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Et ee
AIN
Aura te. nr
DIVISION OF FISHES
US. NATIONAI, MUSEUM
ŒUVRES
COMTE
DE LACÉPEDE.
Loto pogo
POISSONS.
VIT.
Ses
PARIS. —- IMPRIMERIE D'AD. MOFSSARD, RUE DE FURSTEMBFRG, N° 8 BIS.
OEUVRES
DU COMTE
DE LACÉPÉÈDE.
COMPRENANT
L'HISTOIRE NATURELLE DES QUADRUPÈDES OVIPARES,
DES SERPENTS, DES POISSONS ET DES CÉTACES ;
ACCOMPAGNÉES
DU PORTRAIT DE L'AUTEUR ET D'ENVIRON AOO FIGURES,
EXÉCUTÉS SUR ACIER POUR CETTE ÉDITION PAR
LES MEILLEURS ARTISTES,
À PARIS,
CHEZ FE. D. PILLOT, ÉDITEUR,
RUE DE SEINE-SAINT-GERMAIN, N° 49,
0$o$te
1932.
LE
Le
dou TE
POISSONS.
VIL.
HISTOIRE
NATURELLE
DES POISSONS.
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CENT QUARANTE-HUITIÈME GENRE.
LES CHRYSOTOSES.
Le corps et la queue très comprimés; la plus grande
hauteur de l'animal, égale ou presque égale à la lon-
gueur du corps et de la queue pris ensemble; point
de dents aux mâchoires ; une seule nageoire dorsale ;
les écailles très petites ; point d’aiguillons au devant
de la nageoire du dos, ni de celle de l'anus; plus de
huit rayons à chaque thoracine.
ESPÈCE. CARACTÈRES,
Ur ou deux rayons aiguillonnés ei quarante-
six rayons articulés à la dorsale ; un rayon
Le CHRYSOTOSE LUNE. aiguillonné et trente-cinq rayons articulés
à la nagcoire de l'anus : la caudale four-
chue ; la couleur générale dorée.
Ô HISTOIRE NATURELLE
PHPIBOIPS:
LE CHRYSOTOSE" LUNE*:.
Lampris guttatus, Rerzivs, Cuv.—Chrysotosus Luna,
Lacer.— Zeus Luna, Lin, GEL. — Zeus regius ,
BonxaT.
C’est un grand et magnifique poisson que ce chry-
sotose, que Duhamel et Pennant ont décrit, et que
le professeur Gmelin , ainsi que le professeur Bonna-
terre, ont inscrit dans le genre des zées, mais qui
n'appartient pas à ce genre, et qui n'est encore qu'im-
parfaitement connu. Un individu de cette superbe
espèce , très bien conservé dans le Muséum d'histoire
naturelle, et qui pourroiït bien être celui sur lequel
Duhamel a fait sa description , nous a présenté tous
les traits distinctifs de ce beau chrysotose. Ce poisson
osseux a beaucoup de rapports avec le cartilagineux
auquel nous avons conservé le nom de Diodon Lune;
mais, indépendamment d’autres grandes différences
qui l’en séparent, il ne réfléchit pas les mêmes nuan-
ces. Lorsqu'il resplendit auprès de la surface de la
1. Le nom générique de Chrysotose vient du mot grec chrusotos ,
qui signifie doré.
2. Poisson lune, Duhamel, Traité des pêches, 3, pl. 15.
Poisson royal, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
HE
Pennant , Zoolog. Brit. vol. 5 , n. 101.
DES POISSONS. 9
mer, il ne renvoie pas une lumière argentine comme
celle de la lune ; il brille de l'éclat de l'or; et c’est au
disque solaire plutôt qu'à celui de l’astre des nuits,
qu'il auroit fallu comparer la surface richement déco-
rée qu'offre chacun deses côtés. Plusieursreflets d’azur,
d’un vert clair et d'argent, se jouent sur ce fond doré,
au milieu d’un grand nombre de taches couleur de
perle ou de saphir; les nageoires sont du rouge le plus
vif, et c’est ce qui a fait dire à un observateur, que
l’on devroit regarder ce chrysotose comme un seigneur
de la cour de Neptune, en habit de gala”.
Lorsque ce poisson lune parvient à des dimensions
très étendues, et par exemple lorsqu'il a soixante-six
centimètres de hauteur (sans y comprendre les na-
geoires du dos et de l’anus) sur dix ou onze décimètres
de longueur totale, ainsi que lindividu du Muséum
d'histoire naturelle , il pèse près de vingt kilogram-
mes. On ne distingue pas, sur cet individu du Mu-
séum, de ligne latérale ; la lèvre supérieure étoit ex-
tensible; la mâchoire inférieure est plus longue que
la supérieure; la dorsale est en forme de faux; l’ex-
trémité de la queue, très basse et cylindrique , s’a-
vance au milieu de la base de la caudale ; les écailles
sont unies; on n'en voit pas sur les opercules; les
yeux sont ronds, gros et saillants?.
On ne rencontre que très rarement les chrysotôses
lunes. Lorsqu'on en montra un à Dieppe, il y a plu-
1. Note manuscrite envoyée à Guénaud de Montbelliard, et que
Buffon , à qui il l'avoit remise, m'a donnée dans le temps.
2. 20 rayons à chaque pectorale du chrysotose lune.
1 rayon aiguillonné et 8 ou grayonsarticulés à chaquethoracine.
Le premier et le dernier rayons de la caudale , aiguillonnés.
10 HISTOIRE NATURELLE
sieurs années, les plus anciens pêcheurs voyoient
cette espèce pour la pemière fois. Les individus que
les naturalistes ont observés avoient été pris sur les
-côtes françoises ou angloises de l'Océan atlantique.
Il paroît cependant que le chrysotose que nous décri-
vons habite aussi dans les mers de la Chine; nous
avons cru en eflet reconnoître une variété de cette
Lune, dans une des peintures chinoises qui font par-
tie de la collection du Muséum d'histoire naturelle.
DES POISSONS. 11
46e
CENT QUARANTE-NEUVIÈME GENRE.
LES CGAPROS.
Le corps et la queue très comprimés et très hauts ; point
de dents aux mâchoires; deux nageoires dorsales ; les
écailles très petites; point d’aiguillons au devant de
la première ni de la seconde dorsale, nide la nageoire
de l'anus.
ESPÈCE. GARACTÈRES.
Neuf rayons à la première nageoire du dos:
vingl-trois à la seconde, trois rayons ai-
Le Capros SANGLIER. guillonués et dix-sept rayons articulés à
la nageoïire de l'anus; la caudale sans
échancrure.
12 HISTOIRE NATURELLE
eÙù -Pat PoBo he EGEA HO LO E985710$%e 166089 Beb0
AD 60
LE CAPROS SANGLIER".
Capros A per, Lacxr., Cuv. — Zeus Aper, Linn., BL.
La mer qui baigne les rivages de la Ligurie et ceux
de la campagne de Rome, nourrit ce poisson, que
l’on n’y pèchoit cependant que très rarement du
temps de Rondelet. Ce thoracin a le museau avancé,
un peu cylindrique, terminé par une ouverture assez
petite et par une lèvre supérieure facile à étendre,
ce qui donne à cette partie de la tête quelque res-
semblance avec le groin d’un cochon ou d’un san-
glier ; et cette analogie l’a fait désigner par le nom
1. Riondo , à Rome.
Strivale , aux environs de Gènes.
Lucerna , ibid.
Pesce pavotto , ibid.
Doré sanglier, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique.
Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
« Zeus totus rubens , cauda æquali, rostro sursum reflexo. » Artedi ,
gen. 50, syn. 78.
Sanglier, Rondelet, première partie, liv. 5, chap. 27.
Charlet , p. 125.
Gesner, p. 61, 70; et (germ.) fol. 30, b.
Aldrovand. lib. 5, chap. 12, p. 297.
Jonston , Gb. 1, tit. 1, cap. 1. 4, 4.
Willughby, p. 296.
Rai , p. 99:
DES POISSONS. 13
spécifique que nous lui avons conservé, ainsi que par
celui de Capros, qui, en grec, signifie sanglier ou
verrat , et dont nous avons fait son nom générique.
D'ailleurs les écailles dont ce poisson est revêtu sont
frangées sur leurs bords; et l’on n'a pas manqué de
trouver un assez grand rapport entre les brins écail-
leux de ces franges et les soies du cochon.
La ligne latérale de ce capros est très courbée et
même ondulée; sa couleur générale paroît rougeâtre;
l'extrémité de sa caudale est peinte d’un rouge de
minium.
Au reste, on le recherche d'autant moins, que sa
chair est dure, et répand quelquefois une mauvaise
odeur.
1. 7 rayons à la membrane branchiale du capros sanglier.
14 rayons à chaque peciorale.
1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine.
/
12} HISTOIRE NATURELLE
BBD AB MPESDEMEL O D PPE SP
CENT CINQUANTIÈME GENRE.
LES PLEURONECTFES.
Les deux ÿeux du même côté de la tête.
—— 0 ——
PREMIER SOUS-GENRE.
Les deux yeux à droite: la caudale fourchue , ou échancrée en croissant.
ESPÈCES. CARACTÈRES.
Cent sept rayons à la nageoire du dos ;
1. LE PLEURONECTE quatre-vingt-deux à celle de l'anus: la
FLÉTAN. caudale en croissant; la couleur du côté
droit, grise ou noirâtre.
/ Soixante-six rayons à la dorsale ; soixante-
un rayons à la nageoire de l'anus: la
caudale un peu échancrée en croissant ;
les écailles dures et dentelées; la ligne
latérale partant de l’origine de la dorsale,
entourant la pectorale en demi-cercle, et
allant ensuite directement jusqu'à la cau-
dale,
2. Le PLEURONECTE
LIMANDE.
ne. NS
SECOND SOUS-GENRE.
Les deux yeux a droite; la caudale rectiligne ou arrondie, et non
échancrée.
4 A
ESPÈCE. CARACTERES.
Quatre-vingt-un rayons à la nageoire du
dos ; soixante-un à l’anale : la caudale ar-
rondie ; la dorsale étendue jusqu’au bout
du museau; la mâchoire supérieure plus
avancée que linférieure:; le corps et la
\ queue allongés.
3. LE PLEURONECTE SOLE.
ESPÈCES.
4. Le PLEURONECTE PLIE.
5. Le PLEURONECTE FLEZ.
6. BE PLEuURONECTE
FLYNDRE.
7. Le PLEURONECTE PÔLE.
8. Le PLEurRoNECTE
LANGUETTE.
9. Le PLEURONECTE
GLACIAL,
10, LE PLEURONECTE
LIMANDELLE.
DES POISSONS. 19
3
|
|
|
|
|
|
|
\
CARACTÈRES.
oixante-huit rayons à la nageoire du dos ;
cinquante-quatre à celle de l'anus; la
caudale arrondie; cinq ou six éminences
sur la partie antérieure de fa ligne laté-
rale:; les écailles minces et Hole le
côté droit marbré de brun et de gris,
avec des taches oraugées.
Cinquante-neuf rayons à la nageoire du
dos ; quarante-quatre à l’anale ; la cau-
dale arrondie ; un très grand nombre de
petits piquants sur presque toute la sur-
face du poisson.
Quatre-vingt-neuf rayons à la dorsale;
soixante-onze à l’anale: la caudale arron-
die ; la mâchoire inférieure plus avancée
que la supérieure: la ligne latérale droite;
les écailles grandes et os le côté droit
d’un gris cendré, avec des taches brunes
ou rougeâtres.
Cent douze rayons à la nagcoire du dos ;
deux rayons à la nageoire de l’anus: Ja
caudale arrondie; les écailles ovales,
molles et lisses: les dents obtuses; le
côté droit d’un rouge brun.
Soixante- huitrayons : à la dorsale; cinquante-
cinq à la nageoïire de l'anus; la caudale
arrondie ; les dents aiguës ; l'anus situé
sur le côté gauche ; les écailles rudes ; la
nageoire du dos étendu presque jusqu'à
Peine du museau.
Ginquante-six rayons à la nageoïre du dos ;
trente-neuf à l’anale; la caidale arrondie;
les deux côtés du corps et de la queue
doux au toucher; les rayons du milieu
de la dorsale et de la nageoire de l'anus,
hérissés de très petits piquants: une pr oé-
minence csseuse et rude auprès des veux;
le côté droit brunître.
Quatre-vingt rayons à la nageoire du dos :
les dents obtuses: les écailles arrondies et
lisses ; Les lèvres grosses ; l'ouverture de
la bouche petite ; ia caudale presque rec-
tiligne; le côté droit d’un brun clair.
avec des taches blanches, et des tache:
d’un brun foncé.
16
ESPÈCES.
121. LE PLEURONECTE
CHINOIS.
12. LE PLEURONECTE
LIMANDOÏDE.
15. LE PreuroNëEcTE
FÉGOUZE.
14. Lx PLEURONECTE
OEPLLÉ,
15. LE PLEURONECTE
TRICHODACTYLE.
|
È)
HISTOIRE NATURELLE
CGARACTERES.
/La nageoïre du dos ne commençant qu'au
delà de la nuque: cette nageoïre très
basse jusque vers le milieu de la longueur
totale du poisson ; viugt-trois ou vingt-
quatre aiguillons gros ct courts, placés le
long du côté gauche de la partie anté-
rieure de cette nageoire ; d'autres aiguil-
lons semblables situés le long du côté
gauche de la partie antérieure de l’anale;
la caudale très grande, très distincte de
l'anale et de la dorsale. arrondie. et pres-
que en forme de fer de lance; le côté
droit de l'animal, d’une couleur brune,
avec des points noirs arrangés en quin-
conce.
oixante-dix-neuf rayons à la nageoire du
dos; soixante-trois à celle de l'anus; la
caudale arrondie en forme de fer de
lance, el très séparée de l'anale et de la
dorsale ; le corps et Ja queue très allon-
gés : la ligne latérale large et droite dans
tout son cours; les écailles grandes et
dentelées; le côté droit d'un brun jau-
nôtre, et sans taches, ni bandes, ni raies.
Le corps et la queuc allongés; les peclora-
les rectilignes ; la dorsale et l'anale plus
hautes vers la caudale que vers la tête ;
les écailles très difficiles à voir, et très
adhérentes à la peau ; de sept à neuf ta-
ches grandes, rondes et noirâtres , sur le
côté droit,
Soïixante-six rayons à la dorsale; cinquante-
cinq à la nageoïre de l'anus ; trois rayons
à chaque pectorale: quatre taches ron-
des , noires et bordées de blanc, sur le
côté droit; une bandelette noire sur la
queue.
Cinquante-trois rayons à la nageoire du dos;
quaranle-lrois à l’anale : quatre rayons à
la pectorale droïte ; celie de gauche très
petite; les écailles rudes, le côté droit
brun , avec des taches noirâtres.
DES POISSONS. 17
TROISIÈME SOUS-GENRE.
Les deux yeux à droite; la caudale pointue, et réunie avec la nageotre
du dos et celle de l’anus.
ESPÈCES. CARACTÈRES.
AQualLeE -vingt-un rayons à ia dorsale ; qua-
rante- hat à la nagooire de l'anus; quatre
rayons à chaque pectorale ; le corps et
16. Le PLreuronecTE / la queue très allongés ; la ligne latérale
ZÈBRE. \) droite: le côté roi blanchâtre, avec
des bandes transversales brunes, très
! longues, réunies ou rapprochcées deux à
\ deux.
LE corps et la queue allongés; les écailles
17. LE PLEURONECTE
un peu rudes; le côté droit grisätre.
PLAGIEUSE,
18. Le PLeuroNecTe
ARGENTÉ.
supérieure plus avancée que linférieure;
la lone latérale droite ; le côté droit ar-
ie corps et la queue allongés ; : la mâchoire
{ genté.
QUATRIÈME SOUS-GENRE.
Les deux yeux à gauche; la caudale rectiligne , ow arrondie et sans
échancrure.
ESPÈCES. CARACTÈRES.
/Soïxante- sept rayons à la nageoire du dos;
quarante-six à la nagcoiïre de l'anus; la
caudale arrondie ; 1e côté gauche par-
semé de tubercules osseux , un peu larges
à leur base, et pointus.
19. LE PLEURONECTE
ŒURBOT.
/Soïxante-onz# rayons à la dorsale: cin-
/ quante-sept à la nagcoire de l'anus; la
caudale arrondie ; l'ouverture de la bon-
che assez grande, et arquée de chaque
Le PLEURONECTE côté; la hauteur totale du corps presque
CARRELET, \ égale à la longueur totale de l'animal ; les
écailles ovales et nnics ; la ligne latérale
d’abord très courbée , et ensuite droite :
| le côté gauche marbré de brun et de jau-
nâtre, ou de rougeûtre.
18
22.
23,
24.
25.
26.
r
27:
ESPÈCES.
LE PLEURONECTE
TARGEUR.
LE PLEURONECTE
DENTÉ,
LE PLEURONECTE
MOINEAU,
LE PLEURONECTE
PAPILLEUX.
LE PIEURONECTE
ARGUS.
Le PLEURONECTE
JAPONAIS.
Le PLEURONECTE
CALIMANDE.
HISTOIRE NATURELLE
CARACTÈRES.
: Quatre- -vingt- neuf rayons à la nageoire du
dos: soixante-huit à celle de lance la
| caudale arrondie; la hauteur du corps
très grande; les écailles dentelées; le
côté gauche parsemé de points rouges,
et de taches noires, rondes, ou irrégu-
\ lières.
Quatre-vingt-six rayons à la dorsale ;
soixante-six à la nagcoire de l’anus: la
caudale arrondie: les rayons de cette
dernière nageoïre garnis d'écailles; le
corps et la queue allongés et lisses ; les
dents aiguës et très apparentes.
rante-trois à l’anale: la caudale arrondie;
le corps et la queue un peu allongés; une
série de petits lubercules osseux et pi-
quants le long de la nageoïre du dos, de
celle de l’anus, et de chaque côté de la
partie antérieure de la ligne latérale ; le
côté gauche marbré de gris, et d’un jaune
brunâtre.
É rayons à la dorsale ; qua-
{ Cinquante- -huitrayonsà la nageoïre du dos;
quarante-deux à l’anale ; la ligne latérale
courbe; le cerps garni de papilles.
soixante-neuf à l’anale; la caudale arron-
die; les yeux inégaux en grandeur, et iné-
galement éloïgnés du bout du museau ;
les pectorales inégales en surface; les
écailles petites et molles; le côté gauche
d’un jaune clair, avec des points brun,
de petites taches bleues, ct d’autres taches
plus grandes, jaunes, pointillées de brun,
et entourées de bleu , en tout ou en par-
tie.
pe rayons à Ja dorsale;
\
(Un très grand nombre de rayons aux na-
{ _geoires du dos et de l’anus ; cinq rayons
( à chaque thoracine ; la ligue rude.
rentes couleurs : la mâchoire inférieure
Le côté gauche chagriné, et jaspé de diffé-
très relevée.
ESPÈCES.
28, LE PLEURONECTE
GRANDES-ÉCAILLES.
29. Le PLEURONECTE
COMMERSONNIEN.
DES POISSONS. 19
CARACTÈRES.
ns rayons à la dorsale; qua-
rante-cinq à la nageoire de l'anus; la cau-
dale arrondie; les écailles grandes ; la
mâchoire inférieure plus avancée que la
supérieure ; la langue lisse, pointue, et
un peu libre dans ses mouvements; la
ligne latérale un peu courbée vers le bas;
le côté gauche d’un jaune brun ou blan-
châtre; nne tache foncée sur chaque
\ écaille.
{ Quatre-vingt-dix rayons à la nageoire du
[ dos; soixante-dix à celle de l'anus; la
| caudale arrondie; la pectorale droite
plus petite que la gauche; la mâchoire
superieure plus avancée que l'inférieure;
la dorsale étendue depuis le bout du mu-
seau jusqu'à la quene: l'œil supérieur plus
avancé que l'autre; la ligne latérale un
peu courbée vers le haut et ensuite vers
le bas ; le corps et la queuc ailongés ; les
écailles très petites ; le côté gauche blan-
châtre avec des taches d’une couleur pâle,
ou rougeâtre et d'une nuance foible.
ANRT
PS
D E——
20 HISTOIRE NATURELLE
LE PLEURONECTE FLÉTAN!.
Pleuronectes Hippoglossus, Linx., Lacer.,BLocn, Cuv.
Quezs droits le flétan n'’a-t-il pas à l'attention du
physicien ! Il tient, par sa grandeur, une place distin-
: 1. Faitan , dans quelques départements de la France.
Heilbot , en Hollande.
Heilbut , à Hambourg.
Hilibut , ibid.
Helleflynder, en Danemarck.
Haelgflundra, en Suède.
Queite, en Norvége.
Sandskiebbe , ibid.
Skrobbe flynder, ibid.
Baldes , en Laponie.
Flydra, en Islande.
Heclop fisk, ibid.
Queite-barn (lorsqu'il est petit \ dans le Groenland.
Styving (lorsqu'il est d'uue longueur moyenne), ibid.
Netarnak (lorsqu'il est grand ), ibid.
Holibut , en Angleterre.
Turbut et turbot , ibid.
Pleuronecte flétan, Bloch. pl. 47.
Pleuronecte flet , Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique.
Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
Faun. Suecic. 529.
Muller, Zoolog. Danic. Prodrom., p- 44, n. 571.
O. Fabr. Faun. Groenland., p. 161, n. 115.
DES POISSONS. | 21
ouée auprès des cétacés; il rivalise, par le volume,
avec plusieurs de ces énormes habitants des mers;
il nage l’égal de presque tous les poissons les plus
remarquables par leur longueur et par leur masse;
sa conformation est extraordinaire ; ses habitudes sont
particulières ; ses actes et les organes qui les produi-
sent frappent d'autant plus l'observateur, que, par
une suite de sa taille démesurée , aucun de ses traits
ne se dérobe à l'œil, aucun de ses mouvements ne
lui échappe : et comment l’imagination ne seroit-elle
pas émue par la réunion de dimensions, de formes
et de mouvements très élevés au dessus des mouve-
ments, des formes et des dimensions que la nature a
le plus multipliés?
Le flétan, comme tous les autres pleuronectes, a
le corps et la queue très comprimés. Il forme parmi
les osseux, et avec les poissons de son genre, les ana-
logues de ces cartilagineux auxquels nous avons con-
servé le nom de Rates. L'épaisseur des pleuronectes
est même plus petite à proportion de leur longueur,
« Pleuronectes oculis a dextra totus glaber. » Artedi, gen. 17
syn. 51.
Flétan , Rondelet, première partie, liv. 11, chap. 15.
Rai, p. 95.
Hippoglossus, id est, buglossus maximus. Gesner, P- 669, 787; ct
(germ. ), fol. 54, 6.
« Hippoglossus ab Aldrovando observatus, » Aldrovand., lib, 2,
cap. 45, p. 258. ;
Passer britannicus, Charlet., p. 146.
Passerum genus majus, Schon., p. 62.
9
Gronov. mus. 2, n. 158.
« Passer quatuor cubitos longus. Klein, miss. pisc. 4, p. 55, n. 2.
Brit. Zoclog. 3, p.184, n. 1.
Flétan, Valmont de Bomare, Dictionnaire d'histoire naturelle.
LACÉPÈDE. XL, 2
22 HISTOIRE NATURELLE
que celle des raies les plus déprimées. Il y a néan-
moins cette différence essentielle entre la confor-
mation générale des raies et celle des pleuronectes,
que ceux-ci sont aplatis latéralement , c’est-à-dire de
droite à gauche, ou de gauche à droite, pendant que
les raies le sont de haut en bas.
Cette compression exercée sur les côtés des pleu-
ronectes n’est cependant pas la seule altération qu’ait
éprouvée la totalité du poisson. Le corps et la queue
ont été soumis uniquement à cette manière d’être que
nous avons déjà vue, quoique à une degré inférieur,
dans plusieurs poissons, et particulièrement dans les
chétodons, les acanthures , les sélènes, les zées, les
chrysotoses, etc. ; mais la tête a subi une seconde, mo-
dification. On diroit qu'après avoir été aplatie, comme
celle des zées et des chétodons, par une force agis-
sant sur ses côtés, elle a été défigurée par une puis-
sance qui a joui d'un mouvement composé; cette
seconde cause, à laquelle il faudroiït rapporter une
grande partie de la figure qu'elle présente, l’auroit
tordue, pour ainsi dire. Elle auroit commencé par
peser de haut en bas ; et avant de pénétrer très avant
dans les portions osseuses et solides, elle auroit
tourné en quelque sorte à droite ou à gauche, de
manière à entraîner avec elle les organes de la vue,
et souvent ceux de l’odorat.
On sent aisément que, d’après cette supposition ,
les deux yeux et les deux narines auroient dû, à la
fin de l’action de la force comprimante, se trouver
situés ou à droite ou à gauche, suivant le côté vers
lequel la puissance auroit fléchi sa direction, et c’est
en effet ce qu’on observe dans les pleuronectes, et ce
DES POISSONS. 29
qui forme le caractère distinctif du genre qu'ils com-
posent.
Tout le monde sait que les animaux tant vertébrés
que dénués de vertèbres, animés par un sang rouge
ou nourris par un sang blanc, ont des yeux plus ou
moins gros, plus ou moins rapprochés, plus ou moins
élevés, plus ou moins nombreux; mais aucun animal,
excepté le pleuronecte, ne présente dans ses yeux une
see telle, jue ces organes soient situés unique-
ment à droite ou à itète de l’axe qui va de la tête
à l'extrémité opposée. Nous ne connoïssons du moins
dans ce moment qué les pleuronectes qui n'aient pas
leurs yeux disposés avec symétrie de chaque côté de
cet axe longitudinal; et cet exemple unique auroit
dû seul attacher un grand intérêt à l’observation des
poissons que nous allons décrire.
De la conformation que nous venons d’exposer, il
est résulté nécessairement que les deux nerfs olfac-
tifs aboutissent non pas à l'extrémité supérieure du
museau, mais à un des côtés de la tête. C’est aussi à
un seul côté de cette même partie de l’animal que se
rendent les deux nerfs optiques, quoique croisés l’un
par l’autre, ainsi que dans tous les autres poissons, et
dans tous les animaux vertébrés et à sang rouge.
Nous avons déjà vu! que le cerveau , cet organe
dont les nerfs tirent leur origine, étoit plus petit dans
les pleuronectes que dans presque tous les poissons
cartilagineux , et même que dans tous les osseux. La
cavité qui contient cette source du système nerveux
n'a-t-elle pas dû, en effet, être plus petite dans une
1. Discours sur la nalure des poissons.
24 HISTOIRE NATURELLE
tête qui a subi une doubie et plus grande compres-
sion ?
L'os intermaxillaire est moins développé dans le
côté qui a porté l’eflort de la seconde aussi bien que
de la première force comprimante et altératrice.
Les côtes qui servent à consolider les parois de
l'abdomen, et à donner un peu plus de largeur au
corps, sont cependant st courtes, que plusieurs au-
teurs ont nié leur existence.
La cavité du ventre est fermée du côté de la queue,
par lapophyse inférieure de la première vertèbre cau-
dale; et cette apophyse est très longue , assez grosse,
arrondie en avant, et terminée en bas par un piquant
ordinairement très fort.
L'’estomac contenu dans cette cavité paroît comme
un renflement du canai alimentaire. Le pylore est
souvent dénué d’appendices ou de petits cœcums;
quelquefois néanmoins on le voit garni de deux ou
trois de ces poches ou tuyaux membraneux; le foie
est sans division et peu étendu; l’abdomen se pro-
longe des deux côtés des apophyses inférieures des
vertèbres de la queue ; une partie des intestins est
placée dans ces extensions abdominales, ainsi que la
laite ou les ovaires.
Sans ces deux prolongations , la cavité générale de
l'abdomen auroit eu des dimensions trop resserrées
pour le nombre et la grandeur des organes intérieurs
qu'elle doit renfermer.
Nous venons de dire que les deux yeux sont situés
du même côté de la tête; mais indépendamment de
ce défaut remarquable de symétrie, relativement à
l’axe longitudinal du poisson, ils en présentent fré-
DES POISSONS. 25
quemment un second par une inégalité frappante dans
leur volume. Ces deux organes ne sont pas toujours
aussi gros l’un que l’autre; et lorsqu'ils offrent cette
inégalité si extraordinaire, c'est quelquefois l'œil su-
périeur qui l'emporte sur l’œil inférieur, et d’autres
fois l’œil inférieur qui surpasse le premier en gran-
deur.
Ces yeux, au reste, peuvent être placés de trois
manières différentes : dans plusieurs pleuronectes, ils
sont situés sur la même ligne verticale; mais, dans
quelques uns de ces poissons , l'œil d’en haut est plus
rapproché du museau que celui d'en bas, et, dans
quelques autres, l'œil d'en bas est au contraire plus
avancé que celui d’en haut.
Il est aussi des espèces de pleuronectes dans les-
quelles la nageoire pectorale, attachée au côté sur
lequel on voit les yeux, est plus étendue que celle de
l'autre côté ; et l’on seroit tenté de croire que la pe-
titesse de la pectorale opposée provient de ce que
cette sorte de bras ou de main appartenant à la sur-
face de l’animal, qui repose très souvent sur la vase
ou sur le sable, a été arrêtée, dans son développe-
ment, par les frottements qu'elle a dû éprouver contre
le fond des mers, et par la compression que lui a fait
subir le poids du corps, qu'elle a dû supporter en très
grande partie.
La position des pleuronectes qui se reposent ou qui
nagent, est en effet bien différente de celle des au-
tres poissons osseux ou cartilagineux, cylindriques ou
aplatis, qui parcourent, dans le sein des eaux, un
espace plus ou moins étendu, ou appuient sur les
rochers ou sur le limon leur corps plus où moins fa-
26 HISTOIRE NATURELLE
tigué. Dans l’inaction, de même que dans le mouve-
ment, les pleuronectes sont toujours renversés sur
le côté; et nous n’avons pas besoin de faire remar-
quer que le côté tourné vers le fond, de la mer est,
dans tous les moments de leur existence, celui qui est
dénué d’yeux : lorsque leurs yeux sont à droite, le
côté gauche est l’inférieur ; et ils voguent ou s’arrè-
tent, le côté gauche tourné vers la surface de l’eau,
lorsque leurs yeux sont à gauche.
C'est de cette manière très particulière de nager
que leur est venu le nom de Pleuronectes! : elle est
une dépendance du déplacement de leurs yeux, soit
que l’on veuille croire, que cette réunion des deux
yeux sur une seule face de la tête les ait forcés à ne
se mouvoir qu'en tournant vers le bas le côté opposé
à cette face, afin de tenir les organes de la vue dans
la position la plus favorable à la vision ; soit que l’on
préfère de penser qu'un très grand aplatissement la-
téral ne leur a pas permis de tenir leur corps et leur
queue dans un sens vertical, comme les autres pois-
sons ; que les efforts de leurs pectorales, très petiteset
très foibles, n’ont pas pu maintenir en équilibre une
lame très étroite, très haute, et très exposée, par
conséquent , à l'agitation tumultueuse des flots ; que,
renversés bientôt sur un de leurs côtés, forcés de con-
server cette position, et obligés de nager dans cette
posture, ils ont commencé une suite de tentatives
perpétuellement renouvelées, pour ne pas perdre
tout-à-fait l'usage de l’œil attaché au côté inférieur ;
qu'après un très long temps, et même après une très
i. Pleuronecte vient de plevron, qui, en grec, veut dire ‘côté, et
de nyctes, qui signilie nageur.
DES POISSONS. lg)
orande série de générations, des altérations successives
dans l’organisation extérieure et intérieure de la tête
auront amené l’œil inférieur, de proche en proche,
jusque sur le côté supérieur, et par ce transport au-
ront produit, sans doute, une position des organes
de la vue bien extraordinaire, mais néanmoins auront
fait naître , dans la structure de la tête, des change-
ments bien moins grands et bien moins profonds que
les modifications apportées par le temps et par une
contrainte permanente dans les parties molles ou so-
lides de plusieurs autres animaux.
En considérant la manière de nager qui appartient
aux pleuronectes, il est facile de voir que leurs pec-
torales très peu étendues, et situées l’une au dessus
et l’autre au dessous du corps, ne peuvent pas servir
d’une manière sensible à diriger ou accroître les mou-
vements de ces poissons. Leurs thoracines étant aussi
extrêmement petites, sont de même inutiles à leur
patalion.
Mais l’anale de la dorsale peuvent servir beaucoup
à accélérer la vitesse de ces animaux, et à leur im-
primer les véritables directions qui leur sont néces-
saires ; elles sont très longues et assez hautes; elles
s'étendent le plus souvent depuis la tête jusqu’à la
queue; elles présentent donc une grande surface :
d’ailleurs, dans la position habituelle des pleuronec-
tes, elles sont situées horizontalement , puisque l’a-
nimal est, pour ainsi dire, couché sur un côté. Dès
lors on peut les considérer comme deux pectorales
très étendues , et par conséquent comme deux rames
qui seroient très puissantes, si elles étoient mues li-
brement et par des muscles_très vigoureux.
28 HISTOIRE NATURELLE
Et c’est précisément parce qu’elles influent beau-
coup sur la natation des pleuronectes, que la diffé-
rence ou l'égalité de grandeur entre cette dorsale et
cette anale se font sentir dans la situation de ces os-
seux; ils ne présentent un plan véritablement horizon-
tal que lorsque ces deux rames ont une force égale;
et on les voit un peu inclinés vers la nageoire de
l’anus, lorsque cette dernière est moins puissante
que la nageoire du dos.
Cependant l'instrument le plus énergique de la na-
tation des pleuronectes est leur nageoire caudale,
et par là ils se rapprochent de tous les habitants des
eaux ; mais ils se distinguent des autres poissons par
la manière dont ils emploient cet organe.
Les pleuronectes étant renversés sur un côté, leur
caudale n’est point verticale, mais horizontale : elle
frappe donc l’eau de la mer de haut en bas et de bas
en haut; ce qui donne aux pleuronectes des rapports
de plus avec les cétacés. Il est facile néanmoins de
comprendre que le mouvement rapide et alternatif
duquel dépend la progression en avant de l’animal,
peut offrir le même degré de force et de fréquence
dans une rame horizontale que dans une rame verti-
cale. Les pleuronectes peuvent donc, tout égal d’ail-
leurs, s’avancer aussi vite que les autres poissons. Ils
ne tournent pas à droite ou à gauche avec la même
facilité, parce que, n'ayant dans leur situation ordi-
naire aucune grande surface verticale dont ils puis-
sent se servir pour frapper l’eau à gauche ou à droite,
ils sont contraints d'augmenter le nombre des opéra-
tions motrices, et d’incliner leur corps avant de le
dévier d’un côté ou de l’autre; mais ils compensent
DES POISSONS. 29
cet avantage par celui de monter ou de descendre
avec plus de promptitude.
Et cette faculté de s'élever ou de s’abaisser facile-
ment et rapidement dans le sein de l'Océan leur est
d'autant plus utile, qu'ils passent une grande partie
de leur vie dans les profondeurs des mers les plus
hautes.
Cet éloignement de la surface des eaux, et par
conséquent de l'atmosphère, les met à l'abri des ri-
gueurs d’un froid excessif; et c’est parce qu'ils trou-
vent facilement un asile contre les effets des climats
les plus âpres, en se précipitant dans les abîmes de
l'Océan, qu'ils habitent auprès du pôle, de mème que
dans la Méditerranée , et dans les environs de l’équa-
teur et des tropiques. Ils séjournent d’autant plus
long-temps dans ces retraites écartées, que, dénués
de vessie natatoire, et privés par conséquent d’un
grand moyen de s'élever, ils sont tentés moins fré-
quemment de se rapprocher de l'air atmosphérique.
Ils se traînent sur la vase plus souvent qu'ils ne nagent
véritablement ; ils y tracent, pour ainsi dire, des sil-
lons, et s'y cachent presque en entier sous le sable,
pour dérober plus facilement leur présence ou à la
proie qu'ils recherchent, ou à l’ennemi qu'ils re-
doutent.
Aristote, qui connoissoit bien presque tous ceux
que l’on pêche dans la Méditerranée, dit que lors-
qu’ils se sont mis en embuscade ou renfermés sous
le limon à une petite distance du rivage, on les dé-
couvre par le moyen de l'élévation que leur corps
donne au sable ou à la vase, et qu’alors on les har-
90 | HISTOIRE NATURELLE
ponne et les enlève !, Du temps de ce grand philoso-
phe, on pensoit que les pleuronectes, que l’on nom-
moit Bothes, Peignes, Rhombes, Lyres, Soles, etc.,
engraissoient beaucoup plus dans le même lieu et pen-
dant la même saison, lorsque le vent du midi souf-
floit, quoique les poissons allongés ou cylindriques
acquissent, au contraire, plus de graisse lorsque le
vent de nord régnoit sur la mer.
Columelle? nous apprend que les étangs marins,
que l’on formoit aux environs de Rome pour y élever
des poissons, convenoient très bien aux pleuronectes,
lorsqu'ils étoient limoneux et vaseux ; qu'il suflisoit
de creuser pour ces animaux très plats, des piscines
de soixante ‘ou soixante-dix centimètres de profon-
deur (dix-huit pouces à deux pieds}, pourvu que,
situées très près de la côte, elles fussent toujours
remplies d’une certaine quantité d’eau ; que l’on devoit
leur donner une nourriture plus molle qu’à plusieurs
autres habitants des eaux, parce qu'ils ne pouvoient
mâcher que très peu, et qu'un aliment salé et odo-
rant leur convenoïit mieux que tout autre, paree que,
couchés sur un côté, et ayant leurs deux yeux tournés
vers le haut, ils cherchoient plus souvent leur nour-
riture par le moyen de leur odorat qu'avec le secours
de leur vue.
Il faut observer que le côté supérieur de ces pois-
sons, celui, par conséquent, qui, tourné vers lat-
mosphère , reçoit, pendant les mouvements ainsi que
pendant le repos de l’animal, l'influence de toute la
1. Hist anim. IV, 8.
5. VIN, 17.
DES POISSONS. 51
lumière qui peut pénétrer jusqu'à ces osseux, pré-
sente souvent des couleurs vives , des taches brillantes
et régulières, des raies ou des bandes variées dans
leurs nuances, pendant que le côté inférieur, auquel
il ne parvient que des rayons réfléchis, n'offre qu’une
teinte pâle et uniforme. Cette diversité est même
moins superficielle qu'on ne le croiroit au premier
coup d'œil ; et les écailles d’un côté sont quelquefois
très différentes de celles de l’autre, non seulement
par leur grandeur, mais encore par leur forme et par
la nature de la matière qui les compose. Ces faits ne
sont-ils pas des preuves remarquables des principes
que nous avons cherché à établir, en traitant de la
coloration des poissons, dans notre premier Discours
sur ces animaux ?
Pour mieux ordonner nos idées au sujet des pleu-
ronectes , et pour les distribuer dans l’ordre qui nous
a paru le plus convenable, nous en avons d’abord sé-
paré les espèces qui sont entièrement dénuées de
nageoires pectorales, et par conséquent privées des
organes que l’on a comparés à des bras. Nous avons
formé de ces espèces un genre particulier, et nous
leur avons conservé le nom collectif d’Achire, qui
signifie sans main.
Nous avons ensuite placé dans deux groupes diflé-
rents les pleuronectes qui ont leurs deux yeux à droite,
et ceux qui les ont à gauche; et nous avons suivi, en
adoptant cette division, non seulement les idées des
naturalistes modernes, mais encore celles des anciens,
et particulièrement de Pline!, qui ont très bien dis-
1. Plin, Hist. mundi, lib, 9, cap. 10
32 HISTOIRE NATURELLE
Lingué les pleuronectes dont les yeux sont à gauche,
d’avec ceux dont les yeux sont à droite.
Passant ensuite à la considération particulière de
chacun de ces groupes, nous avons réparti en diffé-
rentes sections les espèces à caudale fourchue ou
échancrée en croissant, celles dont la nageoïire de la
queue est rectiligne ou arrondie sans échancrures , et
enfin celles dont la caudale , plus ou moins pointue,
touche à la dorsale et à la nageoiïre de l’anus.
Nous aurions pu, par conséquent, former six sous-
genres ou sections dans le genre que nous décrivons;
mais, parmi les pleuronectes qui ont les yeux à gau-
che, nous n’avons vu ni caudale pointue et confondue
avec celles de l’anus et du dos, ni caudale fourchue
ou découpée en croissant.
Nous ne proposons donc, quant à présent, que qua-
tre sous-genres, dont on a pu voir les caractères dis-
tinctifs sur le tableau du genre qui nous occupe.
A latête du premier de ces quatre sous-genres est
le Flétan ou Hippoglosse, que ses grandes dimen-
sions rendent encore plus comparable aux cétacés
que tous les autres pleuronectes. On a pêché en An-
gleterre des individus de cette espèce qui pesoient
trois cents livres; on en a pris en Islande qui pesoient
quarante livres; Olafsen en a vu de près de dix-huit
pieds de longueur, et l’on en trouve en Norwége qui
sont assez grands pour couvrir toute une nacelle.
On trouve les flétans dans tout l'Océan atlantique
septentrional. Les peuples du Nord les recherchent
beaucoup. Les Anglois en tirent une assez grande
quantité des environs de Newfoundland ; et les Fran-.
cois en ont pêché auprès de Terre-Neuve.
DES POISSONS. 33
On se sert communément, pour les prendre, d’un
grand instrument que les pècheurs nomment Gang-
vaden où Gaungwad. Cet instrument est composé d’une
grosse corde de quinze à dix-huit cents pieds de lon-
sueur, à laquelle on attache trente cordes moins
grosses , et garnies chacune à son extrémité d’un cro-
chet très fort. On emploie pour appât des cottes ou
des gades. Des planches qui flottent à la surface de
la mer, mais qui tiennent à la grosse corde par des
liens très longs, indiquent la place de cet instrument
lorsqu'on l’a jeté dans l’eau. En le construisant, les
Groenlandois remplacent ordinairement les cordes de
chanvre par des lanières ou portions de fanon de ba-
leine, et par des bandes étroites de peau de squale. On
retire les cordes au bout de vingt-quatre heures; et il
n’est pas rare de trouver quatre ou cinq flétans pris
aux crochets.
On tue aussi les hippoglosses à coups de javelot,
lorsqu'on les surprend couchés, pendant la chaleur,
sur des bancs de sable, ou sur des fonds de la mer
très rapprochés de la surface : mais lorsque les pê-
cheurs les ont ainsi percés de leurs dards, ils se gar-
dent bien de les tirer à eux, pendant que ces pleu-
ronectes jouiroient encore d'assez de force pour ren-
verser leur barque; ils attendent que ces poissons très
affoiblis aient cessé de se débattre : ils les élèvent alors
et les assomment à coups de massue.
Vers les rivages de la Norwége , on ne poursuit les
flétans que lorsque le printemps est déjà assez avancé
pour que les nuits soient claires, et que l’on puisse
les découvrir facilement sur les bas-fonds. Pendant
l'été on interrompt la pêche de ces animaux, parce
—_
3! HISTOIRE NATURELLE
que, extrêmement gras lorsque cette saison règne ,
ils ne pourroient pas être séchés convenablement, et
que les préparations que l’on donneroit à leur chair
ne l’empêcheroient pas de se corrompre même très
promptement.
On donne le nom de raff aux nageoires du flétan,
et à la peau grasse à laquelle elles sont attachées ; on
appelle ræckel, des morceaux de la chair grasse de ce
pleuronecte, coupée en long; et on distingue par
la dénomination de skare flog, ou de square queite,
des lanières de la chair maigre de ce thoracin.
Ces différents morceaux sont salés, exposés à l'air
sur des bâtons, séchés et emballés pour être envoyés
au loin. On les sale aussi par un procédé semblable à
celui que nous décrirons en parlant des Clupées ha-
rengs. On a écrit que le meilleur ra/ff et le meilleur
ræckel venoient de Samosé, près de Berghen en Nor-
wége. Mais ces sortes d'aliments ne conviennent guère,
dit-on, qu'aux gens de mer et aux habitants des cam-
pagnes , qui ont un estomac fort et un tempérament
robuste. Auprès de Hambourg et en Hollande, la tête
fraiche du flétan a été regardée comme un mets un
peu délicat. Les Groenlandois ne se contentent pas
de manger la chair de ce poisson, soit fraiche , soit
séchée ; ils mettent aussi au nombre de leurs comes-
tibles le foie et même la peau de ce pleuronecte. Ils
préparent la membrane de son estomac, de manière
qu'elle est assez transparente pour remplacer le verre
des fenêtres.
Quelque grand que soit le flétan, il a dans les dau-
phins des ennemis dangereux, qui l’attaquent avec
d'autant plus de hardiesse, qu'il ne peut leur oppoxer,
DES POISSONS. 35
avec beaucoup d'avantage, que son volume, sa masse
et ses mouvements, et qui employant contre lui leurs
dents grosses , solides et crochues, le déchirent, em-
portent des morcéaux de sa chair, lorsqu'ils sont con-
traints de renoncer à une victoire complète , et le
laissent, ainsi mutilé, traîner en quelque sorte. une
misérable existence. Quand il est très jeune, il est
aussi la proie des squales, des raies , et des autres ha-
bitants de la mer, remarquables ve leurs armes ou
par leur force.
Les oiseaux de proie qui vivent sur les rivages de
la mer et se nourrissent de poissons, le poursuivent
avec acharnement, lorsqu'ils le découvrent auprès de
la surface de l'Océan. Mais lorsque le flétan est gros
et fort, l'oiseau de proie périt souvent victime de
son audace. Le poisson plonge avec rapidité à l'instant
où il sent la serre cruelle qui le saisit; et l'oiseau,
dont les ongles crochus sont embarrassés sous la peau
et les écailles du pleuronecte , fait en vain des efforts
violents pour se dégager ; le flétan l’entraîne ; ses cris
sont bientôt étouffés par l'onde, et il est précipité jus-
que dans les abîmes de l'Océan, asile ordinaire de
l’hippoglosse,
11 paroît que, dans les différentes circonstances où
le flétan se montre couvert. d'insectes ou de vers
marins attachés à sa peau, il éprouve une maladie
qui influe sur le goût de sa chair, ainsi que sur la
quantité de sa graissé.
Il fraie au printemps ; et c’est M entre
les pierres qu'il dépose, près du rivage, des œufs
dont la couleur est d’un rouge pâle.
Tous les individus de cette espèce sont très vora-
#7
36 HISTOIRE NATURELLE
ces; ils dévorent non seulement les crabes, et même
des gades, mais encore des raies. Ils paroïssent très
friands des cycloptères lompes qu’ils trouvent atta-
chés aux rochers. Ils se tiennent plusieurs ensemble
dans le fond des mers qu'ils fréquentent; ils y forment
quelquefois plusieurs rangées; ils y attendent, la
gueule ouverte, les poissons qui ne peuvent leur ré-
sister, et qu'ils engloutissent avec vitesse; et lorsqu'ils
sont très affamés, ils s'attaquent les uns les autres, et
se mangent les nageoires ou la queue.
Leur canal intestinal présente deux sinuosités ; un
long appendice est situé auprès de leur estomac ; leur
ovaire est double ; et soixante-cinq vertèbres compo-
sent leur épine du dos.
Les écailles qui les recouvrent sont arrondies à leur
extrémité, molles, fortement attachées, enduites
d’une liqueur visqueuse, et très difliciles à voir
avant que le poisson ne soit mort et même dessé-
ché.
Le corps et la queue sont allongés. La tête n'est
pas grande à proportion de l'énorme étendue des au-
tres portions de ces pleuronectes : mais l'ouverture
de la bouche est large; et les deux mâchoires sont gar-
nies de plusieurs dents longues, pointues, courbées ,
et un peu séparées les unes des autres. La lèvre su-
périeure peut être étendue en avant. Les yeux sont
gros, et aussi rapprochés du museau l’un que l’autre.
Trois lames composent l’opercule, qui cependant ne
cache pas en entier la membrane branchiale. Un pi-
quant tourné vers la gorge est placé au devant de
l’anale. L'anus est aussi éloigné de la tête que de la
pectorale. La ligne latérale se courbe d’abord vers le
DES POISSONS. | 57
haut , et s'étend ensuite directement jusqu’à la na-
geoire de la queue.
Le côté gauche du flétan , celui sur lequel il nage
ou se repose, est blanc ou blanchâtre : le côté droit
paroît d'autant plus foncé, que l'animal est plus mai-
gre. L'iris est blanc; la dorsale et l’anale sont jaunâ-
tres; chaque pectorale est jaunâtre ou jaune, avec
une bordure foncée; les thoracines et la caudale sont
brunes 1.
1. 7 rayons à la membrane branchiale du pleuronecte flétan.
:4 rayons à chaque pectorale,
7 rayons à chaque thoracine.
18 rayons à la nageoire de la queue.
LACÉPEÈDE, Xf )
58 HISTOIRE NATURELLE
LE PLEURONECTE LIMANDE.
Pleuronectes Limanda, Linn., Lacer. Brocu.— Pleu-
ronectes (Platessa\ Limanda , Cuv.
CE poisson, très commun sur nos tables, se trouve
non seulement dans l'Océan atlantique, mais encore
1. Lima, en Sardaigne.
Glahrke, en Poméranie.
Kleische, à Hambourg.
Kliesche , ibid.
Skrubbe , en Danemarck.
Grette, en Hollande.
Dab, en Angleterre.
Brut , ibid.
Pleuronecte limande, Daubentor et Haüy, Encyclopédie méthodique.
Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
Pleuronecte limande , Bloch, pl. 46.
Mus. Ad. Frid. 2, p. 68.
Mall. Prodrom. Zoclog. Danic., p. 45, n. 575.
Artedi, gen. 17, syn. 55, spec. 58.
Limande , Rondelet , première partie , liv. 11, chap. 8.
Schonev., p. 61.
Aldrovand., hib. 2, cap. 46, p. 242.
Willughby, Ichthyolog., p. 97.
Raï, Pisc., p. 52.
Limanda , etc.. Gesner, p. 665 et 781, et (germ. }, fol. 52, &
Citharus , Charlet., p. 145.
Belon, Aquat., p. 145.
DES POISSONS, | 59
dans la Baltique et dans la Méditerranée. Le temps de
l’année où il est le plus agréable au goût, au moins
dans les contrées du nord de l’Europe, est la fin de
l'hiver ou le commencement du printemps. Il fraie
ensuite ; et alors sa chair est moins savoureuse et plus
molle. Elle est cependant, dans les autres saisons,
plus ferme que celle de plusieurs pleuronectes ; mais
comme elle est aussi moins succulente et moins dé-
licate, on la fait sécher sur plusieurs côtes d’Angle-
terre et de la Hollande.
La limande vit de vers ou d'insectes marins, et très
souvent de petits crabes.
Son épine dorsale ne comprend que cinquante-
une vertèbres.
L'ouverture de sa bouche est étroite. Les deux mà-
choires sont d’égale longueur ; mais on compte plus
de dents à la supérieure qu’à l’inférieure. L'œil supé-
rieur est placé au sommet de la tête. On aperçoit
au devant de la nageoire de l’anus un piquant tourné
vers la gorge. Le côté droit est jaune ; le gauche est
blanc; l'iris couleur d’or; et la caudale brune.
Le rhomboïde de Rondelet me paroît être une va-
riété de la limande?.
Limanda , Jonston , Pise., p. go.
Brit. Zoolog. 5, p. 188, n. 5.
Limande , Valmont de Bomare, Dictionnaire d'histoire naturelle.
1. 6 rayons à la membrane branchiale du pleuronecte limande.
11 rayons à chaque pectorale.
6 rayons à chaque thoracine.
15 rayons à ja nageoire de la queue.
2. Rondelet, première partie, liv. 11, chap. 3.
- 40 INISTOIRE NATURELLE
40862640 #0 pa 3 0-6 41A HO LPO 0 L0 0 HO SO HEB-O HA SCO LEE PE HE HAS EE HE DOC PE 15 BE PO HuEE 59
LE PLEURONECTE SOLE”.
Pleuronectes Solea, LiNn., GueLz., Brocu., Lac., Cuv.
CE poisson est recherché, même pour les tables les
plus somptueuses. Sa chair est si tendre, si délicate
1. Boyglotton , boglosson, boglossa , voglotta , boglossos , et boglot-
tos, par les anciens auleurs grecs.
Perdrix de mer, dans plusieurs départements de la France.
Linguato , en Espagne.
Sagliola, en Sardaigne.
Linguata, en Italie.
Sfoia, dans les environs de Venise.
Dil baluck, en Turquie.
Samamkust, en Arabie.
Zange , en Allemagne.
Sec rephuhn, ibid.
Tunge, en Danemarck.
Hunde tunge, ibid.
Tunge pledder, ibid.
Hav ager, ibid.
Hone , ibid.
Tunga sola , en Suède.
Tonge, en Norwége.
Id. en Hollande.
Sol, en Angleterre.
Soul , ibid.
Zeetong , par les Hollandais de Surinam.
Bot, id.
Pl.105. Poissons.
RE Pllot Del 1 Pavuze ceugp
IA EURONECDESOLE 2 PP PILEUR "TURBOT - SMERA LEURS
CARRELET .
DES POISSONS. a
et si agréable au goût, qu'on l’a surnommé la P'erdrix
de mer. On le trouve non seulement dans la Baltique
et dans l'Océan atlantique boréal, mais encore dans
les environs de Surinam et dans la mer Méditerranée, :
où l’on en fait particulièrement une pêche abondante
auprès d’Orytana et de Saint-Antioche de Sardaigne. Il
paroît que sa grandeur varie suivant les côtes qu’il fré-
quente, et vraisemblablement suivant la nourriture
Pleuronectes Solea , Faun. Suecic. 326.
Mull. Prodrom. Zoolog Danic., p. 45, n. 576.
Pleuronectes tunga, I. Wgoth. 178.
« Pleuronectes maxilla superiore longiore, corpore oblongo,
» squamnis utrinque asperis, » Artedi, gen. 18, syn. 52, spec. 60.
Pleuronecie sole, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique.
Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
Bloch , pl. 45.
Boglossos , Athen., lib. 7, p. 288.
Solea, Ovid. Halicut., v. 124.
Id, Phn., lb. 9, cap. 16, 20.
Id. Cuba, lib. 5, cap. 84, fol. 90, a.
Id. Jov., cap. 26, p. 98.
Id. et buglossus, Gesner, p. 666, 667, 671. 985, et(germ.), fol. 55,
b, 55.
Jonston , lib. 1, Lit. 3, cap. 3, a. 2, punct. 1, p. 82.
Soleu , Charlet, p. 145.
Buglossus, Wotton, lib. 8, cap. 167, fol. 150.
Sole, Rondelet, part. 1, liv. 11, chap. 10.
Buglossus, sive solea, Willughby, p. 100, tab. F, 7.
Buglossa , vel solea, Aldrovand., lib. 1. cap. 45, p. 255, 255.
Solea, vel buglossus , Schonev., p. 65.
Pleuronectes solea , Brünn. Ichthyol. Massil., p. 54, u. 437.
Gronov. mus. 1, p.14, n. 87; Zooph., p. 74, n. 251.
« Solea squaris minnutis. » Klein, miss. pisc. 4 ,p. 51, n. 1.
Belon, Aquat., p. 147.
Solea , Ruysch , Theatr. anun., p. 57, tab. 20, fig. 15.
Brit, Zoolog. 3, p. 190, n. 7.
Sole, Valmont de Bomare , Dictionnaire d'histoire naturelle.
42 HISTOIRE NATURELLE
qu'il peut avoir à sa portée. On en prend quelquefois
auprès de l'embouchure de la Seine, qui ont un pied
et demiou deux pieds de longueur. Il se nourrit d’œufs
ou de très petits individus de quelques espèces de
poissons ; mais lorsqu'il est encore très jeune, il est
la proie des grands crabes, qui le déchirent, le dé-
pècent et le dévorent. On le voit quelquefois entrer
dans les rivières. M. Noël de Rouen nous a écrit qu’on
a pêché ce pleuronecte dans les guideaux de la Seine,
auprès de Tancarville ; et il ajoute que, pendant l'été,
le flot peut l’apporter jusque dans le lac de Tôt; mais
pendant l'hiver il se tient dans les profondeurs de
l'Océan. Il quitte le fond de la mer lorsque la belle
saison arrive ; il va chercher alors les endroits voisins
des rivages ou des embouchures des fleuves, où les
rayons du soleil peuvent parvenir assez facilement
pour faciliter l'accroissement de ses œufs et la sortie
des fœtus.
On le prend ce plusieurs manières. On emploie,
pour y parvenir, des hamecçons dormants auxquels on
attache pour appât des fragments de petits poissons.
On peut aussi, lorsqu'une lumière très vive est ré-
pandue dans l’atmosphère , chercher auprès des côtes
et des bancs de sable, des fonds unis sur lesquels
rien ne dérobe les soles à la vue du pêcheur; à peine
ce dernier en a-t-il découvert une, qu'il lance contre
ce pleuronecte un plomb attaché à l’extrémité d’une
petite corde, et garni de plusieurs crochets qui, pé-
nétrant assez avant dans le dos de l’animal, servent à
le retenir et à l'enlever, malgré les efforts qu'il fait
pour s'échapper à la mort qui le menace. S'il n’y a
même que deux ou trois brasses d’eau au dessus du
p 7
DES POISSONS. 49
poisson, on le harponne, pour ainsi dire, par le moyen
d’une perche dent le bout est armé de pointes recour-
bées. Il est aisé de voir que, pour avoir recours avec
avantage à ces deux dernières sortes de pèche, il ne
suflit pas que le soleil brille sans nuages; il faut en-
core que la mer ne soit agitée par aucune vague au-
tour du bateau pêcheur. L'illustre Franklin nous a fait
connoître le procédé employé avec succès, pour main-
tenir pendant long-temps un calme presque parfait à
une certaine distance autour de la barque. Une petite
quantité d'huile que l’on répand sur la surface de la
mer, et qui surnage autour du bâtiment, rend cette
surface unie, presque immobile, et très propre à lais-
ser parvenir les rayons de la lumière jusqu’au pleu-
ronecte que l’on désire de distinguer.
On a d’autant plus de motifs de pècher la sole,
qu'une saveur exquise n’est pas la seule qualité pré-
cieuse de la chair de ce poisson. Cette même chair
présente aussi la propriété de pouvoir être gardée
pendant plusieurs jours, non seulement sans se cor-
rompre, mais encore sans cesser d'acquérir un goût
plus fin. Voilà pourquoi, tout égal d’ailleurs, les soles
de l’Océan sont meilleures à Paris qu’auprès du Havre,
et celles de la Méditerranée à Lyon, par exemple,
qu’à Toulon ou à Montpellier.
Les écailles de la sole sont dures, raboteuses, den-
telées, et fortement attachées à la peau, sur le côté
gauche, comme sur le côté droit. L'ouverture de la
bouche représente un croissant. On voit plusieurs
rangs de dents petites et pointues à la mâchoire in-
férieure, et des barbillons blancs et très courts au
côté gauche des deux mâchoires. Deux os arrondis
4l HISTOIRE NATURELLE
et deux os allongés, tous les quatre hérissés de petites
dents, sont placés autour du gosier. La ligne latérale
est droite. Un piquant assez fort paroît auprès de l’a-
nus , qui est très près de la gorge. De petites écailles
garnissent la base des longues nageoires de l'anus et
du dos. Le côté droit est olivâtre; et le gauche, plus
ou moins blanc.
Le canal intestinal offre plusieurs sinuosités ; il n’y
a point de cœcums auprès du pylore ; la colonne ver-
tébrale est composée de quarante-huit vertèbres.
D'après une note que M. Noël a bien voulu nous
faire parvenir, on doit regarder comme une variété de
la sole, un pleuronecte que l’on pêche auprès de l’em-
bouchure de l'Orne, et que l’on nomme Cardine. La
tête de cette cardine est beaucoup plus grande et plus
allongée que celle de la sole ; le côté droit de ce tho-
racin est d’un fauve roux assez clairs et sa chair est
moins recherchée que celle du poisson que nous ve-
nons de décrire.
1. 6 rayons à la membrane branchiale du pleuronecte sole.
10 rayons à chaque pectorale.
7 rayons à chaque thoracine.
17 rayons à la nageoiïre de la queue.
de
SA
DES POISSONS.
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LE PLEURONECTE PLIE”.
Pleuronectes Piatessa, Linn., Guer., BLrocu,
Lacer., Cuv.
LA plie est bonne à manger; mais, moins agréable
au goût , moins tendre et moins délicate que la sole,
1. Platesia , plada , plays , pleis, plaethiz.
Plye, dans quelques départements de la France.
Flotant, à Bordeaux, suivani M. Duthrouil, officier de santé.
Plaise, en Angleterre.
Karkole , en Islande.
Hellebutt , en Norwége.
Sondmeer kong, ibid.
Vaar-guld , ibid.
Floender slueter, ibid.
Skalla , en Suède.
Rœdspætte , en Danemarck.
Schickpleder, ibid.
Schuller, ibid,
Schulle , auprès de Hambourg,
Plutteis, en Allemagne.
Pladise, ibid.
Scholle, ibid.
Id. en Hollande.
Come , au Japon,
Jei, ibid.
Bot , aux Moluques.
Pleuronectes platessa , Linnée , édition de Gmelin,
A6 HISTOIRE NATURELLE
elle est moins recherchée. Elle habite dans la Balti-
que, dans l'Océan atlantique boréal, et dans plusieurs
autres mers. Le côté gauche de ce thoracin et d'un
blanc bleuâtre pendant la jeunesse du poisson, et rou-
geâtre lorsqu'il est plus âgé ; l'ouverture de la bouche
petite; la mâchoire inférieure plus avancée que la su-
périeure, et garnie, comme cette dernière, d’une
rangée de dents petites et mousses; le gosier défendu,
pour ainsi dire, par deux os très rudes; la langue
lisse ; le palais dénué de dents; la ligne latérale pres-
que droite; la base des nageoires du dos, de l’anus
Pleuronecte plie, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique.
Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
Bloch, pi. 42.
a Pleuronectes tuberculis sex.» Faun. Suecic. 328.
Mall. Prodrom. Zoolog. Danic., p. 44, n. 575.
It. Wgoth. 179.
Pleuronectes slaelvar, It. scan. 526.
« Pleuronectes..….. tuberculis sex in dextra capitis...…, » Artedi,
gen. 17, Syn. 00.
Plie, Rondelet, part. 1, liv. 11, chap. 6.
Passer, vel platessa, Gesner, p. 664 et 670 ; et (germ.), fol. 59, a.
1d. Schonev., p. 61. œ
Id. Willughby, p. 96, t. 5.
Id. Rai, p. 31, n. 8.
Passer lœvis, Aldrovand., lib. 2, cap. 47, p. 245.
Id. Jonston, lib. 1, tit. 5, cap. 5, a. 2, punct. 1, tab. 20, fig. 7,
et 9.
Id. Charlet. 149.
Gronov. mus. 1, p. 14, n. 66; Zooph., p. 52, 0. 246.
Act. Helvet. 4, p. 262, n. 142.
Klein, miss. pisc. 4, p. 55, n. 5; et p. 54, n. 6.
Beion, Aquat., p. 141.
Ruysch, Theatr. anim., p. 59, 66, tab. 22, fig. =elo.
Brit. Zoolog. 3, p. 186, n. 5.
Plie, Valmont de Bomare, Dictionnaire d'histoire naturelle.
DES POISSONS. 47
et de la queue, couverte de petites écailles ; l'anale
précédée d’un aiguillon assez fort ; la hauteur de l’ani-
mal plus grande que celle de la sole, à proportion de
la longueur totale; l'estomac allongé ; le canal intes-
tinal très sinueux ; le pylore voisin de deux ou quatre
cœæcums ou appendices; et l’épine dorsale composée
de quarante-trois vertèbres.
La plie pèse quelquefois quinze ou seize livres.
Plusieurs de ses habitudes, et les différentes maniè-
res de la pêcher, ressemblent beaucoup à celles que
nous avons décrites en parlant de la sole. Souvent
on la sale ou on la sèche à l'air.
On a cru pendant long-temps, sur quelques côtes
de France ou d'Angleterre , que la plie étoit engen-
drée par un petit crustacée nommé Chevrette. Le
physicien Deslandes chercha, il y a déjà un très
crand nombre d'années, à découvrir l’origine de cette
opinion qui maintenant seroit absurde. Il fit plusieurs
observations à ce sujet. Il mit des chevrettes dans un
vase de trois mètres de circonférence, et rempli d’eau
de mer. Au bout de douze ou treize jours, il aperçut
huit où neuf petites plies, qui grandirent insensible-
ment; et cette expérience lui réussit toutes les fois
qu'il la tenta. Dans le printemps suivant, il plaça dans
un vase des plies,. et dans un second des plies et des
chevrettes. Îl paroît que, parmi les plies des deux
vases, il y avoit des femelles qui pondirent leurs œufs,
et cependant aucun jeune pleuronecte ne parut que
dans celui des vaisseaux qui contenoient des chevret-
tes. Deslandes examina alors ces crustacées, et il vit
de véritables œufs de plie attachés sous le ventre de
ces crabes. Il les ouvrit, et s’aperçut non seulement
45 HISTOIRE NATURELLE
qu'ils avoient été fécondés, mais encore qu'ils ren-
fermoient des embryons déjà un peu développés. Il
conclut de tout ce qu'il avoit vu, que les œufs des plies
ne pouvoient se développer que couvés, pour ainsi
dire, sous le ventre des chevrettes. Au lieu d’admettre
celte opinion que rien ne peut soutenir, ce physicien
auroit dû penser que les plies écloses dans ces vases
provenoient d'œufs pondus et fécondés près d’un ri-
vage fréquenté par des chevrettes , qui aiment beau-
coup à se nourrir du frai des poissons , et particuliè-
rement de celui des pleuronectes. Ces œufs enduits
d’une humeur très visqueuse, au moment de leur fé-
condation, comme ceux de presque tous les habi-
tants des eaux douces ou salées, s’étoient collés faci-
lement contre le ventre des chevrettes qu'il avoit
prises pour en faire les sujets de ses expériences.
Avant de terminer cet article, nous devons faire
remarquer que plusieurs auteurs, et notamment Be-
lon, Rondelet, Gesner et Aldrovande, ont fait re-
présenter la plie avec les deux yeux placés au côté
gauche. Cette faute est venue vraisemblablement de
ce qu'ils n’ont pas eu le soin de diriger leurs artistes,
qui auroient dû dessiner le poisson à rebours. Mais
quoi qu'il en soit il paroît qu'une faute semblable a
eu lieu pour plusieurs espèces du genre de la plie;
et nous pensons avec Bloch, que ce défaut d'attention
a dû contribuer à faire compter par les naturalistes
récents, plus d'espèces de pleuronectes qu'ils n’au-
roient dû en admettre dans leurs catalogues.
1. 6 rayons à la membrane branchiale du pleuronecte plie.
12 rayons à chaque pectorale.
DES POISSONS. 49
M. Noël, de Rouen, nous a mandé, dans le temps,
que l’on connoiïssoit à Caen, sous le nom de Fran-
quise, une variété de la plie ou Plie franche, qu’on
appelle Carrelet à Dieppe ainsi qu'à Fécamp, et qu'il
ne faut pas confondre avec notre pleuronecte carre-
let. Les individus de cette variété remontent jusque
dans les guideaux du Tôt, lorsqu'ils sont portés avec
violence dans la Seine par les eaux de la barre située
à l'embouchure de cette rivière.
6 rayons à chaque thoracine.
19 rayons à la nageoïre de la queue.
5o HISTOIRE NATURELLE
Late 080809 DeboBLbeE 90e ARE do EE BE CEE PO He EOOEE SO DES EOLEG CPE Her Éo:0 Ho doETE 0
LE PLEURONECTE FLEZ”.
Pleuronectes Flessus, Linx., Guer., BLrocu. — Pla-
tessa Flessus, Cuv.—Pleuronectes Passer, Brocu.
Le Preuronecre Frynpre?, Pleuronectes platessoides, Linn., Gmei.,
Lacep.—PLeurONEGTE Pour?, Platessa Pola, Cuv. ; Pleuronectes Cy-
noglossus, Linn., Gmel., Lacep.— Preuronecte LANGuETTE k, Pleu-
ronecles Linguatula, Linn., Gmel.,Lacep.—PLEURONEGTE GLACIAL *,
Pleuronectes glacialis, Linn., Gmel., Lacep. — PreuronecrTe Liman-
DELLE ©, Pleuronectes Limandula, Lacep.— PLEURONECTE cmiNois, Pleu-
ronectes sinensis, Lacep.—Preuronecte Limanpoïne?, Pleuronectes li-
mandoides, Linn.. Gmel., Lacep.; Hippoglossus limandoides, Cuv.—
Preuroncre Pécouze *, Pleuronectes Pegusa , Lacep.; Solea oculata,
Cuv. ; Pleuronectes oculatus, Schn.; Pleuronectes Rondeletit, Shaw.
Le flez se rend au printemps vers les rivages de la
mer et des embouchures des fleuves. Il pénètre même
1. Flinder, en Prusse.
Flonder, ibid.
Flunder, dans la Livonie.
Buite , ibid.
Buttes, chez les Lettes.
Lestes, ibid.
Plehkstes, ibid.
Læst, en Estonie.
Kamlias, ibid.
Flundra, en Suède.
Slaetiskaeda , ibid.
DES POISSONS. 53
dans les rivières : on le voit remonter très avant dans
celles d'Angleterre ; et M. Noël nous a écrit qu'on le
pèchoit souvent dans la Seine , jusqu’auprès de Tour-
nedos, quelques myriamètres au dessus du Pont-
del Arche, où on le nomme Fiondre et Flondre
d’eau douce ou de rivière. Les individus de cette es-
pèce que l’on prend dans l’eau douce , ont la couleur
plus claire et la chair plus molle que ceux que l'on
Skey, en Norwége.
Sandskraa, ibid.
Kola , en Islande.
Lura , ibid.
Butte, en Danemarck.
Sandskreble , ibid.
Flounder et But, en Angleterre.
Fluke , ibid.
Bot, en Hollande,
Amsterdamse-bot , ibid.
Fey hot, ibid.
Het-tey, ibid.
Pleuronecte fléton, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique.
Id. Bonnatcrre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
Faun. Suec. 527.
Mus. Ad. Frid, 2, p. 67.
Muller Prodrom. Zoolog.Dan., p. 45, n. 574.
It. Scan. 526.
Bloch, pl 44.
Gronov. mus. 2, p. 15, n. {o; Zooph., p. 75, n. 248.
« Pleuronectes linea laterali aspera. » Artedi, gen. 17, syn. 31,
spec. 50.
« Passer fluviatilis, vulgo flesus. » Belon, Aquat., p. 144.
Id. Willaghby, p. 98.
Flez, Rondelet, première partie, liv. 11, chap, 9, édition de Lyon,
1558.
« Passeris tertia species. » Gesner, 666.
a Passer niger. » Charlet., p. 145.
Klein , miss. pisc. 4, p. 35, n. à et 4, tab. 2, fig. 4.
52 HISTOIRE NATURELLE
trouve dans la mer. On pêche le flez pendant la belle
saison , parce qu'alors il est plus charnu et plus gros.
La bonté de sa chair varie d’ailleurs suivant la nour-
riture qui est à sa portée, et par conséquent suivant le
pays qu'il habite. On prétend qu'aux environs de Me-
mel, sa saveur est plus agréable que dans les autres
parties de la Baltique. On peut le transporter facile-
ment dans des vases et à une distance assez grande de
son séjour ordinaire, sans lui faire perdre la vie; et
on a profité de cette facilité, ainsi que de celle avec
Flounder, Brit. Zoolog. 8, p. 187, n. 4.
Flet, fletelet et flez, Valmont de Bomare, Dictionnaire d'histoire
naturelle.
2. Picot , sur quelques côtes françoises de l'Océan atlantique.
O. Fabric. Faun. Groenland., p. 164 , n. 119.
Pleuronecte flyndre, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie mélho-
dique.
3. Grouov. mus. 1, p.14, n. 59; Zooph., p. 15. n. 247.
O. Fabric. Faun. Groenland, p.162, n. 118.
Pleuronecte pole, Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie métho-
dique.
4. « Pleuronectes..…. ano ad Jatus sinistrum, dentibus acutis. »
Artedi, gen. 17, syn. Ô1.
Pleuronecte languette, Daubenton et Hauy. Encyclop. méthodiqu e.
Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
5. Pallas, It. 3, p. 7c6 , n. 48.
Pleuronecte glacial, Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie mé-
thodique.
6. Pleuronecte limandelle, Bounaterre, planches de l'Encyclopédie
méthodique.
Duhamel, Traité des pêches, 2, section 9, p. 269.
7. Raukhe-scholle, par les Allemands.
Plie rude, Bloch, pl. 186.
Pleuronecte plie rude, Bonnaterre . planches de l'Encyclopédie mé-
thodique.
8. Pleuronecte pégouse, Rondeïct, première partie, liv. 13, chap. 11,
édition de Lyon, 1558.
DES POISSONS. D
hiquelle il s’accoutume à toute sorte d’eau, pour l’ac-
climater et le multiplier dans plusieurs étangs de la
Frise Î. [1 ne pèse pas ordinairement plus de six livres.
Deux petits cœcums sont placés auprès de son pylore.
Sa colonne dorsale comprend trente-cinq vertèbres.
Les piquants dont sa surface est hérissée sont très pe-
tits, mais paroissent crochus, excepté ceux qui gar-
nissent, du côté droit, la ligne latérale ou la base de
la nageoire de l’anus et celle du dos. Ces derniers
sont droits et forment de petits groupes; on en voit
de semblables sur la ligne latérale du côté gauche,
et sur le bord gauche de la base des nageoires du dos
et de l’anus. Ce côté gauche ou inférieur, et par con-
séquent presque toujours dérobé à l'influence de la
lumière , est blanc avec quelques nuages bruns et des
taches noirâtres, vagues, très peu foncées, très peu
nombreuses et petites, tandis que le côté droit est
d’un brun foncé , relevé par des taches olivâtres, ou
d’un vert jaune et noir. Au reste, indépendamment
des piquants dont nous venons de parler, les deux
côtés du flez sont couverts d’écailles minces, allon-
gées , fortement attachées à la peau, et très difficiles
à voir. La mâchoire inférieure dépasse celle d’en haut;
la langue est courte et étroite; deux os ronds et ru-
des sont situés auprès du gosier. La ligne latérale se
courbe vers le bas, après s'être avancée vers la na-
seoire de la queue, jusqu'au delà de la pectorale.
Un aiguillon assez fort paroît au devant de la nageoire
de l'anus.
La Baltique n’est pas la seule mer où se plaise le
1. Voyez le Discours intitulé Des effets de l’art de l’homme sur la
nature des poissons.
LACÉPÈGE. XL
RUE HISTOIRE NATURELLE
flez : il est aussi très répandu dans l'Océan atlantique
boréal, ainsi que le flyndre, qui fréquente particuliè-
rement les embouchures des rivières du Groenland.
Ce dernier poisson est un des pleuronectes les moins
grands et les moins agréables au goût. Il ne parvient
ordinairement qu'à la longueur d’un pied; et on ne
le mange le plus souvent que séché. Il se plaît sur les
fonds sablonneux, où il se nourrit de vers marins et
de petits poissons, et où il dépose ses œufs vers le
commencement de l'été. Sa forme générale est un peu
semblable à celle d’une navette. Le côté gauche est
blanc et doux au toucher, ainsi que la tête et la lan-
gue. Six tubercules garnis de petites dents entourent
le gosier. Les pectorales sont courtes. Le flyndre est
fréquemment tourmenté par des Gordius, ou par
d’autres vers intestinaux.
Le pole habite dans la partie de l'Océan atlantique
qui baigne la Belgique , et dans celle qui avoisine le
Groenland. On le trouve pendant l'hiver dans les en-
foncements littoraux dont les eaux sont profondes. Sa
ligne latérale est droite; sa dorsale s'étend depuis les
yeux jusqu'à la nageoïire de la queue. Son côté gau-
che est blanc. Il a beaucoup de rapport avec le flétan ,
mais sa chair est plus délicate ; et il n’a communément
que deux pieds ou deux pieds et demi de lon-
oueur !.
1. 6 rayons à la membrane branchiale du pleuronecte flez.
12 rayons à chaque pectorale.
6 rayons à chaque thoracine.
16 rayons à la nageoire de la queue.
S rayons à la membrane branchiale du pleuronecte flyndre.
12 rayons à chaque pectorale.
DES POISSONS. 55
Les mers de l'Europe sont la patrie du pleuronecte
languette; et l’Océan glacial arctique est celle du
pleuronecte glacial, dont le nom indique le séjour,
et qui en fréquente les côtes sablonneuses.
Les yeux de la limandelle sont ovales et très rap-
prochés ; sa ligne latérale est d’abord courbée et en-
suite droite; son côté gauche est blanc; ses pecto-
rales et ses thoracines sont jaunes. Elle est quelque-
fois longue d’un pied et demi.
Le pleuronecte chinois est encore inconnu des na-
turalistes. Nous en avons trouvé une image très bien
faite parmi les peintures chinoises que la Hollande a
cédées à la France, avec plusieurs belles collections
d'histoire naturelles et nous lui avons donné un nom
spécifique qui indique le pays où il à été observé et
peint avec beaucoup de soin. Trois ou quatre pièces
composent chaque opercule. La hauteur de l’animal
surpasse la moitié de sa longueur totale. Des taches
6 rayons à chaque thoracine.
16 rayons à la caudale.
7 rayons à la membrane branchiale du pleuronecte pole.
14 rayons à chaque pectorale.
6 rayons à chaque thoracine.
17 rayons à la nageoïire de la queue.
9 rayons à chaque pectorale du pleuronecte languette.
7 rayons à chaque thoracine.
19 rayons à la caudale.
9 rayons à chaque pectorale du pleuronecte limandelle.
6 rayons à chaque thoracine.
17 rayons à la nagcoire de la queue.
i1 rayons à chaque pectorale du pleuronecte limandoïde.
6 rayons à chaque thoracine.
25 rayons à la caudale.
6 HISTOIRE NATURELLE
brunes, irrégulières, assez grandes et nuageuses,
sont répandues sur le côté droit, et varient le fond
qui fait ressortir des points noirs arrangés en quin-
conce. Le côté gauche est d’un blanc rose; et Piris
est un peu doré.
On pèche dans l'Océan atlantique septrentrional,
et particulièrement aux environs de Heiïligeland , le
pleuronecte auquel nous conservons le nom de Li-
mandoide, Ce thoracin habite sur les sables du fond
de la mer; il vit de jeunes crabes ; il se prend à l’ha-
mecon ; sa chair est blanche et d'un bon goût; il a
deux laites ou deux ovaires; son foie n’est pas divisé
en lobes; deux ou trois ou quatre cϾcums sont pla-
cés auprès du pylore; plusieurs rangées de dents poin-
tues arment chaque mâchoire ; deux os rudes sont voi-
sins du gosier; la langue et le palais sont lisses ; les
deux ouvertures des narines paroïssent dans une sorte
de petite fossette ; des écailles semblables à celles du
dos revêtent la tête et les opercules ; le côté gauche
est blanc.
La pégouze vit dans la Méditerranée, où on lui a
donné, suivant Rondelet , le nom qu’elle porte, parce
que ses écailles sont adhérentes à la peau comme de
la poix, et ne peuvent être détachées facilement qu’a-
près avoir été trempées dans l’eau chaude. On l’a prise
aussi dans les environs de Caen, selon M. Noëlt; mais
elle y est très rare. Les belles taches de son côté droit
sont placées sur un fond d’un roux sale, et souvent
entourées d’une bordure très foncée.
1, Note manuscrite communiquée par M. Noël de Rouen.
DES POISSONS. 57
Csresebetedetretrodrepes pe her ber ho TrereTeHes es teHedrer COMMENT ED def eû CU EE EN OÙ CAE EE
LE PLEURONECTE OEILLE!
Pleuronectes ocellatus, Linn., Guer., Lacer.
ET
LE PLEURONECTE TRICHODACTYLE?.
Pleuronectes trichodactylus, Linn., Gmer., Lace».
Ces deux espèces ont beaucoup de ressemblance
avec les achires. Elles s’en rapprochent par le petit
nombre de rayons que l’on trouve dans leurs pectora-
les, et par la petitesse de ces nageoires. La première
a la dorsale comme plissée, et vit à Surinam. La se-
conde a le côté gauche blanchâtre; de très grands
rapports avec la sole; la ligne latérale droite; les dents
si menues, qu'on a de la peine à les distinguer; la
pectorale gauche si réduite dans ses dimensions, qu’elle
ne montre ordinairement qu’un rayon; et une lon-
1. Mus. Ad. Frid. 2, p. 68.
Pleuronecte argus, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique.
Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
2, Pleuronecte manchot, Daubenton et Haüy, Encyclopédie métho-
dique.
Id, Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique.
« Pleuronectes pinnis lateralibus vix conspicuis, » Artedi, gen. 18,
spec. 61, syn. 65.
5S IISTOIRE NATURELLE
sueur totale presque toujours au dessous de quatre
pouces. On pêche le trichodactylef dans les eaux
d'Amboine?.
1. Le mot grec et composé trichodactyle désigne l’exiguité et la forme
des doigts ou des rayons de chaque pectorale , qui sont déliés comme
des filaments.
2. 6 rayons à chaque thoracine du pleuronecte œillé.
14 rayons à la nageoïre de la queue.
6 rayons à la membrane branchiale du pleuronecte trichodac-
tyle.
5 reyons à chaque thoracine.
16 rayons à la caudale.
DES POISSONS. 20
88 27 Bee A DE DED HDET CODE LI-FO DATI AOT D BSDE BAG OT EAP ST EP SA ÉNE EA ED SAN AT OA Cd HE Ex CP BA
LE PLEURONECTE ZÈBRE",
Pleuronectes Zebra, Linn., Guer., LAcEr.— Solea
Zebra , Ouv.
LE PLEURONECTE PLAGIEUSE*,
Pleuronectes Plagiusa , Linx., Guer., Lacep. — Solea Plagusia, Guv.
ET LE PLEURONECTE ARGENTÉS..
Pleuronectes argenteus, Lacrr.
LA forme pointue de la caudale , et la réunion de
cette nageoïire avec celles du dos et de l'anus, donnent
une conformation générale assez remarquable aux
trois poissons qui composent le troisième sous-genre
des pleuronectes. Le premier de ces trois, celui qui
1. Die bandirie zunge , par les Allemands.
Zèbre de mer, Bloch, pl. 187.
Pleuronecte zébre de mer, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie
iéthodique.
2. Pleuronecte plagieuse, Daubenton et Hay, Encyclopédie mé-
thodique.
Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
3. Pleuronecte argenté, Bonnaterre, planches de l'£cyciopédie mé
thodique.
Peliv. Gazophyl., n. 10, tab. 26.
6o HISTOIRE NATURELLE
a recu le nom de Zèbre, et qui est originaire des In-
des orientales, présente d’ailleurs une mâchoire in-
férieure moins avancée que celle d’en haut; des dents
menues et pointues, placées le long de chaque mä-
choire; des yeux très petits est inégaux ; un seul ori-
fice à chaque narine; des écailles dentelées et très
rudes au toucher ; un anus situé au dessous des pec-
torales.
Le pleuronecte plagieuse a été observé dans les
eaux de la Caroline, par le docteur Garden.
L'argenté a le côté gauche d'une couleur brune et
terne , pendant que son côté droit resplendit de l'éclat
de l’argent. On le trouve dans la mer des Indes.
1. 4 rayons à chaque pectorale du pleuronecte zèbre.
6 rayons à chaque thoracine.
10 rayons à la caudale.
DES POISSONS. ; 61
298004204005 080600406060 186 00 Ba BR TÉ BOIRE BOT OBE PO HORS Of Q Boo HOEC SOC HULOS HOT
LE PLEURONECTE TURBOT.
Pleuronectes maximus, Linx., Guer., BLocn, Lacer.
— Rhombus maximus, Cuv.
—""09e—
CE poisson est très recherché, et doit l'être. Il
réunit, en effet, la grandeur à un goût exquis, ainsi
1. Faisan d’eau.
Bertonneau , sur quelques côtes du nord-ouest de la France.
Breet, en Angleterre.
Tarboth, en Hollande.
Oigvar, en Danemarek.
Tonne , ibid.
Steenbut, ibid.
Vrang flonder, en Norwège.
Skrabe flynder, ibid.
Butia , en Suède.
Botte, en Prusse.
Stein botte, ibid.
Stein hutt , dans plusieurs contrées de l'Allemagne.
Rhombo , en lalie.
Rombi aspri, en Sardaigne.
Rhomb, dans plusieurs départements méridiouaux de la France.
« Pleuronectes corpore aspero. » Faun. Suecic., 298 et 525.
Id. Mus. Ad. Frid. 2, p. 69.
Id. Artedi, gen. 18, syn. 92.
« Rhombus maximus asper, non squamosus. » Willughby, p. 99 ,
tab. F. 8, fig. 3; et p. 94, tab. F. 2.
Rai, p.51, n.1;et p. 92, n. 6.
Pleuronecte turbot , Bloch, pl. 49.
62 HISTOIRE NATURELLE
qu'à une chair ferme ; et voilà pourquoi on l’a nommé
Faisan d’eau ou Faisan de mer, pendant qu'on a
donné à la sole le nom de Perdrix marine. Le turbot
habite non seulement dans la mer du Nord et dans
la Baltique, mais encore dans la Méditerranée. Ron-
delet dit avoir vu dans cette dernière mer un individu
de cette espèce qui avoit cinq coudées de long, quatre
coudées de large, et un pied d'épaisseur. Des turbots
de cette taille sont très rares : mais on en prend quel-
quefois sur les côtes de France ou d'Angleterre qui
pèsent de vingt à trente livres; et M. Noël a bien
voulu nous écrire que, dans le mois d'avril 1801, on
avoit vendu dans le marché de Rouen un turbot du
poids de plus de vingt-six livres.
Le pleuronecte que nous décrivons est très goulu ;
Id, Daubenton et Haüy , Encyclopédie méthodique.
Id. Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique.
Muller Prodrom. Zoolog. Danic., p. 45, n. 379.
Brünn. Pise. Massil., p. 35, n. 49.
it. Gotl. 178.
Gronov. mus. 2, p. 10, n. 159 ; Zooph.. p.74. n. 254.
Klein, miss. pise. 4, p. 34, D. 1, etp. 55, n. 2, tab. 8, fig. 1, 2;
et tab, 9, fig. 1.
Turbot piquant , Rondelet, première partie. liv. 11, chap. 1.
Gesner, Aquat., p. 661, 670; Icon. anim. p. 05; Thierb.. p. 50,6.
Aldrovand. Pisc. p. 248.
Rhombus aculeatus , Jonston , Pise., p. 89, tab. 20, fig. 15 ; ctp. 99,
tab. 22, fig, 12.
Rhombus, Plin. Hist. mundi, lib. 9, cap. 15, 20, 4.
Id. Belon , Aquat., p. 159.
Turbot, Brit. Zoolog. 3 , p. 192, n. 9.
T'arbot rhombe, Valmont de Bomare, Dictionnaire d'histoire na-
iurelle.
Rhombus, P. Ariedi, Synonymia piscium, auctore TJ. G. Schnei-
der, etc., p. 51.
DES POISSONS. | 65
sa voracité le porte souvent à se tenir auprès de l’em-
bouchure des fleuves , ou de l'entrée des étangs qui
communiquent avec la mer, pour trouver un plus
grand nombre des jeunes poissons dont il se nourrit,
et pour les saisir avec plus de facilité lorsqu'ils pé-
nètrent dans ces étangs et dans ces fleuves, ou lors-
qu’ils en sortent pour revenir dans la mer. Quoique
très grand , il ne se contente pas d'employer sa force
contre sa proie; il a recours à la ruse. Il se précipite
au fond de l'Océan ou des Méditerranées , applique
son large corps contre le sable, se couvre en partie
de limon , trouble l’eau autour de lui, et, se tenant
en embuscade au milieu de cette eau agitée, vaseuse
et peu transparente, trompe ses victimes et les dévore.
Au reste, les turbots sont très difficiles dans le choix
de leur nourriture ; ils ne touchent guère qu'à des
poissons vivants ou très frais. Aussi, au lieu de garnir
uniquement de morceaux de gade ou de clupée , et
particulièrement de hareng, les hameçons avec les-
quels on veut prendre ces pleuronectes, les Anglois
ont-ils imaginé d'employer pour appât de petits pois-
sons encore en vie, et surtout de jeunes pétromyzons
pricka, qu'ils ont achetés de pêcheurs hollandois. On
prétend même que les turbots ne sont point attirés
par des amorces auxquelles d’autres poissons ont
mordu. Quoi qu'il en soit, ils sont très abondants sur
les côtes de Suède, d'Angleterre et de France. On en
trouve notamment un très grand nombre entre Hon-
fleur et l'embouchure de l'Orne, où on pêche ceux
que l’on vend dans les marchés du Hâvre, de Rouen
et de Paris.
Les pêcheurs d'Angleterre, suivant le naturaliste
6 HISTOIRE NATURELLE
Bloch, vont à la recherche des turbots dans des ca-
nots qui portent trois hommes. Chacun d’eux a trois
cordes ou lignes de trois milles anglois de longueur ;
on attache à chaque corde, de six pieds en six pieds,
un crochet retenu par une ficelle de crin ; des plombs
maintiennent les lignes dans le fond de la mer; des
morceaux de liége en indiquent la place, et l’on se
règle sur les marées pour'jeter ou relever les cordes.
La forme générale du turbot est un losange ; et c’est
de cette figure qu’est venu le nom de Rhombe, que
tant d’auteurs anciens et modernes Jui ont donné. La
mâchoire infériéure , plus avancée que la supérieure,
est garnie, comme cette dernière, de plusieurs ran-
sées de petites dents. La ligne latérale descend pour
se courber autour de la pectorale , et tend ensuite di-
rectement vers la nageoire de la queue, sans présenter
aucun tubercule. Les nageoires sont jaunâtres, avec
des taches et des points bruns; le côté gauche est mar-
bré de brun et de jaune ; le côté droit, qui est infé-
rieur, est blanc avec des taches brunes; les tubercules
osseux de la femelle sont moins nombreux que ceux
du mâle.
1. 7 rayons à la membrane branchiale du pleuronecte turbot.
19 rayons à chaque pectcrale.
6 rayons à chaque thoracine.
16 rayons à la nageoire de la queue.
DES POISSONS. 65
Sas EO RAD AND EE HIDE PEN E LD POD EG SENTE SHOP EE PEPOTMDEE IE TELLE LAT DIE ONE PE ©
LE PLEURONECTE CARRELET"”.
Pleuronectes Rhombus, Linn., Guer., BLrocu.,
Lacer., Cuv.
—"e——
LE carrelet est très commun. On le trouve dans
l'Océan atlantique boréal, ainsi que dans la Médi-
1. Barbue, dans plusieurs départements de France.
Rhomboide , ibid.
Rhombo , en Italie.
Scatto, auprès de Venise.
Soagia , ibid.
Glattbutt, en Allemagne.
W'inckelbutt, ibid.
Elb butt, à Hambourg.
Slaetwar, en Danemarck.
Pigghuers, en Suède.
Sand-flynder, en Norwége.
Pearl, à Londres.
Lug-aleaf, dans le comté de Cornouailles.
Griet, en Hollande.
« Pleuronectes corpore glabro. » Mus. Ad. Frid. 2, p. 69.
Id. Artedi, gen. 18, syn. 31.
Pleuronecte carrelet, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique.
Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
Bloch, pl. 43.
Willughby. p. 96.
Rai, p. 52, n. 7.
Muller, Prodrom. Zoolog. Danic., p. 45, n. 378.
Brunnich, Pise. Massil., p. 55, n. 48.
66 HISTOIRE NATURELLE
ierranée. Ïl se plaît particulièrement dans cette der-
nière mer, auprès des côtes de la Sardaigne ; il pénètre
quelquefois dans les fleuves; il entre notamment dans
l'Elbe; et M. Noël a appris d’un pècheur qu’on avoit
pris un individu de cette espèce dans la Seine, auprès
de Quevilly, à une petite distance de Rouen. On ne
doit donc pas être étonné qu'on ait vu des empreintes
ou des dépouilles de cet osseux dans la carrière d’OE-
ningen, auprès du Rhin et du lac de Constance 1.
Ce thoracin et le turbot sont les pleuronectes qui
présentent le plus de largeur ou plutôt de hauteur.
Ils l'emportent même sur le flez par la grandeur rela-
tive de cette dimension; mais ils sont bién éloignés
d'atteindre à la longueur de ce flez. On ne doit donc
donner aucune confiance à ce qu’on a écrit d’un carre-
let pris sous Domitien, et qui auroit été d’une longueur
démesurée , qu’elle auroit égalé soixante-six ou
soixante-neuf pieds.
Le pleuronecte dont nous nous occupons a l’æso-
phage large, la membrane de l'estomac épaisse, et
deux cœcums ou appendices auprès du pylore. On
doit remarquer d’ailleurs sa mâchoire inférieure un
Pleuronectes piggvarf, It. Wgoth. 178.
Pleuronectes arenartius, Strom. Sondm.
Gronov. Mus. 1, p. 25, n. 45; Zooph., p.74, n. 255.
T'urbot sans piquanis , Rondelet, première partie, liv. 1 11, chap. :.
Gesner, Aquat.. p. 863.
Aldrovand. Pise., p. 249.
Jonston . Pisc., p. 99, t. 22, fig. 16
« Rhombus alter gallicus. » Belon, Aquat., p. 141.
Brit. Zoolog. 6, p. 196 , n. 10.
Petri Artedi Syn. piscium, auctoreJ. G. Schneïder, etc., p. 31, n. 5.
1, Voyez notre Discours sur la durée des espèces, et le Voyage dans
les Alpes, d’Horace-Bénédict de Saussure.
DES POISSONS. 67
peu plus avancée que la supérieure, les différentes
rangées de dents petites, inégales et pointues, qui
arment les deux mâchoires, la saillie arrondie de la
partie postérieure de chaque opercule, et la couieur
blanche du côté droit de l’animal 1.
1. 6 rayons à la merabrane branchiale du pleuronecte carrelet.
12 rayons à chaque pectorale.
6 rayons à chaque thoracine.
16 rayons à la caudale.
68 INISTOIRE NATURELLE
LE PLEURONECTE TARGEUR*.
Pleuronectes punctatus, Linn., Guer., BLocn. —
Rhombus punctatus, Cuv.
Le PseuroxecrTe penxtTé?, Pleuronectes dentatus, Linn., Gmel., Lacep.—
PLeuroxecTe Moineau À, Pleuronectes passer, Linn., Gmel., Artedi,
Lacep. — Preuronecre PaPrLLEux , Pleuronectes papillesus, Linn. ;
Gmel., Lacep. — PLeuronecre Arçeus, Pleuronectes Argus, Linn.,
Gmel., Lacep.; Pleuronectes lunatus, Linn., Gmel., Lacep.:; Rhom-
bus Argas, Cuv.; et Pleuronectes Mancus, Brouss. Linn., Gmel..
— PreuroNecte Japonois 6. Pleuronectes japonicus, Linn., Gmel.,
Lacep.— PLEuRONECTE Cazimanre?, Pleuronectes Calimanda, Lacep.;
Pleuronectes Cardina, Cuv.—-PLEURONEUTE GRANLES-ÉCAILLES 5, Pleu-
ronectes macrolepidotus, Bloch, Lacep.; Hippoglossus macrolepidotus,
Cuv.— PreuronecTe Commensonnien*, Pleuronectes Commersonnit ,
Lacep., Cuv.
— © $2——
Lorsqu'on aura jeté les yeux sur le tableau géné-
rique des pleuronectes, on complétera facilement
1. Rothbutt, en Allemagne.
Rætt butt, en Danemarck.
W hiff, en Angleterre.
Pleuronecte targeur, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie métho-
dique.
Bloch , pl. 189.
« Passer alter, cute dura et aspera, etc.» Klein, miss. pisc. 4, p. 34,
nn. 9.
Brit. Zoolog. 5, p. 186, n.2.
Rai, Pisc., p. 165, n.2, tab. 1. fig. ».
DES POISSONS. 69
L
l’idée générale des neuf espèces dont nous faisons men-
tion dans cet article, en réunissant dans sa pensée les
détails suivants.
Le targeur montre de petites écailles sur sa tête et
2. Pleuronecte plaise, Daubenton et Haüy, Encyclopédie métho-
dique.
Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
3. Passere, en Sardaigne.
Struff butt, à Hambourg.
Verkehrther elbutt.
Theerbott, à Dantzig.
Stachelbutt, en Livonie.
Akhte, chez les Leltes.
Grabbe, ibid.
Pleuronecte moineau, Daubentonet Haüy, Encyclopédie méthodique.
Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
Bloch, pl. 50.
Gronov. Zooph. p. 75, n. 248.
Klein, miss. pisc. 4, p. 55, n. 3.
4. Pleuronecte aramaque, Daubenton et Haüy, Encyclopédie mé-
thodique.
Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
5. Sichelchwartz, en Allemagne.
Tunge, en Hollande.
Linguada , en Portugal.
Cubricunha , ibid.
Aramaca , au Brésil.
Badé, dans l'ile de Rotterdam , ou Anamoka.
Pathi-maure, dans l’île d'Utahite.
Pleuronecte lunulé, Dauhenton et Haüy, Encyclopédie méthodique.
Id. Bonuaterre, planche ; de l'Encyciopédie méthodique.
Pleuronecte badé , id.
Argus, Bloch, pl. 48.
Broussonnet, Ichthyol. dec. 1, n. 5, tab. 5, 4.
Catesby, Carol. 2, p. 27, tab. 27.
6. Houttuyn, Act. Haari. XX, 2, p. 517.
7. Pleuronectes regius, calimande royale. Bonnaterre, planches de
l'Encyclopédie méthodique.
8, Gross schuppigte scholle, par les Allemands.
LACÉDPÈDE, XI.
gt
70 HISTOIRE NATURELLE
sur les rayons de ses nageoires; un grand nombre de
dents recourbées et très serrées à chaque mâchoire ;
une lèvre supérieure extensible ; une ligne latérale
courbe au-dessus de la pectorale, et ensuite droite;
un blanc rougeâtre répandu sur son côté droit, et des
nuances grises distribuées sur les nageoires du dos et
de l’anus. Il habite dans la mer qui baigne les côtes
d'Angleterre et celles du Danemarck; il parvient à la
longueur d’un pied et demi.
Les eaux de la Caroline sont la patrie du denté.
Le moineau se trouve dans la Baltique , ainsi que
dans l’Océan atlantique septentrional, Il pèse quelque-
fois plus de huit livres. Sa chair est agréable au goût.
La mâchoire inférieure dépasse celle de dessus. La
ligne latérale est presque droite. Le côté droit est
blanc ; les nageoires sont jaunâtres avec des taches
brunes. On voit un piquant auprès de l’anus.
L'Amérique nourrit le papilleux, dont le côté droit
est blanc, et le côté gauche grisâtre.
L'argus, dont le badé ou le manchot de Brousset
n’est qu’une variété, est souvent long d’un pied et
demi à deux pieds. On l’a pêché dans la mer des An-
Tonge, par les Hollandois.
Lingoada , par les Portugais.
Cubricunha , id.
Aramaca, au Brésil.
Sole a grandes écailles, Bloch, pl. 190.
Id. Bosïnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
Klein, miss. pisc. 4, 52, n. 8.
9. Sole de l’ile de France.
« Pleuronectes oculis a sinistra, corpore pellueido, sordide exal-
» bido, guitis pallidioribus subtestaceisque maculosus. » Gommerson ,
manuscrits déjà cités.
s
DES POISSONS. Ed
tilles, dans celle de la Caroline, et dans les eaux des
îles du grand Océan équinoxial, improprement appe-
lées fles de la mer du Sud. Pendant l'hiver, il se tient
au fond de la mer; mais, lorsque l'été approche, il
remonte dans les fleuves, où sa chair devient tendre
et d’un goût exquis. Sa parure est très belle. Les taches
dont il est peint ont paru avoir assez de rapports avec
une prunellé entourée de son iris pour que le nom
d’Argus lui ait été donné. La membrane des nageoires
est jaunâtre ; les rayons qui la soutiennent sont bruns,
et elles sont d’ailleurs ornées de petites taches bleues.
Le côté droit de l'animal est d’un gris cendré.
L’œil supérieur est plus grand et plus reculé que
l’autre. La ligne latérale fait le tour de la pectorale
avant de s’avancer directement vers l’extrémité de la
queue. Plusieurs rayons de la pectorale gauche sont
irès prolongés au delà de la membrane.
Le japonois est long de huit pouces, et blanchâtre
sur son côté droit.
Le pleuronecte calimande n’a que huit à douze
pouces de longueur; les couleurs dont il est jaspé sont
ordinairement le rougeâtre , le marron, le gris de
perle foncé. Plusieurs individus de cette espèce ont
sur la queue une tache dorée entourée d’un cercle
très brun ; les pêcheurs disent que les mâles ont une
seconde tache au-dessus de la première, et une troi-
sième auprès de l’opercule. Nous devons à Duhamel la
description de ce thoracin, qui se plaît dans l'Océan.
Le pleuronecte grandes-écailles a le corps et la
queue très allongés ; la tête et les opercules dénués
d’écailles semblables à celles du dos; les dents co-
niques et très longues; les nageoires brunes ; une chair
72 HISTOIRE NATURELLE
de bon goût; une longueur de plus de deux pieds,
et la mer du Brésil pour patrie 1.
Le commersonnien est à peine de la longueur de la
main. Ses thoracines sont placées l’une devant l’autre;
c'est la gauche qui est la plus avancée. Il vit dans les
eaux salées qui baignent l'Ile-de-France ; il est encore
plus délicat que la sole. Nous en donnons la descrip-
tion d’après les manuscrits de Commerson, qui l’a fait
dessiner.
1. 11 rayons à chaque peclorale du pleuronecte targeur.
6 rayons à chaque thoracine.
14 rayons à la nageoïre de la queue.
7 rayons à la membrane branchiale du pleuronecte denté.
12 rayons à chaque pectorale.
17 rayons à la caudale.
6 rayons à la membrane branchiale du pleurcnecte moineau.
12 rayons à chaque pectorale.
6 rayons à chaque thoracine.
16 rayons à la nageoïire de la queue.
12 rayons à chaque pectorale du pleuronectie papilleux.
6 rayons à chaque thoracine.
16 rayons à la caudale.
10 rayons à chaque pectorale du pleuronecte argus. :
8 rayons à chaque thoracine.
17 rayons à la nagevire de la queue.
9 rayons à chaque pectorale du pleuronecte japonois.
16 rayons à la caudale.
14 rayons à chaque pectorale du pleuronecte grandes-écailles.
6 rayons à chaque thoracine.
17 rayons à la nagooire de la queue.
9 rayons à chaque pectorale du pleuronecle cominersonnien.
6 rayons à chaque thoracine.
15 rayons à la caudale.
DES POISSONS. 73
be DOPEDODOPED EP TOPOOTE DOS DOG PER crebss porobetes DE OTOE To D ENS Peso 5< 0%
CENT CINQUANTE-UNIÈME GENRE.
LES ACHIRES.
La tête, le corps et la queue très comprimés ; les deux
yeux du même côté de la tête; point de nageoires
pectorales.
ne
PREMIER SOUS-GENRE.
Les deux yeux à droite; la nageoire de la queue fourchue, ou échancrée
en croissant, ou arrondie sans échancrure.
ESPÈCES. CARACTÈRES.
Des barbillons aux mâchoires ; le corps et
la queue a!longés; la mâchoire supéricure
plus avancée que l'inférieure ; un grand
, nombre de taches blanches et circulaires.
É rayons à la nageoiïre du dos ;
1. L’AcuIRE BARBu.
cinquante-cinq à celle de l'anus; la cau-
daie arrondie; la ligne latérale très droite;
la mâchoire supérieure plus avancée que
celle de dessous ; Le côté droit brun, avec
des taches et des raïes tortueuses d’un
blanc de lait.
2. L’ACHIRE MARSRÉ
la mâchoire supérieure plus avancée que
l'inférieure ; la ligne latérale droite; la
base des nageoires de l'anus et du dos
garnie de petites écailles ; des taches ir-
régulières , blanchâtres, el chargées cha-
cune d’une tache brune.
/Cinquante-trois rayons à la nageoire dor-
sale; quarante-cinq à celle de l'anus ; la
PR ru rot caudale arrondie: des barbillons au côté
ù Fe gauche de la mâchoire supérieure; les
écailies ciliées; sept qu huït bandes trans-
versales et noires.
Cinquante-sept rayons à la nageoire du dos ;
cinquante à l’anale ; la caudale arrondie:
3. L’ACHIRE PAVONIEN.
TU HISTOIRE NATURELLE
SECOND SOUS-GENRE.
Les deux yeux à gauche; la caudale pointue et réunie avec les nageoires
de l’anus et du dos.
ESPÈCES. CARACTÈRES.
Cent soixante-quatorze rayons aux nageoi-
res du dos, de la queue et de l’anus, con-
sidérées comme ne formant qu’une seule
nageoire ; le corps ct la queue allongés ;
deux lignes latérales sur chaque côté du
poisson; le côté gauche d’ur brun jau-
| nâtre; le côté opposé d’un blanc rou-
\ geûtre.
5, L'ACHIRE DEUX-LIGNES.
/ Quatre-vingt-quinze rayons depuis le com-
mencement de la dorsale jusqu'à l’extré-
mité de la nageoire de la queue; quatre-
vingt-deux rayons depuis le commence-
6. L'AcuiRE onNé. ment de lanale jusqu’au bout de la cau-
dale; une seule ligne latérale sur chaque
côté; Les écailles petites, arrondies et den-
telées ; huit ou neuf bandes transversales
\ et foncées.
DES POISSONS.
3
(BE
Li DPÉDOPED SH De DID SEP TETE EEE ED SPEED TOGO NDS 6 PErE-F ONE ad HE 0 Or SE He TOM
L'ACHIRE BARBU”,
Achirus barbatus, Lacer., Cuv.
L'ACHIRE MARBRÉ?2.
Achirus marmoratus , Lacer., Cuv.
ET L’ACHIRE PAVONIEN.
Achirus pavoninus, Lacer.
— = =————
Les achires® ne diffèrent des pleuronectes que
parce qu'ils sont entièrement privés de bras et de
mains, ou, ce qui est la même chose, de nageoires
pectorales. Leurs habitudes sont cependant sembla-
bles à celles des pleuronectes, dont les pectorales
sont trop petites, et placées trop désavantageusement
pour influer d’une manière sensible sur leurs mouve-
ments et leurs évolutions.
On ignore dans quelle mer habite le barbu.
1. Gronov. Zooph., n. 255.
Pleuronecte barbue , Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie métho-
dique.
2. « Pleuronectes cculis a dextra; corpore brunneo, guilis lacteis,
» aliis circumscriptis, aliis diffluentibus , variegato ; pinnis omnibus..
» exalbidis nigro punctatis. » Commerson, manuscrits déjà cités.
3. Achcires, en grec, signifie manchot, qui manque de mains.
51) HISTOIRE NATURELLE
Le marbré est beau à voir. On le pèche dans la
partie de l'Océan qui arrose l'Ile-de-France. Le goût
de sa chair y est excellent, et il y a été observé en
1769 par Commerson. Les naturalistes ne connoissent
pas encore ce poisson. Ses nageoires, d’un blanc mêlé
de gris et de bleu, sont parsemées de points noirs.
Ou ne voit que difficilement ses écailles. La dorsale
s'étend depuis le bout du museau jusqu’à la nageoire
de la queue.
Commerson a fait une remarque curieuse sur cet
achire. Il a vu le long de la base des nageoires du dos
et de l’anus , autant de pores que de rayons; et lors-
qu'on pressoit les environs de ces petits orifices, il
en sortoit une mucosité laiteuse.
Nous avons trouvé un individu de cette espèce dans
la collection de Hollande, cédée à la France.
Nous avons vu, dans la même collection, un indi-
vidu d’une autre espèce d’achire encore inconnue des
naturalistes, et à laquelle nous avons donné le nom
de Pavonien, à cause des taches un peu semblables
à des yeux de paon, dont elle est couverte.
La dorsale de cet achire pavonien règne depuis le
dessus du museau jusqu'à la caudale , dont cependant
elle est très distincte, ainsi que la nageoïre de l’anusf.
1. 5 ou 6 rayons à là membrane branchiale de l’achire marbré.
5 rayons à chaque thoracine.
18 rayons à la nageoire de Ja queue.
6 rayons à chaque thoracine de l'achire pavonien.
17 rayons à la caudale.
DES POI5SONS. 77
L'ACHIRE FASCÉ:
Achirus fasciatus, Lacxr., Cuv. — Pleuronectes fas-
ctatus , LINN., GMEL.
D 6(0en——
Cr achire a été pèché dans les eaux de l’Amérique
septentrionale. Son côté droit est brun; son côté gau-
che blanchître?.
1. Pleuronectes achirus , Linnée, Syst. naturæ X, 1, p. 268, n. 1, 3.
Pleuronecte achire, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique.
Gronov. Mus. 1, n. 42.
« Pleuronectes fuscus.…. lineis septem nigris, etc.» Browne.Jam. 445.
Sloane , Jam. 2, p. 77, t. 246, fig. 2.
« Passer lineis transversis. » Raï, pisc. 157.
4 ou 5 rayons à chaque thoracine de l’achire fascé.
2.
16 rayons à la nageoire de la queue.
78 HISTOIRE NATURELLE
02-0.50:$060 04050400 oo BepooodeHoHoo po dee Ho do He boeposere Hesse se gooei ES
L’ACHIRE DEUX-LIGNES”,
Achirus bilineatus, Lacer., Cuv. — Pleuronectes
bilineatus, Linx., GEL.
ET
L'ACHIRE ORNÉ..
Achirus crnatus , Lacer., Cuv.
—— Se ————
LE premier de ces deux achires habite dans les eaux
de la Chine et dans celles des Indes orientales. Il se
nourrit de petits crabes et d'animaux à coquille. Son
foie n’a qu'un seul lobe; la membrane de son esto-
mac est mince; le canal intestinal se recourbe plu-
sieurs fois; les deux mâchoires sont garnies de dents
courtes et obtuses; chaque narine a deux orifices,
dont l’un est en forme de tube; une seule plaque
compose chaque opercule; les écailles qui recouvrent
la tête, le corps et la queue, sont petites, presque
rondes et dentelées; les deux lignes latérales, que l’on
voit sur chaque côté de l’animal, sont droites et pres-
que parallèles; une couleur brune, mêlée de gris ou
de verdâtre, distingue les nageoires.
1. Bloch, pl. 188.
Pleuronecte , sole à deux lignes, Bonnaterre, planches de l'Encyelo-
pédie méthodique.
DES POISSONS. 79
Personne n’a encore publié la description de l’orné.
Nous avons vu un individu de cette dernière espèce
dans la collection hollandoise donnée à la France. La
ligne latérale se relève au delà de l’opercule, pour
Are A \ . . 1
suivre à peu près la direction du dos.
1. 4 rayons à la membrane branchiale de l'achire deux-lignes.
4 rayons à chaque thoracine.
80 HISTOIRE NATURELLE
CHEHOPOB DEEP TEE DIT PEHENEPEEET EG ESS
cretetedes Loose se
SECONDE SOUS-CLASSE.
POISSONS OSSEUX.
Les parties solides de l’intérieur du corps, osseuses.
P
BE ———
PREMIÈRE DIVISION.
Poissons qui ont un opercule et une membrane des
branchies.
VINGTIÈME ORDRE
DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS ,
OÙ
QUATRIÈME ORDRE
DE LA PREMIÈRE DIVISION DES OSSEUX.
Poissons abdominaux, ou qui ont des nageoires infe-
rieures placées sur l'abdomen, au delà des pectorales,
et en decà de la nageoire de l'anus.
DES POISSONS. , 81
æ 00208900 595080
CENT CINQUANTE-DEUXIÈME GENRE.
LES CIRRHITES.
Sept rayons à la membrane des branchies; le dernier
très éloigné des autres; des barbillons réunis par
une membrane, et placés auprès de la pectorale, de
manière à représenter une nageotre semblable à cette
dernière.
ESPÈCE. CARACTÈRES.
Dix rayons aiguillonnés et onze rayons ar-
ticulés à la nageoïire du dos; troïs rayons
aiguillonnéset six rayons articulés à la na-
LE CIRRHITE TACHETÉ. geoirc de l'anus ; la caudale arrondie; la
couleur générale brune; un grand nom-
bre de larges taches blanches, et de pe-
tites taches noires.
(@»]
ND
HISTOIRE NATURELEE
DE PIE HDI EE ST 0 Do De rer EBEMEHEMESSHETETEPEHES EEE EEE ETES DE-SS CEE HS ETES CE
LE CIRRHITE TACHETÉ".
Cirrhitus maculatus, Cuv., LAcer.
CE poisson, dont on devra la connoissance à Com-
merson, est véritablement de l’ordre des abdomi-
naux ; mais il doit être placé à la tête de cet ordre,
comme se rapprochant beaucoup de celui des thora-
cins, avec lesquels il a de grands rapports. Il ressem-
ble surtout aux holocentres ou aux persèques. Il a,
comme ces osseux , la première lame de son opercule
dentelée , et la seconde armée d’un aiguillon.
Sa partie supérieure se relève en arc de cercle, si-
tué dans le sens de sa longueur totale. On ne voit pas
de petites écailles sur sa tète; mais son corps, sa
queue , et une partie de ses opercules, en sont re-
vêtus. Il peut étendre ou retirer sa mâchoire supé-
rieure 2.
On divise facilement les dents de ses deux mâ-
1. Cirronius.
Concirrus.
Cincirous.
« Aspro fuscus maculis utroque latere sparsis majoribus albis, mi-
» noribus nigris plurimis. » Commerson, manuscrits déjà cités.
2. 7 rayons à chaque pectorale du cirrhite tacheté. 2
6 rayons à chaque ventrale.
15 rayons à la nageoire de la queue.
DES POISSONS. 85
choires en extérieures et en intérieures. Les premières
sont écartées les unes des autres ; les secondes sont
très petites, et serrées comme celles d’une lime. La
partie supérieure de l’orbite est relevée, et les yeux
sont placés assez haut. Sept barbillons très allongés
et réunis par une membrane commune forment cette
soite de fausse nageoire que nous venons de faire
remarquer dans le tableau générique, qui paroît, au
premier coup d'œil, une seconde pectorale, et qui,
donnant à l’animal un organe singulier, le rapproche
des lépadogastères, des dactyloptères, des prionotes,
des trigles et des polynèmes, sans cependant les con-
fondre avec aucun de ces derniers. La ligne latérale
suit la courbure du dos. Les nageoires sont brunes;
des taches noires sont répandues sur la dorsale; une
tache plus grande, mais de la même couleur, paroît
sous la mâchoire inférieure.
S4 HISTOIRE NATURELLE
CENT CINQUANTE-TROISIÈME GENRE.
LES CHEILODACTYLES.
Le corps et la queue très comprimés; la lèvre supérieure
double et extensible; la partie antérieure et supé-
rieure de la tête terminée par une lignepresque droite,
et qui ne s'éloigne de la verticale que de {0 à 50 de-
grès; les derniers rayons de chaque pectorale, très
allonges au delà de la membrane qui les réunit; une
seule nageoire dorsale.
ESPÈCE. CARACTÈRES.
Dix-neuf rayons aiguillonnés et vingt-trois
rayons articulés à la nageoire du dos:
deux rayons aiguillonnés et douze rayons
articulés à la nagcoire de l'anus; la cau-
dale fourchue; le onzième rayon de cha-
que pectorale d'une longueur double de
la hauteur de la membrane; des bandes
transversales et foncées.
LE CHEILODACTYLE FASCÉ.
DES POISSONS. 83
BASE 32 3DAD D POP M D SD 4 AP VD MD PET SE EEE PO Dr M D D He) DA D SD DS D PE DELA LA DO
LE CHEILODACTYLE FASCÉ!
Cheilodactylus fasciatus ; Lacer., Cuv.
D ———————
Nous avons vu, dans la belle collection hollandoise
cédée à la France , un individu très bien conservé de
cette espèce d’abdominal encore inconnue des natu-
ralistes, et que nous avons dà inscrire dans un genre
particulier, dont le nom indique et la forme de ses
lèvres, et celle de ses doigts, ou des rayons de ses
pectorales. La nageoire dorsale de ce cheilodactyle
s'étend depuis une partie du dos très voisine de la
nuque, jusqu'à une très pelite distance de la nageoire
de la queue. La portion de cette nageoïire, que sou-
tiennent des rayons aiguillonnés, est plus basse que
l’äutre portion. Le quatorzième ou dernier rayon de
chaque pectorale , quoique très allongé au delà de la
membrane, est moins long que le treizième, le trei-
zième que le douzième, et le douzième que le on-
zième. L'anale présente un peu la forme d’une faux.
On voit des taches foncées sur la nageoire du dos et
sur celle de la queue?.
1. san kakatoea itam, dans les Indes orientales.
2. 14 rayons à chaque pectorale du cheïlodactyle fascé.
1 rayon aiguiilonné et à rayons articulés à chaque ventrale
17 rayons à la nagroïire de la queue.
LAGÉPÉDE XL, 6
86 HISTOIRE NATURELLE
00 59-50-59 0 H0$0 PO #08 50 #0 H0%0-B0 Do PI PO HOBTÈLC E0 60H TIPE HO HI BE PC TOGO DODeSSGOTLOEOSS
CENT CINQUANTE-QUATRIÈME GENRE.
LES COBITES.
La tête, le corps et la queue, cylindriques; les yeux
très rapprochés du sommet de la tête; point de dents,
et des barbillons aux mâchoires ; une seule nageoire
du dos; la peau gluante, et revêtue d’écailles très
difficiles à voir.
ESPÈCES. CARACTÈRES.
Neuf rayons à chaque ventrale ; six barbil-
lons à la mâchoire supérieure; point de
piquant auprès de l'œil.
1. LE COBITE LOCHE. {
Dix rayons à chaque ventrale; deux bar-
billons à la mâchoire supérieure ; quatre
à l'inférieure ; un aïguillon fourchu au
dessous de chaque œil.
2. LE COBITE TÆNIA.
Trois barbillons aux mâchoires; la partie
supérieure de l'animal d'un roux brun,
et parsemée de taches arrondies.
3. Le CoriTe Trois-Bar- |
BILLONS: |
DES POISSONS. 87
$022099 #0 #0 50 5< 5950 0 Ro 50H09 40.06 59.0 D9.P060%9-H9 59 50040 &0 H0470 60 9,86 {080 4009 #I40.H08Q LQ
LE COBITE LOCHE”,
Cobitis Barbatula, Ernxx., Guez., Lacer., Cuv.
LE COBITE TÆNIA*,
Cobitis Tænia, Laxx., Guer., Lacep., Cuy.
ET LE COBITE TROIS-BARBILLONS.
Cobitis tricirrhatu , Lacer,
— 6 0——
Le cobite loche est très petit ; il ne parvient guère
qu’à la longueur de quatre ou cinq pouces : mais le
1. Petit barboi, en France.
Loche franche, ibid.
Schmerl, dans plusieurs contrées d'Allemagne.
Schmerling, en Prusse.
Schmerlein , ibid.
Gründel, en Silésie.
Gyändling, ibid.
Bartgrundel , ibid.
Smerle , en Saxe.
Smirlin, ibid,
Piskosop , en Russie.
Gronling , en Suède.
Smerling, en Danemarck.
Hoogkyher, en Hollande.
Groundlin, en Angleterre.
88 HISTOIRE NATURELLE
goût de sa chair est très agréable ; et, dans plusieurs
contrées de l’Europe , on a donné beaucoup d’atten-
Cobite franche barbotte, Daubenton et Hauy, Encyclopédie métho-
dique.
mn.
[=
Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
Bloch, pl. 51, fig. 8.
Mus. Ad. Frid. 2, p. 9.
Faun. Suecic. 341.
Muller, Prodrom. Zoolog. Dan., p. 47, n. 4o1.
Waulff, Ichthyclog., p.61, n. 58.
« Cobitis Lota glabra, etc. » Artedi, gen. 2 , syn. 2.
« Cobitis barbatula. » Gesner, p. 401; ct (germ.) fol. 163 , 6.
Id. Aldrovand., lib. 5, cap. 51, p. 618.
Id Jonston, lib. 5, tit. 1, cap. 12, art. 5, tab. 26, fig. 22.
Id. Charlet., p. 157.
« Cobitis fluviatilis. » Schon., p. 51.
Id. Willughby, p. 265, tab. Q. 8, fig. 1.
Id. Raï, p. 124, n. 5.
Fundulus, seu grundulus. Figul., f. 1, b.
Gronov. Mus. 1,p.2,n.6; Zooph., p. 56, n. 202.
« Enchelyopus uobilis cinercus, etc. » Kleïin , miss. pise. 4, p. 59,
3, Lab. 15, fig. 4.
Loche, Rondelet , seconde partie, chap. 28.
Fundulus, Marsil. Danub. 4, p. 74, tab. 25, fig. 1
Loche , Brit. Zoolog. 5 , p. 257. n. 1
2. Loche de rivière, en France.
Steinbeisel, en Autriche.
Steinpit:ger, en Allemagne.
Steibenisser, ibid.
Steingrundel, ibid.
Steinschmert, ibid.
Schineerpätte, dans le Schlesswig.
Steinbicker, ibid.
Schmerbutte, en Danemarck.
Steinbiker, ibid.
Tanglake, en Suède.
Dorngrundel, en Livonie.
Akminagrausis, ibid.
Cobite loche, Daubenton ct Hauv, Encyclopédie méthodiaue.
DES POISSONS. 89
tion et des soins très multipliés à ce poisson. On le
trouve le plus souvent dans les ruisseaux et dans les
petites rivières qui coulent sur un fond de pierres ou
de cailloux, et particulièrement dans ceux qui arrosent
les pays montagneux. Îl vit de vers et d'insectes aqua-
tiques. Il se plaît dans l’eau courante, et paroît éviter
celle qui est tranquille : mais des courants trop ra-
pides ne lui conviennent pas; et c’est ce que nous a
appris, dans des notes manuscrites très bien faites,
M. Pénières, membre du Tribunat. Nous avons vu
dans ces notes, qu'il a bien voulu rédiger pour nous,
que, dans les rivières des départements du Cantal et
de la Corrèze, la loche préfère les eaux profondes, et
même quelquefois les eaux dormantes, à celles qui
sont très agitées et très battues. Elle change rarement
Fd. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
Faun. Suecic. 942.
Walff, Ichth., p. 31, n. 39.
Loche de riviére, Bloch, pl. 51, fig. 2.
« Cobitis aculeo bifurco , etc. » Artedi, gen. 2, syn. 5, spec, 4.
Cobitis aculeata, seconde espèce de loche. Rondelet , seconde par-
tie, chap. 24.
Id. Aldrovand., lib. 5, cap. 50, p. 617.
Id. Gesner, p. 404.
« Cobitis barbatula aculeata,» Willughby, Ichth., p. 265, Lab. Q.8,
fig. 3.
« Tænia cornuta. » Id, p. 266, tab. Q.8, fig. 6.
Id. et « Cobitis barbatula, aculeata. » Raï. p. 124.
Id. Jonston , p. 142, tab. 46, fig. 21, 28.
Gronov. Mus. 1, n. 5.
Klein, miss. pisc. 4, p. 59, n. 4.
« Cobitis aculeata. » Marsil. Dan. 4, p. 5, tab. 1, fig. 2.
« Lampetra, et cobitis pungens. » Frisch, Misc. Berol. 6, p. 120,
t, 4, n, 5.
90 HISTOIRE NATURELLE
de place dans ces portions de rivière dont le courant
est moins fort ; elle s’y tient comme collée contre le
sable ou le gravier, et semble s’y nourrir de ce que
l'eau y dépose.
Elle est la victime d’un très grand nombre de pois-
sons contre lesquels sa petitesse ne lui permet pas de
se défendre; et malgré cette même petitesse, qui de-
vroit lui faire trouver si facilement des asiles impéné-
trables, elle est la proie des pêcheurs, qui la prennent
avec le carrelet, avec la louve et avec la nasse!. On
la recherche surtout vers la fin de l’automne, et pen-
dant le printemps, qui est la saison de sa ponte. À ces
deux époques, sa chair est si délicate, qu’on la pré-
fère à celle de presque tous les autres habitants des
eaux, surtout, disent dans certains pays les hommes
occupés des recherches les plus minutieuses relatives
à la bonne chère, lorsqu'elle a expiré dans du vin ou
dans du lait. Elle meurt très vite dès qu'elle est sortie
de l’eau , et même dès qu'on l’a placée dans quelque
vase dont l’eau est dans un repos absolu. On la con-
serve, au contraire , pendant long-temps en vie, en la
renfermant dans une sorte de huche trouée, que l’on
met au milieu du courant d’une rivière.
Lorsqu'on veut la transporter un peu loin, on a le
1. Voyez, à l’article du Pétromyzon lamprote, ce qne nous avons dit
de la nasse et de la louve. Quant au carrelet, c’est un filet en forme de
nappe carrée, et attachée par les quatre coins aux extrémités de deux
arcs qui se croisent. Ces ares sont fixés au bout d'une perche, à l’en-
droit de leur réunion. On tend ce filet sur le fond des rivières ; et dès
qu’on aperçoit des poissons au dessus , on le relève avec rapidité. On
donne aussi au carrelet les noms de calen , de venturon, d'échiquier, et
de hunter.
DES POISSONS. | o1
soin d’agiter continuellement l’eau du vaisseau dans
lequel on la fait entrer, et l’on choisit un temps frais,
comme, par exemple, la fin de l'automne. C'est avec
cette double précaution que Frédéric I, roi de Suède,
fit venir d'Allemagne des loches qu'il parvint à natu-
raliser dans son pays 1.
Quand on veut faire réussir ces cobites dans une
rivière où dans un ruisseau, on pratique une fosse
dans un endroit qui ait un fond de cailloux, ou qui
recoive l’eau d’une source. On donne à cette fosse
deux pieds ou deux pieds et demi de profondeur, huit
pieds de longueur et quatre de largeur. On la revêt
de claies ou planches percées, qu'on établit cepen-
dant à une petite distance des côtés de la fosse, L'in-
tervalle compris entre ces côtés et les planches ou les
claies est rempli de fumier, et, quand on le peut, de
fumier de brebis. On ménage deux ouvertures, l’une
pour l’entrée de l’eau, et l’autre pour la sortie du eou-
rant. On garnit ces deux ouvertures d’une plaque de
métal percée de plusieurs trous, qui laisse passer l’eau
courante , mais ferme l'entrée de la fosse à tout corps
étranger nuisible et à tout animal destructeur, On place
dans le fond de la fosse des cailloux ou des pierres
jusqu’à la hauteur de six ou huit pouces, afin de faci-
liter la ponte et la fécondation des œufs. Les loches
qu'on introduit dans la fosse s’y nourrissent des sucs
du fumier et des vers qui s'y engendrent. On leur
donne néanmoins du pain de chènevis ou de la graine
de pavot. Elles multiplient quelquefois à un si haut
1. Voyez le Discours intitulé Des effets de l’art de l'homme sur la na-
fure des poissons.
92 HISTOIRE NATURELLE
degré dans leur demeure artificielle, qu’on est obligé
de construire trois fosses, une pour le frai, une se-
conde pour l’alevin ou les jeunes loches, et une troi-
sième pour les loches parvenues à leur développement
ordinaire.
Au reste, on peut conserver long-temps ces cobites,
et les envoyer au loin, après leur mort, en les faisant
mariner.
La loche a la mâchoire supérieure plus avancée que
l'inférieure ; l’ouverture de la bouche petite ; la ligne
latérale droite; la nageoire du dos très courte et pla-
cée , à peu près , au dessus des ventrales ; le corps et
la queue marbrés de gris et de blanc; les nageoires
grises; la dorsale et la caudale pointillées et rayées
ou fascées de brun; le foie grand, ainsi que la vési-
cule du fiel; le canal intestinal assez court; l’épine
dorsale composée de quarante vertèbres, et fortifiée
par quarante côtes.
Parmi les poissons d’eau douce ou de mer dont on
a reconnu des empreintes dans la carrière d'OEningen,
près du lac de Constance, on doit compter le cobite
loche. On doit comprendre aussi au nombre de ces
poissons le cobite tænia.
Ce dernier cobite se trouve dans les rivières comme
la loche ; il s’y tient entre les pierres. Il se nourrit de
vers, d'insectes aquatiques, d'œufs, et même quelque-
fois de très jeunes individus de quelques petites es-
pèces de poissons. Il perd la vie plus difficilement que
la loche; et, quand on le prend, il fait entendre une
1. Voyage dans les Alpes, par Saussure, $ 1553.
DES POISSONS. 99
espèce de bruissement semblable à celui des balistes,
des trigles, des cottes, des zées, etc. Bloch, ayant
mis deux tænias dans un vase plein d’eau de rivière,
et dans le fond duquel il avoit étendu du sable , les
vit s’agiter sans cesse et remuer perpétuellement leurs
lèvres.
La chair des tænias est maigre et coriace; et d’ail-
leurs ils sont d’autant moins recherchés, que l’on ne
peut guère les saisir sans être piqué par les petits aï-
euillons situés auprès de leurs yeux. Mais s'ils ont
moins à craindre des pêcheurs que les loches, ils sont
la proie des persèques, des brochets et des oiseaux
d’eau.
Leur ligne latérale est à peine sensible ; ils n’attei-
gnent qu'à la longueur de quatre à huit pouces. Leur
dos est brun ; leurs côtés sont jaunâtres, avec quatre
rangées de taches brunes, inégales et irrégulières ; les”
pectorales et l’anale sont grises ; une nuance jaune
distingue les ventrales; la dorsale est jaune et ornée
de cinq rangs de points bruns; la caudale montre, sur
un fond gris, quatre ou cinq rangées transversales de
points; le foie est long; la vésicule du fiel petite ; le
canal intestinal sans sinuosités; l’épine du dos formée
de quarante vertèbres, et le nombre total des côtes
de cinquante-six.
Nous devons à M. Noël la description du cobite
trois-barbillons, qui se plaît dans les ruisseaux d’eau
courante et vive des environs de Rouen, et que l’on
trouve , vers l’équinoxe du printemps, gras et plein
d'œufs ou de laite. Sa partie supérieure est d’un roux
brun et parsemée de taches arrondies; l’inférieure est
d'un fauve clair, ainsi que les nageoires. La dorsale et
91 HISTOIRE NATURELLE
la nageoire de la queue sont pointillées de noïrûtre,
le long de leurs rayons".
1. Ô rayons à la membrane branchiale du cobite loche.
10 rayons à chaque pectorale.
9 rayons à la nageoire du dos.
8 rayons à celle de l'anus.
17 rayons à la nageoïire de la queue.
5 rayons à la membrane branchiale du cobite tænia.
11 rayons à chaque pectorale.
10 rayons à la nageoire du dos.
9 rayons à celle de l'anus.
17 rayons à la nageoïire de la queue.
DES POISSONS. O9
Dodpo ee Ho Lo
CENT CINQUANTE-CINQUIÈME GENRE.
LES MISGURNES.
Le corps et la queue cylindriques ; la peau gluante et
dénuée d’écailles facilement visibles; les yeux tres
rapprochés du sommet de la tête; des dents et des
barbillons aux mâchoires ; une seule dorsale; cette
nageoire très courte.
ESPÈCE. CARACTÈRES.
Six barbillons à la mâchoire supérieure ;
quatre barbillons à linféricure; huit
rayons à chaque ventrale.
Le Miscorxe rossise.
96 HISTOIRE NATURELLE
Loic EeEs1062ep 54
Be +7 de POP 20 PRES PO
LE MISGURNE FOSSILE”.
Cobitis fossilis, Linx., GuEL., Cuv. — Misgurnus
fossilis, Lacer.
CE poisson habite dans les étangs ; on ne le voit
du moins dans les lacs et dans les rivières que lors-
1. Loche d’étang , en France.
Fisgurn, en Allemagne.
Schlammpitzger, ibid.
Schlammbeisser, ibid.
Pritzker, ou pitzker, ou peissker, ibid.
Meertrusche, ibid.
Pfulfisch, ibid.
Schachtfeger, ibid.
Murdal , en Bohême.
Prizker, en Livonie.
Pihkste, ibid.
Grundel, en Pologne.
WVijun , en Russie,
Piskum , ibid. ;
Misgurn, en Angleterre.
Dootvjoo, au Japon.
Cobite misgurn, Daubenton et Hauy, Encyclopédie méthodique.
Id, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
Faun. Suecic. 343.
Mus. Ad. Frid. 1, p. 76.
« Cobitis aculeo bifurco, etc.» Gron. Act. Upsal. 1742, p. 79, t, 5.
Bloch, pl. 51, fig. 1.
« Cobitis cærulescens, etc,» Artedi, gen. 2, syn. 5.
DES POISSONS. ; 97
4
que le fond en est vaseux. Il perd difficilement la vie.
Il ne périt pas sous la glace, pour peu qu'il reste de
l’eau fluide au dessous de celle qui est gelée. Il ne
meurt pas non plus lorsqu'il se trouve dans un marais
que l’art ou la nature dessèchent, pourvu qu'il y
reste quelque portion d’eau, quelque bourbeuse
qu’elle puisse être : il se cache alors dans les trous
qu'il creuse au milieu de la fange. On le rencontre
souvent dans les cavités de la terre humide qui fai-
soit le fond d’un marais ou d’un étang dont on vient
de faire écouler l’eau. C’est ce qui a fait croire à
quelques auteurs qu'il s’engendroit dans la terre , et
qu'il n’alloit dans les rivières ou les lacs, que lorsque
les inondations l’atteignoient dans son asile et l’en-
traînoient ensuite. Mais au lieu de cette fable qui a
été un peu accréditée et qui lui a fait donner le nom
de Fossile, il auroit fallu dire que, d’après tous ces
faits, il paroissoit que le misgurne dont nous parlons
est beaucoup moins sensible que presque tous les au-
tres poissons, aux effets funestes des gaz qui se for-
ment au dessous de la glace, ou que produisent les
Misgurn , seu fisgurn , ct mustela fossilis. Willughby, pag. 118, et
p- 124.
Id. Raï, p. 69, n. 6; etp. 70, n. g.
Gronov. Zooph., p. 56, n. 201; Mus. 1, p. 2, n. 7.
Klein, Miss. Pisc. 4, p. 59, t. 15, fig. 3.
Mustela fossilis, Aldrovand. Pisc., p. 579.
Jonston , Pisc., p.154, tab. 28, fig. 8.
Maïsil. Danub. 4, p. 57, tab. 15, fig. 1.
Thermometrum vivum, Clauder, Ephem. nat. curios. dec. 2, an. 6.
p. 954, obs. 175, f. 71.
Beyszker, Gesn. Thierb., p. 160.
Pæcilia, Schonev., p, 56.
en) HISTOIRE NATURELLE
marais qui, au lieu d’eau courante ou tranquille , ne
présentent qu'une sorte de boue délayée et d’humi-
dité féditet,.
Cependant cet abdominal semble ressentir très vi-
vement les impressions que peuvent faire éprouver
aux habitants des eaux les vicissitudes de l’atmo-
sphère, et particulièrement les grandes variations que
montre dans certains temps l'électricité de l’air et de
la terre. On a remarqué que lorsque l'orage menace,
ce misgurne quitte le fond des étangs pour venir à
leur surface , et s’y agite, comme tourmenté par une
gène fatigante , ou par une sorte de vive inquiétude.
Cette habitude l’a fait garder avec soin dans des vases
par plusieurs observateurs. On l’a placé dans un vais-
seau rempli d'eau de pluie ou de rivière, et garni,
dans le bas, d’une couche de terre grasse. On a eu le
soin de changer la terre et l’eau tous les trois ou quatre
jours pendant l'été, et tous les sept jours pendant
l'hiver. On l’a mis pendant les froids dans une cham-
bre chaude , auprès de la fenêtre. On l’a gardé ainsi
pendant plus d’un an. On l’a vu rester tranquille pen-
dant le calme, sur la terre humectée, mais se remuer
fortement pendant la tempête, mème vingt-quatre
heures avant que l'orage n'éclatât, monter, descen-
dre, remonter, parcourir l’intérieur du vase en diffé-
rents sens , et en troubler le fluide. C’est d’après cette
observation qu'il a été comparé à un baromètre, et
qu'il a été nommé baromètre vivant.
Il parvient à la longueur d’un pied ou un pied et
1. Consultez le Discours que nous avons intitulé Des effets de l’art
de l’homme sur La nature des poissons.
DES POISSONS. 09
demi, et quelquefois il a montré celle de trois ou
quatre pieds. Ayant beaucoup de rapports par sa con-
formation extérieure avec la murène anguille, il n’est
pas surprenant qu'il puisse facilement , comme cette
dernière, s’insinuer dans la terre molle, et y prati-
quer des cavités proportionnées à son volume; et
c’est ce qui fait qu'il se retire dans la fange ou dans
la vase, non seulement lorsque le desséchement des
étangs ne lui permet pas de demeurer au dessus de
leur fond privé d’eau presque en entier, mais encore
lorsqu'il veut éviter une action trop vive du froid qui
paroît l’incommoder. Cette précaution qu'il prend de
se renfermer sous terre lorsque la température est
moins chaude, l’a fait appeler Thermomètre vivant,
comme les mouvements qu'il se donne lorsque le
temps est orageux, l'ont fait désigner par le nom de
Baromiire vivant ou anime.
Le misgurne fossile sort de son habitation souter-
raine lorsque le. printemps est de retour. Ïl va alors
déposer ses œufs ou sa laite sur les herbages de son
marais.
Il se nourrit de vers, d'insectes, de très petits pois-
sons, et de résidus et substances organisées qu'il trouve
dans la vase. Il multiplie beaucoup , et néanmoins il a
bien des ennemis à craindre. Les grenouilles l’atta-
quent avec succès, lorsqu'il est encore jeune; les
écrevisses le saisissent avec leurs pattes, et le pressent
assez fortement pour lui donner la mort; les persè-
ques, les brochets, le dévorent ; les pêcheurs le pour-
suivent. Îls le prennent rarement à l’hamecon, au-
quelil ne se détermine pas facilement à mordre ; mais
100 HISTOIRE NATURELLE
ils le pèêchent avec des nasses garnies d'herbes, avec
des filets et particulièrement avec la truble 1.
Il n'est cependant pas très recherché, parce que
sa chair est molle , imprégnée d’un goût de marécage,
et enduite d’un suc visqueux. On lui ôte cette sub-
stance gluante, en le plongeant dans un vase dont
l’eau contient du sel marin , ou des cendres. L'animal
s'y remue , s’y contourne, s’y tourmente , s’y purifie,
pour ainsi dire, et on le lave ensuite dans de l’eau
douce.
Cette matière gluante dont le misgurne fossile est
couvert, aussi bien que pénétré, influe sur ses cou-
leurs ; elle en détermine plusieurs nuances; suivant
1. La érable ou Le truble est un filet en forme de poche, dont Les bords
sont attachés à la circonférence d'un cercle de bois et de fer, auquel
on ajuste un manche. Un pêcheur qui aperçoït des poissons à une pe:
tite profondeur dans l'eau, passe le truble par dessous ces animaux,
et Le relève à l'instant, de manière qu'ils se trouvent pris dans la poche.
On se sert aussi du truble pour s'emparer des poissons pris dans les
bourdigues , où pour enlever ceux qui ont mordu à l’hameçon , maïs
qui par leur poids pourroïent rompre les lignes.
Les bourdigues sont composées de deux cloisons faites avec des pieux
ou des filets ; ces cloisons convergent vers le courant. On les élève
dans les canaux qui communiquent des étangs dans [a mer, pour
prendre les poissons qui veulent regagner l'eau salée.
Il y a des trubles carrés qui sont plus commodes pour prendre les
poissons renfermés dans des réservoirs particuliers.
Ceux que l’on nomme dans quelques endroits étiquettes , ou péches,
sont de petits filets dont la figure est semblable à celle d’un grand ca-
puchon. L'ouverture de cette sorte de capuchon est attachée à un cer-
ceau. ou à quatre bâtons suspendus au bout d'une perche. On amorce
cet instrument avec des vers de terre, qu'en enfile par le inilieu du
corps, et qu'on attache de manière que lorsque le filet est dans l’eau,
ils pendent à un ou deux décimètres du fond. On s'en sert pour pê-
cher des écrevisses , aussi bien que différentes espèces de poisson.
Le trubleau est un petit ou une petite truble.
DES POISSONS. 101
qu'elle est plus où moins abondante , elle en fait va-
rier quelques tons ; et comme les différentes eaux
peuvent, suivant leur pureté ou leur mélange avec
des substances étrangères, agir diversement sur cette
liqueur visqueuse, en dissoudre ou en emporter plus
ou moins, en diminuer plus ou moins la quantité et
l'influence, les couleurs du fossile varient suivant la
nature des eaux qu'il habite. Ce qui le prouve d’ail-
leurs, c’est que lorsqu'on nettoie avec de l'alcool,
ou de toute autre manière, le ventre de ce misgurne,
la belle couleur jaune de cette partie disparoît entie-
rement.
Voici cependant quelles sont les couleurs les plus
ordinaires de cet abdominal. Son dos est noirâtre; il
est orné de raies longitudinales jaunes et brunes sur
lesquelles on aperçoit quelques taches. Son ventre
brille d’une teinte orangée que relèvent des points
noirs. Les joues et les membranes branchiales sont
jaunes et parsemées de taches brunes. La dorsale, les
pectorales et la caudale montrent des taches noires
sur un fond jaune ; les ventrales et l’anale sont jaunes
ou jaunâtres.
Le museau du misgurne fossile est un peu pointu ;
l’orifice de sa bouche allongé ; chacune de ses mà-
choires garnie de douze petites dents ; sa langue me-
nue et pointue ; l’orifice de ses narines placé auprès
d’un piquant ; sa nuque large; sa caudale arrondie ;
sa dorsale courte, et plus près de la nageoiïre de la
queue que de la tête.
Ses écailles minces, légèrement rayées, demi-trans-
parentes, paroissent transmettre uniquement les nuan-
LACÉPEDE,. XI. 7
102 HISTOIRE NATURELLE
ces de la peau produites ou modifiées par la substance
visqueuse qui l’arrose 1.
L’estomac est petit ; le canal intestinal court et sans
sinuosités ; le foie long ; la vésicule du fiel grande;
l'ovaire double ainsi que la laite. Les œufs sont bru-
nâtres , et de la grosseur d’une graine de pavot.
Bloch a écrit que le fossile ne rejetoit pas de bul-
les d’air ou de gaz par la bouche ; qu’il en rendoit
par l’anus, et que cette différence venoit de ce que
ce poisson manquoit de vessie aérienne ou natatoire.
Il a pensé aussi que cet abdominal avoit auprès de
la nuque deux vésicules remplies d’une substance lai-
teuse. Mais le professeur Schneider ayant disséqué
plusieurs individus de l'espèce de misgurne que nous
décrivons, a montré que ce poisson n’avoit auprès
de la nuque qu'une seule vésicule ; que cette vésicule
étoit osseuse , déprimée dans le milieu et arrondie
dans les deux bouts, de manière à paroître double ;
qu'elle étoit attachée à la troisième et à la quatrième
vertèbre ; que ses apophyses ou ses appendices laté-
raux servoient de point d'attache aux muscles des na-
geoires péctorales ; que cette sorte de boîte osseuse
contenoit une véritable vessie aérienne ; que cette
vessie aérienne ou natatoire étoit peu volumineuse ,
simple , membraneuse, blanche; et qu’elle commu-
niquoit avec l’æsophage par un conduit très petit et
très court ?.
Ce savant professeur ajoute dans son excellent ou-
vrage , qu'il n’a jamais vu le misgurne fossile rendre
1. Voyez notre Discours sur la nature des poissons.
2. « Petri Artedi Synonymia piscium, etc. » ParJ. G. Schneider, etc.,
pages 5 el 557.
DES POISSONS. 103
des bulles d'air par l'anus, mais que cet abdominal
en rejette très souvent par la bouche, en faisant en-
tendre un bruissement très sensible ?,
1. Consultez notre Discours sur la nature des poissons.
2, 4 rayons à la membrane branchiale du misgurne fossile.
7 rayons à la dorsale.
11 rayons à chaque pectorale.
8 rayons à la nageoïre de l'anus.
14 rayous à celle de la queue.
48 vertèbres à l’épine du dos.
30 côtes de chaque côté de l'épine dorsale.
104 HISTOIRE NATURELLE
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CENT CINQUANTE-SIXIÈME GENRE.
LES ANABLEPS.
Le corps et la queue presque cylindriques ; des barbil-
lons et des dents aux mâchoires ; une seule nageoire
du dos; cette nageoire très courte; deux prunelles à
chaque œil.
ESPÈCE. CARACTÈRES.
Un barhillon à chacun des deux coins de
L'ANABLEPS SURINAM. | l'ouverture de la bouche; sept rayons à
chaque ventrale.
DES POISSONS. 105
4-9 573.69 F9 PeR0.Pobo EC Po.Hobe se pISe wo #00 60: G0-De E9 POP PoO GI TLODaaBEr sn
L'ANABLEPS SURINAM”.
Anableps tetrophthalmus , Biocu. — Anableps surinu-
mensis, LaAcEp. — Cobitis Anableps, Linx. , Guer.
ON trouve à Surinam , dans les rivières, et près des
rivages de la mer, ce poisson très digne de l'attention
des physiciens par les singularités de sa conformation.
On peut voir dans le second volume des Mémoires de
la classe des sciences physiques et mathématiques de
l’Institut national, une notice que nous avons lue
devant nos confrères en juillet 1797, sur ce poisson
remarquable, et particulièrement sur la structure ,
extraordinaire de son organe de la vue. Nous allons
réunir ici à ce que nous avions découvert dans la
conformation de cet animal, lors de cette époque,
1. Gros-yeux, par plusieurs François.
Vier-auge, par les Allemands.
Four-eye, par les Anglois.
Hoogkiker, par les Hollandois de Surinam.
Coutui, par les nègres de la même contrée.
Cobite gros-yeux, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique.
Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
Mus. Ad. Frid. 2, p. 95.
Anableps, Artedi, gen. 25, syn, LS.
Id. Séba, mus. 3, p. 108, tab. 54, fig. 7.
Anableps tetrophthalmus , Bloch , pl. 561, fig. 1,2, 5 et 4.
Anableps , Gronov. Mus. 1, n. 52, tab, 1, fig. 1-5.
106 HISTOIRE NATURELLE
ce que nous avons appris depuis sur le même sujet.
La tête de l’anableps surinam est couverte de pe-
tites écailles, plus large que haute, et comme tron-
quée et mème échancrée par devant. La mâchoire
supérieure, plus avancée que l’inférieure, s’allonge et
se replie vers le bas. Ces deux mâchoires, la langue
et le palais sont hérissés de petites dents. On ne
compte qu’un orifice à chaque narine.
Mais l'œil de cet anableps est l’organe de ce pois-
son qui mérite le plus l'examen de l'observateur.
Voici ce que nous en avons publié dans l'ouvrage que
nous venons de citer :
« L’œil de l’anableps est placé dans une orbite dont
» le bord supérieur est très relevé ; mais il est très
» gros et très saillant.
» Si l’on regarde la cornée avec attention, on voit
» qu’elle est divisée en deux portions très distinctes,
» à peu près égales en surface , faisant partie chacune
» d’une sphère particulière, placées l’une en haut et
» l’autre en bas, et réunies par une petite bande
» étroite, membraneuse , peu transparente, et qui est
» à peu près dans un plan horizontal, lorsque le pois-
» son est dans sa position naturelle.
» Si l’on considère ensuite la cornée inférieure,
» on apercevra aisément au travers de cette cornée
» un iris et une prunelle assez grande au delà de la-
» quelle on voit très facilement le cristallin. Cet iris
» est incliné de dedans en dehors, et il va s'attacher
+ à la bande courbe et horizontale qui réunit les deux
» cornées.
at
» Il a été vu par Artédi, ainsi que les deux cornées;
» mais là cesse la justesse des observations de cet ha-
DES POISSONS. | 107
» bile naturaliste, qui n’a eu apparemment à sa dispo-
» sition que des individus mal conservés. S'1l avoit
» examiné des anableps moins altérés, il auroit aperçu
» un second iris percé d’une seconde prunelle , placé
» derrière la cornée supérieure, comme le premier
» iris est situé derrière la cornée d’en bas, et abou-
» tissant également à la bandelette courbe et horizon-
» tale qui lie les deux cornées1,
» Les deux iris se touchent dans plusieurs points
» derrière cette bandelette, Ils sont les deux plans
» qui soutiennent les deux petites calottes formées
» par les deux cornées, et sont inclinés l’un sur l’autre,
» de manière à produire un angle très ouvert,
» Dans tous les individus que j'ai examinés, la pru-
» nelle de l'iris supérieur m'a paru plus grande que
» celle de l’inférieur ; et, d’après la différence de leurs
» diamètres, il n’est pas surprenant que l’on voie le
» cristallin encore mieux au travers de cette ouverture
» qu'au travers de la seconde, Il semble même quel-
» quefois qu’on aperçoive deux cristallins ; et c’est ce
» qui justifie, jusqu’à un certain point, l’opinion de
» ceux qui ont pensé que chaque œil étoit double. Mais
» ce n’est qu'une illusion d'optique, dont je me suis
» assuré en disséquant plusieurs yeux d’anableps, et
» qu'il est aisé d'expliquer.
» En effet, la réfraction produite par la différence
» de densité qui se trouve entre les humeurs inté-
» rieures de l'œil et le fluide extérieur qui le baigne,
1. Depais la lecture de ce Mémoire à la classe des sciences physiques
ct mathématiques de l’Enstitut, nous avons reçu en France la partie
de l'Ichthyologie de Bloch dans laquelle ce savant à donné une de-
scription très détaillée de l'œil de l'anableps surinam.
>
=
=
S
>
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Ÿ
>
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S
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ÿ
[4
C4
A
108 HISTOIRE NATURELLE
doit faire que ceux qui examinent l'œil de l’anableps
sous un certain angle voient le cristallin plus élevé
qu'il ne l’est réellement , s'ils le considèrent par
l'ouverture de l'iris supérieur, et plus abaissé, au
contraire , s'ils le regardent par l’ouverture de l'iris
inférieur. Lorsqu'ils Pobservent en même temps par
les deux ouvertures , ils laperçoivent à la fois plus
haut et plus bas qu'il ne l’est dans la réalité ; et ils
le voient en haut et en bas à une assez grande dis-
tance de sa véritable place, pour que les deux images
se séparent , et que le cristallin paroisse double. Il
n’y a donc qu'un seul organe de la vue de chaque
côté ; car chaque œil n'a qu'un cristallin, qu’une
humeur vitrée et qu'une rétine : mais chaque œil a
plusieurs parties principales doubles, une double
cornée, une double cavité pour l'humeur aqueuse,
un double iris, une double prunelle ; et c’est ce que
personne n’avoit encore vérifié ni même indiqué, et
qu'on ne retrouve dans aucune classe d'animaux ver-
tébrés et à sang rouge.
» Chaque cornée appartenant à une sphère parti-
culière, le centre de leurs courbures n’est pas le
mème; et, comme le cristallin est sensiblement sphé-
rique, ainsi que dans presque tous les poissons, il
n’y a pas, dans ce dernier corps, deux réfractions
différentes , l’une pour les rayons qui ont traversé la
première cornée, et l’autre pour ceux qui ont passé
au travers de la seconde. Il doit donc y avoir sur la
rétine deux foyers principaux , à l’un desquels ar-
rivent les rayons qui viennent de la cornée supé-
» rieure , et dont l’autre reçoit ceux qu'a laissé passer
» la cornée inférieure. Voilà donc encore un foyer
»)
DES POISSONS. 109
double à ajouter à la double cornée, à la double
cavité, au double iris, à la double prunelle ; mais ce
foyer et ces autres parties doubles appartiennent au
même organe, et il faut toujours dire que l'animal
n’a qu'un œil de chaque côté.
» Les iris de plusieurs espèces de poissons parois-
sent ne pouvoir pas se dilater, ni diminuer par leur
extension l'ouverture à laquelle le nom de prunelle
a été donné : mais je me suis convaincu que ceux
de plusieurs autres espèces de ces animaux s’éten-
dent et raccourcissent les dimensions de la pru-
nelle. Le plus souvent même ces derniers iris sont
organisés de manière que la prunelle, comme celle
de plusieurs quadrupèdes ovipares, de plusieurs ser-
pents, de plusieurs oiseaux et de quelques quadru-
pèdes à mamelles, diminue au point de ne laisser
passer qu'un très petit nombre de rayons de lumière,
en se changeant en une fente très peu visible, ver-
ticale ou horizontale ; et cette organisation peut,
dans certains poissons, compenser jusqu'à un cer-
tain degré le défaut de véritables paupières et de
vraies membranes clignotantes, que de savants na-
turalistes ont cru voir sur plusieurs de ces animaux,
mais qui ne se trouvent cependant peut-être sur au-
cune de leurs espèces.
» Je ne puis pas dire positivement que les iris de
l’anableps soient doués de cette extensibilité. Néan-
moins une comparaison attentive, et l'habitude que
m'ont donnée plusieurs années d'observations ich-
thyologiques, de distinguer, dans les parties des
poissons, des traits assez déliés, me font croire que
110 HISTOIRE NATURELLE
» les dimensions des prunelles de l’anableps peuvent
C4
»
aisément être diminuées.
» Il faut remarquer que cet abdominal passe une
partie de sa vie caché presque en entier dans la vase,
comme les poissons de sa famille, et que, dans cette
position , il ne peut apercevoir que des objets situés
au dessus de sa tête; mais qu’assez souvent cepen-
dant il nage près de la surface des eaux, et doit alors
chercher à voir, au dessous du plan qu'il occupe,
les petits vers dont il se nourrit, et les grands pois-
sons dont il craint de devenir la proie.
» Si l’on étoit assuré de la dilatabilité de ses iris,
on pourroit donc croire que, lorsqu'il est très voi-
sin de la surface des eaux, l'iris supérieur, exposé
à une lumière plus vive, se dilate au point de ré-
duire la prunelle supérieure à une petite fente, et
que le poisson voit nettement alors , par la prunelle
inférieure beaucoup moins resserrée , les corps pla-
cés au dessous du plan dans lequel il se meut, les
images de ces corps ne se confondant plus avec des
impressions de rayons lumineux que ne laisse plus
passer la prunelle supérieure.
» On pourroit penser de même que, lorsqu’au con-
traire l’anableps est caché en partie dans le limon
du fond des eaux, son iris supérieure, très peu
éclairé, se contracte, sa prunelle supérieure s’agran-
dit en s’arrondissant , et le poisson discerne les ob-
jets flottants au dessus de lui, sans que sa vision soit
troublée par les effets de la prunelle inférieure , pla-
cée alors , pour ainsi dire, contre la vase , et privée,
par sa position, de presque toute clarté.
DES POISSONS. 111
» Au reste, on doit être d'autant plus porté à attri-
» buer aux iris de l’anableps la propriété de se dilater,
» que, sans cette faculté , les deux foyers du fond de
» l'œil de cet animal seroient souvent simultanément
» ébranlés par des rayons lumineux très nombreux.
» Mais comment alors la vision ne seroit-elle pas très
» troublée, et comment pourroit-il distinguer les objets
» qu'il redoute , ou ceux qu'il recherche?
» D'ailleurs , sans cette même extensibilité des iris,
» la prunelle supérieure seroit, pendant la vie de l’ani-
» mal, presque aussi grande que dans les individus
» conservés, après leur mort, dans de l’alcool affoibli :
» dès lors, non seulement il y auroit souvent deux
» foyers simultanément en grande activité , et par con-
» séquent une source de confusion dans la vision ; mais
» encore il est aisé de se convaincre , par l’observa-
» tion de quelques uns de ces individus conservés
» dans de l’alcool, qu'une assez grande quantité de
» lumière, passant par la prunelle supérieure, arrive-
» roit souvent jusqu'au fond de l'œil et jusqu’à la ré-
» tine sans traverser le cristallin , pendant que ce cris-
» tallin seroït traversé par d’autres rayons lumineux
» transmis par cette même prunelle supérieure ; et la
» vision de l’anableps ne seroit-elle pas soumise à une
» cause perturbatrice de plus ?
» Mais la plupart de ces dernières idées ne sont que
» des conjectures ; et je regarde uniquement comme
» prouvé, que si l’anableps n’a pas deux yeux de chaque
» côté , il a dans chaque œil deux cornées, deux ca-
» vités pour l'humeur aqueuse, deux iris, deux pru-
» nelles, et deux foyers de rayons lumineux. »
112 HISTOIRE NATURELLE
Bloch a examiné des fœtus d’anableps ; et il a vu
que, dans ces embryons, les deux prolongations de
la choroïde ne se réunissant pas, et la bande trans-
versale n'étant pas encore sensible , on ne distinguoit
pas les deux prunelles comme dans l'animal plus
; À
avancé en âge.
Le corps du surinam est un peu aplati par dessus:
mais sa queue est presque entièrement cylindrique.
On aperçoit à peine la ligne latérale ; l'anus est plus
près de la caudale que de la tête; la dorsale est en-
core plus voisine de cette caudale qui est arrondie :
ces deux nageoires, ainsi que celle de Panus et les
pectorales, sont revêtues en partie de petites écailles.
Les petits de cet anableps sortent de l’œuf dans le
ventre de la mère, comme ceux desraies, des squales,
de quelques blennies, etc. ; l’ovaire consiste dans deux
sacs inégaux, assez grands et membraneux, dans les-
quels on a trouvé de jeunes individus non encore
éclos, renfermés dans une membrane très fine et trans-
parente qui forme l'enveloppe de leur œuf, et placés
au dessus d’un globule jaunâtre.
La nageoire de l’anus du mâle offre une conforma-
tion que nous ne devons pas passer sous silence. Elle
est composée de neuf rayons : mais on n'en voit bien
distinctement que les trois ou quatre derniers; les
autres sont réunis au moins à demi avec un appen-
dice conique couvert de petites écailles, et placé au-
devant de la nageoire. Cet appendice est creux, percé
par le bout, et communique avec les conduits de la
laite et de la vessie urinaire. C’est par l’orifice que
l'on voit à l'extrémité de ce tuyau, dont la longueur
DES POISSONS. ; 113
égale la hauteur de l’anale , que lanableps surinam
rend son urine, et laisse échapper sa liqueur sémi-
nale, au lieu de faire sortir l’une et l’autre par l’anus,
comme un si grand nombre de poissons.
Les jeunes anableps éclosant dans le ventre de la
mère , il est évident que les œufs sont fécondés dans
l'ovaire, et par conséquent qu'il y a un véritable ac-
couplement du mâle et de la femelle. Cette union
doit être même plus intime que celle des raies, des
squales, de quelques blennies, de quelques silures,
parce que le mâle de l’anableps surinam a un organe
génital extérieur dont il paroît que l'extrémité, mal-
oré la position de cet appendice contre l’anale, peut
être un peu introduite dans l'anus de la femelle.
La laite est double, mais petite à proportion de la
grandeur du mâle. En général, les poissons qui s’ac-
couplent, et qui ne fécondent que les œufs renfermés
dans les ovaires de la femelle, paroïssent avoir une
laite moins volumineuse que ceux qui ne s’accouplent
pas, et qui parcourent les rivages pour répandre leur
liqueur prolifique sur des tas d'œufs pondus depuis
un temps plus ou moins long.
L'’estomac est composé d’une membrane mince; le
canal intestinal montre quelques sinuosités , et le foie
a deux lobes.
De chaque côté de l’animal, on compte cinq raies
longitudinales noirâtres qui se réunissent souvent vers
la nageoïre de la queue.
L’anableps surinam multiplie beaucoup; et les habi-
tants du pays où on le trouve aiment à s’en nourrir.
Il vit dans la mer ; il s’y tient souvent à la surface,
et la tête hors de l’eau. Il se plaît aussi à s’élancer sur
11/4 HISTOIRE NATURELLE
la grève, d’où il revient en sautillant, lorsqu'il est
effrayé par quelque objet 1.
1. D rayons à la membrane branchiale de l’anableps surinam.
7 rayons à la dorsale.
22 rayons à chaque pectorale.
9 rayons à la nageoïre de l'anus.
19 rayons à celle de la queue.
D QE ——
DES POISSONS. 115
290 5 12 22-20 50 4 695059 3 04019240 059 P0 0.500 YO L0H0 10404069 oo Woo Ho dodo Po 00 LEO
CENT CINQUANTE-SEPTIÈME GENRE.
LES FUNDULES.
Le corps et la queue presque cylindriques; des dents
et point de barbillons aux mâchoires ; une seule na-
geoire du dos.
ESPÈCES. CARACTÈRES.
Six ravons à chaque ventrale; les écailles
1. Le Fonoure Muprisu. grandes et lisses ; des points blancs sur la
nageoire du dos et sur celle de l'anus.
2. Le Funouce saponois. | Huit rayons à chaque ventrale.
116 HISTOIRE NATURELLE
Dovrsheperepstepapare Beat Des MST es FAITES OSeTrESSeDeSEpEETEES
LE FUNDULE MUDFISH!,
Fundulus Mudfish, Lacer. — Fundulus cœniculus,
Vaz.,Cuv.—Cobiüis heteroclita, Linn., Guer.
ET
LE FUNDULE JAPONOIS”*.
Fundulus japonicus , Lacer. — Cobitis japonica, Lin. , GMez.
La Caroline est la patrie du mudfish. Sa tête, garnie
de petites écailles, est un peu aplatie. La nageoire dor-
sale est à peu près aussi reculée que celle de l'anus.
Les taches rondes et blanchâtres que l’on voit sur ces
deux nageoires sont transparentes. La caudale est aussi
très diaphane sur ses bords; elle est d’ailleurs arron-
die, et présente non seulement des taches blanches,
mais encore des bandes transversales noires. Le des-
sous de l’animal montre une nuance jaunâtre.
Le japonois, qui a été décrit par le savant Houttuyn.
1. Cobite limoneux, Daubenton et Haüy, Encyciopédie méthodique.
2. Houttuyn. Act. Haarl. XX , 2, p. 557, n. 26.
DES POISSONS. 117
n’a pas deux décimètres (huit pouces) de longueur.
Sa grosseur est très peu considérable, ainsi que celle
du mudfish 1.
tr. 5 rayons à la membrane branchiale du fundule mudfish.
12 rayons à la nagcoire du dos.
16 rayons à chaque pectorale.
10 rayons à la nageoire de l'anus.
25 rayons à la nageoïre de la queue.
12 rayons à la dorsale du fundule japonois,
11 rayons à chaque pectorale.
9 rayons à la nagcoire de l'anus.
20 rayons à celle de la queue.
LACFPEDE. XL,
(o»)
115 HISTOIRE NATURELLE
RS 1 |
rep
EBEBES TABLES
CENT CINQUANTE-HUITIÈME GENRE.
LES COLUBRINES.
La tête irès allongée; sa partie supérieure revêiue
d’écuilles conformées et disposées comme celles qui
recouvrent le dessus de la tête des couleuvres ; le corps
trés allongé ; point de nageoire dorsale.
CARACTÈRES.
AE aan La rene fe caudale fourchue; la couleur générale
++ i d'un argenté bleuâtre et sans Laches.
ESPÈCE.
DES POISSONS. 119
0608226844 5000498953 289804-00 04 O9 HOILOT OMG ED HO 4 LITE SL CH HO O LEO 08 OS NINQ LS EQ
LA COLUBRINE CHINOISE.
Colubrina chinensis, Lacer.
LA collection des belles peintures exécutées à la
Chine, et cédées à la France par la Hollande, ren-
ferme une image très bien faite de cette espèce, pour
laquelle nous avons dû former un genre particulier.
Ses caractères génériques et ses principaux traits spé-
cifiques sont indiqués sur le tableau de son genre. II
montre, ce tableau, combien la colubrine chinoise
a de rapports avec les couleuvres. Le défaut de la na-
geoire du dos, la couverture de la tète, l'allongement
de la tête et du corps, lui donnent surtout beaucoup
de ressemblance avec les serpents ; et par conséquent
ses habitudes doivent se rapprocher beaucoup de celles
des cobites, des cépoles, des murènes, des muréno-
phis, et des autres poissons que l’on désigne par l’épi-
thète de Serpentiformes.
Les nageoires ventrales de la chinoise sont très près
de l'anus; cet orifice est trois fois plus éloigné de la
tête que de la caudale; elle a une nageoiïre au delà
de cette ouverture, et les séparations de ses petits
muscles obliques sont très sensibles sur la partie sn-
périeure de son corps et de sa queue.
120 HISTOIRE NATURELLE
ef Woo 36089 FISOS TER.
HePOrTOS POELE REROE HAT TDOR ETAT EE PER RER ÉD ES
CENT CINQUANTE-NEUVIÈME GENRE.
LES AMIES.
La tête dénuée de petites écailles, rude, recouverte de
grandes lames que réunissent des sutures très mar-
quées ; des dents aux mâchoires et au palais ; des bar-
billons à la mâchoire supérieure; la dorsale longue,
basse et rapprochée de la caudale; l’anale très courte;
plus de dix rayons à la membrane des branchies.
ESPÈCE. CARACTÈRES.
L'AMIE CHAUVE. La ligne latérale droite: la caudale arrondie.
le)
DES POISSONS. 121
4-0 {pape dre
L'AMIE CHAUVE"
Amia calva, Lann., Guec., Lacer., Cuv.
00e ES G Ho
8
CETTE amie vit dans les eaux douces de la Caroline.
Elle doit y préférer les fonds limoneux, puisqu'on
l'y a nommée poisson de vase (Mudfish). De petites
écailles recouvrent son corps et sa queue : mais sa
tête paroît comme écorchée, et montre à découvert
les os qui la composent. Les opercules sont arrondis
dans leur contour, et presque osseux. On peut voir,
A] e
auprès de la gorge, deux petites plaques osseuses et
striées du centre à la circonférence. Les pectorales
et l’anale ne sont Suere plus grandes que les ven-
trales. Ces dernières nageoires sont à une distance
presque égale de la tête et de la nagcoire de la queue.
La mâchoire inférieure est un peu plus avancée
que la supérieure , au dessus de laquelle on compte
deux barbillons.
L'amie chauve parvient à une longueur un peu con-
sidérable, Mais il paroît que le goût de sa chair n’est
pas assez agréable pour qu'elle soit très recherchée?.
1. Mudfish, dans la Caroline.
Amie téle-nue, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique.
Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
2. 12 rayons à la membrane branchiale de l'amie.
42 rayons à la aageoïire du dos.
15 rayons à chaque pectorale.
7 rayons à chaque veutrale.
10 rayons à la nagcoire de anus.
20 rayons à celle de la queuc.
122 HISTOIRE NATURELLE
ere»,
BE SD FERA LOT SEAL NT COR EGC TOR ET EPST EE SUB ER OÙ CP OLAR ET SBOR BAS 09
CENT SOIXANTIÈME GENRE.
LES BUTYRINS.
La tête dénuée de petites écailles, et ayant de longueur
à peu près le quart de la longueur totale de l'animal ;
une seule nageaire sur le dos.
ESPÈCE. CARACTÈRES.
La caudale fourchue ; quatre raies longitu-
Le BuTyriN BANANE, dinales et ondulées de chaque côté du
dos.
DES POISSONS. 129
bo tu Be go de ge Boabc si ee Dos Doope dc Hepadpo he opera pepotod)o nor Wa sp eva es Pa
LE BUTYRIN BANANE!
Butyrinus Bananus, Coum., Lacer., Ouv. — Esox
Vulpes, Linx. — Clupea brasiliensis, Albula go-
norynchus et Amia immaculata, Biocn, Scan. —
Clupea macrocephala, Lacer.
Nous avons trouvé dans les manuscrits de Com-
merson une description courte, mais précise, de ce
poisson, que les naturalistes ne connoissent pas en-
core. Nous avons dù inscrire ce butyrin dans un genre
particulier, que nous avons placé à la suite des amies,
parce que ce banané a beaucoup de rapports avec ces
abdominaux par la nudité de sa tête, pendant que la
longueur de cette même partie l’en sépare d’une ma-
nière très distincte. Nous ne pouvons ajouter qu’un
trait à ceux que nous avons indiqués sur le tableau
générique , c'est que le butyrin banané a une ligne
latérale presque droite.
1. Butyrinus , poisson banané. Cominerson , manuscrits déjà cités.
12/4 HISTOIRE NATUREELE
Ce8%5065082#9
28e 500 k 4 69 De 80.02 000 D< D
CENT SOIXANTE-UNIÈME GENRE.
LES TRIPTÉRONOTES.
Trois nageoires dorsales ; une seule nagoeoire de l'anus.
ESPÈCE. CARACTÈRES.
La tête dénuée de petites écailles ; la mâ-
Le TRirTÉRONOTE ( choire supérieure beaucoup plus avancée
HAUTIN, | que l'inférieure , et terminée par une pro-
longation pointue.
DES POISSONS. 125
CE 6 D 58 98 OP 04
LE TRIPTÉRONOTE HAUTIN!.
Tripteronotus Hautin, Lacer.
TS D ———
RonpELËT a donné un dessin de cette espèce de
poisson, dont il avoit vu un individu à Anvers. Nous
avons mis cet abdominal dans un genre particulier,
et nous avons désigné ce genre par le nom de Trip-
téronote, pour indiquer le caractère.remarquable que
lui donne le nombre de ses nageoires du dos. On ne
connoît en effet que très peu de poissons qui aient
trois nageoires dorsales : le hautin est le seul des ab-
dominaux qui en ait montré trois aux naturalistes ; et
malgré la présence de ce triple instrument de nata-
tion , il n'a qu'une nageoire de l’anus, pendant qu’on
compte ordinairement deux anales, lorsqu'il y a trois
nageoires du dos.
Toutes les dorsales et l’anale du hautin sont trian-
gulaires , et à peu près de la même grandeur. Sa cau-
dale est grande et fourchue. Les ventrakes sont plus
rapprochées de cette nageoire de la queue que de
la tête. Le corps est recouvert, ainsi que la queue,
d’écailles assez petites. L’opercule est arrondi; l'œil
gros; le museau très long, menu, pointu, noir et mou;
l’ouverture de la bouche assez étroite.
1, Haulin, Rondelet, seconde partie, chap. 17.
126 HISTOIRE NATURELLE
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CENT SOIXANTE-DEUXIÈME GENRE.
LES OMPOKS.
Des barbillons et des dents aux mäâchoires; point de
nageoires dorsales ; une longue nageoire de l’anus.
ESPÈCE. CARACTÈRES.
La mâchoire inférieure plus avancée que la
L'Ompor siruROÏDE. , supérieure ; deux barbillons à la mâ-
choire d’en haut.
DES POISSONS. 127
L'OMPOK SILUROIÏDE.
Ompok siluroides , Lacer.
Nous avons trouvé un individu de cette espèce
parmi les poissons desséchés de la collection donnée
à la France par la Hollande. Une inscription attachée
à cet individu indiquoit que le nom donné à cette es-
pèce dans le pays qu'elle habite, étoit Ompok ; nous
avons fait son nom générique, et nous avons tiré son
nom propre de ses rapports avec les silures. Sa de-
sciption n’a encore été publiée par aucun naturaliste.
Plusieurs rangs de dents grandes, acérées, maïs iné-
gales, garnissent ses deux mâchoires!. Les deux bar-
billons que l’on voit auprès des narines ont une lon-
gueur à peu près égale à celle de la tête. L’anale est
assez longue pour s'étendre jusqu’à la nageoïre de la
queue; mais elle ne se confond pas avec cette der-
7
nière.
1. 9 rayons à la membrane branchiale de l'ompok siluroide.
1 rayon aiguillonné et 11 rayons articulés à chaque pectorale.
96 rayons à [a nageoire de l'anus.
17 rayons à celle de la queue.
125 HISTOIRE NATURELLE
popo os He Bo oo Hooo
NOMENCLATURE
Des Silures, des Macroptéronotes , des Malaptérures , des Pimélodes,
des Doras, des Pogonathes, des Gataphractes, des Plotoses, des
Agénéioses, des Macroramphoses et des Gentranodons.
Ox a décrit jusqu’à présent, sous le nom de Silures,
un très grand nombre de poissons de l’ancien ou du
nouveau continent, très propres à exciter la curiosité
des physiciens par leurs formes et par leurs habitu-
des : mais plusieurs de ces animaux diffèrent trop de
ceux avec lesquels on les a réunis, pour que nous
ayons dû laisser subsister une association qui auroit
jeté de l'obscurité dans la partie de l’histoire naturelle
dont nous nous occupons, et donné des idées fausses
sur les rapports qui lient les objets de notre étude.
Bloch avoit déjà senti qu'il falloit diviser le genre si-
lures établi par les naturalistes qui l’avoient précédé,
et il avoit séparé des vrais silures les abdominaux
qu'il a nommés Platystes, et ceux qu'il a appelés
Cataphractes. Cependant, pour peu qu’on lise avec
attention l'ouvrage de Bloch, et qu’on réfléchisse aux
principes qui nous ont dirigés dans nos distributions
méthodiques, on verra aisément que nous n’avons pu
nous contenter de ces deux sections formées par
Bloch, ni même les adopter sans quelques modifi-
cations. D'un autre côté, rous avions à classer des
DES POISSONS. | 129
espèces que l’on n’avoit pas encore décrites, et qui
sont plus ou moins voisines des véritables silures.
D’après ces considérations , nous avons cru devoir dis-
tribuer ces différents animaux dans onze genres diffé-
rents. Tous ces poissons ont la tête couverte de lames
grandes et dures, ou revêtue d'une peau visqueuse.
Leur bouche est située à l’extrémité de leur museau.
Des barbillons garnissent leurs mâchoires, ou le pre-
mier rayon de leurs pectorales et celui de la nageoire
de leur dos sont durs, forts, et souvent dentelés, ou
du moins le premier rayon de l’une de ces nageoires
présente cette dureté, cette force, et quelquefois
une dentelure. Leur corps est gros; une mucosité
abondante enduit et pénètre presque tous leurs té-
guments. Mais nous ne regardons comme de vérita-
bles silures que ceux dont la dorsale est très courte
et unique, et qui par ce trait de conformation, ainsi
que par plusieurs autres caractères, ont de très grands
rapports avec le Glanis, que tant d'auteurs n’ont dé-
signé pendant long-temps que par le nom de Silure.
Nous placons dans un second genre ceux qui, de
même que la Charmuth du Nil, ont une dorsale uni-
que , mais très longue. Nous réservons pour un troi-
sième , l'espèce que les naturalistes appellent encore
Silure électrique, qui ne montre qu’une nageoire du
dos , mais sur laquelle cette dorsale n’est qu’une sorte
d’excroissance adipeuse , et s'élève très près de la cau-
dale. Un quatrième genre renfermera le Bagre et les
autres espèces voisines de ce dernier, qui ont, comme
ce poisson, une nageoire du dos soutenue par des
rayons, et une seconde dorsale uniquement adipeuse.
Nous formons le cinquième de ceux qui, indépen-
130 HISTOIRE NATURELLE
damment d’une dorsale rayonnée et d’une seconde
dorsale simplement adipeuse, ont une portion plus
ou moins considérable de leurs côtés garnie d’une
sorte de cuirasse que forment des lames larges, dures
et souvent hérissées de petits dards. Nous avons ins-
crit dans le sixième genre les espèces dont on devra
la connoissance à Commerson, et qui, présentant
deux nageoires dorsales soutenues par des rayons, ont
de plus leurs côtés relevés longitudinalement par des
lames ou des écailles particulières. On verra, dans le
septième, le callichte et tous ceux des poissons dont
nous nous occupons, qui ont de grandes lames sur
leurs côtés, deux nageoires sur le dos, des rayons à
chacune de ces nageoires, et qui n’offrent qu’un seul
rayon dans leur seconde dorsale. Le huitième renfer-
mera ceux dont la queue très longue est bordée d’une
seconde dorsale et d’une anale confondues l’une et
l’autre avec la caudale. Ils ont un instrument de nata-
tion d’une grande énergie, et une rame puissante leur
imprime des mouvements plus rapides que ceux de
leurs analogues qui ont reçu la même force et le même
volume. Dans le neuvième seront rangés ceux qui ont
deux nageoires dorsales dont la seconde est adipeuse,
et qui sont dénuées de barbillons. Au dixième appar-
tiendront les espèces qui ont deux nageoires dorsales
fortifiées l’une et l’autre par des rayons, le premier
rayon de la première de ces dorsales, très long , très
fort et dentelé, le museau très allongé relativement à
leurs dimensions générales, et les mâchoires sans bar-
billons. On trouvera enfin, dans le onzième , les es-
pèces qui, n'ayant pas recu de barbillons, élèvent
sur leur dos deux nageoires maintenues par des
DES POISSONS. 131
rayons plus ou moins nombreux , n’ont pas de dents
à leurs mâchoires, et closent les cavités de leurs
branchies avec des opercules armés d’un ou de plu-
sieurs piquants.
Nous conservons ou nous donnons à ces genres les
noms suivants.
Nous nommons le premier, Silure ; le second,
Macroptéronote ? ; le troisième, Malaptérure 5; le
quatrième, Pimélode #; le cinquième, Doras 5; le
sixième Pogonathe 5; le septième, Cataphracte; le
huitième, Plotose 7 ; le neuvième, ÆAgenéiose $; le
dixième, Macroramphose ?, et le onzième, Centra-
nodon 1.
Voyons de près ces onze groupes. En suivant les
limites que nous venons de tracer autour d'eux, nous
recevrons et nous conserverons sans peine des idées
distinctes de leurs attributs; et nous reconnoîtrons
clairement, dans les différentes espèces de ces genres,
les formes, les organes, les dimensions, les facultés,
les habitudes, qui leur ont été départis par la nature.
5. Le mot grec siluuros indique la rapidité avec laquelle les silures
peuvent agiter leur queue.
2. Le mot macroptéronote exprime la longueur de la nagcoïfe da dos.
5. Nous avons tiré le nom de mataptérure de malacas , mou , pterun,
nageoire, el ura , queue,
4. Pimelodes, en grec, signifie adipeux.
5. Doras veut dire cuirasse.
6. Pogonathe vient ae pogon, barbe, et de gnathos, mâchoire.
7. Plotos veut dire qui nage avec facilité.
8. Agencios signifie sans barbe.
9. Macrcramphose vient de macros , long. et de ramphos, museau.
10. Centron signifie aiguillon, cl'anodon, qui n'a pas de dents.
122 HISTOIRE NATURELLE
29 80 0 6H020 500 D F0 DP0 BAPE OP HE P0 LEO Bose HSLER 68080 PO BOSc DS
CENT SOIXANTE-TROISIÈME GENRE.
LES SILURES.
La tête large, déprimée, et couverte de lames grandes
et dures, ou d’une peau visqueuse; la bouche à l’ex-
trémité du museau; des barbillons aux mächoires ;
le corps gros; la peau enduite d’une mucosité abon-
dante; une seule nageotre dorsale; cette nageoire
très courte.
— "ee
PREMIER SOUS-GENRE,.
La nageotre de la queue rectiligne , ou arrondie, et sans échancrure.
ESPÈCES. CARACTÈRES.
Deux barbillons à la mâchoire supérieure ;
quatre barbillons à la mâchoire infé-
1. LE SILURE GLANIS. rieure ; cinqrayons à la nageoire du dos;
quatre-vingt-dix rayons à celle de l'anus :
la caudale arrondie.
Un large barbillon à chaque angle de la
bouche ; quatre barbillons à l'extrémité
de la mâchoire inférieure ; cinq rayons à
la dorsale ; six rayons à l'anale; plusieurs
rangées longitudinales de verrues sur la
queue ; la caudale arrondie.
{Deux barbillons à la mâchoire supérieure ;
deux à l'inférieure, cinq rayons à la na-
geoire du dos, quatre-vingt-deux à celle
de l'anus.
Le]
LE SILURE VERRUQUEUX.
3. LE SILURE ASOTE.
uatre barbi s à ci D ire :
RTS M LE A (Q rbillons à chaque mâchoire ; la
| caudale arrondie.
DES POISSONS. 1959
SECOND SOUS-GENRE.
La nageotre de la queue fourchue, ou échancrée en croissant.
ESPÈCES,
6. LE SILURE SCHILDE,
5. LE SILURE DEUX-TACHES. |
7. LE SILURE UNOÉCIMAL.
. LE SILURE ASPRÈDE. |
[62]
9. Le SILURE No
\
20. LE SILURE CHINOIS.
CARACTÈRES.
Un barbillon à chaque angle de la bouche ;
deux barbillons à l'extrémité de la mä-
choire inférieure; cinq rayons à la na-
geoire du dos; soixante-sept à celle de
l'anus ; la caudale en croissant.
Huit barbillons aux mâchoires; septrayons
à la nageoire du doss soïxante-deux à
celle de l’anus: la caudale fourchue.
Huit barbillons aux mâchoires; onze rayons
à la nageoïre du dos; onze rayons à
l’anale; la nageoïre de la queue four-
chue.
Deux barbillons à la mâchoire supérieure ;
deux barbillons à chaque angle de la bou-
che; quatre barbillons à la mâchoire in-
férieure ; cinq rayons à la nageoire dor-
sale; cinquante-six rayons à la nageoïre
de l'anus ; la caudele fourchue.
‘Deux barbillons à la mâchoire supérieure ;
quatre barbillons à l’inférieure; des ran-
gées longitudinales de tubercules, sur la
partie supérieure de l’animal; des cupu-
les, dont plusieurs sont soutenues par
une petite tige flexible, sur la partie in-
férieure du ventre ; cinq rayons à la na-
geoire du dos; cinquante-six rayons à l’a-
nale ; la nageoïire de la queue fourchue.
(ose barbillons très longs à la mâchoire
<
supérieure ; l'anale plus longue que la
moitié de la longueur totale de l’animal ;
la nageoire de la queue fourchue.
Deux barbillons à la mâchoire supérieure ;
11.LE SILURE HEXADACTYLE.
LACÉPÈDE, XI,
quatre barbillons à la mâchoire infé-
rieure ; des arêtes tuberculées sur la tête
et sur le dos; cinq rayons à ia nageoire
du dos; cinquante-cinq à celle de l'anus:
six à chaque pectorale.
154 HISTOIRE NATURELLE
SC |
rereLepasEsTfr0s ee
LE SILURE GLANIS*.
Silurus Glanis, Linx., GmeL., Lacer., Cuv.
Le glanis est un des plus grands habitants des
fleuves et des lacs. On l’a comparé à d'énormes cé-
1. Lotte de Hongrie, aux environs de Strasbourg.
Harcha , en Italie.
Hardscha , en Hongrie.
Glano , dans les environs de Constantinople.
Schaden , en Autriche.
W'éls, en Allemagne.
W' aller, ibid.
Scheid, ibid.
Schoiden , ibid.
Szum , en Pologne.
Sumus , en langue esclavone.
Ckams-wels, en Livonie.
Som , en Russic.
Dschium , en Tartarie.
Zolbarte , chez les Calmouques. 4
Mâl , en Suède.
Mall et malle, en Danemarck.
Méerval , en Hollande.
The seat fish, en Angleterre.
Bloch, pl. 54.
Silure mal, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique.
Id. Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique.
Faun. Suecic. 344.
DES POISSONS. 155
tacés ; on l’a nommé la baleine des eaux douces. On
s’est plu à dire qu'il régnoit sur ces lacs et sur ces
fleuves, comme la baleine sur Océan. Ce privilége
de la grandeur auroït seul attiré les regards vers ce
silure. Ge qui est grand fait toujours naître l’étonne-
ment, la curiosité, l'admiration, les sentiments éle-
vés, les idées sublimes. À sa vue, le vulgaire , surpris
et d’abord accablé comme sous le poids d’une supé-
riorité qui lui est étrangère, se familiarise cependant
bientôt avec des sensations fortes, dont il jouit d’au-
tant plus vivement qu'elles lui étoient inconnues ;
l’homme éclairé en recherche , en mesure, en com-
pare les rapports, les causes, les effets ; le philosophe,
découvrant dans cette sorte d’exemplaire , dont toutes
les parties ont été, pour ainsi dire, grossies, le nom-
bre , les qualités, les dispositions des ressorts ou des
éléments qui échappent par leur ténuité dans des
copies plus circonscrites, en contemple l’enchaîne-
ment dans une sorte de recueillement religieux ; le
poëte, dont l’imagination obéit si facilement aux im-
pressions inattendues ou extraordinaires, éprouve ces
affections vives, ces mouvements soudains, ces trans-
ports irrésistibles dont se compose un noble enthou-
siasme ; et le génie , pour qui toute limite est impor-
tune , et qui veut commander à l’espace comme au
temps, se plaît à reconnoître son empreinte dans le
sujet de son examen, à trouver une masse très éten-
Meïding. Ie. pisc. Austr. t. 9.
Mal, It. Scan. G1.
Silurus, Act. Stcokh. 1756, p. 54, t 5.
« Silurus cirris quatuor in mento.» Artedi, gen. 82, syn. 110,
Gronov. mus. 1, n, 25, t. 6, fig. 1.
150 HISTOIRE NATURELLE
due soumise à des lois, et à pouvoir considérer l’objet
qui l’occupe , sans cesser de tenir ses idées à sa propre
hauteur.
Le caractère de la grandeur est d’inspirer tous ces
sentiments , soit qu'elle appartienne aux ouvrages de
l'art, soit qu’elle distingue les productions de la na-
ture ; qu'elle ait été départie à la matière brute , ou
accordée aux substances organisées, et qu’on la compte
parmi les attributs des êtres vivants et sensibles. On
a dû également les éprouver et devant les jardins sus-
pendus de Babylone, les antiques pagodes de l'Inde,
les temples de Thèbes, les pyramides de Memphis,
et devant ces énormes masses de rochers amoncelés
‘qui composent les sommets des Andes, et devant l’im-
mense baleine qui sillonne la surface des mers po-
laires, l'éléphant, le rhinocéros et l’hippopotame, qui
fréquentent les rivages des contrées torrides, les ser-
penis démesurés qui infestent les sables brûlants de
l'Asie, de l'Afrique et de l'Amérique, les poissons
gigantesques qui voguent dans l'Océan ou dominent
dans les fleuves.
Et quoique tous les êtres qui présentent des di-
mensions supérieures à celles de leurs analogues ar-
rêtent nos regards et nos pensées, notre imagination
est surtout émue par la vue des objets qui, l’empor-
tant en étendue sur ceux auxquels ils ressemblent le
plus, surpassent de beaucoup la mesure que la nature
a donnée à l’homme pour juger du volume de ce qui
l'entoure , cette mesure dont il ne cesse de se servir,
quoiqu'il ignore souvent l'usage qu'il en fait, et qui
consiste dans sa propre hauteur. Ün ciron de deux
ou trois décimètres de longueur seroit bien plus ex-
DES POISSONS. | 137
traordinaire qu’un éléphant long de dix mètres, un
squale de vingt, un serpent de cinquante et une ba-
leine de plus de cent ; et cependant il nous frapperoit
beaucoup moins ; il surprendroit davantage notre rai-
son, mais il agiroit moins vivement sur nos sens; il
s'empareroit moins de notre imagination ; il imprime-
roit bien moins à notre âme ces sensations profondes,
et à notre esprit ces conceptions sublimes que font
naître les dimensions incomparablement plus grandes
que notre propre stature.
Ces dimensions, très rares dans les êtres vivants et
sensibles, sont celles du glanis.
Un individu de cette espèce , vu près de Limritz,
dans la Poméranie, avoit la gueule assez grande pour
qu’on püt y faire entrer facilement un enfant de six
ou sept ans. On trouve dans le Volga des glanis de
douze ou quinze pieds de longueur. On prit, il y a
quelques années, dans les environs de Spandaw, un
de ces silures qui étoit du poids de cent vingt livres ;
et un autre de ces poissons, pêché à Writzen sur
l’Oder, en pesoit huit cents.
Le glanis a la tête grosse et très aplatie de haut en
bas ; le museau très arrondi par devant ; la mâchoire
inférieure un peu plus avancée que celle d’en haut,
ces deux mâchoires garnies d’un très grand nombre
de dents petites et recourbées; quatre os ovales, hé-
rissés de dents aiguës, et situés au fond de la gueule ;
l'ouverture de la bouche très large; une fossette de
chaque côté de la lèvre inférieure ; les yeux ronds,
saillants , très écartés l’un de l’autre, et d’une peti-
tesse d'autant plus remarquable que les plus grands
des animaux, les baleines, les cachalots, les éléphants,
er
190
TJ
HISTOIRE NATURELLE
les crocodiles, les serpents démesurés , ont les yeux
très petits à proportion des énormes dimensions de
leurs autres organes.
Le dos du glanis est épais; son ventre très gros;
son anale très longue ; sa ligne latérale droite; sa
peau enduite d’une humeur gluante, à laquelle s’at-
tache une assez grande quantité de la vase limoneuse
sur laquelle il aime à se reposer.
Le premier rayon de chaque pectorale est osseux,
très fort et dentelé sur son bord intérieur 1.
Les ventrales sont plus éloignées de la tête que la
nageoire du dos.
La couleur générale de lanimal est d’un vert mêlé
de noir, qui s’éclaircit sur les côtés et encore plus sur
la partie inférieure du poisson, et sur lequel sont dis-
tribuées des taches noirâtres irrégulières. Les pecto-
rales sont jaunes, ainsi que la dorsale et les ventrales ;
ces dernières ont leur extrémité bleuâtre ; et l’extré-
mité, de même que la base des pectorales, présentent
la même nuance de bleu foncé. Le savant professeur
de Strasbourg , feu mon confrère M. Hermann, rap-
porte, dans des notes manuscrites qu'il eut la bonté
de me faire parvenir peu de moments avant sa mort,
et auxquelles son digne frère M. Frédéric Hermann,
1. Plusieurs poissons compris dans le genre silure, établi par [an-
née . et qui ont à chaque pectorale un rayon dur et dentelé, peuvent,
lorsqu'ils étendent cette nageoire , donner à ce rayon une fixité que
l'on ne peut vaincre qu'en le détournant. La base de ce rayon est ter-
minée par deux apophyses. Lorsque la pectorale est étendue, l'apo-
physe antérieure entre dans un trou de la clavicule ; le rayon tourne
un peu sur son axe ; l'apophyse , qui est recourbée , s'accroche au bord
du trou ; et le rayon ne peut plus être fléchi, à moins qu'il ne fasse
sur son axe un mouvement en sens contraire du premier.
DES POISSONS. | 139
ex-législateur et maire de Strasbourg , a bien voulu
ajouter quelques observations, que les silures glanis
un peu avancés en âge qu'il avoit examinés dans les
viviers de M. Hirschel, avoient le bord des pectorales
peint d’une nuance rouge, que l'on ne voyoit pas sur
celles des individus plus jeunes.
L’anale et la nageoire de la queue du glanis sont
communément d’un gris mêlé de jaune, et bordées
d’une bande violette,
Le silure que nous venons de décrire habite non
seulement dans les eaux douces de l'Europe, mais
encore dans celles de l’Asie et de l'Afrique. On ne
l’a trouvé que très rarement dans la mer; et il paroît
qu'on ne l’y a vu qu'auprès des rivages voisins de
l'embouchure des grands fleuves, hors desquels des
accidents particuliers ou des circonstances extraordi-
naires peuvent l’avoir quelquefois entraîné. Le pro-
fesseur Kolpin, de Stettin, écrivoit à Bloch, en 1766,
qu’on avoit pêché un silure de l'espèce que nous exa-
minons, auprès de l’île de Rügen, dans la Baltique.
Comme les baleines, les éléphants, les crocodiles,
les serpents de quarante ou soixante pieds, et tous les
grands animaux , le glanis ne parvient qu'après une
longue suite d’années à son entier développement. On
pourroit croire cependant, d’après les notes manus-
crites de M. Hermann, que, pendant la première jeu-
nesse de ce silure, ce poisson croît avec vitesse, et
que ce n'est qu'après avoir atteint à une longueur
considérable qu'il grandit avec beaucoup de lenteur,
et que son développement s'opère par des degrés très
peu sensibles.
On a écrit qu'il en étoit des mouvements du glanis
140 HISTOIRE NATURELLE
comme de son accroissement; qu'il ne nageoit qu'avec
peine, et qu'il ne paroissoit remuer sa grande masse
qu'avec difficulté. La queue de ce silure, et l’anale
qui en augmente la surface, sont trop longues et con-
formées d’une manière trop favorable à une natation
rapide pour qu'on puisse le croire réduit à une ma-
nière de s’avancer très embarrassée et très lente. il
faudroit , pour admettre cette sorte de nonchalance
et de paresse forcées , supposer que les muscles de
cet animal sont extrêmement foibles, et que sil a
reçu une rame très étendue, il est privé de la force
nécessaire pour la remuer avec vitesse et pour l’agiter
dans le sens le plus propre à faciliter ses évolutions.
La dissection des muscles du glanis n'indique aucune
raison d'admettre cette organisation vicieuse. C'est
dans son instinct qu'il faut chercher la cause du peu
de mouvement qu'il se donne. S'il ne change pas fré-
quemment et promptement de place, il n’en a pas
moins reçu les organes nécessaires pour se transporter
avec célérité d’un endroit à un autre ; mais il n’a ni
le besoin ni par conséquent la volonté de faire usage
de sa vigueur et de ses instruments de natation. Il vit
de proie; mais il ne poursuit pas ses victimes. Il pré-
{ère la ruse à la violence ; il se place en embuscade ;
il se retire dans des creux, au dessous des planches,
des poteaux et des autres bois pourris qui peuvent
border les rivages des fleuves qu'il fréquente ; il se
couvre de limon ; il épie avec patience les poissons
dont il veut se nourrir. La couleur obscure de sa peau
empêche qu'on ne le distingue aisément au milieu de
la vase dans laquelle il se couche. Ses longs barbil-
lons, auxquels il donne des mouvements semblables
DES POISSONS. 141
à ceux des vers, attirent les animaux imprudents qu’il
cherche à dévorer, et qu'il engloutit d'autant plus ai-
sément qu'il tient presque toujours sa bouche béante,
et que l’ouverture de sa gueule est tournée vers le
haut.
Il ne quitte que pendant un mois ou deux le fond
des rivières où il a établi sa pêche : c’est ordinaire-
ment vers le printemps qu'il se montre de temps en
temps à la surface de l’eau; et c’est dans cette même
saison qu'il dépose près des rives, ou ses œufs ou le
suc prolifique qui doit les féconder. On a remarqué
qu'il n’alloit pondre ou arroser ses œufs que vers le
milieu de la nuit, soit que cette habitude dépende
du soin d'éviter les embüches qu'on lui tend, ou de
la délicatesse de ses yeux, que la lumière du soleil
blesseroïit, pour peu qu'elle fût trop abondante. Cette
seconde cause pourroit être d'autant plus la véritable,
que presque tous les animaux qui passent la plus
grande partie de leur vie dans des asiles écartés et
dans des cavités obscures, ont l'organe de la vue très
sensible à l’action de la lumière.
Les membres du glanis étant arrosés , imbus et pro-
fondément pénétrés d’une humeur gluante , peuvent
résister plus facilement que ceux de plusieurs autres
habitants des eaux, aux coups qui brisent, aux acci-
dents qui écrasent, aux causes qui dessèchent; et
dès lors on doit voir pourquoi il est plus difficile de
lui faire perdre la vie qu’à beaucoup d’autres pois-
sons !,
On a pensé que sa sensibilité étoit extrèmement
2. Discours sur la nature des poissons.
1/42 HISTOIRE NATURELLE
émoussée ; on l’a conclu du peu d’agitation qu'il éprou-
voit lorsqu'il étoit pris, et de l'espèce d’immobilité
qu'il montroit souvent dans toutes ses parties, excepté
dans ses barbillons. On auroit dû cependant se sou-
venir que, malgré le besoin qu’il a de se nourrir de
substances animales, il paroît avoir l'instinct social.
On voit presque toujours deux glanis ensemble ; et
c'est ordinairement un mâle et une femelle qui vivent
ainsi l’un auprès de l’autre.
Malgré sa grandeur, le glanis femelle ne contient
qu'un très petit nombre d'œufs, suivant plusieurs na-
turalistes ; et si ce fait est bien constaté , il méritera
d'autant plus l'attention des physiciens, qu'il sera une
exception à la proportion que la nature semble avoir
établie entre la grosseur des poissons et le nombre
de leurs œufs!. Bloch rapporte qu’une femelle, qui
pesoit déjà une livre et demie , n’avoit dans ses deux
ovaires que dix-sept mille trois cents œufs.
Lorsque les tempêtes sont assez violentes pour boule-
verser toute la masse des eaux dans lesquelles vit le
glanis, il quitte sa retraite limoneuse, et se montre
à la surface des fleuves ; néanmoins, comme ces orages
sont rares, et que d’ailleurs le temps pendant lequel
il est attiré vers les rivages est d’une durée assez courte,
il est exposé bien peu souvent à se défendre contre
des poissons voraces assez forts pour oser l’attaquer.
Mais les anguilles , les lotes , et d’autres poissons beau-
coup plus petits, se nourrissent de ses œufs; et quand
il est encore très jeune , il est quelquefois la proie
des grandes grenouilles.
1. Discours sur la nature des poissons.
DES POISSONS. 145
Son œæsophage et son estomac présentent, dans leur
intérieur, des plis assez profonds ; et feu Hartmann #,
ainsi que le professeur Schneider ?, ont remarqué que
cet estomac jouissoit d’une irritabilité assez grande,
même après la dissection de l’animal, pour offrir pen-
dant long-temps des contractions et des dilatations
alternatives.
Le canal intestinal est court et replié une seule fois ;
le foie gros; la vésicule du fiel longue et remplie d’une
liqueur jaune ; la vessie natatoire courte , large, et
divisée longitudinalement en deux. Vingt côtes sont
placées de chaque côté de l’épine du dos, qui est
composée de cent dix vertèbres.
La chair du glanis est blanche, grasse, douce, agréa-
ble au goût, mais mollasse, visqueuse et difficile à di-
gérer. Dans les environs du Volga, dont les eaux nour-
rissent un très graud nombre d'individus de cette
espèce, on fait avec leur vessie natatoire une colle
assez bonne, mais à laquelle on préfère cependant
celle que donne la vessie natatoire de l’acipensère
huso. Sur les bords du Danube, la peau du glanis,
séchée au soleil, a servi, pendant long-temps, de lard
aux habitants peu fortunés ; et du temps de Belon,
cette même peau avoit été employée à couvrir des
instruments de musique.
Les notes manuscrites du professeur Hermann et
de son frère le maire de Strasbourg, nous ont appris
que MM. Durr, l'oncle et le neveu, marchands pois-
sonniers de cette ville, avoient tâché de natuüraliser le
1. Mélanges de l'académie des curieux de Ja nature, décade 2, an 7
p. 89.
2. Synonymie des poissons d'Artedi, etc., p. 170.
144 HISTOIRE NATURELLE
glanis dans l’ancienne Alsace. Ils avoient d’abord fait
à grands frais plusieurs voyages en Hongrie, pour y
chercher dans le Danube plusieurs silures de cette
espèce ; ils avoient appris ensuite que des glanis ha-
bitent un lac de deux lieues de tour, situé dans la
Souabe, à quelques milles de Doneschingen, à trente
ou trente-cinq lieues de Strasbourg, et par consé-
quent beaucoup plus près des bords du Rhin que les
rives hongroises du Danube. Ce lac se nomme en alle-
mand, Feder-see; en latin, Lacus plumarius; en fran-
çois, lac aux Plumes. Ils en avoient apporté plusieurs
de ces silures, qu’on avoit déjà multipliés dans les
étangs de feu le respectable et malheureux Dietrich,
au point qu'on y en comptoit plus de cinq cents; mais
il y a une douzaine d'années que, lors d’un événe-
ment extraordinaire, ces poissons furent enlevés, et
il n’en reste plus dans les étangs du département du
Bas-Rhin. M. Durr le neveu, et son beau-frère M. Hir-
schel, font toujours venir du Feder-see des glanis,
qu'ils vendent à Strasbourg , ou qu'ils envoient plus
loin, et dont les plus petits pèsent ordinairement
douze livres 1.
1. 16 rayons à la membrane branchiale du silure glanis.
18 rayons à chaque pectorale.
15 rayons à chaque ventrale.
17 rayons à la nagcoire de la queue.
DES POISSONS. 1/5
BHEPEDERSHANOBPIPATEHOMEMEHEDOHNEDIBPIMPOMIBEHOBEHOHPODI HOMME DE LE HHOMAAEErEPEHE RER
LE SILURE VERRUQUEUX,
Aspredo verrucosus, Ouv. — Platystæus verrucosus,
BLrocu. — Stilurus verrucosus, Lacer.
LE SILURE ASOTE*.
Silurus Asotus, Parras, Linn., Lacer., Guv.
La tête du verruqueux présente, dans sa partie
supérieure , un sillon longitudinal, à la suite duquel
on voit sur le dos une saillie également longitudinale.
Il n’y a qu'un orifice à chaque narine. Le premier
rayon de chaque pectorale est très dur, très fort et
dentelé.
On trouve dans l’Asie l’asote, qui, de même que le
verruqueux , à dans le premier rayon de chaque pec-
torale une sorte de dard dentelé, et dangereux, par
sa dureté et sa grosseur, pour les animaux que ce si-
lure attaque, ou qu'il tâche de repousser. Les dents
1. Platyste verrue, platystœus verrucosus, Bloch, pl. 575, fig. 5.
2. Silure asote, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique.
Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
146 HISTOIRE NATURELLE
de ce poisson sont très nombreuses ; et sa nageoire
de l’anus s'étend jusqu’à celle de la queue {.
1. 5 rayons à la membrane branchiale du silure verruqueux.
8 rayons à chaque pectorale.
6 rayons à chaque ventrale.
10 rayons à la nageoïre de la queue.
16 rayons à la membrane branchiale du silure asote.
14 rayons à chaque pectorale.
14 rayons à chaque ventrale.
16 rayons à la caudale.
DES POISSONS. 147
ere EDOÉSE METEO EE SU ES
D ESA 03H IPO BAT ED ODEDES-
LE SILURE FOSSILE”.
Silurus fossilis, Linn., Guec., BLocu, Lacer., Cuv.
Brocu avoit reçu de Tranquebar un individu de
cette espèce. Le dessus de la tête de ce poisson mon-
troit une fossette longitudinale. La couverture osseuse,
qui revêtoit cette même partie, étoit terminée par
trois pointes. On voyoit de petites dents à la partie
antérieure du palais, ainsi qu'aux deux mâchoires,
qui étoient aussi avancées l’une que l’autre. La langue
étoit courte, épaisse et lisse. La ligne latérale descen-
doit jusque vers les ventrales, et s’'étendoit ensuite
directement jusqu'à la nageoire de la queue, dont
l'anus étoit une fois plus éloigné que de la tête. Le
premier rayon de chaque pectorale paroïssoit très fort.
On pouvoit distinguer les muscles de l’animal au tra-
vers de sa peau. Sa couleur générale étoit celle du
chocolat ; les nageoires offroient une teinte d’un brun
un peu clair, excepté l’anale , qui étoit grise.
1. Schlammuwels , en allemand.
Muddy silure, en anglois.
Silure d’étang , Bloch, pl. 370, fig. 2.
1 48 HISTOIRE NATURELLE
GIH0L0H089P TOC EHSHOSIHE0EC ECBOHFIES
BoBEIOBo ose Eat eeHa BIEL 20
LE SILURE DEUX-TACHES”,
Silurus bimaculatus, Brocu, Lacgr., Cuv.
LE SILURE SCHILDE*,
Schilbe mystus , Guv. — Silurus mystus, Linx., Guer., Lacer.
ET LE SILURE UNDÉCIMAL3,
Silurus undecimalis, Linn., GmeL., Lacer.
— 9 —
Le violet, le jaune et l’argenté concourent à la parure
du silure deux-taches. Sa partie supérieure est d’un
violet clair; ses côtes brillent de l'éclat de l'argent; sa
caudale est jaune, avec les deux extrémités du crois-
sant qu’elle forme d’un violet foncé ; les autres nageoi-
res sont communément variées de jaune et de violet.
Ce beau poisson vit dans les lacs et dans les rivières
de la côte de Malabar; il fraie pendant l'été; sa chair
est d’un goût agréable.
1. Sewalet, chez les Tamules.
Silure à deux taches, Bloch, pl. 564.
2. Schildé ou schilbé , sur les boraäs du Nil.
Silure schilde, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique.
Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
Mus. Ad. Frid. 2, p. 96.
« Silurus schilde niloticus. » Hasselquist, It. 576.
5. Silure ondéctmal, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique.
Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
Mus. Ad. Frid. 2, p. 97.
DES POISSONS. 149
Sa tête a moins de largeur que celle de la plupart
des autres silures. Ses dents sont très fortes ; on en
voit un grand nombre de petites sur le palais : mais
la langue est lisse. Il y a deux orifices à chaque narine.
Les barbillons supérieurs sont longs, les inférieurs
très courts et d’une couleur blanchâtre. Le premier
rayon de chaque pectorale est dur, gros, et dentelé
du côté opposé à la tête. La ligne latérale ne montre
que de très légères courbures.
Le schilde se plaît dans les eaux du Nil. Quatre de
ses barbillons tiennent à la mâchoire supérieure ; les
autres quatre sont attachés à celle de dessous. Le pre-
mier rayon de chaque pectorale est distingué par sa
grosseur, par Sa force et par sa dentelure.
Le silure undécimal, qui habite dans les rivières
de Surinam, a onze rayons à sa dorsale, à sa nageoire
de l’anus et à chacune de ses pectorales; et ces trois
nombres semblables ont indiqué le nom qu'on lui a
donné. Üne dentelure garnit chacun des côtés du
premier rayon de l’une et de l’autre de ses pecto-
rales ; ses barbillons extérieurs ont une longueur égale
à celle de son corps.
1. 12 rayons à la membrane branchiale du silure deux-taches.
14 rayons à chaque pectorale.
6 rayons à chaque ventrale.
16 rayons à la nageoïre de la queue.
10 rayons à la membrane des branchies du silure schilde.
12 rayous à chaque pectorale.
6 rayons à chaque ventrale.
20 rayons à la caudale.
11 rayons à chaque pectorale du silure undécimal!.
6 rayons à chaque ventrale.
17 rayons à la nageoire de la queue.
LACÈPÈDE. XI. 15
150 HISTOIRE NATURELLE
oraÿe 89% 80 8< BOB 50 50 5026240 BH P0 00/0 EL Be 21286 L0HE A TOO 98 O0 10 BO HOO BI EEH 5-0-8 09
LE SILURE ASPRÉDE",
Aspredo lœvis, Cuv.— Silurus Aspredo, Linx., Guer.,
Lacer. — Platystacus lævis, Brocu.
ET
LE SILURE COTYLÉPHORE®.
Aspredo cotylephorus, Cuv.— Platystœus cotylephorus , Brocn.— Silu-
rus cotylephorus , Lacer.
Ox pêche dans les fleuves de l’Amérique, et peut-
être dans ceux des grandes Tades, le silure asprède,
dent la tête plate, osseuse et couverte d’une mem-
brane , s’élargit beaucoup auprès des pectorales, et
1. Glattleib, par les Allemands.
Simpla eggen. par les Suédois.
Silure asprède, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique.
Id, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
Platyste lisse. Bloch.
Aspredo , AmϾnit. acad. 1, p. 811, lab. 14, fig. 5.
Séba , mus. 5 , tab. 29, fig. 10.
Aspredo cirris 8. Gronov. Zooph.
2. Silurus cotylephorus.
Teller trager, par les Allemands.
Raukher wels , idem.
Runwe metrval, par les Hollandoïs.
Platyste cotylénhore, Bloch, pl. 372.
Pl104. Poissons
Na: LE
SES
me 7
EE
HP Pilot. Det { 4. Davesne out
TELE STEURE ASPRÈDE.. D'LE PIMELODE BAGRIE :3.LE PIMEL. ASCITE.
4 LE PIMEL.COUS .
tac
EME
DES POISSONS. 151
présente, dans sa partie supérieure , une cavité lon-
gitudinale et triangulaire, qui se termine par une sorte
de tube solide, prolongé jusqu’à la dorsale. On aper-
çcoit quelques verrues ou petits tubercules sur la tête
et sur la poitrine. La mâchoire supérieure est plus
avancée que celle de dessous ; la langue et le palais
sont lisses; chaque narine a deux orifices ; l’ouver-
ture branchiale est courte et étroite. Les branchies
sont petites ; elles sont d’ailleurs garnies de filaments
très peu allongés et distribués par toufles très séparées
les unes des autres. Une dentelure hérisse chacun des
côtés du premier rayon de chaque pectorale, qui, de
plus, réunit beaucoup de force à une grosseur consi-
dérable. Le corps proprement dit étant court et l’anale
très longue, l’anus est beaucoup plus près de la tête
que de la caudale. Au delà de cet orifice, on voit
une ouverture placée à l'extrémité d’une sorte de pe-
üt cylindre. La queue, très allongée et très mobile,
est comprimée par les côtés, de manière à présenter
une sorte de tranchant ou de carène longitudinale
dans sa partie supérieure. La couleur générale est
d’un brun mêlé de violet.
Le cotyléphore diffère de l’asprède par les traits
suivants, dont le dernier est très remarquable , et
consiste dans une conformation que l’on n’a encore
observée sur aucune autre espèce.
Premièrement, il n’a que six barbillons, au lieu
de huit.
Deuxièmement, ses dents sont moins fortes que
celles de l’asprède.
Troisièmement , toute sa partie supérieure est gar-
152 HISTOIRE NATURELLE
nie de petits tubercules qui forment sur la queue
huit rangées longitudinales.
Quatrièmement, l'os qui de chaque côté repré-
sente une clavicule est divisé en deux par un intervalle
que des muscles remplissent.
Cinquièmement, le dessous de la gorge, du ventre
et d’une portion des nageoires ventrales est garni de
petits corps d’un diamètre à peu près égal à celui des
tubercules du dos, arrondis dans leur contour, con-
vexes du côté par lequel ils tiennent au poisson, con-
caves de l’autre , et assez semblables à une sorte d’en-
tonnoir ou de petite coupe. Presque tous ces petits
corps sont suspendus à une tige déliée, flexible, et
d’autant plus courte que l’entonnoir est moins déve-
loppé : les autres sont attachés, sans aucun pédon-
cule , au ventre, ou à la gorge, ou aux ventrales de
l'animal !. Il est bon d'observer que ces appendices
ne sont ainsi conformés que dans les cotyléphores
adultes ou presque adultes : dans des individus moins
âgés , ils sont appliqués immédiatement à la peau, de
manière à ressembler à des taches, ou tout au plus
à de légères élévations; et dans des silures de la même
espèce plus jeunes encore, on n’en aperçoit aucun
rudiment. On pourroit croire ces entonnoirs suscep-
1. 4 rayons à la membrane brancüiale du silure asprède.
8 rayous à chaque peclorale.
6 rayons à chaque ventrale.
11 rayons à la nageoire de la queue.
8 rayons à chaque pectorale du silure cotyléphore.
6 rayons à chaque vevtrale.
9 rayons à la caudale,
DES POISSONS. 153
übles de se coller, pour ainsi dire, contre différentes
substances, et propres, par conséquent, à donner à
l'animal un moyen de s'attacher au fond des fleuves,
ou dans diverses positions nécessaires à ses besoins.
Le silure cotyléphore habite dans les eaux des Indes
orientales.
194 HISTOIRE NATURELLE
PRE RÉR-E DEEE D SD EBISDI M DPF MÉTIER DOM BSD DEN SPA PAR EE RM EN AIT OR EDEN ÉLer MIE SES ESS
LE SILURE CHINOIS,
Silurus sinensis, Lacer., Cuv.
LE SILURE HEXADACTYLE.
Aspredo hexadactylus, Cuv. — Silurus hexadactytus , Lacer.
Les naturalistes n’ont pas encore publié de descrip-
tion de ces deux silures.
Nous avons vu une peinture très fidèle et très bien
faite du premier, dans la collection de peintures chi-
noises que nous avons souvent citée dans cet ouvrage.
La couleur de sa partie supérieure est d’un verdâtre
marbré de vert ; les côtés et la partie inférieure sont
d’un argenté mêlé de nuances vertes. Chaque oper-
cule est composé de deux ou trois pièces presque
ovales. Les deux barbillons ont une longueur à peu
près égale à celle de la tête. La mâchoire inférieure
est plus avancée que la supérieure. Aucune nageoire
ne présente de rayon fort et dentelé.
La collection hollandoise déposée dans le Muséum
d'histoire naturelle renferme un individu très bien
conservé de l'espèce du silure hexadactyle. Nous avons
tiré le nom spécifique de ce poisson du nombre de
DES POISSONS. 199
rayons ou doigls de ses mains, Où nageoires pecto-
rales , lesquels sont au nombre de six, ainsi que ceux
de ses nageoires ventrales , ou de ses pieds.
Les quatre barbillons de la mâchoire d'en bas sont
plus courts que les deux de la mâchoire d'en haut.
L'ouverture de chaque narine est double. Les yeux
sont petits et rapprochés l’un de l’autre. Indépendam-
ment de plusieurs arêtes ou saillies tuberculées que
l'on voit sur la tête et sur le corps, une saillie sem-
blable part de chaque œil ; et ces deux arêtes se réu-
nissent au dessus de la partie supérieure du dos. La
tête et le corps sont très aplatis ; la longueur de ces
deux parties n’est que le tiers, ou environ, de celle
de la queue, qui réunit à cette dimension une con-
formation analogue à celle d’une pyramide à dix faces.
Le premier rayon de chaque pectorale est large, aplati
et dentelé sur ses deux bords, de telle sorte que les
pointes du bord externe sont tournées vers la queue,
et celles du bord intérieur dirigées vers la tête.
Le dessus de la tête et du corps est blanc avec des
taches noires ; presque tout le reste de la surface de
l'animal est noir avec des taches blanches, excepté la
partie inférieure de la tête, de la queue et du corps,
qui est blanchâtre.
19
BeMs-remsseret eo bopessR Here TeTSTEDEHEB Of TE BE SF ETAPE
6 HISTOIRE NATURELLE
eeBot oser ea
CENT SOIXANTE-QUATRIÈME GENRE.
LES MACROPTÉRONOTES.
La tête large, déprimée, et couverte de lames grandes
. 6 MaAcROPTÉRONOTE
. LE MACROPTÉRONOTE
. L6 MAcROPTÉRONOTE
et dures, ou d’une peau visqueuse; la bouche à l’ex-
trémité du museau; des barbillons aux mâchoires :
le corps gros; la peau enduite d’une mucosité abon-
dante; une seule nageoire dorsale ; cette nageoire
très longue.
ESPECES. CARACTERES.
Huit barbillons; dix rayons à la membrane
des branchies ; soixante-douze rayons à
CHARMUTH. la nageoïre du dos; soixante-neuf à l’a-
\ nalc; la caudale arrondie.
f.
Huit barbillons; sept rayons à la mem-
brane des branchies; moins de soixante-
dix rayons à la nageoïre du dos; moins
de cinquante à celle de l'anus; la caudale
arrondie.
LE MaACROPTÉRONOTE
GRENOUILLEK.
et la caudale arrondies; la couleur brune
BRUN.
et sans taches.
Six barbillons ; la nageoire du dos triangu-
laire et très basse, surtout vers la cau-
dale ; l'anale courte; la caudale arron-
| die; la couleur brune et sans taches.
(4 barbillons: la nageoire dorsale, l'anale
HEXACICINNE.
DES POISSONS. 1
SI
1 STopspUBE ra bateteperopemnerporperererepDes Here reDes ER EETLepeS 060 eZeE EEE
LE MACROPTÉRONOTE CHARMUTH!,
Heterobranchus Scharmuth, Gxorr., Cuv.— Macrop-
teronotus Charmuth, Lacer. — Silurus anguillaris ,
Linn., GMEL.
LE MACROPTÉRONOTE GRENOUILLER 2.
eterobranchus Batrachus , Georr., Cuv. — Macropteronotus Batra-
Hete » , P
chus , Lacrp. — Silurus Batrachus, Lann., Guer.
— 8 —
Dans le genre dont nous nous occupons, la na-
geoire du dos s'étendant jusqu'auprès de la caudale,
augmente la surface de la queue, et donne par consé-
quent plus de force à l'instrument principal de la na-
1. Silure charmuth, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique.
Id. Bonnaicrre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
Mus. Ad. Frid. 2, p. 96.
« Silurus charmuth niloticus. » Hasselquist, It. 371.
Clarias , Gronov. Zooph. 522, tab. 8, fig. 3 et 4.
Blackfish , Russe, Alep. 73, tab. 12, fig. 1.
« Lampetra indica erythrophthalmos. » Raï, Pisc. 150.
Karmouth , dessins faits en Égypte par M. Cloquet, qui a bien voulu
me les communiquer.
Aluby, par plusieurs anciens auteurs qui ont écrit sur les animaux
du Nil. (Lettre que mor collègue, M. Geoffroy, professeur au Mu-
séum d'histoire naturelle , a eu la bonté de m'écrire du Caire.)
2, Froschwels, par les Allemands.
190 HISTOIRE NATURELLE
tation de l’animal : il n’est donc pas surprenant qu'on
ait remarqué beaucoup de rapidité dans les mouve-
ments du charmuth. Le dessus de la tête de ce ma-
croptéronote présente une multitude de petits mame-
lons. De huit barbillons dont il est pourvu , les deux
plus longs sont placés chacun à un des angles de ïa
bouche , les deux plus courts auprès des narines, et
les autres quatre sur les bords de la lèvre inférieure.
La partie supérieure du poisson est d’un brun obscur,
et la partie inférieure d’un blanc mêlé de gris. M. Geof-
froy écrivoit d'Égypte, le 16 août 1799, à mon savant
confrère M. Cuvier, qu'il avoit disséqué le charmuth ;
qu’il avoit vu au delà des branchies une cavité qui
communiquoit avec celle des organes ; que l’animal
pouvoit fermer cette cavité; qu'elle contenoit un
cartilage plat et divisé en plusieurs branches ; que la
surface de ce cartilage étoit couverte de nombreuses
ramifications de vaisseaux sanguins visibles pendant
la vie du poisson ; que cet appareil devoit être con-
sidéré comme une branchie supplémentaire; que, par
une conformation un peu analogue à celle des sépies,
le système général des vaisseaux sanguins comprenoit
trois ventricules séparés les uns des autres; que l’on
pouvoit regarder ces ventricules comme autant de
cœurs , etc. : mais tous ces détails vont être éclaircis
par la publication des utiles travaux de M. Geoffroy,
rendu , après quatre ans d’absence , à sa patrie, à ses
amis, à sa famille et à ses collègues.
Toeli, par les Tamules.
Silure grenouiller, Bloch, pl. 370, fig. à.
Id. Daubenton et Hauy, Encyclopédie méthodique.
Id. Bonnaterre , planches de FEncyclopédie méthodique.
DES POISSONS. 199
Le charmuth habite dans le Nil; on trouve le gre-
nouiller dans l'Asie et dans l’Afrique.
La calotte osseuse qui revêt le dessus de la tête du
grenouiller, se termine en pointe par derrière, et
montre deux enfoncements. L’antérieur est allongé,
et l’autre presque rond. Autour de chaque angle de
la bouche sont distribués quatre barbillons longs et
inégaux. Le palais est rude, la ligne latérale presque
droite, le premier rayon de chaque pectorale fort et
dentelé; la couleur générale d’un brun mêlé de jaunef.
1. 10 rayons à chaque pectorale du macroptéronote charmuth.
6 ou 7 rayons à chaque ventrale.
21 rayons à la nageoire de la queue.
8 rayons à chaque pectorale du macroptéronote grenouiller.
67 rayons à la nageoïre du dos.
6 rayons à chaque ventrale.
45 rayons à la nageoire de l'anus.
16 rayons à la caudale.
160 HISTOIRE NATURELLE
#60 Do50H080 80008000 EOBIHOSCHOPLEOPOLL HOBOHATOE SET HOBCLIBRBOTOBBIBROP Ex TO
LE MACROPTÉRONOTE BRUN.
ITetcrobranchus Batrachus, Cuv. — M acropteronotus
fuscus, Lacær.
ET
LE MACROPTÉRONOTE HEXACICINNE.
Teterobranchus hexacicinnus , Cuv.
Macropteronotus hexacicin-
nus, Lacep.
Nous publions les premiers la description de ces
deux espèces, dont les peintures chinoises déposées
dans la bibliothèque du Muséum d'histoire naturelle
présentent nne image aussi exacte pour les formes que
pour les couleurs.
Ces deux macroptéronotes vivent dans les eaux de
la Chine. Le dessus de la tête du brun est couvert
d’une enveloppe dure qui montre par derrière deux
échancrures, et se termine en pointe. Le premier
rayon de chaque pectorale est long, dur, un peu
oros, mais sans dentelure. On distingue une partie
des muscles du corps et de la queue, au travers de
la peau. Les ventrales sont petites et arrondies. Un
grand barbillon est attaché à chaque angle de la bou-
che ; les autres six sont moins longs, et situés deux
auprès des narines, et quatre sur la mâchoire infé-
rieure. L'iris est couleur d’or.
DES POISSONS. 161
Le nom de l’hexacicinne désigne les six barbillons
du second de ces macroptéronotes chinois. Ce poisson
ne diffère du premier que par les traits indiqués sur
le tableau générique, et vraisemblablement par ses
dimensions que nous croyons inférieures à celles du
brun.
162 HISTOIRE NATURELLE
DS 59898080 m9 0200 DIE DID PENTIPOBAE POS POP E PER BEOPOBRE EE CHE EME LOL EE
CENT SOIXANTE-CINQUIÈME GENRE.
LA MALAPTÉRURES.
La tête déprimée et couverte de lames grandes et dures,
9, 0 1 3 ’ e ’
ou d’une peau viqueuse ; la bouche à l'extrémité du
museau; des barbillons aux mâchoires; le corps gros;
la peau du corps et de la queue enduite d’une muco-
sité abondante; une seule nageoire dorsale; cette
nageoire adipeuse, et placée assez pres de la caudale.
\ A
ESPÈCE. CARACTERES.
(Dee barbillons à la mâchoire supérieure ;
Le MALAPTÉRURE ÉLEC- quatre barbillons inégaux à la mâchoire
TRIQUE. ) inférieure; douze rayons à la nageoire
Ü de l'anus; la caudale arrondie.
DES POISSONS. 163
8% DL SPA x SAXE DEPOT » Of “HLre M MN 5h PE BEMED HN OA FETE ÉD SE EP 067 CA 66% 6 etre 4
LE MALAPTÉRURE ÉLECTRIQUE".
Malapterurus electricus, Laerr., Cuv. — Silurus elec-
tricus , LiNN., Gex.
CE nom d'Électrique rappelle la propriété remar-
quable que nous avons déjà reconnue dans les quatre
espèces de poissons, dans la raie torpille et dans Île
tétrodon, le gymnote et le trichiure, désignés par la
même dénomination spécifique que le malaptérure
de cet article. Cette propriété observée avec soin
dans ces différents animaux, pourra servir beaucoup
aux progrès de la théorie des phénomènes galvani-
ques, auxquels elle appartient de très près ; nous ne
saurions assez inviter les voyageurs instruits à s’occu-
per de l’examen de cette force départie aux cinq pois-
sons électriques, et qui paroît si différente de la plu-
part de celles que possèdent les êtres organisés et
1. Typhinos des anciens auteurs, suivant M. Geoffrey, lettre adres-
sée du Caire à M. Lacépède.
Forskael, Faun. Arab., p. 15, n. 1.
Broussonnet , Académie des sciences, 1782, p. 692 ; et Journal de
physique , vol. 27, p. 145.
Verhandeling over den beefvisck, cene weinig bekende soort van
electr. visch. — Algem. Geneesk jaarbock, vol. 4, p- 24.
Silure trembleur, Eonnaterre. planches de J’Encyclopédie métho-
dique.
16/4 HISTOIRE NATURELLE
vivants; et nous attendons avec beaucoup d'impatience
la publication des recherches faites en Égypte par
M. Geoffroy, sur le malaptérure que nous décrivons.
Nous savons déjà par ce professeur ! que ce malapté-
rure est recouvert d'une couche épaisse de graisse.
Ce fait doit être rapproché de ce que nous avons in-
diqué au sujet des poissons qui ont la faculté d’en-
sourdir, dans le premier Discours de cette Histoire,
dans l’article de la torpille, et dans celui du gymnote
électrique.
Le malaptérure dont nous traitons ne se trouve pas
seulement dans le Nil : il vit aussi dans d’autres fleu-
ves d'Afrique. Il y représente le tétrodon et le tri-
chiure engourdissant de l'Asie, le gymnote torpori-
fique de l'Amérique, et la torpille de l’Europe. Il y
parvient à une longueur de plus d’un pied et demi.
son corps est aplati comme sa tête. Ses yeux, très peu
oros , sont recouverts par la membrane la plus exté-
rieure de son tégument général, laquelle s'étend
comme un voile transparent au dessus de ces organes.
Chaque narine a deux orifices. Sa couleur grisâtre est
relevée par quelques taches noires ou foncées que
l 1 2
on voit sur sa queue *.
1. Lettre écrite du Caire, le 29 thermidor de l'an 7 (16 août
1799), par M. Geoffroy à M. Cuvier.
2. 6 rayons à la membrane branchiale dn malaptérure électrique.
9 rayons à chaque pectorale.
6 rayons à chaque ventrale.
18 rayons à la nageoïre de la queue.
—"“v ÿ3———
DES POISSONS. 165
0 -& 5002-20 DD AD re BAD HO SDIPELO PE HET DES SL E-Dertr SE e-@ 67 Er Eds EE EL EE EE PE 9 = re
CENT SOIXANTE-SIXIÈME GENRE.
LES PIMÉLODES.
La tête déprimée et couverte de lames grandes et dures,
ou d’une peau visqueuse ; la bouche à l'extrémité du
museau; des barbillons aux mâchoires; le corps gras;
la peau du corps et de la queue enduite d’une muco-
sité abondante ; deux nageoires dorsales ; la seconde
adipeuse.
PREMIER SOUS-GENRE.
La nageoure de la queue fourchue, ou échancrée en croissant.
ESPÈCES. CARACTÈRES.
Quatre barbillons aux mâchoires; le pre-
mier rayon de chaque pectorale et celui
de la première nageoïre du dos, garnis
d'un très long filament ; huit rayons à la
première dorsale; vingt-quatre à la na-
geoire de l’anus.
5, LE PIMÉLODE BAGRE.
Six barbillons aux mâchoires ; huit rayons
à la première nageoïre du dos; vingt-trois
à celle de l’anus.
9. LE PIMÉLONDE chAT.
billons des angles de la bouche d’une
longueur égale, ou à peu près, à la lon-
gueur totale de l'animal; huit rayons à
la première dorsale ; onze rayons à la na-
geoire de l'anus.
3, Le Pimécovr ScElLAN.
( barbillons aux mâchoires ; les deux bar-
LACÉPÈPE, XE. ir
166 HISTOIRE NATURELLE
ESPÈCES.
4. Le PIMÉLODE BARRÉ.
5. Le PIméLopne ASCITE.
6. Le PImÉLODE ARGENTÉ,
7. Le PIuéLOoDE NœŒuo.
8. LE PiIMÉLODE @UATRE-
TACHES.
9. Le PIMÉLODE BARBU.
10. LE PIMÉLODE TACHETÉ.
a... 2. a
|
|
|
j barbillons aux mâchoires: sept rayons à
CARACTÈRES.
Six barbillons aux mâchoires ; la longueur
\
/Six barbillons aux mâchoires : cinq ou six
11. LE PiMÉLODE BLEUATRE.
de la tête égale, ou presque égale, au
tiers de la longueur totale du poisson ;
sept rayons à la première nageoiïre du
dos ; quatorze à l’anale ; des bandestrans-
versales,
Six barbillons très longs aux mâchoires ;
neuf rayons à la première nageoire du
dos ; dix-huit rayons à l’anale.
Six barbillons aux mâchoires ; huit rayons
à la première dorsale ; treize rayons à la
nageoire de l'anus; la couleur générale
argentée.
Six barbillons aux mâchoires; cinq rayons
à la première nageoïre du dos, vingt
rayons à celle de l'anus; un nœud ou
une tubérosité à la racine du premier
rayon de la dorsale.
la première nagcoire du dos; l’adipeuse
très longue; neuf rayons à l’anale; quatre
taches grandes, rondes, et rangées lon-
gitudinalement de chaque côté du pois-
son.
: Six barbillons aux mâchoires:; huit rayons
à la première dorsale ; dix-sept rayons à
la nageoire de l'anus; le lobe supérieur
de la caudale plus long que l'inférieur.
Six barbillons aux mâchoires; sept rayons
à la première dorsale ; onze rayons à l'a-
nale ; le lobe supérieur de la queue plus
long que Finférieur ; la couleur générale
d'un bleu doré ; deux rangées longitudi-
nales de taches noires de chaque côlé de
l'animal.
rayons à la première nageoire du dos;
huit rayons à chaque ventrale; vingt
rayons à la nageoïre de l'anus ; les deux
premiers rayons de celte nageoire plus
longs que les autres; et réunis à un ap-
pendice membraneux, filiforme, et plus
allongé que ces rayons ; la couleur géné-
rale bleuâtre.
DES POISSONS. 167
ESPÈCES. CARACTÈRES.
Six barbillons aux mâchoïres; huit rayons
à la première nageoïre du dos; le pre-
mier de ces rayons fort et court; le se-
12. PIMÉLODE DOIGT-DE- cond, long et dentelé; six rayons à la
NÈGRE. nageoire de l'anus; le premier rayon de
chaque pectorale dentelé des deux côtés ;
la caudale en croissant; presque loutes
les nageoires d’une couleur foncée.
|
\
Six barbillons aux mâchoires ; sept rayons
à la première nagcoire du dos; le pre-
mier de ces rayons dentelé des deux cô-
| tés; point de rayon dentelé aux pecto-
rales ; la ligne latérale droïte,
15. LE PIMÉLODE cOMMER-
SONNIEN.
Six barbillons aux mâchoires; un rayon
aiguillonné et six rayons articulés à la
première dorsale ; vingt-deux rayons à la
nageoire de l'anus; une tache noîïre sur
la nageoire adipeuse.
14. Le Piuérovs Tuux-
BERG. |
|
|
Huit barbillons aux mâchoires; six rayons
no EE PL MCOnEnesOte à la première dorsale ; vingt à l'anale.
/ Huit barbillons aux mâchoires; cinq rayons
| à la première nageoire du dos: huit
rayons à celle de l'anus ; la seconde na-
geoire du dos ovale.
16. LE PIMÉLODE cous.
/ Huit barbillons aux mâchoires; dix rayons
17. LE VIMÉLODE nOc- | à la première dorsale; dix rayons à l’a-
MAC. nale; deux rayons à la membrane des
branchies.
Huit barbillons aux mâchoires: dix rayons
| à la première nageoire du dos; douze
18. Lx PiMÉLODE BAJAD. rayons à l’anale ; la nageoïre adipeuse ,
| longue; cinq rayons à la membrane des
branchies.
Huit barbillons aux mâchoires; huit rayons
à la première nagcoïre du dos: ueuf
rayons à celle de l'anus ; la nageoire adi-
peuse, longue ; les deux lobes de la cau-
dale très allongés ; les nageoires rouges.
19. LE PIMÉLODE ÉRY-
THROPTÈRE. l
à la première dorsale; six rayons à cha-
que pectorale:; trente-six rayons à celle
de l'anus: une raie longitudinale et ar-
gentée de chaque côté du poisson.
20. LE PIMÉLODE RAIE
D'ARGENT.
É barbillons aux mâchoires; cinq rayons
168 HISTOIRE NATURELLE
ESPÈCES, CARACTÈRES.
Huit barbillons aux mâchoires; neufrayons
à la première nageoïre du dos; six rayons
Le PiMÉLOLE RAYÉ. à chaque pectorale, huit à l'anale; une
raie longitudinale jaune et bordée de
bleu.
Huit barbillons aux mâchoires ; dix rayons
à la première dorsale ; l’anale très courte
et arrondie ; l’adipeuse longue et arron-
die ; les principaux muscles latéraux visi-
29. Le Piméons moucucré.{ bles au travers de la peau ; point d’aiguil-
lon dentelé à la première nageoïre du
dos ; de petites taches noirâtres, semées
irréguñèrement sur presque toutes les
\ parties de l'animal.
SECOND SOUS-GENRE.
La nagecire de la queue terminée par une ligne droite, ou arrondie ei
sans échancrure.
ESPÈCES. CARACTÈRES.
Six barbillons aux mâchoires ; six rayons à
| la première dorsale ; vingt-quatre rayons
23. LE PIMÉLODE casqui. à la nageoire de Pants la caudale ar-
rondie ; la tête couverte d'une plaque
osseuse, ciselée et découpée.
[Quatr ebarbillonsaux mâchoires es;septrayons
à lä pr emièr enageoir e du dos: onzer ayons
24. FÆ Pimisosx curzr.
à celle de l'anus; la caudale lancéolée,
DES POISSONS. 169
D r ED ebé be S4pe Pat PPSpobsB-podpebe mobs Por eBHEHo He HobDe er Eee PETER MBOAE 6 D
LE PIMÉLODE BAGRE".
Pimelodus Bagre , Lacer., Cuv. — Silurus
Bagre, Linn., Guer., BLocu.
LE PIMÉLODE CHAT?
Pimelodes Felis, Lacer. -— Silurus Felis, Linn., Gue,
LE PIMÉLODE SCHEILAN3#,
Synodontis Clarias , Guv. — Pimelodus Clarias, Lace. — Silurus
Clarias, Lann., Guer., BLocn.
ET LE PIMÉLODE BARRE“.
Pimelodus fasciatus , Lacep.. Cuv. — Silurus fasc'atus , Lanx.,
GueL., Brocn.
Les grandes rivières du Brésil et celles de lAmé-
rique septentrionale nourrissent le bagre, qui parvient
1. Meerwels , par les Allemands.
Saltwater-katfish, par les Anglois de l'Amérique septentrionale.
Coco, à Cayenne.
Guiraguacu , par les Brasiliens.
Silure bagre, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique.
Id, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
Block, pl. 365.
Gronov. Zooph., 382.
Willughby, Ichthyol. tab. J1, 7, fig. b:
Bagra tertia, Raï, Pisc., p. 82, n. 5.
170 HISTOIRE NATURÈLLE
à une longueur considérable, mais dont la chair esi
ordinairement peu agréable au goût. On voit sur sa
tête une cavité allongée ; chaque narine a deux ori-
fices ; la mâchoire inférieure dépasse celle d’en haut ;
le devant du palais est rude, mais la langue est lisse.
Les barbillons situés au coin de la bouche sont plats
et très longs. La ligne latérale est droite ; une dente-
lure garnit le bord extérieur du premier rayon de la
première nageoire du dos, et les deux côtés de chaque
pectorale. La partie supérieure de l'animal est bleue;
l'inférieure argentée; et la base des nageoires, rou-
geâtre.
Les couleurs et la patrie du pimélode chat sent
presque les mêmes que celles du bagre.
On pêche le scheilan dans les eaux douces du Brésil
et dans celles de Surinam ; mais on le trouve aussi
2. Machotran blanc, à Cayenne.
Passani , ibid.
Petite gueule , ibid
Silure chat, Daubenton et Hauy, Encyclopédie méthodique.
Id. Bonnaterre, planches de F'Encyclopédie méthodique.
3. Eangbard, en Allemague.
Lœngstrimad taudjægy, en Suède.
Silure scheilur, Daubentou et Haüy, Encyclopédie méthodique.
Id. Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique.
Mus. Ad. Frid. 1, p. 79: et 2, p. 98.
It. Scan. 82.
Gronov. mus. 1, n. 85, p. 04; Zooph. n. 08/4, p. 125.
Hasselquist, It. 569.
Barbarin , Bloch , pl. 55, fig. 1.
4. Silure barré, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique.
Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
Bloch, pl. 566.
Seba , mus. 5, p. 84, tab. 19, fig. 6.
Gronov. Zooph. 586.
DES POISSONS. Li
dans le Ni. Il a la mâchoire supérieure plus avancée
que celle d'en bas; ces deux mâchoires hérissées,
ainsi que le palais, de dents petites et pointues; les
yeux grands et ovales; la prunelle allongée dans le
sens vertical; deux petits sillons entre les yeux; la
nuque et le devant du dos, couverts de plaques très
dures et osseuses ; la ligne latérale courbée vers le
bas; l’os qui représente la clavicule, soutenu par une
pièce osseuse et triangulaire; le premier rayon de cha-
que pectorale, de la première nageoire du dos, et
quelquefois de chaque ventrale, osseux, très fort, den-
telé d’un ou de deux côtés, et propre à faire des bles-
sures dangereuses à cause des déchirements qu'il peut
produire dans les muscles et jusque dans le périoste;
l'anale et la nageoire adipeuse, échancrées du côté
de la caudale, dont la pointe supérieure est plus lon-
gue que l’inférieure; la couleur générale d’un gris
noir; le ventre d’un gris blanc.
Le barré vit à Surinam , comme le scheilan. Le haut
de la tête sillonné ; la mâchoire supérieure plus allon-
gée que celle d'en bas ; la langue lisse et courte; le
palais rude; l’orifice unique de chaque narine ; les
bandes transversales grises, jaunes et brunes ; la blan-
cheur du ventre, le rougeâtre des pectorales, le bleuâtre
et les taches brunes des autres nageoires : tels sont les
1. 6 rayons à la membrane des branchies du pimélode bagre.
12 rayons à chaque pectorale.
8 rayons à chaque ventrale.
18 rayons à la nageoire de la queue.
5 rayons à la membrane des branchies du pimélode chat.
11 rayons à chaque pectorale.
6 rayons à chaque ventrale.
31 rayons à la eaudale.
172 IMISTOIRE NATURELLE
traits du pimélode barré, qu'il ne faut pas négliger
de connoître 1.
6 rayons à la membrane des branchies du pimtiode scheilan.
7 rayons à chaque pectorale.
7 rayons à chaque ventrale.
18 rayons à la nageoïre de la queue.
12 rayons à la membrane des branchies du pimélode barré.
12 rayons à chaque pectorale.
6 rayons à chaque ventrale.
14 rayons à la caudale.
LA
DES POISSONS. 179
> Ex Po Po@s 0-00 001980 1P0H-6 00 MH04P0 00H00 DO BOF EC LOG 7% LS La HO 50140 4240H04%0 ©
LE PIMÉLODE ASCITE"’
Silurus Ascita, LiNn., GMEL. — Pimelodus Ascita,
LAcEr.
Le Piuérone ancenté?, Pimelodus argenteus, Lacep.; Silurus Hertzber-
gi, Bloch; Pimelodus Hertzhergiui, Cuv. — P. xœun ?, Pimelodus
nodosus, Lacep.; Silurus nodosus, Bloch. — P. quarre-racnes #.
Pimelodus quadri-maculatus , Lacep., Cuv.; Silurus quadri-maculatus,
Bloch. — P. sarsu°, Pimelodus Barbus, Lacep. — P. racueréf,
Pimelodus maculatus, Lacep.. Cuv. — P. nLeuaTRE, Pimelodus cœru-
lescens, Lacep. — P. noreT-pe-nècrE, Pimelodus nigrodicitatus ,
Lacep., Guv.—P. Commersonnten, Pimelodus Commersonnit, Lacep.
Nous avons déjà observé très souvent que plusieurs
poissons cartilagineux ou osseux, tels que les raies,
1. Mus. Adolph. Fr. 1, p. 79, tab. 50, fig. 2.
Bloch, pl. 55, fig. 5, 7.
Silure ascite , Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique.
Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
». Silurus Hertzbergit, Bloch, pl. 563.
3. Silurus nodosus , Bloch, pl. 368, fig. 1.
4. Silurus quadri-maculatus, Bloch, pl. 568. fig. 2.
5. Barbue , par les matelots françois.
« Silurus pinna dorsi prima ossiculorum octo, cirris labialibus sex,
» caudæ lobo superiori elongato, etc. » Commersou, manuscrits déjà
cités.
6. « Silurus corpore maculoso, cirris quatuor in mandibula infe-
» riore ; duobus in superiore , ultra pinnam dorsi secundam produc-
» tis» Commerson , manuscrits déjà cités.
154 HISTOIRE NATURELLE
les squales, les blennies, etc., étoient ovovivipares,
c’est-à-dire provenoient d’un œuf éclos dans le ventre
de la mère. Nous avons remarqué aussi que les syn-
onathes se développoient d’une manière intermédiaire
entre celle des ovovivipures et celle des ovipares.
Leurs œufs, en effet, n’éclosent pas dans le ventre de
la femelle; mais, lorsque les petits syngnathes en sor-
tent, ces œufs sont encore dans une sorte de rainure
longitudinale qui se forme au dessous de la queue de
la mère, et où ils sont retenus par une membrane
que les fœtus déchirent pour venir à la lumière. Une
génération différente , à plusieurs égards, de celle des
syngnathes, mais qui s’en rapproche néanmoins, et
qui tient également le milieu entre celle des ovovivi-
pares et celle des ovipares, a été observée dans les
ascites. Leurs œufs n’éclosent, pour ainsi dire, ni
tout-à-fait dans le corps ni tout-à-fait hors du corps
de la femelle ; et nous allons voir comment se passe
ce phénomène remarquable qui confirme plusieurs
des idées exposées dans nos différents Discours sur
les poissons.
Les œufs de l’ascite deviennent très gros à propor-
tion de la grandeur de l’animal adulte. À mesure qu'ils
se développent, le ventre se gonfle ; la peau qui re-
couvre cet organe s'étend, s’amincit, et enfin se dé-
chire longitudinalement. Les œufs détachés de l'ovaire
parviennent jusqu'à l'ouverture du ventre; le plus
avancé de ces œufs se fend à l'endroit qui répond
à la tête de l’embryon; la membrane qui en forme
l'enveloppe se retire ; et l’on aperçoit le jeune animal
recourbé et attaché sur le jaune par une sorte de cor-
don ombilical, composé de plusieurs vaisseaux. Dans
DES POISSONS. 179
cette position, l'embryon peut mouvoir quelques unes
de ses parties : mais il ne peut se séparer du corps de
la mère que lorsque le jaune, dont il tire sa nourri-
ture , est assez diminué pour passer au travers de la
déchirure longitudinale du ventre ; le jeune poisson
s'éloigne alors, entraînant avec lui ce qui reste de
jaune, et s’en nourrissant encore pendant un temps
plus ou moins long. Un nouvel œuf prend la place de
celui qui vient de sortir; et lorsque tous les œufs se
sont ainsi succédé, et que tous les petits sont éclos,
le ventre se referme, les deux côtés de la fente se réu-
nissent, et cette sorte de blessure disparoit jusqu à
la ponte suivante.
Des six barbillons que présente l’ascite, deux sont
placés à la mâchoire supérieure , et quatre à l’infe-
rieure. Le premier rayon de la première nageoire du
dos et celui de chaque pectoraie sont durs et pointus.
Il paroît que l’ascite a été pêché dans les deux
Indes.
A l’égard de l’Argenté, on l’a reçu de Surinam. Ce
pimélode a l'ouverture de la bouche petite ; les mà-
choires aussi longues l’une que l’autre, et hérissées
de très petites dents, comme le palais ; la langue lisse
el courte; un seul orifice à chaque narine; quatre
barbillons à l'extrémité de la mâchoire inférieure ; un
barbillon à chaque coin de la gueule ; la ligne latérale
presque droite, et garnie, sur chacun de ses côtés , de
plusieurs petites lignes tortueuses ; le premier rayon
de la première dorsale dentelé à son bord extérieur :
le premier rayon de chaque pectorale dentelé sur ses
deux bords ; le dos brunâtre, et les nageoires variées
de jaune.
176 WISTOIRE NATURELLE
Les eaux de Tranquebar nourrissent le pimélode
Nœud. Nous devons indiquer les petits sillons qui
divisent en lames la couverture osseuse de sa tête, le
double orifice de chacune de ses narines , l’appendice
triangulaire qui termine chaque clavicule, la dente-
lure que montre le bord intérieur du premier rayon
de chaque pectorale et de la première nageoire du
dos, la direction de la ligne latérale qui est ondée,
le bleu du dos et de la nageoire de l’anus, la couleur
brune des autres nageoires, l’argenté des côtés et du
ventre.
Que l’on remarque dans le pimélode Quatre-Taches,
qui vit en Amérique, l’égal avancement des deux mä-
choires ; le nombre et la petitesse des dents qui les
hérissent et qui garnissent le palais ; la langue lisse ;
l'orifice unique de chaque narine ; la longueur des
barbillons placés au coin de la bouche ; la dentelure
du premier rayon de chaque pectorale ; le brun nuancé
de violet qui règne sur le dos; le gris du ventre; le
jaunâtre des nageoires; les taches de la première dor-
sale, dont la base est jaune , et l'extrémité bleuâtre.
Les cinq pimélodes dont nous allons parler dans
cet article n’ont encore été décrits dans aucun ouvrage
d'histoire naturelle, Nous avons trouvé dans les ma-
nuscrits de Commerson une notice très étendue sur
les deux premiers de ces quatre poissons, et un dessin
du cinquième.
La couleur générale du Barbu est d’un bleu plus
ou moins foncé, ou plus ou moins semblable à la cou-
leur du plomb; la partie inférieure de l'animal est d’un
blanc argenté ; les côtés réfléchissent quelquefois l'é-
clat de l'or ; quelques nageoires présentent des teintes
DES POISSONS. hn7
d'incarnat. La couverture osseuse de la tête est comme
ciselée, et relevée par des raies distribuées en rayons;
la mâchoire supérieure dépasse et embrasse l’infé-
rieure ; de petites dents hérissent l’une et l’autre, ainsi
que deux croissants osseux situés dans la partie anté-
rieure du palais, et deux tubercules placés auprès du
vosier ; la langue est très large, unie, cartilagineuse ,
dure , et attachée dans tout son contour ; chaque na-
rine a deux orifices, et l’orifice postérieur, qui est le
plus grand, est fermé par une petite valvule que le
barbu peut relever à volonté ; une carène osseuse et
aiguë s'étend depuis l’occiput jusqu’à la première dor-
sale ; la ligne latérale est à peine visible ; le ventre
est gros, et devient très gonflé et comme pendant
lorsque l’animal a pris une quantité de nourriture un
peu considérable. Le premier rayon de chaque pecto-
rale et de la première nageoire du dos est dentelé de
deux côtés, très fort, et assez piquant pour faire des
blessures très douloureuses , graves et si profondes,
qu'elles présentent des phénomènes semblables à ceux
des plaies empoisonnées. La nageoire adipeuse est plus
ferme que son nom ne l'indique, et sa nature est à
demi cartilagineuse. On aperçoit au delà de l’ouver-
ture de l’anus un second orifice destiné vraisemblable-
ment à la sortie de la laite ou des œufs. Le foie est
rougeâtre, très grand, et divisé en plusieurs lobes;
l'estomac dénué de cœcums ou d’appendices; le ca-
nal intestinal replié plusieurs fois ; la vessie natatoire
attachée au dessous du dos, entourée de graisse, et
séparée en quatre loges.
Le goût de la chair du barbu est exquis ; on le prend
a la ligne , ainsi qu'au filet. Lorsqu'on le tourmente
170 HISTOIRE NATURELLE
ou l’effraie, il fait entendre une sorte de murmure,
ou plutôt de bruissement. Il habite dans les eaux de
l'Amérique méridionale.
Le pimélode tacheté a été vu dans les mêmes con-
trées. Il vit particulièrement dans le grand fleuve de
la Plata, et il a été observé à Buénos-Ayres, ainsi qu’à
la Encénada. Le tégument osseux de sa tête est relevé
par des points et des ciselures, montre un petit sillon
entre les yeux, et s'étend par un appendice jusqu'à
la première nageoire du dos. La mâchoire supérieure
est plus longue que celle de dessous. Les deux bar-
billons attachés à cette même mâchoire d’en haut
sont beaucoup plus longs que les autres. Derrière
chacun des opercules , qui sont rayonnés , deux pro-
longations osseuses s'étendent vers la queue. Le pre-
mier rayon de chaque pectorale et de la première
nageoire du dos, et la nageoire adipeuse, ressemblent
beaucoup à ceux du barbu. La ligne latérale suit la
courbure du dos.
Le bleuâtre, dont M. Leblond nous a envoyé un
individu de Cayenne, a beaucoup de rapports avec
le pimélode chat. De ses six barbillons , deux appar-
tiennent à la mâchoire d’en haut, et deux à celle d’en
bas. Le premier rayon de la première dorsale, et celui
de chacune des pectorales, sont dentelés.
Le Doigt-de-nègre tire son nom de la couleur des
rayons de ses pectorales et de ses ventrales, rayons
que l’on a pu comparer à des doigts. Le premier rayon
de chaque pectorale a ses deux dentelures dirigées en
sens contraire l’une de l’autre. Plusieurs plaques os-
seuses garantissent le dessus de la tête. Celle qui couvre
l’occiput est carénée , pointue par derrière, et se réu-
DES POISSONS. 79
nit avec la pointe d’une autre plaque triangulaire, com-
posée de plusieurs pièces, et dont la base embrasse
l’aiguillon dentelé du dos. Il paroît que le Doigt-de-
nègre parvient à une grandeur considérable. La col-
lection du Muséum d'histoire naturelle en renferme
un individu 1.
Le commersonnien a deux orifices à chaque narine,
et les deux dorsales triangulaires. Le dessus de sa tête
1. 15 rayons à chaque pectorale du pimélode ascite.
6 rayons à chaque ventrale.
18 rayons à la nageoire de la queue.
6 rayons à la membrane branchiale du pimélode argenté.
10 rayons à chaque pectorale.
8 rayons à chaque ventrale.
\
16 rayons à la caudale.
5 rayons à la membrane des branchies du pimélode nœud.
7 rayons à chaque pectorale.
8 rayons à chaque ventrale.
20 rayons à la nageoire de la queue.
5 rayons à la membranedes branchies du pimélode quatre-taches,
7 rayons à chaque pectorale.
6 rayons à chaque ventrale.
19 rayons à la caudale.
5 rayons à la membrane branchiale du pimélode barbu.
12 rayons à chaque pectorale.
6 rayons à chaque ventrale.
15 rayons à la nageoire de la queue.
6 rayons à la membrane branchiale du pimélode tacheié.
9 rayons à chaque pectorale.
6 rayons à chaque ventrale.
16 rayons à la caudale.
7 rayons à chaque pectorale du pimélode bienâtre.
17 rayons à la nagcoire de la queue.
180 HISTOIRE NATURELLE
est dénué de grandes plaques osseuses. Il ne montre
ni taches, ni bandes, ni raies.
10 rayons à chaque pectorale du pimélode doigt-de-nègre.
6 rayons à chaque ventrale.
20 rayons à la caudale.
DES POISSONS. | 181
LE PIMÉLODE THUNBERG".
Pimelodus Thunberg, Lacer.
LA mâchoire supérieure de ce pimélode est plus
avancée que l’inférieure ; elle montre deux barbillons,
et l'inférieure quatre : l’une et l’autre sont garnies de
dents nombreuses, mais plus petites que celles qui
hérissent le palais. Chaque opercule présente un ai-
guillon. Le premier rayon de la première dorsale , et
celui de chaque pectorale, sont forts et dentelés.
Thunberg a vu ce pimélode dans les mers des Indes
orientales ?.
1. Silurus maculatus, Thunberg.
2. 1 rayon aiguillonné et 10 rayons articulés à chaque pectorale
du pimélode thunberg.
6 rayons à chaque ventrale.
24 rayons à la nagcoire de la queue.
LACÉPEDE, XI. ie
102 HISTOIRE NATURELLE
LE PIMÉLODE MATOU:.
Pimelodus Catus, Lacer., Cuv.—Silurus Catus, Lin.
Le Prmérove Cous?, Pimelodus Cous , Lacep.; Silurus Cous, Linn. —
P. Docuac*, Pimelodus Docmac, Lacep., Guv.:; Silurus Doemac, Linn.
— P. Baran*, Pimelodus Bajad, Lacep., Cuv.; Silurus Bajad, Linn.,
Gmel. — P. ÉryrarorrÈre ©, Pimelodus erythropterus , Lacep., Cuv.;
Silurus erythropterus , Bloch. — P. Raïs n’aRGENT 6, Pimelodus athe-
rinoides , Lacep.; Silurus atherinoides , Bloch. — P. nayé?, Pimelo-
dus vittatus, Lacep.; Silurus vittatus, Bloch. — P. moucueté , Pime-
lodus guttatus , Lacep.
L’Au£RIQUE et l’Asie nourrissent le matou, dont le
dos est d’une couleur obscure et noirâtre, et qui par-
1. Silure matou , Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique.
Id, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
« Bagre species secunda. » Marcg. Brasil., p. 175.
Catesby, Carol. 2, p. 25, tab. 23.
2. Silure cous, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique.
Id, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
Gronov. Zooph., 587, tab. 8, fig. 7.
Mystus , Russel ; Alep. 76, tab. 15, fig. 2.
3. Forskael, Faun. Arab., p. 65, n. 94.
Silure dogmak, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
A. Bayatte , ea Égypte, suivant M. Cloquet.
Silure bajad , Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthocique.
Forskael, Faun. Arab., p. 66, n. 95.
5. Bloch, pl. 569, fig. 2.
6. Bloch, pl. 571, fig. 1.
7. Bloch, pi. 371, fig. 2.
DES POISSONS. 109
vient souvent à la longueur de trois pieds ou trois
pieds et demi. La Syrie est la patrie du cous, qui y vit
dans l’eau douce, qui a la mâchoire inférieure plus
courte que celle d’en haut, des dents très petites, un
orifice double à chaque narine , et dont le dos est d’un
blanc argentin marbré de taches cendrées.
On trouve dans le Nil, et particulièrement auprès
du Delta, le docmac et le baïad. Le premier est grisâtre
par dessus, blanchâtre par dessous, et quelquefois
long de plus de quatre pieds. Ses barbiHons sont iné-
gaux et très allongés ; sa ligne latérale est droite ; le
premier rayon de chaque pectorale et de la première
nageoire du dos est osseux et dentelé par derrière.
Le bajad est bleuâtre ou d’un vert de mer. Il a une
fossette au devant de chaque œil ; la mâchoire supé-
rieure plus longue que l’inférieure, et armée d’un arc
double de dents très serrées ; les barbillons extérieurs
de la lèvre d’en haut très allongés ; la ligne latérale
courbée vers le bas, auprès de son origine, et ensuite
très droite; un aiguillon très fort caché sous la peau,
et placé auprès de chaque pectorale, qui présente
une nuance rousse, ainsi que toutes les autres na-
geoires , excepté l’adipeuse.
Observez dans l’érythroptère d'Amérique l’égale
prolongation des deux mâchoires; la grande longueur
des barbillons des coins de la bouche ; la rudesse du
palais ; la brièveté de la langue, qui est cartilagineuse
et lisse ; la direction de la ligne latérale, qui est ordi-
nairement droite ; la dentelure du bord intérieur du
premier rayon äe chaque pectorale et de la première
dorsale ; le brunâtre du dos, ainsi que des eôtés, et
la couleur grise du ventre ;
104 HISTOIRE NATURELLE
Dans le pimélode raie d’argent, que l’on a décou-
vert dans les eaux douces de Malabar, l’égale longueur
des deux mâchoires ; la petitesse de leurs dents ; les
dimensions de celles du palais; le double orifice de
chaque narine; la position de l’anus plus rapproché
de la tête que de la caudale ; le rayon dentelé dans
son côté intérieur, que l’on voit à la première dor-
sale et à chaque pectorale ; la couleur générale qui
est d’un brun clair; l'éclat argentin du dessous du
corps de l'animal ;
Dans le rayé de Tranquebar, le chêtain de sa cou-
leur générale ; le cendré du ventre; les six pointes qui
terminent la couverture osseuse de la tête ; la lon-
gueur égale des deux mâchoires ; les dents arquées
du palais ; la surface unie de la langue ; les deux ori-
fices de chaque narine ; la dentelure intérieure du
premier rayon de chaque pectorale et de la première
nageoire du dos ; la direction très droite de la ligne
latérale 1.
À l'égard du moucheté , dont on peut voir une
1. 5 rayons à la membrane branchiale du pimélode matou.
11 rayons à chaque peclorale.
$ rayons à chaque ventrale.
17 rayons à la nageoiïre de la queue.
9 rayons à chaque pectorale du pimélode cous.
6 rayons à chaque ventrale.
2 rayons à la membrane branchiale du pimélode docmac.
11 rayons à chaque pectorale.
6 rayons à chaque ventrale.
à
18 rayons à la caudale.
11 rayons à chaque peciorale du pimélode bajad.
6 rayons à chaque ventrale.
20 rayons à la nageoire de la queue.
DES POISSONS. 109
figure très exacte dans la collection de peintures chi-
noises dont nous avons parlé très souvent, ajoutons
à ce qu'indique de ce pimélode le tableau générique,
que sa mâchoire d’en haut est plus avancée que celle
d’en bas, et que chaque peetorale a son premier rayon
dentelé du côté intérieur.
5 rayons à la membrane des branchies du pimélode érythroptère.
9 rayons à chaque pectorale.
6 rayons à chaque ventrale.
19 rayons à la caudale.
6 rayons à la membrane branchiale du pimélode raie d'argent,
6 rayons à chaque ventrale.
20 rayons à la nageoire de la queue.
5 rayons à la membrane branchiale du pimélode rayé.
6 rayons à chaque ventrale.
20 rayons à la caudale.
186 HISTOIRE NATURELLE
BE PeppID BSD PO Ho b0.50 86 50.505000 66-5049 Be EE He HO PE 7 H-CHpE POLE POLE DE HO 14 DO LPOULG Q
LE PIMELODE CASQUE’,
Pimelodus galeatus, LAcEr.— Silurus galeatus, Linx.
ET
LE PIMÉLODE CHILI?
Pimelodus chilensis, Lacer. — Silurus chilensis, Lrun.
DE petites dents semblables à celles d’une lime
arment les deux mâchoires du casqué, dont la patrie
est l'Amérique méridionale. La mâchoire inférieure
avance un peu plus que celle d'en haut. Le palais est
rude ; la langue lisse ; l’orifice de chaque narine dou-
ble ; le premier rayon de chaque pectorale dentelé
sur ses deux bords; la ligne latérale ondulée ; le dos
bleuâtre ; le ventre gris, et la couleur des nageoires
d’un brun foncé.
Le chili vit, comme le casqué, dans l'Amérique
méridionale, et particulièrement dans les eaux douces
1. Bloch, pl. 569, fig. 1.
Seba, mus. 5, p. 85, tab. 19. fig. 7.
Silure casqué, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique.
Id. Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique.
2. Molina, Hist, nat. Chil., p. 199, n. 9.
Silure ramoneur, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
DES POISSONS. 107
du pays dont il porte le nom. Il y parvient à la lon-
gueur d’un pied ou quinze pouces. Sa tête est grande ;
sa partie supérieure brune ou noire ; sa partie infé-
rieure blanche, et sa chair très agréable au goût 1.
2 rayons à la membrane branchiale du pimélode casqué.
7 rayons à chaque pectorale.
6 rayons à chaque ventrale.
21 rayons à la nageoire de la queue.
4 rayons à la membrane branchiale du pimélode chili.
8 rayons à chaque pectorale.
8 rayons à chaque ventrale.
18 rayons à la caudale.
188 HISTOIRE NATURELLE
#80 Fos PES Pate.
2289806050 0 50-#9-D9-10 0940 00 56 PCF F0.
80
CENT SOIXANTE-SEPTIÈME GENRE.
LES DORAS.
La tête déprimée et couverte de lames grandes et dures,
&
. LE Donas côrTt.
ou d’une peau visqueuse; la bouche à l'extrémité du
museau ; des barbillons aux mâchoires ; le corps gros ;
la peau du corps et de la queue enduite d’une muco-
sité abondante ; deux nageoires dorsales ; la seconde
adipeuse ; des lames larges et dures, rangées longi-
tudinaiement de chaque côté du poisson.
ESPÈCES. CARACTÈRES.
Six barbillons aux mâchoires ; six rayons à
la première nageoiïre du dos; douze
. Le Doras caRÉNé. | rayons à celle de l'anus ; les lames de la
ligne latérale garnies de piquants: la na-
geoire de la queue fourchue.
Six barbillons aux mâchoires ; sept rayons
à la première nageoïre du dos; douze
rayons à la nageoire de l'anus; des pla-
ques dures, larges, courtes et garnies
d’un crochet de chaque côté de la queue
et du corps; de grandes lames au dessus
et au dessous de l'extrémité de la queue ;
la caudale fourchue.
DES POISSONS. 109
LE DORAS CARENÉ!,
Doras carinatus, Lacer., Cuv.—-Silurus carinatus,
Linn., Guer.
ET
LE DORAS CÔTE?
Doras costatus, Lacep., Cuv. — Silurus costatus, LINN., GMEL.
—_ 6 ——
Les deux barbillons situés au coin de la bouche du
caréné sont comme élargis par une membrane dans
leur côté inférieur, et les quatre de la mâchoire d’en
bas paroïssent garnis de petites papilles. Le premier
rayon de la première dorsale est dentelé vers le haut ;
celui des pectorales l’est des deux côtés. Ce doras
habite à Surinam. L’espèce suivante se trouve égale-
ment dans l'Amérique méridionale ; mais elle vit aussi
dans les Indes orientales.
1. Sulure caréné, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique.
Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
2. Urutu, au Brésil.
Geribde meirval, par les Hollandoïs de l'Amérique méridionale.
Silure côte, Daubenton et Hauy, Encyclopédie méthodique.
Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
Cataphractus costatus , Bloch, pl. 376.
Gronov. mus. 2, n. 277, tab, 5, fig. 1 et 0.
190 HISTOIRE NATURELLE
La tête de ce second doras est revêtue d’une enve-
loppe osseuse qui s'étend jusque vers le milieu de la
première nageoire du dos, et sur laquelle on voit
plusieurs petites éminences roudes et semblables à des
perles. La mâchoire supérieure dépasse l’inférieure.
Le palais est rude , et la langue lisse. Chaque narine
n’a qu'un orifice. On voit au dessus de chaque pec-
torale un os long, étroit, pointu et perlé, que l’on a
comparé à une omoplate. Les plaques à crochet, qui
hérissent les côtés du corps et de la queue, sont or-
dinairement au nombre de trente-quatre. Le premier
rayon de la première dorsale et celui des pectorales
sont dentelés des deux côtés; mais dans la dorsale
toutes les dentelures sont tournées vers la pointe du
ravon , pendant que dans les pectorales celles d’un
côté sont dirigées vers la pointe , et celles de l’autre
vers la base du rayon auquel elles appartiennent. La
partie supérieure de l'animal est d’un brun mèlé de
violet.
Marcgrave dit que sa chair est de mauvais goût:
aussi ce poisson est-il peu recherché. Le doras côte a
«ailleurs des armes offensives et défensives à opposer
à ses ennemis : presque toutes Îles parties de son corps
sont cachées sous un casque ou sous une forte cui-
rasse ; un dard dentelé arme son dos et chacun de ses
bras. Pison rapporte même que les pêcheurs de lAmé-
rique méridionale le redoutoient d'autant plus, et cher-
choient à en débarrasser leurs filets avec d'autant plus
de soin, qu'ils étoient persuadés que les aiguillons
dentelés de cet osseux renfermoient un venin qui don-
noit la mort au bout de vingt-quatre heures, et dont
ils ne pouvoient arrêter les effets funestes qu'en ver-
DES POISSONS. 101
sant sur la plaie une grande quantité de l’huile de son
foie, qu'ils portoient toujours avec eux. Nous n’avons
pas besoin de faire remarquer que cette erreur des
pêcheurs brasiliens venoit des blessures dangereuses
que peuvent produire, en effet, les dards de ce doras,
non pas par les suites d’un poison qu'ils ne distillent
pas, mais par celles des déchirures profondes que
font souvent les dentelures de ces armes violemment
agitées 1.
1. 8 rayons à chaque pectorale du doras caréné.
8 rayons à chaque ventrale.
24 rayons à la nageoiïre de la queue.
5 rayons à la membrane branchiale du doras côte.
8 rayons à chaque pectorale.
9 rayons à chaque ventrale.
21 rayons à la caudale.
192 WISTOIRE NATURELLE
9 HP PO 50H BOHISOPOSO 545620 DOB0 BIS
PO Ho 0 De PO DE BE Bo De 50 L-0E0 0e Bobg
CENT SOIXANTE-HUITIÈME GENRE.
LES POGONATHES.
La tête déprimée et couverte de lames grandes et dures,
ou d’une peau visqueuses la bouche à l’extrémité
du museau; des barbillons aux mäâchoires ; le corps
gros; la peau du corps et de la queue enduite d’une
mucosité abondante ; deux nageoires dorsales, sou-
tenues l’une et l’autre par des rayons; des lames
larges et dures, rangées longitudinalement de chaque
côté du poisson.
ESPÈCES. CARACTÈRES.
Vingt-quatre barbillons à la mâchoire infé-
. - . “ fr)
rieure; point de barbillons à celle d’en
haut; neuf rayons à la première dorsale;
huit rayons à la nageoire de l'anus; la
caudale un peu fourchue.
1. Le PoconaATHE coun-
BINE.
Un seul barbillon à la mâchoire inférieure:
{ point de barbillons à la mâchoire d’en
haut.
23. LE POGONATHE Doré.
DES POISSONS. 199
20595080 50 40 80.200 50 B0 5060 909 HIDE .0 50 HO Hop ECHO EU Le rec o BE oO BCH ECHO DO
LE POGONATHE COURBINE”,
Pogonias fasciatus, Lacgr., Cuv. — Pogonathus
Courbina, Lacer.
ET
LE POGONATHE DORE?.
Umbrina........... ., Cuv. — Pogonaihus auratus, Lace».
CEs deux poissons sont encore inconnus des natu-
ralistes. Nous en avons trouvé la description dans les
manuscrits de notre Commerson.
Le pogonathe courbine présente ordinairement une
longueur de deux pieds ou deux pieds trois pouces,
sur une hauteur de quatre ou six pouces. Il pèse alors
six livres ou environ. La couleur de son dos et de ses
côtés est d’un bleu mêlé de brun et relevé par des
reflets dorés; l'éclat de l'argent brille sur sa partie
1. Courbin.
Courbedos.
« Pogonathus..…. silurus cirris menti viginti quatuor, pinnis dorsi
» daabus radiatis. » Commerson , manuscrits déjà cités.
9. « Pogonathus cirro menti unico brevi, poralis quatuor circum-
» dato. » Commerson, manuscrils déjà cités.
194 HISTOIRE NATURELLE
inférieure. Les écailles dont il est revêtu sont assez
grandes. La mâchoire supérieure, que l’animal peut
avancer et retirer à volonté, est un peu plus longue
que l’inférieure : l’une et l’autre sont garnies de dents
petites, nombreuses, et serrées comme celles d’une
lime. La langue, le palais et les environs du gosier
n’ont pas d’aspérités. Les vingt-quatre barbillons at-
tachés à la mâchoire d’en bas sont blancs, courts,
très mous, et disposés sur trois rangs transversaux.
Le dos forme une carène aiguë jusqu’à la première
des deux nageoires qu'il soutient, se courbe ensuite
vers le bas jusqu’à la seconde, et se relève au delà
de cette seconde nageoire en se courbant de nou-
veau. Chaque rayon de la première dorsale est un
aiguillon sans articulation, et part d’une sorte de tu-
bercule placé sous la peau ; mais ni cette nageoire ni
les pectorales ne présentent de rayon dentelé. Les
lames écailieuses dont on voit une rangée longitudi-
nale de chaque côté du poisson sont striées et argen-
tées. Le canal intestinal est plusieurs fois replié; le
foie petit et rouge ; chaque ovaire long et jaune 1.
Ce pogonathe est grand et beau ; mais sa chair est
mollasse , et son goût fade. Commerson l’a vu pêcher
dans le fleuve de la Plata, au mois d'avril 1767.
Le doré ressemble beaucoup par ses couleurs à la
courbine : mais ses écailles resplendissent davantage
de l'éclat de l'or. Ses ventrales et son anale sont d’un
1, rayons à la membrane branchiale du pogonathe courbine.
18 rayons à chaque pectorale.
1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque ventrale.
22 rayons à la seconde dorsale.
16 ragous à la nageoire de la queue.
DES POISSONS. 199
jaune blanchâtre; ses autres nageoires offrent des
nuances brunâtres.Il devient moins grand que la cour-
bine. Quatre pores sort placés autour du seul barbillon
que montrent les mâchoires de ce pogonathe.
196 HISTOIRE NATURELLE
CENT SOIXANTE-NEUVIÈME GENRE.
LES CATAPHRACTES.
La tête déprimée et couverte de lames grandes et dures,
ou d’une peau visqueuse; la bouche à l'extrémité du
museau; des barbillons aux mâchoires ; le corps gros;
la peau du corps et de la queue enduite d’une muco-
sité abondante; deux nageoires dorsales ; la seconde
soutenue par un seulrayon; des lames larges et dures,
rangées longitudinalement de chaque côte du poisson.
ges
PREMIER SOUS-GENRE.
La nageoire de la queue arrondie où terminée par une ligne droite et
sans échancrure.
ESPÈCES. CARACTÈRES.
Quatre barbillons aux mâchoires; huit
L k rayons à la première nageoire du dos:
1. Le GATAPHRAGTE GAL- six rayons à celle de l'anus; deux rangs
FICHE: de lames dures et dentelées de chaque
côté du poisson; la caudale arrondie.
Six barbillons aux mâchoires; cinq rayons
à la première dorsale; neuf rayons à l’a-
AA DEIGAEA EPS CRE ME nale ; un seul rang de lames grandes et
LECENS dures de chaque côté de lanimal; la
caudale rectiligne.
DES POISSONS. 197
SECOND SOUS-GENRE.
La nagecire de la queue fourchue ou échancrée en croissant.
ESPÈCE. CARACTÈRES.
Quatre barbillons aux mâchoires; neuf
( rayons à la première nageoire du dos;
sept rayons à l’anale; deux rangs de gran-
des lames le chaque côté du poisson ; la
caudale en croissant.
5. LE CATAPHRACTE
PONCTUÉ,
LACÉPÈDE X{ 19
108 HISTOIRE NATURELLE
LE CATAPHRACTE CALLICHTE”,
Callichtys, Cuv. — Cataphractus Callichtys, Lacer.
— Silurus Callichtys, Lixn., GMEL.
LE CATAPHRACTE AMÉRICAIN?
Dorus costatus, Lacer., Guv. — Cataphractus americanus, Lacep, —
Silurus cataphractus , Laxn.
ET LE CATAPHRACTE PONCTUÉ3.
Cataphractus punctatus, Lacer.
LE callichte se trouve dans les deux Indes ; il aime
les eaux courantes et limpides. On a écrit qu'il pou-
voit, comme l’anguille et quelques autres poissons,
s'éloigner en rampant ou en sautillant, jusqu'à une
distance assez grande des fleuves qu'il habite, et se
1. Soldat , par les Allemands.
Krip-ring-ming , par les Suédois.
Tomoate , par les Anglois.
Soldido , par les Portugais du Brésil.
Tamoata , par les Brasiliens.
Quiqui , à Surinam.
Dreg-dolfin , par les Hollandoïis des Indes orientales.
Silure callichte, Daubenton et Haüy, Eneyclopédie méthodique.
Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
DES POISSONS. 199
creuser, dans la vase ou dans la terre humide, des
trous assez profonds : mais voilà à quoi il faut réduire
les habitudes et les facultés extraordinaires qu’on a
voulu attribuer à cet animal. Il ne parvient que rare-
ment à la longueur d’un pied ou quinze pouces. Sa
chair est très agréable au goût. Sa couleur générale
paroît brune : on voit des taches brunâtres et des
nuances jaunes sur la nageoire de la queue. La tête
est revètue d’une couverture osseuse, dure, et ter-
minée de chaque côté par une portion allongée et
triangulaire. La mâchoire supérieure avance plus que
celle d’en bas ; la langue est lisse ; le fond de la gueule
rude ; l’orifice de chaque narine double; l'œil petit;
le premier rayon de chaque nageoire fort et aiguil-
lonné. Presque tous les rayons sont garnis de très
petits piquants. Les lames dentelées qui revêtent cha-
cun des côtés du callichte sont ordinairement au nomn-
bre de vingt-six dans chaque rangée ; et elles ont assez
de largeur pour que les quatre rangs qu’elles forment
soient continus de manière à produire un sillon longi-
tudinal sur le dos et sur chaque côté du poisson.
Le nom de l’Américain indique sa patrie. Il a été
observé particulièrement dans la Caroline.
On pèche le ponctué dans les rivières poissonneuses
Cataphracte callichte, Bloch, pl. 577, fig. 1.
AmϾnil. acad. 1, p. 517, tab. 14, ile
Gronov. mus, 1, p. 70.
Seba, mus. 5, tab, 29. fig. 13.
2. Id. Catesby, Carol. 5 , p. 19, tab. 19.
Silure cuirassé, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique.
Id. Bonnalcrre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
Gronov. mus., n. 71, tab. 5, fig. 4 et 5.
5. Bloch, pi. 577, fig. 22.
200 HISTOIRE NATURELLE
de Surinam. Îl a ja tête comprimée ; un casque os-
seux ; la mâchoire d’en haut plus avancée que celle
d’en bas; deux orifices à chaque narine ; l'œil voilé
par une membrane ; l’opercule composé de deux
pièces ; la clavicule large ; les grandes lames de chaque
côté dentelées , placées les unes au dessus des autres,
et formant des rangées de vingt-quatre ; le premier
rayon de l’anale, des pectorales, de la première na-
geoire du dos, et le rayon unique de la seconde,
roides et aiguillonnés ; la couleur générale jaune;
une tache noire et irrégulière sur la première dor-
sale ; des points sur la tête, sur le dos et sur plusieurs
nageoires À.
1. 3 rayons à la membrane branchiale du cataphracte callichte.
7 rayons à chaque pectorale.
8 rayons à chaque ventrale.
14 rayons à la nageoïire de la queue.
6 rayons à la membrane des branchies du cataphracte américain.
6 rayons à chaque ventrale.
19 rayons à la caudale.
3 rayons à la membrane branchiale du cataphracte ponctué,
6 rayons à chaque pectorale.
6 rayons à chaque ventrale.
17 rayons à la nageoire de la queue.
DES POISSONS. 201
a 3049 50 B0P0$0#05H9%0 #0 %0 #02 #90 F0 #9-H09 6019 5-00 #0 H0%0 (9 50 #00 #0 La He 0 10H W7H9%04%9 Le
CENT SOIXANTE-DIXIÈME GENRE.
LES PLOTOSES.
La tête déprimée et couverte de lames grandes et dures,
ou d’une peau visqueuse; la bouche à l'extrémité du
museau ; des barbillons aux mâchoires ; le corps gros ;
la peau du corps et de la queue enduite d’une muco-
sité abondante; deux nageoires dorsales ; la seconde
et celle de l’anus réunies avec la nageoire de la queue,
qui est pointue.
ESPÈCES. CARACTÈRES.
Huit barbillons aux mâchoires: six rayons
1. LE PLOTOSE ANGuILLE. { se à =
à la première nageoire du dos.
Huit barbillons aux mâchoires; un rayon
aiguillonné et trois rayons articulés à la
première dorsale ; cent douze rayons à la
seconde dorsale ; la caudale et l’anale
réunies.
2. Le PLorose TuHunger-
GIEN.
202 HISTOIRE NATURELLE
LE PLOTOSE ANGUILLÉ“
Plotosus anguillaris, Lacer., Cuv. — Platystacus
angutliaris, Brocx.
Pour peu que l'on jette les yeux sur ce poisson,
on verra que sa queue longue et déliée, la viscosité
de sa peau, la position et la figure de ses nageoires,
ainsi que la conformation de presque toutes les autres
parties de son corps, doivent donner à ses habitudes
une grande ressemblance avec celles de la murène an-
guille. 11 vit dans les grandes Indes ; et Commerson
en avoit rencontré une variété dans un des parages
qu'il a parcourus lors de son fameux voyage avec notre
célèbre Bougainville.
Il a plusieurs rangs de dents coniques aux deux
mâchoires ; des dents globuleuses au palais; d’autres
dents pointues auprès du gosier; la langue lisse ; la
mâchoire supérieure plus avancée que linférieure ;
un seul orifice à chaque narine ; le premier rayon de
la première dorsale court, gros et dur; le second
[08 et fort, et de plus osseux , aiguillonné et dénué
1. [lan sumbillang , dans les grandes Indes.
Flat-eel, en angloïs.
Aul formigen Blatt leib, en allemard.
Platystacus angutillaris, Bloch, p'. 573, fig. 1.
DES POISSONS. 203
de dentelure , comme le premier ; le premier rayon
de chaque pectorale également osseux, fort et al-
longé , et d’ailleurs dentelé des deux côtés; la ligne
latérale garnie de petits tubercules ; la couleur géné-
rale d’un violet mêlé de brun; le dessous du corps
blanchâtre ; et cinq raies blanches et longitudinales,
J'ai vu, sur un individu de cette espèce, un orifice
situé au delà de l’anus ; par cet orifice sortoit comme
un organe sexuel, qui se divisoit en deux coupes ou
entonnoirs membraneux. Au devant de cet organe
étoit un pédoncule ou appendice conique. L'état de
l'individu ne me permit pas de savoir s’il étoit mâle
ou femelle. Bloch a fait une observation analogue sur
l'individu qu'il a décrit.
1. 11 rayons à la membrane branchiale du plotose anguillé.
10 rayons à chaque pectorale.
12 rayons à chaque ventrale,
368 rayons dans l’ensemble formé par la réunion de la seconde.
dorsale, de la nageoire de l'anus, et de celle de la queue.
204 HISTOIRE NATURELLE
LE PLOTOSE THUNBERGIEN.
Plotosus thunbergianus, Lacer.
La couleur générale de ce poisson est d’un blanc
jaunâtre. Deux raies longitudinales et blanches pa-
roissent de chaque côté de la tête, du corps et de la
queue. Quatre barbillons garnissent chaque mâchoire.
La ligne latérale est droite. On voit une dentelure au
premier rayon des pectorales et de la première na-
geoire du dos.
Ce plotose, dont on doit la connoiïssance au savant
voyageur Thunberg, habite la partie orientale de la
mer des grandes Indes ?.
1. Silurus lineatus, Thunberg.
2. 1 rayon aïiguillonné et 12 rayons articulés à chaque pectorale
du plotose thunbergien.
12 rayons à chaque ventrale.
DES POISSONS. 209
64169 VP3:DOD 4 ED SD D MOD 5 AD 5 IE SM
DEEE GIE D SET ADD pas EE OP 20 OO
CENT SOIXANTE-ONZIÈME GENRE.
LES AGÉNÉIOSES.
La tête déprimée et couverte de lames grandes et dures,
ou d'une peau visqueuse; la bouche à l'extrémité du
museau; point de barbillons; le corps gros; la peau
du corps et de la queue enduite d’une mucosité abon-
dante; deux nageoires dorsales ; la seconde adipeuse.
ESPÈCES. CARACTÈRES.
Sept rayons à la première nageoire du dos;
la caudale en croissant; une sorte de
1. L’AGÉNÉIOSE ARMÉ, corne presque droite, hérissée de pointes,
et placée entre les deux orifices de cha-
que narine.
, u r ri ’ e .
2. L’AGÉNÉIOSE DÉSARMÉ, dale en croissant : point de corne entre
pee rayons à la première dorsale; la cau-
les deux orifices de chaque narine.
206
HISTOIRE NATURELLE
eBOpOBSDEHSS OSEO D
L’AGÉNÉIOSE ARMÉ!,
Ageneiosus militaris, Cuv. — Ageneiosus armatus ,
Lacer. —Silurus militaris, Linx., Guec., BLocu.
ET
L’'AGÉNÉIOSE DÉSARMÉ?.
Ageneiosus inermis, Lacer., Cuv. — Silurus inermis, Linn., GMEL.
— "29 e———
CEs deux poissons vivent dans les eaux de Surinam,
et peut-être dans celles des grandes Indes. Quels traits
devons-nous ajouter à ceux que présente le tableau
sénérique pour terminer le portrait de ces deux agé-
néioses ?
Pour le premier, la largeur et le grand aplatisse-
ment de la tête ; les dents petites et nombreuses des
deux mâchoires; la brièveté et la surface unie de la
1. Steifbart, en allemand.
Geñornter wels , id.
Horned silure, en angloïs.
Silure armé, Daubenton et Hauy, Encyclopédie méthodique.
Id. Bonnatcrre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
Bloch, pl. 36».
2. Silure désarmé, Daubenton et Hauy, Encyclopédie méthodique.
[d. Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique.
Bloch , pl. 565,
DES POISSONS. 207
langue ; l’arc hérissé de dents, placé sur le palais ; la
distance qui sépare les yeux; le rouge de la prunelle ;
la peau qui revêt tout l’animal ; la formes et la du-
reté du premier rayon de la première de lequel
est d’ailleurs garni d’un double rang de crochets poin-
tus , vers le milieu et à son extrémité; la grosseur du
ventre ; les sinuosités et les ramifications de la ligne
latérale ; le vert foncé de la couleur générale ; les di-
mensions étendues du poisson; le mauvais goût de
sa chair.
Pour le second, tous ceux que nous venons d’énon-
cer, excepté la couleur de la prunelle, qui est noire ;
la nature de la peau, qui est moins épaisse; la lon-
sueur et les crochets du premier rayon de la première
dorsale, lequel est dur et aiguilionné, mais sans dente-
lure ; et peut-être la grandeur des dimensions, ainsi
que le goût peu agréable de la chair.
Le désarmé a de plus une prolongation triangulaire
et très pointue à l'extrémité postérieure de la couver-
ture osseuse de sa tête ; des taches brunes et irrégu-
lières ; la première dorsale, les pectorales, les ventrales
brunes , et les autres nageoires d’un gris quelquefois
mêlé de violet 1,
1. 9 rayons à la membrane des branchies de l’agénéiose armé.
16 rayons à chaque pectorale.
8 rayons à chaque ventrale.
55 rayons à la nageoïre de l'anus.
24 rayons à celle de la queue.
10 rayons à la membrane branchiale de l’agénéiose désarmé,
14 rayons à chaque pectorale,
7 rayons à chaque ventrale.
40 rayons à la nageoïre de l'anus,
26 rayons à la caudale.
208 HISTOIRE NATURELLE
CENT SOIXANTE-DOUZIÈME GENRE.
LES MACRORAMPHOSES.
La tête déprimée et couverte de lames grandes et dures,
ou d’une peau visqueuse; la bouche à l'extrémité du
museau; point de barbillons aux mächoires : le corps
gros; la peau du corps et de la queue enduite d’une
mucosité abondante; deux nageoires dorsales ; l’une
et l’autre soutenues par des rayons ; le premier raÿon
de la première nageoire dorsale fort, très long et
dentelé ; le museau très allonge.
ESPÈCE. CARACTÈRES.
Le MacRoRAMPHOSE { Six rayons à la seconde nageoire du dos ;
CORNU. Lt point de rayon dentelé aux pectorales.
DES POISSONS. 200
frere R EDS Bert ere Sfr ere tre etre COL LEO
26H05 HO PS perepemotEephapapeDee tr
LE MACRORAMPHOSE CORNU*.
Macroramphosus cornutus, Lacer. — Silurus
cornu£us , LINN.
La longueur du museau égale la moitié de la lon-
oueur du corps. Son extrémité est un peu recourbée.
Le premier rayon de la première nageoire du dos à
deux rangs de petites dents sur la moitié de son bord
inférieur, et peut s'étendre jusqu’au dessus de la na-
seoire de la queue. On compte neuf rayons à cette
dernière nageoire.
1. Forskael , Faun. Arabic., p. 66, n. 96.
Silure chardonneret , Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie mé-
thodique.
210 Ÿ HISTOIRE NATURELLE
CENT SOIXANTE-TREIZIÈME GENRE.
LES CENTRANODONS.
La tête déprimée et couverte de lames grandes et dures,
ou d’une peau visqueuse ; la bouche à l'extrémité du
museau; point de barbillons ni de dents aux mä-
choires ; le corps gros; la peau du corps et de la
queue enduite d’une mucosité abondante; deux na-
e : »
geoires dorsales; l’une et l’autre soutenues par des
rayons ; un ou plusieurs piquants à chaque opercule.
ESPÈCE. CARACTÈRES.
LE CENTRANODON J4PO- ( Onze rayons à la seconde nageoiïre du dos;
NOIS. | la caudale arrondie.
DES POISSONS. 22) 3 A (
MPESO ESA OPEPEREPEBE HITS DE PATES EE EG GEMER EE here ER EP E ET EDIT ES EE EE
LE CENTRANODON JAPONOIS".
Centrancdon japonicus, Lacer. — Silurus imberbis,
Linn., GMEL.
—$"———
CE poisson a les yeux gros et rapprochés l’un de
l’autre. On compte deux piquants vers le bord posté-
rieur de chaque opercule. Le corps et la queue sont
très alloncés ; ils sont couverts d’écailles très faciles
5CS 9
à voir. Ce centranodon parvient à la longueur de huit
pouces. Sa couleur générale est rougeûtre. Ses na-
geoires sont variées de blanc et de noir. Le Japon est
sa patrie ?.
1. Houttuyn, Act. Haarl. XX , 2, p. 558, n. 27.
2. 6 rayons à la membrane branchiale du centranodon japonois.
20 rayons à chaque pectorale.
6 rayons à chaque ventrale.
10 rayons à la nageoire de l’anus.
19 rayons à celle de la queue.
TD GE
27102 HISTOIRE NATURELLE
EbeE DA SD SD SPEED MD PA DED MED DSEDEDEE EE DS REBE® EE : 2H DE Lee De OH Pt
CENT SOIXANTE-QUATORZIÈME GENRE.
LES LORICAIRES.
Le corps et la queue couverts en entier d’une sorte de
cuirasse à lames; la bouche au dessous du museau ;
les lèvres extensibles : une seule nageoire dorsale.
/ Un rayon aïguillonné et sept rayons arli-
culés à la nageoire du dos; un rayon ai-
guillonné et cinq rayons articulés à celle
1. La LORICAIRE de l’anus; la caudale fourchue; le pre-
| mier rayon du lobe supérieur de la
\
SÉTIFÈRE,
nageoire de la queue très allongé; une
grande quantité de petits barbillons au-
tour de l'ouverture de la bouche.
Point de dents à la mâchoire supérieure,
2. La LORICAIRE ni de petits barbillons autour de l’ouver-
TACHETÉE. ture de la bouche; un grand nombre de
taches brunes.
DES POISSONS. 213
Devererssenmeraberarebpse PTS EMI 68 FEB MES RS 0 MODS HEMET SET EH ME MERE EPS E DS
LA LORICAIRE SÉTIFÈRE",
Loricaria cataphracta, Linn., GueL., Cuv. — Lorica-
ria cirrhosa, Brocn, Scan. — Loricaria setifera,
Lacer.
ET
LA LORICAIRE TACHETÉEZ.
Loricaria maculata, Brocn, Lace».
Les loricaires sont, parmi les osseux, les représen-
tants des acipensères que nous avons décrits en trai-
tant des cartilagineux. Elles ont avec ces poissons des
rapports très marqués par leur conformation générale,
1. Plécoste.
Panzerfisch, en Allemagne.
Gewapende harnasman , en Holiande.
Benfiaelling, en Suède.
Cataphract, par les Anglois.
Mus. Ad. Frid. 1, p. 79, Lab. 29, fig. 1.
Gronov. mus. 1, n. 69.
Scba, mus. 5, tab. 20, fig. 14.
Loricaire plécoste, Daubenton ct Hauy, Encyclopédie méthodique.
Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
Cutrassier plécoste, Bloch, pl. 375, fig. 5.
2. Id. Bloch, pl. 575, fig. à et 2.
LACÉPEDE. XI.
214 HISTOIRE NATURELLE
par la position de la bouche au dessous du museau,
par leurs barbillons, par les plaques dures qui les re-
vêtent ; et si elles n’offrent pas des dimensions aussi
grandes, une force aussi remarquable , des moyens
d'attaque aussi redoutables pour leurs ennemis, elles
ont des armes défensives à proportion plus sûres, parce
que Îles pièces de leur cuirasse, placées sans intervalle
les unes auprès des autres, ne laissent, pour ainsi dire,
aucune de leurs parties sans abri.
La sétifère a les mâchoires garnies de dents petites,
flexibles, et semblables à des s2tes; l'ouverture des
branchies très étroite ; le premier rayon de chaque
pectorale dentelé sur deux bords; celui des ventrales
dentelé ; celui de l’anale et de la nageoïre du dos dur,
sros et rude; le corps couvert de lames fortes, presque
toutes losangées, et dont plusieurs sont garnies d’un
aiguillon ; la queue renfermée dans un étui composé
d'anneaux situés les uns au dessus des autres; ces an-
neaux découpés, comprimés, et formant souvent en
haut et en bas une arête ou carène dentelée: le pre-
mier rayon du lobe supérieur de la queue quelquefois
plus long que tout le corps; la couleur générale d’un
jaune brunâtre 1.
Elle habite dans l'Amérique méridionale , ainsi que
la tachetée, que nous regardons comme une espèce
différente de la sétifère, mais qui cependant pourroit
n’en être qu'une variété distinguée par l’arrondisse-
1. 4 rayons à la membrane branchiaie de la loricaire sétifère et de
la loricaire tachetée.
7 rayons à chaque pectorale.
G rayons à chaque ventrale.
12 ravons à la caadale.
DES POISSONS. 219
ment de la partie antérieure et inférieure de sa tête ;
le nombre de ses barbillons, qui n'excède pas deux;
le défaut de dents sétacées ; la présence de deux
. A OO TA EN Q Q \ A A
pointes, à la vérité très difficiles à reconnoître , à Ja
mâchoire inférieure ; de grandes lames placées sur le
ventre , les unes à côté des autres; la moindre lon-
sueur du premier rayon de la caudale ; des taches
° 4 °\ , » / . . !
irrégulières, d’un brun foncé, distribuées sur presque
toute la surface du poisson ; et une tache noire que
l’on voit au bout du lobe inférieur de la nageoire de
la queue.
216 HISTOIRE NATURELLE
22805123 R0S0 3035 ESI0C
220 0208001000 1cHoBercACD0B0E260H08% 1 GO POSE
CENT SOIXANTE-QUINZIÈME GENRE.
LES HYPOSTOMES.
Le corps et la queue couverts en entier d’une sorte de
cuirasse à lames ; la bouche au dessous du museau :
les lèvres extensibles ; deux nageoires dorsales.
“ A
ESPECE. CARACTERES.
: Huit rayons à la première nageoire du dos;
L'HyPosTouE GUuACARr. un seul à la seconde; la caudale en crots-
sant.
DES POISSONS. 21";
1.508080 DO 9e a 10 Loe Bu Hd D4006 GO d/0-0% 0 WELEDA Ie LE don DOS do HORS Pa SAUCE L'AILE 3. 0P
L'HYPOSTOME GUACAR[”.
Loricaria (Hypostoma) plecostomus, Guv.— Loricaria
plecostomus, Linn., BLocu.— Hypastomus Guacari,
Lace.
— mm @ge-————
LE nom générique de ce poisson indique la position
de sa bouche. Il montre une couverture osseuse et
découpée par derrière sur sa tête ; une ouverture
étroite et transversale à sa bouche; des dents très
petites et comme séfacées, à ses mâchoires; des ver-
rues et deux barbillons à la lèvre inférieure ; une
membrane lisse sur la langue et le palais; un seul ori-
fice à chaque narine ; quatre rangées longitudinales
de lames de chaque côté de l’étui solide qui renferme
son Corps et Sa queue ; une arête terminée par une
1. Goré, auprès de Cayenne.
Steveragtige plooy beck, en Hollande.
Indianisk-stor, en Suède.
Runzelmaul, en Allemagne.
Loricaire guacari, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique.
Id. Bonnaterre, planches de F'Encyclopédie méthodique.
Loricaire plécositome, Bloch , pl. 574.
Mus. Ad. Frid. 1, p.55, tab. 28, fig. 4.
« Plecostomus dorso dipterygio, etc. » Gronov. Mus. 1. n. 67,
tab 3. fig. 1et 2:
Seba, mus. 5, tab. 29, fig. 11.
Guacart, Marcg. Brasil., 166.
219 HISTOIRE NATURELLE
pointe à chacune de ces lames; un premier rayon très
dur à chaque ventrale; un premier rayon dentelé et
très fort aux pectorales, ainsi qu'à la première na-
veoire du das; des taches inégales, arrondies , brunes
ou noires; et différentes nuances d'orangé dans sa
couleur générale. À
Le canal intestinal est six fois plus long que le
poisson. La chair est de bon goût. Les rivières de
l'Amérique méridionale sont le séjour ordinaire du
guacari 1.
4 rayons à la membrane brancnñiale de l'hypostome guacari.
7 vayons à chaque peciorale.
6 rayons à chaque ventrale.
5 rayons à la nagcoire de Fanus.
16 raçons à celle de ia queue.
7 — RE
DES POISSONS. 21Ÿ
© D ED D Sp DE D MP D PP STE EAP MD OL D SPL I OT DES POP Ep EAr EEE T EE np UT © HO SA CAT ML Bts CA ere MG LÉO
CENT SOIXANTE-SEIZIÈME GENRE.
LES CORYDORAS.
De grandes lames de chaque côté du corps et de la queue;
la tête couverte de pièces larges et dures ; la bouche
à l'extrémité du museau ; deux barbillons ; deux na-
geoires dorsales ; plus d’un rayon à chäque nageoire
du dos.
ESPÈCE. CARACTÈRES.
- Deux rayons aiguillonnés et neuf rayons ar-
Le Conyporas (GEOFFROY. ticulés à la première nageoire du dos; la
caudale fourchue.
229 HISTOIRE NATURELLE
LS 89 Sete STE SP SE EDS TE EDS CEE OT EE vu CB USE SPIFÉLPOETOEITOBETON COL ETES à EI
LE CORYDORAS GEOFFROY.
Corydoras Geoffroy, Lacer.
Nous avons trouvé, dans la collection donnée par
la Hollande à la France, un individu de cette espèce
encore inconnue des naturalistes. Le nom générique
par lequel nous avons cru devoir la distinguer indique
la cuirasse et le casque qu'elle a reçus de la nature;
et nous l'avons dédiée à notre collègue Geoffroy, qui
a si bien mérité la reconnoissance de tous ceux qui
cultivent l’histoire naturelle, par des observations qu'il
a faites en É gypte sur les divers animaux de cette con-
trée, et particulièrement sur les poissons du Nil.
Les lames qui garantissent chaque côté de cet os-
seux sont disposées sur deux rangs ; elles sont de plus
très larges et hexagones. Une membrane assez longue
separe les deux rayons qui soutiennent la seconde na-
seoire du dos. Le premier rayon de chaque pectorale
est hérissé de très petites pointes. Le second rayon
de la première nageoïire du dos est dentelé d’un seul
côté. Le premier de cette même nageoire n'offre pas
1, Corys , en grec, signifie casque ; et doras, cuirasse.
DES POISSONS. 221
de dentelure ; il est mème très court : mais on peut
remarquer sa force. Chaque narine a deux orifices.
On voit une grande lame au dessus de chaque pecto-
rale 1.
1. 11 rayons à chaque pectorale du corydoras geoffroy.
2 rayons à la seconde dorsale.
6 rayons à chaque ventrale.
7 rayons à la nageoire de l'anus.
14 rayons à celle de la queue.
222 HISTOIRE NATURELLE
284 "HS 895#0%09P80H08E BROSSE IL DM EM EMILE SMS EE ED SE ME ET EP DEMO SFrO Ar Erin en ee
CENT SOIXANTE-DIX-SEPTIÈME GENRE.
LES TACHYSURES.
La bouche à l'extrémité du museuu ; des barbillons aux
mâchoires ; le corps et la queue très allongés et revé-
tus d’une peau visqueuse ; le premier rayon de la pre-
mière nageoire du dos et de chaque pectorale très fort;
deux nageoires dorsales, l’une et l’autre soutenues
par plus d’un rayon.
ESPÈCE. GARACTÈRES.
_ (Six barbilions aux mâchoires; ia caudale
Le TacuysurE cuiNois.
| fourchue.
DES POISSONS. 2929
ET 20 #9 oo 1bot0 116 50 490 1191pS 40 LC B00-0 10H02 BHO PE EPL PI EH ADO 0 00 EG Bi BED EG ma LOL
LE TACHYSURE CHINOIS.
T'achysurus sinensis, Lacer.
“ss e—
Parmi les peintures chinoises déposées au Muséum
d'histoire naturelle, on voit une figure de cette belle
espèce , dont les formes et par conséquent les habi-
tudes ont beaucoup de rapports avec celles des silures,
des pimélodes, des pogonathes , etc.
Ce poisson vit dans l’eau douce. Son nom générique
exprime l’agilité de sa queue longue et déliée T, et son
nom spécifique indique son pays.
La mâchoire supérieure est un peu plus avancée
que l’inférieure ; elle présente deux barbillons : on en
compte quatre à la mâchoire d’en bas. Chaque narine
n’a qu'un orifice. Le dessus de la tête est aplati; le
museau arrondi; le dos très relevé et anguleux; la
ligne latérale droite ; l’opercule composé de trois
pièces ; la seconde nageoïire du dos un peu ovale , et
semblable pour la forme, ainsi que pour les dimen-
sions , à celle de l’anus, au dessus de laquelle elle
est située ; la couleur générale verte , avec des taches
d’un vert plus foncé. Des teintes rouges paroissent
sur les ventrales, et sur les nageoires de l’anus et de
la queue.
1. T'achys, en grec, signitie rapide,
924 HISTOIRE NATURELLE
der noo Hs be oHie e Lee HAE Se Le ELEC PET IPOTHLOE CHASSE
CENT SOIXANTE-DIX-HUITIÈME GENRE.
LES SALMONES.
La bouche à l'extrémité du museau; la tête comprimee;
des écailles facilement visibles sur le corps et sur la
queue; point de grandes lames sur les côtés, de cui-
rasse, de piquants aux opercules, de rayons dentelés,
nt de barbillons; deux nageoires dorsales; la se-
conde adipeuse et dénuée de rayons; la première plus
près ou aussi près de la tête que les ventrales ; plus
de quatre rayons à la membrane des branchies; des
dents fortes aux mâchoires.
ESPÈCES. CARACTÈRES.
Quatorze rayons à la première nageoire du
| dos : treize à celle de l'anus ; dix à cha-
{ que ventrale; le bout du museau plus
| avancé que la mâchoire inférieure; la
| caudale fourchue.
1. LE SALMONE SAUMON,
Douze rayons à la première dorsale et à la
nageoire de l'anus; onze rayons à cha-
que ventrale; la tête grande ; la mâchoire
inférieure terminée par une sorte de cro-
chet émoussé; des taches noires, allon-
2. LE SALMONE ILLANKEN. |
gées, inégales, et peu faciles à distinguer.
du dos: treïze à celle de l'anus: dix à
chaque ventrale ; la mâchoire inférieure
plus allongée que la supérieure ; la cau-
dale fourchue ; des taches noires.
. LE SALMONE SCHIEFER-
MULLER.
O1
j'a rayons à la première nageoire
\
( Quatorze rayons à la première nageoiïre du
dos ; douze à celle de l'anus: dix à cha-
que ventrale:; la cauéale à peine échan-
crée ; des taches grises.
4. LE SaLMONE ERIOX.
ESPÈCES.
5, LE SALMOXE TRUITE.
[er]
LE SALMONE BERG-
FORELLE,
7. LE SALMONE TRUITE-
SAUMONÉE.
co
LE SALMONE ROUGE.
9. LE SALMONE GÆDEN.
10, Lr SALMONE nucr,
DES POISSONS.
225
CARACTÈRES.
/{ Quatorze rayons à la première nageoiïre du
|
\
dos : onze à celle de l'anus; treize à cha-
que ventrale : la caudale peu échancrée ;
des taches rondes, rouges, et renfermées
dans un cercle d'une nuance plus claire
sur les côtés du poisson.
Treize rayons à la première nageoire du
“
dos; douze à celle de l'anus; huit à cha-
que ventrale ; la caudalc à peine échan-
crée ; des taches et des points noirs, rou-
ges et argenlins, sans bordure.
Quatorze rayons à la première nageoire du
dos; onze à celle de l'anus; dix à chaque
ventrale; la caudale en croissant ; des ta-
ches noires sur la tête, le dos et les côtés.
/ Douze rayons à la première dorsale ; onze à
PS
|
|
}
la nagcoire de l'anus ; dix à chaque ven-
trale; les deux mâchoïres également avan-
cées; la caudale fourchuc; des taches
rouges ou rougeâtres , et entourées d'un
cercle d’une autre nuance ; du rouge sur
les nageoires de la queue, de l’anus et du
ventre, et sur la partie inférieure de l’a-
nimal.
Douze rayons à la première nageoire du
dos ; onze à la nageoiïre de l'anus; dix à
chaque ventrale ; la caudale fourchue; la
tête très petite ; le corps et fa queue très
allongés et très minces; des taches rou-
ges renfermées dans un cercle blanc.
Treize rayons à La première dorsale; douze
à la nageoïire de l'anus; dix à chaque ven-
traie; la mâchoire supérieure un peu plus
avancée que l'inférieure; des taches bru-
nes, petites et rondes, sur le corps, la
queue, et toutes les nagcoires, excepté
les pectorales.
/ Quatorze rayons à la BHCRRÈRE dorsale ;
11, LE SALMONE its)
\
douze à l’anale; dix à chaque nageoire
ventrale; la caudale en croissant ; là mà-
choire d'en bas un peu plus avancée que
celle d’en haut ; les côtés argentés et se-
nés de taches petites et blanches: du noir
ct du rouge sur les nageoires inférieures.
(ep)
22
ESPÈCES.
HISTOIRE NATURELLE
CARACTÈRES.
{Treize rayons à la première nageoire du
135, LE SALMONE OMBLE
CHEVALIER.
19. LE SALMONE SAZVELINE,. |
14. ÊE SALMONE TAIMEN.
\
dos; douze à l’anale; neuf à chaque ven-
trale; la caudale fourchue ; la mâchoire
supérieure un peu plus avancée que l'in-
férieure ; les ventrales rouges; le premier
rayon de ces nageoires et de celle de l’a-
nus fort et blanc.
Onze rayons à la première nageoire du dos
et à celle de l'anus; neuf à chaque ven-
trale; la caudale fourchue ; la tête petite;
la mâchoire supérieure plns avancée que
l'inférieure: le corps et la queue sans
taches.
Treize rayons à la première dorsale ; dix à
la nageoïre de l'anus et à chaque ven-
trale ; la caudale fourchue; la tête allon-
gée ; le museau un peu déprimé ; la mà-
choire inférieure un peu plus avancée que
celle d’en haut ; la couleur générale bru-
nâtre ; un grand nombre de taches ron-
des et brunes.
/Treïze rayons à la première nageoire du
15. LE SALMONE NELMA. <
\
dos; quatorze à celle de l'anus; la cau-
dale fourchue; la tête très allongée; la
mâchoire inférieure beaucoup plus avan-
cée que Ja supérieure; le museau un peu
déprimé,; les écailles grandes ; la couleur
générale argentée,
/ Treïze rayons à la première dorsale ; douze
16. Ï:E SALMONE LENOK.
à la nageoire de l'anus ; dix à chaque ven-
trale ; La caudale fourchue ; le corps et la
queue hauts et épais; la prunelle angu-
leuse par devant; un grand nombre de
points brans sur la partic supérieure du
poisson ; les dorsales tachetées.
/ Douze rayons à la première dorsale; dix à
17. LE soma
\
\
18. LE SALMONE ARCTIQUE, |
\
la nageoire de l'anus ; neuf à chaque ven-
trale ; la caudale fourechue ; la nagcoire
adipeuse, pelite et dentelée; la couleur
générale argentée; des taches rondes et
blanches.
Dix-huit rayons à la première magcoire du
dos ; dix à l’anale : la caudale tourchue ;
trois rides longitudinales sur la tête;
quatre rangées de points et de petites
raies brunes de chaque côté du poisson.
DES POISSONS. ; 227
ESPÈGES. CARACTÈRES.
/ Quatorze rayons à la première dorsale : dix
à Ja nagcoiïre de l'anus et à chaque ven-
trale ; la caudale un peu fourchue : l’a-
dipeuse en forme de faux; la mâchoire
supérieure plus longue que l'inférieure ;
la couleur générale brunâtre ; point de
taches.
19. LÆ SAIMONE REIDUR.
EL
Le corps et la queue allongés; les écailles
très pelites et lisses ; Ja peau très enduilte
d'une humeur visqueuse ; la partie su pé-
rieure du poisson brune, l’inférieure
rouge ou rougeâtre; des points noirs.
20, LE SALMONE ICIME,
Neuf rayons à la première nagcoire du dos;
douze à l’anale : neuf à chaque ventrale;
les écailles très petites: la mâchoire d'en
haut un peu plus avancée que celle d’en
bas; le dos brun ; le ventre rouge; des
taches noires, petites, renfermées dans
un cercle rouge, et placées sur les côtés
de l’aniraal.
21 Li SALMONE LEPECNIN,
Re En PR
Douze rayons à la première dorsale;quatorze
à la nagcoïire de l'anus ; treize à chèque
ventrale; les écailles grandes et brillantes:
l'anus très rapproché de la caudale; la
couleur générale brune; les nageoires
\ jaunâtres.
39, LE SALMONE SIL
Quaiorze rayons à la première nageoire du
dos ; vingt-huit à celle de l'anus; huit à
chaque ventrale ; la caudale fourchue : Ja
queue très haute au dessus de !’anale ; les
Gs de ja tête minces et transparents; le
dos d'un noir mêlé de vert: les côtés et
le ventre argentins.
43, Li SALNOXE LODDE.
/ Onze rayons à la première nageoïre du dos ;
{__ neufà celle de l'anus: neuf à chaque ven-
\ trale ; la mâchoire supérieure plus allon-
&__ gée que l’inférieure ; fa caudale fourchue
et noire; la ligne latérale droite: une
bande longitudinale argentée de chaque
côté du poisson.
24. LÆ SALMOKE BLANC.
la nageoiïre de l'anus et à chaque ventrale:
la candale fourchue : le corps et la queue
très allongés . la tête et les opercules cou-
\ verts d’écailles semblables à celles du dos;
\
\
jo rayons à la première dorsale: huit à
25. Î1,& SALMONE VARIE,
\
2928 HISTOIRE NATURELLE
ESPÈCES.
25. Le SALMOXE VARIE.
26. LE SALMONE RENÉ.
27. Li SALMONE RILLE,
28. LE SALMONE GADGÏDE.
20. LE SALMONE CUurEr-
LAND,
/
\
|
|
|
|
CARACTÈRES.
une raie longitudinale rouge, chargée
de taches noires, et placée de chaque
côté de l’animal , au dessus d'une série
d'espaces alternalivement jaunes et noirs;
les nageoires variées de noir el derouge.
Dix rayons à la première nagcoire du dos; -
neuf à l’anale et à chaque ventrale; la
caudale fourchue; les deux mâchoires
presque aussi avancées l’une que l’autre;
deux orifices à chaque narine; neuf ou
dix taches grandes et bleuâtres le long de
la ligne latérale.
Quatorze rayons à la première dorsale ; neuf
à la nageoire de l'anus et à chaque ven-
trale ; les mâchoires également avancées;
des taches petites et rouges, et des taches
noires et plus petites sur les côtés ; deux
taches noires sur chaque opercule.
/ Oreze rayons à la première nageoire du dos;
\
huit à celle de l’anus: neuf à chaque ven-
trale; l'ouverture de la bouche très grande;
la mâchoire inférieure plus avancée que
la supérieure; la couleur généraie d'un
gris marbré; des taches rouges et brunes
eur le des; des taches sur la nageoïre adi-
peuse.
[e)
/ Dix rayons à la première nagcoire du dos:
[
huit à la nagcoire de l'anus ; neuf à cha-
que ventrale ; la caudale écharcrée; les
deux mâchoires également avancées;
deux rangées de dents fines et pointues
à chaque mâchoire; une rangée longitu-
dinale de dents aiguës au milieu du pa-
lais; des points rouges le long de la ligne
latérale.
Poissons.
A
=
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SAUMONÉE 4.LF. SALM.
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DES POISSONS. 229
éoro 913050 20 #9» F0 “5 HO%BOB MM 9 BO HE LG DO POLDES TED0 DD DO 40 DC EPST DEEE LOTO EC PES
LE SALMONE SAUMON-.
Salmo Satar, Lixx., BLocu, Lace».
Tour le monde croiroit le saumon bien connu; et
cependant combien peu de personnes, même très
1. Saumoneau , avant deux ans d’âge.
Tacon , avant trois ans d'âge.
Salm, dans quelques contrées d'Allemagne.
Lachs, ibid.
Sælmling , ibid., lorsqu'il n’a qu’un an.
W'eisslach, ibid., lorsqu'il est gras.
Graulach, ibid., lorsqu'il est maïgre.
Kupferlachs, ibid., dans le temps du fraï.
W racklachs , ibid., après le temps du frai.
Rothlachs, ibid , lorsqu'il a été pris dans la mer.
Kalbfleischlachs , ibid., id.
Lassis, en Livonie.
Rencki, ibid., lorsqu'il est gros.
Lœhse, en Estonie.
Kolla, ibid.
Rgut balik, en Tartarie.
Jarga, chez les Calmouques.
Lohs , en Finlande.
Seelax , en Suède,
Haflax , ibid.
Blanklax , ibid.
Grœnnacke , ibid.
Haplax , en Banemarck.
Hakelar, en Norwége.
LACÉPÈDE, XL, 15
230 HISTOIRE NATURELLE
instruites , savent que , parmi les différentes espèces
d'animaux , il en est peu qui méritent plus que ce
poisson l'observation du naturaliste, l'examen du phy-
sicien , les soins de l’économe !
La nature des climats qu'il préfère, la diversité des
eaux dans lesquelles il se plaît, la vitesse de ses mouve-
Laking , en Norwége, quand il est encore jeune.
Kapisalirksoak , dans le Groenland.
Reblericksorsoak , ibid.
Salmon , en Angleterre.
Schmelt, en Écosse, lorsqu'il a un an.
Smont , ibid., id.
Mort, ibid., à trois ans.
Forktail, ibid., à quatre ans.
Halffisch, à cinq ans.
Kipper, ibid., après le temps du frai.
Faun Suecic. 345.
Salmone saumon, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique.
Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
Bloch, pl. 20 et 98.
Artedi, gen. 11, syn. 22, spec. 48.
Salmo , Plin., lib. 9, cap. 18.
Id. Auson. Mosella, v. 97.
Id. Salvian. fol. 100, a. b.
Id. Gesner, p. 824, 825, et (germ.) 181 b, 182 a.
Id. Jonston, lib. 2, tit. 1, cap. 1, p. 106, tab. 23, fig. 1: Thaumat.,
p. 427.
Id. Charlet, p. 150.
Id. Willughby, p. 189, etc., tab. 11, fig. 2.
Id. Rai, p. 65.
Salmo nobilis, Schonev., p. 64.
Salmo vulgaris, Aldrov. lib 4, cap. 1, p. 483.
Muller, Prodrom. Zoolog. Danic., p. 48, n. 405.
Gronov. mus. 2, p. 12, n. 163; Zooph., n. 569.
Klein , miss. pisc. 5, p. 17, n. 12; tab. 5, fig. 2.
Brit. Zool. 3, p. 259, n. 1.
Saumon , Valmont de Bomare. Dictionnaire d'histoire naturelle.
Saumon et tacon, Rondelet, partie 2, Poisson de rivière, chap. 1.
DES POISSONS. 251
ments , la rapidité de sa natation, la facilité avec la-
quelle il franchit les obstacles, la longueur immense
des espaces qu'il parcourt, la régularité de ses grands
voyages, la manière dont il fraie, les précautions qu'il
paroît prendre pour la sûreté des êtres qui lui devront
le jour, les travaux qu'il exécute, les combats que le
force à livrer une sorte de tendresse maternelle, son
instinct pour échapper au danger, les ruses par les-
quelles il déconcerte souvent les pêcheurs les plus
habiles, les dimensions qu'il présente , le bon goût
de sa chair, l'usage que l’on peut faire de sa dépouille,
tout, dans les habitudes et les propriétés du saumon,
doit ètre l’objet d’une attention particulière.
Ce poisson se plaît dans presque toutes les mers;
dans celles qui se rapprochent le plus du pôle, et
dans celles qui sont le plus voisines de l'équateur.
Où le trouve sur les côtes occidentales de l’Europe ;
dans la Grande-Bretagne ; auprès de tous les rivages
de la Baltique, particulièrement dans le golfe de Riga;
au Spitzberg ; au Groenland ; dans le nord de l’Amé-
rique ; dans Amérique méridionale ; dans la Nouvelle-
Hollande ; au fond de la Manche de Tartarie; au
Kamtschatka, etc. Il préfère partout le voisinage des
grands fleuves et des rivières, dont les eaux douces
et rapides lui servent d'habitation pendant une très
grande partie de l’année. Il n’est point étranger aux
lacs immenses ou aux mers intérieures qui ne parois-
sent avoir aucune communication avec l'Océan. On
le compte parmi les poissons de la Caspienne; et
cependant on assure qu'on ne l’a jamais vu dans la
Méditerranée, Aristote ne l’a pas connu. Pline ne parle
que des individus de cette espèce que l’on avoit pris
292 HISTOIRE NATURELLE
dans les Gaules ; et le savant professeur Pictet conjec-
ture qu'on ne l’a point observé dans le lac de Genève,
parce qu'il n'entre pas dans la Méditerranée, ou du
moins parce qu'il y est très rare !,
Il tient le milieu entre les poissons marins et ceux
des rivières. S'il croît dans la mer, il naît dans l’eau
douce ; si pendant l’hiver il se réfugie dans l'Océan,
il passe la belle saison dans les fleuves. Il en recherche
les eaux les plus pures ; il ne supporte qu'avec peine
ce qui peut en troubler la limpidité ; et c’est presque
toujours dans ces eaux claires qui coulent sur un fond
de gravier que l’on rencontre les troupes les plus nom-
breuses des saumons les plus beaux.
Il parcourt avec facilité toute la longueur des plus
grands fleuves. Il parvient jusqu’en Bohème par l'Elbe,
en Suisse par le Rhin, et auprès des hautes Corai-
lières de l'Amérique méridionale par l'immense Ma-
ragnon, dont le cours est de mille lieues. On a même
écrit qu'il n’étoit ni effrayé ni rebuté par une grande
étendue de trajet souterrain ; et on a prétendu qu’on
avoit retrouvé, dans la mer Caspienne, des saumons
du golfe Persique , qu'on avoit reconnus aux anneaux
d’or ou d'argent que de riches habitants des rives de
ce golfe s'étoient plu à leur faire attacher.
Dans les contrées tempérées, les saumons quittent
la mer vers le commencement du printemps; et dans
les régions moins éloignées du cercle polaire ils en-
trent dans les fleuves lorsque les glaces commencent
à fondre sur les côtes de l'Océan. Ils partent avec le
1. Lettre du professeur Pictet, Jaurnal de Genève , premier mars
1788.
2
DES POISSONS. 233
flax , surtout lorsque les flots de la mer sont poussés
contre le courant des rivières par un vent assez fort,
que l’on nomme, dans plusieurs pays, vent du sau-
mon. Is préfèrent se jeter dans celles qu'ils trouvent
le plus débarrassées de glaçons, ou dans lesquelles ils
sont entraînés par la marée la plus haute et la plus
favorisée par le vent. Si les chaleurs de l'été devien-
nent trop fortes, ils se réfugient dans les endroits les
plus profonds, où ils peuvent jouir, à une grande
distance de la surface de la rivière, de la fraîcheur
qu'ils recherchent ; et c’est par une suite de ce besoin
de la fraicheur, qu'ils aiment les eaux douces dont les
bords sont ombragés par des arbres touflus.
Ils redescendent dans la mer vers la fin de lau-
tomne, pour remonter de nouveau dans les fleuves
à l’approche du printemps. Plusieurs de ces poissons
restent cependant, pendant l'hiver, dans les rivières
qu’ils ont parcourues. Plusieurs circonstances peuvent
les y déterminer ; et ils y sont forcés quelquefois par
les glaces qui se forment à l'embouchure avant qu'ils
ne soient arrivés pour la franchir.
Ils s’éloignent de la mer en troupes nombreuses,
et présentent souvent, dans l’arrangement de celles
qu'ils forment, autant de régularité que les époques
de leurs grands voyages. Le plus gros de ces poissons,
qui est ordinairement une femelle, s’avance le pre-
mier; à sa suite viennent les autres femelles deux
à deux, et chacune à la distance de trois à six pieds
de celle qui la précède ; les mâles les plus grands pa-
roissent ensuite, observent le même ordre que les
femelles, et sont suivis des plus jeunes. On peut
croire que cette disposition est réglée par l'inégalité
254 HISTOIRE NATURELLE
de la hardiesse de ces différents individus, où de Îa
force qu'ils peuvent opposer à l’action de l’eau.
S'ils donnent contre un filet, ils le déchirent, ou
cherchent à s'échapper par dessous ou par les côtés
de cet obstacle ; et dès qu'un de ces poissons a trouvé
une issue, les autres poissons le suivent , et leur pre-
mier ordre se rétablit.
Lorsqu'ils nagent , ils se tiennent au milieu du
fleuve et près de la surface de l’eau; et comme ils
sont souvent très nombreux, qu'ils agitent l’eau vio-
lemment, et qu'ils font beaucoup de bruit, on les
entend de loin, comme le murmure sourd d’un orage
lointain. Lorsque la tempête menace, que le soleil
lance des rayons très ardents, et que l’atmosphère
est très échauffée, ils remontent les fleuves sans s’éloi-
gner du fond de la rivière. Des tonneaux, des bois,
et principalement des planches luisantes, flottant sur
l’eau , les corps rouges, les couleurs très vives, des
bruits inconnus , peuvent les effrayer au point de les
détourner de leur direction, de les arrêter même dans
leur voyage , et quelquefois de les obliger à retourner
vers la mer.
Si la température de la rivière, la nature de la lu-
mière du soleil, la vitesse et les qualités de l’eau leur
conviennent , ils voyagent lentement ; ils jouent à la
surface du fleuve; ils s’écartent de leur route; ils re-
viennent plusieurs fois sur l’espace qu'ils ont déjà par-
couru. Mais s'ils veulent se dérober à quelque sensa-
tion incommode, éviter un danger, échapper à un
piége, ils s'élancent avec tant de rapidité, que l'œil
a de la peine à les suivre. On peut d’ailleurs démontrer
que ceux de ces poissons qui n'emploient que trois
DES POISSONS. 239
mois à remonter jusque vers les sources d’un fleuve
tel que le Maragnon, dont le cours est de mille lieues,
et dont le courant est remarquable par sa vitesse, sont
obligés de déployer, pendant près de la moitié de
chaque jour, une force de natation telle qu'elle leur
feroit parcourir, dans un lac tranquille, dix ou douze
lieues par heure, et l’on a éprouvé de plus que, lors-
qu'ils ne sont pas contraints à exécuter des mouve-
ments aussi prolongés, ils franchissent par seconde
une étendue de vingt-quatre pieds ou environ 1.
On ne sera pas surpris de cette célérité, si l’on
rappelle ce que nous avons dit de la natation des
poissons dans notre premier Discours sur ces ani-
maux. Les saumons ont dans leur queue une rame
très puissante. Les muscles de cette partie de leur
corps jouissent même d’une si grande énergie, que
des cataractes élevées ne sont pas pour ces poissons
un obstacle insurmontable. Ils s'appuient contre de
grosses pierres, rapprochent de leur bouche l’extré-
mité de leur queue, en serrent le bout avec les dents,
en font par là une sorte de ressort fortement tendu,
lui donnent avec promptitude sa première position,
débandent avec vivacité l’arc qu’elle forme , frappent
avec violence contre l’eau, s’élancent à une hauteur
de plus de douze ou quinze pieds, et franchissent la
cataracte ?. Ils retombent quelquefois sans avoir pu
s’élancer au delà des roches, ou lemporter sur la
chute de l’eau : mais ils recommencent bientôt leurs
manœuvres, ne cessent de redoubler d’efforts qu’après
1. Voyez le Discours sur la nature des poissons.
2. Consultez parliculièrement le Voyage de Twiss en Irlande.
236 HISTOIRE NATURELLE
des tentatives très multipliées ; et c’est surtout lorsque
le plus gros de leur troupe, celui que l’on a nommé
leur conducteur, a sauté avec succès qu'ils s’élancent
avec une nouvelle ardeur.
Après toutes ces fatigues, ils ont souvent besoin
de se reposer. Ils se placent alors sur quelque corps
solide. Ils cherchent la position la plus favorable au
délassement de leur queue, celui de leurs organes
qui a le plus agi; et pour être toujours prêts à conti-
nuer leur route, ou pour recevoir plus facilement les
émanations odorantes qui peuvent les avertir du voi-
sinage des objets qu'ils désirent où qu'ils craignent,
ils tiennent la tête dirigée contre le courant.
Indépendamment de leur queue longue, agile et
vigoureuse , ils ont, pour attaquer ou pour se défen-
dre , des dents nombreuses et très pointues qui gar-
nissent les deux mâchoires , et le palais, sur chacun
des côtés duquel elles forment une ou deux rangées.
On trouve aussi, des deux côtés du gosier, un os
hérissé de dents aiguës et recourbées. Six ou huit
dents semblables à ces dernières sont placées sur la
langue ; et, parmi celles que montrent les mâchoires,
il y en a de petites qui sont mobiles. Les écailles qui
recouvrent le corps et la queue sont d’une grandeur
moyenne : la tête ni les opercules n’en présentent pas
de semblables. Âu côté extérieur de chaque ventrale
paroît un appendice triangulaire, aplati, allongé,
pointu, garni de petites écailles , couché le long du
corps , et dirigé en arrière. Au reste, cet appendice :
n’est pas particulier au saumon : nous n'avons guère
vu de salmone qui n’en eût un semblable ou ana-
logue.
DES POISSONS. | 257
La ligne latérale est droite; le foie rouge, gros et
huileux ; l’estomac allongé ; le canal intestinal garni,
auprès du pylore, de soixante-dix appendices ou cœ-
cums réunis par une membrane; la vessie natatoire
simple, et située très près de l’épine du dos; cette
épine composée de trente-six vertèbres, et fortifiée
de chaque côté par trente-trois côtes 1.
Le front, la nuque, les joues et le dos sont noirs;
les côtés bleuâtres ou verdâtres dans leur partie su-
périeure , et argentés dans l’inférieure ; la gorge et le
ventre d’un rouge jaune ; les membranes branchiales
jaunâtres ; les pectorales jaunes à leur base, et bleuä-
tres à leur extrémité ; les ventrales et l’anale d’un
jaune doré. La première nageoïire du dos est grise et
tachetée ; ladipeuse noire , et la caudale bleue.
Quelquefois on voit sur la tête, les côtés et le dos
des taches noires et irrégulières, plus grandes et plus
clair-semées sur la femelle,
Les mâles , que l’on dit beaucoup moins nombreux
que les femelles, offrent d’ailleurs, dans quelques ri-
vières , et particulièrement dans celle de Spal, en
Écosse, plus de nuances rouges, moins d'épaisseur
dans le corps, et plus de grosseur dans la tête.
Dans toutes les eaux, leur mâchoire supérieure non
seulement est plus avancée que celle d'en bas, mais
encore, lorsqu'ils sont parvenus à leur troisième an-
née, elle devient plus longue et se recourbe vers l’in-
férieure ; son allongement et sa courbure augmentent
à mesure qu'ils grandissent ; elle a bientôt la forme
1. On trouve souvent dans ce canal intestinal, un iæmia dont la
longueur est de près de trois pieds, et dont la iête est dans un des ap-
pendices,
238 HISTOIRE NATURELLE
d’un crochet émoussé qui entre dans un enfoncement
de la mâchoire d’en bas ; et cette conformation, qui
leur a fait donner le nom de Bécurd ou Becquet, les
avoit fait regarder, par quelques naturalistes, comme
d’une espèce différente de celle que nous décrivors.
Leur laite est entièrement formée, et le temps du
frai commence à une époque plus ou moins avancée
de chaque printemps ou de chaque été, suivant qu’ils
habitent dans les eaux plus ou moins éloignées de la
zone glaciale. Les femelles cherchent alors un endroit
commode pour leur ponte, Quelquefois elles aiment
mieux déposer leurs œufs dans de petits ruisseaux que
dans les grandes rivières auxquelles ils se réunissent;
et elles paroiïssent chercher le plus souvent à déposer
leurs œufs dans un courant peu rapide, et sur du sable
ou du gravier.
On a écrit que, dans plusieurs rivières de la Grande-
Bretagne, la femelle ne se contentoit pas de choisir le
lieu le plus favorable à la ponte; qu’elle travailloit à
la rendre plus commode encore ; qu’elle creusoit dans
l'endroit préféré un trou allongé, et de quinze ou dix-
huit pouces de profondeur; qu’elle s’y déchargeoit
de ses œufs, et qu'avec sa queue elle les recouvroit
ensuite de sable. Peut-être peut-on douter de cette
dernière précaution ; mais les autres opérations ont
lieu dans presque tous les endroits où les saumons
ont été bien observés. Le docteur Grant nous ap-
prend, dans les Mémoires de Stockholm, que, lorsque
les femelles travaillent à donner les dimensions néces-
saires à la fosse qu’elles préparent, elles s’agitent à
1. Notes manuscrites et très intéressantes communiquées par M. lé-
nières.
DES POISSONS. 299
droite et à gauche, au point d’user leurs nageoires
inférieures , et en laissant ordinairement leur tête im-
mobile. On en a vu se frotter si vivement contre le
terrain, qu’elles en détachoiïent avec vioience la terre
et les petites pierres, et qu’en répétant les mêmes
mouvements de cinq en cinq minutes, ou à peu près,
elles parvenoient, au bout de deux heures, à creuser
un énfoncement de trois pieds de long , de deux pieds
de profondeur, et de six à huit pouces de rebord.
Lorsque la femelle a terminé ce travail, dont la
principale cause est sans doute le besoin qu’elle a de
frotter son ventre contre des corps durs, pour se
débarrasser d’un poids qui la fatigue et la fait souffrir,
et lorsque les œufs sont tombés dans le fond de la
cavité qu'elle a creusée, et que l’on nomme frayère
dans quelques uns de nos départements, le mâle
vient les féconder en les arrosant de sa liqueur vivi-
fiante. Il peut se faire qu’alors il frotte le dessous de
son corps contre le fond de la fosse, pour faire sortir
plus facilement la substance liquide que sa laite con-
tient : mais on lui a attribué une opération qui sup-
poseroit une sensibilité d’un ordre bien supérieur, et
un instinct bien plus relevé ; on a prétendu qu’il aï-
doit la femelle à faire la fosse destinée à recevoir les
œufs.
Au reste , si nous ne devons pas admettre cette der-
nière assertion, nous devons croire que le mâle est
entraîné à la fécondation des œufs par une affection
plus vive, ou d’une nature différente, que celle qui
y porte la plupart des autres poissons. Lorsqu'il trouve
un autre mâle aupres des œufs déjà déposés dans la
frayère , ou auprès de la femelle pondant encore, il
2/0 HISTOIRE NATURELLE
l'attaque avec courage , et le poursuit avec acharne-
ment, ou ne lui cède la place qu'après l’avoir disputée
avec obstination 1.
Les saumons ne fréquentent ordinairement la frayère
que pendant la nuit. Néanmoins, lorsque des brouil-
lards épais sont répandus dans l’atmosphère, ils pro-
fitent de l'obscurité que donnent ces brouillards pour
se rendre dans leur fosse, et ils y accourent aussi
comme pressés par de nouveaux besoins, lorsqu'ils
sont exposés à l'influence d’un vent très chaud ?.
Il arrive quelquefois cependant que les œufs pon-
dus par les femelles , et la liqueur séminale des mâles,
se mêlent uniquement par l'effet des courants.
Après le frai, les saumons, devenus mous, maigres
et foibles, se laissent entraîner par les eaux, ou vont
d'eux-mêmes reprendre dans l’eau salée une force
nouvelle. Des taches brunes et de petites excrois-
sances répandues sur leurs écailles sont quelquefois
alors la marque de leur épuisement et du malaise
qu'ils éprouvent.
Les œufs qu’ils ent pondus ou fécondés se déve-
loppent plus ou moins vite, suivant la température
du climat, la chaleur de la saison, les qualités de
l’eau dans laquelle ils ont été déposés. Le jeune sau-
mon ne conserve ordinairement que pendant un mois,
ou environ , la bourse qui pend au dessous de son
estomac, et qui renferme la substance nécessaire à sa
nourriture pendant les premiers jours de son existence.
Il grandit ensuite assez rapidement, et parvient bien-
tôt à la taille de quatre ou cinq pouces. Lorsqu'il a
1. Notes manuscrites de M. Pénières.
o, Notes manuscrites de M. Pénières,
DES POISSONS. 241
acquis une lon, “ur de huit à dix pouces, il jouit
d'assez de force pe 1r quitter le haut des rivières, et
pour en suivre le courant qui le conduit vers la mer;
mais souvent, avant cette époque, une inondation
l’entraîne vers l'embouchure du fleuve.
Les jeunes saumons qui ont atteint une longueur
de quinze ou dix-huit pouces quittent la mer pour
remonter dans les rivières : mais ils partent le plus
souvent beaucoup plus tard que les gros saumons ; ils
attendent communément le commencement de l'été.
On les suppose âgés de deux ans lorsqu'ils pèsent
de six à huit livres. M. Pénières assure que, même
dans les contrées tempérées, ils ne fraient que vers
leur quatrième ou cinquième année 1.
Agcs de cinq ou six ans, ils pèsent dix ou douze
livres, et parviennent bientôt à un développement
très considérable. Ce développement peut être d’au-
tant plus grand, qu’on pêche fréquemment, en Écosse
et en Suède, des saumons du poids de quatre-vingts
livres, et que les très grands individus de l'espèce
que nous décrivons présentent une longueur de six
pieds.
Les saumons vivent d'insectes , de vers et de jeunes
poissons. Îls saisissent leur proie avec beaucoup d’agi-
lité ; et, par exemple, on les voit s’élancer, avec la
rapidité de l'éclair, sur les moucherons, les papillons,
les sauterelles, et les autres insectes que les courants
charrient, ou qui voltigent à quelques pouces au des-
sus de la surface des eaux.
Mais s'ils sont à craindre pour un grand nombre
1. Notes manuscrites déjà citées.
2/2 HISTOIRE NATURELLE
de pelits animaux, ils ont à redouter des ennemis
bien puissants et bien nombreux. Ils sont poursuivis
par les grands habitants des mers et de leurs rivages,
par les squales , par les phoques, par les marsouins.
Les gros oiseaux d’eau les attaquent aussi, et les pè-
cheurs leur font surtout une guerre cruelle.
Et comment ne seroient-ils pas , en effet, très re-
cherchés par les pêcheurs ? Ils sont en très grand
nombre ; leurs dimensions sont très grandes ; et leur
chair, surtout celle des mâles , est, à la vérité, un peu
difficile à digérer, mais grasse, nourrissante et très
agréable au goût. Elle plaît d’ailleurs à l'œil par sa
belle couleur rougeâtre. Ses nuances et sa délicatesse
ne sont cependant pas les mêmes dans toutes les eaux.
En Écosse, par exemple, le saumon de la Dée est,
dit-on , plus gras que celui des rivières moins septen-
trionales du même pays; et en Allemagne, or pré-
{ère les saumons du Rhin et du Wéser à ceux de
l'Elbe, et ceux que l’on prend dans la Warta , la Netze
et le Kuddow, à ceux que l’on trouve dans l’Oder.
Mais dans presque toutes les rivières qu'ils fré-
quentent, et dans toutes les mers où on les trouve,
les saumons dédommagent amplement des soins et
du temps que l’on emploie pour les prendre.
Aussi a-t-on eu recours, dans la recherche de ces
poissons, à presque toutes les manières de pêcher.
On les prend avec des filets, des pares, des caisses,
de fausses cascades , des nasses, des hameçons, des
tridents , des feux, etc.
Les filets sont des trubles, des trémails ?, sembla-
1. Voyez à l'article du Gade colir, l'explication du mot trémail ; et
à celui du Misgurn fossile, celle du mot truble.
DES POISSONS. 245
bles à ceux dont on se sert en Norwége, que l’on
tend le long du rivage de la mer, qui forment des
ares ou des triangies, et dans lesquels on attire les
saumons en couvrant les rochers de manière à leur
donner la couleur blanche de l'embouchure d’un
fleuve qui se précipite dans l'Océan.
La ficelle dont on fait ces filets doit être aussi grosse
qu'une plume à écrire. Ils présentent jusqu’à cent
brasses de longueur, sur quatre de hauteur ; et leurs
mailles ont communément de quatre à cinq pouces
de large.
On place les parcs auprès des bouches des rivières,
ainsi qu'au dessus des chutes d’eau. On leur donne
une figure , telle que l'entrée de ces enclos est très
large , et que le fond en est assez étroit pour qu’un
saumon puisse à peine y passer, et qu'on l'y saisisse
facilement avec un harpon i.
On se sert de ces parcs pour augmenter la rapidité
des rivières en resserrant leur cours, pour en rendre
le séjour plus agréable aux saumons, qui ne s’en-
gagent que rarement dans les eaux trop lentes; et ce
moyen a été particulièrement mis en usage auprès
de Dessau, dans la Milde , qui se jette dans l’Elbe.
Derrière ces parcs, auprès des moulins, et dans
d’autres endroits où le lit des rivières est rétréci par
l'art ou par la nature, on forme des caisses à jour, qui
ont une gorge comme une louve ?, et dans lesquelles
1 Ces enceintes portent le nom de weir, auprès de Ballyshannon,
dans la partie occidentale du nord de l'Irlande. (Voyage de Twiss,
déjà cité.)
2. On trouvera, dans l'article du Pétromyzon lamproie , V'explica-
tion du mot louve.
24 HISTOIRE NATURELLE
se prennent les saumons qui descendent, ou ceux qui
montent, suivant la direction que l’on donne à ces
caisses. Dans certaines contrées, et particulièrement
à Châteaulin , lieu voisin de Brest, et fameux depuis
long-temps par la pêche du saumon, on élève des
digues qui déterminent le courant à se jeter dans une
caisse composée de grilles, et dont chaque face a
quinze ou dix-huit pieds de largeur. Au milieu de
cette caisse, on voit, à fleur d’eau, un trou dont le
diamètre est d’un pied et demi à deux pieds. Autour
de ce trou sont attachées par leur base des lames de
fer-blanc, allongées, pointues, un peu recourbées,
qui forment dans l’intérieur de la caisse un cône
lorsque leur élasticité les rapproche, et un cylindre
lorsqu'elles s'écartent les unes des autres. Les sau-
mons, conduits par le courant, éloignent les unes des
autres les extrémités de ces lames , entrent facilement
dans la caisse , ne peuvent pas sortir par un passage
que ferment les lames rapprochées , et s'engagent
dans un réservoir d’où on les retire par le moyen
d’un filet attaché au bout d’une perche. On tend
cependant d’autres filets le long des digues , pour ar-
rêter les saumons qui pourroient se dérober au cou-
rant, et échapper au piége.
Dans quelques rivières, comme dans la Stolpe et
le Wipper, on construit des écluses dont les pieux
sont placés très près les uns des autres. Les saumons
s'élancent par dessus cet obstacle, mais ils trouvent
au delà une rangée de pieux plus élevés que les pre-
miers , et ils ne peuvent ni avancer ni reculer.
On prend aussi les saumons dans des nasses de neuf
à douze pieds de longueur, et faites de branches de
DES POISSONS. 245
sapin, que l’on réunit avec des ficelles, et que l’on
tient assez écartées les unes des autres, pour qu’elles
ne donnent pas une ombre qui effraieroit ces poissons.
On ne néglige pas non plus de les pècher à la ligne,
dont on garnit les hameçons de poissons très petits,
de vers, d'insectes, et particulièrement de demoiselles.
Pour mieux réussir, on a recours à une gaule très
longue et très souple , qui se prête à tous les mouve-
ments du saumon. Le pêcheur qui la tient suit tous
les efforts de l’animal qui cherche à s'échapper ; et,
si la nature du rivage s’y oppose, il lui abandonne la
ligne. Le saumon se débat avec violence et long-temps;
il s'élance au dessus de la surface de l’eau; et, après
avoir épuisé presque toutes ses forces pour se débar-
rasser du crochet qu'il a avalé , il vient se reposer prè:
de la rive. Le pêcheur se ressaisit alors de sa ligne,
et le tourmente de nouveau pour achever de le lasser,
et le tirer facilement à lui î.
Lorsqu'on préfère de harponner les saumons, on
lance ordinairement le trident à la distance de trente-
six à quarante-cinq pieds. Les saumons que ke harpon
a blessés sans les retenir quittent l’espèce de bassin
ou de canal dans lequel ils ont été attaqués, pour se
réfugier dans le canal ou bassin supérieur. Si on les Y
poursuit, et qu'on les y entoure de filets, ils s’enfon-
cent sous les roches , eu se collent contre le sable , et
immobiles laissent glisser sur eux les plombs du bas
des filets que traînent les pècheurs. On les a vus aussi
se précipiter dans un courant rapide, et, cachés sous
l’écume et les bouillons des eaux, souffrir avec con-
1, Notes manuscrites de M. Pénières.
LACÉPÉDE, XI, 16
246 HISTOIRE NATURELLE
stance , et sans changer de place , la douleur que leur
causoit une gaule qui frottoit avec force, et compri-
moit leur dos 1.
La pèche du saumon forme, dans plusieurs con-
trées, une branche d'industrie et de commerce dont
les produits peuvent servir à la nourriture d’un grand
nombre de personnes. À Berghen , par exemple, il
n’est pas rare de voir les pêcheurs apporter deux
mille saumons dans un jour. Nous lisons dans le Voyage
de l’infortuné La Pérouse ?, qu’auprès de la baie de
Castries, sur la côte orientale de Tartarie, au fond
de la manche du même nom, on prit, dans un seul
jour du mois de juillet, plus de deux mille saumons.
Il est des pays où l’on en pêche plus de deux cent mille
par an. En Norwége, on a pris quelquefois plus de
trois cents de ces animaux d’un seul coup de filet 5.
La pèche que l’on fait de ces poissons dans la Tweed,
rivière de la Grande-Bretagne , est quelquefois si con-
sidérable , qu’on a vu un seul coup de filet en amener
sept cents. Et, en 1750, on prit d’un seul coup, äans
la Ribble #, trois mille cinq cents saumons déjà par-
venus à d’assez grandes dimensions.
Mais quelque nombreux que soient les individus
de l'espèce que nous décrivons , plusieurs gouverne-
ments ont été forcés d’en régler la pêche, pour qu'une
avidité imprévoyante ne détruisit pas dans une seule
saison l’espérance des années suivantes.
1. Notes manuscrites de M. Pénières.
2. Voyage de La Pérouse, rédigé par le général Milet-Mureau, L. HE,
p. 61.
5. Pennant, Zool. britann.. vol. If, p. 289.
4. Richter, Ichthyol., p. 417.
DES POISSONS. 247
Au reste, les saumons meurent bientôt, non seule-
ment lorsqu'on les tient hors de l’eau , mais encore
lorsqu'on les met dans une huche qui n’est pas placée
au milieu d’une rivière. Des pêcheurs prétendent que,
pour empêcher ces poissons de perdre leur goût, il
faut se presser de les tuer dès le moment où on les
tire de l’eau ; et qu'après cette précaution, leur chair,
quoique très grasse, peut se conserver pendant plu-
sieurs semaines. Mais, lorsqu'après la mort de ces
animaux, on veut les transporter à de grandes di-
stances, et par conséquent les garder très long-temps,
on les vide, on les coupe en morceaux, on les sau-
poudre de sel, on les renferme dans des tonnes, on
les couvre de saumure; ou on les fend depuis la tête,
que l’on sépare du corps, jusqu’à la nageoïre de la
queue , on ieur Ôte l'épine du dos, on les laisse dans
le sel pendant trois ou quatre jours, et on les expose
à la fumée pendant quinze jours ou trois semaines.
Auprès de la baie de Castries, dont nous venons
de parler, les Tatares tannent la peau des grands sau-
mons, et en forment un habillement très souple 1.
Les grands avantages que procure la pêche du sau-
mon doivent faire désirer d’acclimater cette espèce
dans les pays où elle manque. Nous pensons, avec
Bloch, qu'il seroit possible de la transporter et de
la faire multiplier dans les lacs dont le fond est de
sable, et dont l’eau très pure est sans cesse renou-
velée par des rivières ou des ruisseaux. On y trans-
porteroit en même temps un grand nombre de gou-
jons, qui aiment les eaux limpides et courantes, et
1. Voyage de La Pérouse, rédigé par le général Milet-Mureau, t. IT,
p-#10; 61,
248 HISTOIRE NATURELLE
qui y pulluleroient de manière à fournir aux saumons
une nourriture abondante.
Les saumons sont sujets à une maladie particulière
dont on ignore la cause, et qui leur fait donner le
nom de Ladres dans quelques départements méri-
dionaux de France. Leur chair est alors mollasse,
sans consistance ; et si on les garde , après leur mort,
pendant quelques jours, elle se détache de l’épine
dorsale , et glisse sous la peau, comme dans un sac.
Il paroît que l’on doit compter dans l'espèce du
saumon quelques variétés plus ou moins constantes,
et qui doivent dépendre, au moins en très grande
partie, de la nature des eaux dans lesquelles elles
séjournent. Par exemple, on a observé en Écosse.
que les saumons de la Cluden ont la tête et le corps
plus gros et plus courts que ceux de la rivière de
Nith. On assure aussi qu’à l'embouchure de l'Orne ?,
on voit des saumons sans tache, et un peu plus allon-
és que les saumons ordinaires ?.
1. Notes manuscrites de M. Noël de Rouen.
2, Notes manuscrites de M. Noël de Rouen.
3. 12 rayons à la membrane branchiale du salmone saumon.
14 rayons à chaque pectorale.
10 rayons à chaque ventrale.
21 rayons à la nagcoire de la queue.
DES POISSONS. 2/19
HpodbOP4PI BELL LCA IS
LE SALMONE ILLANKEN.
Salmo Ilianken, Lacgr.— Salmo Salar, var. Tllanken,
Linn., GMEL.
Ox connoît, sous le nom d’Z{lanken, des salmones
que l’on pêche dans le lac de Constance, et au sujet
desquels M. Wartmann, médecin de Saint-Gall , a fait
de très bonnes observations. D’habiles naturalistes ont
regardé ces poissons comme une variété du saumon ;
mais nous pensons, avec Bloch, qu'ils forment une
espèce particulière.
Ces salmones passent l'hiver dans le lac de Con-
stance, comme les saumons dans la mer. Ils ne quit-
tent jamais l’eau douce. Ils sont une preuve de ce que
nous avons dit sur la facilité avec laquelle on pourroit
multiplier les saumons dans les lacs entretenus par
des courants limpides. Il ne faut pas croire cependant
qu'ils vivent pendant l'hiver dans le lac de Constance
par une préférence particulière pour ce séjour, ou
par une convenance extraordinaire de leur nature
avec les eaux qui y coulent. Ils y restent, lorsque la
mauvaise saison arrive, parce qu'un obstacle insur-
1. Inlanken.
Rheinanken.
Illanken, Bloch.
250 HISTOIRE NATURELLE
montable les y retient. Ils ne peuvent franchir la
grande cascade de Schaffhouse, qui barre le Rhin
inférieur, et par conséquent la seule route par la-
quelle ils pourroient aller du lac dans la mer. Ce lac
est l'Océan pour eux. Mais s’ils présentent des signes
de leur habitation constante au milieu de l’eau douce,
ils offrent toujours les traits principaux de leur fa-
mille. Ils annoncent par ces caractères leur origine
marine ; et ils ne la rappellent pas moins par leurs
habitudes , puisque, n'éprouvant pas, comme les sau-
mons , le besoin de quitter l’eau salée pendant la belle
saison , ils désertent cependant le lac de Constance
lorsque le printemps arrive, et n'y reviennent que
vers la fin de l’automne. Ils remontent dans les ri-
vières qui se jettent dans le lac. Ils entrent dans le
Rhin supérieur.
Ils s'arrêtent pendant quelque temps auprès de son
embouchure , parce que, dans cet endroit, il coule
avec rapidité sur un fond de cailloux. Es vont jusqu’à
Feldkirch , où ils pénètrent dans la rivière d’Z/{, qui
leur a donné son nom; c’est même dans cette rivière
qu'ils aiment à frayer. Les mâles, néanmoins , ne re-
montent dans son lit que lorsque le temps est serein,
et que la lune éclaire ; de sorte que si le ciel est cou-
vert pendant plusieurs jours, an grand nombre d'œufs
ne sont pas fécondés. Ils parviennent quelquefois jus-
qu'à Coire et à Rheinwald ; mais ils voyagent lente-
ment, parce que si le Rhin est trouble, ils s'appuient
contre des pierres , et attendent , presque immobiles,
que l’eau ait repris sa transparence. Si, au contraire,
te Rhin est limpide, et qu'il fasse un beau soleil, ils
aiment à se jouer sur la surface du fleuve.
DES POISSONS. 291
Ils pèsent souvent plus de quarante livres , et pon-
dent ou fécondent une très grande quantité d'œufs.
Leur multiplication n’est pas cependant très considé-
rable : un grand nombre d'œufs servent d’aliment à
l’anguille , à la lotte, au brochet, aux oiseaux d’eau;
et une très petite partie des illankens qui éclosent
échappe aux poissons voraces.
Après le frai, leur poids est ordinairement diminué
d’un tiers ou de la moitié, lorsqu'ils sont remontés
très haut vers les sources du Rhin. Leur chair, au lieu
d’être rouge , de bon goût et facile à digérer, devient
blanche et de mauvais goût : aussi ne sont-ils plus,
à cette époque, les poissons les plus recherchés du
lac de Constance et du Rhin supérieur. Ils se hâtent
alors de retourner dans le lac, et se laissent aller au
courant, la tête fréquemment tournée contre ce même
courant, qui les entraîne, et les délivre de la fatigue
de la natation dans le temps où ils n’ont pas encore
réparé leurs forces. Ils vivent non seulement de vers
et d'insectes , mais encore de poissons. Îls sont sur-
tout fort avides de salmones très estimés dans les
marchés ; et les pêcheurs du lac assurent que, dans
certaines années , ils leur causent plus de pertes qu'ils
ne leur procurent d'avantages.
Malgré leur grandeur et leurs armes, ils sont pour-
suivis par le brochet, qui, confiant dans ses dents et
dans sa légèreté , lors même qu'il leur est très infé-
rieur en grosseur , les attaque avec audace , les har-
cèle avec constance , et, à force de hardiesse, d’évo-
lutions et de manœuvres, parvient sous leur ventre,
qu’il déchire.
Cependant ils trouvent bien plus souvent une perte
252 HISTOIRE NATURELLE
assurée dans les filets qu'on tend sur leur passage,
particulièrement dans le Rhin supérieur. Pour qu'ils
ne puissent pas échapper au piége, on construit de
chaque côté du fleuve une cloison composée de bois
entrelacés. On l’assujettit avec des pieux, et on l’étend
depuis le rivage jusque vers le milieu du courant le
plus rapide. Les deux cloisons transversales ne lais-
sent ainsi qu'un intervalle assez étroit. On adapte à
cette ouverture un verveuxz!, dans lequel les illan-
kens vont s’enfermer, mais qu'ils déchirent cependant
si ce verveux n’est pas très fort, ou au dessus duquel
ils parviennent souvent à s’élancer.
Is ont la tête moins petite que les saumons. Dès
la seconde année de leur âge, leur mâchoire inférieure
se termine par une sorte de crochet émoussé. On ne
distingue pas aisément les taches noires, allongées et
inégales qui sont distribuées irrégulièrement sur leur
corps et sur leur queue. Les pectorales, les ventrales
et la nageoiïire de l’anus sont grisâtres ; la nageoire
adipeuse est variée de noir et de gris ; la caudale
ordinairement bordée de noir. On trouve auprès du
pylore soixante-huit appendices placés sur quatre
rangs ?.
1. Voyez la description du Werveux , à l’article du Gade colin.
2. 10 rayons à la membrane branchüale du salmon illanken.
:4 rayons à chaque pectorale.
11 rayons à chaque ventrale.
21 rayons à la nageoïire de la queue.
DES POISSONS. 259
LE SALMONE SCHIEFFERMULLER",
Salmo Schieffermulleri, Linx., Brocn, Lacer., Cuv.
ET LE SALMONE ÉRIOX?.
Salmo Eriox, Linn., Guer., Lacer.
LE premier de ces salmones se trouve dans la Bal-
tique. On le pèche aussi dans plusieurs lacs de l’Au-
triche , où on le prend dans les environs de mai; ce
qui lui a fait donner, dans les contrées voisines de
ces lacs, le nom de May forelle. Bloch l’a dédié à
M. Schiefflermuller, de Lintz, qui lui avoit envoyé des
individus de cette espèce.
1. May ferche, en Bavière.
May forelle, en Autriche.
Silberlachs, en Poméranie,
Saumon argenté, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méhodique,
Bloch , pl. 105.
2. Salmone ériox , Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique.
Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
Faun. Suecic. 346.
Artedi, gen. 12, syn. 25, spec. 50.
Willughby, Ichth. p. 195.
Rai, pisc., 65,
3. 12 rayons à la membrane des branchies du salmone schielfer-
muller,
25/ HISTOIRE NATURELLE
11 pèse de six à huit livres. Sa partie supérieure est
brune ; ses joues, sa gorge, ses opercules, ses côtés
et sor ventre sont argentés ; la ligne latérale est noire ;
les nageoires sont bleuâtres ; les taches ont la forme
de très petits croissants, On voit un appendice trian-
gulaire à côté de chaque ventrale; les écailles tombent
facilement , et argentent la main à laquelle elles s’at-
tachent. Le foie est petit, jaunâtre , et divisé en deux
lobes ; l’estomac assez long, et la membrane de la
vessie natatoire ordinairement très mince.
L’ériox habite dans l'Océan d'Europe, et remonte,
pendant la belle saison, dans les fleuves qui s’y jettent.
18 rayons à chaque pectorale.
19 rayons à la nageoïre de la queue.
12 rayons à la membrane branchiale du salmone ériox.
14 rayons à chaque pectoraie.
ND
ot
[PA
DES POISSONS.
LE SALMONE TRUITE”.
Salmo trutta, Lacer. — Salmo Fario, Lin\.,
BLrocn, Cuv.
La truite n'est pas seulement un des poissons les
plus agréables au goût ; elle est encore un des plus
1. Trotia, en Italie.
Torrentina , ibid.
Fore, en Allema
Bachfore , ibid.
Fore!l, ibid.
Teichforelle, ibid.
Goldforelle , ibid.
Lashens , en Livonie.
Norjar, ibid.
Dawatschan , en Tartaric.
gne.
Kraspaja r3 ba , en Russie.
Forell, en Suède.
Stenbit , ibid.
Backra, ibid.
Rofisk, ibid.
Forel-kra, en Norwège.
Elv-kra , ibid.
Muld-kra , ibid.
Or-rivie, ibid.
Trout , en Angleterre.
Salmone truite, Daubenton ei Hauy, Encyelopédic méthodique,
Hd. Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique.
Salmone fario , Daubenton et Haüy. Encyclopédie méthodique
14. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique,
256 HISTOIRE NATURELLE
beaux. Ses écailles brillent de l'éclat de l'argent et
de l'or; un jaune doré mêlé de vert resplendit sur
les côtés de la tête et du corps. Les pectorales sont
d’un brun mêlé de violet ; les ventrales et la caudale
dorées ; la nageoiïire adipeuse est couleur d’or avec
une bordure brune ; l’anale variée de pourpre, d’or
et de gris de perle; la dorsale parsemée de petites
gouttes purpurines; le dos relevé par des taches noires,
et d’autres taches rouges, entourées d’un bleu clair,
réfléchissent sur les côtés de l’animal les nuances vives
et agréables des rubis et des saphirs.
On la trouve dans presque toutes les contrées du
globe, et particulièrement dans presque tous les lacs
élevés, tels que ceux du Léman, de Joux, de Neuf-
Fario , truite, Bloch, pl. 22.
Artedi, gen. 12, syn. 25, spec. 51.
Tructa, Cub., lib. 5 , cap. 94, fig. 91, b.
Trutta, Ambrosii , episcopi Mediolani, Hexæmero 5, cap. 5.
Id. et salar et varius, Salvian., fol. 96 b et 97 a et b.
Trutta fluviatilis, Belon.
Id. Rondelet, partie 2, p. 169 (édit. de Lyon, de Bonhomme).
Id. et trutta fario, Gesner, pages 1002, 1006, 1007, et (germ.),
fol. 175, a.
Trutta fluviatilis, Aldrovand., lb. 5, cap. 12, p. 580.
Jonston , lib. 5, tit. 1, cap. 1, tab. 26, fig. :
Willughby, p. 199, tab. 19, fig. 4.
Rai, p. 65.
« Trulta fluviatilis valgaris. » Charlet.. p. 155.
Trutta, vel trutta vulgo, forina et forio , Schonev., p. 77.
Kram. Elench., p. 589, n. 5.
Scopoli, ann. 2, p. 40.
Müller, prodrom. Zoolog. danic. p. 48, n. 408.
Faun. Suecic. 548.
Trutta dentata, Klein, miss. pisc. 5, p. 19, tab. 5, fig. 5.
Trout , Brit. Zool. 5, p. 250, n. 4.
Truite, Valmont de Bomare, Dictionnaire d'histoire naturelle.
DES POISSONS. 207
châtel ; et cependant il paroît que le poëte Ausone est
le premier auteur qui en ait parlé.
Sa tête est assez grosse ; sa mâchoire inférieure un
peu plus avancée que la supérieure, et garnie, comme
cette dernière , de dents pointues et recourbées. On
compte six ou huit dents sur la langue ; on en voit
trois rangées de chaque côté du palais. La ligne laté-
rale est droite ; les écailles sont très petites ; la peau
de l’estomac est très forte ; et il y a soixante vertè-
bres à l’épine du dos, de chaque côté de laquelle sont
disposées trente côtes.
Le savant anatomiste Scarpa a vu, dans l’organe de
l’ouie de la truite, un osselet semblable à celui que
Camper avoit découvert dans l'oreille du brochet. Cet
osselet est le troisième ; il est pyramidal, garni à sa
base d’un grand nombre de petits aiguillons , et placé
dans la cavité qui sert de communication aux trois
canaux demi-circulaires.
La truite a ordinairement un pied ou quinze pouces
de longueur, et pèse alors six à dix onces. On en
pêche cependant, dans quelques rivières, du poids
de quatre ou six livres 1. Bloch a parlé d’une truite
qui pesoit huit livres, et qu'on avoit prise en Saxe;
et je trouve dans des notes manuscrites qui m'ont été
envoyées, il y a plus de douze ans, par l’évêque d’Uzès,
qui les avoit rédigées avec beaucoup de soin, que l’on
avoit pêché, dans le Gardon, des truites de dix-huit
livres.
Le salmone truite aime une eau claire, froide, qui
descende de montagnes élevées, qui s'échappe avec
2. Notes manuscrites de M. Pénières.
258 HISTOIRE NATURELLE
rapidité, et qui coule sur un fond pierreux. Voilà
pourquoi les truites sont très rares dans la Seine, parce
que les eaux de ce fleuve sont trop douces pour elles,
et trop lentes dans leur cours !; et voilà pourquoi,
au contraire, mon célèbre confrère, M. Ramond,
membre de l’Institut, a rencontré des truites dans
des amas d’eau situés à près de six mille pieds au
dessus du niveau de la mer, dans ces Pyrénées qu'il
connoît si bien, et dont il a fait comme son domaine ?.
1! nous écrivoit de Bagnères, et 1797, que le fond de
ces amas d’eau est rarement calcaire ou schisteux,
mais le plus souvent de granit ou de porphyre. On n’y
voit en général aucun autre végétal que la plante nom-
mée sparganium natans , et plus fréquemment des
ulves solides, croissantes sur des blocs submergés :
mais le fond est presque toujours enduit d’une couche
mince de la partie insoluble de l’humus que les eaux
pluviales y entraînent des pentes environnantes.
Les grandes chaleurs peuvent incommoder la truite
au point de la faire périr. Aussi la voit-on vers le sol-
stice d'été, lorsque les nuits sont très courtes, et qu’un
soleil ardent rend les eaux presque tièdes, quitter les
bassins pour aller habiter au milieu d’un courant, ou
chercher près du rivage l’eau fraîche d’un ruisseau
ou celle d’une fontaine.
Elle peut d'autant plus aisément choisir entre ces
divers asiles, qu’elle nage contre la direction des eaux
les plus rapides avec une vitesse qui étonne l’obser-
vateur, et qu'elle s’élance au dessus de digues ou de
cascades de plus de six pieds de haut.
1. Notes manuscrites de M. Noël de Rouen.
2. Voyez, à ce sujet, le Discours sur la nature des poissons.
DES POISSONS. 259
Elle ne doit cependant changer de demeure qu'avec
précaution. M. Pénières assure que si pendant l'été
les eaux sont très chaudes , et qu'après y avoir pêché
une truite, on la porte dans un réservoir très frais,
elle meurt bientôt, saisie par le froid soudain qu’elle
éprouve {.
Au reste, une habitation plus extraordinaire que
celles que nous venons d'indiquer paroît pouvoir con-
venir aux truites, même pendant plusieurs mois, aussi
bien et peut-être mieux qu'à d’autres espèces de pois-
sons. M. Duchesne , professeur d'histoire naturelle à
Versailles , et dont on connoît le zèle louable et les
bons ouvrages , m'a communiqué le fait suivant, qu'il
tenoit du célèbre médecin Lemonnier, mon ancien
collègue au Muséum d'histoire naturelle.
Environ à dix-huit cents pieds au-dessous du pic
du Canigou, dans les Pyrénées, on voit un petit som-
met dont la forme est semblable à celle d’un ancien
cratère de volcan. Ce cratère se remplit de neige pen-
dant l’hiver. Après la fonte de la neïge, le fond de
cette sorte d’entonnoir devient un petit lac, qui se
vide par l’'évaporation, au point qu'il est à sec à l’équi-
noxe d’automne.On y pêche d'excellentes truites pen-
dant tout l'été. Celles qui restent dans la vase, à me-
sure que le lac se dessèche, périssent bientôt, ou sont
dévorées par des chouettes. Cependant, l’année sui-
vante , on retrouve dans les nouvelles eaux du cratère
un grand nombre de truites trop grandes pour être
âgées de moins d’un an, quoique aucun ruisseau ni au-
cune source d’eau vive ne communiquent avec le lac.
1. Notes manuscrikes déjà cilées.
260 HISTOIRE NATURELLE
Ce fuit, dont M. Duchesne a bien voulu me faire
part, prouve que le cratère est placé auprès de cavi-
tés souterraines pleines d’eau, dans lesquellesles truites
peuvent se retirer lorsque le lac se dessèche, et qui,
par des conduits plus où moins nombreux, exhalent
dans l’atmosphère les gaz dangereux pour la santé et
même pour la vie des poissons ; et dès lors il se trouve
presque entièrement conforme à d’autres faits déjà
connus depuis long-temps.
La truite se nourrit de petits poissons très jeunes,
de petits animaux à coquille, de vers, d'insectes, et
particulièrement d’éphémères et de friganes, qu’elle
saisit avec adresse lorsqu'elles voltigent auprès de la
surface de l’eau.
Il paroît que le temps du frai de la truite varie sui-
vant les pays et peut-être suivant d’autres circonstances.
Un habile naturaliste, M. Decandolle, de Genève, nous
a écrit que les truites du lac Léman et celles du lac de
Neufchâtelremontoient dans le printemps, pour frayer
dans les rivières et même dans les ruisseaux !. Dans les
contrées sur lesquelles Bloch a eu des observations,
ces poissons fraient dans l'automne ; et dans le dé-
partement de la Corrèze, selon M. Pénières ?, les
truites quittent également, au commencement ou vers
le milieu de l’automne , les grandes rivières, pour aller
frayer dans les petits ruisseaux. Elles montent quelque-
fois jusque dan: des rigoles qui ne sont entretenues
que par les eaux pluviales. Elles cherchent un gravier
couvert par un léger courant, s’agitent, se frottent,
pressent leur ventre contre le gravier ou le sable, et
1. Notes manuscriles données par M. Decandolle,
z. Noles manuscrites déjà citées.
DES POISSONS. 261
y déposent des œufs que le mâle arrose plusieurs fois
dans le jour de sa liqueur fécondante.
Bloch a trouvé, dans les ovaires d’une truite, des
rangées d'œufs gros comme des pois, et dont la cou-
leur orange s’est conservée pendant long-temps mème
dans de l'alcool.
D’après cette grosseur des œufs des truites, il n’est
pas surprenant qu'elles contiennent moins d'œufs que
plusieurs autres poissons d’eau douce; et cependant
elles multiplient beaucoup , parce que la plupart des
poissons voraces vivent loin des eaux froides, qu’elles
préfèrent.
Mais si elles craignent peu la dent meurtrière de
ces poissons dévastateurs , elles ne trouvent pas d’abri
contre la poursuite des pêcheurs.
On les prend ordinairement avec la truble, à la
ligne, à la louve ou à la nasse ?.
Si l’on emploie la truble ou le truble, il faut le
lever très vite lorsque la truite y est entrée, pour ne
pas lui donner le temps de s'élancer et de s'échapper.
La ligne doit être forte, afin que le poisson ne
puisse pas la casser par ses mouvements variés, mul-
tipliés et rapides.
La manière de garnir l’hamecon n’est pas la même
dans différents pays. On y attache de la chair tirée de
la queue ou des pattes d’une écrevisse; de petites
boules , composées d’une partie de camphre, de deux
parties de graisse de héron, de quatre parties de bois
de saule pourri, et d’un peu de miel; des vers de
1. Voyez la description de la truble à l'article du Misgurne fossile.
2. La description de la louve et celle de la nasse sont dans l’articie
du Pétromyzon lamprüte.
LACÉPÈDE. XI. 17
262 HISTOIRE NATURELLE
terre ; des sangsues coupées par morceaux; des in-
sectes artificiels faits avec des étoffes très fines de
différentes couleurs; des membranes, de la cire, des
poils, de la laine, du crin, de la soie, du fil, des
plumes de coq ou de coucou. On change la couleur
de ces fils, de ces plumes, de ces soies, de ces poils,
non seulement suivant la saison et pour imiter les in-
sectes qu’elle amène, mais encore suivant les heures
du jour! ; et on les agite de manière à leur imprimer
des mouvements semblables à ceux des insectes les
plus recherchés par les truites.
Dans l’Arnon, auprès de Genève, on pique ces pois-
sons avec un trident , lorsqu'ils remontent contre une
chute d’eau produite par une digue ?.
Mais on en fait une pêche bien plus considérable
à l'endroit où le Rhône sort du lac Léman, dans le-
quel se jette cette rivière d’Arnon. Nous lisons dans
une lettre que le savant professeur Pictet, membre
associé de l'Institut, adressa, en 1588, aux auteurs
du Journal de Genève, qu'à cette époque le Rhône
étoit barré , à sa sortie du lac, par un clayonnage en
bois disposé en zigzag. Les angles de ce grillage , al-
ternativement saillants du côté du lac et du côté du
Rhône, présentoient de part et d’autre des espèces
d’avenues triangulaires, dont chacune se terminoit
par une nasse ou cage construite en fil de laiton , et
arrangée de manière que les poissons qui y entroient
ne pouvoient pas en sortir. Celles de ces nasses qui
répondoient aux angles saillants du côté du lac, se
nommoient nasses de remonte; et les autres, nasses de
1. Notes mauuscrites de M. Pénières.
2. Notes manuscriles de M. Decandolle,
DÉS POISSONS. 265
descente. On laissoit ordinairement tous les passages
libres dès la fin de juin, afin de donner aux truites
la liberté d'aller frayer dans ce fleuve ; on les refer-
moit vers le milieu d'octobre : ce qui divisoit le temps
de la pêehe en deux saisons; celle du printemps, qui
duroit depuis la fin de janvier jusqu’en juin ; et celle
de l'automne, qui commencçoit en octobre, et qui finis-
soit avec le mois de janvier. Dans l’une et dans l’autre
de ces saisons, on prenoit des truites à la remonte et
à la descente , mais dans des proportions bien diffé-
rentes. Sur quatre cent quatre-vingt-neuf truites, on
en pèchoit trente-six à la descente du printemps,
trente-quatre à la descente de l’automne, seize à la
remonte du printemps, quatre cent trois à la remonte
de l’automne. Il est aisé de voir que cette différence
provenoit de la liberté qu’avoient les truites de descen-
dre dans le Rhône, depuis la fin de juin jusqu’au mois
d'octobre.
Pour attirer un plus grand nombre de truites dans
les nasses ou dans les louves, on y place un linge
imbibé d'huile de lin, dans laquelle on a mêlé du
castoreum et du camphre fondus.
On marine la truite comme le saumon, et on la sale
comme le hareng. Mais c’est surtout lorsqu'elle est
fraîche que son goût est très agréable. Sa chair est
tendre , particulièrement pendant l'hiver ; les per-
sonnes mêmes dont l'estomac est foible la digèrent
facilement. Pendant long-temps ce salmone a été
nommé, dans plusieurs pays, le roi des poissons d’eau
douce ; et dans quelques parties de l'Allemagne les
princes s’en étoient réservé la pêche.
Comme on ne voit guère la truite séjourner natu-
26/4 HISTOIRE NATURELLE
rellement que dans les lacs élevés ét dans les rivières
ou ruisseaux des montagnes, elle est très chère dans
un grand nombre d’endroits : elle mérite par consé-
quent, à beaucoup d’égards, l’attention de l’économe,
et voici les principaux des soins qu'elle exige.
Pour former un bon étang à truites, il faut une val-
lée ombragée , une eau claire et froide , un fond de
sable ou de cailloux placé sur de la glaise ou sur une
autre terre qui retienne les eaux ; une source abon-
dante , où un ruisseau qui, coulant sous des arbres
touffus , et n'étant pas très éloigné de son origine ,
amène, même en été, une eau limpide et froide; des
bords assez élevés, pour que les truites ne puissent
pas s’élancer par dessus; de grands végétaux plantés
assez près de ces bords, pour que leur ombre entre-
tienne la fraîcheur de l’eau ; des racines d’arbres, ou
de grosses pierres, entre lesquelles les œufs puissent
être déposés ; des fossés ou des digues, pour prévenir
les inondations des ravins ou des rivières bourbeuses ;
une profondeur de neuf pieds ou environ, sans la-
quelle les truites ne trouveroient pas un abri contre
les effets de l’orage , monteroient à la surface de l’eau
lorsqu'il menaceroit , y présenteroient souvent un
grand nombre de points blanchâtres ou livides , et pé-
riroient bientôt; une quantité très considérable de
loches ou de goujons, et d’autres petits cyprins dont
les truites aiment à se nourrir, ou une très grande
abondance de morceaux de foie hachés, d’entrailles
d'animaux , de gâteaux secs, faits de sang de bœuf et
d'orge monde ; des bandes garnies d’une grille assez
fine pour arrêter l’alevin ; une attention soutenue pour
éloigner les poissons voraces , les grenouilles , les oi-
DES POISSONS. 209
seaux pècheurs , les loutres, et pour casser, pendant
l'hiver, la glace qui peut se former sur la surface de
l’eau !.
Lorsque , pour peupler cet étang , on est obligé d’y
transporter des truites d’un endroit un peu éloigné,
il faut ne placer dans chaque vase qu'un petit nombre
de ces salmones, renouveler l’eau dans laquelle on
les a mis, et l’agiter souvent.
Différentes eaux peuventcependant être assez claires,
assez froides et assez rapides pour que les truites y
vivent, et avoir néanmoins des propriétés particulières
qui influent sur ces salmones, au point de modifier
leurs qualités, leurs couleurs, leurs formes et leurs
habitudes, et de produire des variétés très distinctes
et plus ou moins constantes.
M. Decandolle assure que les truites prises dans le
Rhône différent de celles que l’on pèche dans le lac
de Genève, par la grandeur de deux taches noirâtres
placées sur les joues ?. Suivant le même naturaliste,
celles de l’Arve sont plus minces et plus allongées.
On en voit, dit M. Pénières , d’efhilées , et d’autres
très courtes. Le ruisseau appelé le Queyrou , près de
Pénières, dans le département du Cantal , en nourrit
d’arrondies , avec le dos voûté ; dans celui de Narbois,
les truites sont courtes, arrondies, et d’une nuance
presque jaune ; dans un autre ruisseau, nommé Enlan,
elles sont allongées , grises et légèrement tachetées.
M. Noël, de Rouen, nous a écrit : « Les truites de
» Palluel ont une grande réputation dans le départe-
1. Voyez le Discours intitulé : Des effets de l’art de Ühomme sur ta
nature des poussons.
2. Nôles manuscrites déja citées.
206 HISTOIRE NATURELLE
» ment de la Seine-fnférieure : ce sont les plus déli-
» cates que nous possédions dans nos eaux douces.
» On m'a assuré à Cany qu’elles ne remontoient pas
» au dessus du pont de ce gros bourg, qui n’est éloi-
» gné de la mer que d’une lieue. Après les truites de
» Palluel viennent celles de ja rivière de Robec, qui
» se perd dans la Seine à Rouen.... On connoît dans
» nos différentes rivières sept ou huit variétés de
» truites, qui diffèrent entre elles par la couleur, les
» taches , etc. »
Dans les eaux de Lethnot, comté de Forfar, en
Écosse , les pêcheurs distinguent deux variétés de la
truite : la première est Jaune, et beaucoup plus large
ou haute que la truite ordinaire; la seconde a la tête
beaucoup plus petite, et les côtés tachetés d’une ma-
nière aussi élégante que brillante.
On pèche aussi, dans quelques lacs , ruisseaux où
rivières d'Écosse , d’autres variétés de la truite, aux-
quelles on a donné les noms de Truite de mousse,
Truite de petite rivière, Truite noire, Truite blanche
et Truite rouge.
Bloch en a fait connoître une, qu'il a désignée par
fa dénomination de Truite brune 1. Cette variété a la
tête et le ventre plus gros que la truite commune; le
dos arrondi ; la partie supérieure des côtés et la tête
d’un brun noir, avec des taches violettes ; la partie in-
férieure de ces mêmes côtés jaunâtre , avec des taches
rouges entourées de blanc et renfermées dans un se-
cond cercle brunâtre ; les nageoires du ventre, de
l'anus et de la queue mélangées de jaune ; la chair
1. Bloch, pl. 29.
Salmo fario , sylvaticus, B. Linnée, édition de Gmelin.
3
DES POISSONS. 267
très délicate , et rouge lorsqu'elle est cuite , de même
que celle du saumon et du salmone truite-saumenée.
Cette variété habite plusieurs des rivières qui se jet-
tent dans la Baltique , ou dans la mer qui baigne les
côtes de Norwége 1.
1. 10 rayons à la membrane branchiale du salmone truite,
10 rayons à chaque pectorale.
18 rayons à la nageoïre de la queue.
268 HISTOIRE NATURELLE
LE SALMONE BERGFORELLE”.
Salmo punctatus, Cuv. — Salmo alpinus, Linn.,
Guer., Brocu., Lacer.
CE salmone a de petites écailles sur le tronc, un
appendice étroit à côté de chaque ventrale, la ligne
latérale droite, la première dorsale jaune avec des
taches noires, les autres nageoires rougeâtres, le dos
verdâtre, le ventre blanc, la chair rouge , de bon
soût et facile à digérer.
On le trouve dans les eaux de très hautes monta-
ones, particulièrement de celles de Laponie , du pays
de Galles et du voisinage de Saint-Gall ?.
1. Faun. suecic. 349.
Ræding. It. Wgoth., 257.
Salmone bergforelle, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique.
Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
Bloch , pl. 104.
« Sa!mo vir pedalis, pinnis ventris rubris, etc. » Artedi, gen. 15,
syn. 25, spec. 52.
Willughby, pisc. p. 196, tab. N, 1, fig. 4.
Red charre, Raï, pisc., p. 65.
Charr, Brit. Zoolog. 5, p. 265, n. 6, t. 15.
2. 10 rayons à la membrane branchiale du salmone bergforelle.
14 rayons à chaque pectorale.
25 rayons à la nageoire de la queue.
DES POISSONS. 269
etreipes Here go
2 A fs-pe Den ipereBoreG ose TAHOE HOME DE EP).
LE SALMONE TRUITE-SAUMONÉE!.
Salmo Trutta, Linn., Guec., BLocn, Cuv. — Salmo
Trutta salar, LacExr. — Salmo lacustris, Linn.,
GEL.
Ox a prétendu que la truite-saumonée provenoit
d'un œuf de saumon fécondé par une truite, ou d’un
1. Lachs forelle, en Allemagne.
Rheinanke, sur le Rhin.
Rheinlanke , ibid.
Lachskindchea , en Saxe.
Lachsfuhren, en Prusse.
Tuimen , en Livonie.
Tuimint, ibid.
Soborting, en Laponie.
Orlar, en Suède.
Tuanspol, ibid.
Borting , ibid.
Sickmat , ibid.
Lodjor, ibid.
Soe-borting , en Norwège.
Aurride, ibid.
Lar-ort, en Danemarck.
Maskrog-ort, ibid.
Salm-forel, en Hollande.
Sea trout, en Angleterre.
Salmon-trout , ibid.
Salmo lacustris, Linn., Gmel,
270 HISTOIRE NATURELLE
œuf de truite fécondé par un saumon; qu’elle ne
pouvoit pas se reproduire ; qu’elle ne formoit pas une
espèce particulière. Cette opinion est contraire aux
résultats des observations les plus nombreuses et les
plus exactes. Mais la truite-saumonée n’en mérite pas
moins le nom qu'on lui a donné : sa forme, ses cou-
leurs et ses habitudes la rapprochent beaucoup du
saumon et de la truite ; elle montre même quelques
uns des traits qui caractérisent l’un ou l’autre de ces
deux salmones ; et c’est depuis bien du temps qu'on
a reconnu ces caractères pour ainsi dire mi-partis.
Non seulement, en effet, Schwenckfeld, Schoneveld,
Charleton et Johnson l'ont distinguée et décrite ; mais
encore le consul Ausone l’a chantée, dès le cinquième
siècle , dans son poëme de {a Moselle, où il l’a nom-
mée Fario, et où il l’a représentée comme tenant le
milieu entre la truite et le saumon.
La truite-saumonée habite dans un très grand nom-
bre de contrées; mais on la trouve principalement
Salinone truite-saumonée, Daubenton et Hauy, Encyclopédie métho-
dique.
Id. Bonnaterre planches de l'Encyclopédie méthodique.
Bloch , pl. 21.
Faun. suecic. 547.
Mull. Prodrom. Zoolog. Danic., p. 48, n. 407.
Kramer, EL., p. 389, n. 2.
« Salmo latus, maculis rubris nigrisque, etc. » Artedi, gen. 12,
syn. 14.
Gronov. mus. 2. n. 164.
Trutta salmonata, Willughby, Ichthyolog., p. 195, 198.
Id. Rai, Pisc., p. 63.
Bull-irout, Pennant, Brit. Zoolog. 5, p. 249, n. 5.
Truite-saumonée, Valmont de Bomare, Dictionnaire d'histoire na-
turelle.
DES POISSONS. DFA
dans les lacs des hautes montagnes, et dans les ri-
vières froides qui en sortent ou qui s’y jettent. Elle
se nourrit de vers, d'insectes aquatiques et de très
petits poissons. Les eaux vives et courantes sont celles
qui lui plaisent : elle aime les fonds de sable ou de
cailloux. Ge n’est ordinairement que vers le milieu
du printemps qu’elle quitte la mer, pour aller dans
les fleuves, les rivières. les lacs et les ruisseaux, choi-
sir l’endrait commode et abrité où elle répand sa laite
ou dépose ses œufs.
Elle parvient à une grandeur considérable. Quelques
individus de cette espèce pèsent huit ou dix livres ; et
ceux mêmes qui n'en pèsent encore que six ont déjà
plus de deux pieds de longueur.
On la confond souvent avec le salmone huch , au-
quel elle ressemble, en effet, beaucoup , et qu'on a
nommé, dans plusieurs pays, T'ruite-saumonée. Ajou-
tons donc aux traits indiqués dans le tableau générique
pour l'espèce dont nous traitons les autres principaux
caractères qui lui appartiennent, afin qu'on puisse la
distinguer plus facilement de ce salmone huch, qui,
au reste, peut parvenir à un poids sept ou huit fois
plus considérable que celui de la véritable truite-sau-
monée.
Sa tête est petite, et en forme de coin; ses mâ-
choires sont presque également avancées; les dents
qui les garnissent sont pointues etrecourbées, et celles
d'une mâchoire s’emboîtent entre celles de la mâ-
choire opposée. On voit d’ailleurs trois rangées de
dents sur le palais, et deux rangées sur la langue.
Les yeux sont petits, ainsi que les écailles. La ligne
latérale est presque droite.
262 HISTOIRE NATURELLE
Le nez et le front sont noirs ; les joues d’un Jaune
mêlé de violet; le dos et les côtés d’un noir plus ou
moins mêlé de nuances violettes; la gorge et le ventre
blancs ; la caudale et l’adipeuse noires; les autres na-
geoires grises ; les taches noires répandues sur le pois-
son ; quelquefois angulaires, mais le plus souvent
rondes.
Au reste, la forme et les nuances de ces taches va-
rient un peu, suivant la nature des eaux dans les-
quelles l’individu séjourne. La bonté de sa chair dé-
pend aussi très souvent de la qualité de ces eaux;
mais en général, et surtout un peu avant le frai,
cette chair est toujours tendre, exquise et facile à di-
sérer. Elle perd beaucoup de son bon goût lorsque la
rivière où la truite-saumonée se trouve, reçoit une
grande quantité de saletés ; il suffit même que des
usines y introduisent un grand volume de sciures de
bois, pour que ce salmone contracte une maladie à
laquelle on a donné le nom de consomption, et dans
laquelle sa tête grossit, son corps devient maigre , et
la surface de ses intestins se couvre de petites pus-
tules.
On pêche les truites-saumonées avec des filets, des
nasses et des lignes de fond, auxquelles on attache
ordinairement des vers. Dans les endroits on l’on en
prend un grand nombre, on les sale, on les fume,
on les marine.
Pour les fumer, on élève sur des pierres un tonneau
sans fond et percé dans plusieurs endroits; on y sus-
pend ces salmones, et on les y expose, perdant trois
jours, à la fumée de branches de chêne et de grains
de genièvre.
DES POISSONS. 270
Pour les mariner, on les vide, on les met dans du
sel, on les en retire au bout de quelques heures , on
les fait sécher, on les arrose de beurre ou d’huile d’o-
live, on les grille; on étend dans un tonneau une
couche de ces poissons sur des feuilles de laurier
et de romarin, des tranches de citron, du poivre,
des clous de girofle; on place alternativement plu-
sieurs couches semblables de truites saumonées, et
de portions de végétaux que nous venons d'indiquer ;
on verse par dessus du vinaigre très fort que l’on a
fait bouillir, et l’on ferme le tonneau.
Bloch a observé, sur une truite-saumonée, un phé-
nomène qui s'accorde avec ce que nous avons dit de
la phosphorescence des poissons, dans le Discours re-
latif à la nature de ces animaux. Entrant un soir dans
sa chambre, il y aperçut une lumière blanchâtre et
brillante, qui le surprit d’abord, mais dont il décou-
vrit bientôt la cause : cette lumière provenoit d’une
tête de truite-saumonée. Les yeux, la langue, Îe pa-
lais et les branchies, répandoient surtout une grande
clarté. Quand il touchoit ces parties, il en augmentoit
l'éclat; et lorsque, avec le doigt qui les avoit touchées s
il frottoit une autre partie de 1 tête , il lui communi-
quoit la même phosphorescence. Celles qui étoient
le moins enduites de mucilage ou de matières gluantes,
étoient le moins lumineuses ; et ces effets s’affoibli-
rent à mesure que la substance visqueuse se des-
sécha.
1. 12 rayons à la membrane branchiale du salmoneiruite-saumoncée.
14 rayons à chaque pectorale.
20 rayons à la nageoïire de Ïa queuc.
274 HISTOIRE NATURELLE
RERO REMES Eee Etre 68 EE
EAP ETETODOBEDHEOHEBOTS EEBRE
LE SALMONE ROUGE”.
Salmo erythrinus, Linn., GMEL., Lacær.
Le SALMONE GæpEen?, Salmo Gæœdentu, Linn., Gmel., Lacep. — Le
Sazmone Hlucu?, Salmo Hucho, Linn., Gmel , Lacep., Cuv. — Le
S. Garvion #, Salimo Carpio, Linn., Gmel., Lace. — ie S. Sazvr-
LINE *, Salmo Salvelinus, Linn., Gmel., Lacep., Cuv.— Le S. Omsie
Cnevauter ©, Salmo Umbla , Linn., Gmel., Bloch, Lacep., Cuv.
———’û5 6 oe—— —
LE rouge habite des lacs et des fleuves de la Sibé-
rie. Il parvient à deux pieds de longueur. Sa chair est
1. Georg. Lt. 1, p. 156, tab. 1, fig. 1.
2. Silberforelle, sur quelques rivages de la Baltique.
Blocb, pl. 102.
Truite de mer, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
3. Heuch ainsi que huch en Bavière,
Hauchforetle, dans plusieurs autres contrées de l'Allemagne.
Salmone huch, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique.
Bloch , p. 100.
Meidenger, 45.
«Salmo oblongus, dentium lincis duabus palati, maculis tantum-
modo nigris.» Artedi, gen. 12, syn. 25.
« Salmo dorso brunnev, maculis nigris, elc.» Kram. Austr. 588.
Gesn. Aq., p. 1015. Thierb., p. 174, Icon. animal., p. 515.
Aldrovand., pisc., p. 592.
Willughby, Ichthyolog., p. 199, tab. n. 1, fig. 6.
Raï, pisc., p. 69. n. 9.
Marsigli, Danub. 4, p. 81, Lab. 28, fig. 1.
4. Chare, dans quelques contrées d'Angleterre.
Gilt charre, ibid.
DES POISSONS. 275
rouge, grasse, tendre. Ses œufs sont Jaunes; son dos
est brun; sa première dorsale grise, avec des taches
Roding, en Norwége.
Roïe, ibid.
« Salmo pede minor, dentium ordinibus quinque palati. » Artedi,
gen. 19, syn. 2/4.
Oth. Fabric. Faun. Groenlandica, p. 171.
Salmone carpion, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique.
Id, Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique.
Ascagne, quatrième cahier, p. 2, planche 52.
5. Schwartzreuterl, quand il cest encore jeune.
Schwartzreucherl , id.
Salvelin , en Allemagne.
Salmarin , ibid.
Salbing, en Bavière.
Lambacher salbling, en Autriche.
Salmurino , auprès de Trente.
Salamandrino , ibid.
Salmo salmarinus , id.
Omble, Bloch, pl. 99.
Salmone salveline , Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique.
Id. Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique.
Salmone salinarine, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique.
Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
« Salmo pedalis maxilla superiore longiore.» Artedi, gen. 13, syn.26,
« Salmo dorso fulvo, maculis luteis, cauda bifurcata. » Id. syn. 24.
« Trulta dentata, etc. » Klein, miss. pisc. 5 , p. 18, n. 5.
Umbla prima , selbling, Marsig. Danub. 4, p. 82, tab. 2, fig. 2.
Umbla tertia, lambacher salbling, id. 4, p. 83, tab. 20, fig. 0.
Schwartzreuterl, Schrank, Schr. der Berlin. Naturf, fr. 1, p.580.
Salmarinus, Salvian. Aquat., p. 101, 102.
Id. Jonst. pisc., p. 155, tab. 28.
6. Salmone humble chevalier, Daubenton et Hauy. Encyclopédie mé-
thodique.
Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
Bloch , pi. 101.
« Salmo lineis latcralibus sursum recurvis, cauda bifurca. » Arteui,
gen. 19, syn. 25.
Klein , miss. pisc. 5, p. 18, n. 9.
250 HISTOIRE NATURELLE
rouges bordées d’une autre couleur; la nageoire adi-
peuse brune et allongée; le-front et les opercules sont
gris. On voit des dents aux mâchoires, sur la langue
qui est large, et sur le palais, où elles forment deux
rangées disposées en arc.
Le gæden, que Bloch dédia dans le temps à l’un
de ses amis, le conseillier Gæden, de la basse Pomé-
ranie , vit dans la Baltique et dans l'Océan atlantique
boréal. Il pèse ordinairement deux livres ou environ :
sa longueur n'excède guère dix-huit pouces. Sa chair
est maigre, mais blanche et agréable au goût. Ses deux
mâchoires et le palais sont garnis de dents pointues;
l'ouverture de la bouche et les orifices des branchies
ont une largeur considérable ; les yeux sont gros; et
les ventrales fortifiées chacune par un appendice ; la
ligne latérale est droite. Les joues, les opercules, les
côtés et le ventre sont argentés; le dos, le front et
les nageoires sont brunâtres ; des taches brunes dis-
tinguent d’ailleurs la première nageoire du dos.
On trouve deux rangées de dents sur le palais,
ainsi que sur la langue du huch, et un appendice
auprès de chacune de ses ventrales. Sa ligne latérale
est droite et déliée ; son anus très près de la caudale;
le dessus de sa tête brun; sa gorge argentée , ainsi
que ses joues ; la couleur de ses côtés, d’un rouge
mêlé de teintes argentines ; chacune de ses nageoires
rouge pendant sa jeunesse, et jaunâtre ensuite.
Umble, Rondelet, seconde partie, chap. 12, p. 115, édition de
Lyon, 1958.
Umbla aliera , Aldrovand pisc., p. 607.
Willughby, Ichthyol,, p. 195, tab. np. 1, fig. 1.
Rai, pisc., p. 64.
« Salmo alter Lemani lacus. » Gesner, Aquat., p. 1004.
DES POISSONS. 26f
Son corps et sa queue sont très allongés et très
charnus. Il parvient à une longueur de près de six
pieds, et à un poids de plus de soixante livres. Sa
chair est quelquefois molle, et n’a pas un goût aussi
agréable que celle de la truite ou de la truite-saumo-
née : on l’a cependant confondu, dans beaucoup d’en-
droits , avec cette dernière, dont on lui a même donné
le nom. On le prend à l’hamecçon, ainsi qu’au grand
filet. On le pêche particulièrement dans le Danube,
dans les grands lacs de la Bavière et de l’Autriche ,
dans plusieurs fleuves de la Russie et de la Sibérie :
il paroît qu'il habite aussi dans le lac de Genève; et,
d’après une note manuscrite adressée: dans le temps à
Buflon , on pourroit croire que, dans la partie orien-
tale de ce lac, il pèse quelquefois plus de cent livres.
Peut-être faut-il aussi rapporter à cette espèce un sal-
mone dont M. Decandolle parle dans ses observations
manuscrites, et qui, suivant cet habile naturaliste,
vit dans le lac de Morat, y porte le nom de Salut,
s'en échappe souvent par la Thiole, pour aller dans le
lac de Neufchâtel, et pèse de quatre-vingts à cent livres.
Le carpion a beaucoup de rapports avec le salmone
bergforelle. Son palais est garni de cinq rangées de
denis; sa chair est rouge. On le trouve dans les ri-
vières d'Angleterre et dans celles du Valais. On le
conserve assez facilement dans les étangs.
La salveline ressemble aussi beaucoup à la berefo-
relle. Elle ne fait qu'un avec la salmarine , que Lin-
née et plusieurs autres auteurs n’auroient pas pu con-
sidérer comme une espèce particulière. Elle a la tête
comprimée ; l'ouverture de la bouche large; les deux
mâchoires armées de petites dents pointues ; la langue
LACÉPÈDE, XI 18
256 UISTOIRE NATURELLE
carlilagineuse, un peu libre dans ses mouvements,
et garnie , comme le palais, de deux rangées de dents;
lorifice de chaque narine , double; la ligne latérale
presque droite ; un appendice auprès de chaque ven-
trale ; cinquante vertèbres à l’épine du dos; trente-
huit côtes de chaque côté de l’épine.
La tête et le dos sent bruns; les joues et les oper-
cules argentins; les côtés blanchâtres ; les nuances
du ventre orangées; les pectorales rouges ; les dorsales
et la caudale brunes; le corps et la queue parsemés de
taches petites, rondes, orangées et bordées de blanc.
Plus l’eau dans laquelle elle séjourne est pure et
froide, plus sa chair est ferme, et plus ses couleurs
sont vives. Elle pèse jusqu'à dix livres. Elle fraie vers
la fin de l'automne , et quelquelois au commence-
ment de l'hiver. On la pêche particulièrement en Ba-
vière, et dans tous les iacs qui s'étendent entre les
montagnes depuis Saltzhbourg jusque vers la Hongrie.
On la prend à l’hanieçon , aussi bien qu’au colleret1.
On la fume en l’exposant au feu d’écorce d'arbre,
dont on augmente la fumée en l’arrosant sans cesse.
L'omble chevalier doit son nom à la grandeur de
ses dimensions. 11 pèse quelquefois vingt livres ; et,
suivant M. Decandolle, son poids peut s'élever jusqu’à
soixante ou quatre-vingls?. On a souvent confondu
ce salmone avec le huch ou avec le Salut, qui par-
vient à un très grand volume; et dans quelques en-
droits, on l’a pris pour une truite-saumonée : il con-
stitue cependant une espèce bien distincte. Îl habite
1. Voyez, pour la description du filel nommé colleret, Taiticle du
Centropore sandat.
2. Notes manuscriles déjà citées.
DES POISSONS. 270
dans le lac de Genève et dans celui de Neufchâtel; il
s’y nourrit communément d’escargots, de petits ani-
maux à coquille, et de très jeunes poissons. On le
pêche près du rivage au filet et à l’hameçon. Il devient
très gras : sa chair est très délicate, et il est très re-
cherché.
Il a une rangée de dents pointues à la mâchoire
d’en haut ; deux rangs de dents semblables à la mà-
choire d’en bas ; chaque opercule composé de deux
pièces; l'ouverture branchiale assez grande ; les écail-
les tendres et si petites, qu’on a peine à les distinguer
au travers de la substance visqueuse dont elles sont
enduites ; le dos verdâtre; les joues d’un verdâtre
mêlé de blanc; l'iris orangé et bordé d’argentin; les
opercules et le ventre blanchâtres, toutes les nageoires
d’un vert mêlé de jaune : ces organes de mouvement
ont d’ailleurs peu de longueur.
1, 12 rayons à la membrane branchiale du salmone rouge.
19 rayons à chaque pectorale,
19 rayons à la nageoïire de la queue.
10 rayons à la membrane branchialc du salmone gæden.
15 rayons à chaque pectorale.
1$ rayons à la caudale.
12 rayons à la membrane branchiale du salmone huch.
17 rayons à chaque pectorale.
16 rayons à la nageoïre de la queue.
12 rayons à la membrane branchiale du saimone carpion.
14 rayons à chaque pectorale.
30 rayons à la nageoire de la queue.
30 rayons à la membrane des branchies du salmone salveline.
14 rayons à chaque pectorale.
24 rayons à la caudale.
15 rayons à chaque pectorale du salmonc omble chevalier.
1 8 rayons à la nageoire de la queue.
200 HISTOIRE NATURELLE
eFCHE4SMEpA
RE OC
LE SALMONE TAIMEN”.
Salmo Taimen, Linn., Guez., LAcer.
Le Sarmone Nerma?, Salmo Nelma, Linn., Gmel., Lacep. — Le &.
LÉnok®, Salmo Lenok, Linn., Gmel., Lacep.— Le S. Kunpscua ,
Salmo Kundscha, Linn., Gmel., Lacep.— Le S. arcriQue, Salmo arcti-
eus. Linn.. Gmel., Lacep. $.—Le S. Rerour $, Salmo Reidur, Lacep. ;
Salmo stagnatis, Linn., Gmel.—Le S. Icime 7, Salnio Icimus, Lacep.;
Salmo uivalis, Linn., Gmel. — Le S. Lepecmin®, Salmo Lepechint,
Linn., Gmel.. Lacep. —Le S. Sir °, Salmo Silus, Ascag., Lacep.;
Coregonus Silus, Cuv.— Le S. Love 10, Mallotus (salmo) groenlan-
dicus, Guv.; Salmo Groenlandicus, Bloch: Clupea villosa, Linn.,
Gmel, — Le S. BLanc !?, Salmo albus, Lacep.
Es onze salmones vivent dans les mers ou les ri-
vières de l'Europe ou de l’Amérique septentrionale.
1. Pallas, It, 2, p. 716, n. 54.
Salmone teimen, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
2. Pallas , It. 2, p. 716, n. 55.
Lepechin, It 2, p. 192, tab. 0, fig. 1, 2, 5.
Salmonenelma, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique,
8. Pallas. IE 5,p.716,n. 55.
Salimone lénok, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
4, Pallas, IL. 3, p. 706, n. 46.
Salmon kundscha, Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie métho-
dique.
5. Pallas, It. 5, p, 706, n. 47.
Salmone arctique, Bonnaterre, planches de FEncyclopédie mé-
thodique.
6. Oth. Fabric. Faun. Groenland., p. 175, n. 126.
Salmone reulur,Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
DES POISSONS. 261
Nous devons à l'illustre Pallas la connoissance des cinq
premiers.
Le taimen , des torrents et des fleuves de la Sibérie
qui versent leurs eaux dans l'Océan glacial, a la chair
blanche et grasse ; des dents au palais, à la langue et
aux mâchoires ; un appendice auprès de chaque ven-
trale ; les côtés argentés ; le ventre blanc; la caudale
rougeâtre; l’anale très rouge ; une longueur de plus
d’un mètre.
Le nelma, des mêmes eaux, est long de plus de
six pieds; et de larges lames sont placées auprès de
l’ouverture de sa bouche.
Le lénok, qui préfère les torrents rocailleux, les
courants les plus rapides et les cataractes écumeuses
de la Sibérie orientale , a plus de trois pieds de lon-
7. Oth. Fabr. Faun. Groenland., p. 176, n. 127.
Salmone icume, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
8. Lepechin, It. 3, p. 229, tab. 14, fig. 2.
g. Ascagne, pl. 24.
Salmone sil, Bonuaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique,
10, Capelan d'Amérique.
Capelan de Terre-Neuve.
Gronlander, par les Allemands.
Angmaksak , en Groenland.
Keplings , ibid.
Jern lodde (le mâle }, ibid.
Quetter lodde (idem), ibid.
Sild lodde (1a feinelle), ibid.
Rong lodde (idem ), ibid.
Laaüen-sild, eu Islande.
Lodna , ibid.
Sulmone lodde, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
Bloch , pl, 581, fig. 1.
11. Sulmone blanc, Bonnaterre, planches de l'Encyclepédie métho -
dique.
Pennant , Zoolog. Britann., vol. 3, p: 402.
282 HISTOIRE NATURELLE
gueur; la forme générale d’une tanche ; des appen-
dices aux ventrales , qui sont rougeâtres, ainsi que la
caudale ; le dessus du corps et de la queue, brunâtre ;
le dessous jaunâtre ; l’anale très rouge, et la chair
blanche.
Le kundscha, qui n'entre guère dans les fleuves, et
que l’on trouve pendant l'été dans les golfes et les dé-
troits de l'Océan glacial arctique, est long de plus
d’un pied et demi, bletâtre au dessus et au dessous
de la ligne latérale; et ses ventrales ont chacune un
appendice écailleux.
L’arctique, qui habite dans les petits ruisseaux à
fond de cailloux des monts les plus septentrionaux
de l’Europe, ne parvient ordinairement qu’à la lon-
sueur de quatre pouces.
Le reidur des montagnes de Groenland a près d’un
pied et demi de long; la tête grande et ovale; le mu-
seau pointu ; la langue longue; le palais garni de trois
rangs de dents serrées ; les mâchoires armées de dents
fortes, recourbées, et très pointues ; les opercules
crands, lisses, composés de deux pièces ; les pecto-
rales très allongées; deux rayons à la première dor-
sale très longs; la chair blanche , et le ventre de la
même couleur.
L'icime, dont le museau est arrondi, et la lon-
gueur de quatre à huit pouces, vit dans les petits ruis-
seaux et les étangs vaseux du Groenland, y dépose
ses œufs sur le limon du rivage, passe l’hiver enfoncé
dans ce même limon, qui le préserve des eïfets fu-
nestes du froid le plus rigoureux, et, lorsqu'il est
poursuivi, se cache avec précipitation sous cette même
rive, qu'il n’abandonne, pour ainsi dire, jamais.
DES POISSONS. 209
Le lépechin, des fleuves de Russie et de Sibérie
dont le fond est pierreux, a la chair rougeâtre, ferme
et agréable au goût; plusieurs dents fortes , aiguës et
recourbées à la mâchoire supérieure; soixante dents
semblables à la mâchoire d'en bas; la tête grande ; les
yeux gros ; les joues argentées ; des taches noires et
carrées sur la première nageoire du dos; les autres na-
geoires couleur de feu.
Le sil, des mers du Nord, présente une tête large
et aplatie; deux mâchoires presque égales; un dos
convexe ; un venire plat; une anale placée au dessous
de la nageoire adipeuse ; une longueur de deux pieds
et demi.
Le lodde habite les mers de Norwége, d'Islande,
de Groenland et de Terre-Neuve. Les individus de
cette espèce sont si multipliés en Islande, qu’on en
sèche une très grande quantité pour nourrir les bes-
tiaux pendant l'hiver; et il paroît que le voisinage de
cette île leur convient depuis bien des siècles, puis-
qu'on y trouve dans des couches de glaise des sque-
lettes de ces poissons.
Le lodde n’a ordinairement que six ou sept pouces
de iongueur. On le pèche pendant tout l'été près des
rivages du Groenland. Les femelles arrivent vers la fin
du printemps, viennent par milliers dans les baies,
y déposent leurs œufs sur les plantes marines, et en
laissent tomber un si grand nombre, que l’eau de la
mer, quoique assez profonde au dessus de ces plantes,
paroît d’une couleur jaunâtre.
Lorsque les loddes accourent vers les bords de la
mer pour y pondre ou pour y féconder les œufs, ils
ne sont arrèlés ni par les vagues ni par les courants ;
28/4 HISTOIRE NATURELLE
ils franchissent avec audace les obstacles ; ils sautent
par dessus les barrières. S'ils sont poursuivis par quel-
que ennemi, ils s'élancent sur la rive, ou sur des
pièces de glace; et, s'ils sont blessés mortellement,
ils tournoient à la surface de l'eau, périssent et tom-
bent au fond.
Ils se nourrissent d'œufs de crabe, d'œufs de pois-
son, et quelquefois de plantes aquatiques. Leur chair
est blanche, grasse , de bon goût. On les mange frais
ou séchés ; et ils sont un des aliments les plus ordi-
naires des Groenlandois.
Leur tête est comprimée, et cependant un peu large;
les mâchoires, dont l’inférieure excède la supérieure,
sont hérissées de petites dents, ainsi que la langue et
le palais. Il n’y a qu'un orifice à chaque narine. La
ligne latérale est droite; l’anus très près de la cau-
dale. De petites écailles revêtent les opercules; celles
qui couvrent le corps et la queue sont aussi très pe-
ütes. Les nageoires présentent un bord bleuâtre.
Les mâles ont le dos plus large que les femelles :
presque tous ont d’ailleurs, depuis la poitrine jusqu'aux
ventrales, au moins pendant le temps du frai, plusieurs
filaments déliés et très courts. Le péritoine des loddes
est noir; la membrane de l'estomac très mince; la
laite simple , ainsi que l'ovaire; l’épine dorsale com-
posée de soixante-cinq vertèbres; chaque côté de
cette épine fortifié par quarante-quatre côtes, et les
os, auxquels sont attachés les rayons de la nageoire
de l'anus, sont très longs; ce qui donne à la portion
antérieure de la queue la hauteur indiquée dans le
tableau générique.
Le blanc, qui, pendant l'été, remonte de la mer
DES POISSONS. 289
dans les rivières de la Grande-Bretagne , a deux ran-
oées de dents à la mâchoire d’en haut, une seuie ran-
sée à celle d’en bas;'six dents sur la langue; le dos
varié de brun et de blanc; et la première dorsale
rougeâtre 4,
(dj
1. 18 rayons à chaque pectorale du salmone taimen.
10 rayons à la membrane branchiale du salmone nelma.
16 rayons à chaque pectorale du salmone lénok.
11 rayons à la membrane branchiale du salmone kundscha,
14 rayons à chaque pectorale.
9 rayons à la membrane branchiale du salmone arctique.
16 rayons à chaque pectorale.
12 rayons à la membrane des branchies du salmone reidur.
14 rayons à chaque pectorale.
21 rayons à la nageoïre de la queue.
11 rayons à la membrane branchiale du salmone lépechiu.
14 rayons à chaque pectorale.
20 rayons à la nageoïire de la queue.
6 rayons à la membrane des branchies du salmone sil.
17 rayons à chaque pectorale.
4o rayons à la caudale.
6 rayons à la membrane branchiale du salmone lodde
19 rayons à chaque pectorale.
28 rayons à la nageoire de la queue.
13 rayons à chaque pectorale du salmone blanc.
286 HISTOIRE NATURELLE
Se 798940 00-70 454049 00% D-2 5-00. 0046 BBD DEEE DCE SE RE BIG LOI LES Lo OBS EEE SD Ex
LE SALMONE VARIE’.
Salme varius, LAcer.
Le Sazmong RENÉ , Salmo renatus , Lacep.— Ex S. Rice , Salmo Rillus,
Lacep.—Ls S. canoïve , Salmo gadoides , Lacep.
LEs quatre salmones dont nous parlons dans cet
article sont encore inconnus des naturalistes.
Le varié a été chservé, par Commerson , près des
rivages de l’Île de France. On ne l’y trouve que très
rarement. Sa longueur est de huit pouces ou environ.
Les couleurs de ce poisson sont très variées, et ma-
riées avec élégance. Les nuances un peu brunes du
dos sont relevées par des taches rouges, et s’accor-
dent très bien avec le rouge, le jaune et le noir que
deux raies longitudinales présentent symétriquement
de chaque côté du salmone , ainsi qu'avec ie noir et
le rouge dont les nageoires sont peintes. Le dessous
de l’animal est bianchâtre 3 et les iris, couleur de feu,
brillent comme des escarboucles au milieu des teintes
sombres de la tête.
La forme générale de cette dernière partie lui donne
beaucoup de ressemblance avec la tête d’un anguis.
1. « Salmo variegatus, corpore e tereti conico , tænia laterum lon-
» gitudinali vicibus alternis rubris, nigris, » Commerson , manuscrits
déjà cités.
DES POISSONS. | 207
L'ouverture de la bouche est très prolongée en ar-
rière. Les dents de la mâchoire supérieure sont acé-
rées , mais éloignées les unes des autres; celles de la
mâchoire inférieure sont, au contraire, très serrées.
Au reste, cette dernière mâchoire est un peu plus
avancée que la supérieure, qui n’est ni extensible ni
rétractle.
Des dents semblables à des aiguillons recourbés hé-
rissent la langue, qui d’ailleurs est très courte et très
dure ; d’autres dents plus petites et moins nombreuses
garnissent la surface du palais.
Le bord supérieur de l'orbite est très près du som-
met de la tête. Deux lames composent chaque oper-
cule. L’anus est très près de la caudale, et la ligne
latérale presque droite.
On pêche dans la Moselle , et particulièrement vers
les sources de cette rivière, une espèce de salmone
à laquelle on a donné, dans la ci-devant Lorraine, le
nom de René, et dont un individu m'a été envoyé, il
y a plus de douze ans , par dom Fleurant, bénédictia
de Flavigny, près de Nancy.
Ce poisson a deux rangées de dents sur la langue,
et trois sur le palais ; le dessus de la tête et du corps,
ainsi que les nageoires du des et de la queue, d’une
couleur foncée ; le dessous du corps et les autres na-
geoires blanches ou blanchütres.
Le rille parvient rarement à une grandeur plus con-
sidérable que celle d’un hareng. Il habite dans plu-
sieurs rivières, et particulièrement dans celle de la
Rille, dont il porte le nom, et qui se jette dans la
Seine auprès de l'embouchure de ce fleuve.
On l’a souvent confondu avec de jeunes saumons:
285 HISTOIRE NATURELLE
ce qui n’a pas peu contribué aux fausses idées répan-
dues parmi quelques observateurs au sujet de sa con-
formation et de ses habitudes. Mais on est allé plus
loin : on a prétendu que ce salmone rille ne montroit
jamais ni œufs ni laite ; qu'il étoit infécond ; qu'il pro-
venoit de la ponte des saumons, qui, ayant en même
temps et des œufs et de la laite, réunissent les deux
sexes ; et cette opinion a eu d'autant plus de parti-
sans, qu’on aime à rapprocher les extrêmes, et qu'on
a trouvé piquant de faire naître d’un saumon herma-
phrodite un poisson entièrement privé de sexe. Îl ÿ a
dans cette assertion une double erreur. Première-
ment , il n’y a pas de poisson qui présente les deux
sexes, Ou, Ce qui est la même chose, qui ait ensemble
et une laite et des ovaires : nous avons déjà vu que
des œufs très peu développés avoient été pris, par des
observateurs peu éclairés ou peu attentifs, pour une
laite placée à côté d’un véritable ovaire. Secondement,
il est faux que le salmone dont nous traitons ne ren-
ferme ni œufs ni organe propre à leur fécondation :
nous indiquerons, au contraire, dans cet article la
nature de la laite de ce salmone de la Rille. Ce poisson
constitue une espèce particulière, dont la description
n’a pas encore été publiée. Nous allons le faire con-
noître d’après un dessin très exact, que M. Noël, de
Rouen, nous a fait parvenir, et d’après une note très
étendue que ce savant naturaliste a bien voulu y
joindre.
Le salmone rille a la tête petite; l'œil assez gros; les
deux mâchoires et la langue garnies de petites dents ;
l’opercule composé de trois pièces ; le bord inférieur
de la pièce supérieure un peu crénelé ; la ligne laté-
DES POISSONS. 289
rale droite ; les écailles ovales, très petites et serrées ;
le dos d’un gris olivâtre ; les côtés blanchâtres et comme
marbrés de gris ; le ventre très blanc; la première dor-
sale ornée de quelques points rougeûtres; la laite
grande , double , ferme au toucher et très blanche ;
la chair également très blanche , agréable au goût, et
imbibée d’une huile ou plutôt d’une graisse douce
et légère ; la colonne vertébrale composée de soixante
vertèbres, ce qui sufliroit pour séparer cette espèce
de celle du saumon.
Au reste, il aime les eaux froides, comme la truite,
avec laquelle il a beaucoup de rapports.
On trouve dans l'étang de Trouville , auprès de
Rouen, un autre salmone, dont M. Noël nous a com-
muniqué une description, et à laquelle nous avons
cru devoir conserver le nom spécifique de Gadoide,
qu'il lui a donné.
Ce poisson parvient à la longueur d’un pied et demi
ou environ. Sa tête ressemble beaucoup, par sa con-
formation , à celle des gades, et particulièrement à
celle du gade merlan. L'ouverture de la bouche peut
être très agrandie par l'extension des lèvres. On voit
deux rangées de dents à la mâchoire d’en haut, une
rangée à celle d'en bas, plusieurs autres dents sur la
langue, qui est grosse et rougeâtre, et des dents très
petites auprès du gosier À.
1. 12 rayons à la membrane branchiale d& salmone varié.
14 rayons à chaque pectorale.
19 rayons à la nagcoire de la qneue.
12 rayons à la membrane des branchies du silmone rené.
15 rayons à chaque pectorale.
25 rayons à la caudale.
298 HISTOIRE NATURELLE
BE 8 re Des SE Ter sara ME 0 To Cr EEsr ET a Es @ An PAPE ER BD ET 647 Mdr Er SA EEE Er Ed 60. PE DO
LE SALMONE CUMBERLAND.
Salmo Cumberland, Lacep.
EE ———
Les lacs du Cumberland et ceux de l'Écosse nour-
rissent ce salmone, dontlesnaturalistes ignorent encore
l'existence, et dont M. Noël nous a envoyé une descrip-
tion, après son retour d'Angleterre.
Ce salmone, auquel nous donnons le nom de sa
patrie, a la ligne latérale droite ; la tête petite; l’œil
grand et rapproché du bout du museau; l’ouverture
de la bouche grande; la langue un peu libre dans ses
mouvements, et garnie de deux rangées de dents; les
écailles petites; la nageoiïre adipeuse longue ; la cou-
leur générale blanche; le dos gris; la chair blanche,
mais peu agréable au goût 1.
135 rayons à la membrane branchiale du salmone rille,
14 rayons à chaque pectorale,
55 rayons à la nageoire de la queue.
11 rayons à la membrane des branchies du salmone gadoïde.
15 rayons à chaque pectorale.
20 rayons à la caudale.
1. 10 rayons à la membrane brauchiale du salmone cumberland.
8 rayons à chaque pectorale.
28 rayons à la nagcoire de la queue.
— EE ———
DES POISSONS. 201
PSP +229 508% 1 >? Oo DO #9 Papa D OPA MNODAP PO SPEED 5 CE THERE R LEE EF CT ER EN EDo ES LE
CENT SOIXANTE-DIX-NEUVIÈME GENRE
LES OSMÈRES.
La boucle à l'extrémité du museau; la tête compri-
mée; des écailles facilement visibles sur le corps et
sur la queue; point de grandes lames sur les côtes,
de cuirasse, de piquants aux opercules, de rayons
dentelés, ni de barbillons; deux nageoires dorsales :
la seconde adiveuse et dénuée de rayons ; la première
plus éloignée de la tête que les veñtrales; plus de
quatre rayons à la membrane des branchies ; des dents
fortes aux mâchoires.
ESPÈCES. CARACTÈRES.
‘Onze rayons à la première nageoïre du dos:
dix-sept rayons à celle de l’anus; huit à
chaque ventrale; la caudale fourehue ;
la mâchoire inférieure recourbée et plus
avancée que ja supérieure ; la tête et le
1. L’OSMÈRE ÉPERLAN. |
\ corps demi-transparents.
rayons à la nageoïire de l'anus; huit à cha-
que ventrale ; Ja caudale fourchue : l’ou-
verture de la bouche très longue; un en-
foncement au dessus des yeux.
(ar rayons à la première dorsale ; onze
2. L'OSMÈRE SAURE.
À
Douze rayons à la première nageoire du
dos ; seize à l’anale ; huit à chaque ven-
trale ; la caudale fourchue ; la mâchoire
inférieure plas avancée que la supérieure;
le dessus du museau demi-sphérique : les
yeux très rapprochés de son extrémité ;
la partie supérieure de l'orbite dentelée.
. L'OSMÈRE RLANGIET.
O1
nt EN
LD
©
Q)
ESPÈCES.
4. L'OSMÈRE FAUCILLE,
5. L'OSMERE TUMBIL.
6. L'OsmMÈèrE caLoné.
ES
HISTOIRE NATURELLE
CARACTÈRES.
Onze rayons à la première dorsale ; vingt-
six rayons à la nageoire de l’anus; huit
à chaque ventrale; la caudale fourchue ;
l'anale en forme de faux; deux taches
noires de chaque côté, l’une auprès de la
tête, et l’autre auprès de la caudale.
Douze rayons à la première nageoire du
dos ; onze à celle de l’anus; huit à cha-
que ventrale : la caudale fourchue ; plu-
sieurs rangées de dents égales et serrées
à chaque mâchoire; la têie et les oper-
cules couverts d’écailles semblables à
celles du dos ; la mâchoire d'en bas plus
avancée que celle d'en haut,
Quatorze rayons à la première dorsale; onze
à la nageoïre de l’anus; dix à chaque ven-
trale: la caudale fourchue ; la tête com-
primée et déprimée; les yeux rapprochés
et saillants ; la mâchoire inférieure plus
avancée que la supérieure; la couleur
générale jaune ; cinq ou six raies longi-
tudinales bleues de chaque côté du pois-
son.
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DES POISSONS. 209
erepapegers pps hs press
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ed 2
L'OSMÈRE ÉPERLAN".
Osmerus (salmo) Eperlanus, Cuv.— Salmo eperlanus,
Linn., Guec., Brocu. — Osmerus eperlanus, Lacer.
——"2"%09e—————
L'ÉPERLAN n’a guère que six pouces ou environ de
longueur ; mais il brille de couleurs très agréables.
1. Stint, en Allemagne.
Kleiner stint, en Livonie.
Loffel stint, ibid.
Kurizer stint , ibid.
Stintites , ibid.
Jern lodier, en Laponie.
Sind lodder, ibid.
Nars , en Suède.
Lodde, en Norwége.
Rogn-sild-lodde, ibid.
Rotke , ibid.
Krockle, ibid.
Spiering , en Hollande.
Smelt , en Angleterre.
Sjiro iwo , au Japon.
Salmone éperlan, Daubenton et Hauy, Encyclopédie méthodique.
Id. Bonvaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique.
Faun. Suecic. 550.
« Osmerus, radiis pinnæ ani septemdecim. » Artedi, gen. 10,
syn. 21, spec. 45.
Gronov. mus. 1,p.18,n. 49-
Bloch, pl. 28, fig. 2.
Klein, miss. pise. 5, p. 20, tab. 4, fig. 5, 4.
LACÉDÈDE, XL. 19
291 HISTOIRE NATURELLE
Son dos et ses nageoires présentent un beau gris ; ses
côtes et sa partie inférieure sont argentés; et ces deux
nuances, dont l’une très douce et l’autre très écla-
tante , se marient avec grâce, sont d'ailleurs relevées
par des reflets verts, bleus et rouges, qui, se mêlant
ou se succédant avec vitesse, produisent une suite
très variée de teintes chatoyantes. Ses écailles et ses
autres téguments sont d’ailleurs si diäphanes, qu’on
peut distinguer dans la tête le cerveau, et dans le
corps les vertèbres et les côtes. Cette transparence,
ces reflets fugitifs, ces nuances irisées, ces teintes ar-
ventines, ont fait comparer l’éclat de sa parure à celui
des perles les plus fines ; et de cette ressemblance est
venu , suivant Rondelet, le nom qui lui a été donné.
Cet osmère répand une odeur assez forte. Des ob-
servateurs que ses couleurs avoient séduits, voulant
trouver une perfection de plus dans leur poisson fa-
vori, ont dit que cette odeur ressembloit beaucoup à
celle de la violette : il s'en faut cependant de beau-
coup qu'elle en ait l'agrément, et l’on peut même,
dans beaucoup de circonstances, la regarder presque
comme fétide.
L'ensemble de l’éperlan présente un peu la forme
d’un fuseau. La tête est petite ; les veux sont grands
et ronds. Des dents menues et recourbées garnissent
Esperlan, Rondelet, seconde partie, chap. 18.
Eperlanus fluviatilis, Gesner, Aquat., p. 562; Thierb., p. r$o.
Eperlanus , Aldrovand. Pisc., p. 556.
Id. Willaghby, ichthyolog., p. 202.
Mais oise 1p:160 , n./44
Smnalt, Brit. Zoolog. 5, p. :60. n.8.
Eperlan , Valmont de Bomare, Dictionnaire d'histoire naturelle.
Id, Duhamet, Traité des pêches.
DES POISSONS. 209
les deux mâchoires et le palais ; on en voit quatre ou
cinq sur la langue. Les écailles tombent aisément.
Cet osmère se tient dans les profondeurs des lacs
dont le fond est sablonneux. Vers le printemps, il
quitte sa retraite, et remonte dans les rivières en
troupes très nombreuses, pour déposer où féconder
ses œufs. Il multiplie avec tant de facilité, qu'on élève
dans plusieurs marchés de l'Allemagne, de la Suède
et de l’Angleterre, des tas énormes d'individus de cette
espèce.
Il vit de vers et de petits animaux à coquille. Son
estomac est très petit ; quatre ou cinq appendices sont
placés auprès du pylore ; la vessie natatoire est sim-
ple et pointue par les deux bouts; l'ovaire est simple
comme la vessie natatoire ; les œufs sont jaunes et
très difficiles à compter; des points noirs sont répan-
dus sur le péritoine, qui est argentin. On trouve cin-
quante-neuf vertèbres à l’épine du dos, et trente-cinq
côtes de chaque côté ?.
Une variété de Pespèce que nous décrivons habite
les profondeurs de la Baltique , de l'Océan atlantique
boréal, et des environs du détroit de Magellan?. Elle
1. Il est difficile de présenter l’histoire de l’éperlan avec plus d'é-
tendue et d’une manière plus utile, que M. Noël, dans l'ouvrage qu'il
a publié à ce sujet il y a quelques années,
2. Éperlan de mer, auprès de Rouen.
Stint, en Allemagne.
Seestint, ibil,
Grosser stint , ibid.
Stinter, en Livonie.
Sallakas , ibid.
Stinchfisch , bid.
Tint , ibid.
206 HISTOIRE NATURELLE
diffère de l’éperlan des lacs par son odeur, qui n’est
pas aussi forte , et par ses dimensions, qui sont bien
plus grandes. Ëlle parvient communément à la lon-
gueur d’un pied ou quinze pouces, et, dans l’hémi-
sphère antarctique, on l’a vue longue de dix-huit
pouces. Vers la fin de l’automne , elle s'approche des
côtes ; lorsque le printemps commence, elle remonte
dans les fleuves ; et l’on prend un si grand nombre
d'individus de cette variété en Prusse , auprès de l’em-
bouchure de l’Elbe, et en Angleterre, qu’on les y fait
sécher à l’air pour les conserver long-temps et les en-
voyer à de grandes distances Î.
Slom, en Suède.
Quatte, en Norwége.
Jern-lodde , ibid.
Smelt, en Angleterre.
Salmo eperlanus, var. B. Linnée, édition de Gmelin.
Sulmone éperlan de mer, variété de l’éperlan, Daubenton et Hauy.
Encyclopédie méthodique.
Id, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
Bloch, pl. 28, fig. 1.
Willughby, Ichthyol. tab. n. 6, fig. 4.
Eperlanus, Gesner, Thierb., p. 180, b.
Spirinchus , Jonston , Pise., tab. 47, fig. 6.
1. 7 rayons à la membrane branchiale de l’osmère éperlan.
11 rayons à chaque pectorale.
19 rayons à la nageoïire de la queue.
DES POISSONS. 207
<p 4e LPy 1123.30 19 1-0 49 30 40 470.50 #0 #9 0 3-0 0 Pme #9 9440 270 40 940 OH Do ECHECS MENT AHEÉE LE Lo APO he 0 LoULQ
L'OSMÈRE SAURE"‘
Saurus..…..…., Cuv. — Salmo Saurus, Linn., GMEL. —
…. Osmerus Saurus, LAcEr.
L'Osmère srancncr?; Saurus (salmo\ fœtens, Cuv.; Salmo ftens,
Linn., Gmel. ; Osmerus albidus , Lacep. — 1/0. raucnirs*, Hydro-
cyon (salmo) falcatus, Cuv.; Salmo falcatus, Bloch ; Osmerus fal-
catus , Lacep.— L’O. Tuusiz 4, Saurus (salmo) Tumbil , Cuv.; Salmo
Tumbil, Bloch: Osmerus Tumbil, Lacep.— L'O. @aLonné®, Saurus
(salino) lemniscatus, Cuv.; Osmerus lemniscatus, Lacep.
LE saure a la tête, le corps et la queue très allongés;
les deux mâchoires garnies de dents très fortes, con-
1. T'arantola , auprès de Rome.
See eidechse, en Allemagne.
Sea lizard, en Angleterre.
« Osmerus radis pinnæ ani decem. » Artedi, gen. 10, syn, 22.
Salmonc saure , Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique.
Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
Bloch, pl. 384, fig. 1.
2. Stünklachs, en Allemagne.
Stinksalm , ibid.
Sleader salmon , en Angleterre.
Sea sparrow hawk, dans la Caroline.
Salmone blanchet, Daubenton ct Hauy, Encyclopédie méthodique.
Id. Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique.
Bloch , pl. 584, fig ».
Catesby, Carolin. 2, p. 2, tab. 2, fig. 2.
209 HISTOIRE NATURELLE
formées et disposées comme celles de plusieurs lé-
zards ; un seul orifice à chaque narine; les opercules
revêtus de petites écailles; le dos d’un vert mêlé de
bleu et de noir; des bandes transversales, étroites,
irrégulières , sinueuses et roussâtres, sur cette même
partie ; des raies de la même couleur sur la première
dorsale; d’autres raies également roussâtres, et de
plus tachetées de brun, sur chaque pectorale; une
raie longitudinale bleuâtre, et chargée de taches ron-
des et bleues, de chaque côté du corps et de la queue;
la partie inférieure de la queue et du corps argentée
et très brillante. On le pêche dans les eaux des An-
tilles, dans la mer d'Arabie, dans la Méditerranée.
De petites écailles placées sur les opercules et sur
presque toute la tête; une double rangée de dents
sur la langue, au palais et aux mâchoires; un seul
orifice à chaque narine; le dos noirâtre; les flancs et
le ventre argentins ; les nageoires d’un rouge mêlé de
brun : tels sont les traits qui doivent compléter le
portrait de l’osmère blanchet que l’on a pêché dans
la mer de la Caroline , et dont la longueur ordinaire
est d’un pied ou quinze pouces, ainsi que celle du
saure.
Surinam est la patrie de l’osmère faucille. La mâ-
choire supérieure de ce poisson est plus avancée que
l’inférieure ; les dents de ces deux mâchoires sont
fortes et inégales ; d’autres dents pointues garnissent
3. Selmo fulcatus , Bloch, pl. 555.
4. Tumbile, sur la côte de Malabar.
Biock , pl. 450.
5. « Trulta marina, rictu chiuso. » Plumier peintures sur vélin déja
cilées,
DES POISSONS. 209
les deux côtés du palais; la langue est étroite et lisse.
Un os court, large, dentelé, et placé à l'angle de la
bouche, s’avance lorsque la gueule s'ouvre , étreprend
sa première position lorsqu'elle se referme; ce qui
donne à l’osmère faucille un léger rapport de confor-
mation avec l’odontognathe aiguillonné. 11 y a deux
orifices à chaque narine ; les opercules sont rayonnés ;
les écailles assez minces se détachent facilement; la li-
gne latérale se courbe vers le bas; l’anus est à une
distance presque égale de la tête et de la caudale ; on
voit un appendice à chaque ventrale. La couleur gé-
nérale est argentée ; le dos violet; chaque nageoire
grise à sa base, et brune vers son extrémité.
Le tumbil, de la mer qui baigne le Malabar, a la
bouche très grande; la tête longue ; le museau pointu;
l’'opercule arrondi; la ligne latérale droite; l'anus très
rapproché de la caudale ; la dorsale et l’anale en forme
de faux; les côtés jaunes; le ventre argentin ; des
bandes tansversales d’un jaune mêlé de rouge ; les
nageoires bleues, avec la base jaune.
Plumier a laissé une peinture sur vélin de l’osmère
auquel j'ai donné le nom de Galonné, et dont la de-
scription n’a encore été publiée par aucun naturaliste.
La nageoire adipeuse de ce poisson est en forme de
petite massue renversée vers la caudale!. 1l présente,
1. i2 rayons à chaque pectcrale de l’osmère saure.
18 rayons à la nageoïre de la queue.
12 rayons à la mesabrane branchiale de l’osmèr à blanchet.
12 rayons à chaque pectorale.
25 rayons à la caudale.
5 rayons à la mcinbrane des branchies de l'osmère faucille,
16 rayons à chaque pectorale,
20 rayons à la nageoiïre de la queue.
300 HISTOIRE NATURELLE
indépendamment des raies longitudinales bleues , dix
ou onze bandes transversales brunes; mais il offre en-
core d’autres ornements. Sa tête, couleur de chair, est
parsemée de petites taches rouges et de petites taches
bleues ; deux raies bleues relèvent le jaunâtre de la
première nageoire du dos ; les ventrales sont variées
de jaune et de bleu ; l’anale est bleue avec une bor-
dure jaune ; et cette parure, composée de tant de
nuances bleues, jaunes, brunes et rouges, distribuées
d’une manière très agréable à l'œil, est complétée par
le bleu de l’extrémité de la caudale.
6 rayons à la membrane branchiale de l’osmère tumbil.
15 rayons à chaque pectorale.
20 rayons à la caudale.
7 rayons à chaque pectorale de l’osmère galonné.
Nota. Nous ignorons le nembre des rayons de la membrane bran-
chiale du galonné. Si, contre notre opinion, cette membrane n'en
avoit que quatre, il faudroit placer le galonné dans Î+ genre des Ch5-
racins.
DES POISSONS. 201
Ca 32998086 49 108650404940 9828 50 206080608050 R0#0-60.70-50%09 É0 00 5040 H04%0 LOS Hope Hade supp
CENT QUATRE-VINGTIÈME GENRE.
LES CORÉGONES.
La bouche à l'extrémité du museau; la tête comprimee ;
1.
2,
des écailles facilement visibles sur le corps et sur la
queue; point de grandes lames sur les côtés, de cui-
rasse, de piquants aux opercules, de rayons dentelés,
nt de barbillons ; deux nageoires dorsales ; la seconde
adipeuse et dénuée de rayons ; plus de quatre rayons
à la membrane des branchies; les mächoires sans
dents, ou garnies de dents très petites et difficiles à
voir.
ESPÈCES. CARACTÈRES.
Quinze rayons à la première nageoire du
| dos ; quatorze à celle de l'anus: douze à
Le GORÉGONE LAVARET.
forme de petite trompe ; un petit appen-
dice auprès de chaque ventrale ; les écail-
les échanerées.
Treize ou quatorze rayons à la première
dorsale; seize à la nageoire de l'anus;
onze à chaque ventrale ; la caudale four-
chue; un appendice triangulaire, aigu ,
et plus long que les ventrales, auprès de
chacune de ces nageoires ; le dos élevé
et arrondi en bosse; la mâchoire supé-
rieure plus avancée que l’inférieure,
chaque ventrale: la caudale fourchue;
la mâchoire supérieure prolongée en
Le CORÉGONE PLDSCHIAN,
quatorze à l'anale; onze à chaque yen:
trale; Ja caudale fourchue; un appendice
court et obtus auprès de chaque ventrale;
la partie antérieure du dos carénée; deux
tubercules sur le museau; la mâchoire
supérieure plus avancée que l'inférieure.
Le CORÉGONE scHOKUR. «
de rayons à la première nageoire du dos;
\
202
ESPÈCES.
HISTOIRE NATURELLE
CARACTÈRES.
ARTE rayons à la première dorsale ; treize
Le CORÉGONE Nez.
|
à la nageoire de l’anus ; douze où treize
à chaque ventrale : La caudale fourchue ;
Ja têle grosse ; la mâchoire supérieure
plus avancée que Pinférieure , arrondie ,
convexe et bossue au devant des yeux ; le
corps épais ; les appendices des ventrales
triangulaires et très courts; les écailles
grandes.
/ Quinze rayons à la première nageoïre du
D. LE CORÉGONE LANGE. |
SI
5.
9-
\
. LE CORÉGONE THYMALLE.
<
\
\
\
Le CORÉGOUNE VIMBE, |
dos ; quatorze à celle de lanus: donze
à chaque ventrale; la caudale fourchue ;
la mâchoire supérieure prolongée en
forme de petite trompe ; le dos élevé; sa
partie antérieure carénée ; le veutre gros
et arrondi; les nageoires courtes ; la dor-
sale placée dans une concavilé ; Les écail-
les rondes ; la prunelle auguleuse du côté
du museau; des raies longitudinales.
Vingt-trois rayons à la première dorsale,
qui est très haute ; quatorze à la nageoire
de l'anus; douze à chaque ventrale ; la
caudale fourchue; la mâchoire supérieure
un peu plus avancée que celle d'en bas :
Ja ligne latérale presque droite; des points
noirs sur la tête; un grand nombre ae
raies longitudinales.
Douze rayons à la première nageoïre du
dos; quatorze à lanale; dix à chaque
venlrale; la nageoïre adipeuse, un peu
dentelée.
/ Douze rayons à la première dorsale ; treize
LE CORÉGONE VOYAGEUR, €
À
\
Le CORÉGONE MULLER.
NAL,
10, LE CORÉGONTE san)
\
à la nageoïre de l'anus; douze à chaque
alé les deux mâchoires pr esque éga-
lement avancées, l'une et l’autre dénuées
de denis ; le museau un peu conique ; la
couleur générale argentée, sans laches
ni raies; les nageoires ventrales et de l’a-
nus, d’un blanc rougeûtre.
La mâchoire inférieure plus avancée que la
supérieure : l’une et l’autre dénuées de
dents ; le ventre moucheté.
Douze rayons à la première nageoiïre lu
dos ; treize à celle de l'anus; douze à cha-
que ventrale; Ja caudale fourchue; La
50. LE CORÉGONE AUTUM-
El.
E2.
10. Le CORÉGONE Ma&ENE.
14. Le CGRÉGONE MARÉNULE
#9:
ESPÈCES.
NAL.
Lu CORÉGONE ABLE,
Le CORÉGONE PELiD,
LE CORÉGONE WanT-
MANN.
DES POISSONS. J09
|
|
|
|
(
CARACTERES.
mâchoire inférieure plus avancée que la
supérieure ; l’une et l’autre dénuées de
dents; l'ouverture des branchies très
grande ; la couleur générale argentée.
Quatorze rayons à la première dorsale ;
quinze à l’anale; douze à chaque ve:-
trale ; la caudale fourchue ; la mâchoire
inférieure plus avancée que celle d’en
haut, l’une et l’autre sans dents ; l’orifice
des branchies très grand; sept rayons à la
membrane branchiale ; chaque opercule
composé de trois lames; la partie anté-
rieure du dos carénée ; la ligne latérale
fléchie en bas auprès de la pectorale, et
ensuite très droite; lesécailles sanséchan.
crure et pointillées de noir.
Dix rayons à la première nagcoire du dos;
qualiorze à la nageoiïire de l'anus: treize
à chaque ventrale; la mâchoire inférieure
un peu plus avancée que Ja supérieure ,
et dénuée de dents, ainsi que celle d'en
haut; douze rayons à la membrane des
branchies ; la couleur générale blanche ;
le dos bleuâtre; la tête parsemée de points
bruns.
Quatorze rayons à la première dorsale ;
quinze à la nageoïre de l'anus; onze à
chaque ventrale : la caudale fourechue ;
huit rayons à la membrane branchiale ;
point de dents ; une sorte de bourlet sur
ice bout du museau; la mâchoire infé-
rieure ovale, plus étroite et plus courte
que Ja supérieure ; point de taches, de
bandes ni de raies.
Dix rayons à la première nageoire du dos ;
quatorze à l’anale; onze à chaque ven-
trale ; la caudale fourchue : sept rayons à
la membrane des branchies: point de
dents ; la mâchoire inférieure recourbée,
plus étroite et plus longue que la supé-
rieure; la ligne latérale droite; la cou-
leur générale argentée ; le dos bleuâtre.
Quinze rayons à la première dorsale ; qua-
torze à l’anale ; douze à chaque ventrale ;
la caudale en croissant; le museau un
204 HISTOIRE NATURELLE
ESPÈCES.
15. LE CORÉGONE WART-
MANN. |
CARACTÈRES.
peu semblable à un cône tronqué; point
de dents; les deux mâchoires presque
également avancées; la ligne latérale
draite ; la couleur générale bleue et sans
taches.
/ Quatorze rayons à la première nageoiïre du
16. LE CoRÉGONE oxY-
{
RHINQUE. |
\
17. Le CORÉGONE LEU-
/
|
CICHTHE.
dos; quatorze ou quinze à celle de l'anus:
douze à chaque ventrale; neuf à la mem-
brane des branchies; point de dents : le
crânetransparent; la mâchoire süpérieure
plus avancée que celle d’en bas, et en
forme de cône; la ligne latérale courbe
vers son origine ; les écailles assez gran-
des ; la couleur générale blanchbâtre.
Quinze rayons à la première dorsale ; qua-
torze à la nageoire de l'anus ; onze à cha-
que ventrale; la caudale en croissant;
la mâchoire supérieure très large et plus
courte que l’inférieure, qui est recourbée
et tuberculeuse à sou extrémité ; la cou-
leur générale argentée avec des points
noirs.
/ Quatorze rayons à la pr emière nageoire da
18. LE CORÉGONE OMBRE.
|
\
dos; treize à l’anal; dix à chaque ven-
irale; la caudale Rec ; la tête petite;
la mâchoire supérieure un peu plus avan-
céc que l’inférieure, ct hérissée, ainsi que
cette dernière, d'uu très grand nombre
d’aspérités; le corps et là queue irès al-
Jougés et très comprimés ; la couleur gé-
nérale dorée; le dos d’un bleu mêlé de
vert; des raies longitudinales et d’une
nuance obscure de chaque côté du pois-
son, ou des taches obscures et carrées sur
le dos, ou des raies dorées entre les pec-
torales et les ventrales.
/ Onze rayons à la première dorsale, qui est
19. Le CORÉGONE ROUGE.
haute et un peu en forme de faux ; onze
rayons à la nageoïire de l’anus ; la caudale
fourchue; le museau arrondi et aplati;
la mâchoire inférieure un peu plus avan-
cée que la supérieure; l'opercule arrondi
et composé de deux pièces; toute Ja sur-
face du poisson. d'un rouge plus où
moins vif,
POISSONS. 3505
©
#4
nn
ESPÈCE. CARACTÈRES.
Douze rayons à la première dorsale ; treize
à l’anale; neuf à chaque ventrale: six
| pièces à chaque opercule ; deux orifices
à chaque narine: les deux mâchoires éga-
| lement avancées; point de dents; la li-
\ gne latérale droite.
20. LE CORÉGONE cLu-
PÉOÏDE.
2 D
506 HISTOIRE NATURELLE
079 5230 #0808%F9%P0rSAmeE 5029 H00 26 PO POP EG EO RES LOLOD PRESS LAIT EE LO
LE CORÉGONE LAVARET"
Coregonus (salmo) oæyrinchus et Coregonus (salmo)
Wartmanni,Ouv.—Sualmo Lavaretus et S. oxyrin-
chus, Linn.—Salmo Lavaretus, Lace.
LEs corégones, ainsi que les osmères et les chara-
cins, ont de très grands rapports avec les salmones ,
1. Féra, dans plusieurs lacs de la Suisse , ou voisins de cette contrée.
Ferrat, ibid.
Schnepel, en Allemagne.
Sihka , en Livonie.
Sieg, ibid.
Sia-kalle , ibid.
Säck, en Suède et en Norwège.
Stor sück , ibid.
Helt, en Danemarck.
Gwiniard, en Angleterre, dans plusieurs auteurs.
Farre , daus plusieurs auteurs.
Salmone lavaret, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique,
Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
Bloch , pl. 25.
Salmo lavaretus , Faun. Suecic., 552.
Id. Act. Siockh. 1555, p. 195.
Id. Muller, Prodrom. Zoolog. Danic., p. 48, n. 415.
Id. Koelreuter, Nov. Comm. Petrop. 15, p. 504.
Id. Pallas, I. 5, p. 705.
Id. S. G. Gmelin, It. 1, p. 60.
Id. Schranck, Schr. der Berl, naturf. fr. 1.
- . r . - - -
« Coregonus maxilla superiore longiore, pinna dovsali, ossieulo-
» TUIN quatuordecim. » Arted:, gen, 10, spec. 57. SYN. 19.
DES POISSONS. 307
dans le genre desquels ils ont été compris par Linnée
et par plusieurs autres auteurs. Les habitudes des co-
régones sont cependant moins semblables à celles des
salmones, que la manière de vivre des osmères et des
characins, parce que leurs mâchoires ne sont pas
garnies, comme celles de ces derniers, des dents très
fortes qui hérissent les mâchoires des salmones, et
que, moins bien armés pour attaquer ou pour se dé-
fendre , ils sont forcés le plus souvent d’avoir recours
à la ruse, ou de fuir dans un asile.
Parmi ces corégones, une des espèces les plus re-
marquables est celle du lavaret.
Nous avons vu dans le tableau du genre des coré-
gones, que la conformation de la tête du lavaret pré-
sente un trait particulier : la prolongation de la mà-
choire supérieure, qui compose ce trait, est molle et
charnue. D'ailleurs, la tête est petite , et demi-trans-
parente jusqu'aux yeux. La mâchoire inférieure, plus
courte que celle d'en haut, s’emboîte dans cette der-
nière, et se trouve couverte par une grosse lèvre lors-
que la bouche est fermée. Ces deux mâchoires sont
dénuées de dents. La langue est blanche, cartilagi-
veuse, courte et un peu rude; la ligne latérale pres-
que droite, et ornée de petits points d’une nuance
brune ; la couleur générale bleuâtre ; le dos d’un bleu
mêlé de gris; lopercule, ainsi que les joues, d’un
jaune varié par des reflets bleus; la partie inférieure
du poisson argentine, avec des teintes Jaunes; presque
Willughby, Ichthyol. tab. n. 6. fig. 1.
Albule nobilis, Raï, Pise., p. 60, n. 1.
Lavaret, Rondelet, seconde partie, chap. 15 (édition de Lyon,
1858 }.
300 HISTOIRE NATURELLE
toutes les nageoires ont la membrane bleuâtre, et les
rayons blanchâtres à leur origine.
Le lavaret a d’ailleurs la membrane de l'estomac
forte ; le pylore entouré d’appendices ; le canal intes-
tinal court ; l’ovaire ou la laite double ; cinquante-
neuf vertèbres à l’épine du dos ; et trente-huit côtes
de chaque côté de cette colonne dorsale.
On le trouve dans l'Océan atlantique septentrional ,
dans la Baltique , dans plusieurs lacs, et notamment
dans celui de Genève. Il se tient souvent dans le fond
de ces lacs et de ces mers : mais il quitte particuliè-
rement sa retraite marine lorsque les harengs com-
mencent à frayer; il les suit alors pour dévorer leurs
œufs. ÏIl se nourrit aussi d'insectes. M. Odier, savant
médecin de Genève, ayant disséqué un individu de
cette espèce, que l’on nomme Ferrat sur les bords
du lac Léman, a trouvé dans son canal intestinal un
grand nombre de larves de libellules où demoiselles ,
mêlées avec une substance d’une couleur grise. Il
crut même voir la vessie natatoire pleine de cette
même substance vraisemblablement vaseuse, et de
ces mêmes larves ; ce qui auroit prouvé que, par un
excès de voracité, l'individu qu'il examinoit avoit
avalé une si grande quantité de larves et de matière
crise, que de l'estomac elles étoient passées par le ca-
nal pneumatique jusque dans la vessie natatoiref.
Le lavaret multiplie peu, parce que beaucoup de
1. Lettre écrile, en 1797 ou 1798, par M. Odier à son fils, jeune
homme d’une grande espérance, qui suivoit alors mes cours avec
beaucoup de zèle, et que la mort a enlevé à ses amis ct à sa famille .
au moment où , à l'exemple de son respectable père, il alloit parcon-
sir avec honneur la carrière des sciences.
DES POISSONS. | 509
poissons se nourrissent de ses œufs, parce qu'il les
dévore lui-même, et qu'entouré d’ennemis, il est
surtout recherché par les squales. On croiroit néan-
moins qu'il prend, pour la sûreté de sa ponte , autant
de soin que la plupart des autres poissons. Îl se rap-
proche des rivages lorsqu'il doit frayer ; ce qui arrive
ordinairement vers la fin de l'été ou au commence-
ment de l’automne, Il fréquente alors les anses, les
havres et les embouchures des fleuves dont les eaux
coulent avec le plus de rapidité. La femelle , suivie
du mâle, frotte son ventre contre les pierres ou Îles
cailloux, pour se débarrasser plus facilement de ses
œufs. Plusieurs lavarets remontent cependant dans
les rivières : ils s’'avancent en troupes ; ils présentent
deux rangées réunies de manière à former un angle,
et que précède un individu plus fort ou plus hardi,
conducteur de ses compagnons doeiles. On a cru re-
marquer que plus la vitesse de ces rivières est grande,
et plus ils la surmontent avec facilité , et font de che-
min en remontant; ce qui confirmeroit les idées que
nous avons présentées sur la natation des poissons,
dans notre Discours sur leur nature, et ce qui prou-
veroit particulièrement ce principe important, que les
forces animales s’accroissent avec l'obstacle, et se mul-
tiplient par les efforts nécessaires pour le vaincre dans
une proportion bien plus forte que les résistances,
jusqu'au moment où ces mêmes résistances devien-
nent insurmontables. Lorsque les eaux du fleuve sont
bouleversées par la tempête , les lavarets lutteroient
contre les vagues avec trop de fatigue ; ils se tienneni
dans le fonaà du fleuve. L'orage est-il dissipé, ils se
remettent dans leur premier ordre, et reprennent leur
LACÉPEDE X£. 20
219 HISTOIRE NATURELLE
route, On prétend même qu'ils pressentent [a tem-
pète long-temps avant qu'elle n’éclate, et qu'ils n’at-
tendent pas qu'elle ait agité les eaux pour se retirer
dans un asile. Ils s'arrêtent cependant vers les chutes
d’eau et les embouchures des ruisseaux ou des petites
rivières, dans les endroits où ils trouvent des cailloux
ou d’autres objets propres à faciliter leur frai.
Après la ponte et la fécondation des œufs, ils re-
tournent dans la mer; les jeunes individus de leur
espèce, qui ont atteint une longueur de quatre pou-
ces, les accompagnent. Ils vont alors sans ordre, parce
qu’ils ne sont point poussés, comme lors de leur ar-
rivée, par une cause des plus actives, qui agisse en
même temps, ainsi qu'avec une force presque égale,
sur tous les individus, et de plus, parce qu'ils n’ont
pas à surmonter des obstacles contre lesquels ils aient
besoin de réunir leurs eflorts. On assure qu'ils pressent
leur retour lorsque les grands froids doivent arriver
de bonne heure, et qu'ils le différent au contraire lors-
que l'hiver doit être retardé. Ce pressentiment seroit
une confirmation de celui qu'on leur a supposé rela-
tivement aux tempêtes; et peut-être, en effet, les pe-
tites variations quiprécèdentnécessairement les grands
changements de l’atmosphère, produisent-elles, au
milieu des eaux, des développements de gaz, des'al-
térations de substances, ou d’autres accidents aux-
quels les poissons peuvent être aussi sensibles que Îles
oiseaux le sont au plus légères modifications de Pair.
On pèche les lavarets avec de grands filets ; on les
prend avec le tramail et la louvel; on les harponne
avec un trident.
1. On trouvera la description du tramail ou trémail, dans l'artiele
DES POISSONS. 511
La chair des lavarets est blanche , tendre, et agréa-
ble au goût. Dans les endroits où la pêche de ces ani-
maux est abondante, on les fume ou on les sale.
Pour cette dernière opération, on les vide ; on les lave
en dedans et en dehors ; on les met sur le ventre, de
manière que l’eau dont ils sont imbibés puisse s’é-
goutter ; on les enduit de sel; on les laisse deux ou
trois jours rangés par couches; on les lave de nouveau,
et on les sale une seconde fois, en les plaçant entre
des couches de sel, et en les pressant dans des ton-
nes, que l’on bouche ensuite avec soin.Si on les prend
pendant les grandes chaleurs, on est obligé, avant de
les saler, de les fendre, et de leur ôter la tête et l’é-
pine dorsale, qui se gâteroient aisément, et donne-
roient un mauvais goût au poisson.
Ils meurent bientôt après être sortis de l’eau. On
peut cependant, avec des précautions, les transporter
dans des étangs , où ils prospèrent et croissent lors-
que ces pièces d’eau sont grandes, et ont un fond de
sable.
Au reste , ils varient un peu et dans leurs formes
et dans leurs habitudes , suivant la nature de leur sé-
jour. Voilà pourquoi les Ferrats du lac Léman ne res-
semblent pas tout-à-fait aux autres lavarets. Voilà
pourquoi aussi on doit peut-être regarder comme de
simples variétés de l'espèce que nous décrivons, les
Gravanches, les Palées , et les Bondelles, dont M. De-
candolle a fait mention dans les notes manuscrites
que ce naturaliste si digne d’estime a bien voulu nous
adresser.
da Gude colin ; et celie de la louve, dans l'article du Pétromyzun lum-
prote.
912 HISTOIRE NATURELLE
Les Gravanches ont le museau plus pointu, le
goût moins délicat, et ordinairement les dimensions
plus petites que les lavarets proprement dits. Elles ha-
bitent dans le lac de Genève, entre Rolle et Morgas.
Elles s’y tiennent trop constamment dans les fonds,
pendant onze mois de l’année, pour qu’alors on puisse
les prendre : ce n’est que vers la fin de l’automne
qu’elles paroissent. On les pèche à cette époque avec
un filet, la nuit comme le jour, et on a essayé avec
succès de les prendre à la lanterne.
Les Palées vivent dans le lac de Neufchâtel. Ayant
à peu près les mêmes habitudes que les gravanches,
elles ne paroïssent que pendant un mois ou environ,
vers le milieu ou la fin de l’automne. On en prend
alors une grande quantité avec des filets perpendicu-
laires, soutenus par des liéges, et maintenus par des
plombs et des pierres arrondies, qui roulent en glis-
sant facilement sur les fonds de cailloux, préférés par
les palées. On sale beaucoup de ces corégones, qu’on
envoie au loin dans de petites barriques.
Il paroît que les Bondelles ne sont que de jeunes pa-
lées. On les pêche pendant toute l’année sur tous les
bords du lac de Neuchâtel. On en mange beaucoup
de fraîches en Suisse, et on sale les autres comme
les Sardines , auxquelles on dit qu’elles ne sont pas
inférieures par leur goût !,
1. 8 rayons à la membrane branchiale du corégone lavaret.
12 rayons à chaque pectorale.
20 rayous à la nageoïre de la queue.
DES POISSONS. 919
LE CORÉGONE PIDSCHIAN"‘
Coregonus Pidschian , Lacer. — Sulmo Pidschian ,
Linn., GMEL.
Le CoRÉcoNE ScHoKUR ?, Coregonus Schokur, Lacep.; Salmo Schokur,
Linn., Gmel. — C. xez*, Coregonus nasus, Lacep.; Salmo nasus ,
Linn., Gmel. — C. rare, Coregonus latus , Lacep.; Salmo lavare-
tus, var, B. Linn., Gmel.—C. Tuymazse ‘, Thymallus (salmo) com-
munis , Cuv.; Coregonus Thymallus, Lacep.; Salmo Thymallus ,
Linn., Gmel., Bloch. — C. Vriusef, Coregonus Vimba, Lacep.;
Salmo Vimba, Lian., Gmel. — C. voxaceur ?, Coregonus migrato-
rius, Lacep.; Saëmo migratorius, Linn., Gmel. —C. Muzer 5, Co-
regonus Mullert, Lacep.; Salmo Muller: et Salmo Stræmii, Linn.,
Gmel.—C. auromwaL Ÿ, Coregonus autumnalis , Lacep.; Salmo uutum-
nalis, Linn., Gmel.
UXE variété du premier de ces corégones, à laquelle
on a donné le nom de muchsan , et dont on doit la
1. Pallas, Lt. 5, p. 705, n. 3.
2. Salmone schokur, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie mé-
thodique.
3. Salmone chycalle, Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie mé-
thodique.
Pallas , Lt, 5, p. 705, n. 44.
Tschar, Lepechin, It. 3, p. 227, tab. 15.
4. Weisfisch, à Dantzig.
Breite aesche , en Poinéranie.
Schnepel, à Hambourg.
Sück, en Dancmarck.
314 HISTOIRE NATURELLE
connoissance, ainsi que celle du pidschian, à l'illustre
Pallas, a le dos plus élevé que ce dernier. On trouve
Lappsäck, en Suède.
Lavaret large et thymalle large, Bloch, pl. 26.
Salmone large, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
5. Ombre d'Auvergne.
Temelo, en Italie.
Kressling, avant ‘âge d’un an, en Suisse.
Iser, après l’âge d'un an, et avant l’âge de deux ans , ibid.
Æscherling, après l’âge de deux ans, ibid.
Asch, en Allemagne.
Æscha, ibid.
Escher, ibid.
Sprensling , en Autriche.
Mayling , ibid.
Charius , en Russie.
Harr, en Suède.
Id. en Norwége.
Zjot:hja, en Laponie.
Spelt, en Danemarck.
Sialling , ibid.
Grayling, en Angleterre.
Smelling like, ibid.
Thyme, ibid.
Salmone, ombre de riviere, Daubenton et Haüy, Encyclopédie mé-
thodique.
Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
Bloch, pl. 24.
Muller Prodrom. Zoolog. Dan., p. 49, n. 416.
« Coregonus maxilla superiore longiore, pinna dorsi ossiculcrum
» viginti trium. » Artedi, gen. 10, syn. 20, spec. 41.
Thumallos, Ælian., lib. 14, cap. 22, p. 831.
Thymalus , seu thymus, Gesner, p. 978, 979 et 1171.
Ascher, id. Thierb., p. 774.
Thymallus , Ambros. Hexam., lib. 5, cap. 25, $S. H.
Thymallus , Salvian., fol. 81, a.
Thymus, id. fol, 80, b, ad iconem.
Thymalus, Wotton, lib. 5, cap. 190, foi. 170.
DES POISSONS. DÉS
l’un et l’autre en Sibérie, de même que le schokur,
dont la tête est petite, moins comprimée et plus ar-
rondie par devant que celle du lavaret.
C’est également dans la Sibérie qu'habite le coré-
gone nez , dont la longueur est ordinairement de dix-
huit pouces.
f Q .
Le corégone large a pour patrie une grande partie
des contrées dans lesquelles on pèche le lavaret, avec
lequel il a beaucoup de rapports. Son poids est de
quatre ou six livres.
On voit une rangée de petites dents sur les deux mâ-
Thymallus, Aldrov., lib. 5, cap. 14, p, 594.
Jonston , lib. 5, tit. 1, cap. 5, tab. 26, fig. 5, 4et 5, et tab. 341,
fig. 6.
Thymallus, Charleton, p. 155.
Id. Willughby, p. 187.
Id. Raï, p. 62.
Tunallus, Albert. Animal., |. 24.
Thymo , Rondelet, seconde partie, chap. 10.
Faun. Suecic., 954.
Kram. El, p. 590, n. 2.
Gronov. mus. 2, n. 162.
Klein, miss. pisc. 5, p. 21, n. 15, tab. 4, fig. à.
Thymallus, Mars. Danub. 4, p. 75, tab. 25, Ga. 2.
Brit. Zoolog. 5, p. 262, n. 7.
6. Salmone vimbe , Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthedique.
Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
Faun. Suecic. 551.
VV imba , H. Wgoth., p. 231.
7. Georg. It. 1,p. 182.
8. Salmo Stræmit. Id.
Strom. Sondmer. 1, p. 292.
Muller Prodrom. Zoolog. Banic., p. 49, n. 415.
Salmone strom, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
Pallas , It. 3, p. 705, n. 45.
9.Salmone sangchalle, Bonnaterre, planches de l'Encyelop. iméthod,
Omal, Lepechin, It. 5, p.228, tab. 14, fig. a.
516 HISTOIRE NATURELLE
choires du thymalle. On trouve aussi quelques dents
très petites sur le devant du palais, et près de l’æso-
phage. La langue est unie ; le corps allongé, ainsi que
la queue ; le dos arrondi; le ventre gros ; les écailles
sont dures et épaisses. La couleur générale est d’un
gris plus ou moins mêlé de blanc, les raies longitu-
dinales sont bleuâtres ; une série de points noirs rè-
gne le long de la ligne latérale ; la partie supérieure
du poisson présente un vert noirâtre ; les pectorales
sont blanches; une nuance rougeâtre distingue les
aageoires du ventre , de l'anus et de la queue. La pre-
mière dorsale s'élève comme une petite voile au des-
sus du corégone; elle est peinte d’un beau violet, avec
la base et les rayons verdâtres, et des raies ainsi que
des taches brunes.
La membrane de l'estomac du thymalle est pres-
que aussi dure qu'un cartilage: le foie jaune et trans-
parent; l’épine dorsale composée de cinquante-neuf
vertèbres, et fortifiée de chaque côté par trente-quatre
côtes.
Les anciens ont connu le thymalle. Élien et ’évèque
de Milan, saint Ambroise, en ont parlé. Ce poisson
aime l’eau froide et pure, qui coule avec rapidité sur
un fond de cailloux ou de sable. Il n’est donc pas sur-
prenant qu’on le trouve particulièrement dansles ruis-
seaux ombragés des gorges des montagnes. Le nom
d'Ombre d'Auvergne, qui lui a été donné, indique
qu’il vit en France : il a été d’ailleurs observé dans
presque toutes les contrées montueuses , tempérées
ou froides de l’Europe et de la Sibérie; il est même
si commun en Laponie , que les habitants de ce pays
se servent des intestins pour faire plus facilement du
DES POISSONS. ONG
fromage avec le lait des rennes. Il se nourrit d’insec-
tes, de petits animaux à coquille, de jeunes poissons,
d'œufs de saumon et de truite. Il croît fort vite, par-
vient à la longueur de dix-huit pouces, et pèse quel-
quefois plus de quatre livres.
En automne, il descend ordinairement dans les
grands fleuves, et de là dans la mer d’où il remonte,
vers le milieu du printemps, dans les fleuves, les
rivières et les ruisseaux qui lui conviennent. On le
prend surtout lors de ses passages, et notamment
quand il remonte pour aller frayer. On le pêche avec
le colleret, la louvel, la nasse et à la ligne. Sa chair est
blanche, ferme, douce, très bonne au goût, princi-
palement dans les temps froids, très grasse en au-
tomne , très facile à digérer dans toutes les saisons;
et il est d'autant plus ‘recherché, qu'on a attribué à
son huile ou à sa graisse la propriété d’effacer les ta-
ches de la peau, et même les marques de la petite-
vérole.
Il ne multiplie pas beaucoup, parce qu’il est très
délicat , et l’une des proies les plus agréables aux oi-
seaux d’eau. Îlimeurt bientôt , non seulement quand
il est hors de l’eau, mais encore lorsqu'il est dans une
eau tranquille ; et, si l’on veut le conserver dans des
huches , il faut qu’elles soient placées dans un cou-
rant.
Il répand, dans plusieurs circonstances, une odeur
agréable, qu’Élien a comparée à celle du thym, et
saint Ambroise à celle du miel, et qui paroît prove-
1. Voyez la deseription du cofleret dans l’article du Centropome san-
dat; et ceile de la louve dans l'article du Pétromyzon lamprote.
210 HISTOIRE NATURELLE
nir de certains insectes dont il se nourrit, et qui, tels
que le tourniquet (gyrinus natator), sont plus ou moins
odorants.
Le corégone vimbe habite en Suède.
Le voyageur se trouve en Sibérie, dans le lac Baï-
kal, d’où il remonte, pour la ponte ou la fécondation
des œufs, dans les rivières qui s’y jettent. Il a un pied
et demi de longueur, la partie supérieure grise, la
chair blanche , les œufs jaunes et très bons à mangeri.
Le müller a été pêché dans les eaux du Dane-
marck.
Le corégone autumnal passe l’hiver dans l'Océan
glacial arctique. Les individus de cette espèce en par-
tent, après la fonte des glaces, pour remonter dans
les fleuves. [ls vont jusqu’au lac Baïkal, et dans d’au-
1. 10 rayons à la membrane des branchies du corégone pidschian.
14 rayons à chaque pectorale.
9 rayons à la membrane branchiale du corégone schokur.
17 rayons à chaque pectorale.
g rayors à la rnembrane des branchies du corégone nez.
18 rayons à chaque pectorale.
8 rayons à la membrane branchiale du corégone large.
15 rayons à chaque pectorale.
20 rayons à la nageoïire de la queue.
10 rayons à la membrane des branchies du corégone thymalle.
16 rayons à chaque pectorale.
18 rayons à la caudale.
16 rayons à chaque pectorale du corégone vimbe.
9 rayons à la membrane branchiale du corégone voyageur.
17 rayons à chaque pectorale.
20 rayons à la nageoïire de la queue.
9 rayons à la membrane des branchies du corégone autumnal,
16 rayons à chaque pectorale.
DES POISSONS. 519
tres lacs très éloignés de la mer; et lorsque l'automne
arrive , ils se réunissent en grandes troupes, et redes-
cendent jusque dans l'Océan. [ls perdent très promp-
tement la vie lorsqu'ils sont hors de l’eau. Ils sont
gras, et ont dix-huit pouces de longueur.
220 HISTOIR£ NATURELLE
LE CORÉGONE ABLE",
Coregonus Albula, Lacer. — Salmo Albula, Linx.
GMEL.
Ls Conëcowe Peren?, Coregonus Peled, Lacep., Cuv.; Salmo Peled,
Pallas, Linn., Gmel. — C. Marëne*, Coregonus Maræna, Lacep. .
Cuv.; Salmo Maræna, Bloch., Linn., Gmel.— GC. marénure“, Co-
regonus Marænula, Cuv.. Lacep.; Salmo Marænula, Bloch, Linn.,
Gmel. — C. Wanzuaxn, Coregonus Wartmannit, Cuv., Lacep.;
Salmo Wartmanni, Bloch, Linn., Gmel. — C. oxyrnmvquef, Core-
gonus oxæyrinchus, Guv. Lacep.; Salmo oxyrinchus, Linn.; Salmo
Lavaretus, Bloch, pl. 25.—C. Levcrcnrue?, Coregonus leucichthys,
Lacep.— C. omsre*, Coregonus Umbra, Lacep,; Salmo Thÿmus,
Bonnaterre., — C. rouGs°, Coregonus ruber, Lacep.
L’ABLe, dont l’Europe est ia patrie, a huit pouces
ou à peu près de longueur, le dos d’un vert brunâtre,
1. Sik-loja , en Suède.
Stint, ibid.
Moika, en Finlande.
Rapis , ibid.
Blicta, dans plusieurs contrées du nord de l'Europe.
Faun. Suecic.. 558.
Salmone able, Daubenton et Hauy, Encyclopédie méthodique.
Id. Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique.
Kælreuter, Nov. Comm. Petropol. 18, 505.
« Goregonus edentulus. maxilla inferiore longiore. » Artedi, gen. g.
spec. 4o, syn. 18.
2. Lepechin, It. 5, p. 226, tab. 12.
DES POISSONS. ; 321
les côtés argentins , et des points noirâtres sur les na-
geoires.
Le peled vit dans la Russie septentrionale. Sa chair
est grasse ; etsa longueur ordinaire de dix-huit pouces.
5. Grande marène, Bloch, pl. 27.
Salmone maréne, Bonnaterre, planches de PEncyclonédie métho£.
4. Muræne , en Prusse.
Moréne, en Sibérie et dans le Mecklemhourg.
Stint, en Danemarck.
Fikloja , en Suède.
Smaafisk , en Norwége.
Blege , ibid.
Lake-sild, ibid.
Vemme , ibid.
Petite marène, Bloch, pl. 28, fig. 5.
Cyprinus marænula, Walff, Ichth. Boruss., p. 48, n. 65.
Marena, Willughby, Ichthynl., p. 229.
Raï, pisc., p. 107, n. 12.
Klein , miss. pise. 5, p. 21, 26, tab. 6, fig. 2.
5. Bésola , dans plusieurs contrées de l’Europe.
Heverling , pendant sa première année, en Allemagne.
Maydel, idem , ibid.
Stubel et steuber, pendant sa seconde année, ibid.
Gangfisch, pendant sa troisième année, ibid.
Rhenken , pendant sa quatrième année, ibid.
Haibfelch, pendant sa cinquième année, ibid.
Dreyer, pendant sa sixième année , ibid.
Blaufelchen, pendant sa septième année et les années suivantes, ibid.
Ombre-bleu, Bloch, pl. 105.
Salmone ombre bleu, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie mé-
thodique.
Albula parva , Gesner, Aquat., p. 54. Icon. anim., p. 540. Thierb.,
p. 188, b.
Atbula sœrulea, I. Thierb., p.187, b.
Albula parva , Aldrovand. Pise., p. 65a,
Id. Jonsion, pisc., p. 175.
Id. Willughby, Ichthyol., p. 384.
Id, Raï, pisc., p. 61. n: 4.
322 ISTOIRE NATURELLE
La marène a la ligne latérale un peu courbée, les
yeux gros, et les écailles grandes, minces et bril-
lantes. Le nez, le front et le dos sont noirs ou bleui-
tres; le menton et le ventre blancs; les côtés ar-
gentins ; les joues jaunes ; les opercules bleuâtres et
bordés de blanc; les nageoires, excepté l’adipeuse
qui est noirâtre, bleues, bordées de noir, et violettes
à la base ; les nuances de la ligne latérale relevées par
une série de plus de quarante points blanchâtres.
On trouve ce corégone dans le lac Maduit, et dans
quelques autres grands lacs de la Poméranie ou de
ia nouvelle Marche de Brandebourg. Il est quelque-
fois long de plus de trois pieds. Sa chair grasse, blan-
che et tendre, aun très bon goût. Son canal intestinal
est très court ; mais on compte près de cent cinquante
appendices auprès du pylore.
Blafelchen, Wartmann , Besch. Berl. uaturf. fr. 5, p. 184.
Bézole, Rondelet, seconde partie, chap. 16.
6. Salmone oxyrhinque , Daubenton et Haüy, Encyclopédie métho-
dique.
Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
« Coregonus maxilla superiore longiore conica. » Artedi, gen. 10,
syu. 21.
Gronov. mus.. 1, p. 48.
7. Salmone leucichthe, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie mé-
thodique.
Güldenst. Nov. Comm. Petropol. 16, p. 551. |
8. Salmone ombre (salmo thymus), Bonvaterre, planches de l'En-
cyclopédie méthodique.
Ombre de rivière, Rondelet, seconde partie, poissons de rivière,
chap. 3.
« Coregonus maxilla superiore longiore, etc. » Var. B. Artedi,
sYn., p- au
9. « Trutta marina, rietu acuto. » Plumier, peintures sur vélin déià
cilces.
DES POISSONS. 520
Les marènes se plaisent dans les eaux profondes,
dont le fond est de sable ou de glaise. Elles y vivent
en troupes nombreuses; elles ne quittent leur retraite
que vers la fin de l’automne, pour frayer sur les en-
droits remplis de mousse ou d’autres herbes, et dans
le printemps, pour chercher de petits animaux à co-
quille, dont elles aiment beaucoup à se nourrir ; et
s’il survient une tempête, elles disparoissent subite-
ment. Elles ne commencent à se reproduire qu’à l’âge
de cinq ou six ans, et lorsqu'elles ont déjà un pied ou
plus de longueur. Pendant l'hiver, on les pèche sous
la glace avec de grands filets dont les mailles sont as-
sez larges pour laisser échapper les individus trop pe-
üts. Elles meurent dès qu'elles sortent de Feau. Ce-
pendant Bloch nous apprend que M. de Marwitz de
Zernickow est parvenu, en employant des vaisseaux
larges, profonds, dont le fond étoit garni de glaise
ou de sable, et dans l’intérieur desquels la chaleur ne
peuvoit pas pénétrer, à transporter un très grand
nombre de ces corégones dans ses terres, éloignées
de huit lieues du lac de Vaduit, et à les acclimater
dans ses étangs.
Bioch a le premier décrit la grande marène. La
marénule , ou petite marène, est connue depuis long-
temps. Schwenckfeld et Schoneveld en ont parlé dès
le commencement du dix-septième siècle. Sa tête est
demi-transparente; sa langue cartilagineuse et courte;
sa longueur de huit à douze pouces; sa surface revè-
tue d’écailles minces, brillantes et foiblement atta-
chées; son épine dorsale composée de cinquante-huit
vertèbres; le nombre total de ses côtes, de trente-
deux; sa ligne latérale ornée de plus de cinquante
524 HISTOIRE NATURELLE
points noirs; la couleur de ses nageoires, d’un gris
blanc ; sa caudale bordée de bleu ; sa chair blanche,
tendre et de très bon goût.
Ses habitudes ressemblent beaucoup à celles de la
marène. On la pèche dans les lacs à fond de sable ou
de glaise, du Danemarck, de la Suède et de l’Alle-
magne septentrionale. Il est des endroits où on la
fume après l'avoir arrosée de bière. Ses œufs sont plus
petits que ceux de presque tous les autres corégones.
Le wartmann a les écailles grandes ; un appendiee
assez long auprès de chaque ventrale; l’estomac dur
et étroit ; plusieurs cœcums; le foie gros ; le fiel vert;
la vessie natatoire simple et située le long du dos; la
tête petite et argentine comme Île ventre ; les nageoires
jaunâtres ou blanchâtres, et bordées de bleu ; une sé-
rie de points noirs le long de la ligne latérale.
Il porte le non d’un savant médecin de Saint-Gall,
qui l’a décrit avec beaucoup d’exactitude. Il se trouve
dans plusieurs lacs de la Suisse, et surtout dans celui
de Constance, où, depuis le printemps jusqu’en au-
tomne, on prend plusieurs millions d'individus de
cette espèce.
On le marine; on l'envoie au loin; et lorsqu'il est
frais, il est regardé comme le meilleur poisson du
lac. 11 n’est donc pas surprenant qu'il ait été observé
avec beaucoup de soin, et qu'on sache que c’est vers
sa septième année qu'il a près de deux pieds de lon-
gueur.
Il fraie vers le commencement de l'hiver. On le
recherche à cette époque, mais alors sa chairest moins
tendre que pendant l'été. Voilà pourquoi c’est parti-
culièrement dans cette dernière saison qu'un grand
DES POISSONS. 525
nombre de bateaux partent chaque soir pour aller le
pêcher. Les filets ont soixante ou soixante-dix brasses
de hauteur, parce que le corégone wartmann se tient
souvent à une profondeur de cinquante brasses. Il
s'approche cependant à vingt, et même à dix brasses
de la surface de l’eau, lorsqu'il tombé une grosse pluie,
ou qu'un orage règne dans l'atmosphère : aussi la pê-
che de ce poisson est-elle beaucoup plus abondante
dans ces moments d’agitation. Mais lorsque le froid.
commence à régner, le wartmann se retire à une si
grande distance de la surface du lac, que les filets ne
peuvent pas y atteindre. Ce corégone se nourrit d’in-
sectes, de vers, de plantes aquatiques. Vers l’âge de
trois ans, il a quelquefois une maladie qui lui donne
une couleur rougeâtre , et qui empêche qu'on ne
veuille en manger.
L'oxyrhinque est un des habitants de l'Océan at-
lantique septentrional.
Le leucichthe a été vu dans la mer Caspienne. $a
longueur est de plus de trois pieds. Ses écailles sont
unies et presque arrondies ; le sommet de la tête est
convexe, 1isse, dénué de petites écailles; les yeux sont
gros, et peu rapprochés l’un de l’autre; la langue est
triangulaire et un peu rude; les dents, que l’on dis-
tingue au tact plutôt qu'à l'œil , hérissent le devant du
palais; chaque opercule est composé de quatre lames.
Les pectorales sont blanches; la nageoire adipeuse
est transparente et pointillée de noir ; les ventrales
sont blanches, avec des points brunâtres et des ap-
pendices triangulaires ; anale est rougeâtre et tachée
de brun; le dos présente des nuances blanchâtres
mèiées de noir.
LACÉPEDE. XI.
2
Pi
326 HISTOIRE NATURELLE
C’est dans plusieurs rivières d'Allemagne et d’An-
gleterre, ainsi que d’autres contrées européennes,
que se plaît le corégone ombre. Ïl a la langue lisse ;
deux tubercules garnis de petites dents, et placés au-
près du gosier; les nageoires tachetées de noir, et
peintes d’un rouge noirâtre 1.
Le corégone rouge est très allongé. Ses ventrales
sont presque aussi grandes que la première dorsale,
ou que celle de l'anus; elles sont aussi plus près de
la tête que cette première nageoire du dos, et moins
éloignées du bout du museau que de l’anale. La na-
geoire adipeuse est recourbée et en forme de massue ;
les pectorales ont un peu la figure d’une faux. Ce co-
régone apppartient à la mer qui baigne les rivages amé-
1. 16 rayons à chaque pectorale du corégone able.
35 rayons à la nageoire de la queue.
16 rayons à chaque pectorale da corégone peled.
22 rayons à la caudale.
14 rayons à chaque pectorale du corégone marène.
20 rayons à Ja nagcoiïre de la queue
15 rayons à chaque pectoralc du corégone marénule.
20 rayons à la caudale.
9 rayons à la membrane branchiale du corégonc wartmann.
17 rayons à Chaque pectorale.
25 rayons à la nageoire de la queue.
17 rayons à chaque pectorale du corégone oxyrhinque.
10 rayons à la membrane branchiale du corégone leucichthe.
14 rayons à chaque pectorale.
27 rayons à la caudale.
16 rayons à chiaque peclorale du corégone ombre.
19 rayons à la nagevire de la queue.
10 ou 11 rayons à chaque pectorale du corégone rouge.
8 rayons à chaque ventrale.
DES POISSONS. 327
ricains et voisins des tropiques. Si, contre mon attente,
on ne trouvoit pas plus de quatre rayons à la mem-
brane branchiale de cet osseux , il faudroit l’inscrire
parmi les characins.
328 HISTOIRE NATURELLE
LE CORÉGONE CLUPÉOÏDE".
Coregonus clupeoides. — Lacer.
Les naturalistes ignorent encore l’existence de ce
corégone, au sujet duquel M. Noël vient de m'adresser
une note manuscrite très détaillée.
Ce savant m'apprend que l’on désigne, en Écosse,
par la dénomination de Hareng d’eau douce, un pois-
son du Lochlomond, le plus beau lac des montagnes
de l'Écosse occidentale. On avoit écrit à M. Noël que
ce même poisson étoit un hareng de mer, acelimaté
dans l’eau douce, et que cet osseux avoit pu remonter
dans le Lochlomond par le Clyde et la petite rivière
de Leven. M. Noël, empressé de vérifier ce fait, aila
visiter le Lochlomond en août 1802, se procura piu-
sieurs clupéoides à Inchtonachon, une des îles de ce
lac, les examina avec beaucoup de soin, et a eu la bonté
de me faire parvenir le résultat de son observation.
J'ai dû placer, parmi les corégones, ce clupéoïde,
qui a beaucoup de rapports, en ellet, avec les Clupées.
et particulièrement avec le hareng, mais qui, d’après
M. Noël, n’a pas les caractères des clupées, et présente
1. Fresh water herring , en Écosse.
Span , ibid.
Pollceck, ibid.
DES POISSONS. 529
la nageoire adipeuse des salmones, des osmères, des
corégones, etc. Î,
Ce clupéoïde a la tête petite, un peu convexe par
dessus, et dénuée de petites écailles; trois petites pièces
autour de l'œil, qui est grand et vif. Ses œufs sont
d’un rouge orangé; sa chair est blanche, feuilletée,
et délicate. Il fraie au commencement de l'hiver. On
le cherche, pendant l'été et pendant l'automne, dans
les endroits du lac où il y a le moins d’eau. On le
prend avec un filet. Il vit en troupes; et sa longueur est
quelquefois de plus de quatre décimètres ou quinze
pouces.
1. 8 rayons à la membrane branchiale du corégone clupéoïde.
14 rayons à chaque pectorale.
35 rayons à la nageoire de la queue.
530 HISTOIRE NATURELLE
Se P 1052 "DOoBEDe DEAD 55e a HO LEO MP ED TEE SEE SE SHELL tr SP PC HT OT Eire HA OO IE Bo = EN D
CENT QUATRE-VINGT-UNIÈME GENRE.
LES CHARACINS.
La bouche à l'extrémité du museau; la tête comprimée;
des écailles facilement visibles sur le corps et sur la
queue; point de grandes lames sur les côtés, de cui-
rasse, de piquants aux opercules, de rayons dentelés,
ni de barbillons ; deux nageoires dorsales ; la seconde
adipeuse et dénuée de rayons ; quatre rayons au plus
à la membrane des branchies.
ESPÈCES. CARACTÈRES.
Neuf rayons à la première nageoïre du dos;
quarante-trois à celle de l'anus; la cau-
dale fourchue;les deux mâchoires garnies
de dents à trois pointes; une raie longi-
tudinale et argentée de chaque côté du
poisson.
1. LE CHARACIN PIABUQU
à la nageoïre de l'anus; les dents très
grandes, renflées , et très apparentes; la
couleur générale argentée; des raies bru-
nes et blanchîtres.
2. LE CHARACIN DENTÉ,
Dix rayons à la première dorsale; cinquante-
cinq à l’anale ; la caudale fourchue; la
nuque très élevée en bosse.
/
|
E rayons à la première dorsale ; vingt-six
3. LE CHARAGIN Bossu.
/ Onze rayons à la première nageoire du des;
vingt-trois à la nageoiïre de l'anus; la cau-
dale fourchue ; une tache noire auprès
de chäque opercule.
des
. LE CHARACIN MOUCHE,
dos; trente-quatre à l'anale ; la caudale
fourchue ; deux taches noires de chaque
côté. l'une auprès de la tête, et l’autre
“auprès de la nagcoïre de la queue.
5. Le CHARACIN DOUBLE-
MOUCIIE.
«
lo rayons à la première nageoire du
DÉS POISSONS. il 991
ESPÈCES. CARACTÈRES.
{Onze rayons à la première dorsale ; douze
à la nageoïire de l'anus; le corps et la
queue sans tache.
G, !E CnARACIN sANs-
TACHE. |
! Onze rayons à la première nageoire du dos
| et à celle de l'anus: la caudale fourchue;
les mâchoires sans dents: le dos élevé et
{ arrondi ; la dorsale très haute.
5. LE CHARAGIN CARPEAU.
Neuf rayons à la première dorsale; vingt-six
à la nagcoire de l'anus ; la caudaie four-
chue ; le corps et la queue blancs; toutes
/
8. LE CuARAGIN pt
| les nageoires jaunâtres.
Viagltrois rayons à la première nageoire
du dos; les dents de la mâchoire infé-
ricure , plus grandes que les autres; de
petites écailles sur La base de la caudale ;
le dos verdâtre.
9. LE CnaARACIN NÉFASCH.
re ,
, Onze rayons à la première nageoïre du dos ;
vingt-six à la nageoire de l'anus; la cau-
k CILARAGIN PULVÉ- : À ;
10 LEGER dale fourchuec; la ligne latérale descen-
RULENT, À
À dante; les nageoïres un peu pulvéru-
\ Jentes.
Onze rayons à la première dorsale; dix à
11. LÆ CIARACIN ANOS- l’anale ; Ja caudale fourchue ; l'ouverture
TOME. de la bouche, dans la partie supérieure
du bout du museau.
j ‘Onze rayors à la première nageoire du dos ;
| dix à l’anale ; lacaudaie che de pe-
12. Le CHARACIN FRÉ- tites écailles sur la base de la nagcoïre de
DÉRIC. \ l'anus ; trois taches noirâtres de chaque
côté, entre l'anus et la nageoiïre de la
| queue.
{ Treize rayons à la première dorsale; dix à la
nageoire de lanus; la caudale en crois-
sant ; les deux mâchoiïres également avan-
135. LE GHARACIN A BANDES. cées ; deux orifices à chaque narine; un
grand nombre de bandes transversales ,
(irrégulières, noirâtres, et dont plusieurs
\
\ sont réunies deux à deux.
Neuf rayons à ia première nageoire du dos ;
trente à l'anale ; La canudale fourchue: les
deux imâchoiïres également avancées ; un
seul orifice à chaque narine ; une lache
noire et irrégulière sur chaque côté de la
nageoire de la queue,
14, Le CHARAGIN MÉLA-
NURE,
TR
532 HISTOIRE NATURELLE
ESPÈCES. CARACTÈRES.
Onze rayous à la première dorsale ; dix à la
nageoire de l'anus: la caudale fourchue;
15 Lu Cnaracin cuni- la mâchoire supérieure un peu plus avan-
MATE, cée que l'inférieure; un seul orifice à
chaque narine; une tache noire sur la
ligne latérale, très près des ventrales.
/Neuf rayons à la première nagcoire du dos ;
onze à celle de l’anale:; la mâchoire su-
périeure plus avancée que celle d’en bas ;
les dents fortes, inégales et pointues; deux
orifices à chaque narine; les nageoires
16. Le Cuanactx opoé. |
\ d’un brun noirâtre.
+ pue er
DES POISSONS. 999
toto 504989 20por Te rePiBOIPPDOE ATP TODOBEB eo Some Eee VE ED VA Abe D
LE CHARACIN PIABUQUE’,
P icbuque argentinus. — Cuv. — Characinus P iabucu.
— Lacer. — Salmo argentinus. — Brocu, Linx.,
GEL.
Le Cuaracin nenré?, Myletes Hasselquistit, Cuv.; Characinus dentex et
Characinus niloticus, Lacep.; Salmo dentex, Hasselquist., Linn. —
G. Bossu ?, Piabuque gibbosus, Cuv.; Characinus gibbosus, Lacep.;
Salmo gibbosus, Linn., Gmel. — C. moucur!, Characinus notatus,
Lacep. — C. rouse-moucueŸ, Piaouque bimaculatus, Cuv.; Chara-
cinus bimaculatus, Lacep.; Salmo bimaculatus, Linn., Gmel, — C.
sANs-TACHE®, Characinus immaculatus, Lacep.; Salmo immaculatus ,
Linn., Gmel. — C. canpeau?, Curimata? cyprinoides, Cuv.; Cha-
racinus cyprinoides, Lacep.; Salmo cyprinotdes, Linn., Gmel. —
G. nioriQue 5, Myletes Hasselquistit, Cuv.; Characinus niloticus et
Characinus dentex, Lacep.3 Salmo niloticus et Salmo dentex, Linn.,
Gmel. — C. Nérascu®, Citharinus Nefasch, Geoff.. Cuv.: Characi-
nus Nefasch, Lacep.; Salmo niloticas , Hasselquist.; Salmo Egyptius,
Linn., Gmel.— C. rurvérurenr {, Characinus pulverulentus, Lacep.,
Salmo pulverulentus , Linn., Gmel.
Nous approchons de la fin de nosétudes. Nous avons
devant nous le but vers lequel nous tendons depuis
1. Silberstreit, par les Allemands.
Silberforelle , ibid.
Salmone piabuque , Daubenton et Hauy, Encyclopédie méthodique.
Salmone piabuque , Bonnaterre, planches de l'Encyciopédie métho-
dique.
« Trutta dentata, dorso plano, ete, » Act. Petr. 1761, p. 404,
Piabucu , Marcg. Bras. 170.
Bloch, pl. 582, fig. 1.
994 HISTOIRE NATURELLE
st long-temps. Plus exercés maintenant, hâtons notre
marche, et contentons-nous de remarquerrapidement:
2. Phager des anciens, suivant mon collègue M. Geoffroy, profes-
scur au Muséum d'histoire naturelle (lettre écrite d'Égypte).
Salmone denté, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
Forskacl, Faun. Arab., p. 66. n. 98.
Salmo dentex , Hasselquist , It. 395.
Cyprinus dentex, Mus. Ad. Frid. 1. p. 108.
5. « Charax dorso admodum prominulo, etc.» Gronov. mus. i,
n. 55, tab. 1, fig. 4,
Salmone bossu , Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique.
Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
4. Salmone mouche, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique.
Id. Bonvaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique.
5. Doppel fleck, en Allemagne.
Flachig-hoïtting, en Suède.
Salmone double-mouche, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthod.
Id, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
Bloch, pl. 582, fig. 2.
Gronov. mus. 1, n. 54, tab. 1, fig. 5.
Mus. Ad. Frid. 1, p. 78, tab. 52. fig, 2,
Curegonus aïnboinensis, Artedi, spec. 44.
Tetragonopterus, Seba, mus. 5, p. 106. tab. 34, fig. 5.
6. « Albula pinna ani radiis duodecim. » Mus. Ad. Frid. 1, p. 78.
Salmone sans tache, Daubenton et Hauy, Encyclopédie méthodique.
Id, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
7. Salmone carpeau, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique.
Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
Salmone édenté, Bloch, pl. 580.
a Charax maxilla superiore longiore, capile antice plagioplateo, ete.»
Gronov. mus. 378.
8. Rai, par les Arabes.
Mus. Ad. Frid. 2, p. 99.
Salmone blanc-jaune, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique.
Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
9. Salmone néfasch, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie métho-
dique.
Salmo niloticus, Hasselquist.
Forskael, Faun. Arab., p. 66.
DES POISSONS. +909
La petitesse de la tête du piabuque; la saillie de
sa mâchoire inférieure, au delà de celle d’en haut ; la
surface unie de sa langue ; la membrane en forme de
faucille, qui est tendue à son palais; l’orifice unique
de chacune de ses narines; la courbure de sa ligne
latérale ; le verdâtre de son dos; le gris de ses na-
geoires; sa longueur qui ne passe pas un pied; la blan-
cheur et la délicaterse de sa chair; la facilité avec la-
quelle on le prend dans les rivières de l'Amérique
méridionale, en attachant à l’hameçon un ver ou un
mélange de sang et de farine :
La couleur blanchâtre des nageoires du denté ; et
le rouge dont brille le lobe inférieur de sa caudale
dans les eaux du Nil, ou dans celles de quelques fleuves
de la Sibérie :
Le séjour de choix que fait dans la mer qui baigne
Surinam le characin bossu ; la petitesse de sa tête, que
la bosse de la nuque fait paroître comme rabaissée ;
l’'aiguillon incliné vers la queue, et placé auprès de
la base de chacune de ses pectorales ; le roux argenté
de sa couleur générale; et la tache noire de chacun
de ses côtés :
La forme pointue de la tête du characin mouche,
qui vit à Surinam, comme le bossu.
Le peu de largeur de l’ouverture de la gueule du
characin double-mouche ; légale prolongation de ses
deux mâchoires; la double rangée de dents qui garuit
sa mâchoire d’en haut; la surface lisse de sa langue et
de son palais; le double orifice de chacune de ses
10. Mus. Ad. Frid. 2, p. 99.
Salmone porntillé, Daubenton et Hauy, Encyclopédie méthodique,
Id. Bonnaterte, planches de l'Encyclopédie méthodique.
556 | HISTOIRE NATURELLE
narines ; la forme tranchante du dessous de son ventre ;
l'arrondissement de son dos; la direction de sa ligne
latérale, qui est droite, le bleu argentin de ses côtés ;
le verdâtre de sa partie supérieure ; les nuances jaunes
de sa dorsale, de ses pectorales et de ses ventrales ; la
couleur brune de ses autres nageoires; la blancheur
et la graisse délicate que présente sa chair dans les ri-
vières de Surinam et dans celles d’Amboine :
Le blanc argentin du characin sans tache, que l’on
a pêché en Amérique :
La tête comprimée et dénuée de petites écailles du
carpeau; la grosseur de son museau arrondi; la forme
de ses lèvres charnues, qui compense un peu son
défaut de dents aux mâchoires; la surface douce de
sa langue ; le double orifice de chacune de ses narines;
les trois pièces de chacun de ses opercules; la con-
vexité de son ventre; la carène de son dos; la recti-
tude de sa ligne latérale ; la mollesse de ses écailles; :
le brunâtre de sa partie supérieure; l’argentin de ses
côtés; le rougeâtre de ses nageoires; la bonté de sa
chair ; et l'intérêt qu’à Surinam on attache à sa prise :
La brièveté de la nageoire adipeuse du nilotique,
dont le nom indique la patrie :
La préférence que donne le néfasch au fleuve qui
nourrit le nilotique.
La force et l’inégalité des dents qui garnissent la
mâchoire supérieure du characin pulvérulent d’Amé-
rique?, ainsi que sa mâchoire inférieure, laquelle est
1. Nous n'avons pas cru, malgré lantoriré de Bloch, devoir séparer
son édenté de notre characin carpeau.
2. 4 rayons à la membrane Braachiale du characin piabuque
12 rayons à chaque pectorale.
Per pr
DES POISSONS, 997
un peu plus courte que celle d'en haut; la surface
iisse de sa langue; le rayon aiguillonné de sa dorsale
et de sa nageoïre de l'anus ; la blancheur d’un grand
nombre de ses écailles.
8 rayons à chaque ventrale.
20 rayons à la nageoire de la queue.
4 rayons à la membrane des branchies da characin denté.
15 reyons à chaque pectorale.
9 rayons à chaque ventrale.
25 rayons à la caudale.
4 ravons à la membrane branchiale du characin bossu.
11 rayons à chaque pectorale.
8 rayons à chaque venirale.
29 rayons à la nagcoire de la queue.
4 rayons à la membrane des branchies du eharacin mouche.
16 rayons à chacune de ses pectorales,
7 rayons à chacune de ses ventrales,
24 rayons à la caudaie.
&rayons à la membrane branchiale du characin double-mouche,
11 rayons à chacune de ses pectorales.
8 rayons a chaque ventrale.
19 rayons à la nagcoire de la queue.
4 rayons à la membrane des branchies du characin sans-tache.
14 rayons à chaque pectorale.
11 rayons à chaque ventrale.
20 rayons à la caudale.
4 rayons à la membrane branchiale du characin carpeau.
15 rayons à chaque pectorale.
10 rayons à chaque ventrale.
25 rayons à la nageoïire de la queue.
«5 rayons à chaque pectorale du characin nilotiqne.
9 rayons à chaque ventrale.
194 rayons à la caudale.
4 vayons à la membrane des branchies du characin néfasch.
14 rayons à chaque pectorale.
9 rayons à chaque ventrale.
538 HISTOIRE NATURELLE
En tout, les characins ont de très grands rapports
avec les salmones, parmi lesquels ils ont été placés par
d'illustres naturalistes, mais dont nous avons dû les
[2 1e [080 1 . e , Je.
séparer pour obéir aux véritables principes d’une dis-
tribution méthodique des poissons.
4 rayons à la membrane branchiale du characin pulvérulent.
16 rayons à chaque pectorale.
8 rayons à chaque ventrale.
18 rayons à la nageoïire de la queue.
DES POISSONS. | 359
co B0S fe 56 Ex EN ÉO NS 4980826056 ,60b0 8 0E< 9 He dut. Ge as Da 6dbo HA ÉGALE 4 ee ee Er de dt
LE CHARACIN ANOSTOME’,
Anostomus, Guv. —Characinus anostomus, Lacer.
Le Cuaracin Frénpénic?, Curimata Fridericit, Cuv.; Characinus Fride-
rici, Lacep.; Salmo Friderici, Bloch. — C. à sanpes*, Curimate
fasciatus, Cuv.; Characinus fasciatus, Lacep.; Salmo fasciatus,
Bloch. — GC. mécanure*, Piabuque melanuras, Cuv.; Characinus me-
lanurus, Lacep.; Salmo melanurus , Bloch.—C. Curimiars®, Curimate
unimaculatus, Guv.; Characinus Curimata, Lacep.; Salmo unimacula-
tus, Bloch. —C. Ovoëf, Hydrocyon Odve, Cuv.; Characinus Odoe,
Lacep.; Salmo Odoe , Bloch.
L’AnosroME a la tête comprimée ; la mâchoire infé-
rieure terminée par une sorte de mamelon arrondi; la
nuque abaissée ; la partie antérieure du dos convexe ;
les écailles grandes; la couleur générale brune; les
raies longitudinales moins foncées.
1. Salmone anostome, Daubenton ct Hauy. Encyclopédie méthodique.
Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
2. Bloch. pl. 578.
3. Bloch, pl. 379.
4. Bloch, pi. 381, fig. 2.
5. Capelar , par les Anglois.
Einfleck, par les Allemands.
Bloch, pl. 581, fig. 5.
6. Bloch, pi 556.
9/40 HISTOIRE NATURELLE
Bloch a publié le premier la description des cinq
characins dont il nous reste à parler, et qu'il a inscrits
parmi les salmones.
Il faut compter au nombre des caractères princi-
paux du frédéric le peu de grosseur de la tête, qui
n’est pas revêtue de petites écailles ; la force des lèvres;
l’égal avancement des deux mâchoires; les six dents
allongées et inégales de la mâchoire d'en bas; les
huit dents petites et pointues de celle d’en haut; la
verrue qui est derrière le milieu de ces huit dents ; la
surface unie du palais, et de la langue qui est très
courte ; le double orifice de chaque narine ; l'élévation
de la partie antérieure du dos; la courbure de la ligne
latérale ; l’appendice de chaque nageoire du ventre ;
la grandeur des écailles ; l'excellent goût de la chair ;
le jaune argentin de la couleur générale; les nuances
violettes de la partie supérieure ; le jaune et le bleu
des nageoires.
Le characin à bandes, qui vit à Surinam, comme
le frédéric, a l’orifice de chaque narine double; son
dos est caréné; on voit un appendice auprès de eha-
cune de ses ventrales.
Surinam est encore la patrie du mélanure et du
curimate.
Le corps et la queue du mélanure sont argentés ; son
dos est gris; ses nageoires sont Jaunâtres; des dents
très petites garnissent ses mâchoires; chacune de ses
narines n’a qu’un orifice.
La curimate a la langue libre et unie; le dos est
brunâtre; les côtés et le ventre sont argentins; une
teinte grise distingue les nageoires.
Ce characin habite les eaux douces, et particuliè-
DES POISSONS. 9/41
rement les lacs de l'Amérique méridionale. Sa chair
est blanche, feuilletée et très délicate.
L'odoé se trouve sur les côtes de Guinée! Il est
très vorace, et d'autant plus dangereux pour les pois-
sons, qu'il parvient à la longeur de trois pieds. Il est
oursuivi à son tour par beaucou ‘ennemis ; et les
P son to beaucoup d ;
pêcheurs lui font une guerre cruelle, parce que sa
chair rougeâtre est grasse et très agréable au goût.
Son museau est avancé ; l’ouverture de sa bouche très
grande ; le palais rude; la langue lisse; l’orifice de
1.
pr
4 rayons à la membrane branchiale du characin anostome.
15 rayons à chaque pectorale.
7 rayons à chaque ventrale.
25 rayons à la nageoire de la queue.
sl
4 rayons à la membrane des branchies du characin frédéric.
12 rayons à chaque pectorale.
9 rayons à chaque ventrale.
20 rayons à la caudale.
4 rayons à la membrane branchiale du characin à bandes.
15 rayons à chaque pectorale.
10 rayons à chaque ventralc.
22 rayons à la nageoïre de la queue.
4 rayons à la membrane des branchies du characin mélanure.
12 rayons à chaque pectorale.
8 rayons à chaque venirale.
20 rayons à la caudale.
4 rayons à la membrane branchiaie du charaein curimate.
14 rayons à chaque pectorale.
11 rayons à chaque ventrale.
20 rayons à la nageoïire de la queue.
4 rayons à la membrane des branchies du characin odoé.
14 rayons à chaque pectcrale.
9 rayons à chaque ventrale.
28 rayons à la caudale.
LACÉPÈDE, XI, 22
2
042 HISTOIRE NATURELLE
chaque narine double; le dessus de la tète comme
ciselé et rayonné en deux endroits; le ventre très long;
la première dorsale plus rapprochée de la caudale que
les nageoires du ventre; la ligne latérale un peu cour-
bée; le dos presque noir; la couleur des côtés, d’un
brun ou d'un roux plus ou moins clair.
DES POISSONS. 345
ba MED 1 PSP SE OC
Bebe ob 00 B040 Be 0%
CENT QUATRE-VINGT-DEUXIÈME GENRE.
LES SERRASALMES.
La bouche à l'extrémité du museau; la tête, le corps et
la queue, comprimés ; des écailles fucilement visibles
sur le corps et sur la queue; point de grandes lames
sur les côtés, de cuirasse, de piquants aux opercules,
de rayons dentelés, ni de barbillons; deux nageoires
dorsales ; la seconde adipeuse et dénuée de rayons ;
la partie inférieure du ventre carénée et dentelée
comme une SCe.
ESPÈCE. CARACTÈRES.
/Deux eu trois rayons aiguillonnés et quinze
rayons articulés à la première nageoire
du dos; deux rayons aiguillonnés et trente
LE SERRASALNE RHGMBOÏDE. rayons articulés à celle de l'anus ; la cau-
dale en croissant ; le dos très élevé au-
\ près de la preinière dorsale; la caudale
\_ bordée de noir.
544 HISTOIRE NATURELLE
spevesrsss
LE SERRASALME RHOMBOÏDE’
Serrasalmus ( Salmo) Rhombeus, Lacer., Cuv. —
Salmo Rhombeus, BLocn, Lixn., Gmur.
Les serrasalmes ressemblent beaucoup aux clupées,
dont nous parlerons dans un des articles suivants, et
aux salmones, parmi lesquels ils ont été comptés. Ils
ont, par exemple, sur la carène de leur ventre, une
dentelure analogue à celle que l’on voit sur la partie
inférieure des clupées; et ils présentent la nageoire
dorsale et adipeuse des salmones. Leur nom désigne
cette dentelure , ainsi que leur affinité avec le genre
qui comprend les saumons et les truites.
Nous n’avons encore inscrit qu'une espèce parmi
les serrasalmes ; nous lui avons conservé la dénomi-
nation de Rhomboides , pour rappeler celle qu'a em-
ployée le célèbre Pailas en faisant connoître cette
espèce remarquabie.
Le rhomboïde vit dans les rivières de Surinam ; il
y parvient à une grosseur considérable ; et il y est si
- 1. Sagebauch, par les Allemands.
Salinone rhomboide, Daubenton et Iiüy, Encyclopédie méthodique.
Id. Bounaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
Palles, Spicil. zoolog. 8, p. 52, tab. 5, fig. 5.
Bloch, pl. 585.
4
DES POISSONS. 3/19
vorace, quil poursuit souvent les jeunes oiseaux d’eau.
L'ouverture de sa bouche est grande : la mâchoire in-
férieure est un peu plus avancée que la supérieure ;
‘l’une et l’autre, et surtout celle d’en bas, sont armées
de dents larges, fortes et pointues. La langue est li-
bre, mince et unie ; mais les deux côtés du palais sont
garnis d’une rangée de petites dents. Le front est pres-
que vertical. Chaque narine a deux ouvertures très
rapprochées; les opercules sont rayonnés; la ligne la-
térale est droite ; les écailles sont molles et petites;
l'anus est à une égale distance de la tête et de la cau-
dale ; des écailles semblables à celles du dos couvrent
une grande partie de l’anale; on voit un appendice
auprès de chaque nageoiïre du ventre; la dentelure
qui règne sur la partie inférieure du poisson, est for-
mée par une suite de piquants recourbés, dont cha-
cun tient à deux lobes écailleux, placés sous la peau ,
des deux côtés de la carène ; le piquant le plus voisin
de l’anus est double; il y a d’ailleurs au devant de la
première dorsale un autre piquant à trois pointes, dont
la plus longue est inclinée vers la tête. Au reste, cette
première dorsale et la nageoire de l'anus sont en forme
de faux.
La chair du rhomboïde est blanche, grasse, déli-
cate ; la couleur générale de ce poisson montre des
nuances rougeûtres, relevées par des points noirs, les
côtés sont argentins ; les nageoires sont grises!.
1. 4 rayons à la membrane branchiale du serramime rhomboïde.
15 rayons à chaque pectorale.
8 rayons à chaque ventrale.
18 rayons à la nageoïre de la queue.
Re >——
946 HISTOIRE NATURELLE
Ba 298 AE BC GIE xBEBG LED EPEÉPER DE Dr,
Eee EE RL 08 6E OPEN SH SOLE D
CENT QUATRE-VINGT-TROISIÈME GENRE.
LES ÉLOPES.
Trente rayons, ou plus, à la membrane des branchies ;
les yeux gros, rapprochés l’un de l’autre, et presque
verticaux; une seule nageoire dorsale ; un appendice
écailleux auprès de chaque nageoire du ventre.
ESPÈCE. CARACTÈRES.
/Visgt-deux rayons à la nageoïre du dos;
seize à celle de l’anus; la caudale four-
chue ; la mâchoire d’en bas plus avancée
que celle d'en haut; la langue , les deux
mâchoires et le palais, garnis d’un grand
nombre de petites dents.
L'ELoPs sAURE.
DES POISSONS.
Q
ES
SI
D 6 42 40 10 #05 6 96 7 SD 000 NF TOP SET ED EP OAI OT EE OE Er EL Fr Ar SCA Sr AE BE EC BA SAT prit DO
L'ÉLOPE SAURE".
Saurus...., Guv. — Elops Saurus , Lacer., Lin.
GMEL. — Sulmo Saurus, Brocu.
Les élopesse rapprochent des salmones par plusieurs
traits.
Le saure a la tête longue, dénuée de petites écail-
les, comprimée et un peu aplatie dans sa surface supé-
rieure ; les os de ses lèvres sont longs, et leur bord
est un peu dentelé ; chacune de ses narines a deux
orifices ; son opercule est composé de deux pièces,
mais ne couvre pas en entier la membrane branchiale;
sa ligne latérale est droite ; son anus est une fois plus
loin de la tête que de la nageoiïire de la queue. Des
nuances bleues et argentines composent ordinaire-
ment sa couleur générale ; sa tête est souvent comme
dorée; et des teintes rouges brillent sur ses nageoires ?.
1. Élope saure, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique.
Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
Saurus maximus, Sloan. Jamaic. 2, p. 284, tab. 251, fig. 1.
Bloch, pl. 505, fig. 1 et 1.
2. 64 rayons à la membrane des branchies de l’élope saure.
18 rayons à chaque pectorale.
15 rayons à chaque ventrale.
50 rayons à la nageoïre de la queue.
948 HISTOIRE NATURELLE
EpF
repoposepoeset eDotnet os
CENT QUATRE-VINGT-QUATRIÈME GENRE.
LES MÉGALOPES.
Les yeux très grands; vingt-quatre rayons ou plus à
la membrane des branchies.
ESPÈCE. CARACTÈRES.
Le dernier rayon de la nageoïre dorsale ter-
Le MÉGALOPE FILAMENT. miné par un filament très long et très
délié.
DES POISSONS. 5/49
LE MÉGALOPE FILAMENT".
Megalops filamentosus , Lacer., Cuv.
ET
Nous avons trouvé dans les manuscrits de Commer-
son une description très courte et très précise de ce
poisson. Cet osseux se rapproche des élopes par plu-
sieurs traits; mais il ne peut pas appartenir au genre
de ces derniers. Nous avons dû d’ailleurs l’inscrire dans
un genre différent de tous ceux que l’on connoît. Il
vit dans les environs du fort Dauphin de l’île de Ma-
dagascar.
1. Oculeus seu megalops. — « Postremo pinnæ dorsalis radio, in se-
» tam longissimam retroducto: vel, pinua dorsali in setam longissimam
» abeunte ; radiis membranæ branchiostegæ vigenti quatuor. » Com-
merson , manuscrits déjà cités.
350 HISTOIRE NATURELLE
FHIP EE BEDIS OHEL SSL IDF SE ED.
TOR OTEPER EPOPELENELTOR EE SE O8 ETET ECO EL
CENT QUATRE-VINGT-CINQUIÈME GENRE.
LES NOTACANTHES.
Le corps et la queue très allongés; la nuque élevée et
arrondie ; la tête grosse; la nageotre de l'anus très
longue et réunie avec celle de la queue; point de na-
geoire dorsale; des aiguillons courts, gros, forts, et
dénués de membrane à la place de cette dernière na-
geoire.
ESPÈCE. CARACTÈRES.
La mâchoire supérieure plus avancée que
celle d’en bas’; l'ouverture de la bouche
située au dessous du museau, qui est
prolongé en avant, et un peu arrondi :
l la tête et les opercules garnis de petites
\ écailles; dix gros aiguilions sur ie dos.
Le NOTACANTHE NEZ. |
DES POISSONS. 351
20.20 50.508000 5020000 05-08-0400 119.504%950%0 49 20 D9 40.50-6< 3-0H06CE0 HO ROHO-LNBIÉ SEE 34008 5a
LE NOTACANTHE NEZ”.
Notacanthus nasus, Biocu., Lacer., Cuv.
BLocu a fait graver la figure de cet animal, beau dans
ses couleurs, délié dans ses formes, agile dans ses
mouvements, rapide dans sa natation, vorace, hardi,
dangereux pour les jeunes poissons, dont il aime à
faire sa proie, et qui seroit lié par les plus grands rap-
ports avec les trichiures, si ces derniers, au lieu d’être
entièrement privés de ces nageoires inférieures qu’on
a comparées à des pieds, avoient des nageoires ven-
trales, comme le notacanthe.
Cet osseux parvient à une longueur considérable.
Sa couleur générale est argentine, variée par des teintes
dorées; les reflets d’or et d’argent brillent d’autant
plus sur sa surface, qu'en un clin d'œil il offre un
grand nombre d’ondulations diverses, présente à la lu-
mière mille faces différentes, réfléchit les rayons du
soleil dans toutes les directions; et d’ailleurs ces nuan-
ces éclatantes sont relevées par quinze ou seize bandes
transversales et brunes, que l’on voit sur son corps et
sur Sa queue, ainsi que par les tons brunâtres qui dis-
tinguent ses nageoires.
1. Der slachelrucken , Bloch, pl. 451.
352 HISTOIRE NATURELLE
Son iris est argenté; ses yeux sont gros; chaque
narine n’a qu'un orifice; les dents des deux mâchoires
sont égales, fortes et serrées; on compte deux pièces
arrondies à l’opercule; le commencement de la na-
geoire de l'anus montre une douzaine d’aiguillons
F4 L4 ? ? !
écartés l’un de l’autre, recourbés, et soutenus par une
membrane que revêtent de petites écailles ; la caudale
est lancéolée; les pectorales sont grandes.
1. 15 ou 16 rayons à chaque pectorale du notacanthe nez.
2 rayons aiguillonnés et 8 rayons articulés à chaque ventrale.
Plus de 80 rayons articulés à la nageoïre de l'anus et à celle
de la queue réunies.
DES POISSONS. 559
CENT QUATRE-VINGT-SIXIÈME GENRE.
LES ÉSOCES.
L'ouverture de la bouche grande; le gosier large; les
mächoires garnies de dents nombreuses, fortes et
pointues; le museau aplati; point de barbillons ; l’o-
pereule et l’orifice des branchies très grands ; le corps
el la queue très allongés et comprimés latéralement ;
les écailles dures; point de nageoire adipeuse; les
nageoires du dos et de l’anus courtes ; une seule dor-
sale; cette dernière nageoire placée au dessus de l’a-
nale, ou à peu près, et beaucoup plus éloignée de lu
tèle que les venirales.
— "so e——
PREMIER SOUS-GENRE.
La nageotre de la queue fourchue, ou échancrée en croissant.
SES . SES
ESPECES. CARACTERES,
Vingt rayons à la nageoire du dos; dix-sept
à celle de l'anus ; quinze à la membrane
des branchies ; la tête comprimnée ; 1e mu-
1. L'Ésocr BROGHET. seau très aplati ; l'entre-deux des yeux et
la nuque élevés et arrondis ; la dorsale s
,
l’anale et la caudale brunes, avec des
\ taches noires.
/Seïze rayons à la nageoïre du dos; douze à
| la membrane des branchies; huit à cha-
que ventrale ; la tête comyrimée ; le mu-
|] seau très aplati ; l’entre-deux des yeux et
| la nuque élevés et arrondis: la mâchoire
\ d'en haut plus courte que celle d'en bas.
2. L'Ésocr AMÉRICAIN,
354 WISTOIRE NATURELLE
ESPÈCES.
5. L'ÉsocE BÉLONE.
. L'Ésoce ARGENT.
LS
5. L'EsOcE GAMBARUR.
6. L'Esoce ESPADON.
7. L'EsocE TÈTE-NUE.
S. L'Esoce CHIROCENTKE.
LS,
CARACTÈRES.
Vingt rayons à la nageoire du dos; vingit-
trois à l’anale, quatorze à la membrane
branchiale; la dorsale et la nageoiïre de
l'anus, un peu en forme de faux; la tête
petite ; la mâchoire inférieure un peu
plus avancée que celle d'en haut; ces
deux mâchoires très étroites, et deux fois
plus longues quela tête proprement dite:
le corps et la queue très déliés et serpen-
\ tiformes.
générale brune; des taches jaunes en
te corps et la queue très déliés ; la couleur
forme de lettres.
/ Ün rayon aiguillonné et quatorze rayons ar-
ticulés à la nageoïre du dos; un rayon
\ aiguillonné être quatorze rayons articulés
Ja, a La nageoire de l'anus; quatorze rayons
) à la membrane des branchies:; la mi-
| choire inférieure six fois plus longue que
la supérieure ; une raie longitudinale et
\ argentée de chaque côté de l'animal.
Quatorze rayons à la dorsale; douze à l’a-
| nale; quatorze à la membrane branchiale;
la mâchoire inférieure terminée par une
prolongation très étroite, conique , et
sept ou huit fois plus longue que la mà-
choire d’en haut; la Hpne: latérale située
très près du dessous du corps et de la
_ queue, dont elle suit la courbure infé-
\ rieure: des bandes iransversales.
Treize rayons à la nageoïre du dos; vingt-
\ six à celle de anus. ; sept à chaque ven-
) trale; les deux mâchoireségalement avan-
l cées ; la tête dénuée de petites écailles.
/La mâchoire inférieure plus avancée que
celle d'en haut ; les dents longues et cro-
chues ; la nageoire du dos plus courte que
celle de EN ; ces deux nageoires falci-
{ formes; les ventraies très petites; point
de petites écailles sur la tête, ni sur les
opercules; un piquant très fort, long,
et dégagé, au dessus de la base de cha-
* que pectorale.
DES POISSONS. 399
SECOND SOUS-GENRE.
Lu nageotre de la queve arrondie ou rectiligne, el sans échancrure.
ESPÈCE. CARACTÈRES,
Onze rayons à la nageoire du dos: dix-sept
à l'anale; la caudale arrondie; ]a m5-
0. l’Esoce ver. choire inférieure plus avancée que la su-
périeure; les écailles minces : la couleur
| générale verte ou verdâtre,
ré
550 HISTOIRE NATURELLE
1x9 #04 %0
ECS 29 1e 500089 50 DO P0HOLOGLOHSLOGO LED 60H HO LEGOTOGSSOHO.
L’ÉSOCE BROCHET",
Esox Lucius, Linn., Brocu, Lacer., Cuv.
L’ÉSOCE AMÉRICAIN?
Esox Lucis, var. B, Linn., Gmez. — Esox Americanus , Lacer.
Le brochet est le requin des eaux douces; il y règne
en tyran dévastateur, comme le requin au milieu des
1. Lançon, quand il est très jeune.
Lanceron , id.
Poignard, quand il est d'une grosseur moyenne.
Carreau , quand il est plus gros.
Béquet, dans quelques départements de France.
Bechet , ibid.
Lucs , ibid.
Lupule , ibid.
Luccio, en Italie.
Luzzo , ibid.
Trigle, à Malte.
Grashecht (quand il n’a qu'un an), en Allemagne.
Hecht , ibid.
Stukha, en Hongrie.
Csuka , ibid.
Szuk, en Pologne.
Szuka, ibid.
DES POISSONS. 397
mers. S'il a moins de puissance , il ne recontre pas de
rivaux aussi redoutables ; si son empire est moins éten-
Zurcha, chez les Calmouques.
Tschortan, en Tatarie.
Aug, en Livonie.
Tschuk , en Russie,
Tschuw, ibid.
Schurtan , ibid.
Scheschuk , ibid.
Giadde, en Suède.
Gidde, en Danemarck.
Snock, en Hollande.
Geep-visch, ibid.
Pike, en Angleterre.
Pikerelle, ibid,
Kamas, au Japon.
Ésoce brochet, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique.
Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
Bloch, pl. 52.
Faun. Suecic. 355.
Meiding , Ic. pisc. Austr.,t. 10.
«Esox rostro plagioplateo.» Artedi, gen. 10, spec. 53, syn. 26.
Lucius, Auson. Mos. v. 122.
Id, Wotton, lib 8, cap. 190, fol. 169.
Brochet , Rondelet, des poissons de rivière, chap. 11.
Lucius , Salvian., fol. 64, b. 95.
Id. Gesner, p. 500, 501. et (germ.) 175 b.
Id. Schonev., p. 44.
Id. Aldrovand., lib. 5, cap. 39, p. 630, 635.
Id. Jonston , lib. 5, tit. 8, cab. 5, cap. 29, fig. 1, Taum, P- 417.
Id. Charlet., p. 162.
Id. Willughby, p. 256.
Id. Raï, p. 112.
Gronov. Mus. 1, n. 28.
Belon , Aquat., p. 292, It., p. 104.
Brochet, Camper, Mémoires des savants étrangers, 6, p. 177.
Pike, Brit. Zoology, 5, p. 270, n. 1.
Brochet, Valmont de Bomare, Dictionnaire d'histoire naturelle,
2. Schæpf. Naturf. 20, p. 26.
LACÉPEDE. XI.
CE]
[el
538 ISTOIRE NATURELLE
du, il a moins d'espace à parcourir pour assouvir sa
voracité ; si sa proie est moins variée, elle est souvent
plus abondante, et il n’est point obligé, comme le re-
quin, de traverser d'immenses profondeurs pour l’ar-
racher à ses asiles. Insatiable dans ses appétits, il ra-
vage avec une promptitude effrayante les viviers et les
étangs. Féroce sans discernement, il n'épargne pas son
espèce, il dévore ses propres petits. Goulu sans choix,
il déchire et avale, avec une sorte de fureur, les restes
mêmes des cadavres putréfiés. Cet animal de sang
est d’ailleurs un de ceux auxquels la nature a accordé
le plus d’années : c'est pendant des siècles qu’il effraie,
agite, poursuit, détruit et consomme les foibles habi-
tans des eaux douces qu'il infeste ; et comme si, mal-
gré son insatiable cruauté, il devoit avoir reçu tous les
dons, il a été doué non seulement d’une grande force,
d’un grand volume, d'armes nombreuses, mais encore
de formes déliées, de proportions agréables, de cou-
leurs variées et riches.
L'ouverture de sa bouche s'étend jusqu’à ses yeux.
Les dents qui garnissent ses mâchoires sont fortes, acé-
rées et inégales : les unes sont immobiles, fixes et plan-
tées dans les alvéoles ; les autres, mobiles, et seulement
attachées à la peau, donnent au brochetun nouveau rap-
port de conformation avec le requin. On a compté sur
le palais sept cents dents de différentes grandeurs, et
disposées sur plusieurs rangs longitudinaux , indépen-
damment de celles qui entourent le gosier. Le corps et
la queue, très allongés, très souples et très vigoureux ,
ont, depuis la nuque jusqu’à la dorsale, la forme d'un
prisme à quatre faces dont les arêtes seroient effacées.
Pendant sa première année, sa couleur générale est
DES POISSONS. 559
verte; elle devient, dans la seconde année, grise et
diversifiée par des taches pâles, qui, l’année suivante,
présentent une nuance d’un beau jaune. Ces taches
sont irrégulières, distribuées presque sans ordre, et
quelquefois si nombreuses , qu’elles se touchent et
forment des bandes ou des raies. Elles acquièrent sou-
vent l'éclat de l'or pendant le temps du frai, et alors le
gris de la couleur générale se change en un beau vert1.
Lorsque le brochet séjourne dans des eaux d’une na-
ture particulière, qu'il éprouve la disette, ou qu'il
peut se procurer une nourriture trop abondante, ses
nuances varient. On le voit, dans certaines circon-
stances, jaune avec des taches noires. Au reste, par-
venu à une certaine grosseur, il a presque toujours le
dos noirâtre et ie ventre blanc avec des points noirs.
L'æsophage et l'estomac montrent de grands plis
pâles ou rouges, par le moyen desquels l’animal peut
rejeter à volonté les substances qu'il avale dans les
accès de sa voracité, et qu'il ne peut pas digérer. Cette
faculté lui est commune avec la morue, ainsi qu'avec
les squales, et particulièrement avec le requin, dont
elle le rapproche encore. L’estomac est d’ailleurs très
long; et, comme de ses grandes dimensions résulte
une très grande abondance de sucs digestifs, dont l’ac-
tion très vive se manifeste par les appétits violents
qu’elle produit, il n’est pas surprenant que le canal
intestinal proprement dit soit très court, et n'offre
qu'une sinuosité, comme dans un très grand nombre
d'animaux féroces et carnassiers.
Le foie est long et sans division ; la vésicule du fiel
. Voyez ce que nous avons dit des couleurs des poissons, daus !e
nt s sur la nature de ces animaux.
360 HISTOIRE NATURELLE
erosse ; le fiel jaune; la laite double, ainsi que l'ovaire ;
le péritoine blanc et brillant; l’épine dorsale compo-
sée de soixante-une vertébres; le nombre des côtes
est de soixante.
L’organe de l’ouie renferme un troisième osselet py-
ramidal, garni à sa base d’un grand nombre de petits
aiguillons, et placé dans la cavité qui sert de commu-
nicalion aux trois canaux demi-circulaires. Cet organe
contient aussi une sorte de rudiment d’un quatrième
canal demi- circulaire, qui communique avec le sinus
par lequel se réunissent les trois canaux auxquels le
nom de demi-cireulaire a été donné. Voilà donc le sens
de l’ouie du brochet plus parfait que celui de presque
tous les autres poissons osseux. Cet avantage lui donne
un nouveau trait de ressemblance avec le requin et les
squales; il lui donne de plus la facilité d'éviter de plus
loin un ennemi dangereux, ou de s'assurer de l’ap-
proche d’une proie dilicile à surprendre ; et, d’après
l’organisation particulière de son oreille, on doit être
moins étonné que l’on ait remarqué, du temps même
de Pline, la finesse de son ouie, et que, sous Char-
les IX, roi de France, des individus de l’espèce que
nous décrivons, réunis dans un bassin du Louvre,
vinssent, lorsqu'on les appeloit, recevoir la nourriture
qu'on leur avoit préparée.
La vessie natatoire du brochet est simple, mais
grande ; et sans cet instrument, ce poisson ne parcour-
roit pas avec la rapidité qu'il développe, les espaces
qu'il franchit, contre les courants des fleuves impé-
tueux, et au milieu des eaux les plus pures, et par
conséquent les moins pesantes et les moins propres à
le soutenir.
DES POISSONS. 61
C'est en effet dans les rivières, les fleuves, les lacs
et ies étangs, qu'il se plaît à séjourner. On ne le voit
dans la mer que lorsqu'il est entrainé par des acci-
dents passagers, et retenu par des causes extraordi-
naires, qui ne l’empêchent pas d'y dépérir; mais on
l’a observé dans presque toutes les eaux douces de
l'Europe.
Belon a écrit qu'il l’avoit vu dans le Nil, où il croyoit
que les anciens lui avoient donné le nom d'Oxyrhyn-
chus! (museau pointu). Mon collègue, M. Geoffroy,
professeur du Muséum d'histoire naturelle, va publier
une dissertation très savante sur les animaux de l’É-
gypte, dans laquelle on trouvera à quel poisson, diflé-
rent de celui que nous examinons, les anciens avoient
réellement appliqué cette dénomination d'Oxyrhynque.
Le brochet parvient jusqu’à la longueur de six à
neuf pieds, et jusqu’au poids de quatre-vingts ou cent
livres. Il croît très promptement. Dès sa première an-
née, il est très souvent long d’un pied ; dès la seconde,
de quinze pouces; dès la troisième, de deux pieds;
dès la sixième, de près de six pieds; dès la douzième,
de huits pieds ou environ : et cependant cet animal
destructeur arrive jusqu’à un âge très avancé. Rzac-
zynsky parle d’un brochet de quatre-vingt-dix ans.
En 1497 on prit à Kaiserslautern, près de Manheim,
un autre brochet qui avoit plus de dix-huit pieds de
longueur, qui pesoit trois cent soixante livres, et dont
le squelette a été conservé pendant long-temps à Man-
heim. Il portoit un anneau de cuivre doré, attaché,
par ordre de l’empereur Frédéric-Barberousse, deux
cent soixante-sept ans auparavant. Ce monstrueux pois-
1. Belon, liv. >, chap. 52.
562 HISTOIRE NATURELLE
son avoit donc vécu près de trois siècles. Quelle ef-
frayante quantité d'animaux plus foibles que luïil avoit
dû dévorer pour alimenter son énorme masse pendant
une si longue suite d'années |
Le brochet cependant n’est pas seulement dange-
reux par la grandeur de ses dimensions, la force de
ses muscles, le nombre de ses armes: il l’est encore
par les finesses de la ruse et les ressources de l'instinct.
Lorsqu'il s'est élancé sur de gros poissons, sur des
serpents, des grenouilles, des oiseaux d’eau, des rats,
de jeunes chats, ou même de petits chiens tombés ou
jetés dans l’eau, et que l'animal qu'il veut dévorer lui
oppose un trop grand volume, il le saisit par la tête,
le retient avec ses dents nombreuses et recourbées,
jusqu’à ce que la portion antérieure de sa proie soit
ramollie dans son large gosier, en aspire ensuite le
reste, et l’engloutit. S'il prend une perche ou quelque
autre poisson hérissé de piquants mobiles, il le serre
dans sa gueule, le tient dans une position qui lui in-
terdit tout mouvement, et l’écrase, ou attend qu'il
meure de ses blessures.
Tous les brochets ne fraient pas à la même époque :
les uns pondent ou fécondent les œufs dès le milieu
de février, d’autres en mars, et d’autres en avril. S'ils
sont très redoutables pour les habitans des eaux qu’ils
fréquentent , ils sont très souvent livrés sans défense
à des ennemis intérieurs qui les tourmentent vivement.
Bloch a vu dans leur canal alimentaire différents vers
intestinaux, et il a compté dans un de ces poissons,
qui ne pesoit qu'une livre et demie, jusqu’à cent vers,
du genre des vers solitaires.
Mais ils ont encore plus à craindre des pêcheurs
DES POISSONS. | 365
qui les poursuivent. On les prend de diverses manières:
en hiver, sous les glaces; en été, pendant les orages,
qui, en éloignant d'eux leurs victimes ordinaires, les
portent davantage vers les appâts; dans toutes les sai-
sons, au clair de la lune; dans les nuïts sombres, au
feu des bois résineux. On emploie, pour les pêcher, le
trident, la ligne, le colleret, la truble, l’épervier, la
Jouve, la nasse!.
Leur chair est agréable au goût. On les sale dans
beaucoup d’endroits, après les avoir vidés, nétoyés,
ei coupés par morceaux.
Sur les bords du Jaik et du Volga, on les sèche ou
fe
1. On trouve la description du colleret dans l’article du centropome
sandat ; de la truble, dans celui du misgurne fossile; de la louve et
de la nasse, dans celui du pétromyzon lamproie. L'épervier est an filet
en forme d’entonnoir ou de cioche, dont l'ouverture à quelquefois
soixante pieds de circonférence. Gette circonférence est garnie de bal-
les de plomb, et le long de ce contour le filet est retroussé en dedans.
et attaché de distance en distance, pour former des bourses. On se sert
de l'épervier de deux manières : en le trainant et er le jetant, Lors-
qu'on le traîne, deux hommes placés sur les bords du courant d’eau
maintiennent l'ouverture du filet dans une position à peu près ver-
ticale, par Île moyen de deux cordes altachées à deux points de cette
ouverture. Un troisième pêcheur tient une corde qui répond à la
pointe du filet. Si l'on s'aperçoit qu'il y ait du poisson de pris, et
qu'on veuille relever l’épervier, les deux premiers pêcheurs lâchent
leurs cordes , de manière que toute la circonférence de l'ouverture du
filet porte sur le fond ; Le troisième tire à lui la corde qui lient au som-
met de la cloche , se balance pour que les balles de plomb se rappro-
chent les unes des autres, et quand il les voit réunies, tire l’épervier
de loutes ses forces , et Le met sur la rive. Lorsqu’en jette ce filet, on
a besoin de beaucoup d'adresse , de force et de précautions. On dé-
ploie l’épervier par un élan qui fait faire la roue au filet, et qui peut
entraîner le pêcheur dans le courant, si une maille s'accroche à ses
habits. La corde plombée se précipite au fond de l’eau, et enferme Les
poissons compris dans l'intérieur de la cioche.
364 HISTOIRE NATURELLE
on les fume après les avoir laissés pendant trois Jours
entourés de saumure.
Dans d’autres contrées, et particulièrement en Al-
lemagne, on fait du caviar avec leurs œufs. Dans la
marche électorale de Brandebourg, on mêle cesmêmes
œufs avec des sardines , on en compose un mets que
l’on nomme netzin, et que l’on regarde comme excel-
lent. Cependant ces œufs de brochet passent, dans
beaucoup de pays, au moins lorsqu'ils n’ont pas subi
certaines préparations, pour difficiles à digérer, pur-
gatifs et malfaisants.
C’est sur des brochets qu'on a essayé particulière-
ment cette opération de la castration dont nous ayons
déjà parlé, et par le moyen de laquelle on est parvenu
facilement à engraisser les individus auxquels on l’a
fait subir.
Si l'on veut se procurer une grande abondance de
sros brochets, il faut choisir, pour leur multiplication,
des étangs qui ne soient pas propres aux carpes, à
cause d'ombrages trop épais, de sources trop froides,
ou de fonds trop marécageux : les brochets y réus-
siront, parce que toutes les eaux douces leur convien-
nent. On y placera, pour leur nourriture , des cyprins
ou d’autres poissons de peu de valeur, comme des
Rotengles et des Rougeâtres, si le fond de l'étang est
sablonneux; et des bordelières ou des hamburges, si
ce même fond est couvert de vase. Au reste, on peut
les porter facilement d'un séjour dans un autre,
sans leur faire perdre la vice; et on assure qu'ils n’ont
été connus en Angleterre que sous le règne de Hen-
ri VIIT, où on en transporta de vivants dans les eaux
douces de cette ile.
DES POISSONS. 265
Le professeur Gmelin regarde comme une variété
du brochet, un ésoce d'Amérique dans lequel la mä-
choire supérieure est plus courte à proportion de celle
d’en bas que dans le brochet d'Europe : mais le
nombre des rayons de la membrane branchiale de ce
poisson américain, de sa dorsale et de ses ventrales,
nous oblige à le considérer comme appartenant à une
espèce différente de celle du brochetf.
1. 14 rayons à chaque pectorale de l’ésoce brochet.
Lo rayons à chaque ventrale.
17 rayons à la nageoire de l’anus.
20 rayons à la nageoire de la queue.
15 rayons à chaque pectorale de l’ésoce américain.
2606 HISTOIRE NATURELLE
Be sisrompenpots ar A ET Gp vipenfr EAP DEA NOEL CI TDOAT Sara Saber ob erit Er ALL ETE Ar ES PL OA EN) EfrO CA ren Ed
L'ÉSOCE BÉLONE"
Belone......., Cuv. — Esox Belone, Lan, Guer.,
BLocu, LAGEP.
LE museau de cet ésoce ressemble au bec d’un
harle, ou à une très longue aiguille; son corps et sa
1. Orplhie.
Arplhye.
Aiguille de mer.
Éguillette , auprès de Brest.
Hagojo, auprès de Marseille.
Aguillo, ibid.
Aguio, dans le département du Var. (Noteenvoyée par M. Fauchet,
préfet de ce département. )
Acuchia, en italie.
Angusicula, ibid.
Charman, en Arabie.
Choram, ibid.
Hornhecht, en Allemagne.
Nadelhecht, ibid.
Schnefel, aaprès de Dantsig.
Nabbgiadda, en Suède.
Horn-give, en Norwége.
Nekhhesild, ibid.
Horn-igel , ibid.
Gierne-fur, en Islande.
Horn-fisk, en Danemarck.
Geep-wisch, en Hollande.
DES POISSONS. 907
queue sont d’ailleurs si déliés, que la longeur totale
de l'animal est souvent quinze fois plus grande que
Nacdl-fish, en Angleterre.
Garfisch, ibid.
Horn-fish, ibid.
Sea-reedel , ibid.
Garpike, ibid.
Timucu, au Brésil.
Peisce agutha, ibid.
Tkan tsjakalang hidjoe , danses Indes rientales.
Grone tsjakalang of geep, ibid.
Ablennes , par plusieurs auteurs.
Ésoce bélone, Daubenton et Hauy, Encyclopédie méthodique.
Id. Bonnalerre, planches de l'Encyclopédie inéthodique.
Orphie, Bloch, pl. 55.
Esox belone, Ascagne, 5, pl. 6.
Brünn. pisc. Massil., p. 79, n. 95.
Muller, Prodrom. Zoolog. Dan., p. 49, n. 40.
l'aun. Suecic. 856.
« Esox rostro cuspidato, gracili, subterett et spithamati. » Artedi,
gen. 10, Syn. 27.
Rhaphis, Oppian., bb. 1, 172, et 3, 605.
Id, Athen.. lib. 8, p. 355.
Ahaniger, Albert., Bb. 24, p. 241, a, edit. Venetæ , 1495.
Acus piscis, Salvian., fol. 68.
Belone et raphis , id est acus. Petri Arledi Syaonymia pisciuim., cic.,
auctore J. G. Schneider, etc.
Gronov. Mus. 1, n. 39; Zooph., p. 117, n. 66.
« Mastaccembelus mandibulis longissinis, ete.» Klein, miss pise. 4,
poeme titab"5 fes:
Aiguille, Rondelet, première partie, liv. 8, chap. 5.
« Acus prima species. » Gesner, Aquat., p. 9, 10, Thierb., p. 48,B.
« Acus vulgaris, acus Oppiani. » Aldrovand, pise., p. 106, 107.
Acus vulgaris, Willughby, Ichthyolog. p. 251, tab. p. 2, fig. 4,
Append., tab. 3, fig. 2.
Raï, pisc., p. 109.
Seapike , Brit. Zoology, p. 274, n. 2,
Timucu, Marcgrav. Brasil., 168.
Orphie, Valmont de Bomare, Dictionnaire d'histoire aturelle.
368 HISTOIRE NATURELLE
sa hauteur : il n’est donc pas surprenant qu’on lui ait
donné le nom d’Aiguille. On l’a nommé aussi Anguille
de mer, parce qu'il vit dans l’eau salée, et que ses
formes générales ont beaucoup d’analogie avec celles
de la murène anguille. La ressemblance dans la con-
formation amène nécessairement de grands rapports
dans les mouvements et dans les habitudes; et en effet
la manière de vivre de l’ésoce bélone est semblable,
à plusieurs égards, à celle de l’anguille.
Les dents du bélone sont petites, mais fortes, égales,
et placées de manière que celles d’une mâchoire oc-
cupent , lorsque la bouche est fermée , les intervalles
de celles de l’autre. Les yeux sont gros. La ligne la-
térale est située d’une manière remarquable ; elle part
de la portion inférieure de l’opercule , reste toujours
très près du dessous du corps ou de la queue, et se
perd presque à l'extrémité inférieure de la base de la
caudale. La queue s'élargit, ou, pour mieux dire,
grossit à l’endroit où elle pénètre en quelque sorte
dans la nageoire de la queue ; les autres nageoires sont
courtes.
La partie supérieure du poisson est la seule sur
laquelle on voie des écailles un peu grandes, tendres
ét arrondies.
Lorsque le bélone serpente, pour ainsi dire, dans
l’eau , ses évolutions, ses contours, ses replis tortueux,
ses élans rapides, sont d'autant plus agréables, que
ses couleurs sont belles, brillantes et gracieuses; le
front , la nuque et le dos, offrent un noir mêlé d’azur;
les opercules réfléchissent des teintes vertes, bleues
et argentines : la moitié supérieure des côtés est d’un
vert diversifié par quelques reflets bleuâtres; l’autre
DES POISSONS, | 969
moitié répand, ainsi que le ventre, l'éclat de l'argent
le plus pur : du gris ou du bleu sont distribués sur les
nageoires.
Ce poisson si bien paré et si svelle a été observé
dans presque toutes les mers; il en quitte les profon-
deurs pour aller frayer près des rivages, où il annonce,
par sa présence, la prochaine apparition des maque-
reaux. Il n’a communément qu'un pied et demi de
longueur, et ne pèse que deux à quatre livres; il de-
vient alors très souvent la proie des squales, des gran-
des espèces de gades, ou d’autres habitants de la mer
voraces et bien armés : mais il parvient quelquefois à
de plus grandes dimensions. Le chevalier Hamilton a
vu pêcher, à Naples, un individu de cette espèce, qui
pesoit quatorze livres ; et Renard assure qu’on trouve,
dans les Indes orientales, des bélones de six à neuf
pieds de longueur, dont la morsure est, dit-on, très
dangereuse, et même mortelle, apparemment à cause
de la nature de la blessure que font leurs dents nom-
breuses et acérées.
On prend les bélones pendant les nuits calmes et
obscures, à laide d’une torche allumée, qui les attire
en contrastant avec des ténèbres épaisses, et par le
moyen d'un instrument garni d’une vingtaine de lon-
gues pointes de fer, qui les percent et les retiennent;
on en pêche jusqu’à quinze cents dans une seule nuit.
En Europe, où le bélone a la chair sèche et mai-
gre, on ne le recherche guère que pour en faire des
appâts.
Son canal intestinal proprement dit n'offre pas de
sinuosité, et n’est pas distinct, d’une manière sensible,
de ia fin de l’estomac.
«
0) HISTOIRE NATURELLE
L'épine dorsale est composée de quatre-vingt-huit
vertèbres; elle soutient de chaque côté cinquante-une
côtes ; lorsque ces côtes et ces vertèbres sont expo-
sées à une chaleur très forte, elles deviennent vertes.
Un effet semblable a été observé dans quelques autres
poissons, et particulièrement dans des espèces de
blennies; et ces phénomènes paroiïssent confirmer ce
que nous avons dit de la Vature des Poissons (voyez
notre Discours sur ce sujet), surtout lorsqu'on rap-
proche cette coloration rapide de la lueur phospha-
rique que répandent dans l'obscurité ces os verdis
par la chaleur i. |
1. 15 rayons à chaque pectorale de l’ésoce bélone.
7 rayons à chaque ventrale.
25 rayons à la nageoire de la queue.
DES PO!ISSONS. 971
S PE TP MMA MMNID SN PIMOPMIMETPEPIME D PER E A FNO TPE ÉPOMDED PAP PEINE PMP MEPA EAN SET SP APE PET ED
L'ÉSOSE ARGENTÉ!,
Butirinus indicus, Cuv. — EÉsox argenteus, FoRrsk.,
Lacer., Linn., Guez. — Argentina Glossodonta ,
Forsk. — Argentina Bonuk, Lacer.
L'ÉSOCE GAMBARUR?,
Hemtramphus marginatus , Cuv. — Esox Gambarur, Lacer. — Esox
marginalus, Linn., Gmer.
ET L'ÉSOCE ESPADON3.
Hemiramphus brasiliensis, Cuv. — Esox brasiliensis. Linn., BLrocu,
pi. 591. — EÉsox Gladius. Lace.
GEORGE Forster a découvert l’argenté dans les eaux
douces de ja Nouvelle-Zélande, et d’autres îles du
1. Esox fusus, ete. G. Forster, It. circa orb. 1, p. 199.
2. Esox hepsetus, Linn., Gwel.
Forskael, Kaun. Arabic., p. 67, n. 08.
« Argentina, pinna dorsali pinnæ ani opposita. » Amænit. acad. 1,
p: 921.
Piquitinga, Margrav. Brasil. 150.
Ésoce piquitingue, D aubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique.
11. Bonnatcrre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
EÉsoce gambarur. I.
372 HISTOIRE NATURELLE
grand Océan équinoxial. Nous n’avons pas vu d’indi-
vidu de cette espèce : si sa caudale n’est pas échan-
crée ,:il faudra la placer dans le second sous-genre des
s |
ésoces.
Le gambarur nous a paru, ainsi qu'à Commerson,
appartenir à la même espèce que le piquitingue ou
l’hepsète, qu'on n’a séparé du premier poisson, sui-
vant ce célèbre voyageur, que parce qu’on a eu sous
les yeux des piquitingues altérés, et privés particuliè-
rement de la plus grande partie de leur longue mâ-
choire inférieure.
Orphie de Rio Janeiro, «esox dorso monopterygio, rostro apice
» coccineo, linea laterali lata, argentea, etc. » Commerson, manu-
scrits déjà cités.
« Menidia corpore subpellucido, linea laterali latieri argentea. »
Brown , Jamaic. 441, tab. 45, fig. 5.
5. Demi-museau.
Bécassine de mer.
Petit espadon.
Elephantennase, par les Allemands.
Kleiner schwerdtfisch , id.
Halt-bec, par les Hollandoiïs.
Brasilianischen snnek , °d.
Under-sword fish, par les Anglois.
Piper , ibid.
Balaon, aux Aatilles.
Ikan moeloet betang , dans les Indes orientales.
Mus. Ad. Frid. 2, p. 102.
« Esox maxilla inferiore tereti, cuspidata, longissima, ete. » Gronov.
Zooph. 565.
Browne, Jamaic. 445, tab. 45, fig. 2.
Under-swon fish, Grew. mus. 87, tab. 7.
Ésoce petit espadon, Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique.
Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique.
« Acus minor inferne xostrata , vulgo balou, etc.» Plumier, manu-
scrits de la Bibliothèque royale.
Petit espadon, Bloch, pl. 591.
DÉS POISSONS. j D
Il habite dans les eaux de la mer d'Arabie, ainsi
que dans celles qui arrosent les rivages du Brésil.
Son corps est un peu transparent, très allongé, ainsi
que‘la queue, et couvert, comme cette dernière par-
tie, d'écailles assez grandes ; la mâchoire supérieure
dure et très courte ; l’inférieure prolongée en aiguille,
six fois plus longue que la mâchoire d'en haut, et un
peu mollasse àson extrémité ; l'ouverture de la bouche
garnie sur ses deux bords de petites dents; l'œil grand
et rond ; le dessus du crâne 'aplati; le lobe inférieur
de la caudale près de deux fois plus long que le su-
périeur; la couleur générale un peu claire; le haut
de la tête brun; le dos olivâtre à son sommet, et orné
de raies longitudinales séparées par des taches brunes
et carrées; la partie inférieure de l’animal marquée
de quatre autres raies; chaque côté paré, ainsi que
l'indique le tableau générique, d’une raie longitudi-
nale, large, argentée et éclatante ; la dorsale ordinai-
rement très noire, et le bout de la mâchoire infé-
rieure d’un beau rouge.
Commerson a observé, en juin 1767, auprès de
Rio-Janeiro, un gambarur qui n’avoit guère plus de
huit pouces de longueur.
L'’espadon a beaucoup de rapports avee le gamba-
rur; il en a aussi avec le xiphias espadon, et sa tête
ressemble, au premier coup d'œil, à une tête de xi-
phias renversée. La prolongation de la mâchoire in-
férieure est encore pius longue que dans le gambarur,
aplatie et sillonnée auprès de l'ouverture de la bouche,
dont les deux bords sont hérissés de plusieurs ran-
gées de petites dents pointues : d’autres dents sont
situées autour du gosier; mais le palais et la langue
LACÉPEDE. XI 2h
374 HISTOIRE NATURELLE
sont unis. Le dessus de la tête est déprimé; les oper-
cules sont rayonnés; le lobe inférieur de la caudale
dépasse celui d’en haut. La couleur générale est argen-
tée; la tête, la mâchoire inférieure, le dos et la ligne
latérale sont communément d’un beau vert, et les na-
geoires bleuâtres.
On trouve l’espadon dans les mers des deux Indes.
Nieuhofet Valentyn l'ont vu dans les Indes orientales ;
Plumier, Du Tertre, Browne et Sloane l’ont observé
en Amérique. Sa chair est délicate et grasse. On l’at-
tire aisément dans les filets, par le moyen d’un feu
allumé au milieu d’une nuit sombre. Il paroît qu'il
multiplie beaucoup.
1, 10 Ou 12 rayons à chaque pectorale de l’ésoce gambarur.
6 rayons à chaque ventrale.
14 rayons à la nageoïre de la queue.
10 rayons à chaque pectorale de l’ésoce espadon.
6 rayons à chaque ventrale.
18 rayons à la caudale.
DES POISSONS.
os0060:P0 Poe SoHo pose porno {paf-0dPn 0 1049 WIPO .H-0POɻE:H64P0 E>0-0-0 20204 0-26 D.0 H9D6-H-04-010-0S 1e LS
L'ÉSOCE TÊTE-NUE",
Erythrinus........, Cuv. — Esor gymnocephalus,
Linn., GMEL., LACEP.
ET
L'ÉSOCE CHIROCENTRE.
Clhirocentrus...…..…. , Guv.— Esox Chirocentrus , Lacer. — Clupea den-
tex , Seunern. — Clupea Dorab, Guer.
LE premier de ces deux ésoces habite dans les
Indes ; le second a été observé par Commerson, qui
en a laissé un dessin dans ses manuscrits. Nous lui
avons donné le nom de Chirocentre, pour indiquer
le piquant ou aiguillon placé auprès de chacune de
ses nageoires pectorales que l’on a comparées à des
mains. Une sorte de loupe arrondie paroît au dessus
de ces mêmes pectorales. La ligne latérale règne près
du dos, dont elle suit la courbure. Les écailles sont pe-
tites et serrées. Les deux lobes de la caudale sont très
grands ; l’inférieur est plus long que l’autre?.
1. Ésoce téte-nue. Daubenton et Haüy, Encyclopédie méthodique.
Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodiqre.
2. 10 rayons à chaque pectcrale de l’ésoce tête-nue. '
19 rayons à Ja nagcoiïre de la queuc.
3-6 HISTOIRE NATURELLE DES POISSOKS.
25-86-4640 AO Ten PE HO 4 Se PS 2p9 F0 10e 6 LOC HLO 0 PQ PO ire En po Le dax abs Dir SEC Etes Gr A A CS à Er
L'ESOCE VERT”.
Esozx viridis, Linn., GMEL., LACEP.
CE poisson habite dans les eaux douces de la Caro-
line, où il a été observé par Catesby et par le docteur
Garden ?.
1. Ésoce verdet, Daubenton et Hay, Encyclopédie méthodique.
soce aiguille écailleuse, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie
méthodique.
2. 11 rayons à chaque pectorale de l’ésoce vert.
6 rayons à chaqne ventrale.
16 rayons à la nageoire de la queue.
FIN DU ONZIÈME VOLUME.
TABLE
DES ARTICLES
CONTENUS
DANS LE ONZIÈME VOLUME.
HISTOIRE NATURELLE DES POISSONS.
Les Canysoroses. (Tableau méthodique des espèces. ). . . Pag.
Le Chrysotose Lune. . . . . . . noue cube
Les Garros (Tableau méthodique des espèces. }. . . . . .
Le Capros Sanglier. . . . Re een ee
Les Preurowectes. (Tableau méthodique des espèces. ). . . .
Le-Pleuronecte Flétans #00 ee ne em alt vi Me tionie
Le Pleuronecte Flyndre
stone to Meteo Ale Ne tenten elle fete aitte
Lesbleuronectes Dole er NAN En en RX
LerPleuronecté Lanetnette NEA EE
Le Plenronecte:placial men er Eten
PePleuronecte Éimandelle he RE
FerPlenronccte DIN OISE NIMES ESENR CERN
ÉePleuronectethimandoides #0. MP INR PRENENNOETrER
Lesbleuronecte Pépouze GE RNA A
Le Pleuronecte œillé et le Pleuronecte trichodactyle. . .
Le Pleuronecie Zèbre, le Pleuronecte Plagieuse et Le Pleu-
558 TABLE.
rouéciejarsenté. DC EN Re CCNCN NC NIET CICR Pag. 59
Ye’Pleuronccte ur DOM PS Ce LC CT CNE CSC 61
Le Plearonecte Carrelet.. . . . . . . AN re SUR 65
Ec'Pleuronecte/Larreur. EME CICR 68
Fe Pléuronecte denté ta SEVEN PA ibid.
Le Pleuronecte Moineau... 2? CAM 1. ibid.
Le Pleuroneèctepapillenx. 1207 2-21: OC CREER ibid.
Le Pleuroneele Arcus-. 1-44 Cou c RICREE ibid.
Le Pleuronecte jAponois.: 1e CNE USE TC NE TE NERRE ibid.
Le Pleuronecte Callimandre:.2. 00e NUE ibid.
Le Pleuronecte Grandes-écaïlles. . . . . . .« . . . . . . . ibid
Le Pleuronecte Commersonnien.. . . . . A 6 CE ibid
Les Acumes. (T'ablcau méthodique des espèces. }. . . . . . . 79
L'Achire barbu. l'Achire marbré et l'Achire pavonien. . . 75
AGE tAsCe De eEE NCN RES RON Oo Rare vi
L’Achire Deux-lignes et l'Achire orné.. . . . . . . . . . 78
Seconde sous-classe, première division, vingtième ordre de
la classe entière des Poissons ou quatrième de la division
des osseux. Polssons ABDOMINAUx. . . . . . . . . . . . . .
Les Cirraires (Tableau méthodique des espèces. ). . . . . .
Le Girrhite tachelé, . . .. =. SDS SE ET NAT
Les Cueironacryzes. {Tableau méthodique des espèces. ). . .
Le Cheïlodactyle faseé... 4 . 00. . eReSSRCE
Les Cosrres ( Tabieau méthodique des espèces. ). . . : . . à
Le Cobite Loche , le Cobite Tænia, et le Cobite Trois-bar-
bullons : RENE ra ONCE MS 07 OV Gi ee
Les Miseurwes. (Tableau méthodique des espèces. ).. . . , .
fre Misrarne fossile, Le NO RUE PTT
Les Axascers. (Tableau ra des espèces.). .:...1. :
B'Anmableps Surinam... UNE PER EE
Les Funouzes. (Tableau méthodique des espèces. ). . . . . .
Le Fundule Mudfish et le Fundule japonois. , . . . , .
8
83
82
84
85
86
87
95
96
104
105
115
116
TABLE. 559
Les Cocurrines. (Tableau méthodique des espèces.) HNMPAR. 118
La Colubrine chinoïse.. . . 4 : . . . .. Oo ON OO 119
Les Aures, (Tableau méthodique des espèces. ).. . . . . . . 120
PAmie chauve he EMA Ne Lio F21
Exs Burvnins. (Tableau méthodique des espèces.). . . . . . 122
Le Butyrin Banané. . . . .. Sete relie tale ie eee 129
Les Tripréronotes. (Tableau méthodique des espèces. ). . . 124
Le Triptéronote Hauline. . 1.07 nee enerenn DA 125
Les Owupoxs. (Tableau méthodique des espèces). . . . . .. 126
MAOMbok sluroide. F0 IR OMR NN EME On ul 127
Nomenczarure des Silures, des Macroptéronotes, des Malap-
térures, des Pimélodes, des Doras, des Pogonathes, des
Cataphractes, des Plotoses, des Agénéioses, des Macro-
ramphoses et des Gentranodons. . . . . . . . .. RAS EL SES 128
Les Sizuaes. (Tableau méthodique des espèces.) . . . . . 132
Le-Silure Glantst "#8 388 ent ose a 154
Le Silure verruqueux et le Silure Asote. . . . . . . . .. 145
Le Stlure Lossiles ne) Een EN anse mt ere 147
Le Silure Deux-taches, le Silure Schilde et le Silure undé:-
cimal.: 21 02e OT MPEMON AT GARE El AA ES 148
Le Silure Asprède et le Silure Éotrléphores SR A NET 150
Le Silure chinois et le Silure hexadactyle. . . . . 154
Les Macropréronores. (Tableau méthodique des espèces. ). . 196
Le Macroptéronote Charmuth et le Macroptéronote gre-
mouiller. 1840088 ur ST Mie Pan pin ae men 157
Le Macroptéronote brun et le Macroptéronote hexaci-
CID MES eu Le eee Ne ee TS A le Atos pe 160
Les Mararrérunes. ( Tableau méthodique des espèces.). . . . 162
Ec Malaptérure électrique en a tRAe 165
Les Pruéropes. (Tableau méthodique des espèces). . . . . . 165
Le Pimélode Bagre , le Pimélode Chat, le Pimélode Scheï-
280 TABLE.
lanfetle Pimélode barré: 6 0 SC TE Pag. 169
RetPimélode MSCHHe Ne T7 SR PPS RE ns: 179
Le Pimélode argenté. eee Ce ie : ibid.
Le Pimélode nœud. . ET ie EP oo nue ibid.
Le Pimélode Quatre-taches. . . : . . . . . . . . 8 ibid.
PoiBimelode barDU ee NE RENE RE : ibid.
LePimélodeitacheté..2. 00 TIR TT ibid.
Le Pimélodeibleuâtre. : 2 2005 0, ANSE ibid
Le Pimélode Doiïgt-de-Nègre.. . . . . . . .. AE ibid.
LePimtlode.Gommersonnient,.(he, LT CRE ibid.
bePimélodeThunbers.s. Mi.4.1. 21. PET NOR 1St
LedPimelcdemMatou cie DO RER 182
Le Pinelode Cous:2. 44e ha Rue. Lo Creer LE ibid.
LePimélode Docmace et aie CAE ibid,
l'ePimélode/bajad. Ave certe Se CRIE ibid.
Le Pimélodererythroplèsessiausosté il deuil ons ibid,
die Pimélode;Raie,d'argent. : siatfsoh -uclobottonl. ibid.
Le Piméloderayé. icones A -b - 2000630820) ASE ibid.
Le Pimélode moucheté. . . . . RE RE ee à ibid.
Le Pimélode casqué et le Piméloëe Chili. . . . . . . . . 186
Les Doras. (Tableau méthodique des espèces. ).. url gue 158
Le Doras caréné et le Doras côte. . . . . . . . . . 189
Les Pocoxarues. (Tableau méthodique des espèces. ). . . . . 192
Le Pogonathe Courbine et le Pogonathe doré. . . . . .. 199
Les Carapuracres. (Tableau méthodique des espèces. ).. . . 196
Le Calaphracte Callichte , le Cataphracte américain et le
Cataphracte/ponetué#06tus. mr LRO RAS 198
Les PLoroses. (Tableau méthodique des espèces. ). ... : . 201
Le Plotosesanpuillemteenn ht, 4i. 4... grotte ons 202
LePlotose;Thunbersien..e.,:,., 4.128,10 204
Les Acénéroses. ( Tableau méthodique des espèces. ). . : . . 205
L'Agénéiose armé et l'Agénéiose désarmé. . . . . . . : . 206
Les Macnorampnoses. (Tableau
Le Macroramphose cornu..
méthodique des espèces.).
el Ve Melo Ne Ne CotromiiMente
TABLE. | 581
Les Gexrnañonows. (Tableau méthodique des espèces.). . . Pag.»10
Le Centranodon japonoïs. . . . . .. D NE 20 2 or oi 211
Les Loricarres. (Tableau méthodique des espèces. ). . . . . 212
La Loricaire sétifère et la Loricaire tachetée. . . . . . .., 219
Les Hyrosromes. (Tableau méthodique des espèces. ). . . . . 216
RÉYposiome Guacarii Ne EN Ne NEEES ve: 217
Les Coryroras. (Tableau méthodique des espèces. ). . . . . 210
Le Corydoras Geoffroy. . . . . , . OR CO ARNO 220
Les Tacuysures. (Tableau méthodique des espèces. ).. . . . 299
Le Tachysure chinois LS CU A ee tt 229
Les Sazmoxes. (Tableau méthodique des espèces. ). . . . . . 224
ÉerSalmone Saumon. 2210 RaNb EMA ERA 229
ÉeSaumon Illanken. 0, ..1. Me 249
Le Salmone Schieffermuller et le Salmone Ériox.. 253
PetSalmoneslruite Ve PAR NNNN AE LT NAS De CRE 255
Le Salmone Bergforelle.. . . . . . AN RP AR eue PL LU 268
Persalmonenlruite-saumone A ET AUS Re 269
LerSalmone rouge: 41 ."251.0: De oO CAEN d'O OPEVe 274
LerSalmonertædenti-t ete RER ETS RS EU DA:
Les SAlmOneHUCh a EL AREA NE Re nt re CU
LefSalmone Carpioneef} penis PU, Re ibid.
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Le Salmone Omble Chevalier. . . . . . . . . . . . A ME be D
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LerSalmone Nelma mener RER eee VOA AE ibid.
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Le Salmone arctique. . . . .. SE a AN EAP A ER UT
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Be’Salmone Lepechin..,.. 1%)... AUS OST ST TRES ibid.
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Le Sailmone René. . . . . .
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Le Salmone!Ralle AMEN) UE 3
Le Salmone gadoïde.. . . . . ..
Le Salmone Cumbeerland. . . . .
Lrs Osmëres. (Tableau méthodique des espèces. ).
L'Osmère Éperlan. ae
L'Osmère Saure.. . .
L'Osmère Blanchet. .
L'Osmère Fauciile.. .
L'Osmère Tumbil.. .
L'Osmère galonné.. .
E.
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Les Corécowss. ( Tableau méthodique des espèces. ).
DelCorégone LavareliaNter sale EMEA MEN
Le Corégone Pidschian. .
Le Corégone Schokur. . .
Le Corégone Nez. . .
Le Corégone large. ... . .
Le Corégone Thymaile. .
Le Corégone Vimbe. ,
Le Corégone voyageur. .
Le Corégone Muller. .
CR
Le Corégone autumnal. .
Le Corégone Able..
Le Corégone Peled. .
Le Corégone Marène.
Le Corégone marénulé. .
Le Corégone Wartmann. .
Le Corégone oxyrhinque..
Le J
Le Corégone Leucichthe..
Le Corégone Ombre...
Le Corégone rouge. .
Û
.
Le Corégone Clupéoide.
Les Ciraracins. (Tableau méthodique
Le Characia Piabuque..
Le Characin denté. .
Le Characin bossu.
Le Characin Mouche.
etoile
Û
.
.
Pag. 286
ibid.
ibid.
200
291
208
2017
ibid.
ibid.
ibid.
ibid.
901
5c6
919
ibid.
ibid.
ibid.
ibid.
ibid.
ibid.
ibid.
ibid.
320
ibid.
ibid.
ibid.
ibid.
ibid.
ibid.
ibid.
ibid.
928
990
395
ibid.
ibid.
ibid.
TABLE.
Le Characin Double-mouche. . .
Le Characin sans-tache. . . . . . .
Le Characin Carpeau. . . . . . .
Le Characin nilotique.. . . . . .
Le Characin Néfasch. . . . . ..
Le Characin pulvérulent. . . ..
LelCharacin Anostome. : .1. LL."
Le Characin Frédéric. . . . . ..
Le Characin à bandes. . . . . . .
Le Characin Mélanure.. . . . . . .
Le Characin Curimate.. . . . ..
Le Characin Odoé. : 0m
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Les SerrasaLues. ( Tableau méthodique des espèces. ).
Le Serrasalme Rhomboiïde. . . ..
Les ÉLopes. (Tableau méthodique des espèces. ). . . . . . .
Plope Saurer ip.
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Les Mécaropes. (Tableau méthodique des espèces.).. . . . .
Le Mégalope filament. . . . . . ..
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Les Noracanrues. (Tableau méthodique des espèces.) . . . .
HeNotacanthenez Verne
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Les Ésoces. (Tableau méthodique des espèces.). . . . . . .
L’Esoce Brochet et l'Esoce américain. . . . . . . . . ..
Habsoce Bélome en: 0e SN
D MOID OO CMIO NOM
L'Ésoce argenté, l'Ésoce Gambarur et l’Ésoce Espadon. . .
L'Ésoce Téte-nue et l’Ésoce Chirocentre. . . . . . . . .
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