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Full text of "Œuvres complètes de M. le C.te de Buffon"

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œuvres 


Complètes 


D E 


M. LE DE BUFFON, 

hte^am du Jardin du Roi, de l’ AcaeÙmie 
trançoife, de celle des Sciences, dre. 


Tome Premier. 

— DES Animaux quadrupèdes, 



A PARIS, 
L’IMPRIMERIE ROYALE. 


£> C C L X X V. 



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table 

De ce qui efl: contenu dans ce 
V olume. 

Lies Animaux clomejliques. page t 
Le Cheval o 

132 

Le Bœuf 171 

La Brebis 

La Chèvre 

Le Cochon , le Cochon de Siam le 
Sanglier 

Le Chien ^oc> 

Chat 



/ 


histoire 







Histoire 

Naturelle. 

Les Animaux domefiiques. 

*s 

^ Jes faiW^fer^rtT"' 

îe^Vord” & 

animal fauvage eft donc bornée à un 

NaturTraul-"^^ lalîmple 

“^al doiueftîm^^ Ihiftoire dun ani- 
‘î’-’ia tap^i^ fft compliquée de tout 

I- Q..4ls,r T”‘’‘““ 


i Hijloire Naturelle 

pour l’apprivoifer bu pour le fubjuguer ^ 
& comme on ne fait pas aflez combien 
l’exemple , la contrainte ^ la force de 
l’habitude , peuvent influer fur les ani- 
maux & changer leurs mouvemens , 
leurs déterminations , leurs, penebans , 
le but d’un Naturalifte doit être de . les 
obferver aflez pour pouvoir diftinguer 
les faits qui dépendent de_ l’inflindt , 
de ceux qui ne viennent que de l’édu- 
cation; reconnoître ce qui leur appar- 
tient & ce qu’ils ont emprunté , féparer 
ce qu’ijs font de ce qu’on leur fait 
faire , & ne jamais confondre l’animal 
avec Tefclave, la bête de fomme avec 
la créature de Dieu. 

L’empire de Hromme fur les animaux 
eft un empire légittme cju’aucune révo- 
lution ne peut détruire , c’eft l’empire 
de l’efprit fur la matière , c’eft non- 
feulement un droit de nature, un pou- 
voir fondé fur ■ des loix inaltérables > 
mais c’eft encore un don de Dieu , pat 
lequel l’homme peut reconnoître à tout 
înftant l’excellence de fon être-, car ce 
n’eft pas parce qu’il eft le plus parfait , 
Je jjIus fort ou le plus adroit des animairf 


des Animaux. s 

leur commande: s’il • 
Premier du même ordre T7 
feiinrroient pour lui difr. t ^ p 

;;«« c-eft l^rfupériS'P^^l'rapire-, 

î homme règne ^ «lue 

^ dèsdors feft 

penfent point/ êtres qui ne 

ne peuvent oppofoà 

iourde réliftance ou / 'î" 

flureté » que fa • .?'•' inflexible 

monter & vainrre i Pur- 

uns contre les autres"- d 

'^egétaux, que nar fL’ f / des 

augmenter diini ^ mdullrxe il peut 

«iwer . di *T > K"°>'velet , V 
*"ii U e "“Irrr"'''!’**"' 
que non -feulement ‘‘"“’'®u>i parce 

mouvement & du r eux du 

‘ * pi>« la ktilTr- 'r 1“'“ 

connoît les fins I I ^ ^ Penfée, qu’il 

'‘■'isor fe?,aTo,î " ‘”»I'«.. qutffatr 
tions, mefurer 

force par refrir’ 'Jiim^ns , vaincre 
^ emploi du temps^ ^ ^ 

paroilîen/j^ animaux les uns 

^ plus ou moins familiers, 
Aij 


4 HiJIoire Naturelle 

plus ou moins fauvages , plus ou moins 
doux , plus ou moins féroces : que l’on 
compare la docilité & la foumiffion 
du chien avec la fierté & la férocité du 
tigre , l’un paroît être l’ami de 1 homme 
& l’autre Ibn ennemi ; fon empire fur 
les animaux n’eft donc pas abfolu , 
combien d’efpèces favent fe fouftraire 
à fa puiflânce par la rapidité de leur 
vol , par la légèreté de leur courfe , 
par l’obfcurité de leur retraite, par la 
diftance que met entre eux & l’homme 
l’élément qu’ils habitent; combien d’au- 
tres efpèces lui échappent par leur feule 
petitene ? & enfin combien y en a-t-il 
qui bien loin de reconnoître leur fou- 
verain , l’attaquent à force ouverte , fans 
parler de ces infettes qui fcmblent l’in- 
fulter par leurs piqûres , de ces ferpens 
dont la morfure porte le poifon & la 
mort , & de tant d’autres bêtes im- 
mondes , incommodes , inutiles , qui 
femblent n’exifter que pour former la 
nuance entre le mal & le bien , & faire 
fentir à l’homme combien , depuis fa 
chute , il eft peu refpeété ! 

C’eft qu’il faut diftinguer l’empirC 


des Animaux. j 

tteifcrl,?'' l’homme : 

* » N,.„re. n.o me t 

lur le produit de h • ?i 

rien fur les mr> j il ne peut 

îeftes, fur I J “- 

‘lu il habite -'i^''°^utions de ce globe 
animaux les ^ 

^n général il les minéraux 

Pèces il 1’ P^" les ef- 

car les efJ individus ; 

plutôt la nu 

fe fuir r. = ‘nut fe paffe , 

Pc meut upcede, fe renouvelle & 

Phomme entrS ’ 

rent des Lmn ^‘u-meme par le tor- 
propre dure^^ 1^ ? Pnur fa 

matière / i norps à la 

*s êtres ire?"? ‘nurbillon 

commune’- il f 

fance & rei t Puif- 

^rokk péS mfte,ilnaît, 

^ft^Sné^ [fynn^.divin dont bhomme 

* mus lès^ïre^'' au-delîus 

tance fpirin, n ‘^'’.mnels -, cette fubf- 

P uelle , loin d’être fujetce à 

A iij 


(j Hijîoire Naturelle 

la matière , a le droit de la faire obéir, 
& quoiqu’elle ne puilïê pas commander 
à la Nature entière , elle domine fur les 
êtres particuliers : Dieu , fource unique 
de toute lumière & de toute intelligence, 
régit l’Univers & les efpèccs entières 
avec une puilUnce infinie ^ l’homme , qui 
n’a qu’un rayon de cette intelligence , 
n’a de même qu’une puillance limitée à 
de petites portions de m. tière , & n’eft 
maître que des individus. 

Ceft donc par les talens de l’efprit , 
&c non par la force & par les autres 
qualités de la matière , que l’homme a 
fu iubjuguer les animaux : dans les pre- 
miers temps ils dévoient être tous éga- 
lement indépendans •, l’homme , devenu 
criminel & féroce , éroit peu propre à 
les apprivoifer -, il a fallu du temps pour 
les approcher , pour les reconnoître , 
pour les choifir , pour les dompter -, il 
a fallu qu’il fût civililé lui-même pour 
favoir inftruire & commander, & l’em- 
pire fur les animaux , comme tous les 
autres empires , n’a été fondé qu’après 
la fociété. 

C’efl d’elle que l’homme tient fit 


des Animaux. j 

téuT f & 

.auparavant l'homme 

pu c re I animal le plus fauvage 

fans^a^^”* (J • "*•> > 

pour lui^^ ^ ^ans abri, la terre netoit 

n^onft ë '"f" 

proie • & 

PhifloL^ long -temps après, 

u t W premiers 

dë bêter"' ''' deftrudleurs 

nanrT,, Çtendue , multipliée , ré- 

la fnd ’’ ^ Paveur des arts & de 

force? ” fu «.«cher eo 

tecëler^'.' rUmvi^rs, il a fait 

tefoiip^^ animaux gigan« 

remues dont nous trouvons encore^ les 

?fleme„sé„onoe,,iladé„uirou,MlS 

Pères l ^individus les ef- 

lë T ^j'^^'^raux, & fubjuguant 

»o.nbie Tr °“ P“ >' 

> OC les attaquant tous par des 
Aiiij 


i Hijloire Naturelle , &c. 

moyens raifonnés , il eft parvenu à fc 
mettre en riirete > & à établir un empire 
qui n eft borné que par îcs lieux inac- 
ceffibles, les folitudes reculées, les fables 
brûlans, les montagnes glacées, les ca- 
vernes qbfcures , qui fer /ent de retraites 
au petit nombre defpèces d’animaux 
indomptables. 



f 

i 

1 



Urine Z. 





9 


Le che val. 

Ltn hn que l’homme 

& foin " de ee fier 

iui leslSr ^Tf avec 

maître mcrépide que fon 

il l’aimp 1 I des armes , 

mêil perche & s’anîme de la 

^^eme ardeur: Il partage aufli fes pkî- 

courV^ -i t tournois, à la 

autant œ ^ -, mais docile 

autant que courageux, il ne fe lailTe point 

emporter à fon feu, il fait rëprimJr fes 
uouveraens non - feulement ^il fléchit 

fom h marn de celui qui le guide 
mais il femhle confulter fes deffrs , & 
obeiflant toujours aux impreffions qu’il 

ou s’Se 'l^^P‘:“Vite , fe modère 
faire • r à tjue pour y fatis- 

fïn êtr. à 

lonté fî> n»sxifter que par la vo- 

venir P^^' 

HUi 5 pat la promptitude & la 

Av 


I O Hyioire Naturelle 

prédlîon de Tes mouvemens l’exprime 
& l’exécute , qui fent autant qu’on le 
clefire, & ne rend qu’autant qu’on veut, 
qui fe livrant fans réferve , ne fe refufe 
à rien , ferr de toutes fes forces , s’exccde 
& meme meurt pour mieux obéir. 

Voilà le cheval dont les talens font 
développés , dont fart a perfeébionné 
les qualités naturelles, qui dès le pre- 
mier âge a été foigné & enfuite exercé , 
dreflé au fervice de l’homme j c’efl: par 
la perte de fa liberté que commence fon 
éducation , & c eft par la contrainte 
qu’elle s’achève : l’efclavage ou la do- 
mefticité de ces animaux eft même ft 
univerfelle , fi ancienne , que nous ne 
les voyons que rarement dans leur état 
naturel , ils font toujours couverts de 
harnois dans leurs travaux , on ne les 
délivre Jamais de tous leurs liens, même 
dans les temps du repos, & fi on 
laille quelquefois errer en liberté dans 
les pâturages , ils y portent toujours les 
marques de la fervitude, & fouvent les 
empreintes cruelles du travail & de la 
douleur -, la bouche eft déformée par 
les plis que le mors a produits , les 


1 1 


du Cheval. 

âu,irdVA,™L'’6teÎB^ ’ 

kco„.. de. JS tïTe: 

dot, s , l'a„i,„de d„ corps eft‘e,'cS 
f’“ Pf • ■mpreffion r„bMame des 
eTyair , on les en délivreroit 

ceuy m’ pas plus libres ; 

doux lefdavage eft ie plus 

trerJp’ noumt , qu’on nen- 

retient que pour le luxe & la masni- 

fcence , & doot les chaires dofées 

^ P”“« qui la 

anite de leur maître, font encore plus 

* honorés ç,réléga„ce de Icor toréer, 

par les rrefles de leurs crins, par l'or 
a oie dont on les couvre , que par 

les fers qui lont fous leurs pieds.^ ^ 

La Nature eft plus belle que l’art, 
dans un erre animé la liberté des 
-ouvemens la belle NarureT voye: 

les multipliés dans 

les contrées de 1 Amérique Efpapnoie , 

& qux vivem en chevaux libres! leur 

indéne ni meiurest fiers de leur 

dépendance, ns fuient la préfence 
ouinie, iis dédaignent fes foins y 
A v) 


1 2 Hijloire Naturelle 

ils cherchent & trouvent eux - mêmes 
îa nourriture qui leur convient , ils 
errent , ils bondilTent en liberté dans 
des praiiies immenfes , où ris cueillent 
les produétions nouvelles d\m prin- 
temps toujours nouveau : fans habi- 
tation fixe , fans autre abri que celui 
d’un ciel ferein , ils refpirent un air plus 
pur que celui de ces Palais voûtés où 
nous les renfermons en preÙànt les 
efpaces qu’ils doivent occuper j aulïï 
ces chevaux fauvages font-ils beaucoup 
plus forts , plus légers , plus nerveux 
que la plupart des chevaux domeftiques, 
ils ont ce que donne la Nature , la 
force & la noble Ùè , les autres n’ont 
que ce que l’art peut donner , radreffe 
éc l’agrément. 

Le naturel de ces animaux n’efl: 
point féroce , ils font feulement fiers 
& fauvages ; quoique fupérieurs par la 
force à la plupart des autres animaux , 
jamais ils ne les attaquent , & s’ils en 
font attaqués , ils les dédaignent, les 
écartent ou les écrafent : ils vont aulïï 
par troupes & fe réunilTent pour le 
ièul plaifir d’êtrç enfemble , car ils n’ont 


du Cheval. 


15 


l'attacL prennent de 

comn^rherbe& les Végétaux SLr 

L qu ils ont abondam- 

qu ils n^ ^ 3 üsfaire leur appétit & 

guerre font point la 

fs n^f ' !tT^ ^ entreux , 

ne le difputent pas leur fubfiftance, 

omL * un bien, fources 

O d^aires de querelles & de combats 

appétits'^ 

oh^Iq & modérés , & 

q ont allez pour ne fe rien envier. 

lenn!?^'' K P^""" remarquer dans les 
& m enferable 
£ 11^" 'T"" troupeaux , ils ont 
e mœurs douces & les qualités fociales, 

ordfov'^^ marquent 

rdinairement que par des lignes d’é- 

la cou*; trf ft*'™ U ^ 

“,Pf eu fe d«a„f i’™Vr”r 

*rce/™f.“'’ fol' - ^ ™ qei 

exercices naturels donnent 


1 4 Hlfîoire Naturelle 

l’exemple , ceux qui d’eux - mêmes vont 
les premiers , font les plus généreux j 
les meilleurs , & fouvent les plus dociles 
& les plus fouples iorfqu’ils font une 
fois domptés. 

Quelques anciens auteurs parlent des 
chevaux fauvages , & citent même les 
lieux où ils fe trouvoient. Hérodote 
Æt que fur les bords de l’Hypanis en 
Scythie , il y avoir des chevaux fau-' 
vages qui étoient blancs , & que dans la 
partie feprentrlonale de la Thrace au- 
delà du Danube , il y en avoir d’autres 
qui avoient le poil long de cinq doigts 
par tout le corps ^ Ariftote cite la 
Syrie. Pline les pays du nord , Strabon 
les Alpes & l’Efpagne comme des lieux 
où l’on trouvoit des chevaux fauvages. 
Parmi les modernes , Cardan dit la 
même chofe de l’ÉcolIe & des Or- 
cades ( ^ ) ? Olaiis de la Afolcovie ? 
Dapper de Hle de Chypre , où il y 
avoir, dit-il('^j, des chevaux fauvages 

Vid.Aldrovand. de quadrupedib. foliptd le 

fag. ly. 

(hj Voyez la defciiption des îles de l’Atchipeli 


du Cheval. j # 

force avoîent de la 

Î’îl ^ J ^ VitelTe 5 Stniys Ce ) Jp 

‘lie de May au cap Vert 

II affure ' ’-f ’ & 

l’olicudes ^ n"* dans les 

le poil éto^ dont 

Ji v difant 

de l’AraV dans les déferts 

Peti s & 1^ Lybie , qu’ils font 

nière fr T °nt la cri- 

& quf lef fort courts & hérilTés , 

ticnïïs ne "n domef- 

cZfo . atteindre à la 

"«iitfe , on trouve auffi dans les Lettres 

paît. ll.e , vo!. „ , 
Matmol. Paru, te6y , 


1 6 Hifloire Naturelle 

édifiantes (f), qu à la Chine il y a de^ 
chevaux fauvages forts petits. 

Comme toutes les parties de l’Europe 
font aujourd’hui peuplées & prefque 
egalement habitées, on n’y trouve plus 
de chevaux fauvages , & ceux que l’on 
voit en Amérique font des chevaux 
doineftiques & Européens d’origine > 
que les Efpagnols y ont tranfportés, & 
qui fe font multipliés dans les vaftes 
déferts de ces contrées inhabitées ou 
dépeuplées -, car cette efpèce d’animaux 
manquoit au nouveau monde. L’éton- 
nement & la frayeur que marquèrent 
les habitans du Adexique & du Pérou 
à l’aljaeét des chevaux & des cavaliers, 
firent alîèz voir aux Efpagnols que ces 
animaux étoient abfolument inconnus 
dans ces climats ; ils en tranfportèrent 
donc un grand nombre , tant pour 
•leur fervice & leur utilité particulière , 
que pour en propager l’efpèce, iis en 
lâchèrent dans plufieurs îles , & même 
dans le continent , où ils fe font multi- 

CfJ Voyez les Lettres édifiantes. 7 XX E7, 

37 t. 


du Cheval, 1 7 

^les comme les autres animaux fauvages. 

dan/î’i^ - ^ a vu en 1685 

aansl Amérique feptentrionaîe , près de 

a baie Saint -Louis, ces chevaux paif- 
loienr dans les prairies, & ils étoient fi 

proc'hèr^\’^A‘^^*°” T ap- 

avenn ^ ^ des 

aventuriers flibuftiers , dit <c qu on voit 

^ne que ois dans I île S.‘ Domingue « 

des troupes de plus de cinq cents che- te 

vaux qui courent tous enfemble, & « 

queiorfquils apperçoivenr un homme t* 

Is s arrêtent tous^ que lun d’eux s’ap- « 

proche a une certaine diftance , fouffle « 

naleaux, prend la fuite, & que a 

mfH ‘'vivent : » il ajoute 

^il ne fait (i ces chevaux ont dégénéré 
en devenant fauvages , mais qu’il ne 

d’Ffn^^^^ trouves auffi beaux que ceux 
r,-„^ ’ quoiqu’ils foient de cette 

‘Ce , te ils ont , dit ..il, la tête fort 

le cKevaUet 

P»^ Oeswi°Ii*n aventmiets flibuftiers . 

& Ztt. "• l. pas, s ,,à 


i8 Hijîoire Naturelle 

» grofle auffi-bien que les jambes, qui 
de plus font raboteufes , ils ont aull> 
» les oreilles & le cou long, les habi' 
» tans du pays les apprivoifent aifément 
» & les font enfuite travailler, les chaP 
» fours leur font porter leurs cuirs -, oU 
» fe fert pour les prendre de lacs 6r 
» corde , qu’on tend dans les endroit* 
» où ils fréquentent , ils s’y engagent 
» aifemcnt , & s ils fe prennent par lu 
» cou ils s’étranglent eux - mêmes , à 
» moins qu’on n'arrive allez tôt pont 
» les fecourir , on les arrête par le corp* 
33 & les jambes , & on les attache à de* 
30 arbres , ou on les lailïè pendant deu^ 
» jours fans boire ni manger ; cette 
33 épreuve fuffit pour commencer à les 
30 rendre dociles , & avec le temps ils 
03 le deviennent autant que s’ils n’eullênt 
B3 jamais été farouches , & même , It 
03 par quelque hafard ils fe retrouvent en 
03 liberté , ils ne deviennent pas fauvages 
53 une fécondé fois , ils reconnoillent 
» leurs maîtres , & fe laillent approcher 
33 & reprendre aifément ( i ). 

^ (') M- de Garfault donne un autre moyen 
d’apprivoifer ks chevaux farouches , « quand oi» 


du Cheval. i 

animaux font 
f» , doux & tres-difpofés à 

Acr ‘T 'T ^ ^ 

CTuïuctn dV jamais 

?e retirer A '"'OS maifons pour 

COUD À’} contraire beau- 

EÎte^ n' pour revenir au 

’ cependant ils ne trouvent qu’une 

leur Rendre ''i’ciJnèffe’ il*' ' ’ f**' P°«'®ins <1« « 

proche & l’arL u” ’ l°Uïenr que l’ap- « 

»ant de fraven^'’‘'“*'*"i‘ 1-ur tiiufoM « 

de dents & dp •’ *'* * défendent à coups « 
IrnpoHlble de Ip«*' * r 'l”’*! eft prefque « 

pour les Spt<S:r ft T ‘‘ " 

emploie en f,, moyen qu’on «; 

qu’on vient priver un oifeau « 

ee qu’U ^ ^ «™P«Iier de dormir, jufqu’d « 

cela il Auf'f furouche, & pour cc 

i h ma!tro; ^ tourner a fa place le derLre « 

nuit & tout Te’ îT l’untme toute la « 

de temps en te '” *■ ® 1®. tete , qui lui donne k 

pèche de fe r ^ « 

comme il fe,T'r*u- verra avec étonnement œ 

ti^nt des cheva„**^*'”u'*f' ^ » eepen- « 

huit iours'» '’T '■« 'der ainfi pendant a 

pug-c Sÿ. ' nouvéau parfait Maréchal, 


2 O Hijîoire Naturelle 

nourriture groffière , & toujours 'î^ 
meme , & ordinairement mefurée 
1 économie beaucoup plus que fur lei'f 
appétit ; mais la douceur de rhabitud^ 
leur tient lieu de ce qu’ils perdent d’ail’ 
leurs: après avoir été excédés de fatigue, 
le lieu du repos eft un lieu de délices. 
Ils k fentent de loin, ils favent le recoH’ 
noirre au milieu des plus grandes villes. 
& lembient prefcrer en tour l’efclavage 
à la liberté ; ils fe font même une fecon* 
nature^ des habitudes auxquelles on leS 
a forcés ou fournis, puifqu’on a vu des 
chevaux , abandonnés dans les bois . 
hennir continuellement pour fe faire en- 
tendre, accourir à la voix des hommes. 
& en meme temps maigrir & dépérir en 
peu de temps, quoiqu’ils eulfent abon- 
damment de quoi varier leur nourriture 
& latisfaire leur appétit. 

Leurs mœurs viennent donc prefqiie 
en entier de leur éducation , & cette édu' 
canon fuppofe des foins & des peines 
que 1 homme ne prend pour aucun 
autre animal , mais dont il eft dédom- 
mage par les fervices continuels que lui 
rend celui-cr. Dès le temps du premier 


du Cheval. 


X X 


fet réparer les poulains de 

cin^ pendant 

'-inq , (ix ou tout au plus fept mois 

car lexpénence a fait voir que ceux 

quon laifle teter dix ou onze mois, ne 

plutôt , 

^oiquiis prennent ordinairement plus 
e chair & de corps : après ces fix^ ou 
pt mois de lait on les sèvre pour leur 
aire prendre une nourriture plus folide 
que e lait , on leur donne du fon deux 
*ois par jour & un peu de foin , dont 
augmente la quantité à mefure qu ils 
vancent en âge, & on les garde dans 
ecurie tant quHs marquent de l’inquié- 
e pour retourner à leur mère ; mais 

î° ‘"r «q^ûétude eft paffée , on 

les laiffe fortir par le beau temps , & 

on les conduit aux pâturages, feulement 
ü tout prendre garde de les lailTer paître 

f,; ^ donner le fon & les 

taire boire une heure avant de les mettre 

^ jamais les expofer au 
gr^and froid ou à la pluie; ils palïent 

mois Hff ^ P'^emier hiver : au 

leur net-, Suivant , non-feulement on 
P naettra de pâturer tous les jours, 


2. Z Hijloire Naturelle 

niais on les lailîêra coucher à l’air dafl' 
les pâturages pendant tout l’été & iufqu’i 
la nn d’odrobre, en ohfervant feuleme»' 
de ne leur pas laUl’er paître les regains ' 
s lis s accourumoient à cette herbe tro{ 
nne , ils fe dégouteroient du foin , qui 
doit cependant faire leur principale nouf 
nture pendant le fécond hiver avec S 
ion mêlé d’orge ou d’avoine moulus ^ 
on les conduit de cette façon en îd 
laiilant pâturer le jour pendant l’hiver. 
& ia nuit pendant l’été jiifqu’à l’âgf 
de quatre ans, qu’on les retire du pâ' 
turage pour les nourrir à l’herbe sèche i 
ee changement de nourriture demande 
quelques précautions , on ne leur doie 
nera pendant les premiers huit jours gu^ 
de la paille , & on fera bien de leur 
faire prendre quelques breuvages conrrf 
les '’ers, que les mauvaifes digeftionS 
dune herbe trop crue peuvent avoir 
produits. M, de Garfault f ^ ^ 
conimande cette pratique, eft'fans doute 
fonde fur lexperience i cependant on 
verra qua tout âge & dans tous les 


Maréchal , pal 
M. de Garfault. g. g‘^ ^ 


du Cheval. 2 ^ 

chevaux eft 

vers oü*"f /' quantité de 

ers , quils fembient taire partie de leur 

chevaux m TT^ comme daus les 

qui paif. 

ne n a,i qui 

foin & du 

m^x t ""i- 

dTk nT T "PP«-°"hent le plus 
cmdt °»« «uffi cette 

î^mac^'^ï 

modés • P"* P^^* 

les vei^ regarder 

parlons ’ ”uus 

’ P®*^ i®® mauvaifes dieeftions 

^ efe'?"?"’ Pi^ôt c„m™ 
la afo laoourrirure & de 

orcirnaire de ces animaux. 

les 11™!!™" f®’''™’ ‘“''Su'on sèvre 
nne’ïuS df ^ metrre dans 

chlnde '"'“''"a’ r "= '■“' P»» “op 
licars X de les rendre trop dé- 

de l’air- Penfibles aux impxeffions 

iirtère fraîche f """^'"/«^vent de k 
> on les tiendra propres en 


( 


Z 4 Hljloire Naturelle 

les bouchonnant de temps en temps ' 
mars il ne faudra ni îes attacher, ni 
panfer à la main qu’à l’âge de deux an* 
& demi ou trois ans , ce frottement trop 
rude leur cauferoit de ia douleur , leU* 
peau eft encore trop délicate pour 1^ 
iouftrir , & ils dépériroient au lieu 
profiter •, il faut audi avoir foin que I** 
râtelier & la mangeoire ne foient pa* 
trop élevés, la néceffité de lever la têt£ 
trop haut pour prendre leur nourriture 
pourroit leur donner l’habitude de h 
porter de cette façon , ce qui leur gâte* 
roit 1 encolure. Lorfqu’ils auront un ai' 
ou dix "huit mois, on leur tondra b 
queue , les crins repoulTeront & de' 
viendront plus forts & plus touftlis- 
Dès l’âge de deux ans il faut léparer les 
poulains, mettre les mâles avec les che- 
vaux , & les femelles avec les jumcns : 
fans cette précaution les jeunes poulain» 
fe fatigueroient autour des poulines , &■ 
s’énerveroient fans aucun fruit. 

A l’âge de trois ans ou de trois an» 
& demi , on doit commencer à les drelTel 
& à les rendre dociles -, on leur mettru 
d’abord une légère felle & aifée, & oH 

le» 


du Cheval. 2,5 

^eurts^haq^f 

rfe même ^ accoutumera 

boucTe l à Tri- “‘1 '>”"» I* 

r. I r ^ laifler lever les oiei-Tç 

«mtr? '■«PPera quelques œ^s 

trait "1 carroflê ou au 

Corps* ^tir mettra un harnois fur le 

cZtV;l"S^' 

pour les une • bride , ni 

'« fem trotes S,C'à h f"" ' 
t)n cavelTon fut le r * 

uni , fans être montés" & fe "l "" 

ielle ou le h •’ r ‘^ulement avec 

Wquelêcl!tSTrt'‘'“'P'’'^ 

iement & viendra vnl^ ^aci- 

celui qui tient la 

^ defeendra dans 1 ^ 'montera 

ie^^iremShï place&fa„s 

encore afe fort oour I- ^ 

marchant, furcharpAT P/ P^^ ’ en 

uiais à quatre ans on 1 cavalier; 

«'? ■SrSr t “ : r'“ P*' 
ruXtrr "P'-fe “/rfand 

2i'«/.Q«e*e7w,ï,‘"** ■'^w- à» 


l6 Hijîoire Naturelle 

ïe cheval de carroffe fera accoutumé ail 
harnois , on l’attellera avec un autre cheval 
fort , en lui mettant une bride , & o» 
ie conduira avec une longe palTée dans 
!a bride , jufqu’à ce qu’il commence à 
être fage au trait ; alors le cocher eflâiera 
de le foire reculer , ayant pour aide un 
homme devant , qui le poudèra en arrière 
avec douceur , & même lui donnera de 
petits coups pour l’obliger à reculer! 
tout cela doit fe foire avant que les Jeunes 
chevaux aient changé de pourriture > 
car quand une fois ils font ce qu’o» 
appelle engrainés , c’eft-à-dire , lorfqu’ils 
font au grain & à la paille , comme ils 
font plus v^oureux , on a remarqué qu’ils 
étoient aufli moins dociles , & plus difH- 
ciles à dreder ( m). 

Le mors & 1 eperon font deux moyens 
qu’on a imaginés pour les obliger à 
recevoir le commandement , le mors 
pour la précilion , & l’éperon pour la 
promptitude des mouvemens. La bouche 

la Guétâilère, Paris , , tome I, page 

& fuiv. 

( m) vpyez le nouveau parfait Maréchal , pat 
II. 4e G^fault , page 


du Cheval. ^ ^ 

paroilToit pas deftinée par la xj . 

cheval, que^c’eft ^ îcs^ 

préférence à T -i houche , par 

*'*«ire ï „? ^ ■ vlon 

''6'KS de la volomr-T” ^ 1» 

bernent ou la *,7 > moir- 

niors fuffit Prcffion dii^ 

l’animal , &^cer ^ déterminer 

'^’a d’autre défall^ fenriment- 

feOion même ? P^f' 

veut être l'enfihilité 

gâte h bon ? ^ ^btile, 

ren- 
ies feus de la vue' •' 
roient pas fuierc à “ “ "e fe- 

J «e pourroienc étrreW /T' 

l^eon , i-najo ^ emoulTes de cette ' 

des inconvéniens^r^'''*'’^’^ ^ trouvé' 
'"aux par ces ora^ ‘^'^"imander aux che» 

*« %WS tra °S”“; f “ 'V™?" 

beaucoup dI,,s dVff r ‘f^eher font 

"" géne^ral , «ux- 

trani^s par p^j leur font- 

ieurs, la fouatio^ d T" l°reiüe;d’ai{- 
ruatton des chevaux par rapport 

Bi; 


2 8 Hijloire Naturelle 

à celui qui les monte ou qui les co»' 
duit, rend les yeux prefqu’inutiles à cet 
effet , puifqu’ils ne voient que devant 
eux^, &: que ce n’eft qu’en tournant 
la tête qu’ils pourroient appercevoir les 
lignes qu’on leur feroit , & quoique 
1 oreille foit un feus par lequel on les 
anime & on les conduit fouvent , 
paroît qu’on a reftreint & laifTé au:C 
chevaux grollîers l’ulage de cet organe j 
puifqu’au manège , qui eft le lieu de 1^ 
plus parfaite éducation , Ion ne parle 
prefque point aux chevaux , & qu’il ne 
faut pas même cpi’il paroifTe qu’on leS 
conduire : en effet , lorfqu’ils font bien 
dreffés , la moindre prelîion des cuiflès > 
le plus léger mouvement du mors fuftit 
pour les diriger , l’éperon eft même 
inutile , ou du moins on ne s’en fert 
que pour les forcer à faire des raouve' 
mens violens -, & lorfque , par l’ineptie 
du cavalier, il arrive , qu’en donnant de 
l’éperon il retient la bride , le cheval fe 
trouvant excité d’un côté & retenu de 
l’autre, ne peut que fe cabrer en faifaiit 
un bond fans fortir de fa place. 

On donne à la tête du cheval , pat 


du Cheval. 29 

& Své avantageux 

être I V °‘î P^ace comme elle doit 

«te , & le plus petit fig„e ou le uliis 

gtit mouvemeut du cavalier fufEt p^oür 

aUures^'k'^f "" différentes 

ttot mif, naturelle eft peut-être le 

fcî 

marchlr ^ Pont 

fait avec’ h mouvement foit 

g-orrolTîez^ t^r 

£Le;°*“ in'S'„,‘r2 

fcrmëâ tetombc, le pied doit être 
erme & appuyer egalement fur la terre 

taSon’ t ct“ «Ç»- «= 

oupJr^ë u“ mouvement: car iorf- 

ia tête *^^'^°mbe fubitement , & que 
"•S »" "r'T “<K- 

l'autre iarabc 

‘îf^ Cdul très-grand auffi-bien 

ou en dedans Pt^ti en dehors 

> car il retombe dans cette 

B üj 


5 0 Hijîoire Naturelle 

meme direâron : l’on doit oLferver auifi 
que lorfqu il appuie fur le talon , c’efl 
.«ne marque de foibleffe , & que quand 
Il pofe fur k prnee , c’eft une attitude 
fatigante & forcée que le cheval ne peut 
ioutenir long-temps. 

-Le pas ^ qui e/î: la plus lente de toutes 
aes allures , doit. cependant être prompt, 
il faut quil ne foir ni trop alongé ni 
«op raccourci , & que k démarche du 
cheval fort legere : cette légèreté dépend 
beaucoup de k liberté des épaules , & 
Je reconnoit à k manière dont il porte 
^ tete en marcl^nt -, s’il k tient haute 
.& ferme , il eft ordinairement vigou- 
«ux & léger : lorf,„e ie mouvement 
des épaulés neft pas aflTez libre, la 
•jambe ne fe lève point alTez , & le 
cheval eft fujet à faire des faux pas St 
a heurter du pied contre les inégalités 
du terrein ; & lotfque les épaules font 
encore plus ferrees & que le mouvement 
«les jambes en paroit indépendant , le 
cheval fe fatigue , fait des chutes , & 

« eit capable d aucun fervice : le cheval 
doit ecre for k hanche , c’eft -à -dire , 
haufter les épaulés & baifoer k hanclic 


du Cheval. 


31 


marchant , il doit aufli foucenit fa 
jambe & la lever allez haut , mais s'il 
la loutient trop long -temps» s'il la laid'e 
retomber trop lentement -, il perd tout 
légèreté, il devient dur , 
piaffer. l'appareil & pour 

pas que les mouvemens 
Qu’ils fn^ légers , il faut encore 

^in rî ^ uniformes dans le 

riè e Tf ^ du der- 

Que balance tandis 

Sment ^"^""ent , le mou- 

fécondés s. cavalier par 

même^^h^r incommode -, la 

ilr. ‘dîofe arrive lorfque le cheval 
alonge trop de la jambe de derrière , & 

P ed d7d ^ "“droit où le 

dÔntfe "Revaux 

ces d'I fujets à 
croifent dont les jambes fe 

niarche Ce^Tf P"® 

le coros eftl’ général ceux dont 

pour le r 1^^“* commodes 

pS ’ P”« fe trouve 

vement * ™™- 

» épaulés & les hanches , & 

B iiij 


5 i Hijîoire Naturelle 

qu il en ^(l'ent moins les impreffiofls ^ 
les fécondés. 

Les quadrupèdes marchent ordinai- 
rement en portant à la fois en avant 
une jambe de devant & une jambe de 
derrière ; lorfque la jambe droite de 
devant part, la jambe gauche de derrière 
iuît & avance en même temps , & ce 
pas étant fait , la jambe gauche de 
devant part a fon tour conjointement 
avec k jambe droite de derrière , & 
ainfî de fuite : comme leur corps porte 
lur quatre points dappui qui forment 
un quarré long , la manière la plus com- 
mode de fe mouvoir eft d'en changer 
deux a la fois en diagonale , de façon que 
le Cfwre de gravité du corps de l'animal 
ne faüe qu un petit mouvement & relie 
toujours à peu près dans la direélion 
des deux pomts d’appui qui ne font 
pas en mouvement dans les trois allures 
naturelles du cheval, le pas, le trot & 
le galop , cette règle de mouvement 
s oblerve toujours , mais avec des diffé- 
rences. Dans le pas il y a quatre temps 
dans le mouvement , fi la jambe droite 
de devant part la première , la jambe 


du Cheval. , , 

derrière fuit uninftant après 
, ife la jambe gauche de devant narr \ 
fcn p„ J inluSÏ 

fepw’Xo'id/T * “S 

premier U ■ ppfp à terre le 

pofe à tertp î gauche de derrière 
Sedeva '01'^°'''' -‘'PW gauche 

le £ief ” * pofe à r^re 

à quatre temn. V mouvement 

doPt lé prSr & ™“.“«v,Her , 

court, que œU,i i' P'“" 

mouvemenr fn ■ cemps dans le 

P^rt la iamb ^ droite de devant 

en de derrière part 

auui en meme temns R' A, -i ^ • 

aucun intervaUrëmî; t ^ ^ 

l’une R. I ® m mouvement de 

fu4 b " de l’autre . cZ 

acec t dr-^' J*®;;*' ‘1= 'l«™»t part 

temps . drioîe 

^ le pied 1 , droit de devant 
‘erre e^n même derrière pofent à 

gauche de d ^ enfuite le pied 

^ de devant & le droit de derrière 

B y 


3 4 Uijloire Naturelle 

pofent auffi a terre en mêrne temp#î 
Dans le galop il y a ordinairement troi* 
temps , mais comme dans ce mouvemeni 
qui^ eft une efpèce de faut , les partie» 
anterieures du cheval ne fe meuvent 
pas daW déliés -mêmes, & qu’elles 
ont chaffees par la force des hanches 
& des parties poftêrieures , fi des deitf 
jambes de devant la droite doit avancer 
P us que la gauche , il faut auparavaiit 
que le pied gauche de derrière pofe à 
terre pour fervrr de point d’appui à ce 
mouvement d élancement, ainfi c’eft la 
pied gauche de derrière qui fait le pre^ 
mier teinps du mouvement & qui pofe 
a terre le premier , enfuite la jambe 
droite de dernere fe lève conjointement 
avec la gauche de devant & elles re- 
tombent à terre en même temps , & 
enfin la jambe droite de devant , qui 
5 eft leyee un inftant après la gauche 
de devant & la droite de derrière, fe 
pôle à terre la dernière , ce qui fait le 
troifieme temps 5 ainfi dans ce mouve- 
ment du galop , il y a trois temps & 
eux intervalles , Sc dans le premier de 
çcs intervalles , lorfque le mouvemeni 


du Cheval. | j 

il avec vîteffe , il y a un inftanc où 

en même 

cmps, & o„ ion voit les quatre fer<! 
du cheval à la fois : lorfque le cheval 
hanches & les jarrets fouples , & 
«mo,^ >^«106 avec vîteffe & agilité , 
& la galop eft plus parfait , 

„ adence s en fait à quatre temos 
Jpofe d-abo,d le pied gUe STi: 

enfuh-eï temps , 

le nrem' derrière retombe 

le S ^ fcond temps , 

hftant apres marque le troifième temps , 

îeto?^ devant qui 

Jtombe le dernier marque le quatri^ie 

fut^ll /i^evanx galopent ordinairement 

devant^^^"' u de 

île pour marcher & pour troter *, 
d enj^ment auffi le chen J en galopant 
El droite de devant qui eft 

^ de derrière , qui 
auffl droite de devant , 

plus avancée que la gauche dà 
B vj 


3 6 Uijîoire Naturelle 

derrière ■, & cela conftarnment tant qufî 
le galop dure : de-là il réfiilte que 
jambe gauche , qui porte tout le poids 
& qui poulTe les autres en avant , ell 
plus fatiguée , en forte qu’il feroit boo 
d’exercer les chevaux à galoper alter- 
nativement fur le pied gauche auffi-bieu 
que fur le droit, ils fudtroient plus long- 
teims h ce mouvement violent , & c’elî 
aulÏÏ ce que l’on fait au manège, mais 
peut-être par une autre raifon , qui eft 
que cqmme^ on les fait fouvent changer 
de main , c ell-a-drre décrire un cercle 
dont le centre eft tantôt à droite , tantôt 
à gauche , on les oblige auffi à galoper 
tantôt fur le pied droit , tantôt fur le 
gauche. 

Dans le pas , les jambes du cheval 
ne fe lèvent qu’à une petite hauteur. Se 
les pieds rafent la terre d’aflèz près , 
au trot elles s’élèvent davantage & le* 
pieds font entièrement détachés de terre, 
dans le galop les jambes s’élèvent en- 
core plus haut Sc les pieds femblenc 
bondir fur la terre : le pas pour être 
bon, doit être prompt, léger, doinf 
& lur i le trot doit être ferme , prompt 


du Cheval. 


37 


, il faut que le 
dan. chafle bien le devant , le cheval 
üans cette allure , doit porter b rère 
haute & avoir les reins droits : car fi 
les hanches hauffent & baiflTent alterna- 

crmm^'î f 

roupe balance & fi le cheval fe berce , 

rotte maljiar foiblefle-, s’il jette en 

dehors les jambes de devant c’eft un 
aiitte defaiit , les jambes de devant doi- 
nt etre fur la même ligne que celles 
dernere , & toujours les effacer. 
|-orlquune des jambes de derrière fe 
ance, ii k jambe de devant du même 

r^n-, ''^1 P ^ong- 

•^laips , le mouvement devient plus dur 
par cette réfiftance -, & c eft pour cela 
que 1 intervalle entre les deux temps du 

quil puilfe etre, cette réfiftance fuffit 

le nas ' '"T P^us dure que 

e pas & le galop -, parce que dans le 

doux rr' tT ’ P^^’^ 

que d ^ ^^eiiftance moins forte , & 

de xfcT f °P ' ^ Prefque point 

ûicoin^'x ^ horizontale , qui eft la feule 
ode pour le cavalier , la réaétion 


3 8 HlJIoîre 'Naturelle 

du mouvement des jambes de devant Ttf 
far/ânt prefque toute de bas en haut dans 
la drreéhon perpendiculaire. 

Le refTort des jarrets contribue autant 
au mouvement du plop que celui des 
rems; tandis que les reins font effort 
pour elever & pouffer en avant les 
parties antérieures , le pli du jarret fait 
relTort , rompt le coup & adoucit la 
pouffe : auffi plus le reffbn du jarret 
eft liant & Ibuple , plus le mouvement 
du galop eft doux; il eft auffi d’autant 
plus prompt & plus rapide, que les 
jarrets font plus forts, & d’autant plus 
loutenu , que le cheval porte plus fur 
les hanches & que les épaules font plus 
loutenues par la force des reins. Au 
refte , les chevaux qui dans le galop 
lèvent bien haut les jambes de devant, 
ne font pas ceux qui galopent le mieux. 
Ils avancent moins que les autres & 
le fatiguent davantage , & cela vient 
ordinairement de ce qu’ils n’ont pas les 
épaulés aflez libres. 

Le pas , le trot & le galop font donc 
les allures naturelles les plus ordinaires ;• 
mais il y a quelques chevaux qui ont 


du Cheval. 

des Ll ^ T ^ft.^>^^s-différente 

coup dœil paroit contraire aux loix de 
Lrar^"- ^ «“-feigante pour 

TrancL rü ^ 

Srï ^ “«e alluré le pied 

prÆ *? “"'= ■!= Pta 

marrlnp ^ ^ chaque dé- 

ce tSn^ I^aocoup plus alongt : mais 
d y a de lîngulier, ceft que les 

cSe J <*“ "'ème côté , par eicmple , 

du côté H?'™ * * *"”= 

Cour f • ’ panent en même temps 

pour faire un pas , & qu enfuite les 

tm crmrn 

autre &■ a' 

deux cotés du corps manquentVl- 
d'^PPw > & qt?il ny a 
^ nt d équilibré de lun à f autre I ce 

fïeird defe 

îa rapidité d“” forcé, pat 

picuté dun mouvement qui n^eft 


40 Hijîoire Naturelle 

prefque pas détaché de terré ; car s’Ü ' 
levoit les pieds dans cette allure autant 
qti il les lève dans le trot , ou mêin^ 
dans le bon pas, le balancement feroit 
il grand qu'il ne pourroit manquer ài 
tomber fur le côté , & ce n'eft qiiî 
parce quil rafe la terre de très -près/ 
oc par des alternatives promptes 
mouvement , qu’il fe foutient danJ 
cette allure , ou la jambe de derrière 
doit, non -feulement partir en même 
temps que la jambe de devant du même 
cote , mais encore avancer fur elle & 
pofer un pied ou un pied & demi am 
delà de 1 endroit oi'i celle-ci a pofé : 
plus cet efpace dont la jambe de derrière 

arance de plus que la jambe de devant;, 
elt grand , imeux le cheval marche 

rapide. Il ny a donc dans l’amble d 
comme dans le trot, que deux temps' 
dans le mouvement i & mute la 
rence eftque dans e trot les deux jambesî 
qui vont enfemble font oppofées en' 
diagonale, au lieu que dans l’amble ce 
lont les deux jambes du même côté 
qui vont enfemble : cette allure qui eft 


à U Cheval. 41 

- fatigante pour le cheval , & ou on 

doit lui laifler prendre Tns 

es terrems unis , eft fort douce pour 
e cavalier , elle na pas la durete? d" 

S la T:" réfiftance que 

die derri™ devant lorfque celle 

?amhIo dans 

en i-n" l^mhe de devant fe lève 

du de derrière 

tror l U ’ dans le 

côté de devant du meme 

cote demeure en repos & réfifte à 1 an- 
pullion pendant tout le temns crue f»» 

"ffuTenT^l! de derrière. Les connoilTeurs 

ment V ^^s chevaux qui naturelle- 

ciuils fo“r ne trottent jamais & 

qu Ils lont beaucoup plus foibles que les 

adeT for poulains prennent 

qu IS ne font pas encore allez forts 

obferveTirrci ^ 

ehevaux 5 -^"^ îa plupart des bons 
qui '^'^op fatigués & 

Sll-Sr™ ‘ 

s cette allure lorfqu’on les 


4 ^ Hijloire Naturelle 


force à un mouvement plus rapide 
celui du pas ( n ). 

L aniLle peut donc être recsr^ 
comme une allure défedlueufe , pui^' 
quelle neft pas ordinaire & qu’ell< 
n eft naturelle qu’à un petit nombre 
chevaux ; que ces chevaux font prefqü^ 
toujours plus foibles que les autres, ^ 
que ceux qui paroilTent les plus foU* 
lont ruines en moins de temps que ceü^ 
qui trottent & galopent : mais il y > 
encore deux autres allures , 1 enrrepa* 
& l’aubin , que les chevaux foibles o» 
excédés prennent d’eux -mêmes , qu» 
lont beaucoup plus défetaueufes qii« 
lamble; on a appelé ces mauvaife« 
allures des trains rompus ^ défunis oi* 
compofés : l’entrepas tient du pas & cl« 

1 amble , & I aubin tient du trot & dü 
galop, l’un & l’autre viennent des excès 
d’une longue fatigue ou d’une grande 
foiblefle de rems -, les chevaux de meP 
lagene qu’on furcharge , commencent 
a aller 1 entrepas au lieu du trot à mefur^ 


xuucie. 


Voyez récole de cavalerie de M. de la 
^avis ^ P in-folio^ 7^, 


du Cheval. 

& les chevaux déporté 

i> , . ’ on prelle de ealoopr 
'aubin au\«. du galop. . VOK 

iib"“'’ <P' le bœuf 

pour U gSaèï de'T* ^ '“l" 
dameau llï Sff ^ . ""P' ’ S“e *= 

Pos auLaux r’Û ’ *'■ *“ P'"’ 

Dhanp ™ r ’ rhinocéros & i'élé- 

des mafleT4™erïe""''‘ f V 

det S.'”-*»!- eft la pS^l “S 
le caM,^' I , 1 homme, ceft aufli 

eep«£r t <1' “"â 
ebÆ’Æo‘'L“1”^^ 

"" d’imbédUité' ?u 

i^dté £ régu- 

contraire un air de légèrecé 


44 Hijloire Naturelle 

4ui eft bien fourenu par la beauté 
fon encolure. Le cheval femble voulo'' 
le mettre au-defTus de fon état de 
drupède en élevant fa tête *, dans cett' 
noHe attitude il regarde rhomme fa^^ 
a face 5 fes yeux font vifs & biÊ® 
ouverts ,■ fes oreilles font bien faites ^ 
d une jufte grandeur , fans être court«< 
comme celles du taureau , ou trop 
longues comme celles de 1 ane j fa cri- 
nière accompagne bien fa tête , oriif 
Ion cou Sc lui donne un air de forc^ 
& de fierté ; fa queue traînante ^ 
touffue couvre & termine avantageO' 
lement lextrémité de fon corps : brei* 
differente de la courte queue du cerf, cl« 
l elephant, &c. & de la queue nue de 
1 ane , du chameau , du rhinocéros , ScO 
la queue du cheval eft formée par dd 
crins épais & longs qui femblenV fortü 
ÿ la croupe , parce que le tronçon 
dont ils fortenr eft fort court ; il n« 
peut relever fa queue comme le lioni 
mais elle lui fied mieux quoiqu’abaifléei 
& comme il peut la mouvoir de côté» 
ïl s en fert utilement pour chaflèr loi 
mouches qui rincommodent , car quoK 


Cheval. 4 y 

Îoîf !? très-ferme , & qu eile 

f garnie par-tout d’un poil émis ^ 
erré, elle eft cependant très-fenfible 

trib ^ du cou con- 

ie7]r ‘'^^tres 

noble niain^d 1 donner au cheval un 

i encolure i'*"" ’ ^ Supérieure de 

s’élever d’fî? ” j ^ ^'^^“ère , doit 

tant du ^ droite en for- 

tant du garrot, & former enfuite en 

pÏ^PtèsT 'ki 11 ^ 

cTJJ î'^^Wable à celle du cou d’un 
iure .,; Pf inférieure de l’enco- 

ii faut fT ^ -Somier aucune courbure , 

droite direftton foit en ligne 

Se S"" la ga- 

nache & un peu penchée en avant f fx 

feroit fanfi P^'^^^diculaire , l’encolure 

Supérieure V ^ partie 

y ait nen Soit iuince , & qu’il 

qui doh êS > 

crinc I ' niediocremenç garnie de 

S i?"®? * ‘‘®“’ ““ Wlf encolure 

f inpordonné? ^ ^^P^ndant 

ïorfqu’eiig pO- ^ du cheval : 

ies Sauw °P ^ trop menue, 

donnent ordinairement des 


4<î Hijîoire Naturelle 

coups de tête, & quand elle eft trof 
courte & trop cliarnue , ils font pefanS ^ 
la niain-, & pour que la tête foit le plu* 
avantageufeinent placée, H faut que ^ 
Iront ioit perpendiculaire à l’horizon. 

La^ tete doit être sèche & 
ÿns erre trop longue, les oreilles pe** 
disantes, pentes, droites, immobiles» 
étroites, deliees & bien plantées fur 
aut de la tete , le front étroit & un 
peu convexe , les falières remplies 1 ê# 
paupières minces, les yeux clairs , vifs » 
P eins de feu , allèz gros & avancés ^ 
«eur de tete, h prunelle grande, U 
ganache décharnée & peu épaiflè 1^ 
nez un peu arqué , les nafeaux bieH' 
ouverts & bien fendus, la cloifon dU 
nez mince, les lèvres déliées, la bou' 
che médiocrement fendue, le garrot 
eleve & tranchant, les épaules sèches i 
plates & peu ferrees , le dos égal, uni, 
^enlîblement arque fur la longueur , 
& reieve des deux côtés de l’épine qui' 
doit paroitre enfoncée , les flancs plein*' 
« courts , la croupe ronde & bien 
fourme , la hanche bien garnie, le tron- 
çon de la queue épais & ferme , le* 


du Cheval. .y 

^ charnus, le 

cvide , les canons minces fur le 

d“i£ 'T «'fÆ:. 
fougucùr '^1“°" 

gucur , la couronne peu élev.ie 1 , 

larges I ’ 1^® talons 

& & .a foUe 

lefÏS iMr cou,es'''Src„t“ 

Sptn t.'rn“ï ig 

SrdVrp'tr““‘“*f«- 

taches il fa.^^ f ’ ''°ir ces 

nette & 1 lolf claire , 

double ou "11" paroi; 

n’eft pas Ln • couleur , l’œil 

gne & érr^r n. P’^'^^^H", P^dre , fon- 

l’I^nc , S,e d’un cercle 

& lorfou-t^ mauvais œil; 

*1 elle a une couleur de bleu 


48 Hijloire Naturelle 

verdâtre , 1 œil eft certainement 
& la vue trouble. ^ 

Je renvoie à I article des delcriptioO^ 
i’énumération détaillée des défauts '*■ 
cheval; & je mécontenterai d'ajouter 
core quelques remarques par lefquell^ 
comme par les précédentes, on pouf^' 
juger de la plupart des perfedions 
des imperfedious dun cheval. On M 
allez bien du naturel & de l’état aélu<^ 
de 1 animal par le mouvement des oreille»' 
il doit, lorfqu’il marche, avoir kpoiiJl^ 
des oreilles en avant ; un cheval fàtig’^^ 
a les oreilles ballès , ceux qui font colèl^ 
& malins portent alternativement 
des oreilles en avant & l’autre en arrière' 
tous portent les oreilles du côté où 
entendent quelque bruit ; & lorfqu’o' 
les frappe fur le dos ou fur la croupe' 
Ils tournent^ les oreilles en arrière, 
chevaux qui ont les yeux enfoncés ^ 
un œil plus petit que l’autre, ont ot 
Ænairement la vue mauvaife ; ceux do(>' 
la bouche eft sèche ne font pas d’i’" 
aulli bon tempérament que ceux do'’' 


* Vo7ez parHt IP, tome IV de cette HiftO' 
Naturelle de l’éduion en trentc-ua volumes. 


du Cheval. 

avoir 1„ éparte plar"’ tw ^ 

& peu chargées i le cheval de trait an 
contraire doit les avnîi- a 
& charnue. <■ grofles, rondes 

cheval i'rS7ot“^; 

f-Æ P”.offlenc 4 ava 

peau, ceu; un defaut ouf 

& me'wt c'”r’“ P“4rea; 

Pourï confeouent le cheval ne 

« c 

de''devant"re/'”^ ^ les ïambes 

<î» alors il eft 'fhW ? 
main en caWanr ^ ^ «appuyer fur la 
5c à tonfbe?^ I. f ^ broncher 

doit être nrnn ^ des jambes 

cheval " à la ta lie du 

fes pieds® Tin P“ fc 

cioe les nim« r " ^ remarqué 

les chevaràTrer/"! t 

S“e les chêvt 4 " devant. & 

Tome I. Quadrupèdes. q 


yo Hijloire Naturelle 

Une des chofes les plus important^ 
à connoîtrc, c’efl: lage du cheval; 
vieux chevaux ont ordinairement 
faliercs creufes , mais cet indice 
équivoque , puifque de jeunes chevauî^* 
engendrés de vieux étalons, ont aui5 
les falicres creufes : c eft par les dent* 
qifon peut avoir une connoiflance pli'* 
certaine de 1 âge ; le cheval en a qu^’' 
ranre , vingt-quatre mâchelières , quatf^ 
canines &: douze inciiîves ; les Jument 
n’onr pas de dents canines, ou les on' 
fort courtes : les mâchelières ne fervent 
point à la connoilï'ance de lage, c’e^ 
par les dents de devant & enluite pa' 
les canines qu’on en juge. Les douz^ 
.dents de devant commencent à poulTef 
quinze jours après la nadlance du pou- 
lain, ces premières dents font rondes i 
courtes , peu folides , & tombent ef 
diftérens temps pour être remplacée* 
par d’autres : à deux ans & demi le* 
quatre de devant du milieu tombent le* 
premières, deux en haut , deux en bas» 
un an après il en tombe quatre autres» 
une de chaque côté des premières q''* 
lonr déjà remplacées ; à quatre an^ ^ 


du Cheval. . ^ 

etoi environ il en tombe quatre 

««jours à côté de celles „ T'’ 
tombées & remplacées • rp<. ^ ^ 
nières dents de fai V 

par quatre autres rr ' tÇ^pIacées 

à beaucoup près ’auffi «■'«iffenc ]ias 

‘ï"' ont remSaeé if 

& ce font ces 1 P-^^^ières ; 

‘î«on appelle 1?’^^'^ dernières dents . 

£«”‘SU«r;ii,e?K 

ro« Sfirrr <=““ 

bas. U« ”„ h»^ q*„ 

{.extrémité de^k^m'S’^"* 

Pont creufes & ont 

dans leur concavité noire 

demi ou cinq ans ÎT ^ ans & 

Ptefque pas lu defT ^^^o*^dent 

& demi il cnmn-.»^ \ r ’ ^ “x ans 

""Ve commence “ffi i 
Pc rétrécir ^ r^- diminuer & 

jufqul fept ans^^& ^d ^ 

Tl 'îoe le crïnv °« 

^ ^ ‘Marque noiro^ J^ouc-à-feit rempli 

ans, comme ces h! ^P^ès huit 

«CS dents ne donnent pin, 

C i j 


J 2 Uyîoire Naturelle 

connoiflance de 1 âge , on cherche ^ 
en juger par les dents canines ou clO' 
chers ■, ces quatre dents font à côté 
celles dont nous venons de parler , ce* 
dents canines , non plus que les 
chelicres , ne font pas précédées 
d’autres dents qui tombent •, les deuî^ 
de la mâchoire inférieure poulTent ordi- 
nairement les premières à trois ans ^ 
demi , & les deux de la mâchoire fupc- 
rieure à quatre ans , & jufqu à l’âge de 
fix ans ces dents font fort pointues ; ^ 
dix ans celles d’en haut paroiflTent déj^ 
emouflees , ufées & longues , parce 
qu elles lont dcchaudees 5 la gencive ie 
retirant avec l’âge, & plus elles le font; 
plus le cheval eft âgé ; de dix jufqu’^ 
treize ou quatorze ans , il y a pcf 
d’indice de l’âge, mais alors quelque* 
poils des fourcils commencent à deveni* 
blancs i cet indice eft cependant aul^ 
éqriivoque que celui qu’on tire de* 
falières creufes , puifqu’on a remarqué 
que les chevaux engendrés de vieuJf 
étalons & de vieilles jumens ont de* 
poils blancs aux fourcils dès l’âge de 
«neuf ou dix ans. Il y a des chevau*^ 


du Cheval. ^ ^ 

rfom les dents font fi dures qu’elles ne 

;ïït" 

SrÆ'* -"Pr& luffi 

" «Ile. on a remarqué quil y a p4 

Se S'^'**-- W8ur3.'S: 

Uçl rr pars 

que Icr^varvÆ *'®"“''' ‘ 

- 5^* de deux ans ou deux ans 

-Æris'niSul 

P quatre lus & dènr^vanf que T 

‘ “rrrrJt*' ■*' ■* i™» . î 

tonne 1 . ^ Permettra - 1 - on de fi 

”"U heure qu'aux chevaux de rrait 

- ». 4 ... 

C iij 


5 4 Hijloire Naturelle 

6 aux gros chevaux , qui font ordinal' 
rei-nent formés plus tôt que les chevaux 
nns j car pour ceux - ci il faut attendre 
julquà fix ans & même jufqifà fept 
pour les beaux étalons d’Efjjagne j \ei 
lumens peuvent avoir un an. de moins > 
elles lont ordrnairement eir chaleur ait 
pnntemps depuis la fin de mars jufqu’à 
ia fin de juin ; mais le remijs de la 
P us forte chaleur ne dure guère que 
quinze jours ou trois femaines , & il 
faut etre attentif à profiter de ce temps 
pour leur donner fétalon : H doit être 

ren choifi , beau, bien fait, relevé du 
devant , vigoureux , fain jiar tout le 
corps & fur-tout de bonne race & de 
bon pays. Pour avoir de beaux che> 
vaux de felle fins & bien faits , il fjuc 
prendre des étalons étrangers -, les Arabes , 

^ «chevaux 
d Andaloulie font ceux quon doit pré- 
férer à tous les autres 5 & à leur défaut 
on le fervira de beaux chevaux Anglois , 
parce que ces chevaux viennent des 
premiers ; & qu’ils n’ont pas beaucoup 
dégénéré , la nourriture étant excellente 
en Angleterre , où l’on a auffi très- 


àu Chévah ^ | 

r^ces; 

lirait T les Napo- 

irains, font auffi fort bons, & ils ont 

chevaZ LT" mo f ’’TT ?“ 
îpl.r A , ^^onture , lorfquon 

bea^x T' 

juraens ' O ^ carrofTe , avec des 

Drétpi A & de bonne taille. On 

&c 1 p 1^'^^’^ee , en Angleterre , 

8end ?nt ^ 

Plus v^^^t ehevaux 

les cfra * ^ contraire 

crue dr^T dEfpagne nen produifent 

rie bîu/ K Pour avoir 

fe earrolTe, il faut 

ou dis J'^talons Napolitains , Danois , 

wifLgîrr*' sirr 

* Howiin & t ftt *; 

*i«nt ê„e de belle taSle, c'eft-Mré” 

pouTT" 1"* "™^ ^ * pp““s 

Ks 1 1' ■“ * ‘'1' > «= * 
«rione i? f“ PT 'f Revaux dî 

rie bon' O 1 ^‘'^lon foit 

beau i • riu jais , 

avec l! ' Ff' ’ ^lezan , ifabelle doré 
de mulet , les crins & les 
C iiij 


Hijloire Naturelle 

cxtréimrés noires ; tous- les poils qi>> 
jom dune couleur lavée & qui paroif' 
ent mal teints doivent être bannis de^ 
laras , auüî-bicn que les chevaux quî 
ont les extrémités blanches. Avec i.n 
très -bel exterreur, l’étalon doit avoir 
encore toutes les bonnes qualités inré- 
Heures , du courage, de la docilité, de 
lardent de 1 agilité , de la fenlibinté 
dans la bouche de la liberté dans les 
épaulés, de la fûreté dans les jambes, ' 
de la louplede dans les hanches , do 
relTort par-tout le corps, & fur -tout 
dans les jarrets , & même il doit avoir 
cte un peu drelTé & exercé au manège ; 
îe cheval eft de tous les animaux cflui 
quon a le plus obfervé , & on a re- 
marque qu il communique , par la vé- 
nération , prefque toutes fes bonnes^& 
mauvarfes qualités , naturelles & ac- 
qiufes : un cheval naturellement har- 
gneux , ombrageux , rétif, &c. produit 
des poulains qui ont le même naturel i 
& comme les defauts de conformation 
& les vices des humeurs fe perpétuent 
encore plus virement que les qualités 
du naturel, il faut avoir grand foin 


du Cheval. 

à Ton tempéré peut-être plus 

faut S , ainft 
tfu ventre Ar ’ 

«ourrices • n ^ ^ ^ bonnes 

fins on prSr chevaux 

& ItaLfnef % ' Efpagnoles 

carrolTe Îp • ^ chevaux de 

ra nte- L'"T“ «= Nor- 

Ions L finaux éta-, 

donner ir?' ' 

qu elles fnlp chevaux , pourvu 

& de h ^fi^®"'^'‘cmes bien faites 

P»l»â Tu eîs ™T“ *r' ■ 

vent euxï/^ produiront feront fou- 

dans cettrSb' ‘Chevaux : 

dans l’efuece d animaux , comme 
relTemble aireï^fon"^ ’ ^ Progéniture 
paternels o "f""»dans 

qoe 1 ’ fi^^^ement il 

vontrlbSe^ chevaux la femelle 
à-fait autanr P^^J^ ^ génération tout- 

"«ant que dans l’efpècehumahae; 

Cv 


5 8 Hijloire Naturelle 

le fiîs reflemble pins fouvent à fa 
que le poulain ne reflemble à la fienne'' 

6 lorfqiie le poulain reflemble à la ji*' 
ment qui 1 a produit , c eft ordinairemef^ 
par les parties antérieures du corps , ^ 
par la tête & l'encolure. 

Au refte , pour bien juger de 
reflembîance des enfans à leurs parenS> 
il ne faudroit pas les comparer daD* 
les premières années, mais attendre l’âg*' 
ou , tout étant développé , la comp^' 
raifon feroit plus certaine & plus fet>' 
flbie : indépendamment du développé' 
ment dans I accroiflèment , qui fouvei'* 
altéré ou change en bien les formes* 
les proportions & la couleur des chC' 
veux , il fe fait dans le temps de ^ 
puberté un développement prompt ^ 
lubit qui change ordinairement 1^ 
traits , la taille , l'attitude des jambes* 
&c. le vifage s'alonge , le nez grolli' 
& grandit , la mâchoire s'avance ou 
charge , la taille s élevé ou fe courbe* 
les jambes s'alongent & fouvent dc' 
viennent cagneufes ou effilées , en foft^ 
^le la phyfionomie & le maintien d'^ 
corps , changent quelquefois ii fort ? 


du Cheval, 

™écon- 

■iml, après 1, puberté , là Bé,f““‘’ 

Ti T“- 

Ce èft do^' » auroit pas vue depuis, 
fon veuM„»„ ^ pateus. (i 

fembC * la aef- 

Suèrer"” «fa-Hunt auà 

terœtr-Æ 

les enfans dT prefciue toujours 

mèrrï iV rP'™«''l'la.pé„.e 
cre le rellemblent plus entre ei>^ 

& 'nu^ ^ ^eucs afceudans*. 

commun t quelque chofe de 

chevaux r ies 

plus à la’ O ' ^ contribue 

jumens que la femelle, les 

Ibnt affez fn poulains , qui 

"'lez fouvent fembiables en tout à 

C vj, 


6 O Hijîoire Naturelle 

rétalon , ou qui toujours lui reflemLîent 
pim qu’à la mère , elles en produifent 
suffi qui reflemblent aux grand-pères î 
&^lorrque la jument mère a été elle' 
meme engendree d’un mauvais cheval j 
il arrive affez fouvent que, quoiqu’elle 
ait eu un bel étalon & qu’elle foit belle 
^ ^ “ jîieme , elle ne produit qu’iia 
poiüain qui, quoiqu’en apparence beau 
bien fait dans fa première jeunefl’e > 
décliné toujours en croiflant ; tandis 
quune jument qui fort d’une bonne 
race donne des poulains qui, quoique 
de mauvaife apparence d’abord , em- 
belIilTent avec l’âge. 

Au relie , ces obfervations que l’on 
a faites fur le produit des juniens, & 
qui femblent concourir toutes à prouver 
que dans les chevaux le mâle influe 
beaucoup plus que la femelle fur la 
progéniture , ne me paroilTent pas 
encore fuffifantes pour établir ce fait 
dune manière indubitable & irrévo- 
caole -, il ne ferait pas impoffible que 
ces obfervations fiiblîftaffient , & qu’en 
meme temps & en général les jumens 
contribuallent autant que les chevaux 


du Cheval. 


6 1 


procluit (ic la fféncration * il 
P«oû pas àon„a!.“fc''éS™T 
oujours choil.s dans un grand nombre 
ac chevaux, tires ordinairement de pavs 
chauds, nourris dans l’abondance , eL 
domZ' ^ ménagés avec grand foin , 
îiiniP ^ génération fur des 

oïd , & fouvent redîmes à travailler ; 
& comme dans les obfervations tirées 

d? rT' r ^ plus ou moins 

de cette fupefiorite de l’étalon fur la 

cT^^'^n imaginer que 

ce neft que par cette raifon qu’eUes 

emps il pourtoit etre tout auffi vrai 
\ tres-belles jumens des pays 
chauds , auxquelles on donneroit ^dL 
chevaux communs , influeroient peuS 
etre beaucoup plus qu’eux fur leur^pro- 

des chevaux comme dans 1 efpèce hu- 

mture lent progé- 

ï'^t pLf " naturel & d’fu- 

mém^ ‘1 remarqué, 

les haras, quil naillok à 


62 H'^oire Naturelle 

peu près un nombre égal de poulain 
& de poulines : ce qui prouve 
moins pour le fexe la femelle influé 
pour fa moitié. 

Mais ne fuivons pas plus loin ceS 
eonfideratrons , qui nous éloigneroieni 
de notre fujet : lorfque 1 étalon eft choii> 
& que les jumens qu'on veut lui donnef 
font raflemblées, il faut avoir un autre 
c ^va^ entier qui ne fervira qu’à faire 
connoitre les jumens qui feront en 
chaleur, & qui même contribuera par 
les attaques à les y faire entrer -, on fàit 
palier toutes les jumens l’une après 
i autre devant ce cheval entier, qui doit 
Être ardent & hennir fréquemment • il 
veut les attaquer toutes, celles qui ne 
lent point en chaleur, fe défendent, & 

Il 07 a que celles qui y fo„t qui fe 
laiflent approcher , mais au lieu^de le 
piller approcher tout-à-fait, on le retire 
& on lui fubftitue le véritable étalon. 
Cette epreuve eft utile pour reconnoître 

& des jumens, 

lur-tout de celles qui n’ont nas 
encore produit -, car celles qui viennLr 
de pommer entrent ordinairement en 


du Cheval. ^ j 

Valeur neuf jours après leur accou- 
fhemenr , ainfr on peut les mener à 
1 étalon dès ce jour même & les faire 
couvrir -, enfuite eflayer neuf jours après 
au moyen de l’épreuve ci-deffus , fi 
elles font encore en chaleur -, & fi elles 
y ont en effet , les faire couvrir une 
econde fois , & ainfi de fuite une fois 
^us les neuf jours tam que leur chaleur 
ure , car lorfqu elles font pleines la cha- 
leur diminue & ceffe peu de jours après. 

Mais pour que tout cela puiffe fe 
raire^ ailément , commodément , avec 
lucces & fruit , il faut beaucoup d atten- 
tion , de depenfe & de précautions j 
d faut établir les haras dans un bon 
terrein & dans un lieu convenable & 
propomonné à la quantité de jumens 
& détalons quon veut employer; il 
aut partager ce rerrein eh plufieurs 
parties , fermées de palis ou de Mes 
avec de bonnes haies, mettre les jumens 
pleines & celles qui alaitent leurs pou- 
pins dans la partie où le pâturage eft 
Pas^r^^ ’ l^arcr celles qui n’ont 
nont pas encore été 
, & les mettre avec les jeunes 


6’4 Hijîoire Naturelle 

poulines dans un autre parquet où le 
pâturage foit moins gras, afin quelles 
nengraillfcnt pas trop, ce qui }oppO' 
leroir a la génération ; & enfin il faut 
mettre les jeunes poulains entiers oU 
hongres dans la partie du terrein la plus 
seche & la plus inégale, pour quen 
montant & en defeendant les collines ils 
^'quierent de la liberté dans les jambes 
& les épaulés : ce dernier parquet où 
Ion mer les poulains mâles , doit être 
lepare de ceux des jumens avec grand 
<oin, de peur que ces jeunes chevaux 
ne secJiappent & ne s'énervent avec 
les jumens. Sr le rerrein eft alfez grand 
pour quon puilTe partager en deux 
parties chacun de ces parquets, pour 

chevaux & 

des bœufs 1 année huvantc, le fonds du 
pâturage durera bien plus long -temps 
que s il etoit continuellement mangé 
par les chevaux, le bœuf répare fe 
pâturage & le cheval l'amaigrit : H 

cliacun de ces parquets ; les eaux dor- 
mantes font meilleures pour les chevaux 
que les eaux vives , qui leur donnent 


du Cheval. 

Sfpc ^ chevaux font bien 

P n ^ ^ dans les 

des Vbi ^ ^ s il y a des troncs, 

Acrtrir *; ".»“• a f»™ »"- 

’ combler , aplanir , pour prévenir 

nor"^- Pâturages ferviront 

Pété il pendant 

«e. Il faudra pendant l’hiver mettre 

qtfon que les poulains, 

être toûin étalons doivent 

dï pS^^rdT^^il'T 

dans un n,Si„ .n„&iutpî"“™ 

i-puisTeT, ’ ''“ '’"" “^''«tement 

l» ^n de i,r "““'T ■' *''"* i“<SP a 
ae juin , on ne leur fera faire an 

cun autre exercice pendant ce temps, & 

laiêmes ^atgement, mais avec les 

Lo,r,^°""™'.“S"» l'ordinaire. 

■'«m d » 1» io- 

cela ne auparavant , 

iJ faut aufli augmenter fon ardeur ; 

cjue la jument foit propre 


6 s Hijioire Naturelle 

& déférée des pieds de derrière, cè 
d y en a qui font chatouiileufes ^ 
qui ruent à Tapproche de letaion ; 
homme rient la jument par le licou, ^ 
deux autres conduifent letaion par 
longes lorfquH eft en fituation , ol* 
3ide a ! accouplement en le dirigeant ^ 
en détournant la queue de la jument < 
car un feul crin qui s’oppoferoit pont' 
roit le blelTer, même dangcreufement' 
li arrive quelquefois que dans ïacco^' 
plemenr 1 étalon ne conlbmme pas 
de la génération, & qui! fort de de0 
la jument fans lui avoir rien laillé *, <* 
faut donc être attentif à ohferver , 
dans les derniers momens de la copula' 
non , le tronçon de la queue de fétalof 
na pas un mouvement de balancie' 
près de la croupe, car ce mouvement 
accompagne toujours lemi/Iîon de ^ 
liqueur ieminale ; s il l a conlommé, ^ 
ne faut pas lui lailfer réitérer laccoU' 
piemcnt , il faut au contraire le ramenât 
tout de fuite à l’écurie & le laitier ji/" 
quau^ furlendemain -, car , quoiqu’un 
bon étalon puilTe fuffire à couvrir toU* 
les jours ime fois pendant les trois 


du CîievaL 

ne . le ménager davancage & 

lui donner une jument que tous les 
Jux jours, rl déperifera nSins & p!" 

io rs fept 

fnenr auar .^o»c fucceffive- 

nenvV^ & le 

aura O J mais dès qui! y gn 

Pallie^^'^ T'“”^ chaleur ^fe^a 

pour «»e nouvelle 

en a ni r ^ Mie ii y 

premièrï'^ ‘rr* 7'' retiennent dès la 
P cmicre , ftçonde ou troifième fois 

on compte qu un étalon ainli conduk 

Eîs T7' ^1^-Pmit )u- 

iains dan riix ou douze pou- 

tité de ■ la 1 "îrian- 

gmnde wès- 

dans les = enverra 

* vo'l : ^ “P^«ré 

Naturelle , «“« Hiftoirc 

‘sditjon en treme-un volumes. 


6 8 Hijîoire "Naturelle 

des réfervoirs qui la contiennent , & 
indudbions qu’on peut titer de i’étencfi'^ 
& de la forme de ces réfervoirs. 
îes jumens ii fe fait auffi une émiflîofl' 
ou plutôt une ftillation de ia liqiieU' 
feminale pendant tout ie temps qu’ell*^ 
lont en amour; car elles jettent au dehof* 
une liqueur gluante & blanchâtre qu’o" 
appelle des chaleurs, & dés qu’ell^^ 
ioiît pleines ces émiffions celïènt : c’e^ 
cette liqueur que les Grecs ont appel^« 
1 hippomanès de la jument , & dont 
prétendent qu’on peut faire des filtres» 
ur-tout pour rendre un cheval frén^' 
amour ; cet hippomanès eft bie” 
diflérent de celui qui fe trouve daJ»* 
les enveloppes du poulain , dont 
Dauhenton ( p ) a le premier conO'* 
& Il bien décrit la nature , l’origine 
la lituation : cette liqueur que la jumefl' 
jette au dehors, eft le figne le plu* 
certain de fa chaleur ; niais on le rC' 
connoit encore au gonflement de ^ 
partie inférieure de la vulve & aux fré' 
quens henniflémens de la jument, qU' 

Mémoires de l’Académie Rov*l« 
ries Sciences, HHnéc 


du Cheval. 


verre . î- N ^ «é cou- 

la m ^ étalon , il faut fimplemenr 
la mener au pâturage fans aucune autre 

fument"’ 

q elle produit par la fuite , ainfi on 
fois^im ” ^'''1 donner la première 

Penfer îri°î ^ "J 

la crr^ I defaut de 1 accroiffement par 
la grandeur meme de la taille : il faut 

ref eT^ f ^ la difté- 

cSval & J 1 ^f^^'P'^ocité des figures du 
lesdéfa ^ a jument, afin de corriger 

l’aule P” Perfedions de 

I * ^ fur -tout ne Jamais faire d’ac- 
yuplemens difproportiinnés , comme 

Pedte’- srand cheval avec une 

cet acernr^’ 

nroT, P P petit ou mal 

5“TTr T” Approcher 

étoffé, mai.P^ ^^?P ^P“^^ cheval 
un cheval , " ’ ^ V”® pettte jument 
n peu plus haut qu elle , à 


7 ° Hijîoire Naturelle 

une Jument qui pèche par l’avant-iuai^' 
un cheval qui ait la tête belle & 
colure noble, &c. 

On a remarque que les haras ét30 
dans des rerrcins fecs & léfrets proÆ''' 
loient des chevaux fobres, légers ^ 
vigoureux , avec la jambe nerveure ^ 
la corne dure , tandis que dans les lid'^ 
humides & dans les pâturages les pi”* 
gras ils ont prelque tous la t^te groll' 
& pefante, le corps épais, les iænb”' 
chargées, la corne mauvaife & les pie^I* 
plats : ces difiérences viennent de cell^ 
du climat & de la nourriture , ce P”! 
peut s'entendre aifément -, mais ce (f. 
elr plus drmcile à comprendre, & q”* 
eft encore plus eflentiel que tout ce 
uqus venons de dire, ceft la nécefllt^ 
ou i on_ eft de toujours croifer I”‘ 
«ces Cl Pon veut les empêcher 

dégénérer, 

À' Nature un prototype 

gênerai dans chaque efpèce fur lecni”^ 
chaq^Lie individu eft modelé , mais q”‘ 
■fembîe , en Ce réalifant, s’altérer ou 1” 
perleétionner par les circonftances 5 e” 
iorre que, relativement à de certaiflê^ 


àu Cheval. 7 , 

^alitée ;î „ . . ' 

apparence r en 

vidus % ^ ^ Pi'cceffion des i„di- 

us , & en ineme temps une conf 

cheval P animal , le premier 

extérieur & î ^ le modèle 

'OU te tli ™ 

eeux L "ês, tous 

naîtroiu ^ tous ceux qui 

donJ ‘^®- 

les copier 

iLibfifte ^nfon ’ originaire 

vidu • J ‘ chaque indi- 

wv;i„rr“ ^ 

cependant femblablc en tôm'I"*”’ 

dont il "'°dèie 

rence ^ empreinte : cette diffé- 

eft eloil'ilée^ dr^ 

combien elle foire d abfolu , & 

^^hes deto7 humaine, dans 

’^égétaux , de T ’ de tous les 

qui fe reprorî on un mot 

Ptoduifent-, & ce qu'il y a de 


7 ^ Hijloire Naturelle 

fingulier, c’eft qu’il femble que le 
dèle du beau & du bon foit dirp^*'*^ 
par toute la terre , & que dans chacp'' 
climat il n’en réiîde qu’une portion 
dégénère toujours , à moins qu’on 
îa réunilTe avec une autre portion 
au loin : en lorte que pour avoir 
bon grain , de belles fleurs, Scc. il 
en échanger les graines & ne Jamais 
femer dans le meme terrein qui les * 

E roduites j & de même , pour avoir 
eaux chevaux , de bons chiens , &c. ' 
faut donner aux femelles du pays 
males étrangers, & réciproquement a''* 
mâles du pays des femelles étrangère^' 
fans cela les grains, les fleurs, les a'’^ 
maux dégénèrent , ou plutôt prenne'^ 
une fi forte teinture du climat, que 
matière domine fur la forme 8c femfc? 

1 abâtardir : l’empreinte refte, mais Jélf 
gurée par tous les traits qui ne lui 0 
pas elTentiels ; en mêlant au contraire 
races , & fur - tout en les renouvela**^ 
toujours par des races étrangères j 
forme femble fe perfectionner, & 
Nature fe relever & donner tour 
qu’elle peut produire de meilleur. 


O 


du Cheval. 

T°“ *” '“"isaûres 

»'> Mt rar'"!5'tr„cro™'^^^^ 

OU des vépér-iî,^. "^r animaux 

iointain ronv * d’un climat 

'""PS . ceft'^à itr^c;;' ■*.' 

nombre de cA-,' • ’ trcs- petit 

«"Ccvoi? p„f ^ -'i 'ft a« * 

f 1» Æfllence r 

maux exemors o *^Çndre ces ân». 

taines aftedions de cer- 

ieur tempérament maladies j 

dépend en pLrie ^ 

^ de la qualiré do u ^ nourriture 
changer auffi dans 

".fcnibl. 1 t pUa,:”' 

&^>«ÆLr:tra: 

<MicW„ ‘‘W“*°"S Être k» 

COnfiftance g, 1 ’ ®nt pris leur 

J’™' 


74 Hijioire Naturelle 

été dépaïfés , & que le nouveau 
& la nourriture nouvelle peuvent à 
vérité changer leur tempérament , 
ne peuvent pas influer allez fur 
parties folides & organiques pour 
altérer la forme , fur -tout II laccroilf^' 
ment de leur corps étoit pris en entier i 
par conféquent la première génératie*' 
ne fera point altérée , la première pr*’' 
géniture de ces animaux ne dégénérer* 
pas , l’empreinte de la forme fera pure* 
il ii’y aura aucun vice de fouche s** 
moment de la naiflance : mais le jeUJ’^ 
animal elTuiera , dans un âge tendre ^ 
foible , les influences du climat , eH^'* 
îui feront plus d’imprellîon qu’elles 
ont pu faire fur le père & la mère’ 
celles de la nourriture feront auffi bie* 
plus grandes & pourront agir lur 1^ 
parties organiques dans le temps de 
croilfement , en altérer un peu la forn’^ 
originaire , & y produire des germes 
défeéluofités qui fe manifefteront eniu'^ 
d’une manière^ très-fenfible dans la 
conde génération , où la progénituf'^ 
a non -feulement fes propres défauts’ 
c’eft-à-dire , ceux qui lui viennent ^ 


f Cheval. 

-n dé- 

^ enfin à la troTènfe ^ ^ > 

'^Kes de la fecnni ? 8^"eration les 
fouche , oui nm^; troificme 

fluence du\'Iinwt 

ffouvanc encore rï K "°“™fure, fe ' 
l’influence aâ-So ?“'^p de 

deviendront fi fenfhr^^ 1 ^ecroiflement , 

: ces^aSSu, 

ehevaux d’Efpagne ^ 5 ’ des 

dont on condil ainfi les"^ ’ 

deviennent en France ^ générations , 

Çois , fouvent des la Tp ftan- 

T’ & toujours i J généra- 

H» ionc oMgr* “‘îr = o„ 
de les conferTer 5 
"""é à chaque gehStar' "^"°^^elle la 
''enir des c^vaS BaT" ’ 

les donn^raux f '' ^’^^P^gne 

^ ee qu’il v a ^ r du pays . 

^Snlxer , c eft 

‘ï^en paj^ç race , qui ne fe 
^ tie , & , pour ainfi dire 
Dij 


7 Hijloire Naturelle 

à moitié , produit cependant de bief 
meilîcHrs efl'ets que fi le renouvel lemenl^ 
étoit entier : un cheval & une jutnen' 
d'Efpagne ne produiront pas enfenibif 
d’auffi beaux chevaux en France qf? 
ceux qui viendront de ce même chev'«‘ 
d'Efpagne avec une jument du paysj 
ce qui fe concevra encore aifément > " 
Fon foit attention à la compenfatiof 
nécefTaire des défauts qui doit fe farf'’ 
îorfqu on met enfemble un mâle & 
femelle de difî'érens pays: chaque climat» 
par fes influences & par celles de 
nourrinire , donne une certaine coi'' 
formation qui pèche par quelque exc^ 
ou par quelque défont ■, mais dans f*! 
climat chaud il y aura en excès ce qf' 
fera en défaut dans un climat froid j ^ 
réciproquement -, de manière qu'il Jo'' 
fe faire une eompenfation du tout \o^' 
qu'on joint enfemble des animaux 
ces climats opjiofés : & comme ce q^' 
a le plus de perfeftion dans la Nat«f* 
eft ce qui a le moins de défauts , ^ 
que les formes les plus parfaites fof* 
feulement celles qui ont le moins 
diftbrmités, le produit de deux animavitt’ 


du Cheval. ^ 

«emL'r f**™* eac- 

eUe ofiuV* 

Penre,„ d'a„t,„, mie,“ ’ “J 
femble des anim,. j ’ ^ 
gnés, ou plutôt rf 

stÆ, -2 tris 

oppofés aux plus 

lÆude'îefee." 

a faut ionf ^ France , 

Vaux , faire venir rf/-c ' i che- 

Plus chauds ou 

■Arabes , fî l'on en ^ chevaux 

f«t.s doi4,:\'" p^firt r- !« 

les chevaux (TErnaoL ^ V ^ enhute 
de Naples -, & p^? , ^ royaume 

* DaneJrcfc & tT? 

* Hoiftein & de Frife ““ 

«'» Praduiront .„ F “* *=- 

)“mens du pays * ■« 

’“' feon, ■ ” "«-hora chevaux, 
'?”' plus l,ea1,r „ r™ * 'l'au- 
Aniat fêta „’i,,J m f-u Kmpérature 
du climat de la p ^«ignee de celle 
la France , en forte que 

D iij 


78 Hijîoire Naturelle 

les Arabes feront mieux que les Barbes* 
les Barbes mieux que ceux d’Efpagne * 
& de même les chevaux tirés de Dane' 
marck produiront de plus beaux che"* 
vaux que ceux de Frife. Au défaut 
ces chevaux de climats beaucoup pl*** 
froids ou plus chauds , il faudra fait* 
venir des étalons Anglois ou Allemands» 
ou meme des provinces méridionale* 
de la France dans les provinces fepte**^ 
trionales ; on gagnera toujours à donne* 
aux jumens des chevaux étrangers, ^ 
au contraire 011 perdra beaucoup ^ 
laifler multiplier enfemble dans un hars* 
des chevaux de même race , car il* 
dégénèrent infailliblement & en très-pei* 
de temps. 

Dans i efpèce humaine , le climat 
ïa nourriture nont pas d’auffi grande* 
influences que dans les animaux , & 1 * 
taifon en eft allez Ample -, rhomme 
défend, mieux que l’animal, de l’intein^ 
périe du climat , il Ce loge , il fe vêd* 
convenablement aux faifons , fa nourd' 
ture eft aulTi beaucoup plus variée , ^ 
par conféquent elle n’influe pas de 
meme façon fur tous les individus : le* 


du Cheval. 

excès qui viennenr rT 
‘•'^ufes 5 & qui font 11 conft-^ * 

beaiL animaux , le font 

Rentes 7 a eu de fré’ 

tous côtés TS * ,"P“*K de 
ïes npp U ’ . pas étonnant oue 

^'^jettes être nmins 

ries hommes r' ’ ^ ^ 
fpintuels da.rs m/rct ‘"7® 

on peut croire que par^unl 
riont on a np.-<? P , expenence 
hommïonr^ ^ mémoire, les 

réfultoit des Xaïœ T"'"' ^ni 

Puifque chez le^natSns . 

’ H a rarement été P°^* 

riépoufer fa fœnr . P^mns au frère 

rapporte cher l^c ^ 'P* on ne 

polidqÛi *“? des 

Pnr loVervXon-l^X'^^'''' ^°”rié 

riune manS^r "o s’étend 

Po^ne, à moin^r^ n & fi ab- 

aque ; mais fi ?e“ ^ ® "® "^nne au phy- 
n les hommes ont une fois 

Diii) 


8 O Hijîoire Naturelle 

connu par expérience que leur race 
genéroit toutes les fois qifils ont vou!'^ 
la conferver fans mélange dans une 
famille , ils auront regardé comme uü^ 
loi de la Nature celle de falliance av£*' 
des familles étrangères , & fe feront toU* 
accordes à ne pas foufirir de mélangé 
entre leurs cnfans. Et en effet , l'an*' 
iogie peut faire préfumer que dans 
plupart des climats les hommes dég^'' 
ncreroient comme les animaux , après u** 
certain nombre de générations. 

Une autre influence du climat & 
la nourriture eft la variété des couleuf? 
dans la robe des animaux , ceux 
font fauvages & qui vivent dans 
même climat font d’une même couleur» 
qui devient feulement un peu plus claire 
ou plus foncée dans les diflércnte^ 
faifons de l’année ; ceux au contraire 
qui vivent fous des climatss diftéreiis > 
font de couleurs différentes , & le« 
animaux domeftiques varient prodigie^*'' 
fement par les couleurs , en forte 
y a des chevaux , des chiens , &c. 
toute forte de poils , au lieu que 
cerfs , les lièvres , &c. font tous de 


^ du Cheval. g . 

jourierb”" ' tou- 

> ^^les memes , la ncxirriture tnnî^ 

meme , prodiufent dans les an’ 

f»-vag« „„C u„ifo™i, “ e fÔrT 
Ihomme , la douceur de 'ahd 
ftete dans la m va- 

varier cette conle!'^^"^^ ’ effacent & font 
^omeftiqiies auffi"^ animaux 

îanPe d« Va ’ - îe mé- 

P- fol S ®T8«e, l„.Von ni. 

avec celle de la du mâle 

quelquïoi! n'^ ’ V" P^- 

eotnme on le voir f. f J*”gnlantés , 

ÿie blanc & le “mV ’ 

manière f! biz^rre'^ï 
lun fur fautre fi fi ^ tranchent 

femble que ce ne , qu’d 

N«.o?e . loov„g.‘'rfe 

peintre. du caprice dun 

ooltmï'SMe™ . 

on contraftera U fia ^ > 

races en oppofanÆ^%’ ^toifera 

■Vs’crcrv*"''=™^w 

'"''“'«O»; 
quelques autres attentions 
D V 


8 Z Hijloire Naturelle 

qu il ne faut pas négliger , par exemple ’ 
il ne faut pas dans un haras de )'i' 
mens à queue courte , patce que 
pouvant fe défendre des mouches , 
en font beaucoup plus tourmentées ’ 
que celles qui ont tous leurs crins > 
êc l'agitation continuelle que leur caiif® 
la piqûre de ces infeétes , fait diminue'^ 
la quantité de leur lait , ce qui influ'^ 
beaucoup fur le tempérament & la tailla' 
du poulain qui , toutes chofes égak^ 
d’ailleurs , fera d’autant plus vigoureU’^ 
que fa mère fera meilleure nourrice. 1* 
faut tâcher de n’avoir pour fon har3* 
que des jumens qui aient toujoiif* 
pâturé & qui n’aient point fatigué ’ 
les jumens qui ont toujours été à 
curie nourries au fec , &. qu’on inf'’ 
enfuite au pâturage , ne produifefl' 
pas d’abord ; il leur faut du temp* 
pour s’accoutumer à cette nouvelle 
nourriture. 

Quoique la faifon ordinaire de 
chaleur des jumens foir depuis le cofl''' 
,.mencement d’avril jufqu’à la fin 
juin , il arrive allez fouvent que dai^ 
un grand nombre il y en a quelques-; 


du Cheval. 


83 


chaleuravant ce temps : 

ch-,1 P=ïfler cette 

aîeur fans les faire couvrir , parce 

que le poulain naîtroit en hiver, fouf, 
furoit de 1 intempérie de la faifon , & 

& tFe°m'°^'' qu’un mauvais lait ; 
& de meme lorfqu une jument ne vien 
en chaleur qu après le mois de juin , 

gce que le poulain naiffant alors en 
de wt d’acquérir affez 

Phiver fnivS^" 

dufrrSon^à la^^"' ’ 

couvrir le t" V. pour la faire 

lec 5 ’ ^^^^^ehent dans le parquet où 

jumens font raffemblées , & fy lair 

les jumens elles pour 

Pûrinent P^- 

l’étalon fe^ ruine 

qu’il ne feroir e P^V®" P'"' femaines 
exercice 7- années par 

nous l'avons St! ^ ‘^o^^duit comme 

Ique les Jumens font pleines Sc 
D vj 


8 4 JJiJloire Naturelle 

que leur ventre commence à s’appfi^ 
fantir , il faut les leparer des antres 
ne le font point , & qui pourroient 
les bleffbr -, elles portent ordinairement 
onze mois & quelques jours , elles aC' 
couchent debout , au lieu que prefqu^ 
tous les autres quadrupèdes fe couchent* 
on aide celles dont raccouchement el^ 
difficile , on y met la main , on remet 
le ^poulain en lîtuation > & quelquefois 
même, iorfquil efl; moa , on le tire 
avec des cordes. Le poulain fe pré* 
fente ordinairement la tête la première > 
comme dans toutes les autres eliièceS 
d animaux , il rompt les enveloppes eU 
fortant de la matrice , & les eaux abow' 
dantes qu elles contiennent s'écoulent , ü 
tombe en même temps un ou pluiieurs 
morceaux folides formes par le iedimcnt 
de la liqueur épaiffie de l’ailantoide i ce 
morceau , que les anciens ont appelé 
Thippomanès du poulain , n'eft pas > 
Comme ils le diient , un morceau de 
chair attaché à la tête du poulain , il cO 
efl: au contraire féparé par la membrane 
amnios : la jument lèche le poulain après 
fa nailîance , mais elle ne touche pas à 


du Cheval. g ^ 

fe font en- 

e trompes lorfqu ils ont affûté qffelle 
‘e devoroir à l mftant. ^ 

L’ufage ordinaire eft de faire couvrir 
une jument neuf jours après quelle a 

SpT P^^*e de 

e nrod P"''' T"" de fon haras tout 
le produit que ion peut en attendre ; 

eSemlr'"^ 

fon ^ I ne & 

poulain a naître , fes forces font 

partagées , & qu’elle ne peut leur don- 

l’™r nLoit que lïn 
. ^^ntre à nournr ; il feroir dr.n^ 

*™’llr chevaux 

ne laifler couvnr les jumens que de 

y temps & retiendroicnt nlus 

qui o« érf i'u»™ 

lesans cVh 1™''““ P'“**nt tous 

‘»êmc amîe^r™'’’ *“ 

PoulaTus ” dos 

fouft'tir* quoique pleines , peuvent 
souplement , & cependant il 


8 5 Hijloire Naturelle 

n y a jamais de fuperfétarion ; elles 
duifenr ordinairement jufqu'à l’âge de 
quatorze ou quinze ans , & les plus vi' 
gOLireufes ne produifent guère au-delà 
de dix-huit ans : les chevaux , lorfqu’d* 
oiu été ^ménages , peuvent engendre^ 
jufqu à 1 âge de vingt & même au-delà > 
& 1 on a lait fur ces animaux la mêiue 
remarque que fur les hommes , c’eft 
que ceux q’ui ont commencé de bonne 
heure finirent aulïï plus tôt ; car les 
gros chevaux , qui font plus tôt formés 
que les chevaux fins , & dont on fait 
des étalons dès Fâge de quatre ans , ne 
durent jjas Ci long-temps , & font coin* 
munement hors d’état d’engendrer avant 
1 âge de quinze ans (q ). ' 

La durée de la vie des chevaux , eft > 
comme dans toutes les autres elpèce* 
d animaux , proponionnée à la durée du 
temps de leur accroilTemenr -, l’homme 
qui eft quatorze ans à croître , peut 
vivre fix ou fept fois autant de temps > 
c eft- à- dire quatre-vingt-dix ou cent 
ans ; le cheval dont i’accroiflèment le 


Cf J Voyez le nouveau parfait 
Gatfault, page SS & fuiyawet, 


MatéckaI de 


du Cheval. g y 

fSt ? fix ou 

. autant, ceft-à-dire, vingt- 

cinq ou trente ans. Les exemples mi 
POLirroient être contraires à cette règle 
ont fi rares, qu on ne doit pas mêL 

on onHT “"e exception dont 

on puiffe tirer des conféquences • & 

comme les gros chevaux prennent leur 
entier accroiflement en moins de temps 

moins^r? chevaux fins , ils vivent aulli 
inoins de temps, & font vieux dès l’âge 
ne quinze ans. ° 

Il paroîtroh au premier coup d’œil 

^itrefàT- ^ des 

quadrupèdes , Lcroifi 
borrî parties pofteneures eft d’a- 

nord plus grand que celui des parties 

d’abord s "prieures croifibnt moins 

dans ? i“ l'npérieuresicar 

dans 1 entant les cuiffes & les jambes 

moins du corps , beaucoup 

le Poul! '' ’ dans 

der?Sre ï de 

puiffe arr ’ ”.4 ^dez longues pour qu’il 

de dcrïgf -ec le Jiecl 

’ lieu que le cheval adulte 


8 8 Hijloire Naturelle 

ne peut plus y atteindre : mais ceti^ 
didcrence vient . moins de l*inégalité 
i accroiflemcnt total des parties anté' 
rieures & poftérieures , que de l’inégi' 
lite des pieds de devant & de ceux de 
derrière, qui eft conftante dans roiic^ 
la Nature , & plus fenlible dans les ani' 
maux quadrupèdes ; car dans l'homme 
les pieds font plus gros que les mains» 
& lont aulli plus tôt formés , & da»5 
le cheval , dont une grande partie de 
la jambe de derrière neft qu’un pied» 
puilquelle neft compofée que des oS 
relatifs au^ tarfe , au métatarfe , &c. d 
neft pas étonnant que ce pied foit plus 
étendu & plus tôt développé que la 
jambe de devant , dont toute la partie 
inferieure repréfente la main, puifquelle 
neft compofée que des os du carpe, 
du métacarpe , &c. Lorfqu un poulain 
vient de naître , on remarque aifémenc 
cette différence , les jambes de devant 
œmparees à celles de derrière paroillënr, 

^ lont en effet beaucoup plus courtes 
alors quelles ne le feront dans la fuite, 

& daiüeurs I cpaiileur que le coips ac- 
quiert , quoiqifindépenciinte des pro-» 


àu Cheval. 8 c> 

portions de raccroiffement en lonsiieur 
"^ot cependant plus de diftance^ entre 
pieds de derrière & la tête , & con- 
tn ue par confequent à empêcher le 

“ P* 

Dans toira les animaux , chaque efpèce 
eft variée hiivant les dift'érens clim^s ! 

généraux de ces variétés 
forment & conftituent les différentes 

celleVr/^^r "“J"' pouvons faifir que 
cdles qui font les plus marquées, c’eff- 

''''' fa'f*‘eme„, 

es unes des autres, en négligeant toutes 
ies nuances intermédiaires qui font fo, 
comme en tout , infinies , nous en avon; 
meme encore augmenté le nombre & 
la confufion en favorifant le mélanite 
e ces races , ^ & nous avons pour ainfî 

en resclimard"* 

ces cl mats des chevaux d’Afrique ou 
faWe; niéconnoif- 

y introrf^'T ' de France 

PayI,2 H“"' de tout 

gner U diffin- 

«raftètê. ; S“' qi-dques légers 

» produits par l influence 


90 Hijloire Naturelle 

aftuelle du climat : ces caraftères feroi^^* 
bien plus marques & les diftérenc^^ 
/croient bien plus fenfibles, lî les rac^ 
de cha^e climat s’y fuffent conferv^^ 
/ans mélangé ^ les petites variétés 
roient ete moins nuancées , moins noO'' 
breufes , mais il y auroit eu un certai® 
"owbre de grandes variétés bien caraÇ' 
terifees , ^le tout le monde aure^ 
ai/ement dtftinguces 5 au lieu qu’il fâi’^ 
de 1 habitude , & meme une affez longü® 
expérience , pour connoître les chevau’* 
des differens pays : nous navons 
cela que les lumières que nous avonJ 
pu tirer des livres des voyageurs 5 
ouvrages des plus habiles écuyers, tel* 
que M/' de Newcaftie , de Garfault» 
de la Guérinière , &c. & de quelque* 
remarques que M. de Pignerolies > 
ccuyer du Roi , & chef de l’Académie 
d Angers , a eu la bonté de nous coiH' 
muniquer. 

Les chevaux Arabes font les plu* 
beaux que l’on connoifle en Europe > 
Ils font plus grands & plus étoftés qu^ 
les Barbes , & tout aulfi bien faits i 
mais comme il en vient rarement 


du Cheval. ^ j 

^'ohki. 

atioiis detailkes de leurs perfeâions & 
de leurs défauts. ^ 

tnt." font plus com- 

peu cLirc» longue, fine, 

garrof K' \ T" ^ f°r"^ du 

df,„” ’ & âffez or. 

^natrement moutonnée , roreille belle 
les rt;’ ^ ^ Ken relevé , 

les SS ST S fl-- & 

kc v°^-® "tondes fans trop de ventre 
les hanches bien effarV^ ventre , 

ter te."rte 

méeS bien for- 

bien fSesTS^^'^’ « 

détachr 1 • Î*î!? P°fl ’ "-rf bien 

poils T S® ■’ - ''“ï de tous 

L Rt ^ communément de gris • 

recherchés & n’ d’être 

d" vîteffe A beaucoup 

légers & f.' fl® ’ fls font fort 

chevaux parn'tr \ courfe ; ces 
P flf^rrr etre les plus propres 


9 i Hijîoîre Naturelk 

pour en tirer race ; il feroit feuIemeA* 
a ouhaiter qu’ils fulfent de plus grandi 
taille , les plus grands font de quatf^ 
pieds huit pouces , & il eft rare d’c«. 
trouver qui aient quatre pieds ne*)* 
pouces ; il efl: confirmé par expérience 
qu en France , en Angleterre , &c. 
engendrent des poulains qui font pli'5 
paiKÎs queux : on prétend que pan”* 
es Barbes, ceux du royaume de Marcxf 
lont les meilleurs , enfuite les BarfiC* 
de Montagne -, ceux du relie de 
Mauritanie font au-de(lbus , aulTi-hieH 
ÿ'f Turquie , de Perfe ^ 

d Arménie : tous ces chevaux des paj-S 
chauds ont le poil plus ras que le* 
autres. Les efevaux Turcs ne font pa* 
Il bien proportionnés que les Barbes» 
Ils ont pour l’ordinaire l’encolure effilée» 
le corps long , les jambes trop menues i 
cependant ils font grands travailleurs ^ 
de longue haleine : on n’en fera pa* 
étonné, fi l’on fait attention que dans 
es pays chauds les os des animaux fofC 
plus^ durs que dans les climats froids » 
ce celt par cette raifon que quoiqu’il* 


Cheval. ç, 

fo£’dirkstXs.""'"*“ 

on" IWorr^^l “8 ‘'P'*’ ‘‘‘^ B«I,es , 
™P de orin, , t%’ 

>onmes'’''mSs ™"‘>”'"!e, les oreillel 
PÎeins de fp,i r ’ les yeux 

'&€f£?»rT.ls 

ventre f peu trop de 

^ P'irge ouS?^ ordmarremcrit ronde 

«» Pef lônSrZ"^ 

PoilpirnSbiln^ScMt^^'^^^ 

quelquefois un oeu W ’ Par^ron 
»‘'‘rhes,Ie oiM ^ 
dun^uulet'” 

trop haut • l u ^ Pon^'enr ie tjtloh 

*nvS™td "1 ™®l>««o"p’ * 

îeur poil ^ -, 

Ibai-marron S * ^^îjirsaire eft noir 6u 

’ qrioiquily- en-aij quelque»- 


9 4 Hijîoire N'aturelle 

uns de toutes fortes de poils -, ils 
très -rarement des jambes blanches 
des nez blancs •, les Efpagnols , 
ont de laverfion pour ces marque* ’ 
ne tirent point race des chevaux q'** 
les ont, ils ne veulent qu’une étoile 
au front , ils eftiment même les chevaf^ 
zaïns autant que nous les méprifon* ' 
l’un & l’autre de ces préjugés , quoiqijf 
contraires , font peut-être tout auf 
mal fondés , puifqu’il fe trouve de trè*‘ 
bons chevaux avec toutes fortes 
marques , & de même d’excellens chf' 
vaux qui font zains -, cette petite dili^' 
rence dans la robe d’un cheval 
femble en aucune façon dépendre 
Ton naturel , ou de fa conftitutron int^' 
rieure , puifqu’elle dépend en efiét d’ua^ 
qualité extérieure , & lî fuperficielle ’ 
que par une légère hlelTure dans 
peau on produit une tache blanche ‘ 
au relie les chevaux d’Efpagne , zai'’^ 
ou autres , font tous marqués à la cuii^'' 
hors le montoir , de la marque du haf«* 
dont ils font fortis : ils ne font 
communément de grande taille , cepe'’" 
danr on en trouve quelques-uns àf 


Chevaî. « - 

ils ont rT,, . ^ q^’alrtés -, 

* la Jee Tf ^ ^ > 

fouplefeT,; t P P®'-,* P'“ >1= 

S u7Xv’"’“ j« 1 »“ 

la guerre ï. ’ Pour 

malège ’ & pour ie 

pour 

aux Arabes & n fomblables 

Portent e?elr"îs““’ ^1°"^ «a 

r«e plus grande’ ^ °"\':^P^odant la 

luoutonnée^ Ipc ni & 

■mis Ken picË • 7 L' P-® .^S"® . 
OU pourroit rllft'* oreilles feules 

Elois d® ch^ÏTf' -- ,'*™l An- 

«fence elSs ubl”",' *" S”"* 
^ontbien éroff^c^ lî ’ 1®® Anglofs 
on trouve rom Plus grands -, 

P'^^ *x pouces 

de hauteur ;i ^ u^'eme de cinq pieds 
> r y en a de tous poils & 


9 6 Uijîoire Naturelle 

de toutes marques ; ils font généraî^ 
ment forts , vigoureux , hardis , capal^'j' 
d’une grande fatigue , exccllens pouf ^ 
chafle & la courfe , mais il leur man^'^ 
la grâce & la foupleire , iis font dur^ ^ 
ont peu de liberté dans les éjaaules. 

On parle fouvent de courfcs de 
vaux en Angleterre , & il y a des 
extrêmement habiles dans cette efpf'^* 
d’art gymnaftique. Pour en donner 
idée, je ne puis mieux faire que de raP! 
porter ce qu’un homme refpeétable (^' 
que j’ai déjà eu occalîon de citer «laf 
le premier volume de cet ouvrage , 
écrit de Londres- ie i8 février 174^' 
M. Thornhil , maître de porte à Stiltof; 
fit gageure de courir à cheval trois 
de fuite le chemin de Stilton à Londres ’ 
ceft-à-dire, de faire deux cents quin^^ 
milles d’Angleterre ( environ foixantS' 
douze lieues de France ) en quio^^ 
heures. Le 19 avril 1745, vieux rtyK’ 
il Ce mit en courfe , partit de Stilton, ^ 
la première courfe jufqu’à Londres 
trois heures cinquante -une minutes , ^ 
monta huit ditiérens chevaux dans 


/ rj Milord comte de Mottoa. 


COU 


irfe'' 


du Cheval. 

repartir fur îe champ fi i 
^"^onde courfe , de LondÏÏ ? îi 

heures cinquante-dL n ieV 

«chevaux-, Tf’ 
les truste > 

ii acheva œr^ I - " ’ & 

^^eures quarante-neiT^^ 

5 non-feulp ™inutes j en forte 
Feurè °’^^‘''‘>ement il remplit la cra 
seure qm etoit de farrp u ■ 

quinze heures, mais il 

dans le leux Ol ‘ doute 

i™* ftit .«' '* '■■= ‘‘oi 

courfe * MlVCiifl ‘5“ 

g» b*r“4‘t' lin'™ “-f- 

dhui, parce cl 1 • 

^mps on y a néglivé le certain 
Jfntil fe trLve encfre S K 
Napolitains , fur tour n chevaux 

de leur taille , parle^' 


c)8 Hijlom”. Naturelle 

beauté de leurs lUiouvemens •, ils 
excellens pour rappareil , & ont beaU' 
coup de difpolitions à piiifFer. 

Les chevaux Dai.iois font de fi beH® 
taille & fi étoffés , qifon les préfère ^ 
tous les autres pour en feixe des atte^ 
îages -, il y en a de parfairement bie'’ 
moulés , mais en petit nombre , car 1^ 
plus fouvent ces chevaux n’ont pas lU’® 
conformation fort régulière : la plupaff 
ont l’encolure épaille , les épauïesgrolIeS» 
les reins un peu longs & bas , la croup® 
trop étroite pour i’epailTeur du devant » 
mais ils ont tous de beaux mouvemens» 
& en général ils font très -bons poti*^ 
la guerre & pour l’appareE, Hs font è? 
tous poils •, & même les poils fing;uliers > 
comme pie & tigre ne fe trouvent guèt® 
que dans les chevaux Danois. 

Il y a en Allemagne de fort beaü^ 
chevaux , mais en général ils font peho^ 
& ont peu d’haleine , quoiqu’ils viec' 
nent pour la plupart des chevaux Tuf®* 
Sc Barbes dont on entretient les haras > 
auffi-bien que de chevaux d’Efpagne ^ 
d’Italie ; ils font donc peu propres à 
chafle & à la courfe de vîteflè , au ü®** 


Cheval. „ „ 

fcs chevaux Hongrois, Tranfîlvains 
• lont au contraire légers &■ K ’ 
coureurs : les Houfards & les 
leur fendent les nafeL ï ^°”grois 

& aulfi pLm Pius d’haleine , 

l^gue re^Tn n hennir à 

I«“- 

q"ullXtent"feuIe’ '""t 

Hongrois êrat 'P'if ch,îv^u^ 

bons pouMe“rat*[rj^ J”* /““ 
dont on fe fert ^ 

en France : les meinl^ ‘^pmmunément 

province de Frife "î de la 

bons dans le ’rî ^ 

?«= Juliers Us chS^' t & 

au - delTol Z/ î 

^^"de, iis ont ^ «^bevaux de Hol- 

pieds plats^ g'^ode, 

\ ^ cls dete d aux 

cffentiels dans lec defauts font 

y a en P ««olTe. 

France des chevaux df 

Eg 


r oo HiJIoire Naturelle 

toute efpèce- , mais les Beaux font e» 
petit nombre : les meilleurs chevaux de 
lelle viennent du Limofin , ils relTeni' 
blent adèz aux Barbes , & font comm^ 
eux exceHens pour la chalTe , mais ils 
font tardifs dans leur accroiflement j d 
faut les ménager dans leur jcunelîé , & 
même ne s'en fervir qu'à l’âge de huit 
ans ; il y a aufïï de très -bons bidets 
en Auvergne , en Poitou , dans le MoP 
vant en Bourgogne ; mais après le Li- 
molîn , c'eft la Normandie qui fournit 
ies plus beaux chevaux , ils ne font 
pas fi bons pour la chafiè » mais ils 
font meilleurs pour la guerre , ils font 
plus étoffés plus tôt formés. On tire 
de la balïè Normandie & du Cotentin 
de très -beaux chevaux de carrolTe , qui 
ont plus de légèreté & de reffource 
que les chevaux de Hollande -, la Fran- 
che- comte & le Boulenois fournillent 
de très - bons chevaux de tirage i en 
général les chevaux François pèchent 
pour avoir de trop grofles épaules , an 
lieu que les Barbes pèchent par les avoir 
trop ferrées. 

Apres 1 epuiperatipn de ces chevau^t 


du Cheval. jqj 

nous font les mieux connus r, 

«Ppo„=,o„s„,.elesv„y,gr,s’S 

te chevaux etrangers que nous co“ 

^ = * fte •’o™ cte 

«« de niTS 

d’^ii on s’ ’ ‘^^Pendant aujour- 

ch,vaS®l*'J°'fler'r''ï ■■ *«“>' 
B”h=rie,Lrdf,:ee^';:r'“^* 

Vaux naturels rlii Arabe. Les che- 
beaucoup pw 

mais très -légers ^ r*' Arabes , 

M Shaw prétend (•"7re"îe? h‘ 

^ bgypte & rTe T' • haras 

aujourd’hui fur Remportent 

voifins ; au lieu m ’ 

Heu quon trouvoit, il /a 

'■‘■"-■Kl. 


en 


Vo;fJ ■ ’ ' 

fxançoîs. la ^ 

' J, pagg ^oS 


102 Hijîoire Naturelle 

environ un fiècle , d’auflî bons chevaux 
clans tout le rcfte de la Barbarie : l'ex- 
^ellence de ces chevaux Barbes conüfte» 
dit-il 5 à ne s’abattre Jamais, & à fe ten^ 
tranquilles lorfque le cavalier defcen^ 
ou lailîê tomber la bride -, ils ont 
grand pas & un galop rapide , mais of> 
ne les laide point troter ni marche^ 
1 amble ; les habitans du pays regardent 
ces aUures du cheval comme des inov'' 
vemens groffiers & ignobles. Il ajouté 
que les chevau?: d’Egypte font fupé' 
rieurs à tous les autres pour la taille ^ 
pour la beauté -, mais ces chevaux d’E' 
gypte , auffi-bien que la plupart des 
chevaux de Barbarie , viennent des che^ 
vaux Arabes qui font fans contredit» 
les premiers & les plus beaux chevaux 
du monde. 

Selon Marmol (x) , ou plutôt feloii 
Léon l’Africain car Marmol l’a ie‘ 

copié prefque mot à mot , les chevau:^ 
Arabes viennent des chevaux fauvages 

Voyez l'Afrique de Marmol , tome J> 

f jge 50. 

{y J Xfouiî tons, tt» 

fag. 750 & 751. 


du Cheval. 103 

défères d'Arabie dont cm a fait très- 
®nciennement des Itatas , qui les ont 
tant multipliés , que toute d’Afie & l'A- 
frique en font pleines -, ils font fi légers 
que quelques-uns d'entr’eux devancent 
ks autruches à la courfe r les Arabes 
du defert & les peuples de Libye élè- 
vent une grande quantité de ces chevaux 
pour la chafle -, ils ne s’en fervent ni 
pour voyager ni pour combattre , ils 
les tont paître lorfqu il y a de l’herbe -, 
« lor%e l’herbe manque , ils ne les 
nourrifient que de dattes & de lait de 
e meau , ce qüi les rend nerveux , 
légers & maigres. Ils tendent des pièges 
aux chevaux fauvages , ils en mangent 

deMeSS 

ell fort delicate ; ces chevaux faiivaoes 
lont plus petits que les autres , ils font 

communément de couleur cendrée, quoi! 

^ y en air aufli de blancs 5 & ils 
ont le crin & k poil de la queue fort 
ourt & henCfé. D’autres voyageurs f ; 

P« «dleT*,'' 

tome H ^ des voyages, i^ris , 

E iiii 


104 Hijîoire Naturelle 

nous ont donné fur les chevaux AraB«« 
des relations curfeufes , dont nous 
rapporterons ici que les principaux faits. 

11 n y a point d’Arahe , quelfli"^ 
miferable qu’il foit , qui nait des che- 
vaux : iJs^ montent ordinairement les 
mens , i expérience leur ayant appii* 
quelles reliftent mieux que îes chevaiiîf 
à la fatigue, à la faim & à la foifl 
elles lont aulïï moins vicieufes , plus 
douces & henniflênt moins fréqueiU' 
ment que les chevaux : ils les accoU' 
mment lî bien à être enfcmble , qu elle* 
emeurent en grand nombre, quelque' 
fois des^ jours entiers , abandonnées à 
elles -memes fans fe frapper les unes le* 
pitres , & fans fe faire aucun mal. Le* 
Turcs au contraire n’aiment point le* 
jumens, Scies Arabes leur vendent leS 
chevaux qu ils ne veulent pas garder 
pour étalons : ils confervent avec grand 
loin , & depuis 1 très .^long-temps, les 

‘races de leurs chevaux, ils en connoiP 
lent les générations , les alliances SC 
toute la généalogie , ils diftinguent leS 
races par des noms difiérens , & ils en 
font trois dallés ; la première eft celle 


du Cheval. 


loy 


Hes chevaux nobles, de race pure &: 

des deux côtés-, la fécondé eft 
^cne des chevaux de race ancienne 
^ais qui fe font méfalliés , & la troil 
lieme eft celle des chevaux communs : 

ceux'X f ^ i*as prix , mais 

ceux d 1 ^ P'^emiere clafle , & même 
ceux de la fécondé , parmi lefquelles il 
s en trouve d’auflî bons que ceux de 

iis exceffivement chers -, 

is ne font jamais couvrir les lumens 

pâr 

tdons de la meme qualité : ils 
touteTles^^r" expérience 

ceux d I ® chevaux & de 

ceux de leurs voifms, ils en connoiiTenc 

Poil^^î« furnom , le 

Sa de LT"r'"m &c Quand ils n ont 
Sez Teu '' ’ * "" empruntent 

argent nt ’ moyennant quelque 
argent pour faire couvrir leurs jumem 

en ToJ: ^-oins qui 

par deV’''Vf ‘"^née & fcd- 

q'^eîqu'ai?™ de l'Emir, ou 

^etre^attSir'^r"”^ publique ^ & dans 

la jument n -’ & de 

eft cite , & toute leur généra-; 

E V 


ïo6 Hijîoîre Naturelle 

tien expofée : lorfque la jument a 
îiné , on appelle encore des témoins ’ 
■& l’on fait une autre atteftation 
laquelle on fait la deferrption du 
iain qui vient de naître , & on marque 
jour de fa naiflance. Ces billets donnent 
le prix aux chevaux , & on les rem^ 
à ceux qui les achettent. Les moindre* 
jumens de cette première clafle fo»' 
de cinq cens écus , & il y en a beat'' 
coup qui fe vendent mille écus, & méinr 
quatre , cinq & fix mille livres. Comn’*’ 
les Arabes n’ont qu’une tente pon’’ 
maifon , cette tente leur fert auflî d’é' 
curie , la jument , le poulain , le mari > 
la femme & les enfans couchent toii* 
pêle-mêle , les uns avec les autres ; of> 
y voit les petits enfans fur le corps? 
fur le cou de la jument & du poulain > 
fans que ces animaux les blelïènt ni 1^* 
incommodent ; on diroit qu’ils n’ofenr 
fe remuer de peur de leur faire di< 
mal : ces jumens font fi accoutumées 
à vivre dans cette familiarité , quelle* 
foutfrent toute forte de badinage. Le* 
Arabes ne les battent point , ils le* 
traitent doucemeirt , ils parlent & raf 


du Cheval. 

donnent avec elles , iis en prennent 
es-grand foin , üs les laittent toujours 
1er au ^s , & ne les piquent jamais 
Tans neceffire : mais auffi dès qu’elles 

tin T?' le £anc avec le 

& vont partent fubitement 

P vont dune viteCfe incroyable elles 
fautent les haies & les foliés auffi lé- 
gèrement que les biches , & fi four 

'■Sn ^ ’ elles font fi 

court quelles s’arrêtent tout 

Pide TouiT ^ 1^ pl“* 

îÆàias 

ï'B3iK'"'*ïS 

den à mansL^dè t^ * T donnent 

•'»« *ÜX ou 

leur oanL’t Z"" du foieil iis 

fl y a ei’vir^*^ j ^ ’ dans lequel 

> environ un 'demi-boilTeau d orge 

E vj 


I O 8 Hijîoire. Naturelle 

bien net : ces chevaüx ne rnange>< 
donc que pendant îa nuit , 8c on 
leur Ote le fac que le lendemain mari** 
lorfquils ont tout mangé ; on les 
au verd au mois de mars , quand Therb^ 
eft afléz grande c’eft dans cette mêiT'^ 
faifon que Ion fait couvnr les jumenS» 
•& on a grand foin de leur jeter 
l’eau froide fur la croupe , immédiat^' 
ment apres quelles ont été couvertes J 
lorfque la laifon du printemps eft pal' 
fée, . on rètire les chevaux du pâturage»' 
& 'OH. ne leur donne ni herbe ni foi® 
de tout le rcfte de l’année , ni méni® 
de paille que très - rarement , l’orge eH 
leur unique nourriture. On ne manqué 
pas de couper auffi les crins aux poU’' 
lains dès qu’ils ont un an ou dix-hutf 
mois, afin q,u,ils deviennent plus. toufiü^ 
& plus longs : on les monte .dès l’âg® 
de deux ans ou deux ans 8c demi toiif 
au plus tard, on ne leur met la fell^ 
& la bride qu’à cet âge -, & tous le^ 
jours du matin jufqu’au foir , tous le* 
ebevaux des Arabes demeurent fellés ^ 
bridés à la porte de la tente. 

La race de . ces cheyaux s’eft étendu^ 


du Chtval. 

, chez les Maures & même 

c^ez les Nègres de la rivière de 

üu Sénégal , les Seigneurs du pays 
en ont quelles -uns qui font d'une 
grande beauté ; au lieu d’orge ou d’a- 

ou r^di?” r “3ÏS concaflé 

lait In f farine qu on mêle avec du 

lait iorlqu on veut les engraiffër, & dans 

ce climat f, chaud on ne les laiffe boire 

D’un autre côté les 
chevaux Arabes ont peuplé l’Égypte , 

f Turquie & peut-être la Perfe , où 

de dix m;n« ^ ^ ^ 

dans la province de Balafcie il y 
de chevauï 

^dS -a 

rt dure , on les ferre cepen- 

6«éiale des voyages, tome III, 
Cb ^ 

Marc l’in'ls » P« 


1 1 0 HiJIoire Naturelle 


danr , mais avec des fers minces > légers * 
& qu on peut clouer par- tout : en Ti'f' 
en Perfe & en Arabie on a aul" 
les mêmes ufages pour les foigner , 
nourrir & leur faire de la litière de leD^ 
fumier , qu’on fait auparavant CéchC^ 
au foleil pour Ôter l’odeur , & enfuit^ 
on le réduit «n poudre & on en 
une couche ^ dans 1 ccurie ou dans ^ 
tente , d environ quatre ou cinq pouce* 
d’épailTeur j cette litière dure fort long' 
temps , car quand elle eft infediée o® 
nouveau , on la relève pour la faif^ 
fécher au foleil une fécondé • fois , ^ 
cela lui fait perdre entièrement fa maU' 
vaife odeur. 

Il y a en Turquie des chevaux Ara' 
bes , des chevaux Tartares, des chevau^^ 
Hongrois & des chevaux de race dU 
paysi ceux-ci font beaux & très-fins 
ils^ont beaucoup de feu , de vîtelTe, êc 
même d’agrément , mais ils font trop 
délicats , ils ne peuvent fupporter 1^ 
fatigue , ils mangent peu , ils s’échaiif' 


fcj Voyez les voyages de M. Dumont. La HaU , 
tùss , tome III , page a 5g & fuiv anus. 


du Cheval. ,j j ^ 
^ P«“ « fenlîble 

AS:.'“,':r’f»--*Vou^de; 

chevaux de 

Arabes rT\ i ? ’ ? les 

Ss^d’ArdS* d“^''”"’ ■‘''’P"- 
«teables. & f»™ 

«rdres du gouverneLnr ’ 
g'euiç quantité de chevaux 
Pl^'Parr font très-beauT 1 r 

chevaux d’Me T™”"' * 
aux plus exceller, t,’ ^ dit-il , 

ele Naples • r * du royaume 

pies , communément ils font de 


^ Thévenot. Paris. 

W. paar 3/1 r ^rnjl, ty , ^ 

*1" ^7»° de la valle. 
f“>vanus, •” " 'a . *omi JT, p^gt aS^ & 


1 1 2 Hijloire Naturelle 

taille médiocre , il y en a meme 
forts petits ( g) , qui n’en font pas moio* 
bons ni moins forts , mais il s’en trouV® 
auffi beaucoup de bonne taille & pl^** 
grands que les chevaux de Telle Aw" 
glois ( h ). Ils ont tous la tête légère > 
l’encolure fine , le poitrail étroit , 
oreilles bien faites & bien placées , 
jambes menues , la croupe belle & î** 
corne dure -, ils font dociles, vifs , légers » 
hardis , courageux & capables de fup' 
porter une grande ferigue -, ils courent 
d’une très “grande rîtefle , fans jamais 
s’abattre ni s’affailTer -, ils font robuft^S 
& très - aifés à nourrir , on ne leur donn^ 
que de l’orge mêlé avec de la paille 
hachée mer;j , dans un fac qu’on leut 
paffe à la tête , & on ne les met au vertl 
que pendant fix femaines au printemps ’ 
on leur lailTe la queue longue , on 
fait ce que c’eft que de les faire bon' 

c /^Voyezlcs voyages de Tsvetnîei.Jîo'ufn, tptp 

tome II , page 1,9 fi- ao, 

( sJ Voyez les voyages de Thévenot , tome Il> 
püge aao. 

( h J Voyez les voyages de Chardin , tame II ! 
gage 35 & fuivantet. 


du Cheval. j i ^ 

y on leur donne des couvertures 
pour les défendre des injures de l’air , 
on les foigne avec une attention parti- 
^liiere , on les conduit avec un fimple 
bridon & fans éperon , & on en tranf- 
porte une très- grande quantité en Tur- 
quie, & lur-tout aux Indes ; ces voya^ 
^ont tous 1 éloge des chevaux 
oL r ^ ’ s’accordent cependant à dire 
fiinp ^ cvaux Arabes font encore 
la I agilité, le' courage & 

beaucoup plus recherchés en Perfe 

pajîr 

ne^r^ <=l^evaux qui naiffent aux Indes 
ne font pas bons fij) , ceux dont fe 

fervent les Grands du pays y font tranf 
P«es de Perfe & tfLlbie -, ôà " eut 

foï'ou";’ r'”, î*' - & 1= 

du f, pois avec 

ou d’o"^ ^ d’avoine 

orge ; cette nourriture les foutient 

lelT de la E«uIlaye-le.Gouz. 

qui OTt ^ recueil des voyages 

Indes. Amjl, ‘usinent «fa la Compagnie des 


1 1 4 HiJIûire Naturelle 

& leur donne un peu de force , 
cela ils dépériroient en très -peu ^ 
temps , le climat leur étant contrait^' 
Les chevaux naturels du pays font 
general fort petits , il y en a 
de 11 petits , que Tavernier rappot^ 
^le le jeune prince du Mogol , 
de fept ou huit ans, montoit ordrn^' 

rement un petit cheval très -bien fa^’ 
dont la taille nexcédoit pas celle 
grand Icvner ( ^ ). H femble que 
climats exceflivement chauds foient cof 
îraires aux chevaux ; ceux de la 
d’Or , de celle de Juda , de Guinée 
iSic. font comme ceux des Indes fo^ 
mauvais ; ils portent la tête & îè co'* 
fort bas leur marche eft fi chanc^ 
iante , qu qn les croit toujours prêts i 
tomber -, ils ne fe remueroient pas" 
on ne les frappoit continuellement , ^ 
la plupart font fi bas , que les pie^* 
de ceux qui les montent touchent pre^' 
que à terr.e (/) ; ils font de plus fof‘ 

tome 


du Cheval. i f ^ 

^dociles , & propres feulemetît à fervir 
1 aux Nègres yttui en aiment 

^ air autant que celle des chiens (m) : 

^ goût pour la chair du cheval eft donc 
Nègres & aux Arabes, il 
Tartarie , & même à la 
y-i ^ Les chevaux Chinois ne 

mieux cjue ceux des Indes fo ) , 

’ lâches , mal faits , & 

troic^^*^'^V Corée n’ont que 

hauteur : à la Chine 
Pref(pie tous les chevaux font hongres ; 

T ^ conquête de la Chine • 
ces chevaux font très -propres pour la 
pierre , quoique communément ils ne 
fae„, cpe * taüle „,édioctc . ils Je 

■ff/. “• " <=“"■ r.H., 

•Is «Istions de* Indes te 

P'iffe 304 ; Jji.h de l’Alibe. Paris, i^iS , 
pages 45 a g. ' Voyages , tome PT, 

h Chine , pai l’^oue de U conquête dç 

îUatox, Pans, sG:ro,page efaS, 


1 1 s Hijloire Naturelle 

forts, vfgoureiix , fiers, ardens , légf 

Ar- «T . Jll 


& grands coureurs j ils ont la corne 


(fil 


pied fort dure , mais trop étroite j la 
fort légère , mais trop petite ; l’encolû^^ 
longue & roide , les jambes trop haiitf 
avec tous ces défauts ils peuvent 
pour de très -bons chevaux , ils 
infatigables & courent d’une 
extrenie. Les Tartares vivent avec 
chevaux à peu prés comme les Arabe*’ 
Ils les font monter dès l’âge de fept 
huit mois par de jeunes enfans, qui 
prornenent & les font courir à petite’ 
reprifes -, ils les drelTent ainfi peu à peU ’ 
& leur font foufi'rir de grandes diète*’ 
mais ils ne les montent pour aller 
courfe que quand ils ont fix ou (ef 
ans , ils leur font fupporter alors de* 
faugues incroyables (p) , comme 
Biarcher deux ou trois jours fans s’af' 
reter, den pafler quatre ou cinq fan* 
autre nourriture qu’une poignée d^erb** 
de huit heures en huit heures , & d’étf^ 

voyages du Nord , Rouen , xjeG , tome III, p 
Tavermer , tome I, page g. y„,- 

y^^pugeL^.&eoeue vu* 


du Cheval. 1 1 7 

fan^ temps vingt -quatre heures 

^^te , &c. Ces chevaux , qui pa- 
dai ^ ^°nt fi robuftes 

les^l ^^*5 P^ys , dépériffent dès qu’on 
n,.:, ^"‘Potte à la Chine & aux Indes , 
TuroC* ^^tjffiflent afTez en Perfe & en 
tine ra^^’ Tartares ont auffi 

tant d^^ petits chevaux dont ils font 
iamaic^j'^^i ’ "e fe permettent 

ces r>i ^ vendre à des étrangers ; 

1 marie , ce qui prouve combien les 

«oitude à ces anunaux. 11 y a auffi en 
Circaffie & en Mingrélie beaucoup de 
chev^x qui font meme plus beaux que 

aflez beaux chevaux en Ukraine , en 

2 e ’ Pologne & en Suède “ 

pamicui'”' P“ d’obfervations 

défaut^ SnaUtés & de leurs 

cienS^T ’ ^ les an- 

fhevaux des ”Srmf n 

mnerens pays , on trou- 


1 1 8 Hijloire Naturelle 

rera (q) que les chevaux de la Grèce» 
& fur- tout ceux de la Theflalie & 
l Epire , avoient de la réputation » ^ 
ccoicnt tres — bons pour la guerre 5 
ceux de l’Achaïe étoient les plus 
que ion connût ; que îes plus hei^ 
de tous etoient ceux d’Égypte où ü ^ 
en avoit une très -grande quantité , ^ 
ou Salomon envoyoit en acheter à ü” 

’ qu’en Éthiopie , 
chevaux reuffiflToient mal à caufe de 
trop grande chaleur du climat ; 

1 Arabie & l’Afrique fournilToient Jd 
chevaux les mieux faits , & fur-tout Id 
plus légers & les plus propres à la moi»' 
ture & à la courfe ; que ceux d’Italfej 
& fur -tout de la PouHIe, étoient aulÜ 
très -bons ; qu’en Sicile , Capadoce » 
^yne . Arménie , Médie & Perfe il 1 
avoir d excellons chevaux , & recoin' 
mandables par leur vîteffe & leur légè' 
teté i que ceux de Sardaigne & ài 
'-orle étoient petits , mais vifs & coü' 
rageux ; que ceux d’Efpagne relTem' 
bloient à ceux des Parthes , & étoien^ 

Nat. de foIip“*' 


du Cheval. 1 1 ^ 

■’ y ^vok 
1 Traniilvanie & en Valachie des 

tîp^ légère , à grands crins 

naans jufqu’à terre , & à queue touffue, 

les^ très «prompts à la courfe •, que 
& bn Danois écoient bien faits 

navip^! ‘futeurs -, que ceux de Scandi- 
etoient petits , mais bien moulés 

étoin'^'^^Ç ’ chevaux de Flandre 

foipp?"^ lorts ^ que les Gaulois fournif- 
oient aux Romabs de bons chevaux 
pour ia monture & pour porter des 
ardeaux -, que les chevaux des Germains 
«oKm mrf hta & J 

:“>7« ■. que les sïfo II 

avorenr beaucoup & de très-bons pour 
ia guerre -.^e les chevaux de Hongrie 
ctorent aull^ fort bons -, & enfin , Se 

rh5 de tous ces faits, que les 

Revaux Arabes ont été de tous temps 

monde premiers chevaux du 

la bonté PoiJt 

foit immé^r ceftdeux que l’on tire, 

par le movp médiatement 

par le moyen des Barbes , les plus beaux 


tzo Hijloire Naturelle 

chevaux cjui Toient en Europe j 
Afrique & en Afie -, que le climat 
l'Arabie eft peut-être le vrai climat 
chevaux , & le meilleur de tous 
climats , puilqu au lieu d'y croiler 
races par des races étrangères , on ^ 
grand foin de les conferver dans tout^ 
leur pureté ; que Ci ce climat n'eft 
par lui-même le meilleur climat pou^ 
les chevaux , les Arabes l'ont rendu té 
par les foins particuliers qu'ils ont pd* 
de tous les temps , d’ennoblir les races i 
en ne mettant enfemble que les individu^ 
les mieux faits & de la première qualité > 
que par cette attention fuivie pendant deS 
dècles ils ont pu perfectionner l'cfpèc« 
au-delà de ce que la Nature auroir 0 
dans le meilleur climat : on jreut encore 
en conclure que les climats plus chauds 
que froids , & fur -tout les pays fées > 
font ceux qui conviennent le mieux ^ 
la nature de ces animaux 5 qu'en général 
les petits chevaux font meilleurs que les 
grands -, que le foin leur eft aullî nécef' 
faire à tous que la nourriture -, qu’avee 
de la femiliarité & des careffes on e» 
pxe beaucoup plus que par la force ^ 

les 


I 2 I 


du Cheval. ^ ^ ^ 

chevaux des pays 

uIikÎ ^ corne, les mufcles 

clurs que ceux de nos climats ; que 

ïe chaleur convienne mieux que 

charS 

que Ip leur convienr pas -, 

Qu enfi contraire -, 

Penden^ & leur naturel dé- 

«ourritur^^^H^^ ^^1^ 

F P e leins & de l’éducation, 

ro * 1’,'“- 

riac A. 1 * 1 Orient, on n eff 

comme' où fe 

Europe & n ]c n ■ ê^'^eralemcnt en 
leur Ote n “c = opération 

de fierté^, &c mîs 

iiSrpoùrf la ?oci! 

jambes avec^de^cordS 

Pur le dos lesrenverfe 

^'n biftomi "vec 

^ les Lanrenr?f''T V y. ^l’°^^i«ent 
3près Ics^ a • y" 1“ Poutiennent, & 
plaie 8c on \ r " referme la 

cheval deux Ç • faire baigner le 

Tomcln^r' f™' P'»*™ quinze 
Quadrupèdes. p 


12 2 . Hijîoire Naturelle 

jours , ou de Tétuver fouvent avec 
l’eau fraîche, & de le nourrir pendant 
ce temps avec du fon détrempé dans 
beaucoup d’eau , afin de le rafraîchir • 
cette opération fe doit faire au prin' 
temps ou en automne , le grand chaud 
& le grand froid y étant également con- 
traires. A l’égard de l’âge auquel on doff 
la faire , il y a des ufages différens i 
dans certaines provinces on hongre les 
chevaux dès l’âge d’un an ou dix -huit 
mois , auffitôt que les tefticules font 
bien apparens au dehors •, mais l’ufage 
le plus général & le mieux fondé eft 
de ne les hongrer qu’à deux & même ^ 
trois ans, parce qu’en les hongrant tard 
ils confervenr un peu plus des qualités 
attachées au fexe mafculin. Pline ( f) 
dit que les dents de lait ne tombent 
point à un cheval qu’on fait honore 
avant qu’elles foient tombées : j’ai ère ^ 
portée de vérifier ce fait , & il ne s’cH 
pas trouvé vrai \ les dents de lait tombent 
egalement aux jeunes chevaux hongre* 
& aux jeunes chevaux entiers -, & il el^ 

fr) Voyez Plin. Hift. Nat. ïn-S“. Paris, tCSS ' 
tome Il.parag. ZXXIV, page 55S, 


du Cheval. 123 

Probable que les anciens n ont hafardé 
^ tait que parce qu’ils l’ont cru fondé 
f r 1 analogie de la chute des cornes du 
, du chevreuil , &:c. qui en effet ne 
om eut point lorfque l’animal a été 
oupe. Au refte un cheval hongre n’a 
J s a puiffance d’engendrer , mais il 
P ut encore s’accoupler , & l’on en a 
des exemples. 

foi.? ‘'^^vaux de quelque poil qu’ils 
ent , comme prefque tous les 

utres animaux couverts de poil, & cette 
an ’ ordinairement 

ils fonfrP ’ automne-, 

Strt l “ P “ foibfa que *„s le 
autres temps, il faut les ménager, les 
fotgner davantage & les nourrir^ un peu 

pius argement.Ilyaauirideschevaux 

?out corne, cela arrive fur- 

our à ceux qui ont éré élevés dans des 

Hoiland^'^"' ^ marécageux, comme en 

henn?(Ienr'”^ -^tes & les jumens 
chevaux V”” ÎÇ'q“'™"'cM que les 

"'«“rteST “• ““ >> 

r* ne & moins grave : on peut 
Fij 


12 4 Uijloire Naturelle 

diftinguer dans tous cinq fortes ( s ) de 
henniffemens diftërens , relatifs à diffé- 
rentes paffions -, le henniflèinenr d alié- 
grefle, dans lequel la voix fe fait en- 
tendre affez longuement , monte & finit 
a des fous plus aigus; le cheval rue en 
meme temps , mais légèrement, & ne 
cherche point à frapper ; le henniffe- 
ment du defir, foit d'amour, foit d’atta- 
chement, dans lequel le cheval ne rue 
point, & la VOIX fe fait entendre longue- 
ment Sc finit par des Ions plus graves ; 
le henniffement de ia colère pendant 
lequel le cheval rue & frappe dangereu- 
fement, efl: très -court & ^igu i celui de 
la crainte , pendant lequel il rue aulîî , 
n’eft guère plus long que celui de la 
colere , ia voix eft grave, rauque, & 
femble fortir en entier des nafeaux , ce 
henniffement eft affêz femblable au rti- 
gïffement d un lion i celui de la douleur 
eft moins un henniffèraent qu’un gémif- 
fement ou ronflement d’oppreffîon qui 
le fait à voix grave & fuit les alternatives 

fs J Vide Cardan, de rerum varietatc , lib VUI. 


du Cheval, j 2 j 

? J® '^efpxration. Au refte on a remar- 
^ s les chevaux qui hennifTent le 
clef fur -tout d’allégrelTe & de 

néj'*’’ ies meiEeurs & les plus gs- 
Voix^^i’ ‘^f'evaux entiers ont auffi la 
iiim« ^ hongres & les 

voiv naidance le mâle a la 

anc ^ femelle -, à deux 

l’âve ceft-à-dire, à 

& des 

con, piüs forte & plus grave , 

eit paiiionne d amour, de defir, d’appé- 
tt, il montre les dents & femble dre, 
Ü les montre auffi dans la colère & lorli 
veut mordre-, il rire quelquefois 
la langue pour lecher, mais moins fré- 

ZZr s-‘=>-«'f.<r=ifch= bet 
s dl“ ^ *? “p™- 

cheval f, r““ carelTes ; le 

fe rebur^^ traitemens , & il 

donner d'ab j”*’ ^ ^o’^rageux lui fait 

de forces , & ïo-rr-i pofsède 

lorlquil fent quon exige 

F iij 


i.-^ 6 Hijloire Naturelle 

encore davantage, il s’indigne & refufe > 
au lieu que le bœuf qui de fa nature eft 
lent & pareffeux, s’excède & fe rebute 
moins aifément. 

Le cheval dort beaucoup moins que 
l’homme ; lorfcju’il fe porte bien il ne 
demeure guère que deux ou trois heures 
de fuite couché, il fe relève enhiire 
pour manger , & lorfqu’il a été trop 
fiitigué il fe couche une fécondé fois 
après avoir mangé , mais en tout il ne 
dort guère que trois ou quatre heures 
en vingt- quatre ; il y a même des che- 
vaux qui ne fe couchent jamais & qui 
dorment touj'ours debout , ceux qui 
fe couchent dorment auffi quelquefois 
fur leurs pieds : on a remarqué que les 
hongres dorment plus fouvent & plus 
long -temps que les chevaux entiers. 

Les quadrupèdes ne boivent pas tous 
de ia^ même manière, quoique tous 
foient également obligés d’aller chercher 
avec la tête la liqueur qu’ils ne peuvent 
faifir autrement, à l’exception du linge, 
du maki & de quelques autres qui ont 
des mains , & qui par conféquent peu- 
vent boire comme l’homme , lorîqu’on 


du Cheval, 127 

donne un vafe qu’ils peuvent tenir ; 
car ils le portent à leur bouche , l’in- 
clinent, verfent la licpieur, & l’avalent 
par le ilmple mouvement de la déglu- 
ütion ; l’homme boit ordinairement de 
cette manière , parce que c’eft en effet 
a plus commode i mais il peut encore 
orre de pluffeurs autres façons , en 
approchant les lèvres & les contraftant 
pour afpirer la liqueur , ou bien en y 
enfonçant le nez & la bouche aflez pro- 
fondément pour que la langue en fort 
environnée & n’ait d’autres mouvemens 
a faire que celui qui eft nécelTaire pour 
la déglutition , ou encore en mordant , 
pour ainff dire , la liqueur avec les 
Icvres , ou enfin , quoique plus diffici- 
lement, en tirant la langue, l’élargiffànt, 
& formant une efpèce de petit godet qiû 
mpporte un peu d’eau dans la bouche : 
la plupart des quadrupèdes pourroient 
auffi chacun boire de plufieurs manières, 
niais ils font comme nous , ils choifif- 
celle qui leur eft la plus commode 
don^ 1 conftarament. Le chien , 
ïanm ênculc eft fort ouverte & la 
§ c ongue & mince , boit en lapant , 

Fiiij 


12 8 Hijloîre Naturelle 

ceft-à-dire, en léchant la liqueur, St 
formant avec la langue un godet qui fe 
remplit à chaque fois & rapporte une 
a iez grande quantité de liqueur , il pré» 
fere cette façon à celle de le mouiller 
le nez : le cheval au contraire , qui a la 
bouche plus petite & U langue trop 
épaille & trop courre pour former ua 
grand pdet , & qui d ailleurs hoir en- 
core plüs avidenient qu’il «e mange , 
enfonce la bouche & le nez hrufque- 
ment & profondément dans leau qu’il 
ava e abondaiiiinent par le limple niouve- 
ment de la déglutition ; mais cela même 
le force a boire tout dune haleine, au 
lieu que le chren refpire à fou aife 
pendant qu il boit: auffi doit- on lailTer 
aux chevaux la liberté de boire à plu- 
lieurs reprifes, fur -tout après une courfe , 
iorfque le mouvement de la refpiration 
eft court & prellé : on ne doit pas 
non plus leur larlïer boire de l’eau trop 
troide ; parce qu’indépendamment des 
CO iques que l’eau froide caufe fouvent ! 
il leur arrive auffi, parlanéceffité oû ils 
naseaux, qu’ils fe 

refroidilTenr le nez, s’enrhument, & 


du Cheval. 129 

prennent peut - être les germes de cette 
^a'adie à laquelle on a donné le nom 
ne morve , la plus formidable de toutes 
pour cette efpèce d’animaux : car on 
ait depuis peu que le liège de la morve 
^it dans la membrane pituitaire (t) i 
que ceft par conféquent un vrai rhume 
qoi à la longue caufe une inflammation 
ans cette membrane , & d’un autre côté 
es voyageurs qui rapportent dans un 
a lez grand détail les maladies des che- 
vaux dans les pays chauds , comme l’A- 
rabie , la Perfe , la Barbarie , ne difent 
pas que la morve y fok auflTi fréquente 
que dans les climats froids -, ainfi je crois 
erre fonde à conjedurer que l’une des 
caules de cette maladie la froideur de 
i eau , parce que ces anim.aux font oblitrés 
d y enfoncer & d’y tenir le nez & les 
naleaux pendant un temps confidérabie , 
ce que l’on préviendroit en ne leur don- 
nant jamais d’eau froide , & en leur ef- 
'^yant toujours les nafeaux après qu’ils 


raier'dém'nn^ H-o» . » le pre- 

membrane morve eft dans !a 

chevaux en kw • Sc il a elTayé de guérir des 
“ ‘es trépanant. 


Fv 


I j O Hijîoire Naturelle 

ont bu. Les ânes qui craignent îe froid 
beaucoup plus que les chevaux, & qui 
leur relleniblent û fort par la ftruaure 
intcncurc, ne font pas cependant fifujets 
a la inorve , ce qui ne vient peut - être 
que de ce qu’ils boivent diftêremment 
es c .evaux ; car au üeu d^enfoncef 
profondément la bouche & le nez dans 
1 eau , tJs ne font prefque que l’atteindre 
des Icvres. 

Je ne parlerai pas des autres maladies 

étendre 

i Hdbire Naturelle que de joindre à 
1 hrftoire d un animai celle de fes mah- 

rlTn-n- P"'* terminer 

ihiitoiie du cheval, fans marquer quel- 
ques regrets de ce que la fanté de cet 
animal utile & précieux a été jufqu’à 
prefent abandonnée aux foins & à la pra- 
nque , fouvent aveugles , de gens fins 
connoiirance & fins lettres. La Médecine 
que les anciens ont appelée Fé- 

ni^r.' -' «’eftptebue connue que de 

& fufor de cette étude fon principal 
oh;et, li en feroxt bientôt dédommagé 


du Cheval. 131 


d’amples fucc«s •, que non -feulement 
d s’enrichirok , mais même qu’au lieu de 
dî dégrader il s'iliuftreroit beaucoup , & 
Cette Médecine ne feroit pas fi conjec- 
pirale & fi difficile que l’autre : la nour- 
riture , les mœurs , l’influence du fen- 
pinent , toutes les caufcs en un mot 
étant plus fimples dans l’animal que dans 
l’homme , les maladies doivent aulTi être 
rnoins compliquées , & par conféquent 
plus faciles à juger , & à traiter avec 
fuccès \ fans compter la liberté qu’on 
auroit toute entière de faire des expé- 
riences 5 de tenter de nouveaux remèdes , 
& de pouvoir arriver lans crainte & fans 
reproches à une grande étendue de coii- 
iioiifances en ce genre , dont on pour- 
roit même par analogie tirer des induc- 
tions utiles à l’art de guérir les hommes. 



Fvj 


1 5 2 Hijloire Naturelle 


L’ ASN E. 

A C O N s I D ^ R E R cet animal 
meme avec des yeux attentifs & 
Clans un^aiTez grand détail, il paroît 
n etre qu un cheval dégénéré : la parfaite 
iimiiitude de conformation dans le cer- 
yeau, les poumons , l’ellomac , le conduit 
inteftmal , le cœur , le foie, les autres 
vifceres, & la grande rell'emblance du 
corps, des jambes, des pieds & du 
Iqueletre en entier , femblent fonder 
cette opinion : l’on pourroit attribuer 
les legeres différences qui fo trouvent 
entre ces deux animaux, à l’in-luence 
très -ancienne du climat, de la nourri- 
ture, & à la fucceffion fortuite TZ 
lieurs génciations de petits chevaux fau- 
vages a demi dégénérés, qui peu à peu 
auroient encore dégénéré davantage, fe 
feroient enfuitc dégradés autant qu'il efl: 
Poffible, & auroient à la fin prZ.it à 
nos yeux une efpèce nouvelle & conf- 
tante ou plutôt une fucceffion d'individus 
iemblables, tous conffamment viciés dç 


de VjiJhe. 135 

îa meme façon , & affez différens des 
chevaux pour pouvoir être regardés 
comme formant une autre efpèce. Ce 
jî’-'i paroit favcrlfer cette idée, c'efl: que 
os chevaux varient beaucoup plus que 
os ânes par la couleur de leur poil, qu’ils 
par conféquent plus anciennement 
omefiiques , puifque tous les animaux 
omeftiques varient par la couleur beau» 
coup plus que les animaux fauvages de 
a meme efpèce •, que la plupart des 
chevaux fauvages dont parlent les voya- 
geurs , font de petite taille , & ont , 
comme les ânes , le poil gris, la queue 
nue , hetilTee à l’extrémité , & qu’il y 
a des chevaux fauvages , & même des 
chevaux domeftiques qui ont la raie noire 
fur le dos , & d autres caraêtères qui les 
rapprochent encore des ânes fauvages & 
domeftiques. D’autre côté, fi l’on con- 
hdere les diftérences du tempérament , 
du naturel , des mœurs , du réfultat , en 
On mot , de i’organifation de ces deux 
^tmaux, & fur -tout l'impoffibilité de les 
munp efpèce com- 

dfartP X une efpèce intermé- 

puifle fe renouveler , on paroît 


134 Uijîoire Naturelle 

encore mieux fondé à croire que ceS 
deux animaux font chacun d’une efpèce 
auffi ancienne l’une que i’autre & ori- 
ginairement auffi eflentiellement diffé- 
rentes qu elles le font aujourd’hui, d’au* 
tant plus que l’âne ne laide pas de 
différer matériellement du cheval par l3 
P^^^^efîe de la taille , la grolïeur de 
tête , la longueur des oreilles, la dureté 
de la peau , la nudité de la queue , la 
forme de la croupe , & auffi par les di- 
menfions des parties qui en font voifînes» 
par la voix , I appétit , la manière de 
boire, &c. L’âne & le cheval viennent- 
ils donc originairement de la même 
louche ? font-ils, comme le cCfent les 
nomenclateurs (a), de h même famille? 
ou ne font-ils pas, & ncnr-t!s pas tou- 
jours etc des annnaux didérens ? 

Cette queftion , dont les PhylicienS 
lentironthien la généralité, la difficulté, 
les confequences , & que nous avons 
cru devoir traiter dans cet article, parce 
qu elle fe préfente pour la première fois , 

(a) Equuscaudânndiqutfctofâ, le cheval. EqmH 
canda^xtremofnofi, i’àne. Linnsi fyftema Nattu*- 
Ciaiï, ord. 4. 


de VAJhe. i 3 j 

à la produftion des êtres de plus 
près qu aucune autre , & demande , pour 
^rte éclaircie, que nous conlîdérions la 
Rature fous un nouveau point de vue. 

, dans l’immenfe variété que nous pré- 
*^oris les êtres animés qui peuplent 
'-^nivets, nous choifiiïbns un animal , 
meme le corps de l’homme pour 
^fvir de bafe à nos connoiflances , & 
y rapporter , par la voie de la compa- 
railon , les autres êtres organifés , nous 
trouverons que , quoique tous ces êtres 
exiftent folitairement , 8c que tous varient 
par des ddérences graduées à l’infini , il 
^dte en même temps un deflëin primitif 
Ci general qu’on peut fuivre très -loin, 
& dont les dégradations font bien plus 
lentes que celles des figures & des autres 
rapports apparens -, car fans parler des 
m-ganes de^ la digeftion, de la circulation 
de la génération , qui appartiennent à 
les animaux, & fans lefquels l’animal 

fuira ^ pourroit ni 

Darr! ™ reproduire, il y a dans les 
contribuent le plus à 
forme extérieure, une 
P gteufc reffemblance qui nous rap- 


I 3 Hijîoire Naturelle 

lidée d’un premiet 
aeiiern, fur lequel tout femble avoif 
ece conçu : le corps du cheval, par 
exemple , qui du premier coup dœiî 
paroit fl different du corps de l’homme 
lorlqu on vient à le comparer en détail 
partit, jwr partie , au lieu de furprendre 
par la différence , n’étonne plus que 
par la relfemblance fingulière & prefque 
complété quon y trouve : en effet , 
prenez le fquelette de l’homme, inclinez 
les os du balïïn, raccourciffez les os des 
cuifles , des jambes & des bras , aloneez 

enfcnible les phalanges , alongez les 
mâchoires en raccourciffant l’os frontal, 
& enfin alongez auffi l’épine du dos , 
ce fquelette ceffera de repréfenter la dé- 
pouille d un homme, & fera le fquelette 
57 cheval, car on peut aifément fup- 
pofer quenalongeant l’épine du dos & 
es mâchoires on augmente en même 
^mps le nombre des vertèbres, des côtes 
& des dents, & ce n’eft en effet que 
pai le nombre de ces os, qu’on prat 
regarder comme accelToires , & par l’a- 
longement, le raccourdlfement ou h 


de VAfne. 137 

jonction des autres , que la charpente 
ou corps de cet animal diffère de la 
charpente du corps humain. On vient 
^0 voir dans la defcription du cheval 
ces faits trop bien établis pour pouvoir 
en douter •, mais , pour fuivre ces rapports 
encore plus loin , cpie l’on confidère 
leparement quelques parties ellentielles 
» la forme, les côtes, pat exemple, on 
CS trouvera dans tous les quadrupèdes, 
dans les oifeaux , dans les poiffbns , & 
on en fuivra les veftiges jufques dans la 
tortue , où elles paroiffent encore def- 
finées par les filions qui font fous fon 
ecarlie ; que l’on confidère, comme l’a 
remarque M. Dauhenton , que le pied 
d un cheval , en apparence fi différent 
de la rnain de 1 homme , eft cependant 
compofé des mêmes os , & que nous 
avons à l’extrémité de chacun de nos 
doigts , le même olTelet en fer-à-cheval 
qui termine le pied de cet animal -, & 
Ion jugera fi cette reffcmblance cachée 
^ clt pas plus merveilleufe que les dif- 

^ Conformité 
^ ce detfein fuivi de l’homme 
aux quadrupèdes, des quadrupèdes aux 


î 5 8 Hijloire Naturelle 

cétacés , des cétacés aux oifeaux , tîeS 
oifeaux aux reptiles , des reptiles au« 
poiflons, &c. danslefquels les parties er- 
enrielles , comme le cœur, les inteftins» 
lepine du dos, les fens, &c. fe trouvent 
toujours, ne femblentpas indiquer qu'en 
créant les animaux , PÊtre fuprême n’a 
voulu employer qu’une idée, & la varier 

'tanières 

pollibles , afin que 1 homme pût admirer 
égalent & la „,ag„lS„ J 
cutron , & la fimpbcire du delfein 
Dans ce point de vue, non-feuiement 
mais même l'homme, 
L, ? les quadrupèdes & tous les anb 
maux pourroient ^etre regardés comme 
ne fadanc que la msme/^m^//e ; mais en 
doit-on concliu-e que dans cette grande 
& nombreufe/^;„i//e, que Dieu feul a 

petites /W/es' projetées parla Nature 
& produites par le temps, dont les unes 

diviSfr^"' compofeesque de deux in- 
Jvidus , comme le cheval & Pâne, 
d autres de plufieurs individus , comme 

f t f t d*”- * '■ '“'«a * 

fuKt , * b foume. &c. & de meme qiB 


de VAfne. 139 

^ans les végétaux il y ait des familles 
de dix , vingt & trente , &c. plantes ; Si 
familles exiftoient en effet , elles 
ti autoient pu fe former que par le mé- 
variation fucceffive , & la dé- 
generatioii des efpèces originaires ; & fi 
Ion admet une fois qu il y ait des familles 
dans les plantes & dans les animaux , que 
^ de la famille du cheval , & 

diffère que parce qu’il a dé- 
généré , on pourra dire également que 
le fin^e eff de la famille de l’homme , 
qvte c’eft un homme dégénéré , que 
1 homme & le finge ont eu une origine 
commune comme le cheval & l’âne , 
que chaque_/ai7ii/Ze , tant dans les animaux 


Î [ue dans les végétaux , n’a eu qu’une 
eule fouche *, & même que tous les ani- 
maux font venus d'un feul animal, qui, 
dans la fucceffion des temps, a produit , 
en fe perfeaionnant & en dégénérant , 
toutes les races des autres animaux. 

^Les Naturaliftes qui étalaliffent fi lé- 
gèrement des familles dans les animaux 
ans les végétaux, ne paroiffent pas 
oir aflez fenti toute l’étendue de ces 
conlequences , c[ui réduiroient lé produit 


140 ^ifloire N'atureUe 

immédiat de la création à un nombre 
d individus auffi petit que Ion voudroft: 
ar sil etoit une fois prouvé quon pût 
établir ces familles avec raifon , si! étoic 

acquis que dans les animaux, & mêm^ 

dans les végétaux, il y eût , je ne dis 

SL'ï: v“‘ ““ ^“1“ 

Ju„e auTOirpS' 1 

l’âno i;v » ’ , “ vrai que 

i ane ne fût qu un cheval dégénéré H 

de la Nature, & 1 on n auroit pas toit 
de fuppofer que dun feul être die a fu 

orgJE" 

Mais non, il eft certain par h révé' 
ïation, que tous les animaux ont égale- 
ment participé à la grâce de la créarfon 

qiie les deux premiers de chaque efpèce ' 
& de toutes les efpéces, font fortis tS 
formes des mains du créateur, 2 Von 

„„„ érofenttek’afoJl 

îepréfcntés?''^ «ous font aujourd'hui 
i^preicntes par leurs defcendans • 

fours, depuis qu'on a obfervé la Nature, 

depuis le temps d'Ariftote jufqu'au nôîre , 

Ion na pas vu paroître d’efpèce nou- 


de Pjijhe, 1 4 1 

malgré le mouvement rapide qui 
tie amoncelle ou dillipe les par- 
infi • ^ matière , malgré le nombre 
fa combinaifons qui ont du fe 

les'*^ vingt fiècles , malgré 

fortuits ou forcés des 
donr^^î^ ? olpeces éloignées ou voiiines , 

virl. ^ réfulté que des indi- 

vidns vicies & ftériles, & qui nont pu 

dons généra- 

is. La teffemblance , tant extérieure 
q intérieure , fût -elle dans quelques 
animaux encore plus grande qifelle^ ne 
left dans le cheval & dans n • 

qualeur donner une commune origine- 
Cjt s .is venaient de In „iê„e fotfche 
sils eioienr en edet delà raême/n™;?!’ 
pourroit les rapprocher , les dlier de 

re temps auroit fait. ^ 

eue conlidérer, que quoi- 

ceptibles fouvent imper- 

PU de c’es ' de ces degrés 

nuances ne font pas tous 


142 Hijîoire Naturelle 

çgaux à beaucoup près ; que plus 
efpèces font élevées , moins elles To”' 
nombreufes , & plus les intervalles 
nuances qui les féparent y font granci^ i 
que les petites elpèces au contraire 1^*’^ 
très -nombreules 5 & en même teffp^ 
plus voi/ines les unes ries autres » 
forte qu’on eft d’autant plus tenté 
les confondre enfemble dans une 
famille , qu elles nous embarralfent ^ 
nous fatiguent davantage par leur 
tttude & par leurs petites diftérenecS' 
dont nous fommes obligés de noi*® 
charger la mémoire : mais il ne 
pas oublier que ces familles font notl^ 
ouvrage , que nous ne les avons fair^^ 
que pour le foulagemenrde notre elpri^ ’ 
que s H ne peut comprendre la fui^^ 
réelle de tous les êtres, c’eft notre fauc^ 
& non pas celle de la Nature, qui 
connoît point ces prétendues familles > 
& ne contient en effet que des 
vidus. 

Un individu eft un être à part ifol^’ 
détaché , & qui n’a rien de comiTitî^ 
avec les autres etres, finon qu’il 
relfemble ou bien qu’il en diffère : 


de VjiJiic, 1 4 î 

|es individus feiiiblables qui exiftent fur 
urface de la terre , font regardés 
^me compofant l’efpèce de ces indi- 
î j cependant ce n’eft ni le nombre 
^ ^ Jx°liçûion des individus femblables 
tou I^^Pcce, c'efl: la fucceffion conf- 
Pu ^ rei^ouvellement non interrom- 
c ^ individus qui la conftituent ; 

dureroit toujours ne 
qu’un 

aufli ^ ^ Semblables qui dureroient 
mar • ^^Spèce eft donc un 

rr.,^ ^ femps, & dans la def- 

tru&on conftante & le renouvellement 

tout auffi conftant des êtres : c’eft en 
comparant la Nature d’aujourd’hui à 
cdîe des autres temps , & les individus 
aâuels aux individus palTés, que nous 
avons pris une idée nette de ce que l’on 
•. *= c»„para3-„„ * 

ou de la relfembUnce des indi- 
fouvent f acceabire, & 

car l’âne première -, 

le barbet au^î? ^ cheval plus que 
levner , & cependant le 


144 Hijîoire Naturelle 

barbet & le levrier ne font qu’une mên’® 
efpèce , puirqu’ils produifent enfenibl^ 
des indfvidus qui peuvent eux-mêni^^ 
en produire d’autres ; au lieu que 
cheval & i’àne font certainement de dif' 
ferentes efpcces , puifqu’ils ne prodi'j' 
fent enlemble que des individus vici^* 
Sc inféconds. 

C eft donc dans la diverfité caracl^’ 
riftique des efpcces que les intervall^^ 
des nuances de la Nature font le pl‘‘* 
fenlîbles & le mieux marqués, on poi’f' 
roit meme dire que ces intervalles enti^ 
les efpcces font les plus égaux & 
moins variables de tous , piiifqu’on pe^'^ 
toujours tirer une ligne de féparacio'' 
entre deux efpcces , c’eft-à-dire, entf^ 
deux fucceffions d’individus qui fe repr^ 
duifent & ne i^euvent fe mêler, comii’^ 
l’on peut auffi réunir en une feule efpc^^ 
deux fucceffions d’individus qui fe 
produifent en fe mêlant : ce point 
le plus fixe que nous ayons en I lifroir^ • 
Naturelle , routes les autres relfemblance* 
& toutes les autres différences que 
pourroit faifir dans la comparaifon 
êtres, neferoienc, ni fi confiantes, 


de VAJîie. 

^ “^eelles , ni fi certaines -, ces intervalles 
^ront atilTt les feules lignes de réparation 
Ion trouvera dans notre ouvrage, 
J^pus ne diviferons pas les êtres autre- 
iient qu üg ^ chaque 

’ chaque fucceffion d’individus 
4 le reproduifent & ne peuvent fe 
r, *cra confidérée à part & . traitée 

de<f''r™^v 7 ’ ^ fervirons 

des genres, des ordres & 

Naturl^^'® ’ 

^ L efpèce n étant donc autre chofe 
cïïr m ? S reproduifent , il efl: 

sétcndll m"“ ne doit 

setendre quaux animaux & aux vévé 

taux , & cpie c eft par un abus des termes 

U des idees que les nomenclateurs l’ont 

sortes rte minéraux : on ne doir- 

mais ËT efoèce 

diftétem • &7. métaux 

cours fur u, dans notre dift 

de réparation 

r r» ^ emploierons dans 
Tomel. Quadrupèdes. Q 


i4<> Hijîoire Naturelle 

la divifioii des madères minérales , feront 
bien différentes de celles que nous em- 
ployons pour les animaux & pour le* 
végétaux. 

Mais pour en revenir à la dégénératroo 
des êtres, & particulièrement à celle des 
animaux, obfervons & examinons encore 
de plus près les mouvemens de la Nature 
dans les variétés quelle nous offre ; & 
comme l’efpèce humaine nous eft la 
mieux connue , voyons jufqu’oii s’é- 
tendent ces mouvemens de variation. Les 
liommes different du blanc au noir par 
la couleur , du double au fimple par la 
hauteur de la taille , la grofléur, la légè- 
reté, k force , &c. & du tout au rien 
pour fefprit -, mais cette dernière qualité 
n’appartenant point à la madère , ne 
doit point être ici confidérée : les autres 
font lesvariadons ordinaires de la Nature 
qui viennent de rinfluence du climat & 
de la nourriture ; mais ces différences 
de couleur & de dimenlion dans la taille 
n empêchent pas que le Nègre & le 
Blanc , le Lappon & le Patagon , 1® 
géant & le nain , ne produifent enfemble 
des individus > qui peuvent eux -mêmes 


ces ^ P^*^ conféquenc 

omiîies h drfférens en apparence , 

tanrp’ .cette reprodudion conf- 

ces conftrtue l’efpcce. Après 

*^ï'es qni'^fo"^ générales, H y en a d’au- 
he ^ P parncufôres & qui 
ies é Î!"^ P"? P^pétuer , comme 

crelas : lesï do?.27") ® ^ 

àiix pieds efans ^ mains & 

ces varÏÏÆ„^"5^T “es , .&c. 

où des Cîicès défatits 

d’aWrfCvÆ'-'r î 

k font enfui, c pSoaSS"'™'*”' 
eommp î^c e'^^pdges ae lâee en racc^, 

confante;. ne *iv5''?“’ ‘r»>p= 
’ ^ aoivétît etre regardées 

ai"”'» 

ry Voyez ^‘fpicr.Aurnalni. 

M. de MaBpe^,i{®'''®ù''" ciùieufé da-iîsles!ettr^l 
ueuisidé<spl»îjQC . > «u vous trouverez- auflî -pla- 
ie fut dificrens 

Ci) 


148 lîiftoire Naturelle 

que comme des variétés individuelles 
qui ne féparent pas ces individus de leuc 
efpèce , puifque les races exrraordinaires 
de ces hommes à grolTes jambes ou à 
hx doigts peuvent fe mêler avec la race 
ordinaire, & produire des individus qui 
le reproduifejnt eux -mêmes. On doit 
dire la même chofe de toutes les autres 
difformités ou monftruolîtés qui fe coni“ 
muniquent des pères & mères aux en- 
fans : voilà jufqu’où s’étendent les erreurs 
de la Nature , voilà les plus grandes li-. 
mites de fes variétés dans l’homme ; SC 
s il 7 a des individus qui dégénèrent en- 
core davantage , ces individus ne repro- 
duifant rien , n’altèrent ni la conftance 
ni l’unité de l’efpèce : ainfi , il n’j a dans 
î’homme qu'une feule & même efpèce, 
& quoique cette efpèce foit , peut - être 
la plus nombrcufe & la plus, abondante 
en individus, & en même temps la plus 
inconféquente & la plus irrégulière dans 
toutes Iqs aâipns, on ne voit pas que 
cette prodigieufe diverfité de mouve- 
rnens , , de nourriture , de climat , & de 
tant d’autres combinaifons que l’on peut 
fuppofer, ait produit des êtres, alfe? 


de VJfne. 14A 

I erens des autres pour faire de nou- 
^ les fouchcs , & en même temps affêz 
emblables à nous pour ne pouvoir nier 
e leur avoir appartenu. 

\ ^egre & le Blanc ne pouvoient 

rfî ' 5 fi même leur pro- 
duction demeuroit inféconde, fi le Mu- 
3 re etoit un vrai mulet , il y auroir 
ors eux^ efpcces bien diftinéles •, le 
® l’homme ce que 1 ane eft 
bnmi plutôt, fi le Blanc étoir 

W ’ plus un 

homme ce feroit un animal à part 
comme le finpp ^ r ■ > 

de ^ en droit 

de penfer que le Blanc & le Nègre 

n auroient ^poinr eu une origine corn! 
mune -, mais cette fuppofition même eft 
dhwntre pat le fait . & p„ift|„e „„3 
ommes peuvent communiquer & pro- 
dmte enfemble, tom let limes vfen 

>»êl fclr™ * ’’ 

diîtë etlrr “ Pi'iffent pro- 

Sfalques lî»' ' ’ ir T'' 

tempéramei^^'''^^ difconvenances dans le 

dentel danc 1 ’ ‘îuelque défaut acci- 
aentei dans les organes de la génération 

G iij 


I J O Hijîoîre Naturelle 

tie I un ou de I jutre de ces deux indt* 
vidus -, que deux individus de différentes 
eipeces , que fou joint enfemble » 
produifent d autres individus qui ne ref' 
jeinblant ni à 1 un ni à l’autre , ne reb 
leuiblçnt a rien de fixe> & ne peuveoi 
par confequent rien produire de fem- 
b'able à eux , il ne faut pour cela qu’un 
certain degré de convenance entre la 
forme du corps & les organes de la gé- 
nération de ces animaux diffërens -, (nais 
quel non^re immenfe & peut-être infini 
de combinaifons ne faudroit-il pas pouf 
pouvoir feulement fuppofer que deux 
animaux 5 male & femelle 5 d’une certaine 
efpèce, ont non -feulement affez dégé- 
néré pour n etre plus de cette elpèce > 
ceft“à-dire pour ne pouvoir plus pro- 
duire. avec ceux auxquels ils étoient fem- 
blables , mais encore dégénéré tous deux 
precifément au meme point , & à ce 
point néceffaire pour ne pouvoir pro- 
duire qu enfemble ! ■ 8 c enfuire quelle 
autre prodigieufe imraenfité de combi- 
parlons , ne taudroit- il pas encore pour 
que cette nouvelle produélion de ces 
deux animaux degenci'és fuivît exaéle- 


de VAfie, 1 j 'ï 

iHenc les mêmes loix qui s^brervent dans 
^Produâion des animaux parfaits ! car un 
animal dégénéré eft lui - même une pro 
nftion viciée-, & comment fe pourroit-il 
une origine viciée , qu’une déprava- 
^n , une négarion , pvit faire fouche , 
non -leulement produire une fucceffioh 
erres conftans, mais même les produire 
e a meme façon & fuivanr les mêmes 
loix que fe reproduifent en effet les ani- 
maux dont l'origme eft pure ; 

Quoiqu'on ne puiffe donc pas dé- 
produd-ion d’une efpèce 
Fi I ’ foit une chofe im- 

probabT ^ ^ Nature , le nombre des 
P obabÿtes contraires eft fi énorme , 
que phüofophiquemenr même on n’en 
peut guere douter ; car ii quelque efpèce 

Régénération d’une 
itre , Il 1 efpece de l’âne vient de l’ef- 

fucceffivemenr & par nuances , il y Li- 

les xirlJ' intermediaires, dont 

cnés^deTF"® peu à peu éloi- 

niers fe f R" cheval, & les der- 

® ‘eroient approcliés peu à peu de 

G üij 


I J 2 Hijîoire Naturelle 

celle de I âne •, & pourquoi ne verrions- 
nous pas aujourdhui les repréfentanS > 
les defcendans de ces elpèces intermé- 
diaires ; pourquoi n’en eft-il demeuré 
que les deux extrêmes ? 

L ane eft donc un âne , & n’eft point 
un cheval dégénéré , un cheval à queue 
nue ; il n’eft ni étranger , ni intrus , ni 
batard i il a , comme tous les autres 
animaux, la famille, fon elpèce & fon 
pur, & quoique fa 
noblefte foit moins illuftre , elle eft route 
aullî bonne , toute aulîî ancienne que 
celle du cheval ; pourquoi donc tant de 
mépris pour cet animal, lî bon , fi pa- 
tient, fi fo.bre fi utile ? Les hommes mé- 
priferoient-ils jiifque dans les animaux» 
ceux qui les fervent trop bien & à trop 
peu de^ frais ? On donne au cheval de 
1 éducation , on le loigne , on l’inftruit , 
on 1 exerce , tandis que l’âne , abandonné 
a la grollicrete du dernier des valets, 
ou à la malice des enfans, bien loin 
dacqiienr, ne peut que perdre par fon 
éducation^ & s’il n’avoit pas u^ grand 
fonds de bonnes qualités ^ il les perdroit 
en ellet par la manière dont on le traire : 


deVAJlie, 

^ pîaftron , le bardeau 

s ruftres qui le coiiduifcnt le bâton à 
J? *^■'3(11, qui le frappent, le furchargent , 
Excédent fans précautions , fans ména- 
gement. On ne fût pas attention que 
ane croit par lui- même , & pour nous , 
premier , le plus beau , le mieux fait , 
pus diftingué des animaux, fi dans 

il *T ^ cheval -, 

eit le fécond au lieu d'être le premier , 

& par cdaftul il fa„ble „-ê„ep‘lus rie": 

meme , mars relativement au cheval- on 

S' ^ V'3- 

a ton efpece , & on ne penfe qu'à îa 
figure & aux qualités du cheval , qui lui 
rrranrprenc & quil „e doit pas avoir, 
aum n ^on naturel auffi humble^ 

ohLurLt'lTd'”"''^™'.' 

fouffrn impétueux , il 

cour?' ? ^ 

il ea coups; 

qualité de la’ quantité , & fur la 

des herbpc ,^®^’^yilure : il fe contente 
les plus dures & les plus 

Gv 


154 IJiJloire Naturelle 

défagréables , que le chevaL & Îe5 autre* 
animaux lui laillènt & déd^igneut; il eit 
fort délicat Tur l’eau, il ne veut boite 
que de la plus claire & aux ruilleaux qirt 
lui font connus : il boit auffi fobreinent 
qu’il mange , & n’enfonce point du tout 
fon nez dans l’eau par la peur que lui 
fait , diic - on , l’ombre de fes oreilles ( d): 
comme l’on ne prend pas la peine de 
l’étriller, il fe roule fouvent furie gazon» 
fur les chardons , fur la fougère , & fans 
fe foncier beaucoup de ce qu’on lui 
fait porter, il fe couche.pour fe roulet 
toutes les fois qu’il le peut, & femble 
par -là reiMTOcher à fon maître le peu de 
loin qu’on prend de luij car il ne fe 
vautre pas coirune le cheval dans la 
fange & dans l’eau , il craint même de 
fe mouiller les pieds , & fe détourne 
pour éviter La boue -, auffi a-t-il k jambe 
plus sèche & plus nette que le cheval -, il 
eft lufceptible d’éducarion & l’on en a 
vu d’ailcz bien dreilés (e) pour faire 
Gurioiîté de fpeétacle. 

^ dj Voyez Cardan , de fiihtilitati , lib. X* 

( t) Vide Ald'rovand, de r“idmp.folidiped, hb.U 
çag. 30?. 


P? P? 


de VAJhe, t ^ ^ 

Dans la premiire jeunefle il efl gai , 
lîieme affez Joli > il a de la légèreté 
^ de la gentillefle , mais H la perd biei> 
tôt > foit pat râge, foit par les mauvais 
traitemens , & il devient lent , iirdoctle & 

> il n eft ardent que pour le plaifir , 
ou plutôt il en eft furieux au point que 
tien ne peut le retenir, & que l’on en 
s vu s excéder & mourir quelques inf- 
tans apres -, & comme il aime avec une 
eipece de fureur , il a auffi pour fa pro- 
géniture le plus fort attachement. Pline 
nous affure que lorfqu’on fépare la mère 
de fon petit , elle palTe à travers' les 
flammes pour aller le rejoindre-, il s’at- 
tache auffi à fon maître, quoiqu’il en 
loit ordinairement maltraité, il le fent 
de loin & le diftinguc de tous les autres 
hommes-, il reconnoît auffi les lieux quü 
a couturne d’habiter, les chemins quil a 
frequentes-, il aies yeux bons, l’odorat 
admirable , fur-tout pour les corpufcules 
de laneffe , 1 oreille excellente, ce qui 

^ au 

bie des animaux timides , qni ont 

fine 1 prétend , l’ou'ie très- 

os oreilles longues -, lorfqu’on le 
G vJ 


1^6 Hijîoire Naturelle 

furci-argc , il le iriarque en inclinant la 
rete & jbaifîànt les oreilles -, lorfqu on le 
tonnnente trop , il ouvre la bouche & 
retire les lèvres d’une manière très-déra* 
gieable, ce qui lui donne l’air moqueur 
& deiifoire fi on lui couvre les yeux , 
il refte immobile , & lorfqu’il eft couché 
lur le cote, (î on lui place la tête de ma- 
nière que l’œil foit appuyé fur la terre & 
qu’on couvre l’autre œil avec une pierre 
ou un morceau de bois, il reliera dans 
cette lituation lims faire aucun mouve- 
ment & fans fe fecouer pourfe relever: 
il marche , il trotte & il galoppe comme 
le cheval, mais tous ces mouvemens font 
petits & beaucoup plus lents ; quoiqu’il 
punie d abord courir avec allez de 
vitelîe, il ne peut fournir qu’une petite 
carrière , pendant un petit elpace de 
temps; & quelque allure qu’il prenne, 
h on le preUe il eft bientôt rendu. 

Le cheval hennit & l’âne brait ’ ce qui 
le fart par un grand cri très-long , très- 
defagreable , & difeordant par dilTo- 
nances alternatives de l’àrgu au grave & 
du grave a 1 aigu ; ordinairement il ne 
crie que lorfqu il eft prefté d’amour ou 


de VApie. I J J 

appétit-, râneflTe a la voix plus claire & 
L T ■’ Pàne qu’on fait hongre 

^ quoiqu’il 

P lue faire autant d’efforts & les mêmes 

g°rge , fon cri ne fe 
tait gis entendre de loin. 

DnP animaux couverts de 

fuie/ ' "’oi»s 

poux ^ '^e™ine , jamais il n’a de 

ia duterê ^ T\ apparemment de 

qui eft 1 ff de fa peau 

q ell en effet plus dure que celle de 

a plupart des autres quadrupèdes ; & 

“ ptqure des mouches. 

deux ans & demi les premières 
*ms .„c.fiv« A, m,l.«„ wmLm & 
eiifLute les autres incMves à Aé iZ 

Suda/r™; ^ <■“ 

tSème e p^^-^ les dents, 

marquent en! * ‘"^aque côté le 

Dès T' cheval. 

état d’eiS,'^" “ 

h lütei , la femelle eft encore 


1^8 Hijloire Naturelle 

plus précoce que !e mâle, & elle cff 
toute auffi lafcive , c’eft par cette raifou 
quelle efl; très -peu féconde , elle rejette 
au dehors la liqueur qu’elle vient de 
recevoir dans l’accouplement , à moins 
qu on n ait foin de lui ôter promptement 
la fenfation du plaifir, en lui donnant 
des coups pour calmer la fuite des con» 
vullions & des mouvemens amoureux > 
fans cette précaution elle ne retiendroi^ 
que très -rarement : le temps le plus 
ordinaire de la chaleur eft le mois de 
mai & celui de juin ; lorfqu’elle eft 
pleine , la chaleur ceffe bientôt, Sc 
dans le dixième mois , le lait paroît danS 
les mamelles -, elle met bas dans le dou- 
zième mois , & fou vent il fe trouve des 
morceaux folides dans la liqueur de 
l’amnios , fembJables à Thippomanès du 
poulain -, fept jours après l’accouche' 
ment la chaleur fe renouvelle, & lanefte 
eft en état de recevoir le mâle, en forte 
quelle peut, pour ainfi dire , continuelle' 
ment engendrer & nourrir -, elle ne 
produit qu’un petit , & Ci rarement 
deux, qu à peine en a-t-on des exem- 
ples au Jbout de cinq ou fîx mois oU' 


V AJhc. 159 

^ '"«nie 

Qu’f? ' -S- ^ P’™' • P°™ 

^‘^ puille mieux nourrir ion fœtus, 
auc étalon doit être choifi parmi les 
grands & les plus forts de fon 
pece , il moins trois 

ns & q,pii ^ J 

les jambes hautes , le corps étoffé , 
^ légère, les yeux vifs, 

’ 1 encolure un peu 
^ Pnrtrad large, les reins char- 
nus , la cote large , la croupe platte, la 

Joncher' &?’ 
toucner & d un gris foncé. 

Lane, qui comme le cheval eft trois 
ou quatre ans à croître, vit auffi comme 
u vingt -cinq ou trente ans ; on pré- 
tend feuIemeiK que les femelles vivent 
ordinairement plus long-temps que iS 

* peut-être que 

ûe ce quêtant fouvent pleines, eUes 
font „„ p,„, 

moins aup l dorment 

client Sut ^ -- 

excédés ils font 

«^ceücs . ia„e 


I 6 O HiJIoire Naturelle 

îong -temps que îe cheval étalon ; pîuS 
il eft vieux, pins il paroît ardent, & e» 
general la fanté de cet animal eft bien 
plus ferme que celle du cheval ; il eft 
moins délicat, & il neft pas fujet , à 
beaucoup près, à un auffi grand nombre 
de maladies; les Anciens même ne lui 
en connoifiToienr guère d’autres que celle 
de la inorve , à laquelle il eft , comme 
nous lavons dit, encore bien moins 
fujet que le cheval. 

Il y a parmi les ânes différentes races 
comme parmi les chevaux, mais que 
Ion connoit moins, parce qu’on ne les 
a ni lorgnés ni fuivis avec la même at- 
tention j feulement on ne jxîut auère 
douter que tous ne foient originaires des 
climats chauds : Ariftote ( f) aftiire qu’il 
n Y en avoir point de fou temps en 
Scyrhie, ni dans les autres pays fep- 
tenrrionaux qui avoilînent la Scythie , 
ni même dans les Gaules, dont le cli- 
mat , dit-il, ne laifte pas d’être froid', 
& il ^ajoute que le climat froid, ou les 
empeche de produire, ou les fait dégé- 
nérer , & que c eft par cette derniire 
Cf J Vid( Arijlot, degenrrat. mimai, lib, II. 


de P^Jhe. i ^ i 

t^fon que dans Hllyrie , la Thrace & 
pire Ils font petits & foibles -, ils font 
en France , quoiqu’ils y foient 
SJ allez anciennement naturalifés , & 
Mue e froid du climat foit bien diminué 
deux mille ans par la quantité 
. • abattues & de marais délTéchés-, 
c’eft Prd paroît encore plus certain , 
® nouveaux (g) pour la 

d’A^pK^ venus originairement 

SvvÎp ^A’f P^^^^ d’Arabie en 

en lraL’ ’ de Grèce 

e France, & enfuite 

e S M Angleterre, & enfin 
en Suede, &c. car ils font en effet 
û autant moins forts & d’autant plus petits, 
que ks climats font plus froids. 

Cette migration paroît aCTez bien 
Th ^ rapport des voyageurs 

‘I-lontients&pVans,rdontS: 


fsj Vide Linnai Faunam fuecicam, 

> & 3j, ' * de Chardin , tome II, pages 


i 62 Hijîoire Naturelle 

» Te fert que pour porter des fardeau'? i 
» & une race d’ânes d’Arabie , qui font 
»de fort jolies bêtes & îes preinief 
ânes du monde •, ils ont le poil polt’ 
m la tete haute , les pieds légers , ils le* 
lèvent avec adion , marchant bien, ^ 
».lon ne s en fert que pour monturesi 
Si les Telles qu’on leur met font comiu® 
Si des bâts ronds & plats par-delTus» 
Si eues font de drap ou de tapifferie avc^ 
» les harnois & les étriers , on s’aflîe^ 
» deflûs plus vers la croupe que vers 
a cou : il y a de ces ânes qu’on achette 
» jufqu’à quatre cents livres, & l’on ncfi 
aWauroit avoir à moins de vingt -cintl 
» piftoles •, on les panfe comme les che' 
33 vaux , mais on ne leur apprend autre 
33 chofe qu’à aller l’amble, & l’art de le* 
33 y drelïer eft de leur attacher les jambes » 
33 celles de devant & celles de derrière 
33 du même côté par deux cordes de 
33 coron , qu’on foit de la mefure du 
33 pas de l’âne qui va l’amble , & qu’oi* 
33 fufpend par une autre corde padée 
33 dans la fangle à l’endroit de l’étrier» 

33 des elpeces d écuyers les montent fo*^ 


de VAfrie. 

^ Watin & les exercent à cette alure ; « 
J les naleaux afin de ieur «e 

^^^nner plus d haleine , & ils vont fi « 

fiiivre* pour les «* 

de^r,! ■^'^^bes, qui font dans l'habitude 

Puis r” I de- 
chevT ' °‘'*g- temps les races de leurs 

Pour }!f ’AP'^^”*^‘^°ient-ils la même peine 
t-iJ ni "e femble- 

eft ie n tf Arabie 

les un^ ^‘î P°«r 

uns & pour les autres; de- là ils 
ontpaffe en Barbarie f i) e,-, 
oû ils font beaiiT ^ a " 
aiidi f ^ 8’'‘'‘"tle taille , 

tîue dans les climats exceiïi- 
emciK chauds , comme aux Indes & en 
Gumee f*>, où iU fo„, pl„s 

SuVarifr* 

neurà^ M i hon- 

neur à Madure fl), où l'une des plus 

JO Voye* le Voyage de Shair , tome I, 

Bofman, Vtrtcht\ 

fiigt ÿS. ^****^® ®^fiantes , douaiètne tccueil^ 


164 Hijîoire Naturelle 

confidérables & des plus nobles tribut 
des Indes les révère particulièrement > 
parce qu’ils croient que les âmes de tout® 
la noblefle paflént dans le corps des ânes? 
enfin l’on rrouve les ânes en plus grand® 
quantité que les chevaux dans tous 1®^ 
pays méndionaux , dqauis le Sénégal ’ 
jufqu’à la Chine -, on y trouve auffi d^* 
ânes fauvages plus communément qn® 
des chevaux fauvages. Les Latins, d’a' 
près les Grecs , ont appelé l’âne fauvag® 
onager , onagre , qu’il ne faut pas con' 
fondre comme l’ont fait quelques NatU" 
raliftes & plulieurs voyageurs, avec 1® 
zebre, dont nous donnerons l’Iiiftoire ^ 
part , parce que le zèbre eft un aniniaî 
d’une efpèce différente de celle de l’ânr- 
L’onagre ou l’âne fâuvage n’eft point 
rayé comme le zèbre i & il n’ell pas ^ 
beaucoup près d’une figure auffi élé- 
gante : on trouve des ânes fauvages dan^ 
quelques îles de l’Archipel, & particn' 
lièrement dans celle ( m) de Cérigo 5 ^ 
y en a beaucoup dans les déferts d® 

f mj Voyez le lecueil de Dappct , pages iSS ' 
& 378. 


de Vu4Jîis. 

^y^ie & de Numidie (n)^ ils font gris 
courent lî vite , qu’il n y a que les 
eyaux barbes qui puilfent les atteindre 
■I ^ ‘Sourie -, lorfqu’ils voient un homme , 
r Jettent un cri, font une ruade, s’ar- 
l ^ foient que lorfqu’on les 
PP oche i on les prend dans des pièges 

trn.i^"* corde , ils vont par 

la P^^urer & boire , on en mange 

"larmol, que je viens de citer, des ânes 
fauvages dans i’île de Sardaigne, mais 

aile , dit foj avoir vu un âne 

fe? '-O" pote 

P r celle des ânes domeftiques , 

I 5^ d’wne couleur plus 

claire , & il avoir depuis la tête iufou’à 

etoit auffi beaucoup plus vif & plus lé- 
ger à la courfe que les ânes ordinaires. 

-, '& àifeript. tome II. 

Alnquede Maimol, tome I , page 

tome iPïW, pijj de Pietro délia Yalle , 


lôfS HiJIoire Naturelle 

Olearrus (p ) rapporte qu’un Jour le Roi 
de Perfe le fit monter avec lui dans v»’ 
petit bâtiment en forme de théâtre pof^ 
faire collation de fruits & de confitures i 
qu après le repas on fit entrer trente-dei'^ 
anesfauvagesîur lefquels le Roi titaqiïei' 
, ques coups de fufii & de flèche , & qu’ti 
permit enfuite aux Ambaflàdeurs & ai’"' 
très Seigneurs de tirer -, que ce n’étoif 
pas un pctk divertifl'cment de voir ceS 
ânes , chargés qu’ils étoient quelquefois 
de plus de dix flèehes, dont ils incoii>^ 
modoient & bielîoient les autres qiiat^ 
ils fe mcloicnt avec eux, de forte qu’iis 
fe mertoient h fe mordre & à ruer 
uns contre les autres d’iine étrange facot» 
& que quand on les eut tous abattus ^ 
coucliés de rang devant le Roi, on 
envoya à Ifpahan à la aiifine de- la Cour» 
les Perfans faifanr un fl grand état' 
la-, chair de ;ces ânes fanvages, qu’ils ef 
ont fait un proverbe , &c. Mais il n’f 
3 pas apparence que ces' trente -deu»^ 
ânes fauvages fuflfcnt tous pris dans R® 

. ( T'J Voyez le voyage d’Adara OleârÎHS. PjWs > 
tb^6 , tome J, page ^ 


forêt l 6 j 

cetoient probablement des 
Donr^ f^'^oir dans de grands parcs 
P avoir- le plalfir de les chaffer & 
de îes nianger. 

rionr point trouvé d’ànes en Amé- 
que le de chevaux , quoi- 

riqu» dePAmé- 

Qii’anr "^^dionale , leur convienne autant 

onr T j^^P^ftes d Europe , & qu’ilx 

& dS grandes Sies 

inuS é ^ beaucoup 

fieurs endroits des ânes fanages ^oui 
Vont par tronnes jagcs qui 

dans d« & qoe l’on prend 

L'âne avec La jument produit les 
g ands mulets , le cheval avec l’âneffe 

Sers'? St 
«t rélS^ 

delà génS? î ''T' P^-^tculier 

&c. desjumars, 

Pâne par de 

P t celle de fes propriétés & des 

I îy 'Voyez le n 

jique. Paris, aux îles de l’Amé- 

^ tome Xr,pag* ^ 


1^8 Hijîoîre Naturelle 

ufages auxquels nous pouvons 
ployer. 

Comme les ânes fauvages font 
connus dans ces climats, nous ne po*J^ 
vons pas dire fi leur chair eft en 
bonne à manger •, mais ce qu’il y a 
fur , c’eft que celle des ânes domeftiqu^^ 
eft très-mauvaife, & plus mauvaife , 
dure , plus défagréablement infipide 
celle du cheval-, Galien (rj dit mê»^® 
que c’eft un aliment pernicieux & 
donne des maladies 5 le lait d’ânefle 
contraire eft un remède éprouvé & fp^’ 
cifique pour certains maux , & l’ufag® 
de ce remède s’eft confervé depuis 1^’ 
Grecs jufqu’à nous -, pour l’avoir 
bonne qualité , il faut choifir une âneflf 
jeune , faine , bien en chair , qui 
rnis bas depuis peu de temps , & 
n’ait pas été couverte depuis -, il 
lui ôter l’ânon qu’elle alaite , la teof- 
propre, la bien nourrir de foin , d’avoÎP^’ 
d’orge & d’herbe dont les qualités 
faites puilfent influer fur la maladie, avpi^ 
attention de ne pas laiflèr refroidir le la^^ ’ 
Sc même ne le pas expofer à l’air , 

^rj yide GaUn, de aliniettt faciiU.lib.llI- ,j 


de VAfne. 

qwi le gateroit en peu de temps. 

Anciens attribuoient auffi beaucoup 
^^^''^’^'^’-'^^édicinales au fang , à rurine, 
3rr4* r ' ^ beaucoup d'autres qua- 

foie ^ cervelle, au cœur, au 

a j-iL •^' Texpérience 

ce fTii”/'’ ’ moins n’a pas confirmé 

ils nous en dirent. 

& t^ès-SaV' très-dure 

à différenc^?"^ ’ ^ <^'riploie utilement 

des tamb ' ^ . 

ris 

C l ‘^_t:uir de lane que les Orien- 

S ^ ’ qtm nous appelions 

chagnn II y a apparence que l?s os 

comme la peau de cet animal , font auffi 

Sfirl” “ *“ " 

flûte^s faifoient des 

■«wesqte’o'usi^ P'“ fow 

.A '■b'c tous les autres os. 
celurqul^ peut-être de tous les animaux 

peut pUêr 

AJv„ P^e® grands poids ; & 

Vn ' '’°r*S'= de Thévcnot. T. II p. G^. 

Tome I, Quadrupèdes, fq 


170 Hijîoire Naturelle y &c. 

comme il ne coûte prefque rien à nourrir > 
& qu il ne demande , pour ainfi dire » 
aucun foin , il eft d’une grande utilité 
à la campagne , au moulin , &c. Il peut 
auili fervir de monture, toutes fes allures 
font douces, & il bronche moins que le 
cheval j on le met fouvent à la charrue 
dans les pays où le terrein eft léger , 
fon fumier eft un excellent engrais pour 
les terres fortes & humides. 




le b (E U F. 

terre, parée de fa 
& comi J fonds inépiiifablc 

maux T"” 8 c hs ani- 

V ' d' ‘r" i ce 

tour des Æb S viveur à leur 

>-11- aes debus de tout ce oui a v^r,. a- 

egete -, pour vivre il faut détruire 

que les animaux peuvent' rf"' "''r' 

multiplier Die,, V - ^ ^e 

mdiv&if dé cwi X"" Pd-mers 

de vécr^ral ‘^^que elpece d animal & 
forme à la pouffière 

ii la rendue vivante t 

les êtres organifés^- ^ “^^’^yunes à tous 
«le eorps en corps' padeat 

fervent également 

( à J Voyez le et • 

volume de cette Hiftrke" Ja'tu«lie.''““ ‘'“ 

Hij 


172 Hijîoire Naturelle 

à la vie aétuelie & à la continuation de 
îa vie 5 à la nutrition , à raccroilTemeni: 
de chaque individu j & après la dilTo- 
îution du corps , après fa deftrudion > 
fa réduiStion en cendres , ces molécules 
organiques , fur lefquelles la mort ne 
peut rien , furvivent , circulent dans VU- 
nivers , paflênt dans d’autres êtres & y 
portent la nourriture & la vie : toute 
produétion , tout renouvellement , tout 
accroilTement par la générarion , par la 
nutrition , par le développement , fup- 
pofent donc une deftruélion précédente »■ 
line converfion de fubftance , un tranf- 
port de ces molécules organiques qui ne 
fe multiplient pas , mats qui , fubliftanc 
toujours en nombre égal , rendent la 
Nature toujours également vivante , la 
terre également peuplée * & toujours 
également refplendiflànte de la première 
gloire de celui qui l’a créée. 

A prendre les êtres en général , l<î 
total de la quantité de vie eft donc 
toujours le même, & la mort qui femble 
rout détruire , ne détruit rien de cette 
vie primitive & commune à routes les 
eipèces d'êtres organifés : comme toutes 


du Bœuf. 

/i puiiïances fubordonnées & 

, !a mort n’attaque que les 
individus , ne frappe que la furface , ne 
etruit que la forme , ne peut rien fur 
niatiere , & ne fait aucun tort à la 
attire qui n en brille que davantage , 
I ne lui permet pas d’anéantir les 
laiflè moilTonner les 
uoùr^ r* ^ détruire avec le temps , 

dame elle -même indépen- 

dante de la mort & du temps , pour 

exercer à chaque inftant fa puifïLce 
toujours adive , manifefter fa Sénitudé 
par fa fécondité, & faire de l’Univerf 

'renouvelant les êtres ^ 
un tneatre toujours rempli , un fpeélacle 
toujours nouveau. 

Pour que les êtres fe fuccèdenr if 
cntrî* Cfüls fe dLifa 

““ *U„Æ 

«™à;M rï' »prÈs 1, 

jours la L r'" ^ou- 

être indifférer à f devroit 

« la Nature que telle ou 
H iij 


174 tJiJIoire Naturelle 

telle efpcce détruisît plus ou moins j 
cependant , comme une mère économe , 
au fein même de l’abondance , elle a 
fixé des bornes à la dépenfe & prévenu 
le dégât apparent , en ne donnant qu’à 
peu d’efpèces d’animaux rinftinél de fe 
nourrir de chair , elle a même réduit 
à un aflèz petit nombre d’individus ces 
efpèces voraces & carnafîîères , tandis 
qu’elle a multiplié bien plus abondam- 
ment & les efpèces & les individus de 
ceux qui fe nourrilTent de plantes , & 
que dans les végétaux elle femble avoir 
prodigué les efpèces , & répandu dans 
chacune avec profufion le nombre & la 
fécondité. L’homme a peut-être beau- 
coup contribué à féconder fes vues , à 
maintenir & même à établir cet ordre 
fur la terre ; car dans la mer on retrouve 
cette indiftérence que nous fiippofions > 
toutes les efpèces font prefque égale- 
ment voraces , elles vivent fur elles- 
mêmes ou fur les autres , & s’entre- 
dévorent perpétuellement fans jamais fe 
détruire , parce que la fécondité y efl: 
aulTi grande que la déprédation , & que 


du Bœuf. 1 7 J 

pcefque toute la nourriture , toute la 
confommation tourne au profit de la 
reproduftion, 

L homme fait ufer en maître de fa 
puiflance fur les animaux , il a choifi 
ceux dont la chair flatte fon goût , il 
Çn a fait des cfclaves domeftiques , il 
jcs a multipliés plus que la Nature ne 
auroit fait , il en a formé des troupeaux 
nombreux , & par les foins qu’il prend 
de les faire naître , il femble avoir acquis 
le droit de fe les immoler -, mais il étend 
ce droit bien au-delà de fes befoins , 
car indépendamment de ces efpèces 
quil s eft alTujetties J & dont il difpofe 
a Ion gre , il fait aufli la guerre aux 
animaux fauvages , aux oifeaux , aux 
poiflbns , il ne fe borne pas même à 
ceux du climat qu’il habite , il va cher- 
cher au loin , & jufqu’au milieu des 
mers , de nouveaux mets , & la Nature 
entière^ femble fulfire à peine à fon 
nitemperance & à l’inconftante variété 
e fes appétits -, l’homme confomme , 
englount lui feul plus de chair que tous 
I enfemble n’en dévorent -, il 

nne e plus grand deftrudleur , & 
H iiij 


x-j6 Uijloire Naturelle 

c’eft plus par abus que par néceffité j 
au lieu de jouir modérément des biens 
qui lui font offerts , au lieu de les dif- 
penfer avec équité , au lieu de réparer 
à mefure qifil détruit , de renouveler 
îorfqu’il anéantir , Thonime riche met 
toute fa gloire à confommer , toute la 
grandeur à perdre en un jour à fa table 
plus de biens qu’il n’en faudroit pour 
faire fubfiftcr plulieurs familles ; il abufe 
également & des animaux & des hom- 
mes , dont le refte demeure affamé , 
ianguit dans la misère , & ne travaille 
que pour fatisfaire à l’appétit immodéré 
&: à la vanité encore plus infatiable de 
cet homme , qui , détruifant les autres 
par la difette , fe détruit lui - même par 
les excès. 

• Cependant l’homme pourroit, comme 
l’animal , vivre de végétaux -, la chair qui 
paroit être fi analogue à la chair , n’eft 
pas une nourriaire meilleure que les 
graines ou le pain , ce qui fait la vraie 
nourriture , celle qui contribue à la 
nutrition , au développement , à l’ac- 
croiirement & à l’entretien du corps , 
u’efl pas cette matière brute qui com- 


du Bceuf. I ■j'j 

à nos yeux la texture de la chair 
de Therbe , mais ce font les molé- 
taules organiques que l’un & l’autre 
contiennent , puifque le bœuf, en paif- 
3nt 1 herbe , acquiert autant de chair 
^ue 1 homme ou que les animaux qui 
ne vivent que de chair & de fang : la 
eule différence réelle qu’il y ait entre 
ces alimens , ceft qu’à volume égal, la 
c air , le ble , les graines contiennent 
beaucoup plus de molécules organiques 
que 1 herbe , les feuilles , les racines & 
les autres parties des plantes , comme 
nous nous en fommes allurés en obfer- 
vant^ les mfufions de ces différentes 
matières -, en forte que l’homme & les 
animaux dont l’eftomac & les inteftins 
nont pas aflez de capacité pour ad- 
mettre un très-grand volume d’alimens. 
ne pourroient pas prendre allez d’herbe 
pour en tirer la quantité de molécules 
organiques necelTaire à leur nutrition ; 

& les fhomme 

eaomac'ne^' 

rrinnpi,r,« ’ 'î™ *^^0^ on petit volume 
nt une très -grande quantité 

Hv 


178 Hijloire Naturelle 

de ces molécules organicpjes nutritives , 
tandis que le bœuf & les autres ani- 
maux ruminans qui ont plufieurs efto- 
macs , dont l’un eft d’une très -grande 
capacité , & qui par conféquent peuvent 
fe remplir d’un grand volume d’herbe 
en tirent alFez de molécules organiques 
pour le nourrir , croître & muiriplier -, 
la quantité compenfe ici la qualité de 
la nourriture , mais le fonds en eft le 
même , c’eft la même matière , ce font 
les mêmes molécules organiques qui 
nourriflènt le bœuf, l’homme & tous 
les animaux. 

On ne manquera pas de m’oppo/èr 
que le dieval n’a qu’un eftomac , & 
même aftez petit 5 que l’âne , le lièvre 
Sc d’autres animaux qui vivent d’herbe 
n ont aufti qu’un eftomac , & qise par 
confequent cette explication , quoique 
vraifemblable , n’en eft peut - être ni 
plus vraie , ni mieux fondée ; cepen- 
dant , bien loin que ces exceptions appa- 
rentes la détruifent , elles ne paroillent 
au contraire la confirmer , car quoique 
le cheval & I aliénaient qu’un eftomac, 
ils ont des poches dans les inteftins , 


du Bœuf. îj^ 

fTune fi grande capacité , qu’on peut 
îes comparer à la panfe des animaux 
ruminans , & les lièvres ont l’inteftin 
cæcum d’une fi grande longueur & 
fi un tel diamètre , qu’il équivaut au 
uaoins à un lecond eftomac -, ainfi ii 
cft pas étonnant que ces animaux 
puiffent fe nourrir d’herbe , & en gé- 
néral on trouvera toujours que c’eft 
fie la capacité totale de l’eftomac & 
des inteftins que dépend dans les ani- 
maux la divcrlicé de leur manière de fe 
nourrir -, car les ruminans , comme le 
bœuf, le bélier , le chameau, &c. ont 
quatre eftomacs & des inteftins d’une 
longueur prodigieufe -, auffi vivent - ils 
d’iterhe , & l’herbe feule leur fuffit : les 
chevaux, les ânes, les lievres , les lapins, 
les codions d’inde, &c. n’ont qu’un efto’ 
mac , mais ils ont un cæcum qui équi- 
vaut à un lecond eftomac , & ils vivent 
d’herbe & de graines i les fangliers, les 
herillons , les éaireuils , &c. dont l’ef- 
tomac & les boyaux font d’une moindre 
viveur mangent que peu d’herbe, & 
^ gmtnes, de fruits & de racines ; 
ceux qui ^ comme les loups , les 

H vj 


i8o Hijîoire Naturelle 

renards , les tigres, &c. ont reftomac & 
les intcftins d’une plus petite capacité que 
tous les autres , reiaiivement au volume 
de leur corps , font obligés , pour vivre , 
de choifir les nourritures les plus fuccu- 
lentes , les plus abondantes en molécules 
organiques , & de manger de la chair & 
du fang , des graines & des fruits. 

C’eft donc fur ce rapport phyfique 
& néceiîaire , beaucoup plus que fur 
la convenance du goût , qu’eft fondée 
la diverfité que nous voyons dans les 
appétits des animaux ; car lî la nécellîté 
ne les déterminoit pas plus fouvent que 
le goût , comment pourroient-ils dé- 
vorer la chair infeéte & corrompue avec 
autant d’avidité que la chair fiicculente 
& fraîche ? pourquoi mangeroient - ils 
également de toutes fortes de chair ? 
nous voyons que les chiens domeftiques 
qui ont de quoi choilir refufent alfcz 
conftamment certaines viandes , comme 
la bécalTe , la grive , le cochon , &c. 
tandis que les chiens fâuvages , les loups, 
les renards , &c. mangent également , & 
la chair du cochon , & la bécalTe , & 
les oiiêaux de routes efpèces , & même 


àu Bœuf. 1 8 1 

grenouilles , car nous en avons 
trouvé deux dans Teftomac d\m loup 
& lorfque la cliair ou le poiflbn leur 
itianque , ils mangent des fruits , des 
graines , des raifms , &c. & ils préfè- 
rent toujours tout ce qui , dans un petit 
volume J contient une grande quantité 
tie parties nutritives, c’eft- à-dire , de 
molécules organiques propres à la nu- 
trition & à l’entretien du corps. 

Si ces preuves ne paroiflent pas 
fuffifantes , que l’on conlldcre encore 
la manière dont on nourrit le bétail 
que l’on veut engraiflér -, on commence 
par la caftration , ce qui fupprime la 
voie par laquelle les molécules orga- 
niques s’échappent en plus grande abon- 
dance -, enfuite , au lieu de laiiïer le 
bœuf à fa pâture ordinaire & à l’herbe 
pour toute nourriture , on lui donne 
du fon , du grain , des navets , des ali- 
mens en un mot plus fubftantiels que 
1 herbe , & en très -peu de temps la quan- 
tité de la chair de l’animal augmente , 
es ocs & la graille abondent & font 
fl une chair allez dure & alTez sèche par 


1 8 Z Hijloire Naturelle 

elle -même , une viande fucculente & 
fl bonne , qu’elle fait la bafe de nos 
meilleurs repas. 

Il réfulte aulîî de ce que nous ve- 
nons de dire j que l’homme , dont l’ef- 
tomac & les inteftins ne font pas d’une 
très -grande capacité relativement au 
volume de fon coq^s , ne pourroit pas 
vivre d’iierbe feule -, cependant il eft 
prouve par les faits , qu’il pourroit bien 
vivre de pain ^ de légumes & d’autres 
graines de plantes , puifqu’on connoît 
des nations entières & des ordres 
d hommes auxquels la religion défend 
de manger de rien qui ait eu vie •, mais 
ces exemples appuyés même de l’au- 
torité de Pyrhagore & recommandés 
par quelques Médecins trop amis de 
la diète , ne me paroilfent pas fufiifans 
pour nous convaincre qu’il y eût à 
gagner pour la fanté des hommes & 
pour la multiplication du genre humain 
à ne vivre que de légumes & de pain j 
d autant plus que les gens de la cam- 
pagne , que le luxe des villes & la 
fomptuofité de nos tables réduifent à 


du Bœuf. 183 


cette façon de vivre , languiflent & dé- 
periflent plus tôt que les hommes de 
1 ctat mitoyen , auxquels l’inanition & les 
excès font également inconnus. 

_ Après l’homme , les animaux qui ne 
vivent que de chair font les plus grands 
deltruéleurs , ils font en même temps 
^ les ennemis de la Nature & les rivaux 
fie 1 homme -, ce n’eft que par une at- 
tention toujours nouvelle & par des 
foins prémédités & fuivis qu'il peut 
conferver fes troupeaux , fes volailles, 
&c. en les mettant à l’abri de la ferre 
de l oifeau de proie & de la dent car- 
naffiere du loup , du renard, de la fouine, 
de la belette , &c. ce n’eft que par une 
guerre continuelle qu’il peut défendre 
Ton grain , fes fruits , toute fa fubfif- 


tance , même fes vêtemens , contre 
la voracité des rats , des chenilles , des 
Icarabées , des mites , &c. car les in- 
eéles font auffi de ces bêtes qui dans 
m monde font plus de mal que de 
hien V au lieu que le bœuf, le mouton & 
tes autres aniiuaux qui pailïént l’herbe , 
ion eulement font les meilleurs , les plus 
uti es , les plus précieux pour l’homme j 


184 Hijîoire Naturelle 

puifqu ils le nourriffent , mais font en- 
core ceux qui confomment & clépenfent 
le moins-, le bœuf fur -tout eft à cet 
egard l’animal par excellence, car il rend 
à la terre tout autant qu’il en tire , & 
meme il améliore le fonds fur lequel il 
vit , il engraifle fon pâturage , au lieu 
que le cheval & la plupart des autres 
animaux amaigrilTent en peu d’années les 
meilleures prairies. 

Mais ce ne font pas là les feuls avan- 
tages que le bétail procure à l’homme ; 
fans le bœuf les pauvres & les riches 
auroient beaucoup de peine à vivre , la 
terre demeuieroïc inculte , les champs, 
& même les jardins feroient fecs & 
fteriles ; c efi; Hir lui que roulent tous 
les travaux de la campagne , il efl: le 
domeftique le plus utile de la ferme , 
le foutien du ménage champêtre , il fait 
toute la force de l’agriculture ; autrefois 
il faifoit toute la richelTe des hommes , 
& aujourd’hui il eft encore la bafe de 
lop^uîence des États , qui ne peuvent 
le foutenir & fleurir que par la culture 
des terres & par l’abondance du bétail , 
puifque ce font les feuls biens réels , 


du Bœuf. I 8 J 

tous ïes autres , & même Tor & Tar- 
genc, n étant que des biens arbitraires, 
des repréfentations , des monnoies de 
crédit , qui n’ont de valeur qu’autant 
tjue le produit de la terre leur en 
donne. 

Le bœuf ne convient pas autant que 
le cheval , l’âne , le chameau , &c. pour 
potter des fatdeaux , la forme de fon 
dos & de fes reins le démontre , mais la 
grolTeur de fon cou & la largeur de fes 
épaulés indiquent allez qu’il eft propre 
à tirer & à porter le joug , c’eft auffi 
de certe manière qu’il tire le plus avan-^ 
tageufement , & il eft lingulier que cet 
ulage ne foit pas général , & que dans 
des provinces entières on l’oblige à tirer 
par les cornes -, la feule raifon qu’on 
ât pu m’en donner , c’eft que quand 
il eft attelé par les cornes on le con- 
duit plus aifément i il a la tête très- 
forte & il ne laifle pas de tirer aftez 
bien de cette façon , mais avec beau- 
coup moins d’avantage que quand il 
iss épaules -, il femble avoir 
etc ait exprès pour la charrue , la malle 
de Ion corps , la lenteur de fes mou- 


I 8 6^ Hijlolre Naturelle 

vemens, îe peu de hauteur de fes Jambes, 
tout, jufqu’à fa traucfuHIrté & à fa pa- 
tience dans le travail , femble concourir 
a le rendre propre à la culture des 
champs , & pins capable qu’aucun autre 
de vaincre la réfiftance confiante & tou- | 
Jours nouvelle que la terre oppofe à fes 
efforts : le cheval , quoique peut-être 
suffi fort que le bœuf , eft moins propre 
à cet ouvrage , il eft trop élevé fur fes 
jambes, fes mouvemens font trop grands, 
trop brufques , & d’ailleurs il s’impa- 
tiente & fe rebute trop aifément -, on i 
lui Ote même toute la légéreté , toute J 
la fouplelïe de fes mouvemens , toute ' 

la grâce de fon attitude & de fa dé- ' 

marche , ’ lorfqu’on le réduit à ce tra- * 
vail pefant , pour lequel il faut plus de 
confiance^ que d’ardeur , plus de maffe 1 
que de vitefle , & plus de poids que de j 
reflbrts. 

Dans les efpèces d’animaux dont 
l’homme a fart des troupeaux & où la 
multiplication eft l’objet principal , la 
femelle eft plus neceffaire , plus utile i 
que le male ^ le produit de la vache eft 
un bien qui croît & qui fe renouvelle 


du Bœuf. 187 

à chaque inftant •, la chair du veau eft 
une nourriture auffi abondante que faine 
& délicate , le lait eft l’aliment des en- 
fans , le beurre rallaifonneraent de la 
plupart de nos mets, le fromage la nour- 
riture la plus ordinaire des habitans de 
la campagne : que de pauvres familles 
lonr aujourd’hui réduites à vivre de leur 
vache ! ces memes hommes qui tous 
ies jours , & du matin au foir , gemif- 
Icnt dans le travail & font courbés fur 
la charrue , ne rirent de la terre que 
du pain noir , & font obligés de céder 
à d’autres la fleur , la fubftance de leur 
grain , c eft par eux & ce n’eft pas 
pour eux que les moilTons font abon- 
dantes -, ces mêmes hommes qui élè- 
vent , qui multiplient le bétail , qui le 
feignent & s’en occuppent perpétuel- 
lement , riofent jouir du fruit de leurs 
travaux , la chair de ce bétail eft une 
nourriture dont ils font forcés de s’in- 
terdire l’ufage , réduits par la néceffité de 
leur condition, c’eft -à -dire , par la du- 
entres hommes, à vivre comme 
es c evaux , dorge & d’avoine ou de 
legumes groŒers, & de lait aigre. 


I 8 8 Uijîoire Naturelle 

On peut auffi faire fcrvir la vache à 
la charrue , & quoiqu’elle ne foit pas 
auffi forte que le hœuf , elle ne îailfe 
pas de le remplacer fouvent : mais lorf- 
qu’on veut l’employer à cet ufage , il 
faut avoir attention de l’alTortir , autant 
quon le peut , avec un bœuf de fa 
taille & de fa force , ou avec une autre I 
vache , afin de confcrver l’égalité du 
trait & de maintenir le foc en équilibre 
entre ces deux puifî’ances ; moins elles 
font inégales , & plus le labour de la 
terre en eft régulier : au refte , on em- 
ploie fouvent fix & jufqu’à huit bœufs 
dans les rerreins fermes ; & fur -tout 
dans les friches , qui fe lèvent par gtolles 
mottes & par quartiers , au lieu que 
deux vaches fuffifent pour labourer les 
terreins meubles & lablonneux ; on peut 
auffi dans ces terreins légers ponlTer 
à chaque fois le fillon beaucoup plus 
loin que dans les rerreins forts. Les 
Anciens avoit borné à une longueur de 
cent ^ngt pas la plus grande étendue 
du (illon que le bœuf devoir tracer par 
une continuité non interrompue d’ef- 
forts & de mouveraens , après quoi , 


du Bœuf. 189 

difoient-iîs , il faut cefler de Texciter 
& le iaiflèr reprendre haleine pendant 
Quelques moinens avant de pourfuivre 
»e meine fiilon ou d’en commencer un 
filtre ; mais îes Anciens failoienr leurs 
elices de l’étude de l’agriculture , & 
mettoient leur gloire à labourer eux» 
memes , ou du moins à favorifer le 
laboureur , à épargner I3 peine du cul- 
tivateur & du bœuf \ & parmi nous 
ceux qui Jouiffent le plus des biens de 
cette terre , font ceux qui faveur le moins 
eftiiner , encourager , foutenir l’art de la 
cultiver. 


Le taureau fert principalement à la 
propagation de 1 efpcce , & quoiqu’on 
puifle auffi le foumettre au travail, on 
eft moins filr de fon obéiflànce , & il 
faut être en garde contre i’ufage qu’il 
peut fore de la force : la Nature a fait 
cet animal indocile & fier, dans le temps 
du rut il devient indomptable , & fou- 
vent huieux -, mais par la caftration l’on 

imX™, '’&T * 

fo for h ^ 1 tie retranche rien à 

fa force d „>en eft que plus gros , 

plus maffif, plus pefant & plus propre 


190 Hijîoire Naturelle 

à l'ouvrage auquel on le deftine -, il 
devient auflî plus traitable , plus pa- 
tient , plus docile & moins incommode 
aux autres : un troupeau de taureaux 
ne feroit qu'une troupe effrénée que 
1 homme ne pourroit ni dompter ni 
conduire. 

La manière dont fe fait cette opé- 
ration eft allez connue des gens de la 
campagne , cependant il y a fur cela 
des ufages très - différons dont on n'a 
peut-être pas affez obfervé les différens 
effets -, en général l'âge le plus conve- 
nable à la^ caftracion eft l'âge qui pré- 
cède immédiatement la puberté , pour 
le bœuf c'eft dix - huit mois ou deux 
ans , ceux qu'on y foumet plus tôt 
périffent prefque tous ; cependant les 
jeunes veaux auxquels on ôte les tefti- 
cules quelque temps après leur naif- 
fance , & qui furvivent à cette opération 
fi dangereufe à cet âge , deviennent 
des bœufs plus grands , plus gros , plus 
gras que ceux auxquels on ne fait la 
caftration qu à deux , trois ou quatre 
ans 5 mais ceux - ci paroillent conferver 
plus de courage & d'adivité , & ceux 


du Bœuf. 1 9 1 

ne la fufailTènt qu’à l’âge de fix , 
ou huit ans ne perdent prefque 
Ken des autres qualités du fexe mafculin , 
* ^ ^ont plus impétueux , plus indociles 
les autres bœufs : & dans le temps 
e la chaleur des femelles ils cherchent 
encore à s’en approcher , mais il faut 
avoir foin ({g les en écarter ; l’accou- 
P ement & même le feul attouchement 
ou bœuf , fait naître à la vulve de la 
Vache des efpcces de carnolîtés ou de 
Verrues , qu'il faut ■ détruire & guérir 
en y appliquant un fer rouge -, ce mal 
peut provenir de ce que ces bœufs 
quoi! na que bijlournés ^ c’eft-à-dire, 
auxquels on a feulement comprimé les 
tefticules , & ferré & tordu les vaiffeaux 
qui y aboutilîent , ne laiflbnt pas de 
répandre une liqueur apparemment à 
fmi purulente , & qui peut caufer 
des ulcérés à la vulve de la vache 
‘^^g^tîcrent enfuite en carno- 

vach«'’CT 

rfialent-. i ^ Communément en 
I a plupart dans ce pays - ci re- 
çoivent le taureau & deviennent pleines 


19 2 Hijloire Naturelle 

depuis le i 5 avril jufqii’au 1 ç juillét i 
mais il ne laifle pas d’y en avoir beau- 
coup dont la clraieur eft plus tardive , 
& d’autres dont la chaleur eft plus pré- 
coce , elles portent neuf mois , & 
mettent bas au commencement du di- 
xième •, on a donc des veaux en quantité 
depuis le 1 5 janvier jufqu’au 1 5 avril , 
on en a auffi pendant tout l’été affez 
abondamment, & l’aOtomne eft le temps 
où ils font le plus rares. Les lignes 
de la chaleur de la vache ne font point 
équivoques , elle mugit alors très - fré- 
quemment & plus violemment que dans 
les autres temps , elle faute fur les va- 
ches , fur les bœufs , & même fur les 
taureaux , la vulve eft gonflée & pro- 
éminente au dehors -, il faut profiter du 
temps de cette forte chaleur pour lui 
donner le taureau -, Il on laifloit dimi- 
nuer cette ardeur la vache ne retiendroit 
pas auffi fùrement. 

Le taureau doit être choifi , comme 
le cheval étalon , parmi les plus beaux 
de fon efpèce , il doit être gros , bien 
fait & en bonne chair , il doit avoir 
i’œil noir, le regard fier , le front ouvert, 


du Bœuf. 1 5 j 

^ tète courte , les cornes groflês , courtes 
J noires , les oreilles longues & velues , 
e muffle grand , le nez court & droit , 
cou charnu & gros , les épaules & la 
poitrine larges , les reins fermes , le dos 
roit , les jambes grolTes & charnues , 
3 queue longue & bien couverte de 
poil , 1 alure ferme & fùre , & le poil 
rouge ( b). Les vaches retiennent fou- 
vent dès la première , fécondé ou troi- 
sième fois , & fl -tôt quelles font pleines 
le taureau refufe de les couvrir , quoi- 
qu il Y ait encore apparence de chaleur y 
mais ordinairement la chaleur celle pref- 
qtieauflîtot quelles ont conçu, & elles 
^rulent auffi elles -mêmes les approches 
du taureau. 


Les vaches font auffi fujettes à avorter 
îorfquon ne les ménage pas & qifon 
les met à la charrue , au charroi; &c. 
Il tant meme les foigner davantage» , & 
les fume de plus près lorfqu elles font 
pleines que dans les autres temps , afin' 

, &c. il faut auffi les mettre 

mftique. Paris , 

'Iquic J, Quadrupèdes t j 


194 Hijîoire Naturelle 

dans les pâturages les plus gras , & 
dans un terrein qui , fans être trop hu- 
mide & marécageux , foit cependant 
très- abondant en herbe; fix femaines ou 
deux mois avant qu elles mettent bas , 
on les nourrira plus largement qu'à l’or- 
dinaire , en leur donnant à l’étable de 
l’herbe pendant l’été , & pendant l’hiver 
du fon le matin ou de la luzerne , du 
fainfoin , &c. on ceflera aulli de les 
traire dans ce même temps , le lait leur 
efl; alors plus néceflàire que jamais pour 
la nourriture de leur fœtus -, auffiy a-t-il 
des vaches dont le lait tarit abfolument 
un mois ou fix femaines avant qu’elles 
mettent bas , celles qui ont du lait juf- 
qu’atrx derniers jours font les meilleures 
mères & les meilleures nourrices -, mais 
ce lait des derniers temps eft générale- 
ment mauvais & peu abondant. Il faut 
les mêmes attentions pour l’accouche- 
ment de la vache que pour celui de 
la jument , & même il paroît qu’il en 
faut davantage , car la vache qui met 
bas paroît erre plus épuifée , plus fati- 
guée qtie la jument •, on ne peut fe 
clifpenfer de la mettre dans une étable 


du Bœuf. I c)y 

jeparee , où il faut qifelle foit chaude- 
^^lent & commodément fur de la bonne 
Kie , & de la bien nourrir , en lut 
onnant pendant dix ou douze Jours 
la farine de fèves , de blé ou dV 
& T ’ f avec de leau falée , 

. oiidamment de la luzerne, du fain- 
ou de bonne herbe bien mûre -, 
rét"K?™^^ ordinairement pour la 
, “ 3prcs quoi on la remet par 
grès a la vie commune & au pâturace , 
leulemenr il faut encore avoir 1 atten- 
tion de lui laifler tout fon lait pendant 
es deux premiers mois , le veau profi- 
tera davantage , & d’ailleurs le lait de 

quaiitr™'^"' 

On laiffè le jeune veau auprès de fa 
jours 

au’il P tjui piulfe teter auffi fou vent 
f ^^^t)in ; mais il croît & fe 

ortifie ajfez dans ces cinq ou fix jours 

l’épuiferoit s’il ménager , car il 

d’elIc; il fufK,-, /Pl-ijours auprès 

tua de le lailler teter deux 

lÿ- 


1 9 Hijlaire Naturelle 

ou trois fois par Jour , & fi Ton veut 
îui faire une bonne chair & l’en grailler 
promptement , on lui donnera tous les 
Jours des oïufs cruds , du lait bouilli , 
de la mie de pain -, au bout de quatre 
ou cinq femaines ce veau fera excellent 
à manger : on pourra donc ne lailler 
teter que trente ou quarante jours les 
veaux qu’on voudra livrer au boucher , 
niais il faudra lailler au lait pendant 
deux mois au moins ceux qu’on voudra 
nourrir, plus on les lailfera teter, plus 
ïls deviendront ^ros & forts j on pré- 
férera pour les elever ceux qui feront 
nés aux mois d’avril , mai & juin , les 
veaux qui naiffent plus tard ne peuvent 
acquérir allez de force pour réfiller aux 
injures de l’hiver fuivanc , ils languilTent 
par le froid , & périlTent prefque tous, 
A deux , trois ou quatre mois on fé- 
vrera donc les veaux qu’on veut nourrir, 
St avant de leur ôter le lait ablolument, 
on leur donnera un peu de bonne 
herbe ou de foin fin , pour qu’ils com- 
mencent à s’accoutumer à cette nouvelle 
nourriture , après quoi on les féparera 
tout-à-fait de leur mère ,& on ne les 


du Bœuf tpy 

îaiflçra point approcher ni à l’étable 
au pâturage , où cependant on les 
Jpenera tous les jours , & où on les laif- 
eta du matin au foir pendant Tété ; 
inais des <pje le froid commencera à 
] "'•0 automne , il ne faudra 

les iaiùer fortir que tard dans la ma- 
J^inee & les ramener de bonne heure le 
J ^ .pendant l'hiver , comme le 
gtand froid leur efl: extrêmement con- 
traire , on les tiendra chaudement dans 
une etable bien fermée & bien garnie 
de litière , on leur donnera , avec l’herbe 
ordinaire , .du fainfofn , de la luzerne , 
&c. & on ne les laiflera Ibrtir que par 
J temps doux ; il leur faut beaucoup 
> P°t>r pafler ce premier hiver, 

c eft le temps le plus dangereux de leur 
vie , car ils fe fortifieront allez pendant 
léte luivant , pour ne plus craindre le 
troid du lecond hiver. 

La vache eft à dix - huit mois en 
pleine puberté , & le taureau à deux 
‘L'euqri'ils puilVent déjà en- 
tendre 

nermPM- ” ^ ^ avant de leur 

l re de s accoupler j ces animaux 

liij 


198 Hijloire Naturelle 

font dans leur grande force depuis trois 
ans jufqu’à neuf , après cela les vaches 
& les taureaux ne font plus propres qu’à 
être engraillës & livrés au boucher : 
comme iis prennent en deux ans la plus 
grande partie de leur accroillèmenr , la 
duree de leur vie eft auffi , comme dans 
la plupart des autres cfpèces d’animaux , 
à peu près de fepr fois deux ans , & 
communément ils ne vivent guère que 
quatorze ou quinze ans. 

Dans tous les animaux quadrupèdes , 
la voix du mâle eft plus forte & plus 
grave que celle de la femelle , & je ne 
crois pas qu il y ait d’exception à cette 
règle -, quoique les Anciens aient écrit 
que la vache , le bœuf & même le veau 
avoient la voix plus grave que le tau- 
reau , il eft très -certain que le taureau a 
la voix beaucoup plus forte , puilqu’il fe 
fait entendre de bien plus loin que la 
vache , le bœuf ou le veau : ce qui a 
fait croire qu il avoit la voix moins grave, 
ceft que fon mugilTement n’eft pas un 
fon fimple , mais un fon compofé de 
deux ou trois oétaves, dont la plus éle- 
vée frappe le plus l’oreille 5 & en y 


du Bœuf. 199 

faisant attention , Ton entend en même 
•^sinps xin fon grave , & plus grave que 
celui de la voix de la vache , du hœuf 
^ du veau , dont les mugifleraens font 
aufli bien plus courts : le taureau ne 
laïugit que d’amour , la vache mugir 
Pjus fouvent de peur & d’horreur que 
d amour , & le veau mugit de douleur , 
de befoin de nourriture & de defir de 
fa mère. 

Les animaux les plus pefans & les 
plus parelPeux ne font pas ceux qui dor- 
ment le plus profondément ni le plus 
long-temps : le bœuf dort, mais d’un 
fommeil court & léger, il fe réveille au 
moindre bruit : il fe coucbe ordinaire- 
ment fur le côté gauche , & le rein 
ou rognon de ce côté gauche eft tou- 
jours plus gros & plus chargé de grailTe 
que le rognon du côté droit. 

Les bœufs , comme les autres ani- 
maux domeftiques , varient pour la cou- 
leur -, cependant le poil roux par oit être 
le plus commun , & plus il eft rouge , 
P us I eft cftimé : on fait cas auffi du 
poi noir , & oc prétend que les bœufs 
lous poil bai durent long -temps j que 


2 00 Hijîoîre Naturelle 

îes bruns durent moins & fe rebutent 
de bonne heure -, que îes gris , les 
pommelés & les blancs ne valent rien 
pour le travail & ne font propres qu’à 
être engraifles •, mais de quelque cou- 
leur que foit le poil du bœuf, il doit 
ctre luifant , épais & doux au toucher , 
car s’il eft rude , mal uni ou dégarni , 
on a raifon de fuppofer que l’animai 
loLifîre , ou du moins cfu’il ifeH: pas 
d’un fort tempérament. Un bon- bœuf 
pour la charrue ne doit être ni trop 
gras , ni trop maigre , il doit avoir lâ 
tête courte & ramalTée , les oreilles 
grandes , bien velues & bien unies , les 
cornes forres , luifanres & de moyenne 
grandeur, le front large , les yeux gros 
& noirs , le muffle gros & camus , 
îes nafeaux bien ouverts , les dents blan- 
ches & égales, les lèvres noires, le cou 
charnu , les épaules grolles & pcfantes , 
ïa poitrine large, le fanon j c’eft-.\-dire, 
la peau du devant pendante jufque fur 
les genoux , les reins fort larges , le 
ventre fpacieux & toinbant , les flancs 
grands, les hanches longues, la croupe 
épailTe , les jambes & les cuilTes groflcs 


du Bœuf. 201 

^ nerveufes •, îe dos droit & plein , la 
'îueue pendante jufqu'à terre & gat- 
de poils touffus & fins , les pieds 
erines , le cuir grolîîer & maniable , 
mufcles élevés & longle court & 
arge ; il faut auffi qu'il foit fenlible 
J aiguillon , obéilTant à la voix & bien 
telle mais ce n'eft que peu à peu , 
en s y prenant de bonne heure , qu’on 
peut accoutumer le bœuf à porter le 
volontiers , & à fe lailTer conduire 
ailement : dès l’âge de deux ans & 
demi ou trois ans au plus tard , il faut 
commencer à l’apprivoifer & à le fub- 
juguer j fi Ion attend plus tard il de- 
vient indocile , & fouvent indomptable , 
a pMience , la douceur , & même les 
careiles , font les feuls moyens qu^il 
faw employer^ la force & les mauvais 
traitemens ne ferviroient qu a le rebu- 
ter pour toujours -, il faut donc lui 
trotter le corps , le carefTer , lui donner 
de temps en temps de l’orge bouilli , 

Stur?'" J t;onca{rees , & d’autres nour- 
s de cette efpèce/ , dont il eft le 

page «louYelle maifon mftique , tome T, 


Iv 


2 0 2 Nijîoire Naturelle 

plus friand , & toutes mêlées de fcî 
qu il aime beaucoup -, en même temps 
on lui liera fouvent les cornes , quel- 
ques jours après on le mettra au joug, 
& on lui fera traîner la charrue avec 
un autre bœuf de même taille & qui 
fera tout drellé j on aura foin de les 
attacher enfembie à la mangeoire, de 
les mener de même au pâturage , afin 
quils fe connoilTent & s’habituent à 
n’avoir que des mouvemens communs , 
& l’on n’emploiera jamais l’aiguillon 
dans les commencemens , il ne ferviroit 
qu’à le rendre plus intraitable ; il faudra 
auffi le ménager & ne la faire travailler 
qu’à petites reprifes , car il fe fatigue 
beaucoup tant qu’il n’efl; pas tout-à-fiit 
dreffé , & par la même raifon , on le 
nourrira plus largement alors que dans 
les autres temps. 

Le bœuf ne doit fervir que depuis 
trois ans jufqu’à dix , on fera bien de 
le tirer alors de la charrue pour l’en- 
grailTcr & le vendre , la chair en fera 
meilleure que fi l’on attendoit plus 
long -temps. On reconnoît l’âge de cet 
animal par les dents & par les cornes : 


du Bœuf. 205 

îes premières dents du devant tombent 
dix mois 5 & font remplacées par 
d autres qui ne font pas fi blanches & 
font plus larges , à feize mois les 
dents voifines de celles du milieu tom- 
bent & font auffi remplacées par d'autres , 
^ ^ trois ans toutes les dents inci- 
, es font renouvellées , elles font alors 
égalés , Ion sues & aflez blanches •, à 
titelure que le bœuf avance en âge elles 
s ufent & deviennent inégales & noires : 
c eft la meme chofe pour le taureau 
& pour la vache , ainfi la caftration ni 
le fexe ne changent rien à la crue & 
à la chute des dents ■} cela ne change 
rien non plus a la chute des cornes , 
car elles tombent également à trois ans 
au taureau , au bœuf & à la vache , & 
elles font remplacées par d’autres cor- 
nes qui , comme les fécondés dents , 
ne tombent plus -, celles du bœuf & 
de la vache deviennent feulement plus 
grolTes & plus longues que celles du 
taureau, l’accroiffement de ces fécondés 

uni- 
gai V 
? la 

I vj 


cornes ne le tait pas d’une manière 
orme & ^ar un développement é 
la première année , c’eft - à - dire 


2 04 Hijîoire Naturelle 

^latrième année de l’âge du bœuf, il 
lui pouffe deux petites cornes pointues, 
nettes , unies & terminées vers la tête par 
une efpèce de bourrelet, l’année fuivante 
ce bourrelet s’éloigne de la tête , pouffé 
par un cylindre de corne qui fe forme 
& qui fe termine auffi par un autre 
bourrelet , & ain/î de fuite , car tant 
que l’animal vit , les cornes croiffent ■ 
ces bourrelets deviennent des nœuds 
annulaires, quil eft aifé de diftinguer 
dans la corne , & par lefquels l’âge fe 
peut aifément compter , en prenant 
pour trois ans la pointe de la corne 
julqu au p^reinier nœud , & pour un an 
de plus chacun des intervalles entre les 
autres nœuds. 

Le cheval mange nuit & jour , len- 
tement , mais prelque continuellement ; 
le bœuf au contraire mange vite & 
prend en affez peu de temps toute la 
nourriture qu’il lui faut , après quoi il 
celle de manger & fe couche pour 
• t^ette diftérence vient de la 
dittérente conformation de l’eftomac 
de ces animaux j le bœuf, dont les 
deux premiers eftomacs ne forment 


du Bœuf. 20 J 

meme fac d’une très -grande ca- 
à inconvénient prendre 

3 fors beaucoup d’herbe & le rem- 
P tr en peu de temps , pour ruminer 
P ^ digérer à îoifir ; le cheval , 

JP ^^o™ac, ne peut y, 

^ voir quune petite quantité d’herbe 
on’ n luccelïïvement à mefure 

& quelle palTe dans 
la principalement 

av. nourriture -, car 

yant obferve dans le bœuf & dans le 
cheval le produit fucceffif de la di- 
ge ion , & fur -tour la décompofition 
du^ loin , nous avons vu dans le bœuf 
quau forcir de la. partie de la panfe , 
qui forme le fécond eftomac & qu on 
appelle le honnec il eft réduir en une 
elpece de pare verte , femblable à des 
épinards hachés & bouillis ; que c’elî 
fous cette forme qu’il eft reVnu & 
contenu dans les plis ou livrets du 

Z™/™' f°T;' “PP*"' ■' 

Vmèti’f *compo&io„e„ eft 

poS. « Z"“^. f “ H’ 

une , que le marc qui pafte 


2o 6 Hijîoire Naturelle 

dans les inteftins , au lieu que dans 
le clieval le foin ne fe décompofe 
guère , ni dans reftomac , ni dans les 
premiers boyaux, ou il devient feule- 
ment plus foiiple & plus flexible , 
comme ayant été macéré & pénétré de 
la liqueur aétive dont il cft environné -, 
qu’il arrive au cæcum & au colon fans 
grande altération ; que c’eft principa- 
lement dans ces deux inteftins , dont 
l’énorme capacité répond à celle de la 
panfe des ruminans , que fe fait dans 
le cheval la décompofition de la nour- 
riture , & que cette décompofition 
n eft jamais auffi entière que celle qui 
fe fait dans le quatrième eftomac du 
bœuf. 

Par ces mêmes confidérations & par 
la feule infpeétion des parties , il me 
fcnible qii il eft aifé de concevoir com- 
ment fe fait la rumination , & pourquoi 
le cheval ne rumine ni ne vomit , au 
lieu que le bœuf & les autres animaux 
qui ont plufieurs eftomacs , femblent 
ne digérer l’herbe qu’à mefure qu’ils 
ruminent. La rumination n’eft qu’un 
vomilfement lans eftort , occafionné par 


du Bauf. 207 

H. du premier eftomac fur les 

quil contient. Le bœuf rem- 
P ces deux premiers cftomacs , c’eft- 
^ /re , la panfe & le bonnet , qui n’eft 
qu une portion de la panfe , tout autant 
T'is peuvent l’être ; cette membrane 

fl nf alors avec force 

’r 1 herbe quelle contient , qui n’eft 
très - peu mâchée , à peine hachée , 
ont le volume augmente beaucoup 
par a fermentation : fi ralimenc étoit 
liquide , cette force de contraiftion le 
teroit paflei- par le troifième eftomac 
qui ne communique à l’autre que par 
un conduit étroit dont même l’orifice 
itue a la partie poftéricure du pre- 
? prefque aiiffi haut que celui 
de lœfophagc-, ainfi , ce conduit ne 
peut pas admettre cette aliment fec ou 
du moins il n’en admet que la partie 
la plus coulante , il eft donc néceffaire 
que les parties les plus sèches remon- 
tent dans lœfophage , dont l’orifice eft 
plus large que celui du conduit -, elles v 

le"mar^'^'^ ^“i'iialles remâche , 

falivp" inibibe de nouveau de fa 

’ rend ainfi peu à peu l’alimenc 


2oS Hijloire Naturelle 

plus coulant , il le réduit en pâte aiTez: 
liquide pour qu elle puiflTe couler dans 
ce conduit qui communique au troi- 
lième eftomac , où elle fe macère encore 
avant de paflTer dans le quatrième ; & 
c eft dans ce dernier eftomac que s’a- 
chève la décompofition du foin qui 
eft réduit en parfait mucilage : ce qui 
confirme la vérité de cette explication , 
ceft que tant que ces animaux tètent 
ou font nourris de lait & d’autres ali- 
mens liquides & coulans , ils ne ruminent 
pas , & qu’ils ruminent beaucoup plus 
en hiver & lorfqu’on les nourrit d’ali- 
mens fees , qu en été , pendant lequel 
ils paillent l’herbe tendre ; dans le cheval 
au contraire l’eftomac eft très-petit , l’o- 
rifice de l’œfophage eft fort étroit, & 
celui du pylore eft fort large ; cela feul 
fuffiroit pour rendre impolîible la ru- 
mination , car l’aliment contenu dans ce 
petit eftomac , quoique peut-être plus 
fortement comprimé que dans le grand 
eftomac du bœuf, ne doit pas remonter , 
puifqu’il peut aifément defcendre par- 
le pylore qui eft fort large -, il n’eft 
pas même néceflaire que le foin foit 


du Bœuf. 209 

feduit en pâte molle & coulante pour 
r force de contraâion de 

‘ïironiac y pouffe raliment encore pref- 
jjue fec , & il ne peut remonter par 
^œiophage , parce que ce conduit eft 
en comparaifon de celui du 
pylore ; c eft donc par cette diftérence 
generale de conformation que le bœuf 
runune , & que le dxeval ne peut rii- 
l'uner •, mais il y a encore une diffé- 
rence particulière dans le cheval , qui 
rait que non -feulement il ne peut ru- 
miner, c’eft-à-dire, vomir fans effort, 
mais même qu’il ne peut abfolument 
vomir, quelque effort qu’il puiffe faire , 
c eft que le conduit de î’œfophage arri- 
vant très -obliquement dans l’eftomac du 
cheval, dont les membranes forment une 
ÿaifleur confidérable , ce conduit fait 
dans cette épaiffeur une efpèce de gout- 
tière fl oblique , qu’il ne peut que fe 
errer davantage , au lieu de s’ouvrir par 
les convulfions de l’eftomac ('d ). Quoique 

W.'del’édition 

deferiprion de IVfti J® ’ ‘«nte-un volumes , I» 
M. Bertin , dans ^ “««««" de 

des Sciences , annu 


2 10 Hijîoire Naturelle i 

eette différence , auffi - bien que les , 
autres différences de conformatron qiéon 
peut remarquer dans le corps des ani- 
maux , dépendent toutes de la Nature 
îorfqu elles font conftantes , cependant 
il y a dans le développement , & fur- 
tout dans celui des parties molles , des i 
différences conftantes en apparence , 
qui néanmoins pourroient varier , & 
qui meme varient par les circonftances j 
îa grande capacité de la panfe du bœuf , 
par exemple , ifeft pas due en entier 
à la Nature , la panle n’eft pas telle 
par fa conformation primitive , elle 
ne le devient que fucceftivement & 
par le grand volume des alimens ; car 
dans le veau qui vient de naître , & 
meme dans le veau qui eft encore an 
ïait & qui n'a pas mangé d’herbe , la , 
panfe , comparée à la caillette , eft 
beaucoup plus petite que dans le bœuf : 
cette grande capacité de la panfe, ne 
vient donc que de l’extenfion qu’oc- 
cafionne le grand volume des alimens , 
jen ai été convaincu par une expé- » 
rience qui me paroît décifive. J’ai fait 
nourrir deux agneaux de même âge 


21 I 


du Bœuf, 

& fevres en même temps , l’un de pain 
1 autre d’herbe -, les ayant ouverts au 
ont cJuj-j ^ panfe de 

lasnean m,; 


j^gneau qui avoir vécu d’herbe , étok 
eveiuie plus ^rande de, beaucoup que 
panfe de celui ’ ■ ■ ■ ■ 

ue paiii. 


qui avoir été nourri 


n prétend que les bœufs qui man- 
gent lentement réfiftent plus long- temps 
3 u travail que ceux qui mangent vite ; 
^ue les bœufs des pays élevés & fecs 
lont plus vifs 5 plus vigoureux , & 

plus fains que ceux des pays bas & 
humides 5 que tous deviennent plus 
lorts lorfquon les nourrit de foin fec 
quand on ne leur donne que de 
1 herbe molle-, qu’ils s’accourument plus 
difficilement que les chevaux au chan- 
gement de climat , & que par cette 
railon Ion ne doit jamais acheter que 
dans fon voifmage des bœufs pour le 
travail 


_ En hiver , comme les bœufs ne font 
^ de les nourrir de paille 

P es ouvrages on leur donnera 
beaucoup plus de foin que de paille , 


1 1 2 Hijîoire Naturelle 

& même un peu de fon ou davoîne , 
avant de les faire travailler -, leté, fi ' 
îe foin manque on leur donnera de 
iherhc fraîchement coupée , ou bien 
de^ jeunes pouiïes & des feuilles de 
frene , d orme , de chêne , &c. mais en 
petite quantité , l’excès de cette nout- j 
riture , qu’ils aiment beaucoup , leur 
caufant quelquefois un pillément de 
; la luzerne, le fainfoin, la vefce, , 
loit en vert ou en fec , les lupins , les ' 
navets^ , 1 orge bouilli , &c. font aullî 
de ^ très - bons alimens pour les bœufs j 
il n eft pas néceflaire de régler la quan- 
tité de leur nourriture , ils n’en prennent 
jamais plus qu’il ne leur en faut , & ( 
ion fera bien de leur en donner tou- , 
jours alTez pour qu’ils en laHTent ; on 
ne les mettra au pâturage que vers le 
15 de mai , les premières herbes font 
trop crues , & quoiqu ils les mangent 
avec avidité, elles ne iaillent pas de 
les incommoder j on les fera pâturer 
pendant tout l’été , & vers le 1 5 oc- 
tobre on les remettra au fourrage, en t 
oblervant de ne les pas faire palTer 
brufquement du vert au fec & du fec 1 


du Bœuf. 21 ^ 

au vert , mais de les amener par degrés 
c changement de nourriture, 
onn ^ chaleur incommode ces 

peut-etre plus encore que le 
menVr pendant leté les 

les ran dès la pointe du jour , 

es ramener à i’étahle ou les laiffer dans 

sranrT^^ pâturer à l’ombre pendant la 
l’oiivf^ ^ aleur , & ne les remettre à 

du ^2tre heures 

f loir -, au printemps , en hiver & en 
automne on pourra les faire travailler 
lans interruption depuis huit ou neuf 
heures du matin jufqu’à cinq ou fix 

autant de fom que les chevaux, cepen.- 
ûant 11 Ion veut les entretenir fains & 
vigoureux, on ne peut guère fe dif- 
penfer de les étriller tous les jours, 

de les laver eSt de leur grailTer la corné 

des pieds , &c. il faut^uffi les faire 
hoire au moins deux fois par jour ils 

irchévlf ï‘ 

T ^val 1 aime trouble & tiède, 
près leT'Smés & t 

pour le b.«f, cepe^ndïnt^'^vSel 


a 1 4 Hijîoire Naturelle 

îait exige des attentions particuliètes j 
tant pour la bien choilir qp.ie pour la 
bien conduire : on dit que les vaches 
noires font celles qui donnent le meilleur 
lait , & que les blanches font celles qui 
en donnent le plus , mais de quelque 
poil que foit la vache à lait , il faut | 
qu’elle foit en bonne chair , qu’elle ait 
l’œil vif-, la démarche légère , quelle 
foit jeune , & que fon lait foit , s’il fe ' 
peut, abondant & de bonne qualité; on 
la traira deux fois par jour en été & 
une fois feulement en hiver , & fi l’on 
veut augmenter la quantité du lait , il I 
nj aura qu’à la nourrir avec des alimenS 
plus fucculens que de l’herbe. f 

Le bon lait n’eft ni trop épais ni I 
trop clair, fa confiftance doit être telle | 
que lorfqu’on en prend une petite goutte 
elle conferve fa rondeur fans couler , il i 
doit auflî être d’un beau blanc , celui 
qui tire fur le jaune ou fur le bleu ne 
vaut rien , la laveur doit être douce , | 

fans aucune amerrume & fans âcreté » I 
il faut aulTi qu’il foit de bonne odeur t 
ou fans odeur ; il eft meilleur au mois ' 
de mai & pendant l’été que pendanr 


l’hi ^ ^ 

parfaitement bon que 

eft trn ^ jeunes geniflTes 

eft trn^ f^*’ ’ vieilles vaches 

^'^op épais^^ ’ ^ 

lajt font r 'î*^^^ «iifteremes qualités du 
iiioins 1 a la quantité plus ou 

eaféeufefïr butireufes , 

le lait rrm aui le compofeiu -, 

trop en rF ^ ‘î*’” ^onrfe 

butireufa & feVes“lef“ J>* 

enchJcur «?„; bôf ‘‘“”1 

celui d’unf> , qt-'e 

a une vache cfui approche de Ton 

terme ouqut a m?s bas^ut peu ÏÏ 

temps 0„ trouve dars le Lillèmé & 

*US le quatncme cftomac A, veau oS 

~ri-r«eSi‘r,.sf T 

le IT; piül °ôn >*''? *’°“ “““ 

volume de froi^re 
Les vaches les tœufs aiment 


zï6 Hijloîre Naturelle 

beaucoup le vin , le vinaigre , le feî > 
ils dévorent avec avidité une falade af- 
faifonnée ; en Efpagne & dans quel- 
ques autres pays , on met auprès du 
jeune veau à Tétable une de ces pierres 
quon appelle falègres , & qu’on trouve 
dans les mines de fel gemme , il lèche 
cette pierre falée pendant tout le temps 
que fa mère eft au pâturage , ce qui 
excite fi fort l’appétit ou la foif , qu’au 
moment que la vache arrive le jeune 
veau fe Jette à la mamelle, en tire avec 
avidité beaucoup de lait , s’engraifTe & 
'croît bien plus vire que ceux auxquels 
on ne donne point de fel ; c’eft pat 
la même raifon que quand les bœufs 
ou les vaches font dégoûtés , on leur 
donne de l’herbe trempée dans du 
vinaigre ou faupoudrée d’un peu de 
fel , on peur leur en donner aufli 
iorfqu’ils fe portent bien & que l’on 
veut exciter leur appétit pour les en; 
graiffer en peu de temps -, c’eft ordi- 
nairement à l’âge de dix ans qu’on 
les mer à l’engrais , fi Ton attend plus 
tard on eft moins fur de réuflir , 
leur chair n’eft pas fi bonne p on peut 


du Bœuf. 217 

i engrais ^e 

de îi,; °'^’”’ençant aux mois de mai ou 
''oir eras av” P^e^ue iür de :ies 
qu on®v! T'f d'oftobre : dès 

de les Çngrailïcr , on ceffera 

beaiJn. fera boire 

fiera d« ^ 

aKn\î^ nourritures fucculentes en 

Srtfei- r“^r^T 

M lom ™'^°“ j' P”"". '« “"*ite 

vaches , & mêmeïr" Les 

nés , peuvent c'p .^^n^eaux biftour- 
la ckfr de I > fixais 

& ceiïe du ta ^èehe , 

rouge & ^^ftnnrné-eft plu 

f efc ?"• i^ehairT 

gréable&fo^^ un goût dcfa- 

font fort ^ 

T ome I. Quadrupède! ^ k ' 


2 1 8 Hijîoire Naturelle 

dans le temps qu’ils font en plein repos } 
& comme l’on croit que cela les em- 
pêche d’engraiirer , on a foin de fiotter 
de leur fiente tous les endroits de leur 
corps auxquels ils peuvent atteindre j 
lorfqu’on ne prend pas cette précau- 
tion , ils enlèvent le poil avec la langue, 
qu’ils ont fort rude , & ils avalent ce 
poil en grande quantité j comme cette 
lubftance ne peut fe digérer , elle 
refte dans leur eftomac & y forme 
des pelottes rondes qu’on a appelées 
égagropiles , & qui font quelquefois 
d’une groflèur fi confidérable , qu’elles 
doivent les incommoder par leur vo- 
lume , & les empêcher de digérer par 
leur féjour dans l’eftomac; ces pelottes 
fe revêtent avec le temps d’une croûte 
brune aflez folide, qui n’eft cependant 
qu’un mucilage épaiffi , mais qui par le 
frottement & la coétion devient dur & 
iuifant , elles ne fe trouvent jamais que 
dans la panfe •, & s’il entre du poil 
dans les autres eftomacs , il n’y féjournC 
pas , non plus que dans les boyaux » 
il palîè apparemment avec le marc des 
alimeas. 


du Bœuf. 21 £> 

Les animaux qui ont des dents inci- 
j ’ ‘^omme le cheval & l’âne , aux 
^ ^lachoites, btoutent plus aifément 
courte que cçux qui manquent 
rieur incilîves à la mâchoire fupé- 
Jg ^ d le mouton & la chèvre 

Qu’ifç^r^^”'' rres-près, c’eft parce 
n,: petits & que leurs lèvres font 

bœuf, dont les lèvres 

i’herhp^f'^^* ’ brouter que 

&c.eftpar cette railon 

Sr leo' efT,' », P«»»ge 

pincer, que 1 extrémité des jeunes heiies 

*.,12 ^ , tres-peu l’accroilTcment ; 

& dSrui I tiees 

groffière, 

quelques dait qu’au bout de 

theval a vécu laquelle le 

ti elt plus qu un mauvais 

Kij 


2 20 Hijioire Naturelle 

prés au lieu que 'celle que le bœuf a 
brouté devient un pâturage fin. - 

Le'fpèce de nos bœufs qu’il ne 
faut paÿ confondre avec celles de l’au- 
rocks , du buffle & du bifon , parpît 
erre ôtiginaire de 'nos climats tempérés , 
la grande chaleur 'les incommodant au- 
tant que^ le froid excefflf j d’ailleurs 
cette "tlpece , fi fondante en Europe , 
ne fe trouve point dans les pays méri- 
dionaux -, & ne s’eft: pas étendue au- 
delà de rArménie & de la Perfe (e ) 
en A(ie , & au-delà de l’Égypte ■& de 
la Ratl)arie en Afrique j car aux Indés 
aum-bien que dans le refte de l’A- 
frique 5 & mênie en Amérique , ce 
font des bifons qui ont une bofle fur 
le dos J ou d autres animaux auxquels 
les voyageurs ont donné le nom de 
'bœuf , mais ^qui font d’une cfjaèce dif- 
férente de celle de nos bœufs -, ceux 
qu’on trouve au cap de Bonne -efpé- 
rance & en pîufieurs contrées de l’A- 
mérique, y ont été tranfpoités d'Europe 
par les Hollandois & par les Elpagnols '■> 

C 0 .Voyez le voyage de Chardin, tomt Û, 
page 38. 


du Bœuf. iît 

peu^^r p^y® ”«■ 

L *^roids conviennent mieux à nos 

fni f !i' P^^® chauds , & qu ils 

oup \ gi^os & plus grands , 

ahn f eft plus humide & plus 

Daneî"',^ pâturages. Les bœufs de 

krain ^ Podolie , de’ TU- 

les r delà Tartarie , qu habitent 

^ands ^ Pl^*^ 

5 nds de tous^ ceux dlrlande , d’An- 

^ Hongrie, 

ae r rance & dEfpagne , & seux de 

oiT aff^ Jes plus petits de tous ; 

tiren^r'^ Holiandois 

tirent tous les ans du Danemarck un 

HoUànde bTa^o^p pTut de laTq^ 

Cf ) Voyez. le 

toine I,page a « 7 ° Paris, , 

tome VU, page ,’f ' g*neialedes voyages . 

Kiij 


i 2 i Hijîoîre Naturelle 

Charente , où on îes appelle vaches fiaK- 
drines : ces vaches font en effet beau- 
coup plus grandes & plus maigres que 
les vaches communes , & elles donnent 
une fois autant de lait & de beurre j elles 
donnent auffi des veaux' beaucoup plus 
grands & plus forts, elles ont du lait etf' 
tout temps, & on peut les traire toute' 
Tannée, à l’exception de quatre ou éinq‘ 
jours avant qu elles mettent bas , mais, 
il faut pour ces^ vaches des pâturages 
excellens ; quoiqu elles ne mangent guère 
plus cpie les vaches communes , comme 
elles font toujours maigres , toute la 
lurahcndance de la nourriture fe tourne 
en lait, au lieu que les vaches ordinaires 
deviennent gralTes & ceflfent de donner 
du lait des qu elles ont vécu pendant 
quelques temps dans des pâturages trop 
gras. Avec un taureau de cette race & 
des vaches communes , on fait une 
autre race qu’on appelle bâtarde , & qui 
efl plus féconde & plus abondante en 
iau que la race commune ; ces vaches 
bâtardes donnent fouvent deux veaux 
à la fois , & fournilTent du laft pen- 
dant toute iannee ; ce font ces bonnes 


du Bœuf, 233 

^ partie des 

ncheffes de la Hollande , d od il fort 
pour des fommes confidé- 
es de beurre & de fromage ces 
3e es qui fournillent une ou deux fois 
que les vaches de France* 
■* onnent fix fois autant que celles de 
barbarie /a) 

F Tl ^ 

n Irlande, en Angleterre* en Hol- 
lande, en SuilTe & dans le Nord, on 
laie & on fume la chair du bœuf en 
grande quantité, foit pour lufage de la 
manne , foit pour l’avantage dü com- 
merce , il fort auflî de ces pays une 
grande quantité de cuits : la peau du 
l’œuf, & meme celle du veau fervent, 
comme Ion fait , à une infinité d’u- 
ages , a graille efl: aulïï une matière 
utile, on la mele avec le fuif du mou- 
ton . le fumier du bœuf eft le meilleur 
engrais pour les terres sèches & légères; 
vaiffp'^^^d animal eft le premier 

pour *'9'"' PU “ fcufflé 

g aenter le Ion, la première 

P^S‘ J I * • ^ ^ ** royage de M. Sha^ir , tome I , 

Kiii) 


2 2 4 Uijîoire Naturelle , &c. 

matière tranfparente que Ton ait em- 
ployée pour faire des vitres, des lan- 
ternes, & que l’on ait ramollie, tra- 
vaillée , moulée pour faire des boîtes , 
des peignes & mille autres ouvrages: mais 
finilldns, car l’Hiftoire Naturelle doit 
finir où commence l’hiftoire des arts. 





La brebis. 

T ON ne peut guère douter que les 
. ^oniiaux aftuellement domeftiques , 
do^^'^*' fauvages auparavant ÿ ceux 
ot nous avons donné ITiiftoire en 
ot ourni - la preuve , & l’on trouve 
cote aujourdhui des chevaux , des 
nés & des taureaux fauvages. Mais 
omine , qut s’eft fournis tant de mil- 
lions d individus , peut-il fc glorifier 
d avoir conquis une feule efpèce entière ? 
Comme, toutes ont été créées fans fa 
participation, ne peur -on pas croire que 
toutes ont eu ordre de croître & de 
multiplier fans fon fecoursî Cependant, 

I n" ■ r ^ ^«ention à la foiblelïë & i 
te ftupidite de la brebis; fi l’on confi- 

lans dete.Ÿ ne peut même trouver fon 
lalut dans la fuite ; qu’il a pour ennemis 

blïnr 1 carnaffiers , qui fem- 

dévorer^ ^^J^ercher de préférence & le 

efuèce ntnY d’ailleurs cette 

P duit peu , que chaque individu 

Kv 


2 2 (S Hijîoire Naturelle 

vit que peu de temps, &c. on ferotf 
tente d imaginer que dès les comnien- 
ceniens la litebis a etc confiée à la garde 
de 1 homme , qu’elle a eu befoin de (a 
protection pour lubfifter , & de les foins 
pour fe multiplier , puifqu’en effet on 
ne trouve point de brebis lauvagcs 
dans les déferts -, que dans tous les lieux 
où riiomme ne commande pas , le lion , 
le tigre, le loup régnent par la force 
& par la cruauté \ que ces animaux de 
fang & de carnage vivent plus long- 
temps & multiplient tous beaucoup plus 
que la brebis ; & qu’enfin , fi ion 
abandonnoit encore aujourd’hui dans 
nos campagnes les troupeaux nombreux 
de cette efpèce que nous avons tant 
multipliée , ils feroient bientôt détruits 
fous nos yeux, &i’efpèce entière anéantie 
par le nombre & la voracité des efpèces 
ennemies. 

II paraît donc que ce n’eft que par 
notre lecours & par nos foins que cette 
efpece a dure, dure & pourra durer en- 
core: il paroît quelle ne fubfifteroit pas 
par elle -meme. La brebis eft abfolumenr 
lans reflourcc & lans défenfe ; le bélier 


de là Brebis. 

» ' 
î» a que de foibles armes , fon courage 

” qu’une pétulance inutile pour lui- 
uienie , incommode pour les autres » & 
qu on détruit par la caftration : les mou- 
^us font^ encore plus timides que les 
tebis -, c eft par crainte qu’ils fe ralTem- 
eut fi fouvent en troupeaux, le moin- 
re bruit extraordinaire fuffit pour qu’ils 
c précipitent & fe ferrent les uns contre 
es ^ autres , & cette crainte eft accompa- 
gnée de la plus grande ftupidité •, car ils 
ne^favent pas fuir le danger, ilsfemblent 
meme ne^ pas fentir l’incommodité de 
leur fituation : ils reftent oii ils fe trou- 
vent, à k pluie , à la neige, ils y demeu- 
rent opiniâtrement, & pour les obliger 
a changer de lieu & à prendre une route , 
il leur faut un chef, qu’on inftruit à 
marcher le premier, & dont ils fuivent 
tous les mouvemens pas à pas : ce chef 
demeureroit lui -même avec le refte du 
troupeau , fans mouvement , dans la 
meme place , s’il n’étoit chaflTé par le 
berger ou excité par le chien commis 
eut garde , lequel fait en effet veiller 
défendre, les diriger, 
eparer , les raffembler & leur com- 
Kvj 


22 i Hijloire Naturelle 

niuniquer les mouvemens qui leur maiM 
quenr. 

Ce font donc de tous les animaux 
quadrupèdes les plus ftupides , ce font 
5?” moins de relTource & 

d inftinâ; ; les chèvres , qui, leur reflem- 
Ment à tant d autres égards , ont beau- 
coup plus de fentiment ; elles favent fe 
conduire, elles évitent les dangers, elles 
fe familrarifent aifément avec les nou- 
veaux objets, au lieu que la brebis ne 
lart ni fuir , m s’approcher; quelque be- 
loin qu elle ait de fecour^ , elle ne vient 
point a 1 homme aulli volontiers que la 

les animaux 

paroit erre le dernier degré delà timidité 
ou de linfenfibrlité, elle fe lailfe enlever 
Ion agneau fans le défendre, fans s’ir- 
riter , fans ré/ifter & fans marquer fa 
doÿeur par un cri diftérent du bêlement 
ordfnarre. 

Mais-cet animal lî chétif en lui- même ^ 

n dépourvu de fentiment, iî- dénué de 
qualités intérieures , eft pour l’homme 
iantmaUe plus précieux , celui dont l’u- 
tiiîte eft la plus immédiate & h plus 
étendue ; ieul il peut fuffire aux befdns 


de la Brebis. 229 

première néceffité, il fournit tout- à- 
3 -fois de quoi fe nourrir & fe vêtir, 
3ns compter les avantages particuliers 
que l’on fait tirer du fuif , du lait , de 
3 peau, & même des boyaux, des os 

f kl animal , auquel il 

^ni le qoe la Nature n’ait , pour ainfî 
, nen accordé en propre , rien donné 
que pour le rendre à l’homme. 

L amour , qui dans les animaux eft le 
^uiment le plus vif & le plus général , 
cit auffi le feul qui femble donner quel- 
que vivacité , quelque mouvement au 
belier, il devient pétulant , il fe bat , il 
s élance contre les autres béliers , quel- 
quefois même il attaque fon berger j 
mais^la brebis, quoiqu’en chaleur, rien 
paroit^pas plus animée , pas plus émue \ 
elle na qu autant dinftinéi qu’il en faut 
pour ne pas refofer les approches du 
male , p^our choifir fa nourriture & pour 
reconnoître fon agneau. L’inftinél eft 
dsutant plus fûr qriil eft plus machinal, 
«.pour amfi dire, plus inné, le jeune 
.agneau cherche lui- même dans un nom- 
ux troupeau , trouve & faifit la mamelle 


i 3 O Hijloire Naturelle 

de fa mère fans jamais fe méprendrcr 
Lon dit aufîî que ies moutons font 
fei^ibles aux douceurs du chant, quils- 
paiffent avec plus d’affiduiré , qu’ils fe 
portent mieux , qu’ils engraiflent au fon 
du clralumeau , que la mulîque a pour 
eux des attraits ; mais i’on dit encore 
plusfouvent, & avec plus de fondement, 
qu’elle fert au moins à charmer l’ennui, 
du berger , & que c eft à ce genre de 
vie oiliye & folitaire que l’on doit rap- 
porter l’origine de cet art. 

Ces animaux, dont le naturel eft fi 
fimple , font auffi d un tempérament 
très-foibIe,iIs ne peuvent marcher long- 
temps , les voyages les aftoibliftent & les 
exténuent; dès qu’ils courent , ils pal- 
pitent , & font bientôt eftouflés ; la 
grande ciraleur , l’ardeur du foleil les in- 
commodent autant que l’humidité , le 
froid & la neige ; ils font fujets à grand 
nombre de maladies , dont la plupart 
font contagieufes ; la furabondance de la 
grailTe les fait quelquefois mourir , & 
toujours elle empêche les brebis de pro- 
duire ; elles mettent bas difficilement 


de la Brehis. z 5 j 

«Iles avortent fréquemment & deman- 
plus de foin qu’aucun des autres 
^iimaux domeftiques. 

Lorfque la brebis eft prête à mettre 
5 il faut la réparer du refte du trou- 
peau, & la veiller , afin d’être à portée 
^ l’accouchement j l’agneau fc 
Pfe ente fouvent de travers ou par les 
pieds, & (jaiis ^es cas la mère court 
ni que de la vie fi elle n’eft aidée ; lorf- 
iju elle eft délivrée , on lève l’agneau & 
l^^met droit fur fes pieds , on tire 
en même temps le lait qui eft contenu 
dans les mamelles de la mère •, ce pre- 
mier lait eft gâté, & feroit beaucoup de 
ma a 1 agneau , on attend donc qu’elles 
le remplilfent d’un nouveau lait avant 
que de lui permettre deteter-, on le tient 
chaudement , & on l’enferme pendant 
trois ou quarte jours avec fa mère pour 
qu a apprenne à la connoître : dans ces 
premiers temps, pour rétablir la brebis, 
on ia nourrit de bon foin & d’orge 
moulu ou de fon mêlé d’un peu de fel , 
T iT*' de l’eau un peu tiède 

Lp " de blé, de 

ou de millet -, au bout de quatre 


2$z Hijloire Naturelle 

ou cinq jours on pourra la remettre par 
degres a la vie commune & la faire lortir 
avec les autres ^ on oblervera leulement 
de ne la pas mener trop loin pour ne 
pas échaufter fon lait : quelque temps 
apres , lorfque Tagneau qui la tette aura 
pris de la force & qu il commencera à 
bondir , on pourra lui laiiïèr fuivre fa 
luère aux champs. 

On livre ordinairement au boucher 
tous les agneaux qui paroilTent foibles , 
& 1 on ne garde , pour lés élever , que 
ceux qui font les plus vigoureux , les 
plus gros- & les plus chargés de laine ; 
les agneaux de la première portée ne 
lont jamais u bons que ceux des portées 
fuivantes : fi Ton veut élever ceux qui 
nailTenr aux mois d oélobre j novembre » 
décembre, janvier, février, on les garde 
à 1 etable pendant 1 hiver, on ne les en 
fait fortir que le foit & le matin pour 
teter, & on ne les lailTe point aller aux 
champs avant le commencement d’avril : 
quelque temps auparavant on leur donne 
tous les jouis un peu d’herbe, afin, de 
les accoutumer peu à peu à cette nou- 
velle nourriture. On peut les fevrer à 


de la Brehis^ 235 

ü'n^ mois , mais it vaut mieux ne le faire 
qu à fix feinaines ou deux mois : on 
prefcre toujours les agneaux blancs & 
ans taches aux agneaux noirs ou tachés , 

3' laine Hanche fe vendant mieux que la 
aine noire ou mêlée, 

. caftration doit fe faire à Tâge de 
cinq ou fix mois , ou même- un peu 
plus tard, au printemps ou en automne, 
dans un temps doux. Cette opération 
le fait de deux manières : la plus ordi- 
naire eft 1 incilion , on tire les tefticules 
par louverture qu on vient de faire , & 
on les enlève aifémenr -, l’autre fe fait fans 
incifion , on lie feulement , en ferrant 
fortement avec une corde, les bourfes 
au-deffus des tefticules, & l’on détruit 
par cette compreffion les vaiflèaux qui 
y* aboutilïent, La caftration rend l’agneau 
I malade & trifte , & I on fera bien de lui 
donner du fon mêlé d’un peu de fel 
pendant deux ou trois jours, pour pré- 
venir le dégoût qui fouvent fuccède à 
cet état. 

A un an les béliers , les brebis & les mou- 
rons perdent les deux dents du devant 
ae la mâchoire inférieure -, ils manquent, 


234 Hijloire Naturelle 

les^ deux dents voifines des deux pre- 

dlefr ^ ^ ans 

es {ont toutes remplacées , elles font 

* deviennent 
B égalés & noires. On connoît auffi fâee 
du Belier par les ^^rl■»/.t^ ^ii .i. 

mTir!nc^e'"T'" T"^’ dès la 

naillance, & croiflenr tous les ans d un 

anneau jiifqifà iextrémfté de la vie 

Communément les LreBis nont pas de 

cornes, mais elles ont fur k 

proéminences olTeufes aux mêmes et 
droits ou nMlfcnt les cornes des Béliers 
II y a cependant quelques Brebis qui ont 

font "ffmS^SLrxtutTte 

Ion. longues decbqoÛ’ 
Ber&T„7“ “ “I"' “11“ *s“é: 

lers , & lorfqu il y a quatre cornes les 
deux cornes extérieures font plus courtes 
que les deux autres. 

lagtd^dk tit^" d engendrer dès 
^ de dix -huit mois, & à un an la 


de la Brehis. 2 3 y 

^rebis peut produire -, mais on fera bien ' 
attendre que la brebis ait deux ans , & 
‘îtie le belier en ait trois , avant de leur 
permettre de s’accoupler -, le produit trop 
précoce , & même le premier produit 
^piirtaux , eft toujours foible & 
*‘°'^^^pt)nné. Un bélier peut aifément 
ti re à vingt -cinq ou trente brebis : on 
^ cnoifit parmi les plus forts & les plus 
eaux de fon efpèce ; il faut quil ait 
des cornes, car il y a des béliers qui 
n en ont pas , & ces béliers fans cornes 
font dans ces climats , moins vigoureux 
& moins propres à la propagation. Un 
eau & bon belier doit avoir la tête 
rorte & grofle , le front large , les yeux 
gros & noirs, le nez camus , les oreilles 
grandes, le cou épais , le corps lono- & 
élevé, les reins & la croupe larges, les 
tefticules gros , & la queue longue ; les 
meilleurs de tous font les blancs , bien 
charges de laine fur le ventre , fur la 
queue, fur la tête, fur les oreilles & 
julque fur les. yeux. Les brebis , donc 

touCeMa pLs^lr 

et J T T longue, lapins foyeufe 
, a P us blanche , font aufli les meilleures 


2 5 6 ' Hijîoire Naturelle 

pour la propagation, fur- tout fi eilesont 
en meme temps le corps grand, le cou 
ep^s & ia demardie légère. On obferve- 
audi que celles qûi font plutôf maigceS' 

que graflès, produifent pius ftîrement 
que les autres. 

La faifon de la chaleur des brebis eft 
depuis le commencement de novembre 
ju%. a la fin davnl -, cependant elles ne 
laifi^ent pas de concevoir en tout temps,, 
fi on leur donne, auflï-bien qu’au bé- 
ixer, des nourritures qui les échaufiént, 
comme de l’eau felée & du pain de che- 
nevis. On les laifle couvrir trois oit 

lepare du ^iier , qui s attache de préfe- 
rence aux brebis âgées & dédaigne les 
plus jeunes. Lon a foin de ne les pas 
expofer à la pluie ou aux orajes dLs 
le temps de 1 accouplement , l’humidité 
les empeche de retenir, & uh coup de 
tonnerre ufiit pour les foire avorter; Un 
jour ou deux après qu’elles ont été cou- 
&7on ^ commune, 

Èîée do.fr f "^0 l’eau 

lalee, dontlufoge continuel, auffi-bien 

que celui du pain de chenevis & des 


de la Brebis. 


237 


autres nourritures chaudes , ne manque- 
pas de les faire avorter. Elles portent 
^uiq mois, & mettent bas au commen- 
cement du fixième •, elles ne produilent 
^ uiarrement qu un agneau , & quel- 
'-is deux : dans les climats chauds , 

^ es peuvent produire deux fois par an -, 
^ats en France & dans les pays plus froids, 
CS ne produifent qu’une fois l’année, 
n donne le bélier à quelques-unes vers 
^ nn de juillet 8c au commencement 
cl août, afin d’avoir des agneaux dans le 
mois de janvier , on le donne enfuite 
a un plus grand nombre dans les mois 
de leptembre , d’oéfobre & de novem- 
m , & ion a des agneaux abondam- 
ment aux mois de février , de mars & 
d avril : on peut aufîi en avoir en quan- 
tité aux mois de mai, juin, juillet, août 
eptembre , & ils ne font rares qu’aux 
moTS'd^oélobre , novembre & décembre. 
3 rebis a du lait pendant fept ou huit 
^ grande abondance , ce lait 
e _une aRez bonne nourriture pour les 

f,!*. fort bons fromages 5 

ont cm le n-tclam àvec celui de vache. 


i 5 ^ Jiifloire Naturelle 

L heure de traire les Brebis efl: immédr^t' 
tement avant quelles aillent aux clianips > 
OU aulu-tot apres cju elles en /ont revC" 
nues -, on peut les traire deux fois pat 
jour en été, & une fois en liiver. 

Les brebis engraillènt dans le temp* 
quelles font pleines, parce quelle* 
mangent plus alors que dans les autres 
temps : comme elles fe blelTent fouvent 
& qu eLes avortent fréquemment , elles 
deviennent quelquefois ftériles , & font 
allez fouvent des monftres ; cependant, 
loiiqu eJes font bien lorgnées , elks 
Pf^duire pendant toute leur vie» 
ceft-a-drre, jufqcA l’âge de dix oU 
douze ans -, mais ordinairement elles font 
vieilles & maléficiées dès l’âge de fept 
ou huit ans. Le bélier qui vit douze oU 
, quatorze ans, n eft bon que jufqu’à huit 
pour la propagation ; il faut le biftournet 
a cet âge & i’engrailTer avec les vieille* 
brebis. La chair du bélier, quoique bil"' 
tourne Sc engrailTé , a toujours un maU' 
vais goilt; celle de la brebis eft mollalle 
& inhpide, au lieu que celle du mouton 
eft la plus lûcculente & la meilleure de 
toutes les viandes communes. 


de la Brehis. 2.39 

Les gens (^i veulent former un trou- 
peau & profit, achettent des 

rebis & rJes moutons de Tâge de dix- 
nit mois ou deux ans -, on en peut 
oiettre cent fous la conduite d’un feul 
^rger : s il efl vigilant & aidé d’un bon 
perdra peu -, il doit les pré- 
^ er lorfqu’il les conduit aux champs , 

à I à entendre fa voix , 

e liiivre fans s’arrêter & fans s’écarter 
ns les bles , dans les vignes , dans les 
DOIS & dans les terres cultivées , où ils 
ne manqueroient pas de caufer du dégât. 
Les coteaux, & les plaines élevées au- 
deüus des collines font les lieux qui 
leur conviennent le mieux-, on évite de 
les mener paître dans les endroits bas , 
humides & marécageux. On les nourrit 
pendant l’hiver à l’étable, de fon, de 
navets, de foin, de paille , de luzerne, de 
lainfoin , de feuilles d’orme , de frêne , &c. 
on ne lailfe pas de les faire fortir tous 
es jours , a moins que le temps ne foit 
tort mauvais , mais c’eft plutôt pour les 

Jeto m!'" nourrir, & dans 

ajiv- r-Vi faifon, on ne les conduit 

âi'nps que fur les dix heures du 


£■40 Hijîoire Naturelle 

matin , on les y lailïè pendant quatre oiJ 
cinq heures, après quoi on les fait Boire 
& on les ramène vers les trois heures 
après midi. Au printemps & en automne 
au contraire , on les fait fortir auflîrôt 
que le foleii a diffipé la gelée ou l’hu' 
midite, & on ne les ramène qu^au folei! 
couchant : il fuffit aullî dans ces deu^^ 
faifons ’de les faire Boire une feule fois 
par jour avant de les ramener à fétaBIe; 
ou il faut qu ils trouvent toujours du 
fourrage, mars en plus petite quantité 
qu çn hiver. Ce n eft que pendant f^té 
qu ils doivent prendre aux champs toute 
leur nourriture , on les y mène deux fois 
par jour, & on les fait boire auflî dein^ 
fois ; on les fait fortir du grand matin» 
on attend que la rofée foit tombée pouf 
les iailfer paître pendant quatre ou cmcj 
fleures, enfuite on les fait Boire & on les 
ramène à la Bergerie ou dans quelqu autre 
endroit à 1 ombre : fur les trois ou quatre 
heures du foir, lorfque la grande cha' 
leur commence à diminuer , on les mèn^ 
paître une fécondé fois jufqu a la fin du 
jour -, il faudroit même les laillBr palfer 
toute la nuit aux champs , comme on les 


de la Brebis. 241 

fait en Angleterre , fi l’on n’avoir rien à 
taindre du loup , ils n'en feroient que 
P us vigoureux , plus propres & plus 
ains. Comme la chaleur trop vive les 
•tcoinniode beaucoup , & que les rayons 
ti O eu leuj etourdilTent la tête & leur 
''^triges , on fera bien de 
t ir les lieux oppofés au Ibleil , & de 
™atin fur des coteaux ex- 
^ l’aprcs-midi fur des 
eaux expofts au couchant, afin qu’ils 
aient en paiifant la tête à i’onibre de 
eut corps -, enfin A fout éviter de les 
aire pa er par des endroits couverts 

dons“'^r’i* d’ajoncs, de char- 

Sne’ * confervent leur 

Dans les terreins fecs, dans les lieux 

eleves ou le ferpoîet & les autres herbes 

rf-^. meilleure qualité que 

Èiidï T“ ““ * 

foient faW ^ plaines ne 

par™ ^""“1“ ''PWnes de b mer . 

falées , & i?*'l herbes font 

part auffi K mouton n’efb nulle 

part auüi bonne que dans ces pacages 

Tome I. (Quadrupèdes, L 


242 Hijloire Naturelle 

GU prés falés ; le lait des brebis y eft 
aulîi plus abondant & de meilleur goût. 
Rien ne flatte plus l’appétit de ces ani- 
maux que le fel , rien aiiflâ ne leur eft 
plus falutaire , lorfqu’il leur efl; donne 
modérément -, & dans quelques endroits 
on met dans la bergerie un lac de fel ou 
une pierre falée qu’ils vont tous lécher 
tour à tour. 

Tous les ans il faut trier dans le trou- 
peau les bêtes qui commencent à vieillir , 
&: qu’on veut engrailTer : comme elles 
demandent un traitement diftérent de 
celui des autres , on doit en faire un 
troupeau féparé ; & fi c’eft en été , on 
les mènera aux champs avant le lever 
du foleil , afin de leur faire paître l’herbe 
humide & chargée de rofée. Rien ne 
contribue plus à l’engrais des moutons 
que l’eau prife en grande quantité , & 
rien ne s’y oppofe davantage que l’ardeur 
du foleil ainfi , on les ramènera à la 
bergerie fur les huit ou neuf heures du 
matin avant la grande chaleur , & on 
leur donnera du fel pour les exciter à 
boire , on les mènera une fécondé fois 
fur les quatre heures du foir dans le» 


de la Brebis. 243 

pacages les plus frais & les pins humides, 
'^es petits foins continués pendant deux 
ou trois mois fuftifent pour leur donner 
^utes les apparences de l’embonpoint , 
& meme pour les engrailTer autant qu’ils 
peuvent 1 être , mais cette graiffe qui ne 
Vient que de la grande quantité d’eau 
tpi ils ont bue , n’efl: , pour ainfi dire , 
^u une bouftiffure , un œdème qui les 
croît périr de pourriture en peu de 
temps , & qu’on ne prévient qu’en les 
tuant immédiatement après qu’ils fe font 
chargés de cette faulTe graiffe-, leur chair 
meme , loin d avoir acquis des fucs & 
pns de la fermeté, n’en eft fou vent que 
plus infipide & plus fade ; il faut lorf- 
qu’on veut leur faire une bonne chair , 
ne fe pas borner à leur laiüer paxre la 
rofee & boire beaucoup d’eau, mais leur 
donner en meme temps des nourritures 
plus lucculentes que l’herbe. On peut 
les engrailfer en hiver & dans toutes les 
1 allons , en les mettant dans une étable 
d’o^ra^i^ “ nourrilfant de farines 

&c froment , de fèves , 

W. l "r d" exciter à 

P US fouvenc & plus abondamment ; 

Lij 


2,44 Hijîoire Naturelle 

mais de ([uelque manière & dans quelque 
faifon qu’on les air engrailTés, il faut s’en 
défaire auffitôc , car on ne peut Jamais 
îes engraiffer deux fois , & ils périflent 
prefque tous par des maladies du foie. 

On trouve fouvent des vers dans le 
foie des animaux , on peut voir la des- 
cription des vers du foie des moutons & 
des bœufs dans le Journal des Savans (a ) 
êc dans les Éphémérides d’Allemagne (/> J. 
On croyoit que ces vers finguliers ne 
fe trouvoient que dans le foie des ani- 
maux ruminans , mais M. Daubenton 
en a trouvé de tout l'emblables dans 
îe foie de l’âne ('cj , & il eft probable 
qu’on en trouvera de Semblables aulîi 
dans le foie de plulieurs autres ani- 
maux. Mais on prétend encore avoir 
trouvé des papillons dans le foie des 
moutons M. Roiiillé Minillre & Secré- 
taire d’Érat des affaires étrangères , a eu 
la bonté de me communiquer une lettre 

r-j Année tG6S. 

('^J Tome année iGyS Cf 

( e). Voyez dans le tomt Vlll àe. cette Hifioire 
Naturelle , del’éditionen trente -ui) volumes, la def- 
çrif tiou de l’âne, ' ■ 


de h BreUs. 24 j 

îui a été écrite en 1749 5 par M. 


P "U eu 5 AVI* 

achet de Beaufort , Doéteur en Méde-^ 
cine a Montier en Tarantaife , dont voici 
extrait. Œ L'on a remarqué depuis long- 
ïîioutons ( qui dans nos œ 

pes font les meilleurs de l'Europe) » 
maigriliont quelquefois à vue d'œil , cc 
®yant les yeux blancs , chaffieux & con- œ 
centres , le fang féreux , fans prefque cc 
aucune partie rouge fenfible , la langue ce 
aride & relTerrée , le nez rempli efun ce 
mucus jaunâtre , glaireux & purulent , ce 
avec une débilité extrême , quoique ce 
mangeant beaucoup , & qu'enfin toute ce 
i économie animale tomboit en déca- ce 
dence. Plufieurs recherches exaêfes ce 
ont appris que ces animaux avoient ce 
dans le foie , des papillons blancs ce 
ayant des ailes afforties, la tête femi- cc 
ovale , velue , & de la grolTeur de c» 

ceuY i4f>c i . 


ceux des vers à foie : nlne dp fn^Yo^i-p .. 



L iij 


Hijloire Naturelle 

Si on en a trouvé de petits , avec de 
s> petits vers , dans le conduit cyftique. 
» La veine-porte & la capfule de Glilïon , 
» qui paroilLent s’y manifefter comme 
Si dans l’homme , cédoient au toucher le 
Si plus doux. Le poumon & les autres 
» vifccres étoient fains , &c. » Il feroit à 
delirer que M. le Dodteur Cachet de 
Beaufort nous eût donné une delcrip- 
tion plus détaillée de ces papillons , 
afin d’ôter le foupçon qu’on doit avoir , 
que ces animaux qu’il a vus ne font que 
les vers ordinaires du foie du mouton , 
qui font fort plats , fort larges , & d’une 
figure fi fingulicre , que du premier 
coup d’œil on les prendroit plutôt pour 
des feuilles que pour des vers. 

Tous les ans on fait la tonte de La 
laine des moutons , des brebis & des 
agneaux : dans les pays chauds , où l’on 
ne craint pas de mettre l’animal tout-à- 
fait nu , l’on ne coupe pas la laine , mais 
on l’arrache , & on en fait fouvent deux 
récoltes par an -, en France , & dans les 
climats plus froids , on fe contente de 
la couper une fois par an , avec de 
grands cifeaux, & on lailTe aux mourons 


de la Brebis. 247 

'ine partie de leur toifon , afin de les 
garantir de Ifintempérie du climat. C’efb 
3u mois de mai que fe fait cette opé- 
ration , après les avoir bien lavés , afin 
de rendre la laine auffi nette qu elle peut 
1 etre ; au mois d'avril il fait encore trop 
troid 5 & fi l’on artendoit les mois de 
juin & (Je juillet , la laine ne croîtroit 
pas aflèz pendant le refte de l’été , pour 
les garantir du froid pendant l’hiver. La 
lame des moutons eft ordinairement plus 
abondante & meilleure que celle des 
brebis -, celle du cou & du delTus du 
dos eft la laine de la première qualité , 
celle des cuilTes , de la queue , du ventre , 
de la gorge , &c. n eft pas fi bonne , & 
celle que l’on prend fur des bêtes mortes 
DU malades eft la plus mauvaife. On 
préféré auffi la laine blanche à la grife , 
à la brune & à la noire , parce qu’à la 
teinture elle peut prendre toutes fortes 
de couleurs : pour la qualité , la laine 
lifte vaut mieux que la laine crépue -, on 
prétend même que les moutons dont la 
frifée , ne fe portent pas 
I len que les autres. On peut encore 
cirer des moutons un avantage confidé- 


248 Uijloire Naturelle 

rable, en les faifant parquer, c’eft-à-drre 
en les laillant féjourner fur les terres 
qu on veut améliorer : il faut pour cela 
enclorre le terrein , & y renfermer le 
troupeau toutes les nuits pendant Tété *, 
le fumier , 1 urine & la chaleur du corps 
de ces animaux ranimeront en peu de 
temps les terres épuifées, ou froides Si 
infertiles cent moutons amélioreront , 
en un etc , huit arpens de terre pour 
fx ans. 

Les Anciens ont dit que tous les ani- 
maux ruminans avoient du fuif ^ cepen- 
dant cela n’eft exaélement vrai que de 
la chcvre & du mouton , & celui du 
mouton eft plus abondant , plus blanc , 
plus fec , plus ferme & de meilleure 
qualité qu aucun autre. La graillé diffère 
du fuif en ce qu’elle refte toujours 
molle , au lieu que le fuif durcit en fe 
refroidillànt. C eft fur - tout autour des 
reins que le fuif s’amalTe en grande 
quantité , & le rein gauche en eft tou- 
jours plus chargé que le droit -, il en 
a auffi beaucoup dans l’épiploon & au- 
tour des inteftins , mais ce fuif n’eft pas 
à beaucoup près auffi ferme ni auffi bon 


de la Brehis. 249 

*îue celui des reins , de la queue & des 
^Wres parties du corps. Les moutons 
pas d’autre graiffe que le fuif , & 
t*^d^ domine fi fort dans l’habi- 

u e de leur corps , que toutes les ex- 
fan^^'*^^* chair en font garnies •, le 

’§ Weme en contient une aflez grande 
^antite , & la liqueur féminale en eft 
’ qu’elle paroît être d’une 
^nliltance diiférente de celle de la li- 
queur fenunale des autres animaux : la 
hqueur de l’homme , celle du chien , 

celle de tous les animaux qui n’ont pas 
de ftuf, fe liquéfié par le froid, fe délaie 
ai air , & devient d’autant plus fluide 
quil y a plus de temps quelle eft fortie 
du corps de I animal -, la liqueur féminale 
du belier, & probablement celle du bouc 
J des autres animaux qui ont du fuif, 
au heu de fe délayer à l’air , fe durcit 

avS'Ta liquidité 

rence^e‘'^^ur’^’ ^ reconnu cette diffé- 
liqueuts"f— au microfcope ces 
fiïï queîm ■’ ^’élier fe 

fortie du corS"°”î' 

'-urps , Sc pour y voir les 
L V 


2^0 HiJIoire Naturelle 

molécules organiques vivantes qu'elle 
contient en prodigieufe quantité , il faut 
chantier le porte-objet du microfcope , 
afin de k conferver dans fon état de 
fluidité. 

Le goût de k chair du mouton , k i 
finetïb de k laine , k quantité du fuit , i 
& même k grandeur & k groflèur du 1 
corps de ces animaux varient beaucoup 
fuivant les diftérens pays. En France , 
le Berri eft k province où ils font plus 
abondans ; ceux des environs de Beauvais 
font les plus gras & les plus chargés de 
fuif , aufli-bien que ceux de quelcpies 
autres endroits de k Normandie ; iis font ' 
très - bons en Bourgogne , mais les meil- 
leurs de tous font ceux des côtes fablon- 
neufes de nos provinces maritimes. Les 
laines d’Italie , d’Efpagne , & même 
d’Angleterre , font plus fines que les 
laines de France. Il y a en Poitou , en 
Provence , aux environs de Bayonne , 

& dans quelques autres endroits de k 
France , des brebis qui paroiflent être 
de races étrangères , & qui font plus 
grandes , plus fortes & plus chargées de 
laine que celles de k race commune ; | 


de la Brehis 


2JI 


ces bceLis produifent auffi beaucoup 
plus que les autres , & donnent fouvenc 
deux agneaux à îa fois ou deux agneaux 
par an , les béliers de oette race engen- 
drent avec les brebis ordinaires , ce qui 
produit une race intermédiaire qui par- 
^ipe des deux dont elle fort. En Italie 

en Efpagne , il y a encore un plus 
grand nombre de variétés dans les races 
, ebis, mais toutes doivent être re- 
^rdees comme ne formant qu une feule 
& même efpèce avec nos brebis , & 
cette efpèce fi abondante & fi variée n« 
setend guère au-delà de f Europe. Les 
animaux à longue & large queue , qui 
lont communs en Afrique & en Afie , 
& auxquels les voyageurs ont donné le 
nom de moutons de Barbarie , paroilTent 

être d'ime efpèce différente de nos mou- 
tons, adli-bien que la vigogne & le lama 
G Amérique. 

Comme la laine blanche eft plus efti- 
mee que la noire , on détruit prefque 

taJhé's'^^' agneaux noirs ou 

prefiiè y a des endroits où 

%■ f brebis font noires , 

^ P‘ out on voit fouvent naître d’un 

Lvj 


Hijloire Naturelle,&c. 

bélier blanc & d’une brebis blanche des 
agneaux noirs. En France , il n’y a que 
des moutons blancs , bruns , noirs Sc. 
tachés -, en ^ Efpagne , il y a des moutons 
roux ; en Ecollè , il y en a de jaunes > 
mais ces différences & ces variétés dans 
la couleur font encore plus accidentelles 
que les différences & les variétés des 
races , qui ne viennent cependant que 
de la différence de la nourriture & de 
l’influence du climat. 



I 




La CHÈV RE. 

^ Q U E les efpèces cîatis ies 
anuTiaux foient toutes féparées par 
intervalle que la Nature ne peut 
ranchir , quelques-unes femblentfe rap- 
proc er par un Ci grand nombre de 
apports , qu*H ne reRe , pour alnfi dire , 
entr elles que lefpace nécelTaire pour 
nrer la ligne de réparation ^ & lorfque 
nous comparons ces efpèces voifines , 
& que nous les coniidérons relativement 
â nous , les unes fe préfentent comme 
des efpcces de première utilité, & les 
autres femblent nêtre que des efpèces 
auxiliaires , qui pourroient , à bien des 
égards, remplacer les premières, & nous 
iervir aux mêmes ufages. L’âne pourroit 
prefqiie renjilacer le cheval; & de même, 
> iefpece de la brebis venoit à nou 

comnï 

g»* abondancV-, Æ 


2J4 l'JiJîoire Naturelle 

fuif en quantité : Ton poil , quoique pîuS 
rude que la laine , fert à faire de très- 
bonnes étoffés la peau vaut mieux que 
celle du mouton : la chair du chevreau 
approche aflez de celle de l’agneau , &c- 
Ces efpèces auxiliaires font plus agtefteS , 
plus robuftes que les elpcces principales j 
iane & la chevre ne demandent pas 
autant de foin que le cheval & la brebis : 
par -tout ils trouvent à vivre & broutent 
egalement les plantes de toute elpèce > 
les herbes grolîicres, les arbriffeaux char- 
gés d’épines ; ils font moins affedés de 
1 intempérie dii climat , ils peuvent mieux 
le palier du fccours de l’homme : moins 
ils nous appartiennent , plus ils femblent 
appartenir à la Nature ; & au lieu d’i- 
maginer que ces efpèces fubalternes n’ont 
été produites que par la dégénération 
des efpècK premières , au lieu de re- 
garder l’âne comme un cheval dégé- 
néré , il y àuroit plus de raifon de dire 
que le cheval eft un âne perfedionné -, 
que la brebis n’eft qu’une efpèce de 
chèvre plus délicate que nous avons foi- 
gnee , perfedionnee , propagée pour 
notre utilité, & qu en général les efpèces 


de la Chèvre. 255 

îes plus parfaites , fur -tout dans les ani- 
domeftiques , tirent leur origine 
e lefpece moins parfaite des animaux 
auvages qui en approchent le plus , la 
«ure feule ne pouvant faire autant que 
^ ^ l’homme réunis. 

Vuoi qu’il 

en fort , la chèvre eft une 
^ pece diftindte , & peut-être encore 
P us éloignée de celle de la brebis , que 

'h ^ celle du 

e\ al. Le bouc s accouple volontiers 
avec la brebis , comme râne avec la ju- 
ment, & le bélier fe joint avec la chèvre, 
comme le cheval avec l’ânelle ^ mais 
quoique ces accouplemens foient alléz 
requens , & quelquefois prolifiques , 
Il ne s eft poinr formé d’efpèce inter- 
mediaire entre la chèvre & la brebis • 
ces deux cfpéces font diftinftes , de- 
meurent CQnftamment féparées & tou- 
jours à la même diftance lune de l’autre ; 
elles n ont donc point été altérées par 
ces mélangés, eUes n ont point fait de 
ouvelles louches, & de nouvelles races 

cme elles n’ont produit 

n’infliip erences individuelles , qui 
n influent pas fur l’unité de chacune des 


2^6 Hijîoire Naturelle 

e/peces primitives , & qui confirineiif 
au contraire la réalité de leur difi'érence 
caraârériftique. 

Mais il y a bien des cas où nous ne 
pouvons ni diftinguer ces caraélères , ni 
prononcer fur leurs différences avec aU" 
tant de certitude •, il y en a beaucoup 
d autres où nous fommes obligés de fui- 
pendre notre jupment , & encore une 
infinité d autres iur lefquels nous n’avons 
aucune lumière j car indépendamment 
tie l’incertitude où nous jette la contra- 
riété des témoignages fur les faits qcii 
nous ont été tranfmis , indépendamment 
du doute qui refuire du peu d’exaéritude 
de ceux qui ont ebfervé la Nature , le 
plus grand obftacle qu’il y ait à l’avan- 
cement de nos connoillances, eft l’igno- 
rance prefque forcée dans laquelle nous 
fommes d un très - grand nombre d’effets 
que le temps feul n’a pu préfenter à nos 
yeux, & qui ne fe dévoileront même à 
ceux de la poftérité que par des expé- 
riences & des obfervations combinées 5 
en attendant , nous errons dans les ténè- 
bres , ou nous marchons avec perplexité 
entre des préjugés & des probabilités? 


de la Chèvre. 257 

choT^*^'' jufqu'à la poffibilité des 

1 confondant à tout moment 

d^ hommes avec les aétes 

tent* exemples fe préfen- 

gui foule ; mais fans en prendre 
vofic^*^^ notre fujet , nous fa- 

plen ^ bouc & la brebis s’accou- 
r ^ produifent enfemble , mais per- 
nous a dit encore s’il en réfulte 

’ °n un animal fécond 
qui puilTe faire fouche pour des géné- 
raaons nouvelles ou femblables aux pre- 
mières : de même , quoique nous fâ- 
chions que le bélier s’accouple avec k 

enf-rVi iguorons s’ils produifent 

enfomble & quel eft ce produit -, nous 
croyons que les mulets en général , c’eft- 
à-dire , les animaux qui viennent du 
mélange de deux efpèces diftérentes , 
font ftenles parce qu'il ne paroît pas 
q le les mulets qui viennent de l’âne & 
• ^ jtiment , non plus que ceux oui 

ils viennent - dont 

mal fondée opinion eft 

DofirivempnF -, les Anciens difenc 

P t que le mulet peut produire 


2^8 HiJIoire Naturelle 

à l’âge de fept ans , & qu’il produit ave^ 
la jument ( a) ^ ils nous difent que 
mule peut concevoir , quoiqu’elle 
puifiTe perfedionner fon fruit ( b ). 
feroit donc nécellàire de détruire ou 
confirmer ces faits , qui répandent 
robfcurité fur la diftinélion réelle de* 
animaux, & fur la théorie de la génS' 
ration : d’ailleurs , quoique nous coU' 
noilîîons alfez diftinctement les efpcce* 
de tous les animaux qui nous avoifincnt > 
nous ne favons pas ce que produirotf 
leur mélange entr’eux ou avec des ani' 
maux étrangers j nous ne fommes qu^ 
très-mal informés des juniars , c'eft-à-dire> 
du produit de la vache & de l’âne > 
ou de la jument & du taureau : noü* 
ignorons fi le zèbre ne produiroit p3* 
avec le cheval ou l’âne ; fi l’animal ^ 
large queue , auquel on a donné le no^ 
de mouton de Barbarie , ne produiroJ^ 

f aj Mulus fiptmnis implcre poteji, fi- jàm cW'' 
tguâ conjunius hinnum pr»crtavit. Arift. Hift. 
lib. VI, cap. XXIV. 

f^J rtagiu concipert quidem aliquando miilapotej^' 
qnod jàm Ja^um ejî g j'ed ci\utrire atqne in fititni p^‘' 
ditccn non potejl. Mas généra re interdùm potejl, ArW^" 
de genciat. aiiima!. Ub. II, cap. VI. 


de la Chèvre. 


259 


pas avec notre brebis •, fi le chamois 
” ^ pas une chèvre fauvage , s’il ne 
oriueroit pas avec nos chèvres quelque 
^^‘■e ^ptermédiaire v ü les finges difte- 
rent réellement par les efpèces , ou s’ils 
f ^ 1 ’ comme les chiens , qu’une 

cti e & même efpèce , mais varice par 
^ a grand nombre de races différentes •, 
O, J peut produire avec le renard 

■V ^ ^ ^ produit avec la 

yache , la biche avec le daim , &c. Notre 
Ignorance fut tous ces faits eft , comme 
je 1 ai dit , prefque forcée , les expé- 
riences qui pourroient les décider de- 
mandant plus de temps , de foins & de 
epenfe que la vie & la fortune d’un 
homme ordinaire ne peuvent le permet- 
tre. J’ai employé quelques années à faire 
des tentatives de cette efpèce ; J’en ren- 
drai compte lorfque Je parlerai des mu- 
lets ^ mais Je conviendrai d’avance quelles 

ne m’ont fourni que peu de lumières , 

g que la plupart de ces épreuves ont 
cte ians fucceB. 

cependant la connoif- 
rî animaux , la divifion 

exade de leurs efpèces , & l’intelligence 


2 (jo Uijîoire Naturelle 

parfaite dé leur hiftoire ; de - là dépendei^^ 
auffi la manière de Técrire & Fart de 1^ 
traiter: mais puifque nous fommes priv^* 
de ces connoiflirnces fi néceflâires à nott* 
objet-, puifqu’il ne nous efi paspoflîble’ 
faute de faits , d’établir des rapports , ^ 
de fonder nos raifonnemens , nous 
pouvons mieux faire que d’aller pas ^ 
pas , de confidérer chaque animal indi' 
viduellement , de regarder comme de* 
efpèces différentes toutes celles qui 
fe mêlent pas fous nos yeux , & d’écrire 
leur hiftoire par articles féparés, en noi'* 
refervanr de les joindre ou de les fondre 
enfemble , dès que , par notre propre 
expérience , ou par celle des autres > 
nous ferons plus inftruits. 

C’eft par cette raifon que , quoiqu’'^ 
y ait plufieurs animaux qui reftemblen’' 
à la brebis & à la chèvre , nous ne par- 
lons ici que de la chèvre & de la brebi* 
domeftiques. Nous ignorons fi les e^' 
pèces étrangères pourroient produire ^ 
former de nouvelles races avec ces cfpècc* 
communes. Nous fommes donc fondé* 
à les regarder comme des efpèces diffé- 
rentes , jufqu’à ce qu’il foit prouvé 


de la Chèvre. 2 g" i 

individus de chacune de 

avec peuvent fe mêler 

^ telpece commune , & produire 
^autres individus qui produiroient en- 
j.' caractère feul conftituanc la 

pèlèr r ' ^P' 

dans*" i les animaux cpie 

les végétaux. 

rrn-, ^ a de fa nature plus de fen- 

^ teffource que la brebis , 
f ^1 homme volontiers , elle fe 

tamibanfe aifemenc , elle cft fenfible aux 
carelTes & capable d'attachement ; elle 
eft auffi plus forte plus légère , plus 
agile & moins timide que la brebis i elle 
vive 5 capricieufe , lafcive & vaea- 
bonde. Ce n'eft qu’avec peine qu’on la 
conduit, & qu’on peut la réduire en 
troupeau ; elle aime à s’écarter dans les 
loiitudes , à grimper fur les lieux efcar- 
P«, a le placer & même à dormir fur 
la pointe des rochers & fur le bord des 

emn?(f ' ’ avec 

s’accouple avec ar- 

elle eft robuie“a?fi;r'^°'-"' ’ 

>»«ieshc,b;si“^„rc:eifrri 


2(3 2 Hijîoire Naturelle 

y en a peu qui l’incommodent. Le 
pérament , qui dans tous les anim^i'^ 
influe beaucoup fur le naturel , ne 
roît cependant pas dans la chèvre dinf 
ter eflentiellement de celui de la brel^'*’ 
Ces deux efpcccs d’animaux , dont l^J 
ganifation intérieure eft prefque enP^ 
rement femblable, fe nourriffent, crov 
fent & multiplient de la même manier^' 
êc fe reffemblent encore par le cara£l:èr| 
des maladies , qui font les mêmes > 
l’exception de quelques-unes auxquel|^ 
la chèvre n’eft pas fujette -, elle ne craij'* 
pas , comme la brebis , la trop gran4, 
chaleur •, elle dort au foleil, & s’expol'' 
volontiers à fes rayons les plus vifs , fa”* 
en être incommodée , & fans que ceP^ 
ardeur lui caufe ni étourdiflemens » ” 
vertiges ; elle ne s’effraie point des orag^*’ 
ne s’impatiente pas à la pluie, mais cP’ 
paroîr être fenlîble à la rigueur du fro!”' 
Les mouvemens extérieurs , lefqueh ’ 
comme nous l’avons dit , dépende”' 
beaucoup moins de la conformation f. 
corps , que de la force & de la vati”^ 
des fenlations relatives à l’appétit & 
délit , font par cette raifon faeaucP^'t 


de la Chèvre. 26^ 

, beaucoup plus vifs dans 
tanr ^ brebis. L’inconf- 

réoi^ naturel fe marque par l’ir- 

^ gnlarTC de fes avions -, elle marche , 

eljp ^ elle court , elle bondit , 

niontrrV ® s’éloigne , fe 

caprice comme par 

due n * autre caufe déterminante 
feiufn^^^^ vivacité bizarre de fon 
des & toute la fouplelle 

fifent nerf du corps fiif- 

P dké dr'""" Pétulence & à k ra- 
Ltek lui font 

fon? nar 

o?e amts de fhomme , & 

que dans les lieux inhabités, ils ne de- 
viennent point fauvages. En 1698 , un 
vaifleau anglois ayant relâché à l’ÎIe de 
'‘ff * fe ptéfentèreK 

autant aux Anglois 

S- Vetèi 

S y etoient multipliés jufqu’à 


264 Hijlolre Naturelle 

devenir incommodes , & que loin 
donner beaucoup de peine à les pren^ 
dre , ils fuivoient les hommes avec 
forte d'obftinatiou , comme les animaü’* 
domeftiques ( c J. 

Le bouc peut engendrer à un an » ^ 
la chèvre dès l’âge de fept mois -, rntU** 
les fruits de cette génération précoc^ 
font fûibles & défeétueux , & l’on attend 
ordinairement que l’un & l’autre aiefl' 
dix-huit mois ou deux ans avant de Id'^ 
permettre de fe joindre. Le bouc cft n’' 
ad'ezbel animal, très -vigoureux & très' 
chaud : un feul peut fufîire à plus, de cei|^ 
cinquante, chèvres pendant deux ou tro>S 
mois : mais cette ardeur qui le confuni^ 
ne dure ejue trois ou quatre ans , & 
animaux font énervés , & même vieuîf’ 
dès l’âge de cinq ou iîx ans. Lorfqi’^ 
l’on veut donc faire choix d’un bot"' 
pour la propagation , il faut qu’il 
jeune & de bonne figure , c’eft- à-dire» 
âgé de deux ans , la taille grande , 
cou court & charnu la tête légère , 1^^ 
oreiKes pendantes , les cuilTes grofie® ’ 
C c J Voyez rhiftoire générale de? voyage* .-roj/is h 

page jjîÿ, 

les 


de la Chèvre. 

j^inbcs fermes , le poil noir , épais & 
, la barbe longue & bien garnie, 
ch^ ^ de choix à faire pour les 

on peut obferver que 
larp^^ ' le corps eft grand, la croupe 
léJr’ I fournies, la démarche 

loLc '} mamelles grolfes , les pis 
inpil! ’ ^ touffu , font les 

chai Idnt ordinairement en 

&novl^K^ feptembre, odobre 

lovmibre -, & meme pour peu qu elles 
approchent du mâle en tout aWelm^ 
dles font bientôt Æfpofées à le recevom, 

üans toutes les faifons : cependLt ellee 
retiennent plus fûrement en automne, & 
I on préféré encore les mois d oarobre & 
de novembre par une autre raifon, c eft 

cuvent de 1 herbe tendre iorfqu’ils 
for''Ler“ch^ première 

& mettent bar^" ’ 

fixième ell “mmencement du 

nn mois’ou dno Petit pendant 

compter envir^ ^marnes; ainfi fon doit 

le temps auquel" ^ 

f nquel on les aura fait couvrir 

Tome I. Quadrupèdes. ]vl 


%66 Hijloire Naturelle 

Sc celui où le chevreau pourra com' 
mencer à paître. 

Lorfqu’on les conduit avec îes moU' 
tons , elles ne relient pas à leur fuite > 
elles précèdent toujours le troupeau i H 
vaut mieux les mener féparément paîtrC 
ilir les collines , elles aiment mieux le* 
lieux élevés & les montagnes , même 
îes plus efearpées 5 elles trouvent autant 
de nourriture qu’il leur en faut , dans 
les bruyères , dans les friches, dans les 
terreins incultes & dans les terres ftétiles! 
il faut les éloigner des endroits cultivés > 
les empêcher d'entrer dans les blés, dans 
les vignes,^ dans les bois-, elles font un 
grand dégât dans les taillis -, les arbres 
dont elles broutent avec avidité les 
jeunes poullês & les écorces tendres > 
périflènt prefque tous -, elles craignent 
îes lieux humides , les prairies maréca' 
geufes, les pâturages gras ; on en élève 
rarement dans les pays de plaines 5 elles 
s y portent mal , & leur chair eft de maU" 
vaife qualité. Dans la plupart des cli- 
mats chauds , l’on nourrit des chèvres 
en grande quantité , & on ne leur donne 
point d’établc : en France , elles péri- 


de la Chèvre. 2 . 6 y 

P.” mettoit pas à l’abri 

rîp I On peut fe difpenfer 

il ‘donner de la litière en été, mais 
fapt pendant l’hiver -, & comme 
ojj les incommode beaucoup, 

fumiet coucher fur leur 

la . ?” fouvent de 

cra. de 

l’herbp^^T” mener aux champs ; 

nerbe chargée de rofée , qui n’eft nas 
honnc pour les mourons fait Lnd 

Sociks"&’'t'''"h elles^font 

pique robufc & <,„e|q„e 

fo t, „ en peut guère conduire que TL- 
quante. On le, Mre p„ rp^;/ ™ 
dant le, nerge, & !„ fti,,,,,, ff 
uourtr, a I çrable , d'herbe, & de pénS 

e ehoux , de navets & d’autres 

qSdfi:,'‘fe ■ P>- S 

entretenir e «”gmente -, & pour 

abondance dé encore cette 

boire , & q, i on les fait beaucoup 
•falpêcre ou df» donne quelquefois du 
mencer à içs rSt' 

■^«5 traire quinze jours après 
M ij 


2 <5 8 Hijîoire Naturelle 

qu’elles ont mis bas -, elles donnent du la^ 
en quantité pendant quatre à cinq mois» 
& elles en donnent foir & matin. 

La chèvre ne produit ordinairement 
qu’un chevreau , quelquefois deux , très' 
rarement trois, & jamais plus de quatre i 
elle ne produit que depuis l’âge d’n” 
an ou dix -huit mois, jufqu’à fept anS- 
Le bouc pourroit engendrer jufqu’à cet 
âge, & peut-être au-delà, fi on le mé' 
nagcoit davantage ^ mais communément 
il ne fert que jufqu’à l'âge de cinq anS- 
On le réforme alors pour l’engraifléf 
avec les vieilles chèvres & les jeunet 
chevreaux mâles, que Ton coupe à i’âg« 
de fix mois, afin de rendre leur chail 
plus fucculente & plus tendre. On 1^* 
engraiflé de la même manière que i’oi’ 
engrailTe les moutons -, mais , quelqnf 
foin qu’on prenne, & quelque nourtf 
turc qu’on leur donne, leur chair n’e^ 
jamais auffi bonne que celle du mouton » 
fi ce n’eft dans les climats très -chauds» 
où la chair du mouton eft fade & 
mauvais goilt. L’odeur forte du bontt 
ne vient pas de fa cJiarr , mais de fa pean- 
On ne iailîè pas vieillir ces animaux > 


de la Chèvre. 2(^9 

pourroient peut - être vivre dix ou 
ze ans ; on s en défait dès qu’ils ceffenc 
’ & plus il font vieux, plus 
j„ ^ ^ mauvaife. Communément 

cenpnu^* ^ chèvres ont des cornes , 
nombre ’ quoiqu’en moindre 
corn chcvres & des boucs fans 

coiil T beaucoup par la 

& H*' ‘î'-'S îes blanches 

Snt rïl' montes , 

r celles qui donnent le plus de lait 

h-I"? "o:~= font lespL fo„„ & 

te plu, robtte de toute,. Ces aut 

nouTtit’"' ™ i 

pourrir, ne laiflent pas de faire un pro- 
fit aflex confidérable -, on en vend la 

^ Leur 

cit eft plus fam & meilleur que celui de 

4='*rfe'‘1 

fait dp ' aifemenr , & l’on en 

oontient™;*’"™ volume il ne 

le» ne doh^''''' butireufes, 

même par ’^^llent teter aifément , 

lait eft une ’ P^^*" l^l^uels leur 

IbiK , comme ; elles 
ms vaches & les brebis 

Mii] 


f 


Z "JO Hijloire Naturelle 

fiijettes à etre tetees par îa couleuvre» ^ 
encore par un oifeau connu fous le noui 
de tete ~ chevfc ou crapaud -volant » 
s attache à leur mamelle pendant la nuit ? 
& leur fait, dit -on, perdre leur lait. 

^ chevres nont point de dents in' 
emves a^ la mâchoire fupérieure celles 
de la mâchoire inférieure tombent & fe 
renouvellent dans le mène temps & dans 
je meme ordre que celles des brebis : les , 
nœuds des^ cornes & des dents peuvent | 
indiquer 1 âge. Le nombre des dents n^eft i 
pas conftant dans les chevres ■, elles en ' 
ont ordinairement moins que les boucs, f 
qui ont auffi le poil plus rude , la barbe ' 
& les cornes plus longues que les- chèvres. ■ 
Ces animaux, comme les bœufs & les ‘ 
moutons , ont quatre eftomacs & rumi' | 
nent : 1 elpcce en efl plus répandue que • ' 
celle de la brebis ; on trouve des chèvres 
lemblables aux nôtres dans plufieui'S ' 
parties du monde j elles font feulement ■ I 
plus petites en Guinée & dans les autres | 
pays^ chauds -, elles font plus grandes en f 
Molcovie & dans les autres climats froids, j 
Les chèvres d Angora ou de Syrie , ^ ] 
oreilles pendantes , font de la mêi»e \ 



le bouc . 







-PL £■ P . 


l.i: liOT^C BAXOOIIA. 





de la Chèvre. lyt 

'Espèce que les nôtres -, elles fe mêleiu & 
produifent enfenifale j même dans nos 
climats : le mâle a les cornes à peu près 
suffi longues que le Bouc ordinaire , mais 
dirigées & contournées d\me manière 
dtfterente •, elles s*étcndenr horizontale- 
*^ent de chaque côté de la tête , & for- 
l'sent des fpirales à peu près comme 
tire-bourre. Les cornes de la femelle 
font courtes , & fe recourbent en arrière , 
en bas & en avant -, de forte qu’elles 
aboutiflent auprès de i’œil, & il paroît 
que leur contour & leur direction varient. 
Le bouc & la chèvre d’ Angora , que 
nous ayons vus à la Ménagerie du Roi , 
les ay oient telles que nous venons de les 
décrire -, & ces chèvres ont , comme 
prefque tous les autres animaux de Syrie, 
le poil très -long, très -fourni, & fi fin 
qu’on en fait des étoffes auffi belles ôc 
auffi luftrées que nos étoftés de foie. 



M iiij 


Z"] Z Hijîoire Naturelle 


LE COCHON, 

LE COCHON DE SIAM^ 


E T 


LE SANGLIER. 


ou S mettons enfemble le cochon, 



le cochon de Stam & le fangirer , 
parce que tous trois ne font qifune feuîe 
& même efpèce -, l’un eft l’animal fau- 
vage , les deux autres font l’animal do- 
meftique, & quoiqu’ils diffèrent par 
quelques marques extérieures, peut-être 
aulïï par quelques habitudes , comme 
ces différences ne font pas effèntielles , 
qu’elles font feulement relatives à leur 
condition , que leur naturel n’efl pas 
même fort altéré par l’état de domeffi- 
cité , qu’enfin ils produifent enfemble 
des individus qui peuvent en produire 
d autres , caraéfere qui conftitue l’unité 
& la confiance de l’efpèce , nous n’avons 


pas du les féparer. 


du Cochon, &c. 273 

en^a [o»5 fmguliers -, refpèce 

ifnU ’ ’ unique -, elle ell 

^ lemble exifter plus folitaire- 
d’au*” autre-, elle n'ell voifine 

conCe regarder 

telle ni comme accellbire , 

à cell'^'îf J cheval relativement 

rf>h • Pefpèce de la chèvre 

fuie ^ •’ 

comm. “ u"^ grande variété de races 
comme celle du chien , elle participe de 
pliifieurs efpeces, & cependant elle cüftère 
eflentiellement de toums. Que cl^ a^i 

Sir' 1 *“ ^ * P-“« fyt 

a" SSI k “ fS “""«s 

te dans les bornes dune formule , con- 
fiderent avec nous cet animal, & voient 

ÏL leurs méthode- 
Pat les extrémités il „e relTemble pot^ 

qSu ï'“ par. 

?oi.u à SS 

pmrqlSu “ré'eCeî 

qlS'SSt t”S • 

point à ceux rr ■’ «e rciremble 

Puifqu il ne She Mpèdes. 

marche que fur deux doigts , 

M V 


2 74 Hijloire Naturelle 

& que les deux autres ne font ni déve- 
loppés , ni pofés comme ceux des fifli' 
pèdes , ni même allez alongés pour qu’il 
puilTe s’en fervir. Il a donc des carac- 
tères équivoques, des caradères ambi- 
gus , dont les uns font apparens & leS 
autres obfcurs. Dira- 1- on que c’eft unC^ 
erreur de la Nature •, que ces phalanges > 
ces doigts , qui ne font pas alTez déve- 
loppés à l’extérieur , ne doivent point 
être comptés ? mais cette erreur eft conf- 
tante, d’ailleurs cet animal ne relîènibl^ 
point aux pieds fourchus par les autres oS 
du pied , & il en didère encore oar le* 
caraderes les plus frappans 5 car ceux-ci 
ont des cornes & manquent de dents 
incifives à la mâchoire fupérreure j ils 
ont quatre eftomacs, ils ruminenr, &c. 
Le cochon n’a point de cornes , il a des 
dents en haut comme en bas , il n’a qu’uH 
cftomac , il ne rumine point -, il eft don^ 
évident qu’il n’eft ni du genre des foU' 
pèdes , ni de celui des pieds fourchus ; H 
n’eft pas non plus de celui des fijf pèdes > 
puifqu il diftère de ces animaux non - feU' 
lement par 1 extrémité du pied , mais en- 
core par les dents, par l’eftomac , par les 


du Cochon, &c. 27^ 

wteftins, par les parties intérieures de la 
^ ieration,&c. Tout ce que l’on pourr oit 
i ^ S[*^-fl lâit la nuance, à, certains 

Sat s, entre folipèdes & les pieds 
vipA ^ ^ d’autres égards entre les 
^^Mpèdesi car il diffère 
P , ^'^^folipedes que des autres, par 
nombre des dents j il leur 

inâchohres lalongement des 

acnoires, ti na , comme eux , qu’un 

pîrtm’. a “ eft beaucoup 

P grand •, mais par une appendice 

qui y tient , auffi~bien que patlapofition 

tTedTf^'l' ' rapprocher des 

fé nbl{ r illeurref- 

rf;' ,1e par les parties extérieures 

de la génération , & en même temps il 
reffemble aux JÎJJÎpèdes par la forme de 

jambes, pari-habitude du corps, parle 

Z I r 8'“«o» Àril-! 

fote eft le premier ra; qui ait divifé les 

^ ^ Q.^^^d.rupedum auum nun» r 

'j;-' '■ “«'S:S“ sï 

Alla bifu.1 

ores. capm unguU kabcant.ut 

Vide, ut Me 

Etdis nommantur, ut tqmts , mulut 

M Vj 


2 7 <3 Hijîoire Naturelle 

animaux quadrupèdes en folipedes , pieds 
fourchus & fiffipèdes j & il convient que 
le cochon eft d’un genre ambigu ; mais 
la feule raifon qu’il en donne , c’eft cpie 
dans rillyrie , la Pœonie & dans quel- 
ques autres lieux il fe trouve des co- 
chons folipedes. Cet animal eft encore 
une efpèce d’exception à deux règles 
générales de la Nature, c’eft que plus les 
animaux font gros, moins ils produifent , 
& que les fiffipèdes font de tous les 
animaux ceux qui produifent le plus -, le 
cochon , quoique d’une taille fort au- 
delTus de la médiocre , produit plus 
qu’aucun des animaux fiffipèdes ou au- 
tres -, par cette fécondité , auffi-bien 
que par la conformation des tefticules 
ou ovaires de la truie, il femble même 
faire l’extrémité des cfpèces vivipares , & 
s’approcher des efpèces ovipares. Enfin 
il eft en tout d’une nature équivoque y 
anibiguë, ou, pour mieux dire, il pa- 
rotr tel à ceux qui croient que l’ordre 

Genus fane fuillum ambiguum eji; nam & in terr^ 
lliyrioritmf 6* inV(eonia,& nonnuîlis aliis locis 
folipedes gignuntur, Aiiftot. de Hift. animal, lib. IX f 
cap. I. 


Cochon y &c. 277 

%pothétique de leurs idées fait l’ordre 
ia h ' ^ 5 & qui ne voient , dans 

Do^ infinie des êtres , que quelques 
^PP^'-^ns auxquels ils veulent tout 
rapporter. 


i* ’ 

de point en relTerrant la fphère 

Un J ’^nre & en la renfermant dans 
» étroit , qu’on pourra la con- 

itte j ce n efl; point en la faifant acic 
par des vues particulières qu’on faura la 

f P pourra la deviner -, ce 
neft point en lui prêtant nos idées qu’on 
approfondira les deileins de Ton Auœur : 
au lieu de relTeuer les limites de fa puif- 

julque dans iimmenlité-, il faut ne rien 
voir dimpoffible, s’attendre à tout, & 
fuppofo que tout ce qui peut être, eft. 
Les elpeces ambiguës , les productions 
irregulieres, les êtres anomaux cefferont 

font ° ^ 

pïnt fr- reml 

luédiaires il ”®^ds , les points inrer- 
mités • ces ^^''qrient auffi les extré- 
mités . ces etres font pour l’efprit humain 


278 Hijioire Naturelle 

des exemplaires préeieiix , uniques , où 
la Nature paroillànt moins conforme ^ 
elle -même, fe montre plus à découvert, 
où nous pouvons reconnoître des carac- 
tères finguliers , & des traits fugitifs qui 
nous indiquent que fes fins font bien 
plus générales que nos vues , & que fi 
elle ne fait rien en vain , elle ne fait rien 
non plus dans les defleins que nous lui 
fuppofons. 

En effet , ne doit -on pas faire des 
réflexions fur ce que nous venons d’ex- 
pofer ! ne doit-on pas tirer des induc- 
tions de cette fingulière conformation 
du cochon ! il ne paroîr pas avoir été 
formé fur un plan original, particulier 
& parfait, puifqtfil eft un compofé des 
autres animaux ; il a évidemment des 
parties inutiles , ou plutôt des parties 
dont il ne peut faire ufage , des doigts 
dont tous les os font parfaitement formés, 
& qui cependant ne lui fervent à rien- 
La Nature eft donc bien éloignée de 
s aflùjettir à descaufes finales dans lacom- 
pofition des êtres ; pourquoi n’y met- 
troit-eiïe pas quelmiefois des parties 
furabondantes , puilqu’elle manque fi 


^ du Cochon^ &c. 279 

^ des parties eflentielles ? 
^efem&"J a- 1- il pas d'animaux privés 
On ^ membres ! pourquoi veut- 
Pq- chaque individu toute partie 

oe autres & nécelhaire au tout ? 

enfpi-niV*^ qu’elles fe trouvent 

le, qu’elles ne fe nuifent pas, 
p. J, \Puiflent croître fans obftacle & 
s’oblitérer mutuelle- 

pour ie derruri-e, tout ce qui peut fub- 

^''1“^"'“=. «fe. ^^.nîr, 

a-t-il , dans la plupaiT des êtres, moins 
de parties relatives , utiles ou néceffaires , 

furabÎP'“^' ÿtftérentes, inutiles ou 
urabondantes. Mais comme nous vou- 
bns toujours tout rapporter à un certain 
but , lorfque les parties n’ont pas des 
ufages apparens , nous leur fuppofons 
des ufages cachés , nous imaginons des 
rapports qui n’ont aucun fondinent, qui 
«exrftent point dans la nature des chifes 

&qui ne fervent qu’à l’obfcurcir « 
oe faifonc T,-. -i. “ luoicurcir : nous 

la pbiIofo£^^^”"°" 
l’objet, q»; _n’ dénamrons 

des chofes 1 connoître le, comment 
> la manière dont la îslature 


2 8o HiJIoire Naturelle 

agit -, & que nous fubftituons à cet objet 
réel une idée vaine, en cherchant à de'' 
viner le pourquoi des faits , la fin qu’elle fe 
propofe en agiffant. 

C cft pour cela qu’il faut recueillit 
avec foin les exemples qui s’oppofent 
à cette prétention , qu’il faut inlifter fut 
les faits capables de détruire un préjugé 
auquel nous nous livrons pat 
goût, une erreur de méthode que nous 
adoptons par choix , quoiqu elle ne tende 
qu’à voiler notre ignorance , & quelle 
foit inutile , & même oppofée à la re- 
cherche & à la découverte des effets de 
la Nature. Nous pouvons , fans fortir 
de notre fujet , donner d’autres exemples 
par lefquels ces fins que nous fuppofons 
lî vainement à la Nature , font évidem- 
ment démenties. 

Les phalanges ne font faites, dit- on, 
que pour former des doigts ; cependant 
il y a dans ^ le cochon des phalanges 
inutiles , puilqu’elles ne forment pas des 
doigts dont il puifle fe fervir ; & dans 
les animaux à pied fourchu, il y a de 
petits o% ( a) qui ne forment pas même 
U) M, DâUbenton efl le premier qui ait fait cette decourerte» 


du Cochon , &c. 281 

cnr-li ’ ” sft-xl pas évident que dans le 
de ^ ^ exécuté que la moitié 

Dein«*n ^ autres à 

Pemela-c.elle commencé? 

trouve tine membrane qui fé 

de h ■ ^ ^ produit de la génération 
& rTe ^ jument , de la vacbxe 

lUei-nK autres animaux 5 cette 

œ us , elle eft faite, dit -on, pour rece- 

*ns ir;”,3c fi»” 

Vo.veànaftan.delxnxrLt.fS:': 

"fft pas confidérable-, da„s TaTaX 

OU elle eft peut-être plus abondante ouè 
ins tout autre anijl . elle fe Si ' 

SS'eft pintes, & la capacité de rallal 
proportion "7 ^ aucune 

«embrane ïorfaT' “^^Jets. Cette 

forme de cto^ff^^ poche en 

quatorze piedo ’ longue de treize à 

même douze Dmi”^ ^ 

pouces de diamètre. Faut -il. 


282 Hijîoire Naturelle 

pour ne recevoir que trois ou quatrfl 
pinces de liqueur , un vaiflèau dont 1^ 
capacité contient plufieurs pieds cubes • 
La veffie feule du fœtus , fi elle n'eut 
pas été percée par le fond , fuffifoit pouï 
contenir cette petite quantité de liqueur > 
comme elle fuffit en effet dans rhomme > 
& dans les efpèces d’animaux où ToH 
n’a pas encore découvert l’allantoïde* 
Cette membrane n’eft donc pas faite dan* 
la vue de recevoir l’urine du fœtus , 
même dans aucune autre de nos vues î 
car cette grande capacité eft non-feul^ 
ment inutile pour cet objet, mais au® 
pour tout autre , puifqu’on ne peut pa® 
même fuppofer qu’il foit poffible qu’elle 
fe rempM'e , & que fi cette membrane 
écoit pleine', elle formeroit un volume 
prefque aulli gros que le corps de rani' 
mal qui la contient , & ne pourroit pat 
conféquent y être contenue : & comme 
elle fe déchire au moment delanailïànce» 
& qu’on la jette avec les autres mem' 
branes qui fervoient d’enveloppe aU 
fœtus , il eft évident qu’elle eft encore 
plus inutile alors qu’elle ne l’étoit aupa' 
ravant. 


du Cochon , C’c. 285 

des mamelles eft, dir-on , 
’ dans chaque efpèce d’animal , au 
J ^ petits que la femelle doicpro- 
ire & allaiter : mais pourquoi le mâle , 

naîJ^^ I produire, a-t-il ordi- 
‘■‘letit le même nombre de mamelles ; 
Q dans la truie , qui fouvent 

> dix -huit, & même vingt petits , 

moif “''"ï mamelles , fouvent 

is , & jamais plus î ceci ne prouve- 

les nous pouvons juger des 

ouvrages de la Nature , que Sus ne 
Jvons pas lui prêter d’auffi petites 
vues , la foire agir par des convenances 
iiorales -, mais examiner comment elle 
agit en effet , & employer pour la com 
noitre , tous les rapports phyfiques que 
nous prefente Timmenfe variété de^fo! 
produdions? J’avoue que cette méthode, 

oueÊ ^ 8U1 puiffe nous conduire à 
quelques connoiflances réeUes eff în 

s>'ê iw; 

îa Nature .. dans 

pies précéden^d"^ 

de rapplique, avee" T""'" 

rr '1 r avec lucccs ; cependant , 


284 Hijloire Naturelle 

au lieu de chercher à quoi fert la grande 
capacité de railantoïde , & de trouver 
qu’elle ne fert & ne peur fervir à rien 5 
il eft clair qu’on ne doit s’appliquer qu’à 
rechercher les rapports phyfiques qui 
peuvent nous indiquer quelle en peut 
être l’origine. En obfervant , par exemple» 
que dans le produit de la génération 
des animaux qui n’ont pas une grande 
capacité d’eftomac & d’inteftins , l’allan- 
toïde eft ou très -petite , ou nulle ; que 
par conféquenr la produclion de cette 
membrane a quelque rapport avec cette 
grande capacité d’inteftins , &c. de même 
en confidérant que le nombre des ma- 
melles n’eft point égal au nombre des 
petits , & en convenant feulement que 
les animaux qui produifent le plus , font 
auffi ceux qui ont des mamelles en plus 
grand nombre , on pourra penfer que 
cette produétion nombreufe dépend de 
la conformation des parties intérieures 
de la génération , & que les mamelles 
étant auffi des dépendances extérieures 
de ces memes parties de la génération » 
il y a entre le nombre ou l’ordre de ces 
parties & celui des mamelles 3 un rapport 


du Cochon, &c, 285 

^ * découvrir, 

foute L - n indiquer la vraie 
plus loin P"' de la fuivre 

pécher r^’ ^opendant je ne puis m'em- 

qoelque.raifoWe f" 

fluaion n T ‘^^.P“PP°ler que la pro- 

^ouformari 1® 

génération CTue d’ «iténeures de la 
f^e n’efl: nr>'^ j aucune autre caufe : car 
dante des lim ^"1., 'ipandré plus abon- 

lo .6»n^ l 2 Z: ‘ST 

Puilque le cheval , le cerf Fe hr'^^V 

Mie. ”'Ptocluir"n[q“e?p*éntn"‘ h""' 

tandis que le chien? le cha /îFT ' 
animaux , aui nnnr > ^ d autres 

quantité de’liqucur uSc "’f"*' 
“eot à leur volîmie prlTr ’ 

«ombre. Ce nVn- ’ ^ ^ grand 

fréquence de? Lr r" P^“^ * 

"««abre dépend • F^Po^T 

le cochon & le rh; ^ alluré que 
d un feul accoiml ^^Poin que 

^ produire en F ’’'• Pour produire , 
dlllce de nombre. La lonciie 

‘‘"'ooplemcnt . „„ . 


286 Hijîoire Naturelle 

mieux dire, du temps de Témiffion 
la liqueur féminale , ne paroît pas nO'’ 
plus être la caufe à laquelle on doi''^ 
rapporter cet effet -, car le cliien ne 
meure accouplé long -temps que par^f 
qu'il eft retenu par un obffacle qui na'‘ 
de la conformation même des parties > 
& quoique le cochon n’ait point 
ohftacle , & qu'il demeure accouplé pb'* 
long -temps que la plupart des autres 
animaux , on ne peut en rien conclut^ 
pour la nombreufe produétion , puis- 
qu’on voit qu'il ne faut au coq qu't^’’ 
inftant pour féconder tous les œU^ 
qu’une poule peut produire en un mois* 
J'aurai occafîon de développer davaa' 
tage les idées que J’accumule ici , daii^ 
la feule vue de faire fentir qu’une fimp^ 
probabilité, un foupçon , pourvu qu^* 
foit fondé fur des rapports phyliqueS ’ 
répand plus de lumière & produit pl^'* 
de fruit que toutes des caufes final*^ 
réunies. 

Aux fingularités que nous avons déj* 
rapportées , nous devons en ajouter uO^ 
autre , c’eft que la grailfe du cocho^' 
fft différente de celle de prefque tous 1^^ 


àe Cochon, &c. 287 

meiu quadrupèdes, non-feule- 

I animoF T dans le corps 

^nimauv d^ l’homme & 

‘^unime U de fuif, 

uiélée avecî'^î • > &c. eft 

dans le ^ ‘^g^iement ; le 

«e fe tron &c. 

: mafskTï^ extrémités de la 
«'ê!é avec ïa ch JF ™ 

nhtés de la chair il h extré- 

& forme rme eouct"““r P”-"""’ 
& continue entre !a chiifV i'*''*'”'®' 
Le cochon a cela de 7 ^ ^ P^^"' 

■baleine & les anrr^ . ba 

dont la graille n’eP- cétacés , 

l=rfàpe%;f ^"““= cfpèce de 

gtinde qucTès au?£“'“™V pI» 

tie perd aucune rT c’ ^ que le cochon 
ies autres animonv^ ® ptemiètes dents : 

aux , comme le cheval 


z8 8 HiJIoire Naturelle 

râne , le bœuf , la brebis , la chèvre > 
ie cliien , & même l’homme , perdent 
tous leurs premières dents incifives ; 
dents de lait tombent avant la puberté» 
& font bien-rôt remplacées par d’autres • 
dans le cochon , au contraire , les depi^^ 
de lait ne tombent jamais , elles croilTei’^ 
même pendant toute la vie. Il a lîx defl^^ 
au-devant de la mâchoire inférieure ’ 
qui font incifives & tranchantes ; ü ^ 
aulîî à la mâchoire fupérieure fix den'® 
correfpondantes 5 mais par une impe^' 
fection qui n'a pas d’exemple dans “ 
Nature , ces fix dents de la mâcbo^^ 
fiipérieure font d’une forme très-diu*'' 
rente de celle des dents de la mâchoif^ 
inférieure : au lieu d’être incifives & trai*' 
chantes , elles font longues , cylindrique’ 
& émouffées à la pointe; en forte qu’elle* 
forment un angle prefque droit aV^ 
celles de la mâchoire inférieure , 
qu’elles ne s’appliquent que très -obliqué 
ment les unes contre les autres par leu^* 
extrémités. 

Il n’y a que le cochon & deux 
trois autres cfpèces d’animaux qui ai£^ 
des défenfes ou des dents canines rrr* 

alongé^® ’ ' 


, Cochon, 289 

"Selles f dents 

î«Phanc&L^ Dansré- 

îindnques & elles font cy- 

'^‘'>iîs le fa, , 0 . 1 - "l'^'f * quelques pieds \ 

^ourber?r 

plates ’ eiîes 

* neuf tranchantes , & j'en ai vu 

font P. f longueur : elles 

falvéole r& eTles"ont^''°fr 

de f elé;htt Se -™‘- celles 

mite fupérieure -, mal îtr u'"" 
vache marine nW de ^ 

mâclioire fupérieure ^ ^> à la 

de dents canines à la nS «’eme 

-lieu que te^ochrSllf/-- 

en ont aux deux mâchoires i 
a machoirç inférieure fontlf f 

ianunal; elles font auffi 1,5 1“' * 

^vecles défeife 

^ fangher bleffe. ^ ’ S[tic 

mâchoire inférieure ■ ^ ia 

^oaucoup nioins on croiff'ent 

^ fortent prefî du mâle , 


2 5)0 Hijîoîre Naturelle 

Outre ces feize dents , favoir , douze io' 
cifives & quatre canines , ils ont encore 
vingt -huit dents mâchelières , ce quX 
fait en tout quarante - quatre dents. Le 
fanglier a les défenfes plus grandes , le 
boutoir plus fort & la hure plus longue 
que le cochon domeftique , il a aulli leS 
pieds plus gros , les pinces plus féparees 
& le poil toujours noir. 

De tous les quadrupèdes , le cochon 
paroît être l’animal le plus brut -, les im- 
perfeâions de la forme femblent influer 
fur le naturel , toutes fes habitudes font 
groflières , tous fes goûts font immondes » 
toutes fes fenfations fe réduifent à une 
luxure furieufe & à une gourmandife 
brutale , qui lui fait dévorer indiftinc" 
tement tout ce qui fe préfente , & même 
fa progéniture au moment qu’elle vient 
de naître. Sa voracité dépend apparem' 
ment du befoin continuel qu’il a de renr 
plir la grande capacité de fon eftomac > 
& la grofïïèreté de fes appétits , de l’hC' 
bétation du fens , du goût & du touchet' 
La rudeflë du poil , la dureté de 1^ 
peau J l’épaifleur de la grailTe , rendent 
ees animaux peu fenfibles aux coups * 


Cochon, &c. 291 

dos,&7èu?^f Souris fe loger fur leur 

fans cru’ils ^ 

donc il tn fentir. Ils ont 

r°“ ^ 2°’^'^ 

^sns l'ont i^ toucher: leurs autres 

pas que j ’ J?® chalTeurs n ignorent 

puifqu'ils font 

^^^enîe’eÏÏl ‘ 

fe placer Pendant la nuit , & 
détoberà leur odf 5 ?* 

îes frappent'elor ‘ï-i 

vivement pour leur fe; ^'^l^tirs a fiez 

«brcflir^chëmit ^'"“"P 

gou?l2“Set“r‘“ '■'“ "" 

par une maladie qui les renrf î ^^'S'^entée 
à-dire , prefque^hU 

Nij 


29 î HiJIoire Naturelle 

dévorer , & qui vit ordinàireiuetit de 
grain , de fruits , de gland & de racines j 
n’eft point fujet à cette maladie , non 
plus que le jeûne cochon pendant qu’i^' 
tette : on ne; la prévient même qii’en 
tenant le cochon domeftique dans un2 
étable propre , & en lui donnant abon- 
damment des nourritures faines. Sa chair 
deviendra même excellente au goût , ôc 
le lard ferme & caflànt , fi , comme ]e 
l’ai vu pratiquer , on le tient pendant 
quinze jours ou trois femaines , avant de 

le tuer, dans une érable pavée & toujours 

propre , fans litière , en ne lui donnant 
alors pour toute nourriture que du grain, 
de froment pur & fec , & ne le lailîant 
boire que très,- peu. On choifit poiif 
cela un jeune cochon d’un an, en bonne 
chair & à moitié gras. 

La manière ordinaire de les engraififer > 
çft de leur donner abondamment de 
rdrge , du gland , des choux , des le' 
gumes cuits & beaucoup d’eau mêlée 
de fon ; en deux mois ils font gras , 1^ 
lard eft abondant & épais , mais fans être 
bien ferme ni bien blanc , la chair 5 
guoique bunne , eft toujours un p?'* 


facî Cochon, &c. 25,^ 

les engraiffer avec 
oi\ il V dans les campagnes 

menant de glands , en les 

tonine î 7 pendant 1 ali- 
gne la oUA glands tombent j & 

^’ivelonTi^*’^'®”f ^ quittent leurs 

tous le? ’ r également de 

«|> peu '“‘'"f '■ * ■)> engtailTent 

maie 7 L' * I-eaii tiède 

d-ivSe c’ q,“-,?° 1“ * feme 

'-’i'- 5 cette boiflon les faît- „ 

augmente tellement leur emboïï.''-' 
qu on en a vil Embonpoint , 

«i Ptefque fl renm^r , 

beaucoup plus promptemSfen‘Î"' 
dans le temns Hpc automne 

à caufe deTaboSar^^^i"'^^ 

qtie parce qu alors h îa ’ 

ntoindre qu’en été. ^ eft 

du wtSr"^/£’ 

^.^ugrailTer: plus H vSr 

^^fttation r,- bonue. 

ceder l’engrais* ’-°ujours pré- 

sage de fix mois ^ P^dinairement à 
uaois , au printemps ou en 

N iij 


Z 5) 4 Hijîoire Naturelle 

automne , & jamais dans le temps de» 
grandes chaleurs ou des grands froids > 
qui rendroient également la plaie dan- 
gereufe ou düEcile à guérir -, car c’eft 
ordinairenjent par incilion que fe fait 
cette opération , quoiqu’on la fa lié aulTl 
quelquefois par une fimple hgature > 
comme nous l’avons dit au fujet deS 
moutons. Si la caftration a été faite ail 
printemps , on les met à l’engrais dès 
l’automne fuivante , & il eft alléz rare 
qu’on les lai Hé vivre deux ans -, cepen- 
dant ils croiflént encore beaucoup pen- 
dant la fécondé , & ils continueroient de 
croître pendant la troi/îème, la quatrième» 
la cinquième , &c. année. Ceux que l’on 
remarque parmi les autres par la grandeur 
& la groITeur de leur corpulence, ne font 
que des cochons plus âgés , que l’on 3 
mis pluiîeurs fois à la glandée. Il paroît 
que la durée de leur accroiflément ne 
fe borne pas à quatre ou cinq ans : Ie^ 
verrats ou cochons mâles , que l’on garde 
pour la propagation de l’elpèce , grol- 
lillént encore à cinq ou fîx ans -, & plu® 
un fanglier eft vieux , plus il eft gros ) 
dur & pefant. 


àu Cochon^ &c. 29 ^ 

fanglier peut 
ans 

J.Q T ’ *^iftote dit vingt ans pour ies 
niàlp°*^^ general , & ü ajoute que les 
Prort! T ^ femelles 

?accof?^ II* peuvent 

d’un ^ 

oii’Hc mieux attendre 

i^a dix -huit mois ou deux ans. 

notnSf f " eft pas 

nSme im. ’ r •* P"“" ^“Wes , & 
an. Elle e^^pir*^V P*a pas un 

<,"e“Zr! '‘™r' !” êf 

srS’èuifr ■ '= 

de la triiiT rr ' v”’ chaleur 

^e marmip’ continuelle, 

-lis pT *?“*“ P” ■!“ & 

'^«d'iFouUloux. Parif. tSt^, 

N iiij 


Z 9^ JJiJloire Naturelle 

abondante-, elle porte quatre mois, tae^ 
basai! commencement du cinquième, & 
bientôt elle recherche le mâle , devient^ 
pleine une Teconde fois , & produit par 
confequent deux fois l’année. La laie > 
qui reflemble à tous autres égards à la 
truie , ne porte qu’une fois l’an , appsf 
remment par la dilette de nourriture , Si 
par la néceffité où elle fe trouve d’al- 
iaiter & de nourrir pendant long-temps 
tous les petits qu elle a produits ; au lieu 
qu on ne foudre pas que la truie domeP 
tique nourrilTe tous fes petits pendant 
plus de quinze jours ou trois femaines ! 
on ne lui en laifl'e alors que huit ou neuf 
a nourrir , on vend les autres -, à quinze 
jours ils font bons à manger : Sc comme 
1 on n’a pas befoin de beaucoup de fe- 
meJes, & que ce font les cochons coupés 
qui rapportent le plus de profit , & dont 
la eliair eft la meilleure , on fe défait 
des cochons de lait femelles, & on ne 
lanle a la inère que deux femelles avec 
lept ou huit mâles. 

Le male qu on choilît pour propager 
avoir le corps court , re- 
malle , & plutôt carré que long , la tête 


rofT &c. 297 

grandes oreilles 

ardens le ? , les yeux petits & 

avalé, les felT^' le ventre 
^ grodes jambes courtes 

r:ochons H & "“res: 

P°rts que lesnnf^^r”® ^°P'' 

"°rps lonp. I ^ rruie doit avoir le 

^«"lamélfes t & large, 

d un natuSr^' ' ^"ir 

fécondé. Dès qu’elïTft 

Peparedu mâle^oui T.^ P 1^ 

fr lorfqu elle ^Tll^Tn 1 ’ 

largement, on la vp!!!»’ ,, nourrit 

de dévorer quelques „„ ^ ^‘"P^cher 

^ on a grand^ foin d en ét ^ 

qnl les ménaeeroit e,f Père > 

la fait couvrit au / “onis. On 
printemps , afin queTerr^"'^"'^”' 

"" été, aient le ^ 

Po fortifier, & demtrïdpf 

deux fois par an nn i ■ j porter 
?" de\rovemb " ntâle 

au mois de mats '"otte 

vnr une fécondé foi/ ^ ^ cou- 

de mai. Il y , A commencement 

i' « moiK des .ruies qui 
N V 


298 Hijîoire Naturelle 

produifent régulièrement tous les crn^ 
mois. La laie, qui, comme nous i’avons 
dit , ne produit qu\ine fois par an » 
reçoit le mâle au mois de janvier ou de 
février , & met bas en mai ou juin -, eH® 
allaite fes petits pendant trois ou quatre 
mois, elle les conduit , elle les fuit, ^ 
les empêche de fe féparer ou de s’écat' 
ter , jufqu’à ce qu’ils aient deux ou trol* 
ans ; & il n efl; pas rare de voir des laies 
accompagnées en même temps de leurs 
petits de l’année & de ceux de l’année 
précédente. On ne fouffre pas que î* 
truie domeftique allaite fes petits pen'' 
dant plus de deux mois -, on commence 
même , au bout de trois femaines , à le? 
mener aux champs avec la mère , pouf 
les accoutumer peu à peu à fe nourrit 
comme elle : on les levre cinq femaine* 
après , & on leur donne foir & matin de 
petit lait mêlé de fon , ou feulement d® 
î’eau tiède avec des légumes bouillis. 

Ces animaux aiment beaucoup les vet* 
de terre & certaines racines , comme ceil®* 
de la carotte fauvage , c’eft pour trouvct 
ces vers & pour couper ces racines » 
qu’ils fouillent la terse avec leur boutoir- 


du Cochon J &c. 2,^^ 

ïo»- 

fourll ^'-' cochon , 

Drofr! ^ Pfofondément -, il fouille aulTi 
le t-nè!^ 'toujours en ligne droite dans 
fonillp^^'^^ cochon 

Comme’ H?- ^ légèrement, 

faut iVU- de dégât, il 

ne ÎP ^ terreins cultives , & 

terres les 

s qu on lailTe repofer. 

Un appelle e„,e,„„ je chalTe, fô„ 
SlféT^”“' *“ ‘■“S”™ nom ml 

âs^i sTefrr'’"" >1"' S 
Ses & O, -l 'F”'"' P“ ““ d« 

clenSSmî SrSes T'"' 

qtie dépend leur^fûrS • 

les pluleto, 1' 

'4 îef f' Prellinr en 

‘Mettant les ^ 

cochons donfeft-^ ^es 

de la mêS défendent auffi 

manière, & l’on n’a pas 
Nvj 


300 Hijîoire Naturelle 

befoin de chiens pour les garder -, inai5 
comme iis font indociles & durs , un 
homme agile & rohufte n’en peut guère 
conduire que cinquante. En automne Se I 
en hiver, on les mène dans les forêts 1 
où les fruits fauvages font ahondans i 
i’été , on les conduit dans ies lieux hu' 
mides & marécageux , où ils trouvent 
des vers & des racines en quantité j Si 
au printemps , on les laide aller dans les 
champs & fur les terres en friche : on 
les fait fortir deux fois par jour , depuis 
le mois de mars Jufqu’au mois d’oétohre j 
on les lailfe paître depuis le matin , après 
que la rofée eft dillipée, jufqu’à dut 
heures , & depuis deux heures, après 
midi jufqu’au loir. En hïver,. on ne les 
mène qu’une fois par jour dans les beaux 
temps : la rofée , la neige & la pluie leur 
font contraires. Lorfqu’il furvient un 
orage ou feulement une pluie fort abon- 
dante, il eft adez ordinaire de les voir 
déferrer le troupeau les uns après le* 
autres , & s’enfuir en courant toujours 
criant jufqu’à la porte de leur étable : 
les plus jeunes font ceux qui crient lu 
plus & le plus haut -, ce cri eft diûérenr 


^ du Cochon y &c. 301 

ordinaire , c'eft un 
cris cni’H fembbble aux premiers 

PorÆ g-°«e 

ftni.lt d'eiWre le 

fe bar lorfqu’il 

pris & ^uc- 

avec fubitemenc, ils foufflent 

^“neg,a„t’'d£"".’ 

comme le» lo„’,, 

art';“y.-st?T'" 

»'..ÎJ.'EK;iï'~ 

S“ clli tr‘‘ ? '‘“P««tfo.feau ; 

^tgmnÔltf ” rtîl'”® V' 

cochons luaneenr knrc ’ 

*%®6naSetc'a“ H?.®.’, * ‘’'™' 

rjrielque chofe rT r ‘ •trouvent 

de gras 8c d on/v^ acculent , d’humide ,, 
fa «cclonAueux, ds le lèchent & 


3 0 î Hijloire Naturelle 

finirent bientôt par l’avaler. J’ai vu plu- 
fieurs fois un troupeau entier de ces ani- 
maux s’arrêter, à leur retour des champs , 
autour d’un monceau de terre glaife nou- 
vellement tirée j tous léchoient cette terre, 
qui n’étoit que très -légèrement onc- 
tueufe, & quelques -uns en avaloient une 
allez grande quantité. Leur gourmandife 
cft , comme l’on voit , auiïi groflière que 
leur naturel eft brutal -, ils n’ont aucun 
fenriment bien diftinél, les petits recon-* 
noillent à peine leur mere , ou du moins 
font fort fujets àfe méprendre, & àteter 
la première truie qui leur laifie faifir 
fes mamelles. La crainte & la néceffite 
donnent apparemment un peu plus de 
fentimenr & d mftinél aux cochons lau- 
vages , il femble que les petits foienr 
fidèlement attachés à leur mere , qui 
paroît être auffi plus attentive à leurs 
befoins que ne l’eft la truie domeftique. 
Dans le remps du rut, le mâle cherche, 
fuit la femelle, & demeure ordinairement 
trente jours avec elle dans les bois les 
plus épais, les plus folitaires & les plus 
reculés. Il eft alors plus farouche que 
Jamais , & il devient même furieux 


du Cochon J &c. 303 

lorfqu’un autre mâle veut occuper fa 
place -, ils fe battent , fe blelTent , & fe 
tuent quelquefois. Pour la laie , elle ne 
devient furieufe que quand on attaque 
fes petits -, & en général , dans prefque 
tous les animaux lauvages , le mâle de- 
vient plus ou moins féroce lorfquil 
cherche à s’accoupler, & la femelle lorf- 
qu’elle a mis bas. 

On chafle le fanglier à force ouverte , 
avec des chiens , ou bien on le tue par 
furprife pendant la nuit au clair de la 
lune: comme il ne fuit que lentement, 
qu’il lailTe une odeur très-forte , qu’il fc 
défend contre les chiens & les blelïè 
toujours dangereufement , il ne faut pas 
le rhaller avec les bons chiens courans 
deftinés pour le cerf & le chevreuil , 
cette chalTe leur gâteroit le nez , & les 
accoutumeroit à aller lentement : des ma- 
tins un peu dreffés fuffifentpour la chafle 
du fanglier. E ne faut attaquer que les 
plus vieux , on les connoit aifement aux 
traces : un jeune fanglier de trois ans eft 
difficile à forcer , parce qu il court très- 
loin s'en s’arrêter , au lieu qu’un fangfler ^ 
plus âgé ne fuit pas loin, fe laifle chafler 


304 Hijîoire Naturelle 

de près , n’a pas grand peur des chiens î 
& s’arrête fouvent pour leur faire tête. 
Le jour , H refte ordinairement dans fa 
bauge , au plus épais & dans le plus fort 
du bois -, le foir , à la nuit , il en fort 
pour chercher fa nourriture : en ete , 
iorfque les grains font mûrs, il eft alfez 
facile de le furprendre dans les blés & 
dans les avoines où il fréquente toutes 
ks nuits. Dès qu’il eft tué , les chafleurs 
ont grand foin de lui couper les fuîtes ^ 
c’eft-à-dire les tefticules , dont l’odeur 
eft fi forte que fi l’on pafle feulement 
cinq ou fix heures lans les ôter route 
la chair en eft infeârée. Au refte, il n’y 
a que la hure qui foir bonne dans un 
vieux fanglier j au lieu que toute la chair 
du marcalfin, & celle du jeune fanglier, 
qui n’a pas encore un an , eft délicate , 
& même aflez fine. Celle du verrat, 
ou cochon domeftique mâle , eft encore 
plus mauvaife que celle du fanglier -, ce 
n’eft que par la caftration & l’engrais 
qu’on la rend bonne à manger. Les 
Anciens étoient dans l’ufage de faire 
la caftration aux jeunes marcaftins qu’on 
* Vide Ariji. hifi. animal, lib, VI, cap. XUVIII. 


du Cochon, Oc. '50J 

pouvoir enlever à leur mère , apres quoi 
On les reportoit dans les bois : ces fan- 
gliers coupes groffififent beaucoup plus 
que les autres , & leur chair eft meilleure 
que celle des cochons domeftiques. 

Pour peu qu’on ait habité la cam- 
pagne } on n Ignore pas les profits qu on 
tire du cochon , fa chair fe vend à peu 
près autant que celle du bœuf 5 le lard 
fe vend au double 5 & meme au triple ; 
le fang , les boyaux , les vifeères , les 
pieds , la langue , le préparent & le 
■iiangent : le fumier du cochon eft plus 
froid que celui des autres animaux , & 
l’on ne doit s’en fervir que pour les 
ferres trop chaudes & trop sèches. La 
Eraifte des inteftins & de 1 épiploon , 
fini eft dift'érente du lard , fait le fain- 
fioux & le vieux -oing. La peau a fes 
^f^ges 5 on en fait des cribles > comme 
^’on fait aufli des vergettes , des brolTes , 
^es pinceaux avec les foies. La chair de 
animal prend mieux le fel , le fal- 
Pêtre , & fe conferve falée plus long- 
temps qu’aucune autre. 

Cette efpèce , quoiqu’abondante & 
fort répandue en Europe , en Afrique 


3 o 6 HiJIoire Naturelle 

8c en Afie , ne s’eft point trouvée dan* 
le continent du nouveau monde -, elle 
y a été tranfportée par les Efpagnols j 
qui ont jeté des cochons noirs dan* 
le continent , & dans prefque toutes le* 
grandes îles de l’Amérique •, ils fe fon^ 
multipliés , 8c font devenus fauvages e» 
beaucoup d’endroits : ils reflemblent ^ 
nos fangliers > iis ont le corps plus court > 
la hure plus grofle , & la peau ph’® 
cpaifle * que les cochons domcftiques > 
qui , dans les climats chauds , font touS 
noirs comme les fangliers. 

Par un de ces préjugés ridicules qu* 
la feule fuperftition peut faire fubfiftet » 
les Mahométans font privés de cet animal 
utile : on leur a dit qu’il étoit immonde > 
ils n’ofent donc ni le toucher , ni s’eP 
nourrir. Les Chinois , au contraire , ont 
beaucoup de goût pour la chair df 
cochon -, ils en élèvent de nombreuît 
troupeaux , c’cft leur nourriture la pK'* 
ordmaire , & c’eft ce qui les a empêchés > 
dit - on , de recevoir la loi de Mahom^' 
Ces cochons de la Chine , qui font aoU' 

•*' Voyez l’hlft. gén. des Antilles , par le P. 
Tertre. Paris , tSS? , tome II, page 


du Cochon, &c. 307 

Ceux de Siam & de 1 Inde , font un peu 
diftérens de ceux de l’Europe •, ils font 
plus petits 9 iis ont les jambes beaucoup 
plus courtes» leur chair eft plus blanche 
^ plus délicate : on les connoit en France > 
^ quelques perfonnes en élèvent -, ils fe 
«Viêlent & produifent avec les cochons de 
^ race commune. Les Negres elevent 
'‘ufTi une grande quantité de cochons » 
^ quoiqu’il y en ait peu chez les Maures , 
^ dans tous les pays habités par les Ma- 
^ométans , on trouve en Afrique & en 
Afie des fangliers auffi abondamment 
'îü’en Europe. 

Ces animaux n’alFeélent donc point 
climat particulier , feulement il paroit 
'lue dans les pays froids le fanglier, en 
'devenant animal domeftique , a plus dé- 
généré que dans les pays chauds : un 
^^gré de température de plus fuffit pour 
changer leur couleur » les ^cochons font 
^Unimunément blancs dans nos provinces 
‘eptentrionales de France , & même en 
^ivarais , tandis que dans la province 
jlu Dauphiné , qui en eft très -voifine » 
font tous noirs \ ceux de Languedoc > 
de Provence , d’Efpagne , d’Itaue , des 


3 c 8 Hijîoire Naturelle y &c. 

Indes 5 de la Chine & de l’Amérique > 
font ailffi de la même couleur ; lé cochon 
de Siam reflemble plus que le coclion 
de France au fanglier. Un des lignes les 
plus évidens de la dégénération , font le* 
oreilles ; elles deviennenr d’autant plus 
fouples , d’autant plus molles , plus im 
clinées & plus pendantes , que l’anima^ 
eft plus altéré , ou, fi Ton veut, plus 
adouci par 1 éducation par l’état 
domellicité ; & en effet , le cochon do' 
meftique a les oreilles Beaucoup moins 
roides , beaucoup plus longues & plus 
inclinées que le langlier , qu’on doit rC' 
garder comme le modèle de l’efpèce. 


I 



i 



l.K VT^IUIAT. 






LE S A X t> LU. H. 


P' ioB' 


TT?. 


LE COCKOX DE SIAJVI 









l 



/Chteîh. 

d'IilandÀ 

\Plxxxi J 


•aponiCj 


f Ch.im\ 
\de Sibérie 
X?7 Xî£ J 


S ^eni\ 
Xianois 
JpIjos 


'^Chien 
lie Berger 
p 1 XX l'in. 


/Lhien\ 

U'iHamc 

1 . Oit 


f ^rand\ 
l>anair 
\j*lxxn:j 


/bra^\ 
( de 
\B enraie 


fa Jambe}\ 
torses , 
\^Ixxxr J 

l\^ta 2 ^ 


t^Chicn^ 
Courant 
\pLxxxii . 


J\[alin 
pI xxr. 


Doque 

tlXLUl 


^/rame\ 

?ljazsjjr. 


'Lev^ner 
, nieits. 


f Grand^ 
Lepriev 
\rl xxm, 


Yûrandy 
Œpeÿ/neul 
g/xxxmri 
\Jia.t 2 - 


.Irtois 


FeUc 

Ipeigneui 


Ctizen 

lAhceeiüi 


Parbet 

Tlxxxrm 


iNorii 


■Midi 




/Ûuen ' 
I.ian 
\j>/ sa. 




LE CHIEN. 

L a grandeur de la taille , l 'élégance 
de la forme , la force du corps , la 
l^ercé des mouvemens , toutes les qua- 
extérieures , ne font pas ce qu'il y 
* tie plus noble dans un être animé : & 
j®>nme nous préférons dans l’homme 
i^fprit à la fig Lire, le courage à la force , 
fentimens à la beauté , nous jugeons 
'l'IIî que les qualités intérieures font ce 
ijril y a de plus relevé dans l’animal -, 
'^ftpar elles qu’il diftére de l’automate, 
l^iil s’élève au-deflus du végétal & s’ap- 
proche' de nous •, c’eft le fenrimcnt qui 
''rnqblit fon être , qui le régit , qui 
® vivifie , qui comtnande aux, organes , 
rend les membres aétifs , fait naître le 
, & doime à la matière le mouvc- 
*rrent progreffif, la volonté, la vie. 

La perfeiSrion de l’animal dépend donc 
la perfection du fentiment -, plus il efl: 
'=rendu, pi us l’animal a de facultés & ife 
relTourçes , plus .H exifte , plus il a de 
lâpports avec le refte. de. l’Univers ; 


310 Hijîoire Naturelle 

lorfque le fentiment eft délicat , exquB 
lorfqu'il peut encore être perfedionU^ 
par réducation , l’animal devient dig'’’’ 
d’entrer en fociété avec l’homme ; il 
concourir à fes delTeins , veiller à fa it 
reté , l’aider , le défendre , le flatter r 
fait, par des fervices allîdus , par 
carefles réitérées , fe concilier fon maittfl 
îe captiver , & de fon tyran fe faire ' 
proteêleur. i 

Le cltien , indépendamment de ^ 
beauté de fa forme , de la vivacité , 
la force , de la légèreté , a par excellen'^'^ 
toutes les qualités intérieures qui peuve”'* 
lui attirer les regards de l’homme, 
naturel ardent , colère , même féro^^ 
& fanguinairc , rend le chien fauvag^ 
redoutable à tous les animaux , & ccî^ 
dans le chien domeftique aux fentimei*^ 
les plus doux , au plaifir de s’attacher ^ 
au défit de plaire i il vient en ramp3<’^ 
mettre aux pieds de fon maître fon co<>' 
rage , fa force , fes talens •, il attend 
ordres pour en faire ufage , il le col’" 
fuite , il l’interroge , il le iiipplie , i"’ 
coup d’œil fuffit , il entend les fignes 
fat volonté : fans avoir , comme l’homni^ ' 


du Chien. 


311 


'^lumière de la penfée , il a toute la 
J^Ieur du fentiment -, il a de jplus que 
la fidélité , la confiance dans les aftec- 
'’Q'is -, nulle ambition , nul intérêt , nul 
de vengeance , nulle crainte que 
de déplaire -, ü efi tout zèle , toute 
^'■deur & toute obeiflance ? plus fenfible 
fouvenir des bienfaits qu à celui des 
''^trages , il ne fe rebute pas par les 
N^vais traitemens 5 il les fubit , les qu- 
5 ou ne s’en fouvient que pour s ar- 
Her davantage -, loin de s’irriter ou de 
V, il s’expofe de lui -même à de nou- 
Mles épreuves , il lèche cette main -, 
'i^fttument de douleur , qui vient de le 
^pper , il ne lui oppofe que la plainte , 
la défarme enfin par la patience & la 

^^inillion. _ , 

Plus docile que l’homme , plus louple 
f^aucun des animaux , non- feulement 
® chien s’infiruit en peu de temps , mais 
il fe conforme aux mouvemens , 
manières , à toutes les habitudes de 


qui lui comniandent \ il prend le 
de la maifon qu’il habite i comme 
autres domefiiques , il efi dédaigneux 
'■l'ez les Grands & rufire à la campagne : 


312 Hijloire Naturelle 

toujours emprefîë pour fon maître <5 
prévenant pour (es léuls amis , il ne 
aucune attention aux gens indiftérens ? 
fe déclare contre ceux qui par état 
font faits que pour importuner •, il 
connoît aux vètemens , à la voix , ^ 
leurs geftes , & les empêche d^approch£i‘ 
Lorfqu’on lui a confié pendant la 
la garde de la maifon , il devient pl? 
fier , & quelquefois féroce -, il veille , 
faîc la ronde •, il fent de loin les étrange^' 
& pour peu qu'ils s'arrêtent ou tentei'' 
de franchir les barrières , il s'élance’ 
s'oppofe , & par des aboiemens réitérés’ 
des eiîorrs & des cris de colère , il doni'^ 
falarme, avertit & combat ; auffi furiei'^ 
contre les hommes de proie que contt^ 
les animaux carnaflîers , il fe précipité 
fur eux , les blelfe , les déchire , leur 
ce qu'ils s'eft'olçoient d’enlever ; mai* 
content d’avoir vaincu il le repofe fi'* 
les dépouilles , n'y touche pas , mcni^ 
pour latisfaire fon appétit & donne d’ 
même temps des exemples de courage ’ 
de tempérance & de fidélité. 

On fentira de quelle importance cett® 
efpèce eft dans l'ordre de la Nature , | 

fuppofai^*' I 


du Chien. 315 

fuppofant un inftanc qu elle n’eût jamais 
exifté. Comment rhomnie aurort-il pu, 
fans le fecours du chien , conquérir , 
dompter , réduire en efclavage les autres 
animaux ; comment pourroit-il encore 
aujourd’hui découvrir , chafler , détruire 
les bêtes fauvages & nuifibles? Pour le 
mettre en fureté , & pour fe rendre maître 
de l’Univers vivant , il a fallu commencer 
par le faire un parti parmi les animaux, 
le concilier avec douceur & par carelTes 
ceux qui fe font trouvés capables de s’at- 
tacher & d’obéir , afin de les oppofer aux 
autres. Le premier art de l’homme a donc 
été l’éducation du chien , & le fruit de 
cet art la conquête & la poflelTion pai- 
fible de la Terre. 

La plupart des animaux ont plus d’a- 
gilité , plus de vîteflé , plus de force , & 
même plus de courage que l’homme ; 
la Narure les a mieux munis , mieux 
*rmés-, ils ont aufli les fens, & fur- tout 
l’odorat , plus parfait. Avoir gagné une 
®fpèce courageufe & docile comme celle 
du chien , c’eft avoir acquis de nouveaux 
fens Si les facultés qui nous manquent. 
Les machines, les inftrumens que nous 

Tome /. Quadrupèdes, O 


314 Hijîoire Naturelle 

avons imaginés pour perfeétionner nos 
autres fens , pour en augmenter réren- 
due , n’approchent pas , même pour l’uti- 
lité 5 de ces machines toutes faites que la 
Nature nous préfente , & qui en fup“ 
pléant à l’imperfeéfion de notre odorat , 
nous ont fourni de grands & d’éternels 
moyens de vaincre & de régner : & le 
chien fidèle à l’homme , conlervera tou- 
jours une portion de l’empire , un degré 
de fiipériorité fur les autres animaux ; il 
leur commande , il règne lui-même à la 
tête d’un troupeau » il s’y fait mieux en- 
tendre que la voix du berger -, la fiireté j 
l’ordre & la difeipline font les fruits de fa 
vigilance & de fon aétivité -, c eft un peu- 
ple qui lui eft: fournis, qu’il conduit, qu’il 
protège , & contre lequel il n’emploie 
jamais la force que pour y maintenir la 
paix. Mais c’eft fur -tout à la guerre, c’eft 
contre les animaux ennemis ou indépen- 
dans , qu’éclate fon courage , & que fon 
intelligence fe déploie toute entière : les 
talens naturels fe réuniflent ici aux qua- 
lités acquifes. Dès que le bruit des armes 
fe fait entendre , dès que le fon du cor 
ou la voix du chall'eur a donné le lignai 


du Chien. 3 r 5 

5’une guerre prochaine , brillant d’une 
ardeur nouvelle le chien marqufe fa joie 
par les plus vifs tranfports , il annonce 
par fes mouvemens & par fes cris Tim- 
patience de combattre & le défit de 
'’aincre •, marchant enfuite en filence , il 
cherche à reconnoître le pays , à décou- 
vrir , à furprendre l’ennemi dans fou 
fort -, il recherche fes traces , il les^ fuit 
pas à pas , & par des accens difterens 
Indique le temps , la diftance , 1 efpcce > 
^ même l’âge de celui qu il pourfuit. 

Intimidé , preflé , défefpérant de trou- 
ver fon falutdansla fuite, l’animal'^ fe 
fcrt auffi de toutes fes facultés , il oppofe 
rufe à la fagacité: jamais les reflburces 
l’inftind ne furent plus admirables : 
pour faire perdre fa trace , il va , vient 
revient fur fes pas -, il fait des bonds , 
Voudroit fe détacher de la terre & fup» 
primer les efpaces ; il franchit d’un faut 
routes , les haies , pafle à la nage les 
‘^'^'ilTeaux , les rivières j mais toujours 
Poiirfuivi , & ne pouvant anéantir fon 
Corps , il cherche à en mettre un autre 

* Voyez l*hîftoirc du cwf ^ vqI^ CCttC 

Natuieile, 

O il 


3 1 6 Hijïoire Naturelle 

à fa place -, il va luknème troubler Ifi 
repos d’un voifîn plus jeune & moins 
expérimenté , le faire lever , marcher , 
fuir avec lui -, & iQrfqu’ils ont confondu 
leurs traces, lorfqu il croit l’avoir fubftitue 
à fa mauvaife fortune , il le quitte plus 
brufquetiient encore qu’il ne l’a joint j 
afin de le rendre féul l’objet & la vidime 
de l’ennen-û trompé. ^ 

Mais le chien , par cette, fupério rite 
que donnent l’exercice & l'éducation > 
par cette finefie 4? fentimeui; qui n’ap- 
partient qu’à lui , ne perd pas l'objet de 
fa pourfuite -, il démêle les points com- 
muns , délie les nœuds du fil tortuemî 
qui feui p^tit y, conduire -, il voit de 
l’odorat tous le$ détoura du labyrinthe > 
toutes les fauft'es- routes où l’on a voulu 
l’égarer -, & loin d’abapdonner l’ennemi 
pour un indifférent , après avoir triom- 
phé de la rufe , il s’indigne , il redoublfi 
d’ardeur, arrive enfiii, l’atraqvm-, & .1^ 
mettant à mort» étanche dans je fang W 
foif & fa haine- i 

Le penchant pour la chaffe ou ^ 
guerre nous eft commun avec les ani' 
juaux -, l'homme fauvage ne fait 


du Chien. 317 

combattre & chaffer. Tous les animaux 
qui aiment la chair » & qui ont e a 
force & des armes , chaffent naturelle- 
mS : le lion . le tigre , dont la force 
eft fi grande qu’ils font lûrs de vaincre, 
chaffent feuls & fans art -, les loups, les 
renards, les chiens fauvages fe réunifient , 
s’entendent , s'aident , fe relaient & par- 
tagent la proie •, & lorfque l éducation 
a perfedionné ce talent naturel dans le 
chien domeftique > iorfqu’on lui a appris 
à réprimer fon ardeur , à mefurer les 
rnouvemens , qu’on l’a accoutume à une 
marche régulière & à l’elpèce dé difci^ 
pline néceffaire à cet art , il challe avec 
métliode , & toujours avec fuccès. ^ 
Dans les pays déferts, dans lesc-ontrees 
dépeuplées, il y a des chiensjàuvages 
qui , pour les mœurs , ne diftcrent des 
loups que par la facilité qq on trowe a 
les apprivoifer , iis fe réunifient aulli eii 
plus grandes troupes pour challer & atta- 
quer en force les fangliers , les taureaux 
lauvageS , & même les lions & les tigres. 
En Amérique , ces chienS fauvages font 
de races anciennement domeftiques , i s 
y ont été tranfporrés d’Europe , & quei- 

O iij 


5 I 8 Hijloîre Naturelle 

ques-uns ayant été oubliés ou abandon» 
nés dans ces déferts , s’y font multipliés 
au point qu’ils fe répandent par troupes 
dans les contrées habitées , où ils atta- 
quent le bétail & infultenr même les 
hommes : on eft donc obligé de les 
écarter par la force, & de les tuer com- 
me les autres bêtes féroces -, & les chiens 
font tels en effet , tant qu’ils ne connoif- 
fent pas les hommes : mais lorfcpa’on les 
approche avec douceur , ils s’adoucif- 
fent , deviennent bientôt familiers , & 
demeurent fidèlement attachés à leurs 
maîtres *, au lieu que le loup , quoique 
pris jeune & élevé dans les maifons, n’eft 
doux que dans le premier âge , ne perd 
jamais fon goût pour la proie , & fe livre 
rôt ou tard à fon penchant pour la rapine 
& la deftrudion. 

L’on peut dire que le chien eft le feul 
animal dont la fidélité foit à l’épreuve : 
le feul qui connoiftè toujours fon maître 
& les amis de la mailon ; le feul qui , 
lorfqu’il arrive un inconnu , s’en aper- 
çoive -, le feul qui entende fon nom , & 
qui reconnoifle la voix domeftique -, le 
feul qui ne fe confie point à lui -même > 


du Chien. 3 i 9 

îe fcul qui , lorfqu’il a perdu fon martre , 

& quil ne peut le trouver , l’appelle 
par fes gémifl’emens -, le feul qui, dana 
Un voyage long qu il n’aura fait qu’une 
fois , fe muvienne du chemin & retrouve 
la route •, le feul enfin dont les talens 
naturels foient évidens & féducation 
toujours heureufe. 

Et de même que de tous les animaux 
le chien eft celui dont le naturel eft le 
plus fufceptible d’impreflion , & fe mo- 
difie le plus aifément par les caufes mo- 
rales , il eft auffi de tous celui dont la 
nature eft le plus fujecte aux variétés & 
aux altérations caufées par les influences 
phyliques c le tempérament, les facultés, 
les habitudes du corps varient^ prodi- 
gieufement , la forme meme n eft pas 
conftante : dans le même pays un chien 
eft très -différent d’un autre chien , & 
l’efpèce eft, pour ainfî dire, wute difte- 
renre d’elle - même dans les diôérens cli- 
mats. De -là cette confufion, ce mélange 
& cette variété de races li nombreufes , 
qu’on ne peut en faire l’énumeration ; 
de -là ces différences fi marquées pour 
la grandeur de la taille, 


3 20 Hijîoire Naturelle \ 

corps, 1 alongement du mufeau, la formtf 
de la tête , la longueur & la direction des 
oreilles & de la queue, la couleur, la 
qualité , la quantité du poil , &c. en forte 
qu il ne relie rien de confiant , rien de 
commun à ces animaux que la confor- 
mité de rorganifation intérieure , & la 
faculté de pouvoir tous produire en- 
femble. Et comme ceux qui diffèrent 
lé plus les uns des autres à tous égards, 
«e laiffent pas de produire des individus 
qui peuvent fe perpétuer en produifant 
eux -mêmes d’autres individus, il efl 
évident que tous les chiens , quelque 
diôérens , quelque variés qu’ils foient , 
ne font qu’une feule & même ef}:)èce. 

Mais ce qui eft difEcile à faifîr dans 
cette nombreufe variété des races diffé- 
rentes, c’efl le caraélcre de la race pri- 
mitive , de la race originaire , de la race 
mère de toutes les autres races : comment 
reconnoître les effets produits par i’in- 
fiuence du climat , de la nourriture , 8cc ? 
comment les diflinguer encore des autres 
effets, ou plutôt des réfultats qui pro- 
rienncnr du mélange de ces différentes 
races entr’elles , dans i’écat de liberté ou [ 


du Chkn. 

de domefticité î En effet , toutes ces 
Câufes âltcrent > âvec le temps > fcs formes 
les plus confiantes , & l’empreinte de la 
Nature ne conferve pas toute fa purete 
dans les objets que l’homme a beaucoup 
maniés. Les animaux affez indépendans 
pour cboifir eux- memes leur climat & 
leur nourriture ^ font ceux qui confervent 
le mieux cette empreinte originaire j & 
l’on peut croire que , dans ces efpeces > 
le premier, le plus ancien de tous, nous 
e(l encore aujourd’hui affez fidèlement 
fçprcfenté par fes defçendans \ mais ceux 
que l’homme s’efl fournis , ceux qu’il a 
tranfportés de climats en climats , ceux 
dont il a changé la nourriture , les habi- 
tudes & la manière de vivre , ont aufli 
dû changer pour la forme , plus que tous 
les autres-, & Ion trouve en efter bien 
plus de variété dans les efpeces d animaux 
domeftiques que dans celles des animaux 
fauvages. Et comme parmi les animaux 
domeftiques le chien eft, de tous, celui 
qui s’efl attaché à 1 homme de plus près » 
Celui qui , vivant comme l’homme , vit 
aufll le plus irrégulièrement celui dans 
lequel le fentiment domine allez pour le 


3 2 2 Hijîoire Naturelle 

rendre docile , obéiiïant & fiifceptible 
de route imprelîîon , & même de toute 
contrainte i il n’eft pas étonnant que de 
tous les animaux ce foit auffi celui dans 
lequel on trouve les plus grandes varié- 
tés pour la figure , pour la taille , pour la 
couleur & pour les autres qualités. 

Quelques circonftances concourent 
encore à cette altération : le chien vit 
allez peu de temps, il produit fouvent 
& en alTez grand nombre -, & comme 
H eft perpétuellement fous les yeux de 
Thomme , dès que , par un hafard alTez 
ordinaire à la Nature , il fe fera trouvé 
dans quelques individus des fingularités 
ou des variétés apparentes , on aura tâché 
de les perpétuer en unifiant cnfemble ces 
individus finguliers , comme on le fait 
encore . aujourd’hui lorfqu’on veut fe 
procurer de nouvelles races de chiens 
& d’autres animaux. D’ailleurs , quoique 
toutes les efpcces foient également an- 
ciennes , le nombre des générations , 
depuis la création , étant beaucoup plus 
grand dans les cfpèces dont les individus 
ne vivent que peu de temps, les variétés, 
les altérations , la dégénéracion rnêrae 


du Chien. 323 

doivent en être devenues plus fenfîbles , 
puifque ces animaux font plus loin de 
leur fouche que ceux qui vivent plus 
iong-tdnps. L’homme eft aujourd’hui 
huit fois plus près d’Adam que le chien 
ne l’eft du premier chien , puifque 
l’homme vit quatre-vingts ans, & que 
le chien n’en vit que dix : fi donc , par 
quelque caufe que ce puille erre , ces 
deux efpèces tendoient egalement a dé- 
générer , cette altération feroit aujour- 
d’hui huit fois plus marquée dans le 
chien que dans l’homme. 

Les petits animaux éphémères , ceux 
dont la vie eft fi courte qu’ils fe re- 
nouvellent tous les ans par la génération , 
font infiniment plus fujets que les autres 
animaux aux variétés & aux alterations 
de tout genre -, il en eft de même des 
plantes annuelles en comparaifon des 
autres végétaux 5 ü y ^ meme dont 
la nature eft , pour ainfi dire , artificielle 
& fadice. Le blé , par exemple , eft une 
plante que l’homme a changée au point 
quelle n exifte nulle part dans 1 état de 
nature : on voit bien qu’il a quelque rap- 
port avec l’ivroie , avec les gramens , les 


324 Hijioire Naturelle 

chiendents & quelques autres herbes des 
prairies 5 mais on ignore à laquelle de ces 
herbes on doit le rapporter : & comme 
il fe renouvelle tous les ans , & que , 
fervant de nourriture à l’homme , il eft 
de toutes les plantes celle qu’il a le plus 
travaillée , il eft auffi de toutes celle dont 
la nature eft le plus altérée. L’homme 
peut donc non -feulement faire fervir à 
fes befoins , à fon ulage , tous les indi- 
vidus de l’Univers, mais il peut encore , 
avec le temps, changer, modifier & per- 
feélionner les efpèces', c’eft même le plus 
beau droit qu’il ait fur la Nature. Avoir 
transformé une herbe fténie en blé, eft 
une efpèce de création dont cependant 
il ne doit pas s’enorgueillir , puiîque ce 
n’cft qu à la fueur de fon front & par 
des cultures réitérées qu’il peut tirer du 
fcin de la terre ce pain fouvent amer, qui 
fait fa fubliftance. 

Les efpèces que l’homme a beaucoup 
travaillées, tant dans les végétaux que 
dans les animaux , font donc celles qui 
de toutes font le plus altérées i & comme 
quelquefois elles^le font au point qu’on 
ne peut reconnoître leur forme primi- 


du Chien. 325 

tive , comme dans le blé , qui ne ref- 
femble plus à la piance dont il a tiré fon 
origine , il ne feroit pas impoffible, que 
dans la nombreufe variété des chiens 
que nous voyons aujourd'hui , il n’y en 
eût pas un feul de femblable au premier 
chien , ou plutôt au premier animal de 
cette kpèce , qui s’eft peut-être beau- 
coup altérée depuis la création , & dont 
la fouche a pu par confequent etre 
irès-diftérente des races qui fubfiftent 
aéluellement, quoique ces races en forent 
originairement toutes egalement pro- 
venues. 

La Nature cependant ne manque 
jamais de reprendre fes droits des qu oti 
la laifié agir en liberté : le froment jeté 
fur une terre inculte dégénère à la pre- 
mière année : fi l’on recueilloit ce grain 
dégénéré pour le jeter de même , le pro- 
duit de cette fécondé génération feroit 
encore plus altéré , & an bout dun 
Certain nombre d’annees & de repro- 
duélions l’homme verroit reparoitre la 
planre originaire du froment , & fauroïc 
combien il faut de temps la Nature 
pour détruire le produit d un art qui 


5 2 <5 Hljioire Naturelle 

la contraint , & pour fe réhabiliter. Cette 
expérience feroit aiTez facile à faire fur 
îe blé & fur les autres plantes qui tous 
les ans fe reproduifent , pour ainli dire, 
d’elles - mêmes , dans le même lieu -, mais 
il ne feroit guère poffible de la tenter , 
avec quelque efpérance de fuccès , fur 
les animaux qu’il faut rechercher, appa- 
reiller , unir , & qui font difficiles à ma- 
nier , parce^ qu’ils nous échappent tous 
plus ou moins par leur mouvement , & 
par la répugnance fouvent invincible 
qu’ils ont pour les chofes qui font 
contraires à leurs habitudes ou à leur 
naturel.^ On ne peut donc pas efpérer 
de favoir jamais par cette voie quelle eft 
la race primitive des chiens , non plus 
que celle des autres animaux , qui , 
comme le chien , font fujets à des va- 
riétés permanentes ; mais au défaut de 
ces connoiflances de faits qu’on ne peut 
acquérir , 8c qui cependant feroient né- 
cefaires pour arriver à la vérité, on peut 
raüembler des indices , 8c en tirer des 
conféquences vraifemblables. 

Les chiens qui ont été aliandonnés 
dans les lolitudes de l’Amérique , 8c qui 


du Chien, 


3^7 


Vivent en chiens fauvages depuis cent 
cinquante ou deux cents ans , 
oricinaires de races altérées, puiiquils 
font provenus des chiens domeftiques , 
ont dû , pendant ce long efpace de temps , 
fe rapprocher au moins en partie de leur 
forme primitive ; ccpemknt les voya- 
geurs nous difent qtnls relTemblent a nos 
févriers (a); ils difent la meme chofe 
des chiens fauvages ou devenus lau- 
vagesà Congo qui, comme ceux 

dimérique, fe raffemblent par troupes 
Pour faire la guerre aux tigres , aux lions, 
kc mais d’autres., fans comparer les 
chiens fauvages de Saint-Doimngue aux 
lévriers, difent feulement { c) quils ont 
pour l’ordinaire la tête plate & longue , 
le mufeau effilé , l’air fauvage, le corps 
mince & décharné, quils font tres- 
légers à la courfe , qu ils chaffient en 
perfeélion , qu’ils s’appnvoifent aifement 

fa ) Hiftoiie des Aventuriers Flibuftiers , par Oex- 
nvelln . Taris .iSSS,in-ta, tome I, page 1 1 a . 

fb J Hifloire générale des voyages , pat M. l’abbé 
Fïevoft , m-4.** tome J , 

Nouveaux voyages aux îles àc 1 Anicn^ 
tome V, page tÿS* 


328 Hijloîre Naturelle 

en les prenant tout petits ; ainfi , ces chiens 
fauvages font extrêmement maigres & 
légers 5 & comme le lévrier ne diffère 
d'ailleurs qu'affez peu du mâtin ou du 
chien que nous appelions chien de berger j 
on peut croire que ces chiens fauvages 
font plutôt de cette efpèce que de vrais 
lévriers -, parce que d’autre côré les an- 
ciens voyageurs ont dit que les chiens 
naturels du Canada avoient les oreilles 
droites comme les renards , & reffêm- 
bloicnt aux mâtins de médiocre gran- 
deur (d) de nos villageois, c’eft-à-dire, 
à nos chiens de berger -, que ceux des 
fauvages des Antilles avoient audî la tête 
& les oreilles fort longues , & appro- 
choient de la forme des renards (e ); 
que les Indiens du Pérou n’avoient pas 
toutes les efpèces de chiens que nous 
avons en Europe , qu’ils en avoient 
feulement de grands & de petits qu’ils 
nommoient Alco ^ f) j que ceux de 

f i) Voyage du pays des Hurons ^ par Sabard 
TJieodat , Rccollct. Paris , *^72 , pages gtn ^ gtt» 

( i) Hiftoire générale des Antilles , par le P. à» 

"lenze. Paris i t(f'6p , tome II ^ pagt J06. 

(fj Hiftoire des Incas. Porit , , tome If 


du Chien. 3 ^ 5 * 

î’ifthme de l’Amérique étoient laids , 
«îu’ils avoient le poil rude & long , ce 
qui fuppofe auffi les oreilles droites (g). 
Ainfi, on ne peut guère douter que les 
chiens originaires d’Amérique , & qt« 
»vant la découverte de ce nouveau monde 
n’avoient eu aucune communication avec 
ceux de nos climats, ne fulTent tous, 
pour ainfi dire, d’une feule & meme 
race , & que de toutes les races de nos 
chiens celle qui en approche le i^us ne 
foit celle des chiens à mufeau eftite, à 
oreilles droites & à long poil rude comme 
les chiens de berger -, & ce qui me fait 
croire encore que les chiens devenus 
fauvages à Saint-Domingue , ne lont 
pas de vrais lévriers , c eft que comme 
les lévriers font alTez rares en France , 
On en tire pour le Roi , de Conftanti- 
oople & des autres endroits du Levant , 
8c que le ne fâche pas quon en ait 
jamais fait venir de Saint-Domingue 
ou de nos autres colonies d Amérique. 

^es. voyage de Wafet . imptîmé 'a la fuite 
de ceux de Dampiei , tome I V , ptge 3*5 • 

ggj Nouveaux voyages aux îles de lAxudjxSl 

Paris, V, petge JÿS' 


5 30 Hijloire Naturelle 

D’ailleurs , en recherchant dans la inêm? 
vue ce que les voyageurs ont dit de h 
forme des chiens des diftérens pays , on 
trouve que les chiens des pays froids 
ont tous le mufeau long & les oreilles 
droites •, que ceux de la Lapponie (h) 
font petits , qu’ils ont le poil long , les 
oreilles droites & le mufeau pointu -, que 
ceux de Sibérie ( i J & ceux que l’on 
appelle chiens-loups , font plus gros que 
ceux de Lapponie , mais qu’ils ont de 
même les oreilles droites , le poil rude Si 
le mufeau pointu ; que ceux d’Iflande 
font auffi à très -peu près femblables à 
ceux de Sibérie , & que de meme , dans 
les cliniats chsiicfs j coinrne au cap de 
Bonne -efpérance f/J ^ les chiens natu' 
tels du pays ont le mufeau pointu, les 
oreilles droites , la queue longue & traî- 
nante a terre , le poil clair , mais long & 


rO Voyage de la Martinière. Paris, , 

y S- Il Genio ragantc. Panna, sGg, , yoi II, 

page * 


Ci J Voyez la planche du Chien dd Slbéiie. 
C kj Voyez celle du Chien d’Iflande. 


Cl J Deferiprion du Cap de Bonne-efp^rance , par 
Kolbe. Amjhrdam, rpf z , I.rtpanU , page 


du Chien. 


331 


toujours hériffé -, que ces chiens font 
cxcellenspour garder les «oupeaux , & 
que par conféquent ils relTemblent non- 
feulement par la figure , mais encore par 
l’inftina à nos chiens de berger^, que 
dans d’autres climats encore plus chauds, 

conmie à Madagafcar M=^dure ^ 

à Calicut (0 ) , à Malabar (p) i ch ens 
originaires de ces pap ont tous le im- 
feau long, les oreilles dipites , & re 
femblent encore à nos chiens de ber- 
ger ; crue quand meme on y P, 
des inâtins , des épagneuls , des bar- 
bets, des dogues , des ctoens^ courans , 
des lévriers , &c. ils degenerent a la 
fécondé ou à la troifième J 

qu’enfin dans les pays 
chauds , comme en Guinee ( qj > cette 

r.«JVoyagede»t.P--. 

r J voyage d’Inigo de Biarvillas. P«r.. . 1756, 
partie , page ipS. 

CoJ voyage de François Pyrard. Fans , , 6 t». 

^one 1 , page . 

PpJ Voyage de ]ean Ovington. P'iris , f)a 5 . 

iomel.petse eeps. M. l’abbé 

) Hiftoite générale des voyages > p 


5 3 2 IJiJîoire Naturelle 

dégénération eft encore plus prompte î 
puifqu'au bout de trois ou quatre ans ii* 
perdent leur voix , qu'ils ne produifent 
plus que des chiens à oreilles droite* 
comme celles des renards •, que les chien* 
du pays font fort laids , quils ont If 
mufeau pointu , les oreilles longues Si 
droites , la queue longue Sc pointue > 
fans aucun poil , la peau du corps nue ) 
ordinairement tachetée & quelquefois 
d'une feule couleur , qu’enfin ils fonf 
défagréables à la vue & plus encore aU 
toucher. 

On peut donc déjà préfumer ave<5 
quelque vraifemhlance, que le chien d< 
berger eft de tous les chiens celui qui 
approche le plus de la race primïtivé de 
cette efpèce , puifque dans tous les pay* 
habités par des liommes fauvages , oü 
même à demi civilifés , les chiens ref 
femhlent à cette forte de chiens plus qu'à 
aucune autre -, que dans le continent en- 
tier du nouveau monde il n’y en avoit 
pas d’autres , qu’on les retrouve feuîs de 
nreme au nord & au midi de notre con- 
tinent, & qu'en France où on les appelle 
communément chiens de Brie 3 &dans le* 


du Chien. 


331 


Autres climats tempérés , ils. font encore 
en grand nombre , quoic^u'on le loir 
beaucoup plus occupé à faire nartre ou 
à multiplier les autres races qui avoient 
plus d'agrément, qu’à conferver celle -et 
qui n a que de TutiUté , & qu’on a par 
cette raifon dédaignée , & abandonnée 
aux payfans chargés du foirl^es trou- 
peaux. Si l’on confidère auffi que ce 
chien , malgré fa laideur & fou, air trille 
& fauvage , efl: cependant fuperieur par 
l’inftinèt à tous les autres chiens , quil 
a un caradlère décidé auquel 1 eclucation 

n’a point de part i qu’il elt le feul qui 
naifle , pour ainG dice , tour_ ej-eve j & 
que guidé par le fepl naturel , n s attache 
de Im-méme-à la gaidc des troupeaux 
avec une afliduicé une vigilance , une 
fidélité fingulière qu’il les conduit avec 
niie intelligence admirable & non com- 
njuniquée v que .fes. talens fon^t letoune- 
tnept & le repos de. fqn lUa.iUC > tapdis 

qu’il faut au contraire beaucoup de tenap^ 

& de. peines .pout,,,lu(lrtiire 

çhiçns & les drelfer aux ufage^ auxquels 

On les deiline t on fe confinnera dan^ 
l’opinion cj^ue ce chien eft le vrai çhien 


5 34 Hijloire Naturelle 

de la Nature , celui qu’elle nous a donné j 
pour îa plus grande utilité , celui qui a le 1 
plus de rapport avec l’ordre général des 
êtres vivans, qui ont mutuellement befoio 
les uns des autres , celui enfin qu’ou 
doit regarder comme la fouche & le mo- 
dèle de l’elpèce entière. 

Et de même que l’elpèce humaine 
paroît agrefte , contrefaite & rapetifiTée 
dans les climats glacés du nord ; qu’on 
ne trouve d’abord que de petits hommes 
fort laids en Lapponie , en Groenland > 
& dans tous les pays ou le froid eft 
exceffif-, mais qu’enfuite dans le climac 
voifin & moins rigoureux on voit tout- 
à-coup paroître la belle race des Fin- 
landois , des Danois , &c. qui par leur 
figure, leur couleur &leur grande taille» 
font peut-être les plus beaux de tous 
les hommes ; on trouve auffi dans l’ef- 
pèce des chiens le même ordre & les 
mêmes rapports. Les chiens de Lapponie 
font très -laids, txès- petits, & n’ont pas 
plus d’un pied de longueur (r). Ceux de 
Sibérie , quoique moins laids , ont en- 
core les oreilles droites & l’air agrefte Sc 

( r) Il Genio vagante , vol, IT, page tg. 


du Chien. 355 

lauvage , tandis que dans le climat voifin 
'^'1 l’on trouve \&s.(f) beaux hommes 
'lont nous venons de parler , on trouve 
®u(Ii les chiens de la plus belle & de la 
plus grande taille. Les chiens de Tartarie, 
^‘Albanie , du nord , de la Grèce , du 
l^anemarck , de l’Irlande 5 font les plus 
Stands , les plus forts & les plus puifTans 
tous les chiens : on s’en fert pour tirer 
^cs voitures. Ces chiens que nous ap- 
pelions chiens d’Irlande j ont une origine 
^tès- ancienne , & fe font maintenus , 
Quoiqu’on petit nombre , dans le climat 
"iont ils font originaires. Les Anciens les 
^Ppelloient chiens d’Épire , chiens d’Al- 
V^ttie; & Pline rapporte, en termes aufll 
®légans qu’énergiques , le combat d’un 
'le ces chiens contre un lion , & enfuite 
'Centre un éléphant ( t J. Ces chiens font 

Voyez le cinquième volume de cette Hiftoitc 
Naturelle , à l’article des variétés de l’cfpèce humamc, 

Trtdiampetenti Alexandra magnOf Rex Albanioi 
dederatinuJîtatPimagTiitudinis uniim , cujitsfpecie 
'^^^eciatus , jujjit urfos , mox apros & deinde damas 

, contemptii immohili jacente eo ; qaâ fegnitie 

corporis offenfus imperatftr generoji fpîritiis , emn 

^^terimi juJJit.Nunciavit hoc fama régi; itaqiu alterum 
^^tttns J addidit mandata ne inparyis exptriri velUty 


5 3 (î Hijîoire Naturelle 

beaucoup plus grands que nos pîu< 
grands mâtins : comme iis font fort 
rares en France , Je n’en ai jamais vi' 
qu’un , qui me parut avoir , tout affis » 
près de cinq pieds de hauteur , & rer- 
feinbler pour la forme au chien que nou^ 
appelons^ra«d danois (u) ; mais il en difti? 
roir beaucoup par l’énormité de fa taiUe » 
il etoit tout blanc & d’un naairel douî^ 

6 tranquille. On trouve enfuite daii^ 
les endroits plus tempérés , comme ei’ 
Angleterre , en France , en Allemagne » 
en Efpagne , en Italie , des hommes ^ 
des chiens de toutes fortes de races: cett^ 
variété provient en partie de l’influenC^ 
du climat > & en partie du concours ÿ' 
du mélange des races étrangères ou di^ 
férentes entr’elles , qui ont produit eP 


fed in leone , elephantore ; duos fibi fuiffe ; hd 
inttrtmpto ,praterea nullumfon. Nec dijiiilit Alexafi' 
der , UQnemÿiit fradiim protinùs vidit Fojità iltplu»' 
tum jujjit induci , haud alio mopis fpeSaculo lcetat:d\ 
Eorrtntibus quippc per totuin corpus villis , ingcnl’ 
primuirt latrûtu intotiuit , nioxqüe increvit ojj'ttlttins * 
contraque helLuam exfiirgens Aine & illine artifici diini'' 
cationt.juâmaximèopus effet, infeftans atque évitons ' 
donec affiduâ rotatam vertigine , nffixit, ad cafum eff^ 
tellure coneufsa. Pim. hift. nat. lib. VIII. 


( U J Voyez la planche du grand Danois. 


très - granc 


âu Chien. 337 

très- grand nombre des races métives ou 
mélangées dont nous ne parlerons point 
ici , parce que M. Daubenton (x), les a 
décrites & rapportées chacune aux races 
pures dont elles proviennent j mais nous 
obferverons , autant qu il nous fera pof- 
fible , les rellemblances & les diftérences 
que Fabri , le foin , la nourriture & le cli- 
mar ont produites parmi ces animaux. 

Le grand danois (y) > le marin (‘^) , 8c 
le lévrier ( u ) ^ quoique ditlerens au pre- 
mier coup d œil , ne font cependant que 
le même chien : le grand danois n’eft 
qu’un mâtin plus fourni , plus éroft'é -, le 
lévrier un mâtin plus .délié, ]>Ius’ ellilc , 
^ tous deux plus foignés j & il n y a ]jas 
plus de diftérence entre un chien grand 
danois , un raâtiiî.& un leyrier , qu’entre 
'm Hollandois, un François & un Iralien. 
£n fuppolant donc le mâtin originaire 
Ou plutôt naturel de France, il aura pro- 
duit le 'grand danois dans un climat- pkis 

(x) Voyez voZ. A' de cette Hiftoire Namïciie , de 
^'édition en trente -un volumes, 

CyJ 1* planche du grand Danois, 

( \) Voyex celle du Matin. 

Voyez celle du Levrier. ^ = 

Tome /. Quadrupèdes, P 


338 Hijîoire Naturelle 

froid, & le levrier dans un climat plus 
chaud i & c’eft ce qui fe trouve aufli 
vérifié par le fait , car les grands danois 
nous viennent du nord, & les levriers 
nous viennent de Conftantinople & du 
Levant. Le chien de berger (b),\e cliien^ 
loup (c),&c l’autre efpèce de chien-loup 
que nous appellerons chien de Sibérie 
'( d ) ,nz font aulli tous trois qu’un même 
chien : on pourroit même y joindre le 
chien de Lapponie , celui de Canada , 
celui des Hottentots & tous les autres 
chiens qui ont les oreilles droites ils ne 
différent en effet du chien de berger que 
par la taille , & parce qu’ils font plus oU 
moins étoffés , & que leur poil eft plus 
ou moins rude , plus ou moins long , & 
plus ou moins fourni. Le chien cou- 
rant ( e J, le braque (f), le baflet (g)» 
le barber ( h) y &. même l’épagneul ( ij> 

(b J Voyez la planche du Chien de Berger. 

( cj Voyez celle du Chien-loup. 

(dj Voyez celle du Chien de Sibérie. 

C e) Voyez celle du Chien Courant. 

( f) Voyez celle du Braque. 

( gj Voyez celle du EalTet. 

('hj Voyez celle du Earbet. 
f i J Voyez celle de l’Epagnenl. 


du Chien. 539 

peuvent encore être regardés comme ne 
faifant tous qu’un meme chien i leur 
forme & leur iiiftind font à peu près 
lïiciTics J & dtftcrcnc cntr eux 

<Iue par la hauteur des jambes , & par 
l’ampleur des oreilles qui dans cous font 
Cependant longues , molles & pendantes: 
Ces chiens font naturels à ce climat ^ & 
je ne crois pas qu’on doive en féparer 
le braque qu’on appelle chien de Ben^ 
gale fyt; , qui ne diffère de notre braque 
que par la robe. Ce qui me fait penfer 
que ce chien n’eft pas originaire de 
Bengale ou de quelqu’autre endroit des 
Indes, & que ce neit pas , comme quel- 
ques-uns le prétendent , le chien Indien 
dont les Anciens ont parle & qu ik dt- 
foient être engendré d un tigre & d une 
cliienne , c’eft que ce même chien étoit 
Connu en Italie il 7 a plus de cent ciii- 
quante ans , & qu’on ne le regardoïc 
Pas comme un chien venu des Indes ^ 
Allais comme un braque ordinaire : Canis 
fagax ( vulgo brachus ) , dit AldrOvande, 
an unius vel varii coloris Jh paruin refert ÿ 
in Italiâ eligitur varius & maculofk, lynci 
(k J Voyea U jlanche du Chien de Bengale. 


540 HlJIoire Naturelle 

perjîmilis j cum tamen niger color vel albui 
aut fulvus non fit fpernendus ( I ). 

L’Angleterre , la France, l’Allemagne > 
&e; paroillènr avoir produit le chien cou- 
rant, le braque & le baffef, ces chiens 
même dégénèrent dès qu’ils font portés 
dans des climats plus chauds , comme en 
Turquie, en Perfe \ mais les épagneuls 
& les barbets font originaires dTlpagnC 
& de Barbarie , oii la température dn 
climat fait que le poil de tous les animaux 
eft plus long, plus foyeux & plus fin 
que dans tous les autres pays. Le dogue 
( m) y le chien (n) que l’on appelle petit 
danois ( mais fort improprement , puif- 
qu’il n’a d’autre rapport avec le grantl 
danois que d’avoir le poil court) , le 
chien -turc ('o ), 8c ü l’on veut encore» 
ie cliien d’Iflande (p) , ne font aufC 
qu’un même chien qui, tranfporté dans 
un climat très -froid comme i’I (lande » 

r ij UlyJJis Aldrovandi , de quadrupcd. digitdh 
Vivip, lih. III, page 55Æ. 

(' Voyez la planche du Dogue. 

( Voyez celle du petit Danois , pg. z, 
f 0) Voyez celle du chien - turc , fig. % , 

( vJ- Voyez celle du Chknd’Jflapde, 



du Chien. 34^^ 

aura pris une forte fourrure de poil , & 
dans les climats très -chauds de 1 Afrique 
& des Indes aura quitté fa robe -, car le 


chien fans poil, appelé chien - turc, eik 
encore mal nommé, ce neft point dans 
le climat tempéré de la Turquie que les 
chiens perdent leur poil, ceft en Gui- 
née & dans les climats les plus chauds 
des Indes , que ce changement arrive-, & 
le chien -turc neft autre chofe quun 
petit danois qui, tranfporté dans les 
pays exceffivement chauds , aura perdu 
fon poil , & dont la race aura enluite 
été tranfportée en Turquie ou Ion aura 
eu foin de les multiplier. Les premiers 
que l’on ait vus en Europe , au rapport 
d’Aldrovande , furent apportes de Ion 
temps en Italie , où cependant ils ne 
purent, dit- il, ni durer, ni multiplier , 
parce que le climat éroit beaucoup trop 
froid pour eux i mais comme il ne donne 
pas la defcriprion de ^ ces cliiens nus , 
tious ne favons pas s ils etoient lem- 
blables à ceux que nous appelons aur 
jourd’hui chiens -turcs , & h Ion peut 
par conféquent les rapporter au 


danois , parce que tous les chiens , de 

P iij 


342 Hijîoire Naturelle 

quelque race & de quelque pays qu’ils 
loienc , perdent leur poil dans les climats 
exceffivenient chauds ( q ), 8c comme nous 
l’avons dit, ils perdent aulïî leur voix ; 
dans de certains pays ils font tout-à-faic 
muets , dans d’autres ils ne perdent que 
la faculté d aboyer, ils hurlent comme 
les loups , ou glapilTent comme les 
renards , ils ferablent par cette altération 
fe rapprocher de leur état de nature ; 
car ils changent aulîî pour la forme & 
pour linflindt : ils deviennent laids ( r), 
& prennent tous des oreilles droites & 
pointues. Ce ^ n eft aullî que dans les cli- 
mats temperes que les chiens confervent 
leur ardeur , leur courage , leur fagacité , 
& les autres talens qui leur font naturels ; 
ils perdent donc tout lorfqu’on les tranf- 

{ q) Hidoire générale des voyages, par M, l’abbé 
Pievoft, tome IV, page 33ÿ.' 

éV Voyage de la Boiillaye- le -Gouï. Paris, tGxy, 
page 357, Voyage de Jean Ovington. Paris, 2735, 
tome I , page 376'. Hiftoire univerfelle des voyages , 
par du Peixier de Montfrafîer. Paris ^ ^'7^7 3 
544 &fnivantcs. Vie de Chriaophe Colomb. Paris, 
iGSt , partie I.re , page to6. Voyage de Bofmao 
en Gmnce , &lc. Utrecht, lyog, page a^o. Hif' 
toire générale des voyages , par M. l’abbé Prevod > 
tome IV, page aaÿ. 


du Chien. 3 43 

borte dans des climats trop chauds -, mais 

comme fi la Nature «e vouloit jamais nen 

faire d’abfoiument mutile, il^ fe tro^ 
que dans ces memes pays ou ies chiens 
ne peuvent plus fervir a aucun des 
ufages auxquels nous les 
on les recherche pour la tabk , & que 
les Nègres en préfèrent la chair à celle 
de tous^ les autres animaux : on conduit 
les chiens au marche jlour les vendre . 
on lesachette plus cher que le '^on , 
le chevreau , plus cher meme ^le tout 
autre gibier-, le mets le plus déli- 

cieux d\in feftin chez les Nègres eft un 
chien rôti. On pourroit croire que le 
goût fl décidé qu’ont ces peuples pour 
fa chair de cet animal, vient du 
gement de qualité de cette meme chair 
qui , quoicme très-mauvaife à manger 
dans nos climats tempérés , acipiert peut- 
être un autre goût dans ces cima 
ians", mais ce qui me fait penfer quece 
dépend plutôt delà nature de 1 homme 
que de celle du chien , c eft que les fau- 
vages du Canada qui habitent tm pa> * 
froid , ont ie même gouc que les 
pour la chair du chien , t> s 

^ PuiJ 


344 JJiJloire Naturelle 

Mffionnafres en ont quelquefois mangé 
Utns Hegout. cc Les chiens fervent en 

guife de mouton pour être mangés en 
» feftinj dit le P. Sabard Theodat : je me 
« fuis trouvé diverfes fois à des feftins 
I» de chien , j avoue véritablement que 
»du commencement cela me faifoit 

horreur , mais je nen eus pas mangé 
» deux fois que j’en trouvai la chair 

J ”” n’ ^ approchant 

» de celle du porc (f)rt. 

Dans nos climats, les animaux fau- 
vages qui approchent le plus du chien , 
& fur -tout du chien à oreilles droites , 
tîu chien de berger , que je regarde 
connue la fouche & le type de l’efpèce 
entière , font le renard & le loup ; & 
comme la conformation intérieure eft 
prefque entièrement la même, & que les 
diderences extérieures font allez légères, 
j ai voulu eflâyer s’ils pourroient produire 
enfemble : j ’efpérois qu’au moins on 
parviendroit à les faire accoupler , & que 
s ils ne produifoient pas des individus 
féconds, ils engendreroient des efpèces 

ThS H “ T Sabard 

Theodat, B.«coUet, Vans, / 6 ’^-a , fage j 1 1 . 


du Chien. ' 345 

de mulets qui auroient particqDé de la 
nature des deux. Pour cela, ) aifaK elever 
Une louve prife dans les bois à 1 âge de 
deux ou trois mois , avec un mâtin de 
même âge -, ils étoient enfermes enlemble 
& feuls dans une affez grande cour ou 
aucune autre bête ne pouvoir entrer , & 
où ils avoientun abri pour (e retirer-, ils 
ne conuoiffoient ni l’un ni 1 autre aucun 
individu de leur efpèce , ni meme aucun 
homme que celui qui étoit charge du loin 
de leur porter tous les jours à manger : 
on les a gardés trois ans, toujours avec 
la même attention , & fans les contraindre 
ni les enchaîner. Pendant la première 
année, ces jeunes animaux jouoiem per- 
pétuellement enfemble & paroilToient 
s aimer beaucoup-, à la fécondé annee ils 
commencèrent par fe difputer lajiour- 
riture, quoiqu’on leur en donnât plus 
qu’il ne leur en falloir. La querelle venoit 
toujours de la louve -. on leur portent de 
la viande & des os fur un grand plat de 
bois Que Toiipofoit â terre \ dsnslinftant 
même la louve , au Heu de fe jeter fur la 
viande , commençoit par ecarter le > 

& prenoit enfuite le plat par la tranche li 


54 <^ Hijïoire Naturelle 

adroiiement , qu elle ne laifToic rien tom- 
ber de ce qui étoit deffus , & emportoic 
îe tout en fuyant ; & comme elle ne 
pouvoir forcir^ je l’ai vue fou vent faire 
cinq ou fix fois de fuite le tour de la 
Cour , tout le long des murailles, toujours 
tenant le plat de niveau entre fes dents , 
& ne le repoler à terre que pour re- 
prendre haleine & pour fe jeter fur la 
viande avec voracité , & fur le chien avec 
fureur lorfqu’il vouloir approcher. Le 
chien étoit plus fort que la louve j'mais 
comme il croît plus doux, ou plutôt 
moins féroce , on craignit pour fa vie, & 
on lui mit un collier. Après la deuxième 
année, les querelles étoient encore plus 
vives Sc 'lcs combats plus fréquens, & 
on mit auflî un collier à la louve , que 
le chien commençoit à ménager beau- 
coup moins que dans les premiers temps. 
Pendant ces deux ans il n’y eut pas le 
moindre ligne de chaleur ou de délit, 
ni ^ dans 1 un ni dans l’autre -, ce ne fut 
qu à la fin de la rroifième année que ceS 
animaux commencèrent à relTentir les 
imprellions de l’ardeur du rur , mais fans 
amour j car loin que cet état les adoucît , 


du Chien. 


347 


ou les rapprochât lun de 1 autre , ib n eri 
devinrent que plus ^ ^ P " 

féroces: ce n etoit plus 
mens de douleur meles a des er s de 
colère -, iis maigrirent tous deux en moins 
de trois femaines , fans jamais s appro^er 
autrement que pour le déchirer : enfin 

ils s'acharnèrent fl fonlun contre l autre , 

mie le chien tua.ia louve qui croît de- 
wnue la plus maigre & la plus foible, & 
Ton fut obligé de tuer le chien quelques 
• mree au’au moment qu on 

Sude meure en liberté , il fit grand 
dégât en fe lançant avec fureur fur les 
•vokilles, fur les chiens, & meme furies 

^°ravSs dans le même temps des re- 
nards , deux mâles & une femelle , 

ion avoir pris dans des pieges , & que 
le faifois garder loin les uns des autres 
dans des fieux féparés : ) avois fa« atf - 
-cher l’un de ces renards avec une chain 
légère , mais allez longue & on lui avoit 
bâfi une petire hutte ou il fe mettoit 

rabti. Je le gardai pendant plufieurs mois , 
il fe portoit bien *5 & quoiqui f^r 1 
ennuyé & les yeux toujours^ xes 


54 ^ Uijloire Naturelle 

campagne qu'il voyoit de fa hutte, il ne 
lailloit pas de manger de très. grand 
appétit. On iui préfenta une chienne en 
chaleur que l’on avoir gardée , & qui 
n avoir pas été couverte ; & comme elîe 
ne vouloir pas refter auprès du renard , 
on pnt le parti de l'enchaîner dans le 
meme lieu , & de leur donner largement 
a manger. Le renard ne la mordit ni ne 
la maltraita point : pendant dix Jours qu'ils 
demeurèrent enfemble , iLn'y eut pas la 
moindre querelle, ni Je jour, ni la nuit, 
ni aux heures du repas; le renard s’ap- 
prochoit même allez familièrement , mais 
dès qu'il avoir Hairé de trop près fa con>. 
pagne le ligne du défit difparoiiïbit, 
& il s'en retournoit rriltem'ent dans fa 
hutte; il ny eut donc point d’accou'- 
plement. Lorfque la chaleur de cette 
chienne fut paflée , on lui en fubftitua 
une autre qui venoit d'entrer en chaleur , 
enfuite une troifième & une qua- 
trième. Le renard les traita toutes avec 
la même douceur, mais avec la même 
indiftcrence : & afin de m’allurer fi 
c’étoir la répugnance naturelle ou l'état 
de coniraiiue où il étoit qui l'empêchoit 


du Chien. 349 ^ 

âe s’accoupler , je lui fis amener une 
femelle de fon efpèce, il la couvrit dès 
le même jour plus dune fois , & nous 
trouvâmes , en la difféciuant quelques 
femaines après, quelle écoit pleine, & 
qu’elle aurott produit quatre petits re- 
nards. On préfenta de même fucceflive- 
ipent à l’autre renard pluficurs chiennes 
en chaleur , on les enferraoit avec lui 
dans une cour où ils nécoient point en- 
chaînés •, il n’y eut ni haine , ni amour, 
ni combat , ni careffes , & ce renard 
mourut au bout de quelques mois de 
dégoût ou d ennui. 

Ces épreuves nous apprennent _ au 
moins que le renard & le loup ne iont 
pas tout- à -fait de la même naaire que le 
chien-, que ces efpèces non- feulement 
font différentes , mais feparees & allez 
éloignées pour ne pouvoir les rappro- 
ché?, du moins dans ces climats -, qiie 
par conféquent le chien ne tire pas Ion 
origine, du renard ou du loup , & que les 
tiomenclateurs ( t) qui ne regardent ces 

ft J Canis caudâ ('fmiftrorfam J rtcunâ , le Chiea- 
caudâ, incurvât le Loup. Cdtiis -caudu re 9 

h Lianxi , 


3 J O Hijîoire Naturelle 

deux animaux que comme des chieni 
fauvages , ou qui ne prennent le chien 
que pour un loup ou un renard devenu 
domeftique, & qui leur donnent à tous 
trois le nom commun de cliien , fe trom- 
pent , pour n’avoir pas allez confulté là 
Nature. 

Il y a dans les climats plus chauds quC 
le nôtre une efpèce d’animal féroce & 
cruel 5 moins diftcrent du chien que nC 
îc font le renard ou le loup ; cet animal» 
qui s’appelle Adhe ou chacal, a été re- 
marqué &: alTez bien décrit par quelques 
voyageurs -, on en trouve en grand 
nombre en Ane & en Afrique , au^ 
environs de Trébifonde (u ) , autour dt' 
mont Caucafc, en Mingrélie , en 
Natolie (yj , en Hyrcanie en Pcrfe» 
aux Indes , à Surate (a), a. Goa, à 

Voyages de Geraclii Caixeri. Paris, ï^tg) 
tome /, page 

( x) Voyage de Chardin. Londres , iGSS ,page 

Voyage de Dumont. La Haye , 163,9 ' 
tome page ^iS & fuivantes. 

Voyage de Chardin. Amfltrdam. , 17 n' 
tome II , page 03. 

( a) Voyage d’Innigo de Biervillas. Paris, 1336$ 
partit L'» , page lyS, 


du Chien. 3 5 * 


Guzarat , à Bengale , au Congo (h ) , en 
Guinée , & en pluiieurs autres endroits : 
& quoique cet animal foit regardé par 
les naturels des pays qu il habite , comme 
Un chien fauvage, & que fon nom même 
le défigne-, comme il eft très -douteux 
qu’il le mêle avec les chiens & qu’il 
puille engendrer ou produire avec eux , 
nous en ferons l’hiftoire à part , comme 
nous ferons aulïi celle du loup j celle 
du renard > & celle de tous les autres 
animaux qui ne fe niêlant pomt 
femble , font autant d efpeces dillinttes 


féparées. , . v 

Ce n’eft pas que je pretende^ dune 
Uianière décillve & abfolue que 1 adive , 
& même que le renard & le loup ne 
le foient jamais , dans aucun temps , ni 
dans aucun climat, mêlés avec les chiens. 
Les Anciens l’allurent allez pofitivement 
pour qu’on puille encore avoir fur cela 
quelques doutes, maigre les epreuves 
que je viens de rapporter ■, & j avoue 
qu’il faudroit un plus grand nombre de 
pareilles épreuves pour acquérir fur ce 


J Voyage de Bofman > 33^ ^ 

Voyage du P. Zuchel, Capucin, pnff' 3.9J- 


5 52 , Uijîoîre Naturelle 

fait une certitude entière. Ariftote, dont 
je fuis très -porté à refpeèber ie témoi- 
gnage , dit précifément ( c) qu’il eft rare 
que les animaux qui font d'efpèces dif- 
ferentes fe mêlent enfemble ; que ce- 
pendant il eft certain que cela arrive dans 
les chiens , les renards & les loups ; que 
les chiens indiens proviennent d’une autre 
bête fauvage femblable & dun chien. 
On pourroit croire que cette bête fau- 
vage , à laquelle il ne donne point de 
nom , eft l’adive ; mais il dit dans un 
autre endroit que ces chiens indiens 
viennent^ du tigre & du chien , ce qui 
me paroit encore plus difficile à croire 5 
parce que le tigre eft d’une nature & 
dune forme bien plus différentes de 
celles du chien , que le loup , le renard 
ou ladive. Il faut convenir qu’Ariftote 
femble lui -même infirmer fon témoi- 
gnage à cet égard ; car après avoir dit 
que les chiens Indiens viennent d’une 
bête fauvage femblable au loup ou au 
renard , il dit ailleurs qu’ils viennent du 

{ cj Arift. de generatione animal. Hb.II, cap }. 
C Anftj hijl. animal. Ijb, vill, cap. as. 


du Chien. 35 5 

^gre , & fans énoncer lî c’eft du tigre & 
de la chienne , ou du chien & de la ti- 
grelTe , il ajoute feulement que la choie 
ne réufïït pas d’abord , mais feulement à 
la troifième portée -, que de la première 
fois il ne réfulte encore que des tip-es 
qu’on attache les chiens dans les déferts , 
&: qu’à moins que le tigre ne foit en 
chaleur , ils font fouvent dévorés -, que 
Ce qui fait que 1 Afrique produit fouvent 
des prodiges & des monftres , c eft que 
l’eau y étant très - rare & la chaleur fort 
grande , les animaux de difterentes el- 
pèces fe rencontrent alfembles en grand 
nombre dans le même lieu pour boire i 
que c’eft-là qu’ils fe familiarifent , s’ac- 
couplent & produifent. Tout cela pie 
paroît conjeaural, incertain, & meme 
^Ifez fufped pour n’y pas ajouter foi ; 
^ar plus on obferve la nature des ani- 
'naux , plus on voit que 1 indice le plus 
fût pour en juger, c’eft linftinéf. Lexp 
naen le plus attentif des parties inte- 
heures ne nous découvre que les grqlTp 
différences •, le chevàl & 1 ane , qui fe 
teflemblent parfaitement par la confor- 
ftiation des parties intérieures , font cepen- 


3 54 Uijîoire Naturelle 

dant des animaux d’une nature différente» 
le taureau , le bélier & le bouc , qui ne 
diffèrent en rien les uns des autres pout 
la conformation intérieure de tous leS 
vifccres , font d’efpèces encore plus 
éloignées que l’âne & le clieval , & il en 
eft de même du chien , du renard & dii 
loup. L’infpeétion de la forme extérieure 
nous éclaire davantage-, mais comme danS 
plufieurs efpèces , & fur-tout dans celles 
qui ne font pas éloignées , il y a même 
à l’extérieur , beaucoup plus de relïem' 
blance que de différence, cette infpec' 
tion ne fufht pas encore pour décider U 
ces elpcces font differentes ou les mêmes » 
enfin lorfque les nuances font encore 
plus légères , nous ne pouvons les faifif 
qu’en combinant les rapports de l’inf 
tinét. C’eft en effet par le naturel des 
animaux qu’on doit juger de leur nature » 
& fî l’on fuppofoit deux animaux tout 
femblables pour la forme, mais tout dif* 
ferons pour le naturel , ces deux animau< 
qui ne voudroient pas fe joindre , Si 
qui ne pourroient produire enfemble » 

1 croient, quoique femblables, de deu» 
efpèces différentes. 


du Chien, 355 

Ce même moyen auquel on eft obligé 
d’avoir recours pour juger de la difté- 
rence des animaux dans les efpèces voi- 
fines, eft, à plus forte raifon , celui qu on 
doit employer de préférence k tous autres , 
lorfqu’on veut ramener à des points fixes 
les nombreufes variétés que l’on trouve 
dans la même efpcce : nous en con- 
HoilTons trente dans celle du chien, & 
allurément nous ne les connoiftbns pas 
toutes. De ces trente variétés , il y en a 
dix-fept que l’on doit rapporter à Tin- 
fluence du cliimat -, favoir , le Chien de 
flereer , le Chien - loup , le Chien de 
Sibérie , le Chien dlflande & le Chien 
de Lapponie , le Mâtin , les Lévriers , 
le grand Danois & le Chien d’Irlande , 
le Chien courant , les Braques , les Baf- 
lets , les Épagneuls & le Barbet , le petit 
fl^anois , le Chien -turc & le Dogue ; 
les treize autres, qui font le Chien -turc 
’ï'éris , le Levrier à poil de loup , le 
Chien -bouffe , le Chien de Malte ou 
Bichon , le Roquet , le Dogue de forte 
^ace , le Doguin ou Mopfe , le Chien 
de Calabre , le Burgos , le Chien d Ali- 
'^ante , le Chien -lion , le petit Barbet 


3 5 <3 HiJIoire Naturelle 

Sc le Chien qu’on appelle Artois , IlToîs 
ou Quatre-vingt , ne l'ont que des métis 
qui proviennent du mélange des pre- 
miers ; & en rapportant chacun de ces 
chiens métis , aux deux races dont ils 
font ilTus, leur nature eft dès -lors alfez 
connue -, mais à l’égard des dix-fept 
premières races, fi l’on veut connoître 
les rapports qu’elles peuvent avoir entre 
elles , il faut avoir égard à i’inftinéb , à 
îa forme & à plufieurs autres circonf- 
tances. J’ai mis enfemhie le Chien de 
Berger , Je Chien - loup , le Chien de 
Sibérie , le Cliien de Lapponie & le 
Chien d Illande , parce qiuls fe rel- 
femblent plus qu’ils ne reliembient ainf 
autres par la figure & par le poil , qu’ils 
ont tous cinq le mufeau pointu à peti 
près comme le renard , qu’ils font les 
feuls qui aient les oreilles droites , & que 
leur inftinél: les porte à fuivre & gardet 
les troupeaux. Le Mâtin , le Levrier , 
le grand Danois & le Chien d’Irlande 
ont , outre la relîemblance de la forme ^ 
du long mufeau , le meme naturel ; ils 
aiment à courir , à fuivre les chevaux » 
les équipages -, ils ont peu de nez , Si 


âu Chien. 357 

chaiïent plutôt à vue qu à l’ocîotat. Les 
Vrais chiens de chaffe font les Chiens 
vpurans , les Braques , les Baffets , les 
Épagneuls & les Barbets ; quoiqu’ils 
difterent un peu par la forme du corps , 
Us ont cependant tous le mufeau gros •, 
& comme leur inftintt efl: le meme , on 
lie peut guère fe tromper en les mettant 
«nfemble. L’Épagneul , par exemple , a 
été appelé par quelques Naturaliftes , 
<:anis aviarius terreftris , & le Barbet, canis 
fiviarius aquaticus ; & en effet, la feule 
différence qu’il y ait dans le naturel de 
Ces deux chiens , c’eft que le Barbet , 
9Vec fon poil touftu , long & frifé , va 
plus volontiers à l’eau que l’Épagneul , 
^ui a le poil lüfe & moins fourni , ou 
'Jue les trois autres qui l’ont trop court 
^ trop clair pour ne pas craindre de fe 
•fouiller la peau. Enfin le petit Danois 
^ le Chien -turc ne peuvent manquer 
d’aller enfemble , puifqu’il eft avéré que 
Chien -turc n’eft qu’un petit Danois 
^tii a perdu fon poil. Il ne refte que 
le Dogue , qui par fon mufeau court 
femble fe rapprocher du petit- Danois 
plus que d’aucun autre chien , roais qui; 


3 J 8 Hijloire Naturelle 

en diffère à tant d’autres égards , qu’H 
paroît feul former une variété différente 
de toutes les autres , tant pour la forme 
que pour l’inllinél : il femble auflî afteéfef 
un climat patticulier, il vient d’Angle' 
terre, & l’on a peine à en maintenir b 
race en France •, les métis qui en pro" 
viennent , & qui font le Dogue de forte 
race & le Doguin , y réuflîüent mieux ' 
tous ces chiens ont le nez fi court qu’ils 
ont peu d’odorat , & fouvent beaucoup 
d’odeur. Il paroît auffi que la fineffè de 
i’odorat , dans les chiens , dépend de Is 
groffeur plus que de la longueur Ji* 
mufeau , parce que le Levrier , le Mâtiu 
& le grand Danois , qui ont le mufeaü 
fort alongé , ont beaucoup moins de ne^ 
que le Chien courant , le Braque & 
Baffet , & même que l’Épagneul & 1^ 
Barbet , qui ont tous, à proportion d® 
leur taille , le mufeau moins long , mais 
plus gros que les premiers. 

La plus ou moins grande perfeétioP 
des fens , qui ne fait pas dans l’homiu^ 
une qualité éminente , ni même remaf' 
quable , fait dans les animaux tout leu^ 
mérite , & produit comme caufe , tou* 


du Chien. 359 

taîens dont leur nature peut être fuf- 
l^eptible. Je n entreprendrai pas de faire 
'ci rénumération de toutes les qualités 
^’un chien de chalTe , on fait affez com- 
l^ien l’excellence de l’odorat , Jointe à 
‘éducation , lui donne d’avantage & de 
^'^périorité fur les autres animaux -, mais 
détails n’appartiennent que de loin 
^ l’Hiftoire Naturelle , & d’ailleurs les 
'ofes & les moyens , quoiqu’émanés de la 
^'inple Nature que les animaux fauvages 
"letcent en œuvre pour fe dérober à la 
'Recherche, ou pour éviter la pourfuitc & 
atteintes des chiens , font peut-être 
l'iüs merveilleux que les méthodes les 
Unes de l’art de la chafle. 

, Le chien , lorfqu’il vient de naître ; 
"eft pas encore entièrement achevé ; 
^^ns cette efpèce , comme dans celle 
tous les animaux qui produifent en 
pand nombre , les petits, au moment de 
naillance , ne font pas auffi parfaits 
dans les animaux qui n’en produifent 
Hu’un ou deux. Les chiens naiflent com- 
^''Unément avec les yeux fermés , les deux 
l'Supières ne font pas fimplement collées , 
'''ais adhérentes par une membrane qui 


3 <3 O Hîjloire Naturelle 

fe déchire lorfqne îe mufcle de îa paU^ 
pière fupérieure cft devenu affez fort 
pour la relever & vaincre cet obftacle > 
& la plupart des chiens n’ont les yeu’^ 
ouverts'qü’au dixième ou douzième jouf' 
Dans* ce meme temps, les os du crân^ 
ne font pas achevés , le corps eft bouffi ’ 
le muleau gonflé, & leur forme nei^ 
pas encore bien deffinée •, mais en moia^ 
d’un mois ils apprennent à faire ufag^ 
de tous leurs fens & prennent enfuit^ 
de la force & un prompt accroilTement' 
Au quatrième mois ils perdent qucb 
ques-unes de leurs dents, qui , comU'*' 
dans les autres animaux , font bientd 
remplacées par d’autres qui ne tombed 
plus : ils ont en tout quarante - deu’' 
dents , favoir fix incifives en haut & 
en bas , deux canines en haut & dei‘^ 
en bas , quatorze mâchelières en ha‘‘^ 
& douze en bas ; mais cela n’eft p-’* 
conftant , il fe trouve des cliiens qui oi’^ 
plus ou moins de dents mâchelièrC^' 
Dans ce premier âge , les mâles coini^’^ 
les femelles s’accroupitrent un peu po*^^ 
piffer , ce n’cll: qu’à neuf ou dix mois q‘'^ 
les mâles , & même quelques femelle*’ 

commence*! 


du Chien. ^6i 

Commencent à lever la cuilTe , & c"eft 
dans ce même temps qu’ils commencent 
à être en état d’engendrer. Le mâle peut 
s’accoupler en tout temps , mats la fe- 
melle ne le reçoit que dans des temps 
marqués ; c’eft ordinairement deux fois 
par an , & plus fréquemment en hiver 
qu’en été : la chaleur dure dix , douze & 
quelquefois quinze jours-, elle fe marque 
par des lignes extérieurs , les parties de 
îa génération font humides, gonflées & 
proéminentes au dehors ; il y a un petit 
écoulement de fang tant que cette ardeur 
dure, & cet écoulement aulîi-bien que 
le gonflement de la vulve commencent 
quelques Jours avant l’accouplement : le 
mâle fent de loin la femelle dans cet état 
^ la recherche , mais ordinairement elle 
fie fe livre que lix ou fept Jours après 
qu’elle a commencé à entrer en chaleur. 
On a reconnu qu’un feul accouplement 
fuffit pour qu’elle conçoive , même en 
grand nombre cependant , lorfqu’on la 
’ailfe en liberté , elle s’accouple plulîeurs 
fois par jour avec tous les chiens qui fe 
ptéfentent : on ohferve feulement que 
lorfqu’elle peut choifir , elle préfère 

Tome J, Quadrupèdes, Q 


3 (} 2 Hijîoire Naturelle 

toujours ceux de la plus grollè & de 
la plus grande taille , quelque laids 8c 
quelque difproportionnés qu'ils puiflent 
être : auffi arrive- 1 - il alTez fouvent 
que de petites chiennes qui ont reçu 
des mâtins , périllènt en faifant leurs 
petits. 

Une chofe que tout le monde fait, & 
qui cependant n’en eft pas moins une 
fingularité de la Nature , c’eft que dans 
l’accouplement ces animaux ne peuvent 
fe réparer , même après la confommation 
de i’aéle de la génération , tant que l’état 
d’éreélion & de gonflement fuhfifte, ils 
font forcés de demeurer unis , & cela 
dépend fans doute de leur conformation. 
Le chien a non-feulement , comme plu- 
iîeurs autres animaux, un os dans la verge, 
mais les corps caverneux forment dans 
le milieu une efpèce de bourrelet fort 
apparent , & qui fe gonfle beaucoup dans 
l’éreétion : la chienne , qui de toutes les 
femelles eft peut-être celle dont le clitoris 
eft le plus confidérablc & le plus gros 
dans le temps de la chaleur, prélente 
de fon côté un bourrelet , ou plutôt une 
tumeur ferme & faillante , dont le gotf*. 


du Chien. 365 

■flemenc, auiïi-bien que celui des parties 
voifines , dure peut-être bien plus long- 
temps que celui du mâle, & fuftît peut- 
être auffi pour le retenir malgré lui -, car 
au monaent que l’aéte eft confommé , il; 
change de pofition, il fe . remet à pied 
pour fe repofer fur fes quatre Jambes , il 
a même l’air trille , & les eftbrts- pour fe 
féparer ne viennent Jamais de la femelle. 

Les chiennes portent neuf femaines , 
c’eft - à - dire , foixante - trois jours , quel- 
quefois foixante-deux ou foixante- un y 
& jamais moins de foixante ; elles pro- 
duifent lîx , fept , & quelquefois jufqu à 
douze petits ; celles qui font de la plus 
grande .& de la plus forte taille', pro- 
duifent en plus grand nombre que les 
petites , qui fouvent ne font que quatre 
ou cinq;, & quelquefois qu’un ou -deux 
petits 5 '.fur -tout dans les premières por- 
tées-v qui 'font toujours moins nombreufes 

que les , autres dans tous les animaux. 

Les diiens-, qtioiqqe très-ardens en 
^our , ne laillent pas de durer , il ne 
paroît pas meme -que l’âge duninue leur 
ardeur ^ ils s’accouplent & produtfent pen- 
dant toute la vie , qui eft ordinairement 


5^4 HiJIoire Naturelle 

bornée à quatorze ou quinze ans , quoi- 
qu’on en ait gardé quelques-uns jufqu’à 
vingt. La durée de la vie eft dans le 
chien , comme dans les autres animaux , 
proportionnelle au temps de l'accroiffe- 
menr •, il. eft environ deux ans à croître , 
il vit aulîî fept fois deux ans. L’on peut 
eonnoître fon âge par les dents , qui dans 
îa jeunelTe font blanches , tranchantes & 
pointues , & qui , à mefure qu’il vieillit , 
deviennent noires , moulTes & inégales , 
on le connoît aulïï par le poil , car il 
blanchit fur le mufeau , fur le front & 
autour des yeux. 

Ces animaux, qui de leur naturel font 
très - vigilans , très - adifs ^ & qui font 
faits pour le plus grand mouvement , 
deviennent dans nos maifons, parla fur- 
charge de la nourriture , fi p'efans & fi 
parefleux , qu’ils palfent touœ leur, vie à 
ronfler , dormir & manger. Ce fdtnmeil 
prefque continuel , eft accompagné de 
rêves , & c’efl: peut r être, une^ daüce 
manière d’exifter-, ils font naturellement 
voraces ou gourmands , & cependant ils 
peuvent fe pafler de nourriture pendant 
long-temps. Il y a dans les Mémoires de 


du Chien. 5^5 

i l’Académie des Sciences ( c) riiiftoire 
d’une chienne , qui ayant été oubliée 
dans une inaifon de campagne , a vécu 
quarante jouts fans autre nourriture que 
l’étoffe ou la laine d’un matelas qu’elle 
avoir déchiré. Il paroît que l’eau leur eft 
encore plus nécelfaire que la nourriture , 
ils boivent fouvent & abondamment, on 
croit même vulgairement que quand ils 
manquent d’eau pendant long -temps ils 
deviennent enragés. Une chofe qui leur 
eft particulière , c’eft quils paroiffent 
faire des efforts & fouffrir toutes les fois 
qu’ils rendent leurs excrémens : ce n’eft: 
pas , comme le dit Ariftoce ( d) , parce 
: que les inteftins deviennent plus étroits 
approchant de 1 anus , il eft certain , 
au contraire que dans le chien , comme 
dans les autres animaux , les gros boyaux 
s’élargiffent toujours de plus ‘en plus 
& que le reétum eft plus large que le 
Colon : la fécheretle du tempérament 
de cet animal fuffit pour produire cet 
effet, & les étranglemens qui fe trouvent 

f ) Hîftoite de l’Académie des Sciences , année 
iyo6 ; page s. 

fdj Atiftot. de partibus animal, capite ultimo. 

Qiij 


^6-6 Hijloire Naturelle 

dans le colon, font trop loin pour qif ou 
puiffe l’attribuer à la conformation des 
inteftins. 

Pour donner une idée plus nette de 
l’ordre des chiens , de leur génération 
dans les dillérens climats , & du mélange 
.de leurs races , je joins ici une table , 
ou , fl l’on veut , une efpèce d’arbre 
généalogique , où l’on pourra voir d’un 
coup dœil toutes ces variétés : cette 
table eft orientée comme les cartes géo- 
graphiques, & l’on afuivi, autant qu’il 
ctoit pollible , la pofition refpeélive des 
climats. 

Le Chien de Berger eft la Touche de 
l’arbre : ce chien tranfporté dans les cli- 
mats rigoureux du Nord , s’cft enlaidt 
& rapetilTé chez les Lappons , & paroît 
s’être maintenu, & même perfeétionné» 
en Illande , en Ruffie, en Sibérie, dont 
le climat eft un peu moins rigoureux & 
où les peuples font un peu plus civilifés> 
Ces changemens font arrivés pat la feul^ 
influence de ces climats , qui n’a pa5 
produit une grande altération dans 1^ 
forme; car tous ces chiens ont les oreille^ 
droites , le poil épais & long , l’air fai*' 


du Chien, 367 

Vage , & ils n’aboient pas auffi fréquem- 
ment ni de la même manière que ceux 
qui , dans des climats plus favorables , 
fe font perfeâionnés davantage. Le 
Chien dlflande eft le feul qui n ait pas 
les oreilles entièrement droites, elles font 
un peu pliées par leur extrémité, auffi 
riflande eft, de tous ces pays du Nord, 
l’un des plus anciennement habités par 
des hommes à demi-civilifés. 

Le même Chien de Berger , tranf- 
porté dans des climats temperes , & chez 
des peuples entièrement policés , comme 
en Angleterre , en France , en Alle- 
magne , aura perdu fon air fauvage , fes 
oreilles droites , fon poil rude , épais^ & 
long , & fera devenu Dogue , Chien 
courant & Mâtin , par la feule influence 
de ces climats. Le Mâtin & le Dogue 
Ont encore les oreilles en partie droites , 
elles ne font qu’à demi pendantes , & ils 
reflemblent allez par leurs mœurs & par 
leur naturel fanguinaire , au chien duquel 
ils tirent leur origine. Le Chien courant 
eft celui des trois qui s’en éloigne le 
plus , les oreilles longues , entièrement 
pendantes , la douceur , la docilité , & j 


3 (5 8 Hijloire Naturelle 

fl on peut le dire , ïa timidité de ce 
cliien , font autant de preuves de la 
grande dégénération , ou , fi Ton veut , 
de la grande perfeélion qu’a produite 
une longue domefticité , jointe à une 
éducation foignée & fuivie. 

Le Cliien courant , le Braque & le 
Ballet ne font qu’une feule & même race 
de chiens -, car l’on a remarqué que dans 
la même portée il fe trouve alTez fouvent 
des chiens courans , des Braques & des 
ballets , quoique la Lice n’ait été cou- 
verte que par l’un de ces trois chiens. 
J’ai accolé le Braque de Bengale au 
Braque commun , parce qu’il n’en dif- 
fère en effet que par la robe qui eft 
mouchetée ; & j’ai joint de même le 
Baffèt à jambes torfes au Baflet ordinaire , 
parce que le défaut dans les jambes de 
ce chien ne vient originairement que 
d’une maladie femblable au rachitis , dont 
quelques individus ont été attaqués, & 
dont ils ont tranfmis le réfultat , qui 
eft la déformation des os , ’à leurs def- 
cendans. 

Le Chien courant tranfporté en Ef* 
pagne & en Barbarie > ou prefque tous 


, du Chien. . 3^9 

les animaux ont le poil .fin., long & 
fourni, feua devenu Epagneul i&, Barbet : 
le grand & .le petit Epagneul qui ne 
didèrent que par la taille , tranlporrés 
en Angleterre , ont changé de couleur 
du blanc au noir , & font devenus, par 
l’influence du climat, grand & petit Gre- 
dins , auxquels on doit joindre le Pyrame 
qui n’eft qu’un Gredin noir comme les 
autres , mais marqué de feu aux quatre 
pattes , aux yeux & au mufeau. 

Le Matin tranfporté au nord , eft 
devenu grand Danois , & tranfporté au 
midi , eft devenu Levrier : les grands 
Lévriers viennent du Levant , ceux de 
taille médiocre, d’Italie i & ces Lévriers 
d’Italie , tranfportés en Angleterre , font 
devenus Levrons, c’eft-à-dire. Lévriers 
encore plus petits. 

Le grand Danois tranfporté en Irlande, 
en Ukraine , en Tartarie , en Epire , en 
Albanie , eft devenu Chien d’Irlande , 
& c’eft le plus grand de tous les chiens. 

Le Dogue tranfporté d’Angleterre en 
1 Daneraarck, eft devenu petit Danois , 
i & ce même petit Danois , tranfporté 
dans les climats chauds , eft deveim 

Qv 


570 HiJI oire Naturelle 

Chien “turc. Toutes ces races, avec leurf 
variétés , n’ont été produites que par 
l’influence du climat , Jointe à la dou- 
ceur de l’abri, à l’eft'et de la nourriture , 
& au réfultat d’une éducation foignée i 
les autres chiens ne font pas de races 
pures , & proviennent du mélange de 
ces premières races: j’ai marqué par des 
lignes ponétuées , la double origine de 
ces races métives. 

Le Levrier & le Mâtin ont produit 
le Levrier métis , que l’on appelle auffi 
Levrier à poil de loup ; ce métis a le mufeau 
moins effilé que le franc levrier , qui eft 
très -rare en France. 

Le grand Danois & le grand Epa- 
«rneul ont produit enfemble le Chien 
de Calabre , qui eft un beau chien à 
longs poils touffus , & plus grand par- 
la taille que les plus gros mâtins. 

L’Épagneul & le Baffet produifent un 
autre chien que l’on appelle Burgos. 

L’Épagneul & le petit Danois pro- 
duifent le Chien - lion , qui eft mainte- 
nant fort rare. 

Les chiens à longs poils , fins & frifés , 
que l’on appelle Bouffes ^ & qui font de 


du Chien. 371 

la taille des plus grands barbets , vien- 
nent du grand Épagneul & du Barbet. 

Le petit Barbet vient du petit Épa- 
gneul & du Barbet. ^ ^ 

Le Dogue produit avec le Mâtin un 
Chien métis que l’on appelle Dogue de 
forte race , qui eft beaucoup plus gros 
que le vrai Dogue, ou Dogue d’An- 
gleterre , & qui tient plus du Dogue 
que du Matin. 

Le Doguin vient du Dogue d’An- 
gleterre & du petit Danois. 

Tous ces chiens font des métis fimples , 
& viennent du mélange de deux races 
pures -, mais il y a encore d’autres chiens 
qu’on pourroit appeller Double métis j 
parce qu’ils viennent du mélange d’une 
pure & d une race déjà melee. 

Le Roquet eft un double métis qui 
vient du Doguin & du petit Danois. 

Le Chien d’Alicante eft auffi un 
double métis , qui vient du Doguin & 
du petit Épagneul. 

Le chien de Malte ou Bichon eft 
encore un double métis, qui vient du 
petit Épagneul & du petit Barbet. 

Enfin il JT a des chiens qu’on pourroit 

Qvj 


372 HiJIoire Naturelle ^ &c. : 

appeler Triples métis , parce qu ils vien- j 
nent du mélange de deux races déjà me- 1 
lées routes deux -, tel eft le Chien d’Artois, 
IfTois ou Quatre-vingt , qui vient du 
Dogüin & du Roquet , tels font encore 
les chiens que l’on appelle vulgairement 
Chiens des rues , qui relTemblent à cous 
les chiens en général fans relTemhler à 
aucun en particulier , parce qu’ils pro- 
viennent du mélange de races déjà plur 
/leurs fois mêlées. 




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375 


LE CH A T. 

L e Chat eft un domeftique infidèle i 
qu’on ne garde que par néceffité , 
pour l’oppofer à un autre ennemi do- 
meftique encore plus incommode , & 
qu’on ne peut chafTer : car nous ne 
comptons pas les gens qui , ayant du 
goût pour toutes les bêtes , n’élèvent 
des chats que pour s’en amufer ; l’un eft 
l’ijfage , l’autre l’abus -, & quoique ces 
animaux, fur-tout quand ilr ^ .. jeunes, 
aient de la gentillelie , ils ont en même 
temps une malice innée , un caractère 
faux , un naturel pervers , que l’âge 
augmente encore , & que l’éducation ne 
fait que mafquer. De voleurs déterminés , 
ils deviennent feulement, lorfqu’ils font 
bien élevés , fouples & flatteurs comme 
les fripons ; ils ont la même adrefle , la 
même fubtilité , le même goût pour faire 
le mal , le même penchant à la petite 
rapine -, comme eux ils faveur couvris 
leur marche , diffimuler leur delTein , 
épier les occafions , attendre , choifir , 


3 74 Hijloire Naturelle 

faifir i’inftant de faire leur coup , fe 
dérober enfuite au châtiment , fuir & 
demeurer éloignés )ufqu à ce qu’on les 
rappelle. Ils prennent aifément des habi- 
tudes de fociété, mais jamais des mœurs: 
ils n’ont que l’apparence de l’attache- 
ment -, on le voit à leurs mouvemens 
obliques, à leurs yeux équivoques-, ils 
ne regardent jamais en face la perfonne 
aimée -, foh défiance ou faulTete , ils 
prennent des détours pour en approcher , 
pour chercher des careflTes auxquelles 
ils -ne font fenfibles que pour le plaifir 
qu’elles leur font. Bien cfiftérent de cet 
animal fidèle , dont tous les fentimens fe 
rapportent à la perfonne de fon maître , 
le chat paroît ne fentir que pour foi , 
n’aimer que fous condition , ne fe prêter 
au commerce que pour en abufer ; & par 
cette convenance de naturel, il eft moins 
incompatible avec l’homme qu’avec le 
chien dans lequel tout eft fincère. 

La forme du corps & le tempérament 
font d’accord avec le naturel, le chat eft 
joli , léger , adroit , propre & volup- 
tueux : il aime- fes ailes , il cherche le* 
meubles les plus mollets pour s’y repofet 


du Chat. 5 7 ^ 

& s’ébattre : il eft auffi très -porté à 
i’amour , & , ce qui eO: rare dans les ani- 
maux , la femelle paroît être plus ardente 
que le mâle", elle l’invite, elle le cherche , 
elle l’appelle , elle annonce par de hauts 
cris la fureur de fes defîrs , ou plutôt 
l’excès de fes befoins , &; lorfque le mâle 
la fuit ou la dédaigne, elle le pourfuit, 
le mord, & le force, pour ainfi dire, à la 
fatisfaire , quoique les approches foient 
toujours accompagnées d’une vive dou- 
leur, La chaleur dure neuf ou dix 
jours , & n’arrive que dans des temps 
1 marqués ", c eft ordinairement deux fois 
j par an , au printemps & en automne , & 
îonvent auffi trois fois , & même quatre. 
Les chartes portent cinquante -cinq ou 
cinquante -fix jours-, elles ne produifent 
pas en auffi grand nombre que les 
chiennes ", les portées ordinaires font de 
I quatre , de cinq ou de fix. Comme les 
mâles font fujets à dévorer leur progé- 
niture , les femelles fe cachent pour 
, mettre bas ", & iorfqu’elles craignent 
qu’on ne découvre ou qu’on n’enlève 
leurs petits , elles les tranfportent dans 


5 7 *^ JJiJioîre Naturelle 

des trous & . dans d’autres lieux ignorés 
ou inacceffibles -, & après les avoir allaités 
pendant quelques femaines , elles leur 
apportent des fouris , des petits oifeaux , 

6 les accoutument de bonne heure à 
manger de la chair : mais par une bizar- 
rerie difficile à comprendre , ces mêmes 
mères , fi foigneufes & fi tendres de- 
viennent quelquefois cruelles , dénatu- 
rées , & dévorent aufli leurs petits qui 
leur étoient fi chers. 

Les jeunes chats font gais, vifs , jolis, 
& feroient auffi très -propres à amufer 
les enfans fi les coups de pâtre n’étoient 
pas à craindre j mais leur badinage , 
quoique toujours agréable & léger, n’eft 
jamais innocent, & bientôt il fe tourne 
en malice habituelle -, & comme ils ne 
peuvent exercer ces talens avec quelque 
avantage que fur les plus petits animaux , 
ils fe mettent à l’affût près d’une cage , 
ils épient les oifeaux , les fouris, les rats , 
& deviennent d’eux -mêmes, & fans y 
être dreffés plus habiles à la chalïe que 
les chiens les mieux inftruits. Leur na- 
turel, ennemi de toute contrainte, les 


du Chat. 3 77 

rend incapables d’une éducation furvie. 
On raconte néanmoins que des moines 
grecs * de l’île de Chypre , avoient 
dreflé des chats à chafler , prendre 8c 
tuer les ferpens dont cette île étoit in- 
feftée , mais cétoit plutôt par le goût 
général qu’ils ont pour la deftruétion , 
que par obéiflance qu’ils chalToient -, car 
! ils fe plaifent à épier , attaquer & détruire 
aflez indiftéremment tous les animaux 
foibles , comme les oifeaux, les Jeunes 
lapins , les levreaux , les rats , les fouris , 
les mulots, les chauve-fouris, les taupes , 
les crapauds, les grenouilles, les lézards & 
les ferpens. Ils n’ont aucune docilité , ils 
manquent auffi de la finelle de l’odorat, 
qui dans le chien font deux qualités émi- 
nentes •, auffi ne pourfui vent -iis pas les 
animaux qu’ils ne voient plus , ils ne les 
chalTent pas , mais ils les attendent , les 
' attaquent par furprife , & après s’en être 
joués long -temps ils les ruent fans aucune 
néceffité, lors même qu’ils font le mieux 
I nourris & qu’ils n’ont aucun befom de 
' cette proie pour fatisfaire leur appétit. 

î * Defeription des îles de l’Archipel , par Dapper , 
page 5'* 


378 Hijioire Naturelle 

La caufe phyfique la plus immédiate 
de ce penchant qu’ils ont à épier & 
furprendre les autres animaux , vient de 
l’avantage que leur donne Ia\ confor- 
mation particulière de leurs yehx. La 
pupille dans l’homme , comme dàis la 
plupart des animaux , eft capable d’un 
certain degré de contraélion & de dila- 
tation •, elle s’élargit un peu lorfcjue hi 
lumière manque , & fe rétrécir lorfqu’elle 
devient trop vive. Dans l’œil du chat 
& des oifeaux de nuit, cette contradion 
& cette dilatation font fi confidérables , 
que la pupille , qui dans l’obfcurité eft 
ronde & large , devient au grand jour 
longue & étroite comme une ligne , & 
dès- lors ces animaux voient mieux la 
nuit que le jour , comme on le remarque 
dans les chouettes , les hiboux , &c. car 
la forme de la pupille eft toujours ronde 
dès qu’elle n’eft pas contrainte. Il y a 
donc contradion continuelle dans l’œil 
du chat pendant le jour , & ce n’eft > 
pour ainfi dire , que par effort qu’il voir 
à une grande lumière -, au lieu que dans 
le crépufcule , la pupille reprenant fon 
état naturel , il voit parfaitement , & 


du Chat. 5 79 

profite de cet avantage pour recon- 
noître , attaquer & furprendre les autres 
animaux. 

On ne peut pas dire que les chats , 
quoiqu’habitans de nos maifons , foient 
des animaux entièrement domeftiques ; 
ceux qui font le mieux apprivoifés n en 
font pas plus affervis : on peut même 
dire qu'ils font entièrement libres , ils 
ne font que ce qu’ils veulent , & rien 
au monde ne feroit capable de les retenir 
un inftant de plus dans un lieu dont 
ils voudraient s’éloigner. D’ailleurs la 
plupart font à demi - fauvages , ne con- 
noiifent pas leurs maîtres > ne fréquentent 
■que les greniers & les toits, & quelque- 
fois la cuifine & l’office , lorfque la faim 
les prelfe. Quoiqu’on en élève plus que 
de chiens , comme on les rencontre 
rarement , ils ne font pas fenfation poul- 
ie nombre , auffi prennent- ils moins 
d’attachement pour les perfonnes que 
pour les maifons : lorfqu’on les tranf- 
porte à des diftances alTez confidérables, 
comme à une lieue ou deux , Hs re- 
viennent d’eux -mêmes à leur granrer, 
S: c’eft apparemment parce qu’ils en 


380 HiJIoire Naturelle 

connoiffent toutes les retraites à fotiris, 
toutes les iflues, tous les partages , & 
que la peine du voyage eft moindre 
que celle qu’il fau droit prendre pour 
acquérir les mêmes facilités dans un nou- 
veau pays. Ils craignent l’eau , le froid 
& les mauvaifes odeurs •, ils aimenr à fe 
tenir au foleil : ils cherchent à fe gîter 
dans les lieux les plus chauds , derrière les 
cheminées ou dans les fours •, ils aiment 
aulli les parfums , & fe lairtent volontiers 
prendre & carertèr par les perfonnes qui 
en portent : l’odeur de cette plante que 
l’on appelle Y Herbe - aux -chats , les 
remue fi fortement & fi délicieufement , 
qu’ils en paroiflent tranfportés de plaifir. 
On eft obligé , pour conferver cette 
plante dans les jardins , de l’entourer d’un 
treillage fermé -, les chats la fentent de 
loin , accourent pour s’y frotter , partent 
& repartent fi fouvent par-deffus, qu’ils 
la détruifent en peu de temps. 

A quinze ou dix -huit mois, ces ani- 
maux ont pris tout leur accraiflemer.r j 
ils font aulTi en état d’engendrer avant 
l’âge d’un an , & peuvent s’accoupler 
pendant toute leur vie , qui ne s’étend 


du Chat. 3 8 i 

guère au - delà de neuf ou drx ans •, ils font 
cependant très- durs , très-vivaces , & ont 
plus de nerf & de reflort que d’autres 
animaux qui vivent plus long -temps. 

Les chats ne peuvent mâcher que 
lentement & difficilement , leurs dents 
font fl courtes & fi mal pofées qu’elles 
ne leur fervent qu’à déchirer & non pas 
à broyer les alimens •, auffi cherchent-ils 
de préférence , les viandes les plus tendres -, 
ils aiment le poiffon & le mangent cuit 
ou crud -, ils boivent fréquemment -, leur 
fommeil eft léger , & ils dorment moins 
qu’ils ne font femblant de dormir \ ils 
marchent légèrement, prefque toujours 
en lîience & fans faire aucun bruit •, ils fe 
cachent & s’éloignent pour rendre leurs 
excrémens & les recouvrent de terre. 
Comme ils font propres , & que leur 
robe eft toujours lèche & kiftrée , leur 
poil s’-étedrife aifément, & l’on en voit 
fortir des étincelles dans l’obfcurité lorf- 
qu’on le frotte avec la main : leurs yeux 
brident aufli dans les ténèbres , à peu 
près comme les diamans, qui réfléchrllènt 
AP dehors pendant la nuit la lumière donc 


382 Hijlûlre Naturelle ] 

ils fe font, pour ainfi dire , imbibéspen- ' 
dant le Jour. 1 

Le chat fauvage produit avec le 
chat domeftique , & tous deux ne font 
par conféquent qu’une feuîe & même 
efpèce : il n’eft pas rare de voir des 
chats mâles & femelles quitter les maifons 
dans le temps de la chaleur pour aller 
dans les bois chercher les chats fauvages,- 
& revenir enfuite à leur liabitation ; c’eft 
par cette raifon que quelques-uns de' 
nos chats domeftiques relTemblent tout- 
à-fait aux chats fauvages-, la différence 
la plus réelle eft à l’intérieur , le chat 
domeftique a ordinairement les boyaux 1 
beaucoup plus longs que le chat fauvage » 
cependant le chat fauvage eft plus fort. 

& plus gros que le chat domeftique , ' 

il a toujours les lèvres noires, les oreilles 
plus tordes , la queue plus grolfe & 
les couleurs conftantes. Dans ce cliinat 
on ne connoîr qu’une .efpèce de char 
^uvage , & il paroît par le témoignag© 
des voyageurs que cette efpèce le re- 
trouve auffi dans prefque tous les climats 
fans êtrefujette à de grandes variétés i 


du Chat. 383 

il J en avoir dans le continent du nou- 
veau Monde avant qu on en eût fait la 
découverte , un chaffeur. en porta un 
qu’il avoir pris dans les bois , à Chrif- 
tophe Colomb (a) , ce chat croit d’une 
groffeur ordinaire , il avoir le poil gris- 
brun , la queue très - longue & très - forte. 
Il y avoir auffi de ces chats fauvages au 
Pérou (b) J quoiqu’il n’y en eût point de 
domeftiques ; il y en a en Canada (c) ^ 
dans le pays des Illinois , &c. On en a 
vu dans plulîeurs endroits de l’Afrique , 
comme en Guinée (d) 3 à la Côte d’or , 
à Madagafcar (e) on les naturels du pays 
avoient même des chats domeftiques , 
au Cap de Bonne - efpérance ( f) où 
Kolbe dit qu’il fe trouve auffi des chats 

fa ) Vie de Chriftophe Colomb , 1 1.’ partie , 
page tCj. 

fb J Hiftoiie des Incas, tome II, page a aa. 
ro Hiftoire de la nouvelle Fiance pai le Père 
Charlevoix, tome III, page 

(O Hiftoire générale des voyages , par M. l’abbc 
Prévôt, tome IV, prtge ajo. 

fej Relation de François Cauche. Paris , tS^t , 
page 325- 

fyj Defeription du Cap de Bonne - elpérance , 
par Kolbe, page 


384 Hijloire Naturelle 

fauvages de couleur bleue , quoiqu'en 
petit nombre : ces chats bleus , ou 
plutôt • couleur d’ardorfe , fe retrouvent 
en Aile. Il y a en Perfe , dit Pietro 
33 délia Valle (g), une efpèce de chats qui 
33 font proprement de la province du 
33 Chorazan -, leur grandeur & leur forme 
33 eft comme celle du chat ordinaire ; 
33 leur beauté confifte dans leur couleur 
33 & dans leur poil , qui eft gris fans 
33 aucune moucheture & fans nulle tache , 
33 d’une même couleur par tout le corps , 
33 fi ce n’efl: qu’elle eft un peu plus 
33 obfcure fur le dos '& fur la tête , & 
33 plus claire fur la poitrine & fur le 
33 ventre , qui va quelquefois jufqu’à 
33 la blancheur , avec ce tempérament 
33 agréable de clair - obfcur , comme 
33 parlent les Peintres , qui , mêlés l’un 
33 dans l’autre font un merveilleux eftet ; 
33 de plus leur poil eft délié , fin , luftré , 
33 mollet , délicat comme la foie , & fi 
33 long , que quoiqu’il ne foit pas hé- 
93 rifle , mais couché , il eft annelé en 
33 quelques endroits , &: particulièrement 

C Voyages de Pietro délia Valle , tome V, pages gS 
P' W* 


du Chat. 385 

fous îa gorge. Ces chats font entre les cc 
autres chats ce que les barbets font <* 
entre les chiens : le plus beau de leur cc 
corps eft la queue , qui eft fort longue ce 
& toute couverte de poils longs de ce 
cinq ou fix doigts ; ils l’étendent & la » 
renverfent fur leur dos comme font les ce 
écureuils, la pointe en haut en forme ce 
de panache j iis font fort privés : les ce 
Portugais en ont porté de Perfe iuf- ce 
qu’aux Indes ». Pierro délia Valle ajoure 
qu’il en avoir quatre couples , qu’il 
comptoir porter en Italie. On voit par 
cette defeription , que ces chats de Perfe 
reifemblent par la couleur à ceux que 
nous appelons chats chartreux , & qu’à 
la couleur près ils reifemblent parfaite- 
ment à ceux que nous appelons chats 
d’Angara. II eft donc vrailemblable que 
les chats du Chorazan en Perfe , le chat 
d’Angora en Syrie & le chat chartreux 
ne font qu’une même race , dont la 
beauté vient de l’influence particulière 
du climat de Syrie , comme les chats 
d’Efpagne, qui font rouges, blancs & 
noirs , & dont le poil eft auflî très - doux 
& très-Iuftré, doivent cette beauté à 
Tome I, Quadrupèdes. R, 


3 8 (j HiJIoire Naturelle 

l’influence du climat de rEfpagnc. On 
peut dire en général , que de tous les 
climats de la terre habitable , celui d’Ef- 
pagne & celui de Syrie font les plus 
favorables à ces belles variétés de la 
Nature : les moutons , les chèvres , les 
chiens , les chats , les lapins, &c. ont en 
Efpagne & en Syrie la plus belle laine j 
les plus beaux & les plus longs poils , 
les couleurs les plus agréables & les plus 
variées ; il femble que ce climat adou- 
cilTe la Nature & embeliiflè la forme de 
tous les animaux. Le chat fauvage a les 
couleurs dures & le poil un peu rude , 
comme la plupart des autres animaux 
fauvages devenu domeflâque , le poil 
s’eft radouci, les couleurs ont varié, & 
dans le climat favorable du Chorazan & 
de la Syrie le poil eft devenu plus long» 
plus fin , plus fourni, & les couleurs fe 
font uniformément adoucies, le noir 8C 
le roux font devenus d’un brun -clair, 
le gris-brun eft devenu gris-cendré» 
& en comparant un chat fauvage dc 
nos forêts avec un chat chartreux, on 
verra qu’ils ne diflerent en eftet que par 
cette dégradation nuancée de couleurs j 


du Chat. 387 

enfuitê, comme ces animaux ont plus 
ou moins de blanc fous le ventre & aux 
côtés, on concevra aifément que pour 
avoir des chats tous blancs & à longs 
poils, tels que ceux que nous appelons 
proprement chats d’ Angora , il na fallu 
que choilîr dans cette race adoucie ceux 
qui avoient le plus de blanc aux côtés 
& fous le ventre , & qu en les unifTant 
enfemble on fera parvenu à leur faire 
produire des chats entièrement blancs , 
comme on fa fait auffi pour avoir des 
lapins blancs , des chiens blancs , des 
chèvres blanches , des cerfs blancs , des 
daims blancs , &c. Dans le chat d’Ef- 
pagne, qui ifeft quune autre variété 
du char fauvage, les couleurs, au lieu 
de s’être affoiblies par nuances uniformes 
comme dans le chat de Sytie , fe font , 
pour ainfî dire , exaltées dans le climat 
d’Efpagne & font devenues plus vives 
& plus tranchées , le roux eft devenu 
prefque rouge , le brun efl: devenu noir, 
& le gris eft devenu blanc. Ces chats , 
tranfportés aux îles de l’Amérique ^ont 
confervé leurs belles couleurs & nont 
pas dégénéré : « Il y a aux Antilles , 


388 Uijîoire Naturelle 

» dit le P.' du Tertre, grand nombre de 
» chats , qui vraifemblablement y ont 
3> été apportés par les Efpagnols , la 
n plupart font marqués de roux , de 

blanc & de noir : plufîeurs de nos 
» François , après en avoir mangé la 
xicham, emportent les peaux en France 
33 pour les vendre. Ces chats , au coni- 
33 mencement que nous fûmes dans la 
33 Guadeloupe , croient tellement accoU’ 
33 tumés à fe repaître de perdrix , de' 
33 tounerelies, de grives & d’autres petits 
33 oifeaux , qu’ils ne daignoient pas re- 
33 garder les rats -, mais le gibier étant 
33 aéluellement fort diminué , ils ont 
33 rompu la crève avec les rats, ils leur 
33 font bonne guerre J, &c. 33 En gé- 
néral les chats ne font pas, comme les 
chiens , fujets à s’altérer & à dégénérer 
lorfqu’on les cranfporte dans les climats 
chauds. 

cc Les chats d’Europe , dit Bofman , 
»3 tranfporcés en Guinée , ne font pas 
î 3 fujets à changer comme les chiens , 

Hiftoire générale des Antilles, pat le P. du 
Tertic, tome II, page 


du Chat. 389 

îîs gardent la meme figure (b) , &c. « 
Ils font en effet d'une nature beaucoup 
plus confiante j & comme leur domefti- 
cité n’eft ni auffi entière, ni auffi uni- 
verfelle , ni peut-être auffi ancienne que 
celle du chien, il n'eft pas furprenant 
qu'ils aient moins varié. Nos chats do- 
meftiques , quoique diftérens les uns des 
autres par les couleurs, ne formentpoinc 
de races diflinétes & féparées -, les feuls 
climats d'Efpagne & de Syrie , ou du 
Chorazan , ont produit des variétés conf- 
tantes & qui fe font perpétuées ; on 
pourroit encore y Joindre le climat de 
la province de Pe-chi-ly à la Chine, 
oii il y a des chats à longs poils avec 
les oreilles pendantes , que les dames 
Chinoifes aiment beaucoup, (c). Ces chats 
domeftiques à oreilles pendantes , dont 
nous n'avons pas une plus ample defcrip- 
tion , fbnt fans doute encore plus éloignés 
que les autres qui ont les oreilles droites , 
de la race du chat fauvage, qui néau- 

Ch ) Voyage de Guinée par Bofinan , 

(c) Hiftoire géBérale des Voyages , par M. l’abbc 
litwôt,toine VJ, pagt 10. __ 

R IlJ 


3 90 Hijîoire Naturelle 

moins eft la race originaire & primitive 
de tous les chats. 

Nous terminerons ici Tliiftoire du 
char , & en meme temps l’hiftoire des 
animaux domeftiques. Le cheval , lane, 
le bcEuf, la brebis , la chèvre , le cochon , 
le chien & le chat, font nos feuls ani- 
maux domeftiques : nous ify joignons 
pas le chameau , l’éléphant , le renne & 
les autres J qui, quoique domeftiques 
ailleuts , n’en font pas moins étrangers 
pour nous , & ce ne fera qu’après avoir 
donné l’hiftoire des animaux fauvages 
de notre climat que nous parlerons des 
animaux étrangers. D’ailleurs, comme le 
chat n’eft, pour ainfi dire, qu’à demi- 
domeftique , il fait la nuance entre les 
animaux domeftiques & les animaux 
fauvages : car on ne doit pas mettre au 
nombre des domeftiques , des voillns in- 
commodes tels que les fouris , les rats , 
les taupes, qui , quoiqu’habitans de nos 
mailbns ou de nos jardins , n’en font 
pas moins libres & fauvages, puifqu’au 
lieu d’être arrachés & fournis à l’homme 
ils le fuient, & que dans leurs retraites 
obfcures ils confervent leurs mœurs , 


du Chat. 5 c> I 

leurs habitudes & leur liberté toute 
entière. 

On a vu dans Thiftoirc de chaque 
animal domeftique , combien l’éduca- 
tion, l’abri, le foin, la main de l’homme 
influent fur le naturel, fur les mœurs , 
& même fur la forme des animaux. 
On a vu que ces cailles, jointes à l’in- 
fluence du climat, modifient, altèrent & 
changent les eipèces au point d’être 
différentes de ce qu’elles étoient origi- 
nairement , Sc rendent les individus II 
différens entr’eux, dans le même temps 
& dans la même elpcce, qu’on auroit 
raifon de les regarder comme des ani- 
maux diftérens , s’ils ne confervoient pas 
la faculté de produire enfemble des in- 
dividus féconds , ce qui fait le caraétère 
eflentiel & unique de l’efpcce. On a vu 
que les différentes races de ces animaux 
domettiques fuivent dans les diftérens 
climats le même ordre à peu près que 
les races humaines -, qu’ils font , comme 
les hommes , plus forts , plus grands & 
plus courageux dans les pays froids , 
plus civiiifes, plus doux dans le climat 
tempéré , plus lâches , plus foibles & 


3 92 . Hijloire Naturelle 

plus laids dans les climats trop chauds \ 
que c^eft encore dans les climars tem- 
pérés & chez les peuples les plus policés 
que fe trouvent la plus gtande diver- 
lité, le plus grand mélange & les plus 
nombreufes variétés dans chaque efpèce ; 
& ce qui n eft pas moins digne de re- 
marque , c’eft qu’il y a dans les animaux 
plufieurs figues évidens de l’ancienneté 
de leur efclavage . les oreilles pendantes , 
les couleurs variées ; les poils longs & 
fins , font autant d’effets produits par le 
temps, ou plutôt par la longue durée 
de leur domefticité. Prefque tous les 
animaux libres & fauvages ont les oreilles 
droites-, le fanglier les adroites &roides, 
le cochon domeftique les a inclinées & 
demi -pendantes. Chez les Lappons , 
chez les Sauvages de l’Américfue, chez 
les Hottentots , chez les Nègres & les 
autres peuples non policés , tous les 
chiens ont les oreilles droites -, au lieu 
qu’en Efpagne , en France , en Angle- 
terre , en Turquie , en Perfe, à la Chine 
& dans tous les pays civilifés , la plupart 
les ont molles & pendantes. Les chars 
domeftiques n’ont pas les oreilles fi 



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du Chat, 3 9 5 

toides que. les chats fauvages , & l’on 
voit qu’à la Chine, qui eft un empire 
très-anciennement policé & où le climat 
eft fort doux, il y a des chats domeftiques 
à oreilles pendantes. C’eft par cette même 
raifon que la chèvre d’Angora , qui A 
les oreilles pendantes, doit être regardée 
entre toutes les chèvres comme celle qui 
s’éloigne le plus de l’état de nature ; l’in- 
fluence fi générale & fi marquée du 
climat de Syrie , Jointe à la domefticité 
de ces animaux chez un peuple très- 
anciennement policé , aura produit avec 
le temps cette variété , qui ne fe main- 
tiendroit pas dans un autre climat. Les 
chèvres d’Angora nées en France n’ont 
pas les oreilles aullî longues ni aufli 
pendantes qu’en Syrie , & reprendroient 
vraifemblablement les oreilles & le poil 
de nos chèvres après un certain nombre 
de générations. 

Fin du premier volume. 


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