Skip to main content

Full text of "Oeuvres complètes de Démosthène et d'Eschine en grec et en français"

See other formats


1 


RVC 


lyiCT^RlALMM!||UNIVLRSiTA^ 

^'^ 


OEUVRES  COMPLÈTES 

DE  DÉMOSTHÈNE 


ET 


D'ESCHINE 


IMPRIMERIE  DABEL  IANOE,  RUE  DE  LA    HARPE. 


ŒUVRES 

COMPLÈTES 

DE  DÉMOSTHÈNE 

ET  DESCHINE, 

EN  GREC  ET   EN  FRANÇAIS. 

Traduction  de  l'abbé  AUGER, 
De  l'Académie  des  Inscriptions  et  Belles -Lettres  de  Paris. 

NOUVELLE    ÉDITION,    REVUE    ET   CORRIGÉE 

par  J.  PLANCHE, 

PbOFBSSEUB    DR    RHETOBIQUR     AU     COLLÈGE    ROYAL    DR    BOURBON; 

Ornée  d'un  portrait  de  Démosthène  gravé  d'après  l'antique 
par  M    MÉcou. 

^V>\,V\X\\V\\^AA/VVV^AAAAAAA^Av\\*>AAA\VVVVVVVVV\VVVVVVVVVVVV»'VV> 

Ti  ot  y    îi    uvt9v    roi!  3-jyp/ow    cuctixôtïlt  ! 

(  Plin.  II.  Ep.  3.  ) 

Que  serait-ce  donc  ,  si  vous  l'aviez  entendu  lui-même  ! 

vvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvv 

TOME   TROISIÈME. 


PARIS, 

^    VERDIERE,    Libraire,  quai    des  Augustins  ,   n.»  a5. 
hbz  l   C  AREZ,  THOMINE   et   FORTIC,    Libraires  , 
C       rue  St.-André-des-Arts,  n.°  59. 

— =>»$««-*_ 

ANNÉE      l820. 


. 


7, 


n. 


Î//3 


<c 


3^7 

♦  V    A 


1 


^ 


$»*>  ŒUVRES 

DE  DÉMOSTHÈNE. 

X.vwwvwwvwwvx'vv»  v\\v\\v»v\»\\\vuvv\v\\vm\v\\v/vvwvw\vwvw\wv\vv\\>vn\v>  v>\\\< 

SOMMAIRE 
DE    LA    HARANGUE 

SCR 
LE    TRAITÉ   D'ALEXANDRE. 

Jè  n'ai  vu  nulle  part  daDs  l'histoire  d'Alexandre,  qu'il  soit 
fait  mention  d'un  traité  de  ce  prince  avec  les  Grecs.  Il  est 
constant,  néanmoins,  par  ce  discours,  que  ce  traité  existait. 
Je  ne  pourrai  donner  que  des  conjectures  sur  le  tems  où  le 
traité  a  été  conclu  et  le  discours  prononcé.  La  bataille  de 
Chéronée  avait  rendu  Philippe  maître  de  la  Grèce;  il  avait 
été  nommé  généralissime  des  Grecs  contre  les  Perses  : 
mais,  lorsqu'il  mourut,  sa  nouvelle  domination  était  en- 
core mal  affermie.  Le  jeune  Alexandre  monta  sur  le  trône 
de  Macédoine.  Il  n'était  assuré  ni  des  Barbares,  ni  des 
Grecs,  ni  de  ses  propres  sujets.  Il  les  concilia  tous  par  la 
crainte  on  par  la  douceur  ,  pa,r  la  force  ou  par  les  caresses , 
par  son  courage  ou  par  sa  prudence.  Il  fit  assembler  aux 
Thermopyles  le  conseil  des  Amphictyons,  etsefit  confir- 
mer, par  la  voix  générale  ,  le  titre  de  chef  de  la  Grèce  , 
qu'on  avait  donné  à  son  père.  Il  ne  se  contenta  point  de 
cela;  il  fit  convoquer  à  Corinthe  une  grande  assemblée  , 
où  se  rendirent  tous  les  députés  de  la  Grèce.  Je  pense 
T.  m.  l 


2  SOMMAIRE. 

que  ce  fui  clans  celle  dernière  assemblée  ,  où  il  engagea 
les  peuples  à  le  nommer  généralissime  des  Grecs  contre 
les  Perses,  que  fut  conclu  le  trailé  dont  il  esl  ici  question. 
Ce  traité  renfermait,  sans  doute  ,  un  grand  nombre  d'ar- 
ticles; entre  autres,  que  les  villes  grecques  seraient  libres 
et  indépendantes  ;  qu'on  ne  pourrait  pas  y  faire  d'inno- 
vation, y  rétablir  les  tyrans,  y  rappeler  les  exilés;  que  la 
mer  serait  libre;  qu'on  ne  pourrait  saisir  et  emmener  les 
vaisseaux  d'aucune  des  villes  confédérées  ,  etc.  Avant 
qu'Alexandre  partît  pour  l'Asie ,  il  y  eut  encore  quelques 
mouvemens  dans  la  Grèce,  qui  l'obligèrent  vraisembla- 
blement à  prendre  des  partis  qui  n'étaient  pas  tout- à -fait 
conformes  aux  dispositions  du  traité.  Après  son  départ ,  il 
est  probable  que  les  Macédoniens  firent  quelques  entrepri- 
ses et  se  portèrent  a  quelques  démarches  un  peu  irréguliè- 
res. La  Grèce  voulant  profiter  de  l'éloignement  du  prince , 
remua  de  nouveau  pour  secouer  le  joug. 

Ce  fut  probablement  dans  cette  circonstance  que  l'orateur 
d'Athènes  prononça  son  discours  pour  engager  les  Athé- 
niens à  prendre  les  armes  contre  les  Macédoniens,  à  les 
poursuivre  comme  infracteurs  des  traités ,  et  violateurs  des 
sermens.  Quoique  ce  discours  se  trouve  dans  les  œuvres  de 
Démosthène  ,  tous  les  critiques  s'accordent  à  dire  qu'il 
n'est  pas  de  Démosthène.  Je  suis  très-fort  de  leur  avis.  Je 
n'y  trouve  point  cette  véhémence  et  cette  rapidité  de  style , 
cette  netteté,  cette  clarté  lumineuse ,  cette  profondeur  dans 
les  idées,  qui  caractérisent  Démosthène. 

L'auteur  du  discours,  quel  qu'il  soit  ,  y  reproche  aux 
Macédoniens  et  à  leur  prince  plusieurs  infractions  du  traité  : 
il  fait,  en  quelques  endroits,  des  sorties  conlre  les  ministre- 


SOMMAIRE.  5 

partisans  de  la  Macédoine,  et  après  avoir  tâché  d'animer 
les  Athéniens  contre  les  uns  et  les  autres,  il  conclut  en 
disant  que  s'ils  l'ordonnent ,  il  proposera  en  forme  de 
poursuivre  les  infracteurs  les  armes  à  la  main. 

Je  suis  bien  aise  d'avertir  que  je  n'ai  point  trouvé  dans 
l'histoire  la  confirmation  des  faits  particuliers  qui  sont 
cités  dans  ce  discours,  et  qui  sans  doute  étaient  trop  peu 
importans  pour  qu'elle  s'en  occupât. 


nEPi  ton  npos 

AAESANAPON  2TN0HKf2N   AOrOS. 


ASION  £wo$it)(ji<r§du ,  a  avcîjpes  'aG^vcuo/  ,  cQodpcL 
rœv  Toïç  ôpx,o/s  ?cct<  Tetîk   cuvGwccus  <ftcLx,eA£uo|xgvû>v 

îfJLfJLtVUV   ,     6<7Iêp    CtUTO     *7tl'7Cli<ï\JLlWl     7T0/0U<nV'    OlOfJiCLl 

yccp  ouogv  outgj  tois  oVi/xo^pctTouftevo^  izpiwirj  ,  û>s 
7repf  to  <<rov  x,oc<  to  otjcot/ov  (T7rouooiÇeiv.  Aet  Tojyuv 
tous  àjccv  g^r  ccuto  7ra,pccx,a,AouvT<xs,  [jlv\  tcù (jlvj  Xoycù 
xcLTOL^œfjLivovç  gvc%Ag?v ,  wclvtol  &  ^tcÏAAov  7rpoCT- 
re/y,  ctAA' ,  vwo[aeivclvtcl$  vuv<  Toy  g^gTcto-^ov ,  i?  x,cu 

ToAûITTOV  'XilSofJLiVOVÇ  U/JKXS  ï)(tiV  TT€pt  CtUTOJV  ,  îj  7TûL- 

poc^ûjpyio-ctvrots  ,  éqtTf  VujxÊouAgugfv  tous  rdxAa-repoi 

rttpi  TCùV  (ftjCOUflV   OL'&oQcUVQfJLtVQVÇ  ,  If*,   >}  g'îCOVTSS    OL$l- 

XGVfjLtvoi  otve^o"3e ,  x,cf,i  ccuto  tovto  j£etp«(V9g  toT 
cl&jcouvti ,  >j  *7rpogAo/^gyo/  7iepi  srAgj(7Toi>  *z*ro/e7o-8a/  to 
ducotiov,  <x,vgyx,A)iT0S  Tpos  isrctvT&s  p^pijlrfle  Ta  eru/x- 
cpgpovT* ,  /JiipcgT/  /LtgAAovrgf.  *E£  ctuTav  &  rœv  (rv\3y\- 
x-ojv    xgu   tcûv    cpxûjv  o-^O'Zîroii/JLgvoiS,  Tûjy    *z«rgpi    t>is 


HARANGUE 
SUR  LE  TRAITÉ  D'ALEXANDRE. 

Athéniens  ,  les  orateurs  qui  nous  exhortent  à  gar- 
der les  sermens  et  les  traités ,  méritent  qu'on  les 
écoute,  s'ils  sont  persuadés  eux-mêmes  de  ce  qu'ils 
disent  ;  car  rien ,  selon  moi ,  ne  convient  plus  aux 
états  démocratiques ,  que  le  zèle  pour  ce  qui  est 
juste  et  honnête.  Que  doivent  donc  faire  ceux  qui 
vous  pressent  d'être  fidèles  à  vos  engagemens  ?  il 
faut  que,  sans  vous  fatiguer  dé  beaux  principes 
eu  spéculation  ,  qu'ils  contredisent  dans  la  pra- 
tique ,  ils  nous  permettent  d'examiner  à  présent 
leurs  discours,  afin  d'obtenir  plus  de  confiance 
par  la  suite;  ou  que,  du  moins,  ils  laissent  parler 
ceux  qui  s'expliquent  avec  plus  de  vérité  sur  la 
foi  des  sermens.  Par  là,  vous  souffrirez  tranquille- 
ment l'injustice,  par  complaisance  pour  celui  qui 
en  est  l'auteur;  ou,  résolus  de  préférer  à  tout,  le 
parti  de  l'équité  ,  vous  vous  occuperez  aussi  de 
votre  intérêt  [1],  et  cela,  au  plus  tôt,  sans  vous  atti- 
rer de  reproche.  Pour  peu  qu'on  réfléchisse  sur 
les  dispositions  du  traité  qui  assure  la  paix  gêné- 


6  HARANGUE    SUR    LE    TRAITE    D ALEXANDRE. 

raie,  on  voit  d'abord  quels  sont  ceux  qui  l'ont 
enfreint,  et  qui  ont  violé  les  sermens.  Je  vais  vous 
instruire,  sans  me  permettre,  dans  une  affaire 
aussi  importante ,  des  détails  superflus. 


Si  on  vous  demandait,  Athéniens,  qu'est-ce 
qui  vous  indignerait  davantage?  c'est,  diriez-vous, 
dans  le  cas  où  il  resterait  des  descendans  de  Pisis- 
trate  [2],  qu'on  vous  fît  violence,  et  qu'on  vous 
obligeât  de  consentir  à  leur  rétablissement.  Vous 
prendriez  les  armes  ,  vous  vous  exposeriez  à  tout 
plutôt  que  de  les  recevoir;  ou,  si  vous  consentiez 
à  ce  qu'ils  fussent  rétablis,  vous  seriez  plus  misé- 
rables que  des  esclaves  achetés  à  prix  d'argent , 
puisque  personne  ne  tue  son  esclave  de  gaîté  de 
cœur,  et  qu'on  voit  des  tyrans  faire  mourir 
des  citoyens  sans  aucune  forme,  outrager  leurs 
femmes  et  leurs  enfans.  Mais  Alexandre  qui,  au 
mépris  des  sermens  et  du  traité  commun,  a  réta- 
bli les  tyrans  de  Messène,  les  enfans  de  Philiade, 
s'est-il  embarrassé  de  la  justice?  N'a-t-il  pas  suivi 
son  caractère  tyrannique,  sans  nul  respect  pour 
vous  et  pour  les  conventions  communes  ?  Vous 
donc  qui  seriez  indignés  qu'on  vous  fît  ces  vio- 
lences, vous  qui  réclameriez  les  sermens,  vous  de- 
vez en  réclamer  l'observation  lorsqu'il  s'agit  des 
autres,  et  ne  point  regarder  d'un  œil  indifférent 
le  mépris  qu'on  en  fait  dans  les  villes  étrangères. 


nEPi  T«N  nr.  aaes.  stnq.  aot.  7 

MtvYiç  upwtë ,  e£e<rTJV  tr^eiv  n'Ai,  T/ves  £t<rtv  01  7rapGt- 

/Se&Dcccw.  '£2$  &  ^ep<  fieycLXœv  ,   (rvnoficûÇ  A&c£û». 

Et  Ai  tlç  tpcûTvio-cM  vllclç ,  0  ccvopss  AU^yotio/ ,  e^cTI 

11VI  CLV  LLCLAKTT  OLyclVCLKTy)(TcLlTî ,  îl7t0lT  Cty,  O/jUCU  , 
7Ttf,VT€$  ,  £1  T/S  CLVCiyKcL^Ol  <£v,  il  JfffCW  XCtTO,  TOV  yt>V< 
^p0V0V0rngt(7/(TTpo£,T/Jbt/  ,  3Cfltt  £/' T/£  e/3lX{^€T0  JCCtTot- 

yuv  clutovç  ôevpi,  clp&clctcvjtclç  av  ullclç  tcl  owacl 

Il  cul  CL  KlvduVQV  VW0Lli7vcLl  ,  CUTI    TOU   TTcLpcLÙi^iad-CLl  , 

y\  7nio-$îvxcLÇ  ye  ùovKîvetv  cuti  rm  dpyvpœwTûûV  tlcli 

tovovto)  liclWqv  ,  ooro  rov  llu  oitlitw  ovdus  au  ixœv 
»  /  \      %\  /  »     I          »      \ 

OLZ?0)tTZlVilZ,  TOVÇ     ai    TVpcLnOVflUOVÇ    CLX.plTG)$   iŒTlV 

opoTy  ct3roÀÀt>f/.evou£  cllccl  tccli  vQpifoLtwvç  11$  tcclÏ- 

ÙCLÇ  7LCLI   yWCLlKCLS.  ïlcLOCL  TOVÇ  OpKOVÇ  TOIVUV,  TLCLI  TcLÇ 

<Ti»v3»xct$  tcls  ev  tm  jcotvf  s/p>iv^  yiypcL\j.\JLVicLÇ  9  AÀe- 
£<xvc?pos   £js    Meovuvîiv    KcLTcLycLym   rovç  $i\i*dou 

WctldcLÇ,   TvpcLVVQUÇ  OVTcLÇ  ,  dp    ifyOVTKTi  TOV  dlKCLlOV, 

dw'  ovx,  l%pv\<TcLTo  tûù   olvtou  yd-ei  rZ  Ti»p<*vvfx,ûT, 

PpcL'Xy   (QpQVTKTcLÇ    V[XCCV   7LCLI    T>JS    KOIVK  OflOAoyiCLÇ  j 

ou  Ai  &/vdv ,  il  Liu  ris  v(x£ç  tolvtcl  fèidfoiTo ,  lccl- 
Aiar  dycucvK.TwcLi'  il  ^  iTipoùSi  *7Tov  yiyon  TCcLpa. 


\        tl  \  \  r       ~  ~  9      >       «      •*• 

•TCL»?    ôp&OUS     TOVÇ    TTpOS     U//.OC?    TOL»TO   ,    '/TpCGûlS    U/XcX? 

ÉJ^stv  ,   x.cc<   opKQVÇ  lit]  (ÇvAcl^clv&cli  j   xct/  n'a7»   ft^y 


8  IIEfl  TflN    nP.   AAE2.   STNQ.  AOl\ 

àaxiXevea-^GLi  tivolç    ivTctvSi  tfJL/JLîvztv   toTç  opx.oiç  , 

T0/£    à^     CLVTQVS     OUTÛ>    'Xipï<oO»TCùÇ    CLVYIpy\M<Tl  ,   X,CCT*- 
XttTjTîlV    TOLVZW     TW     Î^OVŒICLV  J     AAA*    OL%     0<OV     Tg 

tolv3-'  our^s  ep^s/y  ,   ectv  /3ouA>î<r-3-g  tû*  &?ta.iût>  %p>i~ 

ffBcLi*  jccu  y<xp  éri  •z2rpoo-yeypoC7iTotf  ev  tous  (7t>v3yi- 

x.<x.is,  TroAe^ioy  êîvcu  Toy  ejceTva,  âvnp  AAt^cufyos  , 

To/oi/yroc ,   oL-sraLct  toiç  ty\$  g<p»y>is  xo<vû>vol>o"<  ,  stcu 
\  i  >      ~  \  /     Q        >    »        »    \ 

TYjV    'XfCpCW    OLUTOV  ,      JCCU     (TTpCLTZViGVcLl    iW      OLUTOV 

a-aravra^.  Ototoyy  ectv  <7r&to)fxgy  ta  avyx,ti  (J.tvct ,  vro- 

1  >  i 

Xe/JLlCt)  %pYIŒOfJLîd-CL  Tût)   TLCLTolycLyOVTl. 

AAAoc  yap  s/sro/sv  ay  0/  TupocvyjÇoyTg?  ovto/,oti, 

7TptV    TCLÇ  G-VVd-VIKCLÇ  ygVgcrBoU  ,    ZTVpcLWOVV    MzCTCTyWlCCV 

01  $lAl<Z$QU  'WdLiÙiÇ*  àio  x,ct<  jcotTccyg/v  tov  AAg£#v- 
oboy  cu>Tot;£.  AÀÀct  jcctTuyeAcccrTos  o  Aoyos  tous 
/xgy  gx,  Agcrêou  Tup&vvous  ,  o'<ov  g?  'Avt/g-ok  tcoli  *Epg- 

(701/  ,  g&b&AgTv  ,  ÛÙS  cldlXVIfJLCLTOÇ  OVTOÇ  TOV  TloAlTiV[XcL- 

\  \      ^    f  «  /  .  ,    -\ 

T0£  ,  TQUÇ    WpO    TCûV  OfXoAoyiûùV    TVÇCLVJY\<TCUTCLÇ  '    6V  Oi 

Mtcro-wy  pyidw  oiutQoli  dtctQtpîiv ,  ty\s  clvtyis  <3W%g- 
pg*ct£  usr&pp^ouo-ijs.  hmirct  xdi  twiToLTTtm  o-uy3wc>j 

gf^-US  gV  <*p%?  ,  gAgl»3-gpOU$  gtVCtf  JCCtt    OLVTOVOfJLQVÇ  TOUS 

EAAwclç,  Aikclicûç.  riû)$  ovv  oJ^  vTartpciTQWov  viyei- 

(7VCLI  fAM  TM  CWàWLM  TC  CLVTOVOfJLQVS  iîv&l,  KCLl  eAg'J- 


IIARANGUE    SLR    LE    TRAITÉ    ^ALEXANDRE.  9 

Vous  ne  devez  pas  souffrir  qu'on  vous  exhorte  iei 
à  y  être  fidèles,  tandis  qu'on  accorde  une  pareille 
licence  à  ceux  qui  les  ont  violés  d'une  manière  si 
éclatante.  Non,  il  n'est  pas  possible  que  vous  agis- 
siez de  la  sorte,  si  vous  êtes  amis  de  la  justice. 
Le  traité  porte  que  quiconque  fera  ce  qu'a  fait 
Alexandre,  sera  regardé  comme  ennemi  par  tous 
les  confédérés ,  et  que ,  prenant  les  armes ,  ils  en- 
treront tous  dans  son  pays.  Si  donc  nous  gardons 
les  conventions,  nous  traiterons  en  ennemi  le 
prince  qui  a  rétabli  les  tyrans. 

Mais,  diront  peut-être  les  partisans  de  la  tyran- 
nie, les  enfans  de  Philiade  dominaient  dans  Mes- 
sène  avant  la  conclusion  du  traité  ;  et  c'est  la  rai- 
son qui  a  déterminé  Alexandre  à  les  rétablir.  Dé- 
fense ridicule  !  comme  si ,  après  que  les  tyrans 
Lesbiens,  qui  dominaient  avant  les  traités  dans 
les  villes  d'Antisse  et  d'Erèse  [3] ,  en  ont  été  chas- 
sés, et  que  la  tyrannie  a  été  proscrite,  on  devait 
la  souffrir  dans  Messènc  où  elle  a  les  mêmes  iiir 
convenions.  D'ailleurs,  on  a  mis  à  la  tête  du  traité, 
que  les  Grecs  seront  libres  et  indépendans.  Or , 
après  une  telle  clause ,  pourrait-on  raisonnable- 
ment se  persuader  qu'un  prince,  qui  réduit  des 


lO  HARANGUE    SUR    LE    TRAITE   D ALEXANDRE. 

Grecs  en  servitude ,  n'enfreint  pas  les  conventions 
communes?  Si  donc,  je  le  répète,  nous  gardons 
les  sermens  eties  traités ,  si  nous  observons  la  jus- 
tice ,  comme  on  nous  y  exhorte ,  il  faut  nécessai- 
rement prendre  les  armes ,  et  marcher  contre  les 
infracteurs  avec  ceux  qui  veulent  nous  seconder. 
Ou  bien,  pensez-vous  que  l'occasion  est  quelque- 
fois suffisante  pour  nous  faire  suivre  notre  intérêt 
aux  dépens  de  la  justice;  et,  à  présent  que  l'occa- 
sion, l'intérêt  et  la  justice  concourent,  atlendrez- 
vous  une  autre  circonstance  pour  recouvrer  votre 
liberté  et  celle  des  autres  Grecs  ? 


Je  passe  à  un  autre  article  du  traité.  Il  est  mar- 
qué que  ceux  qui  détruiront  la  forme  d'adminis- 
tration qui  se  trouvait  établie  dans  chaque  ville 
lorsqu'on  a  prêté  les  sermens  pour  la  paix,  seront 
regardés  comme  ennemis  par  tous  les  peuples 
confédérés.  Or ,  vous  n'ignorez  pas  >  sans  doute , 
que  les  Achéens,  habitans  du  Péloponèse,  vivaient 
sous  les  lois  de  la  démocratie.  Le  roi  de  Macé- 
doine s'est  permis  de  détruire  dans  Pellène  (a)  le 
gouvernement  démocratique;  il  a  chassé  le  plus 
grand  nombre  des  citoyens,  livré  leurs  possessions 
à  des  esclaves ,  et  donné  à  la  ville  pour  tyran  un 

(a)  Pellène  était  une  ville  d'Achaïe. 


riEri  TfiN  nr.  aaez.  zyn©.  Aor.  u 

d-èpovs ,  tov  J\'  gts  (fotAgjctv  ctyovTct  /«->?  qug^cli  tcl- 
vclvtiol  Tous  Koivoiïç  QfjLoAoyicLiç  âicLnrewpaL^ùLi  -,  Oo- 
xouv  otvctyjtaToy  gVnv  >if/.7v,  ûj  ctvojogs  Aftava/oj,  st'zzrgp 

TD<£  OpJCO/S  JtGtt  TCCt^  (TUV5->13CO£.^  g|Ut./ZgVOl>/Xgy,  JCCU  TO,  01- 

5ccj.ecc  TtroiYia-otMV  g(p    d   vfJLoïç  tcolçclkclKqvgi  ,   tlclSûl- 

Wîç  CtpZl  ÙWGV  ,  AcL^OVai  TdL  QW\cL,  GTpcLTÎVèO-BcLl 
Iwi     TQVÇ     ,7CcL^CL^tÇ3y\-)tOXCLÇ    ,      jULSTCt    T0V   j3otlAofJtgV<i>V. 

'H  vo^^grg  ,    roy   /^ev    jtcupov  t«roT'   ta-^veiv ,  x,cu 

ctWu  tou  o\x,cc<ou  To  vvfjLtyzpov  Tpo/rleiv  •  vuvi  J^'  où, 
«/  >    »  »   \      \    ./  </  i    <  »  \     i 

OT    g<S   TcCVTO    TO    OÏJtCC/OV  Ct^Ct  JtOU    0   JCCt/pOS  ,   JCOU  TO 

av[X(Qepov  cvvdedpaLfjLVDLZV  j  &AAoy  ctpct  tjvo,  %povov 
ctva^gygÎTg  tÏs  /<hûts  iAzvQtpioLÇ  cL[icL  tcoli  ty\ç  tcùv  &A- 
A«v  'EAÀwycyy  otvT/Aaêgo-Geu  ; 

±171    CtAAo  Oi  QIKCLIQV  tfâQfJLOLl ,  TûûV   TLOLTcL  TcLÇ  (7UV- 

•3-nxot^*  go"T<  yotp  ygyp  ot/Jt/j(.gvov  ,  ga,y  T/vgs  t&s  ^roA/- 

/  \  ,      r         /  il  t/  \  f/ 

Tgta,^  ,    t<x$   -arap   gjc<x<rroj£    ouous    ots  tous    op&ous 

701*5  fiTepj    T»$   eipjJV)î5    OùfJLVVGCLV ,    XCtTotAtKT0<n  ,   WOAi- 
t       ..   *  ~  ~       ~        >     /  /  xr<      '  f  û 

/.x<ous  givcu  7rao-i  to*s  t>j£  stpwyç  (jLZTi^ovgi.  2,x,g-vf/cto"Uâ 
<^  ,  0  avopgs  'A9>îvot7ot,  ot<  'Ap^ot/ot  /-tgv,  oe*  g'v  FlgAo- 
'Xomivci),  eAijttox,potTotîvTo,  toJtûjv  J^'  t'y  IlgAA»yJi  vuv 
x.ccTctAgA'Jx,g  tov  f^îî/jt.ov  o  Mct&goav,  gVSûtA^y  tûjv  tto- 

AfTftTy   T3L>$  7T\il(TT0VÇ  '  Tct  ^    Éît€iVâ>V    T0?S   QlMTCUS 


îa  nEPi  tan  np.  AÀE£.  2TN0.  Aor. 

&c%»&e,  XcupcovoL  &,  tov  wcL\oLt<rry\v,  Tucavvov  £yx,cL- 
TecrT»<7gy.  rHfJM$  tk  ry\$  ^lpy)m  jtxexg^OjLtgv  ,  ty\ç  rrrpo- 

(TTcLTTOUGYjS    7T0\îfJLl0VS  YiyUaQcU  TOVÇ  TGtUTO,  ZtTpcLT- 

rovras*  Ejc  (3Vî  tovtcùv  y  TToripov  7re/9û)/^e9ot  rois  koi- 
vo7s  Wf>o<n:cLy[j.cL<7t  ,  wotefjuoiç  aurais   %pû>u„£vo< ,  >j 

(ZdtAvpiVGtlclt   IIS   OU  (pCLVKCCV  TÛUT0V  TOV  ^/O"8o(p0f  OUV- 

Tûtjy  arupa,  tou  Mccxe&vos ,  T0y  jcctd-'  Jju.û?v  îtrerrAou- 
T>j>tcTû>v  5  ou  yctp  o>?  AeAwe  ye  ctvrovs  ovoev  tgv- 
rm  '  ctAA'  ees  rovS*  vÇ>piœs  yjjtouowy  ,  ao-re  ,  dopu- 
(popou^eve/  tois  tou  Tupctyvou  o-TpctTotêrgdofS ,  «v  p^y 
toÎs  srctpccÊcêflto-pvoiS  opx,ois  î{J.(univ  vfiïv  (ftcotsAeu- 

<  \  >  I  y  I  il  t        l 

OVTCLI,  CÙS  KCLl  TAÇ  ITClOpMCLS  OLVTOKfOLTOpOÇ  OVXOS  gJUl- 

vou,  tous  J^  Idiovs  vfJL&ç   vofxovs   cùcLyx.oL^ovai  Aus/v  ? 

TOUS   fJLÎV   KtKpifJLiVQVS  W    TOIÇ    ÙlXCLGTV\pl(HÇ   GLQlîVTèÇ  , 

grepo,  &  7ia./^3rÀ>i3?  to/oluta  Hicl^o^oi  wctpcLvo- 
fxgtv,  Jtu&oTûJS'   ts<s  ycio  t«rcTpoC3coo-/y    gctuTous  e<s 

TCLVXVTICL  roiS    TVI  l&CLrplàl  0"U/*(f>epOU<7tV  ,    OU5C  ZVl  (U- 

Ae/v  vo/xay,  ouj^'  opxcùr  rois  £'  ovo[ia,(nv  aLurw  jjlo- 

>  i  i  \  i 

vois  ùLwo^pœ/jLîioi  y  waLpaLxpovovrcLi  rovs  -nroLpîpyccs 

wrcLvSoi  ,  otAA  ou}t  t^izoLarix-as  ,  g;txA>io-*ot.(^vToc<;  , 

\  1y  \  I  t  I  »        *l  /\      i 

KXl  VGfAtt^OVXCLÇ  1W  'KCLpcLVZlKOL    )J(n/)£lcLV    OUJC   îO~îGVCLi 

^ror  cLiriav  ra.paLyj\s  cLrowov,  KeAeu©   cF   èycsyt , 


HARANGUE    SUR    LE    TRAITE    D'ALEXANDRE.  l3 

Chéron,  maître  d'escrime.  Nous  qui  sommes  com- 
pris dans  le  traité  de  paix,  selon  lequel  on  doit 
regarder  comme  ennemi  quiconque  agira  de  la 
sorte,  suivrons-nous  les  conventions  communes, 
et  traiterons-nous  les  Macédoniens  en  ennemis? 
ou  quelqu'un  de  ces  hommes,  qui  sont  à  la  solde 
d'Alexandre ,  et  qui  se  sont  enrichis  à  votre  pré- 
judice 3  aura-t-il  le  front  de  s'y  opposer  ?  Ils  s'a- 
perçoivent eux-mêmes  des  excès  du  monarque  ; 
mais,  fiers  de  son  amitié,  escortés,  pour  ainsi  dire, 
de  ses  troupes,  ils  vous  exhortent  à  garder  les 
sermens  qu'il  viole,  comme  si  ce  prince  disposait 
du  parjure  en  maître  absolu.  Ils  vous  forcent 
d'annuler  vos  lois,  en  vous  forçant  d'absoudre 
des  hommes  que  les  tribunaux  ont  condamnés , 
et  en  vous  portant,  malgré  vous,  à  mille  autres 
démarches  illégitimes.  Au  reste,  cela  ne  doit  pas 
surprendre.  Des  gens  qui  se  sont  vendus  contre 
les  intérêts  de  la  patrie ,  ne  peuvent  respecter  ni 
les  lois  ni  les  sermens;  ils  se  contentent  d'en  citer 
les  noms  avec  lesquels  ils  en  imposent  aux  ci- 
toyens, qui  ne  s'assemblent  ici  que  pour  amuser 
leur  loisir,  et  non  pour  juger  les  affaires,  sans 
penser  que  les  plus  violens  orages  succéderont 
bientôt  au  calme  trompeur  dans  lequel  ils  s'en- 
dorment. Je  demande  moi-même,  comme  je  l'ai 


l4  HARANGUE    SUR    LE    TRAITE    J)  ALEXANDRE. 

dit  en  commençant,  qu'on  se  rende  à  l'avis  de 
ceux  qui  disent  qu'il  faut  garder  les  conventions 
communes  ;  à  moins  qu'ils  ne  s'imaginent  que  de 
dire  qu'il  faut  être  fidèle  aux  sermens,  ce  n'est  point 
dire  que  personne  ne  doit  être  lésé  ;  ou  qu'ils  ne 
croient  que  personne  n'est  lésé,  quand  on  détruit 
les  républiques,  et  qu'on  y  rétablit  la  tyrannie. 

Mais  voici  quelque  chose  de  plus  choquant  en- 
core. Le  traité  ordonne  à  ceux  qui  doivent  s'as- 
sembler pour  veiller  aux  intérêts  communs,  d'em- 
pêcher qu'il  n'y  ait  des  innovations  funestes  dans 
les  villes  confédérées,  que  les  citoyens  ne  soient 
mis  à  mort  ou  exilés  contre  les  lois  de  ces  villes  . 
que  les  biens  ne  soient  confisqués,  les  terres  par- 
tagées ,  les  dettes  éteintes ,  les  esclaves  affranchis  : 
et,  au  mépris  du  traité,  ceux  mêmes  qui  devraient 
empêcher  ces  violences,  en  secondent  les  auteurs. 
Mais  ne  méritent-ils  pas  de  périr  ,  eux   qui  cau- 
sent de  pareils  maux  dans  les  villes    des  maux  re- 
gardés comme   d'une  telle  conséquence ,  qu'on 
les  a  chargés  tous  en  commun  d'en  garantir  les 
peuples. 

Ecoutez  encore  une  autre  infraction  du  traité. 
11  est  dit  que  les  exilés  ne  pourront  prendre  les 
armes,  ni  partir  d'aucune  des  villes  confédérées 


IlEri    TftN    IIP.    AAEH     ZÏN0.    AOr.  i5 

jcflt^ofTrep  gy  &p%jji  wpouwov ,  •jrs/^go'.von    tovtois 

TQIÇ  QaLCTKOVŒl  tfgïv  2V  TO,/£  J^O/VCC!*  0(JLO\oyicLlÇ  IfA- 
/UL€V6/V  •    6/    /UL»    €X6iV0   VO/JUÇoiNT/V  ,    OTCtV    ^gy     AgyûJO-JV 

û>s  e[ï[j.vJiTeov  tqiç  opLoiÇy  ov  Agygiy  autous  to  piogy 
*dix,u<r$oLi ,  ovùtva.  J^  oiovTOLi  ûLt<rSvi<n<rQcu  Tt/pavvi*» 
A» y  ctvTt  Aj/JLoîtpotTtav  jcetS-jerrctytgvûw,  jtotf  TayaroA/- 
Tiiœv  xotrotÀuojttgyûjy. 

To  (T  gr/  jcalaycAotoTOTspoV  e<r]/  yap  ev  toTé  <rtiv9vi- 
jcous  g7i/figÀ£Ï<r9ou  tous  GvvtdzivovlcLÇ  39  TOUS  gV/  T? 
xotyy  (puÀotjcw  Tg/cty^évou? ,  C7ra$  gy  x&iç  Koivœvoua-auç 
TioMai  ryç  etpyivïis  [XYiyiywvIcu  bcuaioi  ^(pvycn  wclçcl 

TOVÇ  KilfAiVOVÇ  ToUÇ  TtoXlGl  V0[AQVÇ  y  (JLY\àt    J£p>îjXaT0V 

dv\/u,Ev<mç  ,  pi&  y>î$  cuiolÙclvijloi  ,  ^»&  %pgaTy  aiziro)LO- 
7ict/,  jUDi^g    (^oi>Àû)y    a-argAguô-gpao-g/s  g-art  vtœTtpKrjjM* 

0/  &   TOffODTOl»  &0U(n   T0t/Tû)V  T<   *û>Au£/y  ,    ûJffTg    KOLl 

(TuyiLcLT:oL<nLivoL?ov<Ttv  "  oùs  tzrûk  ov  TCpocmiai  dwoAcc- 
Mv&i ,  01  Tyi\t7LOLVTaLÇ  (rvpLtyopOLÇ  '7ra.pcL<nLivau£pv<Tii 
gy  Tcc/ç  7ioÀg<ny  ,  as ,  a/a,  to  [Xîyzd-oç ,  clvtoiç,  to- 
gqvtoiç  ovvi  ,  ^»  Trgpiopay  gVgrct^ay  5 

Et/  J^  gxgpov  <îgi£û)  to  AgAtotos   raV  o-t>y3•/1îcas• 

»  \  I  y  ~  I 

gaTi  yap  yîypcLfjLfjLivoy  ,  g?c  rav  TroAsay  tût/  x,o/yû>- 
vov<r5v  ty\ç  gtp>iv>ts   £1»  t^Uvan  QvycLàcLS  opfJwccLVTaLÇ 


W5  nEri  tan  np.  aaes.  syn©.  Aor. 

owXol  îWKp'ipuv  zwi  stoM^cù  ^dî/xia,  ?ro\îi  rœv  /mg- 

tt^OVVM    TY\Ç    itpYim  *    gi    ai  /JL>J,  'tTLŒWOvdoV   g/Vfltl  TW 

?roAtv ,  g£  us  ctv  oppî<r0<nv.  Outû)  Totvyy  potosa?£  Tôt 
osrAct  x,sx,<v>txgv  o  MctxgcStov,  ©<tt  ovfo  xotTg3£To  ttû?- 

7T0T6,  CtAA  eTt  X,Ctt  VUV  tyjùl  Tgpigp^gTGU  X-CtS*  OCTOV 
VVVOLTCLI'   TOaGVTCô    Ùî    VUV   ^ttetAAoV  ÎJ  '/TpOTSpOV ,  Offû)   gX, 

^poo-Tcty^totTo?  ctAAous  Tg  gVepû>3/,  59  rov  7Tctt$oTp/€»v 
s/£  2ix.uavet  jcct-TJiyctysv.  Oux,ouy ,  u  du  wti^tcr^cLi 
Totîk  xoivcliç  oiioAoyicLiÇy  KOLScLurip  ovrot  (ÇcL<riv9  gx- 

CTTOy^Ot    YlfftV  U(TIV  CLXJZCLI   CLl   W0\îlÇ  CLt  TCLVTct  ilcLWt- 

'7rpoty/ttgvcu.  EÎ  (mv  otîv  ^g7  g7r*xpu7r7g<r9âLi  tcÎAjiKî,  ovùiv 
&7  Agygtv,  or/  gio~evcu  Mctx.gdbvix.otr  gt  $  oux,  olviclo-iv 
ci  xocd-'  vfjLûov  tûù  Mctxsâbvt  JîznjpgTcu  *7rpo<n:aLT%vTzç 
7ipctTTg/V  Tût  g'v  Tous  x,o/vet?s  o/AOÀcyjctt? ,  mi<r&Z £tgV 
cuJToï$Jnudy\  toc  &x.cuot  Agyouo-/ ,  x},  x,et9ot7T£p  xgAgug* 
0  opxos,  îKCGrovdovç  clvtovç  *7row<rcuTtç  ,  fZovAtva-œ- 
fA&cL  'Xoùs  àiî  ^pwSeu  to7s  âîa-wori-naç  xett  ctc-gA- 
yas  diotx.gijttgyo<$ ,  x.cu  oW  TgAous   rot   /Jtgv   gV/êou- 

AgUOUCrt  ,   Tût    &  TctpctTTOUO"/ ,  X-Gt/     X,OtTotygAû>07    TV\$ 


xgivhé  g/p»v>te.  A/ct  t/  yctp  ou  <p»<rou<m  sutoi  (feiv  Tetu.3- 
curas  g%giv  j  u   t>i»   ittgv  ojutoAoy/otv  tjjv  xctTot    tus 


ÏIARANdE    SUR    LE    TRAITE    I)  ALEXANDRE.  17 

pour  attaquer  une  ville  confédérée;  et,  s'ils  le  font, 
que  la  ville  dont  ils  seront  partis,  sera  exclue  du 
traité  [4].    Le  roi  de  Macédoine,  sans  nul  égard, 
ne  cesse  de   faire  porter  ses  armes  indifférem- 
ment partout;  les  Macédoniens,  toujours  armés, 
vont  dans  tous  les  endroits  où  ils  peuvent  aller, 
et  aujourd'hui  plus  que  jamais,  puisque,  de  leur 
propre  autorité,  ils  ont  rétabli  des  tyrans  dans  plu- 
sieurs villes,  et  nommément  Pédotriba  [5]  dans  Si- 
cyone.  Si  donc,  suivant  les  discours  de  quelques- 
uns,  il  faut  observer  les  conventions  communes, 
regardons  comme  exclues  du  traité  les  villes  qui 
l'ont  enfreint  dans  cet  article.  Oui;  s'il  faut  taire 
la  vérité,  évitons  de  dire  que  ce  sont  des  villes  Ma- 
cédoniennes :  mais  si  les  créatures  du  roi  de  Macé- 
doine, qui  le  servent  à  votre  préjudice,  ne  cessent 
de  réclamer  l'exécution  du  traité,  rendons-nous 
à  ce  qu'ils  disent,  puisqu'ils  ne  disent  rien  que  de 
juste  ;  et  ,   selon  ce  que  prescrit  le  serment ,  ex- 
cluons du  traité  les  Macédoniens,  et  prenons  des 
mesures  pour  réprimer  des  hommes  qui  affichent 
une  insolence  despotique,  des  hommes  que  nous 
voyons  perpétuellement  intriguer  contre  les  uns  , 
agir  contre  les  autres  ,    se  jouer  partout  de  la 
paix  générale.  Qu'est-ce  que  nos  traîtres  peuvent 
nous  opposer? Veulent-ils  que  des  articles,  peu 
favorables  aux  intérêts  de  notre  ville,  aient  une 
s.  in.  2 


\8  'harangue  sur  ïe  traité  d'alexandre. 
exécution  que  n'auront  pas  des  articles  stipulés 
en  sa  faveur?  y  aurait-il  de  la  justice  ?  Confirme- 
ront-ils toujours  ce  qui,  dans  les  sermens,  est 
pour  les  ennemis  et  contre  Athènes?  Ne  croiront- 
ils  jamais  devoir  cesser  d'attaquer  les  clauses  qui 
sont  pour  vous  et  contre  eux ,  et  qui  ne  sont  pas 
moins  justes  qu'elles  vous  sont  utiles  ? 

Mais  afin  de  vous  montrer  encore  plus  claire- 
ment que  les  Grecs,  loin  de  vous  reprocher  d'avoir 
enfreint  quelque  article  du  traité,  vous  sauront 
gré  d'avoir  été  les  seuls  qui  ayez  fait  connaître  les 
infracteurs,  je  choisirai  dans  le  grand  nombre 
d'articles  que  le  traité  renferme,  et  j'en  parcour- 
rai quelques-uns. 

Une  des  clauses  porte  que  les  confédérés  auront 
la  mer  libre ,  que  personne  n'arrêtera  et  n'emmè- 
nera leurs  vaisseaux,  et  que  quiconque  le  fera, 
sera  regardé  comme  ennemi  par  tous  les  confédé- 
rés. Or  ,  c'est  une  chose  visible,  et  personne 
n'ignore  que  les  Macédoniens  l'ont  fait.  Par  un 
excès  de  leur  violence,  ils  ont  enlevé  et  transporté 
à  Ténédos  tous  les  vaisseaux  partis  du  Pont ,  et , 
cherchant  de  mauvais  prétextes  pour  ne  pas  les 
rendre,  ils  ne  les  ont  rendus  que  lorsque  vous 
eûtes  arrêté  qu'on  équiperait  cent  navires,  que  les 


IIEPI   TQN    nP.    AAE5.    2TN0.    Aor.  I9 

- ,  ov  <riry%Gùp7\<rov<riv  ;  ipa,  yi  foxii  diitcuov  tglvtol 
yiyntjQcu  ;  x.civ  /jlîv  ti  jT  ttjsos  ïSvé^Opay  jcctrdt  tïi 
woMaç  ev  tg?s  opx,o<s ,  tovto  jmgy  lo-yjupov  du  woiyi- 
<xot;cr/V  goj.y  og  tj  u^gTgpsv  >f  JcotT  gx.givû>v  ot4a«x  xcLi    ot- 

TLOLiOV  XOLt  <JV[J.q)îf,0V  ,    7TpCÇ   TOVTO    06    OÏCt/JLO^O^gyOtlS 

»V  /  a  ji       r,         \~      <  I 

0VOZ7r0TZ  WCLV(JCL(TVaLt  OlYl<TOVla.t   àav    tOLUTOVÇ  • 

Iva.  Jv  uoy\Tî  èTi  crctcpco-Tgpov ,  or/  ouosjs  v[iiv  gy- 

KCL\î<Ttl     TÏOTi    ZCôV   'EWwcùv  ,  CCÇ   GtpCC    ^rapgbîfrg    Tl 

y  ~      r  •   I  ,  \  \  I  t/y 

Tœv  jcoivw  OjUoAoy^evTûw,  ûtAAa.  jtcu  %ap/y  eçot/<nv , 
or/  ^tovsi  g'^Agy^&Tg  tovç  tclvtol  ^oiovvtolç  ,  [xixpct 
t-&tof>cL[j.ov[j.cLi  'rttzi  cLvzm  y  ToAÀay  ovnay. 

Eo-T/  yap  tou  gv  tcliç  (TvvS-mouç ,  rw  .SuAcrr- 

TctV   -TTAg^y   TOU£  £tgTg%OVTOlS   T»^    g/pJlVtfS  ,  îtttJ    IWOtVÛL 

xoùXvuv  olutovç  ,    jL/.yjo'g  jtotTctygjv  "ZjrAoTov  (JLYlfovOL  TOU- 

TûJf  €aV  &  T/S  TTctpCt  TOtUTct  71 0W,  ^oMfJLlOV  iivdl  TZÙLGl 

toÏç  t>k  e/pw/js  /xgrg^oiKTiy.  OJjcoiTv  ,  ai  ctvo'pg^  'a9>j- 

vous*  ,  J/*e7s  /xgy  iveipyuTTctTaL  igti  tqvS'   vwo   tôùi 

Max,c#ov0v  ygysvujjLÉVoV  g/5  touto   yap  'KcLpcviofjLicLÇ 

>iAS-oy ,  oj(TTg  ei$  Tgysobv  otsravrct  Ta  gx,  rou  Ilovrow 
N  ~  »  \  /  \      >    \ 

^rAOlOL    X,OLTï)yCLy0V  }  7LCLI  y    (TMVCàpOVfJLtVOl  'TCt^l    CLVTaL  , 

ou  7rpoTgpov  acpgto-ctv  ,  tzrp/v  oi>  u^tg/^  g-vp>t(pt  cetera  g 
rpi/ipg^  g'xotToy  TrAyjpoJv ,  îteci  3cct3gA?cgty  gu5u^  toté  , 


io  nEri  t^n  np.  aaes.  syn©.  Aor. 

XCLl  (TTpOLTïryQV  tUT  OLVTCLIÇ  iTCf^OLTi  MmaSlcL.  TlaÇ 
OVV  GVK  OLT0W0V  T0<TGLVTOL  fJLiV  tlVcLl  KOLl  ZV\\rA.CLVT CL 
TQL  yfJLOLptyifJLlVOL   iTîpOlÇ,  TOVÇ  «N   ÎVTOLVÔ-OL  (pJÀOU*  CLV- 

rm  y  yw  iwlvovç  cLwoTpt-Gruv,  rovç  7ictpa.€cuvovTU$  , 
olA\'  ifjuv  <rv[i£ovAivtiv  ifi/jumv  toiç  gvtcûç  où\iyœ^ 
p»/Jieyo<£  ;  axnjrgp  tcoli  tovzov  vrpotrytypcL/JLiAevov  9  rois 
jtxev  IjçtïvcLi   *7rAy\}JL[JLtA{ïv  ,   rôïç  fc  {jwJ^  cLfxvnaSctt. 

TlcûÇ  «F   QV%   ijULCL   T6  TrclpWOfJLOUV  63Cg7vOi  3CGLI  OLVoUffOtf- 

TC/t  Sérotv,  o?  ys  tVwjcoutov  *7rccpg/3»o-ctv  T<îy  opx,û>y  , 
o  tzrap  e\cL%urTov  twoiytfïîv  olvtovc  cLtyeiipid-yivcti  01- 
xcuœs  tuv  jcocTct  ^clXclttcu  yytixoviav;  koli  vuv  e-r/ 


nr&pcLdtdoùKcLai  tovtq  to  dix&iov  0Lveyx,\yiTa)ç  vifTiv , 
oTctv  /3ovA)i5û)/^év  îzrparreiv  '  ou  yetp ,  on  twav- 
acuro  ijrcLiicLptcLWteç  ,  virrov  t/  (Vttou  ^©if  aêeê»- 

JCCW/    Tût£   XQIVCLÇ    OfJLOAOyiCLÇ»   AÀÀ     eUTt/^OUOWV  ,   0T« 

tVCL'Sro'XjpSvTcLl     TV    VfJLtïtpcL    pcjL&VfJLICL  ,    TM     OtJ<fe    TOV 

»         I  »        _        /  /  ,\  \      r/?  / 

UlKOLlCûV    OLWO\CLVUV    71  pOCtl  p  OU  fJLiW'    0    TLCLi    V^>plŒTlX,Cû- 

toltov  o-ujui€e£>fx,ev  ,    e/  o/"  £tev  clWoi  'EWyihs  kûli 

BaipCcLpOl  (LwcLVTiÇ  TY\V  7CpOÇ  JjXClS  6%8p*V  CpoÊou/JûtC  , 

ourof  <F  oi*  veosrAouToi  /xovoi  x,otrct(ppûyg7y  i^ctcTs 
tîjxav  cttîrœy  ctWyjcctÇoucn  ,  ra  ^gy  Trei-S-ovrgs,  toc 
&  &icL£)ofjLivoi,G>o"5rîp  ev  'AÊ&tprrct/s,  à  MctpûjyjToc/s , 


HARANGUE    SUR    LE    TRAITE    D  ALEXANDRE.  2 1 

navires  seraient  mis  aussitôt  en  mer,  et  comman- 
dés par  Ménesthée.  Mais  n'est-il  pas  absurde  que , 
tandis  que  nos  adversaires  violent  les  traités  en 
un  si  grand  nombre  de  points  essentiels,  leurs 
partisans  ici,  au  lieu  de  les  détourner  de  leurs  in- 
fractions ,  nous  conseillent  de  respecter  ce  qu'ils 
méprisent ,  comme  s'il  était  écrit  que  les  uns 
pourront  s  écarter  de  la  justice  ,  et  que  les  autres 
ne  pourront  même  les  réprimer?  Les  Macédoniens 
n'ont-ils  pas  été  aussi  aveugles  qu'injustes  d'avoir 
violé  les  sermens  d'une  façon  si  criante ,  que  peu 
s'en  est  fallu  qu'ils  ne  fussent  dépouillés ,  comme 
ils  le  méritaient ,  de  l'empire  de  la  mer?  Ils  nous 
ont  même  fourni  un  motif  légitime  de  les  attaquer, 
quand  nous  voudrons,  sans  qu'on  puisse  se  plain- 
dre. Quoiqu'ils  se  soient  arrêtés  dans  leurs  excès ,  ils 
n'en  ont  pas  moins  violé  les  conventions  communes  ; 
mais,  par  un  effet  de  leur  bonheur  plutôt  que  de 
leur  innocence ,  ils  profitent  de  cette  lâcheté  qui 
vous  retient ,  et  qui  vous  empêche  de  faire  valoir 
vos  droits.  Et  ce  qu'il  y  a  de  plus  outrageant  pour 
vous,  c'est  que,  tandis  que  les  autres  Grecs  et  tous 
les  Barbares  redoutent  votre  inimitié ,  les  partisans 
du  monarque ,  ces  hommes  nouvellement  enrichis , 
vous  forcent,  soit  par  des  discours  trompeurs,  soit 
par  des  violences  odieuses,  ils  vous  forcent,  dis-je  , 
de  vous  mépriser  vous-mêmes ,  comme  s'ils  gou- 
vernaient des  Àbdéritains  ou  des  Maronites.  Ils  dé- 


LIAR  ANGLE    SIR    LE    'IRAI  TE    D  ALEXAISÔRF.. 

priment  noire  puissance ,  relèvent  celle  des  enne- 
mis, et,  en  même  teins .  ils  avouent,  sans  y  prendre 
garde,  que  notre  république  est  invincible.  Oui; 
nous  exhorter  à  observer  les  traités  \is-à-\is  de 
ceux  qui  les  violent ,  c'est  reconnaître  eux-mêmes 
que  nous  pourrions  punir  les  infracteurs,  et  par 
conséquent  vaincre  nos  ennemis,  si  nous  voulions 
rompre  les  traités  par  des  vues  d'intérêt  [6].  Et 
c'est  avec  raison  qu'ils  pensent  de  la  sorte.  Tant 
que  nous  aurons  seulement  la  liberté  de  la  mer  , 
sans  qu'on  puisse  nous  la  disputer,  nous  pourrons 
ajouter  d'autres  forces  à  celles  dont  nous  jouissons 
pour  nous  défendre  sur  terre,  surtout,  puisque 
la  fortune  a  réprimé  l'insolence  de  ces  hommes 
qui  étaient  comme  escortés  des  troupes  du  tyran, 
puisque  les  uns  ont  succombé ,  et  que  les  autres 
sont  sans  crédit. 

Voilà  au  sujet  des  vaisseaux,  les  infractions  gra- 
ves du  roi  de  Macédoine  ,  outre  celles  dont  nous 
avons  déjà  parlé. 

Mais  ce  qui  annonce ,  dans  les  Macédoniens  ,  le 
plus  d'orgueil  et  d'arrogance,  c'est  ce  qu'ils  ont 
fait  dernièrement  ;  c'est  d'avoir  eu  1  audace  de  pé- 
nétrer dans  le  Pirée,  au  mépris  des  conventions 
mutuelles.  Et  ne  croyez  pas  que  l'infraction  fût 
légère,  parce  qu'il  n'y  avait  qu'un  navire;  pensez 
plutôt  qu'ayant  dessein  de  tenter  la  même  entre- 


nEPI    T.QN    IIP.  AAEa.   2YN0.    AOT.  2o 

utTcpcL   toc  n^erspoc  Tipay^aict  noiovat,  tcl  de   tojv  g- 

t*roo-Ta.Tov  T>tv  woAtv  o/jLOAoyovvTeç  g/va/ ,  dtcotsAeuo- 

(pgpovT/  yg  'TTpogÀo/^gvjiv  %pwr9d,/,  jtpccTglv  eu  tSv  tzro- 
teujav  pcçàœç  dvvYiQe7<rcLv.  Eikotccç  J^  olvto  urticwScL- 

<nV  zœs  ya,p  eu  ity  rœv  kcltcl  $cl\clttcu  ,  59  .aovav, 

>  f*      i  *  i  ~  \     ~ 

ayxa(p/o-b>îTyjT^  g/veu  x,up /o/s  ,  tg/$  ys  x.ara  yw  , 

KpOÇ    TW   VTrcLp^OVay    OUVCLfÂH  ,  6CT/    TlpO^oActS    gTgpcCS 

»  /  f    /    a  '/.   N  \  I 

KT^VpOTipCLÇ   EVpiGVOLl       cLAAœÇ   Tî    XOLl     TrîWoLVfJLiVCCV 

t      \     ~         l  ~     *         _  /  <•       \ 

U-3T0  'ZTISTV^TflS  TûùV  (fopVpOpOVfjLZVM  W&O  TOùV  TVpCLVVl- 

7LVV    OTpaLTOWgfîtov  '    JCflU     TCùV     [JLIV      êCpOûtp/^gVOJy  ,     T0V 

rh  i%iAyiAeyfiimv  ovdwoç  ct^iaw  qvtm. 

To    [Xîv  otiv  -zzrêpi    rec  tcaoicl,  tcçoç  to7s  olaXqiç 
toÏ'ç   f7rpoup»ixîVQiç ,    o    Max.£<5tov  TflA/fcGVTOV  7tt*pg£>f 

TO     tfg     L>Q>pt(7T/}C£cJT0tT0V    5C0L/     VanpOTCTDLCCTcLTOi     TCCV 

Max^ovav  j  to  Trp ûwv  ygygv)i/.tgvov  gem  *  to  toA/t/i- 

(TA/  glO-TTÀSUO-Ot/  g/$    TOV    ilîlpCLlcL    7iccpa    Tct^    xo/va^ 

YI'JAV     7TpO$     CtUTOU^   0-DV3»X,0tÇ.     Kct/   TOVTO  ,    ûJ     OtV^pgÇ 

AfeVct/Ot  ,     OU^,    01/     [LICL   ~piV\pV\Ç  WJ ,  [Al-npOl    VWOAÏi- 

tctIqv,  otAA'  oti  aVo^g/pcc  iytnTo  il  nipio-^o/xêcL  , 


24  nF.ri  TfiN  nr.  aaes.  stn©.  Aor. 

,i  \  i  *    ~    >       i  ~z  V. 

ivoc   /xgrct  7TA£tow»v    chinois  gyygv>?rc*.<  touto  7TpotT- 

re/v,  jccu  otj   ovx,  ecppovr/(7a.v  rav  x^vûjv  ôoy/jL&zcàv  , 

ILCid'OL'&îp    OVOî  TCàV    TtpOUpYlfJLîVœV    ÎWil     ozi    yg    TOUTO 
/%  v  \  \  V  >2,.V'    \  ~     »   ' 

7rapccoWts  vjv  x^tra  ^ujcpov,  x,ou  iBiafjioç  rov  a.yg^£- 
0-f)ou  jî/aÎs  tous  toiovtovç  iKrwXovç ,  x,cucg?5gv  oNiAoV 
to  y&p  rov  Tore  uawMvaoLVToL  tvri  ~y\$  vgas,  ov  tou 
iv$v$    [xitcl  zv\ç  zpinpovç    vQ    vjjcœv   ccVo  Aa>Ag  yct/    , 

aUTCt(r$aLl    VcLVWyyyïGOLV^CLl   /J.fîtpot   TIAOIOL  6V  To7$  Ylfii- 

I  I  ~  >  \  ~         tl  y 

TlÇOlS    Al[Aî(TL  ,    TffCài    OV    X,OLTOl(Ç)CL\>tÇ     TZQttt  ,    OTl,    <VJ- 

Tt  xov  îi(rw\iiv,  to   èviïuç    gy^ov    tlVOLt   ifAV'^aLVOû'vTQ  ; 

Kcu  g/  Àg7TTot7rÀoia.  t/7io;j.gvou/j(.gy,  oA/yoy  uorepov  tl&i 

I  \         y  y     i  ~  f/ 

TpiYlpilÇ  y    KCLI  y    Si    TOTZpœTOr1    QAiyoLÇ  ,     ^JJtp&J  UOTgpOV 

ToAActs.  Ou  y&p  <5Vj  ecr*    yg  efVsîv ,  aV  'AÔwho-/  /^gy 

CLty^OVCûV  OVTQV  TCC'J  VClV'5n]yWl[J.û)V  £v\cùv  ,   T0V    TTOp'pa- 

8gv  xct/  ^uoA/s  g/o-jco/^/^o^gyûjy,  g'y  &  rf  Moucsdbv/çt  gV/- 

A£A0i7I0TÛ)V  ,  TW  39  TO?*  OLAAOIÇ  TO?S  @0V\0fJLtmÇ  èV- 
TE\î<TTâlTOL  KCLd-iCTTOL /JLgVM  *    CtAA    û/oVTO  Ct/Ut-CC  Tg  yctl/- 

vryy»o~i<TQcii  gvTcutëût,  )cct<  ^X^ponGta^cn  h  rœ  Ai  pin 
to  TCçoîipfAivG) ,  ev  TctTk  xoivcuV  o[xoAoy!cLt$  diîipyi- 
ftivov  fividiv  ToiouTOD  g/V&^gc-ficu  '  x,cu  Tcturo,  g'^- 
o-tcu  gt«r<  TrAsrov  ctg/  7ro/g?v ,  ovtoù  7TctyTo5gy  xcltol- 
itrtQpovyKQTOûÇ  g?cg7yo/   tjT  îjroAg/  ^p<»yra/ ,  âid  tovs 


HARANGUE     SUR    LE    TRAITE    D  ALEXANDRE.  2J 

prise  avec  un  plus  grand  nombre  de  bâtimens,  ils 
voulaient  éprouver  notre  patience ,  et  qu'ils  n'ont 
point  fait  plus  de  cas  des  clauses  qui  nous  regar- 
daient, que  des  autres  articles  du  traité.  Or,  qu'ils 
aient  voulu  s'introduire  peu  à  peu  chez  nous  ,  et 
nous  accoutumer  insensiblement  à  ces  actes  de  vio- 
lence ,  en  voici  la  preuve  :  Le  capitaine  qui  aborda 
au  Pirée,  et  que  vous  auriez  dû  faire  périr  sur-le- 
champ  avec  son  navire  ,  vous  demanda  la  permis- 
sion de  fabriquer,  dans  vos  ports,  desvaisseauxpeu 
considérables  ,  et  fît  voir,  par  cette  demande ,  que 
les  Macédoniens  cherchaient  plutôt  à  se  saisir  du 
Pirée  qu'à  y  aborder.  Si  nous  leur  avions  accordé 
ce  qu'ils  demandaient,  ils  n'auraient  pas  tardé  à 
construire  de  grands  vaisseaux ,  peu  d'abord  ,  et 
ensuite  beaucoup.  Ce  n'est  pas  qu'il  y  ait  une  grande 
abondance  de  bois  de  construction  à  Athènes,  qui 
en  fait  venir  de  loin  et  à  grands  frais  ,  et  qu'on  en 
manque  en  Macédoine,  qui  en  fournit  à  tous  ceux 
qui  en  veulent,  et  à  vil  prix;  mais  ils  voulaient 
fabriquer  et  charger  des  vaisseaux  dans  le  même 
port,  malgré  les  dispositions  du  traité  commun, 
par  une  suite  de  cette  licence  qui  augmentera  tous 
les  jours;  tant  ils  ont  pour  nous  un  souverain  mé- 
pris ,  grâce  à  nos  traîtres  qui  leur  donnent  des  le- 


26  HARANGUE    SUR   LE    TRAITE    DALEXANDRE. 

çons  et  des  conseils  !  tant  ils  sont  persuadés  de 
notre  faiblesse  incroyable ,  de  notre  insensibilité 
étrange,  de  notre  indifférence  sur  l'avenir,  et  du 
peu  d'attention  que  nous  donnons  au  mépris  que 
le  despote  de  la  Grèce  fait  des  traités  !  Je  vous 
exhorte ,  Athéniens ,  à  les  suivre,  ces  traités;  et  je 
puis  vous  assurer,  par  l'expérience  que  me  donne 
mon  âge ,  que  vous  ferez  valoir  vos  droits ,  sans  vous 
attirer  de  reproches,  et  que  vous  profiterez  ,  sans 
courir  aucun  risque ,  des  occasions  qui  vous  pres- 
sent de  veiller  à  vos  intérêts. 

Voici  encore  une  clause  du  traité  :  Si  nous  vou- 
ions ,  y  est-il  dit ,  participer  à  (a  paix  générale. 
Qu'est-ce  à  dire  :  si  nous  vouions  ?  Oui ,  nous  le 
voulons ,  si  nous  ne  sommes  point  forcés  de  rien 
faire  d'indigne  de  nous  :  nous  ne  le  voulons  pas , 
s'il  nous  faut  toujours  marcher  honteusement  à  la 
suite  et  sous  les  auspices  des  autres  ;  s'il  nous  faut 
oublier  les  actions  éclatantes  par  lesquelles  le  peu- 
ple d'Athènes  s'est  signalé,  depuis  tant  de  siècles  , 
plus  que  tous  les  peuples  de  la  terre.  Si  donc  vous 
le  permettez  ,  Athéniens ,  je  porterai  un  décret , 
d'après  les  dispositions  du  traité ,  pour  qu'on  pour- 
suive les  infracteurs  les  armes  à  la  main. 


nEPl    TflN    IIP.    AAES-   5.TN0.   AOI\  27 

éVTtvBèV    ÙlÙcL(TX,CL\OVÇ     TOUÇ     VWCiyoplVQVTOLÇ     CLVTOIÇ 

et  021  TroieiV  owtû)  o)j  xATeyvaxctct  jxerot  tovtûjv  ctaîn- 
7>iToy  T/voc  ryç  woMœç  ex,Au<nv  xeu  /JtoAeu,icty  , 
xctt  oure  wpovotaLv  vwîp  xm  fjLîWovrm  uvai  ,  ouïe 
Aoy/<rjUt,ov  ovfovot.  Tietpety/yeerOctf,  uyet  Tpowov  ^pviTcLi 
0  Tfpctvyos  Tctïs  xoeveus  oiio\oyioLiçy  eth  iyoo  Ùicltcî- 
tevoixoLi,  où  ctvô^ss  'aGuvguoi  ,  TreiSerôcu  ,  )tct5ot?zrep 
tùiùcL^oi ,  jccu  &  îÊeêcu  a><ret/<oiv  cty  ,  Js  TotTs*'  jjAjju a? 
e%ay ,  ct^ct  jteu  ra  o^jccuo)  jJ^tSv  Gtvey?tA>iTûtf  ,  koli 

TO~Ç  XOLlpOlÇ  dvqxtAtŒTOLTùL  ^ïjvQoLl  TOl$  ÎWl  TO  (TVfJL- 

1  I 

ÇipOV  KCLti-GriiyOlXTl. 

Kûli  y 4$  eu  Trpceryeypot'ZsrTct/  Tct?s  o-uvSwwtis  , 
ectv  £ouA«/jt,e9*  TÎfs  jco/vîk  etpiyyjs  fUTîJQUV  ro  <^'  e'etv 
@>ov\û)uiScl  ,  e\rnv  iact  xct<  ToJvctvnov ,  i\  ipec  tsroxe 
In    7:ctu<roi<r5cu    cttc-p^pSs   trepoiç   cltloAqvQouvtcls  , 

CtAAct  jttîfj^  dvùLfJLWŒd-WCll  (J.Y\dlfjUOLÇ  QlAoTlfJUCtÇ  rai 
e%  *f%cUGTCtTOU,  X,Ct*  7rÀe/(TTû)V,  JCCil  (jlclAigtcl  wclv- 

tm  av3-pû)7rû?v,  UjiiJy  vwctp')£QV<rcûv.  'Ectv  ov»  x,eAsi>»re, 
a  ocvojpe^  Aôwctïo/  ,  ypct^ûJ  ,  x,ct3-ct'7rep  et/  (7i/v3>î?cct/ 
xeAeuoyo-f ,  sr$Aejme~v  to<V  7rctpa,êeê>ixo<ny. 


NOTES 


IA   HARANGUE    SUR   IE    TRAITE   D  ALEXANDRE. 


*.VWVW\WWW\ 


[i]  L'orateur  prétend,  dans  ce  discours,  que  l'occasion  est  telle  pour 
les  Athéniens ,  qu'en  prenant  le  parti  de  la  justice ,  ils  travailleront  pour 
leur  intérêt. 

[a]  Pisistrate  ,  descendant  de  Codrus ,  dernier  roi  d'Athènes  ,  se 
rétablit  dans  la  souveraineté  de  ses  ancêtres.  11  laissa  deux  fils  ,  Hipparque 
et  Hippias ,  qui  lui  succédèrent ,  mais  qui  furent  dépouillés  de  la  puis- 
sance qu'il  leur  avait  transmise. 

[3]  Antisse  et  Erèse  ,  deux  villes  de  Lesbos  ,  une  des  îles  de  la 
Grèce. 

[4]  Pour  entendre  tout  cet  endroit ,  il  faut  supposer  qu'il  y  avait  des 
exilés  dans  plusieurs  villes  de  Macédoine,  et  que  les  Macédoniens,  loin 
de  réprimer  les  entreprises  des  exilés,  se  joignirent  à  eux  pour  les  faire 
rentrer  de  force  dans  les  villes  dont  ils  avaient  été  bannis. 

(5)  Quelques  commentateurs  entendent  par  le  mot  de  inufvrçiÇ**  t  un 
maître  d'écriture. 

[6]  Ici  le  raisonnement  de  l'orateur  est  difficile  à  saisir.  J'ai  ajouté 
quelque  chose  au  texte  pour  l'éclaircir.  Il  veut  dire,  je  crois,  que  les 
partisans  de  la  Macédoine  n'exhortent  si  fort  les  Athéniens  à  observer  les 
traités  que  violent  les  Macédoniens,  que  parce  qu'ils  craignent  pour 
ceux-ci,  si  Athènes  prenait  les  armes  contre  eux. 


►—►-•>*$*<•-«—« 


RÉFLEXIONS  PRÉLIMINAIRES 


LES  EXORDES  DE  DEMOSTHENE. 


«vwwvwwvwvwww* 


Je  n'ai  jamais  vu  ni  entendu  citer  les  exordes  de  Démos- 
thène  que  je  publie  aujourd'hui  dans  notre  langue.  Bien 
des  personnes  font  peu  de  cas  de  cette  production  de  notre 
orateur,  que  je  regarde  comme  précieuse,  comme  un  mo- 
nument qui  prouve  combien  il  était  laborieux  et  occupé 
des  affaires  de  l'état.  Je  ne  pense  pas ,  comme  quelques- 
uns  ,  qu'il  lésait  composés  uniquement  pour  se  fournir  d'a- 
vance une  espèce  demagasind'exordes  ,  dans  lequel  il  devait 
prendre  ceux  qui  lui  conviendraient ,  suivant  les  occasions. 
Il  avait  trop  de  génie  et  trop  de  bon  sens  pour  ne  pas  faire 
ses  exordes  exprès ,  quand  il  avait  à  parler,  et  pour  adapter 
aux  discours  qu'il  devait  prononcer  des  débuts  faits  à  loisir 
et  avant  le  tems. 

Je  vais  exposer  mes  idées  et  mes  conjectures  sur  ce  qui 
a  pu  donner  sujet  à  Démosthène  de  composer  ces  exordes, 
qui  sont  tous  certainement  de  lui.  Il  était  fort  occupé  des 
affaires  publiques,  et  nous  savons  qu'il  avait  pour  principe 
de  parler  le  moins  qu'il  pouvait ,  sans  être  préparé.  Ceux 
qui  sont  exercés  à  faire  des  discours,  savent  que  le  début 
souvent  est  ce  qui  coûte  le  plus.  Il  y  a  donc  toute  apparence 
que  lorsque  Démosthène  prévoyait  qu'il  serait  dans  le  cas 
de  parler  sur  quelque  affaire,  et  que  le  tems  ne  lui  permet- 
trait pas  de  composer  le  discours ,  il  composait  toujours 
l'exorde  ,  afin  de  savoir  par  où  débuter.  Car  il  ne  faut  pas 


5o  KÉ1LEXI0>S 

croire  qu'il  n'ait  parlé  à  Athènes  que  dans  les  circonstances 
pour  lesquelles  il  nous  a  laissé  des  harangues  :  il  a  parié 
sans  doute  dans  beaucoup  d'autres  occasions. 

Mais,  dira-i-on  ,  nous  retrouvons  dans  ses  discours  plu- 
sieurs des  exordes  de  ce  recueil,  ce  qui  semble  prouver 
qu'il  les  avait  pris  pour  les  y  adapter.  Je  crois  plutôt  qu'il  les 
avait  faits  séparément  selon  les  affaires  qui  se  présentaient, 
se  trouvant  pressé  par  les  circonstances,  ets'imaginant  qu'il 
n'aurait  pas  le  tems  de  composer  les  discours;  mais  que, 
les  affaires  ayant  été  remises  comme  il  pouvait  arriver,  il 
avait  fait  les  discours ,  et  avait  pris  les  exordes  en  les  lais- 
sant écrits  à  part,  et  en  les  transportant  dans  les  discours 
avec  des  changemens,  ou  sans  changemens,  selon  qu'il  le 
trouvait  convenable. 

Quoi  qu'il  en  soit  de  ces  conjectures,  j'ai  traduit  ces 
exordes  qui  roulent  presque  tous  sur  des  objets   politiques  , 
et  qui  par  conséquent  trouvent  naturellement  leur  place 
après  les  harangues  politiques.  Ils  m'ont  coûté  beaucoup  à 
traduire.  Ce  sont  des  pièces  isolées  qui  ne  tiennent  à  rien  , 
et  où  il  faut  deviner,  quand  le  sens  ne  se  présente  pas  aussi- 
tôt. D'ailleurs,  les  débuts  de  toute  harangue  sont  ordinai- 
rement froids  et  tranquilles  ,  les  phrases  en  sont  communé- 
ment fort  longues  :  le  traducteur  n'est  pas  animé  et  échauffé 
par  la  suite   des  choses  ,  et  par  la  chaleur  de  la  diction. 
Mais  je  serai  dédommagé  de  mes  peines  par  le  plaisir  de 
publier  tout  ce  qui  nous  reste  de  Démosthène,  de  faire 
connaître  son  amour  pour  le  bien  public  ,  son  zèle  infatiga- 
ble,son  application  constante  et  assidue  aux  affaires.  Comme 
dans  les  exordes  on  se  concilie  l'attention  des    auditeurs , 
qu'on  cherche  à  dissiper  leurs  préventions  ,   et  à  écarter 
tous  les  obstacles  qui  pourraient  les  empêcher  de  recevoir 
favorablement  ce  qu'on  va  leur  dire ,  on  peut  étudier,  dans 
ceux-ci,  le  caractère  des  Athéniens  ;  on  verra  qu'ils  étaient 
légers,  frivoles,  inconstans,  mais    qu'ils  avaient  toute  la 


PRELIMINAIRES.  3| 

subtilité  d'esprit  et  toute  la  grandeur  d'âme  dont  un  peuple 
est  susceptible.  Je  n'ai  pas  discuté  les  faits  contenus  dans 
chaque  exorde,  ni  recherché  à  quelle  occasion  chacun  a  été 
composé  ;  on  sent  que  ces  discussions  et  ces  recherches 
auraient  été  inutiles  et  impossibles.  Je  n'ai  formé  qu'un 
exorde  dans  quelques  endroits  où  l'édition  de  Volfius  en 
offre  deux  ou  même  trois  ;  ils  sont  réunis  en  un  seul  dans 
d'autres  éditions,  et  ils  m'ont  paru  devoir  l'être. 


*\VX^\\\\\VVVV^\V\^\\^'V\\\VVVVVV\\VVVVVVVVVVVVV\VVVVVVVV'V/VV\'V\VV^\\\\VV\\V\VVV\V'\%'V\'»'V'*> 

AHMOS0ENOT2 
nPOOIMÏA    AHMHrOPIKA. 

IIPOOIMION   IIPfiTON. 
I      (J.IV    Wipi    7LCLIV0V     TlVOÇ     ^pCtyLLCLTOÇ     7tpûVTl- 

Sero  ,  ù  aïvùpzç    AfcivctToi ,   Àeye/v  ,    èWi<r')(a)V    dv 

Iùùç  ol  wAucTToi.  tœv  tia&oTm  ym\Lva  cLWityywJto , 

»     \    v         /     /  «.       a/  <        /       ->\    ^ 

e*  fjiîv  v)f>£<rM  ri  [loi  rcov  pmvrm ,  no-up^ictv  ctv  uyov 

u  ae  £t>? ,  tôt  clv  y.cn  clvtoç  etzre/papjv  ol  yiywtntœ 

Xtyîir  iwudy  ^  vwip  m  uroAAcuus  e/pjjjcûunv  ov- 

toi  wyortpov ,  Tttpi  toitûjv  vun  oxo^giTs,  yjyovLtcti , 

3CCU    'TTpOJTOS     OCV0t(7Ta$,  tlTLOZUÇ    CtV   /LtêTCt  TOVTGVÇ   O0~ 

jcetv  Atytiv.  ht  lkîv  ovv  nyi  kclAcûç  tol  ^pcLyfxcLTcL  , 
ovdiv  iy  €&f  <rvLiÇ>ûvAivur  twuiïv\  eK,  CùS  CLWCLVTIÇ 
cpscr',  g%e*  àwKoAicLV ,  «s  ex  towutûjv  ,  *7tEipcL<rofjLcn 

ffVfJiCovAiVtlV   £  XCCLTIŒTOL  tlVCLl  VOfJLlfyù,    TïpCùTOV  fAîV 

ovv  vllôLç  gjcetvo  eyva&evct/  oeT,  coç  ovâîv  9  m  tzvoitFiz 

hsri   ZQV  TroteLtElV  QVTtÇ  ,  TOU  AoITZQU  7IpC£XTgGV  ÎG-TIV  , 

«.ÀÀa  *7tcuxcL  TotvocvT/ûc.  E/  y&p  îkuvûl  q>a,v\oL  wt- 
t«ro/>i3ce  tol  wp&yLi&TcL  ,  tgivcivtjcc  g/x,os  féiXricà  noiy- 


V\1\\VVV\\VVV\VVVVV\VVVVVVVVVVVVVV\V\A/»A<VVVVVVVVV\V^^ 

EXORDES 
DE    DÉMOSTHÈNE. 

PREMIER    EXORDE.  * 

Oi  vous  aviez.  Athéniens,  à  délibérer  sur  quelque 
matière  nouvelle,  j'aurais  laissé  parler  vos  ora- 
teurs, et  si  leur  avis  m'avait  paru  le  meilleur, 
j'aurais  gardé  le  silence;  sinon,  j'aurais  essayé  moi- 
même  de  vous  proposer  le  mien.  Mais  comme  je 
vois  que,  malgré  tout  ce  qu'ils  vous  ont  déjà  dit, 
vous  revenez  sur  les  mêmes  objets,  je  pense  que, 
même  en  parlant  avant  eux,  je  puis  être  censé 
parler  après  eux.  Si  nos  affaires  étaient  bonnes, 
il  serait  superflu  de  délibérer  encore;  mais  puis- 
qu'elles sont  dans  le  mauvais  état  où  vous  les  voyez, 
je  vais  essayer  de  vous  donner  le  conseil  que  je 
regarde  comme  le  meilleur  dans  la  circonstance. 

D'abord,  soyez  persuadés  qu'il  vous  faut  faire 
la  guerre  tout  autrement  que  vous  ne  l'avez  faite 
jusqu'ici,  et  suivre  un  plan  tout  opposé.  Car,  si 
une  conduite  vicieuse  a  ruiné  nos  affaires,  il  est 
probable  qu'une  conduite  différente  les  rétablira. 

*  Cet  exorde  est,  à  peu  de  changemens  près,  celui  de  la  première 
Philippique  ;  la  fin  se  trouve  dans  le  cours  de  cette  même  haraugue. 
On  verra  par  soi-même,  sans  qu'il  soit  besoin  que  j'en  avertisse,  qu'il 
en  est  d'autres  encore  répétés  dans  les  discours  politiques  qui  nous  sont 
restés  de  Démosthène. 

.  m.  3 


54  EXORDES. 

Ensuite,  bien  convaincus  que  les  grandes  espé- 
rances et  les  beaux  discours  dont  on  vous  amuse, 
vous  ont  perdus  absolument,  croyez  que  l'orateur 
vraiment  utile  n'est  pas  celui  qui  n'exige  rien  de 
vous,  ou  presque  rien,  mais  plutôt  celui  qui,  peu 
jaloux  de  vous  flatter,  vous  donne  les  avis  conve- 
nables, les  avis  qui  pourront  effacer  notre  honte 
et  réparer  nos  pertes.  En  effet,  si,  vous  cacher 
une  vérité  désagréable,  dans  la  crainte  de  vous 
choquer ,  c'était  l'anéantir ,  il  ne  faudrait  vous 
parler  que  pour  vous  plaire  ;  mais  si  c'est  réelle- 
ment vous  perdre  que  de  vous  flatter  mal- à -pro- 
pos, ne  serait-il  pas  honteux  de  vous  faire  tou- 
jours illusion ,  et  de  n'entreprendre  qu'à  la  der- 
nière extrémité  ce  que  vous  auriez  dû  faire  de 
vous-mêmes ,  il  y  a  déjà  long-temps  î 


ii. 


J'ai  des  idées  toutes  différentes ,  ô  Athéniens  î 
lorsque  j'entends  le  nom  que  vous  donnez  au 
gouvernement,  et  lorsque  je  vois  la  manière  dont 
quelques-uns  de  vous  se  comportent  à  l'égard  de 
ses  défenseurs.  Vous  nommez  le  gouvernement 
démocratie ,  comme  vous  savez  tous ,  et  j'en  vois 


i 


npooiMM.  35 

(TOLl.     EWitTOL  VQ{J.l<TTiW,    01?% ,  0$    CU    U/JAV    V   fiy$w    ^ 

/x/jtpct  TtpoŒxcLTTy  ,  Totrrov  ipâas  Agys/y  •  opetrg  yctp , 
0$  gx,  ?œv  to/ol/t^v  IXwièœv  xcli  \oym  m  tcS» 
7rpoeA>iAySe  ixQ%Qvipict$  tcl  wctpovTOL'  aAA',  ôs  cb,  to 
p£&peÇg<73ou  n&peis,  à  &7,  x.ct<  A'  aîy  ^clvcoli^ol 
ct/o-p^Ky»v  o(pA/o-x.ctyovT«^  ^  (yfjLiovfjLWoi,  xctvTOL  Agyw. 
Kai  yap  û)$  <xA»3û!V ,  et  fxev ,  ocra  <xv  ra  Aoya  Tts 
fsrgpGT,  Ausrîïo-ou  ^i>j  j8ouAo//.gyos  ,  xott  to,  crpay- 
{J.OLTOL  vTïifÇiWtxcLi  y  ùu  TCpoç  ydowj  dYi/xyyopîTv  '  il 
S^  v\  rœv  Xoycùv  ^apiç ,  eu  v\  yir\  wpo(ry\)LOV<rci ,  epycô 
fyifjucL  yiyvîzoLi  y  ot/c^poy  i<m  $gyax<Çg*y  Iclutovç  , 

KCLl     (J.iTcL  T7\Ç    l<iyjLTV\S     OLVcLyMÇ     ^pOL^OU    TCLVXA  } 

et  TrccAct*  go-gAovTccs  TrpowM  vroitiv. 

B'.   • 

Ou%t  rotuTct  yjyvûxncejv  ,   a  ctytfygs    AÔîivctTo/  , 

/  /  »?  /  ~  „         t  y} 

WcLpMTZCLXcLl  (JLQl  ,   QTcU  TO  ,   Tg    T7\Ç  TtOAnUcLÇ    0yOjU.CC 

f     ~      >       /  W  \  I  «\  4i 

yttav  ctxouo-û) ,  x,ctt  orav  roy  rporcov  ,   ov  -TTpoo-cpgpoy- 

Tctl    TiVg£     VflCûV    TOÎ$    trSTgp    TCLVTM    AgyoUCT/y  ,    ta». 

-t-  \       \       \  f        %  '        r/  *' 

T>jv  fxgy  yctp  TroAtTgiocv,  <wtio)tpa.Tictv ,  ao-Tiep  ctsrctv- 

T€£  \<TTl  ,  OVOttOC^gTg'  TOy   &  TctVCtVT<C6  TûtUTïl  AgyOV- 


36  nrooiMU. 

icni     ivlovç     V\8lQi    OLKOVOVTCLÇ   QpCû*    0     X.0CI    ScLV^CL^œ 

t/s  non  i  *7rpoq><t<nç.  Uortpov  crpoTjta  Aeye<v  tccut 
clvtovs  oltad-t  ;   ctAA'  ol  rm  oAjyctp%i0V  ,   vwtp 
œv   ovzoï  teyovai  ,  Kvpioi   xcti   nteia  a-tam  /ictA- 
Aov  âv  ùoitv.  'AAAa  Ht\r\cù  tûlvt    tuoii  râiv  irepcev 
Jm/An'cpccTg  $  jSgATtav   apec   J^tTv    oA/yctp%ict    &j- 

fJLOKp&xUç     (pCUVSTGU.    *AAA'     CttÎTOVS  g^VCU    RîXTIQVÇ 

yyiïaSt;  xcu  ils  àv  Jç   J^ûTv  %p»aT0S  vofJLifyiro  ti- 

XOTCCÇ  ,  WCLVTICL  TV  KCLSiVTaHTVi  *7Co\lTtlCL  AjjUlîiyopûW  ; 
OUXOUV  AOiWOV    eLfJLOLpTcLVtlV  V[x£,Ç  ,  OTctV  OUT0S   g%ttTê 

T)iv  *yvû>/ut.>jv.  Touro  TQivvv  cpyAarrso-Ge  £t>i  TTtfo-p/gjy , 
advtyiç  *A9)îV(xTot ,  o7iû)$  /*»  nort  rolç  tiFiQouAtvovci 
Actêw  o&o-gTg'  tiret  rort  clktByktîgQz  Y\p.eLpTY\xQTtç  , 
îjy/jcct  ouj^'  oYfotïy  J/xTv  TrAgov  tarent . 


To  fjitv  ovv ,  a  ûcvope^  Avwcliqi  ,  /jw  7iocvj-  as  ocy 
^gîs  (ZovAotfJLtâcL  t^tiv  y  firirt  ncLp*  clvtoTç  J^Tv  , 
(Mrs  Trac  clvtoÎs  <rv(JLHcC)(piç ,  joïws  oJ&y  gVr/  3at>- 
/jicLffroy*  'XoaAgov   yap    ro    %n$  tw)(yl$   cLuzofjLcLTQv 

XfCtTSf   *.    KCLl      7T0AAct/     *7rp0(p0t(rg/$     T0l>      fJLÏf     TCOLVraL 
\  I  p     \  »   .      /  «?•  \      J 

3cctTct  yva^y  avfjLiocuvuv  ,  ay£p07ioj£  ouo"/      to    og 


EXORDES.  jj 

quelques-uns  écouter  avec  plus  de  satisfaction 
ceux  qui ,  dans  leurs  discours ,  attaquent  la  démo- 
cratie. Quel  pourrait  donc  être  le  motif  d'une 
pareille  conduite?  Pensez-vous  que  ces  orateurs 
parlent  sans  intérêt?  Mais  les  fauteurs  de  l'oligar- 
chie ,  pour  lesquels  ils  parlent,  paieraient  plus 
chèrement  encore  leur  silence  [i].  Vous  persua- 
dez-vous que  ce  qu'ils  disent ,  est  préférable  à  tout 
le  reste  ?  L'oligarchie  vous  paraît  donc  préférable 
à  la  démocratie  ?  Croyez-vous  que  ce  sont  d'hon- 
nêtes citoyens?  Mais  pouvez-vous  regarder  comme 
citoyen  honnête  celui  qui,  dans  ses  harangues, 
attaque  le  gouvernement  établi  ?  Il  ne  vous  reste 
donc,  puisque  vous  êtes  si  peu  raisonnables,  qu'à 
vous  livrer  volontairement  à  l'erreur.  Mais  prenez 
garde  de  vous  exposer  à  être  un  jour  opprimés 
par  ceux  de  vos  ministres  qui  auraient  de  mau- 
vais desseins,  et  de  ne  vous  apercevoir  de  votre 
méprise  que  quand  il  n'en  sera  plus  temps. 


ni. 


Que  toutes  les  affaires,  ô  Athéniens,  ne  réussis- 
sent pas  comme  nous  voudrions ,  ni  chez  nous , 
ni  chez  nos  alliés,  cela  n'a  rien,  peut-être,  qui 
doive  surprendre.  La  plupart  des  événemens  sont 
régis  par  le  caprice  de  la  fortune;  il  est  mille  rai- 
sons qui  empêchent  que  tout  ne  succède  aux 
mortels  suivant  leurs  désirs.  Mais  que  le  peuple 


58  EXORDES. 

n'ait  aucune  autorité,  et  que  ses  ennemis  domi- 
nent ,  cest-là  ce  qui  doit  surprendre ,  ce  qui  doit 
effrayer  tous  les  gens  sensés.  Tel  est  le  début  du 
discours  que  vous  allez  entendre. 


IV. 


Je  crois,  Athéniens,  que,  dans  l'objet  actuel  de 
votre  délibération ,  vous  préféreriez  à  tous  les  tré- 
sors du  monde  l'avantage  d'être  éclairés  sur  les 
vrais  intérêts  de  la  république.  Vous  devez  donc 
écouter  volontiers  ceux  qui  se  disposent  à  vous 
donner  des  conseils.  Car,  outre  que  vous  pouvez 
profiter  des  avis  sages  qu'a  médités  un  orateur 
avant  de  paraître  à  la  tribune,  vous  êtes  encore 
assez  heureux  pour  qu'il  vienne,  sur-le-champ,  à 
quelques  -  uns  de  vos  ministres ,  des  réflexions 
utiles;  et  la  réunion  de  ces  lumières  vous  met  en 
état  de  choisir  le  meilleur  parti. 


v. 

Puisque  vous  êtes  libres ,  Athéniens ,  de  choi- 
sir dans  ce  qu'on  vous  propose,  vous  devez  écou- 
ter tout.  Il  arrive  souvent  que  le  même  homme 


ITPOOIM1A.  3g 

p.ïiÔ'9  0T10VV  /JiîTOL\GLflCainiV  TOV  ^jULOV  ,  Ct\\OL  TOUS 
cLVTl'&pcLT'ZQVTaLÇ   mpilMCLl  ,   TOVTQ    X,0U  ■3-aUjXcKTTOV  , 

I  cLviïpiÇ  A%vciïoi  y  jccu  (poÊepov  toi$  iù  (fpovov<riv,  m 
Kai  lyu  jtp/vûj.  fH  \kvi  ojy  i^yy\  kmtqç  gVnv  ahr* 
/ttot  Tot>  Aoyou. 


A  m  woWœv,  où  ctvcîjses  *A5)}Vouo< ,  p^pn^ocTav,  e/ 
<pctvepov  yivoiro  to  (juWov  aVVOKTilV  Ttipt  m  vuvi 
Tuy^otveTg  (TKQwovvTeç ,  oi^ût/  sr&vTefcS  J/«ta?  gAg- 
cr9ae/OTg  toivkv  tov$  ovtccç  g%gf,  'XpocrviKîi  tSt\oncL$ 

CLKOVUV  V[l£$  OLVTOVÏ  T^V  fZovAofAWûOV  (TVfJL&OUtevUV.  Ou 
\  l  >!  /  »  /  f/  «*•    » 

yap  /jlovov,  u  ri  %pwifjLov  ZGMtifJLîvoç  y\ku  tjs,  tovt 

G6V  OLX,OV<TCLVTi$  AotÊo/Tg*  CtAAcf,  3COCJ  TAS  VfJLlTlÇCLÇ  TU- 

'Xyç  vwoAaLfjLÇ>oLw  sroAAct  T<îv  &oy*ntfy  ex,  rov  ^ccpa,- 
p^pîî/jLot  g\<o/s  esrgA£gîy  iv  siTcéTy'  «crr  g£  clwolvtcûv 
pat&ctv  t»v  TotTo-u/jicpgpovro^  J/jl7v  cùpian  yevecrOcu. 


"Eûttiv ,  «  ctytfpgs  'ASwvciîoi ,  dntauov ,  cWei&f  «V 
vfiïviaTii  iAtcrd-aa  tûTv  p»3gyTû)y  o,  ri  cty  #ouA»<r.3-g , 
ot7rayTû)V  cutouffctr  juu  yotp  TroAAccx.^  avfUocLim  tov 


4©  nrooiMiA. 

olvtov  ct'y^pûJTrov  rovro  /xtv  yw  \iyuv  opSœç  >  erepov  Si 
t/.  'Ex  /xev  ovv  rov  BopvCtiv  t&%  ccv  oW%gpcty<xyTg£ 
TroAAûTy  p^pcnjuiûjy  ct7ro<7Tgp>i9gi>ir£  '  ex,   &  rov  (xixa. 

3C0(7/JLûU  JCOU  C/y>JS  cUCGt/0*C«  ,  7LCU  TûL    5tetAûî£    g^OVTtf, 

cL-arcWTO,  WQiY\<rtTt ,  jteîv  <&jt>7  ris  7retpotAnpgfv ,  ^01- 
p&Ag/^gTg.  'Eya>  p.iv  ovv  ovr  tiœScL  jucaxpoAoygîv , 
ovt  ctv  ,  n  tov  ctAAov  €<ûï-3-6iv  %povov,  vuv  ccv  ep£p>j<7ci|x>iy 
T0UT6)  ,  OtAÀ*  ,  d  (TU^gpglV  Jjx?v  VOjUtÇû),  xclvtcl, 
OùÇ  CU  SvVûùfJLCLl  ,    StdL  (èp&'XyTcLTCOV  ipiï  TTpOS  VfJLCLÇ. 


I 


--     X 


€Opœ  [ii  y  ycLf,  cà  cLvdpiç  'A9>ivctîoj  ,  71  otvi cltzcl<ti  npo- 

O»A0V  OV  ,  OVS  Tê  CtV  CLKOVGYlli  AOyoVÇ  WitoÇ  ,  Xj  7TpO£  0U£ 
OUX,  OlKilCOÇ  iyili  OV  jXlJV  CtAAct  TO  ftgV  Agyg/V  fit  T  / 
OliTàLl  ^CL^UG^CLI  y  T0V    7tCtpCtX.pOU(rct<78flCI  TJ  jSouAo^g- 

vaw  g/veu  vojjli^cù*  ro  <K  v<$io~TcLo-§cLiy  7npi  m  Tti'sniTtiv 

iOLV%V  0-U/JL<pep6/V  T?  TToAg/,  7LCLV  ^OpuÊ^Jvct/,  X.OLV  c&Ao 

t/  ^ouA^o-S'  u/Ag?$  J,2ro/Jigygiv,guyoi'  39  ùikoliov  ttoAitou 
Tot/T*ox,p/vû>.  BouAo/^ojv  J^  iv'J/Jictk,  g/  39  ^(Jg  A'  ev  r5y 

aAAojy ,  A  gjtgryo  i/TrG^gTycu  tous  Myovç  d[x$oTiçw  y 

/ 


EXORDES.  \  l 

raisonne  mal  sur  un  objet  et  bien  sur  un  autre  ; 
de  sorte  que,  par  un  tumulte  déplacé  et  par  un 
dégoût  précipité ,  vous  vous  priveriez  vous-mêmes 
de  plus  d'un  avis  utile  :  au  ljeu  qu'en  écoutant 
patiemment  et  en  silence,  vous  ferez  toujours  une 
chose  convenable,  et  vous  abandonnerez  l'ora- 
teur ,  s'il  vous  paraît  déraisonner.  Pour  moi, 
je  n'ai  pas  coutume  de  m'étendre  en  longs  dis- 
cours; mais,  quand  c'aurait  été  jusqu'ici  mon 
usage,  je  ne  le  ferais  pas  aujourd'hui.  Je  vais  vous 
dire,  le  plus  brièvement  qu'il  me  sera  possible,  ce 
que  je  pense  devoir  vous  être  avantageux. 

vi. 

Quoique  personne  ne  puisse  ignorer,  Athé- 
niens, quels  sont  les  discours  qui  vous  plaisent 
et  ceux  qui  vous  choquent ,  toutefois  je  pense  qu'il 
est  d'un  fourbe  et  d'un  flatteur  <de  n'ouvrir  la 
bouche  que  pour  vous  flatter.  Mais,  quand  on 
croit  avoir  trouvé  un  conseil  utile,  y  tenir  forte- 
ment, quoiqu'on  vous  voie  disposés  à  troubler 
l'orateur,  ou  à  lui  savoir  mauvais  gré  de  sa  fran- 
chise, c'est,  selon  moi,  la  marque  d'un  bon  pa- 
triote et  d'un  citoyen  zélé.  Je  voudrais  que  vous 
écoutassiez  également  tous  ceux  qui  vous  parlent, 


4^  EXORDES. 

afin  du  moins  que  ,  si  quelqu'un  vous  parais- 
sait parler  mieux  que  vous  ne  pensez  dans  votre 
fougue ,  vous  profitassiez  de  ses  avis  ;  ou  que ,  si , 
manquant  de  génie ,  il  ne  pouvait  expliquer  ses 
idées  ,  il  ne  pût  s'en  prendre  qu'à  lui-même ,  et 
non  à  votre  refus  de  l'entendre.  De  plus,  il  ne  se- 
rait point  pour  vous  aussi  désagréable  d'écouter 
un  orateur  qui  déraisonne,  qu'il  vous  est  nuisible 
de  fermer  la  bouche  à  celui  qui  a  de  bonnes 
choses  à  vous  dire.  Pour  bien  juger  de  tout  ce 
qu'on  vous  propose,  il  faut  commencer  par  vous 
imaginer  ne  pas  tout  savoir,  avant  qu'on  vous 
instruise  ,  surtout  l'expérience  vous  ayant  appris 
qu'on  est  souvent  forcé  de  changer  d'opinion.  Si 
vous  êtes  disposés  aujourd'hui  comme  je  le  dé- 
sire, je  me  flatte  qu'en  peu  de  mots,  je  vous  pa- 
raîtrai, et  contredire  avec  raison  vos  sentimens,  et 
vous  donner  les  meilleurs  conseils. 


VII. 


Quoique  tous  vos  ministres  aient  déjà  débité 
bien  des  discours,  je  ne  vois  pas,  Athéniens,  que 
vous  soyez  plus  en  état  de  trouver  le  parti  conve- 
nable, qu'avant  la  tenue  de  l'assemblée.  La  cause 
en  est  la  même ,  je  crois ,  que  celle  du  dépéris- 
sement de  nos  affaires.  Les  orateurs,  au  lieu  de 
vous  conseiller  pour  la  circonstance,  se  chargent 
mutuellement   de  reproches   et  d'invectives.   Us 


npooiMiA.  ,  ; 

!  /,  ectv  fMv  op3oTgpov  (pctvîf  t/s  Àeyav ,  œv  v^iis  œo/jw- 
xoltî,  p£pîi<r€(r9e    tout*»*  ocv    <K   a7roAgf<p3)?  xai  fx» 

(?fV>lTCtl  ^^Ot^Ot/,  A*  CLVTOV,  CtAAct  XIJJ  &;  U/ActS  OUX,  g3g- 
AovW  CLKOVilV,  TOVTQ  7TS7TOv9gVCC/  ^03Cl!r  6T/  <N  OUfîfe  71  Ot- 

0oeT'  ctv  cm  As  oviîv  TOfoutov,  et'  koWcl  tivoç  A>tpouvTos 
cûcouoWIs,  >i  e/  -coTy  AovJav  tj  Agygiy  g%ov1a  t/voc  unrm 

•iLCùXvŒCLlTî.   *H    f*«V    OWV    <*p%>7    TOtT  doXlfJLCL?clV    Ôpd-Cù$ 

ot^rayT  g<rrt  £i>iagy  o/so-^a/  TtpoTgpov  yiyyû>oxg*v,  wpiv 
jLtct3-ery ,  olWcùs  xg  jtcti  o-uyg/oVrcw  TroAActfc/s  »ô*>î 
toAAous  /AeTgyv0JcoTa$,  ctv  To/yuy  uttg/s  rau3'  urcap- 
^»re  vuv  7rtwu<r[Aîvoi  ,  oîticu  ^ttsTot  j8pap£g0y  Aoyo>v  39 
ùivtoç  clv  ri  Aèyuv  utlotcùs  ctoçe/v ,  x.<x<  u4my  rot 
/3gAri<7Tct  (pouvecôct/  Agyojy. 


z. 


noAAoTy,  <à  ctycfygs  AOwcuo/ ,  Aoyojy  ùpn[itmv  Ttttpct, 
rravrav  Toi  <ru^£g£ouAgux,oTojy,  oudtey  Jjttctk  yuy  opS  oy- 


t<*s  gyyuTgpa  toi/,  ti  ^pccx/rgoy ,  gup>io-tfGC/,  »  -7rp<y 
«4$  T»y  e&xAwi&y  ctyctêïyct/.  Ait/ov  <îè  toutou  t*û- 
to  ,  osrgp  ,  ojttoti ,  tou  jlcuccûs  ep^e/v  t<x  oAot"  ov  yocp 
7rctpottyou<r/y  u/t?y  uVgp  tojv  7TctpoyTû»y  0/  AgyoyTgs* 
ctAA*  gocutojv  x,a.T»yopouc7<  ,  xot/  Ao/dbpouyToti ,  0;$  tigy 


44  nPOOlMÏA. 

ttaiv  cLiTioi  ,  xotjcûjy  ccjcoue/y ,  iv  ,  ay  îztot  apa,  îi$ 
iymcL  x,o$t<rTûûvlcu  ,  /**&?  yyov/jLîvot  jcotevov  cu,ot>g/v, 
aÀÀ  t/^rgp  «y  ^py/o-Os  'XoWguliç  ,  npcLorzpot  dixcL- 
aroit  tlou  jcpiTeu  ytyvjîo-Se  tûTv  ^e^rpcty^gyûjy  cturo**. 
Tw  /xgy  ovv  oLiricLVy  à1  b  tclvtùl  7ro/ou<nv  ,  ktcùç  ccvoji- 
tgv  (tKpi&œç  fyinîv  i\y\  iv  g'v  to  TrapovTt'   oit  &  J^/v 

0U^<  (7U/l4>gpgJ  ,  &ct  TOUTO  ZWlTlfJLGù*  lyCû    <K  OUTg  X,<X- 

II  >N  \  */  «  /  ~ 

T>tyop>i<rûJ  TyfjLEpov  ouàzvoç ,  oure  vwoo"Xyi<ro[AdU  toiou- 
tov  ovfov  ,  o  ^tîi  t*rctpot^pîT^ct  twièîi^cù  ,  ot^'  oàûjs 
tû?V  ctJray  tovtoiç  ouJev  ^oiyia-cù'  i\\'  ci  QîXtkttcl 
fiiv  roïç  irpcLynaLcri  ,  <ru/JtÇgpovTct  &  to7s  |8ot/Àguo- 
jULgyo/s  J/wv  yiyov[xcLi  ,  Totu5  ,  as  àv  (hivœfJLOLi  ,  cîVot 
#p*%i>raTY»y  g<Vav  ,  x-acTccêîj  0-0/4  ce/. 


H 


O/  ^gy  gîtra/voîTvTgs,  a  ivâpts  'aQyivclÏoi  ,  tous  crpo- 

yoycus  J]may  ,  Àoyov  e/VeTv  /xoi  àoKovai  TrpocupiïtrQcLi 
i  *     \  ii  »     i     ■       a 

K.£%ûtp<(T^gyoV   ,    01/  fJLW    GV/XQèpOVTOL  yi     ÏKUVOIS  y    ov$ 

>  I?  ~>  \      \  I         »   _ 

ty>toùfjLicL(ov<riy  ttoiW  mpi  y&p  TrpoLyfjLOLTûùv  tyyj-i- 

povneç  \eyîiv,  m  ovS^'  àv  g*s  ot^<aj$  gjpixwwù  &/v&ito 

Ta  Aoya,  cu/Vo{  ^tèy  tou  &/vcco-9cu  Àgyg/y  c^o^oty  g'x/pg- 


l.XORDES.  4^ 

vous  accoutument,  selon  moi,  à  écouter,  sans  ac- 
cusation en  forme ,  tout  le  mal  qu'ils  vous  font , 
afin  que,  s'ils  viennent  à  être  cités  en  justice,  vous 
alors  ne  croyant  rien  entendre  de  nouveau,  et  ne 
voyant  que  les  délits  qui  vous  ont  souvent  animés 
contre  eux ,  vous  soyez  des  juges  de  leur  conduite 
plus  indulgens.  Il  y  aurait  peut-être  de  la  folie  à 
examiner,  en  ce  jour, quelle  est  la  vraie  raison  d'un 
procédé  que  je  ne  blâme  que  parce  qu'il  vous  est 
nuisible.  Je  n'accuserai  donc  aujourd'hui  personne, 
je  n'annoncerai  rien  que  je  ne  puisse  prouver  sur- 
le-champ  ;  et,  en  général,  je  n'imiterai  pas  les 
autres  orateurs.  Après  avoir  exposé  le  plus  briè- 
vement qu'il  me  sera  possible  ce  qui  me  semble 
le  mieux  pour  les  affaires ,  et  le  plus  utile  pour 
vous,  je  descendrai  de  la  tribune. 

vin. 

Ne  parler  que  pour  louer  vos  ancêtres ,  ô  Athé- 
niens !  c'est  choisir,  il  est  vrai,  des  sujets  agréa- 
bles, mais  ne  pas  entendre  les  intérêts  de  la  gloire 
de  ces  grands  hommes.  Oui ,  sans  doute  ;  si  en- 
treprendre de  louer  leurs  actions ,  qui  sont  au- 
dessus  de  tout  éloge ,  c'est  un  moyen  de  faire  ad- 
mirer son  talent  pour  la  parole  ;  c'est  aussi  affai- 


46  EXORDES. 

blir  chez  nous  l'idée  que  nous  avions  conçue  de 
ces  héros.  Le  temps  seul ,  à  mon  avis ,  peut  célé- 
brer dignement  nos  ancêtres ,  puisque ,  tout  éloi- 
gnés qu'ils  sont  de  nous ,  leurs  exploits  n'ont  pu 
être  encore  surpassés. 

Pour  moi,  je  vais  essayer  de  vous  mettre  sous 
les  yeux  les  meilleures  dispositions  que  pourrait 
faire  la  république.  Car  enfin ,  quand  tous  les  mi- 
nistres qui  montent  à  cette  tribune  brilleraient 
par  leur  éloquence ,  leurs  discours  ne  rétabliront 
pas  vos  affaires.  Mais  si  un  seul  orateur,  quel  qu'il 
soit,  peut  nous  donner  un  avis  utile  et  qui  vous 
détermine,  s'il  peut  vous  montrer  d'où  il  faut  tirer 
les  secours,  de  quelle  nature,  de  quelle  étendue 
ils  doivent  être  pour  opérer  le  bien  de  l'état , 
l'alarme  présente  ne  tardera  pas  à  se  dissiper.  Je 
vous  satisferai  sur  cet  objet,  si  j'en  suis  capable, 
après  vous  avoir  fait  part  de  quelques-unes  de 
mes  réflexions  sur  le  roi  de  Perse. 


IX. 


Je  crois,  Athéniens,  que  les  orateurs  qui  parlent 
ou  pour  Mégalopolis  ou  pour  Lacédémone,  s'abu- 
sent également.  On  vient  chez  eux  en  députation , 
et  ils  s'accablent  mutuellement  de  reproches  et 
d'injures,  comme  s'ils  étaient  envoyés  par  l'une 
ou  l'autre  de  ces  deux  villes.  Les  députés,  sans 


nPooiMiA.  47 

fovr<x<,  w  y  îxîtym  ctpg-mv  i\clttùù  tî*  uTTg/A»^- 
jitevtfS  TTapct  to/s  ctxououo"/  (pamo-ôct/  Trotownv  g'ya 
&  T>T$  ^gy  «csivtfv  ctpgTÎs  /xgy/<7Toy  g^rct/yov  yîyovucii 
Toy  %poyov,  o u*  noWov  ysyevujjievou ,  jtxg/Q^  ray  tW 
ex,s<v0v  wp&p^S-evTflv  otî&ve*  ctAAo/  TTctpct^g^ctcGott 
(Jg(^y>iVToti  '  auTo^  &  tfEipoLŒOfJLoLi  Toy   Tpotzrov  g/sr^y, 

Oy    Cty    /AO*    (3b>U|Tg    (JLCLMgTcL     ÙWOLgQoLI     TTcLfHMrMVaL- 

ffstc-Octi.  Koti  yocp  outûjs  g'^gr  e/  ^tev  >î/Ag7s  «.sretvTgs 
ot  Agyovigs  ag/yoi  <pctvgj>i/xgv ,  ouogy  ay  Tct  u(agrgpoc  gi» 
oT^'  or/  jSgAnoy  o-%o<>î  *  e/  de  Tc&pgAd-ûJV  oVneroûy 
duvct/To  o ,  r/  d/d&£cc/,  Jtot/  KtiGcLi  nç  7iotpûWx.eu)j , 
x,ct*  Trocnj,  jcccj  •sro.jgv  Trop/o-ogtc-ct ,  %p>i0"<juo$  gcrott 
rî  7ioA£t ,  ttccs    o   Tapav  AgAuTotf  QoCoç  •  gya>   & 

TOUTO,  CCV    cCpCt  OÎO^  Tg   à,  WZipOLŒOfJLCtl  HOIYKTOU  ,  £UX,pct 

TipogiTTav  vfjiïv  dç   tyj*  y  m  fins  mpi  tcùv   crpos  Bol- 

(7i  Mol. 

e'. 

A/«i(poT£po<  ^o/  dox,ou<ny  a^tetpTcivs/v,  a  avdpgs  Aflu- 

vcuoi ,  jccu  oj  to^Îs  Apx,a<n ,  X.CU  ot  TOI*  AcLMdcu/xovioiç 
i      .   »/  \      >  >  <        /        */  » 

<TVVilplW,OTi$     ûHTWip  ycLp   CL(Ç    tKCLTipCCV   »K0VTt$ ,  0Llp£ 

J/xav  oyTgs  ,  Tipos   où?  aifJL(ÇQTipQt  7ipso-£guoyTct/,  x.ct- 
Tyjyopouin  x,cti  dj<x£<xAAoti<jjv  ciAAtfAous.  *Hy  <$e  touto 


48  nrooiMîA. 

fjLtv  tm  a(piy/xevû)v  tpyor  ro  ùt  koivoûs  uVep  rm  r^cty- 
/jloltcûv  Aeyg/v ,  jcoct  tol  fliXtiGtoi  uVgp  vpw  ckowîiv 
olvîv  <piAovgt>Uûi$ ,  tcov  €v(We  <TVfxÇ>ovAtvttv  dfyovv- 
rm.  Nuy  <K  gyays,  l\,  tiç  olvtcùv  a<peAo/ro  to  yi- 
yvao-jtgcrGotf,  tloli  to  rf  <Ça>w  Aeygjy  gltiikktti  ,  7ioA* 
Aot>^  àv  oîojuicu  tovç  j^gv 'ApjtctoW,  tous  (Je  Acmcûwols 
ccutûjv  eîya/ ,  vo[JLt<roLi.  'Eyo?  J^'  oTdfet  /uv  as  %tf.Ag7iov 
to  tol  QîXtkttcl  Agygjv  ecrrr  <T\jvzfy\nctTy\iJLivM  yap 

VfJLûûV  ,  X,CU  TCùV  fJLiV   ZOLUTl  ,   T0V  Ùt  TcLUTl  fèov\0[XtVM , 

«av  tol  [mtol^v  riç  lyyj.i<fj Aeygiv,  tloli  ravd-  JfxeTk 
/am  Tgp^siv>?T£  iLtc£,3-e?v  ,  %ctp/grr<2j  ^gy  oJ(Jgrgpo/$  , 
<ftflt£e£À)fo-gTûU  &  7ipos  c£/x<poTgpour  ou  />t»v  c&AA1  cu- 

pyiCrO/JLÙLl  [XOLAAOV  OLVTOÇ  ,  GW  CtpOL  TOUTO  7ÏCL3a)  y  OO&gfV 
<f>ÀU0tpg?V  ,    Jf   «TTCtp'    i    fliATKTTOl    VQfJLlfcû    Tw"    ?roA£/  , 

•yrpogo-Seu  T/cny  u^cTs  l^oiwoLTyfa-oLi.  Ta  ^gv  ouv  aÀAct 
uorepoy,  g'av  u/juv  jSouAojUgvo/s  y ,  Ag£a>'  g?c  &  Toi  o^o- 
Aoyou/uigyay  uW  clvïm  dp^ofxcu,  à  tl^oltigtol  vo[u(a 

&(fctCT3tttV. 

I'. 

OuVi  TctuTa  y/yvacrjcav  g'y/o/s  ray  e/pwcorav  ctvt- 

GTV0LOL,  Cû  <Lvdpî$  'A8>îVût7o/.    Ou    /JL»V   OUtîg    TOUTOUS, CU~ 


EX  OR  DE  P.  4  9 

doute ,  peuvent  se  permettre  le  ton  d'animosité  ; 
mais  des  miuistres  d'Athènes  doivent  s'interdire 
tout  esprit  de  parti ,  et  examiner  tranquillement 
ce  qu'il  y  aurait  de  mieux  à  faire  dans  la  circons- 
tance. Toutefois ,  s'ils  n'avaient  pas  été  connus  par 
leur  accent  et  par  leur  figure,  on  aurait  pu  les 
prendre ,  les  uns  pour  des  Arcadiens ,  les  autres 
pour  des  Lacédémoniens.  Je  sens  qu'il  est  difficile 
de  vous  donner  un  bon  conseil.  Prévenus  comme 
vous  l'êtes ,  et  partagés  de  sentimens ,  si  l'orateur 
s'attache  à  un  juste  milieu,  et  que  vous  fermiez 
l'oreille  à  ses  discours ,  il  ne  sera  goûté  d'aucun 
des  deux  partis ,  et  déplaira  à  tout  le  monde.  Mais 
quand  je  devrais  être  mal  reçu  de  vous ,  et  vous 
paraître  déraisonnable ,  je  ne  veux  point  vous  lais- 
ser tromper,  et  vous  priver  du  seul  avis  qui  me 
semble  le  meilleur. 

J'examinerai ,  par  la  suite ,  les  autres  raisons ,  si 
l'on  veut  bien  m'entendre  :  je  commence  par  un 
principe  que  personne  ne  conteste,  et  qu'il  est 
essentiel  d'établir  d'abord. 


Je  prends  la  parole ,  ô  Athéniens  !  et  je  pense 
bien  autrement  que  quelques-uns  de  ceux  qui  ont 
t.  m.  4 


5û  EX0RDES. 

déjà  parlé.  Je  ne  les  accuserai  pas  toutefois  de  vous 
avoir  donné  des  conseils  nuisibles ,  avec  de  mau- 
vaises intentions.  Mais ,  uniquement  occupés  de 
leurs  discours ,  la  plupart  négligent  d'examiner  les 
choses;  et /s'ils  ont  trouvé  un  certain  nombre 
d'objets  qui  puissent  vous  plaire ,  ils  paraissent 
avec  confiance  à  la  tribune.  Ils  ont  tort  :  attentifs 
à  étudier  la  politique  des  états ,  ils  devraient  plutôt 
considérer  que,  vu  la  diversité  des  circonstances, 
tous  les  peuples  se  sont  portés ,  dans  un  long  espace 
de  tems  ,  à  plusieurs  démarches ,  dont  quelques- 
unes  se  contredisent;  et  que,  si  on  ne  parle  que 
des  dernières ,  on  fait ,  sans  y  prendre  garde ,  la 
chose  la  plus  facile  :  on  se  trompe  soi-même.  Il 
paraît  que  les  ministres  ,  qui  suivent  le  plan  que 
j'attaque ,  s'imaginent  qu'ils  retireront  une  gloire 
suffisante  de  ce  qu'ils  pourront  vous  dire,  s'ils  ont 
la  réputation  d'hommes  éloquens.  Pour  moi,  je 
suis  persuadé  que  celui  qui  entreprend  de  conseiller 
la  république  ,  doit  chercher  plutôt  à  lui  faire 
adopter  des  projets  utiles,  qu'à  plaire  sur-le-champ 
par  son  éloquence.  Lorsqu'on  se  distingue  par  le 
talent  de  la  parole ,  il  faut  ajouter  les  effets  aux 
discours ,  afin  que  les  discours  ne  procurent  pas 
seulement  un  plaisir  passager,  mais  un  avantage 
durable. 


npoorMU.  5t> 

TiCLffOflOLl  KOLKlCt  ïcLVàLniOL  T0l$  @>î\Ti<TT0lÇ  etpwcg'veU* 
fitAA'  QTl  '7T0AA0/,  TOI»  TU  npcLyfJLOLTOl  KplVEtV  ûî/XgA>{- 

(Tcu/Tèç  ,  tous  Aoyous  o"jco7rg?v  ,  ov$  g'poCa-zy  ,  eû»3-cwi  y 
Jto£y  TovTois.' cL<pd-ows  ivTv%oo<riv  ,  iroifias  <ftj/x>iyô- 
p£<v  vopifyvŒiv  ,  owt  op&ûîs  g'yv0x,org$  ,  oJ&  Aoy/Ço- 
/Agvo/  TTctp*  icLvroîs  on  ,  woWœv  npoL^œv  h  tcoXKS 
yjovoù  TCaLai  f7n-srpcLy[iîva)v ,  jccti  A  et  tous  îtcupovç 
gy/û>v  uVgyotVTtav  clvtclis  ,  <£v  ,  tus  TipoTîpcLÇ  T/s 
uVgpÊcuvûW,  Ta?  v<JTîpcLÇ  teyy ,  A»(rg/  ro  poTcToy 
t«v  gpyajy  tïqicûv  y  otJroy  ejj**îsrctTû!y.  O/  ^egy  ouv  ow- 
tû)  ^pû)jUt,£Vot  ra  (ru^Êot/Àeweiv  ,  (5bx,ouin  4ao<  T»y 
owro  tov  p3-gvTû>y  toiT  (foyotcrOct/  Agygtv  <Sb£onr  y/- 
yvofjLWW  olvtqiç,  IX.CLVW  (ftKo'zi/iiGLV  viyiïaQcLi  '  lyœ  & 

V0[Xl(ùù  %p>1VOt/  TOVT^  TTûAg/  TCgp*  -&pcLy(JLCLTM  v&iyjn* 
pOUVTOL  (TVfJL&QVteVîM  ,  jUtuAAoV  ,  07tt»£  Tfit  (Jb^ûtVTût 
CTKVOtO-g/  ,  CT5C07rgry  ,»)  Q7la$  o!  WCtfOL^ÇffJLOL  \oyot  %OL~ 

pty  g^ou<ri.  AeT  yap  to7$  eVt  t2v  Aoyœv  €u<Sbjcj/*oû!n 
cru^(pgpoyTo$  Tjyos  gpyou  Trp&fyv  tfpoawcLi ,  '/vet  /x»i 
jCfy  /*oyoy ,  aAA*  cegt  ta  pji^evTot  &&À05  Ip^f. 


nPOOlMlA. 


IA' 


El  fiey  lywxcLT  y  0  avfyss  'A§y\vol7qi ,  ri  (lî\xi- 

CTQV  OV  TVyyjLVU  WpOL^CLl  7l6.pt  TM  'XCLpQVTOOV,  CtULCtp'- 
T71[XaL  TO  (TUtlCovAiVElV  *7rpOTl$lVCLl  "  cl  yap  OLVZOt  y 
KplV  àLKQVO-CLl ,  d0Kl[AOLOctt    (TVfJi^ipclV  ,    Tl    <fel    ICLVTcl 

clkovovtcls  iicltyw  ho%\zï<rQaLi  ;  t!  èi  (nLO'KtÏTt  XCLl 
j8ouAst;eo-9e ,  as  e'x  rm  p>i3»o-o^ev0V  doxifJLCLcraLi  $eov , 
oJx,  opSiïe  iyix  to  x,û>Auejv  tous  /3ouAo/*eyci>s  Aeye/v. 
Fïetpo,  ftev  yctp  TûTy  oAas  <t?«r©o~Tef  £?<x9e ,  ex  tgu  touto 
foieTvju'  ri  %py\(ri[XGv  eVreS-u^vTctr  tous  J^' ,  ctcpgy- 
Tct£  et  Ttiyj£&you<nv  lyvaxoits  ,  a>v  J^tok  etF/8t;^e7v 
oiovrct/,  TocCTa.'7ro/eTre<7i>jU,êowAei>£/y.,E(7T/  &  d/uLaLp- 
raLnii  /mev  jSot/Ao/xevav  to  cuvctyotyxct^eiv  roy  toc- 
piovr*  y  ci  j3ovAeo\$e ,  Aeye/V  (èovAivo/jLiwv  <fe ,  ctxou- 
gûlvtols  à  yiyvaxntu  ,  crxosreîv ,  xcty  -n  xocAos  \*xy , 
}£pijlj8cu.  Aeyû)  <?e  TctuTct ,  ovx  ticurta  rois  v[uv 
<xpe(rxou<n  /xeAAûjy  7tctpot<vgtV  ccAA*  exe/vo  uÙoùç  ,  on  , 
iv  ^tev  ^  3e\vi<7v\Tt  tûjv  a.VTiAeyovT0v  dxovaaLi ,  *£*- 
«7roLTÏff9flt/  <p>j<rouo~jv  Jjttctk'  ctv  <K  cwtouo-avres  /*>j  *?rg/- 
«rSîÎTg,  e'j^AuAsy/xgvo*  Trctpcc^p^  ecovTeu  ra  %e<p# 
rcapcwFouyTf*. 


EXORDES. 
XI. 


Si  vous  savez,  Athéniens,  ce  qu'il  y  a  de  mieux 
à  faire  dans  la  circons "ance ,  vous  avez  tort  de 
mettre  la  chose  en  délibération.  Qu'est-il  besoin , 
en  effet,  de  vous  fatiguer  de  paroles  inutiles,  et  de 
vous  donner  des  avis  que  vous  approuvez  avant  que 
de  les  avoir  entendus?  Si  vous  délibérez  comme 
devant  vous  décider  d'après  ce' qu'on  vous  dira, 
c'est  mal  fait  d'empêcher  de  parler  ceux  qui  en  ont 
envie;  c'est  vous  priver  entièrement  des  bonnes 
idées  qui  sont  venues  aux  uns,  et  faire   que  les 
autres,  abandonnant  leurs  propres  réflexions ,  vous 
conseillent  d'après  ce  qu'ils  croient  conforme  à  vos 
désirs.Or,  c'est  vouloir  commettre  des  fautes,  que 
de  forcer  un  orateur  de  dire  ce  qui  vous  plaît. 
Quand  nous  délibérons ,  nous  devons   écouter , 
peser  ce  qu'on  nous  dit,  et  profiter  de  ce  qu'on 
nous  dit  de  bon.  Si  je  parle  de  la  sorte,  ce  n'est  pas 
que  j'aie  dessein  de  contrarier  vos  goûts;  mais  je 
sais  que,  si  vous  refusez  d'entendre  ceux  qui  par- 
lent contre  vos  intérêts ,  ils  diront  que  vous  avez 
été  trompés  ;  au  lieu  que,  si  vous  les  écoutez  sans 
vous  rendre  à  ce  qu'ils  disent,  ils  seront  convaincus 
sur-le-champ  de  vous  avoir  donné  des  avis  nui- 
sibles. 


5/|  EXORDES. 


XII. 


Vous  le  sentez ,  je  crois  Athéniens,  ce  n'est  pas 
pour  juger  les  coupables,  mais  pour  délibérer  sur 
les  affaires  actuelles ,  que  vous  vous  assemblez 
aujourd'hui.  L'orateur  doit  donc  suspendre  toute 
accusation,  et  se  réserver  à  attaquer  dans  ses  dis- 
cours certaines  personnes,  lorsqu'il  les  citera  en 
justice.  Il  s'agit  maintenant  de  vous  exposer  les 
avis  qu'on  a  pu  trouver.  Accuser  c'est  blâmer  le 
passé.  On  délibère  sur  le  présent  ou  sur  l'avenir. 
Ce  n'est  pas  ici  le  tems  de  se  permettre  des  plaintes 
et  des  invectives,  mais  de  donner  des  conseils.  Je 
tâcherai  donc  de  ne  pas  tomber  dans  la  faute  que 
je  reproche  aux  autres ,  et  de  vous  conseiller  ce 
qu'il  y  a,  selon  moi,  de  mieux  à  faire  dans  la 
circonstance. 


XIII. 


Aucun  de  vous,  Athéniens,  ne  niera,  je  pense, 
qu'il  ne  soit  d'un  mauvais  patriote  et  d'un  homme 
mal  intentionné ,  de  haïr  ou  d'aimer  tel  ou  tel  de 
vos  ministres  ,  au  point  de  ne  pas  s'embarrasser, 
des  intérêts  de  l'état ,  et  de  ne  suivre ,  dans  les 
harangues  qu'on  vous  débite,  que  les  mouvemens 


rrpooiMiA. 
ib'. 


OiopcLi  TravroLÇ  J/xis,  œ  ct'yo^s  'Afcivctïof ,  yiym- 

(TTLilV     OTl      QV    X,pJVOUyTg$    V\MZt    07)/£gpoy    Otî&Vût    ToTy 

a<ftx,ouvT0V,  aAAo,  /2ouAsuo-o/xgyoi  7rgp<  ToTy  <7rotpovTû)y. 
Age  To<yuv  tocs  ^gy  x.d/r>iyopicts  ?*rpog<7(k/  tfaLvaLÇ  , 
jcgu  ror'  ev  tî4u.7v  Agyg<v ,  jcccS'  otou  7rg?êrg/)tgy  gjtot- 
<ttos  gctu-roy  ,  oTctv  Tiva  Tcpivûùfiw.  Et  oî  tiç  ri  %pn- 
ai/jiov  i\  <7u/x(pgpov  eivetv  'é%o'>  touto  vuv  £woQGun<rôœ. 
To  fjiiv  yctp  TLOLTnyopuv  ■>  Ta?  tois  irewpctyiwiQts  ey- 
x,ctAouvTa>y  go-Tf  to  &  avfjiÇ>ov\îvîiVyf7rîpi  rm  *7rotpov- 
Tûjy  ^  ysv»<ro,ugyû>y  ^porid-trxi.  Oujcoûy  ou  Ao/dop/cts, 

OuJg  (JLîfJL^tGùS  0    'TTOLpûùV   XOLipOÇ  ,  ûtAAflt  (TU^êouA)^  Si- 

va/  jtxoi  doxzï.  Aïo  mipcurop.cLi  ixiv  <puAx£cto,9cu ,  o 

TOUTOtS   IwiZlfJiSy   \LY\    naStlV    CLVTOS*     CVlxÇ>OV\iU(TCLl 

</g  a  xpcLTicToL  yo/xtf  a  TTgpi  T0V  7TctpoyTû)y. 

ir'. 

Ou&v*  ctyTgiTgTy ,  aï  ctvcî'pgs  'aOjivcwo*  >  vofuty  , 
«V  ou  x,ctx.ou  'ttoAjtou  xot/  (pûtuAou  t»v  ywfJLW  cty- 
ojpos  gcrny  ,  outû»  riva  ^«ceiy  »  (p/Astv   tû>v  ezart  rx 

XOIVOL  7rpQ<riQVTC0)l ,  0(7Tg  T5U  T^ TToAg/  #gATl(7T0U  ^)f- 

&y  <ppovn£sjv ,  aAAct  to,  ^te'v  TCptt  impzt&v ,  T<t  àe 


56  HPOOIMIA. 

7ipos  <p/Àove<x,iûiy  dvifivryopiiv  ci  notovo-iv  ev/ot  rœv  dtvpi 
TtaLpiovrcùv*  Lyœ  oe  tqvtoiç  /jiêv  tocoutov  ctv  tiwoiya  , 
ot<  juo/  <îbx,oiy<rcv  ou<K ,  et  tj  mwoiwt&Œi  tqiovtqv  , 
(jLtyi<rTcL  y/LLcLf>T»xwcLi ,  «tAA  or/  <?>îÀGi><nv  ou^-aroT 
ou&  ?rctt>oua-9ou   Trccpeerxêuaco-^gyor  u^Tv  &  'KclçclivS , 

fJLïl,  Trpoï'tfJLWOVÇ  VfJLOLÇ  ÛLVTOVÇ  ,  OC&VOV  TOUTO  VO^/^E/V  , 
^tx>jv ,  orccv  vfuv  dojnji ,  7TctpCt  TOUT0V  Xc&WJ  ,  <L\\cL 
XCLl  TOVTQVS ,  OCOV  i<TTlV    év    J/JlÎv  ,  5Cû)Àf£/V  ,    >CCU     Ct'J- 

tous  ,  ao-srgp  trarep  7roÀga>s  7rpo<nix,et  jSotiÀguo/xevous , 

(7Toy  (rx,o£re7<r(!cu  ,  IvQufAovfjLtvovç  on  oviïtiç  ,  ouj^' 
ot/ttoc  ^ruvr^  0/  tfoXiTtvo/xivoi  ,   TûTy    yo/xav,  ecp'  oîs 

dovvcu. 

I(T0S  €*3TCCp9oVOV  efcV  Tiff/V,  2  CU/tytS  *A0îjVOtTo#  ,  dù^îltV 
UVûLl  ,  ti'  TCéP   ÛJV  làlQTYiÇ  $  TûTy  TToAAcîv  J^ûTy  gî$  ,  €Tg- 

pûjy  (7u^G6ÊouÀ£u^orû)V ,  o!v  jccu  t£  ttolAoli  koXiti J- 
eo-ôoti  9  jccu  T<a  Tictp  u/xTy  (îb^ctv  Ip^etv  ,  npoî^owi , 
tzrapHÀ-S-ûjy  €£*c«ro;  otj  ou  fioy&y  dura  <3b%&o<ny  oJjc  op- 
3û>s  Àgyg/v  .  ctÀÀ  ot/J^'  gyyus  e/vet/   tou  tu  &oyrcc 


EXORDES.  57 

de  la  haine  ou  les  sentimens  de  l'amitié.  C'est  ce 
que  font  plusieurs  de  ceux  qui  montent  à  cette  tri- 
bune. Je  me  contente  de  leur  dire  qu'ils  ne  me 
paraissent  pas  commettre  une  faute  énorme,  en 
faisant  quelquefois  ce  que  je  leur  reproche,  et  que 
le  plus  grand  mal  est  qu'ils  se  montrent  disposés 
à  agir  toujours  de  même.  Vous ,  Athéniens ,  je 
vous  conseille  de  ne  pas  vous  oublier,  et,  sans 
vous  contenter  de  les  punir,  quand  vous  le  jugerez 
à  propos,  opposez-vous  à  eux  de  toutes  vos  forces, 
sacrifiant  à  l'intérêt  commun  toute  faveur  particu- 
lière, comme  cela  doit^être,  lorsqu'on  délibère  sur 
la  république.  Faites  réflexion  que  nul  ministre, 
que  tous  les  ministres  ensemble  ne  peuvent  être 
assez  punis  de  détruire  les  lois  qui  vous  gouvernent. 

XIV. 

Quelques-uns  de  vous,  Athéniens,  trouveront 
peut-être  présomptueux  un  particulier,  un  homme 
du  peuple,  qui,  parlant  après  des  citoyens  distin- 
gués par  leur  ancienneté  dans  le  ministère,  et  par 
le  crédit  dont  ils  jouissent  auprès  de  vous,  s'avance , 
et  dit  qu'ils  lui  paraissent  ne  rien  proposer  de  ce 
qu'il  faut ,  et  même  être  fort  éloignés  de  saisir  le 


58  EXORDES. 

vrai  point  des  affaires.  Quoi  qu'il  en  soit ,  je  crois 
mes  avis  tellement  supérieurs  aux  leurs,  que  je  ne 
craindrai  pas  de  dire  que  leurs  discours  ne  méri- 
tent aucune  attention,  et  que  vous  ferez  sagement 
d'examiner  les  conseils  sans  regarder  celui  qui  les 
donne.  Non,  il  ne  faut  pas  que  vous  accordiez  votre 
bienveillance  à  quelques-uns  seulement, comme  un 
droit  de  famille,  mais  à  tous  ceux  des  orateurs  qui 
vous  proposent  les  meilleurs  avis. 

xv. 

Je  voudrais  [2] ,  Athéniens,  que  vous  donnas- 
siez la  plus  grande  attention  à  mes  discours  ;  l'ob- 
jet sur  lequel  vous  délibérez  est  important.  Il  est 
une  chose  qui  m'étonne  :  avant  qu'une  assemblée 
commence,lorsqu'on  rencontre  quelqu'un  de  vous, 
on  est  tout  prêt  à  montrer  ce  qui  peut  rétablir  les 
affaires;  et  aussi,  lorsque  l'assemblée  est  levée, 
on  est  également  en  état  de  s'expliquer  sur  la  dé- 
termination qu'on  doit  prendre. Mais, lorsque  vous 
êtes  tous  réunis,  et  qu'il  s'agit  d'examiner  l'objet 
de  la  délibération,  on  ne  vous  dit  rien  moins  que 
ce  qui  est  essentiel.  Est-ce  que  chacun  de  vous  peut 
trouver  par  lui-même  de  bons  avis ,  ou  exposer 
ceux  qu'un  autre  a  trouvés ,  et  que  cependant  il 
ne  plaira  pas  ,  s'il  le  dit  à  la  tribune  ?  ou  chacun 


nrooiMiA.  09 

yiyiœcryLîtv,  Ov  liw  ctAA'  tyœyi  qvtcû  c^pofyac  oîojxcu 
/jloTaAov   J/juv  o-ujuupgpovToc  epe/v    TouTay  ,  û)<rre  oJx, 

0X^(70  'XCLVTCL,  CL  Tvy*)(cUQV(IlV  ilftyKQZiÇ  ,  CCÇlCt  /*>!- 
(îgyo?  6?Vcti    CpJKTcC/.    No/JuÇû)  &  59  J/40C£  Ôp5&  CtV  TlOig/y, 

fi  ,u>i  Toy  Àgyoyrcc ,  aAA.cc  toc  o-ujxêouAguo^gycc  o-jco- 
tioits.  Asé  yocp ,  cù  ay^pg^  A8»vciÎoj  ,  T^y  *27up  u/xâ>y 
guvo/ocv  /jlvj  Tia/y,  ûxrTTgp  ex  yevous,  ccAAct  tois  roc 
fèiAriGTOL  oui  \zyov<rtv,  trzzrccpp^sjv. 

ie'. 

Bov\oilim  ày  vfuxs,  œ  avâpiç  A6>iycuo/,  7rpocgp£ov- 
Tocs ,  oc  /uigAAû)  Aeyc/y  3  clxqv<toli  xoli  yctp  gor/v  ou 
/x/jcpcc.  £.70  3clv[xcl(6û  ti  d)i  ftOTg ,  7ipty  /xev  g*s  tw 
exjcA>io-/ocy  ccvclSivgu ,  ira  tjs  ccv  vtiœv  ivTiQQi,  ovroç 
W7ropœç  tiwzïv  e^g/,  à  ay  dv  toc  7rctpovTct  ^rpccy- 
fjiocrcc  jSgATia  ygyotTo*  jcgu  ttocA/v  clvtikgl  $>j  ^ccAct, 
gocv  ccarg  A.j>rrg ,  ofjioiœç  îkokttqç  if  si  hcl  agovrot*  gy  og 
tùù  •zzrgpt  Toi/Tay  olo-gtiiv  ovtzç  y  Jtoct  o-uyg/Agy^gyoi , 
tpciitcl  ^ctctAAoy  >j  tolvtcl  teyovrœv  tivm  d^overs. 
Apoc  yg,  û)  ocyopg^  Awiva/c/,  yvaycu  jctgy  g  en  y  gx,oi<7T<i> 
Tôt  &oy3-'  tî^Sy ,  xeu  tx  Tay  ccAAay  g*Vg?y  Iwigtol- 

TCLI  y  7CQ10CV  J^    CCl>T0£  iKOL<TT0$  QV  ^CCpUCTCU  j   ?CCU  lÙlCÇ 


60  nrooiMiA. 

fxey  ,  œ$  ctpct  olvtoç  troifjLoç  rct  HiXtigtcl  Tipairruv 
do%càv>'Xoîç  dlWoiç  inriTifjt,<Z9  x,om7  cK  tv\<x&iïT<ti 
tcl  toi&vTcL  -v[/»(pt(^g(78cc( ,  m  m  ey  Toi  Ag/Toupye7v  tj 
tov  x,a,5wtoyT0y  a-zêrotvTgs  ecrso-flg;  Ei  fJLzvTowv  ym- 
ogyot  x,cupov  o<e<73e  v\çuv  y  os  ei<rû>  t^  g«pû>yei<z,s  cKffçs- 

Tût/  TcLVT7j$  y  )LCL\Cà$  OLV  f)(0l  TOVTQV    TQV   Tf>07ÏOV   didL- 
»    O         \  I  r    ~        y  l  l 

ytrf  a  oî  tcl  npoLyfJLctTct  opoLzt  tyyvTîpco  ippoo-aL- 
yovTGL ,  dit  <nLQ7ru<r$<x>i  ottcùç  jm»  'ar\y\(xiov  civtois 
fjLcf)Q]a-^  y  cl  «7roppffl9ev  e^ecm  <ptiÀct£ct(r9ou ,  xcli  tov$ 
yuv  7igpiocp3gvrcc$ ,  e<pn$oéuevous  icTêpov  e%»Te ,  ojs  ctv 

«7Tct(7^>jTe. 

ir. 

Ilgp/  fjciv  T«v  7rapovTû)v ,  à  ivdptç  'a9>ivouo/,  np&y- 
fjL&TûHi  tv\  noMi,  xcLiwzp   ovx  g%ovTû)y  û)£  gag/,  0l> 

ItClVV  fAOl  Soteï  Tùù%.y&\îTtM    ÙltLl    fyxYKTcU ,    Tt   CtV 

t/s  ^paçcts  lôiXricù  ^roiYtcruiv*  oyrtva.  ae  %p»  rpo- 
srov  Tpos  u/^aV  utcuv  tïiçi  clvtm  ,  tquto  7r<x/^~ 
'sroÀÀîiy  au(ntoÀ/<*,y  gp^g/v  yo^a^a ,  oJp£  m  ov  <ri»y>i- 
coyTûJV    oTcty  t/s    Àgytf  '    aÀÀ    outûj  tïoWol  tlcli 

^iuSH  9    KCil    ItCLVTGL   /XCCÀA.0V     îï    Tût    (&l\Tl<TT4L    TOIÇ 

"X pdy fleuri  9  ovm$i<riïcLi  \ioi  dGytiïïî  cutoveiv ,  oùgtz 
&$oï)lûl  ,  (a>)  xiï  rai  vuy  (&î\ti<ttcl  i't&ovTi ,  >?v  to7^ 


! 


EXORDES.  6l 

blâme- 1— il  en  particulier  les  autres ,  comme  pour 
paraître  disposé  à  faire  lui-même  ce  qu'il  y  a  de 
mieux,  et  craindra-t-il  en  public  de  porter  des  dé- 
crets qui  vous  engagent  tous  à  remplir  les  devoirs 
de  citoyens?  Si  vous  croyez  qu'il  ne  viendra  pas 
un  tems  où  vous  serez  forcés  d'abandonner  ces 
voies  obliques ,  vous  n'avez  pas  tort  de  vous  com- 
porter de  la  sorte  :  mais  si  vous  voyez  les  affaires 
empirer  toujours ,  vous  devez  prendre  garde  d'être 
obligés  de  lutter  de  près  contre  les  événemens  que 
vous  pouvez  prévenir ,  et  de  voir  les  peuples  que 
vous  méprisez  aujourd'hui ,  insulter  bientôt  à  vos 
malheurs. 

XVI. 

Quoique  les  affaires  de  la  république  ne  soient 
pas  actuellement  dans  le  meilleur  état,  il  me  sem- 
ble,  Athéniens,  qu'il  n'est  pas  absolument  diffi- 
cile de  trouver  ce  qui  peut  les  rendre  bonnes.  La 
manière  de  vous  en  parler  ,  est ,  à  mon  avis  ,  ce 
qu'il  y  a  de  plus  embarrassant.  Ce  n'est  pas  que 
vous  manquiez  d'intelligence  pour  comprendre  les 
discours  qu'on  vous  adresse  ;  mais  vous  me  parais- 
sez si  peu  accoutumés  à  entendre  ce  qu'il  y  a  de 
vrai  et  d'utile  dans  les  affaires ,  que  je  crains  qu'un 
orateur ,  qui  vous  donne  de  bons  conseils ,  ne- 


*>2  EXORDES. 

prouve  les  effets  de  votre  haine,  qu'il  faudrait  ré- 
server pour  ceux  qui  vous  trompent.  Car ,  en  gé- 
rerai ,  c'est  moins  les  auteurs  de  vos  maux  que 
vous  haïssez ,  que  ceux  qui  vous  en  ont  parlé  les 
derniers.  Quoique  j'aie  observé  ces  inconvéniens , 
je  crois  néanmoins  devoir  négliger  toute  autre  con- 
sidération ,  et  vous  dire,  dans  la  circonstance  ac- 
tuelle ,  ce  qui  me  paraît  le  plus  utile. 


XVII. 

Je  voudrais  9  Athéniens ,  que  vous  fussiez  aussi 
vifs  pour  vos  propres  intérêts  que  vous  avez  cou- 
tume de  l'être  pour  ceux  des  autres.  Mais  vous  sa- 
vez mieux  tirer  les  autres  du  péril,  que  vous  oc- 
cuper de  ce  qui  vous  regarde  vous-mêmes.  On  dira  ; 
peut-être ,  que  c'est  faire  le  plus  grand  éloge  d'A- 
thènes de  dire  que,  pour  le  bien  de  la  justice  et 
sans  aucune  vue  d'intérêt  personnel ,  elle  s'est  ex- 
posée volontairement  à  mille  dangers  :  je  suis  d'ac- 
cord que  cette  opinion  qu'on  a  de  nous  est  fondée , 
et  je  l'approuve;  mais  je  crois  qu'il  est  de  votre 
sagesse  de  montrer  pour  vos  affaires  toute  l'atten- 
tion que  vous  donnez  à  celles  d'autrui,  afin  d'être 


HPOOIMIA,  53 

1£y\t:cltv\x,o<ti  crporwcev  dwi'X&iicvi  uVapp^giy  7rotp' 
ufjLM  ,  tolvtw  0Litîvlyx,cLa$au  (rvfA&j.  'OpaT  yap  vfxoiç 
tfGWautiç ,  ou  tous  clÏtiovç  riïv  vtpctyfJtctrcûv  [iiaovi- 

ÏCLÇ  ,  CCAAct  TOUS  VCTTCLTOVÇ  tftpi  CLVTœV  ZIWOVTOLÇ  Tt 
TTpOÇ  Vflùiç.  Ou  JLDIV  <XAA<* ,  X,CU3Tgp  OUT0S  CtXp<êa>S 
TtfUTct  Aoyj^O/XgyOS  ,  O/X0S  QlfjLOLl  ,  'TToCyTA  TCûLpUÇ 
TCLWûL  ,  Tef  C  CLVTCùV  T0V  TTctpOVTÛJV  i  xpctrto-Tût  vo- 

jm£û>  Agyg*y. 


IZ 


'EÊouAo/jjjv  iv  vfJLCLS ,  cù  acvdpîç  AQwcCioiy    w^rpos 

TQVÇ  OLAAoVÇ  CLWCLVTCLS  iicà^CLTî  7rpO<r(pgpgO-f)tf,J  QlhcLV- 
5pW7riCly    TCLVTV}    JCCU      TlpOS     VfJLtiLS    ÛLVTOUÇ    ^pjirflflt/, 

Nuyj  &  ct/xeivous  eore  Toc  rSy  ctAAay  cîfeiva,  iwctvop- 
Sovv  y  y\   rm  vfjuv  olvtqÎç   (TvpLQcLivovtcûv  <ppovTiÇg/v. 

I(T0$  jLUV  0UV  CtUTO  TOUTO  Tt?  CtV  <QY\Gm  (JLtyUTTOV  tUOLt- 

vov  cpgpg/v  t*T  ToAg/ ,  to  fJwStvos  tnytoi  x,epoW  /o\ou 
*7roAAous  x,Jvô\jyous  u-arep  ctuTou  tou  Ùitlcliov  ir^mcrn- 
ff8fltr  êy®  ^  tccut»v  r  otA^îT  T>îv  (îo^otv  eftcu  voptÇp 

XOLTCL  TY\Ç    ~Q?\.iû)Ç     7LOLI    jSouAo^CU  ,    ^CLXilVO   <K  VWO- 

XoLfJL&cLVûi  o-<sxppovû)v  ctv3pû)7r»v  g'pyoy  givcu  ,  ioTjy  Tpo- 
yoioty  t5v  ccutoÏs  oix.e«»v  ,  ootjv  7repf  rœv  ccAAoTp!û>y , 


64  nrooiMiA. 

4Ç<xiï<rV0Li ,  iv cl  y  [xy\   QiAcuSpœ'&Qt  /jlovov,  clWcl  kcli 

m'. 

Ictûjs  ,  cû  avoues  Aflavo/w,  npoaviMi  t£  fZovAo[JLevoû 
ri  #7rctpcuve?v  J/jlTv,outûj  <7rg/pcco-9oL/  Àeye<v,  aç  xcti 
(îuv>j(7eo-9e  Ûwoiluvcu  '  zl  dt  im  tout  ,  clQîvtgl  tous 
olaaovç  GLwavTcLÇ  Aoyovç,  TTgpl  CCWTûJV  ,  0V  <?&0'3re/TS  , 
<TUfJLÇ>OVAîVUV  ,  X,Ctl  TCtCS*    0£    A*    l&pûU)(VTûLTW.    Ov 

yctp  hètict  fjioi  <3tox,eîre  Àoy^v,  o  J&  vtTv  o'pctv  tcl  crpcty- 

[LCLTCL    'KcMTCL    AîAVfJLCLVfJltVcL  ,     CtÀÀct    TO>    TOUS    fiiV 

icLvrm  mytcc  dyifiyryopîtv  kcli  vroAiTzveaQoLi ,  tous  ^ 

/  '  *      *  /  -w  *,  tl  *> 

^^0  TOUTOU    OWûJJCOTûCS  miÇC/LI  ,  /XctAÀoy  ,    0^0$    6U 

<îo^ou<n  Àgyetv  ,  (TTCovàct^tiv ,  i  71  as  epyov  e£  ;ai  Àe- 
youo-<  tj  o-u/£<pepoy  'XçcL'xpYWiTcii,  Eyœ  <JX  ,  tyct  /jljj 
Aad-œ  ToJyccvTioy ,  ou  <P>î/ll*  &7v  ,  olvtoç  vroieùv,  jccti 
itrteioù  Tepj  TûTy  ciaam  Àeya>,  >j  Trep/  a;  oliéotuv  epoy, 
a(peiV  tolWcl  tcchtcl  ,  cl  TTcLpcuw  jcote  ^  ittipacro- 
lidi  irpoç  *[**£$  û'in'ïv. 

10'. 

Aojcsrre  pto<  èixaicùç  ,  0  dvfygs  'AÔwetTo/ ,  wpoal- 
yeiy  tov  vouv  ,  e!'  t/s  uVoo-^o/to  v/mv  tclvvcl  àixccia 


EXORDES.  65 

regardes  non-seulement  comme  des  gens  officieux, 
mais  comme  de  bons  politiques. 


XVIII. 


Il  convient  peut-être.  Athéniens,  quand  on  veut 
vous  donner  des  conseils,  de  vous  parler  de  façon 
à  pouvoir  être  supporté  ;  ou  du  moins ,  laissant 
tous  les  autres  objets ,  de  se  borner  à  ceux  de  vos 
délibérations ,  et  de  les  traiter  le  plus  brièvement 
qu'il  est  possible.  Si  vous  ne  voyez  pas ,  même  à 
présent,  que  toutes  vos  affaires  sont  ruinées,  ce 
n'est  pas  ,  sans  doute ,  faute  de  discours  ,  mais 
parce  que  les  orateurs  qui  ont  vieilli  dans  le  minis- 
tère, ne  parlent  et  n'agissent  que  pour  eux;  ou  que 
les  jeunes ,  qui  ne  se  sont  pas  encore  fait  connaî- 
tre, cherchent  plutôt  à  se  faire  une  réputation  de 
beaux  parleurs,  qu'à  vous  porter,  par  leurs  dis- 
cours ,  à  quelque  démarche  utile.  Mais ,  afin  de  ne 
pas  tomber  moi-même  dans  cette  faute ,  sans  y 
faire  attention  ,  et  de  ne  pas  m'étendre  plus  sur 
des  incidens  que  sur  les  objets  qui  me  font  mon- 
ter à  cette  tribune ,  j'écarterai  tout  le  reste  ,  et 
je  vous  exposerai  mon  avis  sur  les  affaires  pré- 
sentes. 


XIX. 


Il  me   semble  ,  Athéniens  ,  que  vous  devriez 
écouter  celui  qui  s'engagerait  à  vous  prouver  que 
t.  m.  5 


66  EXORDES. 

dans  la  délibération  présente  il  est  question  de 
votre  intérêt  autant  que  de  la  justice.  Je  ne  crois 
pas  qu'il  me  soit  difficile  de  remplir  cet  engage- 
ment, pour  peu  que  vous  ne  résistiez  point  à  la 
persuasion.  Qu'aucun  de  vous  ne  s'opiniâtre  dans 
sa  façon  de  penser;  mais,  si  on  la  contredit ,  qu'il 
écoute  jusqu'au  bout  avec  patience;  et,,  s'il  lui  sem- 
ble qu'on  dit  quelque  chose  de  bon ,  qu'il  en  pro- 
fite. Un  avis ,  heureusement  trouvé, appartient  au- 
tant à  celui  qui  l'adopte ,  qu'à  celui  qui  le  donne. 
Pour  bien  délibérer,  il  faut,  avant  tout,  ne  pren- 
dre un  parti  qu'après  s'être  instruit  des  objets  sur 
lesquels  on  délibère.  Car  ce  n'est  ni  dans  le  même 
tems,  ni  selon  la  même  méthode,  qu'on  doit  con- 
firmer ce  qu'on  approuve  ,  et  juger  quel  est  le 
meilleur  parti  à  prendre. 

x  x. 

Je  suis  monté  à  la  tribune,  ô  Athéniens  !  pour 
délibérer  avec  vous ,  si  je  dois  parler  ou  non  ;  et 
voici  ce  qui  m'empêche  de  me  décider  seul.  Il  me 
semble  que  l'orateur  qui  ne  veut  ni  se  satisfaire 
lui-même,  ni  complaire  à  quelques-uns ,  mais 
parler  pour  vous ,  et  vous  dire  ce  qu'il  s'est  per- 
suadé être  le  plus  utile ,  doit  nécessairement  ap- 


HPOOTMIA.  67 

7LCLI   CVLKÇîpOVZCL  Ôîl^-lV  OVTcL  ,  JuTgp  &)  fiouAivifJLiSaL. 
EyCà  TOIVVV  OlOfJLCJLl  TQVZO   7CGlV\<TtlV    01»    %CtAg7Tû>£  ,   CU 

v'fÂîTç  (ïpctyy  ri  p.ot  'KiKTd-vizt  x&vv.  M>î  tfcvjS'j  Js 

lllCJLCTOÇ  l*)(îl  yVCùfJLUS  VfJLCCV  Tgp*    Tùh  TTûtpOVTÛjy  ,    op- 

3ak  eywMV&i  ztwiHrBœ,  cl\a\  g'ccy  ttccs  a.  tolvtol  ri 

fi ■■#  ■     /   .    &  /  ;  <  ^ 

o-vjxbotiVM  Agy2<r3cw  ,  cntoTTgira,  7ravTût  usro/xejv&s 

ctxouVctr  etV ,  ectv  op3w  eifijffOau  tj  objctf,  p^p>jo"9^. 

Ou  yctp  Jrroy  J.ttergpsy  ecrrott  Toi   ^pvjo-^gyajy   to 

xctTopd-ad-ey  ,  »j    rou   ^rpos  u/ttas  uwmtoç.    H  liîv 

ovi  ctp^n  TotTcx,0'7rg7v  ipd-aç  1<tti  ,  ^y  /3g£oi/AgîT<r{!ctt , 

*7T^iv ,  eg  «y  dîï (îov\iv<TcL(r§cLi ,  oiKovacLi.   Ou  y&p  olv- 

tq$  o'jtî  jccupos ,  ourg  Tporco* ,  tou  t    ïGriKvpùXTcLi  t<x 

(JOKOVVTCL,  fcctl    TOtT  O-Xg'vpflCO-So»    Tt   npCùTOV  dûKU    GVLC- 

I 

ÇiptlV. 

k'. 

Me5  u4uLfflv,aoty^pc$  AOWîot,  7r#pgA»Ai>3a,j8ouAgu- 

'  j-J  '       n  *     '    a  v  m ;      »  *  ■' 

0-o^ucVo^,  -nroTêpov  %p>i  //.g  Agysjv,  >i  ^.  A/o  ^    owtos 

TOUT    CLTTOpûïîCpIVCtl,  ÇpXCTÛ)  TlpOÇ  VfJLOLÇ.  AVCty^OUOV  61  y  CM 
(ÀOl   àoxit'  TGÙ  fJLTlS1  CLUTCûy  LOlTiTlCTl    %cLpl<T&<rQcU  fôQV- 

Aofxîvcà  ,  ctAA    usrgp  vfjLav  uwzw  cl  TrèWciiLiv  ecturov 
jt&Aio-Tct  (ru/x^epg/y ,   xom  o-uy^waiy  a  tlol\o)$  Agyou- 


68  npooiMiA. 

Giv  dfjL(()QTtpoi ,  jcca  rouvotyr/oy  avTgj7rg7v  ogcl  [at\  dt- 

X&tcL    cLfyoVO-lV,    El   p,gV  GÙV  V/JIUÇ  VWOfJlitVYlTi  COLOVŒÙLl 

tclÎIt  oi/ji(foTipcL  Sicl  fipai')(êœy  y  ïroWa  /3eÀ*nov  iv 
-argp*  T«y  \oi7Tm  (IovXîvctclkt^î  '  gi  &,  7Tp iv  [AdLd-iiv, 
cLwoŒTOLWTe.  ,  yêvoiT'  iv  eaoi ,  ^J^  gTgpous  ctà- 
x.ovvri  y  rtfoç  ctftÇoTgpou?  &gl££&\>Ïo-8&j.  Touto  J^ 
ovVi  ùIkclloç  ei/xi  7rad-e7v.  *Eay  aev  où  y  KîXivyirt ,  eto/- 
/*os   g'/ju  Agygjy  '  ù   dt  [xn  ,  xau  <ria7t£v   i%ti  {loi 

ka' 

Kctl  dlKOLlOVy  Où  CLVCÏpiÇ  'A§YIVOUOI  y  KOLl  (TVfJLQlpOV  VfJUV 

t     ~  \       \      »    i  \      y  i        •) 

y\yOV[XCLl  y  TCLÇ  fliV  CUTIOLÇ  X.CLI  TcLÇ  7LCLTY\yOflCLÇ  y  OTOLV 

fZovMvîo-Qxi  dey ,  7iapcc\e/'?r£/v  •  *7Tep/  rœv  ^ctpovTûùv 
dt  Àgyg/v  o,  rt  fZîATKTTov'tKctŒToç  yyiïrcu.'  Ort  {jlîi 
yctp  r/vû)y  cl'itim  cvrav  xctitœç  vol  xpctyiÂOLTo.  ep^gc, 

rtCU/TEÇ  lwi(TTCL[JLi§dL'    1%  OTQV  $î  Tf>07T0U    /3gÀTtû>    $V- 

volit  clv  ymeScLi ,  tovto  tov  <rvjJt,Cov\tuovTo$  g'pyov 
tïwiïv.'}EwuT  tyceye  vofii^œ  jtcti  xcLTyyopovç  tîvoa 
tcùv  ctafx,ouvTû>v  ^tfAg^rous  ,  of  tous  gy  toiovtoiç  koli- 
poTs  g'^sTct^ovrcts  Tct  Tg^rpcty^gya,  or'  ov$i/j,iclv  fa* 
covtri  dlwiv  y   clWcl  tous  to/o  uto  tj  o-u^êouAevo-flt/ 


rxoRDEs.  Cq 

prouver  les  bonnes  raisons  des  deux  partis  ,  et 
combattre  leurs  prétentions  peu  justes.  Que  si 
vous  daignez  entendre  de  moi,  en  peu  de  mots, 
ce  que  je  combats  et  ce  que  j'approuve,  vous 
délibérerez  beaucoup  mieux  sur  le  reste.  Mais ,  si 
vous  rejeltez  mes  discours  avant  que  de  les  avoir 
entendus ,  il  arrivera  que  je  serai  mal  voulu  de 
l'un  et  l'autre  parti,  sans  avoir  offensé  aucun  des 
deux;  et  il  n'est  pas  juste  que  j'essuie  ce  désagré- 
ment. Si  donc  vous  l'ordonnez,  je  suis  prêt  à  par- 
ler; sinon,  je  consens  volontiers  à  me  taire. 


XXI. 


Je  crois  ,  Athéniens  ,  que  la  raison  et  votre  in- 
térêt  veulent  que ,  quand  on  délibère,  on  se  borne, 
sans  accuser  personne,  à  vous  dire,  sur  les  objets 
qui  vous  rassemblent,  ce  qu'on  juge  le  meilleur. 
Eu  effet,  qu'il  faille  s'en  prendre  à  quelques  -  uns 
du  mauvais  état  de  nos  affaires ,  nous  le  savons 
tous;  mais,  les  vrais  moyens  de  les  rétablir,  c'est 
ce  que  doit  montrer  un  ministre.  Ajoutons  que  les 
accusateurs  les  plus  à  craindre  pour  les  citoyens 
qui  vous  nuisent,  ne  sont  pas  ceux  qui  recherchent 
leurs  actions  dans  un  tems  où  ils  ne  peuvent  être 
punis;  mais  plutôt  ceux  qui  vous   donnent  des 


*JO  EXORDES. 

conseils  propres  à  améliorer  notre  situation  pré- 
sente, et  qui  par-là  vous  mettent  à  portée  de  pu- 
nir les  coupables  à  loisir.  Ainsi,  regardant  tout  le 
reste  comme  superflu  ,  je  vais  vous  proposer  ce 
qui  me  paraît  le  plus  avantageux  pour  l'objet  de 
votre  délibération:  je  vous  prierai  seulement,  si 
je  rappelle  quelques  traits  du  passé ,  de  croire  que  , 
sans  nulle  intention  d'accuser  qui  que  ce  soit,  je 
n'ai  d'autre  dessein,  en  vous  présentant  les  fautes 
que  vous  avez  déjà  faites,  que  de  vous  empêcher 
d'y  retomber  encore  aujourd'hui. 

XXII. 

Si ,  par  le  passé,  ne  prenant  aucun  parti ,  nous 
fussions  demeurés  aussi  tranquilles  que  nous  le 
sommes  à  présent ,  je  ne  pense  pas,  Athéniens, 
qu'il  fût  arrivé  ce  que  nous  voyons,  et  je  crois  que 
pour  le  reste  ,  bien  des  choses  iraient  beaucoup 
mieux  [5].  Mais  aussi,  aujourd'hui,  l'insolence  de 
quelques-uns  ne  permet  pas  de  monter  à  la  tri- 
bune ,  de  parler  jusqu'à  la  fin,  ni  même  d'ouvrir  la 
bouche.  D'où  il  résulte  une  foule  d'inconvéniens 
qui  méritent  quelque  attention.  Si  c'est  assez  de 
connaître  le  mal ,  sans  qu'il  soit  nécessaire  d'indi- 
quer le  remède,  et  si,  dans  nos  discours  ,  il  faut 
nous  prêter  à  vos  désirs,  vous  ordonnerez.,  comme 
vous  avez  déjà  fait ,  d'équiper  des  vaisseaux ,  de 
s'embarquer,  de  contribuer;  tout  cela  sur-le-champ; 
et,  dans  trois  ou  quatre  jours,  si  on  n'entend  plus 


nrooiMi-A.  71 

<?t;y>»3-gyTct^  ,  <*.$  ou  IôiXticù  ?cl  TtcLçovra  yvtoir    ctv. 

.    1      \        »  *  t  t        1  \        >  »    '       »       / 

Aicl  yaip  tovtovç  g(f>  wv^iclç  kcli  tfoLp  tMivcov  iyyi- 

voit  ctv  JjttTv  «ftjoiv  A&êgîv.  Tous  jjlîv  ovv  clWovs   ào- 

yovç  7rcivTcLç  nzptîpyovç  yïyovfxcLC  i  £  acj  wo^e*i  truy- 

gygyx,g/v  ffîîpi   m  ivn (Txowwtt ,  Tct5ft*  ziwi'.v  Trg/pct- 

ffOjXai ,   TOffOUTSV  OLriGùffcLÇ  fJLQWm  CU  CLOCL  TOV  fXifJLV^/JiOLl 

~  /  \  J  t/  t  ~      A 

Tai  ftg^rpocy^gvay,  julvj  KcLTYiyopi&ç  fit  gygjcoi  nyg/cryg 
Agyg<v,  ctÀÀ ,  tvot  og/çcts  ce  rort  îi^ocpig-g,  vvv  awo- 
Tpe-v[/W  Tcti»Tct  'rrctSery. 


Ei  3co£.i  Toy  aAAov  J^poyoy,  0  cùdpts  Àfttyi&edi ,  pi- 


cfgvi  <rv[J.wc\iTivo[xtvot   TotraLUTM    yyorxtv  wv^iclv  , 
oc-/\vwzp  gy  tw  wcLpovTi ,  ouTe  t&  yuy  ctv  ysytuytitucL 


Gvpf&wcu  voisina,  zœv  re  olWccv  oîfJLcLi  tcoWcl  j2eA- 
t/ov  cev  v/uiïv  e%e*y.  Nuv  <^  uaro  tv\ç  èviœv  aa-gA- 
ygiccs,  ouïs  mtpêAoeiv  ,  ourg  tiwziv ,  oi>^    oAas  Ào- 

yOU  TD^giV  g(7T<V*     03-£V    CV[A<oXlVU    7TQWCL,    X.CU    OtOt 

esnTii&joc  lo-ûjj.  Ei  p.gy  oùv  &?  tolvtgl  <7ruv9a.vgo-9a,/ , 

)9    /X.31  (7X.0t«rg7v  O ,   T/    ^pîl    7T0WOC/  ,  JCCtl    (p<X<r>Cg/y     Oiût- 

Tcp  yuyi  ^ouAecGe,  «v|/)i$fg7a-Ge,  ct^rgp  g'x,  r^v  7:ot5gÀ>î- 
Ai»3-0Tûjy  p^povav,  5cst5gAx.giV  Tpi»ps/?  ,  g'/xÊc^yg/y,  gj'- 
(Tcpgpeiy  Trayrot  ToctTr  ti^'  i  ,  Tpiwv  >î4agpay  Jj  ^gyis  , 


7*  I7POOLMIA. 

eut   (rioûwtôvi  tol  nxpoi  toi  y  TToAgfuay ,  fccu   a^aa-iv 

7\<TW)QcM  tKZlVOl ,  ^«A/V  OVMTl  5tCt/pOV  gtVctl  TTpctTTÉiy 

JaroA^so-S-g*  otzrgp,  aW*  gy  'EAA>i<x3rovT0  4>/\;ar- 
•zjroy  YiTLOvo-eLftîv ,  trvnfiïi,  &eu  7raA/y  ,  *jv*x/  £*$  Motpct- 
3£yot  ip/>îp£/£  <*<  ÀMorpi^g?  crpoo-go-^ov.  £2s  yocp  iy 
^p>jo-a/ro  t/s  ,  0  clv<3j3€s  'aOhvcîÏo/,  tlclXqs  ovv&ijlii 
'srcLpîax.EVcta-fjiew  ,  out^s  i/^tgTs  g/a-S-arg  toc  /3ouAei/g- 
cocii  J£pï<r0oM  ô^eas.    AgT  $g  @>ov\ivta$cLi  \jliv  î(f  Yiau- 

%lCL$,?troi£iv  (Jfe  TOL  do^CLVTOL  p.iT<L  GWOVÏÏis  9  KCLl    À0- 

yi<rcL(rv<u  rovd-  ,  or/,  gt  /-o?  jcgu  rpo(p»v  j>gccv>iv  zzro- 
pniTt  y  39  crrp&Tîiyov  r/vo.  rou  zroMfzovy  vovv  e^ovrct, 
TirpQGTYio-io-Qs,  x.ctt  jutgyg/v  gsrt  r&y  ovrco  ùo^oivrm  gOs- 

AWTtfTg,   -v}/>l(p/(7/Xct5'   VfJLÏV   W£plt<TTCLl  ,    X,<XJ    TtreLpOLVoL- 

Aûxrgrg  ^gy  TTctvS'  >  oc-r  ccv  &t'ar<xv>?(7>iTg,  /SeÀTio)  «K 
ouJ^  or/oi;v  ra,  'wpcLyfXdurcL  î<ttcu,  jcp/vgTrg   &  oy  <iy 

liov\Y\<7d-l    y     OpyiG&tVTiÇ.       EyCù      &     @>QVAo{JLCLl     TW$ 

g^Ôpous  ufiLctk  cliivvo/jlwqvs  ocpOSfycti  -zzrporgpov ,  »  TOVf; 
?zroAJTots  jcfivovTtf.^.   Ot/  yap  ^u/y  cli/toés  3roA6£tg<y 

fJLOLA\0Vy   V\  ÎKUVOIÇ  iO-fJLlV   OtJCOt/0/.     Iy    Ol»V  jEt)f  ,  ro  pct- 
<        /  »  /  I  A  I  if 

(ttov  clwcuitgùv  ,  gar;T//<oio-<0  p.oyoy ,  oy  rpo-arov  av  /zo< 

obxÎTg    TCLUTCt  î2ro/?0"Ctf,  dldcL%C07  OtvfyllÇ  VfJLGûV    /UL>J  5o- 

fuôfo-cti  ,  ju^  ctyctêccAgTy  vofJLiaa.1   (14    jcctt  p^poW 


EXORDES.  jp 

parler  des  ennemis,  et  s'ils  s'arrêtent,  vous  pen- 
serez qu'il  est  inutile  de  se  mettre  en  marche  ; 
comme  il  est  arrivé ,  lorsque  nous  eûmes  appris  que 
Philippe  était  dans  l'Hellespont,  et,  ensuite,  lors- 
que des  galères  de  pirates  abordèrent  à  Marathon. 
Vous  montrez  (a), en  effet,  lorsque  vous  délibérez, 
la  même  promptitude  que  pour  se  servir  des  for- 
ces en  bon  état  ;  au  lieu  que  vous  devriez  délibérer 
avec  tranquillité  ,  et  exécuter  avec  ardeur  ce  que 
vous  avez  résolu,  bien  persuadés  que  si ,  fermes 
dans  la  résolution  que  vous  en  aurez  une  fois 
prise  ,  vous  ne  fournissez  des  vivres  en  quantité 
suffisante,  et  ne  mettez  à  la  tète  de  vos  troupes 
un  général  intelligent ,  il  ne  vous  restera  que  des 
décrets  ;  vous  perdrez  tout  ce  que  vous  aurez  dé- 
pensé ,  et  vos  affaires  n'en  allant  que  plus  mal, 
vous  citerez  en  jugement ,  dans  votre  mauvaise 
humeur ,  vos  propres  citoyens.  Pour  moi ,  je  vou- 
drais qu'on  ne  vous  vît  pas  poursuivre  les  citoyens 
en  justice ,  avant  que  de  vous  être  vengés  des  en- 
nemis ,  puisqu'enfin  il  est  plus  raisonnable  de  faire 
la  guerre  à  nos  ennemis  que  de  nous  la  faire  à 
nous-mêmes.  Mais  pour  ne  pas  me  borner  à  des 
reproches  ,  ce  qui  est  le  plus  facile,  je  vais  vous 
exposer  quel  parti  il  faut  prendre ,  vous  priant 
seulement  de  ne  pas  m'interrompre,  et  de  ne  pas 
croire  que  j'apporte  dans  les  affaires  des  retards  et 


(n)  Le  grec  dit  :  Vous  mettez  à  délibérer  la  même  ardeur  qne  d'auirpt 
mettraient  à  se  servir  de  forces  en  bon  état. 


74  EXORDES. 

des  délais.  Non ,  ce  n'est  pas  vous  donner  le  meil- 
leur conseil  que  de  vous  proposer  de  marcher  à 
l'ennemi  dès  l'instant  même,  nos  pertes  passées  ne 
pouvant  être  réparées  par  nos  forces  présentes;  on 
doit  plutôt  vous  montrer  ce  qu'il  vous  faudrait  de 
troupes»  et  comment  vous  fournirez  à  leur  entre- 
tien, jusqu'au  moment  où,  ayant  terminé  la  guerre 
par  un  traité  avantageux  ou  par  une  victoire  com- 
plète ,  vous  vous  serez  mis  pour  toujours  à  l'abri 

de  toute  insulte. 

xxi  ri. 

Vous  conviendrez  tous,  Athéniens,  que,  quand 
notre  ville  délibère  sur  ce  qui  la  concerne  en  par- 
ticulier ,  elle  doit  avoir  autant  d'égard  à  ce  qui  est 
utile  qu'à  ce  qui  est  juste.  Mais,  lorsqu'il  s'agit  des 
affaires  de  nos  alliés  ou  de  toute  la  Grèce,  comme 
aujourd'hui,  elle  doit  s'occuper  surtout  de  la  jus- 
tice. L'utilité  suffit  dans  le  premier  cas  ;  dans  les 
autres ,  il  faut  consulter  encore  les  règles  d'une 
exacte  équité.  Les  peuples  qui  sont  à  la  tête  des 
affaires ,  disposent  en  maîtres  des  entreprises  : 
quant  à  l'opinion  qu'on  en  aura  ,  nul  n'est  assez 
puissant  pour  en  pouvoir  disposer;  et  l'on  publie 
sur  les  auteurs  des  actions,  l'idée  qu'elles  en  don- 
nent naturellement.  Il  faut  donc  faire  en  sorte 


nrooiMiA.  ^5 

iu.'&orZv,  Ov  yap  01  rcuyy  kcli  ryuipv  e'^ov- 
nç  fiaAiGT  tiç  to  oîov  Aeyoufftv  ou  yap  aV  Tct, 
y  y\dv\  yîyi^yifjavaL  xcùXvgcli  èvm$mfi&  tw  v£y  jScw- 

yi/y/  oicLfjLirjcLi  at/V^crerct/  ,  Tg#s  ay  »  /7rcpiygv0^tgoa 
tûw  ep^s-pav ,  "/i  ^fo\jgyTg$  GfiaAuo-<i>^g3-a  roy  TroAg- 
//.ov  ovTœ  yap  ouxtri  ?ou  Ao/t^oi»  c-^o^gy  ay  x,ax,&£. 

Kr'. 

OlOfJLCLl    uTCLVTûLÇ     ày     L/*a$  ,     0     OLVÙpZÇ    'aQïIVcLIOI  , 

o4aoAoyîi(rflti  ot<  <fe?  rm  wo\tv  yi/acHv  ,  oTav  /xgy  crgpj 
ToTy  iA«f  tivqç  tcûv  clvïvÎs  (2ov\ewircLi ,  t<rv\v  77poyotot,v 

Ép/gty  TOU    (TV[JL(fîfOVTO$  ,    0(7»V^gp   TOU  Ùl'ACLlOV'  OTdV  J^ 

trzrgp  T<ay  cvp,iJicL,)(j.xm  y  y\  tm  kowoûv  ,  oiov  tlcu  to 
viivt  'TTctpoy ,  piQfeyo$  oî;r<i3^ ,  as  tcv  oikoliov  ,  <ppovn- 
Çeiv,   'Ev    p.gy    yap  gjtgivo/s  to  AuorwÀes   i&cpceï' 

gV    Og     T0?S    TOfOUTOfS   TO    3tCtAoV    TTfOffgTva*     og~.    TaTy 

/*gy  yap  '/rp  açgay  ,  g<s  ous  ay  wacr/ ,  jci»p/ot  >cct- 
3-/aTctvTot/  *  tSs  J\'  J-zzrgp  toktûjv  &>£»$,  ou&js  t>jA/- 
jcoutgs  gc\Sr,  octtis  go-Toti  Mpioç*  a'AA*  oVoiav  avT*va 
tol  arpap^evTa  g%*i  oc£ay ,  tqj  aimjy  0/  tioAAoj  crgpj 
'  t^v  Trpa^avT^v    ùmyyiiAùLv.    A10   dît    ffKozsnrj  xa< 


7$  nrooiMiA. 

CrpoCe^V,  07TOJ^  OlKCLIOL  QdUtrtcLl,  XpH  /JL6V  OfV  OUT0? 

CLWOLVTCLÇ  VX}N   TW   ÙlcLVOlCLV  TTSpf    T0V   CialX,CU/*eVû>V  , 

•/  4        »;  /  t\      \  n    i  \      »k 

ao-arep  av ,  et  t/  ytvoiro  ,  o  //.»  <rv[il6cLivi  ,  tous  ctÀ- 

N  »*   /  \        t  \    *i  »/  »       o  J 

AOl>£    CLÇiaXTElt   tfpoç    CLVTOV   iTCCLCTOÇ  €^g/V    iWtlOYI  Qt 
\  \        \  t     ~  /  »  ; 

3tcti  TTeipa  t>jv  ctuTay  yvajjuutv  evctvnouvTtti  tmç  y  (xt- 

XfCL  tfpOÇ  TQVZOVÇ  ÉiVûJV  ,   i  (Zl\Tl(T&  Vflît  VWohtiLfJl- 

fiau/ce,  tclxjt  i\ày\  cvjxCovMvaa» 

KA'. 

Ov  fJLixpav  eu  pot  itsuuSrt ,  »  otWpes  'AÏÏwciïot , 
ÇpfjLicLV  VOfitcaij   ti-Tic   cLv\ày\ç  do%&    koli  fin  îrpoern- 

•V,         lf.  \  A.  ry  / 

jtouect  tw  croAg/,  TTctpa   to/$    tioWoiç  mpr/iyvorto. 

ToVTO  TOIVVV    OVTCû   KCCXSf    tyVûûKOTtÇy  Ol»5C  CUcOÀOuOflt 

'Tcoiure  tol  Aoiwcl,  &W  vwoLywSz  îkclgttoti  npaLT- 

'I  «l  -  »a>  -A         »     v    _  /  _  ~     v 

TîlV    ÎVICL  ,    a    Gl»Jx     eU    CLVZOl    (ÇWCUTè    XOLACtiÇ     g%g^« 

Eycc  J^  otdoL  (mv  tov.5  ,  on  tovç  e7raLi\ovvTcLs  vdtov 
*/  /  »  /  »      \    >t 

TpOffôej^OVTCU   KOLVTtÇ   Tû)V    tWlTlfimTCùV     OV   fJLW  010- 
fJLÛLl  StelF,    TCttJTtif  TW   Ql\cLvSpù)WiaLV   èlûùKOûV ,  Myuv 

TffcLp  et  (rvnQîptiv  v/jav  y\yoZyiax.  7>v  fjav  ovv  #p%>?v  îi 
5tccÀ<SV   iyiyvœ<ntiTi,  ovfcv  eoe;  x,o/vw  Troitïv  âv  làcc 

I     _       /\  </  \  I/o  tf  \  I 


EXORDES.  77 

qu'on  les  trouve  conformes  à  la  justice ,  dont  voici 
un  principe  :  nous  devons  chacun  nous  comporter 
à  l'égard  des  peuples  qui  sont  opprimés  ,  comme 
nous  voudrions  que  les  autres  se  comportassent  à 
notre  égard  ,  s'il  nous  arrivait  malheureusement 
quelque  disgrâce  pareille.  Mais  puisque  plusieurs 
contredisent  les  sentimens  de  leur  propre  cœur,  je 
les  réfuterai  en  peu  de  mots,  après  quoi  je  vous 
donnerai  l'avis  que  je  juge  le  meilleur. 

xxiv. 

11  me  semble  ,  Athéniens ,  que  vous  ne  regar- 
deriez pas  comme  un  léger  préjudice,  que  les  peu- 
ples prissent  de  vous  une  opinion  désavantageuse. 
Vous  pensez  juste  ,  mais  vous  n'agissez  pas  en 
conséquence,  et  vos  ministres  vous  portent  sou- 
vent à  faire  des  actions  que  vous  n'approuveriez  pas 
vous-mêmes.  Quoique  en  général  on  écoute  plus 
volontiers  les  louanges  que  les  reproches,  je  ne 
crois  pas  néanmoins  ,  pour  capter  votre  bienveil- 
lance ,  devoir  vous  parler  contre  mes  lumières  et 
contre  vos  intérêts.  Je  dis  donc  que,  si  vous  étiez 
fermes  dans  vos  principes  ,  vous  ne  feriez  pas  en 
public  ce  que  vous  blâmez  en  particulier,  et  qu'on 
ne  verrait  pas  arriver  ce  que  nous  voyons  ;  c'est- 


7  S  EXOÏIDES. 

à-dire,  les  démarches  que  chacun  trouve  injustes 
et  peu  honnêtes,  et  qui  le  font  s'écrier  :  Jusqu'où 
portera-t-on  les  choses?  Lui-même  ne  les  approu- 
verait pas,  lorsqu'il  est  dans  l'assemblée.  Au  reste, 
je  voudrais  être  assuré  qu'il  est  aussi  avantageux  à 
l'orateur  de  vous  donner  les  meilleurs  conseils  „ 
qu'à  vous  de  les  recevoir  ;  alors  je  serais  monté  à 
la  tribune  avçc  beaucoup  plus  de  confiance  :  mes 
craintes  ,  cependant,  ne  m'empêcheront  pas.de 
vous  exposer  librement  un  avis  que  vous  trouverez 
bon,  à  ce  que  j'espère,  quand  même  vous  ne  le 
suivriez  point. 


xx  v. 


Quand  [4]  un  orateur  ne  serait  pas  encore  monté 
à  la  tribune  pour  vous  entretenir  de  vos  affaires, 
il  me  semble,  Athéniens ,  qu'en  y  montant  aujour- 
d'hui pour  répondre  aux  reproches  mal  fondés 
que  les  députés  de  Rhodes  font  à  notre  républi- 
que, il  me  semble,  dis-je  ,  qu'il  mériterait  fort 
d'être  excusé.  Dans  toute  autre  occasion ,  être 
vaincu  par  ses  adversaires  est  moins  une  honte 
qu'un  malheur.  Les  bons  et  les  mauvais  succès 
passés  peuvent  être  attribués  à  la  fortune  ,  aux 
généraux ,  à  bien  des  causes.  Mais,  en  défendant 
ses  droits ,  n'être  pas  capable  de  s'expliquer  d'une 
façon  qui  réponde  à  son  ancienne  gloire,  c'est  une 
honte  pour  celui  qui  s'énonce  mal ,  et  un  vice  de 
son  cœur.  Oui ,  quand  ce  serait  devant  d'autres 


IIPOOIMIA.  fg 

XdLi  ,  Me%5/  T0t7  TT^oêflO-gTctf   TOC   TîpctyjULCtTa  ;    (ruy- 

x,flt3gfo/j.gvos  <K  ctJro?  gx.<xcrro$  eVr/  tûTv  to,  to«- 
ct^Tcc  -zroiovvTCûV.  hya>  yuv  qw  e\oov\o[iviv  clv}  cùtrwep , 
on  u/j.Tv  avfjLtyîpu  tov  Ta  /8gÀT/<rTct  ÀgyoyToç 
clkouuv  ,  oîoct ,  oiÎtos  dàevou  <rwjo~<rw  xcti  tgû  tcl 
fZt\TiGTcL  teyovri  •  TroWœ  yctp  eu  ijtfrov  îîwoV 
vvv  di  cpoÊoû/JLatt  /*gy,  o/^s  J^  et  yg  Krrwœ  ^wra, 
(ÇcuiiaScu,  xcly  J/Xc7s  /*>î  Œrc/ff3îîTc,-ot>x,  oLWGTpz^o- 
ficti  Àgyg*v. 

KE'. 

E/  xat  /r/j&v  aÀAo  t/s,  0  oLveïjps^  *A6>iva,7oc ,  7ipoT£- 
pov  'Tretp  Ujtt/v  zipnx.œ$  ew ,  vi»y  yg  Agyajy  mpi  m  ovx, 
Qf$œ$  gyxcxAoucnv  ol  TFpîv&ttç  t!T  wo\a,  weepa  srcty- 
TCûV  <U  fJLOl  ioTLîl  àlKCLWÇ  <rvyyvœ[jwç  Tvyiiv.  Kcci 
yctp  g'v  olAXqis  //.gy  t/<tjv  yittuo-Qoli  tm  twmian  ov% 
qvtccç  ovgttfos,  coç  irv^ïifJLcL  ccy  <pott>j*  jccu  yap  tw 
rv)0  xxi  to!$  itptffTfaûin  ,  jcglj  wqWois  fLincm 
rov  kqlAcûç  n  fjiT]  -arpoTgpov  otyav/crcicrSaf  e'y  &  t&T  tcl. 

àlKOUOL  VWiÇ  CLVTCàV  [LV\  fVtt)    Ct£fû£    T#y  J'ZZrstp^OVTûW 

Agygjy ,  atrr»s  t>is  ymfiïis  tt\ç  rœv  tovto  wcLd-ovrm 
to  ovejcSbs  îvpviïrotJLîv.  El  /*ey  oui  mpo*  T*u$  >jo-otv  ,  év 


8o  nPooiMiA. 

oiç  gy/yyoyo-  0/  Aoyoi  zpîpi  v[x,m  ,  ovTè  tovtqvç  c,v 

oîfJLcLl   \cL&ûùç   oltTCù    -vf^oWSsU  ,    OVXi    TQVÇ  OXOUOVTotS 

•zzroÀÀct  rœv  g/pi(ugyû>y  eîvaccr^eo-Gctr  y£îy  $e  olWol  tî  , 

0t<X0t/  ,    T>T?  VfJLZTèpCLÇ  W\Î0MX.T0V<TIV   tUY^llcLÇ  CLWcU- 

Tts ,  jcgu  foi  x,cu  toJto  vuv  ourofj  'Ax.po&TcL?<s  yctp 

tXfTKFCUTO  &*&'  VfJLCûVVfJLU  y   QIOIÇ  Ovfo(TlV    <XV   T&V     O.À- 

Àav  ,  ct?cp<£(Sk  o7<fet  tout'  tyœ.  A^/oy  <K  £iva.t  /-to/ 
ôtae?  foct  tolvtcl  Toîç  Sioiç  fydLpt*  Ctias  ej£e/v  ,  û> 
avàptç  Avwclioi y- kcli  toutous  fM<rztv.  To  //.ey  yap 
opocv  Toy  fPoôW  oSï]a0v  ,  roy  ^oàu  toutûw  tzot 
curzAyèo-Tepovç  Aoyovç  teyoVTQL  wpoç  v/jlclç  ,   ijcet»y 

v[itTipov  yeycvy\fjLivov ,  guTup^uac  g/va,/    vojx/Çû)  ths 

r  •  \    n\       ^      >    /  /  / 

woAzœç    to  og   tous  avo>rrous    tovtovç   fiTiTt  rovro 

Àoyt£go-(k/?  •arcLpoy  ovrœç  h&pyiç  tdiïv ,  piS-  on  ttoà- 
Àctxts  jcad-'  èV  ccutov  gx-oco-roy  U/ts7s  orgo-&x,crrg ,  ptas 
TTÀstû)  *2rpay/xstT  «a-p^wcct/re,  T»y  toutûjv  Spcco-uruTa. 
xcu  TtoocoàxifJioviaLV  iwcwopd-owrts ,  gVgtocty  A*  GtJ- 
tous  aveAûJVTcu  TioÀg/xoy,  n  toc  vyuiTip  clvtôùv  srpocr- 

T0VT6S,  TOUTO  '7roL/JlW0AA>fV  U/*jy  Opy»V  ilKQTûùÇ  CLV 
f7tCL^CLO'Tï\(TCLl  flOl  ÙomT.  Ov  fllfl'J  ClW  î(Tûù$  TOVTOIÇ 
p|V    ZlVLCLpTCLl   \JMOîWOT     ÎV   î<rpctTT0U(7/y    £U  CPp0V>JO'0t/* 

^ty   (Jg  ^potrwtei  3cca    A'   ^as    ocutous  ,   ;ca/  A  a" 


EXORDES.  8l 

qu'on  eût  parlé  contre  vous ,  je  ne  pense  pas  que 
les  députés  eussent  menti  aussi  effrontément ,  et 
que  ceux  qui  les  entendaient  eussent  écouté  aussi 
patiemment  la  plupart  de  leurs  discours.  Mais  , 
sans  doute ,  il  n'est  que  trop  de  circonstances  dans 
lesquelles  on  abuse  de  votre  bonté  excessive ,  et 
les  députés  en  abusent  encore  dans  celle-ci.  Ils  ont 
trouvé  en  vous,  contre  vous-mêmes,  des  auditeurs 
tels  que  je  suis  sûr  qu'ils  n'en  auraient  trouvé 
nulle  part.  Aussi  il  me  semble  que  vous  devez  pour 
cela  les  haïr,  et  en  même  tems  remercier  les  dieux. 
En  effet,  que  les  Rhodiens  ,  qui  jadis  nous  tenaient 
des  propos  beaucoup  plus  insolens  encore,  soient 
réduits  maintenant  à  nous  supplier  ,  c'est  ce  que 
je  regarde  comme  un  bonheur  pour  Athènes.  Mais 
que  ces  insensés  ne  fassent  pas  réflexion ,  lorsque 
la  chose  est  visible,  qu'en  différentes  rencontres 
vous  les  avez  sauvés ,  eux  et  les  autres  Grecs  de 
l'Asie  Mineure ,  moins  occupés  de  vos  propres  in- 
térêts ,  qu'attentifs  à  corriger  les  effets  de  leur  im- 
prudence ,  et  de  cet  égarement  qui  leur  a  fait 
.  entreprendre  la  guerre  de  leur  chef  [5]  ;  voilà  ce 
qui  devrait  exciter  notre  indignation  contre  les 
llhodiens.  Au  reste,  c'est  peut-être  une  nécessité 
fatale  qu'ils  manquent  de  sens  dans  la  prospérité. 
t.  m.  6 


82  FXORDES. 

Quant  à  nous ,  il  nous  convient,  par  égard  pour 
nous-mêmes ,  et  pour  la  conduite  que  nous  avons 
toujours  tenue ,  detre  jaloux  de  montrer  à  tous  les 
peuples,  que  par  le  passé,  qu'à  présent,  qu'en  tout 
tems,  nous  avons  été  fidèles  à  pratiquer  la  justice, 
et  que  nous  sommes  calomniés  par  des  hommes 
qui  voudraient  asservir  leurs  compatriotes. 

XXVI.. 

Si  vous  étiez  ,  ô  Athéniens!  dans  les  mêmes  dis- 
positions pour  écouter  les  discours  de  ceux  qui 
vous  conseillent,  et  pour  juger  des  événemens,  la 
fonction  de  conseiller  serait  la  plus  sûre  de  toutes. 
En  effet ,  supposé  que  tout  réussît  au  gré  de  nos 
désirs  (car  ne  disons  rien  qui  ne  soit  de  bon  au- 
gure )  ,  on  attribuerait  l'événement  heureux  et  à 
vous  et  à  celui  qui  vous  aurait  persuadés.  Mais  vous 
écoutez  volontiers  les  orateurs  qui  ne  vous  di- 
sent que  ce  que  vous  voulez,  et  vous  les  accusez 
souvent  de  vous  tromper ,  quand  tout  ce  que 
vous  voulez  n'arrive  pas,  sans  faire  attention  que, 
s'il  est  au  pouvoir  de  l'homme  de  chercher  dans 
son  esprit  ce  qu'il  y  a  de  mieux  et  de  vous  enj 
faire  part ,  l'exécution  et  le  succès  dépendent  en 
grande  partie  de  la  fortune  [6].  Si  on  avait  trouve 


nrooiMiA.  83 

waLviv    oLVïpœwoiç  ,  on   &<*,/    TrpoTgpw   ,    3ccti   vuv , 

JCCU    <*g<    >1|Xg7$    /UL€V    Tct  AjC'cUct    'XpOCHpOUfJLéaL    STpCLT- 

tuv  ,   gTgpo/    <fe   T/yg$  KcLTcLdouAovcrBcLi   jSouAoftgyo/ 
tous  ctur^y  TToAtTots  AotSrtAAouo"/  srpos  >î|U.c<V. 

KÇ-. 

Ei'  jUgToc  T>f$  otJxïk  yva>//.>is ,  a  ivcfygs  'aGjjvclTo/  , 
tous  Tg  Aoyous  YiKOVzTt  rav  o-»j|x£ouÀeuovT0v,  'JCCU 
Tôt  TTpcty^ctTcc  gjtpivgTg  ,  ttrctyr^y  cto-^ccAeo-TctToy 
îv  to  <7u/x£ouAgusiv  jcfict  yotp  gUTU%a>S  3CCt<  }tCLAœ$ 
Tipai^cLc-i  (Agyg/y  yap  euÇ»jUâ>?  zf&vtcl  &7)    jco/yct 

oly  ?V  Tflt  T?S  CLITICLS  VfJUV  7LCLI  TCû  TtîMJcWTl.  NCv  J^ 
CLKOVèTî  [ItV  T0V  £  jSouAgû*3-g    AeyOVTfflV    JftfiffTci  ,   ctl- 

T/cto-Og  o\  TToAAotjas  l^cLTsranrZi  vfJLciç  olvxovç,  <£v  jtjj 
^ctv^',  ov  àv  ujxs7$  rpo7roy  j8$uA»o-3g ,  ygy»Tctr  ou  Ao- 
yifyfjLivoi  tov&  y  on  rov  /xgv  ÇuTÏcrctt  x,eti  Aoyto-ot- 
o-3-oti  rct  jSéAT/cr^  .   û»V  ûtv9p^7ro/s  ,  jtcu  wpos  v^lç 

SlWîlV   y    OCUT05    gX,<XOT"0S    gOT*/     JtUpJOS   ,    TOU     Og  WÇCL- 

^^7»vaci  t<x.ut&,x,cu  cruvgygyxg/y,  g  y  th  tu^w  to  wAtt- 
<ttov  ^gpo^  yiyvelcti.  (*  )  'Eali  &  àvÔpaîrov  ôvlct  ayoc- 
•shitov  T>i5   autou    aNi<xvo<cf.s   Aoyfli/   uVg^ctv"  T>?£  & 


(  *  )    Voyez,  dans  les  Notes,  la  traduction  d'une  phrase 
omise  ici  par  Auger. 


84  ITPOOIMIA. 

§ 

ru%yi$  Tipo<rvnro(T')(î7v ,  ev  ti  rav  cLdwaTav.  Ei  (J.w 
ouy  wpyi/Atm  ?iv  7Tû>$  Gtv  t/s  olg-QclAqç  avgu  nivduvov 
Aî^yopot» ,  fJiocvta,  vrctpcLteiwav  ïovtov  m  roy  rpo- 
?roV  gsrgf  <JX  otva,y>c>î  roy  7igp/  rav  ftiWovTav  irpay- 


t    >     » 


[XOLTM  yvajJLW   CLffîOtyOLlVOfJLEVOV  JCOiVàJVgfV   T0l£  CLW    CLV- 
~  /  \  l  r»     »       i  /  >    /     ' 

•nav  ygvo^gyo/s,  jtctj  ^gTg%c/v  tv\ç  olwo  tqvtm  clmclç, 
>  „     \    <    ~>         .  /  t     <•     »/  \    <■         / 

CUO"j£pOV  YiyoVfJLOU    A.iytlV    fJLiV   a$  gUVOUS  ,    /*>î   VWQfJ.i- 

mv  &,  ei  t/s  ex,  Tovrov  x,(v<5uvo$  gVrcu.  Eu%o/xcu  ^ 

~     rv     ~         J  \       ~       'N  \   >       \  t  L 

TQIÇ  ZiQl$  ,  CL  XOLl  T'A  7CQ\ll  KCLl  tfJLOl    GVLtipipllV     (J.îA- 

ÂS/ ,  XCLVT    tLLOl    Tl    UWilV  gÀ5s?V  iWl    yOUV    KCLl    VfJtAV 

iXtcSctr  to  yap  TravToLTpoztrov  fyriiv  y ncwcLi ,  iïvôîv 

SctTgpOV,    h  fJLCLVICLÇy  Y\  MfàoVÇ  WiKCt.iG'GrovdoULOTOÇ  <fY>- 

acLifi  à  y  e/yeu. 


KZ' 


Ei)i  fxgy,  û)  ayopgs  Attoiyouo/ ,  kcli  TCtçi  m  vuy*  xi>y-\ 
payera  gjcxAîicjctC^vTgs,  Jtcte  ^gp/  Tû>y  claacov  olwolv- 

Tû)y,  TOI  $0)L0VVTCL  /2g ÀT/O-S"'  J^?V    g/yclf    3CO,/     gîycu    as 

oiÀ>i3-0S.  A£?p.gyr(5|  *7rgpi  Trpof.yjuia/rûJv  ixiyctXm  (èov-< 
tevofJLîvovç ,  jcûti  x,o<yû>s  ctîjrocvTûjy  g^gÀg/y  cutovuv  Tan 
aufjL&ovtevovTav ,  gy.vUiu.ou/-tg vous  ot/  cttVj^pov  go-r/v,f: 
û>V  e^tot  (î'ox.gT,  cy  ctv^ps^  'aSjjvcuo/  ,  vuv^gv  /3ouÀo,a.efâJ 


EXORDES.  85 

un  moyen  de  gouverner  le  peuple  avec  sûreté  et 
sans  péril,  ce  serait  être  insensé  que  de  négliger 
ce  moyen  :  mais  puisqu'il  faut  nécessairement  , 
quand  on  expose  son  avis  sur  des  choses  avenir  , 
partager  les  événemens  qui  suivront,  et  les  repro- 
ches qu'ils  occasionnent,  je  crois  qu'il  est  honteux, 
lorsqu'on  se  donne  pour  bon  patriote  ,  de  se  refu- 
ser aux  périls  que  l'on  court  en  conseillant  la  pa- 
trie. Je  prie  les  dieux  qu'ils  nous  inspirent ,  a  moi 
de  vous  dire  ce  qu'il  y  a  de  mieux  à  faire ,  et  à 
vous  de  prendre  le  parti  le  plus  avantageux  pour 
la  république  et  pour  l'orateur  en  particulier.  Car 
s'obstiner  à  vouloir  l'emporter  sur  les  autres ,  c'est , 
sans  doute ,  une  preuve  de  folie  a  ou  la  marque 
d'un  homme  qui  n'a  en  vue  que  ses  intérêts. 

x  x  v  1 1. 

Il  peut  arriver,  Athéniens ,  que,  sur  les  objets 
de  la  délibération  actuelle ,  et  sur  tous  les  autres  , 
ce  qui  vous  paraît  le  meilleur,  le  soit  réellement  : 
il  me  semble  néanmoins  que ,  puisque  vous  déli- 
bérez sur  des  affaires  importantes,  vous  devez 
écouter  également  tous  les  orateurs  qui  vous 
donnent  des  conseils,  parce  que,  sans  doute,  il 
est   peu  convenable  de  rebuter  en  tumulte  ceux 


86  EXORDES. 

qui  veulent  à  présent  vous  donner  des  avis ,  et  de 
les  écouter  ensuite  volontiers,  lorsqu'ils  attaquent 
ce  qui  a  été  résolu.  Vous  conviendrez  assurément 
avec  moi,  que  vous  prenez  plaisir  à  entendre  qui- 
conque parle  suivant  vos  désirs  ;  mais  que ,  s'il 
arrive  quelque  contre-temps  fâcheux,  vous  croi- 
rez alors  qu'on  vous  a  trompés  ,  et  vous  applau- 
direz aux  orateurs  dont  vous  ne  pouvez  aujour- 
d'hui soutenir  les  discours.  Or,  il  est  surtout  de 
l'avantage  des  ministres  qui  vous  ont  fait  prendre 
le  parti  que  nous  examinons,  de  laisser  parler  les 
opposans.  En  effet,  si  ceux-ci  peuvent  montrer 
que  ce  qui  paraît  à  d'autres  le  meilleur,  ne  l'est 
pas,  et  s'ils  le  font,  avant  qu'on  soit  tombé  dans 
quelque  faute,  par  là,  ils  mettront  leurs  adver- 
saires eux-mêmes  à  l'abri  de  tout  péril.  Que ,  s'ils 
ne  peuvent  réussir,  ils  ne  pourront  du  moins  se 
plaindre  parla  suite,  et,  ayant  obtenu  ce  qu'on 
doit  accorder  à  des  hommes,  d'être  écoutés,  ils 
supporteront  sans  peine  leur  mauvais  succès, 
comme  il  est  juste ,  et  ils  partageront  avec  les 
autres  tous  les  événemens  quels  qu'ils  puissent 
être. 


nrooiMiA.  87 

rt  'Trapct/vsTv  g'vtav,  d-opu&sïv,  uorgpo»  ug  xcmjyopouy- 
tûjv  Tû>v  cLvrœv  TQUTQV  tûjv  7rg7rpcty/Agyû>v  >iogû>s 
cw,oug/y.  Hyû)  yctp  o<oa ,  vofJuCa)  m  tloli  v\lcl$  ,  ot/  yuy 

ft€V    ÛLpiGKQVVl    fJLCLAHT$'    VfUV    01    TCLVTCL  ,  OJût    J^uec? 

fèovAzad-t  ,  Xiyomç  *  àv  it  tj  (tv/jlQi  nctf  d  vôv  oî- 
e<r5e ,  0  jtt>?  (7u/x£<xj>i  ,    toutou?   /xev  eçutBUTwtgVût/ 

vo/mrre  JftcTs*  «v  &  vuy  oux,  ctygp^ecr^s ,  ToTg  op5a>s 
oo^outn  Myivi.  'E<tti  <fe  xoii  iaclAicttcl  *7rtwzuLQ<rif 
ujmas  tûcutcc  j  e(p  «y  yuy  g<rrg ,  tovxoiç  tlcli  fjLoL\iaxaL 

(TUfjLQtpOV    TO    Xoyorj    TUp£6ty    TOV$  OLVTlAtyOVTCLÇ.     A? 

/*gy  yctp  did&jïcu  o\iv»3o)(riy ,  ûjs  oujg  eemv  <xp/<rrct,  c6 
tovtqis  objcet ,  ot  ovoiv  yifjLcLpxyiTau  *7ra>>  touto  srpcc- 
%<x.mç  ais-ctovs  tous  xivdvvovs  woivktovctii  ccutoTs*  îoli 

06  /<l»  OUV>|-3-ao-iy,  OUJCOUV  U(TTepOV  y£  èWtTlfJLCLI  lÇOV(TVJy 

ctÀÀ'  oact  ccy-3-pû)r:û)V  >iy  suyaw  clx.ou(tùli  ,  toutow  Tg- 

TUp^»JC0T«5  ,    Oty   Y\TT(àncLl  y    dlKCLiœÇ  (TTifèoVŒl  ,    3CflCi 

pLtBr  iwcLiTW ,  T«y  otVoÊot/yovTû>y ,  oVo?'  <xtt  iy  JT, 
xoivo)v>i(rou(rty. 


88  hpooimia. 

kh' 

0}(xoli  iïiîv  vfi*$  9  S  ctWpss  'AÔîtvouot  ,  -z«repi  tjiAi- 

jlqvtuv  @ov\zvofJitvovç  y  iidovcu  Tûtppjio-iocv  ejcacrT» 
rov»  o-^Êoi/ÀeL/ovTûîv.  'Eyœ  &  ou<h  tfœTroS'  yyyi<r&- 
jtxyjy  p^otÀêTiov    to    A^a^a<    rot  j8gÀTJ<r5'    Jjulcis   (as 

yctp  CLWXOÙÇ  H7tîlV  ,  TrcLVTîÇ  VWcLp^ilV  tyVOùXQTiÇ 
tfJLOiyt     àoXtlTl    )     ,      CCAAoC     TO     wClGCLl     TCpOLTTèUI 

TctuTot.  Esr&ctay  yap   t*   <îo£w,  jccti  ^)j<pt<r&>f ,  roxe 

ïlgti  fxîv  ovv  ToÀAa  ,  m  eyœ  vo{AiÇa>  %&pjv 
vfi£$  roT$  d-eoîs  o'cps/Aeiv,  ^jlclXktzcl  àlrov  tovs  dta 
T>iv  avTœv  ubp/y  v/jllv  tïoAîilwcwtcls  ttclAoli  y  vuy  gy 
J/jl7v  fxovots  T>î$  cturav  o-armpjcts  e%é<v  tas  éAwt&ts. 
'A^toy  <K  uVsîfvcu  t<5>  TTctpovr/  non  par  gvilÇmgitcli 
yccp  ujlmv,  ocy  a  p^pîi  lôQv\w<T}i<r!7£  vwîpcLvrov,  zclç 
TTOLpCL  TCùV  <ftat€ctAAoVT0V  t>?v  -ZtroAjv  ^îv  jSActffÇn- 
Atict^  îpyœ  ijlitcl  Suivis  x,ol\vÎ$  clwqAvo-clg§cli. 


K0 


Ai  /xev  eA7n&s,  a  ctvojpes  A0>i>a7oi ,  fitycLXcLt  tlcli 
jtatAcu  ray  '7rpo€tp>iiagVûîV  ,  -Zirpo^  a?  otojJLcu  tovç  tioA- 
Aous    aveu    Aoyia/uov  rt  warovd-tycu',  ty&  iïe    ovài 


EX0RDE9.  8g 


XXVIII. 


Je  pense,  Athéniens,  qu'ayant  à  délibérer  sur 
des  affaires  de  la  plus  grande  importance,  vous 
devez  accorder  toute  liberté  aux  orateurs  qui 
viennent  vous  donner  des  conseils.  Ce  qu'il  y  a 
de  difficile,  n'est  pas  de  vous  indiquer  le  meilleur 
parti  à  prendre ,  puisque  vous  avez  assez  de  péné- 
tration pour  le  trouver  de  vous-mêmes;  mais  plu- 
tôt de  vous  déterminer  à  exécuter  ce  qui  a  été  ré- 
solu. Oui ,  sans  doute ,  après  que  vous  avez  adopté 
un  avis,  et  que  vous  l'avez  ratifié  par  un  décret, 
vous  n'êtes  pas  plus  disposés  à  agir  qu'auparavant. 

C'est,  je  crois,  un  avantage  pour  Athènes ,  dont 
il  faut  rendre  grâces  aux  dieux ,  que  des  peuples 
qui,  par  le  passé,  n'ont  pas  craint  de  tourner 
leurs  armes  contre  vous,  ne  trouvent  aujourd'hui 
de  ressource  qu'en  vous  :  vous  devez  vous  félici- 
ter d'une  telle  circonstance.  Si  vous  savez  en  tirer 
parti,  vous  pourrez,  par  des  faits,  justifier  avec 
gloire  notre  république  des  reproches  injurieux 
dont  on  la  charge. 

f 

XXIX. 

On  vient  de  vous  présenter ,  Athéniens ,  de 
grandes  et  magnifiques  espérances ,  qui  font  quel- 
que impression  sur  la  plupart  de  vous,  sans  beau- 


90  EXORDES. 

coup  de  raison.   Pour  moi,    je  n'ai  jamais  été 
d'humeur,  pour  plaire  dans  le  moment,  à  vous 
dire  ce  que  je  ne  croirais  pas  devoir  vous  être 
utile  par  la  suite.  C'est  un  défaut  presque  géné- 
ral d'aimer  ceux  qui  approuvent  toutes  nos  dé- 
marches, et  de  ne  pouvoir  souffrir  ceux  qui  nous 
blâment  :  mais  un  homme  sensé  doit  faire  en  sorte 
que  la  raison  l'emporte  toujours  sur  la  passion. 
Ce  serait,  sans  doute,  une  satisfaction  pour  moi 
que  vous  trouvassiez  du  plaisir  à  faire  ce  qui  doit 
vous  procurer  de  l'avantage;  je  pourrais  alors  vous 
dire  des  choses  également  utiles  et  agréables  :  ce- 
pendant, comme  je  vous  vois  agir  contre  vos  inté- 
rêts, je  me  crois  obligé  de  m'y  opposer,  quand  je 
devrais   encourir   la  haine  de  plusieurs  d'entre 
vous.  Si  vous  vous  obstinez  à  ne  rien  vouloir  en- 
tendre, vous   paraîtrez  vous  porter  à  des  partis 
nuisibles,  moias  par  défaut  de  jugement,  que  par 
l'effet  d'un  naturel  dépravé  qui  cherche  le  mal. 
Si  vous  daignez  m'écouter,  peut-être  changerez- 
vous  de  résolution  ;  ce  que  je  regarde  pour  vous 
comme  de  la  plus  haute  importance  :  sinon ,  l'un 
dira  que  vous  ne  connaissez  pas  vos  vrais  avan- 
tages ;  un  autre ,  ce  qu'il  lui  plaira  de  vous  dire. 


xxx. 


»    Ce  n'est  pas  une  chose  nouvelle,  ô  Athéniens  ! 
qu'il  se  trouve  des  orateurs  qui ,  lorsqu'on  doit 


nPOOIMlA.  91 

7rœ&oTt  éyvœv,  gyg&tf.  tou  waLpct^pyiLtcL  apteau  ,  Ae-* 

ySlV  XI  Wf>0Ç  U/Jlût$  ,  0,  TJ  OUI  fJW  KCLl  fJLîTcL  ZOJjTcL  (TWV- 

oto-g/y  nyoûLiau,  Evzi  ftw  ouv  to  xo/yov  e£os  Tû>y 
itAtiŒTM  j  toi;?  f/,ey  o-uygarcuvouvrots  gotuTo^  0,  t/ 

CtV     -TTpOtTTûJO-/    (p/Ag?V  ,     TTpOS     &    TOUS     iwiTttXûùVTûLS 

cLuiïœç  t%uv  ou  jtoiv  ctAAa,  oYT  roy  eu  cppoyouyra  roy 
XoytaLtov  a  et  Tay  gtzn^uujay  xpgtTTa  wzipâLed-cu 
Trois* y.  Eya  ae  >iagû>$  tœpœv  a  jccu  o-uyoïo-gjv  hliîaAî , 
Tûcut  ev  >jaoyw  7ipa,TT£<y  oy3  v/jliv  ,  <yct  jccu  %<*ftC>o- 
£cgvo$ ,  x,ctf     p£p  »<rr<x,  Xtym  ,  g(p<*jyo/*>iv  "  ewtiân  dt 

tiicMTlcL    OpGO     TOVTCàV   iWl^iiftOVVTOLS    V[lô£$  ,    OlOfl&l 

diïv  aivTîtwiïv,  tî  tlcu  tjow  /jli\\g>  cLWt'fcSwwQcLi.  '  Ay 

jttgy  ouv  ^ojJ^  vwofiEivy)Tî  cltlovgcli  ijlv\&  gy5  ou  tôj  6V 
/>  »  ~      >.  .    \     ~     /  \  > 

TtlLtxÇoVTiS  QtcLllcLpTUV,  ClAAa  TOJ  (fU(7gJ  7TOV>jp&  g^T/- 

«3-uu.gTy  7rpotrrg/y ,  toioluxol  ^rpost/p  g"ïo\3a/  âo^iTî'   g'ay 

«JN  OCX.0UO-J1TS,  TV^OV  \JLVi  l<TCû$  KCLI  fJLtTCLWèl<T$îiyTZ , 
«*  .     '>  »      \  '>*  m*      4      r   «*-       i    %|       ^ 

0  LtcLAiŒToL  tycù  voutÇcû  <ruvcvgyx,sf  y  &v  u^tty  ei  ag  liy\> 

01  LUV  CtyvogTy  TO  GVfJLQipQV  y  Ot  J^'  ,  O  ,  'T/  CtV  Tt* 
J@0UA»T<Xl,  TOUT*    g'pîT. 


TIpûùTov  [xtv  ouàv  taxi  xajvov,  <S  ctWpg?  *A9>iy5tToi , 

TÙ.Ç  ào^CLGl    W&Ç    VfJUV    C?VflCC    TIVXS    OlT<Vg^    OtVTgpOU^ 


1 


92  itpooimia. 

o-/v,  t&udoLv  *7rparTê£v  ri  &'w.  Et  juêv  oui,  cwarotîov- 
tûjv    ujuiûTy   Aoyov    glvzois  ,  ot'   g'êouAgueo-S-s ,    tout' 

ÎWOIQVV  ,    TOVTCôV  kl  YjV   OL^lOV  TLCLTYiyopUV  ,    6/    TTgp/  0V 

•/itt^to  ,  g'êfdt^ovTo  wai\iv  Agyg/v*  vuv  &    toutou? 

AMV  OU&V  g(TT  OLTOWOV  lîwtlV  (iovXySwùLI  TCLVZOL,  flt 
TOTg  OU^  WTCilXîlVCLTt  OLKOVŒOLl ,  UoTv  ^'ctV  T/£  g/X,0- 
T0£  e?<nTJ/<i»c7gfgv  ,  a  etWpgs  AG^VoUSi  ,  OTf  ,  OTTOToCV 
TZEpl  TOU    ^0UAeU^O"9g  ,    GUX,    g'ctTê   Agyg/V     é^cCCTTOV     et 

yiyvœo-Mi  ,  aAA' ,  iv  'enpoi  rcç  Xoycù  ?zrpoActêc«>cny 
u/jlol?  ,  ou&yos  clv  Tcïy  eTgpcav  owtouêTs.  Ex,  dfe  toutou 
o-u^êcuvg*   TtpoiyixcL    civifcç    Jjxîy  *    oïs    y&p  ,    *7rp/v 

OLfjLOLpTtTv   y     VfJlAV      iffi      (IVfJLÇ>QVMVQV<Tl      'WtlSiCriïcLl  , 

zqvtquç  ûcrrgpov  jccmiyopouvTeis  eVcuveÏTg.  Touto 
Aj  TctuTo  /xoj  TTotAty  oWgrrs  ^rs/crgcrSctt ,  et  /jl»  sru- 
patr^oyTg?  htcvç  cLupocLTcLÇ  wclvtqv  u/jlcls  clutovç 
ev  Ta)  *7roLpovTi  y  koli  toutov  Toy  "arcvov  uzzro^tgtyocvTe?, 

ihOflEVOl  TO.  Kp<X,Tl(TTcL>   TOVÇ    OTlOVI    TOVÏQIÇ    HSTlTl- 

\kMTcL$y  (Ç>auAou£  voimUxî.  Eyoo  (iiv  dy  o<x,ocioy  utzrgf- 

A»(pOt    *7rpûùT0V    OL-GrCLVZœV   OLUTOÇ    ei7CUV    Tt   /JLO/     ÔWet 

TCipi  m  cnco^Tcrôg ,  ïyat ,  ctv  /xgy  u/^y  ctpeoxH,  koli  tcc 

s.  ^      *\    *    '  »     «O  \  /~»       r     -A»   \   »'  •*.  If 

AOITCCL  dlQûL<rX,Cû  ,    EJ   dgjLMJ,    fJLYld-     VfJUV    ZVO%ACû  ,   fOlT 

»  1         / 

«JU-CIUTOV  KOTS-TOÙ. 


i 


EXORDES.  93 

agir  d'après  ce  qui  a  été  résolu  ,  entreprennent  en- 
core de  s'y  opposer.  S'ils  tenaient  cette  conduite, 
quoiqu'ils  eussent  eu  la  liberté  de  la  parole  dans 
vos  délibérations  ,  ils  seraient  blâmables  de  reve- 
nir ,  malgré  tout ,  sur  des  objets  où  ils  auraient 
succombé.  Mais  doit-on  être  surpris  que  ,  même 
après  votre  décision  ,  ils  veuillent  exposer  des  rai- 
sons que   vous  avez  d'abord  refusé   d'entendre  ? 
Et  ne  serait-on  pas  fondé  à  vous   blâmer  de  ne 
pas  laisser  dire  à  chacun,  dans  vos  assemblées  ,  ce 
qu'il  pense,  et  de  ne  plus  écouter  personne  ^lors- 
que quelques-uns  vous  ont  prévenu  par  leurs  dis- 
cours ?  Il  arrive  de  là ,  et  c'est  une  chose  assez 
désagréable  pour  vous  ,  que  ceux  dont  vous  pou- 
viez suivre  les  conseils,  avant  de  commettre  des 
fautes,  vous  les  louez  après,  quand  ils  vous  condam- 
nent. Il  me  semble  que  vous  retomberez  dans  le 
même    inconvénient ,   si   vous  n'écoutez  aujour- 
d'hui tout  le  monde  avec  une  égale  attention  ;  et 
si ,  ayant  pris  cette  peine  et  adopté  les  meilleurs 
avis,  vous  ne  regardez  ensuite  comme  de  mauvais 
citoyens ,  ceux  qui  blâmeront  en  quoi  que  ce  soit, 
le  parti  que  vous  aurez  embrassé.  Mais  je  suis  per- 
suadé que  je  dois,  avant  tout,  dire  ce  que  je  pense 
sur  l'objet  de  la  délibération,  afin  que,  si  vous  le 
jugez  à  propos,  je  m'explique  sur  le  reste,  ou  bien 
que  je  ne  vous  sois  pas  importun,  et  que  je  ne  me 
fatigue  pas  moi-même  inutilement. 


94  EXORDES. 


XXXI. 


Vous  deviez ,  Athéniens  ,  avant  que  d'entre- 
prendre la  guerre ,  considérer  toutes  les  choses 
dont  vous  aviez  besoin  pour  la  soutenir.  Si  elle 
n  était  pas  certaine  dans  les  premiers  tems  où  vous 
délibériez,  lorsqu'ensuite  elle  Test  devenue,  il  fal- 
lait vous  consulter  sur  les  préparatifs.  Si  vous  dites 
que  vous  avez  remis  à  vos  généraux  des  corps  de 
troupes  considérables  (a),  on  ne  recevra  pas  cette 
excuse,  parce  que  des  hommes  qui  renvoient  ab- 
sous lescitoyensqu'ilontmis  à  la  tête  des  affaires, 
ne  peuvent  accuser  ces  citoyens  d'avoir  perdu  les 
affaires.  Mais,  puisqu'il  n'est  pas  possible  de  chan- 
ger le  passé  ,  que  seulement  on  peut  le  réparer 
av%c  les  ressources  présentes  ,  voyant  que  les  re- 
proches seraient  déplacés,  je  tâcheraide  vous  don- 
ner le  conseil  qui  me  semble  le  meilleur. 

D'abord,  vous  devez  être  résolus  à  montrer  au- 
tant de  zèle  et  d'empressement  pour  vos  intérêts  , 
que  vous  avez  montré  jusqu'ici  de  négligence;  et  ce 
ne  sera  encore  qu'avec  peine  que  vous  pourrez  vous 
flatter  de  recouvrer,  enfin,  ce  que  vous  avez  perdu 
depuis  long-tems  par  votre  faute.  Vous  devez  en- 
suite ne  pas  désespérer,  même  dans  votre  position 
actuelle.  Ce  qui  a  causé  vos  malheurs  par  le  passé, 
doit  principalement  vous  donner  des  espérances 
pour  l'avenir.  Comment  celaPVest  pour  n'avoir 

(a)  Le  grec  ajoute  :  et  que  vos  généraux  ont  perdu  ces  troupes. 


nPOOlMlA.  95 

aa'. 

'  E&t  fJLiV  ,  S  <XV<5j?eS  'aQyWcUOI  ,   WpO  TOV   W0\EfJLîï^ 
t(TX.i<pBcLl    TtÇ     VWcLpïtl     7COLpCL(TX,tW    TCà    yWYKTOfJLlVCà 

^eo\î(xcù9  ù  i^  ct'pot  py  srpo&jÀos  >îv  ,  oTe  wpœroi 
eêot/Àeuecrôe  Jsrep  clvtov,  q>aLvepov  yeyojut.eyou,  ToTe  xai 
t^epi  tus  7rctp3t<rjcgw  g(rxe(p9cti.  E/  <îe   <$V\<ItTt  '7to\- 

\OLÇ  tyM)(ZlplKlVaLt  dvVQLfJMÇ,  <lç  \i\vfJLOLV$CLl  TOV$ 
Ï&KTZCUTCLÇ  ,   O'JJC  cLWoÔi^èTcLl  TOUS'  VfJLtoV    OvfelÇ'    OV 

yetp  tan  tûTv  clvtcùv  ,  tous  esn  rm  TrpoLyfJLOLTCûv  clwq- 
Àueiv,  xcti  Àeyeiv  ûjs  a<&  tovtovs  tlclxgùï  tolvt  e^e*. 
'Effila*  dt  tcl  (xev  wct~pt\y\\v§oTcL  oux  dvctAAcàÇ  e%0/, 
dît  fi  ex  rœv  ffctpQVTcev  iwctfivvaa  twç  7TpcLyiAOL<ri , 

TOV  JAiV    -HCLTViyQÇiVJ    OvdiVcL    XGtjpOy     OpûT ,  TttipcLCTOfJLOLl 

fi1  a  KpaLTUTTOL  vo[m(go  (rv(xÇ>ov\îij<rcu. 

rifûJTOV  fJLti  ouv  v/xâiç  îKtlVOtyvœKiVcLl  (fe?,  0X1  T>JV  'l<TW 

t/arepboÀny  T>îk  vrovdliç  59  <p/Àove/xtûts  ev  Toïs  irpay- 
pcLvi  ffcwz  &v<3]pcc  7roLpct(r^ê(r9ot/  àtï  ,  oo-MVTisp  ex  t<SV 
ctyaGev  %pova>y  ths  ctfxeAsiW  pÀf$  yap  outûjs  e'AniV, 

ex  '7roAAoi>  &û»tovTcts  ta  wpotifjLtvcL  erAe7v  ^uy>i9>îvcx<* 

i       •     '      »n  '        ~  El      /         «\       /    »  n       ~ 

erceiT  ofx  «.Uu^jneoy  to/s  yeyey^gvois'  0  yaa  e<r/«  ray 

<7TfltpeÀîiAi»9oTû)y  ^eipioroy,  touto  srpos  rat  fjLtWovTet . 

#€\tktto»  Jsrap^e*.  T/  ouv   tout   e<my ,  a  iièpîç 


96  TIPOOIMIA. 

AQyivclToi  y  'on,  ovâîv  vfJLcHv  tSv  âîivrôùv  •zjroioJvTû)y,jcot- 
kcûç  i%u  tcl  TCçcLyiAcLïcC  Inu ,  ii  ys,  '7Totv3'  cl  wpoa-  } 
Ytiti   poLTrovrm  ,   ovtûùç    ttXîv  '    ot^'  *v  eA/sns  w  \ 
clvtcl  ya/i<r§aLi  fZiXriœ, 

ab'. 
Ou&v  eVr/v ,  œ  ctvfye*  'Affoyalo/ ,  ^ctÀeTra-repoy , 

3f  To7$  &UTo7s  63£(7/V  iWITifJLGLV    Ti    KCLl     %pY\<T§ÛLl  T0U£ 

oV^yopouyTcts'  to  yo,p  «rracnciÇeiv  ^pûs  olvzovç,  xgli 
x.ctT»yopeïv  cl\\v\\m  (tviv  x,pt<rg0£ ,  ouoW  eVnv  ou- 
tû>s  cLyvcùfjLav  ,  ootis  ou  (pwuvi  dv  @>\olÇ>w  iivcti  xoîk 
wpcLyftoLviv.  Eya  Jx  oiolicli  rourovç  lliv  eu  uvctt  peÀ- 

TIOUS  ,  il  TtfV  'XfOÇ  CLUTQVÇ  <plAOVilX.lCLV  iSTl  TOUÇ  TM 
*7Ï0\iCdÇ  6%9pOUS  Tpi^cLVCiÇ  iàv\Liy\yOpQVV    J/U.7V  &  tffOL- 

peuva ,  11»  (/IcLo-ioL^av  p^iTîootç  toutûjv,  pii^  ,  07tti)£ 
ot    gTgpoj  )tpccT»(rou(7t  ,    o-jcotzr£?v ,  olW*  ottcùç   u[i(iç 

CLWcLVTtÇ    Tm    lySçS?  *7CipliGi<&î.    Eu%0fJLOLl    fc   To7$ 

$iotç ,  tous  >i  (piÂoygfjaas  ,  v\  iw^puctç ,  y\  nvoç 
exAÀns  eysxa  ct/Ticts ,  ctÀÀo  ti ,  ?«rA/?v  et  nrod-  Yiyovv- 
tûli  tru^epepav,  ÀeyovT&s  woLV<TcL<r$cLt'  to  y&p  JCCtTtf.- 
pci(roL<r§cLi  GVfx&ovAtvovTi  /(ras  e<rr  cltostov.  Aiziql- 
g-cu/jiîiv  fjLiy  ovi  iyœy  iv  ou&vct,  ce  cev^pes  aOjjvouoj  , 
tou  x.ct)cû)^   Ta   Tpoty/actT    e^e/v ,  otÀA    »  trccyTa^ 


F.XORDES.  97 

rienfaitde  ce  qu'il  faut,  que  vos  affaires  vont  aussi 
mal.  Car  si  vous  ne  les  aviez  pas  négligées,  et 
qu'elles  fussent  toujours  au  même  point,  il  n'y 
aurait  plus  d'espoir  qu'elles  pussent  jamais  aller 

mieux. 

XXXII. 

Rien  de  plus  odieux,  à  mon  avis,  que  de  voir 
des  ministres  tenir  eux-mêmes  la  conduite  qu'ils 
blâment  ;  et  il  n'est  personne  assez  dépourvu  de 
sens  pour  ne  pas  convenir  que  se  partager  en  fac- 
tions ,  s'accuser  les  uns  et  les  autres  sans  forme 
de  jugement,  fait  le  plus  grand  tort  aux  affaires. 
Sans  doute,  ils  serviraient  mieux  l'état,  s'ils  tour- 
naient contre  ses  ennemis  l'ardeur  qu'ils  montrent 
les  uns  contre  les  autres.  Moi ,  ô  Athéniens  !  je  vous 
exhorte  à  n'épouser  aucune  faction  et  à  prendre 
des  mesures,  non  pour  qu'une  moitié  de  la  ville 
ait  l'avantage  sur  l'autre ,  mais  plutôt  pour  que 
toute  la  ville  l'emporte  sur  les  ennemis.  Je  prie  les 
dieux  de  faire  changer  les  orateurs  qui,  par  esprit' 
de  parti,  par  haine,  ou  par  quelque  autre  motif, 
négligent  de  vous  dire  ce  qu'ils  jugent  le  plus 
utile  [a).  Souhaiter  du  mal  à  quelqu'un  de  vos 
ministres,  serait  peut-être  déplacé  :  je  m'en  pren- 
drai donc  à  tout  le  peuple,  du  mauvais  état  de  nos 
affaires.  D'ailleurs  ,  il  me  semble  que  ,  sans  nous 
presser  de  faire  rendre  compte  aux   orateurs  de 

(a)  Le  grec  dit  :  vous  donnent  des  avis  qu'ils  savent  contraires  à  votre 
in  té  rôt. 

T.    III.  7 


98  EXORDES. 

leur  conduite,  nous  devons  délibérer,  dès  à  pré- 
sent, sur  les  moyens  d'améliorer  notre  situation 
présente. 

XXXIII. 

Je  voudrais,  Athéniens,  que  certains  orateurs  se 
montrassent  aussi  jaloux  de  vous  dire  de  bonnes 
choses ,  qu'ils  le  sont  d'avoir  la  réputation  de  bien 
dire  ,  afin  qu'ils    passassent  pour  d'excellens  pa- 
triotes ,  plutôt  que  pour  des  hommes  éloquens,  et 
que  vos  affaires,  ainsi  qu'il  est  convenable, fussent 
dans  un  meilleur  état.  Mais  il  en  est  qui  me  parais- 
sent se  contenter  absolument  de  briller  par  leur 
éloquence,  sans  s'occuper  de  ce  qui  doit  vous  arri- 
ver ensuite.  Cette  conduite  m'étonne.  Est-ce  que 
les  discours  qu'ils  vous  débitent ,  sont  de  nature  à 
tromper  l'orateur  aussi  bien  que  ses  auditeurs  ?  Ou, 
dans  leurs  harangues,  parlent-ils  avec  connaissant 
contre  leurs  propres  lumières?  Lorsqu'on  a  envû 
de  réussir,  on  ne  doit  pas  être  hardi  dans  les  pa- 
roles, mais  fort  dans  les  préparatifs;  on  ne  doit 
pas  être  fier  de  la  faiblesse  de  l'ennemi ,  mais  es- 
pérer de  le  vaincre,  quand  il  serait  puissant.  Si  n< 
ministres  l'ignorent,  il  y  a  toute  apparence  que  1 
subtilité  des  discours  les  empêche  de  sentir  les 
vérités  les  plus  essentielles.   S'ils  disent   qu'ils  ne 


npooiMr^.  çg 

TOUTOUf    0Ï0U.OLI  Ùt    dtVJ    'TfCLfiCt    fJih  TOUTCûV    l<$    >?<ru- 

yj&ç  Aoyov  v[i£$  A<x£s7v,  vuv  S^'  vwtp  Tœv  KcLpinai , 

C7TCiÇ  iO~TcLl  f&i\Tia  ,   OTLOWilV. 

Ar'. 
HÊouAopjv  ctv,  &  ivôjpcs  'AOwaîoi,  t»v  t<mv  o-arov- 
à»)/  wiovç  t5v  Asyavrav  7io<eT<r0ot.f9  orras  ta  /ZzAtigt 
epoucnv,  o<TW7Ciçy  onccç  eu  Jb^oucn  Aeyg<v,  iVovto/  fteV, 
ctvn  Touoctvoi  Aeyg/v,  iwitiiLiis  Ivo/jli?ovtq  lîvcu  9  Tau 
y  u/jLiTtpcL,  ûXT-arip  l<rzi  TTpocrwcov ,  j&ATtoy  eî^g.  Nuv 

dv    eVJOt    ptO/   OOTIOUGI  'XCUTCL'&CLO'I    Tffl  OLTCO  TOU  AOyOV 

do<ïcLv  iycLmx,oTtç ,  tov  [j^tcl  toluxcl  trvfJL&ieoiLtvcùV 

UfJUV  oÙÙlV  ffpovItfylV.  KcLt  dïlZOL  QcLVfJLCLLjBd,  UOTipOL  7to5' 

ol  toioutoi  \oyoi  tov  Àgyov3  o^oicûç  *7re$uK(t(riv  î^ol- 

TTCITOLV  ,   CtXTWip   WÇOS  OUÇ    CtV    \tyWTCLt  ,  >J    GWMTIÇ 

ovrot  myctvna,  to<s  cîbjcoSiny  îolutoiç  enrai  jSgAt/- 
otois  ,  Ai^iuyopotTo-iy.  E«  /xey  yap  ctyvoou<nv,  oti 
Toy  fiiWonùL  -zjrpct^ttv  rct  &ovtu  oJjc  eVe  Toi  Ao- 
yav  5pct(ruy ,  ctAA*  itri  tÎjs  7rapctcrx,ew  io")(ypov  si- 

VOLl    diï  y  OuS^   I7tl  TGù    ZOUÇ   fyfyoUÇ   [JLYI   <5by>îo-£<r()ae   , 

Suppgïy ,  ocAA'  g'sri  Ta,  x,iy  &»y«yTcu  ,  x.pûtT>f<xctf' 
tol  Tû>y  Aoyav  a<rrgtct,  as  eo«t«,  tou  ta  fJLiyiaTct, 
€Ug5<lvî<tQcli    xex.û)Aux,ev  ciJtovs'  €i    <te    t&utcc  /xev 


ioo  nrooiMiA. 

fiyfi1  eu  (pjîffoteev  ctyvogjv  9  wpo^Acis  J^  ctWy  tiç 
v&recrTi  ai  h  tclutol  wpocupovncii  ,  *#%$  ov  jqyi 
(fctuÀuv  ToLVTw  vipo\ifiÇtcur$w  j  wtit  ievv  eVnvj 
*Eyû>  <K  eux,  dwoxci^ofjicLi  Àgygfv  ou  dont!  ptoi ,  x,cu- 
•zzrep  optfv  wîb/xevous  touto/s  J/xcc^*  39  yoep  ct/»9g£,  Aoya 
*J/uj£ayâ>y>j96v)av  J/£ov  oJjc  opOSs,  Àoyov  au,  to>  /xgÀ- 

AoVTA    TA   (ZlATlOù   ÀgyêiV     5CA<    |XAAA0V    O-VfJLtytpOVd'1 

vfTiv ,  xkvgAirat.  'A£«r  &  jcac  J^atV  traro/xgTvAJ 
€V$t^t«i5evTAS    0Ti  ou^g  ro,  ytTy    dbîcouvTot  gtfo^gv  aï 
JjttTv,  et  /*>i  tovç  Xoyovç  mouvc/lt  ,  g'jj  m  lwti<rd-y\ze: 
iicnargp  cev  to/vuv,  £i  vo[iia/jLcL  gxpeygTo  o?«r&tov  tj  stot 

€0"T/  ,  ÙOKlfÂCLVCLl  dilV  AV  G)Yi3y}Tî  ,  OUT0  JCA*  TGV  Àcyoy 

ct^tS  rov  g<pn/ut.gvov ,  g£  av  cu/ïwnreîv  y  fiers  e%QfJLWy  cr&g- 

1        /  >  \       \  1  »  /  »      _~    / 

•^OLfitvovç  ,  gay  fiw  crujuupgpovTA  gt»p»<rgT£ ,  ctyct^M  tu- 

jjQp  î«rg/3gcr9fltr  iv  J^'  etpet  îTcoLaTûi  Àoy/^o/Jigyoïs  ct\- 

AoiQTtpOÇ    CpctvJ',    'tfpjy    CLfJLCtprilV     llîTdlèovMvCCLfJLî' 

vous  y  rois  ofîiïs  i^ovcri  %pwol<tQou. 

aa'. 
Maàjctta  p.gy  ,  «  Âv<5jpgs  'aQmclioi  ,  f&ovXolfJLW 
vfiAS ,  ce  fiîWcù  Agyg/v ,  crgf<r3iîyA/#  e*  <K  Âp*  tou' 

AÀÀM   7lî    (TV/lÇiÛLDIOl  ,    îfJLOLVTCà     y      AV     ilpwScil     TTpO 

vauTcç  clvtq  dle^ecc  jx>iv.  E<rn  &  oJ  ftovov,  «5  dWr, 


EXORDES.  101 

l'ignorent  pas ,  et  s'il  est  une  autre  raison  qui  leur 
fait  suivre  la  méthode  qu'ils  ont  adoptée ,  ne  doit- 
on  pas  regarder  cette  raison  comme  blâmable, 
quelle  qu'elle  soit  ?  Pour  moi ,  quoique  je  vous  voie 
aimer  a  entendre  ces  orateurs ,  cela  ne  m'empê- 
chera pas  de  vous  faire  part  de  ce  que  je  pense  : 
car  il  y  aurait  de  la  simplicité,  parce  que  d'autres 
vous  ont  séduits  avec  des  discours  nuisibles,  d'hé- 
siter à  parler,  quand  on  a  à  vous  dire  des  choses  plus 
raisonnables  et  plus  utiles.  Je  vous  prie  de  m'écou- 
ter favorablement,  faisant  attention  que  vous  n'au- 
riez pas  pris  le  parti  que  vous  venez  de  prendre ,  si 
vous  n'eussiez  écouté  ceux  qui  vous  ont  persuadés. 
Comme  donc,  s'il  était  question  de  juger  de  la  na- 
ture d'une  monnaie  ,  vous  croiriez  devoir  en  faire 
l'épreuve ,  je  vous  demande  de  même  d'examiner 
l'avis  qu'on  vient  de  vous  donner,  en  le  comparant 
à  celui  que  nous  allons  lui  opposer.  Si  vous  per- 
sistez à  le  trouver  bon  et  solide,  suivez-le  sous 
d'heureux  auspices;  que  si  ,  d'après  un  examen 
réfléchi ,  il  vous  paraît  faux  et  de  mauvais  aloi , 
changez  de  sentiment,  avant  que  d'avoir  fait  une 
faute,  et  profitez  des  bons  conseils. 

xxxiv. 

Je  voudrais  surtout ,  ô  Athéniens  !  vous  per- 
suader ce  que  je  vais  vous  dire  ;  ou,  si  je  ne  réus- 
sissais pas,  je  voudrais  du  moins  vous  avoir  dit  ce 
que  je  pense.  11  me  semble  qu'il  est  aussi  diflicil  e 


102  F.XORDES. 

d'imaginer  un  bon  avis  que  de  vous  l'exposer.  On 
pourra  s'en  convaincre,  si  on  se  persuade  que  vous 
ne  devez  pas  considérer  les  paroles ,  mais  les  choses 
qui  vous  occupent,  et  si  l'on  est  plus  jaloux  de 
passer  pour  un  excellent  patriote,  que  pour  un 
homme  éloquent.  Pour  moi  (que  le  ciel  me  comble 
de  biens,  si  je  dis  la  vérité  !  ),  lorsque  je  suis  venu  à 
réfléchir  sur  les  affaires  présentes,  j'ai  trouvé  une 
foule  de  discours  que  vous  auriez  entendus  avec 
plaisir.  Je  voyais  ,  et  je  le  vois  encore ,  que  je 
pouvais  m'étendre  à  montrer  que  vous  êtes  les  plus 
justes  des  Grecs ,  que  vous  descendez  d'ancêtres 
illustres,  et  autres  éloges  semblables.  Mais  le  plai- 
sir que  causent  ces  discours,  ne  dure  que  le  tems 
où  on  les  débite,  et  s'évanouit  aussitôt  :  or ,  un  mi- 
nistre doit  donner  des  conseils  qui  vous  procurent 
quelque  avantage  solide  et  durable  ,  conseils  qu'il 
n'est  pas  si  facile  de  trouver  et  de  faire  adopter  ;  je 
le  sais  par  expérience.  Il  ne  suffit  pas,  en  effet ,  de 
connaître  les  meilleurs  projets,  si  l'on  n'est  ca- 
pable de  vous  les  persuader,  à  vous  qui  devez  entre- 
prendre l'exécution.  Au  reste,  mon  devoir  est  de 
vous  dire  ce  que  je  me  suis  persuadé  être  le  plus 
utile;  le  vôtre  est  d'écouter  mes  discours,  de  les 
juger,  et  d'en  profiter, s'ils  vous  plaisent. 


xxxv. 

Lorsque,  dernièrement ,  ô  Athéniens  !  vous  n'a« 


npooiMiA.  io3 

TO  HrpOÇ    VfJLOLÇ   îtWiU    %(tteW0V    Tel    $Z0VTcL  y    ctAAet 

xou  xad-  clvtov  cx.O'srou^gvov  gJpg?v  yvoin  J^'  eu  tiç  , 
u  fxy  tov  Aoyov  v(jl£ç  ,  ctAAet  Tct  -zjrpct71u.0t.T0t,  g'cp  av 
gare,  o*x,e4'0t(79ott  vo^/ect/,  x.ot/  tcAmo  a&ouihv  tov 
<)qm7v  iwiiiwç  givct*  ,  i  tou  &/vos  g/srgîv  <pctv>7vcu, 
utoioito,  Eyay  ovv  (ovtcù  tj  fioi  ctyct-S-ov  ygyo/To/) 
iwudy  tripi  rm  nrcLpovTm  i-wyu  \koi  a-x.owtu ,  Ao- 
yois  fxgy  xctt  fjLctX  £<pd-ovoiç ,  ovs  oùx,  àv  £y\&  wcou- 
grg  ujmgts  ,  evgTuyp/otvov.  Kct<  yctp  as  a/JccuoTctTo* 
xm  EAAnvay  eorg  iroAAct  îiwîÎv  x.ca  tœpœv  x.ct<  o'paT, 
3tcu  m  apia-Tav  'Kpoyomv  ,  ?tou  -TToAAct  TojctuTct 
ctAAet  TetuTct  /Agy  tojt  p^povov  «route!  TroDîc-ctyTct  ocov 

cty  p»3tf,  [JLgrct  fo  TOLVT  QiyjLTtLf  dt~  fo  'XpCLlÇ>lOùÇ  Ti- 
ns tov  Kiyovlci  (pctvîfvcu  o-u/xSouAov,  &'  >îy  39  ^t£Tct  Tcturct 
ctyctOou  'zmçvfjiïv  gerjeu  7rctpoua-<ct.  Touto $' ho\j  39  <r7rct- 
viov,  39  p^ctAgnov  mwiipcLixîvoç  oïdcL  oy  i'&cv'  oJdtg  yctp 

Ctl)'T0tpX.g5  TO  /&?V  gVlt  TOt  TOlGtUTCt,  Cty  /*}}  >^   TTgTcTCt/  T/S 

tous  <7UVctipofigvou$  J/xaV  ^y>ï9»7.  Ou  fjwv  ctAA'  g'/*ov  ^u.gy 
'/  >    ~  »/        t\     /       »  »         t  /         »    / 

gpyOV  gl7l£<V  *<î*ûtf  Ct  7rg7rgf)t   t/JLCLVTOV  <7U/JUpgpg/V,  UjttgTS- 

pov  <3fe  otJtouo-ctyTcts  3tp?vct/  ,  x.ctv  ctpgcDty ,  p^p>To*9ct/. 
Oux,  cto\iAoy  >iv ,  ûi  ctvcfygs  'A8>ivct7c/ ,  ?irp&»iy ,  'org 


104  nrooiMiA. 

TûTv  ayr/Agyg/y  jSouAo/xgvajy ,  o7ç  o  diïvoi  gAsygy ,  outl 
gkffBt  ditovîiv  *XJ>W&i  3  on  avfJL&viaiTcu  ToîTro,  o  vuvt 
yiyvzlaii,  oTi  o!  -roie  jcaAuGgvIgs  Ipo/ey  ils  g'igpav  gx,xA>i- 

0■/(XV.,  AV  TO<yUV  TCtuO',  Ct7Igp   TïfOTgpOV,   7I0W<7»Tg,   ^  TûTy 

to7^  TOTe  ob^oun  o-uvgfZïreTv  fZovXojjLîvœv  yuy\  3-eÀn- 
cr>}T£  cL7LQv<rcLi  ,  ?jraA/y  reçu  tu  gis  t»v  erepocv  ex.- 
3tA>i(7<ay  oi/ro/  A&£ovTe$ ,  toutûjv  x,ocr>?yop>icrou(nv. 
Ouo^/jl^  ,  <»  avàpiç  AÛyivcuqi  ,  ourg  to.  wpciy/JLCLTaL 
Xjcipœ  yevoiTo ,  ovz    vfjaiç   oLT07rœripoi  q>aivtiv\Tî  , 

6/  [AV\ài  ~M  $0<r<ZVTM  VfJUV  TlipOLÇ  fJLV\fcv  g%glV  Ô^OftOW, 
/X)|J^,  OC(pgVTê£  (L  GVfJLQtpSl  ,  Tûjy  TTpO  O&U  T/  TTgpcK- 
VOtTg  ,  UYfTi  J\?  OXTWîp  TûûV  XcL  d-iOLTpOL  X.C6T OtAc^êet- 

vovray.  M»ott/x«$  ,  «  civcfygs  'AGtfy&To/  ,  otAAct    7tov>t- 

<ÏCUTi$  TOV  tFOVOV  TGVTOV  ,  XCLl  WCLpCKT^O^TiÇ  KTQVÇ 
CLKpOOLTCLÇ  Ot^(pOTgpO/^  V/XOLÇ  OLVTOVÇ  ,  TtpûSTOV  [XiVi\i- 

<rOg  o,  xi  yLdLi'XQiYWîTi'  twiid-'  vwo\aLfJiÇ>ci.)/èTt ,  g'ay 
W  eyotVTi«Tat  to?s  clwcl^  ovtcc  iïoKtixcL<r5iï(ri ,  tfo* 
Wpov  xoli    jtctjcovouv  v(avj,  To  (xîv  yctp  \oyov  \w  TU-  I 

%OVTOL    WiTriïcQcU  fii\TlQV  TQV   V[frj  doKOVVTCàV  OLbTOV 

gyTgSu/^îcSctt,  crvyyvcew  ro  <fe ,  Julovœcwzqv  v/xœ: 
xoli  fftàxpjvcc.vTa>y,  en  aLvoLicyyvTziv,  kcli  \xy\  avy- 
%û>pg7y  ivâovrcL  rî?  xm  TïAaovœv  yva/jui ,  aAA»y  T/v<* 


EXORDES.  10D 

vez  pas  cru  devoir  écouter  ceux  qui  voulaient  com- 
battre ce  que  disait  un  orateur,  il  était  clair  qu'il 
arriverait  ce  que  nous  voyons  ;  je  veux  dire  ,  que 
ceux  à  qui  on  avait  alors  fermé  la  bouche,  parle- 
raient dans  une  autre  assemblée.  Si  donc,  agissant 
de  même  encore  aujourd'hui ,  vous  refusez  d'en- 
tendre les  ministres  qui  veulent  défendre  ce  qui  a 
déjà  été  résolu,  ils  reparaîtront  dans  une  autre  as- 
semblée ,  et  attaqueront  ce  qui  sera  décidé  en  ce 
jour.  Sans  doute ,  vos  affaires  seraient  meilleures  , 
et  on  ne  vous  taxerait  pas  d'imprudence ,  si  vos 
résolutions  avaient  quelque  fin,  et  si,  assistant  à 
vos  assemblées  comme  à  un  spectacle ,  vous  ne  né- 
gligiez pas  ce  qui  est  utile ,  pour  ne  vous  attacher 
qua  ce  qui  est  facile  [7].  Il  faut  changer  de  condui- 
te, et,  vous  donnant  la  peine  d'écouter  également 
le  pour  et  le  contre  ,  choisir  avec  connaissance  ce 
que  vous  aurez  à  faire ,  et  regarder  comme  un 
mauvais  citoyen  et  un  homme  mal  intentionné, 
quiconque  attaquera  ce  qui  aura  été  une  fois  arrêté 
dans  cette  forme.  En  effet,  qu'un  orateur,  qui  n'a 
pas  eu  la  liberté  de  parler ,  se  persuade  qu'il  a  ima- 
giné quelque  chose  de  mieux  que  ce  que  vous  avez 
décidé ,  cela  est  excusable;  mais,  lorsque  vous  avez 
entendu  ses  discours,  et  que  vous  les  avez  jugés  , 
reparaître  encore  avec  effronterie ,  ne  pas  se  rendre , 
ne  pas  céder  à  l'avis  du  plus  grand  nombre,  cela 


1 OÔ  EXORDES. 

fait  soupçonner  quelque  disposition  peu  honnête. 
Pour  moi,  je  garderais  aujourd'hui  le  silence ,  si 
je  vous  voyais  persister  dans  ce  que  vous  avez  ré- 
solu ,  étant  de  ceux  qui  sont  persuadés  qu'il  vous 
est  utile  de  vous  en  tenir  à  votre  première  résolu- 
tion. Mais ,  comme  il  me  semble  que  les  discours  de 
certains  ministres  en  ont  fait  changer  plusieurs 
d'entre  vous ,  je  vais  vous  apprendre ,  quoique  vous 
le  sachiez  peut-être,  dans  la  crainte  que,  par  ha- 
sard ,  vous  ne  l'ignoriez,  je  vais  vous  apprendre 
que  tout  ce  qu'ils  ont  pu  vous  dire,  est  aussi  con- 
traire à  la  vérité  qu'à  vos  intérêts. 


xxxvi. 

Il  conviendrait ,  Athéniens  ,  lorsque  les  affaires 
sont  mises  en  délibération ,  que  chacun  tâchât  de 
vous  persuader  ce  qu'il  croit  le  meilleur  ,  pour 
qu'il  n'arrivât  pas ,  au  grand  détriment  de  la  répu- 
blique, que  vos  décisions  n'aient  jamais  de  fin, 
et  que  vous  vous  accusiez  vous-mêmes  de  folie  par 
vos  variations  continuelles.  Mais ,  puisqu'après 
avoir  d'abord  gardé  le  silence ,  quelques-uns  blâ- 
ment à  présent  ce  que  vous  avez  arrêté ,  je  veux 
leur  dire  un  mot.  Leur  conduite  me  paraît  étrange , 
ou  plutôt  je  la  trouve  très-repréhensible.  Car  ,  si , 
pouvant  dans  vos  délibérations  vous  donner  des 
conseils ,  ils  aiment  mieux  attaquer  ce  que  vo 
avez  résolu ,  ils  agissent  en  vrais  brouillons , 


nrooiMiA.  107 

UirG^lOLV  0V%1  ÙXCLIOLV  €%0V  (P<3tV£/)î.    EyCÙ  fJLîV  à\  (7/0- 

tzrcTy  œixw  ikvj  ev  rS  srùLpovri ,  eJ  [iivovTaLÇ  v[aSlç 
îûûom  ecp*  «y  idofyr  eI/ju  y&p  tm  eteivaL  TTcmia-pt- 
vûjy  avfjLQtptiv  v[iïv  i-ortidy]  <K  w&o  toùv  tfcLpcL  Tou- 
T«y  \oyœv  /UTct&SÀijo-O*/  jxoi  rms  dbjcoucny ,  ris 
qvt'  d\y\d-ï!  \tyov<ni ,  otî'3-'  Jjxîv  <rujn(pgpovTct ,  i<rû>$ 
/*€v  êi&'tas  ,  oJ  ft»v  ccàà'  si  jcck  Tuy^otveie  ayvo- 


/ 

AT. 


"E&/  )it6V,  a  ctvJjpe^  'AS-wclToi,  kou    &x,cc/ov  Jv, 

TOTê  WilStiV  VfJUZÇ  0  ,    T/     CLpiCTTOV    iKCLVTQÇ    Y\yîlTQ  , 

*/»/»./-  ~  \       /  »/  \         / 

OTg  tÇ>OvAzVt<rd-t  TOWpCûTQV  TTgpi  TOUTûM  ,  iVflC  fAH  CUVê- 

Êct/vgy,  cl  A}  &jo  TTotvTûjy  eVnv  i\v<nTi\i<TTOLTcL 
rw  TroAe/ ,  jttviTe  ^pas  jah&v  e%s/y  Toi  JjuTy  (5b£oty- 
To>v,  *7rctpocvotût^  5'  J/-tg~s  x,<*Tgyjyvû>(rx,m  vfjLœv  ctu- 

TûJV  (JLiTOLÇ>QV\iV0fJLM0r  tWîlG»  01  <TW7CV\<lcUTtÇ   TOTî  , 

vCy  twiTifjLûûai  Tins ,  @>ov\ofjLcu  /jujtpa.  ^rpos  clvtovç 
ElWèlV.  Eyû)  ycLO  SaLVpLCL?Gû  TOV  Tpowov  T>fs  tcqXi- 
tîiols  Tte  touïcûv  y  jUetAÀoy  /•'  yyovfJLOLi  (potuXoy.  jEi 
yap  e£ov  TrapcuveTy ,  oray  (nto-zznrre ,  fZ&ouXîVfiiwv 
xocT/jyopgTv  cLipovvT&i  y  omocpccyrûTy  gpyoy ,  ot/%  ,  as 


108  nrooiMU. 

(pctcr/y ,  Ét/Vûjy  Trotoveiv  ccv3pû>7r0V.  'Hotccs  ^    av  epo<- 

fX-ljy  GLVTOVÇ    (  X,cU  /MJ&jXIClk    XoiOOpiÙLÇ  0    (JiiWCà    Ae- 

yztv  &V%>?  ygveV3û>  ),  tj  <3V?  xiAAoi  Iwoluigvvtiç  Acl- 

k  f  t\  /v  »ly    I         *  ~  >      »         / 

KtdoUflOVlOVÇ  ,  0  fJLcL\l<TTCL  OLÇIOV    HTTl    TM  TtcL^     iX.il" 

vois  aycwfiûu,  touto  ou  fii[iQVVTa!.i ,  ^taAAov  J^   ctuTo* 

Toûyoty];ov  tio/out/*  (poun  y«,p,  ai  ctvcî'pes  AÔw<x<o/,  ^rctp 

»      f  /  \  *.ly  i  %\    -\    */ 

tKUVOlÇ  l^i^l  £lgV  TOU  OOÇcCf  ,  yiiCùfJLM  9  »v  ocv  6JCaorTO$ 

6%?'  ^-êyety'  Éftefwxv  <r  îwiKvpœSy ,  tgiutu  ûf^rAvraç 
v&aLivsTv,  ^  o-y^Trpotrlstv  fc>  tous  dvIiiTTovlcLÇ.  Toiyciozoï 
woWcov  fjLWy  ivres  ou  TroAAo»*  ,  <7repjy/yvovtof,i"  Accjjl- 
Gavouo-/  <K,  oo-'  iv  /a»  Ta  7io\ip.œ  o^vûjvtcu,  Tols  jccu- 
po<s'  ovins  cK  clvtovç  ixtyivyu  %poy©s,  otî&  rpo-zïw 
rou  ta  o-UjLKpgpovâ'  IclvtoÏç  noLpdLimv,  ov\  [XOL  Ai\ov' 

œO-WEp  YlfJLZlÇ   XCLl    moi  TOVTQVÇ,    7CCLI     010.    TOVÇ    OfJLGIOl 

tovtoiç  ,    ctAÀîîAûjy   mptyiyvofjLzvoi ,   &cu  ou%/    tûm 
e%-S-pay,  Trayru  &.VYi\ù)x,cLfJLZv  iov  %povoy,  jcocy  /u,gy  et'p/ 
v»v  riç  îk  7ro\îfjLov  notwy ,  tovtov  fjLKrovvTiç  ,  àv  J^{ 
e£  cipwas  'XQAifjLov  ris  AeyH,  to.utoj  fjLOL^o^ivoi  ,  o,vl  f, 

dx      fc%e<V    >1<n/)£/0tV  T»*£  *7?cLpcLlW    JCCtl    TOC  V\[JLiTiÇCL    CLV- 

rœv  wfxtrliu  ,  ouô^g  rourov  opS«k  Aeye/y  cpoco-jcovre? 

ûAas  J^'  GLlTiSv  XOLl  JtSVûTy  îAwiâûùV  OVTèÇ    7z\vipu$,    T< 


EXORDF.S.  109 

non,  comme  ils  le  disent,  en  citoyens  zélés.  Je 
leur  demanderais  volontiers,  sans  prétendre  par-là 
fournir  matière  aux  invectives,  pourquoi,  attentifs 
â  louer  les  Lacédémoniens  dans  le  reste ,  ils  ne  les 
imitent  pas  dans  ce  qu'il  y  a  chez  eux^de  plus  loua- 
ble ,  ou  pourquoi  même  ils  font  tout  le  contraire. 
On  dit  qu'à  Lacédémoue  chacun  donne  son  avis, 
jusqu'à  ce  qu'on  ait  pris  une  résolution ,  et  que , 
dès  qu'elle  est  prise,  tout  le  monde  l'approuve, 
de  sorte  que  les  opposans  même  travaillent  à  faire 
réussir  le  projet.  Aussi ,  quoiqu'en  petit  nombre , 
ils  viennent  à  bout  de  vaincre  des  armées  nombreu- 
ses ;  tout  ce  qu'ils  ne  peuvent  emporter  de  force , 
les  armes  à  la  main,  ils  le  prennent  par  adresse  , 
en  profitant  des  conjonctures  ;  aucune  occasion  , 
aucun  moyen  de  parvenir  à  leur»  fins ,  ne  leur 
échappe.  Quelle  différence  entre  eux  et  nous  , 
grâce  aux  orateurs  dont  je  parle ,  et  à  ceux  qui 
leur  ressemblent  !  Nous  employons  tout  le  tems  à 
nous  attaquer  les  uns  les  autres ,  plutôt  qu'à  com- 
battre nos  ennemis.  Quelqu'un  nous  ménage-t-il 
la  paix  en  tems  de  guerre?  nous  le  haïssons.  Nous 
le  contredisons  ,  s'il  parle  de  guerre  en  tems  de 
paix.  Nous  exhorte -t-il  à  rester  tranquilles  et  à 
nous  mêler  de  nos  propres  affaires?  nous  disons 
qu'il  a  tort.  En  un  mot ,  nous  nous  occupons  de 
critiques  frivoles,  et  nous  nous  repaissons  de  vai- 
nes espérances.  Que  nous  conseillez-vous  donc, 


HO  EXORDES. 

dira-t-on,  puisque  vous  blâmez  ce  qui  se  fait  ac- 
tuellement ?  Voici  mon  avis. 


XXXVII. 


Il  me  semble ,  Athéniens ,  qu'on  aurait  tort  de 
craindre  pour  vous  et  d'appréhender  que  vous  ne 
preniez  de  mauvais  partis  ,  en  refusant  d'écouter 
ceux  qui  vous  donnent  des  conseils.  D'abord  ,  la 
fortune,  qui  vous  est  favorable,  fait  que  la  plupart 
de  vos  affaires  s'arrangent  d'elles-mêmes  suivant 
vos   désirs  ;  car  fort  peu  iraient  bien ,  si  elles  n'é- 
taient conduites  que  par  la  sagesse  de  vos  chefs.  De 
plus,  vous  connaissez  d'avance  non-seulement  les 
discours  que  chacun  doit  vous  débiter  ,  mais  en- 
core pour  quel  motif  il  parle  ;  j'ajouterais  même , 
s'il  n'était  trop  dur  de  le  dire,  pour  quelle  somme 
il   parle.  Vous  ferez  sagement ,  suivant  moi ,  de 
n'accorder  que  fort  peu  de  tems  aux  orateurs  qui 
vous  trompent.  Si  je  ne  devais  que  répéter  ce  que 
les  autres  ont  dit,  je  ne  croirais  pas  devoir  vous 
fatiguer  de  mes  paroles  ;  mais  je  pense  que  j'ai  à 
vous  donner  des  conseils  qui  vous  sont  aussi  utiles , 
qu'ils  sont  éloignés  de  ce  qu'attendent  la  plupart  d< 
vous.  Je  ne  serai  pas  long.  Ecoutez  mes  discours 
jugez-les ,  et,  s'ils  vous  plaisent ,  profitez-en. 


I7POOIMIA.  III 

oJv,  ccv  ri$  uwoi,  (tv  Tapot/veTs,  îwaày\  ïclvt  tunri- 
[j.cl$  j  tyoù ,  y*  A* ,  epa\ 


rip^rov  jitev,  û)  avfyg*  AG»va7o/,  ou  ticlvv  poi  dbx.et 
T/£  iv  tiicQTCùS  rcept  U/uSv  o'gTo-ût/ ,  //,>*  ,  Tapa  to  tav 
(Tt>jLi€ouÀguovT0v  oux,  g-3-eAgjy  ax,oug/y,  %e*p<»  jSovAsu- 
aviaju  UpûîToy  fxey  yap  »  tu^>j,  xxtAœç  wqiqvo-cl, 
*7ro\\cL  zœv  7tyasy\L<xrrm  v/jlui  clvto[1ûltcl,  ceç  iv  tv- 
^ajo-Os ,  ircLpKrTwiv0  e®*e!  t»  yz  rav  TTpotcrTyiKOTCàv 
Tfoyoïa  BfcCfcicL    ctvrSv  ùyw  àv   xclAcùç  '.  i-&êid-' 

t>/-ie/S   Of    /-60VOV    TOUS  AoyoU^ ,  OVÇ   CIV   èKOLGTOÇ    W7T01  y 

tzrpojcrrg,  aAAa  x,cu  ay  gygjc  auTay  gx,ao~Tos  wjpiyo- 
pg~,  ci  &  /-mi  <ptActî2rg^-S-»|txov  5v ,  «rzrov  àv  xoli  ttÔctov. 
Toy  Aj  tou  (psvctxiÇga-Ooti  j^povov  «V  e/s  /*tx,poTa*rov 
o-uvayoyrÊS,  o-aÇpovay  e^toiye  (JbxeiTg.  E/  ^gy  &J  t* 
to»  auTûTv  gf/eAAov  toTs  i\\ois  ipiïi ,  owc  ctv  «pjy 
&7y  Aeya>v  g'vop^AgTv  "  viïv  dt  o-u/JKpgpoyta  fiiv  vjmv 
€L7lov(tcu  ,  7ictyToc^racrt  dt  a(pg<Tr>î3coTa  tSv  J®*o  Tay 


tioAAajy  t«rpoo-oojcû)|xgvû)V ,  o/o/*<xf  Aoyov  e%c/y.  Bpayus 
, f?  icrTcLi    Xpom  '  (nci^curd-i  fo    OLK0V<rcLm$  y    xot» 

VfJUl  CLptOTOI  y  fâW&ffSz. 


112  ITPOOIMIA. 

AH'. 

Kctt  /3pct%gîcty,  à  <xv(3pgs  'AÔyvotîof,  39  ùikgu&v  ftotm 

ŒOfJLCLl  T>JV  CCp^VIOlTÀOyoi»*^  oJ&  Tût  TlCt/lot  gpûT*  V\yOV- 

fjioLi  yotp  lJrct/7rûûcLV  pw  gîyot/  /2>ov\ofjLtvov  <ntowïtv  mit 
u//,ots  Tposroy  tous  oltcovovtolç  TtpoacLyyflcLi  koli  tol 
tou  TrpcLyticLToç  (Jbo-^pJT  tûT  Àoy^j  (7t>y;cft;4/>rrGtr 
dw\£ç  dt  'TreTetxoro^  et Jtov  u/a?v  7ïpoo-(pgpgG-9ct/  tovto 
^poroy  eîvcu ,  e/Vs?y  Trorepcc  gyyû)3C0S  /7rup€À»Àu9gy, 
1/ ,  eccv  /xev  ctxouc-ctVTgs  tovto  ,  tous  jttgTot  tclvtcl 
Xoyovs  (Zov\oio-d-t  ctjcougjy,  5ccti  A(Wx,w  jccu  cppot^w 
rot  j3eÀTf<rrct  <xJtûT  (JbjcotTyTot,  dv  J^'  a?zro&))up.otoTrg, 
ctV>îÀÀctyfxgvos  y ,  xcci  /x>jre  J^tTy  hoyXy  ,  [jltitî 
ctt/rov  Kortry.  'Eya  fo  tovto  7rp0Toy  epa  '  gjmoi  àîjtsT 
MtruÀ>îVct<û>y  0  o^juios  uAx.>jcr0ûti ,  jcctt  oï&îiv  Jjejlm 
oVep  ctt/rou  Trpocmx.giy  Àct&ry.  Kctt  07Tû>£  À^go^g 
g%û>  Agyg/y ,  i&eiicw ,  ûk  n\ftx,)fVTa/  jcot/    vfjiïv  Kpo- 

aq'. 

TipaTOV  fJLiV  OU  tfOLW  ^OLVfJLcLcloV  t</}lV,  Gû  CtV<5jpg^ 'Af 
VCtTo/ ,  TO   jtt>}j  pCtoWs  TO~£     GV[xÇ>OVAtVlW    fèovXOfJLîSOi 

uicu   tous  Àoyous"  otcu    yctp    ta.  Tipay/ÀdTcL  te 


EXORDES.  Il3 

XXX  VIII. 

Mon  début ,  ô  Athéniens  !  sera  aussi  court  que 
solide,  et  je  ne  m'épuiserai  pas  en  propos  inutiles. 
Il  me  semble  que  c'est  vouloir  tromper ,  que  de 
chercher  à  gagner  ses  auditeurs ,  et  à  couvrir,  par 
l'agrément  des  paroles,  ce  que  les  choses  peuvent 
avoir  de  désagréable.  Celui  qui  est  déterminé  à 
vous  parler  avec  franchise,  doit  dire  d'abord  quel 
est  son  sentiment ,  afin  que  si ,  après  avoir  entendu 
sa  première  idée  ,  vous  voulez  entendre  le  reste, 
il  s'explique ,  et  vous  instruise  sur  ce  qu'il  juge  le 
meilleur;  ou  que ,  si  au  contraire  vous  la  rejetez ,  il 
se  retire  sans  vous  être  importun,  et  sans  se  fati- 
guer lui-même.  Pour  moi,  voici  ce  que  je  dis  en 
premier  lieu  :  je  pense  que  le  peuple  de  Mitylène 
est  opprimé ,  et  que  vous  devez  le  tirer  de  l'oppres- 
sion. Je  vous  dirai  les  moyens  de  réussir,  quand 
je  vous  aurai  fait  voir  que  le  peuple  de  Mitylène  est 
opprimé  ,  et  que  vous  devez  marcher  à  son  se- 
cours. 

xxxix. 

On  ne  doit  pas  s'étonner,  Athéniens,  (c'est  la 

réflexion  par  où  je  débute  ) ,  que  le  ministère  de  la 

parole  soit  à  présent  difficile  pour  quiconque  veut 

donner  des  conseils  :  car,  lorsque  les  affaires  sont 
t.  m.  8 


1  l4  EXORDES. 

mauvaises,  il  faut  nécessairement  que  la  délibéra- 
tion soit  embarrassante.  Si  l'on  compte  qu'elles  se 
rétabliront  en  ne  voulant  pas  écouter,  n'écoutons 
rien.  Mais,  si  tout  n'en  ira  que  plus  mal ,  loin  d'en 
aller  mieux,  pourquoi  laisserions-nous  arriver  les 
choses  à  l'extrémité?  Pourquoi  ne  travaillerions- 
nous  à  les  rétablir  qu'après  un  tems  plus  éloigné, 
et  lorsqu'il  sera  plus  difficile  de  réussir  ,  quand 
nous  pouvons  ,  dès  aujourd'hui ,  corriger  notre 
situation  présente ,  et  mettre  tout  dans  un  meil- 
leur ordre?  Il  est  naturel,  sans  doute,  dans  l'état 
actuel  des  choses  ,  que  vous  ayez  l'humeur  un  peu 
aigrie;  mais  que  vous  vous  emportiez  indistincte- 
ment contre  tous  vos  ministres,  et  non  contre  les 
seuls  auteurs  de  vos  maux ,  cela  n'est  ni  naturel  ni 
juste.  Ceux  qui  ne  sont  cause  d'aucun  des  événe- 
mens  passés,  et  qui  peuvent  vous  dire  les  moyens 
de  rétablir  vos  affaires  par  la  suite,  doivent  obtenir 
votre  faveur  plutôt  qu'encourir  votre  disgrâce.  Si 
vous  les  rebutez  mal-à-propos ,  vous  les  intimide- 
rez et  les  empêcherez  de  monter  à  la  tribune.  Pour 
moi ,  quoique  je  sache  que  souvent  vous  traitez 
mal  celui  qui  s'offre  le  premier  à  votre  chagrin , 
plutôt  que  celui  qui  a  causé  vos  malheurs,  je  me 
présente  cependant  pour  vous  proposer  mon  avis» 
Je  me  flatte  que  vous  ne  pourrez  m 'imputer  aucun 
de  vos  maux,  et  que  je  puis  vous  donner  de  meil- 
leurs conseils  que  les  autres. 


nrooiMiA.  X15 

QoluAcûs  y  ttîçi  av  foi  (ntowiïv  9  dvo-yeptîs  ctvctyx,» 
rrspi  olvtcûv  rivai  jtat  tclç  <rv/jt,Ç>ovAicLÇ.  El  fxev  ouv ,  e'x. 
tgv  p.y\  e-S-eÀetv  owtouefv  ,  e'Aans  tolvtol  yin<rQûLi 
QîAtio),  tovto  %pn  npctr%r  et  dt  %upa  p.ev  a7iayTcc , 
$eÀT/sv  J\*  oucîfev  ex.  royTûjy  ytwcrÂ'iaù  y  ri  ùt? }  itpls 
to  (ÇzvAqtcltov  eA9er>  eacravTas,  e'jt  TÀe/oyos  ,  >j  vuy , 
x,cu  ^ctAeTû>Tepou  aosfyii  '7re/p£j9<x/,  e'^oy  e'x,  r^y  7Tct- 
povxcùv  tri  x.cu  vuv  ezzrocvop.jajo-cto-ycu ,  x.cu  7rpo*yctyety 
esn  to  fôîAriov  \  To  /xey  ouy  opyiAœç  v(jlqlç  e%e/y  , 

£i*JCC$  l<TTl  T4.VTCL  '7CO.0")(0VTCLÇ%  TO  &  [JL*  TQIÇ  CLITIOIS  9 
aLWcL  TcZgM  iQi'ÇAÇ  OpyifyffQzi  y    TOUTO  OVMTl  tlxOÇ  , 

ovS^'  opBcoç  ep^ov  eo-nv.  O*  yxp  pi^evos  jxev  cttrioi  rcSv 

'KcLpîAYlA'jd-QTûùV  y    Tût    dl    ÀOJTTCt    7T0S   ecTTCtf    fZlATlCû 

Aeyeiv  e^'jvTes,  %ctpty,  otôt  otVe^3ejsiv ,  jco^ktoc/vt' 
ccv  Ùikou'cûS  îiotp'  J^ûnT  où?  ,  ecty  cLx.cupa$  ùvcxoAcu- 
VMTe ,  oxvetv  avt<7Tcto--3-ct/  ^rowcrre.  Kcuto*  eyayg 
owjt  ctyvoà»  'on  îroAActjcis,  ou  toi*  cuzioiç  ,  ctÀAa 
toîi  iul~ovwj  oiïcrt  TQ~Ç  OpyifyfJLîVOlS ,  coj&s  t/  Tct- 
5e?v  auve'&i,  0^$  <K  ctygo-Tip  <rutaCoDÀeuo"û)y  Tncrreu» 
yap  iyays ,  0  iyfyes  *a9>ivcuoj  ,  (pÀctupou  /*ev  j&>i<fe- 
yos  cut/os   «v    £t/p=3->iW8ctc ,  fZiArlos  <K  irtpm  iy*îv 


n6  nrooiMiA. 

m'. 

Toc  /xev  yeygvyj^e'vct,  a  àv£f£S  'aShvouoi,  T&totuTflt , 

OUL  TCantS  GLTtWLQCLTl'  Ô'tï  «F   V(J*&$   fJtH&V  tKWlW\viy- 

fiiVQVç  dictxueScu  ,  Xoyi^o^ovç  on  Tïpos  jx«v  rct 
'XcLpivToL  dd-v/jLœç  g%g/v  ,  oùxe  to~s  r.foLyfiaLari  avfi- 
(ftpu  ,  oud-    u/aav   a£joy  g<rn,  to  oe  tocut    gsravop- 

BûVi   CLVTOVÇ     vïytï($CLl  ,    TTf  0O7PC0V    KCLI     TY)Ç    XJfJLÎttpOLÇ 

\'y       *'y       £   -.      '       _     \    j^\        »     »J  «*      _  ' 

obç»^  aÇfoy  oty  (pa.v3<>i  ,  yjn   m  tgvç  ovtclç  ,  oioi  <p»- 

o-cut'  ccv  JaeTs  e/vocj ,  ev  toT^  otivoTç  gYgpav  &a<pgfov- 
tus  (petmerGoii.  'Ey©  og  ovdaLfjLœç  /JL6V  ctv  nfîov\Qtuw 
icvjtcl  <rvfjiÇ>Yjva.i  rit  koAu  ,  oJ«N  drvyjîv  v/jlolç 
ov&V  îl  «K  fitjpot  g&/  ygvgcrôa./  ,  xou  ri  ùctifJLoyiov  tout 
cLzgr&LUTo  y  aawtp  wiWpaLxrcti  y  tol  ytyzwfjLMaL 
\u<riTe\iïv  oîo/xot».  Tôt  [xtv  ya.p    tm    rvyy\ç  o^uols 

€^6t  TOCS    fJLiToL^OACLÇ  ,    JCCll      X-OiV&S     CL[JL(ÇGZipOiÇ     ZCLÇ 

TtcLpowicLS'    à   J^'    àv  à*    fltvâjpay    &ax.Eciv   '/Tpct^A;™, 

fièÇtCLIQVS  TtOlflTOLl  YITTCLS.   O'iOflCU     /XgV     OUV   ©J^g  TOUS 

x,gxp  ccnucoTots  dyvoiïv  on  ,  £&uÀ>j3gVTû>v  J^tay ,  x.cu 
lecLpofyj'jd'eiToùv  tcù  yiyvjy\\jLim }   ov  tcclw  tioù  ùtïAov 

I  »  /  l\  \  »  f  3  ~  »  \  \ 

TTOTgpOy  WTV)Qi[JLOL)  V\  1LCU.    TOUyotVTiOy  Ct,UT0/£    gffT/  TO 

^rgTrpotyiuLgyoV  g/  J^  cep*  twypTU  to  wpctyixoi   clvtou$ 

9 

■S-poca-trjgo-Ocu  ,  stiy  toCto  ^^0?  J/x<»y  «^    y/yvo/io* 


i:\OKDES-  1  12 

X  L. 

Les  choses,  Athéniens,  sont  telles  qu'on  vous 
les  annonce  :  mais  au  lieu  de  vous  laisser  abattre 
par  l'infortune,  vous  devez  penser  que  vous  décou- 
rager dans  les  circonstances  présentes,  n'est  ni  ex- 
pédient pour  les  affaires,  ni  digne  de  vous.  Ce  qui 
est  vraiment  conforme  à  votre  intérêt  et  à  votre 
gloire,  c'est  de  vous  persuader  que  c'est  à  vous- 
mêmes  à  corriger  vos  malheurs,  et  que,  si  vous  êtes 
tels  que  vous  prétendez  être,  il  faut  vous  distin- 
guer des  autres  dans  l'adversité.  Pour  moi,   j'au- 
rais désiré  que  la  ville  n'essuyât  point  ce  contre- 
tems,  et  que  vous  ne  fussiez  pas  malheureux;  mais 
si  vous  deviez  subir  cette  disgrâce, si  elle  vous  était 
réservée  par  le  destin ,  je  crois  qu'il  vous  était  utile 
de  ne  pas  réussir  mieux  que  vous  n'avez  fait.  La 
fortune  ,  sujette  à  des  vicissitudes  continuelles , 
passe  rapidement  d'un  parti  à  un  autre;  il  n'y  a  de 
fixe  et  d'irr<  parable  que  les  défaites  qui  sont  l'ou- 
vrage de  la  lâcheté.  Les  vainqueurs  eux-mêmes 
n'ignorent  pas ,  je  le  pense ,  que  si  vous  le  voulez ,  et 
si  vous  êtes  réveillés  par  l'événement  actuel,  il  n'est 
pas  encore  bien  sûr  que  leurs  succès,  loin  d'être 
un  bonheur  pour  eux ,  ne  soient  pas  tout  le  con- 
traire. Si  la  prospérité, leur  enflant  le  cœur,  leur 
a  donné  de  la  présomption,  leur  victoire  est  même 
pour  vous  un  avantage ,  parce  que  plus  ils  auront 


Il8  EXORDES. 

de  confiance  et  de  sécurité,  plus  ils  commettront 
de  fautes. 


XII. 


Il  me  semble,  Athéniens,  que  ce  n'est  pas  sur 
une  seule  ville,  mais  sur  toutes  les  villes  alliées 
que  vous  délibérez  en  ce  jour.  Car ,  suivant  que 
vous  vous  déciderez  sur  celle-ci ,  il  est  probable 
que  les  autres,  jugeant  d'après  cela,  croiront  qu'on 
les  traitera  de  même  :  en  sorte  que  ,  pour  votre 
gloire  et  pour  votre  plus  grande  utilité,  vous  devez 
avoir  fort  à  cœur  de  prendre  un  parti  aussi  juste 
qu'avantageux.  La  cause  de  nos  embarras ,  ce  sont 
les  généraux  eux-mêmes.  La  plupart  d'entre  eux 
qui  partent  de  vos  porls,  ne  croient  point  devoir 
protéger  les  amis  d'Athènes  y  ceux  qui ,  de  tout 
tems,  ont  partagé  nos  périls;  mais,  se  faisant  cha- 
cun des  amis  particuliers,  ils  vous  demandent  de 
regarder  leurs  flatteurs  comme  vos  amis ,  lorsqu'au 
contraire  vous  n'en  trouverez  pas  qui  soient  plus 
vos  ennemis,  ni  qui  doivent  l'être  plus  nécessaire- 
ment. En  effet,  plus  les  hommes  auxquels  ils  s'in- 
téressent, nous  ont  trompés  pour  leur  propre 
avantage,  plus  ces  mêmes  hommes  pensent  que 


nrooiMiA.  119 

TGV  CLtUctf>TyiG'QV-aU. 


MA-  • 

Ou  [xoi  (joxuti  ,  œ  ivdfîs  'aGjjvcuo*  ,  rapt  i$  oiarQt 
tïoMgùç  vuvi  ^ovoy  /3ouAgueo-0cu  ,  ccAAa  utzrgp  TToLa-av 
Tûjy  cvixfjLcC^tdm.  Ottccç  y&p  olv  mpi  tclvzyis  ywrtj 

TpOS  TctUT     UXOÇ    OLWOloAl'&'GV'tcLÇ     TOUS    OLAAOVÇ  y  X.OLI 

clvtovç  tœv  clvtuv  zevfyaiïcu  vojjLifyiv.  '  Hcre  Ùîî KCLl 

TOV  QiATKITQV,  3CCU  Tty?  U/Z£Tgpct£  CLVTM  htKCL  Ùofyç  , 
(TWQVOCLacLl,    Oliς  CLfJLCL  KCLl  GV^iCOITcLy  XOLl  QITLCLICL 

(p&vwfl-gffSê  fèovAtvofjLMoi.  'H  £tgy  ouy  *p%>i  T^y  to/ou- 

Tû)V  TTpcCyjUotTûJV  OC^r'  CCUT0V  g<7TJ   T0V  (7Tp0t,T>iyCt)V  0V 
0/    7TÀe7(7TGi     ToV    T^p'    VfXaV   iXWXiOVTUI  ,   OU    TOL>^ 

f        /  /  «\    A  \  \        ~       /  > 

UU.gTgpOUS  QtAQVÇ,  WÇ  OiO.  7t<XVT0£  TOI»  %pOVOU  Tû>V  &U- 

Tay  x,jvauv«v  /xêteo-^x.oTct$  7TotpgjA>i<p<*<n ,  .jgpotsrgu- 
g<v   toutou?  gjovtcu    &îi,   ctAAct  x,cu  i&ou*    cpiAous 

tKOLCTZOÇ     ÎCLVTCÔ     XCLTcLGKZVOLGOLÇ    ,     U^OS     C*£/0<     TOUS 

ctuT&v  xoÀotjccts  x.cu  v'fjLiTipovç  iyiïaQou  <f>/Aous"  ou 
zcTv  lazi  TouvctvTtov  •  out€  y&p  g'%5poTgpous  ,  gut 
avciyx.c(.»oTgpous  ^otAAov  e^Gpous  àv  toutûw  gupoiTc, 
*Oo-«  yap  ttaîicû  ^ctpcucpouo^evot  TiAsoysx/rouow  ,  to- 


i2o  nrooiMiA. 

GOVTCû     7TA€0V    OQAUV     yiyobVTCLt     OJJCWV      O0V1OLI       OVOtlÇ 

±\  '*       i  »/  i  t  »  r    »/  \         / 

<r  ctv  yevcJTo  guvous  toutou,  vcp  m  av  n  tloxqv  wti- 

agcjct/  TrpocrOoKcL.  Tou  fjitv  ouv  jtcrmyopg<v  i<ra>ç  ov%o 

TCûLpcûV  xaipos"  et  <F  uyou/xcu  (7L>/Ji(pepe/v  J/«» ,  tcci/t<x 

MB'. 

O Jdfevet  9  oî  cudpeç  'aQ^vcu 01 ,  Toi  '7Tc*,vtû)v  J^v  ou- 

T(û$  OlOfAOLl  JCCUCOVOUV  UVCLl  TW  TTOÀgi  ,  0OT6    ft)J    %^Aê- 

Tciïç  (pepg/v,  jH>j&  ÀiramcrOcu  roTs  yeywYifiwois.  Ei  ^j 
toivvv  oLycLvauccovvTOLÇ  >iv  cf/arpeocTov  t*  *7rGivi<rcLi  rou- 
tûjv,  tout'  àv  g'yayg  vraLpwovv  vjjliv  glwolgiV  ïGrudn 
ag  tclvtûl  jutgv  ovjc  ctv  «AÀas  g%o/  ,    as/  Jx    uttrep  T0V 

ÀO/7T0V  7rfûVG)»b>JVflU,  07Tû)?  /XVJ  T&UTtf,  irtUrtGVÏ  CûfWZp, 

(à  cLvâpiÇ  AÔuvaîo/  ,  TTtp i   tm  wv  ytytvvifjLemv  aya- 

VCtJCTgtTg,  Ot>TÛ>  ^pH  (TWOVâaLaOLl  UWîf>  TOV  p)  TcOLÀfV 
TctUTflt  (TVflGUvcLl  y  7CCLI  VOjUl/ÇeiV  fJLYlfovcL  g%S/V  AoyOV 
tlwilV  TCûV  (TV/JL&QVAîVOVTCùV  TQlGVTOVy  OÇ  dvVVKTSTÙLl  GCù- 
<TflU   TCt,  WÔLpOVTOL  ,  /JLV)OtV0Ç  VfJLCûV  fJLYIQlV  ffVVOLfCL[JAV0V     OV 

yap  <xv  Àoyos,  olaAcl  Stoç  xiç  o  toéo'jtos  e/>î.  H  /£gv  ow 

ctpj£>!  TCt^TC((L'^,  Ol>Tû)^    g%g/V  gJCgTôiV  yj'pTyiTOLly  g'îC  TOtT 

TÎk  7îapût^pïtu,ot  ^pos  Jftaj  gv6x.ct-^otp«ro5  ev^ot»^   to^v 


EXORDES.  121 

vous  leur  ferez  subir  une  peine  rigoureuse.  Or,  il 
n'est  pas  possible  qu'on  soit  bien  affectionné  pour 
ceux  de  qui  l'on  s'attend  à  souffrir  quelque  mal. 
Mais  ce  n'est  peut-être  point  ici  le  moment  de  faire 
des  reproches;  je  vais  vous  donner  le  conseil  que 
j'estime  le  plus  utile. 


XL  1 1 

Je  crois,  Athéniens,  que,  parmi  vous,  il  n'est 
personne  si  mal  intentionné  pour  la  république, 
qui  ne  soit  affligé  de  la  disgrâce  que  nous  venons 
d'essuyer.  Si ,  en  se  plaignant ,  on  pouvait  changer 
les  choses,  je  vous  exhorterais  tous  à  vous  plaindre. 
Mais,  puisque  par-là  elles  ne  prendraient  point 
un  meilleur  tour ,  et  qu'il  faut  veiller  par  la  suite 
à  ce  que  vous  ne  retombiez  pas  dans  les  mômes 
malheurs,  vous  devez,  si  vous  êtes  vraiment  sen- 
sibles à  ce  qui  arrive,  travailler  sérieusement  pour 
que  les  mêmes  disgrâces  n'arrivent  plus  ;  vous 
devez  croire  que  les  discours  de  vos  ministres  ne 
peuvent  rétablir  les  affaires  présentes,  si  vous  n'en- 
treprenez rien  pour  cet  effet  :  autrement  ce  ne 
serait  pas  les  discours  d'un  homme,  mais  la  pa- 
role d'un  Dieu.  La  cause  de  nos  maux  et  de  nos 
désordres,  c'est  à  la  tribune  qu'il  faut  la  chercher , 
c'est  dans  l'usage  où  sont  quelques-uns  de  vos 
orateurs  de  ne  parler  ici  que  pour  vous  plaire  sur- 


122  EXORDES. 

le-champ.  Il  n'est  pas  nécessaire  ,  disent-ils ,  de 
contribuer ,  ni  de  se  mettre  en  campagne  ;  tout 
ira  de  soi-même.  Il  faudrait  ,  Athéniens ,  qu'il 
arrivât  quelqu'autre  événement  qui  vous  fît  sentir 
tout  le  vice  d'une  pareille  conduite ,  mais  sans  que 
la  république  en  souffrît  aucun  dommage.  Pour 
moi,  il  me  semble  que  la  fortune  vous  traite  mieux 
que  vos  chefs.  En  effet,  que  nous  ayons  perdu  in- 
sensiblement toutes  nos  possessions  ,  on  doit  l'im- 
puter à  l'imprudence  de  ceux  qui  vous  gouvernent  ; 
mais  que  tout  ne  soit  pas  péri  il  y  a  long-tems,  je 
l'attribue  à  votre  bonheur.  Au  reste,  tandis  que  la 
fortune  nous  abandonne,  et  qu'elle  élève  nos  en- 
nemis ,  veillez  par  vous-mêmes  à  vos  affaires  :  si- 
non, prenez  garde  que,  tandis  que  vous  accuserez 
vos  ministres,  elles  n'aillent  toujours  en  déca- 
dence. Car  il  n'est  pas  possible ,  si  nul  de  vous  ne 
les  soutient,  qu'elles  s'arrêtent  sur  le  penchant 
de  leur  ruine,  sans  le  secours  d'une  puissance  ex- 
traordinaire. 

x  L  I  n. 

On  ne  doit  pas  s'étonner,  Athéniens,  que  des 
hommes  qui  ont  toujours  eu  pour  but,  dans  leur 
administration ,  de  favoriser  l'oligarchie ,  agissent 
encore  maintenant  d'après  leur  système  :  ce  qui 
doit  surprendre  davantage,  c'est  que  vous,  qui 
êtes  instruits  de  leur  façon  de  penser,  vous  les 
écoutiez  souvent  plus  volontiers  que  ceux  qui  par- 


IÏPOOIMIA.  1^3 

Aiyovlccv  IjIclvQô!  thifjLyiyopiïi  ,  a$  ovzè  eto~(pgpgfv ,  oure 
(rTp*feue<r9cu  o\7  ,  7ratv)ct.dg  clvuo/jlxt  IcrJai.  Eotei  Atev 
oùv  raZ'j  vw'  clWgv  tivoç  \fy\tyyiG§cL\  ixitcl  rov 
AvŒilîAovvToç  iXiyyjw  xvj  nroAu*  oox,e7  àt  (xot  TpoTro* 

TIVCt   >C0t£    VKV  CLjJLtlVM   Y[  TV£/\  7Iêpt    UjXfltS  Tû)V  g<pg(TT)1- 

jcotûjv  etvoc/.  To  /-tgy   yctp  ejt&o-Tct  ctsroAAixrycu  tus 

TûùV   îWl[jli\0VfliVCûV   TLCULICLÇ   <TV][MlOV    TrfiïHJYVLil    UTOtU- 

cocu  to  oe  pi  TictAot;  ttocvt  cczjroAaîAgycu  ryç  v/juti- 
pets  TV)(v\ç  wtpyiTYiii'  tyayi  îtpiw.  Ev  à  to<vuv  >t 
Tup£>j  viccAu-arti  ,  jt  eu  tooé  gp£3-poi>£  etve^ef  ,  rav 
Aoincûv  ganpLgAnwre*  u  oe  jtwj,  (rx,0'7rgJTe  oncoç  ^6>jv 
et //.et  roi»?  e^EcrraTas  zkclœtoiç  v(xîiç  x,ptvtrt ,  jccu 
to,  Tpcty/xot^  J/t£v ,  #  ctvojpes  A9*/jva7o/ ,  xAm7*  ou 
yap  go-^r  O7T0S  tccot  aveu  ^ 
pioY;os  ctvTjAcutjSctvo/zevst/. 


yap  go-^r  07Tûj^  tccot  ctygu  ^teyctAou  Tfvos  <77»creTeu , 


Mr 


Ou&v  eernv,  a  ctvb*jp6S  'aBuvciTch ,  tooto  ccAoyoy , 
tous  agi  jteti  cuveras  usrgp  rav  oA/yetpViay  <7roA/- 
Teuopvous  x.cu  »uv  TauTct  vroiouvraLç  ifyXiyyiv^aLC 
ctAA  gjcgivo  //.ctAAov  ay  Ti^  etx,ora>^  3-clviaclgoli  ,  To 
TOO^    glOorctî    f/JLX?    TCtUTCt    TioAActx.^    uo«ov    TQVTCÙV 


124  npooiMiA. 

cotst/g/v,  v\   tûûv  wsrtp  v[iœv   ÀgyovTœv.    lacoç   /jlm  ol»v 

CtHTffîSp  OVP  lOlCi  poKHOV  gO"HV  &-&ÛLVT  Opd-CùÇ  TTpOLT- 
TtVJ  y  ÛVTCCÇ  OVÙi  JtO/VW"  cL\\'  OV  fa  TCL  fXîytGTcL 
y  g  %P^  '7rocpopqcv.  ToL  ^tgy  OUV  ClÀÀd,  *^<XVT  e<7T<V 
îXclttcù*  or  eu  <ft  vnrtp  *7ro\MicLÇ>  kcli  atyctym ,  xai 
drifiov  xcltclXvvzûùç  tvyj.çœç  cûcou>jTe  ,  troUs  oux,  g£a 
yjv\  toi!  cppoveTv  J^cts  clutovç  •ùyiïv^cLi  ;  0/  jtuv  y&p 
olAAqi  rrccUTis  ctv9pû)7ro/  rois  eVepav  ncL^Jiiy fxcLcn 
%pGû/jLevoi ,  p.ÎÀÀov  eJÀctêéTs  cturoi  yjyvovrcu  •  J/^g/s 

m  ,    OVOZ    TCL    TOlÇ    CLAAOIÇ     <TK|ULbOt/VOVTa,     CUtOUOVTgS  , 

Ço&iâ-iîvcu  (^uvoto-Ge*  olAà'  à  tous  /Aet  Tripipivovrctç 

ùideXzipOVÇ   VO/JuÇgTg  ,    TcLVT     CLVTOl    dy)[JLO(TlCL  fAOl  $3- 

jtgÎTg  ctyctfjiiVEtv  TTotS-ovres  cJo-^go-Gct/. 


MA. 


OuÔW  TtCûTfOXî'KTCCÇ  U[AG)V    IfylTWM,  Où  CVltyîç  'AOh- 
VCUO/  ,   Tl  âïlZtroTî  01  KCULtoÇ    TCp&TTOVÏiS  GC/Jlg/VQV   TTtp* 

tcov  ZtrpoLyfjLOLTOûv  rœv  eu  •zzrpa.TTovnav  @>qvAîvovtcli. 
Epti  y  oup£  gVgpaOgv  TToSev  touto  y/yvojugvov  ,  otÀA' 

OU    GVfJLÇ>CLlVU    TOIÇ    fJLiV    (J.7]Tl    QoQiiaQcLl     tlYlâiV  ,    ^9' 

i  us    ctv  Àgyo/    cîeiVoL ,   Tipoo-^ovS-'  pusteS?   viytïcr&cLi  , 
tovç  &  TiA^cnsv  ovlas  tov  ctficto%fjiaLrœv  ,  orav  g/$  ro 


FXORDES.  125 


lent  pour  vos  intérêts.  Quoiqu'il  soit  peut-être  aussi 
difficile  à  un  peuple,  qu'à  un  particulier  ,  de  se 
conduire  toujours  d'urte  manière  convenable ,  il 
ne  faut  pas  néanmoins  négliger  les  choses  les  plus 
essentielles.  Tout  le  reste  est  de  moindre  consé- 
quence; mais,  lorsque  vous  entendez  avec  froideur 
parler  de  gouvernement ,  de  massacres  ,  de  des- 
truction de  démocratie ,  ne  doit-on  pas  croire  que 
vous  avez  perdu  la  raison  ?  L'exemple  d'autrui 
nous  rend  ordinairement  plus  attentifs  pour  nous- 
mêmes  :  vous,  au  contraire,  vous  n'êtes  nullement 
effrayés  de  ce  que  vous  voyez  arriver  aux  autres  ; 
et,  lorsque  vous  trouvez  que  c'est  une  folie  dans 
chaque  homme  d'attendre  les  maux  qu'il  pourrait 
prévenir,  il  me  semble  que  vous  attendez  tran- 
quillement les  malheurs  publics ,  et  que  vous  ne 
songerez  à  vous-mêmes,  que  quand  ils  seront  ar- 
rivés. 


x  l  i  v. 

Nul  de  vous,  Athéniens,  n'a  peut-être  examiné 
pourquoi,  dans  l'adversité,  on  prend,  pour  ses  af- 
faires, des  mesures  plus  sages  que  dans  la  prospérité. 
La  seule  raison,  c'est  que,  quand  nous  sommes 
heureux,  nous  n'appréhendons  rien,  nous  croyons 
que  les  périls  qui  nous  sont  annoncés,  ne  nous 
regardent  pas.  Au  contraire,  le  sentiment  vif  du 
malheur,  nous  présentant  les  fautes  que  nous  ve- 


12Ô  EXORDES. 

nons  de  commettre,  nous  rend  plus  sages  et  plus 
modérés  pour  la  suite.  Des  hommes  raisonnables, 
favorisés  de  la  fortune ,  doivent  donc  être  alors  plus 
attentifs  à  se  conduire  sagement  :  car  il  n'est  point 
de  disgrâces  que  la  vigilance  ne  puisse  prévenir, 
comme  il  n'en  est  point  auxquelles  la  négligence 
ne  doive  s'attendre.  En  parlant  de  la  sorte ,  je 
ne  prétends  pas  vous  inspirer  de  vaines  frayeurs, 
mais  je  voudrais  que  vos  succès  actuels  ne  vous 
fissent  pas  mépriser  les  contre-tems  que  l'on  vous 
fait  craindre,  et  qui  pourront  avoir  lieu,  si  vous 
négligez  vos  affaires;  je  voudrais  que,  sans  être 
avertis  par  le  malheur,  on  vous  vît  agir  avec  cir- 
conspection, comme  il  convient  à  des  hommes  qui 
prétendent  l'emporter  sur  les  autres  en  sagesse. 


xi  v. 


Je  ne  crois  pas,  Athéniens,  que  je  puisse  en 
même  tems  vous  flatter  et  vous  donner  l'avis  que 
je  regarde  comme  le  plus  utile.  Je  vois,  d'ailleurs, 
que  vous  flatter  en  quelque  chose  contre  sa  pensée, 
attire  souvent  plus  de  haine  de  votre  part,  que  de 
vous  contredire  d'abord.  Si  je  vous  voyais  tous  du 
même  avis ,  je  ne  serais  pas  monté  à  la  tribune. 
Car ,  ou  je  vous  aurais  crus  dans  la  bonne  voie , 
et  alors  j'aurais  jugé  inutile  de  parler  à  des  hommes 
qui  prennent  d'eux-mêmes  le  parti  convenable;  ou, 
en  m'imaginant  le  contraire,  j'aurais  estimé  qu'un 


npooiMiA.  127 

KOLXADÇ  npcLxièiv  cLtpiTtœvTcu,  aœQçotcLÇ  7rpos  tol  \oiwol 
XjUzrpiQvç  Trzpîyji.  2xov$ûuûûv  toivvv  gV]/y  ctv9p&7rû>v, 

OTOLV  (àîAlKTM  TH  KcLOZVffll  TU^tf  *)QÛùïlûLl,    TOTg     7rÀg<û> 

T>jy  crr.ovoYiv  TTpos  to  erûjÇpsvgjy  e%É'v'  oua«y  yctp  ovre 
(puActTTo^tgyo^  out®  Og/yov ,  û>ot  cc(pt/À<xxToy  6/yct/ , 
cure  c\iya>pov<riv    cLwpoadbx.YiToy   7Tct9g7y.  Aîya)    de 

TÛLV'VCL,  0V%UûL   TWCL\\û)$  ViAOLÇ    àâlTTCû/JiaLt ,    ccàa 

ivût  yw,  di<z  tyiv  TCcLpoiïacLV  gJsrp^xv,  a,  ygvo/T'  ccy,  et 
^  trpovojKDîffoî  Tâ>v  7rpoty/xar<i)y,  og/vcc  ,  olkovqvtîs 
xatTct^poyîrre ,  ctÀA  ,  ctygu  tou  tfcLBiiv  ,  cù<rwep  gon 
Brpsorîjfcov  (pct<rxovTct5  y  g  fiyidtmv  cLWo\nw^<ricLi  rci 
GCoQpovelv ,  (pi»Aa^>i(r9g. 

me'. 

O J%<  rov  ctUTov  gTvct/  jccupoy  oVg/À^Ç* ,  a  ctvtygs 
'AÎWocTot,  tou  jçctpiÇga-Oocj ,  jcoti  rov  tol  (Jojcouvt*  [jloi 
ISiAtiot*  Trotpcuygîy.  IloAÀeuctf  yap  opa  to  y&pl- 
^go-Geti  tj  TTctpa  yv&pw ,  *7t\tiQ)/ci  dwi^SetcLv  iwy» 

JCOy  TOI»  TO    'TTpOJTOV  gVCtVTi(i)5>lVûC/.    El     fJLZV  OVV  OLWOLV- 

Tgs  iyivaxnttk  TaLVTcL,ovT  ,  ay  g/*o/  ra  tfgov/a  gobjuite 
7rpocupgLO-cbu ,  ovt  eu  TTaipyiAw  ,  Trgpjgpyoy  yyov[itvo$ 
rois  acp'  ûti/TûTy,  à  p£p>),  *7ro<oîTcr/  Àgyg<y*  ou-9-',  otolv  y 
ToJvavTiov  y.aAÀoy  yotp  àv  jîy^^^^v  *Vct  ovrct  g/*<*u- 


128  nrooiMiA. 

rov  ayvotrj  tcl  5tp«/n<7T<x  ,  »   *7r<xvT&$   v[jlclç.    bwtioy 

<îg  Opœ    TIVCLÇ  VfJLCùV   TcLVTcL    fJLiV    yiy\'œ(TKQVTCL$    IfJLOl   , 

TctvctvTicc  <r    aÀÀoJS,    îsrgi  pcwojxotj  fJLgTot.  toutûjv  tous 

éTgpOUS    ^glO-O^.    E/    yW-èV    OÙV  0J»<rg(r9g    &ïy   p»    g3êÀg/V 

If  >       >      ~  /  ,\     .>    J       /  ~ 

CCXOU6JV,  OV7C   OÇJCàS  TS'OlYIO'iZt'   CU  6X    CLKOVŒYjTi  GlCû'Xy  , 

jtctf  touô-' Jsro^s/VTîTg ,  ùvoTv  cty&d-otv  d-argpov  u/^/v 
vwtifètr  w  yap  *7fg/(75>icrgo-9g ,  av  ri  doycccLiiv  Àgygjy 
<™/JKpgpov ,  yi  j8e£aioTepov,  -zzrgpt  ûJy  tymTL&tt  ,  go-£o-0g 
irt&rîi<rfjt,mi.'t  Av  y&p,  ofe  t«  di&LioLpTcimv  o*'oju.g3' 
>ï/-ie7s  J^CGck,  toJjtcl  [xvi&voç  <L%icl  (Q&w,  [xît  i\iy%ov 
tcl  JkdoyyLîvcL  vuv  u/xg7s  gcrg<73-    wpy/xgvot. 


Bouàoj^v  c6v,à  av<î]pcs  'aOhvguoi ,  «rept   m  tvâo- 
tuliydu  teyoûv  wcto  vliiv  o  &<v<x,  gzsn  tû)v  gpyav  rœv 

I  »!  >      n»         \       t}  f     *  :     ,; 

7TpO£.TTO|U.gVû>V  «(TOV    CCUTû)    TOV    tZS'CLmV     yVilWCLl*      OVTt 

\        I  I         »    \         \       \    ~     \        <   ~ 

yctp  TOUTût)  7LCL7COVOVÇ  tlfJLl  ,    /-tOC   TOUS   ^gOU£   ,    VLLIV     Tg 

«tyct8oy  fZovAoii&i  ccv  ygygerSat/.  'AàV  iparz ,  a"  àvcfyss 
>Aa»vcuo/,  jlmj  x.g^û>p/o*/^gyov  m,   Àoyov   g<?jrgiv  gu  jcoc/ 

TpOgÂgO-SûC/   WpOLyfJLOLTCL  GVLtiÇtpOVTcL  ,  X.OU     TO     /*  gy  ptf- 

Topos  gpyov  9,  to   dt  vouv  gp^ovios  ctv5pû>srou.   Y/*£?s 

TOJVtiy    0/     •fl'oAAoi  ,    X,OU      fJLCL\l<r3r'    01     Wpi(ïÇ>VTcLTQl  , 


FXORDE?.  129 

homme  seul  pouvaitêtredans  l'erreur  plutôt  qu'une 
multitude.  Mais,  puisque  j'en  vois  parmi  vous  qui 
pensent  comme  moi,  et  différemment  des  autres, 
je  tâcherai ,  avec  leur  secours,  de  persuader  ceux 
qui  ne  sont  pas  de  notre  avis.  Si  vous  êtes  résolus 
à  ne  pas  écouter,  vous  ferez  mal.  Si  vous  m'écou- 
tez  jusqu'au  bout  en  silence ,  vous  gagnerez  l'un 
de  ces  deux  avantages  :  ou  vous  adopterez  ce  que 
je  dirai  de  bon,  ou  vous  serez  plus  fermes  dans  le 
sentiment  que  vous  aurez  déjà  suivi.  En  effet ,  si 
vous  trouviez  faibles  les  raisons  qui  me  font  croire 
que  vous  êtes  dans  l'erreur,  vous  aurez  un  motif 
de  plus  pour  vous  en  tenir  à  vos  premières  réso- 
lutions. 


XL  v  1. 

Je  voudrais,  Athéniens,  que  l'orateur  qui  vient 
de  parler  méritât  autant  d'être  loué  pour  la  bonté 
de  son  administration,  qu'il  a  brillé  auprès  de  vous 
par  la  beauté  de  son  éloquence  :  car  je  ne  suis  pas 
mal  intentionné  pour  lui ,  et  je  désire  ce  qui  vous 
est  avantageux.  Mais  prenez  garde  que  ce  ne  soit 
tout  autre  chose  de  bien  parler  et  de  savoir  choisir 
un  parti  vraiment  utile.  L'un  est  l'ouvrage  d'un 
orateur,  et  l'autre  celui  d'un  homme  sensé.  La 
plupart  de  vous,  et  surtout  les  plus  âgés,  sans 

t.  m.  9 


l3o  EXORDES. 

avoir,  comme  les  orateurs  habiles,  le  talent  de  la 
parole,  qui  est  le  fruit  de  l'exercice,  doivent  les 
égaler,  et  même  les  surpasser  pour  le  bon  sens 
que  donne  et  que  fortifie  une  longue  expérience. 
Sachez  donc  que,  dans  la  conjoncture  présente, 
l'assurance  et  la  hardiesse  des  paroles ,  si  elles  ne 
sont  accompagnées  de  la  force  et  de  bons  prépara- 
tifs, sont  agréables,  quand  il  ne  s'agit  que  d'en- 
tendre, et  sont  dangereuses,  quand  il  est  question 
d'entreprendre.  Par  exemple,  dire  brusquement 
qu'il  ne  faut  point  permettre  les  injustices,  vous  le 
voyez,  c'est  une  belle  parole;  mais  considérez  avant 
tout  la  chose  même.  Pour  soutenir  par  les  effets  la 
beauté  de  cette  parole,  il  faut  triompher  des  enne- 
mis, les  armes  à  la  main.  S'il  est  facile  de  tout  dire' 
il  n'est  pas  aussi  facile  de  tout  faire;  et  les  paroles 
ne  demandent  pas  la  même  peine  et  le  même  travail 
que  les  actions.  Je  ne  vous  crois  pas  inférieurs  aux 
Thébains  pour  le  courage  (  je  serais  insensé  de  le 
croire) ,  mais  bien  moins  préparés  qu'eux.  Je  dis 
donc  qu'il  faut  commencer  par  faire  de  bons  pré- 
paratifs ,  puisque  vous  avez  négligé,  il  y  a  long- 
tems,  les  batailles  en  règle.  Je  ne  contredis  pas  tout 
en  général,  je  ne  combats  que  le  plan  de  l'attaque. 


IIPOOIMIA, 

h 

0(X0 

I 


Aeygjy  /xev  ovx,  ocpecÀets  otxoicûç  duvoLaQcu   ro7$  &<vo- 
/  ~        \     ».        i  \ 

TUTOIE  TOûi  y&Ç  U3l<T[MVûFJ    TOVTO   TO   ZtrpcLyfjLOL*   VOUV 

y  vyj-w  o(Qii\îTt  o/xoiœç  ,  kcli    fcaAAov  TOUT0V.   kl 

yctp  gjU/TTc/p/OH,   X.OCI  TO   TlOAAcL  tœpcLKMCll  ,   TOUT    êjtt- 

"arofouo-/.  M>jroJVuv,à  cty<fygs  A9»vsi7o/,  (pctvîrrg  ctyvooSV- 
riç  ev  toj  ^rfltpovn  vtTV  y  on  cli  àtoi  rœv  Xoym  <xv- 
op/oc/  xcu  ^pcx(xyr>jTê5 ,  ectv  ^>i  (jlij  vwct^oua^  coœi 
waLfaL<Txivviç  tlcli   pœ[xv\$  y  cLTcova-cLi   fJLtv  iurtv  ydîicLi , 

r  a»    >  /    •*  .    »    /  1  \        \    > 

WfCLTTUV  dx    iWlKlVOVVOl.    kv~tXOL   yctp ,  TO   (JL7\    iWl- 

TpîWHV  TOlÇ  CLÙLKOVVIV)  Op&Tg  Cû$  K&AoV  TO  pï/JLOt'   &W0- 

SAe4/Arg  ùytwpaTov  rrpoç  to  tpyov  olvto.  Ag7jtpctT>j- 

<T0t/  UCL'^O/JLlt'GVÇ  TûTv  gp^SpOJV  ,  TOUS  TtfV  TOV  pYlfZOLTOÇ 
tovtov  (TEfjivoTy\TcL  tpycà  À^O/^êVOUS.  ElWîU  [11V 
yotp,  a  ivfygs  'a9hvo7o/  j  -7rûcvrct  7rg(pux,e  poi&ov  3rpot£af 
«J^  o Jv  kwowlcC  o v  y ctp  t'eros  croyo^  x,a/  t^pas,  TTpo  Tg 
tou  Àeygjv  ,  x,ai  Trpo  tou  TrpcLTTtiv  tvziv.  Eya>  J^ 
ou  j^e/pous  J/xctk  yyovfJLcLi  Çvau  Qyi&olicôv  (  JCCif 
ysLp  av  fxanvoiixw) ,  <*AÀ  cc/jrctpotaxêuoTepous.  <P>1/X<  Oï] 
&7v  Tou  <7rctpd,a-jc£uà/eo,8c«  vuv  '7rotg7o-9ctt  thv  app^v  , 
«VetAi  tIcùç  IfJLîXziTi  tov  <ftctyû>vi£ga"(ki.  Ou  y&p  ocv- 
TiXlycc  to  'oXor  <xÀA'  uVep  tou  tdotîtou  tJjs  gy^g/pn- 
o-eas  êvctvT«ouu.oL<. 


i32  nPooiMiA. 

MZ'. 
'Oo^V    p.€V  ,   Où  CtWpgS  'AGuVfltTot  ,  vrîWOlYlVT OU   G'&GV- 

&îv  ot  srpgo-CgJS  Jtcfmyopvfo-ai  Tyfs  woAscûç  ^«v,  ct-arctv- 
T65  eûJpct3ta.T2*  ttaw  yctp  oujc  gp^o;  nvo^  ei'7rû),TccAAot 
wcivTcLvfMV-dYciBiïvaLi  TTtW'tipcLVTaLi.  El  juuv  oùy  nVccv 
ccuxav  aÀ>i3g?s  eu  x,oLT»yopicu ,  %<xp*v  yg  e/p^ere  e*jto- 
Tû>s  àv ,  et  wços  v[iglç  qvtcùç  vfjiœv  KOLTyiyopovv ,  kcli 

fJL"A  TïpOÇ  CLWûVÇ'  iWU$V\  àl ,  <ftcLOTpg-N|/ClVT6S    TctA^yj  , 

i      \     ^  /o    /  »  »  r   ,\  i  »       / 

ILOLi  Tct  jUlgV  TTcipûWoCUVOVTgS,  CC(f>  Û)V  CtV  |Jt,£yc£,A0U£  g^r&i- 
VOVç  }CO[Xl(raU<r§t  dlXCLlCàÇ  ,  TGL   <K    CLlTlcLGcLfJLiVOl    *\sivùïi 

xcu  ou  srpoomov.?  iyuv,  x,g%p»vTcu  rco  \oyœ9  ttov?j- 
pous  (ftjtouov  ûcutoi»^  ,  gsrg/ô^xv  t%t\éy%$Z<Ti  tôlvtcl 
7rzwomKQTtç  ,  vo/^e*y.  Ei*  yap  p»*ropes  <5W/  /Wt- 
Àov  gTvcti  dbx-eTv,  i  |xgT  «AjiS-gjots  earieiMiç  avQpoo7rot 
vo^/Çso-flûCi  tzrposiÀovTo  ,    ovS^   ûlvtoi  xcLXoxcçyaLS  iclç 

OLVy  ûùÇ   êoiXEtf  5    ci/X<pj<T&îTGlgV.  ''EffT/    /^gV   OVV  %<X/\.£- 

t«roy  to  ?«rocp  vyC.v  vwip  v^m  tpovvToi  aveo-rwceyaf  , 
ûxrzzrgp  pouîtov  to  jcgio  t^av  gya  yotp  ,  /ta  tw  A8h- 
voTv ,  ou&vcts  tcùv  ctÀÀûjy  dyd-pccTrm  oItoùç  oÎ/jlcu  ta 

Wf)O(T0yTCL  OLVTOlÇ  CLTLOUŒCLl    V0t>3-gTOU/JlgVOU£  ,    «V    J//g?5 

Ta.  pi  arp0<xovToi?  }c«xa>$  cotouovTgs.  Ou  pun  ouog  rou- 
tous  ^■paergas  av  ol/Tû>s  yyovpcLi  ^evdt<rvcLii  a  ta>j  <rwv- 


EXORDES.  l.)j 


X  L  V 


Vous  avez  tous  entendu,  ô  Athéniens  !  les  vifs 
reproches  que  les  députés  ont  faits  â  notre  ville. 
Excepté  je  ne  sais  quel  article,  ils  ont  cherché  à  lui 
imputer  tout  le  reste.  Si  leurs  imputations  étaient 
fondées  ,  vous  devriez  leur  savoir  gré  de  vous 
blâmer  ainsi  devant  vous-mêmes  et  non  devant 
les  autres.  Mais  puisque,  déguisant  la  vérité  dans 
leurs  discours ,  ils  ont  omis  des  faits  qui  auraient 
pu  vous  mériter  de  grands  éloges,  et  qu'ils  vous 
ont  charges  de  reproches  calomnieux,  qui  ne  pou- 
vaient tomber  sur  vous ,  de  tels  procédés  décèlent 
en  eux,  sans  doute,  un  mauvais  naturel.  Oui,  s'ils 
préfèrent  la  réputation  d'orateurs  habiles  à  celle 
d'hommes  vertueux  et  amis  de  la  vérité ,  il  parait 
qu'ils  sont  peu  jaloux  de  passer  pour  gens  d'hon- 
neur. Il  est  donc  aussi  difficile  de  parler  pour 
,  vous,  qu'il  est  aisé  de  parler  contre  vous;  et  je  suis 
convaincu  que  personne ,  lorsqu'on  l'avertit  de  ses 
fautes  ,  n'écoute  plus  patiemment  les  reproches 
qu'il  mérite,  que  vous  n'écoutez  les  reproches  inju- 
rieux que  vous  ne  méritez  pas.  Au  reste ,  je  ne  puis 
croire  que  les  députés  même  se  portassent  à  mentir 
avec  autant  de  hardiesse  ,  s'ils  ne  vous  connais- 


l54  EXORDES. 

saient  bien,  et  si  ce  n'était  une  chose  certaine  que 
vous  êtes  de  tous  les  hommes  les  plus  disposés  à 
entendre  les  reproches  dont  on  vous  charge.  Si  vous 
devez  être  punis  démette  facilité,  soyez-en  quittes 
pour  écouter  des  invectives  contre  votre  ville.  Mais, 
s'il  convient  de  prendre  la  défense  de  la  vérité , 
c'est  pour  cela  que  je  suis  monté  à  la  tribune ,  me 
flattant,  non  de  pouvoir  parler  d'une  manière  qui 
réponde  à  vos  actions ,  mais  de  montrer  que  ces 
actions  sont  justes ,  de  quelque  manière  qu'on  en 
parle.  Mon  désir  serait  que  vous  nous  écoutassiez 
sans  prévention,  pour  vos  propres  intérêts,  et  que 
vous  ne  prissiez  point  parti  pour  les  députés ,  parce 
que  leurs  discours  ont  obtenu  vos  applaudissemens. 
Ne  craignez  pas  qu'on  vous  fasse  un  crime  d'avoir 
été  trompés  par  l'éloquence  d'un  orateur;  on  n'aura 
de  reproches  à  faire  qu'à  ceux  qui  ont  mis  toute 
leur  étude  à  vous  séduire. 

xtvni. 

Vous  en  conviendrez  tous  avec  moi,  ô  Athé- 
niens !  vous  voulez  qu'on  fasse  ce  que  vous  regardez 
comme  le  plus  utile  pour  la  république;  mais  vous 
n'êtes  pas  tous  d'accord  sur  ce  qui  est  le  plus  utile. 
Autrement, verrait-on  parmi  vous  les  uns  deman- 
der que  nous  prenions  la  parole,  et  les  autres  nous 


nrooiMM.  i35 

VOcGOLV  TCLVTOL,  K4LI     ÏJTpOO'/lAoy  HV  OTl    OZVJOTcLTOl  XffcU- 

Tav  v[J.iiç  garg  cotovav  o ,  xi  eu  TiÇ  tcc^'  vtxav  Atyy. 

El   fJLW  GVV  TCLUT7\Ç  TY\Ç  W$llCLÇ  AîOfV  VfJL&Ç  Ùî7  <hdovctt, 
AoyOUS     OV    TrpOGYïKOVTûLÇ    XOLT&    TV\$    WQMCùÇ   CLTCOUllV 

tout  eu  iivf  ii  J^  usrgp  tûjv  ûcà>]5<Îv  ,  et  ri  <fcx,*/ov,  pn- 

tîov  ,  isrt  tout    iyœ  -zzrapgAnAvyct ,   srjo-Tgfay  oux, 

»    \        >*/  ~      t  ~  /  »     „,      .      / 

autos    ctç<a>s  toùv  'j/jliv   Trg^rpcty/^gyûùy   êi-zjrs/v    ouvji* 

û        »N  N  \      \        i  */  y  *i         «.i 

(TiGVOLl  y  OLAACL  TeL  f7tpcLy[).CLXCL)   OTtCùi   OLV  Tl$  cl7CV)  ,  0/*- 

xcLicL  <potve7o-9flt/.  BouAot^oiv  J^  àv  J/xeT?,  a  ctvdjpgs  *A0Jt- 
vaTo/ ,  *<7oi/s  oLjcpoxra^  Jtzrgp  u[iœv  clvtcùv   ygygo-Oûtt , 

XOLl    [M\    Xûû    tfpQffYlXVOLl     XQVÇ   AoyoUÇ    eWÛLlViGCLl  TGV$ 
I  _   .  *      ~  »         I       4       f  '  /  > 

Tourûjy  (p/Aovgjjcgtv.  Ou  y&p  ay  up.gTgpotv  scoxcav  ou- 
tfgis  g-n  Jtpivcti ,  et  Aîyovxoc  xivoç  su  '7r<xpgjtpouo\3,>rr6 , 

OiXAcL  TCûV   ZWl    XOVTOù    aWQUVW  HJCOlYHFCLfltVeM  y     OTICûÇ 

v/jlolç  eçxwcLTvi<rœ<riv. 


MH 


Oj/agu  7ravTcts  àv  J^tctk  9  «  avoues  'AÏÏwciïoi,  Qwcli  , 
a,  fèi\xi<TTeL  tKcMTxoç  riytiTeLi  riT  TToAe/ ,  iGouAgcrOat 
tccutcc  erpat^^îvet*.  Sujttêotivei  <h  ys  ^jî  x,&t&  tclvto 
x,ex,pt  cGou  Tistpa  srct<7j  to  jSgAnoToV  ou  yctp  iy  vfzSv 
oi  jfcgv  Agy£/v,   ot   oi  fjLït  Agygiv   gxeAguoy.   Upo?  p.gy 


i36  nrooiMiA. 

to/vuv  tous  usre/AncpoTcts  tolutoi  <rv[MQepw  ou- 
ô^yos  &?  Aoyou  tcù  jmgAAovT/  teytir  -Grz-sriHTiMvoi 
yctp  uttrapyouo-t*  'Xpoç  m  rovç  tcucuticl  av/x^ipav 
wyovutvovç  fya.yicL  dwiïv  jSouAo/xcti.  M»  3gAot/<n 
fx>iv  oùv  dxovw  ovx,  ht  dy\wov  |Xotâ-e7y ,  ou&v  /£c*A- 
Àov  i  aiœ^cùai  ,  fjw&vos  ÀeyovW  dïiovaôLai  dz ,  ôWv 

ayot5o?y  oi/x,  IV#  «SuTgpou  ôN/ctjuapTgîv/  H  yotp,  ^e/- 

rv'  '  \  »     \    »  /  / 

CSeVTSS    SrctVTgS    XCLl    TCLVTOL   tyVOùKQZîÇ  ,    KOlVOTtfOV 

/3ouAguo-g<r9g,  ou  jULê?^ov  sjs  Tôt  srctpovrot  ouo\y  ctv  yg- 
yo/ro  ctyaSov  i,  /x»  o\»v>i5gyTos  tou  AgyovTos  ô^ooc^ct/, 

$£boUOTgpOV  TO?£  èyVCCO-fJLîVOlç  TtlGïlVGlTZ.  Xû>p/S  & 
TOUT0V,   0U&  JCCtA>lV    VWO^iaLV  iyj.1  YjXUV    jAiV    tU    Tï]V 

exxAtyffi&v,  ces  ix,TM  pyi3vi(ro[XiVM  ro  KpoLTurrov  îAi- 
<r9ou  èior  QoLnvcu  &  ,  vrpiv  ex,  rœv  Aoyœv  doyciixoLacLi , 

ÎÎTCtp    VUIVOLUTQIÇ  Tl  WiWîKTfJLiVOVÇ  ,  JCCU  T0l>^'    OUT0S 

/(7Xl'P0V  >  û»0"^  A"jJ^'  g*3eAg/y  wapa  tclvt  côcoug/v. 

Me'. 

I<rcû$  o^Awpos,  «  avoues  'AÔWTof ,  riaiv  vuœv  thaï 
ô^oxa),  ?zroAAax.fS  Aeyay  •zêrep*  tov  ctuVay  ctg/*  ctAA', 
eav  op^as  o-x.oTniTg,  oux  iyco  (Çclvykto/jicli  toutou  o<- 
x,a/os  œv  g%g«v  twv  clItizv  ,  aAA'   0/  ^tf   tîre/5o^gy^( 


EXORDES.  107 

fermer  la  bouche  ?  L'orateur  n'a  pas  besoin  de  dis- 
courir pour  ceux  qui  pensent  comme  lui  sur  ce 
qu'il  regarde  comme  le  bien  de  l'état ,  puisqu'ils 
sont  déjà  persuadés.  Je  vais  dire  un  mot  pour  ceux 
dont  les  sentimens,  sur  cet  article,  sont  différens 
des  miens.  S'ils  refusent  d'écouter,  ils  n'est  pas  plus 
possible  de  les  instruire  que  s'ils  gardent  le  silence, 
et  que  personne  ne  parle.  En  écoutant  vous  ne  pou- 
vez manquer  l'un  de  ces  deux  avantages;  ou  vous 
serez  persuadés  tous,  et,  pensant  de  même,  vous 
délibérerez  avec  plus  de  concert,  ce  qui  est  essentiel 
dans  la  circonstance  présente;  ou,  si  l'orateur  ne 
peut  vous  amener  à  son  sentiment,  vous  n'en  serez 
que  plus  fermes  dans  vos  résolutions.  De  plus ,  ce 
n'est  pas  donner  de  vous  une  idée  avantageuse, 
que  de  venir  dans  l'assemblée  comme  pour  choisir 
ce  qu'il  y  a  de  mieux  dans  ce  qu'on  vous  dira  , 
quand  vous  avez  pris  votre  parti ,  avant  que  d'avoir 
examiné  les  discours,  et  que  vous  l'avez  pris  si 
absolument,  que  vous  ne  vouliez  rien  écouter  autre 
chose. 

XL  I  X. 

Vous  me  trouverez  [7]  peut-être  importun,  ô 
Athéniens,  de  revenir  sans  cesse  sur  les  mêmes 
objets.  Mais,  si  vous  y  faites  attention,  vous  verrez 
que  c'est  moins  à  nous  qu'on  doit  s'en  prendre , 
qu'à  ceux  qui  refusent  d'obéir  à  vos  ordonnances. 


l58  EXORDES. 

S'ils  eussent  exécuté  d'abord  ce  que  vous  aviez 
arrêté,  il  n'aurait  pas  fallu  parler  une  seconde  fois: 
s'ils  l'eussent  exécuté  la  seconde  fois,  il  ne  faudrait 
point  parler  de  nouveau.  Plus  vous  avez  décidé,  à 
fréquentes  reprises,  ce  qui  était  convenable,  moins 
ils  me  paraissent  disposés  à  s'y  conformer.  Pour 
moi, certes,  j'avais  ignoré  jusqu'ici  ce  que  voulait 
dire  ce  mot ,  les  honneurs  font  connaître  les 
hommes;  il  me  semble  qu'à  présent  je  pourrais  ins- 
truire les  autres.  Quelques-uns  des  hommes  en 
place ,  pour  ne  pas  dire  tous ,  ne  font  nul  cas  de 
vos  décrets,  et  ne  s'embarrassent  que  de  recevoir 
de  l'argent.  Si  je  pouvais  leur  en  donner  ,  on  me 
blâmerait  avec  raison  de  vous  fatiguer  de  mes  dis- 
cours, plutôt  que  de  leur  fournir  une  somme  lé- 
gère. Mais  je  ne  le  puis,  et  ils  le  savent  eux-mêmes. 
S'ils  croient  que  j'ajouterai  de  l'argent  à  celui  des 
charges  publiques  que  j'ai  à  remplir,  ils  se  trom- 
pent. C'est-là  peut-être  ce  qu'ils  veulent,  et  a  quoi 
ils  s'attendent;  mais  je  me  garderai  bien  de  le  faire. 
S'ils  s'acquittent  envers  l'état  de  ce  qu'ils  lui  doi- 
vent ,  j'irai  en  avant ,  et  ferai  ce  qui  convient;  si- 
non, je  vous  dénoncerai  les  coupables. 


Nul  homme  sensé  ne  disconviendra  ,  je  crois* 


rrpooiMiA.  i'3i) 

TOIÇ  V[ltTèpoi$  •^TlQlO'fJLCLŒVf.  El    y&p  txuvoi  TO  TipCùXOV 

ewoiwoLV  k  vfjiitç    v: poaircL^cLTî ,  owdfev    ctv  ro  dtv- 

TgpOV  Y[XCLÇ  idzi  XîytlV  y  OV^\  il  TO  diVTipQV  ,  CLV$I$. 
Nt/V    y    0<TCÛ    TTÀgOVCOC/S     TOL     <7TpOO'))X,0v3'     V[J.lV    V(IUS 

e^»cptcrctcr9£ ,    TQ(rov~œ    poi    ùoKOvatv   riTTGV   attivoi 

*7rcLpe<rx,ivcL<rvcLi  noniv.   UpoTgpov  /J-gy    ouv  gyû>yg ,  /£& 

tous   Seous,  oujc  «ofe/v  npos  ti  -ûtot   eiw  tout    eipu- 
'  »  .  i    *  a     a  '  ~    o        *     '\  ■* 

/*gV0V  ,  ûtp^»    GtVdpCt  OiULVUŒl    VUV     Og  ,     JCOLV    OCAAOV  ^uo/ 

(fojtû)  <ft<îix£a,i.  Ol  ycip  ol^ovzîs  ,  »  Tivs*  ctuTûjy,  jvo, 
\       /  i  \      <        i         i  / 

p?  '7TCWTCLÇ  \iy(ù  ,  T0V  /££V  U^gTgpûJy  *4/>1(p/0-|U(.Gi,Tû>V. 
?'àÀ'  0U&  T0  (JLllipOTcL'ZOV  (QpOVTltyvo-lV  07CCÛS  &  À>J- 
^/QVTCLI.  El  (HV  QVV  gvïy  doVVCLl,  dlKOLlCûÇ  <xv  ettrro  toSto 
[JLOt  TIÇ  iWiWMçiV  ,  il    dlcL  fJLlKpOV  cLVCtKœiACL  gy^Àg^ 

u^iy  wpoupiv  vuy  de  oujc  gv*  ,  JcccScitzrcp  ouoe  tqutoks 
ÀeÀ>i5gv.  E<  $'  t/^rgp  m  v/yiïv  \cirovpyc7v  6V7,  7rpo<r3>j- 

<7g<V  CLVTOIÇ  OlOVToU  [Xi,  \v\pOVO~L  KcLl  TOLVTaL  îo~CùÇ 
/SsUÀOV/CU,  CL  39 '7rpO(7^03taO'/y  gV<»  (?0tî  TTO^CTû)  TûtuVat. 
CLAA  i&V  /JLgy  00X71  ,  x,cc,£gÀ£;a>  t>jv  yctuv  ,  KOLt  Tôt 
7rpoo->ix,syTGt  ttowio-û)*  £/  og   ^i ,   tou?  ct/T/o^  tv/^ty 

Ot7TO(pCtVa. 

n'. 

OvfcjeL  àv  gii  (ppovouyTct  CLVTUWt7v  ,  ^   ÛtV^/65  *A9>î- 


i4o  nrooiMiA. 

VCLIOI,  VOfJLlfy  ,  Cûç  OV%  d&CLVTm  CtplCTTOV  l(TXi  TU  TCO- 
tel  ,  [XCLAkTTcL  fJLèV  ijr  «tp^i^  fAVliïiV   <*Vl>jU(f>$pOV  irpOLT- 

Te/v  îi  ôi  pj,  -zzrctpetvcci  gt>d-us  rovç  €v«,vnaa,o/«voiis. 
A6<  /ttgvrof  tout®  TipocrsTyoti ,  XfiCt  3-gAovras  oîjtot/s/v 
f^<ï^  ,  x,cu  &$ctcrx.g<7()<xr  oi»ogy  yccp  TiAgov  €iva<  Toy 
€pouyr«t  rct  /BbAt/otc*.  ,  c£v  a»  tous  <Lkqvoouîvov$ 
ÉX?'  ®u  ^V  ou"2  gîcetvo  #Au<nTgAgs  fxgxot  Tctur  av 
cp&vgw ,  oo-    cty  Ti$  u^a^  y\  met  xct/pov ,   h  m    œpctv 

ri  ,\    . ,     ^  \        ,    /  / 

yiflîpCLÇ  ,    >1    01      OtAAîjV     TtVCt    CUTtOCV    7TfltpûLX.poU(mTotl  , 

TdLvB    OTOLV  7T0Tg  /2oi>À>1cr9g,  J/X0V  CLVTCôV  OVTiÇ  ,  GMCOU- 

giv,  gjvcu  tov  g^gTcco-ovra  cr&AiV  jvc6  ,  gav  ^gy ,  #£ 

\         e       /  /  _       -  '  a      '    /  / 

(pOt(T<V  0/  TOTg  Tg/O-cCVTg^,  (p&VW  ,  71  pO^VfJLOTîpOV  ftpcLT- 

TVTty  CôÇ  gAsy^OV  feduTLOtÛL'  IcU    ^    CLpCL    fl»  TOlOLVTcL 

zvpîd-y,  TTpiv  Trop'pûJTgpû)  TrpogA^-gTv ,  ewi<rj(yiTc.  Kcu 
yctp  ctv  &/vov  gî>j5  ei  to?s  zov  xçcltiq-tw  àoLf^oLpiova-i 
ro  ^g/p/a-rov  ctvotyjoi  ^paumn  eivi ,  tlcli  pj,  to  ogu- 
Tîoov  tx,  tov  AojttûSv,  g^sftf  ^tgrocÇoyAgLxrc^o-Gût/.  Tous 
ycxèv  o?y  ctAAous  kvrcwrcLî  lyayi  opœ  tw  cteeAoy eotv 

'TTpOTc/VOjUgVOUS  ,    OTOtV    Tf     '7nG"TgU0<7/    dlTULlûùÇ     OLVTOIÇ 

-tWù&Yiï&i'  ovroi  ^'  clv  TGvvoLVTiov  eyxaAoi»c/v ,  tt 
T&îpl  m  ypolpTiTt)  vuv  ctyct3g(j9ai  /SouAgafig,  wa/aru- 
r>jv  jcupiargpûtv  oùumi  ùtlv  ehau  T%i  [tîTct,  tov  p^po- 


EXORDES.  l4 


que  le  mieux,  pour  la  république, estsurtout  qu'elle 
ne  décide  rien  d'abord  de  nuisible;  sinon,  qu'elle 
trouve  des  ministres  qui  s'opposent  sur-le-champ 
à  des  décisions  qui  pourraient  lui  porter  préjudice. 
Il  faut  encore  ajouter,  Athéniens,  que  vous  vou- 
liez entendre  et  vous  laisser  instruire  :  car,  en  vain 
un  orateur  dira  les  meilleures  choses,  si  on  ne 
l'écoute  pas.  Il  n'est  point  non  plus  inutile, lorsque 
quelqu'un  vous  aura  trompés ,  en  profitant  de  l'oc- 
casion et  d'un  moment  favorable,  ou  par  un  autre 
moyen;  il  n'est  pas,  dis-je,  inutile,  supposé  que, 
rendus  enfin  à  vous-mêmes,  vous  vouliez  écouter, 
que  quelqu'un  examine  les  choses  de  nouveau , 
afin  que,  si  elles  vous  paraissent  telles  que  vous 
le  disent  ceux  qui  vous  ont  d'abord  persuadés, 
vous  agissiez  avec  plus  d'ardeur,  comme  étant 
sûrs  de  votre  fait;  et  que ,  si  vous  les  trouvez  diffé- 
rentes de  ce  qu'on  vous  a  dit,  vous  vous  arrêtiez, 
avant  que  d'aller  plus  avant.  Il  serait ,  en  effet,  fort 
étrange,  quand  on  a  manqué  d'abord  le  meilleur 
parti ,  qu'on  fût  obligé  de  prendre  le  plus  mau- 
vais ,  sans  qu'on  pût  changer  après  cela ,  et  se  dé- 
cider mieux  ensuite.  Ceux  qui  se  flattent  d'avoir 
tenu  une  conduite  irréprochable ,  se  donnent 
ordinairement  pour  être  disposés  à  en  rendre 
compte  :  certains  ministres ,  au  contraire ,  vous 
blâment  de  vouloir  différer ,  quand  on  vous  a  fait 
tomber  dans  l'erreur,  comme  si  la  surprise  devait 


l/j2  EXORDES. 

l'emporter  sur  un  examen  réfléchi.  La  plupart  de 
vous,  peut-être,  n'ignorent  pas  quelles  sont  leurs 
vues  :  mais  écartons  ces  idées  ,  et,  puisque  nous 
avons  la  liberté  de  parler ,  disons  ,  sur  les  af- 
faires ,  ce  que  nous  estimons  de  plus  utile. 

l  i. 

Je  souhaite ,  Athéniens  ,  que  tous  les  orateurs 
vous  proposent  les  partis  les  plus  avantageux  à 
toute  la  ville ,  et  que  vous  ayez  la  sagesse  de  les 
adopter.  Quant  à  moi ,  je  vais  vous  dire  ce  que  je 
me  suis  persuadé  être  le  plus  expédient  pour  vous. 
Je  vous  demanderai  seulement  de  ne  pas  regarder 
ceux  qui  vous  exhortent  à  vous  mettre  en  campa- 
gne comme  des  gens  braves,  ou  ceux  qui  s'efforcent 
de  vous  en  détourner  comme  des  lâches.  L'action 
et  la  parole  ne  doivent  pas  se  montrer  à  la  fois  :  il 
s'agit  actuellement  de  délibérer  avec  prudence; 
vous  pourrez  ensuite ,  si  vous  le  jugez  nécessaire, 
vous  signaler  par  des  actions  de  bravoure.  Votre 
ardeur  est  digne  d'éloges,  et  telle  que  peut  la  sou- 
haiter quiconque  désire  le  bien  de  l'état;  mais,  plus 
celte  ardeur  est  grande ,  plus  on  doit  faire  en  sorte 
que  vous  l'employiez  à  propos  ,  puisqu'aucune 
action  n'est  louable ,  si  elle  n'a  une  fin  utile  et 


I1POOIMIA.  143 

vou  jScWvou.  Tuv  ]UL6V  ot?y  toi/Tûjv  o-srou&iv  ou\K  vfiai 
]aa$  dyvoovaiv  01  tïqWoi'  S^ei  S^  vwep  tû»v  Tipoty/xa- 
tû>v,  gVgf^srgp  ygyovg  Àoyoi»  Tup£g<v,  a  t/$  viyeiTcu 


1  X     ' 

x.pa.Tiara,  Àgyg/y. 


NA 


O,  ri  jmgv  jxeAAei  a-woiativ  TCavy  iv\  tîroAei,  rovro 
xcu  Àgysjv  gu^o^at/  sravraç ,  a)  otvopgs  Air/ivcao/,  Xj 
Jjxak  gÀgo-Ootr  eya  <^'  °^v  >  <*  srg*5rg/x,û>s  e{ia,vtcv 
Tuy^AVû)  fjLcLXia-coL  trvuqjtpiiv  vfjLiv,  tclut  zpœ  ,  oe»— 
3-e/S  J/*«y  too-outov  ,  prrg  tous  g£/evcu  jtgÀguovTcts 
u/*&s  o*a  touto  vofxiCiiv  otvopgJot/s  ,  /*>iTg  tous  avTf- 
Àgygiv  etr/^e/pouvrcts  ma,  rovro  jtaxofs.  Ou  yao 
0  auroç  zXiy^oç  ,  a)  au/iïpiç  Aflwvtfloi,  rm  rt  Xoyav 
x,a.i  rœv  7rpa,yfJLa.rœv  «Vnv*  £\\a,du'n>v  îv  (ZîÇ>qv- 
Aivpivovç  vjjlSlç  q)avwa.r  rort  &,  iv  eî'pat  ravra, 
do™  ,  tcc  r>ï$  ecyjbciA^  a,wodu%a,<j$ou.  ?H  /£gy  ouv  J/xs- 

Tgpcc  ^po^v/jaa.  navroç  ctçtot,  ytai  roia,vry\  7rapt<rriv , 

'/       »/  »/*»  >/  ,\     ~      /  ~     *t  */ 

oiav  etv  ris  ivçairo  ivvsvs  m  ry  TtoXn*    vvv  Jx    o<rcç 

rvyyjnm  cwonàaioriça. ,  too-outo)  &!" /xoiAAov  Tpoi- 

&iv ,  O7T0S  g*s  &ov  3cccTctp^p)io-go-9g  at/TW*.   Oj&vos  yctp 

eu^ox,</JLg?7rpay/^ctTo5  jf  tfpocuptaiç,  <xy  /jwï  jccti  ro  rt\o$ 


i44  nPooiMiA. 

cru^ttpgpov  xeti  JttfAov  AcLiôvi.  Eyœ  m  otoct  croTê,^  ctv- 
<3jpes  AOhvcuo/ ,  Tra-p*  JjllTv  otxoucrcts  dvdpoç  ovrt  olvovtov 
doKovvToç  ii  y  et/ ,  ou  t  a-Gnipou  woasjeaou,  I(pt5tpce/rou£ 
Àgyû),  o$  ecpn   diiy  qvtco   tfpQOLiptTaQcLi  Kiviïvvtvuv  tov 

GZpCLTYiyoV  y     07CGÙÇ    fJLT]     TCL     V\     TcL     yiVACtTOLi    ,     CtAA 

07Tct)$  Tct'  outû)  yctp  g/tzre  to)  pvifjLcLTi'  viv  oe  touto 
ywpi/JLov ,  or/,  OTttus  tlolAuç  cLycùvwtGU,  eÀsyev. 
'Esrg/fev  /xev  Totvuv  IfyAd-yTt ,  os  dv  >îyirrci/  3CU"" 
p/o$  i>p.cîy  êo-T/'  vuv  «^  iitctcrroç  v[xûûv  clvtcù  arpet" 
ry\yii.  Ae~  dv\  ra,  toiclvtol  (pctvïvctt  j8s£ouA6ujxevous , 
&'  CtfV  'XMTcL'XœÇ  (TVVOHTU  Ty  7toAzi ,  X.cti  /JWî  fJLiXAov- 
gcûv  zvîyJ  tAwidav  ty\ç  TTctpova-yiç  ivdctifJLOVioLÇ  ^rpov  Tl 


Ttoiyia-îTî. 


NB. 


Olîtfe/    OtV    û?Op|V  ,  ffl    CtWpgS    À9»Vct7o/,    «TT/OTcUOVTCL 

to?s    TrewpoLyfJLîvoiç  ,    gyx.aAgo-cu   to?s  >cct5to-Tctcnv 
e/s  Àoyov   TctuTot,    ocra  yctp    av  TTÀgovcous  ttyroLty 

»  \  9        f  \  I  »        »  >*  ~ 

T/S     CtUTcf     CtVCtyjOf    TOI/?    TOUTcdV   ÙLlTtOVÇ   tVVOKlpLitV. 

Ov  piv  ûlAAcl  [xoi  doKovcriv  avroi  (pavgpov  xctAo-Tctvcu, 

otw,  eV/  ra  tw  tcoAu  o-ufJLQipovTi  7irptx<raLv%ç.  Oi  yoiïv 

■    ifyAtyxjLv^cLi  [jiîAAovtzç  y  iv  tcolKiv  us  Aoyov  eÂ- 


EXORDES.  j/|5 

honnête.  Je  me  rappelle  d'avoir  entendu  dire  chez 
vous  à  un  homme  qui  ne  manquait  ni  de  sagesse 
ni  d'expérience  dans  la  guerre,  je  veux  dire  Iphi- 
crate  ,  qu'un  général  devait  combattre,  non  pour 
exécuter  telle  ou  telle  chose ,  mais  telle  chose  :  c'é- 
taient là  ses  propres  termes.  Ces  paroles  annoncent 
-   assez  qu'il  avait  pour  but ,  dans  ses  entreprises,  de 

•  •  •  •  T 

sortir  toujours  victorieux.  Lorsque  vous  vous  serez 
mis  en  campagne ,  celui  qui  vous  commandera  sera 
maître  de  vos  démarches  ;  au  lieu  qu'ici  chacun 
de  vous  est  son  général  à  lui-même.  Vous  devez 
donc,  dans  votre  délibération,  prendre  le  parti 
que  demande  à  tous  égards  l'intérêt  de  la  répu- 
blique ,  sans  ruiner  votre  félicité  présente  sur  des 
espérances  éloignées  et  incertaines  dont  on  vous 
flatte. 


XIII. 

Je  ne  croyais  pas,  Athéniens,  que,  quand  on 
s'applaudissait  de  ses  actions,  on  dût  se  plaindre 
de  ceux  qui  obligent  d'en  rendre  compte  ;  car  il 
semble  que  plus  ces  actions  seront  examinées  ,  plus 
elles  doivent  procurer  de  gloire  à  leurs  auteurs. 
Mais,  sans  doute,  les  hommes  dont  je  parle  se 
condamnent  eux-mêmes,et  annoncent  qu'ils  n'ont 
pas  agi  pour  l'intérêt  delà  république.  Comme  ils 
craignent  que  leur  conduite  ne  soit  dévoilée  ,  ils 
évitent  d'en  rendre  compte  de   nouveau  ,  et  se 

t.  m.  10 


i  46  EXORDES. 

plaignent  de  nous.  Toutefois ,  je  le  leur  demande , 
s'ils  se  plaignent  de  ceux  qui  veulent  soumettre  à 
l'examen  leur  administration,  que  ne  direz-vous 
pas  d'eux  ,  vous   qu'ils  ont  trompés  ?  Au  reste , 
Athéniens,  vous  devez  être    aussi  irrités  contre 
celui  qui  cherche  à  vous  séduire,  que  contre  celui 
qui  en  est  venu  à  bout.  Ils  ont  fait  tout  ce  qu'ils 
ont  pu  pour  vous  surprendre;  et,  s'ils  n'ont  pas 
réussi ,  il  faut  l'attribuer  à  votre  bonheur,  et  à  ce 
que  vous  avez   aujourd'hui  plus  de  sagesse  ,  que 
quand  on  a  abusé  de  votre    crédulité.  Cependan , 
je  crois  que  ce  n'est  pas  ici  le  tems  de  punir  les 
coupables,  et  que,pour  le  moment,vous  devez  vous 
contenter  de  vous  garantir  de  la  surprise,  tant  on 
emploie  contre  vous  d'artifices,  d'impostures,   en 
un  mot  de  flatteries  !  Comme  donc  je  ne  vois  pas 
qu'il  soit  maintenant  à  propos  d'attaquer  les  pré- 
varications de  certains  ministres,  je  vais  vous  dire 
sur  l'affaire  pour  laquelle  j'ai  pris  la  parole,  ce  que 
j'estime  le  plus  utile. 


lui. 


Athéniens  ,  le  ton  d'invective  et  l'esprit  de  dé- 
sordre ,  qui ,  de  tout  tems  ,  ont  nui  à  cette  ville  9 
viennent  encore  à  présent  des  mêmes  hommes  dont 
ils  sont  toujours  venus.  C'est  moins  eux  '(Toutefois 


npooiMiA.  14.7 

ïccaiy  Qiuyovcn  >  kcli  àwct  notîT?  y\(jlclç  (ÇclgI.  KclItoi 

OToLV  TQVÇ  îfyAtyfcilV  /BouÀOfJUVOUS  ftllVcL  7T0/€?V  CLlTlâi- 

o-9ê,  ri  y\\kiï$  Tov$yfjLoL$  ôujtovç  I^wclt-axotclç  rvm- 
kcwtcl  MyœfjLiv^Hv  /xe»  ouv  Ùdccliov, a  àvcfygs  'AQwciïoi> 
tu»  tdïîv  gA5cTy  «Trctp*  v/im  ôpyw  roiç  tw%iipov<nv , 
wnmetp  Toîs  dvviSCunv  l^cLWctTvicrcti/O  /xe»   y  dp  ?» 

son  tovtqiç  ,  'tfgîzrowrctJ  ,  jc&j  7rpo)iyo{.yov3-   u/xots' 

TOI»  &  £1»  TgÀ0£  TÛLVTOL  g^giV  Yi  TU^)J,  JCGtl  TO  £gÀ- 
TiOy  VtTv  JjULctk  <PpOVe?V  V\  OX  îfy^YjTî  VZtTO  TOVTCÛV  ,  yg- 

ysygv  otmct.  Ou  fJLW  ccÀ\'  tycoy  ovrœ  nofpœ  vofJLtty 
t>?v  TToÀiv  sivcu  tou  dtxw  ncLpct.  rm  cuitTtowTœv  Acljx- 

Ç>CLVUVyCù$  CLyOLWYlTOV    iUCLl  (JLOl   SoilZlV ,  CtV  ,    O7T0S     /X>| 

f7rit<Tt<T$e  kolkccç  ,  (Ju»»o,eo,9e  (puÀccTTgo-Sctr  TOattU- 
tcli  Tï)(ycLi  ,  Jtctt  yov\riiàa  ,  jcoti  oàûjs  vwvipiaiau 
tmç  £j<nv  6(p  J/Xût?  3cocTeo-x.gyot<TjLtêVot<.   Tîïs   ]mey  ou» 

;  /  »         ->\       ^  «*  /  *       \> 

TOVTW  KCDLtcLÇ    OUJC    CL»    IV    TCù   ^CtpoVT/     Tf£    g»    OiGVTl 

fjLct.\i(rrcL  KcLTnyopYicrW  l&ovAofjLcLt  cN  vwtp  m  ave— 

<rmv ,  «t  vofjLiCœ  crufJKpepovT   g<arg<v. 

Nr'. 

H  f/.ev  ouv  êiû)3u7<t  TrcLVTcL  tov  Vfoyov  /£Aclwtwj  , 
a  cLiopts  AvwcLioi ,  t>iv  tjroA/v  Ào/aop/aL  jccli  mptf/)£ï?, 
xctt    vtm  ygyovs  TffdpcL  rav  avrœv  ,  «vftsp  agr  cl><o* 


148  nrooiMU. 

,JV'  GV%    OVTCù  TQVTQIÇ    Iw IX l {JJY\C OLl     (  IVCCS    yctp    cpyjf 

îtûu  QiXohikIcl  t&vtcl  TCpxTrovo'i ,  &cu ,  ro  ^yio-rov 

CC7roCVTûJV,  OTl  (TVfMÇtpil  TOLUTOL  71011VJ  CLVTOtÇ  )'   CtAA 

J/x7v ,  g/  7i€pi  x,oivaTv,.  a  ct'y^pe? 'a9>ivou 0/ ,  7ipcty/xaTût)v 
x,*/  jueyctAûJV  <jvm\zy  {jlivoi  ,  Tôt?  to<ot^  Aotoop/cts 
<Lx,poœfJLtvoi  kclSwQz  ,  ;tou  ou  (îuvcco-Sg  ^rpos  u fxas  ctu- 
xovç  Aoyio-<x<r9cu  tov$'  ,  'or/  cti  tSv  prropûjv  ctsrxy- 
tûjv  aveu  xpHTzœç  TTpcs  ctAAyjAous  XoiÙoçioli  ,  a$  ocv 
ccAA>?Aous  l^îMy^œcriv  ,  vfJLoiç  tolç  îvBvvclç  Movat 
Trouvai.  llA»y  yap    oAtyo?v    /(W  >  'tvcc   jU.îî    Trocvrcts 

CtTTû),  GviïuÇ  OLVTM  9tf,TgpO£  d-ÛLTèpCà  AoiiïopîÎTctl  ,    «Vût 

jSeATiov  tj  tûTv  vfjLiTtpw  yiyvyjTctr  tfoWov  yi  tcoli 
dtî'dw'  net,  d  tov  Ùîivol  <Çolo~i  tzoiovvtol,  <xv  J^gtf  ètivo- 

TOLT    CtvBpœTrGùV    TCOIUV  ,  TctVT     CtVTOÇ  fJLiTcL  7T\ziOV0$ 

Yi<rv*)(jcLÇ  dicLZtrpciTTyYZcu.  On  ^  ovtcù  tclvt  \yj.i , 
\yy\   tfjcoi  mcrTiva-^Tè  ,    ctAA  gy  fèpcC)(u   \oyi<rcLo~$-t% 

tŒTlV    0W0V   TIÇ    CUCLGTCLS    UWZ  TTctp     VfJAV    TZCWB'QTl  j 

Bov\o/xevoç  n  AotSgJV  rœv  vfjLtnpœv ,  7rpogA>;Au9a. , 
à  clvdptç' AQwclÏo i,ov )£  vif zp  v/jLccr  ovèîiç  dywov ,  ctAA' 
wartp  VIA®?,  X)  iïi  vfx&ç  ,  ^  Tairas  tclç  TTf>o<paL<rii<; 
Agyouo-/.  $eps  âw,  o-ja-vJ/eto-Sg  t<  &j-7roTs  ,  3  àvtyîç  'a9>j- 
vettci  ,  vwtp.w  olwolvxiç  Myovaiv ,  ou&v  $gATJ0V  ToîV 


EXORDES.  1  ,|*J 

qu'on  doit  blâmer,  que  vous-mêmes.  Ils  agissent 
peut-être  par  passion  ,  par  esprit  de  parti ,  et  sur- 
tout pour  leur  propre  intérêt  :  vous  qui  vous  assem- 
blez pour  des  affaires  publiques  et  importantes  , 
vous  vous  amusez  à  écouter  des  invectives  person- 
nelles, et  sans  faire  réflexion  que  ,  dans  les  décla- 
mations injurieuses  que  les  orateurs  se  permettent ,. 
ils  n'ont  pour  but  que  de  vous  porter  préjudice,  et 
non  de  se  convaincre  les  uns  les  autres.  Oui ,  je  le 
prétends ,  ce  n'est  point  dans  la  vue  de  rétablir  vos 
affaires  que  tous  les  orateurs,  à  l'exception  peut- 
être  de  quelques-uns  ,  je  pourrais  même  n'en  pas 
excepter,  ce  n'est  point,  dis- je,  pour  ce  motif 
qu'ils  se  déchaînent  contre  leurs  rivaux ,  il  s'en  faut 
beaucoup;  mais  c'est  afin  que  les  délits  les   plus 
graves  qu'ils  leur  imputent  ,  ils  les  commettent 
eux-mêmes  avec  plus  de  sûreté.  Pour  vous  désa- 
buser sur  leur  compte,  n'en  croyez  pas  mes  pa- 
roles ,   faites  ce  raisonnement  simple  :  en  est-il 
quelqu'un  qui,  montant  à  la  tribune  ,  vous  ait  ja- 
mais dit  ?    je  me  présente  ,  Athéniens ,   avec  l'in- 
tention de  m'enrichir  de  vos  revenus  ;  ce  n'est  pas 
pour  vous  que  je  parle.  Aucun  ne  l'a  jamais  dit  ; 
ils  disent  tous  qu'ils  parlent  pour  vous,  et  à  cause 
de  vous  ;  et  ils  se  parent  des  plus  nobles  motifs. 
Mais  examinez ,   je  vous  prie  ,  d'où  vient  que  le 
peuple,  pour  qui  parlent  tous  les  orateurs,  ne  voit 


l5o  EXORDES. 

pas  ses  affaires  aller  mieux  qu'auparavant ,  et  d'où 
vient  que  les  .orateurs  qui  ne  parlent  que  pour  le 
peuple ,  qui  n'ont  jamais  parlé  pour  eux-mêmes  , 
ont  passé  de  l'indigence  à  la  richesse  :  c'est ,  sans 
doute,  qu'ils  disent  vous  aimer,  et  qu'ils  n'aiment 
qu'eux.  Us  vous  procurent  le  plaisir  frivole  de  rire, 
d'applaudir,  d'espérer  quelquefois;   mais  ils  ne 
voudraient  pas  que  la  république  obtînt  quelque 
avantage  solide,  parce  que,  du%jour  où  vous  sor- 
tiriez de  cette  langueur  qui  vous  accable  ,  vous  ne 
pourriez  même  supporter  leur  vue.  Ils  traitent  le 
peuple  comme  un  malade,  et  l'amusent  par  de  lé- 
gères distributions  d'argent  et  de   vin;    distribu- 
tions qu'on  peut  comparer  à  ces  alimens  faibles 
que  les  médecins  permettent  dans  la  maladie  , 
moins  pour  rendre  les  forces,  que  pour  soutenir 
la  vie.  Ces  distributions  ,  en  effet,   sans  fournir  à 
tous  vos  besoins,  ne  sont  qu'un  appât  qui  vous  at- 
tire ,  et  qui  vous  détourne  des  objets  essentiels. 


LIV. 


Il  est  bon,  Athéniens,  il  est  juste  et  honnête 
que  ,  conformément  à  votre  usage,  nous  prenions 
soin  que  les  dieux  soient  honorés  suivant  les  rits 
convenables.  Cette  attention  de  notre  part  vous  a 
été  avantageuse.  Nous  avons  sacrifié  à  Jupiter  Sau- 
veur, à  Minerve,  à  la  Victoire;  et  les  sacrifices  ont 
été  heureux  pour  vous ,  et  d'un  bon  augure.  Nous» 


ITPOOIMIA.  i5j 

QAOIÇ  vCv  ,  y\    -7TpOT6pOV  ,  WpcLTTiZî'  ovxoi  J^  <u  wxvj' 

*      \      r     ~        '      >  «     ~      r\i       >%  \         *  \\  I  ,      » 

VWtp  V[lGûVy  WGTip  ClVTCûV    «T     OVOîlÇ   OVOiV    Ttùù&OT     il- 

pw,0S,  63c  KTCù'xœv  Tt\ov<rioi  yiyôvcLcriV  oxi  q>x<ri  /xgv , 
à  cLvdptç  AÏÏwciïoi,  q>i\tiv  vfjLOLÇ,  QiAovdi  S^  ov%  v/jl£ç  , 
<xàà'   ctJroi»^.  Kcu  yi\a.(rcLi  ,  jcgu  Sopvêîio-a*  ,  x,ou 

7T0T  IXWUTCLI  fJLiTidcOKOLV  VfJUV'  Àocêg?V  &  ,  V\  KTWOr- 
GVCLt    Til     TCoXîl    X.VpiG)$    CLycL$QV    QVÙZV    OLV    @Ql)\oiVTQ* 

y  yaup  ctv  yi[xtpct  tv\ç  Xica  cl^gùgticlç  cLWcLW&yv\Tî , 
zclutu  toutovç  ovS^  opœvrts  ctVÉ^gffGg.  NtTv  &  ^pap^H, 
59  %oi  )  &  Tgx]etp<ny  oêoÀoîs,  acrsrgp  cûrôgvouyTct,  tov 
o£/xgv  àizyoucriv,  ofjtoioTaLTdi ,  a  ccWpgs'A9>ivot7of,  Tots 
TTocpct  r<»v  loLTpœv  cirtoiç  ùidovT&  l>/luv.  Kcu  yccp  ejc^vot 
oi»t  to-p^Dv  evriS->i<7/v,  ouTg  owïroâ-vwrx.etv  eoo*  59  tctuTot 
out   ûiwoyvovlcLÇ  <L\Ao  ti  /xg?Çcv  ftpa/rle/v  gct ,  oute 

NA'. 

Kcu  (focatov,  a  aWpss  A9»va.To<  ,  jccu  jcccàov,  kcli 
<T7rovàcLtQV ,  osrgp  Jp.e7^  g/ûjfictrg  ,  jtott  ^as  ^ovogiv, 
07Tû)$  toc  Trpos  tous  £gst/s  tucrsÇ>œç  gçg/.  .ïH  jitgv  ouy 
yj^ugTgpoc  ygyovgv  twi[XiXacL  u/jllv  nç  aeov'  ?cat  yap 
iSuvaLiJLiv  tûù  Aurai  Jùryoi ,  xoli  th  a9>jvcc,  ?cct<  t» 
Nijcw*  x,<xi  ygyov£  jcccAoc  xa<  <7^T?p/ct  rau3  vpiv  za. 


i52  nrooiMiA. 

igpa,.  Etfuo-otjxgv  tfg  tlcl\  tw  rig<3o<5  >c<x<  tw  Myipi  tû)V 

3cû)y ,  x,cu  t«    AwoWœvi*    xoli    txctWitpov /aîv  tlcli 

TOLVTOL^HV  £>'  V{llV  7LCLI  TCL  TOtS  <L\Aoi$  SîQlÇ  TuôgvloC 
t      •  t    -»^_     N *  \  o  V»  \  N  M  \  / 

Ae^gcSe  oiJv  'TTctpct  tûTv  -3-gav  ^oy-r^y  Tcty  ctS-cc, 

ne'. 

.     'HV  T/£,  OùÇ  2QlXt,,)(jfO)IO$  7lCtp  u/uy,  û>  Ct,V<5pg£   A9>i- 

vccîi/ ,  oTg  étcTjjvayjtot^v  o  oSiaos  ,  ov  ocv  dv5pa)'7rov  t<3bt 

<TÛ)(ppOVOt    5C,   p£p>1<rJ0V  ,  TtpcLTIUV  tcL  KOlVcL    xj  Ctp^gJV  ,  OU 

crnravgj  tû)v   touto  féovAofJLîvcov   Tcomv  wolvzcl  y&p 

TcLAAcL  iVTV)(Vl  T>1V  TOÀfV  3tpfV0V,  ev  ÔUOfe'ZroT  suru- 
%Vl<TCLl  i:0Vi:0VQfJLl(0û,i7UteimiV  CLWZWZWÇXCLKOIWXXLG- 

novaëcLi  /3ouÀo/xgvous*  ctÀX'  opcLficc  touto  zizouTro  o  $?- 
[Jios  clutou  jcctÂoy,  coctvdptç  'A0>îv<x.7o/,  39  Àu<r/]eÀes  tm  710- 
Àg/.  O/  Tg  yap  Gun'Yîïç  oièt  vrcLpcLfyvyw  (amoi  atyiaiv 
i%  Idim  o-7rouocu0V  xcj  àycciim  aLvdpœv  ivAa&umpovç 

CLVTOUS  TtOLptl'fcOV  01  Tl  %pHO"rO<  £tgV  Up.ûJV  X.CU  WJCCLÎ0S 
GCp^OVTgS  ,    jLtïf  WCLVV   dX    OtOlT  gvop^Agjy    X,GC<  "XcLpCty- 

ygÀÀgtv ,  owt  cwm  Xceuvovlo  tov  rif^cov.  Nu v  &  tccutcl- 
•2«rot(r/  tov  aurov  Tpoîjroy ,  œ  ctvopgs    Ao»yc6/ot ,  oytzrgp 

TOU$   jW7^    OUTû)     XOt.S-iO-rXTî     X0£.<     TOUS    cLp^OVTctr 


EX0RDE5.  1JO 

avons  sacrifié  à  la  Persuasion  ,  à  Ja  Mère  des  dieux  » 
au  grand  Apollon  ;  et  ces  sacrifices  ont  aussi  été 
favorables.  Ceux  que  nous  avons  faits  aux  autres 
divinités  ,  n'ont  pas  été  pour  vous  moins  heureux, 
d'un  augure  moins  bon  et  moins  sûr.  Disposez- 
vous  donc  à  recevoir  des  dieux  les  biens  qu'ils  vous 
réservent. 


LV. 


Il  fut  chez  vous  ,  Athéniens  ,  a  ce  qu'il  semble, 
il  fut  un  teins  où  le  peuple  forçait  un  citoyen, qu'il 
reconnaissait  pour  un  homme  sage  et  vertueux  , 
de  gérer  les  afFaires  publiques  ,  et  d'occuper  les 
places  :  non  qu'il  manquât  de  gens  qui  ambition- 
naient les  honneurs  ;  car ,  si  la  république  a  été 
heureuse  dans  tout  le  reste  ,  il  est  un  bonheur  , 
je  crois ,  dont  elle  a  toujours  été  privée ,  c'est  qu'on 
voulût  la  gouverner,  sans  aucune  vue  d'intérêt: 
mais  c'était  une  politique  du  peuple ,  aussi  noble 
qu'utile  à  l'état.  D'un  côté,  les  citoyens  avides  et 
intéressés,  ayant  pour  collègues  des  hommes  justes 
et  intègres ,  se  montraient  plus  retenus  ;  de  l'autre , 
les  citoyens  vertueux  qui  gouvernent  avec  inté 
grité,  n'étaient  pas  exclus  des  honneurs ,  quoiqu'ils 
ne  se  permissent  pas  de  les  solliciter  et  d'impor- 
tuner le  peuple.  Au  lieu  qu'aujourd'hui  vous  nom- 
mez vos  magistrats  et  vos  chefs  avec  aussi  peu  d'at- 
tention que  vos  prêtres.  Ensuite,  vous  êtes  étonnés 


l54  EXORDES. 

que  celui-ci  soit  opulent,  que  celui  -là  pille  sans 
cesse  vos  revenus,  tandis  que  vous  autres  vous  en- 
viez et  vantez  leur  fortune  brillante.  Vous  êtes  ad- 
mirables pour  vous  laisser  enlever  tout  ce  qui  vous 
appartient ,  pour  porter  des  lois ,  afin  qu'on  ne 
soit  pas  deux  fois  magistrat  de  police  ,  et  sur  d'au- 
tres objets  pareils ,  tandis  que  vous  laissez  les  mêmes 
hommes  commander  éternellement  les  armées. 
Vous  auriez  peut-être  une  raison  de  laisser  dans 
les  places  ceux  qui  s'occupent  des  affaires  ;  mais  y 
souffrir  des  gens  qui  ne  font  rien,  et  qui  n'ont  dé- 
siré les  places  que  pour  se  procurer  les  exemptions , 
c'est  le  comble  de  la  folie.  Ne  faudrait-il  pas  aussi 
choisir  vos  magistrats  et  vos  chefs  parmi  tout  le 
peuple  qui  est  si  nombreux?  Si  vous  les  choisissez, 
pour  ainsi  dire,  la  balance  à  la  main,  quiconque, 
à  l'avenir,  aura  le  plus  de  mérite,  l'emportera  sur 
les  autres. 


LVI. 


Monter  à  la  tribune,  parce  qu'on  s'est  persuadé 
qu'on  a  quelque  chose  d'utile  à  dire  ,  cela  me  pa- 
raît honnête  et  convenable  :  mais  vous  forcer  d'en- 
tendre malgré  vous  ,  c'est ,  selon  moi ,  un  procédé 
indécent.  Je  pense  que,  si  vous  voulez  m'écouter, 
vous  serez  plus  en  état  de  choisir  le  meilleur  parti, 
et  que  vous  abrégerez  les  discours  de  ceux  qui  vous 
parlent.  Que  vous  conseillé-  je  donc?  première- 


ITPOOIMIA.  l55 

vfjuv  S  amiyiïç  tcqWcl  Acl/jl&clvcôv  ,  o!  A  d\\oi  m- 
piïyTe  tol  tovtcùv  àycLBct  fyXovvnç.  Awotcltqi  yccp 

i(TT     CL<Qt\i(IVdLl     fJLZV    0<TOL  V/XIV    VWoL^îi ,  Jtct!  VOfJLOVÇ 

7rept  rovrm  d-uvoii ,  ccv  tjs  cLo-cvvofiwi!  dtç ,  u  tx 

TO/CtUTct,  (TTpCLTYiyUV  fi'  (LU  TQVÇ  OLVTOVÇ  ICLV  XCLt  TO 
fJLZV  TQVÇ  iWl  TCàV  TTpOLÇZûôV  OVlOLÇ,  IdCùÇ  V)(il  'XÇOtycLGir 

to  oe  roi»^  aAAous,   oe  Trouvai  [inovmVj  p£0pcty  oe 

OtTêÀêO-TOV      gp^oyO-tV  ,     CLVTOt      TtTt\î<F(ltVOl  ,    [JLCàÇlcL. 

AÀÀct  jccu  ujmaîy  at/rav,  eiow  J^  oojc  oÀsyo*,  &po<T- 
aygfy  yjy\%  Ay  yccp  axrwîp  u  Çvyov  i<rnjTg , 
*rpou<riv  os  ety  &£/os  w  tou  ,  /jutol  tolvtcl  olvtoç» 


i 

NT. 


To    fJLlfy  (à     CLvtytS     A9)|VCL/0/  ,   TtiWllXOTcL     iûLVTQV 

g%e*v  tj  <ro^(pgpov  tî&tïv,  olvkttclo-Qgli  ,  jta*  jc&Àoy  19 
tzrpocrîfjcov  e/vcu  ^oj  ôWrTo  &  /jw  /ZovKopavovç  cucqvîw 
P>iaLfy<T§cLi)'7rcLVTî\ûûÇ  tyayî  aiV^poy  yyoiïfjL&i  giva/. 
Oio[xau  de ,  gay  g3gÀ»o->îo-»Tg  jtxo/  weiBevûett  T»/<tgpov , 
jccu  ra  @>î\thj\cl  /jlccAAov  Jaak  i\l<rQ<ti  ô^wsc-Ocli  , 
x,cu  tous  ray  otvctêfluyovTûw  \oyov$  fy&yjxç  irowcruv, 
Tt  oov  <xu^booÀgoû>  5  ^paroy  /xey ,  a  ctvtîjpês  'a6^jol7oi  , 


i56  nrooiMiA. 

Wlfl  cLVTMyM  (TX.03rg<Tg,  TOI  TTCtplOVTûC  Agyg/V  CLJÏIOVV. 

IloÀAct  yctp  ctAAct  tiç  ctv  7ttçiî\§oi  rS  Xoycù  ,  Jtet* 
•aroAA  ctv  currerct  st-zjro/ ,  clWccç  tê  x.cu  ûxx-zzrgp  toutûjv 
gyjo/  <?gfvaTv  oyT^v.  'aAA*  et  ^cev  p>uactT0V  ri)cgT£  outouffo- 
fjLîvoiyZeturcL  Agyg/vx,et*  c£x,ous*v  j^piï'  e*  <r  utzrgp  ^rpoty- 
fjLOLTm  QLipHreύ  #ovAgu<ro^ggoj ,  etuVct  jcct^'   idvrct 

tfcLpcUVGù    Tct    '/TpCty/^CtTct  ûûÇ    [XCLXiaTCL    JtpJVg/V,   Ct<pg- 

AovJcts  o<toj  Aoyo*  7Tg(pi»cctcnv  g'^ct^ctTctv.  'Ev  jxev  otTv 

TOUTO    AgyctT    J^gt/TgpOV    <fe  ,    0    TJfflV    JO"û)$    *7rcLpCLdo<£OV 

ealcLi,  wpoç  to  tous  Xoyovs  zaclttovç  sivcu  ,  gicûtïm  - 
rets  otxot/g/y.  Ugp<  p,ev  yctp  tou  tclvtol  yi  tKtiva  o-ujx- 
<pgp£iv ,  ;:,&/  oroTgpcc  dïjccuorspc&ctv  TrpoêAo/^  >j  ttoAiç  , 
out  etcrt  Aoyoj  ttoAAoj  ^uji  @>ou\opLivoiç  fiasrw  ot<îb- 
Aecr^êTy,  oure  TTctAfv  T/s  ctv  glvtouç  tiwtiv  iyjif  aç 
ae  tlch  vtKcLiov  axovtiV)  jccu  Kpoç  tov  3opvÇ>ov  cLWoycpi- 
vecrUeu ,  îcoci  Aoyov  gx,  Aoyov  Aeygjv,  ovouç  oaziç  ovyi 

(folcLlT    CtV    CX    &    TOtT    SopvCiîv  OVX,  CLWcLWûLTTivèt 

Aoyw>  aAAct  xai  wtçi  t<2v  ovdîv  tU  %peietv  g^ra- 
vctyjccc/ecr8e  ctx,ou£<v.  *H  ^gy  ovv  1/jlyi  yvapj  ^epe  Sk 
j3©uAeueo-8e ,  iJ^'  gV-ny. 


EXORDES.  1 S^ 

nient ,  d'exiger  de  vos  ministres  qu'ils  ne  s'écar- 
tent pas  du  sujet  delà  délibération.  On  peut  insérer 
dans  ses  discours  beaucoup  de  choses  étrangères 
et  des  choses  agréables ,  surtout ,  lorsqu'on  a  le  ta- 
lent de  quelques-uns  de  vos  orateurs,  et  qu'on 
dit  facilement  tout  ce  qu'on  veut.  Si  vous  venez 
pour  entendre  des  paroles ,  il  faut  qu'on  vous  dé- 
bite des  paroles,  et  que  vous  les  entendiez.  Mais  , 
si  vous  venez  pour  délibérer  sur  le  choix  des  avis, 
il  faut ,  avant  tout ,  examiner  les  avis  en  eux-mêmes , 
sans  considérer  les  beautés  du  langage  qui  peut 
vous  faire  illusion.  Voilà  le  premier  conseil  que  je 
vous  donne.  Le  second  paraîtra  peut-être  extraor- 
dinaire, c'est  d'écouter  en  silence,  afin  que  les  ha- 
rangues soient  plus  courtes.  Pour  montrer  que  tel 
ou  tel  parti  est  le  plus  avantageux  ou  le  plus  juste 
que  la  république  puisse  choisir,  il  ne  faut  pas  de 
longs  discours,  à  moins  qu'on  ne  se  permette  des 
digressions  inutiles  ,  ou  qu'on  ne  veuille  se  ré- 
péter. Mais  prouver  longuement  que  vous  devez 
écouter ,  répondre  à  vos  clameurs  ,  et  passer  de 
propos  en  propos,  il  n'y  a  personne  qui  ne  puisse 
le  faire.  En  faisant  beaucoup  de  bruit,  au  lieu  de 
vous  délivrer  de  l'orateur,  vous  vous  mettrez  dans 
l'obligation  d'entendre  mille  discours  superflus. 
Au  reste,  voici  ce  que  je  pense  sur  l'objet  de  la  dé- 
libération. 


NOTES 


SUR    LES   EXORDES    DE   DEMOSTHENE. 


[i]  L'idée  de  l'orateur,  sans  doute,  est  que,  le  droit  de  parler  et  de 
donner  son  avis  dans  les  assemblées  étant  un  des  privilèges  de  l'état 
démocratique,  les  Lacédémoniens  et  Philippe,  par  exemple,  qui  protègent 
l'oligarchie  dans  les  villes  ,  qui  donnent  beaucoup  d'argent  aux  citoyen* 
de»  républiques  pour  qu'ils  parlent  en  leur  faveur,  leur  en  donneraient 
davantage  pour  qu'eux  et  les  autres  n'y  parlassent  point  du  tout. 

[2]  L'orateur  veut  dire,  probablement,  que,  dans  le  tems  présent,  il 
y  avait  moins  de  troubles  et  de  factions  que  par  le  passé  ;  que  le  seul 
vice  du  gouvernement  actuel,  c'est  que  certains  orateurs  s'emparaient  de  la 
tribune ,  et  ne  permettaient  pas  aux  autres  d'y  parler ,  ou  les  empêchaient 
d'y  dire  tout  ce  qu'ils  voulaient. 

[3]  Dans  les  harangues  de  Démosthène ,  nous  en  avons  une  touchant 
la  liberté  des  Rhodiens ,  pour  lesquels  cet  exorde  a  été  composé. 

[4]  L'orateur,  sans  doute,  veut  parler  ici  de  l'origine  des  guerres 
contre  les  Perses ,  qui  furent  engagées  par  les  Grecs  de  l'Asie  mineure, 
du  nombre  desquels  étaient  les  Rhodiens.  Ils  furent  soutenus  par  les 
Athéniens,  qui  prirent  en  main  leur  défense,  et,  qui  par -là  attirèrent 
dans  leur  pays  toutes  les  forces  de  la  Perse. 

[5]  On  sait  que,  pour  les  spectacles  à  Athènes,  à  Rome,  et  dans 
d'autres  villes,  il  y  avait  de  vastes  amphithéâtres  où  le  peuple  venait 
prendre  des  places  :  les  premiers  venus  prenaient  les  plus  commodes. 
Démosthène  veut  dire,  probablement,  que  les  Athéniens  ,  parmi  les 


NOTES. 


109 


avis,  adoptaient  les  plus  faciles,  comme  ils  prenaient  aux  spectacles  les 
places  les  plus  commodes  ;  qu'ils  ne  considéraient  que  l'intérêt  préient 
de  leur  paresse,  sans  se  soucier  des  vrais  intérêts  de  l'état. 

[7]  Cet  exorde  est  un  peu  obscur ,  surtout  la  dernière  moitié  ;  cepen- 
dant il  paraît  que  Démosthène  veut  faire  entendre  qu'en  donnant  do 
l'argent  à  certains  orateurs  mercenaires  qui  sont  d'un  avis  contraire  au 
sien,  il  pourrait ,  sans  les  combattre  par  ses  dicours  ,  les  amener  à  parler 
comme  lui. 


RÉFLEXIONS  PRÉLIMINAIRES 
SUR  LES  LETTRES 

DE  DÉMOSTHÈNE   ET   D'ESCHINE. 

Il  nous  est  resté  fort  peu  de  lellres  des  anciens  Grecs;  et, 
parmi  le  peu  que  nous  en  avons ,  il  n'y  a  que  celles  d'Eschine 
qui  soient  vraiment  dans  le  style  épistolaire.  Platon  nous 
a  laissé  une  douzaine  de  lettres ,  qui  sont  des  traités  de 
morale ,   faits  pour   des   princes  ou   des  hommes  publics. 
Les  fragmens  de  quelques  lettres  de  Xénophon  nous  offrent 
aussi  des  discours  moraux  ,  adressés  à  des  particuliers  phi- 
losophes. Les  lettres  d'Isocrate  sont  les  compositions  d'un 
rhéteur  qui  donne  des  avis  à  des  monarques  et  à  des  prin- 
ces. Celles  de  Démosthène  sont  les  harangues  d'un  ministre 
qui  adresse   des  plaintes  et  des   conseils  au  sénat   et  au 
peuple    de    sa  ville.    Celles    d'Eschine     seulement    sont 
les  productions  d'un  homme   aimable  ,   dont   l'esprit   est 
cultivé    et   le  cœur  sensible.  Elles  respirent  partout  une 
philosophie  douce,  gaie,  telle  enfin  que  chacun  croit  pou- 
voir y  atteindre.  La  seule  chose  qui  fasse  de  la  peine  après 
les  avoir  lues,  c'est  qu'il  n'y  en  ait  pas  un  plus  grand  nom- 
bre. Quoique  je  n'aie  entrepris  de  traduire  que  des  discours 
oratoires,  et  que  les  lettres  n'entrent  pas  directement  dans 
mon  plan,  j'ai  traduit  néanmoins   et  je  publie  celles  de 
Démosthène   et  d'Eschine  ,  afin  de  donner  tout  ce   qui 
nous  reste  de  ces  deux  grands  orateurs. 


VWWVWWUAMMWWAMI 


LETTRES 
DE    DÉMOSTHÈNE. 


Harpalus,  établi  gouverneur  de  Babylone  par  Alexan- 
dre, avait  malversé  dans  son  gouvernement.  Craignant 
d'être  puni  pour  ses  malversations,  il  s'était  enfui  chargé 
d'immenses  richesses,  et  s'était  réfugié  à  Athènes,  où  il 
chercha  à  corrompre  les  principaux  citoyens.  Démosthène  , 
soupçonné  et  accusé  d'avoir  reçu  des  présens  d'IIarpalus, 
fut  condamné  à  une  amende  de  cinquante  talens,  pour  le 
paiement  desquels  il  était  menacé  d'être  mis  en  prison.  Il 
s'enfuit  d'Athènes  et  se  relira  à  Trézène;  mais,  croyant  cette 
ville  trop  faible  pour  le  mettre  à  l'abri ,  il  se  transporta  dans 
un  temple  de  Neptune  de  l'île  de  Calaurie.  C'est  de  ce  lieu 
qu'il  écrivit  aux  Athéniens  les  Lettres  que  nous  allons  voir. 
Il  les  a  écrites  presque  toutes  immédiatement  après  la  mort 
d'Alexandre. 


T.  m.  il 


W  W>  VWVU  MV\W  WW  W  VW  W\  VWMUWWVWWVWWWWW 


wwvwxww^vwwwwwvw 


EniSTOAH    np^TH. 


nEP 


THS  OMONOIA2. 


wwwwwwwx 


1 1ANTOS  ap'XpfJLîvct)  (Twwiïcuov  \oyov  koli    tpyov 

d'WO      TM      BîCùV      VWoXcLfA&MCÙ     7CÇ0<IV\K.îlV      ttTp^TOV 

cipygo-Gûcr  Milieu  dy  rois  5ioi$  woio-i  kcu  tccktcliç 
*0 ,  ri  tcù  dyifjLa  rœv  A9>jvûu®v  <xpi(TTov  l<rri  xcli  Tôiç 
tvwvcri  ioù  ù^oùy  jwu  vuv,  xm  tç  tov  îweizol  %povoy, 
rovT  îfioi  fjcîv  i7n  vouv  eAGeTy  ypoL-^ai,  tgÏç  $  exxAvf 
<riÂ<rcL<riv  'A§v\volicôv  eÀea-Qou.  EvjrctfjLWoç  à  TûlvtcL)Tyiç 
àycâHs  IwivoicLÇ  i\wiàcL  ep^av  woLpa.  r5v  £e5v,  rctà' 


iwuTTiWcù. 


AHMOS0ENHS  THI  BOTAHI  KAI  TftI  AHMGI  XAIPEIN. 

IIepi  A^ev  tv\$  nm$  oix,aiït  dqijïms.cLei  vo/ai^ô)  %Sl- 

(XIV  VIJAV  t(IÎ<T§cLl  !&0V\tVO-cL<r$CLf    S^iOWtp  VUV  Oljfov  TTêpi 
,     ~  /  t       *\  f  \       <•     ~  r  I 

clvtyis.  yzypoLQcL  tov  01  TTotpoyrot  &cupov  opojy,  eÀo/Jt.e- 
vûhj  jU-ey  J/^av  rot  &ovrc6 ,  ol[xol  Jxo£cty  jcoli  (Tûmip/oLv 
)tcu  €A£u3ep/fltv  ^yotjULsvov  x/nfa,oLo\$ow  ou  jaovov  Jjxîï , 


vvvvvvvvv\^vvvv\vwi\vvvvvv\ww\\\vvvvwvv\\*vv*  vv»  iwvwvwwvvwx  vw\a  vv\v\\\a-  *aa 

LETTRE  PREMIÈRE. 

SUR    L'UNION    ET    LA    CONCORDE. 


vjETTi  lettre  est  intitulée  sur  l'union  et  la  concorde ,  parce  que  Démos" 
thèney  conseille  surtout  aux  Athéniens  de  s'unir  entre  eux  ,  et  de  se 
rapprocher  des  autres  Grecs,  afin  d'attaquer  tous  de  concert  l'ennemi 
commun.  C'est-là  l'ohjet  principal  de  sa  lettre,  et  celui  qu'il  traite  après 
avoir  expliqué  les  motifs  qui  la  lui  font  écrire.  Il  montre  ensuite 'qu'en 
vain  un  ministre  aura  donné  les  meilleurs  conseils  ,  si  les  généraux  exécu- 
tent mal  ce  qui  a  été  résolu  avec  sagesse.  Il  prouve  ,  par  l'exemple  d'A- 
lexandre qui  vient  de  mourir  ,  que  l'activité  et  le  travail  donnent'  et 
assurent  les  succès.  Enfin  r  il  exhorte  les  Athéniens  à  être  fermes  dan» 
leurs  résolutions ,  prompts  et  ardens  dans  l'exécution. 


:£H;n?  &t>& 


Dans  tout  discours  et  dans  toute  action  sérieuse, 
on  doit  commencer  par  s'adresser  aux  dieux  :  je 
prie  donc  tous  les  dieux  et  toutes  les  déesses ,  et 
pour  le  présent  et  pour  la  suite,  qu'ils  nous  ins- 
pirent, à  moi  de  vous  écrire  ce  que  vous  avez  de 
mieux  à  faire ,  et  à  vous  de  prendre  le  parti  le  plus 
avantageux  pour  le  peuple  d'Athènes ,  et  pour  les 
hommes  qui  lui  sont  dévoués.  Après  cette  prière, 
osant  croire  que  le  ciel  m'a  envoyé  des  pensées  uti- 
les ,  je  vous  écris  cette  lettre. 

DEMOSTHENE ,  AU  SENAT  ET  AU  PEUPLE ,  SALUT  : 

Je  ne  vous  parle  pas  aujourd'hui  de  mon  retour, 
sur  lequel  vous  serez  toujours  à  tems  de  délibérer  ; 
mais,  comme  je  vois  que  vous  et  les  autres  Grecs 
vous  pouvez  vous  mettre  à  l'abri  de  tout  péril,  re- 
couvrer la  liberté  et  la  gloire,  si  vous  savez  saisir 


l64  LETTRE3  DE  DEMOSTHENE. 

l'occasion  présente,  et  que,  si  l'erreur  ou  la  séduc- 
tion vous  la  font  perdre,  il  n'est  point  aisé  d'en  re- 
trouver une  pareille  ,  j'ai  cru  que  je  devais  m'ex- 
pliquer  sur  l'état  actuel  des  choses.  Il  est  d'autant 
moins  facile,  dans  une  lettre,  d'établir  un  avis, 
que  vous  avez  coutume  d'opposer  bien  des  difficul- 
tés avant  que  de  vous  laisser  instruire.  Celui  qui 
vous  parle  peut  démêler,  sans  peine,  vos  senti- 
mens  et  dissiper  vos  erreurs; au  lieu  que  dans  un 
écrit,  on  ne  trouve  pas  une  semblable  ressource 
contre  le  tumulte  de  vos  assemblées.  Cependant , 
pourvu  que,  disposés  à  m'écouteren  silence,  vous 
souffriez  que  je  vous  instruise  sur  tous  les  objets  , 
je  me  persuade  qu'avec  la  faveur  des  dieux,  mal- 
gré la  brièveté  de  cette  lettre  ,  on  verra  que  je  vous 
sers  avec  le  plus  grand  zèle  ,  et  que  je  ne  dis  rien 
que  pour  vos  intérêts.  Si  je  me  suis  déterminé  à 
vous  écrire ,  ce  n'est  pas  que  vous  manquiez  d'ora- 
teurs, ni  de  ministres  toujours  prêts  à  parler  sans 
préparation;  mais,  en  vous  présentant,  avec  clarté, 
à  vous  et  à  vos  chefs,  tout  ce  que  m'ont  appris  l'ex- 
périence et  une  étude  suivie  des  affaires ,  j'ai  voulu 
fournir  aux  uns  une  source  abondante  d'avis  uti- 
les ,  et  faciliter  aux  autres  le  choix  des  meilleurs 
conseils.  Tels  sont  les  motifs  qui  m'ont  fait  écrire 
cette  lettre. 


viccv  t>iv  Tœv  (ôiATKTTœv  cupcny  tcoltolvtvktoli.  I2v  fJMV 
o'Jv  evcjcot  eVîiXGê  /jloi  thv  g7r«rro\>iv  ypot<pe*v,  Tctur' 


AHMOS0.   EniSTO.Wr.  l65 

aAAot  jcoc/  tôÏs  i.\\oi$  etTcwr/  EAAHffty ,  eLyvoHcrav- 
tûjv  ae  ,  >i  TTctpotx.powo'^gyTav  ,  ou  pcto/oy  &i>  .jjs  tov 
a Jtov  fltyfltAotÊgTv ,  ûJ»5»y  %f  >îvcu  T»y  é/xat/rou  yvû>- 
pjv  û)V  gj^a  Trgpt  rouT»y  ces  /xéo-ov  3s7vou.    E<tti  (âw 

OUV   gpyoV  g'£  gVlO'TCA.Î^  ifJL(JL(ÏVcLl  <TV/JlÇ>OvA>j  '    TToAAoTs 

\       »  '~  »  f    -  \  - 

yotp    ZlGùZcLTt     OLTZeLVTCLV     V[JLilS    TTpO     T0L>     7rgp//Ag/yolJ 

/AotQgTv.  AgyovTt  ^tgy  oJv  gVnv  ctto,9go,9at/  ti  $ouAg0"9g, 
xcu  Aop9û>o"ow9flt«  Tôt  y  yoou^evoc ,  pct&ov*  to  6*g  (èi@>Mov 
ovdt  /âI&v  i'y^jn  /3otf9g/av  TojetwTnv  Tipos  tous  Gopu- 
Ç>qvvtolç.  Ov  pi  y  aAA',  g'av  g'9g\)j(r>tTe  otx.ouVeu  <nyyj, 
jcou  7rgp/^tgty>iTg  TayTot  /xctte.v,  oio[xcn  (tlcli  <rvi  vtoiç 
g/pîix9ow),  x,ct/7rgp  /ZpaL^mv  t£v  yeypciji*.|xgva>v  ovtûjv  , 

CVJTOÇ  Tî  (paV>JO-g(7yo(/  jttgTO,  7rao">i$  gUVOfcCS    Tût  OgOVTGt 

Trgpi  U)Ltû)y  TpaTT^v,  tlcli  Toc  o-u^^gpovt)  u/juv  g^(pcty>i 
àtifyiv.  Ou%  û)V  owropouyTûM  &  Jft£y  pHTopow,  outfg  T<*>y 
ccvôu  Xoyta/jLov  çcwicùç  ,  o,  T/  ccy  Tup^acnv,  gpouvTav  , 

gOOÇg  fJLOJ  ÏW  geFNJTOAJlV  7TÎ/JLWHV    CtÀA    OCOC  Tuy^Ctytf 
^>    »  /  \        l  x       a     ,  /  ~  / 

01  t{jL7riiçiaut ,  x.ct<  to  'TrcipwcoAouawcgvaf  TOi^  ^rpoty- 
/^cto-/v,  uùcù$)Tclvt  IÇiQvAvfyw  Toi$  /xev  Tipocupvfiîvoiç 
Xiyivi  ifjL($cLVïi  TrowcLÇy  oûp9ovou5  ciQùçixcls  m  viro- 


166  AHMOS0.    EIIIZTOAAI. 

eVrr  èii  frt  vfjLÎ^œcLvdpis  'AÔ^vaio/,  irpœTov  p.w  dncui- 
rœv  tcçoç  vfi£$  glvtovç  o/jlovo«av  ifc  ro  itsivy  <ru  ficpepov 
tw  ToAg<  cr<xpcto-^eo-occ< ,  xa»*  tocs  ex,  xw  vrpoigpov  gx- 
xA»<nûTy  GLttipuT&viTYiïrus  g'aoui'  oîmspov  dte  TravTas  gx 
ju,iàV  yvce/jLYiç  toÏç  do£cL<ri   npoiïvuœç  cruvayûm^go-Scu' 

6£  TO  tXV\Oî  6  V  JUWJO  CL'ftXoùÇ  'XpoLTTilVy  OU  ^tOVOV 
t<FTlV     CLVCLÇIOV    VfJLMV     7COLI      CLyWtÇ  ,    CtAAa   XCU    T0l/$ 

fieyiGTovç  x/voVjous  e%g/.  Agï  $g  ^<fe  TciuTa  A&- 
0g7v  u^os  ,  i  xad-'  clJt*  /-tgy  oux  e<ruv  clvtclgw 
jcaTow^g/v  npcLy/jLoLTcc ,  9Tf  oo-T^evT*  oe  tous  ouvcc- 

-       v      **  /  »  >  /  f         ~  / 

fJLîVl     '/ToAAO)    -2T01VT    gUxaTgpycCCTOTgpa  U/*<V  TTOWe/. 

Tivct  oùv  gW/  Tau  roc 5  ^rrg  'tfoAg/  ^dgjuucT,  /*»Tg 
Tay  gv  gxa<rTw  T0V  TToAgav  (ruvayûjvja^gvav  to7$ 
xa3-g<rr>ixoo-/  ^o'gyj  ,  fiviTt  TtucpaiveaBcLi ,  ywri 
LirA<7lX.CLM~V.  O  yap  tqigvtqç  Qo&qç  tous  ovvuùotctç 
cLvroiç    cùç   >cLvaLyxcLioiç    Toiç  (rvve<rTmo<n  y   x/youyoy 

g^OUO"/      «7Tp0O>lÀ0y  ,    TrpoVVtlGVÇ    aWOLyCàVHTTdLÇ     KOHI 

<x<pgogyTg£  oe  toi;  agous  toutou,  'TravTgs  vwuùTipoi 
ygvîjowra/.  J  outo  ag  ou  crjuuxpav  acpgAg/ciy  eyg/. 
Kara  /^gy  ^  ^oAg/^  Ta  roicLvroL  tvtôes  'jrpoAgygjy, 
^aAAov    ^    ouo*     g  y    ùwclxoù'  co$  (f  dv    ùfiït    avroîç 

OCp^Tg  p£pû!jUgV0/ ,  TOIOLVTW  KCLl  KOLTCl  TUV  cL\AcàV 
*7rp0GÙ0X,lCLV  '7CcLpcL<TTY\<JlTZ  ix,CL<TTOiÇ.  $Y\[ll  <k  %p>)Va< 
WTl    TTQAit,    [AVITÎ    azpcLT'/iyœ  ,   ^tîjTg    p>jTop/ ,    ^U>1T 


LETTRES  DE  DEMOSTilÈNE.  167 

Avant  toute  chose  ,  Athéniens ,  vous  devez  être 
d'accord  entre  vous  sur  les  intérêts  de  la  républi- 
que ,  et  renoncer  aux  contentions  qu'ont  pu  faire 
naître  les  assemblées  précédentes  ;  vous  devez,  en 
second  lieu,  contribuer  tous  unanimement  et  avec 
ardeur  au  succès  de  ce  qui  a  été  résolu.  Car,  n'avoir 
rien  de  ferme  et  d'assuré,  dans  votre  conduite  , 
n'est  pas  moins  dangereux  que  peu  convenable  et 
indigne  de  vous.  Vous  devez  aussi  vous  pénétrer 
de  certains  sentimens  qui  ne  suffisent  point,  par 
eux-mêmes ,  pour  rétablir  les  affaires  ,  mais  qui  , 
ajoutés  à  vos  forces,  vous  faciliteront  la  réussite  de 
tous  les  partis  que  vous  pourrez  prendre.  Et  quels 
sont  ses  sentimens?  c'est  de  n'en  vouloir  à  aucune 
république,  ni  à  aucun  de  ceux  qui ,  dans  chaque 
république,  se  sont  déclarés  les  partisans  du  sys- 
tème qui  suit  actuellement  la  Grèce  [1] ,  et  d'ou- 
blier entièrement  le  passé.  Car,  la  crainte  de  notre 
haine  attache  encore  davantage  aux  principaux 
chefs  de  ce  système,  ceux  qui  ,  s'étant  déclarés 
leurs  amis,  sentent  qu'ils  auraient  de  trop  grands 
risques  à  courir.  Affranchis  de  cette  crainte,  ils  en 
deviendront  tous  plus  traitables  ;  ce  qui  n'est  pas 
un  médiocre  avantage.  Il  serait  peu  raisonnable  , 
ou  plutôt  impossible  de  publier,  dans  les  villes, 
les  dispositions  où  nous  sommes.  Mais  vous  ferez 
espérer  aux  Grecs  que  vous  en  agirez  avec  eux  com- 
me vous  vous  conduirez  vous-mêmes  entre  vous. 
Je  dis  donc  que  vous  ne  devez  absolument  vous 
plaindre  d'aucune  des  républiques  ,  d'aucun  des 


l68  LETTRES   DE  DÉMOSTIlÈNE. 

généraux,  des  orateurs  ,  ou  des  particuliers,  qui, 
précédemment ,  ont  paru  favoriser  le  système  ac- 
tuel ;  mais  il  faut  supposer  que  tous  se  sont  gou- 
vernés chez  eux  comme  ils  le  devaient ,  puisque  la 
bonté  des  dieux ,  conservant  votre  patrie ,  vous  per- 
met de  délibérer  encore  à  votre  volonté  :  croyez  , 
en  un  mot,  que,  comme  dans  un  navire,  où  les 
uns  sont  d'avis  qu'on  étende  les  voiles  ,  les  autres 
qu  on  aille  à  force  de  rames  ,  tout    le  monde  a 
parlé  pour  le  salut  commun,  et  que  les  dieux  , 
enfin,  ont  fait  tourner  heureusement  les  choses 
par  l'événement.  Si  vous  êtes  disposés  de  la  sorte 
pour  ce  qui  est  passé,  vous  aurez  la  confiance  de 
tous  les  peuples ,  vous  agirez  avec  la  noblesse  et 
l'honnêteté   convenables;  et,  en  même  tems  que 
vous  établirez  vos  affaires ,  vous  ferez  revenir  à  de 
meilleurs  sentimens  tous  ceux  qui ,  dans  les  villes 
de  la  Grèce,  sont  opposés  à  vos  vues,  ou  vous  ferez 
diminuer  considérablement  le  nombre  des  coupa- 
bles. Traitez  donc  les  intérêts  publics  avec  gran- 
deur d'âme  et  avec  douceur,  sans  oublier  l'avan- 
tage de  chaque  citoyen.  Je  vous  exhorte  à  ce  pro- 
cédé, quoique  je  n'aie  pas  trouvé  dans   plusieurs 
d'entre  vous  une  générosité  pareille,  et  que,  pour 
complaire  à  certaines  gens ,  j'aie  été  abandonné  et 
trahi,  victime  de  la  cabale  et  de  l'injustice.  Mais  je 
ne  crois  pas  que  ,  pour  contenter  un  ressentiment 
particulier,  on  doive  nuire  au  bien  général.  Je  ne 
mêle  point  d'animosité  personnelle  dansjes  grands 
intérêts  de  la  patrie ,  et  je  donne  moi-même  l'exem- 
ple de  ce  que  je  conseille  aux  autres. 


AHMOS0.    EfUSTOAAI.  iûg 

làiaTYi  fiydm  tcov  tx  wpo  tov  ye  Ùokovvtw  avvy\~ 
/*>jt    iTCiziiicu)  fjinâîvcL  fjwoîv  oAaç,  ctAAct  (ruyyjù- 

pVKTCt/     rtZCTl    TOI  S     eV     TW    TToAgt     7r67roÀ<TgU(7.jCt/     Tût 

cTgovTo,,  gsrg/ôV«r€p  ot*  3-goj ,  -n&\œç  woiovvTtç,  ctû)- 
a-car-ç  ryv  7ioAcv ,  et;ro&cW,a.c-jv  ufffv  o,  T/  <kv  /3ou- 
A»<r3g  g£ <•  *p%^  /3ouAgu<rata\3ct* ,  x-ct/  vofxi^giv  , 
axrwip  av  gv  •zêrÀoia,  t#v  /*ev  i<7T/<a,  tûw  <re  x.û>3ra/s 

aLTrotpaLlVOfjLiVCûV    TLOfJLlÇtO'ScU  ,    \iytad-CLl   fJLîV   Vit     ettir 

(porgpay  clwolvtcl  1*7? i  GûùTyoïoL,  ytyin<r&*.i  Jxg  T»v 
%p=*civ  tzrpcs  tcc  (TVfJL<ocuitcL  oltzo  tû)v  3-gû>v.  hav 
toutov  tov  Tponov  TTgp»,  tû>v  7TctpgA>?Au3-oT0v  gyva>- 

5C0  Tg£  ilTi  ,   Jtfltt     TT/OTOS   TCOLGl   yîr/)(Tî(jBi  ,  X,CtJ  X.dAû)V 

3tat/  dyctScûv  dvùpœy.îpycL  7Tpa.^gTg,  ;cct/  Toc  ^rpcty //ocra. 
ûj(pgA>ib-gTg  ou  [juKpœç  y   x.cli  tous   gvctvT/û)3-gvTcts  ev 

TotlS  7rcAg(7iV,  fl  IXtTcLyvmcLl  *7tOVt\<TlTl  ZSrOLVTCLÇ  y  Y\ 
JCOjUUO^    TlVOtS   CLVTOUÇ    TOUS    OLlTlOVÇ    JCCtT0tAgJ(p5>lVCt/. 

MgyctAo-\[/uya>s    Toiyuv    x,ct<    TroAmjoas    tcl    jcojw 

L      n.&poLKxAœ  <K  as  tclZtcl  ,  ou  Tup^av  clvtoç  zoiclv- 
tu?   (p/Aa.y-3-pû)7rect?  7Tctp    gyjav ,    ctAAct  aàiKœç  xat 

<7TCCO"/3.0-TOCÛ>S    gtf  TV|V  gTgpû)y    Vctp^V  TIpOTÎO^gtS.    AAA 

ouù^g   thv  io^ctv   opy»y   avccTrAup^y ,   to  xo/v?  (ru^(pg- 

pOV    010UCLI    dXg<V     i^AxTTctV,    OUTg     jXiyWfjLl     ZY\S    lOl&Ç 

,  «/    _  •         »         \         «^  /  »%/       \V    >  »   <i 

g^ô-pct>  g<£    Tôt  xo<vw  cru^tcpgpovTct  ouofev'  <tAA    €  cp   ot 

T0U5    CtAAC/US    ^OLZcL'jLCLXcù  ,   TctUTOt    CtUT0$    0<0^tOt*   âilV 

wpœToç  zoitîv. 


170  AHMOS0.   EniSTOAAI. 

Ai  jutey  ovv  ,XcLpcL<r-MvcLi ,  xxi  £  à^u  (puAct^ctcrS-ctt  , 

XCLl  £  tfpùizTCû'J  Tl$  dv  X.OLT  dvSpœTriVOV  XoyiŒfJLQV 
lKCL\l(Tr  OCV  KOLTOpSoiV] ,  V^tào?  UpWTiCLl  /JLOl'  TOIS  fo 
JCC&9    VfJLlpOLV    l'fflG'ZCLTvîocU,    K&l    TOIÇ    IK    TQXJ    TtOLpcL- 

^pYtfjicL    (rvfjiÇiOiivovŒiv   opSaç   %pv\<rdcLi ,   jccc*  yvcovai 

\       r       I         ■  \'  \  ~  /         ~  / 

TOV   e)COt(7T0l>    JCCt/pOV,    7COLI      JtfJVCU     Tl    TCûV    TF  pCLy  [JLCL- 

Tû)V    i%      OfJLl\lCL$    J^VCCTOV    3rpOCUyc£ygor3-Gl/      X.CLI    Tl 

@>iols  wpoafoTrcu ,  rm  1^î(ttyolqtcù^  GTpcLTvrySv  tp- 

yOV    IGTL     AtO    KCU     ^OLXtWûùTOLTW     TÛLÇIV    l*)(J.l    TO 

avixCovXsvEir  t&yap. opâos  jSouÀgufievTci,  tccli  £oxi- 
IxcLvBiVTeL  <rvv  •zzroÀÀ?  <Twovd!ji  xcli   xvom9  uroWcLMÇ 

Tûù     TOUS    iWlŒTOLyrcLÇ     <i\\œç    %pY}GdL(TS-CJU     £lî\V- 

yctp  et  riç  J«7TÊ*A>fÇgv  voTvyy  tov  AÀg^&vtfyov  toT 
TfoiVTci  xcLTopSovv,  s'jceïvo  Xoyur&a&u,  oti  zFpoLTTœv , 

360C/    TFQVW  ,  JCCtt  TOAfJiœV  ,  OK^J   3Cflt3->||UlgV0S  ,   êWTUp^e/. 

NtTv  To;yi>v  Te^vsaÏTos  eVeivoi/,  ^reT  T/vas  >î  Tu^îi, 

ftgG*   «v  Îctcli,  Tovrovç  «Tg  ufJtoj  J^gî  ycyg<r3cu. 

Tous  re  jjygjxovas,  <ri  m  cuctyxM  ta  TCpoLy^ioLTct 
i         -  r       >  /  >    \       \     r      / 

3rp&7Tg<73ct<  ,     0$    tVVOVGTOLTOVÇ     g7T/     T«.£    d^VVùLfJLîlÇ 

tQKTTOLTc'      X,cLl     0  ,     Tl    IFOltTv    OLVTQÇ     ÎX,CL(TT0Ç    V  UCÛV 

i\'    '  \      n      v    '  ~  \  t     \        > 

<PVW<TeTcLl     X.CLI     làOVAWITCLl  ,     TOUTO    7TpO£    dLVTOV    il- 

tzrctTû)  x,Gti  fîtrotrp^go-^^*  jcc6<  tovU  o'ttûj?  jah  ^f/ét- 
o-gT<xi,  /x^^'  ifyw&TYio-d-ai ,  jtr/^e  îjr£<cr5->îyût/  wa.pcL- 
xpovoStis  (ÇyacLÇ)  <iva.dv<jiTGU.  'Clç  tw  gv^e/ctv,  m  ay 

gÀAg/7T>l9     J/JL6tk,     0U^    IVpWtTè  TùVC    <VKL*Gr\vpC6<rOV- 


LETTRES    DE  DÉMOSTIIÈNE.  171 

Je  vous  ai  dit  à-peu-près  par  où  vous  devez  com- 
mencer, ce  qu'il  faut  éviter  et  ce  qu'il  faut  faire 
pour  réussir ,  autant  que  la  prudence  humaine  peut 
s'assurer  d'un  succès.  C'est  aux  généraux  que  vous 
chargerez  du  commandement,  à  régler  tous  les 
détails ,  à  profiter  des  événemens  soudains ,  à  con- 
naître le  tems  propre  pour  agir,  à  juger  quand  il 
est  possible  d'employer  la  conciliation,  quand  il 
est  nécessaire  de  recourir  à  la  force.  Ce  qui  rend 
si  épineuse  la  fonction  d'un  ministre,  c'est  que  les 
meilleurs  conseils  qu'on  a  trouvés  avec  beaucoup 
de  soin  et  d'étude  ,  restent  souvent  sans  effet , 
parce  qie  ceux  qui  les  commandent,  exécutent  mal. 
Pour  le  présent,  j'espère  que  tout  ira  bien.  Si  on 
regarde  Alexandre  comme  heureux,  parce  qu'il  a 
réussi  en  tout,  qu'on  pense  que  c'est  à  une  activité 
courageuse,  à  une  audace  intrépide ,  et  non  à  une 
lâche  oisiveté  ,  qu'il  a  été  redevable  de  son  bon- 
heur. Maintenant  qu'il  n'est  plus,  la  fortune  cher- 
che à  qui  elle  s'attachera;  et  c'est  vous  qu'elle  doit 
choisir. 

Au  reste ,  puisque  vos  généraux  doivent  être 
chargés  de  l'exécution  de  vos  projets  ,  mettez  à  la 
tête  de  vos  troupes  les  plus  zélés  pour  le  bien  de 
l'état.  Que  chacun  de  vous  s'exhorte  et  s'engage 
soi-même  à  ce  qu'il  voudra  et  pourra  faire ,  sans 
tergiverser,  et  sans  chercher  à  tromper  sous  pré- 
texte qu'il  aura  été  trompé  lui-même  par  des  pa- 
roles. Car  vous  ne  trouverez  personne  qui  vous 
rende  les  occasions  que  vous  aurez  perdues  par 


1^2  LETTRES    DE    DEMOSTHENE. 


votre  faute;  et  il  n'y  a  pas  le  même  risque  à  chan- 
ger souvent  d'avis  dans  les  choses  qui  dépendent 
de  vous,  que  dans  les  cas  urgens  de  la  guerre,  où 
le  changement  d'opinion  ruine  les  plus  sages  con- 
seils. Prenez  garde,  Athéniens,  de  commettre  au- 
jourd'hui une  faute  pareille;  mais  ce  que  vous  au- 
rez une  fois  résolu  ,  décidez-le  avec  fermeté.  Et 
quand  vous  l'aurez  décidé ,  alors  prenant  pour  chefs 
Jupiter  de  Dodone  et  les  autres  dieux  [2]  qui  vous 
ont  rendu  des  oracles  aussi  propices  que  sûrs ,  im- 
plorant l'assistance  de  ces  dieux,  et  les  priant  tous 
de  vous  accorder  l'heureux  succès ,  mettez  les  Grecs 
en  liberté  avec  le  secours  de  la  fortune.  Je  vous  re- 
commande à  la  protection  du  ciel. 


AHMÛ20.    EIÏIZTOAAI.  *       1^5 

rets*  ouoe  rov  cturoy  ep^e/  jttvouvoy ,  *z«rcp{  av  ecp  w^tty 
€<rnv,  oVa^  ctv#oi>À>i(7.3-c,  z«rp<x£cu ,  ,ttgTa£ouÀgugo-()<xe 

wqaAcduç,  x,eu  tfipi   m  eu  Maty   'ûroAi/xoç    ctÀÀx 

t         \        i  i  r  / 

u  tzrgpj  TouTay  (jazoLyvaxTiç  vttcl  ty\ç   wpooupiaiœç 

1  \    f\  \  '  ~  jO         \  x'     f/ 

yjyverctj    ^  <JN>?  *7ro/>j07iTe  to/outo  jUtydev,  olaA  ,  o, 

T/  WpCL^Ti  ,  yeVVctlûJS  X.GCJ  ITOlfACùÇ  TOUS  -^V^oUÇ 
TOUTO  ^îipOTOVîÎTî.  KcLv  cltccl^  ^(pia-yiaBi  9  rov 
Aict   tov    AcoùavcLLov ,    x,cu     toi»?    olWquç  9-ou^,    o/ 

tcTOÀÀclS,  ÎCCtl  XûtÀOLÇ  ,  XCU  Ayctd-OLJ,  X,CU  CLAVI^US 
U^IV     [XCLVTîlCLÇ     ÛUr.lpY\}CCL<nV ,     Jiyg/JL0Vflt5     '7C0W(TOL{JLîVOl  , 

1  v  /  \  \       ~  /■ 

x,cu    7rccpctx,ciAecrat,vTg£,    jcctt    xotTct   Tû>v    vixjfmp/ay 

e/  »«*»»»/  t  ~  »  ^~  / 

CLWCLŒIV    CLVZO  S    èVÇÔL/LLZVQl  ,    |UL6T<X      T>1S    &yet^î1$    TU- 

%>#  éÀci»3epouTe  tous    EÀÀ>iy<*,$.  Evrv^îiTe. 


EniSTOAH  AEYTEPA. 

HEPI 

TH2  IAIA2  KA0OAOT. 


AHMO20ENH2 

THI    BOTAHI    KAI    T 12  I     AHMfîl 
XAIPEIN. 

XLNOMIZON  [ta  dç  ©v  eVoÀ/Tgt/opiv ,  ov%  ostcùç  , 

[lydiV   JjJLGlS ■OtAx.Sy,   TOlCLUZCL  '&Zl(7î<jBcLli  clWcl  3CGCJ 

fJLtTplCL  CLV  eÇÛLfJLCLpTM  ,  (ruyyVffl^MfS  TiUÇMTScU'  ÎTISI- 
\\  v%\      *l  I  *l   '  \        *  I  c      «•  »_v        «• 

o>j  oe  out«  yeyovsy,  eas  fxev   eo>pû>y  v[aclç,  ovoô[xiclç 

pa  T??   j8otA>JS  ,  ÎZTpO^  TOt  XCLVT7]Ç   CLTrofpVjTOL  JtCtTflt-xf/JJ- 

(p/Ço/xevc/V^ ,  dncLVTœv  ovdw  zAclttov  wcLpcc^apîiv 
v/jlolç  yyovpivoç,  y\  ifiavrov  À^o<mpt7(rBcuJ  <rrtpyuv 
^yow^îiV  to  y<xp,  ois  ctv  >i  \6ov\y  <p>j<n,  tous  o^uû)- 

IIOKQT&Ç  ^IXCLVTCLÇ     1ZpO<TTlBt<rBcU  ,    {JLy\àlfJLlCLÇ     CLWO- 

OijÇgûJS  p^eKDï^ ,  t^  -zzroÀfTeîcts  wetpat^ajpê/r  av. 
Eî«rg^  J^g,  kcl\gûç  ?troiovvTtç,  wo\$w3e   tjjv  o\/vct- 

OTêJOtV  )JV  T/VÉS  T0V  êV  T»T  f&OvXÏj  JC0tTgO"X.€UGt£$VT0 
gOtUTo7$,     X,CU     STfOS    TOCS    ct7roâ-i^ii$    TOVÇ    CtyWCLÇ 

xp/vért  9  toi  <K  ctVop'pTot  Toi»T«y  éiriïipnoiM  ctçtx 


LETTRE  SECONDE 

DE  DÉMOSTHÈNE,  SUR  SON  RETOUR. 


Dkmostiiène,  dans  cette  lettre,  qui  est  fort  éloquente ,  se  plaint  de 
la  sentence  ui  l'a  condamné  quoiqu'innocent,  malgré  les  services  aussi 
importans  qu'il  a  rendus  à  l'état.  Il  rappelle  son  administration  en  peu 
de  mots,  et  sans  se  permettre  de  longs  détails.  11  déplore  sa  disgrâce  en 
termes  pathétiques.  Il  s'excuse  de  s'être  enfui  pour  éviter  la  prison  et  de 
s'être  retiré  ;  il  apporte  les  motifs  de  son  évasion.  11  fait  valoir  la  circons- 
tance du  lieu  où  il  s'est  réfugié  d'abord  ,  et  de  celui  où  il  s'est  transporté 
ensuite.  Il  oppose  a  son  abattement  actuel  la  fermeté  et  le  courage  avec 
lesquels  il  a  servi  sa  patrie.  Il  exhorte  ses  ennemis  à  le  laisser  tranquille, 
et  les  Athéniens  à  ne  pas  seconder  leur  haine ,  s'ils  s'obstinent  à  le  per- 
sécuter. 

DEMOSTHENE ,  AU  SENAT  ET  AU  PEUPLE ,    SALUT  : 

Je  croyais   qu'après  les  services  que  j'ai  rendus 
dans  le  ministère,  loin  d  être  traité  comme  je  le 
suis  ,  quoique  innocent ,  je  trouverais  en  vous  de 
l'indulgence,  même  si  j'étais  coupable  de  quelque 
faute.  Trompé  dans  mon  attente,  tant  que  je  vous 
ai  vus  nous  condamner  tous  sur  desimpies  dénon- 
ciations du  sénat  sans  exiger  aucune  preuve  juri- 
dique ,   je  supportais  tranquillement  l'injustice  , 
persuadé  que  vous  cédiez  autant  de  vos  droits,  que 
je  perdais  des  miens.  Car,  pour  des  juges  liés  par 
le  serment,  s'en  rapporter  aux  allégations  des  sé- 
nateurs ,  quoiqu'elles  ne  fussent  appuyées  d'aucune 
preuve ,  c'était  céder  les  droits*  de  la  république. 
Mais  aujourd'hui  que ,  par  un  trait  de  sagesse,  vous 
vous  êtes  aperçus  du  pouvoir  despotique  que  quel- 
ques-uns s'arrogeaient  dans  le  sénat  ;  aujourd'hui 
que  vous  jugez  les  accusés  sur  des  preuves  ,  sans 


1  76  LETTRES   DE  DEMOSTHENE. 

vous  en  tenir  aux  simples  dénonciations  de  l'Aréo- 
page ,  je  dois,  ce  me  semble,  si  telle  est  votre  vo- 
lonté, obtenir  la  même  grâce  que  ceux  qui  ont  été 
inculpés  des  mêmes  délits,  et  non  me  voir  seul  , 
sur  des  imputations  fausses  ,  privé  de  ma  patrie  , 
de  mes  biens  ,  de  la  société  des  personnes  les  plus 
chères. 

Vous  devez  avoir  fort  à  cœur  mon  retour ,  non- 
seulement  parce  que  je  souffre,  sans  être  coupable 
envers  vous  ,  mais  encore  pour  ménager  votre  ré- 
putation auprès  des  étrangers.  Car,  si  on  néglige 
de  vous  rappeler  les  tems  et  les  circonstances  où 
j'ai  procuré  à  la  ville  les  plus  grands  avantages,  ne 
vous  imaginez  pas  que  les  autres  Grecs  les  igno- 
rent, et  qu'ils  aient  oublié  les  services  que  je  vous 
ai  rendus.  Je  crains  de  vous  les  détailler  ces  ser- 
vices ,  pour  deux  raisons;  la  première,  c'est  que 
je  redoute  l'envie  auprès  de  laquelle  la  vérité  perd 
ses  droits  ;  la  seconde,  c'est  que  nous  sommes  for- 
cés aujourd'hui ,  par  la  lâcheté  des  autres  Grecs  , 
de  nous  porter  à  bien  des  démarches  indignes  de 
celles  que  je  vous  ai  conseillées. 

En  général ,  telle  a  été  ma  conduite  à  la  tête  de 
vos  affaires,  que  je  vous  ai  mérité  l'estime  de  tous 
les  peuples  ,  et  que  je  devais  m'attendre ,  de  votre 
part  ,  aux  plus  grandes  récompenses.  Lorsque  la 
fortune  ,  aussi  cruelle  qu'insurmontable ,  eut  dé- 
cidé ,  non  suivant  la  justice ,  mais  au  gré  de  son 
caprice,  le  combat  que  vous  avez  livré  pour  la  li- 


AKMO20.    EniSTOAAl.  177 

tVCYHLOLTE  ,  OtOt-lOLl  /Xi  drill  ,  g<£V  Kai  VpLii  féoiiXo fit- 
VOIS     f,     TÎi      OfJLOlcLÇ     Tvyf.V      (TCûTyptcLÇ      Toïï      TCàV 

I  •        ~  I  \         \  I  *>         >      / 

OjAOlCùV  CLtTlCùV  ZtTV'tylLO (TIVOLI  /X71  [XOIOÇ ,  dTl  OLlTlOLi 
-vpéUO">r,  T)îk  TtCCTpKÎoS,  JCCU  T0V  OyTtfy  ,  JCCtl  TK  TCùt 
OlXilOTcLTCùV    <TVr/\Bet0L$    ÛVTCOŒTepYld-McLl. 

Eikotcûs  <K  iv  Ujttiv,  a)  etvdjpi*  'AS-avatTo/  ,  (JigAot 

Ttf£  gU.yf$  <Tû)T>ipiOt$,  OU  /ttOVOV  JCGLTet  TOVTOy  OTl  ovfav 
VfJLOLÇ    CLÙIKÛÙV     TOIOLVTCL    TînwOVBcL  ,    CtAAct     JCCU     Tïf$ 

Traça,  ro7ç   glAAojs   â.vBpa)7roiç    gygx,'  iùùoïiaç.   M>? 

\  »  %    \  r      ^  »  /  t  f 

yotp ,  g/  [wons  vpaç  avaui/nvY)<JMi  tov$  ^povovç 
[vaoi  tqvs  xcupous,  ev  ojs  ta  jjLiyiGT  tycc  ^pyXTlfJLOÇ 
>h  rv\  vcohîi,  tous  aWouç  '  EWwaç  oîyvoîîv  yo/Ju£cTS, 
//.»#  i7n\£\yii<Td-ai  rcù-j  zuot  wt7rpayfjLWM  uwep 
v^tay,  a\  lyœ  ^i/oîy  gygjcct  vuv  ojcvûj  yp&(pgjy  x,«3g- 
jcarroy*  gvos  fxey,  tov  <p3ovov  <JNgcK0$,  7rpo$  ov  ovâtv 
g<rr/  wpovpyov  ra\y\zy\  Agygtv  gTgpouJxg,  oti  ttoAAcc 
x,ct/  clvcl<£icl  iMiv&v  JW  t>jv  tav  ctAAojy  rE\\mav 
X.OCX.J0CV   VUV  7IpxTT£<y  oc votyjcct^o^g^otk 

Ev  xe(Po(.Act^  <^g ,  ro/ctuT'  eoriv  g<p'  ois  ifyrar 
tpixw  vmp  v[A0ûV  tyœ ,  acrS-  i>//.a,s  /^gy  gTT  avTGtç 
ijzsto    -nrairm    Q>iAou<r5cti ,    g'^oi    J^*    i\wlù<t    rJi 

/jLiyiarœy  S^apiSv  •Trpoo-^bx.ao-ôflt*  Tzrctp'  J^tai.  T>f$  & 

»  /  t         ♦      /  »  *       /  »        c 

ctvctyjtcucts    |u.6V,    ayvaAwvoç    «Te   Tvyviç  ^    ovy   c$ç 

d\x.a<ov  m  y  aAA    ûj^   eCaouAgro,  x.ptvcL<rviç  tov  tcrgp 

t>j$  Tav  EAA>i^y  gAeu3-£p«xs  xyayct,  ô,  Jug7ç  >îya- 

r.  ni.  12 


1*8  AHMO20.  EniSTOAAl. 

v/o-ûto-Gg ,  ovdi  va  rôiç  {j.îtcl  tolvtcl  yjvms  clizwTW 
ty\ç  tlç  v^ç  euvo/cts  ,  ov^'  ÂnnWcx^cLfiyiv  ocvti 
tclvtyiç   ou&v,    ou  %ctp/v,  oJfc  1\WIÙCLS  ,  ou  ttAou- 

TOV,    OU    J^UVCtO-TêtûCV  ?  Otîx,    CW-<pClÀ€«et.V"    KCL1101    TtcLVZCL 

Tcctô'  e«p0V  uVap%ovT&  xoTs  jcct^'  Jfxav  fZov\o[xi- 
votç  nroAiTtvz(ï3<tt.  *0  J^e ,  TroAAav  ovtojv  jcclc 
/xeyctAav  ecp  ofs  entoTûtf  eVepp^Tcu  /xoi  îrctppwenot- 
Çeo-S-eti ,    fJLiyia-rov   yyoi 'pw y   ovx,  Ôtci/yktcù  ypcL^cn 

TipOS     J/HÔtS*     OT/     iV    CLWCLVTl    7GÛ     OLICùVl    TCùV    jLtVUjJLO- 

nvo'iiww  ccv3pa7rû)V  ^e/voxocrou  ygyev^evou  $jA<7i7:ou 

5CCtî  JV  Q\Xi\lCLÇ  TTS-lCrcLl  TtÇWiyiW  OLVT6Û  TOV  VOUV,  fctf 
@>0V\01T0}   7LCLI     JX/0£.(pd-e7pCti    p^p)JjLtCLfft   T0U£   fcV  l7LCL<ny 

rav  'EWwidw  *aro  Asojv  yvœftfjiovç,  tya  [jlovoç  ouôV- 

TgpOU    TOUTûJV    y)TT>l3>îV     (^  0     JCO./    VUV    t^V    (ÇlAOTl[JliaLV 

(fzpzi  ) ,  sroAAct,  (Jiiv  évTu^av   «Ê/AisrTro;  jcoce  &ctÀ£- 

7ioAAav  J^'  ccTioo-^o/xevo?  p^p^ctrav,  c^/ogvtos  îkuvov, 
tûjv    <ruveiooTû)v    er/    woAao*    Çûxny  ,    ous    iiyct 


«\ 


»    \ 


yvajLtîiv  e%e*y  vci^i  vjacûv  g/jtos,  \oyicoL<r$è*  ro  y&p 

bfJLCJLS    ToT  TOlQVTCô    TOVTQV    TQV    TpOWOV    7Ll%fM<T&cU  , 
»      \        \      «A       *■    *y    •!         _         /  \  /        »  \ 

fejLto<  Atev  av  îv  oio    on  ÇûLveoi   (rv/JLQopct,  jcax.o,  <re 

QvfofJLlcL,   VfJLiTifCL    S^i     GLyWfJLQGVVYl  y  h    TCù   fjLîtOLyVCC- 

ycct  Aucrgre. 

riavrcc   toivuv   tu  wpoupyifiiva    1\clttu   vo[xt?a> 

VAS     CVW^OVÇ     XCLl     )C0C5      YtfJLZpOLV     7ro\lTèlûL$ ,     ev     f 


LETTRES  DE  DEM0STIIENE.  1  ^Q 

berté  des  Grecs  ,  je  ne  me  suis  pas  écarté,  dans  les 
tems  qui  ont  suivi,  de  mon  zèle  pour  vous;  je  n'ai 
sacrifié  (a)  à  ce  zèle,  ni  la  faveur,  ni  les  espérances, 
ni  les  richesses,  ni  la  puissance  ,  ni  la  sûreté  de 
ma  personne  ,  quoique  je  visse  ceux  qui ,  dans  le 
ministère  .  agissent  contre  vos  intérêts  en  posses- 
sion de  ces  avantages.  Parmi  plusieurs  traits  hono- 
rables de  mon  administration ,  dont  je  puis  me 
glorifier  à  juste  titre  ,  voici  le  principal  que  je  ne 
craindrai  pas  de  vous  rappeler.  Philippe  était  le 
plus  adroit  des  princes  qui  aient  paru  dans  le 
monde,  pour  se  concilier  tous  les  cœurs  par  son 
affabilité,  et  pour  corrompre  ,par  son  or,  les  pre- 
miers citoyens  de  toutes  les  villes  grecques.  Je  suis 
le  seul  qui  n'ai  été  gagné  par  ses  manières ,  ni 
par  ses  largesses  :  ce  qui,  encore  aujourd'hui,  fait 
honneur  à  la  ville  d'Athènes.  Non ,  quoique  j'aie  eu 
avec  ce  prince  des  entrevues  et  des  conférences 
fréquentes,  jamais  je  ne  me  permis  d'accepter  les 
riches  présens  qu'il  m'offrait ,  comme  le  savent 
plusieurs  Grecs  qui  vivent  encore.  Faites  attention 
à  ce  qu'ils  doivent  penser  de  vous.  On  plaindra  , 
j'en  suis  sûr,  sans  le  croire  coupable,  un  tel  ci- 
toyen ,  que  vous  traitez  aussi  mal ,  et  on  vous  re- 
prochera une  injustice  que  vous  ne  pourrez  cor- 
riger qu'en  revenant  sur  vos  pas. 

Mais  tout  ce  que  je  viens  de  dire,  le  cède  à  ma 
conduite  habituelle  dans  le  gouvernement.  J'ai  ad- 
ministré les  affaires  publiques,  sans  me  laisser  do- 


(a)  Dèmosthùnc  dit  tout  le  contraire  :  j'ai  sacri/ic  à  ce  zèle  la  fa- 
veur,  etc.  ;  mais  on  voit  que  c'est  moins  un  contre-sens,  qu'une  inad- 
vertance du  traducteur.  (  Note  de  l'éditeur  ). 


ltfo  LETTRES    DE  DEMOSTHENE. 

miner  par  Ja  passion ,  par  la  haine  ,  par  aucune 
vue  basse  d'intérêt ,  ni  pour  l'état  ,  ni  pour  moi- 
même;  sans  persécuter  jamais  ni  les  citoyens  ,  ni 
les  étrangers;  sans  tourner  mes  talens  à  la  ruine  de 
personne ,  mais  les  employant,  dans  l'occasion, 
pour  la  défense  du  peuple. 

Les  plus  âgés  d'entre  vous  ,   instruits  des  événe- 
mens passés,  doivent  instruire  les  plus  jeunes,  de 
l'assemblée  qui  s'est  tenue  pour  Python  le  Byzantin 
[5] ,  lorsque,  s'étant  rendu  à  Athènes  accompagné 
des  députés  de  la  Grèce,  avec  l'intention  d'exposer 
les  torts  de  notre  ville,  il  se  retira  frustré  dans  son 
attente ,  et  confondu  par  moi  ,  qui ,  seul  des  ora- 
teurs, m'expliquai  alors  avec  force  pour  vous  jus- 
tifier.  Je  supprime  toutes  les  ambassades  que  j'ai 
remplies  en  votre  nom,  et  dans  lesquelles  vous  ne 
vous  trouvâtes  jamais  compromis.  Car,  dans  l'ad- 
ministration ,  je  n'avais  point  pour  but  que  vous 
l'emportassiez  les  uns  sur  les  autres;  je  ne  cher- 
chais pas  à  animer  les  citoyens  contre  les  citoyens , 
mais  à  vous  acquérir  de  la  gloire ,  et  à  donner  une 
grande  idée  de  ma  patrie.  Tous  nos  Athéniens,  et 
principalement  les  plus  jeunes,  pleins  d'admira- 
tion pour  un  tel  plan  de  conduite ,  doivent  prendre 
pour  modèles,  non  les  orateurs  qui  ne  sont  occu- 
pés qu'à  vous  flatter,  et  dont  vous  aurez  toujours 
un  assez  grand  nombre,  mais  plutôt  ceux  qui,  par 
zèle,  vous  reprennent  de  vos  fautes.  Je  passe  sous 
silence  bien  des  articles  pour  lesquels  un  citoyen  , 
qui  n'eût  rien  fait  autre  chose,  serait  fondé  à  de- 


1020.    EIIISTOAAT.  181 


ovTEytorJyÇ)  ourg  t&cts,  TTpoi'o-Tct/uyos,  ot/&  <rt/x,o(p:tv- 
Tîio-as  «owcrevct  7roj7roT£,   oi>Tg  stoA/tw,  ourg  £gvov, 

OUOg  JCOtO  U/^ûJV  iâiCL  «TêtVOS  û)V,  CtAA  U7T2p  VjJLCûVj  £/ 
TJ    j^g/KTg/gV  ,   g£êTdÇo/4êVDS    fiy\LLO(TlcL. 

EÎùiïev  fi'  eu  o!  wpitr&vtipoi ,  jccu  Agyg<v  tois 
vecoztpoiç  Igti  àiKcuoi  tw  ^poç  rivQccvct  tqv  Bufav- 
rtoy  gVxAïKnav,  ors  rot;?  ct^ro  TOy  'EWwav  >iA3-c- 
-^rpgo-Sg^  é'^ûïv  ,  œs  ddi}L0'j<r&v  façm  tv\v  TroÀ/y, 
àwv\\$z  fil  Tctvfltyrtflt  Tsurûjy  ?zr<x3-0v,  /.tovoi»  T<»y 
roTg    puropav    i!£tTcL(rûLVTo$    éfioiï    tcl    vwip    v[jl2i 

.    /  _  -      \     »  ~  iO    /  f  /  f        \        »       ~         ,  / 

filKCllOL»    Kdl    îùù    TCpicÇsllcLÇ  ,   0<TCt?   VUTty  VflCOV     tTrpi- 

(iÇiivvcL ,  gy  aïs  outfev  >jÀ<xTT05>rrg  TûJ^org,  ou#g 
x,xf)'  et.  'EwoXiTEvo'xm  ycLo ,  ©  a'vopgs  Ad-maToi , 
oJj£    otzr&s    aAA»A&>v  vjjluç  wtpiyîwia&e    gtlowm  y 

Otî(?     gy     gOt'JT»V     ax,0Vû>V     T>1V     7IoAjV,     <xAÀ'     a<p'    «V 

£o£av  x,at  jLtgyotÀo^y^ccv  J(juv  uwoipïîiv  ivofitfyv 
g(p   ois,   a/KcLvi  //.gy,   [x,zAkttol  fil  roiç  ygo/s,  ctyai- 

(T^Oti    WfO(TY\X,cl  ,    JCGU    (7)C07rg/V     fX>1    jXOVOV  TOV  filCULOV*- 

o-ovToc  Tipos  %ap*v  7iavT  gy  t»  7roA*Tgfçt,  (  toutou 
fjLî-j  ya.o  ovâc^or  igz  clwoo7](toli  )  ,  aAAa  kou  toi 
iw*  ôJvc/ot,  Wipt  o>y  ay  etyvoîrn ,  g-/Tc/x>iorovTct. 
'JEt<  to/vw  •zzrocpotAgisrû)  -2<roAAst,  g'cp*  o'i?  gTgpos ,  x.gii 
/x^gy  ccXAo   ^p>f(7/jLto$   y£yoyû)$,  <Ajx.ct.tas    iv  îî^cou 


182  AHMOZ0.  EniSTOAAl. 

I  I  I  \  m    / 

Tuy^ctvg/v  GCùTypicLÇ,  %op»yjet?,  kcli  Tpojpctp^c&s , 
x-ct/  %pv\fjLcLTCûv  gV/obo-gj?  h  wacri  toiç  jccupots*  ev 
01?  g'y^  <p*v>î(ro{xeu  ou  /jiovov  ctu-cos  g^yïrocc/xgvo? 
izpSxoç  j  d\XcL  kcli  toi»?  aAÀou?  Qrap&x.exAmc6>&° 
<»v  ex,oto*Tov ,  0  ctvope?  'ASyivcliqi  ,  Àoy  t(7&o-9g ,  ccç 
ctvaç/ov  gor/  t»?  wzpiiGTviKmcLÇ  vuv  g/JLOX  <TV[x(popctç. 
A(p9ova)v  «^  ovtûjv,  a/sropS  ti  TrpaTov  oÙvpCûfJLOLl  TCûV 
nrcLpovTœv  kclkgùV  TtrQTtpov  x>iy  yiÀou&y ,  gv  m  <pvyv\$ 
enixivdvvov  ^rupxa^cLi  WcLp  g9o? ,  x-cti  7îccpct  T«v 
ocçtcty  ,  cLvcLyncLCpiJLcLi ,  >j  Tyv  ût<o-^i/v>iy,  g(f>  w  ?ccct 
ou&vcc  g'Asy^ov,  ov't  ct?zroôNc/£<y ,  aÀou?  olhoXccXcl  9 
y\  tclç  tX-unècLç  àv  J^tot/xctpTœy ,  û>v  gVgpo/?  -7rpo<rîTx,g 
5tgxAîipoyopi>ta  KotTcoTy;  OuVg  y&p  gyû>ys  Ton»  'ApTrct- 
Àou  cpt Aûjv  (pcLywokuoLi  yeyovœç  ,  ouig  ecp  giç  two- 
À/Tsufcjv  'TTporgpov ,  <Njoiv  oÇgtÀ^y  douvaj ,  ouïe  tov, 
e$    o'/?  gjcpivo^tyv,  g^gÀgy^gvray*  ray  re  yp&(pgv- 

TCùV     7tipl      ApWOLAGV     [XOVCL     TcL     t[L0l     TWrpcLyiMVOL 

civgyxA'/iroy  Tgîzro/wcg  tw  ttoaiv.  E£  a>y  •zzrayTûjy 
J^Àov  êtjrr/,  ot(  x,a/p<a  rw  À»(p5g/? ,  x,cu  oJ?t 
cL$i}CHfiaL(rt  9  xïï  srpo?  ct'TrccvTGt?  toi»?  ev  r<x??  clWicliç 
opyy  wzpi7rtWTûû-AùL  GLdixcûç ,  tcù  npœros  ucmvoli. 
Ewîi  ti  rœv  S^ikcucùv  oujc  uttov  iyœ  ,  rm  ce- 
gcûkqtwj  rovç  VGTipov  )cp/vo/xevou?  j  Vf  TIVCL  wv 
av    si7rê<y    e^o/    t«?  j    01»    y&p   go-r/v    oi»ogt?      toc. 


LETTRES  DE  DEMOSTHENE.  l85 

mander  sonrétablissement,  dépenses  pour  les  jeux, 
arméniens  de  vaisseaux ,  contributions  d'argent , 
faites  en  diverses  circonstances  ;  tous  objets  dans 
lesquels  je  me  suis  signalé  ,  animant  les  autres  par 
mon  exemple  et  par  mes  discours. 

Examinez  ,  Athéniens  ,  combien  peu  chacun  de 
ces  services  méritait  la  disgrâce  où  je  suis  tombé. 
Accablé  de  maux,  je  ne  sais  lequel  je  dois  déplo- 
rer d'abord.  Parlerai-je  de  mon  âge  avancé,  où  je 
me  vois  réduit  à  éprouver  un  exil  dangereux ,  qui 
est  nouveau  pour  moi ,  et  que  je  ne  mérite  pas  ? 
Parlerai-je  de  la  honte dontme  couvre  une  sentence 
qui  n'a  été  prononcée  sur  aucune  preuve  solide  ? 
Parlerai-je  des  espérances  dont  je  me  suis  vu  frus- 
tré, ne  trouvant,  à  leur  place,  que  les  disgrâces 
dues  à  d'autres? Non;  on  ne  verra  pas  que  j'aie  été 
des  amisd'Harpalus  [4] ,  ni  que  j'aie  été  puni  pour 
mon  administration  précédente,  ni  que  les  délits 
prétendus  qui  m'ont  fait  citer  en  justice,  aient  été 
prouvés  :  enfin  ,  de  tous  les  décrets  portés  au  sujet 
dHarpalus  ,  le  mien  est  le  seul  qui  ait  déchargé  la 
ville  de  tout  reproche.  D'où  il  est  clair  que  je  n'ai 
pas  été  condamné  comme  coupable ,  mais  que  j'ai 
succombé  à  cause  des  conjonctures  ,  que  j'ai  en- 
couru la  haine  injuste  qu'encourent  ordinairement 
ceux  que  vous  soupçonnez  d'un  crime,  parce  que 
j'ai  été  cité  le  premier.  Eh  !  n'ai-je  pas  alors  allé- 
gué toutes  les  raisons  qui  ont  fait  absoudre  les  ci- 
toyens attaqués  depuis  sur  la  même  accusation  ? 
Pourrait-on  ajouter  a  la  force  de  ces  raisons?  non  . 


l84  LETTRES  DE  DËMOSTIIENK. 

sans  doute;  et  quoi  qu'on  dise  ,  on  ne  peut  réali- 
ser des  délits  qui  n'existent  pas. 

Quoique  j'eusse  encore  beaucoup  à  écrire,  je 
m'arrête  ,  sachant  par  expérience  que  n'avoir  rien 
à  se  reprocher,  sans  être  d'une  grande  ressource  , 
n'est  qu'un  poids  plus  accablant  dans  la  douleur. 
Mais  puisque  ,  par  un  trait  de  sagesse  ,  vous  êtes 
revenus  pour  tous  les  accusés  ,  revenez  aussi  pour 
moi ,  ô  Athéniens  !  Je  ne  suis  coupable  envers 
vous  d'aucune  faute  ,  j'en  atteste  les  dieux  et  les 
héros  ;  toute  ma  vie  passée  dépose  en  ma  faveur  , 
et  elle  doit  être  pour  vous  plus  digne  de  foi  qu'une 
accusation  sans  preuve  et  sans  fondement.  De  tous 
ceux  qui  ont  été  calomniés  ,  je  ne  dois  pas  être 
celui  qui  mérite  le  moins  d'égard,  ni  le  moins  de 
créance.  Vous  auriez  tort  aussi  de  m'en  vouloir 
pour  m  être  retiré.  Si  je  l'ai  fait,  ce  n'est  point  que 
j'eusse  de  vous  une  opinion  peu  avantageuse  ,  ou 
que  je  me  fusse  d'avance  ménagé  un  refuge  hors  de 
ma  patrie.  Mon  vrai  motif,  c'est  que  je  ne  pouvais 
soutenir  l'idée  de  l'ignominie  d'une  prison;  que 
d'ailleurs  je  ne  croyais  pas  qu'à  mon  âge  je  pusse 
supporter  cette  affliction  dans  mon  corps,  et  qu'en- 
fin je  pensais  que  vous  n'étiez  pas  fâchés  que  je  me 
dérobasse  à  un  affront  qui  me  perdait  sans  vous 
servir.  Mais  ce  qui  doit  surtout  vous  convaincre 
de  mon  affection  sans  partage,  et  démon  dévoue- 
ment exclusif,  c'est  que  je  ne  me  suis  pas  réfugié 
dans  une  ville  où  je  devais  vivre  avec  magnificence, 
mais  dans  une  ville  où  je  savais  que  s'étaient  retirés 


AHMO20.   EniSTOAAT.  iSÇ 

ydù  un  yzvof.uvaL    oi/x,    terri  vroiw&t    yiyinv' ■:*(. 

'AAAot    7T£pt    /XeV    T0L>Tû)V    TKtVOfJLOLl ,    TToAAtf,    ypet- 

cpg/v  gj£û>v  to  y&p  ^a&v  zuclutgû  o-uvgf&vcu  TieTpocv 
/jio/  «TeoWgv,  e/ ?  /*ev  0<pgAg<av  cto-S-gvgs  oî/.,   g/£  ^g 

TO    flOiWoV  \W7riï<r$cLl    WOLVTCô','    oàvWpOTcLTOV»    E7Tg<- 

&j  &,  xaAas  -gtoiovvtîs  •>  -wdicri  roîs  gv  Tcc<$  eu- 
nous  J^oiAAct/^S-g,  xcu  Ifjiot  S^ieLWcLyyiztj  à  AijWS 
'aQmûugï  ot>Tg  yctp  Y\à)irf)£  vtuav  ou&vci,  as  ivra- 

ffûtV     OJ     3-SOt    3C<Xf      Wpû)g£,      fJLCLpTUfU      Oè    fJLOl      TtOLS     0 

crpocrGgv  TrctpeAnAvôûtf  %poyos  >  °£  «NjteuoTgpsv  av 
irunivoid-*  Jcp'  J^toif  T?i  ûtvgÀgyjcTou  vi>v  g^rgyg- 
yiïtiavis  ctlzicLS*  ovt  iya%tipi<rTos9ovT  clwkttoxûlx os 
<pa.r/i<rotJL(u  rav  JW£a>j9€vt0V.  Kcli  [im  to  clkz\Q£iv 
ovtc  *v  iiTtoras  opywv  srpos  /xe  *7eoiYiaeW  ou  y&p 
oLTZiyvaitas  J/xik,  ou$  gTgpaxrg  (ZAîwav  ovScifiov 
[itTtarw  d\\sL9  Tparov  /xgv  Totmitîbs  rijk  i^was 
yjJtXiTias  Ta  \oyiafxa  <pgpa>v ,  g/rct  A  a  T^v  »Aouctv 
oi^jc  eu  oioo*T  ûjv  toi  aafJLcLzi  T>jy  JccucoTrad-giocv  urcg- 
ygyx.giv'  gT<  <r  ol»U  u/zets  gvo^iÇov  cL(6ovteiv  tça  pis 
-GrfowyAcLKKTfjLov  ygygo-9ou,  os,  otîdfev  J^tcti  atytAav , 
gag  asrojAAugv  av.  E?jr£<9  'ot/  y  g  J/^7v  wpoo-gï^oy  tov 
voîiy,  jcoci  ovdiGiv  ciWoiSy  tcoAAcl  oLv  !'oo/rg  cv\uzict. 
F.ts  Tg  yao  t<roA/v  >jA3-ov ,  oJx,  g'y  i  (xiyKrraL  7rp&£tiv 


186  AHMO20.   EUISTOAAI. 

olutoç  efgAÀov ,  aAA*  g*V  lîv  Jtau  rovç  itpoyovove  eA- 
.3-ovtccs  !î&/y  j  ors  o  7rpos  tov  TllpvM  x.ct.TgAa.£t£<xvgy 

CtUTGUS   3CI vdbVO^  ,   7LOLI    TTctp'  f  ^À6i(TT>lV  gUVOJXV   UTÏCLp- 
'XOVVCU     U/JUV    V\7ri(TTcLHM.     "Eari     £'    i   Tpoifymav 

CLUTY\  ,   y    /JLcCÀt<7Tct    [JLtV    01    -3-eOt  ,  KCLl  TYlÇ  WpOÇ    VfXCLÇ 

»     .'        tf  \      ~  \      »     1       »  /  * 

IVVOIOLS    tViKOL,    )C0Ci    T>1S    7TpOS    t{JLî     ÎVipyiGlcLÇ  ,    gUVOJ 

'7ta»Tiç  g/'Wctv,  errot,  o-û)3-eJ5  u<p  tïju®y  >  <^uy)i9g<>iv 
olwoùoîjvoli  yjtpiïa.^,  'Ev  rg  t&utw  TivaTv,  as  gficu 
Xzpt&pwav,  i'KiTifjLtiLv  vfiïv  ri  TCiipca^oùH  tm  jca-r' 
î/jlî  cLyvotcL ,  gya>  tïclgcu  euÇHjuictv,  ûJCTtêp  e/xot  Tipo- 
0-5x6,  Trapg/^ofuiv  g'£  Jv  jccu  (jlclXhjtcl  vofJLiÇcû  tiocv- 
Tcts  dyaLc  Sevras  jJig  ùy[jLO(TicL  rifiyaôLi.  'Opay  &  t»v 
Atev  zwjoicw  rœv  av<5jpay  éaeyctA»v,  r>iv  S"t  as  rè 
Trapu)/  J^uvcc/juv  jcctTotoWrgpav ,  ^£rgA9<a>v  e<s  to  tou 
noo-g/^vo^  fgpoi  f'v  KaAccupid. ,  tla^cli  ,  ou  ^ovov 
T>îk  ûco-(pccAg/ct;  éygxcc,  iv  «N*  tov  3-sov  iXtci^cù 
txoi  \j7tcLpyiir  ou  yap  su  oiote,  yg*  i  y&p  g$  gig- 
po/s  iaxtv'i  coç  ûlv  /ZovAmtoli  ,  WpOL%cLl,  \zwtw 
xoli   âoNAoy    è%zt  rai  jcivdvnvovn    r»v    ct<r(petAg/GtV 

CtAA'     Oïl     >CC*f     T»V    WCLTplScL    hSivfc   i)L0LOTY\Ç    V/Aî- 
p&Ç   CLQopCû ,   g/S    tfV  TOO-CtUT^V    iVVQlCLV    ifJLCLVTq  (TVVQldcL) 

ocryç  Tictp'  J/JLay  W^ofxcn  Tu^g?v. 

'07Tû)^    ouv,    «    ivojîgs   'A-3-WTo»  ,    [MMTl     7lAgt« 
%pOy0V  TO/S   37UpOU<n   X&XoTç  (JWiyjJ>\LCLl  ^  ^n(pi<rcL(ro£ 


LETTRES  DE    DEMOSTHÊNE.  l8^ 

vos  ancêtres,  lorsqu'ils  furent  investis  par  l'armée 
des  Perses,  dans  une  ville  qui  vous  est  entièrement 
dévouée;  c'est  Trézène  [5].  Puissent  surtout  les 
dieux  la  récompenser  de  l'attachement  qu'elle  vous 
témoigne  ,  et  des  services  qu'elle  m'a  rendus  ? 
Puissé-je  moi-même  lui  marquer  ma  reconnais- 
sance, si  vous  me  rappelez  dans  ma  patrie!  Plu- 
sieurs Trézéniens ,  pour  flatter  mes  maux  ,  vou- 
laient vous  reprocher  de  l'ingratitude  à  mon  égard  : 
loin  de  souscrire  à  leurs  reproches,  je  vous  excusai 
avec  toute  la  chaleur  convenable;  et  c'est,  je  crois, 
la  principale  cause  pour  laquelle  le  peuple  de  Tré- 
zène ,  frappé  de  ma  vertu,  m'a  décerné  des  hon- 
neurs publics.  Touché  de  leur  zèle ,  mais  voyant 
que  leurs  forces  n'y  répondaient  pas,  et  que  pour 
le  moment  ils  ne  pouvaient  me  mettre  à  l'abri ,  je 
me  suis  transporté  dans  un  temple  de  Neptune  de 
l'île  de  Calaurie  [6] ,  où  j'ai  fixé  mon  séjour.  J'es- 
père que  le  respect  pour  le  dieu  me  servira  de 
sauve-garde  ,  sans  toutefois  en  avoir  l'assurance  : 
car  ,  lorsqu'on  est  à  la  merci  d'autrui,  on  ne  peut 
jouir  que  d'une  sûreté  faible  et  douteuse.  Mais  du 
moins,  de  ce  temple,  je  vois  tous  les  jours  le  pays  où 
je  suis  né,  et  pour  lequel  je  me  sens  autant  d'affec- 
tion ,  que  je  prie  les  dieux  de  vous  inspirer  pour 
moi  de  bienveillance. 


Afin  donc  que  je  ne  sois  pas  plus  long  -  tems 
affligé  des  maux  qui  m'accablent ,  ordonnez  pour 


!88  IETTRES   DE    DEMOSTHENE. 

moi  ce  que  vous  avez  déjà  ordonné  pour  quelques- 
uns  ;  faites  que  je  n'éprouve  rien  d'indigne  de 
vous  ,  et  que  je  ne  sois  pas  réduit  à  supplier  les 
autres,  ce  qui  vous  serait  peu  honorable.  Si  vous 
êtes  irrités  contre  moi  sans  retour,  il  me  serait 
plus  avantageux  de  mourir;  et  vous  devez  croire 
que  je  pense  comme  je  parle,  sans  me  parer  de 
beaux  sentimens  ,  puisque  je  vous  ai  rendus  maî- 
tres de  mon  sort.  Non  ,  je  n'ai  pas  craint  de  me 
mettre  entre  les  mains  de  la  justice;  mais  incapa- 
ble de  trahir  la  vérité,  et  ne  voulant  pas  me  sous- 
traire à  l'autorité  des  tribunaux,  je  me  suis  livré  à 
vos  décisions,  persuadé  que  ceux  dont  j'avais  ob- 
tenu tout  mon  lustre  et  tous  mes  avantages  ,  de- 
vaient pouvoir  ,  s'ils  le  voulaient,  commettre  une 
injustice  à  mon  égard.  Au  reste ,  puisqu'une  for- 
tune plus  juste  et  plus  propice,  surmontant  les  ri- 
gueurs injustes  de  l'autre  ,  vous  a  permis  de  déli- 
bérer deux  fois  sur  la  même  affaire,  et  de  revenir 
sur  un  jugement  qui  n'est  pas  irrévocable ,  sauvez- 
moi  ,  je  vous  en  conjure  ,  et  rendez  en  ma  faveur 
une  sentence  plus  digne  de  vous  et  de  moi.  Loin 
de  trouver  que  j'aie  commis  aucun  crime  dans 
toute  ma  vie,  et  que  je  mérite  de  périr  ou  d'être 
diffamé  ,  vous  verrez  ,  pour  ne  rien  dire  de  cho- 
quant,que  je  ne  le  cède  à  personne  en  affection  pour 
le  peuple;  qu'il  n'est  aucun  de  mes  contemporains 
qui  ait  plus  fait  pour  vous ,  qui  vous  ait  donné  de 


AHMOZ0.  E1IISTOAAI.  189 

pot  rccuTot,  à  xcli  ciAAoïs  thtw  jjcfy,  'tvot  \vatz 
dLvoifyoy  vixav  [jwàvi  /XOl  <TVft(oi}>  \xy\ri  IMTM  ÉT€- 
p«v  dvxyTLCLcrSûû  yins^C  ovùt  yaip  v[àiv  Twre 
yviwi  ctv  x.aAov#  êrcei ,  e!ye  £to/  Tôt  ^po$  tf/xecs 
dùidwcixraL  vTCcLpxti ,  Te3vctvct<   /*e  ïtp«*Jrrôf  ?v. 

ElfcOTflS    <K    CLV    jU.0<    TJffTêUOJTw    TctUTlfV    T»y    J/CtVOtCCV 

iyjw  y  kcli    \xv\   clv   fjicLTW    zpavvyicrd-cLi     x,ati   ystp 

tfJLOLVTOU     XUpiOVÇ     VfÂOLÇ     tWOlYIGGl  ,    X.CU     OVX,     ity'jyOV 

tûv  ayavcc,  /vêt    pjTg  7Tpooo)  tm  &Àvj.:r€{a,v,   jh»t 
oLx,upoç   vfiS'j  i(xov  /indus  yinraLi,  ctÀA.'  0,  ri  Qov- 
AoiaSt,   tovtcû  ^pjjrjHo^e'   tzrap'   &v  y&p    clwmtcûv 
tlclAwi  3cqcyct3-Jy  êî*!/)£ov,  tovîovç  ûô[j.y\v   ùtïv  ej£«iv 

JCCU    ifJLCL^TiVJ  j  il    QovAoïVTO  ,  MS   «V€»     E^ei  &  ,  fcflt- 

Àa>s  ^«rocotTcrot. ,  »  J^jcctfet  tu^>i  Ta*  clÙkov  xpcti»- 
crccdot,  JV  71101  tûjv  etvTcïv  ct7r€<îto;tgy  JpTv  /3ou- 
A.en<rcco-5cc< ,  tcù  prjgy  clvyjmgtqv  «\syi$urcL<r5cu  moi 
2|liou,  o-ûHTcXTe  ^s,  «  iyfygs  'A3»vouo/,  jccli  ^>7(p/(Ta.o-9e 
x.cct  v{iw  clvucûv  ollJrtoL  jccu  (pou.  Ew'  ovdwl  yàp 
rm  'tfînrpcLyfjLWM  »  c^jodcotcc  ^te  tvpwiTt ,  oJj^ 
éV<T>i(îe<ov   iri/iov  eivou ,  oucT   ctVoÀûJÀgvct/  ,  otAÀx 

X,Ct<     £l»V0t)V    T®    TTÀHÔ-gl     TûT    VfltTipCe),    TûTç     jULotAlcrQ' 

'         /  '/  %1         »        f      -\  /   I  \  «* 

ofjLoiύ,  ivot  jLMjoev  gtzncptfovov  ypcu|/0,  xot/  wAt'.c-ct 
'7CîWfOLyiJ,aLTiv'J.ivov    Tû)v    vuvt    ^û)VTdyy    urrep    uaay , 

X.CU    /UgyiO-TcC    UîTCCp^OVTot    4O.0«     JtCtX      ifJLOLVTOV    (TV IX' 


190  AHMO20.    EITI2T0AAI. 

Ç>0\cL    tUYOtClÇ     TCÇOÇ     VfJLCLÇ.    Mv}ÔtlÇ    JV'    VfJLM    iyUtF&tè 

fit  y  œ  cu/dpiç  ASwciïoi,  [lYiTt  dvcuityicL,  fiyxî  aWy 
TipoÇcLcru  (pûCt/Aw  iiyitkpiS.  wctp  oA»jv  xm  imarxohffl 
oiïupsaiïcLi'  c&AAo,  (*)  roîç  ncLpovcriv  îkclo-xqç  ctcpGovûtf 
%pv\Tcu,   zlioi  Jxe  tûlvxcl  vuv  ?zro(,p6o-T/y ,  «5  llyiiiox 

Cù(fî\i  ,     At/STctJ,      JCOtt     ^cLXpVOL  ,    JtcU     TV)S    tZTctTp/^ 
1      *      ~         "*•!-  \      r  f  a  %  \     :    J 

tccwtcl  woitt  fie  odupzcQcu'  à  twi<rx,owovvTeç  J\- 
Tcauas,  ev   ou&ve   Ta»  *z«rg'7roA'.Ta>j!;.gvû>y    uVep    u'uov 

otm  [xcuXcLyacw  ,   otîVe     otvotvcfyeci»  wpo<rov<rcLV  tvpy- 

1 

GITl     fJLOl. 

t-t    '        '       l\  1  '  f     ~  *T  'a.'        (O 

llpos  /Ugy  Jx>i  sr&vTccs  ujuol^  too-olvtcC  loict  «Te 
ToTs  gjttot  *7rpc<ncpouotNn»  evavTtoy  JjzoTv  (IqvXqlhu 
JWAep£3-ï»oi/.  '0<rci  p.gv  yctp  toT$  u(p'  UjuaTv  ctyycw- 
3-e?(jiv  v-GrvipîTovvTzç  zwoiovv ,  g<7Ta  JV  u^&s  ai>- 
to7s    ttrêTpa^-S-oti ,    ject/   ouofe»   îyncLXcà*    tTrudy   ùe 

iyVOùKCLS9     VfJLÎlÇ      01 CL    TCLVT     IVTWy    ICW    flîV ,  ûJ<r7Igp 

i>7T6p  T6>y  Ao/'srav  gôV/,  xou  gju.01  crvyyoùpywoùGiy  xct- 
\œç  miyvovaiv'  îolv  <A  twyiptajfyiv  ty)(zif>œ(riv , 
Jjxctk  cc^/aT  /koj  j8o>i3eiv   owrctvTas,  x,cu    pj  xvpia- 

I  \  I  »}        _  ~  ,        r        ~  /  / 

TgpOCV    T>1V  TOUT0V    g^-S-f  «.»    T)l!?    TTûtp      Uj^ûW     %Cf,p/TO$ 

/*oj  ygve<r3ctj.    Eïnt/p/gJTg. 

(*)  J'aime  mieux  lire  avec  Wolfius  :  *aa'  m. 


LETTRES    DE  DEMOSTHENE.  1QI 

plus  fortes  preuves  d'attachement.  Et  qu'on  no  s'i- 
magine pas  que  ce  soit  par  lâcheté,  ou  par  quelque 
motif  peu  honnête,  que  j'ai  déploré  mon  sort  dans 
toute  celte  lettre;  mais  tout  ce  qui  peut  autoriser 
un  homme  à  se  livrer  sans  réserve  à  la  douleur,  je 
l'éprouve  malheureusement  aujourd'hui  ;  peines 
d'esprit  et  de  cœur,  désir  de  vous  revoir,  de  revoir 
ma  patrie,  réflexions  sur  ce  que  j'ai  souffert  déjà; 
voilà  ce  qui  me  fait  déplorer  mon  sort.  Jugez  de 
mon  abattement  comme  vous  devez ,  vous  verrez 
que  toutes  les  fois  qu'il  a  été  question  de  parler  ou 
d'agir  pour  vos  intérêts  ,  je  n'ai  montré  ni  lâcheté 
ni  faiblesse. 

Voilà  ce  que  je  vous  dis  à  tous;  je  vais  dire  un 
mot  pour  mes  ennemis.  Dans  tout  ce  qu'ils  ont  fait 
en  abusant  de  votre  ignorance ,  je  suppose  qu'ils 
ont  eu  dessein  de  vous  servir,  et  je  ne  leur  en  fais 
pas  un  crime  :  mais  à  présent  que  vous  êtes  instruits, 
si ,  après  avoir  renoncé  à  inquiéter  les  autres ,  ils 
cessent  aussi  de  me  poursuivre,  ils  feront  ce  qu'ils 
doivent  ;  s'ils  s'obstinent  à  me  persécuter,  je  vous 
supplie  tous  de  m'être  favorables ,  et  de  ne  pas  souf- 
frir, pour  ce  qui  me  regarde,  que  leur  haine  pré- 
vale sur  votre  bienveillance.  Je  vous  recommande 
à  la  protection  des  dieux. 


LETTRE  TROISIEME. 

SUR  LES  ENFANS  DE  LYCURGUE. 


-Soocé- 


Eycxjbgue  était  en  même  tems  un  excellent  citoyen,  un  ministre  in- 
tègre, un  orateur  célèbre  et  un  homme  fort  instruit.  Il  avait  joui ,  pendant 
qu'il  vivait,  de  la  plus  grande  considération  parmi  ses  concitoyens,  qui 
lui  avaient  '"décerné  des  honneurs  distingués.  Après  sa  mort,  Ménésechme, 
un  de  ses  plus  ardens  adversaires  ,  avait  attaqué  ses  enfans  comme  étant 
débiteurs  du  trésor  au  nom  de  leur  père.  Ils  furent  condamnés,  et  un  nommé 
Méroclès  les  ht  mettre  en  prison  jusqu'à  ce  qu'ils  eussent  payé.  Démos 
ihène,  qui  faisait  beaucoup  de  cas  de  Lycurgue,  dont  il  était  l'ami, 
écrivit  du  lieu  de  son  exil  aux  Athéniens  en  faveur  de  ses  enfans.  Il  fait 
le  plus  grand  éloge  du  père;  il  rappelle  les  marques  d'estime  et  de  consi- 
dération qu'on  lui  a  données,  les  distinctions  dont  il  a  joui  tant  qu'il  a 
vécu.  Il  montre  que  les  Athéniens  doivent  mettre  ses  fils  en  liberté  ;  la 
justice  ,  l'honneur  ,  leur  propre  intérêt  le  demandent.  Il  insiste  ,  au 
commencement  et  à  la  fin  de  sa  lettre  ,  sur  le  motif  qui  la  lui  a  fait  écrire. 
Il  parle  de  lui-même  en  finissant;  il  fait  voir  combien  il  serait  injuste  et 
absurde  qu'on  ne  révoquât  point  la  sentence  qui  le  condamne  ,  lorsqu'on 
a  .  bsops  un  Arislo^iton.  11  demande  que,  du  moins  ,  on  lui  accorde  un 
sauf-conduit  pour  revenir  dans  sa  ville  et  se  faire  payer  les  sommes  qui 
lui  sont  dues,  afin  qu  il  puisse  s'acquitter  envers  l'état.  Si  on  en  croit  la 
dernière  lettre  d'Eschine,  il  obtint  ce  qu'il  demandait  pour  les  fils  de 
Lycurgue.  , 

DEMOSTHENE,  AU  SENAT  ET  AU  PEUPLE ,  SALUT: 

Yj  est  pour  ce  qui  me  concerne  ,  c'est  pour  que 
\ous  me  rendiez  la  justice  que  je  pense  qui  m'est 
due  ,  que  je  vous  ai  écrit  ma  dernière  lettre.  Vous 
m'accorderez  ce  que  je  vous  y  demande ,  quand 
vous  le  jugerez  à  propos;  mais  je  souhaite  qu'at- 
tentifs à  l'objet  pour  lequel  je  vous  écris  aujour- 
d'hui ,  vous  m'écoutiez  dans  un  esprit  d'équité  et 
non  de  contention.  Exilé  d'Athènes,  j'entends  plu- 
sieurs Grecs  vous  blâmer  sur  le  sort  qu'éprouvent 
les  enfans  de  Lycurgue.  Je  vous  aurais  écrit,  quand 
je  n'aurais  eu  pour  motif  que  de  défendre  la  mé- 


EniSTOAH  TPITH. 
nEPi 

ton  ATKonrpror  feaiaon. 

AHMO20ENH2 

THI    BOTAHI     KAI     TjGI    AHMI2I 
X  AIPE  I  N. 

1  1EPI  /xgy  rai  tlclt  îfxcLvrov ,  i  £to*  srap'  J/^ov 
ivofjLifyv  ^tx,<x/ov  g/vct/  ygvgo-Sx*,  T)iy  srpoTgpxv  ercÊ/x- 
•n^a  7Tpos  tirets,  ump  a>y,  oTctv  v/xïv  doM,  xotî  cvy- 
yjà^AGiri'  wipi  <^g  ^v  vuy  g^goTocÀ^ot,  Hov\oi(xm 
GLiuHzs  jui>!  wotpi&Tv,  ^>j(îg  Tipos  (p/Aovg/jtioty,  ctÀÀot 
srpos  to  ootctiov  ctx.ouo-cu.  2i>£tÇ>ativg/  yotp  ^to/,  x,cu- 
^gp  g'x.?zro&yv  o'tûtTpt £ovn  ,  -GroWaïv  otVoJg/v  eV/r/- 
juuyvnwv  u/*7v  gsn  tsTV  Trgp*  tous  Aujcoupyou  wciïàaLç 
yiyvofjLivois»  E7n<rTtiAaL  ju,gv  ouy  ctv  thv  g3n<xToÀ>iy 
kxi  Tay  êxeiva  ££vn  7rg'7rpc6y/u,gvû>y  gygx.*,  a>y,  o/lloim 
t.  m.  i3 


iç4  AHMO30.  EIII2T0AAI. 

i[lOl ,  TToD/TiÇ  cLv  GLVTcZ  dlKCLiœÇ  [g%0/T£  %<*f  IV  ,  U 
TO,   irpO<TYI7LOV?CL    fZovXùKlS-î    <7T0ig7v. 

Ex,e<vos    yctp  cturov    ev    to>    7i3p<    thv    ^ioesoio-iv 

/^gpet  TCLÇCLS  T'/\$  W0\micLÇ  rOKOLTCLp^OLÇy  1LCLI  TTîpt 
'ZCàv'EWWïiLCàV   JCûtt    <rv(JL[XOL')(jlK0ûV    QVÙiV  tlœd-ûùç  ypcc- 

<pg/v  y  ctî  kcli  Tcc'j  ê^ixoTiKûùv  tivcu  *7rpo(77rotou/xevûjy 
ol  -ûroWoi  xccTeÀisrov  v[xzç ,   xotî  ~ciïç   tgv  J^/xou 

I  I  »  \  »  *l  IV  \ 

*7CÇQCLlÇl<Ti(n    TrpOŒiUlLliV     IOLVTQV  ,      00%    OTl     àWplCLÇ 

yuan  zrpo<ro$ovç  hu  tovtcûv  uViip^g  AaaGavê/V  ctîiro 
yap  tûTv    evotvT/û)V   -arccvra   tcl  toiclvtol   iyiynro* 
ovâ  oTi  T&vzw  cL<r(ÇcLAî<rTzpaiv  t»v  irpocLipto-iv  OVCTOLV 
iccpcC  tïoWouç  yup  xai   npoiïv\\ov$  i\yi  ycivâvvovç , 
ovs  avctyjccuov  )iv  vwofjLzivcu    roy   irarep  toi;    JSfxou 

XîyîlV  JCCU  WpcLTTUV  TCpOCUpOV/AÏVOV  cl\\'  ozi  JSj- 
fJL0TlX,0Ç  KCLl  QVGîl  %p>IOT05  OCV>1p  )JV.  Kct/T*0/  TTot- 
pÛ)V  €0pOL  TQVÇ  LIVi  (Zoy\3-y(reLVTcLÇ  OLV  TCù  ^y\\Xùd  y 
CL(T§iVi7ç     tWl      TOÏ$     0,UjU,£sj8wcOO,/V      OVT&Ç'      TOUS     £t 

il  I  \  I  >><       1 

TaVCLVTIO.     WÇOLTTOVTOLÇ  ,     JCOCTO,      WcLVTOL    tfpûJfJLiVOVÇ' 

ctAÀ   o^tû>$    ouaev  vittgv  ixtivoç   nyjrvo  tovtm  9    cl 

GVfJLtptptlV    YiySlTO  TO)    fryfJLGù.    KcU  y    fJLîTcL    TOLVTaLyCLQ- 

\ J   ■     I  \  f  t\  *>  * 

jtvas    5cct,t     \eyû>v     xcli     ^trpoLTTœv   cl  wpoo-Mi))    >jy 

(pctvgpoç,  é<p'  oT$  gvStj^  iJçhtuto,  œ$  durcu-tç  ufclgiv.  j 

»       t  \      *>    t\       «/  •*■         >     »     ~       ^ 

E-arso-TgfÀa,  p.gv  ouv  ay  ,  œawip  warov  ev  *p%w,  Jtai 


LETTRES    DE    DEMOSTHENE.  1  g5 

moire  de  cet  excellent  homme,  et  de  vous  rappe- 
ler ses  actions  ,  dont  vous  ne  devez  pas  être  moins 
reconnaissans  que  moi,  si  vous  voulez  agir  comme 
le  doivent  des  Athéniens. 

Quoique,  dès  son  entrée  dans  le  ministère,  il  eût 
résolu  de  se  bornera  l'administration  des  finances, 
et  qu'il  ne  fût  pas  dans  l'usage  de  s'occuper  des 
affaires  des  Grecs  et  des  allies,  cependant,  comme 
plusieurs  ministres,  de  ceux  même  qui  se  disaient 
amis  du  peuple,  vous  abandonnaient,  il  s'attacha 
à  soutenir  les  intérêts  du  peuple.  Ce  n'est  pas  que 
ce  parti  dût  lui  valoir  des  gratifications  et  des  re- 
venus, avantage  qu'obtenait  le  parti  opposé;  ce 
n'est  pas  qu'il  y  eût  une  plus  grande  sûreté  à  parler 
et  à  agir  pour  vos  intérêts ,  système  qui  expose  né- 
cessairement à  mille  périls:  mais  c'est  que  de  cœur 
et  par  caractère  il  était  ami  du  peuple  et  bon  pa- 
triote. Ainsi ,  quoiqu'il  vît  par  lui-même  que  le  cré- 
dit des  ministres  fidèles  était  bien  diminué,  vu  les 
circonstances,  et  que  le  pouvoir  des  orateurs  mal 
intentionnés  était  assuré  à  tous  égards,  il  n'en  était 
pas  moins  attaché  aux  intérêts  de  la  république,  et, 
soit  dans  ses  paroles ,  soit  dans  ses  actions ,  il  se 
déclarait  toujours  avec  courage  pour  ce  qu'il  ju- 
geait le  plus  expédient.  Aussi ,  comme  personne 
ne  l'ignore,  ne  tarda-t-il  pas  à  être  accusé  de  crime 
capital.  Je  vous  aurais  donc  écrit,   je  le  répète  , 


I96  LETTRES    DE    DEMOSTHENE. 

quand  ce  n'aurait  été  que  par  considération  pour 
Lycurgue;  mais  persuadé  qu'il  vous  importait 
d  être  instruits  des  reproches  que  vous  font  les 
étrangers  ,  j'étais  bien  plus  porté  encore  à  vous 
écrire. 

Je  prie  ceux  qui  étaient  ennemis  particuliers  de 
Lycurgue     d'écouter  à  son  sujet  des  discours, rai- 
sonnables, et  de  souffrir  qu'on  leur  dise  la  vérité. 
Vous  ne  pouvez  ignorer,  Athéniens,  que  le  traite- 
ment que  viennent  d'éprouver  ses  enfans,  ne  doit 
pas  faire  honneur  à  votre  ville.  C'est  une  chose 
connue  dans  toute  la  Grèce,  que  vous  avez  accordé 
les  plus  grandes  distinctions  à  Lycurgue  pendant 
sa  vie  ;  et  que,  quoiqu'il  ait  été  souvent  accusé  par 
ses  envieux ,  vous  ne  le  trouvâtes  jamais  coupable. 
Vous  aviez  une  telle  confiance  en  sa  vertu,  et  vous 
le  regardiez  comme  si  dévoué  au  peuple ,  que  vous 
avez  prononcé  plusieurs  sentences  sur  sa  simple 
parole  qui  vous  paraissait  suffisante;  ce  que  vous 
n'auriez  pas  fait,  si  vous  n'eussiez  eu  une  grande 
opinion  de  son  intégrité.  Aujourd'hui  qu'on  ap- 
prend que  les  enfans  sont  détenus  en  prison  ,  on 
est  touché  pour  le  père  qui  n'est  plus  ;  on  plaint 
les  enfans  comme  indignement  traités  ,  et  on  vous 
charge  de  reproches  si  durs ,  que  je  n'oserais  vous 
en  faire  part.  Ces  reproches  que  j'entends  avec 
peine  ,  je  les  réfute  avec  chaleur  ;  et,  sans  entrer 
dans  des  détails  désagréables  ,  je  vous  en  ai  écrit 
suffisamment,  pour  vous  faire  connaître  que  toute 
la  Grèce  vous  blâme,  persuadé  qu'il  vous  importe 


AHMOZ0.    EIIIZTOAAI.  197 

*       \         \         »       '  '  '  \  »v  s     y  \      r    rs* 

<rta  Trjy   txztvou  %<tp/V  ov  fxw    claaol  tlcli  v/juv  vo- 

kfjilÇffl  cru^cpepsiv  roc?  îjrctpot  toTç  e£û>  yjyvo/Jievcis 
ewiTifJiy\<rei$  ùfavcLi ,  uroWa  ^rpofiu/JLorepsv  srpos  to 
7T€jX-n|/0U    T>iy     éVlOToAW    Êff^OV. 

napeuTov/tcti  J^g  tous  /Ace  Tpos  ex,e?yoy  e^ovTccs 
JWjcoAûjs  uVo^tervct/  T«tA>i3!i'  x.&j  Ta  J^itlcucl 
axouejy  tzrep*  airrou.  Eu  yetp  icrre,  a  ctyapê*  A^m- 
y<t?o<,  îm  yuy  ex.  Tay  -zsrep*  tous  wctid&s  oivrotT 
yiympwoûr'  <pcti/A>jy  J^cty  >î  tioA/s  Aot/xÊccygi'  ovfois 
yatp    tûùv  'ÈWww  ayyoe?,    otj    (Syret    At»coupyoy 

tTlfJLOLd-'    VfJLZlÇ     tU    wVep£oA>IV'    ÎCûtl    WOWW    OLITICùi 

izsrin^naœv  vwo  rav  (p3-ovot>yTû>y  clvtcù,  ovi^fiicuf 
wd&oS'  ivptr   d\y\5ïï  ovtœ  S?  iwurTWiTc  olvtS , 

JCCtt  J^/AOT/JCOV  WCLÇCL  WcWT CLÇ  Y\yil<T§Z,  CûŒTt   TToAAût 

Toi  S^tKoaœv  ev  Ta    <p»i(rcu    Awcoupyoy  exp<v€T£"  x&i 

TOUS'    U]x7v    IfyipTLtC    OU    yctp    <XV,    XOLJ    TO/OUTOy     fJL>1 

JWouy   u^iïy.  Nui   To/yuy   a^xvrîç   axofovTes    tous 

UlclÇ    OLUTOV     S^idiad-OLl  y    TOy    fJLiV     TI^îStcL    î\iOV(Tt' 

tq~ç  TictKTi  <K ,  ûjV  <*voc£t<x  Trow^ouffi,  (juyajçOoyrcu* 

Jftîv     <K    i7ClTlfJLœ<Jl    WJxpÔîk,    Gù$   OUX   CUf    ?0\/lWcUfÂl 

ypec^g/v  éy®*  A  7ap  *X^o^a/  Toîk  teyovvt,  tlcli 
Àiriteyœ  xctG  'ocrov  £vvcllicu9  ^oyfS-ay  J/^Tv ,  tgcutcc, 
a^pi  jU2>  T5t7  J^Aov  u/itiv  wonfceti ,  oTe  woWoi 
^teacp&VTot: ,   cri;  :.<pgpe<y    UjCtiy    yotuÇay    cîoey*/,    ye- 


198  AHMO20.   EniSTOAAl. 

ypcLQùL'    <tKpiÇ>ûû$    J^e    ^lefyivau    JW^gpes    Kpivco. 

(J<TOL  (AtVTOl  AQlOOpiCLÇ  %#pt$  g(7T/V,  û)V  AîyOWl 
TlVî$  9  XCLl    CLMKûèVOLl   (TVUtylpîlV   VfMV   JyOVfJLOLl,  ZOLVÏOL 

n>Nl  \  »         \      .  r         »/  »  »  * 

Ovdciç  yoip   v7TitAy\Çîy ,  #£   apcc  HyvowcaTe ,   xxtt 

^l2^iV(T^7\TE  TyÇ  cL\tâilcLç  Tinpi  CLVTOV  AvXOVpyOV. 
Tu,     Tg    ycLp    TOV    ^pOVOU    ÎFAÎSoS  ,    OV    g^gTC^O^gVOS 

otî&v  t«rût>?zroS'  eJpnG>i  tzrepi  v[jl£ç  ovrt  Qpovm  y  ourt 
*7roiSv  iètTLGVy  >t*<  ro  fivtùîvcL  cLv$pœwo>v  tiç  fxv\àw 
tm  gcAAûjv  ctvcu<r9)i(nctv  tj/ucv  tt&TayvûTvct/ ,  gix,oi0£ 
ch/cLifiï  twv  yVêp  tJs  dyvoicLç  cxS'vJ/fV.  Ae/^reroc/ 
to/vuv,  0  -aroivTgs  ctv  €<voc<  (pcti»Aû>v  cLvSpoùnm  tpyov 
(pwrctjgv ,  to  ,  o<rov  ccv  %p!îcr3g  %povov ,  ro<7ouroy 
tKaLo-Tov  <ppovr<(^€iy  J^oxg/V  julsto,  J^e  tolvtûl  /xyi- 
tkvcL  iytw  Aoyov.  Ei$  ri  ycLp  rm  clWccv  p^p» 
wpocràoxcLV  Ta  TZTtMvTviitoTi  ty\v  tfoif  v[im  e<re- 
ad-cLi  p^ocp/y  ^  otclv  g/s  rovç  «zjrcuoVs,  x&i  tjjv  eJ- 
(5b£/<*y,  tolvolvticl  ôp£  xiç  yiyvo[itvciy  m  fiomv  tlcu 

Tî\iVTa(Tl    TFaLO-lVy    QWCCÇ    l'fyl    KOL\œÇ,    (JLîXil'y    Koli 

fjLW  ovâî  ^pnficLTm  woizïv  gygjtot  tclv-zcl  S^oxuv,  rœv 
xcl\Sv  xcLycLd-œy  tcrriy.  Ovrs  y&p  rv\ç  fjLzycL\o*\'V- 

%'CtS,    Ot/T6    T^    CtAAîlS    WpQCLipzaiCùÇ    T>tf    V[AîTZpOLÇ  , 

eûccAouSov  ay  (favgoT  gt  yap  J^tt^k  Aixrcto-S-ai    Tiap 
gVgpûJV  g(Jg/,  ^ovtccs  i\  rai  KpoGiovrav  tol  %pyfxaLTcL 


LETTRES    DE  DÉMOSTHENE.  ÎÛÇ 

de  le  savoir.  Mais  il  est  des  réflexions  faites  par 
quelques  uns  sans  nul  esprit  de  malignité,  qu'il 
est  bon  de  vous  mettre  sous  les  yeux. 


Personne  ne  s'imagine  que  ce  soit  par  ignorance 
on  par  erreur  que  vous  en  usez  de  la  sorte  envers 
Lycurgue.  Le  long  espace  de  tems  où  vous  avez 
emplo  é  ce  bon  citoyen,  sans  le  trouver  jamais 
pensant  ou  agissant  contre  vous  ,  l'avantage  de 
n'avoir  jamais  été  soupçonnées  de  stupidité  ,  ne 
permettent  pas  de  croire  que  vous  ayez  péché  par 
ignorance.  Reste  donc  (  indifférence  coupable  qui 
ne  peut  vous  faire  honneur)  que  vous  ne  songez 
à  nous  que  le  lems  où  nous  vivons,  et  où  nous  vous 
sommes  utiles,  et  qu'ensuite  vous  nous  oubliez 
absolument.  Mais  en  quoi  peut-on  espérer  que  vous 
témoignerez  votre  gratitude  aux  citoyens  morts , 
si  l'on  voit  que  vous  n'épargnez  ni  leurs  enfans , 
ni  leur  mémoire  ,  seuls  objets  qui  intéressent  les 
mourans?  Userait  encore  moins  honnête  que  vous 
parussiez  tenir  cette  conduite  par  intérêt  ;  cela  ne 
serait  conforme  ni  à  votre  magnanimité  naturelle, 
ni  aux  principes  d'après  lesquels  vous  agîtes  tou- 
jours. Pour  moi,  je  n'en  doute  pas,  s'il  vous  fallait 
racheter  les  fdsde  Lycurgue,  et  tirer  de  votre  trésor 
une  somme  pareille  à  celle  qu'on  leur  demande , 


200  LETTRES  DE  DEMOSTHENE. 

tous  vous  y  porteriez  tous  avec  ardeur.  Quand 
donc  je  vous  vois  faire  tant  de  difficultés  pour  re- 
mettre une  amende  imposée  par  la  calomnie  et  par 
la  haine ,  je  ne  sais  que  dire  ,  à  moins  que  vous 
n'ayez  résolu  d'inquiéter  vos  ministres  et  de  les 
persécuter  sans  ménagement  ;  conduite  qui  serait 
aussi  opposée  à  la  justice ,  qu'à  vos  propres  intérêts. 

Quoi  donc  !  ne  pouvez-vous  sentir  combien  il^st 
peu  décent  que  le  peuple  d'Athènes ,  qui  passe  pour   ,£- 
le  plus  sage  de  tous  les  peuples  ,  et  dont  la  ville  a 
toujours  été  le  refuge  des  misérables ,  se  montre 
moins  généreux  que  Philippe  ?  Ce  prince  qui,  élevé 
dans  la  puissance  souveraine ,  ne  recevait  proba- 
blement de  leçon  de  personne ,  se  fit  néanmoins 
une  loi ,  lorsqu'il  fut  dans  la  prospérité ,  de  signa- 
ler sa  clémence.  Plein  d'égard  pour  les  vertus  et 
pour  les  ancêtres  de  ceux  qui  avaient  combattu 
contre  lui  et  qui  lui  avaient  disputé  l'empire,  il  ne 
se  permit  point  de  les  mettre  aux  fers  [7].  Bien 
différent ,  sans  doute,  de  quelques-uns  de  nos  ora-, 
teurs,  il  considéra  ce  qu'il  devait,  en  pareil  cas  ,    s 
à  sa  dignité,  sans  croire  que  le  même  procédé  fût 
juste  et  honnête  pour  tous.  Et  des  hommes  formés 
par  l'éducation  qui  rend  supportables  les  plus  stu- 
pides ,  des  Athéniens  ,    contre   tout  principe    et 
contre  toute  règle,  ont  enfermé  les  fils  pour  les 
imputations  faites  au  père  !  Et  vous  prétendez  par-"    -  j 
là  traiter  également  tout  le  monde,  comme  si  vous 
aviez  à  juger  des  poids  et  des  mesures ,  et  non  à 
examiner  la  conduite  de  vos  ministres  à  la  tête  des 


\ 


I 

AHMO20.   EniSTOAAI.  201 

~  t  À  '■■'', 9  '"-"à  -     /  *  / 

T&l/TA,    WÛLVÏCLÇ   CtV    Yty0UtU0l<    WpOJVfJlOVÇ    ilVCLl'     Tf< 

^t^Atct  J^  opaîv  QMoiïvxcLÇ  ôlQuvûli  y  o  Aoyœ  sccti 
(p^rove»  yeyovév ,  oux,  6%a>  Tt  x,aTctyva> ,  e<    /ulu  oÀas 

WlKpCûS  XCLl  TOLfCL'XfûàGùÇ  *%g'v  ^P0*  T0V*  ^P-0" 
TIX.OUS    ûùpfJLHITCCLTi.    El     S"i    TOVT     ÎGTIV  ,  OVT    OpSCûÇ  , 

ouTg   (ru/xÇgpovTa?  jSot>Àa>scr3cu   gyvû>x,ctTe. 

Qxv/xol^cû  J^'et'  /*>idgjs  Jftav  /vvoeT,  on   rav  ai- 
.    •  c%p^v  gori    tov  S^vîfjLov  rm    A3»vct<û>v,  <ruvî<rti  x,cu 

PWCLl&lCL  WOLVTCOV  WpOl%ilV  ÙGKOVVTCL  ,  OS  5C0.J  TOJS 
»  /  »   \  \      '/  _        \  * 

*  crn/)£>i<T<x,<nv   <x,gj  x.o/v>iy   g^g/  x.a,Tci$uy>iv ,  ayvafto- 

ygorgp&y  <pcuvgo-5-eu  «ÊtÀttzrsrou,  o?  ,  cîyoi>3gT>iTos  ày 

glX,OTû)£,    TpcC(pgJS  €V  ijrOUGlCLy   OfJLCûÇ  CflTO   J^gTv,  >7V^X, 

tvTu%yi(Tt  fJLoL\i<r:cL ,  tôt  av3pû)tsriyct  ^potTT^y 
(patyccr3-at ,  x,<xi  tous  ■zzrcipctTctÇûtju.gvous ,  t«rpos  ous 
TTgpj  tûjv  oÀav  J^sjuvôVygiKTgv,  otoc  troX^cn  J^Àa- 

\        l  \       i  >    \      >y        i        .        »         \ 

'm      <TCLI  ,    TO    TfVûJy     JtCtl   TIUÇ     tl<TlV    iÇlTOLVcLÇ'    OU    yctp  , 

û>£     €0/3C6V  ,    OfJLQlÛ)Ç     TM     WCL$       VfJLU     p»TOpû>y    ÉV/O/?  , 

ouTe  JN«x,euct  av  sivai  wpoç  oLWoLnoLÇ  xol  clvtcl,  OVTt 
x,aÂa  v\yv.To,  clWcl  tv\v  rnç  ol^iolç  typs^Owcnv  avA- 
Aoyifyfiivoç,    Ta    toiclvt    gVg&pmy.    'Y/uïs    <K , 

OVTS^    A3>1VC*7of  ,    JCCtt      &'&J&l<t$     ft£Tg%OyTg$  ,   )f    X.*t 

tous  ctvott(r5)iTou?  ctvgx/roJs  -zzroigTv  «Toxe?  «Tuyoto-Octt, 

M  \  x\  I  f  /  /  >  \ 

WpOûTOV    (lîV,    0    7raVTû)V    C0yyûJ|JL0VgO-TûCT0V    éOTf,    7T6p< 

^     *•  1  I  *      ~  I  \  r^       %    k/ 

Cù'J   TCy  TToCTgpct    CC/TIO)yTa<    TiV6Ç,    ZOb$   VlllÇ  OiÔiKCL'Zt 

ê<Tot,  to  TctuTflt  uO/e<y  tcrov  (pccTe,  a>a"7rtp  V7np  <r-a.v- 
uw  y\  jLterp^y  to  <o-oy  <rx.o'7rou/xgyo/ ,  aAA  oup^  vwip 


203  AHMO20.  EITISTOAAI. 

aV(5j30>V    TVpocttpiGîCûÇ  y     KOLI     7to\tTîlCLÇ    @>QV\iVO (XiVOl' 

6V  OIÇ  ityTCLCGfAiVGlÇ  ,    il    jîAgy   ^pJKTTot   7LCLI    Oy)fJtQT JXCt, 
\    »      »        »     /  \     A  /  f  I 

kcli  iw  tvvoicL  tcl  Aux,oupya>  '&'£'& paLyfjiivaL  (pouve- 
Toc/,  Ltvioivoç  koLïlou  ,  «AÀot  jta/  ^ocvray  Tar;  ctyet- 

.Sûn*    TOUS     TroLldcLÇ    CLVTOV    ^iXCttOV    iGTl     TUy^ûlVg/y 

7iap'  u/*0/  et  «N  TavctVTtoc  toutûjv,  (xiTyov,  or  e^, 

e'o\f  «Njtw   J^ovct/,  toutous  J^e  j-oïc^   ovtgùç  y  g(p  oW 

♦     /  >         -  „  I  »     ~  t 

e^e/vaj  Tfs  gyx,fitÀgi ,  Tuy%ctvg/y  opy>?s'  ?zrao-j    yap 

7IAVT(i)V  Tû>y  ÛLfJLOLpTYlfJLOLTûûV  OpOÇ  i<TTl  Ti\iVTY\.  'EtT£<, 
g/y     OUT0S   eÇSTg,   0)0-^7    0/    /XgV   CL^5g0"5gVTg^    T<   TOCS 

UTTgp  toiT  S^yiliqv  woAiTiVGLizvoiç ,  /<oi&  ?«rpos  TgÀgU- 
t>io-c£,vt&s  J^/ocÀÀoty^o-oyToti ,  aÀÀcc  ;cou  to'S  'ttcuo-/ 
TTjv  g^S-pctv  &c(4>uÀoc£ouo-iv,  or  &  Ô^jUOS,  Où  GVVOLyœ- 
n^gTou  rav  dyfjLOTix.S)v  'Ikclcttoç ,  /xe%pt    tou  nctpov- 

T0*   %p1°"0Clt  fJLWLLGViUail    TOCS  %cLplTcLÇ,   LLiTcL  TOLVXOL 

J^g  ^c^gy  (Pfoyr/g?,  ouogy  ct5À/a>Tgpov  gora/  toi7  t>iv 

UTTgp    TOU    J^jUOU    TcL^lV   OLipil(T§cLl* 

El     ON    MoipOXÀ)1?   CL'WOXplUTcLl  y    TCLVTCL   /JLiV    (70- 

ÇûùTipcL   y\    jcctâ-'  gou/rov  g/'voc/ ,  jyct  Jg  /ulvï  ccTToo^pàicny, 

GlUTOS  CLVTQVÇ  QV\GCLl  ,  ipOùTYjGCLT  &UTOV  ,  tfV/JtOC  TcCUpgCtS, 
3CCtt  UotTCt/3C0?,  X,CU     Ap/O~T0y£<Tû)V,  JtOU  CCUTOS  ,  £<£  TO 

o'go-^a^Tyjp/ov  ^ocpct^oSgvTg? ,  ou  p.ovoy  oujc  g^go^gvTo , 
ccAagc  xct/  gogpi>iyopoi»v,  t/  àyTrors.  oup^  gûJpoc  tol 
oiytcucL  tclvtcl.  El  Ot  liv\  $y\o-ti  TOT  CLp%ttV,  OVOi 
Àgyg/v  gx,  yg  tûjv  \0Lim  clwzûù  npoo-^^cy*  ao-Tg  Ttœç 

'.<70V     g(7Tt    TOI»?   /W.gV   cLf^UVy   OIÇ   [XWi   AgygiV   gÇ€(TT/) 


LETTRES  DE    DEMOSTHËISE.  200 

affaires  !  Que  si ,  dans  cet  examen  ,  vous  trouvez 
que  Lycurgue  s'est  conduit  en  ami  du  peuple,  en 
bon  et  zélé  patriote  ,  ses  fils  ,  loin  d'essuyer  un 
mauvais  traitement  ,  doivent  être  comblés  de  vos 
faveurs.  S'il  s'est  conduit  mal  ,  vous  deviez  le  pu- 
nir lorsqu'il  vivait ,  et  non  décharger  sur  les  fils 
votre  indignation,  pour  les  fautes  qu'on  impute  au 
père,  puisqu'on  ne  doit  plus  rechercher  les  fautes 
au-delà  du  trépas.  Car  enfin,  si,  d'une  part,  ceux 
d'entre  vous  qui  auront  été  ennemis  des  ministres 
partisans  du  peuple ,  loin  de  se  réconcilier  avec 
eux  ,  après  leur  mort ,  gardent  des  sentimens  de 
haine  pour  leurs  enfans  ;  et  que,  de  l'autre  ,  le 
peuple,  dont  ces  ministres  se  déclarent  les  défen- 
seurs, ne  songe  à  leurs  services  que  dans  le  mo- 
ment présent ,  et  les  oublie  aussitôt  après,  y  aura- 
t-il  rien  de  plus  malheureux  que  d'embrasser  le 
parti  du  peuple  ? 

Si  Méroclès  prétend  que  ces  raisons  sont  trop 
subtiles  pour  lui ,  qu'il  a  fait  enfermer  les  fils  de 
Lycurgue,  afin  qu'ils  ne  pussent  pas  s'enfuir ,  de- 
mandez-lui pourquoi  Tauréas  ,  Patécus  ,  Aristo- 
giton  [8] ,  et  lui-même ,  quoique  condamnés  à  la 
prison,  loin  d'être  enfermés,  haranguaient  le  peu- 
ple :  demandez-lui  pourquoi  il  ne  jugeait  pas  des 
choses  avec  cette  rigueur.  S'il  dit  qu'alors  il  exer- 
çait des  charges ,  comme  les  lois  le  lui  permet- 
taient ,  mais  sans  parler  en  public ,  est  -  il  juste  , 
que  ,  tandis  que  celui  qui  n'a  pas  même  la  liberté 
de  parler  en  public ,  exerce  des  charges ,  on  tienne 


2o/|  LETTRES  DE  DEMOSTHENE. 

enfermés  les  enfans  d'un  père  qui  vous  a  rendu 
un  si  grand  nombre  de  services  ?  Non*  Athéniens  , 
je  ne  vous  conçois  pas  ,  à  moins  que  vous  ne  vou- 
liez apprendre  ,  par  un  exemple  éclatant ,  que  la 
scélératesse  ,  l'imprudence ,  la  méchanceté  déter- 
minée ,  ont  tout  crédit  dans  Athènes ,  et  toute  assu- 
rance de  l'impunité;  qu'il  est  aussi  facile  aux 
hommes  pervers  d'échapper  quand  ils  se  trouvent 
dans  l'embarras ,  que  dangereux  de  choisir  le  parti 
le  plus  honnête  ,  de  s'attacher  à  une  vie  sage ,  de 
se  dévouer  aux  intérêts  du  peuple;  et  que,  si  l'on 
tombe  alors  dans  la  moindre  faute,  il  n'y  a  point 
de  pardon. 

Je  ne  dirai  pas  qu'il  est  injuste  de  penser  deLy- 
curgue  mort,  autrement  que  vous  pensiez  de  Ly- 
curgue  vivant;  que  vous  devez  avoir  plus  d'égard 
pour  ceux   qui  ne  sont  plus  ,  que  pour  ceux  qui 
vivent  :  je  supprime  ces  réflexions ,   et  toutes  les 
autres  de  ce  genre  ,  que  personne,  je  crois  ,  ne 
conteste.  Mais  je  ne  serais  pas  fâché  de  vous  voir 
témoigner  de  la  reconnaissance  aux  fils  de  ceux  qui 
vous  ont  bien  servis,  vous  qui  savez  gré  à  tant 
d'autres  des  services  que  vous  ont  rendus  leurs  an- 
cêtres. Et  ce  n'est  pas  pour  vous  faire  des  repro- 
ches ,  que  je  parle  ;  j'en  suis  si  éloigné  ,  qu'il  me 
semble  ,  qu'ici  surtout,  c'est  pour  vos  intérêts  que 
je  plaide.  En  effet,  vous  exciterez  par-là  tous  les  ci- 
toyens â  se  dévouer  au  peuple  ;  ils  verront  que,  si 
l'envie  s'acharne  sur  les  vivans  et  s'oppose  auxhon- 


AHMO20.  EITISTOAàI.  2<>5 

tous   &   &oW9cu ,  m  tstoWcl  %py<Ti[ioç  ?v   ê\m   o 

TtTCLTifpj  'EyCû    {XiV    ovx,  î^Cû    <TV\Aoyi(TCL<r5cLl  ,    il  fJU\ 
TQVTO   èiï%(tl    âY\fJLO<TlCL   fiovAîa&î,    OTl    QdlXvflcL,   JCûU 

cLvcLiviicL,   x,cu    -arpGctipew   wowpi&ç,    ey    tw   7ioAgr 

<V)£Vg|,     7LCLI    âlOLŒCùBhcLl    'XXZICO    WpO<T$OKlClV    *'%*', 

iufèi  ri   <j\)\j£S\   %oL\iwov  toTs  roiovroiÇy  dnoAvviç 

yiyvtrau  ,  ev  a?  7rposupg<7g<  %p>i°"Hj ,  x,cti  #*<»  (raxppovi 

xcli  dniAOTiTcœ ,  TrpoeAeo-^cu  Çïv,   <r(pctÀspov  ,   x,ccy  t/ 
/  „  »/  v 

yev>rrcu   WTôLlGllCL,  Ct<pt/)CTOV  etTTct/. 


"Etj  to/vov  to  /xev,  /ul>i  cftjcûtioy  «rvûti ,  thv    imuricu 

ÙO^OLV  VXJM,   WWtp    t^œVTOÇ    t'ï/JT     lltilVOV ,    Xct<     TO 

tSv  TeTgAeuTiix.orav,  >j  Tcïy  -zyctpovTav ,  ?<rÀgf<i>  wotd- 
cd-ct/  Àoyoy,  atjtct/oy  s/y*/,  xûu  ^ocvra  t*  To/ocuTot, 
eotdû)*  trctpcc  yatp  'zzrao-/v  o/xoAoyêLcr-S-eu  Tûu>t&  i»7igt- 

ÀlKpCt*    OCTOJS    fJLiYTOl    TïrcLTpiKCLÇ     îVipyi(TlCLÇ    CLTCllJLn- 

fjLonuvcLTt  rai   «Aàûjv  ,   idtas  ày  i^o//*/   v^âis  tlou 

woWm   irtpœv  oLWoyovoiç.   Ou  Y   cas    i7rmfiûûv  et 

rxvrai  7Tctp>ivgyx.Gt.  Too-ovtov  yxp  &#  touto  tstoiiU  , 
«/  _  /  i%  ~      i.  \         ~  i 

GùVrî   (TVfJLQipîlV  fJLOLAtatûL  TM    TTOÀc/   Tût  TO/CtU  Tût  JtpJ  - 

vor  Tpox,ciAcïo\3e  yap  TrocvTcts  ex.  Toi»Tû>y  6\i/xot/x.ovs 
icrcti ,  opœiraç  on ,  x.ctv  ey  t5  56x9*  icLvrovç  fila  rciïç 
Tpoc7>îx<oua-ct^  6tt>T<i>y  rifMcui  o  Q$qvjÇ  <wri<rrv} ,  toT^ 


206  AHMO20.  EniSTOAAI 

\      <       / 


\    *     i  *         \  i  ,   f    -  / 

yg  TtauGiv  vTr&ptyi  tol  ^rpocwtovr*  *ztr&p  u/jlccv  jcojuu- 

<TCL(T$aLl.    TÏCùS    OVV  OVK    OLT07T0)l  ,  fJL&WoV    fit    X.CLI    CLl- 

\  \      »/.  \  V  »/ 

0"%POV  ,    TûùV    fXtV    CLAACûV    TlGl  y    )LCLl    Wct\oLlûùV    OVTÛJV 

rœv  p^povay  x,et8'  ovs  iywvTQ  %pwifjLot  ,  jtoti  ôV  J'y 
ajtougrg,  t^  tvipyta-taç ,  otoc  gç  av  iœpcLTccLTtj  vwu- 
ay\$otcls ,  o^i0S  tw  (ftjccuctv  êuvoiglv  Acto-ûJfgir  Au- 
Kovpycô  o  ,  oi>tû)$  W7royviov  tccli  tv\s  htqXitucls  tcgli 
ty\S  ïiksuns  yîyovviaLS ,  /^(f  g/s  i  jtct/  ro7s  £ym- 
fjioai ,  jcoct  J$  «y  JïAjcsîo-ô-g ,  Woifjioi  tov  aAAov  ijrg 
%poyov  us  tAtov  kcli  cptAotv9pû)Wtflty ,    pu?  g/s   tol£9' 

r      ~  »        \        r         /  1  \  *    »      »  | 

U/UICLS   CCVTOUS    OflOlOVS   7tCL^')(îlV  ,   5CCC/   T&UT    £1$     TOUS 

'OTcliocls  olutou   yiyvofAivys  ty\$   TifjcœpiûLS ,  ou?  x,ocy 

>     A  \        v  /  v  l  \     1/  .      | 

€%"P°*>   S'^p  ptTpiOS   Uïl  KCLl  A0yi(T{jLQV  Z%G)V ,   gA£>J- 

ccli  ;  (Dav/xoLC^œ  toivvv  koli  tout  g/  zis  f  jxo>v  ctyvou  , 
a?  ovdî  touto  o-i/^cpgpgi  tw  woamicl  (p&ygpov  yiyvo- 
/*gvsv,  otc  roïs  ^gy  clAAhv  tjvcc  x,Tn<rctjj(.gvo/s  cp/Aïav, 
xcti  jtcLTopOoûVjv,  ev  wacre  <7rAgovgx/rgjv  uVapp^g/,  x,ecv 
cm/p^o-ao-/  n,  pccoicts  g/vcu  t*j  Auo-g/s ,  tois  $  ils 
Toy  o\i/xov  cLvccpT»o-oco-/y  tctvTovs ,  ou  ^tovov  9UIT^ 
TctAAct   gAocTTov    g%^iy    vwaLpçsi ,    aAAct  )tcu   Tct? 

CVfiïÇOpClS  f&t&CLlCLS  T0VZÛIS  fJLOVQlÇ  TûùV    GtAAû)V   ^gVS/V. 

A'AAct  jLMjv  oTi  T0lJ'9,  outû)  y/yvgTct/,  pqtAov  diï%cLt. 
Tis  y&o  ovx,  oî&v  J|x5v,  Actp^>jT(,  t<3  MgAfltvcy^rou , 
aAâîvcci  p-gy  ifJLOiœs  h  ducoLGTyipicù  gv/a&clv,  a>$  xcli 


LETTRES  DE    DEMOSTIIENE.  20'] 

neurs  qu'ils  méritent ,  leurs  enfans  du  moins  ob- 
tiennent de  vous  de  dignes  récompenses.  N'est  -  il 
donc  pas  contraire  à  toute  raison,  ou  plutôt  à  toute 
décence,  que  vous  ,  qui  conservez  une  juste  bien- 
veillance pour  des  hommes  dont  les  services  sont 
éloignés,  et  ne  vous  sont  connus  que  par  ouï-dire; 
que  vous  ,  qui  êtes  toujours  portés  à  la  compassion 
et  à  l'indulgence ,  même   pour  les   médians  qui 
vous  ont  fait  du  mal,  vous  ne  preniez  pas  ces  mêmes 
sentimens  pour  Lycurgue,  dont  l'administration 
et  la  mort  sont  si  récentes;  et  cela  ,  lorsqu'on  per- 
sécute ses  enfans  ,  dont  le  sort  exciterait  la  pitié 
même  d'un  ennemi,  pour  peu  qu'il  fût  honnête  et 
modéré?  Je  suis  surpris  que  l'on  ignore  parmi  vous 
combien  il  est  nuisible  à  la  république  de  déclarer 
que  ceux  qui  se  sont  fait  au  dehors  certains  amis , 
ont  l'avantage  en  tout,   lorsqu'ils  réussissent  ,  et 
qu'ils  se  tirent  aisément  du  péril ,  lorsqu'ils  man- 
quent leur  but;  tandis  que  ceux   qui  se   sont  dé- 
voués au^peuple ,  non-seulement  sont  moins  favo- 
risés dans  le  reste,  mais  encore  que,  pour  eux 
seuls ,  les  disgrâces  sont  irrévocables. 

Plus  d'un  exemple  confirme  ce  que  je  dis.  Qui 
de  vous  ignore  que  Lâches,  fils  de  Mélanope  [9]  , 
a  été  condamné  dans  un  tribunal ,  comme  aujour- 


2û8  LETTRES  DE  DEMOSTHENE. 

d'hui  les  fils  de  Lycurgue  ;  et  que  ,  sur  une  lettre 
du  nouveau  roi  de  Macédoine,  on  lui  a  remis  toute 
son  amende?  Mnésibule  d'Acharné,  condamné  par 
le  même  tribunal  quia  prononcé  la  condamnation 
des  fils  de  Lycurgue ,  na-t-il  pas  été  renvoyé  ab- 
sous ?  et  avec  raison;  car   c'est  un   homme  ver- 
tueux.   Et  aucun  de  nos  déclamateurs  actuels  ne 
peut  objecter  que  c'était  renverser  les  lois.  On  ne 
les  renversait  pas ,  s'il  est  vrai  que  toutes  les  lois 
sont  établies  pour  le  bien  de  la  justice,  et  pour  la 
sûreté  de  la  vertu  ;  on  ne  les  renversait  pas  ,  s'il 
est  vraiment  utile  que  les  disgrâces  des  citoyens 
infortunés  ne  soient  pas  éternelles,  et  qu'on  ne  se 
montre  point  ingrat.  Si  donc  il  est  de  votre  utilité 
que  vous  vous  comportiez  comme  je  dis  ,  loin  de 
détruire  les  lois,  lorsque  vous  absolviez  ceux  dont 
je  parle  ,  vous  suiviez  même  l'esprit  des  législa- 
teurs ,  en  faisant  grâce  à  Lâchés  par  égard  pour 
Alexandre ,  et  en  sauvant  Mnésibule  pour  la  sa- 
gesse de  sa  conduite.  Craignez  donc   d'annoncer 
qu'il  est  plus  avantageux  d'acquérir  l'amitié  des 
étrangers ,  que  de  se  mettre  sous  la  protection  du 
peuple  ;  et  qu'il  vaut  mieux  être  connu  d'un  per- 
sonnage illustre  ,   que  de  se  faire  connaître0  pour 
chercher  dans  l'administration  l'intérêt  du  plus 
grand  nombre.  Il  est  impossible  qu'un  ministre , 
chargé  de  vos    affaires  ,    plaise   universellement. 
Quand  on  est  porté  de  cœur  pour  le  peuple ,  il  est 
juste  qu'on  soit  épargné;  sinon  ,  vous  apprendrez 


AHMOS0.    EITÏZTOAAI.  209 

yuv  roiç  Avx,ovpyov    wcuarj ,   itpîd-wdu  ft  -gtxv   to 

OCpÀ^/ttiX,  g7T/a-:!/AatVT0^   AAg£&V(3)pOU,  JCCU  'ZtTctÀJVj  Mv>j- 

<n£ot>A&;,  Ta'A^JtpvS,  clAgùvcli  \jlvi  o[j.oiœç,  JcceTctyvoy- 
tos  oti»Tou  tou  osx,<x<rr>ip<o'j  00-zzrgp  jcccî  Tœi  Ataoup- 
you  7Tctic7û)v ,  a(pé7ff9otf   o\,   kclAcûç  zstoiovjti  j  CLJriQÇ 

\        *    I  \       *^\        ,\      y       \  I  \         I  H 

yatp  OLVYip     XCLl   OVOUÇ    <XV   tWl    TOVTOIÇ  TQl>Ç  VOJLLOVÇ  6(p» 

X,OLTùL\viGJCLl   Tû)V  VUV   @>OCt)VT<JûV.     ElKQTW    OV$l    y<Lp 

KOLTiAvOVTO  ,    gJ7Tgp     itZTfltVTg?    01    VOfJLOt    Tùù  V     &X,flU0V 

gygjta,  jcgu  ŒCûTypioLÇ  xœv  %pwTûîv  av9p&>7rû>y  T/9gVT<x/, 

JCflU    fJLYlTz   CUQIOVÇ    TOI  S    cLTV^(YI(rcL(ri    TLCLVKTTcWcLl     TOLÇ 

\  I  I    »       »  I  »/  / 

(Tt/£t(pop5tS   (TVfJL^îpît  ,    p|T      Ot^Ctp/O-TOUJ    0VT3.S    ÇûlJVÎ- 

o"9x<.  'AAAci  jucifv  g!  yi  tclvQ  ovtcûÇ,  œcrwip  àv  Qyktcu- 

»;  fil  \        I  ^ 

/J.6V,  €%g/V   (TVfJLtytpU  ,  OU   £tOVOV    TOUS  VO[lQVÇ  OU    TlcLTt- 

Avîti  ,  nvjx.ct  èMivovs  v\q>itTî ,  aAAct  x<ct<  tous  fôiovç 
i<MÈ?rrt  tm  tqvç  vouovç  SzfiwwJ  avSpce&av ,  Act- 
y*T*  (xtv9'7rpo$%cLpiv  dwSivToç  'AAîZcutiïpovyGLQMTeç, 
Mvn<n£ouAov  J^e  tÏ  TotT  jSjou  aa^poo-uy^  o-oxrctvTes. 
Mu  to/vuv  to   x/djo-cwOcci  T»y  g"£û)9gv  <p/A«xv  Auorcg- 

Aeo-Tgp0V   J^IJCVUTE  ,    il    TO   Tffl    J^fl/Xû)    7TCtpCtX,CtT(x9g(79flC/ 

c  \  Ut    V  «         >  /  *  -  A 

tOLVTOV ,  U.W    gtTTû)    T0V    ayVû)Tû)V    gJVGtf    X.p3<TT0V,     >J 

TO?^    TtToWÔlÇ     JjEJÎTv    Ta     (TVfJLQîpOVTOL    WoAlTiVOfJLEVQV 

yjyva>o"x,go-.jcu.    To    ^tgv   yctp    zirctau    cLpt<rx,uv    tov 

(TU^êouAgUOVTCt  X.Ctl    TOL  KOIVCL  WpaLTTQVTCL,  ot^VCtTOÏ* 
ICtl    J^'     gV   ÉUVOIOL    TotUTOt    Ta    ^âULû)  Ti$    ^pOVW  ,    c^^- 
TLCLlÔç      iGTl     aOùQurâcU*     il     &    fJW,    7CCLI     SipcLWiVUV 
T.   III.  l4 


210  AHMO20.  EniSTOAAr. 

grgpot/s  jUGtÀÀcv ,  r\  rov  <Fy[iov ,  i^ccn&ç  ôtdcL^îTi  , 
x,aj  (pevygiy  ro  rav   y^t/y  <tv[).($içovtoùv  tcoiowto.  ri 

Oàûj$  de  xojvov  gor/y  dvudos  irrccurm^  d  cudfs 
'AÔttvoTcj,  x.ott  oÀus  ty\ç  tcqXîoùç  cvfx^opct ,  tov  (pôo- 
yov  &x.g?y  /*e7Çov  to-^t/g/y  trctp'  u/xTv,  )}  Tcts  tojk 
tvzpyeaicûv  p^ap/Tc^*  xeii  tolvtcl,  zov  p.gv  vscr^aa,- 
tqç  ovtoç,  rov  &  roîç  5soT$  oLTrodzfciyfJLtvw.  Kcci 
jLt»y   otîcîg  Toy  rii»3-go£.y  ^apotÀsi^û) ,   rov  |^g%pf   tSSs 

-GTCLpQÙoV   ^JUIOT/XOV,   ^tgrot,  T&VTOL  $  èTOlfJLOV  tU  Ta 

3C0É.3'  J^av  *zjrayrot.  T/s  yap  oJx,  oi<?e  toutov,  org 
jU€V,t>iv  Jîjrgp  J/^av  Ta£<y  g^av,  lU  ro  woAirzviaQzi 
•arctptfgt ,  0$  oouaov  £Àat/vojmgvov,  xat  ypacpw  çgv/as 
cpguyovrot,  xa*  [ux,pov  tfpctStvTcL  vtïo  tovtcôv,  oU 
vlTv  vwvpsTM  rovs  x,olt  i[iov  Xoyovç  eyp&Qev;  tir  clam 

$ \  Cl  TLCLTKiyopil   TOTg  T<SV  etUfflV,  VUV  AUTOS  TTfaTTgt, 

suwopouvTct  ^tev  ovtccç  y  ûûgxî  oV  g%£/y  ircLipcts ,  ai 

t  I  ~  ~  I  » 

PtJCP1  Q&WSy   XCtAÛ>5   WOIOVCTOLI,   r7rp0Wt7l0fJL(ÇdL<nV  CJLV- 

Toy,  TrgyTg  rccÀctyra  <?  o'cpÀovTa,  paov,  iktÏgcli  ,  » 

-TTgyTg  Opctp^jULcC?    CLW)(J.<T3cLl    WpOTipOV*     TTpOÇ    Oi    TOV' 

tqiç  ,  ^rap'  v[iœv9  rov  dyifjiov ,  ou  juiovov  rijV  7isÀ*Tgta<; 
/-tgTs/ÀrxpoTa ,  o  fco/voy  oveiobseoTJvaTctfffv  ,aAAa  xcti 
5uoyTa  u^np  v(im  Tas  noLTpcûovç  Sv<ncLÇ  h  AgÀ(f>s/s. 

'Orav  ouv  roKtvToi  x,a)  tvAikolvtcl  wSlo-iv  îàuv  y 

TtrctpcLOiiyfJLOLTcL  ,  Ct(p    û)y   CtÀU(7iT£Àg5  ^po g AgtT^OC/  Ttf 

tou   (^î^ou  î«rak    r/s  ày  jtp/yctf ,   (^o^oviicli  fxy\wor 
ipvifjLQi  Tûjy  fîzrgp  v^tûjy  tpovvrm  yîvyo-vt,  claaccç  Te 

X.CC<   OTOty   TOV    dyi/JLQTlKûùV  TOVÇ  fJLW  »f  Jtût^JCOUO-Ot  ^<3f- 


LETTIIES  DE    DEMOSTHENE.  211 

à  tous  les  citoyens  qu'il  faut  faire  la  cour  aux  étran- 
gers plutôt  qu'au  peuple  ,  qu'il  faut  craindre  de 
passer  pour  travailler  à  vos  intérêts. 

En  général,  c'est  une  honte  commune  et  un 
malheur  public,  que  l'envie,  chez  vous,  paraisse 
être  plus  forte  que  la  reconnaissance  ;  quoique 
l'envie  soit  un  vice  odieux,  et  que  la  reconnais- 
sance ait  obtenu  des  autels.  Je  ne  manquerai  pas 
de  citer  Pythéas  [10],  qui  n'est  ami  du  peuple 
que  de  bouche  et  à  la  tribune ,  et  qui ,  d'ail- 
leurs, est  toujours  prêt  à  vous  desservir.  Ignore- 
t-on  ,  que  lorsqu'il  se  piquait  de  gouverner  pour 
votre  avantage  ,  il  était  poursuivi  comme  étranger, 
accusé  d'être  esclave;  qu'il  fut  presque  vendu  par 
ceux  qu'il  sert  aujourd'hui ,  et  pour  lesquels  il  a 
composé  des  discours  contre  moi.  Mais,  depuis 
qu'il  fait  lui-même  ce  qu'il  reprochait  d'abord  aux 
autres,  il  est  devenu  si  opulent  ,  qu'il  entretient 
deux  courtisanes,  qui  l'ont  épuisé  ,  ce  dont  je  les 
loue,  et  qu'il  a  payé  une  amende  de  cinq  talens, 
avec  moins  de  peine  qu'il  n'aurait  pu  payer  aupa- 
ravant cinq  drachmes.  Je  dis  plus;  peu  contens  de 
l'admettre  à  gouverner  l'état ,  ce  qui  est  un  opprobre 
pour  toute  la  ville,  vous  avez  même  voulu  qu'il  fît 
pour  vous,  à  Delphes,  le  sacrifice  établi  [1 1]  par  vos 
pères. 

Si  tout  le  monde  a  sous  les  yeux  des  exemples 
aussi  frappans,  d'où  l'on  juge  qu'il  est  nuisible 
d'embrasser  le  parti  du  peuple  ,  j'appréhende 
qu'enfin  vous  ne  trouviez  plus  personne  qui  parle 
pour   vos  intérêts  ;  surtout   depuis   qu'entre  les 


2  I  2  LETTRES  DE    DEMOSTHENE. 

ministres  amis  du  peuple  ,  les  uns  sont  morts  de 
vieillesse,  par  maladie  ou  par  accident  ,  tels  que 
Nausiclès ,  Charès,  Diotime,  Ménesthée,  Eudoxe, 
Eudème ,  Ephialte  et  Lycurgue,  et  que  vous  avez 
banni  les  autres,  comme  Philoclès  [12],  Charidème 
et  moi.  Vous  pensez  vous  -  mêmes  qu'il  n'est  pas 
de  citoyens  plus  zélés  pour  vous  que  nous  trois  : 
veut  -  on  qu'il  y  en  ait  d'aussi  zélés?  à  la  bonne 
heure;  je  ne  mefais  aucune  peine  de  le  reconnaître. 
Si  vous  les  traitez  comme  vous  devez ,  s'ils  n'éprou- 
vent pas  le  sort  que  j'éprouve,  je  souhaite  qu'ils  se 
multiplient  à  l'avenir  :  mais,  si  vous  continuez  à 
donner  de  tels  exemples ,  qui  voudra  se  livrer  avec 
courage  à  vous  servir  utilement?  Vous  ne  manquerez 
pas  d'hommes  qui  se  donneront  pour  d'excellens 
patriotes;  vous  n'en  manquâtes  jamais.  Puissent- 
ils  ne  pas  avoir  occasion  de  dévoiler  leur  naturel , 
comme  ces  ministres   qui,   faisant  aujourd'hui  à 
découvert  ce  dont  ils  se  défendaient  alors ,  ne  vous 
craignent  et  ne  vous  respectent  plus  ?  Pénétrés  de 
ces  idées ,  gardez  -  vous  de  négliger  les  ministres 
bien  intentionnés ,  et  d'écouter  ceux  qui  rendent 
le   peuple   dur  et  cruel.  Dans  ces  circonstances 
présentes,  on  a  besoin  de  bonté  et  de  douceur, 
beaucoup  plus  que  de  haines  et  de  divisions.  Quel- 
ques -  uns  se  livrent  sans  borne  à  la  violence  du 
ressentiment,  et  se  vendent  pour  agir  contre  vous: 
puissent  les  dieux  faire  échouer  les  projets  que 
favorisent  ces  hommes  pervers  ! 

Au  reste  ,  il  y  aurait  de  la  folie  à  mépriser  mes 


AHMOS0.  EniSTOAAI.  2l3 

\     t         l  \     c  /  ~  v 

pOL  ,    XOtJ    U    TV)(y)  ,    Jt&J    0     %pOVO£     WctpcUpyTCLl  ,    OiOV 

NûClNTHcAgOC.  ,    TLCLi    Xctp>lTflC  ,  3CCU   AiOT/jULOV  ,  XCtt   Mê- 

yg<r9ect ,  x.oti  Euob^ov,  eTj  $  Eu^/jlov,  x,ct*  E<pictAT>iv, 
jc<x/  AiutotTpyov,  tous  $  v^iiç  wpowfo,  axrwip  X&p/- 
an/jLov,  kcli  Ç>/Aox,Aect,  jccu  e/Jig ,  ûjy  erepovs  ivvovcm- 

f)0VÇ    ovà     OLVTOl     VQfJLl^iTZ'     il      0*     OfJLOlûùÇ    TlVOL$y    OU 

œOovûT*   £ouAo/piy  (?  iy,  tiztrtp  v(jli7ç  duccuM  olutoiç 
i  \      \        »     \    tf        t    ~         / 

TpOO-O/O-gO-^-e  ,5CCtt   /X>|  TCLVTÔL,   CLWc^YIlltlÇ  ,  TZîKIOVTcUy 

dç  wAugtqvç  olvtovç  ysvjjffÊffOot/.  AAA  oray  ye 
ToiotuTct,  oict  Tct  vuv ,  2rûtp<3cae/y^tctTûC  gx,<pep>rre,  t<s 
îctiv  ,  ogtiç  us  tolvtw  t»v  t<x£/v  eocuTov  yvnoios 
vpiïv  id-t\y\Gîi  obuyouj  'AAAco  piv  TûTy  ye  7rpoo-7roi>i<7o- 
fjLîvœv  ovx,  ccarofy\(TîTt%  ouoz  yctp  wporzpor  /*»  yevo/io 
<îe  e^eîv  i%e\iy)£3trtcLÇ  clvtqvs  ofxoiaç  txtmiç ,  01 
(pûtvgpâV,  i  roTe  «pouvro,  v£y  wqAitivo /xevoi,  ovfovcL 

bfZCCV   OVTl  àidoDLCLŒlV  ,  OUTê  GuV^UVOVTCtf/  A  J£pU   Ao- 

yi^ofxivovç^œ  ctWpss  'A3>ivei7oj,  /*ht6  rav  euvav  oAiya- 

i  i  »  *  \    »    / 

peiy,  p»Te  tojs  srpoayou<nv  gis  uruLpicw  jcgu  04uoT>iTct 

thv  aroA/v  *7re<3-€0"3-ûti.    IloAu  yap  (jlolAAov  ivvoiclç 

-JtoCI   CpiA<Xy5pûJ*Z2TlCt^  Tct  WûLpOVTOL  WpctyfJLcLTcL  dC.TCLl  , 
>1  Tflt5fltp£)îk,  JCCLl  <k)<T[JLZVzlOLÇ  ,  «y  UWêpÊoAM*  %pû>/xgyoi 

T/ve$  ÉpyoAotÊoucrt  )ccc^■,  v/jlcùv  ti$  vnro$o%iw  npoLyncL- 
Tav,  ûjv  Oict%[/£u<rg<ey  ccuxoi»$  o  Aoyio-;jios. 

Et  <^e  t<$  Jway  ^icteupu  tocutcc,  ^oAA>i^  éo*T jy 
gû>|3g<ct$  ^€(tto?.    Ei  yap ,    i  pi<fct$  ctv  «ÀT/ffev  , 


214  AHMO20.   EI7I2TOAAI. 

opm  ygygVHj/.eva,  cl  xoli  'fffoTgpsv  ygyove,  tqv  6V 

LiOV   WpÇ  TOVÇ  UWlp  CCI/TOI/  XtyQVTCLÇ  DW    OLVSpCCWCOV 

lyitcLZïtTw  dtcL&AySiVToç ,  vtTv  jxu  iv  c/ciot/  ygvgo*9<x/, 

ÎZrûSV  Otî  T€TU(pû)Tct/;  TctCrct    de  >  Cl'f&ei  BTûLp'/iV,  ÀgyûJV* 

ecv  J,aok  ê^&to-xov*  l'&iièy  à'  ev  tojs  to<outo<$  gt/*î, 
y  01$  y  îi  fié    z/jlov  KATi^îvcrzaLi   g<$>   o\ç  oLno\œ\ct, 

wteio'Tov    \oyor  woiovutw   tou    jcocaou    x,<*.j    tqu 

GVLlQtfOVTOÇ    VLtlV  ,     &KTêpOV    $' ,    OT*    T»V     Otl»T»V    gl>- 

vo/av,    lîv    srpos    (Zvtcl    AvxoîSpyov    ei%ov,    diTcctioi 

tlwt     VOLufûO    KCU    TVpQÇ    TQVÇ    WOLlÙdLÇ    CLVIOV      QcLin- 

<r$ou  e%#v. 

_  »  »/  f  <■  ■/  /  ~ 

El  à\  Ta)  woLpearmev ,  oùç  710 Au  /*o/  mpieori  rœv 

ZfJLCLV'GV    TC^arypLCL'Zm  ,    OU*    iv    OKVVHFÛLt [Il    TtTpOS   TGV- 

tov  ei^èiv ,  or/  rav  o-ujuicpgpovTav  t//x7v,  jtcu  rou  pi- 
aêy*  tûjv  (ÇiAm  iyxcLTOL\i'Grt.v ,  olkoiûùç ,  axrwtprviç 
tLtxvzov   (TCûTypictç ,   cppovnQa.  Ou&ouv    g*  tou  srg- 

piOVZOS    TOLVTCL  TTOlCûy  CCW    CC3T0  T?^    olJtÎÎS   (TŒ'OtxNÎ's 

\  /  \  ~  ,  *.  *.  ( 

jccu    t«rpoa/p6o-2û)5   fcctJ    Taurct   3te*,x,gtv<x  liicl   yvasiiy 

WùO.yiJ.CLTtVQLiaLl.  llgpicffT/    dxg   /XO/   TCtl/Tct  ,  OfCt   TOJ£ 
/  '    ~  '  \  \        1  / 

x,*jlov  Ti  vooutx/v  u^uv  Ttzpiytvoiro.  Kcli  TVipi  /xgy  toi>- 

T0)>      17LCLVZ       TlOîCùS     Jx     OLV     UjULiV    T/JV    67T     g^yO/Ot    *a/ 
y  /      i  /  ~         \    »  / 

cp  t  Ai  cl-  v.  g  fJL  -x]/  /  v  îtr  o  /  Jiffct  /  ^y ,  vvv  jtxgy  gv  JcspotActi^,  fte- 

KCG>    S^    VGTlfOV    £l     èWtO-TQAy     LLCLKp&S ,    WV  ,    gA-TTgp 

gyaj  (^a  ,  ^poo-^ojcaTg ,  cov  p//t  tcl  ^imicl  yiyvurcLi 
Lioi  wap    vpœv  -arpQTtpov  oirives  y  cù  \ri  <xv  anm 


LETTRES  DE  DEMOSTHENE.  2  1  S 

réflexions.  En  effet,  serait-il  raisonnable  de  s'imagi- 
ner qu'on  ne  verra  pas  arriver  maintenantcequ'ona 
vuarri  ver  déjà,  sans  que  personne  le  craignît,lorsquc 
desméchans  artificieux  animaient  le  peuple  contre 
des  orateu rs  qui  parlaient  pour  son  avantage? Je  vous 
communiquerais  mes  idées  de  vive  voix,  si  j  étais 
à  Athènes  ;  mais  ,  puisque  je  suis  plongé  dans  des 
maux,  que  je  souhaite  à  celui  dont  les  impostures 
m'ont  fait  succomber,  je  vous  ai  exposé  mon  avis 
par  lettre  ,  consultant ,  avant  toute  chose  ,  votre 
gloire  et  vos  intérêts  ,  et  me  faisant  un  point 
d'honneur  de  témoigner  aux  fils  de  Lycurgue  ,  la 
même  amitié  que  j'avais  pour  Lycurgue  vivant. 

lien  est  peut-être  qui  se  disent  à  eux-mêmes  que 
mes  affaires  me  laissent  donc  bien  du  loisir.  Je 
n'hésite  pas  à  leur  répondre  que  je  ne  suis  pas 
moins  jaloux  de  m'occuper  de  vos  intérêts  et  de 
ceux  de  vos  amis,  que  de  songer  à  mon  rappel. 
Ce  n'est  donc  point  par  désœuvrement  que  je  plaide 
la  cause  de  Lycurgue;  mais  le  zèle  et  les  principes 
qui  m'ont  toujours  animé  dans  l'administration  de 
vos  affaires ,  m'animent  encore  dans  celle-ci.  Quant 
au  loisir ,  j'en  ai  autant  que  j'en  souhaite  à  ceux 
qui  sont  mal  intentionnés  pour  le  peuple.  Mais 
tranchons  sur  cet  article.  Mon  attachement  et  mon 
affection  pour  vous  me  portent  à  vous  adresser  au- 
jourd'hui quelques  plaintes  :  je  me  propose  de  les 
développer  bientôt  dans  une  longue  lettre  [i 5]  que 
vous  pouvez  attendre  de  moi,  si  je  vis,  et  si  vous 
tardez  à  me  rendre  justice.  Vous  êtes que 


** 


3l6  LETTRES  DE  DÈMOSTHÈNE. 

dirai-je ,  pour  ne  paraître  ni  trahir  la  vérité ,  ni 
manquer  à  ce  que  je  vous  dois?  vous  êtes  si  indif- 
férens  et  si  inattentifs  ,  vous  respectez  si  peu  les 
autres  ,  vous  vous  respectez  si  peu  vous-mêmes  ., 
que  vous  avez  banni  Démosthène  pour  le  même 
sujet  pour  lequel  vous  avez  absous  Aristogiton  ;  et 
l'avantage  dont  jouissent,  sans  vous  le  devoir,  des 
gens  qui  vous  méprisent  ,  vous  me  le  refusez  I  je 
ne  puis  obtenir  la  grâce  de  faire  payer  mes  débi- 
teurs et  contribuer  mes  amis ,  pour  vous  satisfaire 
et  ne  plus  montrer  dans  ma  personne ,  chez  les 
étrangers,  la  honte  de  tous  ceux  qui ,  trop  injustes 
à  mon  égard  ,  ne  m'ont  laissé  ,  pour  prix  de  mes 
travaux  ,  que  la  vieillesse  et  l'exil.  Je  voudrais  re- 
venir dans  ma  patrie  par  un  effet  de  votre  bien- 
veillance et  de  votre  générosité  ,  et  y  recueillir  de 
quoi  acquitter  l'amende  inique  que  m'a  imposée  la 
calomnie;  je  demande  un  sauf-conduit  seulement 
jusqu'au  terme  que  vous  m'avez  fixé  pour  le  paie- 
ment. Sourds  à  ma  requête ,  vous  dites,  à  ce  qu'on 
me  rapporte  :  Qu'est-ce  qui  l'empêche  de  revenir 
et  de  travailler  à  s'acquitter?  C'est,  Athéniens,  que 
je  sais  rougir  ,  et  que  je  souffre  un  traitement  peu 
conforme  aux  services  que  je  vous  ai  rendus  dans 
le  ministère;  c'est  que  j'ai  sacrifié  ma  fortune  pour 
des  malheureux  qui ,  craignant  de  voir  doubler  des 
amendes  qu'ils  ne  pouvaient  payer,  m'ont  engagé 
à  répondre  au  trésor  des  sommes  qu'ils  lui  devaient. 
Revenu  à  Athènes  par  votre  faveur ,  je  pourrai  re- 
tirer une  partie  de  cet  argent ,  sinon  le  tout,  pour 


AHMOS0.    EIÏIZTOAAI.  217 

(jLï)^     CC/XûtpTeTv    «ToX-OtJlVj    [JWTÎ    ^iWCLlfJLW  ',)     Aix; 

,    /  il  \       il  »/  »    *    ~        »      » 

oA<yû>pGJ  ,      Ol/Tê    T0V$      OLAAOVÇ  ,    OfS"     f/^aS    OLVTOVÇ 

cLio~'Yyvio~St ,  g(p'  oj$  ApiGToyarovoL  <xcpstx.ctTe,  «71/ 
rovroiç  A>i^ocr3ev»v  gx,£gêAwcoTgs  ,  jccu ,  cl  toTs 
toA/xûnji  /am&v  J/xûTv  cppovTi^giv ,  ft>i  AolSoucti  irefcp' 
u^û>y , .  eçeo-Tiv  Éj^eiv ,  Tctur  ou  «riobvTgs  e^o< ,  tyct, 
e/  oTocttî  a,  tol  Tg  ô<pg/Ao/Agyct  g/o-Trpcf^ct^,  x.a<  TOUS 

(ftAoUS   ipOLViGCLÇ  y    TCL    TpOS    VfJLOLÇ    iïlontïHTCO  ,   JCCU    ft>7 

yvîpcts  x.cu  Quyw ,  g-an^gjpcc  ray  irzzrgp  v/jlSv  m- 
7T&y>i/xgyûjy  gp£0y,  Jtojyoy  ovadoç  toùv  glôix,>](tclvtcùv  , 
gVt  £gv>i£  tfîpiïoùv  ofûùficu,  BovAofievov  J^e  |ulou  gv 
jxif  vfjLtrepcLS  ^ctp.'To?  x.eu  ^gyaAo-^^icts  T&£gj 
T))y  oixolùI  fioi  ûlQi%iv  yincrbcLi ,  tfJLcLvra>  £t  \vœiv 
tyis  ytyowicLS  ov  ^itlclicùs  fiActo-cp^ict*  Tiopto-ctcôa/, 
jccti  ^to'vov  clitovvtoç  dùetccv ,  oaovwip  Xpovov  uç  zyiv 
tKTKW  ^tdœytoLTt  ,  tolCtol  \jlw  où  (Tvy^œpiÎTt'  g'poj- 
rctTg  JH,  0s   cczzrctyygAAgTcu  3rpo£   gju,   tj$    ouy 

OLVTOV    XûôAuil     ITOLpllVcLl      X.CCC    ZCUJTCL     'XfcL'ZTUV  j    TO 

iwMTTctaScu  cLKF%yn<rd-cu y  co  ctvdjpgs   Ad-mciïot,  xoli 

TO  cLiCL^iaÇ  TûTv  VWtp  UfJLûùV  WiWOAlTEVfJLtVCùV  TTpOLT- 
Tgjy  ,  JtCtl  TO  Tct  OVTCC  CLZSrOACùAîTLVJCLl  é^lOL  TOUTOUS, 
U(p     m  y     eVOt    Atn    d^lTCAOL    XCLTOLÔ-MTCLI  ,    et    OfJt    »6l>- 

vûtvro   dwAûi,  iwzio-Sw  uVoypct>|/flia'3cu  T«y  <xpp^»y 

TOLÇ    XOLT(t<oOACLÇ  ,    TTctp     û)V  ,    fJLITcL    /JLgy    T>1^    l»fXgTgpct5 

»     /         >        /  ;  »         \       \        /  v 

evvoicLS  ol$i)lo[jUVoç  ,  fjapoç  9  îi  )ccu  pi  TiayTct ,    c«^ 

çLyoLKo[Xi<TcLi[JLY\v ,  ioTg    fx»(^gv  àV^aoy^ry     toAo;tov 


2l8  AHMOS0.    EniSTOAAÎ. 

tou  fèiov'  ctv  J^,  a$  ot  tclZtcl  Xiyoms  i^ioval 
fit>  eABœ,  cl^ol  dàofycL  *,cti  cLwoçicl  jtctt  (po/3a>  cruv- 
s£o/*a/. 

&v  ouo\y  u/^gis  <7t/ÀÀoy^e<^3e•  ctAAot  pa^a/rav 
fxoi  x,ou  <piAcLvSpa)'7riaLç  cf>S-ovouvTg$ ,  a  y  out#  tu^h, 
JV    ufAciç    vrèpio^t<r$î     ccVoAou^gvov    ou    yap    ctv 

J^^gttfV    OtAAûJV,     )?     JjttSv'    TLCLt     TQTt    (ÇWîTî    ^gJV& 

*7rtnovd-tV(ii  fit,  cL-nçifèZç  oidci,  ôVg  out  e^tot  rcAgov 
ouogy,  ouS-  u/juy  go-Toti.  Ou  y<xp  cTw  ^pn^ct-rct  y' 
e/vctt  /xot  ïïpoo-^ojcctrg ,   g'^û>  tav   cpavepûw ,     <ay    «xpi- 

GTûLfJLCtf    JCCU    TOL   \017TCL  /SGUAo^CU    GVVOLycLyirJ  9   tOLV 

jmoi  [xy\  <pi\ovinLCûç ,  aAA  <xv3pû>7UV0s ,  $»ts  ro  r.çoç 
touto/s  cl<t$cl\ùùç  thaï.  Ou  jjuiv  ovôî  TTctf  ApToc- 
Agu   fit    XolQovtcl  J^gi^gTg*    oûre    y&p    yteyx&yw , 

OUT*     gAccÊoV.     El      ^g    TcLtycWîÇ    OL%lû)fJLCL   TYlS    /3ûuA>fs, 

i  Toy  Apuov  Tlct'/ov  npoo-ÊAg'srsTg ,    rîïs  'Ap/o-Toygr 

Toyo^    KPiGioùs   ayctjULy»o"3gvTg?  ,     g'yx.aAu'vf/cw.Sg*  ou 
\   i\  i  i  i  ^  ~  , 

yotp  g%0  TOUTOU   TipctOTgpoV  '7ÇfWTcLy\l*CL   TQIÇ  ZOICLUT 

i%yipcipTyi7t,o<nv  lU  i^L  Ou  yctp  JSittqu  toTs  ocuto^ 
ye  Aoyoïs  utto  ty\ç  oLvrns  jGouAvîs  et^o^cuBivreL 
g'xgTvov  jttgv  aÇg?o"5a/  J^jcctio»  îîv&i  cpwxeTe,  g^g 
J^g  at«ro Au) Ag va/.  Oup£  cvrceç  vfitïç  cLhoyKrzœç 
l^gig.    Outs    yap  afyoç  y    $ti   ewirnàioç  >    ovrt 


LETTRES  DE  DEMOSTHENE.  2  l9 

m  acquitter,  et  ne  point  passer  dans  l'opprobre  le 
reste  de  mes  jours.  Mais  si ,  comme  le  disent  et  le 
veulent  quelques-uns ,  je  retourne  sans  être  rap- 
pelé ,  je  me  verrai  dans  l'ignominie ,  réduit  à  l'in- 
digence ,  et  tremblant  pour  ma  personne. 

Ces  réflexions  vous  touchent  peu  :  vous  m'enviez 
de  simples  paroles  de  bonté  ,vous  m'abandonnez, 
et  je  périrai  peut-être  par  votre  faute.  En  effet,  qui 
pourrai-je  supplier,  si  mes  concitoyens  refusent 
de  m'entendre  ?  Vous  plaindrez  mon  sort  ,  je  le 
sais  ,  quand  il  sera  trop  tard  et  pour  vous  et  pour 
moi.  Ne  vous  attendez  pas  à  me  trouver  d'autres 
biens  que  le  peu  de  fonds  que  je  possède  ,  et  que 
j'abandonne  ;  je  recueillerai  le  reste ,  si ,  sans  es- 
prit de  contention  et  avec  humanité ,  vous  me 
permettez  de  le  faire  à  l'abri  de  toute  inquiétude. 
Il  ne  sera  jamais  prouvé  qne  j'ai  reçu  l'or  d'Har- 
palus;  on  n'a  pu  m'en  convaincre,  et  je  n'en  ai  pas 
reçu.  Si  une  autorité  sans  preuves  ,  si  le  nom  de 
l'Aréopage  vous  en  imposent, rappelez-vous  le  ju- 
gement d'Aristogiton ,  et  rougissez  de  honte.  Je  ne 
puis  faire  de  reproche  plus  doux  à  ceux  qui  ont 
commis  envers  moi  une  telle  injustice.  Vous  ne 
direz  pas,  sans  doute  ,  que,  sur  les  mêmes  dénon- 
ciations du  même  sénat,  on  devait  absoudre  Aris- 
togiton  et  condamner  Démosthène  :  non  ,  vous 
n'êtes  point  assez  dépourvus  de  sens.  Par  moi- 
même  ,  je  ne  suis  pas  fait  pour  la  disgrâce  que 
j'éprouve ,  je  ne  la  mérite  pas ,  et  ne  suis  pas  de 
pire   nature    que  d'autres  qui  ont  été  absous.  Je 


22  O  LETTRES  DE  DEMOSTHENE. 

suis  malheureux  ,  j'en  conviens  ,  grâce  à  votre  in- 
différence. Et  comment  ne  serais-je  pas  malheu- 
reux ,  lorsque  ,  pour  comble  de  maux ,  je  me  vois 
réduit  à  me  comparer  avec  Aristogiton  ,  et  avec 
Aristogiton  jouissant  de  sa  patrie ,  moi  qui  en  suis 
privé  ?  Ne  croyez  point  que  ce  soit  le  ressentiment 
qui  m'anime;  je  ne  puis  être  irrité  contre  vous  ; 
mais  c'est  une  sorte  de  soulagement  de  se  plain- 
dre ,  quand  on  éprouve  quelque  injustice ,  comme 
de  gémir  quand  on  souffre.  Je  suis  toujours  affec- 
tionné pour  vous,  autant  que  je  souhaite  que  vous 
le  soyez  pour  moi;  et  cette  affection  ,  je  l'ai  mani- 
festée, et  la  manifesterai  dans  toutes  les  circons- 
tances. Dès  mes  premiers  pas  dans  le  ministère ,  je 
me  suis  persuadé  que  tout  homme  qui  gouverne, 
s'il  est  vertueux,  doit  être  disposé  à  l'égard  de  tous 
les  citoyens  ,  comme  des  enfans  à  l'égard  de  leurs 
parens,  désirer  qu'ils  soient  justes,  et  les  supporter 
avec  patience  ,  quels  qu'ils  soient.  La  défaite,  en 
pareil  cas ,  est  auprès  des  gens  sensés  une  victoire 
non  moins  légitime  que  glorieuse.  Je  vous  recom- 
mande à  la  protection  des  dieux. 


aHMOS0.    EITIZTOAAI.  22i 

/  »  \  I  m        r       -v  f         v  ^  ~ 

yxp  oux.  ATvyviç ,    a  ,    -arpoç    -cois   d\\ot$  kcltloi'ç  , 

KOLl     TTpOÇ     ApKTToyUTGVcL     ifjLCLVZOV     iÇlTcLÇirj    GVjJL- 

CaLMt)  X-CU  TcLVT    OtVoAûJAOTi  TïpOÇ  (TCûTypiaLÇ  TgTt^»- 

JCOTct  ;  KùLl  (JLY\  (Xî  VWoA&tJL&aLVtTt  OpytQvScLl  T(A$ 
.    /  /  >        \      *  /-  ~  \      t      ~ 

Aoyotç  tovtoiç'  ov  yotp  olvwolzqiixi  TouTo<srpo$  u/^cts 
t     I     »v    »    */  \       ~      » A  /         f  /  \ 

gyO)     flLAA      i^il    TIVOL   TOIÇ    CLOlKOV/JLtVQlÇ    pqWT0V)|V    TO 

Àeyg/v  ,  <x  -nrcLGyovvvi  ,  axrTCîp  to/s  aAyovtn  ro 
(TTtvur  mu  ry  yi  îwoicl  ovtcûç  i^a  ^rpos  J/xcts, 
û»V  uV-tatk  ctv  iv^aLifjLM  npoç  Z/Xt.  KcLi  TOUT  IV  n£(ri 
TreTToiyDcct,  xct*  7ro/>i<ra  (pctvgpov.   fcyvûîx,*  y&p  ttcLf- 

^itlolios  woAitm  ,  œawtù  oe  wcLioes  srpos  tov?  yo- 

vea$,    ol/tû)   «7rpo$  cL&uvra?   tous   'XoAitclç    e^ejv  , 

iVVccrScLi     {xîv    as    tvyvœfjLovtŒTOLTcov    rvyy^cLvuv  , 

(pgpgtv  ^e  tous  Ôvtolç  eJ/xevak.  'H  ya-p  gy  toÏs  to/ou- 
r  N  \         \  i  »  l       -» 

TO<£    7\TTCL    X.OCÀ»    XCLl     WpO(TY\KOV(rcL    V13C>I    TTCLpCt     TO/S 

giî  cppovoJcri  ytygTcu.    EuTup^gm. 


EniSTOAH  TETAPTH. 
n  p  o  s 

TAS  0HPAMENOT2  BAA2$HMIA2. 


AHMO20ENH5) 

THI    BOYAHI    KAI     T  il  I    AHMÏ2I 
XAIPEIN. 

AKOTf2  TTgp/  i(xov  GypcLfJLivvw  olWovç  tî  Xoyovç 
jSÀCtCCp^OU?  £frp>JX,6V0tl  ,  kcli  S'vgtv'Xjcu  wpotyepîiv* 
To  /*gy  ouv  tovtov  ctyvog/v,  ot*  Aoioopioiç,  y\  (x^m 
fjiiGLV  jtcouctv ,  ^oc-S-'  otov  MyèTctt ,  JNg/x,vua,/y,  ot>&y 
ter     otpgÀos    ^rocp'    eii    (ppovou<7/y    oLv5pœnoiç9    ov^i 

d-OLUfJLÛLÇCù.     10     y&p    d-pCLGVV     fJLiV     TCù    fèlCù  ,     jUL»     710- 

AtT>iv  ^e  ry\v  cpno-zv ,  ev  epya.<rmp  ta  ^g  rs5pct/x- 
j^evov  ex,  tsroutîos,  pi  eLio-OcLveo-Geu  t/  t#v  toiovtm, 
euÀoycPTêpoy   »v  ,    »   cruvjgyou.     I  outo    //.gy   ouy ,    g&v 

OL(piX,CC(JLOLl     KOTt    JCOCl     <T®dû>    ,       7TUpcL<T0fJLGU       WcL\i- 

y§wcu  zinpi  m  sic  tfjiî,  ->tcn 'Wî^i  a>v  gj£  v  fiais  na- 
po/vsT*   jcgu   yojuuÇa,   jtcuTrgp   oû&v  ^grgp^ovrct   rotT 

c£*o-%t>V£oiJ<x<,  /xgrp/ûJTgpov  CLUTOV  TTO/^CTg/y"  t^y  <JXg, 
toC  jco<v*T  cruuupgf  ovtos   gygjca ,   l2>ov\o/xan   JV  eV/- 

<TT0A)lk  ,      Otîs    TTSp*    TOUT0V     g'%0 ,    XoyovÇ    ^yXoûŒCLt, 

o7s   ttocvu   tov  vouv    7ïpo<rg^oyrg^   olx,ou<tcltî%   qlq[acu 


LETTRE  QUATRIÈME. 

SUR   LES  INJURES  DE  THÉRAMÈNE. 


-**>«*- 


I  HKBAMènK,  qui  n'est  connu  que  par  cette  lettre,  avait  reproché  à 
Démosthène  le  sort  malheureux  qui  l'avait  accompagné  dans  toutes  les 
opérations  de  son  ministère.  Démosthène  réfute  ce  reproche ,  et  invective 
avec  force  contre  celui  qui  en  était  l'auteur. 


DEMOSTHENE  ,  AU  SENAT  ET  AU  PEUPLE  ,  SALUT  ; 

J'apprends  que  Théramène,  entre  autres  invec- 
tives qu'il  a  débitées  contre  moi,  me  reproche  le 
sort  malheureux  qui  m'accompagne.  Il  ignore, 
et  je  n'en  suis  pas  surpris  s  qu'une  injure  qui  ne 
prouve  aucun  vice  dans  celui  qu'elle  attaque,  est 
sans  effet  auprès  des  personnes  sensées.  Un  homme 
qui  s'est  montré  impudent  toute  sa  vie,  qui  n'est 
pas  citoyen  d'origine,  qui,  dès  son  enfance,  a  été 
élevé  parmi  des  prostituées,  doit  ignorer  ces  maxi- 
mes ,  et  n'est  pas  fait  pour  les  comprendre.  Si 
j'obtiens  mon  rétablissement, je  tâcherai  de  discu- 
ter avec  lui  les  reproches  injurieux  dont  il  nous 
charge  vous  et  moi;  et,  quoiqu'il  ne  sache  pas  rou- 
gir ,  je  me  flatte  de  le  rendre  plus  modéré.  Le  bien 
public  m'engage  à  m'expliquer,  dans  cette  lettre , 
sur  ses  invectives  au  sujet  de  la  fortune.  Ecoutez 
mes  idées  avec  la  plus  grande  attention  ;  elles  mé- 


2^4  LETTRES  DE  DEMOSTHENE. 

ritent ,  je  crois  ,  d  être  entendues,  et  même  d'être 
retenues. 

Je  regarde  Athènes  comme  la  plus  heureuse  de 
toutes  les  villes,  comme  la  plus  aimée  des  dieux  : 
Jupiter  deDodone,  la  déesse  Dioné  [i4]  »  Apollon 
Pythien  ,  Font  toujours  annoncé  dans  leurs  ora- 
cles ;  ils  l'ont  confirmé  en,  disant  que  la  bonne 
fortune  habitait  votre  ville.  Or,  il  est  clair  que ,  par 
rapport  aux  dieux,  parler  de  l'avenir  c'est  prédire , 
et  que  donner  des  noms  aux  choses  arrivées  ,  c'est 
s'expliquer  sur  le  passé.  Toutes  les  opérations  de 
mon  ministère  sont  du  nombre  des  choses  arrivées, 
et  c'est  d'après  ces  opérations  que  les  dieux  vous 
ont  nommés  heureux.  Est-il  donc  juste  de  nom- 
mer heureux  ceux  qui  ont  suivi  les  conseils  ,  et 
d'appeler  d'un  nom  contraire  celui  qui  les  a  don- 
nés? A  moins  qu'on  ne  dise  que  la  dénomination 
du  bonheur  public,  dont  je  suis  l'auteur  par  mes 
conseils ,  vient  des  dieux  qui  sont  incapables  de 
mentir  ;  et  que  les  reproches  particuliers  que  m'a 
faits  Théramène ,  ne  viennent  pas  d'un  audacieux , 
d'un  impudent ,  d'un  insensé. 

Mais  ce  n'est  pas  seulement  d'après  les  oracles 
des  immortels,  c'est  encore  d'après  la  considération 


AHMO20.  EniZTOAAI.  7.1S 

yap    clvtovç  gvk   clkcmç    /jlovov  ,   ctAAa    x,at    fxwfjL*ç 

OLJriOVÇ    ttVOLt. 

»r-      \        \  '>  \       t         i  »  / 

Eyûù     TW     WOAlV      T>1V     VfliTipcLV     ÎVTV)£tGTcLTVrJ 

WCLGCÛV    WoAtCéV    j7roÀctfJ.ÊotVA)  ,    7LOLI    $ÎO(ÇlAe.<TTclL'ZW. 

Kûtl    TcVJTcL    otàcL   ytcLl    TOV    AlCt    TOV    Aû)&tfVct?OV,  TLCtl 
'       a      '  *        '     '4        \  n  *      r-r  'a.  »  K  <  ' 

tw  A/0»iv,  xotj  tov  AsrcAAa  tov  11'J.v/ov  otet  Ae- 
yOVTQLS  h  TCUS  [JLCLVTît&lÇ  ,  3tcu  Tpoo-cWfo-tppctytÇo- 
uevou^  T)jn  (LyctSw)  Tvyjnv  iv  tw  TroAa  éivcu  Ttccp* 
uaiy.  Qrct  Totvuv  îjrgpi  tû)V  e'Tr/cvTav  J^Aot/awv  o< 
3-êst ,  cT/iAov  û>5  tzrpoAeyoucrf  tiî  <Te  ct^ro  tût;  7i<xp- 

X        x        A'  I  »  \       '        \.  I  I 

cAviAuyoTûr;  wpoaviy optas  iwi   T<tt$  ytyovvioLiç  npx- 

y  fr\  *\  A  1  »      \  v  /  » 

ÇOTl    TlWJTcLl,      A   TOtyUV    lyù*    WiTToAlTlUllXl    W&p 

vjxTv,  tûTv  yiùyi  yiytwjuLZVM  îcttiv,  ctcp    av  turu^its 

CfJLAS    *7rpO<TY)yopiVX,aL<TlV     01     BiOl.     Ylù)$     QVV    S^tKOLlOV , 

toi»?   /têv  7T€/(r9evTflt? ,   eJru^eTs    ovo£ttfAcr9<xj ,   tov 

ê\    WiKTCLVTAy    T'fiÇ     ÏVCUTICLÇ    WpO(TY)y0plClÇ   TUy%«-- 

N    \  .      »  ~     I  '/  \  \  \         > 

ve<v;  -5rA»v  gi  touto  tis  îiwy ,  t>iv  /ul€v  x,or»iv  eu- 
Ti/^ifity ,  ïs  eya>  <rvixÇ>ovAoç ,  3goi»5  toi/s  Aeyovict$ 
éÎvccj  ,  ot's  où  5g/*j£  ^vdtffScLi ,  T»y  «K  /Actv  SAoc- 
o-Ç>i/x<clv,  y\  kclt  îfxou  M)£pyiTcti  0>ipotttey>i$ ,  d-pctcruv, 
non  dvoLiiïïl ,  xûcj  oû<fe  votTv  e^ovr'  ctvOpœ'Trov  etp>j>c€vot/. 

Ou    TOIVUV    jUOVSV   TctT?    TTfltpGt  TCù'J    ZiCùV    [J.CLVTit<tlÇ 

dyaAw  oiïo-cLv  wpv\(TiTc,  'y  xe^pïKrSe  tw%>J,  ccAAct  'A&t 
t.  in.  i5 


226  AHMOS0.  EniSTOAAI. 

g^  cLVTœi  toùv  tpycov  QtapovvTîç  ,  iv  IfyrcLfyrrt  op9as. 
T[iti$  y*p,  «  jxev,  0S  ccyS-pa>sro/ ,  Tct  wp^y/maira. 
j8ouAg<r9g  9gû>pg~v ,  guTi/%g<7T&T>iy  gJp^o-gTg ,  &$'  û>v 
gyoj  {ruvg€cwAcU(Tflt ,  t»v  tûoA/v  ygyovt>7a,V  et  $t  d  zois 
Oeoîç  g'^d.jfgS'  vwatfxei  jxovojs  ,  toutûjf  oi^icea-tre 
Tvyyjww ,  idvvoLTW  g'(p<g<r3g.  Ti  ovv  gori  Stoïç 
IfytipiTov ,  otv9pûJtzrot$  <K  où  J^uvatov  ;  ctVavTav  tô>v 
dyaiïm  lyxpcLTtîç  ovtclç  ,  jtupfous  etvot«,  jccu  olutqvç 
eVeiv ,  x.ct*  S^quvgli  zoiç  clWoiç  ,  (pActupsy  <^g  piâfev 
^^^0^  gv  7tfltvr<  Ta  cuow  llyïvi  •7rct8eiv,  jwe  /*gA- 
Aiicrcu. 

Kcli  ywi   vnoTtufiwm  Tot/nwv,  ao-Trsp  ttyOffftxéJ.» 

(TJCOÎtrg/Tg  Tflt  VLLiTîpcL  ÛLVTCûV  7TpO$  TCL  T0V  CtAAfflV 
Ctvypû>7rû)V.  KJUÔilÇ  yctp  QVTCùÇ  ÎŒTIV  CLyVCà/JCCùV ,  OGTlÇ  OUI 
y\  TcL  AcLMÙoLlLlûVlOlÇ  <rvLLÇ>l£v\K0TOLy  QIC  GV7L  lyCÛ  <TUV- 

fil.  ,\  \       t-,  /  \  t\  9*.\        §     '        I 

etouAeuov,  »  Toc  llgp<7 eus,  î«rpos  ou?  oi»og  ct(p/îco4a>iv 
îtraïtroTg ,  otipgTûJTspct  cp>j<re/£v  giveu  tûjv  J/xjv  tzra.poy- 
Tav.  Kcli  iS  Kcl^wcl^oxclç  ,  jccu  2f^ou$  y  xclitovç  tyiv 

'hdlTLM  %^pûCV    KcLTODLOVVTclÇ  CLV$pCjùWO\)Ç    g7T      gO"%Ol- 

tû)v  y?*'  oîi  cr/Toto-/  <ruiiÇil&MLi  woWol  xai  de  m  a. 
ncfrév&Vidù  kcli  ^ctAs^ra.  'AAAa,  vyi  Aiol,tovtm  fit  A 

>l  t      ~  /  '/  r  \  _ 

OLLLÎIVOV  VLLOLÇ  WpOLTTEW  CLWCLVTZÇ  QUO\oyV\(TOVJl  ,  0£T- 

TctAaTv  J^g,  îteu  ApJcot(?û)V,  x,cu  'Apyg/^v  YefpGVi  H  T/y^y 
ctAAû)v,  otV  g'y  avixtxa.yj.cL  avveCyi  yevevQai  $i\m7roù'7 

'KWcL  TOVTCûV  7LCLI  WQ\v  QiXziOV  CLWnWcL'^CLT  l ,  OU 
jttOVOV    TW  ^t>;  J^gJbuAgyX-gVCXr   XOL1101   Tl     TV\\iX0V§    gTg- 


LETTRES  DE    DEMOSTHENE.  22^ 

des  événemcns  mêmes,  si  vous  en  jugez  bien  ,  que 
vous  devez  être  satisfaits  de  votre  fortune.  Exami- 
nez les  choses,  ainsi  que  le  doivent  des  hommes , 
et  vous  trouverez  Athènes  fort  heureuse  d'après 
mes  conseils.  Mais ,  si  vous  prétendez  à  des  avan- 
tages qui  ne  sont  donnes  qu'aux  dieux, vous  désirez 
l'impossible.  Quel  est  donc  cet  avantage  refusé  aux 
mortels,  et  dont  jouissent  les  dieux  seuls  ?  c'est 
d'être  possesseur  de  tous  les  biens,  d'en  être  assuré 
pour  soi-même,  et  de  pouvoir  les  communiquer 
aux  autres;  c'est  de  ne  souffrir  jamais,  et  de  n'être 
exposé  à  souffrir  rien  de  fâcheux. 

Après  avoir  établi  ces  principes  ,  comme  il  est 
juste,  comparez  votre  position  avec  celle  des  autres 
peuples  :  personne  n'est  assez  peu  sensé  pour  préfé- 
rera votre  état  présent  le  sort ,  ou  des  Lacédémoniens 
à  qui  je  n'ai  donné  aucun  conseil ,  ou  des  Perses 
chez  qui  je  n'ai  pas  même  fait  de  voyage.  Je  ne 
parle  pas  des  peuples  de  Cappadoce  [i  5], de  Syrie, 
de  ceux  de  l'Inde  placés  aux  extrémités  du  monde, 
qui  tous  se  sont  vus  assaillis  etaccablésde  malheurs. 
On  dira,  peut-être,  que  la  fortune  nous  a  mieux 
servis  ,  il  est  vrai,  que  ces  peuples ,  mais  plus  mal 
vque  les  Thessaliens,  les  Arcadiens,  et  quelques 
autres  qui  ont  été  dans  l'alliance  de  Philippe.  Mais 
votre  condition  est  bien  préférable  à  celle  de  ces 
derniers ,  et  parce  que  vous  n'avez  pas  été  esclaves , 
ce  qui  est  le  plus  précieux  de  tous  les  avantages; 


a 28  lettres  de  démosthène. 

et  parce  qu'ils  ont  été  la  cause  des  maux  où  Phi- 
lippe el  la  servitude  ont  jeté  les  Grecs,  ce  qui  leur 
a  attiré  avec  justice  la  haine  générale.  Vous,  au 
contraire,  Athéniens,  on  vous  a  vu  exposer,  pour 
les  Grecs ,  vos  personnes ,  vos  fortunes ,  votre  ville, 
tout  en  un  mot  ;  générosité  rare  qui  doit  vous  va- 
loir la  plus  grande  célébrité,  et  vous  obtenir  de  la 
part  des  hommes  équitables  une  reconnaissance 
éternelle.  Ainsi ,  d'après  mes  conseils,  Athènes  l'a 
emporté  pour  le  bonheur  sur  les  Grecs  qui  ont 
combattu  Philippe  ,  et  pour  la  gloire  sur  ceux  qui 
l'ont  secondé.  Aussi  les  immortels  nous  ont  -  ils 
rendu  des  oracles  favorables  ,  et  les  reproches 
iniques  et  injurieux ,  ils  les  font  retomber  sur  la 
tête  de  celui  qui  les  fait. 

Pour  vous  en  convaincre,  examinez  la  vie  ha- 
bituelle de  Théramène.  Il  se  conduit  par  système, 
comme  on  souhaiterait  dans  une  imprécation  qu'il 
se  conduisît.  Ennemi  de  ses  parens,  il  est  ami  de 
l'infâme  Pausanias  ;  il  réunit  l'audace  effrontée 
d'un  homme  et  les  complaisances  criminelles  d'une 
femme  ;  résistant  a  son  père  ,  cédant  à  la  turpi- 
tude ,  il  amuse  son  imagination  des  horreurs  qui 
le  rendent  odieux  à  tout  le  monde,  et  se  plaît  à 
parler  d'actions  obscènes,  qui  révoltent  tous  ceux 
qui  l'écoutent.  Il  persiste  cependant ,  et  même  il 
croit  par  là  se  donner  le  mérite  de  la  naïveté  et  de 
la  franchise.  Je  ne  vous  en  aurais  pas  écrit,  Athé- 
niens ,  si  je  n'eusse  voulu  réveiller  en  vous  le  sou- 
venir de  ses  désordres  honteux;  car,  ce  qu'on  crain- 


AHMO20.    EniSTOAAl.  229 

fOV'y    CtAAûC   JCGCJ    TU    TOVÇ    fJM    'WCDlTdLÇ    ctmous  «Tvcti 

^/Aîtittou,  x<*<  ?>îi  ^otfAeicts,  6^  0V  UXOTVÇ  ^io-ouvrct/, 

vu.clç  <p  opourdcu  vmp  Tav  Jb.AA>iva>v  jtcte  cû>/j.oc(n,)tcu 

/  1'      \  \       /  \        ~       » 

%pyifjLcL<ri  y    Tccti  tfoMi ,  jcou  %0pct,  x,**  ^ctr/v  >jyaw- 

/  *     AJ       T*  »/      x  »        \  f  /  \  / 

(TfJLiVOVÇ'  CLVO    G>V  IVXAilCW     UKOÇ   DSTctp^giV    36*/    %*p*V 

Ol3oty<XTOV  ,  ÎZrotpCt  T0V  Tct   fitKOLtCL  @0V\0filiVO)V   'Gromv 

„  »     ~      >  »  r    »     t  /°'n  «n»î»  ; 

Ofx-O'jy  ot(p  «y  gyœ  <rt>vgbouAgt><rct,  tûjv  /jl€v  aynorav- 

TÛ5V   OLplCTTOL  WpcLTTilV  TW  WO  \U   <TVfX@>iÇ>yxt  ,    ZM  frè 

<rvwymi<riJLiwv  ivùo%oTtpcui  Ùvoli  wepieoTi.  To/yfltpot»v 
»    \       '  <  ^    \       \       \  /  \     »      _  t 

gTTl  TOUTOJS  Ot  ^£0*  TûC^  fJLW  fJLcLVTZiCLÇ  TOLÇ  ctycLd-CLÇ 
VfUV  dlÙocMTl  y  T»V  (T  OLÛlTLOV  jSAct(T(p)1^/ CU  îU  X,g(p<xAwV 
tùû  Agyovn  ZpiWOVŒl. 

Tvoiy  <T*  ûcv  Tts'yti  npot\oiTo  î^îTclgcli  tol  t7riTvi- 
àv^cLTcL,   ev   oîs  Qi*   à    yctp   àv  ytcLTûLpoLa-oaTo  tiç 

ÙLVTCùy    TOLVT     éX,    WpOOLiptGiCûÇ    TtTOlîl.      Ej^Spo*     fJLÎV 

yctp  iezi  tqÏç  yovivci ,  (p/Aos  J^e  YIclvgclvicl  tu 
Tropm*  x,cu  SpcMTvnrcLi  p.gv  Js  av*p,  ?«ra<r)£g/  JN' 
ûùç  yuvjf   x.cu  toi»   /xev  wctrpoç  tari  x,psjTTû?v,  toiv 

J^    CtiV^paTv    î)TTû)V    0J$    J^     U2T0    STCtVTûW    J^lKrp^gpflU- 

ygTflt/,  TouTOi?  t»v  JWvo/ctv  otycfAAgTctj ,  cuff^pop- 
pXjttoffuvM ,  x,au  raT  JN/>i,y£to"9ûCf  taut'  ,  e<p'  o<£  <xA- 
youcnv  ot  stotouovTes*  c  J^  ,  «$  a<peA)i$  x.cti  7rapp>i<r/<i$ 
liîGtoç  ,  01/  TTatugrct.'.  Kat  Tcturct  okx,  ctv   eypct-vj/a, 

Ct    /Ail    XiV)10"Cti     THV     £V     Jjtt?V     (JLVYlfJLW    Tùôi     ZSrpQtTOVTW 


a3o  AHMO20.  EniSTOAAL 


ojjtcù  jtcotSy  >i€ot;ÀopîV  à    yoip  ctv  e/Vê?y  cty    t/£ 
omyktou  ,    3ta<    ypet^eu    (puÀa^cuT    ctv,    oiofxoa    S^t 

3tCtV    OLKOVŒCLVXCL   JW%£pCtV6tr   TOLWtOL    CLWO    T0<T0t/Tû)V, 

et  /jLVïicrQtiç  oîitv  g>tct<rros  JjLtoiy  ?«roÀÀct,  îtcu  J^etvot , 

\      ^  m      \        I  I  tt     >    *      i  *\ 

XOU    CLtVfcpCL   TOUT  Où    WpQGOVTÛL ,    OùGT     IflOl    T6    /IftOëV 

dvcuiis  eîpîîcrSct/,  jtctt  toutov  v7rofjiyy\fjicL  tûjv  ectuTotT 
>taxav  o(p5evTct  TTctcr/y  e/veu.  EvTup^sTTe. 


LETTRES  DE  DEMOSTHENE.  2  J  â 

drait  de  dire  ,  on  doit  éviter  de  l'écrire.  Au  reste  , 
le  peu  que  vous  avez  entendu ,  vous  a ,  sans  doute, 
indignés  contre  le  personnage,  en  rappelant  à  vo- 
tre esprit  les  infamies  sans  nombre  dont  il  s'est 
souillé.  Comme  elles  vous  sont  trop  connues  ,  je 
n'ai  rien  dit  d'indécent  ;  et  ïhéramène  n'a  seule- 
ment qu'à  se  montrer  pour  rappeler  aussitôt  les 
vices  abominables  auxquels  ils  s'abandonne.  Je 
vous  recommande  à  la  protection  des  dieux. 


LETTRE  CINQUIÈME. 

A   HÉRACLÉODORE. 


-iaoci- 


V^'est  la  «eule  lettre  de  Démosthène ,  parmi  les  six,  qui  soit  adresse  à 
un  particulier,  qui  traite  d'objets  particuliers,  et  qui  ait  été  écrite  lon^- 
tems  avant  son  exil ,  lorsqu'il  était  encore  jeune. 

DÉMOSTHÈNE  A  HERACLEODORE  ,  SALUT  : 

Je  ne  sais  si  je  dois  croire  ou  non  ce  que  m'an- 
nonce Ménécrate.  Il  me  dit  qu'Epitime  a  été  dé- 
nonce ,  traîné  en  prison  par  Aralus  ,  que  vous 
plaidez  contre  lui,  et  que  vous  vous  montrez  le 
plus  ardent  de  ses  persécuteurs.  Je  vous  en  con- 
jure au  nom  de  Jupiter  Hospitalier  et  de  tous  les 
dieux,  évitez  de  m  affliger  et  de  me  causer  une 
peine  cruelle.  Vous  le  savez  ;  outre  que  j'ai  fort  à 

cœur  le  salut  d'Epitime,  je  regarderais  comme  un 

i 
grand  malheur  pour  moi  qu'il  lui  arrivât  quelque 

disgrâce  ,  et  que  vous  en  fussiez  la  cause.  J'aurais 
trop  à  rougir  devant  les  personnes  qui  savent  le 
bien  que  je  disais  de  vous  à  tout  le  monde.  Je  me 
croyais  fondé  à  en  dire ,  non  que  je  vous  eusse  fré- 
quenté ,  mais  je  voyais  que  vous  jouissiez  de  l'es- 
time publique,  et  que  vous  aviez  été  formé  à  une 
école  qui  véritablement  ne  connaît  ni  les  artifices, 
ni  les  intrigues  de  l'ambition  et  de  la  cupidité  ,  qui 
rapporte  tout  au  souverain  bien,  et  à  la  souveraine 


EniSTOAH   nEMIlTH. 
npos 
HPAKAEOAaPON. 

AH  MO20ENHS 

HPAKAEÔAi2Pi2I      ET    nPATTEIN. 

T0  07Tû>s  p^pvj  tzncrsugjy,  ot$  cLwyyyziAZ  [xot 
Msv«tpaT|s,  oûV  07rœç  à'XLGTiiv ,  e%a.  E<p>i  yctp 
E7r<ii/xov  evo\oe7^5ct/  ^igy  xfLi  asr>!^5ct<  i/^ro  Apx- 
r$u,  <re  ^e  ayavt(W9au,  jtcti  dsxcvi'zm  et Jt©  p£«Às- 
7raTccToy  Civoti.  Aîojxat  J^  cou  ?«rpos  AlOS  Egy<0U  , 
^et*  3uyTû)y  Tûjv  S-éûjv  ,  (xy\  [Ai  x<LTOL<rTYi<T}iç  olwu 
kcli   J^/v£    fjwùm  TtTî^izyi.   Eu   ycip   loSi ,    %0pi£ 

TOI»    /JLiAtlV    jAOl    T7\ç     EtSTITI^OV    <T(àTV\ÇlCLÇ  y    KOLl    yo- 

fiurcLi  y.ty x\w  cfj  <Ti/jU(popav ,   ti  i\  7rctt)oi  x.cu  touxov 

(TV    ŒVVCLITIQÇ    IIV\Ç,    CttV^l»VO/Xct/    Tûl>5   fUVudoTcLÇ   (101 

tqvç  Àoyo'jç ,  ou?  gyo>  -arepi  cou  Erpos  cfarctyrots 
d^fcùwovç  gÀgyov ,  nrîwiutcûç  îfA<tvTov  d\yiSri  Àg- 
ygiy,  oux,  ex.  toi»  WiwAwicDLîvcLi  croi  WcTpciv  gYû>y, 
ûlAA'    opœv    ûtc  ,    ^ofyç    g?znTuyp£ctvû)y  ,  x.ai  -srcu- 

àtlCLi     CL'7riÙï)(QV,    XXLl      TCLVXOL     OtVo     TK    YlXcLTMQÇ 

à^tOLTfloKy   V\Wif    6CTIV    GùÇ    CL\y\ZOùÇ  Tûùi    fJLlV    wXtO- 

I  \         ~  \  | 

V€JCT)|/ASLTÛ>V  ,    JtcCJ     T0>      STgpi     TcLUTût      (TOQlO'/J.CLTCûV 

g^û),    TOU    jSgÀTWCTOU    <Tg    3COtt    TOU    J^JCCt/OTOCTOU   7I£fl 


234  AHMOS0.  EniSTOAAI. 

-arcuiQ    iveKcL  IfyrcLCT/jLW  i\ç ,  /jlol   tous  Qîouç  ,    tgù 

fjLtTOKT^QVTl    //.»    QV^i    OL^iVOtlV ,    7LCLI   WfiQS   CÏItCLncLÇ 

iya&cù  etvoc/ ,  ou%  ocnov  ayoC/Aou. 

TèVOlTO    J^    av    fxoi    jtouce<vo   TOV    %GLAèWûùTcLTCûV 

y  \  r  \  ,       »  \  »       ..     ~         »/ 

gi     yotp     ÛJp^X.û)?    7LCLT     ifJLOLVTOV    gUV0i)tû>S    É%*'V    (70Î, 

t>iv  evotvTictv  yvû>ptv  ^eratÀocbeTy  ctv&T'jtewGgwv,  JV 
cl  J^    Jz<roAc£.ju.€avû>    waLpiapoLaQoLi  ,    jccxt   ?«rg(pgVGt- 

JUOW/  ,  X,CtV  pi»  (fa,  V0[M(t  OVTûùÇ  itylV.  El  é\ 
r      ~  /  »/  ^  I  >        »  / 

»jU0V  XûtTctrrgcppovwtcis,  ot/  tûjv  ^paT^y  okjc  g<7|u.gv 
•sra,  Aoy/dcu  ou  jccu  <ru  tôt  yavcL  no$,  xctt  T>jy 
vAikiolv  ei%g$  *v  îi/tgT^  yuv ,  6jc  <Tg  t&u  o-u^êou- 
Agt»g*v  x,ou  •arpctTTgjy  yîytnvcu  tviaîxovtoç*  tlcli 
v/jav    tovtq    (rvi^Cai^.   To  /*gy    yap    gti    @>qvAîo~S-cli 

WGLpi(7Tl  ,      T>?S      J^g       ZVyj\$      GVAAoLfJL£aLV0VO~V)Ç      KOLl 

Tovpyov  yivoiT    av.  KaAos  oîTv    gp&v&£,    %*f  JS  J^- 
xcuct,    »y  x,cu   (tv   woinaoLi   wpoç  t(J.t.  Koli  /mm  v<p 
ho$  t£v    cov  (ppovofvray  %e~f  ov   ctyou ,  ymèi  »ttû>* 
aAA  gjtgjvous  ctys  g?«n  tcl  ooi  <JNox.oi>vrct,  Jtcci  7rpcf,TTg 

Ol»Tû)£  ,     OΫr^    fJLV\ÔcVQÇ     TCtïV     Q[J.GAGyV\5iVTarJ     <TTîf»l- 

^aj^sy,  aAA  Ewiti^cû  yivviTcLi  ccùt^icl  tiç ,  jcct/ 
otî«raÀÀcty>j  tû>v  x.(V(?uv«y.  notpgco/j.a/  «^e  gtV  tqv 
p^poyov  xcLycày  tlclô-  ov  <rv  <py$  }ccttpoy  siya*.  rpct^cc^ 
^g  pot  TTg/t^oy,  i  xct«  dç  QlAcù  g7r/<rrgAA£f  Eutu^ê/. 


LETTRES    DE    DEMOSTHENE.  2 55 

justice.  C'est  un  crime,  selon  moi,  quand  on  a  été 
élevé  à  l'école  de  Platon,  de  ne  pas  avoir  l'impos- 
ture en  horreur,  de  ne  pas  être  bon  envers  tous 
les  hommes.  Ce  qui  me  serait  encore  infiniment 
désagréable ,  c'est  qu'après  m'être  porté  pour  vous 
d'affection,  je  fusse  contraint  de  changer  à  votre 
égard.  Quand  je  ne  me  plaindrais  point  d'un  pro- 
cédé que  je  n'avais  pas  lieu  d'attendre  ,  et  qui  an- 
nonce du  mépris  pour  ma  personne,  la  chose  n'en 
serait  pas  moins  réelle.  Si  vous  faites  de  moi  peu 
de  cas ,  parce  que  je  ne  suis  pas  encore  des  premiers 
de  la  ville,  faites  attention  que  vous  avez  été  jeune 
et  danh  l'âge  où  je  suis.  C'est  votre  administration 
qui  vous  a  fait  ce  que  vous  êtes  :  peut-être  obtien- 
drai-je  aussi  cet  avantage;  et,  avec  du  zèle,  je 
pourrai  réussir  si  la  fortune  me  seconde.  C'est  un 
grand  mérite  que  de  placer  à  propos  un  bienfait  ; 
je  vous  prie  de  me  le  faire  éprouver  à  moi-même. 
Ne  vous  laissez  conduire  ni  gagner  par  ceux  qui  ont 
moins  de  sagesse  que  vous  :  amenez-les  plutôt  à  vos 
sentimcns.  Faites  en  sorte  que  je  vous  trouve  fidèle 
à  tous  les  engagemens  de  l'amitié  ,  et  qu'Epitime 
soit  sauvé  et  tiré  du  péril.  Je  reviendrai  dans  le 
tems  où  vous  me  marquez  que  je  dois  revenir. 
Mandez-le  moi,  et  faites-moi  connaître  vos  inten- 
tions comme  à  un  ami.  Adieu. 


LETTRE  SIXIÈME. 

'jette  lettre  fut  sans  doute  écrite,  non  de  l'île  de  Calaurie,  mais  de  la 
ville  de  Mégares,  où  Démosthènc  s'était  retiré,  quelque  tems  avant  son 
rappel,  pour  travailler  à  former  une  ligue  de  plusieurs  peuples  contre 
Antipater. 

DEMOSTHENE,  AU  SENAT  ET  AU  PEUPLE,  SALUT: 

Il  m'est  venu ,  de  la  part  d'Antiphile  ,  une  lettre 
adressée  à  tout  le  corps  des  confédérés.  Elle  est 
aussi  consolante  pour  ceux  qui  s'intéressent  au 
bonheur  de  la  Grèce,  que  désolante  pour  les  au- 
tres qui  sont  dévoués  à  Antipater.  Ces  dernier*  pos- 
sesseurs de  la  lettre  qu'Antipater  envoyait  à  Corin- 
the ,  par  Dinarque  [16],  ont  semé,  dans  toutes  les 
villes  du  Péloponèse,  des  discours  dont  je  prie  les 
dieux  de  détourner  les  mauvais  présages  sur  leurs 
têtes.  Celui  qui  accompagne  le  porteur  de  ma  let- 
tre, étant  venu  trouver,  de  la  part  de  Polémeste, 
Epinique ,  son  frère ,  qui  est  bien  intentionné  pour 
vous  et  mon  ami ,  Epinique  me  l'a  amené;  et,  sur 
le  rapport  qu'il  m'a  fait,  j'ai  cru  à  propos  de  vous 
l'envoyer  lui-même ,  afin  que  ,  parfaitement  ins- 
truits de  ce  qui  s'est  passé  dans  le  camp,  par  quel- 
qu'un qui  s'est  trouvé  au  combat  [17],  vous  pre- 
niez courage  pour  le  moment,  et  que  ,  pour  la  suite  , 
vous  ayez  espérance  de  réussir  avec  le  secours  de« 
dieux.  Je  vous  recommande  à  leur  protection. 


EniSTOAH   EKTH. 
riPOS  THN  BOTAHN  KAI  TON  AHMON 

T12N   A0HNAIÏ2N. 


i 

AHMO20ENH2 

THI    BOTAHI    KAI    T  il  I    AHMÎ2I 
X  A  I  P  E  I  N. 

1J.A0EN  îtckttqAvi  7ïcLp  'AvtiQiAov  wpoç  tovç 
tûùv  <rv{Xfjt,aL')(ôûv  awJtdpovs ,  zqÏç  fjiiv  fiov\o;j.èvoiç 
ÀyaLd-oL    wpo<rdox.cLv   itlcucoç  yiyp<L\x\kin ,    rots    J^' 

UnïlpcTOVGlV      AvTlTTcLTfCt)    WOAAOVÇ      KOLl     ^VC^ifîlç 

aL7roAEiwov<rcL  Aoyovç ,  ot  zrcLpoiAaLÇ>ovTi<;  tcl  wap 
'AvTt'XdLTpou  ypcLixfjLOLTOL  *7rpoç  AêJVotp^GV  U  Kop/y- 

3ûV    îABoVTCL,    OLWCLVCLÇ    TOLÇ   €V    YltAOTTOWWCû   TloAîtç 

ToioiiTccv  Aoyœv  îwArnav ,  otm  sis  jce(po(.À>iv  olu-m 
dwodTùi^acu  01  5eo/.  Acp/Jco/Jievot;  J^e  tov  yi>y 
>ix,ovtos  //.stcc   tou   TCap    e^tou   <pepovTos   ypcLLi^aLTcc 

TTcLpCL    YloAi(JLCLl(JTOV    KpoÇ     TOV     Ct&À<poy      EwtV/JCOV  , 

»/      K  «  ~  '/  \  •  \  '*.  *  I  \ 

ayopct  ffjtcv  cuvouv  x,ou  e/^ot  (piÀoy,  x.otx,e<you  Tipo? 
tfjii  (tycLyovToç ,  ccx.ououvTt  ^to/  ce  fiÀeyéy,  eôox,e* 
wpoç  vfjL&ç  ctuToy  cwroo-TeîXciJ ,  O7T0S  tzr&yTct  ect- 
Qoùs  axouactvTiç  tcl  gy  to>  o-TpctT07rgao)  ygyovoioc 
tov  srgpi  T»y  /uLat^nv  sr<xpayey£y>ijU,evoL>  toti,  uç 
to  *Z2rotpov  3appîrre ,  tlcli  tcl  Aoitccl  ,  Tû>y  Seav 
3eÀcvTû)v,  i  ^ouÀe(75e   e^sjy    JqroÀcc/x£«.v)iTg.  Eu- 


NOTES 

SUR    LES    LETTRES   DE    DÉMOSTHÈNE. 


(1)  Presque  toute  la  Grèce  suivait  alors  le  parti  des  Macédoniens  î 
c'est-là  ce  que  Démosthène  appelle  le  système  que  suit  actuellement 
la  Grèce. 

[a]  Démosthène  a  parlé  dans  sa  harangue  sur  la  couronne ,  et  il  parle 
ci-après  ,  dans  sa  lettre  contre  Théramène ,  des  oracles  rendus  par 
Jupiter  de  Dodone  et  par  d'autres  dieux  ;  oracles  qui  annonçaient  qu'A- 
thènes était  une  ville  heureuse. 

[3]  Python  de  Byzance,  grand  orateur,  attaché  à  Philippe,  qui  s'en 
servit  avec  avantage  dans  plusieurs  députations.  La  circonstance  ,  dont 
parle  ici  Démosthène,  est  sans  doute  la  même  que  celle  qu'il  rapporte 
dans  la  harangue  sur  la  couronne  ,  comme  on  le  verra  dans  ce 
volume. 

(4)  Voyez  plus  haut  ,  page  162 ,  ce  que  nous  avons  dit  d'Harpalus. 

[5]  Lorsque  Xerxès  vint  fondre  sur  la  Grèce  ,  et  marchait  contre 
Athènes  avec  une  armée  formidable,  les  Athéniens,  résolus  d'abandon- 
ner leur  ville,  firent  passer  leurs  pères  et  leurs  mères ,  qui  étaient  âgés, 
avec  leurs  femmes  et  leurs  enfans  ,  à  Trézène  ,  dont  les  habitans  les 
reçurent  avec  beaucoup  de  générosité  et  d'humanité  ;  car  ils  firent  or- 
donner qu'ils  seraient  nourris  aux  dépens  du  public ,  et  leur  assignèrent 
à  chacun  deux  oboles  par  jour,  qui  valaient  à  peu  près  trois  sols  et  demi 
de  notre  monnaie.  Ils  permirent ,  outre  cela,  aux  enfans  de  prendre  de* 
fruits  partout,  et  établirent  encore  un  fonds  pour  le  paiement  des  maîtres 
qui  les  instruiraient.  Trézène  était  une  petite  ville  située  sur  les  bords 
de  la  mer ,  dans  la  partie  du  Péloponèse  appelée  l'Argolide. 

[6]  Calaurie,  île  voisine  de  Trézène ,  fort  obscure  avant  qu'elle  eût 
servi  de  tombeau  à  Démosthène.  Rappelé  de  son  exil,  craignant  d'être 
livré  par  ses  concitoyens  à  Antipater,  roi  de  Macédoine,  qui  demandait 


NOTES.  23g 

»a  tète,  il  s'y  retira  une  seconde  fois.  Toujours  persécuté  par  le  monarque, 
voyant  que  le  temple  de  Neptune,  où  il  s'était  réfugié,  n'était  pas  pour  lui 
unasyle  sûr,  il  se  donna  la  mort,  afin  de  ne  pas  tomber  entre  les  mains 
de  l'ennemi  de  sa  patrie. 

[7]  Démosthène  veut  parler  sans  doute  du  procédé  de  Philippe  après 
la  bataille  de  Chéronée.  Ce  prince  renvoya  libres  tous  les  prisonniers 
athéniens,  sans  exiger  de  rançon  ,  et  leur  donnant  à  la  plupart  des 
habits. 

[8]  Aristogiton  ,  méchant  homme,  qui  avait  une  sorte  d'éloquence, 
et  qui  jouissait  d'un  certain  crédit  dans  Athènes.  La  plupart  des  orateurs, 
Démosthène  entre  autres,  Lycurgue  et  Dinarque,  l'attaquèrent  vivement 
dans  leurs  discours.  Il  était  un  de  ceux  qui  furent  soupçonnés  d'avoir 
reçu  des  présens  d'Harpalus.  Démosthène  dit,  à  la  fin  de  sa  lettre,  qu'il 
fut  renvoyé  absous.  — 'Tauréas   et  Patécus,  ministres  d'Athènes,   peu 

connus. 

« 

[9]  Démosthène  ,  dans  le  plaidoyer  contre  Timocrate ,  parle  de 
Lâchés  et  de  Ménalope ,  qu'il  ne  peint  pas  sous  des  couleurs  favorables. 
Dans  ce  plaidoyer,  c'est  Lâchés  qui  est  père  de  Ménalope.  Il  est  pro- 
bable que  le  Lâchés  actuel  était  fils  de  Ménalope  dont  il  est  parlé  dans 
la  harangue  contre  Timocrate,  et  qu'on  lui  avait  donné  le  nom  de  son 
aïeul ,  comme  c'était  assez  l'usage.  —  Mnésibule  d'Acharné  n'est  connu 
que  par  cet  endroit- 

[10]  Pythéas  ,  ministre  d'Athènes,  connu  surtout  par  cet  endroit.  Plu- 
tarque  en  parle  comme  d'un  homme  qui  avait  eu  des  altercations  avec 
Démosthène  en  Arcadie. 

[11]  Les  Athéniens  envoyaient  tous  les  ans  à  Delphes  des  députés  pour 
offrir  un  sacrifice  à  Apollon  ,  qu'ils  révéraient  comme  un  de  leurs 
ancêtres. 

[îa]  Ce  Philoclès  est  sans  doute  celui  contre  lequel  nous  avons  un 
discours  de  Dinarque.  Il  est  parlé,  dans  les  discours  précédens  ,  de 
Nausiclès,  de  Charès,  de  Diotimejel  de  Charidème. 

[i3]  Nous  n'avons  pas  cette  lettre  de  Démosthène  :  apparemment  qu'il 
ne  tarda  pas  à  être  rappelé  ,  car  il  obtint  son  rappel,  et  revint  à  Athènes, 
dont  il  sortit  de  nouveau,  craignant  d'être  livré  à  Antipater. 


240  NOTES. 

[i4]  Déinosthène,  dans  sa  harangue  sur  la  fausse  ambassade,  parle  de- 
là déesse  Dioné  ,  qui  était  une  nymphe,  fille  de  l'Océan  et  de  Thétis.  Il 
paraît  que  les  Athéniens  avaient  pour  elle  une  vénération  particulière  ; 
mais  j'en  ignore  la  raison. 

[i5]  Des  peuples  de  Cappadoce ,  de  Syrie,  etc.  Alexandre  avait 
porté  la  guerre  chez  tous  ces  peuples ,  qu'il  avait  vaincus  et  forcés  de 
subir  le  joug. 

[16]  Est-ce  Dinarque  l'orateur?  S'était-il  retiré  à  Gorinthe  ,  dont  il 
était  originaire  suivant  quelques-uns ,  pour  empêcher  les  Corinthiens 
d'entrer  dans  la  ligue,  et  favoriser  ainsi  le  parti  d'Antipater? 

[173  S'il  est  ici  question  de  la  bataille  de  Lamia  où  les  Athéniens 
furent  vainqueurs  ;  comme  Démosthène  avait  été  rappelé  avant  cette 
bataille  ,  apparemment  qu'il  avait  été  envoyé  en  ambassade  dans 
quelque  ville  d'où  il  écrit  sa  lettre.  Peut-être  s'agft-il  d'un  combat  moins 
considérable ,  qui  avait  précédé  celui  de  Lamia. 


www www  *vwwvwwvvvww\vwYvvvwwvvwvvivv\vv  wvvwvvwwwwwvvvwwwwv . 


LETTRES 
D'  E  S  C  H  I  N  E. 


-Jt.ac£- 


lo  u  T  le  monde  sait  qu'Eschine  ayant  accusé  Ctésiphon , 
ou  plutôt  Démosthène  dans  la  personne  de  Ctésiphon,  et 
n'ayant  pas  obtenu  la  cinquième  partie  des  suffrages,  fut 
condamné  a  l'exil,  et  se  retira  à  Rhodes,  d'où  il  écrivit  les 
lettres  qui  nous  restent  de  lui.  Photius  n'en  comptait  que 
neuf,  auxquelles,  dit-il,  on  donnait  le  nom  des  neuf  Muses, 
comre  on  donnait  à  ses  discours  le  nom  des  trois  Grâces. 
Je  crois ,  en  effet ,  que ,  parmi  les  douze  lettres  attribuées 
maintenant  à  Eschine ,  il  en  est  trois  qu'on  peut  regarder 
comme  supposées  et  faites  après  coup  par  quelque  sophiste 
ou  rhéteur.  C'est ,  à  mon  avis ,  la  septième  et  les  deux  der- 
nières. J'en  dirai  la  raison,  quand  j'en  serai  à  ces  lettres. 


T.  III 


lf> 


EniSTOAH    nPHTH. 


<ï>IAOKPATEI. 
./YT2ANTE2    éx,  Movvv%'iclç  éer-repcts,  Act/xTTp&T 

Kopycraov   tm  Keiû>y.    Kctiïi gcwtîç  i"t    yifxîpcLÇ  mtcc 

(  (TXCLIOÇ    yCLp   M   0    CLVip.OÇ),    ZITCL    7TaÀ/V  ÀV<T<XVTg£  , 

ct^oc  tm  g<a  g/s   A>ÎÀov  uAQojLtgy.  A>jÀ/o/  J^g   evocouv 

XoifJLOùOYI  TlVct    yOCTOV.    Tût    /XgV    WpQO-Gû'n'CL    i^l/JCTlXcLVCO 

Àetoois,  x,o./  Tct$  Tp^<x5  /uwtoi  gy/yoyro,  o  oe  t^cc-- 

%HÀ0S    GCUT0V  ttflU    TûC    CTTgpVa,    CLV(i)^g/'   tfV^TOl    à'  OUX, 

«yiyvovTo ,  oix^e  ccAy>î$GVg$  yLiyctXcn ,  oJ<îfe  rcc  5co.tû> 
jttgpjj  'zzrapvvNActTTgv  ou&v.  Tcturct  J^g  iriBivro  xclzcl 

fV    TW    VJ1CTÛ>  TJVO*    TWV    tWltfcCJM  ,    OV    ÎZTpOTgpOV  iluQoÇ' 

g'x,  iqvtov  oùv  <7Tpoo'ÊaÀgTy  clvtoIç  tcv  Geov  V>;v  yo<7oy 
TctuT>iv  Jw€Àct|u,CflLvoy,  'HfjciTç  J^g ,  aerTrgp  as  t/  g'fiyss 
aÀÀocpuÀcv,  >ï  vïcrov  g'v  tm  e£û>  9aAaTT»j,  a(p/y/^evo/, 

X.CU    ElîcVTêS    îJrcLKpMÇ    ^fCùflOL    ItrOlKlMV    OLlSpUTtrCûV  , 

viotTos  gT/  cttzrocpgt/yovTg^  &%o[j.$ci,  î«rfv0avop.gyot 
«AÀMûjv ,  Jtaxc*,  roy  Tiopoy,  et  to  fâcofjLcL  tyo\  gjca.- 


■VA\\\^VV\WV\\>VV\V\WWV***V>V\^'V\VVWVl»VV>^XA*V*V»>V^\\W\\VV\\V\VV>VV<t\Wl\VV»WV'VXX 


LETTRE  PREMIERE. 


rjixE  est  adressée  à  Philocrate,  et  renferme  quelques  particularités  sur 
le  voyage  d'Eschine  d'Athènes  à  Rhodes.  Le  Philocrate  auquel  il  écrit., 
n'est  pas  celui  dont  il  est  heaucoup  parlé  dans  ses  discours  et  dans  ceux  de 
Dcmoslhène.  Ce  Philocrate  avait  été  exilé,  et  nous  ne  voyons  nulle  part 
qu'il  ait  été  rappelé  de  son  exil. 


A    PHILOCRATE. 

1M  ous  partîmes  le  soir  de  Munychie  [i]  ;  un  vent 
favorable  nous  porta  ,  ië  lendemain  ,  sur  le  midi , 
à  Coresse ,  ville  des  Céiens.  Comme  le  vent  était 
contraire,  nous  nous  arrêtâmes  neuf  jours;  et, 
nous  étant  remis  en  mer  avec  le  lever  du  soleil , 
nous  arrivâmes  à  Délos.  Les  Déliens  étaient  attaqués 
d'une  maladie  contagieuse.  Leurs  visages  étaient 
remplis  de  taches  blanches  ;  leurs  cheveux  s'étaient 
blanchis;  leurs  gorges  et  leurs  poitrines  étaient  en- 
flées; du  reste,  ils  n'avaient  pas  de  fièvre,  ils  ne 
ressentaient  pas  de  grandes  douleurs,  et  les  autres 
parties  du  corps  n'avaient  éprouvé  aucune  altéra- 
tion. Ils  attribuaient  cette  calamité  à  la  colère  d'A- 
pollon ,  et  croyaient  que  le  dieu  leur  avait  envoyé 
cette  maladie ,  parce  qu'un  homme  considérable 
avait  été  inhumé  dans  leur  île,  contre  l'usage  [2]. 
Pour  nous  ,  comme  si  nous  eussions  été  jetés  dans 
un  pays  inconnu,  ou  dans  une  île  de  l'océan  atlan- 
tique ,  et  que  nous  eussions  vu  ,  toul-à-coup  ,  des 
hommes  d'un  teint  extraordinaire,  nous  nous  en- 
fuîmes la  nuit,  nous  demandant  les  uns  aux  autres, 


244  iettb.es  d'escihne. 

dans  le  cours  de  la  navigation,  si  chacun  avait  le 
teint  et  les  cheveux  qu'il  avait  apportés  de  sa  ville. 
Il  survint  un  orage  ,  et  un  vent  violent  qui  nous 
emporta  par  delà  l'île  de  Crète,  en  face  et  près  de 
Psamathonte  [3]  ;  d'où  étant  repoussés  par  un 
vent,  de  Libye ,  et  reportés  ensuite  au  même  en- 
droit par  un  vent  de  septentrion ,  nous  restâmes 
sur  mer  cinq  jours ,  après  lesquels  nous  abordâmes 
à  Athrone  :  et  cela  pour  nous  apprendre  à  nous 
tenir  en  repos ,  sans  nous  embarrasser  si  un  ci- 
toyen, dans  sa  patrie,  était  couronné  ou  non  con- 
tre les  lois.  Delà  ,  après  quatre  jours,  nous  arri- 
vâmes à  un  port  de  Rhodes.  Je  m'y  arrêtai  un  peu , 
me  trouvant  incommodé  de  l'asthme;  et,  comme 
mon  indisposition  ne  diminuait  pas ,  je  passai  à 
Rhodes  ,  qui  sembla  sourire  à  mon  arrivée  ;  car, 
aussitôt  que  j'y  fus  entré ,  je  me  portai  beaucoup 
mieux.  Voilà  jusqu'à  présent  ce  que  j'avais  à  vous 
écrire.  Lorsqu'il  m'arrivera  quelque  chose  de  nou- 
veau, je  vous  en  ferai  part.  Soyez  heureux;  ne 
vous  mêlez  pas  de  l'administration  publique  ,  et 
n'attaquez  ni  plus  puissant  ni  plus  faible  que  vous. 


AI2XIN0Y  EniSTOAAI.  245 

VTOÇ,  oîoV  g)tO/JUQcV  OlVo9gy,  TCCLt  TCLÇ  Tpl%CLÇ.  ZocA» 
<T6    JCOU     <XVêjU,0S    î^û)ŒT7\Ç     l^TtlGM     CLWMiyTllV    VfJLcLÇ 

vwîp  Kp»T>tv ,  wAwiov  ^ctfJiciBovyToç.  (£ls  J^e  ev 
ct7ro7iTO)  y>|7.gv  âôN,  ccvuttryer  Trvet/juct  Aj&ocoV  erra 

'TrVSl/O'ûtVTO^      >Î/IUV      OL7CaLpX,TlOV  ,      TCcL\ll       tQipOfÂtQaL 

tzrevre  vvtctclç  ev  -3-cjAsctth  yevo^evo/,  ev  ctis  7rpo<r- 
tayoyuvi  'hSpcùw'  !vct  ficLd-cefAev  yw  sroÀusrpocy- 
ftoverv,  e*  tjs  e'v  -rf  ioLurov  tstclt^i  xcltôl  tous 
yo/jLoi»^,  >i  jut.»,  o-recpctvouTa/.  Kctxei3ev  TeTTatptnv 
y[j.ipoLiç  oc<p^o^e9ot  6t'$  eV/ve/ov  r/  tîk  'Po&cts'  07:01» 
vovyio-oli  [aoi  c-uveG»  t>jv  wtpi  ro  ôlgjiacl  voctov.  12? 
(Je,  e7r</xe<v<xvTo$  /mou  ctt/roS-/,  oux,  eveo\<3bt>  >i  vocro?, 
o'teîtrÀgucra,  e/s  'Pcdov ,  x.<xi  e^e^ocTo  w^tctk  ivfxvjcùç 
0  tottos    tvSvç  yap  œç   d/eb>iv,  ^oàu  potav   eyevo- 

jLtljV.  Kct*  TflCUTt  [JLiV  îl^OfJLiV  (TOI  TiûùÇ  e7r/0TeAÀ£/V 
TOL    S^    CtAÀct    0$    <XV    Î7LCLGTCL   (TVflQcLaoi ,  ^y\\û)CTOfJLiV. 

huTt/)£e* ,  x.cu  pi  7rpoc7x,poL/e  pre  to<s  -TrÀeov  cou, 
iiwe  toT$  'eAccTTov  ^vveLfJLîvoiç. 


EniSTOAH   AETTEPA. 


KTH2I$HNTL 

HillESTEIAEN  yfjuv  N/x,o(7Tpctro^ ,  o  wpoç  [jly\- 
tçoç  Bnos ,  cù$  twypzcLfyiç  jxev  g*  s  currov  ov  (it- 
Tpiœs  ,  z(j,oi  J^g  omdtfyis  rm  JW  <rt  aoi  aufjL&cL- 
actv  (ju^^popotv.  Eya>  J^g  Sclviicl^cc  ,  ri  wolBûov 
ifyovai  p.iv  olxoQzv  yyiïv  tqœoJjTcl  ^/sÀe^fo^,  axrrg 
neio-Qwou  fie  [wdw9  m  AgAg^Gas,  'XB'rtXa.aQcLi  erg, 
fiyiï'  clWcùs  cppovgTv,  /2Àg7rovTU  npœrov  /xgy  eiV  w 
gu.»y  %v(j.(ÇopcLv  y  h  ovk  dwètxos  uvcn  koli  tqvç 
l^Bpovç   êXecur   uVsAot/xÊotyov,    gVgcrct   J^e    jcou    é/f 

TO    (TJCl/9pûJ7rOV     <T0i7,     JCCtf     OfiOlOV    ^g&OCSU/XgVO)*    ^(Tt' 

lyœyt  yccci   tTCia-a^cL   evio/S  zœv  nrpooy\x.ovTœv  vi/juv, 

il     TQV    d\0lVT0  y    '7TpO<mVcLt    (TOI  ,    xcLl    [JLMtVOÇ    VGTî- 

\     r        >  I       O         i  I         I  I    « 

TCtpl     ÛSV    î%pYI[J.aLTt(OV     A-9-JJVW/     [XQl     yeViGVCLl    TToA- 

\cLKiç*  vvv  J^g  ovx,  îtiwoèûùv  îti  ot/V/y  vtfjtjv ,  ourg  Aev- 

Q^XOVŒI   (TOI  y  OVTE   CfAAfc)  Tl\t  '  ' AUviV ÛLICÙV  ,  gVtfpgtf^giS, 
JtCtl  OUTg   g/S    T)JV  Tl>^V  cLWOlôXiWtlS  ,  OUTg  g/?  ccAAo 

r/   T<£y  a v9pû)7r /vû)v  ,    ot'AA*  iwcLymify  en  jccu  gJC7ig- 
(         ~  U  \  »  '         »  / 


LETTRE  SECONDE. 


XL  lib  est  adressée  à  Ctésiphon,  Fauteur  du  décret  qui  couronnait  Dê- 
mosthène.  Apparemment  que  Ctésiphon,  voyant  Eschine  condamné, 
avait  senti  la  compassion  succéder  dans  son  cœur  à  la  haîne,  et  que,  dans 
un  transport  de  générosité,  il  lui  avait  fait,  à  son  départ,  des  offres  de  ser- 
vices. Eschine  lui  écrit,  et  se  plaint  de  ce  que ,  malgré  ses  offres  ,  il  le  dé- 
chire en  son  absence ,  et  que  même  il  le  persécute  dans  la  personne  de 
ses  parens. 

A    CTÉSIPHON. 

JMicostrate,  mon  oncle  maternel ,  m'a  écrit  que 
vous  le  persécutiez  sans  ménagement ,  et  que  vous 
me  reprochiez  ma  disgrâce  dont  vous  êtes  l'auteur. 
Je  ne  conçois  pas  dans  quels  sentimens  vous  me 
teniez  ,  à  mon  départ ,  des  discours  qui  me  per- 
suadaient que  vous  parliez  avec  sincérité,  et  que 
votre  cœur  était  d'accord  avec  votre  bouche.  Je 
vous  croyais  d'autant  plus ,  que  mon  infortune  me 
paraissait  peu  croyable,digne  de  compassion  même 
pour  des  ennemis  ,  et  que  ,  d'ailleurs ,  je  vous 
voyais  un  air  triste  et  affligé  ,  presque  les  larmes 
aux  yeux.  Aussi ,  je  recommandai  à  quelques-uns 
de  mes  proches  de  s'adresser  à  vous  dans  l'occa- 
sion ,  les  assurant  qu'ils  n'essuieraient  aucun  re- 
fus :  moi-même,  je  vous  ai  souvent  écrit  pour 
réclamer  vos  services  à  Athènes.  Cependant ,  au- 
jourd'hui que  je  ne  vous  porte  aucun  ombrage, 
que  je  ne  vous  inquiète  ni  vous  ni  d'autres,  vous 
cherchez  à  me  nuire;  et,  sans  faire  attention  ni  aux 
caprices  de  la  fortune  ,  ni  à  l'incertitude  des  événe- 
mens  humains  ,  vous  recommencez  contre  moi  le 
combat,  lorsque  je  suis  banni  de  ma  patrie,  privé 


^4$  LETTRES    d'eSCHINE. 

de  tous  mes  droits  ,  éloigné  de  mon  pays,  de  mes 
compatriotes ,  de  mes  amis.  Le  mal  que  vous  dites 
d'un  absent  pourrait  fort  bien  jeter  sur  vous  l'o- 
dieux de  décrier  un  mort  dans  une  ville  le  centre 
de  la  douceur  et  de  la  politesse.  On  n'aura  point 
d'Eschine  une   plus  mauvaise  opinion,  parce  que 
vous  le  déchirerez  en  son  absence;  on  ne  fera  que 
le  plaindre  et  le  juger  plus  digne  de  pitié.  Il  était 
un  tems  où  j'aurais  pu  vous  tenir  tête  ;  mais  au- 
jourd'hui je  ne  puis  plus  parler  pour  moi ,  ni  même 
entendre  les  invectives  de  mes  ennemis.  Insulter 
un  vieillard  tranquille  ,  qui  n'a  aucune  espérance 
de  pouvoir  jamais  repousser  l'injure,  et  dont  toute 
la  ressource  est  en  vous  autres, qui  ne  pouvez  vous 
sauver  vous-même  [4]  ;  n'est-ce  pas  le  comble  de  la 
honte?  Au  nom  des  dieux,  Ctésiphon,  quand  vous 
auriez  la  plus  grande  envie  de  me  chagriner ,  et 
qu'aucun  de  mes  maux  n'aurait  assouvi  votre  res- 
sentiment ,  ne  vous  chargez  pas  d'une  pareille  in- 
famie ,  vous  et  vos  enfans ,  que  vous  élevez  ,  sans 
doute ,  dans  l'espoir  de  trouver  en  eux  le  soutien 
de  votre  vieillesse.  Souvenez-vous  qu'Eschine  n'a 
jamais  pensé  qu'il  serait  réduit  où  il  est ,  non  plus 
que  tant  d'autres  qui  avaient  plus  d'autorité  que 
nous  dans  leur  patrie,  qui  étaient  plus  distingués 
que  vous  et  moi. 


AISXINOY   EJIIXTOAAI.  2% 

KOLl  WoAîCàÇ  ,  JtOtt  W0\lTœV,  KOLl  QlACiiV.  KcLl  Q<T<L  jxgv 
t!$  èflè    dirovraL  iÇ>AcL<Tq»)HU$  ,    (TOI   fJLîV  IffCùÇ  (pg'pOl   CtV 

r/vct  UKOTûiÇ  koli  cpUovov  x,et/  [xi(Toç ,  axrvrtp  av  s*  x/yct 

tov    tdènoùTw    IwiCclWoio    (è\cLG<$V\lXlïv  y    h   OVTCO 

X$wry  x,cu  (QiXcLvQpcû'Grcà  woAw  tya>  J^e  ovtc  eu  J^ia 

tovto  QcLvXoTtpoç  vojjlutQiiw  ,  ctî<rû)v  uVo  cou  \oido- 
i  ii  i  \  >v        /  */ 

pOVfJLZVOÇ,   OLTU')(e<rTtpOÇ    [liVTQt    KCU   lAtilVQTlpOÇ    KTCOÇ 

yo/Jiio-Setjjv.  Kcu  ?*rorg  /juv  ou&v  Wrm  iyivofiW  vuv 
<N  ou&  fiioLv  vnrtp  ifjLcLvrov  (Qam  gx,srgp7rgfv  ,  aAA' 
ov&  oLTLOVtiv  Àoj(5bpou/xgvos  JNi/y&ju.eu.  To  J^g  ygpovTct 
g^tt^ciT  JÊpi^go-fiflt/,  pifè^iccv  iAvridaL  txi  î^onct  zov 
<^i/v»o-g<rycu  îzroxg  ct^uvettrtiûu ,  os  yi  ira  <tv/jlwcL(tcl^ 

iAlTldoL  g(p'  VfJLtV  OlÙzoTç  CLX,fZY\V  t^h  To^  /^g  CtUTOUS 

v   o-ûj^giv  g'r/  £uvûl[ami$,'®'cûç  oJx,  eJo-^poy  gVx/y  j  'AAAct 

£C>J  ,  'TTpOS  TOV  AlOÇ  ,  /tfc>1  (TWyg  ,  Où  Kt»(T/(Pû)V  ,  /XHOg  El 
TOC  [LOXlGTCL  VfJLOLÇ  CtV/qty  @>0VAily   KOLl   il  pj  *Z«rgî2rÀ>î- 

pû>x.g  <rg  /^>idev  Tû>v  yfjLiTipœv  jteocav  ,  jut/ao-juiei  tokto 

jLOJ  7rpO<T3MS  ŒCLUTCÙ  Tî  7LCLI  TOIÇ  ircUCrJ,  0V$  TptQzlÇ) 
&QYIVQUÇ    g<7£(r8cU   (TCM   JSlAoVOT/  TOlTy^pû)^  (70U   7rpoo-ôb- 

x,û>V  jccu  (JLtyviywo  on  ovùt  AiV)£iv»s  gj's  toJto  otots 
&(pi£go-9cu   »\7rj<rEV,  ou$'    olAAoj    tjroAAot ,  xcti   en 

/XOCÀÀOV    OLKlXOLacLVTtÇ  gV  TV  tOLUTM  WCLZplà  ,  X.CCI   ^0- 

Ai»  Act/i.7rporgpo/  g'aou  Tg  x.<x/  coî»  yivofAivoi. 


EFIISTOAH   TPITH. 


V_jl  fjLtv  dWoi  TctvTes,  oo-o/  <Çivyov<Tiv  ciùiTtœç  y  i 
foovTcu  tû)v  -aroXirœv  qucûç  tncLn\§œ<7iv ,  yi  &ot£i<*p- 
rovTiç  nourov ,  Àof$opou<n  Tct£  ectuT^v  7ïttTp*&*s,  œç 

<j)aLV\00$  CJLVTQIÇ  TZpQGQipOfJLWcLÇ9  iyœ  (Je,  671*6  t7ï6p  CLVOL' 
yl  r      »  /  »      /  \  « 

Çiœç  œv  tTiOAiTèVGOLfAYiv    y  rusera ,  jcgu   x,of,T»yopo>v 

CCAAaJV     CCUT05     e£À<3V  ,    OL'^OfXSLl     fAiV  y    Cù(T7rtp     UK0$ 

îo-TiVy  cLywcuiLzS  S^î  ovdiv.  Ou  yap   qvtoôç  îyaye 

>?A<9'0S    ÛfJLl  y     GXTTi    i%   fe    WùMcùÇ    0    Gefll<rT07t\v[$ , 

o  t>jv  'EAAxck  i\î>j§içœ<TcLÇ  y  i^7i\cLd-y]y  xcu  'onov 
M/ÀT/ao^s ,  or*  /xtîcpcv  aQuXz  toû   dyi/uioaia ,  yepov 

6V   Tû!"    fo<T[iœTypiCt)    CtTTê^CCyg ,    T&UTW   T^  TToAei    Ài- 

/  \     »  »  /  »  ~       V        A 

cvivjiv  rov  ATpo;jt>rrou  (pevyovTct  cLycLvcDcTï.v  oitaVou 
JNg7v,  et  tj  t^v  eiû)0oTû)y    AS->îvw<7<v  e-arctSev.   AAA* 

tyCùyt    KCU     XoLflTT^QV     ilKQTCùÇ     VO/JCHTOLlfA      GtV    OMTOù 

yivtad-oLi  to,  fJLîT  Ixîiwv  vi  aiïofyci,  nctça.  roï$ 
tntiTcL  cLvd-pœwoiç ,  jccu    actes   tou   o^ojcc  -sra-ver. 


>    /  / 


LETTRE  TROISIÈME. 


Cbttk  lettre,  ainsi  que  les  deux  suivantes,  ne  porte  pas  le  nom  de  celui 
auqu(  I  elle  est  adressée.  On  voit  dans  celle-ci  la  principale  raison  qui  con- 
sole Eschine  dans  sa  disgrâce. 

Il  arrive,  pour  l'ordinaire ,  que  ceux  qui  sont 
exilés  injustement,  sollicitent  leur  rappel;  et,  s'ils 
ne  l'obtiennent  pas ,  ils  déclament  contre  leur  pa- 
trie, et  se  plaignent  d'en  être  maltraités.  Pour 
moi ,  quoique  tombé  dans  une  disgrâce  ,  que  ne 
devait  pas  me  faire  craindre  ma  conduite  dans  le 
ministère  ,  quoique  condamné  pour  avoir  accusé 
des  coupables,  je  ressens  quelque  peine,  comme 
cela  est  naturel ,  mais  nulle  indignation.  Je  n'ai 
point  la  folie  de  croire  qu'Eschine  ,  fils  d'Atro- 
mète ,  qui  est  exilé ,  qui  essuie  un  traitement  fort 
commun  dans  Athènes ,  doive  être  indigné  con- 
tre une  ville  qui  a  banni  Thémistocle ,  le  libéra- 
teur de  la  Grèce;  contre  une  ville  où  Miltiade  [5] 
est  mort  en  prison  chargé  d'années,  parce  qu'il 
était  redevable  au  trésor  d'une  somme  légère. 
Mais  je  pense  qu'il  sera  vraiment  honorable  pour 
moi ,  chez  la  postérité ,  d'avoir  reçu  le  même  af- 
front que  ces  grands  hommes,  d'avoir  été  jugé  digne 
d'éprouver  le  même  sort. 


LETTRE  QUATRIÈME. 


(jkttb  lettre  est  écrite  à  un  citoyen  d'Athènes,  qui  se  mêlait  du  gou- 
vernement, et  qui,  étant  fort  occupé  des  affaires  publiques,  n'avait  le 
tems  de  songer  ni  aux  poètes  ni  à  la  poésie.  Elle  parle  de  la  noble  origine 
d'un  nommé  Cléocrate,  citoyen  de  Rhodes,  par  qui  Eschine  avait  été 
fort  bien  reçu. 

J:  uisque  vous  voulez  savoir  quel  est  Cléocrate,  je 
vais  satisfaire  votre  curiosité;  mais  il  vous  faudra 
essuyer  une  longue  narration  ,  qui  vous  fera  peut- 
être  repentir  d'avoir  été  si  curieux.  Cléocrate  n'est 
pas  celui  de  tous  les  Grecs  dont  la  naissance  soit 
la  plus  obscure  ;  et  vous  en  jugerez  de  même  ,  si , 
par  hasard,  vous  avez  entendu  parler  d'Ariphron, 
issu  de  ce  Damagète,  dont  le  grand  Pindare  fait 
l'éloge.  Vous  pourriez  paraître  ridicule  si  vous  de- 
mandiez quel  est  Pindare;  vous  devez  l'avoir  ap- 
pris avec  moi  chez  Mantias ,  notre  maître  commun  ; 
ou,  si  vous  ne  vous  rappelez  pas  les  leçons  de  Man- 
tias ,  vous  entendez,  du  moins,  Ménalippe  répéter 
sans  cesse ,  dans  les  assemblées , 

Athènes  ,  l'ornement ,  le  rempart  de  la  Grèce  ; 

ajouter  que  ce  vers  est  de  Pindare ,  poëte  Thébain  ; 
que  ses  compatriotes  lui  avaient  imposé  une  amende 
pour  l'avoir  fait;  mais  que  nos  ancêtres  lui  ont 
rendu  le  double  de  la  somme ,  et  qu'en  outre  ils 
lui  ont  érigé  une  statue  d'airain,  qui  subsiste  en- 
core de  nos  jours,  devant  le  Portique  Royal  ;  que 


EflISTOAH   TETAPTH. 


JLnEIAH  croi   <5bx,g7  mtâainaSûLi  rcgpi   KAgoxpot- 

T0U$,    'oGTlÇ      i(TTlV     0     KXîOKpCLTK      ûOCOUg.     TlùLlHTVI 

yctp  on  Trpo/jcct  7roAv/7jrpoL'/[xoycùV ,  ouo  a^st  -zzrpiv 
fjLoLKpciç  clkovœcli  ^iv\yv\<rtoùç.  To  juuv  yap  yg'vos  eorîv 
cc7Toivtû)v  ûtvcfyûJV  EAA>iV0v  oux  ev  cupavgo-ToiTo/s,  'As*- 
(ppovot  roy  g'x,  AaLfJLcLynTov  ù  "Wov  wvvd-cLVoiOy  ov  jcgu 
o  fjLiyctç  ctipu  llivobtpo?.  'AAA'  ÔVûjs  /x»  ygAûrra, 
ocpA/o-x.ccvH?    (^tûTv    oot/s    eVnv   o    rLvoVpos*  tout* 

fJLVJ    yctp    OlfJ.CLl    OTl    XCLl    TTctpcL    MWTlcL   Tût)    ypaLjJL* 

~     »/  »       f  */       .  .  \  /  \ 

jU.CCTJOTtf    Ot^flC    g^-tOi    TTOTS  l\JLCL$riÇ    TO    ypoL[XfJLOL'    X.OU , 

g/  pt&vo;  gT/  tû)v  Trapot  MotvTioL  fJiv>i/x$vgug/£  ,  gy 
yoîTv  Tût7^  g3tx,A>jo-tct^  MgAccvtTrTiot;  gjtcco"TOTg  cocoug/s 
AgyovTos,  ((A/Tg  Aiw&pcLt  x.cu  cLOtdiixoi  EW&iïoç 
îpiKTixaL  'ASovct/,))  >cai  ot/  rLv<3tyou  tou  0»£ct/ot/ 

TO     gTTOS    TOUTO    UTZl    AgyOVTOS  ,    3CCti     OTt    tCyfJUùHTOLV 

HVTov  0h£&7o/  touto  ?«roj>]<rctvTct  TO  gVo£,  o/  J^g 
vfjLtTipoi  -Œrpoyovoi  JWAiîv  ccuto  thv  Ç^ictv  <*/7rg- 

(WctV,     /LtgTOt     TOV     gfJCOVJ    ^CCAxiT    'n/JDKTflli"     jcou     >iv 

gu/t»  xcci  gis  >5^otV  gTt ,  TTpo  T>iV  BaunAgfou  Stoocs, 


254  jUZXINOÏ  EnïSTOAAÎ. 

X&BYlfJLiVOÇ  hiïv{JLCLTl  X,Ctl  \vpCL  0  YllV(ïaLpOÇ)  S^lCUkîML 
6^Û)V,    JCCU    €71*    1M    yoVGLTCûV    OLVèlMytXZVOV    /SibA/OV. 

Oùroç  S'y}  o  Ylivùctfos  Act/xay»Tcv  eiùa  ôce?vov,  tis 
ov  cLVcLXîim  to  KAgox.p cltous  yevos.  iuye/  dxg  ïzrov 
O  AUTOS  YlimcLpOÇ  -HCLI  tol  wipi  tovç  Aictyoptiovç  , 
JCGU    TCt    7Tgp<    TMV    ^pg<X^t>TJV  ,    Y\S    TO    [MTpUQV    CLVTQV 

ytVQS     CLUTiTûLl.    K.CLI ,    gl    /JL»    (TtyodpcL    yfolV    urOlYlTCOJ 

t     i  v  \        \     y  a.  n-  y 

U7Tgp(PpOVCt    OVTot    (7g  ,    XOLl    TcL   CLyopOLlCL     TcLVTOL     XOLl 

TCt  CU7Co\î<TCUTcL  y\(JLCLÇ    eWlTïlfovfJLCLTcL  ^CoTAAoV    7Igpf- 

gTrovTct ,  x,civ  ewro^pflv  JsrgAa^iêctvoy  <7g  vTsrofiinla'OLi 
fxovov,  tcc  'ZiTcpi  rot/s  A/cc,yopg/oi>£  uwûùv  gTtîi  ^/vacîpol>• 
vtTv  J^g  oioct,  or/  p.ar>iv  (roi  Towniv  thv  Avp&v  Ag£o- 
^w,gy.  Aox.g"T  gvv  txoi  ctvatyxvi  tivcu  friv\yy\<TcL<r§au  (toi  to 
fimyyifjLcL  tovto'  a^ioy  yctp  axovacLi  ,  ti  jcgcj  (jlv\  Tipocr- 
Sxov  KAgojcpotTg/.  ÀeygTcu  yctp  woTt  yvvvi  vrpiŒ&v- 
Tiç,  OAy/z7r<oto-/  na.pt\Qov<roL  uç  to  <rzcLÙtov9ia'coLVûn 
Tt  ifioi  toi$  av^poco-/ ,  jtcu  $ioL<rcL<rQcLi  tovç  ayav/Ço- 

yLZVOVÇ*   iTClGTCfJZm  J^g  OLVTU  TM   EWcLvodiKM ,    OTl 

gYoApio-g  wctp g Àâ-gTy  ecV  ro  <ttol$iov  ,  a^rojtpivcw^oLi' 

Tiy/  yctp  ccAAh  tgvto  yuvcuxj  J^oWs  xc£.u^/)io-c£0"Sg» 
»/         «   .   \      f/  \  /  \  » *         i 

OVTûùÇ  O  .3^0$,  OTJ  XCtJ  TTûCTêpCt  3Ca/  Tpg/£  OLÔt\(Ç0V$ 
'OhVfXTllOVlKCtÇ  tyj.1  ,  Xtf,/  U/Oy  gTT*  0\VLt7TlA  ctyii  j 
TCLVTV\Ç  OVV  TY\Ç  TtrpèO-CvTldoÇ  XGLl  TOUTOU  TOV  ytVOVÇ 
aVop'pû)^  ZGTIV   0  KAg05CpctTH$#  ùù$   tGTl  [xolAAov   tccm- 

Tm  i\  clvzou  7iu3-go-3ot/. 

Kai  î«rAgî<w  ^gv  oy  (ôgvXoixcli  \zyeiv  ,  iya  /J.g,    oy 


LETTRES  DESCH1NE.  '       S 55 

Pindare  est  représenté  assis,  revêtu  dune  longue 
robe,  une  lyre  à  la  main ,  un  diadème  sur  le  front, 
et  un  livre  fermé  sur  ses  genoux.  Or,  ce  Pindare  a 
chanté  le  Damagète  ,  dont  Cléocrate  tire  son  ori- 
gine. Le  même  poète  parle  aussi  des  Diagoras  [6] , 
et  de  cette  vieille  femme  à  laquelle  tient  Cléocrate 
du  côté  de  sa  mère.  Si  je  ne  connaissais  votre  in- 
différence  pour  la   poésie,  et  si  je  ne  savais  que 
vous  êtes  entièrement  livré  à  ces  fonctions  du  mi- 
nistère public,  qui  ont  causé  ma  perte,  je  me  con- 
tenterais de  vous  avoir  dit  un  mot  de  Diagoras  ,  et 
je  vous  enverrais  les  vers  mêmes  de  Pindare.  Mais 
comme  je  pense  que  vous  ne  daigneriez  pas  même 
les  lire  ,  je  me  crois  au  moins  obligé  de  vous  ra- 
conter un  trait  qui  mérite  d'être  entendu,  quoi- 
qu'il ne  puisse  vous  faire  connaître  le  caractère  de 
Cléocrate.  On  dit  qu'un  jourune  vieille  femme  vint 
à  Olympie  [7] ,  s'avança  dans  la  carrière ,   et    se 
mêla  avec  les  hommes  pour  voir  les  combattans. 
Les  juges  des  combats  l'ayant  apostrophée,  et  lui 
ayant  demandé  comment  elle  osait,  quoique  femme, 
paraître  dans  la  carrière ,  elle  leur  fit  cette  réponse  : 
»  Mais,  quelle  est  la  femme  à  laquelle  le  dieu  ait  ac- 
cordé la  prérogative  honorable  d'avoir  un  père  et 
trois  frères  vainqueurs  aux  jeux  olympiques,  et  d'y 
envoyer  encore  un  fils?»  C'est  de  cette  femme  que 
Cléocrate  descend ,   il  est  un  rejeton  de  cette  sou- 
che ;  tout  le  monde  vous  l'apprendra  mieux  que 
lui-même. 

Je  n'en  dirai  pas  davantage,  dans  la  crainte  de 


256  IETTRES    T)'eSCïIÏNE. 

paraître  moins  avoir  voulu  vous  instruire  de  l'ori- 
gine de  Cléocrate ,  qu'avoir  entrepris  ,  à  l'exemple 
de  Thrasymaque,  qui  a  chanté  les  louanges  de  son 
hôte,  de  chanter  celles  du  mien,  et  de  lui  témoi- 
gner ainsi  ma  reconnaissance  pour  le  repas  magni- 
fique qu'il  m'a  donné.  Je  me  contente  de  dire  que 
si  la  vieille  femme  eût  connu  notre  Cléocrate ,  elle 
aurait  été  plus  glorieuse  de  lui  que  des  cinq  vain- 
queurs aux  jeux  olympiques. 


aiexinoy  EnisTOAAi.  257 

Hnvv<rcu  <roi,  ôVgp  yi^icû<tolç,  oœtiç  io-tiv  o  KAgojcpctTi^, 

axrffgp  koli  ©pcKTvacL'^oç  tov    Çêvov ,   <ruvTgTcr£3cn , 

7LÛLI      CLWOTWtlV     TCLVTM     T/)V     %<*fJV     TOI»     \&[JL7rpCdÇ 

î<tïiûl<tzcu  ,  Jmo>.  Too-outo  fjavroi  giTo/^  eu ,  ot/  >j 

ZtTpiO-^VTlÇ    iX.et)lYI  ,  il   TODTOV  gyv&îtg/  TOV  KAgOJCpcCTJjV, 

sroAu   <xv  //ctAAov  g?zn   roura,   »  gsrt  to/s  argvTg 


'OAujUsnovotcus,  go-g/jivuvgTo. 


i.  m 


'7 


EniSTOAH  riEMIITH. 


•*>:>«* 


oie  cL^iyixîBctuç  Pocîbv,  7CoLpœv  gTt/^sv  (aAAo,  Tiep* 
Ajv^ov  >iv),  ovtî,  î7toLn\Bcùv  tiç  'Poovov,'7rgptTTtfk  y\<jyn- 
viatv  Yifxxi ,  g^ûa  àv\  tov,tol  xoiva.  ravra,  vrpoaTûL^oLi 
Àeyg/v   u    Tivccv    %pwÇo/*£V  o  J^e  KAsojcpoti^  ov& , 

/U-0,  TOUS   SîOVÇ  ,  l7Cl<JTU\cJLl  (TOI   <Tll7û£.^>]V    OtV  aUTctp- 

x,û>s  t»v  Jnepbo\yjv  ty\ç  (p/AcaSpamcts ,  oo-y  yti^yrcLi 
*7rtpi  ifjn,  Koli  ycLG  oixicw  TrcLpta-MuaLat  [loi  <ry>[j.o(Tiq, 

^ùBwcLl  y  iLf  %CôpiQV  h  KoLUiipœ,  £  CLVTOÇ  £i  l7rifJL-^M 

y\fJuv  tcl  t'7nTYi(ïîia.i  39  ti$  îvlolvtqv  clqSovol  ,  ovx  l/xoi 
ju-ovoy,  aAAoc  59  TguSpavn  39  'OTrA/crr/eC  toi  /xev 
clWcLjîi  39  cpauÀorgpot  tojv  A3-»vw/v,  io-rtep  fAcuov  39 

^t€Al  ,  OtAA*  OtûJV  *7rcLpO)ITCùV  OVOtV  OUI  TûTv  î)Lt7  £Z71.JZIY\- 

jjLVi'  oivov  yi  fJLW  39  TioÀu  cLueim  rou  tc&o    v/xïv ,  xj 

6JC    (TTpo(otAOU   Ct^tf.    3C,    OLAiVpM   39  CtpO)[J.aLTCCV    m7T0lï]' 

I       »        I  I  f     \      I  I 

[J.ÎVCL     eV     TU7r0l£    TpcLyY\(JLcLTcC    CûV    30,     Kî-OfJLQOL     <T0/. 

Taurei  JV  >Îjlu  v  tvnfJL'^î,  39  Ttvpœv  utêijtivovç ,  oaoïç 
ey®  iMdifivois  oJ%  ottûj*  IpMTov ,  £\\cl  39  ttolv-clç 
Ko9ûhci<3!xs  Jx<ccpx,eTv  iv  iivvcLfiw ,  39  toAAa  j^e  iAAct 


LETTRE  CINQUIÈME. 


J )  a.  pr  s  cette  lettre ,  Eschine  expose  la  manière  obligeante  dont  il  a  été 
accueilli  par  Cléocrate.  Il  fait  l'éloge  de  la  sagesse  de  ce  même  Cléocrate  ; 
il  se  trouve  heureux  de  vivre  avec  un  tel  homme  :  cependant  il  ne  peut  dis- 
simuler  que  son  exil  lui  cause  quelque  peine.  « 

«fi  lia  de  s,  sur  lequel  vous  comptiez  le  plus, 
n'était  pas  à  Rhodes ,  à  mon  arrivée  ;  il  était  à 
Linde  [8],  et,  à  son  retour,  il  ne  m'a  point  mer- 
veilleusement accueilli;  il  ne  m'a  fait  que  la  poli- 
tesse commune  de  m'envoyer  demander  si  j'avais 
besoin  de  quelque  chose.  Pour  Cléocrate ,  je  ne 
pourrais  vous  marquer  toutes  les  attentions  qu'il  a 
eues  pour  moi.  Il  m'a  fait  donner  par  la  ville 
une  maison  et  une  terre  à  Camire.  Il  m'a  fourni 
lui  -  même  des  provisions  suffisantes  pour  une 
année  ,  et  non  -  seulement  à  moi ,  mais  encore  à 
Teuthras  et  à  Hoplistie  [9].  Quoique  les  denrées  de 
ce  pays  soient  inférieures,  pour  la  plupart,  à  celles 
d'Athènes  ,  telles  que  l'huile  et  le  miel  ;  elles  sont 
néanmoins  assez  bonnes  pour  qu'on  puisse  se  pas- 
ser des  productions  de  l'Atliquc;  le  vin  est  beau- 
coup meilleur  que  le  vôtre.  Il  m'a  aussi  envoyé  de 
la  pâtisserie,  faite  de  pignons  ,  de  farine  et  d'épi- 
ces,  dont  je  vous  ai  fait  part.Voilà  ce  que  j'ai  reçu 
de  lui ,  et  du  blé  en  si  grande  quantité  ,  que  je 
pourrais  en  nourrir,  avec  moi,  tous  les  Cothocides. 


260  LETTRES  d'eSCHïKE. 

Il  a  ajouté  encore  bien  des  présens  de  cette  nature, 
que  je  ne  vous  marquerai  pas  ,  dans  la  crainte  de 
paraître  entrer  dans  des  détails  minutieux.  Faire 
grand  cas  de  petites  choses ,  c'est  la  marque ,  je  le 
sais  ,  d'un  petit  esprit  ;  j'avoue  ,  toutefois  ,  que  je 
suis  sensible  aux  moindres  marques  d'amitié.  Je  ne 
puis  taire,  par  exemple,  que  Cléocrate  nous  four- 
nit d'excellens  morceaux  de  sanglier  et  de  chèvre 
sauvage.  Mais  ,  ce  que  j'estime  bien  plus  que  ses 
présens,  il  est  lui-même  tous  les  jours  avec  moi  » 
et  m'insinue  sa  sagesse ,  fort  supérieure  à  la  mienne. 
Ce  que  j'ai  appris  par  le  malheur,  il  l'évite  par  de 
sages  précautions,  instruit  parla  raison  ,  et  non  , 
comme  les  insensés, par  l'expérience  :  il  ne  se  mêle 
pas  du  gouvernement.  Enfin,  le  seul  Cléocrate  me 
tient  lieu  de  toutes  les  autres  villes  et  de  tous  les 
autres  hommes,  au  pointque  je  trouve  des  délices 
dans  ma  disgrâce  ,  et  qu'il  me  semble  que  c'est 
commencer  à  vivre  que  d'être  dégagé  de  toute  ad- 
ministration publique.  Oui,  je  suis  si  satisfait  de 
ma  situation  présente,  que  je  m'applaudis  d'être 
délivré  de  la  passion  de  gouverner  l'état ,  comme 
d'un  maître  dur  et  féroce  [10];  ainsi  que  Sopho- 
cle, déjà  vieux,  le  disait,  à  ce  qu'on  rapporte,  d'une 
autre  passion.  Lors  donc  que  la  raison  domine  , 
je  me  trouve  très-heureux  par  mon  exil.  Mais  9 
quand  je  pense  à  mes  amis  d'Athènes ,  à  mes  pro- 


AISXINOT   EniSTOAAI.  2Sl 

~po$  toutou,  et  ypcKfgiy  aLKryjJVofÀdi ,  /vec  /x>»  -r/va, 
^yAovv  gpiv  jUUîtpoÀoy/cty    ^0^0.    To  /U.6V    yap    Tct 

vos  s/voti  <p*i/4*  39  d/7rgipo>cc<A/cts*  (piÀocppoy^otT^y  <rg 
59  [iiKpw  7iavu  gya>yg  »TTao-^ct/  ofJLoAoyœ.  YlcLpt'Xjci 
S^t  y/juv  %  «xAÀct  x,c<AÀta>,  <ri/û)y  Tg  ctypiaîv,  ^  cfys- 
x,ct(?<ay  T^y  TrepotGgy  cl7Co\clu<tijlclt<C  îti  £"î  ^  ccutos 
jÎjluv  (7i> vg<rTJV  oayifÂtpcu  ,  xou  fjLtTaiMaxri  ty,ç  olvtov 

(TOQl&Ç ,     y\    (TOQûûTipcL    »     KCLJ      YjfJLcJLÇ    iVTlV.      A     y&p 

iyco  ttolBcûv  tdidaLyd-yv ,  tclvtcl  npiv  ttùlBuv  (puÀoti- 
Tgrcu,  <xo<p<ct,  jcou    oup£ ,  aa7Ctp  01  (*,<Çponçy  impct 

S^lÔaLCnLOfJLiVQÇ*  OV  yctp  TïoAlTiVîTcLl.  KoLl  octov  y 
fTZl    K\iOJtpcLTîl  ,    QvdtfJLlÔLÇ    Tto\tCù$    €t\\y\ç  ,    OV&  M- 

Spa^r^v    i7r$u[iûû,    olWol     39    aQoâpoL     CL<7(JLÏJi£g)    t>T 
av/JLtyopei)  koli  ûtp%>i  JWg<  /ttot  tou  /3éou  îJ  otVctÀ- 
Àcty>i  tas  ccutoS-j   7icA<rgtoc^.  Kct/    ovtûj  ixey  uVep- 
cLyoLTCœ    tol   TtrctpovTai  9  jcot/,  07TiG  (p<x<n  2,o(psx,Àeat 
tiÙ'a  yipovTct,  V7np  olAAk  idonç  tînt??,  cùvkip  xuvoç 

AVTTCÛGYIS,  CC7T)lÀAût^3oL/  71*0X6  T>JS  TOtT  TTOÀJTgUgO-OiX/ 
u'dbvïs   S^OKGû  ,   XOLl  ,    OTOty    0    VOUS   tWlTcpcLTljl,  TpKTtvÙûLl- 

julûjv  gyojyî  ifJLOLVTœ  tus  <pvyy\s ,  >jv  (Qwyoù ,  Çoldio/xcli' 
oToty  JN'  etiî  waArj  woriASy  (xoi  Xoyi<Tuoç  Tg  x,ct< 
yvo>/x»  to?v  ctfroji,  oi»p^  g-cup0V  ta,ovoy,   otAAot   x.ct< 


262  yUZXlNOY  EniSTOAAl. 

cvyytvcùv ,  xct*  gxxÀijoms ,  xct*  Ko\vttqv  ,  ev  œ 
Tievre  xj  TgTmpctxoyToc  et»  a?oi<rot,  *j  tou  AÀycn 
%û>ptou,  jccci  T^y  exet  /xoi  \jlizcl  cov  Xj  QiAivqv  âict- 
Tp/bay  yevo/xevû>v,  jLUTctppfci  cwrctv  to  cu/^cc  ctÀAoere 
?roi  tov  ŒnAoLy)(vw7CcL\iv  ,ytaa  (JLOl  J^wotê  x}  Àoiufc- 
p/«./ ,   a/s   ÉÀojoopoupjv  u*7ro   A>ijU,oa"5gvous  >  nAcfTcti 

(fSvTGÇ    lyiXcLGl    TrOùTTOTî. 

AÀA&  yocp  ciàjs  ^uev  »/i<y  aotxptwv'  ffu  a  euTup£ow£> 
59  ^>i  jxovov  TToÀtTetoty  «//rcca-oty ,  clWcl  ^  Ae7iTiv>tv 
(fsuye,  or/  Trpos  ti/âcls  iyt%  (p^Àot^re^^oya^,  xoc* 
or/  tclWol  toiouTos  gVr/v,  otou  Tep/eTyst/  /^ev  jutj- 
âcvo?  Àot^TipoTgpov ,  >iTrao-9c&/  <^e  ctâb^oTaTov.  Kcu 
/■xclKigtcl  fxev  '7jupcuvS,  (peuyg  ras  /^r'  cujtqv 
JWTpiêas'    et   «K  ctù   <rvn\$y$  ex   tu^^,  x}    xaG' 

y)fJLM     XîyOl     Tl  ,    -TTS/pS    GICÛ7CCLV  y    iv    to%w$  y    xet< 

ysÀccv.  AÀÀ*  0  /xev  S^iùcùgiv  ccxo^Sgolv  J^jxhv  t<5 
srcccrty  cLvfyû)7roi$  xai  yeÀ^ro?  e/vcu  JWe/v  ct^ct 
59    {jagovs   olçios'     vu    <JNe ,    et    ^    kcwv    cpobH   t>?v 

^CtÀotTToLV  ,    a(p/X0t0    7Tc6p     ^3,$    7TOTg  ,    XOCt    TTOLpcL- 
^     \  \      r    ~      >^~  >  /  / 


LETTRES    d'eSCHLNE.  2Ô3 

ches,  aux  assemblées ,  au  bourg  de  Colytte  où  j'ai 
demeuré  quarante-cinq  ans  ,  à  ma  terre  d'Haies  , 
aux  entretiens  agréables  que  j'y  ai  eus  avec  vous  et 
avec  Philinus,  tout  mon  sang  se  trouble  et  reflue 
d'un  autre  côté.  Je  regrette  Athènes  ,  et  j'aurais 
même  du  plaisir  à  y  entendre  les  invectives  de  Dé- 
mosthène ,  et  ses  bons  mots  qui  n'ont  jamais  fait 
rire  que  Clésiphon. 

Mais ,  mettons  des  bornes  à  nos  larmes.  Vous , 
soyez  heureux ,  évitez  les  affaires,  évitez  Leptine  [  1 1  ]. 
Il  est  notre  ennemi ,  et  d'ailleurs  il  est  tel  qu'il  n'y 
a  point  de  gloire  à  l'emporter  sur  lui  ,  et  qu'il  y 
aurait  beaucoup  de  honte  à  lui  céder.  Si  vous  vous 
rencontrez  par  hasard  ensemble  ,  et  qu'il  parle 
contre  moi  ,  tâchez  de  vous  taire  si  vous  pouvez , 
et  de  rire.  Il  est  assez  puni  d'être  jugé  par  tout  le 
monde  un  personnage  aussi  odieux  que  ridicule. 
Si  vous  ne  craignez  pas  trop  la  mer,  venez  me  trou- 
ver; vous  vous  en  retournerez,quand  vous  m'aurez 
procuré  le  plaisir  de  vous  voir. 


LETTRE  SIXIÈME. 


L<  ettb  lettre  est  adressée  à  Philocrate,  qui  est  sans  doute  le  même  au- 
quel la  première  est  adressée.  Eschine  lui  recommande  un  citoyen  de 
Rhodes  qui  l'avait  fort  Lien  reçu,  et  qui  *e  transportait  à  Athènes  pour  y 
toucher ,  au  nom  d'un  de  ses  païens ,  une  somme  déposée  chez  un  ban- 
quier. 

À   PHILOCRATE. 

Abiston,  porteur  de  cette  lettre,  est  le  premier 
qui  m'ait  reçu  à  Rhodes.  Il  fait  le  voyage  d'Athènes 
pour  y  toucher  ,  au  nom  d'un  de  ses  parens  âgé  , 
une  somme  qui  est  entre  les  mains  du  banquier 
Charmolas.  Recevez-le  ,  je  vous  prie ,  avec  amitié. 
C'est  un  homme  fort  aisé  à  vivre  et  te)  qu'il  nous 
convient.  Traitez-le  ,  en  tout,  de  manière  à  lui  ap- 
prendre que  celui  qu'il  a  reçu  à  Rhodes ,  n'est  pas 
entièrement  dépourvu  d'amis,  qu 'Eschine  jouit 
encore  à  Athènes  de  quelque  considération ,  qu'on 
y  pense  encore  à  lui . 


EniSTOAH   EKTH. 


■**«*- 


$IAOKPATEI. 

-TjLPlSTnN    QVTQÇ  ,  0  KOfJLlfyv  (TOI     T»V  êV/ (TTO Àîjv  , 

TTÀeujce  J^g  'A5»vct,Çe  kcltol  ^îicu  mÙuttov  ytpov- 

XcLp{X0\oL.     2x,07Te/     OUV       Q7CCÙÇ     Ctt/TOV    VTToÙèjni     q>i- 

XoQpovœç.  ''Egti  S^e    Kouidiï  îvtî\v\ç  tw  S^iolitolv, 

fJLOLBy     OTl     OV    TÏCLmXOùÇ    EpY\[JLOV    (plÀ0V    V7Ci$î£cLT0  y 

ccAA'  eo"n  T/s    A5»vhowv  Aio")£ivou  \oyo$  ^  £tv»pi. 


EniSTOAH  EBAOMH.' 


THI  BOTAHI   KM    TOI  AHMHI. 

XLnTOOMHN  t<x  p>i5eyTcc  MgActvû>7ra>  npoç  vfJLctç,  59 

T>1V    lAiV    VfJLlTipcW    CiWzSt^cLfJL^    (p*Act.v5pa>7riCCV     Mê- 

AatVv»7raj  «N ,  oJjc  gVotvgAS-ajy  (jlqw  y  yojm^û)  to?s  j3g- 

ia>lXZVQlÇ    CLVTOù   7e£î7CQV<TCCJ  CLWWOùGîlV  p^Ctp/V_,    CLAAcL 

\  H  \  l%  9  »  »/ 

Ttl^OV      6Tt     X.0U     TYï$     TrOLTpUjOÇ    idZi^^iVOÇ  ,     O/40S 

ocpjceo-ûc/  ng/pao-o/^tot/.  Eyai  y&p,  a  MîAa,v07rg,  jcatct 
jtgy  tous  yo/mous  o^oXoyS  TctvTy  Méfier Soli  rn 
avfiQopcL'  <p»/ju  fjiiVToi  fZoyiQôôv  rot$  vofioiç  tolvtcl 
#7r£7rov3gvcu  ,  x.cu  wsp  toC  ixydivct  (TTtfpcLvovtrScii 
7r<x.p    clvxqvç  clycovifyfAîvoç.    EfAQi    4agv  oùv  ro   J^g- 

JuffTU^WMVXl     -TroA/Tgl/O/XgVW    ÎCO/VOV     HTTl    rtfOÇ    0g- 

^o-TojcAg'o,,  39  'Apj<rrej<?»jv,  59  &AAot/$  ttoAAous  tgjv 

XcLjJL-GrpQTdLTûôV    TffOTî     6V   TU    7to\ll    yWQfJLMOùV    CTOi  & 

ro    pè'Xjpi    f*€V  %Sg$   39  7rpa»iv ,  &e<rfjLo$êTovvTo$  v\dv 

~  f  \  I  I  r\  >  ~ 

GOV,     WpOcŒTOLVOLl     TtfV      /JLTlTlfOL  ,     Tp<$Jxg      ifl7rî(TîlV 

\  1  ~      »  V      f\  '  \    f\  *    •  _ 

TOV  TTcCTÉpct    (TOU    £15  TO     dTîVfJLQTYlflOV  ,    0"g  d  g  ,    ^p*- 

3gVTct  JW^/Awv  iïpcVfcfJLav,  jÏTaepwcevfltf,  to;s  7:gpj 

Ti^tOtp^OV      VgO/£     3C0/VO.     TOLVT       g/V<*<,     OU    TO  5     TTgpi 

0g£U<rro3cAgo, ,  >^  'AptcrrgfoV  roy  £ik<uov  vnoAct.fi- 


LETTRE  SEPTIÈME. 

Cbite  lettre  est  adressée  au  sénat  et  au  peuple  d'Athènes.  Je  croîs  que 
c'est  une  de  celles  qui  sont  supposées,  et  qu'elle  a  été  faite  sur  le  modèle 
delà  lettre  de  Démosthène  contre  Théramène,  par  quelque  écrivain  qui 
a  voulu  s'exercer  à  écrire  dans  le  style  d'Eschine. 

AU  SÉNAT  ET  AU  PEUPLE  d'AtHENES. 

J'ai  été  instruit  des  discours  que  Ménalope  avait 
débités   contre  moi,  et  je  suis  fort  sensible  aux 
marques  que  vous  m'avez  données  de  votre  bien- 
veillance. Je  me  flatte ,  quand  vous  m'aurez  rap- 
pelé, de  pouvoir  lui  témoigner  ma  gratitude  d'une 
façon  qui  réponde  à  sa  vie  passée;   et  peut-être, 
quoique  éloigné  de  ma  patrie  ,  pourrai -je  encore 
réprimer  son  insolence.  J'avoue  ,  Ménalope  ,  que 
j'ai  éprouvé  ma  disgrâce  conformément  aux  lois  ; 
mais  je  dis  que  c'est  en  défendant  les  lois  que  j'y 
suis  tombé  ,  en  m'opposant  à  ce  que  personne 
ne  fût  couronné  contre  leurs  dispositions.  Avoir 
été   malheureux  à  la  tête  des  affaires  ,  cela  m'est 
commun  avec  Thémistocle  ,    Aristide  ,  et    mille 
autres  citoyens  célèbres.  Mais  être  fils  d'une  mère 
qui  s'est  prostituée  dernièrement  ,  quoique  vous 
fussiez  déjà  thesmothète  [i  a]  ,  et  d'un  père  qui  a 
été   mis  trois   fois   en    prison  ;   vous  être  vendu 
vous-même  pour  le  crime  au  prix  de  deux  mille 
drachmes  ;  cela  vous  est  commun,  je  pense  ,  avec 
les  jeunes  libertins  de  la  troupe  de  Timarque  [i5], 
et  non  avec  Thémistocle,  ni  avec  Aristide  le  juste. 


Î68  LETTRES    DESCHINE. 

Mais  ,  Athéniens  ,  je  raisonnerai  avec  Ménalope 
de  vive  voix  ,  cfuand  vous  le  jugerez  à  propos. 
Maintenant  je  vous  rends  grâce  de  l'intérêt  que 
vous  avez  témoigné  pour  ma  personne,  interrom- 
pant par  vos  cris  et  refusant  d'entendre  ceux  qui 
me  déchiraient  quoique  absent.  Il  serait  m  ieux  pour- 
tant ,  il  serait  plus  juste  que  vous  me  permissiez 
de  répondre  moi-même  aux  invectives ,  en  décidant 
pour  moi  ce  que  vous  avez  déjà  décidé  pour  tant 
d'autres  qui  avaient  commis  envers  vous  les  délits 
les  plus  graves.  Sinon,  je  vous  demanderais  une 
seconde  grâce,  c'est  de  souffrir  qu'on  dise  du  mal 
de  moi  tant  qu'on  voudra  ,  plutôt  que  de  faire 
soupçonner,  en  refusant  d'entendre  ceux  qui  me 
déchirent  et  en  paraissant  m'être  favorables,  qu'il 
y  en  a  plus  sur  mon  compte  qu'on  n'en  pourrait 
dire. 


AISXINOT  EniZTOAAI.  2^9 

Êfltv».  'AAAot  MeAcW7tti>  /mv  <tvd-iç ,  lav  J/iTv  ttotI 

iv  d'TrovTi  [loi  TreLpW^za-Qi ,  â-opuÊoîTyrg^ ,  jccu  /^w 
3eAovT€$  dxpoSicrQcLi  t£v  XoidopovvTM  rf/xstk,  :roAA>iy 

%ûtOIV  g^ûJ.  AlfcOt*0T€pO¥  fJMTOl  XCLl  i']ULg/V0y  JJV  g/AûtU- 
TOV  tZO-CLl  'iïpoç  TQVÇ  AOlOOpOVVTCLÇ  Atyuv ,  •v^UÇ/CeC- 
[jlivovç  y  i  'XqWclkiç  tcqWoiç  îî'oV)  e*Np»^t(T0CO'-d-6  ,  Tût 
fjLîyi(TTai   oLfjLcLpTouatv    nç  v  fiais*   et   J^e  ^vj,   to   yt 

J^ÎVTZpOV    dv    jW)e<ïlV,   OLVi^îa^OLt    TToAu    fXoLÀÀOV    T0V 

Âo«^opoi»vTû)v  »7tsc£,  i  p£etpi£€<r9at/  &x,o3yrcts  ,  OTl  TCÛV 
HAaLaq-nfAObVTûûv  ovx,  ctJtpocurOs,  [lu^a  tjjv  uVo^cw 
tm  S^vicL/itmv  ÀeyeaOcu  mttiv* 


EniSTOAH   OrAOE 


SY  jULgy  ovfortcù  39  vu  y  olÇi^cli  tfpoç  Hffc&£,  d\\oL  tloli 

VO<TOV$  ,  ^  S^rAOLÇ  ,  39   'XQLVTCl  fCoAAoV     T0t7    |Ut>}    /2oL»À6- 

ff9ot«  eÀ0g7y ,  irpoç  y\fjLoiç  ûliticl*  Nikiolç  J^e  ctipïx/rcLi 

TtTCLKcLl  £  *Av<îjpûW<î<XS.    E<    jUUV  OUV    VUV  yg  (TV v     $i\im 

crUcti  repos  n^txs,  TcLyjt  eu  îiyv  oroi  en  &7COAoyicL)  koli 
\vSuy\  0  7To\îijloç'  tt   J^e  oo'eîe  <xov  g?tetv6)  S^iiymiuLÇ 

<r9ot/, .gyto  <rg  a/7rct£  avtcwo/Jiai. 


LETTRE  HUITIÈME. 


\j  ht  k  lettre  et  les  deux  qui  suivent,  ne  portent  point  les  noms  des  per- 
sonnes auxquelles  Eschine  les  adressait.  Cette  huitième  lettre  est  éerite  à 
un  ami  qui  avait  promu  de  le  venir  voie  et  qui  ne  tenait  pas  sa  parole. 

V  ou  s  n  êtes  pas  encore  venu  me  voir;  vous  vous 
rejetez  sur  les  indispositions ,  sur  les  procès  ,  sur 
tout  enfin,  plu'.ôt  que  sur  le  défaut  de  bonne  vo- 
lonté. Il  y  a  déjà  long-temps  que  Nicias  et  Andro- 
nides  sont  venus.  Si  vous  avez  résolu  d'accompa- 
gner Philinus,  qui,  à  ce  que  j'apprends,  doit  faire 
le  voyage ,  peut-être  vous  permettrai  -  je  de  vous 
justifier,  et  notre  querelle  sera  terminée.  Si  vous 
ne  partez  pas  encore  avec  lui,  vous  m'écrirez  tou- 
jours que  vous  viendrez,  mais  votre  ami  ne  se  fâ- 
chera plus  qu'une  fois. 


LETTRE  NEUVIÈME. 

Hé  se  hi re  ,  dans  cette  lettre ,  rend  compte  à  un  ami  de  l'acquisition  qu'il 
a  faite  d'une  terre. 

Je  suis  passé  à  Physque  [i4]  ,  et  je  me  suis  tenu 
tranquille  tout  le  jour,  non  par  indolence  ,  mais 
parce  que  mon  asthme  paraissait  augmenter.  Com- 
me il  a  diminué  pendant  la  nuit,  et  que  je  me  suis 
trouvé  mieux  ,  je  me  suis  rendu  aux  Sablons  ;  j'ai 
vu  la  terre,  qui  m'a  paru  belle  et  assez  variée.  Des 
plants  d'oliviers,  beaucoup  d'arbres,  grand  nom- 
bre de  vignes,  encore  plus  de  blé  ,  de  beaux  pâtu- 
rages ,  mais  point  de  logement  ;  les  bâtimens  sont 
en  ruine.  Myrodine  m'a  fort  bien  reçu.  J'ai  acheté 
la  terre  deux  talens.  J'y  bâtis  maintenant  une  mai- 
son, telle  que  je  peux  la  bâtir  avec  un  revenu  mé- 
diocre. D'ailleurs,  je  ne  l'habiterai  certainement 
pas  avec  grand  plaisir,  étant  privé  de  ma  patrie  , 
et  d'une  patrie  dont  on  ne  peut  se  consoler* d'être 
éloigné  que  par  l'espérance  d'yrevenir. 


EfllSTOAH   ENNATH. 


-iaoJT 


T^V  ït/MpCLV   (OV)^   Vît     CLpyicLS,  &AA&  fJLVKWiU    iVOÇiV 
»  TTepi  TO    CLGVfAdL   VCO-QÇ  )  ,   Û>£  T»V  VUîtTflC   tVtdcOM  ,   JCCtï 

pcw>v  iytvofjLWy  &cl$«icls  tiç  tw  "AfJifxoy,  i-iïdov  t&} 
Xj  cLpi7rt\ot  GvyvoLi)  Xjcraropf/Jia,  ^Ae/oycc,  Xj  vo^ucu  x.ct- 

\ùLl'   fWCtvAlOV    cPe    OUOè   jJLtTpiOV,  GtAAct  TVcWTCL   gpgt- 
î3-«flt.    'EfojrctTO    y    >?fX<££    0    MvpûMthfS    <Çl\cLvBpa)'®'Oû$ 

G-q>odpcL.  Tcl  fjLtvToi  'X.apicL  S^voiv  TaAotvToiv  enpicLfJLviv. 

Kdl  VUV   i7tOLV\lOV  Tt  fXV\r)^CUûùfJLCLi    TOIOUTOV  ,  oToV    l[Xy\- 
<mcït(Tit  TY&  ifACLVTOV  WoAiCCÇ ,  Xj  (JLCt.\lGTcL  TOlOLVTY)Ç9 


T.    III  l8 


EfllSTOAH   AEKATH. 


\J   J^g   KlfJLCûV  QiCL  KCLTOL   TCqXw  IkcLGTW   ^    OLtyiCt\oV 

71[jlolç  J^powcev ,  ov  wèovç,   ov  vo/jlov  <piidofjt,tvo$    ov- 

(îgVOS,    0T6     }CCtTct     d-ÎCLV    ÎIÇ     'iÀlOV   GLQtXOfJLYjV     ttfe    Tg 

yîs  59  5ccàcctt»s  !  Kcu  i  ^ev  eî&v  ctuVofli ,  7^poL<pe/v 
eVg*  JWeî  uAmv  g%av  Gt<p3oyov ,  <^û>7m<7û>•  JWo/jta, 

y CCp  ,    jJW    WOlYlTtTLYiS    Xct&OfJLWQÇ    ÇXvOLp'lCLÇ  ,      Gt^TgipO- 

x,aAeug<r9cu  J^o^û)'  rot  <N     Ki^iavos   zpyaL    xoli   rv\v 

CLTCpCLGlCLV ,   OUcf   £J    /£0/    JWct   jLCgy   y\Ôù(TGCLl  ,  J^vyOLlfJbYW 

il  I 

4Lfte<TCLl  Mycùi. 

AlCLTpi&Q'lTCûV  yOLp  jjLiœV  WOWOLÇ  yfJLZpOLS  tv  'l\!cà  9 

59  fxy}  nrAv\f)Ov[jLîvcûv  TÎiç  §tcLÇ  zûùv  TïîpycL/jLCùV  (>Tv  J^g 
jao/  yva>pt  p.êvc<y,  gû>$  ctTravrec  «mçgÀoo?  Ta  gy  tw 

gern  yeygy^gva  ) ,  ifjLrriWTn  >î|mgpct ,  g'y  f  tsrgtpayTct/ 
tous  yoLiAOvç  01  tïïXiigtoi  TûTv  SuyctTgpay ,  octcùv 
twiTpvTru  0  vo/^o?  -arc/g^v ,  ^  >î  ipet.  'Eygvoyro  J^ 
avivai  ou  ya/Jioujuigvct/.  Ngvo^uo-Tcu  J^g  g'y  TyTp0A<ft 
yJT  ta?  yctfjLovfjLivcLÇ  *7rctp5gyous  e?«n  tov  2x,et/xotv<fyoy 

gp%g<73cU  ,  39  \OVŒcLlAîVaLÇ  CLTC*  OLVTQV ,  TO  gfïOS  TOl/TO, 

ûia-Trgp  tspoy  Tf  ,   gVjÀgyg/y  AotCe  /*ou,   Sx.ct^avJjpg , 


LETTRE  DIXIÈME. 


*4*,c£- 


J  b  ne  me  serais  point  permis  de  traduire  cette  lettre,  qui  renferme  une 
histoire  un  peu  libre,  s'il  ne  m'avait  paru  que  le  caractère  honnête  et  ver- 
tueux qu'y  montre  Eschine,  pouvait  être  une  leçon  pour  nos  Français, 
qui  ne  sont  que  trop  sujets  à  plaisanter  *ur  un  article  que  l'orateur  d'A- 
thènes traite  sérieusement.  La  délicatesse  d'un  païen  sur  l'honnêteté  des 
mœurs ,  l'indignation  qu'il  témoigne  à  un  libertin  qui  s'en  moque ,  et  qui, 
en  cela,  ne  ressemble  que  trop  à  nos  petits-maîtres  à  bonnes  fortunes,  doi» 
vent  faire  rougir  la  plupart  des  chrétiens.  Au  reste,  la  narration,  du  fait 
contenu  dans  cette  lettre ,  est  aussi  vive  et  rapide  que  simple  et  naïve. 

Jl>ons  dieux  !  que  Cimon  ma  fait  de  peine  dans 
toutes  les  villes  et  sur  tous  les  rivages!  à  quel  ex- 
cès il  s'est  porté,  sans  respect  pour  les  lois  ,  sans 
égard  pour  l'amitié  !  Nous  étions  venus  ensemble 
à  Troie  pour  jouir  du  spectacle  de  la  terre  et  de 
la  mer.  Je  ne  vous  détaillerai  pas  tout  ce  que  j'y 
ai  vu ,  j'aurais  trop  à  dire  ;  et  je  craindrais  qu'en 
imitant  le  babil  des  poêles,  je  ne  parusse  vous  en- 
tretenir de  bagatelles.  Mais  je  vous  parlerai  des 
beaux  faits  de  Cimon,  et  de  sa  pétulance  contre  la- 
quelle je  ne  pourrais  jamais  déclamer  avec  assez 
de  force. 

Nous  étions  à  Troie  depuis  plusieurs  jours  ,  et 
nous  ne  pouvions  nous  lasser  de  voir  ce  que  cette 
ville  offre  de  curieux  ;  j'avais  résolu  de  m'y  arrêter 
jusqu'à  ce  que  j'eusse  rapproché  tous  les  vers  de 
l'Iliade  de  chacun  des  objets  dont  ils  parlent.  Nous 
tombâmes  au  jour  où  la  plupart  des  habitans  cher- 
chent à  marier  celles  de  leurs  filles  à  qui  la  loi  et 
l'âge  le  permettent.  Il  y  en  avait  un  grand  nombre 
dans  ce  cas.  C'est  une  coutume  dans  laTroade  que 
les  filles,  sur  le  point  de  se  marier,  viennent  au 
Scamandre ,  et  se  baignant  dans  les  eaux  du  fleuve , 
prononcent  ces  paroles  qui  sont  consacrées  :  Sca- 


2~C)  LETTRES  d'eSCHINE. 

mandre ,je  t'offre  ma  virginité.  Une  jeune  fille, 
entre   autres  ,  nommée    Callirrhoé  ,   d'une   belle 
taille  ,  d'une  naissance  distinguée ,  vint  au  fleuve 
pour  se  baigner.  Je  regardais  de  loin  cette  céré- 
monie avec  les  parens  des  filles  et  le  reste  du  peu- 
ple ,  jouissant  du  spectacle  de  la  fête  autant  qu'il 
est  permis  aux  hommes.  Notre  honnête   homme 
de  Cimon  se  cache  dans  les  herbes  du  Scamandre , 
et  se  couronne  de  roseaux  :  c'était  un  piège  tendu 
pour  la  circonstance,  un  tour   qu'il  avait  médité 
de  jouer  à  Callirrhoé.  Celle-ci ,  je  l'ai  su  depuis ,  se 
baignait,  et  prononçait  les  paroles  ordinaires  '.Sca- 
mandre ,  je  t'offre  ma  virginité.  Le    Scaman- 
dre Cimon  s'élance  des  roseaux  :  Scamandre ,  dit- 
il ,  reçoit  te   présent  de  Callirrhoé;  il  veut  la 
combler  de  biens.  En  disant  ces  mots,  il  enlève  la 
fille  et  se    cache  ;   mais  l'affaire    ne   resta    point 
cachée. 

Quatre  jours  après ,  on  faisait ,  en  l'honneur  de 
Vénus  ,  une  procession  à  laquelle  assistaient  les 
nouvelles  mariées,  et  dont  nous  étions  spectateurs. 
La  jeune  Callirrhoé  aperçoit  Cimon  qui  regardait 
avec  moi,  fort  tranquille  ,  comme  quelqu'un  qui 
n'eût  fait  aucun  mal  ;  elle  se  prosterne  à  ses  pieds  » 
et,  se  tournant  du  côté  de  sa  nourrice.  Voilà,  dit- 
elle  ,  ma  nourrice,  le  Scamandre  à  qui  j'ai  donné 
ma  virginité.  À  ces  mots,  la  nourrice  se  récrie,  et 
par-là  toute  la  fourbe  se  découvre. 


:XlNOT    EniSTOAAT. 

tw  wcLpQevicLV.  'Ev  JS?  touç  olAAcliç  KctAAippo» 
ovo/ict  ^aroipS-gvos  ynycL\y\ ,  <7r<tTpo?  <Jxg  tûjv  gz«r/(pet-  , 
y«y,  gTn  Toy  totcc^ov  wte  Aou<ro/*ev».  Kcti  >ifxg<s  cc^ict 
re  toTç  oiKitois  t«v  ycJLfÀOV[ièvm  x)  toj$  olAAoiç 
o%Aoi$ ,  7roppû)fc)gy  T>iy  gopT»y ,  59  Tôt  Aoirrpot  tojv 
•arctpS-gVûw  ,  m  -3-g^s  clvtoÏç  iJroùTtpo  opqLV,  «3-ea- 
^tsO*.   cO  J^g  xctAos  TtcLyaiAoç  Kifjiœv  iyTLpvnTîxcLi  us 

QaLflVQV  TOU  X)tcLfJLCL^pOV  ,  $  GTîQSl  iCLVTCV  «^OVCt^tV 
MV    <N   ctUT^    «J^Act&J    TO    CTTpotT>iyît^Ct    toÏÏto    x.cu    0 

^°X0Ç    e'£    ^p**    s®*'    T>»y    KaAA/p'po>jv    ivrpiWK. 

AoVQfAiVyÇ    J^ê,    X,GU    TO   e<05o$    gTTOS,    «V  fltTCL  TOLVTOL 

tirviïofiw  ,  Agyouo->j$,  Aaêe  juou  ,  S&ct^ctvtfps,  w 
tirapGgvictv,  ex,9opû>y  ex,  T<ïy  8a/*vû>y  0  2x.ctju,ctv$pos 
K/^ay/H&W,  t<Qn ,  frî'XoixcLi ,  jcccj  Actjx£avû>  K&A- 
Atp'poîiv,  2x,etjLfcflCV<3jpos  àv ,  xa/  7roÀAoc  ctyaôcc  ttowicû». 
T<xur&    OL/J.OL    Aeyay ,    x.cli    ap7COL(raLç    T>jy  ttcJocc, 

CL<$CLVY\Ç    yiViTcLl,    Ou     [JWJ    7LOLI    TO    WpOLyflCL    CLQcLHS 

yinrcLi  ocAAa.  TgTTctpo-jy  t/<7Tgpov  >ifxep<x/s  tzù{jl7S'y\ 
/xev  »v  A(ppootT>i5  ,  fwofÀ'Gnuov  è\  oli  vîcùvti  ys- 
ycLfJLyifjLtven  ,  x.cu  >iV^  t»v  <z«roiuî<r>iy    gGea/xeBct.  'H 

«Te  WfJLQYI  idoîjGCL  TOV  KI/40VO,,  «5  pl&y  OtUTO) 
X.COCOV    (TVVUOQTOL    CLIXCL    iU.01    d-iCùfXÎVOV ,    HTpaiMnOt  > 

jtcti ,  <*Vo£ Agiota- et  7ipo$   twv  Tpo(poy ,  'Ope£k  ,    e'<p>i  , 

TjTOtf  ,  TOV  Zx^UAVOpoy,  O)  TW  W&fîMtCLV  iOCùKX. 
KcLt  Y\   TIT§V\   CLILOVVCLCTCL,   OLUTCpOLyt ,    ?CCti    TO  TT^Îy^OL 

ex7ruo-Toy  ymrcu. 


178  AI2XINOÏ   EniSTOAAl. 

'Cïs  S^t   omctài  elaep^ofjicLiy  )tctTctAct//.botvû>   to* 

KtfJLCMCL  ,     KOLl      OIÙL      W     UX.OÇ      êpycL^OfJLOLl  ,      JtCtAÔiV 

ctW/ov,  xcli  JV  ocL/Tov  çinroXcùMvcn  Aeyav  u/Aet?» 
'O  J^e  ou&v  JV  ctuVo  goWsy ,  ouo^g  wV^uy3-)j  to?é 
WcWp&yiitvQiç>  ctAAct  pLvd-ovç  gVgêctAAgio  Agygjv 

fJLOLXpOVS,     TQVÇ    (LW<ZV T&^oBl     TpO^Sv    â£tat    S?pyct- 

«r/Jigvous   KcLTôLpiïjfJLOvixevoç.    Kcti  yctp   gv    Mctyv>io-/ot 

TCLVTO    TOVTO     TgpJ      McUCtVOfOV     TOV     TTOTot/^OV      g(p» 

ygyovgvcu  uVo  nvoç  rcov  ly.it  yg^V  ct(p'  ov ,  jccu  en 
o-^gpov,  AttûcAov  Toy  ct3A»T>iy  0  wcLTvp  tq>Yi  au- 
zoiï  ovy  iûLvrov  utov,  ctAAct  tou  Mûtictvdjpou  e/vote 
TïsiOgTfltr  3cot/  JW  touto  etuTov  outûj  ■arotvu  vofti^v 

CTCtpxitJV    Tg   JCCt<     pûJ/W   SlT    g^g<V   tWildcLV  ^g  7loAAfltS 

Aa^ûjy  ^rA^ycts  ov&eiwcLfjLMos  sçioi ,  roy  'worafxov 
ctuTa  n/isayiaeti  Agygiv ,  otc  vtxjjffets  ou  szrctTgpct 
ocv»yopguergv  ctuToy.  Oux,  otp*  cnwopei  yt  htto)[xwûç 
wpotycLVEûôS.  Kcu  t«rgp<  'EwidcLiwov  S^  ojxo:0$  TictA/v 
Kctp/«vot  g(p)j  Toy  /jLoua-iTLov  vw1  suMÔgicts  7ic7rgîV(5Gt/, 
on  HpctxAgGus  g<>i  to  gx,  l^of^ov  ytvofjLtvov  aura 
-GrcLiiïiov.  Eycù  £t  oux  iwoaâowotyjcraL^v ,  é<p>f  ctW^ 
j^g  J^tgAg^S-Jîv  treutft  ,  vwepœpœ  rt  Tiiïn  ,  jccu  Aouo- 
jlwvhv  otuT)jy  jttgTct  /jucts  ypetos  ?ô\»y.  Kct*   aAAas  ^ 

ISWLII     [XOl  y     eQYI  y    OùÇ    [IY\    WCWTCL'&CLVI     TA     6V     I\lO> 

TpcLyix.x  re  xcli    (fsêgpa  f,    î«r5t9g7y    J^gTy    xctt   ri 
vtfjLaSy  TLdLiy  o/ov  gy  fcû^a&cus ,   îîrgp!  Toy  Sxx^oty- 

fjpov  èpycuTcLtr&cU: 


LETTRES  D  ESCHISE.  2^9 

Rentre  dans  mon  logement,  j'y  trouve  Cimon  ; 
je  m'emporte  contre  lui  comme  je  devais,et,  le  trai- 
tant de  scélérat ,  je  lui  dis  qu'il  nous  a  perdus. 
Lui ,  sans  être  ni  plus  honteux,  ni  plus  effrayé,  se 
met  à  me  raconter  de  longues  histoires,  à  me  citer 
nombre  d'aventures  de  ce  genre  arrivées  à  diverses 
personnes  et  en  différens  pays,  tournant  en  risée 
des  actions  dignes  du  dernier  supplice.  A  Magné- 
sie, me  disail-il,  un  jeune  homme  de  la  ville  a 
joué  le  même  tour  auprès  du  fleuve  Méandre.  Aussi 
encore  aujourd'hui,  le  père  d'Attalus,  l'athlète, 
persuadé  que  son  (ils  est  fils  du  Méandre  et  non  le 
sien  ,  croit  que  c'est  pour  cela  qu'il  est  si  robuste 
et  si  vigoureux.  Lorsque  l'athlète  se  retire  accablé 
de  coups  et  entièrement  épuisé  ,  son  père  dit  que 
le  fleuve  est  irrité  contre  Attalus  ,  parce  qu'étant 
vainqueur,  il  n'a  point  proclamé  le  dieu  pour  son 
père;  de  sorte  qu'il  a  une  raison  toujours  prête 
quand  son  fils  est  vaincu.  Auprès  d'Epidamne,  le 
musicien  Carion  a  de  même  la  simplicité  de  croire 
qu'un  de  ses  fils  ,  né  d'une  pareille  intrigue  ,  est 
fils  d'Hercule.  Pour  moi,  ajouta-t-il,  sans  pousser 
les  choses  aussi  loin,  j'ai  eu  une  simple  entrevue 
avec  une  fille  qni  n'était  plus  vierge  ;  je  n'ai  fait 
que  la  regarder  se  baignant  avec  sa  vieille  nour- 
rice. D'ailleurs ,  pour  que  les  histoires  d'Ilion  ne 
soient  pas  toutes  sur  le  ton  terrible  et  tragique , 
j'ai  cru  devoir  m'égayer ,  et  mettre  le  Scamandre 
en  comédie. 


280  LETTRES  DESCHINE. 

A  ce  récit,  je  demeurai  pétrifié  ,  ne  pouvant 
croire  ce  qui  s'était  passé  ,  et  craignant  les  suites 
d'une  telle  impudence.  Cimon  paraissait  se  dis- 
poser à  me  raconter  une  troisième  aventure  de  la 
même  espèce  ,  sous  le  nom  de  Bacchus  ou  d'Apol- 
lon ,  lorsqu'apercevant  une  foule  de  peuple  qui 
venait  à  notre  logement  :  Voilà,  lui  dis-  je ,  ce  que 
je  craignais;  ils  viennent  pour  nous  brûler.  Et 
aussitôt  je  sortis  par  une  porte  de  derrière ,  et  je 
me  réfugiai  chez  Ménalippide.  De  là,  sur  le  soir,  je 
m'avançai  du  côté  de  la  mer ,  et  je  fus  porté  vers 
une  certaine  hôtellerie  par  un  vent  auquel ,  en 
vérité,  on  ne  pouvait  s'exposer  qu'en  cherchant  à 
fuir  le  forfait  d'un  Cimon. 

Tels  sont  les  périls  auxquels  m'a  exposé  son  in- 
continence. J'ai  cru  devoir  vous  les  mander,  comme 
à  quelqu'un  qui  en  sera  encore  plus  affecté  que 
moi.  Peut-être  cependant  ne  trouverez -vous  qu'à 
rire  dans  cette  aventure. 


AISXINOT  EniSTOAAl.  281 

Kctya)  fjuv   olWo  ovûîv  ,  v\   wot   A*j£gi   y\  roacLUzy\ 

*  /  t      ,v  \     »  /  \  /  y  .         L   '         / 

«ygyoveiV    0    <Tg   tcùx,u  x,cu  TptTjjv    AtîroAAûJvos  juto* 
xou  Atovvaov  {J.of)(îiaLV  g-zjnocçgcv,  g0$,  <Oû)V  iycù  op^Aov 

WpOClOVTcL  TM    Supclj    lOVT     €JC£f  VO,    g(p»y  ,   3CûtT0f7rp>1- 
<70VTg£     »/XCtS     WCLpiKT/      XOLl     JV    OWKrQodofAOV     moç 

îvBtœç  wpoç  MtAaLviwwifoiv  (fzvycov  û^ojtttjv  g'jceTflgy 

J^e   gV^TgpetS   t-GTl    d-cLhoLTToLV   glV    'ZOVfJLWpOffd-tV  ,   UTOL 

œs  tov  £gySy<x  ave/ta  jcocT^^^gy,  ov  ju»<?gj$  iv  àA- 

Ao$  ,  »    qtivyœv    ro    Kifx^eio'j    ayoç ,    wGrofjLtivcu 


7tr\ta>v* 


ToiOLVTOL    [XIV    TtTcLBûùVy    ètlr*    (TOI    ypOLÇUV ,    û)$    Jtflt/ 

g //.ou  o-^gtÀ/acroyT/  ju&AAoy,  a>//.)iy'  o-t>  <Pg  ocv  ix.ctvû>£, 


OlfJLOLly    yiAcLVilOLÇ. 


EniSTOAH  ENAEKATH. 

THI  BOYAHI 

KAI    T&I    A  H  Ma  I 
T&N  A0HNAI&N. 

XA  //.ev  ùlWol  diïv  vfxlv  eVi(7TeÀÀ6/v ,  wipi  cSv  iCov- 
\ofJLY\v ,  jcott  îsrpoTspov  aofiYiV  ov  y<tp  cLQypyiaScLi  yi 
tqvto  drV)(y\(TcurçL  rcov  w&p  J/xïv  JTreÀct/xêotyoy 
(ru/xÊouÀ£fe/v  J^g,  x,cu  woAvwpcLy fjLQvtïv ,  ov  fju-nçcLç 
€[ioiyt  dycp&o-icLÇ  tQaunTo  zpyov  tlvcu  ,  J^eJkjco-n  t»- 
Àtx,ctvT>iv  J^cxjfV  rstî  3roÀ<rei/£a\9u/,  ŒTÀjjV,  g/  Tl£îQt> 
jcoAouvtûjv  vfiw.  AWcùç  fiî  fjLYidî  pciâiaL  nai  rm 
iwiTY\àuffl)  ov%  'on  woAu ,  o-v/jlQovAîviiv  ,  à  7rpoo~- 

ÎDCg/,  ûtJOplV     U^CtV    Tg  gÛ)pû)V    OLAAqvÇ    ZIVCLI    JCC6J    Aeyuv 
3C0LI   WpcLTTElV  MVOL[lWQVÇ  T4L  JCO/VO,     JCOtTgÀ/ÇrOV  ycLp 

gvk  oAiyovç.    Ewèi  i^î  ot  ^tgy   Tgflvaen ,  aro?\Aot   J^g 


LETTRE  ONZIÈME. 

J 'ai  déjà  dit  que  je  croyais  les  deux  dernières  lettres  supposées.  Dans  les 
lettres  précédentes,  Eschine  s'annonce  comme  un  philosophe  aimable, 
qui  n'est  pas  insensible  à  sa  disgrâce,  mais  qui  la  supporte  avec  assez  de 
patience.  11  n'est  pas  croyable  que,  satisfait  de  la  vie  douce  et  paisible 
qu'il  menait  dans  son  exil,  il  soit  sorti  de  sa  tranquillité  pour  se  mêler  en- 
core du  gouvernement,  et  pour  se  mesurer  de  nouveau  avec  un  puissant 
adversaire.  Il  y  a  toute  apparence  que  quelque  habile  écrivain,  qui  avait 
étudié  son  style,  et  qui  aimait  sa  façon  d'écrire  et  de  penser,  s'est  amusé 
à  composer  deux  lettres  en  réponse  aux  deux  premières  de  Démosthène. 
Dans  l'une,  il  représente  Eschine  partisan  et  avocat  de  la  paix,  comme  il 
l'avait  toujours  été,  exhortant  les  Athéniens  à  rester  tranquilles,  à  ne  pas 
troubler  leur  repos  par  de  vains  projets  d'ambition,  à  ne  pas  exposer  à 
une  ruine  totale  une  ville  déjà  si  affaiblie;  dans  l'autre  ,  le  même  Eschine 
justifie  son  administration,  par  l'exposé  de  toute  sa  conduite  lorsqu'il 
était  ministre  ,  et  sur  tout  depuis  qu'il  est  exilé.  Il  excite  les  Athéniens  , 
par  des  sentimens  de  compassion  et  d'honneur,  à  le  rappeler,  à  lui  rendre 
une  patrie  dont  il  ne  mérite  pas  d'être  privé.  Il  est  des  endroits ,  dans  la 
dernière  lettre,  qui  prouvent  invinciblement  qu'elle  est  supposée.  D'après 
les  discours  d'Eschine  qui  précèdent,  sa  mère,  si  elle  vivait  encore,  de- 
vait avoir  plus  de  cent  ans ,  ses  fils  devaient  être  d'un  certain  âge  :  la  lettre 
dit,  en  termes  formels  ,  que  sa  mère  n'étiit  âgée  que  de  soixante-treize 
ans  ;  que  ses  fils  étaient  fort  jeunes.  Quoi  qu'il  en  soit,  les  deux  lettres  ne 
•ont  pas  sans  mérite;  je  les  ai  traduites  avec  soin.  Gomme  le  texte  en  est 
fort  altéré,  j'ai  eu  assez  de  peine  à  tirer  par-tout  un  sens  bien  clair  et  bien 
net. 

AU  SÉNAT  ET  AU  PEUPLE  d'AtHENES  : 

J'ai  déjà  pensé  à  vous  écrire  sur  plusieurs  objets 
qui  me  sont  venus  à  l'esprit ,  ne  croyant  pas  que 
mes  malheurs  dussent  me  priver  de  cette  liberté; 
ce  qui  m'a  retenu,  c'est  qu'il  me  semblait  qu'après 
avoir  été  puni  si  grièvement  de  m 'être  occupé  des 
affaires  de  l'état ,  ce  serait  de  ma  part  une  grande 
indiscrétion  de  m'en  occuper  encore,  et  de  vous 
donner  des  conseils ,  à  moins  que  vous  ne  m'y  in- 
vitassiez dans  quelque  circonstance.  Je  sentais  , 
d'ailleurs  ,  qu'il  n'était  pas  même  facile  de  con- 
seiller des  amis,  loin  qu'il  le  soit  de  conseiller  tout 
un  peuple.  Je  voyais  enfin  que  vous  aviez  d'autres 
citoyens  en  état  de  parler  et  d'agir  ;  et  j'en  avais 
laissé  un  assez  grand  nombre.  Mais  puisque  par  la 
mort  des  uns,  et  par  la  disgrâce  des  autres  sem- 


2$4  LETTRES    d'eSCIIIlNE. 


blable  à  la  mienne ,  la  ville  éprouve  une  disette  de 
ministres;  puisque,  suivant  ce  qu'on  me  rapporte, 
ceux  qui  sont  présens  cherchent  à  troubler  l'état 
par  leurs  discours,  et  même  ceux  qui  sont  absens, 
par  leurs  lettres,  je  me  suis  hasardé  à  vous  exposer 
aussi  par  lettres,  seule  manière  dont  je  le  puis, ce 
que  je  pense  être  avantageux  à  la  république. 

Si  maintenant  encore  mes  ennemis  prétendent 
que  je  suis  partisan  des  Macédoniens,  et  si  quel- 
ques-uns m'accusent  de  nouveau,  en  mon  absence, 
d'avoir  prévariqué  dans  mes  ambassades,  ou  d'a- 
voir trahi  la  Grèce,  je  suis  prêt,  s'ils  le  veulent  ,  à 
m'exiler  même  de  Rhodes  et  de  tout  le  pays  des 
Grecs ,  et  je  me  retirerai  dans  les  états  du  roi  de 
Perse.  Personne  ,  néanmoins  ,  ne  me  reprochera 
d'avoir  jamais  été  partisan  des  Perses ,  et  Démos- 
thène  moins  que  tout  autre.  Mais  dans  ce  pays 
même,  je  ne  cesserai  de  vous  écrire  ce  qui  me  sem- 
blera conforme  à  vos  intérêts,  dans  le  dessein,  non 
de  flatter  vos  goûts  ,  ainsi  que  font  quelques-uns, 
mais  de  vous  donner  librement  des  avis.  Car,  sa- 
chez que  certains  ministres  qui  veulent  paraître 
vous  reprendre,  et  non  vous  flatter,  ambitionnent 
surtout  de  vous  plaire  ,  choisissant  le  rôle  d'adu- 
lateur le  plus  subtil ,  celui  qui  se  cache  sous  une 
apparence  de  franchise.  C'est-là  ,  en  effet ,  la  ma- 
nière la  plus  adroite  de  flatter  le  peuple  et  les  chefs. 
Lorsque  j'étais,  en  quelque  sorte  ,  vivant  pour  ma 
patrie  .  j'ai  vu  de  vos  ministres  suivre  ce  système  ; 


AISXINOT   EniSTOAAl.  285 

wTt/)£wcci(nv ,  cecTzs-îp  lyoù ,  7rcp/go"mx,e  ^e  r\  woAiç  tU 
tpw/Aifltv  tûjv  woXtTîvofJLivœVi  clkovûû  <^e  tous  /xev  otu- 

TOU   *3rctpOVT<X£  ,  TOUS  ^6  X-OU  J^I*  tWHTTOAûûV  3C/V€ty  T! 

tov  t?$  troAeû>s  tèrpcty^xTûjy ,  tToifjLoç    n'o%j  Ta  ^o- 

JY  ustkttoXûùv  \iyuv. 

Et  J^e  jcou  vt3  v  Tct  Moxgobyûjy  <ppovc<v  gpoIVj  /te ,  xj 
•zzrctsctsrpea-kgjais  -gtclavj  yp&(povT<xf  tivss  aToyict  /^ê , 
11  crpoôW<ctv  T>îk  'EAAaôV ,  'eTo/ptos  i&i  x.ctt  'Poobu 
kcli    yv\ç    (twcLO-yÇ    kAAwtooç   -arpoacû    (ptvytw ,   gctv 

j3ot>Aû)VTCtl  ,    X.OLI    WpO$    TOV    gV    Tlip(rcLlÇ     ÛLWilfJLl     XCLl 

MuoW   @cl(ti\îcl.   KcuTot   tol   rïgpcray  yi  xj  Mvidccv 

ovoiiç   g(pn   [xî  iroTe   (ppovetv,    x.ct<   wayTûjy  ykkttol 

Auttoo-S-gvus.   AAA*  ov$'  gx,g73gv  -&cLv<rofAcLi  ypa.q>œv, 

«t  tw  sroAgi  Ùoçôù  <tv(jl<Qîçîw  ,  oJp^3tptQg(73ût/  [xiWœv 

vfjiïv ,  aa-Tnp  olAAoi  uves,  ocAA'  gAsi»3gpû>s  yofQgigTy. 

El»    yctp    êi&vcu    %p>i,    or/    Tû>y    tjroAjTguo^gvûjy    oï 

jxaAAoy   IwiwAïittîiv  y\  ^OLpifto-Qau   3-gAovT^  J^tt?y 

JWgtv,  oOtot  jtcti   /jlclAicttcl   -zjrpos  iî<3bvny  Agyotxn  , 

t»v   i»?«ro   ^poo-^ujULctTi    -arccp pn<riccs  oaoy  tou    ?toA<x- 

xsi/gtv  gAotxevo*.   Kcti  yap  <x»jt>i  t<s  g<7TJ   tov  yctpi- 

^so-S-cti  woXtTOLiç  xcli  iy-ziioai  woAv  xaycovpyoxiûoL 

7rpoct/pg(7i$*  ^v  @>cLÙi.Ç)QVTi$  Tins  'Ad-mmi,  ^wèpioyroç 


*86  AI2XINOT  EniSTOAAl. 

»         «-  »       <"  /      '.'  /  l    1    I  \  V       ~, 

g^ou  Tiot-p  u^ttv  (  ovtcù  ycLp  fjLî  %p>i  Agygjy  J ,  ^  vuy> 
otrov  g(p*  J^~y,  TgS-vgarcs,  cLirimrcLi  yàv  itycm  w 
o\iyapi&v>  dç  oux,  id-e\ovTM  otp%g/v  tvjs  fEAAac5bs, 

'WfiOTpèW'OVTCLl    £i    iWl   TtfV    yjytfJLOVtXV ,    0$    ^VVelfJLi- 

vous.  'Y/JLtîç  J^e,  /zgTct  tou  JWgTv  apyoj  ygyovgycu, 
J^uvcwOou  tov  'EAA»v<sjy  <*p%gJV  vojU^so-9^  -S-gAgig 
jUûtAAov,  >i ,  /UT*  tou  ^eve/v  UjtiffV  Tas  *5rpo9u|Lu<xs  , 

TlvvQoLVGfjLcLi  yccp  ,  Tî\îvTv\<rcwToç  'AAi<£cLvdpov  , 
?jrpoTpearg<v  T/v&s  u^as  x,cuyotgpû>v  antio-vcu  npoLy- 
ficLTcar  tyœ  <Tg  £ouAoJ^ojy  iy  tguJtgc  (7i/ft€oyAei>ê/y 
v^u/y,  /^2Tct  rou  tclvtol  <ru/jupgpg/y.  Ou  yap  ^yvoouv, 
jULot  tov  A/ oc    xou    Tou^  clWovç  d-tovç  ,  or/    Act/JL- 

*7rpOV  gOT"/    TO  T0J£  /£gV   JBGtpb&pGtS   OLgl  WOAl/XllV  ,  TOUS 

J^g  EAA>jyacs  eAgi»9gpouv ,  x.cti  TctuTot  yg  xett  tous 
W&itpcLç  vjfjiœv  •zsrposAojUgyous*  ctAA  glS  fJM  TO  [6ou- 
tevVûLi  Tût  xpotTto-Tot ,  T»y  yi&fiw  v&cuw  ovo-qlv  ,  g/£ 
J^e  to  J^uvcto-flat,  x,cu  Tv%y\ç  aiyctiïyç  v[Xcl$  J^gofig- 
yous.  npoffwgfv  oùv  pie/xvTjo-Gcti  x,a,<  u/toTs  uVgAci/i- 
Cau/ov ,  ot/  'A8>iyouo/s  /uigy  g*2r/crrgAAop.gv,  'aOhvauoi? 

J^g  ,    OU)t    gy    Ot?    0gjLU<7TGxA>)S    iWoAlTîVGOLTO,    CCAA* 

t*        \  \  f  »     '  »         I  •    \  \ 

0/     TOLÇ     fJLiV    yVûJ/JLOt?    iMIVûûV     OV     %g'pOL»?    g<0"/,    ?&$ 

HWÎI    J^OTûXrctV    fJLiV    îlVTv    TpiOLKQ(TlCL$   TpiV\f)UÇ   01    XCL 


IETTRES  d'eSCHINE.  287 

maintenant  que  je  suis  mort  pour  elle ,  autant  qu'il 
est  en  vous  ,  il  en  est  encore  qui  n'y  sont  que  trop 
fidèles.  Us  vous  reprochent ,  comme  une  lâcheté, 
de  ne  pas  chercher  à  commander  dans  la  Grèce  , 
et  veulent  que  vous  aspiriez  à  la  prééminence , 
comme  si  vous  pouviez  y  parvenir.  Mais  il  vaut 
mieux  pour  vous ,  selon  moi ,  que ,  paraissant 
moins  actifs  et  moins  ardens ,  on  vous  croie  ca- 
pables de  commander  aux  Grecs ,  que  de  moutrer 
votre  impuissance  par  une  ardeur  inquiète. 

J'apprends  que ,  depuis  la  mort  d'Alexandre , 
on  vous  excite  à  faire  des  mouvemens  pour  chan- 
ger la  face  des  affaires.  S'il  eût  été  de  votre  avan- 
tage de  vous  donner   ce  conseil ,  je  vous  l'eusse 
donné  bien  volontiers.  Je  n'ignorais  pas  ,  j'en  at- 
teste Jupiter  et  les  autres  dieux  ,  qu'il  est  beau  de 
combattre   sans  cesse   contre  les  Barbares,  et  de 
mettre  les  Grecs  en  liberté ,  que  c'était  le  système 
de  nos  ancêtres.  Mais  je  voyais  que ,  si  nous  avons 
assez  de  courage  pour  prendre  les  plus  belles  réso- 
lutions ,  les  forces  et  la  fortune  nous  manquent 
pour  les  exécuter.  Je  croyais  donc  que  vous  deviez 
vous  rappeler  que,  si  j'écris  aux  Athéniens,  ce  n'est 
pas  aux  Athéniens  que  gouvernait  Thémistocle  , 
mais  à  leurs  descendans,  qui ,  sans  leur  être  infé- 
rieurs en  courage,  n'ont  pas  les  mêmes  ressources 
pour  la  guerre.  Que  ceux  qui  nous  proposent  des 
entreprises  digues  de  la  Grèce,  nous  donnent  trois 


.2  88  LETTRES    DESCHINK. 

cents  vaisseaux,  trente  mille  talens  d'argent  et  trois 
mille  talens  d'or  [  1 5]  ;qu'ils  nous  donnent  un  pareil 
nombre  de  jeunes  gens  robustes  et  aguerris  ;  et 
alors  qu'ils  s'abstiennent  de  nous  donner  des  con- 
seils; car  nous  saurons  par  nous  -  mêmes  ce  que 
nous  devons  faire  ,  quand  nous  pourrons  faire  ce 
que  nous  aurons  résolu.  Qu'ils  ne  nous  amusent 
pas  de  vains  discours  ,  et  de  louanges  inutiles  don- 
nées à  nos  ancêtres  et  à  notre  pays  ,  répétant  sans 
cesse  que  nos  aïeux  sont  nés  dans  le  pays,  et  pour 
le  pays,  et  que  des  dieux  ont  été  jugés  dans  les 
tribunaux  d'Athènes.  Demandez  -  leur  à  quoi  a 
servi  aux  Athéniens,  dans  la  bataille  de  Chéronée, 
que  Mars  ait  plaidé  contre  Neptune  ,  pour  Halir- 
rhothius  [16],  devant  l'Aréopage.  Sommes-nous  en 
état  de  combattre  contre  Antipater ,  ou  contre 
tout  autre  prince  de  Macédoine?  Voilà  ce  qu'il  faut 
examiner;  et,  si  nous  le  sommes,  prenons  sur-le- 
champ  les  armes,  et  délivrons  les  Grecs  avec  l'aide 
de  la  fortune.  Mais  si ,  nous  aveuglant  sur  notre 
faiblesse  et  cédant  à  la  flatterie  ,  nous  essuyons 
une  défaite ,  n'ajouterons  -  nous  pas  aux  malheurs 
où  nous  serons  tombés  ,  celui  de  passer  pour  en 
avoir  été  nous-mêmes  la  cause  ;  ce  qui  seul  rend 
inconsolable  dans  les  maux  ?  Il  est  de  la  sagesse 
d'une  république  comme  d'un  particulier,  de  dé- 
libérer sur  ce  qu'ils  doivent  faire  actuellement , 
d'après  leurs  ressources  actuelles.  Oui,  dans  les 
entreprises,  mesurer  sa  hardiesse  sur  la  puissance 
qu'on  a  eue  jadis  et  qu'on  n'a  plus  ,  c'est  comme 


AI2XINOY  EnlSTOAAÎ.  289 

T>tf    fE\\a,$0Ç    etfyaL    ypcLQoVTtS     »VTv'     «ToTaoUV    J^ 

•rp/cr/xuptct  t&Aolvtol  ctpyupiou,  jccci  %pu<nov  ccVe- 
<f>9ou  rpicr^lxicC  S^iraxTOLV  <N  cîvcîjpav  ev  îjêw,  vgav, 
focouTov  srAîî'Sos,  11&1  ygyu^ycto-^gvûjv  gv  ozFhots*  $ 
pix.gT/  o-u/^ÊoyAeugTûJcrûtV   ccuto*    yctp    g/(3^o"o/*gy  cl 

%p>î  WpaLTTW,  S'VVcLfJLiVQl  TOL  fioïcLVTOL  TCçaUTXiir 
flUm    \dL^OùàîlTCù(TCU  )    fJLOLTM    IwcLlVOUVUÇ    jfiœv    TOUS 

vrpoyovovç  re  >ccu  t>iv  %û>peu ,  ot/  gygvovio  gv  clutJT, 
xcli  vwtp    cLvtviç   îKTiytvovza    gv  clvtv)  01  Bîor   g7ia* 

Wt>9c(r9e     CLVTûûV      T/      6V    T>f     'tfSpt     XctipMitCLV    ^&%H 

t»v  ttoAiv  û)v>i(re  rm  AÛwcuœv ,  on  ApM  wpo$ 
Tlo<rudûùvaL  UTigp  AA/p'poSjou  ev  Apgfta  YlcLycù  gJtpiDîf. 
'AAA'  u  irpoç  'AvnwoLTpov,  v\  ovTiç  clWoç  MûtJtg- 
<5ovû>v  jSctcn Agus ,  oceivo*  goy^gv  ayû>no-cto-9eu ,  touto 
j£p>i  o-jtosrgTv   jtciv  /-tgv  ikcuqi   û>/xgv ,    e*,y&9tf  Tup^w 

<XVCtAct£oVTgS       OTTAct  ,       ivStœç      è\iV§tpOVfJLtV      TOUS 

*EAA>ivcts'  6/  J^g   toutou  jtcgv   oA/yû)p>io-o//.gv3   x,oAct- 

XîVOfJUVOl  J^g   »TT>l5>10"0^g^X  ,  TOS  OU  ,    £6gT<£   TOU  J^O- 

xiTv  gctuToîs  cut/o/  ygyovgvcu  tojv  crv^Çopcùv  (0  /toyov 
ouo^g   7rûtpa.fJLu3<ccy  gp^gt   toTs  koucos  TirpaLTTovviv  )  , 

aLT\)yj\<JO{XtV  j     Eû"Tt     ^g    X,ûU    TToAgûJS    KCLl    £vdf,QÇ     gU 

cppovouvros   gpyov  <Tgiy  ?rpos  ras  îîrctpouo-ots  olÇoçiaclç 
UTTgp  rav  /7rotpoyTû)v  /3ouA£uo-ct<r3-cu*  to  J^g ,  t>iv  /*gy 

T0\{JLCVJ    g*  S    Tût  TCçcLyfJLCLTcL ,    0?S   gVl%g/pîlTg  ,   g'jt  T>)S 

I     A  »l  i  1  A    \       »  \  U  ♦ 

•7rpoo-ygv   jcrp^uos  gp£giv,Tnv  <Tg   10-p^uv  tsraAct/  tôt 

e(T%>1)ceV0t'   l^tycLAW,   OU.OIQV   yg  Ç)«UVcTcU  ,    ao-^gp   CW 
T.    III.  1Q 


290  AISXINOT   EITIZTOAAI. 

il  »  II  \  *l  l 

u  tiç,  0\vfJL7ii(t<Jivix,Y\<roLÇWûW<x.xtÇ  >  uo-Tgpoy ,  yg- 
pav  «y,  ct7roypa(po/To  m,  x,cc<  crpo^ctAotTo  tous  ocv- 
Tind\ovç ,    cLvot/x^uv>î<r>co^tevo?    us  go-^vptêv ,    ou    t«s 

vA^ov  J^e  x,ou  et  Agygfv  olvt'qvs  'iïvtâcLvofiou  Ao- 

yla-OLC^CLl      /Xg3'    J/Jt.5 V  ,     û)?    JCOttVot    fcOU     d-CtV[JiOL(rTOLy 

oVov  g/s  cl  jSouAoyrcu  rf  rrcpaJqu  <tu\AôlÇ>i~v  J^tW- 
^gyet.  $ct<7jtou<ri  yctp  J^y  u/x&s  ojuoyosîv ,  axrwtp 
u/*cc$  ovk  r7n<rTaL[AiyQvs ,  ot*  touto  fxev  Trao-w  ^oAg/, 
x,cu  ?zroAgjxe<y   x.ot<     e/p>jygug/y  fôovAo/xzvy ,  x,paT/cTov 

ecTT/v.  *HjU,as  J^e  ou  touto  J^T  cjcoTreTv,  ge  opovovi- 

i  «*  «  i  \  \  N        ~ 

Téov  •sroAg^toixnv   ofxovo>iTgov   yctp   xoli   woaî/jlovg-i  , 

jeeu  p>ij  •arctvTos  gvgfcor   aAA*   se    QovAofjLîmç    7ioAg- 

jULg?y    x,eu    o[xovoz~v ,   Js    io-^gy    ccTîctvTgs ,    ctbTcLpxTiç 

icrTiv    y\   ^vvoLfitç*     Eœç    <K    iv    /tyjTc    <7i><rrpaTg/Gi£ 

tfoMuovvTiç  eço/^ev,  \Juy\Tt   ^p^uaray  nropovç  à\i- 

Mvaxriv ,    ctAAa   r»v    'a9>ivxv    gyyuov    S'tôSa-i    rov 

TCOAifJLOVy  fJwfcv   JW(pgpg<V  OLVTOVÇ    OLVTIXOL   VOjULKTOfJlZV. 

'AAA*  «csjvov  ^ev,  ûScrsrgp  S'y  a|/os ,  *zzrctpa7iA>j£  r>!v 
JWvo/ctv    àv ,    x-otTeAuQ-ctre*    ukqtw    tovtois    <Ag 


LETTRES  D'eSCHTNE.  201 

si  un  homme  qui  a  vaincu  souvent  aux  jeux  olym- 
piques ,  devenu  vieux ,  se  faisait  encore  inscrire  , 
et  que  ,  provoquant  ses  adversaires,  il  leur  vantât , 
non  les  forces  qu'il  a  maintenant ,  mais  celles  qu'il 
a  eues  par  le  passé. 

Il  est  à  propos  aussi  que  vous  réfléchissiez  sur  ce 
que  disent  certains  orateurs ,  comme  quelque  chose 
de  rare  ,  et  qui  peut  contribuer  merveilleusement 
à  la  réussite  de  leurs  conseils.  Ils  disent  donc  que 
vous  devez  être  unis  entre  vous  ,  comme  si  vous 
ignoriez  que  c'est-là  le  mieux  pour  toute   repu-, 
blique ,  soit  qu'elle  veuille  faire  la  guerre,  ou  rester 
en  paix.  Il  ne  s'agit  pas  d'examiner  si  nous  devons 
être  unis  pour  faire  la  guerre  ;   car  nous  devons 
l'être ,  soit  que  nous  la  fassions,  ou  que  nous  ne  la 
fassions  pas,  à  toutes  sortes  d'égards;  mais  si  nous 
aurons  des  forces   suffisantes,  en  supposant  que 
nous  soyons  disposés  à  la  faire,  et  à  ramener  parmi 
nous  la  concorde,  comme  nous  devons  la  ramener. 
Tant  qu'on  ne  nous  montrera  point    les'  alliances 
et  les  fonds  dont  nous  serons  munis  ,  si  nous  en- 
treprenons la  guerre ,  et  que  l'on  se  contentera  de 
nous  donner  Minerve  pour  garant  de  notre  entre- 
prise, nous  regarderons  ceux  qui  nous  la  conseille- 
ront ,  comme  des  téméraires   et  des    imprudens. 
Aussi  n'avez-vous  fait  aucun  cas.,  et  avec  raison  , 
des   discours  de  celui  qui  vous  conseillait  de  re- 
prendre les  armes;  ils  ont  été  rejetés,  comme  méri- 
taient de  l'être  les  discours  d'un  insensé.  Ces  gens- 


2Q2  LETTRES  D  ESCHIHE. 

là  ne  sont  point  satisfaits  de  nelre  pas  punis  pour 
imaginer  des  conseils  aussi  absurdes,  et  pour  ne 
pas  même  nous  laisser  jouir  de  ce  qui  nous  reste; 
ils  vont  jusqu'à  envier  ce  reste  aux  citoyens  rai- 
sonnables ,  et  ils  n'auront  point  de  repos  ,  qu'à 
l'exemple  des  Thébains,  ils  n'aient  fait,  par  leur 
administration ,  détruire  notre  ville  ,  et  changer 
notre  sol  en  pâturages.  Si  nos  affaires  sont  en  mau- 
vais état,  est-ce  une  raison  pour  négliger  les 
moyens  d'empêcher  qu'elles  n'éprouvent  un  dépé- 
rissement absolu  ? 


AISXINOr    EIÏI2TOAAI.  igZ 

*-zsro'X£yi  T0  A^ev  'KaSéïv  3cot?cov,  itcLp<Ldo%ovç  Aoyovç 

IliAtTCûGl,  XCLl  pl&  Atl-^CLVOV  WŒIV  JjUUV  Tf  T0V 
WpCLyfAoLTW    OLAAoL     KCLl  TOVTOùV  <$!jOVOU<Tl    WpcLTTîlV 

i  S'il  fàovAoïJiîvoiç ,  lus  olv  to  (dv&cLim  'TCoAitcvo-wrcu 

*7i:oAlTiV[ACLy  fJLY]Ao£oTOV  TlfJLûùV  yi1i(T§CLl  TY)V  %û>p£V  , 
KCLt  X,CtT<*<TX,a(p>jVoU  TY\V  WOAlV  CLVOLyx,<X.(TCLVTZÇ.  Ou 
yctpy    SI     X.CL7L0ÙÇ     tyil     Tôt     WpCLy/JLOLXd ,     JW     TQVTQ 


C 


EniSTOAH    AQAEKATH. 


THI   BOTAHI  KAI  TQ.I    AHM&I 
TON  A0HNAIftN. 


»/ 

gTtf 


JCjrn  7ipo<r>ÎÀ3ov  tZ  TioAiTtvîc^aa ,  ygyovœs 
Tptct  tlcli  Tp/otjcoyTct ,  £t<X,  A/  ,  OV  TplTOLyaVKTTîlV 
fxad-côv ,  as  AujticcrGevHS  g/Vgysv ,  ccààoc  xcu  ypcupg/v 
e\eu§ipiccç ,  jcou  'GrcuàticLS  (ppovTic&s  Ta  /xgrp/ot ,  g 
Àoyot/ç,  otous  Àgysiv  gy  'AQ^va/s  e^pg^re*  19  toutgi/s 

OUX,    g/S    (Tl/5C0(pctVT/0£.V   yviXVcLG&Ç  ,  Ol>&  TW  TÛJV  710ÀJ- 

T#v  «hjojv  £i7LCL<rcLfjLM0Ç  ivpEd-yo-o/jLOLi ,  ÀctCûiv  apyu- 
jmov,  otî&  t>Gpg/s  cLwodiiievos  9  iw1  ovfo  v&piaQiiç 
oAas,    ouog   cL(ÇopiJLy\v   7trpowv\Aauti(r[j„ov   TSTcLpctaycùV  y 

Cvdî  UÇ  J^tJOiy  TlVdL  TGOV  ^0\lTCùl  7LOLTaL<TTV](rcLÇ ,  g£û> 
T/^t&p^OU  fJLOVOV.    Kctt    OVX    CLXcLCpVWOpLCLl    7ïpOS  «Vctk, 

as,  istoWcl  zsrcuu  Àctêg~v  g^ov  /^o*  ^p^otTa,  /udî 
Àaêay,  aAÀ* ,  ak  >iv  -zzrpocriixov ,  J^tJtuv  xa/ra  tous 

VOfJLOVÇ  ÀC6&UV.  K&/  jULgToC  tcLUTcL  Wcl\lV  KT»O"l$0VTflt, 
TtToWcL    fJLZV    V7ST      ÔLVTOV    'WclSoûV  ,    WOWcL    <fg    VWO 

A>ï]xoa-Gevous ,  ncLp&voficùv  gypct-^cipiv,  J^jccuotcctw  , 
a  5go< ,  ypa<p>r>.  Kou  ouô\v  Sclu^owtov  ,  ee'  jccu  T^y 
vo^av  T<î>y   vfjLsrepav  y  x.cli    tSv  tfxcùv  Xoyœv  y\  Ay- 

[J.OGÏjîVOVÇ    S^UVOTYIÇ   XpEKTGCeV   tyiVîTO.   EÇfltWJ  o\  t<T0S, 

gcp'  ois  xeLTnyopSw  wpoTtpov  vwo  AyiiiocStvovç  y 
zsroXv  fMi^oai  £v\Aovoti  zmtcùv  ovcti  y  JV  à  viîy  e£g- 


LETTRE  DOUZIÈME. 


±>oc{r 


AU  SÉNAT  ET  AU  PEUPLE  D'ATHENES. 

«I  e  suis  entré  dans  les  affaires  à  l'âge  de  trente- 
trois  ans,  non  pas,  certes  ,  après  mètre  exercé  à 
jouer  les  troisièmes  rôles  ,  comme  Démosthène  me 
le  reproche,  mais  l'esprit  suffisamment  cultivé  , 
m'étant  appliqué  à  n'écrire  que  sur  des  sujets  hon- 
nêtes ,  et  à  ne  composer  que  des  discours  tels  qu'il 
convenait  dans  Athènes.  On  ne  verra  pas  que  ja- 
mais j'aie  écrit  pu  parlé  pour  inquiéter  personne, 
et  que ,  pour  de  l'argent,  j'aie  suscité  des  procès  à 
un  seul  particulier  ;  on  ne  verra  pas  que  j'aie  tra- 
fiqué d'injures,  que  j'aie'fourni  sujet  de  m'outrager, 
pour  en  tirer  profit  [17]  ;  qu'enfin  j'aie  cité  en  jus- 
lice  d'autre  citoyen  que  Timarque  ;  et  ce  dont  je 
me  glorifie ,  ce  n'est  pas  d'avoir  refusé  les  sommes 
considérables  qui  m'étaient  offertes ,  mais  d'avoir 
fait  subir  à   un  coupable  la  peine  qu'il  méritait. 
Après  cela,  j'ai   accusé  d'infraction  de  lois  Ctési- 
phon,  qui  m'avait  fait  beaucoup  de  mal ,  aussi  bien 
que  Démosthène.  J'étais  fondé  dans  mes  poursuites , 
j'en  atteste  les  dieux;  mais  il  n'est  pas  étonnant 
que  l'éloquence  de  Démosthène  ait  prévalu  sur  vos 
lois  et  sur  mes  discours.  Une  preuve,  peut-être 
non  moins  forte  qu'évidente,  que  je  me  suis  bien 
conduit  dans  le  ministère,  c'est  qu'ayant  été  ac- 


20)6  LETTRES  D  ESCHINE. 

cusé  auparavant  ;  par  le  même  Démosthène  ,  sur 
des  délits  beaucoup  plus  graves  que  ceux  pour  les- 
quels je  suis  exilé  ,  je  n'ai  pas  été  condamné,  quoi- 
que accusé  par  un  tel  orateur. 

Depuis  la  disgrâce  que  j'éprouve,  il  me  semble 
que  j'ai  été  parfaitement  connu,  non-seulement  de 
vous,  mais  encore  de  tous  les  Grecs.  Qui  ne  sait , 
en  effet,  qu'il  en  est  des  exilés  comme  des  morts? 
C'est  surtout  lorsqu'ils  ont  disparu  de  leur  ville  , 
que  l'on  connaît  leur  caractère  et  leurs  mœurs ,  ce 
qu'ils  avaient  caché  se  dévoilant  alors  ,  et  leurs 
ennemis  les  attaquant  à  découvert  ,  sans  qu'ils 
puissent  se  défendre.  Ceux  qui  ont  été  exilés  parce 
qu'on  leur  reprochait  de  travailler  uniquement 
pour  les  ennemis  de  l'état,  et  de  leur  être  dévoués , 
manifestent  leur  naturel  et  leur  système  politique. 
Ils  paraissent  clairement  ce  qu'ils  sont ,  par  la  ma- 
nière dont  ils  supportent  leur  disgrâce  ,  et  dont 
ils  se  conduisent  envers  leur  patrie.  Moi ,  par 
exemple  ,  qui  ai  livré  ma  patrie  à  Philippe,  qui  ai 
prévariqué  contre  Athènes,  dans  mon  ambassade, 
qui  faisais  ma  cour  aux  Macédoniens,  obligé  de 
partir  en  exil ,  ne  devais-je  pas  me  retirer  auprès 
d'Alexandre ,  pour  recevoir  de  lui  la  récompense 
de  mes  services,  et  pour  l'engager  à  s'occuper  de 
mes  intérêts?  Je  voyais  Demade  posséder  des  fermes 
dans  laBéotie,  labourer  des  terres  avec  vingt  char- 
rues, et  se  servir  de  vases  d'or.  Je  voyais  Hégémon 
et  Callimédon ,  l'un  à  Pella  et  l'autre  à  Berrhée  y 


AISXINOY    EniSTOAAl.  297 

•ZîrgO-OV,    OV  jLl/xpOV  iU   VfjLOLÇ  frîiyilCL  TOtJTO  TOtJ   X,atÀ0£ 

6^é  -zjre-zjroAiTeiîo-SûC/  vo^i/fgjy,  or/  ou<3fe  AH£too-9evous 

r  /.  * 

KOLTVyopOUVTOÇ    gOtAûJV. 

MgTût    J^g     TCLVTW    TY\V     (TVfJlQOpcLV ,     X-Ctf     TgASGV 

xotTot^fltyî'  -sTcto-/  roTs  'EAAnowv,  oJ^  W»J  £toyO/S 
t^-t/v,  g/xotirroy  oiofjLOLi  yeyovivau.   Lis  yccp  oux,  oiôzV, 

OTt    cLWoQcCJOVTtS  01     CLVÏÏpOùWOl  ,    OVTCû    KCLI    QèVyomÇ 

ex.  rœv  -sraLTpidœv ,    ToTg   <N  xou     fJL&\i<rTCL  rm$ 

7LCLI    OtîTOtOi    tous   Tpowouç    eygvovTo ,    <r/OU)£*X,Vt>yT<*/ j 

\       t      «t         /  11/  »         / 

x,cu  yctp   et  <ruvg3cpu'7rToy  ctuToi  ?zrpoTepov,   ex,  /*go"ou 

ygyo^tgyûjy ,    cwcLQaunTGLi    xad-cLpcàç'    oliticltoli    y&p, 

wo\v    jULfitAÀov  t£v  î^d-pm  'gjcûto-ro^   clvtovs   ovdw 

cLvTuzrtïv    JVvflt/xevous"     0/  «Te    <fx>î   (pgyyoyTg^    g^rc 

TOicti/Tot/s  cLiri&içy   a>s  Tct  Tay  woMfJiiav  glu  npo&i- 

pou[itm  kcli  wourct\cû$ ,  Jve/x.vu©y<n  xcli   tovç  Tpo- 

wcu*     x.cu    t&s    gy     Ta    woArrsueo'S'eu    ygvo//.evots 

ea/TO{$  yvœ[AcL$  xcLTitQcLVîiç.  Kcu  y&p  oîtas  cpgpouo-i 

tclç  <TV/A<popcLÇ ,  x,ou  as  dxiccx.e/vTcu   'zzrpos  Tcts  g«y- 

TûïV  HrcLtpidûLf,    g'^gTo^OVTctt    <rcL(pœ$.     Ap'  OUV,    Û>S    ^ 

«ÊjAisrsra)   tzrpoôV^  tuv  e'/xauTotT  wcLTpiiïcL  ,  ^  7ra- 

pa?zrpgo-£gLi(r<x.$  to/auto,  x,<xtoc  ths  •aroAgas,  ces  (KïOsv 

BipCLZtrcUVOLÇ     McLKlioVCLÇ  ,     gVglÔN    T0t^/0"Tct    <psi>yû>V 

•arap'  J/*av  a^0jU)ïv,  7Tpos  'AAg'&xv&ov  ct7mAAay>iy, 
^    '  ^  /  »    ~  /  \ 

5^<xptv    Tg  ûjy   Trctpgo-p^o^y  ccura   xofiioufjLiVoç^  koli 

WpOLLyQilCLÇ    ^yiAovoT/   Ttvjri[uvoç    wctp*   OLVTCÙ',    X,<XI 

»         >t    M      */  tri  \  \        »  / 

oux,  gery  07Tûj^  oi>^  eapay  Tct  ^gy  gy  Bo/«T<ct  Tolv- 
^ox.g?(X  AyifJL&àw  gp^oyTot,  xctt  %û)p<&  ^suyûTy  eJx,oo-/v 
otpouyict ,  xcli  %p^o*ct5  g'^oyTct  (piotAot? ,  'Hyjf/Jiovct 
J^e  xctt  K<xAAttagoNoyTa,  tov   p.ev  g'y  FIeAA>j,  tov  o^e 


298  AISXINOT  EniSTOAAl. 

êv  Beppoist,  xoli  iïaptàç  cLfjLct  g*%i$oTcc$,  $  yuvctTx,ct$ 

tVWpt'&iaTOLTaLÇ    yzyOL[JLY\X,0TcLÇ.   Kcli    [JLM    OVÔÎ  wpoç 

ovâî  npoç  clWqvç   tivolç  ,  -arap'  o<£   î»  Aoiobpg/v  tàîi 

//.g     TtfV    TtrcLTplVOL    TW    tfJLM  ,    >J    XotVOpVfJLeJVlÇ    CLVT7)Ç 

clkovziv  ,   aAA    £<s    Poobv   a^ixo^v ,  ours,   ^a   tov 

ccyypûî^zr^v  -aroA/v.  To  /-tev  yap  ay^icrcL  rv\ç  îcojxm 
ncLTçiàoç    iaroLVoii  ,    x,ctTg/pû>vgi>OjU.gVû>v    îfjiotyt    ryç 

GVfX^Siç     ÙVOLI     JJL&WOV  ,    71     (TTipyQVTM     tÙOKU     TY\V 

3roA/V  rov  J^e   ovtoûç  <mpyovrct  tw  îqlvtov  *7ToA/v 
cùç  wofpcûzoLTa)   /jlolWov  cwty\ç  g%p>iv   CLWM&I  y  kcli 

jtMl&V     h    To7$     0(p$OLh[JLo7ç     UZtrifJLVyifJLA     tyj-W'i    o    TflV 

/  »        ly 

yW[lY)V    OL/JLUÇtt. 

Kon  yctp  oùât  gvTotuB*    fMivcLÇ,  ev  Po&»,  (pctyee>jv 

ctV  aAAct,  rv\ç  wspcucLÇ  eAojmêvos  Tf  jJLiitpov  (ppoup<ov, 

Ajjl[xov  5    jutvTotuoot    îrp/ctjxevos    XfiapicL    tqo-qvtcov 

tclAolvtm,  ^uoTv,  ocrav  eôcos  ?v  tov  $*A<srsrou  p,ev 

-TTpoTgpov,  eir'  *AAs£  <xv(?pou  ^uctÔûjtgv  uo-rgpov  ysvo^tgvov, 

fccti  $a»csîk    -TrpotîbvT*   jccti    tw  toTv  'EAAwaw  gAgv- 

Ggptctv  Moutedbfff  ,    7Lcéy]fJicLi    ^teB*  eVTct  Ggpct7TovTû>v 

evTttui)* ,  jcccj  J^uoïv  /xovojv  ympifJLQV ,  x-oct  thé  ^cta- 

rpoçy  y)  y  rpirov  t^ouacL    jcoti    ebobjxwcoo-Tov    ero^ , 

€îjrAgi»(r£   <fvv    tfAoi ,    ^sdirouacL    ty\ç    <t/     u/^x^    ^-o/ 
~  ;  \  \  k  »  '  >\        g 

(TVfJLQopcLÇ    ytVOfJLîWS ,    X,GU    /ZgTot    yUVOUKQÇ  ,   >l  CTUVgÇ- 

ll  t  »     \  ~/  \ 

g7Tg<7g     /XO/  ,     >ca>AU0VT0S      <XWT)?V     TOU     TP'CLTpO^  ,       X,OU 


LETTRES  D  ESCHTNE.  299 

être  comblés  de  présens  ,  et  mariés  à  des  femmes 
de  la  première  distinction.  Je  n'ai  pas  non  plus 
choisi  ma  retraite  en  Thessalie ,  ni  chez  les  Thé- 
bains  ,  ni  chez  d'autres  peuples  parmi  lesquels  il 
aurait  fallu  décrier  ma  patrie ,  ou  l'entendre  décrier. 
Mais  je  me  suis  réfugié  à  Rhodes,  dont  les  habitans 
sont  d'un  caractère  paisible ,  et  ne  sont  pas  assu- 
rément mal  intentionnés  pour  vous.  Je  trouve  que 
se  tenir  si  près  de  sa  ville ,  est  plutôt  éluder  sa  dis- 
grâce que  chérir  sa  patrie.  On  doit,  au  contraire, 
s'en  éloigner  le  plus  qu'il  est  possible,  afin  de 
n'avoir  sous  les  yeux  aucun  objet  qui  renouvelle 
sa  douleur. 

Je  ne  suis  pas  même  resté  à  Rhodes  ;  mais , 
choisissant  dans  les  environs ,  pour  y  fixer  mon 
séjour ,  un  petit  château  nommé  (es  Sablons , 
j'y  ai  acheté  une  terre  deux  talens.  C'était  ,  sans 
doute  ,  le  prix  que  devait  y  mettre  un  homme 
qui  a  été  successivement  pensionnaire  de  Phi- 
lippe et  d'Alexandre  ,  et  qui  a  livré  aux  Macé- 
doniens la  Phocide  et  la  liberté  des  Grecs.  J'ai 
avec  moi  sept  esclaves  et  deux  amis,  et  ma 
mère,  qui,  âgée  de  soixante  et  treize  ans,  a  voulu 
me  suivre  et  partager  ma  disgrâce.  Ma  femme  , 
elle-même ,  m'a  accompagné  dans  mon  exil,  quoi- 
que son  père  la  retînt,  et  que  les  lois  ,  peut-être  , 


300  LETTRES  d'eSCHINË. 

l'obligeassent  de  rester;  elle  m'a  suivi,  plus  fidèle 
aux  mœurs  de  la  ville,  que  docile  à  ses  lois  [18]. 
J'ai  emmené  aussi  mes  trois  enfans  ,  qui  ne  con- 
naissent pas  encore  leur  infortune  ,  et  ne  savent 
pas  quelle  patrie  leur  ont  donnée  les  dieux  en  nais- 
sant ,  quelle  patrie  ils  ont  perdue  presque  aussitôt 
qu'ils  sont  nés.  Des  hommes  de  Béotie  et  d'Etolie 
vous  envoient  donc  leurs  enfans  pour  profiter  de 
l'éducation  qu'on  reçoit  chez  vous  :  et  les  fils  d'un 
père  qui  ne  doit  pas  au  peuple  le  titre  d'Athénien , 
d'un  père  qui  n'a  été  condamné  pour  aucun  délit 
honteux ,  sont  privés  d'un  avantage  dont  ils  de- 
vaient jouir  naturellement,  exilés  à  l'âge  le  plus 
tendre ,  élevés  dans  l'indigence ,  dans  un  abandon 
total ,  dans  l'exil  de  leur  père  !  Démosthène  vous 
a  écrit  pour  les  fils  de  Lycurgue  ;  il  vous  a  priés  , 
et  avec  justice ,  de  leur  remettre  la  somme  à  la- 
quelle leur  père  a  été  condamné;  et  vous,  comme 
il  convenait  à  des  Athéniens ,  touchés  pour  eux  de 
compassion ,  vous  leur  avez  fait  grâce  ;  car  c'est 
votre  coutume  de  revenir  aussi  facilement  à  l'in- 
dulgence ,  que  vous  vous  êtes  portés  à  la  rigueur. 
Et  je  ne  vous  fléchirais  pas  pour  mes  enfans,  lors- 
que je  vous  demande  qu'ils  ne  soient  pas  élevés 
comme  des  orphelins  et  comme  des  exilés ,  eux  qui 
ne  sont  pas  coupables,  puisqu'ils  sont  enfans  ;  eux 
qui ,  sans  avoir  été  condamnés ,  souffrent  toutes 
les  peines  de  ceux  qui  ont  été  condamnés  !  Son- 
gerez-vous  à  moi  lorsque  je  ne  serai  plus?  et  serez- 


AISXINOY  EniSTOAAT.  3oI 

iximv  i<rcô$  cLvcLyyLcLQmcùV  rm   vojUttv,  tov  tgqwov 

TtfS    TTOASû)?    IjLOLAAOV  ,    »    T0V£    V0U.0VÇ,    g3ri<rTct£lgV»  , 

x.<x/  ^gTct  Tp/«y  ?3*ou<5i»v  oJ^eîsrû)  ^  vuy  tvjs  ixvwj 
eu[A(Çop£$  îwaLKrQofjuvw ,  ou&  o7roe^y  otJro?k  o  9gos 
€<3^jc£  yiio[Xîmç  w&TpidaL  T»y  'ASuvot^v  troÀîy , 
oVoioty  J^'  gJ9gû>s  ywofjuwv  cûpypijTcu  7ioA<v.  Kou 
eTepoi  /tev ,  Js  eo/x.e,  tous  eotuT^y  wciïdcLÇ,  rovç 
>j  ey  Bownqi  y£vy»9gvTct$ ,  >i  gy  Ajtûjàjoc,  Tipo?  u/£& 

T&îfJLWOVŒl    T7\Ç    *UTo9l    *7rcLldtlCL$   (JLîbîfyvTcL?    QIC    J^g 

TotSrct  îjrctpcc  tÏ^  (puo-gûjs  uwYifèei ,  ou  ^^otto^tou 

*7tOLTpOÇ   OuVtV,  OUO^  gTST    OLiZlOLlÇ  CLHT'^pciïç  g<*Aâ»tOTOS, 

;  »/       /  t       f  /  »    »       / 

<pguyoucnv  gT/  v>j?sriot ,  x,cu  Tpg<poyrct/  mmis  gy  tpviuicL 

Tg  x.ot/  (puyw  7TotTpû)ct.  Kcu  -zsrgpi  /^gy  tay  Aux,oupyou 
sra/dtoy  A>ja.o<79gv>is  J/xtv  twiaTiWîi ,  x,*,/  ^Utoli  , 

7Ut\GûÇ  TtQlûùVy  %<Xpf£g(?9<X/  TO  TTCtTpûToV  CtUTOlk  0(pÀ»^(*, 

x,<*i  uVeis  ou&v  ccAA*  a  'A9>ty<xt0v  gpyoy,  Itevwzmç 
»     \         \  i  *       i  \       \     » 

CLVTOVÇ    X.GÙ    *)(CLplCrcLVLÏJOl  y    lWQiy\<TCLTt'     5CXJ    y.ûtp    Op- 

y<Çg<n)cci  pet&otf  u%7y  g9os  \<tti  x,x<  %<tpi(TaL<Td-au 
WclAiV  iycù  j^g  uVgp  tûTv  tfJLcLVToiï  Wcudœv  ovk 
iv  u/,i&s  wiiacufjL  cty  J^go/Agvos ,  aïs  ^>î  ^0/ ,  ju.» 
jtoyov  gv  op^ocviot  TpaupaTo-zv,  ctAA/  opQzvoi  Ôl/aol  Xj 
(puyx^  ovTgs,  ouTe  ct&x,wr<xvrgs,  -srxTfos  ovtzs  , 
ctAA    ou^g  otAAas   g<xÀ<i»toTg^,   Tôt  fAivTot  tm    ix- 

\GûX.QTCûi    TTCLVTCL    '7rî7rotâ0TlÇ !    ÙZOL,    TeKlV-WAVZQÇ 

cuHLfJLVYiarSylTt  (jlov  ,   x.ct/     *)(aLpl<roL<rd-î  Tctç   fri^euç , 


302  AISXINOY   EniSTOAAI. 

vtTv  ou  Tpoo-g^ovTes  yiiuv.  AÀÀa.  yotp  îÎ'^cltî  f  ctvôjpe^ 
\AG»vct/o/  ,  3coci  rrrue^Tt ,  toc  truvA  JftTv  ctJroT? 
y„cLt  [ÂiTpix  ttroiowjttç.  Ou  yoip  av   JN>?  rav  iponcûv 

OLTroaTOLWTt  ,  JCCtJ  KCLTOLAvvaLlTe  Tï)V  TYiÇ  7tT0\îœ$ 
J^CtV,,  h  èWl  %pyi(TTQTYlTl  fJLEt^Cû  KOLl  <p l \cL vQpûû 71 ICL 
S^ICL  WCLVTOÇ  l<jyj.t ,  *|  TCtAÇ  (tWcLlÇ  -ÇTCKTOLIS  ,  >Tv 
TTOÀêOT/  0U$'  CtV  MsÀO.V<i)7r05  HTyjJVllt  TrKîQV  KOùXltCùV 
VfJLÙLÇ    fJLl jXeTffGflU     T>1V    ioLVTCûV     ^pYKTTOTYlTCL    7LCU    <f>t- 

Accv5pû)7r/o:v,  i)  ■sroiptfxccAûSV'  o^àà'  oux,  A/V^jvjis,  ou- 
àcLfJiSs ,  /Jict  tous  Seous*  ou  yotp  olvtol^s  ,  oJ^' 
tvTrtiSïiç    Tïtid-zw  îycàys  ty\v   'XacrpiàcL  r»v     g/jw, 

JCO.J  lXCL\l(TTCL  VUV,  ifiCLVTOV  %*p/V  ÎJTê^S/V  J^OJCûTv* 
CCÀ-V     o'    T>)$    îjroÀgût)^    TpOTTOS,    5CCC/     TO    WOLAcLI     VfAûùV 

ovofiaLy  xcli  to  rcyy  srpoyovojv  »S-os,  a)  ctvccyjcouoTgpoy 
JSj7rouS-gv ,  >j  MeA<xvûJ7Tû>  jcccÔ'  ^aTy  ^gofjuya,  TVpoa- 


LETTRES   D  ESCH1NE.  5ûJ 

vous  sensibles  à  des  prières  que  vous  necoutez  pas 
aujourd'hui  ?  Laissez  -  vous  toucher,  Athéniens  , 
laissez-vous  fléchir,  et  usez ,  envers  moi ,  de  votre 
modération  accoutumée.  Craignez  de  démentir  vo- 
tre caractère ,  et  de  perdre  la  réputation  de  dou- 
ceur dont  vous  avez  joui,  en  tout  tems  ,  plus  que 
tous  les  autres  peuples.  Que  les  conseils  de  Ména- 
lope ,  qui  vous  empêche  de  suivre  les  mouvemens 
de  votre  bonté  naturelle, ne  l'emportent  pas  auprès 
de  vous  sur  les  exhortations  que  vous  fait ,  non  point , 
certes,  Eschine ,  qui  n'a  ni  assez  de  crédit,  ni  assez 
d'éloquence  pour  persuader  sa  patrie  ,  surtout  à 
présent  que  l'on  s'imagine  qu'il  parle  pour  lui- 
même  :  non,  ce  n'est  point  Eschine  qui  vous  ex- 
horte, mais  les  mœurs  d'Athènes,  mais  la  gloire 
dont  vous  jouissez ,  mais  l'usage  de  vos  ancêtres  , 
que  vous  devez,  sans  doute,  écouter  beaucoup  plus 
que  Ménalope ,  qui  voudrait  vous  engager  à  vous 
déshonorer  vous-mêmes. 


NOTES 

SUR  LES  LETTRES  D'ESCHINE. 


[i]  Munychie  était  un  port  de  l'Attique  ,  où  Diane  avait  un  temple 
fameux.  —  Céiens,  habitans  de  Cée,  île  de  la  mer  Egée. 

[2]  L'histoire  confirme  cette  particularité  rapportée  par  Eschine  : 
nous  y  voyons  qu'il  était  défendu  à  Délos  d'enterrer  les  morts  dans  l'île. 
—  L'Océan  atlantique.  Suivant  les  anciens,  cette  mer  était  remplie  de 
prodiges  et  de  choses  extraordinaires. 

[5]  Psamathonte ,  ville  de  Laconie.  —  Athrone.  Je  n'ai  trouvé  de  ville 
de  ce  nom ,  ni  dans  Etienne ,  ni  dans  Strabon. 

[4]  Athènes  avait  alors  bien  de  la  peine  à  se  défendre  contre  les 
Macédoniens  ,  qui  cherchaient  à  l'opprimer. 

[5]  Miltiade  ,  connu  par  la  victoire  remportée  à  Marathon  contre  les 
Perses.  Ses  envieux  le  firent  condamner  à  une  amende  de  cinquante  talens. 
Ne  pouvant  la  payer ,  il  fut  mis  en  prison ,  et  il  y  mourut ,  à  la  honte  de 
sa  patrie. 

[6]  Thucydide,  Xénophon,  Diodore  de  Sicile,  et  Pausanias,  parlent 
aussi  des  Diagoras  dans  leurs  histoires;  les  Diagoras  étaient  Rhodiens. 

[7]  Elien  ,  au  livre  dixième  de  ses  Histoires  ,  raconte  cette  même 
anecdote  ,  et  nomme  Phérénice,  cette  vieille  femme  que  le  scholiaste  de 
Pindare  appelle  Aristopatire. 

[8]  Linde,  Camire,  et  d'autres  endroits  voisins  de  Rhodes ,  étaient 
ce  que  nous  appellerions  la  banlieue  de  cette  ville. 

[cf]  C'étaient  sans  doute  des  amis  ou  des  parens  d'Eschine,qui  lavaient 
accompagné  dans  son  exil.  — Plus  bas,  Cothocides ,  citoyens  du  bourg 
de  Cothoce ,  dont  était  Eschine. 

[10]  En  grec,  comme  d'un  chien  enragé.  Platon,  et  Cicéron  d'après 
Platon ,  qui  citent  ce  trait  de  Sophocle  ,  ne  disent  pas ,  comme  d'un  chien 
enragé ,  mais  ,  comme  d'un  maître  dur  et  féroce.  J'ai  préféré  dans  ma 
traduction  la  leçon  de  Platon.  —  Plus  bas,  H  aies  était  un  bourg  de 
l'Attique. 

[1 1]  Je  ne  crois  pas  que  ce  Leptine  soit  le  même  que  celui  dont  Démos- 
thène   attaque  la  loi,  mais  dont  il  paraît  estimer  et  ménager  la  personne. 


NOTES.  3o5 

[ia]On  sait  que  les  archontes  étaient  les  principaux  magistrats  d'Athè- 
nes, qu'ils  étaient  au  nombre  de  neuf,  et  que  six  d'entre  eux  se  nom- 
maient thesmothètes. 

[i3]  C'est  sans  doute  le  Timarque  contre  lequel  Eschinc  nous  a  laissé  un 
discours,  et  qu'il  fit  condamner  comme  s'étant  livré  à  des  vices  infâmes. 

[i4]  Il  y  avait  deux  villes  grecques  de  ce  nom  :  Physque  était  aussi  un 
de»  ports  de  Rhodes  ;  il  en  est  parlé  dans  Strabon  et  dans  Etienne. 

[i5]En  donnant  au  talent  d'argent  sa  valeur  ordinaire  de  mille  écus,  et 
au  talent  d'or  celle  de  dix  mille  écus ,  la  proportion  de  l'or  à  l'argent  étant 
d'un  à  dix  ,  trente  mille  talens  d'argent  font  trente  millions  d'écus ,  trois 
mille  talens  d'or  font  également  trente  millions  d'écus  :  soixante  millions 
d'écus  font  les  deux  sommes  réunies  ,  sommes  qui  paraîtront  sans  doute 
exorbitantes. 

[i6]HaUrrhothius,  fils  de  Neptune,  avait  enlevé  Alcippe /fille  de  Mars, 
qui,  pour  venger  sa  fille,  tua  le  ravisseur.  Ce  fut  pour  ce  meurtre  qu'il 
fut  cité  devant  l'Aréopage,  où  il  fut  jugé  dans  un  conseil  de  douze  dieux. 

[17]  Ainsi  queDémosthène  ,  qui,  outragé  par  Midias  et  par  d'autres  , 
s'est  accommodé  moyennant  des  sommes  d'argent.  Il  est  facile  d'aper- 
cevoir les  autres  allusions  faites  à  Démosthène. 

[18]  Je  ne  sache  pas  qu'il  y  eût  à  Athènes,  comme  semble  le  supposer 
l'auteur  de  la  lettre ,  des  lois  qui  défendissent  à  la  femme  d'un  homme 
exilé  de  le  suivre  dans  son  exil. 


T.    III.  20 


*V\*/WVV\  VV\  WVWVHUWV»V\VVW\V.Vlvi\\1 


SOMMAIRE 
DE  LA   HARANGUE   DESCHINE 

CONTRE  TIMARQUE. 


JL/Émosthène  avait  entrepris  d'accuser  Eschine  ,  et  de  lui 
faire  rendre  compte  de  son  ambassade;  il  avait  obtenu  ac- 
tion, et  Tiraarque  s'éfait  joint  à  lui  pour  le  seconder.  Avant 
que  l'affaire  fût  portée  en  justice  ,  Eschine  voulant  écarter 
un  des  accusateurs,  prévient  Timarque;  il  le  poursuit  juri- 
diquement ,  comme  n'ayant  pas  droit  de  parler  en  public , 
puisqu'il  s'était  prostitué  lui-même,  et  qu'il  avait  dissipé 
son  patrimoine.  Je  vais  donner  une  courte  analyse  de  sa 
harangue. 

Dans  son  exorde  ,  après  avoir  expliqué  les  motifs  qui  lui 
font  accuser  Timarque,  Eschine  montre  que  les  lois,  en 
général ,  conservent  et  maintiennent  le  gouvernement  dé- 
mocratique ;  que ,  quand  on  vit  sous  un  tel  gouvernement , 
on  ne  peut  être  trop  attentif  à  les  observer ,  et  à  punir  ceux 
qui  les  violent.  Il  parle  de  l'exactitude  des  législateurs  dans 
les  lois  de  discipline  ;  il  annonce  qu'en  traitant  de  ces  lois , 
il  suivra  dans  son  discours  l'ordre  qu'ils  ont  suivi ,  et  qu'il 
opposera  à  ces  lois  les  mœurs  de  Timarque ,  qui  font  avec 
elles  un  contraste  énorme. 

Ce  discours  est  divisé  en  quatre  parties  :  dans  la  pre- 
mière ,  l'orateur  traite  des  lois  de  discipline  ;  dans  la  se- 
conde ,  il  expose  la  conduite  licencieuse  de  Timarque  ;  dans 
la  troisième  ,  il  réfute  les  raisons  par  lesquelles  on  pouvait 
le  défendre  ,  et  tâche  de  rendre  inutiles  les  artifices  et  les 
subtilités  auxquels  doivent  recourir  ses  défenseurs;  enfin  , 
dans  la  quatrième ,  qui  peut  être  regardée  comme  la  péro- 
raison ,  il  exhorte  les  juges  à  être  sévères  dans  une  pareille 
cause. 

La  première  partie  ,  qui  traite  des  lois  de  discipline  , 
renferme  trois  sous-divisions  ,  lois  touchant  les  enfans,  lois 
touchant  les  jeunes  gens,  lois  touchant  les  autres  citoyens  , 
et  surtout  les  orateurs.  La  seconde  partie  est  subdivisée  en 
deux  :  la  manière  dont  "Timarque  s'est  prostitué  lui  même  ; 
celle  dont  il  a  dissipé  son  patrimoine  et  les  revenus  de  l'état. 
J'ai  omis  entièrement  la  première ,  comme  renfermant  des- 


SOMMAIRE.  3o7 

détails  qui  auraient  pu  choquer  des  oreilles  françaises.  La 
troisième  partie  tombe  principalement  sur  Démostliène. 
Eschine  détruit  toutes  les  raisons  subtiles  et  artificieuses 
qu'il  pouvait  suggérera  l'accusé  ;  il  l'attaque  lui-même  ,  et 
ne  lui  épargne  ni  les  railleries  ni  les  invectives.  Il  répond 
aussi  à  un  des  généraux  d'Athènes  ,  qui  se  disposait  à  dé- 
fendre Timarque,  et  qui ,  entre  autres  moyens  de  défense  , 
devait  employer  l'autorité  des  poè'tes.  A  cette  occasion  , 
Eschine  cite  des  vers  d'Homère  et  d'Euripide ,  pour  mon- 
trer quelle  différence  il  y  a  entre  un  amour  honnête  et  une 
passion  criminelle.  Enfin  ,  et  c'est  le  sujet  de  la  quatrième 
partie ,  les  juges  doivent  condamner  Timarque  et  le  diffamer 
pour  l'intérêt  de  leurs  enfans  ,  pour  qu'ils  conservent  la  pu- 
reté de  leurs  mœurs  ;  ils  doivent  le  condamner  sans  écouter 
ceux  qui  sollicitent  pour  lui ,  et  qui  ont  intérêt  qu'il  soit 
absous  ,  parce  qu'ils  sont  les  fauteurs  ou  les  complices  de 
ses  désordres. 

Ce  discours  a  dû  précéder,  d'une  ou  deux  années,  les  ha- 
rangues sur  la  fausse  ambassade  ,  et  par  conséquent  a  du 
être  prononcé  la  première  année  de  la  C1X.*  Olympiade, 
ou  la  quatrième  de  la  CVIll.e. 

Timarque  fut  condamné  et  diffamé ,  non-seulement  par 
la  sentence  des  juges,  mais  encore  dans  l'opinion  de  tous 
les  citoyens.  Son  nom  passa  en  proverbe  ,  et  on  appela  de- 
puis un  Timarque  tout  infâme  débauché.  On  prétend  qu'il 
ne  put  survivre  à  un  tel  déshonneur  ,  et  que  ,  ne  pouvant 
soutenir  l'idée  d'un  pareil  opprobre  ,  il  se  donna  lui-même 
la  mort.  Il  n'est  connu  que  par  la  harangue  faite  contre  lui  ; 
mais  nous  voyons  ,  par  le  témoignage  même  de  son  accusa- 
teur, que  c'était  un  homme  important  dans  la  république  ; 
qu'il  s'était  élevé  ,  par  son  éloquence,  aux  premières  char- 
ges, et  qu'il  avait  déjà  rempli ,  quoique  jeune  ,  les  princi- 
paux emplois. 

J'ai  balancé  long-tems  si  je  donnerais  ce  discours  ,  dont 
l'objet  est  de  poursuivre  la  condamnation  d'un  homme  cou- 
pable de  vices  infâmes  :  mais  comme  il  y  a  de  grandes  beau- 
tés et  des  choses  curieuses ,  déterminé  par  mes  propres  ré- 
flexions et  par  celles  de  plusieurs  personnes,  je  me  suis  ha- 
sardé a  le  donner,  en  supprimant,  dans  ma  traduction  , 
quelques  détails  qui  pourraient  souiller  l'imagination  ,  et 
offenser  les  oreilles  chastes. 


AI2XINOT   TOT  PHTOPOS 

KAT  A 

T  I  M  A  P  X  O  T 

Aoros. 

vwv\«v\wivv\\w\vw, 

(JTAENA  TsroùWQTz  rav  woAirSv  y  S  ctvdpzç 
'ASwcuqi  ,  ours  ypotcpvjv  ypcL^ctfJLîVos ,  ovr  iv  w- 
d-uvcLiç  XwGrvwcLÇ ,  aAA.' ,  0s  eyayg  vo/x/fa),  p^uptov 

9  \  \  *!  I  I  (      ~ 

t[XCLVT0V    ItrpOÇ  tXOLVTCL    TOVTCCV     TtTCLpia'^X.CùÇ'     OpCûV 

J^e  T»v  Te  î«roAfv  fjaydXcL  jSÀa/arTo^evyv  u-zzro  Tt- 
ficL^op  tqvtovï  foiivryopovvTos  wapa.  rovç  votiovç , 

7LCLI     CLVTOÇ     idlcL    (rVKOQOLVTOV  [AEVOÇ*     OV     J^e     TpOWOi  y 

wpoïovTos  izsrtfoi%cù  rov  Aoyov*  ev  Tt  tûTv  cuV^/cr-rav 
y\yy\ŒcLiJLW  êTvflti  /AU  (ionSya-GU  Ty  zî  tiqXu  wcl<jti9 
jtcu   rois  vofioiç,  jccu  vfjLtv ,  &cu   epctvrZ.  Eiùa$  o\ 

CtUTOV     eVOp^OV     OVTCt    ol?    OÀtya     STpOTSpSV     VlKOVVcLTt 

»  I  ~  /  >      /  -  >   «. 

ctvtf.yfVûxrx,ovTos  tou  ypoLfjL/jLOLïiœç ,  €tsr>»yye/A*  o,utoï 

tviv  J\)jc*|xcc<rtctv  ToLuDjvi,   Kow  ,  0$  eo/xev,  à  chdptç 

'A3WToj,   oif  îiccd-QTîç   Xoyoï.  XiyiaScLi   Iwi   ro~$ 

JSi/xocno/s   ayZ<riv  ovx.  tlai    •ifiviïïiç*  al  ydp   t'àctt 

i^BpcLt    woWct    Ttretvv    rœv   Ttotvav    ewctvopQovvTCLL 

Toiï  fiiiv  ovv   cAov  ctymoç    (p&VYicrîTcii    ovff  y\  woAiç 

CLITICL    OVŒOL    T l/JLCCp'^Ci)  y    QVV       01     V0[AOl,     OVV      VfJLÎlÇ  y 


HARANGUE 
D'ESCHINE 

CONTRE  TIMARQUE. 


IWtVWWWVWX* 


Je  n'ai  jamais  accusé  personne  pour  crime  d'état, 
je  n'ai  inquiété  personne  dans  la  reddition  des 
comptes;  et  je  puis  ,  Athéniens,  me  rendre  à  moi- 
même  témoignage  de  ma  modération  à  cet  égard  ; 
mais  quand  je  vois  Timarque  causer  à  l'état  un 
insigne  préjudice  ,  en  paraissant  à  la  tribune  mal- 
gré les  lois;  quand  je  suis  attaqué  personnellement 
par  ses  calomnies ,  ainsi  que  je  vous  le  montrerai 
dans  la  suite  du  discours;  j'aurais  honte  de  ne  pas 
venger  l'état ,  les  lois  et  les  tribunaux,  de  ne  pas  me 
venger  moi-même.  C'est  parce  que  je  suis  convaincu 
que  Timarque  est  coupable  des  délits  dont  vous 
venez  d'entendre  la  lecture  [i] ,  que  je  lui  ai  in- 
tenté cette  accusation  :  et  rien  de  plus  vrai  que  ce 
qu'on  dit  ordinairement  dans  les  causes  publiques  , 
que  les  inimitiés  particulières  sont  la  source  de  bien 
des  réformes  pour  le  gouvernement.  En  général  , 
Timarque  ne  doit  s'en  prendre  du  procès  qu'il 
subit,  ni  à  l'état,  ni  aux  lois,  ni  à  ses  juges,  ni  à 


Ù  I  O  HARANGUE  DESCHINE  CONTRE  TIMARQUE. 

son  accusateur;  c'est  lui-même  qui  se  l'est  attiré. 
Pour  le  punir  des  vices  infâmes  dont  il  a  souillé  sa 
jeunesse ,  les  lois  lui  fermaient  l'entrée  de  la  tri- 
bune, et  lui  signifiaient  un  ordre  qui,  selon  moi, 
n'était  pas  si  dur,  qui  ne  coûtait  rien  à  suivre.  Il 
pouvait  encore,  s'il  eût  été  sage,  m'épargner  ses 
imputations  calomnieuses. 

Quoi  qu'il  en  soit  de  ces  premières  idées,  sur  les- 
quelles il  serait  inutile  de  s'étendre  ,  je  passe  à  des 
réflexions  qui ,  sans  doute,  vous  ont  déjà  été  faites 
par  d'autres  [2]  ,  mais  qu'il  est  à  propos  de  vous 
répéter  à  la  tête  de  ce  discours. 

On  convient  qu'il  est ,  parmi  les  peuples  , 
trois  sortes  de  gouvernemens  :  la  monarchie  , 
l'oligarchie  ,  et  la  démocratie.  Les  deux  premiers 
soumettent  les  hommes  aux  volontés  de  ceux 
qui  commandent  ;  le  troisième  les  assujettit  à 
la  loi.  Ce  sont  les  lois  ,  vous  le  savez  ,  qui,  dans 
les  démocraties  ,  conservent  les  citoyens  et  le  gou- 
vernement; c'est  la  défiance  et  la  force  des  armes 
qui  font  le  salut  des  monarques  et  des  chefs 
de  l'oligarchie.  L'oligarchie ,  et  en  général  tout 
gouvernement  où  les  hommes  ne  sont  pas  égaux  , 
doit  écarter  quiconque  ,  ne  suivant  de  loi  que  la 
violence,  cherche  à  renverser  les  états.  Nous,,  dont 
le  gouvernement  est  fondé  sur  les  lois  et  sur  l'éga- 
lité ,  nous  devons  craindre  ceux  même  dont  les 
discours  ou  la  vie  sont  contraires  aux  lois.  Notre 
force  consiste  à  nous  gouverner  par  de  bonnes  lois  A 


KATA  TIMAPXOT   AOros.  3lt 

oui.  tyœ  y  cl\\  clvtoç  ovtoç  (clvtcû.  Ol  p.gy  yctp 
vopoi  TrpoèîvrQV  &vtcû  ,  clIo-^gùs  fZiÇ>iccx,ou ,  [iri  J^- 
Wyopiïr  l'KiTcLyyLau^  aç  yi  J^»  lya  >tp<va>,  ou 
^otAgsroy   twtTcL<r&vTzç ,    cÎAAct    jtctJ    7ictvu    pct&ov 

i/JLi    y    8§Jy    CHJTOùy    il    gVûXfpoyg/,    WA     <T\JXO(QcWTtïv. 
UgpJ  ^gV    OUV    TOUT0V  fJLîTflCùÇ  lATtlCcù    fJLOl    TCÇQtl- 

pacrS-ocr  oux,  oLyvoœ  ^g,  «  ctvfygs  'AÔwacîij ,  à  fJLîWùd 
gv  3rpû>To/s  Agysjv,  oti  (pctvgTa-Sg  Jta./  irzpm  vày  srpo- 
Tgpov  cootx.ooTgs'  ccAAa  ^toi  JWg*  Jtct/pos  g/ycc/ ,  ^ 
g/tg  yuy  arpos  v/jlÔlç  xœ  chjtqù  tqvt®  Aoyœ  vpiierS-cM. 
O/toÀoyoCyrct/  yap  Tpg?k  e/vai  noAiztîcLi  ^ccl^cl 
TTaiviv  ivS-pœwoiç ,  Tupctvy/s,  3ca<   oA/yap^ec ,  x,otiN 

^ntlOKpCLTlcL.    AlQlKOUVTOU     J^    CU     ,UgV    TUpctVVjÔV     $ 

oti   oA/yap^/aj   to7$   TpQ7toi$  t£v  g'(pg<mix.oT0y ,  eu 

<^g     TTOASIÇ     CCI     ^V\yLQ^CLTOlf(XîSdLl     To7$      VOfJLOlÇ    To7ç 

x,ei//.evoi£.  Eu  J^'  i<rrg,  £ 'aOuvclToi ,  'on  tcl  fjutv  zm 
JNîi/xo}cpctTouu;gyû)v  o-cù/jlcltcl  jccli  T)}v  woAituolv  oi 
vo[xoi  aa^oua-i ,  Ta  J^e  ra y  Tupotvyav  jcgu  Tay  oà/- 
y<*-?%wv  cL7ti<TTi<L,  x,cà  ïf  jU.gT<x  -ray  oVa^v  qtpovpâ. 
$uAcuc/reov  JSj  to?s  fxgy  oA<y<xpp£/jto?s ,  x,cJ  to?s 
T»y  ay/o-oy  TroAjigiotv  zroAirivo^oiç ,  tous  gy  %gj- 
pay  vo/xû)  Tas  TToAtTg/as  xxCTaAuovTar  Jjuuv  J^e,  toTs 
t>jv    jo-jiv    xctf    t»v    gyyo^Ltov    -çroAirucLv   trouai,   to 

TQVç    TZCLOGL    TOVÇ    VOfJLOVÇ    i    MyoVTûLÇ    7)    (lî&lGÙ'iLÙZÛLÇ 

xoActÇgiy.  'EvtéuGsv  yap  IvyyviTi ,  oTav  «Jyo^twfig, 


r 


Sl2  kata  ttmapxoy  Aoros. 

KOLI     pi    X<CtTûtÀU»(79e    wVo    TCùV    WÔLfQLVOfJLOVyTœV    xcu 

cLGihycùÇ    (iiùvvTm.    Ylpoayxtiv  J^'    ïyœyt    vofi.ifyù  y 

QTOLV     [XîV     VOfJLoQtTûùfJLW ,    T0u9'    >Ï/Jt.cck    GXO'&W ,    'c^CàÇ 
~     ,/  (  /  / 

x.ccAûjs   g^ovrccs    jcccj    (TUAKpepovTGts    yo^ous   th    îjto- 

VOfJLOlÇ  TOlÇ  TtilfJLiVOlÇ  -Weid-ioScLl  ,  T0l>^  J^g  ^  TTê/- 
èû/ULiVOUÇ  JCOA&Çg/V,  S<  ^r  Tût  T>fs  Wo\lGCÇ  KCLAûûÇ 
5C<X*     gU     è%€'y» 

Sx-g-xJ/oco-ôe  yap,  œ  'ASflvaTo/,  ootjv  Tpovojav  'TTgp* 
cr»(ppoo'uy>i?    g'/towaro   SoAav    g&gîyos,   o    wclXoliqç 

VOfJLoQiTYlÇ  ,  KCLl  O  ApoUtÛJV  ,  JtAJ  M  JCCf.T<t  TOUS  ^poyoUS 
ÏKWOVÇ   VOIAO^ITCLI.    IIp£>T0V    jUieV    y  dp    TTgpj     T>1S    (TÛJ- 

<ppoo-uv»$  Tav  ^rouàay  tûw  Y[XîTîpm  €vo/xoGeT>»<roLv , 
jcau  Aappj&jv  ctVgo^ctv  a  p£p>f  tov  waiïdaL  tov 
Asu-3-gpov  zztrtTYiâtvtiv ,  jloli  ©V  J^eT  auioy  TpcKpîvctr 
iWtircL  J^gurgpoy,  -zzrepc  tgjv  .fieipaicicoV  Tpirov  J^ 
g<pe£>is,  *2repj  rSv  ccAàûw  jÎAjjc/ûTv  ov  julovov  J^g  7rgp* 
T^v  làiœrcùv  y  aAAa  59  -zêrspt  tôv  piTopav.  Kcu  toutous 

TOUS  VOftOUÇ    cLVcLypCL>\sCWTZÇ  VflTv  l&CLfCiïL&TiSlVTQ  ,  *J 

u/x&s  cci»Tû)y  ewearnouv  cpuAaxas. 

BouAo^&J  JSjxJeyû)  VUVl  3TpOS  UfJLOLÇTOV  OLVTOV  Tp07tOV 

%py<raL<rQaLi  rœ  Xoyo) ,  cv7T£p  To7s  yo^o/s  o  vo/xo9gT>is. 
npûJTov  juiev  yap  J^g^gjpj  7rpos  J^tas  tous  vo{jlovç  ,  o! 

X-g/VToU  'TTcp/    TMS  tVX,OŒ[AlOLÇ   TÛ)V   TtCLlQm   TûJV  YIJULtZipCûV 

*l  i\     /  >  \        ~  /  '  r\  * 

tmïCCL     dNêl/T£pOV,  TOUS  ^p*    T0V  fJLtipaLKiaïV    Tp/Toy  <rg 

g^S^S,  TùVÇ'Wlpl   TGûV  CtAAû)V  >ÏA/X,/û>V  ,    OU  f^OVOV  *7T£pt 

rav  IdiGùTCùv,  ctAAct  3cot<  Trsp/  T«y  fwTopay.  Oura  yctp 


HARANGUE  d'eSCHINE  CONTRE   T1MARQUE.  OU 

à  ne  pas  nous  livrer  à  la  perfidie  de  ces  hommes 
qui  se  permettent  de  les  enfreindre ,  et  qui  tiennent 
une  conduite  licencieuse.  Etablissons-nous  des  lois  ; 
prenons  des  mesures  pour  n'en  établir  que  de  bon- 
nes et  de  con  venables  à  une  république  :  dès  qu'elles 
sont  établies  ,  il  faut  les  observer,  et  punir  ceux  qui 
les  violent ,  si  nous  voulons  que  la  république  soit 
heureuse  et  florissante. 

Considérez  Athéniens  ,  avec  quelle  attention 
nos  premiers  législateurs,  Dracon,  Solon  et  les 
autres  ,  se  sont  occupés  de  la  sagesse  et  de  la  mo- 
destie. D'abord  ils  ont  porté  des  lois  de  discipline 
pour  nos  enfans,  prescrivant  en  termes  clairs  les 
exercices  d'un  enfant  libre,  et  la  manière  dont  il 
faut  l'élever  ;  ils  en  ont  porté  ensuite  pour  les  ado- 
lescens  ,  ensuite  pour  les  autres  âges  ,  non-seule- 
ment pour  les  particuliers  ,  mais  encore  pour  les 
orateurs.  Et  ces  lois  ,  consignées  dans  vos  archi- 
ves ,  ils  vous  les  ont  remises  comme  un  dépôt ,  et 
vous  en  ont  constitué  les  gardiens. 

L'ordre  que  le  législateur  a  observé  dans  ses  lois , 
je  le  suivrai  dans  mon  discours  ;  je  vous  parlerai 
d'abord  des  lois  qui  concernent  les  mœurs  de  vos 
cnfans  ;  ensuite  de  celles  qui  regardent  les  adoles- 
cens  ;  enfin  de  celles  qui  ont  été  établies  pour  les 
autres  âges  ,  non-seulement  pour  les  particuliers  , 
mais  encore  pour  les  orateurs  :  car  il  me  semble 


5l/|.         HARANGUE    DESCHINE  CONTRE  TIMARQUE. 

que  c'est  là  le  moyen  de  vous  instruire  le  plus  fa- 
cile. Ainsi ,  je  vais  vous  expliquer  d'abord  les  lois 
d'Athènes,  et  après  cela  je  leur  opposerai  les  mœurs 
de  Timarque,  qui  font ,  avec  toutes  ces  lois,  un 
contraste  énorme. 

Nous  sommes  obligés  de  confier  nos  enfans  à 
des  maîtres  qui  ne  peuvent  subsister  qu  autant 
qu'ils  ont  des  mœurs  ,  et  auxquels  le  défaut  de  sa- 
gesse ôterait  toute  ressource  :  le  législateur  néan- 
moins, toujours  plein  de  défiance,  désigne  claire- 
ment l'heure  à  laquelle  un  enfant  libre  doit  aller  aux 
écoles ,  avec  quels  enfans  il  doit  y  entrer,  et  quand 
il  en  doit  sortir.  Il  défend  aux  maîtres  des  écoles 
et  aux  chefs  des  gymnases  de  les  ouvrir  avant  le 
soleil  levé ,  et  il  leur  ordonne  de  les  fermer  avant 
le  soleil  couché  ,  tenant  pour  suspectes  la  solitude 
et  les  ténèbres.  Il  marque  encore  quels    sont  les 
jeunes  gens  qui  peuvent  y  entrer,  à  quel  âge  ils  le 
peuvent,  et  quel  est  le  magistrat  qui  doit  tenir  la 
main  à  l'exécution  de  ces  lois.  Il  donne  des  règles 
sur  l'attention  que  doivent  apporter  ceux  qui  con- 
duisent les  enfans  aux  écoles  et  aux  gymnases, 
sur  les  salles  qu'on  y  a  consacrées  aux  Muses  et  à 
Mercure;  enfin,  sur  les  jeunes  citoyens  qui  for- 
ment les  troupes  de  danseurs  pour  les  fêtes  de 
Bacchus.  Il  veut  que  le  chorège  [5]  qui  les  em- 


: 


KATA   TIMAPXOY   AOrOS.  3l5 

d'y   jULOl   fJiOL\lCTOL  VICoAûLflCcCJCù   TOUS  ÀOyoUS  VJfJLâiSiïç 

ytvurdoa.    Aijlcl  J^e  jccci  jSouao^iûU,  œ  'aOhvcuo/,  wpo- 

Wipi  ty\ç  noAtceç ,  tcocA/v  <re  /ma,  touto  ctvziçiTcLcraLi 
rovç  rpowouç  rovç  TifAOLpyyv.  EupwrgTc  yctp  clvtov 

rO  yctp  vo/^oSgTus  wparcv  fjav  ro7ç  J^oWjcctÀo/s, 
o'is  g£  ctvctyjois  wcLpaLKcLTcLTiQi  titrai  rovç  tf^gTgpous 

CLVTCOV     WOLlÔctÇ  ,     oU    fVTIV     0     ££gV     j8t9S     tf/STO     TOU 
<7<i)(ppOVgTv ,    »    J^    OLWOplOLex    Tû)V   gycCVTlûJV,   O/JU0S    Ot7Tl- 

ctûjv  cpctivgTou,  jceti  JWp'fwoV  ecTio&iîcvuo-f,  7ipû>Tov£igv, 
»v  apotv  47Cpo(Ty]xu  uvcLi   Toy  wcLtâcL  roy  gÀgu^gpov  sis 

TO      J^ÔW&tfAg/oy  ,     è&tlTeL     [AiTOL    'TtQGCûV     7rctl&»V 

£!<mycu ,  3ccu   TTWjta.  cttzmya'.    xas   tous  <r<ô<x<7>cc*,- 

àol;^   Tût    JWût(7)C<zAg?Ct,   XOLl    TOVÇ    -&OLld0TpiÇ>aLÇ   TOLÇ 

.     /  »    /  \      »  /         \  / 

-&OL\cLl<TTpoL$   OLVOiyilV    |ULgy    Ct7ra.yopcUgJ   ft»     7TfOTgpOV 

wptv  cty   o    jjàjos   ivuT'fâ ,   xAeigjy  ^e  ^rpoerraTTg/ 

2TpO    >1AJ0U    J^goWoTOS  ,    T^    i^fJLlcLÇ    KOLl    TO    <TK.0TO$ 

gy   wAêKrni     vwo-^icl   woiov/xivoç*   xcli   tovç  ygotvi- 

(DtOUS    TOUS    g*O-(Ç>0JTû)VTCtS,    GVGTIVCLÇ    à^tl     gJVCU ,    X.GU 

ctcrrtvxç    y\\'ùUdLÇ  g^ovTccs,  &<*/   ctp%»v    ins   goret/ 

f  f  »  .  /  \  \  ^  ~ 

y\   tovtm    g7TljLtgA>JO*olagVM•    x.ott    îzrgpi    •5rotJGiccyû>ya>y 

g^nAtgAS/ots,   xcti    tzrgpi   |u.oL»o-stû)y  gv  toiç   dx/octo-}ta.- 

Ag/o/s,    x,cti    srgpe    gp|u.ct.iQJV    gy   rctts    wct\xi(TTpoLiÇ 
l       \  ~  \  I 

X-Cti      TO     TgÀgUTcUOV     t3T£pl      T>15     (TVfJLQoiTiHnQÇ     TûùV 

wrott&v,   5ccu    tov   ^op^y  to7v    lyx.vy.Aim.  KzAîvti 


3i6  KATA  TIMAPXOY   AoroZ. 

yap  tov  %op>iyov,  tov  [iiWovtcl  tw  ovœiclv  tm 
ectvTov  eiç  vfjLoLÇ  olvûlXigxeiv  ,  t/Vep  TêTTapotxoyxct 
trv\  ytyovoTOLTouTo  -arpcLTTuv ,  !/,  y\ây\  eVJè£  ca- 
cppoyso-raTM  olvtou  wXixicl  ûJv,  ot/Tas  evTuyp^ctVM  rois 

V[llTtpQl$    WCLKTIV.      AvcLyVCû(nT<Ll    OVV    VfJLlV    TOVTOVÇ 

tous   vofiovç  o    ypa/xp.otisi/^,     iv    €/&rre   ozi  o  vopo- 

SîTï\Ç   YiyWGLTO   TOV    TLCtXSç   TpOLtylVTCL   TTct'uk,   CLvdpCL 

yêvojutevov,    yjyi<nfjLov  eataQoLi    tv\  wqAu'   otocv  J^    » 

<Pf(T/$     TGV     (ZVSpœTlOV     WSVÇ     •ZtTGV^pOtV     Ctp%>îV     ACUsW 

t>Ts  TrcLidiicLÇ  ,  ex,  Ta!v  xcuto?  Teâ-pot/j.^gvûjy  7ra<&»v 

'&cLpoLwAv\<nov$  yyyiGctzo  woAizolç  t<Tio~$cLi  T^ap^a 
J.    A  I        * ,       >     *»'        \       /  f 

TOUTûM.  Agy6    «T      CLVTOIS    TQVÇ    VOfJLQVÇ    TOVTQVÇ, 

NOMOI. 

O/  J^e  t#v   *7ecu$cûv  JWctc&aÀoi  ctvo/yeTû)(Tûtv  /u.ev 
Ta     «NtWjcctAsTk     ^     -arp  oVepov    >ÎAioi>    ûlviovtoç , 

xAiltTCùGCLV    J^e     7lp0    >ÎÀJ0t>     J^VOVTOS.     Kctt   ft>1  tfycGÏGù 

roiç  vmp  ty\v  tcov  Traaàcev  y\\iyticu  ougiv  u<mvaLi , 
tSv  'XaLidcôv  evJbv  ovtûjv,  eav  pi  ut  os  ^iÙûlcdcclAov 
7i  aâiXÇoç  yi  BvycLTpoç  av>ip.  Eav  <re  t/s  Trapo. 
T&uV   e/(7tw,    -Suvcitû)    (^u/oucr3û).    Kcti    ot  yvfMcL- 

(TlOLp'XjXl  Toïç  tpfJLOLlOlÇ  fAH  IcLTOùGOS)  (TVy^CL&li' 
VOt/      jJLYlfcvcL      TM      Iv     YlAlXlCL    TfOTTfc)    pl&Vi*'   ZCLV    M 

tr7Cïzpi'7Cv}  xai  \m  içupyy  ion  yv[wcLGiov ,  £yo^os 
gcrTû)  o    yvpvoLO'icLp'^ç    Tcç   Ty\ç    tAîvBèpûùV  Qd-opaç 

VOfjLCù.  Ot'  e^e  yj^yoi  Cl  iLCLd-lCTCLJltfOi  V7T0  TOV 
S^yjfJLOV  ioTMO-OLV  T^V  7\Al}LlcU  VTZtp  TiZTCLf>cLX,QVZCL 
ZT7I, 


HARANGUE  DESCHItfE  CONTRE  TIMARQUE.        5l7 

ploie,  et  qui  se  dispose  à  dépenser  son  bien  pour 
vos  fêtes,  ait  passé  quarante  ans,  afin  qu'il  n'ait 
de  liaison  avec  vos  enfans  que  dans  un  âge  mûr. 
Le  greffier  va  vous  lire  les  lois  mêmes  Vous  ver- 
rez que,  suivant  le  législateur,  un  enfant  bien 
élevé,  parvenu  à  l'âgé  d'homme,  pourrait  être 
utile  à  sa  patrie  ;  mais  que,  si  le  naturel  était  gâté 
d'abord  par  une  mauvaise  éducation ,  des  enfans 
mal  instruits  ne  pourraient  donner  que  des  ci- 
toyens semblables  à  ïimarque.  Greffier,  lisez  les 
lois  ! 

LOIS. 

»  Les  maîtres  des  écoles  ne  les  ouvriront  pas 

•  avant  le  soleil  levé  ;  ils  les  fermeront  avant  le  so- 

•  leil  couché.  Ceux  qui  ont  passé  l'âge  de  l'enfance, 

•  ne  pourront  entrer  où  sont  les  enfans,  excepté 
»  le  fils  du  maître  ,  son  beau-frère  ou  son  gendre  ; 

•  si  d'autres  se  permettent  d'y  entrer,  qu'ils  soient 

•  punis  de  mort.  —  Les  chefs  des  gymnases  ne 
»  permettront  aux  jeunes  gens ,  pour  aucune  rai- 
»  son ,  d'entrer  dans  les  salles  consacrées  à  Mer- 
»  cure.  S'ils  y  en  laissent  entrer  quelques-uns ,  ou 

•  s'ils  ne  les  en  font  pas  sortir,  ils  encourront  les 

•  peines  portées  contre  ceux  qui  corrompent  les 

•  enfans.  — Les  ehorègcs,  nommés  par  le  peuple  , 

•  doivent  avoir  passé  l'âge  de  quarante  ans  [4].  » 


Ol8         HARANGUE  DESCHINE  CONTRE  TIMARQlE. 

Le  législateur  parle  ensuite  de  délits  graves , 
mais  qui,  sans  doute,  se  commettent  dans  la  ville: 
car  nos  anciens  n'ont  porté  des  lois,  que  pour  op- 
poser des  digues  à  des  excès  réels.  La  loi  dit  donc 
en  termes  formels,  que,  si  un  père,  un  frère,  un 
oncle,  un  tuteur,  enfin  quelqu'un  de  ceux  qui 
ont  autorité  sur  un  enfant ,  le  vendent  et  le  livrent 
aux  plaisirs  d'autrui,  on  ne  pourra  pas  accuser 
l'enfant ,  mais  celui  qui  l'a  acheté  et  celui  qui  l'a 
vendu;  l'un,  dit-elle,  pour  l'avoir  acheté,  et  l'au- 
tre pour  l'avoir  vendu  :  elle  a  établi  les  mêmes 
peines  contre  tous  les  deux.  Lorsque  l'enfant  sera 
parvenu  à  l'âge  d'homme ,  il  ne  sera  pas  obligé  de 
nourrir  ni  de  loger  son  père,  par  qui  il  aura  été 
vendu  et  livré  aux  plaisirs  d'autrui;  seulement  il 
l'inhumera,  quand  il  sera  mort,  et  s'acquittera 
envers  lui  des  derniers  devoirs.  Et  voyez,  Athé- 
niens, la  sagesse  de  la  loi.  Lorsque  le  père  vit,  elle 
le  prive  de  tout  secours  de  la  part  de  son  enfant, 
comme  il  a  privé  son  enfant  de  la  liberté  de  parler 
en  public.  Mais,  lorsqu'il  est  mort,  qu'il  n'est  plus 
en  état  de  sentir  un  bon  office,  et  que  l'honneur 
est  rendu  à  la  loi  et  à  la  divinité,  elle  ordonne  de 
l'inhumer,  et  de  s'acquitter  envers  lui  des  der- 
niers devoirs. 

Le  législateur  a  encore  porté  une  autre  loi  pour 
la  sûreté  de  vos  enfans,  la  loi  de  la  prostitution  : 
il  établit  les  dernières  peines  contre  quiconque 
prostituera  un  enfant  libre  ou  une  femme.  Quelle 
autre  loi  a-t-il  encore  portée?  la  loi  concernant 


KA  TA  TiMAPXOT  AOI  OS.  3l9 

MSTCC    tOLVTcL      tOiVVV  ,    Où       Ad-YIVCLÎQI  ,     VOtUo3-£Tc? 

crgpi    idiMiicLTCùv ,    p.gyctAû)V x  /*gy  ,   y/vop.gyo>v  JV  a 

oifxcLi ,  ev  tjT  ToAgr  ex,  yotp    tou  7rpctTTgcr8cu    TtVct, 

û)V  ou  <7rpo(7»)tev,  ex,  toutou  tous  vofjiovç  tSwTo  01e 

•  Tr&Acuo/.    A/ctppn(hiv     yoïy   Agygi    o     yo^cs*     'Ectv 

TlVCL       tTtlutâCùGy      ITOLlpilV      7rccT»p     >}       OLOiAÇOÇ     » 

-3-e* os  »  €7nTpo7ros  «    oAceç   tccv   ycvptûûv   Ttç ,    x,<xt 

>       ~  \  ~  k\  »         >-,  \       <  I 

GLVTOV      fJLH      TOV      TCdLlOOÇ      OVX,    ÎCL     ypûMÇW    IT&ipYl- 

(7gO>S      g/VCU*      X,CtTCt     è\    TOV      fJLUTZCùŒCLITQS   KOLl    TOV 

ju./o-3û>o-d4ugvou,  tov  fjav ,  or/  tfyiu<rScù<Jz>  xov  th 
Q  <p>?crtv  )     oti   tfii<r\}Cù<rcLïo ,     xcti    fo-<x  rot    inm[MOL 

ri  I  \  \      t         I  <> 

txoLTtpù)  TriTtoiviM  x,cu ,  ^  earctvctyxgs  e/vctc  ia> 
Traita   v)Ç>y)<r<MTi  Tpîtyîiv  toi   TTcLTtpct,  -pi<îfe    olxw/y 

7TCCpg^ê<V  ,     OÇ     CLV      lxfJU<TQa)<T}!      gTCUpStV     CLTtO^CJLVOncL 

<^e  ■3-ct'7rTgTû)  xa*  tciWcl  tcoiutcû  tx  vo/xt^o- 
/Asyot,  2xg-\[/Xo-9g  «N  û>V  xxAûîs  ,  a  'A0>ivot7ot ,  <^ûTv- 
tos  jitgv  xJrou  x<pxtpgrrx<  tw  ov>j<nv-  t??  crxt- 
^ottoù'ccs,  ûjo-^rsp  gxgTvos  tou  ttxi&s  w  7rxpp>io"ixv 

TÎAIVTV\<TCUTCL    è\     CLVTOV ,    >jVi3CCC     O    LtZV     IVipyiTOV- 

fLgvos  oux  ex/  xiVSxygTXf  ay  su  TTctcrp^g/  ,  t/jUxtxj 
J^g  o  yo/*o$  xxj  to  3g?oy,  3x7rrg*v  îi'&i  xsAaug/,  xxt 

TctAAûC    TTO/g/y    TOC    VOfJLlCo fJUVCL. 

Koli  tivol  tTtpoi  Kilo?  îSy\M ,  (puActxct  Tay  J/xe- 
Tgpajv  wolioûûv  ;  tov  t>#  ^poccy^yg/ot? ,  rct  fieyia-zoL 

iWlTilXtCL      iwiypaL*\,OL$  y      g'ctV    T/S    g'Ag^^-gpOV     7TCtT(îct 

»  yuvcuxct  tîrpoûcyûjyguo-w*     xat    woiov  aAAoy  ;  Toy 


3/20  KATA   T1MAPXOY  AoroS. 

<tv\\clÇ>où)>  e%er  ev  à  JWp'pj&jv  ytypccTCTcu  ,  î<Li 
Ti$  JÊpj^y  Û$  nciïdoL  (  tî£p/£gi  J^e  i^wov  o  /*jct8oJ- 
(tey^)f9i  âWpet,  i  yuvctîjca ,  i  t«v  gAgu9gpav  Tivct, 
g  tov  J^ouÀav,  Ji  ectv  trafctvo^»i  t/  to/h  ê/V  tqu- 
tû>v  r/yot,  ypct(p<xs  v&ptœç  iucli  wiTTùlhu,  tcoli  t/- 

fJLVIfJLOL     iUrîd-yVLtV     0  ,     Tl     ^p/î     TTct^S^V     »     CLTCOTIGCLI. 

Agyg  tov  yo/*oy. 

NOMOS. 

Av    T/s    'A3>ivouû>y    g'AsuS-gpov     TTciïdct    v&piavi , 
ypct(pg(T0û)   o  Kvpioç    tov  rrccuèos    Kpoç    tovç  «S-go-^o- 

BtTOLÇ  ,     TtfJLV)fJL<t      tTCiy^CL-^CL^OÇ  ,       0      <XV       TO    J\- 

x.ctcrT))p/ov  jcctra^cp/o-^  ,  <7n*,pct(îo5as  to~s  /a 
TtSvcLTœ  cLvSv\[xepov.  'Eolv  J^g  s/s  dpyvpiov  XOLTOL- 
«J/JïCp/o"^  ,  ccî<roTi(7ccTû)  gy  /a  yj/japaiç  [astcl  tïiv 
JV&W  ,  g*V  fl>1  25*ctpet^p5]ttot  JV^fTcU  cLTZOTimv' 
eCù$       S^è      TOV       CLTVOTlGCLl       g/p^S^Ta.      '  EvO^Ol     e^g 

g<rTa>ouv  1  rct?<j^g  ra?k  ccmous    xoti  0/   ùç    tcl  01- 

\         I  yy  t 

X,gT/X,a    Gûù/JLOLTCL    tÇcLfJLCLpTaLWTte. 

il  ->\  >  A  /  »V        /  9  t 

ïaccç  eu   ovv  tjs  o&u^cwgigv,   g£eti(py»s    OLX.OV<TCLÇ  9 

tl  J^»  «TS  Tffl  yop.6)  TO*  T??  iêpgûJ?  '/TpOO'gypoi,^ 
TOUTO     TO    pWjttCt,     TO     TûJV     J^OUAûW.    ToVTQ      <^g      gety 

(73co'7r)iTg,  gJpyo-gTg,  à  ctvdpgs  A-3-w<x/o/ ,  ot/  touto 
•zfccvtûjv  ctpto-Tût  ep^6/.  OJ  y ap  utzrgp  tûjv  ot/tgT^y 
gVsrou&ocgv   0  vo[JLûd-iTv\ç ,   aAAot  (ZovXofityoç  v)[aolç 


HARANGUE  D  ESCHÏNE  CONTRE    T1MARQUE.       021 

1  outrage,  qui  renferme,  dans  un  seul  mot,  tous 
les  délits  de  cette  nature.  Elle  dit  expressément 
que  quiconque  outragera  un  enfant  (or,  on  l'ou- 
trage, quand  on  l'achète  pour  ses  plaisirs),  ou  un 
homme,  ou  une  femme,  soit  libre,  soit  esclave; 
quiconque  se  portera,  contre  quelqu'une  de  ces 
personnes,  à  des  excès  criminels,  pourra  être  ac- 
cusé pour  crime  d'outrage.  Elle  marque  la  peine 
corporelle  ou  pécuniaire  qui  lui  sera  infligée. 
Greffier,  lisez  la  loi. 

LOI. 

■  Quiconque   outragera  un  enfant  libre  ,  sera 

•  accusé  devant  les  thesmothètes  par  le  tuteur  de 

•  l'enfant  qui  prendra  contre  lui  des  conclusions. 

•  S'il  est  condamné  à  mort  par  le  tribunal,  il  sera 

•  livré  aux  ondécemvirs  [5] ,  qui  le  feront  mourir 

•  le  jour  même.  S'il  est  condamné  à  une  amende  , 
»  il  paiera  dans  l'espace  de  onze  jours  après  la  sen- 

•  tence.  S'il  ne  peut  payer  à  ce  terme,  il  sera  en- 
»  fermé  jusqu'à  ce  qu'il  ait  payé.  Ceux  qui  auront 

•  outragé  des  esclaves,  subiront  le  même  juge- 
»  ment.  » 

On  sera  peut  -  être  surpris ,  d'abord  que  le  lé- 
gislateur parle  aussi  des  esclaves  dans  la  loi  con- 
cernant l'outrage  :  mais ,  pour  peu  qu'on  y  réflé- 
chisse, on  verra  que  c'est  un  grand  trait  de  sagesse. 
En  effet,  si  le  législateur  parle  des  esclaves,  ce  n'est 
pas  qu'il  s'intéresse  pour  eux;  mais  voulant  nous 

t.   m.  21 


02  2         HARANGUE  D  ESCHINE  CONTRE  TIM4RQUE. 

accoutumer  à  nous  abstenir,  surtout,  d'outrager 
des  personnes  libres,  il  a  ajouté  qu'on  ne  pourrait 
même  outrager  des  esclaves.  Et,  en  général,  tout 
bouiine  qui,  dans  une  démocratie,  outrage  quel- 
que personne  que  ce  soit,  on  n'a  pas  cru  qu'il  fût 
propre  pour  ce  gouvernement. 

Faites  attention ,  Athéniens  ,  qu'ici  le  législateur 
ne  parle  pas  encore  à  la  personne  même  de  l'en- 
fant, mais  à  ceux  qui  sont  chargés  de  l'enfant,  à 
son  père,  à  son  frère,  à  son  tuteur,  à  ses  maîtres, 
et  généralement  à  ceux  qui  ont  autorité  sur  lui. 
Mais,  lorsqu'il  est  inscrit  sur  le  registre  des  ci- 
toyens, qu'il  connaît  les  lois  de  la  ville,  qu'il  peut 
discerner  ce  qui  est  honnête  et  ce  qui  ne  l'est  pas, 
ce  n'est  plus  à  un  autre  que  la  loi  parle ,  mais  à 
Timarque  lui-même.  Et  comment  s'exprime-t-elle? 
le  voici  :  Quiconque  des  Athéniens  se  prostituera 
auœ  plaisirs  d' autrui ,  ne  pourra  être  choisi 
parmi  les  neuf  archontes  ;  sans  doute  parce  que 
c'est  une  des  principales  charges  de  la  ville;  il  ne 
pourra  être  nommé  à  un  sacerdoce  ,  car  la  loi 
parle  d'un  homme  qui  n'est  pas  même  pur;  il  ne 
pourra  ,  dit  -  elle ,  plaider  pour  le  peuple .,  ni 
obtenir  aucune  magistrature  dans  la  ville,  ou 
hors  de  la  ville 9  par  le  sort  ou  par  élection;  il 
ne  pourra  être  envoyé  comme  héraut  d'armes,  -J 
ni  comme  député,  ni  accuser,  ni  calomnier,  pour 
de  l'argent,  ceux  qui  ont  été  en  ambassade;  il  ne 
pourra  donner  son  avis  ni  dans  le  sénat,  ni 
dans  l'assemblée  du  peuple,  fût -il  le  plus  éla- 


KATA  TIMAPXOY  AOrOS.  323 

isUcti  7tro\v  i-xiyj,^  rns  rcàv  t\îv$tsœv  v&pîaç , 
wpo<rtypct.^z  pi</  ïh  tous  S^ovAouç  i/Sp^Jiv.  'OAa>$ 

J^g    ÎJ  fïlUDLfZTlCL    TOV    iU    OZUIV    vÇ>pi(TTY)V ,   TOUTOV 

gJjc  iiriTvidtiov  YtyYKra.ro  tivcit  <7ua7roA/Teugo"3-cu. 

KcûiTvo  J^g  /utoi  <rw()ia.uniJ.Miv<rcLri ,  0  civcfygs 
'AS-wvafoi,  gt<  îvrcLvzcL  o  vo.uoS-èTvtf  ou7rû)  J^atAe- 
ygTau  cci/tû>  rœ  crcouctri  rou  'Xxiooç  ,  clAAol  roiç 
Tsn^.  tov  ncLiooL,  Ticcrpi ,  cto€A<pu),  g-zznTpo7ra) ,  <r/- 
doL<nt4Aots }  îtoti  oAas  Tots  Kvpioiç.  Emiàav  £  ey- 
ypccpy  v.ç  to  AYiçicLp')(iKov  ypa/jLacLTttM ,  x,<x.!  tous 
vofjLovç  yvcà  3cxi  gtow  tous  t>i£  TioAeas,  jcou  >i c»>î  ouwirctt 
JrtcLAoyiÇHTVaLi  zol  kclAcl  tlcli  zol  [xy,  ovtl  txi  izzpco 
J^xAgygTcu ,  ctAA  jioVj  ctfTûï  TiucLpya.  Koll  n& 
Atyzi;  'Avziç  *A8)iyflcr<MV,  (pjjcr/v,  tTcLipv\?y,njjLv\  IÇivca 
gcut^   tûjv  evvgx  atp^ovnav  yevgo-3-ou  (or/,    otfxcn9 

<77gÇ>0tV>1<p0p0$   >I    Ctp)^),  /-Or)    l'cp0ffUV>1V   UpZ<TcL7$%l  (ùùÇ 

ovâî  )csc9otp&)  JWAeysTou  Ta  (TûjaûtTt)*  /-ot^g  <rvv- 
diMO-zzcû  ,  $»<ri,  Tût)  J\^oo-f.a)*  pf^g  iptara  <*pYiiv 
IAY\iïi'JAcu   pi&'ToTS ,  |U,/iT    gvo\uov ,  anTg  uVgpopjov , 


^Tg   x,A*50T>!V,    fx>iTg  ^giporo^TAv*  juuAi    acn^uxeu- 
ouia,   «xn'Jg  7rpg<xf©gu!TA7<»,  ujjtfg  tous  7rpi<r0euo-3tv  :*$ 

X.,O<VfcT0  ,      ^VfJé     <7'JX,0f)£VTg'.T4>    juùfr^g/s*     fXy])i     yvy- 

fxw  uncLTCù  fXYiiïtarorz,   u.Y\rt  g'v  t«  ^^a),  ptTg  w 


324  KATA  TIMAPXOY  AorOE. 

TH    £ouâJT,    (Mît?    CLV    S^UVOTCLTOS   >T  AiyUV    'A5}JVoUû>V. 

'EcLV   ^g    T/S    ttapOL    TOLVTOL    TrpotTT^,    ypcL<QcL$    gTfllf- 
/  /  \        \       /  »         /  »    / 

5wte.  Agyg  autois  jco^  toStov  roy  vo/^ov,   !v*  êi'fcs, 

010V    UjLUV   3CgJ/JlgV0V    VOfJLM ,    û)£    X,tfAû)V    JteU    (7a(ppovû>v, 
TSTOÂ//.WCS    Tf  p.GLp'fcOÇ    S^YIfJLYiyopiTv  ,    0    TOIOVTQÇ    TOV 

Tpo7rov,  oîov  J^eïs  gzër/o-roto-Gg. 

NOMOS. 

*Av  t/£  A9»vot7o$  izcupvHnj ,  w>?  gagera  curn» 
tûTv  gvvgcc  ccpV oyT^y  yvjî<r$a.i ,  pic?  UpœavvYW  iep&- 
cclctQcli  ,  pj<îe    avvètTcHa-cLi    rœ    ^yjfxco ,    jtMî^e    *p%W 

ap^iTCC  flYlâs/JLlCLV  ,  £MîTg  gV(ÎV|/XOV  ,  p)T£  UTCgpOpfOV  , 
£OlTg    JcA>Jp0TîlV,    ^Tg     ^gip0T0y>îr>iy.     M^O*    gTTf    &)J- 

pwte*ctv  aVoo-TgAÀgo-^û),  j-Mide  yvapiv  Àgyg-ra),  pi$ 
g<s  ra  J\uorg/\>ï  fgpa.  iî<riTœ9  fJiv\(f  h  Tciïs  koivous 

GTZ$CLVV\(QoplCLlÇ  (TTg(pctV0l»(7^û) ,  jUW  gVTOS  Tû)V  T>îS 
iyOp£ç  WtpifpCLVT7\plC0V  *7ropEve<rQœ*  'Eclv  J^g  T*$  noivrct 
wom  9   5carotyyûJ(73gvTo?    ctiÎTou    gVcupgTv ,    Sclvcltg* 

Tovtov  |xgv  tov  vojxov  e3we  *7rept  rav  fie  ip  cuti  cov 

TM    Wpo*)(JllpCù$   î!ç    TCL    ZOLVTûûV    GCû^CLTCL    ejrcLflCLpTOL- 

I  l\  r,  \        »N     /  /  <      ~  t     I  V 

vovtûjv,  ovç  dre  oAiy®  wporepov  vjjliv  cLnyvœv,  Tispt 
rSv  isrcLidw  ,  ovç  <^g  vtm  fjaWa  Àgyg/v,  ^ep/  rm 
clWgcv  'A&wcucùv* 


HARANGUE   d'eSCHINE  CONTRE  TIMARQUE.         02D 

quent  des  Athéniens  :  quiconque  agira  contre  ces 
dispositions,  pourra  être  accusé  comme  s'étant 
prostitué  aux  plaisirs  d'autrui,  et  subir  les  der- 
nières peines.  Greffier,  lisez  la  loi  même.  On  verra 
combien  sont  belles  et  sages  les  lois,  malgré  les- 
quelles Timarque  a  osé  parler  en  public,  lui  dont 
les  mœurs  sont  telles  que  nous  les  connaissons. 

LOI. 

»  Si  un  Athénien  se  prostitue  au  plaisir  d'autrui, 
»  il  ne  pourra  être  choisi  parmi  les  neuf  archontes, 
»ni  être  nommé  à  un  sacerdoce,  ni  plaider  pour 
»le  peuple,  ni  obtenir  aucune  charge  dans  la  ville, 
»ou  hors  de  la  ville,  par  sort  ou  par  élection  ;  il 
»  ne  pourra  être  envoyé  comme  héraut  d'armes , 
»  ni  comme  député,  donner  son  avis  ni  dans  le  sé- 
*nat,  ni  dans  l'assemblée  du  peuple;  il  ne  pourra 
»  entrer  dans  les  temples  publics  ;  aux  fêtes  solen- 
»  nelles  il  ne  pourra  se  couronner  avec  les  autres, 
»  ni  aux  assemblées  paraître  dans  l'enceinte  de  la 
»  place  publique.  Quiconque ,  après  avoir  été  con- 
»  damné ,  comme  s'étant  prostitué  aux  plaisirs 
»  d'autrui,  agira  contre  ces  dispositions,  sera  puni 
»  de  mort.  » 

Cette  loi  est  portée  contre  les  jeunes  gens  qui  se 
livrent,  sans  pudeur,  à  des  vices  infâmes;  celles 
qu'on  vous  a  lues, en  premier  lieu  ,  concernent  les 
enfans;  celles  qu'on  va  vous  lire  regardent  les  au-' 
très  Athéniens. 


5^6  HARANGUE  DE3CH1NE  CONTRE  TIMARQUE. 

Après  avoir  réglé  les  objets  dont  je  viens  de 
parler,  le  législateur  prescrit  les  formes  suivant 
lesquelles  vous  devez  vous  assembler  pour  déli- 
bérer sur  les  affaires  sérieuses.  Et  par  où  débute- 
t-il?  Lois  sur  la  décence  et  l'honnêteté  [6].  Il 
débute  par  là,  persuadé  qu'une  ville,  où  régnent 
ces  vertus,  sera  la  plus  florissante.  Et  comment 
ordonne-t-il  aux  proëdres  de  traiter  les  affaires 
publiques?  Lorsque  rassemblée  aura  été  purifiée 
et  que  le  béraut  aura  prononcé  les  vœux  et  les 
imprécations  ordinaires,  il  ordonne  au  proêclre 
de  faire  régler  d'abord  ce  qui  regarde  les  sacri- 
fices anciens,  les  hérauts  d'armes,  les  députés  et 
autres  articles  pareils.  Après  cela,  le  héraut  de- 
mande à  haute  voix  :  Qui  des  citoyens,  au-des- 
sus de  cinquante  ans ,  veut  parier  au  peuple? 
Lorsque  ceux-ci  ont  parlé,  alors  il  invite  cà  prendre 
ia  pnrole  celui  qui  le  voudra  des  autres  Athéniens 
qui  n'en  ont  pas  d'empêchement. 

Examinez,  je  vous  prie,  la  sagesse  de  ces  dispo- 
sitions. Le  législateur,  sans  doute,  n'ignorait  pas 
que  l'expérience  des  vieillards  fait  que  la  prudence 
chez  eux  est  dans  toute  sa  force,  mais  que  la  har- 
diesse leur  manque.  Voulant  donc,  eu  égard  à 
leurs  lumières,  qu'ils  s'accoutument  à  se  tenir 
comme  obligés  d'exposer  leur  avis,  et  ne  pouvant 
les  appeler  chacun  par  leur  nom,  il  les  désigne 
par  le  nom  commun  de  leur  âge,  les  invite  à  ' 
monter  à  la  tribune,  et  les  exhorte  à  parler  au 
peuple.  Il  apprend  en  même  lems  aux  jeunes  gens 


KATA  TIMAPXOY  AOrOS.  327 

' An&WcLyiiç  ydo  xm  vouay  toutgjv,    iayu-^&zQ 

rlvOL  Vp>)  TCQ7CQ1  GvWiyop.iVOVÇ  VtXCLÇ  UÇ  TW  exxAn- 

oYxv  /3ouAgJe<r8x/  Wîoi  rm  <rwouùouoTtpGùv  'XpcLypcL- 
tû>v     x,x<     7To3-gy    LyyiTcu  j   No^oj  ,    (p^o-/  ,    ^rep/ 

»  /  »  1  /  ■*  */  y  « 

vyLoefittoLÇ.     Asro     <roù$fQ<rvwi$    zrpcnrov    )ip£xTo    as 

r/  /  »  /      >      \  /  »/  * 

C7T0V     3TÀS/(JT>f    îV)LQ<r[)AcL    ZGTl  ,    TcLVTM    XpfCTX  T»V 

■zjroA/v  oiwGOfJLîJW.  Kx/  wcùç  JNg  x.gÀei>gj  tous  Tipoe- 
dpous  fâYifjLcLTifyiv  ;  ^7rg/oay  to  xx3-xp<rjov  îjrg- 
pilWV^y  KCLt  0  X.iïpu£  TX$  KOLTpiO'jÇ  w%&$  tv'£vi?cu , 
7rpo^3/p&rovgtv  xsAeuet  toi»?  ^poeopous  7i€p«  ee^û)v  tû?v 

»  \  /  1  >      /9  \      f      / 

*7rctTp<û)v  xx*   xîipuxav  xx/  *ârpgo-'oe0v  xxt  o<nû>v   x,oct 

jUSTût   TXUTX    ÎTTipCàTcL   0     xîft^'    Ti$    tUyOpSUHf    £oU- 

AeTx*  t£v  uVep  ?zrgvT;ixoyTx  g  tu  yèyovoTav  ; 
g-tfgfoxv  <rg  ouTo/f  tcclvtiç   tiiroGi,  rort  non  xeAgug* 

Agyg/v  tov   xAAay    'AÔ^xtay   -tov  /3ou  Ao^gvov ,   o*^ 

•te 

eçeerri. 

2xg-v|,x<r9e  JS  as  xxAaîs  ,  «  "xvcfygs  ^AQuvatroi. 
Oux  n'yvoei,  oîfJLcti,  o  vo/Ao3-gT>j5  on  0/  «7rp:o-£uTgpof 
Ta  fxiï  su  <ppovenr  xx^xx^ouowv,  >f  J^e  toA^x  w&i 
xutous  xpp^eTx/  i^tMinav  J\x  t»v  l/jL^rtipicLV  tov 
TCpctyiioLTCùr  j3oi>Ao<xevos  J^w  a^uys^/o-xi  tous  xpicrix 

(PpOVOUVTcW,    TOUTOKÇ    g7TXVXyXgS    TTêpS    T0V     *ZTpXy- 

/Jtatav  Agygiv,  e^rêtAi  ovofAxari  olvtZv  Ïvcl  gxxorov 

XTlOpg/    -ZtrfOCT6/'3r€iV  ,    T»V    X.0tV>7V    iWûùVVlXlcW    T>1S    oA>JS 

>ÎAtx./W  i/VoAxSav,  î«rxpxx.xAgT  eVi  to  ^?/jix,  39 
wporpiwii    JN>?a»yopgty ,    xax    <jxê    xx/    tous    véous 


328  KATA  TIMAPXOT  AorOZ. 

t      i  i  \  «        \      ~  »     «\ 

VGTlpOVÇ  WpOLTTttV  ,  JtOU  Tl/UCLV  TO  yvpcLÇ  ,  gi£  0 
WCVJTEÇ    C^J^O^gOot,   icU    ctpoL    J^ïj    ^lcLyiVOù[Xi§CL.    KoLl 

gvtûûç  yi<ra:J  aœtyponç   oi  apyonoi   zkuvqi    pvrropgs,  o 

nsp/xAÎs,  >cctj  o  06//</(rroxA>îs ,  x,cu  o  'ApjcTg/oVîS, 
<       \     »  /  >/  »  /       _      /  .\. 

0  T>?V  CLVÛ/JLQIQV  VX/ûV  ItfCùWfJUCLV  Tf/XcCp^fc)  TZVTQl  , 
0    J^JCCUOS    tWlKCLAOV/JUVOÇ  ,    a>0"Tg,    0    VUVl    'ZZTotVTgS    gv 

€3gj  tzrpcCTTOjuigy,  to  tu*  %gtp<*.  g£&  g^ovrgs  Àgyg/y, 

TOTg    TOUTO    BpCtCTV    Tf    g'$0X,gf    giv&J,     XOLJ     gJÀûtCouVTO 

»   \  /  /  -  \         I  I 

CUJTO     WpOLTTtlV.     Mtyct     ^g     WCLVV    TQVTOU     <Ty}[JMOV 

tpycû  oîfjccLi  vffiv  Inifoifyiv.  Eu  yap  ditf  'on  ncums 

ZX,Wi7r\îV)LOLTt     £1$    XctXoLfJUVGL ,    K&l    TiSlOLŒSt    T»V 

x-»/.  »     I  \         >        \  I  >    ->\         'I         » 

^OAûùVOÇ  UKOVCL'    XdLl    CLVTOl   flCtpTVpYKTCLtT    cU  ,    OTC   gV 

tm  ayopcç  tv\  *%cL\cLfJLnim  ol\oljcîitcli  o  Xo\œv  wzoç 
tyiv  %gtpot  g%av*    roirr    g-xr^y,  ûj  avdpîç  'AflavaTo/ , 

.   W7r0llVYI[JLeL   XCLl    fJLt  fJLV}fJLCL    TOU    ZoXOùVQÇ    (T^/JiOLTOÇy    OV 

Tpowov  g'^av  glutos  J^/gAgygro  t&  ^y\ixoô  rœv  'a9^ 
vatûjv.  Sx-g-v^cc^âg  JSj,  cJ  otvopg^  'aO^v^?©/ ,  ocoy  (î/ct- 
<pgpg<  o  2oÀa>v  T/^&p^ou  ,  x.oli  o!  ivdptç  zkîivoi  , 
av  o\iyo>  7rpoT£pov  gy  tcù  \oyœ  liztfJLVwQyiv.  RyMvoi 
fjiîv  ys  y<T%yvovTo  t^œ  tw  %gtpoc  g%ovrg$  XtytiV 
qvtogi  dxg  ou  TraAcu,  aÀÀx  Tpa^y  -zzrorg,  pe-Npot^ 
3oi/xotr/ov,  yvfjivoç  ewoLyx,pùLTtcL^J  gy  tÎ  iTCKAycici, 

QVTCù  KOLKCûÇ    XCLi    CLia^OùÇ   ^lOULtlfÀlVOÇ    TO   0-û?£tOt    UTUO 

/xg^>i?  xoct  lièt\vpicLÇ>  cùàrt  tous  yt  eu  qtpovovvTcLS 


HARANGUE  DESCHTNE  CONTRE  T1MARQUE.  0^9 

à  respecter  les  vieillards ,  à  leur  céder  en  tout  la 
première  place  ,  à  honorer  la  vieillesse  ,  à  laquelle 
nous  parviendrons  tous  ,  si  les  dieux  nous  conser- 
vent. Aussi ,  telle  était  la  décence  des  anciens  ora- 
teurs, de  Périclès,  de  Thémistocle  ,  'd'Aristide, 
surnommé  le  juste, surnom  bien  différent  de  celui 
que  mérite  Timarque;  telle  était,  dis-je  ,  leur  dé- 
cence, qu'un  usage  autorisé  de  nos  jours,  de  parler 
la  main  étendue,  ils  auraient  craint  de  le  suivre  , 
et  l'auraient  regardé  comme  une  marque  d'au- 
dace. Je  vais  vous  en  donner  une  preuve  aussi  forte 
que  sensible.  Il  n'est  personne  de  vous,  sans  doute, 
qui  n'ait  été  à  Salamine ,  et  qui  n'y  ait  vu  la  statue 
de  Solon  [7].  Vous  pourriez  donc  attester ,  vous- 
mêmes  ,  qu'il  est  représenté  dans  la  place  publi- 
que de  cette  ville.,  ayant  la  main  dans  sa  robe- 
C'est  une  preuve,  à  la  fois,  et  une  expression  de 
son  attitude,  lorsqu'il  parlait  au  peuple  d'Athènes- 
Mais ,  voyez  combien  Solon  et  les  autres  grands 
hommes ,  que  je  viens  de  nommer,  étaient  diffé- 
rens  de  Timarque  !  Ils  auraient  eu  honte  de  parler 
la  main  étendue;  et  Timarque  ,  ce  fait  est  tout  ré- 
cent ,  mettant  bas  ses  habits ,  s'est  exercé  nu ,  comme 
un  athlète  ,  en  pleine  assemblée  [8];  de  sorte  que 
les  citoyens  raisonnables,  qui  voyaient  l'état  où 
lavaient  réduit  l'ivresse  et  la  pétulance,  baissaient 


OOO  HARANGUE  DESCHWE  CONTRE  TIMARQUE. 

les  yeux  de  honte ,  rougissant  pour  Athènes  qu'elle 
employât  de  semblables  ministres. 

C'est  afin  de  prévenir  de  tels  excès,  que  le  lé- 
gislateur a  désigné  clairement  ceux  qui  auront  droit 
de  parler  au  peuple,  et  ceux  qui  ne  l'auront  pas.  Il 
n'exclut  point  de  la  tribune  celui  dont  les  pères 
n'ont  jamais  commandé  les  armées  ,  ni  celui  qui 
exerce  quelque  métier  pour  vivre;  c'est,  au  con- 
traire ,  ceux-là  qu'il  favorise  principalement;  et 
c'est  le  motif  qui  lui  fait  demander  à  plusieurs  re- 
prises :  Qui  des  citoyens  veut  parler  au  peuple? 
Quels  sont  ceux  ,  suivant  lui  ,  qui  n'auront  pas 
droit  de  parler  au  peuple  ,  et  qu'il  exclut  de  la 
tribune  ?  ceux  ,  entre  autres  .  qui  ont  vécu  dans  le 
désordre.  Et  où  le  déelare-t-il  ?  à  l'article  de  l'exa- 
men desorateurs:  ce/ia^continue-t-il,  qui  frappe 
son  père  ou  sa  mère  >  qui  refttse  de  les  nourrir 
et  de  les  loger  ,  et  qui  ose  parier  au  peuple;  il 
ne  veut  point  qu'un  tel  homme  continue  de  parler 
en  public  ;  et  certes  ,  à  mon  avis  ,  avec  beaucoup 
de  raison.  Pourquoi?  c'est  que  si  un  homme  traite 
mal  ceux  même  qu'il  doit  honorer  à  l'égal  des 
dieux,  comment  traîtera-t-il  des  personnes  étran- 
gères et  toute  la  ville  ?  À  qui  le  législateur  défend- 
il  encore  de  monter  à  la  tribune?  celui,  dit-il,  qui 
aura  refusé  de  servir  ,  ou  qui  aura  jeté  son 
bouclier.  Cela  est  juste  :  car  ,  enfin  ,  qui  que  vous 
soyez  ,  vous  qui  avez  refusé  de  prendre  les  armes 
pour  votre  patrie  ,  ou  qui  ,  par  lâcheté ,  n'avez  pu 


KATA  TIMAPXOY   AorOS.  33l 

il     TOI'jVTQIS    GVfjL<oQUAoiÇ    %pQjJt,l3Cf*. 

'A  avndœv  o  voas3-eT»s  J^atopionv  cLWîân^iV  ov$ 
%p>i  J\-a»y0jSe7v,  x.a.t  &ùs  ou  £t?  Xtyiw  tv  t<2  dVj^tor 
x.a/  oux,  (t^n\cLvm  clwo  zou  [6v\iacltgç>  a  ris  pn 
zrpoyowv  ecrrtv  go-TpctT>iy>i>coT0V  uioç ,  ou&  ye  et 
Tg^v>iy  tiva  gpyx^grcu ,  g7nx.ouptÎ7  xS  otyotyjcoctqt 
Tpo;p>r    aAAo,  kxi   toutous   kcli    ^jlclKkttcl   olgkcl- 

ÇîTcLi  ,    XOLl     JW    TOVTO     TïoWaLKlÇ     iWi^CûTCL  ,    TlÇ 

CLyoptVîtV     Q>0U\ZTcLl»     TlVXÇ    £'     QVK    CtïîTO     J^/V    Ae- 
\  y  ~       -    p  l  I  »         »~ 

ygiv;  to»j5  cuG-y^cùÇ  jôi^iœ^oTas'  tovtovç  oux,  ee*, 
JS/jLHyopfcTv.  Ko./  trou  touto  J^Aoi  5  Aox,<p.tf.<nût 
(  <p»cn  )   pyiTopm.    Av  tiç  \iyv\    tv    tS  S"y\[xûù  ,    tov 

SrcJLTipOL    TV7ÏTM    7]     TW    [LV\Tl$CL ,    »     pj     Tpg(pû)V,    >J 

1  /  >/  ~  >       >~     .    f  \ 

/*»  'TTotpg^ûjy  ojjtwnv ,    toutov    oujc   eoc    Aeycjy*    v>j 

A^cc,  x.aAû>$    yg ,  <a$  gyo>yg  Çv\fjLi.  Aiol  t\  j   otj   a 

Tiç,   cù$   ifycrov    ai!  t/^ocv  toiç    BzoTç  y  EIÇ  TOVXOVS 

go"n   <Ç>2.'jAo$,  tj  7roTg,  (f»i<ny,  L/7T    ccuTOf  TgfO'ov- 

toli   01   ctAAoTp/o/ ,    x.ai    y\   -aroXis   o\v\  ;    Kou    t/<7/ 

^euTgpov    ct^et^re    \m    Aeys^y  ;   >j    ra^    GTpcLTticLç 

(^  ÇjKTt  j    ^t>l    tO-TpCLZlVfJLÎVOÇ,    OŒCLl     CU    OLVZCù    WpOVTCL- 

%Sœ<Tiv  y  rt  t»v  aitrraàcL  aVoÊsêAjixw^'  S"ntou<x. 
\tyœ%j.  Tt  J^jî  rxoTî  ;  ctv5p6)tjre ,  tw  *?roAc/ ,  t>7rep 
^  Tct  oîjrAct  ft«  Ti^ecTûCt,  u  S^icl  Pei\ioLV  fxy\  Pu- 


332  KATA  TIMAPXOT  AorOZ. 

voltcç  iî  ewdfjivvcLi ,  fjL»dî  o-ujULÊouÀeuetv  cLfyov.  Tpt- 
tov  ,  tjo-j  ^«xÀgysTa/ ;  J  7re7ropya//^yos  ((p>?<ny) 
>j    »Tct/p>i>tû>$*   Toy    yctp    to   o-ûjjjlcc    to    îolvtgv    îQ 

vCpïl  TWTTf  fltXOTCL  ,  £  TCL  3C01VCC  Ttf,  Tîl£  TÏOAîOûÇ  IctÙlûûÇ 

Hyvi<FcLxo  a/7rodcù<ri(T$cLi*  Tempiov ,  tiai  Sia.XiyiicLi  j 

\\    tol    tfcLTpœcL    (  q>y\<ii  )    xciTgAîdbxû)^ ,    y)    m   dv 

•       <  i  \  \         \      ,./  »   / 

x\>}pG\o[jLoç     yivviTcLi      tov    yap     r»y     JOJOtV     OJ&tCLV 

^      /  \  \  \  \  f% 

xxotas  o/x,»cr<xyTU5  jca<  to,  x,0Jva  T>tf  'TtOAitoÇ  TtcL- 
f<v7r\y\<nQùÇ  yyvxrcLTo  JWB'VKmy.  Ko.*  oujc  e<3bx,e*  oîoy 

T  eîVCU  t3  VO^o5gTM  TOV  ctUTOV  cÙSpCùTCOV  lotCL  [ItV 
ih&l  7rOV»pOV,  J\u0<7<d,  £t  p£f  flffTO  V"  OuV  ûù£TO  dit* 
0    \0[JL0§ÎTY\$     TOV    p»T0p«.    WfV    «V*     TO     )8>î]ttct  ,     TœV 

Xoym  CTnixiAySwTa.  'srpoTspov ,  «AÀ*  ou  rou  j8<ou. 

KcU  WOLpcL  \JLIV  OLvtyoS  XOL\0V  JLCLt  CLycL^OV ,  XcLv 
WOLVV    KCLXûùÇ)    XCLV    CLWACuÇ    p»;fy    AoyOÇ ,    ypïKTl/JLX  TOL 

%  /  r        /  *  »  *  \       «    * 

Àéyo/Xcvct   >jy>?(rctTo   ejya/   to/s  axou&ucrr  w<tpct  ê\ 

GLVd-pCàWOV     fiÙtXvpOV  ,    fcûtl     7COLTCtyc\cL(TTCùÇ    /JLÎV   X6- 

^pvt^gvou  Ta  çœfJLOLTi  y  ûLia'XfOôS  <JNe  twv  •srctTpafltv 
ou(7/av  x.ctT€<îto<ft)x,oTos,  ouo"'  àv  eu  sr&yu  ^%3-îT, 
(ruyoio-civ  yiyyiacLTo   tqiç   cltlgvovgi. 

TgVTGVÇ     OÙ     î^tipyil      TOV     /ZyfJLOLTGÇ  ,     TOUTOUS 

ccrtotyopeug/     yu->r    ^v\uv\yGpiïv.     Exv    J^g    t/s    wctpcL 

TcLVTcL  fJLVj  fJLOVOV  ÀgyM ,  ctWcL  XOLl  GVXGQGLVTy ,  3COCZ 
(IGZAycLm  ,  3COE./  lJ.Ï\X.îTt  TOIOVTOV  OLyd-pd^OV  S^UVYlTCLl 
QèptlV     Yi     W0\lS  ,     J^OTLlllCLO-lCLV     {JLZV  ,     (pJf(TiV,     eîtTCty- 


HARANGUE  D  ESCIIINE  CONTRE  TIMARQUE.  ÔJJ 

la  secourir,  vous  ne  devez  pas  prétendre  à  la  con- 
seiller. A  qui  parle-t-il  en  troisième  lieu  ?  celui  , 
dit-il ,  qui  s'est  vendu  et  livré  aux  plaisirs  tl' au- 
trui. Il  pensait  qu'un  homme  qui  s'est  vendu  et 
livré  lui-même  ,  se  porterait  sans  peine  à  vendre 
les  grands  intérêts  de  la  république.  A  qui  s'adresse- 
t-il  enfin?  celui,  dit-  il,  qui  a  dissipé  les  biens 
qui  lui  ont  été  laissés  par  son  père  >  ou  qui  lui 
sont  échus  par  héritage.  Quiconque ,  selon  lui  9 
aurait  mal  gouverné  sa  maison  ,  administrerait  de 
même  les  affaires  de  l'état;  il  jugeait  impossible 
que  le  même  homme  fût  un  mauvais  particulier  et 
un  bon  ministre.  Il  voulait  donc  qu'un  orateur 
vînt  à  la  tribune ,  non  après  avoir  arrangé  des  pa- 
roles ,  mais  après  avoir  réglé  sa  conduite,  persuadé 
que  les  discours  d'un  homme  vertueux,  qui  parle- 
rait simplement  et  sans  art ,  seraient  utiles  aux  au- 
diteurs ;  mais  que  ces  mêmes  auditeurs  ne  tire- 
raient aucun  avantage  des  harangues  les  plus  belles 
et  les  plus  étudiées  d'un  homme  pervers  qui  se  se- 
rait déshonoré  indignement  lui-même ,  qui  aurait 
dissipé  honteusement  son  patrimoine. 

Ce  sont-là  les  hommes  qu'il  exclut  de  la  tribune, 
et  auxquels  il  défend  de  parler  en  public.  Celui  qui 
parlera  malgré  cette  défense  ,  à  plus  forte  raison 
celui  qui  calomniera ,  qui  se  conduira  avec  une  in- 
décence dont  l'excès  ne  sera  plus  supportable 
pourra  être  accusé  ,  dit  le  législateur ,  par  celui 


534  HARANGUE  d'eSCIÏINE  CONTRE  TIMARQUE. 

qui  le  voudra  des  Athéniens  qui  rien  ont  pas 
d'empêchement  ;  et  les  juges  siégeant  au  tribunal 
prononeeront  sur  ce  qui  le  concerne.  Ce*t  d'après 
cette  loi  que  je  poursuis  Timarque  en  justice. 

Voilà  ce  qui  avait  été  réglé  anciennement.  Qu'a- 
viez -  vous  ajouté?  Rougissant  de  l'indécence  avec 
laquelle  Timarque  s'était  exercé  nu  ,  comme  un 
athlète,  en  pleine  assemblée,  vous  aviez  porté  une 
loi  nouvelle  ;  vous  vouliez  que  ,  dans  chaque  as- 
semblée, on  choisît   une  tribu   pour  présider  au 
bon  ordre  parmi  les  orateurs.  Et   que  prescrivait 
l'auteur  de  la  loi  ?  Les  citoyens  de  la  tribu,  disait- 
il  ,    siégeront  pour  défendre  les  lois  de  la   démo- 
cratie. Il  sentait  que  ,  si  nous  ne  tirions  de  quel- 
que part  des  secours  contre  les  hommes  qui  ont 
vécu  comme  Timarque,  nous  ne  pourrions  même 
délibérer  sur  les  affaires  les  plus  sérieuses.  Et  inu- 
tilement chercherait-on,  par  des  clameurs,  à  éloi- 
gner de  la  tribune  de  tels  personnages  qui  ne  sa- 
vent pas  rougir  ;  il  faut  les  réprimer  par  des  puni- 
tions ,  seules  capables  de  les  réduire  au  point  qu'ils 
puissent  être   supportés.  On  va  vous  lire  les  lois 
concernant  la  discipline  des  orateurs  ;  quant  à  celle 
qui  regarde   la  présidence  des  tribus,  Timarque 
et  d'autres  orateurs  pareils  s'étant  ligués,  ont  per- 
suadé qu'elle  n'était  pas  utile  ,  afin  qu'il  leur  fût 
permis  d'agir,  de  parler,  de  vivre  comme  ils  veu- 
lent. 


K.ATA  TIMAPXOT  AOrOS.  335 

ficù  ^icLytvaxTxîiv.  Kcti    vuv   lyœ  tcoltol  t-vtgv   tov 


vq[aov    yxcù   nrooç  UUOLÇ. 


ToLvrct  /un?  cvv  kclXcli  vivofjLoBiTyTctt'  vtxîtç  JV 
Ti'y  'nrpocrid-îo'zz  jccuvov  vougv  /met  to  x,aAoy  7icty- 
xpocnov,   o  ouros  gîzrctyjcpstT/cto-gy    ev  tw  îxx.XwicÇ 

VWipCLl(T')(yv5îVTlÇ    yOLp    ÎZtTl    TCÙ    WpcT/fJLOLTt,    kclS-9 

t     I  »      N      /  t  1^  /  \        » 

gj6cto-T>iv    ex,xA>i<ncty     vo^oy     e^yjtoirg    jeat/vov     cc7ro- 

)CÀ>ipOL>V  <pt>À»V    €3Tt    TO    jSJ^tot  ,   YlTlS   WpQidf>iV(TZt.   Kctl> 

T/  îrpoffgTot^sv  o  T<9g<s   tov  vo/^ov  ;  x,ct9iî<r9ct/  jceÀeus/ 
tous  (puÀeTct^,  j3otf3ot/vTût$  to?s  vo/uloiç,  kûli  tv!  $"v\[xg- 

TLpCLZlcC    J$,    2/    /*>1    $0>l3gJ«.V    7T03-ÉV    fJiiTCLTtifJL'^CûlJ^CL 

esn  tous  outûj  fôtfôiœ-jLCToLÇ,  ouoz  fôGvAeveo-^on  y\[±0L$ 

^VV»(TQ[XtVQVÇ  STipi    TM   0"GroviïaLlOTOLTM  TtrpcLy/ULOLTW. 

E<rn   J\    ot>&y   o'(pêÀos ,  à  ASmolÏoi  ,  ^rg7v  rovs 

TOIQVTGVÇ    OLvSpCtïWOVÇ    cLTZiXcLUVHV    CtTTO    TOV    R>y\jXCLZOS 

tcliç  KpetvycLis*  ov    yap    ct/V^yyovrcti*  ctÀÀa.  tous 

Tl[XGÙplcLlÇ    TOVTOVÇ     CL&ESlfuV    yjV)'    (JLQVGÙS    yatp    AV 

*l  y  \  I  ,  /  Cf        t      r-  \ 

gvtcùç  ctvcx/ro!  yevo/vTo.    AyctyvûxreTcu  ouv  t>/*iv  tous 

'  »  \       ~        J  /  /  «/     f 

VQ/LLOVÇ    TOUS    Wifl     T7\Ç    iVKOfffJLicLÇ    TLUlltVOVS    TCûV    j»f- 

Topav.  Tov  yap  Trep/  tJJs  srpo^ptets  rœv   QvXaïv  vc- 

T'  f  \  \     tl  ~  c  / 

tf^Oipy^GÇ     OVTOGl     fcctl     ZTZpOl     T010VT01     p»T0p6S 

vvnXSovTîç  y  ytypcLjULfjLîvoi  ilai  fxv\  izrrmèuw  eîva/, 
<y  g^3  wpcLTTtDi  aLVToïç,  xoti  Aeyêtv,  5tct/  ÇJy,  Jj  aJ- 
to»   jSouAovTflte. 


336  KATA  TIMAPXOT  AorOZ. 

NOMOI. 

Tav  p^Topav  g&v  t/£  Myvj  gy  fôovAy  9  y  îv 
J^>iaûE) ,  t«rgp<  xêv  u<r$tptAMov  \x.y\  %a>pis  (v  «r«pi 
ejcc^rrou  ),  )i  J^t^  -zzrgp/  roi»  olvtov  (o  clvtoç  toTç 
clvtqIç    JSjAovo'n  ),  J  Àoj(3bp>rrou  5  >}   jccocas  dyoptvy 

TIVcL,    i     JwOJtpotW  ,    J    Vpî1^CCT<(^OVTaV    /XSTCC?U    OCV>J- 

xîg-tûsç    \iy\\    "çrèpi    tcùv   yw\  gan   rov     fêy\[iaLT0Çy  v\ 

WCLpCtMc\tmTcLl  y      7}      e\}LYI     TOV      tWKTTATM        CL(pU~ 

£tgy>j£  T>i£  tx,x,Ayi(TicLÇ  v\  Tv\ç  l6ov\y\ç^  xvpiîVèTO)<ra.v  o 
t&riypcLQuv  rois  ^rpaxTopcnv.  Jbav  JNg  *z<rAeovo^  olçjos 

pgTûNTCCV    g[£  T»y  (doVAMy  Y}  ÎIÇ  TW  TtTpCùTW  g)OC,A>J<7/<XV, 

g'y  t5  (Zov\tvTv\piGe.  Otolv  ^tijriacri  k\v\<tiiç  jtp/- 
voLTGû<rcLV.  Kcu  gctv  x.ctTûLyvû)cr5j'  ccJrotT  jtpuê&iv 
•>|/n(p/Ço/Agvay  roi  j8ouÀetrr£v,  iyyfcL-^cLxcùacvi  ot 
tcrpogopoj   tois   wpauLTop<ri. 

Tov  fxev  ouy   vo/xav  oijcwcootTe,  <»    Aâ-uva/oj,  39  eii 

TOUS   VOfJLGVÇ    ÙVCU    %py\Gl/AOVÇ  il    Cl')£f>V}GTûV$ ,    g<P    f^r> 

gVr/v.  'Ecty  jttgy   y&'p   >toÀoc(^T£  tous   ctcutouvras , 

tVQVTOLl  VfJLlV  01   VOfJLOl  3CaA0/  X.GLI   XVplQl'  iCUl  O    CL<$WZîy 

3cccAo<  ^toyoy ,  xyp/o/   JNg  oux.  gT/. 


HARANGUE  D  ESCHINE  CONTRE  TIMARQUE.  O^ 

Lois  concernant  (a  discipline  des  orateurs. 

«Si  un  orateur  parle  devant  le  sénat,  ou  devant 
«le  peuple,  sur  un  autre  objet  que  sur  celui  de  la 
»  délibération  ;  s'il  parle  deux  fois  sur  la  même 
»  matière  devant  les  mêmes  auditeurs  ;  s'il  emploie 
»des  invectives  et  des  injures;  s'il  cherche  à  sup- 
»  planter  son  adversaire;  si,  lorsqu'on  traite  d'af- 
»  faires  sérieuses ,  il  ne  cesse  de  fatiguer  les  ci- 
toyens de  discours  étrangers  à  la  tribune;  si  , 
»  lorsque  l'assemblée  du  sénat  ou  du  peuple  sera 
«séparée,  il  sollicite  l'épistate,  il  lui  fait  violence: 
•  les  proëdres,  pour  chaque  faute,  pourront  lui 
«imposer  une  amende  de  cinquante  drachmes,  et 
«le  faire  inscrire  sur  les  registres  des  amendes 
«publiques.  S'il  mérite  une  punition  plus  consi- 
«dérable,  après  lui  avoir  imposé  l'amende  de  cin- 
«quante  drachmes,  ils  le  citeront  devant  le  sénat 
»  à  la  première  assemblée  ,  exposeront  les  griefs  , 
»le  feront  juger  par  scrutin,  et,  s'il  est  condamné  , 
«le  feront  inscrire  sur  les  registres  pour  une 
»  amende  plus  forte.  » 

Vous  venez  d'entendre  les  lois  ,  ô  Athéniens  ! 
vous  trouvez,  sans  doute  ,  que  ce  sont  de  bonnes 
lois.  Il  dépend  de  vous  qu'elles  aient  de  la  force  ou 
qu'elles  n'en  aient  pas.  Si  vous  punissez  ceux  qui 
ne  craignent  point  de  les  enfreindre ,  elles  réuni- 
ront pour  vous  la  force  et  la  bonté;  si  vous  épar- 
gnez les  coupables,  elles  n'auront  que  de  la  bonté 
sans  force. 

t.  m.  22 


538        HARANGUE  DESCHINE  CONTRE  TIMARQUE. 

Après  avoir  parlé' des  lois,  je  vais  maintenant  3 
comme  je  l'ai  annoncé  d'abord  ,  leur  opposer  les 
mœurs  de  Timarque  }  afin  qu'on  sente  mieux  le 
contraste.  Je  vous  prie ,  Athéniens  ,  de  me  par- 
donner, si,  obligé  de  parler  de  vices  peu  honnêtes 
dont  cet  homme  s'est  souillé ,  il  m'échappe  quel- 
que parole  qui  ressemble  à  ses  actions.  Non  ,  si  je 
parle  un  peu  clairement  pour  vous  instruire,  ce 
n'est  pas  à  moi  que  vous  devez  en  vouloir  ,  mais 
beaucoup  plus  à  Timarque  lui-même,  qui  a  vécu 
d'une  manière  si  dissolue ,  qu'en  exposant  ce  qu'il 
a  fait ,  il  est  impossible  de  dire  ce  que  Ton  veut , 
sans  employer  des  expressions  qui  aient  quelque 
rapport  avec  sa  vie.  Je  tâcherai  néanmoins  de 
m'exprimer  avec  le  plus  de  décence  que  je  pour- 
rai  (a). 


Velim  autem  considevetis ,  Athenienses  ,  quanta 
œcjuitate  sum  acturus  cum  Timarcho.  Nam  quœ 
delicta,puer  adhùc,  in  suum  corpus  admisit,  omitto; 
caque  nihil  valeant  y  ut  ea  quœ  sub  triginta  tyran- 
norum  dominatu,  aut  anle  prœturam  Euclidis,  acta 
sunt,  aut  si  quod  aliud  hujusmodi  prœjinitum 
tempus  extitil.  Quœ  vero  jam  sut  compos  3  quœ 
adolescens ,  quœ,  legum  civitatis  gnarus,  admisit , 
ea  demiim  accusabo,  eaquevobis,  uticurœ  sint,  oro. 

(a)  Yoyei  la  dernière  des  notes  imprimées  à  la  suite  de  ce  discours. 


kata  timapxov  Aorax.  33g 

Aoyov ,    iwuày    Tsnpi    rav    vofiav     îipiwaL ,   tstolAu 

\  \  m  »        y        i  \  l  \ 

TO     fJLtZcL     TOVTO     CLVTtÇiTGLŒcLl     TQVÇ    TpOTSTOVÇ     TOV$ 

TiuoLp^ov,  ïva.  tidwTc  oo-qv  £ia(Çipov<Ti  tûùv  vo{xœv 
rm  vfxtrtpm.  AtoyicLi  ^  v/jlccVj  où  'Ad-wauoi,  <rvy* 
yvœfJLW  fJLOi   ?X}W ,  g<xv  eLvayx.a(o/j,ivoç  Aîyuv  mpl 

Tsrpa.yiJ.tvm ,  'arpog^a/^S-a  t*  pïjmct  gj?«rg7v ,  o  gVnv 
ouo<ov  toiç  ipyoïç  Tois  Tiixa.pyjïv.  Ovôî  yap  àv 
JNfx.atû>$  g/^,o/  gsnr/^wcuTg,  gt  T*  <ra.<pcoç  îi7voi[xi, 
S^ida.ux.iir'  iffjLaç  (ZovAo[Xivoç'  aÀÀa  tstoAv  fxaAAov 
tqvtcûi*  Ovrœ  ya.p  awyjiïs  zw^avtt  /ZîCtoûKœç , 

"  \  \  I  l  ,\     y   i  >A/ 

ûKTTg    TOV    Ta    TOVXCÙ    TSnWpCLy/JLp*,    dTltÇlQVÏCL    0,0V- 

varoj  twcLi  iizsrzTv  ds  glvtoç  /ZouAtrai,  tav  p.y\  tc 
jcgu  Tm  roiovrm  Qd-tyfyTai  pynarm.  EvAa&wo- 
ficLi  <A'  avro  tstoiîTv  œç  à\v  ^wapai   [LaAiGTa, 

S^g-sf/OCO-^g    J^g,    û>     A3nVCU0J  ,   COÇ   [JLlTplCûÇ  fJLîAACd 

TsrpocrQtpivô-oLi   T i (JLa,pr)(oô    tovtoùî.     Eya>    ya.p   oaa, 

[xw,  Tsrais   m,  ziç   ro   gcùiiol  tq  ia.vrov  »^a,pr>ix.£v 

>i  \   >i  <*>        >f  <i  \   >     \ 

cKpmui,  x.ai   tara  ravra.  cocupct,    œa-Tsrzp   za,  tTsrt 

tû)v  Tptax.ovTct,  >t  Tôt  Tipo  E^/cAcitfou ,  »i  gt   ziç  a,AAy 

îsrûjzjrorg    T0i<xi»T>i   eygygTo    irpaâ-Êcr/xicf    et   <^g   >?d>t 

<ppovû>v,  x.cci  fjiiipaKiov  m ,  x,eu  tou^  vofiovs  eTTKTxa- 

fiivoç  tovç  t>]Ç  TsroAtGûSy  S^ieLTsrtnpa^cTai ,  -srepi  toutû»? 

tyayg  rct$  x.ctr>iyopKût^  TsrotwoiJLGLi  y   îcctt   u/^sc?  gîzr 

auTot$  a^ia  <rTsrovùa.fziv. 


ô^o  KÀTA  TIMAPXOT  AOTOZ. 

Ovtoç  ycLp  -STpcùTov  -sntvTœv  [iw>  zwciàvi  d-&v\\- 
Xaryy\   ex   wcLiàuv ,    itlcl&vito    tv   Ylîipcuîi  t-ori    tou 

EvSv&KQV    loLTpîlOVy   TrpOqKtail    fJLÎV,  tyj$  nyjviç    [JLCL~ 

Svityis  9  T'A  J^g  ol\y\Bucl,  wœteîv  zolvtov  7rpoYipy\fJLivoç9 

CùÇ   O.VT0    g&J^gV.     O<70t    {JLW   OVV    TCtfV    i[JLW0pÛ)V  ,  il   TûûV 

<x.A\œv  %imv7  ii  tcùv  wq\itûùj    tSv  Yj/xtripcûv  kclt 
*     I  \  I  >      I  I  _ 

ï&tlVQVÇ     TOVÇ    %pOVQVÇ     g^ptfCTOtVro     TG)    (TOùfJLCLTl     Tt- 

I  t     \  \         I  t        p  I  */  I 

juiap^ou ,    ejtay    KOLi   tovtovç   vweploYio-oticU)  ivct  yw 

JJLl  TIÇ  tllti/',  Où$   CtpCt   ÀtCtV  dTtpiCoXoyovfjLdi   CLTlcLncC 

œv    ^e   ev   toÎV    ornions    ytyon ,   KcLTûaa%vwv  to 

oycj/xo,  to  eai»T&t>   jcoti   t»v   stoàjv  ,   (Aiazoïpvm  tz<r 

ccutû*  tovtù)  ,  o  cLWcLyopiv&t  o  youo?  /£>?  nrpcLTTtrj , 

7i  fjLv\  d^yiu.viyopiiv ,  -zzrepi  touTav  3rot>io-o/Jica  rovç  Ào- 

yous. 

M/(7yoAûC^  gCTTJ  tlç  N&VXpZTOVç  ,  £  OLviïpiç  *A0>i- 
iCLlOl  y  KoAVTTZVÇ  ,  OLVyp  TcL  fJliV  CtWcL  XctXoÇ  KCL- 
ycLd-OÇ,    TLCLl    OvâoL(JL>l    oLv    TlÇ    CtlîlOV    £1  g  JX»n|/ fltJTO,    3T£pt 

^g  to    -arpoLypoL  rovro  S^ctifjLûviûùç   i<rwov$cLxœ$  ,  x) 

cLgf     T/V3.S     g%g<V     UOùZCùS     Wtpi     CLVTOV    KlJCLpGûÔOUç     7] 

jciBapioTccs.  Tocuri  J^g  Àey<a ,  ou  tou  çcpT/jcoi»  gyg^ot, 

ctAA*  W  yvGopurviTi  clutov  ocrr/^  gVnv.  OCroç  cli- 

cSoyLivoç  m  gvgJtoc  tol$  <Jxio£,Tpi(oa$  g;:o/giTo  Ti^tctp^o^ 
»       \  t     \      ^  >  f         y      i    t  '    i 

GUTOGl  ï&l  TOU   icLTpilOV  ,  CLpyvptOV  Tl   'GrpOOLVCLACùGCLÇ, 

ctV6o-r>îcrev  autov,  zcti  go"%e  ^<xp    Épti/Ta-,  zv(ra.pKov 

OVTOL,    X.C{,t    VgûV,   X,tti    [6M\vp OV  ,   X,<X<    gTr/TtfOî/OV    7tp0^~ 
TO     WpCLyjJLcL  ,    0     ÎJTpOMpglTO     i)LclVQ$     /UeV     WpcLTTZlV  > 


JESCHINIS  ORAT.  ADV.  TIMARCHUM.  34l 

Iste  primum  omnium  pueritiam  egressus ,  sedit 
in  PyrœOy  in  Euthjdici  medici  taberndj  per  speciem 
discendœ  artis,  cum,  si  res  ipsa  spectetur  >se  ven- 
ditare  instituisset,  ut  eventus  declaravit.  Qui  porro 
mercatoreSj  aut  alii  hospites,  aut  nostri  cives,  illis 
temporibus  Timarchi  corpore  fuerint  abusi ,  hoc 
quoque  ultro  prœteribo,  ne  quis  fartasse  dicat  ,  me 
accuratius  omnia  persequi.  Quorum  autem  in  œdi- 
bus  y  cum  sui  corporis  et  civitatis  probro,  vixerit, 
quœstus  ob  eam  remfaciendi  causa ,  quarn  rem  lex 
aut  vitare,  aut  concionibus  abstinere  jubet ,  his  de 
rébus  verba  faciam. 

Est  quidam  Colyttensis  Misgolas,NaucratisJilius, 
Athenienses ,  vir  caetera  sane  bonus  ,  nec  ullo  no- 
mine  reprehendendus ,  cœterum  istius  rei  impoten- 
ter  studio sus,  quique  continenter  secum  habere  solet 
aliquos  citharœdos ,  aut  citharistas.  Hœc  dico  non 
arguendi  luxûs  causa,  sed  ut  noveritis  quis  sit.  Is 
ubi  animadvertit ,  quibus  de  causis  Timarchus  in 
tabernd  medicâ  versaretur ,  cum  non  nihil  nummo- 
rum  insumpsisset,  inde  hominem  abduxit  ad  se, 
ut  et  habita  corpore ,  et  adolescentem ,  et  petulan- 
tem,  et  aptum  ad  eam  rem  quarn  et  ipse  perpetrare , 


3/|>  ^ESCHINIS  ORAT.  ADV.  TIMARCHUM. 

etiste  tolerare  instituerai.  Neque  verb  id  recusavit    \ 
Timarchus  ,  sed  recepit ,  chm  nullâ  re  mediocri 
egeret.  Permagnas  enim  opes  ei  pater  relique  rat , 
quas  iste  decoxit ,  ut  ego  vobis  in  progrès  su  orationis 
ostendam  ;  sed  istafecit  ut  turpissimis  voluptalibus 
obsequeretur ,  deliciis  ciborum  et  sumptuosis  cœnis, 
et  tibicinis  et  meretricibus  _,  et  tesseris,  cœterisque 
rébus ,  quarum  nullâ  vinci  débet  generosum  et  libé- 
rale ingenium.  JNeque  nefarium  istum  in  flore  œta- 
tis  suœpuduity  relictis  paternis  œdibus,  apudMisgo- 
lam  vivere,  qui  neque  paternus  ejus  amicus,  neque 
œqualis  ,  neque  curator  erat;  sed  alienus ,  et  ipso 
natu  grandior,  et  in  ejusmodi  rébus  incontinens. 

Timarchus  igitur  ciim  alia  deridenda  fecit  Mis 
temporibus,  tum  unum  quiddam  quod  vobis  narra- 
bo.Agebatur  UrbanorumBacchanalium  celebritas: 
una  porrb  festum  celebrabant  M isgolas  ,  istius  hos- 
peSj  et  Phœdrus  Calliœ  Jilius ,  Sphettius.  Ciirn  au- 
tem  Timarchus  illis  promisissetse  una  cum  eis fes- 
tum acturum ,  illi  dùm  cœteris  rébus  apparandis 
occupantur }  iste  non  revertitur;  quam  rem  iniquo 
animo  ferens  Misgolas ,  una  cum  Phœdro  eum 
inquirit  ifactoque  indicioy  deprehendunt  in  œdibus 
cum  hospitibus  quibusdam  prandentem.  Interminato 
^autem  Misgola  et  Phœdro  hospitibus ,   et  jubente 


KATA  TIMAPXOT  AOros.  $43 

qutgç  J^e  tëra<j%g/v.  Kctt  tclvtcl   ovx,  œ'wncriv  y  aAA*    m 

VWiGTV)  Tl/JLOLp'fcQS  GVTOŒl,  QVo\vQ$  CùV  Tû)V  (XtTpiaiV 
€V<fc>lS*  -Z2TOÀÀ71V  yûCp  TtTOLW  HOLTZAlWiV  0  WCLVjp  OLVZù) 
OVViOLV  }    YlV    OVTOÇ     X.CLT  iOWQKtV  ,     0ù$     tyOû     WpOlOVTOÇ 

èWifoi^co  tqxj  Aoyou*  <*AA  g'srpct^g  tclvtol  ^ov- 
Mvcûv  raiïç  cLia^tGTCLiç  viùovauç ,  o^/ocpccyiajs  x.ou 
nro\vztMicLiç  JV^rvay,  jccu  cu>A»Tpt<n ,  *,&*  îtcli- 
poiiÇ)  xcti  kv&oiç  ,  3tcu  toTs  aAAots,  J(p'  <ay  oJ&vos 
5^p>i  3cpocrg7(75oc<  tov  ygvvxTsv  x,cu  gAguS-gpoy.  Kcu 
eux,  Yio-yyvz-n  0  [xiapos  cutoç  ,  îkAiwccv  fitv  tw  ttcc- 
Tpoixv  oiKicLv,  <picLtzcûtJLiVGÇ  Jre  tzrctpct  MfO'yoAçc,  oi»te 
-srarpixcù  ovri  (ptAût) ,  ouTg  /ÎA*}u<i>rw ,  ouTg  wap* 
gsnrpo-zzny ,  a AA a.  -arctp  ctAAoTp/a,  x,cu  w&pcL  npt~ 
<rÇ>vTipa>  ecLUTov,  xcli  wctf  cLilqKclgtgù  'ZirgpJ  reçu  rot, 
ap&ioç  m. 

IJoAAcc,  \ui  ovv  x.oli  ctAAoc  xotTctyg\ct(TTGt  tzre- 
srpcotrccj  TifjLOLp^cù  xttr  iMivovç  tgvç  %povovç  ,  ev 
<N  0  x,at  J^wyucrowSotf  u/xiv  /3ouAop.ct<.  Hy  ju-ev 
A/ovuo-tajv  T^y  ev  ct<7Tge  •arouTnf  iWQfjLiVîvov  ^g  fv 
Tai>TO)  0,  Tg  MfcryoActSj  0  rot/Toy  avg;  A»(pa>s ,  $ 
$cc7ôjpos  0  KaAAiot»  2(Çwno$.  XwStfjLîvov  J^g  ctu- 
rois  avix7roix7nvîiv  T/^ap^ou  toutow,  01  ftgy  rrept 
t>iv  ctAAuv  Tccpcto-jcgi'Jiv  J^grpj&jy ,  ovtos  J^e  oi»x, 
€?*rctv>i)cs.  llatpû)^uta|xgvo^  J^g  -arpoç  to  wpcty/j.cL  0 
M.io-yo\cL$  ?y\TY\<riv  olvtoij  iwoiîîro  titra  tov  $oli~ 
tfyot/  g^ctyygA3-8VT05  j^g  cLuroiÇy  ivpKncov<Ti  zovto'J 
gy  <rt>vo/x.tot  fjLiTa.  %ivm  zivûùv  <n>y<xpicrTû)VTa.  Aia- 
'7rg<A»a-cxiLigy0V  J^e  toIj  M^yoAot  x.a/  rou^ct^poy  rois 
fyvoiç,   Haï   jteAsuovTav    îi'Ai   cù.oAou5e?y  u$  to  ^ê- 


344  kata  timapxot  Aoros. 

(7a«T>jp/ov ,  or/  fjMtpoLTiiov  gÀgu-S-gpov  êxit<pd-ttpcLV , 
(po&iSevres  01  ^evot,  <peuyovT£?  <2%ovto,  x.ot7ctÀJ- 
urovres  ta  WApîOTtev activa.   Kai    tavS    oti    eya> 

aAyiJY]      Atyùù     AZtTAVTtÇ  ,     0<70i      KAT       ÎKilVOVÇ     TGVÇ 

p^povou^  ey/vû)(7jcov  M/o-yoA&v  jtct*  Ti^&p^ov,  j<rao-<v. 
-hyo)  <rg  x,cu  ^r&vu  %ccjp«  oti  fxoi  yzyoviv  m  è^ivjn 
TFpoç  Avd-pcùTTov  ovx,  uyvowjuevov  tcp*  vuw,  ovà'  &7T 
a\Xov  yivcetjTtQfiivov  ovdtvoç  ,  i  &sr'  clvtou  tov  tni- 

TWZVaATOÇy  îtTgpi    OU   */,«,<    T/)V    -vp(pOV    agAAgrs  (pgpîiV. 

rispi  fAiv  yotp  TaTv  ayvooufxevû)V,  (r&<pe/s  iocùç  -nrpoa- 

VIILZl     TAÇ     dllodèl^UÇ      7I0l£?<x8eU     TCV     3CCt'ï>]y&p5V     Tlgpf 

<Jxg  toùv  ofjLoXoyovfAevœVy   ou  aiav  tyœyz  fxiyA  ipyov 

e/VoCI    VOfJLtÇû)     TO    TLAZyyOpilV       aVA/JLVVlGAl    yAp     [J.OVOV 

t  \      »      /  >„      \       /  /  f 

■zzrpoomgj  tous  akovovtas.   Eyù)  toivuv  ,  jcouzzrgp  o/xo- 

\oyovfxi\ov    tou   ,urpAy\XAToç,  ovtoç  ,  gtirseo^  ey  J^e- 

XAŒTvipicà    go-jtxgv,   ygypct^flt    [XApTvpiAV    M'.ayoAA , 

otAîi^   /xgv ,   oujc   ct^jrct/oéL/Tov  <rg,  as   eyoj  î^avzov 

'û       .  »  >      i         \         »/  «  »/  <\  >/ 

7rgioa>.  Auto  ^êv  yctp  tovvo[aa  zou  tpyov  ,  o  g7ipccT7g 

t         -  »      >       /  »  v    >i  i 

'îtpos  tovtov  ,  eux,  iyyiy pA$A ,  ovo    aaao  yzy pA$A 

OVÙtV,    0    îirifytl.lOV    ÎCTU     ix,     TCùV    VOfJLCCV    T5  TAAVfèïi 
i  «\    *  /    >  «    ~         y       »       /  / 

/xctpTupjio-ûtvTi*  oc  dxg  go-r/v  ua/v  /xgy  atlovovœi  yvûj- 

»    '    %  ^  \  -  \        \        »  V 

p/^Ct,    ATtUOVVA   à*i   TCù  fJLApTVpOVVCi   ncLl    pî    AKT^pA  , 

TttUTot  yeypctcpa.  'Ectv  p<gv  ouv  gSsÀww  o  M  «ryo aas 

S^tUpO     ÏPApîXSoùV     TA\y\^y\     fJlApTUpîîv  y    Tût     ^ITLAIA 

iiroiv\Gif  Iav  J^g   npOAipyiTAi  gVjcÀ>îTgu5Îva.t  /^ctAAov 

»    TûtÀJî^    IXApTVpzVJy    U/jLUÇ    TO    OAOV    WpAyflA    0"UV- 

^éTg.    Et*  yctp   o*    /zev    wj^a^aç    AtcyysiiTAi ,     jtcti 

*&p0  A  IpytJiT  Al    'Xj.KlAÇ    S^pA^fJLAÇ    [JLAAAoV    ATTOiTkTAI 


JESCniNIS  ORAT.  ADV.   TIMARCHUM.  345 

statimeos  ambularein  carcerem,  quod  adolescentem 
ingenuum  corrupissent;  perterriti  liospites ,  fugam 
arripuerunt  y  relictis  epulis.  Hœc  vere  a  me  dici 
norunt,  qui  iis  temporibus  Misgolam  et  Timarchum 
noverunt  :  unde  gaudeo  mihi  rem  esse  cum  homine 
vobis  non  ignoto ,  neque  ex  aliâ  re  ullâ  noto ,  nisi 
ex  eo  Jlagitio  _,  de  cjuo  pronunciaturi  estis.  Nam 
ignotœ  res  accusatori  fortassis  perspicue  sunt 
demonstrandœ  ;  in  confessis  autem ,  equidem  non 
magni  operis  esse  puto  accusare  :  nam  excitanda 
duntaxat  est  auditorum  memoria.  Sed  tamen  ego, 
etsi  de  re  constet,  quando  in  prœtorio  sumus ,  tes- 
timonium  Misgolœ  scripto  denunciavi ,  verum  illud 
quidem,  non  tamen  incivile,  ut  mihi persuadeo. Nam 
ipsius  reiy  quant  cum  istopatravit,  nomen  non  inscri- 
boy  neque  scripsi  quicquam  aliud ,  ob  quodpœna  le- 
gibus  ver  a  testificato  injligitur  ;  sed  quœ  et  vobis 
audituris  nota  et  testificanti  tuta  sunt ,  ea  scripsi. 
Quod  si  volet Misgolas  hucprogressus  verum  testi- 
Jicariy  recte  faciet  ;  sin  se  citalione  adigi ,  quam 
verum  projiteri  maluerit,  tota  res  in  conspectu  vo- 
bis  erit.  Nam  si  is  qui  patravit  verecundabitur ,  et 
reipublicœ  mille  drachmas pendere  maluerit,  quam 


346  .ESCH1N1S  ORÀT.  ADV.  TIMARCHUM. 

vestra  or  a  intueri,  is  vero  qui  passus  est  conciona- 
bitur,  sapienter  fecit  legislalor ,  qui  taies  à  suggestu 
repulerit.  Sin  sese  stiterit  _,  et  tamen  ad  rem  omnium 
impudentissimam  concertent  y  ad  ejurandum  veri- 
tatem,  ut  qui  et  Timarcho  gratiam  referai,  et  apud 
alios  ostentet,  quam  solerter  hujusmodi  facinora 
conte  gère  possit  ,primiim ,  perjurio  erga  se  ipsum 
delinquet,  deindè ,  nihil  eâ  re  projiciet.  Nam  aliud 
ego  dictavi  testimonium,  Us  qui  sciunt  Timarchum, 
relictis  paternis  œdibus,  apud  Mis golam  habitasse. 
Ac  video  profecto  quam  arduam  rem  aggrediar  : 
neque  enim  vel  amici  meiy  vel  ipsorum  inimici  7 
testes  producendi  sunt,  neque  ii  etiam  qui  neutros 
noslrûm  norunt;  sed  amici  istorum.  Si  vero  Us  etiam 
persuaserint  ne  testijicentur  (quod  non  existimo  y 
aut  certe  non  omnibus  persuasuros  existimo  )  _,  eo 
tamen  nunquam  evertent  veritatem  y  aut  sparsam  in 
urbe  de  Timarcho  Jamam  y  cujus  non  ego  isti  sum 
auctor  y  sed  ipse  sibi.  Vitam  enim  viri  temperantis 
adeb  puram  esse  decel  y  ut  in  eam  nullius  Jlagitii 

cadat  suspicio. 

Verum  illud  etiam  prœfari  volo  y  si  forte  Mis- 
golas  vobis  et  legibus  paruerit;  ea  sunt  naturarum 
humanarum  discrimina,  ut  as  tas  ex  aspectu  satis  di- 
judicari  non  possit.  Quidam  enim  adolescentes  j 


KATA  TIMAPXOY  AOroS.  347 

TCù  ^yfJLOGlCÙ   CùGTt   flT)    S^ii^CLl    TO   'STpOGaWOV  TO   îdLV- 

Tou    u/JAv,    o  J^g    -GrtwovSœç   J^yiyQpycrgt,    go(Çq$   o 

VOfloStTYlÇ  O  TOUS  OVTCù  @>Ùc\vpQl>Ç  î%cipyûûV  Ct 710  TOlT 
r>  '  ■  y       f\>       ,;  <  '  *  '        ~ 

\6y\'x<3jroÇ   zav   àx     otpec   vwasLovoy    ptv ,    xçcl-watcu 

<Tg    g7H    TO    OLVCLlQî(T~aLTOV,    tTSTl    TO    î^p[Xy\J(Td'CLl    TCLÇ 

ri  f.\tl.y  I  r  rf.       t         I 

tTZpOlÇ    à\     tWiOtlQV     WQ10U[MV0Ç     OùÇ     ÎV     IWiGXCLXCLi 

\  -u  I  ~  \  »  r  ^ 

TOL  TOICLUTOL  GVyxpVWT  tli ,  WpCûXQV  [JLM  it$  tCLVXOV 
tjraLfjLcLfTyitTîTcll    inriGpTLaVy    iUTUXcL   CvdlV  tVJTOÙ  ÎGXCLI 

-  I       <r     I  \     i     \       I  I '         ~ 

îjrAeov.    hTgpav  y&p  zyœ   yiypcLtycL  ^apTupiav  tois 

»v'        -r'  \  v         '  *  ' 

gJOOCT*    I  tttap^OV   T0U70VI   KCLZelA.lWOVTOL   T>1V   7lCtTp<i>0tF 

ODticLV,  kcu  Jxt<xiTûJtagyov  woLpet  Mt<ryo\cç>  Trpcty/^ct, 
oifjLoii ,  ^ctAg^ov  g£gpyct<7ao-5a/  lztr%iipœv.  Ovtz 
y  dp  t/At  J^g?  tovç  gjxxuTou  (piAous  p.cLprvpcLÇ  wapet- 

i    .  >/  >  /  »      _        \  »;  1 

°"%ê0"^"ot/>     OfTg    TOV£   TOt>T0V     gp£3"pOU£,    OVTg    TOl>£ 

*  '  t  ~  /  »  x         \  \  ' 

fJWOZTtpovç  >?fxûjy  yiyvaaKovTOLÇy  oAAo.  tous  toutgjv 

CpiAoUS.    \Av    c^'    Ctpct    JCGU    TOUTOUS    UrUGCùGl    [W    fAOLp- 

Tupgiv,  cùç  oJjc  oiofxoLt  yg,  et  J^g  pi,  c-AA*  oup£ 
etsra.vTotr  g'x,g?vo  yg  ou  J^g&et,  ^  ?*roTg  ju,e  à\>vo>v- 
Tût/  «(pcAgo-S-ou  TW  ocA>i3-g£cty,  o^e  T>iy  gy  zy  7roAs: 
srgpi    1  //;.otp^oi/   (p>i/x»v ,  »y   ofjc  gya  toutûi)  -zzrstps- 

tJXVJcLfJcL,    CtAA    a,UT0$   Ol»TO$    gûtUTO).   Ovtco  ycL?   %p>i 

jcot^-ctpoy  tov  #*oy  giycc/  toC  o-ojcppoyo^  a'y^po^,  cùaxt 
[xyi  twifc^aSan  ^o^cty   clitUç  wowpoiÇ. 

B0U\0U.Ctl    S^i    5C0tX<ètV0    •ZZTpOgiTrgTv,    g'otV    OLpCt   V7T0L- 

xQvvy  o  Mio-yoAcLç  ru  vifXQ  xat  J/x7v*  etVi  qvgîiç 


c 


•  iSpCùWCùV     WOAV     S"t€L(Ç)ipouGcLl     0(Ç$WCLI     CtAA>?Aû)V 

Tct*zrgp<  T»y  »'Ai>aatv  g'y^i  ^ttgy  yoto,  yg'o/  oyrg£,  srpo- 


348  KATA  TIMAPXOY  AOrOS, 

ctp/.j^oy  %povou  ygyovoTgç,  waivra.7icia-i  vioi  êxox.ov- 
criv  thcu.  Tovtcùv  <^'  ecT/  t5v  av^poTy  Mjo-yoAots. 
ivyyjLm  [jlm  y&p  y\\i>iioùTv\ç  m  ifjcoç  x,<x<  crvvi- 
<fv\Ç,oç<)  xai  gVny  >î/iTy  tovti  isrefjLWTov  x&j   reTtot- 

ptfXOOTOV  gTOS*  5C<Xi  gyû)  jUgV  TOOUUTCWI  TtoAlCtS  g%û>, 
OŒOLÇ     VyiltÇ     Cp&Tt,    CtAA      OVK     tKUVOÇ.     &ICL     Tl     W 

tclvtcl   srpoMyœ^    ivol  fxy\    IjrciiQvviç   aurov    îdovTtç 

ô-OLVfJLSL(r'y\Te,  JCCU   TOIQVTQV  Tl   T?  ^IcUOiCL  uVoA&CviTg* 

ai    HpcuAgj£,  ctAA'  outos  yg  toutou  ov  sroAu  èW 

<Pgpgf.     AfXot     /JLiV    yctp    i(TTlV    71     <$U<riÇ    TQlOLVTVj     TOU 

av^pœ^rou ,  a^tot  <Tg  >io)j  (jlîiçcdligù  ovti  clvtoù  tnAy\- 

aicL^ev.  'ha  £t   fXYi  S^iourpiCa  ,  jcccAe*   ^0/   vrpœTov 
>         >      »%/         ~,/  \    *  '  » 

£tgV    TOU£    lldoTaLÇ    T//XCtpVOV    TGUTOVJ    dN/OUTû)/X£V0y  gv 

tw  M/o-yoAa,  o<jua;  gçrg/Tct  t>iv  Qauiïpov  ^apiup/oLV 
caayj  yû>cr?cg*  TgAguTcuctv  J^g  fxot  \olQ>z  tv\v  olvtov 
MtO-yoAot  fJLCLpTVpuZV  ,  W,  jcctt  tous  3gous  ^goW  , 
3COt(     TOU£    <7UVgfO0TctS   OLl<7')^UVOfJLÎ)IOÇ ,   3CCU    TOUS   «.AAOUS 

sroAfT&s,  )tcu  u^uak  tous  JWckttccs  ,  g'9gA>}  TaA»Gîj 
f-apTupg?y. 

MAPTTPIA. 

M/o-yoAoc$    Nijusu    riiipcLiiuç    ^ocpTupg?.    E/^ot 
gygvgTo   gy  o-uv)i3Ê/qt  T//j.app^o?   0    e,z<rc   tou  Eu3-u- 

O'^OU    ZotTpStOU    QTOTg     5ttf,5$(^O/JlgV0£  ,    X.CLI  ,  3CA/OC    TW 

yvœcru  poi  tw  '&poç  ccvtov  ,  *7eo\vûop£v  us  tw  vw 
ou  J^igA/îtroy. 

E/  /^gy   To/vuy,  a   'AO->iyotTo« ,  T//xctp%o^   outoct? 


JESCHINIS  ORAT.  ADV.  TIMAIU.HUM.  349 

provectœ  œtatis  et  senectutis  speciemprœ  seferunt; 
alii,  multos  annos  nati,  omnino  juvenes  videntur  : 
quorum  unus  estMisgolas.Est  enirn  œqualis  meus, 
unaque  mecum  adolevit,  atque  annum  nunc  agimus 
quintum  et  quadragesimum  ;  ac  ego  quidemtotca- 
nos  habeo,  quot  videtis ,  Me  vero  non  item.  Quam- 
obrem  igitur  hoc  prœdico  ?  ne  vel  exprimo  statim 
ejus  aspectu  miremini,  et  taie  quippiam  in  mentem 
vobis  veniat  :  me  Hercule,  iste  ah  Mo  non  multum 
differt!  nam  partim  natura  hominis  talis  est,  par-* 
tim  cum  eo  jam  adolescente  consuevit.  Ne  vero 
moram  faciam ,  voca  mihi  primum  eos  qui  sciunt 
Timarchum  ver  sari  solitum  in  Misgolœ  œdibus  ; 
deinde  Phœdro  testimonium  lege\  postremo  ipsius 
Misgolœ  testimonium  sumito,  ut,  et  deorum  immor- 
talium  metu,  et  consciorum,  cœterorumque  civium, 
et  vestrûm  >  qui  pro  tribunali  sedetisy  pudore  ,  ve~ 
rum  perhibere  testimonium  velit. 

TESTIMONIUM. 

Misgolas ,  Niciœjilius,  Pirœensis,  testatur  Ti- 
marchum sibi  fuisse  familiarem ,  qui  aliquando  in 
Euthydici  medici  tabernâ  sederit  ;  seque,  pro  noti- 
tiâ  quœ  cum  eo  intercesserit ,  nunquam  ejus  sum- 
mam  habere  cura  m  des  ti  tisse. 

Quod  si  Timarchus,  Athenienses,  apud  Misgolam 


35o  JESCHIN1S  ORAT.   ADV.  TIMARCHUM. 

mansisset ,  neque  ad  alium  se  conlulisset ,  rectius 
sibi  consuluisset  (si  quicquam  tamen  hujusrnodi 
rectum  esse  potest}  ,  neque  ego  quicquam  aliud  ei 
objecissem  j  quant  quod  legislator  aperte  dicit , 
eum  pudicitiam  duntaxat  prostituisse.  Nam  qui 
id  cum  uno  perpétrât,  ac  mercedis  ergo  facit,  eo 
ipso  teneri  mihi  videtur.  Sin,  refricatâ  vestrâ  me- 
moriâ ,  omissis  istis  agrès  tibus  viris,  Cjdonide , 
Autoclide  ,  Thersandro  ,  demonstraro  ipsos,  com- 
memoratis  Us  in  quorum  fuerit  œdes  receptus  y 
unde  constet  eum  non  solàm  apud  Misgolam  cor- 
pus suum  mercede  prostituisse ,  sed  apud  alium 
etiam,  et  rursùs  apud  alium ,  atqueab  Mo  ad  alium 
venisse;  non  modojam  eum  prostituisse  pudicitiam 
apparebit,  sed  (nescio,  mediusfidius,  quomodo  rem 
per  ambages  efferam)  totum  diempro  scorto  subagi- 
tatum  esse.Qui  enim  petulanter  hoc,  et  apud  multos, 
et  mercede,  facit,  is  eo  ipso  teneri  mihi  videtur. 

Postquam  igitur  Misgolas,  sumptibus  exhaustus, 
istum  à  se  demisit,  Anticles,  Calliœ  filius ,  Euonjr- 
mensis ,  recipit.  Ac  is  quidem  Sami  abcst,  cum 
colonis  :  ea  igitur  quœ  secuta  sunt  referam. 

Timarchus ,  ut  ab  Anticle  et  Misgola  recessit  y 
non  ipse  in  sese  descendit,  nec  meliorem  vitœ  ra~ 


KATA  TIMAPXOT  AOroS.  35l 

*&tyî[jLiM  WûLpa.  toù  M/o-yoAoc,  %j  ftwtTi  us  aAAov 

WCfi  ,    (AcTÇlCùTiÇOL      CLV    dtiVrèllpaLKTO     (  t!     &î    Tt    T&V 

Toiovrav  Igti  jneTpjov),  xaa  eyays.  ovx,   dv  oùxthvcl 

CLIJTGV    OvâèV   OUTjourOctJ,    5?   OWZp  0    VOfJLoSiTyÇ    <7TcLpp>î- 

(Tict^cTcct ,  vrrct/pnjcevcu  /xovoV  o  yap  Tpos  evcc  touto 

>~*  ^     *        —  /  */  <v-  »  A      *i     e .    «*• 

clutù)  [loi  JN03ce/  tovtcû  vioyjiç  €/yoti*  e&v  <JX  utuas 
rtW(uvn<ras  iWifci%o) ,  Jsrgpêcuvajy  tou<7&  tous  ct- 
yptous  ay#pa.£,  KuoW.&jv,  x.eu  AuTojtAej&jv ,  39  0ep- 
crotvtîpoy,  cÎAA'  twtdîijïco  clvtovç  AeyûJV,  «y  ev  Tous 
oixicLiç    aLmAyLifjizvQÇ  ytyon ,  tlcli    pu   lcovov  wapct 

TCù  Ml(ryoAcL  LlilJ.lGVCLpVVIKQToL  CLVTOV  €7Tt  tOû  UCù^CLtl^ 
CtAAoLXj  TTfltp    6Tgp<i>,  XCU  WOLAtV  TTctp    aAAût>,  fcctt  W&pOL 

tqvtov  oùç  ÉTépoy  e AmAu3-ot<x ,  oJx,  m  J^  ttoi»  jù.ovov 
(pAvinreTctt  ïiTOLipyiTcas ,  ccAAa.  x,cu  (  ju,ct  tov  Aiovv- 
orov ,  oux,  of<T  owas  S^vvvi<rofjLûLi  wipi7sr\tKUV  oAw  T>jy 
>jjLt€pocv  j  5coti  T€7ropvei>^eyo^.  O  yotp  e/joj  toi>to 
xeu  -arpos  tcoAAous  -srpotTTûjy ,  xcu  {xurSov  ,  ctuTa 
ftoi  JNox,ei  toi»to>  evo^os  eivoct. 

E'/ret&i  Tojvvy  0  Mio-yoAots  TWTe  e^oc/rctvH  iniïnt, 

XCLl     TOVTOV    tfywill^/t    TTctp'    t&UToiï ,    jULeTot    TGUTOV 

clvol\clilÇ>clvu  olvtqv  *Avt<3cA>jç  KclWiov  Evwvfiws. 
Ojtoç  fiev  oiîy  olwîcttiv  gy  Soc^o)  ^ét*  t«v  x,A>ipou- 
%ûjv"  aAAot  Ta  jutera  raCra  €pa. 

n^  yocp  ccz«r>iAAay>t  TTotpct  tow    Avt/jcA€OU5  jccu 
tou  Mro-yoAa  T^otpp^oç  outo<tiv  ,  oux.  €  vol/3-  irv\<m 


35a  KATA  TIMAPXOY   AoroS, 

icLvrov ,    ovdt  (ZiXriomv  ^ixrpt&œv   v\^<xro%    aAAet 

£lYlfAip£V<mi    gy   T<2  XuÇ>îlû),   OU  i  TY)\l0L    TiStTKl  ,    fcCLt 

tous  aAex,Tfuovflt$  (n^êocAAoïw  ,  x,cu  x,u£gtîou(nv* 
>i<3to  yctp  o/^tot/  y/x5v  Tjyas  icopcLMvéu  cl  Agya,  tJ  J^è 
jlmj,  ctAA*  ûLMitoivcLi  yg.  Tar>  J^g  g'x,  T^  J^/ctTp/SJk 

TOLVTYjÇ  iCTTl  TIÇ  YllTT&KcULOS ,  av3-pû)7T0?  ^^(XOCTtOS 
oucgw  T>i$  wcteas.  KJUTQS  iVWOpûùV  OLpyvplOV  ,  X.CU 
opSv  rotTioy  gy  r?  Scieur  piÇ»yï  t&utw,  ctvgAaêgv  ou/roy, 
x.ou  glp^g  7rup    gawTûî,  Kccj  raur'  oux,  gôW^gpci/ygy 

O  (XlOLpOÇ  CVTOŒl  ,  LLîAAùùV  ÎCLVTOV  X.CLTOLKT^yniV  HtTpOÇ 
CLV&pCùWOV    S^YjjJLOO-lOV    GlKZTW    TY\Ç    TffoMdùÇ*    CtAA*,      g/ 

A>i«v}/cTot*  %op>?%ov  th*  ê&Aupiei  t»  êctvTov ,  roîTro 
^ovov  gV^g-vf/oLTo ,  Tfflv  J^g  jcctAûTy,  îi  t#v  o»Vp£pa>y,  oJo'g- 
^tEctv    ,7r^7roTg    *zjrpovo/ocv    gwowora*ro.-    Kca    zotavuct 

r  /  \  /  »//»  >        \      >     / 

CLfJLCtpzy\llCLTcL   7LCU    TOIOLVTCLÇ    V^ptlÇ    lyCù   OUtVIKQÛL  yi~ 

yovgvou  i»7ro  tgu  oiv^pûJî<roi»  toutou  tiç  to  o-œfxct  to 
T/^tap^ou,  o/ot?  gya,  ^ct  tcv  Atct  rov  OAu/xt/ov,  eux, 
àv  zo\fjLy}<rcti[ii  wpoç  v/jlolç  gt7Tg?v.  *A  ycLpcLVxos  Ipycù 
TipooTTûjy  oux,  wo-^i/ygTO,  Taux  g  y©  Aoya  juiovov  (7oc<pû)^ 
g  y  JjULtv  giVav,  ot/x,  ctv  g'cJg^a^Mjv  Çjv. 

ITO  «Tg  TOUS  CLUXQVb^CVOVÇ  XQVTOVÇ  9  gy  0/£  OUTGS 

Sv  îzrctpct  t«  nrrTuAcuca,  kcltclw\{i  S^wpo  i%  EA- 
AîicrîcroyToi»  fHy>ico{-vopo$  ,  o  toutov  ayg/A»$a?.  ITepi 

QUW(l\dLl  euoî^  OTJ   ÔaU/JLGL^gTg  ,  «^/OT/   OV  fJLîflVYlJ&CU* 

ovzccç  Ivctpyis  î<ttiv  ,  ô  gp«.  Outo?    o    Hyuoa  iïpoç 

CLQlKVilTOLl  ,  oy  U/*g'.$  i<TTg  XOtAA/OV  >î  gyOJ.    tLTU^g  Oè 


JfcSCHtînS  ORAT.  ADV.  TIMARCHUM.  353 

iionein  est  ample  xus ,  sed  in  aleatorum  circulis 
tolos  dies  versatus >  ubi  tabula  ponitur,  ac  galli 
gallinacei  committuntur ,  et  aléa  luditur.  Ves- 
trum  enini  aliquos  ea  vidisse  arbitror  quœ  di- 
co,  aut  saltem  audivisse.  Est  autem  ex  ejus  locl 
cœtu  homo  quidam  Pittalacus  ,  servus  publicus 
nostrœ  urbis  :  qui,  eiim  argento  abundaret ,  is- 
tum ,  in  eâ  palestrâ  visum,  ad  se  recepit  et  domi 
habuit.  Neque  verb  impunis  iste  conditionem  illam 
repudiavit ,  cum  se  probro  affecturus  esset  apud 
homincm  servum  publicum,  sed  illud  solum  spec- 
lavit ,  an  prœbitorem  petulantiœ  suce  inventurus 
esset ,  nulla  unquam  honestatis  aut  turpitudinis 
habita  ratione.  Talia  porro  delicta  et  taies  con- 
tumelias  audivi  ego  ab  Mo  homine  in  istius  corpus 
essefactas,  quas  ego,  ita  me  Jupiter  Oplimus  Ma- 
ximus  amet,  narrare  apud  vos  non  audeo.  Quibus 
enitn  iste  reipsa  committendis  non  erubuit ,  Us  ego 
aperte  duntaxat  a  me  nominatis ,  vivere  recusarim, 

Sub  eadem  tempora  quibus  apud  Pittalacum  Me 
fuit ,  llegesander  ex  Hellesponto  hue  appellit ,  qui 
istum  ad  se  recepit ,  cujus  satis  scio  mirari  vos  cur 
non  olim  mentionem  fecerim  ;  adeo  evidens  est  id 
quoddicam  I s  igitur  llegesander  rediit .  que  m  vos 
nostis  melius  quamego.  Navigârat  autem  tumpro 

t.   m.  2  3 


354  JESCHINIS   ORAT.  ADV.  TIMARCHUM. 

quœstore  cum  Timomacho  Acharnensi,  viroprœ-^ 
torio,  et  venit  hue  locupletatus ,  ut  aiunt ,  illius 
simplicitate  ,  née  minus  quam  octoginta  argenti 
minas  attulit ,  et  quodam  modo ,  non  minime  illi 
calamitatis  causa  fuerat.  Tantis  igitur  opibus  af- 
fluens ,  et  Pittalaci ,  in  ludenda  aléa  sodalis ,  œdes 
frequentans  y  isto  statim  viso  gavisus  est,  eumque 
expetivit ,  et  ad  se  recipere  voluit ,  ut  quem  ab 
ingenio  suo  non  abhorrere  existimaret.  Primum 
igitur  ad  Pittalacum  verba  fecit ,  orans  ut  eum 
sibi  trader  et  :  quo  récusante  >  istum  ipsum  aggre- 
ditur.  Neque  vero  longâ  oratione  est  opus  :  per- 
suadet  statim.  Nam  ad  istam  rem  conficiendam 
magnas  vires  habet  improbitas  et  auctoritatem. 
Quamobrem  vel  ob  hœc  ipsa  dignus  est  odio.  Ut 
autem  à  Piltalaco  discesserat _,  et  ad  Hegesan- 
drum  se  cojitulerat ,  œgre  ferebat  scilicet  Pitta- 
lacus ?  se  tantum  in  istum  argenti  frustra,  ut  pu- 
tabaty  insumpsisse  ,  et  ea  quœ  gerebantur  ferebat 
ut  rwales  soient ,  et  itabat  ad  œdes  illius.  Quia 
vero  eis  moleslus  erat ,  spectale  quantum  fuerit 
robur  Hegesandri  et  Timarclii.  Nam  aliquando 
inebriati  et  ipsi ,  cum  collusorum  non  nullis ,  et 
aliis  ,  quorum  nomina  non  dicam  ,  noctu  in  œdes, 
in  quibus  hab itabat  Pittalacus ,  impetu  facto  , 
primum   vascula    conlriverunt ,  et  projecerunt  in 


KATA  TIMAPXOY  AoroS.  355 

TOTi    GVfJL7lAîV(JCLÇ    ÎIÇ     EÀÀ'/jCTSrOVTOV     TcL^cLS     Ôlu,& 

Ti(jlolicC)(cù  tcù  'A^otpve?,  tcù  o-TpcLTwyno-cLVTt'  kcli 

VIX,è    J^gUpO    OLWoAiAcLVKCCÇ  ,    m    AtytTOLt,    TïlÇ    IX.ÎIV0V 

ÎVïld-iloLÇ  ,    g^ûJV    OVX,    iAaLTTOVÇ    VI    QydoYIKOVTcL    flVOLÇ 

Il  \        I  \       >      tf  >/  »     / 

CLpyupiOU  ,    XCLl   Tp07T0V  TIVCL,   OU^  V)JCt(TT0L  CLITIOÇ   tyt- 

VZTO    Tl\JL0\).3S)(CÙ    T7\Ç    (TV^OpcLÇ.  '  £ÏV    <K    VJ    TOlOLVTy 

«4>^ov«&,  7lcu.   cpo/rûjv  a>£  tov  1 1/TTctÀtfxov ,  <ruy)cu- 

&VTW  oW<X,  X.A/  TQVTOV  t$CùV  ix.il  'XpCûTOV  ,  >)<t3->J  T6, 

X.&1  l-GriZVlLYWty  XXL\  iZovAtâYI   CùÇ  otUTOV    CLVfltActÊc7v* 

x.a.j  snyç  io-ûj?  otuTov  v\yvi(TcLzo  tyyvç  uvcli  ims  olwzqu 
QiKrtm.  rip^rov  |xev  ouv  toT  rLTraAajca;  S^ieAt^d-y  y 
J^eo/Jtgvos  T&pccobuvcc/  toutou*  co$  J^e  oux,  e^rô/d-gy, 
otuTO  tqv'cû  wsoa&cLAAu'  xcli  ov  nroAvv  oIvxAûhtz 
Aoyov  y  ccAA  zvd-uç  i-nnwtixa.  Ko»  y&o  tiç  olvto  zo 
-Grp&yfjLai  S^uvy  v\  clx.clx.icl  x.cl\  tunuarict*  cùgtz  39  g£ 
ctuTû>v  ro^Tûjy  gfx,0Tû>£   otv  lligoito.  ils  c)%  <x?<r»À- 

ACLX.T0    fJLlV    OLWO    TOV    ïltTTcLAcLX,OV  ,   avgiÀWTo    J^g 

traro  toi/  Hyyjcrocvcfyou,  ax^uvetro,  ojjuigu ,  0  rLTToeÀoL- 

»»         >      /  *  <    >/  »  » 

jtos  ,  tocoutov  apyupjoy  |xolt>iv  ,  <as  agTo ,  fltvwÀ0jtffl£, 

X.CLI    t(YlA0TVWll    TcL  yiVQLWcL  y    X.CLI   ityOlTct   tWl    TY\V 

01X.ICVJ.  On  6\  clvxoiç  wcà^Aiiy  <rx,t*\/cL<T3t  LityctAw 
çœfjLW  HymcLvàcov  x.cc»  TiLtap^ou,  Me-S'Uc^gvTc? 
yotp  TroTg  x-ai'  ûlutoi  ,  xcti  Tûiy  <rvyx.v&evTcHv  tivîç  y 
xcti   ccAAo/  ,  û>v  ou   fôovAofiai   rct  ovoLtctTct  Àgygfv , 

U(JWVlÙy)<TCLVTt$  WX,TCûp  11$  TW  01X,ICLV ,  OU  ûùJCg/  0  riiT- 
T&AXX.0Ç  y   WpCàTOV  fJLtV   <7UVgTpi£oV  Tct  GX,iVclplCL  ,    X.CLI 


355  KATA  TIMATXOÏ  AorOS. 

£iîpft7fzovv  zU  rv\v  oobv,  cLcrr^yaXovç  tî  tivclç  S^iol- 

<m?TQVÇ  X.CU     (f>/ff.Gl»S,   JCOU    XV^iVTlXCL  ITipcL  opycLVOL* 

\  \     '/  \         \       ,  /  «\     »       ! 

XCLl  TOVÇ  opTvyaLÇ  X.OU  tou$  ctAgîcTpuovcts ,  OVÇ  yycLKOL 

0  Tp/<7x,ax.ocaijUû)v  avS-pa-arcs  i  a7rgx,TgjvotV  to  i le  Tg- 

ÀeuTciïov,  JWoivTcS  srpos  Toy  jc/ovx  aurov  tov  Ylnza.- 

Xoutov,  i/xa<7Tiyovv  tclç  g§  cLVZpœwœv  -GrXyiycLS^ovTœ 

woXvv  %povoy,  aorg  &&/  tous  ygiTovccs  cuV^go-Oat  xîfe 

XfCLVyviS.      ly     dXg   VGTipcLlCt,    VWîpcLycLVCL7tT7l(rcLS     Tùù 

wp<x.yfJtcLTi  0  YIittclXclxo$  i^yjvcLi  ybfxwç  uç  t»v 
cty^pav,  5tai  xct^/c^j  etzri  rov  féceficv  tov  thé  M^-pcs 
tûjV  SgaV  ôp^Âoy  ^e  o-uvâjpfltfiovTo^,  oiov  aœiït  yjygcrôci/, 
<po£?j5svTes  0,  Te  rHyyi<rcL'*dpo$  xcli  0  Tiixapyos  fxn 
ctvoLx.»jp»j%3H  oivrœv  y\  fiàtXvpicL  aç  'gtclgclv  t»v  ttoXiv 
(tTryii  S"èixx,\Y\(ricL)J  Bzovo~i  zp-poç  Tov  j8û>/Jioy,^  at/roi 

j£  TOV  O-DyX-fêgUTaV  TiVg£  ,  3^  WipUTTOLVTZÇ  lèlQVCO  ZOV 

YlirraXcLxou  clvclvtmcli  ,  Àgyovrgs  on  to  oXov 
-arpctyixcL  Trapowiai  ytyom  xoli  clvtoç  <N  gvtoç  ou- 
oYzd*®,  \lcl  Affit,  ao-^rep  vuy,  <tpycL\toç  cùv  tytj  o-vL/y, 
ctW  er/  yjv\(rifioç ,  vwoymtcL^w  rov  cLvô-pcew-ov ,  ^ 
îtreevret  (pct<T?t^v  •arps.çgjy ,  a  ctv  gjcgtya  cuvoûx.»*  itip&ç 

?trZlJ0VO~lV  CLVCLVTYIVCLI  TOV    CivSpCûTÏOV  CLWO  TOV  lôCù^LOV  , 

ceç  TiufyfJLMov  rnoç  t£v  Pitlclicùv.  '«Qs  £'  cLwyfXd-iv  ix, 
ty\$  ayopciç,  own  tTi  wpoviïy^ov  clvtûù  tov  vovv, 

r>  '  ^  ^    ^  '  \       'I/O  >     ~        t      *l   ^  «.I 

Bapgas  a  g  (fgpûjy  t»v  ubc/y  clvtcov  o  clvz{,ûù7Co$)  JV 
xy\v  îxojripoù  clvtcûv  Xa.yyji.viu    On  è\  toiy^ctcroLTo 
(  <ry„î^cL(Tdî  fJMycLXw  pœfjiy\v  'HyyîGcLvfyov  )  ,  ccy3pûJ- 


jESCHINIS  ORAT.  ADV.  TIMARCHUM.  357 

viam  talos  agiles  et  nexiles  >  et  alla  instrumenta 
aleatoria  ;  et  coturnices  atque  gallos  y  quos  ada- 
mabat  miserrimus  ille  homo ,  occiderunt.  Tandem 
ad  columnam  alligatum  ipsum  Pittalacum  imma- 
nibusflagvis  ceciderunt ,  idque  tam  longo  tempore, 
ut  vicini  etiatn  clamorem  exaudirent.  Postridie, 
Pittalacus ,  id  facinus  indignissime  fer  eus ,  nudus 
in  forum  venit ,  et  in  ara  Matris  deorum  sedet, 
Cum  autem ,  ut  fit ,  turba  hominum  concurrisset , 
metuentes  Hegesander  et  Timarchus  ne  sua  petu- 
lantia  per  totam  urbem  proclamaretur  (  instabat 
autem  concid),  et  ipsi  et  collusorum  quidam  accur- 
runt  ad  aram,  ac,  circumsistentes ,  orant  Pittala- 
cum ut  surgat  j    cum    dicerent ,    totam   rem   per 
ebrietatem  factam  esse.  Atque  iste  profecto  non- 
dum  hirto  et  aspero  vultu ,  ut  nunc ,  sed  adhuc 
utilis ,  hominem  barba  prehendit,  et  illius  arbitratu 
se  omnia  facturum  promittit.  Tandem  persuadent 
ho  mini,  ut  ab  arâ  surgat,  ut  cui  aliquid  œquiprœs* 
tare  vellenL  Ut  autem  èforo  discesserat,  nonjam 
eum  curabant. 

Homo  igitur  injuriam  eorum  graviter  fer ens  , 
diem  utrique  dicit.  Qubd  autem  in  jus  vocasset  y 
videte  magnum  robur  Hegesandri,  hominem  à  quo 


358  .ESCIIINIS  ORAT.  ADV.  TIMARCHUM. 

nulla  sibi  or  ta  fuerat  injuria,  imb  contra,  auem 
ipse  injuria  lœserat ,  eumque  non  ad  se  attinentem, 
sed  publicum  servum  cwitatis ,  abduxit  in  servitu- 
tem ,  suum  esse  servum  asserens.  Pittalacus  igitur, 
malis  undique  oppressus,  ad  genua  accidit  homini 
perquam  bono  :  est  quidam  Cholargensis  Glauco; 
is  eum  asserit  in  libertatem.  Post  hoc,  sortitiones 
judiciorumfecerunt.  Sed  progressu  temporis  cogni- 
torem  sumpserunt  Diopithem  Suniensem ,  popula- 
rem  Hegesandri,  et  per  œtatem  illius  consuetudine 
usum.  Diopithes ,  suscepta  re ,  differt  negotium  , 
aliud  ex  alio  tempus  reis  condonans.  Ut  autem 
Hegesander  vestrum  suggestum  conscenderat  (  quo 
tempore  Aristophontem  Azeniensem  oppugnabat  > 
priusquam  is  ei  actionem  illam  minatus  esset  apud 
populum ,  quâ  ego  Timarchum  reum  feci  )  ;  Cro- 
bjlus  item  ,  j rater  ejus  ,  conciones  habebat ,  déni- 
que  isti  primi  apud  nos  ausi  fuerunt  de  republicâ 
Grœcorum  capessendâ  suadere:  tum  demum  Pit- 
talacus y  repudiato  suo  consilio,  et  ratione  initâ , 
quis  et  ipse  esset,  et  cum  quibus  bellum  gérer  et , 
recie  sibi  consuluit  {ver a  enim  dicenda  sunt  )  et 
quiescere  statuit  >  bene  secum  agi  putans ,  si  nihil 
novi  mali  sibi  daretur.  Hic  demum  Hegesander 
pulchram  istam  victoriam  adeptus ,  Timarchum 
apud  se  nulla  cum  molestia  habuit* 


kata  timapxoy  Aoros.  35g 

TSTGV  /tOJ&V  CLUTOV  >J(?/3C>î3tOTCt,    CtAAcC  TOUVatVTlOV  JÙlW 

p..gvoy ,  o»j ci  gv  trpooix.oVTot  ai»T6)  ,  olAAcl  <Jx>j/JiO(noy 
otx,gr>jy  tJT^  ttoAcû^,  >iygy  g<s  S^ovAuoiv  ,  (fcto-jcay 
oturou  etvou  «^ouAov.  Ev  tjravTi  J^e  x,ctjta>  ygvo,agyos  o 
ri/TTccAajtos ,  'Kpoo-wiTmi  irpoç  Tût  yovctTa,  ccycfyf  )£ 
4a«tAoc  ^p^oToT.  'Eo-ti  t/s  TAclvucûv  XoA&pygus*  ou- 
to?  autov  cLQzipziTou  e/s  gAcu3gp<ctv.  To  J^g  [ht* 
TovToy  Ayfyiç  S^iycm  i'ffoiyi<roLVTo>  ripoiovros  J^e  tou 
%povou,  étirgTp^^^^yy^^^  T°  wpcuyfMt,  Ai07rsi9g* 
Ta>  Souyjg/ ,  J^/^oth  Tê  ovtc  tsu  Hy^orayô^psu ,  xgcj 
>70>î  sroTe  xcu  ^pyau/xgva,  or  w  gy  nA/jc/ec.  UapaAc*- 

Ç>CÛV  f"t  TO  WpCLyfjLOL  O  AlOTTild-YlS  ÀuCcLAAlTQ ,  %0.- 
piÇo/ÏJLtVQÇ  TOUTO/S,  yjOVQVÇ  g)C  p£pOVû>V.  LIS  JH  TTctpWsl  2711 

to  &y)[acl  to  uuiîTèpov  o  fHytfo-<xvô*pos  (  oie  ^  7rpoo-£7ro- 
Ae/xu  'ApiGToQcûvTi  Tœ  'AQjyjsT,  wpiv  olvtco  tw  clvtw 
TctuT>iy  >îzzrg<A>jc7gv  g^rotyygAjay  gy  to;  Jx^«,  W/Tgp 
eya  TifjLOL^cû  twyyytiAcL) ,  x,ot<  iTtuçk  Kpœ&vAoç ,  o 
et&A^os  ciutou  ,  govj^ojycpsi,  x,oi/  oAûîS  cLitiioA^m  gy 
tf/Jy  TrpœtQt  outoj  7igp?  T<ïy  cEAA>iv/fcc»y  cv/jlCovAzvîiv, 

iVTcLvSaL  Tlâyi  KOLTcCfJLilX^aLfJLiVOÇ  CtUTOy  0  rLTTocActJCûS, 
KOLl     iKAoyi<TOL/Aiyoç  OGTIÇ    ÛJV  7TpO£  ObŒTlVCLÇ  t7loAî[lUy 

su  l&ovAtvvoLTQ'  J^g?  yctp  TaA»3ÎT  Atyur  YKTV)£iaLV 
t(7%e>  îcotl  wyotTDïffey  if  t/  /jlv  -nrpoaAcL&ot  xot/voy 
^otjtoy.  EvTocu5ct  JS  thv  x.ocAiiv  vi?t>jv  tolvtw  vmim- 
îcûjs  of  fHy>io-<xv(?po?  ctVoy^Tt,  gjp^g  nctp9  icLUTqTifjLcLp- 
%oy  TouTove. 


360  KATA  TIMAPXOT  AOrOZ. 

Kai  tolvTcl  on  iycù  dAyS-y)    Agya>  wavxtç  igtî> 
Tt$  yoip  v[x£v,  os  ov  TCccGrort  iU  rov^/ov  glQitltcii  , 

XCLl   TOLÇ  ^CLTCCWCJLÇ  TcLÇ  TOUTM  QV  TtSwpy)W,  A  T*S5 
x\  ~  /  /  \  i  \ 

OS ,  TQtÇ    TOVTCCV    XCô^LOiS    JtCtJ   fJLOV)(ilCLl$    TrgpJTl^ÛJV  , 

OUX,  YiyStoSvi  U7tîp  TY6   7ÏO\îOù$  }  0UL6ÙÇ  J^g  ,  é7Tet^M  tV 

JNt?ca(TT>ip<ût)ê(7/Ji€v,  x,aAet  /Jto/  TAclvkcûvci  XoA&pyea, 
rov  oupsAo/jigyov  6/V  eÀêi>3gpiccv  tov  njTT&Acotov  ?  xcu 
Ta$  erepcts  fA&pTvçicLS  cwayivoùGM. 
MAPTTPIA. 
MctpTupï/    rÀctu?cû)y   Tjpx/ou    XoAapygi/s'    £ya 

clyOfJLiVOV  UÇ    S^OVMlOLV  U7T0    Hy>l(XAVo'pOl/ Fl/TTCtÀCt>tOV 

cupg<Ao£ajv   g/s   eAeuSspccty.  Xpova  <JV'   ua-Tgpov  gASay 
ïirpos  g^g   n<r  rctAa&os  g(p>i  /iovAto-Boa  <^iolAvSvivcli 

TCL   7ipOS    HyviGrcLvdpoV  ,  7CCLI    ^pOG-^è/Lt^dÇ  CLVTûû  JW- 

Aucny  ry\s  J^jojs  evpcLcrScLi  y  yv  ti  olutoç  htxcLAto-cLTo 
'Hyyjcccvâ'pov  xcu  TiticLp%ov9  tlcu  h  'Hyvwcwôçoç  ty\S 

S^QVAîlCLÇ  CLVTOV,  X.OLI   J^gAuSwXctV  CtXTOLVTCCÇ. 

MAPTTPIA. 

Apt<p/o-0gv>is  fj.GLprvpîi.  Eycc  ctyo[Xivov  uç  iïou- 
Agtccv  utto  Hyu<ra,v(îpou  n/rraAotîcov  oupgiÀojWiv  g/£ 
gAgy^sptacv.  Ken  rct  g£>j£. 

Oujcouv    x,cu     auTov  up.7v     jcctAgcra    Toy    'Hy>î- 

crocvdjpsv.     rgypût$c6     J^'      cci»™     //ctprup/flCV    XOOTJJLICC- 

I  \      >\  ,        »      ~  ^      p.  \  _.  f 

Tgpotv    /agy  «    jcoct     ejcêtvov  ,    4uucp<ï>   <rg    crct(p£o-rg- 
pav,    i  tû    M/o-yoAoc.     oJx    dyvoco    J^ ,  ort   gmï- 


JESCIIIKIS  ORAT.  ADV.  TIMARCHUM.  36l 

Et  hœc  vere  a  me  dici  scitis  omnes.  Nain  quis 
vestrûm  est ,  qui  nunquam  in  forum  cupedinarium 
venerit ,  nec  sumptus  istorum  spectâvit  ?  aut  quis, 
cum  in  istorum  commessationes  incidisset  atque 
adulteria ,  reipublicœ  vicem  non  doluit  ?  Tamen  > 
quando  in  foro  sumus ,  voca  mihi  Qlauconem 
Cholargensem,  qui  Pittalacum  asseruit  in  liber- 
tatem  :  et  reliqua  testimonia  lege. 

TESTIMONIUM. 

Testatur  Glauco  Timœi  F.  Cholargensis  :  Ego 
Pittalacum  asserui  in  libertatem  ,  cum  abHege- 
sandro  ad  servitutem  abduceretur.  Aliquanto  pbst 
me  convenit  Pittalacus  ,  seque  dixit  transi  gère 
velle  cum  Hegesandro ,  et  misisse  ad  eum  de  toi- 
tendis  actionibus ,  tam  ea  qua  ipse  reum  fecisset 
Hegesandrum  et  Timarchum,  quam  illa  qua  se 
Hegesander  de  servitute  ;  eodemque  modo  transe- 
gis  se. 

TESTIMONIUM. 

Amphisthenes  testatur  :  Ego  Pittalacum  in  li- 
ber tatem  asserui,  cum  ab  Hegesandro  adservitutem 
peteretur.  Et  reliqua. 

Igilur  et  ipsum  Hegesandrum  vocabo  vobis. 
Dictavi  autem  ei  testimonium  modestius  quam 
mores  ejus  postulent,  sed  paulo  tamen  éviden- 
tes quam  Misgolœ.  Neque  vero  nescio  ejuraturum 


3G2  JESCHINIS  ORAT.  ADV.  TIMARCHTJM. 

esse  yetpejuraturum.  Cur  igitur  eum  cito  addicen- 
dum  teslimonium?  ut  vobis  demonstrem,  quales  soleat 
homines  reddere  istud  studium  ;  quàm  et  conte mp- 
tores  deorum,  et  despectores  legum,  etprorsus  omnis 
verecundiœ  négligentes.  Voca  mihi  Hegesandrum. 

TESTIMONIUM. 

Hegesander  Diphili  F.  Stiriensis  testatur  :  Cum 
ex  Hellesponto  sum  reversus,  deprehendi  apud  Pit- 
talacum  aleatorem  agentem  Timarchum  Arizeli 
F.  y  atc/ue  ex  Ma  notitiâ  eo  usus  sum  y  eâdem  cum 
eo  versatus  ratione ,  quâ  prius  etiam  cum  Laoda- 
manie. 

Non  ignorabam  eum  neglecturum  esse  jusjuran- 
dum }  Athenienses ,  sed  prœdixi  vobis.  Quin  illud 
etiam  proevideo,  cum  nunc  testimonium  dicere  nolit, 
statim  in  defensione  proditurum  :  idque  profecto 
minime  mirum.  Ascendet  autem  hue  ,  vitâ  anteactâ 
frétas,  quippe  vir  bonus y  et  malorum  osor ,  etigna- 
rus  qui  fuerit  Laodamas  ,  ob  quemvos  inter  legen- 
dum  testimonium  tumultum  excitastis.  Numquid 
audebo  evidentius,  quàm  pro  naturâ  meâ ,  dicerel 
Dicite  mihi,  quœso,  Athenienses  :  qui  sese  dedecore 
affecit   apud    Hegesandrum ,  non  videtur    vobis 


KATA  TIMAPXOY  AOrOZ,  363 

ofiiïrcLi    mi    t'Triopx.rio-ît.   Aia.    zt    ovv  olvtov   tlolXoù 

llirl  TKV  fJLCLÛ xupictv  j  W  VfJUV  ITriÙtl^Cû,  010VÇ  Gt-gp- 
yOL^îTOLl  CL'sd-fCùTtOVÇ  TO  iWlT^ÙèV fJLCL  TOVTO ,  CûÇ 
TCOLTOLQpOVOVVTOLÇ  (JLiV  ZCùV  XlCùV  ,  VTCtfOfOùVTCLÇ  J^ 
TOVÇ    VOfJLOVÇ  y    oAiyCûpCOÇ    <N    É^OVTCLÉ    'TTpOS     flt/Z3ttCTAV 

cuo^uvhv.  KocÀe/  /*oj  tov   Hy>io-a,v$pov. 

MAPTTPIA. 

'Hywcivùpoç   AicpiÀou    ^zupuvç  [AOLpTvpti.    Oie 
jtccTèTrAetKra,  e'£   'EÀÀ>ia-z2rovTot; ,   JcareÀotÊov  waLpoi 

YIiTTclX&XCû     ZCù      KvCtVTy       ^lOLTpl&GVTcL      TOV     T<- 

fiotp^ov  tov  ApjÇwÀou,  x.e»  g£  ikuwis  rvfç  yvœa-eœs 
g^p«o"ct;-t>iy    Tt/JLûtp^û)    q[jli\çùv    tw    cti/rw  TTfaçgj,   w 

3Cat    TO    3rpOT£pOV    AûLOOOLfJLCLVTl. 

Oi/x,    wyvoovv    oti  vwipo*^tTCLi  tov  opjcov,  aï  A&i- 
vaTof ,  aÀÀct.  59  TrpogJtzrov  uu/v.  Kct)cg<vo  <N  uo*  TTpo- 

(ÎVlÂOV     gCTTlV    OTf  ,    g'argft)*?    VUV     01>X   g5gÀgt    fJLOLpZVpèlV , 

ctuTJxct  ?«r<xpgi<r/v  gy  tw  oLWOAoyicL*  x,ai  ouoev,  /-ta 
A  tôt ,  Bglv{jlcl<ttov,  ' Avol^ctîtcli  yapi  cîi peu  y  S^tvpo 
wuttivcùv  zùù  olvtov   (èicù  ,   oLvyp  x,cl\q$  KctyctBoç  X) 

'  (JLKTOnonpOÇy  19  TOV   AiCùÙoLfJLOLVZOL  OŒZIS  Y\V  OV   yiVCûGKûOVy 
£($'   Où    VtJMÇ   CLVîd-0pvÇ>WOLTî ,  TV\Ç  [AOLpTVp  OLÇ   clVcLyi- 

vûxrx,ouevïis.    Apec  yg  Ttpo&xyywop.cLi  tzi   o-ctcpeoTepov 

HWilV  y     7!  -HCLTCL    T»V    ilXOLVZOV     QVGLV  'y     tlUTcLTi    JULOI  , 

^rpos  tov  Aios  x<xt  toùv  olAAqv  d-tœv  y  ci  'AQwaiïoi , 
octtis  cu/tov  3c*T«o-^uyg  *7rpos  'HywctvcSjpoy,  où  <fax.ee 


364  KATA  TIMArXOY  AorOZ. 

*  *•  \  \  l  ~    _  ,\        I  > 

v/lliv   Trpoç  tov  7Tcpvov   7ig7ropvgi»o-3-cu  ;    u   T/vcts    o'j>î, 

OlOfÂîS*     OLVTGVÇ     V7npÇ>3\0LÇ     "TTûltLOrBctl     (lèiXvçi&ç , 

TrapowouvTcts  jcoti  /JtovoufJtgvou$  5  oJjt   oi£<r9g  tov  'Hyvi- 

<T<XV(3jpOV ,  CfTH/ÀOyOU^EVOV    TOtS    7ipO£    TOV     AiCCÙct^LûiVroL 

wpcLÇiiç  ras  wtptÇ>onTQvç ,  as  uv-gis  cwratvTgs  o-yy- 
<■       1  /        >         /  »         / 

*(TT£,    XJTCî^cUdL     TGUTO)   g^Toiy^etTCl   Z7CITOLTZEIV  , 

û>$  TaT?  toutou  tr/rgpSoÀctrs  aJroy  J^ovto,  Lit-pia 
J^/ccTrecrpot^^ûCt  ;  aAÀ.'  0^0$  o\|/g<r3g ,  ot/  s£  jxcl\cl 

iTtKTTfKpCùS    19   pJlTGpi)c£V    OLUTOS   ^    0     d(k\(Ç0Ç    OLVTOU 

KpœÇ>u\oç  cluzItlcl  llclXcl  dtvpo  ivctr:y\ày)(roLVXiÇ^  zoluxcl 
liw  g/vot/  ttoa/uis  GtCogATgpîct?  Qyicrovariv ,  a,  gy&  Ae- 
ycù ,  cL^ioùo-ouai  J^g  [xt  fjLctpTvpcLÇ   7ïapgp£g<r-3-ou   Actp- 

p»&lV    /LLCLpTvpoCvTCLS,    OTTOD    gVpctTTgV  ,    O7T0S    t^Oltty 

-il  t/s  gtogv,  >j  t/s  >jv  o  rpoTTo^*  wpcLyua  ,  oiijlcli  , 
glvcu&s  ÀgyovTgs.  Ou  yctp  oïo^xat*  lyccyt  vli£ç  o'vïoùs 

ï&lAWfAOVOLÇ    gfVst/,    ÛXTTg    CLLKVVIlJLOVtlV    0\iyOù   TTpOTgpOV 
>        /  »  /  ~         /  >       ^  / 

fltîtouo,avTflt5  otvoty/v«(rxo/^gvû>y  tû>v  vo/jlgùv  ,  gv  ojs  yg- 
ypflWTTccj.     £av     n$   Laaà-umywcLi    tivcl    A£>jvaTov 

Z7TI  TOLVTW  TM  ?rp£fyv ,  >)  g'ctV  T/£  CtUTOV  LU<T§œ(JV\ , 
gVOp^OV    6IVCLI     TO/$  [ktyiGTQiÇ  ^  TS?£  /(70/£    ÎTZITI/JLIQIÇ* 

Tiç  ovv  ovTa>TcL\aLi7reûpoç  gVnv  ct'vGpa^o?,  ogtiç  dv 

î3iAVI<TZlt  (TCLtyOûÇ  TW  TOIOLVTW  fJLcLfTVpiCLV  LlCLpTV- 
f\(TCLl ,  g'^  îî?  uVotp^g/  CLVtCà,  icLV  Tai\YlBv\  /XûtpTfpîf, 
V7C10ÎIXSJVVCU    iW)(OV    OVTct   CLUTOV   TOIS    ÇCT^OLTOIÇ    ZTtt- 

I  >        ~        t        I  !        i  \  ni  >      » 

ZILIIOIÇ  ^  OUX-OUV    UTroAo/TTOV    gCTTi    TOV    TZîKQVVOZcL    GlUZQV 

QpoAoytïv.  'AWol  £icl  tqvto  Kpinrai  ,  or/,  tcujtûl 


JESCIÏINIS  ORÀT.  ADV.  TIMARCHUM.  365 

scortatus  esse  cum  scortol  aut  quid  insignis  im- 
probitatis  prœtermisisse >  in  ebrielale  et  solitudine? 
Non  putalis  ffegesandrum,  ad pervulgala  Ma  cum 
Laodamante  acta  defendenda ,  quorum  vos  omnes 
eslis  conseil  y  superbe  ei  imperasse,ut,  ob  imper  io- 
rum  magnitudinem  ,  moderaCe  se  cum  eo  gessisse 
videretur?  Sed  iamen  videbitis  ipsum,  et  fratrem 
ejus  Crobjlum ,  perquam  accurate  et  oraloriè  sta- 
tim  hue  prosilire ,  ac  dicere  ,  quœ  ego  dicam  y  ea 
magnœ  esse  stullitiœ ,  ac  postulaturos ,  ut  testes 
producam ,  qui  aperth  dicant>  ubi  egerit,  quomodo 
fecerit,  aut  quis  viderit,  aut  quœ  ratio  fuerit?  im- 
pudenti  utentes  oratione.  Nequc  enim  ego  vos  tain 
obliviosos  esse  arbitror,  ut  non  meminerids  legum, 
quas  recitari  paulo  ante  audivistis ,  in  quibus  scrip- 
tum  est  :  Si  quis  aliquem  Atheniensium  ad  id  ne- 
gotium  conduxerit,  aut  si  quis  sese  elocarit,  teneri 
maximis  et  paribus  pœnisl  Quis  ergo  adeo  miser 
est,  qui  perspicue  velit  taie  perhibere  testimonium, 
unde ,  si  verum   dixerit  y  ostendat ,  se  extremum 
supplicium  commeruisse?  J laque   illud   est   reli~ 
quum,  ut  qui  passus  est  confiteatur.  Verum  ob  hoc 
accusatur ,  quod ,  his  admissis ,  contra  leges  con- 


366  ^schinis  orat.  adv.  timarcIïum. 
clones  habeat.  Vultis  igitur ,  ut  totam  rem  omit" 
tamus,  neç  inquiramus  scilicet?  Egregie  profectb 
urbs  incoletur  ,  si>  quce  ipsi  reipsâ  Jieri  scimus ,  ea, 
nisi  quis  nobis,  hue  progressus ,  simu  levidenter  et 
impudenter  suo  testimonio  confirmant ,  pr opter ea 
obliviscemur  ?  Idque  vel  exemplis  intelligite.  Est 
autem  necessarium ,  scilicet,  exempla  esse  consi- 

milia  Timarchi  moribus. 

Videte  eos  qui  in  prostibulis  sedent,  et  scelus 

istud  admittunt,  ut  inficias  ire  non  possint.  Tamen 

isti  ,  cum  ei  necessitati  est  parendum  ,  dedecus  id 

velamento  quodam  tegunt,  et  fores  occludunt.  Quod 

si  quis  prœtereuntium  vos  percontetur }  quid  homo 

Me  tune  agat?  statim  dicatis  nomen  illius  facino- 

ris  y  quamquam  non  viderais  quis  fuerit  ingressus  ; 

sed  quœstum  sciatis  ab  Mo  homine  institutum ,  et 

rem  intelligatis.  Eodem  igitur  modo  vos  decet  in 

Timarchum  etiam  inquirere ,  nec  illud  considerare, 

an  aliquis  viderit  _,  sed  an  res  ab  eo  perpetrata  sit. 

Nam  quid  per  deos,  Timarche,  dicendum  est?  aut 

quid  ipse  tu  diceres  de  alio  homme,  qui  eodem 

crimine  accusaretur?  aut  quid  dicendum  est }  cum 

homo  a  dotes  cens ,  paternis  œdibus  relie  tis,  in  aliéna 


KATA  TIMAPXOY  AOrOS.  367 

TTpCLÇCLÇ  ,    TTctptf,    TOVÇ    VOflOVS     t&YlfJLYiyOpU..    BovXidB'c 

ovv  to  oAov  vrpSLyijLoL  oLQœfMV ,  59  fiv\  fyTcc/Lttv  ;  vu  tov 

_.  .w  _  ~       *t  \         K  »     I  »    t\       »      \ 

TloyTZlOCù  ,  XCtXoùÇ   CLpcL  T»V    7IOA/V  OlXVKTOfJLiV  ,  il  CL  OLVZOl 

îCyCà    'tafJLîV  ytVOfJLiVCLiTCLVTcL,   g'otV   [J.YI    XIÇ  yfUV    S^iVpO 

7rap?À3-0V  0U<pÛt>£   Ct^lcC  JCCU    CWcLKryjJVTûùS  CtVTQÇ  fJLOLp* 

TupwoTj,  J^ct  tovto  gTiAyicroy.gSot.  2x,g^cc<r,3-g  oe  39 

€3C  TrOLpCLdi iy fJLÙLTCCV.  Av<*yx//1  J^e  *O"0S  g0T<Xf  TTCtpot- 
7TAyiO-/ot    TO,  Trcipct&iy^OtTol    6IVCU  TOJS    Tp07T0/S   Toîs 

lWp%oti. 

'OpctVe  ToyToucr/   tgus  en/  Tav  qim[xcltoùv  x,cc9g- 
^o^tgvous ,   toi>^  ofJLo\oyovfXivœ$  tw  'Trpcijriv  tclutw 

'7rpGtTT0VTGtS.    OuTS/    fjLMTOl  ,    OTAV  TTpOS  TM    ûtVGtyjq/ 

tccutjj  ytyûjvrot/,  o/*#s  -7rpo  7g  tîk  a.ur'xyws  Kpo- 
ColAAovtoli  Tt ,  39  o-uyjcAc* ouo-/  tclç  Bvpaç.  Ei  S^yi 
tjs    vfjicùv   t'poiTo   tovç    o$y    7iopgvo/xgvGt>s ,  tj    vtTy  0 

*/  a.  f"  /  »^   \  i\         >/  ^ 

(Vi^pCùWOÇ     OVTOÇ     WpOLTTil  ,     gt/.vUS     <XV    ilWOlTî    TOV 

epyou  touvo/acc,  oux.  e<(?oTgs  roy  eja-eA^AudoTct  oo"ns 
>jy  ,  ctÀAcc  t»v  'XpoaLipzcriv  ty\ç  î^yavicLÇ  tou  av6pû>7:ou 
ffuvei<3bTes  ,  x.cti  to  %pS.yy.rt  yvcepift-z.  OJjccuv  tov 
olvtov  Tpo7rov  ^rpoo^jui  v/jlcls  jccu  -^repi  T/^uapp^ou 
e^eTct^iv,  x,ctt  [jw  (TX.07CÎIV  et  tjs  eî&v,  <*AA'  î! 
irt7rpcDLTcu   rovrct)  »    wpcLçiç.   Evru  y  'Xpoç   Siw , 

Ti/JLCtp^g  ,    Tt    %p»    Agyg/V  ;    î|   Tt    «TU    CLV    SCTTOI^    ctW- 

T05    7t€p«    gTgpOU    Cty^pOJ7rOU    g7n   T>î     ADTW    Cf.lTlCL    3Cp/- 
/  ,\       »  \    -    /  f/  '  /  / 

vojuevot»;  n  tj  p^pw  Agyg/v,  oTctv  iiupcuciov  nov,  xclzol- 
Aisrov  t>iv  TTotTpaccv  otx,tocy,  yujcTgpgfM  ev  oiAAoTpea^ 


568  KATA    TIMAPXOT  AOFOS. 

OlTLiCLlÇ  y    TY\V    0^/tV    tTtpûûV   JW(fepOV  ,    X.CLI     Tto\vTi\vi 

tTcLipxs  tclç  TroAureÀscrTixra?,  $  xt/©giw,  Xj  /x»cfëv 

fitTfflJf  &VT0Ç ,  CIÀA  ITlpOÇ  V7Tip  CLUTOV'  ZTt  TGLVTOL 
[LdUITllCLÇ   TlpOVOcLTCLl  $     OtM,   gfOflAOV     OTf     7TCWO,  ÛLVOLy- 

x,>j  rov  Toc  hyiXix&v tcl  e-srizcLyfjLoLTOL  xktw  îwitclz- 
Tovra,  x,  axfTov  ccjti  toutccv  yioovclç  tivolç  ^rcLpoL- 
(ncevcLÇtrj  zoiç  to  apyup/ov  <7rpootvctA«rx,ou<nv  ;  ou  y&p 
gp^a ,  (jlcl  Toy  Atcc  tov  OAu/r/nov ,  riva  rpowov 
gJ(pM/xorgpov  pune^iï  Ttov  voi  x,oLToLyîAoL<TTœ$  -art- 
irpGcyfAtmv  ipym. 

QiCôpyaaLTt  £e  ,  u  j3ouA6<r3s  ,  ro  TïpSiyiAcL  x]  g& 

TTOÂ/T/^aJV    T/V^V     f7tOLpcLÙiiyfJLOLTm  ,    X^    (ACLMvTcL    ZX, 

toutûjv ,  a  vi>v  fjiiTci  yjcifcts   g%gTg.   rgyo>cto*t  oW 

MQCùXt  TTgpi  TOV  GCùpLCLTOÇ  ,  OflTT/É  ASv\VcLlOÇ  OVTûùÇ 
ZŒTt  y  X^  QGTiÇ  fJLY,.  Koil  tyonyi  j  iT&îlàcLV  srpoauCû 
*7Tp0$    TO    S^ULCLCTTHflOI  ,  X^    CL^pOCLdCùflCLl    T#V    OLyCûVl^O- 

[iimv  ,  opœ  on  oui  ro  clvto  icryjjîi  -Trap'  v[juv» 
'Emidcvi  yap  uwy  o  TtxTviyopoç*    Avdptç  S^ixclctcli  , 

TOVTOV   XCLTc^^iactyro    Ot    MUQTcLI    OpLOVCCJTiÇ,    ov- 

aevos  ccv3pa7rou  outô  -ncLT^yo^curoç ,  oi>rg  ^a- 
ra4actpri>pvio-<xyro^ ,  ctAA*  ctJro^  o-tm/obrcs*  gu.3-u^  ? 
o^act/,   5&pu€gi:Tg  vfjiuç  9  a?  ov  fztrov  rœ  ycpivo.uim 

TY\Ç    rX0\i0ù?    oJô^V    y*?,    oïfJiCLly     <^OX,î7     '7rpQ<jÙil<7$cU 

vfjiïv  Xoyrn  ovèi  ixcLpTvpicLÇ ,  ocrx  tiç   <rcL($œ$  oidvj 


JESCH1N1S  OR  AT.  ADV.  TIMARCHUM.  36g 

domo  pernoctat,  aliis  vultu  prœstans;  cum  sump- 
tuosis  cœnls  fruitur  sine  suo  sumptu  ,  cum  et  tibi- 
cinas  habet  atque  meretrices  sumptuosissimas  y 
cum  aleam  ludit  >  nec  ipse  quicquam  solvit  >  sed 
alius  pro  eo  ?  Numquid  adhuc  ista  divinationem 
requirunt  ?  Non  planum  est ,  aliter  Jierl  non  posse, 
quin  is,  qui  tôt  ves  aliquibus  imperet ,  et  ipse  pro 
his  voluptates  aliquibus  suppeditet,  qui  etiam  ar- 
gentum  insumunt?  Neque  enim ,  ita  me  Jupiter 
amet ,  quâ  aliâ  ratione  modestius  turpium  facino- 
rum  tuorum  mentionem  Jiiciam  _,  invenio. 

jfâstimate  autem  rem  ,  si  vullis  ,  e  civilibus  exem- 
plis ,  iisque  potissimum,  quœ  nunc  in  manibus  habe- 
tis.  Siiffragialata  sunt  in  municipiis,  et  quisque  nos- 
trùm  suffragium  tu  lit  de  homine ,  quis  vere  sit 
Atheniends >  quis  non  sit;  atque  ego,  cum  accedo 
ad  judicium ,  et  reos  audio  ,  idem  apud  vos  semper 
valere  video.  Nam  cum  dicit  accusator ,  Judices  > 
hune  populares  condemnarunt  :  etsi  mortalium 
ne/no  jurdrit,  aut  accus drit ,  aut  lestimonium  in 
eum  dixeritj  vos  tamen,  quippe  conseil ,  tumultu- 
amini  statim ,  quasi  reus  non  habeat  jus  cwitatis. 
Neque  e/iim  vobis  opus  esse  videlur  verbis  aut  tes- 
timoniis  j  Us  in  rébus,  quas  quis  ipse  evidenter  no- 

t.  m.  ai 


3^0  JESCHIN1S  ORÀT.  ADV.  TIMARCHUM. 

cit.  Age  verb ,  si  quemadmodum  de  génère  ,  sic  de 
actâ  vitâ  Tiniarchi  sujfragium  ferendum  fidsset , 
utrum  teneretur ,  an  verb  non  tenerelur ,  et  tes  in 
judicio  disceptata,  vobisque  proposita  fuisset ,  ut 
nunc ,  non  licuisset  autem  per  legem  aut  decretum 
vel  mihi  accusare ,  vel  isli  causant  dicere  ,  sed 
prœco  y  qui  nunc  mihi  astat,  vos  legitimo  illo  prœ- 
conio  hortatus  esset  :  Perforato  calculo^  suam  sen- 
tentiam  declaret  is ,  cui  videtur  scortum  egisse 
TimarchuSj  integro  autem ,  cui  non;  quidnam  pro- 
nunciassetis?  Satis  scio ,  vos  illum  fuisse  condem- 
naturos* 

Quod  si  me  quis  vestrûm  roget  3  unde  ego  sciam 
utrum  vos  istum  condemnaturi  fueritis?  dixerim  > 
eo  quod  libère  mecum  egerilis ,  ac  disserueritis. 
Quando  et  ubi  quisque  id  fecerit ,  ego  vos  commo- 
nefaciam.  Cum  iste  apud  populum  suggestum  con- 
scendisset  ;  item,  cum  senatus  anno  superiore  habe- 
retur  ;  prœterea ,  cum  mentionem  fecisset  mœnium 
reficiendorum ,  aut  turris,  aut,  ut  aliquis  quopiam 
abduceretur }  cum  dixisset  ;  statim  ridebatis,  et 
clamabatis  >  et  ipsi  dicebatis  cognomina  rerum 
quarum  ei  estis  conscii.  Ac  multa  quidem  vetera 
omittam  ;  quce  vero  in  ipsâ  concione  acla  sunty  cum 
ego  Timarcho  judicium  hoc  deiiunciavi ,  ea  vobis 
in  mémoriaux  revocabo.Nam  cum  senatus  A reopa- 

giticus  populum  ex  istius  decreto  accéder  et ,  quod 


KATA  TIMAPXOr  AOrOS.  Zjl 

ct'Jro^.  $eps  «N  ,  TTpoç  ?ov  Atoç,  a  cùi^ip  wzpi  ~ov 

yiVOVÇ ,     OVTCû    ^   Wîpl    TQV     î-ûriTV\$iVlAÛLTQS     TOUTOV 

lùiwt  fisvvxi  ^yiQov  ,  Ti/uoLsy^cv  art  tvo^oç  eariv9 
un  fxïiy  tJLptnro  à\  to  wpcLy[j.GLiv  tùù  Jri7LGL<r~yipicû9 

roi»  vo^ot»  »  to»j  %p>i<p<  07*00*0$,  ^re  t'Aoi  xctTïïyo- 
pîiv ,  ^wre  tqvtcù  <Lwo\oyti<r$cLi ,  o  ^e  x,>ipi>£  ,  o  yuviv 

^        »  \  i  I  r        ~  \      »  ^  / 

ÎJTc3tû€0-T)f3Cû>?    é^OJ  ,    e7ttipû)r<X,  UjXfltS    TO    g&     TOI»     yo^OU 

f  -,  *»        f    >  f  f         •/  r      «• 

MpuytxdLy     iw     -ynQûrj    y\   TgTpU7T>iagV>I    OTO)    dxOX.€( 

?«r6Zïropvst/<r.jflU    Ti/Jiapj£o$  ,   )»   <rs    "xXnp^  otoj    yu/f 

ti    fltv     €\|/>î<pf(row3"e5    <Lx.pi&£$  olù'  on    xcLTtymT 

CtV    CLVTOÏJ. 

El  cT»    TlÇ   fit    ipOlTO  VUOùVy     il   ère    <JV     OHTJCL  ,    6/ 

>»c/zg?k  av  toutou  jtoug-xf/Hcp/crûCjLtsOocj  tirtoi/j,9  iv9  dio~i 
ï7rGLppYi<riat.<rcL<rd-t  Ltoi9  x}  cNet/Vgp^g*  ^  ozzrote  ^  orrou 
gjtsurTos ,  gy&  u  ,</.&?  u7To(u:vîio"<0.   Orotv  ovto<ti  ev  toj 

J^  »  ;  JLfit>  CtVGl&ï  67TI    TO    j3)1,aa,  X.OH    >J    @>0V\»,    OTt    i&QV- 

Azvgz  wzpua-iv ,  îj  g ctv  ^tVïio-3-vf  Tgj^ûTy  IwiGTtt-vliç  » 
Trvpyov  ,  y\  œç  ainr^yzro  vroi  tiç*  zvSuç  tyzAcLTt  59 
e(o&3tTe,  xj  cci>to<  gÀeyeie  ttjv  e7r^vi/4a<oty  tûjv  gpy^v, 

ÛJV  <TUVlO~Ti  CLUTCt).  KcLl  TOL  fJLM  TTOÀAot  Xj  TTcCAct/Ot 
ÎCLGÛû*    TOL    è\    ey    CLVTy    TU    IKX\YI(TICL    yiVOfJLÎVOL  ,    QTZ 

9         \  \        »  I  /  /  »         / 

gya  TMy  zztrxyyiAicLv  tcbjtyiv  Tt4aotpyoj  gTruyyê/Aa, 
Totu-9-'  J/ttxç   iicL[xrt\(rcLi  @>ov\o/xcli,  Tv\ç  y  dp  (qov\y\$ 

•*       *      »  »        '        r-r    '  '\  '  1*1 

r>i$  gv  Ao2<«  llctyû)  t«rpO(roobv  Broiou,u.gv>i;  'JTpo^  tov 
Vv^ov,  xca-st  to  -^>î(pi(7^c«,ro  TOUTOU,  o  ono$  ZlpyjjLZl 


3^  KATA-TIMAPXOT  AOroS. 

yripi  rœv  oiw&îm  rœv  ev  ry  Ylwni*  w  £&ey  o  rof  Aoyov 


AeyaJv  ex  T<ay  ApioTtctyirm  AuroAuxos,  jc&A&s  ,  nj 
rov  Aicltov  OXv/jl'&'iov  59  Toy  'A^zroAAû),  ^  <nfjL.v2$9 
$  ct£w  tou  ovndpiov  îmivov  (Zè&iœxœç*  î7taày\  J^e 
îfov,  -arpoiovros  toi»  Aoyou,  e/?rev  or/  to  yi  ziayyyfJLcL 
to  Tt/^ap^su  cLsrooox.ifJLctÇîi  y\  [6ov\yi  ,    jxott  r?rep<  t»$ 

»/  f  V         ~,         /  ~.    >         ~  \  \ 

tpYl[JAcLÇ  TCLVTYIS  KOLl  TOV   TQZtTQV  ZOV   eV  TW    IlVUXJ  ,    fJW 

3otufjLoto-)iTe,  à  Ad-Jîvouo/ ,  ecpv; ,  et  Tt/Xûip%os  e^Tte/po- 
rgp^  ej£«  rîîV  jSouAÎk  TÎ5  e£  Apeiov  ïlctyou'  avt- 
5opuê>io-ocTe  J/xe7^  îvtclvScl,  39  e<p&T£  rov  Au toAux,ov 
a.\y\zy)  \tyur  eiyou  y  dp  clvtov  tout  m  ifjLWiipov. 
'AyvQY.ŒcLÇ  J^e  v.uav  rov  3-opu£ov  AutgAuxos  ,  /jlcl\ol 

cù    A3nvof.ro/ ,   01    ApsoTTctyrrott    ovtî   xoLTyyGpov[xzv 

~      1  *t        9  1  »       \    ■  <  £k     i 

IifjLcL^y ov ,  ouTe  cLwo\oyov[xz3cr;  ou   yap   jî/jjv  ttce.- 

Tp/oy   eo-T/y     e%o^2v   dxe   To/aurnv    r/ya    avyyycà/x^v 

T/actp^û)*   ouros     [(tû)?,  e<p>j ,   gw!jy\   ev>  th    >j<n/)£eqi 

Tcti/ryj  fx/jcpov  >i^a>v  extern»  cLvaLAcopLei  ytnavcLi.  Kou 

-arctA/V  ,    g-22T/     TM    tf(7t/)//GC  Î9    T5    fWlpOÙ    CtJcL\Cù[AcLTl  , 

fizlfyùv  ivrwTcL  -waf  v/jlSv  [lira.  yeAaTos  Bopv&oç. 
*£!$  S^  iTCtuvyo-Zyi  rœv  o/VoTTea^v  xcti  t&v  Xolxxcûv, 

Qvtf    OtVCtAaêsTy    CLVTQVÇ    lùvnd-'/lTî/EvBiV   7CÙLI    TTOLpip- 

VêTct/  nfppxvopo^  e-ar/r/^oio-ûjv  yju/v  >cctt  vpiro  rov 
«TiT/Ltov ,  et  oJx,  cc/d^uvotvTo  yeAavTg^  n&povcrvis  im 
t£ov\YÎ$  tyÎç  1%  'Apziov  Yloiyov'  vfxiïç  y  i£tG,CL\\îZt 
glutov,  u7roAccboyTe$'  Icr/xgv ,  a  IluppayOpg,  on  ov  on 


ÎESCHINIS   ORAT.  ADV.  TIMARCHUM.  373 

is  te  fêterai  de  domiciliis  in  Pnjce  ,  orationem  no- 
mine  senatus  Areopagitici  habebat  Autoljcus ,  qui 
(ita  me  dii  ament)  benè  honesteque ,  et  pro  ejus 
conciliidignitate  >  vixerat.  Sed  ubi  tandem  in  ora- 
êtonis  progressu  dixit,  senatum  Timarchi  senten- 
tiam  de  solitudine  hâc  et  loco  in  Pnjce  improbare  : 
Ne  miramini ,  inquit ,  Athenienses,  si  Timarchus 
peritiâ  senatum  superat  :  ibi  vos  plausum  excitastis, 
et  Autolycum  vera  loqui  dixistis;  esse  enim  eum 
locorum  illorum  peritum.  Autoljcus  autem,  plausu 
vestro  non  intellecto,  severo  admodum  vultu  post 
intervallum  dixit  :  Nos  Areopagitœ ,  Athenienses, 
Timarchum  nec  accusamus  ,  nec  defendimus  (  ne- 
que  enim  p atrium  id  nobis  est},  sed  liane  veniam 
Timarcho  damus.  Tum  iste  :  Fortassis ,  inquit , 
putavit  in  hoc  silentio  parvum  à  nostrûm  unoquo- 
que  sumptumfieri  :  rursus,  ob  silentium  et  parvum 
sumptum ,  major  vester  eum  excepit  cum  risu 
plausus.  Ut  verb  mentionem  fecit  arearum  et  ca- 
nalium  ,  risu  pêne  emortui  estis.  Ibi  Pyrrhander 
prodit  vos  objurgaturus ,  et  rogatpopulum ,  an  non 
puderet  rider e  ,  prœ sente  senatu  Areopagitico  ? 
T^os  autem    repudiato  eo ,  respondistis  :  Scimus } 


3nl  JESCHINIS  ORAT.  ADV.  TIMARCHUM. 

*  i 

Pyrrhander ,  coram  his  non  esse  ridendum  ;  sed 
res  adeb  fortis  est  veritas  ,  ut  omnes  humanas  co- 
gitât iones  vincat.  Hoc  ego  testimonium  vobis  esse 
perhibitum  existimo  a  populo  Atheniensi ,  cjuod 
mendacii  coargui  nef  as  est.  Absurdum  igitur  fuerit, 
Atlienienses  3  si,  me  nihil  die  ente  >  ipsi  proclamatis 
cognomentum  facinorum  >  quorum  isti  estis  conscii, 
me  verb  dicente  obliti  estis;  sique,  nullo  de  re  judi- 
cio  facto ycondemnatus  esset ,  re  vero  convictâ  ab- 
soluetur. 

Postquam  autem  suffragiorum  memini,  et  acto- 
rum  Demophili^liud  etiam  his  de  rébus  exemplum 
adducam.Idem  enim  hic  vir  prius  etiam  huj us  modi 
quippiam  gessit.  Conquestus  est ,  esse  quosdam  qui 
instituèrent  corrumpere  concionem  cœteraque  judi- 
cia,  quemadmodum  etiam  nunc  Nicostratus.  Et  his 
de  rébus  judicia  quœdam  olimfacta  sunt  ;  quœdam 
etiam  nunc fiunU  Agite  verb,  per  Deos  immortales, 
si  eddem,  quâ  nunc  Timarchns  e jusque  patroni  y 
defensione  usi  fuissent,  ac  postulassent,  utaut  ali- 
quis  perspicue  testifi  car  etur  de  crimine,  aùtjudices 
non  crederent;  eâ  ratione  omnino  scilicet  necessa- 
rium  fuisset }  illum  testari  se  corrupisse  j  alium  > 


KATA  TIMAPXOT  i\OrOS.  5j$ 


I  »..»'/ 


ygAoty  rourm  gyetvT/oV  ctAA  ovtcùs  la^vpoy  go-Tiv  » 
ecA>î3gjct,  cùvtî  woLvrœv  iniKfcLTtï  rm  cLvSpœxivccv 
AoyiatAM.  Tolvtw  lycà  uVoAct/^ctvûJ  x»y  juctpTufjctv 
p.i[jLcLÇTvfi\<rScLi  vurj  Jtto  tqv  J\uoi>  rm  AQmclicûv  , 
h  clAcûvqli  «]/zvdo[icLpTvpiœv  ov   kolAmç  £%*'•  Owcoiïv 

CLT07COV  CtV    gitf,   Û>    Ad-YWCUQI  j   il y  fXMM  fMV  i[J.0V   Ag- 

yovroç,  clutqi  (Zq£tz  T>?y  êVavi/^uotv  T<av  e'pyûjv,  ov 
o-'jv/dTa  tovtoù)  ip.ov  frt  AtyovToç ,  g7r/AgA>io~3-g ,  jteu, 

\  /  \  /  \  «s,  /  f/ 

^>î  ygVO/^gV'/l?  /J-gV  KOiGiOùÇ  Wipl  TOV  47rpoLy/jLCL"C0Ç  y  y\Aa> 

otv,  yiyovoToç  <^g  gAgy^ou,  et7ro$6t>çêTcu. 

E7tiidy  ùî  etu.vwr.3'»v  rœv  ^loL^yQiaicûv,    xcu    Tœv 
rov  AiiijloQiAgv  7CoAiTiv{xa.rm ,    jSouAsftctt  rt  jtcts 

CCAÀO     r7CcL^CL0iiyfXCL      Wipl     TOVTCûV     ilKllV.      O    yctp 
>      \  <7"  f     \  \  /  /  ~  i 

ctuTos  ovxoç    av>tp  jccu    ïzrpoTgpov  T/   toiovto   nroAi- 

I  iTir  I  I  rf 

TiVfJLCL  iWoAlTiVVCLTO.  HlTl&GcLTO  TIVOLÇ  UVoLl  , 
Olîirgp  Ct fCt  €Vé^g/pOl/y  <7UVClgJtCt(^£/V  TVJV  gX.X.A>1<7<aV  x.cu 
TctAAct   J^JtetiTmpfet,  CtîO-TTfp  X,cU  VUV  N/JCOCTTpCtTOS"  ^ 

srgp*  roviûjv  Kpiauç  eu  /*gy  TTctAcu  ygyovctorj,  et/ J^e 

VUV   6Vg(TTCt(7tV    ITl.    <ï>gpg   J^»  ,    TpO£    TOV  AlOÇ  K&l   TûûV 

jtm  ,  g/  g7Ti  tîiv  ctt»T»y  lxça.'7Covzo  ctVoAoytcty,  JvTrep 
n^tetp^ss  yuvj  19  ce  o-i/vctyopguovTgç  clvtcùj  ^  >î^ouv 

J^etppwftlV    TIVOt    /JLctpTt/pgîv    'TTgp*    T>T$    CLlTlCLç  y    lj    TOUS 

^IXXGTOLÇ  [M\  TVlGTlVar  OLWCt<TOL  S"Y\7ÏQV  CLVGLyMI  M 
l  ~   .    /  /  ^  \  \  ,      >./ 

gît  tûu  Aoyoy  toutou  /nctpTtipg/y ,  tov  /;.gv,  ûj$  goe- 
xct^e,  Toy  J^g,  ûjV  idixcL^tTo ,  TrpOKUfAir/iç  vj.cltîco> 


3j6  KATA  TIMAPXOY  AOroS. 

CyipLictç  gx,  tou  vojuloi;,  ^avotToi»'  ceo-'7rzp  gv^ctog ,  CtV  TJS 
fjLicrBûùGviTaLi  Ttvai'ABmcUûùv   e(p'  u£pg* ,  X/cu  7T2A/V , 

gCtV  T^    A3)JVCtJÛ»V  èVt   TW   TOtT  GOùyLOLXOS  OLlvyuW  gJCOJV 
fX/C&CipVH.    E(7TIV  OUV  JS    p.apTt>£  ,  0<7TJ£   ifiCLCTUpWîV  _, 

,\  /  <\     »    „     /  /  ~  .  î 

i  M    K&TViyOpOÇ  j   OÇ  ViiyjLipwi    TOIcLVTYW    TCGULGJCLl  THV 

ct?rockiÇiV  toi»  rtçayncLTos  j  ou  J^Îtcl.  Te  ouv  '  cc/re- 

<  '  \      *      fTT        w  /       »      \   ~       / 

Çvyovoi  x,pjvotagvo<  5   uot  tov      HpccxA-gae.,  g^rse  Sûlvcl- 

Tdy  gC/?/j.tû>^<7ûCV  7Î0AU,  vu  tov  AicLfy  tov    AtoaAûj, 

gAûCTTOV  CL[XdpTy\[XcL  V\UCLpTY\yLO~ZÇ  TOUTOU  TOU  fltvUpûî- 
•ZcTOU.    'EjCgJVSf     £UV    yg    01    TtfAct/7r0pOJ,    01»    ^UVOLfllVOl 

yypdLÇ  cljulol  39  Trev/otv  trargvgyxgTv ,  ta  jxgyjcrra  tSv 
gv  civd-panots  x.&x,av9  tûlvtoliç  tyjpwcuTo  nciïs  aufx- 

QopOLlS*    GvTOÇ    S^    OVX,    £d-i\ù)V    T»V    ÎOLUTOU    /3&ÀUpt<XV 

/ 
XOTg^gfV. 

ki  txvj  toivuv  w  0  osym  outoç  gv  woAh  gjtxAttia , 
wjuiaj  av  gyayg  v\çia<rcL  [J.cLpTupaç  fxoi  ytvt(rzcuy  iouç 
a.picrTcL  aooToiç^  oti  cL\y\5-/i  Àgya    g<  <r    0  |xgy  ay#v 

Tupg^  go-Tg  toj>  Àoyav,  gaoi  fjav  oLvafJLipwG'KUV tcoog-- 
WU<  y  u[xolç  Jxg  /zot  ^07  awicTtiv.  Kcti  yctp  tftoiyè 
<^ox.£l  TifjLOLpypç ,  ûî  'A5îiV5t,/o/  ,    ouy^   ump    clutou 

fXGVOV   WTroUVÛLMVcLt  ,   otÀAot   X-Otl     TTcOt    T6JV  AÀÀÛJV  Tû)V 

Toti»Td  £tcLW7rpcLyiJ.iwj  clutcô.  Et  yap  »'  /ttgV  TlpoT- 

v  »      \    1/  '/  »(    -  /         .  ;     /fl 

Ç/?  clut)î  go"Tct,f ,  cùo~7ïip  g<û?^g  y/Vccr-a-os,/ ,  Àa^pcc,  Xj 
gv  gpïiaïaï^,  Xj  gv  toia/^  gikiclic,  0  Jxg  ctpicrTct  p.gv 
gioa^,  jc^Taio-^tivic^  t/voc  rav  7roÀ/T«y,  eav  tccà>i8>î 


JESÇSIN1S  ORAT.  ADV.  TIMAIU.IITJM.  877 

se  corruptum  esse;  cum  in  utrumque  pœnâ  capitis 
legibus  sancitum  sit  :  quemadmodum  hic  ,  si  quis 
mUquem  Atheniensem  ad  contumeliam  conduxerit , 
ac  vicissim ,si  quis  Atheniensium  ultro  ad  dedecus 
se  prostituerit.  Est  verb  aut  testis  qui  testijicatus 
sit ,  aut  accusator  qui  factura  eo  pacto  demonstrare 
instituent?  nullus  utique.  Quid  ergo  ?  absoluti  sunt 
rei?  non  mehercule ,  sed  capite  pœnas  dederunt  ; 
cum  quidem  eorum  peccatum  sit  longe  minus  istius 
Jlagitiis.  Nam  illi  miseri,  cum  non  possent  pauper- 
tatem  simul  et  senectutem  tolerare  ,  quœ  gravissima 
in  rébus  humanis  mala  sunt ,  in  eas  calamitates 
inciderunt;  iste,  eo  qubd  suam  petulantiam  noluit 
coercere. 

Quod  si  causa  hœc  in  aliâ  urbe  ageretur  >  vos 
ego  testes  citassem ,  ut  qui  optime  sciretis  me  di- 
cere  verum.  Sed  cum  Athenis  agatur,  atque  idem 
meœ  sitis  et  judices  et  testes  or  adonis  ,  meum  est 
vos  admonere,  vestrum  credere.  Timarchus  etenim 
mihi  videtur ,  Judices,  non  suum  duntaxat  nego- 
tium  agere ,  sed  cœterorum  etiam ,  qui  eadem  cum 
ipso  facinora  commiserunt.  Nam  si  scelus  ipsum, 
ut  solet ,  clam  committetur ,  atque  in  solitudine  et 
in  œdibus  privatis  ;  qui  autem  optime  novit ,  atque 
civium  aliquem  probro  ajficit,  si  verum  testimonium 


378  JESCHIMS  ORAT.  ADV.  TIMARCHUM. 

dixerit,  in  maximis  periculis  versabitur ;  reus  au- 
te  m  suce  vitœ  ac  veritatis  oppressus  lestimonio  pos- 
tulabit,  ut  de  se  judiciumjiat  non  ex  sui  notitiâ  > 
sed  ex  testlmoniis  :  tolletur  et  lex  et  veritas ,  et  evi- 
dens  monstrata  erit  via,  quâ  hojnines  maximis 
constricti  facinoribus  elabantur.  Quis  enim  aut 
grassator,  aut  fur ,  aut  adulter ,  aut  homicida  , 
aut  gravissimorum  scelerum  designator,  modo  oc- 
culte faciat,  dabitpcenas?  Tnter  hos  enim,  ii  qui 
in  ipso  facinore  deprehenduntur ,  etfatentur,  sla- 
tim  occiduntur  ;  qui  autem  clam  fecerunt ,  et  infi- 
cianlur }  in  judicium  adducuntur.  Veritas  enim 
conjecturis  quibusdam  verisimilibus  indagatur.  In 
quo  uti  potestis  exemplo  senatus  Areopagitici,  quo 
nullum  est  in  urbe  diligentius  concilium.  Multos 
enim  ego  vidi  nuper  in  eâ  curiâ ,  cum  optime  di- 
xissent }  et  testes  produxissent  ;  succubuisse,  atque 
etiam  aliquos ,  causa  maie  peroratâ,  et  nullis  testi- 
bus  confirmatâ ,  vicisse.  Neque  enim  ex  oratione 
duntaxat,  neque  ex  testibus ,  sed  ex  sua  conscieh- 
tiâ  et  indagatione  suffragium  ferunt.  Itaque  hoc 
concilium  in  urbe  semper  est  cum  autoritate.  Ad 
eumdem  igitur  modum  et  vos  >  Athenienses  ,  in  hcîc 


kata  timapxot  Aoros.  379 

JJLCLpTVfM  1  ZVO'fcOÇ  WToLl  TOIÇ  tUîyi(TT0l$  17C IT  1^.01$  , 
0  £è  KptVOMVOÇ)  KCLTOLtMlAOLpTVpVllUm  VWO  TQV 
t&VTQ'J    lilOV     X.CLI     TÂÇ    Gi\ï]d-ilCLÇ  ,     CL%100(TU   (JLYi   g£   ÛÛV 

yivacntîTcLi ,    ol\\*    ex,    Tœv    [JLcLpTvpim    xpivzvàau' 

cLV'/lp^TcLt  0  VO/AOÇ  X.CLI  7\  CL\y\ZUcL,  X-Ct/  (PlVilTCTCLl  $CL' 
VIOCL     000$  ,     dxJ      ÏIS    01     TCL    {XZyiŒTcL    TLOLKQUpyoVVTtÇ 

ÀTto^v^ovzcLi,    Tts  yctp  i)  tm  AœwoôvTœv  ^  y\   Tœv 

3cAc7ITû)V,    il    TM    jJLOl^CûV  ,    \)   TW    OivdpoQOWV  ,     7}    ÏCàV 

Toc  uiyio*TcL  \).ï*  cLviKOKvrcev ,  AoLSpcL  JNe  touto 
-ZtrpccTTovTûjy,  Jxû)<n/  <T/x>?v;  x,ou  y  cep  tout  m  01  yni 
nsr  cvJToQœpcù  ctÀovigs ,  otv  ^ev  ojLLOAoyaxri ,  «7Tot- 
px^p^aTûfTd-otyaTiy  ^/JuoiTvTur  0/ ^e  Àst5oyTg$,  59 

*ly  I  1  >  ~  1 

t£cLpVOl     yiV0[JAV0l  ,    KpiVOVTaLl    tV     TOli     PlKOLGTnplOiS. 

EvpKntiTau  y<xp  y\  oL\y\d-ii<t  ex,  zw  e/x,otû>v.  Xpy\(roL<r$z 
«f^e  waLpctâîiy/LccLTi  Ty  QovavI  Tvf  e£  'Apttov  YlcLyov  , 

TCÙ  CUtpiQiîO-TcLTOù  GVVtèpiGù  TM  ÎV  TV  7l0\ît,  TloWoVÇ 

yctp  tyœyz  y\ùv\  ùay^os  TiSiapyiytcL  ev  tu>  (£qv\£vtïi- 

piOù  TODTCà  iV  TTcLVV   tLWOVTOLÇ    X,Ctt    [J.OLpTVpaLÇ  W0pi(TCl- 

lJ.tlou$9  i\ovrct.ç'  io\i  ^t  tivolç  x.ctx.as  wolvv  JW- 

A?p/^€VTGC$,    7LOLI    7rpOLy[lCL  Ot/^&pTUpOV    e^OVTOtS,    OiOaL 

vijOKTotVTotç.  Ov  yctp  ex,  tol>  Àoyoi»  ^ovoy,  oi»og  ex.  tû?v 
fjLoipTvpiœv ,  ctÀÀ*  €^  ^yv  ccJto<  gvvigclgi  Xj  g^»r<xxot(r/, 
T»y  4/>'(Poy   QzpMvi.  ToiycLpToi  ^i&tîXu  tovto  to 

GVVtdpiQV     tvÙQTttUOVV     ÎV    TV)    TTOAll.    To?    CUJTOV    TQWWJ 

I  ^»»^~  le**.  1  1  I 

TpOKOV,    ÛO     AJW&iOl  ,   X.5CI    U/Uc/^    TY,V   ttpiŒlV    TotWTJJV 


33o  KATA  TIMAPXOY   AOrOS. 

WOlTKTcL^Bi.  KcLl  WpûùTQV  fJLîV  UJJLIV  [JLy)$tV  ZCFTCO  WKTTQ- 

.  V  *  \  I  \  I  r,  \      ~  / 

repov  y  m  aivroi  eruviors  jcoci  ^eTre/a^-s  Tdpi  T/^ctp- 

t  *l  \  ^  _  «.  \    y  ^ 

*)(0U  TOUTOU*  Î7CUTCL  TO    %^4jy\LcL3l(ù^\Ti   Uy\  6X,  ZOV 

'/r&povros,  clW*  ex.  tou  ncLpt\y\\uBoToç  yjovou.  Ot 
/xev  yocp  gy  T<a  rrap  g  Aviàu3ot/  p^pov«  Àsyo^cvof  Àoyo/ 
TTgp*    T/,ttapp£ou  59  tûjv  toutou  €7riTn^ii/j.otrû)v,  S^icl 

TVIV  CL\V\$ÎICU  gÀgyoVTO'  0<    J^  iV  TM(îg  T*ï  VlfJLZpcL  pvi^- 

/  a      \       \  ;  ~      t  I  »       /  e/ 

(TOfllVOt  j  dx/ot  T>iy  }C2J<nV,  T>l£  U^gTgp&S  CLTZcLtVIÇ  UHKCl, 

AwoàoTt  oùv  T>iy  ^f/ïpov  t5  ïirÀgjovj  %pova,  jtcci  tw 

!\      Cl     '  t       **  »         \  / 

CtA^c/qt,  JC3.J   Ci  S   cLUTOJ    <Wt<7Tg. 

Kxitoi  Àoyoyp&îpos  yg  tjs  cp^cny,  o  ^^cnw^gvos 

OtUTOiS   T>?V    CCToÀoyiOtV  ,    ZVcLVTlOL  (JLî    AgygtV    i/LCOLUTG). 

Ou  y&p  <N   J^qkîT  eÎvoli  clutcù  S^vvclto'J  tov   auroy 

ay3p^7Toy   f7n7CopVlUG§CLl  ^  TU.  *7rcLïpû)A  3CO,TéoVj&»t€VOLt. 

To  p.gv  yap  yi/jLApTv\MVAi  ti  wipi  to  (ra)[A,A,  tiaiooç 

MOU  (QVWI,    TO  S^Z   TA  TTATpOûA  KCLTtdy\$QMVcLl  9  OUldpQS. 
ETl     M    TOUS    KATAKT'fcUVO's'TAÇ    ZAUTOUÇ  ,     l)AG$0UÇ 

<pY)(Tt    -SrpcLTTEO-BcLl   TOU    WpAyUATQÇ.  '  A^oBaU^A^CCV 

+  I  y  i  \       *     .*     'ij.. 

oi»v  ^gp/gp^gTct/  59  Tcparguo/xgvo^  jtctTct  thv  AyopAV, 
îi  0  autos  wxopnvTtî  tî  *>  to,  Tr&Tpaja.  jcocrg oVfcx,£y. 

El    J^g    T*£  CCyVOgT  TAUTA  OWûùÇ  i^îl  y    lyCù  GCLQiGTt' 
pOV  CLUT4,  WZlpcLGQUCLl  driOplffcLl  Tû)  AOyCû. 

Eaç  \JLVi  y  dp  ànypxti  i  Ty$  èwixA'ipou  ovVeoc,  m 


^SCHIFIS  ORAT.  ADV.  TIMARCHUM.  38l 

facite  controversiâ;  ac  primum  nihil  vobis  sit  credi- 
bilius  eo  quod  ipsi  scitis  ,  ac  persuasum  habetis  de 
Timarcho  ;  deinde  rem  œstimale  non  ex  prœ  senti  , 
sed  ex  prœterito  tempore.  Nam  qui  sermones  supe- 
riori  temporefiebant  de  Timarcho  ejasque  studiis  , 
eo  quod  veri  essent ,  fiebant  ;  qui  autem  hâc  die 
dicentur ,  propter  hoc  dicentur  discrimen,  vestri 
decipiendi  gratiâ.Apponite  ergo  calculum  longiori 
tempori ,  et  veritati ,  et  conscientiœ  veslrce. 

Enimverb  scriptor  quidam  oraiionum  >  qui  defen- 
sionem  eis  concinnat  >  me  ipsum  pugnare  mecum 
asserit.  Neque  enim  ei  posse  fieri  videtur ,  ut  idem 
homo  et  quœstum  corpore  fecerit  et  decoxerit. 
Nam  peccatum  aliquod  in  suum  corpus  admisisse , 
idpueri  esse  ait;  patrimonium  autem  per  luxum  ab- 
sumpsisse,  viri.  Prœterea  eos  qui  semetipsos  probris 
officiant  y  ob  eam  rem  exiger  e  mer  cèdes  asserit. 
Proinde   admirabundus  circuit  inforo  y    porlenti 

Iesse  simile  dictitans ,  si  idem  et  quœstum  corpore 
fecerit ,  et  decoxerit.  Quœ  si  quis  est  qui  nesciat 
quomodo  se  habeant ,  ego  dabo  operam  ut  verbis  ea 
dejiniam  planius. 

Tant  que    les  Liens    d'une  riche  he'rilière  qu'a- 


582  HARANGUE   DESCHINE  CONTRE  TIMARQUE. 

vait  épousée  Hégésandre,  son  ami  intime  (a)  ,  et 
l'argent  que  celui-ci  avait  apporté  de  l'Helles- 
pont ,  fournissaient  à  la  dépense  ,  ils  vivaient 
tous  deux  dans  le  faste  et  dans  les  plaisirs ,  aux- 
quels ils  se  livraient  sans  réserve;  mais,  lorsque 
ces  fonds  furent  épuisés  .  Timarque  se  mit  à 
manger  son  patrimoine  ;  que  dis-je  ,  manger  ?  il 
le  dévora,  s'il  est  permis  de  le  dire.  Car,  il  ne  ven- 
dait pas  à  sa  valeur  chacune  de  ses  possessions;  Une 
pouvait  attendre  qu'on  lui  en  offrît  davantage  ,  ni 
remettre  à  un  tems  plus  favorable  ;  mais  il  les  aban- 
donnait sur-le-champ  ,  pour  ce  qu'il  en  trouvait  , 
tant  il  était  pressé  de  jouir. 

Son  père  lui  avait  laissé  un  bien  avec  lequel  un 
autre  eût  pu  servir  l'état ,  et  qu'il  n'a  pu  conserver 
pour  lui-même.  Il  lui  avait  laissé  une  maison  der- 
rière la  citadelle  [9]  ,  une  terre  dans  le  bourg  de 
Sphette  ,  une  ferme  dans  celui  d'Alopèque  ;  de 
plus  ,  neuf  ou  dix  esclaves  ouvriers  en  cuir  ,  dont 
chacun  lui  rapportait,  par  jour,  deux  oboles ,  et  le 
chef  des  ouvriers  lui  en  rapportait  trois  ;  outre 
cela,  une  femme  bonne  ouvrière  en  pourpre ,  qui 
portait  à  la  place  publique  des  ouvrages  faits  avec 
goût,  un  habile  brodeur,  des  billets  d'argent  dû 

(a)  L'ami  de  Timarque. 


KATA  TIMAPXOY  AOrOS.  383 

'HywcLvtyos  o  ToCVove^v  eyn[ie9  jccu  to  ipyvpiov, 
o  e^m  ?A3-êv  ex,  tyis  [jlztcl  TipoLicL^ov  aVotfy/xiats, 
Wdut  Itïi  woAAyÏç  clviAyiicLs  x,ct/  cLQd-ovW  îTttidn 

m  TdVTOL  fMV    cLTCoAùùAu  ,    TCCLl    KCLT  VHÏXJO^ÏOT  0  ,     XOLl 

xcLTa^oQ&yyTQ  ,  ovTGGi  <K  t^cûooç  tyivsTo,  iâiâov  S^ 
g/x.orû)5  ouoe<s  tri  ouvtv,  y\  Jxe  [ôoiAvpct  (pvo-iç  £,  clvogios 
ctet  >î  tovtov  rœv  ccutôjv  *7ttâv[iît9  ^  x,x9*  U7rep-  ' 
€oÀ>iy  cocpctcricts  ergpov   gp'    erepo)  67r/rc6y/^ct  gTra- 

TctTTé,  59  0t7r'6(p?pêT0  SIS  TO  JCStO'  VLlipcW  id-QÇ*    gVTfltuôct 

>^  >  f  >        \  \  ~  1  / 

y\OY\     iTpcL7TîTQ    ÎZ!rt     TO     X<lTcl(pzyilV     TW     TTCLTyOûM 

91  \  ,  I  I  »,  >       -?«/  1 

ouomv.  Kcu  ou  jLtovoy  x.&Te(ps6yev ,  ccAÀ  ,  €t  oiov  t 
£/7Tg<V  ,  %  JC0tTê7r/gV.  K^i  yX5  0UO5  tas  olçi&ç  îkz- 
gtov  rœv  x,T*[ioLTœv  cLûriàiïoTo  ,  ouo''  idwcLT  ClV4.UA- 
vîiv  ro  wAîov ,  ovfo  to  Av<riTîAovv ,  «AÀx  tou  »&i 
eupuntovToç  ot^cOiooTo.  O^tù^  nWîiytTo  ?$odpa  rrpo^ 
tcls  movcLÇ. 

_      /  \  I  t  \  »      f  9     ,    * 

TouT<a  yctp  XfltTeÀ/7rgy  0  sr&T/ip  qv<tlclv9  clQ  vç 
eTgpos  ^tèv  ctv  3tA<  €À2/Toupye/ ,  outos  erg  ouoe  aurw 
cJ\a({>uÀx£ai  e<Juv»3)f  o/jceav  £iev  yctp  Ô7no"3îv  T>îs 
-zzroÀeaJS ,  eo-^xTixv  ^g  2(p>iTTo~,  ' KAcùW-iMG i  J^ê 
gTgpov  ^5/ov,  %6Jp^  <re  oimtglç  <ryuiovpyovç  ty\ç 

~  l  >      t        ->\    r,  I  <?*     f/  / 

tTJCUTOTOUJX,'/!^  Tg^V/lOwg*    »  <JY,t2.  ,  ÛJV    ex^OTO?  TOU- 

»    />     >>o  1        v        /  ^.       f      /  <•        ,     f  \ 

T<w  dxu  o^oAou?  OLTfftqipz  Tyç  ypLîpzç ,  o  Jx  nyêttav 
tou  tpycLVTYipiw ,  Tpja>Ç>oÀoV  eT/  <rg  ?<rpo?  toutoiç  , 
yuvcujtct  auopyrjcL  ewia":sLiimJ  ipyoL^ivûiLi ,  x)  g'pycc 
AeTrrot  €^  tjj>  ccyopsw  e^cpepouo-^v ,  x.c£.i  ccyop^t  ttoj- 


384  kata  TiMAPxor  Aoros. 

;cjat?jv,  tloli  o(pct\onaç  tivolç  olvtcù  apyvptov  x,cti 
zwiwAcl.  On  J^g  Tctirr'  <xÀ»9?f  Àeya>,  evictCfta,  fièvxoi, 
V/j  A/oc,  gclQoùç  ^ravu  jccu  J^apptfwepy&j^ctpTi/pouvT&s 
J/m  toi;^  fjLcLpiivpcLÇ  isrcLpe^ofjLcLi.  Oùdtis  y&p  Ttivdvvos, 
axTWîp   gx,s7,    ov(?   cLKryyvn   -Grpoo-iaTcu   ouogpjci  Tq!T 

TOL\y\Uï)    flcLpTUpOUVTl.      ÎW     [liJ     yOLp    017LICU     TYIV     ÎV 

ctara  aweâoro  oùroç  NxvŒDtpcLTîi  y  ra>  xœ/juKCtï 
vwoytciTy   Dorgpoy    J^    cwrw    twpiaLTo    wctpcL   tov 

NoLVŒlXpOLTOUÇ  ElKOGl  /XVÛJV  KAicLlVETOÇ  0  %0p0&O<X- 
GKCtAoÇ'  T»V  y  HT^CLTlCLV  îWplCLTO  wctp1  CtVTOtJ 
Mv^ôeos  o  Mvfpivovo-ioç ,  T07Tov  [J*iV  WoAW  ,  t^g/VûTs 
S^  zfyypiœfizvov  vwo  tovtov'  ro  J^  AAœmMiGi  yjù- 
p/ov ,    o    >iv    o£/3ro9ev    toiT  ra/^ofs    év&jcct    >j    ^cùÙîtlcl 

cas  tyœ  nvvQ&vofjLGLt ,  zclo-ou  xcli  fin  dizodotrèaLi,  dw  , 
^i  fin  ri   clWo  ,  zyToLtyYivcLi  vwoAiwtïv  omtv{  )  ,  ovàt 

I  ~  /  i      /  >         \  \         _    , 

T0V~GV    TOV     ^CùpiOV     <JLWl<T')(JiTQ  ,     oAagï,     5CGU     TOUT 

d-GriiïoTO  S^ia-^iAiœv  S'psL^fiœv.  Kcit  toùv  ètpaL7rciivcûv 

TCOCf    TûJV  ,<5/5C6Ta)V    OVÙiVcL  X.CLTî\l7tVf ,    sAÀct    *7teWTcLÇ 

<2rg?*rpc«xg.  Kot/  Tocuô'  ût/  oJ  ^e'joo^ct/  ,  g'y^  A^?  ^ 

f.  >        ~      t  \  I  ly. 

XCLTiAlTrW    CLVTCù    0    TTOLTyp ,     {J.&pTVpZÇ    WcLp'cÇOfJLOLl' 

ç-  »,  »  f  ^  \  /  ~ 

oirrss  dx  ,  6/  £t»  (pwri  •argzjrpctjcgvou,  TOL  GCùflCLTCL  tû>v 
ojx.gTûTv  tfAtycLW  'GrcLpcLGyj.Tiï,  f<Q$  J\g  j^^/  apyvpiov 

\      t^  I       y  A  I  r  >l  t 

TIGW    ÎOOLVÎIÇZV  ,  0  X,0[ll<TCt.[XîVOÇ   OVJOÇ    &,Y\\Cù)Ll ,  /AcCf- 

Tupct  TTot^g^o/^ott  y/xtv  Mgrctyevîi  tov  S^'/îT'nov ,  05 
«ÇetAïicrs  f^gv  êjcêtvo)  status  >?  Tplctx-oyrct/^vct^,  0  j^. 


HARANGUE  DESCHINE  CONTRE  TIMARQtJE.  385 

et  des  meubles.  Pour  établir  ce  que  je  dis ,  je  pro- 
duirai des  témoins  qui  l'attesteront  en  termes  clairs 
et  formels.  Sa  maison  à  la  ville,  Timarque  la  ven- 
due à  Nausicrate,  acteur  de  comédie  ,  de  qui 
Cléénète  ,  maître  de  chœur  ,  Ta  achetée  vingt 
mines.  Mnésithée  de  Myrrhinuse  lui  a  acheté  sa 
terre  de  Sphette,  qui  était  considérable,  mais  qui, 
par  ses  soins,  était  tombée  en  friche.  Pour  sa  ferme 
d'Alopèque ,  éloignée  de  ce  fort  de  ohze  à  douze 
stades ,  sa  mère ,  à  ce  que  j'apprends  ,  le  priait  et 
le  conjurait  de  la  garder,  de  ne  pas  la  vendre,  de 
la  lui  laisser  du  moins  pour  sa  sépulture  :  cette 
ferme  n'a  pas  été  plus  épargnée  que  le  reste;  il  l'a 
donnée  pour  deux  mille  drachmes.  Il  n'a  conservé 
ni  esclaves ,  ni  servantes  ;  il  a  tout  vendu.  Pour 
preuve  que  je  ne  mens  pas  ,  et  que  son  père  lui  a 
vraiment  laissé  les  esclaves  dont  je  parle ,  je  vais 
produire  des  témoins.  S'il  prétend  qu'il  ne  les  a  pas 
vendus,  qu'il  les  montre  en  personne.  Pour  preuve 
encore  que  son  père  avait  prêté  à  des  particuliers 
de  l'argent  que  lui  son  fils  a  touché  et  dépensé; 
je  produirai  le  témoignage  de  Métagène  de  Sphette, 
qui  devait  plus  de  trente  mines  à  Timarque,  père, 
t.  ut  25 


38 G     hàIungee  d'eschihe  combe  timarque. 

et  qui ,  après  la  mort  de  celui-ci ,  a  payé  à  son  fils 

sept  mines  qui  restaient.  Greffier,   faites  paraître 

Métagène  de  Sphette  ;  mais  ,  lisez  d'abord  la  dépo- 
sition de  Nausicrate  ,  qui  a  acheté  la  maison  ;  vous 
lirez  ensuite  les  autres  dépositions  dont  je  viens  de 
parler. 

On  Ut  les*dépositions. 

Je  vais  vous  montrer,  Athéniens,  que  Timarque  , 
père,  avait  encore  beaucoup  d'argent  comptant ,  qui 
a  été  dissipé  par  son  fils.  Dans  la  craiîitede  remplir 
les  charges  publiques  ,  le  père  de  Timarque  vou- 
lait vendre  ses  fonds,  en  se  réservant  ceux  dont  je 
parlais  tout-à-1'heure.  Il  vendit  donc  sa  ferme  de 
Céphise  ,  son  champ  d'Amphitrope ,  deux  ateliers 
d'ouvriers  en  mines,  établis,  l'un  à  Aulon,  et  l'autre  à 
Thrasylle  [  i  o]  :  et  voici  comment  ces  biens  lui  étaient 
venus.  Ils  étaient  trois  frères  :  Eupolème  ,  maître 
d'escrime  ;  Arizèle  ,  père  de  Timarque  ;  et  Ari- 
gnote,  vieillard  aveugle  qui  vit  encore.  Eupolème» 
l'aîné  des  frères  ,  mourut  avant  que  les  biens  eus- 
sent été  partagés.  Arizèle,  le  second  ,  père  de  Ti- 
marque ,  vu  la  mort  d'Eupolème,  et  l'infirmité  d'A- 
rignote  ,  qui  avait  perdu  les  yeux,  gouverna  tous 
les  biens,  tant  qu'il  vécut,  et  s'arrangea  pour  payer 
à  Arignote  une  pension  alimentaire.  Lorsque  Ari- 
zèle  fut  mort  aussi,  pendant  tout  le  tems  où  son  fils 
Timarque  fut  enfant,  les  tuteurs  ne  laissèrent  man- 
quer de  rien  Arignote.  Mais,  lorsqu'il  fut  parvenu 


KATA    TIMAPXOT    AOI"02.  387 

Sv  vwoAoïwov ,  TtAîuTyi<rcLVTos  rou  TFctTpGÇ,  tgvtgû 
Jlwiùcùkiv  inrrcL  t*.v£ç  T  i  uct^a.  Kct<  /moi  x.aAs( 
Mixctytyy)  tov  2<P»tt*ov.  naffoy  <^g  ?ypû>7»v  ctv<xyvû>9* 

T7JV  NcLUVlKpCLTOVÇ  UaLpTVplOLV  ,  TOU  TttV  OtJC/ûty  Î^p/Ot- 
fjLiVOU ,     yLCLi     TOLS    CLAAOLÇ    CLWOLGOLÇ     A&kc,    'Wl^l,     CùV 

i/jivwSw  gy  rœ  aura  AotjÉÉéapttfiai. 

£2$  toivuv  gx,gx/r»To  o  ^IW^p  olutou  aipyvpiov  oJx. 

oA/yoy  ,  ô  ovtoç  xcpocv/jce,  rovtf  v/jlÏv  gV^gj^aj.  $o€>i- 

fois  yccp  t<xs  Ag/Toupyjct$,  ctsrgooro,  et  w  ctuTa,  jcth- 

[XùLtciy  ûlveu  ïûw  ctprias  upy\[xvjm  yjApim*  Ky\Qi<TicL<nv 
t/  t      \    >  ~  »  /         .  /     , 

grgpov ,  aypov    A/tKpfTpo3rwo-/v,  zpycLŒTyipiaL  <rvo  «v 

to?s   dpyvpuoiç ,  gv  /xgy  ev   Av\5vi9  Wèpov  <Tg  gVf 

0pcto-uAAa.  r(I)9£v  <3te  TettîV  WTïopiio-gv,  g'ya  ep®*  ^o-av 

ouro/  rpî?s  ddèAtyot ,  Ev7ro\tLLo$  tî  o  XcudoTpiCyiç ,  39 

'Apt^>tAo?,  0  tovtov  waLzyp ,  x,cti  'Apiyvûrros,  os  eVn 

xote  vGV,  ?îrpgo-€ur>j£,  J^e^OoLp/xeyos  tous  o'(p8ctÀ/*Gt»£. 

Toutov  TCfOûToç  gTgAgirmo-gy ,  otygjtt»rou  t>js  ovaiaLÇ 

QV<TY\$  y  Ev7tro\ifJLO$'  J^UTgpOS  <K  'Ap/£>lAoS,  O  Tl[J.CLp- 
%0U  STUTJip  OT£  dx  gQî  ,  WOLG-OLV  TJJV  OVCICLV  JN/cp£Sl- 
p/Çg,  «TJX  T»y  VOO-OV  3tûtl  T)iy  CV/JL(fop<XV  TY\V  Wîpl  TCL 
0/JL(ÀCLTOLT0U  ApiyWTOV,  XOLl  à^lOL  TO  T6TgAgUT>1X,gVCtt 
TO;   E'jVoAc/Xoy*  XGLl  Tl  XOLl   tU  TpoQM  (TUSTcL^cLfJLVm 

iÙLfjou  t«  'ApiyvûJTO).   'E^rgi^Vj  j^g  xot/  i    Ap/^Ao^ 

g'TgAgUT'/tO-gV  ,  O   Tl(JLCLO')(OU   TOUTOl>i' -TTctTyip  >  TOUS   £lêV 

/  /  */  a*     «v      f*  y  \ 

'Wpûù'ZQUÇ    ^pOVOUS  ,   tùùÇ    KCHÇ    »V    OKTOS ,    CL&rcLVTcL  TOL 

fjLîTpiA  wctpci  tcù'J  gsrirpozcTûîv  iyinra  tcû  Apiyvœza' 


388  kata  ttmapxot  Aorox. 

Iwtifrn  <K  mypAQïi  Ti//,ctp%os  gvtoç  zU  to  A>j^ap^- 
x,ov  ypoL[J.fjLXT:tiov ,  jccu  x,t>p<os  gyevgro  t^  ou  ai  as,  ttcl- 
fCùo-cLfiwos  av^pot  TpecrÊuTuv  x.cu  vîTK^vixora,  3-iTov 
gûttiTov,  thv  re  ovgiclv  viQcun<rty  >ta<  rav  g?riT>!$g/û)V 
ou&v  eoio'oy  tS  Af/yv&my,  cÎAAat,  srgp/gi&v  gjc  tg- 

GCLVTYIÇ  OVCLCLÇ  g\  TsTs  J^flÉcCTO/^    lU<r9oÇC/pO'7vToL.   Kct* 

TO  T£Àcl>T&/0V  ,  0  jccu^eivorcrrov ,  aBroAgjÇjgvTos 
rou  7rfi<r(èvTov  ryç  yivoyLiwis  Toîi  clôwcltois  JV/u- 

fJLCL<rtOLÇ  ,  £OU  IKtTVipiCV/  SiVTOÇ  îtÇ  T>1V  fôOVAW  l»7lgp 
TGU  fJLKT^OV  y  (ZovXîVTYlS  û)V  ,  &*<  Œ*p32(5jpgU0V  gJtgJVW 
T>1V   71/JLîpcLV  y  OVK  Y\QOù(JlV  CLVTCÇ   (TVVtlWilV  ,  OlAAct  tZTg- 

pfgT&y  <Lwo\î<t&jtcl  tov  t5Ï  wpvrcLmcLS  /juo-Gov.  On 
J^'  cÎAtfOiî' Agya,  xaAgi  ^toj  Ap/yv^iov  SftfTnov,  xct< 

\  I  y  I 

T>JV   HcLpTvpiCVJ  CLVcLyiWŒTCe.    MAPTTPIA. 

AAA'  eo-as  ccv  t/s  g/aro/  ©V  ,  ct^oùo/zeifos  w  tzrct- 

TpCùCLV    OlKlCLV,   €TgpûtV    CtAAo9<    'ZTOy  TOtT  OL<TTîQ$    g'&TTJ- 

cctTo,  avn  J^  TÏ5  eV)£cmak  x^ctt  tou  %<»f<ou  tou 
'AXccwîmgi  ,  jtati  Tay  S^yifiiovfiySvy  xoli  rm  clWcùv  , 
eiç  TdLpyvpîioi  ri  Tt&TîcnLîuxaxTo ,  acsrgp  39*0  nzxvp 
clvtov  •Ztrporgpov.  'AAA'  ov%  gcrn  rovrœ  Ao/7rov  o'jo\y, 

>»/  »  /  »  /  i  9      I  -  » 

QVK    OlKlCly    OU   GVVOllLHtj   OU    V tfp/Oy  ,    OUX,    OlMTcLl  ,  CL» 

^cLViia/xaL,  ovx.  a  A  A'  ovogv,  ct<p'  o>y  tfv3-f07To/  /r/j 
xcfnovpyoi  (^coctdi.  AAÀoc  tovto)  olvti  rav  waLTcqœv 
TtTîpuaTt  jSc^gAuptoc,   gukoÇclvtici,  d-paaoç ,    rcv(pny 

S^ilXiCL  9  ivdLtSîlCL  9  TO  jUlfl  if&WTCL<J§CLl  tpvïplclV   gltl 


HARANGUE  d'eSCHINE  CONTRE  TIM ARQUE.  58cj 

à  l'âge  viril,  et  qu'il  fut  maître  de  son  bien ,  rebu- 
tant un  vieillard  aveugle,  son  oncle  ,  il  dissipa  tout 
son  patrimoine  ,  sans  fournir  aux  besoins  de  son 
parent  malheureux;  et  après  avoir  possédé  une  for- 
tune si  considérable  ,  il  ne  rougit  pas  de  le  laisser 
recevoir  l'aumône  des  jji^ens  invalides.  Mais 
voici  un  dernier  trait, le  plus  révoltant  de  tous.  Le 
vieillard  infortuné  avait  manqué  de  se  trouver  au 
recensement  des  citoyens  invalides;  il  présentait  sa 
requête  au  sénat  pour  recevoir  son  aumône  :  son 
neveu  qui  était  sénateur,  et  qui  présidait  ce  jour- 
là  même,  ne  daigna  pas  appuyer  sa  requête,  et  le 
iaissa  perdre  un  quartier.  Pour  preuve  que  je  dis 
vrai ,  greffier  ,  faites  paraître  Arignole  de  Sphette 
et  lisez  sa  déposition. 

On  Ut  (a  déposition. 

On  dira,  peut-être,  que  s'il  a  vendu  la  maison 
de  son  père ,  il  en  a  acquis  une  autre  dans  un  autre 
endroit  de  la  ville;  qu'au  lieu  de  la  terre  de  Sphette, 
de  la  ferme  d'Alopèque ,  des  esclaves  ouvriers  ,  et 
des  autres  objets  ,  il  s'est  procuré  quelque  intérêt 
dans  les  mines  ,  à  l'exemple  de  son  père.  Non  ,  il 
n'en  est  pas  ainsi.  Il  ne  lui  reste  ni  maison  ,  ni 
ferme,  ni  esclaves,  ni  dettes  actives,  en  un  mot 
rien  de  ce  qui  fait  vivre  les  citoyens  honnêtes.  Son 
patrimoine  s'est  évanoui,  il  ne  lui  reste  plus  que  la 
pétulance,  la  malignité,  l'audace,  l'amour  du  plai- 
sir, la  lâcheté,  l'impudence  ,  un  front  qui  ne  sait 


J9°  HARANGUE  D  E3CIIINE  CONTRE  TIMARQUE. 

pas  rougir  des  choses  les  plus  honteuses,  en  un 
mot,  tout  ce  qui  peut  faire  d'un  citoyen  un  homme 
nuisible. 

Après  avoir  consumé  son  patrimoine,  il  n'a  pas 
même  respecté  les  revenus  de  l'état  qui  ont  été  en 
sa  disposition  :  car,  tout  jeune  que  vous  le  voyez , 
il  n'est  pas  de  charge  qu'il  n'ait  déjà  exercée ,  sans 
en  avoir   obtenu  aucune  par  le  sort  ou  par  élec- 
tion, mais  les. ayant  toutes  achetées  contre  les  lois- 
Je  n'en  citerai  que  deux  ou  trois,  sans  parler  des 
autres.  Nommé  inspecteur  des  comptes ,  il  a  causé 
les  plus  grands  torts  à  la  ville  ,  en  recevant  des  pré- 
sens de  ceux  qui  avaient  mal-versé  dans  leurs  char- 
ges ,  et  surtout  en  inquiétant  plusieurs  comptables 
auxquels  on  ne  pouvait  rien  reprocher.  Quant  à  la 
ville  d'Àndros  [ri],  dont  il  a  acheté  le  gouverne- 
ment trente  mines  ,  empruntées  à  un  intérêt  de 
neuf  oboles  par  mine  ,  il  a  forcé  les  habitans,  vos 
alliés  <  de  fournir  à  ses  folles  dépenses ,  et  s'est  si- 
gnalé    envers  les  femmes  de  gens  libres  par  des 
excès  dont  il  n'j  avait  pas  d'exemple.  Je  n'inviterai 
aucun  des  offensés  à  se  présenter  ici  pour  attester 
publiquement  des  affronts  qu'ils  ont  pris  le  parti 
de  dissimuler;  j'abandonne  la  chose  à  vos  conjec- 
tures. Et  que  pouvez-vous  croire?  Un  homme  qui, 
peu  content  d'outrager  les  autres ,  s'est  déshonoré 
lui-même  dans  Athènes  ,  quoiqu'il  fût  retenu  par 
les  lois  ,  qu'il  fût  sous  vos  yeux ,  et  observé  par  des 
ennemis  ,  doit-on  penser  que,  lorsque  revêtu  du 
pouvoir  et  de  l'autorité,  il  n'était  gêné  par  rien,  il 

*  1 


kata  timapxoy  Aoros.  391 


To7ç    flC/VypôV    g£  Si  CLV   0    XCULKTTOÇ  X-CU    Gi\v(TlTiM' 


(TTOLTOÇ   WO AlTM  yîVQlTO. 


OÙ   TOIVW   U.0V0V    TcL   ZtTcLTpCÙCL   X,<tTg<^obx.cV  ,  CtWcL 

\         \  \         V      r      I  *l  I  l  ' 

X,CU  TA  >C0tVa  TOt   U|XgTepot,  QGCùV  wawoTi   TtVplOÇ  yg- 

yovîv.  Ovroç  ycLp  tclvtw  ty\v  riAuLicLV  iym  ,  h  vpfiç 
opctre,  oux,  g<rnv  >jy*jv<x  tërajtjroT?  otîac  apçtl   £fX]M> 

ouo\u.iûtv  Àctp^ûw,  otîfîe  ^eipoTovu^ei*  ,  olaaa  -gtclvûlç 

\       \       1  1  v       v       »    _N   1  _ 

*Z«rctpcC  TOU$     VOjXOVS  TCplcLfJLîVOS'    Oui  TCLÇ  fJM  'XAiKTTCLÇ 
I  j.      „       .  \    -,\  ~         f  /  A 

-srapyio"© ,  <tuolv  <rg  >î  Tpi0V  jJLovav  ftvwr-3-jjo'oa.eu.  Ao- 
yjffTVtf  y&p  ygvo/^gvos,  7iÀe7<7TctjUgy  thv  710À/V  eGÀot«>[/g, 

J^ûTpOt  Àct//,£ctvav  TTapot  TOV  OU  £lKCLlû)Ç  cLp%CUITOùV  , 
[iCLhlGTcL    à^      iGTVX.O'ÇcLVTWt      TÛJV     VWivd-VVCCV     TOVÇ 

;j.v\dîv  idiMTcoTctç.  Hp£g  J^  g'v  "Ay^p«,  ^tAfiaos  T»y 
otpp^HV  TpicL)LQVT&  fÂWV  1  <^oLvti<j&iA,woç  Itst  micL  oÇ>o- 
Aoiç  tmv   fiv&v ,  gf^roptctv  tw    f&àiXvpicL   tu   zclvtov 

TOUS  ffU/JL/XflL^oyj  TOUS    VfllTlfQVÇ  7T0IOVUAV0Ç,   KcLl  T0- 

ccwzw  curgAygjciv  e-Trc&i^ocTo  e/$  €Às»j9ep0V  côv9pû):rû)v 
yuvoujtcis,  ha/îoiv  ouocjs   Œra>?rs3-    gTgpos*   av  ouogvct 

»         \  N     ~     A     M  >  f        ~  1  ^         */ 

iyùù    TraLpcOLOLAGû    dxcl>pO,    T»V    GLV'OU   <TU[J.($0pCLV  ,    »y    gi- 

Asro  o-tyqtv,  g<$  îyoAÀoys  gx,/^ctpTL»p>K7ctr  «AÀ*  i»^7y 
-0C1T0  xoCTocÀgi7Tû)  o-jto^grv.  Tt  j^g  -srpoo-^oxcTTg  ;  tov 
'aSjivm^v  JÊpjffTnv  oujc  g/$  Tou?  ùlWovç  fJLOvov ,  aAAct 
x,cti  gts  to  nœfjLcLTO  icLvzov  ,  vo/jl®v  ovta'V,  u/Jiay  opoy- 

TûJV  ,   g^^p(iJV   g(p£<7T)1)tOTû)y,  TOf  TOV     CCUToy  ,  AcL^QVTOL 


3qi  kata  timapxoï  Aoros. 

OLW0Ai\0lZtrîVCU    Tl     TCùV    CcVsÀygOTClTûJV    tpyCôV,    7\0'Aj 

va  rov  Aiclkoli  Toy  'AwoAAco,  woWclkiç  êvs9u^>i8>iv 

T>jy  SVTV)£lCLV   TW   ZY\Ç  YI[XtZtpCL$  IZOASCOÇ  ,   JCCtTOt   7I0AA<£ 

juuv  jcou  i\\cLy  oWfc  yxiGTc^^t  xau  xcltcl  tolvtol, 
otj   jg&t    g&gtvoi>$  tous  j^povous   ouo£/s   gyevsTo  m? 

Av$ptà>V    7T0\Sû)$   OùmTV\$, 

'AAA'  feras  34 a9'  clvtov  /xgy  <*f  %<»v ,  (pavAos  >iv 
outos  ,  ^gTct  tîrAe/ovûJV  ^g  ,  ittisitchs'  7io<3-ev  5  Outos, 
à  A^aTo/ ,  $ouAgi>T>K  gygygro  twi  ap^oyros  Nt>to- 
(Çmliov.  A-gtclvtcl  fjtiv  ovy  J^jg^gAÔgJV,  ci  gv  tovtcù  tcù 
gy/<xuT«  îTtdxoupyyiaîy  wpoç  Liiytpov  luçoç  TK  vi?JLèpcL$ 
oJjc  cLfyov  gV^g/pgTv"  cl  y  l(TTiv  iyyvTcLTœ  ryç  cli- 
tlclç  y  pcaÔ'  h  y\  Tctpouirtf,  pcpt<r/^  g'cnn ,  r&iîV'  ipa  Sicl 
j8pap^gû)v.  'E?ên  ro/yuv  toi»  clvtov  cl^oïtcs,  or  t&ov- 

XiV-V  OVTOÇ,  TcLUACLÇ  >JV  TGùV  TY\Ç  QcOU   'HyWMfyoS ,  0 

Kp«Si>AoLi  âètAtyoç.  "EkAîtitov  S^t  ty\$  -GroAzœç  tloiw  ty 
\XCL\CL  (ÇtAtTCLlpCùÇ  %iAicLç  ^ÇCty^llCLÇ.  AjVOo/jievos  JV 
TO    KpûLyfJLCLtiLVYip  tTClîDL^Ç    TlcLLltylAoÇ  O    A^gp^OUCtOS  > 

nrpoo-KoovaaLS  ri  tovtcù,  jccu  ncLpo%vv$ei$y  ex,xA>j<noLS 
GU<W,  tiitii  clvolgtclç  ,  Cl  ASvwclioi ,  xAîWTovavj 
y/JLû)v  jcoty^  ocv>ip  &a,2  yvn  'xjAicls  <rpa%^a^  ©clvixcl- 
<tclv-ù)v  J\g  u/xav,  710s  otvjjp  x,ou  yvn-,  ytoa  t<s  o  Aoyoç, 
dwt  fUtûfèf  ^ictAiztrœv'  'Ayyogrrg ,  g'^,  o,  r«  Agya)  ; 
o  fJLif  oivvip  t(TTiv  ^Hy/jacutyoç  Itâivàè  vvn  ,  ecp»,  ^po- 
Tgpov  Â1  >Tv  jcctt  ctJro?  Azcù^cLyLcLJToç  yvn*  y\  S^e  yvvvi, 
Ti^cLp^oç  oyVoo-tv.  'Ov  J^e  rpo^ëroy  jcAe tïtstcli  ro  ap* 
yup/oy,  g'yûï  Ipco.  Mstcc  rcwrcivlfa  friih\u  mpi  rov 


HARANGUE  d'eSCHÏNE  CONTRE  T1MARQTJE.         3()3 

ne  se  soit  permis  les  actions  les  plus  infâmes?  Pour 
moi ,  j'en  atteste  Jupiter  et  Apollon ,  j'ai  souvent 
admiré  le  bonheur  de  notre  république  à  plusieurs 
égards,  et  principalement  parce  qu'alors  il  ne  s'est 
trouvé  personne  pour  acheter  la  ville  d'Andros. 

Mais,  peut-être,  était-il  mauvais  magistrat, quand 
il  gouvernait  seul ,  et  modéré  avec  ses  collègues  ? 
il  s'en  faut  bien.  Il  a  été  sénateur  sous  l'archonte 
3i i  icophème.  Sans  entreprendre  de  détailler ,  dans 
l'espace  de  quelques  heures ,  toutes  ses  malversa- 
tions dans  cette  année ,  je  dirai  en  peu  de  mots  ce 
qui  a  le  rapport  le  plus  prochain  avec  l'accusation 
présente.  Sous  le  même  archonte  sous  lequel  Ti- 
marque  était  sénateur ,  Hégésandre ,  frère  de  Cro- 
byle,  était  trésorier  de  Minerve.  De  concert  entre 
eux,  et  de  l'union  la  plus  parfaite,  ces  deux  bons 
amis  nous  volaient  mille  drachmes.  Pamphile  s'en 
aperçut.  C'était  un  fort  honnête  homme,  qui  en 
voulait  à  Timarque  avec  lequel  il  avait  eu  quelque 
démêlé.  Prenant  donc  la  parole  dans  une  assemblée 
du  peuple  :  Athéniens,  dit -il,  Hégésandre  et  Ti- 
marque ,  ces  deux  amis  intimes  ,  sont  de  concert 
pour  vous  voler  mille  drachmes ,  et  je  vais  vous 
<Iire  comment.  Après. vous  avoir  instruits,  et  vous 


594         HARANGUE    D  ESCHINE  CONTRE  TIMARQUE. 

avoir  exposé  la  chose  de  la  façon  la  plus  claire , 
quel  est  donc  ,  dif -il,  Athéniens  ,  le  conseil  que 
je  vous  donne  ?  Si  le  sénat  condamne  Timarque 
comme  coupable,  et  si,  l'excluant  de  son  corps ,  il 
le  livre  au  tribunal,  accordez  aux  sénateurs  la  ré- 
compense ordinaire.  S'ils  négligent  de  le  punir,  ne 
la  leur  accordez  pas,  mais  souvenez -vous  de  cette 
faute  ,  quand  il  sera  question  de  les  récompenser. 
Les  sénateurs  ,  s'étant  donc  assemblés  ,  exclurent 
Timarque  dans  un  premier  scrutin  ,  et  le  rétablirent 
dans  un  second  [1 2]  :  et,  parce  qu'ils  ne  l'avaient  pas 
chassé  de  la  compagnie,  parce  qu'ils  ne  l'avaient 
pas  livré  au  tribunal  (je  ne  le  dis  qu'avec  peine,  et 
parce  que  je  m'y  trouve  forcé),  ils  furent  privés 
de  leur  récompense.  Mais  ,  Athéniens  ,  après  avoir 
sévi  contre  tout  le  sénat ,  et  avoir  privé  d'une  cou- 
ronne cinq  cents  d'entre  vous  pour  avoir  négligé 
de  punir  Timarque,  ne  le  renvoyez  pas  absous  lui- 
même;  et  un  orateur  quia  été  nuisible  au  sénat, 
ne  le  conservez  pas  pour  le  peuple. 

S'il  est  tel  que  je  viens  de  le  dire  dans  les  charges 
conférées  par  le  sort,  se  comporte-t-il  mieux  dans 
celles  qui  sont  données  par  élection  ?  Qui  de  vous 
ignore  avec  quelle  infamie  il  a  été  convaincu  de 
péculat  dans  une  de  ces  dernières  ?  On  lavait  en- 
voyé,avec  d'autres,  à  Erétrie  pour  lever  des  soldats 
étrangers  ;  seul  de  ses  collègues,  il  avouait  qu'il  avait 
reçu  de  l'argent ,  et ,  sans  penser  à  se  justifier,  il 
sollicitait  pour  faire  adoucir  la  peine  :  toutefois  , 
vous  n'avez  condamné  Timarque  qu'à  trente  mines, 
et  les  autres  qui  niaient  la  malversation  ,  vous  les 
avez  condamnés  à  une  amende  plus  forte  du  dou~ 


KATA  TIMAPXOT  AOrOE.  39$ 

wsdyfjLcL-oç,  x,cu  ficcAcLiiùo-zccs  kcli  (tolQûûç.  AidaLJraç 

f'/\  TAbTCLy  T<  OL>V  e(7T<V,  Où    AttyVCUO/  ,  €<pH  ,  0  Cl»a£oU- 

Agua?  u^yj  g&y  (ugy  »  [éovAvi,  KùLTcLyvovc-ct  toutovi 
ctrjfjceîv,  jccu  gV(puAAo(pop>io-ce.<rot,  JNfx.c6cr7)ip<64  TraipcLÙCùy 
S^otî  tm  J^pgctv  ctuToîk'  eav  J^e  /jl>i  x,oAtfo-û>o-i ,  p,>?  ' 

J\jTg  ,  OiAA    ÎIÇ   ÎXUVW  CLVTOIÇ  TW  VfJlipcLV  OJ7t 'OJ/.VîfjXO- 

yguo-&Tg.  MgTct  Tcturot,  fflj  g'srctyîiASgy  >î  £ouA>i  ils  to 
QovAtvzYipiov  y  ijrtQvAAotyopyiïrt  [àîv  «xuroy,  gy  J^g  t» 

^sYttpœ  KCLTè&jrcLTQ.  '  On  <K  OU  TTfltpgÔWg  J^JCatOTtfpiût), 
OUO*'    g^ÀCtJgV    g'fc    TOU    /3ouAgUT>jp<OU  ,    CL'^d'OU.ttl    fJLVJ 

Àgyojv ,  ctvxyx,»  «^g  «Vnv  g/VgTy ,  or/  t^  S^apecLç 
VLTtiTiry'Xjvjt.  M»  Totyuy  (pcxv>ÎTg,  ûj  aOwvouo/ ,  tm  /j.gy 
fiovAy  ^cLM'rtmcLVTiÇ ,  jcou  7rgvT<xjcoo-zou£  ayojpct^  tûw 
WoAlTOùV  aLCTTzQCLVaTOVÇ  'XOlVWCVJTîÇ  ,  ot/  Touroy  oux, 
tTlfJLCùpYKTCLVTO  ,  CtUToy  t^g  Ot(p»Tg  ,  X.Ct<   TOV  T'7  jSouAw   U.» 

o-uygygyjc'ovTût  p>iTopc(,  toutqv  tcù  à^fJLCù  TïipiTtcivwYïTt, 
AAAct  Tgpi  u.gy  tclç  x,Aîip0T£S  &pyjxç  ton  to/ou- 
toç  ,  -zjrepi  J^g  rots  %ccpoTov>îTcts  (ZîAtiw.  Kcli  tiç 
vfjwfv  ou*,  oîàiv ,  Js  -z2rgp/So»TOj?  g'^Agy^3>i  jtAgsrrîis 
ttlj  7Tg^(p5g^  yotp  u<p*  u^ojy  1'^îtcl<tty\ç  rœv  £gy&jy  g'v 

EpiTpiCLy  pOVOÇ  TUV  IjrtTOLG'ZCàV  ûùfAoAoyil  \a,Ç>M  dp- 
I  \       »  \         ~  /  »  ~ 

yup/ov*  5coc<   ou  «7rgpi  tou  ?zrpcty  ucltoç  cL7CcAoyuTo  , 

3CAA*   SUd-i;^    TÇCpj   TOU   TllXY\jJ.OL'CÛÇ  IMTtVM ,   O^oAoyOJV 

ctAjcéiv,  rTfXîï$  fie  t67s  (u.ey  e?otpvo^  gVgT/^o-ctTe  tol- 
Aotvrou  e3cao"Tû> ,  Touroj  erg  Tpictx,oyTci  ^vojv*  0/  <Te  vo- 


ZjG  KATA  TIMATXOT  AorOS. 

pot  xi\:i>ov<rt  tm  xAetttojv  tovç  Jjlzv  ojitcÀoyoïiVTetS 
Sclvoltcû  fyfjLiovaQcti ,  Tovç  J\'  cep  vou/Jigvous  Tcpmo-ScLi. 
To/yctpoCy  ovtccç  i/juqv  jtaTe(ppov»<rev ,  qhtt  îvSvç  îwi 
Tous  èv\ixo<ria.iç  dicL-\,y$i<îi<ri  dto-^iAtcLÇ  îAclCi  ^olX.- 

[XCLÇ.     §'4<TCLÇ  yOL?    $l\G0TcLdw     TQV     KvdcL%VCLlicL ,    h  CL 

t#v  7toâ/tû)v,  cweÀsuaepov  sjvo,j  îclvtov  ,  xcu  7re<(rct5 
aVo^cpio-cto-S-cu  Tovç  J^crcts  ,  gsrtcrrccs  t?  x,cct>i- 
yop  jcc  eVi  tû3  ^t^cto-T^iou,  jtott  Àaêûïv  gf's  thv  Iclvzov 
p^g/pa  ta  tgpot,  koli  oyioacLç  yw  acvoîw  dN0pa ,  jUDjre 

n/ia-  lJ  /  1c/  _        <  r\ 

AJI-NJ/ÉO-t/Ct/,  5C0C/    iWOfXOa-OLÇ    TQVÇ    CpTLlOVÇ  O-SOUS,  ^  TY?) 

GTCLpCL    AîVKUVlÔQV  y     TOU     $lACùT<X.Ù0V    M&GTQV  ,    JW 

<&i\yi[xovo$  rov  uVojtpjTotT ,  gjjcocn  /xvctk ,  cU  gy  oÀ/y& 
%p9V6>  ZtTfOS  $/Aoçev>iv  wÀaxjg  T»y  gTcc/pccv,  XCLl 
'srpov'âcàx.i  rov  ciyMcLy  xau  roy  opjtov  tTricùpTLVHrtv.  Ort 
J^e  <L\y\$v\  teycù  y  xctÂe/  /jlo/  $iAYifjLovoLTov  J^ovrct  Ti- 
(icl^cû  ro  fltpyupjov,  x,*j  Agux.œv/o>iv,  tov  $jAûrra<3fcv 
joj&othv,    x,cu    Tfflv    o-uySTpcav    CLVCLyVûûSl    TOL    otvr/- 


ypaLQcL ,  jcoLv    as  T>iy  srpctcr/v  g^ro/^o-octo  toi»  ayavos. 

MAPTYPIAI.  2YN0HKAI. 

1         1         »'•■'' 


Tlifl    [XîV  OUV  TOUS   WOAITCLÇ  JCCLI  TOUS    OIKttOVÇ   010$ 
l  \        \  I  >     '  <  »    «      ~ 

ywvrrcLi ,   x,eu   thv  woLTpœ  otv  ou<n*v  as   aia^aç 

V>îÀû)^g  ,  X,Ctt    T>1V    l/jSptV  T>}V   l/l  TO    gOtUTOLÎ    (Tantôt  ÛJS 


>    i 


HARANGUE  d'esCIIINE  CONTRE  TIM ARQUE.  3g7 

ble,  quoique  les  lois  ordonnent  de  punir  de  mort 
le  voleur  qui  avoue,  et  de  citer  seulement  en  jus- 
tice celui  qui  nie.    Timarque ,   en   conséquence , 
vous  brava   tellement ,  qu'aussitôt  après  il  se  fît 
donner  deux  mille  drachmes  dans  un  recensement 
de  citoyens.  On  l'avait  vu  affirmer  que  Philolade  , 
de  Cydathénée ,  un  de  vos  citoyens ,  était  son  af- 
franchi ;  on  l'avait  vu  engager  ceux  du  bourg  à  le 
rejeter ,  l'accuser  avec  chaleur  devant  les  juges  $ 
mettre  la  main  sur  les  choses  saintes  ,  protester 
avec  serment  qu'il  n'avait  pas  reçu  et  ne  recevrait 
pas  de  présens;  enfin,  jurer  par  tous  les  dieux  et 
faire  sur  lui-même  des  imprécations  horribles:  ce- 
pendant il  a  été  convaincu  d'avoir  reçu  de  Leuco- 
nide,  allié  de  Philotade ,  par  les  mains  du  comé- 
dien Philémon,  vingt  mines  qu'il  a  de-pensées  en 
peu  de  jours  avec  la  courtisane  Philoxèné;  il  a  trahi 
sa  cause  et  s'est   parjuré.  Pour  preuve  que  je  dis 
vrai,  greffier, faites  paraître  Philémon  qui  a  donné 
de  l'argent  à  Timarque ,  et  Leuconide,  allié  de  Phi- 
lotade ;  lisez  l'accord  en  vertu  duquel  Timarque  a 
vendu  sa  cause. 

On  lit  la  déposition  et  l'accord. 

Voilà  commentTimarque  s'est  comporté  a  l'égard 

de  sps   concitoyens  et  de  ses  proches  ;  voilà  avec 

quelle  honte  il  a  dissipé  son  patrimoine ,  avec  quelle 

facilité  il  a  souffert  qu'on  l'outrageât  lui  -  même  ; 


5()8  HARANGUE  d'eSCUINE  CONTRE  TIMAROl  F)  . 

vous  le  saviez  déjà  avant  que  je  vous  en  eusse  dit 
un  mot.,  et  je  vous  l'ai  rappelé  suffisamment  dans 
mon  discours. 

Il  me  reste  deux  parties  de  l'accusation ,  dans 
lesquelles  je  demande  aux  dieux  qu'ils  me  fassent 
parler,  comme  je  souhaite,  pour  l'avantage  de  l'état , 
et  qu'ils  vous  inspirent  de  me  suivre  avec  toute 
l'attention  dont  vous  êtes  capables.  Dans  la  pre- 
mière partie,  je  préviendrai  les  raisons  par  les- 
quelles j'apprends  que  nos  adversaires  doivent  ta  - 
cher  de  vous  en  imposer.  Si  je  ne  les  réfutais  pas  > 
je  craindrais  que  cet  habile  sophiste  [i3]  ,  qui  se 
pique  d'apprendre  aux  jeunes  gens  des  tours  de 
rhéteurs,  ne  vous  séduisît  par  des  discours  artifi- 
cieux, et  ne  vous  fît  prendre  le  change  sur  les  vrais 
intérêts  d'Athènes.  Dans  la  seconde  ,  j'exhorterai 
les  citoyens  à  la  vertu;  et  je  vois  ici  présens  une 
grande  multitude  de  jeunes  gens  et  de  vieillards 
que  l'importance  de  la  cause  a  rassemblés  ,  et  de 
cette  ville,  et  de  tous  les  pays  de  la  Grèce.  Or  ,  ne 
croyez  pas  qu'ils  soient  venus  simplement  pour  m'en- 
tendre,mais  principalement  pour  voir  si  vous,  qui 
savez  porter  des  lois  sages,  vous  savez  aussi  juger 
de  ce  qui  est  honnête  et  de  ce  qui  ne  l'est  pas;  si 
vous  avez  et  assez  de  discernement  pour  estimer  les 
gens  vertueux,  et  assez  de  vigueur  pour  punir  ces  in- 
fâmes, dont  la  conduite  est  l'opprobre  de  leur  ville. 

Je  vais  parler  d'abord  des  raisons  que  les  adver- 
saires doivent  apporter  pour  leur  défense.  Démos- 
thène,  cet  orateur  fécond,  prétend  que  vous  devez 


KATA  TIMAPXOY   AOTOS.  ^99 

t  I  t  \  \  \       *       \     N    /  r  ~ 

V7rîpiCàpaLKî  ,  (TVVKTÏZ   UgV  3CAt  TTptV  g£tgJ\gygfV  ,  /JCCaO>S 

«K  J^otk  uVo/^i/xv>jo-x,e/  jccu  0  ^c^'  g/401»  Àoyos. 

Ai>o  J^g  /xot  tÎk  JcctT»y2sjct$  etc?>i  ÀgÀgfTrrcu,  g'cp' 
qiç  îfjLcivTov  r    imCrj  tv^ofjLdi  rois  ztoïs  w£<ri  koli 

*7CCL<TCLIÇ  VTlîp  Ty\Ç  'tfOAiœÇ  OùÇ  -&yW\£Y[\L(V.  ,  VIXOLÇ  Tg 
[60VAOI[JLY\V   CLV   OLKQVQVTOLÇ ,    0t£   gyO>    /U.gAA0   Ag'/g/V  ,    Xj 

3rpo<rgp£gjy  tov  volTv  ,  jcocj  'TTctpcw.oÀouSsTv  îVfjLoLd-cos, 
Eo-:i  y  o  /uLev  wpccToç  pot  Xoyoç ,  -ûrpoiïmywiç  ryç 
ct7roAoytct? ,    >#   cLKOvœ  (XîWîtv  y<yg<i\jctf   jvsc  pi, 

TOUTO  /JtOU  -GrCLCOLAl7r0VT0$  ,  0  Tct*  TOV  ÀOyûJV    Tg^V0t5 

x.oiTg'7rctyygAÀo/itgvos  tous  vgous  PtdaLŒKUV ,  dw&Ty 
t/vj  7raLpaLAoyi<rcLfjiîvoç  vijlclç^cl^iA'^ch  to  ta$  noMcaç 
a-v/JL^îpov.  'O  <^g  ^tvTtpos  iŒTt  fjcoi  Àoyos ,  7rApot/cA/i- 
<n$  Tûjy  /7To\itSv  wpo$  oLpiTy  y.  OpS  J^g  noAAovs  /mv 

Tû)V   VZCûTipœV   *7TÇQ<TÎ<JTy\7L0Ta.Ç    TtpOÇ    Zûù   S" IKCL<TTV\ÇICÔ  , 

woAAovç  <^g  T^y  tzrp  go-£i»Tgpû>V  oJjc  g'Àot^icrrous  J^e 
g>c  ths  a AAyç  'EAAadQs  o~i>yg/Àgypyous  g*7n  t>Jv 
'  «LJtpoatawv  otî's  jt-tn  vofjii^iT  gp  3£ûjp»(royTût^  W<y, 
«tÀÀcc  ttoàu  /-6CCÀÀ0V  v/^flc^  g*  (TorjLivovç  ,  et  /*>i  jttoyov 
éù  yojtio^gTgTv  g7T/(7T&<7Qg,  ctÀAa  x,ot<  x,p/yg*y  Ta  xaAa 
JCflt'  Ta  ju>i  jcctAct  S^uvcta-h,  Jtctt  û  ti[Iclv  ItcigtclcSî 
tovç  (tviïpoLÇ  Toitç  dyaÊoùç ,  jtcu  il  d-îAiTt  xoAz^ew 
touç  ontdvi  Tcy  Îolwzw  j8iov  tw  -nroAu  *7rcLpcL<rx.eua£ipv- 

é    TCC?. 

Ag^âp  <^g  irptoTov  nrpos  CyiSiç  mpi  ty\ç  iwoAoyia.^. 
U  yap  7TgptTro^  gv  to<$  Aoyoïç  A^ocr^gy^,  »  tous 


4oo  KATA  TTMAPXOT  AorOS. 

vouovç  <$Y\<7iv  \ji).<Slç  î^cLtetfÇuv  (?g~v ,  y\  zoTç  îpioTç  Acyo/s 
ofx,  sivcli  7rpo<rv>L~iov.  AnovcLVfjLo.Çîi  y&p  îl  (VA  7iav- 
Tis  [tifjLvyiaW  'on,  itctff  gîtcwrov  ev/ctuTov,)î  flov\vi  TTûù- 
Ae<  lo  Tropvocov  reAos'  jccu  tous  7t^icL[xtvovç  ro  -zîXoç 

TOVTO  0V7C  eiKCL^ZlV  ,  C^AA*  CLKplCtOùÇ  ilùèVOLl  TOUS  ZcLVZV) 
P£p0£lêVÛUS  TW  gpycWlçL    OîIOTe  OUV  W  TZTùXlAYïKCL  OtV- 

*nypa-\[/0tcr^'cU  )  i7Ct7Co^î\jUîvœ  TitxcLpycù  /ul>j  g^gTy&t 
J^jjyopgîv ,  «.7rot/re?y  <p>i<rt  r>iv  wp£fyv  clvtyiv  oJjc 
glItiolv  jtcmjyopou ,    aAAa   fjLctpTvpiciv    TgAavou  rov 

^GCpoC   Ti/^Ctp^Ol»  T0UT0  tTcM^CUTOÇ  TO  TgAoS. 

'Eya  J^e  Tpos  tccut',  <à  'aGwvciÎoj,  o-jcg'vf'*0"^  *' 
ctTiAouv  Jjtt?y  jca/  eÀe»j9ep/ov  <5b£û)  Àoyov  eiftfTv.  Aie'xy- 
yo/xcc;  yap  uVgp  r>îi  -/ro  Aga>s,  g<  Ti  fJLOLpyos ,  o  tou 
S^yfjiQv  <rvnÇ>ov\oç ,  ?cca  ra$  stV  Tîïv  'EAAa^a  toA/j.ûTv 
7tptcr[ôîiaLÇ  vrpt<rÇ>wîrj ,  ^»  ro  •Trpayaoc  oAoy  cL-worpi- 
-^«xaôoti  z-Gn^itpYiazi ,  ccAAa  tous  tottous  eVepariicgi 

07TGV  gJtCt9g£gT0  ,  îtctl  TOUS  TêAû>Vot,S,  et  TTûJ'ZZrOTg  TTCtp' 
GLVTOV   TOp-V/îtOV    TgAoS  S/Aî^CtO-lV.    I  &VTYIÇ   jULgV  OUy  T>?£ 

ctVoAoytas  Vj*£v  gygîtct  'rtQLpcLyapwcLTCd'  grgpov  <^' 
gya  (rof  Aoyov  uTio&aAa,  jcctAov  59  «nx-cuov,  a  yjwy> 
tî  tiy\àtv  a/V^poy  o-au-ôj  (ruvoto-fia.  ToA(a>io-oy  yap  g?s 
Tût!?  ^/XCCO-TûC^  #Ag-vj/CtS  SiVêTv,  i  Tpo<7)»îtg/  Agyg/v  I 
ctvdp/  <r0(ppovj  ra  7Tgpi  T»y  >ÎAfîuaV  'Avo^pgs  'AfiavaTo/, 
TiVpcLfAfJLcLi  py  gît  waLiâoç  kcli  p.£/paxtoi>  ^ap  w^v, 
owt  acpave?^  J^g  J^/arp/Cct^  J^/otrptê»,  aAA*  gy  Tal^ 


HARANGUE  d'eSCHWE  CONTRE  TIMARQUE.        401 

supprimer  vos  lois  ,  ou  refuser  d'entendre  mes 
discours.  Il  est  surpris  que  vous  ne  vous  rappeliez 
pas  que  le  sénat,  chaque  année,  afferme  l'impôt 
des  prostitués;  et  que  les  particuliers  qui  prennent 
cette  ferme ,  connaissent ,  non  par  conjecture  , 
mais  avec  certitude  ,  tous  ceux  qui  font  trafic  de 
leur  personne.  Puis  donc  ,  ajoute-t-il ,  que  j'ai  eu 
la  hardiesse  de  dénoncer Timarque,  comme  s'étant 
prostitué ,  et  ne  pouvant  plus  dès  lors  parler  au 
public,  il  n'est  pas  besoin  ,  dans  cette  affaire,  des 
preuves  de  l'accusateur,  il  suffit  de  la  déposition 
du  fermier  qui  a  levé  l'impôt  sur  Timarque. 

Voyons,  Athéniens,  si  je  vous  semble  répondre 
à  cette   raison  d'une  manière  aussi  honnête  que 
simple.  Je  rougis ,  pour  Athènes  ,  que  Timarque  , 
qui  se  charge  de  conseiller  le  peuple,  et  d'aller  en 
ambassade  pour  les  intérêts  de  la  Grèce  ,  n'entre- 
prenne pas  de  se  laver  parfaitement  des  infamies 
qu'on  lui  impute  ,  mais  qu'il  chicane  sur  les  lieux 
de  son  domicile  ,  et  qu'il  demande  si  jamais  les 
fermiers  ont  levé  sur  lui  l'impôt  des  prostitués.  Il 
doit,  par  égard  pour  vous,  renoncer  à  une  pareille 
défense.  Je  vais,  moi,  Timarque ,  vous  en  fournir 
une  autre,  qui    est  aussi  honnête   que  solide,  et 
que  vous  emploierez ,  si  vous  n'avez  à  vous  repro- 
cher aucune  turpitude.  Regardant  en  face  les  juges , 
plein  d'une  noble  assurance ,  tenez  leur  ce  langage, 
le  plus  convenable  pour  un  homme  qui  s'est  con- 
duit sagement  dans  sa  jeunesse  :  «  Athéniens ,  j'ai  été 
élevé  chez  vous  dès  l'enfance  ;  ma    vie  n'est  pas 
obscure  et  secrète;  vous  me  voyez  tous  les  jours 
t.  m.  26 


402         HARANGUE  d'eSCIIINE    CONTRE  TIMARQUE. 

dans  vos  assemblées.  Si  j'avais  à  me  purger,  devant 
d'autres  ,  des  vices  pour  lesquels  on  me  cile  à  ce 
tribunal ,  je  réfuterais  sans  peine,  par  votre  témoi- 
gnage ,  les  reproches  de  l'accusateur.  Si  j'ai  rien 
fait  de  ce  qu'il  m'impute  ,  si  même  je  vous  parais 
avoir  tenu  une  conduite  qui  ait  le  moindre  rapport 
avec  ses  inculpations ,  oui  ,  la  vie  m'est  insuppor- 
table ,  je  m'abandonne  à  vous ,  et  je  vous  promets 
de  me  punir  ;  pour  vous  justifier  auprès  des  Grecs 
Je  ne  vous  demande  aucune  grâce;  faites  de  moi  ce 
qu'il  vous  plaira,  si  vous  me  trouvez  tel  qu'on  m'a 
dépeint.»  Voilà,  Timarque,  la  justification  que  doit 
employer  un  homme  sage  et  vertueux,  à  qui  sa  vie 
passée  donne  de  la  confiance ,  et  qui  peut  se  mettre 
au-dessus  de  toute  calomnie.  La  raison  que  vous 
suggère  Démosthène  ,  est  moins  la  défense  d'un 
homme  honnête,  que  la  ressource  d'un  prostitué^ 
qui  dispute  sur  les  lieux  de  son  domicile. 

Mais ,  puisque  vous  vous  défendez  de  la  sorte 
réduisant  la  cause  à  une  vaine  question  de  mots , 
et  voulant  qu'on  examine  où  vous  avez  établi  votre 
demeure ,  écoutez ,  en  peu  de  paroles ,  ce  que  je 
vais  vous  dire,  et  je  ne  crois  point  qu'après  cela 
vous  fassiez  encore  usage  de  cette  misérable  apo- 
logie. Ce  ne  sont  pas  les  domiciles  qui  donnent  les 
noms  à  ceux  qui  les  habitent  ou  qu'on  y  reçoit  ;  ce 
sont  ceux  qui  les  habitent  ou  qu'on  y  reçoit ,  qui 
les  font  appeler  de  tel  ou  tel  nom ,  suivant  les  pro- 


I 


KATA  TIMAPXOY  AorOS.  4o5 

ttutAwiauç  pi$  v/juùv  opcùficLi.  Oipai  <K  àv,  et  wpos 
clAAovç  tivclç  w  o  Aoyoç  pot  mpt  ty\$  cthicLÇyHiÇ  jcpt- 

VO/AGU  ,    TOLIÇ    U/XSTgpcC/S    (JLOLpTVpicLlÇ    ÇCLOlCûÇ    CU    OLW0- 

AvcrcLcr&xi  tous  rou  xotTJiyopou  Àoyous.  M»  yctp  on  , 
e!  wïarpcLKTcLi  [jloi  zi  toutûw,  clAA*  gi  £okcû  u/Tn 
WcLpoLwAn<riM  (ZèÇ>iœx,ivcu  Tciïç  Atyo^cuç  vwo  tov- 

*      1  *p\  ri  ^  »  ^  \ 

TOV    ÛLiTICLlÇy    Ct^lûJTOV    »yOV (JLVIOÇ    îlV&l    tfÀCLVTù)    TOV 

A017T0V   jSiOJh,  TÏCLÇCLàlÙoùlJLl  TM    iU    èfJLCLUTOV    T</Xû>plOtV 

hz7roAoywcL(r$cLi  tî?  woAu  7ipos  tovç  'EAAywciç*  ovtf 

tl  I  r     „  >.         \  /  f 

>|JC0    Sr<Xpct<T>1<70/XgV0S    U/*flt$  ,    OCAÂOC    Jt*Tcl/)£p>fO-flt<r3-g 

fto/ ,  a  iïoKaî  rotovToç  zîicLi.  Àur»  /«y  eVnv ,  a  Te- 
fJLoipfë,  (twoAoyict  ivipoç  ccyaSov ,  jcott  aaxppovoç,  ^ 

UreWKTTeVTLOTQS  TCùfZiœ,  HOU  JCflLTûtÇpOVOUVTO*  g/5COT0£ 

ctVaw  fZAaLcrQyfjuoLÇ'  et  <^g  srî<3-g/  erg  Àgyg/v  Aujuo- 
«rôgyyis,  oJjc  ccy^po^  eVnv  tAzvd-tpov ,  aAAa  sropvou, 
«rep*  tû)v  Toarwy  c)xJct(pgpojW.gyou. 

E*5r€<(^î  <K  £t$  rot^  v&mvfJUCLS  rœv  oÎMianav  xoltûc- 
Qîvyei$  ,  xctT  ootYijxct  to  irpsTyo,*  g'^gTcc^go-Oou  ct^av, 
ozzrou  gx,<x9gÇot/  a,  (jlzAAq  Aîyw  clkovo-olç  ,  îIœclvBis 
ov  yjpy\w  Toiovrcû  Aoycù ,  g&v  o-ûjcppsv^.  Ou  y<xp  Ta 

OlVflfXflCTCt  ,  011$    otl   Ol}LV\<TîlÇ  TOLÇ  i'&CùVVUlCLÇ  TOÎÇ  IVOl- 

I  f  ».  _ ,     f   .        »  \ 

TLVHTCLai     7lcLCi*)£0V(TlV  y  <tAA     01    6yo/X.>îOUVTêS   TOLÇ    T0V 

e&av  Iwir^iviicLTm  Iwcùvvhiclç  toÎç  Ton  ois  'xclçcl- 
cx.èuotÇouo'iv.  '  Oîirou  jagv  yap  woAAot  [xiaScoo-oLfièvoi 


, 


4o4  KATA  TIMAPXOT  AorOS. 

fJLlcU  QiTWâtlj  £lt\0fJLWOl  i%ov<ri9  ovvùuucu  xd\ov/jLir 
oTiov  <r  gis  tvoty.it  ,  0/jtid.v.  Eav  dx  gis  ev  OYinov  tout«v 
tov  &*  Tous  oioTs  epycL<rTy\ptœ'j  tarpoç  tîaofiLi<Tv\TaLij 
icLipstov  jcctÀg/TctJ'  eav  <JX  o  ^gv  gçoj&io^Tcu ,  £*s  «Te  to 

CtUTO  TOfTO  gpy<X0T>1pJ0V  %ÛL\X,ZVÇ  ZMTODLMTYnaa  y  ^otÀ- 

3ce7ov  exAufti'  €*v  J^e  yvcLQtvç,  yvctcpeToV  eocv  &  Têxtav, 
Tex/rove<or  g<xv  <rg  ^ropvo'oocncos  xeu  îzropvct/,  asro  t»s 
tpyoL<Ticiç  gJd-us  éxA»Sw  7ropve7ûv.  *£2crre  eu  utoWcl 
WOpnTaL  TV)  T'AS  wpâfycoç  tV^îpilCL  vnwowxaLÇ.  Mvi 
OVV    OWOV    WOTî    t'ûrpcLTTîÇ    îfûùTCLy   CCÀA/    Q$   TQVTQ 

ou  -artwoinx,^  awùXoyov. 


\ 

Hçci  cr  ,  as  60/x.g,  x,ai  gTgpos  Aoyo?  rtç  wxo  tov 
glvtqv  coÇjo-tou  o-uy>cejfxgyos.  Agyg/  yoip ,  as  ovfcv 

tGTVi  0tW>CA>T£p0V  CpH^Of^  ,  CtyopcLKt  TgJCplp/at  KcLt   7ICCV- 

Tz\œç  oucoÀou3ct  tw  et urou  /3/a  -Trctpg^o^gvos.  Opûrrov 
jitgy  yotp  t>iv  g'v  KoAavS  (ruvo/)actv ,  tm  A^avos  jcoc- 
Àsufiev>iv,  -vf/euo>i  (f»io-i  t>iv  îWccvvfitoLV  g%g/v  ou  y&p 
«îveti  AyfjLMoç'  t7CEtTcx.  tov  'Ep/w,  tov  'Av6W(5bu 
>tc4Àouju.gvov ,  oujc  'Avobjaobu,  aAA'  Kiyy\iùoç  Çv\v\ç 

UVOLl    ivûL^flcL,    nctpct(pgpg/    J^     CtUTOV    gy    GX.0ôfjL[J.OLT0Ç 
[Xgpg/,  û)£  flÔ^S    CtV>jp,    5C0U    TSTipl    TCL$    lâtCLÇ    S"lCLTpi£cÙ$ 


HARANGUE  DESCHINE  CONTRE  TIMARQUE.  4°^ 

fessions  qu'ils  exercent,  ou  les  usages  pour  lesquels 
ils  s'y  rendent  [i4]-  Sans  parler  de  mille  autres 
exemples  en  ce  genre,  on  appelle  verrerie  un  en- 
droit où  travaillent  des  ouvriers  en  verre  ;  on  nomme 
tannerie ,  celui  qui  rassemble  des  ouvriers  tan- 
neurs ;  une  taverne  est  appelée  taverne  ,  parce 
qu'on  y  reçoit  une  foule  de  gens  qui  viennent  s'y 
enivrer  ;  certaines  maisons  se  nomment  brelans , 
parce  qu'elles  sont  ouvertes  aux  joueurs  qui  les  fré- 
quentent ;  enfin  ,  un  lieu  de  prostitution  porte  le 
nom  que  la  pudeur  et  la  décence  ne  permettent 
pas  de  prononcer,  parce  qu'on  y  loge  des  personnes 
qui  se  prostituent.  Ainsi,  vous,  Timarque,  par 
votre  facilité  à  vous  prostituer,  vous  avez  pu  for- 
mer plusieurs  lieux  de  prostitution.  N'exigez  donc 
pas  qu'on  montre  où  vous  avez  fait  le  mal  ;  mais 
prouvez  que  vous  ne  l'avez  pas  fait. 

On  apportera  encore  ,  je  pense,  une  autre  raison 
«imaginée  par  le  même  rhéteur.  Il  n'est  rien  de  plus 
suspect  que  la  renommée  ,  dit  Démosthène  ;  et , 
là-dessus  ,  il  fournit  des  preuves  de  barreau  en- 
tièrement conformes  à  son  métier.  D'abord,  dit-il, 
la  maison ,  au  bourg  de  Colone  ,  appelée  maison 
de  Démon ,  porte  un  nom  faux  ,  puisqu'elle  n'est 
pas  à  Démon.  L'Hermès ,  appelé  l'Hermès  d'An- 
docide  [i5] ,  n'est  pas  une  offrande  d'Andocide  , 
mais  de  la  tribu  Egéide.  Il  se  cite  lui-même  pour 
faire  rire;  c'est,  en  effet,  un  homme  si  agréable  et 
si  plaisant  dans  les  sociétés  I  à  moins  ,  ajoute-t-il , 


4o6  HARANGUE  DESCHINE  CONTRE  TIMARQUE. 

que  moi-même  je  ne  doive  répondre  à  la  populace, 
quand  elle  m'appelle  Batalus,  surnom  que  je  dois 
aux  caresses  d'une  nourrice.  Si  donc  Timarque  a 
été  doué  d'une  belle  figure,  et  si  c'est  pour  cela 
seul,  et  non  pour  ses  désordres  ,  qu'il  est  décrié  , 
est-ce  une  raison ,  dit-il ,  de  le  diffamer  juridique- 
ment? 

Voici  ce  que  je  vous  réponds ,  Démosthène.  Le 
public  n'est  pas  d'accord,  et  les  discours  varient, 
quand  il  n'est  question  que  d'êtres  inanimés  ,  de 
maisons ,  d'offrandes ,  de  tous  ces  objets  ,  en  un 
mot ,  qui,  n'étant  pas  susceptibles  de  vice  ou  de 
vertu,  font  qu'on  en  parle  suivant  que  la  personne, 
qui  a  avec  eux  une  relation  plus  ou  moins  pro- 
chaine, est  considérable.  Mais,  quant  à  la  vie  des 
hommes ,  à  leurs  actions  et  à  leurs  paroles  ,  une 
renommée  vraie  et  nullement  trompeuse  se  répand 
d'elle-même  dans  la  ville ,  annonce  au  peuple  la  » 
conduite  des  particuliers,  et  même  prédit  l'avenir. 
Rien  de  plus  évident  et  de  mieux  fondé  que  ce  que 
nous  disons  ici  de  la  renommée  :  nos  ancêtres  lui 
ont  érigé  un  autel  public ,  comme  à  une  grande 
déesse  ;  Homère  répète  souvent  dans  l'Iliade ,  avant 
qu'il  arrive  quelque  événement  de  marque  : 

La  prompte  Renommée  a  parcouru  le  camp  [16]. 
f 

Euripide  déclare  que  cette  déesse  fait  connaître, 


KATA  TIMAPXOT  AoroS.  4^7 

yiXotoç'  il  fjLYi  xeu  îLte  <fc?,  (pwriv,  vwcolouuv  rois 
o'vAois,  p.y  A>jjttQ3"fkvnv  k<z\ovjjlivov  ,  &AA2.  BcitccAov, 

OTt  T<XUT»V  g£  V'XQTLOpKTlLcLTQÇ  T/VOS  TiT$ï\Ç   ZW  iTCGù- 

VVfllùLV  é'%0.  E<'  «^  TlV*P%°*  «p0""0*  eVgygT0  >  ^^ 
<7X,07TTgTûU  TV  TOV  Ttrp&yfJLOLTQÇ   <Nct£oAÎ?  ,  5C|  p.>]  TO/S 

clvtov  epyoïç ,  ou  «^Ti^rou  JW  tout'  clvtqv  <p>ja"i  «Nr/ 

GVfJLQOpCt  TCSplTCtaBlV. 

'Eyœ  J^e ,  ai  A^o j9gv>i£ ,  *7rsp<  £iev  tov  ctyct9>i4aotT«y, 
xcu  Tœv  oikicûv  ,  x.ct/  -zzrep*  rav  jcnijUctTûM,   Xj  TTotvTûîV 

q\CùÇ   TûJV    Ct(pû)Vû)V,   WOWOVÇ    X.CLI    WOLVT0OXW0VÇ   XCLl 

ou&sroTg  tous  autour  &xovœ  Aoyous  Agy9kugyous.  Ou 
yctp  e<o*/v  gy  ccutojs  ouTe  jc&Aou ,  ourg  ct<o"^pct<  srpx- 
£ziç ,  aAA*  o  Trpocrcfvl/cCjagyos  clvtcùv  xcli  TrapctTu^av , 
oVns  iv  f,  jcctrx  to  ^gygS-os  ty\ç  clvtov  fiofyç  Aoyov 
woLptyii'  wepi  <N  tov  rav  av3-pû>7r0v  /3<ov,  tlcli  Aoyov 

XCLl  TCLÇ  WpcL%ZlÇ  ,  XCLl  <£%}/gu6V  TJ£  CtVo  TCtVTOfXcLTOV 

wXclvclïcli  qwfjL»  xcltcl  t»v  vco\rj  ,  x.eu   JWyygAAg/ 

TO?S  SToAAoïs  TCLÇ  lâlCLÇ  TSTpcL^llÇ'  TSToWcL  J^g  XCLl 
\).CUTi\)iZCLl  *7T6p<   Tav  ^ugAAovTûjy  go-go-9ot/.  Kctf   OUT0S 

gyotpyg^  eVn  xctt  ou  TrgTiAûto-^gvov  o  Agya,  ao-9'  sup>io-gTg 
xcli  thv  sroAiv  u^av  xcli  tous  nrpoyovovç  ®V\LIV\Ç ,  CùÇ 
Sgou  /^gy iGTviÇy  jSû^iov  /ojpu/^gvous*  x.gu  toy  Opipov  ttoA- 
Axx/s  g'v  tî?  IAictô\  Agyoyrot,  srpo  tov  ti  Toi  ^gAAov- 

Tay  ygyga-3-cct, 

7LCLI    WcLArj     TOV     EupiTTKÎVfV    Ct7T0(pflt/y0/Xcy0V  T>|V    5gov 


408  kata  riMATxor  Aoros. 

'•    TCLVTW  QV  fZQVOV  TOUS    ÇJiùVTCLÇ  ifjLQclVlfylV  ^WCLpLim  y 

e      *  /  ,\  /  1  W'Vi'    ^1.1 

OWQtOl    TtVZÇ    CLV  TVy)^CLVû)(TlV   OVTtS  ,   4,AACL   JCCU    TQV$ 

I  f/  v  I 

ydf 

JlcXXot    (Çtjf&tÇovo-C  B-îqç  vv  riç  ittÏ  y.ui    ttùitj, 

Kùli  tovtccv  ras  TrowfjLcLTcev  tous  /xgv  tvtr^vifioms 

n   p  I  ri  9  I  i\  I  \ 

f6s^icû)toTcL$  et>p»<7êT2  tnoLinzcLÇ  ovt cl$  zrcvsTtç  yctp 
oe  S"Y\[iocricLq)i\oTiiJLoi  nrcLpcLTM  ay&Gîs  <p>ifJL>§^  »youv- 
Toti  t»v  J^&y  TtofiiîïaQoLr  oïi  J^'  cuV)£pos  z<rTtv  o  $jos, 

OU  TlfJLCûCTl  TYIV  StOV  TflWDfV  X,aiT>iyspOV  y&p  fltUTJJV  cttfoc- 

Vûcrov  ep^gjv  jfy0^'1"*'-  'Avctj&v>Kr9>jTe  ouv,  ai  ccyfyes, 

TIVf    xe^p>10-9ê  (pfyHH  *7Tgp/    T//JLApJ£Otl.  Ou%  <*,/£&  TOU- 

yo^ot  Àeysrot/ ,  jccu  to  ipooTYincL  eu9us  Ipûoz&zûLt,  Yloioç 

TllACLfXQÇ'j  0  '7C0pW>' EwtlTûL)  £«  JH.6V  fAOLpTVpOLÇ  TTctpîl- 

%opiy  wgpt  tjvos,  îiiKrTw&T  ct'y  j-tor  ee'  ^e  T»y  5eov 

fJLOLpTVpci  WcLpî%0[XaLl,  OV  WKTTZVGtTî  $  W  OUOe  -\[/6U- 
dofjLcLpTUpiSiv  9e /JUS  6<7T*V  ^/O'X.Jï^ûLffôfltl. 

'E-Tre*  jccti  (  wipi  ry\$  A>î/*oo-9gvous  eVavufucts  )  ou 

3CCtX.&7s  U7TO  T^  $H/ttfS  ,  CCÀA'  OU%  U7TO  T?S  TIT^Ç  , 
BctTûtÀOS  WpOG-CLyopiViTûLt y  i%  OLVaLvdplCLS  TMÇXCLl  X/- 


HARANGUE  DESCHINE  CONTRE  TIM1RQUE.        4°.  \ 

non-seulement  les  vivans,  mais  encore  les  morts , 
quand  il  dit  :  la  Renommée  ne  permet  pas  que  (a 
vertu  soit  ignorée  „  même  dans  les  entrailles  de 
la  terre.  Hésiode  la  représente ,  en  termes  formels, 
comme  une  déesse  ,  lorsque ,  s'expliquant  claire- 
ment pour  ceux  qui  veulent  l'entendre,  il  dit ,  dans 
un  de  ses  poèmes  : 

Par  la  voix  des  peuples  formée  , 
Fille  du  temps  ,  la  Renommée 
Pourrait  elle  jamais  périr? 
Elle  est  déesse  ,  et  ne  saurait  mourir. 

Tout  homme  qui  a  mené  une  vie  honnête  et  dé- 
cente, fait  l'éloge  de  ces  poèmes,  parce  que  quicon- 
que est  jaloux  de  l'estime  publique  ,  attend  sa 
gloire  de  la  renommée  ;  au  lieu  que  ceux  qui  ont 
vécu  dans  le  désordre,  n'ont  garde  d'honorer  cette 
déesse  qui  est ,  pour  eux  ,  une  accusatrice  immor- 
telle. Rappelez-vous  donc ,  Athéniens  ,  quelle  idée 
la  renommée  vous  a  donnée  de  Timarque  !  Dès 
qu'on  prononce  son  nom,  ne  demandez -vous  pas 
aussitôt  :  Quel  est  ce  Timarque?  N'est  -  ce  pas  cet 
infâme  débauché?  Et,  après  cela,  vous  ajouterez  foi 
à  mes  paroles ,  si  je  produis  des  témoins  sur  un 
fait  ;  et  vous  ne  me  croirez  pas,  quand  je  produis , 
pour  témoin ,  une  déesse  contre  laquelle  on  ne  sau- 
rait s'inscrire  en  faux  ! 

Quant  au  surnom  de  Démosthène  ,  c'est  la  re- 
nommée ,  et  non  sa  nourrice ,  qui  l'a  fait  appeler 
Batalus  ;  sa  lâcheté  et  sa  mollesse  lui  ont  valu  ce 


4 10         HARANGUE  DESCHINE  CONTRE  TlMARQUE. 

nom.  En  effet ,  Démosthène  ,  si  on  apportait,  au 
tribunal ,  vos  habillemens  somptueux  et  délicats  * 
ces  belles  manches  flottantes,  dans  lesquelles  vous 
écrivez  contre  vos  amis  ;  si  on  les  faisait  passer  aux 
juges ,  je  pense  que ,  n'étant  pas  prévenus  ,  ils  se- 
raient embarrassés  de  décider  si  c'est  le  vêlement 
d'un  homme  ou  la  parure  d'une  femme  (a). 

Il  paraîtra  encore,  à  ce  que  j'apprends,  pour  dé- 
fendre Tiinarque  ,  un  de  vos  généraux,  qui  porte 
la  tête  en  arrière,  qui  se  contemple  et  s'admire  lui- 
même  ,  homme  formé  à  tous  les  exercices  du  corps , 
et  qui  fréquente  la  bonne  compagnie.  Dans  le  des  - 
sein  d'attaquer  le  projet  même  de  cette  accusa- 
tion ,  il  dira  que  c'est  moins  une  matière  à  juge- 
ment que  j'apporte  au  tribunal ,  qu'un  moyen  de 
ruiner  la  politesse  de  nos  mœurs  [17].  Peu  content 
de  citer  l'exemple  d'Harmodius  et  d'Aristogiton  , 
qui  nous  ont  rendu  les  plus  grands  services ,  de 
rappeler  leur  attachement  mutuel  et  inviolable,  et 
les  grands  avantages  qu'en  a  tirés  cette  ville,  il  ira 
même  ,  à  ce  qu'on  dit ,  chercher  des  autorités  dans 
les  poëmes  d'Homère ,  et  fera  sonner  les  noms  des 
héros  les  plus  célèbres.  Il  vantera  l'amitié  étroite 
d'Achille  et  de  Patrocle ,  et  louera  ,  aujourd'hui  , 
la  beauté ,  comme  si  elle  n'était  pas  regardée  ,  il 
y  a  long-tems,  comme  un  avantage  désirable,  lors- 
qu'elle est  jointe  à  la  sagesse.  S'il  est  des  gens  , 

(a)  Eût-on  jamais  cru  que  l'austère  et  véhément  Démosthène  fût  cu- 
rieux de  sa  parure  ? 


KATA  TIMAPXOT    AOroS.  411 

voaoîicLÇ  inyiLcL\km$   toi/vo^gc.  ki  yaip  tis  aov  tcl 

KOfJL-^CL    Z(VJTdL   ^XoLVHTKlCL    vrtf>tt\OfJLîVQS ,    XOtl     TOUS 

fjLcLXcLitovç  %ncon<TK0vç ,  ey  o<s  tous  &ocTtf,  T<»y  <ptAû>v 

Aoyous  ypcLQus ,  7iep/sveyx,cts  <Poin  u$  tclç  'XfipcLS  t<»v 

«  »/  ->\       »      *        »/  \  \ 

^/jcoco-Tûjy ,  ojo^ot*  otv  clutqvç  ,  et  tjs  ^vi  ■arpoej^ray 

touto  -zzro wre/ey,  a/7ropnotti  e/    Te  ayopos ,  et  ts  yvvote- 
jcos  etA»(pot<7tv  eo"^»Tflt. 

'Av^SjICgTCt/  <N  e'v   TW    CLW0\oyicL  TtCtl  tZv  (TTpCCTJJ- 

ya>y  tis,  oïs  ctx,oua>,  fj'TrricL^m  3cct*  x.*Tcto,x>o7iou/xeyo^ 
iaiuTov ,  «s  e\  ticlXclUtçclis  jccu  S^tcLTp&cL.s  ysyovajs, 
o$  iTti^zipyiau  âioLcrvpuv  t>îv  ÔA»y  gycrToto-jv  tou  ctyûTvo*, 
ou  x,p/<nv  e^eupw.vcu  £te  <p<x<rx,û>y,  ctÀAct  J^e/vïs  ctTrctt- 
ùivorictç  ctp^»v  TrocpoKpepcyv  7rp«iov  ^tev  tous  eugpyetûts 
tous  vfJLtTîpovç ,  'Ap^o^iov  jcou  'Apj(7Toye<Toycc ,  x,ou 
T>jy  srpos  <*  AA>iAous  Tjcrnv,  x.ctt  to  wpayfjLCL  aç  crv- 
rmyvji  ry  -uroMi ,  J^s^jojy  o ux,  ct<pg£eTûU  J^ ,  a? 
q>cL(riv9  ou<?e  xafv  *0[JwpQv  7ro/»//.ctTû>y,  ou^e  TaTy  oyo/^otiûjy 
tûjv  npaiitov ,  aAAot  xcti  T«y  Aeyo/Jiey>ty  ygye<r9cu<p/Aioty 

JV   tfCOTdL   IlctTp0X.A0U    XctJ    ' h^lWtCàÇ   VfJLVVKTtl  ,   X.&/ 

to  jtaAÀos,   ûJ0-7Tcp   ou  TtaXcn   fxotxctpiÇo^ueyov,  cty 
tu^m  o-ûxppocruviis,  yuy  eyx^tuotcreTcti.  E/  yctp  T»y     * 


4ia  kata  timapxoy  Aoros. 

TOV  (TCCflCLTOÇ  iV7rpiGnicLV  TCLVTM  TlVîÇ   JWÊctÀÂOV- 

\         ~    tl  i  »  * 

Tg£,  (TVfAQopCLV  TOIS  î*)(0V<Il  XCLTcLO-ZyŒQVatV  ,  OU  TO.UTCC, 

5co/v>»  -vj/»<|>fgto-3ou  (p»o-ou(nv  u^txs,  cl  koli  ioicl  wyj.- 
gBcli.  '  Ato'ttov  y*p  en/eu  ,  a>$  S^oxiTv  ictvrcùy  et  tous 
^tev  ujg/s  Toi/$  fJLwi7TG0  yzyovoTaç  cl7Ccutzç  svyjvS-t, 
o!  fjLtWovTtç  woadowoiiï<r3cLi ,  x.*Aous  xa.ycL$Gvç 
ras  \fccLÇ  Qvvcti  ,  x,ou  T>îs  ttoAs^  dïiovç*  tous  J^ 
7iwi  yzyovoTaLS ,  e<p  o<s  zrpo<ryix,u  <n[xvvvs<7d-cLi  mir 
7îoÀ/y ,  g&v  x,aAÀ£j  jccu  a>pcc  oNjgvgyxovTgs  cjcti Ayi^ccai 

\  I  *y    il  I  i 

11VXÇ,  xcti  ^gptjxotp^jjTo*  eç  gpajTss  ytmvtcu,  toutous, 
Js  eontev,  Afo-^evw   ***gja-3gvT£S,   cltilicùgztl   Kccv- 

Totu-3-ot  «N  T/va  3CCLTot<îpop.)|V,  û?S  COCOUÛ),  fJLtAAU 
mpi  8/jlou  7:o/eTo-d-ot/ ,  eîrepû>Tû>v ,  g/  oujc  ot/o-^uvo^ott, 
cturos  ^tev  ev  rotç  yvfiycLG'iois  o^Aypoç  m  xcli  tïAîi- 
<rra)v  tpcLVTYiç  ysyovûJS,  to  JNe  'arpay^ct  gts  ovs/oos 

5CC61    )CJVC?UV&US     X,Ct3fOTUS  ,    JCCU  ,    TO     TgÀgUTflUOV ,    «V 

sc.3retyygÀA.ou(n  Tms  ^o/,  g*s  ygÀaTot  x,cti  À>ipov 
r/yoc  ^poTpssro/JLevos  ujutcts,  iwidiijreoSaLi  jjlov  q>yo~iv 
oo- a  ^tto/ wa.  tpariytcL  g/ s  T/vas  *7rowp..oLTc6,  39  Ào/- 
obpja>v  t/vûjv  x.ct<  ?zrÀ>iyû>v  g?c  tou  tzrpcty/^otros ,  at 
T£pt  gV-te  y£ygv»yTcu ,  iJLctprvptcLÇ  (p>jcrt  •zirctpg^£o-3a/. 
'Eya?  J^g  ourg  gparct   S^ikcliov  ^tyœ,  ovn  rovs 

TLCLAMl  ^/CtÇgpOVTCtS   <f>1jUU  *7rg7ropy£UO-3ct/  ,  OUT     CtUTOS 

Sy  ru  \  t  I  >  \  1     '/  \ 

gÇûtpVOU/XOC/    fJLY)  ov   ytyoviVcLi   ÎÇÛÙTIXQÇ  ,   xeu   «Tl    x^oct 

vuy  gtycu ,  tccs  rg  gx,  tou  Tipay/xcLToç  yiyo/JLîvoLÇ  npoç 


HARANGUE  d'eSCHINE  CONTRE   TIMÀRQUE.         ^l3 

dira-t-il ,   dont  la  malignité  cherche  à  tourner  les 
grâces  du  corps  au  malheur  de  ceux  qui  les  possè- 
dent ,  vous,  Athéniens,  vous  ne  décrierez  pas  en 
public,  par  vos   sentences  ,  des  qualités  que  vous 
désirez  en    particulier.  Il  trouverait  absurde  que 
vous,  qui,  au  moment  d'avoir  des  enfans,  faites 
des  vœux,  avant  leur  naissance  ,  pour  qu'ils  soient 
d'une  belle  figure  et  dignes  d'Athènes,  on  vous  vît, 
lorsqu'ils  sont  nés  ,  et  que  la  ville  peut  se  glorifier 
d'avoir  produit  des  hommes  dont  la  beauté  frappe 
tous  les  regards  et  attire  une  foule  de  rivaux  ,  on 
vous  vît  les  diffamer,    sans   doute  d'après  les  in- 
vectives d'Eschine.  Ici  même,  à  ce  que  j'apprends, 
il  doit  faire  une  incursion  contre  moi ,  et  me  de- 
mander si  je  ne  rougis  pas  de  faire  un  crime  à  d'au- 
tres de  certaines  liaisons,  de  leur  susciter  des  pro- 
cès ,  et  de  chercher  à  les  couvrir  d'opprobre ,  lors- 
que ,  moi-même ,  je  vis    habituellement   dans  les 
gymnases  avec   les  jeunes  gens,  et  que  je  me  suis 
permis  d'aimer  plusieurs  d'entre  eux.  Enfin  ,  à  ce 
qu'on  me  rapporte,  pour  vous   faire  prendre  la 
chose  en  plaisanterie  et  comme  une  bagatelle  ,  il 
vous  montrera,  dit-il  ,  les  pièces  de  vers  que  j'ai 
composées  pour  les  objets  de  ma  passion  ,  et  pro- 
duira les  témoins  des  injures  et  des  coups  que  j'ai 
reçus  à  ce  sujet. 

Pour  moi ,  je  suis  loin  de  blâmer  un  amour  hon- 
nête [18],  et  d'attaquer  les  mœurs  de  quiconque 
est  doué  d'une  belle  figure.  Je  ne  nie  pas  avoir 
aimé  autrefois  ,  et  aimer  encore  des  jeunes  gens  , 


4»4  HARANGUE  d'eSCHINE  CONTRE  TIMARQUE. 

et  je  conviens  que  ce  goût  particulier  m'a  occa- 
sionné des  querelles  avec  des  rivaux  :  par  rapport 
aux  vers  qu'on  m'attribue,  je  reconnais  une  partie 
de  ceux  qu'on  me  donne;  mais  je  désavoue  les  au- 
tres comme  étant  supposés.  Aimer  des  jeunes  gens 
distingués  par  leur  beauté  et  par  leur  sagesse,  c'est, 
selon  moi,  la  marque  d'une  âme  honnête  et  sensi- 
ble ;  acheter  et  payer  quelqu'un  par  libertinage  , 
c'est ,  à  mon  avis ,  le  fait  d'un  cœur  vil  et  cor- 
rompu. Il  est  beau  d'être  aimé  sans  se  prêter  au 
crime  ;  se  prostituer  pour  la  débauche ,  est  une 
chose  infâme.  Combien  ces  deux  amours  sont  dis- 
tingués l'un  de  l'autre ,  et  combien  ils  diffèrent 
entre  eux  I  Je  vais  essayer  de  vous  le  prouver. 

Lorsque  vos  pères  ont  porté  des  lois  sur  les  dif- 
férens  exercices  ,  sur  les  goûts  naturels  bons  ou 
vicieux,  ils  ont  interdit  aux  esclaves  ce  qu'ils  ont 
cru  convenir  à  des  hommes  libres.  Un  esclave  , 
dit  la  loi ,  ne  s' exercera  pas  dans  les  gymnases  ; 
elle  n'a  point  ajouté  qu'un  homme  libre  s'y  exer- 
cera. Car ,  en  interdisant  aux  esclaves  les  exercices 
gymnastiques ,  qu'il  regardait  comme  honnêtes,  le 
législateur  a  pensé  que  la  même  loi,  qui  en  excluait 
ceux-ci,  y  exhortait  les  autres.  Le  même  législa- 
teur défend  encore  à  un  esclave  d'aimer  et  de  sui- 
vre un  enfant  libre  ,  sous  peine  de  recevoir  publi- 


kata  timapxot  AOroz.  4*5 

iroapovç  <pt\omx.iaç  kcli  ,ux%#s  OVK  £pJoZ[XcLi  \).y\ 
ovy)  <rvfxÇiiÇ>y\-itvjcLi  [loi.  riept  J^e  TûTy  'nmnzTm ,  3k 

QcLfftV  0VT01  fit  '7Ct7r0lV\MVcU ,  TOL  fjiiV  OfjLOAoyCû ,  Tct 
J^g  g?GtpV0U/X0t/  .tt»  ToCTOV  ép^g/V  TOV  T*p07rOV  ,  OV  OUTOf 
S'KtiQS'i.lûcaTîÇ  TCcLpt^OVrcLl.  'Op/^O^Otf  J^  gfva/  TO 
fJLiJ    tpcLV    TûûV     XCtAcû'J    JCCU     GOùQçOVW      (Ql\aLV3pCi)W0V 

•zf&.jo$  x,cti  guyvûJttovos  -v^X^  >  to  <J^g  cto~2Àya/yg/v, 
apyusiou  tjvo,  juuo-9ot>4agvov,  uêp/oTotT  x,a*  cltvoli^vzov 
âvdpQÇ  gpyov  givcu  YiyovfjLcu.  Koli  to  [Jtgy  cLdicLQd-opaç 
tpxeQzi  <p»fjn  jcotÀov  s/yct* ,  to  J^g  g7rotf  5gvT<x  fxiad-cù 
wz'7ropvèva-d'cn  ,  ctiVp^pov.  Ocov  J^g  g'xargpoy  toutûjv 
asr  <xÀA>jÀ0y  J^gtfTyjjts ,  x,cti  as  tzroÀu  JWcpgpgt,  gy 
to??  g<fg£>îs  J4acts  nupcLŒOfjLZi  Aoyoïç  S^tiïcco-Mtv. 
Ol  yap  -Grands  v/xw ,  o5'  uVep  T^y  lwirv\§iv- 

[JLCLTûùV    7LCLI     TCCV     g'x,    QvatCôÇ    OLVCtyKCLiœV    7LOLXGÛV    XCLl 

ayaLBœv    îvo^oS-îtow  ,    à   Toiç   iAtvBepois   yyovyro 

ilVOLl    KpOLlLTeaL,    TOLVTOL    TOIÇ    S^OuAoïÇ     CLWil'&OV    p} 

710/gTv.  AouÀoy,  cp>icr*v  o  vofioç ,  [ayi  yvfjLVcLfyaiïeUy  findt 
£*pctÀo<(pg*v  gy  Totts  zrcLAcLKrTpcuç'  x.ott  oJjc  gT* 
^poo-gypct-vf/g ,  tov  «F  g'Asu^gpoy  cL\g«<pgo-9ct<  x,eu  yv* 
/Jivo^go-Gcjt/.  'OsroTg  yap  0/  vo^oGgra/ ,  to  jtaAdy  to 
gx,  tû)v  yu^vcto-tav  x,ctT<obyTg£ ,  cLwuwqv  to7ç  dov- 

AotÇ  [J.y\  fJLiTV)(llV  ,  TGÙ  CLVTCû  VQfJLCà  Y\yOVVTO ,  Z  tKtt- 
VOVÇ  g)CûJAl>0V,  T0KS  gAgU.7gp0l>£  TTpOTpgtSTg/y  ÎWi  ToL 
yvuvaLGiaL.  FIctÀ/y  0  clvtos  OVTOÇ  gi-zzrg  VO/AoStTW 
AouÀoy  gAgu9gpou  *7rct*ob$  /x»  epoov,  [x»z  tnoLKoAovQiïv, 


4ï6  KATA  TIMAPXOY  AOroS. 

7\  TVTtrîG-S-OLl   TW  £y\fJLO<riCL  [JLeLVTiyi    KtVTYïKOncL  TtAtt- 

ycLç*  ccÀA*  ov  rov  eÀeuâ-epov  éx,û>Àtio-gv  epccv,  tlcli  ofu~ 

\i~Vy  KCLI  cÔt0À0l>9iïV  Ovâî  @\clÇ>W  TCù  TtTcLldl  ,  aAAcc 
flOLpTVpiCLV  GCùtyQVVnÇ  V\yV\<TCLT0  (TU{JLÇ>CUVUV.  AKVpûV 
«K  y  oîfJLOLl  ,  JCCU  âiïvVOLTOV  îTl  OVTQÇ  XpiVOLl  TOV  0VTû)$ 
eUVOUV  )CflU  jU»,  TOV  tpOùVTcL  GCûQpOVlCfl  ,  3CCt/  TOUS  T>îS 
(ptÀ/OCS   ÀOyGUS    €<S    TtfV    (ÇpOVOVGOLV    7LCLI    Hrpt<T^VTèpoLV 

yAix-icLV  avctêocXAeTûcr  to  J^'  gVtfxoÀot>3av  3tcu  ecpo- 

pctv,  (ppoupav  xcu  (pi>Àct3c>iv  acoQpoo-vvyç  yiynaaLXo  eivcu 

//.êyjGTîiv.  ToiyoLproi  tous  t>is  tioAîccs  [uv  wtpyex<içy 

rcCiç    y  ccpîToiTç    uwîptwo')(jQTaLÇ ,    'Apjao&ov    3tSt* 

Ap/ o~Toy et tov a. ,  o  aaxppm  tlcli  îvvo/jloç }  im  épata, 
»/.  •        i  »    \         \  ~  f  »      / 

tlTî  TpOWOV  CLVTOV  %p>1  'XpOCrZlTCtlV  ,  T0/0UT0US  èXCLi- 
6\u(76V  ,    «(7T£    TOUS    tWOLlVOVVTOLÇ    TCL    ÎKîlVCûV    îpyct  , 

XCCTctÔWTepOUS    iïo'AUV    ZtVOLl    iv    T0?S    îyKOùfJLlOlÇ  TCûV 

s       I  I 

€&avo/s  wî7rpcLy/jLiwv. 

X,Ctt    'OpipOU,    JCCU    ÉTgpâJV    VTOWTM,    CàÇ   TM    fjLîV   JV 

3CCtOTû)V   CLVyiKOCCV   TlCLldilCLÇ  OVTCûV)  V/XîlÇ    0€   ZVO")(Y)fJL0n$ 
~    .        a-  \    t  ~  f  ( 

Ttves  tfpotrmuiarSt  aveu  y  xcli  w&z^QVovmç  lanopicL 
tov  J^jUov*  /v    glotte,  oti  xct/  y\iiuç  il  y\ov\  vhlov<tclu.îv 

3CCU    ilXCLd-O/JLtV  y    \î%0[JLiV   Tl    KÛLl    tiflllÇ   *7rzp\TGVTO)V. 

'Ewtidyi  y&p  ÏTiriyîipovGi  <pi\ocro(QcùV  cLvdpœv  [LtfJLVTi- 
o-5ot/ ,  Jtct/  x,otTcL(pgL»yetv  e^r/  tous  zipyntvovç  ev  tû> 
ixirpcù  XoyovÇy  d-ecopvwaLTe  dwo&Aî^cLvreç ,  ce  Afiu- 
voc?o/,  «^  tous  o[xoAoyovu,tvcùç  otyaSous  ?cot/  ^p^o-Tous 


HARANGUE  d'eSCHINE  CONTRE  TIMARQUE.         4l7 

quenient  cinquante  coups  de  fouet.  Mais  il  n'a  pas 
défendu  à  un  homme  libre  d'aimer  un  enfant  li- 
bre, de  le  suivre  ,  et  de  converser  avec  lui,  per- 
suadé que  cet  attachement,  loin  de  faire  tort  à  l'en- 
fant ,  était  un  témoignage  de  sa  sagesse.  Comme 
il  est  encore  dans  un  âge  tendre ,  peu  capable  de 
distinguer  un  ami  véritable  d'un  faux  ,  le  législa- 
teur donne  ses  avis  à  celui  qui  aime  ,  et  réserve , 
pour  celui  qui  est  aimé ,  ses  leçons  sur  l'amitié  à 
un  âge  plus  raisonnable.  L'attention  de  le  suivre  et 
de  le  veiller,  il  l'a  jugée  la  plus  sûre  gardienne  de 
sa  pudeur  et  de  sa  modestie  [19].  Aussi,  Athéniens, 
ces  deux  héros ,  qui  ont  si  bien  mérité  de  la  répu- 
blique, cesdeux  hommes  si  distingués  par  leur  cou- 
rage ,  Harmodius  et  Aristogiton ,  c'est  un  amour 
honnête  etlégitime(soitqu'il  faille  l'appeler  amour, 
ou  une  heureuse  sympathie)  ,  c'est ,  dis  -  je  ,  un 
amour  honnête  qui  les  a  formés,  et  les  a  rendus 
tels,  que  ,  dans  les  éloges  qu'on  fait  d'eux  ,  on  pa- 
raît toujours  au-dessous  de  l'action  qu'on  célèbre. 

Mais  puisque  les  adversaires  parlent  d'Achille  et 
de  Patrocle ,  d'Homère  et  des  autres  poètes ,  comme 
si  les  juges  ne  savaient  rien;  puisque  ,  affectant  une 
certaine  gravité,  ils  se  piquent  d'avoir  plus  de  con- 
naissances que  le  peuple, il  faut  qu'ils  sachent  que 
nous  sommes  un  peu  instruits  nous  -  mêmes  ,  et 
que  nous  avons  appris  quelque  chose.  Nous  allons 
donc  parler  poésie,  à  leur  exemple,  et  citer  les 
maximes  en  vers  des  poètes  regardés  généralement 
comme  les  plus  philosophes  et  les  plus  vertueux. 

t.  m.  27 


4  I  8  HARANGUE  d'eSCHINE  CONTRE  TIMARQUE. 

Or,  voyez,  Athéniens,   quelle   différence    ils    ont 
mise  entre  ces  hommes  sages ,  qui  aiment  leurs  pa- 
reils, et  ces  âmes  corrompues  et  libertines  qui  se 
livrent  à  des  penchans  infâmes.  Je  ferai  d'abord 
mention  d'Homère,  que  l'on  met  au  rang  des  poètes 
les  plus  anciens  et  les  plus  éclairés.  Quoiqu'il  parle 
souvent  d'Achille  et  de  Patrocle,  il  ne  dit  pas  un 
mot  d'amour,  et  ne  donne  pas  de   nom    à    leur 
amitié  [20] ,  persuadé  que  leur  affection  récipro- 
que ,  si  peu  commune,  se  fait  sentir  à  toutes  les 
personnes  instruites.  Dans  un  endroit  du  poëme  , 
Achille,  déplorant  la  mort  de  Patrocle,  se  rappelle, 
comme  une  des  circonstances  les  plus  affligeantes, 
qu'il  a  manqué,  malgré  lui,  à  la  parole  qu'il  avait 
donnée  à  Ménétius,  père  de  Patrocle,  de  ramener 
ce  cher  fils,  s'il  le  lui  confiait,  et  s'il  l'envoyait  avec 
lui  à  Troie ,  de  le  ramener  â  Oponîe ,  patrie  de  ce 
jeune  héros  ;  ce  qui  annonce  qu'il  s'était  chargé 
par  tendresse.,  de  veiller  à  sa  conservation.  Voici 
les  vers  qu'on  va  vous  lire. 

"Ve  r  s. 

«  Hélas  !  que  mes  paroles  ont  été  vaines  en  ce  jour,  où, 
»  rassurant  dans  son  palais  Ménétius  alarmé ,  je  m'en- 
»  gageais  à  lui  rendre  son  généreux  fils ,  à  le  ramener  à 
»  Oponte ,  vainqueur  de  Troie,  et  chargé  d'une  partie  du 
»  butin  !  Mais  ,  sans  doute  ,  les  dieux  ne  remplissent  pas 
»  tous  les  désirs  des  hommes  ,  et  il  est  marqué  ,  dans  leurs 
»  décrets  éternels ,  que  Patrocle  et  moi  nous  rougirons  la 
»  même  terre  de  notre  sang  ». 

Mais  ce  n'est  pas  seulement  dans  cet  endroit  , 


kATA  timapxoï  Aoros.  419 

TtrQtYlTcLÇ,  ocrov    WfcœpicrjcLi    Mopicrciv     rovç    rraxppo- 

VOLÇ  ,  KCLl  TCûV  OfXOlCùV  ïpCàVTeLÇ  ,  7CCLI  TOVÇ  CLKpcLTilÇ 
CÛV    OU    ^pîl,    7CCLI    TOVÇ     Û&plO-TOLÇ.     At^û)     <3fe      TTpCàTOV 

[jav   zîrîpi     Otwpov,   ov   ev    rois    ^ps<rbt/raTois    tloli 

(TOQœTCLTOlÇ     T5v      tfOlVlTCûV     tlVOLl      TotTTO^gV.     'EjCsT- 

vo$    yoLp    sroÀÀct^ou   fjLZfjLVHfjitvoç    tjrept    n&TpoxAou 

fccU     A^tAÀêaS  ,   TOV   [JLîV   tpCùTcl   X.Gtf    TV\V   înœVVfJUOLV 

>     ~         ^  -  I         f  /  r       f  \ 

ctyrûjy    t>is   (ÇiXiclç  uwQx.f>vwTiTcii ,  nyovLizvoç   tclç 

TM  WVQICLÇ  VWif)Ç>0\aLÇ  XOLTCLQcLViTs  ElVctl  TQIÇ  Kt- 
*7CcLldtl>fJLiV0lÇ   TtoV    ajtpOfitTûîv.    Aîyu   yctp   KOU    A%/À- 

Àeus,  o()vco[±tvoç  tov  tolT  n&TpoxAou  -S-ctvctTov,  aYw 

T/  ToûVo  T0V    \vWy]pOTClLTCôV    aW/Z/aVJKJJCO^fcgVO^,    OTC 

t»v  V7roo")(î(nvy  t>iv  -zzrpo^  rov  TZ&TipcL  tov  lloiTpojtAst/, 
tov  Mcvomov,  cijcûjv  ^gi/craTo'  e^ay^s/Àcco-Occ/  yap 
cturov  ei's  'Oarot/viot  câoy  dwa^ai  tcv  rïctrpoxAov  (  >Tv 
yctp  Orrouvr/os),  €i  eru/X7î6fJi^}/£/gv  cti/Tov  tiç  thv  Tpo/av, 
JCCtl  7rccpocx.ct.Ta3-o tvo  OLVTCà'  Où  KCLTcMQcLnS  60TJV,  CùS 
.JV  t  parce  T))y  intfjLî\aaLV  clvtov  'TrctpeÀctêsy.  Egti 
dxg  tcl  twyi  y  a  tycù  vtw  ixiaAcû  Aiytiv 

Cl  iroirtt  ?  *)  p*  otXiei  fxoç  tK@*Xû)i  vj^ctTi  Ktlrqt^ 

Qufxrûvav  îfoiet  Mivoîriov  tv  /utyccpotTt. 
<I>ij»  £t  01  ttç  'OzrâtiTec  zrtQiKXvrov  vîo*  et7rct%ti)> , 
vIA<fl»  ÎKzrîfTcttra,  Xec^ovret  rt  Xtj'tàoç  uia-av. 
*AAA'  où  Ztùç  eitâptovi  votipctrtc  volvrct  rtXiVT*' 
vAfc(Çû>  yàp  nl-zrfoiTcti  ôfcùltjt  yctlxi  iptvB-ttr. 

Ov  Totvuy  ijTcLvd-cL  fio"joyj  (T^irXict^av  (P&iktcli  , 


420  KATA    TIMAPXOT  AOrOS. 

aAA*  ovtoùç  clvtov  ia%vpœç  iTnvSwtVy  ghjti  w&pcL  0e 

ïldoÇ  ZWS  CLVTOV  [J.YlZfOÇ  Wf>0CLX0V<TCLÇ  OTf,  fJW  /JlgTgA9û)V 
jjlîv  rovç  i^d-povç,  CtW'  icLG&Ç  CLTl{J.G)pV\TOV  TOV  TOV 
TlctTp0X,\0V  ScLVCLTOV  ,  i7tctVî\d-CùV  ODLCL^S  ,  yypcLlQÇ  6V 
Tïj  CLVTOV  TÏCLTpidl  CLWoScLVUTcLt  ,  TUACûpVtfTcLUtVOS  J^g  , 
JW  TCLyj.m  LLîWil  TOV  /ZlOV  TgAgUTClV,  ÛAiTO  TY\V 
TOV   Ti^VîCùTOÇ   W10~TIV    LICLWOV  ,  7}  TY)V   GCûTYlplcLV     OV- 

tûjs  <rg  jULêyotAO-vf/i/^û)?  /i^reiygro  tov  cpoyea,  tov  gx,g/vou 

TtfJLCùpYjVcLO-'ÔcLl,  CùGTî,  JlCLVTûûV  CLVTOV  TlCLpcL[J.VVOVLLlWV , 

koli  xiAtvovTccv  Aovo-oto-ôct,/  xoc<  ctÎtov  -wpoaiviyytcL- 
<r9ou,  awo/jivvci  LLv\$tv  chv  tovzoùv  tirpot^e/y,  tzrpiv  iv 
t>jv  tou  'Ex/ropos  >cg(pc£.A>iv  esn  rov  tou  YIcltçokXov 
tclQov  gygyjqj.  KaSsvcSbvTos  J^g  clvzov  iwi  tu  ^tvpci , 
as  <f»i(nv  o  -zzro/îmis ,  gfdaAov  I^kttcltcli  to  YlctTpo- 

X.ÀOU,  JtCU  TO/OUTaV  g7Tg/JLV>Kr^>i,  3Ctt/  TOldVTcL  iWi- 
(T^-sJ/g  T«    A^/AAs<  ,   g(p'  o't£  3CCH   ^CLXfVfTcLl  ,  &CU   £>h- 

Aœacn  tm  apsTwv  &ou  t>iv  (p/Atav  a£/ov  clvtûùv  Igtiv. 
Ewi<rw7rTèi   llîv   y&p  clvtcù  ,  •arpoe/TTay ,  or/   ouae 

gJCgtVOS  OtTIg^S/  fJLCVHpcLV  TV\Ç  TOV  @10V  TîXiVTYlÇ)  il  TZÙùç 
ilYI  J^UVOTOV,  'ZZTpO^OiJCÎlO-OCO-^ûC/  07Tû)£  TOV  CLVTOV  TpO- 
7T0V,  ûXJTTgp  Jtotf    tTpcL(Ç)VI(TCLV  XcLl  i^lùùGcLV  IV  TCù  CLVTO)  , 

outû)  x,gu  TgAeuTJic-ayTav  clvtZv  tcl  ogtcl  g  y  tviclvtvj 

(TOpGô    XtMTtTcLt.      OÙvpOfJLEVOÇ    J^g    JCOU     T«.£     JWTp/£&s| 

S^iîfywy  clç  lut  cL\\y\\m  Çcûvtsç  ^uTpi/Zov,  Àeys/J 
oti  ovjl  tTi  srgpi  Tav  [xeyurTCùv ,  acrîêrgp  to  -arpoTcpoy,! 
>cot3-g^o^gyoi  llît  clWviAccv ,  juiovot  owroflgv  raTv  aAA^ 


HARANGUE  d'eSCHINE  CONTRE  TIMARQUE.        l\2i 

qu'on  le  voit  déplorer  la  perte  qu'il  vient  de  faire; 
il  en  était  si  affligé,  qu'ayant  appris  ,,  de  sa  mère 
Thétis  ,  que,  s'il  négligeait  de  poursuivre  les  enne- 
mis, et  de  venger  Patrocle,  il  reverrait  sa  patrie , 
et  qu'il  y  mourrait  dans  une  heureuse  vieillesse , 
mais  que,  s'il  le  vengeait,  il  finirait  bientôt  ses 
jours,  il  préféra  de  mourir,  pour  ne  pas  manquer 
à  son  ami  mort.  Et  même  il  témoigna  un  empres- 
sement si  magnanime  dans  la  poursuite  de  son 
meurtrier ,  que  tout  le  monde,  cherchant  à  le  con" 
soler,  et  l'excitant  à  se  baigner  et  à  prendre  de  la 
nourriture,  il  jura  qu'il  n'en  ferait  rien  ,  avant  que 
d'avoir  apporté  la  tète  d'Hector  sur  le  tombeau  de 
Patrocle.  Lorsqu'il  est  endormi  auprès  de  son  bû- 
cher ,  son  ombre  ,  dit  le  poète  ,  lui  apparaît.  Ce 
qu'il  rappelle  et  ce  qu'il  recommande  à  Achille  , 
est  bien  capable  de  nous  arracher  des  larmes  ,  et 
de  nous  faire  admirer  leur  amitié  tendre  et  ver- 
tueuse. Après  lui  avoir  dit  que  lui-même  n'est  pas 
loin  de  sa  fin  ,  il  le  conjure  de  faire  en  sorte  ,  s'il 
est  possible,  que,  comme  ils  ont  été  élevés  et  qu'ils 
ont  toujours  vécu  dans  le  même  lieu,  ils  ne  soient 
pas  séparés  après  leur  mort ,  mais  que  leurs  cen- 
dres reposent  dans  le  même  tombeau.  Il  rappelle, 
en  gémissant,  les  entretiens  qu'ils  ont  eus  ensem- 
ble ,  lorsqu'ils  vivaient.  Assis  l'un  près  de  l'autre , 
éloignés  du  reste  de  nos  amis  ,  nous  ne  délibére- 
rons plus  ensemble,  dit-il ,  sur  les  affaires  les  plus 


/| 2 2  HARANGUE    DESCHINE  CONTRE  TIM  ARQUE. 

importantes  :  car  il  regrette  surtout  les  marques 
d'attachement  et  de  confiance  qu'ils  se  sont  don- 
nées. Mais,  afin  que  vous  entendiez  les  pensées  du 
poète  dans  les  propres  termes  qu'il  a  employés  lui- 
même  ,  le  greffier  va  vous  lire  les  vers  d'Homère  à 
ce  sujet.  Grefïier ,  lisez  d'abord  la  vengeance  qu'A- 
chille veut  tirer  contre  Hector. 
Vers. 
«  Cher  ami,  puisque  je  dois  descendre  après  toi  chez  les 
»  morts  ,  je  ne  te  rendrai  les  derniers  devoirs  ,  que  lorsque 
»  j'aurai  apporté  dans  ce  camp  les  armes  et  la  tête  d'Hec- 
»  tor  ,  de  ton  superbe  meurtrier  ». 

Lisez  ce  que  Patrocle  lui  dit,  en  songe,  des  en- 
tretiens qu'ils  ont  eus  ensemble  ,  et  de  leur  sépul- 
ture qui  doit  être  commune. 
Vers. 

»  Assis  l'un  près  de  l'autre  ,  éloignés  du  reste  de  nos 
»  amis  ,  nous  ne  délibérerons  plus  ensemble.  J'ai  subi  le 
»  sort  rigoureux  qui  m'était  réservé  dès  ma  naissance.  ïoi- 
»  même ,  illustre  Achille  ,  le  même  destin  t'attend  ,  et  tu 
»  ne  tarderas  point  à  périr  sous  les  murs  de  Troie,  où  tu 
i>  combats  avec  courage  pour  la  belle  Hélène.  Ecoute  ce 
»  que  je  vais  te  dire  ,  et  n'oublie  pas  ce  que  je  te  recom- 
»  mande.  Que  mes  cendres  ,  quand  tu  ne  seras  plus  ,  ne 
»  soient  point  séparées  des  tiennes  ;  qu'elles  soient  couver- 
i»  tes  de  la  même  terre  ,  et  déposées  dans  cette  urne  d'or 
»  dont  ta  respectable  mère  t'a  fait  présent.  Tu  dois  t'en 
»  souvenir  ;  j'étais  fort  jeune  ;  dans  un  transport  de  colère, 
»  par  imprudence  et  sans  nul  dessein  ,  j'avais  tué  le  mal- 
»  heureux  fils  d'Amphidamas  avec  lequel  je  jouais.  Affligé  de 
»  ce  meurtre  ,  mon  père  me  fit  quitter  Oponte  ,  et  me  me- 
»  na  dans  le  palais  de  tes  aïeux.  J'y  fus  reçu  par  le  brave 
»  Pelée,  qui  m'éleva  avec  soin ,  et  m'attacha  à  ta  personne. 
»  Puisque  nous  avons  eu  tous  deux  la  même  éducation,  il 
»  faut ,  Achille  ,  que  nos  corps  soient  renfermés  dans  le 
»  même  sépulcre  ». 


kata  timapxot  Aoros.  423 

tvvQioui  *Ztro9ecvoTocTnv  jyovfjLWoç  thau.  Ivcc  ùz  koli  JW 

TOU    (JLlTùQV  tcLS  yV0û[J.OLÇ  CtJCOf(T)jTc  TOl>  TOfHTOl  ,   ClVc*- 
f  r    ~     «  \  >    >/  \  \  / 

yvaxreTcLi  vjjliv  o  ypaLfjttxaiTivç  tcl  t7Cy\  tcl  wzpi  tov- 
tcùv ,  i'Opjpos  WTroww»  Aeyz  srparov  tcl  Tdpi  ty\$ 

'EfcTOpOS  TlfJLCùpicLÇ* 


;»> 


AAA     é3Té<  ot/v,  <p<A    trctipt  ,  o-«u   t/ff-rtpos'  g/^e     u-a-a  yoticcv  , 
Ou  «re  wpi»  KTifiu  ,  wp»'»  y'^ExTopoî"  «v0«0     îvttitm 
Titrât*  Kott  KiÇetXtji  fttyxév'fcou  <rûo  yovijoç. 

AvctyjvûNnte  cJN>i,  a,  tjrgpj  tou  o[).otcl<$ovç  olvtovç 
ywzo-Qzi  Myu  ev  Ta  Ttzrvoj  o  n&Tpox.Àos ,  jccu  ^rep? 
tov  J^xTpj&yv,  ces  o-uv<heTpi£ov  clWyiAgiç* 

Où  y  dp  irt  Çaol  yt  (piXatr  ùsrctvivHi  îrcttpoiv 
BouXecç  ifypitiot  $ouXtv<ro/Lctr  «ÀÀ*  é/u,t  [ttv  tc>jp 
'Aft<çéxxvt  rrvyipij ,  */V«p  Xet%e  yttfo/tAtvo'v  nip. 
Kui  £t  coi  octjr»  jtolpx,  B-iotç  imux-i??  'A^fAAtw, 
T%lyj.i  ùzro  Tpauv  èvtjytitar  eczroXirB-cu , 
M#pve««tvoy  e![r>ioiç  ' EXiiy  ç  tviK    vjVK.opt.oto. 
'  AAAa  ^é'  to/  éÇï'*,  ff*w  ^'  ïvi  Ç>pe<ri  fïei\Xto  cijciir 
Mij   1/u.cc  eut  eizTctiioB-t  TtB-tjfttvcct  ôcn  *  ,  ' ' k-^iXtev , 

'AAA'  i  tu,  -zrtp  Ti  xect  etûrov  ôftott]  ycttcc  KtKtuB-*) 

'     •      •     ^  *»        '  '  '  ' 

Xpwo-îa»  eu  xuÇtyoptt  y  tov  rot  nopi  -z^oritct  fujrtjp. 

iît  ôtcov  irptcÇttcti  zrtp  ir  ùfttrtpotrt  êopiotctv  y 

Eùrt  pi  rvrB-ot  iovret  tAiiolrioç  «|  'Ozrotvroç 

Hyetyt*  vfcirtùôiè* ,  ùvà'poKTUrîrç  vwo  Xvyùqç  , 

'H/lcxti  t£ y   ôrt  "UtCiàtt  kcctÎktxvov  *Ap(Çi£eiucciT0Ç 

N»jV<of  ,  oJ*  id-tXmt  y  *jt*<p'  itTTpttyûXotTi  y^oXot^tiç' 

vE*6tc  fit  èi^&titioç  t*  èevfcetrit  'farzrortc  Tlt)\tvç 

''ErpiÇt  T*  ivduKtùiç  ,  Kcti  roi  S-tpânovr'  o*ôjtcvpt¥. 

Qç    01    KUt    Ôo*Tt*t    Vtf/y     Ôflt)    C-OOOÇ  ettCQtKCtXt/WTOI. 


4H  kata  timapxoy  Aoros. 

£1$  TOIVVV   IpYW  OLV  CLVTCù  (TCûQwoLl    fl»  Zl\J.Cù^(TCLfXim 

tov    tov  ïlaLTpo)t\ov  Oavccrov ,  àvctyvœQi    et  Xiyu  i 

^Q.KÙf^ûfoç  £tj  f*ot  y  tikûs  ,  irtritti ,  ai'  àyoptûtis. 
AÙrUct  yxp  70/  Ï-stutu  /u,tS-'vEx.TOf>x  worpoç  "trotpoç. 
Tyv  «    ethri   Trp'oiT-étcsrt  •zrâèctpx.qs  £7os  'A^AÂévV 
AÔtiku,  reB-yunjv  \%ù  oôx.  af  tpthMy  irtclpot 
Knivofcty»  i'srccftijveit,  o  pot  'ûroXv  cçIXtcatoç  iTKiy. 

0  TOIVVV   OvDîVOÇ  YjTTOV  (70({>0£   TûùV    ïirOlYlTœV  ,  Evpl- 

Ttriiïys  ey   ti  tccv  xcLWio-zm  uVoÀct/xêctvav  iÎvcli  to 

I  »        ~  »  »  ru  I  \         >/  / 

(TûùÇpOVCàÇ  gpOtV  ,  IV   l\)yj\$  fJLîpil  TOV   tpûùTûL  WOlOVfAlVOÇy 

\iysi  wov9 

'O  £*  t]ç  ro  <ra><ppov  izs-3  ùptrijv  r*  ccyav  tpuiç 
ZyiXvtoç  eivS-pazrotriv  ,   m  t'mv  iyco. 

IJctÀtv  Toivvv  o  clvtoç  woiy\Tv\s  ev  zœ  ^oiviyti  clwo- 

1  t  \  «v,  t  ,         es,  \  \ 

(ÇarjETcti ,  vwi$  tyis  yiywYifjLtvvjÇ  clvtoa  ïirpoç  TGV  71  et- 


tîpoi  ^idÇ>o\ylç  aLwoXoyovfJLEVoç  ,  xcu  dwîDi^œv  tovç 
dvDpœiirovç ,  [xvi  g£  i/Wo^cts,  (jw\§î  ex,  J^ctCoÀ^,  cl\\' 

»  ru       nl  \  I  ru        A 

6JC,  TOU   [6lGV,TcLÇ  XÇlO-tlÇ   'OrOlilG^CLl' 

"Yiè**}  £è  •zroXXav  ypt$-qv  Xoytov  x.ptr*]S, 

Ken   woAA'  et  ftiXXq&tvrec  ftctpru  pav  i>7ro 

Tuvoivri    tyvav  o-ufx.yopa.cp.ictc  "zrapa,. 

YLÙyœ  fJt.lt  ourw  ,  x    oa"^^  'io-t*  àyqp  j-otpoj  , 

A oy /<£o pat  râXrjBiç  ttç  ùvàpoç  <poo-/v5 

1,x.07rav  a^lcttruv  qvrty*  i  pis  opiv  irai. 
"Oerriç  eP£  ôpi'AÔûv  vitrât  xetKols  «v»jfl  , 

Otî  -zTcéiroT'  î) pût -y ru, ,  ytyua-Kuy ,  ôri 

Toiovrot  to-B-9  oïour7rtp  y^ireii  %vya>v. 


HARANGUE  d'eSCMNE   CONTRE  TIMARQUE.  ^20 

Lisez  ce  que  lui  dit  Thétis  ,  «qu'il  pouvait  con- 
server ses  jours ,  s'il  négligeait  de  venger  la  mort 

de  Patrocle. 

Vers. 

«  O  mon  fils  !  après  ce  que  tu  viens  de  dire  ,  tu  ne  me 
»  seras  point  conservé  long-temps  ;  tu  ne  tarderas  pas  à 
»  suivre  Hector  que  tu  auras  mis  au  tombeau.  Que  je 
»  meure  sur-le-champ  ,  répondit  le  divin  Achille  ,  puisque 
»  le  destin  n'a  point  voulu  que  je  garantisse  du  trépas  le 
»  plus  affectionné  ,  le  plus  cher  de  mes  amis  ». 

Euripide  ,  qui  ne  cède  en  sagesse  à  aucun  poëte , 
regardant  un  amour  sage  comme  quelque  chose  de 
fort  honnête ,  en  fait  l'objet  de  ses  vœux ,  et  dit 

dans  un  endroit  : 

Vers  [ai]. 

«  Un  amour  sage,  qui  conduit  à  la  vertu  ,  peut  être 
»  l'objet  de  nos  vœux,  et  je  désire  moi  même  cette  faveur». 

Voici  ce  que  dit  encore  le  même  poëte  dans  le 
Phénix  [22]  ,  lorsque  ,  faisant  justifier  ce  héros  des 
imputations  calomnieuses  qui  lui  ont  été  faites  au- 
près de  son  père ,  il  nous  accoutume  à  ne  pas  juger 
les  hommes  sur  des  soupçons  et  sur  les  rapports 
de  la  calomnie ,  mais  d'après  leur  vie  passée. 
Vers. 

«  J'ai  été  nommé  juge  dans  plusieurs  causes  :  malgré  les 
»  dépositions  d'un  grand  nombre  de  témoins ,  un  motif 
»  unique  m'a  fait  prononcer  le  contraire  de  ce  qu'ils  attes- 
»  (aient.  Pour  découvrir  certainement  le  caractère  d'un 
»  homme ,  et  je  crois  procéder  avec  sagesse  ,  j'examine  ses 
»  habitudes  et  la  vie  qu'il  mène.  Quiconque  se  plaît  dans 
"  la  compagnie  des  méchans  ,  je  ne  demanderai  pas  quel  il 
"  est;  je  suis  certain  qu'il  est  tel  que  ceux  avec  qui  il  aime 
»  à  vivre  ». 


4a 6         HARANGUE  d'eSCHINE  CONTRE  TÏMARQUE. 

Examinez,  Athéniens,  les  pensées  du  poëte  :  il 
fait  dire  à  un  des  amis  de  Phénix  qu'il  a  été  juge 
dans  plusieurs  affaires  ,  comme  vous  l'êtes  dans 
celle-ci  ;  qu'il  n'a  pas  jugé  les  hommes  ,  cités  en 
justice  ,  sur  des  dépositions ,  mais  d'après  leur  con- 
duite, et  d'après  les  sociétés  qu'ils  fréquentaient; 
qu'il  a  considéré  quelle  était  la  vie  habituelle  de 
l'accusé,  la  manière  dont  il  gouvernerait  sa  maison, 
parce  que,  sans  doute,  il  gouvernerait  de  même  la 
république  ;  enfin  ceux  dont  il  recherchait  la  com- 
pagnie ;  car  il  déclare  ,  sans  hésiter ,  qu'il  est  tel 
que  ceux  avec  lesquels  il  aime  ta  vivre.  Nos  juges 
doivent  raisonner  de  même  à  l'égard  de  Timarque. 
Comment  a-t-il  gouverné  sa  fortune  ?  Il  a  dissipé 
son  patrimoine  et  les  biens  de  ses  amis;  après  s'être 
vendu  pour  la  débauche ,  et  avoir  trafiqué  des  char- 
ges qu'il  a  gérées,  il  a  tout  consumé,  et  il  ne  lui 
reste  plus  que  la  honte  et  l'opprobre.  Et  quel  est 
celui  avec  lequel  il  aime  à  vivre?  Hégésandre. 
Quelle  est  la  conduite  d'Hégésandre?  elle  est  telle 
qu'on  ne  peut  en  tenir  une  semblable ,  sans  être 
exclu  de  la  tribune  par  les  lois.  Que  demandé-je 
contre  Timarque? Qu'est-ce  qui  est  porté  dans  mon 
accusation?  Je  demande  qu'il  soit  exclu  de  la  tri- 
bune ,  comme  s'étant  prostitué  et  ayant  dissipé  son 
patrimoine.  Vous,  Athéniens  ,  qu'avez -vous  pro- 
mis dans  votre  serment  ?  de  prononcer  sur  les  ob- 
jets mêmes  du  procès. 

Pour  ne  pas  trop  m'étendre  sur  l'autorité  des 
poètes ,  je  vais  citer  les  noms  de  vieillards,  de  jeu- 


KATA  TIMAPXOY   A0Ï"02.  427 

Sx^ctffOg  J^e ,  S'aGmclToi  y  zcls  ympcLç ,  ocs  dno- 
(poilnroLt  0  'ttoijîtjÎs.  "h&i  <^g  aroAAûTv  srpcty^ctTûJV 
■Qyicl  yeyintâcu  tcçitm,  iamp  viïv  vfitïs  S^ixciaraa , 
a,cu  tcl$  Jtpltruç  oJx,  ex,  tût;  ftctpTup/ûTv,  ctAA'  ex  tû>v 
i-ariTndtvfjLcLTCûv  x,**  toùv  o/jli\icùv  (puer/  woitiaScu , 
ejteTo-ê  à&Q&hiwM ,  *z«r^  tov  x,ct9'  >î/^êpctv  ^jov  ÇT  o 
jtpjyojttsyos ,  Jtctf  ovnyct  rposrov  J^ojjteï  t»v  îclvtgv 
outtctv,  as  wcLpctwAyaiccç  clvtov  kcli  zcl  tvis  noMcùS 
^iQiytytfrovTcL  ,  jtau   t/o-j  %<*'p*<   w\vi<rici{cor  tccli  Té- 

AêUTfflV    OUJt    Û))CV>10"£V    cttrocpMVoKrôeu ,    TO/OKTOy    CtUTOV 

g/vctc  Giournip  Ji&tgij  Jruvûùv.  Oujtouv  JWcttov  tlcli  nept 
TifjLoLp^ov  t6Ï$  clvtoÏç  vfJL&ç  Et/ftfrtAf  %fYi<raL<Td-oLi 
MytapoTç.  Ylœç  J^û&cwte  T>iy  ecttrrou  ovaicu  ;  x,ctTg- 

OVjobfcg  Tût  WcLTpGûOLy  X.CLI  Tût  TûJV  (p/Aû)V,  /XgfXJtrflctpy»- 
3tû>£  Tût,"  aœfJLOLTlylLCLl  <J\»p0O0X,û>V  MfJLOGlCL,  TffcWZ    »(pct- 

yix.sy,  dwrs  ^jj&y  ctAA'  1  Tcts  cu(r%uvct$  etuTaî  izepitivcLi. 

Xcttps*  ^g  tw  £uva>v  ;  rHy>i0-ctv(5)p<i>.  O  <N  Hy>i<rctv(5jpos 

»        /        >      \     »  %        '  »  *  «t      i 

.  gx,  Tiyajy  g<7T/v  e-zjrtrjiagu/LtctTûjy  5   gx,  tovtcùv,  cl  tov 

wpcL^aLVTcL  ol  vo/xot  cLWcLyopivouvi  p»  S^yi^yopiiv. 
fcyû)  dNg  t/  Agya>  xotTct  Tî/^otpp^ou  $  x.ct<  T/vot  'ttgt 
e<rrtv ,  et  ctvT/ygypct/ULjULct/  5  ^w  J^j-oiyopeîv  T/ftotp^oy 

'  *        *  1*1  A   * 

WiWQpViVUîVOV ,    X.OU    T>iy    t&UTpûJCtV    OLKTJOtV    XûtT6Ô>fOO- 

xora.  Y/*c<s  J^g  tj  ofta/jiox,ctTg  ;  tisrgp  clvtcov  >}/»(pig7- 
cGott ,  ay  iy  >j  fitœfyç  y. 

'  ha.  ^g  ft>j  (icLKpoAoycû  wipt  rœv  urouiTM  fittfyœv, 
av^pav  gpa  Trpeo-CfTgpay  jtou  yvcàpifjtcùv  v/jlTv  ovo/JictTct, 


428  KATA  TrMAPXOT  AoroS. 

3ccc/  fjLEipaxtœv  x,cu   wctiâav ,   ai   Toiç  f*ev  JW   tw 

€U7Tpg7r€f<XV  WOAAoi    yîyOVcLaiV  tpCLVTOLl  ,    gv<o/s   dx£   Tû>V 

«y  >îÀtx./ct  gTi  xai  vuv  ao-jy'  û>v  ovogis  7ra7rot    et?  tgc^ 
»     >       >    ;         9  -,  i  \        t         t  ~ 

CLVTOLÇ   QilTicLÇ    CLtylTLTcLl    Tl/JL(Xp^ût).    K&l    WCLAlV   V/JLlV 

»  «s    'V  »     ~         /  /  »  -  1 

avnaieçe/àoti  aud-pœ&œv  wtiFopnvpxtw  clkt^oùs  xcli 
(ÇcLvtpœç  ovo/jLcitol  ,  ivctu^gis  ocvot.^tvîi(rUevTe$  x,ccTotvef- 

^Tg    UÇ   TflV    WpOGYIMUŒXV    TXÇJV    T//-CXpp£0V. 


ETparov  <N  Àe^a  Tôt  t*3v  l\tv§tpœv  tloli  xoiAceç 
(Zt£iœx.oTM  ôvo;jLa.Tac.  TwoocDiiTt  ,  a  'aGavoTo/ ,  Kp<- 
Tavot  tov  'AoTuo^ot^pcot*  ITepixAei&jv  tov  Ylip&oiàov, 
jccu  n^Às^otyev)! ,  jc<x<  nflCvroAgovTot  tov  KAeotyopou, 

JCCU  Tlp1<r<9gOV    TOV  S^pOlAÎCL,  XCLWHTTOVÇ  OV  fJLQVOV   TCàV 

wo\iTœvy  aÀÀx  kcu  tû!v  'EAAwcàV  '  ytytwifjiivovs ,  xj 
TirAîtarm   kcu    <rœ<ppovi(TTcLTCàv  tv^ovzclç  ipcLcTm 

<LXX    QfJLOùS   0V(kl$    WCûZtTOTi    CLVTOVÇ  \\lfy*  WCLAlV    63C 

/  \        ~     y  \      v  \     ~     >l 

TûùV  IXtlpcLMCûV  ,  3COt/   Tû)V  gV  TCcLUTiV  gT/  JCCtt   VW  OVTûJV, 

-arporcov  juiv  tov  cLdi\Qi$ovv  tov  Ityi-npcLTovs  ,  m'ov  J^e 
Tiowou  toi»  P&^vsuo-tsu,  o/xc6VV[xoy  à\  tov  vuvi  xp/yo- 
^tgvou  TifJicLp^(ou9    os  ivwpîwyjs  m  /&iV  ,  Too-ovToy  ; 

>         /  <\,  >  rot/  /f-N*  >       >  \ 

&7CIY11  Tay  cticr^pav ,  ao"ig  7ipa»v  gv  tojs  jc&t  ctypovç 
Aïoweiotç,  KœfjLcpàcàv  ovtcûv  gv  KoXvttcù  ,  x,ctt  rictp/Ag- 
vovro^,  tou  yLOùyayLov  vwoicpiTov ,  uwovtoç  t/  ^pos 
T0V  %°P0V  ^votî«rûtio-roy ,  gv  o>  »v  g^voct  rtvot^  tzropvou^ 
fjLtyi\ovç  TiucLp'XjààiiÇi  ovàiU  v-nnAaLixCoLW  eiç  to 
Htip&Kiov  7   ctAA*  rcU  ce  Trctyre^*  oura  ^\y\povo\ios  a 


HARANGUE  d'esCHTNE  CONTRE  TIMARQUE.  429 

nés  gens  et  d'enfans ,  qui  vous  sont  connus  ,  dont 
les  uns  ,  par  leur  beauté  ,  firent  autrefois  bien  des 
rivaux  ,  dont  quelques  autres  sont  encore  dans  la 
fleur  de  l'âge,  et  dont  aucun  n'a  essuyé  les  mêmes 
reproches  que  Timarque.  Je  vous  rapporterai ,  en 
parallèle  ,  les  noms  de  ces  infâmes  qui  se  sont  dés- 
honorés par  une  prostitution  ouverte,  afin  que  , 
vous  les  rappelant  tous ,  vous  mettiez  Timarque 
dans  la  classe  qui  lui  convient. 

Je  vais  vous  citer   d'abord  ces   hommes   pleins 
d'honneur,  qui  ont  vécu  sagement.  Vous  connais- 
sez, sans   doute,  Criton  ,   fils  d'Astyochus  ;  Péri- 
clide,  fils  de  Périthoïde  ;  Pantoléon ,  fils  de  Cléa- 
goras;  Polémagène,  et  ïimésithée  le  coureur,  qui, 
de  leurs  tems  ,  étaient  les  plus  distingués  par  leur 
beauté  dans  Athènes  et  même  dans  toute  la  Grèce. 
Ils  ont  fait  beaucoup  de  rivaux ,  mais  des    rivaux 
pleins  de  vertu ,  et  personne  ne  les  trouva  jamais 
répréhensibles  en  rien.  Parmi    les  jeunes  gens  et 
ceux  qui  sont  encore  enfans  ,  je  nomme  avant  tous 
le  neveu  d'Iphicrate,  fils   de  Tisias  ,  qui  porte  le 
même  nom  que  l'accusé,  qui  est  d'une  belle  figure, 
mais  si  éloigné  de  tout  vice  honteux,  que  derniè- 
rement dans  les  fêtes  de  Bacchus  ,  célébrées  à  la 
campagne ,  les  acteurs  de  comédie  jouant  au  bourg 
de  Colytte  ,  et  Parménon,  un  d'entre  eux  ,  adres- 
sant un  vers  au  chœur ,  dont  le  sens  était  qu'il  y 
avait  des  Timarque ,  grands  débauchés  ,  tous  les 
spectateurs ,  sans  penser  au  jeune  homme  ,  l'appli- 
quèrent aussitôt  à  celui  que  j'accuse:  tant  l'infamie 


43o        HARANGUE  d'eSCHINE  CONTRE  TDIARQUE. 

est  son  vrai  partage!  Je  pourrais  encore  citer  l'a- 
thlète Anticlès  ,  Phidias,  frère  de  Milésius  ,  et 
beaucoup  d'autres;  mais  je  m'en  dispense  ,  dans 
la  crainte  de  paraître  leur  donner  des  éloges  par 
flatterie. 

Quant  à  ces  gens  qui  ont  les  mêmes  mœurs  que 
Timarque,  voulant  éviter  les  inimitiés  particuliè- 
res, je  ne  parlerai  que  de  ceux  dont  je  ne  crains  pas 
de  me  déclarer  l'ennemi.  Qui  de  vous  ne  connaît 
point  Diophante  ,  surnommé  l'orphelin  ?  11  cita 
un  étranger  devant  l'archonte  dont  Aristophon 
était  assesseur: il  l'accusait  de  lui  avoir  fait  tort  de 
quatre  drachmes  qui  lui  étaient  dues  pour  prix  de 
ses  complaisances  criminelles  ,  et  il  invoquait  les 
lois  qui  ordonnent  à  l'archonte  de  prendre ,  sous  sa 
protection,  les  orphelins  ,  lui  qui  avait  foulé  aux 
pieds  les  lois  de  la  sagesse  et  de  la  retenue.  Qui 
d'entre  nous  ne  détestait  pas  un  pareil  homme  ? 
Qui  n'était  pas  indigné  contre  Céphisodore,  connu 
comme  fils  de  Molon  ,  qui  a  déshonoré  la  beauté 
de  ses  traits  ;  ou  contre  Mnésithée ,  appelé  le  fils 
du  cuisinier;  ou  contre  une  infinité  d'autres  que 
j'oublie  sans  peine  ?  Je  ne  veux  pas  les  nommer 
tous  les  uns  après  les  autres  avec  aigreur ,  et  je 
souhaiterais  plutôt ,  par  affection  pour  la  ville  , 
être  embarrassé  pour  trouver  des  exemples  de  pa- 
reils désordres. 

Nous  avons  cité  à  part,  et  ceux  qui  sont  aimés 
pour  leur  sagesse  ,  et  ceux  qui  pèchent  contre 
eux  -  mêmes  par  libertinage;  je  vous  le  demande 


KATA  TIMAFXOT   AOrOS.  $3l 

TOt»    tWlTyàiVfJLdLZOï'    W&AlV     AvTJXAéO.    TOV    (TTCLOIO- 

d^ouov,  x&i  Qèiàoiv  tov  ct<?gA.(pov  tov  MfAwnou.  'Eti 

<N    gtVgTv    eVûJV    ÎTOAAOUS  ,    WCLIKTO/XCLI^    IVCL    fJLv\    <ÎQX,ûO 

tq\  ewctivo'J  3-ipaLnzicLTivi  jcctr'  ctunav  7:o/gj(r3ou. 

Ogpt    ^g    TÛJV    OftOTpOSTûJV    T/^Ctp%0U,  (pgUyûJV   Tût^ 
flîsrg^glCtS,   Oui   >l)tt<7T(X   ^0*    fAiXit  ,   fJLn^WOfXCLL  TlÇ 

yctp  vpLM  TOV  OpCpsCVOV   JtatAGU^cVOV  AlOQoLVTQV  OUX,  01  (kv, 

t\  \      y  I  \  \       »  *        I  f  I 

OS  TOV  ÇiVOV    TtpOÇ   TOV  ûLp^OVTOL  CLWYjycLytV  ,  Où  WOLpy\- 

rv  ».  ~      »  »  .   ?  \  >  '  ' 

ojpaugv   Ap/<rro(pa>v  o  AQivjgus ,  g7rctmaccr<*,ju.evos  tit- 

TcLpfcS  frz<LyjJL<L$  CtUTOV  USTgp  TtfS  'XCCtJrZOùÇ  TcLUTY\Ç 
<t7tl(TTlpV1X,lVaU  ,  XCtt  TOUS  VOYOUS  AtyCûV ,  01  JtgA£UOU<n 
TOV  âp^OVTct  T0V  o'p(pavaV  îWlfXlXuG^cLl  ,  TOUS  UTÎgp 
tÏs    <Tû)(pfS(rUV>?S    XUfJLiVOVÇ     uVepêe&JJtaS.    Tgvtov     dy 

TiS  oux.    tfiiaei  ;    >j    T<s  Tav  ttoA/Tùjv  oux,    gouo-^g- 

pcLlVt  K»(p/O"0(?û)p0V  ,  TOV  TOU  MoAûJVOS  XCt\0VfJiiV0V  , 
X.GCÀÀ/0-TJfV  ûipatV  o'^vf/g^S  OLKAiiCTTcLTcL  J^gÇflctpJtOTfll  ; 
>J    Mv>*n9sOV    TOV    TOU    MoCygJpOU    X.tf,Aoup.£VOV  ,   i    7T0À- 

Aous  iTipovç  ,  a>v  gjtav  gTnAflivoavo^  ou  5  ou  yotp  gTig- 
£gA9gtv  clvzcùv  gx^orov  x,c&t'  ovo/^ûC  itiTipas  j3ouAo/xcu, 
ctAAct  fJictWov   tûjv    ToiovTCôv  îpycov  Ct7T0pg?V    àv  gu- 

%eLi{iw    gv   Ta    Aoya,    JW   t>iv    -srpos    t>jv    ?«roA/v 

»/ 
guvo/ctv. 

E^gioVi  J^g  gjcaTgpûîv  tjrpogAojUgvoi  T/vas  ^tg^sAyj- 
Au9a^2v  ,  %a>p*S  Atgv  tous  <^/ et  <7û)<ppoo"uv)iv  gp û^ugvous  , 

%0plS    ^g    TOUS    g/S    gOCUTOUS  g^Ct/ACtpTûCVOVTfltS  ,    Uft£?S 


432  KATA  TIMAPXOT  AorOS. 

iidyi  tout'  gparmôgyTgs  a?zrojtpjycto-3g  'tfpos  gju,g,  gis 
oVorepctv   Tafyv  rov  Ti/xol^ov  x,tfT<x.ygjutgTs ,  Ttoxîpo\ 

y  \     i  I  -A     >  \  !  »       H 

eiç  Tovç  tpœtJLèvovç  y  y\  gts  tovç  <7rg7ropvgu|Ji  gvous  ;  oujcouv 
/*>?,  jcocmAisnav  >?v  giAou  <ru^/moptocv ,  ctfTOfxoAwHS 
as  rets  T^v  eAsud-epûJV  JWTpi£c*s. 

'Eclv  £>'  îwi^îi^cùcti    Agyg/v ,  as  ou%    >ÏToLtpwcev 
o<rns  /^>i  kcltcl  <TwyypoL<ÇaL$  tfjua-d-ûùSv) ,  jcct<  ypct^- 

fJb&TUOV     KCLl       [XOLpTVfiCLÇ    OLfyûûGl    jUlg    TOVTQV    'TtCtpCL- 

o-p^edkr    •arpûJTov    p.€v   tous    ?zrgpt    r»s    îToLipwiuç 

VOfiOVÇ  [lZ[JLVY\(rQî  y  gV  OIS  QvàcLfXOV  [VJttCLV  0  VOttûÔgTtfS 
•Z2T€p<  (TUVOWtaW  7rg?r0WTCU.  Ou  yctp  ,  gl  JCOtTOt  ypctjUL- 
fAotTetOV     T/S     iOLVTOV    KOLTW')(yVî  ,    TOUT*    tty\TcL<rîV  , 

ctÀAcc  TravTgAas ,  07ras  ctv  jf  tjrp&i^s  ywv\Tcti ,  tov 
îjrpot^ûCVTot  x.gAgi>g/  /-ta  fjLtTî^eiv  toTv  t>Ts  ?zroAgas 
jco/vû)V.   Ejjcotûjs.    Oo-t/s    y#p   vgos  iv  ct^rgcrrji   JV 

OLHT^pcLÇ  YldoVCLÇ    ZY\Ç  tl$  TCt   X-ûtAot   (p/AoTi/AEGtS,   TOUTOV 

oi/ît  ûS»8w  ^gTv    «Trpgo-êuTgpov    ygvoAtevov  0   TOUS  VOYOUS 

tlCïQipCàV     gTUTtfAOV    g/VCt/.       E^g/TOt   3GCU    TtfV    WWtlCLV 

rov  \oyov  toutou  pcnfrov  eo-Ttv  g'^gTûto-a/.  n&VTgs 
yctp  àv  TouG'  o[J.o?ioyy\(TdLi(JLîv  y  oxi  xclç  avvQm°LS  Tcts 
•nrpos  ocAA»Aous  a7T/<rncis  gvgjcot  ttqiov (itâcL  ,  tvcc  o  pi 
•zzrcipîtÊocs  Tôt  yzypoLfjLfjLîvct    J^jojv   AotS«    tJT   ->|x>icpa> 

tJTCtpot.    TOV    TTOLpOL&CLVTOÇ.    OWCOUV    glTgp    TO    -&p<ly\LCL 

J\?o?s  ZtrpoaùîLTca ,  toTs  tlcltol  y^afiiicLTuov  yTaLipyi- 
x.ocr/y,  otv  <zàix.w:ou ,  >i  i^y  vo/xm  9  g£  av  oui©/  (ÇoLaiv, 
g3r/x.oupt&  jcotTctAgi'TrsTct^  Kctt  tis  av  o  Aoyos  ejccc- 


1ÎAKANGUE  d'eSCHINE  CONTRE  T1MARQUE.         1^55 

maintenant  ,  Athéniens  ,  répondez  ,  je  vous  sup- 
plie, à  ma  question  :  dans  quelle  classe  mettez- 
vons  Ti marque  ?  Est-ce  dans  la  classe  de  ceux  qui 
sont  honorés  d'un  amour  légitime ,  ou  de  ceux  qui 
se  prostituent  sans  pudeur?  c'est,  sans  doute,  dans 
celle  de  ces  derniers.  N'abandonnez  donc  pas,  Ti- 
marque,  la  classe  où  vous  vous  êtes  mis  par  choix 
pour  passer  en  intrus  dans  celle  des  personnes 
honnêtes. 

Quod  si  dicere  instituerint y  non  in  scortorum  nu- 
méro habendum  esse ,  qui  non  ex  sjngraphâ  fuerit 
mercede  elocatus  ,  ac  postularint ,  ut  tabulas  et  tes- 
tes exhibeam  ;  vos  primum  meminerilis  legum  de 
impudicitiâ ,  in  quibus  nullam  pactionum   mentio- 
nem  fecit  legislator.  Neque  enim  an  aliquis  ex  syn- 
graphâ  se  coinquinarit ,  id  spectavit  ;  sed  omnino, 
quocumque  modo  res  acta  fuerit ,  eum  qui  fecerit  , 
administratione  reipublicœ  abstinere  jussit  :  idque 
merito,  Nam  quiadolescens ,  ob  turpes  voluptates , 
gloriam  honestatis  neglexisset ,  eum  non  censuit  le- 
gislator, œtate provectiore jullum  oportere  honorem 
consequi.  Deinde  rationis  istius  ineptias  facile  est 
ostendere.  Omnes  enimfatemur,  nos  pactiones  in- 
ter  nos  ex  diffidentiâ  facere  :  ut  qui  eas  servant , 
judicio  pœnas  de  eo  sumat,  qui  /idem  fregerît.  Igi- 
tur  si  impudicorum  actio  judicium  ex  syngraphâ 
postulat,  si  injuriis  afficiantur  ;  earum  legum,  quas 
isti  proferunt  3  praesidium  eis  est  reliquum.  Ecquœ 

T.  m.  28 


434  JïSCHîNlS  ORAT.  ADV.  TIMARCHUM, 

■ 

autem  utriusque possitesse  oratio.  Putate  enim  vos, 
rem  non  à  menarrari ,  sed  à  vobisaspici.  Esto  enim 
conductor  œquus  in  contractu,  conductus  autem 
iniquus  et  inconstans ,  aut  contra  conductus  œquus 
et  stans  convenus ,  alter  natu  grandior  et  conduc- 
tor^fallax.  Vos  ipsos  autem  pro  tribunali  sedere 
fingite,  Itaque  natu  major  y  dato  sibi  tempore  di- 
cendique  poteslate  >  seriam  accusationem  instituet , 
vos  nimirum  intuens  :  Conduxi  ,  Athenienses  ,  Ti- 
marchum,  utmeum  scortum  esset,  ex  tabula,  quœ 
sita  est  apud  Demosthenem  (  nihil  enim  prohiba 
ita  dici)-,  neque  vero  ille  statpactis  :  eaque  jam  ex- 

ponit  scilicet   ac  judicibus  narrât,   quœ   tali    ho- 

.... 
mini  facienda  sint.  Nonne  vero  is  qui  Aiheniensem 

contraleges  conduxerit  y  lapidibus  obruetur ,  atque 

h  judicio  discedet ,  non  sexta  duntaxat  œstimatœ 

litis  parte  condemnatus ,  sed  etob  contumeliam  pu- 

nitus  ?  Veriim  non  ille ,  sed  conductus  litem  inten- 

dat,  et  sapiens  iste  Batalus  causam  illius  agat  :  ut 

videamus  quid  dicturus  sit  :  Conduxit  me  ,  judices ,. 

adlibidinempecuniâsuâ,  quicunquesit  (nihil  enim 

interest),  si  ita  dicatur,  ac  ego  omnia^et  feci,  et 

adhuc  facio  ,ut  tabulas  jubent ,  quœ  scorto  facien- 

■ 

da  sunt.    Iste  autem  fidem  frangit.    Nonne  verà 


kata  TiMArxor  Aoros.  43d 

Tepou  (ÇaLum  ;  {jw  yctp  vV  ifAoiï  Kiyopnov ,  clWol 
yiyo'/Jieyov  to  srpctyux  vo//,jo-m9'  op*y.  Evtcù  yccp  o  /xev 
tM<rQa<rûi[MO$  S^ulolios  îU  to  wpayixoL^  o  J^  tuo-9oj- 
Bits  cIùitlos  x-ctJ  /*>)   @lÇ><Lioï  3  sroÎAiy    touvcivtiov,  o 

p.gy   /JL/(r9û)9ê^  ,    (J.tTplOÇ  KCLl    WOtCûV   TÔL  ûùfJLOXoy^^CLy 

i  fri  tw  >ÎAt>c!ccv  tzrpoAct£û>y  jccii  fjuaBaxrcLixzvos  y 
e-^îVŒBœ'  JCCU  J^OCCWTCtS  V(J.CLÇ  clvtous  yopo-etre 
x.ct9)îff9ou.  Otocouy  o  7ipe<r£t/repos ,  ct?jro(î(53€VTo$  tou 

vdoLTOÇ    CLVT6Û  XOLl  AoyOU  ,   5t3.T>iy0pl<2,V  ^tgTtf,  (T7rOUoV, 

)3Àe*rû>v  JSjAovot*  7Tpos  v/jl&ç,  fpW  E/-uo"(Waja>iv ,  <à 
'aSjjvoToj,  T/^ap^ov  ttaupiïv  tfjLcLuxui  jccctgc  to  ypcc^u.- 
fxcLTîLoyy  to  woLpoi  Ay\(ÀO(r^iVîi  jteijxevov  (  owfcv  yap 

X,ût>AU6C  Ot>T0£  €l"pîio-9ot#)'  OU  <^»  TfOlîT  (JiOl  TOL  ûù [JL0\oyYi- 
lliVcC  TCCLL    TOLVT     îj'o^    S^it^iKTl    J^AOVOT/,    WpQÇ   TOVS 

S^iKoLo-tciç  MyùH ,  d  p^p»  toy  To/ouVoy  tfoieîy.  Etzuxol 
m  x.cLTaLAev(rB>i<rsT<x.i  o  fiurd-ov[iivo$  tov»  A3uvcuov 
7rctpa  tous  vofjLovs  ,  x,cu  srpoo-o(pÀû>v  aîrsiff'ev  ex,  tou 

J^ixcto-Tnp IOU  ,  Olî  T>|V  tWa>Ç>t\lCLV  /U.0V0V  ,  0.\AcL  jccti1 
iAA»v  uÊpjy  ;  'AAA*  ouj£  outos,  ocAA'  o  piaScoSeis 
J^/îtflt^eTcti.  Aiynœ  JSi  7rctpgA9û>y  of  <ro<pos  BoctccAos 

JlTgp  GtUTOU  ,  *f  ilàSfieV  ,  Tt  7TOT*  èpé?  'AvfygS  J^UCGt- 
OTeU,  ifJLKTd-OXTCLTO  (Xi  iTùLlpîTv  CLVTCô  OLpyVpiOV  OGTUT- 

dviwo'zovv  (ou&v  y&p  JW<pÉpg<  oî)Tœ$  eifîiadcu)'  TccLyco 

fJM     0L7TCLVTCL    TLCLl    TTêTTOiyptCt,    3CCCI    îTt   XCLt   Vf  y    WOlCù 
\       \  w  «\  \       •        ~        \     r 

x,<*Tct  to  ypct^ctTecoy ,  oc  %p>î  srojgiv  tov  gTcupouyTct 
outos  ^e  uTrepêccivei  Tas  o-uvà»!***.  "Etmt    ou  ttoA- 


436  KATA  TIMAPXOY    AOroS. 

Atf  XpCLVyy  TCCLQCL  T^V   S^UCCLVTùïv   CLVTùù  CLTt M TY\G ÎT VU  'y 

lis  y&p  obx,  zpu  j  tvrsiTcL  îg^clKa-a  uç  tw  a/yopcui , 

7\    GTîtycUoi  y  \i  WpcLTtZtÇ  Tl  T0y  OLVTM  Y\(JUV  ;  OujtOUV 

ovdiv  ô(pe\o$  ty\ç  <ruyyp*(piiV. 

rio3-ev  oùy  foliote  jccu  o-uv>i9e5  yeyev«Tou  Aeyg/v, 
û?5  JcctTct  ypxuu<xTeiov  nAi  Tives  >iTatp>io-otv ,  ucÏh  epaT. 
Av>?p  e/S  tûw  ?zroA/T0V  to  <JX  ovc^ct  ou  Aeça,  tgcs  yap 
cc7rg%£gia.S  (pguyû)*  ouoey  wpotioo[Xîvo$  m  oAtyq  7Tpo- 
Tgpoy  gyoj  J^ejjiîXSov  as  vfJLAÇj  XeyercLi  xcltcl  tclç 

CTUv3»X,0t£  YlTcLipVKiVOLl  TcLÇ   WCLp      AvTlliAll    MlfJLeVcLÇ, 

eux  ccv  idioùTv\Çy  aAAa  -zsrpo^  to,  xoivcl  Trpoaim'  xcu 

MlOQpLCLlÇ    r7Cipl7Cl'7ÏTm  ,    UÇ    GVVï\$-îlCVJ    iTtrOÏWt    TOU 

Aoyou  tovtqv  tw  sroAiy  xcltclgz-a voli  n<u  oicl  touto 
tpcùTceai  tiviç  y  ù  xara.  ypaLjmfjLoLTè7ov  i  'Kpôiçiç  ye- 
yîvv\TcLiy  0  <Jxe  vofjLoStryç  ou%  c/ras  to  -GrpcLy[iaL 
yeygy>îTct/  e(f>f  ovT/o-gy ,  ccAA  ,  ecty  owœaovv  /xi<r5œo-iç 
yeyey»rct/ ,  jtctTeyvûjjcs  tou  ïêrpaçccvTos  aicr^i/yny. 

AAA      0/^^     OVTûù    GcMpOûï    TOVTCûV     à^lùûpKTfJLîVûùV  y 

woWcti  -GrcLpiixQoAcu  Aoyœv  vwo  AyifjuHrd-tvovç  zv- 
pe5»çrovTcti.  Ken  tcl7ç  /xev  vvrtp  roZ  ^pcLy^arvo^, 
-&cOLoy$ticLiç  \cyofjLivcu$  v\ttov  av  tiç  iycucutTACTitir 

«,    <Jxê     ÊÇû)^6V     69Tê/C-Ctrgrct/   ,    AvfJLOLlVOlXEVOÇ    Td     TYÇ 

nroAîûùÇ  S^ixoliol  ,  e?sn  tqvtoiç  cl^iov  t<rriv  opyio-Sy,- 
vau.  lloA'j^  /xgy  yctp  o*  Qt.At'&woç  \gtcli*  tycLut- 
p/^no-gTcct  J^6  xct/  to  tou  cra/fe  OV0/J.flc'AA^cty(5jD0U. 
Kctt    yctp    trpo^   toÏ^    d!\Xoiç   xolxoTç    âiJ.ovaroç   tiç   \ 


.LSCHISTS   ORAT.  ADV.  TIMÀRCHUM.  4^7 

magnum  clamovem  tollent  judices?  Quis  enim  non 
dicet  ?  Et  adhuc  in  forum  prodit  ?  aut  coronam  ges- 
tat  ?  aut  aliquid  eorum  agit  quœ  nos  agimus  ?  Ita- 
<jue  nulla  est  sjngraphœ  utilitas. 

Unde  autem  inoluerit  consuetudo  Ma  ,  ut  dica- 
ftur  y  quosdam  ex  tabulis  sui  fecisse  copiam',  jam 
explicabo.  Quidam  cwium{nomen  taceo ,  vitandœ 
offensionis  causa},  nulla  earum  rerum  habita  ra- 
tion e ,  quas  paulo  ante  apud  vos  comrnemoravi , 
fevtur  contra  pactionem ,  apud  Anticlem  sitam  ,  se 
prostituisse  :  et  is  quidem  non  homo plebeius,sed  rem- 
publicam  administrans,  qui  >  cum  dicteriis  incessi 
soleat ,  effecit ,  ut  hœc  oratio  de  more  usurparetur 
in  urbe  ,  eâque  de  causa  quidam  interrogent,  an  res 
ex  sjngraphâ  sit  peracta  ?  Legislator  autem  non 
curavit,  quo  pacto  res  facta  sit  ;  sedy  si  ullo  pacto 
locatio  intercesserit ,  eum  condemnavit,  qui  dede- 
cus  in  se  se  admisit.. 

Mais  je  reviens  à  Démosthène  ,  auquel  j'ai  déjà 
répondu  sur  quelques  objets.  Les  mauvaises  sub- 
tilités, dont  il  fera  usage  pour  défendre  celui  que 
j'accuse,  doivent  peut-être  moins  indigner;  ce  qui 
doit  irriter  davantage  ,  ce  sont  les  imputations 
étrangères  à  la  cause  qu'il  emploiera  pour  infirmer 
les  lois  de  notre  ville.  Il  insistera  sur  Philippe,  et 
citera  même  le  nom  d'Alexandre;  car,  à  ses  autres 
vices  ,  cet  homme  ajoute  un  caractère  brutal  et  fé- 


438  HARANGUE   d'eSCHINE  CONTRE  TTMARQUE. 

roce.  Quoique  ce  soit  un  procédé  déshonnête  et 
déplacé ,  d'outrager  Philippe  par  des  paroles,  c'est 
cependant  quelque  chose  de  moins  révoltant  que 
ce  que  je  vais  dire.  Lui  qui  n'est  pas  homme ,  ca- 
lomniera sur  certains  articles  quelqu'un  qui  est 
homme ,  de  l'aveu  de  tout  le  monde.  Mais  employer 
des  expressions  équivoques,  pour  jeter  sur  un  jeune* 
prince  des  soupçons  honteux ,  n'est-ce  pas  rendre 
Athènes  ridicule?  Il  dira  donc,  en  vue  de  me  nuire  « 
au  sujet  des  comptes  de  mon  ambassade,  que  der- 
nièrement, lorsqu'il  disait  d'Alexandre  en  plein 
sénat,  que,  dans  un  repas  où  nous  étions,  il  jouait 
de  la  guitare,  et  adressait  des  couplets  à  un  autre 
jeune  homme,  lorsqu'il  déclarait  aux  sénateurs  ce 
qu'il  pensait  de  cette  liberté  ;  il  dira  que  j'ai  été  fâ- 
che des  traits  lancés  contre  le  jeune  prince,  comme 
si  j'eusse  été  parent  d'Alexandre ,  et  non  collègue 
d'ambassade  de  Démoslhène. 

Pour  moi,  je  ne  me  suis  pas  entretenu,  et  n'ai 
pas  dû  m'entretenir  avec  Alexandre ,  vu  sa  grande 
jeunesse.  Je  loue  maintenant  Philippe  pour  toutes 
les  choses  obligeantes  qu'il  vous  a  écrites  ,  et  si 
sa  conduite  à  votre  égard  répond  à  ses  promesses, 
il  sera  sûr  et  facile  de  le  louer.  Dans  le  sénat ,  j'ai  , 
fait  des  reproches  à  Démosthène  de  ce  qu'il  disait 
contre  Alexandre ,  non  pour  faire  ma  cour  au  jeune 
prince  ,  mais  persuadé  qu'on  penserait  de  notre 
ville  comme  de  l'orateur,  si  vous  approuviez  ses 
propos  indécens.  En  général ,   vous  devez   rejeter 


KATA  TIMAPXOY  AOrOZ.  4^9 

wtqs  Kctt  ûiwcLtfcvToç  avSpaitos  ion.  To  £tev  yap 
zl$  tov  fylAiw&ov  too  Xoycù  ^À^p.eAsTy ,  clu.clSîs 
fjiîv  jccu  fltxctipoV  eActTTov  «K  ou  [AtAAœ  Aiyav 
ducLptiifioL.  'OfioAoyoufJLivas  y&p  ttç  cuiàpcc,  KcLimp 
ûJjc  #v  o.Jtos   ctv>!p  ,  Tocs  |SActcr(p)ijUtct$  woiwîTcu. 

OTCLV  £i  T<U$  iU  TOV  WaiïdaL  'Xc7Cpcty[jLCLTEVtjLtVcLl$ 
fJLt-ZCJLtyOpcLlS   0VO,Cf.<XTû)V  OLld^pdiÇ  VTZO«]slCLÇ    TTcCpg^ÊctÀ- 

Aw,  3cccTctyeAct(7Tov  t>jv  ttoAjv   nom.   ils  yap  tqlç 

ifJLOiS    ÎVSVVOLÇ    /3Act/7rTû)V,    CLS    VWîp    TYlÇ     WptG&llCLS 

jSouAav  viTip  rov  'tccliÙqç  'AAg^avdpou  friifyu  ,  ON)  ev 

Tffl    -ZcTOTûJ     jî/JLûTv    JtlOctplÇo*,    JCûtC     MyOl    p»(7gl$     T/vas 

\    »  /  \    tl  ,J  *  \         \        / 

5CGU  OCVTtXp0t;(7c/$    TTpOS  êTgpOV  TTot/OCC,  X.CU    TTgpt   TOUT0V, 

i  J^  ?zroTg  ûcuto?  êVuy^otve  yivùxrytcûv ,  ?<rpos  tw 
QovAw  <X7ti$m(JL'zo ,  oup£  Js  (xy^tîjrpgo-ÊcUTîiv ,  ccAA' 
ces  vvyyvw  ,  toTs  g/s  tov  woliÙcl  a^œfjL/xoLGVJ  &yoL- 

VCLKTYKTCU. 

Eyœ  p  AAeçctvopo)  /Ltev  iulqtccs  «ri  et  rw  y\\iïliclv 
oJ  iïiuAsyiJLeu  ,  ^AfTrsrov  J^g  vuv  /xgy  J\ct  tw  tûjv 
Aoyû>v  wQïifiicu  ÉtreuvoT'  gety  j^'  autos  «v  to7s  -arpos 
Jjxik  gpyojs  ygvirrcti,  oios  vuv  go-riv  gy  toTs  g7ictyygA- 

fJLOLGlV  y   CL<T(QCLA>\  KCLI    pCtoW  TOy  XfltS'   OCUTOU   7TOI3ia'€Tce.e 

eVctJVov.  'Emn fimacL  <K  êv  Ta  /3ouAguT>ipJG>  Anjtw- 
o"9evc/ ,  ou  tov  tretîoet  gx.-3-spct3rgu0v ,  ctAA' ,  g'ctv  t« 
ToiotuVct  ctsro&^yicr-d-g ,  q/jlqiclv  yofjLt^av  tm  woAiv 
$cay\<riG3cLi  tu  tov  AeyovTo^  aLx,Q<ruict..'OAa)Ç  J^e,A» 


44o  kata  TiMArxor  Aoros. 

ASWOLIQI 9  T0.Ç    g£a>3cV  TGV  WfCJLyfJLOLTQç   ctwoAoyicLÇ 
fjui  T&p o<r or^cr^e*  wpœrov  [*gy,  rœv  cpicûv  gyg&gv,  ovs 

CûfJLQCTcLTt)  J^gfTepOV  <N  ,    UTTgp  TOU  fJL»   ^OtpOLKpOVa&YjlOLt 

vwo  <hSpccGrov  TiyjiTov  Xoym,  Mjjtpoy  <N  aya-S-gv 

AyifiotrStvYis  ycLp ,  î-wet&n  twv  warpcùciv  oucnav 
cLVcLAaxTè ,  -zsrepiwei  "Zirgp/  t>jv  tzroA/v  3>jp€U0v  ygous 
tzrÀou<nous  op(f><tvot>s ,  0y  ot  /<iey  ?«r<xTgpgs  TgTgÀsirm- 
5C£/crcty ,  eu  J^ê  p„>rrgpg$  £ta>x.ovv  Tac  qvgicls»  ïloWovç 
J\'  vwcpCàç,  evos  tûjv  c^givoc  t«r£î2rov3o tûjv  Jwo  toutou 
[Xvw&y\<ro[xcLi.  Kariâcùv  ya.p  oiyjcu  wAovtnaLv  xj  oux, 
evvofjLovfjLtvw ,  >k  ttyg/Jiav  ttgy  >iv  yi>y»  //.gyct  (ppovouo-ct , 
xcu  youv  oJ?c  ey-ovareLy  véclvcocos  ^g  o'pcfocvos  y/xi(iaLVYiç 
è\iyj.iQ\(i  Tw  ovaioiv ,  Ap/o-rctp^os  .o  roi»  Moc^cu* 
toutou  wpoawoiyffCLfjLtvoç  tpeiaTïiç  etvcu,  *,  to  jULg/pat- 
x«ov  e/s  thv  ÇiA/*v  ra^Tnv  wpooxaAsou/jigvo*  y  Ix-ari- 
àm  JcevSv  g/j/TTÀwois ,  û>s  glvtikol  £yi  [xolagl  rm  p>jiro- 

pû)V     VrpOdTîVVVJTcL)    XOLTCLAoyOV    p7)T0pCûV    vw     OLVTOV 
I  y  I  I  »  1  »      ~    , 

yeygy>i/Jigvû)v  cfaro^flifVûw ,  Toiovrœv  zi<rvyY}TY\ç  clvtcù  Xj 
JWountoiÂos  ipym  eyevêTo,  e£  #y  îtcuvoç  /jl~v  Qtuyu 

TM  ZtTOLTpiÙsL,    OVTQÇ   i^   OLVTOV  TOL  TV\Ç   Çvyiïs    iQodut 

•3rpoÀa.£û>y  rpict  tol\clvtol  àwiGTipmîy   NiTtofoifios 
J^'  o  AcpJoWîos  var*  ApiŒTOLpyov  ziTttevryte  /£icu&> 

S-CVlCLTOû  y    ZTLKO'n'UÇ    0     dilACLlQÇ    CLfJLÇQTîpOVÇ    TOVÇ    Q- 
q>QcL\UOVÇ,KCLl  TAV  yXoiTTcVJ  CLWQTfxAlÇy  V\  ITTcLpp'A- 

(ticl^z-o,  nivzivm  to?5  vopoiç  xai  vfiîv.  ErrgiO  vumï. 


HARANGUE  DESCHINE  CONTRE  TIM  ARQUE.  441 

toute  défense  étrangère  à  la  cause,  tant  par  égard 
pour  votre  serment,  que  pour  n  être  point  le  jouet 
des  sophismes  d'un  vil  discoureur.  Il  faut  vous 
faire  connaître  ce  méchant  homme,  en  reprenant 
les  choses  d'un  peu  haut. 

Lorsqu'il  eut  consumé  son  patrimoine ,  il  par- 
courait la  ville ,  cherchant  à  prendre  dans  ses  filets 
de  jeunes  pupilles  riches ,  dont  les  pères  étaient 
morts,  et  dont  les  mères  gouvernaient  les  biens[2o]. 
Je  laisserai  les  autres,  et  ne  parlerai  que  d'un  seul 
qu'il  a  jeté  dans  des  malheurs  affreux.  Il  avait  dé- 
couvert une  maison  opulente,  mais  mal  gouvernée* 
qui  avait  pour  chef  une  femme  aussi  pleine  d'or- 
gueil que  dépourvue  de  sens,  et  pour  héritier  un 
jeune  pupille  presque  fou.  Il  feint  de  l'amitié  pour 
celui-ci  ;  il  se  l'attache  par  les  vaines  promesses 
dont  il  l'amuse  ,  lui  faisant  espérer  qu'il  primerait 
bientôt  dans  l'éloquence  9  et  lui  citant  tous  ceux 
qu'il  avait  déjà  rendus  orateurs.  Il  a  fini  par  lui 
apprendre  des  actions  qui  ont  fait  exiler  de  sa  pa- 
trie le  disciple  ;  qui  ont  valu  au  maître  trois  talens 
que  le  jeune  homme  eût  pu  emporter  dans  son 
exil ,  et  dont  Démosthène  l'a  frustré;  qui  enfin  ont 
fait  périr  de  mort  violente  Nicodème  tué  par  Aris- 
tarque.  On  a  crevé  les  yeux  à  cet  infortuné ,  et  ou 
lui  a  coupé  la  langue  dont  il  s'était  servi  avec  assu- 
rance ,  comptant  sur  les  lois  et  sur  les  tribunaux. 
Vous  avez  condamné  à  mort ,  o  Athéniens  !  So- 


4^2  HARANGUE  DESCHINE  CONTRE  TIMARQUE. 

crate,  ce  fameux  philosophe,  pour  avoir  donné 
des  leçons  à  Critias  [24]  ,  un  des  trente  tyrans  qui 
avaient  détruit  le  gouvernement  populaire  ,  et  Dé- 
mosthène  obtiendrait  de  vous  la  grâce  d'infâmes 
débauchés  ,  lui  qui  a  tiré  une  vengeance  si  cruelle 
de  simples  particuliers,  mais  amis  du  peuple,  pour 
avoir  parlé  librement  dans  un  état  libre  1 

Il  a  invité  quelques-uns  de  ses  disciples  à  venir 
l'entendre.  Trafiquant  des  ruses  avec  lesquelles  il 
vous  trompe,  il  leur  annonce,  à  ce  que  j'entends 
dire,  que,  par  ses  artifices,  il  vous  fera  prendre  le 
change  et  tournera  ailleurs  votre  attention  ;  que , 
dès  qu'il  paraîtra ,  il  inspirera  de  la  confiance  à 
l'accusé ,  épouvantera  l'accusateur  et  le  fera  crain- 
dre pour  lui-même;  qu'afin  d'animer  et  de  soule- 
ver les  juges ,  il  rappellera  ce  que  j'ai  pu  dire  au 
peuple  par  le  passé,  et  blâmera  la  paix  que  j'ai 
faite  ,  dira- 1 -il  ,  conjointement  avec  Philocrate  ; 
en  sorte  que  je  ne  me  présenterai  pas  même  au  tri- 
bunal pour  me  justifier  ,  quand  il  faudra  rendre 
mes  comptes  ,  trop  heureux  de  ne  subir  qu'une 
peine  ordinaire  ,  sans  être  condamné  à  mort.  Ne 
donnez  pas  ,  Athéniens  ,  à  un  misérable  sophiste 
sujet  de  rire,  et  de  s'entretenir  à  vos  dépens.  Ima- 
ginez-vous le  voir  rentrer  dans  sa  maison  au  sor- 
tir du  tribunal,  s'applaudir  au  milieu  de  tous  ses 
jeunes  disciples,  leur  raconter  avec  quelle  adresse 
il  a  fait  perdre  de  vue  la  cause  à  nos  juges.  Je  les 


KATA  TIMAPXOT  AOrOS.  4+5 

«"'AO^VAtlOt  ,  XûùKpCLTM  [JLiV  TOV  <TO<pjOT>lV  iTTlKZUVOLti, 
OTl  KpJTiCtV  eCpOCVW  WiWOLidtVKCûÇ  ,  gVût  TO)V  TpfcOtSVTOt, 

T<av  tov  ^JJttoy  3to£.TaAi»fl"avTû)V  Au^oo-Sévu^  J^'  J.oïv 

îToiipOVÇ  i%aLlTï)<TîTcLl  >  0  TflÀJJtctUTctS  TlfJLCCptcLÇ  Aût/X- 
êctVûJV    WOLOOL  TOùV    idlCùTm   XOti    «f^OTJX/îv    OLvBpûû'7rœV 

vorgp  tms  tcr»yopicts;  a>  -Gr&pauaiLAyfJLivot  tivzç  to>v 
jxoljhtûjv  yKQvaiv  ewt  r»v  oucpo<t(Tiv.  KGtTcsrocyygA- 
AgTot<  yap  -zzrpo^  ot JtoJ^,  gpyoAot£û7v  i<p*  v/jlolç  9  dç 
iyœ  TtrwQcLVofJioLi ,    \wtiv  iaztclWclÇcls  tov  cLywoL  39 

\        t  I  y       t  \  l  ~        A 

T»V    U^tgTgpOtV     OLX.pQcL<TlV  ,    JCCU    5rûtpct0T>J<7g/V    Tût)    /x,gv 

cpuyovTj  ^ûtp'peTV ,  ot&v  clvtoç  fitvpo  ?zrctpgA3-w,  ex.Tre- 
^A^vS-at*  Js  Ta  )CûtT»yopa)  jcou  wtQopycrd-au  Wîpi 

GLVTOV*  TOtTOVZOVÇ  fit  KCLl   TVlXlKOVTOVÇ  tK7LOL\i<Tî<Td-CLl 

wctpct  Tœv  ^iKeHTtœv  d-opvCovç ,  ^raps4aGaÀÀû)v  Tas 

griots  J^Awyopicts,  $  -^îym  tw  sipwnv  t^v  <JV  e^.ou 

jtou  <pjAox,pcLToi/£  ygygv^gy^y ,  ghtt    ovàt  cltccutyi- 

(Tiad-a.i  fit  iwi  to  £i7LOL<n:>ipiQV  cLno\oyY\<rofjLtvov ,  otetv 

Tôt?  TÎk  ttrpgdêg/ot?  eJOuvoLS  J\(5S,  aAA*  ctycf7r>io-g/v 
»  1  /  /  /  \      \    -       / 

gav  fJLZTplû)  TlfJWfiCLTl  7CipiWî(TCù ,  X,0U  ^  -S-CtVcCTOJ 
^(JjafJLÙLl.  MwîeVI  J^»  TpOTTOJ  X.0t9'   J/Xûîv  OLVTM  ygAû>- 

Tot  Tûù  (Tocpio-TM  jtcu  «TictTpiÇyjy  î^rotpotc^p^)1Tg•  ctAA' 
JaroActÊsS'  opciv  zl<n\>)AvSoTaL.  clwo  tov  «Njcacrrjfpiou 

OlîCOtag,   3C0C1    O-g/^VUVO^gVOV   g7Tl  TW  Tû)V  lAZlpcDLlCùV   dTlOL- 

Tpi&jT,  x,ot/  S^ufyovTct,  œç  zv  to  wpàLy/x<t  J(pglAgTû> 


444  kata  timapxot  Aoroz. 

Tœv  ^iKcLG-rSr    d7CcLyarym    y  cep   olvtovç  glwo  tûjv 

Wèpi     i  IfiCLp^OV    CLITICÛV  ,    îWi(TTY\GcL    (ÇîÇM    ÎWI    TOV 

KcLTyiyopov  y„ai   ^iAi^tcov  x,cli    $ûûx,èaLÇ9   x.cLi  cpo£oi/£ 

èWY)pTV\(rcL    TQIÇ  CLKpOCàfJLlVOlÇ  ,  0X7^  0  fJLiV  (ÇzVyCùV  XCt- 

Tïiyopti,  o  S^è  KOLTnyopœv  ex.pt ygTo*  0/  J^e  J\xc{.<7Tcu , 
KpiTcti,  •argpt  rovrœv  vikqvov.  'Y^cgrgpov  <K  gernv  e'pyov 

Wpo$   TCLVTCL  avriTiTOL^d-OLl  ,  XCt(    'XcWTcLr)(vi  GTcLpcL- 

xoAouSovv-dLÇ  [j*vida,[xvi  7TctpgxxÀiyg/v  olvtov  îclv,  fiqdt 
TÔiç  î^cù  rov  dyœvoç  Aoyoïs  ^/i'cr^p^o-ôotr  <x\\' , 
ùxrwzp  gy  Tciïç  lwwodpo[xiaLiç,  w  tov  rov  wp&y- 

[J.CLT0Ç  CLUZQV  «^pO/^SV    gJ<7gÀGtUVgTg.  Kolv   ÏCUJÏCL  TTOJtfTg, 

ov  xc6T<x(ppov»3}io-go-5e ,  cûiAct  rw  olutm  g^grg  yvee- 
piv  vo/Ao3êto£»v-g5  xcu  J^xct^ovTgs*  g/  J^g  /xn,  ùofyzz, 
/LLtAAovTav  /xiv  yinvSai  rœv  clùvm\1).cltoùv ,  wpocti- 
o-SaLvead-cLi  xou  opyeÇecScu ,  ysyovoTûJV  «N ,  oJx  ixi 
(ppovn(^g/v.  '£2$  J^'  g\  xg(ptfA<x«a  ûp^a-S-ai ,  g'ctv  /Jigv 
x,oÀct(^>rrs  tous  Gt&xotTvTcts ,  eo-ovret,*  J/juv  01  vopoi  39 
KOLAoi  xau  xvpioi  gocy  <JX  clQiyiTi  ,  x&Ào*  /xev,  xup/o/ 
dN  oux,  grt. 

'jQv  J^g  gygxot  tcLVTct  Agy«,  oux.  oxvhctû)  Tipos  J/xct^ 
'^^rctpp)î(7/cto-cco,3a/•  go-Tct*  J^  0  Àoyos  g-zsrt  3ra,poc&*y- 
pLcLToç,    A/a    r«    oseo^e,  a  ctv<5jp£S  'AStivaiTo/ ,  tous 

VOfJLOVÇ    IXiV   TLCLAoùÇ   7LU<t5cU  y    TCL   S^î    «\f/>|Ç*oy*ClTflt   TÎJS 

/x  •*■  %  /  \       \  I  >  I 

UTOteCiùÇ   tV/CLl   7LGLTcLQM(TTîpcL  ,    XC6t    Tot^    Y,} ICTUS   iVIQZt 

Tcls  gv  to?^  S^uLcLcrTYiptois  t%w  îTtinAvifyiç;  lyoo  zcls 


HARANGUE  D  ESCHINE  CONTRE  TIMARQUE.  ^  J 

^i  détournés,  dira  - 1 -  il,  des  imputations  faites  à 
Timarque,  et  les  occupant,  malgré  eux  ,  de  l'ac- 
cusateur, de  Philippe  et  des  Phocéens;  j'ai  rem- 
pli de  crainte  la  multitude  ,  de  façon  que  l'accusé 
attaquait.,  l'accusateur  se  défendait,  les  juges  ou- 
bliaient l'affaire  dont  ils  étaient  juges  ,  et  don- 
naient leur  attention  à  des  objets  sur  lesquels  ils 
n'avaient  pas  à  prononcer.  C'est  à  vous ,  Athéniens, 
d  être  en  garde  contre  les  artifices  de  Démosthène, 
de  le  suivre  dans  tous  ses  faux  fuyants  ,  et,  sans  per- 
mettre qu'il  s'écarte  et  qu'il  se  jette  sur  des  propos 
étrangers  à  la  cause  ,  de  le  renfermer  dans  le  cercle 
même  de  l'affaire  dont  il  s'agit ,  et  comme  dans  la 
Mce  qu'il  doit  parcourir.  Si  vous  le  faites,  au  lieu 
de  vous  voir  joués  et  méprisés  ,  vous  rendrez  des 
sentences  dans  les  mêmes  dispositions  que  vous 
portez  des  lois  ;  sinon  ,  vous  paraîtrez  ne  montrer 
de  vigueur  que  pour  prévoiries  délits  et  pour  éta- 
blir des  peines,  et,  dès  que  les  fautes  sont  com- 
mises, ne  les  plus  regarder  que  d'un  œil  indiffé- 
rent. En  un  mot,  si  vous  punissez  les  coupables  , 
vous  aurez  des  lois  qui  auront  de  la  force  et  de  la 
bonté;  si  vous  le  renvoyez  absous  ,  elles  n'auront 
que  de  la  bonté  sans  force. 

Je  vais  vous  dire  sincèrement  dans  quelle  vue 
je  parle  ainsi ,  et  j'appuierai  mes  discours  d'un 
exemple.  Pourquoi  vos  lois  sont-elles  bonnes,  tan- 
dis que  vos  décrets  sont  inférieurs,  et  que  les  déci- 
sions de  vos  tribunaux  ne  sont  pas  toujours  à  l'abri 
vies  reproches?  En  voici  les  raisons.  Vous  porlez 


446  HARANGUE  d'ÉSCIIÏNE  CONTRE  T1MARQTJE. 

vos  lois,  n'ayant  égard  qu'à  la  justice,  sans  nul  mo- 
tif d'intérêt  propre,  sans  faveur,  sans  haine,  ne 
considérant  que  ce  qui  est  juste  et  utile.  Or ,  avec 
plus  de  pénétration  et  de  subtilité  que  les  autres 
"peuples  ,  il  est  naturel ,  sans  doute  ,  que  vous  por- 
tiez les  meilleures  lois.  Au  lieu  que ,  dans  les  assem- 
blées et  dans  les  tribunaux,  souvent  distraits  du 
fond  de  l'affaire  par  l'imposture  et  par  l'audace 
vous  laissez  introduire  dans  les  causes  un  abus  nui- 
sible, en  permettant  aux  accusés  de  récriminer . 
Et  qu'arrive-t-il  de  là  ?  Ne  songeant  plus  à  la  justi- 
fication qu'ils  vous  doivent,  l'esprit  occupé  d'autre 
chose,  et  ayant  perdu  de  vue  l'accusation,  vous 
sortez  du  tribunal  sans  avoir  puni  aucune  des  deux 
parties  ,  ni  l'accusateur  contre  lequel  il  ne  s'agit 
point  de  prononcer ,  ni  l'accusé  qui ,  par  des  im- 
putations étrangères ,  élude  celles  dont  on  le  charge , 
et  échappe  à  la  justice.  Les  lois,  cependant .,  sont 
sans  force,  la  démocratie  est  ruinée,  et  cet  abus 
dangereux  se  répand  et  prévaut.  Vous  recevez,  pour 
l'ordinaire  de  beaux  discours  qui  ne  sont  pas  ac- 
compagnés d'une  vie  régulière  ;  bien  différens  en 
cela  des  Lacédémoniens,  dont  je  vais  rapporter  un 
trait  de  sagesse;  car  il  est  beau  d'imiter  les  vertus 
même  des  étrangers. 

Un  orateur  haranguait  les  Lacédémoniens  dans 
une  assemblée;  c'était  un  homme  aussi  diffamé  par 


KATA    TIMAPXOY  AOTOZ.  ^ 

TOUTûJV   CLITW    iWlfolÇCC.'  OTl    TQVÇ    fJLÎV    VOjUlOUS    Tl- 

06<x9g  zwi  wa<ri  ro7$  ^ikouoiç,  ourt  xzpiïovç  g'vgx,' 
dàytov ,  ovti  ^ctpiToç ,  ovr    t^d-paç  ,  ctAAct  -arpos 

flturo    /40VSV    TO    «TJ&cUOV    X.0U    TO    (TV^îpOV    CLW0Ç~>Aè- 

wovrtç'  twiâi^ioi  y  ,  o7[xcu  ,  (puvTgs  gVgpû)v  /xoiAAov, 

llTLOTCùÇ  XCLWhJTQVÇ  VO/XOVÇ  TlhîCd-t*  h  J^g  TO,7s  g'x.- 
JtA>1<nct<£  JCCtJ  T0t£  J^JCCtODipiO/S  WoAAcLKlÇ  OLQifJLèVOl 
TM  iiÇ    fltUTO    TO    WpQLyfiCL  AoyûJV  ,   JtTO   TVI5    CtjrctTflS 

x.cu   tû)v   cL\a(onvfjLcLTm  vwctytcrSt ,   jcgu   îjrctvTav 

a&JC0TfltTOV  g9o£  gJS  TOUS  CtyûJVûtS   TÏCCf  CtoY^gO^g.    EctTÎ 
\  \         ^  /  »  ~  ~ 

yctp  tous  ainoAoyovixivovç  ccvT/x.ctT>iyopg<v  tov  x,clty\- 
yopot>vTû>v.  EsrgioVv  «K  &?ëro aw et c-Sirr'  otVc  t^ 
dWo\oytoLÇj  xct'.  t<xs  «vf^X01*  gV  g'"^p®v  yev»o~9s,  g/s 
A>i9>7V  gx,m<rovTgs  ry\ç  xoLTviyopiaLÇ ,  g£gp%gc-9*  g?c  Taw 

J^JCtf.OTTipJÛJV  ,     0U&      TTOtp'      gTgpOU     J^JOJV    tlAY](f)QTiÇ , 

»/  \  ~  /  I    ~  \  ,  » 

ouTg  '/Tctpa.  roi»  jccmiyopou*  -vp»(pos  y<xp  jccct  ccutoi» 
ou  oiootcu   ouTg  tjrapct  toi»  flt'7roAoyouju.gvou^  Tous  yctp 

ctAAoTploUS  QLITICLIS  ûcVoTpi^ct^gVO?  Tct  uVctp^OVTtf. 

qlvtv  tyicAvificLTûi ,  gx.îa'gcpguygv  gjc  tou  J^wccWTup/ot/ 

01    J^g   VOftO/    XCtTctAuoVToK  ,   JCCll   )î   ^YlfAOKpcLTlcL   JW~ 

cpSgjpgTcti ,  xect  to  g'9os  lia  tjroAu  wpoÇ>cLtyum  tvyj.pœs 
yctp  gvioTg  Aoyov  avgu  ^pytarou  jSjou  <zzrpoo-oV)£s<r5g. 
'AAA*  ou  AoixticUfioiioi'  xctÀov   <K   éVn   Jtcti  t<xs 

fyviKCLÇ    ÛLpiTZÇ   fJLlfJLU<r$OU. 

AyuyyopovvTos  yaip  tivos  ev  tm  tûjv   ÀûtJt£(îct/- 
uovjûjv   g'x.x.Ayjo'/ot ,  ctvô^pos  fètQiCûitQTQÇ  (xh  ct/crypSs, 


448  KATA  TIMArXOT  AOrOX. 

\lyîiv  y  tU  usrgpêoAnv  S^uvgltou  ,  39  rm  /Yc*x£o<3t/« 
fjcovim,  as  (pcc<n,  tlcltcl  t>jv  gjtstvou  yvapiv  ^(p/^go-Bcu 
/^gAÀovrojv ,  tjrotpsÀ^v  r*s  rœv  ytpovrcàv  y  ovç  gx.e7vo* 
X)  oLta-yv^ovroit  39  J^g&cco-i,  îc,  tw  tv\ç  vKikiclç  ctvrœv 

tWMV/UlOLV  Otp%>lV  [>.iyiGTW  ZWQLl  \OfJaÇoV(Tl  ,  JCfltJ/- 
OT&én  $'ctUTOt/£  gJC  Tût)V  iTl^CcLlàoÇ  UÇ  yypcLÇ  (TCûtppOVCûV' 

rovTcev  tîç ,  ûjV  ÀgysToc/ ,  ?3"ctpgÀ5û>y.'  /V^upas  eVe- 

-ZtTÀ^gTO^  AcLTLziïoLllJLQnOtÇ,   XOLt  Tl  TG10UT0  3COE.T  OLVZGû'J 

èÇ>AcLaq>YifJw<rsv ,  ©V  ou  îîtoàuv  J£fovov  ry\v  X'srctpryiv 
dwopd-yiroy  oimktovo-i  ,  to/cuto/s  g  y  Tous  ex,xA)j(nct/s 

<Tl>/*£oUÀOlS  %pCùfJLiVOr  OLJLLdL  <fc  ltCLpOL7LCL\î(JcL$  (XÀÀOV 
T/VO,  Tû?V  ÀcfXgÔ^/jUlCV/ûJV  CtV^pC^ÀgygtV  jUtgV  OUX.  ÎVQVX) 

tol  J^g  Jtctrot  f7roMfiov  À&p/Trpoy,  >tou  ^po^  £ikcliq<tv- 
y>tv  3ca*  gyjcp  o/rgjcty  ^/ctcpgpovTûc ,  e^rintçei  ctyna  t<*£ 

»         \  »  ~  f  '/  f/  '\  A    '  * 

CtUT&S    UWtlV    yVC0[A<ZÇ    OVTCùÇ   OTCùùÇ    (VJ   d^VVyjTOLl  ,    cLÇ 

giVgy  0  wpoTspoç  prfrcùp'  w  ,  g(p>j ,  o*  Aajcuoku^oy/o/ 
ctyojpos  ay&3ou  (p3gy£otjHgvot>  -v|>>Kp/(râ>vTou ,  t«  J^g 
T^y  Jî«ro^g^g/À/ct5corûJV  jcct*  wowpœv  <M$pœ'7cm  (pmcts 
ixv\èt  rois  cùgi  'Grpocriïi'^cevTcLi.  Tcû/9'  o  ytpav,  0  zx, 
ïfouoos  o-go-^({)pov>î)ca)? ,  *arotp^yg<rg  to<£  ïolvtov  wo\r 
raaç.  Tol^v  ycLp  iy  T//xctp^ov  J  rov  Kiv&idov  Ay- 
^too-3-gyîîV  gtotcg  WOAlTWÎoScll. 

hoi  <^g  £oj  ^pxS  AcL-iaôcLifxonovç  SipoL-arcverj ,  x) 
ray  YitXYirepav  'srpoyovûôv  uvv\<tS-v\vqijlcli.  Ovra  yctp 
îicrav  7rpo$  tcc^  ctto-^fvot^  ^otÀg^ro/,  59  wtpi  kaugzgv 
T(»v  rgjtvay  t*>îv  <7ûxppo<ri>y>iv  enroiovvTo ,  ûjo"T   ccy>ip  g<s 


HARANGUE  DESCHINE  CONTRE  TIMARQUE.  449 

sa  conduite  que  distingué  par  son  éloquence.  Les 
Lacédémoniens ,  à  ce  qu'on  rapporte ,  allaient  pro- 
noncer d'après  son  avis.  Il  s'éleva  un  de  ces  vieil- 
lards qu'ils  respectent  et  qu'ils  craignent,  qui  com- 
posent le  premier  conseil  de  la  ville[25] ,  et  qui  ont 
mérité  cet  honneur  pour  avoir  vécu  honnêtement 
depuis  l'enfance  jusqu'à  un  âge  avancé;  ce  vieillard 
fit  une  réprimande  vive  aux   Lacédémoniens  ,  et 
entre  autres  reproches  ,  il  leur  dit  qu'ils  ne  garan- 
tiraient pas  long-tems  Lacédémone  de  tout  ravage, 
s'ils  employaient  de  tels  ministres  dans  les  assem- 
blées. En  disant  ces  mots,  il  appelle  un  autre  La- 
cédémonien  ,  qui,  sans  êlre  doué  du  talent  de  la 
parole,  s'était  signalé  dans  la  guerre ,  et  jouissait 
d'une  grande  réputation  de  vertu  et  de  sagesse  ;  il 
lui  commande  d'exposer,  comme  il  pourrait,  l'avis 
qu'avait  donné  le  premier  orateur.,  afin,  disait-il, 
que  les  Lacédémoniens  prononcent  d'après  les  dis- 
cours d'un  homme  vertueux ,  et  qu'ils  ferment  ab- 
solument l'oreille  à  la  voix  des  lâches  et  des  per- 
vers. Tel  est  l'avis  que  donnait ,  à  ses  concitoyens, 
un  vieillard  qui  avait  été  sage  dès  son  enfance.  Il 
eût ,  apparemment ,  oui ,  il  eût  été  permis  à  un  Ti- 
marque,  à  un  infâme  Démosthène,  de  se  mêler  des 
affaires  publiques. 

Mais  pour  qu'on  ne  s'imagine  pas  que  je  veuille 
flatter  les  Lacédémoniens,  je  parlerai  aussi  de  nos 
ancêtres.  Ils  étaient  si  sévères  contre  1  infamie  , 
et  si  jaloux  de  la  sagesse  de  leurs  enfans,  qu'un 

T.    III.  29 


45o  HÀRÀNGDE  »'ESCH1NE  CONTRE  TIMÀRQUE. 

citoyen ,  ayant  découvert  que  sa  fille  setait  laisse 
séduire  ,  et  ne  s'était  pas  conservée  chaste,  comme 
elle  le  devait  ,  jusqu'à  son  mariage ,  il  l'enferma 
dans  une  maison  déserte  avec  un  cheval  qui ,  irrité 
par  la  faim ,  devait  nécessairement  la  dévorer.  La 
place  de  cette  maison  subsiste  encore  aujourd'hui 
dans  notre  ville  ,  et  ce  lieu  s'appelle  la  place  du 
cheval  et  de  la  fille. 

Solon ,  le  plus  célèbre  des  législateurs, a  fait  des 
lois  pleines  de  force  et  de  dignité  pour  la  discipline 
des  femmes.  Il  interdit  toute  parure  à  celle  qui 
aura  été  surprise  en  adultère;  il  lui  ferme  l'entrée 
des  temples  ,  de  peur  qu'elle  ne  corrompe  les 
femmes  honnêtes  en  se  mêlant  avec  elles.  Si  elle 
ose  contrevenir  à  la  loi ,  dans  l'un  de  ces  deux 
points  ,  il  permet  à  quiconque  le  voudra  de  déchi- 
rer sa  robe  ,  d'arracher  sa  parure  ,  de  la  frapper  ; 
empêchant  uniquement  qu'on  nelui  porte  des  coups 
mortels ,  ou  qu'on  ne  lui  fasse  des  blessures  gra- 
ves ;  en  un  mot,  il  la  couvre  de  honte,  il  lui  rend 
la  vie  insupportable  et  plus  dureque  la  mort  même. 
Le  même  Solon  permet  d'accuser  les  corrupteurs 
de  la  jeunesse ,  et  de  les  faire  mourir  ,  s'ils  sont 
convaincus  ,  parce  que ,  trafiquant  de  leur  impu- 
dence, ils  fournissent  à  ceux  qui  veulent  faire  le  mal, 
mais  qui  craignent  et  rougissent  de  se  trouver  en- 
semble ,  des  facilités  pour  se  voir  et  s'entretenir. 

Nos  pères  jugeaient  donc  avec  cette  rigueur  de 
l'honnêteté  et  de  la  honte  des  actions  ;  et  vous  , 
Athéniens  ,  vous  renverrez  absous  un  Timarque  , 


KATA  TIMAPXOT   AOrOS.  45l 

TœV  WoAlTM  SVpCàV  T»V  l&UTOU  SvycLTîQOL  «Ng^O&p- 
fJLiTAV  ,  JtOU  TYlV  YlAlKlcLV  OU  KCLKoùÇ  ^lOLtyuXdL^CLGdLV 
fJLtypt  y&fJLOV  ,  îyKCLTCt»Coiïo(Jl,YI<TW  CLVTM    [JLîS    IWWQV 

ei$  î'pyi/jLov  oi'Aiau! ,  wp'  ou  '?eposY\\Gù$  gueAAev  ctaroÀet- 
<tScli  JW  Aifxov  o■u7x-ct9g/py|u.gv)1, 39  st/  x,  vu   tyiç  oikiols 

TOLVTyÇ  1<JTV\-)LI    TOL    0tX,07T iÙcL    ÎV    TCù    UfJLiTipCà  CLGTU  , 

\    t      l  7*  ~  _       ,    ./  \        1 

7COLI    0T0W0Ç   0 VTOS  JCCtAsi  ToU    iïcLO     l  -7C7tOV    KCLl    JCOpflV. 

fO  «Te  Soàûjv  ,  0  Tav  vofJLoSîTCûv  ivùofyrcLToç,  yg- 

>  I  \  ~  \       ~  ~  ~ 

ypoKfgV    Otpp£cUû)£  TLCLl    (TifJCiCùÇ  mpl    TY\Ç   TCOV  yUVCLlKM 

iux,oo~[j.icLÇ.  Tav  y&p  yuvct'.jcct,  g(p    w  ctv     otÀfcfJio/^o?, 

oiuc   gcc    ytoo-fjLÎiad-cLiy    ouài    uç    Tôt,  JSj/xoTeA.S'  upct 
»     /  '/  \       \       »  »  *i  ~ 

tumVÛU ,     tV0C    |X>|    TcC£     OLVCLfJLOLpTyTOUÇ    TCCV    yUVOLDLCdV 

QLictfJLiywfXiyyi  SsioL<pd-ttpy  tav  £'  e!<rw  i  jcûo^Ïtcu , 
tov  gfcru^ovTct  aceÀÉve/   jcotTotppjyvuvct/  Toc  i/jlclticl, 

3COLJ  TOV  KOCTfJLGV  CLtycLlfUGZcLl  ,   Xj    TUWTEiV  y    g/pyOjfcgVOV 

.ScLVCLTOU     JCOte    TOtT    CtVc67r»pOV      TTOiïfffltl'    CLTlfJLœV      T»V 

TOJCCUTHV    yuV0t7x.OL  ,   X.CU    TOV    ySiOV    c££/û)T0V    OcJtw'  Tlflt- 

pcwjceuetÇûJV  x,cu  tous  7ipOGiyû>yous  ypatpgo-bûL/  kzAzuu, 
x,ctv  i\S<rtj  5cuoL-zcù  fyfjLioiïV)  on  ,  T0V  g'^a/xccpToivgfv 

gSTlSu^UVTûJV    OX^VOUVTûJV    X.&/    ctJ(rj£UVOjt«Vâ>V     ccAÀ)î- 

Àois  gvTt>y%ct,vg<v ,  gcvtoj  T>tv  clutccv  cûaufoicw  wct- 

pCLV^OVTlS    l'Ki    HKT&CÛ ,   TO    tSTpccy^O,   £/$    S^lcUTTUpcLV 

Xj  Aoyov  x.otTg<7T>i(ro:y. 

E-ztrg^'  ot  jitev  *7rotTgpgs  ujulov  outû)  ^gpi  tov 
cc«(r^5â)v  x^  x.clAûùv  J^ieytvûKrjcoV  f|X€?$  J^e  r^atp^ov 
ovra  to?s  cLia^iaroiç  înii:y\ùiUfJUt(Tiv  tvo^ov  ctcpîio-gTg; 


452  KATA  TIMAPXOÏ  AoroS. 

tov  avàpa  fia  x)  ocppgyctTo  cS(jlcl^  yt>va/x,e7&  ^g  d/xaip- 

TY\{JLCLTCL  yifÂOLpTmcQTOL.  T/S  OVV  VfJLCùV  yWOLlXCL  ÀctêtfV 
Ctàx.OU(TCtV  TlfJLCàpYiatTcLl  j  >?  T/^  OlOC  CLWcLlfavTOÇ  g/'vcU 
J^gf  ,  TU  fXgy  XtfTtf,  <PU(TÎV  dfJLCLpTcUOVGVj  ^dM^ CLl  - 
V0V,  TûT^g  TTapot  (flKrfV  ÎOLVTOV  V&pHTCLVTl  GVU&QVAcà 
%pû>£UV0S$    I  iVcO  Jx    eX^V  tYJOLSTOS  VUCOY  yVû)/JLW  iltcL- 

vturtv  oiTtctâe  g&  tov  ^ixaLO-Typiov,  qvte  yap  0  jcptvo- 
/ttevoS  <*.<p«.vns,  ccÀÀa.  yvafpipoç'  ov$    0  vo/jloç  0  -zirtpi 

TV\$  TÛ)V  pUTOftfV  £  OKI  fJLCLtTlCLÇ  (ÇcLliXoÇ  ,  aÀÀ<£  3COtÀÀ/- 

CTTO^'  TO,   T    gpg<J\5cU  T0<S   TTct/CT*   JCCU  TO/S  [XtlpcLKiOlÇ 
\       t  ~        »      t  h  \  ~  / 

tous  gcu/rav  ojxs/ous,  o-anas  ro  wpay jul*  MTcpiTcti , 

^rpop/£/pOV.      I  f     OKV     dN>l    ÀgÇgTê    Ot     TtfS      ^(poi/     VtMU 

ygyoyorg^  xupjo/ ,  otgcv  oc  vfjceTtpot  wctïùiç  v/jlols 
epœvT&i ,  gt   xotTs&xcio-ctTs  v\  ware^yi^io-cLG-Bs^  oV)^ 

OLfJLOiTl^Oip'^OV  CL'7C0\V.<TCLI  OU.o\oyy\(TîTZ  ,  xj  TtfV  JCOJVHV 

'zbuj&jccv   ctvctTp?4/cti  5  T/   <K  ocpeÀos   *srct,/<îkoiyû>yous. 

Tpg(pgiV  ,  >J  *7ÏCLldoTpi&CLS  KCLl   J^ÔWjCCCÀOUS  To7$  KOUGIV 

>  t  *l  (        \  «         I  ^  I 

ètyKTTOLVCLl  y    OTOLV  01    T»V    TCûV    VOfJLCûV  7trctpa,X,0LT0L^y)Xy]V 

»»  ■  \  \         »        /  / 

e%0VT6?     ^*p0^     T&S     CLl<Tp£l/Vflt$     X0LT0LX0LlUWTmT0Ll  ; 

QavfJLcL^cù  y  v/xœv,  cû  'aSjivoJoj,  xcixgTvo,  gt  tous  ^gv 
Ztropvo&ocr^covç  ^tjererre,  tgvs  <K  eVovias  nrns'opvtv[iî- 

f        I  r        \       t         il  c  >        \  ?  »     \         « 

VOUS  <X(f»î(7gTg.   Kof./   û?S,  gO/X.gV,   0  OLUTOÇ   OVTOÇ  ÙLVYip   IZpCù- 

o-L»y»v  p.gy  oi»3gyos  3g^v  JcÂytp^o-gTot/ ,  as  ouat  àv  ex  twv 
ïo[iœv  3cot5apos  to  <tZ(jlcl^  ypa-^ei  J^'  ev  to^s  «vJ/îKpt- 

O-jJLOLGLV  WyjL$  VWîp  T?S  TTOÀgûJS  TCtTs  Sg^VûC/S  0go7s; 
ErrctT*  ScLVfJLCLÇflfWl  TW  KQIVW  dwpoL^lCLV7  Toiovxjm 


HARANGUE    d'eSCHÏNE  CONTRE  TlMARQUE.  ^55 

qui  s'est  livré  aux  débauches  les  plus  abominables , 
qui  s'est  déshonoré  par  des  crimes  contre  nature  ! 
Avec  quels  sentimens  chacun  de  vous  retourne- 
ra-t-il,  du  tribunal ,  dans  sa  maison?  L'accusé  n'est 
pas  un  personnage  obscur,  mais  un  homme  connu; 
la  loi  sur  l'examen  des  orateurs  n'est  pas  une  loi 
vicieuse  ,  mais  une  loi  fort  sage  :  les  enfans  et  les 
jeunes  gens  s'empresseront  de  demander  à  leurs 
parens  comment  l'affaire  a  été  jugée.  Que  direz- 
vous  donc  ,  vous  qui  prononcez  aujourd'hui  en 
dernier  ressort,  lorsque  vos  enfans  vous  deman- 
deront si  vous  avez  absous  ou  condamné  Timarque  ? 
N'avouerez-vous  pas,  en  lui  faisant  grâce,  que  vous 
avez  ruiné  toute  discipline  pour  la  jeunesse?  A  quoi 
vous  servira-t-il  d'avoir  des  esclaves  pour  conduire 
vos  enfans  ,  de  les  confier  aux  maîtres  des  écoles  et 
aux  chefs  de  gymnases,  si  ceux,  entre  les  mains  des- 
quels on  a  remis  le  dépôt  des  lois  ,  mollissent  sur 
l'article  de  l'infamie?  Je  serais  étonné  qu'abhorrant 
ceux  qui  font  trafic  de  prostituer  les  autres ,  on  vous 
vît  renvoyer,  sans  les  punir,  ceux  qui  se  prosti- 
tuent eux-mêmes  volontairement.  Le  même  hom- 
me ,  sans  doute,  qui  ne  pourrait  obtenir  le  sacer- 
doce d'aucune  divinité ,  comme  n'ayant  pas  la  pu- 
reté que  demandent  les  lois  ,  portera  des  décrets 
dans  lesquels  il  adressera  aux  Déesses  Redoutables 
des  prières  pour  la  république;  et  nous  serons  en- 
core surpris  du  désordre  qui   règne  dans  l'état , 


45|        HARANGUE  DESCHÏNE  CONTRE  TÎMARQUE. 

lorsque  de  tels  hommes  mettent  leurs  noms  à  la 
tête  des  ordonnances  du  peuple  I  Enverrons-nous 
donc  en  ambassade  chez  les  étrangers  un  homme  qui, 
chez  nous  ,  a  vécu  dans  la  turpitude  ?  Lui  confie- 
rons-nous les  affaires  les  plus  importantes?  Que  ne 
vendra  point  celui  qui  s'est  vendu  et  livré  aux  plai- 
sirs d'aulrui?  De  qui  aura  pitié  celui  qui  n'a  pas  eu 
pitié  de  lui-même?  Qui  de  vous  pourrait  ignorer 
la  corruption  de  Timarque  ?  Comme  on  distingue 
ceux  qui  s'exercent  dans  les  gymnases,  quoiqu'on 
n'assiste  pas  à  leurs  exercices,  en  voyant  la  bonne 
grâce  de  leur  personne;  de  même  on  connaît  les  li- 
bertins et  les  débauchés  ,  quoiqu'on  ne  se  trouve 
pas  à  leurs  désordres  ;  on  les  connaît ,  dis  -  je  ,  à 
certains  goûts  pervers,  à  un  certain  extérieur  d'au- 
dace et  dimpudence.Car,  quiconque,  dans  des  ob- 
jets essentiels,  a  enfreint  les  lois  de  la  pudeur ,  con- 
serve une  certaine  disposition  de  l'âme  qui  se  ma- 
nifeste au  dehors  par  un  air  d'immodestie. 

Faites-y  attention,  Athéniens;  vous  verrez  qu'une 
foule  de  gens  pareils  ont  renversé  les  états ,  et  se 
sont  précipités  eux-mêmes  dans  les  derniers  mal- 
heurs. Car,  ne  croyez  pas  que  ce  soit  à  la  colère 
des  dieux,  et  non  à  la  perversité  des  hommes, qu'il 
faille  attribuer  les  grands  désastres,  ni  que  les  scé- 
lérats, comme  nous  voyons  dans  les  tragédies, 
soient  persécutés  par  les  Furies ,  et  tourmentés  par 
les  torches  ardentes  de  ces  déesses.  Les  plaisirs  in- 
fâmes et  les  désirs  illicites,  ce  sont  là  pour  chacun 
les  vraies  Furies  ;  c'est  là  ce  qui  entretient  les  so- 
ciétés des  brigands  ;  c'est  là  ce  qui  remplit  les   vais- 


K.ATA  TIMAPXOY  AorOS.  455 

f  /  >        \  \  ~    A    '  '  »  / 

pVTOpCûV  ÎSTI  TCt?  TQV  M^OV  ymfAOLÇ  è7riypcL(po[AèVCûV'> 
KcU    TOV    Gt/o^pûT?  o'iKOl   /BsêlcWtOTct  g£a>   T??   SToAgÛJ? 

'7rpg<7Êgi>T>iy  TTg/^/O^gv ,  59  toutû>  wîpi  rœv  iiiyiŒzm 
S^ioLTrtaTevcroiJLiv  -,  T<  <N  eux,  ety  asroobiTo,  0  tw  zqu 
a-a/xxxoç  u£pjv  7rg7ipctx.0?;  Tivot  «^  dv  oûto?  eAg>icre^y, 
0  ctJrov  oux,  iAzwoLÇ  \  Tm  <K  J/xav  oux,  guyyacrTo? 
€<7Tfv  >î  Ti^ctp^ou  j8&Aupsct;  axTTTîp  yap  toi»?  yujtt- 
yot(WgvoL>? ,  x,ctv  AW  wcLpanw  ev  to7?  yu/i.ycto^oj?,  s/? 

Tût?  tVtjricLÇ  CLVTW  inO&Xi'XQVTîS  ,  y tVGXntQ [AlV   OVTûù 

toi»?  7r67ropveu^gvou? ,  x,cty  ^tw  waLpœfjLtv  roi  ç  olvtùhi 
gpyo/?  ,  ex,  t>i?  ayctJO£<ct?,  )cot/  toi;  SpcLvouç ,  x,eti  tûjv 
€7T/T>îc»ci»^t(XTû)v  y<v0o-x,o/xgv.  O  ytfp  g7ii  x^v  /Agy/cnrav 

T9L»?  VQ[A0VÇ  XXU   T/)V  GœtypQŒVVM    UTTgp/OûJy  ,  g%£J    TtYOt 

g£/V    T>T?    4^%^  '  9   JW&îAo?    g'x,    TY\Ç    OLK0<TfjUCL$    TOV 

1  l 

Tpc7Tou  y/y£Tca. 

Yl\ll<TTOVÇ  J^    GtV  t'vpOtT    gX,  TOV  TOIOUT0V  Ctv9pû>7ICOV 
7ToAg<?  CtVCtTgTpOCpOTct?  ,   X.CU    Tct<?  flcyiŒTOLtÇ  <TVfJL(Q0- 

pcaç  aurons  mçiwi'TCTœKQTa.ç,  M»  yctp  oi£0"9£ ,  © 
•'A5)jVflUot ,  t<x?  t^v  ctTu^/ttctTay  ipX/tç  dwo  6sm  , 
otAA'  oup£  vn  ctv3pû)riûjv  cto-eAys/flt?  ytyso-3-a/,  £oî& 

TOUS  »crc/3>1X.0Tct?  ,  XGtôat7rgp  gV    Tct7?  TpCtyctf&flt/?,  I~Iof- 

yat?  gActuygiy  x,ot<  x.oActÇgiy  Asto-jy  ^ugyoti?*  ctAA'  et/ 
"poTgTgi?  toi»  GOùyLtLToç  yùovaLL ,  x.at/  to  /^vj^gy  /jtctyoy 

yyilŒVOLl ,  TCtUTût  7TA>lp0i  Tût  Ayo-Ttfp/Ct,  TûttiT     g<?  Toy 


\ 


45(5  KATA  TlMArXOT  AorOX. 

gVtfXTpOJtgÀflTO.    I/JL&iColQi  ,    TcLVTOL     IfTTVi    ix.CL(TT& 

rio/y»,    TCLVTO.    'TTcLpCLTCtAcUiToU    TOIÇ    VîQtÇ    (rQoLTTttV 

\  I  t  ~  ~  ; 

TOVÇ  TtroAlTcLÇ,  V7CyptTilV  TOlç    TVpcUIVOlS  ,  (TVyKOLTcL- 

1"  #  1       (\~  ^  »  \  \  »    ■        /  »  «J      4  '      • 

Àu£/v  roy  drvifiov.  Ov  ya,p  t»v  GU(7%tyv»v,  ouo  oc  '/racrov- 
Tctt    A)i(p3êVTg$   Àoy/QovTût/*    <xàV  g'cp'  oîs  x.a.Top9û>- 

G&LVTîÇ    WtppoLVSwOVTcLl,  TQVTOiÇ    JUJOîÀflVTcU.   'E^OLI- 

pgjr  ouy,  «  A-3-jjyottoE,  Tocs  to  tcci/Tûts  cpuo-gjs,  kcli  tcl 
tgûv  vzœv  (y\\œ[XûLTct  lit  dpirw  ?rpoTpg4/ow3s.  Ëy  & 
su  îTiiaroia-Bî ,  xcti  £to/  o-cpoo^ct  to  fjièWov  p»9>i<r£(r5ct< 

S^lCLfiyyi/ilOVîVETB'    gJ     fJLîV     ^CùGil     ?M     i7tiTy\ÔiVfJLCLT^J 

T//xocp^o$  <t/jc?jv,  <*p%w  tvKoo-fjLiaLÇ  ey  tm  'tfoÀg/  x,cc- 
Tct(7)c£yaQ£r£*  si  $'  aVo(pgt»£gTGU ,  xpgtTTay  vfy  0  ccyav 
fi»  yîysyy\fjavoç.  llp/v  /xev  yctp  g/$  x,p<env  Ti^ctp^ov 

JC&TctO"nîVcU  ,  (QofôQV  Tl(Tl  'Zv'CL^Hyj.V  0  VGfXOÇ  ,  7LOLI  TO 
TM  ^IX&O-TYipim    QVQUCC    gJ    J^    0  TfpCùTiVCùV   (ifoAvpiCL 

koli   yvcùpipceTOLToç  iHTiASûûV  wepiywvjTeTau  ,  7to\- 

\ovç  dfJLO.pTa.vi /v  eV#p£7,  jcce./  T£À£i>Tû>y  o?/)£  o  Xoyoç-, 

d\\9  o  xoiipos  vfictç  e^opyiîï.  My  oi)v  g/£   cLd-poovs  , 
>»>»/>  /  §  \      t  >      > 

OtÀÀ    £l£    gVCt    cHroCJCU-vJ/OtTS ,    >CCf,l    T»V    *7rctpflL<T}t£U)1V    £ 

tous  <7i>v>iyopous  cttirûTy  •jrctpa.'mpgTTg.  '.Qy  ou&vos  gya> 

OVOfJLOLCTTl     llVYKrBYKTOfJLÛU  ,     IV&  [l'A    TOLVTYfll    OfflW    TOI» 

Aoyou  t«roi>i(rû)yToti ,  ojV  ovx,  clv  -nrctpy\\Bov ,  gî  /x>?  Ti^ 


HARANGUE  d'eSCHINE  CONTRE  TIM ARQUE.  4^7 

seaux  des  pirates  ;  c'est  là  ce  qui  porte  de  jeunes  in- 
sensés à  égorger  leurs  concitoyens,  à  se  dévouer  aux 
tyrans,  à  détruire  le  gouvernement  populaire. Uni- 
quement flattés  des  avantages  qu'ils  se  promettent, 
s'ils  réussissent,  ils  ne  pensent  ni  à  la  honte  de  leur 
conduite,  ni  aux  supplices  qui  les  attendent,  s'ils 
échouent.  Eloignez  donc  ,  Athéniens ,  éloignez  de 
votre  ville  de  tels  caractères;  allumez  dans  le  cœur 
des  jeunes  gens  l'amour  de  la  vertu  ;  convainquez- 
vous  d'une  chose,  et  n'oubliez  pas  ce  que  je  vais 
vous  dire.  Si  Timarque  est  puni  de  ses  désordres  , 
ce  sera  un   commencement    de   réforme  pour  la 
ville  :  s'il  échappe ,  il  eût  mieux  valu  que  ce  procès 
n'eût  .pas  été  intenté.  En  effet,  avant  que  Timarque 
fût  cité  en  justice,  la  rigueur  de  la  loi  et  le  nom  des 
tribunaux  en  imposaient  encore  à  quelques-uns; 
mais  si  le  débauché  le  plus  fameux,  si  le  coryphée 
du  libertinage ,  traduit  devant  les  juges ,  se  soustrait 
à  la  peine  et  sort  triomphant  ,  son  exemple  multi- 
pliera et  autorisera  le  crime,  jusqu'à  ce  qu'enfin  ce 
ne  soient  plus  de  simples  discours,  mais  la  néces- 
sité qui   vous   excite    à  devenir  sévères.    Au  lieu 
donc  de  vous  mettre  dans  le  cas  de  punir  une  foule 
de  méchans,  effrayez -les  tous  aujourd'hui  par  la 
punition  d'un  seul. 

Défiez  -  vous  de  la  cabale  ;  défiez  -  vous  de  tous 
ceux  qui  sollicitent  en  faveur  de  Timarque.  Je  n'en 
citerai  aucun  par  son  nom,  de  peur  qu'ils  ne  pren- 
nent de  là  occasion  de  monter  à  cette  tribune  ,  et 
qu'ils  ne  débutent  par  dire  qu'ils  n'auraient  point 


-' 

/|58  HARANGUE  DESCHINE  CONTRE  TIMARQUE. 

paru  ,  si  on  ne  les  eût  nommés.  Mais ,  voici  ce  que 
je  vais  faire  ;  supprimant  les  noms,  et  rapportant 
les  désordres,  je  ferai  connaître  les  personnes.  S'ils  à 
ont  la  hardiesse  de  se  présenter ,   ils   ne  pourront 
s'autoriser  que  de  leur  effronterie. 

Je  vois,  dans  cette  cause,  trois  sortes  de  sollici- 
teurs. Les  uns ,  par  leurs  dépenses  journalières ,  ont 
dissipé  leur  patrimoine.  D'autres ,  se  livrant  à  des 
vices  infâmes,  ont  déshonoré  leur  jeunesse;  et  bien 
moins  inquiets  pour  Timarque  que  pour  eux- 
mêmes  ,  ils  craignent  d'être  cités  en  justice.  D'au- 
tres, libertins  furieux  ,  qui  ont  abusé  de  la  mal 
heureuse  facilité  de  ces  derniers ,  veulent  que  , 
comptant  sur  leurs  secours,  on  se  prête  désormais 
plus  facilement  à  leurs  désirs. 

Avant  d'écouter  leurs  sollicitations  ,  rappelez- 
vous  leur  vie.  Ordonnez  à  ceux  qui  se  sont  désho- 
norés eux-mêmes  ,  de  ne  plus  parler  en  public ,  de 
ne  plus  vous  fatiguer  de  leurs  harangues,  puisque 
la  loi  ne  regarde  que  les  citoyens  qui  se  mêlent  de 
l'administration.  Ordonnez  à  ceux  qui  ont  dissipé 
leur  patrimoine ,  de  s'occuper  de  quelque  travail, 
et  de  subvenir  d'ailleurs  à  leurs  besoins.  Quant  à 
ceux  qui  observent  les  jeunes  gens  faciles  à  se  lais- 
ser prendre  dans  leurs  filets,  ordonnez-leur  de  s'a- 
dresser aux  étrangers ,  afin  qu'ils  trouvent  les  plai- 
sirs qu'ils  cherchent,  sans  se  satisfaire  à  votre  pré- 
judice. 

J'ai  exposé  les  lois  ,  j'ai  examiné  la  vie  de  l'ac- 
cusé :  rien  ne  manque  de  ma  part.  Vous  êtes  main- 


KATA  TfMAPXOY  AOrOX.  459 

olvtSv  ovojxcwre  ifivwQvr  aAA'  €Xê~vo  vrotv\<rù) ,  a<pg- 
Aûjv  Tût  ovo  ftara,  J^/g^/ay  J^e  Ta  gn/iîioeu^ctTctcti/T^y, 

Xj  Ta  (TOùfJLCLÏCL  yVCùfllJLCL-iLCLTcLGZWG),  ÏLGXCLl  <T  aUTO? 
tCLVTGû    i)taL<TTO$    (ZlTiOÇ  ,    €*V    jWf  0    OLVaiQj  TLCLl    CUtCLl- 

Tovtcù  yoip  Ttrapiicriv  ix,  Tpiav  ddœv  cn;v»yopoj*  0/ 
(agy,  Ta??  x,a3-'  Yiixtp&v  S'aLWcivcLiç  a\>iAû»toT£?  Tôt? 
woLTpœaLÇ  ovaiaiç'  ot  J^g ,  to7?  yAïKicLiç  39  to7?  gatnaïv 

(TCû/XcL<rtV  OV    XoLAM    5te%p>1jUieV0J  ,   xj    S^idlQTiÇ  OV    Tffl^l 

T 1  [xcLp^ov  y  aAAct  Tispj  icLwcav  ^  to>v  eTUTtt&u/^atay, 

UH  TOTg  £/?  3tpi<Tiy  X,aTa<7T0<nV  WifOl  <K  ,  ê3C  TûïV 
Ct  JtoActCTTûJV  ,  Î9  T0V  TOiV  TOIQVTQIS  TLtfâyifJLWCOV  a(f>6o- 

vû>?,  cyaTaî?  fZo>iQîicLiç  olvtcov  wio-TivovTîç  petov  r/yg? 
gÇGt/^ctpTavaawV  ay,  Tipty  t»?  <ruwyopicLÇ  ùltlovœcli^ovç 

(èlOVÇ  aLVCLfJLlfJLVYlffKtcQt.  KcLl  TOVÇ  /JiiV  ZIÇ  Ta  ŒûùfJLOLTCL 
VaOLpTVIKQTaLÇ    [LV\    VfJLtV    eyO^ÀêlV  ,  aAAa  WCLVGCLŒd-CLl 

«^npiyopouvTa? ,  x.eAgugTg*  ou&  yap  0  yojLto?  toi»? 
idiœTwovTcLÇ ,  otAAct  Tût»?  •sroAtTet/o/xgyot»?  g'£gTa£gr 
rovç  $1  Ta  Traipaa&aTg&iob&oTa?  g'pya^so-Gaj  jcgu 
eTgpaOgy  x/reto-Oot/  tov  yS/ov  x,gAgt/gTg*  tou?  J^e  tov  yg#y, 
otroi  pctd<a>?  olXhtkovtcli  ,  5»pst>Ta?  oyTa? ,  g/?  tov? 
£gvot/?  59  tous  Atetoijtous  zplweaQou  jteAeusTe,  \vcLfjLnx' 
ëx.Etvo(  tu?  •arpoajpgo-gûj?  a,zzro<7Tspû>yTaJ ,  jlh»,j  ti/^g/? 
/3Aa"arT»o-9g. 

la  /xgv  ouy  Trap   ifiov  ô^txcudLwcLvzcLcL7ni\v\(QcL~t9 

èfodcLÇOL  TQVÇ  V0jU.0'J?  y  tjryiTcLGCLZOV  j8fOV   TOtT  JtpfVOjLtgVOU' 


/{Go  KATA  TIMAPXOY  AorOS. 

vuv  fjiiv  ovv  v[iiïç  ia-zî  xSv  i[iSv  Xoyœv  xp/rcu,  ctuT/jcct 
<F  vtitTtpoç  ly<*>  Oe&Tus'  ev  yctp  tm  vixiTtpauç  yw- 
ficLis  v\  wpdLfyç  KctTtXtimTcLi.Ei  ovv  ^ouA^ersc-Ge,  Tct 
d^jtotfet  TtcLi  Tct  o~y|x<pepovTct  u^ww  •zro/>io-ctvTû)v ,  <pj- 

\0Tl[J.CTSpOV   YlfJLiïç    i^OfXiy    TQVÇ    'ZS'CLpCUOfXOmTcLÇ    î£l< 


«t>  ^>^.«.^.«.^.  <«• 


HARANGUE  d'eSCHINE  CONTRE  TIMARQUE.  [fil 

tenant  juges  de  mes  discours  ;  je  serai  tout-à-1'heure 
témoin  de  votre  jugement.  L'affaire  dépend  de  vos 
décisions.  Si  vous  vous  déterminez  à  prononcer 
suivant  la  justice  et  pour  le  bien  de  la  république, 
nous  n'en  aurons  que  plus  d'ardeur  pour  recher- 
cher les  infracteurs  des  lois. 


■  ■»  ■  »c<  »  <■  * 


NOTES 
DE  LA  HARANGUE   DESCHINE 

CONTRE  TIMARQUE. 


VW IWWIVVWVW 


[1]  Dont  vous  venez  d'entendre  la  lecture;  dans  l'acte  d'accusation 
que  l'accusateur  faisait  lire  avant  de  parler. 

[2]  Elles  sont  répétées  dans  l'exorde  de  la  harangue  du  même  orateur 
sur  la  couronne. 

[3]  Nous  avons  déjà  observé,  dans  les  discours  qui  précèdent,  que  la 
cfiorégie  était  une  espèce  de  fonction  publique  et  sacrée.  Le  chorège  s'en- 
gageait à  former  à  ses  dépens  une  troupe  de  musiciens  et  de  danseurs  , 
pour  célébrer  les  fêtes  de  Bacchus.  Eschine  ajoute  qu'un  chorège  devait 
avoir  quarante  ans  passés  ;  cependant  il  est  certain  que  Démosthène 
l'avait  été  à  trente-deux  ,  lorsqu'il  reçut  un  soufflet  de  Midias  en  plein 
théâtre. 

[4]  Toutes  les  précautions,  que  prend  ici  le  législateur,  étaient  louables, 
sans  doute  ,  mais  annoncent  combien  ces  vices  antiphysiques,  ces  abomi- 
nations qu'on  ne  doit  pas  même  nommer  parmi  des  chrétiens  ,  étaient 
communes  chez  les  païens.  J'ai  quelquefois  examiné  pourquoi  elles 
étaient  si  répandues ,  surtout  chez  les  Grecs;  il  m'a  semblé  que  la  prin- 
cipale raison,  c'est  qu'ils  se  permettaient,  comme  honnêtes,  certaines 
liaisons  qui  ne  conduisaient  que  trop  souvent  à  des  horreurs.  Il  est  des 
passions  avec  lesquelles  il  ne  faut  jamais  composer  ;  la  prudence  veut 
qu'on  ne  se  permette  rien  absolument,  qu'on  évite  môme  ces  premières 
démarches  qui  paraissent  innocentes,  mais  qui  pourraient  jeter  dans  les 
derniers  excès.  Le  plus  sage  est  de  ne  s'engager  en  aucune  manière  dans 
un  chemin  rapide  et  glissant  terminé  par  un  précipice.  Que  l'auteur  de 
notre  religion  sainte  connaissait  bien  mieux  le  cœur  humain,  que  les  phi- 
losophes de  l'antiquité  !  Il  ne  se  contente  pas  de  nous  défendre  toute 
liaison  qui  pourrait  devenir  déshonnête ,  quoiqu'avec  une  apparence 
d'honnêteté  ;  il  nous  interdit  les  regards,  les  désirs,  la  pensée  même.  Ne 
nous  écartons  pas  de  cette  règle ,  si  nous  voulons  nous  conserver  purs. 


NOTES.  £63 

Ces  observations  sont  morales,  en  voici  de  critiques.  Taylor  remarque 
judicieusement  qu'il  faut  ditinguer  trois  lois  différentes  dans  ce  que  fait 
lire  Eschine ,  et  qn«  c'est  pour  cette  raison  qu'il  dit  au  grenier  :  lisez  les 
lois.  J'adopte  cette  remarque ,  et  j'ai  distingué ,  comme  lui ,  les  trois  lois. 
11  faut  aussi  remarquer ,  d'après  Samuel  Petit,  que  les  lois  citées  ne  sont 
pas  entières  ,  surtout  la  seconde ,  qu'il  y  manque  quelque  chose ,  et 
qu'elle  ne  présente  pas  tout  ce  qu'Eschine  annonce  qu'elle  doit  présenter. 
Ce  savant,  exact  et  profond,  nous  avertit  encore  qu'il  y  avait  sans  doute 
a  Athènes  deux  sortes  de  gymnases  ;  ceux  des  enfans ,  dans  lequel  il  n'était 
permis  d'entrer  qu'à  certaines  personnes;  ceux  des  jeunes  gens  plus 
avancés  en  âge,  qui  étaient  ouverts  à  tout  le  monde,  et  qu'Eschine  fré- 
quentait ,  d'après  ce  qu'il  dit  lui-même. 

[5]  Les  Ondécemvirs  étaient,  à  Athènes,  des  officiers  publics  auxquels 
on  livrait  ceux  qui  étaient  condamnés  à  quelque  peine  corporelle. 

[6]  C'est  un  titre  qui  se  trouvait  dans  les  lois  de  Solon. 

[7]  On  sait  que  Solon  était  législateur  d'Athènes.  On  lui  avait  érigé 
une  statue  dans  Salamine,  ville  qu'avait  perdue  la  république  d'Athènes, 
et  qu'il  avait  recouvrée  à  sa  patrie.  Il  est  beaucoup  parlé  de  Solon  et  de 
Salamine  dans  la  harangue  de  Dérnoslhène  sur  les  prévarications  de  l'am- 
bassade . 

[8]  A  quelle  occasion ,  et  pour  quel  sujet  Timarque  s'était  porté  à  cette 
démarche  i  ndécente ,  l'orateur  ne  le  dit  pas,  et  il  n'est  pas  facile  de  l'ima- 
giner. 

[9]  M.  Larcher  observe  avec  raison,  dans  ses  notes  sur  Hérodote,  que 
le  nom  grec  t»ai«  se  prenait  souvent,  comme  ici,  pour  la  citadelle. 

[10]  Aulon  et  Thrasylle,  deux  quartiers  d'Athènes,  ou  deux  pays  de 
l'Attiq  ue ,  dont  les  auteurs  ne  parlent  pas. 

[11]   Andros,  une  des  îles  Cyclades,  dépendante  des  Athéniens. 

[12]  Apparemment  que,  lorsqu'il  était  question  d'exclure  un  sénateur, 
il  y  avait  deux  scrutins  :  dans  le  premier,  on  marquait  son  avis  sur  des 
feuilles,  fÛAAsis,  d'où  vient  le  proverbe  «*pwAA»pof»7<76«<;  dans  le  second, 
on  se  servait  de  petites  pierres  plates,  suivant  l'usage  ordinaire,  -\i9%^. 
—  Prives  de  leur  récompense  ,  de  la  couronne  qu'on  accordait  à  tout  le 
sénat,  quand  il  sortait  de  charge. 

[10]  C'e*t  de  Démosthène  qu'Eschine  veut  parler. 

[4]  Je  n'ai  pu  traduire  le  texte  dans  tout  cet  endroit  :  j'ai  suivi  l'esprit, 
et  non  la  lettre,  qu'il  aurait  été  impossible  de  rendre. 


4f>4  NOTE  S. 

[i5]  Andocidc,  orateur  d'Athènes  assez  connu,  dont  il  nous  reste  quel- 
ques discours.  Hermès  ,  surnom  de  Mercure.  On  appelait  un  Hermès  , 
une  statue  de  ce  dieu.  Il  y  avait  beaucoup  de  ces  Hennés  dans  la  ville 
d'Athènes.  — Plus  bas ,  Batalus ,  joueur  de  flûte,  homme  mou  et  efféminé. 

[16]  Il  est  bien  étonnant  que  la  moitié  de  vers  que  cite  Eschine  , 
fifAn  £'  ih  TTpa-ror  *a9«  ,  et  qu'il  dit  se  trouver  souvent  dans  Homère  , 
ne  s'y  trquve  pas  une  seule  fois.  Je  me  contente  de  faire  la  remarque  , 
sans  l'accompagner  de  réflexions.  Il  faut  aussi  observer,  par  rapport  aux 
vers  du  même  poëte,  qui  sont  cités  plus  bas,  qu'il  y  a  quelque  différence 
entre  l'édition  d'Eschiue  et  les  éditions  ordinaires. 

[17]  La-  politesse  de  nos  mœurs  !  Voilà  comme  on  farde  la  corruption  ; 
voilà  comme  on  la  décore  de  noms  spécieux  !  Nous  appelons  de  même  chez 
nous  galanterie  ce  qui  est  la  source  de  mille  désordres  ,  ce  qui  a  jeté  mille 
fois  dans  les  familles  le  trouble  et  la  désolation.  —  Harmodius  et  Aristo- 
giton,  deux  citoyens  d'Athènes  qui  étaient  fort  unis.  Ils  tuèrent  Hippar- 
que,  fils  de  Pisistrate,  et  furent  regardés  par  les  Athéniens  comme  les 
libérateurs  de  la  patrie. 

[18]  La  dissertation  suivante  sur  l'amour  honnête  et  deshonnête  nous 
donnera  la  preuve  de  ce  que  j'ai  dit  plus  haut,  et  la  raison  pourquoi  cer- 
tains vices  infâmes  étaient  si  communs  chez  les  Grecs. 

[19]  Sous  prétexte  de  s'attacher  à  un  jeune  homme  pour  garder  et  for- 
tifier sa  vertu ,  on  le  perdait  souvent ,  et  on   se  perdait  soi-même. 

("20"]  Et  ne  donne  yas  de  nom  à  leur  amitié  ;  parce  que  les  hommes 
étaient  encore  simples  et  vertueux  ,  et  qu'ils  n'avaient  pas  encore  appris 
à  distinguer  un  attachement  honnête  d'une  liaison  criminelle. — Oponte, 
ville  des  Locriens-Epicnémides. 

[21]  Les  deux  vers  que  cite  Eschine  sont  de  l'Œdipe  d'Euripide,  pièce 
que  nous  avons  perdue ,  et  dont  il  ne  reste  que  quelques  vers. 

[22]  Phénix  ,  titre  d'une  pièce  d'Euripide,  dont  il  ne  nous  reste  que 
des  fragmens.  Le  savant  M.  Valckenar,dans  ses  dissertations  sur  les  frag- 
mens  d'Euripide ,  prouve  fort  bien  que  le  principal  personnage  de  cette 
pièce,  que  nous  avons  perdue,  était  Phénix,  gouverneur  d'Achille,  ac- 
cusé faussement,  par  une  concubine  de  son  père,  dWoir  attenté  à  son 
honneur.  Lfe  poëte  fait  parler  un  des  amis  de  Phénix ,  qui  entreprend  de 
le  justifier  auprès  de  son  père. 

[23]  Et  dont  les  mères  gouvernaient  les  biens ,  sans  doute  sous  l'auto- 
rité de  l'archonte  ou  d'un  des  principaux  parens  ;  car  les  femmes  ,  tou- 
jours en  tutèle,  ne  pouvaient  pas  être  tutrices  même  de  leurs  enfans. 


M  o  T  H  .s.  465 

[a4]Critias  avait  été  réellement  disciple  de  Socrate  ;  maison  ne  voit 
nulle  part  ailleurs,  que  ce  philosophe  ait  été  condamné  à  mort  pour  lui 
avoir  donné  des  leçons.  Xénophon  dit,  au  contraire  ,  que  Critias  ,  choqué 
de  la  liberté  de  ses  diseours,  voulut  lui  interdire  l'instruction  de  la  jeu- 
nesse ;  mais  que  Socrate ,  qui  ne  reconnaissait  pas  son  autorité ,  et  qui 
n'en  redoutait  point  les  suites  violentes,  n'eut  aucun  égard  à  une  dé- 
fense si  injuste. 

[a5]  C'était  le  conseil  des  Ephores,  le  sénat  de  Lacédémone ,  qui  tem- 
pérait la  trop  grande  autorité  des  rois.  —  Qu'Us  ne  garantiraient  pas 

long-tcms Lacédémone  se  glorifiait  alors  de  n'avoir  jamais  vu  son 

territoire  ravagé. 

N.  B.  (page  338.)  11  y  a  ici,  dans  la  traduction  de  l'abbé  Auger, 
une  grande  lacune ,  dont  il  s'excuse  ainsi  dans  la  note  suivante  :  «  La 
manière  dont  Eschine  s'exprime  sur  les  désordres  de  Timarque,  pouvait 
être  décente  pour  les  Athéniens  ;  mais  heureusement  elle  ne  le  serait 
pas  pour  nous.  Elle  révolterait  peut-être  les  personnes  les  moins  scrupu- 
leuses. J'ai  donc  supprimé  entièrement  cette  partie  du  discours.  » 

Tout  en  approuvant  les  scrupules  bien  fondés  de  l'abbé  Auger,  on  a 
pensé  néanmoins  qu'on  pouvait  remplir  cette  lacune  par  la  traduction  la- 
tine de  Wolf,  sans  blesser  les  règles  de  la  décence  ,  et  l'on  s'y  est  cru 
autorisé  par  ces  vers  de  Boileau  : 

Le  latin,  dans  les  mots,  brave  l'honnêteté , 
Mais  le  lecteur  français  veut  être  respecté. 

On  s'est  également  servi  de  la  traduction  de  Wolf,  pour  un  autre  en- 
droit que  l'abbé  Auger  s'est  abstenu  de  traduire  ,  mais  sans  en  avertir  le 
lecteur  ,  quoique  la  longueur  du  passage  semblât  demander  un  avertisse- 
ment. (Note  det'Editcw.) 


T.    HI.  2<)  * 


AVERTISSEMENT 

L'ÉDITEUR. 


L'abbé  Auger  avail  supprimé  ce  discours  dans  sa  tra- 
duction ;  d'abord  à  cause  de  la  nature  du  sujet,  ensuite 
parce  qu'il  partageait  l'opinion  de  plusieurs  commentateurs 
qui  rejettent  ce  discours  comme  indigne  de  Démosthène  : 
mais  trop  d'exemples  nous  prouvent  qu'un  ouvrage  très- 
faible  peut  sortir  de  la  main  d'un  grand  écrivain.  Lorsque 
dans  quelques  milliers  d'années  d'ici ,  la  langue  française 
sera  devenue  à  son  tour  une  langue  morte,  bien  des  com- 
mentateurs prétendront  que  les  tragédies  d'Agésilas,  d'At- 
tila ,  etc. ,  sont  trop  mauvaises  pour  être  attribuées  au 
grand  Corneille  ,  l'auteur  de  Cinna  et  des  Horaces  ;  que 
la  tragédie  des  Frères  ennemis  s'est  glissée,  par  quelque  er- 
reur typographique  ,  parmi  les  chefs-d'œuvre  de  Racine  ; 
et  que  l'on  doit  retrancher  des  œuvres  de  Boileau,  l'ode  sur 
la  prise  de  Namur.  Voilà  peut-être  ce  que  prétendront  les 
Casaubuns  et  les  Saumaises  futurs.  Mais  leurs  raisonnemens 
seront-ils  bien  forts  et  bien  concluans  ?  Fontenelle  dit  , 
dans  la  vie  du  grand   Corneille  : 

«  Il  faut  croire  qu'Agésilas  est  de  Corneille  ,  puisque 
«  son  nom  y  est.  » 

Je  dirai  de  même  :  •<  Il  faut  croire  que  le  discours  intitulé, 
'EpctrtKoç  xôyoç  (  Eloge  d'un  jeune  ami  ),  et  un  autre  discours 
intitule  :  'Etita^ioç  Aoyoç  (  Éloge  funèbre),  sont  tous  les 
deux  de  Démosthène  ,  puisque  son  nom  y  a  toujours  été. 
Bourdaloue  et  Massillonne  sont-ils  pas  comptés  au  nombre 


46B  AVERTISSEMENT  DE  L'ÉDITEUR. 

de  nos  plus  grands  orateurs  ?   et  pourtant  leurs  oraisons 
funèbres  ne  valent  guère  mieux  que  celle  de  Démosthène.» 

Quant  à  la  nature  du  sujet  que  traite  Démosthène  dans 
Y  Eloge  de  son  jeune  et  bel  ami ,  nous  dirons,  pour  sa  justifica- 
tion ,  que  les  mœurs  des  Grecs  autorisaient  cet  amour  , 
quand  il  était  fondé  sur  la  vertu.  «  Il  est  permis  ,  dit  l'abbé 
»  Barthelemi  dans  le  Voyage  d'Anacharsis  ,  à  un  jeune 
«  Spartiate  ,  de  recevoir  les  attentions  assidues  d'un  autre  < 
»  jeune  homme  ,  attiré  auprès  de  lui  par  les  attraits  de  la 
»  beauté  ,  et  par  les  charmes  plus  puissans  des  vertus  dont 
»   elle  paraît  être  l'emblème.  »  (1). 

Ce  sentiment  était  considéré  comme  l'amitié  ardente 
d'un  frère  pour  son  frère  :  aussi  Démosthène  ne  fait  aucune 
difficulté  d'avouer  ce  sentiment  pour  le  jeune  homme  dont 
il  nous  expose  ici  les  qualités  estimables.  Eschine  ;  dans  le 
discours  qui  précède  celui-ci  ,  fait  le  même  aveu  au  sujet 
de  quelques  jeunes  Athéniens  ,  dont  il  avait  même  célébré 
en  vers  le  courage  et  la  vertu  ;  et  il  établit  les  mêmes  prin- 
cipes que  Démosthène  ,  sur  les  fondemens  honnêtes  que 
doit  avoir  cet  amour  ;  mais  comme  nos  mœurs  l'ont  tou- 
jours repoussé ,  malgré  des  autorités  si  recommandables  , 
nous  nous  contenterons  de  donner  en  latin  la  traduction  de 
YEçartKoç  Xoyoç. 


(a)  Élien  rapporte  (  Hist. ,  ch.  10)  qu'un  des  plus  honnêtes  citoyens 
de  Sparte  fut  condamné  à  une  amende,  pour  ne  s'être  jamais  attaché  à 
un  jeune  homme.  (  Note  de  l'abbè  Barthelemi  ,  dans  le  Voyage  d'Ana- 
char  sis.  ) 


T.  III. 


3o 


AHMO20ENOTS 


EP^TIKOS    AO  T  OS. 


AA'  imidyi7rzp  a&ousjv  Qovtei  tov  Àoyou,  frîi^œ 
(to/  &#.<  cLvaLyvcùo-ofjLOLi.  Ask  Jxe  o~£  f)jy  -arpocupto-iv  olv- 
tov  *7TpcùTQV  Eiùîv&i.  BgvXîtçli  fiîv  yap  o  tov  \oyov 
woicùv  tTïcLivuv  ETrixpcLTw >  ôv  mro  ToÀÀav  jcgu 
XclAoùv  tcoli  ctyccb^v  ovtûjy  ygav  g  y  iw  tzroÀg*  %ocp/g<TTcc- 
roy  gjvcu,  Xj  TAgfov  tw  o-uve<rgi  '/rpog^gjv,  »  tg>  jcocàÀc/, 

TÛJV  WÀJJL/aTÛJV"  Op#V  J^'  ,  û>£  g7T0S  gl7Tg7v  ,     TA  TlAsiOTCL 

tûjv  gp<MTi)cû>v  (7i>vTa.yfxaTû)v  ctNr^t/vuv  fxcfAÀov,  »  t///,>iv 

I  /  \    <?•     »      l  / 

7rêpf<x.7rrovTcc  tovtoiç  ,  srgpt  av   gcrn   yeypctjXjHÉVct , 

T0VT0    OTTCCÇ   {M    ttKTtTCLl     TTî^VAOLKTcir     KCLl  ,    07Tgp 

jcou  ?zrg3rg<o-:?<x.f  <p>j<7«  tv\  yvœuy,  tovto  x,ou  ygypoccpgy, 

Cô$  fitKCLlOÇ  tpCLQ~TV\Ç  OVT     CtV   WOlVHTclW  0V&V    OLlff^OV, 

ovt  aïicocriM.   O  ,agy  ou  y  cùœwio  a  ijlclAktt  oiv  ipœ- 

T/3C0V  Àctêcf£  TOV  AQyQV,  -GTiÇl  TOVT  'î(TTlV'  0  ^ 
clWQS  AOyoÇ,  TcL  [AiV  OLVT0V  ZWCLim  TOV  VtCLVUntOV  y 
Toi  <^g  CLVXCù  (TVpSoOvXlVll  IClfi  'TCcLlÙiiCLÇ  Tl  Xj  'KpOOLl- 
OtVlùùÇ  TOV  (ZlGV,  riotVTa  J^g  TCLVTCL  yiypMTCTïLl  TOI 
ipOWGV }    OV    TIÇ    CtV   gt£    (llÇ>\lOyJ    XCLTOlSoITQ.    ToiÇ  UiJ 


DEMOSTHENIS 

SERMO  AMATORIUS. 


•*«*• 


j^l  ge ,  âge  ,  quoniam  audire  vis  ,  ostendam  tibi 
orationem,  et  legam:  sed  consilium  tibi  est  inpri- 
mis  intelligendum ,  ejus  qui  liane  orationem  com- 
posait. Is  Epicratem,  quem  inter  multos ,  etfor- 
mosoSy  et  bonœ  indolis  adolescentes  nostrœ  urbis , 
esse  suavissimum,  et  œqualibus  ingenio  niagis  quam 
forma  antecellere  putabat  ?  laudare  instituit.  Cum 
autem  vider  et,  amatoria  scripta  pleraque ,  Us  quos 
celebrarent ,  ut  ingénue  dicam  ,  ignominiosa  potius 
esse  quàm  honorifica  ,  id  ne  sibi  usu  veniret ,  cavit  ; 
et  quod  se  animo  suo  persuasum  habere  asserit ,  i- 
dem  etiam  scripsit  :  amatorem  ingenuum  neque  fac- 
turum  turpe  quicquam ,  neque  pctiturum.  Quod 
igitur  in  oratione  maxime  amatorium  deprehen- 
das  ,  id  in  hoc  génère  versatur.  Reliqua ,  partim 
ad  ipsius  adolescentis  commendationem  pertinent  ; 
partim  de  liberalibus  disciplinis ,  vitœque  génère 
constituendo  prœcipiunt.  Hœc  autem  omnia  sic 
scripta  sunt  quemadmodum  in  monimenta  liitera- 


/f72  DEMOSTHENIS  AMATOR1US. 

rum  referri  soient.  Nam  ut  orationes  quœ  pronun 
ciantur f  simplici  et  extemporali  sermonis  génère 
texi  debent;ita  quas  ad  posterorum  pervenire  me- 
moriam  vells ,  poematls  instar  elaboratas ,  et  ex- 
quisilum  in  modum  perpolitas  esse  de  cet.  Illas  enim 
probabiles y  has  magnificas  esse  oportet.  Ne  vero 
extra  causant  tibi  fabulas  narrem  ,  neve  quid  de  eâ 
sentiam,  ip se  commémorent ,  sic  ausculta,  ut  ipsam 
orationem  jamauditurus,  quandoipse  adest,  que  m 
auditorem  esse  volui ,   Epier ates. 

Cum  vider em  nonnullos  eorum  qui  amantur ,  et 
forma  sunt  ornati ,  neutra  felicitatum  harum  rec- 
tè  uti  y  sed ,  ut  oris  décor  em  laudi  sibi  ducere ,  sic 
amatorum  familiaritatem  aversari ,  atque  in  judi- 
cando  adeb  non  intelligere  optima  quœ  sint ,  ut, 
propter  eos  qui  hac  re  flagitiose  abutuntur  ,  illis 
etiam  sint  iniqui ,  qui  modestam  y  castamque  cou- 
sue tudinem  eorum  expetunt  :  eos1  ego  non  sibimet- 
ipsis  tantum  maie  consulere ,  sed  aliorutn  etiam 
familiaritates  depravare  ,  illorumque  amentiam 
prudentibus  non  esse  imitandam  existimavi  ;  prœ- 
sertim,  si  considèrent ,  cum  res  ipsœnec  honestœ, 
nec flagitiosas  per  sese  sint,  sed  pro  ratione  uten - 
tium  plurimùm  varient ,  temeritatis  esse ,  uno  eo~ 
demque  deutrisque  modo  statuer e.  Deinde,  omnium 


AHMOS0.  EPflTIKOZ.  ^3 

yctp  XîKTiytoïç  tcûv  \oyav  clw\co$  kcli  o/xoicûs  ,  iïç 
av  gx,  tcjlT  wcLp<t')£f>Yi[J.<z  it$  uwoi ,  TrpgTte;  ygypotcpflctr 
to~s  J^'  g/s  tov  TÀgt«w  ^poxov  TgSîio-oAtgyo/^  ,  7r&ftfffc$5 
?ta<  7:gp/TTû>s  (tpfjiOTTii   avyMKTVcn.  Tovç  fjuv  7<*p> 

WtVCUOVÇ  ,  TOUS  JXg,  gSTiOS/X-TUCOUS   glVflt*   7TpO(7>JX,€t.    IV 

oi/v  a«  wclpcl  to-j  Aoyoy  ooi  Agyoj ,  ^udg ,  etîzrgp  y/-» 
yvû?crx.û}  wîçi   TovTœv ,  <*i>tos  <r/g£/a>,  3rpoo-g%  ,  a? 

CtKTOU  TOU  AoyOU  »Ô*»|   CLX.OV<rOflcVQ$  ,  iWilÔYI  KCtl    CL'JTOÇ 

Dfcçj,  ôv  ^ÊouÀJid-wv  ax,ougjv,  'EanxpaTjjs. 

OpûJV    gy*Ol>S  T0V  gp»/JLgVÛ)V  T£   X,<X/   XOlAAcuS   jUgTg- 
<rp£HX.0Tû>¥  ,  OvdlTipcL  S^YI  TûûV   iVTV^lCOV    TQVTÙ)V   O^CùÇ 

^pcofjLîvovç ,  oÎAA'  iwi  fxgv  t*T  t?s  o4>gû>s  euVpgTeiot. 

CTZlJ.VVVOfJLtVOVÇ  ,    T>!V    Jxg    îcTpOS   TOl»^   gpstCT&S    QfllMcLV 

JWj££pet«vovTas ,   39  ToeroSrov  Jv/>ijU.<*pT>ix.orccs    tou 

Tct  /3gATiJTCt   Jtp<Vg/y,  acTTg,  JW   TOUS  Au/JLflUVO/XgVOUS 
-  /  \         \  >  *  ' 

TOJ   WÇOLyiLCLTl  ,  19   TTpOS   T0t>£  ^gTA  GCùQpOffVliyiÇ  TTAvJ- 

a/otÇgiv  dfyoZvTcLÇ  JWx.oAo;s  giyot/  JWja/^gvous'  >iy>î- 
gûlilw  tous  i^gv  to/outous  ou  /zovov  ctuiots  ctAuo-/TgAû>s 
g%gjv,  cf.AAax.ou  tois  claaoiç  fj.ù%5yipcL$  auvYid-èictç 
èvtpy&^wQcLi'  T0~S  S^i  xccAas  ÇpOVCUffiV  OUX  g^AJCO- 

.  A  /  ^  /  >  /  »  1 

ÀOt/J»jTgOV     cJVCtl    TW    TOUTÛJV    Cf.-WOHQlCL  ,    [MLAUTTCL    JXiV 

iv^\j[xovfxiioi;  ot/  ,  xay  îipoty^Gtiwv ,  oi/ts  x.aAay,  out* 
ocio-p^pûjy ,  cLuroTofiaç  ovray ,  aAAa  -zjrapot  tou$  p^p«- 
l*mv$  to  w\t7(TTov  (^tccAAaTTovray  ,  aAoysy  (iiâl 
ymiiy  zsripi  auQoTèpœv  p^piTcGctr  eîjrsiG'  ot<  tîrayTûJ^ 


474  AHMOS0.  ErŒTIKOS. 

clto nœioL-.ov  icrzi ,  Çhaouv  ftgv   tous  TiAgio-Tous  <ptAou£ 

X.OLI  (itÇ>CLlQTCLTQVÇ  i*)(QVTCL$  ,  dwoàox.lfJLCL^ÎtV  <^è  TOVS 
tpÛLGTCLÇ,  0  fJLOVOV  1010V  iWOÇ  Ol/)£  ûLSrcj,(7/V  ,    «AAa  ZQIÇ 

x,ol\oi$  ty  GCùtyoGM  oiKciovatioa  wtQvW  tri  à\ ,  Tôt? 
jugy  ftydîfJLioLV  wœ  to'.olvtw  ($i\icu  wpcLuoG-i  jtaAas 
dwoÇ>SaoLy ,  >i  crcpo^jpcL  x,aTêyvcwcoa-jv  ^uVay,  <»V  ovjc 
iy  S^vnSutv  (Toxppovœs  toÏs  g'vTuy^avoutnv  ofjLiAuv 

l(Tù)Ç   OVK  CtAoyoV  TCLVTW  6^€/V  TV\V  S^ltVJQlcLV'  To7s  i^ 

*t  \      «.  I  \        I  I  » 

OùG7Cîp  CU,  ^iCLTtztjAZVOlÇ,   XCtl    fXY\TZ  7T UVT '&-& 'CLG JV   GCVJJ- 

x,oo/s  oucrev  oa-ot/  Jxvj  y  pneu  Jrt  gp6>ios  ,  Y^p'S  cuc-yv* 
W£>  >iu£nfW<xv3  jteu  ^etoL  tjjs  cLxpiCzcnaLTnç  îvAclCeiclç 
Toy  ccaaov  %povov  fSvoicoicoo-tv ,  oua  usTc^/av  e%£*v  gu- 

ÀOyoV,  <B£  ctV   T/   TipOL^ElùLV  CLKT^pOV.  AtO  Al  36  /XClAAoV 

twypiïw  toutov  ypoL-^cti  rov  Aoycv ,  iyov^oç  S^voiv 

TOIV     XGLWkTTOIV    OV    ^icULcLfTYWlGd-CLl.    T  CL   fJLiV    yctp 

L''7raP%OVTo£'  a0i  dya^cL  ^AOûjv,  ol/xc£.  <rg  Te  (^Aatoy, 

59    6JULOCUT0V     oJfc    CLVOVlTGV     èWlÙtlfylV    IX'Wl^Cù  ,    g!     ff£ 

to/outov  ovtoc  cLyainZ'  o-v/jlCovAivo-clç  <^'  et  llclAiczcl 
xaL~tmiyzi ,  yo/JU^û>  tÏs  ^tey  îvvoicls  tjjs  ilw\$  ùiiyfjLct, 

TtfS    <Tg    X,0/y»S    (ÇlAlCLS    CLQOpfJLW   GLjX<pOTepO«S    UGOIGÎVJ. 

Kolitoi  jx'  ow  ÀeA>j5ey,    ot/  yjxXixw  fM  tari  X) 
tyiv  <t>iv  (ptxr/y  a,£*0s  T^y  vTr&p'fcovTCùv  J^/eA.jgTy ,  eVt 

J^g  gî?*/3CivA;VOTSpOV  TOV  C7L»ittb0l'Aei'g/V  fJLtAAGVïCL  CLVZOV 
UWZVBWQV   iZ  ^îicèim  XCL'CCLCr'ZyG-OLl.  'AAA<X  VOfJL'.t^Cû , 

rot?  ^tev  d^utoLiœç  tyxœujcov  rvy^oLvovji  TCipiyvwJvcu 
t>i?  Tay  g3rctîVoi»yTû5y  wvcLfJLtcùÇ  wpooww   ry   rv\$ 


DEMOSTHKNIS   ÀMÀTORIUS.  /^S 

esse  absurdissimum  judico ,  eos  admirari,  quiplu- 
rimos  et  constantissimos  amicos  habeant  ;  ama- 
tores  autem  improbare ,  quibus  solis ,  nec  iis  tarnen 
omnibus  ,  sed  bonis  et  modestis  duntaxat ,  amasio- 
rum  animi  sic  couciliari  soient,  ac  dedi ,  ut  eorum 
esse  proprii  videantur.  Jam  illos  qui  nullius  talis 
amicitice  felicem  eventum  viderunt ,  aut  semetipsos 
tam  incontinentes  esse  sciunt ,  ut  modestam  cum  fi- 
ni iliaribus  habere  consuetudinem  nequeant  ,  ita 
sentire  fortasse  nihil  miri  est.  Qui  autem  eodern , 
quo  tu  ,  animo  et  conditione  sunt }  qui  nec  prorsus 
ignorant ,  quantœ  necessitudinesper  amorem  absque 
infamia  sint  auctœ  ,  et  superioris  vitœ  suce  tempus 
cum  verecundia  transegerunt  ;  in  eos  ne  suspicio 
quidem  cadit  ullius  turpitudinis.  Quo  ni  agis  etiam 
ad  hanc  scribendam  orationem  sum  incitatus ,  qubd 
duas  res  pulcherrimas  consequi  me  posse  animad- 
vertebam.  Nani  tum  bonis  tuis  commemorandis , 
simul  et  te  felicem  ,  et  me }  qui  te  talem  diligam  ? 
non  vœcordffm  esse,  ostensurum  conjido  ;  tum 
suadcndis  iis  quœ  in  primis  necessaria  sunt,  et 
benevolentiœ  mece  spécimen  et  mutuœ  amicitice  oc- 
casionem  allaturum. 

Tametsi  autem  me  non  prœterit ,  quam  difficile 
sit ,  et  indolem  tuam  pro  dignitate  celebrare ,  et 
multo  etiam  esse  periculosius ,  dare  consilium, 
cum  monitori  eventus  consiliiprœstandus  sit  ;  decere 
tamen  existimo ,  ut  et  hi  qui  jure  laudantur ,  ve- 
ritatis  excellentia  laudantiumfacundiam super ent  ; 


47@  DEMOSTHENIS  ÀMATORIUS. 

et  in  dando  consillo  spero  me  non  aberraturum. 
Scio  enim  stultos  et  intemperantia  prorsus  depra- 
vatos ,  nulla  etiam  sapientissima  rectissimacjue 
consilia  probe  exequi  ;  pcr  eos  verb ,  qui  vitam 
suam  prudenter  et  innocenter  instituerunt ,  necvel 
mediocriter  cogitatafustrari  solere. 

Hac  igitur  spefretus >  ad  orationem  aggredior. 
Arbitror  autem  omnes  mihi  esse  assensuros , 
hanc  œtatem  decere  maxime,  et  pulchritudinem 
aspectûs  y  et  modestiam  animi,  et  fortitudinem 
utriusque y  et  perpetuam  orationis  suavitatem.  JE  I 
quibus  ea  quœ  natures  sunt,  ita  tibi  prœclara ,  . 
Fortuna  largita  est,  ut  omnes  te  suspiciant ,  et 
admirentur  :  reliqua  ipse  tuaple  curaeb perduxisti, 
utnemo  sanus  te  reprehendat.  Oportet  autem  eum  ; 
qui  maximas  laudes  mereatur,  et  Diis  carum 
videri  ,  et  hominibus  ,  partim  propter  semetipsum, 
partim  propter  forlunam ,  admit  ationi  esse.  Ac 
in  un'wersum  de  plurimis  tuis  ad  virtutem  adju- 
mentis ,  plura  deinceps  narrari  conveniet.  Quas 
vero  singulatim  laudes  referre  possnm  >  eas  vere 
ut  exponam,  opérant  dabo. 

Primum  autem  eam  laudare  incipiam,  quant 
mdentibusomnibus  primum  cognoscere  licet,  tuam 
pulchritudinem , ejusque  colorent,  e  quo  et  membra } 


AHMO20.  EPÛTIICOS.  477 

iXvfrilcLÇ  vwtp&oXy*  ty\ç  fri  <rv[xÇ>ovAriç  ov  ^ixtu.ap- 

/  a  ^  1         tl  ^      \  \  >         I  r  .    ~ 

TWiGVOLl  ,    GUVilQM   ÛTJ,    010.  flèV  CtVCJlTaV    ty  ncLV'tACàÇ 

vw'  <Lx$cl<tIclç  diîÇiïciplJLiVQV ,  ou&  T<»y  jcalÔ  im€p£oA>iv 
£i  T«v  acùfyovcoç  TLcLt  Tutd-cLpaïç  £fv  a/psujxevûr./,  oJdé 

Tût  {J.tZpiGùÇ  i<TX.tlJL[JL'iVCL  S^lOLLlCLp'CCLViGd-OLt  mQVTLî. 

Tas  fjiiv  ovv  l\wiù(tç  \yjw  toiclviclç,  lyyiifi  toù 
Xoycù'  yyov/JLcti  J^e  zsrcLVTctç  iv  OLtoKoyyiccci  fxoi,  roiç 
t»Ajx,gutojs  fictAtazct  )cccv>>j3ceiv ,  JtaAAos  fxev  em  t»s 
o-vf/Ê^  ,  (Tû)<Ppoen;y>iv  J^'  iwi  ryç  >[/t»5^>f$ ,  av^piav  J^' 
esr  cta<poT€pû)v  TouTay ,  Yapiv  <Tg  e*sn  to?v  Aoyav 
JuaTeAciy  g^ovTas.  £2v  tol  uuv  t»s  Qvamç  ovrœ  x,a- 

ÀoTs   »|  TU^lf    (70/  TTcLpcLOfÙœKtV  ,  ONTTg   Wif)t<oAl7rT0V  $ 

5at^taQo'//.gyoy  JWt£À6ÎV  Ta  <K  auVos  ?«rapa  t»v 
iWiu.t\uaLV  îis  toiTto  ?rpoGtyûtyû>y  wcef$,  acre  /xncîSgv* 
av  <7o/  Tav  eu  (ppovoi>yiû)y  twiTifinacn,  Kglizoi  Vpw  tov 
Tûîy  jW,ey<(TTûjy  twaavccv  a^joy ,  fsro  /xgy  tûjv  â-gûw 
ayaTy^evov  <pcuve<rGai ,  *arapa  J^é  toTs  avflpûnrois,  rot 
u€v  JV  ai>Toy ,  tol  <^e  JW  twv  tuJ^jiv  3-au jULct^eo- Oa i . 
Ka9oAot»  /xev  Totvt/y  T^y  uTrctp^ovTûw  (toi  tst^oç  £pt- 

THy  ÎVfflS  VŒTipQV  CLf>[AOTTil  TOL  TjrXtiCà  ^tiABtTv  et 
^  tX,OL(TT0V  TOVTCCV  ly^LOb [Xi &  tiZPttV  iyjû  ,  TaOVaJ'V 
ACCGCLI  WilpcLGQfXCLl   (XIT     i\y\$ilcL$. 

ApÇOfJLCU  frl   ^Tp^TOV  iKCLimV  ,  07T€p  TfpaTOV  idoVVlV 

aûroto-jv  ecrTi  yvaycti  ctok,  to  3cot.AÀo?,  xct<  touto  to 
^/pajjLtat,  dNf    ou  x,a.i  Ta  /uéAm  x.ac  oAoy  to  o-»/Jiat(pcn- 


47$  AHMOS0.  EPÎ2TIK0S. 

%      ?*  f   *      l\  t  I  »        /  »     I  o, 

VcT&l    Où    TtV    CU  OLDfJLOTTOVŒOLV  tlTCOVcL  îViyHûù ,  (T'jtOnCûV, 
0U%    °Pœ'    AÀÀûC  WcLpKTTcLTcLt    U.01  fiil'o-SaLl  TtoV  ctVOC- 

yvovTûjy  Tovofe  rov  Aoyov>   <rt  SzGopyŒcii  jca,/  tag<y,  /va.- 
<7uyyvû>pî£  Ti%4>  fwfcv   ofxoiov  g'%0'>  utcCiv  ûlvtcù. 
Tu  yctp  ttK&Qtit  tiç  d-vyTM  ,  o  olSolvcltov  *ro?k  liïovaiv 
epyaL^TcLi  wod-oVy  tloli  opa^vov  oJx,  i'srow\^o7j  xj 

[XZTCLGTM    [XVYlfJLQVtViTOLl,   £   T>1V  Ta';  5g0V    OL^otV    eV' 

1     Q.         '  ~    '  "  \  \  \  >  I 

CLVd-pœWOV    (piKTÎÛùÇ    tyjl<>    "ZZrpOS    [XèV    TY\V    îUWpîWZlCLV 
'    ^       \  1       *  \         \  >    /  »  /  >  \        \ 

av^»pov,  ?rpos  <Jxg  tocs  antoLÇ  ouwTrovoîiTov  $  aÀÀct  /tajv 

a  tioààoÎç  hJVî  o-DVg7Tg(7e  ray  xolAAovç  [j*îToL(r')(ovTCàV. 
J-l  ya,p  Jx/a,  pctd-v/uiaLV  rov  gcù\xcltos  cl-gtclvcu  <7vvîtcl- 

pzjrOLV  TY]V  V&OLp^OVGOLV  g^Vf  êTTgJCCV  ,   7\  JV  CLTVy^lXdU 

ri  x)  Tût  kclXûùç  we(f)vx,oTaL  <rvvôieCcL\ov  OLVTGû.  ' Q.V 
Gvdïvi  Tw   (tyiv  o«v[//v  gt/po^agy  ctv  gyop^ov  yzy£vvi[xîvw 

OVTûS  GQoàpcL  tQvAoL^CLTQ  TlcLdCLÇ  TOL$  TûlCLVTGLÇ  7tvfpcL$y 
OGTIÇ  7C0T    liv  9g<»V,  0*  T>)$   (W  O-vf/gÛîS    7îpOVO>lGglS  ,  û)<7Tg 

fjLYifev  [xtfjL^iœç  dïfyoVy  tol  J^g  -ar\u(TTaL  7rgp/£Àg3rTa 

(TOL»  3C0LTûL(rT?(7a<.    KcU     fJiîV  J^VJ  ^  T0V   OpûJ/XgVaV  ,  etZH- 
/  \     »/  ~  /  /  .\        » 

(p«.vg(TTaroi>  /^.gv  oyros  rou  •nrpocrœ7i,ov ,  toutou  og  ctf- 
rov  tcùv  O/U/^arûJV,  gr/  /jlolWov  gy  toutou  twtàulçcLtQ 
r>iy  gyyo/atv,  >iv  g*%gv  g£^  cg,  ro  Poli[jlovigv.  Ov  y  cep 
/xovoy  tjrpo^  ro  tcl  jcarg7rsfyoy3  opqcv  cLUTcLpM  tCcl- 
pi<ryy\TcLi  ,  aÀA',  ev/û)y  ou^'  gjc  T«v  wpûLTTOfitmj 
yr/vœcntofJLîwç  Tviç  apgTÎs,  croi ,  J^/oc  T(îv  *nîï  o-vj/s^ 


DEMOSTHEMS  AMATORIUS.  479 

et  tolum  corpus  elucet  :  cui  quant  convenientem  si- 
militudinem  adhibeam  ,  cum  consldero ,  invenio 
nullam.  Sed  in  mentem  mihi  venit,  rogandos  esse 
lectores  hujus  or  adonis  ,  ut  ipsi  te  spectent  et 
contemplentur ,  utvenia  mihi  delur,  nihil  tibi  simile 
adferenti.  Cum  qua  enim  id  mortalium  rerum  com- 
paretur,  quod  immortale  aspicientibus  desiderium 
parit  ?  quod  aspectu  sut  non  satiat  ?  quod  cum 
remotum  est ,  animis  obversaturl  quod  divinam 
obtinet  in  corpore  humano  dignitatem  ?  ut  jlori- 
dum  elegantia  venustatis ,  ita  omnis  suspicionis 
expers  ?  Jam  nec  Ma  in  facie  tua  culpari  queunt , 
quœ  multis  pulchritudine  prœditis  accideruut,  ut 
vel  ob  corporis  inconcinnitatem ,  universa  eorum 
elegantia  turbaretur  ;  velpropter  calamitatem  ali- 
quam }  etiam  reliqua  per  se  prœclara  minus  pla- 
cèrent :  quarum  reprehensionum  omnium  tuam  fa- 
ciern  expertem  esse  reperiemus.  Tanta  enim  cura  ? 
quisquis  Me  deorum  fuit,  qui  formam  tibi  largitus 
est,  omnes  hujusmodi  labes  cavit ,  ut  nihil  vitu- 
peratione  dignum,  suspicienda  in  te  plurima  effe- 
cerit.  Nam  cum  in  his  quœ  aspectu  sentiunlur, 
maxime  faciès  emineat,  atque  in  hacipsa  oculi  ;  mu- 
gis etiam  in  his  suam  erga  te  bencvolentiam  numen 
ostendit.  Non  enim  eos  ad  necessarios  duntaxat 
usus  idoneos  prœbuit  ;  sed,  cum  quorumdam  virtus 
vix  ex  aclionibus  appareat,  mores  tuos  probatis- 
simos  per  visus  indicia  declaravit }  qui  sis  et  mitis 


480  DEMOSTHENIS  AMATOR1US. 

alque  humanus  aspectu,  et  magnifiais  3  et  gravi a 
in  vitœ  consuetudine  ,  et  fortls  ac  moderatus  ad- 
versus  omnes  lidquodin  primis  admirer e.  Namcum 
aliorum  comitas  in  humilitatis ,  gravitas  in  fastûs 
opinionem  incurrat;  cumque  iidem  yulpr  opter  for  ti- 
tudinem  temerariiysic  propter  mansuetudinem  inertes  ' 
videantur,  tôt  res  inter  se  contrarias  nacta  fortuna, 
ita  uti  par  est ,  omnia  consentientia  secum  effecit , 
quasi  votum  absolveret >  aut  exemplum  aliis  osten- 
dere  vellet  y  non  quasi  mortalem  pro  more  suo  na- 
turam  constituer  et. 

Quod  si  tuam  pulchritudinem  assequi  dicendo 
lie er et  y  autunum  hoc  in  te  laudandum  esset  _,  nihil 
in  hoc  lui  celebrandi  proposito  e  tuis  dotibus  prœ- 
tereundum  vider etur.  Nunc  vereor ,  ne  auditores 
defatigemus ,  ut  minus  alacriter  accipiant  reliqua , 
si  de  hoc  frustra  nugemur.  Quis  enim  speciem 
tuam  oratione  exprimat }  quam  nec  pictœ  autfictœ 
imagines ,  prœstantissimorum  artijicum  industria 
elaboratee,  super  are  queant?  Neque  id  mirandum; 
nam  illœ  immobiles  spectantur ,  ut  obscurum  sit , 
cujusmodi ,  si  viverent,  apparerent  ;  sed  animi  tui 
mansuetudO)  et  dexteritas  in  omnibus  tuis  Jadis , 
venustatem  corporis  mirum  in  modum  auget. 

Ac  tuœ  formœ  laudes  (quanquam prœterii  mul- 
las  )  lias  habeo.  De  temperantia  verd,  pulcherrima 


AHMO20.  EPUTIKOS.  481 

juiey  %j  (pJÀav9f0'7rov  roïç  o^Scri ,  fizyciAo'rpzTCYi  ^è  59 
<nuvov  Toîs  ofiiAovcnv ,  *V(fys~ov  ^g  ^  cûxppoyot  Triim 
eV^jg^xs'  0  x,<*<  fjLct\i(TT  otv  Tes  ScLUfiaLo-zit.  Tm  yàp 

CtAACûV  iwi   [JM  Ty\ç  *7rpcL0TY(TQ$  TcC7CtlVm ,  g^H    J^g  T>1S 

(rg^yoTtfTos  ccJ^cto'ffly  uTroÀa/Ji&xvoagy&v,  :<.ct<  <J\ct  piv 
tm  ccvfyictv  3-poc<7urepû)v ,  JW  J^g  tw  wv^iclv  £Ç>i\- 
Tgpûjy  g/vsu  Jxo3coi>vtfflv ,  TOdctuTcts  i»r:svctvT/û)(rg^  7ipos 
ccAÀ»Àot  Ao,Sov(7flt  >i  TVfct)  wpoç  ro  J^gov  cuvrcviS-1 
ofioAoyovficvz  ct7rf&»x,gy,  0o-7rgp  èv^w  g^nr^Aouixa, 
A  T5tpar;giyy-ût  ToT^  ctAÀojç  i7Ciàîi^cn  j3ouÀvi3-g?<7&, 
ccàV  ou  3-v/ithv,  «$  ei3i<rro,  (fu<m  Î<tt&<tcl. 

Ei  fjLiv  oùv  gIovt'  A  y  g(p<x,g<r3a/  Ta  Àoya  TstTjtctÀ- 
Àoi>?  toC  «rotT,  A  to'jto  îiv  jxoiov  r^y  cav  ût^/g'?rct/voy>  ot>- 
dfcv  iy  wcloclAittiiv  aoasflat  &/y  g-arajvsuyTgs  Tû>V7rpoo-ov- 
T0v  (ro/*  yuy  <^g  JWo/>tct,  fin  wooç  tol  Ào/7rx  oc^rg/p»- 
kùgi  *)£py]<rù)u.td-cLToiç  cLkpoaLTauç ,  u  mpi  tovtov  fia.- 
T»y  Tipd-ftvcûfii zïol.  FIûJS  yap  otv  tiç  vwoQolAqi  tcù 
Aoyoù  T»y  <rnv  ô-v|wv ,  îîs  /Jt.»^'  a,  Tg^vy  ^g^o^Tcu  t<bv 
gpyav  toTs  oLpuTTOiç  fivfiiovpyôïs ,  frirjcLXcu  JngpTgTvot/; 
Jtae  d-aLVficLGTQv  otogy.  Ta  /j.gy  yap  cuayviTov  gp£g<  T>jy 
.j.-apiav ,  wfff  ct&iÀsv  g/vcu ,  r<  ttot'  ctv ,  -^X^  i^" 
Tao-^oyTct,  qtcLnin'  <rov  j^g  to  t>Ts  ymfiyç  yd-cç  g'v 
7:cC(X/v ,  oU  isroiiTç  ,  agyocÀ>iv  gir/rp^g/cty  g  uTclv^clvh 

ngp<     ^tgy   ovv  rov    kolAAouç  ,    7roÀAat,    7iotpaÀ/- 


4&2  AHMO20.  EP^TIKOS. 

0"ûKppO(7UVtfS    ,       5C0CÀÀ/O-T0V      ff.gV      T0UT5       *%9fjlt       <*v 

e<VgTv  or/ ,  riîk  >ÏÀoaots  tÏs  toiclvty\ç  guoWêo- 
\œç  è%QU(TV)ç ,  co/  ^tcfAÀov  g7rcuygto-3-ou'  <rvtx@>f.  • 
Ê»jcev.    Ou    yotp  ^tovov  ou&v  içcLfJLcLpTctvu,    d\\oL  *> 

(PpOV//^û)TfpOV  ,    Î1   JtOCTOt  TtfV   ûjpoLV  ,  QlV   *7TpO«p>jTOLI.    KcLt 

/  '  '  e  t  \        »   «      / 

TOUTû)V    fjLèyMTTOV    TgJCjUWpiOV    tf  «5TpOS  TOUS    cUZÇC£'7C0VÇ 

ofjLi\i<x..  YloWm  yctp  îVTvyyyLvovTw  co<  ,  x,cu  îzrctv- 

TodoLWOLÇ     QlXTtlÇ     gp^ovrav  ,     eTt    J^g     7èrpQO~aLyOfJLlVCi)V 

t        i  y       \  \        r  ~  I  tf  „ 

Cf7rctVTû»V    g*3Tl    TGLÇ    iOLVTCCV     GVVY\XclCLÇ  ,    OUTû)    JCûtÀûJS 

/  /  »/  /  \  \  * 

7TpOg<mj£   Tû>V    TO/OUT0V,  6J(7Tg    ^TCtVTût^  TVJV    ttTpOS    (Tt 

ÇiXiolv  y\ycL'ffY\>ioTcLÇ   ïXjiv'  o   (T^ag?ov     roTy    gvo^ffls 

JCCt/     (p/ÀctVÔ-pûîTrû)?    QÎ?V     TTpOO^pOU/^gVûJV     gVTJ.    Kct/TOt 

TfVgS     tvÙ0X.lflYI<TcLV    iAj    TfflV     T£    (TK^uêoUÀgUOyT^V ,    OùÇ 

OV    %p*/J   TOLÇ    TCàV    TV)(QVTM    0(JLIAICLS   'XpOO'OVfciO'jcLl  , 
\  -  I  1  4  \  \  I 

xcli   tm  murS-MTm    tovtoiç     v\    yctp  'srpoç    %&p'V 

O/JLiAoVVTcLToTç  (p&uAoïS  OLVôLyKciïof  tWCLl  S^lOiCcLWè- 
0~$OLl  TTOLpOL  TOIÇ  TloWoiÇ  ,  J  J^gUÀctCoU/Z-êVOV  TCLÇ 
lOlOLVTCLÇ  g^/TTÀJI^gt^  ,   VK     OLVïûùV    xm    îVXVy^CLVQVïœV 

JW^gpouvgo-Scu  cv[i'7Ci'7CT£f  lyœ  J^e  JW  touto  ^ 
[aclWov  gIo[icli  <rt  J^gîv  iyycapjcL^eiv ,  on  rm  ccàà&v 
gv  n  T0>v  cto^uvaTay  oto/xgyav  g/vot/  ro  roïç  clAAw  rpo- 
^roiç  apio-xEiv ,  eu  roaovTo  toutûjv  s^iyiny^cLS  •>  ®o~Te 

TUV  yoL\î7tœ\  KOLl   ^VOTCOACCV   CL7Ï0LVTCÙV  uripiyt'/iwi- 

ad-dLt ,  tou  jttèy  (ruvg^otaotpTrtvg/y  t/  t/chv  ouf  UTro-\[/<of.v 

ivdlàoVÇ  TO?S  CtAA(5/^,  T>î$  «^g  TrpO?   OLVroVS  ÙuO")£èpilSLS 
~         /  »  /  / 


DEMOSTIIENIS  AMÀTORIUS.  4^3 

laus  Ma  occurrit ,  qubd,cum  istaœtas  calumniis  ex- 
posita  sitytibi  usu  venit  utpotius  laudarere.  Non  mo- 
do enirn  nihil  delinquis  ;  sed  sapientius  etiam,  quant 
projloreœtatisjvitam  instituisti.Cujus  rei  maximum 
testimonium  est ,  tua  cum  hominibus  consuetudo. 
Cum  enim  te  multi  conveniant,  idemque  diversis- 
simls  prœditi  ingeniis  ,  tenue  omnes  ad  suam  fa- 
miliaritatem  invitent  y  ita  prœclare  te  adversus  illos 
omnes  gessisti ,  ut  amicitia  tua  delectentur  :  quod 
est  vitœ  indicium  laudabiliter  humaniterque  ins- 
titutœ.  Quanquam  autem  jam  nonnulliprobati sunt , 
tum  qui  non  quosvis  in  amicitiam  recipiendos  sua- 
sere ,  tum  qui  iisdem  paruere ,  quod  et }  si  quis 
improbis  obsequatur y  necesse  sit  vulgi  reprehen- 
sionem  incurrere  ,  et,  si  eam  calumniam  vereatur, 
odium  ipsorum  sodalium  suscipiendum  sit  :  ego  ta- 
menpr opter  hoc  ipsum  te  magis  laudandum  censeo  , 
qui,  cum  aliisjieri  non  posse  videatur ,  utpopuli 
judiciis  probetur  quisquam  y  tan  tum  illos  excellas , 
ut  dij/îcultates  atque  asperitates  omnes  sitperaris. 
Narn  ne  suspicionem  quidem  de  te  prœbes ,  quasi 
ulli  sis  delictorum  socius  ;  et  aliorum  odium  mo- 
rum  dexteritate  vincis. 


484  DEMOSTHENIS  AMATORIUS. 

Jam  cum  amatoribus  (  si  quid  de  his  quoque  di~ 
cendum  est  )  ea  esse  ratio  tua,  eaque  cum  bonitas, 
tum  prudentia  mihi  videtur ,  ut,  cum  plerique  nec 
eum  que  m  sibi  delegerunt ,  mo  dévale  ferre  queant , 
tibi  usu  venerit,  ut  omnibus  supra  modum  placeas'- 
id  quod  signum  est  tuœ  virtutis    evidenlissimum. 

Nemini  enim  ea  negasti,  quœ  jure  honesteque 
tribuipossunt:  quœ  vero  cumprobro  conjuncta  sunt, 
ea  nec  sperare  quisquam  in  animum  inducit  :  tan- 
tam  virtutis  et  honestatis  appetentibus  potestatem  , 
impudentibus  desperationem  offert  tua   modestia. 

Prœterea,  cum  in  adolescentia  plerique  modestiœ 
laudem  taciturnitate  venentur  ,  tu  tantiim  ingenio 
polies ,  ut  sermonibus  et  colloquiis  tuis  non  mino- 
rem  quàm  cœteris  omnibus  rébus  apud  familiares 
luos  laudem  sis  assecutus  :  tantus  tuus  lepos  est, 
tanta  suavitas ,  tum  seriis  ,  tum  jocosis  in  rébus  y 
cum  et  simplex  sis  absque  deliclo ,  et  acutus  absquc 
jnalicia,  et  humanus  cum  ingenuitate  :  ac  denique 
talis,qualem  virtutis  aliquis  amans fdium  adop  tarit  - 


AHMO20.    EPHTIKOZ.  4^ 

HcOÇ  TOiVUV  TOUS  ifCL<TTSLÇ  ,  il  %f  X  X.CCI  Têpt  TOU/0V 

€/Vg7v,  OVTûù  TLCtXœS   fJLOl  i^OTLUÇ  X.Ctt  (TOXppCVÛJS  OfJLlXitVy 

ÛX7T6,  TOH  ^Ag/CTû)V  OUtfê  OV    CtV  'WOOtAûùVTXl    fZSTflCûÇ 

inyyUïv  ^uvctfxevû^ ,  0-0/  7Tct<n  x,ct-3-'  u7rgp£oA>iv  apg- 
c-jcciv  <ruu.£g£>tx,gv  0  TÎk  <riiV  dprrife  cnfxîiov  ivcicyt- 

(TTctTOV    tŒTiV.    ilV  JllgV  yctp  <TlX,Gt/0V  X.CU  X,<*AoV  ,  0UOg/£ 

»,  >      ~  \         —  n  I  ,\    o       »  >  / 

CLfJLQlpOÇ  CLVTCûJ   TZcLpO.  <TQV  SCfiWéffTWCgV"   &  0    gt£  flt»(Tj£U- 

v>jv    r\x.ti ,  tûutûjv    otîo*    li$   i\iviàcL  ovàîtç   épiera. f 

TOGZVTM    T0?$    |X€V    T0V    j8cATt(7Tûjy   Optyo/AtlOlS   i%0V 

(?/ctv,  TOli  J^  ctTroOpeto-uvêo-Oc*/  j6ouAo(U€vo/s  &ToA4u/tf.v 
x  o*»  eraÇfOffuv)!  Tratpeo-xsucrjcev.  Et/  to/vu»  T«y  ?*rAg/- 
ctûjv  ex,  tyis  a-ieùTTYis  ,  oTctv  oxxt  noi ,  tkv  t>is  cûjcppo- 
(tvvyiç  dojïcLV  &yipœfjLVJm  ,  <ru  to<toutov  tm  <pucrgc  J^/gvyj— 
vo^aç,  <i'o-Te  é£  âv  Agyg/s  $  Q\Li\ui  ~oï$  gv*:uyp£otvou<n 

plOfeV  t\cLTTûû  TW  Wifl  (TiOLVTOV  euOOÇJatV,  >î  «T/ût  TTfltVTOt 

I   x  \  ~     rv  J  A    \  \  I 

TOL  AOIWCL  Urt'Q'GlVHrZcLl  TOtTfllUT»  WtVJCO  7LAI  %CtpK  Xj 
gV  Otff   (TTTOUÔW^g/S    g(TTt  O"0/  ,    TLCLt  il  GIÇ  WCLlfylÇ.  Kcu 

yap  €u»9)i$  ayotjutûtpT>iTûJS ,  x.ott  «J^g/vos  ou  xeucotid-a? , 
xeu  (f/Axv9pû)7ro5  t\w&îptœ$7    x.ot/  too-uvoAov  to/outos 
h  ,  o/o5  ctv  t/s  g£  'ApeTÎk  u/'os  Epû)T/  ygvo/To. 
T.  irr.  3l 


486  AHMO20.  EPS2TIKOS. 

T>jv  Totvuv  avo]o<<xv  (  ovâi  y&p  ro^ro  ctç/ov  gcrn 
7roLpciAi7riïv ,  cu%,  as  ou  •ztroAAviv  twidoaiv  lyjjvayç 
gu  ths  cru^  (Çvo-zœç  9  x.ccj  toi»  ^tgAAOvros  ^povou  ov 
zîr\îtovç  cupop'j.oLç  wcLpcK.dao'ovToç  \oym  zo?$  tncLimv 
ers  fZov\outvoiç ,  cé,aa'  a>s  jtçtÀA/o-Tav  ovrav  xœv  \j.ixo. 

1CLVTM  TYfÇ  tfÀJJUOCS   g^ûCty^V  ,  O  >)  Tû  ^OK/gV   g^ct/XCtp- 

Tctvg/v  ro?s  «.ÀAofs  gu&roy  eVr/  )  ,  o-ou  J^'  Izari  wo\- 

Aû?V  jttêV    CCV    TJ£    JCOU    gT6pa)V  T>1V    OLVOpêioLV  <mÀW  ,   jULOG* 

à/ota^'  67tt  t5s  ao"x>i(reû)S ,  >té  ^  îTÀeTorc/  ytytwzcu 

[JLXpTVptÇ.     AV0£.y?C>f  J^   10YBS    WpCùTOV   îlWUV  ,    TOLVTW 

tyiv  ccywicLV  ûùç  xclXcùç  srpoe/Àou.  To  yoep  opGos ,  0,  TJ 

I  »  \  *  »/  IV  /  \  I 

tzrpctjtreov  ecm,  vgoy   ovtcl  PoKifjLcurcLi  9  tlcli  fyvyw 

9      û~  *         '        ^      '  '     ■  -    .  I\  » 

cLycLvvis  y  x.cLi  yvoùfxy\ç  (fponfJLov  jco/vov  îctzi  œti/jleiov  «ti 

CûV   OviiTîpOV    'WCLpûLXlTTilV    OL^tOV    Toy   T%ç   WpOCLlptGtCOÇ 

g^rouvov.  2,uyg<cto£  rotyuv  Tû>y  ^gv  ctÀAav  cl5\vi[j<<xtwj 

£<X/Vg!V  ^tOVOi^  ^6V  TOIS  W0\tTcLlÇ  i^0V(TlcLV  OVffCLV  y 
Z(Çlt[XîVQVÇ    J^g    TOVÇ    (Zè\Tl<TT0V$  ,    OVTûùÇ    iWl    TOVTOV 

tov  oiyœvoL  ûùçjjlywclç.  Eti  dxg  icpimv  tovç  /xev  zol 
J^pofx/jca  yutayoL(^o|U!.gvou$  ?  oJ^gy  srpos  crjùpuoLv  y  ov$* 
gu>[/u^av  g^najobvat ,  tol»^  Jxg  tijv  wvy/Jiw  k&i  tcl 
TOtai»TcC  Ctt7X.)10-0lVT«.S  ,    tirpo?    TOJ    <TCù[AcLTI    xcli    tmv 

yvû)pt»y  c^icLQBiipeo-d-cii ,  to  o-cuvorotrov  xa/  xaÀAi- 

O-TOV  T<i»V  CLyCàVKrfJLCLTùùVy  39   UCt.\l<TTcLK$OÇ  zw  aav'ov 

I  et  >y  ly  \  «     /  ~      f/ 

<J)ixnv  apfjLozTOV  gçgAgça) ,  tm  agv  (ruy»yêiçt  tûjv  ottaoîv, 

JtOtl    TW    TfflV    frpOfJLW    (p<Â07r0V/Ot,  TO^   gy   t5    TS'oXifXCù- 


DEMOSTHENIS  AMA.TORIUS.  4&7 

De    fortitudine   autem    (  nam  et   hanc  prœte- 
rire   non  decet  )  ,    quanquam  tua    cjuidem  natura 
multas    adhuc    accessiones  recipit  ,     sequensque 
tempus  laudaiuris    magnam    copiam    suppedila- 
bit  y    tamen    pulcherfimœ  sunt    ista     œtate    lau- 
des,    qua    nihil  delinquere  cœteris    est  oplabile. 
Ac  tua  quidem  fortitudo ,  cum   ex  aliis  rébus  ce- 
lebrari  possit,  tum  verb  propter   exercitationem  > 
eu/us  vel  plurimi  testes  extiterunt.  Fortassis  autem 
in  primis  dicendum  est,  quàm  prudenter  id  studium 
cœteris  prœtuleris.   Ndm  prudens  agendarum  re- 
rmn  delectus   in  adolescente ,    commune   signum 
est  et  animi  liberalis ,   et   cordati  ingenii.    Qua- 
propter  nec  istius  inslituti  laus  est  prœtermittenda. 
Cum  igitur  scires ,  a  reliquis  certaminibus  nec  ser- 
vos,  nec  peregrinos  excludi ,  istud  verb  solis  pro- 
positum  esse  civibus,  nec  nisi  ab  optimatibus  expeti; 
sic   eb  te   contulisti.   Ad  hœc ,   si  qui  currendo  se 
Jaugent,  eorum  nec  forlitudinem ,  nec  animi  prœs- 
tantiam  augeri,  eos  verb  qui  pugilatu*  aut  aliis  ejus 
generis  ludis  se  exerceant,  prœler  mala  corporis , 
etiam  ingénia  corrumpere  cum  judicares  ;  splen- 
didissimum  pulcherrimumque  exercitationis  genus , 
tuœque  naturœ  aptissimum  elegisti ,  quod  et  ar- 
morum  consuetudine ,  et  cursuum  tolerantia  belli 


488  DEMOSTHENIS  AMATORIUS* 

simulacrum  reprœsenlet,  et  magnijicentia  et  splen- 
dore  apparatus ,  potentiœ  deorurn  simile  videatur  > 
prœterea  et  spectatu  jucundissimum  sit ,  eteplurimis 
variisque  generibus  constet  _,  et  ingentia  prœmia 
meritb  consequatur.  Prœter  enim  ea  quœ  tribuun- 
tur  ^  ipsa  etiani  exercitalio ,  et  tam  prœclarum 
studium,  non  parvum  prœmium  homini  vel  me- 
diocriter  virtutis  studio so ,  videatur.  Quod  Home* 
ricicarminis  testimonio  vel  inprimis  comprobatur  : 
in  cjuo  et  Grœcos  et  Barbaros  tali  apparatu  gessis- 
se  bellum  fecit  inter  sese.  Prœterea  etiam  hodie 
Grœcarum  urbium  non  abjectissimis  >  sed  ma- 
ximis,  in  certaminibus  uti  eo  familiare  est.  Quia 
verb  putabas  nihil  prodesse  rerum  pulcherrimarum 
desiderium  ,  aut  corporis  ad  omnia  habilitatem, 
nisi  et  animus  probe  esset  exornatus  ;  laborum  to- 
lerantiam  statim  in  gjmnasiis  ostentatam  ?  nec  in 
factis  fefellisti  :  reliquum  autem  ingenii  tui  splen- 
dore  m  ,animique  robur ,  in  certaminibus  potissimum 
declarasti.  De  quibus  etsi  ordiri  vereor ,  metuens 
ne  ea  quœ  tum  gesta  sunt,  oratione  non  assequar  ? 
tamen  neque  prœtermittam.  Nam  turpe  fuerit  >  quœ 
nos  spectantes  exhilarant,  ea  nolle  commemorare* 
Ac  si  omnia  certamina  referre  vellem,  ultra  mo- 


AHMOZ0.  EPOTIKOS.  489 

vvfjL&cuvovaiv  aî/Jioja/xgvov,  if^e  fjLtyctAowpî7ruci  >ccu 

TW  (Tg/AVOTUTI  T>JS  ?2rctpa.<7)tgU>lS  STpOS  TflV  TGùV  ZlOùV  <TU- 

vot/x/v  g^oto-^evov  tsrpcs  cT€  tguto/s  »d<(7T>iv  /Jtgv  -3-eccv 

€^0V,  gJC  î«rÀg<0-Tû)V  ^g  3CCtt   7reVsT0$CLWCûV  (TVyKUfJLZVOV) 

fjLiyicrTœv  ^  kd-Aœv  yfyœijLWGV.  FIpos  yctp  to7$  *n5g- 
[itvoiç,  ro  yv!j.vcuTjyivaLi  x,cu  ixi\iTv\(Tcti  tquvjtcl>  qv 

/JUîtpOV  Ct.vÀOy  tJrpoCpaVïKTgTOC/  TOtS  JCCtl  fXlTpiœÇ  CLptTY)$ 
iQlifAîVOlÇ.    TiX.fJLYpiOV   S^i    fAiyiCTTQV    CU  Zl$   W01ÏJ(TCCITQ 

tw  0/z»pou  woiyan,  gy  »  5ta/  tous  EAÀ>jvas  xct<  tous 
BctpSapcus  ^grcc  zo<tcluzy\<;  i:cLpaL<rx,tvyç  71  oAeu.no- <xvtccs 
wîwowkzv  dWyAoïs'  tri  <Tg  x.at  vl/v  tojv  croAgay  tav 
EAAwidœv  ou  Taiïç  T<t7ravoTcLTcuÇ)  clWol  tcliç  [xi- 
yjo-Teus  év  toi$  ayacn  Ypno-acti  o-uyvi.jgs  gcT/v.  H  /«tgy 
oov  zarpocLipiGiç  ovrœ  tlclav  ,  jceti  *7C(tpcL  tsra^v  ay^paj- 
7T3i?  >tya.7:>i/-igv>r  yo/JuQû>y  <K  outfev  siveu  npoupyou  tav 
o-TroL^cUGTctTûjy  eTtrtQvfjarj ,  oudg  xaAœs  7rpos  cwravToi 

/7Tl(Ç'JX.iVaLl  TO   (TCiûpLCL,  fJLYI  1V\Ç   Y*/)£>îS   (plAoTJ/JlûJS   WOL- 

I  \  \  I  ».  /  y  ~ 

pg(rx.gU5t<r^gv>î$ ,  t>iv  /xgy  <f>fAo7royicty  tvSiaç  gv  to^ 
yvfivcLGioiç  t-ifoijrcLu.cVoç>  ovù'  gy  to7s  gpyoj?  g\|/guo-ûf 

T»V  <K  CtÀA>lV    IWrtpaLniOLV    TV\Ç  GOLVTOV  QVCTtÛôÇy  *j   TW 

vîiç  ^V)(Çis  otv^pg<<xv,  gy  toTs  dyaxji  ^aXicrcLlnàu^ûd. 
Flept  av  ox.vû>  agv  cl^clcS-cli  Agyg/v ,  /x»  ÀsicpSûT Ta 
Aoya  T^y  xoTg  y£ygv)i/xgvû)y  ûi^a^  J^'  oJ  <7rûtpaÀgi-vf/â?. 
Ka/  yotp  ato-p^poy ,  a  Ggapouyias  if^ct?  gu(ppot»yg<,  Tûtur' 
cLTtrctyyiiAcu  pi  g3gAgty. 


4£)0  AHMO20.   EPÎ2TIK0Z. 

av  cutcLipov  fjiYVLOS  vifjuv  îwiyîvoiro  toù  Xoycù*  evos  S^\ 
îv  où  7îro\u  S^wveyKQiç  ,  fjLvn<r5as ,  -srcLVTcLÇ  S"Yi\œ<rœ  y 

XOLl    Tyj '  TCÙV     CLKOVOVTCOV    f^VVOLfJLll    GVLlLllTpOTipQV     (fflC- 
/  /  — .~  S      y  ~       »       _  /  * 

nvofxcLi  %pcd[xtvoç.  icûv  y&p  c^uyav  cc^g^evr^y ,  xoli 

cf)0Tep(S)v  wîpiywo(jitvoç ,  gjccrrgp&v,  a>s  -zzrp  oo-vj&c ,  t»v 
vjjt>?y  gA«,bg£  ,  Toiouroi»  <7Tg(pavoi»  tk^ûjv  ,  g<p  w, 
xct/^ep  "hclXov  tov  vjjcoTv  ovtos,  jcocAAjov  g<5b?cg/  jcoti 
•7TotpatÀoyû>Tgpov  e/va/  ro  o-û>3îvût*.  ^gpougvou  y&p 
gyctvnou   /-tgy    (70/    rou    Tûjy    ctyTi-ûraÀûjy    ctpctcLToç , 

dit  CUT  m     £     âwWOGTclTOV    OlOLLV/M     ihoLl    TM     TœV 

'l'Ktccsv  ^vvùllliv  y  opav  olvïm  tviovç  xcli  Lwdtvoç  dtivov 
•ar&povTos  vGrtpyiyw icluqtolç y  ov%  oTT^gçg'TrActy^,  n 

KCLTiàuXlCLGCLS ,  CtAAct  TW  jtXgV  CtV^pêlGC  3COL/  TAS  TOU 
y/  <        ~  /  >       I  ~       *\  I  \ 

Çzvyovs  opfjwç  jcpg/TTûjy  gygyou'  toj  <JNg  Totp^g/  jccu 
tous  j^iguTU^îjxoTct.^  Tay  cuTaiyœviGTOûv  Trap^A^-gs* 
jeett  yctp  to/  Tocrotrroy  jt£gT>iAA&^ccs  ray  cwà-poùTrciov 
tcls  '  JWvoias,  ao-re  ,  îjroAAay  5pi>AAoL>vra>v  as  gy 
toié  i7r7rix,oi$  cLyceaiv  yâio-Tw  -3-gotv  tccl^^tch  tcl 

WZVOLyOVVTCL,  JCCU  S^QKOUVTùôV  OCA^?  TcLOTOL  \tytlV  , 
llCl  <TQV  TOVVOLVTIQV  TQVÇ  SiCLTCLÇ  Qo&îTo-QcU  7CcLYZCLÇy 
LIA    Tt    GUllie  UTl/j    TOIOVTO    TTlpl     <Ti*   TGlCLbTW     SUVO/OLV 

jccu  (p/AoT/juuav  i  ctyi  Qucriç  olvtoTç  TtcLpiayir  e'ixo- 
r^*  jcctÀov  /^gv  yctp  Xj  to  jccw  gv  t/  7rgpiVoAg'7r rov 
y£Vg<jGa/,  ttoAu  J^g  xctAA/ov  ro  ttolvta  TTgptAocGg.'v , 
eV  ot$  ctv  ti^  voJv  gp^ojy  (p;Aor//>tîj3gt>?.  AÎAoy  J^  g?c«- 


DEMOSTliENIS  AMATORIUS.  49* 

(lumjbî  tasse nobis  extenderetur  oratio :unius  autem, 
in  quo  multum  excelluisti  facta  mentione ,  et  re~ 
liqua  indicabo,et  auditorum  benignitate  non  abutar. 
Emissis  bigis ,  atque  aliis  longius  evectis ,  aliis 
subsequentibus ,  utrisque  superatis^  prœ  utrisque, 
ut  decuit,  victoriam  obtinuisti  ;  talem  coronam 
adeptus,  in  qua  cum  ipsa  Victoria  prœclara  sit , 
tameh  evasisse  incolumem,  prœclarius  videbatur, 
et  admirabilius.  Nam  adversariorum  curru  contra 
te  ruente ,  cunctisque  putantibus  equorum  vio- 
lentiam  non  sustineri  posse  ;  quanquam  videras 
cœterorum  quosdam,  mdlo  etiam  ingruente  peri- 
culo  ,  mirifich  angi  ,  minime  perterritus  es  y  aut  re~ 
fugisti;  sed  et  robore  animi ,  et  bigarum  impetu 
fuis ti  super ior  y  et  adversarios ,  qui  secundo  cursu 
nec  interrupto  usi  fuerant  y  celeritate  antever- 
tisti.  Quo  ita  mutasti  animos  hominum ,  ut  cum 
multi  jactent  in  ludis  equestribus  nihil  esse  perinde 
jucundum  atque  naufragia  curruum }  iique  vera 
dicere  videantur  ,  de  te  contra  spectatores  omnes, 
solliciti  ne  quid  tibi  taie  accideret,  formidarent. 
Tantam  benevolentiam  et  studium  in  eorum  ani~ 
mis  natura  tua  excitârat ,  neque  id  injuria.  Cum 
enim  pulchrum  sit,  ob  unum  aliquod  ornamentum 
esse  conspicuum ,  quanto  pulchrius  est  omnia  com- 
ptée ti  ,  quœ    homo   prudens  laudi  sibi  duxerit  ? 


4q2  demosthenis  amatorius. 

Idque  inde  perspicitur  :  JEacum  et  Rhadamantum 
propter  justiciam  ,  Herculem  y  Castorem  et  Poilu- 
cem  propter  fortitudinem  ,  Ganymedem  y  Adonim? 
et  ejus  generis  alios  propter  pulchritudinem ,  a 
Diis  adamatos  esse  reperiemus.  Quare  non  miror 
eos,  qui  amicitiam  tuam  expetunt  ,  sed  illos,  qui 
non  eodem  modo  erga  te  ajficiuntur.  Si  qui  enim 
singulis  duntaxat  horum  quœ  diximus  bonorum 
prœdili,  convictu  deorum  sunt  dignati  ;  nonne  ei, 
homo  qui  natus  sit ,  optabile  fuerit ,  ejus  amicum 
fieri  y  qui  Ma  universa  in  sua  potestate  habeat  ? 
Prœdicanda  igitur  est  tui  et  patris ,  et  matris,  et 
cœterorum  propinquorum  félicitas  ,  qubd  œquales 
tuos  tantum  virtute  vincas.  Sed  horum  multb  ma- 
gis ,  quos  tu  tam  prœstantibus  dotibus  ornatus  y 
delectu  habito  ex  omnibus^  amicitia  tua  dignaris. 
Nam  illos  fortuna  tecum  conjunxit  ;  hos  sua  virlus 
tibi  commendavit  :  qui  haud  scio  amatores  ne ,  an 
soli  veri  indices  sint  nominandi.  Nam  mihi  qui- 
dem  videtur  initio  fortuna,  contemptis  improbis, 
honestorum  virorum  mentes  irritare  volens ,  na- 
turam  tuam  fecisse  formosam  ;  non  quo  facile  ad 
voluptatem  decepta  prolaberetur  ,  sed  ut  amplexa 
virtutem  gloriam  consequeretur. 

Quanquam  autem   multb  plura    de  te  comme- 


AHMoso.  KrnriKOS.  49^ 

d-ir  euputxo/xev  yap  A/ctxov  fxèv  09  rPût<j!x4aoty6yy  &«. 
aùHQpotrvvM ,  HpctJcAfca,  J^e  tloli  Kao~ropa  tccli  Ylo- 
Au&ujcjjv  fil  Ay^ptav,  rayupjoV  J^e  x,ct<  '  Aofc>v/v 
jccu  clWovç  toiovtovç  fiia,  jc&AAos  ,  t/îjro  Seôiy  ayo.- 
•amôevTcts.  'Ho-re  *yaye  ou  $<v>jfAcL?G)  rSv  ivri^v- 

[AOVVTCùV  TYjÇ  <TY\Ç  (ÇlKldLÇ  ,  CtAAoC  T0V  £l>î  TOV  TpOWOV 
TOVTOV  fil  OUtîl  fJLîVm'  07C0V  y  dp  ivOÇ  iKOLGTOU  TûùV 
WpOllpYl/JLèVCùV  [JLîZCMT'fcCVTiÇ  TlViÇ  ZV\$   T0V  VlCùV  0 [AlAlCLç 

ytiœBwcLv,  v\nov  tou  y'  ûlizcuitm  x,upiou  x.olxclœ?clvt:oç 

evKTov  ^-y^TO)  (puvn  <p/Aov  ygveo*^a/.  Adlgiiov  /mev  ouy, 

\  i  \  i  \        \     >'    %  *    i 

X.OLI  'KCLTîpaL  JCCCJ  [XyTipOL  JCCtJ  TOVÇ  GtAAoUS  OIMIQUS 
TQVÇ  GOVÇ  (^AoûVOflCJ  ,  TOVOVTGV  V'Xtpï)(GVTQÇ  (TOV  TûùV 

YiAnticûTœv  ctpg-nf  ToAu  fit  /ActAAoy ,  ovç  <rv ,  o  tûjv 
TuAijtoi/yTûjy  ayaLd-œv  rifyœfjLevoç ,  o-ctuToù  tzrp  ojtpivcts 
olÏiqvç  thon  (ÇuAous,  e£  clwolvtcûv  cc/pJT.  Tous  u.gy  yap 

f  '  '  /  \  IV*        f  / 

y\  TV)Q\  (TOI  fjLtTO')(QVÇ  KCLTi<TTy\Gl  ,  TOVÇ  «Jx    y\  (T^îTipOi 

'sLctAoKcLycLBicL  <zjrpoo"(ri>v€û-T>i(r6y*  obç  ovx  oidou  TïoTzpov 
tpûLGTCLÇ,»  fjiovovç   opSœç   ytyw(rx,ovTcLÇ  'xpoecLyo- 

pglXTût/  p£p>|.  AojtSJ   yctp    £COf   5CCU    KCLTcLfâaLÇ  »   Tll^  , 

7*0  v  jtxev  (pstuAûjy  x.ctTct(ppovout7<2. ,  t&s  J^e  T^y  o-ttou- 
dcLicût  dvdpm  fiiavoiaiç  tpîd-i<rau  jSoi/A>i5e7o-ct,  T)iy  o-»v 

(Pl*(7/V,    OU  TTpOÇ  >7^0V>1V  ivilrcL7:aLTy$WCU  KCLAw  tCOlWCLly 

ctAA<x  Trpos  oLpctYW  tviuoct.ifjLOr'yiacLi  %py<ri[iov. 

IloAAcc  fi'  l'Xjai  tri  7npi   <rov  fiiiASilv ,  olvto'7 


494  AHMO20.  EPI2TIKOS. 

xcltcl\vo-uv  /moi  JWaT rov  gVajvoy ,  £&$iœ$ ,  /jwi  3cct6* 
y7rgpboÀ>jy  t?*  ctv3pû)7r/v>j5  (puerez  uVep  crotT  JWAg- 
yzvSctt  S^o^œ.  Tovoiïrov  yctp,  «V  g'o/xsv,  >f  T*£y  Aoym 
J^vvcLfiis   zAolttov  tyii  Ty\ç  Q-\>ioù$  ,  ûxxrg  To7?  uev 

OpOLTÔlÇ  OUoW  CLWUTTtl'v   CL^LGly   TQVÇ  J^g  TOL>Tû>V  671 CU- 

vous,  ou^   à  y  eÀÀs/Traxnv  ,  ix^uç  tucti   votiifyvcri. 

ïlcLVacLfliVOÇ  OW  ITEpi    TOVTGùV  ,    >7c5Vî  7TgJpCt(rojXoll  (TOI 

<rv[iQov\wuv>  i%  m  olv  Ivrijjiorîçov  in  rov  cravrov  (ïiov 

y~CLTO.(TTV\(TtlÇ'  Ç>QV\QlflM  S^  CCV    Ci  [A7\  WGLpipyoV   -GTOIY}- 

crcLcScu  to  Ttrpoai'fceiv  roy  voiïv  rois  {xiWovgi  \y\$v\<ri- 
vS-cli,  /xy\iï  U7roÀoOf'Êc6ys/y  tovO',  œç  (L^ctlycù  rovroiç 
xf^pn/Açtt  Toîk  Xoyoïç  ,  oJ  TÎk  ffîs  œtpzAîioLç  gva&cc, 
aAÀ  tmdeifyœç  iTCiQvixcùv ,  '/va  ^ig  dicLfAclçTyç  ry\ç 
aÀ»9g/a$,  A*»T'j  *vtj  tov  fezAricrm  rct  tv^ovt*  eÀo- 
^teyos ,  %eîpov  *7rep<  o-ai/roy  jSoi/àsuctj.  Kou  yap  roîk 
juey  cupcty>!  ?ccc/  TûCTrê/yjiv  tjjv  cpu<7jy  gj^ow/y,  oJc?,  otolv 
fjLn  kclAcûç  ri  irpoL^aaiv ,  iiciTrAviTTOfiev'  ro7$  ft , 
œawtp  (rv  9  TCtçiioMTCrois  yzywYifjLzvoiç  ,  tlcli  ro  rra- 
p<x,fjLîAy\(rcLi  tvjoç  rm  tlûlAAiœtcûv  cligjqjvviv  (pgpg/y 
eu&ft  Et/  J^'  0/  fuy  g^n  rm  d\Am  Aoym>  >{/gu- 

(7ygVTg£,  JCtfJ?     gVOS    jXOVOU   'Kp&yfJLCLrOÇ    OU   ZOL  JCpflLTJOTGC 

iymacu'  0!  J^e  tJis  tov  gViT>iôxguju,ciT0V  (tu/xCovAiclç 
S^icLfjLcLprovrzç  r\  xaLraLtyonvcunç  ,    TTcts'   oAov  rov 


DEMOSTHENiS  AMATOIUUS.  4<P 

morare  possem  ,  hic  mihi finiendam  esse  puto  lau- 
dationem  ;  veritus,  ne  mea  tui  prœdicatio  naturœ 
humanœ  limites  excéder e  videatur.  Nam  usque 
adeb  dicendi  vis  ab  aspectu  vincitur ,  ut,  his  quœ 
sub  sensum  oculorum  cadunt,  jidem  esse  abrogan- 
dam  nemo  putet  ;  eorumdem  verô  laudes  etiam 
j'usto  minores  >  non  esse  veras  opinentur. 

His  igitur  nunc  omissis ,  ea  tibi  prœcipere  cona- 
bor ,  per  quœ  vitam  tuam  honoratiorem  ejficias. 
Te  vero  velim  ea  quœ  dicentur ,  non  obiter  ani- 
madvertere  ,neque  existimare j  me  ostenlandi  potius 
ingeniiy  quàm  tui  juvandi  studio,  his  ver  bis  esse 
usum ,  ut  nec  à  veritate  ab  erres  ,  nec  ,  pro  op- 
timis  obvia  quœque  amplexus ,  pejus  tibi  con- 
sulas.  Etenim  quorum  obscur  a  et  humilis  natura 
est,  hos  ,  nec  siquid  non  rectè  fecerint ,  objurgamus. 
At  quorum  laus,  ita  uti  tua,  in  illustri  loco  sita 
est,  his,  honestissimarum  rerum  vel  neglexisse  ali- 
quid,  probro  datur.  Prœterea  qui  in  aliis  oratio- 
nibus  judicandis  hallucinantur ,  una  tantiim  de  re 
non  optimh  statuunt.  Qui  vero  consilia  de  vitœ 
ojficiis  non  rectè  accipiunt ,  aut  contemnunt ,  erroris 
sut  per  omnem  secum  œtatem  monimenta  circum- 


f\C)(>  DEM0STHEN1S  AMATORIUS. 

ferunt.  A  quibus  omnibus  te  alienum  atque  immu- 
nem  esse  decet ,  ac  provider e ,  et  perspicere ,  cjuid  \ 
maximam  in  rébus  humanis  vim  obtineat  ,et,quo  \ 
rec  te  féliciter  que  constituto,  maximos  in  vitafructus  \ 
percipiamus  ;  quo  item  neglecto ,  aut  depravato ,  in 
acerbissimas  calamitates  incidamus.  Neque  enim 
obscurum  est ,  ejus  rei  curam  in  prtmis  esse  susci- 
piendam  ,  quœ  plurimum  in  utramque  partem  mo- 
menti  et  virium  habet. 

Mentem  autem  humanarum  rerum  omnium  esse 
moderatricem  reperiemus  -,  quam  sola  philosophiez 
et  rectè  erudire,  et  exercer e  queat.  Ejus  ergo  te 
non  expertem  esse  oportere  censeo  ,  aut  ab  ea  se- 
ctanda,  laboribus,  quïbus  èaparanda  est,  deterreri. 
Cogitandum  potius  >  per  ignaviam  et  socordiam 
neefacillima  quœque  posse  comprehendi ,  tolerantia 
autem  et  indus  tria  nihil  rerum  natura  esse  bono- 
rum  quin  comparetur.  Atque  omnium  esse  absur- 
dissimum ,  parandarum  opum,  augendique  roboris, 
et  rerum  similium  ardere  cupiditate  y  proptereaque 
multas  œrumnas perpeti  :  quœ  omnia  mortalia  sunt, 
mentique  servire  consuêrunt  ;  ut  verb  ipsa  mens, 
quœ  cœtera  gubernat ,  quœ  nunquam  deserit,  quœ 
totius  vitœ  dux  et  magistra  est,  excolatur ,  non 
elaborare.  Prœclarum  sane  et  fortunœ  beneficio  , 
inter  excellentes  esse  admirationi  ;  sed  multb  prœ- 
clarius  est,suapte  indus  tria,  quicquideximium  sit , 


AHMO20.   EPftTlKOZ.  497 

[J.M  OVV  ovdw  J^êT  (Tg  WOL-ZllV*    (TKO'TrZlO-d'CLl    J^e  ri   t£v 

ûtvG^ajTriVûjy  jut.sy/<miv  à^vvaifjLiv  e%et,  x,&<  t/vos  xolAûûç 

fJLiV    <LwoÇ>CLVTQÇ    7C\U(TTf    CtV    JCCtTOpSoT/téV ,    JW(p-3-Ct- 

ptvToç  J^e  [Myio-T  àv  j8Acc7rTo*/*g0cc  *3rccpct  Toy  5/ov, 
Ou  yatp  ao>iAoy,  ot*   tovtov  ololi  [xclaktt    g^/juig- 

N  /  «\  /  e        t      »    »    e     f     .  »        / 

Agjctv  7ro/>iTeov ,  0  jULgyt(TT>îy  po7T>îV  ecp   gJtctTgpoy  gpyot- 

T>iv  ju,ev  To/vt>y  gy  cl^cûwois  eNavofctv  clwolvtcùv 
gupyjcojugv  »ye/xoveuou<rciv  TauT»v  de  <p/Ao<xo(pitf.v  jUovjjv 
wcLiùiuaaLi   Te   op(fè  x,<x<  yiifjLVctvcLi   J^v&^gv/jy.  'Hs 

(HOfJLOLt  (Te  d\lV  fjLiZCLCr^lV  ,  X,CtC  |X>Î  X.0tT0XV»O"ûC/,  /JIWOE 
(fuyilV  TdLÇ  èVOVGOLÇ  €V  CtVT^ZtTpcLyfjLCLTUOLÇy  ivQv/ÂQU- 
JLC6V0V    OTf  ,    d^lCt  fJLZV    CtpytXÇ    KCLl    f>CLdu[AlCL$  y    3C.SC/     T<£ 

WcLVTt\œç    iwiwoAyç    JW^giparro,    iari'    JW   J^g 

•HCLpTîÇLdLç   KCLl    (piXonroVlaLÇ   OU&V    TûùV    OVTCÛV    OiyaL^ûùV 

•ri'  1  \   t\  1  1  »v       '         ' 

ctvaAûrrov  •srg^toeg*  x,cu  Jxtor/  Tsrcurm  cLAoyœToiTov 

IGTI  ,  Î2rp0$  £lgV  *)(JV\IACLTl<ïfJLOV  X,<*l  p0p|V  JCOtf  Tût  TOt- 
ÛLVTCL  <piA0Tl[XO)Ç   e%6,vî    *•*'    'TTOAAct?  UTCHJt.gVg{y  X,Ot- 

xo-7r<xof iclç  ,  et  tzravTct  3y>iTct  tari ,  xa<  tw  JN/ctyo<ct 
à^ouAevîw  ou*.  €/û)9g'  T)iy  J^'  e  7ri(rTeLTQV<rcLV  agy  T^y 
cc'AAûjv,  (ruv&ctT€AoJ<7d.y  J^g  to?^  g^oucr/v,  0A01»  <K 
yyzixovivouacLv  tov  As/ou,  ft>?  Cvrruv  otcoùç  dricLTcuaiTaLi 
j8eAT/ov.  Kct/Toi  >tctAoy  pw  kou  S^iol  rV)Q)v  tv  to7ç 

0-7TOVÙCLIOTCLTOIÇ    S-OLVfJLcL^UTQcU'    TToAl»     j^g    X.CtAA/OV  , 

J^/ct  T>tv  InnuiAîicw  tym  avtov  fividmç  tov  hdojïcùv 


fo8  AHMO20.  EPaTlKOS. 

il  I    _  ~        \  \      »  /  »        ~  / 

cLfJLOtpov  yîVîad-cti'  tv\ç  fjLtv  yctp  gvtorg  x,&t  toiç  (pctu- 
Xoiç  HiTcL<r')(uy  o-uve&f  Tvfç  J^'  oJx,  gcrriy  <k\\oiç 
fjLZTovaict,  -GrAyv  roiç  gv  cLvdp<tyoLBict  fiicuptpovo-iv. 
'AWcl  piv  -zirep<  ye  ryfç  <f>jAo<ro(p/cts  dx.piÇ>aç  /xev 
gjtctcrrct  J^gA^glv,   y]you[icLi   tqv  fiiWovToL    %povo-j 

VfJllV  îTriTYlduOTtpOVÇ  KCLlpVÇ  tf&p&dcOO'UV'  (TVVTQfJLCûS 
S^    ilWUV    Ovâî    WV    OvâîV   XCù\V(Til    *7tlpl    CLUT^ç. 

Çy  OVV  TTpûùTOV   Î7LÎIV0  <7£  J^g?  JtOf(7tf.^Ct9g7v    CLXpi&GùS, 

on  icao-ct.  ^gy  îzrcu&fa,  JV  iwi<7Tviu<y}Ç  tlclÎ  [liXtryç 

TWOÇ    GUVt(TTV\}LiV  ,    )?   J^g    (ptÀ0(70(pjCt  X,GU    jUt.aAAoy    T0V 

ciAA&v    oc-a;   y&p   c&jcp/bgffTgpous   xou   (ppovifJLaTtpouç 

tyjcl     TOVÇ     Z(f)î(TTCûTcLÇ  ,     T0<7©UT<2     3t&AA/&y      CtUDlV 

o'uyjtéTcOoH  crpoomgt.  Koc/rot  rt  7iot'  <xv  (&w\$ii- 
tt/xgy ,  T>ik  fizv  àoLVoioLç  èvri  zov  Agyg/v  ^  jSouAeueffOat 

TêTûty^gVîîS ,  T^  <Jxg  (ÇlXùGOQlcLÇ  èTCOLTîpOV  TOVTÛOV 
>  ;  n   %    ;  \  I  ^    ~>         \ 

ifjLWîtpictv  wa.pcLoioov<rv\ç ,  /-oj  tgcutuv  5coLTct<7^g<y  t>îv 
^rpay^otTsw,  er/  h  s  &y.<f>oTgpû)v  rovrav  rcyytpctraç 
t%ofjLtv,  Tore  y&p  tutoç  xcli  tov  /3îov  tf^ûTy  [ityia-rw 
i&ldocriv  KclCiTv  ,  otccv  Tav  jcpATtffTûw  opeyo^evo*  , 
rot  /*ev  JWdXTût  Tg^VH  ,  TCt  J^e  Xoit.cl  yvfjLV&cricL 
TIVl    idtLl    (TVn&ltCL  XOLTCLCT'^eiV    <^VVV\!jCù{JLtV.    Ou    ycLp 

J^ttou  rovTo  yi  iGTiv  zt7riiv ,  as  ovdtv  wpos  ro  (ppo- 
yg/v   gy   7:ctpa   T-m  îTrtaTYi/XYiv  à^ioi<pepo/jiEV  ccAAvjAûJV 

0.\aÇ  (AîV    ycLp  CLWCLGCL  (QV<Tlç  fét\TlM   yiyVîTcLl    7ZCLI- 

$UÛLV  'KpQ(j\cLÇ>oiï<rcL  TW  7rpo(rYi)LQV<rciV  woXv  J^g  /££- 


DÉMOSTHENIS    AMATORIUS.  499 

esse  assecutum.  Nam  Ma,  etiam  improbis  nonraro 
sese  offert  ,•  hœc  verb  nemini  adest  nisi  virtule  'prœ- 
stantissimo.  Je  de  philosophia  quidem  disserendi 
accuratius ,  alio  tetnpore  nobls  occasiones  oppor- 
luniores  dabuntur,  opinor.  Sed  br éviter  eam  attin- 
gere ,  nunc  etiam  nihil  prohibebit. 

Illud  autem  in  prirnis    est    diligenter  animad- 
vertendum  :  cum  omnem  disciplinam  scientia    et 
exercitatione  cjuadam  contineri,  tum  philo sophiam 
ma  gis  etiam  cœteris.  Nam  quanto  diligentiores  ea 
prudentioresque  magistroshabet ,  tanto  pulchrius  es- 
se constitutam  par  est.  Atqui  cum  et  in  dicendo  et 
in  deliberando  mentis  versetur  officium  ,  philoso- 
phia  autem   hujus  utriusque  rei  peritiam    tradat, 
cur  eam     disciplinam  ,    quœ  nos  horum  utriusque 
compotes  facit ,  persequi  nolimus?  Tum  enim  con- 
sentaneum  est  y  rei  nostrœ  familiari  accessura  esse 
maxima  incrementa ,   adeoque    totam  vitam  fore 
cultiorem _,  cum  et  quœ  doceri  queunt ,  artis  admi- 
niculo ,  et  cœtera  exercitatione    quadam ,  et  as- 
suefactioneobtinuerimus.  Neque  enim  hoc  dicipro- 
fectb  potest ,  nihil  esse  in  scientia  momenti  ad  hoc , 
ut  aliis  prœstemus  alii   sapientia.  Nam  cum  omne 
ingenium ,  si  apta  institutio  accédât,  fit   melius  ; 


5oO  DEMOSTHÈNIS  AMATORIUS. 

tum  vero  ea  multo  maxime,  quœ  à  primo  statim 
ortu  dexteriora  cœteris  extiterunt.  Illa  enim  sese 
duntaxat  vincunt ,  hœc  etiam  aliis  antecellunt.  Ne 
vero  dubita  quin  agendo  parta  peritia,  nec  sine 
periculo  contingat ,  et  ad  reliquam  vitam  sit  inu- 
tilis  :  philo sophic a  autem  institutio  ad  hœc  omnia 
opportune  contemperata.  Etsi  autem  quidam  prop  ter 
felices  rerum  successus fortunœque  favorem  in  ad- 
miratione  fuerunt ,  eos  tamen  te  contemnere  y  et  tui 
ipsius  curam  gerere  decet.  Nec  enim  maximœ 
res  temere  invadendœ ,  sed  certa  ratione  scienter- 
que  suscipiendœ  sunt  ;  nec  in  ipso  demum  geren- 
darum  rerum  articulo  meditari ,  sed  ea  scientia  te 
institutum  esse  decet,  ut ,  quicquid  opus  fuerit,  bene 
administres. 

Existimabis  autem  ciim  omnem  eruditionem  >  si 
quis  utatur ,  prodesse  multum  •  tum  vero  eam  doc- 
trinam,  quœ  tradit,  quid  in  Republica  et  agendum 
et  dicendum  sit>  in  primis.  Nam  geometriœ  ac  si- 
milium  artium  esse  rudem.,  turpe  id  quidem  est  ; 
sed  earum  summum  fieri  artifice m ,  infra  excel- 
lai tiœ  tuoe  dignitatem.  At  in  illa  exceller e  facul~ 
tate  ^  prœclarum  ;  non  esse  institutum  >  prorsus  est 
deridendum.  Quod  ex  multis  aliis  rébus  intelligitur  y 
et  ex  eoy  si  viros  illustres ,  qui  tuam  œtatem  prœ- 
cesserunt,  spectes.  Nam  et  Periclem ,  cujus  sapien- 
tia  temporibus  illis  prœ  omnibus  celebrata  est,fa- 
miliarem  fuisse  Anaxagorœ    Clazomenio  ,  atque 


AHMOS0.  EPÎ2TIK0S.  5ûl 

Ahtj  oacLtç  i£,z?X"$  wQvzo-Ttpov  Tœv  olAAcûv  ^Xuv 
v'iïiiùÇy  zoiç  /l'AV  y&p  cLuxœv  [jlovov  @>t\xiù<n  yiyvtcr$cuf 
Toîç  fie  x.gJ  Tœv  ctAAœv  avfJL&oLim  J^gygyjcm.  Ev  tf 
î<rSi  t>jV  fiîv  ex,  rav  npoL^iûùV  IfiTupicLv  yiyvop,gy>jv 

CTCpûtÀgpotV  OVŒCLV,  KCLl  TZpOÇ  TOV  A0J7T0V  JGIOV  C*/^p'4<7TÛ>£ 
Ï^OVaCLV'    T>|V    fi     63C    TOU    <P<À0<T0(pgiy    7îc6i^/SCV    TZrpOS 

a7rayr<x,  Tcti/Tcc  tvxaLipύ  <ruyx.gx,pGt(ugv>iy.  KcuTot 
Tms  iJ'Ai    *cu   fit    cJtuj^iciv   wpctyfjLcLTœv    yvfjLvot.- 

<T§iVTiÇ ,  iBoLVfJiOLaBy)(TcLV,  Xoi  fié  WpoaYIKtt  TOUTCÛV 
fJLtV     TLCLTGLQpnrJ  ,    (TCLVTQV    fi     î7n/JLiA~JcLV     i%W     OV 

yatp  AKToo-p^grj'jctÇê/v ,  «À  A.  wurTcL<rBcLi  <xg  fiii  ~ipt 
ra>v  fj.îyi<rrw  oviï  zni  rœv  Kcupœv  fxtAtTcu ,  d\\f 

No/juÇs  fit  nralvcu  fizv  tw  (piÀoo-o^totv  [xtycLAct 

TOVÇ  ^pÛûfJLiVOVÇ  CûtyîAlir  TtToAv  <re  tXCLAl(TTaL  TÏJV  Wîpl 
TcLÇ  'XpcLÇÎlÇ  TLCLl    TOUÇ   TZoAlTIKOVÇ  AoyoVÇ  îniCTTH/J.'^' 

tyiç  ycnp  yecofierptcLÇ ,  tlcli  tyiç  clAAk  toiclvtv\ç  nai- 
Oiictç  cLTrupcoç  fJLtv  g^gfv  cuo-^poy*  ctxpoy  <rg  ctyayt- 
(tt»v  yevg(j%3-cu ,  TaL'7rîivoTzpov  tï\ç  <ty\ç  ûlçiclç.  Ev 
g'x-gjyw  <^g  to  fxgv  cT  isygy x.e7v ,  ^AotoV  to  J^  aHuoipov 
ywurSaLt ,  TrcLVTiAcûÇ  KaLTayzAcLo-Tov.  Tvoiyiç  fi'  iv 
g?  ccAAûjv  rs  TToÀÀay,  x,cu  #7r«.pa.9gûjp»crcu  tou^  7Tpo 
(tclvtov  yiym/jLivovç  i^do^ovs  ctvopcts*  toiTto  ^ugy  Ilî- 
p/jcAgà.,  rov  <ruvè(rgi  ^Àg7<rroy  tov  x.^3  ctuVoy  «T^/g- 
nyxiïv  fio^zvrx  ttclvtqv  ,  aLx.ou<nts  7rAYi(rioL(raLVTaL 
Avot^ctyopoî.  T^KÀût^OjU.gy/ûj,  x^oti ,  /^3t^T>jy  îx.tivou 

T.    III.  32 


5o2  AHMO20.  EPÎ2TIKOS. 

ygyo/xgyov,  tclvtyiç  Ty\ç  ^i/va/xgûjs  iJLizcLayovTcC  rovzo 
S^'  'AAjt/Ê/ct^v  eJptfce/s,  <pv<rzt  /ntv  TTpoç  ccpei>îv  tïoWcû 

%gfpOV  ^ICLTLllfMVOV  >  5tût/  TO.  ^gV  U7rsptf(f>aV0£  ,  Tel  J^g 
TOL7rUvZ$  ,  T&  J^  VTnpcOLOaÇ  ^WV  7rpOWp»fJL6VOV,  ctVo  <3fe 
TîîV  2û>5Cf  CCTOIIS    OfJilXlCLÇ  WoWdL  fJLii   îTrcUIOpBcù&WTcl 

tov  fèiov,  tcl  J^g  \omcL  ra>  utytd-ii  T0v  aÀÀay  gjjyav 
g'-ar/x.pi/'vf/ot/xgvov. 

E<     J^    J^g?  /CtîJ     WÙiAcLlOL    XtyOVTOLÇ     £lOLTplÇ>UV  , 

g^ovrccs  vwoyvioTîpoiç  wcLpctiîiy[LcL<Ti  ^pwBcti  , 
touto  fxgy  T/jLto5gov,  oux,  g£  <»y  ygû>Tgpos  û>v  éVéth- 
(^guo-gy,  ctAA*  e£  &v  I(rox,pa,Tgf  o-uv<5Wpi-v[/«,s  g7rpcc££, 

BevTcC  tovto  J^g  'Ap^uT&v  tw  Tctpctmmv  wo\u> 
qvtcû  x.ol\cûç  %  <ft\cviSpœ'ffoç  J^Q/joiawrct,  59  xup/ov 
ctUTife  xotTQLa-ravTct,  «<rr  gis  isrctvTcts  T>?v  g'x,gt  you 
/jt,v)ija>iy  J^syeyxeiV  05  gv  <*p%f  x,ctTct<ppovoujui£yos,  ex, 
tou  nÀtf/rav/  7rAy)(HcL<rcLi  tqgclvtw  gÀaêgy  gVi(W/y. 
Kcu  Toirrav  ouoev  ctAoycaç  awoloefewcs"  7roÂi>  yctp 
S'y  cbrowcùTtpov ,  et  Ta  /^gv  juncpct  JV  ifriaTifinç  xj 

fJLi\îTY\Ç   WCLyXCL^p^êcL    ÎTriTtXtîv ,    Tût.    <^g    ^tgyi(7Tct 
OlV£U    Tg%V>lS   3CCU    tclvtm    tÎs  ^pOLy^OLTilûLÇ   YjdvvOL'  ■ 
fJLcBct  WpdLTTUV.     ïlipl    fJLiy    OVV    TOVTW    OVK    Olà'    OTl 

J^gT  srÀg/a)  Àgys/V  cûtJe  yap  i%  cupyyç  ciç  -&oLVTi\cù$ 

â-ûTtlpCùÇ  g^OVTOS  <TOV  TtTipi  OLVTûùV  tfiyVHT&W  fltAÀ' 
^•yOt!/X€V0^      Tût$     TOICLVTCLÇ      WÛLpcL7L\yi<TU$     TOUS    fW 


DEMOSTHENIS  AMATOR1US.  5o* 

Mo  doc  tore  vim  eam  consecutum  esse  audies  y  et. 
Alcibiadem  y  ingenio  quidem  ad  virtutem  multo 
détériore  (  ut  qui  parti  m  superbe  ,  par  tint  abjecte, 
partim  libidinosissimh  vitam  instituent  ),  reperies, 
Socratis  institutione  y  multa  in  sua  vita  correxis- 
se  ,  cœtera  magnitudine  rerum  gestarum  occul- 
tasse . 

Quod  si  vcteribus  commemorandis  immorandum 
non  est ,  cum  recentiora  exempla  in  promptu  sint 
tum  Timotheum  non  Us  rébus ,  quibus  adolescens 
studuit ,  sed  propter  ea  quœ  post  institutione  m  Iso- 
cratis  gessit,  et  summani  gloriam ,  et  amplissimos 
honores   merito  esse  consecutum  cognosces  ;  tum 
Archytam y  qui  Tarentinam  rempublicam ,  summa 
rerum  ad  ipsum  delata ,   adeo  prœclarb   et  huma- 
niter  administrant ,    ut    ejus  nomen  apud  omnes 
celebretur.  Is  igitur  ycum  sperneretur  initia,  e  Pla- 
tonis  congressibus  tantam  autoritatem  est  adeptus. 
Neque  horum  quicquam  sine  ratione factum   est; 
imb  longe   esset  absurdius ,  si  ad  parva   quœdam 
perjicienda  nobis  artis  atque   exercitationis   opus 
esset  adjumentis ,  res  verb  maximœ  nullam  artem, 
nullum  hujusmodi  studium  postularent.  Ac  de  his 
quidem  plura  die  ère  non  video  quorsum  attineat. 
Neque  enim  inilib  sic  id  hanc  menlionem  sum  in- 
gressus ,   quasi  tu  ea  prorsus  ignorares.  Sed  hujus 


\ 


0O$  DEMOSTHENIS  AMÀTOIUUS. 

generis  exhortationibus  ignaros  excitari  >  scientes 
inflammari  putabam. 

Ne  verb  putes  ,  me  >  quodista  dixerim  9  de  me  pol- 
liceri  libi  doctrinam  harum  rerum.  Nec  enim  me  fateri 
pudet  ;    ipsi  mihi  adhuc  mulla  esse   discenda  ,  atque 
ipsum   rempublicam  malle  gerere ,    quàm   aliis    eam 
doctrinam  trader e.  Neque  hœc  sic  accipi  velim  ,  quasi 
asperner  eam  ,   quœ  sapientiœ  et  eloquentiœ  magistris 
proposita  est ,   gloriam  ;  sed   quia  id  quod  dico  ,   ve- 
rum  est.    Scio  enim  multos  ex  obscuris  et  contemptis  7 
per  eam  professionem  illustres  essefactos  ,  ac  Solonem 
et  viventem  et  mortuum  maxima  gloria  jloruisse  ,  cui 
reliqui  honores  negati  non  fuerunt.  Nam  et  fortitudi-    \ 
nis    suœ  tropœum  Megarense  monimentum   reliquit , 
et  consïlii,  Salaminis   recuperationem  ,  et  cœteris   in 
rébus  sapientiœ ,    leges  >    quibus   etiam  hodie  plurimi 
Grœcorum    constanter   utuntur.   Qui  quamquam    tôt 
ornamentis  cumula  tus  ,    tamen  niliil  perinde   studuit  t 
atque  ut  in  septem  sapientum  numerum  referretur  ;  sa- 
pientiœ studium  non  probro  .cuiquam ,   sed  laudi  om- 
nibus esse  dandum  existimans  ,  in  quo  œque  rectè  sen- 
sit,  ut  in  cœteris  ,  in  quibus  excelluit.    Atqui  ego  nec 
ipse  aliter  sentio  ,  et  tibi  philosophandum  censeo.  Nec 
obliviscendum  ,  quantis  te  bonis  natura  et  fortuna  cu- 
mulant. Quœ  liane  ipsam  ob  causant  ego  quoque  ora- 


*    AHMOS0.  epotikos.  5o5 


V6tV. 


Mwfev  ^g  uVoAoiQjs  toioutov,  as  ctpct  gyû)  tocutcc 
ticiiKcL,  JWa^g<v  clvtqs  èwoLyyiWofjLtvoç  ut  ti  *tou- 
rœr    ou    yap  <xv  cuc-^uvâ-goiv  tinrw ,    ot<   woaao. 

[iCtSiiv   ÛLVTOÇ    6TJ     faofldl'    KOLl    //.ofAAOV    OLyûûVlGTyï 

wpoyoyfjLcLi  tûjv  7iovojv,  i  JWcwxotAos  eiVcti  tû?v  ccQAûjv. 
Oup£  as  Avcuvojuigvos  «^g  TciuTct  S^iaupovfjLou  tw  tûùv 
o-otyKrTiViiv  g'Aougvav  J^o^ctv ,  ecAA*  otj  Tcf.A>i9gs  rou- 
tov  e^ov  Tuy^ave/  rov  Tpo-Troy.  Ettu  gwqiocl  yt  woA- 
Aous  jLtey  g£  oiùo^av  tcxi  TccTrgivav  twiQcLVîiç  JW  zy\ç 
TzpeLyixcLTîicLÇ  roLVTyiç  yzywnfj.tvovç'  2oÀû>y<*,  J^g  39 
^œvroL  $  TgAeuTyjo-ocyroLjugyto-TJi^  S^ofyç  yifycûfjLtKv/oç, 
oux,  cLWt\y\AaLfJLtvos  tov  ocAAûjv  Ti/xcoy,  clAAcl  ty\ç  juiev 
oLvopîiaLs  to  -arpoç  MtycLptcLÇ  rpo-arctiov  vwo/xw/jlcl 
K<LTaLAi7rœv  ,   tÏ$  «A*  ivÇ>qvAiols  rw  2ctAet/x7vos  xo- 

/JUO>|V,  TY\S   <T    &AA»S    ffUVÉO-gaj    TOUS  VO/XOUS  ,   OiS   6TJ   Xj 

vuv  Oif  îzrAeTo-Tot  rœv  fEAA»vo>v  ^pautsvoi  JWTgAoùV/y, 

OJXœÇy   ZOGQVTCûV  OLUTCû  JCCtAûJV   UtZTûtp^OVTûJV,   eW  Otî&VE 

/tocAAov  go-^rot/oûto-gy ,  À  tûjv  garrot,  (toQigtcùv  owœç 
yev»iTcu  y  vofÂiÇcûv  rm  ÇiAovoQiolv  ovx,  omùoç ,  otAAct, 
r//,t>iy  toi 5  %pa>fAîvoiç  (pgpg<v  jcolAûjç  gyvû)x.û>s  ocuto 
touto  oup£  tittov,  >j  jcctt  toc'AAa  €<p'  o/s  «^/tfvgyjcgv. 
hycù  fxgv  ouv  ol>t  olvzos  clWcùs  yiyvaxntûù ,  o-o<  ts 
urapcLvia  <piAo<FoQiiv ,  ftt/xv»^6vaj  tav  g^  *p%^  uVap- 
^ctviû)y  (tclvtcù'  toutou  ycto  gy£x.ct  J^/ÏAÔov  ev  «p%?  tou* 


5t>6  AHMO20.  EFfîTlKOS.    . 

N    /  »      \  \i«-  >c»  ~     1         \         t 

AOyoV  XCLyCù  *7?ipi  ÙLVTOùVi  OVK  CùÇ  VU  TOU  TUV  <7>1V  (pLKT/y 

g?zrc{,jyg/y  ocyccpcT^o-gcôot/  es  srpocobjcetjv ,  otAA'  tvot^ctÀ- 
Àoy  -srpoTpe^/Cù  ge  wpoç  rm  (p/AococpioLy ,  gtf,v£t>î  -aratpet 
(MTtfoi    woiviïni,   fAVjà  ,    ewr    toiç  vwcLpyovvn   aycL- 

JOIÇ     [liyaL     (ÇpOVWCtÇ ,     Tû)V     /X€AA0VTÛ)V    oAiy#pWW. 

Mw? ,  ei  tûTv  €VTuy^ctvovTû)v  x,pg<TTû)v  g/ ,  /-w&v 
t£v  aÀÀûjy  <^>jTgf  JVgygy&grv  aAA'  viyov  xpcLTurrov 
ixtv  ttvcti   to  wpCûTivttv  h  olwclgi'  tovtov  <K  opgyo- 

3  ru  ru  /  ,\  /  >  ru 

agvov  o(f^>iycc/  //,ctAAov  avfMptpuv,  »  wpot^ovxcLiv  voie 

TV%0V(Tl.  KclI  fJLÏl  7tCLTcLKF%yvyS  TW  <Ç)V C7IV  ,   pNÎe  >|/gy- 

c5îyc«  woiYKJviç  rœv  l\*?ei6m  tous  t-ori  <roi  tuyau  <ppo- 

VoCvTUS'  CLAA'  uVêpêoCÀÀêO-ô-Ctt  WUpûù  TW  (TdLVTOV 
^VVOLfJLet  TM  TM  WVOVGTCLTÛÛV  gV/Ou/JUCtV.  KcU  V0[Xl£e 
TOVÇ   [JLtV  clWoVÇ  XoyOVÇy  OTctV  V7ttU7La$  îyjtHTly  TOIÇ 

eiwoiïai  J^o^ay  ireptriSMcLf  tas  J^e  (jvix&ovAiclç  toiç 
weicrd-eiariv  ûxpgAsf&tv  koli  Tifxviv  7irpo(TdL<7Cztiv  ytcti  tolç 
/Jtfy  wtpi  Tcov  olWcûv  Kpiauç,  tw  ct/o-fWty,  iv  e%o*xgv, 

J^AotTv    TOCS    J^g   T0V    tTClTYldîVUcLTœV    CtSpîGUÇ ,    tw 

oA>iv  (pucr/y  >î/x^v  JW/juct^g/v.  'Ev  o'is  âfjLoix,piwv ,  ctt/- 
tos  jcpi3->io-ga-Scu  *zrpoo-(3bjccu  Trapct  ?zrctin ,  xoc^tg ,  toi? 
ouzûùç  lyKCùiu&GcLncL  <rg  èToi[XGû$,  gv  ayam  yivwècrvou 

TV\Ç  (TK  S^0M[ICL<TICLÇ,  A/0  &7  (Tg  T£  TÛ)V   iWOLlVûûV  OL^lOV 

Ov%  ovtcû  S^  av  o-g  wpoô-vtiûùs  twi  xm  <f)t\oo orient 
^rotpgjcot AovfjLYiv ,  gî  pi  t>!$  /xgy  st/votflt^  r>^  ejutîk  toutov 


DEMOSTHENIS  AMATORIUS-  ^7 

lionis  initio  commemoravi  ,non  tara  quidem,  ut  lauda- 
tione  ingenii  tui,  animum  tuum  milii  conciliar&m  : 
quamutte  ad  philosophiam  adhor tarer ,  ut  et  eam  non 
parvi  duceres  ,  nec  bonis  istis  elatus  ,  ea  quœ  restant, 
négligeras.  Neque  verb  si  Us  prœstas ,  quibus  cum 
vivis ,  studere  aliis  esse  prœstantior  nolis  \  sed  exis- 
times  ,  eximium  esse  excellere  in  omnibus  ,  magisque 
expedire,  ut  ei  rei  studere  videaris  ,  quam  ut  in  vulga- 
ribus  emineasyaut  ingenium  tuum  dedecores yaut  eorum , 
qui  sibi  de  te  magna  pollicentur ,  spem  frustreris  :  imb 
tuis  viribus  vincere  studebis  benevolentissimorum  de- 
siderium  .  atque  existimabis ,  reliquas  orationes  ,  sime- 
diocriter  placeant,  oratoribus  esse  gloriœ  ;  prœcep- 
tiones  autem.  Us  quipareant,  et  usuiesse  ,  et  honori  ;  ac 
judicia  de  aliis  rébus  animi  nostri  sensum  ostendere  , 
studiorum  vero  delectum,  totum  nostrum  ingenium  ape- 
rire.  De  quibus  intérim  dum  judicas  >  ab  omnibus  de 
te  fier i  judicium  expecta  :  et  mihi  ,  qui  te  ita  laudarim9 
pro  eo  ac  spécimen  de  te  prœbueris  ,  certamina  fore 
sine  mord  sustinenda.  Quas  ob  res ,  et  te  hisce  lau- 
dibus  videri  dignum ,  et  mihi  tui  amorem  non  esse 
fraudi  oportebit. 

Te  verb  non  ita  prompte  ad  philosophiam  adhorta- 
remur ,  nisi  nec  aliud  munus   amicitia  nostra  magis 


5o8  DEMOSTIIENIS  AMATORIUS. 

dignum  j,  me  tibi  posse  conferre  arbitrarer  ,  et  rem* 
publicam  viderem  ,  dum ,  penuria  bonorum  virorum  , 
quibusvis  mandatur  ,  ob  horum  delicta  maximis  cla- 
dibus  afjici.  Ut  igitur  et  ipsa  tua  virtute ,  et  tu  ipsius 
honoribus  perfruaris ,  studiosius  tesum  hortatus.  Neque 
enim  pênes  te  futurum  esse  ,  ut  prwatam  vitam  agas  , 
sed  tibi  publicum  aliquod  munus  mandatum  iri  puto  ; 
et  qub  major  est  ingenii  tui  prœstantia  >  eb  tibi  ma- 
jores dignitates  obventuras  ,  ebque  maturius  tui  péri- 
culumfactum  iri.  Expediet  igitur  nunc  ita  esse  animo 
prœparatum  ,  ut  tune  nihil  delinquas,  Mei  itaque  of- 
ficii  est,,  explicare  quœ  à  te  fieri  utiliter  existimem  ; 
tui y  de  eis  deliberare.  Decet  autem  etiam  cœteros  _, 
qui  tuam  familiaritatem  expetunt ,  non  brèves  et  levés 
voluptates  atque  colloquia  magnifacere  J  neque  ad  ea 
te  provocareJsed  eîaborare7studioseque  cogitare,  de  in- 
ta  tua  quàm  illustrissima  effïcicnda.  Sic  enim  etipsi  ma. 
ximas  laudes  assequentur  ,  et  in  te  maxima  bénéficia 
confèrent.  Ac  tuorum  sodalium  nunc  etiam  neminem 
reprehendo.  Nam  in  reliquœ  felicitalis  tuœ  parte  et 
hoe  esse  <videtur ,  quod  in  nullum  illaudatum  incideris 
amatorem  ;  sed  eorum  tibi  familiaritas  contigerit ,  qui- 
bus  meliores  ex  omnibus  œqualibus  deligi  non  possint. 


AHMOS0.  EPfiTIKOS.  5o^ 

eu  coi  x,oiAA«rTov  ipctvov  £io-£vsyx,g?v  (jùiiYir  rw  J^e 
woAiv  wpœv  y  JW  /xgy  octjropictv  tûjv  x,ccAay  jtqiya^-ûjv 
avopaSV  to?s  Tt^ouin  oroAAocxfS  %pû>pv>jv ,  dut  dt  tcls 

TOVTM  GLfJLOLpTlOLÇ    OLVTW  TdLlS    fJLiytCT&lï    GLTV^lûLlS 

-nnfnxriwToxHïcJLV.'  h*  ouv  >î  jt-cev  T>iV  (ras  cLotrv\$  ,  (ru  <h 

TCûV  "TtOLpCL  TOLUTfâ  TlflûùV  OLWOAcLVCWS  ,  WpOVVfÀOTîpOV 
COI    WOLpîTLlteVO-clfJLyW.    KaLl    yOLp    0V(?    Î7TI    (TOI    VOfAlty 

ytw\cic§cLi  Çïv  ds  irv^(ty  clWgl  îsrpoerrajjeiv  coi  t»v 
woAiv  tûûv  olCtyis  re  J^o/jteiv,  x.ct<,  'occùtwj  Qvciv  tm- 
(pccyscrrêpcty  e%ef£ ,  tqcovtoô  /xsiÇovav  a£<û>o-g/y ,  x.ai 
SS/rrov  /3oi>A)î<7€(79ct/  TrupcLv  cou  AaLfjiCcLmv.  KecAov 
ouy  7ictpg(7)tei»<x<rSct/  t>iv  yva^y,  ivcl /jlyi  won  tïA»/*- 
p.i\y}$.  To  fit?  oi»y  g/*ov  )jv  *pyov  €<7ie*v  et  coi  cvfx- 
Qipziv  y\yov(JLOLi  wiWpêLyJja.ï  cov  i^t ,  (èovAtvcaLcd-cLi 

Tttpi  CLVTaV.  l\pOCY\Kil  à\  KOLl  TOUS  OLAAOVS  TOV$  Qfi- 
TOVVTeLÇ  OIKIICÙS  WfQS  Ci  d'KLtelcScLl  ,  pi  TûLS  tWl'TtO- 
AOLIOVS  YldoVCLÇ  KCLl  f'iCLTpt&CLS  cLyaLTTcLVj  [ly\0  671 J  tCLV- 
TûLS  TTpOXCLAllcScLr  ûtAAa.  <pjA07IOV£?V  X.CLI  CTLOTtllV  , 
OTtûùS  TOy  COV   j&OV  0$   AcL/JLTrpOTflCTOV    KOLTàLCTYlCOVCir 

AUTO*  Te  yap  outûjs  olv  fictAicrcL  îwaLivoivToyxaLi  coi 
wAuctm  ctycLBûùv  ctiTioi  yevoivTo.  Mefjupo/xati  /*€V 
ovv  ovèi  vuv  oJ&vd  TaTy  coi   wAvicuifyvTW  tlcli  yacp 

1101  JWeT  TV\Ç    <zA\y\$  VJTU^lCLS   TYi$  CHS    Ml  ZGV§    IV 

6tV3ti ,  to  [Lyàwos  (QcujAov  Tup^eTy  tpcLCTov,  otAA  où^ 
cty  t/^  'îAoito  iSouAo4aevo$  (p<Aou$  e>c  T^y  y\\txiœTûSi 


5lO  AHMOS0.  EP&TIKOS. 

WpOÇ  OL&OLVTOLÇ    TOVTOVÇ  3CGti    è%£/V    Wtûù$*    tf il &ÎG S CLl 

J^e  Tcîïs  srÀe7<7rov  vouv  g^oixrtv  ctJrûTv ,  WctXj  toi>to/s 

ÛLVTQtÇ  tTl   <T7CO'jdcLlQTipQÇ  S^OMjÇ  tUOLl  ,  ^  To7$  OtÀÀOîS 


DEMOSTHENIS  AMÀTORIUS.  5ll 

Proinde  suadeo  ,  ut  te  erga  illos  omnes  comem  prœ- 
beas  etfacilerrij  sed  eorum  tamen  prudentissimis  ob- 
sequaris,  ut  ab  his  ipsis  et  à  reliquis  ciuibus  melior 
judiceris.  Vale. 


Fin  du  troisième  volume. 


TABLE 

DES  DISCOURS  DE  DÉMOSTHÈNE  , 
ETD'ESCHINE, 

CONTENUS  DANS  CI  VOLUME. 

Sommaire  de  la  harangue  sur  (e 

traité   d'Alexandre pag.  1. 

Harangue  sur  le  traité  d' Alexandre.  5. 

Notes   sur  la    harangue    du   traité 

d'Alexandre , 27. 

Réflexions    préliminaires    sur    les 

exordes  de  Démosthène 28. 

Exordes  de  Démosthène 55. 

Notes  sur   les   exordes    de  Démos- 
thène   i58. 

Réflexions    préliminaires    sur    les 

lettres  de  Démosthène  etd'Eschine.  160. 

Lettres  de  Démosthène iQlm 

Lettre  première 1g3. 

—  Deuxième 1^5. 

—  Troisième iq2. 

—  Quatrième 2^5. 

—  Cinquième 232. 

—  Sixième 256. 

Notes  sur  les  lettres  de  Démosthène.  258. 


Lettres    d'Eschine ,     pag.     24 

Lettre  première 243. 

—  Seconde 247. 

—  Troisième a5i.  J 

—  Quatrième 262. 

—  Cinquième 25g, 

—  Sixième 264. 

—  Septième 267. 

—  Huitième. 271. 

—  Neuvième 272. 

—  Dixième 276. 

—  Onzième. 285. 

—  Douzième .  .   ...   .  .  295. 

Notes  sur  (es  lettres  d'Eschine.    .  .  3o4- 
Sommaire  de  la  harangue  d'Es- 
chine contre  Timarque 

Harangue   d'Eschine     contre    Ti- 
marque   3og. 

Notes 462- 

Avertissement  de  l 'éditeur.  .  .  v  .  4^7- 

Demosthenis  Sermo  amatorius.  .  47 l# 


FIN    DE    LA    TABLE. 


4 


PLEASE  DO  NOT  REMOVE 
CARDS  OR  SLIPS  FROM  THIS  POCKET 

UNIVERSITY  OF  TORONTO  LIBRARY