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œuvres
Complètes
D E
M. LE DE BUFFON,
hte^am du Jardin du Roi, de l’ AcaeÙmie
trançoife, de celle des Sciences, dre.
Tome Premier.
— DES Animaux quadrupèdes,
A PARIS,
L’IMPRIMERIE ROYALE.
£> C C L X X V.
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0
table
De ce qui efl: contenu dans ce
V olume.
Lies Animaux clomejliques. page t
Le Cheval o
132
Le Bœuf 171
La Brebis
La Chèvre
Le Cochon , le Cochon de Siam le
Sanglier
Le Chien ^oc>
Chat
/
histoire
Histoire
Naturelle.
Les Animaux domefiiques.
*s
^ Jes faiW^fer^rtT"'
îe^Vord” &
animal fauvage eft donc bornée à un
NaturTraul-"^^ lalîmple
“^al doiueftîm^^ Ihiftoire dun ani-
‘î’-’ia tap^i^ fft compliquée de tout
I- Q..4ls,r T”‘’‘““
i Hijloire Naturelle
pour l’apprivoifer bu pour le fubjuguer ^
& comme on ne fait pas aflez combien
l’exemple , la contrainte ^ la force de
l’habitude , peuvent influer fur les ani-
maux & changer leurs mouvemens ,
leurs déterminations , leurs, penebans ,
le but d’un Naturalifte doit être de . les
obferver aflez pour pouvoir diftinguer
les faits qui dépendent de_ l’inflindt ,
de ceux qui ne viennent que de l’édu-
cation; reconnoître ce qui leur appar-
tient & ce qu’ils ont emprunté , féparer
ce qu’ijs font de ce qu’on leur fait
faire , & ne jamais confondre l’animal
avec Tefclave, la bête de fomme avec
la créature de Dieu.
L’empire de Hromme fur les animaux
eft un empire légittme cju’aucune révo-
lution ne peut détruire , c’eft l’empire
de l’efprit fur la matière , c’eft non-
feulement un droit de nature, un pou-
voir fondé fur ■ des loix inaltérables >
mais c’eft encore un don de Dieu , pat
lequel l’homme peut reconnoître à tout
înftant l’excellence de fon être-, car ce
n’eft pas parce qu’il eft le plus parfait ,
Je jjIus fort ou le plus adroit des animairf
des Animaux. s
leur commande: s’il •
Premier du même ordre T7
feiinrroient pour lui difr. t ^ p
;;«« c-eft l^rfupériS'P^^l'rapire-,
î homme règne ^ «lue
^ dèsdors feft
penfent point/ êtres qui ne
ne peuvent oppofoà
iourde réliftance ou / 'î"
flureté » que fa • .?'•' inflexible
monter & vainrre i Pur-
uns contre les autres"- d
'^egétaux, que nar fL’ f / des
augmenter diini ^ mdullrxe il peut
«iwer . di *T > K"°>'velet , V
*"ii U e "“Irrr"'''!’**"'
que non -feulement ‘‘"“’'®u>i parce
mouvement & du r eux du
‘ * pi>« la ktilTr- 'r 1“'“
connoît les fins I I ^ ^ Penfée, qu’il
'‘■'isor fe?,aTo,î " ‘”»I'«.. qutffatr
tions, mefurer
force par refrir’ 'Jiim^ns , vaincre
^ emploi du temps^ ^ ^
paroilîen/j^ animaux les uns
^ plus ou moins familiers,
Aij
4 HiJIoire Naturelle
plus ou moins fauvages , plus ou moins
doux , plus ou moins féroces : que l’on
compare la docilité & la foumiffion
du chien avec la fierté & la férocité du
tigre , l’un paroît être l’ami de 1 homme
& l’autre Ibn ennemi ; fon empire fur
les animaux n’eft donc pas abfolu ,
combien d’efpèces favent fe fouftraire
à fa puiflânce par la rapidité de leur
vol , par la légèreté de leur courfe ,
par l’obfcurité de leur retraite, par la
diftance que met entre eux & l’homme
l’élément qu’ils habitent; combien d’au-
tres efpèces lui échappent par leur feule
petitene ? & enfin combien y en a-t-il
qui bien loin de reconnoître leur fou-
verain , l’attaquent à force ouverte , fans
parler de ces infettes qui fcmblent l’in-
fulter par leurs piqûres , de ces ferpens
dont la morfure porte le poifon & la
mort , & de tant d’autres bêtes im-
mondes , incommodes , inutiles , qui
femblent n’exifter que pour former la
nuance entre le mal & le bien , & faire
fentir à l’homme combien , depuis fa
chute , il eft peu refpeété !
C’eft qu’il faut diftinguer l’empirC
des Animaux. j
tteifcrl,?'' l’homme :
* » N,.„re. n.o me t
lur le produit de h • ?i
rien fur les mr> j il ne peut
îeftes, fur I J “-
‘lu il habite -'i^''°^utions de ce globe
animaux les ^
^n général il les minéraux
Pèces il 1’ P^" les ef-
car les efJ individus ;
plutôt la nu
fe fuir r. = ‘nut fe paffe ,
Pc meut upcede, fe renouvelle &
Phomme entrS ’
rent des Lmn ^‘u-meme par le tor-
propre dure^^ 1^ ? Pnur fa
matière / i norps à la
*s êtres ire?"? ‘nurbillon
commune’- il f
fance & rei t Puif-
^rokk péS mfte,ilnaît,
^ft^Sné^ [fynn^.divin dont bhomme
* mus lès^ïre^'' au-delîus
tance fpirin, n ‘^'’.mnels -, cette fubf-
P uelle , loin d’être fujetce à
A iij
(j Hijîoire Naturelle
la matière , a le droit de la faire obéir,
& quoiqu’elle ne puilïê pas commander
à la Nature entière , elle domine fur les
êtres particuliers : Dieu , fource unique
de toute lumière & de toute intelligence,
régit l’Univers & les efpèccs entières
avec une puilUnce infinie ^ l’homme , qui
n’a qu’un rayon de cette intelligence ,
n’a de même qu’une puillance limitée à
de petites portions de m. tière , & n’eft
maître que des individus.
Ceft donc par les talens de l’efprit ,
&c non par la force & par les autres
qualités de la matière , que l’homme a
fu iubjuguer les animaux : dans les pre-
miers temps ils dévoient être tous éga-
lement indépendans •, l’homme , devenu
criminel & féroce , éroit peu propre à
les apprivoifer -, il a fallu du temps pour
les approcher , pour les reconnoître ,
pour les choifir , pour les dompter -, il
a fallu qu’il fût civililé lui-même pour
favoir inftruire & commander, & l’em-
pire fur les animaux , comme tous les
autres empires , n’a été fondé qu’après
la fociété.
C’efl d’elle que l’homme tient fit
des Animaux. j
téuT f &
.auparavant l'homme
pu c re I animal le plus fauvage
fans^a^^”* (J • "*•> >
pour lui^^ ^ ^ans abri, la terre netoit
n^onft ë '"f"
proie • &
PhifloL^ long -temps après,
u t W premiers
dë bêter"' ''' deftrudleurs
nanrT,, Çtendue , multipliée , ré-
la fnd ’’ ^ Paveur des arts & de
force? ” fu «.«cher eo
tecëler^'.' rUmvi^rs, il a fait
tefoiip^^ animaux gigan«
remues dont nous trouvons encore^ les
?fleme„sé„onoe,,iladé„uirou,MlS
Pères l ^individus les ef-
lë T ^j'^^'^raux, & fubjuguant
»o.nbie Tr °“ P“ >'
> OC les attaquant tous par des
Aiiij
i Hijloire Naturelle , &c.
moyens raifonnés , il eft parvenu à fc
mettre en riirete > & à établir un empire
qui n eft borné que par îcs lieux inac-
ceffibles, les folitudes reculées, les fables
brûlans, les montagnes glacées, les ca-
vernes qbfcures , qui fer /ent de retraites
au petit nombre defpèces d’animaux
indomptables.
f
i
1
Urine Z.
9
Le che val.
Ltn hn que l’homme
& foin " de ee fier
iui leslSr ^Tf avec
maître mcrépide que fon
il l’aimp 1 I des armes ,
mêil perche & s’anîme de la
^^eme ardeur: Il partage aufli fes pkî-
courV^ -i t tournois, à la
autant œ ^ -, mais docile
autant que courageux, il ne fe lailTe point
emporter à fon feu, il fait rëprimJr fes
uouveraens non - feulement ^il fléchit
fom h marn de celui qui le guide
mais il femhle confulter fes deffrs , &
obeiflant toujours aux impreffions qu’il
ou s’Se 'l^^P‘:“Vite , fe modère
faire • r à tjue pour y fatis-
fïn êtr. à
lonté fî> n»sxifter que par la vo-
venir P^^'
HUi 5 pat la promptitude & la
Av
I O Hyioire Naturelle
prédlîon de Tes mouvemens l’exprime
& l’exécute , qui fent autant qu’on le
clefire, & ne rend qu’autant qu’on veut,
qui fe livrant fans réferve , ne fe refufe
à rien , ferr de toutes fes forces , s’exccde
& meme meurt pour mieux obéir.
Voilà le cheval dont les talens font
développés , dont fart a perfeébionné
les qualités naturelles, qui dès le pre-
mier âge a été foigné & enfuite exercé ,
dreflé au fervice de l’homme j c’efl: par
la perte de fa liberté que commence fon
éducation , & c eft par la contrainte
qu’elle s’achève : l’efclavage ou la do-
mefticité de ces animaux eft même ft
univerfelle , fi ancienne , que nous ne
les voyons que rarement dans leur état
naturel , ils font toujours couverts de
harnois dans leurs travaux , on ne les
délivre Jamais de tous leurs liens, même
dans les temps du repos, & fi on
laille quelquefois errer en liberté dans
les pâturages , ils y portent toujours les
marques de la fervitude, & fouvent les
empreintes cruelles du travail & de la
douleur -, la bouche eft déformée par
les plis que le mors a produits , les
1 1
du Cheval.
âu,irdVA,™L'’6teÎB^ ’
kco„.. de. JS tïTe:
dot, s , l'a„i,„de d„ corps eft‘e,'cS
f’“ Pf • ■mpreffion r„bMame des
eTyair , on les en délivreroit
ceuy m’ pas plus libres ;
doux lefdavage eft ie plus
trerJp’ noumt , qu’on nen-
retient que pour le luxe & la masni-
fcence , & doot les chaires dofées
^ P”“« qui la
anite de leur maître, font encore plus
* honorés ç,réléga„ce de Icor toréer,
par les rrefles de leurs crins, par l'or
a oie dont on les couvre , que par
les fers qui lont fous leurs pieds.^ ^
La Nature eft plus belle que l’art,
dans un erre animé la liberté des
-ouvemens la belle NarureT voye:
les multipliés dans
les contrées de 1 Amérique Efpapnoie ,
& qux vivem en chevaux libres! leur
indéne ni meiurest fiers de leur
dépendance, ns fuient la préfence
ouinie, iis dédaignent fes foins y
A v)
1 2 Hijloire Naturelle
ils cherchent & trouvent eux - mêmes
îa nourriture qui leur convient , ils
errent , ils bondilTent en liberté dans
des praiiies immenfes , où ris cueillent
les produétions nouvelles d\m prin-
temps toujours nouveau : fans habi-
tation fixe , fans autre abri que celui
d’un ciel ferein , ils refpirent un air plus
pur que celui de ces Palais voûtés où
nous les renfermons en preÙànt les
efpaces qu’ils doivent occuper j aulïï
ces chevaux fauvages font-ils beaucoup
plus forts , plus légers , plus nerveux
que la plupart des chevaux domeftiques,
ils ont ce que donne la Nature , la
force & la noble Ùè , les autres n’ont
que ce que l’art peut donner , radreffe
éc l’agrément.
Le naturel de ces animaux n’efl:
point féroce , ils font feulement fiers
& fauvages ; quoique fupérieurs par la
force à la plupart des autres animaux ,
jamais ils ne les attaquent , & s’ils en
font attaqués , ils les dédaignent, les
écartent ou les écrafent : ils vont aulïï
par troupes & fe réunilTent pour le
ièul plaifir d’êtrç enfemble , car ils n’ont
du Cheval.
15
l'attacL prennent de
comn^rherbe& les Végétaux SLr
L qu ils ont abondam-
qu ils n^ ^ 3 üsfaire leur appétit &
guerre font point la
fs n^f ' !tT^ ^ entreux ,
ne le difputent pas leur fubfiftance,
omL * un bien, fources
O d^aires de querelles & de combats
appétits'^
oh^Iq & modérés , &
q ont allez pour ne fe rien envier.
lenn!?^'' K P^""" remarquer dans les
& m enferable
£ 11^" 'T"" troupeaux , ils ont
e mœurs douces & les qualités fociales,
ordfov'^^ marquent
rdinairement que par des lignes d’é-
la cou*; trf ft*'™ U ^
“,Pf eu fe d«a„f i’™Vr”r
*rce/™f.“'’ fol' - ^ ™ qei
exercices naturels donnent
1 4 Hlfîoire Naturelle
l’exemple , ceux qui d’eux - mêmes vont
les premiers , font les plus généreux j
les meilleurs , & fouvent les plus dociles
& les plus fouples iorfqu’ils font une
fois domptés.
Quelques anciens auteurs parlent des
chevaux fauvages , & citent même les
lieux où ils fe trouvoient. Hérodote
Æt que fur les bords de l’Hypanis en
Scythie , il y avoir des chevaux fau-'
vages qui étoient blancs , & que dans la
partie feprentrlonale de la Thrace au-
delà du Danube , il y en avoir d’autres
qui avoient le poil long de cinq doigts
par tout le corps ^ Ariftote cite la
Syrie. Pline les pays du nord , Strabon
les Alpes & l’Efpagne comme des lieux
où l’on trouvoit des chevaux fauvages.
Parmi les modernes , Cardan dit la
même chofe de l’ÉcolIe & des Or-
cades ( ^ ) ? Olaiis de la Afolcovie ?
Dapper de Hle de Chypre , où il y
avoir, dit-il('^j, des chevaux fauvages
Vid.Aldrovand. de quadrupedib. foliptd le
fag. ly.
(hj Voyez la defciiption des îles de l’Atchipeli
du Cheval. j #
force avoîent de la
Î’îl ^ J ^ VitelTe 5 Stniys Ce ) Jp
‘lie de May au cap Vert
II affure ' ’-f ’ &
l’olicudes ^ n"* dans les
le poil éto^ dont
Ji v difant
de l’AraV dans les déferts
Peti s & 1^ Lybie , qu’ils font
nière fr T °nt la cri-
& quf lef fort courts & hérilTés ,
ticnïïs ne "n domef-
cZfo . atteindre à la
"«iitfe , on trouve auffi dans les Lettres
paît. ll.e , vo!. „ ,
Matmol. Paru, te6y ,
1 6 Hifloire Naturelle
édifiantes (f), qu à la Chine il y a de^
chevaux fauvages forts petits.
Comme toutes les parties de l’Europe
font aujourd’hui peuplées & prefque
egalement habitées, on n’y trouve plus
de chevaux fauvages , & ceux que l’on
voit en Amérique font des chevaux
doineftiques & Européens d’origine >
que les Efpagnols y ont tranfportés, &
qui fe font multipliés dans les vaftes
déferts de ces contrées inhabitées ou
dépeuplées -, car cette efpèce d’animaux
manquoit au nouveau monde. L’éton-
nement & la frayeur que marquèrent
les habitans du Adexique & du Pérou
à l’aljaeét des chevaux & des cavaliers,
firent alîèz voir aux Efpagnols que ces
animaux étoient abfolument inconnus
dans ces climats ; ils en tranfportèrent
donc un grand nombre , tant pour
•leur fervice & leur utilité particulière ,
que pour en propager l’efpèce, iis en
lâchèrent dans plufieurs îles , & même
dans le continent , où ils fe font multi-
CfJ Voyez les Lettres édifiantes. 7 XX E7,
37 t.
du Cheval, 1 7
^les comme les autres animaux fauvages.
dan/î’i^ - ^ a vu en 1685
aansl Amérique feptentrionaîe , près de
a baie Saint -Louis, ces chevaux paif-
loienr dans les prairies, & ils étoient fi
proc'hèr^\’^A‘^^*°” T ap-
avenn ^ ^ des
aventuriers flibuftiers , dit <c qu on voit
^ne que ois dans I île S.‘ Domingue «
des troupes de plus de cinq cents che- te
vaux qui courent tous enfemble, & «
queiorfquils apperçoivenr un homme t*
Is s arrêtent tous^ que lun d’eux s’ap- «
proche a une certaine diftance , fouffle «
naleaux, prend la fuite, & que a
mfH ‘'vivent : » il ajoute
^il ne fait (i ces chevaux ont dégénéré
en devenant fauvages , mais qu’il ne
d’Ffn^^^^ trouves auffi beaux que ceux
r,-„^ ’ quoiqu’ils foient de cette
‘Ce , te ils ont , dit ..il, la tête fort
le cKevaUet
P»^ Oeswi°Ii*n aventmiets flibuftiers .
& Ztt. "• l. pas, s ,,à
i8 Hijîoire Naturelle
» grofle auffi-bien que les jambes, qui
de plus font raboteufes , ils ont aull>
» les oreilles & le cou long, les habi'
» tans du pays les apprivoifent aifément
» & les font enfuite travailler, les chaP
» fours leur font porter leurs cuirs -, oU
» fe fert pour les prendre de lacs 6r
» corde , qu’on tend dans les endroit*
» où ils fréquentent , ils s’y engagent
» aifemcnt , & s ils fe prennent par lu
» cou ils s’étranglent eux - mêmes , à
» moins qu’on n'arrive allez tôt pont
» les fecourir , on les arrête par le corp*
33 & les jambes , & on les attache à de*
30 arbres , ou on les lailïè pendant deu^
» jours fans boire ni manger ; cette
33 épreuve fuffit pour commencer à les
30 rendre dociles , & avec le temps ils
03 le deviennent autant que s’ils n’eullênt
B3 jamais été farouches , & même , It
03 par quelque hafard ils fe retrouvent en
03 liberté , ils ne deviennent pas fauvages
53 une fécondé fois , ils reconnoillent
» leurs maîtres , & fe laillent approcher
33 & reprendre aifément ( i ).
^ (') M- de Garfault donne un autre moyen
d’apprivoifer ks chevaux farouches , « quand oi»
du Cheval. i
animaux font
f» , doux & tres-difpofés à
Acr ‘T 'T ^ ^
CTuïuctn dV jamais
?e retirer A '"'OS maifons pour
COUD À’} contraire beau-
EÎte^ n' pour revenir au
’ cependant ils ne trouvent qu’une
leur Rendre ''i’ciJnèffe’ il*' ' ’ f**' P°«'®ins <1« «
proche & l’arL u” ’ l°Uïenr que l’ap- «
»ant de fraven^'’‘'“*'*"i‘ 1-ur tiiufoM «
de dents & dp •’ *'* * défendent à coups «
IrnpoHlble de Ip«*' * r 'l”’*! eft prefque «
pour les Spt<S:r ft T ‘‘ "
emploie en f,, moyen qu’on «;
qu’on vient priver un oifeau «
ee qu’U ^ ^ «™P«Iier de dormir, jufqu’d «
cela il Auf'f furouche, & pour cc
i h ma!tro; ^ tourner a fa place le derLre «
nuit & tout Te’ îT l’untme toute la «
de temps en te '” *■ ® 1®. tete , qui lui donne k
pèche de fe r ^ «
comme il fe,T'r*u- verra avec étonnement œ
ti^nt des cheva„**^*'”u'*f' ^ » eepen- «
huit iours'» '’T '■« 'der ainfi pendant a
pug-c Sÿ. ' nouvéau parfait Maréchal,
2 O Hijîoire Naturelle
nourriture groffière , & toujours 'î^
meme , & ordinairement mefurée
1 économie beaucoup plus que fur lei'f
appétit ; mais la douceur de rhabitud^
leur tient lieu de ce qu’ils perdent d’ail’
leurs: après avoir été excédés de fatigue,
le lieu du repos eft un lieu de délices.
Ils k fentent de loin, ils favent le recoH’
noirre au milieu des plus grandes villes.
& lembient prefcrer en tour l’efclavage
à la liberté ; ils fe font même une fecon*
nature^ des habitudes auxquelles on leS
a forcés ou fournis, puifqu’on a vu des
chevaux , abandonnés dans les bois .
hennir continuellement pour fe faire en-
tendre, accourir à la voix des hommes.
& en meme temps maigrir & dépérir en
peu de temps, quoiqu’ils eulfent abon-
damment de quoi varier leur nourriture
& latisfaire leur appétit.
Leurs mœurs viennent donc prefqiie
en entier de leur éducation , & cette édu'
canon fuppofe des foins & des peines
que 1 homme ne prend pour aucun
autre animal , mais dont il eft dédom-
mage par les fervices continuels que lui
rend celui-cr. Dès le temps du premier
du Cheval.
X X
fet réparer les poulains de
cin^ pendant
'-inq , (ix ou tout au plus fept mois
car lexpénence a fait voir que ceux
quon laifle teter dix ou onze mois, ne
plutôt ,
^oiquiis prennent ordinairement plus
e chair & de corps : après ces fix^ ou
pt mois de lait on les sèvre pour leur
aire prendre une nourriture plus folide
que e lait , on leur donne du fon deux
*ois par jour & un peu de foin , dont
augmente la quantité à mefure qu ils
vancent en âge, & on les garde dans
ecurie tant quHs marquent de l’inquié-
e pour retourner à leur mère ; mais
î° ‘"r «q^ûétude eft paffée , on
les laiffe fortir par le beau temps , &
on les conduit aux pâturages, feulement
ü tout prendre garde de les lailTer paître
f,; ^ donner le fon & les
taire boire une heure avant de les mettre
^ jamais les expofer au
gr^and froid ou à la pluie; ils palïent
mois Hff ^ P'^emier hiver : au
leur net-, Suivant , non-feulement on
P naettra de pâturer tous les jours,
2. Z Hijloire Naturelle
niais on les lailîêra coucher à l’air dafl'
les pâturages pendant tout l’été & iufqu’i
la nn d’odrobre, en ohfervant feuleme»'
de ne leur pas laUl’er paître les regains '
s lis s accourumoient à cette herbe tro{
nne , ils fe dégouteroient du foin , qui
doit cependant faire leur principale nouf
nture pendant le fécond hiver avec S
ion mêlé d’orge ou d’avoine moulus ^
on les conduit de cette façon en îd
laiilant pâturer le jour pendant l’hiver.
& ia nuit pendant l’été jiifqu’à l’âgf
de quatre ans, qu’on les retire du pâ'
turage pour les nourrir à l’herbe sèche i
ee changement de nourriture demande
quelques précautions , on ne leur doie
nera pendant les premiers huit jours gu^
de la paille , & on fera bien de leur
faire prendre quelques breuvages conrrf
les '’ers, que les mauvaifes digeftionS
dune herbe trop crue peuvent avoir
produits. M, de Garfault f ^ ^
conimande cette pratique, eft'fans doute
fonde fur lexperience i cependant on
verra qua tout âge & dans tous les
Maréchal , pal
M. de Garfault. g. g‘^ ^
du Cheval. 2 ^
chevaux eft
vers oü*"f /' quantité de
ers , quils fembient taire partie de leur
chevaux m TT^ comme daus les
qui paif.
ne n a,i qui
foin & du
m^x t ""i-
dTk nT T "PP«-°"hent le plus
cmdt °»« «uffi cette
î^mac^'^ï
modés • P"* P^^*
les vei^ regarder
parlons ’ ”uus
’ P®*^ i®® mauvaifes dieeftions
^ efe'?"?"’ Pi^ôt c„m™
la afo laoourrirure & de
orcirnaire de ces animaux.
les 11™!!™" f®’''™’ ‘“''Su'on sèvre
nne’ïuS df ^ metrre dans
chlnde '"'“''"a’ r "= '■“' P»» “op
licars X de les rendre trop dé-
de l’air- Penfibles aux impxeffions
iirtère fraîche f """^'"/«^vent de k
> on les tiendra propres en
(
Z 4 Hljloire Naturelle
les bouchonnant de temps en temps '
mars il ne faudra ni îes attacher, ni
panfer à la main qu’à l’âge de deux an*
& demi ou trois ans , ce frottement trop
rude leur cauferoit de ia douleur , leU*
peau eft encore trop délicate pour 1^
iouftrir , & ils dépériroient au lieu
profiter •, il faut audi avoir foin que I**
râtelier & la mangeoire ne foient pa*
trop élevés, la néceffité de lever la têt£
trop haut pour prendre leur nourriture
pourroit leur donner l’habitude de h
porter de cette façon , ce qui leur gâte*
roit 1 encolure. Lorfqu’ils auront un ai'
ou dix "huit mois, on leur tondra b
queue , les crins repoulTeront & de'
viendront plus forts & plus touftlis-
Dès l’âge de deux ans il faut léparer les
poulains, mettre les mâles avec les che-
vaux , & les femelles avec les jumcns :
fans cette précaution les jeunes poulain»
fe fatigueroient autour des poulines , &■
s’énerveroient fans aucun fruit.
A l’âge de trois ans ou de trois an»
& demi , on doit commencer à les drelTel
& à les rendre dociles -, on leur mettru
d’abord une légère felle & aifée, & oH
le»
du Cheval. 2,5
^eurts^haq^f
rfe même ^ accoutumera
boucTe l à Tri- “‘1 '>”"» I*
r. I r ^ laifler lever les oiei-Tç
«mtr? '■«PPera quelques œ^s
trait "1 carroflê ou au
Corps* ^tir mettra un harnois fur le
cZtV;l"S^'
pour les une • bride , ni
'« fem trotes S,C'à h f"" '
t)n cavelTon fut le r *
uni , fans être montés" & fe "l ""
ielle ou le h •’ r ‘^ulement avec
Wquelêcl!tSTrt'‘'“'P'’'^
iement & viendra vnl^ ^aci-
celui qui tient la
^ defeendra dans 1 ^ 'montera
ie^^iremShï place&fa„s
encore afe fort oour I- ^
marchant, furcharpAT P/ P^^ ’ en
uiais à quatre ans on 1 cavalier;
«'? ■SrSr t “ : r'“ P*'
ruXtrr "P'-fe “/rfand
2i'«/.Q«e*e7w,ï,‘"** ■'^w- à»
l6 Hijîoire Naturelle
ïe cheval de carroffe fera accoutumé ail
harnois , on l’attellera avec un autre cheval
fort , en lui mettant une bride , & o»
ie conduira avec une longe palTée dans
!a bride , jufqu’à ce qu’il commence à
être fage au trait ; alors le cocher eflâiera
de le foire reculer , ayant pour aide un
homme devant , qui le poudèra en arrière
avec douceur , & même lui donnera de
petits coups pour l’obliger à reculer!
tout cela doit fe foire avant que les Jeunes
chevaux aient changé de pourriture >
car quand une fois ils font ce qu’o»
appelle engrainés , c’eft-à-dire , lorfqu’ils
font au grain & à la paille , comme ils
font plus v^oureux , on a remarqué qu’ils
étoient aufli moins dociles , & plus difH-
ciles à dreder ( m).
Le mors & 1 eperon font deux moyens
qu’on a imaginés pour les obliger à
recevoir le commandement , le mors
pour la précilion , & l’éperon pour la
promptitude des mouvemens. La bouche
la Guétâilère, Paris , , tome I, page
& fuiv.
( m) vpyez le nouveau parfait Maréchal , pat
II. 4e G^fault , page
du Cheval. ^ ^
paroilToit pas deftinée par la xj .
cheval, que^c’eft ^ îcs^
préférence à T -i houche , par
*'*«ire ï „? ^ ■ vlon
''6'KS de la volomr-T” ^ 1»
bernent ou la *,7 > moir-
niors fuffit Prcffion dii^
l’animal , &^cer ^ déterminer
'^’a d’autre défall^ fenriment-
feOion même ? P^f'
veut être l'enfihilité
gâte h bon ? ^ ^btile,
ren-
ies feus de la vue' •'
roient pas fuierc à “ “ "e fe-
J «e pourroienc étrreW /T'
l^eon , i-najo ^ emoulTes de cette '
des inconvéniens^r^'''*'’^’^ ^ trouvé'
'"aux par ces ora^ ‘^'^"imander aux che»
*« %WS tra °S”“; f “ 'V™?"
beaucoup dI,,s dVff r ‘f^eher font
"" géne^ral , «ux-
trani^s par p^j leur font-
ieurs, la fouatio^ d T" l°reiüe;d’ai{-
ruatton des chevaux par rapport
Bi;
2 8 Hijloire Naturelle
à celui qui les monte ou qui les co»'
duit, rend les yeux prefqu’inutiles à cet
effet , puifqu’ils ne voient que devant
eux^, &: que ce n’eft qu’en tournant
la tête qu’ils pourroient appercevoir les
lignes qu’on leur feroit , & quoique
1 oreille foit un feus par lequel on les
anime & on les conduit fouvent ,
paroît qu’on a reftreint & laifTé au:C
chevaux grollîers l’ulage de cet organe j
puifqu’au manège , qui eft le lieu de 1^
plus parfaite éducation , Ion ne parle
prefque point aux chevaux , & qu’il ne
faut pas même cpi’il paroifTe qu’on leS
conduire : en effet , lorfqu’ils font bien
dreffés , la moindre prelîion des cuiflès >
le plus léger mouvement du mors fuftit
pour les diriger , l’éperon eft même
inutile , ou du moins on ne s’en fert
que pour les forcer à faire des raouve'
mens violens -, & lorfque , par l’ineptie
du cavalier, il arrive , qu’en donnant de
l’éperon il retient la bride , le cheval fe
trouvant excité d’un côté & retenu de
l’autre, ne peut que fe cabrer en faifaiit
un bond fans fortir de fa place.
On donne à la tête du cheval , pat
du Cheval. 29
& Své avantageux
être I V °‘î P^ace comme elle doit
«te , & le plus petit fig„e ou le uliis
gtit mouvemeut du cavalier fufEt p^oür
aUures^'k'^f "" différentes
ttot mif, naturelle eft peut-être le
fcî
marchlr ^ Pont
fait avec’ h mouvement foit
g-orrolTîez^ t^r
£Le;°*“ in'S'„,‘r2
fcrmëâ tetombc, le pied doit être
erme & appuyer egalement fur la terre
taSon’ t ct“ «Ç»- «=
oupJr^ë u“ mouvement: car iorf-
ia tête *^^'^°mbe fubitement , & que
"•S »" "r'T “<K-
l'autre iarabc
‘îf^ Cdul très-grand auffi-bien
ou en dedans Pt^ti en dehors
> car il retombe dans cette
B üj
5 0 Hijîoire Naturelle
meme direâron : l’on doit oLferver auifi
que lorfqu il appuie fur le talon , c’efl
.«ne marque de foibleffe , & que quand
Il pofe fur k prnee , c’eft une attitude
fatigante & forcée que le cheval ne peut
ioutenir long-temps.
-Le pas ^ qui e/î: la plus lente de toutes
aes allures , doit. cependant être prompt,
il faut quil ne foir ni trop alongé ni
«op raccourci , & que k démarche du
cheval fort legere : cette légèreté dépend
beaucoup de k liberté des épaules , &
Je reconnoit à k manière dont il porte
^ tete en marcl^nt -, s’il k tient haute
.& ferme , il eft ordinairement vigou-
«ux & léger : lorf,„e ie mouvement
des épaulés neft pas aflTez libre, la
•jambe ne fe lève point alTez , & le
cheval eft fujet à faire des faux pas St
a heurter du pied contre les inégalités
du terrein ; & lotfque les épaules font
encore plus ferrees & que le mouvement
«les jambes en paroit indépendant , le
cheval fe fatigue , fait des chutes , &
« eit capable d aucun fervice : le cheval
doit ecre for k hanche , c’eft -à -dire ,
haufter les épaulés & baifoer k hanclic
du Cheval.
31
marchant , il doit aufli foucenit fa
jambe & la lever allez haut , mais s'il
la loutient trop long -temps» s'il la laid'e
retomber trop lentement -, il perd tout
légèreté, il devient dur ,
piaffer. l'appareil & pour
pas que les mouvemens
Qu’ils fn^ légers , il faut encore
^in rî ^ uniformes dans le
riè e Tf ^ du der-
Que balance tandis
Sment ^"^""ent , le mou-
fécondés s. cavalier par
même^^h^r incommode -, la
ilr. ‘dîofe arrive lorfque le cheval
alonge trop de la jambe de derrière , &
P ed d7d ^ "“droit où le
dÔntfe "Revaux
ces d'I fujets à
croifent dont les jambes fe
niarche Ce^Tf P"®
le coros eftl’ général ceux dont
pour le r 1^^“* commodes
pS ’ P”« fe trouve
vement * ™™-
» épaulés & les hanches , &
B iiij
5 i Hijîoire Naturelle
qu il en ^(l'ent moins les impreffiofls ^
les fécondés.
Les quadrupèdes marchent ordinai-
rement en portant à la fois en avant
une jambe de devant & une jambe de
derrière ; lorfque la jambe droite de
devant part, la jambe gauche de derrière
iuît & avance en même temps , & ce
pas étant fait , la jambe gauche de
devant part a fon tour conjointement
avec k jambe droite de derrière , &
ainfî de fuite : comme leur corps porte
lur quatre points dappui qui forment
un quarré long , la manière la plus com-
mode de fe mouvoir eft d'en changer
deux a la fois en diagonale , de façon que
le Cfwre de gravité du corps de l'animal
ne faüe qu un petit mouvement & relie
toujours à peu près dans la direélion
des deux pomts d’appui qui ne font
pas en mouvement dans les trois allures
naturelles du cheval, le pas, le trot &
le galop , cette règle de mouvement
s oblerve toujours , mais avec des diffé-
rences. Dans le pas il y a quatre temps
dans le mouvement , fi la jambe droite
de devant part la première , la jambe
du Cheval. , ,
derrière fuit uninftant après
, ife la jambe gauche de devant narr \
fcn p„ J inluSÏ
fepw’Xo'id/T * “S
premier U ■ ppfp à terre le
pofe à tertp î gauche de derrière
Sedeva '01'^°'''' -‘'PW gauche
le £ief ” * pofe à r^re
à quatre temn. V mouvement
doPt lé prSr & ™“.“«v,Her ,
court, que œU,i i' P'“"
mouvemenr fn ■ cemps dans le
P^rt la iamb ^ droite de devant
en de derrière part
auui en meme temns R' A, -i ^ •
aucun intervaUrëmî; t ^ ^
l’une R. I ® m mouvement de
fu4 b " de l’autre . cZ
acec t dr-^' J*®;;*' ‘1= 'l«™»t part
temps . drioîe
^ le pied 1 , droit de devant
‘erre e^n même derrière pofent à
gauche de d ^ enfuite le pied
^ de devant & le droit de derrière
B y
3 4 Uijloire Naturelle
pofent auffi a terre en mêrne temp#î
Dans le galop il y a ordinairement troi*
temps , mais comme dans ce mouvemeni
qui^ eft une efpèce de faut , les partie»
anterieures du cheval ne fe meuvent
pas daW déliés -mêmes, & qu’elles
ont chaffees par la force des hanches
& des parties poftêrieures , fi des deitf
jambes de devant la droite doit avancer
P us que la gauche , il faut auparavaiit
que le pied gauche de derrière pofe à
terre pour fervrr de point d’appui à ce
mouvement d élancement, ainfi c’eft la
pied gauche de derrière qui fait le pre^
mier teinps du mouvement & qui pofe
a terre le premier , enfuite la jambe
droite de dernere fe lève conjointement
avec la gauche de devant & elles re-
tombent à terre en même temps , &
enfin la jambe droite de devant , qui
5 eft leyee un inftant après la gauche
de devant & la droite de derrière, fe
pôle à terre la dernière , ce qui fait le
troifieme temps 5 ainfi dans ce mouve-
ment du galop , il y a trois temps &
eux intervalles , Sc dans le premier de
çcs intervalles , lorfque le mouvemeni
du Cheval. | j
il avec vîteffe , il y a un inftanc où
en même
cmps, & o„ ion voit les quatre fer<!
du cheval à la fois : lorfque le cheval
hanches & les jarrets fouples , &
«mo,^ >^«106 avec vîteffe & agilité ,
& la galop eft plus parfait ,
„ adence s en fait à quatre temos
Jpofe d-abo,d le pied gUe STi:
enfuh-eï temps ,
le nrem' derrière retombe
le S ^ fcond temps ,
hftant apres marque le troifième temps ,
îeto?^ devant qui
Jtombe le dernier marque le quatri^ie
fut^ll /i^evanx galopent ordinairement
devant^^^"' u de
île pour marcher & pour troter *,
d enj^ment auffi le chen J en galopant
El droite de devant qui eft
^ de derrière , qui
auffl droite de devant ,
plus avancée que la gauche dà
B vj
3 6 Uijîoire Naturelle
derrière ■, & cela conftarnment tant qufî
le galop dure : de-là il réfiilte que
jambe gauche , qui porte tout le poids
& qui poulTe les autres en avant , ell
plus fatiguée , en forte qu’il feroit boo
d’exercer les chevaux à galoper alter-
nativement fur le pied gauche auffi-bieu
que fur le droit, ils fudtroient plus long-
teims h ce mouvement violent , & c’elî
aulÏÏ ce que l’on fait au manège, mais
peut-être par une autre raifon , qui eft
que cqmme^ on les fait fouvent changer
de main , c ell-a-drre décrire un cercle
dont le centre eft tantôt à droite , tantôt
à gauche , on les oblige auffi à galoper
tantôt fur le pied droit , tantôt fur le
gauche.
Dans le pas , les jambes du cheval
ne fe lèvent qu’à une petite hauteur. Se
les pieds rafent la terre d’aflèz près ,
au trot elles s’élèvent davantage & le*
pieds font entièrement détachés de terre,
dans le galop les jambes s’élèvent en-
core plus haut Sc les pieds femblenc
bondir fur la terre : le pas pour être
bon, doit être prompt, léger, doinf
& lur i le trot doit être ferme , prompt
du Cheval.
37
, il faut que le
dan. chafle bien le devant , le cheval
üans cette allure , doit porter b rère
haute & avoir les reins droits : car fi
les hanches hauffent & baiflTent alterna-
crmm^'î f
roupe balance & fi le cheval fe berce ,
rotte maljiar foiblefle-, s’il jette en
dehors les jambes de devant c’eft un
aiitte defaiit , les jambes de devant doi-
nt etre fur la même ligne que celles
dernere , & toujours les effacer.
|-orlquune des jambes de derrière fe
ance, ii k jambe de devant du même
r^n-, ''^1 P ^ong-
•^laips , le mouvement devient plus dur
par cette réfiftance -, & c eft pour cela
que 1 intervalle entre les deux temps du
quil puilfe etre, cette réfiftance fuffit
le nas ' '"T P^us dure que
e pas & le galop -, parce que dans le
doux rr' tT ’ P^^’^
que d ^ ^^eiiftance moins forte , &
de xfcT f °P ' ^ Prefque point
ûicoin^'x ^ horizontale , qui eft la feule
ode pour le cavalier , la réaétion
3 8 HlJIoîre 'Naturelle
du mouvement des jambes de devant Ttf
far/ânt prefque toute de bas en haut dans
la drreéhon perpendiculaire.
Le refTort des jarrets contribue autant
au mouvement du plop que celui des
rems; tandis que les reins font effort
pour elever & pouffer en avant les
parties antérieures , le pli du jarret fait
relTort , rompt le coup & adoucit la
pouffe : auffi plus le reffbn du jarret
eft liant & Ibuple , plus le mouvement
du galop eft doux; il eft auffi d’autant
plus prompt & plus rapide, que les
jarrets font plus forts, & d’autant plus
loutenu , que le cheval porte plus fur
les hanches & que les épaules font plus
loutenues par la force des reins. Au
refte , les chevaux qui dans le galop
lèvent bien haut les jambes de devant,
ne font pas ceux qui galopent le mieux.
Ils avancent moins que les autres &
le fatiguent davantage , & cela vient
ordinairement de ce qu’ils n’ont pas les
épaulés aflez libres.
Le pas , le trot & le galop font donc
les allures naturelles les plus ordinaires ;•
mais il y a quelques chevaux qui ont
du Cheval.
des Ll ^ T ^ft.^>^^s-différente
coup dœil paroit contraire aux loix de
Lrar^"- ^ «“-feigante pour
TrancL rü ^
Srï ^ “«e alluré le pied
prÆ *? “"'= ■!= Pta
marrlnp ^ ^ chaque dé-
ce tSn^ I^aocoup plus alongt : mais
d y a de lîngulier, ceft que les
cSe J <*“ "'ème côté , par eicmple ,
du côté H?'™ * * *"”=
Cour f • ’ panent en même temps
pour faire un pas , & qu enfuite les
tm crmrn
autre &■ a'
deux cotés du corps manquentVl-
d'^PPw > & qt?il ny a
^ nt d équilibré de lun à f autre I ce
fïeird defe
îa rapidité d“” forcé, pat
picuté dun mouvement qui n^eft
40 Hijîoire Naturelle
prefque pas détaché de terré ; car s’Ü '
levoit les pieds dans cette allure autant
qti il les lève dans le trot , ou mêin^
dans le bon pas, le balancement feroit
il grand qu'il ne pourroit manquer ài
tomber fur le côté , & ce n'eft qiiî
parce quil rafe la terre de très -près/
oc par des alternatives promptes
mouvement , qu’il fe foutient danJ
cette allure , ou la jambe de derrière
doit, non -feulement partir en même
temps que la jambe de devant du même
cote , mais encore avancer fur elle &
pofer un pied ou un pied & demi am
delà de 1 endroit oi'i celle-ci a pofé :
plus cet efpace dont la jambe de derrière
arance de plus que la jambe de devant;,
elt grand , imeux le cheval marche
rapide. Il ny a donc dans l’amble d
comme dans le trot, que deux temps'
dans le mouvement i & mute la
rence eftque dans e trot les deux jambesî
qui vont enfemble font oppofées en'
diagonale, au lieu que dans l’amble ce
lont les deux jambes du même côté
qui vont enfemble : cette allure qui eft
à U Cheval. 41
- fatigante pour le cheval , & ou on
doit lui laifler prendre Tns
es terrems unis , eft fort douce pour
e cavalier , elle na pas la durete? d"
S la T:" réfiftance que
die derri™ devant lorfque celle
?amhIo dans
en i-n" l^mhe de devant fe lève
du de derrière
tror l U ’ dans le
côté de devant du meme
cote demeure en repos & réfifte à 1 an-
pullion pendant tout le temns crue f»»
"ffuTenT^l! de derrière. Les connoilTeurs
ment V ^^s chevaux qui naturelle-
ciuils fo“r ne trottent jamais &
qu Ils lont beaucoup plus foibles que les
adeT for poulains prennent
qu IS ne font pas encore allez forts
obferveTirrci ^
ehevaux 5 -^"^ îa plupart des bons
qui '^'^op fatigués &
Sll-Sr™ ‘
s cette allure lorfqu’on les
4 ^ Hijloire Naturelle
force à un mouvement plus rapide
celui du pas ( n ).
L aniLle peut donc être recsr^
comme une allure défedlueufe , pui^'
quelle neft pas ordinaire & qu’ell<
n eft naturelle qu’à un petit nombre
chevaux ; que ces chevaux font prefqü^
toujours plus foibles que les autres, ^
que ceux qui paroilTent les plus foU*
lont ruines en moins de temps que ceü^
qui trottent & galopent : mais il y >
encore deux autres allures , 1 enrrepa*
& l’aubin , que les chevaux foibles o»
excédés prennent d’eux -mêmes , qu»
lont beaucoup plus défetaueufes qii«
lamble; on a appelé ces mauvaife«
allures des trains rompus ^ défunis oi*
compofés : l’entrepas tient du pas & cl«
1 amble , & I aubin tient du trot & dü
galop, l’un & l’autre viennent des excès
d’une longue fatigue ou d’une grande
foiblefle de rems -, les chevaux de meP
lagene qu’on furcharge , commencent
a aller 1 entrepas au lieu du trot à mefur^
xuucie.
Voyez récole de cavalerie de M. de la
^avis ^ P in-folio^ 7^,
du Cheval.
& les chevaux déporté
i> , . ’ on prelle de ealoopr
'aubin au\«. du galop. . VOK
iib"“'’ <P' le bœuf
pour U gSaèï de'T* ^ '“l"
dameau llï Sff ^ . ""P' ’ S“e *=
Pos auLaux r’Û ’ *'■ *“ P'"’
Dhanp ™ r ’ rhinocéros & i'élé-
des mafleT4™erïe""''‘ f V
det S.'”-*»!- eft la pS^l “S
le caM,^' I , 1 homme, ceft aufli
eep«£r t <1' “"â
ebÆ’Æo‘'L“1”^^
"" d’imbédUité' ?u
i^dté £ régu-
contraire un air de légèrecé
44 Hijloire Naturelle
4ui eft bien fourenu par la beauté
fon encolure. Le cheval femble voulo''
le mettre au-defTus de fon état de
drupède en élevant fa tête *, dans cett'
noHe attitude il regarde rhomme fa^^
a face 5 fes yeux font vifs & biÊ®
ouverts ,■ fes oreilles font bien faites ^
d une jufte grandeur , fans être court«<
comme celles du taureau , ou trop
longues comme celles de 1 ane j fa cri-
nière accompagne bien fa tête , oriif
Ion cou Sc lui donne un air de forc^
& de fierté ; fa queue traînante ^
touffue couvre & termine avantageO'
lement lextrémité de fon corps : brei*
differente de la courte queue du cerf, cl«
l elephant, &c. & de la queue nue de
1 ane , du chameau , du rhinocéros , ScO
la queue du cheval eft formée par dd
crins épais & longs qui femblenV fortü
ÿ la croupe , parce que le tronçon
dont ils fortenr eft fort court ; il n«
peut relever fa queue comme le lioni
mais elle lui fied mieux quoiqu’abaifléei
& comme il peut la mouvoir de côté»
ïl s en fert utilement pour chaflèr loi
mouches qui rincommodent , car quoK
Cheval. 4 y
Îoîf !? très-ferme , & qu eile
f garnie par-tout d’un poil émis ^
erré, elle eft cependant très-fenfible
trib ^ du cou con-
ie7]r ‘'^^tres
noble niain^d 1 donner au cheval un
i encolure i'*"" ’ ^ Supérieure de
s’élever d’fî? ” j ^ ^'^^“ère , doit
tant du ^ droite en for-
tant du garrot, & former enfuite en
pÏ^PtèsT 'ki 11 ^
cTJJ î'^^Wable à celle du cou d’un
iure .,; Pf inférieure de l’enco-
ii faut fT ^ -Somier aucune courbure ,
droite direftton foit en ligne
Se S"" la ga-
nache & un peu penchée en avant f fx
feroit fanfi P^'^^^diculaire , l’encolure
Supérieure V ^ partie
y ait nen Soit iuince , & qu’il
qui doh êS >
crinc I ' niediocremenç garnie de
S i?"®? * ‘‘®“’ ““ Wlf encolure
f inpordonné? ^ ^^P^ndant
ïorfqu’eiig pO- ^ du cheval :
ies Sauw °P ^ trop menue,
donnent ordinairement des
4<î Hijîoire Naturelle
coups de tête, & quand elle eft trof
courte & trop cliarnue , ils font pefanS ^
la niain-, & pour que la tête foit le plu*
avantageufeinent placée, H faut que ^
Iront ioit perpendiculaire à l’horizon.
La^ tete doit être sèche &
ÿns erre trop longue, les oreilles pe**
disantes, pentes, droites, immobiles»
étroites, deliees & bien plantées fur
aut de la tete , le front étroit & un
peu convexe , les falières remplies 1 ê#
paupières minces, les yeux clairs , vifs »
P eins de feu , allèz gros & avancés ^
«eur de tete, h prunelle grande, U
ganache décharnée & peu épaiflè 1^
nez un peu arqué , les nafeaux bieH'
ouverts & bien fendus, la cloifon dU
nez mince, les lèvres déliées, la bou'
che médiocrement fendue, le garrot
eleve & tranchant, les épaules sèches i
plates & peu ferrees , le dos égal, uni,
^enlîblement arque fur la longueur ,
& reieve des deux côtés de l’épine qui'
doit paroitre enfoncée , les flancs plein*'
« courts , la croupe ronde & bien
fourme , la hanche bien garnie, le tron-
çon de la queue épais & ferme , le*
du Cheval. .y
^ charnus, le
cvide , les canons minces fur le
d“i£ 'T «'fÆ:.
fougucùr '^1“°"
gucur , la couronne peu élev.ie 1 ,
larges I ’ 1^® talons
& & .a foUe
lefÏS iMr cou,es'''Src„t“
Sptn t.'rn“ï ig
SrdVrp'tr““‘“*f«-
taches il fa.^^ f ’ ''°ir ces
nette & 1 lolf claire ,
double ou "11" paroi;
n’eft pas Ln • couleur , l’œil
gne & érr^r n. P’^'^^^H", P^dre , fon-
l’I^nc , S,e d’un cercle
& lorfou-t^ mauvais œil;
*1 elle a une couleur de bleu
48 Hijloire Naturelle
verdâtre , 1 œil eft certainement
& la vue trouble. ^
Je renvoie à I article des delcriptioO^
i’énumération détaillée des défauts '*■
cheval; & je mécontenterai d'ajouter
core quelques remarques par lefquell^
comme par les précédentes, on pouf^'
juger de la plupart des perfedions
des imperfedious dun cheval. On M
allez bien du naturel & de l’état aélu<^
de 1 animal par le mouvement des oreille»'
il doit, lorfqu’il marche, avoir kpoiiJl^
des oreilles en avant ; un cheval fàtig’^^
a les oreilles ballès , ceux qui font colèl^
& malins portent alternativement
des oreilles en avant & l’autre en arrière'
tous portent les oreilles du côté où
entendent quelque bruit ; & lorfqu’o'
les frappe fur le dos ou fur la croupe'
Ils tournent^ les oreilles en arrière,
chevaux qui ont les yeux enfoncés ^
un œil plus petit que l’autre, ont ot
Ænairement la vue mauvaife ; ceux do(>'
la bouche eft sèche ne font pas d’i’"
aulli bon tempérament que ceux do'’'
* Vo7ez parHt IP, tome IV de cette HiftO'
Naturelle de l’éduion en trentc-ua volumes.
du Cheval.
avoir 1„ éparte plar"’ tw ^
& peu chargées i le cheval de trait an
contraire doit les avnîi- a
& charnue. <■ grofles, rondes
cheval i'rS7ot“^;
f-Æ P”.offlenc 4 ava
peau, ceu; un defaut ouf
& me'wt c'”r’“ P“4rea;
Pourï confeouent le cheval ne
« c
de''devant"re/'”^ ^ les ïambes
<î» alors il eft 'fhW ?
main en caWanr ^ ^ «appuyer fur la
5c à tonfbe?^ I. f ^ broncher
doit être nrnn ^ des jambes
cheval " à la ta lie du
fes pieds® Tin P“ fc
cioe les nim« r " ^ remarqué
les chevaràTrer/"! t
S“e les chêvt 4 " devant. &
Tome I. Quadrupèdes. q
yo Hijloire Naturelle
Une des chofes les plus important^
à connoîtrc, c’efl: lage du cheval;
vieux chevaux ont ordinairement
faliercs creufes , mais cet indice
équivoque , puifque de jeunes chevauî^*
engendrés de vieux étalons, ont aui5
les falicres creufes : c eft par les dent*
qifon peut avoir une connoiflance pli'*
certaine de 1 âge ; le cheval en a qu^’'
ranre , vingt-quatre mâchelières , quatf^
canines &: douze inciiîves ; les Jument
n’onr pas de dents canines, ou les on'
fort courtes : les mâchelières ne fervent
point à la connoilï'ance de lage, c’e^
par les dents de devant & enluite pa'
les canines qu’on en juge. Les douz^
.dents de devant commencent à poulTef
quinze jours après la nadlance du pou-
lain, ces premières dents font rondes i
courtes , peu folides , & tombent ef
diftérens temps pour être remplacée*
par d’autres : à deux ans & demi le*
quatre de devant du milieu tombent le*
premières, deux en haut , deux en bas»
un an après il en tombe quatre autres»
une de chaque côté des premières q''*
lonr déjà remplacées ; à quatre an^ ^
du Cheval. . ^
etoi environ il en tombe quatre
««jours à côté de celles „ T'’
tombées & remplacées • rp<. ^ ^
nières dents de fai V
par quatre autres rr ' tÇ^pIacées
à beaucoup près ’auffi «■'«iffenc ]ias
‘ï"' ont remSaeé if
& ce font ces 1 P-^^^ières ;
‘î«on appelle 1?’^^'^ dernières dents .
£«”‘SU«r;ii,e?K
ro« Sfirrr <=““
bas. U« ”„ h»^ q*„
{.extrémité de^k^m'S’^"*
Pont creufes & ont
dans leur concavité noire
demi ou cinq ans ÎT ^ ans &
Ptefque pas lu defT ^^^o*^dent
& demi il cnmn-.»^ \ r ’ ^ “x ans
""Ve commence “ffi i
Pc rétrécir ^ r^- diminuer &
jufqul fept ans^^& ^d ^
Tl 'îoe le crïnv °«
^ ^ ‘Marque noiro^ J^ouc-à-feit rempli
ans, comme ces h! ^P^ès huit
«CS dents ne donnent pin,
C i j
J 2 Uyîoire Naturelle
connoiflance de 1 âge , on cherche ^
en juger par les dents canines ou clO'
chers ■, ces quatre dents font à côté
celles dont nous venons de parler , ce*
dents canines , non plus que les
chelicres , ne font pas précédées
d’autres dents qui tombent •, les deuî^
de la mâchoire inférieure poulTent ordi-
nairement les premières à trois ans ^
demi , & les deux de la mâchoire fupc-
rieure à quatre ans , & jufqu à l’âge de
fix ans ces dents font fort pointues ; ^
dix ans celles d’en haut paroiflTent déj^
emouflees , ufées & longues , parce
qu elles lont dcchaudees 5 la gencive ie
retirant avec l’âge, & plus elles le font;
plus le cheval eft âgé ; de dix jufqu’^
treize ou quatorze ans , il y a pcf
d’indice de l’âge, mais alors quelque*
poils des fourcils commencent à deveni*
blancs i cet indice eft cependant aul^
éqriivoque que celui qu’on tire de*
falières creufes , puifqu’on a remarqué
que les chevaux engendrés de vieuJf
étalons & de vieilles jumens ont de*
poils blancs aux fourcils dès l’âge de
«neuf ou dix ans. Il y a des chevau*^
du Cheval. ^ ^
rfom les dents font fi dures qu’elles ne
;ïït"
SrÆ'* -"Pr& luffi
" «Ile. on a remarqué quil y a p4
Se S'^'**-- W8ur3.'S:
Uçl rr pars
que Icr^varvÆ *'®"“''' ‘
- 5^* de deux ans ou deux ans
-Æris'niSul
P quatre lus & dènr^vanf que T
‘ “rrrrJt*' ■*' ■* i™» . î
tonne 1 . ^ Permettra - 1 - on de fi
”"U heure qu'aux chevaux de rrait
- ». 4 ...
C iij
5 4 Hijloire Naturelle
6 aux gros chevaux , qui font ordinal'
rei-nent formés plus tôt que les chevaux
nns j car pour ceux - ci il faut attendre
julquà fix ans & même jufqifà fept
pour les beaux étalons d’Efjjagne j \ei
lumens peuvent avoir un an. de moins >
elles lont ordrnairement eir chaleur ait
pnntemps depuis la fin de mars jufqu’à
ia fin de juin ; mais le remijs de la
P us forte chaleur ne dure guère que
quinze jours ou trois femaines , & il
faut etre attentif à profiter de ce temps
pour leur donner fétalon : H doit être
ren choifi , beau, bien fait, relevé du
devant , vigoureux , fain jiar tout le
corps & fur-tout de bonne race & de
bon pays. Pour avoir de beaux che>
vaux de felle fins & bien faits , il fjuc
prendre des étalons étrangers -, les Arabes ,
^ «chevaux
d Andaloulie font ceux quon doit pré-
férer à tous les autres 5 & à leur défaut
on le fervira de beaux chevaux Anglois ,
parce que ces chevaux viennent des
premiers ; & qu’ils n’ont pas beaucoup
dégénéré , la nourriture étant excellente
en Angleterre , où l’on a auffi très-
àu Chévah ^ |
r^ces;
lirait T les Napo-
irains, font auffi fort bons, & ils ont
chevaZ LT" mo f ’’TT ?“
îpl.r A , ^^onture , lorfquon
bea^x T'
juraens ' O ^ carrofTe , avec des
Drétpi A & de bonne taille. On
&c 1 p 1^'^^’^ee , en Angleterre ,
8end ?nt ^
Plus v^^^t ehevaux
les cfra * ^ contraire
crue dr^T dEfpagne nen produifent
rie bîu/ K Pour avoir
fe earrolTe, il faut
ou dis J'^talons Napolitains , Danois ,
wifLgîrr*' sirr
* Howiin & t ftt *;
*i«nt ê„e de belle taSle, c'eft-Mré”
pouTT" 1"* "™^ ^ * pp““s
Ks 1 1' ■“ * ‘'1' > «= *
«rione i? f“ PT 'f Revaux dî
rie bon' O 1 ^‘'^lon foit
beau i • riu jais ,
avec l! ' Ff' ’ ^lezan , ifabelle doré
de mulet , les crins & les
C iiij
Hijloire Naturelle
cxtréimrés noires ; tous- les poils qi>>
jom dune couleur lavée & qui paroif'
ent mal teints doivent être bannis de^
laras , auüî-bicn que les chevaux quî
ont les extrémités blanches. Avec i.n
très -bel exterreur, l’étalon doit avoir
encore toutes les bonnes qualités inré-
Heures , du courage, de la docilité, de
lardent de 1 agilité , de la fenlibinté
dans la bouche de la liberté dans les
épaulés, de la fûreté dans les jambes, '
de la louplede dans les hanches , do
relTort par-tout le corps, & fur -tout
dans les jarrets , & même il doit avoir
cte un peu drelTé & exercé au manège ;
îe cheval eft de tous les animaux cflui
quon a le plus obfervé , & on a re-
marque qu il communique , par la vé-
nération , prefque toutes fes bonnes^&
mauvarfes qualités , naturelles & ac-
qiufes : un cheval naturellement har-
gneux , ombrageux , rétif, &c. produit
des poulains qui ont le même naturel i
& comme les defauts de conformation
& les vices des humeurs fe perpétuent
encore plus virement que les qualités
du naturel, il faut avoir grand foin
du Cheval.
à Ton tempéré peut-être plus
faut S , ainft
tfu ventre Ar ’
«ourrices • n ^ ^ ^ bonnes
fins on prSr chevaux
& ItaLfnef % ' Efpagnoles
carrolTe Îp • ^ chevaux de
ra nte- L'"T“ «= Nor-
Ions L finaux éta-,
donner ir?' '
qu elles fnlp chevaux , pourvu
& de h ^fi^®"'^'‘cmes bien faites
P»l»â Tu eîs ™T“ *r' ■
vent euxï/^ produiront feront fou-
dans cettrSb' ‘Chevaux :
dans l’efuece d animaux , comme
relTemble aireï^fon"^ ’ ^ Progéniture
paternels o "f""»dans
qoe 1 ’ fi^^^ement il
vontrlbSe^ chevaux la femelle
à-fait autanr P^^J^ ^ génération tout-
"«ant que dans l’efpècehumahae;
Cv
5 8 Hijloire Naturelle
le fiîs reflemble pins fouvent à fa
que le poulain ne reflemble à la fienne''
6 lorfqiie le poulain reflemble à la ji*'
ment qui 1 a produit , c eft ordinairemef^
par les parties antérieures du corps , ^
par la tête & l'encolure.
Au refte , pour bien juger de
reflembîance des enfans à leurs parenS>
il ne faudroit pas les comparer daD*
les premières années, mais attendre l’âg*'
ou , tout étant développé , la comp^'
raifon feroit plus certaine & plus fet>'
flbie : indépendamment du développé'
ment dans I accroiflèment , qui fouvei'*
altéré ou change en bien les formes*
les proportions & la couleur des chC'
veux , il fe fait dans le temps de ^
puberté un développement prompt ^
lubit qui change ordinairement 1^
traits , la taille , l'attitude des jambes*
&c. le vifage s'alonge , le nez grolli'
& grandit , la mâchoire s'avance ou
charge , la taille s élevé ou fe courbe*
les jambes s'alongent & fouvent dc'
viennent cagneufes ou effilées , en foft^
^le la phyfionomie & le maintien d'^
corps , changent quelquefois ii fort ?
du Cheval,
™écon-
■iml, après 1, puberté , là Bé,f““‘’
Ti T“-
Ce èft do^' » auroit pas vue depuis,
fon veuM„»„ ^ pateus. (i
fembC * la aef-
Suèrer"” «fa-Hunt auà
terœtr-Æ
les enfans dT prefciue toujours
mèrrï iV rP'™«''l'la.pé„.e
cre le rellemblent plus entre ei>^
& 'nu^ ^ ^eucs afceudans*.
commun t quelque chofe de
chevaux r ies
plus à la’ O ' ^ contribue
jumens que la femelle, les
Ibnt affez fn poulains , qui
"'lez fouvent fembiables en tout à
C vj,
6 O Hijîoire Naturelle
rétalon , ou qui toujours lui reflemLîent
pim qu’à la mère , elles en produifent
suffi qui reflemblent aux grand-pères î
&^lorrque la jument mère a été elle'
meme engendree d’un mauvais cheval j
il arrive affez fouvent que, quoiqu’elle
ait eu un bel étalon & qu’elle foit belle
^ ^ “ jîieme , elle ne produit qu’iia
poiüain qui, quoiqu’en apparence beau
bien fait dans fa première jeunefl’e >
décliné toujours en croiflant ; tandis
quune jument qui fort d’une bonne
race donne des poulains qui, quoique
de mauvaife apparence d’abord , em-
belIilTent avec l’âge.
Au relie , ces obfervations que l’on
a faites fur le produit des juniens, &
qui femblent concourir toutes à prouver
que dans les chevaux le mâle influe
beaucoup plus que la femelle fur la
progéniture , ne me paroilTent pas
encore fuffifantes pour établir ce fait
dune manière indubitable & irrévo-
caole -, il ne ferait pas impoffible que
ces obfervations fiiblîftaffient , & qu’en
meme temps & en général les jumens
contribuallent autant que les chevaux
du Cheval.
6 1
procluit (ic la fféncration * il
P«oû pas àon„a!.“fc''éS™T
oujours choil.s dans un grand nombre
ac chevaux, tires ordinairement de pavs
chauds, nourris dans l’abondance , eL
domZ' ^ ménagés avec grand foin ,
îiiniP ^ génération fur des
oïd , & fouvent redîmes à travailler ;
& comme dans les obfervations tirées
d? rT' r ^ plus ou moins
de cette fupefiorite de l’étalon fur la
cT^^'^n imaginer que
ce neft que par cette raifon qu’eUes
emps il pourtoit etre tout auffi vrai
\ tres-belles jumens des pays
chauds , auxquelles on donneroit ^dL
chevaux communs , influeroient peuS
etre beaucoup plus qu’eux fur leur^pro-
des chevaux comme dans 1 efpèce hu-
mture lent progé-
ï'^t pLf " naturel & d’fu-
mém^ ‘1 remarqué,
les haras, quil naillok à
62 H'^oire Naturelle
peu près un nombre égal de poulain
& de poulines : ce qui prouve
moins pour le fexe la femelle influé
pour fa moitié.
Mais ne fuivons pas plus loin ceS
eonfideratrons , qui nous éloigneroieni
de notre fujet : lorfque 1 étalon eft choii>
& que les jumens qu'on veut lui donnef
font raflemblées, il faut avoir un autre
c ^va^ entier qui ne fervira qu’à faire
connoitre les jumens qui feront en
chaleur, & qui même contribuera par
les attaques à les y faire entrer -, on fàit
palier toutes les jumens l’une après
i autre devant ce cheval entier, qui doit
Être ardent & hennir fréquemment • il
veut les attaquer toutes, celles qui ne
lent point en chaleur, fe défendent, &
Il 07 a que celles qui y fo„t qui fe
laiflent approcher , mais au lieu^de le
piller approcher tout-à-fait, on le retire
& on lui fubftitue le véritable étalon.
Cette epreuve eft utile pour reconnoître
& des jumens,
lur-tout de celles qui n’ont nas
encore produit -, car celles qui viennLr
de pommer entrent ordinairement en
du Cheval. ^ j
Valeur neuf jours après leur accou-
fhemenr , ainfr on peut les mener à
1 étalon dès ce jour même & les faire
couvrir -, enfuite eflayer neuf jours après
au moyen de l’épreuve ci-deffus , fi
elles font encore en chaleur -, & fi elles
y ont en effet , les faire couvrir une
econde fois , & ainfi de fuite une fois
^us les neuf jours tam que leur chaleur
ure , car lorfqu elles font pleines la cha-
leur diminue & ceffe peu de jours après.
Mais pour que tout cela puiffe fe
raire^ ailément , commodément , avec
lucces & fruit , il faut beaucoup d atten-
tion , de depenfe & de précautions j
d faut établir les haras dans un bon
terrein & dans un lieu convenable &
propomonné à la quantité de jumens
& détalons quon veut employer; il
aut partager ce rerrein eh plufieurs
parties , fermées de palis ou de Mes
avec de bonnes haies, mettre les jumens
pleines & celles qui alaitent leurs pou-
pins dans la partie où le pâturage eft
Pas^r^^ ’ l^arcr celles qui n’ont
nont pas encore été
, & les mettre avec les jeunes
6’4 Hijîoire Naturelle
poulines dans un autre parquet où le
pâturage foit moins gras, afin quelles
nengraillfcnt pas trop, ce qui }oppO'
leroir a la génération ; & enfin il faut
mettre les jeunes poulains entiers oU
hongres dans la partie du terrein la plus
seche & la plus inégale, pour quen
montant & en defeendant les collines ils
^'quierent de la liberté dans les jambes
& les épaulés : ce dernier parquet où
Ion mer les poulains mâles , doit être
lepare de ceux des jumens avec grand
<oin, de peur que ces jeunes chevaux
ne secJiappent & ne s'énervent avec
les jumens. Sr le rerrein eft alfez grand
pour quon puilTe partager en deux
parties chacun de ces parquets, pour
chevaux &
des bœufs 1 année huvantc, le fonds du
pâturage durera bien plus long -temps
que s il etoit continuellement mangé
par les chevaux, le bœuf répare fe
pâturage & le cheval l'amaigrit : H
cliacun de ces parquets ; les eaux dor-
mantes font meilleures pour les chevaux
que les eaux vives , qui leur donnent
du Cheval.
Sfpc ^ chevaux font bien
P n ^ ^ dans les
des Vbi ^ ^ s il y a des troncs,
Acrtrir *; ".»“• a f»™ »"-
’ combler , aplanir , pour prévenir
nor"^- Pâturages ferviront
Pété il pendant
«e. Il faudra pendant l’hiver mettre
qtfon que les poulains,
être toûin étalons doivent
dï pS^^rdT^^il'T
dans un n,Si„ .n„&iutpî"“™
i-puisTeT, ’ ''“ '’"" “^''«tement
l» ^n de i,r "““'T ■' *''"* i“<SP a
ae juin , on ne leur fera faire an
cun autre exercice pendant ce temps, &
laiêmes ^atgement, mais avec les
Lo,r,^°""™'.“S"» l'ordinaire.
■'«m d » 1» io-
cela ne auparavant ,
iJ faut aufli augmenter fon ardeur ;
cjue la jument foit propre
6 s Hijioire Naturelle
& déférée des pieds de derrière, cè
d y en a qui font chatouiileufes ^
qui ruent à Tapproche de letaion ;
homme rient la jument par le licou, ^
deux autres conduifent letaion par
longes lorfquH eft en fituation , ol*
3ide a ! accouplement en le dirigeant ^
en détournant la queue de la jument <
car un feul crin qui s’oppoferoit pont'
roit le blelTer, même dangcreufement'
li arrive quelquefois que dans ïacco^'
plemenr 1 étalon ne conlbmme pas
de la génération, & qui! fort de de0
la jument fans lui avoir rien laillé *, <*
faut donc être attentif à ohferver ,
dans les derniers momens de la copula'
non , le tronçon de la queue de fétalof
na pas un mouvement de balancie'
près de la croupe, car ce mouvement
accompagne toujours lemi/Iîon de ^
liqueur ieminale ; s il l a conlommé, ^
ne faut pas lui lailfer réitérer laccoU'
piemcnt , il faut au contraire le ramenât
tout de fuite à l’écurie & le laitier ji/"
quau^ furlendemain -, car , quoiqu’un
bon étalon puilTe fuffire à couvrir toU*
les jours ime fois pendant les trois
du CîievaL
ne . le ménager davancage &
lui donner une jument que tous les
Jux jours, rl déperifera nSins & p!"
io rs fept
fnenr auar .^o»c fucceffive-
nenvV^ & le
aura O J mais dès qui! y gn
Pallie^^'^ T'“”^ chaleur ^fe^a
pour «»e nouvelle
en a ni r ^ Mie ii y
premièrï'^ ‘rr* 7'' retiennent dès la
P cmicre , ftçonde ou troifième fois
on compte qu un étalon ainli conduk
Eîs T7' ^1^-Pmit )u-
iains dan riix ou douze pou-
tité de ■ la 1 "îrian-
gmnde wès-
dans les = enverra
* vo'l : ^ “P^«ré
Naturelle , «“« Hiftoirc
‘sditjon en treme-un volumes.
6 8 Hijîoire "Naturelle
des réfervoirs qui la contiennent , &
indudbions qu’on peut titer de i’étencfi'^
& de la forme de ces réfervoirs.
îes jumens ii fe fait auffi une émiflîofl'
ou plutôt une ftillation de ia liqiieU'
feminale pendant tout ie temps qu’ell*^
lont en amour; car elles jettent au dehof*
une liqueur gluante & blanchâtre qu’o"
appelle des chaleurs, & dés qu’ell^^
ioiît pleines ces émiffions celïènt : c’e^
cette liqueur que les Grecs ont appel^«
1 hippomanès de la jument , & dont
prétendent qu’on peut faire des filtres»
ur-tout pour rendre un cheval frén^'
amour ; cet hippomanès eft bie”
diflérent de celui qui fe trouve daJ»*
les enveloppes du poulain , dont
Dauhenton ( p ) a le premier conO'*
& Il bien décrit la nature , l’origine
la lituation : cette liqueur que la jumefl'
jette au dehors, eft le figne le plu*
certain de fa chaleur ; niais on le rC'
connoit encore au gonflement de ^
partie inférieure de la vulve & aux fré'
quens henniflémens de la jument, qU'
Mémoires de l’Académie Rov*l«
ries Sciences, HHnéc
du Cheval.
verre . î- N ^ «é cou-
la m ^ étalon , il faut fimplemenr
la mener au pâturage fans aucune autre
fument"’
q elle produit par la fuite , ainfi on
fois^im ” ^'''1 donner la première
Penfer îri°î ^ "J
la crr^ I defaut de 1 accroiffement par
la grandeur meme de la taille : il faut
ref eT^ f ^ la difté-
cSval & J 1 ^f^^'P'^ocité des figures du
lesdéfa ^ a jument, afin de corriger
l’aule P” Perfedions de
I * ^ fur -tout ne Jamais faire d’ac-
yuplemens difproportiinnés , comme
Pedte’- srand cheval avec une
cet acernr^’
nroT, P P petit ou mal
5“TTr T” Approcher
étoffé, mai.P^ ^^?P ^P“^^ cheval
un cheval , " ’ ^ V”® pettte jument
n peu plus haut qu elle , à
7 ° Hijîoire Naturelle
une Jument qui pèche par l’avant-iuai^'
un cheval qui ait la tête belle &
colure noble, &c.
On a remarque que les haras ét30
dans des rerrcins fecs & léfrets proÆ'''
loient des chevaux fobres, légers ^
vigoureux , avec la jambe nerveure ^
la corne dure , tandis que dans les lid'^
humides & dans les pâturages les pi”*
gras ils ont prelque tous la t^te groll'
& pefante, le corps épais, les iænb”'
chargées, la corne mauvaife & les pie^I*
plats : ces difiérences viennent de cell^
du climat & de la nourriture , ce P”!
peut s'entendre aifément -, mais ce (f.
elr plus drmcile à comprendre, & q”*
eft encore plus eflentiel que tout ce
uqus venons de dire, ceft la nécefllt^
ou i on_ eft de toujours croifer I”‘
«ces Cl Pon veut les empêcher
dégénérer,
À' Nature un prototype
gênerai dans chaque efpèce fur lecni”^
chaq^Lie individu eft modelé , mais q”‘
■fembîe , en Ce réalifant, s’altérer ou 1”
perleétionner par les circonftances 5 e”
iorre que, relativement à de certaiflê^
àu Cheval. 7 ,
^alitée ;î „ . . '
apparence r en
vidus % ^ ^ Pi'cceffion des i„di-
us , & en ineme temps une conf
cheval P animal , le premier
extérieur & î ^ le modèle
'OU te tli ™
eeux L "ês, tous
naîtroiu ^ tous ceux qui
donJ ‘^®-
les copier
iLibfifte ^nfon ’ originaire
vidu • J ‘ chaque indi-
wv;i„rr“ ^
cependant femblablc en tôm'I"*”’
dont il "'°dèie
rence ^ empreinte : cette diffé-
eft eloil'ilée^ dr^
combien elle foire d abfolu , &
^^hes deto7 humaine, dans
’^égétaux , de T ’ de tous les
qui fe reprorî on un mot
Ptoduifent-, & ce qu'il y a de
7 ^ Hijloire Naturelle
fingulier, c’eft qu’il femble que le
dèle du beau & du bon foit dirp^*'*^
par toute la terre , & que dans chacp''
climat il n’en réiîde qu’une portion
dégénère toujours , à moins qu’on
îa réunilTe avec une autre portion
au loin : en lorte que pour avoir
bon grain , de belles fleurs, Scc. il
en échanger les graines & ne Jamais
femer dans le meme terrein qui les *
E roduites j & de même , pour avoir
eaux chevaux , de bons chiens , &c. '
faut donner aux femelles du pays
males étrangers, & réciproquement a''*
mâles du pays des femelles étrangère^'
fans cela les grains, les fleurs, les a'’^
maux dégénèrent , ou plutôt prenne'^
une fi forte teinture du climat, que
matière domine fur la forme 8c femfc?
1 abâtardir : l’empreinte refte, mais Jélf
gurée par tous les traits qui ne lui 0
pas elTentiels ; en mêlant au contraire
races , & fur - tout en les renouvela**^
toujours par des races étrangères j
forme femble fe perfectionner, &
Nature fe relever & donner tour
qu’elle peut produire de meilleur.
O
du Cheval.
T°“ *” '“"isaûres
»'> Mt rar'"!5'tr„cro™'^^^^
OU des vépér-iî,^. "^r animaux
iointain ronv * d’un climat
'""PS . ceft'^à itr^c;;' ■*.'
nombre de cA-,' • ’ trcs- petit
«"Ccvoi? p„f ^ -'i 'ft a« *
f 1» Æfllence r
maux exemors o *^Çndre ces ân».
taines aftedions de cer-
ieur tempérament maladies j
dépend en pLrie ^
^ de la qualiré do u ^ nourriture
changer auffi dans
".fcnibl. 1 t pUa,:”'
&^>«ÆLr:tra:
<MicW„ ‘‘W“*°"S Être k»
COnfiftance g, 1 ’ ®nt pris leur
J’™'
74 Hijioire Naturelle
été dépaïfés , & que le nouveau
& la nourriture nouvelle peuvent à
vérité changer leur tempérament ,
ne peuvent pas influer allez fur
parties folides & organiques pour
altérer la forme , fur -tout II laccroilf^'
ment de leur corps étoit pris en entier i
par conféquent la première génératie*'
ne fera point altérée , la première pr*’'
géniture de ces animaux ne dégénérer*
pas , l’empreinte de la forme fera pure*
il ii’y aura aucun vice de fouche s**
moment de la naiflance : mais le jeUJ’^
animal elTuiera , dans un âge tendre ^
foible , les influences du climat , eH^'*
îui feront plus d’imprellîon qu’elles
ont pu faire fur le père & la mère’
celles de la nourriture feront auffi bie*
plus grandes & pourront agir lur 1^
parties organiques dans le temps de
croilfement , en altérer un peu la forn’^
originaire , & y produire des germes
défeéluofités qui fe manifefteront eniu'^
d’une manière^ très-fenfible dans la
conde génération , où la progénituf'^
a non -feulement fes propres défauts’
c’eft-à-dire , ceux qui lui viennent ^
f Cheval.
-n dé-
^ enfin à la troTènfe ^ ^ >
'^Kes de la fecnni ? 8^"eration les
fouche , oui nm^; troificme
fluence du\'Iinwt
ffouvanc encore rï K "°“™fure, fe '
l’influence aâ-So ?“'^p de
deviendront fi fenfhr^^ 1 ^ecroiflement ,
: ces^aSSu,
ehevaux d’Efpagne ^ 5 ’ des
dont on condil ainfi les"^ ’
deviennent en France ^ générations ,
Çois , fouvent des la Tp ftan-
T’ & toujours i J généra-
H» ionc oMgr* “‘îr = o„
de les conferTer 5
"""é à chaque gehStar' "^"°^^elle la
''enir des c^vaS BaT" ’
les donn^raux f '' ^’^^P^gne
^ ee qu’il v a ^ r du pays .
^Snlxer , c eft
‘ï^en paj^ç race , qui ne fe
^ tie , & , pour ainfi dire
Dij
7 Hijloire Naturelle
à moitié , produit cependant de bief
meilîcHrs efl'ets que fi le renouvel lemenl^
étoit entier : un cheval & une jutnen'
d'Efpagne ne produiront pas enfenibif
d’auffi beaux chevaux en France qf?
ceux qui viendront de ce même chev'«‘
d'Efpagne avec une jument du paysj
ce qui fe concevra encore aifément > "
Fon foit attention à la compenfatiof
nécefTaire des défauts qui doit fe farf'’
îorfqu on met enfemble un mâle &
femelle de difî'érens pays: chaque climat»
par fes influences & par celles de
nourrinire , donne une certaine coi''
formation qui pèche par quelque exc^
ou par quelque défont ■, mais dans f*!
climat chaud il y aura en excès ce qf'
fera en défaut dans un climat froid j ^
réciproquement -, de manière qu'il Jo''
fe faire une eompenfation du tout \o^'
qu'on joint enfemble des animaux
ces climats opjiofés : & comme ce q^'
a le plus de perfeftion dans la Nat«f*
eft ce qui a le moins de défauts , ^
que les formes les plus parfaites fof*
feulement celles qui ont le moins
diftbrmités, le produit de deux animavitt’
du Cheval. ^
«emL'r f**™* eac-
eUe ofiuV*
Penre,„ d'a„t,„, mie,“ ’ “J
femble des anim,. j ’ ^
gnés, ou plutôt rf
stÆ, -2 tris
oppofés aux plus
lÆude'îefee."
a faut ionf ^ France ,
Vaux , faire venir rf/-c ' i che-
Plus chauds ou
■Arabes , fî l'on en ^ chevaux
f«t.s doi4,:\'" p^firt r- !«
les chevaux (TErnaoL ^ V ^ enhute
de Naples -, & p^? , ^ royaume
* DaneJrcfc & tT?
* Hoiftein & de Frife ““
«'» Praduiront .„ F “* *=-
)“mens du pays * ■«
’“' feon, ■ ” "«-hora chevaux,
'?”' plus l,ea1,r „ r™ * 'l'au-
Aniat fêta „’i,,J m f-u Kmpérature
du climat de la p ^«ignee de celle
la France , en forte que
D iij
78 Hijîoire Naturelle
les Arabes feront mieux que les Barbes*
les Barbes mieux que ceux d’Efpagne *
& de même les chevaux tirés de Dane'
marck produiront de plus beaux che"*
vaux que ceux de Frife. Au défaut
ces chevaux de climats beaucoup pl***
froids ou plus chauds , il faudra fait*
venir des étalons Anglois ou Allemands»
ou meme des provinces méridionale*
de la France dans les provinces fepte**^
trionales ; on gagnera toujours à donne*
aux jumens des chevaux étrangers, ^
au contraire 011 perdra beaucoup ^
laifler multiplier enfemble dans un hars*
des chevaux de même race , car il*
dégénèrent infailliblement & en très-pei*
de temps.
Dans i efpèce humaine , le climat
ïa nourriture nont pas d’auffi grande*
influences que dans les animaux , & 1 *
taifon en eft allez Ample -, rhomme
défend, mieux que l’animal, de l’intein^
périe du climat , il Ce loge , il fe vêd*
convenablement aux faifons , fa nourd'
ture eft aulTi beaucoup plus variée , ^
par conféquent elle n’influe pas de
meme façon fur tous les individus : le*
du Cheval.
excès qui viennenr rT
‘•'^ufes 5 & qui font 11 conft-^ *
beaiL animaux , le font
Rentes 7 a eu de fré’
tous côtés TS * ,"P“*K de
ïes npp U ’ . pas étonnant oue
^'^jettes être nmins
ries hommes r' ’ ^ ^
fpintuels da.rs m/rct ‘"7®
on peut croire que par^unl
riont on a np.-<? P , expenence
hommïonr^ ^ mémoire, les
réfultoit des Xaïœ T"'"' ^ni
Puifque chez le^natSns .
’ H a rarement été P°^*
riépoufer fa fœnr . P^mns au frère
rapporte cher l^c ^ 'P* on ne
polidqÛi *“? des
Pnr loVervXon-l^X'^^'''' ^°”rié
riune manS^r "o s’étend
Po^ne, à moin^r^ n & fi ab-
aque ; mais fi ?e“ ^ ® "® "^nne au phy-
n les hommes ont une fois
Diii)
8 O Hijîoire Naturelle
connu par expérience que leur race
genéroit toutes les fois qifils ont vou!'^
la conferver fans mélange dans une
famille , ils auront regardé comme uü^
loi de la Nature celle de falliance av£*'
des familles étrangères , & fe feront toU*
accordes à ne pas foufirir de mélangé
entre leurs cnfans. Et en effet , l'an*'
iogie peut faire préfumer que dans
plupart des climats les hommes dég^''
ncreroient comme les animaux , après u**
certain nombre de générations.
Une autre influence du climat &
la nourriture eft la variété des couleuf?
dans la robe des animaux , ceux
font fauvages & qui vivent dans
même climat font d’une même couleur»
qui devient feulement un peu plus claire
ou plus foncée dans les diflércnte^
faifons de l’année ; ceux au contraire
qui vivent fous des climatss diftéreiis >
font de couleurs différentes , & le«
animaux domeftiques varient prodigie^*''
fement par les couleurs , en forte
y a des chevaux , des chiens , &c.
toute forte de poils , au lieu que
cerfs , les lièvres , &c. font tous de
^ du Cheval. g .
jourierb”" ' tou-
> ^^les memes , la ncxirriture tnnî^
meme , prodiufent dans les an’
f»-vag« „„C u„ifo™i, “ e fÔrT
Ihomme , la douceur de 'ahd
ftete dans la m va-
varier cette conle!'^^"^^ ’ effacent & font
^omeftiqiies auffi"^ animaux
îanPe d« Va ’ - îe mé-
P- fol S ®T8«e, l„.Von ni.
avec celle de la du mâle
quelquïoi! n'^ ’ V" P^-
eotnme on le voir f. f J*”gnlantés ,
ÿie blanc & le “mV ’
manière f! biz^rre'^ï
lun fur fautre fi fi ^ tranchent
femble que ce ne , qu’d
N«.o?e . loov„g.‘'rfe
peintre. du caprice dun
ooltmï'SMe™ .
on contraftera U fia ^ >
races en oppofanÆ^%’ ^toifera
■Vs’crcrv*"''=™^w
'"''“'«O»;
quelques autres attentions
D V
8 Z Hijloire Naturelle
qu il ne faut pas négliger , par exemple ’
il ne faut pas dans un haras de )'i'
mens à queue courte , patce que
pouvant fe défendre des mouches ,
en font beaucoup plus tourmentées ’
que celles qui ont tous leurs crins >
êc l'agitation continuelle que leur caiif®
la piqûre de ces infeétes , fait diminue'^
la quantité de leur lait , ce qui influ'^
beaucoup fur le tempérament & la tailla'
du poulain qui , toutes chofes égak^
d’ailleurs , fera d’autant plus vigoureU’^
que fa mère fera meilleure nourrice. 1*
faut tâcher de n’avoir pour fon har3*
que des jumens qui aient toujoiif*
pâturé & qui n’aient point fatigué ’
les jumens qui ont toujours été à
curie nourries au fec , &. qu’on inf'’
enfuite au pâturage , ne produifefl'
pas d’abord ; il leur faut du temp*
pour s’accoutumer à cette nouvelle
nourriture.
Quoique la faifon ordinaire de
chaleur des jumens foir depuis le cofl'''
,.mencement d’avril jufqu’à la fin
juin , il arrive allez fouvent que dai^
un grand nombre il y en a quelques-;
du Cheval.
83
chaleuravant ce temps :
ch-,1 P=ïfler cette
aîeur fans les faire couvrir , parce
que le poulain naîtroit en hiver, fouf,
furoit de 1 intempérie de la faifon , &
& tFe°m'°^'' qu’un mauvais lait ;
& de meme lorfqu une jument ne vien
en chaleur qu après le mois de juin ,
gce que le poulain naiffant alors en
de wt d’acquérir affez
Phiver fnivS^"
dufrrSon^à la^^"' ’
couvrir le t" V. pour la faire
lec 5 ’ ^^^^^ehent dans le parquet où
jumens font raffemblées , & fy lair
les jumens elles pour
Pûrinent P^-
l’étalon fe^ ruine
qu’il ne feroir e P^V®" P'"' femaines
exercice 7- années par
nous l'avons St! ^ ‘^o^^duit comme
Ique les Jumens font pleines Sc
D vj
8 4 JJiJloire Naturelle
que leur ventre commence à s’appfi^
fantir , il faut les leparer des antres
ne le font point , & qui pourroient
les bleffbr -, elles portent ordinairement
onze mois & quelques jours , elles aC'
couchent debout , au lieu que prefqu^
tous les autres quadrupèdes fe couchent*
on aide celles dont raccouchement el^
difficile , on y met la main , on remet
le ^poulain en lîtuation > & quelquefois
même, iorfquil efl; moa , on le tire
avec des cordes. Le poulain fe pré*
fente ordinairement la tête la première >
comme dans toutes les autres eliièceS
d animaux , il rompt les enveloppes eU
fortant de la matrice , & les eaux abow'
dantes qu elles contiennent s'écoulent , ü
tombe en même temps un ou pluiieurs
morceaux folides formes par le iedimcnt
de la liqueur épaiffie de l’ailantoide i ce
morceau , que les anciens ont appelé
Thippomanès du poulain , n'eft pas >
Comme ils le diient , un morceau de
chair attaché à la tête du poulain , il cO
efl: au contraire féparé par la membrane
amnios : la jument lèche le poulain après
fa nailîance , mais elle ne touche pas à
du Cheval. g ^
fe font en-
e trompes lorfqu ils ont affûté qffelle
‘e devoroir à l mftant. ^
L’ufage ordinaire eft de faire couvrir
une jument neuf jours après quelle a
SpT P^^*e de
e nrod P"''' T"" de fon haras tout
le produit que ion peut en attendre ;
eSemlr'"^
fon ^ I ne &
poulain a naître , fes forces font
partagées , & qu’elle ne peut leur don-
l’™r nLoit que lïn
. ^^ntre à nournr ; il feroir dr.n^
*™’llr chevaux
ne laifler couvnr les jumens que de
y temps & retiendroicnt nlus
qui o« érf i'u»™
lesans cVh 1™''““ P'“**nt tous
‘»êmc amîe^r™'’’ *“
PoulaTus ” dos
fouft'tir* quoique pleines , peuvent
souplement , & cependant il
8 5 Hijloire Naturelle
n y a jamais de fuperfétarion ; elles
duifenr ordinairement jufqu'à l’âge de
quatorze ou quinze ans , & les plus vi'
gOLireufes ne produifent guère au-delà
de dix-huit ans : les chevaux , lorfqu’d*
oiu été ^ménages , peuvent engendre^
jufqu à 1 âge de vingt & même au-delà >
& 1 on a lait fur ces animaux la mêiue
remarque que fur les hommes , c’eft
que ceux q’ui ont commencé de bonne
heure finirent aulïï plus tôt ; car les
gros chevaux , qui font plus tôt formés
que les chevaux fins , & dont on fait
des étalons dès Fâge de quatre ans , ne
durent jjas Ci long-temps , & font coin*
munement hors d’état d’engendrer avant
1 âge de quinze ans (q ). '
La durée de la vie des chevaux , eft >
comme dans toutes les autres elpèce*
d animaux , proponionnée à la durée du
temps de leur accroilTemenr -, l’homme
qui eft quatorze ans à croître , peut
vivre fix ou fept fois autant de temps >
c eft- à- dire quatre-vingt-dix ou cent
ans ; le cheval dont i’accroiflèment le
Cf J Voyez le nouveau parfait
Gatfault, page SS & fuiyawet,
MatéckaI de
du Cheval. g y
fSt ? fix ou
. autant, ceft-à-dire, vingt-
cinq ou trente ans. Les exemples mi
POLirroient être contraires à cette règle
ont fi rares, qu on ne doit pas mêL
on onHT “"e exception dont
on puiffe tirer des conféquences • &
comme les gros chevaux prennent leur
entier accroiflement en moins de temps
moins^r? chevaux fins , ils vivent aulli
inoins de temps, & font vieux dès l’âge
ne quinze ans. °
Il paroîtroh au premier coup d’œil
^itrefàT- ^ des
quadrupèdes , Lcroifi
borrî parties pofteneures eft d’a-
nord plus grand que celui des parties
d’abord s "prieures croifibnt moins
dans ? i“ l'npérieuresicar
dans 1 entant les cuiffes & les jambes
moins du corps , beaucoup
le Poul! '' ’ dans
der?Sre ï de
puiffe arr ’ ”.4 ^dez longues pour qu’il
de dcrïgf -ec le Jiecl
’ lieu que le cheval adulte
8 8 Hijloire Naturelle
ne peut plus y atteindre : mais ceti^
didcrence vient . moins de l*inégalité
i accroiflemcnt total des parties anté'
rieures & poftérieures , que de l’inégi'
lite des pieds de devant & de ceux de
derrière, qui eft conftante dans roiic^
la Nature , & plus fenlible dans les ani'
maux quadrupèdes ; car dans l'homme
les pieds font plus gros que les mains»
& lont aulli plus tôt formés , & da»5
le cheval , dont une grande partie de
la jambe de derrière neft qu’un pied»
puilquelle neft compofée que des oS
relatifs au^ tarfe , au métatarfe , &c. d
neft pas étonnant que ce pied foit plus
étendu & plus tôt développé que la
jambe de devant , dont toute la partie
inferieure repréfente la main, puifquelle
neft compofée que des os du carpe,
du métacarpe , &c. Lorfqu un poulain
vient de naître , on remarque aifémenc
cette différence , les jambes de devant
œmparees à celles de derrière paroillënr,
^ lont en effet beaucoup plus courtes
alors quelles ne le feront dans la fuite,
& daiüeurs I cpaiileur que le coips ac-
quiert , quoiqifindépenciinte des pro-»
àu Cheval. 8 c>
portions de raccroiffement en lonsiieur
"^ot cependant plus de diftance^ entre
pieds de derrière & la tête , & con-
tn ue par confequent à empêcher le
“ P*
Dans toira les animaux , chaque efpèce
eft variée hiivant les dift'érens clim^s !
généraux de ces variétés
forment & conftituent les différentes
celleVr/^^r "“J"' pouvons faifir que
cdles qui font les plus marquées, c’eff-
''''' fa'f*‘eme„,
es unes des autres, en négligeant toutes
ies nuances intermédiaires qui font fo,
comme en tout , infinies , nous en avon;
meme encore augmenté le nombre &
la confufion en favorifant le mélanite
e ces races , ^ & nous avons pour ainfî
en resclimard"*
ces cl mats des chevaux d’Afrique ou
faWe; niéconnoif-
y introrf^'T ' de France
PayI,2 H“"' de tout
gner U diffin-
«raftètê. ; S“' qi-dques légers
» produits par l influence
90 Hijloire Naturelle
aftuelle du climat : ces caraftères feroi^^*
bien plus marques & les diftérenc^^
/croient bien plus fenfibles, lî les rac^
de cha^e climat s’y fuffent conferv^^
/ans mélangé ^ les petites variétés
roient ete moins nuancées , moins noO''
breufes , mais il y auroit eu un certai®
"owbre de grandes variétés bien caraÇ'
terifees , ^le tout le monde aure^
ai/ement dtftinguces 5 au lieu qu’il fâi’^
de 1 habitude , & meme une affez longü®
expérience , pour connoître les chevau’*
des differens pays : nous navons
cela que les lumières que nous avonJ
pu tirer des livres des voyageurs 5
ouvrages des plus habiles écuyers, tel*
que M/' de Newcaftie , de Garfault»
de la Guérinière , &c. & de quelque*
remarques que M. de Pignerolies >
ccuyer du Roi , & chef de l’Académie
d Angers , a eu la bonté de nous coiH'
muniquer.
Les chevaux Arabes font les plu*
beaux que l’on connoifle en Europe >
Ils font plus grands & plus étoftés qu^
les Barbes , & tout aulfi bien faits i
mais comme il en vient rarement
du Cheval. ^ j
^'ohki.
atioiis detailkes de leurs perfeâions &
de leurs défauts. ^
tnt." font plus com-
peu cLirc» longue, fine,
garrof K' \ T" ^ f°r"^ du
df,„” ’ & âffez or.
^natrement moutonnée , roreille belle
les rt;’ ^ ^ Ken relevé ,
les SS ST S fl-- &
kc v°^-® "tondes fans trop de ventre
les hanches bien effarV^ ventre ,
ter te."rte
méeS bien for-
bien fSesTS^^'^’ «
détachr 1 • Î*î!? P°fl ’ "-rf bien
poils T S® ■’ - ''“ï de tous
L Rt ^ communément de gris •
recherchés & n’ d’être
d" vîteffe A beaucoup
légers & f.' fl® ’ fls font fort
chevaux parn'tr \ courfe ; ces
P flf^rrr etre les plus propres
9 i Hijîoîre Naturelk
pour en tirer race ; il feroit feuIemeA*
a ouhaiter qu’ils fulfent de plus grandi
taille , les plus grands font de quatf^
pieds huit pouces , & il eft rare d’c«.
trouver qui aient quatre pieds ne*)*
pouces ; il efl: confirmé par expérience
qu en France , en Angleterre , &c.
engendrent des poulains qui font pli'5
paiKÎs queux : on prétend que pan”*
es Barbes, ceux du royaume de Marcxf
lont les meilleurs , enfuite les BarfiC*
de Montagne -, ceux du relie de
Mauritanie font au-de(lbus , aulTi-hieH
ÿ'f Turquie , de Perfe ^
d Arménie : tous ces chevaux des paj-S
chauds ont le poil plus ras que le*
autres. Les efevaux Turcs ne font pa*
Il bien proportionnés que les Barbes»
Ils ont pour l’ordinaire l’encolure effilée»
le corps long , les jambes trop menues i
cependant ils font grands travailleurs ^
de longue haleine : on n’en fera pa*
étonné, fi l’on fait attention que dans
es pays chauds les os des animaux fofC
plus^ durs que dans les climats froids »
ce celt par cette raifon que quoiqu’il*
Cheval. ç,
fo£’dirkstXs.""'"*“
on" IWorr^^l “8 ‘'P'*’ ‘‘‘^ B«I,es ,
™P de orin, , t%’
>onmes'’''mSs ™"‘>”'"!e, les oreillel
PÎeins de fp,i r ’ les yeux
'&€f£?»rT.ls
ventre f peu trop de
^ P'irge ouS?^ ordmarremcrit ronde
«» Pef lônSrZ"^
PoilpirnSbiln^ScMt^^'^^^
quelquefois un oeu W ’ Par^ron
»‘'‘rhes,Ie oiM ^
dun^uulet'”
trop haut • l u ^ Pon^'enr ie tjtloh
*nvS™td "1 ™®l>««o"p’ *
îeur poil ^ -,
Ibai-marron S * ^^îjirsaire eft noir 6u
’ qrioiquily- en-aij quelque»-
9 4 Hijîoire N'aturelle
uns de toutes fortes de poils -, ils
très -rarement des jambes blanches
des nez blancs •, les Efpagnols ,
ont de laverfion pour ces marque* ’
ne tirent point race des chevaux q'**
les ont, ils ne veulent qu’une étoile
au front , ils eftiment même les chevaf^
zaïns autant que nous les méprifon* '
l’un & l’autre de ces préjugés , quoiqijf
contraires , font peut-être tout auf
mal fondés , puifqu’il fe trouve de trè*‘
bons chevaux avec toutes fortes
marques , & de même d’excellens chf'
vaux qui font zains -, cette petite dili^'
rence dans la robe d’un cheval
femble en aucune façon dépendre
Ton naturel , ou de fa conftitutron int^'
rieure , puifqu’elle dépend en efiét d’ua^
qualité extérieure , & lî fuperficielle ’
que par une légère hlelTure dans
peau on produit une tache blanche ‘
au relie les chevaux d’Efpagne , zai'’^
ou autres , font tous marqués à la cuii^''
hors le montoir , de la marque du haf«*
dont ils font fortis : ils ne font
communément de grande taille , cepe'’"
danr on en trouve quelques-uns àf
Chevaî. « -
ils ont rT,, . ^ q^’alrtés -,
* la Jee Tf ^ ^ >
fouplefeT,; t P P®'-,* P'“ >1=
S u7Xv’"’“ j« 1 »“
la guerre ï. ’ Pour
malège ’ & pour ie
pour
aux Arabes & n fomblables
Portent e?elr"îs““’ ^1°"^ «a
r«e plus grande’ ^ °"\':^P^odant la
luoutonnée^ Ipc ni &
■mis Ken picË • 7 L' P-® .^S"® .
OU pourroit rllft'* oreilles feules
Elois d® ch^ÏTf' -- ,'*™l An-
«fence elSs ubl”",' *" S”"*
^ontbien éroff^c^ lî ’ 1®® Anglofs
on trouve rom Plus grands -,
P'^^ *x pouces
de hauteur ;i ^ u^'eme de cinq pieds
> r y en a de tous poils &
9 6 Uijîoire Naturelle
de toutes marques ; ils font généraî^
ment forts , vigoureux , hardis , capal^'j'
d’une grande fatigue , exccllens pouf ^
chafle & la courfe , mais il leur man^'^
la grâce & la foupleire , iis font dur^ ^
ont peu de liberté dans les éjaaules.
On parle fouvent de courfcs de
vaux en Angleterre , & il y a des
extrêmement habiles dans cette efpf'^*
d’art gymnaftique. Pour en donner
idée, je ne puis mieux faire que de raP!
porter ce qu’un homme refpeétable (^'
que j’ai déjà eu occalîon de citer «laf
le premier volume de cet ouvrage ,
écrit de Londres- ie i8 février 174^'
M. Thornhil , maître de porte à Stiltof;
fit gageure de courir à cheval trois
de fuite le chemin de Stilton à Londres ’
ceft-à-dire, de faire deux cents quin^^
milles d’Angleterre ( environ foixantS'
douze lieues de France ) en quio^^
heures. Le 19 avril 1745, vieux rtyK’
il Ce mit en courfe , partit de Stilton, ^
la première courfe jufqu’à Londres
trois heures cinquante -une minutes , ^
monta huit ditiérens chevaux dans
/ rj Milord comte de Mottoa.
COU
irfe''
du Cheval.
repartir fur îe champ fi i
^"^onde courfe , de LondÏÏ ? îi
heures cinquante-dL n ieV
«chevaux-, Tf’
les truste >
ii acheva œr^ I - " ’ &
^^eures quarante-neiT^^
5 non-feulp ™inutes j en forte
Feurè °’^^‘''‘>ement il remplit la cra
seure qm etoit de farrp u ■
quinze heures, mais il
dans le leux Ol ‘ doute
i™* ftit .«' '* '■■= ‘‘oi
courfe * MlVCiifl ‘5“
g» b*r“4‘t' lin'™ “-f-
dhui, parce cl 1 •
^mps on y a néglivé le certain
Jfntil fe trLve encfre S K
Napolitains , fur tour n chevaux
de leur taille , parle^'
c)8 Hijlom”. Naturelle
beauté de leurs lUiouvemens •, ils
excellens pour rappareil , & ont beaU'
coup de difpolitions à piiifFer.
Les chevaux Dai.iois font de fi beH®
taille & fi étoffés , qifon les préfère ^
tous les autres pour en feixe des atte^
îages -, il y en a de parfairement bie'’
moulés , mais en petit nombre , car 1^
plus fouvent ces chevaux n’ont pas lU’®
conformation fort régulière : la plupaff
ont l’encolure épaille , les épauïesgrolIeS»
les reins un peu longs & bas , la croup®
trop étroite pour i’epailTeur du devant »
mais ils ont tous de beaux mouvemens»
& en général ils font très -bons poti*^
la guerre & pour l’appareE, Hs font è?
tous poils •, & même les poils fing;uliers >
comme pie & tigre ne fe trouvent guèt®
que dans les chevaux Danois.
Il y a en Allemagne de fort beaü^
chevaux , mais en général ils font peho^
& ont peu d’haleine , quoiqu’ils viec'
nent pour la plupart des chevaux Tuf®*
Sc Barbes dont on entretient les haras >
auffi-bien que de chevaux d’Efpagne ^
d’Italie ; ils font donc peu propres à
chafle & à la courfe de vîteflè , au ü®**
Cheval. „ „
fcs chevaux Hongrois, Tranfîlvains
• lont au contraire légers &■ K ’
coureurs : les Houfards & les
leur fendent les nafeL ï ^°”grois
& aulfi pLm Pius d’haleine ,
l^gue re^Tn n hennir à
I«“-
q"ullXtent"feuIe’ '""t
Hongrois êrat 'P'if ch,îv^u^
bons pouMe“rat*[rj^ J”* /““
dont on fe fert ^
en France : les meinl^ ‘^pmmunément
province de Frife "î de la
bons dans le ’rî ^
?«= Juliers Us chS^' t &
au - delTol Z/ î
^^"de, iis ont ^ «^bevaux de Hol-
pieds plats^ g'^ode,
\ ^ cls dete d aux
cffentiels dans lec defauts font
y a en P ««olTe.
France des chevaux df
Eg
r oo HiJIoire Naturelle
toute efpèce- , mais les Beaux font e»
petit nombre : les meilleurs chevaux de
lelle viennent du Limofin , ils relTeni'
blent adèz aux Barbes , & font comm^
eux exceHens pour la chalTe , mais ils
font tardifs dans leur accroiflement j d
faut les ménager dans leur jcunelîé , &
même ne s'en fervir qu'à l’âge de huit
ans ; il y a aufïï de très -bons bidets
en Auvergne , en Poitou , dans le MoP
vant en Bourgogne ; mais après le Li-
molîn , c'eft la Normandie qui fournit
ies plus beaux chevaux , ils ne font
pas fi bons pour la chafiè » mais ils
font meilleurs pour la guerre , ils font
plus étoffés plus tôt formés. On tire
de la balïè Normandie & du Cotentin
de très -beaux chevaux de carrolTe , qui
ont plus de légèreté & de reffource
que les chevaux de Hollande -, la Fran-
che- comte & le Boulenois fournillent
de très - bons chevaux de tirage i en
général les chevaux François pèchent
pour avoir de trop grofles épaules , an
lieu que les Barbes pèchent par les avoir
trop ferrées.
Apres 1 epuiperatipn de ces chevau^t
du Cheval. jqj
nous font les mieux connus r,
«Ppo„=,o„s„,.elesv„y,gr,s’S
te chevaux etrangers que nous co“
^ = * fte •’o™ cte
«« de niTS
d’^ii on s’ ’ ‘^^Pendant aujour-
ch,vaS®l*'J°'fler'r''ï ■■ *«“>'
B”h=rie,Lrdf,:ee^';:r'“^*
Vaux naturels rlii Arabe. Les che-
beaucoup pw
mais très -légers ^ r*' Arabes ,
M Shaw prétend (•"7re"îe? h‘
^ bgypte & rTe T' • haras
aujourd’hui fur Remportent
voifins ; au lieu m ’
Heu quon trouvoit, il /a
'■‘■"-■Kl.
en
Vo;fJ ■ ’ '
fxançoîs. la ^
' J, pagg ^oS
102 Hijîoire Naturelle
environ un fiècle , d’auflî bons chevaux
clans tout le rcfte de la Barbarie : l'ex-
^ellence de ces chevaux Barbes conüfte»
dit-il 5 à ne s’abattre Jamais, & à fe ten^
tranquilles lorfque le cavalier defcen^
ou lailîê tomber la bride -, ils ont
grand pas & un galop rapide , mais of>
ne les laide point troter ni marche^
1 amble ; les habitans du pays regardent
ces aUures du cheval comme des inov''
vemens groffiers & ignobles. Il ajouté
que les chevau?: d’Egypte font fupé'
rieurs à tous les autres pour la taille ^
pour la beauté -, mais ces chevaux d’E'
gypte , auffi-bien que la plupart des
chevaux de Barbarie , viennent des che^
vaux Arabes qui font fans contredit»
les premiers & les plus beaux chevaux
du monde.
Selon Marmol (x) , ou plutôt feloii
Léon l’Africain car Marmol l’a ie‘
copié prefque mot à mot , les chevau:^
Arabes viennent des chevaux fauvages
Voyez l'Afrique de Marmol , tome J>
f jge 50.
{y J Xfouiî tons, tt»
fag. 750 & 751.
du Cheval. 103
défères d'Arabie dont cm a fait très-
®nciennement des Itatas , qui les ont
tant multipliés , que toute d’Afie & l'A-
frique en font pleines -, ils font fi légers
que quelques-uns d'entr’eux devancent
ks autruches à la courfe r les Arabes
du defert & les peuples de Libye élè-
vent une grande quantité de ces chevaux
pour la chafle -, ils ne s’en fervent ni
pour voyager ni pour combattre , ils
les tont paître lorfqu il y a de l’herbe -,
« lor%e l’herbe manque , ils ne les
nourrifient que de dattes & de lait de
e meau , ce qüi les rend nerveux ,
légers & maigres. Ils tendent des pièges
aux chevaux fauvages , ils en mangent
deMeSS
ell fort delicate ; ces chevaux faiivaoes
lont plus petits que les autres , ils font
communément de couleur cendrée, quoi!
^ y en air aufli de blancs 5 & ils
ont le crin & k poil de la queue fort
ourt & henCfé. D’autres voyageurs f ;
P« «dleT*,''
tome H ^ des voyages, i^ris ,
E iiii
104 Hijîoire Naturelle
nous ont donné fur les chevaux AraB««
des relations curfeufes , dont nous
rapporterons ici que les principaux faits.
11 n y a point d’Arahe , quelfli"^
miferable qu’il foit , qui nait des che-
vaux : iJs^ montent ordinairement les
mens , i expérience leur ayant appii*
quelles reliftent mieux que îes chevaiiîf
à la fatigue, à la faim & à la foifl
elles lont aulïï moins vicieufes , plus
douces & henniflênt moins fréqueiU'
ment que les chevaux : ils les accoU'
mment lî bien à être enfcmble , qu elle*
emeurent en grand nombre, quelque'
fois des^ jours entiers , abandonnées à
elles -memes fans fe frapper les unes le*
pitres , & fans fe faire aucun mal. Le*
Turcs au contraire n’aiment point le*
jumens, Scies Arabes leur vendent leS
chevaux qu ils ne veulent pas garder
pour étalons : ils confervent avec grand
loin , & depuis 1 très .^long-temps, les
‘races de leurs chevaux, ils en connoiP
lent les générations , les alliances SC
toute la généalogie , ils diftinguent leS
races par des noms difiérens , & ils en
font trois dallés ; la première eft celle
du Cheval.
loy
Hes chevaux nobles, de race pure &:
des deux côtés-, la fécondé eft
^cne des chevaux de race ancienne
^ais qui fe font méfalliés , & la troil
lieme eft celle des chevaux communs :
ceux'X f ^ i*as prix , mais
ceux d 1 ^ P'^emiere clafle , & même
ceux de la fécondé , parmi lefquelles il
s en trouve d’auflî bons que ceux de
iis exceffivement chers -,
is ne font jamais couvrir les lumens
pâr
tdons de la meme qualité : ils
touteTles^^r" expérience
ceux d I ® chevaux & de
ceux de leurs voifms, ils en connoiiTenc
Poil^^î« furnom , le
Sa de LT"r'"m &c Quand ils n ont
Sez Teu '' ’ * "" empruntent
argent nt ’ moyennant quelque
argent pour faire couvrir leurs jumem
en ToJ: ^-oins qui
par deV’''Vf ‘"^née & fcd-
q'^eîqu'ai?™ de l'Emir, ou
^etre^attSir'^r"”^ publique ^ & dans
la jument n -’ & de
eft cite , & toute leur généra-;
E V
ïo6 Hijîoîre Naturelle
tien expofée : lorfque la jument a
îiné , on appelle encore des témoins ’
■& l’on fait une autre atteftation
laquelle on fait la deferrption du
iain qui vient de naître , & on marque
jour de fa naiflance. Ces billets donnent
le prix aux chevaux , & on les rem^
à ceux qui les achettent. Les moindre*
jumens de cette première clafle fo»'
de cinq cens écus , & il y en a beat''
coup qui fe vendent mille écus, & méinr
quatre , cinq & fix mille livres. Comn’*’
les Arabes n’ont qu’une tente pon’’
maifon , cette tente leur fert auflî d’é'
curie , la jument , le poulain , le mari >
la femme & les enfans couchent toii*
pêle-mêle , les uns avec les autres ; of>
y voit les petits enfans fur le corps?
fur le cou de la jument & du poulain >
fans que ces animaux les blelïènt ni 1^*
incommodent ; on diroit qu’ils n’ofenr
fe remuer de peur de leur faire di<
mal : ces jumens font fi accoutumées
à vivre dans cette familiarité , quelle*
foutfrent toute forte de badinage. Le*
Arabes ne les battent point , ils le*
traitent doucemeirt , ils parlent & raf
du Cheval.
donnent avec elles , iis en prennent
es-grand foin , üs les laittent toujours
1er au ^s , & ne les piquent jamais
Tans neceffire : mais auffi dès qu’elles
tin T?' le £anc avec le
& vont partent fubitement
P vont dune viteCfe incroyable elles
fautent les haies & les foliés auffi lé-
gèrement que les biches , & fi four
'■Sn ^ ’ elles font fi
court quelles s’arrêtent tout
Pide TouiT ^ 1^ pl“*
îÆàias
ï'B3iK'"'*ïS
den à mansL^dè t^ * T donnent
•'»« *ÜX ou
leur oanL’t Z"" du foieil iis
fl y a ei’vir^*^ j ^ ’ dans lequel
> environ un 'demi-boilTeau d orge
E vj
I O 8 Hijîoire. Naturelle
bien net : ces chevaüx ne rnange><
donc que pendant îa nuit , 8c on
leur Ote le fac que le lendemain mari**
lorfquils ont tout mangé ; on les
au verd au mois de mars , quand Therb^
eft afléz grande c’eft dans cette mêiT'^
faifon que Ion fait couvnr les jumenS»
•& on a grand foin de leur jeter
l’eau froide fur la croupe , immédiat^'
ment apres quelles ont été couvertes J
lorfque la laifon du printemps eft pal'
fée, . on rètire les chevaux du pâturage»'
& 'OH. ne leur donne ni herbe ni foi®
de tout le rcfte de l’année , ni méni®
de paille que très - rarement , l’orge eH
leur unique nourriture. On ne manqué
pas de couper auffi les crins aux poU’'
lains dès qu’ils ont un an ou dix-hutf
mois, afin q,u,ils deviennent plus. toufiü^
& plus longs : on les monte .dès l’âg®
de deux ans ou deux ans 8c demi toiif
au plus tard, on ne leur met la fell^
& la bride qu’à cet âge -, & tous le^
jours du matin jufqu’au foir , tous le*
ebevaux des Arabes demeurent fellés ^
bridés à la porte de la tente.
La race de . ces cheyaux s’eft étendu^
du Chtval.
, chez les Maures & même
c^ez les Nègres de la rivière de
üu Sénégal , les Seigneurs du pays
en ont quelles -uns qui font d'une
grande beauté ; au lieu d’orge ou d’a-
ou r^di?” r “3ÏS concaflé
lait In f farine qu on mêle avec du
lait iorlqu on veut les engraiffër, & dans
ce climat f, chaud on ne les laiffe boire
D’un autre côté les
chevaux Arabes ont peuplé l’Égypte ,
f Turquie & peut-être la Perfe , où
de dix m;n« ^ ^ ^
dans la province de Balafcie il y
de chevauï
^dS -a
rt dure , on les ferre cepen-
6«éiale des voyages, tome III,
Cb ^
Marc l’in'ls » P«
1 1 0 HiJIoire Naturelle
danr , mais avec des fers minces > légers *
& qu on peut clouer par- tout : en Ti'f'
en Perfe & en Arabie on a aul"
les mêmes ufages pour les foigner ,
nourrir & leur faire de la litière de leD^
fumier , qu’on fait auparavant CéchC^
au foleil pour Ôter l’odeur , & enfuit^
on le réduit «n poudre & on en
une couche ^ dans 1 ccurie ou dans ^
tente , d environ quatre ou cinq pouce*
d’épailTeur j cette litière dure fort long'
temps , car quand elle eft infediée o®
nouveau , on la relève pour la faif^
fécher au foleil une fécondé • fois , ^
cela lui fait perdre entièrement fa maU'
vaife odeur.
Il y a en Turquie des chevaux Ara'
bes , des chevaux Tartares, des chevau^^
Hongrois & des chevaux de race dU
paysi ceux-ci font beaux & très-fins
ils^ont beaucoup de feu , de vîtelTe, êc
même d’agrément , mais ils font trop
délicats , ils ne peuvent fupporter 1^
fatigue , ils mangent peu , ils s’échaiif'
fcj Voyez les voyages de M. Dumont. La HaU ,
tùss , tome III , page a 5g & fuiv anus.
du Cheval. ,j j ^
^ P«“ « fenlîble
AS:.'“,':r’f»--*Vou^de;
chevaux de
Arabes rT\ i ? ’ ? les
Ss^d’ArdS* d“^''”"’ ■‘''’P"-
«teables. & f»™
«rdres du gouverneLnr ’
g'euiç quantité de chevaux
Pl^'Parr font très-beauT 1 r
chevaux d’Me T™”"' *
aux plus exceller, t,’ ^ dit-il ,
ele Naples • r * du royaume
pies , communément ils font de
^ Thévenot. Paris.
W. paar 3/1 r ^rnjl, ty , ^
*1" ^7»° de la valle.
f“>vanus, •” " 'a . *omi JT, p^gt aS^ &
1 1 2 Hijloire Naturelle
taille médiocre , il y en a meme
forts petits ( g) , qui n’en font pas moio*
bons ni moins forts , mais il s’en trouV®
auffi beaucoup de bonne taille & pl^**
grands que les chevaux de Telle Aw"
glois ( h ). Ils ont tous la tête légère >
l’encolure fine , le poitrail étroit ,
oreilles bien faites & bien placées ,
jambes menues , la croupe belle & î**
corne dure -, ils font dociles, vifs , légers »
hardis , courageux & capables de fup'
porter une grande ferigue -, ils courent
d’une très “grande rîtefle , fans jamais
s’abattre ni s’affailTer -, ils font robuft^S
& très - aifés à nourrir , on ne leur donn^
que de l’orge mêlé avec de la paille
hachée mer;j , dans un fac qu’on leut
paffe à la tête , & on ne les met au vertl
que pendant fix femaines au printemps ’
on leur lailTe la queue longue , on
fait ce que c’eft que de les faire bon'
c /^Voyezlcs voyages de Tsvetnîei.Jîo'ufn, tptp
tome II , page 1,9 fi- ao,
( sJ Voyez les voyages de Thévenot , tome Il>
püge aao.
( h J Voyez les voyages de Chardin , tame II !
gage 35 & fuivantet.
du Cheval. j i ^
y on leur donne des couvertures
pour les défendre des injures de l’air ,
on les foigne avec une attention parti-
^liiere , on les conduit avec un fimple
bridon & fans éperon , & on en tranf-
porte une très- grande quantité en Tur-
quie, & lur-tout aux Indes ; ces voya^
^ont tous 1 éloge des chevaux
oL r ^ ’ s’accordent cependant à dire
fiinp ^ cvaux Arabes font encore
la I agilité, le' courage &
beaucoup plus recherchés en Perfe
pajîr
ne^r^ <=l^evaux qui naiffent aux Indes
ne font pas bons fij) , ceux dont fe
fervent les Grands du pays y font tranf
P«es de Perfe & tfLlbie -, ôà " eut
foï'ou";’ r'”, î*' - & 1=
du f, pois avec
ou d’o"^ ^ d’avoine
orge ; cette nourriture les foutient
lelT de la E«uIlaye-le.Gouz.
qui OTt ^ recueil des voyages
Indes. Amjl, ‘usinent «fa la Compagnie des
1 1 4 HiJIûire Naturelle
& leur donne un peu de force ,
cela ils dépériroient en très -peu ^
temps , le climat leur étant contrait^'
Les chevaux naturels du pays font
general fort petits , il y en a
de 11 petits , que Tavernier rappot^
^le le jeune prince du Mogol ,
de fept ou huit ans, montoit ordrn^'
rement un petit cheval très -bien fa^’
dont la taille nexcédoit pas celle
grand Icvner ( ^ ). H femble que
climats exceflivement chauds foient cof
îraires aux chevaux ; ceux de la
d’Or , de celle de Juda , de Guinée
iSic. font comme ceux des Indes fo^
mauvais ; ils portent la tête & îè co'*
fort bas leur marche eft fi chanc^
iante , qu qn les croit toujours prêts i
tomber -, ils ne fe remueroient pas"
on ne les frappoit continuellement , ^
la plupart font fi bas , que les pie^*
de ceux qui les montent touchent pre^'
que à terr.e (/) ; ils font de plus fof‘
tome
du Cheval. i f ^
^dociles , & propres feulemetît à fervir
1 aux Nègres yttui en aiment
^ air autant que celle des chiens (m) :
^ goût pour la chair du cheval eft donc
Nègres & aux Arabes, il
Tartarie , & même à la
y-i ^ Les chevaux Chinois ne
mieux cjue ceux des Indes fo ) ,
’ lâches , mal faits , &
troic^^*^'^V Corée n’ont que
hauteur : à la Chine
Pref(pie tous les chevaux font hongres ;
T ^ conquête de la Chine •
ces chevaux font très -propres pour la
pierre , quoique communément ils ne
fae„, cpe * taüle „,édioctc . ils Je
■ff/. “• " <=“"■ r.H.,
•Is «Istions de* Indes te
P'iffe 304 ; Jji.h de l’Alibe. Paris, i^iS ,
pages 45 a g. ' Voyages , tome PT,
h Chine , pai l’^oue de U conquête dç
îUatox, Pans, sG:ro,page efaS,
1 1 s Hijloire Naturelle
forts, vfgoureiix , fiers, ardens , légf
Ar- «T . Jll
& grands coureurs j ils ont la corne
(fil
pied fort dure , mais trop étroite j la
fort légère , mais trop petite ; l’encolû^^
longue & roide , les jambes trop haiitf
avec tous ces défauts ils peuvent
pour de très -bons chevaux , ils
infatigables & courent d’une
extrenie. Les Tartares vivent avec
chevaux à peu prés comme les Arabe*’
Ils les font monter dès l’âge de fept
huit mois par de jeunes enfans, qui
prornenent & les font courir à petite’
reprifes -, ils les drelTent ainfi peu à peU ’
& leur font foufi'rir de grandes diète*’
mais ils ne les montent pour aller
courfe que quand ils ont fix ou (ef
ans , ils leur font fupporter alors de*
faugues incroyables (p) , comme
Biarcher deux ou trois jours fans s’af'
reter, den pafler quatre ou cinq fan*
autre nourriture qu’une poignée d^erb**
de huit heures en huit heures , & d’étf^
voyages du Nord , Rouen , xjeG , tome III, p
Tavermer , tome I, page g. y„,-
y^^pugeL^.&eoeue vu*
du Cheval. 1 1 7
fan^ temps vingt -quatre heures
^^te , &c. Ces chevaux , qui pa-
dai ^ ^°nt fi robuftes
les^l ^^*5 P^ys , dépériffent dès qu’on
n,.:, ^"‘Potte à la Chine & aux Indes ,
TuroC* ^^tjffiflent afTez en Perfe & en
tine ra^^’ Tartares ont auffi
tant d^^ petits chevaux dont ils font
iamaic^j'^^i ’ "e fe permettent
ces r>i ^ vendre à des étrangers ;
1 marie , ce qui prouve combien les
«oitude à ces anunaux. 11 y a auffi en
Circaffie & en Mingrélie beaucoup de
chev^x qui font meme plus beaux que
aflez beaux chevaux en Ukraine , en
2 e ’ Pologne & en Suède “
pamicui'”' P“ d’obfervations
défaut^ SnaUtés & de leurs
cienS^T ’ ^ les an-
fhevaux des ”Srmf n
mnerens pays , on trou-
1 1 8 Hijloire Naturelle
rera (q) que les chevaux de la Grèce»
& fur- tout ceux de la Theflalie &
l Epire , avoient de la réputation » ^
ccoicnt tres — bons pour la guerre 5
ceux de l’Achaïe étoient les plus
que ion connût ; que îes plus hei^
de tous etoient ceux d’Égypte où ü ^
en avoit une très -grande quantité , ^
ou Salomon envoyoit en acheter à ü”
’ qu’en Éthiopie ,
chevaux reuffiflToient mal à caufe de
trop grande chaleur du climat ;
1 Arabie & l’Afrique fournilToient Jd
chevaux les mieux faits , & fur-tout Id
plus légers & les plus propres à la moi»'
ture & à la courfe ; que ceux d’Italfej
& fur -tout de la PouHIe, étoient aulÜ
très -bons ; qu’en Sicile , Capadoce »
^yne . Arménie , Médie & Perfe il 1
avoir d excellons chevaux , & recoin'
mandables par leur vîteffe & leur légè'
teté i que ceux de Sardaigne & ài
'-orle étoient petits , mais vifs & coü'
rageux ; que ceux d’Efpagne relTem'
bloient à ceux des Parthes , & étoien^
Nat. de foIip“*'
du Cheval. 1 1 ^
■’ y ^vok
1 Traniilvanie & en Valachie des
tîp^ légère , à grands crins
naans jufqu’à terre , & à queue touffue,
les^ très «prompts à la courfe •, que
& bn Danois écoient bien faits
navip^! ‘futeurs -, que ceux de Scandi-
etoient petits , mais bien moulés
étoin'^'^^Ç ’ chevaux de Flandre
foipp?"^ lorts ^ que les Gaulois fournif-
oient aux Romabs de bons chevaux
pour ia monture & pour porter des
ardeaux -, que les chevaux des Germains
«oKm mrf hta & J
:“>7« ■. que les sïfo II
avorenr beaucoup & de très-bons pour
ia guerre -.^e les chevaux de Hongrie
ctorent aull^ fort bons -, & enfin , Se
rh5 de tous ces faits, que les
Revaux Arabes ont été de tous temps
monde premiers chevaux du
la bonté PoiJt
foit immé^r ceftdeux que l’on tire,
par le movp médiatement
par le moyen des Barbes , les plus beaux
tzo Hijloire Naturelle
chevaux cjui Toient en Europe j
Afrique & en Afie -, que le climat
l'Arabie eft peut-être le vrai climat
chevaux , & le meilleur de tous
climats , puilqu au lieu d'y croiler
races par des races étrangères , on ^
grand foin de les conferver dans tout^
leur pureté ; que Ci ce climat n'eft
par lui-même le meilleur climat pou^
les chevaux , les Arabes l'ont rendu té
par les foins particuliers qu'ils ont pd*
de tous les temps , d’ennoblir les races i
en ne mettant enfemble que les individu^
les mieux faits & de la première qualité >
que par cette attention fuivie pendant deS
dècles ils ont pu perfectionner l'cfpèc«
au-delà de ce que la Nature auroir 0
dans le meilleur climat : on jreut encore
en conclure que les climats plus chauds
que froids , & fur -tout les pays fées >
font ceux qui conviennent le mieux ^
la nature de ces animaux 5 qu'en général
les petits chevaux font meilleurs que les
grands -, que le foin leur eft aullî nécef'
faire à tous que la nourriture -, qu’avee
de la femiliarité & des careffes on e»
pxe beaucoup plus que par la force ^
les
I 2 I
du Cheval. ^ ^ ^
chevaux des pays
uIikÎ ^ corne, les mufcles
clurs que ceux de nos climats ; que
ïe chaleur convienne mieux que
charS
que Ip leur convienr pas -,
Qu enfi contraire -,
Penden^ & leur naturel dé-
«ourritur^^^H^^ ^^1^
F P e leins & de l’éducation,
ro * 1’,'“-
riac A. 1 * 1 Orient, on n eff
comme' où fe
Europe & n ]c n ■ ê^'^eralemcnt en
leur Ote n “c = opération
de fierté^, &c mîs
iiSrpoùrf la ?oci!
jambes avec^de^cordS
Pur le dos lesrenverfe
^'n biftomi "vec
^ les Lanrenr?f''T V y. ^l’°^^i«ent
3près Ics^ a • y" 1“ Poutiennent, &
plaie 8c on \ r " referme la
cheval deux Ç • faire baigner le
Tomcln^r' f™' P'»*™ quinze
Quadrupèdes. p
12 2 . Hijîoire Naturelle
jours , ou de Tétuver fouvent avec
l’eau fraîche, & de le nourrir pendant
ce temps avec du fon détrempé dans
beaucoup d’eau , afin de le rafraîchir •
cette opération fe doit faire au prin'
temps ou en automne , le grand chaud
& le grand froid y étant également con-
traires. A l’égard de l’âge auquel on doff
la faire , il y a des ufages différens i
dans certaines provinces on hongre les
chevaux dès l’âge d’un an ou dix -huit
mois , auffitôt que les tefticules font
bien apparens au dehors •, mais l’ufage
le plus général & le mieux fondé eft
de ne les hongrer qu’à deux & même ^
trois ans, parce qu’en les hongrant tard
ils confervenr un peu plus des qualités
attachées au fexe mafculin. Pline ( f)
dit que les dents de lait ne tombent
point à un cheval qu’on fait honore
avant qu’elles foient tombées : j’ai ère ^
portée de vérifier ce fait , & il ne s’cH
pas trouvé vrai \ les dents de lait tombent
egalement aux jeunes chevaux hongre*
& aux jeunes chevaux entiers -, & il el^
fr) Voyez Plin. Hift. Nat. ïn-S“. Paris, tCSS '
tome Il.parag. ZXXIV, page 55S,
du Cheval. 123
Probable que les anciens n ont hafardé
^ tait que parce qu’ils l’ont cru fondé
f r 1 analogie de la chute des cornes du
, du chevreuil , &:c. qui en effet ne
om eut point lorfque l’animal a été
oupe. Au refte un cheval hongre n’a
J s a puiffance d’engendrer , mais il
P ut encore s’accoupler , & l’on en a
des exemples.
foi.? ‘'^^vaux de quelque poil qu’ils
ent , comme prefque tous les
utres animaux couverts de poil, & cette
an ’ ordinairement
ils fonfrP ’ automne-,
Strt l “ P “ foibfa que *„s le
autres temps, il faut les ménager, les
fotgner davantage & les nourrir^ un peu
pius argement.Ilyaauirideschevaux
?out corne, cela arrive fur-
our à ceux qui ont éré élevés dans des
Hoiland^'^"' ^ marécageux, comme en
henn?(Ienr'”^ -^tes & les jumens
chevaux V”” ÎÇ'q“'™"'cM que les
"'«“rteST “• ““ >>
r* ne & moins grave : on peut
Fij
12 4 Uijloire Naturelle
diftinguer dans tous cinq fortes ( s ) de
henniffemens diftërens , relatifs à diffé-
rentes paffions -, le henniflèinenr d alié-
grefle, dans lequel la voix fe fait en-
tendre affez longuement , monte & finit
a des fous plus aigus; le cheval rue en
meme temps , mais légèrement, & ne
cherche point à frapper ; le henniffe-
ment du defir, foit d'amour, foit d’atta-
chement, dans lequel le cheval ne rue
point, & la VOIX fe fait entendre longue-
ment Sc finit par des Ions plus graves ;
le henniffement de ia colère pendant
lequel le cheval rue & frappe dangereu-
fement, efl: très -court & ^igu i celui de
la crainte , pendant lequel il rue aulîî ,
n’eft guère plus long que celui de la
colere , ia voix eft grave, rauque, &
femble fortir en entier des nafeaux , ce
henniffement eft affêz femblable au rti-
gïffement d un lion i celui de la douleur
eft moins un henniffèraent qu’un gémif-
fement ou ronflement d’oppreffîon qui
le fait à voix grave & fuit les alternatives
fs J Vide Cardan, de rerum varietatc , lib VUI.
du Cheval, j 2 j
? J® '^efpxration. Au refte on a remar-
^ s les chevaux qui hennifTent le
clef fur -tout d’allégrelTe & de
néj'*’’ ies meiEeurs & les plus gs-
Voix^^i’ ‘^f'evaux entiers ont auffi la
iiim« ^ hongres & les
voiv naidance le mâle a la
anc ^ femelle -, à deux
l’âve ceft-à-dire, à
& des
con, piüs forte & plus grave ,
eit paiiionne d amour, de defir, d’appé-
tt, il montre les dents & femble dre,
Ü les montre auffi dans la colère & lorli
veut mordre-, il rire quelquefois
la langue pour lecher, mais moins fré-
ZZr s-‘=>-«'f.<r=ifch= bet
s dl“ ^ *? “p™-
cheval f, r““ carelTes ; le
fe rebur^^ traitemens , & il
donner d'ab j”*’ ^ ^o’^rageux lui fait
de forces , & ïo-rr-i pofsède
lorlquil fent quon exige
F iij
i.-^ 6 Hijloire Naturelle
encore davantage, il s’indigne & refufe >
au lieu que le bœuf qui de fa nature eft
lent & pareffeux, s’excède & fe rebute
moins aifément.
Le cheval dort beaucoup moins que
l’homme ; lorfcju’il fe porte bien il ne
demeure guère que deux ou trois heures
de fuite couché, il fe relève enhiire
pour manger , & lorfqu’il a été trop
fiitigué il fe couche une fécondé fois
après avoir mangé , mais en tout il ne
dort guère que trois ou quatre heures
en vingt- quatre ; il y a même des che-
vaux qui ne fe couchent jamais & qui
dorment touj'ours debout , ceux qui
fe couchent dorment auffi quelquefois
fur leurs pieds : on a remarqué que les
hongres dorment plus fouvent & plus
long -temps que les chevaux entiers.
Les quadrupèdes ne boivent pas tous
de ia^ même manière, quoique tous
foient également obligés d’aller chercher
avec la tête la liqueur qu’ils ne peuvent
faifir autrement, à l’exception du linge,
du maki & de quelques autres qui ont
des mains , & qui par conféquent peu-
vent boire comme l’homme , lorîqu’on
du Cheval, 127
donne un vafe qu’ils peuvent tenir ;
car ils le portent à leur bouche , l’in-
clinent, verfent la licpieur, & l’avalent
par le ilmple mouvement de la déglu-
ütion ; l’homme boit ordinairement de
cette manière , parce que c’eft en effet
a plus commode i mais il peut encore
orre de pluffeurs autres façons , en
approchant les lèvres & les contraftant
pour afpirer la liqueur , ou bien en y
enfonçant le nez & la bouche aflez pro-
fondément pour que la langue en fort
environnée & n’ait d’autres mouvemens
a faire que celui qui eft nécelTaire pour
la déglutition , ou encore en mordant ,
pour ainff dire , la liqueur avec les
Icvres , ou enfin , quoique plus diffici-
lement, en tirant la langue, l’élargiffànt,
& formant une efpèce de petit godet qiû
mpporte un peu d’eau dans la bouche :
la plupart des quadrupèdes pourroient
auffi chacun boire de plufieurs manières,
niais ils font comme nous , ils choifif-
celle qui leur eft la plus commode
don^ 1 conftarament. Le chien ,
ïanm ênculc eft fort ouverte & la
§ c ongue & mince , boit en lapant ,
Fiiij
12 8 Hijloîre Naturelle
ceft-à-dire, en léchant la liqueur, St
formant avec la langue un godet qui fe
remplit à chaque fois & rapporte une
a iez grande quantité de liqueur , il pré»
fere cette façon à celle de le mouiller
le nez : le cheval au contraire , qui a la
bouche plus petite & U langue trop
épaille & trop courre pour former ua
grand pdet , & qui d ailleurs hoir en-
core plüs avidenient qu’il «e mange ,
enfonce la bouche & le nez hrufque-
ment & profondément dans leau qu’il
ava e abondaiiiinent par le limple niouve-
ment de la déglutition ; mais cela même
le force a boire tout dune haleine, au
lieu que le chren refpire à fou aife
pendant qu il boit: auffi doit- on lailTer
aux chevaux la liberté de boire à plu-
lieurs reprifes, fur -tout après une courfe ,
iorfque le mouvement de la refpiration
eft court & prellé : on ne doit pas
non plus leur larlïer boire de l’eau trop
troide ; parce qu’indépendamment des
CO iques que l’eau froide caufe fouvent !
il leur arrive auffi, parlanéceffité oû ils
naseaux, qu’ils fe
refroidilTenr le nez, s’enrhument, &
du Cheval. 129
prennent peut - être les germes de cette
^a'adie à laquelle on a donné le nom
ne morve , la plus formidable de toutes
pour cette efpèce d’animaux : car on
ait depuis peu que le liège de la morve
^it dans la membrane pituitaire (t) i
que ceft par conféquent un vrai rhume
qoi à la longue caufe une inflammation
ans cette membrane , & d’un autre côté
es voyageurs qui rapportent dans un
a lez grand détail les maladies des che-
vaux dans les pays chauds , comme l’A-
rabie , la Perfe , la Barbarie , ne difent
pas que la morve y fok auflTi fréquente
que dans les climats froids -, ainfi je crois
erre fonde à conjedurer que l’une des
caules de cette maladie la froideur de
i eau , parce que ces anim.aux font oblitrés
d y enfoncer & d’y tenir le nez & les
naleaux pendant un temps confidérabie ,
ce que l’on préviendroit en ne leur don-
nant jamais d’eau froide , & en leur ef-
'^yant toujours les nafeaux après qu’ils
raier'dém'nn^ H-o» . » le pre-
membrane morve eft dans !a
chevaux en kw • Sc il a elTayé de guérir des
“ ‘es trépanant.
Fv
I j O Hijîoire Naturelle
ont bu. Les ânes qui craignent îe froid
beaucoup plus que les chevaux, & qui
leur relleniblent û fort par la ftruaure
intcncurc, ne font pas cependant fifujets
a la inorve , ce qui ne vient peut - être
que de ce qu’ils boivent diftêremment
es c .evaux ; car au üeu d^enfoncef
profondément la bouche & le nez dans
1 eau , tJs ne font prefque que l’atteindre
des Icvres.
Je ne parlerai pas des autres maladies
étendre
i Hdbire Naturelle que de joindre à
1 hrftoire d un animai celle de fes mah-
rlTn-n- P"'* terminer
ihiitoiie du cheval, fans marquer quel-
ques regrets de ce que la fanté de cet
animal utile & précieux a été jufqu’à
prefent abandonnée aux foins & à la pra-
nque , fouvent aveugles , de gens fins
connoiirance & fins lettres. La Médecine
que les anciens ont appelée Fé-
ni^r.' -' «’eftptebue connue que de
& fufor de cette étude fon principal
oh;et, li en feroxt bientôt dédommagé
du Cheval. 131
d’amples fucc«s •, que non -feulement
d s’enrichirok , mais même qu’au lieu de
dî dégrader il s'iliuftreroit beaucoup , &
Cette Médecine ne feroit pas fi conjec-
pirale & fi difficile que l’autre : la nour-
riture , les mœurs , l’influence du fen-
pinent , toutes les caufcs en un mot
étant plus fimples dans l’animal que dans
l’homme , les maladies doivent aulTi être
rnoins compliquées , & par conféquent
plus faciles à juger , & à traiter avec
fuccès \ fans compter la liberté qu’on
auroit toute entière de faire des expé-
riences 5 de tenter de nouveaux remèdes ,
& de pouvoir arriver lans crainte & fans
reproches à une grande étendue de coii-
iioiifances en ce genre , dont on pour-
roit même par analogie tirer des induc-
tions utiles à l’art de guérir les hommes.
Fvj
1 5 2 Hijloire Naturelle
L’ ASN E.
A C O N s I D ^ R E R cet animal
meme avec des yeux attentifs &
Clans un^aiTez grand détail, il paroît
n etre qu un cheval dégénéré : la parfaite
iimiiitude de conformation dans le cer-
yeau, les poumons , l’ellomac , le conduit
inteftmal , le cœur , le foie, les autres
vifceres, & la grande rell'emblance du
corps, des jambes, des pieds & du
Iqueletre en entier , femblent fonder
cette opinion : l’on pourroit attribuer
les legeres différences qui fo trouvent
entre ces deux animaux, à l’in-luence
très -ancienne du climat, de la nourri-
ture, & à la fucceffion fortuite TZ
lieurs génciations de petits chevaux fau-
vages a demi dégénérés, qui peu à peu
auroient encore dégénéré davantage, fe
feroient enfuitc dégradés autant qu'il efl:
Poffible, & auroient à la fin prZ.it à
nos yeux une efpèce nouvelle & conf-
tante ou plutôt une fucceffion d'individus
iemblables, tous conffamment viciés dç
de VjiJhe. 135
îa meme façon , & affez différens des
chevaux pour pouvoir être regardés
comme formant une autre efpèce. Ce
jî’-'i paroit favcrlfer cette idée, c'efl: que
os chevaux varient beaucoup plus que
os ânes par la couleur de leur poil, qu’ils
par conféquent plus anciennement
omefiiques , puifque tous les animaux
omeftiques varient par la couleur beau»
coup plus que les animaux fauvages de
a meme efpèce •, que la plupart des
chevaux fauvages dont parlent les voya-
geurs , font de petite taille , & ont ,
comme les ânes , le poil gris, la queue
nue , hetilTee à l’extrémité , & qu’il y
a des chevaux fauvages , & même des
chevaux domeftiques qui ont la raie noire
fur le dos , & d autres caraêtères qui les
rapprochent encore des ânes fauvages &
domeftiques. D’autre côté, fi l’on con-
hdere les diftérences du tempérament ,
du naturel , des mœurs , du réfultat , en
On mot , de i’organifation de ces deux
^tmaux, & fur -tout l'impoffibilité de les
munp efpèce com-
dfartP X une efpèce intermé-
puifle fe renouveler , on paroît
134 Uijîoire Naturelle
encore mieux fondé à croire que ceS
deux animaux font chacun d’une efpèce
auffi ancienne l’une que i’autre & ori-
ginairement auffi eflentiellement diffé-
rentes qu elles le font aujourd’hui, d’au*
tant plus que l’âne ne laide pas de
différer matériellement du cheval par l3
P^^^^efîe de la taille , la grolïeur de
tête , la longueur des oreilles, la dureté
de la peau , la nudité de la queue , la
forme de la croupe , & auffi par les di-
menfions des parties qui en font voifînes»
par la voix , I appétit , la manière de
boire, &c. L’âne & le cheval viennent-
ils donc originairement de la même
louche ? font-ils, comme le cCfent les
nomenclateurs (a), de h même famille?
ou ne font-ils pas, & ncnr-t!s pas tou-
jours etc des annnaux didérens ?
Cette queftion , dont les PhylicienS
lentironthien la généralité, la difficulté,
les confequences , & que nous avons
cru devoir traiter dans cet article, parce
qu elle fe préfente pour la première fois ,
(a) Equuscaudânndiqutfctofâ, le cheval. EqmH
canda^xtremofnofi, i’àne. Linnsi fyftema Nattu*-
Ciaiï, ord. 4.
de VAJhe. i 3 j
à la produftion des êtres de plus
près qu aucune autre , & demande , pour
^rte éclaircie, que nous conlîdérions la
Rature fous un nouveau point de vue.
, dans l’immenfe variété que nous pré-
*^oris les êtres animés qui peuplent
'-^nivets, nous choifiiïbns un animal ,
meme le corps de l’homme pour
^fvir de bafe à nos connoiflances , &
y rapporter , par la voie de la compa-
railon , les autres êtres organifés , nous
trouverons que , quoique tous ces êtres
exiftent folitairement , 8c que tous varient
par des ddérences graduées à l’infini , il
^dte en même temps un deflëin primitif
Ci general qu’on peut fuivre très -loin,
& dont les dégradations font bien plus
lentes que celles des figures & des autres
rapports apparens -, car fans parler des
m-ganes de^ la digeftion, de la circulation
de la génération , qui appartiennent à
les animaux, & fans lefquels l’animal
fuira ^ pourroit ni
Darr! ™ reproduire, il y a dans les
contribuent le plus à
forme extérieure, une
P gteufc reffemblance qui nous rap-
I 3 Hijîoire Naturelle
lidée d’un premiet
aeiiern, fur lequel tout femble avoif
ece conçu : le corps du cheval, par
exemple , qui du premier coup dœiî
paroit fl different du corps de l’homme
lorlqu on vient à le comparer en détail
partit, jwr partie , au lieu de furprendre
par la différence , n’étonne plus que
par la relfemblance fingulière & prefque
complété quon y trouve : en effet ,
prenez le fquelette de l’homme, inclinez
les os du balïïn, raccourciffez les os des
cuifles , des jambes & des bras , aloneez
enfcnible les phalanges , alongez les
mâchoires en raccourciffant l’os frontal,
& enfin alongez auffi l’épine du dos ,
ce fquelette ceffera de repréfenter la dé-
pouille d un homme, & fera le fquelette
57 cheval, car on peut aifément fup-
pofer quenalongeant l’épine du dos &
es mâchoires on augmente en même
^mps le nombre des vertèbres, des côtes
& des dents, & ce n’eft en effet que
pai le nombre de ces os, qu’on prat
regarder comme accelToires , & par l’a-
longement, le raccourdlfement ou h
de VAfne. 137
jonction des autres , que la charpente
ou corps de cet animal diffère de la
charpente du corps humain. On vient
^0 voir dans la defcription du cheval
ces faits trop bien établis pour pouvoir
en douter •, mais , pour fuivre ces rapports
encore plus loin , cpie l’on confidère
leparement quelques parties ellentielles
» la forme, les côtes, pat exemple, on
CS trouvera dans tous les quadrupèdes,
dans les oifeaux , dans les poiffbns , &
on en fuivra les veftiges jufques dans la
tortue , où elles paroiffent encore def-
finées par les filions qui font fous fon
ecarlie ; que l’on confidère, comme l’a
remarque M. Dauhenton , que le pied
d un cheval , en apparence fi différent
de la rnain de 1 homme , eft cependant
compofé des mêmes os , & que nous
avons à l’extrémité de chacun de nos
doigts , le même olTelet en fer-à-cheval
qui termine le pied de cet animal -, &
Ion jugera fi cette reffcmblance cachée
^ clt pas plus merveilleufe que les dif-
^ Conformité
^ ce detfein fuivi de l’homme
aux quadrupèdes, des quadrupèdes aux
î 5 8 Hijloire Naturelle
cétacés , des cétacés aux oifeaux , tîeS
oifeaux aux reptiles , des reptiles au«
poiflons, &c. danslefquels les parties er-
enrielles , comme le cœur, les inteftins»
lepine du dos, les fens, &c. fe trouvent
toujours, ne femblentpas indiquer qu'en
créant les animaux , PÊtre fuprême n’a
voulu employer qu’une idée, & la varier
'tanières
pollibles , afin que 1 homme pût admirer
égalent & la „,ag„lS„ J
cutron , & la fimpbcire du delfein
Dans ce point de vue, non-feuiement
mais même l'homme,
L, ? les quadrupèdes & tous les anb
maux pourroient ^etre regardés comme
ne fadanc que la msme/^m^//e ; mais en
doit-on concliu-e que dans cette grande
& nombreufe/^;„i//e, que Dieu feul a
petites /W/es' projetées parla Nature
& produites par le temps, dont les unes
diviSfr^"' compofeesque de deux in-
Jvidus , comme le cheval & Pâne,
d autres de plufieurs individus , comme
f t f t d*”- * '■ '“'«a *
fuKt , * b foume. &c. & de meme qiB
de VAfne. 139
^ans les végétaux il y ait des familles
de dix , vingt & trente , &c. plantes ; Si
familles exiftoient en effet , elles
ti autoient pu fe former que par le mé-
variation fucceffive , & la dé-
generatioii des efpèces originaires ; & fi
Ion admet une fois qu il y ait des familles
dans les plantes & dans les animaux , que
^ de la famille du cheval , &
diffère que parce qu’il a dé-
généré , on pourra dire également que
le fin^e eff de la famille de l’homme ,
qvte c’eft un homme dégénéré , que
1 homme & le finge ont eu une origine
commune comme le cheval & l’âne ,
que chaque_/ai7ii/Ze , tant dans les animaux
Î [ue dans les végétaux , n’a eu qu’une
eule fouche *, & même que tous les ani-
maux font venus d'un feul animal, qui,
dans la fucceffion des temps, a produit ,
en fe perfeaionnant & en dégénérant ,
toutes les races des autres animaux.
^Les Naturaliftes qui étalaliffent fi lé-
gèrement des familles dans les animaux
ans les végétaux, ne paroiffent pas
oir aflez fenti toute l’étendue de ces
conlequences , c[ui réduiroient lé produit
140 ^ifloire N'atureUe
immédiat de la création à un nombre
d individus auffi petit que Ion voudroft:
ar sil etoit une fois prouvé quon pût
établir ces familles avec raifon , si! étoic
acquis que dans les animaux, & mêm^
dans les végétaux, il y eût , je ne dis
SL'ï: v“‘ ““ ^“1“
Ju„e auTOirpS' 1
l’âno i;v » ’ , “ vrai que
i ane ne fût qu un cheval dégénéré H
de la Nature, & 1 on n auroit pas toit
de fuppofer que dun feul être die a fu
orgJE"
Mais non, il eft certain par h révé'
ïation, que tous les animaux ont égale-
ment participé à la grâce de la créarfon
qiie les deux premiers de chaque efpèce '
& de toutes les efpéces, font fortis tS
formes des mains du créateur, 2 Von
„„„ érofenttek’afoJl
îepréfcntés?''^ «ous font aujourd'hui
i^preicntes par leurs defcendans •
fours, depuis qu'on a obfervé la Nature,
depuis le temps d'Ariftote jufqu'au nôîre ,
Ion na pas vu paroître d’efpèce nou-
de Pjijhe, 1 4 1
malgré le mouvement rapide qui
tie amoncelle ou dillipe les par-
infi • ^ matière , malgré le nombre
fa combinaifons qui ont du fe
les'*^ vingt fiècles , malgré
fortuits ou forcés des
donr^^î^ ? olpeces éloignées ou voiiines ,
virl. ^ réfulté que des indi-
vidns vicies & ftériles, & qui nont pu
dons généra-
is. La teffemblance , tant extérieure
q intérieure , fût -elle dans quelques
animaux encore plus grande qifelle^ ne
left dans le cheval & dans n •
qualeur donner une commune origine-
Cjt s .is venaient de In „iê„e fotfche
sils eioienr en edet delà raême/n™;?!’
pourroit les rapprocher , les dlier de
re temps auroit fait. ^
eue conlidérer, que quoi-
ceptibles fouvent imper-
PU de c’es ' de ces degrés
nuances ne font pas tous
142 Hijîoire Naturelle
çgaux à beaucoup près ; que plus
efpèces font élevées , moins elles To”'
nombreufes , & plus les intervalles
nuances qui les féparent y font granci^ i
que les petites elpèces au contraire 1^*’^
très -nombreules 5 & en même teffp^
plus voi/ines les unes ries autres »
forte qu’on eft d’autant plus tenté
les confondre enfemble dans une
famille , qu elles nous embarralfent ^
nous fatiguent davantage par leur
tttude & par leurs petites diftérenecS'
dont nous fommes obligés de noi*®
charger la mémoire : mais il ne
pas oublier que ces familles font notl^
ouvrage , que nous ne les avons fair^^
que pour le foulagemenrde notre elpri^ ’
que s H ne peut comprendre la fui^^
réelle de tous les êtres, c’eft notre fauc^
& non pas celle de la Nature, qui
connoît point ces prétendues familles >
& ne contient en effet que des
vidus.
Un individu eft un être à part ifol^’
détaché , & qui n’a rien de comiTitî^
avec les autres etres, finon qu’il
relfemble ou bien qu’il en diffère :
de VjiJiic, 1 4 î
|es individus feiiiblables qui exiftent fur
urface de la terre , font regardés
^me compofant l’efpèce de ces indi-
î j cependant ce n’eft ni le nombre
^ ^ Jx°liçûion des individus femblables
tou I^^Pcce, c'efl: la fucceffion conf-
Pu ^ rei^ouvellement non interrom-
c ^ individus qui la conftituent ;
dureroit toujours ne
qu’un
aufli ^ ^ Semblables qui dureroient
mar • ^^Spèce eft donc un
rr.,^ ^ femps, & dans la def-
tru&on conftante & le renouvellement
tout auffi conftant des êtres : c’eft en
comparant la Nature d’aujourd’hui à
cdîe des autres temps , & les individus
aâuels aux individus palTés, que nous
avons pris une idée nette de ce que l’on
•. *= c»„para3-„„ *
ou de la relfembUnce des indi-
fouvent f acceabire, &
car l’âne première -,
le barbet au^î? ^ cheval plus que
levner , & cependant le
144 Hijîoire Naturelle
barbet & le levrier ne font qu’une mên’®
efpèce , puirqu’ils produifent enfenibl^
des indfvidus qui peuvent eux-mêni^^
en produire d’autres ; au lieu que
cheval & i’àne font certainement de dif'
ferentes efpcces , puifqu’ils ne prodi'j'
fent enlemble que des individus vici^*
Sc inféconds.
C eft donc dans la diverfité caracl^’
riftique des efpcces que les intervall^^
des nuances de la Nature font le pl‘‘*
fenlîbles & le mieux marqués, on poi’f'
roit meme dire que ces intervalles enti^
les efpcces font les plus égaux &
moins variables de tous , piiifqu’on pe^'^
toujours tirer une ligne de féparacio''
entre deux efpcces , c’eft-à-dire, entf^
deux fucceffions d’individus qui fe repr^
duifent & ne i^euvent fe mêler, comii’^
l’on peut auffi réunir en une feule efpc^^
deux fucceffions d’individus qui fe
produifent en fe mêlant : ce point
le plus fixe que nous ayons en I lifroir^ •
Naturelle , routes les autres relfemblance*
& toutes les autres différences que
pourroit faifir dans la comparaifon
êtres, neferoienc, ni fi confiantes,
de VAJîie.
^ “^eelles , ni fi certaines -, ces intervalles
^ront atilTt les feules lignes de réparation
Ion trouvera dans notre ouvrage,
J^pus ne diviferons pas les êtres autre-
iient qu üg ^ chaque
’ chaque fucceffion d’individus
4 le reproduifent & ne peuvent fe
r, *cra confidérée à part & . traitée
de<f''r™^v 7 ’ ^ fervirons
des genres, des ordres &
Naturl^^'® ’
^ L efpèce n étant donc autre chofe
cïïr m ? S reproduifent , il efl:
sétcndll m"“ ne doit
setendre quaux animaux & aux vévé
taux , & cpie c eft par un abus des termes
U des idees que les nomenclateurs l’ont
sortes rte minéraux : on ne doir-
mais ËT efoèce
diftétem • &7. métaux
cours fur u, dans notre dift
de réparation
r r» ^ emploierons dans
Tomel. Quadrupèdes. Q
i4<> Hijîoire Naturelle
la divifioii des madères minérales , feront
bien différentes de celles que nous em-
ployons pour les animaux & pour le*
végétaux.
Mais pour en revenir à la dégénératroo
des êtres, & particulièrement à celle des
animaux, obfervons & examinons encore
de plus près les mouvemens de la Nature
dans les variétés quelle nous offre ; &
comme l’efpèce humaine nous eft la
mieux connue , voyons jufqu’oii s’é-
tendent ces mouvemens de variation. Les
liommes different du blanc au noir par
la couleur , du double au fimple par la
hauteur de la taille , la grofléur, la légè-
reté, k force , &c. & du tout au rien
pour fefprit -, mais cette dernière qualité
n’appartenant point à la madère , ne
doit point être ici confidérée : les autres
font lesvariadons ordinaires de la Nature
qui viennent de rinfluence du climat &
de la nourriture ; mais ces différences
de couleur & de dimenlion dans la taille
n empêchent pas que le Nègre & le
Blanc , le Lappon & le Patagon , 1®
géant & le nain , ne produifent enfemble
des individus > qui peuvent eux -mêmes
ces ^ P^*^ conféquenc
omiîies h drfférens en apparence ,
tanrp’ .cette reprodudion conf-
ces conftrtue l’efpcce. Après
*^ï'es qni'^fo"^ générales, H y en a d’au-
he ^ P parncufôres & qui
ies é Î!"^ P"? P^pétuer , comme
crelas : lesï do?.27") ® ^
àiix pieds efans ^ mains &
ces varÏÏÆ„^"5^T “es , .&c.
où des Cîicès défatits
d’aWrfCvÆ'-'r î
k font enfui, c pSoaSS"'™'*”'
eommp î^c e'^^pdges ae lâee en racc^,
confante;. ne *iv5''?“’ ‘r»>p=
’ ^ aoivétît etre regardées
ai"”'»
ry Voyez ^‘fpicr.Aurnalni.
M. de MaBpe^,i{®'''®ù''" ciùieufé da-iîsles!ettr^l
ueuisidé<spl»îjQC . > «u vous trouverez- auflî -pla-
ie fut dificrens
Ci)
148 lîiftoire Naturelle
que comme des variétés individuelles
qui ne féparent pas ces individus de leuc
efpèce , puifque les races exrraordinaires
de ces hommes à grolTes jambes ou à
hx doigts peuvent fe mêler avec la race
ordinaire, & produire des individus qui
le reproduifejnt eux -mêmes. On doit
dire la même chofe de toutes les autres
difformités ou monftruolîtés qui fe coni“
muniquent des pères & mères aux en-
fans : voilà jufqu’où s’étendent les erreurs
de la Nature , voilà les plus grandes li-.
mites de fes variétés dans l’homme ; SC
s il 7 a des individus qui dégénèrent en-
core davantage , ces individus ne repro-
duifant rien , n’altèrent ni la conftance
ni l’unité de l’efpèce : ainfi , il n’j a dans
î’homme qu'une feule & même efpèce,
& quoique cette efpèce foit , peut - être
la plus nombrcufe & la plus, abondante
en individus, & en même temps la plus
inconféquente & la plus irrégulière dans
toutes Iqs aâipns, on ne voit pas que
cette prodigieufe diverfité de mouve-
rnens , , de nourriture , de climat , & de
tant d’autres combinaifons que l’on peut
fuppofer, ait produit des êtres, alfe?
de VJfne. 14A
I erens des autres pour faire de nou-
^ les fouchcs , & en même temps affêz
emblables à nous pour ne pouvoir nier
e leur avoir appartenu.
\ ^egre & le Blanc ne pouvoient
rfî ' 5 fi même leur pro-
duction demeuroit inféconde, fi le Mu-
3 re etoit un vrai mulet , il y auroir
ors eux^ efpcces bien diftinéles •, le
® l’homme ce que 1 ane eft
bnmi plutôt, fi le Blanc étoir
W ’ plus un
homme ce feroit un animal à part
comme le finpp ^ r ■ >
de ^ en droit
de penfer que le Blanc & le Nègre
n auroient ^poinr eu une origine corn!
mune -, mais cette fuppofition même eft
dhwntre pat le fait . & p„ift|„e „„3
ommes peuvent communiquer & pro-
dmte enfemble, tom let limes vfen
>»êl fclr™ * ’’
diîtë etlrr “ Pi'iffent pro-
Sfalques lî»' ' ’ ir T''
tempéramei^^'''^^ difconvenances dans le
dentel danc 1 ’ ‘îuelque défaut acci-
aentei dans les organes de la génération
G iij
I J O Hijîoîre Naturelle
tie I un ou de I jutre de ces deux indt*
vidus -, que deux individus de différentes
eipeces , que fou joint enfemble »
produifent d autres individus qui ne ref'
jeinblant ni à 1 un ni à l’autre , ne reb
leuiblçnt a rien de fixe> & ne peuveoi
par confequent rien produire de fem-
b'able à eux , il ne faut pour cela qu’un
certain degré de convenance entre la
forme du corps & les organes de la gé-
nération de ces animaux diffërens -, (nais
quel non^re immenfe & peut-être infini
de combinaifons ne faudroit-il pas pouf
pouvoir feulement fuppofer que deux
animaux 5 male & femelle 5 d’une certaine
efpèce, ont non -feulement affez dégé-
néré pour n etre plus de cette elpèce >
ceft“à-dire pour ne pouvoir plus pro-
duire. avec ceux auxquels ils étoient fem-
blables , mais encore dégénéré tous deux
precifément au meme point , & à ce
point néceffaire pour ne pouvoir pro-
duire qu enfemble ! ■ 8 c enfuire quelle
autre prodigieufe imraenfité de combi-
parlons , ne taudroit- il pas encore pour
que cette nouvelle produélion de ces
deux animaux degenci'és fuivît exaéle-
de VAfie, 1 j 'ï
iHenc les mêmes loix qui s^brervent dans
^Produâion des animaux parfaits ! car un
animal dégénéré eft lui - même une pro
nftion viciée-, & comment fe pourroit-il
une origine viciée , qu’une déprava-
^n , une négarion , pvit faire fouche ,
non -leulement produire une fucceffioh
erres conftans, mais même les produire
e a meme façon & fuivanr les mêmes
loix que fe reproduifent en effet les ani-
maux dont l'origme eft pure ;
Quoiqu'on ne puiffe donc pas dé-
produd-ion d’une efpèce
Fi I ’ foit une chofe im-
probabT ^ ^ Nature , le nombre des
P obabÿtes contraires eft fi énorme ,
que phüofophiquemenr même on n’en
peut guere douter ; car ii quelque efpèce
Régénération d’une
itre , Il 1 efpece de l’âne vient de l’ef-
fucceffivemenr & par nuances , il y Li-
les xirlJ' intermediaires, dont
cnés^deTF"® peu à peu éloi-
niers fe f R" cheval, & les der-
® ‘eroient approcliés peu à peu de
G üij
I J 2 Hijîoire Naturelle
celle de I âne •, & pourquoi ne verrions-
nous pas aujourdhui les repréfentanS >
les defcendans de ces elpèces intermé-
diaires ; pourquoi n’en eft-il demeuré
que les deux extrêmes ?
L ane eft donc un âne , & n’eft point
un cheval dégénéré , un cheval à queue
nue ; il n’eft ni étranger , ni intrus , ni
batard i il a , comme tous les autres
animaux, la famille, fon elpèce & fon
pur, & quoique fa
noblefte foit moins illuftre , elle eft route
aullî bonne , toute aulîî ancienne que
celle du cheval ; pourquoi donc tant de
mépris pour cet animal, lî bon , fi pa-
tient, fi fo.bre fi utile ? Les hommes mé-
priferoient-ils jiifque dans les animaux»
ceux qui les fervent trop bien & à trop
peu de^ frais ? On donne au cheval de
1 éducation , on le loigne , on l’inftruit ,
on 1 exerce , tandis que l’âne , abandonné
a la grollicrete du dernier des valets,
ou à la malice des enfans, bien loin
dacqiienr, ne peut que perdre par fon
éducation^ & s’il n’avoit pas u^ grand
fonds de bonnes qualités ^ il les perdroit
en ellet par la manière dont on le traire :
deVAJlie,
^ pîaftron , le bardeau
s ruftres qui le coiiduifcnt le bâton à
J? *^■'3(11, qui le frappent, le furchargent ,
Excédent fans précautions , fans ména-
gement. On ne fût pas attention que
ane croit par lui- même , & pour nous ,
premier , le plus beau , le mieux fait ,
pus diftingué des animaux, fi dans
il *T ^ cheval -,
eit le fécond au lieu d'être le premier ,
& par cdaftul il fa„ble „-ê„ep‘lus rie":
meme , mars relativement au cheval- on
S' ^ V'3-
a ton efpece , & on ne penfe qu'à îa
figure & aux qualités du cheval , qui lui
rrranrprenc & quil „e doit pas avoir,
aum n ^on naturel auffi humble^
ohLurLt'lTd'”"''^™'.'
fouffrn impétueux , il
cour?' ? ^
il ea coups;
qualité de la’ quantité , & fur la
des herbpc ,^®^’^yilure : il fe contente
les plus dures & les plus
Gv
154 IJiJloire Naturelle
défagréables , que le chevaL & Îe5 autre*
animaux lui laillènt & déd^igneut; il eit
fort délicat Tur l’eau, il ne veut boite
que de la plus claire & aux ruilleaux qirt
lui font connus : il boit auffi fobreinent
qu’il mange , & n’enfonce point du tout
fon nez dans l’eau par la peur que lui
fait , diic - on , l’ombre de fes oreilles ( d):
comme l’on ne prend pas la peine de
l’étriller, il fe roule fouvent furie gazon»
fur les chardons , fur la fougère , & fans
fe foncier beaucoup de ce qu’on lui
fait porter, il fe couche.pour fe roulet
toutes les fois qu’il le peut, & femble
par -là reiMTOcher à fon maître le peu de
loin qu’on prend de luij car il ne fe
vautre pas coirune le cheval dans la
fange & dans l’eau , il craint même de
fe mouiller les pieds , & fe détourne
pour éviter La boue -, auffi a-t-il k jambe
plus sèche & plus nette que le cheval -, il
eft lufceptible d’éducarion & l’on en a
vu d’ailcz bien dreilés (e) pour faire
Gurioiîté de fpeétacle.
^ dj Voyez Cardan , de fiihtilitati , lib. X*
( t) Vide Ald'rovand, de r“idmp.folidiped, hb.U
çag. 30?.
P? P?
de VAJhe, t ^ ^
Dans la premiire jeunefle il efl gai ,
lîieme affez Joli > il a de la légèreté
^ de la gentillefle , mais H la perd biei>
tôt > foit pat râge, foit par les mauvais
traitemens , & il devient lent , iirdoctle &
> il n eft ardent que pour le plaifir ,
ou plutôt il en eft furieux au point que
tien ne peut le retenir, & que l’on en
s vu s excéder & mourir quelques inf-
tans apres -, & comme il aime avec une
eipece de fureur , il a auffi pour fa pro-
géniture le plus fort attachement. Pline
nous affure que lorfqu’on fépare la mère
de fon petit , elle palTe à travers' les
flammes pour aller le rejoindre-, il s’at-
tache auffi à fon maître, quoiqu’il en
loit ordinairement maltraité, il le fent
de loin & le diftinguc de tous les autres
hommes-, il reconnoît auffi les lieux quü
a couturne d’habiter, les chemins quil a
frequentes-, il aies yeux bons, l’odorat
admirable , fur-tout pour les corpufcules
de laneffe , 1 oreille excellente, ce qui
^ au
bie des animaux timides , qni ont
fine 1 prétend , l’ou'ie très-
os oreilles longues -, lorfqu’on le
G vJ
1^6 Hijîoire Naturelle
furci-argc , il le iriarque en inclinant la
rete & jbaifîànt les oreilles -, lorfqu on le
tonnnente trop , il ouvre la bouche &
retire les lèvres d’une manière très-déra*
gieable, ce qui lui donne l’air moqueur
& deiifoire fi on lui couvre les yeux ,
il refte immobile , & lorfqu’il eft couché
lur le cote, (î on lui place la tête de ma-
nière que l’œil foit appuyé fur la terre &
qu’on couvre l’autre œil avec une pierre
ou un morceau de bois, il reliera dans
cette lituation lims faire aucun mouve-
ment & fans fe fecouer pourfe relever:
il marche , il trotte & il galoppe comme
le cheval, mais tous ces mouvemens font
petits & beaucoup plus lents ; quoiqu’il
punie d abord courir avec allez de
vitelîe, il ne peut fournir qu’une petite
carrière , pendant un petit elpace de
temps; & quelque allure qu’il prenne,
h on le preUe il eft bientôt rendu.
Le cheval hennit & l’âne brait ’ ce qui
le fart par un grand cri très-long , très-
defagreable , & difeordant par dilTo-
nances alternatives de l’àrgu au grave &
du grave a 1 aigu ; ordinairement il ne
crie que lorfqu il eft prefté d’amour ou
de VApie. I J J
appétit-, râneflTe a la voix plus claire &
L T ■’ Pàne qu’on fait hongre
^ quoiqu’il
P lue faire autant d’efforts & les mêmes
g°rge , fon cri ne fe
tait gis entendre de loin.
DnP animaux couverts de
fuie/ ' "’oi»s
poux ^ '^e™ine , jamais il n’a de
ia duterê ^ T\ apparemment de
qui eft 1 ff de fa peau
q ell en effet plus dure que celle de
a plupart des autres quadrupèdes ; &
“ ptqure des mouches.
deux ans & demi les premières
*ms .„c.fiv« A, m,l.«„ wmLm &
eiifLute les autres incMves à Aé iZ
Suda/r™; ^ <■“
tSème e p^^-^ les dents,
marquent en! * ‘"^aque côté le
Dès T' cheval.
état d’eiS,'^" “
h lütei , la femelle eft encore
1^8 Hijloire Naturelle
plus précoce que !e mâle, & elle cff
toute auffi lafcive , c’eft par cette raifou
quelle efl; très -peu féconde , elle rejette
au dehors la liqueur qu’elle vient de
recevoir dans l’accouplement , à moins
qu on n ait foin de lui ôter promptement
la fenfation du plaifir, en lui donnant
des coups pour calmer la fuite des con»
vullions & des mouvemens amoureux >
fans cette précaution elle ne retiendroi^
que très -rarement : le temps le plus
ordinaire de la chaleur eft le mois de
mai & celui de juin ; lorfqu’elle eft
pleine , la chaleur ceffe bientôt, Sc
dans le dixième mois , le lait paroît danS
les mamelles -, elle met bas dans le dou-
zième mois , & fou vent il fe trouve des
morceaux folides dans la liqueur de
l’amnios , fembJables à Thippomanès du
poulain -, fept jours après l’accouche'
ment la chaleur fe renouvelle, & lanefte
eft en état de recevoir le mâle, en forte
quelle peut, pour ainfi dire , continuelle'
ment engendrer & nourrir -, elle ne
produit qu’un petit , & Ci rarement
deux, qu à peine en a-t-on des exem-
ples au Jbout de cinq ou fîx mois oU'
V AJhc. 159
^ '"«nie
Qu’f? ' -S- ^ P’™' • P°™
^‘^ puille mieux nourrir ion fœtus,
auc étalon doit être choifi parmi les
grands & les plus forts de fon
pece , il moins trois
ns & q,pii ^ J
les jambes hautes , le corps étoffé ,
^ légère, les yeux vifs,
’ 1 encolure un peu
^ Pnrtrad large, les reins char-
nus , la cote large , la croupe platte, la
Joncher' &?’
toucner & d un gris foncé.
Lane, qui comme le cheval eft trois
ou quatre ans à croître, vit auffi comme
u vingt -cinq ou trente ans ; on pré-
tend feuIemeiK que les femelles vivent
ordinairement plus long-temps que iS
* peut-être que
ûe ce quêtant fouvent pleines, eUes
font „„ p,„,
moins aup l dorment
client Sut ^ --
excédés ils font
«^ceücs . ia„e
I 6 O HiJIoire Naturelle
îong -temps que îe cheval étalon ; pîuS
il eft vieux, pins il paroît ardent, & e»
general la fanté de cet animal eft bien
plus ferme que celle du cheval ; il eft
moins délicat, & il neft pas fujet , à
beaucoup près, à un auffi grand nombre
de maladies; les Anciens même ne lui
en connoifiToienr guère d’autres que celle
de la inorve , à laquelle il eft , comme
nous lavons dit, encore bien moins
fujet que le cheval.
Il y a parmi les ânes différentes races
comme parmi les chevaux, mais que
Ion connoit moins, parce qu’on ne les
a ni lorgnés ni fuivis avec la même at-
tention j feulement on ne jxîut auère
douter que tous ne foient originaires des
climats chauds : Ariftote ( f) aftiire qu’il
n Y en avoir point de fou temps en
Scyrhie, ni dans les autres pays fep-
tenrrionaux qui avoilînent la Scythie ,
ni même dans les Gaules, dont le cli-
mat , dit-il, ne laifte pas d’être froid',
& il ^ajoute que le climat froid, ou les
empeche de produire, ou les fait dégé-
nérer , & que c eft par cette derniire
Cf J Vid( Arijlot, degenrrat. mimai, lib, II.
de P^Jhe. i ^ i
t^fon que dans Hllyrie , la Thrace &
pire Ils font petits & foibles -, ils font
en France , quoiqu’ils y foient
SJ allez anciennement naturalifés , &
Mue e froid du climat foit bien diminué
deux mille ans par la quantité
. • abattues & de marais délTéchés-,
c’eft Prd paroît encore plus certain ,
® nouveaux (g) pour la
d’A^pK^ venus originairement
SvvÎp ^A’f P^^^^ d’Arabie en
en lraL’ ’ de Grèce
e France, & enfuite
e S M Angleterre, & enfin
en Suede, &c. car ils font en effet
û autant moins forts & d’autant plus petits,
que ks climats font plus froids.
Cette migration paroît aCTez bien
Th ^ rapport des voyageurs
‘I-lontients&pVans,rdontS:
fsj Vide Linnai Faunam fuecicam,
> & 3j, ' * de Chardin , tome II, pages
i 62 Hijîoire Naturelle
» Te fert que pour porter des fardeau'? i
» & une race d’ânes d’Arabie , qui font
»de fort jolies bêtes & îes preinief
ânes du monde •, ils ont le poil polt’
m la tete haute , les pieds légers , ils le*
lèvent avec adion , marchant bien, ^
».lon ne s en fert que pour monturesi
Si les Telles qu’on leur met font comiu®
Si des bâts ronds & plats par-delTus»
Si eues font de drap ou de tapifferie avc^
» les harnois & les étriers , on s’aflîe^
» deflûs plus vers la croupe que vers
a cou : il y a de ces ânes qu’on achette
» jufqu’à quatre cents livres, & l’on ncfi
aWauroit avoir à moins de vingt -cintl
» piftoles •, on les panfe comme les che'
33 vaux , mais on ne leur apprend autre
33 chofe qu’à aller l’amble, & l’art de le*
33 y drelïer eft de leur attacher les jambes »
33 celles de devant & celles de derrière
33 du même côté par deux cordes de
33 coron , qu’on foit de la mefure du
33 pas de l’âne qui va l’amble , & qu’oi*
33 fufpend par une autre corde padée
33 dans la fangle à l’endroit de l’étrier»
33 des elpeces d écuyers les montent fo*^
de VAfrie.
^ Watin & les exercent à cette alure ; «
J les naleaux afin de ieur «e
^^^nner plus d haleine , & ils vont fi «
fiiivre* pour les «*
de^r,! ■^'^^bes, qui font dans l'habitude
Puis r” I de-
chevT ' °‘'*g- temps les races de leurs
Pour }!f ’AP'^^”*^‘^°ient-ils la même peine
t-iJ ni "e femble-
eft ie n tf Arabie
les un^ ^‘î P°«r
uns & pour les autres; de- là ils
ontpaffe en Barbarie f i) e,-,
oû ils font beaiiT ^ a "
aiidi f ^ 8’'‘'‘"tle taille ,
tîue dans les climats exceiïi-
emciK chauds , comme aux Indes & en
Gumee f*>, où iU fo„, pl„s
SuVarifr*
neurà^ M i hon-
neur à Madure fl), où l'une des plus
JO Voye* le Voyage de Shair , tome I,
Bofman, Vtrtcht\
fiigt ÿS. ^****^® ®^fiantes , douaiètne tccueil^
164 Hijîoire Naturelle
confidérables & des plus nobles tribut
des Indes les révère particulièrement >
parce qu’ils croient que les âmes de tout®
la noblefle paflént dans le corps des ânes?
enfin l’on rrouve les ânes en plus grand®
quantité que les chevaux dans tous 1®^
pays méndionaux , dqauis le Sénégal ’
jufqu’à la Chine -, on y trouve auffi d^*
ânes fauvages plus communément qn®
des chevaux fauvages. Les Latins, d’a'
près les Grecs , ont appelé l’âne fauvag®
onager , onagre , qu’il ne faut pas con'
fondre comme l’ont fait quelques NatU"
raliftes & plulieurs voyageurs, avec 1®
zebre, dont nous donnerons l’Iiiftoire ^
part , parce que le zèbre eft un aniniaî
d’une efpèce différente de celle de l’ânr-
L’onagre ou l’âne fâuvage n’eft point
rayé comme le zèbre i & il n’ell pas ^
beaucoup près d’une figure auffi élé-
gante : on trouve des ânes fauvages dan^
quelques îles de l’Archipel, & particn'
lièrement dans celle ( m) de Cérigo 5 ^
y en a beaucoup dans les déferts d®
f mj Voyez le lecueil de Dappct , pages iSS '
& 378.
de Vu4Jîis.
^y^ie & de Numidie (n)^ ils font gris
courent lî vite , qu’il n y a que les
eyaux barbes qui puilfent les atteindre
■I ^ ‘Sourie -, lorfqu’ils voient un homme ,
r Jettent un cri, font une ruade, s’ar-
l ^ foient que lorfqu’on les
PP oche i on les prend dans des pièges
trn.i^"* corde , ils vont par
la P^^urer & boire , on en mange
"larmol, que je viens de citer, des ânes
fauvages dans i’île de Sardaigne, mais
aile , dit foj avoir vu un âne
fe? '-O" pote
P r celle des ânes domeftiques ,
I 5^ d’wne couleur plus
claire , & il avoir depuis la tête iufou’à
etoit auffi beaucoup plus vif & plus lé-
ger à la courfe que les ânes ordinaires.
-, '& àifeript. tome II.
Alnquede Maimol, tome I , page
tome iPïW, pijj de Pietro délia Yalle ,
lôfS HiJIoire Naturelle
Olearrus (p ) rapporte qu’un Jour le Roi
de Perfe le fit monter avec lui dans v»’
petit bâtiment en forme de théâtre pof^
faire collation de fruits & de confitures i
qu après le repas on fit entrer trente-dei'^
anesfauvagesîur lefquels le Roi titaqiïei'
, ques coups de fufii & de flèche , & qu’ti
permit enfuite aux Ambaflàdeurs & ai’"'
très Seigneurs de tirer -, que ce n’étoif
pas un pctk divertifl'cment de voir ceS
ânes , chargés qu’ils étoient quelquefois
de plus de dix flèehes, dont ils incoii>^
modoient & bielîoient les autres qiiat^
ils fe mcloicnt avec eux, de forte qu’iis
fe mertoient h fe mordre & à ruer
uns contre les autres d’iine étrange facot»
& que quand on les eut tous abattus ^
coucliés de rang devant le Roi, on
envoya à Ifpahan à la aiifine de- la Cour»
les Perfans faifanr un fl grand état'
la-, chair de ;ces ânes fanvages, qu’ils ef
ont fait un proverbe , &c. Mais il n’f
3 pas apparence que ces' trente -deu»^
ânes fauvages fuflfcnt tous pris dans R®
. ( T'J Voyez le voyage d’Adara OleârÎHS. PjWs >
tb^6 , tome J, page ^
forêt l 6 j
cetoient probablement des
Donr^ f^'^oir dans de grands parcs
P avoir- le plalfir de les chaffer &
de îes nianger.
rionr point trouvé d’ànes en Amé-
que le de chevaux , quoi-
riqu» dePAmé-
Qii’anr "^^dionale , leur convienne autant
onr T j^^P^ftes d Europe , & qu’ilx
& dS grandes Sies
inuS é ^ beaucoup
fieurs endroits des ânes fanages ^oui
Vont par tronnes jagcs qui
dans d« & qoe l’on prend
L'âne avec La jument produit les
g ands mulets , le cheval avec l’âneffe
Sers'? St
«t rélS^
delà génS? î ''T' P^-^tculier
&c. desjumars,
Pâne par de
P t celle de fes propriétés & des
I îy 'Voyez le n
jique. Paris, aux îles de l’Amé-
^ tome Xr,pag* ^
1^8 Hijîoîre Naturelle
ufages auxquels nous pouvons
ployer.
Comme les ânes fauvages font
connus dans ces climats, nous ne po*J^
vons pas dire fi leur chair eft en
bonne à manger •, mais ce qu’il y a
fur , c’eft que celle des ânes domeftiqu^^
eft très-mauvaife, & plus mauvaife ,
dure , plus défagréablement infipide
celle du cheval-, Galien (rj dit mê»^®
que c’eft un aliment pernicieux &
donne des maladies 5 le lait d’ânefle
contraire eft un remède éprouvé & fp^’
cifique pour certains maux , & l’ufag®
de ce remède s’eft confervé depuis 1^’
Grecs jufqu’à nous -, pour l’avoir
bonne qualité , il faut choifir une âneflf
jeune , faine , bien en chair , qui
rnis bas depuis peu de temps , &
n’ait pas été couverte depuis -, il
lui ôter l’ânon qu’elle alaite , la teof-
propre, la bien nourrir de foin , d’avoÎP^’
d’orge & d’herbe dont les qualités
faites puilfent influer fur la maladie, avpi^
attention de ne pas laiflèr refroidir le la^^ ’
Sc même ne le pas expofer à l’air ,
^rj yide GaUn, de aliniettt faciiU.lib.llI- ,j
de VAfne.
qwi le gateroit en peu de temps.
Anciens attribuoient auffi beaucoup
^^^''^’^'^’-'^^édicinales au fang , à rurine,
3rr4* r ' ^ beaucoup d'autres qua-
foie ^ cervelle, au cœur, au
a j-iL •^' Texpérience
ce fTii”/'’ ’ moins n’a pas confirmé
ils nous en dirent.
& t^ès-SaV' très-dure
à différenc^?"^ ’ ^ <^'riploie utilement
des tamb ' ^ .
ris
C l ‘^_t:uir de lane que les Orien-
S ^ ’ qtm nous appelions
chagnn II y a apparence que l?s os
comme la peau de cet animal , font auffi
Sfirl” “ *“ "
flûte^s faifoient des
■«wesqte’o'usi^ P'“ fow
.A '■b'c tous les autres os.
celurqul^ peut-être de tous les animaux
peut pUêr
AJv„ P^e® grands poids ; &
Vn ' '’°r*S'= de Thévcnot. T. II p. G^.
Tome I, Quadrupèdes, fq
170 Hijîoire Naturelle y &c.
comme il ne coûte prefque rien à nourrir >
& qu il ne demande , pour ainfi dire »
aucun foin , il eft d’une grande utilité
à la campagne , au moulin , &c. Il peut
auili fervir de monture, toutes fes allures
font douces, & il bronche moins que le
cheval j on le met fouvent à la charrue
dans les pays où le terrein eft léger ,
fon fumier eft un excellent engrais pour
les terres fortes & humides.
le b (E U F.
terre, parée de fa
& comi J fonds inépiiifablc
maux T"” 8 c hs ani-
V ' d' ‘r" i ce
tour des Æb S viveur à leur
>-11- aes debus de tout ce oui a v^r,. a-
egete -, pour vivre il faut détruire
que les animaux peuvent' rf"' "''r'
multiplier Die,, V - ^ ^e
mdiv&if dé cwi X"" Pd-mers
de vécr^ral ‘^^que elpece d animal &
forme à la pouffière
ii la rendue vivante t
les êtres organifés^- ^ “^^’^yunes à tous
«le eorps en corps' padeat
fervent également
( à J Voyez le et •
volume de cette Hiftrke" Ja'tu«lie.''““ ‘'“
Hij
172 Hijîoire Naturelle
à la vie aétuelie & à la continuation de
îa vie 5 à la nutrition , à raccroilTemeni:
de chaque individu j & après la dilTo-
îution du corps , après fa deftrudion >
fa réduiStion en cendres , ces molécules
organiques , fur lefquelles la mort ne
peut rien , furvivent , circulent dans VU-
nivers , paflênt dans d’autres êtres & y
portent la nourriture & la vie : toute
produétion , tout renouvellement , tout
accroilTement par la générarion , par la
nutrition , par le développement , fup-
pofent donc une deftruélion précédente »■
line converfion de fubftance , un tranf-
port de ces molécules organiques qui ne
fe multiplient pas , mats qui , fubliftanc
toujours en nombre égal , rendent la
Nature toujours également vivante , la
terre également peuplée * & toujours
également refplendiflànte de la première
gloire de celui qui l’a créée.
A prendre les êtres en général , l<î
total de la quantité de vie eft donc
toujours le même, & la mort qui femble
rout détruire , ne détruit rien de cette
vie primitive & commune à routes les
eipèces d'êtres organifés : comme toutes
du Bœuf.
/i puiiïances fubordonnées &
, !a mort n’attaque que les
individus , ne frappe que la furface , ne
etruit que la forme , ne peut rien fur
niatiere , & ne fait aucun tort à la
attire qui n en brille que davantage ,
I ne lui permet pas d’anéantir les
laiflè moilTonner les
uoùr^ r* ^ détruire avec le temps ,
dame elle -même indépen-
dante de la mort & du temps , pour
exercer à chaque inftant fa puifïLce
toujours adive , manifefter fa Sénitudé
par fa fécondité, & faire de l’Univerf
'renouvelant les êtres ^
un tneatre toujours rempli , un fpeélacle
toujours nouveau.
Pour que les êtres fe fuccèdenr if
cntrî* Cfüls fe dLifa
““ *U„Æ
«™à;M rï' »prÈs 1,
jours la L r'" ^ou-
être indifférer à f devroit
« la Nature que telle ou
H iij
174 tJiJIoire Naturelle
telle efpcce détruisît plus ou moins j
cependant , comme une mère économe ,
au fein même de l’abondance , elle a
fixé des bornes à la dépenfe & prévenu
le dégât apparent , en ne donnant qu’à
peu d’efpèces d’animaux rinftinél de fe
nourrir de chair , elle a même réduit
à un aflèz petit nombre d’individus ces
efpèces voraces & carnafîîères , tandis
qu’elle a multiplié bien plus abondam-
ment & les efpèces & les individus de
ceux qui fe nourrilTent de plantes , &
que dans les végétaux elle femble avoir
prodigué les efpèces , & répandu dans
chacune avec profufion le nombre & la
fécondité. L’homme a peut-être beau-
coup contribué à féconder fes vues , à
maintenir & même à établir cet ordre
fur la terre ; car dans la mer on retrouve
cette indiftérence que nous fiippofions >
toutes les efpèces font prefque égale-
ment voraces , elles vivent fur elles-
mêmes ou fur les autres , & s’entre-
dévorent perpétuellement fans jamais fe
détruire , parce que la fécondité y efl:
aulTi grande que la déprédation , & que
du Bœuf. 1 7 J
pcefque toute la nourriture , toute la
confommation tourne au profit de la
reproduftion,
L homme fait ufer en maître de fa
puiflance fur les animaux , il a choifi
ceux dont la chair flatte fon goût , il
Çn a fait des cfclaves domeftiques , il
jcs a multipliés plus que la Nature ne
auroit fait , il en a formé des troupeaux
nombreux , & par les foins qu’il prend
de les faire naître , il femble avoir acquis
le droit de fe les immoler -, mais il étend
ce droit bien au-delà de fes befoins ,
car indépendamment de ces efpèces
quil s eft alTujetties J & dont il difpofe
a Ion gre , il fait aufli la guerre aux
animaux fauvages , aux oifeaux , aux
poiflbns , il ne fe borne pas même à
ceux du climat qu’il habite , il va cher-
cher au loin , & jufqu’au milieu des
mers , de nouveaux mets , & la Nature
entière^ femble fulfire à peine à fon
nitemperance & à l’inconftante variété
e fes appétits -, l’homme confomme ,
englount lui feul plus de chair que tous
I enfemble n’en dévorent -, il
nne e plus grand deftrudleur , &
H iiij
x-j6 Uijloire Naturelle
c’eft plus par abus que par néceffité j
au lieu de jouir modérément des biens
qui lui font offerts , au lieu de les dif-
penfer avec équité , au lieu de réparer
à mefure qifil détruit , de renouveler
îorfqu’il anéantir , Thonime riche met
toute fa gloire à confommer , toute la
grandeur à perdre en un jour à fa table
plus de biens qu’il n’en faudroit pour
faire fubfiftcr plulieurs familles ; il abufe
également & des animaux & des hom-
mes , dont le refte demeure affamé ,
ianguit dans la misère , & ne travaille
que pour fatisfaire à l’appétit immodéré
&: à la vanité encore plus infatiable de
cet homme , qui , détruifant les autres
par la difette , fe détruit lui - même par
les excès.
• Cependant l’homme pourroit, comme
l’animal , vivre de végétaux -, la chair qui
paroit être fi analogue à la chair , n’eft
pas une nourriaire meilleure que les
graines ou le pain , ce qui fait la vraie
nourriture , celle qui contribue à la
nutrition , au développement , à l’ac-
croiirement & à l’entretien du corps ,
u’efl pas cette matière brute qui com-
du Bceuf. I ■j'j
à nos yeux la texture de la chair
de Therbe , mais ce font les molé-
taules organiques que l’un & l’autre
contiennent , puifque le bœuf, en paif-
3nt 1 herbe , acquiert autant de chair
^ue 1 homme ou que les animaux qui
ne vivent que de chair & de fang : la
eule différence réelle qu’il y ait entre
ces alimens , ceft qu’à volume égal, la
c air , le ble , les graines contiennent
beaucoup plus de molécules organiques
que 1 herbe , les feuilles , les racines &
les autres parties des plantes , comme
nous nous en fommes allurés en obfer-
vant^ les mfufions de ces différentes
matières -, en forte que l’homme & les
animaux dont l’eftomac & les inteftins
nont pas aflez de capacité pour ad-
mettre un très-grand volume d’alimens.
ne pourroient pas prendre allez d’herbe
pour en tirer la quantité de molécules
organiques necelTaire à leur nutrition ;
& les fhomme
eaomac'ne^'
rrinnpi,r,« ’ 'î™ *^^0^ on petit volume
nt une très -grande quantité
Hv
178 Hijloire Naturelle
de ces molécules organicpjes nutritives ,
tandis que le bœuf & les autres ani-
maux ruminans qui ont plufieurs efto-
macs , dont l’un eft d’une très -grande
capacité , & qui par conféquent peuvent
fe remplir d’un grand volume d’herbe
en tirent alFez de molécules organiques
pour le nourrir , croître & muiriplier -,
la quantité compenfe ici la qualité de
la nourriture , mais le fonds en eft le
même , c’eft la même matière , ce font
les mêmes molécules organiques qui
nourriflènt le bœuf, l’homme & tous
les animaux.
On ne manquera pas de m’oppo/èr
que le dieval n’a qu’un eftomac , &
même aftez petit 5 que l’âne , le lièvre
Sc d’autres animaux qui vivent d’herbe
n ont aufti qu’un eftomac , & qise par
confequent cette explication , quoique
vraifemblable , n’en eft peut - être ni
plus vraie , ni mieux fondée ; cepen-
dant , bien loin que ces exceptions appa-
rentes la détruifent , elles ne paroillent
au contraire la confirmer , car quoique
le cheval & I aliénaient qu’un eftomac,
ils ont des poches dans les inteftins ,
du Bœuf. îj^
fTune fi grande capacité , qu’on peut
îes comparer à la panfe des animaux
ruminans , & les lièvres ont l’inteftin
cæcum d’une fi grande longueur &
fi un tel diamètre , qu’il équivaut au
uaoins à un lecond eftomac -, ainfi ii
cft pas étonnant que ces animaux
puiffent fe nourrir d’herbe , & en gé-
néral on trouvera toujours que c’eft
fie la capacité totale de l’eftomac &
des inteftins que dépend dans les ani-
maux la divcrlicé de leur manière de fe
nourrir -, car les ruminans , comme le
bœuf, le bélier , le chameau, &c. ont
quatre eftomacs & des inteftins d’une
longueur prodigieufe -, auffi vivent - ils
d’iterhe , & l’herbe feule leur fuffit : les
chevaux, les ânes, les lievres , les lapins,
les codions d’inde, &c. n’ont qu’un efto’
mac , mais ils ont un cæcum qui équi-
vaut à un lecond eftomac , & ils vivent
d’herbe & de graines i les fangliers, les
herillons , les éaireuils , &c. dont l’ef-
tomac & les boyaux font d’une moindre
viveur mangent que peu d’herbe, &
^ gmtnes, de fruits & de racines ;
ceux qui ^ comme les loups , les
H vj
i8o Hijîoire Naturelle
renards , les tigres, &c. ont reftomac &
les intcftins d’une plus petite capacité que
tous les autres , reiaiivement au volume
de leur corps , font obligés , pour vivre ,
de choifir les nourritures les plus fuccu-
lentes , les plus abondantes en molécules
organiques , & de manger de la chair &
du fang , des graines & des fruits.
C’eft donc fur ce rapport phyfique
& néceiîaire , beaucoup plus que fur
la convenance du goût , qu’eft fondée
la diverfité que nous voyons dans les
appétits des animaux ; car lî la nécellîté
ne les déterminoit pas plus fouvent que
le goût , comment pourroient-ils dé-
vorer la chair infeéte & corrompue avec
autant d’avidité que la chair fiicculente
& fraîche ? pourquoi mangeroient - ils
également de toutes fortes de chair ?
nous voyons que les chiens domeftiques
qui ont de quoi choilir refufent alfcz
conftamment certaines viandes , comme
la bécalTe , la grive , le cochon , &c.
tandis que les chiens fâuvages , les loups,
les renards , &c. mangent également , &
la chair du cochon , & la bécalTe , &
les oiiêaux de routes efpèces , & même
àu Bœuf. 1 8 1
grenouilles , car nous en avons
trouvé deux dans Teftomac d\m loup
& lorfque la cliair ou le poiflbn leur
itianque , ils mangent des fruits , des
graines , des raifms , &c. & ils préfè-
rent toujours tout ce qui , dans un petit
volume J contient une grande quantité
tie parties nutritives, c’eft- à-dire , de
molécules organiques propres à la nu-
trition & à l’entretien du corps.
Si ces preuves ne paroiflent pas
fuffifantes , que l’on conlldcre encore
la manière dont on nourrit le bétail
que l’on veut engraiflér -, on commence
par la caftration , ce qui fupprime la
voie par laquelle les molécules orga-
niques s’échappent en plus grande abon-
dance -, enfuite , au lieu de laiiïer le
bœuf à fa pâture ordinaire & à l’herbe
pour toute nourriture , on lui donne
du fon , du grain , des navets , des ali-
mens en un mot plus fubftantiels que
1 herbe , & en très -peu de temps la quan-
tité de la chair de l’animal augmente ,
es ocs & la graille abondent & font
fl une chair allez dure & alTez sèche par
1 8 Z Hijloire Naturelle
elle -même , une viande fucculente &
fl bonne , qu’elle fait la bafe de nos
meilleurs repas.
Il réfulte aulîî de ce que nous ve-
nons de dire j que l’homme , dont l’ef-
tomac & les inteftins ne font pas d’une
très -grande capacité relativement au
volume de fon coq^s , ne pourroit pas
vivre d’iierbe feule -, cependant il eft
prouve par les faits , qu’il pourroit bien
vivre de pain ^ de légumes & d’autres
graines de plantes , puifqu’on connoît
des nations entières & des ordres
d hommes auxquels la religion défend
de manger de rien qui ait eu vie •, mais
ces exemples appuyés même de l’au-
torité de Pyrhagore & recommandés
par quelques Médecins trop amis de
la diète , ne me paroilfent pas fufiifans
pour nous convaincre qu’il y eût à
gagner pour la fanté des hommes &
pour la multiplication du genre humain
à ne vivre que de légumes & de pain j
d autant plus que les gens de la cam-
pagne , que le luxe des villes & la
fomptuofité de nos tables réduifent à
du Bœuf. 183
cette façon de vivre , languiflent & dé-
periflent plus tôt que les hommes de
1 ctat mitoyen , auxquels l’inanition & les
excès font également inconnus.
_ Après l’homme , les animaux qui ne
vivent que de chair font les plus grands
deltruéleurs , ils font en même temps
^ les ennemis de la Nature & les rivaux
fie 1 homme -, ce n’eft que par une at-
tention toujours nouvelle & par des
foins prémédités & fuivis qu'il peut
conferver fes troupeaux , fes volailles,
&c. en les mettant à l’abri de la ferre
de l oifeau de proie & de la dent car-
naffiere du loup , du renard, de la fouine,
de la belette , &c. ce n’eft que par une
guerre continuelle qu’il peut défendre
Ton grain , fes fruits , toute fa fubfif-
tance , même fes vêtemens , contre
la voracité des rats , des chenilles , des
Icarabées , des mites , &c. car les in-
eéles font auffi de ces bêtes qui dans
m monde font plus de mal que de
hien V au lieu que le bœuf, le mouton &
tes autres aniiuaux qui pailïént l’herbe ,
ion eulement font les meilleurs , les plus
uti es , les plus précieux pour l’homme j
184 Hijîoire Naturelle
puifqu ils le nourriffent , mais font en-
core ceux qui confomment & clépenfent
le moins-, le bœuf fur -tout eft à cet
egard l’animal par excellence, car il rend
à la terre tout autant qu’il en tire , &
meme il améliore le fonds fur lequel il
vit , il engraifle fon pâturage , au lieu
que le cheval & la plupart des autres
animaux amaigrilTent en peu d’années les
meilleures prairies.
Mais ce ne font pas là les feuls avan-
tages que le bétail procure à l’homme ;
fans le bœuf les pauvres & les riches
auroient beaucoup de peine à vivre , la
terre demeuieroïc inculte , les champs,
& même les jardins feroient fecs &
fteriles ; c efi; Hir lui que roulent tous
les travaux de la campagne , il efl: le
domeftique le plus utile de la ferme ,
le foutien du ménage champêtre , il fait
toute la force de l’agriculture ; autrefois
il faifoit toute la richelTe des hommes ,
& aujourd’hui il eft encore la bafe de
lop^uîence des États , qui ne peuvent
le foutenir & fleurir que par la culture
des terres & par l’abondance du bétail ,
puifque ce font les feuls biens réels ,
du Bœuf. I 8 J
tous ïes autres , & même Tor & Tar-
genc, n étant que des biens arbitraires,
des repréfentations , des monnoies de
crédit , qui n’ont de valeur qu’autant
tjue le produit de la terre leur en
donne.
Le bœuf ne convient pas autant que
le cheval , l’âne , le chameau , &c. pour
potter des fatdeaux , la forme de fon
dos & de fes reins le démontre , mais la
grolTeur de fon cou & la largeur de fes
épaulés indiquent allez qu’il eft propre
à tirer & à porter le joug , c’eft auffi
de certe manière qu’il tire le plus avan-^
tageufement , & il eft lingulier que cet
ulage ne foit pas général , & que dans
des provinces entières on l’oblige à tirer
par les cornes -, la feule raifon qu’on
ât pu m’en donner , c’eft que quand
il eft attelé par les cornes on le con-
duit plus aifément i il a la tête très-
forte & il ne laifle pas de tirer aftez
bien de cette façon , mais avec beau-
coup moins d’avantage que quand il
iss épaules -, il femble avoir
etc ait exprès pour la charrue , la malle
de Ion corps , la lenteur de fes mou-
I 8 6^ Hijlolre Naturelle
vemens, îe peu de hauteur de fes Jambes,
tout, jufqu’à fa traucfuHIrté & à fa pa-
tience dans le travail , femble concourir
a le rendre propre à la culture des
champs , & pins capable qu’aucun autre
de vaincre la réfiftance confiante & tou- |
Jours nouvelle que la terre oppofe à fes
efforts : le cheval , quoique peut-être
suffi fort que le bœuf , eft moins propre
à cet ouvrage , il eft trop élevé fur fes
jambes, fes mouvemens font trop grands,
trop brufques , & d’ailleurs il s’impa-
tiente & fe rebute trop aifément -, on i
lui Ote même toute la légéreté , toute J
la fouplelïe de fes mouvemens , toute '
la grâce de fon attitude & de fa dé- '
marche , ’ lorfqu’on le réduit à ce tra- *
vail pefant , pour lequel il faut plus de
confiance^ que d’ardeur , plus de maffe 1
que de vitefle , & plus de poids que de j
reflbrts.
Dans les efpèces d’animaux dont
l’homme a fart des troupeaux & où la
multiplication eft l’objet principal , la
femelle eft plus neceffaire , plus utile i
que le male ^ le produit de la vache eft
un bien qui croît & qui fe renouvelle
du Bœuf. 187
à chaque inftant •, la chair du veau eft
une nourriture auffi abondante que faine
& délicate , le lait eft l’aliment des en-
fans , le beurre rallaifonneraent de la
plupart de nos mets, le fromage la nour-
riture la plus ordinaire des habitans de
la campagne : que de pauvres familles
lonr aujourd’hui réduites à vivre de leur
vache ! ces memes hommes qui tous
ies jours , & du matin au foir , gemif-
Icnt dans le travail & font courbés fur
la charrue , ne rirent de la terre que
du pain noir , & font obligés de céder
à d’autres la fleur , la fubftance de leur
grain , c eft par eux & ce n’eft pas
pour eux que les moilTons font abon-
dantes -, ces mêmes hommes qui élè-
vent , qui multiplient le bétail , qui le
feignent & s’en occuppent perpétuel-
lement , riofent jouir du fruit de leurs
travaux , la chair de ce bétail eft une
nourriture dont ils font forcés de s’in-
terdire l’ufage , réduits par la néceffité de
leur condition, c’eft -à -dire , par la du-
entres hommes, à vivre comme
es c evaux , dorge & d’avoine ou de
legumes groŒers, & de lait aigre.
I 8 8 Uijîoire Naturelle
On peut auffi faire fcrvir la vache à
la charrue , & quoiqu’elle ne foit pas
auffi forte que le hœuf , elle ne îailfe
pas de le remplacer fouvent : mais lorf-
qu’on veut l’employer à cet ufage , il
faut avoir attention de l’alTortir , autant
quon le peut , avec un bœuf de fa
taille & de fa force , ou avec une autre I
vache , afin de confcrver l’égalité du
trait & de maintenir le foc en équilibre
entre ces deux puifî’ances ; moins elles
font inégales , & plus le labour de la
terre en eft régulier : au refte , on em-
ploie fouvent fix & jufqu’à huit bœufs
dans les rerreins fermes ; & fur -tout
dans les friches , qui fe lèvent par gtolles
mottes & par quartiers , au lieu que
deux vaches fuffifent pour labourer les
terreins meubles & lablonneux ; on peut
auffi dans ces terreins légers ponlTer
à chaque fois le fillon beaucoup plus
loin que dans les rerreins forts. Les
Anciens avoit borné à une longueur de
cent ^ngt pas la plus grande étendue
du (illon que le bœuf devoir tracer par
une continuité non interrompue d’ef-
forts & de mouveraens , après quoi ,
du Bœuf. 189
difoient-iîs , il faut cefler de Texciter
& le iaiflèr reprendre haleine pendant
Quelques moinens avant de pourfuivre
»e meine fiilon ou d’en commencer un
filtre ; mais îes Anciens failoienr leurs
elices de l’étude de l’agriculture , &
mettoient leur gloire à labourer eux»
memes , ou du moins à favorifer le
laboureur , à épargner I3 peine du cul-
tivateur & du bœuf \ & parmi nous
ceux qui Jouiffent le plus des biens de
cette terre , font ceux qui faveur le moins
eftiiner , encourager , foutenir l’art de la
cultiver.
Le taureau fert principalement à la
propagation de 1 efpcce , & quoiqu’on
puifle auffi le foumettre au travail, on
eft moins filr de fon obéiflànce , & il
faut être en garde contre i’ufage qu’il
peut fore de la force : la Nature a fait
cet animal indocile & fier, dans le temps
du rut il devient indomptable , & fou-
vent huieux -, mais par la caftration l’on
imX™, '’&T *
fo for h ^ 1 tie retranche rien à
fa force d „>en eft que plus gros ,
plus maffif, plus pefant & plus propre
190 Hijîoire Naturelle
à l'ouvrage auquel on le deftine -, il
devient auflî plus traitable , plus pa-
tient , plus docile & moins incommode
aux autres : un troupeau de taureaux
ne feroit qu'une troupe effrénée que
1 homme ne pourroit ni dompter ni
conduire.
La manière dont fe fait cette opé-
ration eft allez connue des gens de la
campagne , cependant il y a fur cela
des ufages très - différons dont on n'a
peut-être pas affez obfervé les différens
effets -, en général l'âge le plus conve-
nable à la^ caftracion eft l'âge qui pré-
cède immédiatement la puberté , pour
le bœuf c'eft dix - huit mois ou deux
ans , ceux qu'on y foumet plus tôt
périffent prefque tous ; cependant les
jeunes veaux auxquels on ôte les tefti-
cules quelque temps après leur naif-
fance , & qui furvivent à cette opération
fi dangereufe à cet âge , deviennent
des bœufs plus grands , plus gros , plus
gras que ceux auxquels on ne fait la
caftration qu à deux , trois ou quatre
ans 5 mais ceux - ci paroillent conferver
plus de courage & d'adivité , & ceux
du Bœuf. 1 9 1
ne la fufailTènt qu’à l’âge de fix ,
ou huit ans ne perdent prefque
Ken des autres qualités du fexe mafculin ,
* ^ ^ont plus impétueux , plus indociles
les autres bœufs : & dans le temps
e la chaleur des femelles ils cherchent
encore à s’en approcher , mais il faut
avoir foin ({g les en écarter ; l’accou-
P ement & même le feul attouchement
ou bœuf , fait naître à la vulve de la
Vache des efpcces de carnolîtés ou de
Verrues , qu'il faut ■ détruire & guérir
en y appliquant un fer rouge -, ce mal
peut provenir de ce que ces bœufs
quoi! na que bijlournés ^ c’eft-à-dire,
auxquels on a feulement comprimé les
tefticules , & ferré & tordu les vaiffeaux
qui y aboutilîent , ne laiflbnt pas de
répandre une liqueur apparemment à
fmi purulente , & qui peut caufer
des ulcérés à la vulve de la vache
‘^^g^tîcrent enfuite en carno-
vach«'’CT
rfialent-. i ^ Communément en
I a plupart dans ce pays - ci re-
çoivent le taureau & deviennent pleines
19 2 Hijloire Naturelle
depuis le i 5 avril jufqii’au 1 ç juillét i
mais il ne laifle pas d’y en avoir beau-
coup dont la clraieur eft plus tardive ,
& d’autres dont la chaleur eft plus pré-
coce , elles portent neuf mois , &
mettent bas au commencement du di-
xième •, on a donc des veaux en quantité
depuis le 1 5 janvier jufqu’au 1 5 avril ,
on en a auffi pendant tout l’été affez
abondamment, & l’aOtomne eft le temps
où ils font le plus rares. Les lignes
de la chaleur de la vache ne font point
équivoques , elle mugit alors très - fré-
quemment & plus violemment que dans
les autres temps , elle faute fur les va-
ches , fur les bœufs , & même fur les
taureaux , la vulve eft gonflée & pro-
éminente au dehors -, il faut profiter du
temps de cette forte chaleur pour lui
donner le taureau -, Il on laifloit dimi-
nuer cette ardeur la vache ne retiendroit
pas auffi fùrement.
Le taureau doit être choifi , comme
le cheval étalon , parmi les plus beaux
de fon efpèce , il doit être gros , bien
fait & en bonne chair , il doit avoir
i’œil noir, le regard fier , le front ouvert,
du Bœuf. 1 5 j
^ tète courte , les cornes groflês , courtes
J noires , les oreilles longues & velues ,
e muffle grand , le nez court & droit ,
cou charnu & gros , les épaules & la
poitrine larges , les reins fermes , le dos
roit , les jambes grolTes & charnues ,
3 queue longue & bien couverte de
poil , 1 alure ferme & fùre , & le poil
rouge ( b). Les vaches retiennent fou-
vent dès la première , fécondé ou troi-
sième fois , & fl -tôt quelles font pleines
le taureau refufe de les couvrir , quoi-
qu il Y ait encore apparence de chaleur y
mais ordinairement la chaleur celle pref-
qtieauflîtot quelles ont conçu, & elles
^rulent auffi elles -mêmes les approches
du taureau.
Les vaches font auffi fujettes à avorter
îorfquon ne les ménage pas & qifon
les met à la charrue , au charroi; &c.
Il tant meme les foigner davantage» , &
les fume de plus près lorfqu elles font
pleines que dans les autres temps , afin'
, &c. il faut auffi les mettre
mftique. Paris ,
'Iquic J, Quadrupèdes t j
194 Hijîoire Naturelle
dans les pâturages les plus gras , &
dans un terrein qui , fans être trop hu-
mide & marécageux , foit cependant
très- abondant en herbe; fix femaines ou
deux mois avant qu elles mettent bas ,
on les nourrira plus largement qu'à l’or-
dinaire , en leur donnant à l’étable de
l’herbe pendant l’été , & pendant l’hiver
du fon le matin ou de la luzerne , du
fainfoin , &c. on ceflera aulli de les
traire dans ce même temps , le lait leur
efl; alors plus néceflàire que jamais pour
la nourriture de leur fœtus -, auffiy a-t-il
des vaches dont le lait tarit abfolument
un mois ou fix femaines avant qu’elles
mettent bas , celles qui ont du lait juf-
qu’atrx derniers jours font les meilleures
mères & les meilleures nourrices -, mais
ce lait des derniers temps eft générale-
ment mauvais & peu abondant. Il faut
les mêmes attentions pour l’accouche-
ment de la vache que pour celui de
la jument , & même il paroît qu’il en
faut davantage , car la vache qui met
bas paroît erre plus épuifée , plus fati-
guée qtie la jument •, on ne peut fe
clifpenfer de la mettre dans une étable
du Bœuf. I c)y
jeparee , où il faut qifelle foit chaude-
^^lent & commodément fur de la bonne
Kie , & de la bien nourrir , en lut
onnant pendant dix ou douze Jours
la farine de fèves , de blé ou dV
& T ’ f avec de leau falée ,
. oiidamment de la luzerne, du fain-
ou de bonne herbe bien mûre -,
rét"K?™^^ ordinairement pour la
, “ 3prcs quoi on la remet par
grès a la vie commune & au pâturace ,
leulemenr il faut encore avoir 1 atten-
tion de lui laifler tout fon lait pendant
es deux premiers mois , le veau profi-
tera davantage , & d’ailleurs le lait de
quaiitr™'^"'
On laiffè le jeune veau auprès de fa
jours
au’il P tjui piulfe teter auffi fou vent
f ^^^t)in ; mais il croît & fe
ortifie ajfez dans ces cinq ou fix jours
l’épuiferoit s’il ménager , car il
d’elIc; il fufK,-, /Pl-ijours auprès
tua de le lailler teter deux
lÿ-
1 9 Hijlaire Naturelle
ou trois fois par Jour , & fi Ton veut
îui faire une bonne chair & l’en grailler
promptement , on lui donnera tous les
Jours des oïufs cruds , du lait bouilli ,
de la mie de pain -, au bout de quatre
ou cinq femaines ce veau fera excellent
à manger : on pourra donc ne lailler
teter que trente ou quarante jours les
veaux qu’on voudra livrer au boucher ,
niais il faudra lailler au lait pendant
deux mois au moins ceux qu’on voudra
nourrir, plus on les lailfera teter, plus
ïls deviendront ^ros & forts j on pré-
férera pour les elever ceux qui feront
nés aux mois d’avril , mai & juin , les
veaux qui naiffent plus tard ne peuvent
acquérir allez de force pour réfiller aux
injures de l’hiver fuivanc , ils languilTent
par le froid , & périlTent prefque tous,
A deux , trois ou quatre mois on fé-
vrera donc les veaux qu’on veut nourrir,
St avant de leur ôter le lait ablolument,
on leur donnera un peu de bonne
herbe ou de foin fin , pour qu’ils com-
mencent à s’accoutumer à cette nouvelle
nourriture , après quoi on les féparera
tout-à-fait de leur mère ,& on ne les
du Bœuf tpy
îaiflçra point approcher ni à l’étable
au pâturage , où cependant on les
Jpenera tous les jours , & où on les laif-
eta du matin au foir pendant Tété ;
inais des <pje le froid commencera à
] "'•0 automne , il ne faudra
les iaiùer fortir que tard dans la ma-
J^inee & les ramener de bonne heure le
J ^ .pendant l'hiver , comme le
gtand froid leur efl: extrêmement con-
traire , on les tiendra chaudement dans
une etable bien fermée & bien garnie
de litière , on leur donnera , avec l’herbe
ordinaire , .du fainfofn , de la luzerne ,
&c. & on ne les laiflera Ibrtir que par
J temps doux ; il leur faut beaucoup
> P°t>r pafler ce premier hiver,
c eft le temps le plus dangereux de leur
vie , car ils fe fortifieront allez pendant
léte luivant , pour ne plus craindre le
troid du lecond hiver.
La vache eft à dix - huit mois en
pleine puberté , & le taureau à deux
‘L'euqri'ils puilVent déjà en-
tendre
nermPM- ” ^ ^ avant de leur
l re de s accoupler j ces animaux
liij
198 Hijloire Naturelle
font dans leur grande force depuis trois
ans jufqu’à neuf , après cela les vaches
& les taureaux ne font plus propres qu’à
être engraillës & livrés au boucher :
comme iis prennent en deux ans la plus
grande partie de leur accroillèmenr , la
duree de leur vie eft auffi , comme dans
la plupart des autres cfpèces d’animaux ,
à peu près de fepr fois deux ans , &
communément ils ne vivent guère que
quatorze ou quinze ans.
Dans tous les animaux quadrupèdes ,
la voix du mâle eft plus forte & plus
grave que celle de la femelle , & je ne
crois pas qu il y ait d’exception à cette
règle -, quoique les Anciens aient écrit
que la vache , le bœuf & même le veau
avoient la voix plus grave que le tau-
reau , il eft très -certain que le taureau a
la voix beaucoup plus forte , puilqu’il fe
fait entendre de bien plus loin que la
vache , le bœuf ou le veau : ce qui a
fait croire qu il avoit la voix moins grave,
ceft que fon mugilTement n’eft pas un
fon fimple , mais un fon compofé de
deux ou trois oétaves, dont la plus éle-
vée frappe le plus l’oreille 5 & en y
du Bœuf. 199
faisant attention , Ton entend en même
•^sinps xin fon grave , & plus grave que
celui de la voix de la vache , du hœuf
^ du veau , dont les mugifleraens font
aufli bien plus courts : le taureau ne
laïugit que d’amour , la vache mugir
Pjus fouvent de peur & d’horreur que
d amour , & le veau mugit de douleur ,
de befoin de nourriture & de defir de
fa mère.
Les animaux les plus pefans & les
plus parelPeux ne font pas ceux qui dor-
ment le plus profondément ni le plus
long-temps : le bœuf dort, mais d’un
fommeil court & léger, il fe réveille au
moindre bruit : il fe coucbe ordinaire-
ment fur le côté gauche , & le rein
ou rognon de ce côté gauche eft tou-
jours plus gros & plus chargé de grailTe
que le rognon du côté droit.
Les bœufs , comme les autres ani-
maux domeftiques , varient pour la cou-
leur -, cependant le poil roux par oit être
le plus commun , & plus il eft rouge ,
P us I eft cftimé : on fait cas auffi du
poi noir , & oc prétend que les bœufs
lous poil bai durent long -temps j que
2 00 Hijîoîre Naturelle
îes bruns durent moins & fe rebutent
de bonne heure -, que îes gris , les
pommelés & les blancs ne valent rien
pour le travail & ne font propres qu’à
être engraifles •, mais de quelque cou-
leur que foit le poil du bœuf, il doit
ctre luifant , épais & doux au toucher ,
car s’il eft rude , mal uni ou dégarni ,
on a raifon de fuppofer que l’animai
loLifîre , ou du moins cfu’il ifeH: pas
d’un fort tempérament. Un bon- bœuf
pour la charrue ne doit être ni trop
gras , ni trop maigre , il doit avoir lâ
tête courte & ramalTée , les oreilles
grandes , bien velues & bien unies , les
cornes forres , luifanres & de moyenne
grandeur, le front large , les yeux gros
& noirs , le muffle gros & camus ,
îes nafeaux bien ouverts , les dents blan-
ches & égales, les lèvres noires, le cou
charnu , les épaules grolles & pcfantes ,
ïa poitrine large, le fanon j c’eft-.\-dire,
la peau du devant pendante jufque fur
les genoux , les reins fort larges , le
ventre fpacieux & toinbant , les flancs
grands, les hanches longues, la croupe
épailTe , les jambes & les cuilTes groflcs
du Bœuf. 201
^ nerveufes •, îe dos droit & plein , la
'îueue pendante jufqu'à terre & gat-
de poils touffus & fins , les pieds
erines , le cuir grolîîer & maniable ,
mufcles élevés & longle court &
arge ; il faut auffi qu'il foit fenlible
J aiguillon , obéilTant à la voix & bien
telle mais ce n'eft que peu à peu ,
en s y prenant de bonne heure , qu’on
peut accoutumer le bœuf à porter le
volontiers , & à fe lailTer conduire
ailement : dès l’âge de deux ans &
demi ou trois ans au plus tard , il faut
commencer à l’apprivoifer & à le fub-
juguer j fi Ion attend plus tard il de-
vient indocile , & fouvent indomptable ,
a pMience , la douceur , & même les
careiles , font les feuls moyens qu^il
faw employer^ la force & les mauvais
traitemens ne ferviroient qu a le rebu-
ter pour toujours -, il faut donc lui
trotter le corps , le carefTer , lui donner
de temps en temps de l’orge bouilli ,
Stur?'" J t;onca{rees , & d’autres nour-
s de cette efpèce/ , dont il eft le
page «louYelle maifon mftique , tome T,
Iv
2 0 2 Nijîoire Naturelle
plus friand , & toutes mêlées de fcî
qu il aime beaucoup -, en même temps
on lui liera fouvent les cornes , quel-
ques jours après on le mettra au joug,
& on lui fera traîner la charrue avec
un autre bœuf de même taille & qui
fera tout drellé j on aura foin de les
attacher enfembie à la mangeoire, de
les mener de même au pâturage , afin
quils fe connoilTent & s’habituent à
n’avoir que des mouvemens communs ,
& l’on n’emploiera jamais l’aiguillon
dans les commencemens , il ne ferviroit
qu’à le rendre plus intraitable ; il faudra
auffi le ménager & ne la faire travailler
qu’à petites reprifes , car il fe fatigue
beaucoup tant qu’il n’efl; pas tout-à-fiit
dreffé , & par la même raifon , on le
nourrira plus largement alors que dans
les autres temps.
Le bœuf ne doit fervir que depuis
trois ans jufqu’à dix , on fera bien de
le tirer alors de la charrue pour l’en-
grailTcr & le vendre , la chair en fera
meilleure que fi l’on attendoit plus
long -temps. On reconnoît l’âge de cet
animal par les dents & par les cornes :
du Bœuf. 205
îes premières dents du devant tombent
dix mois 5 & font remplacées par
d autres qui ne font pas fi blanches &
font plus larges , à feize mois les
dents voifines de celles du milieu tom-
bent & font auffi remplacées par d'autres ,
^ ^ trois ans toutes les dents inci-
, es font renouvellées , elles font alors
égalés , Ion sues & aflez blanches •, à
titelure que le bœuf avance en âge elles
s ufent & deviennent inégales & noires :
c eft la meme chofe pour le taureau
& pour la vache , ainfi la caftration ni
le fexe ne changent rien à la crue &
à la chute des dents ■} cela ne change
rien non plus a la chute des cornes ,
car elles tombent également à trois ans
au taureau , au bœuf & à la vache , &
elles font remplacées par d’autres cor-
nes qui , comme les fécondés dents ,
ne tombent plus -, celles du bœuf &
de la vache deviennent feulement plus
grolTes & plus longues que celles du
taureau, l’accroiffement de ces fécondés
uni-
gai V
? la
I vj
cornes ne le tait pas d’une manière
orme & ^ar un développement é
la première année , c’eft - à - dire
2 04 Hijîoire Naturelle
^latrième année de l’âge du bœuf, il
lui pouffe deux petites cornes pointues,
nettes , unies & terminées vers la tête par
une efpèce de bourrelet, l’année fuivante
ce bourrelet s’éloigne de la tête , pouffé
par un cylindre de corne qui fe forme
& qui fe termine auffi par un autre
bourrelet , & ain/î de fuite , car tant
que l’animal vit , les cornes croiffent ■
ces bourrelets deviennent des nœuds
annulaires, quil eft aifé de diftinguer
dans la corne , & par lefquels l’âge fe
peut aifément compter , en prenant
pour trois ans la pointe de la corne
julqu au p^reinier nœud , & pour un an
de plus chacun des intervalles entre les
autres nœuds.
Le cheval mange nuit & jour , len-
tement , mais prelque continuellement ;
le bœuf au contraire mange vite &
prend en affez peu de temps toute la
nourriture qu’il lui faut , après quoi il
celle de manger & fe couche pour
• t^ette diftérence vient de la
dittérente conformation de l’eftomac
de ces animaux j le bœuf, dont les
deux premiers eftomacs ne forment
du Bœuf. 20 J
meme fac d’une très -grande ca-
à inconvénient prendre
3 fors beaucoup d’herbe & le rem-
P tr en peu de temps , pour ruminer
P ^ digérer à îoifir ; le cheval ,
JP ^^o™ac, ne peut y,
^ voir quune petite quantité d’herbe
on’ n luccelïïvement à mefure
& quelle palTe dans
la principalement
av. nourriture -, car
yant obferve dans le bœuf & dans le
cheval le produit fucceffif de la di-
ge ion , & fur -tour la décompofition
du^ loin , nous avons vu dans le bœuf
quau forcir de la. partie de la panfe ,
qui forme le fécond eftomac & qu on
appelle le honnec il eft réduir en une
elpece de pare verte , femblable à des
épinards hachés & bouillis ; que c’elî
fous cette forme qu’il eft reVnu &
contenu dans les plis ou livrets du
Z™/™' f°T;' “PP*"' ■'
Vmèti’f *compo&io„e„ eft
poS. « Z"“^. f “ H’
une , que le marc qui pafte
2o 6 Hijîoire Naturelle
dans les inteftins , au lieu que dans
le clieval le foin ne fe décompofe
guère , ni dans reftomac , ni dans les
premiers boyaux, ou il devient feule-
ment plus foiiple & plus flexible ,
comme ayant été macéré & pénétré de
la liqueur aétive dont il cft environné -,
qu’il arrive au cæcum & au colon fans
grande altération ; que c’eft principa-
lement dans ces deux inteftins , dont
l’énorme capacité répond à celle de la
panfe des ruminans , que fe fait dans
le cheval la décompofition de la nour-
riture , & que cette décompofition
n eft jamais auffi entière que celle qui
fe fait dans le quatrième eftomac du
bœuf.
Par ces mêmes confidérations & par
la feule infpeétion des parties , il me
fcnible qii il eft aifé de concevoir com-
ment fe fait la rumination , & pourquoi
le cheval ne rumine ni ne vomit , au
lieu que le bœuf & les autres animaux
qui ont plufieurs eftomacs , femblent
ne digérer l’herbe qu’à mefure qu’ils
ruminent. La rumination n’eft qu’un
vomilfement lans eftort , occafionné par
du Bauf. 207
H. du premier eftomac fur les
quil contient. Le bœuf rem-
P ces deux premiers cftomacs , c’eft-
^ /re , la panfe & le bonnet , qui n’eft
qu une portion de la panfe , tout autant
T'is peuvent l’être ; cette membrane
fl nf alors avec force
’r 1 herbe quelle contient , qui n’eft
très - peu mâchée , à peine hachée ,
ont le volume augmente beaucoup
par a fermentation : fi ralimenc étoit
liquide , cette force de contraiftion le
teroit paflei- par le troifième eftomac
qui ne communique à l’autre que par
un conduit étroit dont même l’orifice
itue a la partie poftéricure du pre-
? prefque aiiffi haut que celui
de lœfophagc-, ainfi , ce conduit ne
peut pas admettre cette aliment fec ou
du moins il n’en admet que la partie
la plus coulante , il eft donc néceffaire
que les parties les plus sèches remon-
tent dans lœfophage , dont l’orifice eft
plus large que celui du conduit -, elles v
le"mar^'^'^ ^“i'iialles remâche ,
falivp" inibibe de nouveau de fa
’ rend ainfi peu à peu l’alimenc
2oS Hijloire Naturelle
plus coulant , il le réduit en pâte aiTez:
liquide pour qu elle puiflTe couler dans
ce conduit qui communique au troi-
lième eftomac , où elle fe macère encore
avant de paflTer dans le quatrième ; &
c eft dans ce dernier eftomac que s’a-
chève la décompofition du foin qui
eft réduit en parfait mucilage : ce qui
confirme la vérité de cette explication ,
ceft que tant que ces animaux tètent
ou font nourris de lait & d’autres ali-
mens liquides & coulans , ils ne ruminent
pas , & qu’ils ruminent beaucoup plus
en hiver & lorfqu’on les nourrit d’ali-
mens fees , qu en été , pendant lequel
ils paillent l’herbe tendre ; dans le cheval
au contraire l’eftomac eft très-petit , l’o-
rifice de l’œfophage eft fort étroit, &
celui du pylore eft fort large ; cela feul
fuffiroit pour rendre impolîible la ru-
mination , car l’aliment contenu dans ce
petit eftomac , quoique peut-être plus
fortement comprimé que dans le grand
eftomac du bœuf, ne doit pas remonter ,
puifqu’il peut aifément defcendre par-
le pylore qui eft fort large -, il n’eft
pas même néceflaire que le foin foit
du Bœuf. 209
feduit en pâte molle & coulante pour
r force de contraâion de
‘ïironiac y pouffe raliment encore pref-
jjue fec , & il ne peut remonter par
^œiophage , parce que ce conduit eft
en comparaifon de celui du
pylore ; c eft donc par cette diftérence
generale de conformation que le bœuf
runune , & que le dxeval ne peut rii-
l'uner •, mais il y a encore une diffé-
rence particulière dans le cheval , qui
rait que non -feulement il ne peut ru-
miner, c’eft-à-dire, vomir fans effort,
mais même qu’il ne peut abfolument
vomir, quelque effort qu’il puiffe faire ,
c eft que le conduit de î’œfophage arri-
vant très -obliquement dans l’eftomac du
cheval, dont les membranes forment une
ÿaifleur confidérable , ce conduit fait
dans cette épaiffeur une efpèce de gout-
tière fl oblique , qu’il ne peut que fe
errer davantage , au lieu de s’ouvrir par
les convulfions de l’eftomac ('d ). Quoique
W.'del’édition
deferiprion de IVfti J® ’ ‘«nte-un volumes , I»
M. Bertin , dans ^ “««««" de
des Sciences , annu
2 10 Hijîoire Naturelle i
eette différence , auffi - bien que les ,
autres différences de conformatron qiéon
peut remarquer dans le corps des ani-
maux , dépendent toutes de la Nature
îorfqu elles font conftantes , cependant
il y a dans le développement , & fur-
tout dans celui des parties molles , des i
différences conftantes en apparence ,
qui néanmoins pourroient varier , &
qui meme varient par les circonftances j
îa grande capacité de la panfe du bœuf ,
par exemple , ifeft pas due en entier
à la Nature , la panle n’eft pas telle
par fa conformation primitive , elle
ne le devient que fucceftivement &
par le grand volume des alimens ; car
dans le veau qui vient de naître , &
meme dans le veau qui eft encore an
ïait & qui n'a pas mangé d’herbe , la ,
panfe , comparée à la caillette , eft
beaucoup plus petite que dans le bœuf :
cette grande capacité de la panfe, ne
vient donc que de l’extenfion qu’oc-
cafionne le grand volume des alimens ,
jen ai été convaincu par une expé- »
rience qui me paroît décifive. J’ai fait
nourrir deux agneaux de même âge
21 I
du Bœuf,
& fevres en même temps , l’un de pain
1 autre d’herbe -, les ayant ouverts au
ont cJuj-j ^ panfe de
lasnean m,;
j^gneau qui avoir vécu d’herbe , étok
eveiuie plus ^rande de, beaucoup que
panfe de celui ’ ■ ■ ■ ■
ue paiii.
qui avoir été nourri
n prétend que les bœufs qui man-
gent lentement réfiftent plus long- temps
3 u travail que ceux qui mangent vite ;
^ue les bœufs des pays élevés & fecs
lont plus vifs 5 plus vigoureux , &
plus fains que ceux des pays bas &
humides 5 que tous deviennent plus
lorts lorfquon les nourrit de foin fec
quand on ne leur donne que de
1 herbe molle-, qu’ils s’accourument plus
difficilement que les chevaux au chan-
gement de climat , & que par cette
railon Ion ne doit jamais acheter que
dans fon voifmage des bœufs pour le
travail
_ En hiver , comme les bœufs ne font
^ de les nourrir de paille
P es ouvrages on leur donnera
beaucoup plus de foin que de paille ,
1 1 2 Hijîoire Naturelle
& même un peu de fon ou davoîne ,
avant de les faire travailler -, leté, fi '
îe foin manque on leur donnera de
iherhc fraîchement coupée , ou bien
de^ jeunes pouiïes & des feuilles de
frene , d orme , de chêne , &c. mais en
petite quantité , l’excès de cette nout- j
riture , qu’ils aiment beaucoup , leur
caufant quelquefois un pillément de
; la luzerne, le fainfoin, la vefce, ,
loit en vert ou en fec , les lupins , les '
navets^ , 1 orge bouilli , &c. font aullî
de ^ très - bons alimens pour les bœufs j
il n eft pas néceflaire de régler la quan-
tité de leur nourriture , ils n’en prennent
jamais plus qu’il ne leur en faut , & (
ion fera bien de leur en donner tou- ,
jours alTez pour qu’ils en laHTent ; on
ne les mettra au pâturage que vers le
15 de mai , les premières herbes font
trop crues , & quoiqu ils les mangent
avec avidité, elles ne iaillent pas de
les incommoder j on les fera pâturer
pendant tout l’été , & vers le 1 5 oc-
tobre on les remettra au fourrage, en t
oblervant de ne les pas faire palTer
brufquement du vert au fec & du fec 1
du Bœuf. 21 ^
au vert , mais de les amener par degrés
c changement de nourriture,
onn ^ chaleur incommode ces
peut-etre plus encore que le
menVr pendant leté les
les ran dès la pointe du jour ,
es ramener à i’étahle ou les laiffer dans
sranrT^^ pâturer à l’ombre pendant la
l’oiivf^ ^ aleur , & ne les remettre à
du ^2tre heures
f loir -, au printemps , en hiver & en
automne on pourra les faire travailler
lans interruption depuis huit ou neuf
heures du matin jufqu’à cinq ou fix
autant de fom que les chevaux, cepen.-
ûant 11 Ion veut les entretenir fains &
vigoureux, on ne peut guère fe dif-
penfer de les étriller tous les jours,
de les laver eSt de leur grailTer la corné
des pieds , &c. il faut^uffi les faire
hoire au moins deux fois par jour ils
irchévlf ï‘
T ^val 1 aime trouble & tiède,
près leT'Smés & t
pour le b.«f, cepe^ndïnt^'^vSel
a 1 4 Hijîoire Naturelle
îait exige des attentions particuliètes j
tant pour la bien choilir qp.ie pour la
bien conduire : on dit que les vaches
noires font celles qui donnent le meilleur
lait , & que les blanches font celles qui
en donnent le plus , mais de quelque
poil que foit la vache à lait , il faut |
qu’elle foit en bonne chair , qu’elle ait
l’œil vif-, la démarche légère , quelle
foit jeune , & que fon lait foit , s’il fe '
peut, abondant & de bonne qualité; on
la traira deux fois par jour en été &
une fois feulement en hiver , & fi l’on
veut augmenter la quantité du lait , il I
nj aura qu’à la nourrir avec des alimenS
plus fucculens que de l’herbe. f
Le bon lait n’eft ni trop épais ni I
trop clair, fa confiftance doit être telle |
que lorfqu’on en prend une petite goutte
elle conferve fa rondeur fans couler , il i
doit auflî être d’un beau blanc , celui
qui tire fur le jaune ou fur le bleu ne
vaut rien , la laveur doit être douce , |
fans aucune amerrume & fans âcreté » I
il faut aulTi qu’il foit de bonne odeur t
ou fans odeur ; il eft meilleur au mois '
de mai & pendant l’été que pendanr
l’hi ^ ^
parfaitement bon que
eft trn ^ jeunes geniflTes
eft trn^ f^*’ ’ vieilles vaches
^'^op épais^^ ’ ^
lajt font r 'î*^^^ «iifteremes qualités du
iiioins 1 a la quantité plus ou
eaféeufefïr butireufes ,
le lait rrm aui le compofeiu -,
trop en rF ^ ‘î*’” ^onrfe
butireufa & feVes“lef“ J>*
enchJcur «?„; bôf ‘‘“”1
celui d’unf> , qt-'e
a une vache cfui approche de Ton
terme ouqut a m?s bas^ut peu ÏÏ
temps 0„ trouve dars le Lillèmé &
*US le quatncme cftomac A, veau oS
~ri-r«eSi‘r,.sf T
le IT; piül °ôn >*''? *’°“ “““
volume de froi^re
Les vaches les tœufs aiment
zï6 Hijloîre Naturelle
beaucoup le vin , le vinaigre , le feî >
ils dévorent avec avidité une falade af-
faifonnée ; en Efpagne & dans quel-
ques autres pays , on met auprès du
jeune veau à Tétable une de ces pierres
quon appelle falègres , & qu’on trouve
dans les mines de fel gemme , il lèche
cette pierre falée pendant tout le temps
que fa mère eft au pâturage , ce qui
excite fi fort l’appétit ou la foif , qu’au
moment que la vache arrive le jeune
veau fe Jette à la mamelle, en tire avec
avidité beaucoup de lait , s’engraifTe &
'croît bien plus vire que ceux auxquels
on ne donne point de fel ; c’eft pat
la même raifon que quand les bœufs
ou les vaches font dégoûtés , on leur
donne de l’herbe trempée dans du
vinaigre ou faupoudrée d’un peu de
fel , on peur leur en donner aufli
iorfqu’ils fe portent bien & que l’on
veut exciter leur appétit pour les en;
graiffer en peu de temps -, c’eft ordi-
nairement à l’âge de dix ans qu’on
les mer à l’engrais , fi Ton attend plus
tard on eft moins fur de réuflir ,
leur chair n’eft pas fi bonne p on peut
du Bœuf. 217
i engrais ^e
de îi,; °'^’”’ençant aux mois de mai ou
''oir eras av” P^e^ue iür de :ies
qu on®v! T'f d'oftobre : dès
de les Çngrailïcr , on ceffera
beaiJn. fera boire
fiera d« ^
aKn\î^ nourritures fucculentes en
Srtfei- r“^r^T
M lom ™'^°“ j' P”"". '« “"*ite
vaches , & mêmeïr" Les
nés , peuvent c'p .^^n^eaux biftour-
la ckfr de I > fixais
& ceiïe du ta ^èehe ,
rouge & ^^ftnnrné-eft plu
f efc ?"• i^ehairT
gréable&fo^^ un goût dcfa-
font fort ^
T ome I. Quadrupède! ^ k '
2 1 8 Hijîoire Naturelle
dans le temps qu’ils font en plein repos }
& comme l’on croit que cela les em-
pêche d’engraiirer , on a foin de fiotter
de leur fiente tous les endroits de leur
corps auxquels ils peuvent atteindre j
lorfqu’on ne prend pas cette précau-
tion , ils enlèvent le poil avec la langue,
qu’ils ont fort rude , & ils avalent ce
poil en grande quantité j comme cette
lubftance ne peut fe digérer , elle
refte dans leur eftomac & y forme
des pelottes rondes qu’on a appelées
égagropiles , & qui font quelquefois
d’une groflèur fi confidérable , qu’elles
doivent les incommoder par leur vo-
lume , & les empêcher de digérer par
leur féjour dans l’eftomac; ces pelottes
fe revêtent avec le temps d’une croûte
brune aflez folide, qui n’eft cependant
qu’un mucilage épaiffi , mais qui par le
frottement & la coétion devient dur &
iuifant , elles ne fe trouvent jamais que
dans la panfe •, & s’il entre du poil
dans les autres eftomacs , il n’y féjournC
pas , non plus que dans les boyaux »
il palîè apparemment avec le marc des
alimeas.
du Bœuf. 21 £>
Les animaux qui ont des dents inci-
j ’ ‘^omme le cheval & l’âne , aux
^ ^lachoites, btoutent plus aifément
courte que cçux qui manquent
rieur incilîves à la mâchoire fupé-
Jg ^ d le mouton & la chèvre
Qu’ifç^r^^”'' rres-près, c’eft parce
n,: petits & que leurs lèvres font
bœuf, dont les lèvres
i’herhp^f'^^* ’ brouter que
&c.eftpar cette railon
Sr leo' efT,' », P«»»ge
pincer, que 1 extrémité des jeunes heiies
*.,12 ^ , tres-peu l’accroilTcment ;
& dSrui I tiees
groffière,
quelques dait qu’au bout de
theval a vécu laquelle le
ti elt plus qu un mauvais
Kij
2 20 Hijioire Naturelle
prés au lieu que 'celle que le bœuf a
brouté devient un pâturage fin. -
Le'fpèce de nos bœufs qu’il ne
faut paÿ confondre avec celles de l’au-
rocks , du buffle & du bifon , parpît
erre ôtiginaire de 'nos climats tempérés ,
la grande chaleur 'les incommodant au-
tant que^ le froid excefflf j d’ailleurs
cette "tlpece , fi fondante en Europe ,
ne fe trouve point dans les pays méri-
dionaux -, & ne s’eft: pas étendue au-
delà de rArménie & de la Perfe (e )
en A(ie , & au-delà de l’Égypte ■& de
la Ratl)arie en Afrique j car aux Indés
aum-bien que dans le refte de l’A-
frique 5 & mênie en Amérique , ce
font des bifons qui ont une bofle fur
le dos J ou d autres animaux auxquels
les voyageurs ont donné le nom de
'bœuf , mais ^qui font d’une cfjaèce dif-
férente de celle de nos bœufs -, ceux
qu’on trouve au cap de Bonne -efpé-
rance & en pîufieurs contrées de l’A-
mérique, y ont été tranfpoités d'Europe
par les Hollandois & par les Elpagnols '■>
C 0 .Voyez le voyage de Chardin, tomt Û,
page 38.
du Bœuf. iît
peu^^r p^y® ”«■
L *^roids conviennent mieux à nos
fni f !i' P^^® chauds , & qu ils
oup \ gi^os & plus grands ,
ahn f eft plus humide & plus
Daneî"',^ pâturages. Les bœufs de
krain ^ Podolie , de’ TU-
les r delà Tartarie , qu habitent
^ands ^ Pl^*^
5 nds de tous^ ceux dlrlande , d’An-
^ Hongrie,
ae r rance & dEfpagne , & seux de
oiT aff^ Jes plus petits de tous ;
tiren^r'^ Holiandois
tirent tous les ans du Danemarck un
HoUànde bTa^o^p pTut de laTq^
Cf ) Voyez. le
toine I,page a « 7 ° Paris, ,
tome VU, page ,’f ' g*neialedes voyages .
Kiij
i 2 i Hijîoîre Naturelle
Charente , où on îes appelle vaches fiaK-
drines : ces vaches font en effet beau-
coup plus grandes & plus maigres que
les vaches communes , & elles donnent
une fois autant de lait & de beurre j elles
donnent auffi des veaux' beaucoup plus
grands & plus forts, elles ont du lait etf'
tout temps, & on peut les traire toute'
Tannée, à l’exception de quatre ou éinq‘
jours avant qu elles mettent bas , mais,
il faut pour ces^ vaches des pâturages
excellens ; quoiqu elles ne mangent guère
plus cpie les vaches communes , comme
elles font toujours maigres , toute la
lurahcndance de la nourriture fe tourne
en lait, au lieu que les vaches ordinaires
deviennent gralTes & ceflfent de donner
du lait des qu elles ont vécu pendant
quelques temps dans des pâturages trop
gras. Avec un taureau de cette race &
des vaches communes , on fait une
autre race qu’on appelle bâtarde , & qui
efl plus féconde & plus abondante en
iau que la race commune ; ces vaches
bâtardes donnent fouvent deux veaux
à la fois , & fournilTent du laft pen-
dant toute iannee ; ce font ces bonnes
du Bœuf, 233
^ partie des
ncheffes de la Hollande , d od il fort
pour des fommes confidé-
es de beurre & de fromage ces
3e es qui fournillent une ou deux fois
que les vaches de France*
■* onnent fix fois autant que celles de
barbarie /a)
F Tl ^
n Irlande, en Angleterre* en Hol-
lande, en SuilTe & dans le Nord, on
laie & on fume la chair du bœuf en
grande quantité, foit pour lufage de la
manne , foit pour l’avantage dü com-
merce , il fort auflî de ces pays une
grande quantité de cuits : la peau du
l’œuf, & meme celle du veau fervent,
comme Ion fait , à une infinité d’u-
ages , a graille efl: aulïï une matière
utile, on la mele avec le fuif du mou-
ton . le fumier du bœuf eft le meilleur
engrais pour les terres sèches & légères;
vaiffp'^^^d animal eft le premier
pour *'9'"' PU “ fcufflé
g aenter le Ion, la première
P^S‘ J I * • ^ ^ ** royage de M. Sha^ir , tome I ,
Kiii)
2 2 4 Uijîoire Naturelle , &c.
matière tranfparente que Ton ait em-
ployée pour faire des vitres, des lan-
ternes, & que l’on ait ramollie, tra-
vaillée , moulée pour faire des boîtes ,
des peignes & mille autres ouvrages: mais
finilldns, car l’Hiftoire Naturelle doit
finir où commence l’hiftoire des arts.
La brebis.
T ON ne peut guère douter que les
. ^oniiaux aftuellement domeftiques ,
do^^'^*' fauvages auparavant ÿ ceux
ot nous avons donné ITiiftoire en
ot ourni - la preuve , & l’on trouve
cote aujourdhui des chevaux , des
nés & des taureaux fauvages. Mais
omine , qut s’eft fournis tant de mil-
lions d individus , peut-il fc glorifier
d avoir conquis une feule efpèce entière ?
Comme, toutes ont été créées fans fa
participation, ne peur -on pas croire que
toutes ont eu ordre de croître & de
multiplier fans fon fecoursî Cependant,
I n" ■ r ^ ^«ention à la foiblelïë & i
te ftupidite de la brebis; fi l’on confi-
lans dete.Ÿ ne peut même trouver fon
lalut dans la fuite ; qu’il a pour ennemis
blïnr 1 carnaffiers , qui fem-
dévorer^ ^^J^ercher de préférence & le
efuèce ntnY d’ailleurs cette
P duit peu , que chaque individu
Kv
2 2 (S Hijîoire Naturelle
vit que peu de temps, &c. on ferotf
tente d imaginer que dès les comnien-
ceniens la litebis a etc confiée à la garde
de 1 homme , qu’elle a eu befoin de (a
protection pour lubfifter , & de les foins
pour fe multiplier , puifqu’en effet on
ne trouve point de brebis lauvagcs
dans les déferts -, que dans tous les lieux
où riiomme ne commande pas , le lion ,
le tigre, le loup régnent par la force
& par la cruauté \ que ces animaux de
fang & de carnage vivent plus long-
temps & multiplient tous beaucoup plus
que la brebis ; & qu’enfin , fi ion
abandonnoit encore aujourd’hui dans
nos campagnes les troupeaux nombreux
de cette efpèce que nous avons tant
multipliée , ils feroient bientôt détruits
fous nos yeux, &i’efpèce entière anéantie
par le nombre & la voracité des efpèces
ennemies.
II paraît donc que ce n’eft que par
notre lecours & par nos foins que cette
efpece a dure, dure & pourra durer en-
core: il paroît quelle ne fubfifteroit pas
par elle -meme. La brebis eft abfolumenr
lans reflourcc & lans défenfe ; le bélier
de là Brebis.
» '
î» a que de foibles armes , fon courage
” qu’une pétulance inutile pour lui-
uienie , incommode pour les autres » &
qu on détruit par la caftration : les mou-
^us font^ encore plus timides que les
tebis -, c eft par crainte qu’ils fe ralTem-
eut fi fouvent en troupeaux, le moin-
re bruit extraordinaire fuffit pour qu’ils
c précipitent & fe ferrent les uns contre
es ^ autres , & cette crainte eft accompa-
gnée de la plus grande ftupidité •, car ils
ne^favent pas fuir le danger, ilsfemblent
meme ne^ pas fentir l’incommodité de
leur fituation : ils reftent oii ils fe trou-
vent, à k pluie , à la neige, ils y demeu-
rent opiniâtrement, & pour les obliger
a changer de lieu & à prendre une route ,
il leur faut un chef, qu’on inftruit à
marcher le premier, & dont ils fuivent
tous les mouvemens pas à pas : ce chef
demeureroit lui -même avec le refte du
troupeau , fans mouvement , dans la
meme place , s’il n’étoit chaflTé par le
berger ou excité par le chien commis
eut garde , lequel fait en effet veiller
défendre, les diriger,
eparer , les raffembler & leur com-
Kvj
22 i Hijloire Naturelle
niuniquer les mouvemens qui leur maiM
quenr.
Ce font donc de tous les animaux
quadrupèdes les plus ftupides , ce font
5?” moins de relTource &
d inftinâ; ; les chèvres , qui, leur reflem-
Ment à tant d autres égards , ont beau-
coup plus de fentiment ; elles favent fe
conduire, elles évitent les dangers, elles
fe familrarifent aifément avec les nou-
veaux objets, au lieu que la brebis ne
lart ni fuir , m s’approcher; quelque be-
loin qu elle ait de fecour^ , elle ne vient
point a 1 homme aulli volontiers que la
les animaux
paroit erre le dernier degré delà timidité
ou de linfenfibrlité, elle fe lailfe enlever
Ion agneau fans le défendre, fans s’ir-
riter , fans ré/ifter & fans marquer fa
doÿeur par un cri diftérent du bêlement
ordfnarre.
Mais-cet animal lî chétif en lui- même ^
n dépourvu de fentiment, iî- dénué de
qualités intérieures , eft pour l’homme
iantmaUe plus précieux , celui dont l’u-
tiiîte eft la plus immédiate & h plus
étendue ; ieul il peut fuffire aux befdns
de la Brebis. 229
première néceffité, il fournit tout- à-
3 -fois de quoi fe nourrir & fe vêtir,
3ns compter les avantages particuliers
que l’on fait tirer du fuif , du lait , de
3 peau, & même des boyaux, des os
f kl animal , auquel il
^ni le qoe la Nature n’ait , pour ainfî
, nen accordé en propre , rien donné
que pour le rendre à l’homme.
L amour , qui dans les animaux eft le
^uiment le plus vif & le plus général ,
cit auffi le feul qui femble donner quel-
que vivacité , quelque mouvement au
belier, il devient pétulant , il fe bat , il
s élance contre les autres béliers , quel-
quefois même il attaque fon berger j
mais^la brebis, quoiqu’en chaleur, rien
paroit^pas plus animée , pas plus émue \
elle na qu autant dinftinéi qu’il en faut
pour ne pas refofer les approches du
male , p^our choifir fa nourriture & pour
reconnoître fon agneau. L’inftinél eft
dsutant plus fûr qriil eft plus machinal,
«.pour amfi dire, plus inné, le jeune
.agneau cherche lui- même dans un nom-
ux troupeau , trouve & faifit la mamelle
i 3 O Hijloire Naturelle
de fa mère fans jamais fe méprendrcr
Lon dit aufîî que ies moutons font
fei^ibles aux douceurs du chant, quils-
paiffent avec plus d’affiduiré , qu’ils fe
portent mieux , qu’ils engraiflent au fon
du clralumeau , que la mulîque a pour
eux des attraits ; mais i’on dit encore
plusfouvent, & avec plus de fondement,
qu’elle fert au moins à charmer l’ennui,
du berger , & que c eft à ce genre de
vie oiliye & folitaire que l’on doit rap-
porter l’origine de cet art.
Ces animaux, dont le naturel eft fi
fimple , font auffi d un tempérament
très-foibIe,iIs ne peuvent marcher long-
temps , les voyages les aftoibliftent & les
exténuent; dès qu’ils courent , ils pal-
pitent , & font bientôt eftouflés ; la
grande ciraleur , l’ardeur du foleil les in-
commodent autant que l’humidité , le
froid & la neige ; ils font fujets à grand
nombre de maladies , dont la plupart
font contagieufes ; la furabondance de la
grailTe les fait quelquefois mourir , &
toujours elle empêche les brebis de pro-
duire ; elles mettent bas difficilement
de la Brehis. z 5 j
«Iles avortent fréquemment & deman-
plus de foin qu’aucun des autres
^iimaux domeftiques.
Lorfque la brebis eft prête à mettre
5 il faut la réparer du refte du trou-
peau, & la veiller , afin d’être à portée
^ l’accouchement j l’agneau fc
Pfe ente fouvent de travers ou par les
pieds, & (jaiis ^es cas la mère court
ni que de la vie fi elle n’eft aidée ; lorf-
iju elle eft délivrée , on lève l’agneau &
l^^met droit fur fes pieds , on tire
en même temps le lait qui eft contenu
dans les mamelles de la mère •, ce pre-
mier lait eft gâté, & feroit beaucoup de
ma a 1 agneau , on attend donc qu’elles
le remplilfent d’un nouveau lait avant
que de lui permettre deteter-, on le tient
chaudement , & on l’enferme pendant
trois ou quarte jours avec fa mère pour
qu a apprenne à la connoître : dans ces
premiers temps, pour rétablir la brebis,
on ia nourrit de bon foin & d’orge
moulu ou de fon mêlé d’un peu de fel ,
T iT*' de l’eau un peu tiède
Lp " de blé, de
ou de millet -, au bout de quatre
2$z Hijloire Naturelle
ou cinq jours on pourra la remettre par
degres a la vie commune & la faire lortir
avec les autres ^ on oblervera leulement
de ne la pas mener trop loin pour ne
pas échaufter fon lait : quelque temps
apres , lorfque Tagneau qui la tette aura
pris de la force & qu il commencera à
bondir , on pourra lui laiiïèr fuivre fa
luère aux champs.
On livre ordinairement au boucher
tous les agneaux qui paroilTent foibles ,
& 1 on ne garde , pour lés élever , que
ceux qui font les plus vigoureux , les
plus gros- & les plus chargés de laine ;
les agneaux de la première portée ne
lont jamais u bons que ceux des portées
fuivantes : fi Ton veut élever ceux qui
nailTenr aux mois d oélobre j novembre »
décembre, janvier, février, on les garde
à 1 etable pendant 1 hiver, on ne les en
fait fortir que le foit & le matin pour
teter, & on ne les lailTe point aller aux
champs avant le commencement d’avril :
quelque temps auparavant on leur donne
tous les jouis un peu d’herbe, afin, de
les accoutumer peu à peu à cette nou-
velle nourriture. On peut les fevrer à
de la Brehis^ 235
ü'n^ mois , mais it vaut mieux ne le faire
qu à fix feinaines ou deux mois : on
prefcre toujours les agneaux blancs &
ans taches aux agneaux noirs ou tachés ,
3' laine Hanche fe vendant mieux que la
aine noire ou mêlée,
. caftration doit fe faire à Tâge de
cinq ou fix mois , ou même- un peu
plus tard, au printemps ou en automne,
dans un temps doux. Cette opération
le fait de deux manières : la plus ordi-
naire eft 1 incilion , on tire les tefticules
par louverture qu on vient de faire , &
on les enlève aifémenr -, l’autre fe fait fans
incifion , on lie feulement , en ferrant
fortement avec une corde, les bourfes
au-deffus des tefticules, & l’on détruit
par cette compreffion les vaiflèaux qui
y* aboutilïent, La caftration rend l’agneau
I malade & trifte , & I on fera bien de lui
donner du fon mêlé d’un peu de fel
pendant deux ou trois jours, pour pré-
venir le dégoût qui fouvent fuccède à
cet état.
A un an les béliers , les brebis & les mou-
rons perdent les deux dents du devant
ae la mâchoire inférieure -, ils manquent,
234 Hijloire Naturelle
les^ deux dents voifines des deux pre-
dlefr ^ ^ ans
es {ont toutes remplacées , elles font
* deviennent
B égalés & noires. On connoît auffi fâee
du Belier par les ^^rl■»/.t^ ^ii .i.
mTir!nc^e'"T'" T"^’ dès la
naillance, & croiflenr tous les ans d un
anneau jiifqifà iextrémfté de la vie
Communément les LreBis nont pas de
cornes, mais elles ont fur k
proéminences olTeufes aux mêmes et
droits ou nMlfcnt les cornes des Béliers
II y a cependant quelques Brebis qui ont
font "ffmS^SLrxtutTte
Ion. longues decbqoÛ’
Ber&T„7“ “ “I"' “11“ *s“é:
lers , & lorfqu il y a quatre cornes les
deux cornes extérieures font plus courtes
que les deux autres.
lagtd^dk tit^" d engendrer dès
^ de dix -huit mois, & à un an la
de la Brehis. 2 3 y
^rebis peut produire -, mais on fera bien '
attendre que la brebis ait deux ans , &
‘îtie le belier en ait trois , avant de leur
permettre de s’accoupler -, le produit trop
précoce , & même le premier produit
^piirtaux , eft toujours foible &
*‘°'^^^pt)nné. Un bélier peut aifément
ti re à vingt -cinq ou trente brebis : on
^ cnoifit parmi les plus forts & les plus
eaux de fon efpèce ; il faut quil ait
des cornes, car il y a des béliers qui
n en ont pas , & ces béliers fans cornes
font dans ces climats , moins vigoureux
& moins propres à la propagation. Un
eau & bon belier doit avoir la tête
rorte & grofle , le front large , les yeux
gros & noirs, le nez camus , les oreilles
grandes, le cou épais , le corps lono- &
élevé, les reins & la croupe larges, les
tefticules gros , & la queue longue ; les
meilleurs de tous font les blancs , bien
charges de laine fur le ventre , fur la
queue, fur la tête, fur les oreilles &
julque fur les. yeux. Les brebis , donc
touCeMa pLs^lr
et J T T longue, lapins foyeufe
, a P us blanche , font aufli les meilleures
2 5 6 ' Hijîoire Naturelle
pour la propagation, fur- tout fi eilesont
en meme temps le corps grand, le cou
ep^s & ia demardie légère. On obferve-
audi que celles qûi font plutôf maigceS'
que graflès, produifent pius ftîrement
que les autres.
La faifon de la chaleur des brebis eft
depuis le commencement de novembre
ju%. a la fin davnl -, cependant elles ne
laifi^ent pas de concevoir en tout temps,,
fi on leur donne, auflï-bien qu’au bé-
ixer, des nourritures qui les échaufiént,
comme de l’eau felée & du pain de che-
nevis. On les laifle couvrir trois oit
lepare du ^iier , qui s attache de préfe-
rence aux brebis âgées & dédaigne les
plus jeunes. Lon a foin de ne les pas
expofer à la pluie ou aux orajes dLs
le temps de 1 accouplement , l’humidité
les empeche de retenir, & uh coup de
tonnerre ufiit pour les foire avorter; Un
jour ou deux après qu’elles ont été cou-
&7on ^ commune,
Èîée do.fr f "^0 l’eau
lalee, dontlufoge continuel, auffi-bien
que celui du pain de chenevis & des
de la Brebis.
237
autres nourritures chaudes , ne manque-
pas de les faire avorter. Elles portent
^uiq mois, & mettent bas au commen-
cement du fixième •, elles ne produilent
^ uiarrement qu un agneau , & quel-
'-is deux : dans les climats chauds ,
^ es peuvent produire deux fois par an -,
^ats en France & dans les pays plus froids,
CS ne produifent qu’une fois l’année,
n donne le bélier à quelques-unes vers
^ nn de juillet 8c au commencement
cl août, afin d’avoir des agneaux dans le
mois de janvier , on le donne enfuite
a un plus grand nombre dans les mois
de leptembre , d’oéfobre & de novem-
m , & ion a des agneaux abondam-
ment aux mois de février , de mars &
d avril : on peut aufîi en avoir en quan-
tité aux mois de mai, juin, juillet, août
eptembre , & ils ne font rares qu’aux
moTS'd^oélobre , novembre & décembre.
3 rebis a du lait pendant fept ou huit
^ grande abondance , ce lait
e _une aRez bonne nourriture pour les
f,!*. fort bons fromages 5
ont cm le n-tclam àvec celui de vache.
i 5 ^ Jiifloire Naturelle
L heure de traire les Brebis efl: immédr^t'
tement avant quelles aillent aux clianips >
OU aulu-tot apres cju elles en /ont revC"
nues -, on peut les traire deux fois pat
jour en été, & une fois en liiver.
Les brebis engraillènt dans le temp*
quelles font pleines, parce quelle*
mangent plus alors que dans les autres
temps : comme elles fe blelTent fouvent
& qu eLes avortent fréquemment , elles
deviennent quelquefois ftériles , & font
allez fouvent des monftres ; cependant,
loiiqu eJes font bien lorgnées , elks
Pf^duire pendant toute leur vie»
ceft-a-drre, jufqcA l’âge de dix oU
douze ans -, mais ordinairement elles font
vieilles & maléficiées dès l’âge de fept
ou huit ans. Le bélier qui vit douze oU
, quatorze ans, n eft bon que jufqu’à huit
pour la propagation ; il faut le biftournet
a cet âge & i’engrailTer avec les vieille*
brebis. La chair du bélier, quoique bil"'
tourne Sc engrailTé , a toujours un maU'
vais goilt; celle de la brebis eft mollalle
& inhpide, au lieu que celle du mouton
eft la plus lûcculente & la meilleure de
toutes les viandes communes.
de la Brehis. 2.39
Les gens (^i veulent former un trou-
peau & profit, achettent des
rebis & rJes moutons de Tâge de dix-
nit mois ou deux ans -, on en peut
oiettre cent fous la conduite d’un feul
^rger : s il efl vigilant & aidé d’un bon
perdra peu -, il doit les pré-
^ er lorfqu’il les conduit aux champs ,
à I à entendre fa voix ,
e liiivre fans s’arrêter & fans s’écarter
ns les bles , dans les vignes , dans les
DOIS & dans les terres cultivées , où ils
ne manqueroient pas de caufer du dégât.
Les coteaux, & les plaines élevées au-
deüus des collines font les lieux qui
leur conviennent le mieux-, on évite de
les mener paître dans les endroits bas ,
humides & marécageux. On les nourrit
pendant l’hiver à l’étable, de fon, de
navets, de foin, de paille , de luzerne, de
lainfoin , de feuilles d’orme , de frêne , &c.
on ne lailfe pas de les faire fortir tous
es jours , a moins que le temps ne foit
tort mauvais , mais c’eft plutôt pour les
Jeto m!'" nourrir, & dans
ajiv- r-Vi faifon, on ne les conduit
âi'nps que fur les dix heures du
£■40 Hijîoire Naturelle
matin , on les y lailïè pendant quatre oiJ
cinq heures, après quoi on les fait Boire
& on les ramène vers les trois heures
après midi. Au printemps & en automne
au contraire , on les fait fortir auflîrôt
que le foleii a diffipé la gelée ou l’hu'
midite, & on ne les ramène qu^au folei!
couchant : il fuffit aullî dans ces deu^^
faifons ’de les faire Boire une feule fois
par jour avant de les ramener à fétaBIe;
ou il faut qu ils trouvent toujours du
fourrage, mars en plus petite quantité
qu çn hiver. Ce n eft que pendant f^té
qu ils doivent prendre aux champs toute
leur nourriture , on les y mène deux fois
par jour, & on les fait boire auflî dein^
fois ; on les fait fortir du grand matin»
on attend que la rofée foit tombée pouf
les iailfer paître pendant quatre ou cmcj
fleures, enfuite on les fait Boire & on les
ramène à la Bergerie ou dans quelqu autre
endroit à 1 ombre : fur les trois ou quatre
heures du foir, lorfque la grande cha'
leur commence à diminuer , on les mèn^
paître une fécondé fois jufqu a la fin du
jour -, il faudroit même les laillBr palfer
toute la nuit aux champs , comme on les
de la Brebis. 241
fait en Angleterre , fi l’on n’avoir rien à
taindre du loup , ils n'en feroient que
P us vigoureux , plus propres & plus
ains. Comme la chaleur trop vive les
•tcoinniode beaucoup , & que les rayons
ti O eu leuj etourdilTent la tête & leur
''^triges , on fera bien de
t ir les lieux oppofés au Ibleil , & de
™atin fur des coteaux ex-
^ l’aprcs-midi fur des
eaux expofts au couchant, afin qu’ils
aient en paiifant la tête à i’onibre de
eut corps -, enfin A fout éviter de les
aire pa er par des endroits couverts
dons“'^r’i* d’ajoncs, de char-
Sne’ * confervent leur
Dans les terreins fecs, dans les lieux
eleves ou le ferpoîet & les autres herbes
rf-^. meilleure qualité que
Èiidï T“ ““ *
foient faW ^ plaines ne
par™ ^""“1“ ''PWnes de b mer .
falées , & i?*'l herbes font
part auffi K mouton n’efb nulle
part auüi bonne que dans ces pacages
Tome I. (Quadrupèdes, L
242 Hijloire Naturelle
GU prés falés ; le lait des brebis y eft
aulîi plus abondant & de meilleur goût.
Rien ne flatte plus l’appétit de ces ani-
maux que le fel , rien aiiflâ ne leur eft
plus falutaire , lorfqu’il leur efl; donne
modérément -, & dans quelques endroits
on met dans la bergerie un lac de fel ou
une pierre falée qu’ils vont tous lécher
tour à tour.
Tous les ans il faut trier dans le trou-
peau les bêtes qui commencent à vieillir ,
&: qu’on veut engrailTer : comme elles
demandent un traitement diftérent de
celui des autres , on doit en faire un
troupeau féparé ; & fi c’eft en été , on
les mènera aux champs avant le lever
du foleil , afin de leur faire paître l’herbe
humide & chargée de rofée. Rien ne
contribue plus à l’engrais des moutons
que l’eau prife en grande quantité , &
rien ne s’y oppofe davantage que l’ardeur
du foleil ainfi , on les ramènera à la
bergerie fur les huit ou neuf heures du
matin avant la grande chaleur , & on
leur donnera du fel pour les exciter à
boire , on les mènera une fécondé fois
fur les quatre heures du foir dans le»
de la Brebis. 243
pacages les plus frais & les pins humides,
'^es petits foins continués pendant deux
ou trois mois fuftifent pour leur donner
^utes les apparences de l’embonpoint ,
& meme pour les engrailTer autant qu’ils
peuvent 1 être , mais cette graiffe qui ne
Vient que de la grande quantité d’eau
tpi ils ont bue , n’efl: , pour ainfi dire ,
^u une bouftiffure , un œdème qui les
croît périr de pourriture en peu de
temps , & qu’on ne prévient qu’en les
tuant immédiatement après qu’ils fe font
chargés de cette faulTe graiffe-, leur chair
meme , loin d avoir acquis des fucs &
pns de la fermeté, n’en eft fou vent que
plus infipide & plus fade ; il faut lorf-
qu’on veut leur faire une bonne chair ,
ne fe pas borner à leur laiüer paxre la
rofee & boire beaucoup d’eau, mais leur
donner en meme temps des nourritures
plus lucculentes que l’herbe. On peut
les engrailfer en hiver & dans toutes les
1 allons , en les mettant dans une étable
d’o^ra^i^ “ nourrilfant de farines
&c froment , de fèves ,
W. l "r d" exciter à
P US fouvenc & plus abondamment ;
Lij
2,44 Hijîoire Naturelle
mais de ([uelque manière & dans quelque
faifon qu’on les air engrailTés, il faut s’en
défaire auffitôc , car on ne peut Jamais
îes engraiffer deux fois , & ils périflent
prefque tous par des maladies du foie.
On trouve fouvent des vers dans le
foie des animaux , on peut voir la des-
cription des vers du foie des moutons &
des bœufs dans le Journal des Savans (a )
êc dans les Éphémérides d’Allemagne (/> J.
On croyoit que ces vers finguliers ne
fe trouvoient que dans le foie des ani-
maux ruminans , mais M. Daubenton
en a trouvé de tout l'emblables dans
îe foie de l’âne ('cj , & il eft probable
qu’on en trouvera de Semblables aulîi
dans le foie de plulieurs autres ani-
maux. Mais on prétend encore avoir
trouvé des papillons dans le foie des
moutons M. Roiiillé Minillre & Secré-
taire d’Érat des affaires étrangères , a eu
la bonté de me communiquer une lettre
r-j Année tG6S.
('^J Tome année iGyS Cf
( e). Voyez dans le tomt Vlll àe. cette Hifioire
Naturelle , del’éditionen trente -ui) volumes, la def-
çrif tiou de l’âne, ' ■
de h BreUs. 24 j
îui a été écrite en 1749 5 par M.
P "U eu 5 AVI*
achet de Beaufort , Doéteur en Méde-^
cine a Montier en Tarantaife , dont voici
extrait. Œ L'on a remarqué depuis long-
ïîioutons ( qui dans nos œ
pes font les meilleurs de l'Europe) »
maigriliont quelquefois à vue d'œil , cc
®yant les yeux blancs , chaffieux & con- œ
centres , le fang féreux , fans prefque cc
aucune partie rouge fenfible , la langue ce
aride & relTerrée , le nez rempli efun ce
mucus jaunâtre , glaireux & purulent , ce
avec une débilité extrême , quoique ce
mangeant beaucoup , & qu'enfin toute ce
i économie animale tomboit en déca- ce
dence. Plufieurs recherches exaêfes ce
ont appris que ces animaux avoient ce
dans le foie , des papillons blancs ce
ayant des ailes afforties, la tête femi- cc
ovale , velue , & de la grolTeur de c»
ceuY i4f>c i .
ceux des vers à foie : nlne dp fn^Yo^i-p ..
L iij
Hijloire Naturelle
Si on en a trouvé de petits , avec de
s> petits vers , dans le conduit cyftique.
» La veine-porte & la capfule de Glilïon ,
» qui paroilLent s’y manifefter comme
Si dans l’homme , cédoient au toucher le
Si plus doux. Le poumon & les autres
» vifccres étoient fains , &c. » Il feroit à
delirer que M. le Dodteur Cachet de
Beaufort nous eût donné une delcrip-
tion plus détaillée de ces papillons ,
afin d’ôter le foupçon qu’on doit avoir ,
que ces animaux qu’il a vus ne font que
les vers ordinaires du foie du mouton ,
qui font fort plats , fort larges , & d’une
figure fi fingulicre , que du premier
coup d’œil on les prendroit plutôt pour
des feuilles que pour des vers.
Tous les ans on fait la tonte de La
laine des moutons , des brebis & des
agneaux : dans les pays chauds , où l’on
ne craint pas de mettre l’animal tout-à-
fait nu , l’on ne coupe pas la laine , mais
on l’arrache , & on en fait fouvent deux
récoltes par an -, en France , & dans les
climats plus froids , on fe contente de
la couper une fois par an , avec de
grands cifeaux, & on lailTe aux mourons
de la Brebis. 247
'ine partie de leur toifon , afin de les
garantir de Ifintempérie du climat. C’efb
3u mois de mai que fe fait cette opé-
ration , après les avoir bien lavés , afin
de rendre la laine auffi nette qu elle peut
1 etre ; au mois d'avril il fait encore trop
troid 5 & fi l’on artendoit les mois de
juin & (Je juillet , la laine ne croîtroit
pas aflèz pendant le refte de l’été , pour
les garantir du froid pendant l’hiver. La
lame des moutons eft ordinairement plus
abondante & meilleure que celle des
brebis -, celle du cou & du delTus du
dos eft la laine de la première qualité ,
celle des cuilTes , de la queue , du ventre ,
de la gorge , &c. n eft pas fi bonne , &
celle que l’on prend fur des bêtes mortes
DU malades eft la plus mauvaife. On
préféré auffi la laine blanche à la grife ,
à la brune & à la noire , parce qu’à la
teinture elle peut prendre toutes fortes
de couleurs : pour la qualité , la laine
lifte vaut mieux que la laine crépue -, on
prétend même que les moutons dont la
frifée , ne fe portent pas
I len que les autres. On peut encore
cirer des moutons un avantage confidé-
248 Uijloire Naturelle
rable, en les faifant parquer, c’eft-à-drre
en les laillant féjourner fur les terres
qu on veut améliorer : il faut pour cela
enclorre le terrein , & y renfermer le
troupeau toutes les nuits pendant Tété *,
le fumier , 1 urine & la chaleur du corps
de ces animaux ranimeront en peu de
temps les terres épuifées, ou froides Si
infertiles cent moutons amélioreront ,
en un etc , huit arpens de terre pour
fx ans.
Les Anciens ont dit que tous les ani-
maux ruminans avoient du fuif ^ cepen-
dant cela n’eft exaélement vrai que de
la chcvre & du mouton , & celui du
mouton eft plus abondant , plus blanc ,
plus fec , plus ferme & de meilleure
qualité qu aucun autre. La graillé diffère
du fuif en ce qu’elle refte toujours
molle , au lieu que le fuif durcit en fe
refroidillànt. C eft fur - tout autour des
reins que le fuif s’amalTe en grande
quantité , & le rein gauche en eft tou-
jours plus chargé que le droit -, il en
a auffi beaucoup dans l’épiploon & au-
tour des inteftins , mais ce fuif n’eft pas
à beaucoup près auffi ferme ni auffi bon
de la Brehis. 249
*îue celui des reins , de la queue & des
^Wres parties du corps. Les moutons
pas d’autre graiffe que le fuif , &
t*^d^ domine fi fort dans l’habi-
u e de leur corps , que toutes les ex-
fan^^'*^^* chair en font garnies •, le
’§ Weme en contient une aflez grande
^antite , & la liqueur féminale en eft
’ qu’elle paroît être d’une
^nliltance diiférente de celle de la li-
queur fenunale des autres animaux : la
hqueur de l’homme , celle du chien ,
celle de tous les animaux qui n’ont pas
de ftuf, fe liquéfié par le froid, fe délaie
ai air , & devient d’autant plus fluide
quil y a plus de temps quelle eft fortie
du corps de I animal -, la liqueur féminale
du belier, & probablement celle du bouc
J des autres animaux qui ont du fuif,
au heu de fe délayer à l’air , fe durcit
avS'Ta liquidité
rence^e‘'^^ur’^’ ^ reconnu cette diffé-
liqueuts"f— au microfcope ces
fiïï queîm ■’ ^’élier fe
fortie du corS"°”î'
'-urps , Sc pour y voir les
L V
2^0 HiJIoire Naturelle
molécules organiques vivantes qu'elle
contient en prodigieufe quantité , il faut
chantier le porte-objet du microfcope ,
afin de k conferver dans fon état de
fluidité.
Le goût de k chair du mouton , k i
finetïb de k laine , k quantité du fuit , i
& même k grandeur & k groflèur du 1
corps de ces animaux varient beaucoup
fuivant les diftérens pays. En France ,
le Berri eft k province où ils font plus
abondans ; ceux des environs de Beauvais
font les plus gras & les plus chargés de
fuif , aufli-bien que ceux de quelcpies
autres endroits de k Normandie ; iis font '
très - bons en Bourgogne , mais les meil-
leurs de tous font ceux des côtes fablon-
neufes de nos provinces maritimes. Les
laines d’Italie , d’Efpagne , & même
d’Angleterre , font plus fines que les
laines de France. Il y a en Poitou , en
Provence , aux environs de Bayonne ,
& dans quelques autres endroits de k
France , des brebis qui paroiflent être
de races étrangères , & qui font plus
grandes , plus fortes & plus chargées de
laine que celles de k race commune ; |
de la Brehis
2JI
ces bceLis produifent auffi beaucoup
plus que les autres , & donnent fouvenc
deux agneaux à îa fois ou deux agneaux
par an , les béliers de oette race engen-
drent avec les brebis ordinaires , ce qui
produit une race intermédiaire qui par-
^ipe des deux dont elle fort. En Italie
en Efpagne , il y a encore un plus
grand nombre de variétés dans les races
, ebis, mais toutes doivent être re-
^rdees comme ne formant qu une feule
& même efpèce avec nos brebis , &
cette efpèce fi abondante & fi variée n«
setend guère au-delà de f Europe. Les
animaux à longue & large queue , qui
lont communs en Afrique & en Afie ,
& auxquels les voyageurs ont donné le
nom de moutons de Barbarie , paroilTent
être d'ime efpèce différente de nos mou-
tons, adli-bien que la vigogne & le lama
G Amérique.
Comme la laine blanche eft plus efti-
mee que la noire , on détruit prefque
taJhé's'^^' agneaux noirs ou
prefiiè y a des endroits où
%■ f brebis font noires ,
^ P‘ out on voit fouvent naître d’un
Lvj
Hijloire Naturelle,&c.
bélier blanc & d’une brebis blanche des
agneaux noirs. En France , il n’y a que
des moutons blancs , bruns , noirs Sc.
tachés -, en ^ Efpagne , il y a des moutons
roux ; en Ecollè , il y en a de jaunes >
mais ces différences & ces variétés dans
la couleur font encore plus accidentelles
que les différences & les variétés des
races , qui ne viennent cependant que
de la différence de la nourriture & de
l’influence du climat.
I
La CHÈV RE.
^ Q U E les efpèces cîatis ies
anuTiaux foient toutes féparées par
intervalle que la Nature ne peut
ranchir , quelques-unes femblentfe rap-
proc er par un Ci grand nombre de
apports , qu*H ne reRe , pour alnfi dire ,
entr elles que lefpace nécelTaire pour
nrer la ligne de réparation ^ & lorfque
nous comparons ces efpèces voifines ,
& que nous les coniidérons relativement
â nous , les unes fe préfentent comme
des efpcces de première utilité, & les
autres femblent nêtre que des efpèces
auxiliaires , qui pourroient , à bien des
égards, remplacer les premières, & nous
iervir aux mêmes ufages. L’âne pourroit
prefqiie renjilacer le cheval; & de même,
> iefpece de la brebis venoit à nou
comnï
g»* abondancV-, Æ
2J4 l'JiJîoire Naturelle
fuif en quantité : Ton poil , quoique pîuS
rude que la laine , fert à faire de très-
bonnes étoffés la peau vaut mieux que
celle du mouton : la chair du chevreau
approche aflez de celle de l’agneau , &c-
Ces efpèces auxiliaires font plus agtefteS ,
plus robuftes que les elpcces principales j
iane & la chevre ne demandent pas
autant de foin que le cheval & la brebis :
par -tout ils trouvent à vivre & broutent
egalement les plantes de toute elpèce >
les herbes grolîicres, les arbriffeaux char-
gés d’épines ; ils font moins affedés de
1 intempérie dii climat , ils peuvent mieux
le palier du fccours de l’homme : moins
ils nous appartiennent , plus ils femblent
appartenir à la Nature ; & au lieu d’i-
maginer que ces efpèces fubalternes n’ont
été produites que par la dégénération
des efpècK premières , au lieu de re-
garder l’âne comme un cheval dégé-
néré , il y àuroit plus de raifon de dire
que le cheval eft un âne perfedionné -,
que la brebis n’eft qu’une efpèce de
chèvre plus délicate que nous avons foi-
gnee , perfedionnee , propagée pour
notre utilité, & qu en général les efpèces
de la Chèvre. 255
îes plus parfaites , fur -tout dans les ani-
domeftiques , tirent leur origine
e lefpece moins parfaite des animaux
auvages qui en approchent le plus , la
«ure feule ne pouvant faire autant que
^ ^ l’homme réunis.
Vuoi qu’il
en fort , la chèvre eft une
^ pece diftindte , & peut-être encore
P us éloignée de celle de la brebis , que
'h ^ celle du
e\ al. Le bouc s accouple volontiers
avec la brebis , comme râne avec la ju-
ment, & le bélier fe joint avec la chèvre,
comme le cheval avec l’ânelle ^ mais
quoique ces accouplemens foient alléz
requens , & quelquefois prolifiques ,
Il ne s eft poinr formé d’efpèce inter-
mediaire entre la chèvre & la brebis •
ces deux cfpéces font diftinftes , de-
meurent CQnftamment féparées & tou-
jours à la même diftance lune de l’autre ;
elles n ont donc point été altérées par
ces mélangés, eUes n ont point fait de
ouvelles louches, & de nouvelles races
cme elles n’ont produit
n’infliip erences individuelles , qui
n influent pas fur l’unité de chacune des
2^6 Hijîoire Naturelle
e/peces primitives , & qui confirineiif
au contraire la réalité de leur difi'érence
caraârériftique.
Mais il y a bien des cas où nous ne
pouvons ni diftinguer ces caraélères , ni
prononcer fur leurs différences avec aU"
tant de certitude •, il y en a beaucoup
d autres où nous fommes obligés de fui-
pendre notre jupment , & encore une
infinité d autres iur lefquels nous n’avons
aucune lumière j car indépendamment
tie l’incertitude où nous jette la contra-
riété des témoignages fur les faits qcii
nous ont été tranfmis , indépendamment
du doute qui refuire du peu d’exaéritude
de ceux qui ont ebfervé la Nature , le
plus grand obftacle qu’il y ait à l’avan-
cement de nos connoillances, eft l’igno-
rance prefque forcée dans laquelle nous
fommes d un très - grand nombre d’effets
que le temps feul n’a pu préfenter à nos
yeux, & qui ne fe dévoileront même à
ceux de la poftérité que par des expé-
riences & des obfervations combinées 5
en attendant , nous errons dans les ténè-
bres , ou nous marchons avec perplexité
entre des préjugés & des probabilités?
de la Chèvre. 257
choT^*^'' jufqu'à la poffibilité des
1 confondant à tout moment
d^ hommes avec les aétes
tent* exemples fe préfen-
gui foule ; mais fans en prendre
vofic^*^^ notre fujet , nous fa-
plen ^ bouc & la brebis s’accou-
r ^ produifent enfemble , mais per-
nous a dit encore s’il en réfulte
’ °n un animal fécond
qui puilTe faire fouche pour des géné-
raaons nouvelles ou femblables aux pre-
mières : de même , quoique nous fâ-
chions que le bélier s’accouple avec k
enf-rVi iguorons s’ils produifent
enfomble & quel eft ce produit -, nous
croyons que les mulets en général , c’eft-
à-dire , les animaux qui viennent du
mélange de deux efpèces diftérentes ,
font ftenles parce qu'il ne paroît pas
q le les mulets qui viennent de l’âne &
• ^ jtiment , non plus que ceux oui
ils viennent - dont
mal fondée opinion eft
DofirivempnF -, les Anciens difenc
P t que le mulet peut produire
2^8 HiJIoire Naturelle
à l’âge de fept ans , & qu’il produit ave^
la jument ( a) ^ ils nous difent que
mule peut concevoir , quoiqu’elle
puifiTe perfedionner fon fruit ( b ).
feroit donc nécellàire de détruire ou
confirmer ces faits , qui répandent
robfcurité fur la diftinélion réelle de*
animaux, & fur la théorie de la génS'
ration : d’ailleurs , quoique nous coU'
noilîîons alfez diftinctement les efpcce*
de tous les animaux qui nous avoifincnt >
nous ne favons pas ce que produirotf
leur mélange entr’eux ou avec des ani'
maux étrangers j nous ne fommes qu^
très-mal informés des juniars , c'eft-à-dire>
du produit de la vache & de l’âne >
ou de la jument & du taureau : noü*
ignorons fi le zèbre ne produiroit p3*
avec le cheval ou l’âne ; fi l’animal ^
large queue , auquel on a donné le no^
de mouton de Barbarie , ne produiroJ^
f aj Mulus fiptmnis implcre poteji, fi- jàm cW''
tguâ conjunius hinnum pr»crtavit. Arift. Hift.
lib. VI, cap. XXIV.
f^J rtagiu concipert quidem aliquando miilapotej^'
qnod jàm Ja^um ejî g j'ed ci\utrire atqne in fititni p^‘'
ditccn non potejl. Mas généra re interdùm potejl, ArW^"
de genciat. aiiima!. Ub. II, cap. VI.
de la Chèvre.
259
pas avec notre brebis •, fi le chamois
” ^ pas une chèvre fauvage , s’il ne
oriueroit pas avec nos chèvres quelque
^^‘■e ^ptermédiaire v ü les finges difte-
rent réellement par les efpèces , ou s’ils
f ^ 1 ’ comme les chiens , qu’une
cti e & même efpèce , mais varice par
^ a grand nombre de races différentes •,
O, J peut produire avec le renard
■V ^ ^ ^ produit avec la
yache , la biche avec le daim , &c. Notre
Ignorance fut tous ces faits eft , comme
je 1 ai dit , prefque forcée , les expé-
riences qui pourroient les décider de-
mandant plus de temps , de foins & de
epenfe que la vie & la fortune d’un
homme ordinaire ne peuvent le permet-
tre. J’ai employé quelques années à faire
des tentatives de cette efpèce ; J’en ren-
drai compte lorfque Je parlerai des mu-
lets ^ mais Je conviendrai d’avance quelles
ne m’ont fourni que peu de lumières ,
g que la plupart de ces épreuves ont
cte ians fucceB.
cependant la connoif-
rî animaux , la divifion
exade de leurs efpèces , & l’intelligence
2 (jo Uijîoire Naturelle
parfaite dé leur hiftoire ; de - là dépendei^^
auffi la manière de Técrire & Fart de 1^
traiter: mais puifque nous fommes priv^*
de ces connoiflirnces fi néceflâires à nott*
objet-, puifqu’il ne nous efi paspoflîble’
faute de faits , d’établir des rapports , ^
de fonder nos raifonnemens , nous
pouvons mieux faire que d’aller pas ^
pas , de confidérer chaque animal indi'
viduellement , de regarder comme de*
efpèces différentes toutes celles qui
fe mêlent pas fous nos yeux , & d’écrire
leur hiftoire par articles féparés, en noi'*
refervanr de les joindre ou de les fondre
enfemble , dès que , par notre propre
expérience , ou par celle des autres >
nous ferons plus inftruits.
C’eft par cette raifon que , quoiqu’'^
y ait plufieurs animaux qui reftemblen’'
à la brebis & à la chèvre , nous ne par-
lons ici que de la chèvre & de la brebi*
domeftiques. Nous ignorons fi les e^'
pèces étrangères pourroient produire ^
former de nouvelles races avec ces cfpècc*
communes. Nous fommes donc fondé*
à les regarder comme des efpèces diffé-
rentes , jufqu’à ce qu’il foit prouvé
de la Chèvre. 2 g" i
individus de chacune de
avec peuvent fe mêler
^ telpece commune , & produire
^autres individus qui produiroient en-
j.' caractère feul conftituanc la
pèlèr r ' ^P'
dans*" i les animaux cpie
les végétaux.
rrn-, ^ a de fa nature plus de fen-
^ teffource que la brebis ,
f ^1 homme volontiers , elle fe
tamibanfe aifemenc , elle cft fenfible aux
carelTes & capable d'attachement ; elle
eft auffi plus forte plus légère , plus
agile & moins timide que la brebis i elle
vive 5 capricieufe , lafcive & vaea-
bonde. Ce n'eft qu’avec peine qu’on la
conduit, & qu’on peut la réduire en
troupeau ; elle aime à s’écarter dans les
loiitudes , à grimper fur les lieux efcar-
P«, a le placer & même à dormir fur
la pointe des rochers & fur le bord des
emn?(f ' ’ avec
s’accouple avec ar-
elle eft robuie“a?fi;r'^°'-"' ’
>»«ieshc,b;si“^„rc:eifrri
2(3 2 Hijîoire Naturelle
y en a peu qui l’incommodent. Le
pérament , qui dans tous les anim^i'^
influe beaucoup fur le naturel , ne
roît cependant pas dans la chèvre dinf
ter eflentiellement de celui de la brel^'*’
Ces deux efpcccs d’animaux , dont l^J
ganifation intérieure eft prefque enP^
rement femblable, fe nourriffent, crov
fent & multiplient de la même manier^'
êc fe reffemblent encore par le cara£l:èr|
des maladies , qui font les mêmes >
l’exception de quelques-unes auxquel|^
la chèvre n’eft pas fujette -, elle ne craij'*
pas , comme la brebis , la trop gran4,
chaleur •, elle dort au foleil, & s’expol''
volontiers à fes rayons les plus vifs , fa”*
en être incommodée , & fans que ceP^
ardeur lui caufe ni étourdiflemens » ”
vertiges ; elle ne s’effraie point des orag^*’
ne s’impatiente pas à la pluie, mais cP’
paroîr être fenlîble à la rigueur du fro!”'
Les mouvemens extérieurs , lefqueh ’
comme nous l’avons dit , dépende”'
beaucoup moins de la conformation f.
corps , que de la force & de la vati”^
des fenlations relatives à l’appétit &
délit , font par cette raifon faeaucP^'t
de la Chèvre. 26^
, beaucoup plus vifs dans
tanr ^ brebis. L’inconf-
réoi^ naturel fe marque par l’ir-
^ gnlarTC de fes avions -, elle marche ,
eljp ^ elle court , elle bondit ,
niontrrV ® s’éloigne , fe
caprice comme par
due n * autre caufe déterminante
feiufn^^^^ vivacité bizarre de fon
des & toute la fouplelle
fifent nerf du corps fiif-
P dké dr'""" Pétulence & à k ra-
Ltek lui font
fon? nar
o?e amts de fhomme , &
que dans les lieux inhabités, ils ne de-
viennent point fauvages. En 1698 , un
vaifleau anglois ayant relâché à l’ÎIe de
'‘ff * fe ptéfentèreK
autant aux Anglois
S- Vetèi
S y etoient multipliés jufqu’à
264 Hijlolre Naturelle
devenir incommodes , & que loin
donner beaucoup de peine à les pren^
dre , ils fuivoient les hommes avec
forte d'obftinatiou , comme les animaü’*
domeftiques ( c J.
Le bouc peut engendrer à un an » ^
la chèvre dès l’âge de fept mois -, rntU**
les fruits de cette génération précoc^
font fûibles & défeétueux , & l’on attend
ordinairement que l’un & l’autre aiefl'
dix-huit mois ou deux ans avant de Id'^
permettre de fe joindre. Le bouc cft n’'
ad'ezbel animal, très -vigoureux & très'
chaud : un feul peut fufîire à plus, de cei|^
cinquante, chèvres pendant deux ou tro>S
mois : mais cette ardeur qui le confuni^
ne dure ejue trois ou quatre ans , &
animaux font énervés , & même vieuîf’
dès l’âge de cinq ou iîx ans. Lorfqi’^
l’on veut donc faire choix d’un bot"'
pour la propagation , il faut qu’il
jeune & de bonne figure , c’eft- à-dire»
âgé de deux ans , la taille grande ,
cou court & charnu la tête légère , 1^^
oreiKes pendantes , les cuilTes grofie® ’
C c J Voyez rhiftoire générale de? voyage* .-roj/is h
page jjîÿ,
les
de la Chèvre.
j^inbcs fermes , le poil noir , épais &
, la barbe longue & bien garnie,
ch^ ^ de choix à faire pour les
on peut obferver que
larp^^ ' le corps eft grand, la croupe
léJr’ I fournies, la démarche
loLc '} mamelles grolfes , les pis
inpil! ’ ^ touffu , font les
chai Idnt ordinairement en
&novl^K^ feptembre, odobre
lovmibre -, & meme pour peu qu elles
approchent du mâle en tout aWelm^
dles font bientôt Æfpofées à le recevom,
üans toutes les faifons : cependLt ellee
retiennent plus fûrement en automne, &
I on préféré encore les mois d oarobre &
de novembre par une autre raifon, c eft
cuvent de 1 herbe tendre iorfqu’ils
for''Ler“ch^ première
& mettent bar^" ’
fixième ell “mmencement du
nn mois’ou dno Petit pendant
compter envir^ ^marnes; ainfi fon doit
le temps auquel" ^
f nquel on les aura fait couvrir
Tome I. Quadrupèdes. ]vl
%66 Hijloire Naturelle
Sc celui où le chevreau pourra com'
mencer à paître.
Lorfqu’on les conduit avec îes moU'
tons , elles ne relient pas à leur fuite >
elles précèdent toujours le troupeau i H
vaut mieux les mener féparément paîtrC
ilir les collines , elles aiment mieux le*
lieux élevés & les montagnes , même
îes plus efearpées 5 elles trouvent autant
de nourriture qu’il leur en faut , dans
les bruyères , dans les friches, dans les
terreins incultes & dans les terres ftétiles!
il faut les éloigner des endroits cultivés >
les empêcher d'entrer dans les blés, dans
les vignes,^ dans les bois-, elles font un
grand dégât dans les taillis -, les arbres
dont elles broutent avec avidité les
jeunes poullês & les écorces tendres >
périflènt prefque tous -, elles craignent
îes lieux humides , les prairies maréca'
geufes, les pâturages gras ; on en élève
rarement dans les pays de plaines 5 elles
s y portent mal , & leur chair eft de maU"
vaife qualité. Dans la plupart des cli-
mats chauds , l’on nourrit des chèvres
en grande quantité , & on ne leur donne
point d’établc : en France , elles péri-
de la Chèvre. 2 . 6 y
P.” mettoit pas à l’abri
rîp I On peut fe difpenfer
il ‘donner de la litière en été, mais
fapt pendant l’hiver -, & comme
ojj les incommode beaucoup,
fumiet coucher fur leur
la . ?” fouvent de
cra. de
l’herbp^^T” mener aux champs ;
nerbe chargée de rofée , qui n’eft nas
honnc pour les mourons fait Lnd
Sociks"&’'t'''"h elles^font
pique robufc & <,„e|q„e
fo t, „ en peut guère conduire que TL-
quante. On le, Mre p„ rp^;/ ™
dant le, nerge, & !„ fti,,,,,, ff
uourtr, a I çrable , d'herbe, & de pénS
e ehoux , de navets & d’autres
qSdfi:,'‘fe ■ P>- S
entretenir e «”gmente -, & pour
abondance dé encore cette
boire , & q, i on les fait beaucoup
•falpêcre ou df» donne quelquefois du
mencer à içs rSt'
■^«5 traire quinze jours après
M ij
2 <5 8 Hijîoire Naturelle
qu’elles ont mis bas -, elles donnent du la^
en quantité pendant quatre à cinq mois»
& elles en donnent foir & matin.
La chèvre ne produit ordinairement
qu’un chevreau , quelquefois deux , très'
rarement trois, & jamais plus de quatre i
elle ne produit que depuis l’âge d’n”
an ou dix -huit mois, jufqu’à fept anS-
Le bouc pourroit engendrer jufqu’à cet
âge, & peut-être au-delà, fi on le mé'
nagcoit davantage ^ mais communément
il ne fert que jufqu’à l'âge de cinq anS-
On le réforme alors pour l’engraifléf
avec les vieilles chèvres & les jeunet
chevreaux mâles, que Ton coupe à i’âg«
de fix mois, afin de rendre leur chail
plus fucculente & plus tendre. On 1^*
engraiflé de la même manière que i’oi’
engrailTe les moutons -, mais , quelqnf
foin qu’on prenne, & quelque nourtf
turc qu’on leur donne, leur chair n’e^
jamais auffi bonne que celle du mouton »
fi ce n’eft dans les climats très -chauds»
où la chair du mouton eft fade &
mauvais goilt. L’odeur forte du bontt
ne vient pas de fa cJiarr , mais de fa pean-
On ne iailîè pas vieillir ces animaux >
de la Chèvre. 2(^9
pourroient peut - être vivre dix ou
ze ans ; on s en défait dès qu’ils ceffenc
’ & plus il font vieux, plus
j„ ^ ^ mauvaife. Communément
cenpnu^* ^ chèvres ont des cornes ,
nombre ’ quoiqu’en moindre
corn chcvres & des boucs fans
coiil T beaucoup par la
& H*' ‘î'-'S îes blanches
Snt rïl' montes ,
r celles qui donnent le plus de lait
h-I"? "o:~= font lespL fo„„ &
te plu, robtte de toute,. Ces aut
nouTtit’"' ™ i
pourrir, ne laiflent pas de faire un pro-
fit aflex confidérable -, on en vend la
^ Leur
cit eft plus fam & meilleur que celui de
4='*rfe'‘1
fait dp ' aifemenr , & l’on en
oontient™;*’"™ volume il ne
le» ne doh^''''' butireufes,
même par ’^^llent teter aifément ,
lait eft une ’ P^^*" l^l^uels leur
IbiK , comme ; elles
ms vaches & les brebis
Mii]
f
Z "JO Hijloire Naturelle
fiijettes à etre tetees par îa couleuvre» ^
encore par un oifeau connu fous le noui
de tete ~ chevfc ou crapaud -volant »
s attache à leur mamelle pendant la nuit ?
& leur fait, dit -on, perdre leur lait.
^ chevres nont point de dents in'
emves a^ la mâchoire fupérieure celles
de la mâchoire inférieure tombent & fe
renouvellent dans le mène temps & dans
je meme ordre que celles des brebis : les ,
nœuds des^ cornes & des dents peuvent |
indiquer 1 âge. Le nombre des dents n^eft i
pas conftant dans les chevres ■, elles en '
ont ordinairement moins que les boucs, f
qui ont auffi le poil plus rude , la barbe '
& les cornes plus longues que les- chèvres. ■
Ces animaux, comme les bœufs & les ‘
moutons , ont quatre eftomacs & rumi' |
nent : 1 elpcce en efl plus répandue que • '
celle de la brebis ; on trouve des chèvres
lemblables aux nôtres dans plufieui'S '
parties du monde j elles font feulement ■ I
plus petites en Guinée & dans les autres |
pays^ chauds -, elles font plus grandes en f
Molcovie & dans les autres climats froids, j
Les chèvres d Angora ou de Syrie , ^ ]
oreilles pendantes , font de la mêi»e \
le bouc .
-PL £■ P .
l.i: liOT^C BAXOOIIA.
de la Chèvre. lyt
'Espèce que les nôtres -, elles fe mêleiu &
produifent enfenifale j même dans nos
climats : le mâle a les cornes à peu près
suffi longues que le Bouc ordinaire , mais
dirigées & contournées d\me manière
dtfterente •, elles s*étcndenr horizontale-
*^ent de chaque côté de la tête , & for-
l'sent des fpirales à peu près comme
tire-bourre. Les cornes de la femelle
font courtes , & fe recourbent en arrière ,
en bas & en avant -, de forte qu’elles
aboutiflent auprès de i’œil, & il paroît
que leur contour & leur direction varient.
Le bouc & la chèvre d’ Angora , que
nous ayons vus à la Ménagerie du Roi ,
les ay oient telles que nous venons de les
décrire -, & ces chèvres ont , comme
prefque tous les autres animaux de Syrie,
le poil très -long, très -fourni, & fi fin
qu’on en fait des étoffes auffi belles ôc
auffi luftrées que nos étoftés de foie.
M iiij
Z"] Z Hijîoire Naturelle
LE COCHON,
LE COCHON DE SIAM^
E T
LE SANGLIER.
ou S mettons enfemble le cochon,
le cochon de Stam & le fangirer ,
parce que tous trois ne font qifune feuîe
& même efpèce -, l’un eft l’animal fau-
vage , les deux autres font l’animal do-
meftique, & quoiqu’ils diffèrent par
quelques marques extérieures, peut-être
aulïï par quelques habitudes , comme
ces différences ne font pas effèntielles ,
qu’elles font feulement relatives à leur
condition , que leur naturel n’efl pas
même fort altéré par l’état de domeffi-
cité , qu’enfin ils produifent enfemble
des individus qui peuvent en produire
d autres , caraéfere qui conftitue l’unité
& la confiance de l’efpèce , nous n’avons
pas du les féparer.
du Cochon, &c. 273
en^a [o»5 fmguliers -, refpèce
ifnU ’ ’ unique -, elle ell
^ lemble exifter plus folitaire-
d’au*” autre-, elle n'ell voifine
conCe regarder
telle ni comme accellbire ,
à cell'^'îf J cheval relativement
rf>h • Pefpèce de la chèvre
fuie ^ •’
comm. “ u"^ grande variété de races
comme celle du chien , elle participe de
pliifieurs efpeces, & cependant elle cüftère
eflentiellement de toums. Que cl^ a^i
Sir' 1 *“ ^ * P-“« fyt
a" SSI k “ fS “""«s
te dans les bornes dune formule , con-
fiderent avec nous cet animal, & voient
ÏL leurs méthode-
Pat les extrémités il „e relTemble pot^
qSu ï'“ par.
?oi.u à SS
pmrqlSu “ré'eCeî
qlS'SSt t”S •
point à ceux rr ■’ «e rciremble
Puifqu il ne She Mpèdes.
marche que fur deux doigts ,
M V
2 74 Hijloire Naturelle
& que les deux autres ne font ni déve-
loppés , ni pofés comme ceux des fifli'
pèdes , ni même allez alongés pour qu’il
puilTe s’en fervir. Il a donc des carac-
tères équivoques, des caradères ambi-
gus , dont les uns font apparens & leS
autres obfcurs. Dira- 1- on que c’eft unC^
erreur de la Nature •, que ces phalanges >
ces doigts , qui ne font pas alTez déve-
loppés à l’extérieur , ne doivent point
être comptés ? mais cette erreur eft conf-
tante, d’ailleurs cet animal ne relîènibl^
point aux pieds fourchus par les autres oS
du pied , & il en didère encore oar le*
caraderes les plus frappans 5 car ceux-ci
ont des cornes & manquent de dents
incifives à la mâchoire fupérreure j ils
ont quatre eftomacs, ils ruminenr, &c.
Le cochon n’a point de cornes , il a des
dents en haut comme en bas , il n’a qu’uH
cftomac , il ne rumine point -, il eft don^
évident qu’il n’eft ni du genre des foU'
pèdes , ni de celui des pieds fourchus ; H
n’eft pas non plus de celui des fijf pèdes >
puifqu il diftère de ces animaux non - feU'
lement par 1 extrémité du pied , mais en-
core par les dents, par l’eftomac , par les
du Cochon, &c. 27^
wteftins, par les parties intérieures de la
^ ieration,&c. Tout ce que l’on pourr oit
i ^ S[*^-fl lâit la nuance, à, certains
Sat s, entre folipèdes & les pieds
vipA ^ ^ d’autres égards entre les
^^Mpèdesi car il diffère
P , ^'^^folipedes que des autres, par
nombre des dents j il leur
inâchohres lalongement des
acnoires, ti na , comme eux , qu’un
pîrtm’. a “ eft beaucoup
P grand •, mais par une appendice
qui y tient , auffi~bien que patlapofition
tTedTf^'l' ' rapprocher des
fé nbl{ r illeurref-
rf;' ,1e par les parties extérieures
de la génération , & en même temps il
reffemble aux JÎJJÎpèdes par la forme de
jambes, pari-habitude du corps, parle
Z I r 8'“«o» Àril-!
fote eft le premier ra; qui ait divifé les
^ ^ Q.^^^d.rupedum auum nun» r
'j;-' '■ “«'S:S“ sï
Alla bifu.1
ores. capm unguU kabcant.ut
Vide, ut Me
Etdis nommantur, ut tqmts , mulut
M Vj
2 7 <3 Hijîoire Naturelle
animaux quadrupèdes en folipedes , pieds
fourchus & fiffipèdes j & il convient que
le cochon eft d’un genre ambigu ; mais
la feule raifon qu’il en donne , c’eft cpie
dans rillyrie , la Pœonie & dans quel-
ques autres lieux il fe trouve des co-
chons folipedes. Cet animal eft encore
une efpèce d’exception à deux règles
générales de la Nature, c’eft que plus les
animaux font gros, moins ils produifent ,
& que les fiffipèdes font de tous les
animaux ceux qui produifent le plus -, le
cochon , quoique d’une taille fort au-
delTus de la médiocre , produit plus
qu’aucun des animaux fiffipèdes ou au-
tres -, par cette fécondité , auffi-bien
que par la conformation des tefticules
ou ovaires de la truie, il femble même
faire l’extrémité des cfpèces vivipares , &
s’approcher des efpèces ovipares. Enfin
il eft en tout d’une nature équivoque y
anibiguë, ou, pour mieux dire, il pa-
rotr tel à ceux qui croient que l’ordre
Genus fane fuillum ambiguum eji; nam & in terr^
lliyrioritmf 6* inV(eonia,& nonnuîlis aliis locis
folipedes gignuntur, Aiiftot. de Hift. animal, lib. IX f
cap. I.
Cochon y &c. 277
%pothétique de leurs idées fait l’ordre
ia h ' ^ 5 & qui ne voient , dans
Do^ infinie des êtres , que quelques
^PP^'-^ns auxquels ils veulent tout
rapporter.
i* ’
de point en relTerrant la fphère
Un J ’^nre & en la renfermant dans
» étroit , qu’on pourra la con-
itte j ce n efl; point en la faifant acic
par des vues particulières qu’on faura la
f P pourra la deviner -, ce
neft point en lui prêtant nos idées qu’on
approfondira les deileins de Ton Auœur :
au lieu de relTeuer les limites de fa puif-
julque dans iimmenlité-, il faut ne rien
voir dimpoffible, s’attendre à tout, &
fuppofo que tout ce qui peut être, eft.
Les elpeces ambiguës , les productions
irregulieres, les êtres anomaux cefferont
font ° ^
pïnt fr- reml
luédiaires il ”®^ds , les points inrer-
mités • ces ^^''qrient auffi les extré-
mités . ces etres font pour l’efprit humain
278 Hijioire Naturelle
des exemplaires préeieiix , uniques , où
la Nature paroillànt moins conforme ^
elle -même, fe montre plus à découvert,
où nous pouvons reconnoître des carac-
tères finguliers , & des traits fugitifs qui
nous indiquent que fes fins font bien
plus générales que nos vues , & que fi
elle ne fait rien en vain , elle ne fait rien
non plus dans les defleins que nous lui
fuppofons.
En effet , ne doit -on pas faire des
réflexions fur ce que nous venons d’ex-
pofer ! ne doit-on pas tirer des induc-
tions de cette fingulière conformation
du cochon ! il ne paroîr pas avoir été
formé fur un plan original, particulier
& parfait, puifqtfil eft un compofé des
autres animaux ; il a évidemment des
parties inutiles , ou plutôt des parties
dont il ne peut faire ufage , des doigts
dont tous les os font parfaitement formés,
& qui cependant ne lui fervent à rien-
La Nature eft donc bien éloignée de
s aflùjettir à descaufes finales dans lacom-
pofition des êtres ; pourquoi n’y met-
troit-eiïe pas quelmiefois des parties
furabondantes , puilqu’elle manque fi
^ du Cochon^ &c. 279
^ des parties eflentielles ?
^efem&"J a- 1- il pas d'animaux privés
On ^ membres ! pourquoi veut-
Pq- chaque individu toute partie
oe autres & nécelhaire au tout ?
enfpi-niV*^ qu’elles fe trouvent
le, qu’elles ne fe nuifent pas,
p. J, \Puiflent croître fans obftacle &
s’oblitérer mutuelle-
pour ie derruri-e, tout ce qui peut fub-
^''1“^"'“=. «fe. ^^.nîr,
a-t-il , dans la plupaiT des êtres, moins
de parties relatives , utiles ou néceffaires ,
furabÎP'“^' ÿtftérentes, inutiles ou
urabondantes. Mais comme nous vou-
bns toujours tout rapporter à un certain
but , lorfque les parties n’ont pas des
ufages apparens , nous leur fuppofons
des ufages cachés , nous imaginons des
rapports qui n’ont aucun fondinent, qui
«exrftent point dans la nature des chifes
&qui ne fervent qu’à l’obfcurcir «
oe faifonc T,-. -i. “ luoicurcir : nous
la pbiIofo£^^^”"°"
l’objet, q»; _n’ dénamrons
des chofes 1 connoître le, comment
> la manière dont la îslature
2 8o HiJIoire Naturelle
agit -, & que nous fubftituons à cet objet
réel une idée vaine, en cherchant à de''
viner le pourquoi des faits , la fin qu’elle fe
propofe en agiffant.
C cft pour cela qu’il faut recueillit
avec foin les exemples qui s’oppofent
à cette prétention , qu’il faut inlifter fut
les faits capables de détruire un préjugé
auquel nous nous livrons pat
goût, une erreur de méthode que nous
adoptons par choix , quoiqu elle ne tende
qu’à voiler notre ignorance , & quelle
foit inutile , & même oppofée à la re-
cherche & à la découverte des effets de
la Nature. Nous pouvons , fans fortir
de notre fujet , donner d’autres exemples
par lefquels ces fins que nous fuppofons
lî vainement à la Nature , font évidem-
ment démenties.
Les phalanges ne font faites, dit- on,
que pour former des doigts ; cependant
il y a dans ^ le cochon des phalanges
inutiles , puilqu’elles ne forment pas des
doigts dont il puifle fe fervir ; & dans
les animaux à pied fourchu, il y a de
petits o% ( a) qui ne forment pas même
U) M, DâUbenton efl le premier qui ait fait cette decourerte»
du Cochon , &c. 281
cnr-li ’ ” sft-xl pas évident que dans le
de ^ ^ exécuté que la moitié
Dein«*n ^ autres à
Pemela-c.elle commencé?
trouve tine membrane qui fé
de h ■ ^ ^ produit de la génération
& rTe ^ jument , de la vacbxe
lUei-nK autres animaux 5 cette
œ us , elle eft faite, dit -on, pour rece-
*ns ir;”,3c fi»”
Vo.veànaftan.delxnxrLt.fS:':
"fft pas confidérable-, da„s TaTaX
OU elle eft peut-être plus abondante ouè
ins tout autre anijl . elle fe Si '
SS'eft pintes, & la capacité de rallal
proportion "7 ^ aucune
«embrane ïorfaT' “^^Jets. Cette
forme de cto^ff^^ poche en
quatorze piedo ’ longue de treize à
même douze Dmi”^ ^
pouces de diamètre. Faut -il.
282 Hijîoire Naturelle
pour ne recevoir que trois ou quatrfl
pinces de liqueur , un vaiflèau dont 1^
capacité contient plufieurs pieds cubes •
La veffie feule du fœtus , fi elle n'eut
pas été percée par le fond , fuffifoit pouï
contenir cette petite quantité de liqueur >
comme elle fuffit en effet dans rhomme >
& dans les efpèces d’animaux où ToH
n’a pas encore découvert l’allantoïde*
Cette membrane n’eft donc pas faite dan*
la vue de recevoir l’urine du fœtus ,
même dans aucune autre de nos vues î
car cette grande capacité eft non-feul^
ment inutile pour cet objet, mais au®
pour tout autre , puifqu’on ne peut pa®
même fuppofer qu’il foit poffible qu’elle
fe rempM'e , & que fi cette membrane
écoit pleine', elle formeroit un volume
prefque aulli gros que le corps de rani'
mal qui la contient , & ne pourroit pat
conféquent y être contenue : & comme
elle fe déchire au moment delanailïànce»
& qu’on la jette avec les autres mem'
branes qui fervoient d’enveloppe aU
fœtus , il eft évident qu’elle eft encore
plus inutile alors qu’elle ne l’étoit aupa'
ravant.
du Cochon , C’c. 285
des mamelles eft, dir-on ,
’ dans chaque efpèce d’animal , au
J ^ petits que la femelle doicpro-
ire & allaiter : mais pourquoi le mâle ,
naîJ^^ I produire, a-t-il ordi-
‘■‘letit le même nombre de mamelles ;
Q dans la truie , qui fouvent
> dix -huit, & même vingt petits ,
moif “''"ï mamelles , fouvent
is , & jamais plus î ceci ne prouve-
les nous pouvons juger des
ouvrages de la Nature , que Sus ne
Jvons pas lui prêter d’auffi petites
vues , la foire agir par des convenances
iiorales -, mais examiner comment elle
agit en effet , & employer pour la com
noitre , tous les rapports phyfiques que
nous prefente Timmenfe variété de^fo!
produdions? J’avoue que cette méthode,
oueÊ ^ 8U1 puiffe nous conduire à
quelques connoiflances réeUes eff în
s>'ê iw;
îa Nature .. dans
pies précéden^d"^
de rapplique, avee" T""'"
rr '1 r avec lucccs ; cependant ,
284 Hijloire Naturelle
au lieu de chercher à quoi fert la grande
capacité de railantoïde , & de trouver
qu’elle ne fert & ne peur fervir à rien 5
il eft clair qu’on ne doit s’appliquer qu’à
rechercher les rapports phyfiques qui
peuvent nous indiquer quelle en peut
être l’origine. En obfervant , par exemple»
que dans le produit de la génération
des animaux qui n’ont pas une grande
capacité d’eftomac & d’inteftins , l’allan-
toïde eft ou très -petite , ou nulle ; que
par conféquenr la produclion de cette
membrane a quelque rapport avec cette
grande capacité d’inteftins , &c. de même
en confidérant que le nombre des ma-
melles n’eft point égal au nombre des
petits , & en convenant feulement que
les animaux qui produifent le plus , font
auffi ceux qui ont des mamelles en plus
grand nombre , on pourra penfer que
cette produétion nombreufe dépend de
la conformation des parties intérieures
de la génération , & que les mamelles
étant auffi des dépendances extérieures
de ces memes parties de la génération »
il y a entre le nombre ou l’ordre de ces
parties & celui des mamelles 3 un rapport
du Cochon, &c, 285
^ * découvrir,
foute L - n indiquer la vraie
plus loin P"' de la fuivre
pécher r^’ ^opendant je ne puis m'em-
qoelque.raifoWe f"
fluaion n T ‘^^.P“PP°ler que la pro-
^ouformari 1®
génération CTue d’ «iténeures de la
f^e n’efl: nr>'^ j aucune autre caufe : car
dante des lim ^"1., 'ipandré plus abon-
lo .6»n^ l 2 Z: ‘ST
Puilque le cheval , le cerf Fe hr'^^V
Mie. ”'Ptocluir"n[q“e?p*éntn"‘ h""'
tandis que le chien? le cha /îFT '
animaux , aui nnnr > ^ d autres
quantité de’liqucur uSc "’f"*'
“eot à leur volîmie prlTr ’
«ombre. Ce nVn- ’ ^ ^ grand
fréquence de? Lr r" P^“^ *
"««abre dépend • F^Po^T
le cochon & le rh; ^ alluré que
d un feul accoiml ^^Poin que
^ produire en F ’’'• Pour produire ,
dlllce de nombre. La lonciie
‘‘"'ooplemcnt . „„ .
286 Hijîoire Naturelle
mieux dire, du temps de Témiffion
la liqueur féminale , ne paroît pas nO'’
plus être la caufe à laquelle on doi''^
rapporter cet effet -, car le cliien ne
meure accouplé long -temps que par^f
qu'il eft retenu par un obffacle qui na'‘
de la conformation même des parties >
& quoique le cochon n’ait point
ohftacle , & qu'il demeure accouplé pb'*
long -temps que la plupart des autres
animaux , on ne peut en rien conclut^
pour la nombreufe produétion , puis-
qu’on voit qu'il ne faut au coq qu't^’’
inftant pour féconder tous les œU^
qu’une poule peut produire en un mois*
J'aurai occafîon de développer davaa'
tage les idées que J’accumule ici , daii^
la feule vue de faire fentir qu’une fimp^
probabilité, un foupçon , pourvu qu^*
foit fondé fur des rapports phyliqueS ’
répand plus de lumière & produit pl^'*
de fruit que toutes des caufes final*^
réunies.
Aux fingularités que nous avons déj*
rapportées , nous devons en ajouter uO^
autre , c’eft que la grailfe du cocho^'
fft différente de celle de prefque tous 1^^
àe Cochon, &c. 287
meiu quadrupèdes, non-feule-
I animoF T dans le corps
^nimauv d^ l’homme &
‘^unime U de fuif,
uiélée avecî'^î • > &c. eft
dans le ^ ‘^g^iement ; le
«e fe tron &c.
: mafskTï^ extrémités de la
«'ê!é avec ïa ch JF ™
nhtés de la chair il h extré-
& forme rme eouct"““r P”-"""’
& continue entre !a chiifV i'*''*'”'®'
Le cochon a cela de 7 ^ ^ P^^"'
■baleine & les anrr^ . ba
dont la graille n’eP- cétacés ,
l=rfàpe%;f ^"““= cfpèce de
gtinde qucTès au?£“'“™V pI»
tie perd aucune rT c’ ^ que le cochon
ies autres animonv^ ® ptemiètes dents :
aux , comme le cheval
z8 8 HiJIoire Naturelle
râne , le bœuf , la brebis , la chèvre >
ie cliien , & même l’homme , perdent
tous leurs premières dents incifives ;
dents de lait tombent avant la puberté»
& font bien-rôt remplacées par d’autres •
dans le cochon , au contraire , les depi^^
de lait ne tombent jamais , elles croilTei’^
même pendant toute la vie. Il a lîx defl^^
au-devant de la mâchoire inférieure ’
qui font incifives & tranchantes ; ü ^
aulîî à la mâchoire fupérieure fix den'®
correfpondantes 5 mais par une impe^'
fection qui n'a pas d’exemple dans “
Nature , ces fix dents de la mâcbo^^
fiipérieure font d’une forme très-diu*''
rente de celle des dents de la mâchoif^
inférieure : au lieu d’être incifives & trai*'
chantes , elles font longues , cylindrique’
& émouffées à la pointe; en forte qu’elle*
forment un angle prefque droit aV^
celles de la mâchoire inférieure ,
qu’elles ne s’appliquent que très -obliqué
ment les unes contre les autres par leu^*
extrémités.
Il n’y a que le cochon & deux
trois autres cfpèces d’animaux qui ai£^
des défenfes ou des dents canines rrr*
alongé^® ’ '
, Cochon, 289
"Selles f dents
î«Phanc&L^ Dansré-
îindnques & elles font cy-
'^‘'>iîs le fa, , 0 . 1 - "l'^'f * quelques pieds \
^ourber?r
plates ’ eiîes
* neuf tranchantes , & j'en ai vu
font P. f longueur : elles
falvéole r& eTles"ont^''°fr
de f elé;htt Se -™‘- celles
mite fupérieure -, mal îtr u'""
vache marine nW de ^
mâclioire fupérieure ^ ^> à la
de dents canines à la nS «’eme
-lieu que te^ochrSllf/--
en ont aux deux mâchoires i
a machoirç inférieure fontlf f
ianunal; elles font auffi 1,5 1“' *
^vecles défeife
^ fangher bleffe. ^ ’ S[tic
mâchoire inférieure ■ ^ ia
^oaucoup nioins on croiff'ent
^ fortent prefî du mâle ,
2 5)0 Hijîoîre Naturelle
Outre ces feize dents , favoir , douze io'
cifives & quatre canines , ils ont encore
vingt -huit dents mâchelières , ce quX
fait en tout quarante - quatre dents. Le
fanglier a les défenfes plus grandes , le
boutoir plus fort & la hure plus longue
que le cochon domeftique , il a aulli leS
pieds plus gros , les pinces plus féparees
& le poil toujours noir.
De tous les quadrupèdes , le cochon
paroît être l’animal le plus brut -, les im-
perfeâions de la forme femblent influer
fur le naturel , toutes fes habitudes font
groflières , tous fes goûts font immondes »
toutes fes fenfations fe réduifent à une
luxure furieufe & à une gourmandife
brutale , qui lui fait dévorer indiftinc"
tement tout ce qui fe préfente , & même
fa progéniture au moment qu’elle vient
de naître. Sa voracité dépend apparem'
ment du befoin continuel qu’il a de renr
plir la grande capacité de fon eftomac >
& la grofïïèreté de fes appétits , de l’hC'
bétation du fens , du goût & du touchet'
La rudeflë du poil , la dureté de 1^
peau J l’épaifleur de la grailTe , rendent
ees animaux peu fenfibles aux coups *
Cochon, &c. 291
dos,&7èu?^f Souris fe loger fur leur
fans cru’ils ^
donc il tn fentir. Ils ont
r°“ ^ 2°’^'^
^sns l'ont i^ toucher: leurs autres
pas que j ’ J?® chalTeurs n ignorent
puifqu'ils font
^^^enîe’eÏÏl ‘
fe placer Pendant la nuit , &
détoberà leur odf 5 ?*
îes frappent'elor ‘ï-i
vivement pour leur fe; ^'^l^tirs a fiez
«brcflir^chëmit ^'"“"P
gou?l2“Set“r‘“ '■'“ ""
par une maladie qui les renrf î ^^'S'^entée
à-dire , prefque^hU
Nij
29 î HiJIoire Naturelle
dévorer , & qui vit ordinàireiuetit de
grain , de fruits , de gland & de racines j
n’eft point fujet à cette maladie , non
plus que le jeûne cochon pendant qu’i^'
tette : on ne; la prévient même qii’en
tenant le cochon domeftique dans un2
étable propre , & en lui donnant abon-
damment des nourritures faines. Sa chair
deviendra même excellente au goût , ôc
le lard ferme & caflànt , fi , comme ]e
l’ai vu pratiquer , on le tient pendant
quinze jours ou trois femaines , avant de
le tuer, dans une érable pavée & toujours
propre , fans litière , en ne lui donnant
alors pour toute nourriture que du grain,
de froment pur & fec , & ne le lailîant
boire que très,- peu. On choifit poiif
cela un jeune cochon d’un an, en bonne
chair & à moitié gras.
La manière ordinaire de les engraififer >
çft de leur donner abondamment de
rdrge , du gland , des choux , des le'
gumes cuits & beaucoup d’eau mêlée
de fon ; en deux mois ils font gras , 1^
lard eft abondant & épais , mais fans être
bien ferme ni bien blanc , la chair 5
guoique bunne , eft toujours un p?'*
facî Cochon, &c. 25,^
les engraiffer avec
oi\ il V dans les campagnes
menant de glands , en les
tonine î 7 pendant 1 ali-
gne la oUA glands tombent j &
^’ivelonTi^*’^'®”f ^ quittent leurs
tous le? ’ r également de
«|> peu '“‘'"f '■ * ■)> engtailTent
maie 7 L' * I-eaii tiède
d-ivSe c’ q,“-,?° 1“ * feme
'-’i'- 5 cette boiflon les faît- „
augmente tellement leur emboïï.''-'
qu on en a vil Embonpoint ,
«i Ptefque fl renm^r ,
beaucoup plus promptemSfen‘Î"'
dans le temns Hpc automne
à caufe deTaboSar^^^i"'^^
qtie parce qu alors h îa ’
ntoindre qu’en été. ^ eft
du wtSr"^/£’
^.^ugrailTer: plus H vSr
^^fttation r,- bonue.
ceder l’engrais* ’-°ujours pré-
sage de fix mois ^ P^dinairement à
uaois , au printemps ou en
N iij
Z 5) 4 Hijîoire Naturelle
automne , & jamais dans le temps de»
grandes chaleurs ou des grands froids >
qui rendroient également la plaie dan-
gereufe ou düEcile à guérir -, car c’eft
ordinairenjent par incilion que fe fait
cette opération , quoiqu’on la fa lié aulTl
quelquefois par une fimple hgature >
comme nous l’avons dit au fujet deS
moutons. Si la caftration a été faite ail
printemps , on les met à l’engrais dès
l’automne fuivante , & il eft alléz rare
qu’on les lai Hé vivre deux ans -, cepen-
dant ils croiflént encore beaucoup pen-
dant la fécondé , & ils continueroient de
croître pendant la troi/îème, la quatrième»
la cinquième , &c. année. Ceux que l’on
remarque parmi les autres par la grandeur
& la groITeur de leur corpulence, ne font
que des cochons plus âgés , que l’on 3
mis pluiîeurs fois à la glandée. Il paroît
que la durée de leur accroiflément ne
fe borne pas à quatre ou cinq ans : Ie^
verrats ou cochons mâles , que l’on garde
pour la propagation de l’elpèce , grol-
lillént encore à cinq ou fîx ans -, & plu®
un fanglier eft vieux , plus il eft gros )
dur & pefant.
àu Cochon^ &c. 29 ^
fanglier peut
ans
J.Q T ’ *^iftote dit vingt ans pour ies
niàlp°*^^ general , & ü ajoute que les
Prort! T ^ femelles
?accof?^ II* peuvent
d’un ^
oii’Hc mieux attendre
i^a dix -huit mois ou deux ans.
notnSf f " eft pas
nSme im. ’ r •* P"“" ^“Wes , &
an. Elle e^^pir*^V P*a pas un
<,"e“Zr! '‘™r' !” êf
srS’èuifr ■ '=
de la triiiT rr ' v”’ chaleur
^e marmip’ continuelle,
-lis pT *?“*“ P” ■!“ &
'^«d'iFouUloux. Parif. tSt^,
N iiij
Z 9^ JJiJloire Naturelle
abondante-, elle porte quatre mois, tae^
basai! commencement du cinquième, &
bientôt elle recherche le mâle , devient^
pleine une Teconde fois , & produit par
confequent deux fois l’année. La laie >
qui reflemble à tous autres égards à la
truie , ne porte qu’une fois l’an , appsf
remment par la dilette de nourriture , Si
par la néceffité où elle fe trouve d’al-
iaiter & de nourrir pendant long-temps
tous les petits qu elle a produits ; au lieu
qu on ne foudre pas que la truie domeP
tique nourrilTe tous fes petits pendant
plus de quinze jours ou trois femaines !
on ne lui en laifl'e alors que huit ou neuf
a nourrir , on vend les autres -, à quinze
jours ils font bons à manger : Sc comme
1 on n’a pas befoin de beaucoup de fe-
meJes, & que ce font les cochons coupés
qui rapportent le plus de profit , & dont
la eliair eft la meilleure , on fe défait
des cochons de lait femelles, & on ne
lanle a la inère que deux femelles avec
lept ou huit mâles.
Le male qu on choilît pour propager
avoir le corps court , re-
malle , & plutôt carré que long , la tête
rofT &c. 297
grandes oreilles
ardens le ? , les yeux petits &
avalé, les felT^' le ventre
^ grodes jambes courtes
r:ochons H & "“res:
P°rts que lesnnf^^r”® ^°P''
"°rps lonp. I ^ rruie doit avoir le
^«"lamélfes t & large,
d un natuSr^' ' ^"ir
fécondé. Dès qu’elïTft
Peparedu mâle^oui T.^ P 1^
fr lorfqu elle ^Tll^Tn 1 ’
largement, on la vp!!!»’ ,, nourrit
de dévorer quelques „„ ^ ^‘"P^cher
^ on a grand^ foin d en ét ^
qnl les ménaeeroit e,f Père >
la fait couvrit au / “onis. On
printemps , afin queTerr^"'^"'^”'
"" été, aient le ^
Po fortifier, & demtrïdpf
deux fois par an nn i ■ j porter
?" de\rovemb " ntâle
au mois de mats '"otte
vnr une fécondé foi/ ^ ^ cou-
de mai. Il y , A commencement
i' « moiK des .ruies qui
N V
298 Hijîoire Naturelle
produifent régulièrement tous les crn^
mois. La laie, qui, comme nous i’avons
dit , ne produit qu\ine fois par an »
reçoit le mâle au mois de janvier ou de
février , & met bas en mai ou juin -, eH®
allaite fes petits pendant trois ou quatre
mois, elle les conduit , elle les fuit, ^
les empêche de fe féparer ou de s’écat'
ter , jufqu’à ce qu’ils aient deux ou trol*
ans ; & il n efl; pas rare de voir des laies
accompagnées en même temps de leurs
petits de l’année & de ceux de l’année
précédente. On ne fouffre pas que î*
truie domeftique allaite fes petits pen''
dant plus de deux mois -, on commence
même , au bout de trois femaines , à le?
mener aux champs avec la mère , pouf
les accoutumer peu à peu à fe nourrit
comme elle : on les levre cinq femaine*
après , & on leur donne foir & matin de
petit lait mêlé de fon , ou feulement d®
î’eau tiède avec des légumes bouillis.
Ces animaux aiment beaucoup les vet*
de terre & certaines racines , comme ceil®*
de la carotte fauvage , c’eft pour trouvct
ces vers & pour couper ces racines »
qu’ils fouillent la terse avec leur boutoir-
du Cochon J &c. 2,^^
ïo»-
fourll ^'-' cochon ,
Drofr! ^ Pfofondément -, il fouille aulTi
le t-nè!^ 'toujours en ligne droite dans
fonillp^^'^^ cochon
Comme’ H?- ^ légèrement,
faut iVU- de dégât, il
ne ÎP ^ terreins cultives , &
terres les
s qu on lailTe repofer.
Un appelle e„,e,„„ je chalTe, fô„
SlféT^”“' *“ ‘■“S”™ nom ml
âs^i sTefrr'’"" >1"' S
Ses & O, -l 'F”'"' P“ ““ d«
clenSSmî SrSes T'"'
qtie dépend leur^fûrS •
les pluleto, 1'
'4 îef f' Prellinr en
‘Mettant les ^
cochons donfeft-^ ^es
de la mêS défendent auffi
manière, & l’on n’a pas
Nvj
300 Hijîoire Naturelle
befoin de chiens pour les garder -, inai5
comme iis font indociles & durs , un
homme agile & rohufte n’en peut guère
conduire que cinquante. En automne Se I
en hiver, on les mène dans les forêts 1
où les fruits fauvages font ahondans i
i’été , on les conduit dans ies lieux hu'
mides & marécageux , où ils trouvent
des vers & des racines en quantité j Si
au printemps , on les laide aller dans les
champs & fur les terres en friche : on
les fait fortir deux fois par jour , depuis
le mois de mars Jufqu’au mois d’oétohre j
on les lailfe paître depuis le matin , après
que la rofée eft dillipée, jufqu’à dut
heures , & depuis deux heures, après
midi jufqu’au loir. En hïver,. on ne les
mène qu’une fois par jour dans les beaux
temps : la rofée , la neige & la pluie leur
font contraires. Lorfqu’il furvient un
orage ou feulement une pluie fort abon-
dante, il eft adez ordinaire de les voir
déferrer le troupeau les uns après le*
autres , & s’enfuir en courant toujours
criant jufqu’à la porte de leur étable :
les plus jeunes font ceux qui crient lu
plus & le plus haut -, ce cri eft diûérenr
^ du Cochon y &c. 301
ordinaire , c'eft un
cris cni’H fembbble aux premiers
PorÆ g-°«e
ftni.lt d'eiWre le
fe bar lorfqu’il
pris & ^uc-
avec fubitemenc, ils foufflent
^“neg,a„t’'d£"".’
comme le» lo„’,,
art';“y.-st?T'"
»'..ÎJ.'EK;iï'~
S“ clli tr‘‘ ? '‘“P««tfo.feau ;
^tgmnÔltf ” rtîl'”® V'
cochons luaneenr knrc ’
*%®6naSetc'a“ H?.®.’, * ‘’'™'
rjrielque chofe rT r ‘ •trouvent
de gras 8c d on/v^ acculent , d’humide ,,
fa «cclonAueux, ds le lèchent &
3 0 î Hijloire Naturelle
finirent bientôt par l’avaler. J’ai vu plu-
fieurs fois un troupeau entier de ces ani-
maux s’arrêter, à leur retour des champs ,
autour d’un monceau de terre glaife nou-
vellement tirée j tous léchoient cette terre,
qui n’étoit que très -légèrement onc-
tueufe, & quelques -uns en avaloient une
allez grande quantité. Leur gourmandife
cft , comme l’on voit , auiïi groflière que
leur naturel eft brutal -, ils n’ont aucun
fenriment bien diftinél, les petits recon-*
noillent à peine leur mere , ou du moins
font fort fujets àfe méprendre, & àteter
la première truie qui leur laifie faifir
fes mamelles. La crainte & la néceffite
donnent apparemment un peu plus de
fentimenr & d mftinél aux cochons lau-
vages , il femble que les petits foienr
fidèlement attachés à leur mere , qui
paroît être auffi plus attentive à leurs
befoins que ne l’eft la truie domeftique.
Dans le remps du rut, le mâle cherche,
fuit la femelle, & demeure ordinairement
trente jours avec elle dans les bois les
plus épais, les plus folitaires & les plus
reculés. Il eft alors plus farouche que
Jamais , & il devient même furieux
du Cochon J &c. 303
lorfqu’un autre mâle veut occuper fa
place -, ils fe battent , fe blelTent , & fe
tuent quelquefois. Pour la laie , elle ne
devient furieufe que quand on attaque
fes petits -, & en général , dans prefque
tous les animaux lauvages , le mâle de-
vient plus ou moins féroce lorfquil
cherche à s’accoupler, & la femelle lorf-
qu’elle a mis bas.
On chafle le fanglier à force ouverte ,
avec des chiens , ou bien on le tue par
furprife pendant la nuit au clair de la
lune: comme il ne fuit que lentement,
qu’il lailTe une odeur très-forte , qu’il fc
défend contre les chiens & les blelïè
toujours dangereufement , il ne faut pas
le rhaller avec les bons chiens courans
deftinés pour le cerf & le chevreuil ,
cette chalTe leur gâteroit le nez , & les
accoutumeroit à aller lentement : des ma-
tins un peu dreffés fuffifentpour la chafle
du fanglier. E ne faut attaquer que les
plus vieux , on les connoit aifement aux
traces : un jeune fanglier de trois ans eft
difficile à forcer , parce qu il court très-
loin s'en s’arrêter , au lieu qu’un fangfler ^
plus âgé ne fuit pas loin, fe laifle chafler
304 Hijîoire Naturelle
de près , n’a pas grand peur des chiens î
& s’arrête fouvent pour leur faire tête.
Le jour , H refte ordinairement dans fa
bauge , au plus épais & dans le plus fort
du bois -, le foir , à la nuit , il en fort
pour chercher fa nourriture : en ete ,
iorfque les grains font mûrs, il eft alfez
facile de le furprendre dans les blés &
dans les avoines où il fréquente toutes
ks nuits. Dès qu’il eft tué , les chafleurs
ont grand foin de lui couper les fuîtes ^
c’eft-à-dire les tefticules , dont l’odeur
eft fi forte que fi l’on pafle feulement
cinq ou fix heures lans les ôter route
la chair en eft infeârée. Au refte, il n’y
a que la hure qui foir bonne dans un
vieux fanglier j au lieu que toute la chair
du marcalfin, & celle du jeune fanglier,
qui n’a pas encore un an , eft délicate ,
& même aflez fine. Celle du verrat,
ou cochon domeftique mâle , eft encore
plus mauvaife que celle du fanglier -, ce
n’eft que par la caftration & l’engrais
qu’on la rend bonne à manger. Les
Anciens étoient dans l’ufage de faire
la caftration aux jeunes marcaftins qu’on
* Vide Ariji. hifi. animal, lib, VI, cap. XUVIII.
du Cochon, Oc. '50J
pouvoir enlever à leur mère , apres quoi
On les reportoit dans les bois : ces fan-
gliers coupes groffififent beaucoup plus
que les autres , & leur chair eft meilleure
que celle des cochons domeftiques.
Pour peu qu’on ait habité la cam-
pagne } on n Ignore pas les profits qu on
tire du cochon , fa chair fe vend à peu
près autant que celle du bœuf 5 le lard
fe vend au double 5 & meme au triple ;
le fang , les boyaux , les vifeères , les
pieds , la langue , le préparent & le
■iiangent : le fumier du cochon eft plus
froid que celui des autres animaux , &
l’on ne doit s’en fervir que pour les
ferres trop chaudes & trop sèches. La
Eraifte des inteftins & de 1 épiploon ,
fini eft dift'érente du lard , fait le fain-
fioux & le vieux -oing. La peau a fes
^f^ges 5 on en fait des cribles > comme
^’on fait aufli des vergettes , des brolTes ,
^es pinceaux avec les foies. La chair de
animal prend mieux le fel , le fal-
Pêtre , & fe conferve falée plus long-
temps qu’aucune autre.
Cette efpèce , quoiqu’abondante &
fort répandue en Europe , en Afrique
3 o 6 HiJIoire Naturelle
8c en Afie , ne s’eft point trouvée dan*
le continent du nouveau monde -, elle
y a été tranfportée par les Efpagnols j
qui ont jeté des cochons noirs dan*
le continent , & dans prefque toutes le*
grandes îles de l’Amérique •, ils fe fon^
multipliés , 8c font devenus fauvages e»
beaucoup d’endroits : ils reflemblent ^
nos fangliers > iis ont le corps plus court >
la hure plus grofle , & la peau ph’®
cpaifle * que les cochons domcftiques >
qui , dans les climats chauds , font touS
noirs comme les fangliers.
Par un de ces préjugés ridicules qu*
la feule fuperftition peut faire fubfiftet »
les Mahométans font privés de cet animal
utile : on leur a dit qu’il étoit immonde >
ils n’ofent donc ni le toucher , ni s’eP
nourrir. Les Chinois , au contraire , ont
beaucoup de goût pour la chair df
cochon -, ils en élèvent de nombreuît
troupeaux , c’cft leur nourriture la pK'*
ordmaire , & c’eft ce qui les a empêchés >
dit - on , de recevoir la loi de Mahom^'
Ces cochons de la Chine , qui font aoU'
•*' Voyez l’hlft. gén. des Antilles , par le P.
Tertre. Paris , tSS? , tome II, page
du Cochon, &c. 307
Ceux de Siam & de 1 Inde , font un peu
diftérens de ceux de l’Europe •, ils font
plus petits 9 iis ont les jambes beaucoup
plus courtes» leur chair eft plus blanche
^ plus délicate : on les connoit en France >
^ quelques perfonnes en élèvent -, ils fe
«Viêlent & produifent avec les cochons de
^ race commune. Les Negres elevent
'‘ufTi une grande quantité de cochons »
^ quoiqu’il y en ait peu chez les Maures ,
^ dans tous les pays habités par les Ma-
^ométans , on trouve en Afrique & en
Afie des fangliers auffi abondamment
'îü’en Europe.
Ces animaux n’alFeélent donc point
climat particulier , feulement il paroit
'lue dans les pays froids le fanglier, en
'devenant animal domeftique , a plus dé-
généré que dans les pays chauds : un
^^gré de température de plus fuffit pour
changer leur couleur » les ^cochons font
^Unimunément blancs dans nos provinces
‘eptentrionales de France , & même en
^ivarais , tandis que dans la province
jlu Dauphiné , qui en eft très -voifine »
font tous noirs \ ceux de Languedoc >
de Provence , d’Efpagne , d’Itaue , des
3 c 8 Hijîoire Naturelle y &c.
Indes 5 de la Chine & de l’Amérique >
font ailffi de la même couleur ; lé cochon
de Siam reflemble plus que le coclion
de France au fanglier. Un des lignes les
plus évidens de la dégénération , font le*
oreilles ; elles deviennenr d’autant plus
fouples , d’autant plus molles , plus im
clinées & plus pendantes , que l’anima^
eft plus altéré , ou, fi Ton veut, plus
adouci par 1 éducation par l’état
domellicité ; & en effet , le cochon do'
meftique a les oreilles Beaucoup moins
roides , beaucoup plus longues & plus
inclinées que le langlier , qu’on doit rC'
garder comme le modèle de l’efpèce.
I
i
l.K VT^IUIAT.
LE S A X t> LU. H.
P' ioB'
TT?.
LE COCKOX DE SIAJVI
l
/Chteîh.
d'IilandÀ
\Plxxxi J
•aponiCj
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\de Sibérie
X?7 Xî£ J
S ^eni\
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'^Chien
lie Berger
p 1 XX l'in.
/Lhien\
U'iHamc
1 . Oit
f ^rand\
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pI xxr.
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FeUc
Ipeigneui
Ctizen
lAhceeiüi
Parbet
Tlxxxrm
iNorii
■Midi
/Ûuen '
I.ian
\j>/ sa.
LE CHIEN.
L a grandeur de la taille , l 'élégance
de la forme , la force du corps , la
l^ercé des mouvemens , toutes les qua-
extérieures , ne font pas ce qu'il y
* tie plus noble dans un être animé : &
j®>nme nous préférons dans l’homme
i^fprit à la fig Lire, le courage à la force ,
fentimens à la beauté , nous jugeons
'l'IIî que les qualités intérieures font ce
ijril y a de plus relevé dans l’animal -,
'^ftpar elles qu’il diftére de l’automate,
l^iil s’élève au-deflus du végétal & s’ap-
proche' de nous •, c’eft le fenrimcnt qui
''rnqblit fon être , qui le régit , qui
® vivifie , qui comtnande aux, organes ,
rend les membres aétifs , fait naître le
, & doime à la matière le mouvc-
*rrent progreffif, la volonté, la vie.
La perfeiSrion de l’animal dépend donc
la perfection du fentiment -, plus il efl:
'=rendu, pi us l’animal a de facultés & ife
relTourçes , plus .H exifte , plus il a de
lâpports avec le refte. de. l’Univers ;
310 Hijîoire Naturelle
lorfque le fentiment eft délicat , exquB
lorfqu'il peut encore être perfedionU^
par réducation , l’animal devient dig'’’’
d’entrer en fociété avec l’homme ; il
concourir à fes delTeins , veiller à fa it
reté , l’aider , le défendre , le flatter r
fait, par des fervices allîdus , par
carefles réitérées , fe concilier fon maittfl
îe captiver , & de fon tyran fe faire '
proteêleur. i
Le cltien , indépendamment de ^
beauté de fa forme , de la vivacité ,
la force , de la légèreté , a par excellen'^'^
toutes les qualités intérieures qui peuve”'*
lui attirer les regards de l’homme,
naturel ardent , colère , même féro^^
& fanguinairc , rend le chien fauvag^
redoutable à tous les animaux , & ccî^
dans le chien domeftique aux fentimei*^
les plus doux , au plaifir de s’attacher ^
au défit de plaire i il vient en ramp3<’^
mettre aux pieds de fon maître fon co<>'
rage , fa force , fes talens •, il attend
ordres pour en faire ufage , il le col’"
fuite , il l’interroge , il le iiipplie , i"’
coup d’œil fuffit , il entend les fignes
fat volonté : fans avoir , comme l’homni^ '
du Chien.
311
'^lumière de la penfée , il a toute la
J^Ieur du fentiment -, il a de jplus que
la fidélité , la confiance dans les aftec-
'’Q'is -, nulle ambition , nul intérêt , nul
de vengeance , nulle crainte que
de déplaire -, ü efi tout zèle , toute
^'■deur & toute obeiflance ? plus fenfible
fouvenir des bienfaits qu à celui des
''^trages , il ne fe rebute pas par les
N^vais traitemens 5 il les fubit , les qu-
5 ou ne s’en fouvient que pour s ar-
Her davantage -, loin de s’irriter ou de
V, il s’expofe de lui -même à de nou-
Mles épreuves , il lèche cette main -,
'i^fttument de douleur , qui vient de le
^pper , il ne lui oppofe que la plainte ,
la défarme enfin par la patience & la
^^inillion. _ ,
Plus docile que l’homme , plus louple
f^aucun des animaux , non- feulement
® chien s’infiruit en peu de temps , mais
il fe conforme aux mouvemens ,
manières , à toutes les habitudes de
qui lui comniandent \ il prend le
de la maifon qu’il habite i comme
autres domefiiques , il efi dédaigneux
'■l'ez les Grands & rufire à la campagne :
312 Hijloire Naturelle
toujours emprefîë pour fon maître <5
prévenant pour (es léuls amis , il ne
aucune attention aux gens indiftérens ?
fe déclare contre ceux qui par état
font faits que pour importuner •, il
connoît aux vètemens , à la voix , ^
leurs geftes , & les empêche d^approch£i‘
Lorfqu’on lui a confié pendant la
la garde de la maifon , il devient pl?
fier , & quelquefois féroce -, il veille ,
faîc la ronde •, il fent de loin les étrange^'
& pour peu qu'ils s'arrêtent ou tentei''
de franchir les barrières , il s'élance’
s'oppofe , & par des aboiemens réitérés’
des eiîorrs & des cris de colère , il doni'^
falarme, avertit & combat ; auffi furiei'^
contre les hommes de proie que contt^
les animaux carnaflîers , il fe précipité
fur eux , les blelfe , les déchire , leur
ce qu'ils s'eft'olçoient d’enlever ; mai*
content d’avoir vaincu il le repofe fi'*
les dépouilles , n'y touche pas , mcni^
pour latisfaire fon appétit & donne d’
même temps des exemples de courage ’
de tempérance & de fidélité.
On fentira de quelle importance cett®
efpèce eft dans l'ordre de la Nature , |
fuppofai^*' I
du Chien. 315
fuppofant un inftanc qu elle n’eût jamais
exifté. Comment rhomnie aurort-il pu,
fans le fecours du chien , conquérir ,
dompter , réduire en efclavage les autres
animaux ; comment pourroit-il encore
aujourd’hui découvrir , chafler , détruire
les bêtes fauvages & nuifibles? Pour le
mettre en fureté , & pour fe rendre maître
de l’Univers vivant , il a fallu commencer
par le faire un parti parmi les animaux,
le concilier avec douceur & par carelTes
ceux qui fe font trouvés capables de s’at-
tacher & d’obéir , afin de les oppofer aux
autres. Le premier art de l’homme a donc
été l’éducation du chien , & le fruit de
cet art la conquête & la poflelTion pai-
fible de la Terre.
La plupart des animaux ont plus d’a-
gilité , plus de vîteflé , plus de force , &
même plus de courage que l’homme ;
la Narure les a mieux munis , mieux
*rmés-, ils ont aufli les fens, & fur- tout
l’odorat , plus parfait. Avoir gagné une
®fpèce courageufe & docile comme celle
du chien , c’eft avoir acquis de nouveaux
fens Si les facultés qui nous manquent.
Les machines, les inftrumens que nous
Tome /. Quadrupèdes, O
314 Hijîoire Naturelle
avons imaginés pour perfeétionner nos
autres fens , pour en augmenter réren-
due , n’approchent pas , même pour l’uti-
lité 5 de ces machines toutes faites que la
Nature nous préfente , & qui en fup“
pléant à l’imperfeéfion de notre odorat ,
nous ont fourni de grands & d’éternels
moyens de vaincre & de régner : & le
chien fidèle à l’homme , conlervera tou-
jours une portion de l’empire , un degré
de fiipériorité fur les autres animaux ; il
leur commande , il règne lui-même à la
tête d’un troupeau » il s’y fait mieux en-
tendre que la voix du berger -, la fiireté j
l’ordre & la difeipline font les fruits de fa
vigilance & de fon aétivité -, c eft un peu-
ple qui lui eft: fournis, qu’il conduit, qu’il
protège , & contre lequel il n’emploie
jamais la force que pour y maintenir la
paix. Mais c’eft fur -tout à la guerre, c’eft
contre les animaux ennemis ou indépen-
dans , qu’éclate fon courage , & que fon
intelligence fe déploie toute entière : les
talens naturels fe réuniflent ici aux qua-
lités acquifes. Dès que le bruit des armes
fe fait entendre , dès que le fon du cor
ou la voix du chall'eur a donné le lignai
du Chien. 3 r 5
5’une guerre prochaine , brillant d’une
ardeur nouvelle le chien marqufe fa joie
par les plus vifs tranfports , il annonce
par fes mouvemens & par fes cris Tim-
patience de combattre & le défit de
'’aincre •, marchant enfuite en filence , il
cherche à reconnoître le pays , à décou-
vrir , à furprendre l’ennemi dans fou
fort -, il recherche fes traces , il les^ fuit
pas à pas , & par des accens difterens
Indique le temps , la diftance , 1 efpcce >
^ même l’âge de celui qu il pourfuit.
Intimidé , preflé , défefpérant de trou-
ver fon falutdansla fuite, l’animal'^ fe
fcrt auffi de toutes fes facultés , il oppofe
rufe à la fagacité: jamais les reflburces
l’inftind ne furent plus admirables :
pour faire perdre fa trace , il va , vient
revient fur fes pas -, il fait des bonds ,
Voudroit fe détacher de la terre & fup»
primer les efpaces ; il franchit d’un faut
routes , les haies , pafle à la nage les
‘^'^'ilTeaux , les rivières j mais toujours
Poiirfuivi , & ne pouvant anéantir fon
Corps , il cherche à en mettre un autre
* Voyez l*hîftoirc du cwf ^ vqI^ CCttC
Natuieile,
O il
3 1 6 Hijïoire Naturelle
à fa place -, il va luknème troubler Ifi
repos d’un voifîn plus jeune & moins
expérimenté , le faire lever , marcher ,
fuir avec lui -, & iQrfqu’ils ont confondu
leurs traces, lorfqu il croit l’avoir fubftitue
à fa mauvaife fortune , il le quitte plus
brufquetiient encore qu’il ne l’a joint j
afin de le rendre féul l’objet & la vidime
de l’ennen-û trompé. ^
Mais le chien , par cette, fupério rite
que donnent l’exercice & l'éducation >
par cette finefie 4? fentimeui; qui n’ap-
partient qu’à lui , ne perd pas l'objet de
fa pourfuite -, il démêle les points com-
muns , délie les nœuds du fil tortuemî
qui feui p^tit y, conduire -, il voit de
l’odorat tous le$ détoura du labyrinthe >
toutes les fauft'es- routes où l’on a voulu
l’égarer -, & loin d’abapdonner l’ennemi
pour un indifférent , après avoir triom-
phé de la rufe , il s’indigne , il redoublfi
d’ardeur, arrive enfiii, l’atraqvm-, & .1^
mettant à mort» étanche dans je fang W
foif & fa haine- i
Le penchant pour la chaffe ou ^
guerre nous eft commun avec les ani'
juaux -, l'homme fauvage ne fait
du Chien. 317
combattre & chaffer. Tous les animaux
qui aiment la chair » & qui ont e a
force & des armes , chaffent naturelle-
mS : le lion . le tigre , dont la force
eft fi grande qu’ils font lûrs de vaincre,
chaffent feuls & fans art -, les loups, les
renards, les chiens fauvages fe réunifient ,
s’entendent , s'aident , fe relaient & par-
tagent la proie •, & lorfque l éducation
a perfedionné ce talent naturel dans le
chien domeftique > iorfqu’on lui a appris
à réprimer fon ardeur , à mefurer les
rnouvemens , qu’on l’a accoutume à une
marche régulière & à l’elpèce dé difci^
pline néceffaire à cet art , il challe avec
métliode , & toujours avec fuccès. ^
Dans les pays déferts, dans lesc-ontrees
dépeuplées, il y a des chiensjàuvages
qui , pour les mœurs , ne diftcrent des
loups que par la facilité qq on trowe a
les apprivoifer , iis fe réunifient aulli eii
plus grandes troupes pour challer & atta-
quer en force les fangliers , les taureaux
lauvageS , & même les lions & les tigres.
En Amérique , ces chienS fauvages font
de races anciennement domeftiques , i s
y ont été tranfporrés d’Europe , & quei-
O iij
5 I 8 Hijloîre Naturelle
ques-uns ayant été oubliés ou abandon»
nés dans ces déferts , s’y font multipliés
au point qu’ils fe répandent par troupes
dans les contrées habitées , où ils atta-
quent le bétail & infultenr même les
hommes : on eft donc obligé de les
écarter par la force, & de les tuer com-
me les autres bêtes féroces -, & les chiens
font tels en effet , tant qu’ils ne connoif-
fent pas les hommes : mais lorfcpa’on les
approche avec douceur , ils s’adoucif-
fent , deviennent bientôt familiers , &
demeurent fidèlement attachés à leurs
maîtres *, au lieu que le loup , quoique
pris jeune & élevé dans les maifons, n’eft
doux que dans le premier âge , ne perd
jamais fon goût pour la proie , & fe livre
rôt ou tard à fon penchant pour la rapine
& la deftrudion.
L’on peut dire que le chien eft le feul
animal dont la fidélité foit à l’épreuve :
le feul qui connoiftè toujours fon maître
& les amis de la mailon ; le feul qui ,
lorfqu’il arrive un inconnu , s’en aper-
çoive -, le feul qui entende fon nom , &
qui reconnoifle la voix domeftique -, le
feul qui ne fe confie point à lui -même >
du Chien. 3 i 9
îe fcul qui , lorfqu’il a perdu fon martre ,
& quil ne peut le trouver , l’appelle
par fes gémifl’emens -, le feul qui, dana
Un voyage long qu il n’aura fait qu’une
fois , fe muvienne du chemin & retrouve
la route •, le feul enfin dont les talens
naturels foient évidens & féducation
toujours heureufe.
Et de même que de tous les animaux
le chien eft celui dont le naturel eft le
plus fufceptible d’impreflion , & fe mo-
difie le plus aifément par les caufes mo-
rales , il eft auffi de tous celui dont la
nature eft le plus fujecte aux variétés &
aux altérations caufées par les influences
phyliques c le tempérament, les facultés,
les habitudes du corps varient^ prodi-
gieufement , la forme meme n eft pas
conftante : dans le même pays un chien
eft très -différent d’un autre chien , &
l’efpèce eft, pour ainfî dire, wute difte-
renre d’elle - même dans les diôérens cli-
mats. De -là cette confufion, ce mélange
& cette variété de races li nombreufes ,
qu’on ne peut en faire l’énumeration ;
de -là ces différences fi marquées pour
la grandeur de la taille,
3 20 Hijîoire Naturelle \
corps, 1 alongement du mufeau, la formtf
de la tête , la longueur & la direction des
oreilles & de la queue, la couleur, la
qualité , la quantité du poil , &c. en forte
qu il ne relie rien de confiant , rien de
commun à ces animaux que la confor-
mité de rorganifation intérieure , & la
faculté de pouvoir tous produire en-
femble. Et comme ceux qui diffèrent
lé plus les uns des autres à tous égards,
«e laiffent pas de produire des individus
qui peuvent fe perpétuer en produifant
eux -mêmes d’autres individus, il efl
évident que tous les chiens , quelque
diôérens , quelque variés qu’ils foient ,
ne font qu’une feule & même ef}:)èce.
Mais ce qui eft difEcile à faifîr dans
cette nombreufe variété des races diffé-
rentes, c’efl le caraélcre de la race pri-
mitive , de la race originaire , de la race
mère de toutes les autres races : comment
reconnoître les effets produits par i’in-
fiuence du climat , de la nourriture , 8cc ?
comment les diflinguer encore des autres
effets, ou plutôt des réfultats qui pro-
rienncnr du mélange de ces différentes
races entr’elles , dans i’écat de liberté ou [
du Chkn.
de domefticité î En effet , toutes ces
Câufes âltcrent > âvec le temps > fcs formes
les plus confiantes , & l’empreinte de la
Nature ne conferve pas toute fa purete
dans les objets que l’homme a beaucoup
maniés. Les animaux affez indépendans
pour cboifir eux- memes leur climat &
leur nourriture ^ font ceux qui confervent
le mieux cette empreinte originaire j &
l’on peut croire que , dans ces efpeces >
le premier, le plus ancien de tous, nous
e(l encore aujourd’hui affez fidèlement
fçprcfenté par fes defçendans \ mais ceux
que l’homme s’efl fournis , ceux qu’il a
tranfportés de climats en climats , ceux
dont il a changé la nourriture , les habi-
tudes & la manière de vivre , ont aufli
dû changer pour la forme , plus que tous
les autres-, & Ion trouve en efter bien
plus de variété dans les efpeces d animaux
domeftiques que dans celles des animaux
fauvages. Et comme parmi les animaux
domeftiques le chien eft, de tous, celui
qui s’efl attaché à 1 homme de plus près »
Celui qui , vivant comme l’homme , vit
aufll le plus irrégulièrement celui dans
lequel le fentiment domine allez pour le
3 2 2 Hijîoire Naturelle
rendre docile , obéiiïant & fiifceptible
de route imprelîîon , & même de toute
contrainte i il n’eft pas étonnant que de
tous les animaux ce foit auffi celui dans
lequel on trouve les plus grandes varié-
tés pour la figure , pour la taille , pour la
couleur & pour les autres qualités.
Quelques circonftances concourent
encore à cette altération : le chien vit
allez peu de temps, il produit fouvent
& en alTez grand nombre -, & comme
H eft perpétuellement fous les yeux de
Thomme , dès que , par un hafard alTez
ordinaire à la Nature , il fe fera trouvé
dans quelques individus des fingularités
ou des variétés apparentes , on aura tâché
de les perpétuer en unifiant cnfemble ces
individus finguliers , comme on le fait
encore . aujourd’hui lorfqu’on veut fe
procurer de nouvelles races de chiens
& d’autres animaux. D’ailleurs , quoique
toutes les efpcces foient également an-
ciennes , le nombre des générations ,
depuis la création , étant beaucoup plus
grand dans les cfpèces dont les individus
ne vivent que peu de temps, les variétés,
les altérations , la dégénéracion rnêrae
du Chien. 323
doivent en être devenues plus fenfîbles ,
puifque ces animaux font plus loin de
leur fouche que ceux qui vivent plus
iong-tdnps. L’homme eft aujourd’hui
huit fois plus près d’Adam que le chien
ne l’eft du premier chien , puifque
l’homme vit quatre-vingts ans, & que
le chien n’en vit que dix : fi donc , par
quelque caufe que ce puille erre , ces
deux efpèces tendoient egalement a dé-
générer , cette altération feroit aujour-
d’hui huit fois plus marquée dans le
chien que dans l’homme.
Les petits animaux éphémères , ceux
dont la vie eft fi courte qu’ils fe re-
nouvellent tous les ans par la génération ,
font infiniment plus fujets que les autres
animaux aux variétés & aux alterations
de tout genre -, il en eft de même des
plantes annuelles en comparaifon des
autres végétaux 5 ü y ^ meme dont
la nature eft , pour ainfi dire , artificielle
& fadice. Le blé , par exemple , eft une
plante que l’homme a changée au point
quelle n exifte nulle part dans 1 état de
nature : on voit bien qu’il a quelque rap-
port avec l’ivroie , avec les gramens , les
324 Hijioire Naturelle
chiendents & quelques autres herbes des
prairies 5 mais on ignore à laquelle de ces
herbes on doit le rapporter : & comme
il fe renouvelle tous les ans , & que ,
fervant de nourriture à l’homme , il eft
de toutes les plantes celle qu’il a le plus
travaillée , il eft auffi de toutes celle dont
la nature eft le plus altérée. L’homme
peut donc non -feulement faire fervir à
fes befoins , à fon ulage , tous les indi-
vidus de l’Univers, mais il peut encore ,
avec le temps, changer, modifier & per-
feélionner les efpèces', c’eft même le plus
beau droit qu’il ait fur la Nature. Avoir
transformé une herbe fténie en blé, eft
une efpèce de création dont cependant
il ne doit pas s’enorgueillir , puiîque ce
n’cft qu à la fueur de fon front & par
des cultures réitérées qu’il peut tirer du
fcin de la terre ce pain fouvent amer, qui
fait fa fubliftance.
Les efpèces que l’homme a beaucoup
travaillées, tant dans les végétaux que
dans les animaux , font donc celles qui
de toutes font le plus altérées i & comme
quelquefois elles^le font au point qu’on
ne peut reconnoître leur forme primi-
du Chien. 325
tive , comme dans le blé , qui ne ref-
femble plus à la piance dont il a tiré fon
origine , il ne feroit pas impoffible, que
dans la nombreufe variété des chiens
que nous voyons aujourd'hui , il n’y en
eût pas un feul de femblable au premier
chien , ou plutôt au premier animal de
cette kpèce , qui s’eft peut-être beau-
coup altérée depuis la création , & dont
la fouche a pu par confequent etre
irès-diftérente des races qui fubfiftent
aéluellement, quoique ces races en forent
originairement toutes egalement pro-
venues.
La Nature cependant ne manque
jamais de reprendre fes droits des qu oti
la laifié agir en liberté : le froment jeté
fur une terre inculte dégénère à la pre-
mière année : fi l’on recueilloit ce grain
dégénéré pour le jeter de même , le pro-
duit de cette fécondé génération feroit
encore plus altéré , & an bout dun
Certain nombre d’annees & de repro-
duélions l’homme verroit reparoitre la
planre originaire du froment , & fauroïc
combien il faut de temps la Nature
pour détruire le produit d un art qui
5 2 <5 Hljioire Naturelle
la contraint , & pour fe réhabiliter. Cette
expérience feroit aiTez facile à faire fur
îe blé & fur les autres plantes qui tous
les ans fe reproduifent , pour ainli dire,
d’elles - mêmes , dans le même lieu -, mais
il ne feroit guère poffible de la tenter ,
avec quelque efpérance de fuccès , fur
les animaux qu’il faut rechercher, appa-
reiller , unir , & qui font difficiles à ma-
nier , parce^ qu’ils nous échappent tous
plus ou moins par leur mouvement , &
par la répugnance fouvent invincible
qu’ils ont pour les chofes qui font
contraires à leurs habitudes ou à leur
naturel.^ On ne peut donc pas efpérer
de favoir jamais par cette voie quelle eft
la race primitive des chiens , non plus
que celle des autres animaux , qui ,
comme le chien , font fujets à des va-
riétés permanentes ; mais au défaut de
ces connoiflances de faits qu’on ne peut
acquérir , 8c qui cependant feroient né-
cefaires pour arriver à la vérité, on peut
raüembler des indices , 8c en tirer des
conféquences vraifemblables.
Les chiens qui ont été aliandonnés
dans les lolitudes de l’Amérique , 8c qui
du Chien,
3^7
Vivent en chiens fauvages depuis cent
cinquante ou deux cents ans ,
oricinaires de races altérées, puiiquils
font provenus des chiens domeftiques ,
ont dû , pendant ce long efpace de temps ,
fe rapprocher au moins en partie de leur
forme primitive ; ccpemknt les voya-
geurs nous difent qtnls relTemblent a nos
févriers (a); ils difent la meme chofe
des chiens fauvages ou devenus lau-
vagesà Congo qui, comme ceux
dimérique, fe raffemblent par troupes
Pour faire la guerre aux tigres , aux lions,
kc mais d’autres., fans comparer les
chiens fauvages de Saint-Doimngue aux
lévriers, difent feulement { c) quils ont
pour l’ordinaire la tête plate & longue ,
le mufeau effilé , l’air fauvage, le corps
mince & décharné, quils font tres-
légers à la courfe , qu ils chaffient en
perfeélion , qu’ils s’appnvoifent aifement
fa ) Hiftoiie des Aventuriers Flibuftiers , par Oex-
nvelln . Taris .iSSS,in-ta, tome I, page 1 1 a .
fb J Hifloire générale des voyages , pat M. l’abbé
Fïevoft , m-4.** tome J ,
Nouveaux voyages aux îles àc 1 Anicn^
tome V, page tÿS*
328 Hijloîre Naturelle
en les prenant tout petits ; ainfi , ces chiens
fauvages font extrêmement maigres &
légers 5 & comme le lévrier ne diffère
d'ailleurs qu'affez peu du mâtin ou du
chien que nous appelions chien de berger j
on peut croire que ces chiens fauvages
font plutôt de cette efpèce que de vrais
lévriers -, parce que d’autre côré les an-
ciens voyageurs ont dit que les chiens
naturels du Canada avoient les oreilles
droites comme les renards , & reffêm-
bloicnt aux mâtins de médiocre gran-
deur (d) de nos villageois, c’eft-à-dire,
à nos chiens de berger -, que ceux des
fauvages des Antilles avoient audî la tête
& les oreilles fort longues , & appro-
choient de la forme des renards (e );
que les Indiens du Pérou n’avoient pas
toutes les efpèces de chiens que nous
avons en Europe , qu’ils en avoient
feulement de grands & de petits qu’ils
nommoient Alco ^ f) j que ceux de
f i) Voyage du pays des Hurons ^ par Sabard
TJieodat , Rccollct. Paris , *^72 , pages gtn ^ gtt»
( i) Hiftoire générale des Antilles , par le P. à»
"lenze. Paris i t(f'6p , tome II ^ pagt J06.
(fj Hiftoire des Incas. Porit , , tome If
du Chien. 3 ^ 5 *
î’ifthme de l’Amérique étoient laids ,
«îu’ils avoient le poil rude & long , ce
qui fuppofe auffi les oreilles droites (g).
Ainfi, on ne peut guère douter que les
chiens originaires d’Amérique , & qt«
»vant la découverte de ce nouveau monde
n’avoient eu aucune communication avec
ceux de nos climats, ne fulTent tous,
pour ainfi dire, d’une feule & meme
race , & que de toutes les races de nos
chiens celle qui en approche le i^us ne
foit celle des chiens à mufeau eftite, à
oreilles droites & à long poil rude comme
les chiens de berger -, & ce qui me fait
croire encore que les chiens devenus
fauvages à Saint-Domingue , ne lont
pas de vrais lévriers , c eft que comme
les lévriers font alTez rares en France ,
On en tire pour le Roi , de Conftanti-
oople & des autres endroits du Levant ,
8c que le ne fâche pas quon en ait
jamais fait venir de Saint-Domingue
ou de nos autres colonies d Amérique.
^es. voyage de Wafet . imptîmé 'a la fuite
de ceux de Dampiei , tome I V , ptge 3*5 •
ggj Nouveaux voyages aux îles de lAxudjxSl
Paris, V, petge JÿS'
5 30 Hijloire Naturelle
D’ailleurs , en recherchant dans la inêm?
vue ce que les voyageurs ont dit de h
forme des chiens des diftérens pays , on
trouve que les chiens des pays froids
ont tous le mufeau long & les oreilles
droites •, que ceux de la Lapponie (h)
font petits , qu’ils ont le poil long , les
oreilles droites & le mufeau pointu -, que
ceux de Sibérie ( i J & ceux que l’on
appelle chiens-loups , font plus gros que
ceux de Lapponie , mais qu’ils ont de
même les oreilles droites , le poil rude Si
le mufeau pointu ; que ceux d’Iflande
font auffi à très -peu près femblables à
ceux de Sibérie , & que de meme , dans
les cliniats chsiicfs j coinrne au cap de
Bonne -efpérance f/J ^ les chiens natu'
tels du pays ont le mufeau pointu, les
oreilles droites , la queue longue & traî-
nante a terre , le poil clair , mais long &
rO Voyage de la Martinière. Paris, ,
y S- Il Genio ragantc. Panna, sGg, , yoi II,
page *
Ci J Voyez la planche du Chien dd Slbéiie.
C kj Voyez celle du Chien d’Iflande.
Cl J Deferiprion du Cap de Bonne-efp^rance , par
Kolbe. Amjhrdam, rpf z , I.rtpanU , page
du Chien.
331
toujours hériffé -, que ces chiens font
cxcellenspour garder les «oupeaux , &
que par conféquent ils relTemblent non-
feulement par la figure , mais encore par
l’inftina à nos chiens de berger^, que
dans d’autres climats encore plus chauds,
conmie à Madagafcar M=^dure ^
à Calicut (0 ) , à Malabar (p) i ch ens
originaires de ces pap ont tous le im-
feau long, les oreilles dipites , & re
femblent encore à nos chiens de ber-
ger ; crue quand meme on y P,
des inâtins , des épagneuls , des bar-
bets, des dogues , des ctoens^ courans ,
des lévriers , &c. ils degenerent a la
fécondé ou à la troifième J
qu’enfin dans les pays
chauds , comme en Guinee ( qj > cette
r.«JVoyagede»t.P--.
r J voyage d’Inigo de Biarvillas. P«r.. . 1756,
partie , page ipS.
CoJ voyage de François Pyrard. Fans , , 6 t».
^one 1 , page .
PpJ Voyage de ]ean Ovington. P'iris , f)a 5 .
iomel.petse eeps. M. l’abbé
) Hiftoite générale des voyages > p
5 3 2 IJiJîoire Naturelle
dégénération eft encore plus prompte î
puifqu'au bout de trois ou quatre ans ii*
perdent leur voix , qu'ils ne produifent
plus que des chiens à oreilles droite*
comme celles des renards •, que les chien*
du pays font fort laids , quils ont If
mufeau pointu , les oreilles longues Si
droites , la queue longue Sc pointue >
fans aucun poil , la peau du corps nue )
ordinairement tachetée & quelquefois
d'une feule couleur , qu’enfin ils fonf
défagréables à la vue & plus encore aU
toucher.
On peut donc déjà préfumer ave<5
quelque vraifemhlance, que le chien d<
berger eft de tous les chiens celui qui
approche le plus de la race primïtivé de
cette efpèce , puifque dans tous les pay*
habités par des liommes fauvages , oü
même à demi civilifés , les chiens ref
femhlent à cette forte de chiens plus qu'à
aucune autre -, que dans le continent en-
tier du nouveau monde il n’y en avoit
pas d’autres , qu’on les retrouve feuîs de
nreme au nord & au midi de notre con-
tinent, & qu'en France où on les appelle
communément chiens de Brie 3 &dans le*
du Chien.
331
Autres climats tempérés , ils. font encore
en grand nombre , quoic^u'on le loir
beaucoup plus occupé à faire nartre ou
à multiplier les autres races qui avoient
plus d'agrément, qu’à conferver celle -et
qui n a que de TutiUté , & qu’on a par
cette raifon dédaignée , & abandonnée
aux payfans chargés du foirl^es trou-
peaux. Si l’on confidère auffi que ce
chien , malgré fa laideur & fou, air trille
& fauvage , efl: cependant fuperieur par
l’inftinèt à tous les autres chiens , quil
a un caradlère décidé auquel 1 eclucation
n’a point de part i qu’il elt le feul qui
naifle , pour ainG dice , tour_ ej-eve j &
que guidé par le fepl naturel , n s attache
de Im-méme-à la gaidc des troupeaux
avec une afliduicé une vigilance , une
fidélité fingulière qu’il les conduit avec
niie intelligence admirable & non com-
njuniquée v que .fes. talens fon^t letoune-
tnept & le repos de. fqn lUa.iUC > tapdis
qu’il faut au contraire beaucoup de tenap^
& de. peines .pout,,,lu(lrtiire
çhiçns & les drelfer aux ufage^ auxquels
On les deiline t on fe confinnera dan^
l’opinion cj^ue ce chien eft le vrai çhien
5 34 Hijloire Naturelle
de la Nature , celui qu’elle nous a donné j
pour îa plus grande utilité , celui qui a le 1
plus de rapport avec l’ordre général des
êtres vivans, qui ont mutuellement befoio
les uns des autres , celui enfin qu’ou
doit regarder comme la fouche & le mo-
dèle de l’elpèce entière.
Et de même que l’elpèce humaine
paroît agrefte , contrefaite & rapetifiTée
dans les climats glacés du nord ; qu’on
ne trouve d’abord que de petits hommes
fort laids en Lapponie , en Groenland >
& dans tous les pays ou le froid eft
exceffif-, mais qu’enfuite dans le climac
voifin & moins rigoureux on voit tout-
à-coup paroître la belle race des Fin-
landois , des Danois , &c. qui par leur
figure, leur couleur &leur grande taille»
font peut-être les plus beaux de tous
les hommes ; on trouve auffi dans l’ef-
pèce des chiens le même ordre & les
mêmes rapports. Les chiens de Lapponie
font très -laids, txès- petits, & n’ont pas
plus d’un pied de longueur (r). Ceux de
Sibérie , quoique moins laids , ont en-
core les oreilles droites & l’air agrefte Sc
( r) Il Genio vagante , vol, IT, page tg.
du Chien. 355
lauvage , tandis que dans le climat voifin
'^'1 l’on trouve \&s.(f) beaux hommes
'lont nous venons de parler , on trouve
®u(Ii les chiens de la plus belle & de la
plus grande taille. Les chiens de Tartarie,
^‘Albanie , du nord , de la Grèce , du
l^anemarck , de l’Irlande 5 font les plus
Stands , les plus forts & les plus puifTans
tous les chiens : on s’en fert pour tirer
^cs voitures. Ces chiens que nous ap-
pelions chiens d’Irlande j ont une origine
^tès- ancienne , & fe font maintenus ,
Quoiqu’on petit nombre , dans le climat
"iont ils font originaires. Les Anciens les
^Ppelloient chiens d’Épire , chiens d’Al-
V^ttie; & Pline rapporte, en termes aufll
®légans qu’énergiques , le combat d’un
'le ces chiens contre un lion , & enfuite
'Centre un éléphant ( t J. Ces chiens font
Voyez le cinquième volume de cette Hiftoitc
Naturelle , à l’article des variétés de l’cfpèce humamc,
Trtdiampetenti Alexandra magnOf Rex Albanioi
dederatinuJîtatPimagTiitudinis uniim , cujitsfpecie
'^^^eciatus , jujjit urfos , mox apros & deinde damas
, contemptii immohili jacente eo ; qaâ fegnitie
corporis offenfus imperatftr generoji fpîritiis , emn
^^terimi juJJit.Nunciavit hoc fama régi; itaqiu alterum
^^tttns J addidit mandata ne inparyis exptriri velUty
5 3 (î Hijîoire Naturelle
beaucoup plus grands que nos pîu<
grands mâtins : comme iis font fort
rares en France , Je n’en ai jamais vi'
qu’un , qui me parut avoir , tout affis »
près de cinq pieds de hauteur , & rer-
feinbler pour la forme au chien que nou^
appelons^ra«d danois (u) ; mais il en difti?
roir beaucoup par l’énormité de fa taiUe »
il etoit tout blanc & d’un naairel douî^
6 tranquille. On trouve enfuite daii^
les endroits plus tempérés , comme ei’
Angleterre , en France , en Allemagne »
en Efpagne , en Italie , des hommes ^
des chiens de toutes fortes de races: cett^
variété provient en partie de l’influenC^
du climat > & en partie du concours ÿ'
du mélange des races étrangères ou di^
férentes entr’elles , qui ont produit eP
fed in leone , elephantore ; duos fibi fuiffe ; hd
inttrtmpto ,praterea nullumfon. Nec dijiiilit Alexafi'
der , UQnemÿiit fradiim protinùs vidit Fojità iltplu»'
tum jujjit induci , haud alio mopis fpeSaculo lcetat:d\
Eorrtntibus quippc per totuin corpus villis , ingcnl’
primuirt latrûtu intotiuit , nioxqüe increvit ojj'ttlttins *
contraque helLuam exfiirgens Aine & illine artifici diini''
cationt.juâmaximèopus effet, infeftans atque évitons '
donec affiduâ rotatam vertigine , nffixit, ad cafum eff^
tellure coneufsa. Pim. hift. nat. lib. VIII.
( U J Voyez la planche du grand Danois.
très - granc
âu Chien. 337
très- grand nombre des races métives ou
mélangées dont nous ne parlerons point
ici , parce que M. Daubenton (x), les a
décrites & rapportées chacune aux races
pures dont elles proviennent j mais nous
obferverons , autant qu il nous fera pof-
fible , les rellemblances & les diftérences
que Fabri , le foin , la nourriture & le cli-
mar ont produites parmi ces animaux.
Le grand danois (y) > le marin (‘^) , 8c
le lévrier ( u ) ^ quoique ditlerens au pre-
mier coup d œil , ne font cependant que
le même chien : le grand danois n’eft
qu’un mâtin plus fourni , plus éroft'é -, le
lévrier un mâtin plus .délié, ]>Ius’ ellilc ,
^ tous deux plus foignés j & il n y a ]jas
plus de diftérence entre un chien grand
danois , un raâtiiî.& un leyrier , qu’entre
'm Hollandois, un François & un Iralien.
£n fuppolant donc le mâtin originaire
Ou plutôt naturel de France, il aura pro-
duit le 'grand danois dans un climat- pkis
(x) Voyez voZ. A' de cette Hiftoire Namïciie , de
^'édition en trente -un volumes,
CyJ 1* planche du grand Danois,
( \) Voyex celle du Matin.
Voyez celle du Levrier. ^ =
Tome /. Quadrupèdes, P
338 Hijîoire Naturelle
froid, & le levrier dans un climat plus
chaud i & c’eft ce qui fe trouve aufli
vérifié par le fait , car les grands danois
nous viennent du nord, & les levriers
nous viennent de Conftantinople & du
Levant. Le chien de berger (b),\e cliien^
loup (c),&c l’autre efpèce de chien-loup
que nous appellerons chien de Sibérie
'( d ) ,nz font aulli tous trois qu’un même
chien : on pourroit même y joindre le
chien de Lapponie , celui de Canada ,
celui des Hottentots & tous les autres
chiens qui ont les oreilles droites ils ne
différent en effet du chien de berger que
par la taille , & parce qu’ils font plus oU
moins étoffés , & que leur poil eft plus
ou moins rude , plus ou moins long , &
plus ou moins fourni. Le chien cou-
rant ( e J, le braque (f), le baflet (g)»
le barber ( h) y &. même l’épagneul ( ij>
(b J Voyez la planche du Chien de Berger.
( cj Voyez celle du Chien-loup.
(dj Voyez celle du Chien de Sibérie.
C e) Voyez celle du Chien Courant.
( f) Voyez celle du Braque.
( gj Voyez celle du EalTet.
('hj Voyez celle du Earbet.
f i J Voyez celle de l’Epagnenl.
du Chien. 539
peuvent encore être regardés comme ne
faifant tous qu’un meme chien i leur
forme & leur iiiftind font à peu près
lïiciTics J & dtftcrcnc cntr eux
<Iue par la hauteur des jambes , & par
l’ampleur des oreilles qui dans cous font
Cependant longues , molles & pendantes:
Ces chiens font naturels à ce climat ^ &
je ne crois pas qu’on doive en féparer
le braque qu’on appelle chien de Ben^
gale fyt; , qui ne diffère de notre braque
que par la robe. Ce qui me fait penfer
que ce chien n’eft pas originaire de
Bengale ou de quelqu’autre endroit des
Indes, & que ce neit pas , comme quel-
ques-uns le prétendent , le chien Indien
dont les Anciens ont parle & qu ik dt-
foient être engendré d un tigre & d une
cliienne , c’eft que ce même chien étoit
Connu en Italie il 7 a plus de cent ciii-
quante ans , & qu’on ne le regardoïc
Pas comme un chien venu des Indes ^
Allais comme un braque ordinaire : Canis
fagax ( vulgo brachus ) , dit AldrOvande,
an unius vel varii coloris Jh paruin refert ÿ
in Italiâ eligitur varius & maculofk, lynci
(k J Voyea U jlanche du Chien de Bengale.
540 HlJIoire Naturelle
perjîmilis j cum tamen niger color vel albui
aut fulvus non fit fpernendus ( I ).
L’Angleterre , la France, l’Allemagne >
&e; paroillènr avoir produit le chien cou-
rant, le braque & le baffef, ces chiens
même dégénèrent dès qu’ils font portés
dans des climats plus chauds , comme en
Turquie, en Perfe \ mais les épagneuls
& les barbets font originaires dTlpagnC
& de Barbarie , oii la température dn
climat fait que le poil de tous les animaux
eft plus long, plus foyeux & plus fin
que dans tous les autres pays. Le dogue
( m) y le chien (n) que l’on appelle petit
danois ( mais fort improprement , puif-
qu’il n’a d’autre rapport avec le grantl
danois que d’avoir le poil court) , le
chien -turc ('o ), 8c ü l’on veut encore»
ie cliien d’Iflande (p) , ne font aufC
qu’un même chien qui, tranfporté dans
un climat très -froid comme i’I (lande »
r ij UlyJJis Aldrovandi , de quadrupcd. digitdh
Vivip, lih. III, page 55Æ.
(' Voyez la planche du Dogue.
( Voyez celle du petit Danois , pg. z,
f 0) Voyez celle du chien - turc , fig. % ,
( vJ- Voyez celle du Chknd’Jflapde,
du Chien. 34^^
aura pris une forte fourrure de poil , &
dans les climats très -chauds de 1 Afrique
& des Indes aura quitté fa robe -, car le
chien fans poil, appelé chien - turc, eik
encore mal nommé, ce neft point dans
le climat tempéré de la Turquie que les
chiens perdent leur poil, ceft en Gui-
née & dans les climats les plus chauds
des Indes , que ce changement arrive-, &
le chien -turc neft autre chofe quun
petit danois qui, tranfporté dans les
pays exceffivement chauds , aura perdu
fon poil , & dont la race aura enluite
été tranfportée en Turquie ou Ion aura
eu foin de les multiplier. Les premiers
que l’on ait vus en Europe , au rapport
d’Aldrovande , furent apportes de Ion
temps en Italie , où cependant ils ne
purent, dit- il, ni durer, ni multiplier ,
parce que le climat éroit beaucoup trop
froid pour eux i mais comme il ne donne
pas la defcriprion de ^ ces cliiens nus ,
tious ne favons pas s ils etoient lem-
blables à ceux que nous appelons aur
jourd’hui chiens -turcs , & h Ion peut
par conféquent les rapporter au
danois , parce que tous les chiens , de
P iij
342 Hijîoire Naturelle
quelque race & de quelque pays qu’ils
loienc , perdent leur poil dans les climats
exceffivenient chauds ( q ), 8c comme nous
l’avons dit, ils perdent aulïî leur voix ;
dans de certains pays ils font tout-à-faic
muets , dans d’autres ils ne perdent que
la faculté d aboyer, ils hurlent comme
les loups , ou glapilTent comme les
renards , ils ferablent par cette altération
fe rapprocher de leur état de nature ;
car ils changent aulîî pour la forme &
pour linflindt : ils deviennent laids ( r),
& prennent tous des oreilles droites &
pointues. Ce ^ n eft aullî que dans les cli-
mats temperes que les chiens confervent
leur ardeur , leur courage , leur fagacité ,
& les autres talens qui leur font naturels ;
ils perdent donc tout lorfqu’on les tranf-
{ q) Hidoire générale des voyages, par M, l’abbé
Pievoft, tome IV, page 33ÿ.'
éV Voyage de la Boiillaye- le -Gouï. Paris, tGxy,
page 357, Voyage de Jean Ovington. Paris, 2735,
tome I , page 376'. Hiftoire univerfelle des voyages ,
par du Peixier de Montfrafîer. Paris ^ ^'7^7 3
544 &fnivantcs. Vie de Chriaophe Colomb. Paris,
iGSt , partie I.re , page to6. Voyage de Bofmao
en Gmnce , &lc. Utrecht, lyog, page a^o. Hif'
toire générale des voyages , par M. l’abbé Prevod >
tome IV, page aaÿ.
du Chien. 3 43
borte dans des climats trop chauds -, mais
comme fi la Nature «e vouloit jamais nen
faire d’abfoiument mutile, il^ fe tro^
que dans ces memes pays ou ies chiens
ne peuvent plus fervir a aucun des
ufages auxquels nous les
on les recherche pour la tabk , & que
les Nègres en préfèrent la chair à celle
de tous^ les autres animaux : on conduit
les chiens au marche jlour les vendre .
on lesachette plus cher que le '^on ,
le chevreau , plus cher meme ^le tout
autre gibier-, le mets le plus déli-
cieux d\in feftin chez les Nègres eft un
chien rôti. On pourroit croire que le
goût fl décidé qu’ont ces peuples pour
fa chair de cet animal, vient du
gement de qualité de cette meme chair
qui , quoicme très-mauvaife à manger
dans nos climats tempérés , acipiert peut-
être un autre goût dans ces cima
ians", mais ce qui me fait penfer quece
dépend plutôt delà nature de 1 homme
que de celle du chien , c eft que les fau-
vages du Canada qui habitent tm pa> *
froid , ont ie même gouc que les
pour la chair du chien , t> s
^ PuiJ
344 JJiJloire Naturelle
Mffionnafres en ont quelquefois mangé
Utns Hegout. cc Les chiens fervent en
guife de mouton pour être mangés en
» feftinj dit le P. Sabard Theodat : je me
« fuis trouvé diverfes fois à des feftins
I» de chien , j avoue véritablement que
»du commencement cela me faifoit
horreur , mais je nen eus pas mangé
» deux fois que j’en trouvai la chair
J ”” n’ ^ approchant
» de celle du porc (f)rt.
Dans nos climats, les animaux fau-
vages qui approchent le plus du chien ,
& fur -tout du chien à oreilles droites ,
tîu chien de berger , que je regarde
connue la fouche & le type de l’efpèce
entière , font le renard & le loup ; &
comme la conformation intérieure eft
prefque entièrement la même, & que les
diderences extérieures font allez légères,
j ai voulu eflâyer s’ils pourroient produire
enfemble : j ’efpérois qu’au moins on
parviendroit à les faire accoupler , & que
s ils ne produifoient pas des individus
féconds, ils engendreroient des efpèces
ThS H “ T Sabard
Theodat, B.«coUet, Vans, / 6 ’^-a , fage j 1 1 .
du Chien. ' 345
de mulets qui auroient particqDé de la
nature des deux. Pour cela, ) aifaK elever
Une louve prife dans les bois à 1 âge de
deux ou trois mois , avec un mâtin de
même âge -, ils étoient enfermes enlemble
& feuls dans une affez grande cour ou
aucune autre bête ne pouvoir entrer , &
où ils avoientun abri pour (e retirer-, ils
ne conuoiffoient ni l’un ni 1 autre aucun
individu de leur efpèce , ni meme aucun
homme que celui qui étoit charge du loin
de leur porter tous les jours à manger :
on les a gardés trois ans, toujours avec
la même attention , & fans les contraindre
ni les enchaîner. Pendant la première
année, ces jeunes animaux jouoiem per-
pétuellement enfemble & paroilToient
s aimer beaucoup-, à la fécondé annee ils
commencèrent par fe difputer lajiour-
riture, quoiqu’on leur en donnât plus
qu’il ne leur en falloir. La querelle venoit
toujours de la louve -. on leur portent de
la viande & des os fur un grand plat de
bois Que Toiipofoit â terre \ dsnslinftant
même la louve , au Heu de fe jeter fur la
viande , commençoit par ecarter le >
& prenoit enfuite le plat par la tranche li
54 <^ Hijïoire Naturelle
adroiiement , qu elle ne laifToic rien tom-
ber de ce qui étoit deffus , & emportoic
îe tout en fuyant ; & comme elle ne
pouvoir forcir^ je l’ai vue fou vent faire
cinq ou fix fois de fuite le tour de la
Cour , tout le long des murailles, toujours
tenant le plat de niveau entre fes dents ,
& ne le repoler à terre que pour re-
prendre haleine & pour fe jeter fur la
viande avec voracité , & fur le chien avec
fureur lorfqu’il vouloir approcher. Le
chien étoit plus fort que la louve j'mais
comme il croît plus doux, ou plutôt
moins féroce , on craignit pour fa vie, &
on lui mit un collier. Après la deuxième
année, les querelles étoient encore plus
vives Sc 'lcs combats plus fréquens, &
on mit auflî un collier à la louve , que
le chien commençoit à ménager beau-
coup moins que dans les premiers temps.
Pendant ces deux ans il n’y eut pas le
moindre ligne de chaleur ou de délit,
ni ^ dans 1 un ni dans l’autre -, ce ne fut
qu à la fin de la rroifième année que ceS
animaux commencèrent à relTentir les
imprellions de l’ardeur du rur , mais fans
amour j car loin que cet état les adoucît ,
du Chien.
347
ou les rapprochât lun de 1 autre , ib n eri
devinrent que plus ^ ^ P "
féroces: ce n etoit plus
mens de douleur meles a des er s de
colère -, iis maigrirent tous deux en moins
de trois femaines , fans jamais s appro^er
autrement que pour le déchirer : enfin
ils s'acharnèrent fl fonlun contre l autre ,
mie le chien tua.ia louve qui croît de-
wnue la plus maigre & la plus foible, &
Ton fut obligé de tuer le chien quelques
• mree au’au moment qu on
Sude meure en liberté , il fit grand
dégât en fe lançant avec fureur fur les
•vokilles, fur les chiens, & meme furies
^°ravSs dans le même temps des re-
nards , deux mâles & une femelle ,
ion avoir pris dans des pieges , & que
le faifois garder loin les uns des autres
dans des fieux féparés : ) avois fa« atf -
-cher l’un de ces renards avec une chain
légère , mais allez longue & on lui avoit
bâfi une petire hutte ou il fe mettoit
rabti. Je le gardai pendant plufieurs mois ,
il fe portoit bien *5 & quoiqui f^r 1
ennuyé & les yeux toujours^ xes
54 ^ Uijloire Naturelle
campagne qu'il voyoit de fa hutte, il ne
lailloit pas de manger de très. grand
appétit. On iui préfenta une chienne en
chaleur que l’on avoir gardée , & qui
n avoir pas été couverte ; & comme elîe
ne vouloir pas refter auprès du renard ,
on pnt le parti de l'enchaîner dans le
meme lieu , & de leur donner largement
a manger. Le renard ne la mordit ni ne
la maltraita point : pendant dix Jours qu'ils
demeurèrent enfemble , iLn'y eut pas la
moindre querelle, ni Je jour, ni la nuit,
ni aux heures du repas; le renard s’ap-
prochoit même allez familièrement , mais
dès qu'il avoir Hairé de trop près fa con>.
pagne le ligne du défit difparoiiïbit,
& il s'en retournoit rriltem'ent dans fa
hutte; il ny eut donc point d’accou'-
plement. Lorfque la chaleur de cette
chienne fut paflée , on lui en fubftitua
une autre qui venoit d'entrer en chaleur ,
enfuite une troifième & une qua-
trième. Le renard les traita toutes avec
la même douceur, mais avec la même
indiftcrence : & afin de m’allurer fi
c’étoir la répugnance naturelle ou l'état
de coniraiiue où il étoit qui l'empêchoit
du Chien. 349 ^
âe s’accoupler , je lui fis amener une
femelle de fon efpèce, il la couvrit dès
le même jour plus dune fois , & nous
trouvâmes , en la difféciuant quelques
femaines après, quelle écoit pleine, &
qu’elle aurott produit quatre petits re-
nards. On préfenta de même fucceflive-
ipent à l’autre renard pluficurs chiennes
en chaleur , on les enferraoit avec lui
dans une cour où ils nécoient point en-
chaînés •, il n’y eut ni haine , ni amour,
ni combat , ni careffes , & ce renard
mourut au bout de quelques mois de
dégoût ou d ennui.
Ces épreuves nous apprennent _ au
moins que le renard & le loup ne iont
pas tout- à -fait de la même naaire que le
chien-, que ces efpèces non- feulement
font différentes , mais feparees & allez
éloignées pour ne pouvoir les rappro-
ché?, du moins dans ces climats -, qiie
par conféquent le chien ne tire pas Ion
origine, du renard ou du loup , & que les
tiomenclateurs ( t) qui ne regardent ces
ft J Canis caudâ ('fmiftrorfam J rtcunâ , le Chiea-
caudâ, incurvât le Loup. Cdtiis -caudu re 9
h Lianxi ,
3 J O Hijîoire Naturelle
deux animaux que comme des chieni
fauvages , ou qui ne prennent le chien
que pour un loup ou un renard devenu
domeftique, & qui leur donnent à tous
trois le nom commun de cliien , fe trom-
pent , pour n’avoir pas allez confulté là
Nature.
Il y a dans les climats plus chauds quC
le nôtre une efpèce d’animal féroce &
cruel 5 moins diftcrent du chien que nC
îc font le renard ou le loup ; cet animal»
qui s’appelle Adhe ou chacal, a été re-
marqué &: alTez bien décrit par quelques
voyageurs -, on en trouve en grand
nombre en Ane & en Afrique , au^
environs de Trébifonde (u ) , autour dt'
mont Caucafc, en Mingrélie , en
Natolie (yj , en Hyrcanie en Pcrfe»
aux Indes , à Surate (a), a. Goa, à
Voyages de Geraclii Caixeri. Paris, ï^tg)
tome /, page
( x) Voyage de Chardin. Londres , iGSS ,page
Voyage de Dumont. La Haye , 163,9 '
tome page ^iS & fuivantes.
Voyage de Chardin. Amfltrdam. , 17 n'
tome II , page 03.
( a) Voyage d’Innigo de Biervillas. Paris, 1336$
partit L'» , page lyS,
du Chien. 3 5 *
Guzarat , à Bengale , au Congo (h ) , en
Guinée , & en pluiieurs autres endroits :
& quoique cet animal foit regardé par
les naturels des pays qu il habite , comme
Un chien fauvage, & que fon nom même
le défigne-, comme il eft très -douteux
qu’il le mêle avec les chiens & qu’il
puille engendrer ou produire avec eux ,
nous en ferons l’hiftoire à part , comme
nous ferons aulïi celle du loup j celle
du renard > & celle de tous les autres
animaux qui ne fe niêlant pomt
femble , font autant d efpeces dillinttes
féparées. , . v
Ce n’eft pas que je pretende^ dune
Uianière décillve & abfolue que 1 adive ,
& même que le renard & le loup ne
le foient jamais , dans aucun temps , ni
dans aucun climat, mêlés avec les chiens.
Les Anciens l’allurent allez pofitivement
pour qu’on puille encore avoir fur cela
quelques doutes, maigre les epreuves
que je viens de rapporter ■, & j avoue
qu’il faudroit un plus grand nombre de
pareilles épreuves pour acquérir fur ce
J Voyage de Bofman > 33^ ^
Voyage du P. Zuchel, Capucin, pnff' 3.9J-
5 52 , Uijîoîre Naturelle
fait une certitude entière. Ariftote, dont
je fuis très -porté à refpeèber ie témoi-
gnage , dit précifément ( c) qu’il eft rare
que les animaux qui font d'efpèces dif-
ferentes fe mêlent enfemble ; que ce-
pendant il eft certain que cela arrive dans
les chiens , les renards & les loups ; que
les chiens indiens proviennent d’une autre
bête fauvage femblable & dun chien.
On pourroit croire que cette bête fau-
vage , à laquelle il ne donne point de
nom , eft l’adive ; mais il dit dans un
autre endroit que ces chiens indiens
viennent^ du tigre & du chien , ce qui
me paroit encore plus difficile à croire 5
parce que le tigre eft d’une nature &
dune forme bien plus différentes de
celles du chien , que le loup , le renard
ou ladive. Il faut convenir qu’Ariftote
femble lui -même infirmer fon témoi-
gnage à cet égard ; car après avoir dit
que les chiens Indiens viennent d’une
bête fauvage femblable au loup ou au
renard , il dit ailleurs qu’ils viennent du
{ cj Arift. de generatione animal. Hb.II, cap }.
C Anftj hijl. animal. Ijb, vill, cap. as.
du Chien. 35 5
^gre , & fans énoncer lî c’eft du tigre &
de la chienne , ou du chien & de la ti-
grelTe , il ajoute feulement que la choie
ne réufïït pas d’abord , mais feulement à
la troifième portée -, que de la première
fois il ne réfulte encore que des tip-es
qu’on attache les chiens dans les déferts ,
&: qu’à moins que le tigre ne foit en
chaleur , ils font fouvent dévorés -, que
Ce qui fait que 1 Afrique produit fouvent
des prodiges & des monftres , c eft que
l’eau y étant très - rare & la chaleur fort
grande , les animaux de difterentes el-
pèces fe rencontrent alfembles en grand
nombre dans le même lieu pour boire i
que c’eft-là qu’ils fe familiarifent , s’ac-
couplent & produifent. Tout cela pie
paroît conjeaural, incertain, & meme
^Ifez fufped pour n’y pas ajouter foi ;
^ar plus on obferve la nature des ani-
'naux , plus on voit que 1 indice le plus
fût pour en juger, c’eft linftinéf. Lexp
naen le plus attentif des parties inte-
heures ne nous découvre que les grqlTp
différences •, le chevàl & 1 ane , qui fe
teflemblent parfaitement par la confor-
ftiation des parties intérieures , font cepen-
3 54 Uijîoire Naturelle
dant des animaux d’une nature différente»
le taureau , le bélier & le bouc , qui ne
diffèrent en rien les uns des autres pout
la conformation intérieure de tous leS
vifccres , font d’efpèces encore plus
éloignées que l’âne & le clieval , & il en
eft de même du chien , du renard & dii
loup. L’infpeétion de la forme extérieure
nous éclaire davantage-, mais comme danS
plufieurs efpèces , & fur-tout dans celles
qui ne font pas éloignées , il y a même
à l’extérieur , beaucoup plus de relïem'
blance que de différence, cette infpec'
tion ne fufht pas encore pour décider U
ces elpcces font differentes ou les mêmes »
enfin lorfque les nuances font encore
plus légères , nous ne pouvons les faifif
qu’en combinant les rapports de l’inf
tinét. C’eft en effet par le naturel des
animaux qu’on doit juger de leur nature »
& fî l’on fuppofoit deux animaux tout
femblables pour la forme, mais tout dif*
ferons pour le naturel , ces deux animau<
qui ne voudroient pas fe joindre , Si
qui ne pourroient produire enfemble »
1 croient, quoique femblables, de deu»
efpèces différentes.
du Chien, 355
Ce même moyen auquel on eft obligé
d’avoir recours pour juger de la difté-
rence des animaux dans les efpèces voi-
fines, eft, à plus forte raifon , celui qu on
doit employer de préférence k tous autres ,
lorfqu’on veut ramener à des points fixes
les nombreufes variétés que l’on trouve
dans la même efpcce : nous en con-
HoilTons trente dans celle du chien, &
allurément nous ne les connoiftbns pas
toutes. De ces trente variétés , il y en a
dix-fept que l’on doit rapporter à Tin-
fluence du cliimat -, favoir , le Chien de
flereer , le Chien - loup , le Chien de
Sibérie , le Chien dlflande & le Chien
de Lapponie , le Mâtin , les Lévriers ,
le grand Danois & le Chien d’Irlande ,
le Chien courant , les Braques , les Baf-
lets , les Épagneuls & le Barbet , le petit
fl^anois , le Chien -turc & le Dogue ;
les treize autres, qui font le Chien -turc
’ï'éris , le Levrier à poil de loup , le
Chien -bouffe , le Chien de Malte ou
Bichon , le Roquet , le Dogue de forte
^ace , le Doguin ou Mopfe , le Chien
de Calabre , le Burgos , le Chien d Ali-
'^ante , le Chien -lion , le petit Barbet
3 5 <3 HiJIoire Naturelle
Sc le Chien qu’on appelle Artois , IlToîs
ou Quatre-vingt , ne l'ont que des métis
qui proviennent du mélange des pre-
miers ; & en rapportant chacun de ces
chiens métis , aux deux races dont ils
font ilTus, leur nature eft dès -lors alfez
connue -, mais à l’égard des dix-fept
premières races, fi l’on veut connoître
les rapports qu’elles peuvent avoir entre
elles , il faut avoir égard à i’inftinéb , à
îa forme & à plufieurs autres circonf-
tances. J’ai mis enfemhie le Chien de
Berger , Je Chien - loup , le Chien de
Sibérie , le Cliien de Lapponie & le
Chien d Illande , parce qiuls fe rel-
femblent plus qu’ils ne reliembient ainf
autres par la figure & par le poil , qu’ils
ont tous cinq le mufeau pointu à peti
près comme le renard , qu’ils font les
feuls qui aient les oreilles droites , & que
leur inftinél: les porte à fuivre & gardet
les troupeaux. Le Mâtin , le Levrier ,
le grand Danois & le Chien d’Irlande
ont , outre la relîemblance de la forme ^
du long mufeau , le meme naturel ; ils
aiment à courir , à fuivre les chevaux »
les équipages -, ils ont peu de nez , Si
âu Chien. 357
chaiïent plutôt à vue qu à l’ocîotat. Les
Vrais chiens de chaffe font les Chiens
vpurans , les Braques , les Baffets , les
Épagneuls & les Barbets ; quoiqu’ils
difterent un peu par la forme du corps ,
Us ont cependant tous le mufeau gros •,
& comme leur inftintt efl: le meme , on
lie peut guère fe tromper en les mettant
«nfemble. L’Épagneul , par exemple , a
été appelé par quelques Naturaliftes ,
<:anis aviarius terreftris , & le Barbet, canis
fiviarius aquaticus ; & en effet, la feule
différence qu’il y ait dans le naturel de
Ces deux chiens , c’eft que le Barbet ,
9Vec fon poil touftu , long & frifé , va
plus volontiers à l’eau que l’Épagneul ,
^ui a le poil lüfe & moins fourni , ou
'Jue les trois autres qui l’ont trop court
^ trop clair pour ne pas craindre de fe
•fouiller la peau. Enfin le petit Danois
^ le Chien -turc ne peuvent manquer
d’aller enfemble , puifqu’il eft avéré que
Chien -turc n’eft qu’un petit Danois
^tii a perdu fon poil. Il ne refte que
le Dogue , qui par fon mufeau court
femble fe rapprocher du petit- Danois
plus que d’aucun autre chien , roais qui;
3 J 8 Hijloire Naturelle
en diffère à tant d’autres égards , qu’H
paroît feul former une variété différente
de toutes les autres , tant pour la forme
que pour l’inllinél : il femble auflî afteéfef
un climat patticulier, il vient d’Angle'
terre, & l’on a peine à en maintenir b
race en France •, les métis qui en pro"
viennent , & qui font le Dogue de forte
race & le Doguin , y réuflîüent mieux '
tous ces chiens ont le nez fi court qu’ils
ont peu d’odorat , & fouvent beaucoup
d’odeur. Il paroît auffi que la fineffè de
i’odorat , dans les chiens , dépend de Is
groffeur plus que de la longueur Ji*
mufeau , parce que le Levrier , le Mâtiu
& le grand Danois , qui ont le mufeaü
fort alongé , ont beaucoup moins de ne^
que le Chien courant , le Braque &
Baffet , & même que l’Épagneul & 1^
Barbet , qui ont tous, à proportion d®
leur taille , le mufeau moins long , mais
plus gros que les premiers.
La plus ou moins grande perfeétioP
des fens , qui ne fait pas dans l’homiu^
une qualité éminente , ni même remaf'
quable , fait dans les animaux tout leu^
mérite , & produit comme caufe , tou*
du Chien. 359
taîens dont leur nature peut être fuf-
l^eptible. Je n entreprendrai pas de faire
'ci rénumération de toutes les qualités
^’un chien de chalTe , on fait affez com-
l^ien l’excellence de l’odorat , Jointe à
‘éducation , lui donne d’avantage & de
^'^périorité fur les autres animaux -, mais
détails n’appartiennent que de loin
^ l’Hiftoire Naturelle , & d’ailleurs les
'ofes & les moyens , quoiqu’émanés de la
^'inple Nature que les animaux fauvages
"letcent en œuvre pour fe dérober à la
'Recherche, ou pour éviter la pourfuitc &
atteintes des chiens , font peut-être
l'iüs merveilleux que les méthodes les
Unes de l’art de la chafle.
, Le chien , lorfqu’il vient de naître ;
"eft pas encore entièrement achevé ;
^^ns cette efpèce , comme dans celle
tous les animaux qui produifent en
pand nombre , les petits, au moment de
naillance , ne font pas auffi parfaits
dans les animaux qui n’en produifent
Hu’un ou deux. Les chiens naiflent com-
^''Unément avec les yeux fermés , les deux
l'Supières ne font pas fimplement collées ,
'''ais adhérentes par une membrane qui
3 <3 O Hîjloire Naturelle
fe déchire lorfqne îe mufcle de îa paU^
pière fupérieure cft devenu affez fort
pour la relever & vaincre cet obftacle >
& la plupart des chiens n’ont les yeu’^
ouverts'qü’au dixième ou douzième jouf'
Dans* ce meme temps, les os du crân^
ne font pas achevés , le corps eft bouffi ’
le muleau gonflé, & leur forme nei^
pas encore bien deffinée •, mais en moia^
d’un mois ils apprennent à faire ufag^
de tous leurs fens & prennent enfuit^
de la force & un prompt accroilTement'
Au quatrième mois ils perdent qucb
ques-unes de leurs dents, qui , comU'*'
dans les autres animaux , font bientd
remplacées par d’autres qui ne tombed
plus : ils ont en tout quarante - deu’'
dents , favoir fix incifives en haut &
en bas , deux canines en haut & dei‘^
en bas , quatorze mâchelières en ha‘‘^
& douze en bas ; mais cela n’eft p-’*
conftant , il fe trouve des cliiens qui oi’^
plus ou moins de dents mâchelièrC^'
Dans ce premier âge , les mâles coini^’^
les femelles s’accroupitrent un peu po*^^
piffer , ce n’cll: qu’à neuf ou dix mois q‘'^
les mâles , & même quelques femelle*’
commence*!
du Chien. ^6i
Commencent à lever la cuilTe , & c"eft
dans ce même temps qu’ils commencent
à être en état d’engendrer. Le mâle peut
s’accoupler en tout temps , mats la fe-
melle ne le reçoit que dans des temps
marqués ; c’eft ordinairement deux fois
par an , & plus fréquemment en hiver
qu’en été : la chaleur dure dix , douze &
quelquefois quinze jours-, elle fe marque
par des lignes extérieurs , les parties de
îa génération font humides, gonflées &
proéminentes au dehors ; il y a un petit
écoulement de fang tant que cette ardeur
dure, & cet écoulement aulîi-bien que
le gonflement de la vulve commencent
quelques Jours avant l’accouplement : le
mâle fent de loin la femelle dans cet état
^ la recherche , mais ordinairement elle
fie fe livre que lix ou fept Jours après
qu’elle a commencé à entrer en chaleur.
On a reconnu qu’un feul accouplement
fuffit pour qu’elle conçoive , même en
grand nombre cependant , lorfqu’on la
’ailfe en liberté , elle s’accouple plulîeurs
fois par jour avec tous les chiens qui fe
ptéfentent : on ohferve feulement que
lorfqu’elle peut choifir , elle préfère
Tome J, Quadrupèdes, Q
3 (} 2 Hijîoire Naturelle
toujours ceux de la plus grollè & de
la plus grande taille , quelque laids 8c
quelque difproportionnés qu'ils puiflent
être : auffi arrive- 1 - il alTez fouvent
que de petites chiennes qui ont reçu
des mâtins , périllènt en faifant leurs
petits.
Une chofe que tout le monde fait, &
qui cependant n’en eft pas moins une
fingularité de la Nature , c’eft que dans
l’accouplement ces animaux ne peuvent
fe réparer , même après la confommation
de i’aéle de la génération , tant que l’état
d’éreélion & de gonflement fuhfifte, ils
font forcés de demeurer unis , & cela
dépend fans doute de leur conformation.
Le chien a non-feulement , comme plu-
iîeurs autres animaux, un os dans la verge,
mais les corps caverneux forment dans
le milieu une efpèce de bourrelet fort
apparent , & qui fe gonfle beaucoup dans
l’éreétion : la chienne , qui de toutes les
femelles eft peut-être celle dont le clitoris
eft le plus confidérablc & le plus gros
dans le temps de la chaleur, prélente
de fon côté un bourrelet , ou plutôt une
tumeur ferme & faillante , dont le gotf*.
du Chien. 365
■flemenc, auiïi-bien que celui des parties
voifines , dure peut-être bien plus long-
temps que celui du mâle, & fuftît peut-
être auffi pour le retenir malgré lui -, car
au monaent que l’aéte eft confommé , il;
change de pofition, il fe . remet à pied
pour fe repofer fur fes quatre Jambes , il
a même l’air trille , & les eftbrts- pour fe
féparer ne viennent Jamais de la femelle.
Les chiennes portent neuf femaines ,
c’eft - à - dire , foixante - trois jours , quel-
quefois foixante-deux ou foixante- un y
& jamais moins de foixante ; elles pro-
duifent lîx , fept , & quelquefois jufqu à
douze petits ; celles qui font de la plus
grande .& de la plus forte taille', pro-
duifent en plus grand nombre que les
petites , qui fouvent ne font que quatre
ou cinq;, & quelquefois qu’un ou -deux
petits 5 '.fur -tout dans les premières por-
tées-v qui 'font toujours moins nombreufes
que les , autres dans tous les animaux.
Les diiens-, qtioiqqe très-ardens en
^our , ne laillent pas de durer , il ne
paroît pas meme -que l’âge duninue leur
ardeur ^ ils s’accouplent & produtfent pen-
dant toute la vie , qui eft ordinairement
5^4 HiJIoire Naturelle
bornée à quatorze ou quinze ans , quoi-
qu’on en ait gardé quelques-uns jufqu’à
vingt. La durée de la vie eft dans le
chien , comme dans les autres animaux ,
proportionnelle au temps de l'accroiffe-
menr •, il. eft environ deux ans à croître ,
il vit aulîî fept fois deux ans. L’on peut
eonnoître fon âge par les dents , qui dans
îa jeunelTe font blanches , tranchantes &
pointues , & qui , à mefure qu’il vieillit ,
deviennent noires , moulTes & inégales ,
on le connoît aulïï par le poil , car il
blanchit fur le mufeau , fur le front &
autour des yeux.
Ces animaux, qui de leur naturel font
très - vigilans , très - adifs ^ & qui font
faits pour le plus grand mouvement ,
deviennent dans nos maifons, parla fur-
charge de la nourriture , fi p'efans & fi
parefleux , qu’ils palfent touœ leur, vie à
ronfler , dormir & manger. Ce fdtnmeil
prefque continuel , eft accompagné de
rêves , & c’efl: peut r être, une^ daüce
manière d’exifter-, ils font naturellement
voraces ou gourmands , & cependant ils
peuvent fe pafler de nourriture pendant
long-temps. Il y a dans les Mémoires de
du Chien. 5^5
i l’Académie des Sciences ( c) riiiftoire
d’une chienne , qui ayant été oubliée
dans une inaifon de campagne , a vécu
quarante jouts fans autre nourriture que
l’étoffe ou la laine d’un matelas qu’elle
avoir déchiré. Il paroît que l’eau leur eft
encore plus nécelfaire que la nourriture ,
ils boivent fouvent & abondamment, on
croit même vulgairement que quand ils
manquent d’eau pendant long -temps ils
deviennent enragés. Une chofe qui leur
eft particulière , c’eft quils paroiffent
faire des efforts & fouffrir toutes les fois
qu’ils rendent leurs excrémens : ce n’eft:
pas , comme le dit Ariftoce ( d) , parce
: que les inteftins deviennent plus étroits
approchant de 1 anus , il eft certain ,
au contraire que dans le chien , comme
dans les autres animaux , les gros boyaux
s’élargiffent toujours de plus ‘en plus
& que le reétum eft plus large que le
Colon : la fécheretle du tempérament
de cet animal fuffit pour produire cet
effet, & les étranglemens qui fe trouvent
f ) Hîftoite de l’Académie des Sciences , année
iyo6 ; page s.
fdj Atiftot. de partibus animal, capite ultimo.
Qiij
^6-6 Hijloire Naturelle
dans le colon, font trop loin pour qif ou
puiffe l’attribuer à la conformation des
inteftins.
Pour donner une idée plus nette de
l’ordre des chiens , de leur génération
dans les dillérens climats , & du mélange
.de leurs races , je joins ici une table ,
ou , fl l’on veut , une efpèce d’arbre
généalogique , où l’on pourra voir d’un
coup dœil toutes ces variétés : cette
table eft orientée comme les cartes géo-
graphiques, & l’on afuivi, autant qu’il
ctoit pollible , la pofition refpeélive des
climats.
Le Chien de Berger eft la Touche de
l’arbre : ce chien tranfporté dans les cli-
mats rigoureux du Nord , s’cft enlaidt
& rapetilTé chez les Lappons , & paroît
s’être maintenu, & même perfeétionné»
en Illande , en Ruffie, en Sibérie, dont
le climat eft un peu moins rigoureux &
où les peuples font un peu plus civilifés>
Ces changemens font arrivés pat la feul^
influence de ces climats , qui n’a pa5
produit une grande altération dans 1^
forme; car tous ces chiens ont les oreille^
droites , le poil épais & long , l’air fai*'
du Chien, 367
Vage , & ils n’aboient pas auffi fréquem-
ment ni de la même manière que ceux
qui , dans des climats plus favorables ,
fe font perfeâionnés davantage. Le
Chien dlflande eft le feul qui n ait pas
les oreilles entièrement droites, elles font
un peu pliées par leur extrémité, auffi
riflande eft, de tous ces pays du Nord,
l’un des plus anciennement habités par
des hommes à demi-civilifés.
Le même Chien de Berger , tranf-
porté dans des climats temperes , & chez
des peuples entièrement policés , comme
en Angleterre , en France , en Alle-
magne , aura perdu fon air fauvage , fes
oreilles droites , fon poil rude , épais^ &
long , & fera devenu Dogue , Chien
courant & Mâtin , par la feule influence
de ces climats. Le Mâtin & le Dogue
Ont encore les oreilles en partie droites ,
elles ne font qu’à demi pendantes , & ils
reflemblent allez par leurs mœurs & par
leur naturel fanguinaire , au chien duquel
ils tirent leur origine. Le Chien courant
eft celui des trois qui s’en éloigne le
plus , les oreilles longues , entièrement
pendantes , la douceur , la docilité , & j
3 (5 8 Hijloire Naturelle
fl on peut le dire , ïa timidité de ce
cliien , font autant de preuves de la
grande dégénération , ou , fi Ton veut ,
de la grande perfeélion qu’a produite
une longue domefticité , jointe à une
éducation foignée & fuivie.
Le Cliien courant , le Braque & le
Ballet ne font qu’une feule & même race
de chiens -, car l’on a remarqué que dans
la même portée il fe trouve alTez fouvent
des chiens courans , des Braques & des
ballets , quoique la Lice n’ait été cou-
verte que par l’un de ces trois chiens.
J’ai accolé le Braque de Bengale au
Braque commun , parce qu’il n’en dif-
fère en effet que par la robe qui eft
mouchetée ; & j’ai joint de même le
Baffèt à jambes torfes au Baflet ordinaire ,
parce que le défaut dans les jambes de
ce chien ne vient originairement que
d’une maladie femblable au rachitis , dont
quelques individus ont été attaqués, &
dont ils ont tranfmis le réfultat , qui
eft la déformation des os , ’à leurs def-
cendans.
Le Chien courant tranfporté en Ef*
pagne & en Barbarie > ou prefque tous
, du Chien. . 3^9
les animaux ont le poil .fin., long &
fourni, feua devenu Epagneul i&, Barbet :
le grand & .le petit Epagneul qui ne
didèrent que par la taille , tranlporrés
en Angleterre , ont changé de couleur
du blanc au noir , & font devenus, par
l’influence du climat, grand & petit Gre-
dins , auxquels on doit joindre le Pyrame
qui n’eft qu’un Gredin noir comme les
autres , mais marqué de feu aux quatre
pattes , aux yeux & au mufeau.
Le Matin tranfporté au nord , eft
devenu grand Danois , & tranfporté au
midi , eft devenu Levrier : les grands
Lévriers viennent du Levant , ceux de
taille médiocre, d’Italie i & ces Lévriers
d’Italie , tranfportés en Angleterre , font
devenus Levrons, c’eft-à-dire. Lévriers
encore plus petits.
Le grand Danois tranfporté en Irlande,
en Ukraine , en Tartarie , en Epire , en
Albanie , eft devenu Chien d’Irlande ,
& c’eft le plus grand de tous les chiens.
Le Dogue tranfporté d’Angleterre en
1 Daneraarck, eft devenu petit Danois ,
i & ce même petit Danois , tranfporté
dans les climats chauds , eft deveim
Qv
570 HiJI oire Naturelle
Chien “turc. Toutes ces races, avec leurf
variétés , n’ont été produites que par
l’influence du climat , Jointe à la dou-
ceur de l’abri, à l’eft'et de la nourriture ,
& au réfultat d’une éducation foignée i
les autres chiens ne font pas de races
pures , & proviennent du mélange de
ces premières races: j’ai marqué par des
lignes ponétuées , la double origine de
ces races métives.
Le Levrier & le Mâtin ont produit
le Levrier métis , que l’on appelle auffi
Levrier à poil de loup ; ce métis a le mufeau
moins effilé que le franc levrier , qui eft
très -rare en France.
Le grand Danois & le grand Epa-
«rneul ont produit enfemble le Chien
de Calabre , qui eft un beau chien à
longs poils touffus , & plus grand par-
la taille que les plus gros mâtins.
L’Épagneul & le Baffet produifent un
autre chien que l’on appelle Burgos.
L’Épagneul & le petit Danois pro-
duifent le Chien - lion , qui eft mainte-
nant fort rare.
Les chiens à longs poils , fins & frifés ,
que l’on appelle Bouffes ^ & qui font de
du Chien. 371
la taille des plus grands barbets , vien-
nent du grand Épagneul & du Barbet.
Le petit Barbet vient du petit Épa-
gneul & du Barbet. ^ ^
Le Dogue produit avec le Mâtin un
Chien métis que l’on appelle Dogue de
forte race , qui eft beaucoup plus gros
que le vrai Dogue, ou Dogue d’An-
gleterre , & qui tient plus du Dogue
que du Matin.
Le Doguin vient du Dogue d’An-
gleterre & du petit Danois.
Tous ces chiens font des métis fimples ,
& viennent du mélange de deux races
pures -, mais il y a encore d’autres chiens
qu’on pourroit appeller Double métis j
parce qu’ils viennent du mélange d’une
pure & d une race déjà melee.
Le Roquet eft un double métis qui
vient du Doguin & du petit Danois.
Le Chien d’Alicante eft auffi un
double métis , qui vient du Doguin &
du petit Épagneul.
Le chien de Malte ou Bichon eft
encore un double métis, qui vient du
petit Épagneul & du petit Barbet.
Enfin il JT a des chiens qu’on pourroit
Qvj
372 HiJIoire Naturelle ^ &c. :
appeler Triples métis , parce qu ils vien- j
nent du mélange de deux races déjà me- 1
lées routes deux -, tel eft le Chien d’Artois,
IfTois ou Quatre-vingt , qui vient du
Dogüin & du Roquet , tels font encore
les chiens que l’on appelle vulgairement
Chiens des rues , qui relTemblent à cous
les chiens en général fans relTemhler à
aucun en particulier , parce qu’ils pro-
viennent du mélange de races déjà plur
/leurs fois mêlées.
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375
LE CH A T.
L e Chat eft un domeftique infidèle i
qu’on ne garde que par néceffité ,
pour l’oppofer à un autre ennemi do-
meftique encore plus incommode , &
qu’on ne peut chafTer : car nous ne
comptons pas les gens qui , ayant du
goût pour toutes les bêtes , n’élèvent
des chats que pour s’en amufer ; l’un eft
l’ijfage , l’autre l’abus -, & quoique ces
animaux, fur-tout quand ilr ^ .. jeunes,
aient de la gentillelie , ils ont en même
temps une malice innée , un caractère
faux , un naturel pervers , que l’âge
augmente encore , & que l’éducation ne
fait que mafquer. De voleurs déterminés ,
ils deviennent feulement, lorfqu’ils font
bien élevés , fouples & flatteurs comme
les fripons ; ils ont la même adrefle , la
même fubtilité , le même goût pour faire
le mal , le même penchant à la petite
rapine -, comme eux ils faveur couvris
leur marche , diffimuler leur delTein ,
épier les occafions , attendre , choifir ,
3 74 Hijloire Naturelle
faifir i’inftant de faire leur coup , fe
dérober enfuite au châtiment , fuir &
demeurer éloignés )ufqu à ce qu’on les
rappelle. Ils prennent aifément des habi-
tudes de fociété, mais jamais des mœurs:
ils n’ont que l’apparence de l’attache-
ment -, on le voit à leurs mouvemens
obliques, à leurs yeux équivoques-, ils
ne regardent jamais en face la perfonne
aimée -, foh défiance ou faulTete , ils
prennent des détours pour en approcher ,
pour chercher des careflTes auxquelles
ils -ne font fenfibles que pour le plaifir
qu’elles leur font. Bien cfiftérent de cet
animal fidèle , dont tous les fentimens fe
rapportent à la perfonne de fon maître ,
le chat paroît ne fentir que pour foi ,
n’aimer que fous condition , ne fe prêter
au commerce que pour en abufer ; & par
cette convenance de naturel, il eft moins
incompatible avec l’homme qu’avec le
chien dans lequel tout eft fincère.
La forme du corps & le tempérament
font d’accord avec le naturel, le chat eft
joli , léger , adroit , propre & volup-
tueux : il aime- fes ailes , il cherche le*
meubles les plus mollets pour s’y repofet
du Chat. 5 7 ^
& s’ébattre : il eft auffi très -porté à
i’amour , & , ce qui eO: rare dans les ani-
maux , la femelle paroît être plus ardente
que le mâle", elle l’invite, elle le cherche ,
elle l’appelle , elle annonce par de hauts
cris la fureur de fes defîrs , ou plutôt
l’excès de fes befoins , &; lorfque le mâle
la fuit ou la dédaigne, elle le pourfuit,
le mord, & le force, pour ainfi dire, à la
fatisfaire , quoique les approches foient
toujours accompagnées d’une vive dou-
leur, La chaleur dure neuf ou dix
jours , & n’arrive que dans des temps
1 marqués ", c eft ordinairement deux fois
j par an , au printemps & en automne , &
îonvent auffi trois fois , & même quatre.
Les chartes portent cinquante -cinq ou
cinquante -fix jours-, elles ne produifent
pas en auffi grand nombre que les
chiennes ", les portées ordinaires font de
I quatre , de cinq ou de fix. Comme les
mâles font fujets à dévorer leur progé-
niture , les femelles fe cachent pour
, mettre bas ", & iorfqu’elles craignent
qu’on ne découvre ou qu’on n’enlève
leurs petits , elles les tranfportent dans
5 7 *^ JJiJioîre Naturelle
des trous & . dans d’autres lieux ignorés
ou inacceffibles -, & après les avoir allaités
pendant quelques femaines , elles leur
apportent des fouris , des petits oifeaux ,
6 les accoutument de bonne heure à
manger de la chair : mais par une bizar-
rerie difficile à comprendre , ces mêmes
mères , fi foigneufes & fi tendres de-
viennent quelquefois cruelles , dénatu-
rées , & dévorent aufli leurs petits qui
leur étoient fi chers.
Les jeunes chats font gais, vifs , jolis,
& feroient auffi très -propres à amufer
les enfans fi les coups de pâtre n’étoient
pas à craindre j mais leur badinage ,
quoique toujours agréable & léger, n’eft
jamais innocent, & bientôt il fe tourne
en malice habituelle -, & comme ils ne
peuvent exercer ces talens avec quelque
avantage que fur les plus petits animaux ,
ils fe mettent à l’affût près d’une cage ,
ils épient les oifeaux , les fouris, les rats ,
& deviennent d’eux -mêmes, & fans y
être dreffés plus habiles à la chalïe que
les chiens les mieux inftruits. Leur na-
turel, ennemi de toute contrainte, les
du Chat. 3 77
rend incapables d’une éducation furvie.
On raconte néanmoins que des moines
grecs * de l’île de Chypre , avoient
dreflé des chats à chafler , prendre 8c
tuer les ferpens dont cette île étoit in-
feftée , mais cétoit plutôt par le goût
général qu’ils ont pour la deftruétion ,
que par obéiflance qu’ils chalToient -, car
! ils fe plaifent à épier , attaquer & détruire
aflez indiftéremment tous les animaux
foibles , comme les oifeaux, les Jeunes
lapins , les levreaux , les rats , les fouris ,
les mulots, les chauve-fouris, les taupes ,
les crapauds, les grenouilles, les lézards &
les ferpens. Ils n’ont aucune docilité , ils
manquent auffi de la finelle de l’odorat,
qui dans le chien font deux qualités émi-
nentes •, auffi ne pourfui vent -iis pas les
animaux qu’ils ne voient plus , ils ne les
chalTent pas , mais ils les attendent , les
' attaquent par furprife , & après s’en être
joués long -temps ils les ruent fans aucune
néceffité, lors même qu’ils font le mieux
I nourris & qu’ils n’ont aucun befom de
' cette proie pour fatisfaire leur appétit.
î * Defeription des îles de l’Archipel , par Dapper ,
page 5'*
378 Hijioire Naturelle
La caufe phyfique la plus immédiate
de ce penchant qu’ils ont à épier &
furprendre les autres animaux , vient de
l’avantage que leur donne Ia\ confor-
mation particulière de leurs yehx. La
pupille dans l’homme , comme dàis la
plupart des animaux , eft capable d’un
certain degré de contraélion & de dila-
tation •, elle s’élargit un peu lorfcjue hi
lumière manque , & fe rétrécir lorfqu’elle
devient trop vive. Dans l’œil du chat
& des oifeaux de nuit, cette contradion
& cette dilatation font fi confidérables ,
que la pupille , qui dans l’obfcurité eft
ronde & large , devient au grand jour
longue & étroite comme une ligne , &
dès- lors ces animaux voient mieux la
nuit que le jour , comme on le remarque
dans les chouettes , les hiboux , &c. car
la forme de la pupille eft toujours ronde
dès qu’elle n’eft pas contrainte. Il y a
donc contradion continuelle dans l’œil
du chat pendant le jour , & ce n’eft >
pour ainfi dire , que par effort qu’il voir
à une grande lumière -, au lieu que dans
le crépufcule , la pupille reprenant fon
état naturel , il voit parfaitement , &
du Chat. 5 79
profite de cet avantage pour recon-
noître , attaquer & furprendre les autres
animaux.
On ne peut pas dire que les chats ,
quoiqu’habitans de nos maifons , foient
des animaux entièrement domeftiques ;
ceux qui font le mieux apprivoifés n en
font pas plus affervis : on peut même
dire qu'ils font entièrement libres , ils
ne font que ce qu’ils veulent , & rien
au monde ne feroit capable de les retenir
un inftant de plus dans un lieu dont
ils voudraient s’éloigner. D’ailleurs la
plupart font à demi - fauvages , ne con-
noiifent pas leurs maîtres > ne fréquentent
■que les greniers & les toits, & quelque-
fois la cuifine & l’office , lorfque la faim
les prelfe. Quoiqu’on en élève plus que
de chiens , comme on les rencontre
rarement , ils ne font pas fenfation poul-
ie nombre , auffi prennent- ils moins
d’attachement pour les perfonnes que
pour les maifons : lorfqu’on les tranf-
porte à des diftances alTez confidérables,
comme à une lieue ou deux , Hs re-
viennent d’eux -mêmes à leur granrer,
S: c’eft apparemment parce qu’ils en
380 HiJIoire Naturelle
connoiffent toutes les retraites à fotiris,
toutes les iflues, tous les partages , &
que la peine du voyage eft moindre
que celle qu’il fau droit prendre pour
acquérir les mêmes facilités dans un nou-
veau pays. Ils craignent l’eau , le froid
& les mauvaifes odeurs •, ils aimenr à fe
tenir au foleil : ils cherchent à fe gîter
dans les lieux les plus chauds , derrière les
cheminées ou dans les fours •, ils aiment
aulli les parfums , & fe lairtent volontiers
prendre & carertèr par les perfonnes qui
en portent : l’odeur de cette plante que
l’on appelle Y Herbe - aux -chats , les
remue fi fortement & fi délicieufement ,
qu’ils en paroiflent tranfportés de plaifir.
On eft obligé , pour conferver cette
plante dans les jardins , de l’entourer d’un
treillage fermé -, les chats la fentent de
loin , accourent pour s’y frotter , partent
& repartent fi fouvent par-deffus, qu’ils
la détruifent en peu de temps.
A quinze ou dix -huit mois, ces ani-
maux ont pris tout leur accraiflemer.r j
ils font aulTi en état d’engendrer avant
l’âge d’un an , & peuvent s’accoupler
pendant toute leur vie , qui ne s’étend
du Chat. 3 8 i
guère au - delà de neuf ou drx ans •, ils font
cependant très- durs , très-vivaces , & ont
plus de nerf & de reflort que d’autres
animaux qui vivent plus long -temps.
Les chats ne peuvent mâcher que
lentement & difficilement , leurs dents
font fl courtes & fi mal pofées qu’elles
ne leur fervent qu’à déchirer & non pas
à broyer les alimens •, auffi cherchent-ils
de préférence , les viandes les plus tendres -,
ils aiment le poiffon & le mangent cuit
ou crud -, ils boivent fréquemment -, leur
fommeil eft léger , & ils dorment moins
qu’ils ne font femblant de dormir \ ils
marchent légèrement, prefque toujours
en lîience & fans faire aucun bruit •, ils fe
cachent & s’éloignent pour rendre leurs
excrémens & les recouvrent de terre.
Comme ils font propres , & que leur
robe eft toujours lèche & kiftrée , leur
poil s’-étedrife aifément, & l’on en voit
fortir des étincelles dans l’obfcurité lorf-
qu’on le frotte avec la main : leurs yeux
brident aufli dans les ténèbres , à peu
près comme les diamans, qui réfléchrllènt
AP dehors pendant la nuit la lumière donc
382 Hijlûlre Naturelle ]
ils fe font, pour ainfi dire , imbibéspen- '
dant le Jour. 1
Le chat fauvage produit avec le
chat domeftique , & tous deux ne font
par conféquent qu’une feuîe & même
efpèce : il n’eft pas rare de voir des
chats mâles & femelles quitter les maifons
dans le temps de la chaleur pour aller
dans les bois chercher les chats fauvages,-
& revenir enfuite à leur liabitation ; c’eft
par cette raifon que quelques-uns de'
nos chats domeftiques relTemblent tout-
à-fait aux chats fauvages-, la différence
la plus réelle eft à l’intérieur , le chat
domeftique a ordinairement les boyaux 1
beaucoup plus longs que le chat fauvage »
cependant le chat fauvage eft plus fort.
& plus gros que le chat domeftique , '
il a toujours les lèvres noires, les oreilles
plus tordes , la queue plus grolfe &
les couleurs conftantes. Dans ce cliinat
on ne connoîr qu’une .efpèce de char
^uvage , & il paroît par le témoignag©
des voyageurs que cette efpèce le re-
trouve auffi dans prefque tous les climats
fans êtrefujette à de grandes variétés i
du Chat. 383
il J en avoir dans le continent du nou-
veau Monde avant qu on en eût fait la
découverte , un chaffeur. en porta un
qu’il avoir pris dans les bois , à Chrif-
tophe Colomb (a) , ce chat croit d’une
groffeur ordinaire , il avoir le poil gris-
brun , la queue très - longue & très - forte.
Il y avoir auffi de ces chats fauvages au
Pérou (b) J quoiqu’il n’y en eût point de
domeftiques ; il y en a en Canada (c) ^
dans le pays des Illinois , &c. On en a
vu dans plulîeurs endroits de l’Afrique ,
comme en Guinée (d) 3 à la Côte d’or ,
à Madagafcar (e) on les naturels du pays
avoient même des chats domeftiques ,
au Cap de Bonne - efpérance ( f) où
Kolbe dit qu’il fe trouve auffi des chats
fa ) Vie de Chriftophe Colomb , 1 1.’ partie ,
page tCj.
fb J Hiftoiie des Incas, tome II, page a aa.
ro Hiftoire de la nouvelle Fiance pai le Père
Charlevoix, tome III, page
(O Hiftoire générale des voyages , par M. l’abbc
Prévôt, tome IV, prtge ajo.
fej Relation de François Cauche. Paris , tS^t ,
page 325-
fyj Defeription du Cap de Bonne - elpérance ,
par Kolbe, page
384 Hijloire Naturelle
fauvages de couleur bleue , quoiqu'en
petit nombre : ces chats bleus , ou
plutôt • couleur d’ardorfe , fe retrouvent
en Aile. Il y a en Perfe , dit Pietro
33 délia Valle (g), une efpèce de chats qui
33 font proprement de la province du
33 Chorazan -, leur grandeur & leur forme
33 eft comme celle du chat ordinaire ;
33 leur beauté confifte dans leur couleur
33 & dans leur poil , qui eft gris fans
33 aucune moucheture & fans nulle tache ,
33 d’une même couleur par tout le corps ,
33 fi ce n’efl: qu’elle eft un peu plus
33 obfcure fur le dos '& fur la tête , &
33 plus claire fur la poitrine & fur le
33 ventre , qui va quelquefois jufqu’à
33 la blancheur , avec ce tempérament
33 agréable de clair - obfcur , comme
33 parlent les Peintres , qui , mêlés l’un
33 dans l’autre font un merveilleux eftet ;
33 de plus leur poil eft délié , fin , luftré ,
33 mollet , délicat comme la foie , & fi
33 long , que quoiqu’il ne foit pas hé-
93 rifle , mais couché , il eft annelé en
33 quelques endroits , &: particulièrement
C Voyages de Pietro délia Valle , tome V, pages gS
P' W*
du Chat. 385
fous îa gorge. Ces chats font entre les cc
autres chats ce que les barbets font <*
entre les chiens : le plus beau de leur cc
corps eft la queue , qui eft fort longue ce
& toute couverte de poils longs de ce
cinq ou fix doigts ; ils l’étendent & la »
renverfent fur leur dos comme font les ce
écureuils, la pointe en haut en forme ce
de panache j iis font fort privés : les ce
Portugais en ont porté de Perfe iuf- ce
qu’aux Indes ». Pierro délia Valle ajoure
qu’il en avoir quatre couples , qu’il
comptoir porter en Italie. On voit par
cette defeription , que ces chats de Perfe
reifemblent par la couleur à ceux que
nous appelons chats chartreux , & qu’à
la couleur près ils reifemblent parfaite-
ment à ceux que nous appelons chats
d’Angara. II eft donc vrailemblable que
les chats du Chorazan en Perfe , le chat
d’Angora en Syrie & le chat chartreux
ne font qu’une même race , dont la
beauté vient de l’influence particulière
du climat de Syrie , comme les chats
d’Efpagne, qui font rouges, blancs &
noirs , & dont le poil eft auflî très - doux
& très-Iuftré, doivent cette beauté à
Tome I, Quadrupèdes. R,
3 8 (j HiJIoire Naturelle
l’influence du climat de rEfpagnc. On
peut dire en général , que de tous les
climats de la terre habitable , celui d’Ef-
pagne & celui de Syrie font les plus
favorables à ces belles variétés de la
Nature : les moutons , les chèvres , les
chiens , les chats , les lapins, &c. ont en
Efpagne & en Syrie la plus belle laine j
les plus beaux & les plus longs poils ,
les couleurs les plus agréables & les plus
variées ; il femble que ce climat adou-
cilTe la Nature & embeliiflè la forme de
tous les animaux. Le chat fauvage a les
couleurs dures & le poil un peu rude ,
comme la plupart des autres animaux
fauvages devenu domeflâque , le poil
s’eft radouci, les couleurs ont varié, &
dans le climat favorable du Chorazan &
de la Syrie le poil eft devenu plus long»
plus fin , plus fourni, & les couleurs fe
font uniformément adoucies, le noir 8C
le roux font devenus d’un brun -clair,
le gris-brun eft devenu gris-cendré»
& en comparant un chat fauvage dc
nos forêts avec un chat chartreux, on
verra qu’ils ne diflerent en eftet que par
cette dégradation nuancée de couleurs j
du Chat. 387
enfuitê, comme ces animaux ont plus
ou moins de blanc fous le ventre & aux
côtés, on concevra aifément que pour
avoir des chats tous blancs & à longs
poils, tels que ceux que nous appelons
proprement chats d’ Angora , il na fallu
que choilîr dans cette race adoucie ceux
qui avoient le plus de blanc aux côtés
& fous le ventre , & qu en les unifTant
enfemble on fera parvenu à leur faire
produire des chats entièrement blancs ,
comme on fa fait auffi pour avoir des
lapins blancs , des chiens blancs , des
chèvres blanches , des cerfs blancs , des
daims blancs , &c. Dans le chat d’Ef-
pagne, qui ifeft quune autre variété
du char fauvage, les couleurs, au lieu
de s’être affoiblies par nuances uniformes
comme dans le chat de Sytie , fe font ,
pour ainfî dire , exaltées dans le climat
d’Efpagne & font devenues plus vives
& plus tranchées , le roux eft devenu
prefque rouge , le brun efl: devenu noir,
& le gris eft devenu blanc. Ces chats ,
tranfportés aux îles de l’Amérique ^ont
confervé leurs belles couleurs & nont
pas dégénéré : « Il y a aux Antilles ,
388 Uijîoire Naturelle
» dit le P.' du Tertre, grand nombre de
» chats , qui vraifemblablement y ont
3> été apportés par les Efpagnols , la
n plupart font marqués de roux , de
blanc & de noir : plufîeurs de nos
» François , après en avoir mangé la
xicham, emportent les peaux en France
33 pour les vendre. Ces chats , au coni-
33 mencement que nous fûmes dans la
33 Guadeloupe , croient tellement accoU’
33 tumés à fe repaître de perdrix , de'
33 tounerelies, de grives & d’autres petits
33 oifeaux , qu’ils ne daignoient pas re-
33 garder les rats -, mais le gibier étant
33 aéluellement fort diminué , ils ont
33 rompu la crève avec les rats, ils leur
33 font bonne guerre J, &c. 33 En gé-
néral les chats ne font pas, comme les
chiens , fujets à s’altérer & à dégénérer
lorfqu’on les cranfporte dans les climats
chauds.
cc Les chats d’Europe , dit Bofman ,
»3 tranfporcés en Guinée , ne font pas
î 3 fujets à changer comme les chiens ,
Hiftoire générale des Antilles, pat le P. du
Tertic, tome II, page
du Chat. 389
îîs gardent la meme figure (b) , &c. «
Ils font en effet d'une nature beaucoup
plus confiante j & comme leur domefti-
cité n’eft ni auffi entière, ni auffi uni-
verfelle , ni peut-être auffi ancienne que
celle du chien, il n'eft pas furprenant
qu'ils aient moins varié. Nos chats do-
meftiques , quoique diftérens les uns des
autres par les couleurs, ne formentpoinc
de races diflinétes & féparées -, les feuls
climats d'Efpagne & de Syrie , ou du
Chorazan , ont produit des variétés conf-
tantes & qui fe font perpétuées ; on
pourroit encore y Joindre le climat de
la province de Pe-chi-ly à la Chine,
oii il y a des chats à longs poils avec
les oreilles pendantes , que les dames
Chinoifes aiment beaucoup, (c). Ces chats
domeftiques à oreilles pendantes , dont
nous n'avons pas une plus ample defcrip-
tion , fbnt fans doute encore plus éloignés
que les autres qui ont les oreilles droites ,
de la race du chat fauvage, qui néau-
Ch ) Voyage de Guinée par Bofinan ,
(c) Hiftoire géBérale des Voyages , par M. l’abbc
litwôt,toine VJ, pagt 10. __
R IlJ
3 90 Hijîoire Naturelle
moins eft la race originaire & primitive
de tous les chats.
Nous terminerons ici Tliiftoire du
char , & en meme temps l’hiftoire des
animaux domeftiques. Le cheval , lane,
le bcEuf, la brebis , la chèvre , le cochon ,
le chien & le chat, font nos feuls ani-
maux domeftiques : nous ify joignons
pas le chameau , l’éléphant , le renne &
les autres J qui, quoique domeftiques
ailleuts , n’en font pas moins étrangers
pour nous , & ce ne fera qu’après avoir
donné l’hiftoire des animaux fauvages
de notre climat que nous parlerons des
animaux étrangers. D’ailleurs, comme le
chat n’eft, pour ainfi dire, qu’à demi-
domeftique , il fait la nuance entre les
animaux domeftiques & les animaux
fauvages : car on ne doit pas mettre au
nombre des domeftiques , des voillns in-
commodes tels que les fouris , les rats ,
les taupes, qui , quoiqu’habitans de nos
mailbns ou de nos jardins , n’en font
pas moins libres & fauvages, puifqu’au
lieu d’être arrachés & fournis à l’homme
ils le fuient, & que dans leurs retraites
obfcures ils confervent leurs mœurs ,
du Chat. 5 c> I
leurs habitudes & leur liberté toute
entière.
On a vu dans Thiftoirc de chaque
animal domeftique , combien l’éduca-
tion, l’abri, le foin, la main de l’homme
influent fur le naturel, fur les mœurs ,
& même fur la forme des animaux.
On a vu que ces cailles, jointes à l’in-
fluence du climat, modifient, altèrent &
changent les eipèces au point d’être
différentes de ce qu’elles étoient origi-
nairement , Sc rendent les individus II
différens entr’eux, dans le même temps
& dans la même elpcce, qu’on auroit
raifon de les regarder comme des ani-
maux diftérens , s’ils ne confervoient pas
la faculté de produire enfemble des in-
dividus féconds , ce qui fait le caraétère
eflentiel & unique de l’efpcce. On a vu
que les différentes races de ces animaux
domettiques fuivent dans les diftérens
climats le même ordre à peu près que
les races humaines -, qu’ils font , comme
les hommes , plus forts , plus grands &
plus courageux dans les pays froids ,
plus civiiifes, plus doux dans le climat
tempéré , plus lâches , plus foibles &
3 92 . Hijloire Naturelle
plus laids dans les climats trop chauds \
que c^eft encore dans les climars tem-
pérés & chez les peuples les plus policés
que fe trouvent la plus gtande diver-
lité, le plus grand mélange & les plus
nombreufes variétés dans chaque efpèce ;
& ce qui n eft pas moins digne de re-
marque , c’eft qu’il y a dans les animaux
plufieurs figues évidens de l’ancienneté
de leur efclavage . les oreilles pendantes ,
les couleurs variées ; les poils longs &
fins , font autant d’effets produits par le
temps, ou plutôt par la longue durée
de leur domefticité. Prefque tous les
animaux libres & fauvages ont les oreilles
droites-, le fanglier les adroites &roides,
le cochon domeftique les a inclinées &
demi -pendantes. Chez les Lappons ,
chez les Sauvages de l’Américfue, chez
les Hottentots , chez les Nègres & les
autres peuples non policés , tous les
chiens ont les oreilles droites -, au lieu
qu’en Efpagne , en France , en Angle-
terre , en Turquie , en Perfe, à la Chine
& dans tous les pays civilifés , la plupart
les ont molles & pendantes. Les chars
domeftiques n’ont pas les oreilles fi
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du Chat, 3 9 5
toides que. les chats fauvages , & l’on
voit qu’à la Chine, qui eft un empire
très-anciennement policé & où le climat
eft fort doux, il y a des chats domeftiques
à oreilles pendantes. C’eft par cette même
raifon que la chèvre d’Angora , qui A
les oreilles pendantes, doit être regardée
entre toutes les chèvres comme celle qui
s’éloigne le plus de l’état de nature ; l’in-
fluence fi générale & fi marquée du
climat de Syrie , Jointe à la domefticité
de ces animaux chez un peuple très-
anciennement policé , aura produit avec
le temps cette variété , qui ne fe main-
tiendroit pas dans un autre climat. Les
chèvres d’Angora nées en France n’ont
pas les oreilles aullî longues ni aufli
pendantes qu’en Syrie , & reprendroient
vraifemblablement les oreilles & le poil
de nos chèvres après un certain nombre
de générations.
Fin du premier volume.
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