux qui touchent l’anguille de Surinam (2), où la tor-
pille eft électrique ou non. On y lit des obfervations adreflées à M. du
Bourg fur les rapports du magnétifme avec l'électricité ; une lettre
adrellée au Major Daw/fon, fur les moyens de garentir du tonnere les
magafns à poudre de Purfléer. Les obfervations qui fuivent , cerre lettre
préfentent une foule de faits conftants, dont le réfultat démontre l'utilité
des longues verges pointues, pour préferver les bâtimens d'être endom-
magés par la foudre. Il eft important de s'arrêter fur ces objets
M. Franklin prétend que les expériences faites jufqu’à préfent fur la
tourmaline, n’ont pas toutes eu le même fuccès ; que ces différences peu-
vent venir de ce que chacune de ces pierres n’a pas été convenable-
ment taillée, pour que les facultés pofitives & négatives fe trouvaflent
abfolument placées, ou de maniere à en confondre les effets , ou à faire
que la partie poligive refournit plus aifément à la partie négative. Il
peut bien arriver , continue-t-il, que les Lapidaires n'aient eu aucun
égard àdla fituation de leurs deux facultés; mais qu’ils aient préféré de
\1) Voyez le compte qui en a été rendu rome III, part. II, page 46; c'eft-à-dire ,
dans le volume de Décembre 1771.
(2) Voyez tome IT, part. I, page 176, ou le volume de Septembre 1772, di
lequel nous rendons compte de tout ce qui a été dir, foit par les anciens, foit par les
modernes fur les différentes efpeces de torpilles fur l'anguille de Cayenne, &c. Cet arit-
cle mérite d'être lu de nouveau. Les lecteurs font priés d'exdminer fi la lamproie d'ean
douce ne donne pas des commotions, On a quelques raifons de le foupçonner.
Tome II , Partie IX, Dd
206 PU ee rNIOENTARE
placer les faces, là où ils pouvoient leur donner la plus grande largeur
Ou fe procurer quelqu’avantage dans la forme.
En examinant les effers de l'électricité qui femblent parfaitement ana-
logues à ceux du magnétifme ; l’Auteur embraffe l'opinion du célebre
Æpinus , qui regarde la terre comme un grand aimant , dont les écou-
lemens répandus dans toute efpéce de fer, peuvent être rarcfiés d'un
côté, & condenfés dans un autre, conformément à la plus grande ou à
la moindre facilité avec laquelle ce fluide peur être mis en mouve-
ment dans une fubftance qui le contient naturellement , & conféquem-
ment fuivant qu'il peut être raffembié d’une maniere plus ou moins fixe
vers un des points de certe fubftance qui devient un aimant plus ou
moins durable. Un choc électrique traverfant une aigwille dans la pofi-
tion du nord au midi, & la dilatant pour un moment, en fait un aimant
durable, non pas en lui donnant du magnétifme, mais en donnant
occafion à fon propre fluide de fe mettre en mouvement.
Auf M. Franklin prérend-il que l'éleétriciré & le magnetifime n’ont
aucun rapport l’un à l’autre, & que la produétion apparente du magné-
tifme par l’éleétricité n’elt qu'accidentelle. Nous lailfons aux Phyficiens
le foin d'examiner cette idée. Toute ingénieufe qu’elle paroïlle , on ne
penfe pas qu'elle foit fuffifamment démontrée.
Il eft remps de paffer à l’ufage des pointes indiquées par le célebre An-
glois, pour garantir les bâtimens de la foudre ; cet objet eft de la der-
niere importance pour le bien de l'humanité, Dullent quelques pré-
tendus efprits forts qui fe font un plaifir malin de ridiculifer ce qui n’eft .
pas conforme à leur maniere de penfer, dufflentils exercer leurs plai-
fanteries fur nous , nous ne nous refuferons pas à la farisfaction d'être
utiles à la Société , fur-tout lorfque l'expérience & l'autorité des plus
grands Phyfciens, font les garants de ce que nous difons.
» On écrit de la Caroline, qu'il y a quelques années que le tonnerre
» tomba fur la verge électrique , placée par M. Raven. Suivant toutes les
» informations les plus füres qu'il m'a été poflible de me procurer, il
» avoit fait attacher à l'extérieur de fa cheminée, une groile verge de fer
» de plufeurs pieds de long qui s’élevoit au-dellus de la cheminée, &
» avoit fair attacher des pointes au fommer de cetre verge. Un perir fil de
» laiton fufoic la communication du bas de cette premiere verge, avec
» le fommet d'un: feconde verge de fer qui entroit dans la rerre. Au
» rez-de-chauffée, il y avoit un fufil pofé de bout contre le mur de der-
» riere de la cheminée, à peu près.vis-à vis de l’endroit par où le fil de
» laiton defcendoir en dehors. Le tonnere tomba fur les pointes, &
» n'endommagea point la verge à laquelle elles éroient attachées, mais
» le fil de laiton fur décruir dans toute fa longueur jufqu’à l'endroit qui
» répondoit au canon du fufil. (Preuve, comme on l’obferve dans une
note, que ce fl étoit trop fin pour conduire avec füreté par lui mème
PAMNITNSPR TIMOR E. 207
une auf grande quantité de matiere éleétrique ; quoiqu'il lait
conduit jufques-là avec füreré pour la muraille.) Le tonnerre fe fit
» à (à l'endroit où répondoit le canon de fufil ) un trou au travers
» dû mur du derriere de la cheminée, pour atteindre au canon de fufil,
» conduéteut plus matériel, le long du quelil femble avoir defcendu,
» puifque fans faire aucun mal au canon , il endommagea la croffe de
» fa monrüre, & fit fâurer quelques briques de l’âtre. La portion de fil
» de laiton au-deffous du trou fait dans le mur, demeura en fon entier.
» Le tonnerre ne fit point d'autre mal à la maïfon, autant que j'ai pu le
» favoir. On m'a raconté que la même maifon avoit déja été atreinté
» 6 fort maltraitée par le tonnere avant l'invention des verges élec-
» triques. i
L'obfervation fuivante,qui comprend le compte rendu par M.W. Maine,
des effets de la foudre fur la verge éleétrique, eft une des plus circonf-
tanciées, & des plus curieufes qu’on air encore fur cette matiere. Nous
la copierons ici toute entiere , & nous exhortons nos Lecteurs à lire dans
l'Ouvrage de M. Franklin, les remarques favantes & judicieufes qu'il y
a ajoutées, peu fufceptibles d’être analyfées; elles font trop longues
pour trouver ici leur place.
J'avois, dir M. Maine, une rangée de pointes électriques compofées
de trois fourches d’un gros fil de laiton argenté & bien aiguifé d’environ
fept pouces de longs #elles étoient rivées à égales diftances dans un écrou
de fer d'environ trois quarts de pouce en quarré, & s’ouvroient égale-
ment à leur fommet, à la diftance de fix ou Ce pouces d’une pointe à
l’autre en triangle reétangle. Cet écrou étoit vifle & très-ferré au fommet
d’une verge de fer de plus d’un demi-pouce de diamétre , ou de la grof-
feur d’une tringle ordinaire de lit, compofée de plufieurs piéces aflem-
bices en forme de chaïnettes, au moyen des crochets formés par leurs
extrémités contournées, & le tour attaché à la cheminée de ma maifon
avec des gâches de fer. Les pointes étoient élevées de fix à fept ponces
au-deffus du fommet de la cheminée, & la derniere tringle d’en-bas
étoit enfoncée perpendiculairement de trois'pieds en terre. e
Tel étroit l’étar des pointes, lorfque la foudre tomba avec une vio-
lente détonation fur la cheminée , coupa la verge quarrée précifément
au-deffous de l’écrou , & autant que je puis le croire , fondit entiérement
les pointes , l’écrou & le haut de la verge ; car, malaré les recherches les
plus exactes, on n’a rien trouvé de tout cela, & Le haut de ce qui reftoit de
la verge éroit recouvert & conime emboîté dans une efpéce de foudure
congelée. La foudre defcendit le long de la verge, en faifant fauter
prefque toutes les gâches , & décrochant les jointures , fans affecter la
verge, excepté dans l’intérieur de chaque crochet, par où les piéces
étoient accouplées , dont la furface avoit été fondue, & s’étoit recou-
verte d’une efpéce de calotte de foudure, La cheminée ne fur endome
| Dd ij
208 PAM TN SE NMTAMIOANV ME.
magée dans aucune de fes parties, fi ce n'eft aux fondemens où elle fur
maltraitée prefque dans tout fon contour, & où il y eût plufieurs briques
enlevées. Il fe fit des trous confidérables dans la terre autour des fonda-
tions, mais principalement dans un contour de huit à neuf pouces de la
verge. Le tonnere maltraita auñli le fond d’un appenti au coin de la Mai
fon , & fitun grand trou en terre près du poreau du coin. De l’autre côté
de la cheminée , il laboura dans la terre plufieurs fillons de la longueur
de quelques verges. Il defcendit par-dedans la cheminée, en entraînant
feulement de la fuie, & remplit route la maifon de fon éclair, de fu-
mée & de poufliere. Il dépava l’âtre en plufieurs endroits, & caffa quel-
ques vafes de porcelaine dans le buffer. Une théiere de cuivre qui étoit
dans la cheminée, fut applatie, comme fi un poids très - lourd étoit
tombé deffus, &‘elle fut fondue en trois endroits de fon fond , où il fe
fic un trou d’un demi-pouce de diamétre. Ce qui m'a paru le plus fur-
prenant, c’eft que l’âtre ne fut pas du rout endommagé à l’éndroit où la
théiere étroit pole, quoique fon fond für déjerté en dedans, comme fi
le tonnerre avoit pallé de deffuus en deflus , & que le couvercle fut jetté
au milieu du plancher. Les chenets, une groffe caboche de fer , un pot
des Ind2s, une tale de terre & un chat qui fe trouvoient alors dans la
cheminée n’eurent aucun mal, quoiqu’une grande partie de l'âtre fût
dépavée ; il n’y avoit alors dans la maifon que ma belle-fœur, deux en-
fans & une négreffe. Ma belle-fœur, & l’un des gnfans étoient aflis à
près de cinq pieds de la cheminée, & furent fi étonnés qu'ils ne virent
point l'éclair , ni n’entendirent le coup. La négrelle qui étoit aflife plus
loin avec l’autre enfant entre fes bras, s’apperçut de l’un & de l’autre,
mais tous furent fi érourdis, qu'ils ne revinrent à eux qu'au bout d'un
certain temps ; il n’arriva pas de plus grand mal. La cuifine fituée à qua-
tre-vingt-dix pieds de-là, étoir pleine de negres, qui tous fentirent la
commotion, & quelques-uns m'ont dit qu'ayant voulu toucher à la
verge environ une minute après; elle éroit fi chaude qu'ils ne purent
pas y tenir la main.
Doit-on actuellement être furpris de la confiance avec laquelle le
célebre M. Franklin donne fon avis fur les moyens de garantir de la
foudre les magafns à poudre de Purficer, ainfi que du rapport qui -en
fut fait par le comité de la Société Royale de Londres, dans lequel on
approuve fi formellement l'ufage des pointes. 3
Quelque confiance que nous duflions avoir aux faits que M. Franklin
avoue & qu’il publie , nousavons cru devoir les communiquer à un Phyf-
cien très-expérimenté dans ce genre d'expériences. M. Sigaud de Lafond
a eu la complaifance de nous en démontrer le fuccès, & nous à montré
un appareil qu'il a fait conftruire , avec lequel il fe propofe de faire voir
dans fes cours prochains les effets de la foudre fur un bâtiment garanti
par une pointe, & fes effets fur un bâtiment dépourvu de cet avantage.
*
r
PERTE (TUTO RU FE, 209
Xl nous a communiqué en mème temps plufeurs expériences nouvelles,
curieufes, & très-propres à confirmer la chéorie de M. Franklin. Nous
croyons devoir inviter nos Lecteurs à fuivre les cours qu'il fera l'hiver
prochain. L'expérience fous les yeux, on y verra combien font vaines &
inutiles Les fubilités que quelques Phyficiens oppofent encore contre la
théorie de l'illuftre habitant de Philadelphie.
OMS RE Re VA TE TONNES
Traduites du Chinois ;
Par M. BANAUD, Doëteur en Médecine, fur plufeurs grains dont
les Chinois font ufage ; & fur la maniere dont ils les cultivent.
S ur la dixieme partie du peuple immenfe de l’Empire de Chine, il y
en a fept qui vivent de riz, & les trois autres fe nourriffent de bled.
On y cultive plufeurs efpéces ou variétés de riz (1) , l’un qui n’eft
pas gluant lorfqu'il eft cuit. Son unique deftination eft pour fervir de
nourriture. On fair du vin de riz avec une autre efpéce qui eft gluante ; il
eftencore une feconde efpece moins gluante , inutile pour faire du vin,
mais du cangé, efpece de foupe.
Les Chinois ont divifé le riz en plufeurs efpéces, l’une eft barbue
aux deux bâles de chaque grain, cette efpece fe fous-divife en riz à
barbe plus longue , ou à barbe plus courte. L'autre efpéce eft fans barbe,
& elle varie dans la configuration de fes grains; les uns font longs, poin-
tus , plats ou ronds. Leur couleur varie encore. L’un efttout-a-fair blanc,
l'autre un peu jaunâtre, celui ci un peu plus ou un peu moins rouge (2).
(1) La meilleure efpece de riz du Japon eft blanche comme la neige. Cette planté
croît en abondance dans les parties feprentrionales. Elle fe plaît finguliérement dans
les lieux humides, L'eau fair croître le riz avec une promptitude étonnante & une
abondance exceflive, IL eft vrai qu'il n’y a pas de pays au monde où on le cultive
mieux qu'en Chine & au Japon. Voyez l'Hiftoire du Japon de M. Engelbert Kæmpfer,
de M. Lengore, tome I, page 105$.
(2) Ces diftinétions paroïîtront minaticufes aux Botaniftes qui ne confiderent que
les efpeces. 11 n’en eft pas ainfi pour les Agriculteurs ; & tout le monde fair que l'agri-
culrüre eft portée au dernier degré de perfeétion chez les Chinois. Cette perfeétion
cftunbeloin , relativement à la multitude immenfe d'habians de cet Empire. C’eft
même aujourd'hui le feul Peuple chez qui l’agriculture tienne le premier rang parmi
les Arts. Auifi on peut dire que dans cette valte contrée il n’y a pas un arpent de rer=
rein qui ne foi cultivé. En Chine comme au Japon, le fommet même des montagnes
cft mis en culture. Ces Peuples ont les meilleures Loix poflibles, & celles qui regardent
l'agriculture, font admirables. On peut juger des autres par celle-ci : Celui qui laiffera
TNTA LE 2r43 Tr
210 ( PAR SN OUVRE
L'équinoxe du printems eft l’époque où l’on commence à femer le
riz ; cependant on a encore à craindre les tardives gelées qui s’oppofent
quelquefois au développement du grain : le plus rard qu’on puifle le fe.
mer, eft trois femaines après.
Avant de femer, on met le riz dans un fac de paille, & on le trempe
quelques jours dans l’eau jufqu’à ce qu’il commence à germer : alors on
le feme dans une portion de terre, où il refte environ trente jours,
jufqu’à ce qu'il ait pouffé fa tige à la hauteur de deux ou trois pouces:
On le tranfporte de cette efpéce de pépiniere pour le planter dans les
champs, mais il faut que la faifon ne foit ni trop féche ; ni trop plu-
vieufe ; cependant cette opération ne peut pas être long-remps différée,
parce que la tige de certe plante devient trop forte. Le riz ainfi femé
en pépiniere dans l'efpace d'un arpent , fufht pour en replanter vingt-
cinq.
Il ne faut dans les provinces méridionales que foixante-dix jourspour
la récolre du riz tranfplanté de bonne heure, parce qu'on n’y craint ni
la neige, ni la gelée, & celui qui a été planté plus rard demeure en terre
environ deux cents jours.
Si on pafloit plus de dix jours fans fournir de l’eau à la plante, elle
fouffriroit beaucoup de la fécherelfe. (1).
Le riz que l’on plante en été pour recueillir en hiver, doit étre placé
près des fources qui fourniffent toujours l’eau pour l'arrofer , afin d’en-
rretenir la terre humide; & que le grain fe nourriffe bien.
Pour les verres fituées fur le bord des lacs, on doit attendre que le
débordement foit paflé pour y planter le riz; mais on peut femer dès
paler une année fans cultiver fon champ , perdra fon droit de propriété. Leur maniere
de fumer les terres eft encore inconnue aux autr?s contrées de ce globe. On lit dans
les Hiftoires de Chine, que l'Empereur Chiu-Nous fit de grandes découvertes en Mé-
decine & en Agriculture. Le nom même de Chiu-Nog fignifie dans l’idiome Chinois,
Efprit laboureur. 11 enfeigna à fes Peuples l'art de cultiver les grains , le chanvre , les
müriers, l'art de fabriquer les toiles, les étoffes ; celui de faire le vin; le commerce ,
les échanges, &c. {1 fur l'inventeur de la monnoie, Savant dans l'art de guérir par les
fimples , il connut toutes les maladies & leurs remedes, Il chargea le Docteur Tfiou-
ho-ki d'obferver les couleurs des malades , & de mettre par écrit fes obfervations {ur
tout ce qui concerne le pouls. On voit par-là que l'agriculture & l'art de guérir, font
connus en Chine depuis un temps fort éloigné. Voyez l'Hiftoite du Japon de Kæmpfer,
& les extraits des Hiftoriens Chinois, de M. le Roux Deshauterayes, Profcileur au
€ollege Royal,
(1) La Chine eft coupée de beaucoup de rivieres ; & fes Habitans ingénieux font
parvenus par un travail immenfe, à ouvrir dans toutes les prairies des canaux navi-
gables aux petits bateaux. De petites éclufes difperfées fur ces petits canaux facilitent
l'arrofement général, & on fait à volonté rentrer ces eaux dans leur lit. Les Chinois
entendent fi bien l'agriculture, que la culture du riz & la mulritude des canaux ,
ne les expofent à aucunes de ces maladies longues & mortelles qu'ont éprouvé ceux qui
ont cflayé de les imirer en Eutope. Ce motif a fait défendre la culture du riz en France.
RP IMPS EAU TT Ce) El Lot
à LTÉE IEUUETOUE
PME NS TUNON LT æ. 211
le commencement de l’éré dans les terres qui fonc plus élevées , en at-
rendant qu'on le puilfe tranfplanter.
On feme aufhi du riz dans le printems, pour ne le tranfplanter
qu’en été ; celui-là fubfifte pendant deux mois fans avoir befoin d’eau;
celui qu’on feme en été , fouffriroit fi on ne lui fournifloit pas de l’eau
tous les jours. . N
Il y a beaucoup de terres baffes dans les provinces méridionales qui
rapportent du riz deux fois l’année. Le fecond eft peu différent du pre-
mier.
Une efpéce de riz donne une odeur agréable , il:n’eft confommé que
par les perfonnes riches , parce qu'il eft rare & qu'il rapporce peu.
Si on feme le riz dans une terre féche ou maigre, il ne produit que
des épis légers, & le grain n’a que l'écorce. Les Laboureurs fe fervent
pour engraifler la terre, des excrémens humains & des animaux. des
plantes de chanvre & de pois pourris, de l'écorce de coton ou d'écorce
d’arbre réduite en poudre, & mife en pare qu’on laiffe pourrir dans la
terre. Dans les pays du midi, il y a une efpéce de pois verds que l’on
détrempe dans l’eau pour en atrofec la terre, ce qui l'engraiile beau-
coup, Quand les Laboureuts trouvent à bon marche l'efpéce de pois un
peu jaunätres , ils en jettent dans leurs champs pour les feruilifer (1), &
chaque pois fert à fertilifer cinq ou fix pouces de terre au point de lui
faire produire le double.
Si le cerrein eft froid par lui-même, il faut fanpoudrer ayec la
cendre des os des animaux les racines du riz qu’on veu tranfplanter , &
couvrir le pied avec de li chaux ; mais les terres échauftes naturellement
& affez par les rayons du foleil, font exempres de ces précautions. Si la
terre elt trop dure, on la laboure en premier lieu, on la mer enfuite
en monceaux, on enroure de bois chaque monceau , on y mer le feu
pour brûler la rerre; ce qui elt inutile pour la verre qui a peu de conff-
tance.
(1) Doit-on entendre ici par pois la plante ou la femence : fi c'eft la f:mence , elle
doit germer, produire , être coupée avant fa maturité , & aulli tôt enterrée, comme
on le pratique , en fe fervant de lupins dans les terres maigres du Dauphiné. Mais on
ne voit pas que la feule femence de pois, fans vermer, puule devenir un fi excellent
cngrais. [ paroît par ce qu'on vient de dire de la culture du riz, quelles font les pré-
cations que les Chinois prennent pour fertilifer la terre qui devroir étre épuilée par
la produétion (outénie de 11 même cfpece de grains. Sf les débris des [ubftances
animales & végérales qui forment les couches de la fuperficie , ne font pas entiéremenr
confommées, le riz qu'on y (eme y puife trop de fuc , donne beaucoup d'herbe &
peu de grains. Auf ce Peuple induftrieux emploie la chaux & la cendre des animaux,
pour abforber l'excès du phlosiftique animal & végéral, & abfürber ia trop grande
humidité. Le (el des cendres & de la chaux aiguife la terre , & forme avec les huiles
qu'elle contient, des corps favonneux , muqueux, bien prépa:és qui nourrilfeat læ
plane.
212 PNR MY NS NTNOMNUIMRIEL MIS
Un Laboureur qui veut éviter la peine de femer une feconde fois
la terre, leve dans l'automne le chaume du riz, le laïfle pourrir fur la
furface ou dans l'intérieur de la terre. Cet engrais eft plus naturel &
plus profitable que celui tiré des excrémens , & employé pour la pro-
duétion des grains. S'il ne pleut pas dans l'automne, ce qüi arrive quel-
quefois, ou fi le Laboureur négligent ne travaille pas fon champ juf-
qu'au printems , la terre na beaucoup de fa faculté végétative. Si on
craint que les pluies trop fréquentes n’emportent la graifle de la terre,
on differe le tranfport des engrais. Il eft réfervé à l'intelligence des fa-
ges Laboureurs à faïfir le temps propre à cette opération ; mais leur ha-
bitude d’obferver le Ciel , a rendu leur prévoyance & leurs prédictions
plus füres que celles qui réfultent des calculs aftronomiques.
Ceux qui font les plus diligens, après avoir labouré les champs pen-
dant trois fois, fe fervent d’un rouleau traîné par un bœuf pour ap-
planir la farface de la terre, alors les engrais qu’on lui prodigue fonc
répandus , & par-tout également enterrés (1).
On fe fert ordinairement en Chine pour le travail des champs, de
bœufs ou de buffles. Ce dernier demande à être pendant l'été fouvene
mené au bain; il eft plus fort que le bœuf, & il exige plus de foins.
On craint d’expofer à la pluie les bœufs & les bufiles, lorfque le travail
les a mis en fueur, aufli dès qu'on s’apperçoir que la pluie eft pro-
chaine , on les ramene auflitôt à l’étable, précaution abfolument né-
ceffaige dans le printemps; & dans les autres faifons de l’année, on les
lille impanément expofés au vent & à la pluie.
Le Laboureur, pauvre qui n’a point de bœufs travaille lui-même fon
champ, & s’il a plus de terre qu'il n’en peut caltiver pour la moilfon du
riz , 1l feme dans l'automne le refte de fon terrein en pois, en bled,
en chanvre , &c.
Quelques jours après que le riz eft planté, on arrache avec foin les
bes paralites, & on chauffe le pied du riz. On ne connoît que deux
ou trois efpéces d'herbes qui croiffent parmi le riz. Elles l’énerveroient
totalement , fi on ne prenoïit la précaution de les détruire,
ne faut pas femer du riz quand le vent eft fort, il porteroit &
(1) De toutes les plantes tranfportées de l'ancien Continent dans le nouveau Monde ,
le riz elt celle qui y a le mieux réuffi, parce que l'air y étoit très-humide , & la furface
de la terre couverte d'une couche très-épailfe de débris d'animaux & de végéraux. Lors
des premiers établiflemens des Européens dans ce nouveau Continent , on vit, en
abattanrt des forérs , des lits de feuilles d'arbres entaflées à la hauteur de quatre à cinq
pieds. L'humidité & la putréfaétion y faifoient périr les hommes : les lits inférieurs fe
çcorrompoient , à mefure qu'il s'en formoit de nouveaux à la furface. On couvrir de
cendres la rerre pour la fertilifer ; elle produifit & produit encore d'une maniere fur
pignante,
amoncelerois
RIM UOM UE TT TOUTE, 213
amonceleroit la femence dans certaines places, & les auttes refteroienc
aues. Dans ce temps, la furface de la terre eft abreuvée d’eau.
Quand le riz commence à pouller, de peur que les oifeaux ne vien-
nent le dévorer (1), dans ce Pays comme en Europe, on fait des phan-
tômes de paille, revècus d’habillemens Chinois, & comme ils fonc fuf-
pendus par un fil léger à un bras de potence, ils font mis en mouve-
ment par la plus légere action de l'air.
S'il pleut pendant plufieurs jours , avant que le riz tranfplanté ait
pris racine il fouffre beaucoup, & il en périt la moitié. On a coutume
dans cette faifon de demander au Ciel feulement trois jours fereins.
Lorfque le riz commence à fe former dans l’épi , il furvient quelque-
fois un vent du fud qui brûle les grains , & contribue à la Fécondation
des vers (2), alors le Chinois demande au Ciel un vent d’oueft qui dé-
cuit tous les vers, & répare les dégâts du vent du fud. Des vents vio-
lens furviennent quelquefois, lorfqu’on eft prêt à faire la moiflon; les
épis abattus & qui trempent dans l'eau, pourriffent.
Certains vents, & les vers ne font pas les feuls ennemis du riz; il
s’éleve fouvent lorfque les épis font bien formés, des ardens (3), qui cou-
rent la nuit fur les épis & qui les féchent. Le Peuple Les appelle le feu
du démon. Ce feu ne court que la nuit, & ne s’éleve qu’à la hauteur de
deux ou trois pieds de terre.
JL faut , au commencement de l'automne, être très-attentif à ne pas
renfermer trop tôt dans le grénier la femence de riz ; elle s’échaufferoit,
fe deffécheroir & feroit in capable de germer dans la fuite. La précaution
(1) On appelle ces oïfeaux 4uki ; ils n’ont point d'os, dit-on , & femblent ne faire
qu'une mafle informe de matiere organifée , (emblable à un embrion. Quelques Voya-
geurs les ont comparé à la langue d'un animal, ou à la trompe d'un éléphant.
(2) Il ne faut pas chercher ailleurs que dans l'abondance de la matiere animée,
Ja caufe de cette multitude incroyable d’infeétes qui peuploient l'Amérique lors de
fa découverte. Leur apparition chez les Chinois eft un figne de difetre pour l'année
fuivante, On y arrofe la terre pour les dérruire avec la décoétion de gingembre,
de poivre long, d'autres plantes, dont l'odeur & le goût font forts & äcres. Il y a
encore de petits vers qui dérruifent le riz par fa racine; ils reffemblent aux mittes des
fromages, Ce figne de difette eft phyfique pour tous les pays du monde. Ne pour-
roit-on pas également prévenir en Europe l'ergot & les autres maladies du froment,
caufées par les infeées ? Quand le froment s'échauffe dans le vrenier , c'eft un Vant-
coureur de la génération de plufieurs infcétes roujours nuifbles à la plante. Les vents
dy Sud gârear les fruits | rerardenc les progrès de la végétation; & c'elt dans ce temps
que les GE organifés tendent le plus à leur décompofition.
(3) Ce feu eft un phofphoré ou un phlogiftique animal; peut-être eft-il le produit
de l'acide nitreux avec les huiles. Malgré fes dégats , il n'eft poiac un figne de diferte
pour les aunées futures. Ces ardens pourroient encore être un débordement de matiere
EN qui attire celle qui cft entrée dans l'organifation des corps. C'eft la loi des
afinités.
Tome 11, Partie IX, Ee
214 }: AE > A tbe AE ACER ONE
eft donc de la laiffer expolée au foleil pour enlever fon humidité fura=
bondante , de l’expofer enfuite dans un lieu froid pour diffiper la cha-
leur que le foleil lui a communiquée, enfin de l’enfermer. Un autre
expédient elt de ramafler dans un baril de l’eau de neige ou de glace,
& dans le temps que l’on doir femer Le riz, on répand deux ou trois
talles de certe eau fur cent livres de femence ; par-R, elle eft fufifam-
ment rafraichie.
Où comprend en Chine fous le nom de bled , le froment , le feigle,
l'orge , l’avoine , à caufe que tous ces grains font femés, & fleurif-
fent dans la:mème faifon, & qu’on les employe indiftinétement pour
la nourriture. On récolre une efpèce d’avoine un peu noire, qui fert
à la nourriture des chevaux & à celle du peuple dans le temps de
difette. Il croit encore une efpéce d’orge gluante, quand elle eft cuite
elle eft employée à la préparation d’une boiffon. Dans la partie du nord
de cet Empire, le bled demeure en terre depuis l’auromne jufqu’a l'été
de l’année fuivante, mais dans les provinces du fud le temps de femer
& de moiflonner eft différent. On remarque que la fleur du froment
s’épanouit pendant la nuit, & dans les pays du nord fa oraifon s’exé-
cure pendant le jour. On cultive la terre pour le bled de la même ma-
niere que pour le riz, mais dès qu’il eft une fois en terre il fuit de le
farcler fouvent.
Comme les terres dans les provinces feptentrionales font extrèmement
légeres, auf la maniere dont on y feme le bled, & les inftrumens pour
la culture font différens. On laboure & on feme en même temps. Au
lieu de foc de charrue, il y a deux morceaux de fer pointus attachés.
aux deux côtés de la charrue qui coupent la terre; & l’on place au-def-
fus une efpèce de trémis, dans lequel on met le bled. Ce trémis eft
percé au-deflous de quatre=vingt petits trous, & le mouvement que le
bœuf donne à la charrue en la traînant, fait tomber la femence plus où
moins felon qu’on en a befoin. Après qu’on a labouré, on fait pafler
{ur la terre deux pierres longues & rondes pour raffermir le fol, & en-
terrer la femence. On fe fert ordinairement d’un âne pour trainer ces:
pierres.
Dans le pays du fud , on donne plufieurs labours à la terre, enfuite
on mêle la femence avec de la cendre pour empêcher que les infectes ne
dévorent le grain. Dans le nord, on fe fert quelquefois d’arfenic aw
lieu de cendres , & on feme avec la main. Après avoir femé on raffermir
la terre avec les pieds (1) , on s’arrète fouvent jufqu’à quatre fois. Lorf-
SP EE EE EE RE EE TETE
(x) On ne peut faire aucun raifonnement contre l'expérience , & far - tout contre
eclle d’un Peuple auffi bon agronome que left le Chinois, Il femble que le grain qux
germe , poule. plus. facilement fæ jeune vige dans de la verre ameublie , & qu'il &
moins d'effort à faire pour l'élever au-deflus du fol; preuve démonftrative , que toutes:
({ Le atas
EMANIEN SAIVONUNE. 215
qu'on plante du riz, on peut différer quelque temps à répandre les en-
grais ; mais pour le bled , l'opération eft nécelaire avant de le femer.
Dans les contrées méridionales de Chine, quelques Laboureurs fe-
ment du bled & de l'orge non pour le recueillir , mais feulement pour
engraifler la terre, afin d’y mettre du riz dans la fuite. Ils labourent la
cerre quand les épis font formés, & les y en fourniffent pour les laiffer
pourrir.
Après la récolte du bled ou de l'orge , on feme de nouveaux grains
dans la même terre, quelquefois du riz comme dans les provinces mé-
ridionales , mais on a foin d’engraifler toujours la terre en proportion.
Le bled une fois femé, n’eft pas fujet à tant d’accidens que le riz, il
ne craint ni la neige ni la gelée, ni le débordement des eaux. Pour peu qu’il
pleuve dans le printemps, on efpere une moiflon abondante dans le nord ;
& dans le fud ; on craint feulement une petite pluie qui dureroit long-
temps. ILy a deux proverbes finguliers en Chine. On dit qu’un pouce de
bled ne craint pas un pied d’eau , & qu’un pied de bled craint un pouce
d'eau. Ce qui veut dire que lorfque le bled ne fait que commencer à
poulfer, un pied d’eau au-deffus ne lui fait point de tort, & que lorfqu'il
eft prêt à mürir , un pouce d’eau peut affoiblir fa tige, la renverfer & la
faire pourrir dans la boue.
Dans la province de Nanquin, ces oifeaux informes dont on a parlé,
viennent en troupe fe jetter fur les bleds dont ils font un grand dépär,
mais le dommage qu’ils caufent ne s’écend pas à plus de trois ou quatre
lieues. Dans le nord, des vers affez femblables aux vers à foie , man-
gent les racines du bled , c’efl un figne de famine pour l’année fui-
vante , lorfqu’ils font un peu nombreux.
Les Chinois ont une efpéce de grain appellé m4. Cette graine fe
fubdivife encore en plufñeurs variétés. La plus excellente s'appelle cky-
rnû ; on donne à cette derniere efpéce le premier rang à caufe de fes
qualités & différentes propriétés. Quand on en a mangé une petite
quantité, on eft long-temps fans avoir faim. Si on en mer quelques grains
fur la pâtifferie , ils lui donnent un très-bon goût, & en augmentent la
délicateffe. L'huile qu'on en tire donne du luftre & de la beauté aux
cheveux, cette huile diflipe la mauvaife odeur des viandes ; on la re-
commande pour difliper l'air mal-fain , & mème pour garantir du
les loix générales qu'on publie fur l'Agriculture, font défectucufes. Chaque pays y
fait exception. C'étoit cout le contrair: dans le nouveau Monde. Lorfqu'on a voulu y
femer du froment , on a été obligé de mêler du fable dans les terreinstrop gras, ou
renoncer à cette culture , comme on a fait aux Antilles & à l'Ifle de Saint-Domingue.
Cette plante y a tellement dégénérée , qu'elle n'y eft plus reconnoiffable. La nature de
ces terres eft bien changée aujourd’hui ; elles s'améliorent dejour en jour , de maniere
à pouvoir efpérer que l'Amérique refflemblera dans quelques fiecles à la Chune du côté
de fa fertilité.
Ee ij
216 PI ORN SET COMITE: À
poifon. Enfin , le rchy-m4 donne de l’embonpoint à ceux qui er
mangent. On le feme dans un jardin ou dans les terres deftinées au riz,
mais parfaitement préparées & farclées : on mêle la femence avec de
ha cendre un peu mouillée, & enfuite on la répand fur la terre vers l’é-
quinoxe du printemps, ou au plus tard vers le commencement de l'été.
1] ya du schy-mà de plufeurs couleurs, du noir, du blanc, du rouge. Son
grain elt renfermé dans des coffes à peu-près comme les pois, la coffe
a environ deux pouces de longueur, & eft plus où moins grande , plus
ou moins abondante, fuivant la culture qu’on lui a donnée. Cent livres
de cette graine fourniflent environ quarante livres d'huile. Le marc fert
pour enoraifler les terres, & dans.les temps de diferte les hommes s’en
nourriffent, Les payfans l'emploient encore pour prendre & faire mourir
le poiffon des petites rivieres, ce qui fait leur provifion pour toute
l'année (r).
Les Chinois fe fervent en général du mot chou pour délignenles pois ,
les feves, les haricots, &c. on peut femer & recueillir ces grains dans
toutes les faifons de l’année, Ils forment la nourriture du petit peuple,
& fuppléent à la viande. On les apprère de diverfes manieres, & les
hommes du dernier ordre de cer Empire qui forment la partie la plus
nombreufe, ont porté au dernier point de perfeétion l’art de préparer
ces légumes.
Ils ont deux fortes de gros pois, les jaunes que l’on feme vers Îe-
mois d'Avril, & qu’on récolte enété, les noirs femés en même temps
que les autres font recueillis feulement en automne. Les chevaux & les.
mulets deftinés aux ouvrages forcés dans les provinces du nord , font
nourris avec Les pois noirs dans la province de Nanquin. On feme les.
pois jaunes après la moiffon du riz , & on les recueille vers la fin de Sep-
tembre. L
Ces grains font femés d’une maniere bien extraordinaire dans un.
canton de la province de Kiangfi. Après que l’on a fait la moiflon du
riz (2), on ne laboure point la terre, on laiffe le chaume du riz tout-
entier, on met à chaque pied trois ou quatre pois que l’on enfonce:
avec le doigr. C’eft-là leur feule culture; ces pois germent, pouffent,
font pourrir Ja racine de la paille du riz, is s’en engraiflent & en tirent
(x) Cette femence enivre le poiffon. On forme dans ce pays, & pour le même-
objet, une pâte-avec la compofition fuivante : coque du Levant, coriandre, graine de-
cumin , fenugrec, le tout réduit en poudre , mêlé avec de la farine de riz & de l'eau.
{z) Le riz connu fous le nom de xeli en Chine , fournit une colle qui eft une efpece
de ftuc. Il durcir & reflemble au plus beau marbre blanc. Les. Chinois font de cette
concrérion vévétale plufeurs jolis ouvrages fur lefquels ils appliquent leurs belles cou
leurs. On ne connoît aucune efpece de bois dont la dureté approche de cette matiere.
IL faut fans doute beaucoup d’apprêt pour extrairedu riz cette fubltance collante, Nous:
a’avons rien en Europe qui puiile lui reffembler. 4
PREMIUM E. 217
leur propre fubfftance. S'il ne pleut pas quand les pois font germés , on
a foin de les arrofer, & ils demandent à être fouvent farclés.
Les pois verts de Chine font petits & fort ronds. On doit les femer
vers le milieu de l'été. Si on les met en terre trop tot, ils pouffent trop
de tiges qui s’élevent à la hauteur de deux ou trois pieds, & elles pro-
duifent très-peu de grains. Si on les feme trop tard, ils fleuriffent,
pouffent des coffes prefque dépourvues de grains. Ces pois font de deux
fortes, l’une qui ne mürit pas tout à la fois, & qu'on peur recueillir
peu-à-peu ; l'autre qu’il faut recueillir tout enfemble. Ces pois font
très-délicats , & on en fait une pâte à peu-près femblable au vermicelli
des Italiens. On s'en fert encore pour engrailler les terres.
Si on veut les conferver long-temps, & les garantir des infectes qui
les dévorent, on les mêle avec de la chaux ou avec de la cendre, ou avec
une efpéce de terre jaune, ou avec des herbes ameres, On les expofe
encore quelquefois au foleil pour la mème raifon. L
Il y a une autre efpece de pois blancs & noirs tout enfemble, ronds
& plus gros que les pois verts. On les feme dans le mois de Novembre
pour être récoltés dans l'été de l’année fuivante.
” Les Chinoïs ont encore une efpece de pois, nommés pois de vers à
foie, à caufe de la reffemblance de la cofle avec cer animal. Son grain
eft plus gros que celui de tous les autres pois. On le feme vers le miliea
de l'automne pour le receuillir au commencement de l'été fuivant. Tous
les pois dont nous venons de parler, peuvent être femés fous les arbres,
Leurs grains fonc formés avant que les feuilles des arbres foient pouf-
fées.
On trouve encore d'autres petits pois de plufeurs couleurs. Les uns
font rouges, & les Médecins les prefcrivent fouvent ; les autres font
blancs, & on les mange à la place du riz. Ces deux efpéces font femées
vers le folftice de l’éré, & recueillies vers la fin de l’automne ; ils fonc
très-communs vers le ñord.
218 DNA AE AIN NT A à
RP RO PANRESECE
ANUUNPIRNÉICNCS IR ANTESIONNEN É
Du Mémoire de M. JACQUIN, Profeffeur de Chymie à Vienne, en
faveur de l'air fixe , contre la Doëütrine de M. Meyer relativements=à
l’Acidum pingue, inféré dans le Journal de Phyfique du mois de
Février 3773 ;
Par M. FourCY, Maïtre Apothicaire (1).
T Left fâcheux que la mort ait enlevé trop tôt à la Phyfique & à la Chy-
mie le Savant dont nous entreprenons la défenfe. A peine M. Meyer
eùt-il rendu public fes effais fur la chaux vive, qu’il eut la fatisfaétion de
voir fa doétrine adoptée par les plus fameux Phyficiens & Chymiltes
d'Allemagne. J'ofe même aflurer que c’étoit là l’unique ambition capable
de flarter fa modeftie ; & fon défintéreffement pour Les honneurs acadé-
miques ; le mettoit au-deflus de tout foupçon ; comme homme de gé-
nie, 1l n'aimoit point à fe montrer; & fi l'amour du bien public n’eût
accompagné fes vertus fociales , nous ferions peut-être privés pour tou-
jours de l'Ouvrage qui partage aujourd’hui les Savans du nord : mais il
faut avouer que l'enthoufiafme de ces derniers n’a pas gagné nos Chy-
miltes François : un feul d’entr'eux, en rendant compte de la traduétion
Françoife de l'ouvrage du Chymifte d'Ofnabrück, annonça que les ex-
périences qu'il contenoit, pouvoient fervir de clef pour expliquer les plus
grands phénomenes de la nature.
Eft-il potlible que malgré un témoignage aufli authentique , & notre
amour pour la nouveauté, la doctrine de M. Meyer foit encore reftée
confondue dans la foule des fyftèmes, & que nous ayons été fi long-
temps indifférens pour une théorie auf inftruétive qu’elle eft lumineufe ?
On auroit dû être charmé que notre habile Chymifte eût découvert
un principe, feul capable de nous rendre raifon de la combinaifon de tous
les corps, afin de chaïfer pour toujours les mots affinités , rapports , at-
cration , répulfion, analogie, tendance , &c. & de ne s’en fervir défor-
mais que comme des mots qui expliquent l’action, & non la caufe.
Depuis que nous avons perdu ce Savant, on a attaqué fa doctrine ,
() Pour fuivre les obfervations de M. Fourcy, le Lecteur eft invité à avoir fous
les yeux le Précis de la doctrine de M. Jacquin, volume de Février 1773 , PASE 123,
Ces Obfervarions renverfent-elles cette doétrine ? C'eft à eux à en juger.
À iéésine 0
il
EN ATI SNL OI LU x, 21
dans la perfuafon fans doute , que l’on ne trouveroir point de défenfeurs
pour la foutenir. Nous croyons bien fincérement que ce n’eft ni l'envie
ni la jaloufie qui ont engagé M. Jacquin à vouloir détruire cette doctrine,
en lui oppofant celle de M. Black : c'eft pourquoi noûs allons répondre à
toutes fes objections ; & fi nous fommesaflez heureux pour parvenir à lui
démontrer que l'acidum pingue de Meyer foit un principe certain, qu’il
palle du feu pour chaffer l’eau & l'air contenu dans la pierre calcaire,
qu'il s’y combine enfuite pour la rendre chaux vive, &c. & que l’air fixe
de M. Black ne foit qu’un compofé de notre principe avec l'eau, nous
fommes perfuadés que ce favant Chymilte nous faura gré de l'avoir tiré
de fon erreur.
Nous aurions confervé le Mémoire de M. Jacquin dans fon entier ,
tel qu’il a été publié, afin que l’on pût apprécier & juger lequel des
deux fentimens fi oppofés l’un à l’autre doit mériter la préférence ;
mais, pour éviter les longueurs & les répétitions, nous avons jugé à pro-
pos de le fupprimer. ,
Nous avions déja dit dans le mème Journal du mois de Mars, [ à la
fin de nos obfervations fur le tableau du produit des affinités chymiques }
ce que nous penfions de cette étrange doétrine de M. Black : mais nous
ne croyons pas y avoir fuffifamment répondu. D'ailleurs , nous n’avions
lu ce Mémoire qu’une feule fois; mais préfentement que nous l'avons
fous les yeux, nous allons tâcher de développer nos idées avec plus de
précilion.
Nous ferons voir dans la fuite dece Mémoire, que l’on n’eff pas fondé
à qualifier du nom d’hypothefe , le principe que M. Meyer a trouvé
dans la chaux , que les raifons que l’on pourroit nous donner pour l'a-
néantir, ne ferviront jamais à établir le fyftème du prétendu air fixe,
Lorfque l'acide vitriolique eft uni à l'acidum pingue, il fe nomme
huile glaciale de vitriol, & cette union n'empêche pas l'acide vitriolique
de jouir de toutes fes propriétés acides ; mais lorfque ce même acide
PE En My n 1
vitriolique eft combiné avec le principe inflammable , il forme du foufre
& n’en jouic plus.
Pareillement le préncipe cauflique , dès qu’il eft engagé dans le pAlo-
LE REA > la
gülique , ne jouit plus de fes propriétés acides ; en effer, le charbon ne
donne aucun indice d’acidité, fi l’un & l’autre font engagés dans une
: 3 ou BASS, 02
bafe alkaline , ils forment tous deux des fels neutres, ils font folubles
2 .
dans les menftrues aqueux, ils ne fonc plus d’effervefcence avec les
acides, &c.
M. Jacquin confidere ici l'acidum pingue comme une chimere ; c’elt
pourquoi , 1l dit que M. Meyer donne des propriétés nouvelles à fon
acide , & que non content de ces propriétés , il lui fuppofe encore une
Page 125,
1€T aiinéa,
27
2
$
1.
Pag. ibid,
€ alinéa,
. 2
Même alim,
6
>
y
Pag. 124,
1er alinéa.
Se 4
210 DL CET LPO SUITE NOT AT
union avec le princine inflammable, comme fi notre célebre Chymifte
n'eur-pôint établi une différence entre le principe inflammable, qui eft
toujours uni avec ce principe falin, & fon principe cauflique qui eft un
acidé particulier combiné avec la mariere de la lumiere, & que ce n'eft
qu'à caufe de l'union de la mariere, de La lumiere avec cet acide fin-
gulier, qu'il lui a donné , d’après Tachenius le nom d’acidum pingue : ila
eu la délicareffe de ne point s'approprier le mérire d'avoir découvert ce
principe ; fa franchife à cer égard mérite nos éloges.
Si M. Jacquin eût examiné bien foigneufement la doctrine de notre
Aporhicaire d'Ofnabrück,il eût rencontré des vérirés qu'il e trouvera ja-
mais en fuivant celle de M. Black ; & plus il mettra celle-ci en oppofition
avec la découverte de notre favant Chymifte, plus il s’éloignera de la
route qui conduit à l'évidence de la vérité.
Notre célebre Chymifte connoifloit les expériences de M. Black ,ilen
a fait l'expofirion avec fa candeur ordinaire; & fi elles lui euffent paru
plus concluantes que les fiennes, 1l les auroic adoptées : il avoit d'autant
plus de raifon d’être épris de fon principe, qu'il a vu qu’il ne pouvoit
être remplacé par celui du Médecin de Glafcow.
IL fandroit que la Chymie für bien dépourvue de reffource , fi effec-
tivement la diftillation étoit un moyen unique pour connoître la pierre
calcaire ; il eft vrai que cette maniere d'opérer peut bien faire foupçon-
ner qu'une matiere provenante du feu doit chafer rout ce qui eft contenu
dans la pierre calcaire; que cette même matiere peut s’y introduire &
la rendre chaux vive; mais on ne fait point fi véritablement elle y
exifte ; & pour qu'on s’en apperçüt, il faudroit que le cauflicum fût auli
pefant que l’eau & l'air préexiftans, L
Ain, par la diftillation, on ne peut point connoïtre par quel moyen
la pierre calcaire devient chaux vive; on feroic aufli bien fondé à dire
. qu’elle ne doit fa caufticité qu’à la privation du principe de M. Black,
P, ibid,
ge alinéa,
qu'à M. l'intermiflion de celui de Meyer.
Il faudra donc avoir recours à d’autres expériences. Nous démoutre-
rons dans la fuite de cette réponfe, que l’on peut enlever à la pierre
calcaire l’eau & l'air, fans qu'elle ait acquis aucune des propriétés de
la chaux vive. ï Ÿ
$. 5. Cette hyporhefe eft route entiere de M. Macbride ; car le Doéteur
Black foutient au contraire, que dans la pierre calcaire, da caufticité y
réfide effentiellement, qu’elle y eft adoucie par l'eau & l'air, qu’en pi-
vant la pierre calcaire de ces deux dernieres fubftances, la caulticité fe
manifelte , & qu’en rendant à la chaux l’eau & l'air dont on l'avoir pri-
vée , elle redevenoit pierre calçaire comme avant la calcination. Ge n’eft
pas que le fentiment du Médecin Black vaille mieux que celui du Chi-
rurgien Macbride ; mais nous n'avons rapporté ce pailage, quesparce
qui
PTS LT VOS UE. 221
qu'il implique contradiction, & qu'il nous fair voir en même temps
que les Seétareurs de Hales ne font pas d'accord entr'eux.
$. 6. La conclufon eft aufli faufle que l'air fêxe de Black fur lequel elle
porte. Voy.. 5.
$. 7. On ne peut pas fupputer ici la pefanteur du caufficum, à caufe de la
déperdition des fubftances contenues dans la pierre calcaire; mais nous
aurons occafion de démontrer que le cauflicum a du poids, lorfque nous
comparerons les chaux métalliques avec la chaux ordinaire.
6. $. La chaux vive , lorfqu’elle eft nouvelle , eft avec excès d'acide ;
c’elt pourquoi elle s’échauffe la premiere fois qu’on lui préfente de l'eau,
après quoi elle ne s’échauffe plus; malgré cela, elle n’a point perdu la
propriété de s’y difloudre,
On ne doit point nommer chaux éteinte , celle qui n’a reçu que la
quantité d’eau fufhifante pour être feulement réduite en poulliere ; car
pour que la chaux fût exaétement éteinte , il lui faudroit 6c0 parties
d'eau pour la difloudte, enfuite la précipiter par un alkali bien pur
& ablolument privé du caufficum , fans quoi on feroit obligé de renit
cette diffolution un temps confidérable à l'air, pour donner le temps
au principe cauflique de s'échapper ; alors la terre calcaire précipitée de la
liqueur , eft véritablement une chaux éteinte.
Ne pourroit-on pas demander, pourquoi la chaux vive expofée à l’air,
ne fe combine pas plutôt avec cette fubftance qu'avec l’eau ? Car ceci
met en contradiétion la doétrine de Black commentée par Macbride.
$. 9. La chaux éreinte fuivant notre méthode , n’eft plus foluble dans
l'eau , parce qu'elle eft entiérement privée du cauflicum ; mais fon prin-
cipe falin peut lui ètre rendu par le feu,
Il n’eft pas étonnant que la chaux vive qui eft un fel moyen, com-
ofé de la pierre calcaire & de l’acidum pingue , ne falle plus d’effer-
vefcence , lorfqu’on lui préfente un acide ; tous les fels neutres font
dans le mème cas.
Lorfque l'on décompofe un fel neutre, par un acide plus fort que celui
qui exifte dans Le fel que l’on veut décompofer, il ne fe fair jamais d’et-
fervefcence, & voici comme la chofe fe pale. L'acide plus fort s’em-
pare de la bafe alkaline quelle qu'elle foit, au préjudice du plus foible
qui y éroit combiné, & tout cela fe fair comme nous l'avons déja dit
fans le moindre mouvement d’effervefcence.
Il y a plus; f l'on veur décompofer un fel neutre avec excès d’alkali,
l'acide agit d’abord fur ie fel neutre fans effervefcence, &il n’agit fur l'al-
kali furabondant qu'après cette décompofition , ce que l'on reconnoît
par le mouvement d’effervefcence qui fe fait enfuite. La mème chofe
arrive à un fel neutre à bafe cerreufe avec excès d'acide que l’on veut
Tome I, Parc, IX, F£
Pag. 12f;,
itralinéa.
Pag. ibid,
2€ alinéa.
Pag. ibid,
3° alinéa.
Même ali-
néa.
"
Pac. 125,
4-alinéa,
Pag. 126,
1er alinéa.
Pag. ibid.
2° alinéa.
D _
Pag. 127,
12r alinéa.
222 PU ET NEUUSNNIUQ UUINE:
décompofer par un alkali fixe , c’eft-à-dire , que l’effervefcence n’a lieu
que lorfque la terreeft féparée de l'acide avec lequel elle éroit engagée.
On n’a pas remarqué non plus qu’une diflolurion de chaux vive dans
les acides S’échauffoit confidérablement, quoiqu'il ne fe fit aucune effer-
vefcencé ; tandis qu’au concraire la pierre calcaire crue ne donne point
de chaleur avec les acides , & cependant le mouvement d’effervefcence
eft crès- vif.
$. 10. Nous n'avons à répondre ici qu'à des réflexions ; nous foup-
çonnons bien fort que les conféquences que l’on en tirera feront les mê-
mes ; & que la pierre calcaire ne deviendra chaux vive que pat la perte
des fubftances qui y étoient contenues avant fa calcinarion.
Mais la tâche que M. Jacquin femble prefcrire à quiconque voudra
examiner la chaux, a été parfaitement remplie par M. Meyer. Ce
Chymifte s’eft dabord afluré que ce n’étoit point à la perte de la fub-
ftance volatile qui fe fépare de la chaux pendant la calcination que cette
chaux devoit fa caufticité, ila fait voir enfuite que certe caufticité n’é-
toit due qu’à un corps étranger qui s'attache à la chaux pendant la cal-
cination. Îl a fait plus encore; car il a démontré ce corps étranger, en
déterminant fa nature, & en fixant fes propriétés.
$. 11. Lorfque nous aurons un peu plus développé les propriétés de
l’acidum pingue , nous démontrerons que la matiere élaftique qui s'é-
chappoit par la tubulure du récipient, n’étoit point de l'air pur.
$. 12. Nous ferons voir dans la fuite de cé Mémoire que l’eau & Pair
font plus de la moitié du poids de la pierre à chaux crue , & que c’eft à
l'intromifhon d’un principe qu'elle doit toute fa caufticité. A la rigueur ,
on ne pourroit pas dire que c’eft l’eau qui fait la moitié du poids &
plus de la pierre à chaux ; car l’eau n’eft combinée avec la pierre calcaire
qu’à la faveur de l’air contenu dans l’eau qui lui fert de véhicule, & que
c'eft par le Zatus acide de celui-ci que l’eau s’y trouve.
. 13. L'état du flegme & de la mariere élaftique étant bien décidé,
on ne pourroit pas en tirer le dénouement des qualités nouvelles qu’ac-
quiert la pierre calcaire après fa calcination; au contraire, ne doit-on
pas plutôt préfuméer qu'une fubftance hétérogène qui a chaffé l’eau &
l'air, doit s'être introduite dans la pierre à chaux , puifque cette pierre
à chaux à des propriétés falines, & que c’eft en conféquence de ces nou-
velles propriétés, qu’elle eft foluble dans l’eau , qu'onpeurt les lui enlever
par une fubitance qui ait plus d’analogie avec ce principe, que n’en a la
pierre calcaire elle-même.
Nous n’entrerons point dans un plus grand détail fur les qualités nou-
velles que doit avoir la chaux vive , elles feront développées davantage ,
lorfque M. Jacquin nous aura dunné le réfumé de fori opération.
Per, le RO UE. 223
$. 14. Si l’on eût examiné la pierre calcaire avant de la foumettre
à la diftillation, on n’auroir pas été obligé de faire un fi long raifon-
nement fur la nature de l’eau qui en a pu téfulter; mais ne l'ayant pas
fait , à dü néceflairement fe rabattre fur les connoiffances générales
que nous avons des pierres à chaux, c’eft-à-dire que l'on croit que la fur-
face de la rerre que nous habirens maintenant, a fervi de fond à la mer
autrefois , & que les pierres calcaires font des détrimens d'animaux , ëc.
ce qui prouve la néceflité d’avoir recours à d’autres expériences & à
d’autres agens.
$. 15. Avant de conclure fur la poñfibilité de l’exiftence de la pierre
calcaire fans eau , il faudroit ètre convaincu qu’élle n’en contient qu’un
feizieme ; mais l’expérieuce démontre le contraire, & les Chymiltes qui
lout avancé ont eu raifon; puifqu’avec de l’eau, du feu & une éolipyle
on fait de l’air. -
Quelqu'un nous dira peut-être qu'il n’eft pas bien für qu'avec du feu,
de l'eau, & une éolipyle on puiffe faire de l'air; qu’on a beau y réfléchir ,
on ne peut fe le perfuader. Que fi l'on obtenoit de l’air par ce moyen,
pourquoi ce même air fe convertiroit-il fi promprement en eau? Que
c'eft pourtant ce qui arrive, & ce qu'il eit facile de connoïre par une
expérience bien fimple. Il fufhe pour cela de faire entrer le bec d’un
éolipyle rempli d'eau dans un récipient ; dès que l’eau qu'il contient
commence à s’échauffer , elle fort-avec impétuofité par la petite ou-
verture, & vient fe condenfer dans le ballon. Lorfque l'opération eft
achevée , on retrouve dans le ballon la mème quantité d’eau que celle
qui avoit été mife dans l’éolipyle. Que d’après cette expérience, on ne
peut pas croire que l’éolipyle foit un moyen dont on puifle fe fervic
pour prouver qu’il eft facile de faire de l'air. Que l’on pourroit peut-être
objecter, que fi ce qui pafle par le bec de l’éolipyle étoit vraiment de
l'eau, la famme de la lamipe qu’on expofe au bec d’un éolipyle , devroic
s'y éceindre , loin de l’augmenter , comme cela arrive ; parce que c’eft le
propre de l’eau, fur-rout lorfqu’elle eft en très-grande quantité, de s’op-
pofer à l'augmentation de la Aamme ; qu'à cela on répondra que l’eau
dans l’état de vapeur eft bien différente de celle qui eft dans l’état d'ag-
grégation. Qu'une goutte d’eau peut creindre une chandelle ; mais que
lorfque cette mème goutte d’eau eft divifée en cent parties, elle manque
de force, & n’a plus par conféquent la mème aétion. Que l’axiome vis
unita fit fortior peut très-bien s'appliquer ici. Que la goutte d’eau dans
l'état d'aggrégation eft le vis unita , & que le contraire arrive lorfque
cette mème eau eft réduite en vapeurs.
À. cela nous répondons que cette propriété de l’air fortant de l’éoli-
pyle , a cela de commun avec l’air de l'athmofphere : c’eft précifément
cette propriété de l'air de fe condenfer en eau qui . donne de la
Ff ij
Pag. 127,
2° alinéa,
Pag. ibid,
3e alinéa.
Obicé&'on.
224 PUR AY ONS DL. 0 AD,
pluie , la moyenne région eft aflez froide pour opérer cette condenfa-
tion; & ce n’eft jamais que fous la forme d’air que l’eau monte, & elle
ne defcend que parce qu’elle a acquis l’état d'aggrégation à ne pou-
voir plus s’y foutenir. Sans avoir habité cette région froide , nous favons
par expérience, que lorfque lon veut empêcher les oifeaux de haut vol
de s'élever , on leur Ôôre les plumes du ventre, & par ce moyen ne pou-
vant fuppoiter le grand froid , l'animal eft contraint de fe rabaiffer. Si,
dans un temps d'été le plus chaud & le plus fec, on apporte d’une cave
bien fraîche , nne bouteille de vin, & qu’on l’expofe à l'air , l’eau de l’air
fe dépofe vifiblement fur ce corps froid. La combinaifon de la terre
foliée dans une cucurbite de verre & dans la même température dont
nous avons parlé ci-deffus , décompofe également l’eau de l'air, & vient
S’appliquer fur le vaiffeau dans lequel fe fait cette opération. Un vaif-
feau rempli de glace produit le même effer. C’eft certe propriété élaftique
de l’acidum pingue combiné avec l’eau qui opere tous ces changemens;fi
Vair une fois formé, reftoit toujours air , on diroit de l’air comme de
l'eau , qu'il eft feulement fufceprible d’être mis en expanfon par la cha-
leur ; & femblable à l’eau il ne feroit point compreflible ; car fi nous avons
bien entendu l’objection , l’eau ne doit fortir de l’éolipyle que comme
une eau extrèmement divifée : cependant on ne doit point entendre
cette divifion jufqu’à l’extrème, fans le fecours d’un agent : cet agent
eft l'acidum pingue provenant du feu qui s'eft combiné avec l’eau pour
former de l'air ; car fi l’eau ne devoit fa ténuité qu’au feul trou de l’éoli-
pyle , cette mème eau mouilleroit le papier brouillard , & éteindroit la
flamme d’une chandelle.
L'expérience de l’Académie de Florence prouve que l'eau fort comme
eau d’une boule d’or , plutôt que de fe laiffer comprimer. Certainement
les pores de ce métal font infiniment plus petits que le trou d'un éeli-
pyle. Tout cela prouve que l’eau qui fort d’un éolipyle, n’eft point le
réfultat d’une diviñion méchanique, & qu'il y a réellement combinaifom
de l’acidum pingue avec l'eau , & par conféquent de l’air tout formé.
Que l’on faille de grandes évaporations à l'air libre, il ne retombe
cependant point d’eau fur l’artifte : mais que l’on fafle une évaporation
un peu confidérable dans un petit endroit; tous les corps froids font
rernis & humeétés par l’eau de l'évaporation. Nous ne fommes pas moins
perfuadés que l’eau n’eft évaporable que dans l’état d’air ; nous favons
auf qu'il n’y a point de proportions déterminées entre l’acidum pingue
& l’eau pour former de l'air : c’eft pourquoi il y a de Pair humide , plus
humide , très-humide ; comme il y a de l'air fec, plus fec, très-fec, &c.
Une expérience fimple & journaliere nous aidera à nous faire con-
noître l’action de lacidum pingue avec l’eau pour former de l'air.
Dans un poélon de métal bien clair & bien propre , mettez de l’eau
auffi bien propre; pofez ce poélon fur Le feu, vous verrez d’abord paroi-
NOM DE S, 8010 HR. 225
tré des bulles demi-fphériques qui femblent êrre attachées au fond du
poélon. Peric à petit & fucceflivement ces bulles fe dérachent du fond,
traverfanc tout le corps de la liqueur, & viennent créver à la furface ;
l'évaporation ne paroît pas abfolument fenfible; la marche des bulles
s’accélere & augmente , l’évaporation fe manifefte de plus en plus jufqu’à
Pébullition ; pour lors on ne peur plus rien diftinguer. Dans cette expe-
tience, l’acidum pingue pale du feu dans le vaifleau , fe combine avec
Peau pour former de l’air, l'air étant formé, cefle d'érre équipondérable
à l'eau : c’eft pourquoi il la traverfe pour s'échapper enfuire , & cela dure
tant qu'il refte de,l'eau dans le poélon. Peut-on dauter que cette même
marche n’af@ lieu dans un éolipyle ? Peur-on fe refufer à croire que l’eau,
en tant qu'eau , n’eft point évaporable? Puifqu’il eft viñible que ce n’eft
que fous la forme d'air qu’elle acquiert cette propricté.
$.16. Nous ne difconviendrons point que la matiere élaftique qui
s’échappe par la tubulure , ne foit de l'air ; mais que l'air foir un corps
fimple, c'eft ce que l’on n’a pas bien examiné : il eft certain qu'il en
exifte de tout formé dans la pierte calcaire ; mais on ne peut pas en
évaluer la quantité par celle qui s'échappe des vaiffeaux diftillatoires.
L'eau contenue dans la pierre calcaire eft dans une fi grande divifion ,
que venant à fe combiner avec l'acidum pingue provenant du feu , forme
de l’air qui augmente le volume de celui qui s’y trouvoit naturelle-
ment. Voyez . 16.
Notre principe cauftique ne fe combine avec la pierre calcaire que lorf-
que celle-ci eft privée d’eau. Il n’eft pas nécellaire d’avoir recours à la
diftillation pour connoître qu'il y a de l'air dans la pierre calcaire , {la
sombinaifon de cette fubftance avec un acide fufit pour le démontrer ;
mais en moindre quantité , attendu que par cette opération il n’y a que
l'air tout formé qui fe dégage ; au lisu que par la diftillarion on fait de
l'air avec l’acidum pingue & l'eau.
L'air confidéré comme élément, & par conféquent comme corps in-
deftructible , n’a jamais été bien connu. Les Phyfciens , perfuadés de
fa qualité élémentaire , n'ont cherché qu’à en examiner les effets; & cé
toit précifément par fes effets que l’on pouvoit parvenir à connoître fa
nature : une des propriétés de l'air qui a le plus contribué à entretenir
Perreur , a été fa dilatation par le feu : en effect on a cru que le feu appli-
qué , de quelque maniere que l’on voulut , ne faifoit que le mettre en
exganfion , fans prendre garde qu'il y avoit une forte de moyen de le
détruire par le feu. Par exemple, routes les fois que l’air eft-échauffé, il
fe dilate; & s’il pale à travers le feu , il fe décompofe.
Voici une expérience de chirurgie très-ancienne qui auroit dù faire
foupçonner que l’air eft un corps compolé, & par conféquent deftruc-
uble, Tout le monde connoîr ies ventoufes, &la maniere de les appli-
Pag. 128,
1er alinéa,
Pag. 128,
2e alinéa,
216 A ARE RE ER CLS
quer. Par le feu on fait le vuide dans de perires cucurbires; on les
applique énfuire far telle partie du corps que l’on juge à propos, & qui
y adherent aufli forcement que le récipient de la machine pneumatique
fur la platine, lorfqu'on a fair le vuide. Ce vuide des ventoufes vient de
la décompolition de l'air par la flamme des étoupes que l’on brüle dans
ces petices cucurbites,
$. 17. Le mouvement d’effervefcence qui s’excite lors de la combi-
naïfon de la pierre calcaire avec un acide , prouve qu'il y exifte de l'air
tout formé; mais la plus grande partie de ce que l’on-prend,pour la ma-
tiere élaftique eft bien réellement de l’eau qui s'échappe d’Æftant moins
facilement, qu’elle fe trouve engagée dans les.pores très-déliés de la
pierre calcaire ; & que ce n'eft'que par une calcination longue & foute-
nue, qu'on vient à bout de l’en priver : voici comme la chofe fe pañfe.
L'acidum pingue provenant du feu , fe combine avec l’eau qui fe rronve
dans une divilion extrème, forme de l'air & s'échappe enfuite aves
celui qui y étoir déjà rout formé , & à mefure que l’eau fe difipe , notre
acide fe combine avec la fubftance calcaire, & la conftitue chaux vive.
Eu général , la différence qui fe trouve entre l'air & l'eau, provient
du plus où du:moins d’acidum pingue qui y eft contenu : en effer l’eau
ne tient fa volatilité que de ce principe : car, dans toutes les évapora-
tions, il fauc que l’eau foit combinée avec lui avant d'acquérir la pro-
pricté d’être volatile. À D
L'acidum pingue eft la caufe principale & mème unique de l’afcenfion
de l’eau, fans lui nous n’aurions pas de pluie , & par conféquent point de
riviere, la mer feroit ftagnante , & le monde ne feroit qu'un cahos. Il eft
le moteur de l'univers; c’eit lui qui combine toutes les fubftances, même
celles qui paroiïffent avoir le moins de tendance à s'unir , il a des proprié-
tés fingulieres, & pour ainf dire, incroyables. Si l’on en faifoit un Ex-
pofé bien détaillé , on palleroit à coup sur pour enthouliafte dans l'efpric
de bien des gens , & fur-tout dans celui des fectareurs de Black & Mac-
bride qui prétendent faire de la chaux vive par fouftraction de prin-
cipes,
Nous ne devons cependant point pafler fous filence la propriété qu'a
notreacide de fe combiner avec la fuie, & la maniere dont la com-
binafon s'exécute.
Tout le monde fait que la flamme ne doit fon exiftence qu’à l’eau
réduite en vapeur : il n’y a point d’eau dans cer état qui ne foit comibi-
née avec l'acide cauftique, & ne forme de l'air, lequel venant à pafler
par le feu pour s'unir aux matieres actuellement embrâfées > fert d'ali-
ment à la Hamme ; alors l’acidum pingue devenu libre , S'unit à la fuie
qui eft un corps à demi décompofé qui échappe à l’embrafement, fe {u-
blime & s'attache au premier corps froid qu'il rencontre,
ra
PEAU SL IL ION UE EE 227
Ainfi, lorfqu’on dir que l’air a perdu fon reflort, c’eft comme fi l'on
difoic qu'il eft décompolé, & il l’eft réellement par le divorce de l'aci
dum pingue & de l’eau. Le charbon eft comme la fuie, une combinaifon
de norre acide avec une matiere combultible, qui brüle fans Haimme, parce
qu'il et prive d’eau. En effer, qu’on allume une grande quantité de
charbon à la fois ; les vapeurs qui feront au-deflus du fourneau allumé,
s'agiceront dans l’air, & feront un nuage à-peu-près femblable à celui
que forme un peu de fyrop qu’on mertroit dans un verre d'eau ; ces va-
peurs fonc viñbles, & font ombre au foleil ; parce que notre acidum
pingue Étant plus rapproché , fe manifefte davantage à nos yeux que lorf-
qu'il eft combiné avec l’eau fans le concours de laquelle il ne peur, être
claftique. NE
D'après toutes ces propricrés de l'acide gras , il n’eft. pas difficile de
comprendre qu'il puifle fe combiner avec la terre calcaire par un grand
feu , & qu’il ne jouifle plus d'aucune propriété élaftique dans un état de
fécherelfe, rel qu'il fe trouve dans la chaux; & que toutes les fois qu’on
lui préfentera un corps élaftique dont un des principes lui foit analogue,
il fe dégagera de celui avec lequel il a moins d’affinité pour s’y unir.
.… Notre acide fe combine mieux avec peu d’eau ; nous le voyons tous les
jours par Les évaporations : car , lorfqu’on veut qu’une évaporation fe
fafle promptement, il faut donner une grande furface à la liqueur , parce
que ce n’elt qu’à la furface que s’exécute cette combinaifon pour former
de l'air , & s'échapper enfuite.
L'acidum pingue conferve certe propriété, même dans la chaux; cat
celle-ci s’échaufte plus avec peu d’eau , par la raïfon qu’une petite quan
tité d’eau préfente une grande furface à caufe.de la propriété qu'a la
chaux de fe fendre & de fe divifer par éclat , ce qui multiplie les furfaces
à l'infini; mais trop d’eau ne préfente point de furface, & la chaux eft,
pour ainfi dire, érouffée fous l'eau.
Une partie des alkalis fixes devient cauftique par la calcination ; mais
ilne feroit pas poflible d'y améner toute la malle , à caufe de la propriété
qu'ont les alkalis fixes d'entrer en fufon , laquelle empèche que les der-
nieres portions d’eau ne puillent s'échapper, & qu’elles fe combinent
avec l’acidum pingue provenant du feu pour former de l'air.
Les alkalis fixes, obtenus par la voie ordinaire, font donc un peu
cauftiques : ainfi, lorfqu’on veut en faire des fels neutres, l'acide qu'on
emploie, s’empare de la portion qui étoit combinée avec l'acidum pin-
gus ; c'eft pourquoi il n’y a point d’effervefcence, Mais certe décompoli-
tion étant faire , l'acide agir énfuite fur la partie qui contient l'air formé
pendant la calcination , lequel devenulibre, jouit de route fon élafticité ,
en fortant avec impétuolité, gonflement & fifilement.
La chaleur de l’effervefcence n’a lieu que lorfque l’acide qu’on em-
ploie, contient aulli l'acidum pingue. Tous les acides qu'on obtient par
‘
#
a.
223 DE PEUR TOUS RINRIQUI TE:
un grand feu, en contiennent; alors il fe joint avec violence à l'air tour
formé de l’alkali fixe, & occalionne la chaleur.
Si avec un alkali quelconque on combine un acide qui foit privé du
cauflicum , les phénomenes que nous venons de décrire, fe manifeftene
bien ; mais la chaleur n’a pas lieu : au contraire, le refroidiffemenr eft fi
grand , que fi l'on fait certe combinaifon dans l’été, les vapeurs de l’ach=
mofphere fe condenfent fur le vafe dans lequel fe fair cette opération.
On fenc bien que c’eit de la verre foliée dont nous voulons parler. En
effet , lorfque l’on fait la terre foliée , l’air contenu dans l’alkali fixe s'é-
chappe pendant l’effervefcence ; le cauflicum fe combine avec la partie
aqueufe du vinaigre, & fair une efpece de gas régénéré qui pétille
comme le vin de Champagne mouffeux (1),
Quoiqu'il n’y air rien de fi facile que de faire de la chaux, cependant
la pierre calcaire a moins d’affinité avec l’acide cauflique qu'aucune autre
fubftance connue; mais elle a l'avantage de le recevoir du feu, à caufe
de fa propriété réfractaire , qui permet à l’eau de fe diffiper, pour lors
notre acide n'ayant aucune propriété élaftique fans le concours de l’eau ,
s’y combine & la rend chaux vive, ce que nous avons déjà dit; mais non
pas par la privation du prétendu air fixe, comme le foutiennent les fec-
tateurs de Black ; car l'air contenu dans les alkalis fixes ne fe combine
pas plus avec la pierre calcaire, pour lui rendre fon premier état, qu'il
ne fe combine avec les fels neutres,
Il eft vrai qu'en mêlant une partie d'alkali fixe fur trois parties &
demie de chaux vive , ajourant à ce mélange une fuflifante quantité d’eau
froide pour en faire la leflive, on n'apperçoit aucun dégagement
d'air; maisil ne fauc pas en conclure que l'air de l’alkali fixe ait paflé
dans la chaux , pour lui reftituer fon premier érar : car fi, au lieu d’eau
froide on ajoute l’eau bouillante , l'air s'échappe avec violence , comme
dans l'effervefcence ordinaire, & la plus grande partie du mélange fe
répand.
La mème chofe arrive à un fef neutre dont les points de conraët ne fe
touchent pas en tout fens. Par exemple , la crème de tartre fe combine
avec les alkalis fixes par la chaleur , avec effervefcence caufce , comme
nous l'avons dit, par le dégagement de Pair contenu dans l'alkali : mais
fi on mêle à froid les proportions convenables de crème de rartre & d’al-
(1) La théorie de la privation de l'acidum pingue dans le vinaigre, tient à celle de
la fermentation. Lotfque nous la donnerons , nous cxpolerons en même temps les
raifons qui nous ont déterminé à placer dans notre tableau du produit des afhinirés
chymiques , le figne de l'efprit-de-vin immédiatement fous celui de l'acidum pingue,
nous aurons en même temps occafion de dire pourquoi il y a des fels qui deman-
dent l’application de l'efprit-de-vin , pour en obtenir des cryflaux. Nous ferons voir
aufli que la fraicheur de l'éther ne provient point de fon évaporabilité ; & nous dirons
pourquoi la combuftion de celui-ci donne de la fuie, |
kali,
TEE ITOUOE TUE, 229
Xali, la combinaifon s'exécute fans effervefcence , l'air 1e dégage lenre-
iment, & les réfulrats font les mêmes.
Dans l’analyfe des bois durs, l’acidum pingue n'agit point différem-
ment que dans un éolipyle & dans la pierre calcaire, on a dû remar-
quer que le bois , lors de la formation du charbon, fait une retraite , &
que la forme des morceaux de bois n’eft pas changée , quoiqu'ils occu-
pent un efpace moindre par la perte des fubftances volatiles qui y étoient
contenues. L'acidum pingue ne peut pas former de charbon concurrem-
ment avec le phlogiftique , que l’eau ne foit entiérement diflipée; ces
dernieres portions d’eau venant à s'échapper du charbon , dont le calibre
des pores fe rrouve confidérablement diminué, fait avec l'acidum pingue,
provenant du feu , le même effet fur l’eau que dans un éolipyle ou dans
la pierre calcaire; & l’air qu'on obtient par cette voie n’eft pas plus per-
manent que celui qui fort de l'éolipyle : 1l peur, comme lui, fe décom-
pofer par le fimple contact d'un corps froid. Combien de Phyfciens
mème aujourd'hui nient l’exiftence de l'air, difent que ce n'eft qu’une
eau rarcfiée, ou que l’eau n’eft qu’un air condenfc.
Les difciples de Meyer nient feulement l’exiftence de l'air en tant
qu'élément, parce qu'un élément fuppofe toujours un corps fimple &
inaltérable : au lieu que l'air tel qu’ils le conçoivent , eft un compofe
d’eau & d’acidum pingue : c’eft le même acidum pingue que les autres
Phyficiens nomment reflort de l'air ; d’où dérive fa dilatation , fa con-
denfation, &c. Il ne manque donc aux Phyficiens , pour connoitre l'air,
que la connoiffance de l’acidum pingue.
6. 18. On fappofera tant que l’on voudra, que la chaux ne doit toutes
fes propriétés qu'à la privation de la matiere élaftique : pourra-t on par
certe fuppoñtion rendre raifon de fa caufticité , & de la propriété qu’elle
a de la communiquer aux alkalis qui deviennent autant de fels moyens ?
Il auroit donc fallu fuppofer que cer air prétendu fixe fût acide; & quand
mème on leur accorderoit ces deux fuppolitions, on dira toujours aux
pattifans de l'air fixe, qu'où il y a nuilité de principe, il doit y avoir
néceflairement nullité de propriété,
Comment pourra-t-on expliquer l’état des chaux métalliques , dont les
propriétés font les mêmes que celles de la chaux calcaire; c'eft-à dire,
qu'elles décompofent le fel ammoniac , rendent les alkalis cauftiques,
&c. Cependant elles pefent plus que le métal dont on s’eft fervi pour
les rendre chaux. Certe pefanteur eft augmentée d'un onzieme , & peut-
être plus; car on ne peut pas évaluer celle du phlogiftique qui fe con-
fume par cérre opération. En effet, que l’on prenne parties égales de
chaux métallique & d’alkali fixe ; que l’on en faife la leflive , on obrien-
dra un fel caultique , comme avec la chaux ordinaire, & la chaux métalli-
que, après avoir été defféchée , pefera moins. Seroit-ce donc , fuivant les
Tome II , Pare. IX, Gg
.
Pag. 128,
3e alinéa.
Pag. 128,
même alin.
Obje&ion,
Réponfe,
1,0 PSE Pr AS NT RON HET VES
fectateurs de Black, le prétendu air fixe qui lui a été rendu par l’alkali
qui lui auroit enlevé fa pefanteur ?
Il eft bien plus vrai de dire que les terres métalliques, ainfi que les cal-
caires , reçoivent du feu l’acidum pingue qui eft un être corporel, quia
de la péfanteur , qui la communique aux terres métalliques & calcaires,
& dont on ne fe feroit jamais apperçu fi la pefanteur du phlogiftique
des métaux eût été comparable à celle de l’eau contenue dans la pierre
calcaire.
$. 19, La terre calcaire expofée au foyer du miroir ardent, ne devient
pas chaux vive. On ne dira pas que la chaleur qu'il excite, n’eft pas aflez
forte pour chaffer le prétendu air fixe.
P
La pierre calcaire, nous dira-t-on, ne peut pas être apportée ici comme
exemple ; car il ÿ a tout lieu de croire que cette terte peut être calci-
née au nuroit ardent, ainfi que les fubftances métalliques , comme l’a
fait remarquer M. Duclos , tome 1 de /’Hifloire de l’Académie des Scien-
ces , depuis fon établiffement en 1666 jufqu'en 1686 ; & après lui M. Se-
condat dans un Ouvrage intitulé : Ob/ervarions de Phyfique & d'Hifloire
= = nd ® Je LI] r
naturelle fur les Eaux ininérales d'Ax , de Bagneres, de Bareges, &c.
Tous les métaux imparfaits, c’eft-à-dire ceux qui ont befoin du con-
couts du phlogiftique de Stahl pour paroïître fous la forme métallique,
peuvent très-bien fe calciner au foyer du miroir ardent, & même aug-
menter de poids, fans que céla puifle donner atteinte à la doétrine de
Meyer. C’eit dans les fubftances mêmé qu'il faut chercher l'explication
de ces phénomenes. Par exemple , les méraux imparfaits, de mème que
les demi-métaux font pourvus de phlogiftique. Le phlogiftique eft la ma-
tiere de la lumiere unie à une terte fpéciale par l'intermede de l’acidum
pingue, au moyen duquel il entre dans les chaux métalliques , & les
réduit. La matiere de la lumiere combinée le plus intimement avec une
fubftance faline-acide, encore inconnue , fans intermede d'aucune cerre,
conftirue l’acidum pingue. Notre acidum pingue a donc un /atus acide ,
par rapport à fa fubitance faline-acide; 1l à aufli un /arus gras qui lui
vient de la matiere de la lumiere. Cela pofé , par fon /atus acide , il a de
l'affinité avec la terre métallique ; & pat fon larus gras il en a avec la
lumiere. En conféquence de toutes les propriétés que nous venons de
déduire, lorfqu’on expofe un de ces métaux ci-deffus nommés, au foyer
d'un miroir ardent, le phlogiftique de Stahl fe dérruir , l’acide cauftique
refte férmement uni à la terre métallique, & ferr en mème temps d’in-
térmede pour ÿ combiner la matiere -de la lumiere que lui fournit le
Tiiôir ardent.
Mais il en elt pas de même de la pierre calcaire , parce que celle-ci
ne contient point dans fa conftitution naturelle d’acidum pingue, fans
lequel il n’elt pas pollible d'y combiner la matiere de la lumiere.
AB RU ST AT OU QU TE. 23}
$. 20. Par la formation de la crème de chaux l'on voit la maniere
conftante & uniforme d'agir de l’acidum pingue : elle eft la même que
celle qui fe fait dans les évaporations; & ce n’eft aufli qu'à la furface
qu'il fe combine avec l’air , & abandonne la terre calcaire qui fe trouve
remplacée par un volume d’eau égal au fien. C’eft pourquoi , lorfqu’on
veut avoir une eau de chaux qui foit toujours égale , il faut la conferver
fur la chaux même, & ne pas craindre qu’elle en devienne plus caufti-
que : elle a, comme les autres fels , fes loix de diffolution.
$. 21. Cette réflexion contredit les idées fur le principe qui conftitue
la chaux vive , fuivant le fyftème de M. Black.
On a trouvé précédemment que trente-deux onces de pierre calcaire
contenoient treize onces de matiere élaftique, & deux onces d’eau. On
fuppofe en outre que la pierre calcaire ne devient chaux vive que par la
perte du prétendu air fixe, auquel on a trouvé du poids, on lui rend
cet air : après cela on eft étonné que la pierre calcaire foi devenue plus
pefante !
Et nous , nous difons que rien ne doit étonner dans tout ceci , parce
qu'un volume d’eau ayant remplacé un pareil volume d’acidum pingue ;
la pierre calcaire doîr être plus pefante que la chaux vive.
$.22. Que les fectareurs de Black ne penfent point avoir mieux
apprécié la nature de la crème de chaux , non plus que celle de la chaux
& de la pierre calcaire ; comme leur édifice ne porte que fur une bafe
ruineufe , il doit néceffairement s’écrouler dès qu’on leur aura démontré
que la chaux ne doit point fon état à la privation du prétendu air fixe.
$. 23. Pour que l’acidum pingue fe dégage de la chaux, il lui faut
préfenter un corps avec lequel il ait une analogie plus grande qu'avec
celui auquel il eft joint; & fi ce dégagement fe fait fans intermede , il
faut un temps plus confidérable. En effet, dans les évaporations fimples
il pafle du feu à travers la liqueur , pour former de air; & par le mou-
vement actuel il emporte avec luiune quantité d’eau furabondante à fon
état d'air. En partant de ce principe , fi l’on préfente à notre acide une
certaine quantité d'air déjà rout formé , il quitte fon état d'inertie dans
lequel il fe crouve dans la chaux , & abandonne la terre calcaire , pour
s’unir à l'air qu’on lui préfente.
Ainf, l'expérience de M. Jacquin n’eft pas concluante en faveur de
l'air fixe prétendu : cat , par la diflolution on ne peut pas dégager notre
principe cauflique de la pierre calcaire , attendu qu'il fe renouvelle conti-
nuellement par le feu qu'on eft obligé d'employer : d’ailleurs il faut lui
préfenter un air denfe, fi l'on veut que la décompoition de l'eau de
chaux fe fafle promprement ; alors l’acidum pingue fe combine avec l'air,
& la chaux fe précipite fous la forme de pierre calcaire. et
5 1)
Pag. 128,
méme alin.
Pag. 129,
itralinéa,
Ibid.
2€ alinéa,
Ibid.
3ealinéa,
Pag. 130,
tr alinca,
Pag. 1bid.
2e alinéa,
ARS PISE MATTER ROBE AT «12,
: ré" 1"
3352 EAN INEMAC MONA NE
Voici une autre expérience bien plus fimple & qui prouve que le cauf=
ticum peut fe dégager dela chaux fans le concours de l'air extérieur. Met-
rez telle quantité d’eau de chaux qu'il vous plaira , dans un vaiffeau qui
ne foir rempli qu’à moitié ou aux trois quarts; bouchez-le exactement ,
en forte que la liqueur n’ait point de communication avec l'air exté-
rieur ; laillez le tout tranquille : au bout d’un certain temps vous verrez
paroïtre à la furface de la liqueur une pellicule qui augmentera conti-
nuellement de volume , au point de ne plus pouvoir s’y foutenir, & tom-
bera au fond du vafe : il s’en formera une nouvelle qui fe dépofera
comme la premiere, & ainfi de fuire, jufqu’à ce que toute la chaux foic
éteinte & précipitée. Voici conrme la chofe fe pafle dans la partie vuide du
vafe où il ya de Pair; l’acidum pingue contenu dans la chaux, fe combine
avec lui, il en augmente le volume, lait fe trouvant alors plus denfe &
plus propre à recevoir notre acide, le dégage plus facilement, & de pro-
che en proche les dernieres portions de cer acide fe dégagent d’autant
plus vire que la quantité d’air eft plus confidérable.
-- $..24.-1l.n'eft done pas étonnant qu’en préfenrant à l’acidum pingue
un corps qui lui foic plus analogue que la pierre calcaire dans laquelle
il eft engagé , né la quitte fur le champ pour s’y unir ; & cette union
doir être d'autant plus prompte, que la quantité d’air qu'on lui pré-
fente, eft plus grande.
$.25. Il n'y a rien de fi peu prouvé, & l’on ne parviendra jamais à
nous perfuader que, la caufticité de la chaux foit due à la privation de
l'air fixe de Black : car le Huide élaftique qui s'échappe de la pierre cal
caire pendant la diftillation, eft un air en partie formé par l’acidum pin-
gue, & l’eau de la pierre calcaire, Cela pofé, on ceffera d’être étonné
que notre acide contenu dans la chaux & en diffolution dans l’eau, ne
s'échappe d’autant plus promptement, qu'on lui préfente une plus grande
quantité d'air rout formé, & dont il fait partie lui-même.
En fuivant l’hypothefe de M. Jacquin, ilfaudroit fuppofer que le prérendu
air fixe füt acide ( & quand même il le feroit, on n’en prouveroit pas
lus la caufticité de la chaux, puifqu'il n'opere ce prodige que par fon
abfence ) car les alkalis rendus cauftiques par la chaux, font exaétement
des fels moyens; & que la propriété de précipiter routes les diffolu-
tions qu’on leur préfente , (excepté l’eau de chaux ) vient de l'analogie
plus grande qu'ont tous les acides avec les fubftances auxquelles le nôtre
<ft uni; & toutes les fois que l’on précipite une {diffelution métallique
“ou calcaire par le fel cauftique : celui-ci s’unit à l’acide qui tenoit une
de ces fubftances eh diflolurion. Cette fubftance cefle d’étre foluble ::
l'acidum pingue , de fon côté devenn libre par l'union qu’a contraété l’al-
Kali avec l'acide, & fe trouvant dans un état d'inertie, attendu qu’il
a'a pas Le temps de fe combiner avec l’eau pour former de l'air, s’ap=
eh.
PNANÉ MST UO NIUE VE 233
plique à la fubftance, foir métallique , foit calcaire, & [a précipite en
chaux.
Nous avons déjà dit que ce principe falin ne jouiffoit de fes proprié-
tés élaftiques , que lorfqu'il éroit combiné avec l’eau; que c'éroit rou-
jours à la furface de la liqueur que fe faifoir cette décompotitionde l’eau
de chaux , ce qui prouve que c’eft par une perte de fübftances ques'opere
certe précipitation, & non pas par l'intromiflion d’une fubftance érran-
gere; car fi l’eau de chaux ne devoit fon exiftence qu’à la privation du
prétendu air fixe , celui-ci rétabliffant tout d’un coup la fubftänce perdue
de la pierre calcaire , la précipiteroit dans rôut le corps de la liqueur.
D'ailleurs, l’eau contient une affez grande quantité d'air pour rétablir
la pierre calcaire dans fon premier état, de maniere que fi la «pierre
calcaire devenoit chaux vive , fuivant la théorie de M. Jacquin, 1ls'en-
fuivroit de-là qu'il ne feroit pas poflible d'avoir de l'eau de chaux.
$. 26. La meilleure propriété de la pierre calcaire ; ou, pour mieux
dire, la plus favorable pour devenir chaux vive, eft d’être réfraétaire (1),
au moyen de quoi toute l’eau contenue dans fes interftices, peut en être
dégagé par l’action du feu qui la combine avec l’acidum pingue , pour en
former de l'air qui s'échappe enfuite : les alkalis fixes , au contraire, ne
peuvent être entiérement privés de leur humidité , parce qu'ils font fuf-
ceptibles d'entrer en fufon ; ce qui met obftacle à l'évaporation des der-
niéres portions d’eau avec laquelle notre acide fe combine pour former
de l'air.
Voilà donc les alkalis âxes avec de l'air. Voyons maintenant fi cer ait
fera favorable au fyfléme de Black. Lorfqu’on mêle en proportions con-
venables l’alkali fixe avec la chaux vive, l'alkali fixe devient cauftique,
& la chaux perd toute fa caufticité.
Suivant M. Jacquin , c’eft l’alkali fixe qui perd fon air , en Îe rendant
À la chaux , au moyen de quoi celle-ci redevient terre calcaire , telle
qu’elle éroit avant d’avoir éprouvé l’aétion du feu. Er nous, nous fou-
tenons que l’alkali prend tout le caufficum que la chaux a reçu du feu;
qu'il devient un véritable fel neutre ; qu'il a perdu les propriétés carac-
tériftiques des alkalis, c'eft-ä-dire qu'il ne fait plus d’effervefcence avec
les acides. En effer, s’il décompofe les diffolutions métalliques ou cal-
caires , il agit en cela comme un fel neutre, & de la même maniere que
le tartre vitriolé décompofe une diffolurion mercurielle dans l'acide ni-
treux, pour former le turbich minéral & le nitre régénéré; de même
aufi la pierre à cautere décompofe une diflolurion de pierre calcaire dans
(x) On ceffera d'être étonné de ce que l'on fe fert de pareilles fubftances pour l&
fonte des mines : cles y foar d'autant plus propres, qu'elles prennent du feu une plus
grande quantité d'acidum pingue , lequel augmente la chaleur, & accélerc ia fufons.
Pag. 13©,
3° alinéa,
Pag. 131,
1€r alinéa,
P, ibid.
2®alinéa,
234 DATE AMP ent MINE Oo CN QUE
l'acide nitreux pour former de la chaux vive & du nitre, Les acides dans
l'une & l’autre expérience ne font que changer de bafe.
Pour fe convaincre que l’air contenu dans les alkalis fixes, ne paffent
point dans la pierre calcaire, voyez 6. 17.
Puifque les proportions convenables pour rendte à la chaux Pair qu’elle
a perdu par la calcination , font de trois livres & demie fur une d’alkali
fixe ; il fauc treize onces d’air par chaque dix-fept onces de chaux, pour
la remertre dans fon état de pierre calcaire ; il faudroit , fuivant le calcul
qu'en a fair Wiegleb, que feize onces d’alkali fixe continffent à peu-
près quarante-trois onces d'air.
$: 27. M. Jacquin a gardé fur cette opération le plus grand filence ;
parce qu’elle n'eft pas favorable pour démontrer l’abfence du prétendu air
Jixe. On ne foupconnera pas que le fel ammoniac en contienne , puifque
l'air de l’alkali volatil s’eft diflipé par l’effervefcence, lors de fa combinai-
fon avec l'acide marin ou tout autre acide. Black le dit lui-même : Uno
codem individuo temporis intervallo aer & acidum eidem corpori junéta effe
non poffunr, Cependant la quantité d'air qui fe dégage, eft proportion
née à la caufticité de la chaux qu'on emploie , de maniere que fi la chaux
eft nouvelle, il n’eft pas poñlible de lutter les vaiffeaux : car fi après avoir
fait le mélange d’une livre & demie de chaux vive & de huit onces de fel
ammoniac, on le met dans une cornue tubulée, garnie de fon bouchon
ufé à lémeril , qu’on adapte un grand ballon tubulé & bien lutté au bec
de la cornue; qu'on introduife par la tubulure de la cornue une livre
d’eau ; que l’on remerte aufli-rôt le bouchon, l’eau venant à humecter
Je mélange , met tout en mouvement; l’acide de fel ammoniac quitte
l'alkali volaril pour s’unir à la pierre calcaire : une partie du cauflicum fe
combine avec l'alkali volatil ; & l’autre partie forme de l'air avec l’eau
qu'on y a introduite : la chaleur & le fiflement font fi confidérables , que
le trou du ballon n’eft pas fuffifant pour laiffer échapper cet air nouvel-
lement formé , & l'appareil fe brife.
Où eft donc l’abfence de l'air prétendu fixe qui faifoit toute la caufti-
cité de la chaux ê
$. 23. Ne doit-on donc compter pour rien le mouvement d'effervef-
cence dans les alkalis ?"C’eft cependant le feul caractere qui les diftin-
gue, & tout l'alkali qui ne fait point: d’effervefcence , eft à coup für
combiné avec un acide, Or, la pierre à cautere ne fair aucun mouve-
ment d'effervefcence avec les acides; donc elle eft combinée avec un
acide.
Si les fels cauftiques confervent la propriété de décompofer tous les
fels à bafe métallique ou terreufe : c’eft parce que l’acidum pingue eft le
plus foible de tous les acides, & qu'il leur cede fa place , pour s’appli=
quer enfuite aux métaux & aux fubftances calcaires , &c,
ONE UE RE ON de 135
6. 29. Si une diffolution de fel cauftique ne trouble point l’eau de Pag,rr,
chanx, cela provient de ce que ce fel eft faturé d'acidum pingue , de 3: alinéa.
même que l’eau de chaux : fi au contraire les alkaïis fixes ordinaires la
précipitent , c'eft par la propriété qu'ils ont de s'unir au principe cauflique,
lequel abandonne la pierre calcaire pour fe combiner avec eux ; mais non
pas comme le prétend M, Jacquin, qui dit que c’eft parce que les alkalis
fixes ont rendu à la pierre calcaire rout l'air dont elle avoit été privée
par la calcination.
Nous avons démontré . 17, que les alkalis ne rendoient point d'air
à la chaux. De plus, nous avons dit $. 26 , que quand même la théorie
de M. Jacquin feroit vraie, la quantité d’alkali qu'on emploie ne fuffi-
roit pas pour rendre à la chaux la quantité qu'on fuppofe lui avoir été
enlevée par la calcination.
. 30. La précipitation de l’eau de chaux par le fel cauflique en chaax - Ibid.
vive provient de ce ue le fel cauftique eft lui-même faturé du même # alinéa.
principe qui conftitue la chaux. Il ne fait donc que s'emparer du menf-
true aqueux , & pourl ors la chaux manquant d’eau, fe précipite : avec
les alkalis fixes ordinaires elle fe précipite de même, & par la même
raifon , à l'exception que l’eau de chaux fe précipite en pierre calcaire ,
parce que l’alkali s’eft emparé de fon cauflicum.
Nous avons dit. 17, que les alkalis ne rendoient point d'air à la
chaux. Nous avons démontré . 26, que lesalkalis fixes ne fourniffoient
point affez d'air pour remettre la chaux dans fon premier état de pierre
calcaire, en fuppofant avec M. Jacquin, que ce füt à la privation d'air
que la chaux dut routes fes propriétés ; mais nous favons aulli que la
quantité d’alkali fixe que nous avons prefcrite, fuffit pour enlever à la
chaux tout le caufficum qu’elle a reçu du feu. Voyez $. 19.
Nous avons comparé . 18, les chaux métalliques avec la chaux ordi-
naire. Cerre marche eft bieñ plus naturelle & plus philofophique que
celle par laquelle on veut prétendre que la chaux vive ne doive fa cauf-
ticité qu'à la privation du prerendu air fixe.
# L'acidum pingue eft un être corporel très-fubtil, qui poifede toutes
\ les propriétés requifes pour fe combiner avec routes les fubftances, & les
« combiner entre elles , de quelque nature qu’elles foient ; car , par fon
latus acide il a de l’affinité avec trous les corps terreux, aqueux & falins.
Par fon Zatus gras il en a avec tous les réfineux , les huileux & les bitu-
mineux.
Que l’on fafle maintenant le parallele de l'acidum pingue de Meyer,
& du prétendu air five de Black ; on verra que la privation de cetair fixe
ne peut pas rendre la chaux cauftique, comme ille devient par l’intromui-
fion de notre acidum pingue , ni exciter la chaleur qui fe fait lorfqu’on
prépare l'eau de chaux, & qui provient d’une furabondance de notre
Objection.
Réponfe,
Page 132,
cr alinéa,
236 RENE ES NOT MIO EL AME:
principe cauflique , que la pierre calcaire à reçu du feu ; que cette fubf-
tance peut lai être enlevée par les alkalis fixes & volatils; qu’elle s’appli-
que aux métaux diffous par nn acide!, & précipités , foit par la chaux
vive , par l’eau de chaux, par l’alkali volaul , foit enfin par la pierre à
cautere. On ne dira jamais que ces métaux ( en même temps qu'ils font
devenus cauftiques ) ont acquis la propriété d’être folubles dans les acides
les plus foibles par la privation du prétendu air fixe. C’eft comme fi l'on
difoit que de l’efprit de vin verfé fur une folurion de fel de glauber , le
cryftallife fur le champ, parce qu'il lui rend l'air fixe qu'il avoit perdu
par le mouvement d’effervefcence , lors de la combinaifon de l'alkali
marin avec l'acide vitriolique , & que cet air lui manquoit pour pouvoir
fe cryftallifer : car c’eft en général ce que conclut M. Jacquin, fur la dif-
ficulré de la cryftallifarion; c'eft-à dire, que lorfque les fels font privés
du prétendu air fixe, ils reftent toujouis en liqueurs; & que ce n’elk
qu’en leur procurant cet air fixe que l'on hâte la cryftallifation.
On nous a obfervé qu'il feroit effentiel de néspas tant infifter fur le
latus gras du cauflicum; cat, dit-on, ce lasus fera toujours une matiere
à difcuflion. Er que ces corps qui contiennent le plus de cauflicum n'ont
point ce gras qu'ils devroient cependant avoir , puifqu'il eft naturel de
penfer que plus un corps contient d’un principe donné, & plus il parti-
cipera des propriétés de ce principe. Or, dans l'hypothefe de M. Meyer,
fon acide et gras; pourquoi donc la chaux ne paiticipe-t-elle pas de
cette propriété, puifqu’en effet elle contient beaucoup d'acidum pingne ?
Si la chaux ne contenoit rien de gras, comment pourroit-on faire du
mortier qui fe lie avec le fable & autre matiere de cette nature, pouf
former un corps dur & intimement uni? Seroit-ce avec de la craie de
Champagne nufe en poudre, & de la brique pilée , qu'on pourroit
faire du ciment? La chaux avec fufifante quantité d’eau pour en former
une malle molle, n’a-t-elle donc rien d’onétueux au toucher ? La craie
inife dans le même érat a-t-elle la mème onduofté? Le blanc d'œuf &
la chaux font un lut que ce mème blanc d'œuf & la craie ne peuvent pas
faire, &c,
31. Cette explication de M. Jacquin refte abfolument nulle ,
puifau’il eft prouvé que la pierre calcaire devient chaux vive par l’intro-
miflion d’un principe , & non pas par la privation d'une fubftance quelle
qu'elle foit.
Voila donc un fophifme des plus manifeftes; car , pour prouver que
le prétendu air fixe foïit une partie conftituante d’un corps , il faudroit
que les chaux métalliques redevinffent dans leur état de métal , en leur
seltituanr ce prérendu air five par les alkalis ordinaires , ce qui ne peut
pasètre, Eu fuppofant mème que’cela fe püt, on demandera toujours
aux
1 PER GT LS 47 OT 1x. 237
aux partifans de l'air, pourquoi la chaux métallique pefe moins lorf-
qu'on s’en eft fervi pour rendre les alkalis cauftiques, que lorfqu’elle
étoit dans fon état de chaux. Voilà cependant, fuivant le fyftème de
Black, de l'air rendu à la chaux métallique, & en même temps une dimi-
vution de poids.
Il n’eft pas poflible d’ajufter cette théorie du Doéteur Black , de ma-
niere qu’elle pür s’accorder avec tous les phénomenes qui en réfultent.
On a été d'autant plus dans l'erreur , qu’on n’a pas cru devoir examiner
Ja cerre calcaire avant qu’elle devint chaux vive , fur-tout par rapport à
l'eau qu’elle contient , & dont on n’a pu évaluer au jufte la quantité , à
caufe que l'acidum pingue a une pefanteur qui augmente celle dela chaux ;
& l'on a feulement jugé que cette pierre calcaire contenoit quinze onces
de matiere pefante fur trente-deux.
Le feul & unique moyen qui reftoit à employer pour découvrir la
quantité d’eau & d'air que contient la pierre calcaire , étoit de l'expo-
fer au foyer du miroir ardent. Par exemple, que l’on foumette de la
pierre calcaire au miroir ardent, elle diminuera de plus de moitié de
fon poids; elle ne fera point devenue chaux vive , ni foluble dans l’eau R
en un mot, elle ne fera point cauftique : que l’on mette cette pierre
calcaire ainfi defléchée dans une cornue; qu’on adapte à cette cornue un
grand ballon avec une tubulure, &c. que l’on procede à la calcination ,
comme dans l'opération de M. Jacquin , on n'obtiendra ni eau, ni air.
Le feu élémentaire avoit donc chaflé ces deux fubftances contenues dans
la pierre calcaire ? Lorfque tout l’appareil eft refroidi , caflez votre
cornue, & vous trouverez au fond de la chaux vive avec toutes fes pro-
priérés, & qui pefera plus que la pierre calcaire defléchée que vous
aurez employée.
Voilà donc une fubftance étrangere introduite dans la chaux, & qui
provient du feu : ce que les rayons concentrés du foleil n’ont pu faire ;
les matieres combuftibles le font. Que l’on nomme cette matiere comme
on voudra ; c'eft toujours un corps, puifqu'il a du poids.
M. Meyer , d’après Tachenius, ne lui a donné le nom d’acidum pin-
gue qu'à caufe de fes propriétés acides & grafles; mais que tous les fec-
taceurs de Black n’admettent point une fubitance hétérogène dans la
chaux ; qu’ils veulent au contraire que la chaux vive n’ait de propriété
qu’autant qu’elle a été dépouillée d’air ; c’eft une erreur démontrée avec
évidence par Le miroir ardent.
$: 32. Dans le premiere expérience, l’acidum pingue refte en partie
dans l’eau & en partie dans le vuide de l'appareil ; mais dans un état
d'inertie , tel qu'il eft toujours lorfqu’il n’eft pas combiné avec l'eau
avec laquelle feule il jouit de toute fon élafticité. Cela pofé , il ne
Tome II, Part, IX, Hh
Pag. 132,
2€ alinéa,
Pag. 132,
3° ahnéa.
Pag, 133,
zx alinéa,
238 PENSANT -ASUZ HO: MUUME.
fera pas plus étonnant que le fel cauftique refte au mème état ; mais il
n’en eft pas de même fi, au lieu de fel cauftique , on verfe de l’al-
kali fixe ordinaire ,la combinaifon pour lors fe fait avec effervefcence;,
l'air contenu dans l’alkali fixe fe dégage & remplit le vuide de l'appa-
reil ; alors l’acidum pingue abandonne le fel cauftique pour fe joindre à
Pair mis en liberté par la combinaifon de l’alkali fixe avec l'acide vitrio-
lique ; mais non pas comme on le fuppofe ici, que c’eft en rendant de
Pair au fel cauftique.
1! s’enfuivroir de la.doctrine de Black, retifiée par Macbride , & cor-
rigée par M. Jacquin, qu'il ne feroit pas pofible de cryftallifer les fels
neutres; car tous perdent cet air par l’effervefcence lors de leur com-
binaifon.
Qu'on fe reffouvienne de la difficulté de rendre les alkalis cauftiques
par la calcination, à caufe de leur fuñbilité qui mer obftacle à ce que les
dernieres portions d’eau ne puilfent s'échapper , & qu’elles fe combinent
avec. l'acrdum pingue provenant du feu pour former de l’air. On ne fera
plus étonné qu’un corps comme l'air, qui a un larus d'acidum pingue ne
fe combine avec le caufficum plus facilement qu'aucune autre fubftance ,
& d’autant plus facilement que celui qui fe dégage de l’alkali fixe , jouit
de toutes fes propriétés élaftiques.
$: 33. D'après ce que nous avons expofé €. 31, il ne fera plus poñi-
ble de croire que ce foit à la privation du prétendu air fixe que la chaux
doive toutes fes propriétés cauftiques. L’expérience au contraire nous
démontre que c’eft par l’intromiflion d’un principe falin qu’elle eft cauf-
tique , & qu'elle acquiert la propriété de s'unir à l’eau ; mais nous nous:
donnerons bien de garde de penfer ni d'écrire que cette tendance s’exé-
cure en ralfon de l’affinité qu'a la chaux vive de s'unir à l'eau , parce
qu’elle en contenoit avant fa calcination, c’eft-à-dire dans fon état de
pierre calcaire : au contraire , nous ne fommes pas même partifans de
cette doctrine, attendu que le mot affinité ne préfente rien qui puifle
expliquer la chofe; & d’ailleurs nous voyons tous les jours que les fubf-
tances ne fe combinent que par le moyen d’un intermede. Aïnf la pierre
calcaire n’eft point foluble dans l’eau , mais qu’on la réduife dans un.
état falin , foit par la calcination, foit par la diffolution dans un acide
quelconque , elle devient pour lors foluble dans l’eau.
Voilà donc tout le myltere de la folubilité de la chaux dans l’eau:
Qu'a de commun l’abfence du prétendu air fixe pour opérer cetre mer-
veille ?
$- 34. Nous n'avons jamais préfumé que les alkalis fixes ne cryftal-
Hfotent point, parce qu’ils ne contenoient point le prétendu air fixe em
allez grande quantité; mais aufli perfonne , avant les difciples de M.
PONEY EST RON ES 239
Black, ne s'eft avifé de dire qu'il exiftoit dans la nature deux fortes
d'air, c’eft-à-dire un fixe, & l’autre claftique; & que , felon le befoin,
on pouvoir remplacer l’un par l’autre.
Toutes ces hypothefes portent fu: une bafe ruineufe, & ne s’accor-
dent point avec la faine Phyfique; car les Phyficiens défefpérés pour la
plupart, de ne pouvoir trouver d'air fans eau , ont mieux aimé nier
l'exiftence du premier , que de fe rourmenter l’efprit, pour en imaginer
deux.
On nous affure avoir vu Le prétendu air fixe s'infinuer dans l'huile de
tartre par défaillance ; c’eft avoir la vue bien perçante. On a fans doute
dû voir aufli l'huile de tartre s'élever dans la bouteille, à caufe de l’ef-
pace plus grand qu’a dù occuper cette liqueur par l’intromiflisn du pre-
tendu air fixe ; mais on n’en ditrien. Apparemment que l’on étoit trop
occupé à contempler ce principe imaginaire. On auroit bien dù , pour
Fhonneur de la vérité, appercevoir ce qui s’échappoit de l'huile de tar-
tre. On auroit certainement vu que ce qui mettoit obftacle à la concré-
tion , étoit une fubftance contenue dans la liqueur.
Sans le fecours de l'appareil de Macbride , on n’a qu’à abandonner
une folution alkaline quelconque à l'air libre , il fe fera une concré-
tion , une cryftallifation, à la maniere des Spaths, à mefure que l’aci-
dum pingue s'en dégagera pour s'unir à l'air avec lequel il a la plus grande
analogie , attendu qu'il en eft une des parties conitituantes ; & que ce
que nous nommons air, n’eft autre chofe qu’une combinaifon de l’aci-
dum pingue avec l’eau : c’eft à ce principe que l’eau doit toute fa volati-
lité; que l’eau, de fon côté, le rend élaftique, & que l'air eft formé de
ces deux principes, que cet air peut être décompolé en paflant à travers
le feu; qu'une partie de l'air (c’eft-à-dire l’eau ) fert à alimenter la
flamme , en quittant notre acide qui, pour lors perd toute fon élaiti-
cité ; ce que l’on peut remarquer tous les jours , à la maniere lâche & in-
dolente avec laquelle la fumée s’échappe des cheminées; & que c’eft
une erreur de croire qu'il devienne plus élaftique par le feu , parce qu’on
prétend que celui-ci lui fait occuper un efpace plus grand à caufe de
l'expanfon dans laquelle‘il fe trouve : fi cela étoit, on le verroit fortir
avec une forte d’impétuofité.
Il n’en eft pas de mème de cet air nouvellement formé , & qui n’a
pas encore eu le temps de fe décompofer ; alors il jouit de toute fon
élaficité pour l’inftant, comme on peut le voir par l'explofion de la pou-
dre à canon, du tonnerre, &c,
L'air n’eft jamais plus calme ni plus rafraîchi qu'après un orage , at-
tendu qu’une prodigieufe quantité d’air s’eft décompoñée.
L’acidum pingue n’a point non plus de proportions déterminées dans
fa combinaifon avec l'eau, pour former de l'air : tantôt il en a plus,
Hhij
240 PEL OMS TO UUME.
tantôtileh a moins; c’eft la raifon pour laquelle il eft fujer à tant de
variété. '
11 eft plus élaftique avec beaucoup d’eau qu'avec peu ; la chaleur le
dilate, & lui fait perdre fa force élatique ; mais le feu immédiat le dé-
compofe entiérement.
On nomme air humide celui qui eft avec furabondance d’eau, & air
fec lorfque l’acidum pingue domine.
Cet air humide ou fec influe fur toute la nature , & notamment fur les
hommes; car ceux qui habitent des endroits bas & marécageux , con-
fervent leur peau beaucoup plus long-remps fraîche que ceux qui-demeu-
rent dans des contrées feches & élevées, où l’acidum pingue n’évant pas
fuffamment humecté, s'empare des exhalaifons humides de la tranf-
piration, & les deffeche continuellement ; ce que l’on nomime le hâle.
C'eft pourquoi ceux-ci ont des indices de vieilleffe bien plus marquées,
& plutôt que ceux qui font perpétuellement dans des régions balles &
humides.
L'acidum pingue a une infinité de propriétés qui feroient trop longues
à déduire ici : nous nous en fervirons de quelques-unes , à mefure que
l'occafon s’en préfentera.
La faveur âcre que l'huile de tartre a perdue , vient du dégagement de
lacidum pingue. Voici une expérience qui le prouve. Pefez exactement
une livre d’alkali fixe bien pur ; diffolvez-le dans quatre livres d’eau dif-
tillée. Après avoir filtré cette folution , mettez-la dans un vaiffeau de
verre à large ouverture ; bouchez-la de maniere que la liqueur ne foit
défendue que de la pouffiere ou de quelque autre matiere étrangere.
Peu à peu lacidum pingue fe réunit ayec l'air ambiant , & la terre de
l'alkali qui n’eft foluble qu'à la faveur de ce principe , celle de l'être ,
& fe précipite au fond de la liqueur. Ce dépôt prend une forte d’arran-
gement qui reflemble à une cryftallifation ". d'autant plus belle que
le vafe a été pofé dans un endroit plus tranquille ; & la figure que cetre
“efpece de cryftallifation affecte , eft affez femblable à celle que prend
le fpath alkalin.
= Lorfqu'on s’apperçoit qu'il ne fe fait plus de dépôt , on enleve ce pré-
cipité qui a perdu une quantité confidérable de fa faveur âcre ; faites-le
deffécher à une douce chaleur, vous en aufez quatre onces.
Voilà donc douze onces de matiere perdue. Avec cette quantité de:
quatre onces., fi vous faturez de la crème de taïtre, il vous en faudra
cinq livres pour atteindre le point de faturation : avec une livre du:
mème alkali fixe vous n’en abforberez pas davantage. ;
La matiere qui s’étoit diffipée, & qui rendoit l'alkali âcre & caufti-
que, étoit donc étrangere à ce fel. | à
Cette: opération fe fait ; comme Pon voit, fans le fecours de l'appa—
reil de Macbride, C’eft, felon nous , l'unique moyen de les avoir très
Luz! RE à 5 , FRE + |
PNPEIN ENS NE TE Me 241
doux & le feul qui puiffe fervir à les rendre propres pour l'ufage interne,
dans tous les cas où les alkalis fixes font indiqués,
L'appareil de Macbride feroit bon pour accélérer le dégagement de
l'acidum pingue, s’il ne falloit pas continuellement faire des fels neutres
pour préfenter de l'air à la fubftance à l&quelle on veut enlever notre ”
acide ; d'où nous concluons qu'il ne peut être d'aucune utilité.
Il faut convenir cependant que cet appareil de Macbride eft l'inftru-
ment le plus feduifant ; & nous ajourons même le feul qui foit favorable
pour accrédicer le fyflême du Médecin Ecollois , pourvu toutefois qu'on
ne porte pas fes idées au-delà de l'inflrament : car 6 l’on vient à exami-
ner en particulier, chacune des matieres dont on fe fert , alors le charme
cefle, & l'illufon difparoit,
Il fuivroit donc de cette expérience, que dans une livre d’alkali
bien pur il n’y auroit que quatre onces de matiere faline. Que devien-
nent donc les douze onces? Ce déchet confidérable doit-il ètre attribué
à la perte de l’acidum pingue ? Et peut-on en effet regarder le dépôt qui
fe forme au fond du vailleau, comme une terre abforbante qui n’étoit
tenue en diflolurion qu’à la faveur de l’acidum pingue ? Ce font trois
queftions que ne manqueront point de faire les adverfaires du cauflicum.
Et en effer, fi l’alkali fixe n’étoit autre chofe qu’une terre abfor-
bante , combinée avec une certaine quantité de cauflicum , pourquoi
l’alkali fixe précipiteroit-il l’eau de chaux? Car certe précipitation, fui-
vant Meyer , ne fe fait que parce que l’alkali fixe a beaucoup plus d'afh-
nité avec le cauflirum , que ce caufticum n'en a avec la terre de la chaux.
Or, fi l’alkali n’eft, comme on le prétend , qu'une terre abforbante,
faturée d’acidum pingue, je ne vois pas pourquoi ce fel décompoferoit
un autre fel de mème nature que lui. On n’a pas en Chymie d'exemple
de pareilles décompofitions.
L’alkali fixe , fuivant les fectareurs de M. Meyer, n’eft autre chofz
qu'une terre abforbante , farurée d'acidum pingue ; & cette terre celle
d'être foluble lorfqu’elle perd le principe de fa folubilité, c’eft-à-dire
Pacidum pingue : Veau de chaux tient également en diffolution une terre
à la faveur de l’acidum pingue. Pourquoi, lorfque l’on mêle de l'alkali
fixe avec de l’eau de chaux, y a-t-il décompolition ? C’eft à quoi fe réduit
toute cette queltion.
La terre abforbante de l’alkali fixe eft bien différente de la terre cal-
caire proprement dite, quoique celle-ci, de même que l’autre , foit an
produit de la végétation; mais la terre calcaire eft minéralifée, comme
nous Pavons avancé dans une réponfe à M: Black concernant la magné-
fie qui doit paroître inceHamment , & dont le détail feroic trop long à
rapporter ici. En voici l'extrait le plus fimple. L’alkali ordinaire par le
dépérilfement annuel des plantes, fe trouve tranfporré à la mer par les
plures & les rivieres, Le propre de l’acids marin eft de minéralifer, &
Objetion.
Réponfe.
Pag. 133,
2€ alinéa.
242 PIE NE SUMMIOITU LE,
même de métallifer. Cela pofé , l'alkali minéral eft le produit de l'al-
kali végétal; la magnéfe eft le produit de l’alkali minéral plus miné-
ralifé ; les teftacées forment leurs coquillages de la magnélie, & le dépot
de ces coquilles conftituent les montagnes de pierres calcaires ou de
gypfe , s’il s’y rencontre de l’äcide vitriolique, &c.
On voit par-là que la nature, qui n’eft jamais oifive , tend par fon
travail continuel à s'éloigner toujours du point d’où elle eft partie. Ainfi,
la terre calcaire a fouffert trop d’altérarion pour être abfolument fem-
blable à l’alkali végéral, &c.
$. 35. La pierre calcaire combinée avec l'acide nitreux, ne devient pas
chaux vive, quoiqu’elle ait perdu une grande quantité d’air par le mou-
vement d’effervefcence; car, en verfant fur la liqueur qui contient certe
combinaifon de pierre calcaire avec l'acide nitreux , une folution de fel
cauftique, l’alkali abandonne l’acidum pingue pour s'unir à l'acide nitreux
qui , de fon côté, laïfle échapper la pierre calcaire qui ceffe d'etre folu-
ble , parce qu'elle a perdu fon état falin : l’acidum pingue devenu libre
par la combinaifon de l’alkali avec l’acide nitreux ; s'applique à la terre
calcaire, & la rend chaux vive : celle-ci fe précipite à caufe de fon peu de
folubilité dans l’eau.
Cette propriété de la chaux d’être peu foluble dans l'eau , eff connue
de M. Jacquin, puifqu'il fait, d’après notre Apothicaire d'Ofnabrück ,
qu'il faut fix cens parties d’eau fur une de chaux. Mais fi , au lieu de fel
cauftique ; on emploie l’alkali fixe ordinaire, alors la chaux qui fe préci-
pire eit moins cauftiqué , en raifon d’une moindre quantité d’acidum
pingue, que cet alkali a reçu-du feu pendant fa calcination. L’alkali mi-
néral bien cryltallifé, & tout-à-fait dépouillé de notre acide primitif,
la précipite fous fa forme calcaire , & fans aucun indice de caufticité.
Si l'on répétoit les expériences ci- deflus, & que l’on fe fervir de chaux
vive , au lieu de pierre calcaire, on auroit les mêmes réfultats , excepté
que dans la combinaifon de la chaux vive avec l'acide nitreux, il ne fe
fait aucune effervefcence. La chaux vive, dans cette combinaifon , s'é-
chauffe beaucoup & perd toute fa caufticité; au lieu que, fuivant M. Jac-
quin , la pierre calcaire devient chaux vive.
Il eft bien vrai que cette maniere de calciner , fe nomme immerfive :
mais il faut toujours fous-entendre la précipitation par une fubftance
qui contienue le caufficum , & qu'il eft le feul qui donne l’érat de chaux.
Nous avons déjà dit dans le Journal de Phyfque du mois de Mars
1773 que la pierre calcaire ne pouvoit être réduire en chaux par les
rayons folaires, ce qui acheve de prouver que le principe qui conftitue
la chaux, eft préexiftant dans les matieres combuflibles ; & nous ajoutons
ici , que le feu ordinaire ( de même que le feu élémentaire ) ne peut
point non plus réduire l'or en chaux ; c’eft pourquoi on a recours à la
PNA ONTMISALTEMONIU\'E. 243
calcination immerfive , c’eft-à-dire à la diffolution & à la précipitation pat
une fubftance qui contienne notre principe cauflique ; au moyen de certe
double affinité, on parvient à réduire ce métal en chaux, dont la cohé=
fion eft fi peu adhérenre qu’elle eft fufceptible de déronnation , ce qui
Jui à fait donner le nom d'or fulminant.
Lorfque l'acidum pingue n’elt pas combiné avec les fubftances, ou qu'il y
eft en furabondance , il échauffe l’eau dans laquelle on leplonge; & l’on
juge de fa cohéfion plus ou moins parfaite par la chaleur qui enréfulte.
Par exemple, notre acide n’eft point combiné avec l’huile de vitriol ;
c'eft pourquoi il échauffe l'eau confidérablement. Notre cauflicum eft en
furabondance dans la chaux vive : voilà d'où vient la chaleur qui s’excite
lotfqu'on éteint la chaux, & qui ne fe manifefte plus enfuite , quoi-
qu'avec la même chaux l'on puilfe encore faire une quantité prodigieufe
d’eau de chaux , mais fans chaleur. Les alkalis fixes , les alkalis volatils,
l'efprit-de-vin, certains fels neutres , comme la terre folite ordinaire,
& généralement tous les fels neutres qui n’ont pas été privés de leur
eau-mere par la cryftallifation , l’échauffent auf : c’eft pourquoi tous les
fels que l’on obtient par cryftallifation, font moins âcres que ceux que
l’on fait deffécher. En partant de ce principe , la terre foliée, faite avec
l'alkali minéral bien cryltallifé, doit avoir la préférence fur celle qui fe
fait avec l’alkali du tartre ; car tous les fels neutres cryftallifés font abfo-
lument privés d’acidum pingue 3 c’eft pourquoi ils: rafraichiffent l'eau,
tandis que ceux qui font faits par deflication l’échauffenr.
Nous fommes perfuadés que cette acrimonie fe fait fenrir vivement,
& qu'elle agit défagréablement fur des tempéramens délicats ; ce qui
prouve que la néceflité de cryftallifer eft indifpenfable.
$- 36. Il n’eft pas poffible de prouver que la pierre calcaire foit de-
venue chaux vive par fa combinaifon avec l’acide nitreux. Nous avons
démontré $. 35, que la chaux vive, par fa combinaifon avec cet acide ,
perdoit au contraire toute fa caufticiré,, & que cette caufticité ne pou-
voit lui être rendue qu’en la précipitant par un fel cauftique,
Nous nous fommes aflez expliqués fur rous les phénomenes qui arri-
vent, en précipitant la pierre calcaire diffoure dans l’acide nitreux ; nous;
n’entrerons point dans un plus grand détail là-deffus ; d’alleurs, la pierre
calcaire expofée au foyer du miroir ardenr qui la prive entiérement d'eau
& d'air, qui ne‘lui'donne ni caufticité ni folubilité dans l'eau, en ur
mot, fans qu'elle devienne chaux vive, fuffit pour démontrer que ce
n’eft point à la privation de l'air fixe que la chaux doit toutes fes pro-
priétés.
$. 37. C'elt moins l'envie de critiquer que de développer la doétrine
de Meyer qui nous a déterminé à répondre & à démontrer à M. Jac-
quin que l'ai fixe de Black conunenté par Macbride , eft incapable de
Pag. 137,
3: alinéa.
244 PLACES VAIO NULLE
démontrer la caufticité de la chaux, & dont on ne pourra jamais prouver
l'exiftence par aucune expérience , & que quand mème cet air fixe feroit
bien prouvé, on ne pourra pas raifonnablement conclure que ce foit à
la privation de cette fubftance que la chaux vive düc routes fes pro-
priérés.
En récapitulant tout ce qui précede, il eft aifé de voir que le fel
cauftique elt un vrai fel neutre ; que la chaux vive, tant qu’elle eft avec
excès d'acide , s'échauffe avec l’eau ; que ce principe falin peur être tranf-
porté d’une fubftance en une autre ; que la chaux vive pefe plus que la
pierre calcaire prife féparément ; [abftraction faite du principe aqueux
& aérien ] qu'on peut priver la pierre calcaire de ces deux fubftances,
fans qu’elle puifle acquérir l’état de chaux.
L'extrème difficulté que l’on rencontre pour enlever aux alkalis fixes,
leurs dernieres portions d’eau fuffit pour prouver qu'ils contiennent de
l'air ; que cette difficulté provient de leur fufbilité; que Pair qu'ils
contiennent eft une nouvelle combinaïfon de ces dernieres portions
d’eau avec l’acidum pingue.
Plufeurs expériences nous ont conflamment démontré que l’eau &
l'air ne different entr'eux que pat le plus ou le moins de notre acidum
cauflicum ; que fans ce principe , l'eau feroit ftagnante & même felide ;
que l’air n’eft point un élément; qu'on ne peut point faire de l’air avec
l'eau par le moyen d’un éolipyle fans le fecours du feu; que l’eau qui
fort de l’éolipyle n’eft point le réfulrar d’une divifion méchanique , mais
bien une combinaifon du cauflicum avec l’eau ; que le feu & l'eau peu-
vent fe combiner par le moyen de l'acidum pingue pour donner la
flamme. -
La difficulté de réduire par l’analyfe les fubitances à leur principe
primitif nous a fait dire qu'il n’y avoit point de corps fimples dans la
nature ; que l'air eft fufceprible de fe décompofer ; que l'acide cauftique
n’eft pas lui-même une fubftance fimple, puifqu’il eft compofé de la
pure matiere de la lumiere avec un acide , qu'il n’eft point élaftique
fans le concours de l’eau
Toutes les fubitances qui contiennent notre cauflicum en furabon-
dance, ou qui n’y font pas parfaitement combinées échauffent l’eau; que
la chaux vive ne l’échaufle qu’en raifon de la furabondance de notre
principe falin ; que quoiqu’elle n’échauflàc plus l’eau par la fuice, elle
n’en étoit pas moins propre à faire de l'eau de chaux.
On a remarqué que dans l'exploitation des mines en grand, il y
avoit des circonftances où l’on employoit les rerres maigres & réfrac=
raires pour la fonte des métaux ; cette préférence que lon donne à
ces fortes de terres, eft fondée fur la propriété qu’elles ont de rece-
voir une plus grande quantité d'acidum pingue , & par-là d'augmenter
Vintenfire de la chaleur pour accélérer la fufon.
Enfin ;
4 PORC A QT ER 245
Enfin, nous avons démontré dans le cours de nos réponfes , qu'on
ne pouvoir expliquer que par l’ecidum pingue , les effets que l’on eroyoie
appartenir à l'air fixe, & nous avons fat fentir qu’un air humide &
froid eft plus élaftique qu’un air chaud & fec ; qu'il n’exifte point de
phlogiftique fans acidum pingue; que ce principe cauftique de la chaux,
combiné avec le phlosiftique n’eft point foluble dans les menitrues
aqueux non plus que le foufre; que l’alkali fixe ordinaifé ne contient
qu'un quart de fon poids de rerre abforbante telle qu'elle exifte dans les
végétaux ; que les trois quarts des fubftances qui s’en éroient diflipées
éroient étrangeres à fa nature : que la combinaifon nouvellement faite
de l’alkali fixe avec le vinaigre, donne une efpéce de gas régénéré, &
prouve que la crème de tartre eft un fel alkali avec excès d'acide; que
fi l'appareil de Macbride démontre de l'air tout formé dans les alkalis
fixes , ce n’eft que par le mouvement d’effervefcence, & qui ne peut
tout au plus fervir qu’à prouver l’analogie de notre cauflicum avec
l'air.
La Chymie , fuivant les principes de Meyer, ne doit pas être fub-
juguée par notre imagination, cette fcience au contraire doit fervir à
Îa rectiñer ; mais malheureufement elle a fes préjugés comme les au-
tres fciences , & qui lui font un tort confidérable ; la Chymie , donc
confidérée fans préjugé, eft plus correcte & plus certaine que la Phy-
fique , elle ne s’en tient point aux hypothefes , elle veut de la réalité.
Il eft permis aux Chymiftes de foupçonner ; mais il faut travailler;
après quoi raifonner fur l’opération, comparer Les réfultats, ne pas
confondre ce que Les corps donnent naturellement d'avec ce qui eft l’ou-
vrage du feu ; enfin, ne jamais faire plier les faits fous le joug d’une
théorie mal entendue.
D’après notre expofé , la Chymie doit donc être confidérée comme
une fcience qui loin de nous féduire, fert à éclairer & à confirmer la
vérité, contre l’ex:men de laquelle tout fophifme doit difparoître.
Nous perliftons toujours à dire que M. Jacquin n’a écrit que par
amour pour la vérité ; le même efprit qui nous anime, joint à la recon-
noiffance que nous devons à la mémoire de M. Meyer pour les inf-
» tructions particulieres que nous en avons reçues, nous engage pareille-
ment à prendre la défenfe de fa doctrine, & de ia vérité : c'elt dans
ces fentimens que nous avons répondu & démontré que l’acidum pingue
eft Le feul principe qui puille expliquer les phénomenes qui fe rencon-
trent tous les jours dans la Chymie & dans la Phyfique.
7<€
Tome IL, Partie IX, ÿ | LL
246 BIC NNS NTI
NT EU O TIRE
D'ure Groffeffe finguliere ;
+ s
PEN MAD EN AULELNENR:
Lu à L'Académie des Sciences, par M. ADANSON.
Acad, des G: RTRUDE Slantoani, mariée à l’âge de vingt-quatre ans à Domi-
Sciences de nique Pancaldi, accoucha pour la premiere fois fort heureufement & à
Pariss1773. terme, & n'eut d’autres incommagdités dutant fa groffeffe qu’un hoc-
quet qui la courmenra pendant quelques mois. Les deux grofleffes fui-
vantes fe terminerenc par de faufles couches.
Au mois de Mai de l’année 1763 elle tomba très-malade , & fe réta-
blic fur la fin de Juin. Ayant alors perdu fes regles, elle foupçonna une
nouvelle groffefle. Ses foupçons s’augmenterent, lorfqu’aux autres indi-
ces de grolfeffe il fe joignit un hoquet tiès fréquent & très - incom-
mode , auquel elle n’étoit fujette que lorfqu’elle fe trouvoit enceinte :
comptant donc la fin de Juin de l’année 1763 pour commencement de
fa groffeffe , elle en fixa le terme à la fin de Mars 1764.
En Novembre 1763, cinquieme mois de fa groffeffe, felon fon calcul,
fon ventre avoit proportionnellement enflé & grandi : il défenfloit ce-
pendant quelquefois, fans qu’elle eût lâché des vents, ou rendu des
urines plus copieufes, & fans indice d'affection hyftérique. En Novcm-
bre & Décembre elle fut attaquée par des coliques jointes à des eflorts
inuules de vomir.
En Janvier 1764, tourmentée de douleurs plus-violentes & plus fré-
quéntes dans la partie inférieure du bas-ventre , elle s’attendit à une
fauffe couche d’un moment à un autre; elle avoir mème fenti quelque-
fois des mouvemens qu’elle atrribuoit au fœtus ; mais ces douleurs & ces
mouvemens ceflerent enfin entiérement.
En Février il s’écoula de fa matrice une humeur muqueufe & fértide,
quoiqu'enpetire quantité. |
Sur la fin de Mars 1764 , elle fentit de fréquentes envies d’uriner &
d’aller à la felle. Ces envies éroient jointes à de nouvelles douleurs fem-
blables à celles de lenfantement. ;
Le troifieme jour , après que ces douleurs eurent difparu , il furvint
une fievre ; fon fein s’enfla, fe durcit, & il en forrit du lait pendant
plufeurs jours. Peu à peu le fein défenfla & le lait difparut enfin torale-
ment. Mais, dans le courant d’Avnil il foruc de fa matrice un pus qui
PURE MT IUULE NS OU dE. 247
fe changea enfuite en une humeur blanche & muquenfe ; cependant le
ventre refta enflé , relevé tel qu’il eft dans une femme enceinte de neuf
mois. Dès-lors il commença peu à peu à diminuer de volume , ce quai
obligea cette Dame à me confulter fur fa prétendue groffeffe.
Je la vis pour la premiere fois en Mai 1764. J'appris d'elle-même ,
outre ce que je wiens de rapporter, qu’elle manquoit d'appétir , qu'eile
avoir mème de la répugnance pour route nourriture , qu'elle éroit rour-
mentée d'infomnie, de fréquens évanouiffemens, de maux de tête , &
qu'elle maigrifloit confidérablemenr.
Je trouvai fon ventre plus gonflé dans la région hypogaftrique , & tel
qu’elle paroiffoit prête d’accoucher. En le touchant, jy fentis des iné-
galités dont les unes fembloient plus dures, & d’autres plus molles, Ces
parties changeoient de place lorfqu’on les pouffoir rantôt d'un côté, ran-
tôt d’un autre , ou lorfque la Dame prenoit une attitude différente. Ces
parties me parurent être renfermées dans un fac, que j'aurois cru être
l'utérus, fi, en ayant rouché en mème temps l’orifce, je ne l’avois trouvé
trop haut, pour pouvoir l’atteindre d’une façon convenable, queile que
fût l’atrirude de la Dame.
Après avoir de nouveau examiné le bas ventre , & mürement tour ce
que j'y avois obfervé , je n'héfirai pas d’affurer qu'il contencit un fœtus
mort ; mais je n’ofai dérerminer avec la même certitude fi ce fœrus évoit
dedans ou hors de l’utérus.
Je confeillai à cette Dame de ne faire uniquement ufage que des re-
medes émolliens, joints à une nourriture légere & reftaurative. Je pro-
pofai, pour calmer les maux de têre , une faignée du pied qui me parut
indiquée par la dureté & l'élévation du pouls. Elle fe fit faigner à la fin
de Mai : elle fur attaquée de convulfions hyftériques , & elle pafla quel-
ques nuits fans dormir ; mais bientôt après elle fut entiérement délivrée
des convulfons; le fommeil & l’ippérit fe rétablirent , & elle jouir pen
dant long-temps d’une parfaire fanté. Ce qu’il y eur de finaulier , fut que
fon fein s’enfla de nouveau, & qu'il en refortit du lait pendant quel-
ques Jours. {
Je lui confeillai encore d'aller jouir de l'air de la campagne, & de fe
donner un mouvement modéré , eh faifant de petits voyages en carroile.
L'ufage qu’elle fic de ces confeils, fi fortir peu de remps près des cail-
lots de fang de fa matrice; & continuant toujours l'exercice que je lut
avois prefcrit, fes regles reparurent au mois de Juin; & dès lors elles
refterenc toujours régulieres aufli long-remps qu’elle vécut. Le ventre sa”
baïffa, lé fac fe recrécit ; fes contenus diminuerent pareillement de vo-
Jlume , & cédoient lorfqu’on les comprimoit.
En Août de l'année 176$ je revis cette Dame; je la trouvai alors
pleine d'embonpoint, avec un teint fleuri, forte, lefte, & capable de
fourenir tout le poids de fon ménage, Comme elle ft ni difpofée ,
i'ij
248 PRE SET TO AULIUES
ni affez courageufe, dès ma premiere vifite, pour fe foumettre à tne
opération chirurgicale, elle en voulut encore moins entendre parler,
dans le temps où tout paroiffoit tourner à fon avantage. Elle commença
au contraire à abandonner peu à peu toute idée d’un fœtus renfermé
dans fon fein. Quoique bien réglée , & mariée à un époux qui la chérif-
foit, dès-lors elle ne devine plus enceinte. M
Quant à moi, fortement perfuadé qu’elle renfermoit dans fon ventre
un fœtus privé de vie, je follicitai le Médecin & le Chirurgien qui la
foignoient, d’obferver avec foin la fin d'un cas fi fingulier & fi rare.
Enfin, en Juiller de l’année 1772, j'appris de M. Bruñ, Médecin or-
dinaire de cette Dame, que fes regles avoient devancées de dix jours Le
temps ordinaire de leur apparition; que la mème chofe étoit encore
arrivée au mois d’Août ; que ces deux périodes étoient accompagnées de
douleurs dans le bas-ventre, & fur-tout aux aines. Le fang qui fortit
pendant ces deux dernieres révolutions , fut contre l’ordinaire , épais &
en caillots.
Dans la feconde période , la malade defira quelque remede propre à
calmer fes douleurs. On lui confeilla d'attendre que le flux des menf-
trues eût ceflé , dans l’efpérance que les douleurs difparoîtroient d’elles-
mêmes. La mème chofe étoit arrivée la premiere fois; mais le fuccès
ne répondit point à l’attente , puifque mème après la ceffation des regles,
les douleurs non-feulement continuerent, mais encore elles s’étendirent
à la région lombaire droite, & le long de la cuiffe & de la jambe.
Le 19 Aoùt il fe joignit à fes douleurs une fievre fi violente, qu'on
fut obligé de la faigner au pied : le jour fuivant elle eut de fréquens
vomiflemens. Après qu'ils eurent ceflé, elle prit de l'huile d'amandes
douces qu’elle garda à la vérité, mais fans en étre foulagé£e : les douleurs
& la fisvre continuerent ; il furvint de fréquentes envies d’uriner, & des
ténefmes ; les urines & les felles n'étant cependant évacuées que très-
rarement, on fut de nouveau obligé de la faigner. Le fang qu'on tira,
comme auf celui de la précédente faignée , & celui de la fuivante, fe
trouva coéneux & très-rénace.
Ni les faignées réirérées , ni les remedes adminiftrés ne parvinrent pas
à diminuer la force de la maladie : des lavemens narcotiques calmerent
un peu les douleurs, & procurerent à la malade quelques courts inter-
valles de repos.
Le cinquieme jour. fe pafla avec un peu de fievre, & prefque fans
douleurs ; le fixieme , la fievre redoubla , fuivie d’autres fympromes ,
& particuliérement de violentes tranchées. Toute la nuit fe paffa fans
fommeil ; une foif extrème s’y joignit. Le matin du feprieme jour, la
fievre avoit confidérablement baiffé ; mais, vers le midi il furvint un
nouveau redoublement , accompagné de friflons & de douleurs plus
aiguës & plus cruelles que celles que la malade avoit auparavant éprouvé.
r VE VOS aber à OU; E, 249
On tenta en vain tous les remedes que l’art pouvoit fuggérer. Le pouls
baifla & devine petit ; des fueurs froides furvinrenc à la place des tran-
chées qui cefferent entiérement. La-refpiration devint laborieufe , &
la malade expira le foir du feptieme jour, 27 Août 1762.
Je dois la connoïffance de l’hiftoire de certe derniere maladie au
Docteur Brufi, aux foins & à la follicitation de qui je dois pareillement
la permiläon que nous obtinmes d’ouvrir le cadavre qui fut difféqué par
le Chirurgien Pernetti, en ma préfence & devant le Médecin que je
viens de nommer.
Le bas-ventre feul fut l’objet de nos recherches. Notre empreffement
à ouvrir ce cadavre, provenoit uniquement du defir de favoir s’il conte-
noit un fœtus ou non; & dans le premier cas quel étoit fon étar & le
lieu de fa demeure.
Ayant pareillement examiné le ventre à l’extérieur, nous en trouvä-
mes la forme & le volume proportionnés à celle d’une femme telle que
la défunte , médiocrement graffe , & peu amaigrie par fa derniere mala-
die. Nous n'y obfervames nulle part aucune élévation qui püt indiquer
une groffefle. Cependant , en touchant la région hypogaitrique , outre la
roideur ordinaire aux cadavres, nous apperçümes depuis l’ombilic juf-
qu'à los pubis une dureté plus confidérable qui s’étendoit fur route cette
région.
A yant ouvert le bas-ventre , il en fortit une matiere liquide affez ref-
femblante à du pus blanchätre & clair, mais fort féride , dont toute la
cavité étroit inondée. -
Après avoir Ôté l’omentum , nous vimes une grande tumeur qui s’éten-
doit depuis l’ombilic jufqu’à l'os pubis, & qui, fi elle n’éroit pas l’uté-
rus même, tel qu’il paroït dans le cinquieme ou fixieme mois de la grof-
fee , lui reflembloit au moins parfaitement. Au toucher, elle fembloit
un fac rempli de fragmens offeux & charnus : au-deflus de certe rumeur
on appercevoit la veilie urinaire , livide en quelques endroits, & ne con-
tenant que peu d'urine ; les inteftins & les autres vifceres parurent être
dans leur état naturel , excepté que quelques petites portions des intef-
tins qui étoient contigus, & même attachés à la rumeur , étoient plus
épailles & plus dures que les inteftins n’ont coutume de l’être.
Ces attaches nous empècherent de bien diftinguer la figure & les con-
tours de cette tumeur. Cependant, autant qu’il fut poflible de la mefu-
rer, nous en trouvâmes la largeur de huit pouces , la longueur de
douze; & après en avoir féparé les parties qui y éroient attachées, la pro-
fondeur de dix.
En détachant la tumeur des parties adhérentes vers l’ombilic, nous
vimes que c’étoit en effet un fac ouvert en trois différens endroits , là où
fes parties avoient le moins d’épaifleur.
Nous jugeâmes donc que c'étoir par ces ouvertures qu’étoit fortie cette
2$0 PV Sr aNiun re 18
matiere purulente & féride, d’autant plus qu’en comprimant le fac , il
en fortoit une matiere parfaitement femblable. Nous introduisimes par
ces trous des fondes obrufes qui pénétrerent avec facilité jufqu’au cen-
tre de la tumeur , & qui fe laifferent conduire & replier en diverfes
manieres , excepté qu’elles heurroïent fouvent contre des parties plus
dures qui leur réfiftoient.
Nous abandonnâmes alors ces recherches pour féparer l'utérus , le va-
in & la tumeur entiere des parties adjacentes , afin d'en faire un examen
plus exact & moins confus. Avant de le'faire, je voulus premiérement
m'aflurer de lear pofition”, relativement à la partis inférieure du bafin.
Ayant donc introduit la main dans le vagin , je ne pus cependant pas par-
venir à toucher l’utéras , de façon à pouvoir dérerminer avec precifion fi
f2 groffeur & fa mobilité étoient relles qu’on les trouve hors du temps
dé la groffeife.
Quant à la pofition , je fentis très-diftinétement qu’il penchoit plutôt
vers le côté gauche , pendant que la bafe de la rumeur occupoit la plus
grande partie de l’entrée du bafin.
La difloturion , la corruption & le défordre de toutes ces parties
nous obligerent à ouvrir premiérement le vagin , pour nous affurer de
l’état de l’utérus, quoique l’utérus für étronement uni & attaché au
fac par fa partie poltérieure, & par la latérale droite; nous vimes cepen-
dant clairement qu’il ne fe trouvoit pas dans un érat de groffefle. La
trompe & l’ovaire gauche ne parurent pas dans leur étar naturel. L'urérus
éranz ouvert longitudinalement , on n'y trouva aucun corps étranger;
ôn y vit diftinétement l’orifice dé la trompe gauche.
* Hen fur tout autrement de la trompe & de l’ovaire droit qui étoient
renfermés l’un & l’autre dans la tumeur. On peut cependant introduire
une fonde dans la cavité de l’utérus de certe trompe. Il ne fut pas méme
difficile de la conduire par cette trompe jufqu'au dehors de la tumeur.
Ayant ouvert la tumeur par le moyen de la fonde, depuis fa bafe jufqu'à
fon extrémité fupérieure & de droite à gauche , nous la reconnûmes être
ün fac, dans la cavité duquel un fœtus fe trouvoit enfermé.
Quoique ce fœtus für corrompu & pourri en quelques endroits, fa gran-
deur l’indiqua être de fept mois, tems auquel il cefla vraifemblablement
de prendre fon accroiffement , &il mourur. Il étoit pofé de façon que les
feffes appuyoienr fur la bafe du fac; la tête fe portoit vers la partie fupé-
rieure ; le dos étoit tourné du côté gauche ; la poitrine & l'abdomen re-
gardoïent la droite; les bras & les extrémités inférieures avoient la
même poftion que celle d’un fœtus accroupi & renfermé dans l’urérus,
Les os éroient encore dans leur état naturel; ceux de la tête avoient
le mieux confervé leur liaifon. On y voyoir encore des reftes des che-
veux , des oreilles, des yeux , du nez & des levres; les autées parties
du tronc, & particuliérement les extrémités avoient encore confervé des
1,2 Lutrss
LR
TS D Se dE dd
.
LES Li SA AS Er. a 2 nr pt C TNNU 1
PANNES ET NIUE. 253
portions confdérales de leurs chairs & de leurs membranes ; mais les
vifceres du bas-ventre & de la poitrine étoient confondus & réduits en
une efpece de bouillie ; & quand même d’autres parties paroifloient
avoir gardé leur forme & leur tigure , tout fe diffolvoit & fe détruifoic
au moindre attouchement , quoiqu'on les maniät avec la plus grande
précaution. :
On ne trouva point de cordon ombilical; on ne put de mème pas dé-
terminer fi le fœtus avoit été male ou femelle. Le placenta exiftoit encore;
il étoit attaché à la bafe du fac, dont les parois étoient en cet endroit
plus dures & plus réfiftantes, L’adhérence n’étoit pas forte. Le placenta
s’en laifloit aifément détacher avec les doigts.
La puanteur infoutenable qu’exhaloir certe maffe corrompue , & fon
étar de diffolution nous empèchérent de faire des recherches plus dérail-
lces & plus exactes.
EE a
À RUE OPE DR roi: SRE 2°
Ecrite à l’Auteur. de ce Recueil ;
Par le Pere BERTIER, de lOratoire.
Le bien de la Phyfique demande que l'expérience fuivante foic
connue; & , pour cer effet, je vous prie de l’inférer dans votre Journal.
On peut faire certe expérience fans frais, à chaque inftant ; & elle
prouve que les corps pefent d'autant plus qu'ils font plus élévés fur la
terre jufqu'à une petite diflance.
J'ai mis à l’ouverture de la voûte de l’Eglife des Peres de l’Oratoire,
rue Saint-Honoré , haute d'environ foixante & quinze pieds , une ba
lance de l’un des plats de laquelle pendoit en deflous une ficelle de foi-
xante - quatorze pieds. Les deux plats étant mis en équilibre, j'ai mis
dans chacun un poids de trois livres, qui font reltés en équilibre; en-
fuite j'ai attaché au bas de la ficelle le poids qui éroit de fon côté , &
qui a été emporté par le poids fupérieur. Jai refait l'expérience avec
des poids de fix & de douze livres, toujours avec le même rétulrar. Je
n'ai pas obfervé la quantité dont le poids fupérieur emportoir le poids
inférieur ; mais j'efpere que les Phyliciens , qui vérifieronc cette expé-
rience , & donc je les prie , feront certe obfervation.
J'oubliois de dire qu'il sn'avoit paru que plus les poids éroient gros,
plus le fupérieur l’emportoit fur l'inférieur,
On voit dans cette expérience , que la force de gravitation ou centri-
pere des corps , eft d'autant moindre , que les corps font moins élevés ,
& que la force tangenrielle ou centrifuge qui diminue auili à mefure
que les corps fonc plus proches de la cerre , diminue moins que la force
de graviration. Je fuis, &c.
2$2 ERNEST S S TIMONNU dE:
Voilà, nous l'avouons , une expérience bien fimple; curieufe, &
far-tour.bien finguliere dans le réfultar, & dont le fuccès doit être véri-
fié avec le plus grand foin. Elle va fans doute renouveiler une difpute
qui paroifloir terminée par les Ecrits de M. Delalande , par ce que M.
d'Alembert en a dit dans le fixieme volume de fes Opufcules, & fur-
tout par les recherches que M. Lefage de Geneve nous a communiquées
fur les prétendues expériences faites au Faucigny, & inférées dans le
tome premier de ce Recueil z2-4°, page 250. Nous uniffons nos vœux
à ceux du Pere Bertier ; & invicons les Phyficiens à répérer cette expé-
tience , & à nous communiquer le réfulrat de leurs opérations.
ARE TSS:
AC
Dé oi, Rain PUR AE ON
DAUSNVEENIOLUMVPENLPILPE OR "AUTANNICEE;
Qui montre tout d’un coup le poids des chofes qu'on y met, avec for
vrai rapport aux poids des autres Pays, fans aucun tâlcnement pour
trouver l'équilibre comme dans les balances ordinaires ;
Par M, J. H, MAGALHAENS , Correfpondant de l’Académie Royale
des Sciences de Paris,
£, À balance que j’annonce , n’eft pas entiérement de mon invention;
je me fais un devoir d’en attribuer le premier mérite à M. Lud-Lam,
Anglois diftingué par fes ralens. 1l en a donné les principes avec leur
réfolution analytique dans les tranfaétions philofophiques de Londres
pour l’année 176$ , p.205. Il y décrit une petite balance en ce genre,
à l’ufage des Manufactures de laine. La gloire de l'invention lui en eft
donc due, quoique un Allemand ait ofé fe l’artribuer dans la fuite pour
J'avoir fair exécuter en grand fans aucun changement effenriel. À cet
effet, fous le vitre d’inventeur , il a obtenu un privilége exclufif (1),
(1) On obtient aifément en Angleterre ces fortes de privileges, en payant la fomme
de 80 livres pour droits , falaires, émolumens des Commis du Bureau des Patentes;
&c, Le vrai inventeur peut cependant fe faire rendre juftiçs , en plaidant contre l'ufur-
Pateur, pour annuller fon privilege,
cette
A R T &. 253
cette balance étroit encote trop défeétueufe, pour qu’on fongeit à ré-
clamer contre l’ufurpation. Le défaut effentiel provenoit du trop grand
frotrement qu'éprouve l’axe de fon mouvement ; défaut qui réfulre dans
cette forte de* balance , de l’épailfeur confidérable qu'il faut donner
au cylindre qui lui fert d’axe ; parce que le levier décrivant un grand arc
dans fon mouvement , il n’eft pas poflible de donner à cet axe la forme
d’un coin, comme aux balances ordinaires. Il en réfulte doncun grand frot-
tement, & par conféquent fort peu de jufteffe. En vain, l’exécuteur avoit-
il voulu y remédier, en faifant tourner cet axe fur deux roulettes de mé-
tal adaptées de chaque côté ; mais on fair que cette méthode peut bien
diminuer une partie du frottement, & non pas le détruire , du moins
autant qu'il eft néceffaire dans les machines qui exigent la plus grande
juftefle.
C'eft ce frottement que j'ai cherché à détruire; jy fuis parvenu en
imaginant de faire mouvoir cet axe dans deux plans d’acier très-dur, &
bien polis; de forte que la balance obéit, en tentant à la précifion du
poids , fans aucun obitacle ou frottement comme en jugera aifément par
l'explication de la figure I, pl. IL, qui repréfente une balance que j’ai
faite exécuter à Londres par l’ordre de M. le Duc d’Aremberg , protec-
teur zélé des arts qui l’a fait exécuter dans une des cours de fon Palais à
Bruxelles, afin qu'on puifle l’examiner attentivement, & fe convaincre
des avantages qui en réfultent. Malgré les défauts & les imperfections
qui fe gliffent toujours, dans les premiers eflais pour exécuter une ma-
chine nouvelle, fur-tout de la part des ouvriers qui ne font pas au fait
de ce genre de travail, & mème qui ne connoiffent pas ce qu'ils font;
néanmoins cette premiere balance démontre clairement au premier coup-
d'œil combien elle eft préférable à toutes celles dont on fe fert aétuel-
lement. Outre l'avantage de montrer tout d’un coup le poids réel des
chofes qu’on met dans le baflin avec le vrai rapport des poids des autres
païs, fon opération eft très facile & s'exécute dans le moment, en re-
gardant feulement quel eft le nombre fur lequel s’arrète l'index de la
balance auflitôt qu’on y met quelque chofe à pefer, fans être obligé de
charger le baflin en tätonnant comme dans les balances ordinaires , ni
faire parcourir fur fon levier aucun poids régulateur pour trouver l’é-
-quilibre comme dans la balance appellé Romaine.
Explication de la Figure T, Planche IT.
Cette figure eft feulement une efquiffe tant foit peu en perfpeétive,
pout aider à comprendre la conftruétion de cette balance. Les lettres
a. c. 0.b. d,n. c. marquent le levier plié en 4, où fe trouve l'axe de fon
mouvement, de façon que la partie a. b. forme un angle d'environ 1 $o
ou même 155 avec l’autre partie # c du même levier. Il porte une
malle de plomb marquée. / , qui lui ferr de poids conftanc, puis
Tome IT , Parc. IX. Kk
254 5. 1: “JE ae
de fa grande extrémité C. Les lertres n. c. montrent une lame de fer
très-mince d'environ deux pouces de largeur, mais affez longue pour
furpaffer la longueur du cadran ». 13. h. + c fur lequel elle eft perpen-
diculaire par la largeur , & fert d'index pour marquer par fa moindre
épaiffeur, le nombre correfpondant au poids qu’on met fur le bañlin g ,
de façon qu’en regardant dans la pofition, que cette lame reflemble à
une ligne droite ( celle de fon épailleur) on eft für d’éviter la paraliaxe
caufée par la pofition de l'œil de l'obfervateur , lorfqu’il feroit hors du
plan perpendiculaire à celui du cadran.
L'ovale recourbé qu’on voit dans la figure autour de cette lame , ne
fert qu’à la tenir bien rendue. Le baflin 2 eft fufpendu par des chaînes au
crochet f dans l’axe C.
Lorfqu’on veut pefer peu de chofe à la fois, afin d'en connoïtre le
poids plus en détail & plus exaétemenr, dans ce cas on fait ufage des
nombres marqués dans la face du cadran ». À. qui paroïît dans la figure ;,
mais lorfqu’on veut pefer en gros , il faut mettre le crochet fdans l’autre
axe O qui eft plus proche du centre de fufpenfion, & pour lors on fait
ufage des nombres marqués dans la face de l'autre côté du cadran ». #,
& d’un autre index comme ?. c. qui fe trouve de ce côté là.
On concoitaifément que le cadran n. 13, H.2. c. doit être peu
épais, & être fourenu par les deux piéces + x dans une pofition verti-
cale qui correfponde au mouvement du levier de la balance ; qui foir
bien perpendiculaire à fon axe » , & que les deux lames qui fervent d'in-
dex , attachées au corps où maffe de plomb ? 4 , doivent embraffer le ca-
dran coulant le long de fes deux furfaces, mais néanmoins à une dif-
tance raifonnable, fans la toucher aucunement, ni frotter contre lui,
à quelque élévation qu’elles montent. ‘
L’axe # du levier de la balance eft pofé fur deux plans d'acier , trem-
pé bien dur & bien potis, qui font dans une pofition horifontale, um
de chaque côte. Celui qu’on voit marqué dans la figure par les lectres
kI eft enchallé au bout du bras horifontal Z, p, q, & l’autre du côté op-
pofé dans celui de l’autre bras horifontal, dont on voit feulement la
partie s r. Ces deux bras font fuppofés du côté de la balance , par le
rocher vertical #, W r ; & celui-ci par la vis qu'on y voit attachée dans:
un anneau qui le foutient à plomb, & qui fert pour le baifler ou l’élever
autant qu’il faut. Les deux autres extrémités r g de ces bras, font pofées
fur une planche à la hauteur convenable & fixées contre la muraille,
ou fur un autre appui comme il paroît par la figure, toutes les deux dans
un même plan horifonital : au lieu que le cadran, n. 13, h.z. c. eft fixé
dans le fens vertical, & foutenu par deux piéces + x convre la murailie
comme on l’a déja remarqué. Ces deux bras horifontaux font recour-
bés enp & en s comme la figure le montre; de façon que.chaque ex-
uémité q r fe srouve affez diltante du cadran ; pour pouvoir examiner
se DES ETATS ; 2
commodément le nombre où l'index s'arrète chaque fois avec les Rod
différens qu'on met dans le baflin g.
Or, il eft bien évident qu'à mefure qu'on charge le baflin g la par-
tie a à du levier doit bailler, & l’autre partie à. d. n. c. doit monter
proportionnellemenr, jufqu’à ce que le centre commun de gravité fe
trouve dans la ligne de direction qui pafle fur le centre de l'axe de
fufpenfon 8 , laquelle eft perpendiculaire à l'horifon ; & par conféquent
à mefure que la diftance e. 4. ou o. b. eft plus grande, en proportion
de l’autre partie du levier 2. d, qui eft ne les efpaces parcourus
par l’index ». c, fur le cadran doivent ètre aufhi plus grands. Mais
comme les deux bouts de l’axe 4 roulent fur un plan horifontal, il eft
abfolument néceflaire de l’affujettir dans le mème endroit de ce plan:
autrement, il ne manqueroit pas de s’écarter du plan du cadran, &
par conféquent l’un & l’autre des deux index y frorteroit , ce qui l’em-
pêcheroit d’obéir à la force du poids. Outre cela, ils ne marqueroïenr
pas révuliérement les mêmes nombres correfpondans du poids véri-
table:
C'’eft pour obvier à ces inconvéniens , que j'ai ajouté la piece fourchue,
marquée y. 2.3. PV. 4.5 , & l’autre marquée 9.8. 7. qui font l'office d’af-
fujécir l’axe 2 toujours dans le mème endroit, ayant une cheville, qu’on
voit marquée par des poins entre 10 & 14, laquelle traverfe ces deux
piéces enfemble, aufhi bien que le bras, ou foutien horifontal /. p. g.
1l y a aufi deux autres piéces pareilles fur l’autre bras S. R, qui fonc
arrangées de la même façon que celles-ci. Le jeu de ces piéces eft le
fuivant. Lorfqu'on met quelque chofe à pefer fur le baflin g, l'autre
bout du levier x. C. ne manque pas de l’élever ; mais le frotement que
l'axe fouffre entre les piéces dont je viens de parler, l’empèche tranc
foit peu d’obéir entiérement à la force de la gravitation : cependant
auflitôc que l'index 7. C, à monté, on tire alors la manche marquée 13,
qui tourne dans l’axe 11, & fait élever la cheville 10. 14, avant que
la petite queue 12. touche dans la piéce marquée $ : en touchant cette
derniere , elle fait gliffer en avant la piece fupérieure4, W,3,2,7; &
dans le même temps jette en arriere la piece 7, 8 , 9, moyennant la piece
qui les lie enfemble, marquée $, 6, 7 qui tourne dans l'axe 2. Par cetre
méthode l’axe 4 du grand levier de la balance refte en liberté pour rouler
fur les deux plans d'acier trempé, ce qui avoit été tant foit peu empêché par
l’aflujertiflement de ces deux pieces latérales ; & pour lors 1l obéit hbre-
ment à la force centrale de la gravité commune des deux poids , fourenus
par les deux bouts du grand levier 1. C'eft alors que l'index marquera
exactement {ur le cadran ». H. le vrai nombre correfpondant à fon par-
fait équilibre ; c’eft-à-dire celui du poids variable qui fe rrouve dans la
balance ; car pour l’autre de la mafle gd", il eft toujours le même, &
peut feulement varier par fon élévation , par laquelle As RS du le+
KK ij
ei À
256 CA) PR NTI AS
vier de fon côté elt alonoée en proportion du poids qui eft de l’autre côté.
En lachant le manche 13, 1l y a un reffbrt # 4 qui repouffe dans le .
fens contraire les deux pieces aflujettiffantes en arriere ; alors la cheville
10, 14 retombe dans le trou commun de ces pieces, pour les y raffer-
mir : la même chofe arrive de l’autre côté fur le bras S R; car il y aauñli
des pieces pareilles, qui font mifes en mouvement par la même ma-
chine 13; ou pour mieux dire , par l’autre bout de fon axe 11 (1).
J'ai fait fixer un levier affez long au bont a , garni avec une chaîne, pour
pouvoir faire bailfer aifément le baflin g. Lorfqu’on veut le charger oa
décharger avec les chofes qu’on doit pefer ; mais 1! n’eft pas exprimé dans
la figure, pour ne pas la rendre plus compliquée.
Pour ce qui regarde la maniere de graduer le cadran avec les nombres
refpectifs du poids qui fait élever l’index à chaque hauteur différente, je
préfere la mérhode de pratique à tout autre qu’il ne feroit pas difficile de
déduire par la théorie. Elle confifte à les marquer une fois pour toujours,
en faifant ufage des poids connus, qu’on met fucceflivemenr dans le
baflin, en marquant le nombre fignificatif de chaque poids dans l'en-
droit du cadran qui correfpondra vis-à-vis de l'index 2 c, fuivant les
différentes hauteurs qu’il montera. Ce cadran étant divifé par des cer-
<les concentriques , comme le montre la figure, on pourra marquer fur
chacun d’eux une faite quelconque d’autres poids , fans autre inconvé-
nient que d'y appliquer une mefure proportionnelle, felen les rapports
“connus de ces poids avec celui qu’on y aura marqué d’abord : comme,
par exemple , ceux de Vienne, Londres, Hambourg & Bruxelles, vis-à-
vis des livres pefantes dont on fe fert à Paris, &c.
Je penfe qu'il y auroit de l'avantage à fixer le cercle ou cadran des di-
vifions au levier de la balance , & avoir dans le même temps ün index
fixe far une couliffe qui glifleroit fur le bras horifontal où eetre balance
<ft pofée ; éar dans ce cas les hauteurs refpectives de chaque poids fe-
roient dans une polition ferme & invariable à l'égard du grand levier ;
au lieu que le cadran ci-deffus qui en eft détaché , peur quelquefois
fouffrir quelque déplacement , ce qui néceflairement doit influer {ur fon
exactirude.
C’eft pour remédier à ces accidens , qu'on a mis la vis # pour haufer
ou baïffer convenablement jufqu’à ce que l'index marque le zéro du
cadran , lorfqu’il n’y a plus rien fur la balance que je viens de décrire.
Mais n'ayant pas encore fait l’expérience d’un tel changeinent dans cette
balance , je n’ofe le recommander que dans la forme où je lai va effee-
tivement très-bien reuflir,
(:} Les deux pieces $, 6,7 & 7,8, 9 ne fe trouvent point dans la balance de
THôtel d’Aremberg, quoique je les avois ordonnées dans le deflin. Ce fut une faute de
Pouvrier, dont je n'ai pas cru qu'il valoir la peine de faire rectifier l'erreur qui , d'ail-
leurs ne caufe aucun mauvais efler allez confidérable.
L 257: "
J'ai dit ci-deffus que le frottement de l'axe de cette balance étroit
entiérement anéanti par la méthode que je lui ai appliquée, faifant rou-
ler {on axe fur des plans bien polis & durs. Peut-être on ne jugera pas À
de même, lorfqu’on prendra le mot frortement dans une fignification +
. plus vague. Mais fi on le prend dans le fens qui lui eft propre , on ne mu
pourra fe refufer à l'évidence; car le frottement proprement dit, n'eft L Hi
pas autre chofe que l'action par laquelle les mêmes points de la furface }
d'un corps paflent fucceflivement en contaét avec différens points de ia
‘furface d’un autre corps : dans ce cas , chaque point de contact produit M
-une réfiftance particuliere dont la fomme totale eft d'autant plus forte,
| que la preflion eft plus grande ; parce que Les parties les plus faillantes,
| quoiqu'infenfibles de ces deux corps tombent à côté des autres dans les
cavités ou inrerftices des particules de la matiere de l’autre corps : elles
ne peuvent changer de PR , fans fe déplacer & fe déchirer les unes :
& les autres , pour que les mêmes points du contact d’une furface pallenc ï 4
fucceflivement dans des emplacemens différens de l’autre furface. Tout À |
au contraire , lorfqu'un cylindre régulier , bien dur & poli, roule fur une » s'il
furface bien plane, dure & polie, chaque point de contact eft entre dif-
férens points ; car, à chaque moment qu'il change de poñrion , en tour, .
-nant ou roulant dans la longueur de la furface plane , il n’y a que les à
“particules du plan qui paffent par fon centre , perpendiculaire à la furface . k
plane qui le touchent : & comme il change à chaque moment , ce font
toujours des différentes particules du cylindre qui touchent dans diffé-
rentes particules du plan; de façon, qu’à proprement parler, le frotte-
ment elt abfolument anéañti par ma méthode : & fans l’inertie réfiftante
de la matiere; & , ce qui plus eft, fans la réfiftance qui provient de l'ap-
platifflement des particules de la furface du cylindre, dont les plus dures A
ne manquent pas de céder par leur élafticité , lorfque la preffion eft fort
grande, & celle qui provient de l’enfoncement produit par la même
caufe dans les parties de la furface plane , fans ces réfftances : je dis, le :
levier-de certe balance rourneroit aufli aifément avec un grain lorfqu’elle
eft vuide, que lorfqu'elle eft la plus chargée.
À
a
Cu
M CE LEO DOTE "
Simple & aifée de rendre l'eau de la Mer potable ; en la dépouillant de
coute fu falure & de fon âcreté ;
Par le Capitaine NELLAN D. £ sit
ik ; L tee à Tran(.phist A
ES uftenfiles néceffaires pour cette opération font une marmite de ofde Lon® e
fer ou de cuivre, contenant foixante à quatre-vingt pintes d’eau ; um dies. 1772.
255 ANRT VS:
tonneau de la grandeur d’un muid ordinaire, du plomb en feuilles mine
ces, une petite jarre ou tout autre vaifleau qui peut fervir de récipient;
une provilion de cendies de bois ; du bois en fufhfante quantité , ou d’au-
tres matieres combuftibles pour chauffer l’alambic.
On forme Les canaux qui fervent à conduire l’eau , en battant des feuil-
les de plomb autour d’un bâton ou autre chofe femblable , capable de
leur donner une forme cylindrique. On les fait à volonté plus ou moins
larges. Les rognures des feuilles du plomb peuvent fervir à fouder les
deux extrèmités. On fupplée à la foudure par différentes pâtes , avec de
la groffe toile , de la cire & toutes fortes de matieres qui ne fe diffolvent
pas facilemént dans les menftrues aqueux, pour un lut parfait & fimple,
On fe fert de deux couches de bonne pâte avec deux bandes de linge l’une
far l’autre , d’une couche de cite, & par deflus celle-ci une troifieme
couche de la même pâte.
On monte l'appareil , après l'avoir fixé aux fermetures de l’alambic,
en particulier à la tête de la marmite qui eft étroitement fermée par un
couvercle de bois. On met dans la marmire foixante ou quatre-vingt pin-
res d’eau falée avec cinq ou fix poignées de cendres de bois neuf, qu’on
. mêle exactement enfemble, en les battant pendant un certain remps,
Le couvercle de bois adapté à la marmite , doit avoir trois pouces d’épaif-
feur. On y a pratiqué deux trous dont l’un fert pour tuyau de communi-
cation aux autres pieces & au récipient; & l’autre eft deftiné pour un
fecond tuyau, par le moyen duquel on peut mettre de l’eau à mefure
qu'elle paile pendant l'opération , fans la difcontinuer. Le tuyau de com-
munication ne doit entrer dans l’intérieur de la marmite que de deux ou
trois pouces , crainte que l’eau, en entrant rapidement par la force du
feu, n’entraînât avec elle des particules de fel ou d’autres principes
capables d’alrérer l'eau douce du récipient. :
Le couvercle & les tuyaux font liés intimement enfemble avec un maf-
tic fait de cendres de bois, du fel, d’eau , de la corde coupée bien menue
€ bien battue. Le tube fixé à l’alambic traverfe le ronneau par deux ou-
vertures diamétralement oppofées, d'environ trois pouces de diamerre,
pour entrer dans le récipient : le tonneau eft ouverr par fa partie fupé-
rieure : Le récipient eft aufli garni d'une fermeture de bois, où l’on a
pratiqué un trou pour le tube de communication. Une jarre peut fervir
de récipient. Quoique le tuyau paffe dans le tonneau plein d’eau froide ,
le récipient s’échaufle ; & il eft bon qu'une perfonne foi: continuelle-
ment occupée à le rafraîchir avec des linges mouillés.
Par ce procédé, l’eau fe trouve fraîche tout de fuite, & eft bonne à
boire en {ortant du récipient. On prévient encore par ce moyen la frac-
sure du récipient : ladiftillation par cet appareil fournit chaque jour trente
& quarante pintes d’eau douce, le jour étant fixé à douze heures. Il faut
avoir foin de remplir l'alambic deux fois par jour ; & on a obfervé que
EE Er,
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NU RE RCE AT]
Peau, en bouillant , diminuoit de quatre pintes par heure , vers le milieu
du jour on verfe dix-huit ou vingt pintes d’eau dans la marmite, &
autant , fixheures après fur la fin du jour.
Le procédé de M. Nelland peut être employé dans un befoin preffanr,
quoique trente ou quarante pintes d’eau foient une foible reflource pour
un nombreux équipage ; mais on ne voit pas la néceflité qu'il y a d’ajou-
ter de la cendre de bois neuf à l'eau de la mer : elle doit néceffirémenc
produire une effeivefcence; & attendu le-peu de diftance du fond de la
marmite au chapireau , il doit néceffairement paffer dans le récipient
quelques parties d'eau de la mer , & elles feroient fuffifantes pour don-
ner un goût défagréable à l’eau douce qui pañleroit enfuite. D'ailleurs,
on ne voit dans la machine enrployée aucun expédient pour empêcher la
communication de l'eau falée avec l'eau douce, communication qui doi
néceffairement avoir lieu dans les mouvemens d’agiration plus où moins
forts , que le vaiffeau éprouve continuellement. L'alambic propofé par
M. Poiflonnier eft bien fupérieur ; 1l réunit tous les avantages pofñlibles,
& n’a aucun inconvénient. Nous aurions ici décrit les alambics que cet -
ami de l'humanité a imaginé, & dont le fuccès le plus décide à cou-
ronné la découverte , fi M. Beaumé , dans fa Chymie expérimentale &°
raifonnée , n’en avoit donné rous les détails & Îes proportions. Comme
cet Ouvrage eft entre les mains de tout le monde , il eft inutile de ré-
péter ce qui ef dit.
Par curiofité , & plus encore par befoin , on s’eft occupé depuis long-
temps à chercher les moyens de deffaler l’eau de la mer. Voici une obfer-
vation qui mérite de trouver. ici fa place : je crois l'avoir lue autrefois
dans les ouvrages de faint Grégoire ( ce dont je n’ofe cependant répon-
dre). On prend un vaifleau quelconque , on le remplir d’eau de mer ;
placez fur le feu , l’eau s'évapore & la vapeur eft reçue par des éponges
bien lavées , bien nettes, qu’on a foin de difpofer & de fufpendre fur
le vaiffeau , de maniere à rerenir, le plus qu'il eft pofible, les vapeurs
aqueufes qui s’élevent. Lorfque les éponges en font bien imbibées , on
les prefle, & on reçoit l’eau qu’elles rendent dans un vaifleau féparé ,
& cerre eau eft bonne à boire. Cet antique procédé & fi fimple ne méri-
troit-il pas qu'un Phyfcien s’en occupât , quoiqu'il foit , à tous égards
bien inférieur à celui du célebre M. Poiffonnier ? La plus petite reffource:
dans un cas défefpéré devient bien précieufe,
À cette idée j'en joindrai une autre, inférée dans les Actes de Leipfñk,
du mois de Septembre 1697. M. Samuel Reyher dir que l’eau de mer
p2rd fon fel en fe glaçant. Bartolin l’avoit également obfervé ; & ce fait
eft rellement avéré à Amfterdam , que les Braffeurs de certe Ville em-
ploient l’eau de la mer lorfqu’elle a été gelée & dégelée , à la place
d’eau douce pour faire leur biere. Il réfulre des expériences de M. Rey-
her, que les morceaux de glace d’eau de mer font parfaitement doux 3
COR
169 ARR TUE
que l’eau voifine, & fur laquelle la glace eft portée, n'eft point falée ; enfin;
que l’eau rirée de deffous la glace , au moyen d’un fyphon, & à un pied
& demi de profondeur , étroit médiocrement falce, & l’eau tirée de la
profondeur de cinq pieds étoir tellement falée , que quatre livres de
cette eau , après fon évaporation, par le moyen du feu, donna une once
& un fcrupule & demi de fel,
GR — np 67e
NOUVELLES LITTÉRAIRES.
L'Académie des Sciences, Belles-Lertres & Arts de Rouen propofe pour
les deux Prix qu’elle aura à diflribuer dans [a Séance publique du mois
d’Août 1774.
Un des premiers objets de l’Académie ayant toujours été de s'occuper
de l’'Hiftoire naturelle & civile de la Province, elle propofe pour fujer
du prix qu’elle aura à donner en 1774.
« Une Norice critique & raifonnée des Hifloriens anciens & modernes
» de la Neuftrie & Normandie, depuis fon origine connue, jufqu’à notre
» fiecle, pour fervir d'introduction à l'Hiftoire générale de la Province »,
Ce Prix, donné par M. le Duc d’Harcourt, Protecteur de l’Acadé-
mie , eft une Médaille d’or, de la valeur de 390 livres. Les Ouvrages
feront adreflés, franc de port, à M. Haillet de Couronne, Lieutenant-
Criminel du Bailliage , Secréraire perpétuel pour les Belles-Lettres ; &
ne feront reçus que jufqu'’au premier Juillet 1774 inclufivement. Les
Auteurs font avertis de ne point fe faire connoître , mais de joindre feu-
lement à leurs Mémoires un billet cacheté qui contiendra la répétition
ie l’épigraphe , où fentence mife en tête, & leur nom, ainfi que leur
adrefle,
L'Académie propofe pour prix des Sciences pour 1774 , « d'indiquer
» quelles ont été les découvertes anatomiques depuis le commencement
» de ce fiecle, & les avantages que l’art de guérir en a retiré » ?
Ce Prix, donné par M. le Duc d'Harcourt , eft une Médaille d’or,
de la valeur de 500 livres. Les Ouvrages feront adreffés , porc franc , à
Mi. L. À. Dambourney , Négociant, Secrétaire perpétuel pour les Scien=
ces, &c.
Septembre 2778 :
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MESSE SITE
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LA PHYSIQUE,
AUUR,-L-HISDOLRE...NAT U RE LL E
EL SU ROME SAR UES :
AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE,
DÉDIÉES
AMEL E UC OUMT ED’ ART O IS,
Par M. lA4bbé ROZIER, Chevalier de l'Eglife de Lyon , de l Académie
Royale des Sciences, Beaux Arts& Belles-Lertres de Lyon, de Villefranche,
de Dijor, de Marfeille , de la Société Impériale de Phyfique & de Botanique de
Florenc:, &c. ancien Direëteur de l'Ecole Royale de Médecine Vétérinaire
de Lyon.
MOSM ET SEX C.0/ ND:
AIVPARIS,
Hôtel de Thou, rue des Poitevins.
MRDIG IC UTC EXT NINT
AMECPRIVILECGE DU RO.
a
S.O: Di )SICFRTN END ON
De ce JourNAL DE PuysiQus
Iz paroîtra chaque mois un Volume de dix à on7e feuilles.
ën-4 enrichi de gravures en taille-douce. On poura a la fr:
de chaque année relier ces douze Volumes, & 1ls formeront
deux Volumes in-4 de 6o à 70 feuilles. On foufcrit pour cet
Ouvrage à Paris chez PANcxoucxE , Hôtel de Thou, rue
des Portevins , & chez les principaux. Libraires des grandes
villes de ceRoyaume & des Pays étrangers. Le prix de la.
foufcription eff de 24 liv. pour Paris, & de 30 liv. pour la Pro-
vince, franc de port. On a cru auffi devoir fe borner à l’ancien:
titre & fupprimer celui de Tableau du travail annuel de toutes:
les Académies de l’Europe, citre trop general pour un Jour--
nal de Ph;fique. Cet Ouvrage efl une Suite tnaifpenfable de
la Colletion académique.
Les Savans qui voudront faire infèrer quelques articles
dans ce Journal, font priés de les adref[er à ‘l’ Auteur, place
& quarré Sainte-Gencvieve, au coin de la rue des Sept-votes,
Là CC
VA bb LE
® ES HIT IC L ES
Contenus dans cetre dixiemie Parties
Thssrerarron Jur les caufes qui produifent les variations du Bare-
metre, par M. de la Montagnes Doëleur en Médecine, page 26%
Objérvations de Phyfique , lue à l'Académie Royale des Sciences, Le 14
Juiller 1573, 271
Confidérazions eptiques , rroifieme Mémoire. De la caufe irnmédiare de’
la Réfraétion ; par M*** , Correfpondant de l’Académie Royale des
Sciences de Paris , 1bid.-
Quatrieme expérience du Pere Berthier , qui tend à prouver que les corps
pefent plus à mefure qu’ils s’éloignent de la terre, 27
Premiere Lettre de. M. Francklin au Doëteur Lining® fur le Rafratchiffe-
ment produit par l’évaporation des liqueurs , 276
Précis de la Doërine de M. de Morveau, fur le Phlogiflique ; & Obfer-
Vations-fur cette doétrine , 281
Defcription des effets de la Neige fur les grains Je méS ; 297
Defiriprion des effets du Sommeil fur la chaleur du corps humain; par
M. Martin, 192
Obfervations fur nne Aurore boréale , communiquée par un Correfpondant*
de Lancafîre en Penfylvanie ,. 295$
Obfervation fur un triple Arc-en-Ciel ; par le même, 296
Extrait d’une Lectre écrice de Milhau , le 9 Mars 1773 ; par M. Peller
Doëleur en Médecine ;: & adreffée à M..de la Condamine, de l’Aca-
démie Royale des Sciences de Paris, , 297
Differtarion anatomico-phyftologique Jur la préparation des liquides écré-
toires du corps humain par la réforption, & [ur les diverfes & confidé-
rables utilicés qui en réfultent; par M. Meckel, 295
Lettre écrite à l’ Auteur de ce Recueil; par M. Mitouard, Maïrre er!
Pharmacie, & Démonflrateur de Chymie , 323
Lettre de M Bayeu , Jur le Sel effentiel a fille, 324
Rapport fait à l Académie par MM. Fougeroux de Bondaroy & déznfor,
du Mémoire de M. Æntoine- Laurent de Juffieu, Intitulé : Examen de
la famille des: Renoncules, -327
Gbfervation fur la fleur du Tournefol , ou Soleil, Helianthas annuus. L1N.
S?, PL. corona folis, C. B, P.- 33 11
4 DAT.) Le
TA AUP PET.
Œertre à l’ Auteur de ce Recueil, en réponfe au Mémoire de M. Beaumer,
{ur la Pierre cornée, infere page 154, come II; par M. Monnet,
31
Réponfe de M. le Colonel de Brequin , fur la nouvelle Balance ee
M. Magalhaens, dans une des cours de l’Hôrel d’Aremberg à Bruxelles,
en Fevrier 1773: 333
Réponfe de M. le Colonel & Ingénieur de Brequin, aux réflexions de
M. Magalhaèns , Jur la Sonde que le premier a inventée , 335$
Rapport fait à l'Académie des Sciences, par MM. le Chevalier d’Arcy
& Beaumê, du Mémoire de M.Grignan, Maître des Forges à Bayard,
Correfpondant de l’Académie & de celle des Belles-Lettres , fur une
nouvelle Fabrique de Canons d’Artillerie, de fonte épurée, ou de régule
de fer, É 336
Mémoire de M. Guerin , fur une Étuve économique , dont il à préfente le
modele au Bureau de Brive , à la féance du Lundi 10 Février 1769, 340
Nouvelles lictéraires ; de: 544
Fin de la Table.
LS
qq
APE PEUR SONMPARAPAQPIMEO EN
J. lu, par ordre de Monfeigneur le Chancelier , un Ouvrage ayant pour titre:
Obfervations fur la Phyfique, [ur l’Hiftoire naturelle & furles Arts, &c. par M. l'Abbé
Rozier, &c. & je crois qu'on peut en permette l'impreflion. À Paris, ce 30 Oc=
bre 1773:
Mae 77 GARDANE,
PHYSIQUE.
D'AROMMSMEURCUE A ET ETTOMN
Sur les caufes qui produifent les variations du Barometre (1).
Par M. DE LA MONTAGNE, Doëleur en Médecine.
0
KE dût être un fpectacle bien agréable pour l'œil des Phyfciens ;
que l’initrument merveilleux, inventé en 1643 par l'illuftre difciple
de Galilée ; le tube.de Torricelli. Il démontra le premier aux Savans,
qu'une colonne de Mercure de vingr-fept pouces & demi étoit en équi-
libre avec une colonne d’air de toute la hauteur de l’athmofphere ; il
leur apprit que cet élément qu’on croyoit doué d’une légéreté abfolue ,
exerçoic une preflion très-confidérable fur notre globe. Occupés à con-
fidérer ce phénomene d’hydroftatique , ils durent bientôt s’appercevoir
que le mercure ne fe foutenoit pas toujours à la même haureur , quoi-
que l'inftrument füc placé au même niveau de la Terre ; mais, qu’au
contraire ce métal liquide haulloit & baitloit alternativement , & fouvent
d’une maniere très fenfble & très-brufque. Ces chingemens les éton-
nerent ; ils redoublerent d'attention ; & 1ls vbferverent que lorfque le
mercure defcendoit fur-tout de pluleurs lignes à la fois & en peu de
temps , il annonçoit d'une maniere infaillible la pluie , le vent, & en
général le mauvais remps. On vit aufli que le beau temps ne manquoit
point d'arriver quand le mercure montoit de la mème façon au deflus de
fa hauteur moyenne. Ces obfervarions furent publiées ; le barometre
devint célebre ; chacun voulut fe procurer un inftrumenc utile, & qui
piquoit infiniment la curiofité.
Les Phyficiens, nation la plus curieufe , la plus remuanre de l’Uni-
vers, ne fe font pas contentés de connoitre cer effet & les circonftances
qui l’accompagnent ; ils ont fait tous leurs efforts pour en dévoiler la
caufe. Ils fencoient apparemment combien il eft important pour l'utilité
des obfervarions météorologiques , de favoir au jufte dans quel état l'air
{1) Toute ingénieufe que foit l'opinion de l'Auteur, qui cependant, efl un com=
pofé de plufieurs autres, elle ne fera pas admettre certains principes bien éloignés
d'être reçus ; la fimple leéture mettra les Phyficiens dans Je cas d'en juger. l’luheurs
obftrvations neuves nous engagent à la faire comnoître,
Tome II , Partie X. L1
262 PE PT SORENION EU) 5
correfpond à tel ou tel degré délévarion ou d’abaiffement de la part du
mercure. Cependant il ne paroït pas jufqu’ici que leurs tentatives aient
été heureufes. Nous ne craindrons pas de propofer nos foibles raifonne-
mens, non pas avec la préfomption d’avoir découvert la vérité, mais
dans l'efpoir flatteur que nos erreurs donneront heu à quelque Phyfi-
cien éclairé de répandre des lumieres fur cet objet.
Ea2 pefanteur de l'air eft la caufe certaine qui empèche la colonne de
mercure de fe vuider dans le vafe qui lui fert de réfervoir , & la fourient
à cart - A
à la hauteur défignée. Cela pofé, la furface du mercure qui fait effort
contre une colonne de l’athmofphere dont la bafe eft égale , ne peut
être preffée davantage , à moins que Le poids de cette colonne n'ait été
augmenté : l'effet oppofé aura lieu, .quand le poids de cette colonne
fera diminué par une caufe quelconque. C’eft à nous à rechercher quelle
peut être cette caufe; ou plutôt combien de caufes peuvent concourir
€nfemble dans le fait que nous examinons ?
Nous les diviferons en caufes variables & en caufes permanentes :
toutes tendent à augmenter ou à diminuer le poids de l’athmofphere ,
les unes par une action momentance , les autres par une action conf-
tante; les unes d’une maniere purement locale , les autres agiffant uni-
verfellement.
Entre les caufes variables nous mettrons, 1°. l'éloignement ou la pro-
ximité des Aftres , & {ur-tour de la Lune, qui ef le globe le plus voifin
de la Terre, ainfi que le pafage de ces aftres par le Méridien ; 2°. a
diftance plus ou moins grande où font les divers pays des poles & de
l'Equateur; 3°. l'accumulation des parties de l’air fur le même endroit
de la Ferre, produite par des vents qui foufflent de côtés oppofés, ou læ
difperfion de ces mêmes parties caufée par un vent direét, qui ne rrouve
point d’obftacles ; 4°. l’éruption des volcans & des vents fourerrains &
les tremblemens de terre ; 5°. les fermentations qui fe font à la furface
du globe , produites par la diffolurion & putréfaétion des fubftances ani-
males & végétales , & qui fourniflent une grande quantité d'air; 6°. les
diFérentes viciflitudes de chaud & de froid qu’éprouve l’athmofphere.
Examinons toutes ces caufes féparémentr.
1°. La Terre & les autres Planetes, emportées autour du Soleil , dans
des tourbillons que Defcartes à employé d’une maniere fi ingénieufe &
fi vraifemblable ( quoi qu’en difent ceux qui aiment mieux les détruire
que les corriger) ; les Planeres , dis je, ne gardent point toujours entre
elles la mème fituation refpective, non plus qu'à l'égard du Soleil. Elles
fe rrouvent mutuellement en conjonétion ou en oppofition les unes avec
les autres. On fent que dans tous ces cas, la preflion qu’éprouvent leurs
arhmofpheres par le mouvement de la matiere célefte, doit varier beau-
coup. Il feroit fans doute très-curieux & très-important d’avoir des
bles exactement dreffées , de la hauteur du barometre , à l'approche des:
; 2 10: «
différentes Planetes ; mais la plupart des Phyficiens ne font pas aflez
Aftionomes, pour pouvoir faire ces fortes d’obfervations; & les Aftro-
nomes négligenr ces remarques. Nous nous bornerons à éxaminer ce
qui doit arriver à l’athmofphere rerreltre dans la révolutionde notre globe
autour du Soleil.
On fait que la Terre, dans fon mouvement annuel , parcourt une
ellipfe où courbe rentrante dont la circonférence eft plus proche du
Soleil vers une extrèmité de l'orbite, que vers l’autre ; & que c’eft la dif-
tance du Soleil au vrai centre de l’ellipfe, qu'on appelle excentriciré, On
fait aufli qu'en hyver , la Terre parcourt la portion de fon orbite la plus
voiline du Soleil, tandis qu’en été elle parcourt l’autre portion qui en eft
la plus reculée (1). L’admirable regle de Kepler nous a fait voir que ies
Planetes avançoient avec plus de vitefle dans leurs orbites, à mefure
qu'elles s'approchent du Soleil, & qu'en temps égaux elles parcouroient
des arcs elliptiques beaucoup plus grands. Tout ceci nous donne la raifon
pourquoi la hauteur du mercure eft plus grande , &' varie davantage en
hyver qu’en été. En hyver le mouvement de la Terre eît confiderable-
ment acceleré ; ce qui démontre que le tourbiilon où elle eft plongée ,
fe meut plus rapidement : la force centrifuge du tourbillon doit par con-
féquent croître en mème temps. Il doit repouller plus fortement vers le
bas rous les corps qui acquerront moins de cette force centrifuge que lui.
Comme l'air eft du nombre, cet élément doit être plus repoullé qu'à
l'ordinaire : fa pefanteur fpécifique doit donc auzmenter : fi la hauteur
du barometre varie davantage alors , c’eft que la Terre.s’avançanc vers le
Soleil avec la plus grande viteile , fe trouve expofée de moment en mo-
ment à une preflion qui devient de plus en plus fenfble, & certe preflion
diminue aufli dans la mème proportion , à mefure que la Terre s'éloigne
du Soleil, & remonte dans fon orbite. En été, au contraire, le baro-
metre doit être moins élevé ; il doit fe trouver moins fujet à des varia.
tions. La caufe fe déduit facilement de ce que nous avons dit. La Terre
eft alors dans fa plus grande diftance du Soleil; elle fe meur très-lente-
ment ; la matiere célefte qui l’environne, eft dans une agitation moins
grande ; l’athmofphere s'étend avec plus de liberté ; la force centrifuge
que lui communique la rotation du globe , eft moins fortement contre-
balancée par ceile du tourbillon de la terre; l’air doit donc pefer beau
coup moins. Sa pefanteur devient infufhfante pour foutenir le mercure
à la même hauteur qu'en hyver. Comme la Terre marche plus lente-
ment , les changemens qui arrivent à la pefanteur de l’air font moins
fréquens ; le barometre eft pour lors moins fujet à varier. On remar-
——————_—_—————.———————————…—…—êr
(1) La Terre eft plus près du Soleil en hyvez qu'en été d'environ 1200000 lieues,
VoitaIRE , Elémens philofophiques de Newton.
Llij
SRI CO. UT, E 263! _-
264 | PSM NRC UE
quera que nous avons fait abftraétion ici des autres caufes qui concow-
rent à modifier le poids de l’athmofphere. per
La Lune , qui n'eft éloignée de nous que de foixante & demi de dia-
metres du globe rerreftre ne peut manquer d’avoir un très-grand empire
far l’athmofphere. Et comment ne l’auroit-elle pas? C’eit bien elle qui
fouleve la mafle énorme des eaux de l'Océan. Quelle preflion ne doit-
elle pas exercer fur l'air , pour qu’il puiffe tranfmettre aux eaux un mou-
vement aufli prodigieux. Dans fa conjonétion ou dans fon oppolition ,
c’eft-à-dire placée dans le plus petit diametre du tourbilllon dela Terre,
elle retrécit le canal par où circule la matiere célefte. Elle l’oblige de
refouler contre l'air qui eft deffous. Mais, dira-t-on, qui empêche ce
fluide célefte de refluer fur les cotés, plutôt que de s’enfoncer? A cela
nous répondons qu’il ne peut fuivre librement cette direction, parce
que d’une part le refte du tourbillon fe meut avec une rapidité qui s’y
oppofe; & de l’autre, le canal fe trouvant retréci , le Auide ne peut plus
y circuler comme auparavant ; au lieu que l'air qui eft M. © fe
trouve naturellement difpofé à céder fa place , en fe condenfant. On voit
par-:là que la hauteur du barometre doit augmenter avec celle des marées
qui, vers ce temps font plus confidérables. Le même effet aura lieu fous
chaque degré du méridien par lequel la Lune paffera ; & l’on a dû obfer-
ver dans les ports qui font fur l'Océan, que le barometre montoit dans
le Aux, & defcendoit dans le reflux.
2°. Cet applatiffement de la Terre vers les poles fur lequel fe fonde:
la gloire de l'illuftre Maupertuis, comme l’a dit l’homme unique qui
fair fi bien louer les grands Hommes d’un trait de plume , eft mainte-
nant une vérité démontrée. Il n’eft pas permis de croire que des Mathé-
maticiens , tels qu’on en voit peu, fe foient trompés tous enfemble dans
leurs calculs qui s'accordent à faire les degrés du méridien beaucoup plus
grands vers le cercle polaire, que ceux qu'on a mefurés emFrance. D'où
il fuit, comme l’a démontré fort clairement M. de Maupertuis dans.
Particle XIIL de fes Elémens de Géographie , que la figure de la Terre
eft un ovale dont le grand diametre eft dans le plan de l'Equateur 1).
C'eft d’ailleurs ce qu'avoir conjeturé Newton, dunt le feul nom réveille
en nous l’idée de l'oracle ie plus impofant de la Philofophie , ainf que
le grand Huyghens ; &, pour le dire en paflant , il femble que des Mor-
tels qui, malgré la foibleffe de leurs organes, ont apperçu des vérités
f fublimes , doivent avoir emprunté la vue des Anges. La théorie des
forces centrifuges eff ici d'accord avec les obfervarions. Suivant les loix
de cette théorie, il eft certain que les parties de la Terre, fituées fous
l'Equateur & vers les environs , zinfi que tous les corps ambiants fe trou-
(1) Suivant les mefures prifes au pole , le diametre de l'Equateur furpañe l'axe de
la Terre de 36880 toiles.
HUTRe © vw r. 26$
ge nd cercle de la rotation du globe, doivent
uge très-
grande. Qu'on juge de cette force par
mn tn P
vant placés dans le plus
acquérir une force centri
Ja rapidité du mouvement « jurne de la Terre. Le diametre de notre .
globe eft de 3000 lieues; le diametre d’un cercle eft à fa circonférence, 4
comme un eft à trois. La Terre fait donc sooolieues en vingr-quatre heu- . “4
res ; ce qui donne 375 lieues par heure. On ne doit donc pas être étonné L b
- que la furface de la Terre foit plus convexe fous l'Equateur que vers les h
poles, & que la defcente des corps y foit moins rapide. C’eft ce qui ‘0
retarda les ofcillations du pendule de l’hotloge de M. Richer à Cayenne.
L'air doit éprouver encore plus que les corps folides cette force centri-
fuge. Il doit exercer un contaé&t moins fort fur cer endroit du globe,
& obéir moins à la loi générale de la pefanteur. Voila la caufe qui Fair
defcendre le baromerre, à mefure qu'on s'approche de l’Equateur. Au
contraire , en s’avançant vers le Nord , les cercles qui entourent la Terre,
diminuent fucceflivement de diametre ; comme ils parcourent un efpace
moindre en temps égaux que les cercles qui font plus près de l'Equa-
teur, ils ont aufliun mouvement plus lent. Leur force centrifuge dimi-
nue ; la pefanreur s'exerce plus librement; elle enfonce les parties de la |
Terre vers leur centre, & produit l’applatiffement de la Terre. Tous les
corps doivent donc devenir plus pefans ; la preflion verticale de l’arh-
mofphere doit donc augmenter. Aufli en Danemarck, la hauteur du
mercure eft-elle de vingt neuf pouces & demi , & à mefure qu’on s’a- A MR
vance vers le pole, cette élévation du mercure doit toujours aller em |
croiflant. Nous ne terminerons point cet article fans faire obferver quelle
méchanique fimple la Nature met en ufage pour obtenir différens effets.
Il falloit que l'air für pefant; mais il ne falloir pas qu'il le fût crop. Le
mouvement diurne de la Terre fur fon axe , en diftribuant rour à tour Le
la lumiere aux Peuples qui habitent fes divers climats, communique en .
même tems à l’athmofphere une force centrifuge qui l'empêche de pefer
trop fur la furface du globe. Sans cela nous aurions été accablés du poids.
de l’élément dans lequel nous devons vivre.
3°. H s’agit ici de l'accumulation des particules de l'air fur un mème ;
endroit de a Terre produite par des vents oppofés les uns aux autres,
On voit aifcment que des vents contraires doivent augmenter la denfité
- de l’athmofphere, en entaffant fur un même endroit du globe plus de mo-
lécules d’aic qu'il n’y en a ordinairement. De plus , les molécules d'air
choquées dans l'endroit où les courans fe croifent, doivent gagner en
hauteur pour fe mettre en équilibre :or , par les loix de l'hydroftarique
la hauteur perpendiculaire des colonnes d’un fluide augmentant, la préf-
fion que ces colonnes exercent fu: leurs bafes , augmente à proportion,
On comprendra auffi fans peine que s’il ne regne dans l'ichmofphere:
qu'un feul vent ,le mouvement horifontal communiqué aux moléeules
aëriennes dox diminuer l'effort de leur tendance verticale, & les enx-
pêcher de s'appuyer aufi fortement fur le globe ; qu'après une courfe
un peu rapide, le coureur veuille s'arrêter tout-à-coup, il ne le pourra
pas; les puilfances qui ont dirigé fon corps dans une ligne horifontale
lui ont communiqué une force qui l'emporte pour quelques inftans fur
celle de la pefanteur ; ce n’eft qu'après avoir fait encore quelques pas
maloré lui, qu'il pourra enfin s’arrèter. La géométrie donne une bonne
raifon de cet effet ; il eft évident qu’un corps müû par deux forces dont
lune agit perpendiculairement & l'autre horifontalement , doit décrire
une ligne courbe qui tienne des deux direétions ; plus cette courbe s'é-
loignera de la perpendiculrire , plus elle montrera que la force qui meut
le corps horifontalement met obftacle à celle de la pefanteur , qui fol-
licite le corps à tomber par la ligne droite qui eft la. plus courte. Par
tout ce que nous avons dit on juge aifément pourquoi certains vents
contraires font monter le mercure, & pourquoi il defcend & tombe
brufquement lorfqu’un vent impétueux trouble l’athmofphere.
4°. Les volcans, ces bouches énormes par lefquelles la terre vomit
les foufres, les fels & les pyrites qui s’enflamment & bouillonnent dans
fon fein, doivent beaucoup changer parleurs éruptions , la péfanteur fpé-
cifique de l'air. Pendant tout le rems que les vapeurs s’exhalent, que
des torrens de matieres minérales en fulion s'élancent par les creviffes
de la terre , le débandement de ces vapeurs élaftiques doit repouller l’ath-
mofphere, agiter l'air violemment, difperfer fes molécules de côté &
d'autre, & fouftraire ainfi une grande partie de fon poids. Dans tous
les lieux voilins du fourneau allumé , le barometre doit defcendre. Ce
que nous venons de dire eft confirmé par les ouragans épouvantables qui
accompagnent ces fortes d’éruptions. Il eft aufl vraifemblable que le
fort de léruption étant pañlé, comme lathmofphere elt alors en repos
& que la quantité d’air s’eft augmentée de rout le nouvel air qu'ont
fourni les fubftances enflammées dans leur combultion , il eft vraifem-
blable que le mercure regagnera une hauteur plus confidérable que celle
qu'il avoit auparavant.
L'air fourerrein prodigieufement raréfié par l’aétion du feu central
& des minéraux qui fe fubliment dans les entrailles de la terre , fait
effort pour fe mettre en liberté. 11 fecoue avec force les cavernes dans
lefquelies il eft renfermé ; de-là, ce bruit fourd qui mugit fous la terre
& qui précéde Les fecouffes du iremblement; l'athimofphere s’agire avec
le globe qui lui fert de bafe; les fecoufles inégales rantôt élévent la fur-
face de la terre avec les colonnes d'air qu’elle fourient , tantôt les aban-
donnent à tout leur poids ; le barometre dans ces inftans doit monter
& defcendre fucceflivement , & d’une maniere brufque; fes mouve-
mens doivent imiter pour ainfi dire Le treflullement de la terre; lorf-
que l'air renfermé s’eit fait jour par quelque iflue , l’athmofphere étant
emporté au loin pat le courant furieux de cet air enflammé , le mercure
: MU Ier eo v x.
doit demeurer e pourra remonter que lorfque l’air aura Pa |
_ repris fon calme. &} eè L
| © 5°. La furface de notre glabe eft un vafte champ de deftru&tion, [a
terre eit jonchée par-tout des débris des animaux & des végéraux que É
4 le principe de vie a abandonnés. Ces cadavres de plantes, d'arbres, d'a- ri
ù nimaux livrés bientôt à la putréfaétion , laiffent échapper la quantité
} d'air rrès-confidérable qui entroit comme principe dans la compoftion x
de leurs fibres , ou qui fe trouvoit interpofé entre elles. L’athmofphere
| enrichi du tribut de ce nouvel air acquiert une plus grande densité ; fes Pr
colonnes augmentent en hauteur ; la preflion plus forte qu’elles exercent
alors doit fe faire reflentir au mercure. :
Ces forêts immenfes qui couvrent les pays du Nord viennent fouvent |
à à s'embrafer. Leur embrâfement qui dure un très-long rems accroit
beaucoup la quantité d'air répandue autour du globe , & contribue fans
doute à fourenir le mercure au dégré de hauteur où il fe maintient
dans ces contrées. Il y a lieu de penfer que fi l'on obfervoit la Laureur :
du mercute dans ces villes où il arrive de grands & de fréquens incen- Ô
dies, comme à Conftantinople , au Caire, &c. on trouveroit que le mer-
cure eft plus haut après l'incendie qu'il n’étoit auparavant.
6°. La chaleur dilare tous les corps; le froid les refferre. Qu’arrive-
; til à un corps qui eft chaud ? Les particules ignées le pénétrent em
Ÿ grand nombre & dans une agitation très vive ; ce font autant de petits
coins toujours agiffants qui défuniffent les molécuies dont ce corps eft te.
| compofé, & diminuent leur contaét réciproque ; le corps prend de la
l: molleffe , & fe fond même s’il eft difpofé à la fufion , & que le dégré
de chfleur convenable lui foit appliqué; fes parties s’éloignent de leur
centre à proportion de leur plus ou moins de pefanteur fpécifique. Les
mouvemens particuliers & en tous fens que le feu communique aux .
parties du corps qu'il échauffe , doivent donc affoiblir leur pefanteur ou
r Eur.direétion vers le bas. Par la ,1left aifé de voir que Boyle, Hom-
pt berg & tous les autres qui ont voulu érablir la pefanteur du feu , & qui
hi. prétendent que [es corps actuellement chauds augmentent de poids ,
r. ont été induits en erreur par des circonftances qui ont changé le-réful- 2.
cat des expériences qu’ils ont faites. Si le feu doit pefer , ce n’eft point
Jorfqu'il eft en mouvement dans les corps chauds, mais plutôt lorfque
fon activité affoupie dans les corps froids s’oppofe moins à la force
d'inertie & de la pefanteur. Une plume pefe fans doute dans la ma-
chine pneumatique, elle rombe aufli vite qu’une bale de plomb ; mais
pefez-la lorfqu'elle voltige dans l’air , lui trouverez-vous du poids ?
Teuons-nous en à la théorie fur cet article; la pefanteur eft la tendance
| d’un corps. vers le centre de la terre; fi ce corps n’a point d'autre mou |
| vement , il doit tomber fuivant toute l'énergie de la force qui le follicxe 4:
à defcendre ; s’il a em mêms-tems des mouvemens comraires ,» Ésürs E
S
268 CPAS
différentes directions feront autant d’affoibliffemens pour l’entier exer-
cice de la caufe de la pefantéur 3 par conféquent l'air chaud , dont les
molécules font agitées par des particules de feu qui les font piroueter,
doit pefer moins, & l'air froid donc les parties font en repos par l’ab-
fence du feu, doit pefer davantage. Dans le premier de ces états , l'air
pefe moins fur le mercure, & le barometre defcend ; dans le fecond,
il preffe plus fortement le mercure , & le barometre monte.
Pafons maintenant à l'examen des caufes conftantes & univerfelles
qui produifent les variations du barometre. Ces caufes font au nombre
de deux. La premiere eft l’élévation des vapeurs fubriles qui s’exhalent
continuellement de toute la furface du globe, & qui pénétrent l'ach-
mofphere ; la feconde eft la chûre de ces mêmes vapeurs condenfées qui
retombent fur la terre. Voyons la maniere d’agir de ces caufes.
1°. Nous ne connoiflons point de repos abfolu dans la nature ; tout
imeut & tout eft mu. Le globe fur lequel nous fommes portés à travers
l'efpace immenfe des Cieux, parcourt fa carriere avec une virefle
qui étonne les philofophes & qui n’allarme pas le vulgaire, parce
que fes yeux ne s’en apperçoivent point. La terre, outre fon mouve-
ment fur fon axe dont nous avons déjà parlé, fait cinq cents mille
lieues par jour pour avancer dans fon orbite; tous les érres ren-
fermés dans fon fein ou répandus fur fa furface participent à cette im-
pulfion rapide; en outre , le feu qui circule dans les veines des corps
agite fans cefle les particules qui les compofent , & y entretient un mou-
vementinteftin. Ce mouvement atténue & fubrilife les molécules de
différente nature qui entrent dans la combinaifon des fubftances rer-
seftres ; il les rend plus expanfbles & le met en érar de s'élever dans
V’air par une force centrifuge fupérieure à celle des parties de ce fluide.
La grande élafticité de ces vapeurs confirme notre explication. Les Chy-
miltes ont grand foin de déboucher les trous de leurs récipients à me-
fure que les vapeurs aqueufes , fpiritueufes, huileufes & falines qui
s’élévent des corps foumis à la diftillation s’y ramaflent ; ils fe précau-
tionnent par-là contre le danger des explofons. Qu'on ne dife pas que
c'eft le poids de l’air feul qui éléve les vapeurs ; c’eft ne rien dire tant
qu’on n’expliquera pas comment ce poids agir. Encore un coup, le
poids d’un corps comparé à celui d’un autre n’eft que fon plus ou moins
de force centrifuge qui fait qu'il repoufle l’autre corps vers le bas , ou
qu'il en eft repouflé; prenons une balance, pefons d’un côté de la
plume & de l’autre du plomb ; pourquoi le plomb defcendra-t-1l ? C'eft
que le plomb compofé. de parties plus folides que celles de la plume
réfifte davantage à la force centrifuge , au lieu que la plume obéït
à cette même force en s’élevant ; deux corps que l’on pefe ont par
conféquent tous les deux leur aétion propre ; le plus léger pour obéir à
la force centrifuge qui l’écarre du centre de la cerre jle plus Ar ses
uivre
" Z 1 RUE
P x rsi Ô v Er: 26) ce
fuivre la direétion de fa pefanteur qui le porte vers ce même centre. Ces o
principes écablis, voyons ce qui fe pafle dorfque les vapeurs s’élevent
dans l'athmofphere,
L'Abbé Noller & d’autres Phyficiens expliquent l'afcenfion dés va:
peurs, en fuppofant que l’athmofphere elt route compofée de tuyaux
capillaires qui pompent les exhalaifons de notre globe. Ce méchanifme
| peut certainement avoir lieu ; mais quelle que foit l'aétion inconnue
qu'exercent les ruyaux capillaires, fi ces Phyfciens ont prétendu que les LU
: vapeurs s’élevoient d'une maniere purement palive, en voir que la
näture des vapeurs s’oppofe à certe idée ; leur grande élafticité ne doit
pas peu contribuer à les foutenirdans l'air ; d’ailleurs, ces tuyaux capil-
aires, dont on imagine que l’athmofphere eft compofce, ne font eux-
mêmes qu'une fuite de parties fluides qui doivent fe défunir lorfque
des corps qui auront une force centrifuge fupérieure chercheront à oc-
cuper leur place & à les repouller vers le bas. Voici comme nous conce-
vons cer effer. Imaginons un petit globe de vapeurs prèc à s'élever dans
l’athmofphere ; ce globule doit fe trouver vis-à-vis d'un orifice vuide où a
pore, tel que l'air en offre par-tour de femblables. La force d’expan-
fion dont cé globule eft animé, doit le poufler à occuper ce vuide. Le
voilà parvenu dans ce gite ; comment continuera-r-il à s'élever ? fra-
t-il remplir ainfi de proche en proche la longue enblade des pores de
l’air en fe dilatant toujours de plus en plus ? Nous l'aurons bientôt dans
un tel érat de raréfaétion & d'épuifement , fi l’on peur s'exprimer ainfi,
qu'il fera incapable de pourfuivre fa route ; il faut donc lui pièter d’au-
tres forces. Les voici.Ce globule de vapeurs que nous avons repréfenté
logé dans un pore de l'air , doit en fe dilatant choquer les molécules
de ce fluide; ces molécules heurtées ne pouvant ni monter m1 s'étendre
latéralement , attendu la preflion des molécules correfpondantes , doivene
s’'amonceler fous le globe de vapeurs qui tend à s'élever. Cependant,
comme elles ont fait une certaine réfiltance , elles ont piété un point
d'appui fur lequel le globe de vapeurs s’eft appuyé pour monter dans
lathmofphere ; c'eft ainfi qu'un oifeau s’éleve jufqu’aux nues en frappant
à coups redoublés les colonnes d’aic du plat de fes ailes. Par la même
aétion répétée notre globule parviendra enfin à la région moyenne de
l'air, & ce que nous difons de lui il faut l'entendre des autres vapeurs
qui s’élevent. On voit maintenant que les particules aériennes étant tou-
jours repoullées en bas par l’aétion des vapeurs , l’athmofphere doit
Ï augmenter en denfité, fa portion verticale doit devenir plus forte de 22
la fomme de chocs réitérés qu’exercent fur lui les vapeurs en montant ;
Î le barometre doit pendant tout ce tems là être à fa plus grande hauteur;
: il fait alots très-beau , parce que les vapeurs que le froid n’a pas encore
condenfées font dans un dégré de fubtilité qui n’altére point la tranfpa-
| rence de Pair.
1 Tome II, Pare, X. Mm |
170 P x 2 #4 @ vw €
La maniere dont nous concevons l’élévation des vapeurs ne nous
permet pas de penfer avec certains Phyficiens que leur introduction dans
l'athmofphere diminue fa pefanteur fhécifique. Ces Aureurs ont fans
doute voulu expliquer pourquoi dans les rems humides le barometre
defcendoit; mais l'apparence ne les auroir-elle pas trompés? Les vapeurs
deviennent certainement plus vifibles dans les tems de pluie que dans:
les tems fecs ; mais font-elles répandues dans l’air en aufli grande quan-
tiré, & exercent-elles alors la même action que dans le beau rems ?
C'eft ce qu'il eft difficile de croire. Les gouttes d’eau répandues dans
J’athmofphere doivent s’oppofer à l’afcenfion de ces vapeurs fubtiles qui
s’exhalent des corps & qui rempliffent l'air d’une maniere bien plus
complette ; ces vapeurs jouiffent d’une grande élafticité, & l’eau n’en a
point ; voilà des différences bien marquées. Pour nous, nous ferions
difpofés à penfer que c’eft dans le rems fee & ferein que les vapeurs mon-
rent dans l’air en plus grande quantité ; c’eft alors qu’elles trouvent fes
pores vuides & difpofés à les recevoir. On fçait qu'une liqueur expofée
à un air humide s’évaporera très-lentement , tandis qu’un air fec la fera
évaporer très-vice. Paffons à ce qui regarde la chüre des vapeurs.
2°. Ces vapeurs , que nous avons enfin conduites jufqu'à la région
moyenne de l’air y vont être foumifes à des changemens communs à
tout ce qui veut s'élever fur la terre, c'eft à-dire qu'elles vont retom-
ber ; à certe haureur de l’ahmofphere , il regne un froid confidérable.
Le feu-qui cherche toujours à fe répandre d'une maniere‘uniforme & à
fe mettre en équilibre avec lui-même, foit au dedans , foir à l'extérieur
des corps , abandonne les vapeurs que fon attionwolatilifoit : ces vapeurs
perdent alors le dégré de rénuité où les entrerenoit leur mouvement;
leur élatticiré & leur force centrifuge qui les empèchoit de contraéter
aucune union entre elles , celle en mème-rems; elles fe raffemblent &
forment par leur aggrégation divers météores, cels que la pluie , la nei-
ge ,lagrèle, &c. fuivant les dégrés par lefquels elles ont paffé. La force:
centrifuge n'étant plus contre-balancée par l’action de toute ces vapeurs
élaftiques reprend le deffus. Les particules aëriennes remontent ; elles.
s'écartent mutuellement ; leur denfité n’eft plus la même; leur preflion
verticale diminue ;. de plus, les gouttes d’eau qui tombent prennent
fucceflive ment la place des molécules d'air qu’elles obligent à remonter,
La furface du mercure n'eft plus comprimée aufñli fortement ; le barome-
tre baille, il pleut, il fait des mauvais tems. Si le barometre defcend.
quelquefois long-tems avant la pluie , on doit attribuer cer effet au plus:
ou moins de promptitude avec laquelle les vapeurs fe condemfent &
prennent la forme fous laquelle elles doivent retomber ; pendant ce tems--
là leur force élaftique n’a plus lieu, & par conféquent la preffion qu'elles:
feroient {ur les couches inférieures de l’aur..
PIHSTIINI SC: vu € 273
mm mi mé mm
D BOSS UE RAT AU RE € NY
DE PHYSIQUES,
Tue à l'Académie Royale des Sciences , le 14 Juiller 1773.
M. de Sauflure, Profeffeur à Geneve, a eu occafion de faire une
tournée fur les monragnes du Valais, avec quelques amis. Ils virent fe
former un orage au-deffous d'eux. Tandis qu'il éclairoit & tonnoit en
bas, ils fe crouverent éleétrifés , mais différemment ; de maniere qu'ils
tirerent des étincelles , en approchant les doigts les uns contre les
autres.
EEE
CONSIDERATIONS OPTIQUES.
APS MORE MNO T'ORUUE
De la caufe immédiate de la Refraëlion ;
Par M***, Correfpondant de l’Académie Royale des Sciences de
Paris (1).
I. Ox ne peut guere douter que, lorfque la lumiere, en paffant obli-
quement d'un milieu dans un autre, change de direction, & en prend
une qui la rapproche de la perpendiculaire ; elle n'éprouve moins de ré-
fiftance dans le fecond milieu qu’elle n’en éprouvoit dans le premier ; &
que lorfque fa nouvelle direction l’écarte de la perpendiculaire , elle
n'éprouve plus de réfiftance dans le fecond que dans le premier. Elle fe
rapproche de la perpendiculaire , En paffant de l'air dans l’eau ; & encore
QG) Errata pour le Mémoire fur les Soufflures zu Journal du mois de Juillet 17734
Page. Ligne,
12 40 pofñitis laminis, Zfez politis laminis.
15 1$ retranchez le mor fi.
Idem. 33 les, /ifez des.
18 36 de ces bord, /ifez de ces bords.
22 24 rendre, /ifez rendent,
Mnm ij
Acad. des
Sciences de
Paris,1773«
272 PU AB LS no: Len ES
plus en paffant de l'air dans le verre : cependant le verre eft plus denfe
que l’eau; & l'un & l’autre le font plus. que l’air. Mais , en premier lieu,
la denfiré d’un milieu qui doit contribuer à la réfiftance qu’il oppofe.à
un corps qui tend à le pénétrer, ne décide pas feule de l'intenfité de
certe réfftance qui dépend aufli beaucoup de l’adhérence mutuelle des
élémens de ce milieu. Quoique l'eau foit plus denfe que lhuile, um
corps , toutes chofes égales d’ailleurs, ne fe meurt pas avec la mème
vîcelfe dans l'huile que dans l’eau. M. Newton a éprouvé , en employant
un pendule qu'il a fair ofciller dans différens fluides , que l'huile oppofe
plus de réfiftance que l’eau.
I. En fecond lieu, ce n’eft pas immédiatement par les parties pro-
pres du milieu fenfble, où nous voyons un rayon dé lumiere fe dérour-
ner de fa direction primitive , qu'il eft réfracté. Il eft vrai qu’une balle
de plomb , qui eft pouffée obliquement de l'air dans l’eau , eft dérour-
née de fa route par l’action immédiate des particules d’eau qui, lui oppo-
fant plus de réfiftance que l'air, cedent néanmoins à fon impulfion, &
fe luffent divifer & déplacer. Mais les élémens du verre ne font füre-
ment ni divifés ni déplacés par un rayon de lumiere qui y pénetre. IL
n'agit pas avec plus d'efficacité à cer égard fur une mafle d'eau dont les
molécul:s qui le compofent, n’en paroiffent agitées d'aucun mouvement
fenfble. Er quoique celles de l'air foient plus faciles à être ébranlées, 1l
eft à préfumer qu'elles n’en font point non plus divifées ni déplacées. Il
n’y à que ceux de ces rayons de fie qui enfilenr les interftices des.
parues propres de ces différens milieux , qui puiffenr être réfraétés ;
tandis que ceux qui rencontrent leurs parties propres , fonc ou réfléchis
ou irréguliérement repercutés. -
IX. I faut donc que les inrerftices ou efpeces de pores dont ces
milieux font, pour ainfi dire, criblés, foient coupés par un fluide
capable de réfraéter la lumiere, ou difpofé à fon égard, comme l’eeu
& tout autre fluide le font à l'égard d’une balle de plomb qui y péne-
tre ; c’eft à dire, tel que fes élémens fe laiffent divifer & déplacer par
les globules de la lumiere ; en leur livrant paffage après une certaine
xéfftance. Ë
IV. De plus, de ce que la lumiere dans différens milieux , tels que
Pair , l'eau , le verre, l'huile, &c. lorfqu’elle y aborde fous le même
angle d'incidence , eft détournée de fa direétion primitive fous diffé-
réns angles de réfraction , il eft néceffaire de reconnoître que la réff-
tance qu'elle éprouve de la part du Auide refringent logé dans les inter{-
tices de ces divers milieux, n’eft pas la même; & qu'elle eft plus ow
moins confidérable dans les uns que dans les autres,
V. Cela pourra s'expliquer ,- en accordant à ces diverfes fubffances
PA TE RSS NOT TE; 174
des fluides refringens particuliers, qui différeroient entr’eux , ou par la
denfité, ou par rentré de l’adhérence mutuelle de leurs élémens ref-
pectifs.
Cela s’expliquera plus fimplement encore , en fe bornant à admettre
dans les interftices de routes ces diverfes fubftances un même fluide re-
fringent, qui cependant oppoferoit des réfiftances bien inégales à la
tran{miflion de la lumiere dans les unes ou dans les autres, en raifon
des difpofñtions des paroi: des interftices qui y font percées, qui peu-
vent être relles que l’adhérence du fluide refringent à ces parois foir bien
différente dans les unes que dans les autres. Je m'explique.
VI. L'obfervation a appris que certains fluides adherent plus forre-
ment à certains corps qu'à d’autres , dont ils femblerr être comme atti-
rés'avec des degrés d'énergie bien inégaux entr'eux. Des gouttes d’eau
fur une feuille d'une plante confervent une rondeur prefque parfaite. Sus
une lame de méral elles feront à demi rondes, & plus applaties encore
fur du verre. Elles fe dérachent de la plante, pour peu qu’on la fecoue.
Il n’en eft pas de même de celles qui font placées fur du verre ou fur
du métal. Elles réfiftent plus on moins au mouvement employé pour les
en féparer. On fait auf que l’eau s’éleve à des hureurs inégales dans
des tubes capillaires d’égal diametre, s'ils font faits avec différentes
fortes de verre; & que cela provient de la diverfité des matieres qui
font entrées dans la compolition des verres, i
VII. H en réfulre qu’un corps d’un volume proportionné qui traver-
feroit la colonne d’eau logée dans un de ces tubes ou la fphere d’activiré
de la caufe quelconque , en vertu de laquelle les parois paroiffent attirez
leau qu'ils renferment , s’érendroit jufqu’à laxe de cette colonne d’eau,
y éprouveroit plus de réfiftance , & n’y déplaceroir aufli aifément aucune
des particules d’eau, que s’il traverfoit une mafle d’eau contenue dans
un très grand vafe. Puifque ce corps auroit à vaincre dans ce tube capil-
laire , non-feulement la denfré de l’eau & l’adhérence mutuelle de fes
parties propres ; mais encore fon adhéreñéé au verre dont l'intenfiré
peut être cenfée plus confidérable que,celle de l'adhérence mutuelle de
fes partics propres.
VIII. Or, les intertices dont Îles milieux diaphanes font percés, &
qui y livrent paflage à la lumiere en tous fens , font comme des tubes:
capillaires d’an diametre extrémement raccourci; & où par conféqnent
Vaétion de la caufe d’où dérive l’adhérence du fluide refringent à leurs
parois doit s'étendre avec une énergie marquée fur tout le volume dw
fluide refringent qui y eft renfermé.
IX. Dès-lors , fi dans l’eau & dans le verre , [a difpoñtion refpe&ivs
274 POUR ENS RON TE
des parois de leurs interftices eft telle que dans l’eau le fluide refringent
y adhere plus fortement que dans le verre, il réfiftera davantage dans le
premier de ces milieux à la tranfmiflion de la lumière qu'il ne le fait
dans le fecond ; & ainfi proportionnellement dans tout autre milieu,
felon le plus ou le moins de fon adhérence aux paroïs des interftices qui
le contiennent. C’eft ainf qu'un même fluide refringent , répandu dans
les interftices des parties propres de l'air, de l’eau , du verre & de rout
aatre milieu , fera fufceprible d'oppofer différens desrés de réfiftance à
la lumiere qui s’y tranfmet, relativement aux différens degrés de fon
adhérence aux parois des interftices de ces milieux, & indépendamment
des denfités refpectives.
X. La lumiere, en pafant obliquement d’un milieu plus réfiftant dans
un moins réfiftant, doit fe réfracter dans un fens qui la rapproche de la
perpendiculaire. En paffant de même d’un milieu moins réfiftant dans
un plus réfiftant , elle doit fe réfraéter dans un fens qui l’écarte de la
perpendiculaire.
En effet, dans le premier cas, chaque globulé de lumiere éprouve
moins de réfiftance dans le fecond milieu que dans le premier; & dans
chacun des inftans employés pour fon immerfion totale dans le fecond ;
ce décroiffement de réfiftance eft plus grand, relativement à fa progref-
lion , felon le fens perpendiculaire au plan de féparation des deux mi-
lieux, que relativement à fa progreflion , felon le fens parallele à ce plan
de féparation. Et dans le fecond cas , au contraire chaque globule de
lumiere éprouve plus de réfiftance dans le fecond milien que dans le pre-
sucer; & ce furcroit de réfiftance ( à chaque inftant de fon immerfon
dans le fecond) s'oppofe plus complétement à fa progreflion , felon le
fens perpendiculaire au plan de féparation des deux milieux, qu'à fa
\
progrelion , felon le fens parallele à ce plan.
XI. Par conféquent, la réfiftance que le fuide refringent oppofe à la
tranfmiflion de la lumiere, eft plus confidérable dans l'air que dans l’eau,
& dans l’eau que dans le verre ; puifque la lumiere, en paflant de Pair
dans l’eau ou dans le ver Mile réfraéte en fe rapprochant de la perpen-
diculaire , & de mème en paffantde l'eau dans le verre.
XIL Je me borneraï ici à ce que je viens d’expofer de l’idée, que d’après
de grands Phyficiens, je me fuis faire du fluide auquel eft dû la réfrac-
tion. Je ne crois pouvoir mieux la faire valoir que par le parti avantae
geux qu'on peut en urer dans l'explication de plufieurs phénomenes
pour lefquels , en ceffant d’attribuer la réfraction à l’inégale réfiftance
des milieux , on a été forcé de créer des caufes particulieres & bien dif-
férentes des caufes générales dont on reconnoït même l'influence dans
des phénomenes analogues, C’eft ce que je me propofe de difcuter dans
quelques autres Mémoires.
DE NRUX SITE © 1 27$
EAU EU RS CRUUME
Ecrite à l’Auteur de ce Recueil ;
Par le révérend Pere BERTHIER, de l’Oraroire.
Te crois que vous trouverez bon que je foumette au jugement du
Public une quatrieme répétition de l’expérience que vous avez inférée
dans votre Journal, parce que certe Rs que les corps
pefent d'autant plus qu'ils font plus élevés au-deflus de la terre jufqu’à
une petite diftance non connue, par une autre caufe que la denfré de l'air
de moins en moins grande en s’éloignant de la terre.
Quatrieme répérition de l'expérience , qui prouve que les corps pefent
d'autant plus fur laterre , qu'ils font plus élevés , jufqu'à une petite dif-
tance non connue , par une caufe autre que la denfité de l’air de moins
en moins grande en s’éloignant de la terre.
Dans cetre répétition, ayant mis , comme dans les autres, à l’ouver-
ture de la voûre de l’Eglife de l’Oraroire , haute de foixante-quinze:
pieds, une balance dans l’un des plats de laquelle un poids de fer de
vingt-cinq livres, étoit en équilibre avec un autre poids de fer dans:
l’autre plat , de deffous lequel pendoit une ficelle qui defcendoit prefque:
jufqu’à rerre', & ayant defcendu ce fecond poids attaché à la ficelle,
qui a éré emporté par Île poids fupérieur , j'ai ajouté de perites pierres:
dans le plat fupérieur , jufqu’à ce q@'il für en équilibre avec l’autre, &
j'ai pefé ces pierres dont le poids a étéau moins d’une once trois gros:
& demi(r).
J'ai conclu de-là, que l'excès de pefanteur du poids fupérieur ne
venoit pas de l'excès de pefanteur de l'air dans lequel étoir l'inférieur.
Je fuis, &c. ;
(x) Malgré route la croyance que nous devons donner à l'expérience du Pere Ber=-
thier, ne feroit-il pas plus prudent dé ne-pas fe hâter de décider & de bien examiner
les circonftances qui peuvent l'accompagner? Ne comptera-t-on pour rien la: voire?
La ficelle ne peut-elle pas , en tournant d'elle-même, en fe refferrant , diminuer la lon--
gueur du pendule ? Des chaînes de fer un peu fortes , ou encore mieux des verges de
fer n’offriroient-elles pas plus d'exaétitude ? C’eft aux Phyfciens à s'occuper des détails
d'unc expérience qui mérite , à: tous égards, . la plus ferupuleufe astention.-
276 Por PF TUE Qu.
a
P'R EM IE RME L'TREAUT. RE
De M. FRANKLIN au Doëteur LINING, fur le Rafraichiffement
produit par l’évaporation des liqueurs.
| LA Profeffeur Simpfon de Glafcow, me communiqua dernierement
quelques expériences curieufes d'un l'hyficien de fa connoiflance, qui
démontrent qu'on peut produire par le moyen de l’évaporation un dégré
de froid extraordinaire, même jufqu’a la glace. Je n'ai eu le loifir que
de répéter & d'examiner qu’une feule de ces expériences , qui ft la
premiere & la plus aifée de toutes : la voici. Humeétez la bouie d'un
thermometre avec une plume,trempée dans l’efprit-de-vin qui ait été
gardé dans la même chambre, afin qu’il foit au mème dégré de chaud
ou de froid ; le mercure baïffe auflitôr de trois ou quatre déorés, & fi
vous voulez qu'il baïffe plus vite, vous n’avez qu’à fouffler fur la boule
du thermometre avec un foufflet pour accélérer l’évaporation de l’efprit-
de-vin. Lorfque le mercure a baïflé ainfi, recommencez à mouiller &
à fouffler, vous le ferez defcendre plus bas encore, Il me femble que je
n'ai pu le faire defcendre que de cinq ou fix dégrés au-deflous du terme
où il étoit naturellement arrêté, qui étoit alors à 6o (1); mais on dit
qu'en plaçant un vafe plein d’eau dans un autre un peu plus grand con-
tenant del’efprit-de-vin , de maniere que le vafe d’eau foir entiérement
plongé dans l’efprit-de-vin, & plaçant l'un & l’autre fous le récipient
d’une machine pneumatique, fi l’ap pompe entierement l'air, lefprit-
de-vin en s’évaporant laifle un tel dégré de froid que l’eau en ef glacce,
quoique le thermometre à l'air libre foit à plufieurs dégrés au deflus du
point de la congélation.
Je ne fais comment on doit expliquer ce phénomene, mais j’en prends
occafion pour vous propofer quelques idées découfues fur ie chaud & le
froid, & que je n’avois point encore mifes en ordre.
En fuppofant, comme chofe convenue , que le feu commun eft , aufli
bien que le feu éleétrique , un fluide capable de pénétrer au travers des
corps, & rendant à l’équilibre, je m'imagine qu'il y a des corps natu-
rellement plus propres que d’autres pour fervir de conducteur à ce flui-
de , & qu’en général ceux qui font les meilleurs conduéteurs du fluide
électrique, font également les meilleurs conducteurs de celui-ci.
(x) Ce terme 60 du thermometre de Fahrenheït correfpond au degré 18 du chere
mometre de M. de Réaumur. Ainf, au commencement de l'opération, la liqueur du
thermometre étoit au 20 ou 21 degré du thermometre de M. de Réaumur.
Ainñ ,
BUm mi Tr OUT % 277
Ainf un corps qui eft un bon conducteur du feu , le reçoit propre-
ment de fa fubitance , & l’y répand univerfellement dans toutes fes
parties, comme cela arrive aux métaux & à l'eau; & fi on approche
l'un de l’autre jufqu'à fe toucher deux corps également bons conduc-
teurs , donc l'un foit échauffé & l’autre dans fon état naturel , le corps
qui a le plus de feu en communique auflitôt à celui qui en a le moins,
& celui-ci en reçoit bientôt autant qu'il ef néceffaire pour établir l'é-
quilibre entre l’un & l’autre.
Ainf, prenez entre vos doigts d’une main une piece d'argent, &
de l’autre un morceau de bois de la même forme & de la même gran-
deur, & préfentez l’un & l’autre en même-rems à la Hamme d'une bou-
gie , vous ferez beaucoup plutôt obligé de jerter l'argent que le bois,
parce qu’il conduit plus promptement la chaleur de la bougie à votre
chair. Ainfi une cafferiére d’argent qui auroit un manche du même
métal, conduiroit la chaleur de l’eau à la main, & on ne pourroir pas
s’en fervir fans fe brûler ; voilà pourquoi on adapte à une cafferiere d’ar-
gent un manche de bois, qui n’eft pas un aufli bon conduéteur que le
métal; mais une caffetiere de porcelaine ou de grès peut avoir fon
manche de la mème matiere , parce qu'elle approche de la nature du
verre , qui n'eft pas un bon conducteur de la chaleur. Ainfi quand un
air humide & nébuleux rend un homme plus fenfblé au froid, ou le
rafraîchic plus qu'un air fec, quoique plus froid , parce qu’un air char-
gé d'humidité n’eft plus propre à recevoir & à retirer la chaleur de fon
corps.
Ce fluide (igné) entrant dans les corps en grande quantité , com-
mence par les dilager en écartant un peu leurs parties ; enfuite en fépa-
rant de plus en plus ces mêmes parties, il réduit les folides en un étar
de fluidité , & à la longue il difipe leurs parties en l'air. Enlevez ce
fluide au plomb fondu ou à l’eau, leurs parties fe rejoignent, celles du
plomb conftituent une malle folide, & celles de l'eau forment de la
glace. Ce changement eft plus prompt fi on y employe de bons conduc-
teurs. Ainfi, prenez (comme j'ai fait ) une plaque de plomb de quatre
pouces de longueur fur un pouce d’épailleur , prenez aufli trois petites
planches de bois de mêmes dimenfions , difpofez ces quatre pieces fur une
table unie, & les y arrètez de façon qu’elles ne puilfent pas facilement
fe féparer ni fe déranger, & verfez dans la cavité qu’elles forment par
leur réunion autant de plomb fondu qu’elle en peut contenir ; vous ver-
rez ce plomb fondu fe congeler & prendre la folidité du côté attenant
la plaque du plomb, quelque tems avant qu'il ne fe congele & ne fe
remette en malle des autres côtés par où il touche les petites planches
de bois; quoiqu'on foit fondé à croire qu'avant qu'on y eùr verfé le
lomb fondu , les quatre pieces qui formoient le contour avoienr le mème
dégré de chaud ou de froid, puifqu’elles éroient expofées au même ait
Tome II , Parc. X, Nn
278 ERA PE ST ON VISES S
dans la mème chambre. Vous obferverez également que comme la plaque
de plomb à plus contribué à réfroidir le plomb fondu que n’ont fait cha-
cune des planches de bois , auffi at-elle été elle-même plus échauffée par
1: plomb fondu.
Il y a dans tout corps humain vivant une certaine quantité de ce
fluide que l’on appelle feu , qui, lorfqu’il eft dans la proportion conve-
nable, maintient les parties de la chair & du fang à une jufte diftance
les unes des autres, & rend parce moyen les chairs & les nerfs fouples,
& le fang propre à la circulation. Si une partie de cette portion conve-
nable du feu eft enlevée par le contaét des corps extérieurs, comme l'air,
l'eau , ou les métaux , les parties de notre peau ou de notre chair , qui
en font privées par cet attouchement commencent par fe refferrer & fe
rapprocher plus qu'il ne convient , & caufent cette fenfarion que nous
appellons du froid ; & fi le dépouillement de la chaleur naturelle eft trop
grand , le corps fe roidit , le cours du fang s’arrète & la mort s'enfuit ;
d’un autre côté , fi une trop grande quantité de ce fluide eft communi-
quée à nos chairs, les parties en font trop écartées, & on éprouve de
la douleur comme fi elles étuient féparées avec la pointe d’une épingle
ou d’une lancette; nous appellons chaleur , brûlure ou cuiffon , la fenfa-
tion qu'occafionne cette féparation caufée par le feu. Le petit pupitre
fur lequel j'écris a@tuellement , & la ferrure de ce pupitre, font expofés
à la même rempérarure de l'air, & ont conféquemment le même dégré
dè chaud & de‘froid ; cependant , fi je pofe fucceflivement ma main fur
le bois & fur le métal ,je fens celui-ci beaucoup plus froid , non qu'il le
foit réellement, mais parce qu'étant un meilleur conduéteur , ila plus de
facilité que le bois à enlever promprement & à tirer lui le feu qui étoir
dans ma peau. En conféquence , fi je pofe une main en partie fur la fer-
rure & en partie fur le bois , & qu'après l'y avoir laiffée quelque tems,
je târe avec mon autre main les deux parties de la premiere, je trou-
verai la partie qui porte fur le fer très-fenfiblement plus froide au tou-
cher que celle qui portoit fur le bois.
Scavoir comment un animal vivant acquiert fa quantité naturelle de
ce fluide qu'on appelle feu , c’eft une queftion affez curieufe. J'ai fair
voir que quelques corps , tels que les métaux , ont la faculté de l’attirer
plus fortement que d’autres, & j'ai quelquefois imaginé qu'un corps
vivant pourroit avoir la propriété de tirer , foit de l'air , foit des autres
corps extérieurs, la chaleur dont il avoit befoin ; c’eft ainfi que les mc-
taux battus & pliés à plufieurs reprifes, s’échauffent dans la partie bar-
tue & pliée. Mais lorfque je confidére que l’air qui touche notre coips
le rafraîchir, que cet air environnant eft plutôt échauffé lui-même par
lattouchement de notre corps; qu'à chaque mouvement de la refpira-
tion l'air entre plus frais , & emporte avec lui une partie de la chaleur
du corps en reflortant des poumons ; qu'il doit donc y avoir dans le
dE 0007 ZEN ONE REX IE ‘2 à 2-
corps vivant un fond produétif de chaleur , fans quoi l'animal devien-
droit bientôr froid ; j'ai éré plus porté à croire que les plantes dans leur
végération attirent le feu Auide auffi bien que l'air Auide , qui , fe con-
folidant avec les autres matériaux dont elles font formées , compofent
une grande partie de leurs fubftances ; que lorfqu’elles viennent à être
digerées & à fubir dans nos vaiffeaux une forte de fermentation , une
partie de ce feu , aufli bien qu’une partie de cet air, recouvre fon étar
de fluide actif & fe répand dans le corps, qui le digere & en fait la
féparation; qu'à mefure que le feu ainfi reproduit par la digeftion &
féparation ett enlevé de notre corps , fa place eft remplie par des quan-
tités nouvelles provenantes fucceflivement de la même efpece de fépa-
ration ; que tout ce qui accélere le mouvement des Auides dans un ani-
mal , rend cette féparatiou plus prompte, & reproduit plus de feu , tel
eit l’effer de l'exercice ; que tout le feu produit par le bois & par les
autres matieres combuftibles que l’on y brule , y exiftoit auparavant dans
un état folide , & efl feulement découvert dans le rems de la féparation ;
que certains fofliles tels que le foufre, le charbon de rerre, &c. con-
tiennent une très-grande quantité de feu folide ; & en un mot, que
tout ce qui s'échappe & fe diffipe des corps que l’on brüle, excepté l'eau
& larerre, n’eft abfolument que de l'air & du feu qui faifoit parti
leur mafle. Ainf j'imagine que la chaleur animale eft le produit d’une
forte de fermentation dans les humeurs du corps , de la mème maniere
que la chaleur eft produite dans les liqueurs préparées pour la diftilla-
uion , où il fe fait une féparation des parties fpiritueufes d’avec les par-
tiesaqueufés & rerreftres. C’eft une chofe remarquable que la liqueur dans
la cucurbire du Diftillaceur, lorfqu’elle eft à fon plus haut dégré & plus jufte
point de fermentation foit, à ce qu’onm'aflure, le dégré de ch<leur naturel
au corps humain ; c’eft à dire de 94 à 45 du thermometre de Fahrenheit(1),
Ainfi, comme on tient une chambre chaude en fourniffant conftam-
ment des alimens combuftibles à la cheminée , on tient de mème un
corps chaud en fourniffant des alimens comeftibles à l’eftomac. Il faut
re Mrs prendre garde que lorfqu’on fait peu d’exercice , la cha-
leur pourroit fe difliper trop tôt; il faut donc dans ce cas, pour fe
défendre des effets du contaét immédiar de Y'air , employer en vête-
mens & en couvertures des matieres qui foient de mauvais conduéteurs
de la chaleur , & qui , par cette raifon, empêchent qu’elle ne foit com-
muniquée à l'air au travers de leur fubftance. C’eft en cela que confifte
ce qu'on appelle chaleur dans la laine ; & ce qui la fait préférer au linge,
c'eft que la laine n’eft pas un aufli bon conduéteur. C’eft aufli pourquei
toutes les fubftances qui fervent de couvertures naturelles aux animaux
A CE M A D D D SE
(1) Ce degré cortefpond environ au degré quarante du thermometre de M. de
Réaumur.
Nn ij
280 POS MILAN MN ONITILE.
pour les tenir chauds, font de nature à retenir & à arrèter la chaleur
naturelle dans le corps, parce que ce font de mauvais conduéteurs , tels
que la laine, les plumes , le poil & la foie , qui a été donnée à un infeéte
délicat pour pafler fon rems de crife. Les vèremens ainfi confidérés n’é-
chauffent pas un homme en lui fourniffant de la chaleur , mais en em-
pèchant une trop prompte diflipation de la chaleur produite au-dedans
de lui-même, & en lui donnant ainfi occafon de s’y accumuler.
Il fe préfente ici une autre queftion curieufe que je vais eflayer de
difcuter : fçavoir d’où provient le dégré de froid extraordinaire qui fe
fait fentir tout-à-coup lorfqu’on mêle enfemble quelques liqueurs chy-
miques , ou feulement du fel & de la neige, où la mixtion paroît plus
froide que le plus froid des ingrédiens. Je n'ai jamais vu faire de mixtu-
res chymiques, mais j'ai fouvenr mêlé moi-même du fel avec de la neï-
ge, & je me fuis pleinement convaincu que la compofition eft beaucoup
plus froide au toucher, & fait beaucoup plus defcendre le mercure du
thermometre, que ne feroit féparément l’un ou l'autre de ces ingré-
diens. Je füppofe avec tous les Phyficiens que le froid n’eft autre chofe
que l’abfence de la chaleur ou du feu. Si donc la quantité de feu natu-
rellement contenue ou répandue dans la neige ou dans le fel, ena été
cHfée par l'union des deux matieres, elle a dû ètre chaffce ou au tra-
vers de l'air, où au travers du vafe qui les contenoir. Si elle eft chaffte
au travers de l'air , elle doit échauffer l'air, & un chermometre tenu au-
deflus dela mixtion fans y toucher, doir marquer la chaleur par l'élé-
vation du mercure, comme il ne manque jamais de faire dans un air
chaud. C’eft une expérience que j'avoue n'avoir pas ellayée; mais je
conjecture que la chaleur doit plutôt être chaffee au travers du vaiffeau,
fur-tout fi c’eft un vaifleau de métal, parce qu’il eft meilleur conduc-
teur que l’air ; il femble conféquemment qu’on devroit trouver le baflin
plus chaud après ce mèêlange, mais au contraire, le vailleau fe réfroi-
dit, & même l’eau dans laquelle le vaifleau eft ordinairement placé
pour l'expérience , fe gele dans le baflin & forme une glace dure.
Je ne {çais donc comment rendre raifon de ce phénomene, à moins
de fuppofer que le corps mixte eft un meilleur conducteur du feu, que
chacun des ingrédiens féparément , & qu'il en eft comme de la ferrure
en comparaifon du bois; c’elt-à-dire que la mixrion a un pouvoir éner-
gique d'attirer le feu , & l’atrire en effet fubitement des doigts ou d'un
thermometre qui y rouche, du vaifleau qui la contient, & de l’eau qui
touche les parois extérieures de ce vaifleau : ainf les doigts éprouvent
la fenfation d’un froid exceflif, parce qu'ils font dépouillés d’une grande
partie de leur feu naturel ; ie thermometre bailfe , parce que le mercure
perd une partie de fon feu; le vaiffeau devient plus froid au-toucher ,
parce que fon feu lui ayant été foutiré par la mixtion, il eft plus dif-
pofé à en tirer & à en recevoir de la main; & enfin l'eau fe convertit
CE RER PE PTT ET TS OT TS Le
PAM EANUYINS UT (QUE: 281
en glace, parce que fon feu , qui lui donnoit fa Auidité, lui a été enlevé
à travers du vailleau. On devroit s'attendre que l’acquifition de tout.
ce feu attiré par la mixtion la rendroit plus chaude , & effectivement
la neige & le fel fe diffolvent en même tems dans l’eau, fans la glacer.
PHARE ENNENVE "7
De la Doërine de M. de MORVE AU, fur le Phlogiflique (1) ;
& Obfervations fur cette Doétrine.
To us les Chymiftes conviennent que la calcination des métaux fe
fait par la fouflraëtlion du principe inflammable , que leur réduétion s’opere
par la feule reflitution de ce principe ; or , dit M. de Morveau , fi la pre-
miere de ces opérations en augmente le poids ; fi la feconde le diminue;
fi cer effer eft conftant & indépendant de tout accident étranger , il eft
naturel d’en conclure qu’il n’a point d’autres caufes que la préfence ou
Fabfence de ce principe , & certainement la conféquence feroir nécef-
faire fi les principes des Chymiftes à ce fujer étoient vrais , fi leurs
affertions éroient démontrées , car puifque la calcination d'un métal en
augmente le poids par la fouftraction d’une partie de ce même métal
qu'on nomme pAlopiflique, & que la réduétion de la chaux en métal,
par l'addition de ce même phlogiftique en diminue le poids ; n’eft on
pas forcé de convenir que le principe inflammable ajouté à un corps, en
diminue néceffairement la pefanteur , & que fupprimé de ce mème
corps, il l'augmente? Conféquence tout à la fois finguliere & ingé-
nieufe qui découle néceflairement des principes établis, & à laquelle
perfonne n’avoit penfé avant M. de Morveau, qui la fourenue dans
fes Digreffions académiques , ouvrage plein de vues fines , de recher-
ches & d'expériences bien faites. Quelque féduifante que foit cette
induction , j'efpere que M. de Morveau ne trouvera pas mauvais qu’a-
près avoir expofe fes idées , je lui préfente quelques objeétions. La con-
féquence qu'il tire des principes des Chymiftes , quoique naturelle, ne-
ceffaire même, me paroît répugner aux idées que nous nous formons de
la gravité , & aux idées même reçues fur le phlogiftique.
M. de Morveau commence par établir que le phlogiftique eft fpéci-
(1) Cet Ouvrage eft inféré dans un Recueil intitulé : Digreffions académiques, &c.
11 renferme trois Differtations ; la premiere, fur le Phlogiftique ; la feconde, fur la
diffolution & cryftallifation des Sels; & la croifieme concerne une nouvelle efpece de
Gurh. Ce volume in-12 fe vend à Dijon chez Frantin; & à Paris chez Didot Le Jeune,
quai des Auguftins.
282 : PUS NA IS MAT OTMUNIES é
fiquement moins grave que l'air, parce que lorfque l’on le dégage d’un
corps, il s'élève fur le champ & par un mouvement rapide ; parce que
le feu s'éloigne continuellement du centre des graves , & que des expé-
riences de l’Académie de Florence prouvent que le feu {e répand plus
en haut que de tout autre côté. M. de Morveau cite en preuve de la
volatilité du phlogiftique une expérience de M. de Voltaire, qui ayant
fair rougir cent livres de fer fondu , trouva que leur poids étoit aug-
menté de quatre livres en réfroidiffant.
Le phlogiftique érant eflenriellement volatil , communique fa vola-
tilité aux corps auxquels il eft uni:or, quelle eft la caufe immédiare
de la volatilité ? C’elt l’excès de graviré du milieu fur celle du corps
volatil; la tendance des graves au centre force les corps qui le fonc
moins à s’en éloigner. La volatilité n’elt autre chofe que ce mouvement,
ainf la moindre gravité du phlogiftique dans l'air eft prouvée par la
route qu'il y prend lorfqu'il eft feul , & la vitefle avec laquelle il la fuir;
& fi l'on objecte à M. de Morveau que la volatilité du phlogiftique dans
l'air n’eft que l’effer de l’expanfion de la matiere , de l'augmentation du
volume du phlogiftique dans l'air, il diftingue les corps fufcepribles d’être
volatilifés de ceux qui font effentiellement volarils, & c’eft dans cette dif-
tinction que fon argument prend toute fa force.
Le corps qu'il appelle effentiellement volaril, eft celui qui eft conftam-
ment moins grave que le milieu le plus fubuil, tel eft le phlogiftique.
L'or & l'air, a dit un célebre Philofophe de nos jours, font les extré-
mes de toute denfité, le phlogiftique s’eleve dans l'air; donc c’eft un
cotps effentiellement volaul ; telle eft la conclufion de M. de Morvean.
Le phlooiftique uni à la cerre du plomb, Le plus péfant des métaux im-
parfaits ne peur le rendre volatil, tant que l'état d’agrégation fubffte ;
mais fi l’on parvient à le rompre, il pourra rendre volatil route la terre
du métal à laquelle il eft uni, c’eft ainfi que M. Geoffroy le fils eft par-
venu à volatifer une malle de plomb donné , en lui rendant fans celle
du phlogitique, & en Le lui enlevant fucceflivement par la calcination ,
on peut encore afligner des expériences, où la volatilité du phlogiftique
fait équilibre à la gravité de quelques parties péfantes ; on lapperçoit
dans ces limbes oléagineux qui fe tiennent au milieu de certaines li-
queurs ; on l’apperçoit de mème dans l'air, toutes les fois que les va-
peurs aqueufes font ftationnaires dans ce milieu ; ear 1l eft bien certain,
que c’elt à la préfence du feu que l’eau doit fon évaporabiité comme la
fluidité.
Enfin, la volatilifation du mercure , des demi-métaux , & de tous
les corps que nous nommons volatils, n’eft que L'effer de l'excès de la lé-
gereté du phlogiftique fur la gravité réfultante de leur malle & de leur
volume ; cette propriété ne leur eft ni effentielle ni intrinfequ:, puif=
qu’ils la perdent cotalement, dès qu'ils font privés du principe qui la leur
communique.
+
PR NOTE SET MON UE. 183
Le phlogiftique eft volatil par fon effence ; ce n’eft point l'ignition ou
‘l'action du feu aétuel qui le rend tel, puifqu'on le voit s'élever dans
air fpontanément fans le fecours de la chaleur, ni du mouvement igné ;
non-feulement il s’y éleve feul, mais on le voir aufli s'élever dans l’étae
de combinaifon; il y entraîne des particules pefantes capables d’affeéter
nos fens, & qui ne peuvent fe foutenir que fur fes aîles. Les efprirs des
regnes végéral & animal , les éthers, les alkalis, les foyes de foufre,
les acides fulfureux, & rous les corps odorans fourniflent des preuves de
la volatilité effentielle & intrinfeque du phlogiftique.
Cependant l’action du feu augmente la volatilité du phlogiftique , elle
fe manifefte fenfiblement dans un grand nombre d'opérations , dans lef-
quelles à mefure que le phlogiftique s'éloigne de l’athmofphere ignée ,
on le voit ralentir fa marche, abandonner une partie du fardeau qu'il ne
peut plus foutenir ; de-là les dépôrs fulégineux dans les tuyaux, les fleurs
qui s’attachent à la voüte des cornues, les fublimations à différentes han-
teurs des aludels, les jets dans les effervefcences, la circulation des
liqueurs dans les cohobarions, &c.
Non-feulement le phlogiftique a la faculté de fe dilater, mais tout
concourt à nous perfuader qu'il eft réellement le feul principe de la dila-
tabilité, le feul corps effenriellement mobile & expanfble.
Sans le phlogiftique, l’action du feu le plus véhément ne peut pro-
duire ni évaporation , ni fufon, ni incinération.
M. de Morveau ne décide pas fi le phlogiftique eft le feu élémentaire
pur, où feulement un principe fecondaire compofé d’élément du feu
uni à quelqu'autre fubftance, 1l reconnoît feulement avec M. Macquer,
que ce principe eft unique, identique , toujours le même , toujours fem-
blable à lui-même de queique nature que foient les corps avec lejquels il
eff combiné.
C'eft une vérité démontrée par la variété des procédés de réduétion,
de cémentation , de fufñion & de prefque toutes les opérations de la
Chymie ; or s'il eft ainfi, le phlogiftique ne peut pas être moins volaril
dans le plomb qui tombe , que dans l’éther qui fe diflipe.
La péfanteur fpécifique d’un corps n'étant que le rapport de la quan-
tité de mariere à l'efpace qu'elle occupe, il fuffit que ce rapport change
en plus ou en moins, pour que la péfanteur fpécifique atigmente ou di-
minue; or, non-feulement ce rapport peut changer par la feule forme
que prend la matiere fans qu'il s’en joigne de nouvelle ; mais il eft en-
core très-aife d'imaginer que le volume peut augmenter , quoique l'on
dre de la matiere. l
Dans la fuñon, les parties du métal font plus rapprochées , n'éprou-
vant plus la gravitation au centre de la terre, elles font libres de fuivre
uniquement l'attraction refpeétive que produit l’adhérence , elles s’ajuf-
tent, fe rapprochent conféquemment davantage.
284 PANTETEYAN SEM
Mais fi l’on fait perdre le phlogiftique au métal, fi on le calcine pour
le convertir en chaux , le volume s'agrandit, les particules intégrantes
recombent pèle-mêle , fe heurrent plus qu'elles ne fe touchent, & s’ar-
rècent par leur péfanteur où le hazard les place.
On voit donc que l'augmentation de la péfanteur fpécifique d’un corps
ne prouve en aucune façon que Îa fubftance avec laquelle 1 eft combiné,
ait un poids fenfiblé dans l'air , puifque ce n’eft pas même une preuve de
l’accelloire d'une nouvelle matiere. Il ne refte donc plus qu'à faire voit
que le phlogiftique pourroit augmenter la péfanteur fpécifique des corps
auxquels il s’unit, & que cette mème fubitance conformément aux loix
d2 l'hydroftatique, ne peut faire partie d’un corps fans diminuer plus
ou moins la péfanteur abfolue.
La volatilité du phlogiftique étant érablie, il ne refte plus qu’à faire voir
que fuivant les loix de l'hydroftarique, le phlogiftique ne peut faire par-
ue d’un corps, fans diminuer plus où moins, ce que nous nommons
improprement péfanteur abfolue d’un corps, celle qu'il manifefte dans
l'air ; car cette péfanteur n’eft encore que fpécifique ou relative à celle
de l’air dans lequel il eft plongé, puifque la force avec laquelle il y
defcend , n’eft pas comme la fomme de fa matiere, mais feulemenr
comme l'excès de fa gravité fur celle du fluide.
D'après ces principes, le phlogiftique étant plustléger que l'air, doit
diminuer dans ce même milieu, la gravité du corps auquel 1l s'unir; &
ainfi quoique toute addition de matiere n’augmente pas la péfanteur ftric-
rement abfolue d’un corps , il eft pofible que certe addition n’augmente
pas , ou mêfne qu’elle diminue la gravité fpécifique dans l'air : une
expérience achevera de détruire la prévention qui nous faifoit réfifter à
JE 2
certe vérité, +
Sur les deux bañins égaux d’une balance, & faifant équilibre, foit
dans l’air , foit dans l’eau, foient deux cubes de plomb parfaitement
égaux ; l'équilibre continuera de fublifter , tant dans l’eau que dans l'air;
fi l’on place enfuite entre les deux cubes de l’un des baflins une lame de
liege , dont le poids foit difant abfolu foit de fix grains , l'équilibre fera
détruit.
La force avec laquelle le baflin où l’on a mis le liége, defcendra dans
l'air, fera exaétement comme les fix grains ; mais fi on plonge ces deux
baflins dans l’eau , celui où l’on a ajouté les fix grains de liége , montera
avec une force qui fera comme l'excès de la gravité fpécifique de l’eau
fur celle du liége. Voilà donc une addition de matiere qui produit une
diminution de poids dans l’eau. 3
Or, ayant prouvé que le phlooiftique eft effenriellement volatil ; que
ce corps eft dans l'air, ce que le liége eft dans l’eau ; il s'enfuit que fi
on l’ajoute à un corps, il doit en diminuer le poids dans l'air, & c'eit ce
qui arrive quand on revivifie uné chaux métallique, comme c’eft le phlo-
giftique
ul
ol
PINS 11.9 dE 185
giftique qui lui rend le brillant métallique, il eft aufli la caufe de la di-
minution de poids du métal.
M. de Morveau ne compte pour rien la différence que l’on remarque
en pefant dans l'air & puis dans l’eau , par rapport au changement de
volume, N
Ra
SreUbaksi Ti E
Du Difcours fur le Phlogiflique.
| Expofé nous fait voir, que les idées nouvelles de M. de Morveau
font entiérement fondées fur deux points principaux ; le premier, que le
phlogiftique eft effentiellement volatil; le deuxieme , que c’eft impro-
prement que nous appellons péfanteur abfolue , celle qu’un corps mani-
fefte dans l'air ; cette péfanteur n'étant qu’un effec relatif, puifque la gra-
vité d'un corps dans un fluide n’eft que l’excès de fa gravité fur celle du
fluide.
Comme l'expérience des deux cubes de plomb unis par un plan de
liege, repréfente une addition de matiere qui produit une diminution
de poids dans l’eau, & que cette expérience paroît être le complément
des preuves de M. de Morveau ; je commencerai par faire voir que l’aug-
mentation de volume dans cette expérience, augmentation à laquelle
M. de Morveau ne veut point avoir égard , eft cependant la caufe de la
diminution de poids dans l’eau, ainfi que le rapport de la gravité fpéci-
fique du liege péfé dans l’eau & dans l'air; car c’eft un fait reconnu que
le liege pefé dans l'air eft fpécifiquement plus péfant que ce Auide, aufli
lorfqu'on l’ajoute à un corps qu'on pefe dans ce fluide , il augmente le
poids de ce corps dans l’air ; fi on l’ajoute , au contraire, à un corps qu'on
pefe dans l’eau, il diminue la péfanteur de ce eorps, puifqu’il eft moins
pefant qu’un pareil volume d’eau.
Si M. de Morveau confdere dans cette expérience des deux cubes,
que le liege dans l’eau eft volatil comme le phlogiftique dans l'air, ainfi
quille prétend, on peut lui oppofer expérience à expérience pour dé-
truire celle qu’il avance ; aux deux bras égaux & en équilibre d’une ba-
lance , ajuftez deux fpheres creufes de même métal, & également
péfantes , eflayez-les dans l'air ou dans l’eau , elles refteront en équilibre,
mais fi vous mettez dans l'intérieur d’une des fpheres une boule de liége
d'un poids connue, l'équilibre fera détruit tant dans l'air que dans l’eau
& le bras de la balance où eft la boule de liége, l'emportera .de toute la
gravité de la boule. Srles principes de M. de Morveaudéroient fondés ,
le côté de la balance où eft la boule de liege devroit diminuer de gra-
Torre II, Part. X. Oo
286 Bu 5 © CUVE.
vité , puifqu'on a fuppofé que le liege dans l'eau étoit volatil, comme
le phloyiftique dans l'air; & en effer fi l’on n'a point égard au volume,
il importe peu que le liege foit en-dedans ou en-dehors du corps qui ferr
à faire l'expérience ; & fi l’on entre dans l'efprit des idées de M. de
Morveau , ce ne doit point être feulement la partie du phlogiftique qui
eft à la furface du métal, qui felon lui en doit diminuer la gravité dans
Pair, c'eft la totalité du-phlogiftique contenue dans toutes les parties du
métal, & dont chaque molécule eft pour ainfi dire pénétrée ; & comme
Pair n’a point d’accès dans l’intérieur du métal, le phlogiftique qui y eft
contenu elt par rapport à un métal qu’on pefe dans l’eau , comme cette
boule de liege dans une fphere creufe , que l’on pefe dans l’eau, de forte
que l'expérience que je viens de rapporter , eft abfolument contradictoire
à celle des deux cubes ; puifqu’elle préfenre une addition de matiere fpé-
cifiquement moins pefante que l'eau , qui produit une augmentation de
poids dans l’eau, & par la difpoñtion de l’expérience de M. de Morveau ,
ïl avoir trouvé de la diminution. On ne manquera pas d'objeéter que
c'eft parce que le métal dans l'air eft pour ainf dire porté fur les aïles du
phlozittique, fpécifiquement plus léger que l'air, qu'il perd de fa gravité ;
ce phlogiltique eft comme une puiflance qui agit fur lui dans un fens
oppofé à la direction de la péfanreur; & dans l'expérience que vous
oppofez, dira-t-on, la boule de liége n’eft pas dans l'eau, elle eft dans
la fphere creufe du métal ; fi cette réponfe pouvoir former une objeétion,
rien ne feroit plus facile Que d'y répondre. Rempliffez d’eau les deux
fpheres creufes à moitié ou aux deux tiers, de maniere qu’elles faffenc
équilibre ; & fi vous ajoutez la même boule de liège dans l’une des deux
fpheres , l'équilibre fera également détruit, de forre que tout l'effer de la
pefanteur fera ducôré de la boule de liege : preuves nouvelles que toutes
chofes égales d'ailleurs , il ne peut y avoir de diminution dé poids, foic
dans l’eau, foit dans l'air, qu'il n’v ait augmentarion de volume,
A ces expériences diamétralèément oppofées à celles de M. de Mor-
veau, on peut encore en ajouter d’autres. Tous les Chymiftes connoif-
fent cette fuie des réfines, des huiles effentielles enflammées , qu'on
nomme vulzairement noir de fumée ; & que les Chymiftes, prefque
d'uncommun accord , regardent comme le phlogiftique le plus pur uni à
une très-petire quantité d’une terre très-atrénuée : fi l’on prend de ce noir
de fumée ; & fi on l’ajoute , foit au dedans , foit au dehors d’un corps dif-
pofé pour faire l'expérience comme ci-deflus , avec certe différence qu'il
faut pefer dans l'air, & non dans l’eau ; on fe convaincra que ce phlo-
giftique , bien loin de diminuer la pefanteur d’un corps auquel on l'ünic
dans l'air, ne fervira au contraire qu'à l’augmenter , & d'autant plus
confidérablement, qu'il ÿ feroic joint en plus grande quantité ; efle
cependant enfiéremerit oppofé à ce qu’on devroit en attendre , file phlo-
giftique étoir effentiellement volaul,, & fi ajouté à un corps, 1l devoir en
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PAM Te! Ar D A0 287
diminuer fa pefanteur fpécifique dans l'air. Pofer pour principe , que le
phlogiftique eft effentiellement volatil , c’eft affurer qu'il eft toujours
dans l’état de volatilité , qu'il ne celle jamais de l'être; qu'uni à un corps,
il fait continuellement effort pour s'échapper , & que c'eft par ces efforts
fucceflifs & réitérés , qu'il le fouleve dans l'air , en oppofant une réfif-
tance contraire à l’effet de la pefanreur. Sices affértions étoient vraies ,
tous les corps qui contiennent je phlogiftique , devroient le perdre infen-
fiblemenr. Tous les métaux qui en contiennent plus abondamment que
les autres corps, à ce qu'on prétend, fe convertiroient en chaux par la
feule ation de l'air ; les corps combultibles, les charbons, les huiles
éprouveroient aufli de l’altération. Le phlogiftique étant eflentiellement
volaril (1), feroit comme le feu , qui l’écant par eflence , ne peut jamais
être contenu ni reflerré ; il devroit étendre les parties des corps, en
augmenter le volume; & cependant il produit un effet contraire : car fi
l'on ajoute le phlogiftique à une chaux métallique , le métal a moins de
volume que la chaux; le phlogiftique diminue donc la pefanteur fpéci-
fique dans le fens qu’on l’entend communément; 8 comme il eft addi-
tion de matiere , il devroit augmenter la pefanteur abfolue, quoique le
contraire arrive. S'il éroit démontré que le phlogiftique füt effentielle-
ment volatil ; fi ce fluide exerçoit fon aétion dans une direction con-
traire à l’effort de la pefanteur , il feroit inutile d’avoir égard ni au vo-
lume, ni à la quantité de matiere ajoutée, le phlogiftique feroit fuffifant
pour vaincre toutes les réfiftances ; ainfi, l’eau réduite en vapeur , devient
une puiflance capable de furmonter les plus grands efforts; il en feroit
de même du phlogiftique lié & enchaïné à routes les parties d’un corps.
Quelque ingénieufes que foient ces idées, elles me paroïffent contre-
dire toutes les notions que les Chymiftes nous ont donné fur le phlogif-
tique. Selon eux , cer être n’eft que du feu éteint, du feu fans action,
du feu devenu fixe ; il eft dans les corps combuftibles , ce que l’air fixe
dans certains caps eft à l’air ordinaire. Bien loin de le confidérer comme
le principe de la volatilité, on feroit bien plus fondé à le regarder comme
celui de la pefanteur ; car il rend la rerre des métaux à laquelle il s’unit
plus pefanre qu'ancune terre connue , quoique le métal foit moins
pefant que la chaux qu’il produit ; & , en effer, fi l’on veur confidérer ce
principe d’une vue un peu générale, il femble qu'il n’y ait point de ma-
tiere plus pefante dans la nature; car, puifque les Chymiftes con-
viennent que le phlogiftique n’eft que le feu combiné avec les corps,
peut-on fe figurer une matière plus pefante qué le feu en mafle ?Il péne-
tre les corps les plus denfes & réuni; au foyer d’un miroir ardent; 1l
volartife dans uninitant les corps qu'aucun agent connu n'avoit pu dif-
(1) La plupart de ces corps {ubiffent de l’altération ; mais c'eft un effet de l’aétion
de l'air, & non de la volatifation du phlogiftique.
Oo ij
0
288 ROM CP TS D VO Ol LE:
foudre , ni attaquer ; de forte que ce ne peut être que par un préjugébiem
mal établi, que des Philofophes ont cru que le feu n’avoit aucune pefan-
teur ; il me paroit au contraire, le plus pefant de tous les corps, fi l’on ne
confidere dans la pefanteur que la tendance d’un corps vers un autre; &
fi les phénomenes fublunaires peuvent être comparés à ceux qu’exercent
Jes fpheres éloignées, à l'empire defquelles notre petite terre eft fou-
mile.
Le phlogiftique, dans l’efprit des Chymiftes, eft le principe inflam-
mable , le plus pur , le plus fimple ; c’eft le feu élémentaire combiné &
devenu principes des corps. C’eft lui qui rend les corps combuftibles ; ils
appellent iucombuftibles les corps qui en font privés. Les Chymiftes ne
nous donnent paint d’autres idées du phlogiitique.
Les Phyficiens n’ont jamais regardé la pefanteur d'un corps dans
l'air ; comme fa pefanteur abfolue, puifque cette pefanteur diminue ,
felon que le volume augmente. La pefanteur abfolue d’un corps ne peur
être que fon attraction ; elle fuit la raifon inverfe du quarré des diftan-
ees ; elle diminue en mème raifon que l’efvace augmente. On n'apu
calculer les effets de cette force qu'en fupprimant les milieux qui arit-
tent ou modifient fon attion , c’eft dans le vuide que cette force exerce
toute l'étendue de fa puiffance , mais dans les différens milieux où nous
pefons les corps; nous ne pouvons eftimer que leur denfité, leur gravité
relatives , la quantité de matiere qu'ils contiennent fous un volume
donné. Et qui ignore que le corps le plus denfe, comme l’or par exemple,
dans le milieu le plus rare , comme fair, peut perdre, fi jan pers parler
ainfi, prefque toute fa pefanteur & acquérir un poids relatif, moindre
que le volume d’air? C’eft par cette raifon qu’on voit flotter ces feuilles:
d’or délices que l’art fait employer à plufeurs ufages.
Comment le phlogiftique feroit-il. eflentiellement volatil, puifque ce
charbon , ce noir de fumée dont j’ai parlé ci-deflus, peut foutenir , étant
privé de toute humidité, plufieursheures de fuite , le feu le plus violent
dans les vaifleaux clos, fans perdre un atome de fa pefanteur. Ce n'eft
qu'a l'air libre qu'il fe diflipe entiérement , & ne laïfle après lui qu'une
terre déliée. Cer exemple prouveroit fufhfamment que le propane
n’eft point effentiellement volatil , puifque même embrafé dans les vaif-
feaux clos, il ne peut enlever cette cerre légere à laquelle il eft uni, 1l
faut le concours de l’air ; de forte que ce fluide entreroit au moins ,
comme caufe feconde dans l’effec de la volatilifarion;, & pourra-r-on ja-
mais concevoir comment un. corps volatil, qui tend fans ceffe à s’échapper,
uni à la chaux des métaux , enreflerre les parties, & produit un métal
dont le volume eft diminué.
Le charbon noir ordinaire eft également inaltérable ; mis dans une
Boëre de fer ou de terre, fermé exaétement & placé dans un four, fi vous
le chauffez jufqu’à le faire rougir à blanc, quelque violent que foix le feu.
PURE S L° € © à 189
& quelque longtemps qu'on le continue , on trouve, la boëte étant re-
froidie, que le charbon n’a rien perdu de fon poids ; qu'il eft rout aufi
combaftible qu'auparavant ; preuve nouvelle que le phlogiftique n’eft
point effenriellement volatil,
L'expérience de M. Geoffroy fur la rerre du plomb, qu’il a rendu
volatile en la combinant fans celle avec du phlogiftique , ne prouve rien
en faveur de la volatilité du phlogiftique , puifque ce n’eft qu’en enle-
vant fucceflivement le phlogiftique par la calcination qu’on la rendoit
volatile; mais l’on n'ignore pas que le phlogiftique devient volatil dans
la combuition , l'ignition ; la calcination; ce qu'il falloit prouver , c’eft
qu'il eft effentiellement volatil dans fon étar de phlosiftique. Tout ce
que M. de Morveau dit de ce corps, on pourroit le dire avec beaucoup
plus de fondement du feu ; il a toujours confondu ces deux êtres ; 1
apporte en preuve de la volatilité du phlogiftique l’expérience de M. de
Voltaire, qui trouva une barre de fer moins pefante étant chaude que
froide , expérience qui prouve la volatilité du feu & non du phlogifti-
que. Le feu comme l’eau, & routes les particules qui émanent des coips,
ont moins de gravité fpécifique que l'air, lorfqu’ils ne font pas en malle
aggrégative , & le feu libre, le feu en aétion peut diminuer le poids
d'un corps, quand il agit fur lui dans une direction contraire à fa pe-
fanteur. On peut rendre cette action volatile du feu fenfible par une
expérience bien fimple. Mettez un réchaud de charbons bien embräfés
fous l’un des deux baflins égaux d’une balance , l'équilibre fera détruit,
& vous vertez le ballin fous lequel eft le réchaud embräfé s'élever par
Faction de la volatilifarion du feu.
Quant à ces lymbes oléagineux, qu’on voir s'élever dans de certaines
liqueurs, ces effets prouvent feulement que ces matieres font moins
pefantes que le milieu dans lequel elles flottent : on voir de même les
liqueurs moins pefantes furnager celles qui le font davantage ; ainfi les
vapeurs aëriennes, les météores aqueux , ignés, fe foutiennent dans la
région moyenne de l’athmofphere. Qu'’eft-il befoin d’appeller à fon fe-
cours le phlogiftique pour expliquer ces effers ? L'eau comme l'air fe
trouvent pénétrés de particules de feu ; fans cet élément actif ces deux
corps formeroient une mafle folide ; or, quand les particules de l’eau
battues par les vents, la tempête , s’élevent en vapeurs écumantes, &
que l’action du feu qu’elles refferrent eft augmentée par la chaleur du
Soleil , 1l s'en éléve dans l'air des globules qui s’y foutiennent par la
mème raifon que le liège furnage fur l’eau,
Quelle erreur d’attribuer la volatilifation du mercure , des demi-mé-
taux, des. corps volatils, au phlogiftique, comme fi ces corps fe volatili-
foient fans le fecours du feu , de l’ignition? Si ce phiogiftique éroireffen-
tiellement volatil, L'action du feu feroit inutile, les métaux perdroient
à chaque inftant de leur poids, ils dinunueroient d'une maniere plus
200 PU LIST OT OL UNIIE:
fenfible que les corps qui ne contiennent pas un atome de phlogifti-
que. Mais, dira-t-on, ils perdent leur volatilité dèsqu’ils font privés de
phlogiftique ? Je répondrai que l’on ne fçait pas ce dont le feu les prive,
que c’eft une erreur de fuppoñtion d’avancer que tout métal eft compofé
d'une terre fixe virrifiable , d’une nature inconnue, qui ne reffemble à
aucune de nos terres, plus pefantes qu'aucune d'elles , & d’un principe ou
élément que l’on nomme phlogiftique ; rien n'eft plus commode que ce
nouvel être ; les Chymiltes l’appellent à leur fecours toutes les fois qu'ils
en ont befoin , à l'aide de ce nouveau principe , ils parviennent à ex-
pliquer les faits les plus contradictoires. Autrefois la matiere fubrile
jouoit un très-grand rôle dans les fciences naturelles , aujourd’hui c’eft
le phlogiftique qui cédera bientôt fa place au fluide éleétrique , fur le-
quel nous avons des connoiflances bien plus folides , plus approfondies
que celles que les Chymiftes nous ont données fur ce principe inflam-
mable. Il ne feroit peut-être pas impoflible de démontrer que tour ce que
les Chymiftes ont avancé au fujer de ce nouveau principe eft entiére-
ment dénué de fondement.
Si c’eft à la préfence du feu que l’eau doit fon évaporabilité comme
fa fluidité, c’eft fans doute aufli au feu qu'il faut attribuer ces lymbes
oléagineux qui fe foutiennent au milieu de certaines liqueurs, ces
vapeurs ftationnaires que l'on apperçoit dans l'air, les émanations
odorantes des corps , les efprits tirés des regnes végétal & animal,
les acides fulfureux; c’elt encore au feu libre & en action qu'il
faut attribuer les dépôts fuligineux dans les tuyaux , les fleurs de la
voute des cornues, des fublimations , les jets dans les effervef-
cences , la circulation des liqueurs dans les cohobations; certainement
tous ces effets ne font pas dus au phlogiftique, qui n’eft que du feu
éteint, du feu qui a perdu fon action érant devenu élément des corps.
Le phlogiitique eft un être pailif , il eft au Feu libre & en action ce que
l'air fixe eft à l'air libre , & l’on fçait par les nouvelles expériences de
M. Macbride , que les effets de l'air fixe font bien différens de ceux de
l'air libre.
D'ailleurs , cous les corps de la nature ne font-ils pas fufcepribles de
fe volatilifer, comme de fe réduire en verre, il ne faut pour produire
tous ces effets que de l'air, de l’eau, de la chaleur, du feu & du tems; mais
ni la volatilifation, ni la vitrification , ne font l'effec du phlogiftique, un
bon fourneau de forge , de verrerie ,un mireir ardent produitont infail-
liblement ceseffets, foit d:rectement , foit en uniffant le corps avec d'au-
tres corps qui feront plus difpofés à la volatilifation ou à la vitrification ;
onfait, par exemple , que des corps qui ne font pas volatils le deviennent
en les uniffant à des parties qui le font ; ainfi M. Homberg parvint à vo-
latilifer des fels fixes des plantes, en leur rendant par différentes ma-
nipulations les parties volatiles qui en avoient été chaflées, & certe
OPA TA UT (Où NON YE: 194
opération fe fait par des cohobations fouvent réicérées (1), jufqu'à ce
que le volaril fe foit uni de telle forte au fixe , que le tout ou une partie
en foit devenue volatil, & fi on lit le détail de cette opération dans
les Mémoires de l’Académie , il ne viendra certainement pas à l'efpric
d’actribuer certe volatilifarion au phlogiftique ; les animaux de même 3
volatilifent le fel qui eft fixe dans la plante, & il arrive fouvenc
que ce qui eft volatil dans l'animal redevient fixe dans la plante, &
tout cela fuivant que le corps volatil s’aflocie à des parties terreufes qui
le fixent, où que le corps fixe dépofe une portion de fes parties ter-
reufes. .
(1) Hift. de l'Académie, page 30, ann, 1714
EP
DCE UTS CRT M PVEL TOY N
* Des effets de la Neige fur Les Grains femés.
D. ux champs fitués lun près de l’autre, de même fol, mème en-
grais, mêmes labours , furent enfemencés avec le même froment ; la
feule différence de leur expofirion confiftoir en ce que l’un étoit un peu
plus bas que l’autre , & plus à l'abri du vent du nord.
Après la femence , le rems fur fi favorable que ces deux champs étoient
verds lorfque l’hyver commença ; mais avant que la terre füt gelée , il
tomba beaucoup de neige qui ; au mois de Mars fuivant ; Couvroit ces
champs de l’épaiffeur de deux à trois pieds. La plüpart de cette neige étoit
par flocons , & n'avoir été réduire en malle glacée par aucun dégel , fur-
tout dans le champ bas. Un chemin d’hyver traverfoit une partie de ce
champ, & la neige y avoit été foulée.
Au printemps, après la fonre des neiges , on trouva la terre peu ou:
point gelée , fur-rout dans le champ bas : elle l’étoit un peu plus dans
lautre, mais plus que par- tout ailleurs à l'endroit où pafloit le chemin ;;
& la moiffon étroit plus belle à proportion que la terre étoir plus gelée.
Au lieu où paffoir le chemin d'hyver, lebled étoir égal & épais, tandis que
dans le refte du même champ il y avoit çà & là quelques tuyaux mai-
gres & de méchantes herbes. Dans l'autre champ , qui étoir plus expofc
au vent de nord , une partie de la neige avoit été enlevée , & la gelée
ayant pénetré un peu‘plus avant, avoir confervé le froment; cependant
il n'éroit pas à beaucoup près aufli beau que celui fous lequel. la neige
avoit. té foulée:
Acad de
Stockolm..
292 PER: INIST OU NU VE,
Ainfi la neige qui refte par flocons comme elle eft tombée empêche
plus la gelée de pénétrer la terre que lorfqu’elle a été foulée.
La gelée feule & par elle-mème ne nuit point au bled; elle contri=
bus au contraire à le conferver pendant l’hyver ; elle l’empèche de rece-
voir fous une neige épaille , & dans la terre toute humide ,une chaleur
hors de faifon qui le corromproit.
Les autres grains & les racines des arbres qui font comme endormies
dans la terre pendant tout l’hyver, ne font point endommagés par la gelée.
Quatre-vingr müriers plantés dans un jardin de Stockhoim , foutinrent
plufieurs hyvers , & fur-tout celui de 1740 , fans aucune couverture ;
ils ne périrent enfuite que par défaut d'ombre au printemps ; le Soleil
deflécha la tige & les branches, auxquelles les racines encore enfer-
mées dans une terre gelée ne purent pas fournir les fucs néceffaires pour
réparer ceux qu’elles perdoient.
On auroit pu fe procurer une moiflon également belle dans lun &
l'autre champ, fi au commencement de l’hyver , lorfque la neige abon- (4
dante couvrit ces deux champs humides, on avoit eu la précaution que l
peu d’économes connoiffent & emploient , de fouler la neige avec des (l
rouleaux , afin que la gelée néceflaire à la confervation du bled pénétrât
plus avant dans la terre, |
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DEVE SIC EP MEET OPEN:
Des effers du Sommeil fur la chaleur du corps kumain ; !
Par M MARTIN. É
Acad. de DA ns un homme de trente-huit ans , qui fe mit au litvers 11h.
Stockholm. du foir, la chaleur de la main & de l’aiffelle éroit de 28 À, thermometre
de M. de Réaumur; de la poitrine 28 ; du ventre 27+; des genoux & dela
plante des pieds 25 2. Lorfqu'il s'éveilla vers les ç h. du matin, la main
n'avoir que 27 +; l’aiflelle 28 ?; la poitrine 27 +, ainfi que le ventre;
les genoux & la plante des pieds 25 2 Aïnfi les mains & la poitrine |
avoient perdu près d’un degré de chaleur; celle des autres parties éroit |
la mème; l’air de la chambre étoit à douze degrés. ” |
Le même fujer , après un fommeil de deux heures, avoit la poitrine
& la main moins chaudes de 1 +, le ventre & les pieds de #. ‘Après un
autre fommeil de quatre heures , la poitrine & la main perdirent 2 +;
les pieds & l’aiffelle +.
Un homme de quarante ans , qui avoit pris pendant le jour beaucoup
d'exercice, avoit le foir en fe couchant, la main & l’aiffelle à 20 à; la
; poitrine
PRES 27, Q 0 € 293
poitrine , le ventre 28 +; le genou 28 ; les pieds 25 ?. Après huit heures
de fommeil , chaque partie avoir perdu +. Lorfqu'il fe mit au lit, fon
pouls bartoit foixante dix fois dans une minute : au réveil , il n’avoit que
foixante pulfations dans le même temps. !] refpiroit , en dormant, qua-
torze ou quinze fois par minute ; dès qu'il fur éveillé, vingt fois. La
chaleur de la chambre étoit de 16 degrés.
Un enfant de neuf ans avoit, en fe couchant , la main, l’aiffelle, la
poitrine & le ventre à 282, le dos & les genoux à 26 ; ; les pieds à
24 +. Sept heures après, tandis qu'il dormoit encore , la main étroit plus
fraîche de +; l’aiffelle de 1 +; la poitrine de 2 $; le ventre de+; les
genoux de 2 +. Après huit heures de fommeil, & peu après qu'il fut
réveillé , la chaleur avoit augmentée : quelques parties éroient encore un
peu plus fraîches , d’autres plus chaudes , d’autres commé avant de s’en=
dormir.
Une feconde obfervation du mème fujet donna des réfulrats peu dif-
férens. Après deux heures de fommeil , & tandis qu’il dormoit encore,
la chaleur de la main éroit moindre de 2 ?, de l'aiflelle +, ainfi que de la
poitrine. Quelque temps après il s’éveilla ; la chaleur devint plus grande :
1l éroit inquiet: le dos avoit de plus 2 +; la poitrine #; la main & l’aif-
felle étoient au mème degré qu'auparavant.
Dans un enfant de cinq ans , avant le fommeil, l’aiffelle avoit de cha-
leur 28 +; le ventre & la main 28 ; la poitrine 27 +. Après avoir dormi
huit heures , le ventre & la main avoient perdu 1 ?; l’aiffelle 2 ; la poi-
trine éroit au mème érat : après dix heures 1l fe réveilla ; & pour lors la
chaleur étoit rérablie, mème augmentée dans quelques membres, ex-
cepté la main qui n’avoit que 25 +.
IL s'enfuir de ces expériences que le fommeil, tant qu’il dure , rafrat-
chic le corps humain à l'extérieur ; mais que la chaleur fe rétablir dès
qu'on s’éveille. Quant à l’intérieur , 1l paroït par l'urine qui efl oidinai-
rement avant & après le fommeil de 238 Ÿ à 29 À, qu'il n'éprouve pas
de changement fentible. Quelques obfervations que l'on a faires fur
des enfans induifent à croire que la chaleur fe retire dans l'intérieur
tandis que l’on dort, & revient au dehors lorfqu'on fe réveille.
IL faur aufh diftinguer le fommeil paifible & le fommeil inquiet : celui-
ci tient le milieu entre l’autre fowmeil & la veille , témoin les rêves.
Lorfqu'un enfant a mal dormi , fes joues font rouges, 1l s'éleve en
furfaut , 1l crie, fa chaleur eft augmentée, Au contraire , après un repos
paifble , le pouls & la refpiration annoncent plus de fraicheur. Avant
le fommeil, le pouls bat d'environ ceift cinq fois par minute dans les
enfans de trois à cinq ans ; mais pendant le fommeil environ quatre-
vingt-dix fois ; dès qu'ils font éveillés, il reprend fa premiere virelfe.
Ces mèmes enfans n'ont pas la refpiration plus fréquente que les
hommes de trenre à quarante ans ; les uns & les autres refpirent pendant
Tome IL, Partie X, Pp
294 OS Ar SUV QU UNE.
le fommeil quinze ou feize fois dans une minute, & pendant la veilie
de vingt à vingt-trois fois. Cette obfervation nous apprend que la cha-
leur eft la même dans les enfans & dans les adultes ; l’on a trouvé fou-
vent que leur chaleur intérieure & extérieure dans l’état de fanté, ne
pañle pas 29 ; celle des aïffelles & du ventte dans les adultes s'éleve à
ce dégré lorfqu'ilsont fairde l'exercice, qu'il ont eu chaud , ou qu'ils font
très-couverts ; mais fi un homme s’eft donné peu de mouvement , &
qu'il foit peu couvert, on peut regarder 28 $ de chaleur au ventre com-
me fébrile : ce qui a été obfervé dans un malade de la petite vérole;
au refte, ceci varie fuivant la conftitution ; dans les uns la chaleur eft
plus interne ; en d’autres plus extérieure, tandis que dans les uns &
les autres , elle eft en roralité à peu-près égale.
Les obfervations de M. Martin décideront-elles la queftion fi long-
tems agitée pour & contre, fçavoir fi dans le fommeil les parties inté-
rieures fonc plus où moins chaudes ? Hyppocrate, & après lui Boer-
haave , ont tenu pour l’afirmative ; ils fondoienr leur opinion fur la pro-
fondeur de la refpiration des perfonnes qui dormoient , fur l’accroiffe-
ment de leur tranfpiration , enfin fur la force de leur pouls ; d'où M.
Boerhaave conclud que les fonctions vitales s’exécutent avec plus de
force dans le fommeil, & que les fonctions de la nature font plus par-
faites.
Sancterius prétend que dans le fommeil la tranfpiration eft du dou-
ble plus forte que dans la veille, & qu'elle va quelquefois à une livre
par heure. M. Dodart & plufñeurs Médecins modernes ont avancé qu'on
&ranfpiroit moins dans Le fommeil , & que la différence étroit de moitié,
de forte qu’un homme endormi ne perd que deux onces ;qu’étant éveillé
il en perd trois & quatre s’il travaille. C’eft ici le cas du proverbe , Hyp-
pocrate dit oui, & Galien dir non. M. Formey, ( Mém. de l'Acad. de
Berlin, ) a cherché à concilier la caufe de ces opinions fi fort coutra-
diétoires , & a penfé qu'on doit la trouver dans la maniere de fouper
des différentes Nations. Il eft certain que plus le fouper a été copieux,
plus la tranfpiration augmente ; qu’on tranfpire peu dans les premieres
heures du fommeil, & plus abondamment dans les dernieres ; que la
veille eft le rems de la deftruétion, & le fommeil le tems de la reftau-
ration ; mais tous ces effers ne décident point la queftion , il faut quelque
chofe de plus exaét , & cet objet mérite affurément que des Phyficiens
s’en occupent en confdérant l'homme à tous les âges, foit dans l’érar
de fanté ou de maladie. Le fang qu’on tireroit de la veine pendant la
veille & pendant le fommeil , (toute circonftance d’ailleurs égale ,) com-
menceroit à mettre fur la voie.
€
OPA MN, SU EC OÙ Où 295
EE OT
CPS TEE RUN GA TL: ON: 5
SUR UNE AURORE BOREALE,
Communiquée par un Correfpondant de Lancaftre en Penfylvanie.
Le $ Janvier 1769, à fept heures & deinie du foir on apperçut ici
un crépufcule fort brillant qui s’élevoir du côté du nord : dans un quart
d’heurece crépufcule s’étendit du nord-eft au nord-oueft. La partie fupé-
rieure étoit fort échancrée , & dans une partie du ciel, elle étoit montée
à la hauteur de quarante degrés au-deflus de l'horifon.
À huit heures trois quarts l’aurore devint fi lumineafe dans l’hémif-
phere feptentrional , qu'une perfonne n'ayant aucune infirmité dans la
vue , auroit pu aifément lire à cette clarté un livre imprimé en carac-
tere Saint-Augultin.
A neuf heures , cinq colonnes ou pyramides d’un rouge très-vif s’éle-
verent perpendiculairement à l’horifon dans le nord-oueft : leurs hauteurs
étoient inégales , tandis que deux d’entr'elles s’élevoient prefqu’au
zénith ; les autres n’excédoient point quarante- cinq degrés : elles chan-
geoient de couleurs alternativement depuis un rouge très-enflammé juf-
qu’au pourpre; du pourpre au jaune , du jaune à la couleur de la flamme ;
& de cette couleur elles revenoient au rouge. Ces changemens fe fai-
foient d’une maniere fi prompte, qu'ils affeétoient les fens de terreur.
A neuf heures un quart , les colonnes changerent leur pofition per-
pendiculaire ; elles en prirent une oblique, & commencerent alors à fe
mouvoir enfemble vers l’oueft. Elles fe confondirent bientôt, & forme-
rent une zone d’un rouge obfcur mêlé de jaune,
N. B. On n'obferva point de flammes voltigeantes, ni aucune
agitation ou tremblement, comme on en voit ordinairement dans ces
fortes de phénomenes. Celui-ci étoit tranquille, excepté qu'il changeoït
de couleurs & fe mouvoir vers l’oueft, comme nous l'avons dir.
Durant cette apparition, l'air étroit très-froid & glaçant; & quoique
le Ciel für ferein , & que les Etoiles paruffenr , on fentoit cependant
l'athmofphere humide & pefante.
Un peu avant dix heures , ce;phénomene s’abattit fous l'horifon', &
difparut.
Nous rapporterons fur le mème fujet l’obfervation de M. Beouelin.
J'EN aï apperçu deux en Janvier, dit ce favant Académicien, le 17
Ppij
Tranf de
Philadel-
phie,1771e
Acad. de
Berlin,
1770.
Acad, des
Sciences de
Berlin,
1773,
296 BETRMTILSU TU ONQUNLE.
& le 18; cinq en Février; le1,12,:5,18& 253 cingenMars, lets,
15,23,26 R 27; cinq en Avril,le13, 14, 57, 19 & 20; une en Maï
le 27; une en Seprembre le ».
Celle du 18 Janvier a été l’une des plus mémorables par l’éclar des
couleurs , par fes variations , par fon érendue , qui embrafla prefque tout
lhémifphere , & par fa durée, puifqu'elle ne finit qu'avec la nuir. Le
milieu de fon amprirude horifontale tomboit à-peu-près à 16 degrés du
noïd vers l’oueft, & il s'y eft conftamment maintenu, même lorfque
cette lumiere forma une zone très large dans le Ciel. Le fegment de
lhorifon auftral, qui n’éroit point éclané, avoit la même déclinaifon du
fud vers left. Au refte je n'ai pu appercevoir fur l'aiguille aimantée l#
moindre vacillation ni variation, pendant tout le temps qu'a duré cette
belle aurore.
a
OBS, RUCV AE, ON
Sur un triple Ârc-en-Ciel ;
Par le même.
L E 12 Juiller 1770, me trouvant aux Bains de Freyenwalde, j’apper-
çus vers les fept heures du foir , du côté de lorient , un arc-en-ciel ordi-
naire , accompagné de l'arc extérieur , tous deux tronqués vers le haut
par des nuages , en forte que l’on ne voyoit que la partie boréale, qui
defcendoit jufqu'à l'horifon; les couleurs en éroient bien vives; cepen-
dant l’arc extérieur paroiffoit d’un tiers plus étroir que l’intérieur, &
l’on n'y diftinguoit exactement que du rouge & du verd. Entre ces deux
iri5, mais une fois plus près de l’extérieur , s’élevoit un troifieme arc-en-
ciel, qui fembloit appuyé fur un nuage à trois ou quatre degrés au-def-
fus de l'horifon : cet iris n’étoit pas concentrique aux deux autres; il
failoit partie d’un plus grand cercle, & alloit couper cet arc. L'ordre des
couleurs dans ce troilieme iris étoit celui des iris ordinaires ; le rouge
en formoit le cercle extérieur , & alloit au point de l’interfeétion fe
confondre avec le cercle rouge du fecond arc-en-ciel. Ces deux iris
étoient fenfiblement d’une égale largeur ; les couteurs vifbles n’alloïent
pas au delà du verd. Ils ne ceflerent de patoïître que lorfque le premier
arc du ciel difparur.
+ +
PAPA SIT INO NUE. 297
ÉPMOON EDIURE" AR EXT
D'une Lertre écrite de Milhau , le à Mars 1773;
Par M. PELLET, Doëteur en Médecine, & adreffée à M. DE LA
CONDAMINE , de l’Académie Royale des Sciences de Paris.
1 FR à Montpellier en 1766, & j'y vis par occafñon la fille d’un
Négociant ; elle éroit d’un tempérament pituiteux & d’une conftitution
plutôt foible que forte. Cette flls depuis l’âge de quatorze ans jufqu'à
celui de vingt-deux , avoit un dévoyement des régles, dont l’écoule-
ment , felon moi, fe faifoit par les yeux au moyen d’un torrent de lar-
mes qu’elle répandoit (1) réguliérement tous les mois, avant & après le
aroxifme des douleurs les plus atroces, favoir , deux heures avant , deux
fée après ; la violence de ces douleurs éroit fi forte, qu’elle en éroit
devenue comme hébétée ,ne commerçant avec perfonne & ne voyant
qu'avec peine la lumiere du jour.
Ces phénomenes piquerent fi fort ma curiofité , touché d’ailleurs d’un
fort fi trifte, que je voulus revoir la perfonne ; mais ayant appris que
cette maladie avoir exercé les plus habiles Praticiens de Montpellier ,
je ne crus point devoir lui preferire des remedes. Comme j'avois vu
quelquefois des prodiges de la Médecine gymnaftique , & fçachant que
certe fille avoit des parens, & qu'ils demeuroient dans le voifinage(2},
je prelfai vivement le pere de la malade de l’y faire venir ; efpérant que
l'équitation & la diflipation pourroïent produire quelque changement
Heureux , ou du moins quelque amélioration à fon état déplorable. Le
pere céda à mes inftances, mais le projet ne fut exécuté que dans le
mois de Juiller dernier , parce qu'ilavoit, difoit-il, défefpéré de fa fille,
L'événement vérifia ma conjeéture ; car pendant tour le rems qu’elle a
demeuré ici ou dans les environs ; c’eft-à-dire environ pendane trois
mois , elle n’a pas eu la moindre apparence de douleur , & n’a pas mème
jetté une larme. Elle éft repartie pour chez elle fort gaie , fotc fraîche,
& avec beaucoup d’embonpoint. J'ai appris depuis peu la continuation
de ce bon état , mais on n’a pas pu me dire fi elle à eu encore fes régles
par la voie ordinaire,
(1) Ces larmes n’ont jamais été fanguinolentes. Il n’a pas été abfolument queftion
d'un Aux de fang , comme il arrive dans les regles dévoyées, ce qui ne feroirplusune
chofe fi extraordinaire,
(2) 11 ÿ a dix-huir lieues d'ici à Montpelker..
Acad, de
Berlin,
3770,
29% PME FRAIS UTP OM OURUIES
Comme je cherchois la caufe de ce phénomene , & que je croyois
cette fille imperforce, je lui demandai fi elle n’avoit ‘pas été touchée
par quelque fage-femme ; À quoi elle répondit qu'elle l’avoit été par un
Médecin qui afflura le contraire. Je connoiflois la perfonne & fa capa-
cité, aufli je me contentai de la palper : je trouvai généralement tous
les vifcéres du bas-ventre exactement compaéts & relferrés, fur-rout le
corps de la matrice, où je ne remarquai aucune efpece de foupleffe,
mais au contraire une roideur peu ordinaire. Il devoit en être de même
des poumons , où le fang circuloit avec peine, ainfi que le démontrent
Les fréquens bâillemens qu’elle faifoit.
Pour remplir l'indication que ces fymptômes me préfentoient , &
pour aider l'effet de l'exercice à cheval qu’elle faifoir quelquefois , j’em-
ployai les bains domeitiques , où on avoit fait bouillir des herbes émol-
lientes , les lavemens, les fomentations fur toute la région du bas-
ventre ; elle prit des bouillons de poulet avec des feuilles de mauve, &c.
& après avoir été purgée , elle fic ufage des apéritifs mêlés avec de légers
emménagogues. La difipation à iaquelle elle fe livra en fe procurant
une fociété amufante , n'aida pas peu l'effet de ces remedes.
| dé 4 QU de | |
DiLiSSSE RIT ASE ELOEN,
ANATOMICO-PHYSIOLOGIQUE
Sur la préparation des liquides fecrétoires du corps humain par la réforp=
tions & fur les diverfes & confidérables utilités qui en réfultent ;
Par M MECKEL (1).
I. Es: obfervations fur la ftruéture du corps humain ne font point
épuifées ; il en refte encore beaucoup à ajouter aux connoiflances
äcquifes fur ce fujer. La dotrine des fecrérions , & la préparation des
humeurs eft encofe aflujertie à des doutes qui nous empêchent de juger
définitivement de la maniere dont la fecrérion s’opere , & la qualité des
(x) On ne doit point être furpris de trouver cette importante Differtation inférée
dans ce Journal, puifqu'il fait la fuite de la Collection académique, à dater de l'année
1770, afin de mettre le Public tout de fuite au courant des volumes que publient les
Académies de Saint-Pétersbourg , de Stockholm, de Berlin, de Londres, d'Edim-
bourg, de Philadelphie & de Bologne. Les Auteurs chargés de la rédaétion des Mémoi-
res de ces Académies, la preflent vivement jufqu'à l'année 1770. Ce Recueil aura
encore l’avantage de préfenter au Public les differtations des Savans qui ne font pas des
Académies qu'on vienc de citer. La Diflertation de M. Meckel préfente des faits de la
plus grande importance & des découverres de la derniere utilité,
MER M ES LOU & 299
humeurs qui la fubiffent. On doit donc envifager comme agréables &
utiles les obfervarions qui font propres à faire difparoître les doutes.
J'efpere que mon travail pourra y contribuer.
IT. Les réforptions dans les vifceres fecrétoires & dans leurs réfervoirs
ont été deftinées ou à perfectionner les liquides qui éprouvent la fecré-
tion , ou les ramener des réfervoirs dans le fang , afin que rendues à la
malle da Ling , elles fervent aux ufages du corps & à fa confervation ; ou
bien enfin la nature a pourvu les vifceres fecréroires de vailfeaux ab/or-
bans, con me de fecours , au moyen defquels le liquide qui, dans quel-
que cas extraordinaire, & fuivant les diverfes circonftances de la vie hu
maine , demeure en ftagnation dans le réfervoir, puille ètre ramené à
la fource commune des humeurs, c’eft-à-dire au fang, & s’y méler de
nouveau. On peur ajguter que ces vailfeaux abforbans ménagent une voie
aux fluides qui ont djà fubi la fecrétion dans le corps humain, & qui
pourroient lui devenir nuifibles par leur mélange avec le fans : pour pré-
venir ainfi la deftruétion totale du vifcere, mettre en circulation les li-
quides abforbés du vifcere, quoique âcres &irrirans, & les réunir à la
malle des humeurs , jufqu’à ce que l’ufage des remedes puiffe réfoudre:
lobftruétion du vifcere ; après quoi le paflage du liquide devient pius libre
pour le liquide qui doit éprouver la fecrérion , & le vifcere reprend en-
ucrement fon état naturel. J'ai donc deffein de confidérer ces sifférens
ufages dans les diverfes efpeces d'abforprions que je vais décrire ; & je
les montrerai tantôt tous réunis, tantôt chacun fcparément dans un
mème vifcere, conformément au bur que la nature s’eft propolée dans
la formation des parties du corps.
II. Je commencerai cette defcriprion par le liquide le plus fmple du
corps humain : c’eft la lymphe qui coule par les vailfeaux lymphatiques ,
proprement dits , & par les glandules conglobées ou les plexus lymphati-
ques. I! m’eft affez fouvent arrivé, en rempliffant de mercure les vaif-
feaux lymphatiques, de voir ce liquide le plus pénétrant de tous, paffer
fans extravafion des vaiffeaux lymphatiques dans les veines qui renfer-
ment le fang. Cela faifoit que je trouvois la veine-cave inferisure rem-
plie du mercure qui avoit été injecté dans les vaiffeaux lymphatiques,
fans qu'il en eùr paflé la plus petire goutte par le conduit thorachique
qui avoir été lié près de fon infertion, ou dans la veine cave fupérieure.
J'ai ignoré pendant long-temps par quelle ouverture ce fluide s’infinuoic
du vaiffeau lymphatique dans la veine. J'avois obfervé l’infertion d'un
petit vailleau lymphatique dans le rameau gaftrique de la veine porte ;
& 1l y a déjà plufieurs années que j'ai parlé de cette commumcation
dans ma lettre fur les ’aiffeaux lymphatiques. J'atribuai à une caufe
femblable la réplétion de la veine-cave par quelque vaifleau lymphatique
Objet de ce
Mémoure,
Retour de
la lymphe
dans les
vai{leaux
réforbans
dans le
fang.
Raifon de
c® phéno-
mene.
L
309 PLAT ES TOD ONU E ;
qui m’étoit inconnue. Mais ce n’eft que par des obfervations affez récen=
tes que j'ai appris qu'il reftoit une voie par les veines 1élorbanres qui me-
noit des glandules conglobées au tronc des veines. En effer, j'ai rempli de
mercure la glandule lombaire à demi fquirreufe, qui monte par je con-
duit lymphatique fortant du baflin à travers l’artere illaque. Le mercure
eft entre dans la glandule , &ena rempli la moitié inférieme, qui ef
la plus voifine du baflin. Une réliftance extraordinaire dans la glandule
foutenoit une colonne de mercure de dix-huit pouces dans le perit tuyau
de l'injection, fans que le mercure pür s'ouvrir une voie dans le vaifleau
excrétoire de la glandule lymphatique. À la fin , en preffant avec le doigt,
j'ai forcé le mercure de s’infinuer dans les plus perits conduits de la
glandule par le vaiffeau lymphatique inféré à certe glandule. J'ai fenti de
la diminution dans fon flux , & vû l’inrumefcence des plus grands
conduits lymphatiques qui s’étendoient hors de laglandule par en haut;
j'étois attentif, & je m'attendois que le mercure s’enfuiroit du vaifleau
qui entre dans la glandule; mais je fus fruftré dans mon attente, en
voyant un très-beau fpectacle ; c’elt que le mercure divifé dans fes plus
petits globules, s’échappa dans la veine qui va de la glandule à la veine-
cave inférieure , & caufe l’expanfon de fes petics rameaux jufqu’au
tronc. Par certe veine qui s'infere dans le tronc de la veine-cave à fa
furface antérieure, fous l’ifue de la fpermatique droite , cout le mercure
amené par le vaiffeau lymphatique à la glandule, pénétia aifément, &
même par une voie plus ouverte , au moyen de la feule preflion caufée
par le poids du mercure , dans le tronc de la veine-cave , de façon qu’en
peu de temps une grande quantité de ce liquide occupât le tronc dont
nous venons de parler, les petits troncs lymphatiques fupérieurs , qui for-
tent de la glandule , étant parfaitement vuides.
IV. Jamais perfonne ne fe feroit avifé de penfer qu'il y eut dans ces
glandules lymphatiques conglobées une anaftomofe entre les plus petits
vaifleaux de la glandule, qui font tortueux & eux-mêmes lymphariques;
& la veine de la glandule où le fang eft renfermé. Cependant, après
mes obfeivations, il ne peut refter aucun doute qu'il n’exifte en effet
une anaftomofe immédiate entre les vaifleaux lymphatiques & les plus
petits rameaux de la veine des glandules conglobées. En effet, le mer-
cure divifé dans fes plus petits globules , a pailé par un cours continu
des vailfeaux lymphatiques de la glandule dans les petits rameaux de la
veine ; fans qu'il y en eut d’ailleurs d’extravafé dans la glandule : de plus,
un liquide aufli pefant que l’eft le mercure , n’auroit pu entrer d'aucune
autre maniere dans les petits vaiffeaux réforbans, fans l’anaftomofe où
linofcülarion continue des extrèmirés des vaiffeaux de la glandule. Il
y à donc une liaifon naturelle des vailfeaux lymphatiques avec les veines
de la glandule conglobée, qui dure autant que l’état de fanté; mais FE
e
PABMENSYTIQ EVE 3er
fe Faic par de petits tuyaux extrêmement étroits & beaucoup moindres
que les peurs tuyaux des vaiffeaux lymphatiques dans la glandule, De-là
vient que le mercure qui , pour l'ordinaire , s'ouvre une route dans les
plus grands vaifleaux excréroires de la glandule, par un flux continu à tra-
vers les plus petits rameaux tortueux de la glandule , entre au contraire
dans les plus petits rameaux abforbans de la veine, divifé en globules fi
petits, qu'à caufe de leur periceffe ils demeurent féparés dans le grand
tronc. Le pallage eft donc plus libre dans les grands conduits lymphati-
ques excrétoires de la glandule lymphatique ; & en échange , le retour du
Auide qui coule dans les embouchures des petices veines réforbautes, eft
lus difficile. Cela eft caufe que le mercure ne peut s'ouvrir une route de
hi glandule dans ces embouchures réforbantes, qu'aidé de la force du
doigt qui le comprime : & quand on pefe la dificulré de ce pallage,
d’après ce qui vienc d’être dit, on ne doit pas être furpris que cette
route veineufe de l’abforption de la lymphe ait été inconnue jufqu’à
nos jours.
V. L'ufage de cette route veineufe de la lymphe, qui fe rend des
glandules conglobées dans les veines, eft d’une très-grande importance
endant tout le remps de la vie. Ce liquide , en vertu de fa nature coagu-
MÉbinete eft le principal inftrument de la continuité des parues
du corps humain, & fa qualité délayante aqueufe le met en érar d'ap-
porter de grands fecours à la circulation du fang , auquel il fe mêle à la
vérité par divers grands conduits lymphatiques qui abouriffent à la veine-
cave fupérieure , fans compter le conduit thorachique ; mais, outre cela,
la nature à pourvu auf les glandules de veines qui font immédiatement
liées dans leurs dernieres ramufications à leurs vaifleaux lymphariques,
par où la lymphe a de toutes parts accès, des vaiffeaux lymphatiques de la
glandule dans les veines. Perfonne ne conteftera que les organes de la
préparation de la lymphe confitent dans les glandules, qu'on nomme
conglobées , & qui font compofées d’un nombre innombrable de conduits
tortueux lymphatiques d’une extrème peuitefle, Cela eft évident pour qui-
conque connoït intimément leur nature, On eft pareillement convaincu
par la ftruéture du foie, des mamelles, des tefticules, &c. que par-
tout où 4l ÿ a dans notre corps des organes deftinés à quelque fecrétion,
ils font accompagnés de petits vailleaux réforbans qui fervent à épurer &
à perfectionner le liquide que la fecrétion produit. La nature a donné
ces fecours aux glandules lymphatiques conglobées dans les veines par
l'inofculation defquelles avec les vaifleaux lymphatiques , les particules
hétérogènes mélées à la lymphe nourricière, aufli bien que fa partie
aqueufe crop liquide ; font urées des glandules ; ce qui rend la lymphe
plus gélatineufe , plus pure & plus propre à la nutrition du corps hu-
main. C’eft pour ce but que les plus petites extrémités veineufes avec les
Tome II ; Partie X. Q q
Ufage phy=
fiologique
& patholo-
gique de
l'abforp-
tion de cet=
te lymphe.
3o2 PARNEGSATAQEUMES
vaiffeaux Iymphatiques dans les glandules conglobées font liées à celles
qui portent direétement la lymphe par la glandule dans le grand tronc
lymphatique : & on a tout lieu de croire que l’angle latéral formé par la
laifon du petit rameau qui fort de la glandule avec les rejectons de la
veine , contribue beaucoup à la même opération ; de façon que naturel-
lement c'eit avec difficulté que la lymphe entre dans ces embouchures ;
& par conféquent qu'il ne s’y en introduit que la partie la plus aqueufe ,
& qui a trop de fluidité.
VI. Cependant , s’il y a quelque efpece de circularion à laquelle s’op-
pofent des obltacles fans nombre , c’eft celle de la lymphe par les vaif-
feaux lymphatiques. En effet, la trop grande expanfon du duodenum, le
gonflement accidentel de la veine-cave , ainf que l'abondance du fang, la
conftriction convultive du diaphragme, la dilatation anévrifmatique de
l'aorte, l'endurcifflement & la trop grande intumefcence des glandules
chorachiques conglobées , fans parler de bien d’autres caufes, peu-
vent empêcher en diverfes manieres le reflux par les troncs lymphati-
ques. On peut ajouter que la trop grande dilatation des rameaux de la
veine-cave fupérieure , produire par le fang , eft propre à retarder le cours:
de la lymphe par les grands troncs, & à empècher qu’elle ne fe décharge
dans les veines. C’eft à caufe de cela que la nature à fait dans les glandes
lymphatiques conglobées ces vaiffeaux de communication avec les veines,
afin que, dans le cas où ces obftacles rerardeut le-cours de la lymphe , fon
abondance dans les vaifleaux fe porte par ces petits vaiffeaux des glan-
dules conglobées dans les veines , & préviennent ainfi le déchirement
des petits vaifleaux lymphatiques , qui réfulreroir de la ftagnation de ce
fluide trop copieux. Mais , outre ces effets. du déranggment du corps hu-
main par les maladies, la caufe qui empèche ce cours de la lymphe par
les glandules, & qui altere les glandules conglobées dans la ftruébure de
leurs petits canaux lymphatiques , va toujours en croiffant avec la vie ,
je veux parler de la vieilleile & de la deftruétion pernicieufe à la vie
qu'elle caufe, principalement dans le fyflème des vaiffeaux lymphati-
ques. De-là vient que le paffage du mercure par les vaiffeaux lymphati-
ques des glandules conglobées, eft plus difcile dans le cadavre d’un
vieillard; & que fon retour par les veines eft au contraire plus facile.
Pourroit-on nier après cela que ces voies, c’eft-à-dire , les anaftomofes
veineufes avec les vaiffeaux lymphatiques des glandules lymphatiques ,,
n'aient été données par la nature pour cer ufage, afin d’obvier à ce défaur
naturel du corps, par rapport au cours de la lymphe; & qu’elle puiffe
être ramence pat la réforptiun dans Les veines; où , en fe mêlant au fang,
elle le délaie & le rend plus propre à la nutrition : enfin, pour prévenir
la trop grande dilatation. des vaiffeaux lymphatiques caufée par le retar-
dement de la lymphe, qui feroit créver ces vailleaux, & qui cauferoit
infaillhiblement à rous les vieillards une hydropifie incurable.
1
; c 007: ARE; GRR ISS OREL : TR - dis 7 303
VIL L'état des glandules altéré par les maladies , foit que cela vienne
de la ftagnacion de la lymphe dans.fes perits tuyaux , ou de la preflion de
quelque autre vifcere , exige le mème retour de la lymphe par les veines
dans les troncs veineux où le fang eft contenu. En effet, à commencer
dès la premiere enfance, les glandules de cette efpece vont toujours en
s’endurciffant; & la rupture des vaifleaux lymphatiques deviendroit fu-
nefte à chacun , fi la nature n’avoit donné ces petits vailfeaux veineux qui
fervent à la réforprion de la Iymphe. De certe maniere, quand la glan-
dule vient à s’endurcir, & qu'il fe forme des obftruétions dans les voies
de la lymphe par des vaïffeaux lymphatiques de la glandule conglobée,
les veines fuppléent à leurs fonétions, & ramenent la lymphe.
VII. Mais quel ne feroit pas le nombre des maladies incurables qu
proviendroient de la ftagnation de la lymphe, fi, pendant cette ftagnae
tion la lymphe ne pouvoit rentrer dans les veines ? Quand le foie eft
gonflé, foit par la lenteur des circulations qui s’y exécurent , & la vifci-
dite des humeurs circulantes , foit par quelque inflammation ou par un
endurciffement fquirreux , il comprime les troncs lymphatiques avec les
peus glandes de l'abdomen ; & il empèche le cours de la lymphe par
es vaiffeaux lymphatiques. La mème chofe peut arriver , lorfque le pou-
mon eft enflammé , fquirreux , fiftuleux , ou gâté de quelque autre ma-
niere. La voie de la lymphe dans les veines par les grands troncs feroit
donc fermée, fi, pendant la durée d’une femblable maladie nuifble à
fa circulation, elle ne pouvoit pas revenir des glandules conglobées dans
les veines ; le fang feroir privé de la partie aqueufe qui entretient fa flui-
dité dans les veines ; il deviendroit en conféquence plus difpofé à la ftag-
nation , & fa partie iymphatique, qui ferc à la nutrition , manqueroit
enriérement ; pour ne pas dire que la rupture des vaiffeaux lymphariques
cauferoit aufli-rôt avec la ruine du vifcere , une hydropifie mortelle , fans
qu'on püt jamais trouver aucune cure falutaire pour un vifcere ainf obf-
tué. Tout cela montre de plus en plus la_néceflité de ces vaifleaux vei-
neux réforbans de la lymphe dans la glandule lymphatique.
IX. 11 me refte quelque chofe à dire encore fur l'efficace des reme-
des, par rapport aux glandules lymphatiques obftruces , en tant qu’elle
eft augmentée par l’inofculation immédiate de ces vaieaux veineux avec
les vaiffeaux lymphatiques. Les remedes qui peuvent agir fur ces petits
tuyaux obftrués des glanduies font , ou relächans comme les bains , les
cataplafmes , les fomentations , &c. au moyen defquels le paflage du
liquide ett rendu plus facile par les perits myaux ouverts ; ou ftimulans,
tels que les remédes camphrés , favonneux & falins, on fpécifiques,
comme la ciguë; lefquels ont en mème temps la force de diffoudre les
humeurs renaces ,& de pouffer les humeurs par l’irritation qui augmente
l'action des petits tuyaux; ou chaflant ggmme des mercuriels, qui étant
Qai
304 RE MRMENRSIATMOMAURE:
réforbés dans les vailfeaux , en divifant le liquide tenace, donne à fes
particules une impulfon qui les fait entrer dans les plus petits vaiffeaux ;
ou enfin fortifians comme l’eau froide, le quinquina, les martiaux qui
augmentent la force des tuniques des vaifleaux , & en pouffe le liquide
fagnant. Tous ces remedes , foit qu'on les applique extérieurement à la
partie , ou qu'ils foient pris intérieurement & chartiés par les arteres ,
pénetrent dans ce dernier cas , au dedans des parties intimes de la glan-
dule , de façon qu'une partie du remede paffant de l’artere dans la veine de
la glandule, trouve une route pour arriver aux vaiffeaux lymphatiques de la
glandule par les rameaux latéraux de fa veine qui communiquentaux petits
tuyaux lymphatiques; ou bien , à l'égard des remedes extérieurement
appliqués , l’abforption dans les veines de la glandule, on fait pénétrer
les particules dans les petits vaiffeaux de la glandule lymphatique ; mais,
ce remede conduit dans les petits tuyaux obftrués, s’il ne pouvoit fe faire
une voie ultérieure, ne feroit qu'’augmenter la dilatation de la glan-
dule , & pourroit à la fin déchirer les petits tuyaux , fi la nature n’avoit
pareillement prévenu cet inconvénient , en donnant un libre retour aux
particules fuperflues du remede qui paffe de la glandule dans les veines
par la liaifon immédiate de ces mêmes veinules de la glandule avec fes
tuyaux lymphatiques. Certe voie ferr en même temps à l'humeur âcre &c
ftagnante qui fe trouve dans les petits tuyaux de la glandule obftruée qu’elle
ronge par fon acrimonie, & la rendroir très-aifément chancreufe fans
ce fecours de la nature. Aufñli des obfervarions- pratiques, fréquemment
réitérées m'ont convaincu que rien n’eft plus propre à guérir des glan-
dules obitruées, & déjà même atraquées d’une dureté ferophuleufe , que
Vapplication interne & externe des remedes où entrent le mercure & le
camphre , & de ceux qui font délayans & diffolvans, pris intérieurement,
difcuflifs & émolliens, quand on les applique extérieurement. -
De Lab 0 X- J'ai été faifi d’étonnement quand j'ai vu qu'après les recherches
forprion de tant d’Anatomiftes du premier ordre , répétées tant de fois & fi foi-
par les vei- gneufement par les célebres Haller, Morgagni, Walrer, Boehmer &e
nes, qui Güntz, dans le deffein de découvrir à fond la ftruéture des mamelles ,
vient de la il fe préfentoit encore quelque chofe à ajouter à leurs obfervations; &
ro j'ai prefque honte de déclarer que la nature elle-même m'a conduit à
molles contredire fur certains points leurs obfervations. J'ai été le témoin &c
l'admirateur des travaux de mon illuftre maître , M. de Haller, & depuis
de ceux de mon excellent Collégue, M. Walter, de façon que j'aurois
cru perdre mon tems en le confacrant à l’examen ultérieur d'une partie
auffi diftinétement décrite; mais ayant répété leurs expériences , je me
fuis apperçu combien il étoit utile en Phyfique de revenir cent & cent
fois fur fes pas dans les chofes mêmes qui paroillent les plus connues ,
fans fe dégoûter de ce travail juge qui fait voir combien s’éloignent de
PR ONLONT AL QU UE. 3o$
la route de la vérité ceux qui condamnent avec arrogance les peines
qu’on fe donne à répéter les mêmes expériences, ne confidérant pas
qu'il n’y a point de fujer épuifé , & que la nature a toujours des richelfes
en réferve pour ceux qui ne fe laffent point de l’examiner.
XI. J'ai rempli des mamelles, tant des femmes accouchées que de
celles enceintes mortes en couches , les unes adhérenres au thorax , les
autres qui en avoient été détachées avec circonfpection & fans endom-
mager en rien les glandules, en perçant le mamelon avec de perits
tuyaux pleins de l'argent vif le plus pur , de façon que le mamelon fou-
tenu par un fil éroit dans une fituation droite qui ne permettoit pas qu'il
s'écoulât aucune partie du mércure que les petits tuyaux avoïent introduit
dans les mamelles de l’accouchée, qui étoient encore adhérentes aux
mufcles du thorax ; le mercure qui étoit entré par les mamelles dans les
petits canaux où Le lait eft contenu , après avoir rempli la glande de la
mamelle , paffa dans fes veines avec la plus grande rapidité , fe portant
abondamment des veines répandues dans la mamelle dans le tronc de la
veine axillaire par les rameaux veineux rhorachiques externes ; de façon
qu’en peu de tems le plexus des veines de la mamelle , & les veines
thorachiques externes , avec le tronc de la veine axillaire furent rem-
plis de mercure, & route la quantité du mercure qui avoit d’abord été
dans les petits tuyaux laétiféres des mamelles fe déchargea dans les:
veines. J'ai répété cette expérience fi finguliere dans tous les petits
tuyaux des mamelles de l’un & de l’autre côté, en les rempliffant de
mercure par le mamelon; & le paflage du mercure dans les veines s'eft
toujours fait avec une extrême facilité ; cependant parmi ces petits
conduits remplis de mercure, il y en a eu quelques-uns qui ont tranfmis
ce liquide dans les vaifleaux lymphatiques , dont quelques rameaux
fur-tout au côté gauche , éroient gonflés de mercure jufqu’aux glandu-
les fous-axillaires ; la glandule mème de la mamelle écoit plus gonflée’
dans les endroits d’où les vaiffeaux lymphatiques en fortoïent, & moins
dans ceux où les veines qui reviennent des glandules avoient pompé
le mercure des petits tuyaux , enforte qu’au bout d’un court efpace de
tems, tout le tiflu de la glande fut vuide de mercure , ce liquide ayant
paifé fans aucune difficulté dans les veines.
XIL. J'ai rempli deux autres mamelles d’une femme enceinte qui éroir
morte en couche , & ces mamelles avoient été coupées avec les mufcles:
qui font en-dellous ; & en y faifant entrer le mercure , j'ai placé le
corps de la mamelle fur une éponge, pour éviter que la compreflion ne
réfiftât à la replérion des tuyaux; en même-rems j'ai foutenu la ma-
mwelle tournée la pointe en haut, par des fils qui traverfoient fa peau
extérieure, Ayant introduit le petit tuyau d’acier dans le condunirlaéi-
fére par la large ouverture du mamelon , j'ai fermé cette ouverture de
Manicre de
préparer &
d'inyeéter
les petits
tuyaux.
Communi-
cation des*
petits con="
duits du
lairavec les
veinesr
Communi=
cation des
petits con-
duits laéti-
feres entre
eux,
306 PAPER TENES AUTRE:
la maniere la plus exacte par un fi] de foie, dont j'ai entouré avec beau-
coup de précaution le tuyau d'acier ; par où j’ai empêché que le mercure
ne regorgeit du conduit laétifére, dans lequel le ruyan d'acier avoit
été introduit. Âu commencement , le mercure entra fans aucune diffi-
culté par ce tuyau dans la glandule de la mamelle , & la remplit par-tout;
imais en continuant de poulfer le mercure dans les petits conduits de la
mamelle, il paffa dans les veines & remplit toutes celles de la mamelle,
que je liaiavec des fils , pour empècher que le mercure n’en fortit, quoi-
que dans plufieurs endroits, en rompant par fon poids les tuniques lâches
des veines , il pénétrât dans la celluleufe. Il ne: s’offrit à la vue dans
cette mamelle aucun vaiffeau lymphatique qui füt rempli.
XHII. Voici une fingularité que j'obfervai dans cette injection des
mamelles ; c’eft qu'ayant lié autour du tuyau injectant le conduit laéti-
fére, & les veines ayant été pareillement liées, le mercure dégorgea
par le mamelon, qui étoit dans une fituation droite , hors d’un autre
petit conduit de la mamelle; &à proportion de ce que le tuyau injec-
tant continuoit à en faire entrer , il couloit copieufement de ce conduit.
Auflirôt que j'eus fait cette obfervation, je bouchai foigneufement avec
un fil l’ouverture du conduit laétifére par laquelle le mercure étroit forti ;
& voilà qu'en continuant l'injection par le premier conduit , le mercure
fortit par un troifieme petit rameau différent des deux autres. Pour arri-
ver donc à une plus grande certitude au fujer de ce phénoméne, après
avoir lié le premier conduit que j'avois injecté, j'introduifis le tuyau
d'acier en prenant les précautions dont j'ai parlé, dans un autre conduit
éloigné du premier. D'abord le mercure entra aifément ; mais quand
Les rameaux de ce conduit furent remplis , le mercure ne pouvant re-
gorger par le tronc du conduit lactifére qui éroit lié autour du tuyau,
fe fit enfin une iffue par un autre petit conduit du mamelon , qui n’avoit
pas été auparavant rempli de mercure; & ce ne füt pas par le conduit
le plus voifin , de celui où le mercure étroit entré par le tuyau d’acier,
que ce fluide régorgea toujours, ce füt le plus fouvent par un conduit
lactifére oppofé & plus diftant du premier dans le mamelon. La même
chofe arriva dans tous les conduits de certe mamelle; après quoi les
ayant tous bien foigneufemeut fermés par des ligatures , je rerournai
la mamelle afin que le mercure agit par fon poids fur les ouvertures des
petits conduits qui n’avoient pas encore été remplis ; j'y introduifis pour
le remarquer , de petits fils d'acier , & enfuite je tentai de les remplir
avec le mercure du tuyau d’acier ; mais à peine le mercure püt-il entrer,
de façon que je liai tous ces petits conduits où je n’avois pu introduire
le tuyau d'acier , à leur ifue par le mamelon ; cela étant fait , je retour
nai de nouveau la mamelle, enforte que la pointe du mamelon füt en-
delfous , & j’obfervai tous les quinze petits conduits laétiféres très-gon-
Pl EU" x 0 Q UE, 30
flés dans le mamelon , quoique cinq feulement euffent été injeétés fépa-
rément par le tuyau d’acier ; finalement j'introduilis ce tuyau dans un
conduit laétifére par un autre qui avoit été rempli auparavant ,au moyen
de l’anaftomofe de ces petits conduits; mais le mercure par fa réfiitan-
ce dans les rameaux , empècha qu'il n'en püt couler dans le tronc.
XIV. Les obfervations qu'on vient de lire nous donnent lieu defaire Raifon de
deux remarques principales ; l'une concerne l’anaftomofe des petits con- ce phéao-
duits de la glandule des mamelles avec les veines fanguiféres ; l’autre, Menc.
la communication de ces conduits entr'eux par leurs plus petits rameaux.
Quant à ce qui regarde l’anaftomofe des plus petits conduits laétés de la
mamelle entr'eux , les Auteurs dui ont traité de la ftruéture des ma-
melles , fe partagent en deux opinions ;les uns , entre lefquels fe trou-
vent les plus iliuftres Anatomiftes, cels que MM. de Haller, W.lrer ,
Bochmer & Güntz, nient entiérement la communication réciproque des
conduits de la mamelle , ayant réitéré les expériences qui concernent cer
objet , & fe croyant fondés fur elles à fourenir ce fentiment ; tandis
qu'avant eux d’autres hommes célébres avoient aflirmés cette liaifon
entre les petits conduits , fans que cependant les principaux d’entre eux ,
fçavoir MM. Nuck & Winflow, rapportent aucune expérience qu’ils
aient faite fur les mamelles, au moins qui réponde à l'importance du
fujet ; ils paffent au contraire légérement là-deflus , & s’en tenant à la
figure & à la defcription données d’abord par M.Nuck, d’où M. Winflow
paroïtr les avoir enpruntées, ils placent un cercle anaftomatique entre les”
troncs lactiféres auprès du mamelon, quoique je n'aie rien trouvé de
pareil, & que je fois même certain que ce cercle n’exifte pas.
XV. L’anaftomofe des veines , avec les extrèmités des conduits FAR
lactiféres , n’a encore été connue d’aucun Auteur, ni appuyée d’aucune mofe des
“expérience. Mon Collégue, M. Walter, a dit que les vaiffeaux lympha- veinesavec
tiques étoient réforbans dans les mamelles; il a donné une belle figure lesconduirs
& une defcriprion exacte de ces vaiffeaux remplis de mercure par les laétiferes 5
conduits latiféres ; mais les obfervations qui ont été rapportées ci- El
deflus, & les expériences que j'ai faites fur les mamelles, montrent évi- “
demment qu’il y a une voie qui va de ces petits conduits dans les veines
pour ramener le lair, & que cette voie eft beaucoup plus fpacieufe &
plus dégagée que celle des vaiffeaux lymphatiques,
XVI. Je vais tâcher d’expofer comment je fuis parvenu à ce double Gomenx
égard à un fuccès que les autres n’avoient pu encore obrenir. Ce reflux on y cf
. de mercure des petits conduits laétiféres dans les veines, exige que ces parvenu.
conduits qui communiquent entr'eux ayent été ouverts pendant le cours
de la vie pour le rerour du lait dans le fang ; mais l’analtomofe de ces-
sonduits: entr’eux n’avoit pas pu être apperçue , tant à caufe de leur di-
Deux cho-
fes à prou-
#Cr
1°. Qu'il
exifte une
anoftomo-
fe la@ifere
dans leurs
plus petits
£aMmCaux.
308 PNA TAISN TD INUANE-
faration caufée pat le lait, que parce que la voie dans les veines, pour
y conduire le lait, n'avoir pas encore été ouverte au moyen de l’injec-
tion des petits conduits laétiféres. J'ai donc d'abord découvert le pre-
mier de ces points, favoir le retour du lait des veines, en rempliffant
de mercure les mamelles d’une accouchée, qui, à caufe de la mort de
fon enfant , avoit celle d’allairer, mais dont les canaux étoient encore
gonflés de lair, & où par conféquent le lait s’étoit déja ouvert une route
des mamelles dans les veints, & ne s'étoit pas cependant ouvert une
route par les mamelons , qui érotent encore adhérens au thorax. En
effet, dans de femblables mameiles , ily a déjà une voie des dernieres
extrémités des conduits lactiftres aux veines réforbantes , & les orifices
font fort élargis par le palfage du mercure, Quant à l'autre point, favoir
l'anaftomofe des petits conduits laëtiféres entr'eux ; je l'ai vue dans
les mamelles d'une femme morte en travail , où les conduits de la
glandule des mamelles éroient à la vérité pleins de lait, mais fonrerour
dans les vaiffeaux lymphariques & dans les veines n'étoit pas encore
libre ; ainf ni la fonétion d'allaiter , & l'écoulement dulait par les con-
duits des mamelles , n’avoient pas encore rempli les rameaux des petits
conduits lactiféres dans la glandule des mamelles , ni le lait après la fecré-
tion dans les petits tuyaux ne s'éroit pas ouvert une route dans les vaif-
feaux réforbans. De-là vient donc que tous les rameaux anaftamoriques
qui communiquent entr'eux , entiérement gonflés de lait & ouverts les
uns dans les autres , laiferent paller librement le mercure d’un conduit
dans l'autre.
XVII. Avant d'aller plus loin, il eft néceffaire de prouver que l’anaf-
tomofe des plus petits conduits avec les plus petits rameaux lactiféres
a lieu, & qu'il n’exifte, comme M. Nuck & plufeurs aatres l'ont pré-
tendu , aucun cercle laétifére où anaftomofe entre les grands conduits
auprès du mamelon; & enfuite que les vaiffeaux lymphatiques & vei-
neux font liés immédiatement avec les extrèmirés des conduits lactifé-
res dan; les mamelles , & ne fervent pas fimplement de vaiffeaux réfor-
bans.
XVII. Relativement au premier de ces points, favoir qu'il exifte
une anaftomofe des conduits laétiféres dans leurs plus petits rameaux ;
c'eft ce que manifefte l'injection du mercure , qui, après avoir rempli
tous les rameaux du conduit lactifére , qui font répandus dans la glan-
dule, fort fouvent par le conduit excréroire du lait, & non par le plus
voifin, mais par celui qui eft vis-à-vis. Voici un point qu'il faur bien
remarquer ; j'ai introduit le tuyau d’acier au deflous du mamelon juf-
ques dans le conduir lactifére ; enforte que près du mamelon le paflage
d'un tronc dans l’autre étoit entiérement interdit ; néanmoins , le mer-
cure,
si
MUR Tim D, 0. É: 369
cure, après avoit rempli la glandule, fit éruption par le conduit dans
le mamelon, & ne put par conféquent y arriver que par les rameaux
du tronc laétifere oppofé; enfuire, je liaile conduit laétifere dans
lequel le tuiyau d'acier avoir été introduit au - deffous du mamelon ;
mais le mercure inje@té par le tuyau , fortit pareillement par un
autre conduic excrétoire du mamelon. En M tn lieu, les con-
duits ayant été remplis par l'injection , & les ouvertures dans le mame-
lon fermées par une ligature , je détachai par une préparation délicate
la peau & la celluleufe de deflus ces conduits ; après quoi je retournai la
mamelle, de façon que la pointe étoit tournée en bas , ce qui augmenta
la preflion & fit entrer le mercure dans les petits conduits qui font au-
près du mamelon , par où tous les grands rameaux répandus autour du
mamelon furent extraordinairement dilatés, mais il ne parut aucu-
ne anaftomofe entre les troncs, femblable à celle que M. Nuck à
repréfentée dans la figure des mamelles, Je fis fécher enfuire la mamelle
pleine de mercure , l'ayant fufpendue de maniere que la pointe fût rou-
jours en-bas , & il ne fortit pas la plus petite goutte de mercure des
troncs des conduits exactement remplis ; pour m'en aflurer, j'avois mis
fous la mamelle un vaiffeau de porcelaine, afin de recevoir les globules
qui s’écouleroient, mais aucun cercle laétifere ne s'offrir à ma vue. Je
mis la glandule defléchée pleine de mercure dans l'huile de térében-
thine, qui eft propre à donner de la tranfparence à de femblables corps,
& tout cela ne fervit point à faire diftinguer aucun cercle laétifére.
J'ai aufli fouvent rempli de cire colorée les petits conduits lactiferes de
la glandule des mamelles ; & enfuite ayant difféqué avec le fcalpel cha-
que tronc à part près du mamelon , je les ai tous féparés les uns des
autres, mais je n'ai jamais pu découvrir aucune anaftomofe entre les
troncs lactiféres , ni aucun cercle galactifére. La même chofe réfulte des
obfervations de MM. de Haller (1), Walter (2) & Güntz (;). Ainfion
peut conclure avec certitude de ces expériences , que l’anaftomofe des
petits conduits ne fe fait pas par les anaftomofes des troncs laétiféres
auprès du mamelon, mais qu’elle n’a lieu que dans leurs plus petits
rameaux latéraux ; d’où il fuit que, puifque les conduits laétiferes de Ja
glandule des mamelles n’ont de communication entr'eux que par leurs
extrémités ; le lait crü coagulé qui eft en ftagnation dans quelque conduit
de la mamelle, ne peut pas fi aifément palfer par les plus petites em-
bouchures des extrémités » & augmenter l’obitruétion dans toute la
(1) Dans fes Elémens phylfol. corp. human. tome VII, page 2,liv. 28, 6. 5.
(2) Dans {a Difertation de Srruëfura Mammarum, &c. qu'il a compolée , mais qui
a été foutenue comme thefe publique, par M. Kolpin, à Gricffswalde en 1764.
(3) Dans fa Differtation de Mammarum fabrica & laëtis fecretione , publiée à Leipfc
en 1734.
Tome IT, Part. X. , & 5
20, Qu'il
ÿ a une a-
naftomofe
immédiate
entre les
conduits
lactif. & les
vaifleaux
lymphati-
ques,
310 PET ENT CC UE
glandule; mais que ce liquide laiteux épaiffi, reflue plus librement des
conduits lactiferes dans les veines ; & que la lymphe âcre & déliée a plus
de facilité à s'ouvrir cette voie d’une glandule dans l’autre par les anafto-
mofes des petits conduits ; d’où il arrive qu'une acrimonie chancreufe
ronge fouvent toute la glandule, & qu'il n’y a d’autres moyens de la
guérir que de couper la mamelle entiere.
XIX, L'autre point confifte en ce qu'il y a une anaftomofe immé-
diate entre les conduits lactiféres ,les veines & les vaiffeaux lymphari-
ques des mamelles, & qu'il exifte une voie naturelle continue fans
aucune interruption , des conduits lactiferes dans les veines & dans les
vaifeaux lymphatiques; c’eft ce qui eft mis hors de toute conteftation pat
la maniere fi facile dont le mercure pafle dans ces vaiffeaux , dans les
mamelles des femmes en couches , & de celles qui allaitent. Mon Collé-
gue, M. Walter, eft le premier qui ait fait connoître que les vaifleaux
lymphariques réforbent un liquide délié des cellules des mamelles , &
qu'ils fortent des cavirés mêmes des petits conduits lactiferes : M.Güntza
cru que c’étoit par les artéres , que ces vaiffeaux réforboient cette liqueur
lympide, mais qu'ils fe réunifloient enfuite aux conduirs laétiferes mêmes
par les extrèmités latérales, & qu'ayant ainfi une communication immé=
diare entr’eux , la liqueur injeétée pouvoit paffer de cette maniere des con-
duits lactiferes dans les vaiffeaux lymphartiques par un vaiffeau cohérent
& continu , comme il ef prouvé par le mercure. En effet, ce fluide,
à caufe de fa pefanteur, paffe par-deflus les embouchures réforbantes
dans un cadavre ; il comprime les villofirés très-minces réforbantes
des petits vaiffeaux , tant lymphatiques que veineux, &ne pañle jamais
que dans un autre petit vaiffeau qui foit immédiatement cohérent : les
globules, en s’échappant de l'orifice du plus petit vaiffeau , dilatent la cel-
luleufe, fans entrer jamais dans le petit vaifleau. Une autre maniere.
d'introduire le liquide huileux dans la celluleufe, confifte en ce que
quelquefois les plus petits conduits réforbans , tant lymphariques que
veineux, le réforbenit de la celluleufe & des cavités des vifceres. De-là
vient qu'il m’eft fouvent arrivé , en rempliffant le fyftème chylifere , de
produite la réforption des liquides huileux, hors de la cavité des intef-
ins , par les vaifleaux chyliferes dans le conduitthorachique : mais jamais
le mercure n’eft entré de cette maniere dans les embouchures des vaif-
eaux réforbans d’un cadavre ; ce qui fe pafle tout autrement dañis un
corps vivant où le mercure divifé en quelque forte en fes parties élémen-
taires , & mêlé avec d’autres liquides du corps humain , entre dans la cir-
culation. Ainfi le mercure ne pouvant être réforbé des cavités d’un cada-
vre par les extrèmités des petits vaifleaux réforbans , au lieu que fon paf- :
fage par les vaifleaux lymphatiques , eft également rapide & facile, nous
fommes pleinement en droit d'en conclure , que dans un cadavre, le
pe +
PÉMNrUs Pro UNE. 311
mercure pafle par les plus petits vaiffeaux lymphatiques qui font cohé-
‘rens aux extrémités des petits conduits laétiferes ; au lieu que dans un
corps vivant ce font le lait & la lymphe qui fuivent certe route. Je ne
prétends pourtant pas nier par-là que plufieurs autres extrémités ou com-
mencemens réforbans des vaiffeaux lymphatiques ne réforbent également
une lymphe déliée des cellules des mamelles, & ne la portent dans leurs
troncs.
ed
XX. Il réfulte de ce que nous venons de dire, qu’il exifte un paflage
beaucoup plus libre des conduits lactiferes dans les urines que dans les
vaifleaux lymphatiques ; & mème il reflue dans les veines avant de retour-
ner par les anaftomofes des petits conduits de l’un dans l'autre. Or,
comme le mercure ne fauroit paller de ces conduits dans les plus petites
veines, à moins qu'il n’y ait une continuité de vaifleaux, parce qu'il
comprime par fa malle le petit vaiffeau mol veineux réforbant dans la
cavité , il eft évident par l'injection , que les conduits lactiferes forment
dans les mamelles un tiffu continu avec les extrèmités des veines ; &
fuivant la quantité d’humeurs qui reviennent par ces vaiffeaux dans les
femmes enceintes & en couche , ils font d'autant plus dilatés & ouverts,
de façon que, moyennant ces conditions , le reflux par ces vaifleaux fe
fait avec une extrème facilité dans un cadavre. Le commencement donc
des veines des mamelles , outre leurs anaftomofes capillaires qui fonc
dettinées à la circulation du fang avec les derniers rejettons des arteres,
tient aux conduits laétiferes par les plus petits vaifleaux réforbans , auñli
bien qu’aux rejettons réforbans des cellules des mamelles , qui fervent à
réforber la graifle , & dont l’exiftence fe manifefte quand on pouffe l’in-
jeétion dans un rameau veineux vers la mamelle ; d’où il fe porte dans
peu avec véhémence dans la celluleufe , & en caufe l'expanfion.
v
XXL Il y a des Anatomiftes, entr’autres MM. Nuck & Cowper , qui
ont prétendu d’après leurs expériences , que le mercure pafloit des con-
duits laétiferes dans les arteres; mais j’avoue ingénument avec M. de
Haller , que cette expérience ne m'#amais réufli, non plus qu'à M. Wal-
ter; & aucun des Auteurs modernes ne l’a rapportée , quoique l’art des
injections ait été porté dans ces derniers temps à un point de perfection
fort fupérieur à celui où il étoit lorfque MM. Nuck & Cowper ont
écrit. IL feroit pourtant injufte de nier cette anaftomofe, d’autant plus
qu’il eft inconteftable que les particules du fang font tranfmifes par les
rameaux latéraux des arteres dans les conduits lactiferes ; & que ces
rameaux ramenent les principes du lait dans les mêmes conduits. Ce
qui a ‘donné lieu à une femblable obfervarion , c’eft peut-être la ftruc-
ture particuliere de quelque mamelle , dans laquelle le retour dans les
vaifleaux veineux & lymphatiques éroit empèché par leur obftruion ;
Rrij
Paflage
beaucoup
plus libre
des con-
duits lacti-
feres dans
les veines
que dans
les vaif-
feaux lym-
phatiques,
S'ilyaun
paflage des
arteres
dans les
conduits
laiferes,
Ufage de
ces anafto-
mofes par
la phyfo-
logie.
Vaifleaux
qui contri-
buentàper-
ftétionner
Je lait dans
les mamel-
les.
312 PR MOTOS ULOIEUMIE
. Her , : :
circon‘tance qui n'aura pas eu lieu dans les expériences faites pat d'ar-
tes.
XXII. Le prix de cette découverte eft confidérablement rehauflé par
linfigne utilité de .ces vaifleaux veineux & lymphatiques des mamelles
tant pour la préparation du lait, que pour fon retour dans les accou-
chées qui n’allaitent pas , ou qui out ceflé d’allaiter. Cette découverte
rSpand un grand jour fur la connoiffance phyfologique de certe fecré-
tion, & fert à corriger lerreur de divers Prariciens en Médecine. En
effet , les arteres qui communiquent le liquide extrait du fang dans les
extrémités des petits conduits laétiferes n’apportent pas un lait pur, mais
mêlé de quantité de particules hétérogenes. De-là vient, comme des ob-
fervations innombrables me l'ont appris, que le fang même fort du ma-
melon par ces conduits dans les maladies des glandes conglobées, ou par
la comprelfion des veines axillaires ; comme aufli quand on allaite trop.
tôt, & que l'enfant fuce trop fortement , ce qui tourne au grand dom-
mage de la nourrice & du nourriflon ; ou enfin dans des nourrices véna-
les que l'amour du gain engage à fe louer , quoiqu'’elles ne puiflent don-
ner au malheureux enfant que des mamelles vuides : alors c’eft le pur
fang que l'enfant tire & qu'il vomit avec de grands tourmens ; ce qui eft
fouverainement nuilble pour la nourrice ou pour l’accouchée, qui, par
le confeil infenfé de quelques vieilles femmes , a mis fon enfant au fein.
trop tôt & avant que le lait für dans les mamelles. Il réfulte donc de ces.
oblervations , que ce n’eft pas le lait pur qui eft conduit par ces extrèmi-
tés des arteres des conduits lactiferes , mais qu'il a encore befoin d'une
préparation dans ces conduits. É
XXIHL Ainfi donc les vailleaux réforbans des mamelles , tant veineux
que lymphatiques, contribuent auranr à perfeétionner , le lait dans le vif-
cere glanduleux de la mamelle, que les autres vaifleaux femblables fer-
vent dans tous les vifceres du corps humain aux fecrétions quelconques ,
qui ne pourroient s’exécuter fans fecours. En effer, les arteres qui fe
rendent aux mamelles, étant joints par leurs exrrèmités latérales aux
peuits conduits lactiferes , apportent une liqueur qui ; outre le chyle
lacté , eft encore remplie de plufeurs parties aqueufes , huileufes ,) fali-
nes & aurres hérérogenes plus épaifles. Pour qu il fe formät done d’une
femblable liqueur un lait doux & benin , il éroit néceflaire que dans fa
route par les arteres elle für dégagée de routes fes impuretés : c'elt à quoi
fervent ces vaiffeaux réforbans ; car les rejetrons, des vaifleaux lymphari-
ques fe joignant aux extrèmités des conduits lactiferes , reçoivent Le
liquide amené par les arteres , qui eft naturellement aqueux & lympide :
ils le conduifent à leurs troncs lymphariques , & finalement aux veines,
afin que le lait crop aqueux ne fe crouve pas impropre à la nutrition
BON USER AQU: ES 31%
mais les émbouchures affez élargies des veines reçoivent des conduits lac-
tiferes la partie épaille & rerreftre qui rendroit le lait caféeux , aufli bien
que les particules falines qui y font attachées , & qui nagent dans la
férofité que les arteres charrient; de forte qu'après cette filtration il ne
refte que la fubftance liquide, butyreufe & douce, qui coule naturelle-
ment par les conduits lactiferes de la glandule des mamelles dans les
troncs vers le mamelon : ce qui donne un bon lait propre à la nutrition,
& fain pour l'enfant.
XXIV. D’après ce que nous venons de dire , il n'eft pas difficile de
juger de l’état des mamelles qui fourniflent un bon lait; & de fe connoi-
tre en nourrices. En effet, plus la circulation du fang par les vaifleaux
eft libre, plus le reflux & la réforption par les vaiffleaux deftinés cer
ufage s'exécute avec facilité. Or, c’eit de là que dépend la purification
& la bonne préparation du lait, pourvu que d’ailleurs le fang conduit à
la mamelle ne foit altéré par aucune maladie. Auñli, lorfque les glandes
fous-axillaires font fquiireufes , la préparation convenable du lait ne fau-
roir avoir lieu , parce que les vailleaux lymphatiques , réforbans , nécef-
faires pour ôter au fang fa partie aqueufe | manquent. Ja plechore de
même empèchant par l'abondance du fang fon reflux dans les veines ,
donne un lait impur, trop caféeux , & que l'enfant ne digere qu'avec
peine ; tandis que la circulation trop rapide produifant un reflux exceflif
par les vaifleaux réforbans, diminue la quantité du lait; ce qui réfulre
aufli des maladies qui défempliffent tous les vaiffeaux , foir qu’elles vien-
nent de trop grandes évacuations ou d’un défaut de nourriture. Voilà
pourquoi les nourrices jeunes: fonc fort préférables à celles qui font plus
avancées en âge, parce que les vaifleaux lymphariques & les plus petites
veines réforbantes fon plus ouvertes dans de jeunes perfonnes dont le
corps eft d’ailleurs bien conftitué.
- XXV. La Pathologie & la Médecine-Pratique retirent une bien plus
grande utilité de-certe connoiffance phyGologique du retour du lait na-
turel dans le fang; & il s'ouvre ici un vafte champ à l’examen & à la
réfutation de quantité d'erreurs, répandues à ce fujet dans les ouvrages
de Médecine Pratique. Je n’ai pu fouvent m'empècher de rire, en en-
tendant les difcours des vieilles Femmes & des charlatans , qu’on faifoit
en ma préfence fur le retour du lait dans le fang à qui on attribuoit la
caufe de prefque toutes les maladies qui furviennent aux accouchées ; au
lieu qu'un habile Médecin eft convaincu que ces maladies font pour
lerdinaire-caufées par la fevre inflammatoire , qui eft une fuite des cou-
ches; ou bien par quelque refroidiflement, ou par quelque irrégulariré
de la diere. De là vient qu’on attribue au retour du lait dans le fang &
à {a difperfon dans la malfe du fang des accouchées , des rhumatifmes ;
Quel eftle
bon lait, &
quelles font
les bonnes
noutrices?
Ufages
pour la præ
rique.
Quand &
comment il
convient
de ramener
le lait dans
le fang.
314 Pub 136 CN TN O1 |) Et)
des douleurs archritiques, des ulceres dans les parties internes qui naif-
fent de l’inflammation , & plufieurs autres maladies, tant de ce genre
que de celles qui atraquent les organes de la digeftion , foit déjà pen-
dant la groffefle , foit après les couches qui ne viennent toutes que de
l'embarras dans la circulation du fang , de fa ftagnation , ou de la com-
preffion des parties , ou enfin dé quelques écarts dans la diere & dans le
régime. Je n'ai pas été moins étonné d'entendre dire , même à des Mé-
decins, que des maladies caufées par une lymphe âcre qui furvenoit à
des perfonnes accouchées depuis trois ou quatre ans & davantage, & qui
répandoir un liquide âcre dans la peau, procédoient du retour du lait dans
le fang. Un prétendu terme d’art qui nous eft venu de France , par lequel
on appelle cet accident un ait répandu, a fervi fans doute à donner
du crédit à cette ridicule opinion, & l’a rendue fpécieufe pour les
femmelettes & pour certains Médecins. Mais cette expreflion décele la
plus grande ignorance ; car il n’y a rien de plus naturel & de plus né-
ceffaire que le retour du lait des conduits de la mamelle dans le fang :
c’elt pour ce but & certe utilité déjà mentionnée, que la nature a mis une
fi grande abondance de vaiffeaux veineux dans les mamelles, afin de
recevoir le lait qui eft trop abondant dans leurs conduits , & de le rame-
ner dans les veines par lefquelles il eft rendu à la maffe du fang, rentre
en circulation, &, comme le chyle , fe change de nouveau en fang. Cette
liqueur n’eft donc pas nuifible au corps par fa réforprion : c’elt au con-
traire un méchanifme également naturel & falutaire , pourvu que d’ail-
leurs le fang conduit aux mamelles ne foit affecté d'aucune acrimonie ;
ce qui infeéteroir le lait avec toute la maffe des hameurs du corps humain;
mais dans ce même cas il feroft injufte & ridicule de faire regarder le
regorgement du lait comme une caufe des maladies , puifque la premiere
caufe eft dans le fang mème & dans les humeurs dont la conftitution étoit
antérieurement mauvaife.
XXVI. Tout Médecin éclairé découvrira bien plutôt par ce qui vient
d’être dit , que dans toutes les accouchées qui n’ont pas encore allaité, &
dans les nourrices qui ont fevré , l’attention capitale qu’il faut avoir dans
les remedes qu’on leur adminiftre, c’eft d’atténuer le lait engorgé dans
les conduits laétiferes, afin qu’il retourne promptement dans le fang.
En effet, quiconque aura vu & bien confidéré ces cas fréquens où le lait
arrivé aux mamelles y devient ftagnant, & caufe une diftenfion des con-
duits extrèmement douloureufe pour l’accouchée ou pour la nourrice ; ce
qui peut venir de l'abondance exceflive du lait, de la foibleffe de l’en-
fant, de fa mort, de la mauvaife conformation des mamelles, & fur-
tout du mamelon, de quelque maladie du poumon, ou d’avoir fevré fans
précaution ; quiconque, dis-je , fera bien au fait de routes chofes, com-
prendra fans peine combien le reflux du lait dans le fang eft avantageux,
|
PPOR OT TE TO HU Le, 315
& à quel point ces vailleaux réforbans font néceflaires pour là conferva-
tion de la femme. La fageffe du Créateur auroit donc infufifammenc
pourvu à cet objet , fi elle n'avoir pas procuré au lait trop abondant un
femblable retour libre des mamelles dans le fang ; & le Médecin contre-
dit aux arrangemens de l’Auteur de la Nature, lorfque , par des remedes
internes ou externes il arrête ce retour , ou néglige de le favorifer, ren-
dant victimes de fon ignorance de malheureufes femmes auxquelles il
fait fouffrir les plus grands tourmens , en leur attirant par la trop longue
ftagnation du lait dans fes canaux , des inflammations , des ulcérations
& des obftructions fquirreufes des mamelles ; accidens qu'il pouvoir &
devoit prévenir par des remedes internes , confiftans en fels neutres pro-
pres à réfoudre le lait ; ou en remedes externes, émolliens camphrés qui
relâchent les vaifleaux veineux, ouirrirent les plus perits vaifleaux , pour
procurer un retour plus rapide. Si quelqu'un s'imaginoit que le lait une
fois coagulé puifle retourner de lui-même dans le fang, 1l fe tromperoic
beaucoup ; car ce n’eft que dans l'étar le plus Auide que le lait peut entrer
dans les perits tuyaux des veines qui font la réforprion des vailfeaux lac-
tiferes ; ce qui prouve la maniere dont le mercure , celui de tous les flui-
des qui a le plus de liquidité, pénetre dans les veines par ces vaiffeaux
anaftomiques ; tandis que les autres liquides buileux plus épais, reints de
quelque couleur terreufe , ne fauroient palfer par la même route, Lors
donc que le Médecin, par fa négligence, donne lieu à la coagulation du
fang qui étroit en ftagnation dans les conduits laétiferes, le mal eft fans
remede , & la glandule engorgée s’enflamme ou devient fquirreufe , à
moins qu’on ne puille encore venir à bout , à force de remedes favon-
neux , camphrés, réfolvans & délayans , tant internes qu’externes, de
difloudre ce lait arrêté dans les conduits. Il réfulte au moins de cet Ex-
pofé , qu’un Médecin ne s’acquitte véritablement de fon devoir dans tous
ces cas , que lorfque, dans les premiers commencemens il travaille de
toutes fes forces à procurer le retour du lait dans le fang aux accouchées
& en général aux “ass dont le lait ne fort pas des mamelles, pour
détourner des maux fi nombreux & fi ficheux , qui fonc inévitables ,
quand on fuit une conduite oppofée.
XXVIT. Dans les maladies dont les mamelles font atraquées, il arrive
fouvent contre toute attente, qu’au moyen de ces vaifleaux réforbans
qui exiftent en fi grande quantité , on parvient à réfoudre les obftruc-
tions de la glandule ; & à moins qu'un fquirrhe calleux ne foit déjà
formé , & que la confolidarion des vaiffeaux n'ait acquis fa confiftance,
la cure m'a prefque toujours réufli en appliquant extérieurement & inté-
rieurement des remedes mercuriels & camphrés , entremélés de laxatifs
doux & de délayants copieux ; mais ma pratique ne m'a fourni aucun
exemple de l'utilité de l'extrair de ciguë pour la guérifon de ces maux.
Remedes
applicables
dans cer-
tains cas
par l'effec
de certe
fhuéture,
ne L-- + vb cer e 4 L L16D | LA
MÉTHE * AR NS 2 PETITE TETE O0 ITET TT
Combien il
et dange-
Teux de
Jailer un
rs iirrbe de
la mamelle
fe durcir.
De fa ré-
forption de
la (emence
hors des
véficules
féminales.
316 PERS T0, MUIIUE:
Souvent , quoique des duretés fquirreufes occupaffent déjà la plus grande
partie de cette glandule , & que les malades femblaffent n’avoir plus de
falur à efpérer que de l’extirparion , ces remedes les onc heureufement
guéris. En effer, le mercure avec le camphre extérieurement appliqué
à la mamelle , entre dans les veines dont les extrémités cominuniquent
aux conduits lactiféres; ou bien pris intérieurement, il pénétre par les
rameaux des artérés dans les conduits des mamelles, de façon que,
& par l’'irritation & par l'action des globules du mercure fur le liquide
cenace , ils défuniffent les parties liées entr'elles , ouvrent les vaifleaux
obftrués; la glandule gonflée & durcie par l'obitruction reprend fon état
naturel & la circulation s’y rétablir.
XXVIHH. Le plus redoutable de rous les maux elt le cancer des ma-
melles. Alors ces mêmes vailleaux qui, dans l'écart naturel, font fi utiles
au corps , en réforbant la matiere cancreufe & en les faifant refluer dans
le fang , corrompent la malle des hameurs & gârent en peu de tems
routes les parties du corps, Cela prouve encore plus évidemment dans
la pratique de la Médecine , combien il eft dangereux de laifferun
fquitrhe de la mamelle fe durcir , & parvenir à la putréfaétion cancreufe,
d’où il arrive que tant de fois, après avoir exrirpé le plus heureufement
la mamelle, de nouvelles excroiffances femblables qui renaiflent, ren-
dent l’opérauion infructueufe , parce que le liquide âcre qui a été ramené
de la mamelle attaquée du cancer par les veines dans le fang , s'arrérant
dans des vaifleaux étroits & récemment cicatrifés, produit un nouveau
cancer qui eft prefque toujours mortel. Ainfi, rien n’eft plus dangereux
que de différer la guérifon d’une mamelle fquirreufe, durcie par le moyen
de l’extirpation jufqu'àce que le cancer s'y foi formé , puifque le fuccès
de cette opération & la guérifon du malade dépendent prefque toujours
de ce qu'on s’y eft encore pris à cems. Tout rerardement eft accompa-
gné du plus grand péril,
XXIX. La nature fidélement attentive à la confervation de tous les
liquides utiles & importans dans le corps humain, a tellement redoublé
fes attentions par rapport à la liqueur féminale, préparée dans les
refticules & recueillie dans le réfervoir, qu’on peut à bon droit en
inférer combien cette femence eft précieufe. Tous ceux qui ont traité
la Phyfologie , conviennent à la vérité qu'il exifte des voies pour rame-
net la femence dans le fang; mais on ne trouve ni dans les anciens ni
dans aucun des modernes, quels font proprement les vailleaux affectés
à cetre réforprion, & de quelle maniere elle s'exécute. La quantité de
la femence, qui eft affez confidérable , donne déjà lieu de préfumer que
certe réforption des véficules doit fe faire aifément , mais je crois m’ac-
quitter d’un travail agréable & utile ,en expofant ici comment ce liquide
eft réforbé des véficules féminales.
XXX,
JE « À
BEM T IS IPTr IQ UE! N17
XXX. Il y a deux efpeces de vaifleaux réforbans , favoir les plus petits
orifices ouverts des rameaux latéraux des veines & les dernieres extré-
mités des vaifleaux lymphatiques. C’eft ce que ne peut ignorer celui
qui s’eft mis au fait des divers fecours que la nature a fournis au
corps humain pour la confervation de la vie; mais des recherches plus
exaétes fur la ftruéture de cette machine font connoître avec certitude
que la réforption par les veines a lieu dans les cas où la nature à voulu
qu'une portion confidérable de quelque fluide important rentrât fans
délai dans le fang. La femence eft un de ces liquides fort fubrils & fort
travaillés , qui fert le plus à foutenir les forces du corps humain , & qui
influe fur fa confervation, de façon qu'il ne doit pas être prodigieufe-
ment diffipé. Ayant donc fait diverfes expériences en injeétant dans
les véficules féminales une liqueur déliée , huileufe, de cire tèinre
& d’un rouge éclatant, voici ce que j'ai obfervé , je conferve ces
pieces encore parmi mes préparations. J'ai rempli de la liqueur dont
je viens de parler, les véficules féminales d'un homme robuîte, en-
core fituées dans le baflin entre la veflie & l'inteftin reélum , intro-
duifant cette liqueur par le conduit déferent, fans remplir aucun
des autres vaiffeaux qui contiennent des liquides. Je me propofois
de pouvoir montrer dans mes lecons de Phyfologie cette prépara-
tion toutes les fois que je traiterai ce fujer. Mais, pour empècher
que la liqueur injeétée ne pénétrât dans l’urechre & dans la veflie,
& ne fruftrâc ainfi mon attente , je liai foigneufement les petits conduits
éjaculatoires ; quand donc les véficules furent toutes remplies du liqui-
de, ce que j’achevai dans l’eau tiéde, de peur que l’injeétion ne fe coa-
gulât trop tôt, je remplis encore par le mème moyen les rameaux de la
veine hypogaftrique, qui forment le plexus des veines dont les véficuies
féminales font environnées , jufqu’aux plus grands rameaux & par le
plus inattendu des fpectacles, je vis la liqueur injeétée s'écouler des
troncs difléqués. Ayant donc laillé réfroidir les parties , j’attendois avec
impatience le moment de découvrir d'où pouvoit venir un phénomene
aufli fingulier, Pour cet effer, ayant foigneufement préparé les veines
jufqu’à l'extrémité de la furface des véficules féminales ; je les trouvai
par-tout couvertes du plexus des plus petites veines ; toutes gonflées de
la li r rouge céreufe de l’injeétion , dont les extrémités tenoient au
CR. des véficules ; mais l’injeétion n’avoit rempli aucun des vaif-
feaux lymphatiques , malgré tous les efforts que j’avois fait pour y par-
venir. Certe expérience répétée n’eüt pas confftamment le même fuccès ;
cependant pluñeurs fois, en exécutant l'injeétion dans êe réfervoir de
la femence , l'événement répondit au but de mon travail,
XXXI. Cela fait donc voir que les veines font principalement defti-
nées à la reforption de la femence hors des vélicules , & qu’en vertu
TomeIE, Parc. X, Ss
Rélorption
par les vei-
nϾ.
Ufage phy-
fiologique
& pratique
de certe ré-
forprion,
L
318 BP Mi TEST 1 O7 VUE
des arrangemeñ3 de la nature cette réforprion fe fait avec beancoup de
facilité, La nature de la femence , qui eft un liquide affez tenace exi-
geoit que les embouchures des vaiffeaux fuffent aflez larges , & d'autant
plus propres à réforber par une forte d'attraction le fluide lorfqu'il vient
àièrre pouffé dans le tronc. En effet , la lymphe qui eft aqueufe, entre
facilement dans les orifices les plus déliés des vaiffeaux lymphatiques,
où ne fauroit abfolument s’introduire un liquide aufli tenace qu'eft la
femence. La fonction confiée aux veines dans le corps confifte donc à
rendre à la circulation ce fuc génital, lorfqu’il eft en ftagnation dans les
vélicules. Des injeétions céreufes affez confiftantes , quoique délices ,
qui pañlent des véficules dans ces vaifleaux , dans un cadavre, ne per-
mettent pas de douter que les embouchures réforbantes des veines affez
larges , qui s’ouvrent dans les véficules , ne foient fur-tout propres à la
réforption de ce liquide & ne forment une efpece de continuité avec
la cavité des véficules. Quand il fe joint à cela dans un corps vivant , le
reflux par les veines du fang que pouffe la force des artéres , on s’apper-
çoit allez que la réforption doit être alors plus rapide ; les vaiffeaux lym-
phatiques (1) qui exiftent en grande quantité dans les refticules , em-
portent déjà trop abondamment la Iympbe déliée , afin de procurer l’é-
paififfement de la femence , pour que la nature n’ait pas été obligée d’en
ajouter auf aux véficules féminales pour effectuer la réforprion du liqui-
de délié aqueux. Mais, de peur que la femence par fa ftagnation dans
ces réfervoirs ne les dilarär trop , & que ce féjour ne lui fi prendre une
nature trop alkaline & âcre, & que par un écoulement involontaire dans.
Vuréthre, le corps ne fût privé en pure perte de cetre liqueur virile
fortifiante , ou même que la faleté de cer écoulement ne foi incommo-
de aux vivans ; les veines ont été fort heureufement pourvues de ces
extrémités qui s'ouvrent dans les véficules féminales.
XXXIL Cette confidération peut avoir fon utilité, tant dans la Phy-
fiologie que .dans la Pratique. La liqueur féminale qui a été donnée au:
corps, non pour en faire un ufage quotidien , mais pour la propagation
de l’efpece , avoit néceffairement befoin d’un retour des véficules dans
le fang , pour empècher la déperdition de ce liquide fi précieux, ou une
corruption & une putréfaétion caufées par la flagnation, quigui fifle
perdre fa vertu prolifique. C’eft aufli une liqueur qui a recu lelplus de
fecours pour fa réforprion par les veines. C’eft donc une crainte vaine
que celle de ceux qui croyent qu'il faut fouvent décharger la femence
(x) Perlonne n’a encore donné à ces vaiffeaux lymphatiques des tefticules l'atten-
tion néceffaire & convenable à leur nature, pour en bien découvrir les fins & leurs
infertions dans les troncs. J'ai mis en évidence par des injections réitérées , qu’en fui-
vant une longue route dans l'abdomen avec les vaifleaux fpermatiques-fanguiferes,.
ds. vont s'inférer dans le plexus des vaiffeaux lymphatiques-lumbaires,
De -160r QE 2e AC IRC ANE 319
raflemblée dans les tefticules , de peur qu’en s’augmentant elle ne s’é-
paiflille ,ne dilate trop les vaiffeaux qui la contiennent, & que cette
extenfion n’engendre quelque fqairrhe dangereux. Nous croyons au con-
traire que les me. les plus fains s’abftiennent entiérement de l'acte
vénérien, tandis que d’autres qui s’y livrent avec excès perdent Les for-
ces de l'ame & du corps. Dans l’état naturel du corps, & lorfque rou-
ces fes parties fout bien conftituées, on ne doit jamais appréhender qu’il
rélulte de l’accumulation des femences dans les véficules , aucune tumeur
ou dureté des tefticules ; & l’on doit plutôt chercher la caufe de ces
accidens dans la compreflion du conduit déférent, où dans quelque
acrimonie tenace des humeurs que les tefticules contiennent. Aïnk en
corrigeant les vices des humeurs , on diflipe fouvent ces enflures 3 ce
donton ne viendroit pas à bout en procurant l'excrétion de la femence
par l’urethre. Mais s’il arrive quelque obftruétion des veines réforbantes
dans les véficules féminales, 1l en peut naître facilement des tumeurs
dans les parties qui contiennent la femence qui prefle les conduits éja-
culatoires; ce qui diminue confdérablement les forces du corps. Pour
y remédier , il faut plutôt employer les remedes qui rétabliffenc la cir-
culation libre du fang dans les plus petits vaifleaux , que les roborans &
les aftringens, qui conviennent plutôt au relächement des petits con-
duits excrétoires, mais qui ne fauroient guérir un mal caufé par laréforp-
tion de la femence épanchée dans les véficules.
XXXIII. La nature de la bile & l'importance de ce liquide ont fixé
les regards & l’atrention de tous ceux qui s’octupoient de femblables re-
dente , dès les premiers reims où l’Anatomie étoit encore au berceau ;
aufli les opinions ont été mulripliées pour expliquer fa nature & fa gé-
nération ; les uns en s’appuyant fur les fuppoltions imaginaires des an-
ciens, les autres en partant des cbfervations plus exaétes des modernes.
Quelquefois mème certaines expériences que leur difficulté rendoit rares,
ont été révoquées en doute par ceux qui ont fait dans la fuite les mêmes
recherches; de forte que, ce que la vérité avoit gagné auparavant,
a été enfuite perdu & négligé dans l'explication des expériences de la
nature,
XXXIV. Tel a été à peu-près le fait de l'expérience de M. Nuck,
par laquelle en cherchant à découvrir les vaifleaux lymphariques du
foie , il a démontré la liaifon qu'il y avoit entr'eux & le condait hépa-
tique; en rempliffant donc ce conduit d’une injeétion liquide d'huile
de térébenthine teinte en rouge , ou d’eau colorée , où mème en y fouf-
flant, le paflage du liquide dans les vailleaux lymphatiques fe fait aifé-
ment, fans réliftance ni délai. De cette maniere, j’ai rempli les vaif-
feaux lymphatiques qui fortent par les folles du foie & qui tapiflent en
SS i
De la pré-
paration de
la bile dans
le foie par
la réforp-
tion.
Reflux du
conduit hé-
patique
dass la vei-
ne-çave.
Ufage phy-
fio'ogique
à l'égor | de
Ja perfec-
tion de la
bile dans le
foie,
320 DNS AVIS. M'TMMONMENSE.
grande quantité les duplicatures du péritoine autour des vaiffeaux juf-
qu’aux troncs hépatiques qui defcendent derriere le pancreas ; & cette
injection très-élégante n'a prefque jamais manqué de réuflir.
XXXV. En pouflant ultérieurement des fluides où le fimple fouf-
fle dans le conduit hépatique , la même liqueur ou l'air ont paffé aifé-
ment dans la veine-cave , de façon que l’air l’a enflée , ou que le fluide
l’a mife dans un état d’expanfon. Cependant , pour l'ordinaire, le fluide
ainfi pouffé s’eft ouvert plus aifément ia route aux vaiffeaux lymphati-
ques qu'aux rameaux de la veine-cave. Mais il n’y a eu aucun moyen,
ni aucun effort qui aient pu conduire du conduit hépatique à la veine-
cave ou à l’artere hépatique, le fluide ni Le fouffle.
XXXVI. Il eft très-facile de tirer des expériences que j'ai fréquem-
ment répétées fur les cadavres, & conduites à la certitude, des conféquen-
ces relatives à l’ufage de certe ftruéture. En effet, quand on confidere la
maniere dont le fang circule par les vaiffeaux fecrétoires du foie, & en
particulier par la veine-porte, on ne fauroit ne pas appercevoir que le
mêlange huileux & vifqueux qu’amenent dans le fang les rameaux de la
veine-porte , & que les yifceres fourniflent , a befoin d’être délayé par
quantité de lymphe déliée, pour ne pas demeurer en flagnation dans les
canaux petits & foibles de la veine-porte, & être empèché de couler
plus loin dans les petits rameaux fecréroires , par la ténacité & la vifco-
fité de la bile. De-là vient que le fang qui arrive de l’omentum & de
la rate, eft arrofé & délayé par Le fluide abdominal & inteftinal , aqueux ,
réforbé , qui fe raflemble de toutes parts. Ce m’éroit donc point dans
la veine-porre même que devoit fe faire la féparation de ce liquide
aqueux\d’avec les autres humeurs qui conflituent la bile , parce que la
circulation par les petits rameaux dépourvus d’élafticité deinandoit cette
ténuité; mais la bile encore imprégnée de route cette eau n’auroit pu
être d'aucun ufage. C’eft pourquoi la nature a donné au conduit hépa-
tique ces deux efpeces de vailleaux réforbans , afin qu'après la rélorp-
tion de l’eau il demeurât dans le conduit hépatique un liquide âcre
huileux & falin tel que doit être la bile : en effet, la bile étant une
fois dans ce conduit hépatique , n’a plus befoin de certe fluidité
aqueufe par un mouvement ultérieur, puifque fon poids l’a déjà fait
tomber des canaux plus étroits dans un tronc plus large, de façon
qu’elle pût defcendre à plein du foie dans l'inteftin. Ainf l’eau fe filtre
de toures parts au dedans du foie , du conduit hépatique dans les vaif-
feaux lymphariques & dans les petits rameaux réforbans hépatiques de
la veine-cave; après quoi la bile demeure dans fon érat de perfeétion :
car on ne fauroit douter qu’il n’y ait par-tout une anaftomofe iinmédiare
des petits rameaux du conduit hépatique avec les extrémités des vaif-
feaux lymphatiques & rameaux hépatiques de la veine-cave; & par une
PAIN VONS AIT VC MUNIE. 321
fuite d'expériences que j'ai faires à ce fujet , on reconnoîtra que le fluide
pénetre avec beaucoup de facilité par tous les canaux du conduit hépa-
tique dans les rejettons de ces vaiffeaux. Cela montre donc que, fans
ces vaiffeaux réforbans , la bile n’auroit pu atteindre fa perfection dans le
conduit hépatique ; ileft auf affez évident pourquoi la bile du conduit hé-
patique fufit dans plufieurs animaux aux fonctions de la digeftion, de
façon que la véficule du fiel leur manque entiérement : c’eft que par la
réforption du liquide aqueux tiré du conduit hépatique , la bile acquiert
l’âcreté & l’amertume qui convient à fa nature.
XXXVII. On peut déduire des mêmes obfervations l'explication des
maladies qui ont pour caufe la corruption de la bile hépatique, ou fon
reflux dans le fang. Tout Médecin, un peu verfé dans la pratique,
fait combien la jauniflegeft commune à tous les âges. Que ce foit donc
quelque conftriétion de l’abdomen caufée par le froid ou l'excès des
alimens de difficile digeftion, comme cela eft ordinaire aux jeunes gens,
ou quelque calcul de la bile qui bouche le conduit nommé cholidoque ,
ou quelque dureté ou tumeur qui comprime ce conduit, & arrète l’écou-
lement de la bile dans l’inteftin duodenum ; la bile même, après la dila-
tation infenfble des embouchures réforbantes des vaifleaux veineux dont
on vient de parler, reflue dans le fang par les vaiffeaux lymphariques &
par les rameaux de la veine cave difperfés au dedans du foie, &lui com-
que fa couleur jaune & fon âcretc. Le regorgement de la bile dans le
fang ne fe fait donc pas par la veine porte, & l’obftruétion de cette veine
n’elt point la caufe de la jauniffe, mais elle vient de la réforprion de la
bile déjà préparée & tranfmife au conduit cholidoque, De-là vient que
fouvent, foit dans les corps vivans ou dans les cadavres on trouve l’ob{-
truétion & le fquirre du foie fans jaunifle, ou la jauniffe fans dureté ni
obftruétion du Aie. Enfin ceux qui font atraqués de l'hydropilie , qu’on
nomme afcite , font ordinairement jaunes , parce que la bile trop aqueufe
entre abondamment du conduit chodiloque dans les embouchures réfor-
baintes des vaifleaux lymphariques & veineux ; ce qui fait que la digeftion
de ces malades eft imparfaite, & que leurs alimens pourris ou fermen-
tés , fuivant leur nature , caufent la diarrhée ; ou quelquefois, par le dé-
faut d’un2 bile âcre, propre à irriter les gros inteftins, & à leur faire
exécuter les déjections naturelles , il s'enfuit une conftipation , & le ven-
tre devient pareffeux.
XXXVIIT En voulant examiner les voies de l’urine dans l2 cadavre
d'un homme affz robulte , je tâchai pour cet effet d'enfler la vellie, en
foufflanc dans l’urechre; mais aufli tôt routle fouffle forrit de la cavirié de
Ja veflie par les veines , de façon que la vellie enfl£e s’affaifla rout de fuite.
Je m’atrachai à rechercher la caufe de ce phénomene; & dans certe vue
je. pouflai de l’eau dans le veflie par l’urethre, au moyen d'un fyphon;
Ufage pa-
1 - 3
tholosique;
Rélorption
de ja veflie,
Obferva-
tion anato-
mique.
Obferva-
tion Pratri-
que.
322 PANHAUTOLSUN ER ON VAUES
mais elle paffa fort aifément de la veflie dans les veines qui forment le
plexus dont elle eft entourée , & de-là dans le tronc de la veine hypo-
gaftrique, Je confidérai attentivement l’intérieur de la veflie, & je ne
trouvai rien de vicié dans la tunique villeufe , qui éroit au contraire
dans toute l'intégrité de l’état natuiel. Je ne pus donc plus douter que la
route par laquelle le uide ou Pair s’échappoient de la veflie, ne confiftàt
dans les embouchures ouvertes des vaifleaux veineux. En foufflant de l’air
dans d’autres veñlies , j’obfervai à diverfes reprifes qu'il s’étoir aufli faig
un chemin pour fortir , quoique plus lentement , de la cavité de la veñie
par les vaiffeaux. Peut-être que dans un corps vivant ces perits vaiffeaux
téforbans tirent naturellement la lymphe aqueufe de la veflie, & la fé-
parent de l’urine ; de forte que c’eft pour cet ufage qu'ils'ont leurs em-
bouchures ouvertes dans la cavité de la veflie. Il y a plus, & des obferva-
tions faites fur des fujets vivans, prouvent que l’uffne même, au moyen de
ces vailleaux , eft ramenée dans le fang avec les autres excrétions.
XXXIX. Dans un jeune homme de vingt-quatre ans, vigoureux &
d’une aflez bonne fanté, il fortoit peu d’utine par l’urerhre ; & certe urine
fort rouge dépofoit aufli-tôt un fédiment aqueux , comme celle des hy-
dropiques. Il fortoit à ce jeune homme de deflous les aiffelles, en fi
rande abondance , ün liquide dont la couleur & l’odeur étoient tour-à-
fait femblables à celle de l'urine , & que les vaiffeaux exhalans fournif-
foient, que fa chemife & fes habits en étoient continuellement gâtés. Le
malade n’avoit pas befoin de fe donner du mouvement pour procurer
cette excrétion contraire à la nature ; mais dans l’état le plus tranquille,
foit de jour, foir de nuit, il perdoit la même quantité de ce liquide uri-
neux ; feulement cet écoulement augmentoit à proportion de la quantité
de fluide qui étoit entré dans fon corps. Il ne fe rappelloit aucune caufe
particuliere & certaine à laquelle il püt attribuer cer accident : tout ce
qu'il favoit, c’eft qu’à mefure que fon urine avoit diminué , cette fueur
urineufe s’étoit accrue. Il eft vrai qu'il avoit bu trop de vins échauffans,
& s’étoit fatigué à danfer. Soupçonnant que les humeurs s’étoient
fort épaiflies dans les petits conduits urinaires, & qu’il y avoit du relà-
chement dans les vaiffeaux & dans les glandules fimples fous-axillaires.
J'ordonnai des remedes gommeux & délayans , tant en pilules qu’en
tifanes copieufes : je lui fis prendre tous les jours jufqu’aux reins un bain
où l’on avoit jetté quantité de favon de Venife; & je lui fs appliquer fous
les aiffelles, à plufieurs reprifes par jour, des linges trempés dans de
l'eau froide. Au moyen de ces remedes , l'urine devint tous les jours
plus abondante & plus claire, fortant de la veflie; de façon que dans
l’efpace d'un mois , le malade recouvra la fanté, & ne fur abfolument
plus incommodé du flux d’urine fous les aïffelles. J’ai eu d’autres occa-
fions d’obferver dans des perfonnes qui rendent l’urine avec difficulté ,
PUATYN SA 14 QE UN 27 313
cas qui n’eft que trop fréquent , une femblable fueur excefive fous les
aïflelles, qui gâtoient leurs habits , mais qui enfuite pafloit peu-à-peu
d'elle-même.
XL. La nature, toujours prudente, a donc accordé également à ce
liquide fecrétoire des voies d'écoulement, de peur que dans le cas où
quelque obftacle l’arrète dans le vifcere ordinaire , fon äcreté ne devienne
nuifble & ne gâte la mafle du fang, en s’y mélanr. C’eft à cer ufage
que font deftinées les veines réforbantes qui s'ouvrent en abondance
dans la cavrié de la veflie, & ramenent l'urine qui eft en ftagnation dans
la malle du fang , pour y circuler & s'échapper par les iflues que la peau
lui fournit : ce qui préferve le corps des dommages qu'il pourroit ets
recevoir. 7
ns en ee pommes ra on ss eme
BETA NCR IE
Ecrite à l’Auteur de ce Recueil ;
Par M M1iTOUARD, Maître en Pharmacie, 6 Démonffraseur
de Chymie.
M. je vous prie d’inférer parmi vos Obfervations fur la Phyfque
& les Arts, une lettre intéreflante que M. Bayeu m'a adreffée, Il y
eft queftion de l’analyfe du fel d’ofeille , faice par un de mes Difciples,
pour fa réception de Doéteur en Médecine à Strasbourg. Le Public y
verra à laquelle des deux Nations, de l’Allemande ou de la Françoife
appartient la découverte de l'alkali fixe tout formé dans la crème de tar-
tre & dans les végétaux. Il fera étonné de trouver‘ une vraifemblance
parfaite dans la maniere de procéder des Chymiftes François avec celle
du Chymifte de Berlin. Si on r’avoit des preuves füfhfantes de la fagacité
de M. Margraff, on feroit tenté de croire qu'il a puifé fa découverte
dans les Mémoires de l’Académie des Sciences. Ce mème public appré-
ciera les réclamations de M. Rouelle,
Je profite deæette circonftance , Monfieut , pour répondre à une autre
réclamation de M. Rouelle, en faveur de feu M. fon jee , homme d’un
mérite rare : c’eft celle de l’éther nitreux que vous m'attribuez, en an-
nonçant le procédé de M. Bogues.
En effet, jai toujours cru, & je crois encore que cette préparation
m'appartient. Si je ne l’ai pas publiée , c’eft parce quequelques perfonnes
m'ont dit avoir connoiffance de ce procédé, fans avoir jamais pu indi-
quer de qui ils le tenoient, Comme il m’eft fort indifférent de pafler
324 PIRANYANSANTA ON UE:
pour en être l’Auteur , j'en ai fait volontiers le facrifice. Mais je fuis
fâché d’être obligé de certifier contre l’efpoir de M. Rouelle , que nt
moi , ni mes contemporains n'avons vu faire lécher nitreux par là diftil-
lation chez feu M. fon frere. Que ç’a toujours été par la digeftion à froid,
dans un fort matras de cryftal cuiraffé avec de la corde , & plongé dans
1 7 . ! P .Ù ë F:
la glace ;: & que le Procédé revendique qui fe trouve en effet imprimé
BD UC DEN us,
parmi ceux de M. Rouelle , n’a jamais été de notre temps appliqué que
fur un flacon contenant de l’efprit de nitre dulcifié , reétifié ; liqueur
qui contient en effet de l’éther nitreux, mais que l’on n’a jamais vu
pur & nageant fur un autre Auide. Je me fouviens très-bien au contraire,
UE CARTE 1j!
que feu M. Rouelle annonçoit l’impoflbilité de ce Procédé , & le com-
paroit à l’eau de Rabel qui, au bout d’un certain temps renvoie une
odeur d’éther; mais que l’on ne peut en féparer. J'ai encore la mémoire
affez bonne pour me rappeller qu’un neveu de M. Rouelle , mort depuis
lors à Cayenne, difoit fouvent que M. David, Libraire , qui s’étoit chargé
de faire imprimer les Procédés , avoit fait des fautes monftrueufes. Ceux
Le Pre ë Fe DER
où il eft queftion de l’éther nitreux , ne feroient-ils pas dans certe clafle ;
la chofe pourroitc bien être ainfi : en relifant ces Procédés, je n’y ai
P s : L EP ie D
apperçu que de légeres fauces de T ypographie que l’on ne peut qualifier
de monftrueufes. J’ajouterai encore à cela que dans le temps où je fai-
À J QUE P J :
fois mes Cours chez M. Rouelle, parut la Difertation de M. Baumé
fur l'Ether. C’étoit M. l'occafion de parler de cette opération. M.
LA LA e . P .
Baumé étoit aflez au courant des nouvelles productions chymiques, pour
à ARE re à SE } "ES
ne pas ignorer celle-ci. Son filence à ce fujet eft un garant que cette opé-
ration étoit alors inconnue. Je fuis bien fâché de n'avoir point répondu
à l'attente de M. Rouelle; mais ce ne fera pas lui déplaire que de rendre
bommage à la vérité.
à LADA DRE DPIOM Dee PES 5
Ecrite de Thionville ;
Por EME BA TNENUV.
L
M. P * * X veut bien, Monfieur , fe charger de vous remettre la
Differtation fur le Sel effentiel d’ofeille , que vous m'avez communiquée.
J'y ai joint le Procédé dont je vous ai parlé avant mon départ de Paris,
& que j'ai promis de vous donner aufli-tôt que j’aurois un moment de
loifir.
Les bornes d’une lettre ne me permettant pas de m’érendre fur le
éloge
10e fe CU AT Ph A7 "325
élogés que mérire M. Savary , Auteur de cette Differtation. Je me con-
tenterai de vous indiquer les deux paragraphes qui ont donné lieu, au
Procédé dont je vous fais pârt, & que je foumers à votre jugement.
M, Savari ayant traité de différences manieres le Se/ effenriel d'ofeille,
foit celui qu’il avoir tiré lui-même de l'Oxicriphyllum, foit celui du com-
merce qui fe fabrique en Suabe & en Suille fa parrie , nous apprend que
c’eft À tort que nous foupçonnons ce dernier d’être fophiftiqué ; il nous
affure au contraire qu’il eft vrai & pur fel d’ofeille.
M. S.... a diftillé le fel d’ofeille, & ce qui refta dans la cornue étoit
un pur alkali végétal qui, laiffé à l’air libre , tombe en deliquium.($ X;
pag. 14).
Îl à aufli traité ce fel, comme MM. Duhamel & Groffe avoientwæraité
la crème de tartre en 1732. (Voyez Académie des Sciences , volume de
1732, page 1:40); c'eft-à-dire qu'il l’a expofé à l’action de l'acide vitrio-
lique & de l'acide nitreux; mais ces acides n’ont point opéré la décom-
polition du fel d’ofeille , comme ils operent celle de la crème de tartre :
1h n’a eu ni cartre vitriolé, ni falpètre regénéré ; il a au contraire retiré fon
fel effentiel pur & fans altération : car 1l n'ofe , dit-1l, donner le nom de
tartre vitriolé à quelques cryftaux qu’il a obtenus par une feconde cryftal-
Lifation , malgré le goût amer qu'ils imprimoient fur la langue ; non plus
que le nom de nitre à ceux que lui fournit également la feconde cryftal-
lifation du procédé avec l'acide nitreux , quoiqu’en verfant defflus un
peu d'acide vitriolique concentré , il s’en foit élevé des vapeurs rouges.
($. XI, page :6).
D'après ces expériences & plufeurs autres, M. S.... conclud que
l’'alkali fixe qu'il à viré du fel d'ofeille, a été l'ouvrage du feu.
Permettez-moi, Monfeur , une réflexion.
M. S.... dont la langue Allemande eft fa langue naturelle, n’a fans
doute pas connu la Differtation de M. Margraff , imprimée en Allemand
depuis plufieurs années, laquelle a pour titre : Expérieñces qui demon-
trent que l’alkali fixe peut être féparé du tartre du vin , par le moyen des
acides, & fans le fecours du feu. A y auroit appris que ce favant Apothi-
caire de Berlin a traité le Tel d’ofeille avec l'acide nitreux, & qu'ilena
retiré par ce moyen un vrai nitre régénéré. À la vérité, le célebre Chy-
mifte Allemand a trouvé plus de difficulté à décompofer le fel d’oféiile,
qu'il n’en avoit trouvé lui même, & que n’en avoient trouvé avant lui
MM. Duhamel & Grolle , en décompofant la crème de tartre par le mème
acide. {1 avoue $. XIX, qu'ayant traité le fel d'ofeille avec partie égale
d'acide nitreux , 1l a eu par une premiere cryftallifation du vrai fel d'o-
feille non décompofé ; & que ce n’a été qu’à la feconde qu'il a obrenu des
cryftaux de nitre, mais en fort petite quantité. Enfin, M Maigraff dit
que Le feul moyen d’avoir une décompolition de ce fel un peu plus mar-
Tome II , Partie X. Tc
326 EN PDP ENAG TO LUN E
quée , c’eft d’en traiter une partieavec deux, quatre, & même fix parties
d'acide nitreux (1).
I y a donc très-grande apparence , Monfieur , que Îes cryftaux que
M.S.... a obtenu par les dernieres cryftallifations , étoient du vérita-
ble tartre vicriolé & du vrai nitre. Je ne peux m'empêcher de le répéter ,
fi M. S.... eût conna le travail de M. Margraff, il auroit été rafluré
par le feul nom du Chymifte de Berlin , & il auroit donné à fes derniers
cryftaux la dénomination qui devoit leur être aflignée.
J'ai répéré ces expériences ; j'ai fait digérer du fel d'ofeille avec les
acides de nitre & de fel marin, & j'ai appris par mon propre travail,
que ce fel effentiel ne fe laiffe attaquer que foiblement par ces acides.
J'ai retiré de l’un & de l’autre procédé prefque tout le fel d'ofeille, tel que
je l’avois employé. Je n’ai eu que des atomes de nitre & de fel marin. Je
defirois un fuccès plus complet : j'étois perfuadé que les alkalis fixes n’é-
toient point l’ouvrage du feu : les expériences de MM. Lemery fils , ann.
1717 3 1719, 17203 Bourdelin, 1728 ; Duhamel & Groffle, 1732 &
1735 , ne doivent laiffer aucun doute fur l’exiftence de ce fel tout formé
dans les végétaux. Je tentai en conféquence fur le fel d’ofeille un pro
cédé différent de celui que MM. Duhamel & Groffe avoient employé
pour décompofer la crème de tartre par l’acide nitreux : ce procédé , qui
m'a parfaitement réufli , eft celui que je vous envoie :ileft fondé fur les
doubles affinités. Ce feroir, Monleur , vous en dire trop, fi je vous le:
propofois comme problème chymique.
,
PROC CEMDIE
Par lequel on régénere en nire parfait tout l'alkali fixe qui entre natu-
rellement dans la compoficion du [el effentiel d’ofeille.
J'ai pris deux gros de fel effentiel d’ofeille purifié, que j'avois tire
moi-thème de l’ofeille potagere , aceto/a rotundï folia hortenfis.
Je l'ai fait diffoudre à une chaleur de cinquante degrés dans un vale
de verre avec feize onces d’eau diftillée. ;
La liqueur étoit claire & lympide ; j'ai verfé deffus peu à-peu une fuf-
ffante quantité de diffolution de mercure dans l'acide nitreux : il s’eft
formé un précipité de la plus grande blancheur.
La liqueur devenue claire par le repos, & décantée, a été expofée à
la chaleur du bain de fable , elle s’eft un peu troublée : je l'ai filrrée ; &
l’évaporation continuant à fe faire , il s’eft formé une petite quantité de
fel réfulranr de l’union de l'acide végétal de l'ofeille , avec une portion
du mercure précipité. J'ai verfé dans un autre vafe la liqueur furna-
EEE ce Tee
(x) M. Coftel , Apothicaire de Paris.a bien voulu me communiquer la tradudiom
de cette Differiarion , qu'il fe propofe de donner au Public inceflamment..
MUR UE AN OU \E. 327
geante qui; par une évaporation fuffifante, ayant été rapprochée au point
de cryftallifation , donna par le repos cinquante- trois grains de nitre
réguliérement eryftallifé en longues aiguilles ; & par une feconde cryf-
tallifation j'en ai encore obtenu fept grains & demi, ce qui fair en tout
environ foixante grains.
J'ai répété ce procédé fur du fel d’ofeille , que j’avois rapporté d’Al-
lemagne où il avoit été préparé avec l’ofeille connue des Botaniltes , fous
les noms d’oxicriphyllum, d’acerofella | & qu’on appelle en François alle-
luia. J'ai eu le même fuccès, & je me fuis afluré par-là dela vérité de
ma premiere opération.
Je ne dois plus rien dire, Monfeur, fur les fuites de ce procédé.
L'objer que je m’étois propofé , eft rempli. Je me fuis convaincu qu'on
pouvoit décompofer le fel d'ofeille par l'acide nitreux , & former avec
tout le fel alkali qui s’y trouve naturellement, un vrai nitre régénéré,
Je fuis, &c.
—— > — A —_— —(Q)
HISTOIRE NATURELLE.
RAP AE UE CORNE
Fair à l’Académie par MM. FOUGE ROUX DE BONDAROY &
ADANSON, du Mémoire de M. ANTOINE-LAURENT
DIENJIU(S SA EU,
Intitulé : Examen de la famille des Renoncules,
A PRÈS avoir comparé les rapports des plantes avec les afinicés chy-
miques , M. de Juflieu confiderela Botanique dès fon origine. Il examine
d’abord comment les Botaniftes s’y fonc pris pour clafler les plantes. Il
remarque que les uns préferent le fruic, d’autres la fleur , d’autres la
corolle, & d’autres les éramines pour en tirer leurs caracteres clafliques ,
ils en ont fair des fyftèmes, des efpeces de tables raifonnées ; mais que ces
caracteres tirés ainfi d’une feule partie qui eft le plus fouvent variable , ne
pouvant être conftans; ces méthodes parviennent à former facilement
des claffes qui font toujours défectueufes, & dont la perfection ne fe
AXE OI)
Acad des
Sciences de
Paris.1773«
328 LOS UT VONT AR LE
mefure qu'en raifon des défauts qu'ils ont fu éviter : cette réflexion met
donc bien loin les fyftèmes les plus accrédités, tels que celui de M. de
Tournefort & celui de M. Linné. Enfin il conclut que la confidération
de toutes les parties des plantes , que la combinaifon de tous les caraéte-
res qui en réfultent , eft la feule méthode qui puifle donner des clafles
naturelles , des caracteres invariables & propres à faire reconnoïtre une
plante dans tous fes états; qu'un femblable ouvrage ne peut être que le
fait d'une fpéculation qui équivaut à celle des fciences les plus abftraites :
qu'un homme d’efprit peut bien imaginer des fyftèmes , &les vafier à
l'infini; mais que l’ordre naturel ne fera jamais que l’ouvrage d’un Bora-
nifte confommé , dont la patience pour l'examen des plus perits détails
égalera le génie pour en tirer des conféquences, pour former des fuites,
enfin pour faire de la Botanique, non une fcience de mémoire & de
nomenclature , mais une fcience de fais qui ait , comme la Chymie , fes
combinaifons , fes affinités & fes problèmes, comme la Géométrie. Les
familles naturelles ont fur toute autre méthode partielle, nombre d’avan-
tages , dont plufieurs font, d’abréger & de fimplifier l'étude , en foula-
geant la mémoire , en renfermant les genres dans les caraéteres princi-
paux de leur famille, pour favoir toute la Botanique; de découvrir leurs
vertus, en connoiflant leurs caracteres; de préfenrer à l'imagination des
moyens de combiner tous les rapports ; de faire des découvertes ; &e
multiplier les connoïffances; enfin , de perfectionner la fcience. Ces re-
marques judicieufes nous ont toujours paru de la derniere jufteffle , &
conformes à la plus faine Philofophie : elles on déja fait la bafe des.tra-
Vaux entrepris pour la recherche des familles naturelles des plantes,
comme elles font devenues les conféquences néceffaires de l’établiffe-
ment de ces mêmes familles.
M. de Jufieu pale enfuite à l'examen des trois méthodes qu'il croit
les plus naturelles ; favoir , 1°. les cinquanre-huit ordines naturaks de
M. Linné ; 29. les mèmes ordres corrigés & augmentés jufqu'au nom-
bre de foixante- neuf, par M. B: de Juflieu, en 1759 , à l’ufage du
Jardin de Trianon; 3°. enfin il cite le livre des familles des plantes en
deux volumes , dontle plan fut lu peu après & dans la même année 1750,
à une rentrée publique de l'Académie. « M. B. de Juflieu mon oncle ,
» dit-il, a établi dans le Jardin Royal de Trianon une fuite de familles
» naturelles qui n’ont que des rapports éloignés avec l'arrangement du
» Botanifte Suédois. M. Adanfon, dans les familles des Plantes, fuit un
» plan différent de l’ordre de Trianon, &cn. 1
Après avoir compofé les cinquante-huit familles des planres aux foi-
xante-neuf ordres de M. B. de Juflieu , & aux foixante-huit de M. Linné,
M. de Juflieu neveu fe propofe d’expofer les caraéteres eflenriels qua
diftinguent la famille des renoncules de tontes les autres; & 1l fe réferve
d’afligner dans un fecond Mémoire la place qu'elle doit avoir dans le
NEA MT ADIMRIME ML AE NE. 329
fuite des familles qû'il appelle ordres naturels , pour réfoudre à cette
occafon plufieurs problèmes de Botanique. Nh :
Les caracteres par lefquels M. de Juflieu diftingue la famille des renon-
cules de toutes les autres, font abfolument les mêmes que ceux qui ont
éré dérailkés dans le livre des famitles des plantes ; il en adopte même
jufqu’aux deux feétions , mais il n’y admet que les dix-fepr genres de
M. Linné, au lieu de trente-un, & y ajoute le garidella & le nigella,
pour en former une troifieme fection avec le chryffophoriana & le podo=
phyllum. Nous fuppofons qu’il apportera quelques raifons de ce change-
ment plus convaincantes, ou qui détruiront celles qui ont paru prouver
que ces genres de plantes, fur-tout les deux derniers, en doivent être
féparés. Le détail de ces caraéteres donne lieu à M. de Jufieu de pafler
en revue toutes les parties des plantes, & de pofer divers printipes.
Nous expoferons feulement ceux qui s’éloignent des notions qui nous
paroiffent généralement reçues ; comme ils font affez nombreux, ils fuf-
firont pour donner une idée de fa maniere de traiter la Botanique.
D'abord , en parlant de l’embryon des graines, M. de Juflieu établit
trois clafles de plantes qu’il appelle des clailes premieres; favoir, les mo-
nocotyledones , les dicotyledones & les acotyledones ; il differe en ce
dernier point du fyftème donné par M. B. de Juflieu à Trianon; qu'au
lieu des acotyledones , admettoit des polycotyledones. 2°, D'après certe
premiere divifion générale il penfe, qu’au lieu de divifer le Regne végé-
tal fimplement en familles, 11 feroit plus naturel d’admertre ces trois
premieres claffes dont les familles feroient des fubdivifions , comme
dans la méthode de Trianon. 3°. Il conclut enfuire que nülle claffe ne
peur être naturelle, fi la fituation del’embryon dans la graine n’eft pas
uniforme dans tous les genres, ainfi que le nombre de ces lobes , la pofñ-
tion du calice & du piftl, l'attache de la corolle & des éramines , toures
les parties de la fleur qu’il regarde comme les feules capables de fournir
des caracteres primitifs, invariables & eflentiels pour former les pre-
mieres divifions où les claffes , les autres parties reftantes de la fruétif-
cation ne fourniflent , felon lui, que des-caraéteres fecondaires varia-
bles, moins effentiels , qui ne peuvent fervir qu'i diftinguer les familles,
& auxquels on peur joindre toutes les autres parties de la plante, comme
la difpofñtion des fleurs, les racines & les feuilles. 4°. M. de Juffieu
propole comme un problème à réfoudre la queftion fuivante ; favoir fi,
dans chaque clafle les familles qui ont quelque reffemblance par le
corps corné qui enveloppe l'embryon , doivent être rapprochées. 5°. Il
affure que l'embryon du damafonium , de l'alifma & du fagitta eft mo-
nocotyledon, & n'eft pas enveloppé d’un corps corné. 6°. Que la forme
de la corolle ne fournit tout au plus que des caracteres génériques. 7°.
Que l’infertion de la coroe eft la même dans toutes les plantes d’un
ordre naturel ; que certe uniformité doir tre regardée comme une con-
330 FCI SEMTEOlRAERNIRE
dirion effentielle pour conitiruer des familles; qu’elle fe retrouve dans
la famille des renoncules qui ont toujours la corolle attachée au fupport
du piftil; que fi on admet ces principes , le fagictaria , l'alifma , & le
darmafonium , qui ont trois pétales adhérens à un calice monophylle di-
vifé en trois parties , & dont l'embryon eft fuivanc lui monocotyledon,
fans corps corné , doivent ètre rapportés à un autre ordre qui compren-
droir le }uncago & d’autres plantés voilines des joncs qui ont le même
nombre de parties au calice. 5°. IL prérend encore que le nombre inde-
fini d'étamines ne peut exifter que dans le cas de leur infertion au ca-
lice ou au fupport du piftil. 9°. Qu'un calice de plufieurs pieces annonce
toujours des étamines attachées au fupport du piftil. 10°. Qu'il ne feroit
pas impofhble qu'il exiftât une corolle monopétale dans la famille des
renoncules ; que pour cela , il fuffiroic que le calice devint monophylle ;
que les éramines fuffent réduites à un nombre dérerminé , & portées
fur la corolle, parce que felon fes principes, il n’y a de corolles mono-
pétales que dans les plantes qui réuniffent ces trois caracteres. 1 1°. Qu'il
eft à préfumer que la figure de la poufliere féminale des plantes doit
être toujours uniforme dans une même famille. 12°. Que les firuations
des parties de la eur , relativement au piftil avant fa fécondation, font
invariables & fubfiftent dans le fruit même après fa fécondation. 13°.
Que fi, dans les Aeurs complertes, les étamines font portées fur Le piful,
on peut conclure qu’elles font en nombre déterminé, que la corolle eft
polypétale, qu’elle eft portée de même fur le piftil , que le calice fait
corps avec lui, qu'il eft d'une feule piece. 14°. M. de Juflieu établit
encore que l’abfence du ftyle dans les piftils ne doit être confidérée que
comme une différence purement accidentelle ; 1 5°. que l'unité d’ovaire
caraxtérife la plüpart des familles, mais que la pluralité n’eft jamais
effentielle pour les caraétérifer; 16°, que la chriflophoriane ayant un
ovaire en baie, a une loge remplie de graines qui Ont un corps corné
comme les renoncules, & que le podophyllum ayant ce dernier carac-
tre , ces deux plantes doivent compofer une troifieme fection dans la
famille des renoncules , ou faire partie d'une famille voifine , & par-là
former une tranftion qui feroit regardée comme un défaut dans les
fyftèmes , & une perfection dans l’ordre naturel,
Voilà un grand nombre d'axiomes qui préfentent une fuire de prin-
cipes, une chéorie de Botanique en raccourci. Ils fouffriront peut-être
des difficultés de la part des Botaniites qui , au lieu de fonder leurs
divifions générales & particulieres , fur l'examen d’une feule partie telle
que l'embryon, croient qu'une méthode pour être naturelle doit fonder
cette diviñon fur l’examen de toutes les parties prifes enfemble , fans
donner à aucune partie une préférence exclufive fur les autres.
La méchote , la clarté & la précifion avec laquelle M. Antoine-Lau-
rent Juflieu préfente fes remarques & fes difcuflions Botaniques , an-
NPA UNE EN OCRTENCL YL E: 431
noncent les plus grandes difpofitions. 11 n'eft perfonne qui ne défire
pouvoir trouver dans fes écrits les principes & les-découvertes de l'illuf-
tre maître qui l’a formé dans cette fcience , & qu'il a fu faire fructifier.
CR SEP ARN VE CANTINE ONTN
Sur la fleur du Tournefol , ou Soleil. Helianthus annuus. LIN. Sr. Pr.
corona folis, C. B. P.
Ge TTE Meur eft trop connue pour s'arrêter à en faire [a defcription.
Le ; Septembre de cette année, je me promenois avec M. de Fouchi,
Secrétaire perpétuel de l’Acadéinie des Sciences , dans fon Jardin, &
nous obfervämes comme des goutres de rofée très-tranfparentes ré-
pandues cà & là fur les feurons placés au centre de cette fleur, qui
n'étolent pas encoré épanouis ; curieux de goûter cette exudation
qu'on auroit prife pour la miellée des leurs , nous en détachâmes quel-
ques gouttes avec la pointe d’un couteau , & nous trouvâmes au lieu
d'une liqueur douce, fucrée & agréable , une fabftance filante , gluante
& collante, en un mot, prefqu'en tout femblable pour le gout & l’o-
deur, à la rérébenthine de Venife , & ells donne en brûlant une flamme
très-analogue. Ce qu'il y de fingulier , c’eft que ces gouttes n’étoienc
pas foutenues par les divifions de la corolle du fleuron ou par les éra-
mines , mais par une efpece de petite membrane qui fert d'enveloppe:
à la graine. Cette membrane eft blanche à fa partie inférieure, & verte
à fon fommer, & c’eft le prolongement vert de certe membrane qui
donne un œil verdâtre au cœur de cetre fleur quand les demi-fleurons
du difque font épanouis , & lorfque les fleurons du centre ne le font
pas encore. Nous avons vainement cherché dans l’intérieur de ces fleu-
rons la fubftance miellée qu’on trouve ordinairement à la bafe*de chaque
fleur. Ces feurons ou demi-fleurons en feroient-ils dépourvus , ou les
abeilles plus vigilantes en auroient-elles déjà fait la récolre ?
LE TE 0 D
A l’Auteur de ce Recueil , en revonfe au Mémoire de M. BEAUMER
” Ç > : ie UE 3
fur la Pierre cornée, inféré page 154, rome IL.
+ Par M MONNET.
R ren n’eft plus nuifible aux progrès de l'étude de la minéralogie que
Jes erreurs de ceux qui ne font pas rapporter leurs defcriptions à celles
déjà connues fur Le mème fujet ,. fur-tout quand celles-ci font exactes.
332 MTL ENUT SONEMRUE
L'un décrit un être, un individu de telle & telle maniere , & l’autre,
fans } avoir égard , la change ; la tronque ou l’allonge (1); de-là naif-
fent la confufion & l’embarras, & celui qui fe livré à l'étude a fouvent
plus de peine pour concilier les defcriptions des Auteurs , qu’à recon-
noîrre & claffer l'individu qui eft l’objet de fes recherches. Le Mmoirs
de M. Beaumer n’eit pas exempt de ce reproche ; l'Auteur prétend y dé-
crire la pierre cornée , & cependant on ne reconnoit à fa defcription
que la pierre à fufil ou le ff/ex.
M. Beaumer , dans ce Mémoire, étaie fon opinion de celle de plu-
fieurs Auteurs de minéralogie, mais aucun d’eux n’a entendu défigner
la pierre cornée en parlant du filex. Tous les Minéralooiftes , & fur-
tout les Allemands, ont regardé la pierre cornée comme une pierre
particuliere qui ne fe trouve jamais que dans les mines ou dans les pays
des mines ; la plüpart l'ont décrite fous le nom de Hornftein. Cerre
pierre a des caracteres effentiellement HAE du fiiex , & elle n’eft
point aufli commuue. À en juger par la defcription de M. Beaumer, on
diroit qu’il n’a pas affez examiné cette pierre; qu’il l’a confondue avec
le filex ou pierre à fufl qui fe trouve par-tout, excepté cependant dans
les pays d’ancienne formation, ou pays à mines métalliques.
Nous ne craignons pas de dire que les caracteres & les propriétés
que M. Beaumer afligne à la pierre cornée, ne luï appartiennent point,
La véritable pierre cornée , ou l’Hornflein des Allemands ; a des carac-
teres eflentiellement différents du filex.
1%. Dans la fraure, elle ne préfente jamais , comme le filex des
angles aigus & tranchans: elle eft moins dure. 2°. Elle ne fe comporte
pas au feu avec l’alkali fixe comme le filex, qui fe fond comme le quartz
& forme du verre ; elle exige un feu beaucoup plus violent & fe com-
porte à peu-près comme la pierre chyreufe de montagne, que l'on con-
noïît fous, le nom de fauffe ferpentine ; en un mot, ainfi que le dit M.
Pott dans fa Lithogeognofie à l’égard de l’argille. 3°. La pierre cornée
peut fervir de pierre de touche. Au refte, il y en a beaucoup de varié-
tés, mais aucune n’a une exacte conformité avec le filex. Il eft vrai que
les mineurs défignent fouvent fous le nom de pierre cornée un quartz
gris qui reffemble en quelque forte à de la corne , & qui fert de gangue
aux mines ; mais on ne peut pas plus comparer ce quartz au filex qu'au
véritable Hornflein.
Je ne releverai pas quelques autres erreurs qui, par inadverrance , fe
font gliffés dans le Mémoire de M. Beaumer. Par exemple, il parle d’une
belemnite comme d’une variété de la pierre cornée pétrifiée. Ii eft vrai
ER RENE EME ES ER UD PEER ET REMEUTT T PEER MT CORRE QE A CCE EEE COS MEET EE PEER
(:) Ce reproche n’eft pas nouveau. Le favant M. Cronfted eft un de ceux qui s'eft
le plus récrié contre l'abus & contre les méprifes des Naturaliftes qui écrivent avant
d'avoir appris à obferver; & ce nombre fe multiplie chaque jour,
qu'on
NPA DETETIRRR ENTIER UE. 333
w'on voit fouvent la belemnite changée en filex, en agathe , quelque-
Lois en fpaths calcaires ; mais il ne devoir pas laiffer fubfifter l’équivoque,
Je fuis, &c.
R É®..0 :N:S:E à
De M. le Colonel DE BREQUIN, fur la nouvelle Balance placée par
M. MAGALHAENS, dans une des cours de l’Hôcel d’Aremberg
à Bruxelles, en Février 1773 (1).
Ce nouvelle balance eft très-bien imaginée & elle doit être extrème-
ment commode & jufte. M.de Magalhaens a agi très-fagement , en travail.
lant à en diminuer le frottement. C’eft en cela que confifte la perfe&tion
des balances & de routes les machines en'général. Les balances ordinaires
ont plus de frottement qu’on ne croit ; elles exigent des bras parfaitement
égaux ; la pointe de l'aiguille doit être dans une parfaire égalité des deux
points de fufpenfion; & comme l’homme n'a jamais rien fait de parfait,
il s'enfuit qu’on ne trouve point de balances parfaitement juftes : mais
puifque celle-ci doit avoir fes bras inégaux , que celui du contrepoids
ou puiflance doit excéder dans le plus grand nombre de cas celui de la
réfiftance , elle doit avoir moins de frottement que les autres. J'ai une fi
haute idée de certe nouvelle balance , que j'en fais conftruire une confor-
me au deffein ci-joint (PZ. I. ) qui fera pour pefer so livres en deux fois
avec le mème cadran. Elle fera fuivie de deux autres; la plus petite ne fera
que pour des pefées qui n’excéderont pas une livre, & l’autre fera pour dix.
Le levier #c du contrepoids fera de trois pieds , les rourillons de deux
lignes de diametre ; ils feront pofés fur trois roulettes , dont celle d’en-
bas aura deux pouces de diametre, & les deux autres chacune neuf lignes
avec des tourillons de © de ligne : felon ces dimenfons, cette balance
doit trébucher avec quinze grains À; la plus petite des deux autres doit
trébucher avec un peu moins d’un tiers de grain.
Je penfe comme M. Magalhaens , qu'il faut, pour plus de précifion ,
fixer le cadran au corps de la balance. Celle que je fais conftruire aura un
(2) Voyez le Cahier de Septembre 1773, page 253.
Tome IL, Parcie X, Vy
T'ARRIR TS: >
index À fixé à l'extrémité d’un des tourillons , & dont le peu qu'il pefera
fera an fecond contrepoids. ë
Il me femble qu’en faifant faire un angle de 150 à 15 5 degrés aux deux
bras ab, bc, les premieres & les dernieres divifions du cadran feroient
trop inégales entr'elles ; & que les fous-divifons feroient fi près les unes
dés autres, qu’on auroir peine à les diftinguer ; car fi le levier a # vaut,
par exemple, 100000 parties, & que l'angle a bc foit de 155 degrés au
commencement, le levier a fera réduit à la longueur db de 42261; &
fi ce même angle eft de 1 s0 degrés pour le plus petit poids 4 2 fera réduit
à $0000 , moitié de fa longueur ; puis, en continuant de defcendre ces
$c005 doivent augmenter théoriquement dans la raifon des finus des
angles formés par le levier a & par la direétion du bañin fur ce levier ;
de forte que quand il arrivera en e,, la difection du baflin fera perpen-
diculaire à l’extrémité du levier, & celui-ci agira avec une force doubie de
gb, qui eft toute la valeur de a 4. En continuant de chatgér le baffin , il
continuera de defcendre & d’entraîner avec lui le point a; & plus ce point
s’éloignera du pointe, plus la valeur de 48 fera diminuée fans lefrottement.
Cette diminution au deflous du pointe, comme l’augmenation au deflus,
feroit dans le rapport des finus des angles marqués-ci- deflus : mais,
comme plus le baflin eft chargé, plus le frottement eft grand ; il s'enfuit
que dans la pratique, qui eft la divifion du cadran, les divifons corref-
pondantes tracées par la marche du point 4 jufqu’en e, doivent ètre un
peu plus grandes que celles qui feront tracées par la marche de l'ex-
trémité a, deeen/f; c’eft-à-dire que fi, par exemple, il fauc 25 livres
pour atrirer l'extrémité a de aene, qui fait ici un arc de 60 degrés,
so livres devroient conduire le point a jufqu’en f, & lui faire décrireun
aïc ae f de 120 deotés, & les arcsae, e f de 60 degrés chacun; a e aura
infailliblement certe valeur, fi l'angle a 4 c eft de 150 mais je fuis afluré
d’avance que l'arc e f aura quelque chofe de moins, ainfi que tous les
autres arcs correfpondans , comme, par exemple; fi quand le point a elt
arrivé en e, l'index marque 25 livres fur le cadran ; & que quand a eft
parvenu jufqu’en f, l’index en marque $o. Les divilions intermédiaires,
correfpondantes & également diftanres des points a & f, ou comme de zéro
à 10, & deyoa jo, celle de 10 à 20 & de 30 à 40, &c. Je prévois que
la diftance de zéro à 10 fera un peu plus grande que celle de 40 à jo; que
celle de ro à 20 furpaffera un peu fa correfpondante de 30 à 40, & aïnfi
des autres, à caufe du frottement; & celui qui parviendra à rendre ces
divifions correfpondantes égales entr’elles, pourra fe flarter d’avoir anéanti
le frocrement, ce qui ne me paroît pas poflible,
Si donc ces divifions fe trouvent parfaitement égales entr'elles au ca-
dran de la balance qui eft dans la cour du Palais d’Aremberg à Bruxelles,
elle n'a aucun frottement; elle eft parfaire & urique dans le monde en-
uier ; mais il eft bon d'obferver que le cadran eft divifé proportionnel-
LA DIR ICT ES: 335
lement à ce frottement : il-ne peut donc point caufer d'erreurs; &
c'eft encore un mérite de plus qu’a cette balance, peur- être que ce
mérite m'engagera à ne point mettre de roulettes aux petites balances.
Comme la balance que je fais conftruire eft pour mon propre ufage ,
. & que j'ai le rapport des poids étrangers dans mes livres, je ne marque
point ce rapport fur le cadran , qui pourtant contiendra deux arcs gra-
dués : le premier marquera dans la grande balance depuis zéro jufqu’à
2$ livres, & le fecond , depuis 25 jufqu’à so. Après avoir divifé le pre-
mier arc pour 2 livres , je rapprocherai , comme M, Magalhaens le point
de fufpenfion du baflin vers #, & j'ajouterai un fecond contrepoids 4
affez fort pour ramener l'index à zéro; enfuite je continuerai jufqu’à so
livres. Il eft fous-entendu que le fecond contrepoids ne fera employé que
pour pefer depuis 25 jufqu’à so livres ; & pour n'avoir pas des divifions &
des fous-divifions trop inégales entr’elles , je ne donne que 138 degrés à
l'angle a be, & je ne fais décrire à l'index qu’à peu-près un quart de cer-
cle; alorsles arcs ae, ef feront chacun de prefque 45 degrés. L'arc ef
ne peut avoir 4$ , qu’en indiquant plus du double du poids que l’arc ae.
Et, fans en avoir l'expérience, je fonpçomne , je crois même que je ren-
contrerai des difficultés dans la divifion du fecond arc du cadran; car je
ne dois pas trop approcher le point de fufpenfon de la balance du centre 4.
Le baflin &le bras du contrepoids s’embarrafferoient ; mais fi, pour éviter
cela , je fais le bras d’un fecond contrepoids trop long , la balance fera
embarraffante. Il pourreit donc m’arriver , qu’en voulant divifer ce fecond
arc de 25 à 50, je crouverai qu'il peut l'être au-delà de 100. Ici l’expé-
rence peut feule donner les vrgies combinaifons. Et ,pour mettre à profit
l'excellente idée du rapport de poids, je me propofe de faire une ta-
ble qui du premier coup d’œil.indiquera ce rapport; & j'en ferai pré-
fent à deux Commerçans de.mes amis. Je fuis furoris qu'on n’en trouve
point d’imprimées ; elles feroient d’un bon débit.
Il me femble qu’une balance comme celle dont il s’agit, feroit plus
utile pour les expériences hydroftatiques, que les balances qui en portent
le nom; mais elles devroient ètre confruites exprès , & avoir leurs divi-
fions décimales (1).
(x) La chappe I M fera de deux pieces diftantes l'une de l’autre d'environ un demi-
pouce, qui eft à peu-près l'épaifleur qu'il convient de donner aux bras 44, be. Ces
pieces feront affermies par quatre clous 1, 2, 3 & 4 qui feront placés convenable
blement pour que le bras a & puille defcendre aflez bas, & 4e monter aflez haut,
Les contrepoids pourront être lenriculaires, plus ils feront éloignés du centre 8 ;
moins ils auront de mafle, moins il y aura de frottement, & moins ilen faudra pour
faire trébucher la balance.
2€
Vvij
336 DEP AU APTE
r
REP RONNNIES TE
De M. le Colonel & Ingénieur DE BREQUIN, aux réflexions de
M.MAGALHAENS, fur la Sonde que le premier a inventée(x).
JE fuis extrèmement fenfible à la bonne opinion que M. Magalhzens a
conçu de la fonde que j'ai inventée ; j’ofe l’affurer , que dans ma derniere
commiflion en Moravie , elle m’a été d’un très-grand fecours ; & en pareil
cas je ne pourrois plus m’en paffer. C’eft pourquoi j’ofe croire qu'elle fera
plaifr & fera utile à des obfervateurs exacts. L'envie que j'ai & que j'aurai
toujours d’être de quelque utilité au Public,m’engage à remercier M.Ma-
galhaens de l’avoir confignée dans le Journal de Phyfique.
Une chofe qui pourroit étonner M. Magalhaens , c’eft que pendant
qu'il écrivoir que cette fonde pourroit tracer elle-même le profl d’une
riviere , je l’éprouvois en grand avec une roue à palette & une roue den-
tée femblable à celle dont ii pätle; mais, au lieu de cheville , je me fuis
fervi d’un levier coudé , dont un bras communiquoit à la fonde , &
l'autre , à une regle mobile fur un centre, & marquoit fur une table,
avec un crayon, les endroits où l’eau étoit comme morte , où elle
avoir peu de rapidité, & un fond fabloneux ou vafeux, elle traçoic
exactement; mais où l’eau étoit fort rapide, & où le fond étoir graveleux,
pierreux , & où il y avoit beaucoup de troncs d'arbres, le crayon fautil-
loit continuellement ; il s’émoufloit à chague inftant, & dellinoit très-
confufémenr. Comme j’avois prévu quelque chofe de femblable , j’avois
auñfi fait des difpoñtions pour tirer de cette machine tout l'avantage pof-
fible , en faifant conftruire la roue , de façon que chaque révolution fût
d’une roife jufte. Je fs pofer deux pitons diamétralement oppofés à la
roue dentée, qui ne faifoit qu'un tour, tandis que la roue à palette en
faifoit dix : le premier piton faifoit lever un petit marteau qui frappoit fur
une clocherte qui indiquoit cinq toifes; & le fecond piton faifoit fonner
une clochette d’un fon plus grave ; & celle-ci annonçoit dix toifes. Par-
tour où l’eau n’étoit pas extrèmement rapide , ces clochertes m'ont très-
bien fervi pour marquer les fondes à des diftances égales; mais là où l’eau
étoit fort rapide , & où la vireffe du bateau étoit ou égale ou moindre
que celle de l’eau, la roue ne tournoit pas dans plufieurs endroits, &
elle ne marquoit que l'excès de la vicefle du bateau fur celle de l’eau;
mais comme on peut tirer parti de tout, & que nous étions féparés
des Batehers par unecloifon, les clochettes nous avertifloient chaque fois
0
(x) Voyez le Cahier de Juillet 1773, page 64,
APRRTIT 8; : : 3 ?
qu'ils faifoient les pareffeux, de forte que cette machine a abrégé notre
Commiflion de plus de huit jours. £
rm,
. RAR D DR RO ER ET
Fait à l'Académie Royale des Sciences ;
Par MM. le Chevalier d'ARCY & BAUMÉ, du Mémoire de M. GRI-
GNAN , Maître des Forges à Bayard, Correfpondant de l’Académie
& de celle des Belles-Lettres ; fur une nouvelle Fabrique de Canons d’Ar-
tillerie , de fonte épurée , ou de régule de fer.
L'a UTEUR, d'après les obfervations qu'il a faites, confidere le fer
exçrait de fes mines, fous quatre états différents quil défigne fous
quatre dénominations.
1°. 1] nomme matte de fer, la fonte crue & blanche ; 2°. fonce de fer,
Ra marre ci-deffus plus épurée ; celle-ci eft grife. 3°. Il nomme regule de
fer, la Fonte de É qui æ été Cpurée par une nouvelle fufion & par la
macération. 4°. Enfin le fer , ou le fer forgé ordinaire. Il rejerte l’expref-
fion de fer fondu , parce qu’elle ne lui paroît pas fuffifamment propre à
faire connoîre l'érat dans lequel fe trouve le fer après la fufion de la
mine,
Ces obfervations nous paroillent fort exactes ; l'Auteur les a données
d'après des obfervations qui lui ont fait connoître les différens états par
où palle le fer , depuis la fufion de la mine qui fournit le fer fondu , juf-
qu’à la converfion de ce même fer fondu'en fer forgé ; il examine les
qualités du fer dans ces différens états.
L’Auteur fait voir qu'il y a peu de mines de fer qui ne contiennent
d’autres fubftances métalliques, fingulierement du zinc ; & quelquefois
de l'or & du cuivre. Ces métaux étrangers font partie du fer immé-
diatement après la fufñon de la mine, & communiquent des qualités
aigres & callantes au fer fondu qui en provient. Nous croyons cepen-
dant que le foufre eft une des caufes principales des qualités aigres &
caffantes de la fonte de fer. C’eft à cette fubtance que ce métal doit fa
fufbilité & fa féparation d'avec la gangue pendant la fufon de la mine.
On ajoute pour cette raifon des pyrites , afin de faciliter la fufion des
mines de fer, qui ne font pas aflez fulfureufes pour fondre feules.
La matte de fer, fuivant l'Auteur, eft la fonte de fer telle qu'on la
retire auflirôc la fulion de la mine & qui n’a point eu le rems de s’é-
purer: elle contient la plus grande quantité des métaux étrangers au
fer dont la mine étroit chargée. La matte eft blanche, cryftallifée en
JayOnS convérgens , comme la pyrite martiale : elle eft de la fonte de fen
-_
238 A SR Ti :SÙ
dans l’écat le plus défectueux poñlible pour former des canons parce qu’elle
eft fort aigre & fort caflante.
La fonte de fer eft orife , dit l’Auteur; elle eft de la matte de fer un
peu plus épurée : elle eft pefante, argentine , fragile, fonore & a l'ai
greur des demi-méraux. C’eft de certe matiere qu'on fait ordinairement
les canons de fer; mais elle eft bien fujette"à varier. Celle qu’on ob
tient des mêmes mines de fer & par les mêmes procédés , n’eft jamais
de même qualité pendant le coulage ; elle varie de laigre au doux &
elle eft fufceprible des nuances intermédiaires , qui font relatives à des
circonftances difficiles à découvrir. Ils rapportent pour exemple , que des
enclumes qui pefent environ deux mille quatre cents livres, & qu'on
coule avec cette matiere , font de fer plus doux & plus rendre dans leur
partie inférieure que dans leur partie fupérieure. 1] en eft de même, dic
l’Auteur , des plaques de fonte que l’on coule fur du fable. Les premie-
res coulées faites avec la furface du bain, font fouvent rrès-fragiles, tan-
dis que celles qui font formées avec le fond de cette même fonte , font
au contraire d’un grain plus fin, plus ferré , & d’une plus grande foli-
dité; conféquemment, conclud l’Auteur , la mafle d’un bain n’eft pas
uniforme. On s’eft encore afluré de cette hon-uniformiré en faifanc
fcier des canons par tronçons ; on a obfervé que la matiere n’étoit point
uniforme , & qu’elle ne paroifloit que juxtapofée. Ce font ces défauts ,
dit l’Auteur, qui font caufe que les canons de fer font fi fujets à crever.
C'eft pour remédier à tous ces inconvénients qu’il propofe de faire des
canons avec du régule de fer.
Le régule de fer eft de la fonte de fer tellement épurée , qu’elle eft
toute prête à devenir fer forgé pour peu qu’on la fafle chauffer.
L'auteur nous a remis un'échantillon de régule de fer, qui eft dif-
pofé à grandes facettes, à peu-près femblables à celles du bifmuth ou
du régule d’antimoine , & il contient dans certains endroits beaucoup
de filets d’amianthe.
L’Auteur propofe pour obtenir le régule de fer , propre à former de
meilleurs canons, de prendre de préférence des mines de fer dont la
gangue eft calcaire , telles que font certaines mines de fer de Lorraine,
d’Alface , de Franche-Comté, de Bourgogne, du Berry, &c. de rejet-
ter celles dont lg gangue eft quartzeufe , ou celles qui font unies à du
fable , & de rejetter de même les mines de fer pyriteufes.
Il eft vraifemblable de croire que ces raifons, de préférence de la part
de l’Auteur , font fondées fur des obfervations de pratique qu'il a faites ,
& dont il a rendu compte dans d’autres mémoires fur la même matiere.
L’Auteur donne un procédé très-bien détaillé pour fe procurer le
régule de fer. Il confifte d’abord à faire fondre la mine dans des four-
neaux fuivant la coutume ordinaire. Lorfque la fonte eft bien épurée,
on la coule dans une cuve conique qui eft traverfée par un courant
ÆUOR: TE S 39
d'eau , afin de réduire la fonte en grenailles : on fait plufñeurs fontes fem-
blables pour fe procurer affez de fonte de fer dans cet état. Lorfqu’on
en a fuffifamment, l’Auteur recommande de la faire fondre de nou-
veau dans un fourneau fait exprès , dont il donne les dimenfions & qu'il
nomme fourneau de macération.
Lorfque la fonte eft en bain , on fait couler les fcories, & en trois
tems différens , on ajoute à la matiere fondue huit onces de nitre pur &
exempt de fel marin, par chaque quintal de fonte de bonne qualité.
Pour faire cette addition commodément, l’Auteur recommande d’in-
troduire ce fel dans un tube de bois emmanché au bout d’un ringard de
fer de fonte, On promene ce tube dans le bain le plus uniformément
qu'il eft poñible.
L'effer du nitre, fuivant l’Auteur, eft 1°. de détruire par fa déflagra-
tion une portion de ce principe furabondant ; qui approche la fonte de
l'acier , d’où elle tire en partie fon état de fragilité ; 2°. d'enlever le zinc
qui ne fe feroit pas fublimé pendant la premiere fufion.
On reconnoït que la fonte a acquis l’état régulin par la diminution
des fcories ; alors on coule la fonte dans le moule pour en former les
canons. L’Auteur entre dans les détails cenvenables fur les précautions
qu'il convient de prendre pour couler les pieces avec fuccès , & pour évi-
rer les accidens qui peuvent arriver.
Il propofe de faire enfuite recuire les pieces coulées dans un four
chauflé avec du bois pendant douze heures, & de les laiffer réfroidir
entiérement dans le fouf : on porte enfuite les pieces à l’alezoir ou au
forêt pour y être achevées.
Enfin le fer parfait fait le quatrieme article du Mémoire de M. Gri-
gnon ; l’Auteur donne peu de remarques fur ce métal dans fon état de
pureté ; ce n'étoit point fon cbjer.
Nous ne pouvons nous difpenfer de dire que nous ne fommes point
de l’avis de M. Grignon, lorfqu’il dir que le nitre qu’il recommande
d'ajouter au regule de fer pendant la fufon , fers à priver la fonte de ce
principe furabondant qui approche la fonte de l'acier , d’où il tire en partie
fon état de fragilité. Nous penfons que la fonte doit fa fragilité au foufre
qui eft avec le fer; l'effet du nitre eft plutôt de détruire une partie de ce
foufre combiné avec le fer. L’acier n’eft point fragile & necontient point
de foufre ; il n'acquiert la qualité aigre & caffante que par la trempe.
Nous croyons encore que l'Auteur a un peu trop avancé, lorfqu'il
dir que du fer forgé devient acier quand on le plonge dans de la fonte
de fer; il fonde fon fentiment fur ce que de pareil fer devient aigre
& caffant. C’eft une erreur dans laquelle eft tombé M. de Rézumur. Le
fer s’aigrit dans cette occafion, parce qu'il fe combine avec du foufre
qu'il prend dans la fonte de fer ; il redevient plus ou moins dans l'état
de fer de fonte; c’eft la raifon pour laquelle le fer forgé, dans cette
immerfon, devient aigre & caflant.
349 A RUN 6
La diftinétion que l’Auteur fait des quatre états du fer nous paroït
très-exacte, & conforme aux échantillons qu’il nous en a fait voir. Le
régule de fer qu'il propofe , au lieu de fonte de fer, pour en former
des canons ; nous paroît mériter la plus grande attention. Le fer réduit
en cet état fe rapproche beaucoup de la douceur & de la ductilité du fer
forgé , & doit néceffairement former des canons qui feront moins fujets
à crever par l’explofon de la poudre ; mais comme il feroit difficile de
former des canons avec du fer déjà dans fon état de régule, à caufe
de la difficulté de fufon, l’Auteur recommande de prendre la fonte
lorfqu'elle eft parvenue à cet état régulin dans le fourneau de macération,
& de profiter de fa fufñon pour couler les canons qu’on veut former ;
fans cette précaution , le fer ne pourroit abfolument couler ; ileft certain
que le fer parvenu à cet étar fi voifin du fer forgé, aura de la peine à couler
librement dans les moules ; cependant l’Auteur dit être affuré des fuccès.
Quoiqu'il en foit , nous penfons que cet objet pour l'artillerie mérite
l'attention du Gouvernement , & qu’on faffe faire des expériences , non
en petit ni en petit nombre , maïs au contraire fur les plus gros calibres &
en nombre fuffifant. Un changement dans la fabrication des canons eft
trop effentiel pour n’ètre pas conftaté par des expériences en grand , réi-
térées & crès-fuivies.
M > EM Oui RE
De M. GUERIN, fur une Etuve économique , dont il a préfenté le modele
au Bureau de Brive , à la féance du Lundi 10 Février 1769 (i).
Gss éruve aura dans fa jufte dimenfion 19 pieds d’élévarion fur 12 de
largeur dans œuvre & au quarré ; les murs en doivent être doubles.
Le rez-de-chauffée fera occupé en partie par un emplacement d'un four
deftiné à cuir le pain de ménage, & à fervir en mème-rems de four-
neau à l’étuve; au lieu d’une voûte en brique , ce four ou fourneau fera
terminé & furmonté par un chapiteau ou grande calotte de potin de
cinq pieds de diametre & d’un pouce d’épaiffeur (2).
L'efpace intérieur d’élevation fera divifé en quatre étages , dont le
(1) Pour mieux juger de la nécellité de cette étuve , 1l faur comparer ce que nous
avons dir tome III, partie Il, volume de Décembre 1771 , fur la méthode pour fécher
les charaignes, pratiquée dans les Cévenes, avec la defcription du Séchoir; & {ur la pré-
paration des chataignes pour les dépouiller de leur peau intérieure , fuivant la méthode
établie en Limofin , décrite tome IV, page 1, volume de Janvier 1772.
(2) On pourroit, ce me femble , rendre le four banal & la cuiffon du pain gratuite
aux voilins ( dans les lieux ua peu habités ) & par eux fourniffant le bois néceflaire à
leur ufage : par ce moyen, plus le four feroit achalandé, & moins chaque voifin y
coafommeroit de bois; & le propriétaire fe trouveroit n'en dépenfer que très-peu pour
fécher (es denrées dans l'étuve, k :
preinier
PRET. 347
premier fera à fept pieds du rez-de-chauflée , & les autres enfuite à
trois pieds de diftance les uns des autres , les foliveaux compris ; le
plafond fupérieur doit être à la mème diftance que les autres étages, &
doit ètre cerré pour empêcher l’évaporation de la chaleur intérieure :
on pourra très-bien pratiquer un colombier ou petit grenier , ou mieux
encore une ferre à fruits fecs au-deflus ; l’échappée de la fumée fe fera
par une cheminée pratiquée dans le mur , qui aura fa fortie au troifieme
ou quatrieme étage; on pourroit très-bien aufli, ( mais cela feroit plus
coûteux , ) pratiquer un tuyau de tôle qui feroit placé dans l’éruve & le
long du mur, & qui auroit fa fortie au quatrieme étage , au moyen
de quoi la chaleur de la fumée contribueroit à entretenir celle de l’étuve.
Les quatre étages indiqués peuvent être rendus amovibles & faciles
à remplacer ou à réparer au befoin , fi, en bâtiffant doubles les murs de
conftruétion , on a foin de faire placer des bouquets faillants de fept
pouces en dedans, de pierre franche , d’efpace en efpace, de quatre en
quatre pieds aux diftances marquées, pour pouvoir y appuyer les foles de
chaque étage (1).
Différentes utilités de l’étuve.
L’utilité principale & particuliere d’une telle étuve , fera d’y fécher plus
penses , en plus grande quantité, & à bien moindres frais (2),
es châtaignes , le gland & les noix, fans leur faire contracter certe cou-
leur, & fur-tout cetre odeur de fumée inhérente à la pratique ordinaire
de ce pays. On pourroir y faire fécher également les bleds d’Efpagne,
farrafins & feves de haricots, pour lefquels les greniers ordinaires fuffi-
fent à peine dans les automnes pluvieufes , &-même les bleds d’hyver
quelconques , avant de les porter au moulin. Tout le monde fent le bon
effet que ce dernier article peut produire.
Les prunes , poires, figues , railins peuvent y être féchés dans des cor-
beilles ou paniers fufpendus au-deflus du four , à une diftance propor-
tionnée au degré de chaleur néceflaire à chaque objet pour le bien fécher,
fans l’expofer à êrre brûlé,
Cerre étuve me paroît plus convenable qu'aucune autre invention que
je connoiffe pour étuver les cocons des vers à foie : aucun animal ne
fauroit y réfifter deux jours : on fera donc für d’étouffer les vers, fans
(x) Je ne voudrois point les poutres ou traits enchâflés dans le mur, afin qu'en cas
d'un intendie on püt remédier plus facilement au danger, ou réparer après coup ce qui
auroit été endommagé. On pourroit encore , ce me femble , faire des claies à rebord ,
qui porterotent d'une folive à l'autre , pour y ranger & diftribuer à fon gré les produc-
tions que l'on voudroir fécher, on auroit par-la une grande facilité pour le fervice de
l'étuve.
(2) L'épargne fe trouve & fur la quantité & fur la qualité du bois ; toute forte de
bois, méme Jes plus petits débris & la bruyere pourront fervir à alimenter l’étuve.
Tome II, Part. X. Xx
AT | Æ RU ENS j
rifquer de brûler les cocons ; ce qui n’eft que trop ordinaire, & caufe ur
déchet confidérable dans la pratique ufitée de fournoyer.
Le gland bien féché dans mon étuve pourra fe conferver plufeurs an-
nées, Il fera plus facile à être réduit en farine , dont on fera de l’eau
blanche pour les bœufs & les cochons à l’engrais : on poutroit mème en:
donner aux chevaux.
Les châtaignes & les marons bien conditionnés , & fans aucune odeur
de famée , en feront plus propres à être tranfportés au loin, fans aucun:
rifque de fe gâter. Cer objet joint aux autres fruits fufceptibles d’être
confervés après leur préparation dans l’étuve , peut dans la fuite former
une branch: intéreffante de commerce pour ce pays.
Cette éruve peut avoir encore bien d’autres utilités que les occafions &
l'induftrie particuliere feront affez connoïître , & que chaque Particulier
intéreifé faura développer & s'approprier au befoin.
Maniere de fe fervir de l’étuve..
Il fera bon que l’étuve foit un peu chaude avant d'y mettre des:
châtaignes & autres fruits, Le moyen le plus commode pour les porter
dans les derniers étages , c'eft d’attacher une poulie à la derniere travée ,
d'y paffer une corde, au bout de laquelle il y aura un crochet avec lequel
on accrochera le fac & le panier : par ce moyen on l’enlevera facilement à
la hauteur qu’on jugera à propos; on arrètera la corde en bas à un taquet,
& enfuite on montera décrocheter le fac où panier , que l’on vuidera fur:
l'étage : certe manœuvre eft fimple & facile.
On commencera par garnir de châtaignes les demi-étages d’en-bas (1),.
& le premier étage au deflus du four; & lorfqu’elles feront à moitié
feches , on les portera dans les étages les plus élevés & les moins expofés
à la chaleur : on continuera la même manœuvre jufqu’à ce que l’étuve
foit remplie.
Lorfqu'on voudra travailler dans l’éruve, & qu’elle fera très-échauffée,
il fandra prendre la précaution , une heure avant d'ouvrir la porte , la
œappe, & même la fenêtre du grenier, afin de laiffer évaporer la plus
grande chaleur, & d’avoir du jour pour travailler. On n’oubliera pas de
bien s’envelopper en fortant de l’étuve,
S’ilarrivoir que l’éruve fût trop échauffée, on ouvriroit le guichet de la:
porte ; une heure après on fe découvrira le bras ; on le paffera dans l’étuve
par le guichet, pour juger du degré de chaleur. Si ce moyen ne fufñifoic
pas, on montera ouvrir la trappe du plafond.
S'il artivoit au contraire qu'indépendamment d’un bon feu , l’étuve ne’
s’échauffât pas affez, cela viendroit , à coup für de ce que l’air y entreroit
ne DE 04e D AR De cela AD 0 0 te tL70i) 28hes
(+) Jedis le demi-étage d'en bas, parce qu'on peut y en pratiquer trois de chaque
côté , les uns für les autres, à droite & à gauche de la porte. On leur donnera très-peui
> 114 ñ en n : , 2 P È Ati ÿ
délévation , n'étant pas néceflaire d'y entrer pour Les garnir de châtaignes.
MACRT TE Se 343
par quelqu’endroic , on remédiera à cet inconvénient , en tenant toutes
les ouvertures bien clofes , & en metrant en dedans de Ja porte un rideau
de groffe éroffe ; il faut , aurant que faire fe peut , éviter d'ouvrir la porte.
Quand on voudra faire fécher du bled, on étendra un gros drap fur
l'érage le plus expofé à la chaleur , & en même temps le plus à portée;
ony enr le bled qu’on remuera de temps à autre.
ONBISVENRET A TMONNISS,
La raifon pour laquelle il ne faut point mettre les folives dans
les murs, comme je l'ai déjà infinué; c'elt qu'en cas que le feu vine
à prendre dans l’étuve, le dommage feroit bsaucoup plus facile à réparer ;
on préviendra ce malheur , en empèchant qu'il ne tombe rien de com-
buftible fur la calotre du four, & en balayant fouvent autour de ce four.
Une attention néceflaire pour la folidité de l’éruve , eft que chaque
chevron foir enmortaifé dans chaque trait , & forme une ferme; enfin,
le faîtage fera pofé fur un angle, & non à plat, pour empècher les
fouris & les rats de s’y nicher? C’eft une attention qui coûceroit peu aux
Charpentiers , & qui feroit néceffaire dans les greniers à bled , parce que
les rats ne peuvent atteindre à cet endroir,
Quoique le four & l’étuve foient analogues , il peut fetrouver des per-
fonnes qui auroient des raifons pour ne pas déplacer leur four, où qui
ciaindroient quelque inconvénient pour la cuiflon du pain :en ce cas, on
peut , au lieu du four , y fubitituer un coffre de fer, de trois pieds de
longueur fur deux de largeur, qui s’ajuftera dans l'étuve, à l’endroit où
feroit le four ; on pourroit même y mettre l’un & l’autre, & faire la voûre
du four en brique. 1
Le prix moyen d’une étuve de cinq érages , compris celui du pigeon-
nier , peut être d'environ $co livres, en achetant tous les matériaux au
prix qu’ils fe vendent à Brive. Si on fe borne à trois étages , la dépenfe
pourra aller à 300 livres. Si on ales matériaux chez foi , comme cela eft
allez ordinaire, la dépenfe fera bien moindre. Ce fera encore un bien
plus perit objer pour ceux qui ont des féchoirs fufcepribles d’être arrangés
fuivant ma méthode.
Les perfonnes qui ne craindront pas la dépenfe, feront très-bien de
faire crépir & blanchir l’étuve en dedans ; elle en fera plus folide, plus
chaude & plus claire. S'il arrivoit que la calotte du four ne tint pas aflez
long-remps fa chaleur pour cuire le gros pain , on pourroit remédier à
cet inconvénient , en élevant un petit mur autour du four , en forme de
rebord , pour fervir de retenue à une certaine quantité de fable dont on
couvriroit la calotte du four lors de la cuiffon du pain i cette cuiffon finie,
on retireroit le fable avec un rareau, & on le rangeroit tout autour, o4
près du petit mur , pour laiffer la calotre à découvert, & faciliter la cha-
leur de monter dans l’étuve,
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NOUVELLES LITTÉRAIRES.
VEfrise de l’Académie Royale des Sciences , année 1970 , de l’Im-
primerie Royale. À Paris, chez Panckoucke , Hôtel de Thou, rue des
Poitevins. Ce volume renferme dans la Phyfique générale les Mémoires
fur les Solfarares des environs de Rome, fur la nature de l’eau , fur la
déclinaifon de l’aiguille aimantée , le pétrole de Parme, les barres métai-
liques préfervatives du tonnerre , la comparaifon d'un morceau de bois
foflile trouvé à Saint-Germain-en-Laye, avec le jayer ; & des obferva-
tions de Phyfique générale. Les differtations anatomiques ont pour objet
les parties de la génération de la femme , la ftruéture du canal thorachi-
que & celle du réfervoir du chyle; divers points d’Anatomie ; quelques
conformations monftrueufes des doigts dans l’homme , & diverfes obfer-
vations anatomiques. La Chymie traite de la calcination des métaux, de
la pierre calaminaire , des mines en général, & en particulier de celles
de Cornwall ; la Géométrie , des équations aux différences ordinaires ,
finies & partielles ; l'Aftronomie, de la parallaxe du foleil, déduire du paf-
fage de Vénus, du 6 Juin 1762 ; des obfervations faites en Californie;
du diametre du foleil qu'on doit employer dans le calcul du pañlage de
Vénus , du pañlage de Vénus fur leSoleil ; de la théorie de la comere qui
a paru au mois d Avril 17659 ; des éclipfes fujertes aux parallaxes ; la diop-
srique, des lunerres achromatiques; la méchanique des filatures des foies,
des machines & inventions approuvées par l’Académie : enfin ce volume
eft rerminé parles éloges de M. l'Abbé Noller, de M. Rouelle, & par
celui de Milord Morton,
Examen de la Poudre, traduit de l'Italien , par M. le Vicomte de Fla-
vigni. 1 vol, in-8°, de 24e pages & de neuf belles gravures. A Paris, chez
Ruaule, Libraire, rue de la Harpe. M. d’Antoni eft l’Aureur de cer ex-
cellenc Ouvrage; la traduction Françoife n’a aucunement diminué l'éner-
gie & la beauté de l'original, le vœu du Public eft que M. le Comre de
Flavigni fafle connoïtre les autres traités publiés par ce célebre Italien.
Precis des Recherches faires en France depuis l’année 1730 pour la déter-
mination des longitudes en mer , par la mefure artificielle du temps ; par
‘M. le Roi, Horloger du Roï; un Cahier 27-4°, de so pages. Chez Lebre-
ton , Imprimeur du Roi, rue de la Harpe; & chez l'Auteur , rue du Harlay.
© Æiémens d'Oryétologie , ou Diftribution méthodique des foffiles ; par.
M: Bertrand: 1 vol. ër-8°. À Neufchatel, de l’Imprimerie de la Société
Typosraphique, Le nom de l’Auteur fuflit pour annoncer Le mérite de ce
K |
pt
PARENT MENT TURN EL S. 345
Ouvrage imprimé avec foin. Neuf claffes en forment les divifions. Les
terres argilleufes & alkalines forment la premiere ; les fables vitrifia-
bles, calcaires , argilleux , réfractaires , calcinés , métalliques , la feconde ;
les pierres argilleufes , comme les asbeftes, les micas , les tales , les pier-
res ollaires , les roches cornées, les fchiftes compofent la premiere divi-
fion de la troifieme clafle; les pierres à particules indérerminées comme
les pierres à chaux , les marbres , les craies à particules cryftalifées, les
fpaths , les ftalactites à particules réunies par une concrérion , les albâ-
tres alkalins , les craies alkalines, les concrétions alkalines , le fecond
genre de la troifieme claffe ; le quatrieme genre, les gypfes, les albâtres
gypfeux ; le cinquieme , les pierres médiaftines; le fixieme, les pierres
vicrifiables filiceufes , eryftallines, quartzeufes, fabloneufes, compofées.
La quatrieme claffe eft confacrée aux fels , l’alun , le vicriol , le baurach,
les fels neutres, le nitre, le fel commun, le fel ammoniac , le borax. La
cinquieme traite des pyrites confidérées , quant à leur figure , à la diver-
fité des couleurs & à la différence des matieres qu’on en peut retirer. On
trouve dans la fixieme l’ordre des demi-méraux , l’arfemic , le cobalr , le
bifmurh , le zinc, l’antimoine , le mercure. Le plomb, l’érain, le fer’,
la platine, le cuivre , l'argent & l'or divifent la feprieme. La huirieme
renferme les fubftances inflammables, comme les bitumes , les foufres
& les foufres détruits par le feu. La neuvieme enfin traice des fofliles
étrangers ou pétrifications animales & végérales. Tel eft l’ordre de cet
Ouvrage vraiment élémentaire & digne , à tous égards, de la réputation
de fon Auteur. L’Auteur nous permettra-t-il une feule réflexion, Le mer-
cure avoit jufqu'a préfent été compris dans le nombre des méraux, &
cependant il le place le dernier des defni-métaux. Certe fabftance fingue
liere une fois exclue du premier ordre n’auroit-elle pas dû faireune clafle
à part , puifqu’elle jouit de plulieurs qualités des métaux & des demi-mé-
taux ? Sa ralcabiliré par un grand froid fembloit l'avoir définitivement
fixée parmi les métaux. La platine encore trop peu connue auroit pu for-
mer avec le mercure une clafle mitoyenne , mais cet arrangemer eft aflez
indifférent , quandil s’agit uniquement de cluler les fubftances du Regne:
minéral.
Hiftoire univerfelle du Regne végétal, pat M Buchos. A Paris, chez
Coftard , Libraire, rue Saint-Jean de Beauvais. L'Aureur vient de publier
la quatrieme & la cinquieme centurie des planches , & dans le courant de
Novembre ou de Decembre prochain 1l délivrera la fixieme. On ne peut
être plus exaét à remplir fes engagemens; & c’eft prendre le parti le plus
fage pour farsfaire à l’empréllement du Public, que de commencer à
donner les gravures qu'on attend toutours trop long-remps dans les en-
treprifes en ce genre. Ces deux centuries préfenrénr vingc-trois planches
neuves de la plus grande beauté pour la gravure, & de la derniere préci=
fion pour les caracteres botaniques. On iera peut-être furpris de trouver
dans le nombre:de ces gravures , quelques-unes uniquement confacrées
346 NO OUT AE NE | EP Et E0 UE
à reprélemer des animaux pris pendant fi long-temps pour des plantes,
L’Auteur fe propofe fans doute d’en donner leur hifloire, & de rappor-
rer les expériences par lefquelies on a reconnu que ces prétendues plantes
font de vrais animaux , ou du moins font les logemens de ces animaux.
Uneentreprile aufli immenfe que celle de M. Buchos, mérite les plus
grands encoutagemens , & la confidération des végétaux fous les a/peils
poflibles doit fuppofer autant de connoiflance que de zele.
Memorie ed Ofjervaffioni, Mémoires & Obfervations publiées par la
Société d'Agriculture d'Udine , rome 1, à Udine. 7-8. Ce Recueil con-
tient plufeurs Mémoires. Le premier, fur les caufes de la diferte de
fourage dans le Frioul, & les moyens de le muliplier. Le fecond , la
maniere de cultiver la vigne ; le troifieme,, fur l'introduétion d'une‘nou-
velle fabrique de Poterie dans le Frioul ; le quatrieme , fur la Tourbe
découverte dans le Frioul, & les expériences relarives à fon ufage :enfin,
un Effai fur la Médecine vétérinaire. Il feroit à defirer que nos Sociétés
d'Agriculture de France imitafflent les Sociétés étrangeres. On eft en droit
de demander s’il en exifte , puifqu'à l'exception de deux ou trois , on
iguore files autres travaillent.
Bemerkungen der Kuhrpfelyfifchen Gefelschaft ; 8e. Obfervations de
la Société Phyfñco-Œconomique,du Palatinat pour l’année 1771. À Man-
heim , chez Schevan , 1773. Ce Recueil eft compofé de plufieurs Mé-
moires. Les principes de l'Agriculture tiennent le premier rang. On en
eft redevable à M. Gugenmus. M. Collini parle dans le fecond d’une
terre onctueufe, qu'on trouve près de Berveiller, dans le Bailliage de
Kirn, M. Cafunir traite dans le troifeme de plufieurs Obfervations
économiques : dans le quatrieme , M. Wredan parle de la culture du
uefle, & de la nourriture des beftiaux dans les écuries. On démontre
dans le cinquieme l’inutilité & l’inconféquence de la plantation des
vignes dans le rerrein qui ne leur eft pas favorable. On lit encore à la
fin de ce Mémoire l’expofition d’un moyen de guérir les bères à corne,
enflées pour avoir mangé du trefle, Ce moyen confilte à introduire dans
les flancs du côté gauche , entre les côtes & la hanche, une canule poin-
tue, percée de plufieurs trous par lefquels l'air s'échappe, Ce moyen n'eit
pas plus efficace que les fcarificarions que nos Payfans pratiquent fur la
peau de l’animal. La réuflite de l’un eft aufli rare que celle de l’autre.
Saignez l'animal, faites-lui prendre un verre d’eau-de-vie dans lequel
on aura diflous une demi-once de fel de nicre ; & le fuccès en fera cer-
rain, M. Kræmer traite dans le dernier Mémoire de quelques défauts
dans la maniere de cultiver les terres dans le Bailliage de Lautera.
Nouvelle maniere de faire le Vin pour toutes les années , & de le ren-
dre meilleur que par route autre méthode , à l’ufage de tous les vigno-
bles du Royaume, avec le précis, tant des expériences qui ont été faires
par ordre du Gouvernement en 1771 & 1772, que celles qui, depuis
plufeurs années ont été répétées dans la Généralité de Paris , &c. & en
…
18
L
POELE IR ANR EE 347
outre avec le rapport du Corps des Marchands de vin de Paris, l'appro-
bation de la Faculté de Médecine ; pat M. Maupin. A Paris, chez
Mufier fils, Libraire, quai des Auguftins. *
Düiélionnaire des Voyages , contenant ce qu'il y a de plus remarqua-
ble, de plus utile, de mieux avéré dans les pays où les voyageurs ont
pénétré, &c. À Paris, chez Coftard , rue Saint-Jean de Beauvais, 2 vol.
in-32, qui comprennent les denx lettres À, B & le commencement de
la lettre C. Encore un Diétionnaire! peu utile, comme tant d’autres.
Le rédaéteur auroir dû fupprimer nombre d’abfurdités qu’il appelle hif-
toire naturelle. H faut un grand fonds de connoïffances pour compiler
à propos & pour favoir diftinguer le vrai du vraifemblable on du faux.
Tout eft confondu dans cet Ouvrage.
The Elemens of Navigation, &c. Elémens de la Navigation, conte-
nant la théorie & la pratique de cer art ; avec les tables néceffaires. On
y a joint un Fraité fur la fortification des vaifeaux ; par M. Roberfon..
Troifieme édition. 2 vol. À Eondres, chez Nourfe.
New Introduétion ro the Knowledge and ufe of Maps , &c. Nouvêélle
Introduction à la connoifflance & à l’ufage des Cartes géographiques .
mife à la pottée de tout le monde. À Londres, chez Crowder, |
Traité de Chymie, par M. Delorme ,. Gentilhomme ordinaire de Sa
Mhijefté. A Paris, chez la veuve Duchefne, rue Saint-Jacques, 1 vol.
im-8°. de $28 pages. La clarté & la précilion font le mérite de cet Ou-
vrage utile pour les Etudians en Chymie , mais qui n’apprend rien de
nouveau à ceux qui font plus avancés. Ontrouveune très-grande refflem-
blance entre ce Livre & la-Chymie de M. Beaumé:
Expériences & Obférvations chymiques ; par M. Henri, Apothicaire.
À Londres, chez Johnfon, 1773. La magnélie confidérée dans tous fes
points eft l’objet de ces importantes obfervations ; & l’Ouvrage-eft rer-
miné par des expériences pour connoïtre la vertu diffolvante de la chaux
vive, & conftater la qualité anti-feprique de l’air fixe.
Planches anatomiques, imprimées avec leurs couleurs naturelles, par MM.
Gautier d’Agoty pere & fils. La partie anatomique forme huit planches ;
celles qui déraillent les parties. affectées dans les maladies vénériennes,
compolent quatre planches; en tout douze planches, Les huit premieres
feront livrées aux Soufcripteurs pour 18 livres ; les quatre autres pour
2 livres. On foufcrit pour cet Ouvrage au Bureau de la Correfpondance,
‘ rue des deux Portes Saint-Sauveur ; chez l’Auteur , rue des Martyrs
Montmartre; & chez Brunet & Demonville, Libraires, rue Saint-Severin.
Nouveau Lraité des Vapeurs, ow Traité des maladies des Nerfs, par
M. Preffavin, Membre du Collese Royal de Chirurgie de Lyon, &
Démonftrateur en matiere medico-chirurgicale ; feconde édition. 1 vol.
in-12 de 3sopages. À Lyon, chez la veuve Reguilliat ;,& à Paris , chez
Didot ; quai des Auguftins..
*
. Co à,
-
348. AAUO LU TIRE) TL ENS UC :
Traité des Maladies vénériennes , dans lequel on indique un nouveau
remede dont l’eficaciré eft conftatée par des expériences réitérées & un.
fuccès conftant depuis dix années , par le même. r vol. i2-12 de 380
pages. À Paris, chez Didot le jeune , quai des Auguftins ; & à Lyon,
chez les freres Periffes.
Syfléme nouveau & complet de l'art des Accouchemens, tant théorique
que pratique , avec la Defcription des maladies particulieres aux femmes
enceintes , aux femmes. en couche & aux enfans nouveaux-nés , traduit de
l'Anglois de M. Burton, par M. Lemoine, Docteur-Régent de la Fa-
culté de Médecine en l'Univerfité de Paris , rome fecond , ir-8°. de
8oe pages. À Paris, chez la veuve Hériffant, rue Saint-Jacques. Le pre-
mier volume de cet Ouvrage publié en 1771, faifoit attendre avec im-
patience le fecond. La traduction en eft précife, claire, éclaircie par des
notes favantes ; & le Traité des maladies des enfans, qui appartient en-
riérement au Traduéteur , répand un nouveau jour fur une partie de la
Médecine, qui n’avoit été confidérée jufqu’à ce jour que fort imparfai-
tement.
Réflexions médico-chirurgicales , par M. Trécourt, Doéteur en Méde-
cine, Correfpondant de l’Académie de Chirurgie de Paris ; nouvelle édi-
tion. À Bouillon, aux dépens de la Société typographique. Hyppocrate
eft le guide de l’Aureur : il fuit fa doétrine , & ne l’abandonne jamais ;
mais il joint fagement aux préceptes de ce grand Maître dans l’ait de
guérir, les découvertes modernes. L'accueil que le Public a fait à la pre-
miere édition de cet Ouvrage , répond du fuccès de la feconde, qui eft
confidérablement augmentée. © :
Defcripcion de la Fievre putride qui a défolé la Ville de Vienne en 1771
& 1772, & celle d’une maladie maligne qui a régné en 1770 parmi les
femmes en couches à l'Hôpital de Saint Marc ; par M. Fauken , Docteur
en Médecine. À Vienne, chez Trattnern.
Della Febre maligna , &c. Traïé fur la fievre maligne , fur la Fievre
pernicieufe ; la Pleurefie & les autres inflammations ; enfin fur la Variole,
pat M. Miglioni. À Péroufe.
Effeys Medical and experimental , &c. Effais & Expériences de Méde-
cine, & l'Hifloire de quelques maladies ; pat M. Percival, Docteur en
Médecine. À Londres ; chez Johnfon, 1773.
A Treatife on the medicinal Virures, &c. Traité fur les Vertus médi-
cinales des Eaux minérales de Spa, par M. Williams, Docteur en Méde-
cine. À Londres, chez Becker. +
Neue Mzdecinifche, &c. Nouvelles Obfervations médicales & chirurgi-
cales; pat M. Henkel. 2 vol. in-12. 1773: A Berlin , chez Himburg.
Echelle EA 86_Pouces où de trois Pres.
ZA 36 Pouces
. OCTOBRE 1775.
OBSERVATIONS
SAUTER
L'ACPHY SIQQUE,
SUP L HITS T'OTRE CNAMMU RELLE
E T'-S'U RL ES ARTS:
AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE;
DÉDIÉES
“ AU MES, Le EG 'O M TE DA RUFUO: LIS,,
Par M. l'Abbé ROZIER, Chevalier de l'Eglife de Lyon , de l'Académie
Royale des Sciences, Beaux Arts& Belles-Lertres de Lyon, de Villefranche,
de Dijon, de Marfeille , de la Société Impériale de Phyfique & de Botanique de
Florence , &c. ancien Direëleur de l'Ecole Royale de Médecine Vétérinaire
de Lyon.
TOM ES" E"C.0"N D:
D À
NS OPPTESMPBPR UE.
A PARIS,®
Hôtel de Thou, rue des Poitevins.
——_—
MIN DIG IC MEELESINTUT
AUEPRIC PERTINENCE VD \VURION:
SOU S-:C RIPB.T L:O N::
De ce JourkNar pe PHysriQur..
Iz paroîtra chaque mois ur Volume de dix à onge feuilles
än-4 enrichi de gravures en taille-douce. On pourra à la fin
de chaque année relier ces douze Volumes ,& ils formeront
deux Volumes in-4 de 60 à 70 feuilles. Onfoufcrit pour cet
Ouvrage à Paris chez Pancxoucxs , Hotel de Thou, rue
des Poitevins , & chez les principaux Libraires des grandes
villes de ce Royaume & des Pays étrangers. Le prix de la
fouféription eff de 24 liv. pour Paris, & de 30 liv pour la Pro-
vince, franc de port, On a cru auffi devoir fe borner à l'ancien
titre & fupprimer celui de Tableau du travail annuel de toutes
les Académies de l’Europe, titre trop général pour un Jour-
nal de Phyfique. Cet Ouvrage eff une Suite tndifpenfable de
da Collefion académique.
Les Savans qui voudront faire inferer quelques articles
dans ce Journal, font priés de les adreffer à l Auteur, place.
- & quarré Sainte-Genevieve, au coën de la rue des Sept-votes.
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VAN EE
D' HS NUAÆLR TE I'ICNEURAS
Contenus dans cetre onzieme Partie,
Ce optiques. Quatrieme Mémoire fur la décompoftion
de la lumiere dans le phénomenc des anneaux colorés, Produits avec ur
miroir concave, ? page 349
Obfervations fur l'expérience du Pere Bertier, inférée Tome LI , page
251 ; par M. de la Périere , Chevalier, Seigneur de Roiffé, 374
Réflexions fur une nouvelle expérience du révérend Pere Bertier, qui prou-
veroit que la pefanteur augmente à mefure qu'on s'éloigne de la terre,
& même fuivant une progrelfion fort rapide ; par M. Lejage de Geneve,
373
Extrait d'une Lettre de M. Franklin à Miff Srevenfon ; fur des expé-
riences relatives à la chaleur communiquée par les rayons du Soleil,
387
Expériences du même Auteur fur l'impreffion des objets lumineux , fur
les Nerfs. vifuels, 383
Lettre de M. Sigaud de la Fond, Profeffeur de Phyfique expérimen-
tale à Paris, à l’ Auteur de ce Recueil, fur la fufion de l'or | opérée
inflantanément par une commotion électrique , & fur la couleur purpurine
que ce métal acquiert dans cette expérience , 38
Extrait d’une Lettre de M. Prieflley , en date du 14. Oë&obre 1773,
| fur l'air fixe alkalin ,. ! 339
Lercre à l’ Auteur de ce Recueil, fur la maniere de conferver les animaux
| deffèches ; par M. Mauduit, Doëteur-Régent de la Faculté de Méde-
| cine.en l'Univerfité de Paris, 390
| Obfervation fur les apparences laiteufes de eau de la Mer ; par le Capi-
| traine Newland, 412
| Efjais fur l'étude des Montagnes ; par M. D. P, L,G... de Montélimar,
L 416°
Défcription du Barometre portatif , 43$
Fin de la Table,
À 4 = 3 À 17% ns = y - , v PA 45 12
bin PAT PES OURS ONCB/TA INT ONE
J ’Ailu, par ordre de Monfeigneur le Chaficelier , un Ouvrage ayant pour titre:
FAT Obfervations fur la Phyfique, fur l'Hifloire naturelle & fur les Arts, &c. par M. l'Abbé
LES RoziEr, 6c. & je crois qu'on peut en permettre l'imprefon, A Paris, ce 26 Nc-
, vembre 1773. £ ti fe
GARDANE,
t F i
.
’
PHYSIQUE.
CONSIDERATIONS OPTIQUES.
LV MURS MO TRE
Sur la décompofition de la lumiere dans le phénomene des anneaux colorés,
produits ayec un miroir concave,
È Le s tentatives faites pour ramener aux loix de la réfraétion & de
la réfrangibilité le phénomene des anneaux colorés entre deux lames de
verre, conduifoient naturellement à en faire pour y ramener aufli celui
des anneaux colorés , produits avec un miroir de verre concave. Dus à
des appareils différens , ils ne peuvent fe reffembler davantage; & fi
on peut fe difpenfer de créer pour le premier une caufe particuliere,
il eft bien apparent que l’autre n’en exige pas non plus. M. le Duc
de Chaulnes nous a mis fur la voie à cet égard (Mém. acad. 1755.) Il
nous a appris qu'avec un morceau de gaze , ou avec des fils d'argent mis
€n avant d'un miroir concave de métal , ou avec des molécules de lait,
diftribuées en une quantité convenable fur un miroir concave de verre,
on peut fe procurer des iris celles que les a décrites M Newton dans fon
Optique. Ces faits annoncent que la lumiere ÿ doit fa décompofñition à
l'inexion qu'elle a effuyée autour de ces corps diffringens entre lefquels
elle a paffé avant d'arriver à la furface réfléchifante du miroir. Or, ne
feroit-elle pas infléchie ici de la mème maniere dont elle l’eft dans les
phénomenes rapportés dansun Mémoire fur la diffraction , inféré au cin-
quieme volume des Mémoires des Savans étrangers ; c’eft-à dire , en
conféquence des réfraétions & réfleétions confécurives qu’elle fubit dans
les athmofpheres optiques dont fes corps diffringens font pourvus, &
fur leurs furfaces.
IL: L'avantage qu'on a trouvé à faire coincider le centre de concaviré
du miroir fur le carton deitiné à être décoré de certe apparence , pour li
procurer tout l'éclat dont elle eft fufceprible, a indiqué qu’alors les poin-
Tome IL, Parc. XI. Y y
850 PORN IE SL TM OMUTRUN EE
res d’une infinité de pinceaux de lumiere de toute efpece , dont la bafe:
eft fur le miroir , abouriflenr & fe rencontrent fur le plan du catton, où
telles font’ diftribuées réguliérement fur toute l’érendue qu'occupent ou:
que renferment les anneaux colorés.
C’eft de l’arrangement refpeétif des pointes de ces pinceaux fur le car
ton, & de la qualité des rayons décompofés ou non décompofés dontces .
pinceaux fonr formés , que réfuire la variété des couleurs de certe bril-
‘lante apparence. On y diftingue, quand le miroir eft perpendiculaire au.
trait de lumiere, 1°, une tache blanche & orbiculaire qui en occupe le
milieu, & qui déborde un peu le trou qui l’admer ; 2°. un anneau gris
qui enveloppe la tache blanche ; 3°. autour de cet'anneau gris ,.un cer-
tain nombre d'iris ou de fuices d’anneaux reints des couleurs prifmati-
- ques, concentriques, & dont l’ordre eft déterminé. Il doit donc y avoir
des combinaifons variées à l'égard des efpeces de rayons que ces pin-
ceaux réuniflent,
Ceux qui abouriffent fur l'érendue de la tache blanche centrale , fem-
blent devoir être formés de rayons qui ne font point décompofés, ou.
aut ne le font pas fenfiblemenr..
Sur chicun des anneaux reints des.couleurs prifmariques, il ne doit
prefque aborder que des pinceaux formés de rayons de la couleur affec-
tée à. cet anneau; & enfin l'anneau gris en reçoit à la fois & indiftinéte-
ment de tous ceux qui réumiffant les uns les rayons rouges, les autres
les verds, &c. ne tombent que féparément fur les autres anneaux; & ces.
pinceaux abourffent £ r l’efpace qu'occupe l'anneau gris les uns parimiles
autres , & fi près les uns des autres, qu’ils donnent une couleur com—
pofé=, femblable à celle qui réfuire de l'expérience où M, Newton em-
ployant des poudres différemment colorées , fe procura, non une couleur
blanche ,.mais une couleur d'un gris obfeur , &, qui tenoir le milieu entre
le blanc & le noir. Telle eft l'apparence , quand le miroir eft perpendi-
culaire au trait de lumiere.
I. Mais lorfqu'ileft incliné , & que le rayon réfléchi revient, non:
pr'c fément au trou pratiqué au voler, mais fur un autre endroit qui en
fo tun peu éloigné , le centre commun de la tache blanche & de rous les
anueaux colorés fe rencontre fur le voler au milieu de l'intervalle qui
fépare le rayon réfléchi du rayon incident, & conféquemment dans
le centre de la concavité du miroir, quand ce centre coincide fur le
voler.
À mefure qu’en inclinant le miroir, on fait écarter de plus en plus le
rayon réfléchi du rayon incident & du centre commun des anneaux colo-
és, qui fe maintient toujours à égales'diffances de l'un-& de l’autre, ces
anneaux augmentent de diametre , aufli bien que la tache blanche; orbi-
sulaires & de: nouveaux: anneaux, où l’ordre des couleurs eft l'inverfe de
PRE Ver r 0 Mu El 35r
celui qui eft affecté pour les anneaux extérieurs , fe développent comme
du fein du centre commun de tous ; en forte que la tache blanche devient
un anneau blanc qui renferme cette nouvelle fuite d’anneaux colorés,
Les rayons incidens & réfléchis fe montrent toujours fut dés endroits
diamétralement oppofés de cet anneau blanc. Ils y forment comme deux
parhelies, tels qu'on en voir quelquefois fur une couronne lumineufe
concentrique au foleil. Ainfi le diametre de cet anneau blanc depuis le
milieu de fa largeur d’un côté jufqu’au milieu de fa largeur de l’autre, eft
conftamment égal à l'intervalle qui fur le voler fépare l’axe du rayon
réfléchi de l'axe du rayon incident,
IV. Voilà les phénomenes dont je me propofe de rendre raïfon avéc
la fimple fuppoñrtion que la diftribution & le développement des rayons
y dérivent des déviarions que des corps diffringens répandus fur la fur-
face du miroir leur font efluyer. Nous avons donc à comparer les effets
qui peuvent réfulter de la diffraétion avec les déviations des rayons indi-
quées par les diverfes circonftances de ces phénomenes.
PR © p.05 IMT:1/0..N4. 1].
V. Si un corps convexe X eft appliqué à la furface antérieure d’un
miroir concave de verre, fur lequel fe dirige un trait de lumiere admis par
le trou N d'un carton parallele au miroir placé à une diftance telle que le
centre de fa concavité L ( Fig. I. PL.I) fe rencontre au centre du trou N,
les rayons qui, réfléchis confécutivement fur les bords du corps convexe
& fur la furface poftérieure du miroir, retournent fur le carton , y abor-
dent en des points d’autant moins éloignés du centre de concavité du
miroir que fon épaifleur eft plus confidérable.
Soit NS s un plan qui pale par le centre de concavité du miroir, &
par le milieu du corps diffringent X.
Dans ce plan IS, és font les portions réfléchies de deux rayons qui,
vénant du trou N, ont abordé fur deux endroits M & #7 correfpondans
de la courbure réguliere des bords du corps X, & de-là aux points S&s
de la furface poftérieure du miroir VV ; réfléchis de nouveau , ils fe
rendront fur le carton en deux points quelconques D & d.
Si, en accordant au miroir plus d'épaiffeur , on fuppofe fa furface pof-
térieure tranfportée en À A, les rayons IS és prolongés felon leurs
mêmes directions, iront tomber fur la furface À À aux points B & 4. Et
je dis qu'après la réfleétion qu'ils y effuieront, ils iront aborder fur le
carton en des points tels que R &r qui y embrafferont un intervalië
moindre que l'incervalle D d. Pour le prouver , menons du point L'aux
points P&O, où les rayons réfléchis en S & B fe réfraéterit à la furface
antérieure du miroir , les lignes LP , LO perpendiculairés au mirot,
dont la derniere croife Le rayon réfléchi SP D.
Y yij
352 PONT 47 NS ST ONU (NE
Les angles de réfration LPD, LOR font égaux chacun: à l'angle
d'incidence MIL que le rayon MI, qui réfraété en 1, a fuivi enfuite
la direction IS, fait avec la perpendiculaire LI , & font par conféqueuc
égaux entr eux.
Les perpendiculaires LP, LO font divergentes ; & dès- lors les
rayons P D,OR qui forment avec elles des angles égaux, doivent être
inclinées l’une à l’autre, & fe croifer en un point quelconque G.
Dans les triangles CLP, CGO on a les angles CPL, CO G égaux
entr’eux. Les angles LCP, GCO font oppolés au fommer. Donc les
angles L & G font égaux.
Confidérons les triangles LO P & G OP qui ont la ligne OP pour
bafe commune,
Dans le premier on a le finus de langle L.
À la ligne P O.
Comme le finus de l'angle LP O prefque égal à un angle droir,
Eft à la ligne LEO.
Et dans le fecond on a le finus de l'angle G qui eft égal à l'angle L
À la ligne P ©.
Comme le finus de l'angle GPO moindre que l'angle LPO,
ER à la ligne OG.
D'où il fuit que la ligne O G eft plus courte que la ligne LO. Et
par de pareilles analogies on prouvera que la ligne P G cit plus courte
auffi que la ligne P L.
Par conféquenr le point G où fe rencontrent & fe croifent les rayons
réfléchis PD , OR, eft en deçà du carton; & le dernier de ces deux
rayons doit y aborder en R plus près du point L ou N que ne left le
point D où aborde le premier.
On prouvera de même que de l’autre côté du trou N, le point d au-
quel fe dirige le rayon is après la réfleétion, doit être plus éloigné
du point L que le point où parvient le rayon lorfqu'il eft réfléchi en
8. Ainf il eft démontré que l'intervalle D d occupe une plus grande
étendue que l'intervalle Rr.
REMARQUE.
>
VI. M. Newton avoit éprouvé que deux miroirs d'égal rayon & d’e-
paiffeur inégale donnoit les anneaux colorés correfpondans d'inégal dia-
metre ;, & que celui des deux anneaux, produit par le moins épais , étoit
le plus ample. On fair que ce réfultat a été conftaté par des expériences
très-curieufes de M. le Duc de Chaulnes , qui a imaginé d'y employer
l'équivalent d’un miroir dont les deux. faces antérieure & poftérieure
pourtoient être rapprochées ou écartées l’une de l’autre à volonté. Certe
obfervation eft analogue à Peffer dont je viens de donner la démonf*
tation.
PUNAUUASUNr 0: #53
E ProrosirTron IE
VH. Siun corps convexe X , pourvu d’une athmofphere optique dort
fa refringence eft relle que les rayons qui y paflent de l'air ambianr, fe
réfraétent en s’écartant de la perpendiculaire, ( Fig. 11) , eft appliqué à
ha furface d’un miroir de verre concave , ceux des rayons tranfmis par le
trou N, au centre duquel coincide celui de la concavité du miroir, qui,
ayant atteint le noyau de cette athmofphere ; & s’érant réfléclnis deflus ,
auront été effuyer une feconde réfection fur la furface poftérieure VV
du miroir , & retourneront fur le carton ou le volet , y aborderont dé-
compofés , de façon que les plus réfrangibles de chaque faifceau y tom
beront plus près du centre de concavité que les moins refrangibles: 1
Soit NV V unplan qui pafle par le centre du trou N, & le milieu
du corps convexe X , dont l’athmofphere eft terminée par la ligne courbe
& ponétuée M» , & communique avec celle du miroir : & dans ce
plan les deux faifceaux NM, Nr qui du trou N fe rendent fur de petites
faces correfpondantes M & m de l’athmofphere du corps X, relles que
at la réfraétion qu'ils y efluient à leur immerfion dans cetre athmof-
phere , ils aillent aborder de part & d’autre fur deux petites faces 1 & à
de la coupe du corps X fort rapprochées du muroir.
Le faifceau MN s'étant réfraété en pénétrant dans l’ithmofphere
optique, & écarté de la perpendiculaire, le rayon violer aura été romber
far la furface du corps X en un point quelconque plus bas ou plus rap-
proché du miroir que le point où parviendra le rayon rouge ; & les autres
fayons hétérogènes en des points intermédiaires felon leurs différens
degrés de refrangibilité. Tous ces rayons divergeront encore davantage
entr’eux après leur réfection fur cette furface convexe , & aborderonr
dans cer état de divergence à la furface poftérieure du miroir fur un petit
arc SP , le violer plus près de l’arc LX que le rouge , conformément à
ce qui a été démontré dans le Mémoire fur la Diffraction, (n°. XV) ci-
devant cité; qu’en pareilles circonftances les rayons les plus réfrangi-
bles s'écarrent moins de la projection de l’ombre.du corps diffringent
que les moins réfrangibles.
Réfléchis de nouveau les uns & les aatres fur l’arc SP de la futface
poftérieure du miroir , ils ne doivent y perdre qu’une partie de leur
divergence , fi elle étoit affez grande , relativement à la courbure du
miroir. Divergens donc encore entr'eux à leur rerour , & divergens
d'avec l’axe du trait de lumiere incident, ils aborderont fur le voler à
quelque diftance du trou N fur un efpace T À, le violet plus près, le
rouge plus loin , & les autres entre ceux-ci , toujours proportionnément
à leurs degrés de réfrangibiliré.
M en. arrivera de même à l’autre faifceau Nm, qui s’eft dirigé de
4 \ MECUT 07 as Ter NO 7
l'autre côté du corps X , & donr les rayons hétérogènes fe rendront après
une réfraction en 2, & deux réflections confécutives fur le corps X eni
& fur l'arc sp du miroir , fe rendront , dis-je, fur un efpace z a du
voler où ils feront diftribués felon l'ordre de leurs réfrangibilités , les
plus réfrangibles le plus près du trou N.
Ainf , l2s rayons hétérogènes des deux faifceaux NM , N m forme
ront nécelfairement fur les deux efpaces TA, ra du voler deux iris ou
deux fuites de petites images teintes des couleurs prifmatiques , difpo-
fées felon l’ordre ordinaire, & dont la bande violette de chacune des
deux iris fera rournée du côté du trou N.
Outre ces deux faifceaux correfpondans N M, N réfléchis fur les
points ou efpaces M , il peut y avoir dans le même plan NVV d’au-
tres paires de faifceaux correfpondans , tels que NG, Ng ou NH,
NA, &ec. qui, dirigés fur d’autres points de la furface de la même
athmofphere de plus en plus un peu au-deffus des points M & », elluie-
ront un fort femblable à celui des premiers ; & qui, réfléchis un peu
au-deflus des points [ & i fur le corps diffringent, & un peu au-delà
des petits arcs SP, sp du miroir , iront former fur le voler des iris de
part & d’autre en dehors desiris AT, az; & il sétalera ainfi fur la
ligne d’interfeétion du volet & du plan N V V, de part & d'autre & du
trou N, diverfes fuites de petites images teintes des couleurs prifmati=
ques dont la bande bleue. de chacune fera tournée en dedans.
Corollaire.
VIT. Ce qui vient d’être démontré à l'égard des faifceaux de lumieré
réfraétés & décompofés dans le plan N VV, ne peut manquer d’avoir
lieu dans les autres plans différemment inclinés au plan NV V, & donc
l'axe NX fera la ligne d’incerfe&ion commune , à l'égard d'autant de
pareils faifceaux de lumiere qui du trou N arriveront fur les points corref-
pondans de la coupe de l’athmofphéere optique qui fe rencontre dans chacun
de ces divers plans ; & il en doit néceflairement & évidemment réfulter
qu'il fe formera fur le voler, par l’arrangement qu'y prendront les rayons
développés de tous ces faifceaux , une fuite d’autant d’iris annulaires con-
centriques , & ayant pour centre commun le centre du trou N qui coin-
cide avec celui de la concavité du miroir; & que dans toutes ces iris annu-
laires la bande violette fera la plus rapprochée de ce centre commun ,
& la rouge la plus éloignée.
REMARQUE.
IX. Dans le fpeëtre produit avecun miroir concave, les couleurs de
chacune des iris annulaires qui entourent la tache blanche , font difpo-
fées aulli de façon que la bande violette eft en dedans, & la rouge en
HUBUE N Ÿ © © 7%. 355
dehors, Ainf il paroît que le corps convexe X , pourvu d’une athmoi-
phere qui contribue, comme nous venons de voir , à la décompofition
des rayons , repréfente allez exactement les fils de la gaze, les fils d’ar-
/ gent, & les perires gouttes de lait des expériences de M. le Duc de
Chaulnes, qui agiffenc aufli fur la lumiere comme corps diftringens,
Rruo two St r'ofN-0MILIE-
X: Si, fur le corps convexe X, ( F.111) pourvu d'une athmofphere opti=
que , & appliqué à la furface du miroir concave, il fe dirige du trou N où
coincide fon centre de concaviré, des faifceaux de lumiere qui l’atreignenr,
& qui , allant enfuire fe réfléchir fur le miroir, retournent au volet ; la
difpofñcion des”points A,B,C, D, a,b, c, d,où aborderont les rayons
d’égale réfrangibilité de ces faifceaux d'abord contigus , & alors décome
polés , fera telle que lefpace AB Le plus rapproché du trou N fera plus-
étendu que l'efpace BC qui le fuit; & celui-ci plus que le dermer efpace
CD, & ainfi de même de l’autre côté à l'égard des efpaces ab bc, cd.
Soit ie plan N VV qui paffe par les centres du trou N & du corps di£-
fringent X, & où fe rencontrent divers faifceaux N M ,; NO, &c. con-
ugus l’un à laure, qui , abordant plus obliquement les uns que les au-
tres fur la furface courbe de l'athmofphere du corps X , deviendront, en
s’écartant de la perpendiculaire , d'autant plus divergens entr'eux, &
tomberont cependant fur la furface du noyau vers 1 en des points fort
rapprochés les uns des autres, & en même temps plus éloignés les uns
que les autres de la furface du miroir. Ne confidérons que ies rayons de
ces faifceaux qui oncune même réfrangibilité ; les rouges, par exemple,
Il eft fenfible, & il a été démontré dans le Mémoire fur la Diffraction
(n°. XI, XI) que ces rayons rouges parviendront encore plus diver-
gens fur la furface poftérieure du muroir en des points quelconques P,
OURS!
De plus , de ces rayons ceux qui, à leur abord fur les petites faces de
lathmofphere optique inégalement inclinées à leurs direétions, rencon-
trent les plus inclinées , à favoir, ceux qui ont paffé le plus loin de l'axe”
NX, doivent diverger davantage, après avoir pénétré dans cetre ath-
molphere , que ceux qui ont rencontré de petites faces moins inclinées*
de fa furface; puifque les différences des finus de réfraction des premiers”
font plus grandes que celles des finus de réfraétion des feconds.
De plus encore , de ces mêmes rayons qui vont fe réfléchir {ur lenoyau-
X, ceux qui y abordent le plas bas, &, par conféquent fous une plus
grande inclinaifon, doivent , après la réfleétion, diverger davantage que
ceux qui s’y font dirigés plus haut & moins obliquement.
Or, des rayons qui font réfléchis fur le miroir aux points P,Q,R,S,
ceux qui y abordent le plus loin du corps diffringent X, fonc ceux qui’
356 PUR LUS) T'ON DE.
ont rencontré les petites faces les moins inclinées, tant de l’athmofphere
que de fon noyau. Aïnfi , ceux qui abordent aux points S & R , doivent
être moins divergens entr'eux que ceux qui abordent aux points R & Q :
& ceux-ci aufli moins divergens que ceux qui abordent aux points Q & P.
Et par conféquent , après leur réexion fur le miroir, lefpace CD
qu’embraflent fur le volet les rayons réfléchis fur les points S &R , fera
moins étendu que l'efpace B C qu’embraffent les rayons réfléchis fur les
points R & Q; & ce dernier que l’efpace À B qu’embraflent les rayons
céfléchis fur les points Q & P. |
Les mêmes réfultars doivent avoir lieu à l'égard des rayons qui tom-
beront fur les points correfpondans du corps X de l’autre côté de l’axe
NX, & dont les rayons iront aboutir fur des points a, b,c, d fur le
voler dont les intervalles ab, bc, cd feront refpectivement égaux aux
incervalles AB, BC, CD.
Corollaire I.
XI. Le fort qu'éprouvent les rayons rouges de ces faifceaux réfléchis
confécutivement fur le corps diffringent & fur le miroir , après avoir été
céfractés dans l’athmofphere optique, doit ètre commun aux rayons vio-
lers & à ceux de routes les autres couleurs prifmatiques , avec cetre feule
différence que chacun de ceux-ci doit aborder, tanc fur le miroir que
fur le voler un peu moins loin de l’axe NX que le rayon rouge du faif=
ceau dont il fait partie , & d'autant moins loin qu’il eft plus réfrangible.
Corollaire II.
XII. Tous ces réfultats doivent s’effeftuer précifément de mème dans
tous les autres plans différemment inclinés au plan NV V, & dont l'axe NX
eft la ligne commune d’interfeétion. Et dès-lors , tant les cercles rouges
que ceux des autres nuances & couleurs qui feront produits fur le voler,
y feront refpectivement inégalement féparés les uns des autres; & les
intervalles de ceux de chaque couleur de moins grands en moins grands,
à proportion qu’ils font plus éloignés du centre de l'apparence.
REMARQUE
XHL Dansle fpectre produit avec le miroir concave , cette inégalité
des intervalles qui féparent les anneaux d’une même couleur, a lieu,
& dans le mème ordre , relativement à leur diftance du centre de l'ap-
parence , ou du centre de la comcavité du miroir.
PrRrorosiTIon IV.
XIV. Si plufieurs corps difiringens de même forme, & pourvus d’ath-
mofpheres opriques ; font appliqués à la furface du miroir , le fort & les
déviations
PNRUPUS 208 © 3s7
déviations des rayons qui, venant du trou N , ou coincide le centre de
concavité du miroir , y abordent en des points correfpondans, feront uni-
formes, ainfi que leurs directions ultérieures vers le voler.
Soient deux corps convexes X, Y de forme réguliere , & femblables ;
& aufli quant à leurs athmofpheres optiques (Fig.1P) placés fur le mi-
roir concave , & dont les centres coincident , ainfi que le rayon incident
dans le plan N V V perpendiculaire au miroir.
Il y aura dans ce plan des rayons NH, NA qui fe dirigeront à des
points H 4 de l'athmofphere du corps Y , correfpondans aux points M 7
de lPathmofphere du corps X où abordent les rayons NM, Nm, &
fous des inclinaifons uniformes. Je.dis:qu’aux mêmes points À & 4,
où ces derniers qui traverfent l’athmofphere du corps X , fe portene fur
le volet, conformément dice qui a été éxpofé dans la prop! Il, aborde-
ront aufli les rayons qui, réfraékés aux points correfpondans H& h,
ont traverfé l’athmofphere du corps Y. (SES ll
Soient menées du point N aux points P & p & auxipoints G & g,
ou doivent tomber fur le:miroir les rayons NM ,Nm, NH,.Nz;
réfléchis fuf les deux corps X Y ‘des lignes NP, Np, N:G, Ng qui
toutes feront perpendiculaires au miroir: sp «209140
Il eft évident par la fuppofñition, que les rayons NH,:N4 doi:
vent efluyer, en entrant dans l’athmofphere du corps Y, des réfrac-
tions abfolument conformes à celles qu’effuient les rayons NM, Nx,
en entrant dans l’athmofphere du corps X , tomber ainfi fur des points
E & e du premier correfpondant aux points 1 & 2 du fecond , & éga-
lement inclinés que ceux-ci ; :& par conféquent fe diriger enfuite fur
la furface poltérieure du miroir en G& g,fous le même degré d'obli-
quité que s’y dirigent les autres qui fuivent les directions IP, ip. Dès-
lors les angles NG À, N g a feront égaux aux regles de réflection NPA,
Npa; ce qui ne peut être fans que les rayons réfléchis en G & g n'’ail-
lent coincider fur le. volet aux tnèmes points où abordent les rayons
réfléchis en P & p.
On voit qu'on peut dire la mème chofe de tous les autres rayons qui
aborderont en d’autres points de l’athmofphere du corps Y , en les com
parant aux rayons qui fe dirigeront de même fur les points correfpon-
dans de celle du corps X, & encore de ceux qui romberoïent pe We
infinité d’autres corps diffringens de mème forme, qui fe rencontreroient
fur la furface du miroir, qui, en quelque endroit qu'ils y foient'placés,
peuvent toujours être comparés avec celui dont le centre coincide dans
la ligne NX de l’interfe“ion commune de tous les plans qu’on voudra
imaginer , & procureront aux rayons correfpondans des déviations par=
faicment femblables à celles qui s'exécutent dans celui-ci,
Tome II , Partie XI, 22
353 PH EF S ES TUE >
Corollaire.
XV. Il fuit de la propofñtion précédente & de la feconde, que fur
chacun des corps diffringens X, Y, &c. dont la furface du miroir fera
parfemée, & fur lefquels le trait de lumiere tombera, il fe réfléchit des
rayons qui, décompolés , fe partagent fur toute l'étendue de l’efpace
occupé par les iris annulaires développées fur le volet ; & que chaque
petite portion de ces iris eft enluminée par des rayons de la même cou-
leur , provenans de tous ces corps diffringens , parfemés fur le miroir.
REMARQUE,
XVI. C'eft précifément de la même maniere que fe diftribuent les
ayons fur l'apparence produire avec un miroir concave, comme on peur
s’en affurer en interceptant avec une carte qu’on fait gliffer fur fa fur-
face une portion quelconque , & aufli confidérable qu'on voudra ; des
rayons réfléchis & divergens qui vont former fur le voler les anneaux
colorés. Le nombre , n1 le diametre de ces anneaux ne diminuent aucu-
nement. Les couleurs qui continueront d’être refpeétivement lesmêmes ;
s’affoiblironr feulement à proportion de la quantité de ces rayons qui
fera interceprée. Il réfulte clairement de-là que de chacun des points
ou perits efpaces qui compofent l'étendue de la portion du miroir qu'em-
braffe le trait de lumiere incident , il part des gerbes de rayons qui fe
partagent fur route l'étendue des anneaux colorés étalés fur le voler; &e
que par conféquent chaque point de chacun de ces anneaux colorés de-
vient le point de réunion d'un pinceau de lumiere formé par des filets
qui partent de tous les petits efpaces qui compofent l'étendue de cette
portion de la furface du miroir.
PROPOSITION V.
XVII. Etant connu le rayon du miroir concave , dont le centre de la
concavité L coincide avec celui du trou N , qui admer le trait de lumiere,
& à quelles diftances abordent fur le volet les rayons réfléchis confécu-
tiveñent fur le contour du corps convexe X , & fur le miroir, trouver la
valeur de leurs angles de réfleétion fur le miroir d'incidence & de ré
fraétion au plan de féparation de l'air & du verte.
Je m'arrérerai à un exemple particulier, & je choifirai les circonf-
tances de la troifieme Obfervation , part. IV, lv. I de l'Oprique dé
Newion, où je fuppofe que des rayons , qui fe réBechiffenr fur les bords
des petits corps convexes , qui compofenc l’entuit dont on couvre le
miroir , peuvent Etre ceux qui produifent les anneaux colorés.
Le rayon du miroir concaye qu'il employa, évoit de $ pieds 11 pouces,
-S
BAUME ET (QUO Æ.
ou “11€ de pouce; & les diametres des quatre anneaux ou périphéries
colorées (1) qu’il mefura , & dont les centres coincidoient avec celui du
trou deftiné à livrer paffage au trait de lumiere, & avec le centre de
L2
concavité du miroir, étoient, +, +5, #7, & + de pouce.
De forte que dans la figure $ , où les points À a, Bb, Ce, D 4
repréfentent fur la ligne D d ( Fig. V) des traces diamétralement oppo-
fées d’anneaux colorés de ces quatre diametres fpécifiés par M. Newton,
La diftance de chacun des points À & a au centre L de la concavité du
miroir doit être réputée de..........:.+1 de pouce
Celle des points B&4de.......,....
15
Celle des points C&cde......... 2
Et celle des points D & dde..........7
Soient les points P, Q ,R, S d'un côté, & p,q,r, s de l’autre les
péor où fe réfléchiffent en fecond lieu les rayons déja réfléchis fur les
ords dû corps convexe X vers Î & i qui vont fe rendre aux points A,
B, C, D, & aux pointsa, b,c, d.
Soit menée du point L au point P la ligne LP qui fera perpendicu-
RE au miroir , & égal à fon rayon, & du point À au point P la ligne
P. 1
Nous avons À L ou AN = 5° de pouce & LP —11:€
Et en menant du point L fur la ligne A P une perpendiculaire LZ,
en peut la regarder comme égale à AL, & faire certe analogie.
LE : LZ : : finus votal : finus de l'angle LPZ ou APL.
LETRERR IE
136 : 5 :: 100000,00 : X — 1188,38 finus de of 40! 51°.
Cet angle de o 40! $1 APL n’eft pas l'angle de réfleétion , puifque
le rayon réfléchi en P ne va pas direétement du point P au point A,
mais fe réfraéte à la furface antérieure du miroir, fe dirigeant felon
les lignes PE, E A.
Menons du point L aux points G & E où la furface antérieure du
miroir eft coupée par la ligne AP, & par le rayon réfléchi PE A les
lignes LG , LE la derniere prolongée vers T.
L'angle AGL = APL + GLP.
Or, comme GO : PO (épaifleur du miroir} :: AL:PL::15°: 116,
Y'épailfeur du miroir de M. Newton, ou PO étant égal à # de pouce,
où 5, GO fera trouvé égal à #75 de pouce, & doit foutenir par con-
féquent un angle GLO d'environ 8 fecondes ; ainfi l'angle AGL fera
de ot 40! 59".
LL
(1) Deumetrs annullorum quatuor prinorum lucidorum qua parte cluriffimæ erant
eorum orbiræ.
ZZ ij
76 . A'# 9 #31 0 DTA
Confidérons les deux triarigles AGE, EGP: dans le preniér om 4
Fanglée AGE'de:..:....12. ya LS arte DS cp Lot RE 90! 40! 59"
Puifqu'’il comprend. l'angle AGL = 40° s9", & un pes
angle droit. e :
L'angle À eft d'enViTo ete are miel teh A ON Per
Aïnfr l'angle AEG'eft ét L0 TS IMAN LA NESIGS me
L’angle de réfraction AEL, qui , avec l'angle AE Gr:
forme ün angle droir, fera donc dé..........:..... o 4r ©
Et parrant l'angle d'incidence PET ef de.......:. o 27 29-
Puifque d’auffi petits angles doivent être cenfés entr'eux
comme leurs finus qui , au paffage du verre dans l'air, font
dans la raifon de 2 à 3. Ainfi, dans le triangle EGP , on a
l'angle EGP de......… Le saeoeree cri eeete riens: 89.19 1 É
Car ilelt le complément de l'angle AGE à deux angle
droits. L’angle GEP, qui comprend l'angle PET, & un
angle droit eft de...,...:.....4..eæ ses. 190 27 20
Donc l'angle EP G eft de..................... 13 39
Er fi onretranche cet angle EPG de 13 59" de l'an-
gle APL qui eft de 40! 51", l’angle reftant ; à favoir ,
l'angle de réfection EP L fera déterminé de...:..3. 95 27 12
On en inférera que le rayon NI réfléchi en I fur le bord du corps X
& réfracté en M à fon-paffage de l’air dans le verre fous des angles d'in-
cidence & de réfraction IML, P M Y égaux aux angles AEL, PET;,
fait une ligne MP qui fair avec la ligne LP unangle MPL égal à
Vangle EPL, c’eft-à-dire de O2 Na
Et dès-lors les angles d'incidence & de réflection NIK, MIK, que
ce rayon- NI qui fe dirige perpendiculairement vers le miroir, formeen:
T avec la perpendiculaire KI à la tangente du point réfléchiffant , fonc
chacun de 89" 39! 30/; carleslignes LM, LT, qui du point L tom-
bent fur les poinis de réfraction M du miroir, & de réfection I du
corps X, & font prolongées au-delà, approchant infiniment d'être pa=
ralléles, angle MIH=IML ef de o! 41 o!, & par conféquent l’an--
gle MI L fon complément a deux angles droits de.::.179 19 0:
Et fes. deux moitiés féparées par la perpendiculaire
KI au point de réfletion , font chacune dent per 82 39:39
XVIIL Dans ces calculs j'ai pu me difpenfer d'avoir égard aux ré-
fractions qui ont lieu dans l'acthmofphere.du corps X & du miroir, parce
qu'elles font les mêmes dans ces circonftances à l'émerfion du rayon,
qu’à fon immerfion, & qu'elles n°y influent prefque pour riem à l'égard
des déviations générales du rayon. :
XIX. On trouvera de même à l'égard des angles des rayons qui, fe
PAR EN IAS ANT O NUE 361
nosssessseeseereseses ne en 1007 :57 180
L'angle de réflection fur le corps Xide.......... 89 31 8
L’angle de réfection au point Q du miroir de..... 33 173
L'angle d'incidence a fa furface antérieure de..... $7 44
Et l'angle de réfraction eu entrant dans le verre de. .. 38 29+
On trouvera que chacun des angles CRL, crLeftde x 10 35
L'angle de réflection fur lé,corps X de.......... 89 24 341
L'angle de réfleétion fur le point R du miroir de... 47
L'angle d'incidence à fa furface antérieure de...... x 10 gs
Et l'angle de réfraction à l’immerfion dans le verre de A7 14
On trouvera enfin que chacun des angles DSL, dsL
BE ACL ELISA ae ue hs plier 28 ENT)
L'angle de réflection fur le corps X de..,...,...,.. 89 18 so
L’angle de réflection fur le point S du miroir de... 54 24
L’angle d'incidence à fa furface antérieurè........ 1 22 1
Et l'angle de réfraction à l’immerfion dans le verre de $4 40
Il eft évident que ce qui eft déterminé ici, par rapport aux rayons ré-
fléchis fur le miroir qui fe rendent aux points A,B,C, D doit s’appli-
quer exaétement de même aux rayons qui du miroir-fe dirigent refpeéti-
vement aux points a,b,c, d; & que de ce dernier côté on aura de
femblables angles de réfleétion , d'incidence & de réfraction,
On trouvera dans la table ci-après le détail de toutes les déviarions
des rayons qui tombent fur le miroir ,-foit perpendiculaire, foit diffe-
remment incliné au trait de lumiere dans tous les cas fpécifiés par M.-
Newton.
XX. Après avoir confidéré les déviations des rayons occafionnés par
des corps diffringens, tels que X , répandus fur la furface du miroir con-
cave, j'étois naturellement amené à confidérer aufli les variations que
produiroit dans ces déviations un certain degré d’inclinaifon du miroir,
relativement au trait de lumiere incident , fur-tout peur déméler s’il
fublifteroit quelque rapport entre ces variations , & celles que M. New-
ton a apperçues dans les anneaux colorés qui entourent la tache blanche,
quand il a incliné le miroir qui lui procuroit cette apparence.
Je rappellerai ici d’abord, qu'à mefure qu'il donnoit plas d’inclinaifon
à fon miroir le diametre de ces anneaux colorés, augmentoit jufqu’à ce’
qu'ils difparuffent totalement ; & que les diamierres des anneaux colorés
qu’il avoit mefurés, quand la pofition du miroir .étoic perpendiculaire
au rayon incident, il les a mefurés aufli dans trois différentes poñtions
obliques du miroir, :
© Selon ces mefures , lorfque l'inclinaifon du miroir étoit velle-que
262 PANTIN S HA MTOUIIUE.
l'inrervalle qui fur le carton féparoit le rayon réfléchi du rayon incident
étroit d'un pouce -.
: Diftance des bouts
du diam, au point. L,
Le diametre du premier des quatre an-
neaux colorés avoit... 0.1.0...
1:
32 de pouce. [€ *
D
À = Ê
GCélundutfecond Anar e ce remet ere
EG 16
! . 2 o
Et celui du troifieme.......,....503 25?
16 16
L'inclinaifon étant telle que l'intervalle du rayon réfléchi & du rayon
incident étoit d’un pouce :—.
Le diametre du premier des quatre
€ F 33 9
anneaux colorés avoit.............,|' 16
3 Li
‘ £ 7
Celui du fecond...............-146* n
LI
. . 7:
Et celui du troifieme............|# re
Enfin l'inclinaifon étant telle que l'intervalle entre les rayons réfléchis
& incidens étoit de 2 pouces 4.
. . ;
Le diametre du premier des quatre!,, ; fe
anneaux colorés avoit. ...,.......ee|"6 ze
Et celui du fecond.,.....,,.....15* 2
16
XXI. Les difpoñtions refpectives des diametres de cesanneaux feront
diftinguées d’un coup d'œil qui en facilite la comparaifon dans les quatre
lignes de la table fuivante , où le point L repréfente le centre de la
concavité du miroir , lequel eft toujours le centre de toute l'apparence,
& dont la premiere ligne eft deftinée pour les diftances des extrémités
des diametres au point L, quand le miroir eft perpendiculaire au rayon
incident.
Diftance des rayons inc. & réf.
et RENE ORDER CRIME TE RNG IEEE
T1 POUCE--.. + C B À L é ;: Fire
ROBOT C B A L AIDE
AR AE TE EM 1
Quand la diftance entre le rayon incident & le rayon réfléchi eft de 5
PAMMNOT AS LE UQLPLE. 363
de pouce, l'angle de l’inclinaifon du miroir eft de..:.7 ©? 28’ PL
Quand elle et de = de pouce , il eft de...,,...... © 40 st
Et quand elle eft de 2 pouces & ,ileft de........., o 57 3e
REMARQUES.
XXII Les mefures des angles de déviation des rayons réfléchis
chacun confécurivement fur le corps diffringenr & fur le miroir, & ré-
fraétés au plan qui fépare l'air & le verre, après ce qui a été dit précé-
demment des infleétions que cet appareil doit leur procurer , & de leur
décompoñirion qui en réfulte , fourniffent des préfomprions bien fpé-
cieufes fur la poflibilité qu’il y a que l'apparence des anneaux colorés,
produite par un miroir concave , foit réellement due à un femblable
méchanifme.
Selon le calcul de ces angles, expofé dans la table, les rayons qui
fe dirigent fur le miroir difpofé perpendiculairement, effuyent de part
& d'autre fur le corps X dont la convexité eft fuppofée réguliere, des
deviations femblables. Celles de deux rayons qui y rombent de part &:
d'autre fur des points également éloignés de la furface du miroir, doi-
vent venir M far le voler, à d’égales diflances de part & d’autre du
centre de concavité du miroir avec lequel coincide celui du trou N.
Les rayons, qui de chaque côté fe réflécluffent fur la furface du
corps X en des points féparés , & un peu au-deffus l'un de l’autre,
doivent enfuite diverger entr'eux en fe rendant fur le miroir , & encore
en palfant da miroir au volet.
Et de plus , les divergences de ces rayons ou les diflances qui fur
Je volet féparent les points où ils abordent, vont en décroiffant, à com-
mencer par celle qui eft le moins éloignée du point L, centre de l'ap-
parence. En effer, les angles des dernieres réfraétions des rayons ré-
fléchis PEA , QEB, REC , SED, font o* 410"; ot 57 44/5 1% 10! si";
& 1% 22/ 1/3 dont les différences, à commencer du côré de l'axe LX du
corps diffringent, font 16/ 44”; 13° 7”; & 11° 10°.
Ainf, à ces trois égards, le calcul déduit des fimples loix de la ré-
fraétion appliquée à l’appareil du corps diffingenr, placé fur le miroir de
verre concave, peut fe plier à ce qu’exige le phénomene des anneaux
colorés, vel que l’a obfervé & décrit M. Newton.
XXII. On y voit que les angles de réfleétion fur [e corps X, fon:
d'autant moindres que les rayons qui s’y réfléchiffenc, s’écartent moins
dans leur incidence de l'axe LX , ce qui indique que ceux qui s’en écar-
tent le plus après leur réfection ; font ceux qui y abordent le moins près
de ke furface du miroir,
364 HOME Det AA dir Shure dE À
PrRorositTron VI.
XXIV. Etant connu, le rayon du miroir incliné au trait de fus
miere, felon un certain. degré d’obliquité donné, & à quelle diftance
de fon centre de concavité, abordent fur le volet les rayons réfléchis ,
confécutivement fur les bords du corps diffringent X, & fur le miroir
trouver la valeur de leurs angles de réfection , fur ce corps & fur le mi-
roir , & d'incidence & de réfraction au pafage du verre dans l'air.
Je m'attacherai encore ici à un exemple particulier que je prendrai
dans la table précédente des diamertres des anneaux colorés , relatifs à
l'obliquité de la poftion du miroir.
Soit dans la figure VI ( Fig. VI )L, le centre de concavité du mi-
roir. -
N, le trou par lequel eft cranfmis le trait de lumiere incident dirigé
fous une obliquité telle que le rayon réfléchi aille aborder en F à un
pouce —- du centre du trou N.
P,Q,R,S d'un côté, &p,gq,r,s de l’autre, repréfentent les
points où fe réféchiflenc fur le miroir des rayons d'égale réfrangibilité
qui vont aborder fur le volet aux points A, B, C, D & aux points
TPE Sas :
Soit du côté oppofé à celui où ef percé le trou N, mené du point
Lau point P la ligne LP égale au rayon du miroir, & du point À au
point P la Hone A P. HAT
Abaillez du point E fur la ligne AP la perpendiculaire LZ, réputée
égale à'L A. 1 2
Nous avons LP=— "€, AL—1:5" LF—2".
PL: LZ :: finus total : finus de l'angle A PL.
6 4 79: ‘: 100000,00 : 14524 finus de o" 49! 56”.
Menons du point L au point G où la furface antérieure du miroir
eft coupée par la ligne AP , & au point E où doit fe réfracter le rayon
qui du point P, doit fe rendre au point À , les perpendiculaires au mi-
soir LG, LE dont la derniere foit prolongée vers T.
PL: AL ::PO ( épailleur du miroir) GO,
x tTGNNENRE Mon M ISiLex
16 PL XTE D DET TAC WA
Ce qui détermine l’angle GLO ou GLP d’environ to fecondes , &
partant d'angle AGL = APL «+ GLP eft de ef 50° 6”.
Dans le triangle AEG, l’augle AGE qui comprend l'angle AGL
Sundansledroiceftide 1020 Rem Peieeler 90 çe 6”
Tranviet Aider ANR RAR AUS RES A ES et. 2
L'angle AEG fera conclu de..,,,.....,40 4: u8001glisz
L'an gla
PARENT Dr Nr) 36$
L'angle de réfraétion AEL, qui, avec l'angle A EG
forme un angle droit, eft donc de............... 0 so 8
Et dès-lors l'angle d'incidence PET de......... 33 253
st
Dans le triangle EGP, l'angle EGP, complément de
l'angle AGE, à deux angles droits, eft de......... 89 9 54
L'angle GEP qui embrafle l'angle PET &un angle j
dreix eftp des 1 5, nuhu RE ee Lis 1. 90 33 2$+
L'angle EP.G fera conclu de. ..….....,.., 7: 16 40+
Et cet angle EPG étant retranché de l'angle APL qui eft de 0° 49 56”,
il reftera pour la valeur de l'angle de réfleétion fur le miroir EPL 04 33°
157 +
Le rayon NI réfléchi en I fur les bords du corps X a dû fe réfrac-
ter en Ma fon paffage de l'air dans le verre fous des angles d'incidence
& de réfraétion IML, PMV refpeétivement Cgaux aux angles AEL &
PET, en fuivant la ligne MP qui fait avec la ligne PL un angle de 33°
15/2, égal à l’angle EPL.
de ce rayon NI fur le corps diffringent X du point L, menés au point I
& au point M, les lignes LI, LM prolongés au-delà, qui peuvent être
Lan EMI ATINT IT ER de Eee SENET of jo” 3"
Done Tape MIT ef denses. se. ss 179 6 $2
Or, felon la fuppoñition, la diftance des rayons inci-
dens & réflechis, étant d’un pouce , la ligne L'N qui
fourient l'angle LIN eft de :2*, ce qui dérermine l’an-
gle PANMrde mire. RE de -Le tes tabs rte Nat rs o 28 45
Donc l'angle MIN = MIL-+ LIN eft de..!..… 179.33 37
N ù
schedianiliet der er er ee LE AE me TR 89 49 18+
Confidérons à fon tour le rayon Ni qui du trou N fe dirige du même
côté qu'eft percé le trou relativement au corps X, duquel il va fe réflé-
chir fur le point p du miroir, pour fe rendre au point a du voler.
Les données pour ce rayon Ni, à favoir les mefures des diftances
du point L centre de la concavité du miroir au point N, centre du trou»,
-au corps X , font précifément les mêmes qui ont lieu pour l'autre
rayon NI. On aura donc encore prefque tous les réfulrats exactement
conformes.
PangléapuLides.tetttets fa rise oÙ49 56
L'angle de réflection fur le miroir de ........ sv. O0 33 154
Tome I, Pare, XI, Aaa
366 ed Pt ES NT UIOS NUE
L'angle d'incidence à fon rérour fur la furface anré
rieure de +...:-.4...... on tre Te eee IE ME le eUe ue le 33 257
Et l'angle de réfraétion de..:..........:.... OMS US
Mais la valeur des angles d'incidence & de réfleétion fur le corps dif-
fringent X fera différente , parce que l'angle #2N eft bien moindre que
l'angle MIN. Celui-ci comprend les angles MIL, LIN ; au con-
taire, l'angle miN—=7zwiL— LIN; c'ettà-dire, à 1794 9! $2/——
012345" = 17$ 4L 7 19 --esessens eme 178 41 7
Ce qui donne la valeur de chacun des angles d'in-
cidence & de réfleétion miK,niK de-...-... . 89 20 33%
Moindre de 28° 44” que ceile des angles d'incidence & de réfection:
MIK, NIK. à
Jai fait de femblables calculs pour chacun des anneaux colorés , donr.
M. Newton a mefuré les diamerres pour les divers degrés d'inclinaifon:
qu’il a donnés au miroir. J'en ai inféré les réfulrats dans l2 table ci-jointe..
Voyez page 173.
REMARQUES:
XXV. Le calcal déduit des fimples loix de la réfraétion, appliqué à
l'appareil que j'ai fuppofé , fe prère aufli à ce que lobfervarion à appris, .
qu'à mefure que l'inclinaifon du miroir augmente., la divergence des
rayons à leur retour dans l'air diminue.
Nous avons remarqué ci-devant (n°. XXI[,) que quand linclinaifon:
du miroir eft nulle , les différences des angles des dernieres réfraétions
des: rayons qui produifent les quatre anneaux colorés, font 16° 44/1;
13/75 8 21 1e
Or, quand l’'inclinaifon du miroir eft de 18’ 45", les différences de
ces angles. de réfraction des rayons qui forment les trois premiers an-
neaux colorés font 14 47”, & 11° 38”.
Quand fon inclinaifon eft de 40° $” , les différences des-réfraétions de.
ces trois rayons font 13/7/,.& 11° 10°.
Et enfin, quand fon‘inclinaifon eft de 57" 30”, la différence des an--
gles de réfraction qui produifent les deux premiers anneaux colorés , efk
de 11° 10".
XXVI. Quand le miroir-eft incliné au trait de lumiere incident , les’
rayons tombent plus obliquement fur le corps X du côte I, que quand
la poñrion du miroir: eft perpendiculaire, & moins obliquement du
côté i; & ces augmentation & diminution refpeékives de l'obliquité
des directions des rayons croiffent à proportion.que le miroir eft plus -
incliné.
On a dans la table d'un côté les angles de réfle&on KI1M des:
rayons , par exemple , qui a ces diverfes inclinaifons du miroir, doi-
PARTS: T'IOUU 367
vent contribuer à former le plus interne des quatre anneaux colorés (8
ainfi des autres ).
De 891 39 30”.
89 49 18%
CURE SPC
89, 53) 193%
* Er de l’autre côté on a les angles de réfle@tion Æ à m des rayons qui
gontribuent à former le mème anneau.
De 891 39! 30".
J
SOMLOU 351
89 10 42;.
88 5$ 492
Tous d'autant moindres que le rayon eft plus incliné.
IL en réfulte que quand on incline le miroir , les points du corps X,
ou, lorfque fa pofition étoit perpendiculaire, fe réfléchifloient, par
exemple , les deux rayons qui contribuent à former le plus interne des
anneaux colorés, ne font plus les mêmes; mais que la réflection s’y
exécute d’un côté un peu plus haut qu'auparavant , & du côté oppofé un
peu plus bas,
En effec fi, lorfque l’inclinaifon da miroir eft telle, par exemple,
que la diftance du rayon incident & du rayon réfléchi foit de +? de pouce,
ces deux rayons N1, Ni romboient fur les deux mêmes points Ï &i ,où
ils tomboient lorfque le miroir étroit perpendiculaire , Fergie NIK qui
doit comprendre les angles NIK, LIK , auroit à embrafler 894 39° 30!
+ol,28 45", c’eft-à-dire plus de 90'; enforte que le rayon feroit ren-
voyé du point I vers le voler; & l'angle NiK qui doit être égal à l’angle
LikK moins l'angle LiN feroit de 891 39° 30° — 0128*45"; c’eft à-
dire feulement de 89, 10! 45" moindre que l'angle trouvé par Le calcut
qui eft de 894 10’ 33° 2
Pour le premier ds ces deux rayons la tangente en I feroit trop incli-
née : pour le fecond , la tangente en z ne le feroit pas aflez : au deflus
des points 1 & ë, l’inclinaifon des petites faces du corps convexe X di-
minue relativement à la direction du trait de lumiere incident : au-def-
fous elle augmente ; il faut donc que le premier de ces rayons foit
réfléchi au-deffus du point I, & le fecond au-deffous du point ci.
XXVIL. Les angles de réfleétion KI M, K im fur les deux côtés du
corps X pour les deux rayons qui contribuent à produire le même
Aaa ij
358 ER MON ANNEES
annéau coloré, font dans le cas d’une inclinaifon du miroir, toujours
inégaux entr'eux ; le premier, comme nous venons de le dire, plus:
grand que le fecond. Cela n'empêche pas, où plutôt c’eft ce qui‘ permer
alors que conformément au calcul & aux réfalrars de l’obfervarion, ces:
rayons à leur paflage de l'air dans le verre , à leur réflection far la fur-
face poltérieure du miroir , & à leur retour du verre dans l’air, aient des:
déviations dont les directions font uniformes , & qu'ils puiffent abord:r
fur le voler à des diftances égales de part & d'autre du centre L.de la
concavité du miroir.
Et même les deux angles KIM, Kim ne doivent pas alors être
égaux. Si, par exemple , à l'égard des deux rayons NI, Né qui contri-
buent à former le premier des anneaux colorés, l’angle de réfleétions
Kim de celui qui paffe en decà de l'axe EX, éroit de 89149 18
Comme l’eft l’angle de refleétion KIM du rayon cor-
refpondant NI qui fe tranfimet au-delà de cer axe, l'an:
gle Nr M LeLOTL dei see RUE NP RNB LEE ER 170. 79 037
Et l’angle. L : N de l’inclinaifon du miroir étant de... 28 45
150 7 22
Le rayon im, aulieu de fe diriger en dehors de la perpendiculaire:
prolongée Li, fe dirigeroit en dedans fous un angle de 7/ 227, & après:
la réfleétion fur le miroir tendroit à. fe porter vers quelque point com
pris entre le trou N & le centre L de la concavité du miroir.
Er-cela indique fenfiblement , que même-dans le cas où l'inclinaifon
du miroir fubfftant toujours, mais étant moindre , la fomme des deux.
angles Nim, LiN feroit au-deflous de 180 degrés, & Le rayon réfléchi.
im, par conféquent en dehors de la perpendiculaire E à prolongée, il.
ne pourroit du moins , en conféquence de l'égalité des angles KIM..
Kim, fe porter fur le miroir que fous une obliquité moindre que celle
du rayon correfpondant IM , & que par conféquent , au rerour fur le.
voler il y. aborderoir plus près du point L que ne l’eft le point A où:
aborde l’autre.
XXVIIIL. La forme du corps diffringent que je fuppofe appliqué fur
le mioir, ne peut manquer d’influer pour beaucoup fur l'ordre , felon
lequel les rayons paroiffent pliés ou infléchis.
Si ce corps étoit fphérique , les rayons correfpondans réfléchis far fa:
furface iroient romber fous des obliquités différentes fur le miroir in-
cliné au trait de lumiere.
Soit S.un.corps fphérique placé fur le miroir dont.le centre de conca--
vité eft en L (Fig. VII) où fe rencontre le trou N qui adme: je trait
de lumiere, duquel les rayons NI, N à vont fe réfléchir fur les points
E & à également diftans de Ja furface du miroir , & de-là aborder aux
points P & p fous des angles d'incidence égaux entr'eux.
| PIRE MS LA NO AAAIE: 36%
Soit le trou qui admet le trait de lumiere transféré de NenR, ce
fera alors fur les extrémités de la corde Gp égale à la corde 15, & qur
fait avec elle un angle égal à celui de linclinaifon du miroir , que les
rayons partis du trou R qui repréfentent les rayons NI, M5, fe réflé-
chiront.
Il en réfultera que le rayon RG fe réfléchira felon une direétion GE
plus inclinée au miroir que la ligne IP, & le rayon R 7 felon une direc-
tiôn ge moins inclinée que la ligne ip : & qu'ainfi les angles d’inci-
dence fur le miroir des deux rayons correfpondans partis du trou R,
font inégaux ; & certe conféquence ne s'accorde point avec ce qu'exige
l’obfervarion.
XXIX. Mais fuppofons que par les points J & i(1) entre la circon
férence du corps fphérique S & les rangentes T, £ de ces deux points
1] pale des lignes d’une certaine courbure DD & d d, relies que celles
qui feroient partie d’une parabole. Il: eft conftant que fur ces courbes
paraboliques DD, d4 l'incidence du rayon RG fera plus inclinée que fur
la furface fphérique , & celle du rayon R g mois inclinée que fur la fur-
face fphérique. Or, certe courbure parabolique de la furface du corps
difftingent pourroit être telle que le rapport des angles de réfection des
deux rayons correfpondans en G & g les dirigeär & les fic tomber fur le’
miroir fous des angles d'incidence, égaux entr'eux, comime il réfulte
du rapport , par exemple , des angles de réfieétion de 894 49 1872, 8
894 20’ 33 + qui a lieu pour les deux rayons qui contribuent à former
le plus interne des quatre cercles colorés , produits avec le miroir de-
M. Newton, incliné de 28° #5” au rayon incident, & qui eft propre à
rendre uniformes , comme il paroït par la table , les déviations ulrérieu<
res des deux rayons , & à les faire aborder fur le voler à diftances égales
du point L. Je laiffle aux Géometres à dérerminer précifément quelle
devroit être certe courbe parabolique, pour fatisfaire aux réfulratsénoncés-
dans la table. Je me borne à montrer la pofibilité de cette égalité d'in-
cidence des rayons correfpondans fur le miroir incliné , laquelle décide”
de la difpofition des anneaux colorésfur le voler.
XXX. Aurefte, comme les rayons qui produifenit cette apparence, re
font que ceux qui font réfléchis vers les bords du corps diffringent, il peut
être cenfé applati par-deflus , comme ik left par-dellous où il fe monté
fuivant la courbure du miroir ; & il fufit que dans fon contour, fes bords
foient configurés comme par la révolution autour de fon axe d’une ligne
de la courbure que nous avons défignée.
(1) Figure VIIT-où les mêmes lertres repréfentent les mêmes choles que dans la
fgure VII.
370 DRE ET ES NM IONV EE.
Cette configuration qu'il faudroit fuppofer au corps diffringent, pout
procurer aux rayons avec le miroir, tant incliné que perpendiculaire,
des déviations felon l’ordre que les difpoftions des anneaux colorés
annoncent avoir lieu en ces diverfes circonftances , n’eft-elle pas celle
que peuvent affecter de prendre ces petites gouttes d’eau, que l’haleine
pouffée contre le miroir y répand , fi propres à produire cette apparence
qui s'évanouit dès qu’elles fe diflipent; & les gouttes de lait , qui con-
venablement érendues dans un peu d’eau qu’on applique fur le miroir, y
reftent attachées après l’évaporarion de l’eau | & forment un enduit per-
manent ? C’eft ce que je laifle aufli à examiner. Je remarquerai feule-
ment , 1°. qu'il eft conftaté par les belles expériences de M. le Duc de
Chaulnes, que la diffraétion des rayons opérée par des corps mis en
avanc du miroir, fuflit pour produire des anneaux colorés.
2°. Qu'il paroït que l'intervention de ces corps diffringens y eft né-
ceffaire, ‘
3°. Que felon les calculs faits fur les réfulrats des obfervations, & d'a-
près les loix de la réfraction, quelque uns de ces réfultats ne permer-
tent pas qu'on accorde une forme fphérique aux corps diffringens qui
procurent ceux-ci,
XXXI. M. le Duc de-Chaulnes à employé avec fuccès un réfeau de
fils de coton ou de fils d'argent qui font arrondis. Il a obtenu des cadres
colorés de forme quarrée & un peuñlarrondis dans les angles, Il n’étoic
pas de fon objet d’éprouver fi, quand le miroir feroit inchiné , le point
intermédiaire de fes cadres coincideroit avec le centre de la concaviré
du miroir , comme 1] y devoit coincider quand le miroir étoit perpen-
diculaire au rayon incident , & comme y coincide le centre des anneaux
colorés produits à l’aide des petites gouttes d’eau ou de lait. Certe épreuve,
je l'ai faite, & l’effer que je prévoyois, a été plus marqué que je ne
l'atrendois. J'ai difpofé parallélement entr'eux , & près les uns des au-
tres, des fils d'argent doré fur un petit cadre coupé dans une carte, & je
les ai appliqué fur un miroir concave dont j'ai fait d’abord coincider le
c:ntre de concavité avec le trou qui admettoit le trait de lumiere, ce
fut le moment où je diftingnai le moins l’effet des rayons renvoyés fur
le volet tour autour du trou. Mais quand le miroir vint à être incliné,
& que l’image folaire produite par le rayon réfléchi, vint à s'éloigner
du trou, j'appetçus aux deux côrés de cette image des bandes colo-
rées, qui toujour: difpofées de même à fon égard , la fuiyoient à me-
fure qu’elle s’éloignoit de plus en plus en conféquence d’une plus grande
inclinaifon du miroir : dans l'expérience exécutée avec un miroir cou-
vert de l’enduit ordinaire , il y a toujours une portion de chaque anneau,
qui, tandis que l’image produite par le rayon réfléchi s’écarte du trou,
& que les anneaux s’agrandiffent & s'étendent du côté de certe image,
PMR IS FOUTU. 371
refte arrêtée de l’autre coté du trou. Mais ici les bandes colorées, qui
repréfentent ces portions des anneaux colorés franchiffenc cer obftacle,
& le crou celle d’être renfermé dans l'étendue de l'apparence à une cer-
taine inclinaifon du miroir.
L'ordre des déviations, que ces fils arrondis procuroïent aux rayons
de lumiere, étoit donc bien différent de celui des déviations qu'elles
effuyent de la part des gouttes d’eau & de lair. Ce qui prouve que le
phénomene obfervé par M. Newton, dépendoit comme l’a jugé M. le
Duc de Chaulnes , immédiatement de la diffraétion ou inexion, &
établit en mème temps que la forme des corps diffringents qui le pro-
duifent , n’eft pas fphérique.
L2 »
XXXIT. Mais l'intervention des corps diffringens fur le miroir de’
verre concave, elt-elle abfolument nécellaire pour le difpofer à donner:
l'apparence des anneaux colorés >? M. Newton qui a fait, & qui fure-
ment a répété fouvent cette expérience, ne dit nulle part qu’il ait em+
ployé aucun enduit, ni qu'il fe foit avifé de ternir fon miroir , par les
vapeurs de fon haleine, M: le Duc de Chaulnes femble d'abord penfer
feulement, que Le rerniffement de [a furface augmencoit l’inténfité du phe-
nomene, Moi-mème j'ai obrenn des anneaux colorés , dont les teintes
n'étoient que moins vives, & fe faifoient cependant diftinguer avec un
miroir qui n'étoit pas garni de l’enduic des petites gouttes de lait, 8
fur lequel je n’avois pas fouflé.
XXXIII. Malgré tout cela, je n’en'ai pas moins penfé que la ma-
mfeftation des anneaux colorés tenoit à l'intervention des corps diffrin-
gens, vilibles ou non vifibles répandus fur le miroir ; & M. le Duc de
Chaulnes avoit conclu de fes expériences, qu'ici la lumiere éroir inflé-
chie dans les pores de la premiere furface du verre , & plus complette-
ment dans ceux de l’enduit employé pour ternir la furface. Il s’eft ex-
pliqué encore plus clairement depuis dans fa réponfe en date du 20 Mai
1707 , à une lettre par laquelle je l’avois prié de me donner quelques
éclairciffemens à cet égard. Après avoir dit que différens miroirs de verre
& d’inégal diametre qu'il avoit employés, lui avoient toujours donné’
des anneaux colorés , lors même qu'il en avoir efluyé la furface ; M. le
duc Chaulnes ajoute : Vous me demanderez-peut-être comment en ce cas’
cctté premiere furface peut produire ces anneaux ? Voici ce que j'en penfé.
Quelque bonne que foir la matière du verre , & quelque poli qu’on lui donne,
il eff impoffible qu'il n'y refle pas quelques petites bulles , ou quelques pe-
tits points qu'on apperçoit même avec le microfcope. Or, pour peu qu'il y
en ait, elles fuffifent pour former des anneaux qui , étarr réfléchis par la
Jeconde furface, font renvoyés au foyer de cette furface les uns fur les
autres, © acqwierent par-là un degré d’indenfité fuffifant pour étre ap-
372 RSR NT SE TL IMO EU ES
percus. S’il étoir poffible d’avoir une matiere parfaitement pure, je fais
perfuadé qu'on n’en appercevroit aucun ; & ff pour l'effet contraire ; on
augmente beaucoup le nombre des bulles de la premiere Jurface, comme
on le fair en la couvrant de vapeurs , on augmente l'intenfité des anneaux
au point d’être très-vifs & très-brillans.
Indépendamment de ces petites bulles & de ces points, dont parle
M. le Duc de Chaulnes, & qu’on n’apperçoit qu’à l’aide du microfcope,
la furface de la plüpart des miroirs concaves , dont le verre eft moins
bien choifi que pour ceux dont il a fait ufage , eft coupée par une quan-
tiré de ftries , de petits creux, de petites arrètes, ou de petits corps
qu'on ne peut en détacher , lefquels fe laifent aifément diftinguer à la
vue fimple, lorfqu’on fait tomber deffus un trait de lumiere dans la
chambre obfcure. De deux miroirs concaves , dont je me fuis fervi, &c
dont l’un donne des anneaux colorés fans être garni de l’enduit ordi-
naire, & fans qu'on foufile deflus; l’autre, qui en donne par une por-
ton de fa furface où l’enduit a été appliqué, n’en donne point par une
autfe portion qui n'a pas été revêtue de cet enduit. J'ai aufli un verre
plan-convexe, qui quoiqte non-étamé par-derriere, peur tenir lieu d’un
miroir concave, fi on préfente fa furface plane au trait de lumiere, &
donner de beaux anneaux colorés, quand on foufile alors deffus , mais
qui n'en procure plus du tout , quand les vapeurs qu’on y a ainfi répan-
dues , fe fonc diflipées. u
Ces obfervations concourent à confirmer l’idée que s’étoit faire M. le
Duc de Chaulnes, fur la maniere dont la lumiere eft décompofée dans
le miroir qui procure le phénomene des anneaux colorés, & lailfent à
foupçonner que les vapeurs dont l'air eft toujours plus ou moins chargé,
euvent en s’attachant au miroir, faire, quelques imperceptibles qu'elles
“oient, la fonction de corps diffringens.
XXXIV. Les inductions que j'ai tirées jufqu’ici de la fuppoñition de
l'intervention de ces corps diffringens , & de fes conféquences naturelles
& immédiates, n'ont été appliquées qu'aux feuls rayons, qui dans l'ap-
parence produifent les anneaux colorés extérieurs à l'anneau gris, tant
dans le cas de l’inclinaifon que dans le cas de la perpendicularité du mi-
roir au trait de lumiere. Il me refte à développer la marche de ceux qui
produifent cer anneau gris , la tache blanche otbiculaire , l’anneau blanc,
& les anneaux colorés qu'il entoure, & qui ne fe manifeftenr qu'à me-
fare qu'on incline le miroir. Cette difcuflion me fournira la matiere
d’un autre mémoire.
+
TABLEAU
Diftance en-| 2 Jiam. Angles des lli- Angles des| Angles d'inci- Angle P Angles Angle P\'Angle AE AngleS] Angles NiK
RE F Jelgnes tirées des rées/dence & de ré- | AngleIMN| MV deré-JMPL , Z}ET d'in- |L deréfrac-|deslign.} mi k d'inci=
ingdens ere points P,Q,R, Angle L. du point Gifeétion fur le [d'incidence | fraction |PL d'in- |cidence [tionduver-|cir des | dence & de ré-
réfléchis, S09ES SE refpeétives aux points/corps XNIK, [au paflage de l’air cidence & au pafla- re dans points À fleétion {ur le ln
aux points À, A,B,C,DMIK. duverre, |dans le [de réflec-| ge duver-| l'air. B, GC, D{corps X. D
B,C,D, &au & au point verre. cion fur le re dans aux p. a
is Ji sr On IL Lie miroir. |l'air. G& E.
13 S 40! su g!"! 40! $9" 1894 39! 30! ol 41! ©! 27! 20/! O7 12// 27/20" PU 1 1 89° 39! 50!
CRUE | 7: 430 LE 57 42/50 31 8 | 57 44138 293138 173138 2035] 57 44| 2 |80 31 8
#33 r 10 3$|14 [r ro 40/89 24 341fr vo gala 14 [47 047 14 |r 1e 51] 2 |$o 24 54:
re M 217 427016 NEA Re 18 sotlr 22 1|54 402154 245154 4051 22 1| 3 |89 18 $9>
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M 140.56. |ne ES de 49 182) Sos 8133 25133 15:/53 255) so, 8|° 2 *|$9 20 332
ppouce st" 2 lt 4 40,13 1 4 53/80 41 $$ [1 4 5543 16543 35/45 1651 ‘4 55) 2 |$o 13 ro
25% |r 16 1H IN PIE TGS 0 6 néMT 1623701 21180 260622 27 Ër 633) 4 3 89 7 21
16 !
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re |. 57.130 |S1s 57 42{89 sr 332] 57 44138 291138 171138 295] 57 44] 2 |S9 10 42:
1 pouce == 23 5 [1 10 3s'l 14 |r 10 49189 45 IRON 474 47e) PE7aNL Ru OT ET OENSIT a) 89 4 9
nr e
lg
Fe ft 21 42/16 Îr 21 58/8 39 25 |1 22 7x 4 505154 442154 4051 22 1! 3 |88 58 34 |T
&
Ma oncess 9 755 |" 40° 35 | 14 nr lo 49 Boss 2942 10° s1|47 14 lp |47 14 Ma srl à 188 55 402 |
. 16 4 j
| : ré fr 21 42/16 |r 2158 (80/47 445ln 227 11f4 "40254 242194 205/7 22 =) SP 18S- so 4:
Voyez les Figures V & VI, ‘épaifleur du miroir concave de M, Newton étoit t de x «de pouce, io
LA LC
È . *
de >. ue
374 PE MINT IT ONU:
O BA SN EMA NA EMIONEN TS
Sur l'expérience du Pere BERTIER, inférée Tome II, page 2515
Par M. DE LA PERRIERE, Chevalier, Seigneur de Roiffé.
Éd xPÉRIENCE des balances du P. Bertier aura infatiliblement tou-
jours le mème réfulrar, & dès que les tourbillonnaires & les attraction
naires conviennent également & unanimement que la pefanteur aug-
mente comme la diftance au centre , & en s’en éloignant jufqu'à la der-
niere furface du globe, & qu’elle y eft la caufe de l’accélération des pen-
dules du pied au fommer des montagnes , ils n’ont plus aucun intérêt
de douter d’un réfultar & d’un fuccès , qui font le triomphe de lens
commune opinion ; ni d’en compromettre l'autorité qui la confirme , à
des répétitions qu’en pourroient faire ceux qui, n'étant d'accord avec
eux fur aucunes de leurs prétentions , en obtiendroient peut-être des.
réfulrats cout différens.
Le moyen de conciliation, ou jugement porté par Meflieurs de la
Lande , d'Alembert & le Sage dans la difpute littéraire , occafionnée par
les expériences de M. Coulraud dans les Montagnes du Faucigny , & de
M. Mercier dans celles du Valais, a été de fuppofer que dans d’autres
montagnes les pendules avoient retardé du pied au fommer de ces mon-
tagnes, & accéléré dans celles du Faucigny & du Valais, à caufe des
différentes denfirés moyennes des rayons terreftres tirés du centre de la
terre aux pendules mis en expériences, & des différentes combinaifons
des denfités moyennes des montagnes, avec celles du noyau terreftre
far lequel elles font firuées & aflifes.
Mais outre que ces circonftances font des caufes occultes , arbitraires,
conjeéturales & incerraines, & conféquemment les accélérations & re-
tardemens des pendules , indépendans des diftances au centre de la ter-
re, c'eft qu’alors l'accélération du pendule parifien de Paris à Pello , ne
prouveroit plus l’applatiffement des pôles de la terre, & l'excès de la
gravité primitive , en s’approchant de fon centre, qu’en ont déduit les
Académiciens François, & qui paflent , fur cette expérience du pendule
parifien à Pello, en force de chofe jugée dans les deux fectes philofophi-
ques.
Erant entré dans cette difpure littéraire par mes Mémoires inférés dans
le Journal des Beaux Arts & des Sciences, des mois de Décembre 1769,
Février 1771 ,& Mai 1772; j'y ai foutenu que la pefanveur n’eft entrée
RARE PET LOTUS 375
pout rien dans les accélérations des pendules , du pied au fommet des
montagnes, & de Paris à Pello; qu'un refte d’accourciflement des ver-
ges produit par le froid & que la chaleur artificielle n’a pas rétabli , en
a été l’unique caufe ; & il le fera en effet toujours en faifant ou répétant.
les expériences.
Quand doncles expériences du Faucigny & du Valais feroient fuppofées
une de ces fraudes , que ce ne feroit pas la premiere fois qu’on fe féroic
permifes pour accréditer des fÿftêmes qui manquoient de fondemens [olides;
l'explication indépendante de la pefanteur que j'en ai propofée & pré-
fentée ne feroit, à tout événement, pas plus inutile que ne le feroient
les recherches attraétionnaires de Meflieurs d’Alembert, le Sage & de
la Lande, pour en attribuer les réfultats à la pefanteur ; & il me femble
que l’évidence de l’une compenfe de refte la célébrité des Auteurs des
autres.
C'eft dans cet état de la queftion que le P. Bertier, infiftant fur l'aug-
mentation générale de la pefanteur & de la force centrifuge du tour-
billon d'éther annexé à la terre , dont elle dérive & dépend dans le fyf-
tème cartéfien , en s’éloignant du centre, a fait fon expérience des ba-
lances ; il a fufpendu une balance à 7$ pieds au-deffus de la terre; il a
mis dans un des bañlins des poids parfaitement en équilibre dans le
même air & à même hauteur , avec une ficelle de 74 pieds de long, &
un autre poids mis dans l’autre baflin; ayant énfuite fufpendu la corde
& le poids fous celui-ci jufqu’à un pied de la terre, les poids d’en haut
ont emporté & foulevé la corde & Le poids fufpendus & plus bas, qui y
faifoient équilibre avant leur fufpenfion; en employant de plus grands
poids, ceux d’en haut ont emporté & foulevé davantage ceux d’en bas ;
1l n’a point obfervé de combien ils les ont emportés ; & il en a conclu
que les corps pefent d’aurant plus qu'ils font plus élevés fur la terre, &
que par conféquent la pefanteur augmente comme la diftance au cen-
tre & en s'en éloignant.
L'expérience elt certainement-très ingénieufe, & je penfe qu’en la
répétant avec le même foin & la mème exactirude , que le P. Bertier ÿ
a apportés en la faifant, on en obtiendra toujours le mème réfulrat ;
mais elle ne prouve point du tout , comme 1l le prétend & l'entend,
que les corps pefent réellement d'autant plus qu’ils font plus élevés fur
la terre , & que la pefanteur , augmentant comme la diftance au centre,
elle agit fur les plus élevés avec plus de force que fur les plus bas.
Elle prouve que les corps folides plongés dans les fluides y perdant
de leurs poids une quantité égale à celle du poids du volume qu'ils en
déplacent, les poids les plus élevés , placés dans l’un des baflins de fa ba-
lance , étant plongés dans un air plus rare , plus léger & moins élaftique,
doivent emporter la corde & le poids fufpendus à l'autre baflin , & plon=
gés dans un air progreflivement plus denfe & plus Ste , quiles fou-
Bbb ij
376 PNEU NN SR NET QUNTUNES
leve & les ailézé davantage; comme la fonde des mariniers qui > plus
elle eft plongée profondément dans la mer , plus elle y perd de fon poids,
jufqu’à s’y trouver en équilibre & à for; & comme les deux billes d'ivoire
de M. Noller, tom. 2, pag. 363 , fufpendues dans l'air en équilibre
aux bras d’une balance, & dont l’une plongée enfuite dans l'efprit-de-
vin , emporte l’autre plongée dans l’eau.
La denfité , la pefanteur & le reffort de l'air , font toujours en raifon
réciproque , & agillent chacun féparément comme tous les trois réunis
enfemble; l'air dont l’eau eft impregnée , étant progreflivement plus
actif & plus denfe de la furface at fond de fon lir, tend à foulever les
corps qui y font plongés du fond de fon lic vers fa furface , en en com-
primant toujours les parties inférieures progreflivement davantage que
les parties fupérieures ; de-là vient que le globule d’air qui fort du fond
du lit de l’eau , y étant toujours plus comprimé fur fon hémifphere in-
férieur que fur le fopériear , par le fluide aérien & igné ambiant, s'y
éléve & monte à la furface du liquide.
La mème pefanteur qui, entaffant les couches du fluide aérien &
igné , engagé entre les parties de l'eau, & dans le fein duquel elles font
fufpendues en équilibre & à lot , en augmente progreflivement la den-
firé & le reffort, de la furface au fond de leur lit; entalfant les couches
du mème fluide aérien & igné dont l’athmofphere de la terre eft com-
pofé les unes fur les autres dans la direction du centre , elle en aug-
meute progreflivement la denfité'& le refloit de leur circonférence à
la furface de la terre qui leur fert de lit & d’appui , & leur preflion am-
biante en tous fens ou reffort ainfi augmentée de leur circonférence à
la furface de la terre , tend à foulever & y élever les corps qui y font
plongés..
Si plus es poids, avec lefquels le P. Bertier a fait l'expérience, étant
gros , plus le fupérieur l’emportoit fur l'inférieur; c’eff que ce qu'un
folide plongé dans un fluide perd de fon poids , eft égal à celui du volu-
me qu'il en déplace, parce que le fluide qui le foutienr & le fouleve ,
agit fur lui par un plus grand nombre de fes parties & de fes colonnes,
& il le foutient & le fouleve , parce qu'étant progreflivement plus denfe
de la furface au fond de fon lit, il le repouffe du fond de fon lit vers fa
furface. Il étoit aifé d'obferver.de combien les poids fuperieurs lem-
portoient fur la ficelle & les poids inférieurs fufpendus à l'autre plat,
en ajoutant dans celui- ci des poids jufqu’au cétabliflement dl'équi-
libre.
Nous marchons bien plus iégérementen hiver qu’en été; nous portons
de plus grands fardeaux , & les portons d’autant plus aifément qu'àpoids
égal ils ont plus de volume; parce que les refforts de la rerre , de notre
corps &.de l'air étant plus rendus & plus roides en hiver qu’en été,
la verre fur laquelle nous matchons &- notre corps réagifléns avec plus
PAT Le lL IT IG NUE 377
de force l’un fur l'autre; l'air que nous déplaçons nous fouleve & nous
allége davantage , nous & les fardeaux que nous portons; & d'autant
plus qu'eux & nous en déplaçons davantage ; parce que dans tous les
cas un folide plongé dans un fluide y perd de fon poids une quantité
égale à celle du poids du volume qu'il en déplace.
Si le P. Berrier dit que c’eft ainfi qu'il a entendu ; on lui répondra,
1°. qu'il s’eft fait allufñion à lui même, s’il a cru nous jerter de la pouf-
fiere aux yeux ; & nous faire prendre Le change par l’équivoque des
termes, que les corps pefent d'autant plus qu'ils font plus élevés au-deffus
fde la terre, dont il s’eft fervi.
2°. Qu'alors il n’auroit pas prouvé Faugmentation de la gravité primi-
tive qu'il y cherchoit , & dont il a fait la bafe & le fujec du quatrieme
tome de fes principes phylfiques & de fa fortie contre l’attraétion Newto-
nienne.
3°. Qu'il n’y auroit pas trouvé le moyen d'expliquer laccélération des
pendules du pied au fommet des montagnes , ou la pefanteur fecondaire
de l'air, qui les accéléreroir d'hiver en été ,,& les rerarderoit d'été en
hyver ,.rour le contraire de ce qui arrive n'entre pas plus que la gravité
pumicive; & donc un‘refte d’accourciflement des pendules, produit par
le froid, & que la chaleur artificielle ne rétablit pas , a néceflairement
été & fera toujours l'unique caufe,
4°. Que la pefanteur primitive à laquelle il attribue les accélérations
des pendules du pied au fommer des montagnes , ny entre évidemment
À lee Ph Det a
pour rien, puifqu ils accélérent d'été en hiver , & retardent d hiver en
été, au même endroit où la gravité primitive & la diftance au centre re
varient certainement pas.
5°. Que pour prouver que la pefanteur augmente comme la diflanee
au centre , 1! a fuppofé la chûte des corps à plomb l’un fur l’autre fur le
même point de la terre , fimultanée & de tous au même inftant; &
qu'il eft notoire, de fair & d'expérience, qu'elle y eft fucceflive de l’un
après Paurre ; de 15 pieds de haut dans une feconde, de 6o dans deux
fecondes , & de 13$ dans trois fecondes, & que, fi la pefanceñr aug-
mentoit comme la diftance au centre, la chûre en.feroir bien fimulra-
née. & de rousau mème inftant , mais fur différents points de-la terre,
au lieu du même,
6°. Que fi les affifes ou couches fupérieures de’ l'athmofphere terref-
tre & des murs , gardent conftammnent leur à-plomb fur les inférieures’;
ce n’eft pas que la pefanteur augmente comme la diftance au centre’,
puilque portant alors les corps à plomb l’un fur l’autie fur différens points
de la terre, prosrefivement plus orientaux, elle le détruifoit au lieu
de l’érablir; & qu'elle l’érablit & l’entretient; parée que , de toures les
diftances au centre, elle a, & garde conftamment fa {upériorité & fon
empire fur la rotation, qui, augmentant en effet comme la diftance au:
37: PNR MINS INT GNU ES)
centre, yentre pour le tranfport commun feulement , & tranfporte fe
point de la terre avec eux fous leurs chütes fucceflives fur lui , fans en
altérer ni détruire l’à-plomb.
RE ELLE XALUO,NaS
Sur une nouvelle expérience du révérend Pere BERTIER, qui prou-
veroit que la pefanteur augmente à mefure qu'on s’éloigne de la terre,
É même fuivant une progreffion fort rapide ;
Par M. LESAGE de Geneye (x).
di C £ feroit bien inutilement; que les Phyficiens du Siécle dernier,
auroient pris tant de foin, pour nous laïffer des Expériences bien cir-
conftanciées : Si les Phyficiens de ce Siécle; ne les lifant point ; recom-
mencent ces mèmes Expériences , comme fi elles n’euffent jamais été
exécurées; fans mème nous rapporter les Circonftances , qui pourroient
nous aider à juger des Sources accidentelles de leurs étranges Réful-
tats.
II. Ce n’eft pas, que j'aie beaucoup de regret; à la petite Peine que
ces derniers prennent de la forte, inconfidérement & à pure perte. Mais,
je fouffre avec quelque Impatience , l’Illufion où l'on jerre néceffaire-
ment un grand nombre de Lecteurs; quand on leur laifle croire : Que
les groflieres Tentatives qu'on leur préfente pour décider une certaine
Queltion délicate ; font les premiéres & les feules de leur efpéce. Tan-
dis qu’il en exiftoit plufeurs , depuis plus d’un Siécle; qui avoient été
exécutées beaucoup plus en grand, avec des Inftrumens exquis, & par
des Phyficiens du premier Ordre.
JL. Quand il me feroit venu dans l’efprit, quelque Scrupule , fur la Loi
Newtonienne de la Gravité;malgré les Preuves mulripliées & fouveraine-
ment folides dontelle eft appuyée: Et , que j'aurois défiré de fçavoir ; f
cette Loi fe vérifie encore , tout auprès du globe terreftre. Il me femble ,
que j'aurois commencé par foupçonner : Que je n’étois pas le premier à
qui ce Défir fi naturel feroit venu à l’efprit : Erque peut-être on avoir déjà
expérimenté la chofe; avec plus de Précifion que je ne pouvois y en ap-
porter, ou mème avec quelques Précautions dont je ne m'avifois pas.
D EE
(1) L'Auteura fans doute des raifons pour admettre une ponétuarion différente de
celle qu'on emploie, Il exige que nous nous y conformions.
FÉRRQNE NT 0 0 LU 2e 379
V. En conféquence. J'aurois fouillé dans les Ouvrages, où fe trou-
vent beaucoup d'expériences bien faites : Et fur-tout > parmi les Ecrits
des Compatriotes du grand BACON ; lequel avoir propofé ; d’exami-
ner le Poids d’un même Corps à différentes diltances de la terre,
V. Je me ferois donc adreffé, entr'autrés; aux ouvrages de BOYLÉ
& de HOOKE, ainfi qu'à l’Hiftoire de la Scciéré Royale de Londres,
“Et j'aurois effectivement trouvé, de belles Expériences fur cette Quef-
tion : Soir, dans le cinquieme volume de la Colle&tion in-fo/io des Ou-
vrages de BOYLE, foit, dans les Œuvres pofthumes de HOOKE ; foir
enfin, dans le premier & le quatrieme Volumes ir-4°, de l’Extraic que
M. BIRCH nous a donné , des Regiftres de la Société Royale.
VI. Ces Expériences, furent faites; en 1662,54 & 8 1, par M. HOOKE,,
& par divers autres Membres de la Société Royale de Londres ; à la
Cathédrale de Sr. Paul, à l'Abbaye’ de Weftminiter, & à la Colomne
appellée le Monument. Savoir: Avec d'excellentes Balances ; Qu'un grain
par livre faifoit trébucher; & dont l’umdes Poids égaux , étoit plus élevé
que l'autre, tantôt de 204 pieds, tantôt de 71 pieds comptés depuis le
terrein, & rantôt de 71 pieds comptés depuis le haut de ces premiers,
Sans que cependant ; on ait jamais apperçu entre ces deux Poids, aucune
Préponderance ; excepté celle, qui pouvoit provenir de quelques caufes
accidentelles ; laquelle étoit favorable , tantôt au Poids fupérieur, & tan
tôr à l’inférieur,
VII. Quand M. HOOKE, le plus ardent promoteur & le plus habile
manipulateur de ces Expériences , vit qu’elles étoient infruétueufes : il
propofa en 1665, 66 ; d'y fubitituer celle , des Nombres d'Ofcillations,
que feroit en un Tems donné, un même Pendule, placé alternative
ment au pied & au fommet d’une Montagne. Moyen ; qui eft en effer
beaucoup plus propre que le premier, à faire appercevoir une Différen-
ce ; dans la Gravité qui s'exerce à différentes diftances : comme l’avoient
fort bien compris, les Romanciers ingénieux ; qui , fous les noms em-
pruntés de COULT AUD & MERCIER >, nous ont débité de préren-
dues Expériences , imaginées pour nous faire accroire que la Pefanteur
augmentoit en montant.
VIT. A propos de cette Fraude adroite, inventée pour foutenir un:
Syftème favori. Je dois faire remarquer aux Adverfaires de la Loi New-
tonienne : Qu'on ne peut pas fufpeéter les Expériences dont j'ai rapporté
les réfulcats ; d’avoir été inventées auili, ou alrérées , en faveur de cetre
Loi. Puifque M. NEWTON, ne commença à s'occuper de cette Théo-
sie, que dans l'Automne de 1666 : qu'il l'abandonna tout de fuite;
3$0 PAT LUN PES UT RO MUNIE
jufqu’à la fin de 1676 ; où il y cravailla un peu, mais fans bruit : Et qu'il
ne la reprit tout de bon, qu’à la fin de 1683.
IX. Le R.P.BERTIER ; dit dans quelques Journaux : Qu'il n’a pas
obfervé la quanrité, dont le Poids fupérieur l’emportoir fur l'inférieur.
Mais dans d'autres Journaux ; il nous apprend : Que cette différence ,
étoit ; d’une once trois gros & demi, fur vingt & cinq livres; c’eft-à-
dire, d’une partie , fur 273 : Pendant que la Différence des Diftances
au Centre de la Terre; éroit feulement de 75 pieds , fur près de vingt
millions; c’eft-à-dire, d’une partie , fur plus de 260 mille.
X. Cerre différence entre les deux Poids ; eft donc 940 fois plus gran-
de, par rapport au moindre d’entr'eux ; que n’eft la Différence des Dif-
tances , comparée à la moindre d’entr'elles. Au lien que ces deux Dif-
férences, devroient être proportionnelles ; felon l’Opinion que le P.
BERTIER foutient vivement dans vingtEcrirs depuis quelques années.
Un Ecart aufi énorme , entre fa prétendue Loi & fa propre Expérien-
ce; devroit bien le reconcilier un peu avec la Loi de NEWTON ; qui
s’écarte beaucoup moins de la fienne , que ne fait cette expérience.
XT. Dans cette derniére Phrafe ; je n’employel’Expérience du P. BER-
TIER, que comme un Argument ad hominem. Car je ne penfe point ;
que les autres Phyfciens , doivent en tenirle moindre compte. Pas plus;
que les Aftronomes, ne tiennent compte d’une Obfervation ; quand elle
S'écarte confidérablement du Réfulrat de toures les autres; & quand fon
Récit eft dépourvu , de tous les Détails qui pourroient lui concilier
P > Ê
quelque Confiance,
XIL Mais, me dira quelqu'un : » Que penferiez-vous , fi vous voyiez
# reparoïtre cette mème Expérience, accompagnée de tous les Détails
» que vous regrettez ? Et que; malgré toutes les Précautions les plus
» fages ; elle donnât encore le mème réfultat? «.
XI. Je penferois précifément ; comme penferoit tout auire homme,
quand il trouveroit imprimé quelque part : Que le P. BERTIER , ayant
pelé une Poire ; il l’avoit trouvée plus pefante qu'auparavant. Car , quand
; PU 12 L
je confidére les Obfervations direétes & nombreufes, par lefquelles
NEWTON a prouvé la diminurinn de la Pefanteur à mefure qu’on s’é-
léve ; & la puiflante Analogie , par laquelle il a rempli les Lacunes de”
ces Obfervations : Je fuis prefque aufli aduré de cette Diminurion; que
je fuis affuré de la Diminution du Poids d’un Grave que je n’ai jamais:
wii, quand on me rapporte que quelqu'un lui a enlevé une partie dé
fa fubftance.
XIV. » Mais encore une fois : Que penferiez-vous à la leéture d’un
» pareil Récit? «. Je me rappellerois: Qu'une Exception formelle aux-
Loix
: PME TIRSAILMONMU NE. 381
Loix les plus conftantes de la Nature ; s'appeile un Miracle, Ou plutor,
je dirois: Que fans doute , les mêmes Pfeudonymes ; qui nous ont
conté en 1769 & 1773, des prétendues expériences tendantes au même
bur; fe fonc plù à nous en impofer encore une fois fous un nom plus
connu que ceux qu'ils avoient emprunté alors. Et le P. BERTIER , me
fauroic gré de cette Tournure.
PEN ET AU LT
D'une Lettre de M. FRANKLIN à M STEFENSON;
Sur des expériences relatives à la chaleur communiquée par les rayons
du Soleil.
M abanvaus feulement un quart-d’heure dans votre jardin au
grand foleil , étant vêtue en partie de blanc & en partie de noir, après
quoi appliquez votre main alternativement fur l’un & fur l’autre, &
vous y trouverez une très grande différence de chaleur, Le noir fera tout-
à-fait chaud au toucher, & le blanc toujours frais.
En voici une autre , eflayez à mettre le feu à du papier avec un verre
ardent, s’il eft blanc, vous n’en viendrez pas aifément à bout... Mais
fi vous amenez le foyer de votre verre fur une tache d’encre, ou fur des
lettres manufcrites ou imprimées, le papier prendra feu auflitôr à l’en-
droit écrit.
Ainfiles Foulons & les Teinturiers trouvent que les draps noirs de la
même épailleur que les blancs qu’ils fufpendent également mouillés , fe
fechent au foleil beaucoup plutôt que les autres, parce qu'ils s'échauf-
fent plus aifément aux rayons du foleil. Il en eft de mème au-devant du
feu , dont la chaleur pénetre plus promptement les bas noirs que les
blancs, de forte qu’on fe fent bien plutôt la peau grillée. La bierre
pareïllement s’échauffe bien plutôt dans un gebelet noir pofé devant le
feu, que dans un blanc, où dans une rafle d'argent bien propre.
J'ai pris dans un carton échantillons d’un Tailleur, quantité de pe-
tits'morceaux quarrés de draps de différentes couleurs. Il y en avoit de noir
de pourpre , de bleu foncé, de bleu clair, de verd , de jaune, de rouge,
de blanc, & d’autres couleurs, & de diverfes nuances. Je les pofai tous
fur de la neige , le matin par un beau foleil; au bout de quelques heures,
le noir ayant été le plus échauffé, s'éroit enfoncé fi bas dans la neige,
qu'il ne pouvoit plus être frappé des rayons du foleil ; le bleu foncé éroit
prefque aufli bas; le bleu clair n'étoit pas tout-à-fait fi enfoncé ; les au-
Tome: IL, Partie XI. Cce
382 PTT CNT OUT TEE
tes couleurs #’éroient moins enfoncées à proportion qu’elles éroient
plus claires, & le blanc évoir refté rout-à-fait fur la fuperfcie de la neige
fans y enfoncer aucunement. -
À quoi bon la philofophie , fi on ne l’applique pas à quelque ufage ?
Cés expériences ne nous apprennent-elles pas que les habits noirs ne con-
viennent pas autant que les blancs, à porter dans un climat ou dans ua
temps chaud & au foleil, parce que lorfqu’on marche au-dehors avec de
tels habits, le corps eft plus échauffé par l’exercice : redoublement de
chaleur qui peut caufer des fievres putrides & dangereufes? Que les fol-
dats & les marelors qui doivent marcher & travailler au foleil, dans les
indes foit orientales, foit occidentales, devroient avoir un. uniforme
blanc ? Que les chapeaux d’été, tant pour les-hommes que pour les fem-
mes, devroient être blancs , afin de repouller cette chaleur qui caufe
tant de maux de rères, & quelquefois des coups funeltes qu'on appelle
en France coups de foleil? Que les chapeaux d’été des dames devroient
pourtant être doublés , afin de ne pas reverbérer fur leur vifage les rayons
quai font réfléchis de bas en haut par la terre ou par l’eau ? Qu'une ca-
lote blanche de papier ou dé linge placée en-dedans de la forme du cha-
peau noir, fuivant l’ufage de quelques perfonnes , ne garantit pas de la
chaleur , comme elle feroir, fi elle éroit placée en-dehors? Que les murs
à efpaliers étant noircis, peuvent recevoir affez de chaleur pendant le
jour , pour en conferver une partie pendant la nuit, & préferver par-là
jufqu’à un certain poine les fruits de la gelée , ou-avancer leur accroiffe-
ment & leur maturité ? (1) Outre quantité d’autres confidérations plus
ou moins importantes qui peuvent de temps en temps s'offrir d'elles-
mêmes à des efprits attentifs.
(1) Le feu Lord Leicefter avoir fait noircir les murs de fes jardins avec beaucoup
de fuccès, quant à ce qui concerne la garantie des jeunes fruits contre le danger des
dernieres gelées. Peut-être les murs blanchis feroient-ils plus favorables pour avancer
kur maturité, C’eft à l'expérience à en décider.
BPM US. IT ON VE
EUX PE RIM EUNMOC'E.S
Du même Auteur fur l'impreffion des objets lumineux , fur les Nerfs
vifuels (1).
x aflis dans une chambre , regardez fixement le milieu d’une fe-
nètre pendant quelque temps dans un beau jour, & fermez enfuite les
yeux ; la figure de la fenètre demeurera quelque temps dans votre œil ,
& même aflez diftinéte, pour que vous en puifliez compter les panneaux.
Une circonftance remarquable, concernant cette expérience, c’eft que
l'impreflion des formes fe conferve mieux que celle des couleurs ; car
auflitôt que vous avez fermé les yeux, lorfque vous commencez à apper-
cevoir l’image de la fenêtre , les panneaux paroiflent fombres , mais les
traverfes des croifées, les chaflis des fenêtres & les murs paroiflent blancs
ou brillans ; mais fi vous renforcez l’obfcurité de vos yeux en les cou-
Yrant avec votre main, ce fera immédiatement tout le contraire, les pan-
neaux paroîtront lumineux, & les barreaux des croifées obfcurs. Si vous
retirez votre main, ce fera un nouveau changement qui ramenera tout
au premier état. Je ne fais comment expliquer cela (2), non plus que
ce qui fuit; favoir qu'après avoir long-temps regardé avec des lunettes
(ou conferves ) verres, le papier blanc d’un livre paroît aufliror qu’on
les ôte avoir un œil rougeatre, & après avoir long-remps regardé avec
des lunettes rouges , il femble avoir un œil verdâtre ; ce qui femble nous
indiquer un rapport entre le rouge & le verd qui n’a point encore été
expliqué.
Sur des Ondulations fingulieres.
Prenez trois parties d’eau que vous mettrez dans un verre, verfez
pardeffus uue partie d'huile, & lailfez le refte du verre vuide afin que
les bords mettent le fluide à l'abri du vent ; dans l'agitation la furface
de l'huile tranquille conferve fon niveau , tandis que l’eau au-deflous de
cette huile éprouve une grande agitation, s'éleve & retombe en vagues
irrégulieres. Si dans le verre il n'y a que l’eau, elle fera auf tranquille
que l’etoit la furface de l'huile qui la fur-nâgeoit auparavant. Voici le
procédé de cette expérience,
ne
(1) Les obfervations de ce grand homme font fi intéreffantes ; il les préfente avec
fi peu de prérention & tant de clarté, qu'on ne peut fe lafler de les lire & de les
admirer.
(2) Quelle leçon pour nos Phyficiens & pour ceux qui ont l'art dangereux de tour
expliquer !
Cccij
334 VUE IS NME QUE
Entourez. circulairement un gobeler avec une ficelle, attachez deux
cordons de la mème ficelle; l’un d’un côté, & l’autre de l’autre côté ;,
relevez-les, & arrètez-les enfemble par un nœud environ à un pied de
diftance au-deffous du gobeler , alors verfez de l’eau FRERE jufqu'aw
tiers du gobelet ; balancez ce verre en l'air, & l’eau fera auf fxe dans
le gobeler que fi elle éroit glacée ; verfez enfuite doucement fur l’eau du:
gobelet une quantité d’huile égale au tiers du volume d'eau , ou à peu-
près à fa moitié ; balancez en l'air le gobeler çà & là comme vous avez
fait la premiere fois ; la furface de l'huile fera tranquille, & l’eau pla-
cée au-deflous fera vivement agitée. Ë
J'ai fait voir, dit l’Auteur, cette expérience à quantité de gens d’ef-
prit: ceux à qui les principes de l'hydroftatique font peu familiers, ne
manquent pas d'imaginer d’abord qu'ils lentendent, & effayent de l’ex-
pliquer tout de fuite; mais leurs explications différent les unes desautres,
& ne me paroiffent pas fort intelligibles. D'autres profondément imbus
de ces principes paroiffent étonnés du phénomene, & promettent d'y
réfléchir. Je crois véritablement qu'il mérite réflexion, parce qu'un
phénomene nouveau qui ne peut être expliqué par nos anciens principes ,
peut nous en fuggérer de nouveaux qui deviendront utiles pour l’éclair-
ciffement de quelques autres parties obfcures de l'Hiftoire Naturelle.
DUR UE TES RIVE
De M. Si1GAUD DELA FOND, Profeffeur de Phyfique expéri--
mentale à Paris, à l’ Auteur de ce Recueil, fur la fufion de l'or opérée
inftantanément par une commotion éleëtrique , & [ur la couleur purpurine
que ce métal acquiert dans certe expérience.
Don depuis que MM. Rouelle & d'Arcet,toujoursremplis de ztle-
pour la Chymie , ont fait publier dans l’Avanr-Coureur du 26 Juiller leurs:
obfervations fur la fufion de l’or, & fur la couleur purpurine que ce mé-
tal acquiert par l’intermede de l’éleétricité; je me fuis fait un devoir &un
véritable plaifir de répondre à une multitude de lettres qu'onm'a écrites
à ce fujet. Je le ferois encore bien volontiers : mais ces lettres fe font
accumulées depuis mon féjour à-la campagne, & je n’ai pas le cou-
rage de reprendre la plume pour copier continuellement la même chofe-
Permettez, Monfeur, que je vous prie-d'inférer l’article fuivant, il fer-
vira de réponfe à ceux qui m'ont fait l'honneur de me confulter depuis
le mois d'Aoùt ; d’ailleurs, j'y traiterai cette queftion d’une maniere
plus érendue, & je ferai voir que cette expérience quoique furprenante :-
a été mal à propos regardée comme nouvelle.
PORT SN I CON DD E. 38
Où demande 1°. quel eft l'appareil le plus propre aux fuccès de cette’
expérience ? 2°. S'il elt un moyen de la faire réuflit conftamment ? 3°,
Quel avantage on peut fe promettre du phénomene qu'elle préfente ?
Il eft hors de doute que le meilleur appareil , celui qui fournit le plus
de matiere éleétrique doit être préférable , & devient même indifpen-
fablement néceffare, fi on fuir précifément , comime on Fa fait jufqu’à
préfent!, la Méthode indiquée par M. Franklin, pour opérer la fufion
du métal. Tout Phyficien habitué à faire des cours, & conféquemment
obligé de répéter fouvent cette expérience , doit avoir éprouvé nonibre
de fois qu'elle ne réuflit que dans les temps les plus favorables à l’élec-
tricité, & lorfqu'on accumule une quantité extraordinaire de matiere
électrique dans une très-grande jarre , & fouvent même la fufion du mé-
tal n’eft-elle point accompagnée de cette couleur purparine qui fait
aujourd’hui Fobjer de l'étonnesment & de l’adnuration du public. Mais
fi l’on fuit le procédé que je vais indiquer , une charge ordinaire d’élec-
tricité opérera tout à la fois, & la fufion & certe couleur,
Cependant avant d'indiquer le moyen que j'employe, & de répondre
direétement à la feconde queftion, je crois devoir infifter fur la pre-
miere, & faire connoître quel eft l’appareil le plus propre, le plus:
commode & le moins difpendieux en même temps pour Faire toutes les
exptriences éleétriques.
Depuis que j'ai fupprimé l'ufage des globes, & que j'ai fubftitué à:
leur place les plans de glace circulaires , & fur-rout depuis que j'ai porté
ces dernieres machines à un degré de perfection qu'elles n’avoient point
dans leur origine , on convient affez unanimement que nous n'avons
point de meilleurs appareils, de plus fimples & de plus faciles à manier.
Mais j'obferverai en mème temps, qu'il s’en faut de beaucoup que ces:
machines qui fe multiplient étonnamment depuis plus de deux ans, &
qui font faites, dit-on, fur les modeles des miennes, jouiffent toutes de
ces avantages. Quelque fimple que paroïffe leur conftruétion, ell: fup-
pofe des connoiffauces qui ne font point à la portée de tous les Artiftes. Le
choix de la glace , les proportions du conducteur , la maniere de le mon-
ter, la difpofition des couflins font autant d'objets qui demandent une:
intelligence particuliere.
On s’eft imaginé depuis quelque temps qu’on en‘tireroït un meilleur
parti, en les faifant beaucoup plus grandes. J'en ai vu plufeurs, dont la:
glace avoit vingt-quatre pouces de diametre ; elles produifent , j’en con-
viens , plus d’effer que les premieres, dont le diametre nexcédoit” pas
un pied, mais elles font bien éloignées de produire un effet propor-
tionné à l’érendue de leurs furfaces : elles font d’ailleurs plus difficiles à
manier : elles occupent plus d’efpace dans un cabiner, & elles font incom-
parablement plus difpendieufes. Ce font autant de raifons qui m'ont’
déterminé à étudier plus particuliérementles meilleures dimenfons qu'on
386 PH MY NSIET POUSSE
pourroit leur donner , & j'ai trouvé d’après des expériences bien com-
parées , quele diamerre de la glace devoit être réduit à feize pouces. Elles
ont alors routes les commodités des petits appareils, & faites avec les:
foins que j'y apporte, & par l'excellent ouvrier que j’emploie à ce genre
de travail, elles produifent plus d'électricité que toutes celles de vingt-
quatre pouces que j'ai eu occalion d'examiner,
Je préfére les couflins ronds aux longs, dont on à fait ufage jufqu’à
préfent. Ils ont l'avantage de rourner librement fur leur axe: On peut
changer de momens à autres les points de conta@ , ce qui ranime le froc-
rement lorfqu'on doit continuer la rotation pendant un certain temps. Je
leur donne cinq pouces de diametre : j'ai foin de les faire garnir uni-
formément de crins, & de maniere qu'ils cedent aifément fous le doigt: ù
je les enduits outre cela d’un amalzamme fair avec du mercure éteint
avec de l’érain de glace, & réduit en poudre par l’intermede de la craie k
ou du blanc d'Efpagne. On ne peut imaginer combien cet amalgamme |
augmente le produit de l’éleétricité.
“
J’adapre à ces machines, un conducteur de cuivre de vingt-quatre pou- j
ces de longueur entre les deux boules qui le terminent. Celles-ci ont trois il
pouces de diametre , & le conducteur vingt-fix lignes, L’arc du mème #
métal qui palle à travers fa premiere boule, doit être courbé de maniere ‘
que cetre boule foir éloignée de fept pouces au moins du chaflis qui
porte la glace.
Quoique ce conduéteur foit en équilibre avec lui-même , lorfqu’il pofe:
far fa boule antérieure, & qu'on foit dans l'habitude de le monter fur
une colonne de cryftal, j'ai cru devoir le monter fur deux. La machine
en devient incomparablement plus folide : ces deux colonnes font placées
à la diftance d’un pied loin de l’autre. La premiere répond. à la boule an-
cérieure du conducteur à laquelle elle s’artache, non par une virole fur-
montée d’une vis, comme on l’a pratiqué jufqu’à ce jour ; mais par une
boule de cuivre de deux pouces de diametre, maftiquée fur la colonne,
de cryftal. Certe boule porte en-deflus trois à quatre pas de vis, qui fe, |
noient exactement dans la boule du conduéteur, La feconde colonne
porte une boule femblable , furmontée d'une tige de cuivre qui entre
dans un trou correfpondant , fait au deffous & fur la longueur du con-.
ducteur. J’évire par ce moyen ces aigrettes abondantes qui s’échappent
néceffairement du bord des virolles, & qui diflipent une partie de la.
matiere électrique. S s
L'appareil ain conftruic fourait tout ce qu’on peut attendre d’éleétri-;
cité d'une glace de feize pouces: mais les érincelles u'ont point encore,
route l'énergie qu’elles peuvent acquérir. Je leur procure cer avantage.
par l'addition de deux nouveaux conducteurs de huit pieds de longueur,
fur cinq pouces de diametre. Ceux-ci font de fer blanc, fermés à leurs
extrémités par des calottes de même matiere. J'ai foin, fur-cout, que
Te
en
LP se
cs
PAGE SP CIMONTEEE. 397
fes foudures qui font inévitables & SR DE dansices fortes de
conducteurs ; foient faites avec art ; qu’elles foient bien limées, bien
adoucies , pour qu’on ne fente aucune afpérité fur leurs füurfaces. Je fuf-
pens ces deux conducteurs à des cordons de foie, de façon qu'ils foienc
éloignés de trois pieds au moins du plafond, & de tout autre corps
fufceptible de s’électrifer par communication. Je les fais communiquer
-en#’eux par une tige de cuivre de trois lignes de groffeur, & ver-
minée de part & d'autre par des boules de mème matiere d’un pouce
de diametre. Leur communication avec le principal conduéteur s'établit
également par des tiges femblables , mais dont les extrémités font rour-
nées en forme d’arc pour qu’elles puiffenc s’articuler enfemble, & faire
l'ofiice de chaînes. Eiles font pareillement terminées par des boules de
euivre d'un pouce de diametre.
Les tiges qui tiennent lieu des chaînes, dont on faifoit ufage pour
établir des communications avec le premier conduéteur, ont cer avan-
tage, qu'érant bien dreffées & bien polies, elles ne font point d’ai-
grétres, & conféquemment elles ne diflipent point , comme les chaînes,
une partie de l'électricité. Auñli, lorfque cet appareil eft montré, & que
le temps eft favorable, je rire des érincelles à fix pouces de diftance; &
préfentant le dos de la main au deffous d’une de ces tiges, dans l’en-
droit où elle forme un arc, & ces étincelles font fi énergiques, qu'il
eft peu de perfonnes qui ofent s’expofer à en tirer plufieurs.
Ces notions me paroiflent fufffantes pour faire concevoir aïfément la
conftruétion de mon appareil, & les précautions qu'il faut prendre pour’
l'amener au degré de perfection qu’il doit avoir. Je me propofe cepen-
dant de le faire graver fur unz échelle, pour qu'on faififle mieux les pro-
portions de fes différentes parties. Je ferai graver en mème temps routes’
les dépendances que j'y ai appropriées , parce qu’ellés font bien diffé-
rentes de celles qui font gravées dans mon traité de l’éléétriciré, & que’
je viens d’en ajouter plufieurs qui ne font point encore connues, mais
dont je ferai ufage dans mes cours’prochains.*
Je pafle maintenant à la feconde queftion à laquelle je me fuis pro-
pofé de répondre. Eft:il un moyen d’opérer flrement & facilement la
fuñon de l'or, & de lui faire prendre conftamment une couleur purpu--
rine ? Voici comment je procede,
Je prends deux lames de verre où de glace, d’un pouce ou environ:
de largeur , l’une de trois pouces, & l’autre de deux pouces de longueur.
Je place fur la plus longue une petite bande d’or coupée en biais, de
façon que l’un de fes côtés étant perpendiculaire à fa bafe, l’autre côté
foic oblique, & fe rermine en pointe, Je la place de maniere que la
bafe qui eft ici le plus petit des trois côtés, excede de deux à crois li-
gnes , l’un des perits côtés de la lame de verre, & que la pointe par-
vienne-aux debx tiers, ou environ de la longueur de‘cerre lame. Je
388 PH ETS TIM OMEUINE.
place en fens contraire , & fur la même lame , une femblable bande de
métal, de façon que la pointe de celle-ci arrive également jufqu’aux
deux tiers de la longueur du verre. Les deux pointes métalliques fe croi-
fent donc, ou mieux font placés contigäment l’une à l’autre fur un tiers
de la longueur de cette lame. Il n'eft pas néceffaire que la feconde bande
de métal excede la longueur du verre. Japplique par deflus la petite
lame de verre, de façon que les deux glaces étant de niveau par leurs
extrémités , du côté où la feuille de métal déborde; la lame inférieure
demeure à découvert fur un pouce de fa longueur. Je place ces deux
lames, ainfi préparées fous une petite prefle de cuivre, & je ne ferre la
prelle qu'au point de les contenir , & non de les preffer fortement
comme on le faifoit précédemment. J'applique contre le ventre d'un
bocal , revêtu felon la méthode du Doéteur Bevis , la petite lame d’or
qui excede la longueur des glaces; & je charge le bocal. Lorfque je le
crois fuffifamment chargé , j'appuie l’un des boutons de mon excitateur
fur la portion d'or qui fe rrouve à découvert, & je uüre l’étincelle avec
l'autre extrémité de cet excitareur. L'or fe fond alors entiérement dans
toute l'étendue des parties qui fe croifent, & pour peu que la matiere
électrique ait été accumulée abondamment, la fufion acquiert une cou-
eur purpurine plus ou moins foncée.
Mais quel avantage peut-on attendre de ce phénomene ? C'eft la troi-
fieme quettion à laquelle je vais fetisfaire en peu de mots.
Il eft conftant , d’après les expériences de MM. Rouelle & d’Arcets
rapportées dans l’avant-coureur du 26 Juiller dernier , qu’on parvient ici à
amener l'or {ubitement & inftantanément au mème étar, où l’on ne peut le
réduire chymiquement que par des opérations beaucoup plus longues. On
obtient le mème procédé qu'on obtiendroit, en fuivant la méchode de
Caflius ; c'eft-à-dire, en précipitantune diffolution d’or par l’inrermede
de l'étain , & j'avoue qu'à cet égard, l'expérience de la commotion élec-
trique offre un phénomene furprenant & digne de l'admiration des Phy-
ficiens & des Chymiftes. Mais fi on réfléchit fur la petite quantité d’or
fondue & colorée, que chaque commotion électrique peut fournir ; fi
on faic attention à la difficulté qu’on doit éprouver enfuite , pour féparer
le métal des lames de verre dans lefquelles il eft incrufté, & à l’ap-
pareil qu'il faut néceflairement avoir pour faire cette expérience, il eft
hors de doute que la méthode de Caffius, & en général que route mé-
thode chymique doit nécellairement être préférée à celle-ci, lorfqu'il
s'agira de tirer parti de cette expérience, & d’appliquer aux Arts le pro-
cédé qu’elle fournit. C’eft cerre feule raifon, & en même temps la difh-
culté que j'éprouvois anciennement à faire réuflir conftamment c2tte ex-
périence , lorfque je fuivois précifément la méthode de M. Franklin,
qui nva toujours fait garder le filence fur ce phénomene fingulier que je
connois depuis plus de dix ans, & que j'ai fair obferver plufieurs fois
dans mes cours particuliers. Je
4
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MIHAUTINSMITNQUIE 4€: 385
Je crois avoir completement fatisfait à toutes les queftions qu'on m'a
propofées à ce fujet. J'ajouterai cependant, que lorfque je veux faire
prendre à l'or la couleur la plus foncée qu'il puilfe acquérir , je me fers
d’une batterie de vingt-cinq bouteilles , ou de quatre grands bocaux ramés
& étamés, fuivant la méthode du Docteur Bevis.
La fuñon feule de l'or n'exige point une quantité fi abondante de
fluide électrique. Je ne me fers fouvent que d’une petite bouteille éta-
mée , & je réullis rellement à le fondre & à l'incrufter à volonté, que je
parviens à tracer fur un carreau de verre routes fortes de figures, des
lettres, des chiffres, des armoiries, &c. phénomene très-fingulier que
je ferai obferver cet hiver dans mes cours , où je traiterai de l'éleétricité
bien plus amplement que les années précédentes.
Le premier cours commencera le lundi 10 Janvier à midi, & je le
continuerai les lundi, mercredi & vendredi à la même heure. J'ouvrirai
le fecond , le mardi 11 à fix heures du foir, pour le continuer les
mardi, jeudi & famedi à la même heure , dans mon Cabinet de Ma-
chines, rue S. Jacques, près S. Yves, maifon de l’Univerfiré,
REED TEE ORECENENEREPE ERERRE PEMETI EE E7SS PR OPEENE TS EN TEN PRE SNEEPN EPS SONENSNN PNEU PET RE SEESE EN E,
ET RE RS HAE T
D'une Lettre de M. PRIESTLEY, en date du 14 Oétobre 1773
JT: 1 découvert une efpece d'air alkalin qui corefpond à l'air acide dont
j'ai parlé dans mon Mémoire inféré dans les Tranfaétions philofophi-
ques. On fe procure cet air par le moyen de quelque a/kali volaril, &
fpécialement par l’efprit de fel ammoniac, en le traitant de la même
maniere que j'ai traité l’efpric de /el.
Lorfque ces deux airs font mêlés enfemble , ils produifent une efpece
de fel dont les propriétés font affez fingulieres , puifqu’en l'expofant à
l'air, il rombe tout de fuire en déliquefcence ; mais fi on le garde à
fec, il s’évapore en une fumée blanchâtre & affez denfe.
J'ai fait plufeurs autres expériences avec l'air nitreux , dont le détail
feroit trop long pour unelertre (1). Une des plus plaifantes , eft de mettre
un peu d'alkali volatil dans une bouteille contenant un mélange d'air com-
mun avec l'air nitreux pendant le remps de l’effervefcence ; alors le verre
qui les contient fe remplit d’une fort belle fumée blanche.
———_—————————{_———————p
(x) Ce fimple extrait fait beaucoup regretter le flence de M. Pricftley fur fes autres
expériences. Le détail n'en fera jamais trop long , fi on en juge par le plaihi que pro-
cure la lc@ure de fes Ouvrages. Nous l'invitons donc au nom du Public, à nous Leg
communiquer,
Tome IT, Part, XI. Ddd
s54
GO ——— > — 2 A —
HISTOIRE NATURELLE.
ÆS NB ES, EUR CE
A lAuteur de ce Recueil, [ur la maniere de conferver les animaux
deffèches ;
Par M. MAUDUIT, Doëteur-Régent de la Faculté de Médecine er
l'Univerfité de Paris (1).
Me je m'étois propofé, il y a long-temps, d’avoir l'honneur
de vous écrire, pour vous prier d’inférer dans votre Recueil quelques
Obf:rvations fur la maniere de conferver dans les Cabinets les animaux
defféchés; mais, quand j'ai voulu raffembler mes obfervations, & les
mettre en ordre, elles ne m'ont pas paru mériter d'être communiquées,
Je me fuis rü , & je garderois encore le filence , fi je n’érois excité à le
rompre par la leéture que je viens de faire de quatre lettres inférées dans
votre Cahier du mois d’Août, fur la maniere d’embaumer les oifeaux,
(C'eft le vitre de ces lettres). On blâme dans la premiere plufieurs métho-
des dont il eft fair mention : dans la feconde , on avertit les Chaffeurs
des précautions qu'ils doivent prendre pour fournir en bon état les
oïfeaux deftinés à être confervés ; dans la troifieme on donne la compo=
fition de deux vernis qui fervent à l’embaumement 5 & dans la qua-
trieme enfin on décrit l’art d’écorcher, d’embaumer & de monter les
oifeaux , on de leur rendre les apparences de la vie.
Je n’aurots qu'applaudi en fecret à l'intention de l’Aureur , fi fa mé-
thode étroit préférable ou même égale à celles qu'il condamne : fi les
recetres qu'il indique n’entraînoient pas après elies un danger auquel
Fobjet mème qu'il a en vue, ne mérite pas qu'on s’expofe. Ce fonc ces
deux motifs qui m'ont fair prendre la plume. Je vais les développer.
D RS 6 rh Sd où & ea 35
(Gi) 11 feroit à fouhaiter que M. Mauduit, qui s’eft fi utilement occupé de l’étude
‘de l'Hiftoire naturelle , publiät fes Obfervations (ur la maniere de préparer les oifeaux,
les infees , les (emences, &c. pour éviter qu'ils ne foienr brifés ; murilés ou cor-
rompus , lorfqu’on les tire des Pays fort éloignés. On connoît, il elt vrai, quelques
recettes , quelques méthodes ; mais leur exécution ne répond pas entiérement au but
qu'on fe propofe,
Series msi
NAT ET AR NOEL NE 397
‘L'Auteur des quatre lertres finit la derniere, par avertir que les oifeaux
préparés à fa maniere font en peu de temps dévorés par les mites, fi on
ne Re renferme pas dans des boëtes bien clofes. Mais cet inconvénient
eft précifément le défaut de toutes les autres méthodes; fi c’eft aufli,
comme il en convient, celui de la méthode qu’il indique, la fienne n’eft
donc pas préférable à celles que fuivent d’autres perfonnes. Je dis plus,
elle ne leur eit pas égale ; car elle oblige à des foins, à une dépenfe
que les autres mérhodes n’exigent pas; & cependant, en la fuivant , on
manque également fon but. Mais ce qui doit fur-tout la faire rejetrer ,
ce font Les rifquestrès-grands auxquels elle expofe en pure perte, l'incen-
die & le poifon.
L’Auteur de la méthode que j'examine, prefcrit dans un endroit la
compolition d’un vernis fait avec l’efprit de rérébenthine , & dans un
autre endroit l’ufage du fublimé corrolif. Il n’eft perfonne qui ignore à
quels rifques expofe la fabrique des vernis; qu’elle exige roure l’atren-
tion , l'expérience & l’adreffe d'un Artifte formé par une longue habi-
tude ; que l’épaifle , féride & noire vapeur qu’exhale la térébenthine
échauffée , prend feu tout-ä-coup, embrâfée par une lumiere impru-
demment approchée, ou pouffée elle-même & rabattue par le vent d’une
porte ou d’une fenêtre ouverte, fur les charbons dont l’ardeur la fait
élever. Donner la compolñtion d'un pareil vernis , l'indiquer à des per-
fonnes à qui Les détails d’un art dangereux & nouveau pour eux, font in-
connus , c’eft les expofer au danger prefque infaillible de fe perdre eux-
mêmes, & leur préparer la douleur de fe voir, en fe livrant à un pur
amufement, la caufe de leur ruine & de celle de leurs concitoyens.
Le fublimé corroff eft un poifon terrible, dont le dépôc ne doir être
confié qu'à l’Artifte qui, en enchaïnant ou dirigeant fa force , le rend
un remede falutaire. Le mettre entre des mains ignorantes ou témé-
raires , c’eft leur confier une arme dont elles peuvent , en la touchant, fe
bleffer elles-mèmes; & fe la laiffanc dérober par le crime , en armer
innocemment fes mains criminelles ; c’eft les expofer aux fuites affreufes
de l’imprudence & aux forfaits de la haine , de la jaloufie, de la cupi-
dité, de la vengeance, de toutes les paflions. C’eft donc avec trop de
fondement que j'ai dir que la méthode propofée , expofe ceux auxquels
on l'indique à des dangers dont le rifque feul eft au deflus des avanta-
tages qu'elle promet, & qu’elle ne tient cependant pas.
Voilà, Monfeur , les réflexions que m'ont infpirées les lettres fur la
maniere d'embaumer les oifeaux. Je me borneroiïs à vous les avoir com-
muniquées , fi beaucoup d'autres perfonnes ne fuivoient des mérhodes
qui, fans plus d'efficacité, ont les mêmes inconvéniens que celle que
je viens d'examiner.
J'en prendrai donc occafion de vous dénoncer toures ces recettes
auf inutiles que dangereufes qu'on cherche vainement à acciéditer.
D dd ij
392 A LE SLR MON ANNER CIE
Je vous prouverai d’abord par l'expérience, que la plupatt des mé-
thodes , & peut-être routes les méthodes propofées jufqu’à préfent
comme propres à préferver les animaux defféchés de l’atteinte des:
infeêtes , font d’une part dangereufes, & que de l’autre elles ne rem-
pliffent pas ce qu’elles promettent. Je vous prouverai enfuite par le rai-
fonnement , qu’une pareille méthode eft en partie très-difficile à décou-
vrir , & en partie inutile à chercher, parce qu’il paroït impoñible de
la trouver. Je finirai par vous détailler les moyens les plus fürs & les
plus faciles d’y fuppléer.
Je ne me flatte pas d’avoir eu en ma poffeffion des animaux préparés
de toutes les manieres qu’on a pu croire propres à les garantir des infec-
tes ; mais jen ai eu beaucoup que j'ai reçus de différentes perfonnes qui
croyoient les animaux prépatés à leur façon , à l'abri de rout danger. J'ai
toujours reconnu , foit qu'on m'eût communiqué le fecret de la prépa-
ration , foi qu'il ait été Facile de le découvrir , que la füreré qu'on en
attendoit, éroit fondée fur Pufage qu'on avoit fait des poifons les plus
violens : tantôt le fublimé , rantot l’arfenic, & fouvent l'ignorance avoit
accumulé le fublimé , l’orpin, le réalgar , larfenic, comme fi le foufre
combiné avec ce dernier , changeoit quelque chofe à fa nature.
J'ai renfermé les animaux qu'on m’avoit donné comme indeftrutibles
dans des bocaux où j'ai fait en mème temps entrer des infectes deftruc-
teurs. Je ne leur ai point donné d’autre nourriture ; ils fe font acharnés
fur la proie qui leur écoit feule offerte ; ils l’ont dévorée , l’ont détruire x
&, loin de fouffrir de l’ufage qu'ils en ont fair, ils fe font multipliés
aufli facilement, aufli promptement & en même nombre que fi je les
euffe nourris de fubftance animale defféchée fans mêlange de poifon. Je
me fuis donc affuré par l'expérience , que le plus grand nombre des mé-
ghodes propofées comme propres à préferver les animaux defléchés de
Vatteinte des infectes , eft d’une part fondé fur un ufage dangereux &
abuñf des poifons les plus redourables; & que d’une autre part on ne
parvient pas, en fuivant ces méthodes , au but qu’on fe propole ; d'où je
conclus qu’elles font à la fois & pernicieufes & inuriles. Après avoit
décidé par l'expérience des méthodes qui font venues à ma connoiffance
jugeons par le raifonnement de celles ou qui me font cachées, ou qu’on
peut efpérer de découvrir.
S'il étoit poflible de garantir les animaux defféchés de l’atreinite des
infeétes, ce feroit en ufant de l’un des trois moyens fuivans; en envi-
ronnant les animaux d’une vapeur qui tueroit les infeétes , ou qui, aa
Moins , en leur déplaifant , les écarteroit ; en communiquant aux diffé
rentes parties des animauxune odeur ou un goût que les infetes ne pour-
roient fupporter ; enfin, en les impréanant d’une fubftance empoifon--
née qui tueroit les infeétes aufli-ror qu'ils s’attacheroient à leur proie.
Difcurons chacun de ces points,
Cr
INA ANUTENUN CRI ENT) EN E. 393
Une vapeur qui s’exhaleroit continuellement, dont l'émanation , en
tuant les infectes , conferveroit les animaux defféchés qu’elle environne-
roit, auroit fur tous les êtres vivans un effet également pernicieux. On
ne peut donc faire ufage d’une pareille vapeur. Efpérer d'en découvrir
une qui , en étant funelte aux infeétes , n’agiile que fur eux feuls , ce feroit
fe bercer d’une vaine chimere. Peut-on fe Aatter d’en découvrit d’une
efpece qui, en déplaifanr aux infeétes, les écarte ? Une pareille
vapeur déplairoit aufli au poffeffeur de la collection qu’il voudroit con-
ferver , & lui rendroit inutiles des richefles dont il ne pourroit jouir,
Mais ce n’eft pas aflez; & je crois pouvoir aflurer qu’on ne fauroit ren-
contrer une pareille vapeur. Les tentatives qu’on a faites pour la décou-
vrir, fervent de preuves à mon fentiment. La cérébenthine, l’affz-fœrida,
Vail, le camphre fur lequel on a tant compté , & fur lequel plufeurs
perfonnes comptent encore , n’écarrent point les infectes ,& ne leur nui=
{ent pas.
J'en ai vu s’introduire dans des armoires mal fermées & remplies de
la vapeur des fubftances que j’ai nominées. J'en ai nourri, & j’en ai vu
vivre & fe mulriplier dans des bocaux dont le fond étoit couvert à la
hauteur de plufieurs-doigrs de ces mêmes fubitances , & l'ouverture cou-
verte d’un parchemin qui la bouchoïit exactement. Cependant il exifte
une fubitance qui agit promptement & immanquablement fur plufieurs
efpeces d’infeétes ; c’eft le mercure. On fait avec quelle promptitude
& quelle efficacité Ponguent gris ou la pommade mercurielle détrui-
fent les infectes qui s’attachent à la rète des enfans , & d’autres infec-
tes qui puniflent les hommes déréglés , dans les parties mèmes qui fonc
les miniftres de leur rurpitude & de leur dépravation. Un fimple ban-
deau d’une voile double qui renferme une couche légere d’onguent ou de
pommade, appliqué fur la partie infeétée , la délivre dans l'efpace d’une
nuit. C’eft fans doute parce que la chaleur d’un corps vivant fuit pour
dilater le mercure & en élever affez de vapeur pour donner la mort aux
infectes qui s’y trouvent expofés.
Pourroit-on efpérer que de la peau des animaux defféchés, enduite in-
térieurement d’une couche d'onguent ou de pommade, il s’éleveroit par
la chaleur feule de l'athmofphere une émaration qui fafficoit pour dé-
truire les infectes qui s’en approcheroient ? C’eft une expérience que je:
me fache pas qu’on air tentée, & qui cependant mériteroir de l'être. Je
fais qu'on m'objectera que le mercure n'eft pas volatil , & qu’il n’envoie
pas de vapeurs à la chaleur feule de l’athmofphere. Mais comment le
fait-on, ou croit-on s’en aflurer par le témoignage des balances? Cepen-
dant un grain de mufc pefé avec le plus grand foin, expofé pendant
plufeurs années à un courant d’airlibre , envoyant fans cefle des éma-
nations dont leur odeur eft la preuve, pefé de nouveau , paroît n’avoir
sien abfolument perdu de fon poids , en Le remertant dans la même
304 FU HMS ON) TERHE
balance. Sait-on donc fürement fi le mercure ne perd rienà l’air libte de
fa male, dont nous ne pouvons juger que par le rapport d'inftrumens
toujours grofliers ? Ce feroit par fes effets, en expolant au-deffus une
feuille d’or , qu’on porreroit un jugement plus certain ; & il me femble
que l’exemple du mufe qui s’exhale continuellement fans paroïtre rien
perdre, fufht pour engager à tenter l’expérisnce que je propofe, & que
je n'ai pas faite : que la deftruétion rapide des infectes dans un cas où il
n'y a qu'une médiocre chaleur , peur faire attendre des effers plus lents
& non moins heureux. Mais n'auroit - on pas encore à ctaindre que
cerre vapeur , fi elle exiftoit, émanant d’un grand nombre de corps à la
fois, de beaucoup de furfaces fort étendues, ne rendit le lieu où elle
s’exhaleroit dangereux & funcfte ? L'exemple des enfans & des hommes
qui font délivrés des infectes qui Les tourmenrent, fans fouffrir de la
vapeur qui les en délivre , femble faire efpérer que la vapeur que je
fuppofe , n’auroit rien de nuifible, & qu’elle peut s'élever afflez pour
donner la mort aux infeétes , fans mème affecter les organes de l’homme.
Cette fuppofition, je l'avoue , contredit ce que j'ai avancé en commen-
çant ce paragraphe; mais je n'ai entendu parler que d’une vapeur abon-
dante , fenhble, & telle que fe la repréfentent ceux qui la cherchent. IL
me paroît donc rrès.diflicile, peut-être impoflble de conferver les ani-
maux defféchés en les environnant d’une vapeur qui, en s’exhalant con-
tinuellement , tue ou écarte les infectes ; je n’entrevois qu’un moyen de
parvenir au but propofé ; & l'expérience a prouvé que tous ceux qu'on
pris pour y atteindre, font infuffifans.
On pourroit communiquer aux différentes parties des animaux deffé-
chés une odeur ou un goût qui écarteroient les infeétes de deux manie-
res, en trempant les peaux entieres des animaux dans des diflolutions
de fubftances qui déplairoienr aux infeétes par leur odeur, ou par leur
goùr ; ou par tous les deux à la fois, ou en frottant à fec leurs diffé-
rentes parties de ces mêmes fubftances.
Les diffolacions dans lefquelles on tremperoit les peaux entieres des
animaux qu'on voudroit enfuite conferver defféchés , contiendroient où
des gommes ou des réfines , ou ce feroient des décoétions de plantes
ameres ou aromatiques , où de quelqu’autre fubftance propre & parti-
culiere pour l’objer dont il s’agit. ;
Je remarque en premier lieu , que les peaux des animaux trempées
dans un fluide quelconque en fouffrenr beaucoup; que l'éclat de leur
couleur en æft afloibli , leur luftre terni , l’ordre de leurs poils ou de leurs
plumes dérangé , & leur beauté en général éreinte & flérrie : que fou-
vent il en réfulte la chûre des plumes ou celle des poils; & que c'eit
toujours un affez grand inconvénient.
Confidérons ce qui arriveroit fuivant les différentes fubftances qu'on
auroir fair diffoudre.
INRA TS M. R 02 LME, 395
Les gommes & les réfines formeroient, en fe defféchant, un vernis
qui colleroit les plumes & les poils, leur feroit perdre leur mollelle &
leur jeu , couvriroit leur couleur , l’afoibliroic & la cacheroit fous fon
épailleur.
Les décoétions des plantes ameres & des plantes aromatiques pour-
roient produire quelque effet dans les commencemens. Elles laifferoienc
les unes une odeur, les autres un goût qui déplaifent généralement aux
infeétes; mais ces effets auroient peu de durée.
Les principes qui rendent les plantes ou aromatiques ou ameres
font les uns & les autres très-velatils. Ils fe diflipent en peu de temps.
Les peaux des animaux ternies pour toujours par une immerfiom dans
un fluide , ne feroient garanties que pour quelques mois ou un très-perit
nombre d'années : dépourvues bientôt du principe qui les auroit pré-
fervées , elles refteroient.expolées à la voracité des infectes,
Si la diffolution dans laquelle on auroit trempé les peaux , étoit ane
décoétion ou une infufion d’une fubftance propre & particuliere pour le
but propofé , il faudroit que cetre fubftance für fixe, qu’elle n’eûr niles
inconvéniens des gommes , ni des réfines , ni la volatilité des principes
des plantes ameres & des plantes aromatiques , & qu’elle déplüt par fon
odeur ou fon goût, ou par tous les deux à la fois, à toutes les efpeces
fort varices d’infeétes deftruéteurs 3 car il ne fuffiroit pas qu’eile n'écar-
tât qu'une efpece. Si quelqu'un connoît une matiere qui réunifle tous
ces avantages , qu'il la fafle connoître , & donne les preuves de fon af-
fertion ; ou s’il préfume qu’il foit facile de la découvrir , qu'il indique
dans quelle claffe , dans quel ordre de fubftances 1l faut la chercher.
On entrevoit bien peu de fubltances qui, en frotrant à fec les peaux
des animaux defléchés, puiffent leur communiquer une odeur ou un goûc
défagréable aux infeêtes. Ce ne pourroit être que des huiles ou des gom-
mes, ou des réfines , ou des graifles ou des matieres qui en contiendroienr.
Ce font les feu'es fubftances odorantes ou fapides qui s’atrachent , adhe-
rent & laiffent des traces; mais ces fubftances englueroient les poils & les
plumes, les terniroient, les gâteroient, M.de Réaumur a confeillé contre
les reignes de frotter tous les ans les meubles tiffus avec la laine, d’une
toiion récente, en paflant fur ces meubles le côté auquel tient la laine.
La nature l’a pourvue d’une huile fubtile & amere qui la garantit pen-
dant la vie de l'animal , de la voracité des reignes. Il eft fans doute aifé:
d'exécuter le confeil de M. de Réaumur , fur des meubles qu’on n’en-
2
dommage pas en paffant defus , & en ÿ appuyant une peau, dont le
poids , la trace, en y lailfant une partie de l’huile qu’elle contient, ne
fauroient altérer la conliftance & la forme fotides & durables ; mais ce
À « 4 . : . FA k
même confeil eft impratiquable pour des objets frèles , dont la forme,
les contours , l'élégance exigent les plus grands ménagemens, Ne faire
\
396 1 2 COQ LAC 2 NA JO FE. LE ©
que pafer Iégérement la toifon; & fans appuyer , ce feroit manquer
fon objet. Elle ne communiqueroit rien de fes propriétés,
H me paroït donc impoñlble d’empreindre les peaux des animaux de
fubftances qui déplaifent aux infeétes par leur odeur ou leur goût, en
frottant leur peau de ces fubitances à fec.
On m'objectera , je le fçais, l'exemple du poivre ; dont les Foureurs
font ufage, & l’on me dira qu'il y a des matieres qui, femées fur les
peaux, fufhifent pour écarter les infectes ; mais qu’on confulte les Fou-
reurs eux-mêmes , ils apprendront fi ces matieres fuffifent , fi elles les
difpenfent des autres foins qu’ils fe donnent. Sans doute , il y a des
fubltances qui , femées fur les peaux, écarrent & même tuent les infec-
tes ; telles font le poivre, le tabac fur-tout, routes les plantes amères
& les plantes aromatiques ; mais il faut que les peaux foient environ-
nées, abforbées dans ces poudres , qu’elles en foient cachées, & que
les poudres & les peaux foient , non pas expofées à l’air libre , maisren-
fermées dans des boftes étroites & bien fermées; ce ne font pas là les
conditions du problème.
On croit, en trempant la peau d’un animal dans un fluide où l'on
a diffout du poifon , en empreindre pour toujours fes différentes parties,
imême après que les peaux feront parfaitement feches ; mais que font les
poifons ? Des fels, s’ils font tirés du regne minéral ; des gommes ow
des réfines, s'ils font tirés du regne végétal : nous n’en avons point à
notre difpolñrion que fournie le regne animal. Quand on diffout un
poifon dans un fluide , fes molécules fe féparent, s’écendent & nagent
dans toute la maffe du diffolvant ; à mefure que la liqueur s’évapore ,
les molécules du poifon fe rapprochent, les fels cryftallifent ; les fub-
flances gommeufes ou réfineufes s’attirent les unes lesautre ; il fe forme
çà & là des concrétions, des amas interrompus , des aggrégations de
Ja fubitance empoifonnante, La peau qu’on a trempée, d’abord em-
preinte du poifon dans toute fon étendue, ne left plus en féchant , que
dans des points ifolés; cependant les infectes pourvus d’yeux perçans :
pour qui font fenfibles des objets qui nous échappent , armés de machoi-
res & d'inftrumens fins & fubrils, difcernent les molécules de poifon,
les laiflent ou les rejettent, & n’en dévorent pas moins les parties
reftées à nud , qui font les plus nombreufes & les plus étendues. C'’eft
donc un efpoir bien vain , de croire qu’une peau trempée dans unfluide
empoifonné, donnera la mort aux infectes qui fonderont deflus , em
quelques points qu'ils l’attaquent.
On m'objeétera l'exemple des mouches, des punaifes , qu'on parvient
À empoifonner ; mais Les mouches & les puünaifes ont des trompes. Elles
fe nourriffent de fluides qui portent dans les vifcéres les molécules em-
poifonnées, érendues & diffoures. Les infeétes qui détruifent les animaux
defféchés »
NAT TN RME NL NL" IE; 3c7
delféchés, ont des mâchoires ; ils fe nourriffenc de fubftances feches ; ils -
peuvent donc difcerner , & 1ls difcernent les parties qui leur conviennent
d’avec celles qui leur font nuifibles,
Je crois avoir démontré qu'il eft très-difficile de garantir les animaux
defléchés de l’arreinre des infectes, en environnant ces animaux, fans
æifque pour le Poffeffeur , d’une vapeur qui tue ou qui éloigne les infec-
tes ; qu'il eft également difficile de communiquer aux différentes parties
des animaux une odeur ou une faveur qui, fans altérer le luftre & la
-qualité des peaux , déplaifent aux infeétes; qu'il eft impoflible d'em-
preindre les peaux, les poils & les plumes d’un poifon qui tue les infec-
Æes au moment où ils s’attachent fur leur proie & commencent à la dé-
“worer ; enfin, que toutes les tentatives qu'on a faices jufqu'à-préfent
pour atteindre ce but propofé , toutes celles au moins qui font venues à
Ba connoiflance., ont été inutiles & infruétueufes. Ilne me refteroit rien
à défirer , fi je ne fentois pas qu’on m'objeétera l'exemple d'animaux con-
fervés à l'air libre , & gardés depuis long-tems fans avoir éprouvé aucun
accident ; voilà, me dira-t-on , des fais & l'expérience plus forts & plus
certains que tous les raifonnements qu’on peut faire. Voici ma réponfe,
J'ai vu des animaux féchés fans aucune prétention, pour lefquels on
n’avoit pris aucune précaution qui düt les garantir du ver pendant des
années entieres à l’air libre. La durée des animaux dont vous me parlez
n’eft donc pas une preuve que leur confervation doive être attribuée & ne
puiffe l’être qu’aux précautions que vous avez prifes.
Les infectes volent & dépofent leurs œufs au hazard ; ils évitent les
animaux placés'en face du jour, frappés d’une lumiere vive , ils abandon-
nent ceux qu’on remue, qu'on agite , qu'on change fouvent de place;
voilà les raifons qui ont préfervé les animaux pour qui l'on avoit pris
des précautions inutiles , & ceux pour la préparation defquels on n’avoit
pas apporté une attention fuperflue. Enfin, ces animaux que vous croyez
que vos foins ont garantis, les avez-vous foumis à des épreuves , les avez-
vous renfermés dans des boëtes où vous ayez raflemblé des infectes
deftruéteurs ? Si vous ne l’avez pas fait , vous n’ères point affluré de la
bonté des procédés fur lefquels vous comptez : votre jugement eft préci-
pité, & votre aflertion hafardée. Vous infftez ; & 1l fuffic, dites-vous ,
d’éloigner les infeétes qui font libres , fans qu'il foic befoin d'offrir des
wbftacles infurmontables à ceux qu’on contraint de fe fixer fur les feuls
animaux qu’on leur offre , fans pouvoir , à leur choix , chercher d’autre
nourriture, Mais , fi vous voulez hs une colleétion , vous ferez obligé
de conferver les animaux dans une boëte vitrée : fans cette précaution ,
la poufliere, l'humidité , la longue action de l'air , les mains impruden-
tes des curieux, la négligence , la rudeffe des valers auroient bientôr gâté,
endommagé, détruit votre collection. Cependant des œufs, des cryfa-
lides que vous n'avez pu appercevoir , renfermés avec un feul animal
Tome II , Partie XI, T' Eee
398 DITS LrMRO MURALE
dans vos armoires , y porteront, en venant à y produire des infeétes , fes
germes de la deftruction. Convenez donc qu'il feroit néceffaire que le
procédé que vous fuivriez, influât même fur les infetes contraints &
méceflités à s’accommoder de la feule pâture qu'ils trouveroient à leur
portée ; que fans cette condition vous n'êtes avancé en rien , que vous
n'avez pas fait un pas; que ce pas eft bien difficile , & qu'il y a bien de
Papparence que perfonne ne l’a fair, ni ne le pourra faire.
Il me refte , après avoir détruit les procédés dont j'ai démontré l’inu-
tilité & les dangers , après avoir prouvé la difficulté de découvrir des pro-
éédés plus heureux; de détailler lés moyens que je crois les plus propres
à y fuppléer. Mais, avant de traiter certe partie, qui fera la derniere , je
crois qu’il n’eft pas fuperflu de vous parler , Monfieur , des différentes
éfpeces d’infectes qui détruifent les animaux delléchés. Mieux ces efpeces
ferent connues , plus il fera facile de s’appercevoir de-leurs dégâts, &
plus fürement les combattra-t-on ?
Les infectes qui, dans le pays que nous habitons ( car je ne parle pas
des pays étrangers) dérruifent les animaux defféchés , font les dermeltes
Planche II, Fig. I, [les brüches, Fig. IV, les anthrènes, Fig. III,
les reignes, Fig. W, les poux de bois : ce font cinq genres d’animaux
qui fourniffent un grand nombre d’efpeces différentes , maïs dont toutes
ne nuifent pas aux animaux defléchés. Deux efpeces de dermeftes, deux
efpeces d’enthrenes ,deux efpeces de bruchés, une quantité qui n'eft pas
déterminée d’efpeces de teignes , une feule efpece de poux de bois fonc
les infectes redoutables pour les colleétions.
Les dermeftes fig. 1 , ont les antennes en maffe perfoliée, cinq articles à
tous les pieds. Leurs étuis n’ont point de rebords. Il ÿ en a deux efpeces
fatales aux collections. Fe dermefte du lard , fuivant M. Geoffroi, ou
celui que Linnæus appelle Orrirhologis inimicum animal ; & le dermefte
que M. Geoffroi appelle le dermefñle à deux pointsblancs f9. II, & que
M. Einnæus nomme Pellio.
Le dermefte du lard, ffg. T, a trois lignes de long. Il eft d’une couleur
noire-terne ; fes étuis font marqués à leur origine d’une bande grife tranf-
verfale , qui defcend jufqu’à la moitié de leur longueur. Cettebande eft
coupée par des points noirs difpofés en zigzag ; la larve de ce dermefte
eft un ver à fix pattes , tête écaillenfe , forme alongée. Ce ver eft jau-
nâtre , compofé d’anneaux , couverts de poils longs , bruns & roides. Le
deffous de fon corps eft life & pâle.
Le dermefte à deux points blancs fg.11, eft plus petit que le précédent. Il
eft d'un noir lavé,maisluifanr. Il a fur le fommet de chaque élytre un poine
blanc fort fenfible, & d’autres points blancs peu apparens fur le corceler,
Sa larve eft un ver d’un brun jaunâtre , couvert de poils doux, luftrés &
foyeux ; fa forme eft cylindrique. Le corps finit par une pointe chargée
de deux houpes de poils longs & fins.
L'un & l’autre dermeftes vivent à la campagne & danses villes, dans
NAN Ti RUE |T) TL, Z. 399
les champs & dans les maifons : ils fe nourriffent de fubltances animales
ou végétales , fraîches ou corrompues ; mais ils préferent la fubftance des
animaux, les matieres qui font corrompues , & celles fur-tout dont la
deflication a rendu les parties huileufes , rances & âcres. Le dermefte du
lard femble fe plaire davantage dans les maifons ; celui à deux points
préférer le féjour des campagnes. Le premier eft plus avide de fubftance
animale ; le fecond, de matieres végétales. Auffi , quoique tous deux
foient redoutables , le premier l’eft-1l infiniment plus que le fecond.
Les dermeftes paroillent dès la fin de Mars dans les premiers beaux
jours du printemps. Ils volent pefamment ; mais ils courent avec promp-
titude ; ils font timides; ils fuient des lieux où on les inquietre par le
bruit ou le mouvement. Ils cherchent les endroits calmes , fombres &
tranquilles ; ils s’infinuent dans les armoires, les garde-mangers , &
fut-tout dans les boëtes où des animaux defféchés les attirent par leur
odeur. Lorfqu'ils y ont pénétré , ils s’enfoncent & fe cachent fous les
poils & les plumes. C’eft alors qu'ils commencent leur ravage. Ils ne
touchent"ni aux poils, ni aux plumes; mais ils dévorent la fubftance
même des peaux & jufqu'aux membranes qui couvrent les pieds des ani-
maux. Il y a deux moyens de juger de leur préfence , fans les avoir vus.
Le premier , par le défordre qu'ils caufent aux poils ou aux plumes, dont
fouvent même ils caufent la chüte; le fecond , par leurs excrémens. Ils
font compofés de grains oblongs grisâtres qui, malgré une certaine vif-
cofité, s'écrafent fous le doigt , & fe réduifent en poufliere. Si l’on voir
des' plumes , des poils dérangés ou tombés , fans qu'on ait touché aux
animaux, on peut , fans courir rifque de fe tromper , affurer qu’ils font
actuellement en proie à des dermeftes dans leur état de fcarabée : fi fans
qu'il foit arrivé de défordre , on apperçoiït fous les animaux la poufliere
que j'ai décrite , on en peut , avec la même füreté, tirer la mème con-
clufon : mais fi, au lieu de cette poufliere , on apperçoit deffus les ani-
maux mêmes , ou à côté ou deffous eux de longs hlets bruns entrelacés,
femblables à des bouts de fil brun, mèlés & entortillés enfemble : ce font
des larves de dermeftes que décelent ces indices. Dans les trois cas fup-
pofés , il faut recourir aux moyens dont je parlerai dans la fuite.
Les dermeftes multiplient plufeurs fois dans le cours de l'été : l’efpace
d'un mois fuffit pour une de leur génération dans le temps que la chaleur
eft la plus forte ; mais ils ceffent de fe reproduire & mème d’exifter fous
la forme de fcarabces ou de larves, vers le commencement de Novem-
bre : ainfi, du mois de Novembre au commencement de Mars on n’a
rien à craindre de leur part. Outre les indices que j'ai rapportés , qui les
font reconnoiître , leurs larves fe trahiffent encore , en changeant de
peau ; car fouvent on en voit la dépouille flottante fur l’animal que la
larve dévore, ou tombée près de lui.
Les bruches fg.1F,font de fort petits infectes, couverts d’étuis écailleux;
Eceij
40% DOS HT SR PORTE CRM E
feurs antennes font filiformes ; leur corceler arrondi ; leur corps fplré
roïde , convexe en deflus ; ils'ont cinq'articles à routes les pattes. On
netconnoît que deux efpeces de ce genre, la bruche à bandes, & læ
bruche fans aîles ; toutes deux vivent dans les champs & dans les mai-
fons, de fubitances végétales ou animales, mais defféchées. La pre-
miere efpece eft plus abondante que la feconde:
La bruche à bandes, Cerambix Fur. Lanx. a une ligne & demie de
long; fon corceler eft plein d’afpérités, couvert fur les côtés de poils
blanchâtres : fes étuis font convexes , couverts de points enfoncés qui
les font paroître ftriés, & traverfés de deux bandes de poils blancs fort
courts. Les antennes font fliformes,. & excedent de beaucoup la lon-
gueur totale du corps. ;
La bruche fans aîles n’a qu’une ligne de long : tout fon corps et ar+
rondi ; & l’infecte reflemble à un petit globe mouvant; fes antennes
n'ont pas tout-à-fait la longueur de fon corps, qui eft d’un brun luifanr:
Les étuis font convexes » réunis enfemble & ils s'étendent en-deflous du:
2
.
cotps qu'ils enveloppent prefqu’en entier.
La larve des bruches elt un très-petit ver à fix pattes, couvert de poils
qui forment des anneaux alternativement bruns & alternativement blan-
châtres. Quand ce ver veut fe métamorphofer, il crenfe dans le bois ou
le carton qu'il trouve à fa portée , un trou dans lequel il s'enfonce : il s’y
forme une coque d’un tiflu ferré , foyeufe , grife ex dehors, fatinée, êt
de couleur de perle en dedans. Cette coque reffemble à unbarillet oblong. -
Les bruches font à craindre dans l’état d’infecte parfait & dans celui
de larve.‘ Comme elles font fort petires , elles ne font formidables que
par leur nombre; aufñli n’endommagent-elles pas beaucoup les collec-
tions de grands animaux; mais elles ravagent fouvent celles qu'on fait
d'infectes. Elles s’introduifent dans l’intérieur des infectes, & y vivent
à difcrétion, fans être vues par ceux qui examinent la collection.
-_ Je n’ai point trouvé de bruches , ni vu de leurs larves en été; mais
j'en ai fouvent rencontré en-automne , au printemps , & fur - rout en
hyver. C’eft au milieu des plus grands froids, pendant les jours les plus
rigoureux de l’hyver , dans le temps que les aurres infeétes font morts
ou engourdis, ou que leur race n'exifte que dans les œufs & les cryfalides
qu'ils ont laiflés , que les bruches ont le plus de vigueur & d'activité ;
elles ont les mêmes inclinations & les mêmes craintes que les dermef-
tes, par rapport à la lumiere qu'elles évitent, an bruit & au mouve-
ment qu’elles redoutent; rarement fortent-elles de leur gré pendant le
jour, mais la nuic elles vont & viehnent; & c’eft alors qu'on peut les
appercevoir, en.obfervant avec une lumiere les collections d'animaux
defféchés.
Il eft difficile de reconnoiître la préfence des bruches parmi les grands
animaux, fi ce n’eft en les vifitant de nuit. Mais fi, au bas des cadres‘où
l'on conferve des infectes , on voit un amas de pouflieres grisacres ; fot-
NAN TX CE RUE: 1 dE As
mêes de petits grains, & parmi ces pouñieres des dépouilles velues cein-
tes d'anneaux blancs & d'anneaux grisâtres ; on peut être affuré qu'il y à
des bruches danses cadres. On peut porter le même jugement d’après les
mêmes indices , par rapport aux grands animaux ; mais les excrémens des
bruches & la dépouille de leurs larves font fi peu volumineux qu'ils fe per
dent entre les plumes & les poils , & que fouvent on ne les difkingue pas,
Lesanthrènes fig. ZIZ, font de la claffe des coléopteres, Elles ont s articles
à routes les pattes ;.les antennes droites en malle folide , une peu appla-
ties. On n'en connoît que deux efpeces, l’anthrène à broderie, & celle
que M. Geoffroi a nommé l’amouretre. Ce font de fort petits infectes
qui vivent fur les Aeurs & parmi les animaux defféchés.
L'anthrène à broderie Dermefles tomentofus maculatus , Linn: na
qu'une ligne de long , & l’amouretre les trois quarts d’une ligne. Les
couleurs de. Fanthrène à broderie font en deflus de. fon corps , qui eft
blanc en deffous , un mélange de blanc, de noir, de rougedtre quiimire
une forte de broderie. L’amourerte, qui n’a de beau qu'un nom qui ne
femble pas trop lui convenir à caufe de fes qualités malfaifantes , ne
differe de l’anthrène à broderie , que parce qu’elle eft plus petire, & que
fes couleurs ne font qu'un mêlange de blanc & de brun rougeâtre.
Les larves des anthrènes font de très-perirs vers velus, remarquables:
par deux appendices ou crochets auñli longs que le corps du ver qu'ils’
terminent du côté de la queue,
Les anthrènes , dans l’état d’infeéte parfait , aiment le grand air, cher-
chent le jour , fe plaifent au foleil , fuient des lieux obfcurs ; cherchens”
à fe mettre en liberté, & n’ont de goûr que pour les fucs & lafubftance des
fleurs ; mais leurs larves moins délicats vivent parmi les plantes amonce--
les qui fe pourriffent & des fubftances animales defléchées. Ces infeétes, -
en fe méramorphofant, changent de goût autant que de forme.
Les anthrènes parvenues à leur dernier état, font actives; leurs Jar-
ves , au contraire , femblent à peine fe-mounvoir : elles-fuient l’éclat du
jeur , &:fe cachent à l’intérieur des fubitances qu'elles dévorent. ”
Quoique les anthrènes, après leur métamorphofe, cherchent à fe
mettre en libérté , &:volenc fur les leurs pour qui elles onr plus de goùc :
que pour tout autre aliment : fi elles fe trouvent renfermées dans des:
boëtes dont elles n’ont pu fortir , elles s’accommodent de fubftances ani-
males , &- fe dévorent de préférence les unes les aûtres , fans fe tuer ce-
pendant ,; mais à mefure qu'elles ceffent de vivre naturellement ; mais ce”
n’eft que quand leurs efforts ont été vains, & qu'elles n’ont pu parvenir -
àtrouver ou à fe former une iflue ; car fouvent elles parviennent à petcer
les boëres qui ne font que de carton , & à fe mettre en liberré.
Les anthrênes paroiffent fous leur derniere forme aux mois de Mai &-
Juin & Juillet; leurs œufs éclofent en automne , & leurs larves mangent :
pendant l'hyver ; mais elles paroiflent engourdies pendant les grands
402 HP ne SUITE RÈLE
froids ; tombent plufeurs fois dans une efpece de léthargie , dont elles
fortent pour y retomber de nouveau. .
Les anrhrênes devenues coléopteres, fe montrent aufli-tôt; mais il
faut découvrir leurs larves. On les reconnoît, en appercevant leur dé-
pouille armée de l’enveloppe des deux crochets dont j'ai parlé. Elles font
peu de tort aux grands animaux ; mais elles gârent beaucoup les infec-
tes : elles font timides, fe laiffent , au moindre choc, tomber du lieu
où elles font cachées , roulent à travers les boëtes &les cadres , & reftent
quelque temps immobiles, puis reprennent une marche inégale, fou-
vent interrompue , incertaine , & qui indique leur agitation jufqu’à ce
qu’elles aient gagné un recoin où elles foient cachées.
Les reignes fig. #, font les infectes les plus dangereux pour les collec-
tions : elles font formidables par le grand nombre des individus , la variété
des efpeces , leur maniere de vivre , & la difficulté qu'il y a de s’apper-
cevoir des dégârs qu’elles occafionnent avant qu'ils foient portés à l’ex-
trème. Ce font de véritables chenilles qui dévorent le poil & les plumes
des animaux , comme les autres chenilles rongent les feuilles des plan-
tes. Elles vivent dans des étuis qu’elles forment avec la fubftance mème
des poils ou des plumes dont elles fe nourriffenr. Ces étuis font ouverts
aux deux bouts , affez larges pour que la teigne puiffe s’y rerourner ; &
tantôt elle préfente fa tête par un des bouts , rantôt par l’autre. Une tei-
gne refte ordinairement cachée fous fon étui ; elle allonge feulement
la rèce & une partie du corps pour prendre la nourriture qui fe trouve
à fa portée; mais, quand elle vient à lui manquer, ou qu'elle ne s’en
contente pas, que par un motif quelconque , la teigne veut changer de
place, elle allonge fon corps entier hors du fourreau , excepté le dernier
anneau qui porte deux crochets qui demeurent engagés à l'entrée de
Pérui, qui eft entraîné & fuit la teigne dans fa marche, Lorfque les teignes
veulent fe méramorphofer , elles quittent affez ordinairement, mais non
pas toujours les lieux où elles ont vécu : elles gagnent le haur des boëtes, le
plafond des appartemens, traînant leurs étuis après elles : elles le fixent par
un des bouts , en le laïffant pendre perpendiculairement , ferment l’autre
bout d’un réfeau de foie , & fubiflent leur métamorphofe. Devenues d’a-
bord cryfalides, elles fe changent enfin en phalenes, qui toutes font
fort petites , ont des antennes fliformes, & fe diftinguent cependant des
autres efpeces de phalenes par un amas de poils longs qui couvrent le
corcelet , reviennent en avant de la tête , & forment comme une forte
de toupet. Ces phalenes ne prennent point de nourriture , n’ont aucune
arme avec laquelle elles puiffent faire aucun dégât, & ne font dange-
reufes que par le dépôt de leurs œufs.
Les teignes font petites ; elles font cachées dans des étuis de la mème
couleur que la fubftance qu’elles dévorent; elles s’enfoncent fousla mafle
des poils & des plumes ; elles les coupent fans déranger leur ordre , fans
NAAINTA UE ZE) Le Da E: 403
les abattre , fans prefque les remuer. Ce font autant de raifons qui déro-
bent les teignes aux regards de ceux qui font intéreffés à les découvrir,
Auli n’y a-c-1l rien de plus difficile ; fi l’on fe contente d'examiner des
ÿeux feulement les animaux qu’on foupconne d’être attaqués par les
teignes ; mais elles fe tiennent de préférence fur les parties où les plu-
mes & les poils font les plus courts & les plus ferrés, ou fur celles où
des replis les mettent davantage à l’ombre. Telles font la tère , le deffous
des aîles , les plis des articulations dans les quadrupedes , le deffous de
Ja queue & le bas du ventre, C'eft à ces parties qu’elles s’agtachent de
préférence. C’eft für ces parties qu’on peut les découvrir , en foulevant
avec un ftilet les poils ou les plumes fous lefquels elles fe tiennent
cachées.
La maniere de vivre desteignes ne les rend pas moins redoutables que
le fecrer & le myftere profond dans lefquels fe paflent leurs opérations.
Elles coupent les poils & les plumes en travers , en avançant, en fau-
chant un large efpace autour d'elles. Tels feroient des Moiffonneurs qui
fcieroient un champ, mais fans que les pailles coupées par le pied , fuf-
fent dérangées, fans qu’elles tombaflent, ni ne paruffent fciées , fe fou-
tenant toutes les unes les autres Une teigne , qui n’a dépenfé que très-
peu pour fa nourriture & l'entretien de fon fourreau ; a dévafté une
Jarge place par la maniere dont elle a pourvu à fes befoins.
On fent , d’après la difficulté d'appercevoir les reignes , d’après l’ex-
pofé de leur maniere de vivre, combien il feroit important d’avoir quel-
ques indices qui puffent les faire reconnoître,ou au moins foupconner leur
préfence , dont on pourroit s’aflurer , en foulevant les poils ou les plumes
des parties dont j'ai parlé plus haut. Ces indices font très-difhciles à
aligner , quand les teignes font très petites, & je n’en connois pas alors;
mais quand elles ont pris de l’accroiflement , comme elles mangent
davantage , elles rendent une plus grande quantité d’excrémens qui,
tombant au-deffous des animaux dont elles dévorent la robe, fervent à
les faire reconnoïître. Ces excrémens fonc des grains arrondis , durs &
inégaux.
ee papillons ou phalenes ; qui donnent naiffance aux teignes, com-
mencent à voler vers la fin du mois de Mai ; ils fonc plus abondans en
Juillet & Août qu’en tout autre temps : on ceffe d’en voir à la fin de
Septembre ou au commencement d'Oétobre. Les œufs qu'ils dépofent
éclofent plutôt ou plus tard , fuivant que les papillons font vés plutôt, &
que les œufs ont été dépofés dans une faifon moins avancée ; mais les
œufs mème des derniers papillons éclofent au plus tard dans le courant
de Novembre, Les jeunes teignes croiffent d'abord lentement ; elles
font en aétion pendant tout l’hyver, mais le grand froid s’oppofe à leur
crue, & par conféquent à leur ravage. C’eft au commencement du prin-
temps qu’elles acquierent de la force , & alors elles confomment beau-
. 404 RTS QN TNNOLNTANRR TIRE
coup d’alimens, font de grands ravages, & croiffent beaucoup en peu de
temps. C’eft aufli alors que les excrémens qu’elles rendent, fervent à les
faire reconnoître.
L'inégalité de rems où Les phalenes ont dépoféleurs œufs, eft caufe qu'il
naît de nouvelles phalenes, les unes beaucoup plutôr & les autres beau
coup plus tard ; & à leur cour ces phalenes , nées en des temps différens,
laiflent pour l’année fuivante des générations qui fe fuccedent & paroif-
fent en différens temps. De-là vient que quelques perfonnes croient que
les ceignes*onc plufieurs générations dans le cours d’un été; mais c'eft
une erreur dont la caufe eft l'inégalité de remps où les'œufs font dépofés,
Les reignes aiment , ainf que les autres infectes deftructeurs, les lieux
fombres : elles quittent les animaux qu'on remue ou que l’on frappe ,
& n’y reviennent pas, fi elles trouvent à leur portée d’autres objets qui
Jeur conviennent: des coups affez légers leur font quitter prife , & on
les voit romber fous les peaux qu’on a frappées.
Je ne puis fixer le nombre d’efpeces de reignes qui s’attachent fur le
poil ou les plumes. J'ai des raifons de croire que ce nombre pale celui
de fix ou fept efpeces ; mais je n'ai pas d’obfervation pofitive à ce
fujer.
Il feroic trop long & inutile de décrire toutes les efpeces que je con-
nois , pour s'attacher aux poils & aux plumes. Je me concenterai de dire
que la plus nombreufe, la plus commune, la plus redoutable eft l'ef-
pece que l’on voit voler en été dans les appartemens , & que tout le
monde connoît par les dégâts qu’elle fair dans les meubles & les vète-
mens tiflus de laine.
Je conclus de l’hiftoire des teignes, que pendant l'automne, l'hyver ;
& fur-touc le printemps on a leurs ravages à craindre , & dans l'été le
dépôc de leurs œufs.
Le poux de bois eft un très-petit infeéte fans aîles ; fes antennes font
de la longueur de fon corps, & filiformes, Il a fix pattes ; fa couleur
warie : canrôc il eft blanc, tantôt rouffâtre; quelquefois ces deux cou-
leurs fe voient partagées fur fon corps : il court avec virefle ; il vit fur
des bois qui fe décompofent, & tombent de vétufté ; mais il fe nourrit
aufli de la fubftance des animaux defféchés. Il eft fi petit qu'il ne caufe
oint de dommage aux grands animaux; mais il gate les collections qu'on
fait d'infectes. On le découvre aifément, parce qu'il eft fouventen mar-
che, qu'il n’eft pas fort attentif à fecacher, & que prenant l'épouvante
au bruit Le plus léger , il fe montre, & s’expofe eu fuyant.
Je finirai cer article par rappeller que les indices qui font reconnoî-
tre les infectes deftructeurs , font prefque tous pris de la vue & de la
forme des excrémens que rendent ces infeétes. Mais je préviens en même
temps qu'il faut diftinguer ces excrémens de deux fortes de poullieres
qu'ou voir allez fouvent au-deflous des animaux defléchés, fans qe
| on
Na ANT: Di % EH ZX LE. 40$
Von feroit expofc à prendre de vaines & inutiles alarmes. Ces pouñicres
font des fragmens du fil de fer pallé dans les pieds des animaux , & des
émanations de la moëlie & des grailles. Les fragmens des fils de fer , qui
fe détachent par l'effet de la rouille, & qui jailhffent affez loin , reff:m-
blent à des écailles : ils font ou noirs, ou de couleur de rouille ; ils fonc
applatis & très - durs. Ces deux dernieres qualités ne permettent pas
qu'on les confonde avec aucunes des pouflieres , témoins de la préfence
de quelque infecte.
Les émanarions de la moëlle & des graiffes forment des amas grifa-
tres , des flocons légers ; onctueux qui laiffent aux doigts , en les écra-
fant, une odeur rance.
La connoilfance des infetes qui détruifent les animaux defféchés,
celle de leurs mœurs , de ieur goùr , de leurs inclinations , de leur ma-
niere de vivre, m'ont fourni deux fortes de moyens de les combattre ,
de m'oppofer à leurs ravages , & de fuppléer à la méthode par laquelle
on parviendroir à les écarter. De ces moyens, les ans font particuliers ,
fondés fur les mœurs des infectes ; les autres généraux , & également
fuueftes à tous ces ennemis que nous avons à combattre. Je moccuperai
d’abord des premieres.
Il fuit du caractere donné des infectes deftructeurs qui , prefque tous
aiment l'ombre , fuient le grand jour; que la premiere des précautions
qu’on doive prendre , eft d'établir la colleétion qu’on veut former dans
un lieu bien éclairé ; de placer les armoires en face du jour; & que
plus il fera fort, moins le féjour qu’il éclairera , plaira aux infeétes.
Du caractere inquiet des infectes qui redoutent le bruit, le mouve-
ment , le changement de place, il suit que des animaux qu'on confer«
vera à l'air, fans précautions, pourront y fubfifter, s'ils font en aflez
perit nombre , pour qu’on ait le loifir de les toucher , de les remuer,
de les frapper, de les changer fouvent de place : que dans les collec-
tions plus nombreufes , ces mêmes foins pourront quelquefois fuflire
pour reconnoître des infectes, dont on n’avoit pas eu autrement d'in-
dices, & pour s’en débarralfer fans prendre d’autres précautions,
Puifqu'il importe de reconnoître la préfence des infeétes, que les
plus sûrs indices qui les décelent , font leurs excrémens, il faur que le
fond fur lequel les animaux font placés, foit tenu très-net , qu'il foit
blanc , afin que la plus légere quantité d’excrémens puiffe être aifément
remarquée.
Lorfque dans une colle&tion on apperçoit au deffous d'un animal des
excrémens d’une efpece d'infeéte deftruéteur , le caractere donné de cet
infeéte indique les moyens auxquels il faut recourir, Si c’eft un der-
melte , il fuffira fouvent de frapper l’animal, de le remuer; les der-
meftes fortiront, on les écrafera. La mème chofe arrivera par rapport
aux bruches, aux anthrenes, Mais il faut que ces infectes foient dans
Tome I, Part, XI, Ff
406 HOT NS AMOR RIVE
leur érat de perfeétion ; leurs larves tiennent avec plus d'acharnement ;
enfin f ce font des teignes, le bruir, le mouvement , les coups ne fuffiront
que pour en chafler ou en abattre un petit nombre. Il faudra recourir aw
moyen général dont je parlerai dans l’inftant. Si les infeétes , excepté
les reignes , font en petit nombre , un fimple examen de l'animal fufpe&
peut fuffire ; mais il faut enfuite veiller fur lui pendant plufieurs jours.Dans
tous les cas, fi l’on veut recourir au plus sûr, au plus court, au plus
prompt , il faut employer la vapeur du foufre enflammé, Ce moyen eft
efficace contre routes les efpeces & celui que j'appelle le moyen général
de les détruire." Voici la meilleure maniere d’en faire ufage.
Ayez une boëte haute de fix pieds, large d'autant, profondete deux
pieds : que cette boëte foit collée en dedans avec un fort papier; qu’elle
s'ouvre pardevant au moyen d’une coulifle qui {e haufle & fe baifle
comme un chaflis. Faites pratiquer à cetre partie mobile deux ouver-
tures , l’une en haut, laurre en bas. Bouchez ces deux ouvertures
chacune avec un verre; placez dans la boëte plufieurs tafleaux à dif-
férente hauteur; & tenez prêtes des planches pour placer deflus ces
tafleaux au befoin Les chofes ainfi préparées ; placez dans la boëte les
animaux attaqués par les infectes : quand ils y font arrangés , en obfer-
vant de laiffer au bas un efpace vuide d’un demi-pied en tout fens , ex-
cepté en hauteur, qui doit être d’un pied & demi au moins : placez au
milieu de cet efpace une brique ; pofez deflus une petite terrine de terre
verniffée ; mettez dedans un quarteron de fleur de foufre ; allumez le
avec la amme d’un papier embräfé , en l’en touchant en cinq ou fix en-
droits différens ; baiflez enfuite la coulifle qui a dû être arrêtée comme
un chaîlis, par un rourniquet.
Il s’'elevera d’abord une vapeur fubtile; elle augmentera bientôt ; vous
la verrez circuler en regardant par les carreaux de verre ; & bientôt elle
blanchira , & deviendra fi épaifle qu’elle vous dérobera la vue des objets
placés dans la boëte. Au bout d’une heure elle fe fera condenfée , & vous
verrez de nouveau les objets qu’elle a enveloppés, très-diftinétement :
laiflez la boëre fermée pendant vingt-quatre heures , au bout de ce temps
vous l’ouvrirez , vous vous en éloignerez après lavoir ouverte , & vous
en laifferez la couliffe leyée pendant une heure , fans en approcher. La
vapeur du foufre renfermée s’exhale pendant cet intervalle. On fent bien
que la boëte doit être placée dans un lieu ouvert, ou à l'air libre : la
vapeur étant en plus grande partie diflipée, vous vous approcherez de la
boëte , vous verrez les infectes qui ont été fuffoqués, fur-rout les der-
meftes rombés morts fur le plancher de la boëte; vous y verrez de même
les papillons de tsigne ; car , pour les teignes , elles reftent en plus grand
nombre‘aux endroits où elles étoient , & y meurent. Vous retirerez les
animaux de laboëte; vous les néroierez, en paflant deflus un flocon de
coton cardé; après quoi vous les reporterez à leur place. S'ils ont um
certain volume , comme ils font pénétrés par l'acide fulfureux volatil ,
NÉ ALT Un Rit En) Ey MT E: 407
& qu'ils en retiennent encore beaucoup , ils feront caufe que les verres
des armoires deviendront rernes & blanchâtres. Vous les nettoierez
très-bien avec du blanc d’Efpagne diflous dans de l’eau.
Il ya plufeuts obfervations à faire fur les effets du foufre : fa vapeur
ne tue les infectes qu’autant qu'ils font dans leur état de perfection ou
dans celui de larves. Elle n'a point d’effec ni fur les œufs , ni fur les
chryfalides. Ce fecond fait mériteroit une attention particuliere ; car,
d'un côté on fait que la vapeur du foufre enflammé ne tue que parce
qu'elle prive l'air des qualités qui le rendent propre à être refpiré ; &
d’un autre côté on eft certain que les chryfalides refpirenr.
Il fuit de ce que le vapeur du foufre n’a point d'effet fur les œufs, ni
fur les cryfalides, que pour détruire les infeétes abfolument, & en put-
ger les animaux qu'ils ont fortement attaqués , il faut râcher d’expofer
ces animaux À la vapeur du foufre, dans un temps où la race entiere des
infectes puifle être dérrnire an nne feule fois. C’eft ce qui arrivera, fi
après avoir découvert fur les animaux, des dermertes, des brnches , Où
des anthrènes dans l’état de fcarabées , après avoir fait périr ces infeétes
par une premiere fumigation , on expofe de nouveau les animaux à la
vapeur du foufre , aulitôt qu'on s’apperçoit que les œufs que les infec-
tes avoient dépofés avant la premiere fumigation , font éclos. La fe-
conde fumigation attaquant l'efpece entiere dans un temps où les œufs
font éclos , & où aucune larve n’eft envvre en eryfalide, [a race entiere
eft anéantie & détruite pour roujours. ak TE.
Les papillons de teignes dépofent leurs œufs en été, comme je lai
dit plus haut, les uns beaucoup plutôt, & les autres beaucoup plus tard ;
il y a donc des teignes nées dès le mois d’Aoùt & de Septembre, &ily
en a d’autres qui ne naiflent qu’en Oétobre , & même beaucoup plus
tard. Toutes demeurent fort petites long-temps , & mangent peu d'a-
bord, Il y a donc peu à rifquer d'attendre, mais quand on a des raifons
de croire qu’un animal a été expofé à des papillons de teignes, & qu'ila
été couvert de leurs œufs, fi l’on attend jufqu'en Décembre ou Jan-
vier, on eft sûr alors que tous les œufs font éclos, & qu'aucune teigne
n'a encore pallé à l’état de cryfalide ; c'eft pourquoi cette faifon, qui eft celle
où l’on demeure communément dans l’inaétion, eft celle au contraire
où il faut expofer à la vapeur du foufre tous les animaux foupçonnés d'é-
tre attaqués par des teignes ; car une feule fumigation faite en certe
faifon, décruit pour toujours la race entiere. :
Quelques perfonnes penfent que l'acide fulfureux volatil altere les
plumes, Cette opinion elt fondée, mais le dommage n'eft pas aufli grand
qu'on le penfe, & il y a des précaution à prendre qui le rendent pref-
que nul. ;
Le foufre agit fur les couleurs , & la texture des plumes ou des poils,
Quant aux couleurs, il ne les alcere pas; s’il y a ares fur elles,
\ ï
408 EP ONE SH MINOR ATNPRIME
U «
cette action eft bornée à les exhalcer. Il faut pourtant avouer que fi la vai
peur du foufre eft trop abondante, fi on en fait un ufage très-fréquent',
elle alrérera à la longue toutes les couleurs. Mais fi on n’emploie que _
la quantité de foufre que j'ai indiquée, & qu’on fuive la proportion
pour l’efpace où on le brüle, que d’ailleurs on ne répete pas fréquem-
ment l'opération, comme il n’eft pas nécellaire de le faire, en choifi£=
{ant le moment, il n’en arrivera aucune fuite fâcheufe.
Si l'on brûle du foufre trop fouvent en trop grande quantité dans les
armoires où font renfermés les animaux qu'on veut conferver, fi fans
égard à l’état de l’achmofphere, fans boucher la communication de l'ai
extérieur avec les armoires, ou brüle du foufre par un temps humide,
non-feulement fa vapeur altérera les couleurs, mais les plumes & les
poils qui couvrent le dos des animaux feront attaqués dans leur fub-
ftance ; & ces plumes & ces poils, lorfqu'on viendra à les toucher, fe
briferont fous les doigts. ile parnîerene & fcivur en effet brülés comme
fi on les eut trempés dans un acide violent , tandis que les plames &
les poils qui font fous le ventre des animaux, n'auront rien perdu de leur
beauté ni de leur confiftance. En voici la raifon. L’acide fulfureux dé-
gagé du foufre dans unlieu fec & bien fermé, retombe en vapeur feiche s
& fe condenfe en une poufliere qu’on nomme fleurs de foufre. C’eft de
ces fleurs feulement, fans action, fans qualité nuifible , qu’on trouvera les
animaux couverts près uue fuuigation faite dans un temps, & des circon-
a... vuvenables, & en paflant fur lesanimaux une plame à écrire, ou un
flocon de coton, on abattera toutes les feurs de foufre qui n’ont au-
cune adhérence. Mais fi la communication avec l'air extérieur n’a pas été
inrerceptée , fi le temps eft humide , l'air chargé de vapeurs aqueufes;
l'acide fulfureux attirera l'humidité , il fe chargera de beaucoup d’eau ,
& il retombera non plus en vapeur feiche, fous la forme concrète, mais
en vapeur humide. Dans cer étar, il fera brûlant & corroff, c’eft parce
qu'il ne tombe fous cette forme, & qu’au contraire il s’éleve fous la
forme feche, que le dos des animaux eft gâté, que la robe eft détruite
en cette partie, tandis qu’elle fe conferve dans tout fon éclat fous le
veñtre. Il ne faut donc brüler du foufre que dans des boëtes qui ferment
exactement, ni l’allumer que par un temps fec, n’en faire que rarement
ufage, comme il fuffit de le faire , en choififfant le temps convenable. En
prenant ces précautions ; on détruit entierement lesinfectes, & on n’en-
dommage en aucune maniere fa colleétion.
Un confeil qui eft important , eft de ne pas placer dans ces armoires
des animaux douteux qui ont refté long-temps à l'air, ou qui viennent de
perfonnes, fur l'attention defquelles on a lieu de croire qu'on ne peut
pas fe repofer. Dans ce cas, le plus sûr eft d’avoir des boëtes de réferve,
d'y conferver ces animaux , & de ne les âjouter à fa collection qu'après
A 1 .
s'être afluré de leur état par un long examen, Il ne doit pas comprendre
} :fpace de moins d’une année,
; INRA AT TR UNUR IE ME TEE. 408
Je n'ai pas parlé d’une autre précaution, c’eft celle de tenir les ar
moires exactement fermées, furtout pendant l’été; perfonne ne doute
de la néceflité de ce confeil. Mais je dirai feulement un mot fur la forme
des armoires. Je crois que le meilleur à cet égard , eft de facrifier l’'agréa-
ble à l’utile. Ainfi, au lieu d’armoires vaftes, qui offrent un plus beau
coup d'œil, je confeille de faire ufage de boëtes paralleles, d’une gran-
deur médiocre , comme de trois jufqu’à fix pieds de haut, fur quatre
de large , & deux de profondeur, De pareilles boëtes faites avec un bois
bien {ec , colées en papier en-dedans , s’ouvrant par le moyen d’une cou
liffe à double reinure, ferment très-exaétement ; au lieu que de vaftes
armoires ferment très-difficilement, & qu'il y a toujours à craindre
qu’elles ne laiflenr quelqu'omerda nus lufiAuos ON à vuLULE UN autre
avantage , c'eit que fi les animaux renfermés dans une boëte font atra-
qués , le mal eft concentré dans l’érendue de cette boëte , au lieu que
dans les armoires il s'étend partout , & un feul animal endommagé de-
vient la caufe d’une perte générale,
Je n’ai confidéré jufqu’à préfent dans tout ce que j'ai dit, que les
quadrupedes & les oifeaux. Les mêmes raifonnemens, les mêmes prin-
cipes , les mèmes confeils peuvent s'appliquer aux poiflons , aux rep-
tiles, aux cruftacés qu'on conferve defléchés. Mais ils ne peuvent pas
avoir lieu pour les collections de papillons & d’infeétes. J'ajouterai quel-
que chofe, Monfieur, à cet égard , fi vous n'êtes pas fatigué de m'en-
tendre.
On conferve les infeétes & les papillons, ou dans de grands cadres
dans lefquels on en rafflemble un grand nombre, où dans des cadres
d’un volume beaucoup moins confidérable , & dans lefquels on ne place
que des individus d’une même efpece. La meilleure méthode eft de faire
faire ces cadres en bois. Le carton eft trop aifément percé par les infeétes
deftruéteurs. De quelque maniere qu’on s’y prenne , il arrive fouvent
qu'ayant enfermé avec les infectes defféchés qu'on veut conferver , d’au-
tres infectes deftruéteurs, ou de leurs œufs , ou de leurs cryfalides, on
ne tarde pas à appercevoir au bas des cadres , des pouflieres qui font les
indices des ravages qui s’y paflent. à
Les deux efpeces de dermeftes s’introduifent rarement dans les cadres
d’infectes, à moins qu’ils ne foient très-négligés. Ce font des retraites
trop éclairées pour eux , & où ils ne trouvent pas d’afyle aflez fecret ; s’ils
y entrent , ils s’y font auflitot remarquer. Mais les anthrènes, les bru-
ches furtout, & les poux de bois trouvent dans les cadres d’infeétes , &
la nourriture & le féjour qui leur conviennent. L'intérieur d’un infeéte
eft pour eux une demeure vafte où ils fe nourriffent fans ètre apperçus,
Les pouflieres qu'ils fonc en mangeant, & les excrémens qu'ils ren-
dent, les décelent bientôt à des yeux un peu attentifs & accoutumés à
obferver, Ainfi ils ne confondront pas ces excrémens avec les écailles de
419 FAUETUN SOCTRR ON NUINER IE
fils de fer qui foutiennent les oifeaux , ni avec les débris de la moëlle
defféchée de leurs plumes, &c. En vain, effayera-t-on de recourir au
foufre ; fa vapeur a fur les écailles, ou fi l’on veut les plumes qui cou-
vrent les aîles des papillons , fur les élytres brillans des fcarabces , un effet
qu'elle n'a ni fur la plume, ni fur le poil : elle en altere les couleurs. Je
n'en fuis affuré par des expériences répétées. Voici quelques autres
moyens qu’on peut employer, & qui équivalent à l’action du foufre.
Si les cadres paroiflent ne contenir qu’un petit nombre d'infectes vi-
vans, comme tous ces infectes font d’un caractere inquiet , il fufht d’ou-
vrir les cadres, de les agiter , de les frapper ; les infeétes cherchent à
fair, & on les tue. Mais fi leur nombre eft confidérable , fi l'on a lieu
d'apréhenaer qu'ils na laiffenr des œnfs ou des cryfalides , il ne faut pas
fe contenter de cette feule précaution. Il faut, fi c’eft en été, cemps où
il n'y a gueres dans les cadres , que des anthrènes & des poux de boïs;
fic’eft en hyver, faifon où il y a plus à craindre pour les infeétes qu'on
veut garder , & où ils font la proie des larves des anthrènes, celle des
poux de bois que le froid ne tue pas , celle enfin des bruches & de leurs
larves qui font les plus grands deftruéteurs ; 1l faur, dis-je, en été expofer
les cadres au plus grand foleil pendant trois à quatre heures ; fi c’eft en
hyver, les placer fur le plateau d’un poële ou dans un four médiocre.
ment chaud.
Les infectes deftructeurs qui nous occupent, périflent, ainfi que je
n'en fuis afluré, à un degré de chaleur très-foible, & beaucoup audeffous
de ce qu’on auroit lieu de croire. Une chaleur de trente-deux à trente-trois
degrés au thermometre de M. Réaumur , eft déja aflez forte pour les in-
commoder. Ils témoignent qu’ils en fouffrent en cherchant à changer de
lieu. Mais fi la chaleur augmente, ils perdent leur force à trente-huit à
quarante dégrés, & expirent mème à un moindre dégré foutenu pendant
quelque temps. Cependant les rayons du foleil en été, réfractés & rap-
prochés par le verre qui couvre le cadre , procurent à fon intérieur une
chaleur beaucoup plus forte qu’elle n’eft néceflaire pour tuer les infec-
tes. Elle va fi loin, que l'humidité contenue dans le cadre eft élevée en
vapeur , qu'il fe fait une forte de diftillation, & que le cadre venant à
fe refroidir la vapeur qui a été élevée, fe condenfe en gouttes fur la fur-
face interne du verre, & fouvent ces gouttes font fi pefantes, qu’elles
tombent & roulent au fond du cadre. Un dégré de chaleur fi grand eft
fuffifant non-feulement pour tuer les infeétes & leurslarves, mais même
leurs cryfalides & leurs œufs. Ce moyen très-fimple eft donc très-eff-
çace. [left aifé en hyver d’avoir recours à une chaleur artificielle. Celle
du foleil en été n’eft jamais affez forte pour nuire aux infectes deflé-
chés, & l’on eft maître en hyver de régler la chaleur artificielle, qu’il eft
inutile d'élever audeflus de quarante dégrés au thermometre de M. de
Réaumur ; que fans le thermomerre on peut mefurer à peu-près, en la
INNRAOT NUNURS ELNLL OL x, 477
fixant au point où l’on voit la vapeur qui s’éleve, blanchir & ternir les
verres, & le dégré communiqué au cadre le rendre difficile à tenir dans
la main, fans que pourtant la chofe foir tout-à-fait impoffible.
Ce que je viens de dire par rapport aux cadres dans lefquels on con-
ferve des infectes , peut avoir aufli lieu par rapport à des boëtes vitrées
en tous fens, fous lefquelles on conferve de plus grands animaux. Si ces
boëtes font bien fermées , fi on lés expofe une fois en été au grand fo-
leil pendant trois heures , les animaux qu’elles contiennent ne feront ja-
mais attaqués. On pourroit , au lieu de fe fervir de foufre, mettre pen-
dant quelque temps deflous de pareilles boëtes, ou fous des cloches de
verre, les animaux qui ne feroient pas d’un trop grand volume, & qui
feroient partie d’une collection.
Je dois cependant prévenir que les rayons du foleil, que la lumiere
feule ont une action très-forte fur les parties colorées des papillons. Mais
leur effet n’agit que lentement, & n’eft fenfiBle qu’au bout d’une ou de
plufieurs années. Ainfi, quoiqu'il foit à propos de renfermer les cadres
dans des tiroirs, ou de les couvrir d’un rideau , ou au moins de les pla-
cer dans un lieu où ils ne foient pas frappés par les rayons du foleil, on
peut fans danger , fans qu’il en réfulte aucun mauvais effet, les expofer
une fois dans le cours de l’année à l’ardeur du foleil ; la chaleur arti-
ficielle n’eft jamais fuifie non plus d'aucune altération dans les couleurs
des infectes.
Un reproche que je fens qu'on ne manquera pas de faire aux diffé"
fens moyens que j'ai indiqués, c’eft que leur exécution exige beaucoup
de foins, & entraîne la perte d’un temps confidérable, Je puis certifier
d’après l’expériend®æ que ces deux reproches qui peuvent au premier
coup-d’œil paroïtre fondés, ne le font cependant pas ; qu'avec un peu
d'habitude , de connoïiflance des objets dont j'ai traité, la durée de cin
à fix jours repartie en différens temps, fur le cours entier d’une année ,
fuffira pour les foins & le temps qu'exige une colleétion très-nom-
breufe.
J'obferverai en finiflant le mémoire, qu’outre les infeétes dont je
viens de donner la defcription, on en trouve d’autres dans les boëress
tels que des leptures, des clairons , des vrillettes ; mais ces infectes n’at-
taquent point les animaux, ils naiflent des larves ou des chryfalides qui
font renfermées dans les branches dont on s’eft fervi pour percher les
oifeaux, ‘
3€
HS ow>
TEL AN SUNTS ON NI NRUIE
€
RENE 7
3
EXPLICATION DE LA PLANCHE II.
Fi1:G U_R ET
Dermefte du lard, de groffeur naturelle.
Le même animal vu à la loupe.
Dépouille de la larve du Dermefte du lard, de grandeur natu<
relle.
La même dépouille vue à la loupe.
Excrémens de la larve du dermefte du lard.
SIGURE d Lei À
Dermefte à deux points blancs, de grandeur naturelle.
Le mème yu à la loupe,
ENINGNEONREPEL SION:
Anthrène à broderie, de grandeur naturelle,
Le mème vu à la loupe. »
Larve de l’anthrène, de grandeur naturelle.
+ Larve vue à la loupe.
FRUGNUNRIEMN TU
Btuche de grandeur naturelle. #
Bruche vue au microfcope.
FIGURE PV,
Teigne hors de fon fourreau,
Fourreau de Teigne.
Papillon de Teigne.
s
OBSERVATION
NAT. U,RyE- IL: LE 413
OÙB S E R NV AMT.I O NS
Sur Les apparences laiteufes -de l’eau de la Mer ;
Par le Capitaine NEW LAN D.
1 HR marins avoient examiné avant moi que la furface de la Tranfa,
mer paroifloit blanche en plufieurs endroits, que fa couleur approchoit Poe de
beaucoup de celle du lait, ils s’en font tenus à la fimple obfervation, & CCARPRES ë
n’en ont point afigné la caufe. On ne voit ce phénomene que pendant la ‘°°
nuit, & fouvent fon apparition fubite fur l'eau , a allarmé lefprir foible
& timide des gens de l'équipage. Il eft furprenant que des gens qui bra-
vent fi courageufement la mort dans le combat, foient comme épouvantés
toutes les fois qu'ils apperçoivent des effets finguliers, à la vérité dont ils
ignorent la caufe.
Il faut remarquer que ces apparitions laiteufes ne fe manifeftent jamais,
ou du moins très-rarement fur les rivages ou le long des côtes. J'en dé-
couvris une dans les mers près de Surate, vers les huit heures du foir,
L'eau me parut blanche comme du lait, entremêlée de petites rayes
noires qui alloient en ferpentant. Je fis furle champ tirer un feau de
cette eau dans l'endroit où elle me parut la plus blanche ; auflitôc elle
fut portée près de la lumiere pour Îa mieux examiner, mais elle parut
alors femblable à l’eau ordinaire. La même expérience fur répétée
plufeurs fois en divers endroits, & fans interruption depuis huit heures
du foir jufqu’à la pointe du jour, fans pouvoir découvrir la caufe de
ce phénomene, Je fis dans la foirée fuivante , & fur les fepr heures du
foir, les mêmes obfervations que la veille ; l’eau de la mer me parut
également laiteufe. Je me déterminai alors à en faire tirer un feau, &
à le porter dans un réduit obfcur. Dans ce moment, une quantité im-
menfe d’animalcules vivans fe préfenterent fi fenfiblement à ma vue, qu’ils
fatiguoient par leur lueur éblouiffante, d’où l’on doit conclure que les
apparitions laiteufes qu'on obfere fouvent fur la furface de l’eau de la
mer, ne proviennent que d’un amas confidérable de frai de poiffons ou
d’animalcules.
On lit dans le fecond volume de M. Franklin, une lettre de M. Bau-
doïn au célebre Académicien de Philadelphie , en date du mois de No-
vembre 1753, dans laquelle il explique ce phénomene, d'une ma-
niere très fatisfaifante, & femblable pour le Pnd à celle du capitaine
Newland,
Tome IT, Parc. XI. Ggg
\
EX |
" É. NE DL DS AEMER SN EEE ES EL CAE A ES
414 Horse tiroir Er x
Ce phénomene peut être caufé par une grande multitude de petirg
animaux flottans fur la furface de la mer, qui pourroient lorfqu’elle fe-
roit agitée, foit en étendant leurs nageoires, foit par tel autre mouve-
ment , expofer à l’air tellé partie de leur corps qui feroit propre à jerter
de la lumiere, à peu-près comme les vers luifans, ou les mouches lui-
fantes. Ces animalcules peuvent être en plus grand nombreen quelques
endroits que dans les autres, & c'eft peut-être la raifon pourquoi cette
apparence laireufe ou lumineufe eft plus forte dans un lieu que dansun
autre. Certaines variations du temps peuvent les attirer fur la furface
des eaux, où ils fe jouent dans un temps calme, & y jerter le même
éclar quand ils font balotés par les remps orageux. Il n’y a aucune diffi-
culté à concevoir que la mer puifle être fournie d'une quantité d’ani-
malcules fufhifante pour cela, puifque la nature eft peuplée d'une foule
innombrable d’ètres vivans , & que même l’on n’apperçoit pas fans le fe-
cours du microfcope.
À l’occafion de l’obfervation de M. Newland , nous en rapporterons
quelques-unes qui méritent de trouver iei leur place.
En 1:65, M. Rigaud, Médecin de la marine à Calais, voulant exa-
miner fi les lumieres fcintillantes de l’eau de la mer éroient caufées par
des infectes lumineux, ainfi que M. Nollet l’avoit avancé en 1760, rem-
plit un vafe avec de l’eau de la mer, dans laquelle on voyoit quantité
de points lumineux. Il verfa une goutte d'acide nitreux dans cette eau;
auflirôt ces petits infectes s’agiterent vivement , furent très-lumineux;
trois ou quatre fecondes après, ils ceflerent de luire & fe précipiterent
au fond du vafe. Deux gros de cer acide produifirent le mème effet fur
une barrique de 240 pintes. L’acide vitriolique préfenta le même réful-
tat, mais l’acidé marin agit moins fortement & moins promptement. Il
fallut une livre de vinaigre pour produire le mème effet que celui de deux
gros d’efprit de nitre. L'huile de rartre & l’alkali volaul éreignent bien
plus difficilement ia lumiere de ces infectes que les acides minéraux.
M. Rigaud a tenté vainement de faire reparoître ceux que les acides
avoient dérruits , en neutralifant les acides par les alkalis même avant
que ces infectes euffenc perdu leur lumiere.
M le Duc de Chaulnes répéta les expériences de M. Rigaud, fur
ces efpeces de petites anguilles qu'on découvre dans le vinaigre. L’acide
nitreux les ft périr prefque fur le champ, & elles fe roulerent en fpi-
rale ; elles réfilterent plus long-remps à l’aétion des alkalis , & elles mou-
rurent, en s’allongeanr, Le même effer a-t-il eu lieu fur les infectes lumi-
neux de la mer ? M. Rigaud ne nous en inftruit point, ni à quelle fa-
mille ou à quel geme on doit les rapporter.
M Grifellin: publia en 17$0o une Differtationimprimée à Venife, quia
pour objet une fcolopendre marine & luifante, que M. le Docteur Via-
nelli avoit en 1749 appellée Lucioletta del aqua marina; & M. le Cheva-
INA TN TO RUE: EL ÎLE. AIS
lier Von-Linné la fpécifie par ces mots Noëliluca marina. M. Donati,
dans fon Hiftoire dela Mer Adriatique, en fait mention ; & avant les Au-
teurs que nous venons deciter, Imperati, Colomna, Aldrovande, Kircher,
Vallifnieri, &c. avoient dit que la lumiere des eaux de la mer étoic due à
des infeétes qui brilloient , comme les vers luifans dans nos campagnes.
M. de Fougeroux , fe trouvant à Venife en 1766, découvrit cerre fco-
lopendre fur les feuilles du goémon (1). Il examina une feuille de cetre
plante fur laquelle il vit briller l’étincelle , apperçut du mouvement , &
la lumiere changer de place. Cet infeéte n’excede pas en groffeur
une très-petite rète d’épingle; il brille ainfi que les animaux cerreftres
lumineux ; fa lumiere eft plus ou moins vive, felon qu'il lui plaît : fon
corps eft quelquefois fimplement tranfparent ; fouvent il en fort des jets
de lumiere qui forment une étoile, & répandent la clarté à quelque
diftance de lui : il brille par fa partie poftérieure ; & quand il donne
toute fa lumiere , fa rète feule paroïc opaque : écrafé fur du papier, äl
y dépofe une longue traînée de matiere lumineufe , bleuâtre & tranfpa-
rente. Si on met à fec ces petits animaux , leur lumiere s’éclipfe à mefure
que l'humidité fe diflipe; ce que M. Godeheu de Réville obferva très-
bien en 1754 fur les côres du Malabar & des Ifles Maldives. La matiere
azurée & lumineufe paroït avoir les mêmes qualités que l'huile ou la
graille , puifqu’elle ne fe mèle pas intimement avec l’eau , & qu’elle s’y
forme en petite bulle.
M. Vianelli penfe que ces infeétes ne communiquent leur lumiere à
l'eau de la mer qu’à quelque diftance de fes bords : mais fi cela étroit,
comment, dit M. Vallérius , la mer brilleroit-elle à des diftances con-
fidérables des rerres où on ne trouve plus le goémon, ni des autres plan-
tes marines. M. de Fougeroux en a vu & obfervé dans la mer qui baigne
les efcaliers de Venife.
On doit conclure de cette diverfité d'opinions & des lieux différens
où la mer eft luifante, que les fcolopendres ne font pas les feuls ani-
maux marins lumineux. En effect, M. Auxan décrit trois efpeces d'in-
fectes luifans , qu’on trouve dans les coquilles d’huitres, & qui les ren-
dent lumineufes. Pline a parlé de pluñeurs efpecës de poiflons & de
coquillages de mer qui donnent de la lumiere. La bonite, efpece de
poiffon qui refflemble au ton, fournit une huile qui brille par elle-même,
puifqu’en ouvrant ce poillon, lorfqu'il eft encore en vie, on lui trouve
dans différenres parties du corps, une huile qui jetre beaucoup d'éclat,
ce qu'on obferve également dans beaucoup d’autres efpeces de poiffons.
Il eft effentiel de rapporter , en terminant cet article, que la fcolo-
pendre mife dans l’eau douce y meurt après fix ou huit fecondes ; qu’elle
y brille jufqu’à fa mort, & qu'elle répand alors beaucoup de liqueur
lumineufe.
(x) Efpece d'Alguë-marine,
Gsgi
x
.
416: FE TN SATA ONETITER LE)
ESS AT URSS:
Sur l'étude des Montagnes ;
Par M. D. F. L. G...... à Montélimar:
‘Ad quæ nofcenda iter ingredi, tranfmittere mare folemus , ea fub oculis pofra
negligimus : feu quia ità naturà comparatum:, ut proximorum incuriof , longinqua
fe&temur, feu quod omnium rerum cupido languefcit, quum facilis occafo eft : {eu
quod differimus, tanquam fæpe vifuri quod datur videre, quoties velis cernere, P/in.
Epiff.xx, lib. vi].
Ur des goûts dominans du fiecle, eft celui de la recherche de ce
qui a trait à l’Hiftoire Naturelle : l'Ouvrage immortel de M. de Buffon.
la magie de fon ftyle, les préceptes qu’il a diétés en maître de l'Art,
devoient nécellairement occafionner une révolution favorable à cetre
fcience : en effet, la plupart de fes Lecteurs , juftement enthoufiafmés
par le grand & riche tableau de la nature qu’il a fu peindre avec tant
d'énergie, de charme & de vérité, ont fufpendu où même entiérement
abandonné d’autres études, pour fe livrer uniquement à celle-ci: De-là
cet empreflement actif à fe procurer tout ce qui pouvoit abfolument
fatisfaire leur goût en ce genre. Les Mers de l'Inde, du Japon, de la
Chine , du Nouveau Monde ont été forcées de. payer tribut à leur curio-
fité. Les Habitans du Golfe Perfique , ceux de l'Arabie , des Maldives ,
des Philippines , de Bengale , du Malabar, d'Amboine , de Panama 2
du Zangueburd, &c. nous ont envoyé & nous font parvenir chaque jour
leurs quadrupedes , leurs oifeaux, leurs repriles, leurs infectes, leurs:
poiflons , leurs coquillages , leurs bois, leurs plantes, leurs minéraux.
leurs fofliles de toute efpece.
L'or a été vrodigué pour des amas de curiofité de tous les genres 3:
Parc & le goût les ont réunis dans nos Cabinets , pour former de toutes
es productions étrangeres & mulupliées , des tableaux fouvent plus pro—
pres à-charmer l'œil qu’à accélérer les progrès de la Science.
On commence à s’appercevoir feulement qu’ona été chercher bien loin,
& à grands frais , ce qu'on avoit, pour ainfi dire, fous la main, qu'on a pris
le change , en donnant toute fon attention à. ce qui nous vient des cli-
mats lointains, tandis qu'on dédaione de jetter les yeux fur ce qui
ui
s'offre de tous côtés à nos regards dans notre propre fol (1). N’eft-ce
(1) Qui pourroit fe perfuader, que dans un tems où le fanatifme & la barbarie
défoloient la Françe , où l'on ne favoit plus y étudier que l'art de s'ésorser & de
INC ITR UER CEE ML E. 417
prs un abus en effer que nous ayions des notions détaillées , des nomen-
clatures fuivies de tout ce qui fe trouve dans les diverfes parties du
faire de méchants Livres contre les Calviniftes, qui en écrivoient à leur tour de ridi-
cules contre les Catholiques Romains? Qui croiroit que dans le tems de défolation
& de calamité, dans l'inftant même où les Sciences nauffantes éroient à la veille d’être
étouffées pour jamais; un pauvre Artifan , un fimple Porier-de-rerre , en façonnant
Fargille qui lui donnoit du pain ,. méditoit les fecrers les plus cachés de la nature , &
poloit les premiers fondements d'une des plus favantes parties de l'Hiftoire natu-
telle ; ces fondements étoient moins un commencement d'édificé qu’un palais magni-
fique & régulier , que fa main hardie feut élever rout à la fois, & auquel on n’a rien
pu ajouter jufqu’a préfent : Bernard Palifly eft le nom de l'Architecte, Cevhomme
unique , né dans la mifere ; entouré d’une famille nombreufe qu'il fadoit fubfiter à
Ja fueur de fon front, wacañé {ans cefle par une femme qui ne difcontinuoit pas de
le tourmenter , tourné en ridicule par les gens de fon état, qui le voyant étudier , le
prenoient pour un fou. Ignorant abfolument les langues fçavantes , & ne s'iñftruifant
que dans le Livre de la nature , cet homme, qu'on doi regarder avec raifon comme
un de ces Phénomènes étranges qui ne fe montrent que rarement , entraîné par la
feule impulfion de fon génie , fit non-feulement des découvertes utiles & effentielles ,
dans la Chymie & dans l'Hiftoire Naturelle , mais il fçut encore culbuter d'une main
les erreurs & les obftacles qui l’entouroient de toute part, pour élever de l'autre un
fyftême adopté dans prefque tous les points par la pluralité des Sçavants de no$ jours :
Il fic plus, il cl des Ouvrages , qui malgré les imperfeétions de la’ Langue dans
ce tems, fe font lire avec un: vétitable plaifir, parce qu'il y dit de très - bonnes
chofes & qu'il les préfente avec clarté. Commenr n'asroit il pas bien écrit , lui qui
s'éroit fi fort familiarifé avec l'objet de fes recherches , qui étoit fi intimement pé<
Mmécré de ce qu'il favoit? Ses idées brillent en cffer du feu étincelant du génie. Il ne
fe contenta pas d'expliquer fa nouvelle façon de penfer fur la variéré des fofliles que
Ja terre renferme , il voulut encore appuycet fa Théorie par des démonftrations frap-
pantes; & pour y parvenir, it fe Forma , à force de fatigues , de recherches.& de foins,.
une Collection aufli vafte que curieufe de tous les minéraux , ctiftaux ,.pétrifications ,
fabless terres 8 autres foflilles de la France; ce Cabinet, le premier connu , fut ou-
vert à tous les Sçavants qui fe plaifoient à l'admirer & à s’y inftruire. Palifly rendoic
fes démonftrations publiques. Sa Colleétion avoit un avantage que n’ont pas celles de
nos jours ; chaque pièce, fans exception, étroit enrichie d’une étiquette inftructive,
qui en donnoit une explication fidèle & démonftrative ; ce n'éroit point ici de fimples
nomenclatures!, mais de bonnes notices qui venoicor à l'appui de fes découvertes 7
Ecoutons-le un inftant parler des coquillages pétrifiés: » Er à caufe que pluñeurs
33 font abreuvés d'une opinion faufle, difant que les coquilles réduites en pierre ,
». ont été apportées au tems du déluge , par toute la terre , Voire jufques aù fommer
» des montagnes ; j'ai répondu & reprouvé une telle opinion par un article ci-deffus ;
2 & afin de mieux vérifier les écrits de mon Livre, j'ai mis devant tes yeux de routes
# les efpèces de coquilles pétrifiées qui ont été trouvées. & uirées entre cent millions
» d'autres , qui fe trouvent journellement ès lieux montueux & au milieu des rocheré
» des Ardennes, lefquels rochers pleins de poiffons armés dè coquilles, n’ont pas été
æ faits ni générés depuis que la montagne a été faite ;ainfi te faut croire qu'aupara--
# vant qüe là monragne fut de pierre , que ce lieu-la où fe trouvent lefdits poil-
# fons, étoit pour lors ou étang, ou autres réceptacles d'eau, où lefdits poiflons-
# habitoient & prenoient nourriture , &c. », Le moyen de devenir riche, par
Bernard Paliffy, pag. 482, Paris 1636.-
MAO ©: IS UASl Là is DES
418 MT SR ÉTTONNEU RINE MIE CRT
Globe, tandis qu? nous ne connoiffons que très -fuperficiellèment les
produétions de nos montagnes, de nos cavernes, de nos plaines, de nos
côtes maïirimes.
Les Anglois, bientôt nos maîtres dans les Sciences & dans les Arts
d'utilité, ont penfé & agi en ceci bien plus judicieufement que nous :
ils ont depuis long temps des defcriptions exactes de roures les produc-
tions naturelles de leur pays; ils ne vont chercher pour lordinaire ail-
leurs , qu'après avoir épuifé ce qui fe trouve chez eux. Pourquoi , les
prenant pour modele dans des points bien moins importans , refu-
ferions - nous de marcher fur leurs traces dans un objet aufli inté-
reffant. À
Une faute plus effentielle encore, c’eft que nous n’avons rien en
général de bien foutenu dans notre maniere d’étudier la nature; nous
en ramaflons avec foin les débris épars qui nous paroiffent les plus cu-
gieux : chacun érablir des claffes à fa maniere ,; ou, fuivant le fyftème
qu'il a adopté ; on étale fur-tout avec complaifance aux yeux des ama-
teurs , les morceaux uniques & rares dont on fe trouve en pofleflion; &
puis on en demeure là, ou bien la plupart finiffent par tout abandonner:
mais qu'on.fache que pour fuivre de loin M. de Buffon dans les routes
de la gloire & de la fcience , il ne fuffit pas d’avoir comme lui, fous la
main, les raretés précieufes & multipliées du plus riche Cabinet de
l'Éarope ; il faut encore palfer avec lui de l'infpeétion des divers objers
qui amufent fi agréablement les yeux, à l'étude profonde & réfléchie
du principe qui les produit; confidérer la nature‘en elle-même & {dan$
fes opérations , tantôt en grand , tantôt en détail, dans fon enfemble
& dans fes parties détachées.
Il Faur, 1l eft vrai, pour remplir cet objet avec exattitude, de la fa-
gacité, de la patience, du courage mème ; de la fagacité pour ‘ne ja-
mais perdre de vue la nature, malgré les foins qu’elle femble prendre
pour échapper continuellement à os yeux, pour la fuivre dans fa marche
roujours égale dans le fond, mais bizarre & variée à l'infini quant aux
apparences, pour faifir fes nuances , fes gradations fouvent impercep-
uibles aux yeux les plus pénétrans.
11 faut de la patience, pour aller & revenir mille fois fur fes pas, lorf-
qu’elle femble fe cacher, pour tenir un état exact des plus légeres cir-
conltances, & de ce qui peur tendre à la déceler pour la fuivre dans les
plus peus cor»s, comme dans les maffes les plus volumineufes.
Il Faur du courage pour ne la point abandonner dans l'immenfité des
plaines, fur le foinmer des plus hautes montagnes, dans la profondeur des
eaux, pour fe plonger avec elle dans les abiîmes les plus effrayans, &
aller dins les entrailles de la rerre mème découvrir-fes-plus fecrères opé-
Fanions ; mais aufli quel dédommagement n'obtient-on pas, quand de
Louvelles découvertes qu’on ne doit qu’à foi-même, viennent nous
INIMEATETOAUN RUE NLINL. E. 419
éclairer, & changent en de véritables démonttrations, ce qui n’étoir
pour nous que dans l’ordre des conjeures ? Eft-il de plailir plus vif,
& tout à la fois plus innocent ? Tournefort fur mille fois plus fatisfaie
fur la cime de l'Ararath & dans la grotte d’Antiparos, qu'au milieu
de la cour Othomane, & des diftinétions Hareufes qu'il y reçut.
Si ce favanc Naruralifte a réuni la famille innombrable des plantes,
fous des claffes qui fimplifient le travail : fi d'autre part M. de Reaumur
appliquant l’objet de fes découvertes à l'utilité publique , a enrichi la
fcience d’une multitude de traités avantageux ; fi MM. de Buffon &
d'Aubenton ont décrit avec élégance & précilion les quadrupedes de
Jun & l’autre hémifphere; fi une multitude d’autres Savans nous font
part chaque jour du fruit de leur application & de leur travail; fi l’on
étudie même avec plus de méthode qu'on ne faifoir autrefois , il faut
convenir que l'Hiftoire Naturelle de notre propre fol et encore bien
négligée. On compre il eft vrai, quelques Traités dérachés & particu-
liers fur certaines de nos plantes, fur quelques-uns de nos animaux, &c.
mais nous n’avons rien de bien fuivi en général, & l’on voit à regret
fartout que cette utile & avantageufe étude, qui tient de fi près à la
ftruéture du globe & à fa théorie; l'Hiftoire Naturelle des fofilles n’eft
pas allez fuivie, elle eft dans fon berceau pour ce qui nous regarde, on
fait à peine que nos Pyrénées, nos Alpes, nos montagnes des Ardennes,
de l’Auvergne, du Languedoc, de la Provence, du Dauphiné, &c.
renferment des tréfors en ce genre ( *). Ces malles énormes qui fem-
blent faites pour affermir & protéger la terre; les montagnes méritent
(x) Rien n'a été aurant célébré que les merveilles naturelles de la Province de
Dauphiné : l'imagination bouillante de M. Salyaing de Boillicux , s'eft donné le
plus vafte effor à ce fujet; il a peint en Poëte au lieu de defliner en Naturalifte.
Chorier, d'autre part, a groffi l’hittoire de cette Province d'une foule de décails indi-
geftes {ur les fingularités naturelles de ce pays: il a fouvent écrit des Fables, &
prefque toujours des chofes dont il n'avoit pas été le témoin ou qu'il avoit mal vues :
de routes les fepc prérendues merveilles qui font en fi grande réputation dans certe
Province & ailleurs, & dont nombre d'Auteurs ont fait mention , une feule mérite
cc nom; c'’eft le terrain inflammable qui eft auprès du village de St. Barthelemy , à
trois lieues & demi environ de Grenoble , que le Vulgaire appelle la Fontaine qui
brüle ; depuis Sr. Auguftin , qui en dit un mot, jufques au tems où l'Académie y
envoya des Députés, on peur dire que ce phénomène n'avoir été ni bien connu,
ni bien décrir. Ces derniers Obfervateurs ne font même pas entrés dans tous les
détails néceffaires pour connoître a fonds cette efpece finguliere de volcan. Quant à
la Tour appellée Sans venin , à la Fontaine vineufe, à la Montagne inacceflible,
aux Cuves de Saffenage, au Prè Rottant & à la Mane de Briançon , les trois quarts de
ces merveilles font des contes populaires, le refte n’eft qu'une chofe commune
& naturelle; mais voici des merveilles plus réelles & qui meritent un peu mieux
d'être connues : qu'on aille contempler à loifir les rochers énormes & primitifs de
FOizan , leur ftruéture finguliere & hardie , les matériaux qui les forment , dles
cryftaux brillans & variés qui s’y rencontrent en grofles males , les différents mi-
mé LT
410 , HA SOTENMIONV CRIME J
coute l'attention d’un obfervateur ; ce font elles, qui par leur forme;
leur élévation, leur direction, leur continuité donnent naiffance à le
plupart des vents, ou qui produifent fouvent la variété qui régne dans
leurs efpeces : c’eft dans leur fein que font renfermés les réfervoirs inta-
riflables des eaux ; les pierres les plus précieufes par leur éclat & par
leur dureté , prennent leurs formes & leurs couleurs dans les fiffures des
rochers : la famille des minéraux , la multiplicité des congellations , les
aiguilles brillantes des criftaux tapiflent l’intérieur des montagnes.
Si cette ctude fi intéreflante par elle-même ,.a été fi peu fuivie juf-
qu'à préfent , ne doit-on pas attribuer l’état languiffant où elle fe trouve
au défaut de guides, qui nous dirigeant dans nos premieres recher-
ches , nous autoient tracé les routes qu’il auroit fallu fuivre pour ne pas
s'égarer ? Quelques Auteurs célebres ont écrit à la vérité fur les mon-
ragnes ; mais les uns ne les ont con&dérées que dans leur enfemble , &
néraux qui y abondent & y forment des ramifications qui fe prolongent au loin:
qu'on parcourt enfuite les montagnes du Vercors , celles du Diois , du pays de Gap;
qu'on vienne {e rabattre enfuite fur cette montagne coquilliere qui préfente une
crête qui femble avoir donné fon nom à la ville de Creft, fe prolonge à pluficurs
lieues , forme différentes branches du côté des villages appellés Grane , Chabrillan ,
s'étend vers Marfane , où elle fe développe & s'agrandit en formant la montagne de
Tartegenit , dont le maflif n'eft qu'un amas immenfe & inçoncevable de coquillages
marins pétrifiés, de la plus admirable confervation , fe détachant avec facilité d'une
glaize graveleufe & demi pétrifiée : de-là portez vos pas fur cette vafte plage qui s'étend
a plufeurs lieues fur la partie gauche de la montagne , va fe replier vers Taulignau,
Sale , Grignan , Valreas, Mirabel, &c: tout eit coquillages pétrifiés dans ces diffé-
rens Cantons. On en dittingue d'une variété finguliere & c'elt ici fans contredit le
champ le plus vafte & le plus fertile en ce genre de foflilles ; une lifiere de ce même
terrein émaillé de corps marins, s'étend jufques au bord de la petite riviere Dulez,
où elle s'éleve en monticule, qui n’eft abfolument qu’un amas d'ure multitude in-
nombrable d'ourfins de différentes formes , de tonnes , de vis , de buccins , de cœurs,
de cames, de peignes de route grandeur, le cout mêlé, confondu, dans des entafle-
ments de plantes corallines , dont plufieurs COR RNen PAPE leur caraétère
difin@if. Il regne , il efl vrai, FE ces monceaux de productions marines, un
délordre fi étonnant , qu'il annonce indubitablement qu'un courant extraordinaire
& furieux a accumulé faus ordre & avec la plus grande précipitation Jes plantes , les
coquillages variés, arrachés de leur place naturelle & primitive pue venir former en
fe réuniflant, une montagne qui n’eft ab{olument qu'un compofé de débris de corps
autrefois organifés: nous pañlerions les bornes d’une note qui n'eft déja que trop
longue , fi nous voulions feulement défigner par leur nom une partie des chofes
curieufes que nous a”ons remarquées en parcourant-rapidement cette Province; nous
ne dirons donc rien de quelques nunes qui s’y exploitent avec avantage , des cailloux
d'orel & de mélan, des gloflopetres & des buffonites, de grignan , de beaume & de
Streftitui, &c: Nous obferverons feulemenc qu'il et bien éronnant que maloré les
encouragements répandus par un fnrendant , qui aime les Sciences & qui les favorife,
pefonne n'ait encore entrepris de nous donner dés détails fur l'Hiftoire Naturelle
de Cette Province.
relativement
NRA RERQUNLER Et 1L, LL! El 427
télativement à des fyftèmes qu'ils avoient adoptés ; d’autres n’ont ‘eu
pour objer que leur élévation; plufeurs enfin ne fe font attachés qu’à
décrire les plantes ; les arbuftes qui y croiffent; qu'à nous faire con-
noître les infectes , les repriles, les quadrupedes qui les peuplent.
Perfonne n’a donné jufqu'à ce jour des principes fuivis fur la ma-
niere de vifirer avec utilité les montagnes , relativement à leur ftruc-
ture, aux divers matériaux qui les compofent, aux foffiles finguliers
& variés qu’elles renferment , aux accidens bizarres & remarquables de
leur forme, & à leurs parties dérachées , à leur enfemble, &c. Des détails
circonftanciés fur ce fujer , facilireroient fans contredit les obfervations;
nos montagnes feroient bientôt mieux connues , & les perfonnes à por-
tée de les parcourir, fe dirigeant d’après une bonne méthode , décou-
vriroient dans peu une partie des richelles qu’elles recelenr.
Un ouvrage élémentaire nous manquant fur cette matiere, il feroit
à défirer qu'une main habile eût le courage d’en entreprendre l’exécu-
tion; c’eft dans la vue de donner l’idée d'un traité pareil, que nous al-
lons crayonner cet effai qui ne doit être abfolument envifagé que
comme une ébauche légere des matieres qui devroient y être traitées.
Nous ne parlerons pas de l’origine des montagnes, ce n'eft pas
notre but ; nous dirons feulement en paflant , que les uns les divifenc
en montagnes primitives , qui font celles dont la hauteur extraordinaire
étonne l'œil, qui ne font jamais aflifes par couches régulieres , & qui
forment les plus grandes chaînes ; en montagnes produires par d'anciens
decidens ; vels que les dépôts lents & fucceflifs des eaux, qui non-feu-
lement en contiennent les dépouilles en abondance, mais qui font
encore compofées de couches plus ou moins diftinétes, & de marieres
fouvent calcaires ; en montagnes élevées par des accidens plus nouveaux,
tels que les feux fouterrains , les inondations violentes, les rorrens ,
les affaiflemens de terre, &c. & c’elt dans ces dernieres efpeces où tout
fe trouve pour l’ordinaire mêlé, broyé, confondu : Patrik, Ray &
d’autres les contemplent toutes fans diftinétion, comme la production
des feux fouterrains & des tremblemens de terre; Burnet n’en voit
qu’un petit nombre d’utiles ; le plus grand nombre, s’écrie-t-il , n’eft
qu'un poids inutile à la terre ( 1 ). Bertrand (2) les contemplant d'un
œil plus fenfé , les décide néceffaires, indtfpenfables, & dans la plus
belle proportion : Whifton ne les voit que comme des colonnes, Wal
‘
RE A I EE LE EE
(1) Iridem fi toc & tantorum montium in terrà neceflitatem quereret, aut utili-
tatem ad educendos fontes, ad recipienda metalla, ad præbenda faxa!, &cc : ex inu-
meris paucos forfan invenier , qui his funguntur officiis ; cæteri vero quid valent
aut proficiciunt rebus. humauis > Aut fi amoh licerer, quid ideefler rerum naturæ,
nifi inutilia quædam telluris pondera. Burn. Tell. Theor. Sac. lib. I, cap. X.
(2) Effai fur les ufages des Montagnes , Avignon , 1766 , än-4°.
Tome IL, Partie XI, Hhh
AUX HAT STE NO Te REA
comme une croûte rompue & amoncelée , la pluralité. des Autedis:
modernes comme l'ouvrage de la mer. Cette diverfité d'opinions fur les
montagnes, décele combien les progrès font peu avancés dans cette
partie.
Une montagne pour être bien connue, doit être examinée fous dif-
férens points de vue; fon élévation, l'érendue de fa bafe, fa forme,
la variété de fes accidens extérieurs doivent fixer entierement l’atten-
tion de l’obfervateur ; il doit donc d'abord s'occuper à déterminer fa
hauteur , c’eft par-là qu’il parviendra à acquérir plufeurs points de con-
noiffances , dont le moins important fera la graduation des différentes
températures de l'air ; il peut encore , en fuivant l'échelle d’élévation de
fa montagne , appercevoir un certain ordre dans les pofñtions des plantes;
des animaux , des minéraux, qui fe trouvent peut-être conftamment
placés avec une forte d’uniformité à telle ou à telle hauteur , peuvent
induire à tirer des analogies relatives à la théorie du globe , ou à celle
de la végétation, & conduire par- là à de nouvelles découvertes; c’elt ce
que l’infatigable & célebre Chevalier Von-Linné diftingua très-bien,
relativement à la Botanique , en parcourant les chaînes de la Dalé-
carlie (1).
On ne connoît jufqu’à préfent que deux manieres ufitées de mefurer
Pélévation des montagnes ; la Géométrie fournit la premiere , le Bara-
metre la feconde , l’une & l’autre de ces méthodes: font fujetres à-quel-
ques inconvéniens : la premiere a contre elle la difficulté de rencontrer
des bafes d’une étendue fuffifante , pour éviter l'erreur des angles;
d'autre part, la réfraétion de l’air fujet à éprouver des variations infi-
nies, fait naître quelquefois des illufons d'optique, qui en peignant à
l’œ:l les montagnes plus ou moins élevées. dans des temps que dans
d’autres, peuvent rendre l’opération incertaine. Onne doit cependant pas
négliger certe méthode dans les opérations importantes, & dans les cas
qui exigent une précifion mathématique. La feconde, plus fimple &
moins compliquée , eft encore fujerte à des irrégularités; elle eft fou-
vent contrariée pat les variations rapides & inatrendues du mercure ;
par fa qualité plus ou moins pure , par les imperfections des tubes, &
par l'incertitude des tables; en cout cependant cette pratique qui
n'exige aucun appareil doit «être préférée par le Naturalifte; il s'agie
feulement d'être fpéculatif fur l’inftrument, & de s’en procurer un bien
fait.
L’élévation de la montagne une fois établie & retenue avec précifion,,.
vous pourrez pafler à l’obfervarion de fa forme.
Que fon architecture extérieure fite toute votre attention.
Saififlez fes différentes poñtions, & la variété de fes contours.
mr rar tmreltehes
(3) Oratio de Telhuis inçremento, Amænicares. Tome IT, page 447,
NÉE EU NERM EN -LENE NE, 413
Daffinez les accidens remarquables qu’elle vous offre, ils ne font pas
toujours l'effet du caprice de la nature, quoiqu'elle femble fe plaire à
peindre des tableaux fouvent fi bifarres en apparence.
Diftinguez fur votre plan, ce qui eft marbre, granit, rocher, cail-
loux, agathe, mine, &c. d'avec ce qui eft terre, fable, marne,
argile, &c.
Tenez note de la pofition, & des qualités des matieres qui fe préfen-
teront fur les furfaces. Attachez-vous enfuite à obferver avec une exac-
titude qui doit tenir du fcrupule, ces larges & profondes déchirures,
ouvrage des ravines , ces énormes murs de rochers taillés à pic, ces
lieux abruptes, ces antiques fillures , ces éboulemens accidentels, ces
carrieres ouvertes , ce font là les échantillons apparens des matieres
cachées : rous ces indices non-feulement doivent être recueillis, mais ils
doivent en partie vous guider dans vos recherches; car l’ufage &
l’expérience vous appreñdront dans les fuites, que ce rocher ftérile &
grisatre annonce par fes bans uniformes & multipliés, une prolongation
fort étendue de fes aflifes dans la profondeur des terres ; cette premiere
couche de terre végétale pofée fur une feconde d'argile, & celle-ci fur
un lit de marne de fable ou de gravier, peuvent faire préfumer dans
certains cas que le même arrangement doit régner jufqu’à telle ou telle
profondeur à peu près. Ici l’ordre, l’uniformité fe font remarquer ; là,
rout eft altéré, mêlé, confondu, & c’eft d’après ces indices plufieurs
fois revus, que vous vous habituerez à tirer des conjeétures, qui fans faire
toujours regle , fe trouveront très-fouvent dans l’ordre des probabilités.
C'eft infenfblement & par dégré qu’on vient à bout de fe familia-
rifer avec des objets fouvent rebutans au premier abord, mais fuppor-
tables , intéreffans, attrayans mème, lorfqu'on commence à les mieux
connoître : qu'on eft amplement fatisfait , lorfqu'’après avoir erré long-
temps fur des fentiers efcarpés & tortueux, on peut enfin pénétrer dans
la bonne & véritable route.
Il ne faut donc pas croire avoir tout fait, quand à force de foin, de
patience & de fatigue, on a parfaitement faifi le tableau de l'extérieur
d’une montagne, & juger de fon intérieur par des analogies quelquefois
heureufes : non , il faut le connoître cet intérieur d’une maniere plus po-
fitive , plus sûre , plus hardie ; il faut s’y enfoncer en réalité , & voir part
foi-mème généralement tout ce qui peut être apperçu.
C'eft ici, fans contredit, de toutes les parties de l’Hiftoire naturelle,
celle où les progrès font le moins avancés : tous les détails en ce genre
fe bornent à la narration fimplement hiftorique de quelques voyageurs
qui ont vilité certaines cavernes renommées (1). On voit même à regret
(1) 11 faut en exceprer M. de Tournefort, qui nous.a donné une affez bonne def-
cription de la grotte d'Antiparos, On peut dire néanmoins que certe defcription n'el
Hhhij
414 AN SU TROT TI RUE L }
qu'ils font rarement d'accord dans leurs defcriprions. Rienne feroir pins
à defirer cependant qu’une hiftoire exacte & fuivie de cette mulritude de
pas auf parfaite qu'on auroit dû naturellement l’attendre d'un Savant auffi éclairé que.
lai; car les mefures des différentes profondeurs & celles de l'élévation de cette grotte
& de fes récepracles ne font défignées que très-imparfaitement dans fon livre ;. & fur
le fimple témoignage des guides qüi l'accompagnoient & qui évaluoient idéalement la
profondeur de [a grorte jufqu'a l'endroit appellé lAutel, ( fur lequel M. de Nointel
fic célébrer la Mefle la veille de Noël 1633) cent cinquante brafles Ilajouta enfuite
que de cet Autel la grotte paroît haute d'environ quarante brafles für cinquante de
large : mais rien de tout cela n'avoir été vérifié par lui. Il.dit en outre, en parlant de
ces grandes nappes , de ces rideaux, de ces beaux pavillons cryftallifés,, de ces efpeces
d'arbres, de grappes, de colonnes,-de feftons qui brillent de roues parts, & qui décorent
la grotte en cent manicres différentes ; que toutes ces figures font « de marbre blanc ,.
» cran{parent, cryftallifé qui fe cafe prefque roujours de biais & par différens lits,comme.
> la pierre judaique ; les plus pures même de ces pierres font couvertes d’une écorce:
» blanche, & réfonnent comme du bronze, quand.on frappe deflus »:
Il ne dit pas un mot des différentes qualités des pierres , des terres , des rochers,
ni de leur pofiion, ni des pétrifications qu’on apperçoit dans certaines allées de la.
grotte , à des profondeurs très-confidérables : il faut tout dire, ce célebre Naturalifte:
s'étant perfuadé que les pierres les plus brutes avoient unesefpece de vie, crut avoir”
découvert ici le vrai fecret de la nature. Le fpeétacle auf raviffanr que merveilleux:
de cette finguliere groite l'avoit tellement ébloui, que fes yeux y rencontroïent par-
tour l'ouvrage de la végétation. Le Voyageur Anglois, qui vifita en 1750 cette même
grotte, nous en a donné une defeription bien plus détaillée : l'enthoufiafme qui l'anime.
un peu trop quelquefois , ne l’a pas empêché de retenir, qu'érant déja bien avant
dans l'intérieur des galeries, il diftingua des rochers d’une efpece de porphyre ; 1l vit
ue le pavé éroit en certains endroïts d'une pierre totalement différente de celle des
côtés ;. qu'elle étoit grife , molle , raboteufe & femée de coquiilages pétrifiés : il
n'oublia pas de faire mention des-cornes d'ammon & de longues anomies qui ren-
dotent le pavé fi rabeteux en certains endroits. Il parle des qualités de l'air; décrit
avec foin les différentes routes qu'on eft obligé de fuivre. Il fair dans fon chemin des
obfervarions judicieules. La defcriprion de cette grotte eft en un mot infiniment fupé-
rieure à celle que nous en a donné M. de Tournefort, qui ne peut être confidérée-en
tout que comme une fimple efquile. L'Anglois, au contraire, n'a rien négligé; iln’a
pas omis fur-tout cette circonftance intéreffahre & ellentielle, « Qu'il y à toujours
> dans cetre caverne de l’eau qui fuinte du plafond, & que l'on remarque auf des
» vapeurs qui s'élevent d'en-bas , & qui fe condenfent en eau : dans les parties creufes
> les vapeurs contiennent en tout temps des particules de certe matiere cryftalline.
> La quantité d’eau eft fort petite, & fon cours eit lent. Elle s'attache au toit, &c
=” en difille goutte à gourte , ou bien elle coule dans la même petite quanrité , &
5% avec lenteur lé long des côtés: dans l'an & l'autre cas elle laiffe après elle cetre
» maticre cryftalline dont elle s’étoit chargée, & répand un vernis léger (ur les:
>» murailles; où forme en pendant du toit les principes d'un cryftai pierreux : chaque
» goutre qui furvienraprès, groflit le glacon, ou épaïflit le vernis ; & par fucceflion
> de remps elle couvre la muraille, & forme au-deflous de la voûte mille pyramides
n re: verfées. Ce n’eft pas tout ; ce qui duftille du fommet en gouttes, contient encore
# un peu de cette matiere cryftalline , quoiqu'elle en ait dépofé la plus grande partie
#-en haut ,.& le reftant s'en fépare ici ; c'eft ce qui forme Je vernis yni & luifant du
sh
ON CUIR JE INT. E. 4
cavernes, de cetre diverfité d'abymes profonds , de puits; de canaux
fouterraius.Que de découvertes à faire à ce fuier! C'eft à ce Méchanifine
de la Letre bien connu que viennent peut-être des découvertes de |
premiere importance.
« Ce feroit, dit M. Bertrand dans fon Ufage des Montagnes , une
# partie bien intérelfante de l'Hiftoire naturelle de la chéorie de la Terre,
» que celle qui nous donneroit une defcriprion érendue des principales
» cavernes , de celles en particulier qui ont quelque chofe de remarqua-
» ble :-dans chaque pays 1l faudroit un Obfervateur exa@ qui vifirät foi-
» gneufement les cavernes qui feroient à fa portée , & qui pr foin de
»# faire des relarions fidelles »: Cer habile Naturalifte s’étend enfuire fur
la multiplicité, fur la néceflicé & fur l’avantage de ces grottes fourerrai-
nes. 1l donne quelques détails fur ce qu'elles renferment pour l'ordi-
maire de curieux; mais il ne dit pas un mot fur la maniere dont il fau-
droic Les vifirer & les décrire.
Il exifte peu de montagnes d’une étendue affez confdérable, qui ne
renferment dans leur fein des cavités vaftes & profondes, des barrieres
fouvent impénétrables profcrivent l’entrée du plus grand nombre : d’au-
tres fe trouvent placées fur dgs cimes fouvent inacceflibles ; plufieurs
enfin ne font connues que de peu de perfonnes. L’horreur d’ailleurs
qu'infpirent de pareils lieux, & les dangers qui femblent menacer ceux
qui oferont y pénétrer , font des obitacles que très-peu de gens fe fou-
cient de vaincre. On eft bien moins craintif cependant lorfque l’habi-
tude de fréquencer les cavernes curieufes , aura appris que leurs voûres
énormes font pour l'ordinaire fi folidement conftruites , qu’il n’y a que
des rremblemens de rerre violens capables de les branler & de les dé-
wuire. Il y a malgré cela des précautions à prendre lorfqu’on veut faire
des voyages fouterrains de cette nature.
Voulez-vous donc pénétrer en Obfervateur dans une caverne, quel-
qu'effrayante qu'elle vous paroiffe au premier coup d'œil : tâchez d’abord
de raflembler plufieurs perfonnes intelligentes pour former une perite’
caravanne ; ce qui peut échapper à l’une , fera fouvent apperçu par l’au-
tre; & vos obfervations n’en-feront que plus sûres,
Si la grotte eft connue, prenez des guides experts : fi, au contraire ,-
elle n’a jamais été vifitée par les gens du voilinage : faites vous accom=
pagner alors par cinq ou fix perfonnes fortes & courageufes ; elles vous
feront utiles; chacune aura fon petit emploi.
Vous diftribuerez à la troupe , avant d'entrer en marche , la quantité
# plancher, aux endroits où les gouttes tombent plus vite ; mais [à où elles fe {uc-
» cedent plus lentement les unes aux autres , il fe fait un amas de cetre matiere pure
» & pierreufe, de formes & de figures différentes, & variées à l'infini. Tel elt le
»'[yftême général de la formation , des incruftations & des ornemens des grottes
426 HA Tue SICTMTIONRTVIRINE
néceflaire de flambeaux : qué la provifon en foit abondante ; il vaut
mieux qu’il y en ait de refte, que s’il en manquoit.
Ayez une boëte fournie de tour le petit atirail néceflaire pour allu-
mer promptement du feu. ;
Muniflez-vous de grofles & de petites cordes , d’un marteau , d’un
cifeau, d’un levier de fer , d’un pied-de-Roi , ou plutôt d’une toife
brifée.
Il faut encore quelques crampons de fer, préparés avec le ciment
néceffaire pour les pofer promptement ; une échelle longue , légere &
brifée , ou mieux encore une échelle de corde folidement faite.
Un thermometre afluré, du papier, de l'encre, des plumes , un crayon,
un compas. !l eft très à-propos de fe précautionner également d’une lan-
rerne en métal, dont les fenêtres foient en corne ou en verre, & dont
le dôme foit recouvert ; elle doit ètre de cette forme pour en faire ufage
dans certains abymes où le jaillilfement des eaux feroit capable d’érein-
dre les autres lumieres : vous pourrez vous conduire par-tout avec elle ,
braver les cafcades & les vents fourerrains.
Vous n’oublierez pas de nantir quelqu'un de la compagnie d’une bou-
teille garnie en ofier , aflez grande , & remplie d’une bonne iiqueur
fpiritueufe , potable. Voici fon double ufage : la fumée des flambeaux,.
les exhalaifons quelquefois nuifibles de certaines vapeurs fouterraines ,
ou mème fouvent un air trop reflerré, peuvent incommoder quelqu'un
de la troupe. On aura recours alors à la liqueur , & les efprits feront
ranimés. Arrive-t-il encore que dans la profondeur d’une grotte on
apperçoive une fource ou minérale , ou remarquable par quelque carac-
tere particulier : la boiffon fe diftribue, fans perdre temps , à l'efcorte ;
le courage en augmente, & l’eau découverte eft mife avec précaution
dans la bouteille , pour être analyfée au retour.
Ces dérails paroïtront peut-être minutieux , ils font cependant utiles,
indifpenfables mème : le Mathématicien ne peut opérer avec préci-
fon fans fes inftrumens ; les Naturaliftes doivent avoir les leurs :on
m’auroit pas cette foule de defcriptions vagues donnnes livres fourmil-
lent, s'ils s'en éroient fervi dans leurs obfervations.
Arrivés à l'entrée du lieu que vous voulez vifirer, votre premier
foin doit être d’y fixer la corde que vous devez filer en pénétrant eu
avant ; un double ufage la rend néceffaire: elle vous donnera la lon-
gueur exacte de la caverne; & c'eft, en cas que les lumieres s’étei=
gnent par quelqu’accident, le fil qui doit diriger votre fortie.
C'eit d’abord en entrant que vos obfervations doivent commencer ;
voyez premierement, fi l'ouvrage a été creufé des mains de la nature
ou de celles des hommes : fachez diftinguer les galeries des ancien-
nes mines abandonnées , les bouches des volcans qui ont ceflé de bris
Jer d'avec les grottes naturelles,
FBe.
sut
{',
TT
IMMO UE MU er ET MI JE. 427
_ Éxaminez avec attention , en avançant,les différens murs de rochers,
leur qualité, leur dureté, les corps étrangers qu'ils renferment, la
maniere donr le rout elt aflis ; les côtés font-ils nuds , ou leur farface
eft-elle chargée de quelque fubftance étrangere , blanche ou colorée ,
onétueufe ou friable ? -
Décrivez avec foin la forme dés galeries & des chambres, les dif-
férens corps qui pendent des voûtes, rels que les eryftaux , les ftalac-
rites : diftinguez les caracteres qui les différencient , rels que la forme,
la couleur , la texture, le plus ou le moins d’adhérence aux murs.
Obfervez les qualités de l'air : eft-il épais, ferré, vif, léger,
doux , aifé à refpirer, égal par-tour ? C’elt ici que le chermometre fera
utile.
Pourfuivez votre route, foit qu'il faille marcher droic, incliné
ramper fur le ventre, ou fe traîner fur le derriere.
Que le bruit fouvent effrayant des cafcades, que le bouillonne-
ment des eaux , que l'éclar des voix qui s’augmente quelquefois en fe
prolongeant dans le lointain ; & femble annoncer des profondeurs
immenfes , ne vous intimidenr pas ; marchez feulement alors avec plus
de précaution, dirigez-vous par l'œil & par l'oreille ; mulripliez le
nombre des lumieres, |
Ne cellez jamais de tout voir, de tout exaininer. Etes-vous, pat
exemple, dans une de ces grandes chambres, qui femblent être le der-
nier terme de votre expédiuon, foit par la multiplicité des roures étroi-
tes qui s’y préfenceut de routes parts, foit parce que fouveni il rie s'y en
offre aucune de bien apparente ; vilicez-les routes dans te premier cas;
fuivez avec conftance celles qui vous paroftront les plus profondes,
ne craigriez pas d'aller & de revenir fur vos pas ; dans le fecond,
ne négligez point la plus pétire 1flue, furerez pour ainfi dire partour,
fachez retrouver le chemin qui vous manque, tantôt en ie découvrant
à l’aide de votre échelle dans quelque coin d’une valerie ou dans
le plus haut de la voute , tantôt dans les angles où dans les crevailes
des murs, d'autre fois dans un abime apparent qui n’eft fouvent qu'une
defcente un peu rapide. :
Se préfente-t-il quelque fource, quelqu’amas d’eau ? fôndez-en la
profondeur :-fi elle n’eft pas confidérable , allez en avant. Mais cette
eau fut-elle affez abondante, fur-elle. même le réfervoir de plufeurs
cafcades bruiantes, avifez aux expédiens, tenez confeil ? Ne vous
rebutez pas, & mouillez-vous fans crainte, s’il n'y a pas d’autre danger
à courir ;.faites ufage de la lanterne; franchiflez le pas, & continuez
votre route. Goûtez. cependant cette eau avant de la quitter: a-t-elle
quelque chofe de remarquables? que la bouteille en foit remplie. Ob-
fervez le dégré de fa fraicheur, le limon qu'elle dépofe, le fable-
qu'elle charrie, les petits cailloux qu’elle roule.
458 4} HORS Lo PÉTER UNE
Attendez-vous à rencontrer quelquefois de ces abimes larges & pro-
fonds qui s’offriront fubirement fur la voie, & qui l’intercepteront;
arrècez vous fur le champ : ces foupiraux exhalent une certaine humi-
dité qui en rend l’abord très-gliffant , mais cette humidité porte avec
elle une fraicheur qui s'annonce d’aflez loin : il faut fe réunir dans ces
momens, fe tenir en file par la main, approcher doucement & avec
précaution, defcendre la lanterne à l’aide d’une petite corde dans la-
bime, & parvenir par ce moyen à examiner la profondeur, la forme
& les accidens de ce précipice. Vous tâcherez enfuite de découvrir,
foit dans les alentours , foit fur les plates-formes des côtés, queiqu'if-
fue favorable qui vous permette de prolonger votre route, & de par-
courir la grotte dans tous fes replis ; l'échelle , les cordages, les cram-
pons de fer font les reflources qui vous reftent dans ce dernier cas ; vous
devez être ici d'autant plus jaloux de pénétrer plus avant, que c'eft
dans les profondeurs les plus éloignées de la porte du jour qu’on fait
quelquefois les découvertes les plus intéreffantes. La famille éclatante &
multipliée des cryftaux, fe plait pour l'ordinaire dans les réduits les
plus reculés.
Vous décritez, chemin faifant , les bancs de rochers, les coquilla-
ÿ S, x = q
ges, & autres corps pêtrines, les dômes , les voures , les planchers,
les matieres qui les compofent, ou qui y fonc accidentellement adhé-
Gi
réntres.
Vous ne vous lailferez jamais entraîner par une curiofité trop em-
preffée, & qui voit toujours mal, admirez en homme qui défire s’in-
flruire, mais jamais en enthoufiafte.
Vous deflinerez d’après l’infpection des lieux les parties les plus fin-
gulieres , les accidens les plus curieux de la grotte ; vous aurez tout
vu fans lailler échapper la moindre circonftance , &. votre defcription
faire d’après le tableau mème de la nature, & fuivant les principes
qui viennent d'être ébauchés , fera certainement curieufe, intéreffanre
& inftructive.
Forcé par le befoin, plus fouvent encore par la cupidité & la foif des
richelles , l'homme a fçu vaincre par fon induftrie des obftacles qui
paroïffoient abfolument infurmontables dans les premiers momens ;
1l eft parvenu cependant à force de travail, deremps & de patience , à
fe frayer des routés praricables dans le fein de la terre & des plus
durs rochers; il s'eft creufé. des efpeces d'habitations, ou plutot de
véritables tombeäux dans des antres profonds & malfains , où le
jour n’a jamais pénétré ; il s’y eft enfeveli vivant , dirigé quelquefois
par fa propre volonté, plus fouvenc par des loix d’efclave & de bar-
barie. Chaque Empire, chaque Province, prefque chaque canton a fes
mines ouvertes , il en eft mémæoù elles fonc erès-mulupliées; Sn
c È QT
A
è
NEAUNT ITR QE LR|IU E. 419
font creufées à des profondeurs extraordinaires (1), d’autres s’exploi-
tent depuis des remps immémorés; le plus grand nombre dits
toutes en général fe rencontrent fur les montagnes : rien ne doit pi-
quer autant la curiofité d’un obfervateur que la vilite de ces fortes de
lieux , qu’on ne fauroit confidérer avec trop d'attention. :
Que le Naturalifte s’enfeveliffe donc avec le pâle & trifte mineur
dans fon manoir ténébreux, & qu’à la fombre lueur d’un Aambeau il
vienne découvrir des merveilles, qui en l’inftruifant le charmeront.
Il obfervera ; avant même de pénétrer dans l'intérieur de Ja
mine , tout ce que les dehors lui préfenteront de remarquable ; il
doit fe figurer pour un inftant que certe mine lui eft entierement in
connue ; qu'il tâche donc en combinant tous les fignes indicatifs , d’en
faire lui-même la découverte; lil y réuflira facilement, s'il met de
l'ordre, de l’afliduité & de la conftance dans fes recherches ; c’eft en
fuivant la nature pas à pas qu'il trouvera l’art de lever le voile qui la
couvre: car étant affuré que la mine qu'il cherche exifte, qu'elle ef
connue, qu'elle eft là ; c’eft à lui à en faire la découverte ; il ne doi
s’eftimer digne de la vifirer, qu’aurant qu'il en fera venu à bour,
Eft-il enfin parvenu à fon ouverture ? qu’il confidere en détail les
premieres couches de matiere, leur direétion , leur épaiffeur, leur
DE De AS A LD 62 Re à
(1) On travaille dans celles de Mifnie depuis plufieurs fiecles , & l’on y parcourt
des galeries eu chemins fourerrains qui s'étendent à plufieurs lieues de longueur , & quà
communiquent d'une montagne à l'autre. Celle de Chemnitz en Hongrie, ouverte
depuis plus de mille ans , a éré pouffée jufqu'a neuf milles ( Anglois ) de longueur, &
ereufée à cent foixante & dix brafles de profondeur. Celles d'Idria abordent neuf cents
picds de profondeur perpendiculaires : on en connoït beaucoup d'autres extrêmement
profondes. Il feroit à defirer que les Naturaliftes qui font à portée de yifiter ces difé-
rentes mines, nous donnaflent les deffeins exaéts de leur profil, & qu'ils euffent foin
d'y caratérifer la qualité des matieres , & d’y tracer la mefure & la dimenfion de
tous les lits. Le tableau fidele de ces profondes excavations agrandiroit nos idées fur
Férendue d’un monde fouterrain dont nous n'avons encore que des notions fuperf-
ciclles. Plufieurs Auteurs anciens font mention dans leurs livres de différentes mines
que nous ne connoïffons plus: La France , où elles ne font aétuellement pas communes ,
en comptoit autrefois detrés-riches. Strabon, dans {a Géographie, livre III, pag. 216;
livre IV, page 290 & 314, nous dit que les Romains tiroient abondamment des mé-
taux de France, au point qu'elle pouvoir, à cer égard, le difputer avec l'Efpagne,
Pline nous parle de l'or qui fe trouvoit dans la Gaule. Nous ignorons l'emplacement
de ces anciennes mines : ont-elles été totalement cpuifées : Non; elles exiftent proba-
blement encore en partie; mais la fureur des guerres , la barbarie & la révolution des
temps en ont cffacé jufqu'a la trace. Il feroic digne d'un Savant de s'occuper dans les
Auteurs anciens, de Ja recherche de tour ce qui peut être relatif aux mines des Pays
que nous connoiffons, Il éft aflez à préfumer , qu'à l'aide de ces moyens, & d'après une
infpettion étudiée des lieux, en viendroit peut-être à bout de faire des découverres
heureufes ; & l'on trouveroit certains emplacemens de ces anciennes mines, dont plu
#curs s'étant certainemeut reproduites , offriroient encore de nouvelles richelfes,
Tome II, Part, XI, Jii
30 HIS NT TRIO TRE
qualité ; qu’il fuive en s’enfonçant les divers lits qui fe fuccedent, qu'il
les vifite avec attention, les mefure , les décrive.
Il doit s'attacher à faifir la premiere ébauche du minéral, fes nuan-
ces, fes gradations , pafler enfuite à l’obfervation de l'air, des vapeurs,
des eaux fouterraines de la mine, & tenir une note exacte de tous les
phénomenes qui fe feront remarquer.
Une telle vifire ne doit donc être ni légerement, ni rapidement
faite : ici la peine ne doit être envifagée pour rien; car fi le vrai defir
d'apprendre l'anime , il reviendra plufieurs fois avec plaifir fur fes pas,
1] reverra les mêmes objets fans fe lafler, & fa conftance -alors le
rendra digne de pénétrer dans les myfteres les plus cachés de la na-
ture.
Il eft encore d’autres manieres de lire dans l’intérieur des mon-
tagnes ; les feux fouterrains en plus grand nombre qu’on ne l’imagine
ordinairement, ont de tout temps produit des explofons violentes
dans les entrailles de la terre, & fe font ouvert des iflues extérieures
par où ils ont vomi des amas confidérables de matieres embraïées de
roure efpece ; de-la les volcans.
Les uns en fe formant ont créé des ifles , foulevé des montagnes ;
d’autres ont fait éclater les plus durs rocher, les ont calcinés, les
@nt dénaturés ; le plus grand nombre a ceflé de brüler, foit parce que
les matieres fe font épuifées, foit par d’autres caufes que nous igno-
sons; il ne nous refte plus que les foupiraux par où les gouffres de feu
fe dégorgeoient. C’eft fur les plus hautes & les plus anciennes mon-
tagnes, qu'il faut aller chercher les reftes de ces fournaifes délaifées ;
nos chaînes élevées nous en font remarquer plufieurs : on les reconnoît
facilement à leur large bouche formée en entonnoir, aux amas de ma-
tieres rorréfiées qui les environnent, aux rochers des alentours renver-
fés, éclarés, entaflés fans ordre , & quelquefois nuancés encore d'une
teinte olivarre que le temps n’a point effacé ; la moindre pratique à ce
fujer, donnera l'habitude néceflaire pour découvrir fans peine de pareils
lieux. L
Il ne fauc pas s'attendre en les parcourant, d’y rencontrer cet ordre,
cet arrangement, cette uniformité de couches qui fe fait remarquer ail-
leurs; c’eft ici le tableau du défordre & de la deftruction, de l'opéra-
tion des feux les plus âpres : on y voit de toutes parts les fcories des
différens minéraux, le pouvoir des fels combinés avec les fables, les
cailloux vitrifiés, altérés, les foufres unis, mélangés avec d’autres
matieres. C'eft moins la nature fimple & premiere que vous admi-
rerez ici, que les beaux reftes d’un fpeétacle chymique digne d'être
obfervé dans fon enfemble, & d’être analyfé dans fes moindres dé-
rails; mais après lavoir confidérée cette nature, dans un état de fouf-
france & de deuil, vous la retrouverez réparant elle-même fes propres
NA AA TL NU). (A) AUEL Ju. Es 433
maux; & c'eft encore ici fous un afpect différent, qu'il eft néceflaire
de la contempler.
C'eit pour cela que vous devez pénétrer auffi profondément que vous
le pourrez , dans les anciennes matrices de ces feux fouterrains; vous y
verrez les effets des matieres embrâfées qui ont détruit & fondu les
bords de ces énormes creufers ; vous y appercevrez d'autre part l'ou-
vrage des pluies, des frimats & du temps, qui ayant ruiné en cer-
tains endroits la premiere croûte, ont mis à découvert des parties,
pour ainf dire neuves, qui préfentent à de très-grandes profondeurs
l'état primitif des chofes.
Vous faurez encore qu’il regne ordinairement dans ces grandes ca
vités une athmofphere humide, chargée de diverfes particules qui fe dé-
tachent des corps voifins, & forment un réfidu de fubftance terreftre,
minérale ou pyriteufe ; qui combinées enfemble, peuvent à l’aide des
vénules d’eau, ou de quelqu’autre agent caché, produire dans ces
lieux, des fpaths, des fuors , des geodes, des ftalactites , ou diffe-
rentes cryftallifarions : on ne fauroit donc être trop foigneux dans ces
circonftances , à tout voir, à tout décrire.
Ainfi l'Obfervareur qui voudra fe diriger , d’après des principes
fuivis, & qui n'étudiera la nature que d’après l’infpeétion des lieux,
eft-il afluré de faire dans peu de remps les progrès les plus rapides ? une
pratique conftante & allidue, affermiflant fes connoiflances, il par-
viendra tôt ou tard à des découvertes encourageantes ; fes foins ne fe
borneront pas à former à prix d’argent un cabinet rempli de curioftés
rares & lointaines, le plus fouvent déguifées , quelquefois même en-
tierement falcifiées ; {a principale collection fera l’ouvrage de fes mains,
il la devra à fes recherches, & c’eft par là qu’elle en deviendra plus
précieufe pour lui : s'il y admet quelquefois des pieces étrangeres , il
fera afluré d’où elles lui viennent; des correfpondans furs & éclairés
Jui procureront ce qu'il ne lui fera pas libre d’aller chercher lui-mème ;
fon grand cabinet fera cependant toujours Le champ fertile de la na-
ture , il fe familiarifera fans celle avec elle , il la contemplera avec un
plaifir roujours nouveau, il connoîtra les raretés locales, & faura que
tel ou tel endroit offre aux yeux un amas confidérable des diffé-
rentes dépouilles de la mer ; que cette montagne renferme des
minéraux précieux; celle-ci des fels, des bitumes; celle-là des carrieres
remarquables , des grottes fingulieres ; un autre des volcans, &c. quel-
que part en un mot où il promene fes pas, des objets variés &
nouveaux viendront caufer fon admiration; & là où d’autres ne croi
ront rien voir, ou plutôt ne verront rien qui les frappe , il aura l’arc
d’appercevoir des merveilles qui éleveront fans celle fes idées, & qui
lui procureront les plailirs les plus vifs, & en même temps les plus
fatisfaifans,
liiij
“=
432 A NT MSITRNORITNRIE
Juftement enthoufafimé alors de rous les objets qu'il aura fans
ceffe préfents à l’efprit , il répandra avec délice l’encouragement & l’é-
mulation , 1l formera des éleves , il fe joindra aux Savans qui cour-
ront la mème carriere, & leur dira: ne bornons plus nos foins à for-
mer des colleétious, qui lorfqu’on veut s’efforcer de les completer,
deviennent fouvent ruineufes; employons plutôt une partie des fonds
que nous y deftinions, à mettre en pratique ce que Fontenelle &
d’autres après lui ont fi fouvent & fi vainement déliré; réunillons nos
foins & nos talens, & faifons enfin defliner fous nos yeux des car
tes de tous les lits de coquillages ; étendons cette idée plus loin, &
commençant par les montagnes du pays que nous habitons, que ces
cartes peignent aux yeux les grandes chaînes , les montagnes ifolées,
les monticules, les élévations de vous les genres, les continuités,
leurs correfpondances, leurs formes, leurs coupures, leurs bancs ,
leurs cavernes, leurs accidens remarquables; la variéré des minéraux,
des pierres , des cailloux, des fables, des terres, des eaux, les corps
pétrifiés de route efpece ; la fituation exacte de toutes les matieres, les
efpaces qu’elles occupent, que les cartes foient en un mot le rableau
fidele de la nature. :
L'état actuel de la géographie faciliteroit infiniment une partie des
opérations : l'exécution d'un tel projet feroit bien digne d'un fiécle où
les fciences font des progrès fi journaliers, & d’un royaume où elles
font fi généralement cultivées ; il feroit fuperflu de s'étendre fur les
découvertes importantes qui naïitroient d’une telle entreprife (1 ); nos
voifins imitant notre exemple , pourroient de proche en proche con-
tinuer le mème travail ; il ne feroit même pas impoflible de fe former
dans un temps le plan curieux & intéreffant de la plus grande partie
des montagnes connues. Cerre partie de l'Hiftoire Narurelle fe trouvant
alors appuyée fur des fondemens plus folides & mieux connus , devien-
droit pour ainfi dire nouvelle, & s’offriroit enfin fous le jour le plus
favorable à fon avancement.
oem
(1) On s’effarouche naturellement, on fe rebute même pour l'ordinaire toutes les
fois qu'il s'agit d'une entreprife un peu confidérable ; c'eft fans raifon cependant ;
l’homme a plus de pouvoir qu'il ne l'imagine d’abord. Qu'on jerte un coup d'œil dans
la Bibliorheque du Roi , far Ja defcription de la Chine , faice par l'ordre de l'Empereur
Kanhi. Cet ouvrage immenfe, qui renferme les détails géographiques les plus c1r-
conftanciés fur ce vaite Empire, & qui forme une fuite de crois cens volumes zn-fo/io ,
prouve, qu'avec de la patience , des valens & fur-tout de l'encouragement , il cit peu
de difñculés que l'homme ne vienne a bout de fütinoncer tôt où raid,
L 435
AR FPS
DAME SENIOR EU PP 4 FOIQEN
Du Barometre portatif.
Le plus exaët de tous les barometres eft fans contredit , & de l’aveu
de tous les Phyficiens, celui de Torricelli. Les modifications qu'on a
cherché à lui faire fubir pour le rendre plus fenfble , ont été plutôt nui-
fibles qu’utiles à fa perfection. Le feul repreche qu'on pouvoit faire à cer
inftrumenr, étoit la difficulté de le tranfporter fans l’expofer à l’éruption
de l'air qui s’élançoir avec la plus grande facilité, felon Ja longueur du
tube, & dérruifoir par-l l’inftrument. Pour obvier à cet inconvénient,
on imagina d'abord de recourber la partie inférieure du tube, & de la
terminer par une boule qui faifoit l'office de cuvette : certe cuvette, fur-
montée d'un tube cylindrique , pouvoir être fermée par le moyen d'un
pifton, & par conféquent retenir le mercure dans toute la capacité du
tube, On ne connut point d'autre méthode jufqu’en 1772 , pour rendre
portatif le barometre de Torricelli. Quelqu’exaéte qu’elle parut au pre-
mier coup d'œil , les diférens ufages auxquels on l'employa , découvri-
rent les défeétuofités auxquelles elle étoit fujette.
1°, On ne pouvoit piftonner exactement que des tubes d’un très-perit
calibre, & alors la colonne de mercure éprouvant plus de frottement ,
né prenoit pas toujours exactement la hauteur qu’elle devoir avoir.
2°. Le pifton fait d’une tige de fer, enveloppée d’une quantité fuf-
fifante de chanvre, ne confervoit pas toujours le même dégré de fer-
meté qu'il devoit avoir pour fermer exaétement la capacité du tube :
la partie de chanvre fe delféchoit à la longue, & le mercure cédant à:
fon propre poids fe portoit dans la cuvette, & donnoit palfage à l'air.
Tels onc été les inconvéniens qui ont fait imaginer vers la fin de l’an-
née 1772, une autre conftruction de barometre portatif qui ne fauroit
être trop connue des autrés Phyficiens, & dont l'exactitude paroît
portée au plus haut dégré de perfection .. . J'en ignore l'inventeur, &
je voudrois le connoître pour lui rendre publiquement un hommage
pr'oportionné à fa découverte,
434 CAR AR TES
Ce barometre eft compofé d’un tube A B. P/. IT, fig. VI, fermé her.
métiquement à fes deux extrèmités AB , & ouvert latéralement en C vers
fa paitie inférieure. Ce tube rempli de mercure, fuivant la méthode
ordinaire , étant plongé dans la cuvette DE, s’y trouve tellement en-
touré de mercure, que quelque mouvement & quelque dégré d’incli-
naifon qu’on lui donne, l'ouverture C eft toujours recouverte de mer-
cure , & en conféquence elle s'oppofe conftammentau paffage de l’air qui
voudroit s’introduire dans le tube. Cet inftrument eft donc fufceptible de
fubir tous les tranfports poflibles , fans éprouver le moindre dérange-
ment. Il ne s’agiffoit plus que d’adapter folidement le tube à la cuvette,
& on y eft parvenu par le moyen fuivant.
On lie en F G un morceau de peau de mouton fur la circonférence
du tube, vers l’endroit où il plonge dans la cuvette ; on reploie certe
peau fur elle-même pardeflus la ligature , & on lie l’autre extrèmité fur
la gorge de la cuvette. Par ce moyen, le tube eft tellement adhérent à
ce dernier vaiffeau, qu’il peut fupporter cout le poids du mercure qui y
eft contenu.
Le feul inconvénient auquel il convenoit de parer, éroit d'empêcher
que les ofcillations du mercure ne fe fiffent fentir trop fortement con-
tre la voûte du tube B, puifqw'on conçoit facilement par l'expérience
du marteau d’eau, avec quelle force une colonne de mercure purgé d’air
doit frapper contre les paroïs de cette voûte. Voici l’ingénieux expé-
dient dont on s’eft fervi. On a fait fondre à la lampe d’Emailleur la por-
tion H du tube, & on a par ce moyen étranglé fon canal au point de
le rendre capillaire ; on a outre cela, furchargé & renforcé de matiere
l'extrémité B du mème tube, de forte que le mercure fe portant vers
la voûte du tube, il ne parvient que progreflivement contre cette ex-
trèmité, après avoir perdu une portion de la force qu’il avoit en palfant
par le tube capillaire.
Fig.» .
— A7 LS:
Novembre. 1778,
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OBSERVATIONS
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HPNPAHMSIOUE,
SERA LHISTOIRE NATURELLE
[l FES R LES) FA RES":
AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE;
DÉDIÉES
AMEL EE CO MAP) ED A/R TVO ES:
Par M. l'Abbé ROZIER, Chevalier de l'Eglife de Lyon , de l'Académie
Royale des Sciences, Beaux Aris& Belles- Lettres de Lyon, de V'illefranches
de Dijon, de Marfeille , de la Société Impériale de Phyfique & de Botanique de
Florence, Correfpondant de la Sociète des Arts de Londres , Éc. ancier
Direüleur de PEcole Royale de Médecine Vétérinaire de Lyon.
EE O.ME SEC OQ N D.
PIECE MMRBRARCE;
Meffieurs les Soufcripreurs, dont l’Abonnement finit en Décembre 1773,
& qui defireront continuer de recevoir cet Ouvrage , font priés de faire
renouveler leur Soufcription dans les premiers jours du mois de Janvier 1774,
chez M. l'Abbé Rozier, Place & Quarré Sainte-Genevieve , au coin de
la rue des Sept- Voies, qui leur en délivrera une quittance. Meflieurs les Souf-
cripreurs de Province peuvent mettre l'argent au Bursau de la Pofte; c’eft la
voie la plus prompte & la plus sûre : ils font priés d’en donner avis. L’Abon-
nement pour Paris eft de 24 Ziv., & de 30 Liv. pour la Province, franc de porr.
Ce Journal fera toujours compofé de dix à onze feuilles d'impreflion , nème
format , mème caraétere , & enrichi de deux gravures. Les douze Cahiers
forment deux volumes ir-4°. chacun de $00 pages & plus.
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Contenus dans cetre douzieme Partie.
PE du Mémoire lu par M. le Roy à la Séance publique de Rentrée
de l’Académie Royale des Sciences de Paris, le 13 Novembre 1773,
Jar la forme des Barres ou des conduëleurs metalliques , deflinés à
Préferver les Edifices de La foudre , en tranfmetcant fon feu à la terre,
437
Maifon d'épreuve du Tonnerre , inventée par M. Lind, 443
Analyfe du Charbon de Pierre de Mont-Cenis en Bourgogne ; par M. de
Morveau , 44
Obfervation fur la réduëtion de la Mine de fer par le Charbon de Pierre,
de Mont -Cenis; par M. de Morveau , 450
Seconde Lettre de M. Franklin au Doëteur Lining fur le Rafratchiffemenc
produit par l’évaporation des liqueurs , 453
Obfervations faites fur la Calandre qui dévore les Bleds ; par la Société
d'Agriculture de Philadelphie, 457
Defcriprion d’une pofition finguliere de L Aorte ; par M. Sven Rinman ,
463
Mémoire Jur l’exiflence de l’air dans les Minéraux, avec des Expérien-
ces qui prouvent que quelques-uns n’ont point d’acide ; par M. Kenger,
Minéralogifle Allemand, 466
Mémoire fur la maniere de [e procurer les différentes efpeces d' Animaux ;
de les préparer, & de les envoyer des pays que parcourent les Voya-
geurs ; par M. Mauduit, Doëleur-Régent de la Faculté de Médecine
en lUniverfité de Paris, 473
Defcription d’un nouveau Thermometre pour les Bains ; préfenté à l'Aca-
démie par M. Afjier Perica ; s12
dNouyelles littéraires , s14
Fin de la Table,
ATP PA RO: VBNNAS) TARAMIONIIN.
| JT. lu, par ordre de Monfeigneur le Chancelier , un Ouvrage ayanc pour titre:
Obfervations fur La Phyfique, fur lHiffoire naturelle & furles Arts, &c. par M. l'Abbé
RozIEr, €c. & je croisqu'on peut en permettre l'impreffion. A Paris, ce 18 D<-
cembic 1773 DE ES
PHYSIQUE.
PRÉ A OL TE "SS
Du Mure lu par M. LE ROY, à la Séance publique de Rentree
de l’Académie Royale des Sciences de Paris, le 13 Novembre 1773 ;
Sur la forme des Barres ou des Conduëleurs métalliques , deflinés à pre-
Server les Edifices de la foudre, en tranfmertant-fon feu à la Terre.
N: us defirerions mettre fous les yeux du leéteur l'excellente Differ-
tation de M. Le Roy; mais l’Académie réferve ces ouvrages précieux ,
pour les publier dans fes Recueils ; & jufqu’à ce temps ils font dépofés
dans fes archives. Nos leéteurs fe contenteront donc d’un extrair, Se
hâter de publier de telles obfervations, c’eft faire jouir le Phyficien , &
rendre à l'humanité un fervice important.
Une des découvertes qui fait le plus d’honneur à la Phyfique moderne,
eft, fans contredit celle de l'identité du feu électrique avec celui de la
foudre. Nous en fommes redevables au modefte, mais ingénieux & labo-
rieux M. Franklin. C’eft lui qui le premier nous a appris à faire def-
cendre le feu du tonnerre dans nos laboratoires, à le combiner & à
le toucher , pour ainf dire. Après avoir donné le Précis da Mémoire de
M. Le Roy, nous décrirons , d’après M. Franklin , les moyens par lef-
quels on peut garantir les maifons, les vaifleaux , &c. des terribles effets
de ce météore.
.- Cerre découverte éprouva des contradictions en France : on chercha
même à la couvrir du ridicule ; cependant quelques Phyficiens furent fe
fouftraire au torrent; & dès qu'ils eurent reconnu l’identité de ce feu , ils
virent du premier coup d'œil , non-feulement la poffibilité des idées pro-
pofées par M. Franklin , mais encore de quelle importance elles feroient
pour l'humanité. M. Le Roy fut un des premiers qui recommanda avec
fermeté les batres ou conducteurs du tonnerre; & on lit dans le volume
de l’Académie pour l’année 1770 , ur Mémoire dans lequel il démontre
jufqu’à l'évidence l'utilité de ces conduéteurs G, PLI, fig. II, & dérruit
les faux raifonnemens qu’on oppofoit à leur ufage,
Tome II, Part. XIL, KKkk
438 PAPERS IS TAMONTUANES
M. Le Roy, plus occupé dans le Mémoire dont on vient de parler,
d'établir par des faits les avantages des conduéteuts du tonnerre, que
d'indiquer la forme qu’ils doivent avoir , revient aujourd’hui fur fes
pas, parce que les Phyficiens ne font pas encore d'accord fur ce fujet.
En effer , la Société Royale de Londres fur confulrée l’année derniere par
le Département de l’Artillerie, fur les meilleurs moyens de garantir du
tonnerre les magalns à poudre de Purfleer : elle nomma des Commiflai-
res, qui convinrent tous de la néceflité des conducteurs ; mais leurs avis
furent différens fur leur forme & fur leur hauteur. Les uns vouloient
qu'ils fuffent rerminés én pointe, & fuffifamment élevés au-deffus des
magafns, comme on le voit Planche I, Figure II, A. Les‘autres, au
contraire , qu'ils fuflent moufles & arrondis par le bout, & ne les de-
bordaffent que le moins poffible , comme dans la mème figure B. Enfin,
ces derniers prétendoient qu’il étoit tellement néceffaire de fuivre leur
avis, que fans cela on courroit rifque d'attirer la foudre fur les magalins
qu'on vouloit en préferver.
Avant de difcuter à laquelle de ces opinions on doit s’arrèter , M. Le
Roy examine ce que la foudre eft en elle-même. Il avoue ingénuement ,
qe ce que le Phyficien fait de plus que le vulgaire, c’eft que ce volume
immenfe de feu eft éleétrique ; mais qu’on ignore abfolument com-
ment & de quelle maniere il fe raffemble dans les nuages ; quelle quan-
tité de feu s'élance dans les éclairs; pourquoi, après qu’ils ont éclaté ,
le ciel paroît fouvent dépouillé de tout fon feu : comment il fe renou-
velle enfuite peu à peu pour édater encore de nouveau , & d'une ma-
niere plüs tetrible ; enfin , quellesfont les fources , où il reprend ce nou-
veau feu?
Frappés de cette grande quantité de fen que le ciel recele dans les
temps d'orage, les Phyficiens qui rejettent les conduéteurs du ton-
nerre terminés en pointe , alléguent que ce feroit s'abufer que de vouloir
Fépuifer par ces conduéteurs : que fi cela étoit, on n’entendroit pas la
foudre gronder pendant des heures entieres au-deffus des Villes rem-
plies de clochers & de pointes de toure efpece , qui devroient épuifer les
nues de leur matiere fulminante, & par-là faire ceffer l'orage. Le con-
traire eft cependant ce qui arrive chaque jour. Ils ajoutent, qu'ignorant
la quantité de feu que les éclairs lancent, ces conduéteurs peuvenr atti-
rer un volume de feu confidérable fur un bâtiment, les pointes atti-
rant le feu életrique de beaucoup plus loin que les corps arrondis par
le bout. Enfin, que le but qu'on doit fe propofer , ne doit pas être
d'attirer la foudre fur les édifices, maïs feulement de tranfmettre fon
feu fans danger, fi elle éclace au-deflus, ainfi que les conducteurs moules
BG qui communiquent exactement avec le terrein , rempliffent entiére-
ment l’objet.
M. Franklin , à la tête des partifans des conduéteurs en pointes , ré-
LA
Pier SET LOU en. 459
pond que c’eft précifément parce que les pointes attirent le feu élec-
trique de plus loin, qu'il faut les employer : que fi l'éclair éclate au-def-
fus d’un bâtiment, fon feu fe portera de préférence fur le conduéteur ,
& n'en arraquera aucune autre partie : qu’en conféquence de l’aétion de
cette pointe, la malle de feu qui pourra fe jetter fur un bâtiment, fera
diminuée au point de ne plus lui occalionner de dommage : que quoi-
qu'on ne connoiffe pas la quantité du feu qui fe décharge dans un
éclair, on doit cependant être affuré d’après l'expérience » que certe
quantité fera tranfmife par les conducteurs, fuivant les dimenfions qu'on
leur a donné:enfin, qu'en fuppofant encore que la foudre tombät fur
un édifice armé de ces conduéteurs, on ne pourroit pas en conclure con-
tr'eux , puifque l'expérience a démontré que la matiere fulminante n'a
fait aucun mal fenfible aux maifons qui en étoient armées.
Quoique ces raifons paroiffent fpécieufes , elles ne décident pas défini-
tivement fi on doit s’en rapporter plusaux unes qu'aux autres. M. Le Roy,
par un examen réfléchi, & par des expériences bien fimples , va décider
la queltion. Mais, pour mieux comprendre ce ae dit à ce fujet, il
faut fe rappeller qu’on diftingue deux différens eflets dans la lumiere que
l’on excite, en approchant les corps métalliques d’un corps éleétrifé.
L'un eft un point lumineux ou tranquille qu’on voit au bout du corps
préfenté, Ho eft terminé en pointe D; l’autre , une lumiere vive qui
éclate, brille & difparoît dans l’inftant : on l'appelle l’erincelle, & on la
voit principalement quand le corps eft obtus ou arrondi à fon extrémité.
L’Auteur fuppofe dans le cas préfent, que le corps électrique eft élec-
trifé en plus ou par condenfation. Il fac la mème fuppolition pour ce
qu'il dira dans la fuite.
Il faut remarquer en général, qu’une pointe très-aiguë D tire de très-
loin le feu d’un corps éleérifé ; & que cette même pointe ne peut en faire
partir l’étincelle que de très-près.E ; qu’un corps arrondi F tire très-peu
de feu électrique du corps éleétrifé avant d’en he partir l’étincelle ; &,
malgré cela , l’érincelle excitée part de beaucoup plus loin que lorfque
le corps eft terminé en pointe. Enfin , que le re électrique ne produit
jamais d’effets violens qu'autant, qu’en conféquence des différences des
denfités refpectives , il pafle avec rapidité au travers des corps , & qu’il
n’y palle avec rapidité qu’autant qu'il y entre fous la forme d’une forte
étincelle. Ces effets ne fe manifeftent point lorfque l’érincelle eft foible ,
ou que l’entrée de ce feu fe fait fous l'apparence d’une lumiere tranquille.
Ces faits font confirmés par les expériences les plus décifives.
M. Le Roy a préfenté, à une diftance de trois pieds d’un conduéteur
életrifé, (Planche 1, Figure I C, une pointe fort aiguë D; & il vie
paroïtre un point lumineux : preuve évidente que cette pointe déroboit
déja une portion de l'électricité du conducteur. Il fallut l'en approcher
de beaucoup plus près, comme en E, à un tiers de ligne de diftance ,
KKkkij
440 PT ANSEETMIONQU ILES
pour faire pattir une étincelle fi foible, que c’étoit plutôt une bluette
qu’une étincelle.
Il préfenta au mème conducteur & à une égale diftance une balle de
plomb F d’un pouce de diametre , & il n’y vit point de lumiere. Elle ne
tiroit point d'électricité du conduéteur , & elle ne commença à lui en
dérober que lorfqu’elle fut près de la diftance où elle devoit le faire érin-
celer , c’eft-à-dire à peu-près à un pouce du conduéteur. Cette diftance eft
dans le rapport de 36 à 1, ou comme 3 pieds à 1 pouce. Ainfi, le corps
arrondi où la balle n’enleva que peu ou point d'électricité au conduc-
teur, avant d’en être aflez près, pour exciter l’étincelle ; & cependant
il la faifoit partir de trente-fix fois plus loin que la pointe.
L’explication de ces deux différens effets fe tire de ce que l’étincelle
ne part entre deux corps qu’en proportion (toutes chofes étant d’ailleurs
égales) de l’intenfité du fluide électrique dans le corps éleétrifé. Or,
dés l’inftant qu'on préfente la pointe au conduéteur , & qu’elle a un point
lumineux, dès cet inftant on enleve le feu du conduéteur ; & cet effet
allant toujours en augmentant à mefure qu’on l’approche , la matiere
électrique s’épuife par-là tellement de fon feu, qu’il ne lui en refte que
pour étinceler , quand la pointe s’en trouve à un tiers de ligne de dif-
tance ; mais les corps ronds ou obtus ne tirent au contraire le feu élec-
trique du corps éleétrifé que très-peu avant qu'ils foient à la diftance né-
ceflairegpour attirer l’étincelle. ,
On voit donc que fi dans toutes les circonftances poffibles, la pointe
tire le feu électrique d’un corps éleétrifé de beaucoup plus loin qu'un
corps arrondi, par cette raifon même elle ne fera étinceler ce même
corps éleétrique que quand elle s’en trouvera beaucoup plus près quel la
diflance où le corps rond tire l’étincelle.
Il s’agifloit de prouver que les effets violens de l'électricité tiennent
à la force de l’érincelle. Pour cet effet, M. Le Roy prit unebouteille de
Leyde ; il la chargea fortement d’éleétricité, enforte qu’elle auroit ex-
cité une vive commotion, en tirant du conducteur l’étincelle à la maniere
ordinaire , avec la jointure du doigt, ou avec un corps obtus, Il la dé-
chargea , en préfentant au contraire à ce conduéteur une poinre d’aiguille
très-fine, & a peine cette commotion fut-elle fenfible. Cette expérience
fouvent répétée a toujours donné le même réfultar.
Il chargea de même un carreau de Leyde , de maniere que la force de
fon choc auroit pu percer du carton , en le déchargeant avec un corps de
métal arrondi ; mais approchant graduellement une aiguille très-fine pour
tirer l’étincelle du conducteur, ce carreau put à peine percer une carte;
& lorfqu'il approchoit brufquemen. cette pointe, les effers étoient tou-
Jours inférieurs à ceux qu’il obtenoit, en déchargeant le carreau avec
une balle de métal.
Ces expériences démontrent donc ; que lorfqu’on n'excite qu’une très-
PONSIPT SO NICE: 441
foible étincelle, le feu électrique ne paffant plus avec la même rapidité
que lorfque cette étincelle eft beaucoup plus forte ; les effets qu'il pro-
duit, font totalement diminués > Où n'ont plus rien de fi confidérable L
puifqu'on ne reffent qu'une commotion prefqu'infenfble, en déchar-
geant la bouteille & le carreau de Leyde avec une aiguille, tandis que
dans ces deux cas la violence auroit été extrême, fi on s’étoit fervi d’un
corps rond pour exciter l’érincelle , même en l’approchant lentement du
conducteur.
Il réfulre donc évidemment de ces expériences , que toutes les fois que
le fluide éleétrique ne pale pas dans les corps par une forte étincelle, ou
qu'il s’y introduit en filence, fes effets n'ont plus rien de violent, &
Par conféquent de dangereux.
Pour en mieux faire fentir la raifon » M. Le Roy donne la comparaifon
fuivante.
Les corps éleétrifables par communication , recélant dans leurs pores
une certaine quantité de feu électrique qui, dans l’état ordinaire eft
toujours la même, peuvent être regardés à peu - près comme un tuyau
qui feroit plein d’une matiere fpongieufe qui contiendroit toujours une
certaine quantité d’eau. Or, fi l’on fuppofe que l’on verfe de l’eau dans
ce tuyau d'une maniere graduée ; énforte que la quantité qu'on ajoute
en-haut puifle facilement fortir par en-bas, cette matiere fpongieufe de-
viendra une efpece de filtre qui laiflera pafler toute l’eau qu’on verfera
au haut du tuyau, fans en être endommagé : mais fi, au lieu de la verfer
doucement , on la jette avec une grande vitefle, alors ne pouvant pafler
avec la même vitelfe , elle déchirera toutes les parties de la matiere fpon-
gieufe ; enfin elle la détruira entierement,
Telle eft la maniere dont on peut concevoir la différence des effets du
feu électrique , lorfqu'il entre lentement dans les corps fous la forme
d’une lumiere tranquille, ou qu'il y pañle avec rapidité & avec violence
fous la forme de l’éincelle.
Ce qu'on vient de dire s'applique parfaitement à la queftion des bar-
res préfervatives, puifque le feu électrique & celui de la foudre font
les mêmes, & prouve d’une maniere décilive l'avantage de ces barres
terminées en pointes. Or, fi ces barres attirent le tonnerre, paice que
les pointes attirent de beaucoup plus loin le feu électrique que les corps
moules; & s’il eft prouvé par l'expérience , que c’eft l’étincelle ou l'éclair
qui eft dangereux , & non le feu éleétrique qui entre dans les corps fous
une forme tranquille , il s'enfuit que tous les raifonnemens qu'oppofent
les adverfaires des barres pointues , rombent d'eux-mêmes.
Que l’on fuppofe pour un inftant deux conducteurs, l’un termincen pointe
À, & l’autre arrondi parle bout E, fg.Z, que ces deux conducteurs ne foienc
as fort éloignés l’un de l’autre ; qu'un nuage orageux chargé de matiere
glminante flotte dans l’airaune diftance de 2000 toifes deces conducteurs,
442 PERRIN S IN TIMIOTQU) ME.
on voit d’abord que fi fa fphere d'activité s’érend jufqu'à eux, le pre=
mier attirera du feu, mais en filence, & non pas le fecend ; puifque le
diftance d'où celui-là agit pour tirer le feu, eft beaucoup plus grande
que celle où agit celui-ci, étant dans le rapport de 36 à 1, ou de trois
pieds à un pouce. Qu'on s'imagine à préfent que ; par une caufe quel-
conque ce nuage fe trouve 36 fois plus près de ces conducteurs, ou à 55
toifes, ou à peu: près ; ileft conftant, qu'arrivé à cette diftance , il écla-
tera au-deffus du conducteur arrondi ; ou que celui-ci en tirera l'éclair,
& ne produira aucun effet fur l’autre, puifqu’on a vu que la balle faifoit
érinceler le corps électrifé, lorfqu'’elle s'en trouvoit 36 fois plus près
que la diftance où la pointe fe chargeoit de fon feu fimplement, & en
filence.
Il fuit donc de ces mêmes faits, qu'il faudræ que le nuage s'approche
de la terre encore 36 fois davantage pour éclater au deffus du conduc-
teur pointu. Il eft donc évidemment démontré, que dans le mouvement
du nuage, la pointe fera la derniere qu'il frappera, puifqu'il faudra
qu'il fe rapproche beaucoup plus près de la terre, pour lui décharger fon
feu. Ainfi, que ce foit une ou pluleurs nuées orageufes ; qu’elles renfer-
ment peu ou beaucoup de matiere falminante, le conducteur arrondi
fera toujours frappé beaucoup plurot que l’autre : mais, dans la fuppo-
fition que, par des circonRances particulieres, la foudre éclate fur ce
dernier, la différence de fes effets fur celui-ci, comparé à l’autre, fera
immenfe.
De ces faits démonttratifs, M. Le Roy palle aux objections qu’on pour-
roi: lui propofer. On dira ; quelle certitude a-t-on que les chofes fe paf
fent dans la région des nuages , comme dans les expériences faites en
petit ? L’Auteur fe contente de fixer les idées fur l'identité du feu élec-
tique & de celui de la foudre ; & de prouver par l'expérience , que toutes
les circonftances étant d’ailleurs égales, le conducteur moufle fera plutôt
frappé de la foudre que celui qui eft terminc en pointe; & que dans le
cas où l’un & l’autre en feroient frappés , le premier éprouvercit toujours
des effets plus violens quele fecond ; aurefte, ce quieft arrivé l’année der-
niere au dôme de Saint-Paul de Londres , forme une nouvelle preuve
en faveur des conducteurs en général.
Le Chapitre de cette Eglife avoit fait placer, d’après l'avis de la Société
Royale, des barres de fer pour faire une communication métallique bien
exact: , depuis la croix du dôme jufqu'au deffous du terrein au pied de
l'Eglife. Par une négligence heureufe pour la Phyfque , deux barres de
tanfiniflion fe trouverent féparées l’une de l’autre par un intervalle de
plufieurs pouces. Dans un grand orage, le 22 Mars 1772,0on vit un éclair
darder avec rapidité fur ce monument. La curiofité fit qu'on alla le len-
demain vifiter toutes les barres de fer qui fervoient à la communication,
& on trouva dans l'endroit où elle étoic interrompue des traces vifibles
du paflage de la foudure.
PREMNIEPMSN AUOMIUN'E. 443
Ondira encore fi ces barres pointues doivent tranfmettre en filence le
feu de la foudre , pourquoi a-t-on obfervé en Amérique (1), que la fou-
dre ait éclatée fur plufieurs maifons. L'Auteur répond que, de l’aveu de
prefque vous les témoins oculaires , ces coups de tonnerre étoient très-
violens , & qu'ils auroient produit les plus grands ravages, fans le fe-
cours des barres ; que la foudre a fuivi ces conducteurs, & qu’elle eft
allée fe perdre dans la terre ; enfin, que fi, dans cette occafion on a vu
la foudre s’écarter de cette route , c'eft que le fil de métal qui faifoit la
communication de la barre du faîte de lamaifon, avec celle qui entroit
dans la terre, s'étant trouvé trop fin, fut fondu & difperfé par la vio-
lence du feu. La maifon dont on page avoit déja été foudroyée plu-
fieurs fois de la maniere la plus terrible, avant qu'on eüt employé les
conduéteurs , parce qu’elle étoit fans doute, par fa pofition , fort expofée
aux orages.
(x) Voyez les Œuvres de M. Franklin, traduites par M. Dubourg, pages 110
& 23.
MA EMSEeON
DÉPREUVE DU TONNERRE;
Inventée par M. LI N D.
Vin vérifier lutilité de la méthode du Doéteur Franklin ,
pour préferver, au moyen des verges de fer, les maifons des ravages
du tonnerre , lorfqu'il tombe , & démontrer que ces verges attirent {ur
elles-mêmes rout le feu célefte, & le conduifent fans aucun rifque dans
la terre, le Docteur Lind, d'Edimboug , imagina de faire conftruire la
petite maifon de tonnerre artificiel, repréfentée avec toutes fes dépen-
dances, PL I, fig. LIT. n
À, eftunaflemblage de planches , ayant la forme du pignon d’une mai-
fon ; & c’eft tout ce qu'il faut de la maifon pour l'expérience dont il
s’agit. Elle eft élevée à- plomb fur le chantier ou le plancher horifon-
tal B, où eft aufli arraché le bout inférieur d’un montant de verre C D,
au bout fupérieur duquel eft cimenté le bout D d’un fil de laiton
courbé & recourbé DEFG; & à l’autre bout de ce fil d’archal eft arrè-
tée la petite boule de cuivre poli G. Un bout d’une chaîne HI eft fuf-
pendu par le crochet à ce fil d’archal, & l’autre bout eft fufpendu par le
crochet à l'extrémité la plus avancée K du premier conducteur de la ma-
chine électrique ; & la jarre étamée L eft placée en faifant l’expérience ,
“
444 Pour SIT MN ONIUS E
de maniere que la petite boule M, qui eft au haut de fon fl d’archaf ;
puille roucher le bout du conduéteur. Un trou quarré NO PQ environ
d'un quart de pouce de profondeur, eft pratiqué dans la planche du
pignon À & rempli par un quart de bois R, dont eur répond
exactement à la profondeur du trou ; mais il doit entrer avec tant de
facilité dans ce trou, qu'il ne peut manquer de tomber de lui-même ,
fi l'on retournoit N à la place de Q. Un fil d'archal NRP eft arrèté
dans une canelute diagonale , dont la profondeur répond à la groffeur
du fil d’archal. Les fils d’archal SQ & OT font arrêtés de la mème
maniere dans la planche du pignon; le bout inférieur du premier étant
au coin Q du trou quarré, & le bout fupérieur du dernier coïn oppofé O.
Le fil d’archal S Q 2 une petite bôule de cuivre V à fon fommet, direc-
tement au-deflus de la boule G, environ à un demi-pouce de dif-
tance. Le fil d’archal OT eft contourné à fon extrémité inférieure dans
la forme d’un crochet auquel eft accroché l’un des bouts d’une chaîne
X Y, dont l’autre bout entoure la jarre étamée L : lorfque le quarré de
bois R eft placé dans le trou NOPQ dans la pofition où il eft repré-
fenté dans la figure , fon fil d’archal en diagonal NR P ne tient ni de
part ni d’autre aux fils d’archal SQ & OC; mais fi on l'enleve, qu'on
lui faffe faire un quart de converfion, & qu’on le remerre en place, Je
fil d’archal NR P fe trouvera dans la pofition OR Q, & alors ces extré-
mités toucheront les extrémités Les plus proches des deux autres fils d’ar-
chal enQ & en O;& le tout patoïtra comme fi ce n’étoit qu'un fil
d’archal continu , coudé aux coins oppofés Q & ©.
Maintenant la petite planche quarrée étant remife dans la premiere
potion qui interrompt la communication métallique, chargez la jarre,
& continuez à tourner le globe jufqu’à ce que la jarre fe décharge d’el-
18-mème dans un trait de feu de la petite boule G, fur la petite boule V,
& dans l'inftant la planche quarrée NOPQ fera chaflée avec violence
par la foudre électrique , fort loin de la planche qui forme le pignon A. -
Remettez le quarré de bois NOP Q en fa place, mais de maniere que
de fil d’archal en diagonale NR P fe trouve dans la pofiton ORQ, &
qu’ainf fes bouts N & P, touchent les bouts Q & O des deux fils d’ar-
chal SQ & OT, & par ce moyen le conducteur métallique VSQR ;
O, TXY fera complet. Cela fait, tournez le globe pour recharger la
jarre , & continuez À tourner jufqu’à ce qu’elle fe décharge d'elle-même,
comme ci-devant , & tout le feu électrique qu’eile contient fortira avec
éclat en fuivant le conduit métallique IHFG, de Ga V, & de-h tour
le long de S,Q,0O,T, X Y à l’étamage de la jarre, & la petite planche
quarrée NOPQ reftera dans fa place fans être aucunement ébranlée;
quand même elle feroit, on ne peut pas plus à fon aife dans le trou. Ce
qui prouve manifeftement l'utilité des conducteurs métalliques, pour
préferver les maifons d'être endommagées par le tonnerre.
Nou$g
ils
DÉS, SJ OLA 445
Nous obferverons que le fuccès de l'appareil de M. Lind, exige que le
Huide éleétrique puifle convenablement pañfer dans la petite planche
NO PQ.II et donc important qu'elle acquiere jufqu’à un certain point,
la propriété d'un véritable conduéteur. C’eft par certe raifon qu'on eft
obligé, quoique l’Auteur ne le dife pas dans fon Ouvrage, de mouiller
& d'imbiber fuffifamment l'angle qui répond à la tige fupérieure. On
fera fans cette précation, fouvent expofé à voir manquer l'expérience.
TRE
Du Charbon de Pierre de Mont - Cenis en Bourgogne à
Par M. DE MORVE AU.
Li
Luc à l'Académie de Dijon.
im Loi que l'Académie s'eft impofée de donner une attention partis
culiere aux objets qui peuvent intérefler le commerce, l’induftrie ou
l'économie en cette province, m'a engagé à examiner la mine de char-
bon dont on vient d'ouvrir l'exploiration près de Mont-Cenis, par les
procédés chymiques; ies feuls capables de donner des réfulrats sûrs, de
produire des comparaifons exactes, & de fuppléer en quelque forte
tout d’un coup à une longue expérience.
Je ne m'érendrai pas fur l'utilité du charbon de pierre, elle devient
tous les jours plus fenfble par la cherté du bois de chauffage auquel on
fera peut-être bienrôt obligé de fuppléer en une infinité de circonftances
par le charbon foilile ; & quel avantage en ce cas de le trouver chez oi!
indépendamment de cette confidération, perfonne n’ignore qu'il ef
néceflaire à un grand nombre d'ouvriers qui ont été obligés jufqu'ici
de le tirer de différentes provinces.
La qualité différente de ce foffile dans toutes fes différentes mines,
eft encore un objet bien capable d’éveiller l'attention. Pour en être con-
vaincu, il fufhit de fe rappeller que les fers font en Bourgogne une des
principales branches du commerce ; qu’il eft avéré que dans cette pro-
vince, comme en beaucoup d’autres , on a été obligé d'abandonner plu-
fieuts fourneaux par la rareté du bois, & qu’il y a une qualité de charbon
de pierre que les Anglois font parvenus à faire fervir à la réduction de la
mine de fer (1), ce n’eft pas que je veuille affurer que le charbon fof-
file donc il s’agit ait cette propriété; mais je fais qu’un homme de
a
(4) Suivant Becher , c’eft un Allemand , nommé Blaveften , qui donna le premier
aux Anglois l’idée d'employer le charbon de pierre, pour exploiter leur mine de fer.
ÆElémens de Chymie de Becher & Stal. Tome IV , page 248. Voyez la maniere de
préparer ce charbon minéral pour le fubftiruer au charbon de bois dans les trayaux mé
Tome IT, Partie XII, rl
416 PU FAST OUT
l’art a penfé qu'il en feroic fufceptible après avoir éprouvé le grillage,
ainfi que celui dont fe fervent les Angjlois ; c'en eft aflez pour que je.
me propofe d’en venter l'expérience, & je rendrai compte à L'Acadé-
mie du fuccès : je ne crains pas mème d'annoncer que je la rendrait aufi
décifive qu’elle pouroir l'être en grand , puifque je fais parvenu à fondre
de la mine de fer dans un fourneau pareil à celui dont on fe fert pour
opérer en grand, réduit en toutes proportions fans employer aucun
flux, & par une méthode abfolument femblable à celle que l’on fuit dans
les grands travaux ; condition effentielle à routes lesMexpériences fur la
réduction du fer, fi l’on veut les rendre utiles à l’artmérallurgique.
Nous devons encore ajouter à ces raifons d'utilité, que l'exploita-
tion dont il s’agit, peut ouvrir une nouvelle branche de commerce en
cette province, d'autant plus aifément qu’elle fe trouve à très-peu de
diftance de deux rivieres navigables, & par-là en état de fournir à meil-
leur prix pour la confommation des provinces limitrophes, & mème
jufqu’à Paris, où elle pourroit être tranfportée à moins de frais que
celles du Forez, & obtiendroit la préférence par fa qualité ; on ne doit
pas craindre qu’il échappe aux Adminiftrateurs de la province de fenrir
l'avantage de cetre exploitation, & de la faciliter par les routes qui
pourroient être nécellaires jufqu’aux rivieres navigables.
Ces fortes de mines font le plis fouvent inépuifables; lent richeffe ..
eur multiplicité étonne, & c’eft-là peut-être la feule chofe qui pour-
roi encore faire douter que certe fubftance foit le produit des végétaux
enfouis, & d’une réfine enfevelie par les bouleverfemens du globe qui
s’eft minéralifée par la fuite des temps : fi les Naturaliftes & les Chy-
miltes étoient moins d'accord à ce fujet (1), parce qu’on ne conçoit pas
aifément que ces bouleverfemens ayent pu être ni aflez univerfels, ni
affez fréquens, pour former en tant de différens climats de longues
chaînes de montagnes de birumes. Quoi qu'il en foit , la Bourgogne ne
paroît pas à cet égard moins bien partagée que les autres parties du globe,
indépendamment de la mine de charbon foflile qui. a été ouverte il y a
quelques années à Epinac , indépendamment de celle qui donne lieu à
cette analyfe; que de montagnes qui n’ont point encore été enramées ,.
& qui recelent dans leur fein à plus ou moins de profondeur des nchef-
fes de ce genre que nous ne foupçonnons pas. Tout le monde connoît
cette pierre feuilletée grife que l’on rencontre far les deux roures de:
Dijon à Paris , aux environs de S. Seine & de la Ch. leur, fur la longueur
de pluñeurs milles; cette pierre elle-même eft une efpece de bitume , ef-
tallurgiques , inférée dans le volume 27-12 de ce Recueil pour le mois de décembre
1771, c'elt à dire tome HI, part. II, page 166.
(x) Voyez l'Hiftoire naturelle de M. de Buflon, feconde vue de la Nature; M. Leh-
man, Minéralooie, tome II], pag. 3715 & Elémens de Chymie-Pratique de M. Mac-
uer, tome 1, page 207.
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NET 24507 HO) QUE. 447
pece à la vérité impatfaite, mais du refte non équivoque : mife fur les
charbons ardens , elle décrépire ce qui vient de la dilatation fubite de
l'eau interpofée entre fes feuillets ; après ce premier effer, elle donne
un peu de flamme, & fi on l'approche alors de l'organe de l'odorat, on
diftingue facilement le bitume , elle conferve au feu fa dureté, elle n’y
perd qu’une nuance de fa couleur ; & même après fa calcination, elle ne
fe laifle point attaquer par les acides. Elle relflemble abfolument à celle
que Vallerius place fous la deux cents-cinquieme efpece de fon fyftème
minéralogique, & qu’il appelle rerra bicuminofa fiffillis, ampeliris, phar-
macicis. Je ai pas cru qu'il fut inutile d'en faire la remarque en paf-
fant, parce qu’une efpece imparfaite à la fuperficie eft rrès-fouvenc l'in-
dication d’un minéral dont la maturité eft en proportion de fa pro-
fondeur.
Jufques ici les mines ont été trop négligées en Bourgogne, & en
particulier le charbon fofile ; celui dont il s’agit ici en fournit un exem-
ple bien frappant. Sa mine étoit connue depuis un temps immémorial,
fans que perfonne fongeit à en tirer parti ; elle étoit abandonnée à quel-
ques manœuvres qui la jardinoient , fi l’on peut emprunter ce rerme, au
lieu de l’exploiter. Peut-être feroit-elle encore en cet état, fi M. de la
Chaize n'eut fenti tous les avantages d’une exploiration dans les regles ,
& n’eut eu le courage de l’entreprendre , malgré les obftacles qu’y ap-
portoient les foffes ouvertes par ces manœuvres, qui ne faifoient qu’au-
tant de travaux qu’il en falloit pour remplir tout d’un coup leur banne;
ce qui a tellement mulriplié ces foffes , qu'il n’y a pas dans coute la fu-
perficie de la montagne , un intervalle d’une toife où l'en n’en trouve
de plus ou moins profondes.
C'eft à M. de la Chaize lui-même que je dois le morceau de la
mine fur lequel j'ai opéré, il l’a accompagné d’une defcription du local
qui doit trouver place ici.
- Cette mine eft ficuée fur une montagne près le village de Creuzor,
dans la Paroifle du Beuil au nord de Mont-Cenis, & à demi-lieue de
cette Ville ; elle eft riche & abondante, fa principale direction incline
au couchant. M. de la Chaize à fait pratiquer au bas de la montagne,
dans le rocher vif & fur une étendue de 40 toifes, une tranchée en
forme de voûte de 6 pieds de haut fur 6 de largeur ; cette tranchée
aboutit à des galeries de droite & de gauche qui en diftribuent d’autres,
par lefquelles on voiture Le charbon à la brouette. Les eaux s’écoulent
par ces mêmes galeries.
Je pafle maintenant à l'examen de ce charbon; il eft très-noir,
affez léger, très-friable , & par ces caracteres femble devoir être mis
dans la clafle de ceux que Vallerius appelle Lirantrax frag ME ref-
femble affez par la couleur , à celui dont les ouvriers fe fervent ici de-
puis qu'ils ont abandonné le charbon de Forez, RS ES celui d'E-
Lili)
449 PAS MY OST IC EAIUI ES SH
pinac leur coûte, moins, & quils l'ont trouvé meilleur. J'ai pris ce
dernier, qui paroît d’ailleurs de fort bonne qualité pour rerme de:
eomparaifon de cetre analyfe. On‘remarque à l'extérieur que celui de
Mont-Cenis eft plus folié, plus brillant ; il eft auffi plus fec, ce qui peur
être accidentel: bd
Le charbon de Mont-Cenis prend feu moins promptement, & Îe con:
ferve fenfiblement plus longtemps, ce qui le différencie de la clafe des
charbons fragiles qui S’allument aifément , durent peu, & femble
devoir le rejetter à cer égard, dans la-clafle des charbons durs qui eft
préférable dans l’ufage.
Après la combuttion, le charbon de Mont-Cenis done une ma-
tiere bourfoufilée noire , fpongieufe & brillante. L'aatre ne fe bour-
fouffle pas, fon rélidu eft moins folide, plus friable , & femble cou-
vert d'une terre ronge, & à l’intérieur d’une couleut noire moins bril-
lante ; ni l’un ni l’autre de ces réfidus ne fe laiffent attaquer par
l'huile de vitriol, même à l’aide de la chaleur.
Il n’y a pas grande différence par rapport à l’odeur qu'ils donnent
dans la coimbuftion; cependant j'ai cru remarquer quelquefois que’
celle que répand celui de Mont-Cenis, approche plus de celle que donne
toute huile végétale grofliere , telle qu’on s’en fert pour les lampes ;
& que l'odeur de l’autre eft plus fulfureufe ; au refte, c’eft dans le:
premier inftant qu’il faut en faire la comparaifon; car lorfqu'ils font en-
Hammés l’une & l’autre, l'odeur du bitume qui leur eft commune, ne:
permet plus-d’y remarquer aucune différence.”
Ayant mis 1e onces de l’un & de l’autre, fucceflivement dans:
une cornue au feu du réverbere, j'ai obtenu , favoir, du charbon de
Mont-Cenis, à un feu très doux, une liqueur affez limpide , un peu
jaune , non inflammable, qui n’a point changé la couleur du papier
bleu , & qui s’eft mêlée avec l’efprit de vin, ce qui annonce jufques-là
un pur phlegme ; mais une odéur aflez agréable, qui fe conferve de-
puis l'opération, jointe au peu de couleur, indique la préfence d'un
peu d'huile ténue qui tient plus du Naphte, que de l’huile de Pétrole.
Lorfque je me fuis apperçu que rien ne montoit plus au premier dé-
gré de chaleur, j'ai augmenté le feu, & il a paffé une portion d'haile
minérale affez épaifle d’un brun foncé, donnant une forte odeur de
bitume très-inflammable, & qui a verdi le papier bleu.
Ayant changé de ballon, & pouflé le feu au point de faire rougir
obfcurément la cornue, il a paffé une autre portion d'huile plus épaifle:,
plus: noire, plus odorante, qui a laiffé fur le papier bleu une nuance
de verd.plus jaunâtre. Certe huile paroifloit d'abord-comme nager dans-
un peu déliqueur laiteufe , mais quoiqu’elle ne fe foit pas encore tout-
3-fair mêlée, la liqueur s’eft brunie, & on y diftingue toujours l'huile-
fous -la forme de caillé noir.
MULEN DRAM ST) GUN LE 449
Ayant fuivi le même procédé pour l’analyfe du charbon foffile que
Pon employé ici dans les forges des maréchaux, & autres ouvriers il
a pallé au premier dégré de feu une liqueur afez limpide non-inflam-
mable , mifcible avec l’efprit de vin ,.exhalanr rès-peut d'odeur , mais
de qualité moins agréable & plus fuffoquante , & laiflant une rrès-lé-
gere nuance de rouge fur le papier bleu:
I à pallé dans le fecond ballon, & an fecond dégré de chaleur,
une liqueur blanche aflez épaille d’abord, qui s’eft déchargée un peu
par là fuite, & a dépofé un peu de fédiment, Cexte liqueur à une
odeur matquée de bitume, n'eft cependant pas inflammable, & change
en rouge le papier bleu. Ces deux liqueurs font très-abondanres,, rela-
tivement à la quantité de charbon, ce qui vient de ce qu'il eft fort
humide , comme je l'ai déja remarqué.
Ayant obfervé qu’il ne montoit plus rien, j'ai augmenté le feu, &
il a palfé dans le récipient une portion d'huile brune , “épaifle , & en-
core un peu de flegme qui furnageoit l'huile qui étoit laiteux comme le
précédent, feulement plus gris, & auffi peu inflammable ;il eft évi-
dent que cette couleur ne lui vient que de ce qû'il fe mêle avec un
peu d'huile par l’intermede de l'acide ; la préfence de l'acide ef in-
diquée par la couleur que certe liqueur laifle fur le papier bleu d'ane
nuance plus forte que la précédente. J'ai effayé de la décanter, mais la
facilité qu’elle a à rediffoudre l'huile qui s’en eft féparée, ne le permet
pas. Ea partie laiteufe n’eft point inflammable, Fhaile épaille s'allume
afément , & donne beaucoup de fumée,
J'ai encore augmenté le feu, pour avoit, s’il étoit poflible, une pot-
tion d'huile féparée de tout phlegme, & c’eft ce que je n’ai pu obtenir.
Plus de moitié de ce qui s'eft trouvé dans le ballon, étoit une eau
d’un brun jaune , à la furface de laquelle éroit une portion-d’huïle noire
de. la confiftance de la cérébenthine ; l'aatre portion occupoit le fond du
vafe. Cerre huile s’eft enflammée comme la précédente , & à. laifle fur
le papier bleu une couleur rouge, tirant plus fur le brun.
Voilà, Mefieurs , les expériences dont j'avois à vous rendre compte ,»
& qui achevent de démontrer la fupériorité du charbon de Mont-
Cenis déja apperçue par fes qualités extérieures. M. de la Chaize m'a-
voit bien annoncé que l’on avoit retiré de ce charbon une huile de
Pétrole ; Le fait eft averé, fi l’on entend par-là toute huile minérale,
toute huile de bitume , mais non pas fi l’on entend l'huile de Pétrole, -
proprement dite ;-car elle a une odeur de térébenthine qui la diftingue
&qu'on:ne retrouve pas ici. L’arcitle intéreflane que je n'avois pas foup-
gonné, & qui ne vous à certainement pas échappé dans la comparaifon ,
eft qu'aucun des trois réfultats n'a rougi le papier bleu ,-randis que les
réfulrats du charbon ordinaire ont tous laiffé plus ou moins de trace”
rouge fur le: bleu végétal. Voilà donc une différence bien caraétérifée 5»
459 PIAV ENS ENQONUE
différence qui ne peur être qu'à l'avantage du charbon de Mont-Cenis ,
pirce que cet acide du charbon ordinaire ne peut qu'être nuifible par le
{oufre qu'il produit avec le phlosiftique , & qui eft bien plus süremene
la caufe de la calcinarion du fer, que les vapeurs fulfureufes dont il eft
quelquefois imprégné. Je fuppofe, comme l’on voit, que cet acide eft
celui du vitriol, il eft difficile de s’en aflurer, parce qu'il eft enve-
loppé d’une matiere grafle, mais c'eft l’opinion la plus générale & la
plus probable ; la découverte que M. Bourdelin a faite de l'acide marin
dans le fuccin, ne préjuge rien à l’égard des autres bitumes, & fur-
tout des charbons fofliles, parce que l’on avoit reconnu de tous les
temps des propriétés bien différentes dans le fel volatil , acide du fuccin.
Ilne me relte plus, Meflieurs , qu’à mettre fous vos yeux les fubftances
dont je viens de vous parler , je croirat avoir rencontré la vérité, fi le
jugement que vous en portez confirme les idées que j'en ai prifes.
OBS ER REV MAT EM IN
Sur la réduëtion de la Mine de fer par le Charbon de Pierre, de
Mont -Cenis.
Lue à l’Académie de Dijon le 15 Février 1771.
À vANT reconnu par l’analyfe que j'ai faite du charbon de pierre de
la montagne du Creuzot près Mont-Cenis, que ce foflile, bien diffé-
rent de la plupart des autres fofliles de ce genre, ne contenoit point de
foufre développé; j’annonçai dès-lors que j'étois perfuadé qu'il pour-
roit fervir à la réduction des métaux , & mème de la mine de fer, l’une
des plus difficiles à traiter, & qui occafionne une confommation de
bois fi confidérable , que ce feroit un vrai préfent à faire à la fociété ,
que de lui montrer dans les entrailles de la terre, un combuftible qui
pût ménager, ou remplacer celui qui ne peut croître à fa furface auf
promptement que notre luxe le dérruit.
Je fis part dans le temps de certe vue, à un célebre Chymifte de l’A-
cadémie Royale des Sciences qui m’engagea à la fuivre, j'ai fait en con-
féquence plufeurs effais dont je fupprime le détail, parce qu'ils n’a-
voient pour objet que de déterminer un procédé qui püt rendre l’ex-
périence décilive , en ime faifant conñoître la nature de la mine que je
voulois traiter ; la quantité des fondans qu’elle exigeoït, les propor-
tions d’un fourneau capable de la réduire fans la brüler ; en un mot, ja
force & la direction convenable du vent, routes chofes dont le fuccès
dépend mème en grand , comme les maîtres de forges le favent bien,
PRO ENS DUO IE 451
& dont l’Académie Royale des Sciences a fait affez fentir l'importance
par l’attention qu’elle leur a donnée dans le Traité de l’art des forges.
Je me bornerai donc à rendre compte ici de l’appareïl que ces obler-
vations préliminaires m'ont engagé à préférer.
Le $ de ce mois, j'entrepris de faire cette réduétion , je me fervis
pour cela d’un fourneau de fufion de forme fimpiement cylindrique,
n'ayant d'ouverture qu'au cendrier du diametre de 8 pouces de la hau-
teur de 22 pouces , jufqu’à fon dôme, terminée par une ouverture de
deux pouces , pour recevoir les uyaux dont on le furmonte ordinaire-
ment,
Je fais qu’il eft d’ufage de retrécir le fond où [a matiere doir fe raf-
fembler , mais j'avois remarqué que cette forme qui peut être très-avan-
tageufe en grand , empêchoit la chûce des charbons, & caufoitunrefroi-
diffément qui laifloit l’intérieur des matieres crues, & occafonnoit la
calcination de leur furface par l'éloignement du phlogiftique ; c’eft pour
cela fans doute, que M. Cramer a également donné la forme cylindri-
que , feulement un peu renflée dans le milieu au fourneau qu'il a pro-
polé pour fondre Tranfcarbones, dont on trouve la defcriprion dans
l'Enciclopédie.
Je me contentai donc d’êter la grille, de lutter un talut fur le bord
qui la foutenoit pour que rien ne s’y arrètât, & de fermer le cendrier
par une brique , ne Jaïffant qu'une ouverture audeffus pour placer le nez
du foufiler,
Tout érant ainfi difpofé, j'ai jetté dans ce fourneau par l'ouverture fu-
périeure de fon dôme des Kocks, ou charbons de pierre cuirs, faits à
Mont-Cenis , fuivant la méchode M. Jars(r), & dont M, de la Chaize
m'avoit fait remettre une fuffifante quantité ; j'avois eu attention d’al-
lumer les premiers au feu de la forge, parce qu'ils prennent affez diffi-
cilement , j'ai continué de charger ainfi le fourneau péhdant cinq heures
de nouveau charbon de la même qualité, fans employer un feul mor-
ceau de charbon de bois , jy ai jetté à différentes fs de la mine de
fer, mélce avec les feuls fondans dont on fe fert dans les travaux enr
grand, qui font l'argile & la pierre calcaire, & j'ai trouvé après l'o-
pération plufieurs parties de régule de fer aufli parfaites que l’on puille
l'efpérer par le charbon de bois; l’Académie pourra en juger par les:
morceaux que je vais mettre fous fes yeux. Leur couleur annonce une
fonte bien pure , aufli cedenc-ils à l’action de l’aimant avec une activité
prefque égale à celle d’un morceau de fer de pareil volume.
La forme de ces morceaux prouve néanmoins que la féparation du:
métal & des fcories ne s’eft pas abfolument bien faire; mais il eft très
difhcile de l’obtenir dans un effai en petit; le volume de la matiere n’eft
(x) C'eft le procédé indiqué dans la note du Mémoire précédent, page 445.
452 PCA EST ICONE.
pas affez confidérable pour former un bain liquide, le défendre des
impreflions du froid, & l’entretenir aflez long-temps, pour que la pé-
fanteur refpective en fafle la féparation. Je m’étois déja bien convaincu
par l'expérience, Eu eft impolfible dans ces fortes d’elfais de faire couler
la fonte hors du fourneau, ni mème le laitier, parce que le refroidifle-
ment eft toujours très-prompt ; j’avois donc pris le parti de lailfer former
le culot fous les fcories, & de ne rien remuer jufqu’à ce que tout fut
folide , au rifque d'entamer le fourneau pour en tirer le culot; mais le
peu d’épaiffeur des petits fourneaux empèche qu’il n’y ait au fond affez
de chaleur pour opérer cette féparation, à moins que l’on n’entre-
tienne tout-au-tour affez de charbons allumés pour le défendre du con-
tact de l’air, comme je l’avois fait dans un précédent effai d’après le
confeil de M. Lewis. Au refte, cette circonftance ne change rien au ré-
fultat, puifqu’elle ne peut dépendre de la nature du charbon, & qu'il
n’en eft pas moins acquis par cette expérience que Les £oeks du charbon
de pierre de Mont-Cenis peuvent réduire complertement la mine de
fer, & je ne dois pas omertre que ces charbons ont encore l'avantage de
durer près de quatre fois autant que les charbons de bois, en faifant un
feu moins vif à la vérité que le charbon de pierre crud, mais plus fort
que le charbon de bois.
A l'égard du charbon crud de la mème mine, je n’ai jamais craint
qu'il brülat le fer par fon foufre, puifque mon analyfe prouve qu'il n’en
contient pas plus que le charbon de bois, ce n’eft donc pas par le défouf-
frage que la coétion peut le rendre propre à l’ufage des fourneaux de
fonte, & il eft évident que cette préparation deviendroit inutile par rap
poit à cetre efpece , même défavantageule , puifqu’eile ne fe fait qu'avec
un déchet confidérable , & que le feu en et moins ardent; mais j'ai
éprouvé que l'humidité dont il eft chargé , l’empâte au premier dégré
de chaleur, au point de lui faire Faire voûte ; cette voûte s’épailifflanc
fans celle par les nouvelles charges, obftrue le fourneau, y laifle un
vuide où les mines fe calcinent , & le foufflet ne fert plus qu’à refroidir
la partie inférieure, Cet inconvénient feroit peut-être moins fenfible dans
les grands fourneaux , ou plus aifés à prévenir. Au refte, mème en fup-
pofant qu'il lui fallüt une préparation, il feroit facile d'en remplir l'objet
d’une maniere moins difpendieufe, moins embarraffante , & avec moins
de perte que par la mérhode de faire les koeks ; une fimple torréfaction
dans une efpece de bafcule fufpendue au-deflus du gueulard, fufhroit
our lui enlever cetre humidité furabondante, d’autant plus que l'huile
à laquelle elle tient eft très-volatile. En un mot, on pourroit effayer de
parer à l’inconvénient dont je viens de parler , en formant avec ce char
bon qui fe réduit aifément en poufliere des efpeces de pélottes, qui
fe touchant en moins de points, defcendroient avec plus de facilité,
& feroient moins fufcepribles de fe réunir en mafles.
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RCE ER cn ete pe per >
PACA ON SU TU IQ UNIL RS 453
BU EME FPT RCE
De M. FRANKLIN au Doëleur LINING fur le Rafrafchiffement
produit par l’évaporation.
LF vous ai entretenu dans ma précédente lettre (1) d’une expérience
fur le refroidiflement des corps par l’évaporation, & je vous ai dit qu'en
mouillant le thermometre à plufeurs reprifes avec des efprits vineux
ordinaires , j'avois fait bailler le mercure de ç ou 6 dégrés. Erant der-
niérement à Cambridge, je parlai de ce phénomene avec le Docteur
Haldey , Profeffeur de Chymie en certe ville, il propofa de répéter ces
expériences avec l’éther, au lieu d’efprit de vin ordinaire, parce que
Féther s'évapore beaucoup plus promptement. Nous entrâmes dans fon
Cabinet, où il avoit de l’éther & un thermometre. Ayant commencé
par plonger la boule du thermometre dans lécher , nous reconnümes
que ce fluide étoic précifément à la même température que le thermo-
metre qui étoit alors à 6$ dégrés (2) parce qu'il n’occafionna aucune
altération dans la hauteur de la petite colonne de mercure. Mais auflitôt
que la boule du thermometre fut retirée de l’éther, & que celui dont
elle étoit humeétée commença à s'évaporer , le mercure baifla de plufieurs
dégrés. On recommença alors à mouiller la boule avec une plame trem-
pée dans l’écher , & le mercure baïffa de plus en plus. Nous continuâmes
cette opération , l’un de nous mouillant la boule , & une autre perfonne
de la compagnie foufilant deflus avec un foufflet pour accélérer l’évapo-
ration. Le mercure continua toujours à bailler jufqu’à ce qu’il fut def-
cendu à 7 dégrés, c'eft-à-dire de 25 dégrés (3), & nous arrèrames alors.
Auflitôt qu'il fut defcendu audeffous du point de la congélation, la
boule commença à fe couvrir d’une écorce mince de glace ; favair fi c'é-
toit de l’eau ramaffée, foit de l'humidité de l’air, foit de notre refpira-
tion, & condenfée par le froid de la boule du thermometre; ou fi la
plume lorfqu’on la trempoit dans l’éther, n’avoit pas pu pénétrer trop
avant, & rapporter avec elle un peu d’eau fur laquelle nâgeoit l’éther (4),
(1) Voyez le Cahier du mois d'Oëtobre , pag. 276.
(2) Ce qui correfpond à vingt ou wingt-un degrés du thermometre de M. de
B.caumur. |
(3) Ce terme correfpond au degré 6 au-deflus de la glace du même thermometre de
M. de Réaumur.
(4) Les Chymiftes étoient dans l’ufage de conferver l’éther nageant fur l'eau, dans
un flacon toujours rempli, penfant que l'éther étoit abfolument immifcible à l'eau;
Tome IL, Partie XIL. M m m
454 : BREL ENT ELOINUMEE.
c’eit ce que je ne puis aflurer; peut-être cout cela pourroit-il y contribuer.
La glace continua d'augmenter jufqu'à la fin de notre expérience, où elle
paroifloit de l’épaifleur d'environ un quaït de pouce tout autouf de la
boule, avec une quantité de petites égnilles qui pointoient en-dehors.
On peut conclure de certe expérience , qu'il feroit poffible de rafraîchir
un homme jufqu’à la mort dans les jours chauds de l'été, en le faifant
tenir dans un pallage où fouffleroit un vent gaillard, & en le mouillant
fréqu:mment avec de l’éther, qui eft un efprit beaucoup plus inflam-
mable que l’eau de-vie ou l’efprit de vin ordinaire. À
Il paroît que ce n’eft que depuis quelques années que les Philofophes
Européens ont reconnu dans la nature ce pouvoir de refroidir les corps
par le moyen de l’évaporation ; mais il ÿ avoit long-temps que les orien-
taux étoient familiarifés avec cette propriéré, Un de mes amis m'a cité un
paflage des voyages de Bernier dans l’Indoftan , écrits il y a environ cent
ans, qui fait mention comme d’une pratique commune ( lorfqu'on a à
traverfer des déferts arides dans ces climats brûlans ) de porter de l'eau
dans des bouteilles enveloppées de draps de laine mouillés , & fufpen-
dues à côté du chameau , ou du chariot du côté de l'ombre, mais à l'air
libre ; au moyen de quoi à mefure que l'éroffe mouillée fe feche , l’eau
contenue dans les bouteilles fe refroidir , ils ont aufli une efpece de pot
de terre non-vernifice, qui lailfent fuinter l’eau peu à peu, comme par
une filtration lente à travers de leurs pores, ce qui entretient leurs pa-
rois extérieures toujours un peu moites, malgré l’évaporation conti-
nuelle qui donne une grande fraîcheur au vaifleau, & à l'eau qui le
contienr. 1 femble que les marins ont eu aufli quelques notions de cette
propriété ; car je me rappelle qu'érant à la mer dans ma jeunefle, je
remarquai un des matelots, qui la nuir pendant un calme, mouilloir
de temps en remps fon doigt dans fa bouche, & l’élevoit enfuite en l'air,
pour découvrir, difoit-il, s’il y avoir quelque mouvement dans l'air,
& de quel côté il venoit , ce qu'il efpéroit reconnoïtre en fentant un des
côtés de fon doigt rafraïchi tour à coup, & comptant que le vent ne tar-
deroir pas de venir de ce côté-là ; ce qui me faifoir rire alors, comme
d’une imagination chymérique. {
Ne pourrcit-on pas expliquer par le moyen de cetre propriété, plu-
fieurs phénomenes auxquels on fait peu d'attention, & dont on a encore
moins rendu raifon jufqu’ici ? Un dimanche dans le mois de Juin 1750
qu'il faifoit très-chaud à Philadelphie, le thermometre étant à 100 dé-
grés à ombre ( 1), j'étois aflis dans une chambre à lire ou à écrire, fans
jufqu'à ce nue M. le Comte de ‘Lauragais ait démontré que l ether peur fe mêler à
eau dans une certaine proportion.
(1) Ce qui correfpond au quarante-deuxieme & quarante-troifieme degré du ther-
mometre de M. de Réaumar , fi l’Auteur s’eft fervi du thermomertre de Fahrenheït ,
conume il y a toute apparence. Cene chaleur -eft plus forte que celle du Sénégak
PRENONS pe ST un Qu UE: 455
faire aucun autre exercice, n'ayant fur moi d’autres vètemens qu’une
chemife & une paire de longs caleçons de toile , toutes les fenëtres ou-
vertes, & un vent allez vif traverfant mon appartement, la fueur cou-
loit de deffus mes mains, & ma chémife fe trouvoit en peu de temps
fi mouillée, que j'étois obligé de m'en faire apporter de feches pour en
changer très fouvent. Dans cette fituation, on pourroit croire que la
chaleur naturelle du corps humain qui eft de 96 dégrés (1), ajourée à la
chaleur de l’air qui étoit alors de 100 dégrés, produiroient par leur
réunion un dégré de chaleur beaucoup plus confidérable dans le corps;
mais le fair elt que mon corps ne devint jamais aufli chaud que l'air
environnant, ou que les corps inanimés expofés au mème air; car je
me rappelle crès-bien que mon pupitre , lorfque je pofois mon bras def-
fus, ma chemife lorfque je m'y afleyeis, & une chemife fortant du
tiroir, lorfque je la mettois, me paroifloient exceflivement chauds,
comme fi on les avoit fait chauffer devant le feu. Je préfume qu'un corps
mort auroit acquis la température actuelle de l'air, tandis qu'un corps
vivant étroit tenu plus fraîchement par fa fueur continuelle, & par l’é-
vaporation de cette fueur. Ne feroit-ce pas aufli la raifon pour laquelle
nos moiflonneurs de Penflvanie travaillant en pleine campagne, expo-
fés à l’ardeur d’un foleil vif & ardent dans le temps de la moiflon,
fe trouvent capables de foutenir ce travail fans être fort incommodés de
la chaleur, tant qu'ils continuent à fuer, en buvant fréquemment
d'une liqueur légere & très-évaporable , faite d’un mêlange d'eau & de
rhum. Mais fi la fueur s’arrète , ils fuccombent & quelquefois meurent
fubirement, à moins qu'ils ne rétabliflent bientôt la fueur en buvant
de certe liqueur , ou ce que la plupart préferent en pareil cas, d’une
forte de punche chaud , compofé d’un mélange d’eau, de miel, & d’une
proportion confidérable de vinaigre? N’eft-il pas probable à l'égard des
negres, que c'eft une évaporation plus prompte de la matiere de la tranf-
piration par leur peau & par leurs poumons , qui en les rafraïchiffanc
davantage les met en état de fupporter mieux que les blancs , la chaleur
du foleil ? Si le fait eft vrai comme on le dit, car c’eft fur cela que l’on
fonde la prétendue nécellité d'avoir des negres , plutôt que des blancs ,
pour travailler aux champs dans les Indes occidentales , quoique autre-
ment la couleur de la peau dût les rendre plus fenfibles à la chaleur du fo-
leil, puifqu'un habit noir s’échauffe au foleil beaucoup plus prompte-
ment & davantage qu'un habit blanc. Je fuis perfuadé d’après plufeurs
obfervations que j'ai été à portée de faire, qu'ils ne fupportent pas G
bien le froid de l'hiver que les blancs , qu’ils périroient à un dégré moin-
dre de froid, & qu’ils font plus fujets à avoir des membres gelés. Tout
CR ER CS de
(1) Elle répond entre quarante & quarante-un degrés du thermometre de M. de
Réaumur.
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>
456 PER rs VON UE
cela ne proviendroit-il pas de la mème caufe ? La terre ne s'échaufferoit-
elle pas beaucoup plus qu’elle ne fait au-foleil brûlant de l'été, fi l’éva-
poration continuelle de fa furface qui eft d'autant plus-grande qae le
foleil a plus d’ardeur , & qui tend à la rafraîchir, ne balançoit pas juf-
qu’à un certain point les effets des rayons plus euflammés du foleil ?
N'eft-ce pas l’évaporation contin uelle de la furface qui fait que les’arbres,
quoique togjours frappés du foleil , font auffi bien que leur feuillage
même, conftamment frais au toucher, ou au moins beaucoup plus frais
qu'ils ne le feroient fans cela > Ne feroit-ce pas auf pour la mème raifon
qu’en s’éventant lorfqu’il Fait chaud, on fe rafraichir réellement, quoique:
l'air que l'éventail envoit au vifage foit chaud lui-même, parce que
l'athmofphere qui environne & rouche immédiatement nos-corps, étant
imbue d’une auflffgrande quantité de vapeurs tranfpirées qu'il eft capable
d’en contenir, n’en reçoit pas davantage, & l’évaporation eft conféquem-
ment arrêtée & retardée , jufqu'à ce que nous ayons chailé cette pre-
miere couche de l’armofphere , & ramené à fa place un air plus frais.
qui fe chargeant de nouvelles vapeurs, favorife & accroille ainfi l'évapo-
sation ? Il eft certain qu'il ne fufhit pas de foufer de l'air fer un corps:
fec pour le refroidir, comme il eft aifé de s’en convaincre en foufflant:
avec un foufflet fur la boule feche d’un thermomette ; car cela ne feroit-
oint bailfer le mercure ; s’il avoit quelque mouvement à faire, ce feroit
plutôt de monter , étant échauffé par Le frottement de l'air. fur la fur-.
face extérieure du verre:
À ces queftions de fpéculation, je n’ajouterai qu'une feule obferva-:
tion de pratique, c'eft que dans le cas d’une inflammation douloureufe ;-
provenante ou de brûlure , ou d’autres caufes femblables , toutes dés fois:
qu'on juge à propos de l’alléger en rafraîchiflane les chairs, on procure’
plus sûrement la fraîcheur requife, & elle dure plus long-temps fi on!
trempe des linges dans l’efprit de vin pour les appliquer fur la partie en-
flammée , que fi on les trempoit dans l’eau fimple; parce que l'eau quoi-
que froide, lorfqu’on l'applique , eft bientôt échauffée par le contact:
de la chair, attendu qu’elle ne s’évapore pas affez promptement ; au lieu
que leslinges trempés dans l’efprit de vin fe tiennent froids , tant qu'il
refte de l’efprit de vin pour entretenir l’évaporation, les parties de l’ef
prit de vins’envolant à mefure qu’elles font échauffées, & enlevant de
la chaleur avec elle.
Réflexion du Traduëteur. Comme les liqueurs qui s’évaporent, produi<
fent du froid , celles qui attirent l’hamidité de l'air produifent de la cha-
léur, c’eft au moins ce qui paroît-bien manifefte dans quelques expé-
riences : parexemple , fon mouille la boule d’un thermomerre avec de
bon efprit de nitre, de l'huile de vitriol , &c. il feroir à défirer que quel-
que: Phyfcien voulût faivre ces expériences, & en faire des applica-
tions utiles, comme M. Franklin a fu fi bien faire à l'égard des prés
cédentes,
PERMET LATIN ©: ur ee: 457
Aux-expériences de l'Auteur , nous en ajouterons d’affez connues , ce
qui fervira encore à les confirmer. Prenez de lefprit de vin ou de ces
eaux parfumées, comme l’eau-de-vie de Lavande, de Romarin , de la
Reine d’Hongrie, en un mot toures les eaux fpiritueufes; vuidez-en
dans le creux de la main, foufilez iégerement avec la bouche en réunif-
fanc les deux levres, & vous éprouverez-dans la main un froid très-fen-
fible qui durera jufqu’à ce que les parties fpiritueufes de la liqueur foienc
évaporées. Nous avons vu mettre ce procédé en-ufage dans les violentes
migraines, & être foulagées en appliquane la liqueur fpiritueufe fur la
partie de la rère où la douleur fe faifoit fentir plus vivement , à mefure
qu'on fouffloit, la douleur diminnoir. Ce remede réuflira-t-il dans tous
les cas ? C’eft à l'expérience à le décider.
L 1
PP
OMS MER MENT AN MELON IN 1 S2
Faites [ur la Calandre ; par la Société d’Agriculture de Philadelphie. -
À recherche des moyens par lefquels on peut en Amérique préferver
le bled des infectes , eft encore fort incertaine. Les Membres de cette
Société vont-préfenter quelques idées aux perfonnes qui s’en occupent ,
& qui font fur les lieux où ces animaux fonr les plus grands ravages.
H y a environ quarante ans que dans le nord de la Caroline , le bled
commença à être endommagé par les mouches ; & depuis cette époque
on n'a pu l'y conferver, que dans des endroits très - frais. On ajoute
encore que le maïs ou-bled Indien eft encore plus la viétime de la vora-
cité de ces infeétes , parce qu'il eft mou & rendre, mais qu'on peut le
préferver , en couvrant l’épi avec les feuilles qui naiflent à fa bafe , &
qui le recouvrent avant fon développement.
Ces infectes deftructeurs fe font fucceflivemient introduits de la Caro-
line dans la Virginie , dans le Maryiand & dans les pays fitués plus bas :
heureufement qu'ils n’ont pas encore pénétré dans la Penfilvanie. Dans
leur émigration ils ont préféré les rerreins bas & humides; & fi on en
a-trouvé dans les rerreins élevés & fecs, ils y étoienc en petit nombre ,
& n’y-ont pas pallé plus d’une faifon : d'où l'où doit conclure que cette
expoltion ne leur convient pas , foit pour y trouver leur fubfftance , foit
pour y peupler commodément. En effet, les grains produits par une
terre humide , font plus moux, plus fpongieux; & cer état du grain
leur offre une nourriture aifée & un logement commode pour y dépofer
leurs œufs. Malgré ce raifonnement vraifemblable , on peut prouver ie
pour & le contre par l'expérience. En voici une qui a fouvent été répétée,
Société
philofophi"
que de Phi-"
ladelphie:;
17716
458 PE NET ON TD LE; .
Mettez trois parties de bled Indien dans un endroit où il y aura eu du
froment infecté de ces infeétes, qu'une partie ait été produite par un
terrein humide, & que l'épi foit recouvert de l'enveloppe dont nous
avons parlé; que le fecond épi contienne des grains durs, & le troi-
fieme , des grains moux & tendres : le premier fera endommagé , de
mème que le fecond & le troifieme, entiérement dévoré.
Les defcriptions qu’on nous donne de ces infectes varient. Il eft pro-
bable que ce font des papillons blanchâtres ou des teignes qui fe repo-
fent le jour, & travaillent la nuit. Elles paroilfent être de la même
efpece que celles qui font du dégât en France, & dont un Gentiihomme
de l’Angoumois a parlé à M. Duhamel.
» Le grand dommage, dit-il, que nous avons fouffert fur nos bleds ;
» & principalement fur le froment , depuis dix-fept ou dix-huit ans ,
» nous a fait rechercher avec foin quelles pouvoient être les caufes de la
> Coffuption qui attaque nos grains. L'opinion commune eft que , tandis
» que le bled eft encore en fleur, de petits papillons blancs dépofent
» leurs œufs dans les fleurs. Quand le grain elt mûr , les œufs s’y trou-
» vent renfermés; le grain entaffé ‘dans les granges fermente ; cette fer-
» Mentation excite une chaleur qui fair éclore les œufs d’où fortent des
» vers :ces vers fe transforment enfuite en cryfalides, & ces cryfalides
» en papillons ».
Les obfervations fur ces infectes d'Europe font conformes à celles
qu'on a faites en Amérique. On y a obfervé que les grains encore ten-
dres & remplis d’une fubftance laiteufe, étoient percés. On a vu la
même chofe fur les grains de froment, dans lefquels les mouches avoient
dépofé leurs œufs.
En Amérique , les mouches caufent le principal dommage au fro-
ment lorfqu'il eft recolté ; peu de jours aprè les cryfalides font méra-
morphofées en papillons. Ces infectes s’accouplent & dépofent leurs œufs
dans les grains qui étoient demeurés entiers, ce qui fait une nouvelle
propagation de yers : ainfi le mal s’augmente pendant l'été ; il ceife en
hyver , & reparoïît au printemps. Les mouches du printemps font fup-
pofées venir des vers confervés dans les grains. En effect , lorfque l'hyver
a été rigoureux , le nombre de ces infeétes eft petit, ce qui prouve que
le froid à détruit la plus grande quantité des œufs. :
Les jardiniers d'Europe préfervent des vers les arbres & leurs fruits ,
en détruifant avec foin les nids de ces infeétes, & certainement ce
moyen peut être praticable toutes les fois qu'on connoït les lieux où les
infeétes ont dépofé leurs œufs ; il feroit donc utile de connoître com-
ment la mouche qui ronge le bled fe conferve ; fi c’eft dans le bled,
on peut le reconnoïtre par les expériences fuivantes. Expofez à une forte
gelée , une certaine quantité de froment attaqué de ces infectes ; mettez
enfuite ce froment, & une égale quantité du mème grain qui n’a point été
s
PA LS UCI MO QU LE. 459
expofé au froid, dans différens vaifleaux que vous tiendrez à un dégré
de chaleur requife pour faire éclore Les œufs. Si les faits font tels qu'on.
les a fuppofés, on verra des vers éclos dans la derniere partie du bled,
mais on n’en trouvera aucun dans la feconde.
Dans une faifon exrrèmemenc chaude & humide, les œufs de ces
mouches ont fouvent paru éclos, tandis que la moiffon étoit encore fur
ied , ce qui arrive rarement ; mais ces œufs éclofent pour l'ordinaire ,
lorfque le bled eft ferré ; alors 1l s’y établit une fermentation occafionnée
par la chaleur.
Quand le bled eft coupé , on a coutume d’entafler les épis far le
champ , & dans cet état elles offrent un fingulier phénomene. Le côté
qui regarde le fud étant direétement expofé aux rayons du foleil, s’é-
chauffe promprement, & fair éclore les œufs contenus dans les grains de
bled , depuis la furface jufqu’à 1 8 pouces de profondeur ; tandis que plus
profondément ou du côté du nord, on ne découvre ni vers ni mouches,
Si on juitifie par le thermometre le dégré de chaleur qui fait éclore les
œufs dans les épis du côté du fud , de mème que le dégré de froid du
côté du nord qui les empêche d'éclore, on aura un moyen de préferver
ces grains, foit en les tenant dans un lieu froid, foir en leur communi-
. quant un dégré de chaleur capable de tuer les œufs fans endommager le
grain ; cat la différence de chaleur néceflaire pour conferver les œufs, les
faire éclore, ou les détruire, eft fort petite. « 96 dégrés de chaleur en 2x
» jours, font éclore le poulet depuis fon état de germe , jufqu’à ce qu'il
» devienne un animal parfait; mais le même œuf peut être dérruic par
» un dégré de chaleur plus fort & le rernie n’excede gueres 100 dégrés «
Ainfi en mettant le bled gâté dans différens vailleaux ouverts , & les
tenant expofés à différens dégrés de chaleur dont le terme moyen feroit
93» on auroit bientôt le vrai terme pour les détruire.
On pourroit encore faire une autre tentative bien importante , qui
feroit d'examiner fi les œufs de ces mouches peuvenréciore , & les voir
exifter fans un fréquent accès d’un air nouveau, ce qui paroït bien dif-
ficile à croire.
L'expérience fuivante qu’on à faite avec fuccès fur les pois, eft un
nouveau motif d’eflayer cette méthode pour le bled. Prenez une quantité
quelconque de pois d'Angleterre prêts à être femés, partagez-la en deux
partie; mettez-en une dans un vaifleau ouvert, venez l’autre dans un
vaiffeau bien bouché. La partie des pois qui aura eu une libre commu-
nication avec f'air fera vermoulue dans le printemps , tandis que l’autte
ne le fera pas.
On auroit un grand avantage fur ces infeétes, fi on pouvoit les da-
truire dans les greniers ou dans les coffres, au moyen de quelque va-
peur ou de quelque poifon ; mais ces expédiens ne fonc pas praticables,
& M, Duhamel dit qu'aucune vapeur n'eft capable de tuer ces animaux
460 LE TON WE NO RAT IERONE
Si on n’excepte celle du foufre qui eft préjudiciable aux grains. Cette
affertion eft extraordinaire, & on en peut douter, attendu que les au-
tres infeétes meurent promptement quand ils font expofés à certaines
vapeurs. » Si l'on fait brûler des os d'animaux dans une chambre où la
» fumée foit renfermée, cette vapeur tuera tous les infectes qui y font;
» mais la vapeur la plus mortelle pour eux eft celle du charbon de bois «,
Cependant on ne peut politivement dérerminer cette mariere, à caufe de
la différente maniere de refpirer des infectes & des autres animaux;
les uns refpirent l’air par les narines , la bouche, & les autres par une
ouverture placée fur l'abdomen. Si les vapeurs du charbon allumé ne font
pas mortelles pour ces mouches, peut-être que des”vapeurs oléagineufes
& âcres auroient plus de fuccès ; on fait qu'une goutte d'huile répandue
fur l'ouverture de la trachée des infeétes, les fair périr fur le champ.
On ne doit pas fe rebuter dans ces expériences.
Il eft probable que lorfque le bled eit en fleur ,;Les mouches dépofent
leurs œufs dans le grain encore rendre. Ce qu’on peur faire alors fe ré-
dait à empêcher ces œufs d’éclore en battant le grain le plutôt qu'il eft
poflible,en le faifantfécher dans des chauffoirs,ou aux gros rayons du foleil,
On mettra le grain dans des vaifleaux où il fera fort ferré, & ces vaif-
feaux feront bien clos. Si Le grain s’échauffoit, on le rafraïchiroit en lui
donnant de l'air, & lui foufflant deffus pendant une heure chaque fe-
maine. £
Quand le-bled eft entaffé dans les greniers, il faut le remuer le moins
à Pad RSS £ Re à
qu'il eft poffible , afin qu'il puifle, pour ainli dire , s’encroüter à fa furface,
& couper par ce moyen toute communication de l’air avec le grain inté-
rieur. Si les tiges de bled ont été préfervées du dépôt de ces œufs , il ne
faut pas mettre le grain qu'on en retirera dans des greniers, ni avec des
grains qui en font infectés. Comme toutes ces précautions exigent du
travail & de la dépenfe , il feroir à fouhaiter qu'on pt empècher eu pré-
venir le dommage , ce qu’on commenceroit à effe&uer , en changeant cha-
que année les femences; c’eft-à-dire qu’on enfemenceroit les cerres baffes
& humides avec des grains durs & fecs, tirés des pays montagneux , parce
que Les Naturaliftes favenc très-bien que la qualité des grains, des fruits,
des végétaux , dépend principalement du fol & du climat, Un pommier de
reinetce cranfplanté de la Nouvelle-Yorck dans la Virginie, y donne des
fruits qui n’ont prefque aucune reffemblance pour Le goût ; les pois & les
feves d'Angleterre tranfportés en Amérique, perdencibientôt leurs pre-
mieres qualités. Ces remarques ne s'étendent pas à ces feules efpeces.
On obferve en Amérique , que le bled rouge & dur qui vient dans les
terreins montagneux , femé dans des rerres balles & humides , y éprouve
fucceflivement dans l’efpace de quatre ans un changement dent fa cou-
leur eft affoiblie; fa peau amincie & fon uflu devient peu ferré. Ce
mème bled cranfporté des terres bafles dans les pays montagneux, ne
Eecouvre
PARENTS HETNIOT. TS E! A6:
recouvre fon premier état & fes premieres qualités qu'après quatre an-
nées révolues. Si donc le dommage que le bled reçoit des infeétes eft
occafionné par la texture lâche & molle qu’il contraéte dans les terreins
humides, un changement de femence fe trouveroir le remede le plus
aifé & Le plus sûr contre un mal qui fait tant de ravages.
En louant le zele de la Société d'Agriculture à inftruire les cultiva-
teurs , nous ajouterons quelques réflexions qu’elle nous pardonnera fans
doute , puifque notre but eft le même. Il eft bien fingulier qu'elle n'ait eu
aucune connoiffance du Mémoire de MM. Duhamel & Tiller, inféré
parmi ceux de l’Académie Royale des Sciences de Paris, pour l’année
1761. Elle y auroit trouvé les plus grands détails fur les objers qui l’oc-
cupent , & les moyens de difliper les craintes des Habitans de la Caro-
line , de la Virginie & du Mariland. Cer infecte eft-il originaire de ces
contrées, ou fes œufs y ont-ils été apportés avec les grains qu’on a tiré
d'Europe ? Dans le premier cas , leur deftruction totale eft moins facile
que dans le fecond ; mais fi le mal eft local, on vient à bout d’y remé-
dier par des foins multipliés. Il eft conftant, ,
1°. Qi roment, le feigle, l'orge & le maïs fervent à la nourriture
de ces infoëtes.
2°. Que ces animaux doivent être rangés dans la claffe des chenilles
ou faulles teignes ; & que celles qui firent rant de mal dans l’Angou-
mois , étoient différentes de celles qu’on voit dans nos maifons & dans
nos greniers : 1l y a donc apparence que celles dont parle la Société
d'Agriculture de Philadelphie font les mêmes, ou du moins une efpece
du même genre. Il feroit à defirer qu'on fçûc fi cer infeéte eft naturel au
pays, ou s'il y a été cran(porté avec nos bleds d'Europe; dans le fecond
cas, leur deftruction deviendroit plus facile par le moyen que nous
allons indiquer. |
3°. Que le papillon de ces chenillééfEun papillon de nuit qui dépofe
fes œufs entre la balle & la bafe du grain , que ces œufs ont une couleur
rougeârre, & qu'il en fort une petite chenille qui perce le grain dans
fou fillon; qu’elle le pénetre & en dévore la fubitance : qu'après avoir
palfé fon cemps de chenille, elle devient chryfalide , & en fort quelques
jours avant ou quelques jours après la récolte en état d'animal parfait ,
c'eft-à-dire en papillon; cependant il eft rare de le voir fortir avant la
récolte. Si on examine l'intérieur du grain, on y découvrira fouvent,
outre la dépouille du papillon , quelques chenilles mortes. Eft-ce pour
n'avoir pas allez trouvé de nourriture ? Cela n’eft gueres croyable , puif-
qu'il refte encore de la fabftance dans le grain. Né feroit-ce pas lutée
que la chenille la plus forte auroic détruit les autres , pour être plus
tranquille dans fa folitude , & pour y trouver une nourriture qu’elle ne
fera pas obligée de difputer ? Le cultivateur eft très-heureux de cette
méfincelligence qui dérruit un grand nombre de chenilles.
Tome II, Pare, XII, Nan
467 PAST SUTIMIONEURR RE
4°. Les expédiens propofés par la Société d'Agriculture n'offrent aus
eun avantage , puifque le grain cena dans un lieu frais ou fermé retarde,
il eft vrai , la fortie du papillon, mais ne l’empèche pas entiérement ;
que le changement de femence d’un lieu à un autre, quoique donnant
des grains plus durs & plus fortement coffés, n’eft pas un obitacle à la
piquure de ces chenilles, puifque les papillons dépofent leurs œufs, &
qu'ils éclofent dans un temps où l’écorce du grain eft encore très-mince ;.
rrès-Facile à être percée par la quantité de matiere aqueufe qu’ils con-
tiennent , & qui ramollit leur écorce; enfin , que leur écorce ne fe durcic:
que lorfque l'humidité furabondante du'grain fe diflipe par fa maturité.
D'ailleurs, la nature a affigné ces grains à la nourriture de cer infeête ; elle
leur a donc donné un inftrament & les forces néceffaires pour pourvoir
à fa fubfftance. On fait que des infeétes aufli petits viennent à bout de:
percer les pierres les plus dures, & d'y creufer des loges pour y dépofer
leurs œufs. On a vu dans l'Angoumois ces infeétes dans l'érar de chryfa-
lide , enfevelis fous deux, trois ou quatre pouces de terre preflée &
{errée : on a vu les papillons en fortir avec facilité.
5°. Que ces papillons font d’affez longues traverfces, SGA porter:
eu loin la défolation. Malgré cela, il n'eft pas probable que dans cet état
ils aient éré jettés par une caufe quelconque d'Europe en Virginie.
6°. On a plufeurs moyens pour les détruire ; é’eft de jerter le bled
dans l’eau bouillante , alors l’infeéte périt dans quelque état qu'il foit;
mais cetre opération devient embarraffante, quand il faut faire fécher
enfuite une grande quantité de grains. Si le foleil eft exceflivement:
chaud , les papillons qui éclofent, lorfque le bled eft expofé à fon ardeur ,:
périllent. Le plus utile de tous eft fans contredit de mettre les grains
dans un four dont on aura tiré le pain. Cette chaleur affez forte, & fou-
tenue pendant quelque temps , détruit les œufs & les infectes, Ces grains:
ne peuvent plus à la vérité fervi ur enfemencer les-champs; mais
dans certe circonftance , il eit plus prudent de fe pourvoir de femences:
dans les pays: dont les grains ne font point attaqués par les infeétes,
Voilà des expédiens plus prompts & plus sûrs que ceux propofes.. ;
SV
ai
à
À
PR FAST) O0 UITE:. 464
MED NES UE TR AO ES 10, :N..$
Sur la ficuation finguliere d'un rameau de l’Aorte ;
Par M SVEN RINMAN.
L. s petites arteres font fouvent fituées diverfement ; mais il eftplus 44 de
rare que les gros rameaux voifins du cœur foient divifés d'une maniere s:hockolm.
particuliere,
Il y a deux troncs artériels principaux, l’artere pulmonaire , & l'aorte,
Celle-là ne fert qu'aux poumons , & donne au fang un paflage libre dans
les veines du même nom, qui fe rendent par le finus pulmonaire à l'o-
reillette droite du cœur ; l’autre diftribue le fang à tout le corps. On la
divife communément en afcendante & en defcendante, La premiere
commence à la fortie du tronc hors de l'oreillette gauche , vers la qua-
trieme des vraies côres. Elle conferve ce nom jufques derriere les pou-
mons; là elle fe courbe de droite à gauche, & fuit l’épine du dos & des
lombes , d’où elle prend le nom de defcendante.
La partie qui monte envoie des rameaux à la tère & aux parties fupé-
rieures du corps ; l’autre conduit le fang dans les inférieures. Comme
c’eft à l’afcendante qu’on a trouvé une difpofition peu commune , on va
la décrire dans fon état ordinaire, afin de faire mieux fentir ce que
celui-ci a de fingulier.
L'aorte fortanc du cœur , fournit les deux arteres coronaires , l’une
antérieure , l’autre poftérieure. L’arcade ou crofle de l'aorte jette trois
rameaux remarquables , l'un à droite, nommé l’artere innominée , de
laquelle fortent la fouclaviere & la carotide droite. Sa direétion eft pref-
que au milieu de la trachée artere, & roujours plus antérieurement dans
la poitrine , que poftérieürement. L'autre branche eft la carotide gauche,
fituée à quatre lignes de la précédente , au haut de la courbure , fousle
fterno-maltoide : elle fuit de très-près la trachée artere, fans jetrer de
branches , jufqu’à ce qu’elle parvienne au larynx, où elle fe divife en
interne & externe : celle-c1 fe diftribue à l'extérieur du vifage, &
l’autre au cerveau avec la vertébrale ; la troifieme branche eft la foucla-
viere gauche ; c’eft la derniere qui vienne de l'aorte afcendanre : elle fait
un angle aigu avec la premiere & fe courbe pour paller au deflus de la
premiere côte.
La fouclaviere , tant droite que gauche , jette cinq branches qui font
la mammaire interne , la vertébrale, l'intercoftale fupérieure , la cervi-
cale & la chymique ou thyroïde inférieure de Haller. La mammaire in-
Nnaij
454 PNEUS TER O A OUTRE
terne fort de la partie antérieure , fe rend le long des cartilages des
côtes vers le cartilage xiphoïde où l'aorte defcend vers la région de Pab-
domen , & s’anaftomofe avec l’épigaftrique : elle jette dans ce trajet plu-
fieurs rameaux qu’il feroir inutile de rappeller ici. Les vertébrales fortent
à la partie poftérieure de la fouclaviere, paflent par les fept cavités tran{-
verfes des vertebres du cou, & pénetrent par le trou occipital au- dedans
du crâne où les deux branches fe réuniffant , forment l’artere baflaire ou
tronc vertébral.
L'intercoftale fort de la partie inférieure de la fouclaviere , fe courbe
d’abord en deflus, & puis en arriere vers l’origine de la premiere & de
la feconde côte, & donne des rameaux, tant à la moëlle alongée qu'aux
parties voilines. ;
Les trois cervicales font la tranfverfe du cou , ta tranfverfe feapulaire ,
& la cervicale profonde, dont l’une fe rend à l'articulation de l’omo-
plate ; les deux autres aux mufcles du cou. Il n’eft pas rare que ces
branches de la cervicale viennent de la thyroïde mème. La rthymique
donne des rameaux à la moëlle épiniere, à la glande thyroïde & aux
parties fupérieures de la trachée artere & de l'œfophage. H eft à remar-
quer que toutes les branches de la fouclaviere fortent du tronc, tout à
l'entour , prefque dans le même plan.
Dès que la fouclaviere a paffé le premier fcalene , elle prend le nom
d’axillaire.
Dans le cadavre obfervé , l'arcade faifoir plutôt un angle obrus qu'une
ortion de circonférence. Il en fortoit la carotide droite, & enfuite la
carotide & la fouclaviere gauche , mais non pas la fouclaviere droite. La
carotide droite pañloit obliquement fur la trachée artere, comme faiv
l'innominée ; la gauche en étoit un peu éloignée, mais la fouelaviere
gauche étoit dans la fituation ordinaire.
Après le rebrouffement de l’aoïite afcendante, il en fortoit près de a
quatrieme vertebre du dos, la fouclaviere droite un peu plus petite qu'à
l'ordinaire : elle pafloit enfuite tranfverfalement fous la crachée artere ,
& jl’œfophage vers la clavicule, & fe rendoit au bras par le premier fcalene.
On n’appercevoit plus rien de cette artere, qu'à peine un pouce de lon-
gueur au-deffous de la clavicule , jufqu’à ce qu’elle eût dépaifé le mufcle :
alors on la retrouvoit dans l’ordre , & la fituation naturelle environ à
quatre pouces au-deflous de la clavicule.
Peu après la naiflance de l'aorte, elle dennoit les deux intercofales
inférieures du côté gauche qui fuivoient à l'ordinaire le bord inférieur de
chaque côte :une des cervicales qui fe divifoit en deux branches , dont
lune étoit la profonde , & l’autre la tranfverfale du cou: la tranfverfals
fcapulaire venoit de l’axillaire ; l’intercoftale fupérieure & la thyroïde
inférieure : ces deux-ci fe divifoient naturellement.
Après un trajet de huic lignes , la fouclaviere nommée alors axillaire
à
1
a —
ET
RMEVES SART 0. DL .É. 46$
donnoit a mammaire interne. La vertébrale fortoit du côté poftérieur
de la carotide, & craverfant la quatrieme vertebre du cou, entroit dans
le crane. Il eft rare de trouver un changement aufli confidérable de
fituation dans l’artere fouclaviere. Celui-ci nous apprend à être circonf-
pects à l'égard des bleflures en certe partie, lorfque nous voulons juger
de leurs fuites. Une bleflure vers l'articulation de la clavicule avec le
fternum n'auroit pas été néceffairement mortelle dans le fujet dont il
s’agit , au cas qu'elle n’eùt pas rencontré l’artere : comme dans un autre
homme dont les vaiffeaux ont leur firuation naturelle,
N'eft-il pas vraifemblable que le bras droit ne recevoit ici qu'une
nourriture chérive & dépouiliée de fucs, parce que le fang n’y parvenoic
qu'après une route plus longue , plus lente, plus difficile; de forte que
la partie alimenteufe du fang avoir été abforbée par les parties fupé-
rieures, En effer, les mufcles du bras droit éroient plus perits & plus
foibles que ceux du bras gauche.
es alimens, en paffant dans l’æfophage près de Ia fouclaviere qui lui
étoit adherente’ par une membrane cellulaire , ne caufoient-ils pas dans
ce vaiffeau une preflion qui retardoït le cours du fang.
On trouve une obfervation à peu-près femblable en deux bonnes
figures , publiées en 1741 par M.Philippe-Adolphe Bœhmer, Profeffeur
à Halle, avec un programme. Dans l’une on voit quatre gros rameaux
fortir de l’aorte, & dans l’autre cinq. Plufieurs Ecrivains en ont trouvé:
an plus grand nembre que dans l'état naturel (1) ; & les grands Prati-
ciens difent que ce cas n’eft pas rare; mais une diminution auf grande
que celle qu'on a obfervée ici l’eft beaucoup.
Dans un autre fujer on a trouvé la fouclaviere paffant auf par deffous
fa trachée artere & l’œfophage; mais ce vaiffeau , qui fortoit, il eft vrai,
de l’aorte, immédiarement au-deffous de l’arcade , en partoit entre la
feconde & la troifieme verrebre du dos. Parvenu fous la clavicule , il fe
divifoit dans les cinq rameaux ordinaires, au lieu que l’autre fujer n’en
avoir que trois.
———————_——_—_—_——
(1) Heïfter. Comp. anatom. Tome II, n°. 64, page 12353 Winflow, expér. anat$
tome II, 6. XIX , pag. 5 & 6; Palfin. anat, chir, tome II, pag. 240 , art, 1,
Dés
ME (MO IAE
Sur l'exiflence de l'Air dans les minéraux, avec des expériences qui
prouvent que quelques-uns n'ont point d’acide ;
Par M. KRENGER, Minéralogifle Allemand.
: Die expériences & les travaux que le célebre Hales a faits fur les
végétaux , peuvent en quelque maniere s'appliquer aux minéraux ; Pair
n’eft pas moins un de leur principe conftituant, qu'il l’eft des végéraux
& des animaux. Par quelle fingularité, ou plutôt par quelle inattenrion
ce principe a-t-il été prefque méconnu jufqu’à nos jours ? Combien d’er-
reurs n’auroit-on pas évité , fi on l’avoit feulement foupçonné ! C'eft le
propre de l’efprit humain de parcourir un vafte cercle d'erreurs , avant de
parvenir à la découverte d’une feule vérité. Grace à M. Jacquin, notre
célebre compatriote, & à M. Black , nous avons fait ce premier pas, &
nous avons les mêmes obligations à M. Meyer d’avoir donné fon fyf-
tème fur la converfion de la pierre en chaux vive, & fur fa caufticité.
Sans nous arrêter à l’hypothefe fabuleufe de M. Meyer , pour laquelle
on a tant & tant écrit en Allemagne , fans vouloir également adopter le
fentiment de M. Jacquin qui cherche à expliquer à fa maniere la caufti-
cité de la chaux & des alkalis, mais qui n’a pas rencontré plus jufte ,
nous irons droit à notre but qui eft bien plus intéreMant pour la minéra-
logie (1), en effet l’air qu'on dégage des corps minéraux combiné avec
l'eau, eft un protée qui trompe les Savans comme les ignorans ; il pa-
(x) S1 nous voulions nous écarter de notre fujet, il nous feroit aifé de faire voir
le peu de fondement du fyflême de M. Meyer, & de quelques aflertions de M. Jac-
quin ; & nous demanderions , où eft donc cer acidum pingue, tantôt fi fubtil qu'il pafle
à travers les vaiffeaux les plus ferrés ; tantôt fi ténace & fi gras qu'il empâtre les corps
avec lefquels il fe mêle : cet acidum , dont la préfence ou l’abfence caufent tant de
merveilles. Quoi, ce principe eft plus dans la partie que dans le tour. Il n'eft prefque
rien dans Ja chaux 3 & combiné dans l'alkali fixe, il eft tour. Les partifans de ce fyf-
tême ne peuvent pas ignorer qu'un gros d'alkali traité avec quatre gros de chaux, eft
plus qu'une livre. Pour accorder ce fait , il falloit prouver que la qualité corrofive du
caufficum éroit dans l’alkali ; mais, en la fuppofant avec eux, ne pourroit-on pas
leur demander , s'il ne doic pas réfulter quelques propriétés nouvelles de l'union de la
chaux à l’alkali. En examinant la pierre à ‘cautere, ils ont trouvé qu'il y exifte de la
terre, de la chaux cembinée, dira-t-on avec un Chymifte François , qu'entre deux
corps de propriété fi différente, 47 y fera venu s'y placer tout exprès pour les rendre
diffemblables. J'ignore cette merveille ; mais la Chymie m'apprend que des corps
acquierent par leur union des vertus qu'ils n’avoient pas auparavant, Aiufi, la crême
PRINT IST T0" fr D 467
roît aux uns fous la fauffe apparence d’acide marin , & aux autres fous celle
d'acide phofphorique , ce que quelques Chymiftes ont pris pour des dé-
couvertes importantes. J'en juge d'après deux brochures qui m'ont été’
remifes par mon ami Keftner, très-habile Chymiite. Dans l’une de ces
brochures qu’on lui a envoyée , comme contenant des faits admirables,
l’Auteur aflure qu'il a tiré jufqu'à trente livres d'acide marin & plus par
quintal dela mine de plomb blanche , enla diftillant dans une cornue (1),
il met pour recevoir cet acide de l’alkali fixe en liqueur dans le ballon ;
de tartre & le régule d'antimoine , qui ne font pas folubles , le deviennent par leur
union , & quoique l’alkali fixe & la chaux combinés enfemble ne jouiront pas du:
même privilege , ie caufficum peut-il former de la pierre à cautere avec l’alkali fixe,
fans l'intermede de la terre propre de la chaux : M. Meyer dit , il eft vrai, qu'on
enleve le caufficum de la pierre à cautere, en la diftillant dans une cornue avec de
l'huile de riol, & que le caufficum palle dans le ballon; que la , combiné de nouveau
avec l'alkali Axe, il forme de nouveau la pierre à cautere ; maisle fair eft faux. J'ai
répété certe expérience plufeurs fois , & j'ai toujours obtenu un phleme chargé d'air
fixe qui ne donnoit aucune caufticité à l’alkali ; pour faire la pierre à cautere, il-a°
toujours fallu y joindre de la terre propre de la chaux.
Voici un autre reproche que j'ai à fournir contre le caufficum. Pourquoi une pierre
à cautere qe j'avois faite avec l'alkali minéral s'eft-clle décompofée, étant expofée à
l'air, & pourquoi l'alkali minéral s'eft-il cryftallifé ? Les feétareurs du caufficum diront
que c'eft parce que le principe s’eft diflipé ; mais, dans ce cas, pourquoi l’alkali mi-
néral s'eft-il cryftallifé ; pourquoi ai-je vu diflinétement les parties de la chaux fépa-
rées ? pourquoi s’eft-il rétabli en pierre à cautere aufli-tôt que je l'ai fait bouillir dans
Veau ? le caufficum eft-il venu alors fe placér où il étoit auparavant?
Un autre raifonnement que font ces feétateurs contre M. Jacquin, c’eft que la pierre
à chaux ne fauroit fe cony@ktir en chaux vive que par le moyen des charbons ardens;:
effect qui ne fauroit Re à l’action du miroir ardent. Cette fuppoñtion n’eft pas
fondée , puifque l'intenfité @e la chaleur eft d'abord trop forte pour amener la pierre
calcaire à ce degré ; elle s’y concentreroit & pafleroit bientôt à l'étac devitrification, fion
Ty foutenoit longtems ( M. Macquer a converti de cette maniere La pierre calcaire er
vraie chaux). Pareille chofe arrive au fourneau de fufon. Ceci eft précifément un ar--
gument contre ces Meflieurs; puifque , felon leurs principes , plus un corps calcaire
éprouve la chaleur des charbons, plus il doit acquérir de ce caufficum ; & par confé--
quent y prendre un plus grand deoré de caufticité.
M. Jacquin dit que c’eft à l'abfence de l'air fixe qu'eft due la cauficité de la chaux:-
€ela étant , le quartz calciné ne devroit-il pas être cauftique? Conferve-t-il dans cer°
état plus d'air fixe? La nature du corps ne féroit rien, felon ce principe; mais ce qu'il
ÿ a de plus difficile à concilier dans ce fyftême , eft de voir qu'un corps donne à l'autre
@ qu'il n'a pas ; car n'eft-ce pas la chaux qui fournit à l’alkali fixe {on principe auf
tique pour la faire pierre à cautere Il y a plus ; s'il ne s’agifloir que de priver l'aikali®
fixe de fon air fixe, il ne feront pas fort néceffaire d'employer la chaux, puifqu'il feroir?
urés-poffible de la rendre au même état, fans employer d'autres moyens que ceux que:
prélente une fufffante calcination.
(1) L'Aureur cire ici lesélémens de Minéralogie docimaftique de M. Sage.Nous avons
annoncé, p.16 du premier volume’de cette ann. 1773,que fur le Mémoire de M. Laborie,
qu nie l'exiftence de l'acide marin dans la mine de plomb blanche, l'Académie des
Sciences avoit nominé des Commiflaires pour répéter les expériences de MM.:Sage
&- Laborie, MM. les Commiflaires ont opéré fur dés mafles très-confidérables de mine
468 PANUT ETS TM OUTRE à
mais ce prétendu acide marin n’eft autre chofe que de l’air fixe dans la
mine qui fe combine avec l’alkali, & le fait paroïtre comme un fei
neutre; cependant cet alkali ne change pas d’être, & il refte aufli alkali
qu'il l'étoit auparavant, ce que nous démontrerons bientôr.
Je reviens aux expériences de M. Jacquin. II me femble qu’il a dé-
montré bien complettement la préfence de l'air fixe dans la pierre cal.
caire ; mais il n’établit pas la différence qu'il y a à cet égard entre ces
corps , c’eft-a-dire relativement à leur état, à leur texture différente,
ou plus ou moins ferrée, ou plus ou moins 'cryftalline. Il eft certain que
s’il eut comparé ces diverfes fortes de pierres, il eut vu que celles qui
font les mieux cryftallifées font celles qui contiennent le plus d’air. Pour
m'aflurer de ce fait, je diftillai en même temps, & dans deux cornues
égales en grandeur, deux fortes de pierres calcaires ; l’une étroit la
pietre calcaire commune, connue fous le nom de rerreufe , & l’autre
étoit cryftallifée & à demi tranfparente ; elle éroit en un mor un vrai
fpath calcaire. Celle-ci m'a fourni une bien plus grande quantité d'air
fixe, je l’évaluai à plus du double de l’autre. J'avois mis une fois dans les
ballons des deux expériences , la mème quantité d’alkali fixe en liqueur;
la diftillation de la pierre calcaire fpathique l’a fait cryftallifer entiére-
ment , effet qui n’a point été produit par la premiere. Une autre fois,
après avoir changé de récipient, lorfque les vapeurs aqueufes eurent cef-
fes, j'adaprai à chacune de mes cornues des ballons tubulés. J'ajuftai du
mieux qu'il fut poñible à ces tubulures des veflies mouillées, & bien
preffées auparavant entre les plis d'un linge. La cornue qui contenoit la
pierre calcaire fpathique la gonfla Ro celle qui éroit atta-
chée à l’autre ballon refta flafque. Voici aétuellem@nr les expériences que
j'ai faites fur cet alkali cryftallifé par l’air fixe.
1°, J'ai pris une partie de cer alkali fixe, je l'ai diffous dans l'eau, &
j'ai vu que cette eau imitoit quelques eaux minérales fauffement nom-
mées acidules. Cette eau diffolvoir le fer ; cette diflolution fe manifef-
toit par la noix de galle, & non par La leflive de bleu de Pruffe , parce que
l’alkali en empêchoir. Cependant cet effet n’auroit pas dû avoir lieu, fi
le Fer n’eüt éré diffous dans cette eau qu’à raifon d’un acide.
2°. Une autre partie de ce fel alkali fut mife dans une diffolution
mercurielle, qui y produific un précipité fort confidérable. Mon deffein
éroit de voir {1 je ne pourrois paf faire un fublimé mercuriel, ce qui
eût été une preuve que ce précipité s’étoit fait au moyen de l'acide ma-
rin ; car pourquoi ne pas le foupçonner aufli bien dans la pierre calcaire
de plomb blanche, & ils n'ont pu obtenir un feul atôme d’acide marin. Lorfque les
détails de leurs opérations ferunt parvenus à notre connoiflance , nous nous ferons un
devoir de les publier.
que
dti
PRE LS nn nc nn mn SE
eme qu
+ Do te ROME NC PIE? 469
que dans la mine de plomb ? On verra, j'efpere, que l’un eft tout auffi-
bien fondé que l’autre.
3°. Sur une autre partie de cet alkali, expofée dans une cornue de
verre tubulée, je verfai de l'acide vitriolique , il s’en exhala des vapeurs
fpiritueufes qui, recueillies dans un petit ballon, ne donnerent qu'un
peu d'humidité qui n’étoit aucunement acide ; mais pendant que ces va-
peurs gagnoient dans le ballon, je fentis ce goût, & cette odeur de gas
très-remarquables toutes les fois qu’on fature une terre où un alkali par
un acide.
Inftruit par ces expériences, & fachant à quoi m'en tenir par rapport
aux pierres calcaires , je voulus examiner la différence qui fe trouve en-
tre les autres corps minéraux & ceux dont on vient de parler. Je pris une
livre de fpath fuñble de Torno (1) qui donne de la lumiere pendant un
inftant, lorfqu'il eft expofé fur les charbons ardens & mis enfuite dans
l'obfcurité, & qui fe fond au feu fans addition. Je le brifai & Le divifai en
très petits morceaux, pour empêcher la décrépitation qui néceffairement
auroit eu lieu, lorfqu'il auroit fenti le premier coup de feu, comme
cela arrive à rous les corps minéraux cryftallifés ; je l'introduifis dans une
cornue que je plaçai au fourneau de réverbere; & après lui avoir adapté
un ballon proportionné , je donnai le feu par dégres jufqu’à l’incandef-
cence. Ayant alors laiffé refroidir les vaifleaux, je ne trouvai rien de
liquide dans le ballon. Je reconnus feulement une odeur d'empyréume,
mais je trouvai que l’alkali enliqueur que j’avois mis dans le ballon , avoir
pris une forme folide , & qu’elle éroir entierement femblable à celle des
expériences{précédentes. Je trouvai encore dans la voûte de la cornue une
petite portion de matiere qui paroifloit faline , & qui ne l’étoit réelle-
ment pas. Je découvris dans fon fond la rotalité de la matiere qui y étoit
comme moulée & comme fondue vers fa bafe. La couleur verdâtre de
mon fpath s’étoic diflipée, & elle éroit devenue allez blanche. Ceci rend
À prouver Le fentiment de M. Cronfted , qui penfoit que la matiere co-
lorante des pierres n’éroit pas toujouts une matiere folide , mais fouvent
un principe particulier qu'il regardoit comme une matiere inflammable.
C'eft aufi par-là qu'il expliquoit la caufe de l’effervefcence des fpaths
fuors, & la décoloration de certaines pierres précieufes au feu, relles que
les topafes & les éméraudes.
Je pulvérifai cette matiere , & je verfai fur une partie , de l’acide vi-
triolique qui fembla en dégager des vapeurs extraordinaires que certains
Chymittes auroient pris pour de l'acide marin, mais que je regardai comme
RE D D ÉD À 2
(x) Je crois que c'eft la même efpece dont s'eft fervi M. de Schecle, & qui lui 2
fourni, à ce qu'il préend , de l'acide. Voyez le volume in-12 pour l'année 1772,
come Il, part. II, page 77, c'eft-à-dire du mois d'Oétobre,
Tome IT, Part, XII, Ooo
#TS PTE ATOUT USE
wine modification de l’acide vitriolique même, comme on va s'en: com
vaincre. Ne me déterminant par aucune idée politive fur cette premiere
expérience , j'en fistune autre avec ma matiere. Fe pris fix onces de fparlr
calciné de la derniere expérience, je le mêlai avec huit onces d'alkali fixe:
bien purifié ; précaution effentielle pour éviter toute erreur. Le tout fut
mis dans un creufec, & à la fonte j'en obrins un verre à demi opaque &
friable que.je fs diffoudre dans l’eau à caufe de la furabondance de fon
alkali. La diffolution filtrée , elle évapora difficilement , je n’obtins point
de fel diftiné ; c’éroit une matiere alkaline , & comme mucilagineufe..
Cependant pour favoir s'il n’exiftoit pas un vrai fel neutre dans cette ma-
tiere, je la mis dans une cornue de verre tubulée ; après l'avoir placée
au bain de fable , je verfai pardelfus de l'acide virriolique ; il fe produific
fur le champ un petit bouillonnement. Ayant augmenté la chaleur, ilen
forrit des vapeurs qui cefferent bientôt. L'opération finie, je ne trouvai
dans le ballon qu'un phlezme empyréumatique & point acide.
Je répétai cette expérience avec du fpath crud, mais au lieu de le
pouffer dans un creufer, je jugeai à propos de le pouffer dans une cor-
nue de terre exactement luttée. La matiere fe fondir, ici aflez exaéte-
ment , & ayant leflivé aufli la matiere, j'ai eu une efpece de Jiguor Jii-
eum, mais rien de plus.
Enfin pour derniere expérience fur cette matiere , je, diflillai fix on-
ces de fparh fufble avec quarre onces d’huile de vitriol. Le feu fut pouffé:
vigoureufement , alors je vis palfer quelque chofe de laireux dans le ballon.
Après l’opération, je trouvai que certe matiere étoit très-acide, & qu'elle:
fentoit vivement l'acide de foufre, Je la délayai dans l’eau ; une partie
£e précipira au fond fous la forme d’une poudre écailleufe; je mis de
Vaikali fixe en liqueur fur certe eau; & contre mon; attente , il ne fe fit
point de précipité, & l’eau louchit feulement un peu. Après huit jours:
de repos je filrrai, & j'en obtins une eau affez. chaire, qui, évaporce
donna des criftaux de tartre vitriolé imparfaits ; mais pour voir fi je ne
me trompois pas, & pour favoir s'il n’y avoit pas quelqu'autre acide:
caché dans ce fel, je le mêlai à une diffolution mercurielle, & il fe fic
fur le champ un précipité blanc. Je le. defféchai doucement , & après
quoi j'effayai de le fublimer, Une partie de ce précipité fe fublima ef-
£edtivement ; mais au lieu d'être comme un fublimé de mercure ordi-
maire ; il éroir grifâtre. Je ne m'en tins pas là, je fis bouillir ce fublimé
dans l'eau diftillée avec de l’alkali fxe,je filerai, mais jen’obrins pas par la
cryftalifation un fel marin de Silvius , comme cela auroit dû être s'il y eut
eu dans ce fublimé de l’acide marin, ce ne fur que du rartre vitriolé,
mais plus pur que la premiere fois-(1). Ces. expériences: fufhfent pour
Den 200 40 mm A SONT En ao à à à ie ANA Ets ee ORAN
{1) Il paroït affez extraordinaire que l'acide vitriolique fe foit élevé en fublimé
avec le mercure, L'Auteur auroic dû l'expliquer.
PÉETAET S'NTA ONLVIRE, 471
faire voir combien peu font fondées les prétentions de ceux qui admet-
tent un acide dans ce fpath, & qui veulent qu'il foit une efpece de fel.
Ceci m'a un peu écarté de mon fujer, & j'y reviens.
J'ai pris quatre onces de la mine de plomb blanche de Schepau qui ne
paroîïc pas fort différente de celle de baife Bretagne , autant que j’en puis
juger d’après un échantillon qui m’a été donné par M. Croeber le jeune,
lorfqu’il eft venu dans ce pays accompagner M. Monnet. J'ai pulvérifé
cetre mine, & l'ai mife dans une cornue avec quatre onces d’alkali fixe
bien pur; j’ai pouflé le tout au feu par dégré, aprèsavoir adapté un ballon
à la cornue. Les vaiffeaux refroidis & éclatés, j'ai trouvéun peu de phlegme
dans le ballon, & la matiere fondue dans la cornue. La matiere de def-
fus étoit un verre jaune, & celle de deffous éroit un régule de plomb. J'ai
féparé le plus exaétement qu'il a été poflible cette matiere vitrifice , &
après l'avoir diffoure dans fufhfante quantité d’eau, j'ai verfé pardeflus,
& peu-à-peu , de la diflolution mercurielle qui a formé un précipité blan-
chatre, Ce précipité recueilli avec foin, je lai mis dans un vailfeau fu-
blimatoire , & 1l n’a point donné de vrai fublimé; mais une poudre qui
seit convertie en mercure par le frottement. Une autre portion de certe
liqueur que j’avois réfervée , fut mife à évaporer après avoir été filtrée ,
& je ne trouvai pas le plus léger indice de l’exiftence du fel marin ; j'eus
feulement un alkali fixe avec quelques parcelles de la chaux de plomb.
Je pris encore quatre onces de la mème mine que j’expofai pareille-
ment dans une cornue , je verfai pardeffus deux onces d’huile de vitriol;
je lui adaptai un ballon dans lequel j'avois mis une demi-once de fel vo-
laril très-fec, de fel ammoniac avec deux onces d’eau diftillée. Le feu
fut mis fous la cornue , & augmenté par dégré jufqu’à l’incandefcence.
Il comba des gouttes dans le ballon qui le faifoient tellement frémir, que
je croyois à tout moment le voir éclatter. Cer effec étoit dû, comme
on doit le fentir à l'union de l'acide avec l’alkali volatil. L'opération
achevée, j'obtins du ballon un fel cryftallifé & une liqueur. Sans m’ar-
rècer à confidérer l’un & l’autre, j'en mis la moitié daus une cucurbite
de terre furmontée d'un chapiteau que je plaçai d’une maniere convenable
fur un fourneau. J’efpérai obtenir par ce moyen un vrai fel ammoniacal ,
s’il y eut eu de l’acide marin dans ce fel ; mais ma tentative fut vaine, je
n'obtins qu'un peu d’alkali volaril pur, & un fel qui s’éleva aux parois
de la cucurbite qui, ferupuleufement examiné, me parut être du fel
fecret de glauber. Alors pour finit de me convaincre, & de m'éclairer
fur ce fujer, je fis bouillir l’autre partie de mon fel & de ma liqueur
avec quelques cryftaux de fel de foude très-beaux, & j'obrins par l’éva-
poration un vrai fel de glauber. Je crois avoir prouvé qu'il n’y a aucune
‘ forte d’acide dans la mine de plomb blanche ; que cette mine n’eft qu'une
chaux de plomb cryftallifée , comme le prouve le minéralogifte Monnet
dans fa differtation fur la minéralifation, p. 273 ; mais il y a abondam-
Oooij
nz A EM D'ART CAO TUE
ment de l'air fixe, & voilà ce que M. Monnet n'a pas remarqué alors,
cet air y eft fi abondant, qu'il en fait prefque les deux tiers du volume.
Six onces de mine de plomb blanche expofées feules dans une cornue,
ont fourni une fufhifante quantité d’air fixe pour coaguler deux onces
d'huile de tartre que j'avois mifes dans le ballon. Ce qu'il y a de remar-
quable ici, eft que cet air fixe dont l'alkali en eft chaflé facilement par
un acide quelconque , eft en état de fe loger de nouveau dans l’alkali
fixe , & de le coaguler.
Je crois devoir abréger ce mémoire , en difant que les expériences
dont je viens de parler , ont toutes été répétées fur la mine de fer blan-
che fpathique d’Eifleben en Saxe, fur la mine de fer en cryftaux ds
Binsfort & de l’ifle d’'Elbe , & que j’en ai conftamment obtenu les mé-
mes réfultats. Cependant, je ne fuis pas fondé à dire que ces trois fub-
ftances fourniffent autant d'air fixe que la mine de plomb blanche & le
fpath calcaire. J'ajoute encore que j'ai été affez heureux pour trouver une
allez grande quantité de mine d'argent blanche qu’on a nommé mal à
propos nine d’argent cornée, & que j'ai reconnu par des effais fuffifans,
que le préjugé qui y fait admertre un acide marin eft également très-
mal fondé. M. Cronfted , il eft vrai, eft un de ceux qui ont fait le plus
valoir cette hypothefe; mais M. Monnet, dans fon expolition des mines,
p-1e2 l’infirme avec raifon, en faifant voir qu’elle n’a d’autre fonde-
ment que la reffemblance qu’on lui a trouvé avoir avec la combinaifon
aline connue en Chymie fous le nom de Lune cornée. J'acheverai, en
obfervant que c’eft une: idée rrès-chimérique de vouloir trouver de l’a-
eide marin dans les mines. S'il y a un principe inconteftable en minéra-
logie, c’eft celui qui nous montre qu’il n’exifte point d’acide marin, ni
de fel marin dans les filons , ni dans la partie des mines. Il en eft de
même du gyps. L'un & l’autre ne fe trouvent jamais que dans des
lieux nouveaux & bouleverfés, & non dans les pays à mines, comme
en en voit la preuve dans notre pays. À Su/z, on trouve le gyps & le
fel, & à Frendenftadr qui elt dans la chaîne à mine , on n’en rencontre ab-
folument point, mais des matieres d’un caractere rout-à-fait différent.
J'ai rendu compte du produit du fpath fufble de Torno , pouflé à la
cornue avec l'acide vitriolique, mais je n’ai rien dit du réfidu refté dans
ha cornue ; ileft remps que j'en parle ici. J'ai pulvérifé ce réfidu qui
étoit friable & empiréumarique ; je l’ai fait bouillir dans l’eau diftillée,
& enfuice filtré quoique difhcilement. J'ai obtenu une eau acidule qui,
évaporée , a donné un amas falin & informe. Cette matiere a été calci-
née à grand feu dans un creufet à deffein de faire partir cet excès d’a-
cide , après quoi j'a1 rediflous, filtré & recryftallifé , enfin j’en ai ob-
tenu-un beau & vrai fel d’epfom; ce qui eft une preuve quil exifte dans.
P ;
notre fpath la terre de la magnéfie. La partie non foluble de mon rélidw
Bien lavée & féchée, m'a paru être une terre alumineulfe qui n'étoir
HÉTISRaN OT RUEN NEA TAUMRIE LL. 473
pas bien pure. Je me propofe d'examiner une autre fois à fond la na-
ture des rerres qui compofent les fpaths fuñbles, & de donner le réful-
tac de mon travail comme une fuite à ce mémoire,
HISTOIRE NATURELLE.
EF, SÉRTSRENTET DRVVE
Æ L'AUTEUR DE CE JOURNAL,
Ou Mémoire fur la maniere de fe procurer les différentes efpeces d’ani-
maux , de les préparer & de les envoyer des Pays que parcourent les
Voyageurs;
Par M MauDuiT, Doëeur-Régent de la Faculté de Médecine en
l’Univerfité de Paris.
Ve us avez fouhaité, Monfieur, qu’à la lettre que j'ai eu l’honneur de
vous adrefler fur les moyens que je croyois les plus propres à conferver
les animaux defféchés dans les cabinets, j'en ajoutafle une feconde qui
eur pour objet la maniere de fe procurer les différens animaux , de les
préparer & de les envoyer des Pays que parcourent les Voyageurs. Je fens
quelle eft l’érendue de la carriere que vous m’engagez à parcourir. Je
me conforme cependant à vos vues ; mais , envous prévenant que je ferai
forcé d’entrer dans un grand nombre de détails, de divifions , de def-
criprions , & qu'il eft impotlible, à caufe du grand nombre de chofes
dont j'aurai à parler, qu’il n’y en ait pas quelques-unes d'omifes & d'au
tres traitées plus foiblement qu’elles ne devroient l'être,
Je divife les animaux par rapport au fujer que j'ai à traiter , en qua-
drupedes , en cétacés, en oifeaux , en reptiles, en poifons, en zoo-
phites ou animaux mols, en cruftacés, en infeétes , en vers, foit qu'ils
rampent nuds, ou qu'ils fe renferment dans des tuyaux. où des co-
quilles.
Des Quadrupedes & des Cétacés:
On peut fe procurer les quadrupedes par le moyen des pieges , ou par
ls chafle dans laquelle on emploie les armes à feu ou les Heches. Les
474 7 HIMTE SET MORT ARONE
pieges brifent les os, délabrent les parties engagées , fans donner fou-
vent la mort aux animaux , qu’on eft obligé d’affommer pour les achever.
Ce moyen eft donc cruel, & ne procure que des individus mutilés : la
balle rapide , lancée avec force, endommage fouvent la peau , pénetre
les chars , rompt les os , déchire les vifceres. La fleche empoifonnée de
la plupart des Sauvages, auñli prompte , aufli sûre que la balle, n’entame
que la peau, s'arrête dans les chairs , & fans les pénétrer , donne une
mort certaine & prefque fubite à-l’animal-qu'elle atteint. Je confeille-
rois donc d'employer les Sauvages à la chaffe des quadrupedes dans les
pays & dans les circonftances où cette challe feroit poflible.
Quant aux céracés, leur grandeur, leur force , l’élémenr qu’ils habi-
tent , le danger de fe trouver expofés à leur vengeance, en les frappant
de trop près , la crainte de les voir difparoître, en fe plongeant fous les
eaux , & d’y perdre leurs traces , font caufe que l'induftrie ou la ryrannie
de l’homme n’a encore inventé qu’un moyen de les frapper, & de
triompher de leur énorme force , malgré fa foibleffe ; celui de leur lancer
un harpon. L'incrépide Chaffeur les frappe du dard meurtrier ; il le laiffe
engagé dans leurs chairs , & il met , en fuyant, entre lui & fa victime
un fil attaché au dard qui le dirigera vers fa proie, quand , avec fon fang
elle aura perdu fes forces & la vie. Il exifte à la vérité des cétacés moins
puiffans, & par conféquent moins redoutés , qu’on affomme à coups
de maflue , en les pourfuivant au milieu des eaux donc ils couvrent la
furface en aufli grand nombre, qu’on voir fur la terre les beftiaux paître
dans les prairies; mais c’eft par le moyen da harpon qu’on prend les
baleines que leur maffe, l’étendue des eaux où elles nagent, la ftérilité
& la folitude des plages dont elles s’approchent, n’ont pu garantir de
l'activité & de la hardiefle humaine. C’eft avec le mème inftrument
qu'on perce le lamentin, cet hôte pailible des grands fleuves du Nou-
veau-Monde , qui pâture fous les eaux des plantes inutiles à l'homme &
aux animaux , qui porte avec lui fes petits, les nourrit de fon lait , les
tient embraffés, pofés fur fon fein, fans que fes mœurs douces & inno-
centes excirent en fa faveur les fentimens de la pitié.
On peut envoyer Les quadrupedes & les céracés tout entiers, ou ne
conferver que leurs dépouilles.
Pour les envoyer tout entiers, il faut les plonger dans des bariques
remplies d’efprits ardens, tels que l'efprit de vin, l’eau-de-vie , le tafña.
Il ne fuffit pas quand on les a tués de les plonger dans les bariques , de
fermer celle ci, & de faire l'envoi. Il arriveroit prefque toujours que
les parties phlegmariques & lymphatiques que fourniroit le corps des
animaux , venant à prédominer fur la partie fpiritueufe des liqueurs,
la fermentation fe mettroit dans la malle vorale du fluide, & que les
animaux atriveroient en corruption, Il faut, pour prévenir cet accident,
plonger les animaux dans les efprits ardens auflitôt qu'il eft polhble, les
L
€
DRAAET A TIR REX LT, LES 475
y faifler tremper long-temps, & obferver ce qui paflera. La liqueur qui
éroit d'abord limpide, qui répandoit une odeur fpirituenfe, mais pure,
& qui lui éroit propre fe rroublera, elle exhalera une odeur moins péné-
trante & moins pure, & qui ne fera plus fon odeur propre. Il faudra
auflitôt qu’on s’appercevra de ces indices , changer la liqueur, en mer-
tre de nouvelle, & veiller fur la feconde comme ona fait par rapport à
la premiere. Celle-ci ne fera pas perdue , il n’en coûtera que de la dif-
tiller de nouveau. Si l’on fent de la répugnance à l’employer à d’autres
ufages , on pourra du moins s’en fervir pour conferver des animaux ;
quandelle aura été diftillée de nouveau, elle aura toute la force qu’elle
avoit auparavant d’avoir fervi.
Lorfqu'ayant renouvellé la liqueur, ce qu’on fera obligé de faire un
plus ou moins grand nombre de fois, fuivant la proportion entre la
malle des animaux & la quantité de liqueur ; on ne la verra olus fe
troubler, ni elle n’exhalera plus que l’odeur qui lui eft propre , alors
l'animal fera déchargé des parties qui pourroient le corrompre, qui au-
rent pallées dans les premieres liqueurs, & l’on pourra céler la barique
pour faire l’envoi.
Les moyens que je viens d'indiquer, feront toujours les plus sûrs,
mais ils paroitront fouvent gènans , ils feront quelquefois impoñlibles.
Ils font cependant indifpenfables pour les grands animaux ; ils ne font
pas d’une néceffiré auf abfolue pour les animaux de grandeur médiocre,
& encore moins pour ceux qui n’ont que très-peu de volume. On y
peut fuppléer par une feule attention. La voici. C’eft d'obferver que la-
malle des animaux qu’on plonge dans la liqueur, n'occupe qu’un quart:
environ de l’efpace ou aire du vailleau contenant , & que les trois autres
quarts foient remplis par la liqueur. Au moyen de certe précaution, quoi-
que la liqueur fe trouble, quoiqu’elle commence à exhaler un odeur qui
lui eft étsangere , les parties corruptibles des animaux feront abforbées:
par les parues fpiritueufes de la liqueur , elles en feront couvertes,
elle les dominera ; & la putréfaction, quoique commencée, n’aura pas
lieu. À proportion que la liqueur aura plus ou moinsde force, il faudra
étendre où l’on pourra reftreindre la proportion entre la malle des ani-
maux, & la quantité de liqueur confervarrice. La plüpart des animaux
qu’on envoye dans la liqueur , foulés, entaflés , comprimés, arrivent dé-
labrés, fans confiftance , fans couleur & pourris. Les foins qu'on a pris,
les animaux, la liqueur font perdus. Tout eût tourné à bien, fi l'on eüc
apporté à la chofe une attention fimple & facile.
Il me femble entendre quelqu'un qui m'arrère en cet endroit, pour
m'objecter la dépenfe, Mais outre que l’eau-de-vie de grain & Je taña
font à fi bas prix, l’un dans les Indes , & l’autre en Amérique ; les con-
feils que je donne, ne peuvent avoir lieu que dans des cas rares &
importans , s'il s'agit de grands animaux ;.s’1l eft au contraire queftiea
476 MN SE TMNON ET CR DE
d'animaux de groffeur médiocre ou de perits animaux, la dépenfe
qu’exige leur confervation eft fi modique , qu’elle ne peut fournir de
motif d’objeétion. Quant aux grands animaux, c’eft à ceux qui les de-
mandent ou qui veulent les conferver, à calculer les frais. Je n'ai
dû qu'’indiquer les moyens de confervation. Si cependant un homme
puiffant par fes emplois ou fes richeffes , vouloir faire paffer des pays
étrangers dans le nôtre, quelques-uns des grands animaux inconnus ou
mal obfervés, qui errent dans les forêts , qui pâturent dans les plaines,
qui bondiffent fur les montagnes, qui fe cachent dans les goufres de la.
mer, ou qui nâgent dans le lit des grands fleuves, qui oferoit condam-
ner fon zele ? Qui taxeroit fa curiolité de luxe? Qui borneroit l'atilité qui
en pourroit réfulrer, quand ces animaux livrés à l’Anatomifte , lui fourni-
roient fous fa main un nouveau fil qui le conduiroit dans le labyrinthe,
au fond duquel fon art eft caché ; quand éclairé par la connoïffance nou-
velle de leur ftruture, il leveroit d’une main mieux affermie le voile
qui couvre le myftere de la génération ; il démontreroit avec plus de
certitude le rapport , la fympathie des vifceres, la correfpondance des
nerfs, leur texture, leur ufage, la RbHAUe du cerveau & fes fonc-
tions ? Qui ofera dire où fe termineroient les lumieres & l'utilité qui
en pourroient réfulter ? Loin donc de n'arrêter, en m’objeétant une
dépenfe modique , que ceux qui ont la voix forte & perfuafive s’uniffent
à moi, pour exciter les hommes riches ou puiffans à concourir au bien
de l'humanité. La nature eft un champ immenfe , une mine incpuifable.
Mais ni l’un ni l’autre ne fournit rien , fi l’on ne cultive le premier, fi
l'on ne fouille autre, & à peine poffédons-nous des échantillons, des
richefles que tous les deux renferment.
J'ai parlé des liqueurs confervatrices en général ; il faut les examiner
chacune en particulier. L'efprit de vin & l’eau-de-vie font des huiles
fubriles, pures, éthérées. Elles brülent fans répandre de fumée , &
ne laiflent de réfidu après l’inflammation qu’un phlegme limpide, ténu,
purement aqueux. Le tafa & l’eau-de-vie de grain font moins fubtils,
ils répandent de la fumée en brûlant, & laiffent après l'inflammation un
rélidu gras, jaunâtre ou noirci par l’aétion du feu.
La fubrilité, la pureté, la limpidité de l’efprit de vin & de l’eau-de-
vie les rendent les liqueurs les plus propres à la confervation des ani-
maux. Le taña & l’eau-de-vie de grain laiffent fur Les corps qu’ils ont bai-
gnés un vernis gras qui eft le dépôt de la fubitance onétueufe qu'ils con-
tiennent. Ce défaut eft furrout celui du tafña ; on pourroit l'en corriger
& le rendre plus propre à l’objet dont je traite, en mêlant à la quantité
de tafñæ qu'on deftineroit à conferver des animaux , avant de le diftilles
une certaine quantité d’alkali, ou fimplement de cendres. On pourroit,
fi l’on ne vouloit pas recommencer la diftillarion, faire bouillir feulement
le tafiaa près y avoir mêlé des cendres ; il fe formeroit une écume qu'on
rejetteroit s
/
,, 1 CE O8 OS Ne UE © 477
rejeteroit , on laïfferoit repofer la liqueur , & on la verferoit par incli-
naifon dansle vafe où l’on voudroit la conferver. L’alkali s’empareroit de
la plus grande partie de la fabitance grafle, & le raña feroit meilleur pour
l'ufage que nous nous propofons.
- Un autre défaut du raha & de l’eau-de-vie de grain, c’eft d'être ex-
ceflivement defficatifs. Les corps des animaux qui y font demeurés
plongés pendant quelque temps, perdent beaucoup de leur fubftance.
Ces liqueurs extraient les graïles, la lymphe, le fang & tous les fluides;
elles réduifent les chairs , les cartilages , les membranes à l’érar de fim-
ples faifceaux de fibres fans fuc. Cetre action des liqueurs eft caufe que les
animaux, au bout d’un certain temps d’immerlon, ont perdu peut-.
être plus du tiers de leur volume. Leur peau eft en mème temps corro-
dée, leurs pieds font -décharnés , la fubftance ‘de leur bec eft ufce, &
celle même des plumes ou des poils fe trouve alrérée. La peau eft en
même temps fi ufée, qu’on doit la traiter avec beaucoup de précaution
pour ne pas la déchirer ; il faut, & de l'art & de la patience pour dé-
pouiiler l'animal , & remplir enfuite fa peau fans l'endommager. Si le
bur .eft d’obferver les vifceres, on les trouve rétrécis ; [acornis:,!
fans foupleffe, fans flexibilité. On en diftingue à la vérité la malle,
mais on a bien de la psine à en développer le tiflu. Il eft très-difficile
de féparer les membranes, de découvrir les canaux fins & déliés ;-dont
la recherche eft l’objet le plus important.
Il eft cependant un moyen de remédier à l'intempérie deflicative du
taña & de l'eau-de-vie de grain 3 c'eft de les affoiblir en y mêlant un
quart ou un tiers de leur malle d'eau douce diftillée où au. moins
d’eau crès-claire. La liqueur en devient en total moins limpide, elle
prend un œil laiteux; mais le tout et fans inconvénient. Celui qu'on
doit craindre, c’eft de diminuer la vertu confervatrice dés liqueurs. Voici
Comment on peut remédier à tous les obitacles qui fe préfentent. Lorf-
qu'on veut envoyer des animaux dans le taña ou dans l’eau-de-vie de grain,
il faut auparavant laifler désorger ces animaux dans ces mêmes liqueurs ,
les changer jufqu’à ce qu’elles ne fe troublent plus, & alors mettre les
animaux dans des bariques remplies de taña, ou d’eau-de-vie de grain
affoiblis d’un tiers d’eau. Les animaux ayant été dépouillés dans les pre-
mieres inmmerfions des parties patrides , le rafña ou l’eau-de-vie de grain,
quoiqu'affoiblis, conferveront les animaux auf long-temps qu'on le
voudra, & ils n'auront plus affez de force pour les delfécher outre me-
fure. ;
Je réfume & je dis ; il faut employer par préférence l'efprit-de-vin &
l'eau-de-vie ; on peut fe fervir du tafña & de l’eau-de-vie de grain, mais
ilne faut les employer qu’en les affoibliffant parle mélange d’un tiers
d'eau ; il ne faut faire ce mélange qu’en traitant la derniere liqueur où
Tome II, Partie XII, Ppp
47: 23 SENS EE ONRE AAC PRE CE
l'on plonge les animaux, & il.faut auparavant les avoir fair dégorser-
dans le tafia on l'eau-de-vie de grains, purs.
Il me refte à parler des précautions qu'on doit prendre en plongeant:
les animaux dans les liqueurs confervatrices, où de la maniere de les-
arranger dans les bariques. Si l’on n’a que l’anatomie en vue, les pré-
cautions dont j'ai parlé font fuffifantes ; mais fi l'on fe propofe d’en-
voyer des animaux qu’on puilfe un jour remonter, il faut fe donner
d’autres peines, & apporter des attentions que je n’ai pas encore fait
connoïître. Les animaux plongés au hazard dans la liqueur y Aotreront ;.
ils y feront poullés de côté & d'autre; ils s’agiteront les uns contre
les autres, dans le temps que le vaiffeau où les bariques feront char-
gées, fera battu , tourmenté , élevé, précipité par les flots. Les poils ,
les plumes s’hérifferont, fe défuniront, s’uferont, feront arrachés, ou:
prendront de faux plis, & des politions à contre-fens, que l’art le plus
ingénieux ne pourra leur faire perdre par la fuite. Il ne faut donc pas fe
contenter de plonger les animaux dans la liqueur, les y abandonner au:
hazard de ce qu’ils pourront devenir; mais on doit placer en travers des.
bariques défoncées par un bout & pofées fur l’autre, des traverfes de-
bois , affujéties avec des clous qui palfent à travers le bois de la barique-
pour gagner les rraverfes; il faut envelopper chaque animal dans une
toile qui le ferre, en prenant garde de chiffoner fa robe, foit qu’on:
coufe la toile, ou qu’on l’affujéufle par un fil qu'on tortille autour, &
qu'on noue aux deux bouts, Enfuite on pafle au bout de la toile, où ré-
pond la tête de l'animal , un fil ou une corde fuivant le poids, & on
attache ce fil ou-cette corde à une des traverfes.. Par ce moyen, quelle
que foit l'agitation de la barique, les animaux flotrent toujours au mi-
lieu du fluide qui amortit les coups ; les linges empèchent que les poils
ou. les plumes ne fe dérangent, ne foient ni froiffés , ni ufés & arrachés,
Il faut, autant qu’on le peut, que les bariques foient affez longues , pour
que les animaux y aient toute leur étendue. On remet-enfuite le fond de
la barique, après l’avoir bien remplie ; car c’eft encore une attention.
qu'il faut avoir de la remplir autant qu'il eft poflible. On prend enfuire-
les précautions néceflaires, pour que les matelors, efpece de gens à qui
Ja mifere & la grofliereré rendent tout propre, & dépouillent de toute
efpece de célicatefle, ne percent pas les bariques, & ne boivent pas la
liqueur qu’elles contiennent. On y parvient en mettant la barique dans
an tonneau plus grand, ou en l’entourant de beaucoup de paille , & l’en-
veloppant d’une toile gaudronée. Malgré ces précautions, il arrive quel-
quefois que les marelots percent les bariques, & trouvent le moyen
de boire la liqueur qu’elles contiennent. Cela feul devroit empècher lu
fage que quelques-uns recommandent, de mêler des poifons aux li-
queurs dans lefquelles on envoie desanimaux , quand même ces confeils-
me feroient pas d’ailleurs pernicieux & inutiless.
=. ya
INRA ETIIEE LRMUTE" VDVNE!. | ee 479
Jufqu'ici je ne me fuis occupé que des moyens propres à conferver les
animaux qu'on veut envoyer de pays éloignés, qui ont un long trajet à
parcourir, & beaucoup de temps à pafer dans les bariques avant de par-
-venir à leur deftination. Si au coutraire on ne veut que faire paller des
animaux d’une province à une autre ; s'ils doivent arriver à leur deftina-
tion dans l’efpace de quinze jouts, ou même d'un mois, il eft inutile de
les plonger dans les liqueurs confervatrices fpiritueufes. Si c’eft en hiver,
ou depuis le mois de Novembre jufqu’au mois d'Avril, il n°y aura aucune
précaution à prendre, furtour fi le temps eft fec & froid ; mais fi c'eft en
été, eu qu'en hiver le remps foit humide, les animaux pourront encore
fupporter un délai de quinze jours & plus fans fe corrompre , & fans
qu'on ait recours aux liqueurs fpiritueufes, en ufant du moyen fuivant.
11 confifte à employer des plantes aromariques defféchées & réduites en
poudre grofliere ; telles que le laurier franc, la fauge, les fleurs de la-
vande, le thym, le bañlic, le poulior, & des plantes ameres ; telles
que l’abfynthe , la rhue, la tanaifie, l’aurone, les fantolines, &c. IL
n'eft pas néceffaire de réunir routes ces plantes ; deux ou trois, une feule
même, fi elle eft très-aromarique, fufhir. On fait fécher ces plantes à
l’ombre , on les réduit en groife poufliere, & on les conferve pour le
befoin dans des boëtes bien fermées, où elles ne perdent rien de leur
principe aromatique ou amer & volatil. On fait un lit de ces poudres au
fond de la boëte où l’on veut envoyer un animal; on le couche fur ce
lit, on le recouvre enfuite de la même poudre qu'il ne faut pas épar-
gner. On a foin d’en introduire entre le corps & les cuifles, le corps &
les aîles des oifeaux, & d’obferver que l'animal entier en foit tout-à-fait
couvert. Ces poudres rerardent la putréfaction , elles l'empêcheroient
même totalement , fi les animaux n’avoient que peu de volume, & ils fe
deffécheroient fans fe corrompre. On peur, en ufant de ce moyen, en-
voyer des animaux de cent & deux cents lieues pat les meffageries & les
voitures ordinaires , comme je m'en fuis afluré par des expériences heu-
reufes & réirérées.
Si l’on eft au fort de l'été, ou que les animaux que l’on veut envoyer
foient fort grands, ou de nature à fe corrompre ou à fe deflécher prom-
ptement, tels que font les poiflons , les reptiles, tous les oifeaux qui fe
nourriflent de vers ou d'infeétes, alors il eft indifpenfable d'avoir re-
cours aux liqueurs confervatrices. Cependant il en eft une dont je n’at
pas encore parlé, parce que je ne fuis pas afluré qu’elle foit efficace pour
un long efpace de temps, qui peut fufhire pour conferver les animaux
qu’on y plonge un mois & plus, & qui n'eit pas difpendieufe comme
l'efprit de vin & l’eau-de-vie , les feules liqueurs dont on foit à portée de
faire ufage dans nos climats. Celle dont je parle, n'eft que de l'eau or-
dinaire faturée d’alun. Ce fel lui communique une qualité fhiprique, an-
tiputride & acide , qui réfifte pailfamment à la fermentation. J'ai con-
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fervé dans de l'eau ainli favavée d’alun pendant cinq & fix femaines , des
animaux querje n'avois pas Le remips de difféquer au moment où je Îes
avois reçus, & pour lefquels je ne voulois pas faire la dépenfe de les
plonger dans l'efprit-de-vin où dans l’eau-de-vie. Ils s’y font parfairement
confervés.. Je n'ai eu d'autre attention que de renouveller l’eau une où
deux fois, quand j'aivu qu'elle commençoit à trop fe charger du fang
.qu'elle avoit-diflous, enfin à fe troubler. Je crois donc qu'en plongeant
- dans de l’eau dluminéé, des animaux qu'on. voudroit faire paller d'une
province à une autre, en les gardant cinq à fix jours, & les changeant
d’eau deux fois danser efpace de temps , les enfermant enfuite dans une
barique pleine d’une pareille eau, ils arriveroient en bon état aû bout de
trois femaines ; 8: mème d’ünmois de route,
Il: faudrait déterminer:la quantité d’alun, par rapport au velume d’ean..
. Cell ce que j’avous que je n'ai pas fair ; mais dans les elfais que j'ai tentés,
l'eau: étoit faturée ‘d’alux aupoine qu'il commençoir à eryftallifer
fur les bords du vafe contenant, au bout de vingt à vingt-quatre heures ;
ce qui prouve que l’eaë.que j’employois,éroit farurée autant qu’elle le peut
être à froid, Je crois que cet effai mériteroir d’être fuivi, que ce feroit
-peut-être un:moyen de plus pour conferver les animaux, & un moyen qui
diminueroir beaucoup la dépenfe. Jene me fuis pas apperçu , dans les.
refais que j'ai faiss, qu'il en réfalrât aucun mauvais éffte,
+. Si l’on vouloitépargner la dépenfe dans l'afage que je propofe de l’a-
lus, on pourroit ne pas perdre celui qui auroir été dilfous dans les:pre-
mieres eaux où on auroir plongé ‘les animaux. 11 ny auroir qu'à fire
évaporer: Peau; opération qu’on accélereroir en la mertant far le feu ;on:
wouvetoir l’alun cryftallifé au fond & autour’ du vafe: Mais il faudroit
-dans certe expérience fe fervir de rerrines de grès ou de terre, & non
pas de vailfeaux de cuivre. J'exhorte les perfonnes qui en auront le loifir,
à dérerminer les propricrés de l’eau faturée d’alun , & à nous apprendre-
fi ce moyen ne feroir pas très-bon pour conferver les animaux, les ren-
dre pendant long-temps incorruptibles, & les envoyer de très-loinà:
forc peu de frais.
On pourtoir encore effayer les propriérés de l’eau faturée de vitriof,
deinitre & de: fel commun ou fél.marin. Il y a quelques perfonnes qui
Æont.dansl’habitude de conferver les animaux defféchés, en les vuidant,
en: foulevant la peau en différens endroits du corps, & en introduifant à
la place des vifceres, &entre les chairs & la peau, de l’alun, du vi
wiol & de la chaux en poudre. Cette méthode ne vaut rien, parce qu'on
ne parvient, en l’employant , qu’à avoir des animaux déformés, maigres’.
décharnés ; mais elle indique combien l’alun& le vitriol ont de: force
pour réfifter à la purridité.
Je-ne me fuis encore occupé que’des moyens d'envoyer les animaux
dans les liqueurs confervatrices. Les perfonnes dant l’Anatomie eft le.
—
DNAMEG UT ET CORRE LDIMT) :E. FLE
bat, me pardonneront le temps que j'ai employé ; mais celles qui n’ont
en vue que de recevoir des animaux propres à étre montés, à orner
une colleétion, & à faire fpeétacle, le regarderont comme perdu. En
effec , les animaux qu’on envoie dans la liqueur , quelques foins qu'on
ait pris, perdent toujours quelque chofe de leur beauté; & fi lon veut
que ceux qu'on ramalle , foient aufli propres à être remontés qu'ils peu-
vent l’être , 1l faut n’en envoyer que les peaux. C’eft l'objer dont je vais
m'occuper.
Maniere d’écorcher les Quadrupedes & les Cétacés,
Is faut pofer ces animaux fur le dos & faire au ventre une incifon lorr-
gitudinale, depuis le milieu de la poitrine jufqu’à l'anus. Si les animaux
font petits ou de taille médiocre, certe incilion fuffira. On prendra
des doigts de. la main gauche la’peau d’un des côtés de l’incifion , on la
foulevera , on la dégagera d’avec les chairs en paffant entre deux d’abord
Ja lance , & enfuire le manche d’un fcalpel, ou à fon défaut celui d'un
couteau à lame & à dos applatis. On dégagera la peau le plus avant qu'il
fera poflible, en fourrantle plus-avant qu’on pourra le manche du fcalpel,
les doigts , la main entiere, fuivanc le volume de lanimal. Lorfque la
peau fera dégagée d’un côté on pallera à l’autre, & l'on fe conduira de
la mème maniere. Si l’on a bien réufli:, prefque toute la peau fera dé-
gagée d'avec le corps ; elle n’y tiendra plus que le long. de l’épine: du
dos, & ne fera plus que comme un fac. Mais les cuifles , les épaules dans
les quadrupedes , &les parties qui y correfpondent dans les céracées fe-
ront encore engagées. On failira une de ces parties de la main gauche,
on la retirera en-dedans en refoulant la peau en-dehors de K imain
droire, en la détachant d'avec les chairs; tantôt avec la lance, le dos
du fcalpel, ou avec les doigts 8 la main fuivant les circonftances ; quand.
d’ane cuifle, par exemple retirée en-dedans, la peau qui la couvroic
étant rejertée & retournée en-dehors, ou fera parvenue jufqu’à-la jambe
qui s'écorchera comme une anguille donton retourne la peau, ouumbas,
ou un gant qu'on retourne , & de la jambe jufqu’au pied, alors on-cou-
pera les chairs, & on féparerales os dans l'articulation de la jambe avec
le pied. On traitera de même chaque membre, on écorchera de même:
la queue ; & quand on trouvera trop de dificulté, trop de réfiftance,
car l’extrèmité fe dérache plus difficilement , on coupera en-dedans k
queue écorchée à l'endroit où l’on aura jugé par la réfiftance, que fi:
l'on eut continué à employer la force, on auroit rompu la peau plutôt
que de la détacher. Il ne reftera plus que la tère, à laquelle adhere en-
core la peau ; on la rejerrera en la doublant pardeffus la tère, & on la
dégagera avec la lance du fcalpel , car en cet endroit, le tiflu cellulaire
eft plus ferré ,.plus.ferme , plus adhérent , le plus loin qu'on pourra,
432 MT FRONT RTE
c'elt-a-dire jufque vers les yeux & les mâchoires. On coupera le col à fa
jonction avecle corps qu’on enlevera, on nétoiera la tête le mieux qu'on
pourra , en enlevant les chairs avec le fcalpel. On fera avec un inftrumenc
tranchant, dont la force fera proportionnée à celle des os, une ouver-
ture au derriere de la tête par laquelle on vuidra la cervelle,
Le procédé que je viens de décrire, fuffic pour les petits animaux &
pour ceux de taille médiocre ; mais pour les grands, tels que le chevreuil,
& audellus, outre l’incifion longitudinale fous le ventre, il faut en faire
une autre longitudinale fur chaque membre , enforte que ces quatre
incifions fe réuniflent à cellequ’on a fair fousle ventre , & foient comme
quatre branches qui naillent à fes extrèmités à angle droit. Chacune de
ces quatre incifons fert à dégager les membres, le reftë doit s’opérer
comme je l’ai décrit.
Il fuir, de la maniere d’écorcher les quadrupedes & les cétacés, que la
tête, avec fes appendices, fi elle en a, telles que les cornes, les bois, telles
que les pieds & la queue , ou les partigs qui y correfpondent, doivent
demeurer attachés à la peau. Occupons-nousdes rnoyens de ne pas falir la
robe en écorchant l'animal, ce dont je n’ai pas parlé pour ne pas jetrer
de confufon dans mon objer. Le fang , la lymphe, la graifle font les
matieres dont on a à craindre les émanations. Il faut pour s’en mettre à
l'abri, en écorchant un animal, tenir auprès de foi du coton, de la
filafle , ou autre fubftance quelconque analogue, & avoir dans un vafe à
fa portée une poudre compofée de parties égales de chaux éteinte & d’a-
lun. À mefure qu'on enleve la peau , on la frotte avec cette poudre qui
imbibe l'humidité, qui en même temps produira l’effer de deflécher &
de prévenir la corrupti n. Quand l'ouverture devient plus large , on gar-
nit les Bords de la peau de coton , ou d'autre matiere analogue ; pour
empêcher que la peau ne fe falifle en touchant aux chairs ; mais on a
toujours foin de frotter & d’enduire la peau de la poudre de chaux &
d'alun ; elle doit en être couverte dans route fon érendue en-dedans. Il
faut furtout en employer à la tète, & en introduire dans toutes fes ca-
vités, parce qu'il refte plus de chairs en ces parties que dans tout le
refte du corps. Il faur par la mème raifon en enfoncer entre la peau &
les chairs qui reftent aux pieds. Il faut fe garder d'employer de l’alun
calciné ou de la chaux vive, comme quelques perfonnes le font. Cette
poudre eft cauftique, & brûle les peaux ; au défaut de chaux & d'alun,
on pourtoit fe fervir de tan ou d’écorce de bois neuf réduite en poudre,
ou même de cendres.
La peau étant enlevée & enduite en-dedans d’une couche de poudre
defficative , il faut la remettre dans fon état naturel, la remplir légere-
ment de coton, de filaffe, de paille, ou de foin bien fecs; en rem-
plit de même l’étui des jambes, & fi on l'a ouvert l’en remplir & le re-
coudre ; rapprocher de même la peau du corps, & la laïller quelques
NM AT UN PRUFES. ILE, E, 433
jours à l'air , plus ou moins fuivant la grandeur de l'animal, pour qu’elle
fe deffeche.
Quand on juge que la peau eft fuffifamment féche, il faut la renfer-
mer , s’occuper des moyens de la garantir des infectes deftruéteurs , &
des moyens qu’on doit prendre pour l’envoyer dans le imeilleur érac
poflible. :
Faites faire une boëte d’un bois réfineux, tel que le cyprès, le cedre ,
le citronier , le pin, dans les pays chauds, le fapin ,.la melefe, &c.
dans les pays froids ; que le couvercle de cette boëte foit une piece mo-
bile dont les côtés en arrête foient reçus , & gliffent dans une couliffe ;
que l’extrémité de ce couvercle s’engage de même dans une rainure creu-
fée fur le derriere de la boëre ; faites-la peindre, fi vous en avez la’
commodité, en-dedans &en-deflous , avec une couleur à l’huile ; ou fi
vous ne le pouvez pas, & avant de la faire peindre, fi la chofe eft pof-
fible , colez cette boëre en-dedans avec un fort papier ; employez une
cole qui ait été faite avec de l’eau, dans laquelle ait bouilli à grande
dofe & longtemps quelque plante amere, comme coloquinte ou quin-
quina , ou autre; ayez tout prêt un amas de poudres de plantes ameres
& aromatiques ; tous les payséen fourniflent :que ces poudres foient
bien feches ; mélez-y du tabac en poudre bien fec, du poivre, du gin-
gembre , du camphre fi vous en avez, de toutes les drogues que vous
aurez fous la main ,. dont l’odeur eft forte & aromatique ; mais furrout
moabliez ni le tabac, ni le poivre. Ne croyez pas qu'il faille mulripliec
les efpeces d’aromates. Un D fuffire en grande dofe ; mais quand
vous le pouvez',. mêlez-en plufieurs enfemble. Etabliffez fur le fond de
la boëte une couche de poudre , étendez y la peau, recouvrez:la de
poudre, de maniere à ne la plus voir.
Voulez-vous faire un envoi, rempliffez une pareille boëte alrernari-
vement de lits de poudres aromatiques , de lits de peaux, &c. emplif-
fezbien la boëte , & que les objets y foient foulés; merrez-en d'inutiles
en-deflus , comme coron, foin bien fec , &c. plutôt que de laiffer du
vide. Fermez la boëte, enveloppez-la d’une toile goudronte, s’il eft
poffible. Il n’eft cancrelats, poux de bois, infeétes quelconques qui
puiffent pénétrer ou vivre dans une pareille boëte. Les objets qu’elle
contient, quelque temps qu'ils foient en route, arriveront intaéts. Ne:
vous fervez pas ni pour remplir les boëtes, ni pour fauver les animaux ,:
de plantes marines, telles que les-fucus, l’algne , &c. Ces plantes con-
tiennent du fel marin qui attire l’eau, & qui entretient dans les boëtes
une humidiré nuifible. Il eft inutile aufli que vous ayez recours à ces mé-
thodes dangereufes , inutiles & trop acréditées, fuivant lefquelles on*
emploie les poifons les plus terribles, Cer ufage s’elt introduit dans plu-
fieurs colonies, & furtour à Cayenne. Prefque rous les animaux qu'on:
enreçoit, font imprégnés de fublimé corrofif, ow d’arfénic qui y eftem”
484 ; Hi TS TNOMIN RE
fi grande dofe, qu'en maniant ces animaux , la chaleur feule des mains
en fait exhaler une odeur d’ail. Ce n’eft pas fans rifque, & pour celui
qui envoie , & pour celui qui reçoit les animaux ; & c’elt cependant fans
avantage pour leur confervation , quand on a pas eu foin d’ailleurs de les
garanur, en les enfermant bien. J'ai reçu bien des fois de pareils ani-
maux qui étant échauffés , exhaloïent une odeur infupportable d'ail,
qui n'en éroient pas moins dévorés & couverts d'infectes vivans , parce
qu’on les avoit enfermés avec négligence ; mais en prenant les pré-
cautions que j'indique, qui font fans aucun rifque, je puis certihier que
les animaux arriveront en bon état après le voyage le plus long.
Des Oifeaux,
On prend les oifeaux au piége, au filet, aux lacets, à la pipée, ou
en les tue avec l'arc ou le fuñl.
. On ne prend que les oifeaux de proie au piége, & cette méthode a
pat rapport à ces animaux , les mèmes inconvéniens qu’elle a pour les
quadrupedes. Ce ne font au contraire que les petits oifeaux qu'on prend
au filer & avec les lacets ; mais on les a par ce moyen, aufli bien con-
fervés qu'ils puiffent l'être.
On fait la pipée par le moyen de bâtons enduis de glue, qui colant les
plumes les unes avec les autres, Otent aux oifeaux la faculté de pouvoir
voler. Les oifeaux pris par cette méthode, ne peuvent gueres fervir à en-
trer enfuite dans une collection. La glus eft une forte de réfine excefli-
vemenr tenace, que l’eau ne diffout pas, # que l’efprit-de-vin n'en-
leve qu'imparfaitement. Les plames qui en font une fois imprégnées,
le font pour toujours. La chaffe avec l'arc ou le fufil , eft le moyen le
plus facile pour abattre les oifeaux, & celui par lequel on peur s’en pro-
curer davantage. Je préfererois , pour les oifeaux, ainfi que pour les qua-
drupedes, l'arc, quand on fe trouve à portée d'en faire ufage.
On peur envoyer , : infi que les quadrupedes, les oifeaux entiers , ou
feulement leur peau. Je renvoie pour la maniere de les faire partir en-
tiers, à ce que j'ai dit à ce fujet, en parlant des quadrupedes. Il n'y a
point de différence pour la qualité de la liqueur qu'on doir choifir , pour
les précautions qu'il faut prendre en arrangeant Îles oifeaux dans les ba-
riques. Si l’on n’a deflein de n'envoyer que des peaux, il faut écorcher
les oifeaux, & il y a à cet égard peu de différence dans la maniere de
procéder que j'ai décrite, en traitant du même fujec par rapport aux
quadrupedes. Cependant comme cetsobjet qui elt de iprarique, eft dif-
ficile à faifir par la voie de la defcriprion , je crois devoir le répéter.
Pofez fur le dos loifeau que veus voulez écorcher ; qu’il foir étendu
fur une table. Affeyez-vous devant, de maniere ‘que la queue de l'oi-
feau foir du côté où vous vous afleyez. Ecartez avec le manche d'un
fcalpel à droite & à gauche, les plumes qui couvrent la poitrine. Vous
verrez
isri USER AR di ie à fAANa de
ta j
Naim oi tate "Dir x: 455
verrez qu'il y a dans fon milieu un efpace dévarni de plumes; faires fur
cet endroit une incifion longitudinale, comimencez-la au haut du bre-
cher, & conduifez-la un peu audeffous de fon extrémité. Prenez avec
les doigrs de la main gauche , ou faififlez avec une pince, la peau d’un des
côtés de l’incifion ; détachez certe peau d’avec les chairs, d’abord avec
la lame d’un fcalpel , enfuire avec le dos du même inftrument:, ou avec
les doigts & la main entiere, fuivant la groffeur de l'animal ; foulevez
la peau, & la dérachez des chairs le plus avant que vous pourrez, en
enfonçant, & fur le coté & en haut vers col, & en bas vers l'anus.
Quand vous êtes parvenu d'un côté, le plus loin qu’il vous eft poflible ,
faites la même opération de l’autre. Craignez vous en enfonçanr le man-
che du fcalpel ou les doigts, de percer la peau? que les doigrs de la main
gauche répondent toujours en-dehors à l’action du fcalpel , ou à celle des
doigts de la main droite en dedans de la peau. Le raét vous avertira de
fon état, de la force qu’elle a pour réfifter ,:& fi l'effort que vous faires
n’eft pas au-deflus de fa force réfiftante.
Quand la peau eft détachée des chairs aufli avant qu’elle peut l'être
fur les côtés, en hauc vers le col, & en bas vers l'anus , alors faiGilez
le col un peu audeflus de fon articulation avec le corps ; tirez-le en-dedans
de la main droite, repouifez la peau de la main gauche, détachez-la du
col ; & quand vous êres parvenu à l’en féparer dans un point circulaire,
coupez le col avec de forts cifeaux ou avec un couteau, fuivant la grof-
feur de l’animal. Le col étant {éparé d’avec le corps, il faut opérer fur
les aïîles. Vous en retirerez une en-dedans , en la faifant vers fon moi-
gnon avec la main gauche , tandis que de la droite vous refoulez la peau
en-dehors, vous la détachez des chairs. Quand vous êtes parvenu au pli
de l'aile, alors vous coupez les chairs, & vous féparez les os dans l’ar-
ticulation. Vous remettez la peau dans fon état, & vous opérez de la
même maniere fur l’autre aîle. Quand toutes les deux font dégagées &
féparées d'avec le corps, vous remettez la peau dans fon état, & vous
pallez aux cuiffes. Vous les dépouillez comme les aîles l’une après l’autre,
en retirant chacune en-dedans d’une main, refoulant de l’autre & déra-
chant la peau ; lorfqu’opérant fur chaque cuifle en particulier, vous
en avez reriré une en-dedans , & vous l’avez dégagée de fa peau jufqu’au
bas du pilon ou jafqu’au genou , alors vous féparez les as dans cerendroit,
qui eft celui où la cmfle s'articule avec la jambe. Le col, les aïles, les
cuilles étant féparés d'avec le corps, vous en faifffez la mafle de là main
gauche ; vous la foulevez de cette même main, tandis que de la droite,
vous déprimez, vous féparez la peau qui tient encore au dos. Bientôt
elle n’adhere plus qu’au feul croupion. Quand il.eft à découvert, vous le
coupez en-dedans de la peau , un peu au-deffous de l’endroit où il s’ar-
ticule avec le corps. abc n’adhere plus par aucun point à la peau;
vous l'enlevez & le mettez de côté, Vous revenez au col, vous en pre-
Tome II, Pare, XIL Qqq
136 PIN TRS TI OBRTRRRTE
nez le bout avec la main gauche; dela droite , vous doublez la peau en
la retournant; vous tirez le col à vous de la main gauche, & vous re-
foulez la peau de la droite. Le col fort comme le corps d'une anguille
qu'on écorche, ou comme le bras d’un gant qu’on retourne. Parvenu à
la rère, vous vous arrêtez quand vous êtes vers fon milieu ; vous déta-
chez avec le tranchant du {calpel la langue fur les côtés fans la couper ;
vous féparez le col à fa jonétion avec la tère, & avec le col vous em-
portez la langue , l'æfophage ou le conduit des alimens & la trachée ar-
tere ou le caual qui fert au paffage de l'air pour la refpiration. Il ne refte
plus qu'à agrandir le rrou qui et naturellement derriere la tète, & par
où palfe la moëlle épiniere. Ayant agrandi ce trou avec des cifeaux, ou
avec un foret, ou un couteau felon les circonftances, vous vuidez la
cervelle, vous remetrez enfuite la peau dans fon état naturel, vous la
rempliffez légerement de coton ou d’une matiere analogue ; vous obfer-
verez de mettre peu de coton dans le pli des ailes. La peau flafque en cet
endroit peut vous tromper ; elle prête beaucoup, mais il faut la remplit
très-peu ; au contraire, il faut avoir foin de fourrer la peau qui envelop-
poit Les cuilles, & de les marquer. Votre opération étant finie, vous
contraignez l'ouverture de la peau par quelques points de future; vous
remettez les aîles dans leur pofñrion, & vous les y retenez en entourant
tout le corps d’un ruban ou d’une ficelle. Il refte encore les yeux, qu’il
faut enlever, en les arrachant avec un fer pointu & courbé , en pre-
nant garde d’endommager les paupieres, puis prenant un coté de la
paupiere avec le bout d’une pince, le foulevant d’une main, vous in-
troduifez de l’autre main du coton pour en remplir la cavité. On peut en-
core exécuter autrement cette opération. En voici la maniere. Quand
redoublant la peau du col , on elt parvenu à la tête, on continue de re-
doubler la peau jufqu’à ce qu’on découvre le globe des yeux. On le fe-
pare de la membrane qui l’attache aux paupieres avec la lame du fcalpel ;
on remplit l'orbite ou la cavité de l'œil de coton qu'on foule bien &
qu'on a roulé auparavant dans fes doigts pour le rendre plus denfe ; reti-
rant énfuite la tête en-dehors, les yeux fe trouvent fermés comme ils
doivent l'être.
Il eft inutile que j'avertifle, qu’en écorchant les oifeaux, il faut ap-
porter les mêmes foins qu’en écorchant les quadrupedes , pour ne pas
falir les peaux; qu'en conféquence il faut renir près de foi du coton
ou autre fubftance analogue pour s’en fervir au befoin, & qu'il faut de
mème avoir à fa portée un mélange de chaux & d’alun en poudre pour
en imprégner la peau dans toute fon étendue, & en introduire furtout
aux ailes & vers la tête où il refte le plus de chairs. Il faut auf de
même laiffer fécher les peaux quelques jours à l'air, puis les renfermer
âvec foin, prendre à cet égard, ainfi que pour les envoyer, toutes les
précautions que j'ai déçaillées en parlant des quadrupedes,
NAT UR MZ. E x, 487
Quelqu'attention qu'on apporte à fon opération en écorchant les oi-
feaux, ou en les chaffant, leurs peaux fe trouvent fouvent falies par
trois accidens différens; par la vafe fur laquelle ils couchent; par le
fang qui fort des plaies ; par la grailfe, qui au bout de quelque temps s’at-
ténue , devient fluide & s’imbibe dans les plumes. La vafe fe néroie aifé-
ment, par le moyen de l’eau feule ; le fang, quand il eftune fois fec, s’en-
leve difficilement ; l’eau ne le diffout que très-imparfaitement; les plu-
mes en reltent colorées, à moins qu'on ne fe ferve d’eau dans laquelle
on à fait diffoudre du nitre en grande dofe. Ce fel eft peut-être la feule
fubftance qui ait la propriété de rendre la partie rouge du fang defléchée ,
parfaitement mifcible à l’eau, & par conféquent de fournir le moyen
d'en nétoyer les objers qui en font falis. On enleve la graifle en fai-
fant ufage d’une eau de leflive, c’eft-à-dire d'eau chaude qui ait filtré à
travers des cendres de bois neuf.
Des Poiffors & des Reptiles.
Exvain notre vanité s’applaudit-elle du fpeétacle que la nature étale
à nos yeux, de l'élégance, de la variété, du coloris des fleurs, de la
magnilicence des quadrupedes , de la beauré & du fafte des oifeaux , de
l'éclat & du luxe des infectes. Les gouffres de la mer, les antres des
rochers aux pieds des montagnes, le tronc des chènes antiques creufé
dans les forêts par les mains du temps, la fange des marais recelent &
cachent des richeffes, dont l'éclat ne rejaillit pas jufqu’à nous. Les poif-
fons que nous connoilfons peu , que nous voyons rarement , que nous
ne poilédons qu’en les tirant de leur élément , les ferpens que nous
fuyons , les léfards qui nous évitent, les animaux mème du genre du
crapeau , qui nous repouflent & ne nous infpirent que de la répugnance ,
font peut-être en général les animaux que la nature a peints de fes cou-
leurs les plus vives, qu’elle a touchés de fes pinceaux les plus riches &
les plus brillans. L'or & l'azur fontleurs moindres ornemens ; on voit
étinceler fur leurs robes & jufque dans leurs yeux, l’éclar de la ropafe,
de l’opale, du rubis, de l’éméraude , & routes les couleurs que réfléchif
fent les méraux polis. Dans les autres productions de la nature , les cou-
leurs ne font que des nuances , que des combinaifons ; elles font neu-
ves & primitives dans les poiffons & les reptiles, & celles que le prifme
nous les fait appercevoir , en divifant un faifceau de lumiere ; mais elles
font palfageres , elles tiennent au principe de la vie, & s’éreignent avec
lui. 11 Faut pour en jouir ,'les voir briller fur des poitlons ou fur des rep-
tiles vivans. 11 n’eft peut-être pas de fpeétacle plus varié , plus brillant
que celui qu'offrent les pêches qu’on fait en mer avec des filers qui em-
braffent une demi liene & plus d’efpace, & par le moyen defquels on
prend une prodigieufe quantité de poiffons différens à la fois. Ceux qui
en ont eu ce coup-d’œil , peuvent dire qu’elle eft la beaute de la dorade,
Qqqaij
4858 PUIS CSA ON TRIREE
parfemée de taches d’or & d’azur fur un fond d'argent; des diverfes ef-
peces de perroquets , fur qui des raies de pourpre , d'oranger , de rubis,
coupent & traverfent un fond d’émeraude ; du rouget ,'dont l’écaille cou-
leur de perle eft maculée de taches cramoifies ; du hareng & du maque-
reau mêmes qui ne nous parviennent que décolorés, qui en fortant de
l’eau brillent de couleurs ondoyantes , changeantes en vert, en bleu, en
rouge de cuivre rofette ; & d’un nombre infini de poiffons moins con-
nus, peut-être plus brillans, & dont il feroit trop long & hors de mon fujer
de peindre les beautés. Mais à peine les Es font-ils tirés de leur
élément, que leurs couleurs s’affoibliffent, changent & s’éreignent fou-
vent entierement ; elles font dues à l’action du fang qui circule dans les
vaifleaux du corps muqueux fous les écailles ; elles paliffent, quand la
circulation s'affoiblit, & elles difparoïflent quand celle-ci n’a plus lieu.
Ainf une jeune fille fur le teint de qui brilloit ie coloris de la fanté de-
vient pâle & décolorée quand fes forces l’abandonnent ; quand le fang re-
foulé vers le tronc des gros vaiffeaux, ne circule plus en filets de pour-
pre, parmi les lys qui compofent le tiffu de la peau. C’eft donc bien en
vain qu'on fe acte de conferver toutes les beautés des poiflons & des rep-
tiles, dont les premiers perdent leurs couleurs en expirant, & les au-
tres crès-peu de temps après ; dans les uns, elles font dues purement
à la circulation ; dans les autres, elles dépendent en partie de la circu-
lation, & en partie de l’organifation du corps muqueux : cette fubftance
fi mobile, qui entre fi facilement en fermentation , & qu'il et très-
difficile, & peur-ètre impoflible de fixer. Envain, des charlatans effrontés
prétendent-ils pofféder le fecrer que je leur nie, & dont l'expofé du fai
démontre l’impoflibilité. Leur induftrie grofliere, leurs couleurs arti-
ficielles appliquées après coup, leur impudence hardie ne peuvent en
impofer qu'à des hommes ignorans , & qui n’ont jamais vu la nature
] À
animée.
Il faut donc, pour les poiffons & les reptiles , fe borner à en conferver
Ja forme, On peut y parvenir de deux manieres ; en les envoyant entiers
& dans la liqueur , ou en n’envoyant que leur dépouille.
Si on les envoie dans la liqueur , il faut à cet égard confulter ce que
j'ai dit, en parlant du même fujet , par rapport aux quadrupedes , faire
le même choix des liqueurs , apporter les mêmes attentions dans l'ar-
rangement , envelopper de mème les objets dans des toiles, pour que le
frottement n’ufe & ne détache pas les écailles, ne rompe pas les nageoires
& les parties accefloires. Je n’ai rien à changer à ce fujet. J'obferverai
feulement que les poifons ont la fibre plus lâche, le fang plus fluide , les
humeurs & la fubftance en général plus aqueufes que les autres ani-
maux ; que les reptiles ont le fang plus alkalin; que fi l’alkali n’eft pas
développé dans leur humeur , il eft tout prêt de l'être : que par confé-
quentles poiffons & les reptiles fe corrompent plutôt, plus aifémens
NN AIT CA ER ET UE, 489
gue les autres animaux ; & qu’ainf l'attention de ne les envoyer qu’a-
près que les premieres liqueurs dans lefquelles ils ont trempé, ont été
changées, & qu'elles ceflent de fe troubler, eft fur-tout néceflaire &
indifpenfable par rapport à eux. C’eft faute d’avoir eu cette attention ,
que la plupart des bariques & des bocaux dans lefquels on envoie des
reptiles ou des poiflons , ne contiennent à leur arrivée que des cadavres
démembrés , pourris, fans confftance & fans valeur.
Peu de perfonnes forment des colleétions de poiffons & de reptiles.
Ces deux parties font les branches de l’Hiftoire naturelle les plus négligées,
& ne font cependant pas celles dont la connoïffance poutroit devenir la
moins utile , fur-tout l'hiftoire des poiffons. Ils offrent feuls peut-être tou-
tes les idées d’après lefquelles la nature a combiné l’organifation de tous
lesautres animaux. Lesunsont comme les animaux terreitres des fqueletes ;
les arêtes fontleurs os; les autres n’ont'que des cartilages auxquels font at-
tachés les mufcles , comme dans certains vers ; les chairs aboutiffent à un
noyau cartilagineux ; ceux-ci ont la peau molle , & nue comme l’homme ;
ceux-là l’ont couverte d’écailles , comme les reptiles; d’autres, hériffée
de piquants, comme le hériflon & le porc-épic ; les uns refpirent comme
l'homme , les quadrupedes & les oifeaux par le moyen des poumons, &
ce font les céracés qui , par rapport à leur élément , peuvent être regar-
déscomme des poiflons ; les autres n’ont que des ouïes; quelques-uns des
trous difpofés le long du corps, qui font des conduits aériens , & les ouïes
des uns & les trous difpofés le long du corps des autres , ont une merveil-
leufe conformité avec les trachées des infectes ; mais c’eft fur-tour par
räpport aux parties qui fervent à la génération & à la maniere dont elle
s’accomplit, qu’on peut établir le parallele entre les feuls poiffons & tous
les autres animaux dont la foule variée habite le globe de la terre. Les
céracés ont les parties de la génération femblables à celles des quadru-
pedes. Ils s’accouplent comme eux. Leurs femelles metrent au monde des
petits vivants, & les allaitent. Tous les poiffons couverts d’écailles, &
c’eft le plus grand nombre , tous ceux au moins qu’on a obfervés jufqu’à
préfent ne fe mulriplient que par des œufs. Ils ne s’uniffent point; leurs
amours confiftent dans de fimples carefles , dans de légers touchers entre
le mâle & la femelle, mais fans union. Les femelles dépofent leurs œufs
fur les rochers lavés par les flots , ou fur les plantes qui croiflent fous les
eaux. Les mâles qui fuivenc les meres , verfenc fur leur fraie une liqueur
qui pañle pour être prolifique. Les poiflons à écailles ont du rapport par
les œufs avec les oifeaux , les reptiles & la foule innombrable de la plu-
part des infectes. Ils refflemblent encore à plufeurs de ces derniers, en
ce qu'il n’y a point d'union entre les males & les femelles, & que les
mâles répandent fur les œufs une liqueur fécondante. C’eft ainfi que fe
multiplient les éphémeres , que les mâles de certaines phalènes rendent
féconds les œufs que leurs femelles ont dépofés,
490 HAT SE TIMIONITIUR IE
Les œufs des poiffons innombrables, mais n'ayant chacun que très:
eu de volume, dans l’inftant où la femelle les dépofe , fe gonflent , fe
diftendent, prennent de l’accroiffement avant que l’embryon rompe l’en-
veloppe qui l’enfermoir. C’eft encore un rapport'entre les poiffons écail-
leux , la plupart des repriles & cerrains vers tels que la limace. Les poif-
fons cartilagineux font vivipares, & cependant leurs femelles portent des _
œufs; mais ces œufs font fécondés, prennent de l’accroiflement, &
éclofent dans le fein maternel. Le jeune poiffon ne naît qu'après être
forti de l'œuf couvé, pour m’exprimer ainf , dans le fein de fa mere,
Cependant j'ai obfervé dans une pêche , aux environs de Marfeille , un
poiflon carrilagineux dans lequel je n’ai apperçu aucune trace d'œufs.
C'éroir une aiguille de mer. Elle fut furprife dans l’inftant où elle met-
toit fes petits au monde dans les premiers jours de Mars. La peau du
ventre étoit ouverte de la longueur de plufeurs doigts. Un canal double,
c'éroir la matrice, étoit pofé au-deffus des vifceres de chaque côté, le
long de l’épine , & occupoit une très-grande étendue. Ce canal éroir com-
pofé d’un grand nombre de cellules ; plufieurs éroient déjà ouvertes &
vuides; d’autres étoient fermées & remplies. Il y en avoit d’où de jeu-
nes aiguilles fortoient , les unes de la longueur de prefque tout le corps,
d’autres d’une partie du corps feulement. J'examinai toutes les cellules ,
& je ne trouvai de veltises d'œufs dans aucune. Les jeunes aiguilles
étoient parfaitement conformées dans les cellules encore fermées ; elles
y étoient repliées fur elles-mêmes en rond, & je ne vis rien qui me fic
foupçonner qu’elles euffenr auparavant été contenues dans des œufs.
Les poiflons ont donc un grand nombre de rapports avec les autres
animaux ; leur efpece offre feule des exemples de toutes les idées diffé
rentes de reproduction que la nature a employées dans fon plan général.
N'en eft-ce pas aflez pour être fondé à efpérer qu’il rejaillireit de
grandes lumieres de l’obfervarion & de la connoïffance des poiflons ?
Pour engager les voyageurs à fe les procurer, à les envoyer avec les
précautions néceflaires ; & les Anaromiftes à étudier dans leur fein va-
rié, ample, & peut-être moins impénétrable que celui des autres ani-
maux , une organifation, des myfteres dont la nature peut avoir attaché
le fecrer à leur diffection ?
Je reviens à mon fujer & à la maniere de n’envoyer que les peaux des
poiflons & des reptiles. La meilleure maniere de les écorcher eft de le
faire fans fendre la peau. Voici comme on y parvient. Soulevez, par
rapport aux poiffons, une des valvules offeufes & mobiles qui couvrent les
ouïes ; arrachez-les, & quand l’ayant enlevée, vous vous êtes fair
jour, détachez avec ia lame d’un fcalpella peau d’avec les chairs, en
travaillant en-deffous de la peau. Paffez enfuite du côté de l’autre ouïe,
opérez de même; alors avec de forts cifeaux ou un couteau féparez l’épine
dorfale à fa jonction avec la ère. Si vous avez détaché les chairs d’'a-
NATION R NMERRL,, LIRE. 491
vec la peau circulairement ; fi la bouche da poiffon elt très-large , comme
il arrive fouvent, en refoulant la tête en-dedans, en pouffant le corps
en-dehors, & en détachant la peau à mefure que le corps fort par la bouche,
vous parviendrez à doubler toute la peau , à la replier fur elle-même, &
à faire fortir tout le corps par la bouche , fans avoir fait aucune ouver-
ture. Mais fi la bouche eft trop étroite pour que le corps puiffe y pañer ,
coupez la peau en travers audeflous des ouies, après avoir détaché les
chairs qui font près de la tête, & féparé l’épine dorfale ; vous rejet-
terez alors la vère fur le dos , & par l’efpace qu'offre l'ouverture tranf-
verfale faite audeflous des ouïes, vous ferez fortir cout le corps , en re-
pliant la peau fur elle-même en arriere, en pouffant le corps, en le ti-
tant en avant, & en détachant , foit avec la lame, foit avec le dos du
fcalpel, la peau d’avec les chairs.
L'opérarion que je viens de décrire, convient pour les poiffons de
forme oblongue & à peu-près cylindrique, comme la carpe ; mais elle
ne fauroit avoir lieu pour les poiflons plats tels que la fole; ni l’ouver-
ture de la bouche, ni celle qu’on feroit en coupant la peau en travers
audeflous des ouïes, ne feroit affez ample pour donner paflage à tout le
corps. Ces poillons font beaucoup plus difficiles à écorcher fans fendre
la peau. On y parvient cependant avec de l’adrefle & de la patience ,
en foulevant une des ouïes , en enlevant avec des pinces, & détachant
avec le fcalpel ou des cifeaux les premiers objets qui fepréfentent.Puis avec
des cifeaux on fépare la colonne épiniere à fa jonétion avec la rète ;
enfuite on introduit d’abord d’un côté , puis de l’autre, en retournant le
poiflon, entre la peau & les chairs, un morceau de bois applati, tran-
chant & arrondi en forme de fpatule par fon extrémité ;on poulfe ce
morceau de bois, qu'on taille Ne longueur proportionnée à celle du
poiflon, jufqu’à l’origine de la queue. Quand ayant agi fur l’un & l’au-
tre côté, la peau eft partout féparée d’avec le corps, on coupe en-dedans
avec des cifeaux, aufli loin qu’on le peut, de l’un & de l’autre côté les
nageoires qui les bordent, dont les franges font en-dehors de la peau,
& dont l’infertion eft en-dedans; puis avec des pinces, avec un crochet
on arrache les chairs , on brife l’épine dorfale, les arrètes à mefure
qu'on avance. Quand les parties qui répondoient à la longueur de ce
qu’on avoit coupé de droit & de gauche, de l’origine ou de l’infertion
des nageoires eft enlevé, on pafle la main par le vuide qu'ont laillé les
parties qu’on a Ôtées, on continue de couper à droite & à gauche avec
des cifeaux l'origine des nageoires; on brife l’épine, les arrètes; on
dépece les chairs, & on parvient ainf jufqu'’à la queue.
La maniere d’écorcher les poiflons plats, demande plus d'art & de
foins que celle que j'ai indiquée pour écorcher les poillons de forme
cylindrique, mais elle a l’avantage de moins tourmenter la peau. Les
perfonnes qui voudront donc l'épargner, & ne pas avoir le défagrément
492 HONTE SONTIRONATE RUE
de voir tomber plufeurs écailles, comme il arrive, furtout fi les poif-
fons ne font pas bien frais, en retournant la peau , pourront s'en fervir
auf pour les poiffons de forme cylindrique.
Quant aux reptiles, tels que les ferpens, les léfards , les erapauds ;,
on peut les écorcher tous en faifant en-dedans de la gueule une incifion
circluaire qui répond à l'endroit où la colonne dorfale s'articule à la rête,
c’eft à-dire à l'entrée à peu-près du gofier. Cetre incifion étant faite en-
dedans avec la pointe du fcalpel, il faut détacher tout autour les chairs
le plus avant qu'on peut, féparer enfuite la colonne dorfale d'avec la rète ;
puis pouflant le corps en-dehors, & refoulant la tête en arriere, on fait
paller tout le corps par la gueule, & l'animal s’écorche en tirant le
corps de la main gauche, refoulant la tête de la main droite. Il n’y a
pas plus de difficulté pour les ferpens qu’à écorcher une anguille à la
façon ordinaire. La feule différence qu'il y a, c’eft qu'on à féparé les
chairs, & rompu la colonne vertébrale, en opérant en-dedans de la
gueule.
Il arrive quelquefois, quand le corps s'engage vers fon milieu, qu'il
devient trop gros, & ne fauroic plus palfer par la gueule. Mais c'eftalors,
ou parce qu'il eft gorgé d’alimens , ou qu'il eft rempli d'œufs, qu’il fufhe
de crever les membranes qui les contiennent, de les tirer avec des pin-
-ces, ou en fe fervant de fes doigts ; l’obflacle difparoït , & Le corps ré-
duit à fon feul volume pafle aifément.
Les pieds des léfards & des crapauds ne fauroient faire obftacle ; à
mefure qu'ils fe préfentent, on les coupe à leur jonétion avec le corps,
& on acheve l'opération. Quand elle eft finie , on rapproche les pieds de
Vorifice de la gueule, & on les écorche en les faifant fortir par fon ou-
verture. On en remplit la peau de la fubftance dont je parlerai tout-à-
l'heure , avant de les retirer en-dedans.
Les poiffons & les reptiles étant écorchés, fi l’on a fait aux poiffons
ane incifon tran{verfale audeffous des ouïes, il faut rapprocher les peaux,
& les recoudre le plus proprement qu'il eft poffible. Enfuite il faut entou-
rer les membranes des ouïes des poiflons , avec un ruban qui les
tienne fermées. Les chofes étant ainfi difpofées , on fufpend les poif-
ons & les reptiles en l'air, la rète en haut, par le moyen de crochets
obtus attachés à des fils ou à des cordes, fuivant le poids qu'il faut fou-
tenir. Ces crochets doivent fufpendre l’animal en le foutenant par la
gueule, & la tenant ouverte autant qu’elle peut l’èrre. Alors on tire la
peau en en-bas , on l’étend avecles mains, puis par la gueule ouverte on
verfe du fable bien fin, qui par fon poids diftend la peau, s’introduit ,
& fe répand également partout; il a fallu dans les reptiles en remplir
l'étui des pieds avance de les retirer en-dedans. Quand Ja peau elt rem-
plie de fable jufqu’à la gueule , on la ferme & on l'aflujettir avec des
bandes de toile ou avec un ruban. Cependant on a l’animal Des
moulé
NÉ ÉARNTNIONURNNEN IN EE: 453
qu’il puiffe l'être. La peau des poiffons, celle des reptiles a une ténacité que
n'a point celle des autres animaux , & le poids du fable ne l’étend
qu’autant qu’elle l'éroic pendant la vie de l'animal.
La peau étant remplie, & la gueule étant contenue, ainfi que les
ouïes par des cordons ou des bandelerres , il n’y a point d’iffuz par où le
fable puiffe s'écouler. On tranfporte donc l'animal où l’on veut, on le
pofe fur une planche, on étend fes nageoires, on les fixe, on les con-
tient par des crochets de fil de fer, on expofe la peau à l'air ou an foleil ;
elle fe deffeche bientôt, & quand on s’apperçoit qu’elle eft feche, on
défait les bandelettes qui contraignoient la gueule ; on l’ouvre de force,
fi elle commence À fe roidir par la deflicarion & on penche l'animal, la
tère en bas , le fable s'écoule par fon poids, il en demeure très-pgy de
collé à la peau, qui par fa propre force fe foutient très-bien, it à
la fois un corps volumineux & très-léger, Il n’y a plus rien à faire que
de l’animer par une légere couche de vernis deflicatif qui fert & à fa
confervation, & à lui rendre fon luftre qu’elle perd en féchant. Mais en-
vain , efpéreroit-on d'y voir briller les vives couleurs qui l’embélif-
foient? Les caufes qui les produifoient n'exiftenc plus, & les couleurs
ont difparu avec elles.
Les animaux écorchés de la maniere que je viens de décrire, doi-
vent être emballés avec le plus grand foin , pofés fur des lits de coton
& couverts de la mème fubitance. On ne doit rien enfermer avec eux
dans les mêmes bottes, fi ce n’eft des poudres confervatrices dont j'ai
parlé; & fi l’on veut enfermer un grand nombre de poiffons ou de rep-
tiles dans une mème boëte, il faut établir de doubles fonds qui por-
tent le poids des différens lits que peut former le nombre des peaux.
Les perfonnes qui fouhaiteroient donner aux reptiles des attitudes
pittorefques , le pourront aifément en fuivant la méthode indiquée. La
peau molle & flexible dans le moment qu’elle vient d’être remplie de
fable , peut fe prèrer aux plis, aux contours qu’exigent les attitudes &
reftera , étant delléchée, dans la pofition où on l'aura tenue par con
trainte, quand elle étoit encore molle.
Des Cruflaces.
Les cruftacés peuvent fe réduire pat rapport à notre objet aux crabes;
aux houmards , aux étoiles & aux ourfins.
On prépare les crabes, en dérachant le teft qui les couvre , en enle-
vant par l’ample ouverture qui fe préfente, les vifceres & les chairs,
même celles qui font contenues dans les pieds, Cetre opération eft fort
aifée ; on remet enfuite le ceft en place, & on le fixe avec un ruban qui
entoure le corps, & qu'on peut ôter quand on n’a plus deifein de remuer
l'animal.
Tome IL, Partie XII, Rret
4 HITS EE TR AOMETÉ ER E
On fépate le corps des houmards en deux, en le divifant à l'endroit
où la queue tient au corps , par une peau qu’on incife dans route fa cir-
conférence. On vuide enfuire chacune des deux pieces, puis on les rap-
proche , & on peut les contenir par le moyen d’un bâton qui entre à
force dans l’une & l’autre, & qui foit de longueur proportionnée. Il
refte les pinces que ces animaux ont très-fortes, & qui contiennent
beaucoup de chairs ; elles peuvent s’y deflécher, même après avoir fer-
menté , fans attaquer une enveloppe dure & de fubftance créracée. Ce-
pendant fi on veut éviter la mauvaife odeur , on peut arracher de force la
plus petire piece de la pince; puis par l'ouverture qu’elle laiffe, arracher
avec un crocher les chairs renfermées fous la plus groffe piece, & qui
tiennent peu. En arrachant la piece la plus petite, on tire avec elle une
fubftance élaftique, un appendice applati, ovale & taillé à peu-près
en queue d’aronde, comme s'expriment les ouvriers; cette piece eft
caufe qu’en la faifant rentrer, en la remettant en place, elle rerient la
partie qu’on avoit arrachée. _
Il eft crès-difficile de vuider les ourfins & les étoiles de mer. Je ne:
connois pas de moyen de le faire , fans défigurer animal; mais fa fub-
ftance n’eft qu'une gélatine, dont la plus grande partie s'évapore, &
l'autre fe defleche. Ce qu’il importe relativement à ces animaux , c'eft
49
d’en hâter la defication, avant que la putréfaétion arraque les membranes:
qui foutiennent les pointes dont l'animal eft hériflé , ce qui caufe leur
chüte. Pour éviter cet accident, je confeille de faire promprement fé-
cher ces animaux au grand foleil ou dans un four, dont la chaleur foit
très-douce. Il faur enfuite les tenir dans des lieux bien fecs.
Il me refte à parler de la maniere d’emballer les cruftacés, pour les
envoyer fans que leurs lones & frèles appendices fe brifent dans la
route. Etablillez au fond de la boëte que vous deftinez à contenir les:
gruftacés, une couche épaiffe de plulieurs pouces de fciure de bois ou de
fon, que ces fubftances foient bien feches; arrangez les cruftacés fur
la couche formée fur lé fond de la boëte, recouvrez-les enfuire entiere-
ment de fciure ou de fon; ne les verfez que lentement pour qu'ils s’in-
troduifent, fe coulent & fe gliffent plus aifément dans tous les vuidess
Agirez doucement la boëte par intervalle, pour mieux remplir tous les
interftices. Vous pouvez arranger de nouveaux cruftacés fur les premiers,
quand ceux-ci font couverts entierèment , & remplir ainfi toure la boëte;
ayez foin qu’elle fou vien pleine, & que le couvercle comprime le fon
ou la fciure, enforte qu'il ne puifle pas y avoir de mouvement en-
dedans,
On peut encore envoyer les cruftacés dans la liqueur, & je n'ai rien
à obferver à ce fujer. Mais il eft difficile que les pointes des ourfins, les
anténnes des houmats ne s’y rompent pas.
NPD AUENT Llix: 495
Des Infeétes.
ON peut les confidérer relativement à notre objet fous trois points de
vue, & les divifer en infeétes qui ont les aîles nues & à réfeau; en
infectes qui ont les aîles nues & couvertes d’écailles, ou de poulizres ;
& enfin en infectes qui portent leurs aîles pliées fous des étuis écailleux
qu'on nomme élytres.
Les infectes qui oncles aîles nues & à réfeau,telles que font les mouches,
les demoifelles, les coufins, les éphémeres, les abeilles , les guèpes, &c.
ne peuvent pas être.envoyés dans la liqueur fans en fouffrir. Leurs aîles
frèles & papiracées font fujertes à y être déchirées par le frottement des
individus les uns contre les autres ; elles y contraétent de faux plis, elles
S'y amolliffent & reltent pendantes, fans confiftance , fans forme & fans
foutien , quand on retire les infeétes de | liqueur. Ceux dont les aîles
font couvertes de pouflieres ou d’écailles , & ce font les papillons, dont
les efpeces font fi intérellantes par leur variété , par leur nombre , par
la beauté, par l'éclat de leurs couleurs , paï l'élégance de leur forme , ne
fauroient abfolument être envoyés dans la liqueur. Ils y perdroiont ce
duvet attaché 4 leurs aîles, & qui en fait toute la beauté.
Quelques perfonnes envoient les papillons entre les feuillets d’un li-
vre qu'ils facrifient à cet ufage, & qu’ils enveloppent d’une large feuille
de papier pour le fermer. Cette méthode peur à route force être admife,
elle a l’avantage de coûrer plus d’efpace pour contenir beaucoup d'indivus';
mais en la fuivanr, on applatit, on écrafe le corps des papillons , & les
ailes font fouvent endommagées par le frottement des fewllets du
livre.
La meilleure méthode eft de tenir prètes des boëtes, dont le fond foit
d’un bois tendre, ou couvert d’une planche de liége bien afujétie. On
perce les papillons & les infeétes à aîles,nues & à réfeau qu'on a puis,
d’une épingle qu’on leur enfonce dans le corcelet , cette partie qui eft
entre la têre & le ventre; on pique la pointe de l’épingle dans le liége,
ou dans le bois tendre qui forme le fond de la boëte ; on l’enfonce le
plus avant qu'on peut, on laiffe l'infeéte mourir dans cette crüelle po-
fiion, & on ne le détache pas pour l'envoyer, à moins qu'on ait de
petites boëtes deftinées à porter fur foi dans les temps confacrés à cher-
cher des infeétes, & qu’on ne les pale enfuice de ces boëctes dans de
plus grandes deftinées à faire les envois.
Une mouche, une guèpe, un infecte quelconque à aïles nues percé
d’une épingle, attaché au fond d’une boëte, n’exige plus aucune at-
œnrion , fi ce neft de ne pas placer les individus allez près les uns des
autres pour qu'ils fe couchent ; car ces malheureufes victimes de notre
curiofité , percées d’un glaive meurtrier, prellées cependant par la faim,
R rrij
AgG POSTES TIMNONPTANERIUE
£e déchirent & fe dévorent les unes les autres, dans leur état cruel que
Jeur propre barbarie prolonge encore. Mais pour les papillons, ce n’efe
pas affez de les avoir percés d’une épingle qui traverfe leur corceler, ils
s’agirent , ils fe débattenr , ils brifent leurs longues ailes contre Île coû-
vercle & le fond de la boëre. Il faut pour nous les procurer dans tout
leur éclat, & leur conferver leur funefte beauté, leur ôter jufqu'aux
moyens de témoigner & d’exhaler leur fouffrance par leurs mouvemens,
& les condamner à mourir immobiles, fans pouvoir fe donner au moins
le foulagement de changer de pofition. Après qu’on les a percés par le
milieu du corps, qu’on a enfoncé perpendiculairement l’épingle qui les
traverfe dans le fond de la boëte, on attache quatre autres épingles aux
bords de leurs aîles une épingle à chacune; on les enfonce au bord de
Faîle vers l'endroit où elle s’artache au corps un peu audeflous, on
choifir le point où l’on voit une des plus fortes nervurés qui traverfenc
Vaîle , on palfe l'épingle en dedans & audeffus. de cette nervure, & on
fixe l'épingle de maniere qu’elle foit très-inclinée, & forme avec le
fond de la boëre un angle fort aigu. L’inclinaifon de l’épingle doit être
oppofée au corps du papillon, où être en-dehors. Un malheureux pa-
pillon, fixé par cinq épingles , eft contraint de demeurer fans mouve-
ment; il expire, fans pouvoir en aucune façon charger de polition.
Quand il eft mort, & que fes ailes étendues ont pris le pli qu'on leur à
marqué, on retire les,.quarre épingles qui les ont contraintes, on ne
hifle que celle qui tient le corps attaché au fond de la botte.
On peut également envoyer les infeétes qui portent leurs aîles dans
l'étar de repos plices fous deséruis ccailleux, percés avec des épingles ,
& affujécis par ce moyen fur le fond des boëtes. Cette méthode elt même
la meilleure ; mais on peut, & s’épargner la cruauté de cette pratique
& fon embarras, en: jettanr les infeétes à étuis à mefure qu’on les prend,
dans les liqueurs confervatrices qu’on renouvelle à propos. Ils arrivent de
gette maniere en très bon étars
Si l’on prend le parti de percer tous les infeétes avec des épinples ,
de les laiffer mourir, & de les envoyer attachés au fond des boëtes ; il
faut obferver de n’envoyer dans une même boëte que des papillons, ou
des infectes à ailes, à réfeau, & de mertré dans d’autres boëtes les fca-
rabés ou infeétes à éruis. En voici la raifon. Quelque foin qu’on prenre
pour enfoncer les épingles dans le liége ou dans le bois , fi l'objet qu’el-
les traverfenr & qu'elles attachent, a quelque poids , il arrive fouvenc
qu’elles fe détachent ; alors les infectes détachés roulent dans la boëte,
s'y brifent, & en mème temps les autres infectes qu’ils rencontrent. Un
feul fcarabé, dans une boëte de, papillons peut la perdre. Les infectes à
aîles nues au contraire, & les papillons font fi légers, que leur poids me
fauroit ébranler les épingles, & que rarement fe dérachent-elles. Si le
cas arrive , il en réfulte peu de mal, parce que l’infeéte détaché et pref-
INAPAAITA URI IEA Tr: EN E. 497
que fans effet, étant prefque fans poids. Pour empêcher que les fca-
rabés contenus feuls dans les boëtes ne fe détachent , il fauc remplir les
boëres de coton, qui étant foulé par le couvercle, contient, affujérir
& fixe les épingles. On rie peut pas ufer de la même précaution pour les
papillons , parce que le coton enleveroit la pouñliere qui embellit leurs
ailes. 1l faut donc, comme je l'ai dic , les envoyer dans des boëtes à
part ou avec des infectes à aîles nues. Le mieux eft de mettre chacune
de nos trois efpeces d’infectes dans des boëtes féparées.
Avant de parler de la maniere d'envoyer les infectes, j'aurois dû
m'occuper de celle de les ramailer. Il y a peu de difficulté à cer égard ,
relativement aux fcarabés ou infectes à étuis. Ils ne volent qu’à de cer-
taines heures ; leur vol eft court, & fouvent tardif & péfant, on peut
les prendre aifémenr. Il n’en eft pas de même des infectes à ailes nues,
&#Aur-tout des papillons qu'on gite en les touchant, & qui les uns &
les autres volent avec légereté , fuient de loin, & fe retirent à de fi gran-
des diftances, qu’il eft fouvent impoflible de les atreindre.
La meilleure méthode eft de les prendre avec des filets, on en a pro-
pofé de différentes formes, Ceux dont je me fuis le mieux crouvé, ont
celle d’une chaulle à pafer des liqueurs. La pointe en eft fermée, J'ou-
verture en eft attachée autour d’un cercle de gros fil de fer. Les deux
extrémités du fil de fer fe joignent , font contournées enfemble, on
les fait entrer dans un bâton creux, où on les affujécic en y enfonçanc
de force des coins de bois. Le manche du filet doit avoir trois À quatre
pieds , & même plus long fi l'on veut; il peut fe fervir de canne. Il fauc
avec le filer être muni de pinces comme celles dont fe fervent les Ana-
tomiltes ou les Lapidaires ; ce font des pinces. de cuivre ou d’acier pla-
tes , douces, & qui ont peu de reflort. Les ouvriers les nomment à
Paris , des Bruxelles. I] faut encore porter dans fa poche une boëre
garnie dans le fond de liése ou d'un bois tendre, & une pelotre garnie
d'épingles. Pourvu de ces inftrumens , on peut fair les infectes au vol,
fi l'on a la main prompte & le coup d'œil jufte, ou attendre qu'ils foienc
pofés far les plantes & les Aeurs , & les couvrir alors avec le filer. Quand
als font pris deffous, on les faific à travers les mailles avec l’extrémité
des pinces. On les prend par les côtés, au milieu du corps autant qu'on
le peut, on les ferre fans les écrafer, mais aflez pour les aftoiblir. On
leve enfuite Le filer, en lâchant l’infecte qui eft hors d’érat de s'envoler,
on le reprend avec les pinces, on le pique avec une épingle qu'on enfonce
au milieu du dos en deffus, & on attache fa proie dans fa boëte de la
maniere que j'ai décrite plus haur.
L'ufage des épingles excellent en lui-même, employ£ par les Hol-
fandois & les Chinois, qui, aux deux extrémités du globe, s'accordent par
le cas & la recherche qu'ils font dès infectes , a un inconvénient; c'eft
que les épingles fe rouiilent dans le corps des infeétes qu'on brife,
495 HÉVIEES MNT AMONETENRPNE
quand pour les difpofer dans des cadres, on en veut retiret les épingles,
On prévient cet inconvénient, en trempant les épingles avant de s'en
£ervir dans de la griffe ou de la pomade qui empêche la rouille, Si l’on
ne l'a pas prévenu, on évite de brifer les infeétes, & on ôte aifément
les épingles par la pratique fuivante.
Allumez une bougie , piquez l'infete, & l’épingle à travers un car-
ton menu de la largeur au plus de l'infeéte , enfoncez l’épingle jufqu'à
ce que l’infeéte rouche au carton; prenez la tête de l’épingle avec des
pinces ; préfentez-en la pointe à la flamme de la bougie , pofée de fa-
çon que le vent ne la faffe point vaciller , le catton garantira l’infeété de
l'action de la bougie ; l’épingle rougira bientôt , fon ardeur communi-
quée dans toute {a longueur, brûlera les molécules qui y adherenr, le
trou fe trouvera agrandi , l’épingle fortira fans difficulté, & rien ne fera
endommagé , à moins que vous n'ayez employé affez de temps dans l'o-
pération, pour que l'épingle brüle une partie confidérable du corps de
linfecte (1).
Des Animaux mols, ou Zoophires.
Les zoophires font des animaux qui ne reffemblent ni par leur forme,
ni par leur organifation à ceux que nous voyons ordinairement. Leur
méchanifme eit peu connu, & ce qu’on en fair, prouve feulement qu'il
eft beaucoup plus fimple que celui des autres animaux. Leurs formes fonc
bifares, &tiennent fouvent plus de celles des plantes que des animaux.
De-ià, les noms d’orties , d’anémone , de raifins de mer qu'on a don-
nés à plufieurs zoophites. On diroit que ce font des êtres imaginés &
exécutés fur un autre plan que celui que la nature a fuivi pour peupler
le globe que nous habirons ; que ce font comme les indices &les apper-
cus d’un autre ordre & d’un autre enchaînement d’ètres. Ce n’eft qu'un
3
amas de fubltances gélarineufes, le plus fouvent fans parties folides
quelconques , des corps qui ont une infinité de bras ou de pieds qu'ils
étendent ou reflérrent à volonté, dont ils fe fervent pour changer de
place , & faiir Les objets qui fe trouvent à leur portée. Deux yeux fou-
vent très gros , deux dents qui ne reflemblent pas mal au bec du perro-
quet, placés au centre de la mole glaireufe, font les feules parties qui
donnent aux zoophites quelque reflemblance avec le refte des animaux.
Cependant ces males bizarres à nos yeux fe meuvent, fuient , évitent
les dangers , attendent, pourfuivent, faififfenc leur proie, & donnent
toutes les marques de fenfbilité, de befoin, de defir, de jouiflance
qu'on obferve dans les autres animaux. Leurs humeurs colorées en pour-
pre, en violet, en vert, en bleu , vont gonfler leurs vaifleaux en filets
de la mème couleur; & quand leurs bras, ou fi lon veut, leurs pieds
ET —
(x) On peut ajouter à la manipulation de l'Auteur an procédé plus fimple ; il fuffit
de tenir la Boëte des infectes pendaot quelques jours à la cave ou dans un endroit un peu
humide, Après ce cems l'épingle éft retirée fans peine , fans endommager même les plus
petits infeétes. n
NUMAGNDINUN RIGEN LVL E. 499
font étendus , on croiroit fouvent voir une fleur épanouie, peinte &
variée des plus agréables couleurs ; mais c’eft une fleur fouvent trom-
peufe , qui fe Ferre toujours au moment qu'on la touche, & qui caufe
fouvenr fur la main imprudente qui la faifit, une cuiffon dont l'impref-
fion fe fair fentir long-temps. |
On trouve les zoophites dans la mer, on les voir à travers le eryf-
tal de fes eaux , dans les endrois où elles font tranfparentes & calmes. Les
uns nagent dans la maffe du fluide, les autres rampent fur le fable ou
la vafe & le plus grand nombre pend aux rochers où il eft acraché. Alors
le fond de la mer, & les flancs des rochers femblent être couverts de
fleurs , dont les unes font épanouies, & les autres encore fermées.
1l et impoñlible de conferver les zoophites defféchés ; on peut les con-
ferver quelque temps dans des vafes remplis d'eau de mer; les y voir
s’érendre , fe replier & jouir de leur fpetacle ; puis les faire pafer dans
des liqueurs confervatrices , où ils fe ferment toujours en mourant, &
erdent l'éclat de leurs couleurs, qui, réfidantes dans leurs humeurs,
difparoiflent à mefure qu'elles s’alrerent. Peut-être que fi l’on plongeoit
un zoophite bien épanoui très-fubitement dans une liqueur très aétive,
comme l’efprit de vin, il y périroit ävant de pouvoir fe fermer, & qu'on
y gagneroit de le conferver ouvert.
Il y a des zoophies fort petits, & d’autres d’un très-grand volume.
Tel eft le poulmon de mer qui reffemble à une gelée tranfparente , &
fond de mème fous les doigts.
Je mers au rang des zoophires la féche & les autres animaux de même
efpece qu'on nomme communément & improprement polypes, ils ont
un peu plus de confiftance; leur forme eft également bizarre, & l'on ne
fauroit non plus les conferver qu’en les plongeant dans des liqueurs fpi-
ritueufes, pa
Des Polypes proprement dits , & de leurs produétions ; ou des Plantes
marines.
Les polypes font des êtres non moins extaordinaires, & aufli ad
gnés de la conformation des autres animaux , que le font les zoophites,
Ïls participent beaucoup de la nature des plantes , & femblent tenir un
milieu entr'elles & les animaux. MM. Bernard de Juffieu & Peyflonels
nous ont appris les premiers que c’eft aux polypes que nous devons le
corail , les madrépores ; routes ces produétions que leur forme a fait
appeller improprement des plantes marines, qui font un compofé de
matiere crultacée , comme les coraux ou de matiere cornée, comme
les lyrophites , & qui par l’action du feu exhalent une odeur animale,
en quoi ces produétions different des autres productions marines qui
font de véricables plantes, dont le tiflu eft ligneux, & qui n'exhalent
point l'odeur animale en brülant.
Les polypes accumulés en nombre qu’on ne fauroit évaluer, fe batif-
$°0 FU TS PTE OBSUTAER) NE ;
fent chacun une loge ; & ce font ces loges & leurs paroïs dont l’affem=
blage forme ce que nous appellons des plantes marines. Il eft difficile
même d’appercevoir les polypes dans leurs loges ou les pores de leur
ouvrage entier. Leur peritefle les dérobe à nos regards, on ne les ap-
perçoit que quand la mer étant calme , ils ailongent une partie de leur
corps hors des alvéoles, pour attendre des animaux encore plus petits
ou plus foibles qu'eux, les furprendre , les faifir quand ils font à leur
portée, & en faire leur proie. Siles polypes étant dans cer état, on rompt
promptement l’extrémité‘d'une plante marine, & qu’on la plonge fou-
dain dans l’efprit de vin approché à fleur d’eau, l’action de l’efprit de
vin tue Les polypes avant qu'ils aient eu le remps de fe retirer. Ils de-
meurent fufpendus à leurs alvéoles , & c’eft le feul état dans lequel nous
puillions nous les procurer ; mais leurs loges ou leurs productions font
un objet important pour les habirans des côres où ces animaux vivent en
familles nombreufes , & un objet de curiofité pour les Européens qui
aiment à en former des collections, à qui la forme tantôt bizarre, tan-
tôt agréable des plantes marines, leur incorruptibilité, l'hiftoire des
artifans qui les ont fabriqués, donnent une valeur qui n’eft pas fans fon-
dement. Ces objets rares & curieux chez nous, font en Amérique la
matiere dont on fait la chaux, & fervent aufli à marner les terres te-
naces & glaifeufes ; on peut juger par l'ufage qu’on en fait, de leur abon-
dance. <
On trouve peu de plantes marines fur les côtes matitimes de l'Océan
en Europe, fi ce n'eft des lyrophites , des alcionium , ou alcions & des
coralloïdes. La Méditerranée fournit le corail , plufieurs rétepores , tubi-
pores , & grand nombre de lytophites différens ; les mers de l’Améri-
que ne font pas très-abondantes en plantes marines, fi ce n’eft en cer-
veaux marins, & quelques agtres efpeces qu'on trouve fur-tout autour
des Ifles : mais ces efpeces font extrémement multipliées, quoique peu
ariées , très-grandes & innombrables en de certaines plages ; elles cou-
Le abfolument le fond des mers, & fervent d'ancrage aux vaiffeaux.
C'eft dans les mers des Indesorientales qu'il faut chercher les plantes ma-
rines les plus belles , Les plus variées, les plus volumineufes. Les pays dont
on nous en envoie Le plus, & d’efpeces plus différentes, font les Ifles de
France & de Bourbon. Cependant on n’en trouveroit pas moins aux Phi-
lippines , aux Moluques, dans les Mers du Japon & de la Chine , où le
fond en eft fouvent abfolument couvert, & rellemble à une foret.
Je n'ai point été à même.de ramafler des plantes marines, Je ne peux
rapporter à cet égard que ce que j'ai appris d'autrui; c’eft pourquoi je
m'étendrai peu fur cet article,
On diftingue deux fortes de plantes marines relativement à leur état ;
les plantes vivantes & les plantes mortes. Les premieres font celles dans
lefquelles les animaux qui les ont conftruites , vivent encore : M
ont.
a
+ ANT 0 RUE LE ». ser
font fraîches ; leurs couleurs font vives , & leurs fommités font fines &
entieres ; les fecondes ne font plus que les loges d'un peuple ou d’une
famille qui a ceffé d’exifter : leurs couleurs font éreintes, leurs fommités
font obrufes , route la furface eftufée. Il ne faut ramaffer que les plan-
tes marines vivantes : elles feules ont la fraîcheur qui y merle prix; elles
font attachées au fond de la mer, & fur-rout aux rochers autour defquels
elles croiffent & s'étendent, & des autres, defquelles elles pendent en
bas ou s’élevent en haur. C’eft donc autour des rochers qu'il faut cher-
cher les plantes marines. On s’en approche en canot par un temps calme;
on jette la drague en mer, & on cafle par fon moyen les plantes que l’on
tire dans le canot ; mais on n'en obtient que des parties, & rarement
les dérache-t-on avec leur bafe. Pour y parvenir, il faut conduire avec
foi d’habiles plongeurs qui avifent fous l'eau les plus belles plages Sy
attachent des cordes dont le bout eft refté entre les mains des gens de-
meurés dans la chaloupe ou le canot; le plongeur détache la planre avec
fa bafe, quand il le peut , ou la rompt & s’aide dans fon opération, de
coins , de leviers , de maflue qu’il porte attachés à une ceinture ; il re-
vient à fes gens qui retirent la corde à eux, & qui lui aident à foulever
la plante détachée, ou qui l’enleve quand le plongeur eft remonté. Les
plantes qu’on trouve jettées fur la côte, font des plantes mortes, rom-
pues par l’effort des tempêtes, roulées , ufées, fans valeur, & qui ne
font bonnes qu’à faire de la chaux. Le plongeur doit être inftruit des qua-
lités qu'on attache aux plantes qu'il doit déraciner, & ne choilir que
celles qui lui paroiffent vivantes.
Quand on 2 pêché les plantes marines, qu’on les a portées terre, il
faut pendant pluñeurs jours les faire tremper dans de l’eau douce, qu'on
change deux ou trois fois par jour. En très-peu de temps les polypes
périflent : l’eau douce les diffout à mefure qu'ils fe corrompent ,*elle
diffout de mème le fel marin dont l'acide, quand il feroit rapproché &
que les plantes feroient feches, les rongeroit, les carieroit, & y feroit
un très-orand tort. Il ne s’agit plus que de les emballer. ;
Ce font des fubftances , la plupart très-friables, dont les branches &
le tronc ne peuvent fouvent foutenir leur proprepoids, pour peu que les
plantes foient agitées. On a coutume de les attacher fur le fond des boë-
tes qu'on remplit avec du coton, du foin ou autres fubftances analogues.
Elles n’amortiffent pas affez les fecouffes fur terre , & les roulis en mer;
elles n'offrent pas aflez de réfiftance; elles ne fupportent pas affez les
différentes branches ; elles n’ont pas affez d’élafticité & peu de plantes
marines arrivent , fi elles ont un certain volume, fans être fraétumces.
Je crois qu'on fe trouveroiït mieux d'amarer les plantes marines fur le
fond & les côtés des boëres avec des cordes attachées à de forts cloux ;
de remplir enfuite tous les vuides avec de la fciure de bois qu’on auroiït
tamifée , pour rejetter celle qui ne feroic qu'une pouflere fine qui s'in-
Tome II, Parc, XII. Sss
#c2 NUL TS NT M OL BTE NRITE
troduiroit dans les pores , & les boucheroit : une feiune grofñiere rem-
pliroit tous les inrerftices, fi on la fouloit en agitant doucement la
boëre à mefure qu’on la rempliroit ; elle formeroit un tout élaftique qui
auroit la foupleffe & la roideur nécefaires. Les branches feroientportces
far un corps qui plieroit & réfifteroit autant qu'il le faut , & fi les boëtes
étoient remplies de façon qu'il y eût plufieurs pouces d’épais de fciure
au-deflus des plantes , que le couvercle comprimät le tout , rien ne pour-
roit fe déranger; & je ne m’imagine pas comment il arriveroit fraéture.
Si quelques pouflieres trop fines s’éroient infinuées dans les pores , des
fceaux d’eau verlés d’une hauteur médiocre , après qu'on auroit déjà
nettoyé les plantes, acheveroient de les entrainer.
On eft dans l’ufage d’expofer les plantes marines après leur arrivée à
la rofce , ou de les laver en verfant de l’eau deflus plufeurs fois par jour;
on leSllaille en même temps expofées au foleil : fon action & celle de
Veau blanchiffent les plantes marines ; elles en paroiffent à la vérité plus
agréables à l'œil, mais elles en font plus loin de leur état naturel , ce qui
m'eft cependant pas fans doute le but de ceux qui forment des collections
dans le genre de l’Hiftoire naturelle.
La maniere d’emballer les plantes marines que j'ai confeillée, ne con-
cerne que celles qui, comme les madrépores, font de fubftances pier-
reufes ; car pour celles qui font de fubftances cornées, comme les lyro-
phites , celles-là font pliantes, courent peu de rifque de fe rompre, &
ne demandent, ainfi que les éponges & les alcioniones, que d’étre d’a-
bord lavées dans l’eau douce , & tenues enfuire àfec, parce qu’elles
font fujetres à attirer & pomper l'humidité.
Îl y a quelques plantes marines très - petites & très frèles, comme
certaines efpeces de corralloïdes :'celles-là ne peuvent être envoyées que
dans des boëtes à part, foigneufement empaquetées entre des couches
de coton léger & cardé.
Je fortirai un initant de mon fujet , pour dire quelques mots de cer-
taines véritables plantes marines, comme les fucus , qu'on aime voir
dans les cabinets ; elles y furent dans des cadres & fous verre ; ‘elles
reffemblent à de petits arbres qui plaifent par la finelle , la multitude,
l'élégance , le coloris de leurs rameaux. Prefque toutes les mers abon-
dent en ces fortes de plantes. La difficulté eft de les obrenir bien éten-
dues , en quoi confifte leur confervation. Voici comme on y parvient,
Prenez une feuille de papier , frottez la de vernis des deux côtés; met-
tez-vous en chaloupe, nagez vers un rocher couvert de fucus; faites
vous amarer: plongez dans l’eau votre feuille de papier , ou encore mieux
de carton vernis ; détachez des fucus fans les tirer de l’eau ; pofez les fur la
feuille vernie; agitez-la doucement ; le mouvement de l’eau érendra la
plante en rout fens aufli bien qu’elle le puiffe ètre ; enlevez alors douce-
ment la feuille & la plante qui eft étalée deflus; laiffez le tout bien fécher
NTAGT)I U0 RY E° Ii L°E. 507
à l'air ; contraignez avec des ns les plus fortes nervures qui
pourroient prendre de faux plis en fe retirant. Quand la plante fera
feche , elle demeurera très-bien étendue, ne pourra plus changer , &
vous l'enverrez entre les feuillets d’un livre. Si vous voulez faire encore
mieux, & qu'il ne refte fur vos plantes nilimon, ni fel, apportez-les
chez vous , lavez-les dans de l'eau douce ; & les en retirez fur la feuille ver-
nie de la maniere que j'ai indiquée.
Des Vers & des Coquilles.
Je diftingue trois efpeces de vers ; ceux qui ont Le corps nud ; ceux qui
fe conftruifent des tuyaux , à l’intérieur defquels ils fe retirent ; ceux qui
habitent les coquilles.
Je mets au rang des vers qui ont le corps nud, les limaces , les lom-
brics ou vers de terre , les renia ou vers folitaires , les fangfues, &c.
En général tous les animaux dont Le corps eft mol , nud , de forme à peu-
près cylindrique, qui ne changent point d'état, & confervent la même
forme depuis leur naiffance jufqu'à leur mort. Tous ces animaux ne
fauroient être confervés, & l'on ne peut les envoyer que dans la
liqueur.
Je mets au rang des vers qui fe conftruifent des tuyaux à l'intérieur
defquels ils fe retirent , toures les efpecés qui fe conftruifent de pareils
tuyaux qu'ils ne font qu'aggrandir à mefure qu'ils croiffent, qui ne les
‘quittent jamais, & ne changent point eux-mêmes de forme pendant
leur vie, ce qui les diftingue des teignes & des différens vers ou larves
qui fe changent en infectes. On ne confidere gueres ces vers que par rap-
port à leurs ouvrages. Ils habitent ou feuls, ou ils fe conftruifent des
tuyaux , plufieurs , & fouvent en gränd nombre , à côté les uns des au-
tres. Ils attachent leurs tuyaux à des corps folides & ftables; & ils ne
changent jamais de lieu , où ils ne les fixent point, & ils les traînent après
eux vers les endroits où ils veulent fe tranfporter. Enfin leurs tuyaux font
de fortes parois; & alors ils les conftruifent expofés au contact de l'eau ;
où leurs ruyaux font frèles, & ils les dirigent à travers des corps qui les
couvrent & les défendent comme le bois, le fable & la vafe. Je le ré-
pere ; on ne confidere gueres dans ces différentes efpeces que leurs
tuyaux. S'ils font forts & folides , on les enleve feuls , on en retire les
vers, quand ils font fort gros, de la maniere que je le dirai tout-à-
l'heure, en parlant des coquilles ; on les lave dans l'eau douce, & on
doit les emballer avec les mêmes précautions que les plantes marines.
Si, au contraire , les tuyaux font frèles & pouflésà cravers le bois ou la
pierre, les coquilles mortes , ou autre fubftance folide, on arrache une
partie des corps même qui contiennent les tuyaux , & on les envoie dans :
leur matrice pour laquelle on prend des ménagemens , faivant fa fragi-
lité, Si les tuyaux enfin font frèles & conduits à travers un corps fans cons
: Sssij
ÿo4 . À 71.55 TN OUTRE
fiftance , comme le fable , la vafe, &c. il faut les ramaller avec bear
coup de ménagement , & fuppléer à la matiere dont on lestire , une fubf-
tance qui puifle en remplacer l’effer ; c’eft ce qu’on exécutera , en plaçant
ces tuyaux fragiles dans des boëtes remplies de fon ou de fciure de bois.
Si, avec les ruyaux on veut conferver les animaux qui les habitent, il
faut plonger les uns & les autres dans une liqueur fpiritueufe.
Il en eft des vers qui habitent les coquilles , comme de ceux qui
vivent dans des tuyaux : on ne les recherche communément que par rap-
port à leur dépouille ou à leur coquille. Si l’on veut conferver les vers
mèmes, il Faut les mettre dans la liqueur avec leur coquille ; mais c’eft
ce qu’on a rarement en vue, & avec raifon; car ces animaux fe retirent
en mourant au centre de leur demeure; la liqueur les deffeche; îls per-
dent leur forme; ils deviennent, de mols & pulpeux qu’ils étoient , car-
tilagineux & coriaces ; & l’œil même d’un Anatomifte en peut à peine
retrouver les parties différentes après les avoir amollies, en les faifant
tremper long-temps dans l’eau tiede. Pour connoître ces animaux, il
faut les obferver vivans; nous ne pouvons pas Les attirer à nous; il faut
aller à eux ; & les defcriptions ou les deffeins font les feuls moyens de
les faire connoître aux autres ; mais leurs dépouilles font faciles à con-
ferver, & les couleurs dont elles font très-fouvent embellies , la fingula-
rité de leur forme y ont fait attacher, prefque de tous les temps, un
affez grand prix.
On diftingue deux fortes de coquilles , comme deux fortes de plantes
marines ; celles qui font vivantes , & celles qui font mortes. Les pre-
mieres renferment un animal vivant ; les autres ne contiennent rien, ou
des corps qui leur font étrangers : ce font des dépouilles qui furvivent à
l'être auquel elles ontappartenues.
Les coquilles vivantes font attachées aux rochers , comme les huitres,
ou elles rampent fur le fable ou la vafe, s’y meuvent & y cheminent
comme les moules, ou elles s’élevent à travers la malle des eaux, y na-
gent ou flottent à fa furface , à la faveur de certaines parties que le ver,
qui les habite , gonfle ou déprime à volonté , comme les nautiles.
Les coquilles vivantes ne fe trouvent que dans la mer, où elles font
baignées de fes flots, ou au moins que dans des endrois qu’elle inonde
régulierement dans les temps du flux. Si l’on en trouve quelquefois fur
la grève, ce n’eft qu'après des orages , des coups de mer, dont la vio-
lence les a arrachés du fond de la mer, & pouflées loin des lieux qui
leur conviennent. Les coquilles mortes, au contraire, roulent au gré
‘incertain des flots , dont elles font le jouet. La mer , dont le mouve-
ment tend continuellement à purger fon fein des corps inutiles qu'il
contient, les repoulle , les accumule & les laiffe dépofées fur fes ri-
vages. C’eft fur-tout à l'embouchure des rivieres qu’elle a coutume d’en
former des bancs , des lits, qui ont fouvent plufeurs toifes de pro-
AU LU RUE AIRE VE. sos
fondeur , & une étendue proportionnée en fuperficie. Ces lits de co-
quilles n’ont quelquefois pas fous les eaux moins de profondeur, &
n'occupent pas moins d’efpace, que des montagnes médiocres fur
terre. Il ne fau donc ramaller des coquilles que rarement fur la plage,
& feulement après de violents coups de mer ; car alors on en peut
trouver de vivantes : mais il faut, pour s’en procurer avec abondance,
& en rencontrer des efpeces variées , les chercher en mer. Il faut encore
les chercher dans différens parages. Celles qui s’attachent aux rochers,
ou qui vivent autour de leurs bafes , font différentes de celles qui fe
plaifent fur le fable , & celles-là ne font pas les mêmes qu'on tire de la
vafe. 11 faut donc les chercher fur les différens fonds, dans les ances , anu-
tour des promontoirs , parmi les rochers, fur leurs flancs , dans leurs
cavités, & roujoursen mer, & non fur fes bords. On les pêche avec la
drague , efpece de filer qu’on traîne au fond de la mer & le long des
rochers ; on en prend encore par le moyen des plongeurs. Lorfqu’on a
pêché des coquilles , il s’agit enfuite d’en retirer les vers ou les poif-
fons qui les habitent & de prendre les précautions néceflaires pour
conferver les coquilles. On les tranfporte à fon habitation ; on les mec
dans de l’eau douce fur le feu ; la chaleur tue bientôt les vers, alors les
coquilles à plufieurs parties ou valves, qui s’étoient tenues exaétemenc
fermées depuis qu’on les avoit pèchées, s'ouvrent d’elles-mèmes, ou
il eft crès-aifc de les ouvrir fans les gâter. Lorfqu’on juge que les poif-
fons font morts , ce qui arrive après que l’eau a bouilli quelque temps,
on retire du feu le vafe qui contient les coquilles. On les prend les unes
après les autres, & à mefure qu'on les tient, on jette très-aifément
hors des coquilles le poiffon de celles qui font multivalves ; à l'égard
de celles qui font d’une feule piece, on a un crochet de fer pointu, on
l'enfonce dans la coquille par fon ouverture , on faifit avec la pointe du
crochet le poiffon qui fe détache très-aifément.
À mefure qu’on vuide les coquilles, on les met tremper dans de
l'eau douce fraiche ; on les y laife baigner pendant pluñeurs jours, en
la renouvellant chaque jour, c’eft afin d’enlever le fel, & ce qui peuc
être refté des parties du poiffon. Quand les coquilles ont fuffifamment
trempé, on les fait fécher, & il n’y a plus rien à faire qu’à les em-
baller entre d'épais lits de coton. Il faut , en vuidant celles qui font à plu-
fieurs pieces ou multivalves, prendre garde de ne pas détacher le carti-
lage qui réunit ces pieces, le ménager avec foin; & fi on l’a rompu ,
contenir les pieces en polition avec un cordon noué autour de la coquille,
Il faut, en vuidanc celles qui font univalves, ou à une feule piece,
obferver fi l’orifice n’eft pas bouché par une piece de la mème fubftance
ue la coquille, On appelle cette piece Opercule. Pluleurs coquilles fe
Éres de cette maniere, & d’autres reftent conftamment ouvertes:
Quand les coquilles font operculées, il y a un peu plus de difhiculré à les
/
$06 RAR TU
vuider; on en vient pourtant à bout fans peine ; car en penchant la co=
quille, l’orifice en bas, en la fecouant comme pour en chaffer le poiffon,
fon poids & celui de l’opercule l’entraîne affez pour qu’on puiffe enfuite
introduire le crochet entre la coquille & l'opercule, qu’il ne faut pas
perdre; mais placer à côté de fa coquille pendant qu’elle trempe, &
l'envelopper avec elle dans un papier quand on emballe les coquilles.
La plupart des coquilles , quand on les pèche & qu'on les a même
lavées dans l’eau douce, ne font pas telles qu’on les voit dans les ca-
binets. Une fubftance membraneufe, qu’on nomme drap marin, plus ou
moins épaille , en enveloppe le plus grand nombre, & cache à nos re-
gards ces couleurs brillantes, ces taches , ces compartimens , cet émail,
ce poli & ce brillant qui font une grande partie du mérire qu’on leur
attache. Ce feroit trop exiger des voyageurs qu’ils nettoyaffent les co-
quilles de cette écorce qui nous en dérobe les beautés, & qui ne nuit
point à leur confervation. Il faut laifler ce foin aux curieux qui ont le
temps de s’y adonner, & qui connoiffent les moyens d’y réuflir. Comme
ils ne paroïffent pas de la compérence des voyageurs, qu'ils ne font rien
à la confervation des coquilles, & que d'ailleurs ils font très connus ;
je n’en parlerai point.
Je nai confidéré jufqu'ici que les coquilles qu’on trouve dans les
eaux de la mer ; celles des fleuves , des rivieres, des lacs, des étangs , des
ruiffeaux en nourriflent aufli, mais en moins grande quantité. On les
nomme coquilles Auviatiles. Enfin, il y a des coquilles terreftres ; tout
le monde connoît à cet égard les limaçons, & l’on trouve encore d’au-
tres efpeces de coquilles terreftres , mais communément dans les lieux
bas, dans les prairies, aux pieds des montagnes, & dans les endrois
humides. Les coquilles fluviatiles & les terreftres n'exigent, pour être
confervées, que les foins dont j'ai parlé en traitant des coquilles de mer.
On en tire de mème les vers qui les habitent, on les fair tremper de
même dans l’eau pour une partie des mêmes raifons, & on prend ies
inèmes précautions pour les envoyer. On agit encore de même par
rapport aux Vers à [UyaUX , lorfque ces vers font d’un volume affez grand
pour exiger qu’on les arrache de leurs loges, & qu'on ne les y lailfe pas
fe deflécher. C’efl ce que j’avois anonncé en parlant de ces vers.
De quelques Animaux qui n'ont pas été compris dans les articles
précédens.
Je crois que tous les animaux connus peuvent être rapportés à quel-
qu’un des articles qui forment le mémoire que je viens d'écrire , qu'ils
peuvent être compris dans ces articles, au moins pour ce qui a rapport
à la maniere de fe les procurer , de les conferver, & de les envoyer
du pays où on les trouve, dans celui où on veut les faire parvenir. Ce=
$ NiyALT,U, Ru 2, E LE. 507
en traitant des infectes, je n’ai point parlé de leurs larves, de
eurs coques & de leurs cryfalides. C'elt une omiflion que je dois ré-
parer. Les larves font les vers, ou les animaux fous la forme defquels
les infectes paroiffent ren forranr de l'œuf, qu'ils quitrent pour en pren-
dre une autre, après avoir véou & grandi pendant quelque temps fous
cette premiere forme. Ainfi les chenilles font les larves des papillons.
Les coques font ou des tiflus, ou des fragmens de différentes fub-
ftances raflemblés & unis enfemble, des loges enfin à l’intérieur def-
quels les larves fe retirent pour fe changer en-cryfalide, & prendre en-
fuite leur derniere forme.
Les ,cryfalides font des enveloppes cartilagineufes, de forme fouvenc
bifarre, quelquefois rrès-brillanres,, fous lefquelles paroiffent les infeétes,
en ceffant d'être dans l'érar de vers, & fous lefquelles ils demeurent ca-
chés jufqu'à ce qu'ils les rompent, pour paroïtte dans leur dernier
érar.
On diftingue les larves, des vers proprement dits, dont élles ont
fouvent la forme , en ce qu’elles ont toujours des pieds, plus ou moins
apparents, & la rêre écailleufe , au lieu que les vers font abfolument fans
pieds, & n’ont aucune partie qui foit écailleufe.
Les larves ne peuvent fe conferver que dans la liqueur , encore y per-
dent-elles leur couleur, & n'y gardent-elles que leur forme. Quelques
perfonnes touchées de la beauté des chenilles, ont cherché les moyens
de les conferver. J'en connois deux qui réufliflent paffablement pour
quelques efpeces; il faut faire une légere & courte incifion à la peau
de la chenille vers l’anus qu’on ne fait que dilater , puis preffant le corps
avec les doigts de la main gauche, en tirer les vifceres avec une pince
qu’on tient de la main droite ; quand le peau eft vuidée , on la diftend
-en foufflant dedans avec un chalumeau. Alors.on la remplit de fable, en
Ja fufpendant la ière en bas, & on la laifle fécher pleine de fable, qu'on
vuide après que la peau eft feche , & qui reflort par l’ouverture par où
ileft entré; ou bien.on fait fondre parties égales de cire & de graifle,
‘on remplit une feringue proportionnée de ce mélange aflez chaud, pour
-conferver quelque temps fa fluidité, & on en injecte la peau de la che-
mille. Si elle eft couverte de poils ferrés & fournis, comme il arrive
Souvent, elle fe confervera & paroîtra affez bien préparée; mais fi la
peau eft life, de l’une & l’autre des manieres que j'ai décrites , la che-
-nille perdra beaucoup , & fes couleurs ou paroïîtront fort alrérées, ou fe
sperdront tout-à-fair. Mais jesne connois point de meilleure methode , &
je n'ai jamais vu. de chemlles bien confervées que des chenilles velues.
Les coques méritent d'être ramaflées, parce qu’elles portent rémoi-
gnage de l'induftrie des infeétes , & que leur defcription entre dans leur
hiftoire. Il fufhic de les enlever , & de les ferrer dans des boëtes à part,
où on les garantit,par le moyen du coton.
508 He NES CE MO VAT SRDNE où,
Les ctyfalides ont communément affez de folidité pour n'exiger au
cune préparation, pour fe deffécher fans fe corrompre, fans changer de
forme , & quelquefois fans perdre leur éclat ; il faut feulement ôter la
vie à l’infecte qu’elles renferment, pour qu’il ne les perce pas:ce qu'on
fait en Les plongeant quelques heures feulement dans une liqueur fpiri-
tueufe, ou en les expofant fous un verre à l’ardeur du foleil.
J'ajouterai encore un mot au fujet des araignées, molles, pulpeufes ;
pions d'humeurs ; elles ne fauroient gueres être envoyées que dans la
iqueur ; elles y perdent fort peu ; leurs humeurs s’y épaifliffent , & quand
elles y ont féjourné quelque temps, qu’on les en retire, enfuite elles ne
fe deffechent pas outre mefure. On peut encore les conferver. en les pi-
quant avec une épingle, en fixant lears pieds par le même moyen, &
les pofant dans un four, dont la chaleur épaiflit leurs humeurs avant
qu’elles fe foient évaporées , & empèche par ce moyen qu’elles ne pa-
roilfemr arides & defléchées. On pourroit encore , quand elles font très-
groffes , & fi l’on n’y fentoit pas de répugnance , ouvrir le ventre en-
deflous , le'vuider & le remplir de coton; mais ces animaux, je dois en
avertir , ne doivent fur-tout dans les pays chauds, être maniés qu’avee
précaution. Leur morfure n’y eft pas fans danger.
Des notes & obfervations qu’il feroit à propos que les Voyageurs joi
gniffent aux objets qu'ils ramaffent & qu'ils envoient.
Ces obfervations confiftent à recueillir fur chaque objet les faits, dont
l’enfemble en compoferoit l'Hiftoire Naturelle; à les obferver par foi-
même , autant que le temps & les circonftances le permettent ; à inter-
roger les naturels du pays fur le refte ; à reftreindre ce qu’ils racontent
aux bornes que prefcrit une critique éclairée, fans admettre trop lége-
rement, fans rejetter avec trop de févérité-ce qui paroïît extraordinaire.
On peur réduire ces faits par rapport aux quadrupedes , aux articles fui-
vans qui font les plus importans , & en même remps les plus faciles à
conftater ; à déterminer le nom que leurs donnent les habitans du pays
où on les trouve ; à favoir quelle eft la différence du mâle & de la fe-
melle ; à la décrire s’il y en a; quelle eft la durée de leur vie; le temps
où ils entrent en chaleur, ou As y font toute l’année ; de combien de
temps eft la geftation de la femelle ; quel eft le nombre ordinaire de fes
petits; quelle précaution elle prend pour les mettre bas ; quelle diffé-
rence il y a des jeunes aux adultes ; pendant combien de temps la mere
les allaite ; combien il en paffe avant d’avoir acquis la grandeur, & le
terme de leur efpece; quelle eft la neurriture de ces animaux ; leur ma-
niere de la chercher, s'ils vivent feuls ou en fociété ; comment on les
chafle , s'ils font fauvages ; quels torts ils font ; quels foins on leur donne,
s'ils fonr domeftiques; quels fervices ils rendent ; comment on les
dompte :
VTT ORNE LL AE Va $09
on les dreffe; & quel ufage on fait de leurs chairs, de leurs os, & de
leurs différentes parties, &c.
Par rapport aux oifeaux , il importe fur-tout de favoir s'ils habirenr
dans le pays toute l’année, ou s'ils font de paflage ; quand & par où ils
arrivent ; de quel côté & en quelle faifon ils fe retirent ; d’où l’on croit
qu'ils viennent, & où l'on penfe qu'ils vont ; quelle eft leur nourriture ;
comment ils fe la procurent ; quelle différence il y a de la taille, du
plumage entrele mâle & la femelle ; en quoi les couleurs des petits dif
ferent de celles des adultes ; fi les oifeaux ne muent qu’une où plufieurs
fois l’année, & dans quelles faifons ; s'ils ne changent pas de couleurs
plufieurs fois dans la même année, ce qui n'eft pas très-rare parmi les
oifeaux des climats qui font entre les tropiques; s'ils pondent roure
l'année , ou dans une faifon feulement , & quelle eft cette faifon; com-
bien la femelle fait de pontes par an; combien d'œufs à chaque ponte ;
quelle eft la couleur des œufs; de combien de remps eft la durée de l’in-
cubation ; comment & avec quelles fubftances la mere fait fon nid, où
elle le place; fi elle le conftruir feule, ou fi le mâle laide dans certe
opération ; s'il partage avec elle l’ennui de la couvée, & les fationes de
la nourriture des petits ; fi ceux-ci vivent long temps en focitté, &
uand ils fe féparent ; de quelle utilité font les oifeaux , ou quel tort ils
re comment on les chafle s'ils font fauvages ; quels foins on en prend
s'ils font domeftiques , &c. Il faut de même que pour les quadrnpedes ,
s'informer du nom qu’on leur donne dans le pays où on les trouve.
Certe attention eft générale pour tous les animaux, ainf que celle de
fpécifier la couleur des yeux pour les quadrupedes, les oifeaux , les
reptiles & les poiflons ; celle du bec & des pieds pour les oifeaux, car
leur couleur eft fujette à changer.
On ne peut gueres favoir par rapport aux poiflons, que le nem que
leur donnent les habitans accoutumés à les pêcher; quelle eft la faifon
où ils les prennent, le temps où ces poiflons frayent, l'abondance ow
la rareté dont ils (ont dans les mers, ies Aeuves & les lacs ; quelle eft
la propriété, la faveur de leur chair, & l’ufage qu’on fait quelquefois
de leurs différentes parties ; mais au défaut de faits fur leur hifoire, on
doit décrire leurs couleurs, qu’il eft impoffible de conferver, & qu'on
ne peut faire connoître, qu’en les repréfentant avec le pinceau , ou en
les décrivanr. j
Il importe par rapport aux reptiles, de favoir s'ils font venimeux ,
quels accidens occalñonne leur morfure ; quels remedes on y porte;
c'eft à peu-près tour ce qu’on peut favoir de leur hiftoire, & on doic
y ajouter la defcription de leurs couleurs, &c.
Quant aux infeétes, c’eft fur-tout par rapport à eux qu’il faut tenir un
jufte milieu entre la crédulité qui admet tous les faits, & la critique
Tome IT, Pare. XIL, INC
g1o HUE 12 SONT NO NETAR NE
trop févere qui les rejette. Les infeétes font des êtres qu'on foule aux
pieds en même temps qu’on change leurs opérations les plus fimples ,
en merveilles & en prodiges. Je n’entrerai point dans le détail des faits
à leur égard. Variés à l'infini , longs à décrire, ils me conduiroient trop
loin. Je lailfe à la prudence des voyageurs , à recueillir des fais fur leur
maniere de fe nourrir, fur leur fagacité, fur les dégats qu'ils occafionnent,
fur les avantages qu’on en retire ou qu’on auroit droit d’en attendre.
J'ai omis de dire, qu'il faut par rapport aux quadrupedes , aux oi-
feaux , aux reptiles , parler de leurs cris, & les faire connoître autant qu'on
le peut.
IL n’elt pas poflible fans doute, que les voyageurs recueillent cous les
faits dont j'ai parlé, & qui cependant ne compoferoient qu'une partie de
l'hiftoire des animaux , mais ils peuvent raflembler un plus ou moins
grand nombre de ces faits : ce qu'ils en auront recueilli, fera très-1m=
portant, & d’autres compléteront ce que les premiers n'auront pas
appris.
Il faut, pour rédiger les faits raffemblés fur chaque animal dans l’or-
dre qui leur convient, écrire ces faits fur un cahier. À la tête des faits qui
concernent un animal , mettre un intitulé & un numéro. Ecrire le mème
num“ro fur un morceau de carte, l’attacher à l'animal dont on a tracé
l'hiftoire. Cer animal fut-il plongé dans la liqueur , elle n’effacera pas en-
tiérement l’encre.
Quoique j'aie fait mes efforts pour comprendre tous les animaux dans
les clalles que j'ai établies, je m'apperçois que les tortues ne peuvent pas
s’y rapoorter, Ces animaux font très-aifés à préparer, en enlevant leuc
caparace ou la piece qui couvre leur dos, en les vuidant enfuite, en les
décharnant , en imprégnant la peau du col & des pieds d’un mélange de
chaux & d’alun , & en remplflant ces mêmes parties de coton , ou autre
fubitance analogue ; on peut même, & il eft mieux de ne détacher la
caparace que d’un côté , de la remettre enfuite en place, après quoi on
l’aflujétit avec une corde. Je finirai par une obfervation, dont l’expé-
rience m'a appris l'importance toute fimple qu'elle eft. C’eft qu'on ne
peur alfez avertir les voyageurs de ramafer dans Les pays éloignés tous les
objets qu’ils rencontrent, foit qu’ils y foient rares ou communs, qu'ils
{oient brillans ou fans éclat. Faute d’être convaincues de ce principe , j'ai
vu des perfonnes bien intentionnées revenir de longs voyages les mains
vuides , parce que, difoient-elles, il ne s’étoit offert à leurs recherches
que des animaux communs & fans beauté ; mais ces animaux communs,
à deux mille lieues, peuvent nous être inconnus : ces animaux, dont la
forme eft fans grace , la robe fans éclat, font partie du fyftème général
de la nature. Il importe donc de les connoître. On ne peut donc trop ré-
péter aux voyageurs ; ramaflez tout ce que vous trouverez, préferez à la
je
DANCE Ve A EL fre
bonne heure les objets rares ; mais ne négligez pas les objets les plus
communs ; peut-être les Naturaliftes n’ont-ils jamais rs de
l'infeéte que vous avez écrafé mille fois, fans daigner le ramafler.
Je fens qu'il manque au mémoire que je viens de préfenter, des ar-
ticles très-intéreflans. Ce font ceux où l’on auroit averti les voyageurs
des animaux mal obfervés , des faits mal vus ou incertains qu'il auroit
fallu conftater , ou détruire ; des obfervations qu'ils auroient dû recom-
mencer; de celles qu’il eft inutile de répéter pour ne pas perdre un temps
précieux , en le confacrant à la recherche des faits connus & avérés;
les articles dans lefquels on leur auroit indiqué les climats les plus fer-
tiles, ceux vers lefquels ils auroient dû diriger leur courfe. Ces articles
étoient entrés dans le plan que je m’étois propofé; mais outre qu'ils au-
roient pu être au-deffus de mes forces , ils m'engageroient dans des
détails, dont la longueur excéderoit les bornes que me prefcrit la nature
de l’ouvrage , dont le mémoire que je finis, doit faire partie,
SE ——— ———
EXPLICATION DE LA PLANCHE Il
HDrIVeNV RTE" E
Papillon fous les épingles, contenu dans l'attitude dans laquelle on
les laife enfoncées.
AA. Nervures au-deflus defquelles il fauc enfoncer les épingles qui
contraignent les ailes.
BB. Morceau de liege, ou fi l'on veut, morceau d’un bois tendre &
poreux,
FtrGoRVE TT
Le corps nud d’un oifeau qu’on a écorché.
AA. Endroit où dans les gros oifeaux on auroit féparé le col d'avec
le corps, mais qu'on peut retirer dans les petits fans le couper.
BB. Endroit où on a coupé la têre dans un petit oifeau , ce qu’on fait
un peu plus bas dans les gros en C,
DD. Extrémités des ailes coupées en dedans à l'endroit marqué D.
EE. Les cuilles coupées au bas du pilon, un peu au deflus des ge-
noux.
F. L'extrémité du croupion tronquée en dedans.
FNIGAU-R E Ur ET:
La nn de l'oifeau retournée , telle qu'elle eft avant de l'avoir remis
dans {on état naturel.
Tcrij
: A 'm Nr. Ve.
A. Bafe du crâne ouverte pour en tirer la cervelle:
BB. Moignons des ailes.
CC. Peau des cuffes. Les jambes font repliées fous la peau.
st
ASUURES ESS.
EEE mme mom
a
NOUVEAU THERMOMETRE
Pour les Bains;
Préfenté à l'Académie par M. ASSIER PERICA (1):
C ’esr à cet Artifte ingénieux que nous fommes redevables du barome-
tre portatif, dont nous avons pailé dans le cahier précédent , pag. 433.
Ce n’eft point par étranglement ; comme il a été dit que le fommet du
tube eft terminée. Voyez /a Planche II de ce cahier f. 6. H. H. Les tu-
bes qu'il nous a préfenté font droits, fans étranglement, mais garnis à
leur Lomme d’une maniere particuliere dont il fe réferve la connoiffance.
Ces nouveaux barometres peuvent être placés dans des cannes, objet qui
réun t la plus grande commodité à la plus grande utilité.
Quant au thermometre nouveau, il s’eft propofé particulierement
d’en rendre l’ufage plus facile , fur-tout pour les bains, en augmentant
ta feufbilité de ces inftrumens. Les thermometres dont on fe fert ordi-
nairement pour melurer le dégré de chaleur des bains, font renfermés
dans un cylindre de verre, & ne peuvent prendre les dégrés de fa tem-
pérature , foit de l'air auquel on les expofe, foit de l’eau dans laquelle
on les plonge , qu'après que le cylindre de verre qui les contient a reçu
cette température, & qu'il l’a communiquée au tube qu'il renferme ; ce
qui demande environ une demi-heure de temps, & en attendant que
la liqueur foit au point où elle doit indiquer la chaleur desbains , l’eau ac-
quieit un dégré de chaleur trop confidérable. Le tube du nouveau thermo=
metre de M. Périca eft également renfermé dans un cylindre de verre,
mais la boule où le réfervoir qui contient la liqueur fort du cylindre. Pour
lui donner encore plus de fenfibilité , au lieu de terminer en boule la
partie inférieure du tube, 1l la tourne en fpirale, & lui donne la forme
RL
(1) II demeure à Paris , rue Saint-Antoine , au coin de celle de Fourcy.
ANRT as: 513
d’un pain de bougie. Cette forme, en expofant une plus grande furface
à l’aétion de l’air ou du liquide ambiant, donne une telle fenfbilité au
thermometre , qu'en plongeant dans l’eau chaude deux de ces inftru-
mens à l’efprit-de-vin , qui marquoient Pun & l’autre 20 dégrés de la
chaleur aruficielle . felon la graduation de M. Réaumur ; celui de la con-
ftruction de M Périca a monté de $0 en un quart de minute , tandis que
l'autre n’étoit pas encore monté de 10 degrés; & le premier en moins
d’une minute , redefcendoit déja fenfiblement, parce que l’eau com-
mençoit à perdre fa chaleur. Il y a eu la même Sérence dans les pro-
grès de la marche des deux thermometres , en les plongeant dans l’eau
de puits; enfin ils font revenus après un intervalle de demi - heure ou
environ, à 20 degrés d’où ils étoient partis l’un & l’autre. L'Académie des
Sciences a accordé fon approbation & fes éloges à ces deux inftrumens,
I —
NOUVELLES LITTÉRAIRES.
La Société de Phyfque expérimentale de Rotterdam propofe pour fujec
du Prix : Quels font les moyens de connoître en Mer, sûrement, ou au
moins plus sûrement qu'on ne l’a fait jufqu'à préfent , la direction des
Courants , Joit pendant une rempête ; foic dans un temps calme ou par un
temps moyen. Les Mémoires peuvent être écrits en Hollandois , en Fran-
çois, ou en Allemand, & envoyés francs de port à M. Bicker , Secréraire
de la Société. Le Prix fera adjugé dans la Séance du premier Mars 177$.
La Société Economique de Zell propofe pour fujec du Prix , & de-
mande l'Hifloire de la maladie caufee par l’ufage du grain ergotté, fon
origine , fes fymptômes , les remedes les plus efficaces , &c. En même
temps les fymptômes & les effets de la même maladie dans les perfonnes
qui en ont été attaquées , fans avoir fait ufage du pain d'ergot ?
La même Sociéré demande, Quels font les endroits du Pays d'Hano-
yre où la Cochenille abonde, les moyens de la cueillir avee plus de faci=
lité , & ceux de l’employer avec avantage , 6 d'en faire de bonnes couleurs
cramoifi? Celui qui aura donné des renfeignemens à cet égard , recevra
une récompenfe proportionnée au fervice qu'il aura rendu.
La Société Economique du Duché de Carniole, demande : quel eff le
genre ou l’objet d’induftrie le plus convenable & le plus profitable aux ci-
coyens d’un Etat en general & de la Carniole en particulier , de maniere
que chacun retire , ou du principal, ou de l’acceffoire de ce genre , des com-
modités plus faciles , une fubftance plus affurée, & par conféquent que ni
L'un ni l’autre de ces deux articles ne foient trop affoiblis au détriment du
bien-être commun. Les Mémoires écrits en Latin, en Italien, en François
ou en Allemand, doivent être adreflés francs de port à la Société avant
le mois de Mai prochain.
La Société Royale des Sciences de Gottingue, propofe pour fujet de
prix la queftion fuivante : Combien y a-t-il de fortes d’infeëles nuifibles
aux papiers des Archives & des Bibliotheques ? Quelles font les matieres ,
comme cuir, colle, &c. que chaque efpece recherche plus avidement À
Quels feroient les moyens les plus propres à les empêcher de nuire. Les Mé-
moires doivent être adrellés francs de port avant la fin du mois de
Juin 1774.
L'Académie Electorale Palatine des Sciences propofe de nouveau pour
7 €
| L'OIRTUTOENRU 4 HURUE s: [EE
le fujet du prix de l’Hiftoire Naturelle: Quelles font dans les fougeres les
parties effenvielles des deux fexes , fpécialemenc dans les préles des champs ;
des marais. ( Equifera arvenfe & paluftre Lin) dans lOfmonde Royale,
(Ofmunda Regalis,) & dans la fougere aiglonée ( preris aquilina Li,
Le fecond fujet de prix eft annoncé ainfi: Des Affronomes célebres ,
ayant affuré qu'il y a ur moyen de connoître d'avance, & de déterminer
les variations du barometre, comme l’on fait prédire Les éclipfés de lune
ou de foleil , l'Académie demande des recherches fur ce moyen; elle veut
que vous les calculs foient exacts, vérifiés & confirmés par l’expérience.
Les Ouvrages doivent être envoyés avant le premier Juillet 1775.
Hifloria & Commentationes , &c. Hiftoire & Mémoires de l'Acadé-
mie Electorale Palatine des Sciences & Belles Lertres. A Mannheim,
1773 , com. III, in-8°,
Le Public défireroit fans doute, que les Mémoires de ce volume ré
pondiffent un peu plus au titre de cette Académie. On le voit à regret
prefque rempli d'objets de Littérature ou d’Antiquité.
Novi Commentarii ; &c. Nouveaux Mémoires de la Société Royale
de Gottingue, pour l’année 1772. À Gortingue , chez Dietrich, in-8°.
Ce volume tres plufieurs Mémoires de Phyfique très-intéreflans.
La fenfbilité & l’irritabilité du corps humain font préfentés fous un nou-
veau jour , par M. Haller ; M. Vogel traite des parties conftituantes du fel
ammoniac; M. Murey décrit plufeurs plantes nouvelles ; M. Richter
confidere la nature & la guérifion des maladies, dont le fiege eft dans la
cavité du front. M. Becman continue fes eflais fur les pétriñcations, fui-
vant fon fyftème zoologique. M. Meifter recherche la caufe des variations
des degrés dans les thermomerres , & la maniere de corriger l'échelle,
Voilà en général les Mémoires qui font de notre reflort.
D. Carl, abr. Gerhard... Beytrege, &c. Mémoire relatif à la Chymie
& à la Minéralogie, par M. Gerhard, de l’Académie de Berlin, 1 vo.
in-8°. 1773. À Berlin. Cet Ouvrage fera en général peu du goût de nos
faifeurs de cabinets d'Hiftoire Naturelle qui ne s’attachent qu’à l’exté-
rieur, & qui d’après telle ou telle forme, claffent les fubftances miné-
rales. L’Auteur prétend avec raifon , que pour bien connoître & claffer
les minéraux , il ne faut point s’arrèrer aux phénomenes variables & illu-
foires de l'extérieur, mais qu'il faut en faire l’analyfe, & en découvrir les
parties conftituantes. On lira avec plaifr l’effai d’une nouvelle divifon
des pierres & des terres, d’après les expériences & les analyfes de l’Au-
teur.
D. Leon Flias Hirfchel, medicinifche , &c. Heures perdues médicinales,
par M. Hirfchel. À Berlin, 1 vol. in-8°, 1773. Souvent un Livre doit fa for-
tune à un titre ; celui-ci, quoique fingulier, n’eft pas dans ce cas. Des ob-
516 Pa ni Yn SEX AO NUITE.
fervations intéreffantes , des réflexions prifes dans la nature mème, la def-
cription d’une épidémie, dont le cours long & meurtrier s’eft préfenté
fous différentes formes après les inondations qui ont défolé quelques
contrées de l'Allemagne , font autant de traits qui caractérifent cet Ou-
vrage. Puiffent nos Médecins ne jamais perdre les heures autrement!
Obfervata quedam Medica, &c. Obfervations de Médecine, par M.
Marx. A Berlin, 1773 én-8°. On lit parmi les Obfervations qui compo=
fent ce volume , une très importante. Un malade attaqué du Tania ou ver
folitaire , avoit pris une forte dofe d’un opiat, compofé avec la limaille
d'étain & le miel ; le fuccès furpañla l’efpérance , un ver à tête fendue ou
fourchue fut heureufement expulfé, & il avoir cent aunes de longueur.
On demande comment la limaille d’étain a pu opérer ce prodige ?
Joannis Frederici Meckel nova Experimenta & Obfervationes de fini-
bus venarum ac vaforum lYmphaticorum in duëlus , vifceraque excretioræ
corporis humani , ejufdemque flruëlure uilitate. À Berlin, chez Nicolaï.
Ce Recueil d’obfervations devroit ètre entre les mains de tous ceux qui
s'occupent de l’art de guérir, & il feroit à défirer qu'on le traduisit en
François. Les expériences de l’Aureur décelent le grand Anatomifte, &
répandent le plus grand jour fur plufieurs objets mal déterminés, ou plu-
tôt , fimplement apperçus jufqu’à ce jour.
Notice des Livres du cabinet de M. ***, 1 vol. in-8°. de 140 à 150
pages. À Paris, chez Hériffant, rue Notre-Dame. Certe collection eft
une des plus curieufes pour la Phyfique & pour l’Hiftoire Naturelle, &
depuis long-tems on n’en a pas expofé en vente de plus riche & de mieux
choifie. On eft furpris de voir ce catalogue fi peu foigné , & que le Li-
braire n’ait pas eu l'attention de lire le titre des Livres. Les noms propres y
font défigurés de maniere à ne plus les reconnoître ; des noms de pays, ou
de villes font indiqués pour ceux des Auteurs. Cette collection, méri-
toit à tous égards, qu’on eût divifé les Livres par clafles.
Manuel des Marins, ou Explication des termes de la Marine , par
M. Bourdé, Officier des vaifleaux de la Compagnie des Indes. À Paris,
chez Saillant & Nyon, 2 romes in-8°, en petits caracteres 1773. L’Au-
teur fe plaint des méprifes de ceux qui ont écrit fur la Marine. L'objet
de fon Ouvrage eft de rectifier leurs erreurs, & de donner une défini-
tion jufte des mots techniques de la Marine.
Fin du Tome II.
TABLE
wo
“ DECEMBRE 17 73.
Ar ae ru
TL
Decembre. 1778
pu
$17
TABLE GÉNÉRALE
DES a ANR PINOT ES
CONTENUS DANS CE SECOND VOLUME.
PHYSIQUE.
F7 UES générales fur la Phyfique ; traduites de l'Allemand ; € impri-
mées à Érfurd en 1773. De l'Union ; ou force conjonétive des corps,
page 173
Confidérations opriques. Second Mémoire, par D. T. Correfpondant de
l'Académie Royale des Sciences, fur ur phénomene dé aux foufflures du
verre à vitre, Le premier Mémoire eft dans le volume précédenr,
page 365, II
Confidérations epriques ; troifeme Mémoire. De la caufe immédiate da
la Réfraëtion 27£
Confidérations vptiques. Quatrieme Mémoire far La décompofition de La
lumiere dans le phénomene des anneaux colorés, produits avec un miroir
concave , 349
Obfervations fur une Aurore boréale , communiquée par un Correfpondane
de Lancaftre en Penfylvanie, 29$
Obëfervation fur un triple Arc-en-Ciel ; par un Correfpondant de Lan-
caftre en Penfilvanie , 236
Expériences & Obfervarions fur le Charbon , comme conduëteur de l'Elec-
zricité ; par M. Priefiley ;, Membre de la Société Royale de Lon-
dres , 89
Obfervation de Phyfique, lue à l'Académie Royale des Sciences ; le 14
Juiller 1773 , fur l'électricité des nuages , 27E
Zertre de M. Sigaud de la Fond, Profeffeur de Phyfique expérimen-
tale à Paris, à l’ Auteur de ce Recueil, [ur la fufion de l'or , opérée
inflantanément par une commorion éleétrique | & fur La couleur Purpurine
que ce métal acquiert dans cette expérience , 384
Précis du Mémoire Lu par M. le Roi à La Séance publique de Rentrée de
l’Académie Royale des Sciences de Paris y le 13 Novembre 1773,
dome IT, Part, XII. Yvy
518 TABLE GÉNÉRALE
Jr la forme des Barres ou des conduëleurs metalliques , deflinés à
préferver les Edifices de la foudre , en tranfmectant fon feu à la terre,
437
Maifon d'épreuve du Tonnerre, inventée par M. Lind, 443
Lertre écrire à l'Auteur de ce Recueil; par le Pére Bertier , de l’Ora-
toire, où il expofe une expérience qui terd à prouver que les corps pefent
d'autant plus qu’ils font plus élevés fur la terre jufqu'à une petite dif-
tance ; 261
Obfervarions fur l'expérience du Pere Bertier, inférée Tome II , page
251 ; par M. de la Périere , Chevalier, Seigneur de Roiffé, 374
Quatrieme expérience du Pere Bertier , qui rend à prouver que les corps
pefent plus à mefure qu'ils s’éloignent de la terre, 275
Réflexions fur une nouvelle expérience du révérend Pere Bertier, qui prou-
veroic que la pefanveur augmente à mefure qu'on s'éloigne de la terre,
& même fuivant une progrefion fort rapide ; par M. Lefage de Geneve,
- 375
Differtation fur les caufes qui produifent les variations du Barometre ;
par M. de la Montagne, Doëteur en Medecine , 263
Obfervations fur l’Evaporation , par le Lord Kames, 97
Premiere Lestre de M: Franklin au Doëleur Lining, für le Rafraïchifle-
ment produit par l’évaporation des liqueurs ; 276
Seconde Lectre de M. Franklin au Doëteur Lining fur le Rafrafchiffemene
produie par l'évaporation des liqueurs , 453
Extra d'une Lettre de M. Franklin à Miff Stevenfon; fur des expé-
riences relatives à la chaleur communiquée par les rayons du Soleil ,
8x
Expériences par M. Franklin fur l'impreffion des objets lumineux ie
les Nerfs vifuels, 383
Rapport des Obfervations faites für: Mer pour la détermination des lon-
icudes & autres objets concernant la navigation ; par MM. de Ver-
dun , €hevalier de Borda & Pingré; lues à la rentrée publique de l'Aca-
démie des Sciences , après la quinyaine de Pâques , par M. Pingré, x
Obfervations fur les apparences laiteufes de l’eau de la Mer ; par le Capi-
taine Newland, 412
Lettre de M. Saboureux de Fontenay, fourd & muet de naiflance, &
l Auteur de ce Récueil, 78
Obfervations traduires du Chinois ; par M. Banaud , Doëteur en Méde-
cine, fur plafieurs grains dont les Chinois fonc ufage ; & Jur la maniere
dont ils les cultivent, 209
Defcripcion des effets de la Neige fur les grains Jfemes ; 291
Mémoire fur l’imication du Vol des Oifeaux ; par M. Mongés , Chanoine
Répoulier de la. Congrégation de France ; lu à l’Académie de Lyon lé
11 Mai 1773» 140
ER 77
in de
DES ARTICLES 19
Obfervarions faites fur la Calandre qui dévore les Bleds ; par la Societé
d'Agriculture de Philadelphie, 457
CHSPPANMT NN" E.
D ISSERT ATION qui a remporté le Prix propofé par l’Académie Royale
des Sciences de Berlin, pour l’année 1773. Quel eft le but véritable que
femble avoir eu la nature à l'égard de l’Arfenic dans les mines, prin-
cipalement fi on peut démontrer par des expériences faites ou à
faire , fi l’Arfenic eft utile dans la formation des métaux , ou s'il
peut produire en eux quelque changement utile & néceffaire ? Par
M. Monnet, Minéralogifle au Service du Roi de France, des Acadé-
mies Royales des Sciences de Stockholm & de Turin, &c. 191
Précis de la Doëtrine de M. Meyer ; fur ? Acidum pingue, 30
Précis d’un Ouvrage, intitulé : ExAMEN Docrrinz, &c. Examen
de la Doëtrine de M. Meyer , touchant l'AcibuM rINGUE ; & de celle
de M. Black, fur l'Air fixe concernant la chaux ; par M. Crantz ,
Profefleur de Médecine à Vienne, 123
Précis de la Doëtrine de M. de Morveau, fur le Phlogiflique ; & Obfer-
vations fur cette doëlrine , 285
Réponfe au Précis raifonné du Mémoire de M. Jacquin ; Profefeur de
Chymie à Vienne ; en faveur de l'air fixe , contre la Doëtrine de M.
Meyer ; relativement à l'Acidum pingue , inféré dans le Journal de
Phyfique du,mois de Février 1773; par M. Fourcy , Maitre Apo-
thicaire , 218
Changemens à faire à la traduëtion de la Differtation de M. Ruterford,
Sur l'Air méphitique, & dont la circulation eff inrerrompue , 8
Extrait d’une Lettre de M. Prieflley , en date du 14 Okiobre 1773,
Jar l'air fixe alkalin , 339
Mémoire [ur l’exiflence de l’air dans les' Minéraux, avec des Expérien-
ces qui prouvent que quelques-uns n'ont point d'acide ; par M. Kenger,
Miréralogifte Allemand, 466
Mémoire fur les Eaux minérales & fulfureufes de Caftle-Loed & Fairburn
dans le Comté de Roff, de Pirkeathly, dans le Comré de Perth en Ecofle;
zraduit de l’Anglois du Doëteur Monro , Médecin des Armées du
Roi, des Hôpitaux ; Affocié au College des Médecins de Londres ,
de la Société Royale : lu le 23 Janvier 1772, 4I
Lertre de M. Rouelle, Apothicaire de S. A. S. Monfeigneur le Duc
d'Orléans, & Démonftrateur en Chymie au Jardin du Roi, &c. à
l'Auteur de ce Recueil, relativement au procédé pour obtenir l'éther
Vvrij
510 TABLE GÉNÉRALE
nitreux ; inféré dans le tome I, page 478, 144
Lertre écrite à l’Auteur de ce Recueil; par M. Mitouard, Maître en
Pharmacie, & Démonffrateur de Chymie, au fujet de la Lettre de
M. Rouelle, inférée page 144, 323
Lettre de M. Bayen, fur le Sel effentiel d’ofeille, 324
Defcriprion de la Pierre cornée ; par M. Baumer , 154
ZLertre à l’Auteur de ce Recueil, en réponfe au Mémoire de M. Beaumer,
fur la Pierre cornée, inféré page 154, tome II; par M. Monnet,
I
Analyfe du Charbon de Pierre de Mont-Cenis en Bourgogne ; par PACE
Morveau, 44$
Obfervation fur la réduition de {a Mine de fer par Le Charbon de Pierre ;,
de Mont -Cenis; par M. de Morveau , 450
Méthode fimple & aifée de rendre l’eau de la Mer potable, en la dépouil-
lant de toute fa falure & de fon âcreté ; par le Capitaine Newland,
258
MS ED PE NRCARENQIE.
Bron de M, de la Motte, Médecin de Bordeaux ; fur une
maladie Jinguliere de lEpiderme ; communiquée à M. Banaud ;.
Doëleur en Médecine , 22
Objervations fur la nature de l’Epiderme € de la Peau ; par M. Banaud,
Doëleur en Medecine , 24
Extrait d’une Lettre écrite de Milhau , le 9 Mars 1773 ; par M. Peller,
Doëteur en Médecine, & adreffée à M. de la Condamine, de l’Aca=
démie Royale des Sciences de Paris, fur une Fille qui depuis l’âge de
quatorze ans jufqu’à celui de vingt-deux, a un dérangement de regles,
dont l’écoulement fe faifoic par les yeux, au moyen d'un torrent de
larmes , 297
Rapport fait à l Académie des Sciences , le à Juin 1773; par MM. Tenon
& Portal, fur un enfant né fans cerveau ni cervelet, 63
Expériences à tenter, pour parvenir à déterminer la nature du venin
peflilentiel , à combattre [es effets , & à en arrêter la propagation 5 par
M. Mauduir, Doiteur-Régent de la Faculté de Médecine en l'Uni-
verfité de Paris, 104
Obférvation fur laguelle eff fondée la propofition de diriger Paëtion des re.
medes, immédiatement fur les miafmes peftilentiels , 106
Mémoire d’une groffeffe finguliere, par M. de Haller. Lu à l’Académie
des Sciences, par M. Adanfon, 246
RIDE S SA URIT RC I'É:s: s21
Defcription des effets du Sommeil Jar la chaleur du corps humain j par
M. Martin , 292
Differtarion anatomico-phyfiologique fur la préparation des liquides fecre-
toires du corps humain par la réforption, € fur ies diverfes & confidé-
rables utilités qui en réfultent ; par M, Meckel, 298
Defcriprion d’une Pofition finguliere de L Aorte 5 par M. Sven Rinman ,
463
nt
HISTOIRE NATURELLE.
VA SSAIS [ur l'étude des Montagnes ; par M. D. P, LG. de Monté-
limar, 416
Obfenvation fur l Asbefte ; par M. Nebel, 62
Méthode pour conferver les Semences & Les Plantes dans leur état de Végé-
tation , pour pouvoir les tran/porter dans les Pays lointains 53 par M.
Etlis.: s6
Rapport fait à l Académie par MM. Fougeroux de Bondaroy & Adanfon,
du Mémoire de M. Antoine- Laurent de Juffieu, Intitulé : Examen de
la famille des Renoncules, 327
Obfervation fur la fleur du T ournefol , ou Soleil. Helianthus annuus. LIN.
S?. PL. corona folis, C. B. P. 331
Méthode facile pour conferver Les Sujets dans l'efprit-de-vin ; par M.
Louis Nicola , 6a
Lettres de M. Kuckhan aux Préfident & Membres de la Société Royale
de Londres, für la maniere d'embaumer les oifeaux , 147
Lettre à l’ Auteur de ce Recueil Jur la maniere de conferver les animaux
defféchés ; par M. Maudit , Doëteur-Régent de la Faculté de Méde-
cine en l'Univerfité de Paris, 390
Mémoire fur la maniere de Je procurer les différentes efpeces d’Animaux ;
de les préparer, & de Les envoyer des pays que parcourent les Voya-
Beurs ; par M, Mauduir, 473
Obfervation fur la Tortue de Pruffe, par M. Marggraf , 48
Obférvations fur les Vers à foie qui naiffent dans l'Amérique feptentrio-
nale ; par M. Moyfe Bertram , St
Defiription d'un Geai de Chine , 146
y22 TABLE GÉNÉRALE
ASNRUTENSE
Msorre de M. Guerin , fur une Étuve économique , dont il a PrÉ=
Jenté le modele au Bureau d'Agriculture de Brive, à la féance du Lundi
10 Février 1769, 340
Rapport fait à l’Académie des Sciences, par MM. le Chevalier d’Arcy
& Beaumé, du Mémoire de M.Grignan, Maître des Forges à Bayard ,
Correfpondant de l’Académie & de celle des Belles-Lettres , fur une
nouvelle Fabrique de Canons d’Artillerie, de fonte épurée, ou de régule
de fer : 336
Economie des Formes ou:Tuyeres de cuivre dans les Forges ; par M.
Leonh. Magnougela , 67
Explication d'un Inftrument qui a été employé à fonder avec précifion le
profondeur de la Moldau en Bohême, & celle de la March ou Morawe
en Moravie , fur deux étendues, qui enfemble font environ foixante &
dix lieues de France ; par M. Breguin de Demengey ; Colonel & Ingé-
nieur au Service de LL. MM. Imperiales, Royales & Apoftoliques , 64
Defcriprion d’une nouvelle balance | qui montre tout d’un coup le poids des
chofes qu'on y met, avec fon vrai rapport aux poids des autres Pays,
Jans aucun retardement pour trouver l'équilibre comme dans les balances
ordinaires ; par M. J. H. Magalhaens , Correfpondant de l’Académie
Royale des Sciences de Paris, 253
Réponfe de M. le Colonel de Brequin, fur La nouvelle Balance placée par
M. Magalhaens, dans une des cours de l'Hôtel d’Aremberg à Bruxelles,
en Février 1773; 333
Réponfe de M. le Colonel & Ingénieur de Brequin, aux réflexions de
M. Magalhaens , fur la Sonde que le premier à inventée, 33$
Defcripcion & explication du modele de la Machine hydraulique , inventée
par M. IVIRTZ , & préfenté à la Société établie à Londres pour l’en-
couragement de l’Agriculeure, des Arts & du Commerce ; par M. Ro- |
dolphe Woltravers, Ecuyer; traduétion de l’Anglois, par M. Pinge-
ron , Capitaine d’Artillerie, & Ingénieur au Service de Pologne, 16x
Defcription des Refforts nouvellement inventés ex Angleterre ; par M.
Jacob, pour fufpendre les Voitures ; communiquée par M. Pingceronr ,
159
Rapport fait à l’Académie Royale des Sciences ; par MM. Leroy &
Lavoifier, fur la feconde Partie de l Art d'exploiter les Mines de char-
bons de terre ; Préfentée par M. Morand fils, de la même Académie,
68
f
t DES ARTICLES. 23
Perfeëlion à donner aux Lampes économiques ; par M. Pafumot ; Ingénier
du Roi, 6:
De/criprion d’une nouvelle Ruche PYramidale, préfentée à la Société éta
blie à Londres, pour l'encouragement de 1 "Agriculture, des Arts & di
Commerce, par M. Charles W ithwortham, un des V. ice-Préfidens de cette
Académie, Traduëtion libre de l’Anglois ; par M. Pingeron, 28
Defcription du Barometre portatif ,
435
Defcriprion d'un nouveau Thermomerre pour les Bains , préfenté à l'Aca-
démie par M, Affier Perica , s12
ns
NOUVELLES LITTERAIRES,
Nouvelles littéraires, 186$, 260, 3443 514.
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